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(Dix heures deux minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous platt!
Nous allons nous recueillir quelques instants. Veuillez prendre vos
places.
Aux affaires courantes, aux déclarations ministérielles,
M. le ministre des Affaires sociales a une déclaration
ministérielle qui déborde quelque peu le nombre de minutes
normalement consenties à ce genre de déclaration, mais il semble
que, s'il y a consentement du côté de l'Opposition à
prendre autant de temps, il y aurait donc équité en la
matière. M. le ministre des Affaires sociales.
Commission d'enquête sur la santé et les
services sociaux connexes
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Le système
actuel de santé et de services sociaux est largement fondé sur
les travaux de la commission Castonguay-Nepveu, accomplis à la fin des
années soixante. Même si, en quinze ans, des modifications et des
ajustements divers, certains même substantiels, y ont été
apportés, il reste que le système de santé et de services
sociaux, tant dans ses principes, ses structures que son financement, continue
de refléter directement la problématique et les propositions
d'actions contenues dans le rapport de cette commission.
La réforme du système de santé et de services
sociaux proposée par la commission introduisait un système unique
gratuit et visait également à corriger le morcellement, le
cloisonnement et la multiplicité des systèmes parallèles.
On a donc assisté à la mise en place de nouvelles structures
à vocation spécifique, mieux intégrées et plus
efficaces dans la dispensation des soins à la population. On a eu des
centres hospitaliers de courte durée, des centres hospitaliers de longue
durée, des centres d'accueil et de réadaptation, des centres
d'accueil et d'hébergement, des centres de services sociaux, des centres
locaux de services communautaires, des conseils régionaux de
santé et de services sociaux. La présence de la population et des
bénéficiaires au conseil d'administration des diverses instances
du réseau de la santé et des services sociaux devait assurer une
plus grande participation de la population en général à la
gestion et à la surveillance du système.
Dans l'ensemble et au prix de beaucoup d'énergie, la performance
de notre système sociosanitaire a été relativement
satisfaisante à la fois par rapport aux objectifs de départ et en
comparaison à celle d'autres sociétés. Ainsi, les
objectifs de redistribution et d'accessibilité semblent avoir
été largement atteints. De nombreuses études font
état au Québec, comme dans les autres provinces canadiennes,
d'une augmentation de la consommation de soins dans les milieux
défavorisés. L'effet redistributif de l'assurance-maladie
universelle a été particulièrement élevé au
Québec où le système est largement financé par une
fiscalité progressive. Le système québécois est
d'ailleurs souvent cité en exemple à ce titre et les
Québécois manifestent un très fort attachement au principe
de l'universalité et de l'équité.
C'est sans contredit sur ce plan de l'égalité de tous face
aux services sociaux et de santé que se trouvent les principaux acquis.
Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer
l'accessibilité sociale et géographique, mais peu de gens
oseraient nier l'importance des progrès accomplis. Une des
caractéristiques fondamentales de l'évolution du régime
est sans contredit l'interpénétration de plus en plus
accentuée des services de santé et des services sociaux. Que ce
soit en ce qui touche la problématique (exemple, la santé mentale
et le vieillissement), que ce soit en ce qui concerne les clientèles
(les personnes âgées, les jeunes, les conditions de vie des
femmes), que ce soit en ce qui regarde les structures (le ministère
lui-même, les conseils régionaux, les CLSC et les CSS)
l'évolution du régime mis en place est dans le sens d'une
constante unification des services de santé et des services sociaux.
Le monopole public en matière de santé et de services
sociaux a également constitué un instrument puissant de
contrôle des coûts. Dès 1975, la plupart des pays
occidentaux ont commencé à se préoccuper de la hausse
rapide des coûts dans un contexte économique incertain et ont
cherché également à rationaliser leurs dépenses.
Certaines initiatives ou certaines tentatives ont été plus ou
moins couronnées de succès. Au Québec, cependant, les
dépenses de santé se sont accrues de 1975 à aujourd'hui
à un rythme sensiblement égal au produit national brut ce qui,
dans le contexte récessionniste des dernières années,
constitue un sérieux coup de frein.
D'autres pas concrets ont été faits. La
responsabilité fondamentale conférée à
l'État a permis à celui-ci d'ajuster l'orientation et
l'organisation du système. Plusieurs gestes
ont été posés notamment pour assurer une plus
grande cohérence et une meilleure complémentarité entre
les ressources et les services. La décentralisation a joué et
joue encore un rôle significatif sur ce plan. La mise en place et le
parachèvement du réseau des CLSC constituent un exemple d'actions
concernant l'organisation de notre système en fonction de nos
priorités.
Il y a fort à parier que, laissé à lui-même
sans intervention des autorités publiques, le système
sociosanitaire n'aurait pas évolué dans cette direction. Somme
toute, les services de santé nous coûtent collectivement moins
cher qu'ils ne coûtent aux habitants de la majorité des autres
provinces canadiennes et beaucoup moins cher qu'il n'en coûte aux
Américains.
Cette performance économique s'est accompagnée d'une
performance sanitaire, soit l'évolution des indicateurs de santé
comparable à celle des autres pays industrialisés à faible
mortalité.
La réforme de nos institutions socio-sanitaires au début
des années soixante-dix reflétait l'état de nos
connaissances et le contexte prévalant à cette époque.
Notre compréhension des phénomènes reliés à
la santé et aux services sociaux s'est grandement modifiée depuis
quinze ans mais les rigidités et les lacunes inscrites dans le
système actuel empêchent de le faire évoluer avec
rapidité et efficacité. On s'interroge maintenant sur la
capacité du système actuel de maintenir les acquis de la
réforme et de répondre adéquatement aux besoins nouveaux
de la population. Cette incapacité du système résulterait
autant d'un mode de financement inadéquat que d'une dynamique des
pouvoirs bloquée. Elle met en cause la préservation des acquis
fondamentaux de ce système parce qu'elle paralyse les efforts de
rationalisation, d'innovation et d'amélioration de sa performance
économique.
Cette incapacité proviendrait également d'une approche
centrée sur la production de services professionnels issus de
l'initiative individuelle et sur le droit absolu aux services; en combinant une
telle approche avec des budgets fermés, l'impasse actuelle était
inévitable.
Notre système sociosanitaire est donc coincé. À
moins d'une révision, à moins d'une priorisation collective des
besoins et des services tenant compte de la capacité collective de
payer, notre système est condamné à s'effriter, remettant
en cause les acquis de toute une génération. (10 h 10)
Ces enjeux sont loin d'être mineurs et ils ne sont pas à la
portée des simples décisions administratives ou politiques. Ce
qu'il faut c'est une prise de conscience et un cheminement de tous les acteurs.
Un tel cheminement questionnerait notamment la décentralisation
administrative en vigueur, le processus actuel de délégation des
actes professionnels, la marge de gestion des administrateurs
d'établissements, la participation automatique des médecins au
régime d'assurance-maladie, la pratique sociale des travailleurs sociaux
et le rôle des syndicats.
Au-delà de ces questionnements il y a aussi le niveau, le mode et
le processus de financement du système, la structuration du pouvoir de
la population et toutes les implications législatives et politiques en
découlant.
L'évolution récente du système sociosanitaire,
inquiétante à bien des égards, exige donc qu'on fasse le
point et qu'on révise ce qui doit l'être.
J'annonce donc aujourd'hui, M. le Président, la création
d'une commission d'enquête qui sera chargée d'examiner tout le
système québécois des services de santé et des
services sociaux connexes. La commission d'enquête sur la santé et
les services sociaux connexes est formée de douze commissaires et devra
soumettre son rapport et ses recommandations d'ici 30 mois. La commission
pourra cependant soumettre un rapport intérimaire sur une ou des
questions particulières soumises par le ministre des Affaires
sociales.
La commission devra analyser les points suivants. Tout d'abord
évaluer le fonctionnement et le financement du système des
services de santé et des services sociaux en regard de ses objectifs et
aussi, sans restreindre la généralité de ce qui
précède, étudier plus particulièrement les points
suivants: les fonctions des différentes parties du système des
services de santé et des services sociaux, incluant les
responsabilités réciproques du ministère des Affaires
sociales, des conseils régionaux et des établissements, la
coordination des niveaux de décision, l'évaluation de
l'efficacité et de l'efficience des services, le rôle des
professionnels au sein du système, la participation de la population
dans les instances décisionnelles du système, les relations entre
le système des services de santé et les services sociaux et les
collectivités locales et régionales, les établissements
d'enseignement et de recherche, les organismes publics ou parapublics relevant
des autres instances du système social; le financement des services de
santé et des services sociaux en tenant compte, notamment, des facteurs
influençant l'offre et la demande des services sociaux, du
développement technologique, du niveau de financement, du processus de
décision pour l'allocation des ressources, des mécanismes
d'évaluation et de contrôle également.
Elle étudiera les diverses solutions possibles aux
différents problèmes que connaît le système des
services de santé et des services sociaux. Enfin, elle fera au
gouvernement les recommandations qui lui semblent les plus
appropriées pour assurer le maintien et le développement des
services de santé et des services sociaux.
Les dépenses nécessaires à l'exécution du
mandat de la commission seront établies à 1 700 000 $.
Enfin, les membres de la commission d'enquête seront: M. Jean
Rochon, avocat, médecin spécialisé en santé
communautaire et doyen de la Faculté de médecine de
l'Université Laval, commissaire et président de cette commission
d'enquête sur la santé et les services sociaux; M. Roger Bertrand,
économiste, commissaire et vice-président de cette commission;
Mme Janine Bernatchez-Simard, infirmière et présidente du conseil
d'administration du Conseil de la santé et des services sociaux de la
région du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine, commissaire et vice-présidente.
Les personnes dont les noms suivent seront nommées commissaires
également et membres de cette commission: M. Jean Rodrigue, qui est
médecin omnipraticien au Centre local des services communautaires de
Lac-Etchemin, M. Louis Lapierre, néphrologue à l'hôpital
Notre-Dame de Montréal, M. Norbert Rodrigue, syndicaliste à la
CSN, M. Jean Frenette, comptable, président du conseil d'administration
du Centre François-Charron de Québec, M. Harvey Barkun,
médecin, directeur général de l'Hôpital
général de Montréal, M. André-J. Bélanger,
avocat, président du Conseil de la santé et des services sociaux
de la région de Montréal métropolitain, M. Jean-Pierre
Bélanger, directeur de la recherche à la Fédération
des CLSC du Québec, Mme Hortense Michaud-Lalande, ingénieure,
M.B.A., M. Guy Gélineau, vice-recteur de l'Université du
Québec à Montréal.
M. le Président, voilà la composition de cette commission
et les principaux mandats. Merci.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, le ministre annonce
aujourd'hui, après neuf ans de gouvernement péquiste et en fin de
mandat, la création d'une commission d'enquête chargée
d'examiner le système québécois des services de
santé et des services sociaux.
Il importe de situer ce contexte de l'annonce qui n'est pas simplement
en fin de mandat et après neuf ans, il importe également de le
situer dans le cadre des représentations qui ont été
faites par les bénéficiaires des services sociaux et des services
de santé, dans le cadre des représentations qui ont
été faites par les administrateurs de ce réseau, et il
importe également de le situer dans le cadre d'un dossier. C'est
à partir de ce dossier que le ministre a commencé à parler
d'une commission soit d'étude, soit d'enquête, c'est-à-dire
le fameux dossier préparé par les travailleurs et les
travailleuses du secteur de la santé qui s'intitule "La santé est
malade".
Après avoir carrément nié les affirmations des
travailleurs et des travailleuses, après les avoir traités
d'alarmistes, après avoir traité leurs propos
d'exagérés le ministre se rend compte, aujourd'hui, que la
situation qui est dénoncée est réelle. D'ailleurs, le
ministre dans sa déclaration ministérielle d'aujourd'hui passe
d'une certaine façon aux aveux. Je le cite, à partir de sa
déclaration ministérielle. On retrouve la citation à la
page 5. "La réforme de nos institutions socio-sanitaire au début
des années soixante-dix reflétait l'état de nos
connaissances et le contexte prévalant à cette époque.
Notre compréhension des phénomènes reliés à
la santé et aux services sociaux s'est grandement modifiée depuis
quinze ans mais les rigidités et les lacunes inscrites dans le
système actuel empêchent de le faire évoluer avec
rapidité et efficacité."
Le ministre "s'interroge maintenant sur la capacité du
système actuel de maintenir les acquis de la réforme et de
répondre adéquatement aux besoins nouveaux de la population."
Le ministre ajoute: "Cette incapacité du système
résulterait autant - et il l'a finalement compris - d'un mode de
financement inadéquat que d'une dynamique de pouvoirs bloquée".
Le ministre ajoute: "Notre système sociosanitaire est donc
coincé. À moins d'une révision, à moins d'une
priorisation collective des besoins et des services tenant compte de la
capacité collective de payer, notre système est condamné
à s'effriter, remettant en cause les acquis de toute une
génération."
M. le Président, le mandat de la commission suscite des
interrogations du côté de l'Opposition. Il est bien connu que Mme
la présidente de la commission des affaires sociales de
l'Assemblée nationale réclame depuis longtemps, au nom de notre
formation politique, non pas la formation d'une commission d'enquête mais
d'une commission d'étude. De ce côté-ci de la Chambre, on
n'a pas l'intention de faire le procès à l'intérieur d'une
telle démarche sur ce qui s'est passé, mais d'amener et de
trouver des solutions propices à maintenir et garantir les grands
principes qui sous-tendent tout notre système sociosanitaire.
M. le Président, la composition de la commission d'enquête
du ministre nous inquiète également. On se demande, à
l'intérieur des organismes qui sont représentés, quelles
seront les garanties du secteur social généralement
représenté par
les CSS, car aucun représentant n'est issu de ce milieu. Cela
laisse planer, quant à nous, des inquiétudes graves.
Également, dans le cas de certaines nominations, on retrouve
là des relents -peut-être que le ministre en fin de mandat ne
pouvait y résister - de nominations politiques dans un dossier qui se
doit d'être au-dessus de la politique.
On s'inquiète également du côté de
l'Opposition du fait qu'on ne retrouve ni dans le mandat ni dans le
préambule qui précède le mandat que le ministre confie
à sa commission d'enquête, les garanties qui sous-tendent tout
notre système sociosanitaire au Québec, c'est-à-dire que
le ministre n'oblige pas... Il permet même, d'après ce qu'on peut
comprendre, aux commissaires de remettre en question, s'ils jugent à
propos de le faire, les grands principes d'universalité,
d'accessibilité et de qualité. Nous aurions aimé retrouver
de la part du ministre, dans son préambule ou dans le mandat
exprès donné à sa commission d'enquête - on aurait
préféré une commission d'étude - cette garantie de
maintien de ces grands principes, car de ce côté-ci de la Chambre,
on n'a pas reçu mandat ni de nos militants, ni de la population - je
pense que vous ne l'avez pas reçu non plus de l'autre côté
- de remettre en question aucun de ces trois grands principes. C'est sur ces
interrogations que nous accueillons la déclaration du ministre. (10 h
20)
Des voix: Bravo!
Le Président: En courte réplique, M. le ministre
des Affaires sociales.
M. Guy Chevrette (réplique)
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je ne suis absolument
pas surpris de la réaction du critique libéral, sauf que je
voudrais au moins corriger certaines affirmations. Le député de
Brome-Missisquoi et critique de l'Opposition dit que c'est à la suite de
la parution du dossier des travailleurs qu'on a commencé à parler
de commission d'étude. Il devrait se rappeler qu'il a posé des
questions là-dessus avant même la parution du dossier des
travailleurs. On lui a répondu en commission parlementaire
là-dessus qu'on avait l'intention de créer une commission
d'étude et qu'on travaillait depuis quelques mois déjà
là-dessus. Donc, c'est au moins trois mois avant. Il peut se gargariser
avec ce qu'il voudra, mais c'est faux, M. le Président.
Quant au mandat, on ne nommera pas une commission d'enquête en
présumant d'avance de ses orientations. Je pense qu'il faut lui donner
les coudées franches et lui permettre d'étudier les
réformes qui s'imposent à la suite de cette expérience
vécue depuis quinze ans. Quand il s'attaque aux neuf ans de pouvoir
avant d'arriver à une réanalyse, à un réexamen, il
me semble qu'il fallait donner suffisamment de temps à la réforme
Castonguay-Nepveu de faire ses preuves avant de s'interroger. Si on l'avait
fait la première année, vous auriez dit que c'était trop
vite. On le fait après quinze ans. Cela m'apparatt normal, à la
suite d'une réforme, qu'on puisse analyser quelque chose après
quinze ans et là, on le fait trop tard. De toute façon, ce n'est
jamais bon. Cela, on le savait d'avance et on le présumait avant
même que vous vous leviez.
Troisièmement, quant à la nomination des personnes, avec
tout le respect que j'ai pour l'Opposition, l'ensemble des personnes qui sont
nommées représentent les champs de préoccupation complets
de la société et je suis convaincu, M. le Président, qu'on
aura une représentativité extraordinaire. Quant à son
président, quant à la nomination des deux vice-présidents
et également à l'ensemble des champs de préoccupation de
ces personnes, l'ensemble du domaine sociosanitaire au Québec est fort
bien respecté, fort bien touché.
C'est normal pour l'Opposition de jeter du discrédit sur tout ce
qui se fait, mais je vous ferai remarquer en terminant, en guise de conclusion,
qu'on n'a pas attendu le désastre pour former une commission
d'enquête. On le fait avant, contrairement à ce que le Parti
libéral était habitué de faire.
Projet de loi 251
Le Président: À la présentation de projets
de loi, j'ai reçu du directeur de la législation son rapport
concernant le projet de loi 251, Loi concernant Lomer Pilote. Je constate que
l'avis a été fait et publié conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé. Si bien que Mme la députée de Maisonneuve
présente le projet de loi 251, Loi concernant Lomer Pilote.
L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir de ce projet de loi?
Des voix: Oui.
Le Président: II en est donc ainsi décidé.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bédard: M. le Président, je voudrais faire
motion pour déférer ce projet de loi à la commission des
institutions et également faire motion pour que le ministre de la
Justice fasse partie de la commission.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Rapport des résultats officiels du scrutin du 3
juin 1985
Le Président: Au dépôt de documents, j'ai le
plaisir de déposer le rapport des résultats officiels du scrutin
du 3 juin 1985 par le Directeur général des élections.
Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
Rapport annuel de la RRQ
Mme Marois; Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1984-1985 de la Régie des rentes du
Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Commerce extérieur.
Dernier rapport du ministère des Affaires
intergouvemementales
M. Landry: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le plus récent, mais également le dernier rapport,
dans tous les sens du terme, du ministère des Affaires
intergouvernementales pour 1983-1984.
Rapport annuel du ministère du Commerce
extérieur
J'ai également l'honneur de déposer le rapport annuel du
ministère du Commerce extérieur pour 1984-1985.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie.
Rapport annuel de l'Office des professions
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
déposer le rapport annuel de l'Office des professions du Québec
1984-1985.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Transports.
Rapport annuel de la RAA
M. Tardif: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport de la Régie de l'assurance automobile pour
l'année 1984-1985.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Rapport annuel de l'OFQJ
M. Brassard: M. le Président, je veux déposer le
rapport 1984 de l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Travail.
Rapports annuels de la CPTA et de la RMAQ
M. Fréchette: M. le Président, pour mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1983-1984 de
la Commission de protection du territoire agricole, de même que le
rapport annuel, pour la même période, de la Régie des
marchés agricoles du Québec.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens, au nom
du ministre du Revenu.
Bulletin d'information de Revenu Québec relatif
à l'imposition des primes d'assurance
M. Fallu: M. le Président, au nom de mon collègue,
le ministre du Revenu, il me fait plaisir de déposer un second bulletin
d'information de Revenu Québec relatif à l'imposition des primes
d'assurance. Ce second bulletin, faisant suite à celui
déposé le 8 mai dernier en cette Assemblée, a pour
principaux objectifs d'identifier un mode de calcul pour déterminer la
partie imposable d'une prime en assurance-vie individuelle, de faire
connaître certaines précisions quant à l'assurance
collective des personnes et au régime d'avantages sociaux non
assurés.
Le Président: M. le ministre, quand on fait un
dépôt, on mentionne seulement le document, tout en étant
conscient du souci que vous avez de bien faire comprendre le document aux
citoyens.
M. le leader du gouvernement, au nom du ministre des Affaires
culturelles.
Avis de la Commission des biens culturels
M. Bédard: M. le Président, je voudrais
déposer un avis de la Commission des biens culturels du Québec,
au nom du ministre des Affaires culturelles.
Le Président: Document déposé. Au
dépôt de rapports de commissions, M. le président de la
commission du budget et de l'administration.
Étude détaillée du projet de loi
35
M. Lachance: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
faire rapport que la commission du budget et de l'administration a
siégé le 18 juin 1985, afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 35, Loi modifiant la
Loi sur les impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre
fiscal. Le projet de loi a été adopté avec
amendements.
Étude détaillée du projet de loi
232
Également - la commission a travaillé fort ces derniers
temps - la commission du budget et de l'administration a siégé le
18 juin 1985 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
232, Loi concernant Rivermead Golf Club. Le projet de loi a été
adopté.
Étude détaillée du projet de loi
206
De plus, toujours le 18 juin 1985, la commission du budget et de
l'administration a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
206, Loi concernant la liquidation de Les Prévoyants du Canada "Fonds de
pension". Le projet de loi a été adopté avec
amendements.
Étude détaillée du projet de loi
202
Toujours le 18 juin 1985, la commission a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 202, Loi concernant Les Pétroles Laduboro Ltée
(Libre de responsabilité personnelle). Le projet de loi a
été adopté.
Étude détaillée du projet de loi
257
Finalement, la commission du budget et de l'administration, toujours le
18 juin 1985, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
257, Loi concernant Morgan Hydrocarbures Inc. (Libre de responsabilité
personnelle). Le projet de loi a été adopté.
Une voix: Bravo!
Le Président: Rapports déposés. M. le
vice-président à la commission de l'économie et du
travail.
Étude des engagements financiers
M. Fortier: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail
qui a siégé le 7 juin dernier aux fins d'étudier les
engagements financiers concernant le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, pour le secteur de la
science et de la technologie.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission de l'aménagement et des
équipements.
Étude détaillée du projet de loi
205
M. Marquis: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé les 4 et 18 juin 1985 afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 205, Loi concernant la ville de Carignan. Le projet de loi a
été adopté avec amendements.
Étude détaillée du projet de loi
221
Je dépose, également, le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 18
juin 1985 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
221, Loi concernant la ville de Greenfield Park. Le projet de loi a
été adopté avec amendements.
Étude détaillée du projet de loi
253
Je dépose, également, le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 18
juin 1985 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
253, Loi concernant la ville de Hull. Le projet de loi a été
adopté avec amendements. (10 h 30)
Étude détaillée du projet de loi
203
Je dépose également, le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 18
juin 1985 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
203, Loi modifiant la Loi constituant la Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec.
Étude détaillée du projet de loi
212
Finalement, je dépose le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 18
juin 1985 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
212, Loi concernant la ville de Chambly et la Société
d'exploitation de la centrale de traitement d'eau Chambly-Marieville-Richelieu.
Le projet de loi a été adopté avec amendements.
Le Président: Rapports déposés.
Les rapports de la commission du budget et de l'administration et de la
commission de l'aménagement et des équipements touchant les
projets de loi privés sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Au dépôt de
pétitions, Mme la députée de Maisonneuve.
Demande de mise sur pied d'une
escouade spéciale pour protéger
les jeunes contre les rapts,
les agressions sexuelles, etc.
Mme Harel: Oui, M. le Président.
J'aimerais demander le consentement de l'Assemblée pour
déposer une pétition qui a recueilli 9662 signatures et qui m'a
été transmise par la mère du jeune Sébastien
Métivier qui est toujours porté disparu.
Le Président: Cette pétition, dont j'ai
effectivement pris connaissance, n'est pas conforme à nos règles
puisqu'elle ne s'adresse pas nommément à l'Assemblée
nationale, mais s'il y a consentement de l'Assemblée pour que Mme la
députée dépose le document...
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Cette pétition évoque les faits
suivants: La nécessité de faciliter le travail des policiers
appelés à oeuvrer lors d'agressions sexuelles ou de disparitions
d'enfants, la nécessité de favoriser un meilleur climat de
confiance entre les familles éprouvées et les policiers et
conclut à ce que soit mis sur pied une escouade spéciale jeunesse
centralisée dans le but de couvrir les disparitions, les rapts d'enfants
de moins de 14 ans et les agressions sexuelles sur ces derniers, la
pédophilie et les réseaux de prostitution infantile.
Le Président: Pétition déposée. M.
Marx: M. le Président...
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Puis-je demander au ministre de la Justice s'il va
donner suite à ces recommandations?
Le Président: Non, à la période des
questions à laquelle nous arrivons justement à l'instant, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le contentieux de Churchill Falls
M. Bourassa: M. le Président, je suis heureux de constater
que le premier ministre est guéri de sa vilaine grippe. Je voudrais lui
poser une question à l'occasion de son voyage à St. Andrews.
Est-ce qu'il a eu l'occasion, lors de ce voyage, de discuter avec M. Peckford,
le premier ministre de Terre-Neuve, du contentieux de Churchill Falls? Le
premier ministre est bien conscient de l'importance du règlement de ce
contentieux pour le développement économique de la région
de la Côte-Nord. Je crois que le premier ministre du Canada y serait
également intéressé. On sait que j'ai moi-même, dans
le projet que le premier ministre connaît, mentionné ce
développement. On en parle même dans le Times...
M. Lévesque (Taillon): Quel tome? Des voix: Ah! Ah!
Ah!
M. Bourassa: Est-ce que le premier ministre a pu discuter avec M.
Peckford du contentieux de Churchill Falls à l'occasion de la
conférence de St. Andrews?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): On n'a parlé d'aucun volume.
Je sais que c'est une incidente dans la question, mais on n'a parlé
d'aucun volume pour une simple raison, c'est que le nôtre n'a pas encore
été traduit en anglais et celui auquel se réfère le
chef de l'Opposition n'a été mentionné, enquête
faite par les sources ordinaires, dans aucun journal quotidien de la
Nouvelle-Angleterre ni de l'État de New York. Comme le disait
Napoléon, "les faits sont têtus".
Maintenant, oui, j'ai parlé avec M. Peckford mais je n'ai pas
à raconter ce qu'on s'est dit, sauf une chose. On doit se donner un coup
de fil, l'un ou l'autre ou l'un et l'autre, tout de suite après la
Saint-Jean, c'est-à-dire probablement dans le bout de mardi ou de
mercredi prochain en vue d'une rencontre éventuelle pour voir s'il n'y a
pas moyen, à la fin des fins, d'arriver à une solution convenable
dans ce contentieux.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Bourassa: D'abord, je voudrais demander au premier ministre
s'il est au courant que plusieurs journaux de la Nouvelle-Angleterre, celui de
Providence, entre autres, le New York Times, je crois, ont parlé de mon
projet de développer...
Une voix: Question!
M. Bourassa: Je demande si le premier ministre est au courant,
quel que soit le volume en question, qu'on a parlé du projet que j'ai
proposé pour le développement hydroélectrique.
Deuxièmement, question à deux volets.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je
m'excuse.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): II y a un peu de bruit de votre
côté autant que du nôtre et je n'ai pas compris la
première question.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: Je suis heureux que vous le souligniez.
M. le chef de l'Opposition.
M. Bourassa: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si
récemment, depuis quelques semaines ou quelques mois, dans le dossier de
Churchill Falls il y a eu des pourparlers entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement de Terre-Neuve?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président,
récemment, si le chef de l'Opposition veut dire très
récemment, en deçà de quelques mois, non, je ne crois pas.
La seule intervention un peu extérieure qui est venue est celle, bien
connue, du premier ministre fédéral, M. Mulroney, disant
qu'autour des rencontres de Regina, par exemple, la première rencontre
générale des premiers ministres, il pouvait, jusqu'à un
certain point, s'offrir - il en avait déjà parlé avant -un
peu comme négociateur, ce qu'on dit en anglais "honest broker" mais cela
n'a pas eu de suite, que je sache, parce que c'était à lui de
prendre l'initiative.
La première fois que tout le problème qui tourne autour de
Churchill Falls a été rementionné c'était à
St. Andrews, en fin de semaine, entre M. Peckford et moi.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Bourassa: Est-ce que le premier ministre a l'intention de
reprendre l'initiative dans un dossier, comme je le disais, qui a un impact
économique très important, notamment la conférence qui
aura lieu à Terre-Neuve. Il y aura une conférence des premiers
ministres provinciaux. On comprend tous maintenant que le premier ministre a
l'intention d'assister à toutes ces conférences au cours des
prochains mois. Est-ce qu'il a la ferme intention de reprendre ce dossier qui
est très important pour le développement économique d'une
région du Québec, avec un taux de chômage très
élevé?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bédard: Ils ont eu une décision favorable de la
Cour suprême. Voyons!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, le simple
fait que M. Peckford ait fait signe, que cela ait duré quelques minutes
et qu'on ait discuté un peu de l'opportunité, premièrement
de se téléphoner, deuxièmement, forcément de se
rencontrer, donne l'impression que l'attitude a évolué. Il y a
longtemps qu'une offre est sur la table.
Par ailleurs, sur les points essentiels, cela est allé jusqu'en
Cour suprême, sauf erreur...
Une voix: On a gagné, en plus.
M. Lévesque (Taillon): Les droits du Québec,
contractuellement, ont été maintenus. Ce n'est pas
nécessairement à nous à commencer à nous mettre
à genoux, tout en étant très conscients que ce serait de
l'avantage des deux parties de Terre-Neuve, bien sûr, mais il ne faudrait
pas oublier la Côte-Nord, et tout ce que cela peut entraîner comme
revenus additionnels et ressources additionnelles contractuelles pour le
Québec. Il n'y a absolument rien qui s'y oppose et j'espère
qu'avant le mois d'août il y aura peut-être moyen de faire quelque
chose ou alors au mois d'août, comme le mentionnait le chef de
l'Opposition.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
Un nouveau partage des quotas de lait sur une base
nationale
M. Picotte: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. On dit
que le gouvernement fédéral s'apprêterait, au mois de
juillet ou au début d'août, à procéder au repartage
des quotas sur une base nationale du côté de la production
laitière. Il y a des provinces qui vont y gagner et d'autres qui vont y
perdre. Forcément aussi, des producteurs vont y gagner et d'autres vont
y perdre.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait me dire quelle
démarche il a entreprise, au moment où on se parle, auprès
de son collègue fédéral, pour que, justement, dans ce
repartage des quotas de lait, la province de Québec ne soit pas
touchée et qu'on n'y perde pas, pour le mieux-être des
agriculteurs du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, chaque
année, il y a des négociations dans le secteur laitier mais elles
ne se font pas au niveau politique, elles se font au niveau de la Commission
canadienne du lait. Il y a un comité spécialement affecté
à cette fonction qui s'appelle le Comité de gestion des
approvisionnements auquel siègent des représentants des
producteurs laitiers du Québec, de la Fédération des
producteurs de lait, de même que les représentants du
Québec avec des
gens de la Régie des marchés agricoles qui
représentent la régie et le gouvernement du Québec, le
ministère de l'Agriculture, dans cette fonction. Les choses sont en
négociation chaque année, cette année comme d'habitude,
mais ce n'est pas à un niveau politique que ces quotas sont
répartis.
Vous pouvez être certains que les producteurs laitiers et le
ministère de l'Agriculture veillent au grain.
Le Président: M. le député de
Maskinongé. (10 h 40)
M. Picotte: Ne serait-il pas prudent que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation prenne
déjà les devants, peu importe à quel niveau ce pourrait
être, son ministère ou lui-même, s'il ne veut pas le faire
au niveau politique ou s'il veut le faire au niveau politique, pour justement
bien faire en sorte que nos droits soient protégés le plus
possible?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Je peux vous dire qu'ils sont constamment
surveillés et protégés puisque les représentants
des producteurs laitiers sont là, que les représentants du
gouvernement sont là, comme pour les autres provinces. Je peux vous dire
à cet effet que quand il y a des menaces qui surviennent, les
producteurs laitiers m'avertissent immédiatement et nous intervenons.
Concernant la gestion des approvisionnements on attend la nouvelle politique
laitière pour le 1er août. Tout cela est en négociation
normale. Les dangers actuellement ne sont pas directement à ce niveau.
C'est beaucoup plus dangereux. Actuellement, ils viennent des ententes sur le
Nid-de-Corbeau, des subventions de 658 000 000 $ sur le transport des
marchandises de l'Ouest vers l'Est en vertu de la loi qui a été
adoptée par le Parti libéral fédéral à
l'été 1984. C'est cela la principale question. Ainsi,
l'équité dans la politique des céréales qui a
été brisée par le Parti libéral
fédéral avant son départ. Ce sont les conditions
fondamentales. Il y a dans la politique du lait, actuellement, des discussions
normales et s'il y a des raisons de s'inquiéter ou qu'il faille frapper
plus fort sur la table, je pense bien que les gens vont le faire, mais à
ce moment-ci, c'est un débat normal pour la gestion des
approvisionnements.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie et
du Commerce. Le 11 juin dernier, j'interrogeais le ministre de l'Industrie et
du Commerce pour la cinquième fois sur le cas de la
société de vin des Côtes d'Ardoise. Ma question visait
à savoir...
Le Président: Allez-y M. le député de
Laporte, c'est un cas pour M. le ministre délégué à
la politique familiale.
Permis de producteur de vin délivré
à la société des Côtes d'Ardoise
M. Bourbeau: Le 11 juin dernier, j'interrogeais le ministre sur
la question d'un permis de vin à la société des
Côtes d'Ardoise. À ma question de savoir si un permis de fabricant
de vin à partir de raisin québécois avait
été émis à ce viticulteur, le ministre a
répondu: "Ce sont les ministres qui signent les documents. Moi, en tout
cas, j'insiste pour signer mes propres documents. Avant de signer, je regarde
ce que je signe." C'est le ministre qui parlait. "Jusqu'à
présent, je vous dis qu'à ma connaissance je n'ai pas
signé de permis de fabricant de vin à partir de raisin
québécois." Quelques instants plus tôt, le ministre avait
déclaré: "De toute façon, au moment où on se parle,
je n'ai pas encore signé un seul permis." Journal des débats, 11
juin.
Ma question au ministre est la suivante: Le ministre de l'Industrie et
du Commerce peut-il confirmer ou infirmer devant cette Chambre qu'un permis
industriel signé de sa main et valide jusqu'au 31 mars 1985 aurait
été délivré à la société
Domaine des Côtes d'Ardoise?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce.
M. Biron: Non. Il y a un papier qui a circulé dans le
ministère, mais le permis n'a pas été
délivré. Pour l'information du député de Laporte,
je dois lui dire - je ne sais pas s'il a la bonne copie ou la mauvaise copie du
permis - que dans la même journée, on a marqué sur le
permis "annulé". Il est possible que sur la copie qu'il a ce ne soit pas
marqué "annulé", mais le permis a été
annulé, pour son information, la même journée où il
a été émis. On y fait référence parce qu'il
y a eu des discussions à l'intérieur du ministère avec mes
fonctionnaires là-dessus. Il n'y a pas eu de permis à la firme
que vous mentionnez, les Côtes d'Ardoise, mais je vous dis, par exemple,
M. le député, qu'au cours des prochains jours six permis de
producteur de vin seront émis à six entreprises
québécoises à la suite de recommandations de mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Je pense que c'est important de développer du vin au
Québec et de le fabriquer à partir de raisin
québécois.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Compte tenu que le ministre nous déclare
qu'il n'a pas signé, je pense, de permis de fabrication de vin, le
ministre admettra-t-il que le document que je tiens dans mes mains et que je
lui transmets par l'intermédiaire d'un messager est un exemplaire d'une
reproduction fidèle d'un permis industriel signé de la main
même du ministre et délivré à la
société Domaine des Câtes d'Ardoise?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, je pourrais peut-être
recommander au député de Laporte d'écouter nos
réponses. Autrement, il pose peut-être des questions pour faire de
la petite politique. Je viens de lui dire dans ma réponse
précédente que c'est écrit sur le permis "annulé".
Possiblement qu'il y a une photocopie, entre les deux, il y a peut-être
quelqu'un qui a pris une photocopie, mais le permis a été
annulé la même journée. Si vous avez la mauvaise
photocopie, venez donc au ministère, on va vous donner la vraie
photocopie. Il n'y a aucun permis qui a été délivré
à la société que vous mentionnez, quoique, au cours des
prochains jours, un permis sera délivré à cette
société.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi le 11
juin dernier, il y a une semaine, à la même question que je lui
posais, il a nié de toutes ses forces avoir signé un permis
destiné à la société des Côtes d'Ardoise et
pourquoi il a, à ce moment, induit la Chambre en erreur?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, je comprends que les questions
du député sont écrites d'avance, il faut absolument qu'il
lise les questions ou la sous-question et la sous-sous-question. Mais pour la
troisième fois, M. le député, je viens de vous dire que
pour délivrer un permis il faut que le permis parte et qu'il soit rendu
au moins chez le producteur. Le permis n'a pas été
délivré et le permis a été annulé dans les
heures qui ont suivi au cours d'une discussion à l'intérieur du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
vous répète encore une fois que votre société, qui
est dans le comté de votre collègue, le député de
Brome-Missisquoi - M. le député de Brome-Missisquoi, si j'ai les
bonnes informations les Côtes d'Ardoise c'est dans votre comté...
Il y a quelques députés de l'Opposition et quelques
députés aussi du
Parti québécois qui veulent qu'on délivre des
permis à des fabricants de vin fait à partir de raisin
québécois. C'est une recommandation du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et les permis seront
délivrés au cours des prochains jours.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, ma question au ministre est
bien simple. Je ne suis pas contre la délivrance de permis aux gens de
ma région pour la fabrication de vins et le Parti libéral n'est
pas contre.
Le Président: La question, M. le député.
M. Paradis: Ma question au ministre: Pourquoi avez-vous
déclaré en cette Chambre que vous n'en aviez pas signé
alors que vous nous dites aujourd'hui que vous en avez signé? C'est cela
la question. Pourquoi avoir induit la Chambre en erreur?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, pour essayer de faire
passer un message qui est manifestement faux, on répète
indûment la question.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, je répète au
député de Brome-Missisquoi que pour délivrer un permis il
faut que le permis parte et soit délivré. Sur le permis, c'est
écrit "annulé". Si vous n'avez pas la bonne copie, venez me voir
au ministère et je vais vous donner la bonne copie. Entre les deux, s'il
y a une photocopie qui a circulé à l'honorable
député de Laporte, la photocopie a circulé mais le permis
n'a jamais été délivré à votre entreprise.
Le permis sera délivré au cours des prochains jours. Si vous vous
inquiétez qu'il y ait un permis de délivré ou non, oui, il
y aura un permis qui sera délivré au cours des prochains
jours.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, avant d'annuler le permis, M.
le ministre, est-ce que vous l'avez signé?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, il faut délivrer un
permis...
Le Président: À l'ordre!
M. Biron: ...et le permis n'a pas été
délivré, M. le député de Brome-Missisquoi. Je
voudrais savoir si vous êtes d'accord ou pas à ce qu'on
délivre un permis à votre producteur de vin. La réponse
c'est oui, on va délivrer un permis à votre producteur.
Quant à la délivrance du permis, le permis n'a pas
été délivré à votre producteur. Vous avez
une mauvaise photocopie, venez me voir, je vais vous en donner une bonne.
Le Président: Une dernière additionnelle, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, la question au ministre est
bien simple. La question porte sur sa signature. Est-ce que vous avez
signé le permis que je tiens ici devant vous avant de l'annuler? Est-ce
votre nom, Rodrigue Biron? Est-ce votre signature au bas du permis?
Une voix: II a honte de son nom!
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, je crois que, lorsqu'on
délivre un permis il faut que le permis soit délivré. Le
permis n'a pas été délivré et si vous vous
inquiétez de savoir si votre producteur va avoir son permis, vous pouvez
lui téléphoner immédiatement. Il va l'avoir dans les
prochains jours, son permis de producteur.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre
reconnaîtra-t-il...
Le Président: À l'ordre!
M. Bourbeau: ...que le 11 juin dernier en réponse à
mes questions, il n'a pas dit qu'il n'avait pas délivré de permis
mais il a dit qu'il n'avait pas signé de permis. Dans ces conditions
qu'est-ce que vaut la signature du ministre s'il la renie aujourd'hui?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce. (10 h 50)
M. Biron: M. le député de Laporte, je pense que
vous vous embourbez un peu dans vos questions factuelles.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Biron: Deuxièmement, M. le Président, je suis un
peu surpris de l'attitude de l'Opposition officielle, elle qui se vante de
vouloir parler d'économie et jusqu'à maintenant, depuis plusieurs
mois, sinon depuis les dernières années, je n'ai pas eu une vraie
question économique concernant les stratégies de
développement des PME. Ce qui nous intéresse, ce sont les emplois
créés. Au cours des prochains jours, certains emplois seront
créés dans le domaine de la production du vin parce qu'on
émettra des permis à la suite de la recommandation du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: ...avec des raisins québécois.
Le Président: ...La dernière additionnelle. Bon!
Bon!
M. Bourbeau: M. le Président. Le Président: La
dernière!
M. Bourbeau: Oui. Quelle crédibilité peut-on donner
à un gouvernement et à un ministre qui n'est même pas
capable de dire la vérité à cette Chambre et à la
population?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Je m'aperçois que les raisins ne sont pas tous
dans les vignes.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Biron: Je me demande encore une fois, M. le
Président...
Une voix: II y a les raisins de la colère.
M. Biron: Je me demande, M. le Président, pourquoi
l'Opposition officielle s'entête et est contre l'émission de
permis à des producteurs québécois.
Le Président: M. le député de
Verchères, question principale.
Entente de principe à Marine Industrie
M. Charbonneau: M. le Président, j'espère que la
question que je vais poser sera plus sérieuse et d'une importance plus
vitale pour une région que celle qu'on a entendue et les additionnelles
qu'on vient d'entendre.
Le Président: M. le député.
M. Charbonneau: M. le Président, ce matin, en
écoutant les postes de radio et en
Usant les médias, j'ai pris connaissance des informations sur le
conflit de Marine
Industrie dans la région de Sorel-Tracy. On indiquait qu'il y
aurait eu au cours des dernières heures, peut-être hier soir, une
entente. Le ministre peut-il confirmer s'il y a eu effectivement une entente
à la table de négociation dans la journée d'hier ou dans
les heures qui ont précédé la période de
questions?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, je pense pouvoir
dire ce matin aussi qu'on peut rapporter progrès. Samedi et dimanche
dernier, comme je l'ai indiqué hier et avant-hier, les parties se sont
entendues quant aux modalités de règlement de ce dossier qui
contenait les sanctions disciplinaires de congédiement que l'on sait.
Tard hier soir, les parties aux tables se sont également entendues sur
ce que serait le contenu de la convention collective.
Au stade où l'on en est, M. le Président, il va rester aux
mandataires autant du syndicat que de la compagnie à soumettre à
leur base respective, si on me passe l'expression, le contenu de ces ententes
qui sont intervenues depuis vendredi soir dernier. Je suis informé, M.
le Président, que du côté syndical, c'est à 13
heures cet après-midi que ces ententes seront soumises à
l'appréciation et vraisemblablement, ou en tout cas on l'espère,
à l'approbation de la majorité des salariés qui seront
réunis en assemblée cet après-midi. Alors, dans ce
sens-là...
Une voix: Excellent!
M. Fréchette: ...je pense pouvoir dire que l'on peut
rapporter progrès. Comme on l'indiquait hier et avant-hier, il y a tout
lieu d'espérer que dans les heures qui viennent, nous pourrons
effectivement annoncer qu'il y a règlement total, global et final.
Une voix: Bravo!
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous indiquer, d'une part, si l'entente intervenue comprend également
une entente concernant le protocole de retour au travail et, d'autre part, le
ministre a fait allusion à un vote ou à une assemblée
syndicale qui aurait lieu cet après-midi dans la mesure où cette
assemblée serait terminée avant la fin de la période de
session de cet après-midi, le ministre pourrait-il indiquer à la
Chambre s'il peut communiquer à l'assemblée avant 18 heures ce
soir les résultats de la discussion de l'assemblée syndicale qui
aura lieu cet après-midi?
Le Président: M. le ministre du Travail. M.
Fréchette: M. le Président, vous allez comprendre que ce
n'est qu'à certaines conditions que je pourais m'engager à donner
une semblable information. Encore faudrait-il que l'entente
espérée intervienne et que les règlements de la Chambre ne
m'empêchent pas de fournir une semblable information.
Quant au protocole de retour au travail, M. le Président, je dois
signaler en réponse à la question du député de
Verchères qu'il n'a pas fait jusqu'à maintenant l'objet de
négociations entre les parties. Par ailleurs, il faut toujours nous
rappeler que ce protocole de retour au travail était, à toutes
fins utiles, relié principalement au règlement du dossier des
sept congédiements. Il y a un certain nombre d'autres conditions qui
seront étudiées, par exemple, comment disposer de quelques
centaines de griefs qui ont été accumulés depuis un
certain nombre de mois, sinon d'années. Tout cela doit aussi faire
l'objet de discussions entre les parties, mais comme le dossier majeur est
maintenant réglé, du moins à la table, celui des
congédiements, je ne vois pas quel genre de difficultés
pourraient empêcher que le règlement global intervienne.
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le Président.
Est-ce que le ministre...
Le Président: Oui, M. le député de
Verchères, la dernière.
M. Charbonneau: Je pense que les questions additionnelles qu'on
pose actuellement sont plus importantes que celles qu'on vient d'entendre sur
un autre sujet. M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
indiquer si les conciliateurs spéciaux qui ont travaillé au cours
des derniers jours à ce règlement vont demeurer au dossier, y
compris pour la discussion concernant le protocole de retour au travail?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, comme je l'ai
indiqué depuis le début du conflit, le ministère du
Travail, avec les personnes-ressources qui y oeuvrent, a été
à la disposition des parties depuis le début et continuera de
l'être jusqu'à la fin, en tout cas, très certainement tant
et aussi longtemps que les parties elles-mêmes souhaiteront que les deux
conciliateurs qui sont actuellement au dossier y demeurent. Ces deux
conciliateurs, donc, seront à la disposition des parties aussi longtemps
que les deux parties elles-mêmes le souhaiteront.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je veux poser une
question au ministre des Affaires culturelles depuis hier. Dois-je
comprendre
qu'il sera ici avant la fin de la période de questions, sinon
demain?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Fort probablement demain. Comme vous le savez,
le ministre des Affaires culturelles est présentement à
Montréal pour des activités reliées à l'ensemble de
l'activité gouvernementale.
Le Président: M. le député de Saguenay,
suivi de Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
La surtaxe américaine de 24 % sur l'importation
de morue séchée et salée
M. Maltais: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. La
semaine dernière, le gouvernement américain mettait en
application son imposition d'une surtaxe de 24 % sur l'importation des produits
de la morue séchée et fortement salée, affectant ainsi
particulièrement les producteurs de la Basse-Côte-Nord et de la
Gaspésie. J'aimerais savoir de la part du ministre quelles sont les
représentations qu'il a faites auprès du gouvernement
fédéral et quels sont les résultats de ces
représentations.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, on a connu le résultat
des politiques de M. De Bané lorsqu'il était ministre des
Pêches à Ottawa. À plusieurs reprises, j'avais
indiqué les dangers qu'il y avait à faire le genre de politique
qu'il a faite. Dans ce temps-là, on m'a accusé de faire de la
politique, mais maintenant, les résultats tombent un par un.
En plus d'avoir des sociétés qui sont en faillite un peu
partout dans l'Est du Canada, des dizaines de millions ont été
engouffrés dans des trous sans fond et actuellement, les
Américains réagissent parce qu'il y a des ventes de feu qui sont
faites régulièrement par des compagnies canadiennes aux
États-Unis, brisant et cassant le marché et brisant les prix, de
sorte que les Américains ont demandé à leur gouvernement
de réagir. Et un des principaux territoires qui a été
touché à cause des politiques de M. De Bané dans les
provinces de l'Est du Canada, principalement à Terre-Neuve, a
touché la Basse-Côte-Nord dans ce conflit entre le Canada et les
États-Unis.
C'est évident que c'est un débat important dans le secteur
des pêches. J'ai parlé avec M. Fraser, le ministre des
Pêches régulièrement de cette question et bien longtemps
avant que se prenne cette décision, parce que je lui ai dit que je
craignais fortement qu'il y ait une telle décision américaine
parce que tout le monde sait que depuis un an, un an et demi ou deux ans,
après avoir complètement dispersé l'entreprise
privée, avoir remplacé l'entreprise privée par des
sociétés d'État à Terre-Neuve ou au Québec,
par Pêcheries Cartier qui ont fait des déficits
considérables, pas des déficits de 5 000 000 $ ou 10 000 000 $
par année, mais de plusieurs dizaines de millions de dollars,
j'anticipais une décision dans ce sens-là et elle est survenue.
(11 heures)
Je pense que le gouvernement canadien va devoir remettre les entreprises
à l'entreprise privée ou avoir une gestion différente dans
ce secteur. Alors, c'est à anticiper. Maintenant, comme sa
décision vient d'être prise, il va évidemment falloir
revoir tout le dossier en vue d'en corriger les lacunes. Entre autres, par
exemple, dans le cas des pêcheurs de la Gaspésie qui ne
commercialisent...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Garon: ...pas leur poisson par l'Office canadien du poisson
salé, qui ne sont pas subventionnés par le gouvernement
fédéral et qui ont été touchés
également par la décision américaine. C'est évident
que ce dossier devrait être corrigé, parce qu'ils ne doivent pas
être embarqués dans un groupe alors qu'ils ne sont pas dans ce
groupe qui a été subventionné par le gouvernement
fédéral.
Une voix: II y a des lacunes.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, faut-il rappeler au ministre
que le 1er février 1985, le gouvernement américain avait
annoncé son intention d'imposer cette surtaxe? À partir du 1er
février 1985, est-ce que le ministre pourrait nous déposer
l'état de ses rencontres avec le ministre fédéral et nous
dire exactement les mesures qu'il a demandées au ministre
fédéral pour protéger des industriels de cette
pêche?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, il n'y a pas de mesures
spécifiques. C'est évident qu'il y a eu des négociations
avec le gouvernement américain qui se plaint que l'industrie des
pêches canadiennes est trop subventionnée
dans son fonctionnement. Je peux vous dire qu'actuellement, sous le
nouveau gouvernement... À l'époque de M. De Bané, une
conférence fédérale-provinciale a eu lieu au mois de
décembre, qui commençait à 10 heures, qui était
suspendue à midi... On a parlé des rencontres avec le ministre
fédéral. J'espère au moins que vous êtes capables de
comprendre le français de l'autre bord. Je disais donc qu'il y avait
à l'époque de M. De Bané, une rencontre au mois de
décembre chaque année, qui commençait à 10 heures,
qui était suspendue à midi pour dîner et qui
recommençait à 13 h 30 pour se terminer à 14 h 30.
C'était la seule fois qu'on se rencontrait dans l'année. Avec le
nouveau ministre des Pêches à Ottawa, il y a eu une rencontre en
décembre qui a duré une journée et demie. Il y a eu des
rencontres en février, sur ma proposition, pour encore deux
journées de discussions. Il y a encore eu des rencontres en mai, qui ont
eu lieu à Québec, pour la première fois, dans l'histoire
des pêches, en dehors d'Ottawa, et il y en aura encore en septembre.
J'ai été celui qui a demandé d'institutionnaliser
des rencontres fédérales-provinciales dans le secteur des
pêches pour qu'on ait le pouvoir de faire davantage au niveau
intergouvernemental. Actuellement, les conférences sont en train de se
réaliser et la prochaine va avoir lieu en septembre - c'est
décidé à ce moment-ci - avant les négociations
à Cuba sur les quotas étrangers. On n'avait jamais
été consultés auparavant sur les quotas étrangers,
et c'est à la dernière conférence des pêches de
Québec, la semaine dernière, que j'ai recommandé qu'il y
ait une discussion avec le Québec, les provinces et le gouvernement
fédéral pour négocier des quotas étrangers.
Dans ce cadre-là, il y a eu des rencontres
régulières avec le ministre des Pêches et je lui ai
parlé régulièrement de cette question. J'en ai
parlé régulièrement aux conférences
fédérales-provinciales et j'ai dit régulièrement
que la façon de travailler du gouvernement fédéral, sous
le gouvernement précédent, avait été un
désastre et que cela nous mènerait au chaos. Le chaos est
arrivé. Mais quand j'en parlais à ce moment-là, on disait
que je faisais de la politique, alors que de disais: Le passage de M. De
Bané pendant un an et demi aux pêches à Ottawa va
créer un marasme dans le secteur des pêches qui va durer cinq ou
dix ans. Je l'ai dit à plusieurs reprises, il a brisé la
structure des pêches de l'Est du Canada en y faisant débarquer
l'entreprise privée un peu partout.
Des voix: C'est un rouge.
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, j'aurais une
question pour le premier ministre. Est-ce qu'il est encore...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Le premier ministre a dû quitter, M. le
Président. Il y a encore quelques minutes il était ici.
Peut-être qu'à l'avenir on pourrait préalablement
m'informer si, à la fin de la période des questions, les
indépendants en ont une à poser.
Mme Le Blanc-Bantey: Je soulignerai respectueusement que si
j'avais été reconnue - cela fait longtemps que je me lève
-j'aurais eu une chance de poser ma question au premier ministre.
M. Bédard: D'accord...
Le Président: Mme la députée, vous avez eu
votre question au tour qu'il était possible d'avoir.
M. le député de Rosemont.
L'administration de subventions aux PME confiée
aux provinces
M. Paquette: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie et du Commerce. À la fin de la semaine
dernière, nous avons appris que le ministre fédéral de
l'Expansion industrielle régionale, M. Sinclair Stevens, se proposait,
en ce qui concerne les subventions aux petites et moyennes entreprises qui sont
inférieures à 500 000 $, de les faire administrer par les
provinces et de prendre les montants de la subvention fédérale
dans les ententes-cadres de développement régional.
Pour les subventions excédant 500 000 $, les montants seraient
pris dans les programmes fédéraux administrés
unilatéralement par le gouvernement fédéral. Le ministre
semble avoir signé une entente à cet effet. Je ne sais pas si
elle est aussi précise que ce que je viens de dire. Est-ce que le
ministre pourrait tout d'abord confirmer ou infirmer les faits que je viens
d'évoquer?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, il n'y a pas encore d'entente
auxiliaire sur les PME qui ait été signée. Ces ententes
sont encore en négociations avec le gouvernement fédéral.
Il y a une entente cadre de principe qui a été signée
entre les provinces canadiennes et le gouvernement fédéral. Mais
sur le transfert des subventions aux provinces, cela n'a pas encore
été signé. Vous avez raison de dire que nous travaillons
sur des investissements potentiels d'un maximum de 2 000 000 $ desquels des
subventions possibles de quelque 100 000 $ jusqu'à un maximum de 500 000
$ pourraient être admissibles pour
être admnistrées par les gouvernements des provinces. Ce
qui est négocié présentement entre Québec et
Ottawa, se négocie aussi en même temps à partir de chacune
des provinces canadiennes et du gouvernement fédéral.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que la position du
ministre et celle du gouvernement du Québec coïncident avec celle
énoncée par le ministre fédéral? Est-ce que le
ministre a comme position que les subventions fédérales
inférieures à 500 000 $ seront incluses dans l'entente cadre,
donc soumises à un contrôle conjoint et administrées par le
Québec pendant que les interventions les plus structurantes, les plus
importantes en termes d'argent, dont les plus structurantes pour
l'économie du Québec, seraient laissées au gouvernement
fédéral dans ses programmes unilatéraux?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Non, ce n'est pas exact, M. le Président. Il est
certain qu'on ne transférera pas des points d'impôt à
Ottawa comme il a été suggéré ce matin. Ce n'est
pas exact. Enfin, on a une entente auxiliaire sur les grandes entreprises.
Donc, pour tout investissement de 10 000 000 $ et plus, on a une entente
auxiliaire Ottawa-Québec à laquelle les deux gouvernements
participent conjointement. Tout investissement de moins de 2 000 000 $ sera
administré au niveau du Québec. De 2 000 000 $ à 10 000
000 $, à l'heure actuelle, il y aura toujours des programmes
québécois qui vont continuer à aider les entreprises,
comme il y aura toujours aussi des programmes fédéraux. Aussi
longtemps qu'on n'aura pas une troisième entente pour les
investissements de 2 000 000 $ à 10 000 000 $, il restera dans le milieu
quelques investissements. Pour l'information du député de
Rosemont, je dois lui dire que 80 % des investissements ou des demandes
viennent des entreprises qui investissent moins de 2 000 000 $. Dans une
première étape, je pense qu'on aura passablement de travail
à faire pour répondre adéquatement aux demandes des
entreprises.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: J'aurais une dernière question. Comment le
ministre, qui n'a pas été très explicite quant à sa
position dans les négociations avec le fédéral - j'aurais
aimé qu'il le soit davantage - concilie-t-il cette espèce de
partage avec certains projets industriels pour les PME dans les ententes
cadres, d'autres subventionnés par des programmes
québécois, d'autres par des programmes fédéraux
pour des montants plus importants que ceux inclus dans l'entente conjointe,
avec la position constitutionnelle de son gouvernement qui parle, parfois de
maîtrise d'oeuvre et parfois de juridiction partagée? Est-ce que
le ministre considère qu'en signant ce genre d'entente, il permet au
Québec d'assumer une maîtrise d'oeuvre dans le
développement régional, dans le développement des PME au
Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Je pense que c'est une grosse amélioration par
rapport à ce qui existait autrefois, alors que, vis-à-vis des PME
en particulier, les deux gouvernements intervenaient. On a souvent vu le
gouvernement libéral fédéral intervenir auprès
d'une entreprise en disant: Je vous aide de telle façon, mais si le
gouvernement du Québec intervient pour vous aider, mon aide est
annulée ou je déduis mon aide d'autant de celle du gouvernement
québécois. Au moins, on commence à mettre un peu d'ordre.
Sur 80 % des projets, le Québec est maître d'oeuvre à la
fois de l'étude et de l'implication, et, bien sûr, la somme
d'argent sera payée moitié moitié. Quant aux grandes
entreprises, il y a des comités conjoints Québec-Ottawa. Mais,
jusqu'à maintenant, le gouvernement fédéral est toujours
intervenu vis-à-vis de l'aide aux entreprises, comme le gouvernement du
Québec intervenait. Mais il manquait certainement de cohérence
alors qu'on aura maintenant quelque chose d'un peu plus ordonné.
Le Président: Question principale, M. le
député de...
M. Paquette: M. le Président, j'ai une très courte
question additionnelle.
Le Président: Oui, mais il reste peu de temps à la
période de questions. Je voudrais quand même accorder une question
principale à M. le député de Trois-Rivières. (11 h
10)
Une maison de l'industrie à
Trois-Rivières
M. Philibert: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie et du Commerce. Lors de la dernière campagne
électorale, le candidat péquiste dans le comté de
Trois-Rivières a fait de nombreuses promesses à nos concitoyens
évidemment pour essayer de les séduire. L'une d'elles concernait
la création d'une maison de l'industrie à
Trois-Rivières.
Comme il est logique de penser que le candidat et le ministre se soient
entendus avant de faire une telle promesse, je voudrais demander au ministre si
des crédits ont été prévus concernant cette
promesse et quel est l'échéancier qui a été
prévu.
Le Présidente M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Biron: D'abord, je veux féliciter le
député de Trois-Rivières de sa première question et
dire que depuis le peu de temps qu'il est en Chambre, il a posé plus de
questions réellement économiques que le porte-parole de
l'Opposition officielle en matière d'économie, le
député de Laporte. C'est vous dire tout l'intérêt
pour les PME qu'a le député de Laporte.
Le concept des maisons de l'industrie existe présentement dans
l'Estrie, dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans la région de
Québec. Ce sont des maisons qui ont été formées
d'abord par des gens d'affaires, les chambres de commerce, les associations
patronales pour aider les industriels et les commerçants à mieux
discuter ensemble afin de s'aider à s'améliorer. Nous sommes
ouverts à ce concept mais ce n'est pas le gouvernement du Québec
lui-même qui préside la maison, qui est le maître d'oeuvre
de la maison, nous ne faisons que donner le coup de pouce nécessaire
lorsque les gens du milieu font la demande et lorsque les gens du milieu nous
disent: Voilà comment cela va fonctionner. Bien sûr, nous allons
les aider parce que nous savons un peu ce qui se passe ailleurs et on va leur
donner certains conseils. Mais c'est d'abord et surtout les gens du milieu qui
vont se prendre en main. Si on peut leur donner le coup de pouce
nécessaire, nous allons le faire. À ce point de vue, nous
pourrions analyser avec beaucoup d'attention les demandes qui pourraient
parvenir de la région de Trois-Rivières.
Le Président: M. le député de
Trois-Rivières.
M. Philibert: Une courte additionnelle, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait s'engager à plus d'efficacité
dans ses coups de pouce vu qu'il avait fait cette promesse le 7 juin 1982, il y
a maintenant trois ans?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le député de Trois-Rivières,
vous venez de suivre le même penchant que votre
prédécesseur, le député de Laporte, qui
écrit ses questions additionnelles et qui n'écoute même pas
la réponse du ministre. Je vous ai dit que lorsque les gens du milieu
feront la demande, nous allons procéder plus avant. Jusqu'à
maintenant, on n'a pas eu de demande d'organismes structurés dans la
région de la Mauricie pour procéder à une maison
régionale de l'industrie. Ce n'est pas le gouvernement du Québec
qui va payer 100 % des coûts, les gens du milieu devront en payer une
partie. S'ils sont prêts à assumer une partie des frais, si c'est
bon pour eux et qu'ils sont prêts à payer, bien sûr, on va
les aider. Mais si les gens du milieu ne veulent rien payer, le gouvernement du
Québec ne s'impliquera pas.
Le Président: Question principale, M. le
député de Verdun.
Projet de fonds spécial refusé à
Gaz Métropolitain
M. Caron: Ma question s'adresse au ministre
délégué aux Relations avec les citoyens.
Dernièrement, la Régie de l'électricité et du gaz
refusait une demande de Gaz Métropolitain à l'effet de
créer un fonds spécial d'aide pour les plus démunis. Il
est malheureux qu'une régie du gouvernement puisse interpréter la
loi à l'encontre d'une aide de cette compagnie à des gens dans le
besoin qui leur permettrait de continuer à se chauffer au gaz
malgré le non-paiement de leur compte, surtout au milieu de l'hiver.
Est-ce que le ministre délégué aux Relations avec
les citoyens est au courant de cette décision? Entend-il intervenir pour
demander à la régie de reconsidérer sa
décision?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Relations avec les citoyens.
M. Fallu: La question du député de Verdun est
semblable au député lui-même et à ses
préoccupations pour les petites gens de son comté et de
Montréal.
Une voix: D'est vrai. Des voix: Bravo!
M. Fallu: Je lui réponds simplement ce matin que je ne
suis pas au courant de ce problème nommément. Je le remercie de
m'en faire part, je prends avis de la question en conséquence.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: En complémentaire, dans le même ordre
d'idée, M. le Président, une question au ministre. Est-ce que le
ministre a pris connaissance d'une déclaration du
Protecteur du citoyen qui disait qu'il y avait un problème
concernant Hydro-Québec?
Mon collègue de Verdun disait qu'il y avait un problème
dans le cas de Gaz Métropolitain, dans le cas de coupures de gaz. Est-il
au courant de la déclaration du Protecteur du citoyen qui disait qu'il y
avait un problème dans le cas d'Hydro-Québec et qu'entend-il
faire à ce sujet également?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Relations avec les citoyens.
M. Fallu: Le principal problème du Protecteur du citoyen
en ce qui a trait à Hydro-Québec c'est qu'il n'a pas
autorité sur celle-ci et qu'en conséquence il voudrait bien avoir
autorité sur Hydro-Québec.
En contrepartie, je vous dirai que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens et citoyennes a,
quant à lui, un certain droit de regard sur Hydro-Québec en ce
qui a trait aux relations que cette société entretient avec sa
clientèle. À de très nombreuses reprises tout le
problème des coupures de courant a été analysé et
réanalysé avec Hydro-Québec. Je dois le dire comme je le
pense et rendre hommage à Hydro-Québec pour cette souplesse
qu'elle a toujours essayé d'avoir avant de couper.
Il y a peut-être un problème, je ne sais pas si le
député de Outremont le connatt, qui se pose et qui est
très réel à HydroQuébec, qui reste encore en
suspens en ce qui a trait aux coupures, c'est une sorte
d'inégalité qui se passe entre les régions au
Québec puisque les régions d'Hydro-Québec sont
relativement autonomes de telle sorte que les politiques ne sont pas
appliquées de la même façon dans les régions du
Québec.
Il y aurait peut-être avantage à copier la région la
plus progressiste, c'est-à-dire qui tient le mieux compte des
problèmes que posent les coupures de courant aux citoyens et aux
citoyennes pour s'en inspirer à la grandeur du réseau. C'est
d'ailleurs un souhait que j'ai déjà formulé.
Le Président: Aux motions sans préavis.
Aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Blouin: M. le Président, après les affaires
courantes dans quelques minutes jusqu'à 13 heures et, si
nécessaire, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures, à la salle du Conseil législatif, la commission du budget
et de l'administration poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi 32, Loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres
dispositions législatives et entreprendra celle du projet de loi 213,
Loi concernant la Société mutuelle de réassurance du
Québec.
Dans quelques minutes jusqu'à 13 heures et, si nécessaire,
encore de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des institution
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 48, Loi
modifiant diverses dispositions législatives et poursuivra celle du
projet de loi 47...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): On ne comprend rien.
Le Président: Moi non plus.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le leader adjoint voudrait
reprendre...
Le Président: La raison pour laquelle on ne comprend rien,
vous la savez comme moi, c'est qu'il règne un vacarme en cette Chambre
que j'ai presque renoncé à faire corriger.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Je vais reprendre, M. le Président et je
suggère au leader de l'Opposition de s'équiper.
Je reprends rapidement. Après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et, si nécessaire, de 15 heures à 18
heures et de 20 heures à 24 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission du budget et de l'administration poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 32, Loi modifiant la
Loi sur les assurances et d'autres dispositions législatives et
entreprendra celle du projet de loi privé 213, Loi concernant la
Société mutuelle de réassurance du Québec.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et, si
nécessaire, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des institutions
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 48, Loi
modifiant diverses dispositions législatives et poursuivra celle du
projet de loi 47, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant l'administration de la justice. Également, la loi 57, Loi
portant abrogation des lois et dispositions législatives omises lors des
refontes de 1888, 1909, 1925, 1941 et 1964.
De 15 heures à 18 heures à la salle 101 de
l'édifice Pamphile-Le May, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 45, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
les municipalités.
Toujours de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre entreprendra l'étude détaillée des projets
de loi privés suivants: la loi 222, Loi sur le Collège militaire
royal de Saint-Jean, au nom de M. Proulx et la loi 223, Loi concernant la
Commission des écoles catholiques de Montréal, au nom de Mme
Lavoie-Roux. Voilà. (11 h 20)
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président: Oui. Je vais terminer les avis avec ceux-ci,
dans la mesure où ils sont toujours exacts. Après les affaires
courantes, à la salle 150 de l'Hôtel du Parlement, la commission
des affaires sociales tiendra une séance de travail. À 15 heures,
cet après-midi, à la salle 150 également, la commission de
la culture procédera à la vérification d'engagements
financiers. De 20 heures à 22 heures, toujours à la salle 150, la
commission de l'économie et du travail tiendra une séance de
travail, ce qui, si je ne m'abuse, ne contrevient pas au règlement quant
aux trois commissions qui siègent en même temps. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: D'abord, concernant la question des avis
donnés par le leader adjoint du gouvernement, il a annoncé une
commission à la salle du Conseil législatif jusqu'à 13
heures et, si nécessaire, de 15 heures à 18 heures, ce qui
pourrait faire en sorte que quatre commissions siègent de 15 heures
à 18 heures. Si tel est le cas, compte tenu du fait que vous avez
déjà mentionné que trois autres commissions doivent
siéger, soit pour l'étude d'engagements financiers, soit pour des
séances de travail, cela me serait inacceptable. J'aimerais que le
leader adjoint précise bien que la commission qui va siéger
après les affaires courantes à la salle du Conseil
législatif devra terminer ses travaux à 13 heures pour permettre
qu'il n'y ait que trois commissions en plus des trois autres qui vont
siéger pour des séances de travail.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Je note que le député de Sainte-Marie a
également bien noté que nous avions dit "si cela était
nécessaire". Évidemment, nous ne pourrons pas, puisqu'il n'y a
pas de consentement, faire siéger quatre commissions en même
temps. J'avais prévu l'intervention du député de
Sainte-Marie et il n'aura pas l'occasion de s'amuser.
M. Bisaillon: Je regrette, M. le Président, ce n'est pas
tout à fait cela. Il y a deux types de consentement à donner. Je
ne voudrais pas que le leader adjoint abuse de ma bonne foi. Ce que j'ai dit,
c'est que j'étais d'accord pour que trois commissions en surplus
siègent. Les trois dont vous avez parlé, M. le Président,
c'est-à-dire celles qui vont faire des séances de travail et
procéder à l'étude d'engagements financiers. En plus de
ces trois commissions, cela voudra dire que trois autres commissions vont
siéger. II me semble que quand on se rend à six, ce n'est pas
s'amuser que de refuser un consentement pour que quatre autres
siègent.
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
là, vous faites des mathématiques que je qualifierais de
créditistes, si je peux me permettre sans insulter qui que ce soit, en
ce sens que vous additionnez des choses qui ne s'additionnent pas. Les trois
commissions auxquelles j'ai fait référence ne siègent pas
toutes en même temps et, en fait, siègent même
consécutivement. Il n'y en a jamais plus d'une qui siège à
la fois. Cela, sous réserve de vérifier, parce que je suis encore
en train de faire des ajustements moi aussi sur les tableaux. Il y a
peut-être un problème de 15 heures à 18 heures où le
consentement serait requis pour que la commission de la culture puisse faire
les engagements financiers.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Vous avez donné avis que la commission de
l'économie et du travail se réunira à 16 heures.
Le Président: À 20 heures.
M. Fortier: Je voudrais souligner qu'il s'agit, en l'occurrence,
d'élire un président, étant donné la nomination du
ministre. J'aimerais bien que tout le monde soit présent à ce
moment.
Le Président: Ce n'est plus à 16 heures. On m'a
avisé... j'ai reçu beaucoup de papiers ce matin pendant que je
présidais. Voilà, celui-ci. Cela change souvent. La commission de
l'économie et du travail siégera aujourd'hui de 20 heures
à 22 heures au lieu de 16 heures à 17 heures.
M. Polak: M. le Président...
Le Président: M. le député de Westmount.
M. French: Vous avez annoncé, si j'ai bien compris, que la
commission de la culture va se réunir cet après-midi pour
étudier les engagements financiers. Pourtant, on avait prévu ce
matin, cet après-midi et ce soir. Je comprends que ce n'est pas
possible. La question que je pose alors, c'est: Quel ministre va
assister cet après-midi aux engagements financiers? C'est juste cela que
j'aimerais savoir, M. le Président, pour nous bien préparer.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bédard: Je ne suis pas en mesure de vous le dire, au
moment où vous me posez la question, mais d'ici à quelques
minutes, je serai probablement en mesure de vous donner cette information.
Le Président: M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je n'ai pas entendu. La sous-commission qui doit
étudier le Code civil, le projet de loi 20, siège-t-elle ce matin
et cet après-midi?
M. Bédard: Les avis ont été
donnés.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, la sous-commission ne
siège pas.
M. Grégoire: M. le Président, dois-je comprendre
que la séance de travail de la commission de l'économie et du
travail est reportée et n'aura pas lieu à 16 heures?
Le Président: À 20 heures, M. le
député.
M. Grégoire: À 20 heures.
Le Président: Ce qui nous mène aux affaires du jour
et au débat sur les rapports de commissions.
M. Bédard: L'article 4, concernant l'Ordre national du
Québec.
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
peut-être d'appeler l'article 4 du feuilleton qui concerne le projet de
loi 62, Loi modifiant la Loi sur l'Ordre national du Québec.
Projet de loi 62 Adoption du principe
Le Président: Nous aurons donc le débat sur
l'adoption du principe du projet de loi 62, Loi modifiant la Loi sur l'Ordre
national du Québec.
M. le leader du gouvernement.
M Bédard: Après en avoir discuté avec des
représentants de l'Opposition et, également, avec des
députés indépendants, nous avons obtenu le consentement
afin que nous procédions à l'adoption dès maintenant sur
ce projet de loi et en franchissant toutes les étapes prévues.
Donc, je voudrais faire motion pour que la deuxième lecture soit
adoptée, soit l'adoption du principe, quitte à revenir.
Je voudrais également faire motion pour que le tout soit
référé à la commission plénière et
que la commission plénière fasse le rapport à
l'Assemblée dès maintenant et les écritures
nécessaires.
Je voudrais aussi faire motion pour effectivement adopter le projet de
loi en troisième lecture.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Le ministre pourrait-il expliquer simplement quel est
l'objet essentiel pour les gens qui écoutent nos débats? Je peux
le faire. En deux mots, il s'agit simplemnt de corriger une technicité
dans le projet de loi sur l'Ordre national du Québec pour permettre que
des récipiendaires éventuels de la décoration ne soient
pas nécessairement des gens résidant au Québec, mais
soient, bien sûr, des Québécois. C'est simplement cela.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Le député a bien
résumé l'essentiel du projet de loi. C'est essentiellement pour
permettre d'honorer comme il se doit les personnes qui ont pu -quelque soit
leur lieu de résidence au moment où on se parle - apporter une
contribution importante au Québec.
Le Président: Donc, le principe du projet de loi 62 est-il
adopté?
M. Bédard: Adopté. Une voix:
Adopté.
Commission plénière
Le Président: Le rapport de la commission
plénière est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Président: Le projet de loi est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
reprendre le débat sur le projet de loi 37. Je vous demande d'appeler
l'article 31 du feuilleton.
Projet de loi 37
Adoption
Le Président: Bien. Nous commençons donc le
débat sur l'adoption du projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic. Je cède la parole au président du Conseil du
trésor.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, au moment d'aborder
l'étude en troisième lecture de ce projet de loi, je pense que ce
n'est pas l'occasion de reprendre, un par un, les arguments justifiant
l'adoption de ce projet de loi, non plus que de revenir sur le détail du
contenu du projet de loi 37.
Je voudrais me limiter brièvement à relever les deux
principaux arguments qui ont été soulevés par l'Opposition
et par les députés indépendants. Le critique de
l'Opposition officielle, le député de Portneuf, a utilisé
à plusieurs reprises les expressions "un devoir mal fait, un devoir
bâclé et une mauvaise préparation ce qui a conduit à
une loi imparfaite". Donc, des devoirs mal faits. Du côté des
indépendants, on nous a dit -c'était un peu en continuité
avec ce que disaient les libéraux - que c'était une mauvaise loi,
que cette loi était excessive. (11 h 30)
C'est à ces deux grands arguments que je voudrais répondre
par mon intervention sur le discours en troisième lecture. M. le
Président, j'insiste pour dire que le projet de loi 37 est le
résultat de deux ans de travail au Conseil du trésor et au
Conseil exécutif et qu'en aucune manière il n'est le
résultat d'une improvisation de dernière minute.
J'aimerais rappeler, M. le Président, que dès après
les dernières négociations de 1982, le gouvernement avait offert
aux centrales syndicales et aux associations patronales de se joindre à
nous dans un effort collectif, conjoint, de définition d'un nouveau
régime de négociation qui viendrait remplacer l'actuelle loi 55
et la loi 59 qui régissent les négociations dans les secteurs
public et parapublic. Il y a eu diverses rencontres avec des
représentants du gouvernement au plus haut niveau. Dès ce
moment-là, nous avons indiqué qu'il y avait au fond deux grandes
avenues possibles pour le gouvernement, soit une réforme convenue,
définie conjointement par tous les partenaires ou une approche qui
conduirait, s'il n'y avait pas une volonté de la part de tous les
participants, de tous les intervenants, de définir conjointement une
réforme du régime de négociation, bien entendu, à
ce que le gouvernement doive assumer ses responsabilités et
dépose une loi à l'Assemblée nationale.
À la suite de ces premières rencontres, M. le
Président, nous avons mené des travaux de recherche sur la
comparaison de notre régime de droit comparatif sur notre régime
de négociation et celui qui prévaut dans un bon nombre de pays
démocratiques d'Europe de l'Ouest, dans les autres provinces canadiennes
et aux États-Unis d'Amérique. Il y a eu à ce
moment-là publication des résultats de cette recherche qui avait
été effectuée par M. Cadieux et M. Bernier, du Conseil
exécutif. Par la suite, en mai dernier, il y a maintenant plus d'une
année, le président du Conseil du trésor, celui qui vous
parle, rendait public un document d'orientation intitulé "À la
recherche d'un nouvel équilibre". Je me suis livré avec mes
collègues sectoriels, le ministre des Affaires sociales, celui de
l'Éducation et celui de l'Enseignement supérieur, de la Science
et de la Technologie, à de très nombreuses rencontres avec les
associations patronales qui, elles-mêmes, en ont longuement
débattu dans leurs instances, avec les associations syndicales qui,
elles aussi, ont eu l'occasion de débattre longuement de ces questions
dans leurs instances. Cela nous a conduits, au mois de novembre dernier,
à un effort pour conclure un accord-cadre en ce qui concerne le
régime de négociation.
Malheureusement, pour toutes espèces de raisons sur lesquelles il
serait trop long de s'étendre, un tel accord n'a pu être conclu et
nous avons décidé au Conseil des ministres, à ce
moment-là, de déposer à la fin du mois de décembre
un avant-projet de loi afin que toutes les parties concernées, tous les
intervenants aient l'occasion de prendre connaissance de la forme que pourrait
prendre le régime de négociation réformé, tel que
le gouvernement l'entendait à ce moment-là.
Il y a eu, et je le rappelle une nouvelle ronde de rencontres avec les
associations patronales et syndicales, une nouvelle commission parlementaire
qui s'est tenue en février dernier. Malheureusement, seule la Centrale
des syndicats nationaux, la CSN, a accepté de venir en commission
parlementaire, les autres syndicats se formant en regroupement, ce qu'on a
appelé une Coalition pour la circonstance, et demandant de rencontrer
les porte-parole du gouvernement, y compris le premier ministre, ce qui a
été fait et ce qui a été utile puisqu'à la
suite de ces rencontres, des
changements majeurs ont été apportés à
l'avant-projet de loi et, également, après le dépôt
du projet de loi 37, une nouvelle commission parlementaire où, encore
là, chacun a eu l'occasion de s'exprimer.
M. le Président, en faisant ainsi état de tous les
travaux, de toute la consultation, de tous les efforts qui ont
été déployés par celui qui vous parle et par les
principaux ministres concernés du domaine de la santé et de
l'éducation, je veux dire que nous avons bien fait nos devoirs. Nous
nous sommes attachés avec minutie, avec soin et avec acharnement
même, je dirais, à tenter de convenir d'une réforme avec
tous les partenaires.
Je pense qu'au fond, seuls les libéraux, en toute partisanerie,
peuvent prétendre qu'il s'agit là d'un devoir bâclé,
d'un devoir mal fait, puisque, au contraire, les faits que j'évoque
témoignent du souci qu'avait le gouvernement de mener cette
opération de façon minutieuse parce que nous étions
conscients qu'il s'agissait d'une opération délicate et que nous
touchions à l'une des dimensions importantes du contrat social
québécois.
En ce qui concerne les députés indépendants
qualifiant la loi d'excessive, ils disent qu'il s'agit d'une mauvaise loi.
J'aimerais reprendre bien rapidement et bien sommairement le contenu de la loi.
Quel est-il au fond? De quoi parlons-nous lorsque nous parlons de cette
réforme contenue dans la loi 37? Nous parlons de la création d'un
Institut de recherche en rémunération pour donner aux parties
l'occasion d'avoir entre les mains les mêmes données fiables,
valides et crédibles en ce qui concerne l'évolution de la
rémunération dans le secteur public et celle des autres
travailleurs québécois et québécoises. Nous pensons
que par la création de cet Institut de recherche en
rémunération, nous contribuerons à réduire
l'écart que j'ai qualifié de milliardaire à un moment
donné, qui a toujours prévalu dans les négociations
antérieures entre les propositions patronales et les demandes
syndicales.
Qu'y a-t-il d'excessif à vouloir donner un instrument au
gouvernement et aux syndicats des secteurs public et parapublic pour mieux
comprendre la réalité économique, l'évolution, les
niveaux de rémunération et espérer qu'ainsi, on ne parte
pas d'écarts milliardaires qui sont sans commune mesure avec la
capacité de payer des citoyens et citoyennes du Québec au moment
des négociations sur le salarial. Je ne vois pas ce qu'il y a d'excessif
là-dedans.
L'autre grand changement en ce qui concerne la
rémunération, c'est que dorénavant, celle-ci sera
fixée annuellement. Qu'y a-t-il d'excessif à cela, quand on sait
tous que les événements de 1982 ont été largement
le résultat d'une incompréhension quant à la situation
économique qui prévalait à ce moment-là et le
résultat également d'une fixation trois ans à l'avance de
la moitié du budget de l'État, alors que c'était
basé sur des prévisions économiques qui ne se sont pas
matérialisées. Qu'y a-t-il d'excessif, de mauvais, à dire
que dorénavant, les rémunérations évolueront
annuellement en tenant compte de la réalité de chaque
année plutôt que de piéger le gouvernement et ses
travailleurs sur la base de prévisions économiques trois ans
à l'avance? Qu'y a-t-il d'excessif également dans le fait que
dorénavant, à l'intérieur d'une même convention
collective, il y aura deux modes de fixation des salaires, une année
avec droit de grève et les deux autres années, à
l'intérieur des paramètres convenus pour la durée de la
convention collective de trois ans, les salaires et échelles de salaires
seront fixés annuellement, après une négociation de trois
mois, après une commission parlementaire, après le
dépôt ici à l'Assemblée nationale d'un projet de
règlement, ce qui est le régime qui prévaut dans la
plupart des pays démocratiques, que l'on parle de l'Allemagne de
l'Ouest, de la Belgique, de la France et de d'autres pays du monde
occidental.
M. le Président, le deuxième grand changement qu'apporte
cette réforme, dorénavant, il y aura un niveau local de
négociation qui sera important, sans droit de grève. C'est une
constatation très largement admise que notre régime de
négociation est trop centralisé. Nous avons voulu franchir
quelques pas dans le sens d'une décentralisation sans risquer,
cependant, de retomber dans les ornières de l'affrontement au niveau
local en introduisant, comme mécanisme de règlement des
différends, la formule du médiateur-arbitre qui se
développe actuellement aux États-Unis et ailleurs dans le monde
plutôt que de simplement accorder le droit de grève au niveau
local. (11 h 40)
Nous faisons trois choses. D'une part, au niveau des affaires sociales,
dorénavant, il y aura cinq secteurs de négociation plutôt
qu'un seul, pour tenir compte de la spécificité de chacun des
réseaux: celui des hôpitaux, celui des centres d'accueil, celui
des CSS, celui des CLSC et celui des privés. Deuxièmement, il y
aura possiblité d'arrangements locaux dans le réseau des affaires
sociales et dans certains secteurs de l'éducation. Troisièmement,
au niveau des deux réseaux d'éducation, l'enseignement primaire
et secondaire et l'enseignement collégial, nous faisons en sorte que les
parties pourront se réapproprier progressivement, avec des
procédures moins conflictuelles que celles qui prévalaient
auparavant, la négociation au niveau local.
En ce qui concerne le droit à la santé
et le droit de grève, je ne vois pas, encore là, ce qu'il
y a d'excessif dans le projet de loi. Au contraire, ce sont les positions des
indépendants et des libéraux qui sont excessives. Dans un cas, on
nous dit: Abolissez le droit de grève dans le domaine de la
santé, cela va régler tous les problèmes. Dans l'autre
cas, on dit: Le droit de grève dans le domaine de la santé, c'est
un droit qui est tellement important que les travailleurs eux-mêmes sont
capables de le gérer et, en conséquence, on peut se fier sur la
bonne foi, la bonne volonté des travailleurs et travailleuses du domaine
de la santé pour qu'en cas de conflit les services essentiels soient
assurés. C'est cela, des positions excessives. Ce n'est pas ce qui se
retrouve dans le projet de loi 37 qui a une approche beaucoup plus pragmatique,
beaucoup plus réaliste, soit d'encadrer le droit de grève pour
lui donner la seule véritable portée qu'il puisse avoir dans ce
domaine, dans le domaine de la santé, soit celle d'un droit de
grève symbolique, avec valeur de sonnette d'alarme à
l'égard de l'opinion publique, des pouvoirs publics, des employeurs, et
non pas un droit de grève qui risque de mettre en danger la vie et la
santé des bénéficiaires des services de santé. Je
ne vois pas ce qu'il de mauvais là-dedans, ce qu'il y a d'excessif.
Un dernier point. Un dernier changement majeur, c'est l'introduction au
niveau du Conseil des services essentiels de pouvoirs de redressement, de
pouvoirs dits, en anglais, de "cease and desist" qui sont largement
utilisés ailleurs au Canada et qui ont contribué largement
à déjudiciariser les relations du travail. Nous pensons, forts de
l'expérience des voisins - après tout, cela peut servir - qu'il y
a lieu d'introduire ces mécanismes dans la législation
québécoise. C'est bien le premier endroit au monde où on
qualifierait les pouvoirs de redressement, les pouvoirs d'ordonnance, de "cease
and desist" du Conseil des services essentiels de mauvais à l'avance et
d'excessifs.
Les seules autres modifications majeures à ce régime de
négociation concernent l'introduction de formules de médiation et
de périodes de refroidissement dans les négociations au niveau
national. Encore là, ce sont des mécanismes qui prévalent
soit dans d'autres pays, soit encore dans notre législation dans le
domaine privé en ce qui concerne la médiation. Qu'y a-t-il
d'excessif à proposer de tels changements?
Je pense que, par mes propos, j'ai démontré que le
discours libéral est un discours mal fondé. Quand on parle de
devoirs mal faits, de précipitation, de brouillon de projet de loi, je
pense avoir fait la preuve, depuis maintenant un an et demi ou presque que je
suis responsable de ce dossier, qu'au contraire le gouvernement s'était
préparé avec soin au dépôt et à l'adoption
d'une réforme en profondeur du régime de négociation dans
les secteurs public et parapublic.
Quant aux accusations qui sont venues des députés
indépendants, qualifiant ce projet de mauvaise loi, de loi excessive, de
loi qui engendrerait le chaos, je pense qu'au contraire le contenu du projet de
loi 37 démontre que le gouvernement a voulu agir avec modération,
avec équité à l'égard des employés des
secteurs public et parapublic, qu'il a voulu mettre sur la table une
réforme raisonnable, modérée et non pas s'inscrire dans
les courants extrémistes, dans les orientations extrémistes qui
nous étaient proposées par l'Opposition libérale à
des fins strictement électoralistes et par les indépendants
à des fins que je n'ai pas encore réellement comprises. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous en sommes
à la troisième lecture de ce projet de loi qui a convié
l'Assemblée nationale à plusieurs heures d'étude depuis
quelques semaines, en fin de session, comme j'avais l'occasion de l'indiquer
hier dans le cadre du débat sur la prise en considération du
rapport. Cependant, à ce moment-ci, je me dois dès le
début...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement. Je regrette beaucoup d'interrompre le député de
Portneuf qui commençait son élan, mais il n'y a aucun
député ministériel en cette Chambre et, par
conséquent, nous n'avons pas quorum.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Effectivement, nous
n'avons pas quorum. S'il n'y a personne qui vient rapidement, nous allons
demander le quorum.
Il nous manque une personne. Nous allons attendre quelques instants
encore; sinon, nous suspendrons.
Nous avons maintenant quorum, nous pouvons poursuivre avec M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Tout comme c'est
arrivé hier, au moment de l'étude d'un projet de loi aussi
important que le projet de loi 37, qui concerne le régime de
négociation dans les secteurs public et parapublic, qui concerne
directement 350 000 travailleurs et travailleuses de l'État, qui
concerne indirectement l'ensemble des citoyens du Québec par les
services que ces
personnes donnent aux citoyens, force nous est de constater que nos
travaux doivent s'interrompre régulièrement, sporadiquement, en
raison de l'absence du quorum et plus particulièrement de l'absence des
députés de la majorité ministérielle qui doivent...
(11 h 50)
M. Blouin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Je comprends que le député est un peu
frustré d'avoir été interrompu dans son intervention, mais
il doit constater qu'il y a actuellement plus de députés de la
majorité que de députés de l'Opposition et que tout
à l'heure il était pratiquement seul. Je le comprends parce que
ses collègues, comme les nôtres, sont en commission parlementaire
actuellement. Il y en a près de 30 qui sont en train de travailler en
commission parlementaire. Je fais appel, comme lui, j'imagine, à la
collaboration de nos collègues pour que nous puissions poursuivre. Il y
a aussi un Conseil des ministres. Il y a 30 députés au Conseil
des ministres. Je fais donc appel à la collaboration de tout le monde
pour qu'on laisse travailler nos collègues là où ils sont
et qu'on poursuive ici nos travaux normalement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le whip de
l'Opposition.
M. Pagé: En réponse à cette question de
règlement, je me limiterai à dire au leader adjoint du
gouvernement que si tous vos députés sont en commission
parlementaire, si vous avez 30 députés qui sont ministres qui
sont au Conseil des ministres, si vous n'êtes pas capable d'assumer le
quorum, si vous n'êtes pas capable de garder une douzaine de
députés parce que c'est votre responsabilité,
présentez une motion d'ajournement et on recommencera le débat
à 15 heures lorsque leurs travaux seront terminés.
M. le Président, demandez donc au député de
Roberval, s'il veut intervenir, qu'il se lève donc.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît: S'il vous plaît: S'il vous
plaît! S'il vous plaît: Je demande à chacun ici de respecter
le règlement qui est d'être présent à son fauteuil,
de ne pas parler et de laisser l'intervenant avoir l'occasion de faire son
intervention.
Le quorum a été demandé. Tout le monde sait que des
commissions parlementaires siègent actuellement. Nous avons maintenant
quorum et le député de Portneuf, whip de l'Opposition, a la
parole. Vous pouvez poursuivre, M. le député.
M. Pagé: Merci, M. le Président. On va aborder la
troisième lecture du projet de loi en vous invitant toutefois à
vous assurer que le plus grand nombre de députés seront
présents, compte tenu de l'importance du sujet et en vous invitant, M.
le Président, à avoir à l'oeil le député de
Roberval qui semble maussade, qui semble belliqueux ce matin, qui ne semble pas
de bonne humeur. Je ne sais pas si c'est parce qu'il aurait aimé voir un
amendement quelconque apporté dans un projet de loi à
l'Assemblée nationale qui n'a pas été adopté ni
présenté.
Le ministre délégué à l'Administration et au
Conseil du trésor...
M. Gauthier: Vous êtes mêlé. Ce n'est pas le
bon.
M. Pagé: Non, je ne suis pas mêlé. Pour ceux
qui nous lisent et ceux qui nous écoutent, on m'indique de l'autre
côté que le député de Roberval ne semble pas
être préoccupé par cette question. On aura peut-être
l'occasion d'y revenir.
Le ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor vient de terminer son intervention
en troisième lecture pour l'adoption de ce projet de loi. Celui-ci a
appuyé son argumentation sur le fait que, selon lui, le gouvernement
avait bien fait son travail. Il avait travaillé pendant près de
deux ans à élaborer ce projet de loi. Ce que le ministre a
oublié d'indiquer... Peut-être que, pour lui, il y a eu beaucoup
d'efforts déployés, mais on doit quand même retenir de
l'exercice que ce travail de préparation, de consultation avec les
différents groupes concernés par le projet, l'aura
été sous l'égide d'un commun dénominateur chez les
intervenants, soit la méfiance. C'est explicable, c'est normal, c'est
justifié que ceux et celles qui sont visés par le projet de loi
37 et plus particulièrement les membres de la Coalition, les
travailleurs, les syndicats, les syndiqués, soient méfiants
à l'égard du gouvernement et qu'ils aient été
méfiants depuis deux ans, compte tenu de l'approche du gouvernement
depuis 1976. On se rappellera, on pourrait y revenir abondamment mais tout le
monde est unanime à se rappeler que ce gouvernement du Parti
québécois s'était fait élire en 1976 avec comme
volonté de démontrer qu'il avait un préjugé
favorable à l'égard de certaines clientèles.
On se rappelle et on se rappellera longtemps le prix qu'on a à
payer comme société et le prix que ces travailleurs et
travailleuses ont eu à payer en raison de la position stratégique
du gouvernement ou de l'attitude adoptée par le gouvernement
à
quelques mois de la campagne référendaire de 1980. On se
rappelle la convention collective de 1979. On se rappelle ce qui a
été signé. On se rappelle que c'était urgent pour
le gouvernement de sortir sa plume et d'apposer sa signature au bas du document
des conventions collectives. Le référendum s'en venait. Il
fallait créer un climat qui sous-tendait des appuis et des appuis
additionnels pour cette démarche démocratique. On se rappelle
aussi comme les gens se rappellent, le lendemain brutal de 1981 où le
gouvernement aura constaté qu'il avait mal géré les fonds
publics, qu'il ne s'était pas donné les moyens pour faire face
à cette crise qui a frappé l'ensemble des pays
industrialisés.
On se rappellera que le gouvernement a dû constater, à ce
moment, que ses revenus n'étaient pas suffisants pour répondre
aux dispositions de ses conventions collectives avec les décrets que
cela a engendrés, les deux lois qui ont été
déposées ici même à l'Assemblée nationale, et
qui ont eu comme résultat non seulement de couper de façon
draconienne, de faire payer le prix aux travailleurs de l'État, de leur
mauvaise gestion, mais qui a eu aussi comme effet d'amener des distorsions pour
créer une problématique au niveau de l'opération des
services de l'État. Je me réfère, évidemment,
à tout le secteur de l'éducation et au secteur des affaires
sociales où encore aujourd'hui, en 1985, trois ans après
l'adoption de ces fameux décrets on doit retenir, on doit constater que
des problèmes épineux, difficilement ressentis sont vécus
dans les réseaux, notamment dans le réseau des affaires sociales
comme effet direct de l'application des décrets et des coupures
budgétaires imposées de façon arbitraire et aveugle par le
gouvernement du Parti québécois.
Qu'on vienne nous dire aujourd'hui que cela s'est bien
préparé et que tout le monde était d'accord. Voyons donc!
Personne ne peut croire ou considérer que le propos du ministre est
justifié à cet égard, que les échanges qui ont eu
cours entre le gouvernement et les intervenants ont toujours donné suite
à des réserves exprimées, à des doutes
exprimés. Qu'il nous suffise de faire référence au premier
élément du devoir du gouvernement dans ce dossier. L'avant-projet
de loi qui a été déposé au mois de décembre
dernier l'a été rapidement, de façon expéditive
alors que le premier ministre lui-même discutait avec les
représentants des syndicats pour voir s'il n'y avait pas une
façon ou des moyens pour s'entendre pour en arriver avec une
réforme qui aurait reçu l'adhésion de la majorité
sinon de la totalité des intervenants.
Alors que les échanges avaient cours, alors que les discussions
étaient en cours, le gouvernement, précipitamment, sans trop
d'explications s'est reviré de bord pour présenter un
avant-projet de loi qu'on a eu l'occasion d'étudier en commission
parlementaire où, malheureusement, ceux directement concernés,
les représentants des travailleurs étaient absents, sauf la CSN.
Cela indique quoi? Cela indique que le travail a été bien
préparé? Cela démontre que le gouvernement a bien fait ses
classes. Est-ce que tout cela indique que le devoir a été bien
fait? Voyons donc, M. le Président! L'avant-projet de loi a
été déposé. Le gouvernement, entre l'étude
en commission parlementaire et l'ouverture de la session, a continué
à réfléchir, consulter. Le gouvernement nous est
arrivé avec le projet de loi 37 où le gouvernement s'inscrit en
retrait, comparativement à l'avant-projet de loi qui a été
déposé.
Nous en sommes là. Ce qu'on doit retenir de l'étude de ce
projet, c'est que le gouvernement avait l'obligation d'atteindre trois
objectifs qui, à prime abord, peuvent paraître divergents, mais
qui peuvent être convergents si on a un gouvernement crédible, si
on a un gouvernement qui a encore du leadership, encore de l'autorité.
Ces trois objectifs, c'est que le gouvernement doit concilier cette
première obligation qu'il a de redistribuer la richesse. Le gouvernement
perçoit des taxes, perçoit des impôts, va chercher de
l'argent là où il y en a chez ceux qui en font, chez ceux qui
sont dans le commerce, dans l'entreprise, chez ceux qui, comme individus, ont
un niveau de rémunération en vertu duquel ils paient des taxes et
des impôts. Des taxes lorsqu'ils consomment. (12 heures)
Le gouvernement a l'obligation d'aller chercher une partie de ces sommes
et de la redistribuer sous forme de services publics offerts aux citoyens. Le
gouvernement a donc comme première obligation de donner à sa
population une qualité et une quantité de services.
Au Québec notamment, on a réussi, comme
société, à se donner un réseau d'éducation
qui fait l'envie de plusieurs, un réseau d'éducation qui a ses
défauts mais qui a aussi de très grandes qualités, un
réseau d'éducation qui nous permettra, d'ici à quelques
années, d'avoir encore des jeunes mieux formés, plus
formés et susceptibles de participer et de s'associer à cette
démarche d'ouverture du Québec, à cette démarche
des technologies nouvelles et à ces défis qui sont nouveaux et
nombreux dans notre société.
On avait réussi à se donner au Québec une
qualité de services de santé et de services sociaux qui faisaient
l'envie de plusieurs, dont les États-Unis à côté de
chez nous, avec l'assurance-maladie, l'assurance-hospitalisation et toute cette
gamme de services que comme société on s'est donnés. Force
nous est de constater - et cela a été
un élément qui a été absent de ce
débat et qui aurait dû prévaloir dans ce débat - que
la qualité et que la quantité des services donnés par
l'État à ses citoyens ont diminué et en quantité et
aussi en qualité. Le ministre des Affaires sociales confirmait
lui-même, au moment de l'étude de l'avant-projet de loi, que ce
sur quoi les travailleurs plaident dans le réseau des Affaires sociales
c'est davantage la qualité des services qu'il donne que les questions de
rémunération. Car ce sont ces gens qui ont vécu l'effet
des coupures budgétaires, ce sont ces gens qui ont vécu l'effet
des décrets avec des définitions de tâche etc., avec toute
la problématique engendrée par de tels décrets. Le
gouvernement malheureusement ne nous a indiqué en aucun temps ses
intentions en regard de cet aspect particulièrement important du
débat. Quelles sont les orientations gouvernementales au chapitre des
dépenses de l'État? Comment le gouvernement conçoit-il
qu'il pourrait modifier la redistribution de cette richesse qu'il amasse pour
atteindre l'objectif d'une meilleure qualité et d'une plus grande
quantité de services à ses citoyens? D'ailleurs, malheureusement
les membres de la commission parlementaire auront retenu, à regret, que
le ministre des Affaires sociales n'est pas venu en commission parlementaire au
moment de l'étude du projet de loi article par article, et le ministre
de l'Éducation n'est venu qu'à quelques reprises et pour quelques
minutes seulement en fin de soirée. Le gouvernement a donc cette
première obligation de redistribuer la richesse mais il a aussi
l'obligation d'équilibrer ses comptes, d'équilibrer les finances
publiques. À cet égard, il doit respecter ou atteindre un
troisième objectif qui est celui de se comporter comme un bon
gouvernement employeur, d'être un bon employeur pour ses employés.
Il y a des éléments qui sont intéressants dans le projet
de loi. J'ai eu l'occasion de l'indiquer lors du débat en
deuxième lecture. Un de ces éléments, c'est la
création d'un Institut de recherche en rémunération. Cela
veut dire quoi pour les profanes ou pour quiconque n'est pas directement
familier avec ces questions? Cela veut dire à peu près ceci: Le
gouvernement, à chaque ronde de négociations, s'est toujours vu
confronté à un problème pour justifier les offres qu'il
formule à l'égard de ses employés. D'un autre
côté, souvent, ce qui est essentiel à cette
négociation ou à la perception de ceux qui paient, ceux qui nous
écoutent - parce que ce sont eux qui paient - c'est de se dire: Est-ce
que les niveaux de rémunération payés aux employés
de l'État sont comparables avec ce qui se paie dans le secteur
privé? Il faudra toujours avoir à l'esprit que la richesse vient
du secteur privé: c'est le dynamisme de nos entreprises, c'est le
développement du Québec par le biais de l'entreprise
privée qui est susceptible d'engendrer des revenus à
l'État.
M. le Président, la formation et la création d'un institut
de recherche devient un élément important et intéressant
dans cette démarche. L'institut qui sera créé par la loi
aura comme mandat d'analyser la comparabilité entre les
rémunérations payées dans le secteur privé par
rapport au secteur public et de faire un rapport. Un rapport qui devra
être déposé le 30 novembre de chaque année, en
principe, avant la renégociation de la rémunération.
Nous souhaitons ardemment, quant à nous, que cet institut puisse
atteindre les objectifs qui lui sont fixés par la loi et nous
souhaitons, de plus, que les études, les analyses et, finalement, le
rapport soient crédibles, qu'ils s'appuient sur des données
scientifiques, qu'ils puissent recueillir l'adhésion des intervenants,
au constat, à la lecture, à la photographie que donnera le
rapport.
Nous avons eu l'occasion de présenter certains amendements, de
formuler certains souhaits. Certains ont été retenus, d'autres ne
l'ont pas été. Le gouvernement, par la voie de sa
majorité, peut décider - il en a décidé ainsi -
d'accepter et de refuser d'autres amendements. C'est lui, de toute
façon, qui aura à vivre avec le projet de loi.
L'inquiétude, c'est que ce projet de loi aura des effets, non seulement
pour le gouvernement, mais pour l'ensemble des citoyens et des citoyennes du
Québec.
M. le Président, au regard de la rémunération, le
ministre a considéré comme excessive la recommandation du Parti
libéral du Québec, de l'Opposition officielle, visant à ce
que le droit de recourir à la grève concernant la
rémunération ne soit plus accordé. Pour nous, il nous
apparaît que, de plus en plus, les citoyens sont conscients, quels qu'ils
soient, qu'ils soient dans l'entreprise privée ou dans les secteurs
public et parapublic, qu'avec le contrôle de l'inflation à 3,5 %,
3,8 % ou 4 %, avec une société, par le biais de son gouvernement,
qui a besoin de respirer financièrement, qui a besoin de
s'améliorer, qui a besoin d'inciter les gens à investir, de faire
attention à sa fiscalité qui est déjà trop
lourdement ressentie par les citoyens et par les entreprises, tout le monde est
conscient, dis-je, que les employés, à l'avenir, ne s'inscriront
pas en demande pour des 8 %, 9 %, 10 %, 12 % ou 15 % comme on a
déjà vu. Jamais la situation n'aura tendu de façon aussi
favorable vers une possibilité de consensus au regard de la
rémunération. Si, par surcroît, l'institut de recherche
fait un job, un boulot, respecte finalement son mandat et atteint ses
objectifs, nous avons tous les motifs raisonnables de croire que les parties
pourront s'entendre - relativement
facilement j'entends, mais elles le pourront -au chapitre de la
rémunération. D'où, pour nous, l'obligation d'avoir une
attitude claire, précise, ouverte et de le dire qu'on ne pourra plus se
payer, comme société, des conflits coûteux, des conflits
stériles, des conflits qui ont fait mal non seulement aux citoyens, mais
aux travailleurs eux-mêmes pendant trop d'années, M. le
Président.
C'est ce pourquoi nous demandions que le gouvernement maintienne les
dispositions qu'il avait prévues lui-même comme gouvernement dans
l'avant-projet de loi, à savoir qu'on n'avait pas le droit de recourir
à la grève au chapitre de la rémunération.
Mais encore une fois, est-ce par électoralisme? Est-ce parce que
le gouvernement en est à la fin de son mandat et qu'il veut se conserver
quelques comtés, qu'il a cédé là-dessus, qu'il
s'est inscrit en retrait et qu'il a réintroduit le droit de recourir
à la grève sur la rémunération? On ne peut que
s'interroger. Jamais, le gouvernement ne nous dira clairement et ouvertement
pourquoi il s'est inscrit en retrait.
On a eu l'occasion de discuter du recours à la grève dans
le secteur des affaires sociales. Que cela peut donc être beau, M. le
Président, d'entendre les ministres, dont le ministre
délégué à l'Administration, nous dire de
façon naïve: Le droit de recourir à la grève dans le
secteur de la santé ne sera que symbolique. Cela ne pourra pas affecter
les clientèles. Le droit de recourir à la grève dans le
secteur de la santé, dans le secteur des hôpitaux, dans le secteur
des centres d'accueil, des hôpitaux psychiatriques, des hôpitaux en
général est maintenu. (12 h 10)
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que notre
société, que les Québécois qui ont besoin des
services de santé, devront subir encore les aléas, les
inconvénients et le préjudice, non seulement d'un conflit qui
dure ou qui est déclenché, mais devront subir le préjudice
de ce qui, plus souvent qu'autrement, fait plus mal que la grève
elle-même, soit la grève appréhendée. Car, M. le
Président, dans le réseau des affaires sociales, lorsqu'il est
question qu'un conflit soit déclenché dans une institution
donnée, on connaît les effets. Ces effets sont, évidemment,
une réduction des admissions, une réduction des services, par
exemple, au bloc opératoire, ralentissement des activités; des
gens qui devaient recevoir une prestation de santé dans un délai
de trois ou cinq jours se voient reportés, bien souvent, à trois
semaines et même à un mois dans certains cas.
Mes collègues, députés libéraux, ont eu
à plusieurs occasions l'opportunité de sensibliser le
gouvernement à cette situation. Pas un mot là-dessus de la part
du gouvernement, pas un mot du ministre des Affaires sociales, malheureusement.
Je comprends que le ministre des Affaires sociales est occupé, je
comprends qu'il a beaucoup de boulot; je comprends qu'il a beaucoup de
dossiers, mais, au moins, le gouvernement aurait dû profiter de la
présentation de ce projet de loi apportant des modifications au mode de
fonctionnement et au régime de négociation pour tenter de
régler cet aspect du problème.
Le gouvernement aurait dû donner suite aux voeux de la population,
parce que la population ne veut plus de ces conflits dans le secteur de la
santé. Ces gens ont été agressés trop souvent.
C'est pourquoi il nous apparaît que c'est la population tout
entière qui s'attend à un geste administratif, législatif,
précis et définitif sur le sujet. Mais, que voulez-vous, quand on
a un gouvernement devant nous qui en est à la fin de son deuxième
mandat, en début de cinquième année, un gouvernement qui
s'accroche au pouvoir, qui est affaibli sur tous les fronts, et de
l'intérieur et de l'extérieur, il ne faut pas se surprendre que
celui-ci n'ait pas le leadership politique et ni assez de force morale pour
faire passer une mesure comme celle-là. Il aurait été
beaucoup plus honnête de le dire clairement et ouvertement: Ce droit de
recourir à la grève dans le secteur des affaires sociales ne doit
plus prévaloir. Le gouvernement a préféré -
j'appelle cela ainsi, M. le Président, vous excuserez le terme
finasser.
Les travailleurs pourront recourir à la grève dans une
proportion de 10 % dans les hôpitaux où les soins sont
nécessaires de façon plus constante, les centres d'accueil, etc.
Le gouvernement prévoit un pourcentage variant de 10 % à 45 % des
travailleurs qui pourront être absents pour un conflit. Ce sont ces gens
qui nous disent que la grève va être symbolique. Il y a loin de la
coupe aux lèvres, M. le Président. Je suis persuadé
qu'aujourd'hui le ministre délégué à
l'Administration doit regretter les propos qu'il a tenus lorsqu'il a
évoqué le fait que les grèves ne seraient que symboliques
dans le secteur des affaires sociales. C'est à regret qu'on constate que
le gouvernement ne veut pas s'inscrire dans ce qui serait logique et ce qui est
souhaité par la population. Cela ne nous surprend pas, coupé
qu'il est de la réalité, coupé qu'il est surtout des
besoins de notre population.
M. le Président, il y a des éléments importants
dans l'ensemble de cette dynamique qui ont été ignorés par
le projet de loi et je termine là-dessus. Le gouvernement a
oublié de nous indiquer s'il avait l'intention ou encore comment il
pourrait faire pour humaniser les relations entre l'État employeur et
ses employés. J'ai déjà eu l'occasion de vous indiquer
tout le
degré de morosité, d'inquiétude et de
méfiance des travailleurs dans les réseaux tant de
l'éducation que des affaires sociales. Je vous ai déjà
indiqué ce qu'on constate, par exemple, dans un centre d'accueil. On a
une direction, un directeur général qui doit, lui, appliquer des
normes, qui a le grand livre, qui a le livre du ministère et du CRSSS
qui lui dit: Vous devez couper cela et c'est tant de pourcentage pour telle
fonction et tant de lits, etc. Lui, il administre avec son grand livre. Cela
donne quoi, comme résultat? Cela donne, par exemple, dans certains
centres d'accueil, des dépenses en équipements pour faciliter,
évidemment, les services aux bénéficiaires.
J'ai vu de mes yeux dans un centre d'accueil un poste de garde construit
à grands frais. C'était prévu dans les budgets
d'équipement et il fallait dépenser. Mais on n'avait pas
prévu une "cenne" pour payer du personnel à ce poste de garde.
J'ai vu des bains tourbillons et des bains thérapeutiques
installés, mais pas une "cenne" pour payer le personnel additionnel pour
faire fonctionner un tel équipement et donner un tel service. Il ne faut
pas se surprendre qu'il y ait de l'inquiétude et de la morosité.
La direction se promène avec son grand livre et les travailleurs se
promènent avec leur convention collective.
Quand on évoque chez nous l'obligation qu'on aurait, comme
Parlement, d'adopter des lois visant l'humanisation des rapports entre
l'État et ses employés, que dire, dans le secteur de
l'éducation - en vertu des décrets - des enseignants qui sont
obligés de surveiller des bouts de corridor pendant quelques minutes
alors qu'il n'y a pas un élève dans l'école? C'est l'effet
de l'application des décrets. C'est l'effet des gestes radicaux,
aveugles, posés par le gouvernement. Aujourd'hui, on vient se surprendre
et s'inquiéter qu'il y ait de la méfiance à l'égard
de ce gouvernement. Pas un mot sur l'humanisation et l'assouplissement des
relations.
Pas un mot sur le règlement des griefs. Comme on le sait - cela,
je l'ai vu de mes propres yeux - plus souvent qu'autrement, la meilleure
façon de régler un problème, c'est de déposer un
grief. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que, si la partie patronale,
l'État employeur plaide le grief, cela va lui coûter souvent plus
cher que de donner suite au règlement du grief et de payer purement et
simplement. Que dire du fait que, dans le secteur des affaires sociales, le
règlement des griefs est à charge de l'employeur seulement? Cette
question aurait dû être débattue, parce qu'il y a une
problématique. Je comprends que ce ne sera pas facile à
régler, mais, quand on a un problème donné, on doit au
moins profiter de l'adoption d'une loi comme celle-là pour s'asseoir et
tenter de le régler.
Pas un mot concernant la motivation des travailleurs de l'État,
pas un mot de l'absentéisme. L'absentéisme dans les secteurs
public et parapublic fait en sorte qu'il y a plus de jours d'absence,
évidemment, que de jours de grève. Cela fait mal. Pourquoi a-t-on
un taux d'absentéisme aussi élevé? Il y a certainement un
problème. Ce sont des millions et des millions de jours-hommes qui sont
manqués sous forme de congés d'absence tout simplement. Il y a un
problème qui est là, qui aurait dû être
traité.
Je comprends que le projet est en préparation depuis deux ans
dans les officines du Conseil du trésor, mais si on avait eu le temps,
ici à l'Assemblée nationale, de se convier à un exercice
rigoureux, on aurait pu aborder cette question et bonifier la situation qui est
faite non seulement au gouvernement, mais à l'ensemble de la population
et aux travailleurs eux-mêmes.
Je m'attendais, dans les amendements proposés hier par le
ministre, que le gouvernement donne suite, au moins, aux engagements qu'il
avait pris, entre autres concernant le Syndicat des fonctionnaires provinciaux
du Québec. Comme on le sait, les fonctionnaires provinciaux du
Québec sont régis par un cadre particulier de législation,
ne sont pas soumis aux mêmes dispositions que celles contenues au Code du
travail. On a eu un rapport d'une commission présidée par l'un de
nos honorables collègues qui siège avec nous, qui est venu en
commission parlementaire, qui a sensibilisé le ministre à
plusieurs aspects de son projet de loi, qui se devraient d'être
bonifiés.
Vous aurez compris que je me réfère au
député de Sainte-Marie qui a déposé un rapport le
11 juin 1982, rapport de la commission Bisaillon, une commission qui a
été formée de députés des deux
côtés de la Chambre, qui a étudié toute cette
dynamique de la fonction publique et qui a présenté un rapport.
Qu'est-ce qu'on lit à la page 101 du rapport, produit en 1982, il y a
déjà trois ans? "La commission est d'avis que certaines des
restrictions qui ont entouré l'introduction du syndicalisme dans la
fonction publique en 1965 n'ont plus leur raison d'être et devraient
être abandonnées. La commission croit que cette étape est
maintenant franchie. En conséquence, les limites spécifiques
à la fonction publique en matière de régime syndical
devraient être levées. Globalement, la commission préconise
d'appliquer au personnel de la fonction publique le même régime
syndical que celui qui est applicable à l'ensemble des autres citoyens
et citoyennes du Québec, c'est-à-dire le régime
prévu au Code du travail. Cette mesure impliquerait donc le retrait des
mesures protectionnistes faisant de la Loi sur la fonction publique une loi
d'exception restreignant la portée du Code du travail.
Ainsi, la commission considère que le droit d'affiliation
à une centrale syndicale devrait être le même pour les
syndicats de la fonction publique que pour les autres syndicats visés
par le Code du travail." (12 h 20)
Cela, c'était en juin 1982. On avait même eu un
débat restreint, si ma mémoire est fidèle, sur ce rapport.
Le 6 décembre 1983, le gouvernement avait l'occasion de s'inscrire en
réaction à la suite de ces recommandations. Il est
intéressant d'écouter Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine, ministre de la Fonction publique à
l'époque, qui parlait non pas en son nom personnel, mais pour et au nom
du gouvernement du Québec. "Quant au régime syndical, vous avez
admis qu'il y avait eu des rencontres avec le Comité des
priorités; vous y avez, d'ailleurs, fait des propositions. Je dois dire
que dans votre proposition je vous ai trouvé correct, tout au moins
quand vous revendiquez le même régime syndical que le secteur
privé et que vous êtes prêt à en assumer non
seulement les avantages, mais aussi les inconvénients. Je pense que
c'est une position cohérente, qui se défend. On verra ce que le
Comité des priorités décidera d'en faire et vous aurez
certainement l'occasion au cours des prochains mois de cogner sur le clou et de
tenter de le convaincre. L'échéancier qui est prévu,
à ma connaissance, pour tout l'ensemble, finalement, de la
réforme des négociations dans les secteurs public et parapublic,
c'est l'automne 1984. Si le Comité des priorités devait retenir
certaines de vos suggestions, j'imagine que vous en auriez des nouvelles d'ici
à la fin du printemps."
Cela veut dire quoi? Cela veut dire que Mme la ministre de la Fonction
publique indiquait, pour et au nom du gouvernement, que cette question du
régime syndical applicable aux membres de la fonction publique devait
non seulement être traitée, mais réglée dans le
cadre du projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui.
J'apprécierais bien que le ministre, dans sa réplique, donne
l'heure juste ou sa position définitive en regard des dispositions
concernant le régime des employés de la fonction publique.
Cette loi aura été étudiée, il aura fallu un
certain temps, mais il faut un certain temps quand on légifère et
que cela concerne directement 350 000 travailleurs. Il faut un certain temps
quand la portée de cette loi risque d'affecter, de toucher directement
l'ensemble des citoyens du Québec. Monsieur ou madame qui nous
écoute aujourd'hui risque d'être touché dans sa vie par
l'application de ce projet de loi. C'est malheureux que le gouvernement ait
choisi d'imposer la guillotine. Pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent, la guillotine, cela veut dire purement et simplement que le
leader du gouvernement pose un geste en vertu duquel les députés
doivent cesser de parler sur le projet de loi et procéder à son
adoption pour l'étape suivante. C'est malheureux parce que le projet de
loi aurait franchement pu être bonifié.
Aujourd'hui, compte tenu que notre formation politique est en
désaccord, diamétralement opposée à l'attitude du
gouvernement, nous voterons contre le projet de loi en troisième
lecture, cela va de soi. Nous espérons, cependant, qu'au lendemain de
son adoption le gouvernement prendra tous les moyens qui sont humainement et
politiquement possibles pour que la prochaine ronde de négociations, qui
doit s'amorcer au début d'août - la négociation sur la
rémunération ne pourra s'amorcer avant le 15 janvier prochain -
malgré les failles de ce projet de loi, malgré les écueils
qu'on peut y trouver, soit facile, qu'elle ne soit pas dure pour l'ensemble des
citoyens parce que, finalement, c'est eux qui en paient la note.
Malgré que nous soyons contre, nous nous devons, puisque la loi
sera adoptée, de souhaiter qu'elle puisse s'appliquer avec les meilleurs
effets possible. Ce que l'on doit retenir de l'exercice, c'est qu'on peut avoir
des doutes à l'égard des résultats de ce projet de loi
parce que, quoi qu'en dise le ministre, quoi qu'en disent les
députés de la majorité qui n'ont qu'à se lever pour
appuyer le ministre, ce devoir a été mal préparé,
ce devoir a été mal conçu, ces étapes ont
été marquées au coin des chaos, des hésitations,
des reculs, des retraits, des guillotines, etc.
Il nous apparaît que c'est précaire, que c'est
délicat, que c'est même dangereux pour un gouvernement d'imposer -
il faut le dire, c'est ce qui est arrivé - une mesure législative
comme celle-là alors qu'il n'y a pas un minimum de solidarité.
C'était explicable que le gouvernement ait de la difficulté
à aller chercher un minimum de solidarité parce que, chaque matin
que le bon Dieu amène, on se rend compte que ce gouvernement est de plus
en plus illégitime, ce gouvernement qui est affaibli de
l'intérieur à la suite des démissions, des
hésitations, ce gouvernement où il y a autant de ministres que de
députés, ce gouvernement qui est divisé, tiraillé,
qui n'a pas le leadership auquel une société comme la nôtre
est en droit de s'attendre pour corriger des écueils aussi nombreux,
aussi graves qu'un taux de chômage qui est trop élevé,
qu'une situation budgétaire qui doit être remise en question en
regard des déficits élevés qu'ont à souffrir les
citoyens, en regard d'une fiscalité qui fait mal aux entreprises, qui
fait mal au développement économique du Québec.
Il ne faut pas se surprendre, M. le Président, quand un
gouvernement comme
celui-là, vieilli, usé et fatigué, en est au
début de la cinquième année de son second mandat, alors
que ce même gouvernement s'est permis de renoncer à sa signature,
de renier la parole donnée, de s'attaquer sévèrement aux
travailleurs de l'État, qu'il y ait eu une opposition très vive
et vigoureusement exprimée contre ce projet.
Nous en sommes donc à l'adoption en troisième lecture.
C'est l'essentiel du commentaire que j'avais à formuler, mais, avant de
terminer, je m'en voudrais de ne pas remercier sincèrement et
chaleureusement mes collègues de l'Opposition officielle qui ont
étudié ce projet de loi, qui ont eu l'occasion d'en discuter au
caucus à plusieurs reprises, qui se sont intéressés
à ces matières combien importantes parce qu'elles touchent
l'ensemble des citoyens, qui sont intervenus dans le débat, qui sont
venus en commission parlementaire jusqu'à minuit, cinq jours par
semaine, de 11 heures du matin à minuit, en plus de leurs autres travaux
réguliers comme députés ou d'autres projets de loi qui
étaient étudiés. ,Je voudrais remercier tous mes
collègues et plus particulièrement mon collègue
d'Argenteuil, M. Ryan, qui a été d'une contribution significative
dans notre débat et qui a joué un rôle de premier plan au
chapitre des amendements qui ont été présentés. Je
voudrais remercier le député de Sainte-Anne, un jeune
parlementaire, un jeune avocat, qui s'est intéressé avec beaucoup
de rigueur intellectuelle à l'adoption de ce projet de loi et remercier
aussi mon collègue de Brome-Missisquoi, ainsi que Mme la
députée de Jacques-Cartier et M. le député de
Louis-Hébert.
M. le Président, nous voterons contre. On vous dit: Bonne chance!
Votre devoir a été mal fait. Ce sera un devoir additionnel que
les libéraux de Robert Bourassa auront à reprendre lorsque la
population nous en donnera le mandat. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Merci, M. le Président. C'est difficile de se
lever après le discours du député de Portneuf, qui
était tellement empreint d'autosatisfaction. Je dois vous dire, M. le
Président, que nous avons travaillé avec acharnement à
l'étude de ce projet de loi, évidemment pour des raisons
diamétralement opposées à celles de l'Opposition
officielle, bien que, sur certaines questions, nous nous sommes rejoints
parfois. Nous pensons que ce projet de loi sur le mode de négociation
dans le secteur public, après le virage
néo-fédéraliste du gouvernement concrétisé
dans ses propositions constitutionnelles, après son virage conservateur
concrétisé dans son dernier budget, consacre un certain virage
antisyndical.
Bien que nous ne soyons pas prêts à épouser toutes
les orientations des centrales syndicales, nous croyons que le syndicalisme est
un élément essentiel sans lequel le progrès de notre
société vers la justice sociale serait compromis. Nous pensons
que l'exercice de la négociation doit pouvoir miser sur un syndicalisme
impliqué dans le progrès des services publics et qu'il doit y
avoir moyen de concilier ce droit fondamental des bénéficiaires
de services à la santé et à la sécurité et
le droit à la négociation, à la confrontation des opinions
quant à la gestion et à la qualité de ces services
publics. (12 h 30)
Voilà pourquoi nous avons travaillé avec acharnement,
autant ma collègue des Îles-de-la-Madeleine, mon collègue
de Deux-Montagnes, mon collègue de Rivière-du-Loup, mon
collègue de Sainte-Marie. À certains moments clés de la
partie de l'étude du projet de loi qu'on nous a laissés faire, il
nous est arrivé d'être tous les cinq jusqu'à minuit un
certain soir parce qu'il y avait des articles particulièrement
délicats à discuter et nous avons toujours été, aux
autres moments, deux ou trois du groupe des parlementaires indépendants
à étudier ce projet de loi.
Les députés ministériels ont dit que l'étude
n'avait pas été sérieuse. Nous avons
présenté 61 amendements qui touchaient des points essentiels du
projet de loi, dans les limites où nous devions fonctionner,
c'est-à-dire l'adoption du principe d'un projet de loi qui, selon nous,
dans son principe était mauvais parce que technocratique, autoritaire,
parce qu'il ne misait pas sur la responsabilité des parties. Nous avons
participé intensément et positivement au projet de loi en
présentant ces 61 amendements parce qu'il nous apparaît que la
qualité des services publics est en cause, la bonne utilisation de la
moitié du budget de l'État est en cause et, également, le
respect des droits démocratiques dans notre société, le
droit à la santé et à la sécurité des
personnes bénéficiaires de services particulièrement dans
le domaine de la santé, et le droit à la négociation des
travailleurs et des travailleuses regroupés dans leurs organisations
démocratiques.
Je sais que la tendance dans la société est de
prétendre que ces deux droits sont totalement contradictoires parce
qu'il y a eu parfois des excès dans les grèves qui ont pu faire
mal. Je sais qu'il est électoralement rentable pour les deux
côtés de la Chambre - les deux autres côtés, si vous
voulez, M. le Président - de jouer sur ce sentiment de la population,
qui est légitime, de la primauté
de la santé et de la sécurité pour nier l'autre
droit, le droit à la négociation qui, lui aussi, a une influence
sur la santé et la sécurité.
Si vous me le permettez, je vais vous lire un passage du mémoire
que vient de nous faire parvenir la Ligue des droits et libertés au
Québec qui est le principal organisme indépendant de
défense des droits et libertés. On aurait souhaité que le
ministre demande un avis à la Commission des droits de la personne quand
des droits aussi fondamentaux sont en jeu. Malheureusement, il nous a
avoué qu'il n'avait pas pensé le faire. J'espère que la
commission d'elle-même pourra le faire bientôt. Mais la Ligue des
droits et libertés parle de certains excès de l'exercice du droit
de grève et elle dit: "Même si on peut rétrospectivement
considérer comme antidémocratiques de telles mesures, le
gouvernement a réussi, à la faveur des interruptions de services
dans les transports, l'éducation et la santé, à obtenir
à chaud les mandats requis pour imposer ses conditions sans
réelle négociation."
Un peu plus loin, ce passage: "Quand les employés des secteurs
publics négocient collectivement, ce qui est en jeu dépasse
clairement leurs intérêts économiques immédiats. De
l'issue de ces négociations avec l'État dépendent, en
effet, les modes de distribution des biens et des services dans une
société. C'est un fait, par exemple, que, dans notre
système de relations industrielles, les dirigeants de nos services
sociaux et de santé publics doivent subordonner les
intérêts professionnels ou altruistes qu'ils peuvent avoir
à la loyauté qui est exigée d'eux en vertu de leur
position hiérarchique dans une entreprise ou dans un service. La plupart
du temps, les entreprises publiques - ou les services publics - sont
orientées et contrôlées centralement non en fonction des
besoins des pauvres et des démunis auxquels elles sont supposées
répondre."
Ce que nous craignons dans ce projet de loi, c'est que tous ces
mécanismes donnent tout le rapport de forces à ces dirigeants de
services qui, à divers paliers, en viennent, malgré leurs bonnes
intentions, malgré leurs considérations altruistes et
malgré leur désir de servir, à obéir, comme c'est,
la plupart du temps le cas, à des contraintes réglementaires,
à des décrets et à des décisions transmises dans la
hiérarchie qui font en sorte que c'est cela qui prime plutôt que
le bien des bénéficiaires.
Le seul rempart qui existe contre cela, c'est le syndicalisme
responsable qui, parce qu'il représente les gens qui travaillent avec
les bénéficiaires, les gens les plus près des
bénéficiaires, peut défendre la qualité des
services. Depuis la crise économique, ce n'est plus la question des
salaires qui est au coeur des négociations, mais ce sont les questions
de la qualité du travail et des services. Or, que fait le gouvernement?
Au lieu de créer un Institut de recherche sur la
rémunération qui aurait été paritaire et
crédible de la part des deux parties, il a préféré
un organisme gouvernemental dont le mandat est limité à comparer
les salaires avec le secteur privé et qui va reproduire les
discriminations dans le secteur privé et qui va peut-être servir -
non pas qui va le faire - à reproduire les discriminations de
façon que le gouvernement puisse fixer les salaires et les
échelles de salaire deux années sur trois dans la convention par
règlement, créant ainsi des décrets tenant lieu de
conventions, comme on a eu trop souvent l'habitude d'en voir dans les secteurs
public et parapublic.
Que fait le gouvernement dans son projet de loi? Il affirme
décentraliser, mais il rend le Conseil du trésor
omniprésent, au lieu de faire en sorte que le Conseil du trésor
détermine la masse et la répartisse dans les secteurs pour que
les gens des affaires sociales, du côté patronal et du
côté syndical, discutent des choses qu'ils connaissent et se
libèrent de ces contraintes technocratiques pour se centrer sur les
besoins des bénéficiaires. Au contraire, le Conseil du
trésor sera toujours aussi omniprésent et les négociations
tout aussi centralisées.
Que fait le gouvernement? Il élimine le droit de grève
dans l'enseignement en fixant une longue liste de choses
négociées localement sans droit de grève. Dans le secteur
de la santé, il crée un Conseil des services essentiels dont
l'arbitraire est sans précédent et qui pourra imposer des
pénalités, des réparations, et des peines, soit le genre
de panoplie qu'on retrouve normalement dans les lois spéciales qui ont
été présentées ici. Quant à cela, nous
disons que le droit à la santé et le droit à la
négociation ne sont pas incompatibles, sauf quand il y a des
excès. Pour corriger ces excès nous pensons qu'il aurait
été préférable, plutôt que cette
mécanique technocratique et punitive, de miser sur la
responsabilité des 19 centrales syndicales et syndicats qui sopj venus
en commission parlementaire nous dire: Les organisations syndicales s'engagent
à assurer les services essentiels à la population, pas 80 % dans
les hôpitaux de courte durée, 90 % dans les hôpitaux
spécialisés et 65 % ailleurs, mats les services essentiels
à la population. Ils ont déposé un code d'éthique
qu'ils ont préparé avec les syndicats locaux et qui
prévoit que toutes les personnes auront accès pendant une
grève. Normalement, dans le secteur privé, pendant une
grève, l'entreprise est fermée, mais, dans le secteur public,
tout le monde aura accès. Il y aura des comités syndicaux, des
comités conjoints qui surveilleront les services essentiels.
M. le Président, je n'aurai pas le temps de
m'étendre sur ce code d'éthique, vous me faites signe. Mais nous
avons proposé un amendement qui n'a pas été
étudié, même pas en commission parlementaire à cause
du bâillon que le gouvernement nous a imposé après
seulement six jours de travaux sur un projet de loi aussi important. Nous
avions un amendement pour insérer l'approche de ce code d'éthique
dans le projet de loi.
M. le Président, en terminant, le gouvernement, plutôt que
de miser sur la responsabilité, a préféré miser sur
son approche technocratique. Il ne fallait pas bouleverser
l'échéancier du gouvernement et il fallait que le gouvernement
puisse imposer toutes ses volontés qui ne sont pas toujours dans le
meilleur intérêt des services publics. Nous ne pouvons que
dénoncer l'approche gouvernementale à l'égard de ce projet
de loi et la façon sommaire dont ce projet de loi, vital pour l'avenir
des services publics à la population, a été
étudié ici en Chambre. (12 h 40)
Le Vice-Président (M. Brouillet): Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Denise Le Blanc-Bantey
Mme Le Blanc-Bantey: M. le Président, nous voilà
donc en train de franchir une autre étape dans ce psychodrame qui n'en
finit plus. Hier, comme mon collègue l'a dit, c'était le virage
sur la question nationale. Après les libéraux, le Parti
québécois découvrait les beautés des montagnes
Rocheuses. Aujourd'hui, c'est le virage social, final cette fois,
l'aboutissement de 1982. Après le Parti libéral, le Parti
québécois découvre les techniques de Ronald Reagan.
Le président du Conseil du trésor a insinué l'autre
jour en commission parlementaire que j'avais, avec mes collègues, conclu
un "deal" avec les centrales syndicales. En échange, semblerait-il, de
leur appui sur la question nationale, les indépendants se seraient
opposés à la loi 37.
M. le Président, non seulement est-ce une fausseté
grotesque - et j'ai déjà dit en commission parlementaire que
j'étais prête à mettre mon siège en jeu
là-dessus - mais ce genre d'accusation témoigne du cynisme qui
est devenu la marque de commerce du gouvernement. Il tient pour acquis que les
autres sont comme lui, que pour un avantage passager nous serions
disposés, comme lui, à mettre nos principes au rancart.
Si c'est cela, le pragmatisme dont le gouvernement se vante, je dis:
Non, merci! Je préfère me sentir bien quand je me regarde dans le
miroir, pour reprendre une expression familière au premier ministre.
Je veux aussi, M. le Président, que ma fille, lorsqu'elle sera
adulte, sache que sa mère a tenu parole comme politicienne, qu'elle a
respecté jusqu'à la fin les principes de dignité et
d'équité sociale qui ont toujours inspiré ses
activités politiques.
Je suis persuadée, M. le Président, qu'il n'y a rien de
pragmatique dans la loi 37. Ce n'est même pas du Ronald Reagan. On se
rend compte que le président des États-Unis aux moments cruciaux,
comme ceux que connaît l'Amérique depuis quelques jours, sait
conserver son sang-froid. Si seulement ce gouvernement pouvait en faire
autant:
Le geste du gouvernement fait plutôt penser aux films de cow-boys
dans lesquels M. Reagan jouait jadis. La loi 37 est aussi simpliste que les
scénarios de ces films où il n'y avait que des bons et des
mauvais garçons.
Dans la loi devant nous, les mauvais sont clairement identifiables, il
s'agit des syndicats et des quelque 350 000 syndiqués dans nos centres
de santé, de services sociaux, de l'éducation et de la fonction
publique. Théoriquement, la loi 37 vise à nous donner justice,
à nous les autres, les bons gars, les usagers des services de
santé, les enfants et les jeunes, le public en général et,
bien sûr, le gouvernement.
Je dis bien théoriquement parce que, de fait, comme j'ai eu
l'occasion de le dire à de multiples reprises, cette loi n'arrangera
malheureusement rien; elle n'améliorera pas les soins de santé
déjà déficients, au point où le ministre des
Affaires sociales se voit, lui, contraint d'accorder une aide
supplémentaire de 80 000 000 $ à 100 000 000 $. Elle ne
contribuera pas, non plus, à la qualité de l'enseignement, le
gouvernement ayant montré son visage et désavoué le
ministre de l'Éducation qui a tenté de colmater la brèche.
Elle ne motivera pas, non plus, les fonctionnaires qui, il n'y a pas si
longtemps, mettaient ce gouvernement sur un piédestal. Au contraire,
comme nous l'avons dit, la loi 37 risque d'accentuer les affrontements et
d'engendrer encore plus le chaos social.
D'ailleurs, la raison d'être de ce projet de loi réside
ailleurs que dans le souci du mieux-être de la société
québécoise. La loi 37 n'a qu'un objectif: sauver la peau du
gouvernement en faisant croire au monde qu'il a mis au pas les méchants
syndicats. Il y a un mot pour cela, M. le Président: illusion, parce que
la loi 37 ne sauvera pas la peau du gouvernement, pas plus que ses pirouettes
sur l'indépendance. Le peuple québécois, tout en
souhaitant la paix sociale, tout en souhaitant la prospérité,
comprend fort bien qu'on ne construit pas la paix en faisant la guerre comme
c'est le cas dans cette loi ou en démissionnant comme ce fut le cas
l'été dernier au moment d'un autre grand virage.
Hier, en Chambre, le député de Bourassa, qui a la
mémoire courte, mais la langue longue, a déclaré que nous
étions indécents, les indépendants qui avions
combattu cette loi. Savez-vous pourquoi, M. le Président? Parce
que nous refusons de cautionner ce gouvernement qui a totalement perdu le sens
de la mesure! C'est quoi, l'argument du député de Bourassa? C'est
que je devrais appuyer le projet de loi 37 parce que les ministériels
m'ont appuyée lorsque je faisais des projets de loi. Le
député de Bourassa oublie que je n'ai jamais demandé aux
ministériels de jouer aux moutons et que toutes les lois que j'ai
proposées ont fait l'objet de consultations et de consensus. Toutes les
lois que j'ai proposées ont reçu l'appui unanime de cette
Chambre. Ce n'est certainement pas le cas du projet de loi 37.
Hier aussi, c'était le tour du premier ministre de nous faire des
leçons. À la sortie de la Chambre, il s'est dit
dégoûté par l'attitude des indépendants qui ont
voté contre le gouvernement. Il l'a dit en anglais, semble-t-il.
L'attitude du premier ministre -et moi, je le dis en français - me
chagrine profondément. Où est passé l'homme libre des
années soixante? Où est passé l'homme qui nous a
enseigné à toute une génération que les principes
passent avant la partisanerie et l'électoralisme? Dégoût,
M. le Président? Nous en savons quelque chose, nous qui avons
respecté nos engagements. Il n'est pas surprenant, non plus, que nous
soyons profondément, viscéralement, je dirais,
dégoûtés des virages, des entourloupettes de ce
gouvernement auquel j'ai été si fière d'appartenir
naguère.
Le projet de loi 37 - espérons-le - est la dernière
scène du dernier acte. Lorsque cette Chambre ajournera ses travaux dans
les prochaines heures, espérons que le premier ministre retrouvera la
sérénité et le bon sens pour mettre fin, enfin, à
ce psychodrame en faisant appel au peuple. Il n'a pas le choix si, en fin de
compte, il se décide à placer l'intérêt public avant
les avantages éphémères du pouvoir qui animent maintenant,
hélas, trop de membres de cette Chambre. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, ce matin, en écoutant
les différents discours, je parlais avec le député de
Huntingdon, un bon ami, qui me disait: Maximilien, cela ne sert à rien
de tenter de convaincre le gouvernement. C'est une triste constatation qu'on
doit faire. Donc, j'ai décidé de parler en anglais, parce que je
m'adresse plutôt à la population et parce que vous ne
m'écoutez pas. Et je vois le leader adjoint debout ici. Il s'en fout. Il
est ici seulement pour passer le temps. À 13 heures, on arrête. On
recommence à 15 heures. C'est tout ce qui l'intéresse. On ne peut
plus pénétrer... On n'a jamais réussi, mais on fait une
constatation très triste pour la démocratie.
Vu que très peu de discours sur une affaire aussi importante que
ce projet de loi ont été faits en anglais, je veux faire le mien
en anglais parce qu'il y a, tout de même, une proportion assez
substantielle de la population qui parle l'anglais et qui voudrait
peut-être se faire expliquer les différents points du projet de
loi dans sa propre langue.
This bill 37, a bill concerning the negotiation of the collective
agreements in the public and parapublic sectors, is known, for the general
public, as the bill dealing with the right to strike in the public sector, and,
more particular, the right to strike in the public sector of social affairs, of
hospitals.
What is the position of the Liberal Party? Our position is very clear.
We are saying there shall be no right to strike in the hospitals sector, in the
sector of social affairs. But, of course, at the same time, this is coupled
with a program by which we feel that we can succeed in having normal, peaceful
negotiations that will result in the signing of contracts with the workers in
those sectors. What is the position...
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, puis-je vous souligner que
nous sommes plus nombreux dans l'Opposition que du côté
ministériel et que nous n'avons pas quorum?
Le Vice-Président (M. Brouillet): Je ne peux pas me
prononcer sur les quantités respectives. Mais, sur le quorum, je
constate qu'effectivement il nous manque quelques représentants. Je
demanderais aux responsables de voir à faire venir...
M. Blouin: Pauvre Guy! Il s'amuse. J'avais bien raison.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous avons quorum. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Blouin: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: ...sur cette question, je comprends que le
député de Sainte-Marie vient d'arriver, de se joindre à
nous pour assister à ce débat. Toutefois, je lui rappelle que
nous avons discuté de cette question tout à l'heure et que j'ai
indiqué, au cas où il ne le saurait pas, qu'il y a actuellement
trois commissions parlementaires qui siègent,
que le Conseil des ministres est en train de siéger, que tout le
monde est au travail et que, si lui arrive comme un cheveu sur la soupe pour
déranger nos débats...
M. Bisaillon: Un instant.
M. Blouin: ...il peut retourner à son bureau, M. le
Président.
M. Bisaillon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Une voix: Fauteur de troubles!
M. Pagé: Très brièvement, oui, oui. (12 h
50)
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Portneuf, question de règlement.
M. Pagé: M. le Président, je veux confirmer que
c'est le cas qu'on a débattu cela tout à l'heure et que le leader
adjoint du gouvernement nous a indiqué qu'il y avait peu de
députés péquistes à l'Assemblée parce qu'il
y a trois commissions qui siègent. Or, une visite, il y a quelques
minutes, à la commission parlementaire chargée d'étudier
le projet de loi 32 m'a permis de constater qu'il n'y avait pas de
député péquiste, sauf le ministre.
M. Blouin: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet): S'il vous platt!
Écoutez... Sur quel point de règlement? Cela fait deux fois qu'il
y a des interventions qui ne sont pas opportunes.
M. Bisaillon: Assoyez-vous et vous allez le savoir.
Une voix: Assis-toé, toé! Des voix: Woh!
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Asseyez-vous d'abord et, quand je m'assoirai, vous pourrez vous lever,
M. le député de Sainte-Marie. Question de règlement, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai soulevé ce que
le règlement me permet, la question du quorum. Le règlement a
été voté par l'ensemble des membres de cette Chambre.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Sainte-Marie, je vous ai donné raison sur la
question du quorum. Il n'est pas question d'y revenir, je vous ai donné
raison.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Je vous ai donné
la parole sur une question de règlement. Vous m'avez fait part que vous
vouliez faire appel au quorum. Je vous ai dit tantôt que je vous donnais
raison. J'ai demandé aux députés d'assurer le quorum et
là je constate qu'il y a quorum. Si vous avez une question de
règlement sur autre chose que le quorum, allez-y, mais sur le quorum,
c'est réglé.
M. Bisaillon: Une demande de directive, M. le Président.
Est-ce que vous n'interprétez pas, M. le Président, que
l'intervention que vous avez permise...
Est-ce que je peux formuler ma demande de directive?
Une voix: M. le Président, laissez-le donc parler quelques
minutes.
Une voix: S'il veut demander pour s'en aller, on est d'accord
tout de suite.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'aimerais terminer ma
demande de directive et pour y répondre, il va falloir que vous
l'écoutiez. Est-ce que vous n'interprétez pas, après que
vous ayez reconnu que ma demande de quorum était justifiée, que
l'intervention que vous avez permise au leader du gouvernement va à
l'encontre de notre règlement et va à l'encontre de la
décision et de la reconnaissance que vous aviez faite?
Le Vice-Président (M. Brouillet): Ce n'est pas une
question de directive, c'est une question d'opinion que vous émettez. Je
cède la parole au député de Sainte-Anne.
M. Bisaillon: M. le Président, je n'ai pas eu ma
réponse.
Le Vice-Président (M. Brouillet): II n'y a pas de question
de règlement dans la question que vous avez soulevée, c'est une
question d'opinion que vous avez émise sur l'interprétation du
président.
M. Bisaillon: M. le Président, je vous ai fait une demande
de directive et vous me répondez en me disant que ce n'est pas une
demande de directive, que c'est une question d'opinion que j'émets. Ce
n'est pas cela, ma demande de directive, M. le Président. Une fois que
vous avez statué qu'effectivement le quorum n'existait pas, est-ce que
tout ce qui se dit par la suite, concernant le quorum ou son existence ou la
justification de son absence ne va pas à l'encontre de la
décision que vous avez rendue?
Une voix: Question de règlement, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet): S'il vous plaît,
c'est suffisant!
Une voix: ...selon l'article 32.
Le Vice-Président (M. Brouillet): C'est suffisant, les
questions de règlement. J'ai dit, M. le député de
Sainte-Marie, qu'une fois que j'ai entendu le rappel au règlement, il
n'y avait pas lieu d'un rappel au règlement. Je l'ai dit après
coup, je ne pouvais pas le deviner avant coup.
M. Bisaillon: Vous les laissez tous parler...
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, c'est moi qui suis la victime
d'une bataille entre les purs et les non-purs péquistes. Excusez-moi, M.
le Président, mais ce n'est vraiment pas correct. On a dix minutes pour
parler et je vous suggère, M. le Président, d'une manière
très positive qu'on suspende nos travaux maintenant et jusqu'à 15
heures parce que je voudrais pouvoir bénéficier du temps
nécessaire pour faire un discours intégral en anglais pour
l'élément anglophone de la population. Je ne veux pas commencer
à parler et me faire interrompre par les purs ou par d'autres
péquistes. Excusez-moi, M. le Président, mais ce n'est pas
correct, ce n'est pas une façon de me traiter. J'ai autant que les
autres le droit de parler et j'insiste pour parler dix minutes
intégralement. Je suggère que l'on suspende nos travaux
jusqu'à 15 heures.
M. Blouin: M. le Président, c'est une question de
consentement que requiert le député.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Sur ce point, j'aurais
d'abord un mot à dire. Vous avez commencé exactement à 12
h 47 et il vous restait 13 minutes pour vous rendre à 13 heures. Si on
juge qu'il y a eu trois minutes de perdues à cause d'interventions de
part et d'autre, vous avez quand même le temps de compléter votre
intervention. Je vous en informe. Si, de part et d'autre, il y a consentement
pour mettre fin au débat... Je vous dis qu'il restait treize minutes
quand vous avez pris la parole. C'est à vous de juger. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, le député de
Sainte-Anne a bien raison et, pour respecter son droit de parole, nous serions
prêts à excéder 13 heures d'une minute ou deux. Allez-y, M.
le député de Sainte-Anne!
M. Polak: Si ça ne coûte pas plus d'argent au
gouvernement.
M. le Président, I was talking in English on purpose because I
said we cannot convince the Government, and I think we should have adressed
ourselves directly to the population.
You have seen, those who see us and those who hear us, what happened. We
are getting stuck in procedural problems. There were not even 12 members of the
Government because it is the Government duty to make sure there is a quorum.
This morning, I was here from the beginning and I can assure you that, at many
many moments, there were more people of the Opposition here present than the
Government, and I think it is a shame that on a Bill as important as the right
to strike in the public and the parapublic sectors you could not care less. You
could not care less as Government when, a few days ago, you came before us and
you said: You have talked enough, we cut off the debate. We came to article 55
and we never discussed even the right to strike in the public sector. You cut
it off. You ignored the opinion of all those people. You ignored the Coalition.
I was there when they came. They were all there, Mr. Laberge and the leaders of
the different unions, in a common front, and they made certain concrete
proposals. I remember very well the deputé of Argenteuil who is our
porte-parole in the sector of education and who is more respected than your two
ministers of Education together. He has more respect amongst the people in the
union world than you. Why? Because the Government has lost its credibility, and
all you care about is you want to pass your law at the end of the session. You
could not care less. Let's get out of here and close the curtains. It is too
bad and it is sad, because it is an important law.
It is an important law because we have said and we were ready to discuss
and debate on the public place. Our spokesman, the deputé de Portneuf,
has piloted this file for us and done it in a marvelous way, because our
position is clear: In any hospital sector, we say there shall not be a right to
strike. At the same time, coupled with that, there shall be a method by which
we shall arrive at a determination of salaries and working conditions
acceptable to the workers. Because we say it is ridiculous to say in some
sections we shall have 55 % of the employees available to do essential
services, in some sectors 60 %, in some 80 % and in some 90 %. I cannot go in
all the details because I have no time unfortunately.
I remember, Mr. Laberge himself said: It is ridiculous to talk about 60
% in a Local Community Service Center because when a strike lasts a little
longer than four or five days, your 60 % are not sufficient.
You need more. Even in his "code d'éthique" it was more, it was
better regulated. The Government thought that by giving a percentage it would
solve the problem. Have you ever seen 60 % of a cook preparing food for little
kids? How do you do that? You give them only the potatoes, no soup and no bread
because you work only 60 % of the time? It does not make sense. Have you ever
seen, in a psychiatric hospital, 90 % of the services? 90 %, when we know that
there are cases before the Superior Court of patients who have committed
suicide in psychiatric institutions, where the judges have said: It is very
important that at all times those services are maintained at 100 % because if
during 10 % of the time the services are not guaranteed, there is a direct
danger to their lives.
Just to finish, Mr. President, I remember when I was there and we
discussed a case: the handicapped, little children handicapped, mentally
handicapped, blind, in institutions in Montreal, such as Nazareth, a beautiful
institution doing fantastic work. It was not even covered because in your book
you forgot to cover it. We mentioned it, we said: Will you please include,
this; at all times those services should be given to the mentally retarded, to
those who have mental problems, who are in such institutions. They said: It is
not in there because it was not covered; we cannot do that because we are
getting into conflict with another sector. And our representative, our
spokesman was ready with amendments to discuss it and we never came to discuss
it. All those things have gone to waste because of the will to push, to push
and to pass a legislation.
It is sad to say that we are ending up with a law that is not acceptable
to anybody. It is not acceptable to the victims who are in hospital. It is not
acceptable to the workers. It is not acceptable to the "patron". It is not
acceptable to anybody. You have tried to do like in baseball, but it does not
exist. As Casey Stengel used to say: There are no four strikes. That is all
there is: three strikes and you are out, and it is too bad that you are looking
for another possibility.
I do not want to take too much time because I know that after 1 o'clock
there are extra charges. I do not think it should be to me to say we are
spending thousands of dollars for every additional minute. I have tried to make
my point. My point is the following: I am here because we talked on a question
of principle. We will be there to fight to the last minute, you may be assured
of that. Thank you very much.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Nous suspendons nos travaux jusqu'à 15
heures.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous allons suspendre
nos travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 2)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous discutons d'abord, cet
après-midi, de négociation des conventions collectives dans les
secteurs public et parapublic. Je vous demande donc d'appeler l'article 31 de
notre feuilleton, s'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous poursuivons le
débat sur l'adoption du projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic. M. le député de Sauvé.
M. Parent: M. le Président, nous avons, cet
après-midi, à discuter...
Une voix: II n'y a pas quorum.
M. Parent: Pardon?
Une voix: II n'y a même pas quorum.
M. Parent: On m'informe, M. le Président, qu'il n'y a pas
quorum, je m'excuse.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Me demandez-vous le
quorum, M. le député de Sauvé?
M. Parent: Je ne vous le demande pas, je vous dis qu'on m'informe
qu'il n'y a pas quorum.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, j'avais compris qu'au
début de la séance, c'était le député de
Sainte-Marie qui devait prendre la parole. Est-ce que le député
de Sauvé désire prendre la parole?
M. Parent: Je pense que, selon l'ordre de procédure qui a
été approuvé... Le Vice-Président (M. Rancourt):
M. le député de Sauvé, je vous ai reconnu comme celui
qui m'a demandé la parole. Vous pouvez faire votre intervention.
Jusqu'à ce
moment-ci, puisque personne me m'a demandé le quorum, je le
présume, M. le député de Sauvé.
M. Parent: M. le Président...
M. Vallières: Une demande de directive.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Vallières: C'est que l'on m'informe que j'aurais, cet
après-midi, en début de séance, à déposer un
rapport de la commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation. Est-ce qu'on me permettrait de le faire à ce
moment-ci?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il
consentement?
Une voix: II y a consentement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Consentement. M.
le...
M. Bisaillon: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
compris.
Projet de loi 44
Dépôt du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
M. Vallières: C'est le dépôt du rapport de la
commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation qui a procédé à l'étude du projet de
loi 44. On le déposerait cet après-midi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il
consentement?
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que je peux poser
une question au président de la commission? À quel moment les
travaux de la commission se sont-ils terminés?
M. Vallières: Les travaux de la commission se sont
terminés hier.
M. Bisaillon: Consentement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, consentement, M. le
député de Richmond.
M. Vallières: Très bien. M. le Président,
j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission permanente de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui a
siégé le 18 juin 1985, afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 44, Loi modifiant la
Loi sur la protection du territoire agricole. Le projet de loi a
été adopté avec amendements.
Projet de loi 37
Reprise du débat sur l'adoption
Le Vice-Président (M. Rancourt): Rapport
déposé.
Donc, nous reprenons le débat sur l'adoption du projet de loi 37.
M. le député de Sauvé, vous avez la parole.
M. Marcel Parent
M. Parent: Ah! Je vous remercie, M. le Président. Comme je
le disais il y a quelques minutes, nous sommes réunis cet
après-midi, en troisième lecture pour étudier et commenter
le projet de loi 37 qui a pour objet de régir la négociation des
conventions collectives dans les secteurs public et parapublic. Ce projet de
loi, M. le Président, qui a fait l'objet du débat en
deuxième lecture et qui a fait aussi l'objet d'une étude en
commission parlementaire, revêt une importance rare dans le domaine des
lois régissant les conditions de travail des employés des
secteurs public et parapublic.
Ce projet est important, M. le Président, parce qu'il est
appelé à chapeauter et à encadrer toutes les
négociations dans le secteur public et il touche enfin tout l'ensemble
des gens qui gagnent leur vie et qui oeuvrent à l'intérieur de la
fonction publique et parapublique du Québec.
Ce projet de loi qui les touche, eux, personnellement, a aussi des
conséquences qui dépassent le cadre de ces travailleurs et de ces
travailleuses québécois. Il a une implication directe sur
l'ensemble de la population du Québec parce que l'ensemble de la
population du Québec vit souvent sur le plan de la qualité de vie
les conséquences des gestes posés par ces travailleurs de la
fonction publique et parapublique. C'est donc dire, M. le Président, que
ce projet-là revêt une grande importance et c'est un projet
à caractère social.
Cette loi, qui est une loi à caractère social sera
approuvée dans quelques heures, encore une fois à cause de la
motion de clôture qui a été proposée par le parti
ministériel. Le parti ministériel, en l'espace de deux mois,
présente une motion de clôture pour deux lois à
caractère social. Vous vous souvenez qu'au mois de décembre, on a
présenté une motion de clôture pour faire approuver la loi
3 qui remettait sur le tapis, qui remettait en question, toute la structure
scolaire du Québec. Ce projet de loi 3 qui avait une implication directe
sur la qualité de vie des enfants qui fréquentent les commissions
scolaires a été l'objet d'une motion de clôture.
Aujourd'hui, M. le Président, devant une autre loi à
caractère social, une autre loi qui va faire que les employés des
secteurs
public et parapublic vont être régis par une nouvelle loi,
une loi contraignante, une loi irritante et une loi qui n'améliore
pratiquement rien, une loi qui sème la confusion plutôt que
d'amener de la clarté dans le domaine des négociations dans les
secteurs public et parapublic, encore une fois - on ne sait pas pourquoi - ce
gouvernement nous revient avec un règlement de clôture.
Lorsqu'on adopte une loi qui a pour objet de régir les conditions
de travail des Québécoises et des Québécois
syndiqués qui oeuvrent dans la fonction publique, il me semble que l'on
doit laisser le temps à tous les parlementaires de l'étudier
article par article pour tâcher de l'améliorer. Eh bien noni Je
dois encore déplorer que ce gouvernement de fin de régime, que ce
gouvernement divisé contre lui-même soit encore coupé de la
réalité québécoise et se foute des
préoccupations des gens ordinaires, des travailleurs, des
Québécoises et des Québécois qui font partie de
cette communauté culturelle et politique du Québec. Encore
là, on vient avec une loi de clôture forcer l'acceptation
accélérée d'un projet de loi qui aurait eu avantage
à être étudié d'une façon beaucoup plus
approfondie.
Ce projet de loi, M. le Président, a pour objet, entre autres, de
créer un Institut de recherche sur la rémunération et de
définir le cadre de la négociation des conventions collectives
dans les secteurs de l'éducation, des affaires sociales et des
organismes gouvernementaux. Ce projet de loi touche le cadre des
négociations dans les secteurs de l'éducation et des affaires
sociales. (15 h 10)
C'est un projet qui assure, dit-on, la décentralisation des
négociations à l'égard de certaines matières, et un
peu plus loin, dans les notes explicatives de ce projet de loi, on peut lire:
"Le projet prescrit en outre que, dans le secteur de l'éducation,
à l'égard du personnel enseignant et dans les collèges,
à l'égard du personnel professionnel non enseignant, certaines
stipulations de conventions collectives portant sur des matières
énumérées en annexe pourront dorénavant être
négociées en tout temps à l'échelle locale et
régionale." Nous aurons l'occasion de revenir sur cette partie des notes
explicatives du projet de loi dans quelques minutes. On continue, M. le
Président: "Une fois agréées, ces stipulations
continueront d'avoir effet malgré l'expiration de la convention locale
ou régionale. En cas de désaccord sur la modification,
l'abrogation ou le remplacement d'une telle stipulation, le projet
prévoit la possibilité d'avoir recours à un
médiateur arbitre qui, à la demande des parties, pourra statuer
sur la question, s'il estime un règlement négocié
improbable. Un tel désaccord ne pourra du reste faire l'objet d'une
grève ni d'un lock-out."
Ce projet de loi, en ce qui concerne le monde de l'éducation,
n'apporte en fait aucune amélioration véritable. Nous restons, M.
le ministre, à un régime de négociation hautement
centralisé même si le projet de loi, disait-on, avait pour
objectif la décentralisation. Les deux articles majeurs sont les deux
articles qui définissent votre pouvoir comme président du Conseil
du trésor et le pouvoir des ministres sectoriels de l'Éducation
et des Affaires sociales, en particulier, comme ministres responsables des
négociations dans leur secteur respectif.
Si nous relisions les articles 34 et 42 du projet de loi en particulier,
nous verrions clairement que nous ne sommes pas dans un régime de
décentralisation. Au contraire, nous allons rester substantiellement
dans le même régime que nous avons connu jusqu'à
maintenant. Et la Fédération des commissions scolaires du
Québec, l'Association des commissions scolaires protestantes du
Québec sont venues en commission parlementaire vous expliquer quelle
situation elles auront à vivre dans le cadre de cette loi.
Vous me direz que la liste des sujets a été
changée. Très bien, c'est vrai que la liste des sujets à
être négociés sur le plan national et sur le plan local a
été changée mais je vous dis que nous pensons, de ce
côté-ci de la Chambre, qu'on s'engage dans une démarche qui
est difficilement acceptable. On aura une négociation à trois
paliers, une espèce de troïka. Pour la partie salariale, ce sera
une chose. Ensuite, il y aura ce qu'on appelle le normatif lourd, les clauses
normatives de portée générale qui seront discutées
à l'échelle nationale. Il y aura toute une autre série de
sujets qui seront obligatoirement négociés sur le plan local.
J'ai bien hâte de voir comment cette espèce de jeu de
mécano va fonctionner dans la pratique. A priori, cela ne m'inspire pas
une grande confiance, mais on y reviendra.
Le parti de l'Opposition aurait préféré à ce
régime qu'on nous présente dans le projet de loi 37
l'hypothèse du fameux règlement en 14 points que le ministre de
l'Éducation avait mis au point avec son équipe de
négociation. Par contre, on l'a refusée. On sait très bien
que la négociation avec les représentants des associations
d'enseignants du Québec et des commissions scolaires a été
refusée.
M. le Président, les collègues conservateurs du Conseil du
ministre n'ont pas accepté de donner suite à ce projet en
quatorze points du ministre. Ils ont été plus conservateurs que
le ministre lui-même. Ce matin, le député de Portneuf a
bien expliqué en détail les imbroglios, les situations peu
claires, embarrassantes et irritantes que l'on retrouve à
l'intérieur de ce projet de loi et je n'ai pas l'intention de les
répéter. Pour cette raison, à cause surtout de la
situation à l'intérieur de laquelle ce projet de loi est
amené, cette situation accélérée de nous
faire adopter ce projet de loi à la vapeur encore, je vous informe que,
solidairement avec les autres membres de l'Opposition officielle, nous nous
verrons dans l'obligation de voter contre ce projet de loi. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Jules Boucher
M. Boucher: Merci, M. le Président. Il tombe sous le sens
commun qu'en cas d'opposition de droits entre divers groupes de notre
société, le gouvernement a l'obligation d'accorder
préséance à ceux de nos concitoyens qui sont les plus
vulnérables, les plus démunis, les moins aptes à
défendre leur intégrité physique et morale. Ceci est
encore plus vrai lorsque l'objet de ce droit est la santé. Par
extension, le droit à la santé est le droit à la vie et
nul ne peut contester la primauté de ce droit sur tout autre dans une
société d'êtres civilisés.
Ceci étant dit, si le débat qui nous occupe était
aussi limpide et clair que l'est ce principe de base, la question serait
rapidement réglée. Malheureusement, tel n'est pas le cas et
même si le gouvernement se targue de vouloir assainir le mode de
négociation dans les secteurs public et parapublic en s'appuyant sur ce
noble motif et sur celui de l'équité salariale entre les
travailleurs du secteur privé et les employés de l'État,
l'on peut soupçonner le gouvernement d'avoir d'autres motifs, beaucoup
moins nobles ceux-là.
De même, un noble motif n'est pas suffisant pour assurer
l'élaboration d'un mécanisme de nature à améliorer
véritablement la situation et à faire en sorte que le
Québec puisse traverser les futures rondes de négociations sans
traumatisme majeur. Il faut davantage qu'une technocratie des relations du
travail pour réaliser des progrès réels dans ce secteur
névralgique.
Si la loi 37 maintient un droit théorique à la
négociation, il n'en fait pas moins des syndicats des secteurs public et
parapublic des espèces d'organismes consultatifs lorsque vient le moment
de renouveler les conventions collectives. En vertu de la loi 37, le droit de
grève ne peut être exercé sur les salaires et
échelles de salaires pour la première année de la
convention collective. La grève est interdite sur toute matière
faisant l'objet de négociation locale tant dans le secteur de
l'éducation que dans celui des affaires sociales. Dans le secteur des
affaires sociales, son exercice est limité par l'établissement
d'un plancher imposant un taux de services essentiels selon le type
d'établissement. De plus, le droit de grève est soumis à
l'appréciation du Conseil des services essentiels. Il ne peut être
exercé que trois mois après qu'a été
déposée une liste des services essentiels et le conseil peut
émettre en tout temps des ordonnances de retour au travail.
Du point de vue des travailleurs, il est évident que le
gouvernement a fait adopter par cette Chambre un mécanisme de
négociation des salaires qui permettra à l'État de
récupérer les gains acquis pour la première année
de la convention. Le gouvernement, en fixant par règlement les salaires
des deux > années subséquentes, se donne en
réalité le droit d'établir la masse salariale des
employés pour toute la durée de la convention, quel que soit le
résultat de la négociation. Peut-on alors encore affirmer que les
employés de l'État conservent le droit de négocier leur
salaire? C'est une vue de l'esprit que de croire que cette formule pourrait
diminuer les sources de tension.
Par ailleurs, il ne suffit pas d'abolir le droit de grève sur les
matières négociées à l'échelle locale ou
régionale et d'établir un mécanisme d'arbitrage permanent
pour éliminer effectivement les conflits de travail. Les enjeux des
négociations locales et régionales dans le secteur de
l'éducation seront assez importants pour engendrer des conflits. Surtout
dans un contexte où les employeurs pourront diminuer graduellement les
acquis syndicaux sans que les employés ne puissent riposter. (15 h
20)
M. le Président, cette formule est porteuse de tensions qui ne
pourront être évacuées autrement que par des grèves
illégales. Le rôle du Conseil des services essentiels est trop
vaste. Cet organisme, plus ou moins assujetti au gouvernement, devra à
la fois être médiateur, conseiller, tribunal et juge. Il pourra
émettre des ordonnances de faire ou de ne pas faire, imposer des mesures
de redressement des torts, tant en cas de grèves légales que de
conflits illégaux. Là encore, il s'agit d'une approche
technocratique qui viserait, semble-t-il, à déjudiciariser le
processus de négociation. Bien au contraire, les nouveaux pouvoirs
accordés au Conseil des services essentiels lui confèrent un
statut de tribunal, un tribunal spécialisé, certes, mais un
tribunal quand même. Est-ce là une façon de
déjudiciariser?
L'esprit général qui a présidé à
l'élaboration du projet de loi 37 est un esprit d'abandon, de
démission du gouvernement face à ses responsabilités de
faire les choix politiques qui s'imposent au moment des négociations
avec ses employés et d'en assumer les conséquences. Le
gouvernement cherche à diluer ses responsabiltés à travers
un réseau d'organismes tiers qui, eux ne doivent pas rendre des comptes
à la population. Le gouvernement se décharge de
ses responsabilités en confiant à un tribunal
administratif le soin de décréter à sa place le retour au
travail de ses employés en cas de conflit. De l'aveu même du
président du Conseil du trésor, l'objectif est de
dépolitiser les conflits de travail dans les secteurs public et
parapublic. Voilà une approche naïve et technocratique qui ne tient
nullement compte des enjeux hautement politiques de ces négociations, du
droit de l'Assemblée nationale d'être saisie de ces questions, du
droit du public d'être informé de ces sujets. Le gouvernement
cherche à canaliser les débats dans un couloir à l'abri
des regards indiscrets d'une population qui, elle aussi, a le droit de savoir
de quoi il retourne.
M. le Président, bien que je sois favorable à un
encadrement strict du droit de grève dans le secteur des affaires
sociales, je déplore l'adoption de ce projet de loi improvisé et
irréaliste, parce qu'il cherche à opposer les travailleurs du
secteur public à ceux du privé, parce qu'il évacue les
responsabilités de l'Assemblée nationale de cette question, parce
qu'il nie l'existence d'un rapport de forces entre les parties et, surtout,
parce que sa philosophie autoritaire n'est pas de nature à minimiser les
tensions sociales vécues lors des rondes de négociations
précédentes. C'est pourquoi, M. le Président, je me verrai
dans l'obligation de voter en troisième lecture contre ce projet de loi.
Je vous remercie.
M. Bisaillon: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilège, M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, ce matin, au moment
où le leader du gouvernement a procéder aux avis à la
Chambre, il a indiqué les travaux de la journée. On nous avait
dit qu'un certain nombre de commissions, de sous-commissions devaient
siéger afin de procéder ou bien à des séances de
travail ou encore à l'étude d'engagements financiers, ce à
quoi nous avions consenti.
Par ailleurs, j'avais clairement indiqué qu'il n'y avait pas
d'accord pour que plus de trois commissions siègent pour étudier
de la législation au moment où d'autres commissions
étaient en séance de travail ou à l'étude
d'engagements financiers.
Or, M. le Président, au moment où je vous parle, quatre
commissions de l'Assemblée siègent, la commission de
l'aménagement et des équipements, à salle 101-B, sur le
projet de loi 45; la commission du budget et de l'administration, à la
salle du Conseil législatif, sur le projet de loi 32; la commission de
l'éducation, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, sur des
projets de loi privés; et la commission des institutions, à la
salle Louis-Joseph-Papineau, sur les projets de loi 47 et 48.
M. le Président, c'est inadmissible que le leader du gouvernement
ait décidé d'outrepasser le mandat qui lui avait
été donné par l'Assemblée nationale ce matin. Il
était clair qu'il n'avait pas le consentement pour faire siéger,
simultanément, à l'encontre de notre règlement, quatre
commissions alors qu'on avait, en plus, autorisé un certain nombre de
commissions à siéger en séance de travail. C'est tout
à fait inadmissible, M. le Président. Je pense que c'est
là une question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement, en premier.
M. Blouin: Oui, M. le Président, je vais demander qu'on
vérifie effectivement s'il y a plus de trois commissions parlementaires
qui sont en train de siéger pour l'étude de projets de loi. Je ne
crois pas.
J'ai indiqué, au début de la journée, qu'il y avait
certaines commissions parlementaires qui pouvaient ou ne pouvaient pas
siéger à certaines heures de la journée. Il est possible
qu'au moment où nous nous parlions, il y ait eu une confusion, puisque
certaines n'auraient peut-être pas fini leurs travaux à temps. Je
vais vérifier, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Blouin: Je ne comprends pas pourquoi le député
fait monter à ce point son taux d'adrénaline, M. le
Président. Nous allons simplement vérifier et, si tel est le cas,
nous allons, conformément à notre règlement,
procéder comme nous devons le faire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le whip de
l'Opposition.
M. Pagé: M. le Président, sur cette question, je
dois exprimer ma surprise de constater que le leader adjoint du gouvernement ne
sait pas le nombre de commissions qui siègent actuellement. C'est
lui-même qui doit donner les avis à la Chambre. C'est
l'organisation de nos travaux, sous son égide et sa
responsabilité et celles du leader du gouvernement. Cela témoigne
encore une fois, de façon claire et évidente, de la façon
"douteuse" dont les travaux sont gérés et aménagés
ici à l'Assemblée avec cette équipe ministérielle
du Parti québécois.
M. le Président, ce que le député vient de soulever
est suffisamment grave en ce sens que cela constituerait un accroc à un
ordre qui a été donné par la Chambre. Je vous demanderais
donc de vérifier et, si tel
est le cas, le leader du gouvernement, qui a donné les avis
devrait venir répondre, dans les meilleurs délais, devant la
Chambre ici même.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Le député de Portneuf fait un peu la
mouche qui essaie de faire marcher le coche. J'ai demandé moi-même
que vous procédiez à ces vérifications. Je
répète - parce que le député de Portneuf n'a
peut-être pas compris, j'imagine qu'il pensait à son intervention
- que ce matin nous avions indiqué que certaines commissions devaient
poursuivre leurs travaux et il était bien possible que deux d'entre
elles les terminent ce matin. Il est donc possible qu'il y ait eu une
légère confusion à cet égard. Mais comme je vous
l'ai dit tout à l'heure, si tel est le cas, nous allons le corriger tout
de suite.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Le plus calmement possible et tout en
ménageant mon adrénaline, comme nous le conseille le leader
adjoint, je suggère que jusqu'à ce que les vérifications
soient faites, l'Assemblée suspende ses travaux.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement, sur cette même question de règlement.
M. Blouin: M. le Président, là le jupon commence
à dépasser. Le député n'est pas tellement
outré du fait que quatre commissions siègent. Tout ce qu'il
désire c'est, encore une fois, sur ce projet de loi 37, faire comme il a
fait en commission parlementaire, soit retarder inutilement nos travaux. Je
vous demande, M. le Président, comme le prévoit le
règlement, que nous poursuivions nos travaux à
l'Assemblée. Je vous répète que s'il y a quatre
commissions parlementaires qui sont en train de siéger, l'une d'elles va
simplement arrêter et cela n'a aucune espèce d'importance par
rapport aux travaux de l'Assemblée nationale elle-même,
voyons!
M. Pagé: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Pagé: J'ai une demande de directive, M. le
Président.
M. Blouin: De directive...
Le Vice-Président (M. Rancourt): De directive, d'accord,
je vous écoute sur une demande de directive.
M. Pagé: Ce n'est pas pour perdre du temps, on ne veut pas
gaspiller de temps, il n'y a aucun ministre ni aucun péquiste qui
intervient. Je veux vous demander comment une commission qui siège
actuellement, qui se réunit, qui délibère, peut
décider d'ajourner s'il n'y a pas une décision de la part du
leader adjoint ici même à l'Assemblée? Qui va aller leur
dire d'arrêter?
M. Blouin: M. le Président. Une voix: Non, non.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Je vous répète que le
député de Portneuf est vraiment la mouche qui essaie de faire
marcher le coche parce que, au moment où nous nous parlons, une
commission parlementaire est en voie d'arrêter ses travaux et il n'y en
aura que trois. Arrêtez de faire un plat avec cela, c'est simple.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! À la demande du
député de Sainte-Marie, nous allons faire les
vérifications nécessaires... (15 h 30)
Je vous réponds qu'à votre deuxième demande pour
une suspension de nos travaux, je ne peux accéder à cette
deuxième demande en présumant de ce qui existe ou pas, les trois
ou quatre commissions. On me dit qu'actuellement, il semble qu'il y en ait
trois. Une personne du bureau du greffier de l'Assemblée nationale fait
les vérifications et on me fera rapport dans quelques instants. Pour
l'instant, je donne la parole au député de Brome-Missisquoi.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Oui, M. le Président. L'incident que vient de
soulever le député de Sainte-Marie est très
révélateur du climat qui règne non pas seulement dans
cette Chambre, mais qui règne dans l'ensemble de notre
société lorsqu'un gouvernement décide de s'accrocher au
pouvoir et de bousculer tout ce qu'il trouve sur son chemin pour se maintenir
au pouvoir, M. le Président.
J'interviens donc encore une fois dans le cadre du projet de loi 37 pour
tenter de ramener à la raison, tenter de ramener au gros bon sens les
parlementaires d'en face sur un article très spécifique du projet
de loi 37. C'est la troisième fois que j'interviens
sur ce sujet. Il s'agit de l'article 87 du projet de loi, qui
décrète qu'en cas de grève dans les établissements
sociaux et dans les établissements de santé, le gouvernement
reconnaîtra le droit à 10 % des travailleurs dans le cas de
certains établissements de ne pas se présenter au travail,
reconnaîtra le droit à 20 % des travailleurs dans le cas des
centres hospitaliers de ne pas se présenter au travail pendant une
grève, reconnaîtra le droit à 40 % des travailleurs dans le
cas des centres locaux de services communautaires, de ne pas se
présenter au travail en cas de grève ou de débrayage,
permettra à 45 % des travailleurs dans le cas des CSS - les centres de
services sociaux - de ne pas se présenter au travail dans le cas d'une
grève à l'occasion d'un conflit de travail.
J'ai adressé des questions très spécifiques au
président du Conseil du trésor, celui qui parraine cette loi. Je
lui ai demandé: Où avez-vous pris ces statistiques uniformes que
vous voulez appliquer uniformément dans tout le Québec? Appliquer
20 % dans un centre hospitalier au centre-ville de Montréal où il
peut y avoir suffisamment d'effectifs et appliquer les mêmes 20 % en
Abitibi où il y a pénurie d'effectifs, comment pouvez-vous
décider qu'à partir de ces mêmes 20 % appliqués dans
l'ensemble des centres hospitaliers, les besoins essentiels des malades vont
être comblés? J'ai demandé au ministre, président du
Conseil du trésor où il avait pris ses avis et ses conseils pour
fixer que dans le cas de tous les centres hospitaliers en cas de grève,
20 % des travailleurs pourraient s'absenter. Je lui ai demandé: Est-ce
le ministre des Affaires sociales qui vous a donné un tel conseil ou un
tel avis? Et là, il m'a répondu par la négative parce que
je pense que le ministre des Affaires sociales ne pourrait pas, humainement
parlant, en toute logique et en gros bon sens décréter qu'en cas
de grève dans les centres hospitaliers, 20 % des travailleurs ne se
présenteraient pas, alors qu'on sait déjà que dans
plusieurs centres hospitaliers et spécialement dans des régions
du Québec, on manque déjà, à cause des coupures
budgétaires imposées par ce gouvernement, de travailleurs et de
travailleuses pour donner les soins essentiels aux bénéficiaires
et aux patients.
En commission parlementaire, nous avons eu comme parlementaires
l'occasion d'entendre les représentants des bénéficiaires.
Que veulent, dans cette loi, les représentants des
bénéficiaires? Que vous a dit celui qui aimerait être ici
aujourd'hui pour vous le redire, Claude Brunet, le président du
Comité provincial des malades? Il l'a dit au moment où il a
comparu en commission parlementaire. Il l'a répété dans
une lettre expédiée au ministre des Affaires sociales, lettre qui
a été publiée dans la Presse du 23 mai 1985 et ce qu'il
vous dit - et je vous demanderais peut-être de vous placer dans la
même situation que ces malades et ces bénéficiaires -
c'est: "Le retrait total du droit de grève dans le secteur de la
santé..." Il vous dit, Claude Brunet, le président du
Comité provincial des malades: "Un maintien même partiel du droit
de grève lèse le droit du malade à la protection pleine et
entière de sa sécurité physique et psychique.
Réduire les effectifs, ne fût-ce que de 10 % ou 20 %,
pénalisera inévitablement les malades et lorsque vous voterez
pour réduire les effectifs, dans vos comtés respectifs, dans les
hôpitaux en cas de grève, de 20 %, vous vous rappellerez que vous
voterez pour pénaliser les malades qui sont dans ces centres
hospitaliers". Claude Brunet...
M. Blouin: Démagogue!
M. Paradis: II y a quelqu'un qui crie "démagogue" de
l'autre côté alors que je cite M. Brunet.
M. Blouin: Non, pas lui.
M. Paradis: Je pense que le leader adjoint du gouvernement
connaît mal M. Brunet. C'est plutôt le député de
Rousseau qui m'adressait ces propos. Claude Brunet ajoute: "Toute cette
atmosphère lourde de tensions et d'inquiétude qui entoure les
malades pendant les mois où les leaders syndicaux échauffent les
esprits en plus de mobiliser leurs troupes à l'affrontement..."
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi, une question de règlement du
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: J'utiliserai, M. le Président, le même
article que le chef du Parti libéral il y a quelques jours, l'article
212, pour vous dire que vous m'avez mal cité. Quand je disais qu'il y
avait des propos démagogiques, c'étaient les vôtres et non
ceux...
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Je
n'accepte ni du député de Brome-Missisquoi ni du leader adjoint
cette question de règlement puisque le député de Rousseau
n'était pas à son fauteuil. M. le député de
Brome-Missisquoi, vous avez la parole.
M. Paradis: Tel était le but de ma question de
règlement, vous souligner qu'il n'était pas à son
fauteuil, M. le Président. "Chez de nombreux malades - c'est encore
Claude Brunet, président du Comité des malades, qui parle -
affaiblis physiquement et psychiquement, la simple
menace de grève revêt l'aspect d'une calamité et
crée beaucoup d'angoisse, en dépit de toutes les assurances qu'on
peut leur donner, qu'ils continueront d'avoir tous les soins. Quand on songe
qu'il y a plus de 800 centres de santé et souvent plusieurs syndicats
dans un même établissement, il est impossible d'exercer un
contrôle efficace à moins de disposer d'une bureaucratie
gigantesque."
J'inviterais les ministériels à lire au complet cette
lettre qui provient du Comité provincial des malades avant de donner
leur appui et leur accord à un projet de loi qui vise à permettre
à 20 % des travailleurs et des travailleuses de ne pas se
présenter dans l'ensemble des centres hospitaliers en cas de
grève. Même les travailleurs et les travailleuses des secteurs
public et parapublic, ceux et celles qui oeuvrent dans les centres
hospitaliers, ont déjà compris cette dimension. 35 % d'entre eux
et d'entre elles sont déjà prêts et prêtes à
renoncer à leur droit de grève. La coalition qui les a
représentés en commission parlementaire a suggéré
au ministre président du Conseil du trésor non pas 60 %, non pas
80 %, non pas 90 % des effectifs sur place en cas de grève dans
certaines institutions...
Je vous inciterais à relire le code d'éthique que les
représentants des travailleurs et des travailleuses ont
déposé. Je vais vous en citer un article parce que eux aussi
croient que les bénéficiaires doivent avoir le maximum de
services. Je conviendrai avec les ministériels qu'un code
d'éthique n'a pas force de loi mais sur le plan des intentions, c'est
quand même révélateur ce qu'un code d'éthique
proposé par les gens qui représentent ces travailleurs et ces
travailleuses traduit. Voici ce qu'il traduit en cas de grève: "Les
soins directs aux bénéficiaires seront assurés à
100 % compte tenu du pourcentage de lits restés ouverts selon l'entente
ou la liste." Les soins directs aux bénéficiaires à 100 %.
C'est ce que dit le code d'éthique de la coalition.
Si ces pourcentages de 10 %, de 20 %, de 40 %, de 45 % de travailleurs
qu'on autorise à ne pas se présenter au travail dans le secteur
de la santé au moment d'une grève ne proviennent pas du
ministère des Affaires sociales, si ces pourcentages arbitraires et
technocratiques ne proviennent pas de la demande des
bénéficiaires, si ces pourcentages arbitraires et technocratiques
ne proviennent pas des représentants des travailleurs et des
travailleuses du secteur de la santé, il reste une seule source de
provenance, M. le Président, et c'est celle que m'a servie le
président du Conseil du trésor en commission parlementaire. Il
m'a dit que c'étaient les associations patronales dans le réseau
qui lui avaient suggéré ces pourcentages, c'est-à-dire 10
%, 20 %, 40 % et 45 % des travailleurs, dans le secteur de la santé et
des affaires sociales, qui seraient autorisés à ne pas se
présenter au travail et à priver les bénéficiaires
de soins. Le ministre a dit: Cela vient des associations patronales. (15 h
40)
J'ai pris le soin, parce que je ne pouvais pas en croire mes oreilles,
de relire la transcription de la commission parlementaire et, en terminant, je
vais vous le citer, parce qu'il faut le citer. Ces pourcentages ne viennent pas
non plus des associations patronales. L'Association des hôpitaux du
Québec s'exprimait comme suit en commission parlementaire le 15 mai
1985: "À notre point de vue, il devrait y avoir 100 % des effectifs.
C'est ce que nous avions dit. Si jamais vous décidez que ce ne sont pas
100 % des effectifs et que vous allez dans le sens de ce que vous
présentez là, je n'ai pas besoin de vous justifier cela, je pense
que lors de l'avant-projet de loi on vous a dit pourquoi la grève ne
devrait pas s'exercer dans les services de santé alors je ne fais pas ce
débat-là, je ne reviens pas là-dessus, on vous a
déjà argumenté là-dessus." C'était l'AHQ.
Les bénéficiaires, les travailleurs, la partie patronale
réclament 100 % des services.
En terminant et en conclusion, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Paradis: Je vais conclure avec la conclusion de la lettre de
Claude Brunet, président du Comité provincial des malades au
ministre Michel Clair: "En conclusion, M. le ministre, la meilleure garantie
d'assurer aux malades une protection pleine et entière de leur
dignité - le malade est aussi une personne humaine, donc, une fin en soi
et non pas un moyen - et de leur sécurité, c'est le retrait
complet du droit de grève dans les établissements de santé
et l'inclusion dans la loi de sanctions efficaces. Ces modifications à
votre projet de loi, nous vous les demandons au nom de la compassion et de la
dignité humaine." Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, nous sommes rendus à
la dernière étape de l'adoption du projet de loi 37. Tout n'a pu
être dit sur le contenu du projet de loi pour les raisons que vous
connaissez. D'une part, parce qu'en cours de travaux à la commission
parlementaire le gouvernement a encore une fois utilisé la mesure,
supposément exceptionnelle mais qui devient
une habitude pour ce gouvernement, du bâillon, du muselage de
l'Opposition. Donc, il s'est privé de l'éclairage
nécessaire sur l'ensemble des articles du projet de loi. D'autre part,
parce que, aussi au moment de l'étape de la prise en
considération du rapport de la commission, les amendements qui avaient
été déposés par les députés de
l'Opposition n'ont pu être analysés de façon très
sérieuse puisque, encore une fois, le vote s'est pris de façon
globale.
Donc, on est placé devant un projet de loi, fort de la faible
majorité gouvernementale, qu'on va voter bientôt sans avoir pris
toutes les assurances pour faire en sorte que le projet de loi réponde
aux objectifs qui étaient annoncés.
Quels étaient ces objectifs quand le gouvernement a entrepris la
démarche initialement qui devait nous amener au projet de loi 37? D'une
part, l'engagement gouvernemental qu'à l'avenir et à la
lumière de l'expérience de la dernière négociation
dans les secteurs public et parapublic, l'assurance qu'on trouverait un
mécanisme permettant aux travailleurs et travailleuses concernés
de faire valoir de façon juste et équitable leurs revendications
et, d'autre part, pour les citoyens et citoyennes concernés aussi,
l'assurance que cela pourrait se faire dans la meilleure entente possible et en
assurant la paix sociale.
C'était l'engagement gouvernemental d'il y a près de deux
ans. Comment le gouvernement a-t-il procédé pour nous amener
à changer, de part et d'autre, les mentalités? Comment le
gouvernement a-t-il procédé pour faire en sorte que les
prochaines négociations dans les secteurs public et parapublic ne soient
pas à l'image de celles qu'on a vécues par les années
passées? D'une part, un travail en circuit fermé. Au même
moment où on appelait à la concertation, au même moment
où on conviait l'ensemble des groupes de la société
à une analyse plus objective de la situation du Québec, au
même moment le gouvernement procédait dans un premier temps
à une étude en circuit fermé. Par la suite, le
gouvernement amorçait des consultations avec les groupes
intéressés et alors même que les consultations
n'étaient pas terminées, alors même que tant les groupes
patronaux, les partenaires patronaux, que les groupes syndicaux n'avaient pas
réussi à faire valoir l'ensemble de leurs positions sur
l'orientation gouvernementale, le ministre responsable du projet de loi 37
déposait un avant-projet qui créait déjà un impact
psychologique négatif.
Il n'y a rien de neuf dans cette manoeuvre gouvernementale.
Souvenons-nous qu'une bonne partie des problèmes de la dernière
négociation sont venus d'une démarche identique. D'abord, l'appel
à la concertation. Ensuite, le dépôt d'un projet de loi qui
disait aux gens: Venez discuter avec nous, mais si les discussions ne sont pas
fructueuses - comprenons dans les circonstances: si vous ne dites pas comme
nous - voici le texte du projet de loi qui sera voté. Cela a
été l'enclenchement de toute une série de manoeuvres de
lois spéciales, d'attitudes unilatérales qui nous ont
amenés aux conflits qu'on a connus et pour lesquels, à la fois
les syndiqués, à la fois la population et à la fois les
partenaires patronaux ont payé. C'est exactement dans le même
style de démarche que le gouvernement nous a amenés en nous
faisant croire toujours qu'il s'agissait là d'une formule nouvelle,
d'une formule miracle qui nous guérirait de tous les maux qu'on a
connus. Regardons si c'est le cas.
Est-ce qu'on pense que l'attitude du président du Conseil du
trésor pendant l'étude du projet de loi est une garantie pour
l'avenir, est-ce qu'on pense que son ouverture d'esprit - le président
du Conseil du trésor qui a été absent, d'ailleurs, de
toutes les étapes devant l'Assemblée nationale, sauf pour faire
son petit tour de piste en début d'opération, le président
du Conseil du trésor qui reviendra le faire gentiment à la fin de
cette étape, le président du Conseil du trésor absent de
nos discussions - est une garantie pour l'avenir, cette attitude qu'il a tenue
en commission parlementaire? Est-ce que l'attitude qu'il a eue hier devant
cette Chambre est une garantie du climat des prochaines négociations? Si
vous ne dites pas la même chose que moi, je ne parle plus. On l'a vu
bouder devant l'Assemblée nationale, taper du pied devant
l'Assemblée nationale. Est-ce que cela garantit un climat serein de
négociation? Pas plus le contenu du projet de loi que l'attitude
gouvernementale ne nous encourage à penser qu'enfin on a trouvé
la formule nous permettant d'envisager les prochaines discussions dans les
secteurs public et parapublic avec le monde patronal et le monde syndical sous
un angle différent et plus rassurant que dans le passé.
Concernant le contenu, rappelons quelques éléments.
L'institut de recherche, une formule qui pourrait être valable si le
discours qu'on a tenu sur l'institut de recherche et les textes de la loi
étaient congruents, étaient concordants. J'ai eu l'occasion de le
dire en commission parlementaire, j'ai tenté de le faire valoir hier au
moment où on a procédé à la prise en
considération du rapport, je le redis aujourd'hui, malheureusement, je
crains qu'on utilise très mal cet institut de recherche, qu'on veuille
lui accorder un rôle dans le discours qui ne correspond pas au rôle
qu'il devrait effectivement jouer dans les faits et que la loi lui
reconnaît.
On risque fort, par exemple, lorsqu'on procédera, avant la fin de
cette session, à la
nomination des personnes qui seront responsables de cet institut de
recherche, de leur enlever dès le départ toute
crédibilité en les forçant à préparer ou
à présenter un premier rapport dès le 15 novembre qui
suit. Si l'on considère que, de façon régulière,
l'analyse qu'on demandera à cet institut de recherche peut prendre un
an, pourquoi dans les circonstances pense-t-on que l'ensemble du travail
pourrait se faire rapidement en deux mois et demi? (15 h 50)
M. le Président, ce que je crois et ce que d'autres vont croire
en même temps que moi, c'est que les travaux sont déjà
faits par le gouvernement lui-même qui va tenter d'en refiler une partie
à l'Institut de recherche sur la rémunération. C'est la
meilleure façon de tuer la crédibilité d'un organisme qui
pourrait effectivement être utile à une amélioration du
climat dans le secteur des relations du travail, dans les secteurs public et
parapublic. L'utilisation abusive du médiateur qu'on change en
médiateur-arbitre selon que cela fait notre affaire ou qu'on se sent en
danger. Le secteur de la fonction publique, qui est quasiment ignoré
dans le projet de loi 37. Le Conseil des services essentiels à qui on va
faire jouer maintenant un rôle tout à fait différent de
celui pour lequel il a été créé. Un Conseil des
services essentiels qui pourra, à certains moments, intervenir
même dans le contenu des conventions collectives pour dire: Modifiez la
procédure de grief et modifiez la procédure d'arbitrage qui est
prévue dans la convention collective.
Le Conseil des services essentiels pourrait unilatéralement
modifier cela en cours de convention collective. Ce pourquoi le Conseil des
services essentiels a été mis sur pied, ce pourquoi il joue
actuellement un rôle utile, c'est précisément pour assurer
les citoyens que les services essentiels seront constamment maintenus. Ce
pourquoi le Conseil des services essentiels joue un rôle important
actuellement, c'est parce que son approche et sa démarche font en sorte
que les parties se responsabilisent de plus en plus. En voulant faire jouer au
Conseil des services essentiels un râle d'intervenant direct, on modifie
l'orientation première qu'on lui avait donnée. Quant à
moi, je prétends que c'est une orientation dangereuse, à la fois,
pour la crédibilité du Conseil des services essentiels et
à la fois pour le râle positif qu'il avait joué
jusqu'à maintenant.
M. le Président, rien dans le discours rassurant, qui se veut
rassurant du gouvernement ne nous laisse croire que la réalité
sera conforme au discours qui est tenu par le gouvernement. Encore une fois, je
pense et en cela la contribution des ministériels qui, encore une fois,
vont voter le projet de loi les yeux fermés, sans s'être
penchés sur le contenu même du projet de loi... Je pense que c'est
un projet de loi adopté, forcé, adopté à la vapeur,
non pensé, mal fait et qui va sûrement nous amener davantage de
problèmes que ceux qu'on voulait régler.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Pierre de Beliefeui le
M. de BeUefeuille: Merci, M. le Président. Nous sommes en
train d'étudier à l'étape qui s'appelle maintenant
l'adoption, la dernière étape dans le cheminement d'un projet de
loi, le projet de loi 37, Loi sur le régime de négociation des
conventions collectives dans les secteurs public et parapublic.
Lorsque nous avons commencé ce débat parmi les cinq
étapes de l'adoption du projet de loi, je vous ai rappelé, M. le
Président, que le gouvernement que nous avons devant nous, c'est le
gouvernement de gens qui prétendaient autrefois avoir un
préjugé favorable envers les travailleurs. Je vous ai dit que
nous n'exigerions pas aujourd'hui que ce gouvernement ait quelque
préjugé favorable que ce soit. Mais ce que nous aurions voulu
pouvoir exiger, si la guillotine parlementaire ne nous avait pas réduits
à l'impuissance, pas encore au silence mais à l'impuissance,
c'est un esprit de justice. Cet esprit de justice il n'a pas existé. Ce
n'est pas un esprit de justice qui a présidé à la
rédaction de ce projet de loi. Ce n'est pas non plus un esprit de
justice qui a guidé le gouvernement lorsque le ministre,
président du Conseil du trésor, s'est montré intraitable
en commission parlementaire et a maintenu les plus mauvais aspects de son
projet de loi.
Ce gouvernement et ce parti, le Parti québécois, n'ont pas
protesté lorsque les observateurs et les journalistes l'ont
décrit comme étant un parti et un gouvernement
social-démocrate. Ils ont si peu protesté qu'ils ont fini par le
dire eux-mêmes. Récemment, on entendait ces mots dans la bouche de
la personne qui a, brièvement, été ministre de la
Condition féminine, Mme Lalonde. On a entendu cette expression
"social-démocratie" dans la bouche de plusieurs ministres, et on l'a
même entendue dans la bouche du premier ministre lui-même qui, tout
à coup, a décidé de jouer la carte de la
social-démocratie.
Il n'y en a pas de social-démocratie, M. le Président. Il
n'y en a pas dans ce gouvernement. On a vu qu'il n'y en avait pas dans son
budget et il n'y en a absolument pas dans ce projet de loi qui est injuste.
C'est un projet de loi à la rédaction duquel a
présidé très nettement, très clairement et
très visiblement, un mauvais esprit antisyndical. On est passé du
préjugé
favorable envers les travailleurs au préjugé contre les
travailleurs. C'est à cela qu'on est rendu, M. le Président. Il y
a, dans ce projet de loi, un féroce préjugé contre les
organisations qui représentent les travailleurs et les
travailleuses.
J'ai dénoncé aussi, au début de ce débat,
les simplificateurs dans notre société. Ils ne sont pas seulement
sur les banquettes ministérielles. Ils sont parmi les journalistes,
parmi les observateurs. Ils sont un peu partout. Ce n'est pas seulement au
Québec, c'est dans toute l'Amérique du Nord, c'est dans tout le
monde occidental. Ce goût de la simplification à outrance fait
que, parce que, de nos jours, le vent conservateur souffle sur le monde
occidental, on veut remettre en valeur l'entreprise. C'est très bien de
remettre en valeur l'entreprise, mais la simplification consiste à
penser que pour remettre en valeur l'entreprise il faut devenir antisyndical.
C'est le piège dans lequel ce gouvernement est tombé. Sous
prétexte de mettre en valeur l'entreprise, on se montre antisyndical
pour faire plaisir à des esprits simplificateurs qui ne voient pas
l'évidence. L'évidence, c'est que le Québec a autant
besoin d'un syndicalisme fort qu'il a besoin d'entreprises fortes. L'un ne va
pas sans l'autre.
Il faudrait que le gouvernement et que l'ensemble de la
société québécoise réapprennent à
traiter les syndicats en partenaires responsables. Il y a un document qui nous
est parvenu dernièrement, M. le Président. C'est la position de
la Ligue des droits et libertés du Québec sur ce projet de loi.
On trouve, dans ce document, des affirmations vigoureuses à l'appui de
la thèse que le groupe des députés indépendants a
soutenue en cette Chambre. Les auteurs écrivent: "Notamment, serait
également importante, pour créer un nouvel équilibre
favorable dans les relations travailleurs-employeurs et un meilleur climat pour
nos droits et libertés, la reconnaissance d'un "partenariat" à
part égale des syndicats dans les affaires de l'entreprise, dans le
secteur public comme dans le secteur privé." C'est cela qui nous manque,
M. le Président, c'est cet esprit de respect de la relation qui doit
exister entre des partenaires égaux.
Ce gouvernement, M. le Président, nous l'avons appris au cours
des derniers mois, sinon des dernières années, est très
porté au double langage. On a entendu le double langage à propos
de la social-démocratie. On a entendu le double langage à propos
des questions constitutionnelles. On est souverainistes pour les uns,
fédéralistes pour les autres; on veut faire plaisir à tout
le monde en même temps. Nous avons entendu le double langage en
commission parlementaire lorsque le ministre ne cessait de parler de la
souplesse que, disait-il, son projet de loi allait introduire dans ces
mécanismes de relations du travail. Que veut dire la souplesse dont le
ministre parlait? Ce dont le ministre parlait, c'est d'un projet de loi souple
en ce sens qu'il permet au ministre de n'en faire qu'à sa tête. Le
projet de loi confie à peu près tous les pouvoirs au
gouvernement. C'est cela la souplesse dont il parlait. Le véritable
résultat de cette souplesse, c'est la rigidité et l'arbitraire.
C'est cela le double langage du gouvernement, M. le Président. Il n'y en
a pas de souplesse dans ces mécanismes. Ce sont, au contraire, des
mécanismes extrêmement rigides. (16 heures)
Le ministre nous a dit en commission parlementaire qu'il voulait forcer
l'évolution des concepts. Je me demande bien pour qui il se prend, le
ministre, si c'est lui qui va nous dire, nous imposer, comment les concepts
vont évoluer dans notre société. Ce n'est pas le ministre,
ce n'est pas le gouvernement qui vont faire cela. Les concepts vont cheminer
comme il se devra sans que nous ayons besoin des directives du ministre qui se
fait apprenti sorcier croyant que sa loi va donner le cadre dans lequel les
concepts et la pensée vont évoluer.
Ce qu'il faudrait, M. le Président, à la place de cet
esprit rigide, c'est une véritable ouverture d'esprit, une attitude qui
pourrait favoriser l'harmonie, favoriser la concertation - ce gouvernement ou
certains porte-parole de ce gouvernement n'ont que ce mot à la bouche,
la concertation. Pour en arriver à la concertation, il faudrait une
ouverture d'esprit qui admette une relation entre partenaires libres et
égaux. Il y a eu l'hypothèse d'un code d'éthique qui a
été avancée par la partie syndicale. Ce code
d'éthique régirait les conditions dans lesquelles la partie
syndicale assurerait les services essentiels. C'était une proposition
intéressante. Le gouvernement l'a écartée du revers de la
main. Le gouvernement semble vivre de l'illusion qu'en abolissant le droit de
grève ou en le restreignant sévèrement, on abolit la
grève ou on restreint sévèrement la grève. Ce n'est
évidemment pas le cas, M. le Président.
J'en reviens à cette position de la Ligue des droits et
libertés. Dans ce document, on lit: "Quand des travailleurs sont
privés de leur moyen de pression dans leurs négociations, c'est
leur droit fondamental de se retirer du marché du travail pour faire
avancer leurs intérêts face à leur employeur, qui est ainsi
nié. C'est aussi le droit d'association qui est ainsi vidé de son
sens et de sa substance. Le danger est grand qu'en déclarant la
grève illégale, on incite à une
désobéissance civile encore plus problématique. Il suffit
d'examiner les systèmes de relations industrielles qui ont aboli le
droit de grève pour constater la fréquence des arrêts de
travail ou d'autres
actions de résistance."
C'est l'évidence même, M. le Président. Abolir ou
restreindre le droit de grève, cela ne veut pas du tout dire qu'on
restreint ou qu'on abolit l'exercice de la grève qui, à ce
moment-là, devient illégale. Il aurait été possible
de découvrir, en collaboration avec la partie syndicale, un
mécanisme qui aurait permis d'assurer tous les services essentiels, pas
des pourcentages arbitraires - 55 % dans tel et tel type d'institution de
santé et 80 % dans tel autre - des pourcentages établis par des
technocrates derrière leur table de travail à Québec et
qui n'ont aucune correspondance avec la réalité. 100 % des
services essentiels, M. le Président, mais avec des garanties! Par
exemple, on aurait pu faire en sorte que les salaires des travailleurs, dont le
droit de grève aurait été limité ou restreint,
soient fixés selon les salaires d'autres travailleurs qui, eux,
conservent le droit de grève. À ce moment-là, les
travailleurs auraient eu les garanties voulues. Le ministre et le gouvernement,
sur cette question-là comme sur bien d'autres, n'ont pas voulu entendre
raison.
Vous le savez, M. le Président, dans notre belle
société québécoise, il y a longtemps qu'on en parle
de cette question des négociations dans les secteurs public et
parapublic. Il y a longtemps que ces mécanismes-là deviennent de
plus en plus lourds, de plus en plus centralisés, de plus en plus
autocratiques. Le gouvernement aurait pu faire face à ces
problèmes-là. Le gouvernement aurait pu vouloir briser le cercle
vicieux de l'État patron et de l'État législateur. Comment
peut-il y avoir égalité entre les parties quand l'État qui
est patron n'a qu'à se tourner vers l'Assemblée nationale pour
faire adopter une loi lorsqu'il n'arrive pas à négocier à
sa satisfaction. L'État aurait pu créer une véritable
décentralisation. Il crée plutôt une
décentralisation bidon.
Non, M. le Président, cette loi représente un
échec. Cette loi, c'est l'échec du gouvernement qui n'a pas
réussi à conserver ce qu'il appelait autrefois son
préjugé favorable envers les travailleurs et qui n'a pas
même réussi à conserver un minimum d'esprit de justice.
Cette loi, imposée maintenant par la guillotine, quel symbole, M. le
Président! Voilà la botte de l'État qui piétine
tout espoir de réaliser l'harmonie dans ce secteur vital des relations
du travail. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Puisqu'il n'y a aucun
autre intervenant, est-ce que le projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic, est adopté?
M. Bisaillon: Vote enregistré, M. le
Président.
M. Blouin: II y aura vote par appel nominal...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Par appel nominal?
M. Blouin: Oui, et ce vote sera reporté à 17 h 50
cet après-midi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, vote à cette
séance à 17 h 50, vous dites?
M. Blouin: Oui, 6 heures moins dix.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, le vote est
reporté à 17 h 50. Et maintenant, j'aimerais faire rapport
à la demande du député de Sainte-Marie tout à
l'heure: actuellement, il y a trois commissions qui siègent dont une sur
le projet de loi 45, l'autre sur le projet de loi 32 une troisième sur
le projet de loi 47.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...pour éviter toute ambiguïté,
comme j'avais soulevé une question de privilège et qu'à la
suite de ma question de privilège, vous aviez dit que vous
procéderiez à des vérifications, ne serait-il pas plus
juste pour ma question de privilège que vous nous fassiez rapport, dans
un premier temps, à savoir si ma question de privilège
était justifiée et que vous nous fassiez rapport dans un
deuxième temps, à savoir comment les choses se passent au moment
où on se parle.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Effectivement, j'ai pris
en considération votre question de privilège. Je vous ai dit que
je faisais vérifier par la table des greffiers, que je ne pouvais tenir
pour acquis quoi que ce soit de qui que ce soit à l'intérieur de
cette Assemblée et que je ferais faire cette vérification par les
greffiers à la table, ce qui a été fait. On vient de me
faire rapport qu'à un moment donné, il semblait qu'il y en avait
une quatrième, je vous le concède. Mais j'ai reçu le
rapport qu'il y en avait trois et je vous fais rapport qu'à ce
moment-ci, après avoir eu ce rapport, il y a trois commissions qui
siègent, savoir celles que je viens de mentionner.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je ne peux que remercier le
député de Sainte-Marie de sa collaboration empressée et
sur ce, je vous demande... Nous allons discuter de la Loi sur
le bâtiment. Je vous demande donc d'appeler l'article 21 du
feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 53
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a
fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît:
Nous allons prendre en considération, justement, le rapport de la
commission qui a étudié le projet de loi 53,
Loi sur le bâtiment. M. le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je veux prendre
quelques minutes du temps qui m'est alloué à cette
étape-ci de la prise en considération du rapport de la commission
parlementaire que nous avons tenue au cours des quatre ou cinq derniers jours
et qui a étudié, article par article, le projet de loi 53, Loi
sur le bâtiment.
M. le Président, d'entrée de jeu, je me permets de
souligner que cette étape importante dans l'étude du projet de
loi sur le bâtiment peut être coiffée du même
résultat, de la même expression que chacune des étapes
précédentes qu'a connues ce projet de loi. Nous pouvons tous
convenir ensemble, l'étude article par article en commission
parlementaire du projet de loi 53 étant terminée, que c'est
mission accomplie pour cette étape. Lorsque je dis "mission accomplie",
c'est que, d'une part, les grands principes, les grandes orientations de cette
réforme majeure de toute l'industrie de la construction au Québec
ont été non seulement réaffirmées, mais
appuyées à nouveau par l'ensemble des intervenants, par
l'ensemble de nos partenaires les plus directement concernés et
intéressés par cette question au cours de l'étude en
commission parlementaire.
Par exemple, nous nous retrouvons avec un projet de loi où la
qualité des travaux de construction et la sécurité des
édifices publics demeurent au centre de l'ensemble de ses dispositions.
Et pour nous permettre non seulement de maintenir ces deux objectifs, mais
même d'accroître notre performance en matière de
qualité de travaux de construction et en matière de
sécurité des édifices publics, nous avons choisi,
plutôt que d'accroître les contrôles de l'État,
l'inspection, le poids, le paternalisme de l'État dans cette industrie,
nous avons choisi d'y aller par une plus grande responsabilisation du milieu,
par un meilleur partage entre l'État et ses partenaires des
différentes responsabilités qui nous incombent mutuellement en
cette matière.
(16 h 10)
De la même façon, ce principe fondamental qui est à
la base, qui est au coeur aussi du projet de loi 53, qui est celui de l'a
modernisation, de la simplification du cadre de travail de toute cette
industrie, a été maintenu et réaffirmé. Le statut
qui était confirmé dans le projet de loi est
réaffirmé ici pour donner à l'ensemble de nos partenaires
un rôle de partenaire à part entière de l'État en
matière de qualité de construction, de sécurité des
édifices publics. Lui aussi a été réaffirmé
et réappuyé au cours de cette commission parlementaire
d'étude article par article du projet de loi 53.
De la même façon, les moyens qui avaient été
retenus ont été reconfirmés par l'ensemble des
députés qui ont participé à cette commission
parlementaire. Que ce soit l'introduction de ce nouveau cadre législatif
et réglementaire, que ce soit l'introduction des mesures
d'autocontrôle, des mécanismes tels que l'attestation de
conformité, l'introduction de plans de garantie obligatoires à la
fois pour la construction neuve et pour la rénovation domiciliaire, donc
l'ensemble de ces mécanismes de responsabilisation plus grande du milieu
a été reconfirmé par les parlementaires qui ont pris part
à l'étude article par article du projet de loi.
Cette étape essentielle, fondamentale dans le processus
d'adoption du projet de loi 53 qu'a été l'étude article
par article en commission parlementaire découlait directement de ce
large processus, de cet important processus de consultation que nous avons mis
en place et que nous avons suivi rigoureusement, intensément depuis plus
de deux ans et demi avec l'ensemble de nos partenaires, avec l'ensemble des
intervenants de toute l'industrie de la construction au Québec pour en
venir à élaborer ce projet de loi qui fait consensus
aujourd'hui.
Dans cette foulée d'une étape d'étude article par
article qui faisait suite à tout ce processus de consultation, nous
avons atteint, comme je le disais au début de mon intervention,
l'objectif que nous nous étions fixé, soit celui de bonifier, de
compléter, de préciser un certain nombre de mesures, un certain
nombre d'outils, de moyens qui étaient déjà inscrits au
projet de loi. Et c'est ce qui me permet aujourd'hui de dire que cette
étape a été franchie avec beaucoup de succès et que
les résultats obtenus nous permettent de conclure que c'est mission
accomplie pour cette étude article par article du projet de loi.
Je me permettrai rapidement d'aborder, pour l'ensemble de ceux et de
celles qui participeront au débat, les principaux amendements que nous
avons apportés au projet de loi au cours de cette étude article
par article. Dans un premier temps, faisant
suite à cette commission parlementaire pour l'audition des
intervenants que nous avons tenue les 4 et 5 juin dernier, nous avons
apporté des amendements quant à la composition de la Commission
du bâtiment. Non seulement nous avons précisé le processus
de consultation formelle qui devra être suivi préalablement aux
différentes nominations des membres de la Commission du bâtiment,
mais nous avons aussi réaffirmé et de façon
législative, donc précisément dans le texte du projet de
loi, que tous les intervenants seront présents à la table du
conseil d'administration de la Commission du bâtiment et que les
entrepreneurs en construction, donc les représentants des quatre
associations volontaires les plus représentatives des entrepreneurs en
seront de même que les représentants des deux corporations
professionnelles, soit la Corporation des maîtres-électriciens et
la Corporation des maîtres-mécaniciens en tuyauterie.
C'est donc dire qu'il y aura une majorité d'entrepreneurs au
conseil d'administration et que ces entrepreneurs seront représentants
des deux corporations de métier, de l'Association provinciale des
constructeurs d'habitation du Québec, de l'Association de construction
de Montréal, de l'Association des constructeurs de routes et de grands
travaux du Québec et de la Fédération de la construction
du Québec. Donc, les craintes qui ont pu régner quant au poids
relatif qu'auraient les entrepreneurs en construction à ce conseil
d'administration sont maintenant toutes levées puisque le projet de loi,
maintenant bonifié par ces amendements, réaffirme que tous les
intervenants seront présents et qu'à l'intérieur de ce
groupe, les entrepreneurs détiendront une majorité des
sièges votant au conseil d'administration de la Commission du
bâtiment du Québec.
Deuxièmement, nous avons apporté une série
d'amendements concernant les différentes dispositions traitant du
financement de la Commission du bâtiment du Québec. En plus de
réaffirmer le principe d'autofinancement à terme des
différentes activités de la Commission du bâtiment du
Québec, nous avons apporté des amendements législatifs qui
font suite à des engagements que j'avais pris, notamment au cours de la
commission parlementaire, pour l'audition des intervenants, tenue les 4 et 5
juin dernier, à savoir que cet autofinancement devra être atteint
sur une période de cinq ans et qu'au cours de cette période, le
ministre, à partir de la volonté de l'Assemblée nationale,
pourra verser une subvention couvrant une partie des coûts produits par
l'ensemble des activités de la Commission du bâtiment du
Québec
Troisièmement, l'ensemble de ces coûts sont connus à
l'heure où nous nous parlons, puisque l'ensemble des intervenants savent
ce que coûte la Régie des entreprises en construction du
Québec, ce que coûte la Direction générale de
l'inspection du ministère de l'Habitation. Et non seulement ce que cela
coûte en totalité mais ce que cela coûte à chaque
secteur d'activité concerné par ces deux organismes qui seront
fusionnés pour devenir la Commission du bâtiment du Québec.
Non seulement ces coûts sont-ils connus mais des dispositions ont
été prévues dans le projet de loi de façon à
nous assurer que chaque secteur d'activité devra financer les
coûts que ces activités produiront à la Commission du
bâtiment du Québec pour éviter qu'un secteur
d'activité ait à financer des activités pour lesquelles il
n'aurait aucune demande, pour lesquelles il n'aurait eu aucun rôle quant
à l'importance des différents coûts qu'auraient pu produire
d'autres secteurs d'activité.
Je pense, M. le Président, qu'on a là non seulement des
principes valables, satisfaisants pour l'ensemble des intervenants en
matière de financement, mais que même les modalités et les
balises qui ont été apportées au cours de cette
étude nous permettent vraiment de livrer la marchandise, tel que nous
nous y étions engagés au cours de cette commission parlementaire
pour ce qui est des différentes précisions qui devaient
être apportées aux mécanismes d'autofinancement de la
Commission du bâtiment du Québec.
De la même façon, dans le projet de loi 53, nous avons
apporté des amendements à la Loi sur le courtage immobilier pour
accorder une meilleure protection aux consommateurs qui faisaient affaires avec
un agent d'immeubles ou un courtier immobilier. Nous avons apporté trois
séries d'amendements importants. Un premier réaffirme
l'introduction d'une clause de dédit dans le mandat que confie un
consommateur vendeur à un agent d'immeubles mais, en même temps,
nous avons introduit une disposition qui permettra à ce consommateur
vendeur de renoncer à la clause de dédit si tel est son voeu, si
telles sont sa décision et sa volonté, de façon à
permettre à l'agent d'immeubles qui aurait reçu le mandat
d'entreprendre immédiatement l'ensemble des démarches visant
à vendre la maison plutôt que d'attendre que le délai de la
clause de dédit soit écoulé.
Quatrièmement, nous avons introduit un certain nombre de
dispositions qui nous permettent de reconnaître dans la loi et de
préciser du même coup le statut de l'agent d'immeubles, compte
tenu de l'évolution importante que cette profession a connue au cours
des dernières années, qui correspond à des besoins et
à une évolution normale et saine de cette profession.
Finalement, au sujet de la Loi sur le
courtage immobilier, nous avons introduit, à la suite de
discussions et d'une demande formelle de l'Association de l'immeuble du
Québec, un fonds d'indemnisation du courtage immobilier qui nous
permettra d'accorder une bien meilleure protection aux consommateurs en
matière immobilière et qui fera en sorte que les courtiers
eux-mêmes seront mieux protégés par ces dispositions et
n'auront pas à défrayer plus que ce qu'ils défrayaient
à l'heure où nous nous parlons pour des cautionnements qui
existaient dans ce milieu mais qu'ils n'auront pas normalement, à moins
de ponctions importantes au fonds d'indemnisation, à
répéter chaque année.
D'autres amendements ont été apportés au cours de
l'étude du projet de loi. Je les énumère rapidement. Par
exemple, nous avons apporté un amendement à l'article 5.1 qui
reconnaît les droits que reconnaît déjà la loi de
l'Ordre des ingénieurs du Québec aux technologues en sciences
appliquées du Québec en matière de bâtiment. Nous
avons aussi apporté un amendement qui fait en sorte qu'un organisme
public ne pourra être titulaire d'une licence d'entrepreneur. Nous avons
aussi apporté un autre amendement qui permettra des recours civils en
annulation de contrat lorsque l'entrepreneur qui sera partie prenante à
un contrat ne sera pas licencié, donc, qualifié par la Commission
du bâtiment. Nous avons aussi apporté des amendements permettant
au pouvoir municipal, donc, aux municipalités, de codifier des mesures
différentes au niveau de la normalisation. Nous avons aussi
apporté des amendements, par exemple, à l'article 14 où
nous ajoutons, à l'attestation de conformité, la
conformité aux normes d'économie d'énergie et
d'accès pour les personnes handicapées. (16 h 20)
Nous avons permis de préciser que la personne habilitante dans le
processus de qualification doit être un dirigeant de l'entreprise. Nous
avons porté la durée de la licence à deux ans pour
simplifier, non seulement le processus de qualification quant à la
paperasse, mais aussi les coûts que la qualification pourra
entraîner à la Commission du bâtiment. Nous avons
précisé que le gouvernement n'interviendra pas pour constituer un
plan de garantie, n'interviendra seulement que si le milieu ne se donne pas des
plans de garantie qui permettent à tous les entrepreneurs de se
conformer aux garanties qu'ils doivent donner à leurs clients. Nous
avons limité le cautionnement à l'article 82 au seul cas de
fraude, de malversation ou de détournement de fonds. Nous avons aussi
apporté des amendements à l'article 17 quant à
l'attestation de conformité que doit fournir un manufacturier
d'habitations. Nous avons aussi apporté une série d'amendements
qui précisent for- mellement sur le plan législatif toute la
consultation qui doit s'installer entre le gouvernement et l'ensemble des
intervenants, non seulement entre le gouvernement et la Commission du
bâtiment, mais entre le gouvernement et l'ensemble des intervenants,
donc, de nos partenaires, en matière de préparation de code, en
matière de normalisation, en matière de pouvoir
réglementaire, de façon que les intervenants soient tout aussi
pleinement associés à ce qui se fera après l'entrée
en vigueur de la loi qu'ils l'ont été jusqu'à maintenant
dans la préparation du projet de loi.
Finalement, nous avons aussi prévu que la Commission du
bâtiment pourra récupérer une partie des amendes qui
découleront de poursuites qu'elle aura intentées, ce qui
s'ajoutera aussi aux éléments d'autofinancement de ses
activités.
M. le Président, à larges traits, voici les
résultats très concrets, très palpables qu'a donnés
la commission parlementaire d'étude article par article du projet de loi
53. Je veux conclure en disant que, déjà, au moment
d'entreprendre cette étape importante de l'étude du projet de loi
53, nous avions reçu l'appui de l'ensemble des intervenants du monde de
la construction au Québec, que ce projet de loi faisait
déjà consensus largement dans le milieu. Avec les amendements qui
ont été apportés, avec les précisions qui ont
été faites, les additions d'articles qui ont été
apportées, je puis affirmer, à la suite de nouvelles
consultations que j'ai menées au cours des deux dernières
journées avec l'ensemble des intervenants, que nos appuis sont encore
plus solides que ceux que nous avions au moment d'entreprendre cette
étude article par article et qu'ils sont même plus larges qu'ils
ne l'étaient au moment d'entreprendre cette étape importante du
projet de loi.
Cette réforme est attendue et souhaitée par les
intervenants du milieu. Ils sont d'accord. Ils souhaitent exercer plus de
responsabilités tout en ayant à assumer un plus grand nombre
d'obligations, de façon à nous assurer que ces
responsabilités soient assumées de façon rigoureuse. Et je
pense que ces différents éléments de la réforme
permettront, justement, aux entrepreneurs, aux professionnels du
bâtiment, à l'ensemble des intervenants, d'exercer pleinement leur
compétence, leur dynamisme, leur professionnalisme tout en leur
permettant aussi de donner pleinement dans leur rôle de moteur dans
l'économie du Québec. Voilà donc les principales choses
que je tenais à dire au moment de la prise en considération du
rapport et, selon l'évolution du débat, je vais me
réserver le droit d'intervenir à nouveau. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci. Nous sommes à l'étape de la
prise en considération du rapport de la commission sur l'étude
article par article du projet de loi 53. Je trouve qu'il est malheureux que,
dans un communiqué de presse que rendait public, à la suite du
vote pris sur le principe du projet de loi, le ministre de l'Habitation et de
la Protection du consommateur souhaitait voir disparaître l'attitude
négative de l'Opposition libérale. Il est malheureux que le
gouvernement n'ait pas compris que l'attitude de l'Opposition qu'il qualifie de
négative qui n'avait pour seul et unique but de rappeler au ministre
qu'un législateur consciencieux ne peut endosser un projet de loi
lorsqu'il considère, à l'instar de plusieurs intervenants, que ce
dernier tel que rédigé ne répondra nullement aux objectifs
mentionnés à l'article 1 du projet de loi. Je dirai même
plus, les 120 amendements que le ministre a apportés au projet de loi
tout au long de la commission parlementaire constituent une preuve
supplémentaire des lacunes majeures de cette loi.
Premièrement, est-ce vraiment normal qu'on dépose autant
d'amendements relativement à une loi au sujet de laquelle le ministre a
consulté les intervenants du milieu pendant deux ans et demi? À
quoi ont servi ces deux années et demie? À trouver les meilleurs
moyens pour obtenir l'accord de certaines associations? Peut-être.
Il n'en demeure pas moins que ce projet de loi est loin de faire
l'unanimité, comme le laisse sous-entendre le ministre. L'attitude du
ministre démontre d'une façon bien évidente qu'il refuse
de prendre en considération les craintes sérieuses
évoquées par trois grandes associations d'entrepreneurs. Encore
hier, le ministre était incapable de nous indiquer clairement et
précisément la portée financière et
budgétaire des articles de son projet de loi qui relèvent de la
Commission du bâtiment.
Si l'Opposition s'est opposée à l'adoption de ces
articles, c'est en raison de toutes ces inconnues que le ministre n'a jamais pu
clarifier. Savoir que la future Commission du bâtiment regroupera, au
lendemain de sa formation, au-delà de 800 employés est loin de
nous renseigner sur les capacités de cette dernière à
réduire son personnel de moitié si elle veut rencontrer ses
objectifs d'autofinancement.
On nous a indiqué que la Direction générale de
l'inspection transférera 731 employés à la commission.
Mais comment se fera ce transfert alors que la majorité des
employés de la Direction générale de l'inspection
travaille à Québec et qu'on veut peut-être établir
le siège social de la commission à Montréal?
Tout au long des travaux, j'ai pu constater l'insouciance du ministre
sur toutes ces questions pourtant fondamentales. Une des premières
choses: on a tenté de présenter un amendement à l'article
1. L'article 1 donne les objectifs du projet de loi. On voulait inclure dans ce
projet de loi comme objectif une partie des notes explicatives qui disaient que
le projet de loi vise à accorder une meilleure protection aux
consommateurs qui acquièrent des bâtiments ou qui font
exécuter des travaux de construction. Le ministre, dès le
dépôt de ce projet de loi, en a fait un événement,
des telbec un peu partout pour dire à tout le monde qu'il y avait tout
pour tout le monde et que tout le monde serait heureux. De refuser même
d'inclure que cela était un des objectifs principaux, je me pose des
questions. C'est vrai, on l'a mis un peu dans les responsabilités du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, mais
d'après les telbec qu'on avait vus, je suis convaincu que les
consommateurs espéraient que l'un des objectifs du projet de loi serait
certainement de les protéger.
M. le Président, un autre point fondamemental, c'est l'article
11. À l'article 11, on avait demandé que le gouvernement adopte
comme code de construction le Code national du bâtiment ainsi que ses
versions amendées afin d'assurer que les travaux de construction offrent
une qualité et une sécurité satisfaisantes pour le public.
Le gouvernement pourra aussi inclure, à cet égard, tout autre
règlement propre à la construction au Québec. Pourtant, M.
le Président, au moment des auditions, les 4 et 5 juin, presque en
totalité, les organismes ont demandé que ce soit le Code national
du bâtiment qui soit le coeur du Code du bâtiment. Et, à ma
surprise, cela fait à peine un an... (16 h 30)
J'espère que vous m'accorderez le droit de retourner au 18 avril
1984 alors que le prédécesseur du présent ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur nous annonçait qu'il
découvrait les boutons à quatre trous, que, finalement,
après nombre d'années, les gens du milieu, soit les
professionnels, les entrepreneurs en construction, tout le monde, exigeaient
qu'on adopte le Code national du bâtiment. II a dit à cette
Chambre: On vient de voir la lumière; on adopte le Code national du
bâtiment.
Le ministre l'a dit au moment des auditions. Il n'a pas mentionné
du tout le Code national du bâtiment dans son intervention sur
l'étude du principe et, en commission, il a complètement
refusé d'accepter que le coeur soit le Code nationale du
bâtiment.
M. le Président, le ministre a-t-il peur de transcrire ses
paroles par écrit? Va-t-on réellement avoir le Code national
du
bâtiment? Là où il y a consensus de la part de tous
les intervenants, c'est certainement que le Code national du bâtiment
soit le coeur du nouveau Code du bâtiment. On nous dit qu'il y a
consensus au sein des entrepreneurs qui oeuvrent dans le domaine du
bâtiment alors qu'il n'y en a pas. Pourquoi hésitons-nous? Y
a-t-il d'autres raisons? S'il y en a, que le ministre ne nous les cache pas,
qu'il nous le dise. S'il veut savoir s'il y a consensus, qu'il retourne voir
les intervenants du milieu, et il aura sa réponse. Ce n'est certainement
pas une attitude positive pour bonifier un projet de loi.
Lorsqu'on parle du financement, c'est bien beau que le ministre dise: On
connaît les coûts aujourd'hui. On les connaît, mais qu'est-on
en train de créer? Combien est-ce que cela va coûter? Y a-t-il
quelqu'un qui a pris le temps, au ministère, de faire cette étude
d'impact financier? M. le Président, on joue dans le domaine des
entrepreneurs et la chose importante pour eux, c'est de connaître les
coûts, de savoir ce que cela coûte. Ils vendent des services
basés sur les coûts et, en fin de compte, ce sont les
consommateurs qui paient pour les coûts.
Je suis convaincu que les intervenants du milieu du bâtiment qui
travaillent dans leur propre domaine s'assurent que les coûts sont bien
connus avant de déposer une soumission et de faire des choses, parce que
les conséquences sont graves. Elles sont peut-être plus graves
pour l'entrepreneur seul, parce que, en fin de compte, c'est lui qui sera
obligé de payer.
Je trouve malheureux que, pour un projet de loi aussi important qui va
changer tout le cadre du bâtiment au Québec, on ne puisse pas nous
dire à quelques millions près quel sera le coût total de
tout cela. On se dit: Qu'est-ce que cela coûte aujourd'hui pour faire des
inspections? Déjà, on parle d'un déficit de 15 000 000 $
grosso modo. Ensuite, on se pète les bretelles et on nous dit: La RECQ
apporte un surplus de plus de 1 000 000 $. Mais d'où provient le 1 000
000 $? J'ai tenté, hier, en commission de savoir d'où viennent
ces surplus, qui paie ces surplus, parce qu'à l'avenir, ce seront toutes
et chacune des entreprises qui auront à payer. Entre autres, il y a les
électriciens, les plombiers qui vont demander leurs propres
qualifications et émettre leur propre licence. Me direz-vous, M. le
Président, qu'on peut créer toute une structure administrative
pour traiter d'un nombre réduit de demandes de licences aux mêmes
coûts? Je ne le crois pas. Présentement, la RECQ traite 23 000
demandes de licence par année et elle finit avec 1 500 000 $ de surplus.
Pourtant, 15 000 de ces licences sont pour des spécialités.
M. le Président, je suis convaincu que les gens auraient
aimé savoir cela. De deux choses l'une. Soit qu'on l'a fait et que c'est
pas mal plus que ce à quoi on s'attendait et on ne veut pas nous le
dire. Dans ce cas, il nous manque des éléments pour être
capables d'étudier réellement ce projet de loi à sa pleine
valeur. Soit - là c'est encore plus grave - qu'on ne l'a pas fait, et je
dirais que c'est quasiment être irresponsable.
Dans tout cela, il me semble qu'on a fait miroiter toutes les bonnes
choses - je ne blâme pars les entrepreneurs de différentes
catégories - en espérant qu'on n'aille pas fouiller trop loin
pour savoir comment cela va coûter. En fin de compte, les personnes qui
vont payer pour, ce sont les consommateurs.
M. le Président, sur la composition de la Commission du
bâtiment - en passant c'est la Commission du bâtiment du
Québec - on a gardé le nombre de quinze. Des gens avaient
suggéré onze ou neuf. On est arrivé à onze: onze
qui ont le droit de vote, quatre qui n'ont pas le droit de vote. Selon un
consensus au sein des entreprises, pour des raisons qui leur sont propres,
elles ne voulaient pas avoir un membre du syndicat à cette commission.
Pourtant, il y en a un. On a coupé la poire en deux. On va en mettre un,
mais il n'aura pas le droit de vote, c'est un "rubber stamp". De ce
côté-là, on fait plaisir à tout le monde. Là
il y avait un consensus, là il y en avait un.
Comme je l'ai mentionné hier, M. le Président, cela fait
deux ans et demi qu'on travaille - cela a dû être sérieux -
et on s'est aperçu hier, rendu à la fin, qu'au Québec, on
a la Régie des rentes du Québec, on a la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, et tout à coup, on a
décidé à la dernière minute qu'il fallait que ce
soit la Commission du bâtiment du Québec. Pourtant, on en a
d'autres. La Régie des rentes du Québec est peut-être plus
gouvernementale que la commission qu'on est en train de créer. La seule
autre que je connaisse qui a été créée et qui a
peut-être une relation s'appelle la CSST. Va-t-on changer et l'appeler la
CSSTQ? Peut-être. C'est peut-être son intention parce qu'il faut
s'identifier. Il faut identifier que notre Commission du bâtiment vient
du Québec. Je n'ai rien contre le mot "Québec", M. le
Président.
M. Blais: Cela n'a pas l'air.
M. Middlemiss: Non, je n'en ai pas du tout contre le mot
"Québec", pas du tout. Si le député de Terrebonne veut
prendre la parole, il aura son tour, M. le Président. J'espère
que vous allez lui demander de...
Une voix: II parlera à son tour, M. le Président,
le député de Terrebonne.
M. Middlemiss: Oui. En tout cas, M. le
Président, le point que je veux faire, c'est que si
c'était un argument tellement important de dire qu'il faut que le mot
"Québec" soit là, comme cela fait deux ans et demi qu'on
travaille sur le projet de loi, pourquoi n'y a-t-on pas pensé à
ce moment-là au lieu de nous arriver à la dernière
minute?
M. le Président, on dit qu'on va empêcher les gens du
secteur public de faire de la concurrence aux entrepreneurs. Pourtant, à
l'article 42, on les enlève tous. Sauf la SIQ. La SIQ, on ne
l'enlève pas parce que, selon les lois qui la régissent, on ne
peut pas lui toucher. Comme justification, on me disait: Le passé est
garant de l'avenir. Pourtant, un cas a été soulevé, non
pas par moi mais par des fédérations ou des associations qui se
sont présentées en commission parlementaire pour nous dire que le
Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke a réussi
à obtenir une licence d'entrepreneur et, maintenant, il offre ses
services à l'extérieur. (16 h 40)
Pour tenter de s'assurer que cela ne se reproduise pas, on a
demandé - on a fait un amendement - que soit abrogé le
deuxième alinéa du nouvel article 41.1 qui disait que "le
présent article ne s'applique pas à la Société
immobilière du Québec". On l'a refusé. Les raisons qu'on
nous a données? Ce n'est pas leur intention. Ils ne l'ont pas fait
jusqu'à maintenant. Non, ils ne l'ont pas fait jusqu'à
maintenant. Cela fait à peine un an que cela existe, mais la tentation
devient grande parfois et ils ont le droit de le faire. Ils ont tous les droits
pour le faire. Pourtant, on est en train de faire une loi qui va toucher le
domaine du bâtiment et on veut responsabiliser ces gens. Pourquoi
devons-nous laisser la porte ouverte pour qu'un organisme comme celui-là
vienne faire de la concurrence aux gens qu'on veut responsabiliser, qui vont
payer la note après? Et en fin de compte, il ne faut pas se leurrer,
c'est toujours le consommateur qui paie pour tout.
Lorsqu'on dit qu'il y a consensus, il y a des associations qui n'ont pas
donné leur consensus pour toutes sortes de raisons. Oui, la CMQ,
l'Association des constructeurs de routes. Oui, regardez, M. le ministre. Si
vous voulez que je vous lise le telbec, je vais vous le lire; ce sont ces
gens-là. Parce que, dans le domaine de la construction, on peut bien
diviser de moitié pour prendre le nombre d'entrepreneurs, mais il y a
aussi... Parce qu'on dit que, dans le bâtiment, c'est un agent
économique: 11 500 000 000 $ par année d'activités
économiques dans le domaine du bâtiment et, de ces 11 000 000 000
$, il y a 4 000 000 000 $ dans le bâtiment. Le reste, ce sont des travaux
de génie. Et, dans le bâtiment, ce n'est pas seulement dans le
domaine résidentiel, c'est tout. Et si on regarde l'appartenance des
associations qui n'ont pas donné leur bénédiction à
tout cela pour des raisons qui sont pour elles valables, est-ce qu'on
pèse le consensus en nombre ou en activités économiques?
Parce qu'on dit, je l'ai vu dans bien des telbec ici, que l'activité
économique de la construction, le bâtiment, c'est une grosse
activité économique. Mais où le fait-on? Qu'est-ce qu'on
met dans la pesée pour le faire?
M. le Président, c'est malheureux qu'un projet de loi aussi
important nous soit présenté à un tel moment. Dans le
Devoir de ce matin - ce n'est pas moi - on nous donnait un petit
éditorial qui parlait de "rouleau compresseur". Ici même, on
regrette, parce que nous, de l'Opposition, et tous les intervenants du milieu
n'avons pas eu l'occasion de travailler pendant deux ans. Le projet de loi a
été déposé en Chambre le 15 mai et, pour un projet
de loi aussi important que celui-là, si on veut réellement faire
un bon travail et s'assurer qu'on va livrer aux intervenants qui veulent se
responsabiliser un projet de loi qui va leur permettre d'accomplir et de donner
une meilleure qualité de travaux, qui va donner une meilleure protection
au public et, aussi, assurer un meilleur produit aux consommateurs, je crois
qu'il faut bien le faire et bien le faire dès le début. Lorsqu'on
fait un pas en avant, on ne devrait pas s'attendre un moment plus tard de faire
un pas ou deux pas en arrière. Au moins, si on n'en fait qu'un, on
revient au point de départ, mais si on est obligé d'en faire deux
ou trois, on a perdu du terrain.
M. le Président, en terminant, je me souviens avoir posé
une question au ministre concernant ses consultations sur le livre vert au mois
d'avril parce qu'il y avait un groupe qui avait demandé d'être
entendu. Ils sont arrivés en grand nombre, 150, et on n'a pas pu les
entendre. Le ministre a dit: Ce sont des groupes qui font des
événements à médias avec des flûtes et des
ballounes. Cela n'a pas sa place. Ils feraient mieux d'être constructifs,
de s'asseoir à la table et de parler. Il me semble que le ministre ne
pratique pas ce qu'il prêche. Il semble avoir fait, lui aussi, un
événement à médias, et il semble aussi que pour
lui, le mot "consultation" veut dire "ceux qui sont d'accord avec nous". Par
exemple, au moment des auditions, un organisme a demandé d'être
entendu. C'est de peine et de misère qu'on a réussi à
l'entendre. Pourtant, il nous a apporté un éclairage additionnel
contrairement à toutes les appréhensions qu'on avait fait
ressortir à son égard. C'est cela, faire preuve d'ouverture
d'esprit. Le ministre fait des événements à médias
aussi. Au lieu d'arriver avec des trucs et des ballounes, c'est peut-être
avec des "candy" qu'il réussit à obtenir son
consensus. Merci M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Outremont.
M. Bordeleau: M. le Président... En tout cas, vous me
reconnaîtrez plus tard.
M. Fortier: C'est l'alternance, allez-y.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Je m'excuse, c'est
l'alternance. Je ne vous avais pas vu, M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Jean-Paul Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Je voudrais à
mon tour, à l'occasion de la prise en considération du rapport de
la commission, faire quelques commentaires sur le projet de loi 53.
Après avoir passé plusieurs heures ensemble à
étudier ce projet de loi, je pense qu'il s'impose de faire un certain
nombre de commentaires. Dans mon discours de deuxième lecture qui
était favorable, bien sûr, au principe du projet de loi, je
mentionnais au ministre que j'aimerais qu'il apporte un certain nombre
d'amendements, ce qui a été fait d'ailleurs en cours de
route.
Ce que je voulais dire à cette étape-ci, à la suite
de la consultation de deux jours qui a été faite de façon
très sérieuse, je pense - d'autres l'ont mentionné
auparavant -c'est que cette consultation a d'abord permis de rencontrer -
hé! s'il vous plaît! - un certain nombre d'organisations,
c'est-à-dire 17 organismes qui ont été reçus en
commission parlementaire, ce qui nous a donné l'occasion de poser
beaucoup de questions et de recevoir des réponses qui ont effacé
certaines appréhensions aussi qui venaient de la part de ces organismes.
Déjà, on a senti qu'il se dessinait un net appui, un appui
majoritaire au projet de loi 53 qui venait aider ou responsabiliser davantage
les organismes ou les associations directement touchés dans le domaine
de la construction ou du bâtiment.
C'est ainsi que l'on a entrepris cette première étape de
consultation. Pendant l'étude en deuxième lecture, l'étude
détaillée, comme on l'appelle maintenant, on a pu faire valoir un
certain nombre d'amendements que le ministre a acceptés. Je pense que,
là aussi, la discussion a été sérieuse. Je
considérais jusqu'à maintenant que le député de
Pontiac avait eu une attitude positive dans le dossier; malheureusement,
à la suite du discours qu'il vient de faire, je trouve qu'il est devenu
un peu négatif. Je relève un de ses exemples. Il disait que le
ministre avait apporté beaucoup d'amendements qui remettaient en
question les principes de la loi ou certains objets importants de la loi. Il
parlait de 120 amendements. Remarquez que je ne les ai pas comptés, mais
il est possible qu'il y ait eu 120 amendements; cela faisait quand même
une liasse de papier assez épaisse.
Mais il faut être de bon compte et dire aussi que parmi ces
amendements, il y avait beaucoup d'amendements de concordance, de forme qui
n'avaient aucune valeur, qui ne changeaient ou ne modifiaient rien au principe
du projet de loi 53. Parler de 120 amendements, c'est beau, c'est gros, mais
dans le fond, c'était beaucoup plus limitatif en termes de nombre que
quant aux vrais amendements de valeur.
En ce qui concerne les principaux objectifs du projet de loi
lui-même, encore une fois, je pense que l'étude en deuxième
lecture ou détaillée, article par article, a permis de
démontrer que ce projet de loi permettra de modifier sensiblement, de
moderniser le cadre de travail, comme le ministre le disait tantôt, dans
le secteur du bâtiment.
Il y a toujours, bien sûr, la responsabilisation qui est un
objectif fondamental quant à moi, la responsabilisation des intervenants
dans le milieu de la construction, dans le milieu du bâtiment. Il y a
aussi tout l'aspect de la simplification de nos lois, de nos règlements
avec laquelle nous étions, un peu tout le monde, empêtrés
dans l'interprétation et l'application de cette foule de
règlements. Des aspects ne sont pas à négliger non plus,
soit la sécurité des bâtiments et la protection du
consommateur. Par la loi 53, ils seront sensiblement améliorés
dans le sens d'une meilleure protection des consommateurs.
Je pense qu'il est toujours difficile d'obtenir un consensus
général absolu mais on peut vraiment dire, malgré les
objections de l'Opposition ou de certains membres de l'Opposition qu'il y a
vraiment un appui largement majoritaire face à ce projet. Plusieurs
organismes sont venus nous le dire en consultation, d'autres sont venus nous le
dire dans des salles connexes, dans les corridors aussi à l'occasion
pendant cette étude. (16 h 50)
Je suis heureux de constater d'ailleurs que certains membres de ces
associations sont ici avec nous. Vous savez, M. le Président, souvent,
on fait des discours ici à des heures variables et il est rare qu'on
puisse avoir une galerie de gens pour nous écouter à ce
moment-là. Je pense que les gens sont ici particulièrement cet
après-midi, en tout cas pour certains que je vois, parce qu'ils sont
intéressés par l'adoption de ce projet de loi, parce qu'ils
considèrent que c'est une nette amélioration par rapport à
ce qui existe actuellement.
Bien sûr, il y a toujours les craintes de l'Opposition face
à un projet de loi. C'est
toujours normal que l'Opposition, sans faire d'obstruction, se pose des
questions. C'est tout à fait normal. D'ailleurs, je le disais
tantôt, le député de Pontiac avait très bien fait
son travail jusqu'à maintenant, nous je l'ai trouvé un peu trop
négatif cet après-midi dans son petit discours de prise en
considération. Il y a toujours un argument qui revenait pendant
l'étude de notre commission, c'est-à-dire tout l'aspect de la
formation de la Commission du bâtiment du Québec. Effectivement on
a eu un débat qui a duré plusieurs minutes sur le mot
"Québec". Je m'excuse mais je suis fier en fait qu'on ait apporté
un amendement pendant l'étude article par article pour ajouter que ce
soit la Commission du bâtiment du Québec parce que je pense qu'il
faut être fier de cela. C'est une commission qui va devenir un organisme
québécois, qui va s'appliquer sur l'ensemble du territoire
québécois et d'ajouter le mot "Québec" je pense que
c'était simplement réparer un oubli qui avait été
fait dans le passé.
En terminant parce qu'il semble qu'il faut terminer selon certains de
mes collègues, je voulais simplement rappeler que le
député de Pontiac lisait un editorial qui avait paru ce matin. Je
voudrais simplement faire référence à un autre document
que j'ai reçu, qui est daté du 14 juin, qui m'apparaît
assez important dans le sens que cela vient d'une association qui est vraiment
impliquée dans le milieu. Cela ne vient pas d'un griffonneur de papier
qui écrit dans son journal à tous les jours et qui peut, à
l'occasion, ne pas savoir quoi écrire. Cela vient de l'APCHQ que les
gens du milieu connaissent qui dit - je passe le reste et je vous dit ça
en trois lignes - l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec qui dit: "II ne faudrait pas mettre en péril un projet de
loi visant une déréglementation de l'industrie, une
responsabilisation des intervenants et une protection plus adéquate pour
les consommateurs." Je pense donc que c'est un appui important qu'ils nous
avaient d'ailleurs fait valoir en commission et que j'étais content de
recevoir sur mon bureau ces derniers jours.
Je pense qu'après deux ans et demi de discussions, qu'on arrive
à un projet de loi comme celui-là, c'est-à-dire le projet
de loi 53, c'est tout à fait à point, tout à fait à
date. Il y a eu toute la discussion nécessaire, les correctifs ont
été apportés en commission et par les différentes
instances de sorte qu'on devrait maintenant être prêt à
l'adopter. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. Nous en sommes au
point de parler du rapport de la commission parlementaire qui a
étudié le projet de loi 53 article par article. À ce
moment-ci je voudrais dire jusqu'à quel point notre porte-parole, le
député de Pontiac, a fait un travail extraordinaire. Il
s'agissait d'un projet de loi complexe, qui demandait de nombreuses
consultations. Je dois dire que dans l'allocution qu'il vient de prononcer, il
y a quelques minutes, il a très bien reflété l'opinion de
ceux qui veulent se faire entendre, de ceux qui ont participé à
la commission parlementaire et, à tout le moins, l'opinion des membres
de l'Opposition.
En effet, je crois qu'il a fait un travail positif. Il a
été présent à toutes les minutes de la commission
parlementaire et même si j'y ai participé, mon emploi du temps ne
m'a pas permis d'y participer autant que le député de Pontiac. Je
crois qu'il vaut la peine de souligner jusqu'à quel point le
député de Pontiac s'est donné la peine d'être
consciencieux et de réfléter l'opinion de tous les interlocuteurs
et non pas les opinions de ceux qui pouvaient appuyer notre point de vue. Je
crois que c'est là le fait d'un parlementaire consciencieux qui cherche
à faire son travail du mieux possible. Vous vous rappellerez que, lors
de l'étude du principe, nous avions suggéré de scinder le
projet de loi en deux. Nous croyons, nous, qu'il y avait plusieurs principes en
jeu, en particulier, celui qui créait une nouvelle commission dont le
financement n'est nullement assuré. Ce principe aurait dû
être discuté séparément. Cela n'a pas
été fait.
Par la suite, le ministre a apporté de nombreux amendements. On
doit s'interroger à savoir si le processus qui a été suivi
est un processus tout à fait démocratique ou, du moins, à
l'intérieur de la réforme parlementaire que nous avons faite en
cette Chambre. Le député de Pontiac a souligné qu'il y
avait eu 120 amendements ou à peu près. Il faudrait souligner que
ce n'est pas 120, mais que c'est à peu près 120 multiplié
par 2, parce que chaque fois qu'il y avait un amendement le ministre en avait
un deuxième et un troisième. À un tel point qu'à un
moment donné nous, qui avions des liasses d'amendements, nous
travaillions sur des amendements qui avaient été amendés
dans la nuit et dont le ministre avait copie, alors que nous n'en avions pas.
À un moment donné, on a dû ajourner nos travaux, alors
qu'il était très tard, demandant au ministre de mettre un peu
d'ordre dans les amendements qu'il nous avait donnés parce que, de toute
évidence, l'Opposition travaillait avec des amendements qui
étaient périmés alors que le ministre, lui, avait des
amendements qui avaient été amendés depuis peu.
Le député d'Abitibi-Est disait que les amendements
apportés n'avaient pas beaucoup
de conséquences. Je lui pose la question: Est-ce que des
amendements qui modifient la composition du conseil d'administration, des
amendements qui changent à peu près complètement la Loi
sur le courtage immobilier, des amendements qui discutent de financement,
est-ce que des amendements comme ceux-là ne sont pas des amendements
importants qui auraient mérité une étude beaucoup plus
approfondie? Il est vrai que, dans certains cas, nous avons appuyé
certains de ces amendements, mais lorsque cela faisait problème le
député de Pontiac, qui nous représentait avec beaucoup de
justesse, s'est inscrit en faux contre l'approbation de plusieurs articles de
loi, surtout ceux qui concernaient les responsabilités et le financement
de la nouvelle commission qui sera créée.
Le ministre parlait de consensus. Je constate qu'à l'instant le
député d'Abitibi-Est parlait d'appui majoritaire. Si cela
continue comme cela, il s'agit de se demander: Est-ce que c'est le ministre qui
a raison de parler de consensus ou le député d'Abitibi-Est, qui
parlait d'appui majoritaire? Si on continue de faire des discours - je vois que
le député de Robert Baldwin s'apprête à prendre la
parole lui aussi, il s'apprête à apporter des arguments - il se
pourrait fort bien qu'à la fin un autre député du parti
ministériel parle maintenant d'un appui minoritaire. Il semblerait qu'au
fur et à mesure que les députés du parti
ministériel parlent ce qui était consensus devient appui
majoritaire et, tout à l'heure, on parlera d'appui minoritaire.
M. le Président, ce qui est vrai, c'est qu'il y a
problème. Je ne crois pas que le député de Pontiac ait
voulu faire de l'opposition systématique. Il s'est fait le porte-parole
de ceux qui n'étaient pas d'accord avec le projet de loi. Il s'est fait
le porte-parole de ceux qui croyaient qu'il y avait des problèmes. En
toute honnêteté, j'ai reçu moi-même des
télégrammes d'associations qui appuient le projet de loi. Je vais
les mentionner parce que je crois qu'il faut rendre à César ce
qui est à César. En particulier, les constructeurs d'habitations
membres de l'APCHQ se disent d'accord avec le projet de loi. La Corporation des
maîtres électriciens et des maîtres mécaniciens.
Mais, aujourd'hui même, nous recevions un télégramme en
provenance de l'Association de la construction de Montréal et du
Québec qui dit ceci: "L'Association de la construction de
Montréal et du Québec, qui représente près de 2000
entreprises de construction oeuvrant au Québec et un volume global de
travaux dépassant annuellement les 4 000 000 000 $, demande que le
projet de loi soit reporté. Il est en effet de plus en plus
évident, à mesure que l'étude du projet de loi progresse,
que les questions fondamentales de l'industrie à l'égard de ce
projet de loi ne recevront pas de réponse satisfaisante". Je continue de
citer, M. le Président: "Ainsi, l'un des effets du projet de loi serait
de faire assumer à l'industrie et aux entrepreneurs en construction, en
particulier, les coûts de la réforme proposée. Cependant,
le ministre responsable n'a pas encore pu donner d'indication précise
sur les coûts anticipés de ce projet." (17 heures)
M. le Président, nous sommes en 1985. Je conçois que dans
les années soixante et les années soixante-dix les gouvernements
créaient des sociétés d'État, créaient des
régies et lançaient de nouveaux programmes sans se soucier de
l'aspect financier. Je pose la question: Comment pouvons-nous, nous
parlementaires, en 1985, créer des mécanismes, créer des
commissions dont le financement n'a pas été étudié
à fond? Comment le gouvernement peut-il nous proposer de créer
une commission, la Commission du bâtiment, si les projections
financières n'ont pas été faites au moins sur une
période de cinq ans pour établir quel sera le fardeau
assumé par le gouvernement du Québec, puisque le ministre nous a
dit qu'il en assumerait une part? Si j'étais ministre des Finances,
j'aimerais bien savoir quels seraient ces coûts? Si les déficits
ne sont pas assumés par le ministre des Finances et par le gouvernement,
il faudra bien qu'ils soient assumés par les entrepreneurs en
construction. Nous savons tous que ces frais, qui se répercutent sur les
coûts de construction, peuvent mettre en difficulté ou du moins
rendre moins concurrentiels ces entrepreneurs qui auront à assumer ces
coûts. De toute évidence, il faudrait bien les connaître
avant d'approuver un projet de loi comme celui-ci.
M. le Président, plusieurs interlocuteurs nous ont dit, au
début et avant même que nous ayons en main toutes les
données, qu'ils appuyaient la création de la commission puisque
le contrôle de cette commission sera entre les mains des entrepreneurs et
entre les mains de la direction patronale des différentes associations.
Je crois que ces gens ne savaient pas que les employés qui seront
transférés à cette nouvelle commission seront des membres
de la fonction publique et qu'ils seront donc sujets à la
réglementation de la fonction publique telle que définie par la
loi. Je ne m'inscrit pas en faux contre cette décision. Je crois qu'il
faut respecter les acquis de ces employés, mais je crois que, dans la
même mesure, le conseil d'administration de cette nouvelle commission
n'aura pas le loisir de diminuer les coûts ou n'aura pas la
liberté d'action que certains pouvaient imaginer.
Peut-être que certains entrepreneurs qui ont appuyé ce
projet de loi croyaient qu'ils pourraient librement mettre à pied des
employés pour diminuer le nombre d'employés
qui oeuvrent présentement à l'intérieur des
différents services qui feront partie de la nouvelle Commission du
bâtiment. De toute évidence, puisque ces employés font
partie de la fonction publique, le processus de dégraissement de la
nouvelle commission sera beaucoup plus difficile qu'il ne l'aurait
été autrement dans le secteur privé.
Ce sont là mes quelques réflexions. Par ailleurs, le
député de Pontiac a très bien exprimé notre point
de vue. Je crois qu'il y a certains principes dans le projet de loi qui
méritaient d'être entendus et qui méritent d'être
adoptés. Il y en a d'autres, surtout en ce qui concerne la Commission du
bâtiment et son financement, qui font problème. Je ne crois pas
que l'on doive, en 1985, s'aventurer dans la création de nouvelles
commissions si les prévisions financières ne sont pas connues. De
plus, je demanderai au ministre si réellement il n'a pas fait ces
études... Je crois que très probablement il les a faites et qu'il
serait démocratique et raisonnable de rendre ces études publiques
avant même que le projet de loi soit adopté afin que nous
puissions en prendre connaissance et afin que nous puissions juger si les
affirmations voulant que cette nouvelle commission pourra s'autofinancer -
c'est l'affirmation du ministre - selon des études qui ont
été faites, sont véridiques. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. BrouiUet): Est-ce qu'il y a un autre
intervenant?
M. le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
M. Jacques Rochefort (réplique)
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu des
dispositions de notre règlement qui m'accorderaient, je crois, cinq
minutes à ce moment-ci pour répliquer aux deux
députés qui nous ont finalement livré la même salade
et la même cassette sans tenir compte des travaux qu'a connus notre
commission parlementaire au cours de quatre jours et de façon
très constructive, je les invite tous les deux, et tous les autres,
à mon discours de troisième lecture qui aura lieu demain, ce qui
nous permettra de voir la différence entre un gouvernement qui a une
vision, qui a des orientations et qui a une perspective, et un parti qui se
limite à ne jamais se compromettre dans des dossiers aussi majeurs que
celui de l'industrie de la construction qui occupe 4.2 % du produit
intérieur brut du Québec.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le rapport de la
commission est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, comme le prévoit
l'article 108, nous allons maintenant nous...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Une minute! Excusez, M.
le leader.
Une voix: C'est sur division ou adopté?
Le Vice-Président (M. Brouillet): Je n'ai pas entendu sur
division. J'ai dit adopté. Adopté.
Une voix: Sur division, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: II y avait un peu de confusion chez nos amis
libéraux, mais enfin... M. le Président, comme le prévoit
l'article 108, nous allons maintenant nous transformer en commission
plénière. À cet égard, je vous demande d'appeler
l'article 17 de notre feuilleton, s'il vous plaît!
Commission plénière
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous allons entreprendre
l'étude détaillée, en commission plénière,
du projet de loi 41, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant les affaires sociales. Alors, nous nous transformons en commission
plénière immédiatement.
Étude détaillée du projet de loi
41
M. Rancourt (président de la commission
plénière): Nous allons commencer l'étude du projet de
loi 41 en comité plénier et nous allons donner la parole au
ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: Étant donné que c'est une loi
plutôt à caractère technique et que nous avons fait
parvenir l'ensemble des amendements à l'Opposition, je voudrais
déposer, comme on m'y oblige cependant, l'ensemble des papillons en
considérant qu'ils sont lus puisqu'ils ont été
distribués antérieurement. Donc, voulez-vous en envoyer des
copies à M. le député de Sainte-Marie en trois
exemplaires?
Le Président (M. Rancourt): Avez-vous reçu les
papillons, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi?
M. Paradis: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Oui? Donc, nous pouvons
commencer. M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, à ce stade-ci,
étant donné, de plus, qu'il y a une entente entre les deux
formations politiques pour cesser les travaux relativement de bonne heure parce
qu'on veut souligner les 25 ans de vie politique de certains parlementaires, je
préférerais qu'on procède immédiatement, article
par article, et qu'on appelle l'article 1.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je suppose bien, M. le Président, que le
ministre convie l'ensemble des parlementaires de cette Chambre et non seulement
ceux de l'Opposition officielle à agréer au cheminement qu'il
propose.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Chevrette: Oui, je suis convaincu que les parlementaires dits
indépendants sont également heureux de souligner les 25 ans de
vie parlementaire des autres députés.
M. Bisaillon: Effectivement, M. le Président. Donc, je
consens, comme le ministre l'a si gentiment sollicité.
Loi sur l'assurance-maladie
Le Président (M. Rancourt): J'appelle donc l'article 1 qui
est remplacé par un nouvel article. M. le ministre, est-ce que vous
voulez intervenir sur l'article 1?
M. Chevrette: Non, je n'ai pas à en faire la lecture
étant donné que c'est d'ordre technique et qu'on a
échangé, si plutôt il y a des questions de la part des deux
oppositions en cette Chambre, les indépendants et l'Opposition
officielle, je préfère répondre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Pas de question, M. le Président.
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, le nouvel article 1 est
adopté.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Le
Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Insérer après
l'article 1, l'article 1.1. Est-ce que ce nouvel article 1.1 est
adopté?
M. Paradis: Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
Article 2? L'article 2 est remplacé par un nouvel article. Est-ce
que l'article 2 est adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Rancourt): Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Insérer après
l'article 2, les suivants: 2.1, 2.2 et 2.3. Est-ce que vous voulez que je les
appelle individuellement ou d'un bloc?
M. Paradis: D'un bloc, M. le Président.
M. Chevrette: D'un bloc. (17 h 10)
Le Président (M. Rancourt): D'un bloc? Donc, est-ce que
les articles 2.1, 2.2 et 2.3 sont adoptés?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
Loi sur la Commission des affaires sociales
L'article 3. Il y a un nouvel article. Le nouvel article 3 est-il
adopté? M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Un instant: Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 4
est-il adopté?
M. Paradis: Adopté. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 4, adopté. Il y
a un article...
M. Chevrette: Un article 4.1.
Le Président (M. Rancourt): ...4.1 qui est
inséré après l'article 4. L'article 4.1 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Paradis:
Adopté.
Loi sur les exhibitions publiques
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 5. L'article 5 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
Loi sur le ministère des Affaires
sociales
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
l'article 6. L'article 6 est-il adopté? M. le ministre.
M. Paradis: M. le ministre.
M. Chevrette: C'est le changement de nom. Cela a fait l'objet de
discussions en deuxième lecture. Je pense que les deux formations
politiques en sont arrivées à un consensus.
M. Paradis: Cela clarifie la vocation réelle du
ministère, M. le Président. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 6 est
adopté.
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle l'article 7. Est-il
adopté?
M. Chevrette: C'étaient les articles 6, 7, 8 et 9, M. le
Président, parce qu'il y avait nécessairement des concordances
à ce moment-là.
Le Président (M. Rancourt): Effectivement. Article 7. Je
vais les appeler.
M. Chevrette: D'accord, articles 6, 7, 8 et 9.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Cela va?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Ils sont adoptés.
Articles 7 et 8, adopté. Article 9, adopté.
Loi sur la protection de la jeunesse
J'appelle maintenant l'article 10. L'article 10 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 11. L'article 11 est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Cela va, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 11, adopté.
J'appelle maintenant l'article 12. L'article 12 est-il adopté?
M. Chevrette: II s'agit...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Chevrette: Oui, cela va, adopté. M. Paradis:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 12
est adopté.
Loi sur la protection de la santé
publique
L'article 13? Il y a un papillon qui s'intitule "Intitulé de la
section III.l". Remplacer...
M. Chevrette: Oui, il s'agit de changer...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Chevrette: ...le mot "vaccination" par le mot "immunisation".
C'est un grand rapport d'un comité américain qui nous le
suggère, parce qu'il y a des vaccinations passives et actives et on nous
dit d'utiliser le mot "immunisation" qui couvre le tout.
Le Président (M. Rancourt): Cette modification de
l'intitulé est-elle adoptée?
M. Paradis: Si l'immunisation guérit le ministre, M. le
Président, c'est adopté.
M. Chevrette: II y en a même une partie pour le
député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Rancourt): L'article 13 et
l'intitulé sont adoptés.
M. Paradis: L'intitulé, cela va. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Nous en sommes toujours
à l'article 13, à l'article 16.1. Est-ce que cet article...
M. Paradis: C'est au même effet, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): C'est au même effet.
M. Chevrette: C'est exact. M. Paradis: Adopté. M.
Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, adopté. Article
16.2, adopté?
M. Paradis: Adopté.
M. Chevrette: C'est-à-dire qu'il y a un papillon à
l'article 16.4, n'est-ce pas? Mais c'était prévu.
Le Président (M. Rancourt): J'ai ici un papillon à
l'article 16.2.
M. Chevrette: II y en a un à l'article 16.4 aussi, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): D'accord. Donc, le nouvel
article 16.2 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 16.3 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
M. Chevrette: Adopté. Il n'y a pas de changement.
Le Président (M. Rancourt): Nous avons effectivement un
papillon à l'article 16.4. Ce nouvel article 16.4 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Chevrette: Aux articles 16.5, 16.6 et 16.7, on ne change
rien.
Le Président (M. Rancourt): Je tourne les pages, si vous
le permettez. L'article 16.5 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 16.6 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 16.7
est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 16.8
est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 16.9 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 14. L'article 14 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté. M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 15. L'article 15 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle maintenant l'article
16. L'article 16 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Pardon? M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Adopté.
Loi sur les services de santé et les services
sociaux
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 17. L'article 17 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté, M. le Président. M. Chevrette:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle maintenant l'article
18. L'article 18 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
M. Chevrette: C'est une concordance. Adopté.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Rancourt): Concordance, donc il est
adopté. J'appelle maintenant l'article 19. L'article 19 est-il
adopté?
M. Chevrette: II y a aussi une concordance aux articles 19 et
20.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 19 est
adopté. L'article 20 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Ce sont des concordances.
À l'article 21, nous avons un papillon.
M. Paradis: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'article 21 est
remplacé par un nouvel article. Est-ce que le nouvel article 21 est
adopté?
M. Chevrette: II s'agit ici...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Chevrette: ...des trois victimes de vaccination
identifiées. On les désigne nommément dans un article.
C'est pour éviter d'ouvrir un champ méconnu ou inconnu qui nous
conduirait peut-être à des aberrations. On a donc identifié
les trois victimes et il y a eu dépôt de ces noms et ils ont
été inclus au papillon.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II y a eu effectivement, M. le Président,
discussion entre le Parti ministériel et l'Opposition officielle de
façon à ne pas inclure dans le projet de loi une clause
rétroactive ouverte qui aurait eu des conséquences
imprévisibles dans le domaine de l'actuariat, de l'assurance et des
poursuites en responsabilités et le ministère a consenti à
limiter aux cas qui avaient vraiment été victimes de façon
à réparer un préjudice causé à ces
victimes.
L'Opposition a également indiqué sa détermination
ou sa volonté dans l'éventualité où on
découvrirait d'autres cas, à rediscuter avec le gouvernement; des
cas spécifiques comme tels, mais sans ouvrir "at large" si je peux me
permettre cette expression.
Le Président (M. Rancourt): Le nouvel article 21 est-il
adopté?
M. Paradis: Papillon.
Le Président (M. Rancourt): L'article 22 est-il
adopté?
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: II s'agit encore du fameux article que l'on retrouve
à la fin de chacune des lois et qui stipule que la présente loi a
effet indépendamment des dispositions de la Loi constitutionnelle de
1982, surtout à la suite de la décision récente et unanime
de la Cour d'appel de la province de Québec, c'est sur division.
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 22 est
adopté. J'appelle maintenant l'article...
M. Paradis: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Sur division?
M. Paradis: Sur division.
Le Président (M. Rancourt): II y a tellement de bruit que
j'ai beaucoup de difficulté à vous entendre. Si vous me
permettez, je vous demanderais de respecter un peu les règles pour qu'on
puisse entendre les intervenants.
M. Chevrette: On ne nous montre pas, M. le Président. Il
faudrait faire remarquer a l'Assemblée que le député de
Brome-Missisquoi et le ministre, eux, ne font que vous écouter.
Le Président (M. Rancourt): Je le demande pour les
autres.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Maintenant, l'article 23 est
remplacé par un nouvel article. Le nouvel article 23 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Le nouvel article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24 qui est remplacé par un nouvel
article. Le nouvel article 24 est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Donc, le nouvel article 24 est
adopté. Le nouveau projet de loi et son titre sont-ils
adoptés?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis: Le titre est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Le projet de loi
lui-même est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Adopté tel
qu'amendé. Nous allons maintenant faire rapport au président, si
les personnes étrangères à cette Assemblée veulent
bien quitter les lieux. (17 h 20)
M. Rancourt (président de la commission
plénière): M. le Président, la commission
plénière a étudié le projet de loi 41 et l'a
adopté avec amendements.
Le Président: Le rapport de la commission
plénière est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Hommage à MM. Harry Blank et
Georges Vaillancourt qui comptent
25 ans de vie parlementaire
Nous allons maintenant, à cette étape-ci, interrompre les
travaux de l'Assemblée afin de permettre à tous les
députés de rendre un hommage particulier à deux de nos
collègues qui s'apprêtent à célébrer leur 25e
anniversaire de vie parlementaire. Mais qu'on appelle d'abord les
députés.
À l'ordre! Veuillez prendre vos places. Le 22 juin prochain -
donc, samedi - nous célébrerons le 25e anniversaire de la
première élection en cette Chambre de deux de nos
collègues qui ont été réélus de
manière ininterrompue jusqu'à ce jour. Il s'agit du
député de Saint-Louis, M. Harry
Blank, et du député d'Orford, M. Georges Vaillancourt.
J'aurai l'occasion et le grand plaisir, vers 18 heures, d'accueillir
à la salle du Conseil législatif tous les députés
ainsi que les invités des deux jubilaires à une réception
pour marquer cet événement plutôt rare dans nos annales
politiques. Je réserve donc mes commentaires et mes félicitations
pour la cérémonie à la salle du Conseil législatif.
Entre-temps, ici même, à la salle de l'Assemblée nationale,
je cède la parole à M. le chef de l'Opposition.
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: Je voudrais, M. le Président, m'associer
à ces paroles pour souligner cet événement
exceptionnellement heureux qui survient aujourd'hui à l'Assemblée
nationale. C'est quand même un événement exceptionnel
remarquable que nos deux députés, les députés de
Saint-Louis et de Stanstead, à ce moment-là, aient
été élus durant 25 ans sans interruption. On sait que nous
n'avons pas au Québec comme dans d'autres provinces, comme en Ontario
jusqu'à aujourd'hui, je pense bien, où un nouveau chef
libéral vient d'être appelé à former le
gouvernement... Je peux peut-être profiter de l'occasion pour le
féliciter chaleureusement de sa victoire impressionnante.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bourassa: J'apprends à l'instant que le
lieutenant-gouverneur de l'Ontario a demandé à M. Peterson de
former le gouvernement libéral. Je trouve donc normal de
féliciter chaleureusement M. Peterson qui est une personnalité
très dynamique, intelligente, et qui devrait collaborer
étroitement avec le Québec.
Je voudrais donc signaler le travail remarquable qui a été
fait par M. Blank et M. Vaillancourt. On sait que M. Blank a été
un procédurier émérite, qu'il a assumé avec
compétence les fonctions de vice-président adjoint et de
vice-président de l'Assemblée nationale de 1971 à 1976. Il
représente à l'Assemblée nationale une circonscription
urbaine de Montréal où la population qui l'habite est tout
à fait diversifiée, en ce sens qu'on y retrouve maintes
communautés culturelles qui ont choisi de s'y installer.
Mr. Blank was always a very efficient, a very dynamic and very
intelligent representative of these communities, of all his members and all the
electors of his riding. I am extremely pleased today to congratulate him very
warmly.
La carrière politique de M. Vaillancourt a été
imprégnée par une très grande disponibilité et une
présence constante auprès des gens de son comté. Soucieux
de toujours faire davantage pour ses concitoyens, en plus
de les représenter à l'Assemblée nationale, M.
Vaillancourt a également choisi d'occuper le poste de maire de Coaticook
de 1968 à 1973. Alors que j'ai présidé le Conseil des
ministres, il m'a fait grand honneur de lui demander de faire partie du
gouvernement comme ministre d'État aux Affaires municipales et ministre
d'État à l'Agriculture.
Aujourd'hui, à la toute veille de cet anniversaire, je
désire transmettre à MM. Blank et Vaillancourt, en mon nom
personnel, au nom de tous mes collègues et, sans doute, au nom des
électeurs de Saint-Louis et d'Orford, un message d'amitié afin de
saluer leur collaboration, leur dévouement et leur sens des valeurs.
Je voudrais également rendre hommage aux familles de ces deux
hommes qui les ont épaulés pendant ces 25 années de vie
publique qui, souvent, a dû empiéter sur la vie familiale. Je fais
dont une motion de sincères félicitations et de longue vie
politique encore à nos deux collègues.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Au nom du gouvernement, je voudrais
également ajouter quelques mots de félicitations bien
méritées afin de souligner ce 25e anniversaire de vie
parlementaire continue. Comme l'a dit le chef de l'Opposition, c'est vraiment
un événement exceptionnel, d'autant plus exceptionnel qu'avec ma
petite expérience de 12 ans ici, à l'Assemblée nationale,
je suis à même d'évaluer jusqu'à quel point cela a
pu nécessiter d'efforts, de dévouement envers une population pour
le député de Saint-Louis et le député d'Orford de
représenter la population de leur comté durant 25 ans sans
interruption.
M. le chef de l'Opposition a profité de cette motion pour
féliciter, à bon droit je pense, le nouveau chef du gouvernement
de l'Ontario. Nous avons été à même de constater
que, lui, a réussi sa motion de non-confiance et qu'il a réussi
tout cela avec l'aide du parti social-démocrate, le NPD, et qu'ici,
malgré l'alliance, momentanée sans doute, avec les
indépendants, cela n'a pas été possible de réussir
la motion de non-confiance. (17 h 30)
M. le Président, je voudrais, au nom du gouvernement,
féliciter ces deux jubilaires -j'espère que c'est la bonne
expression - ces deux doyens de l'Assemblée nationale, si je fais
exception pour ce qu'il est convenu d'appeler "l'indestructible"
député de Bonaventure, qui en est rendu, je pense, à son
29e ou 30e anniversaire de vie parlementaire continue.
Une voix: ...
M. Bédard: Oui, vous pouvez sûrement le prendre pour
un compliment. Pour ce qui est de notre collègue, le
député de Saint-Louis, celui-ci a eu, au cours de 1985, une
année bien remplie puisque le 24 mai dernier il a fêté son
60e anniversaire de naissance. Il pratique le droit depuis 35 ans et est
député depuis 25 ans, comme on l'a souligné. Je crois
pouvoir dire avec conviction, M. le Président, que le
député de Saint-Louis, comme le député d'Orford,
sont des parlementaires, des hommes très dévoués pour
leurs électeurs. Ils ont continuellement, durant ces nombreuses
années, apporté une attention et une sensibilité
particulières aux besoins exprimés par leur population
respective.
Pour ce qui est du député de Saint-Louis, on le
connaît, comme le député d'Orford, comme un gentleman de la
politique, au tempérament fougueux de temps en temps - sans
référence explicite à certains événements
tout récents - mais j'ai eu l'occasion de le connaître comme
vice-président de l'Assemblée nationale entre 1970 et 1976, et il
s'est toujours révélé un homme compétent et
courtois. C'est le seul député vétéran de la
Deuxième Guerre mondiale -peut-être également avec le
premier ministre, mais à titre de journaliste - ce qui nous vaut, chaque
année, un discours très intéressant sur ses
mémoires comme vétéran de la Deuxième Guerre
mondiale. Je pense que, par sa connaissance historique de la vie politique et
surtout du parlementarisme, il est un actif précieux pour
l'Assemblée nationale et son comté auquel il est devenu - pas
besoin de le dire - identifié de très près.
Pour ce qui est du député d'Orford, tout le monde sait en
cette Assemblée que c'est un excellent homme d'affaires qui a bien
réussi, qui a toujours eu, ici, à l'Assemblée nationale,
une approche - c'est comme cela que je l'ai toujours observé dans son
travail - très pragmatique des choses et des problèmes, et qui
dégage une attitude de calme et de sérénité, tout
cela coiffé d'un tempérament très discret, même
réservé, mais également courtois.
Au nom du gouvernement et, j'en suis convaincu, au nom de tous les
parlementaires de cette Chambre, aux deux députés, le
député de Saint-Louis et le député d'Orford -je ne
veux pas être trop long, leur laissant le soin de s'exprimer, et nous les
entendrons avec plaisir - dont nous soulignons d'une façon tout à
fait particulière l'exploit politique, j'offre mes félicitations
très sincères.
Le Président: M. le doyen de l'Assemblée
nationale.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): J'allais commencer justement cette
brève allocution en disant "à titre de doyen", mais vous m'avez
précédé, M. le Président, et je vous en sais
gré. Je n'aurai pas à le dire, ou à le
répéter.
Il me fait particulièrement plaisir de m'associer au chef de
l'Opposition et au vice-premier ministre pour rendre hommage à nos deux
collègues d'Orford et de Saint-Louis avec qui j'ai eu le grand honneur
et le vif plaisir de cheminer au cours de ces 25 dernières
années. Il y a quatre ans presque jour pour jour, l'Assemblée
nationale me faisait l'honneur justement de souligner mes 25 ans ici à
l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, c'est au tour de Georges et de
Harry. Vous me permettrez, malgré le règlement, de les appeler
par leur prénom.
Ces deux collègues sont arrivés en 1960. Ils faisaient
partie et ils font encore partie de "l'équipe du tonnerre". Ils sont
arrivés dans un contexte politique où le slogan très
percutant était: II faut que ça change. M. le Président,
25 ans après, c'est encore vrai, il faut que ça change.
Élus en 1960, réélus en 1962 lors de
l'élection portant sur la nationalisation de
l'électricité, réélus en 1966 alors que le
regretté père de nos collègues d'un côté et
de l'autre de la Chambre arrivait comme premier ministre du Québec,
réélus en 1970 avec le chef de l'Opposition qui, à ce
moment, était premier ministre, réélus avec 102 en 1973,
réélus en 1976, réélus en 1981, je dois dire que
mes collègues qui s'acheminent vers une autre victoire dans les quelques
semaines qui viennent, j'imagine, peut-être quelques mois,
méritent qu'on souligne leurs qualités d'assiduité, de
persévérance, de loyauté, de disponibilité.
Je voudrais simplement rappeler, comme l'a fait d'ailleurs le chef de
l'Opposition, la vie publique ici, à l'Assemblée nationale, de
Georges
Vaillancourt, également comme maire de sa municipalité,
où il a été élu et également
réélu, ses qualités d'homme d'affaires, la confiance que
lui a accordée sa population, comme je l'ai mentionné, mais
également le chef du gouvernement qui le nommait aux Affaires
municipales et à l'Agriculture comme ministre d'État.
Je voudrais, évidemment, associer à ces hommages son
épouse et toute sa famille qui sont ici, aujourd'hui. Presque toute la
famille est ici. Je voudrais leur dire combien, malgré les sacrifices
que vous avez dû vous-mêmes subir - ça va avec la vie, la
carrière politique - nous avons apprécié l'appui qu'ils
ont donné à Georges pour qu'il puisse, au cours de ces 25
années, travailler au service des siens. (17 h 40)
May I turn to Harry and say how proud we are today to underline these 25
years of service to the community. They have been 25 years in the House, but of
service to the community which was simply a continuation of what his life has
been for as long as he has been on this earth. Harry has always been open and
working for the community. May I recall that maybe the place, where this was
more apparent still, was when he served here and overseas, especially with the
North Shore Regiment, in 1945, where he was wounded in action. And after that,
he continued working within the Forces. And also we met at McGill University
when he was preparing to become a member of the Bar which he did in 1950.
I would also like to recall that Harry has been very active in
Parliament. As it was mentioned, he was Vice-President of this Assembly,
Vice-Speaker; at the same time, he was quite active in the Commonwealth
Parliamentary Association having become an elected member of the Executive
Committee of the Association.
I would like to join our tribute to Madam and the family who were so
closed to Harry and are still so closed to Harry, being there with the
sacrifices that go with public life, but who have always been at his side and
deserve our greatest admiration and gratitude.
En terminant, félicitations, longue vie, longue vie dans toute la
force du terme et beaucoup de bonheur. Encore une fois merci d'avoir
été avec nous, merci en notre nom -et j'en suis convaincu - merci
au nom de vos électeurs et de vos électrices de vos comtés
respectifs.
Le Président: M. le ministre du Travail. M. Raynald
Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, permettez que je
prenne quelques minutes aussi pour m'associer à ce débat tout
empreint de sérénité et de cordialité pour rendre
hommage à nos deux collègues qui célèbrent
aujourd'hui, ou plutôt demain, 25 ans de vie parlementaire et de vie
politique. Je pense qu'il est très important que l'on insiste sur les
deux aspects de l'anniversaire que l'on souligne.
C'est vrai, comme l'a dit avec enthousiasme le leader de l'Opposition,
qu'ils ont été réélus depuis 1960, contrairement
à plusieurs de leurs collègues, qui, en 1976, ont dû faire
un arrêt dans la vie strictement parlementaire.
M. le Président, sans vouloir me vieillir au-delà de la
réalité, je dois vous dire qu'il y a bien 25 ans que je connais
le député
d'Orford. On l'a souligné, il y a un instant, son implication
dans son milieu s'est située particulièrement à trois
niveaux. Il s'est impliqué dans bien d'autres activités aussi
mais particulièrement à trois niveaux: la politique municipale,
ayant été maire de la ville de Coaticook pendant de nombreuses
années, la politique provinciale, bien sûr, et en même
temps, avec beaucoup de succès -on le sait - dans le milieu des
affaires.
M. le Président, je risque de poser la question suivante. Par
quoi s'est caractérisée la carrière du
député d'Orford? Le chef de l'Opposition l'a souligné tout
à l'heure, une de ses caractéristiques, c'est sa constance au
travail. Je soulignerais également que le député d'Orford
est un inconditionnel du bureau de comté. Je sais pertinemment, pour en
entendre parler souvent, que c'est là une de ses caractéristiques
spéciales. Finalement, M. le Président, j'exagère à
peine en vous rapportant, enfin, ce que l'on entend dans la région du
comté d'Orford, c'est que le député connaît à
peu près tous ses électeurs par leur petit nom, d'après ce
que l'on en sait.
M. le Président, au nom de ma formation politique, au nom aussi
des gens de la région de l'Estrie, et c'est particulièrement
à cause de cela que j'interviens, je voudrais féliciter le
député d'Orford pour un quart de siècle de vie
parlementaire et de vie politique et, en même temps, pour ces mêmes
gens de la région de l'Estrie, je voudrais le remercier pour son
dévouement.
Le député de Saint-Louis, je l'ai connu ici, on va s'en
souvenir, en 1966. Dès cette époque, j'ai appris à
l'apprécier. Le député de Saint-Louis, on le sait tous, a
toujours été d'un commerce très agréable. On l'a
souligné tout à l'heure, il est un spécialiste de la
procédure parlementaire. Souvent, il vient à la rescousse de son
leader, M. le Président. C'est le genre de chose que le
député de Bonaventure pourrait sans doute confirmer.
J'ai eu l'occasion de travailler assez régulièrement avec
lui en commission parlementaire. Il n'avait qu'un seul obstable; il
était obligé de se rapporter, à toutes les heures ou
à peu près, ce qui avait comme conséquence de prolonger
indûment certaines commissions parlementaires... Le député
de Saint-Louis sait à quoi je réfère.
Je dois aussi vous signaler que le député de Saint-Louis
est également venu présider la commission parlementaire pendant
les quelques heures qu'a duré l'étude de la loi 42. Je voulais
simplement retenir que j'aurais souhaité qu'il fût là tous
les jours parce qu'au moment où il y a été, il a
été un précieux conseiller du ministre et il a permis
d'avancer rapidement dans l'étude du projet de loi.
M. le Président, je réitère donc mes
félicitations aux deux jubilaires, comme l'a dit le leader du
gouvernement, et comme nous nous sommes toujours bien entendus dans nos
positions respectives, je n'aurai pas d'objection, quant à moi, que l'on
continue dans nos mêmes sièges pour une période d'encore 25
années.
Le Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, pour commencer, je veux
remercier le chef de l'Opposition, le vice-premier ministre, le leader, et le
ministre du Travail pour les mots qu'ils ont dits à mon égard.
C'est dommage que le premier ministre ne soit pas ici parce qu'il est
peut-être un des responsables de ma présence ici parce que, lors
de la première assemblée politique de ma vie à
l'école Saint-Jacques, sur la rue Demontigny à Montréal,
c'est le premier ministre, à ce moment, candidat dans le comté de
Laurier, qui était l'orateur principal et je suis certain que ses
paroles m'ont fait gagner l'élection, élection que j'ai
gagnée après deux recomptages et une contestation, avec 101
votes. Je ne sais pas où on a trouvé ce chiffre 101, mais il est
devenu important quelques années après.
M. le Président, j'ai seulement une demande à vous faire.
J'ai vu les invitations que vous avez envoyées à des gens de ma
famille et de mon comté, des invitations très formelles. Vous
dites: Présentez-vous avec cette carte pour entrer à
l'Assemblée nationale à la porte de l'Amérindien. Puis-je
avoir le même droit après 25 ans?
Je vais être un peu sérieux. Pendant les 25 ans que j'ai
passés ici, il y a eu énormément de changements. Il y a eu
des changements au Québec, une province du XIXe siècle qui est
devenue un État moderne de XXe siècle. Je suis arrivé avec
"l'équipe du tonnerre" et, comme le leader l'a mentionné, le
premier ministre Lesage, l'un des cinq premiers ministres avec lesquels j'ai
servi ici. C'était complètement différent en cette
Chambre. Il y avait le Conseil législatif. Il y avait seulement 95
députés ici. Il y avait même une installation à
l'arrière ici où des conseillers et des invités pouvaient
s'asseoir. La barre était de l'autre côté. Lorsque je parle
de la barre, je parle de la barre du Conseil législatif, et la coutume
était très intéressante. Lorsqu'on voulait que les
députés entrent dans l'autre lieu, un petit homme tout
habillé de noir, décoré avec une affaire dans ses mains,
qui s'appelait le gentilhomme huissier de la verge noire, frappait à la
porte et le président, qui était vêtu d'une toge, avec un
tricorne, lui disait: D'accord, entrez. Mais, lorsqu'il entrait, la coutume
était
intéressante. Il s'inclinait trois fois, aux deux pas, devant le
président et tous les députés levaient le couvercle de
leur pupitre et le laissaient retomber. C'est une coutume qui est maintenant
dépassée, comme celle de frapper sur les tables, on applaudit
maintenant. C'est l'un des changements qu'il y a eu ici. (17 h 50)
À l'Assemblée législative, comme je l'ai dit, il y
avait 95 députés. Le total du budget de la province, à ce
moment-là, était de 750 000 000 $ seulement. Tout ce qui
était adopté à l'Assemblée législative, tous
les crédits, toutes les commissions se faisaient ici. Il y avait
seulement une commission parlementaire, qui s'appelait le comité des
bills privés. J'ai été le dernier président de ce
comité avant qu'il ne soit aboli. Il y avait seulement une commission.
On savait ce qui se passait partout dans la province, parce que tous les
crédits étaient adoptés ici. On savait même qui,
à Gaspé, vendait de l'essence à la police provinciale et
à quel prix. On savait tout cela.
Aujourd'hui, l'Assemblée nationale est devenue une machine un peu
technocrate, autocrate; on ne sait pas ce qui est adopté. On a
maintenant seulement huit commissions parlementaires, mais c'est dommage, les
députés ont tellement de travail, il y a tellement de budgets
qu'on ne sait pas exactement ce qui se passe dans la province. Même
aussi, c'est un autre aspect que j'ai déjà plaidé devant
certains groupes parlementaires: je pense qu'on perd le contrôle de
l'État. Ce sont les députés qui doivent en avoir le
contrôle, pas l'Exécutif. On en perd un peu le contrôle.
C'est dommage. L'un de ces jours, on va arriver avec un compromis entre les
systèmes parlementaires et, peut-être, qu'on va arriver à
un moment où on pourra faire nos devoirs comme il faut.
To members of my family that are sitting up above, my wife Elaine, my
son, Michael. I may say the other five children are dispersed a little - my son
David is in Rockville, Maryland, my daughter Joyce, in St. Louis, Missouri, my
daughter Gail, in Toronto, my son Andrew, in Washington D.C., and my daughter
Karen, in Vancouver - as you could see. Michael, by the way, who is up here and
who is - I do not want to give him a plug - he is now practicing accounting, in
a chartered accountant in Montreal. If you look at the first family portrait
that was taken in 1960 for election puposes, Michael was about a year and a
half, two years old at the time. He would not sit still but there was only one
way to stop him, I shoved a cigar in his hand. And there he is, this picture
was sent to all my voters, Michael, the cigar in his hand.
My sisters and their husbands are up there, all there is left in the
family. It is too bad, my parents are not here. They worked very hard at my
first election.
The first election in 1960, I was really an underdog because nobody gave
me a chance of winning. My opponents was a well-known lawyer in Montreal,
Maurice Hébert, representing the Union Nationale at that point and the
indefeatable, David Rochon, who ran as an independent liberal, who have been a
liberal member for 16 years. Nobody gave me a chance. But as I say, the night
of the election, with the help of crew that is still here... I think we have
about one half or two of thirds of a group that actually worked in the 1960
elections sitting up there. I do not want to name them because I am sure I will
forget one or two. I will name the chief organizer, Mill Homer, and a sidekick
cheeky, William C. Gardner, they are here; they are the men that really
organized the election. When you win on the night of the election by 42 votes,
in St. Louis with the history of ballot boxes disappearing, it was rather
difficult.
I may say that that night we did not take any chances. We had the ballot
boxes locked in a room and the room boarded up with nails and a 24-hour guard
put on it. It seemed that in a previous selection after the liberal candidates
had won by 3000 votes, the morning of the official recount, he lost by 3000
votes... And I may say that during that night, the ballot boxes were under the
control of the Québec Provincial Police. So I could go on and reminisce,
but really I understand my good friend George, whom I want to congratulate
also, is about to say a few words, and I understand we all have to vote before
we can get a free drink paid for by the President. Thank you again, and I hope
to be here for a few more years.
Le Président: M. le député d'Orford. M.
Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt: Merci, M. le Président. Avant de
commencer, je dois demander si on peut dépasser 18 heures, étant
donné...
Des voix: Ah! Ah!
M. Vaillancourt: ...qu'il me resterait à peu près
trois minutes pour vous livrer mon message.
M. le Président, pour commencer, j'aimerais remercier l'honorable
chef de l'Opposition de ses bonnes paroles à mon égard ainsi que
le vice-premier ministre, le leader de l'Opposition et le ministre du Travail.
Et j'aimerais d'abord remercier tous et chacun des membres de
l'Assemblée nationale qui sont ici en ce moment et qui me rendent
hommage pour souligner mon 25e anniversaire de vie politique. Vous savez, sur
25 ans, cela fait douze ans et demi dans
l'Opposition et douze ans ans et demi au pouvoir. C'est bien
équilibré.
À mon tour, je voudrais rendre hommage à mes chers
collègues, ainsi qu'à tous ceux et celles que j'ai connus depuis
1960, aux côtés de qui j'ai siégé en cette Chambre.
En passant, j'aimerais féliciter l'honorable chef de l'Opposition pour
sa belle victoire du 3 juin dernier comme député du comté
de Bertrand ainsi que les trois autres collègues de l'Assomption, de
Bourget et de Trois-Rivières, étant donné que je n'ai pas
eu la chance d'adresser la parole à cette Chambre avant aujourd'hui.
J'aurais aimé aussi offrir des félicitations à
l'honorable premier ministre, mais il est absent, j'aurais aimé le
féliciter ainsi que le chef de l'Opposition pour leur courage et leur
ténacité à servir la province. Le premier ministre a eu un
accident au cours de sa carrière politique en 1970, comme l'honorable
chef de l'Opposition en a eu un en 1976. Nous devons admirer ces deux hommes
pour leur courage et leur ténacité à travailler au
bien-être de la population du Québec.
Croyez que pendant ces 25 années de vie politique j'ai vu se
transformer peu à peu le visage économique, politique et social
du Québec. Cette transformation s'est faite de deux façons:
d'abord, au niveau des grands mouvements idéologiques, au niveau de
l'évolution des conjonctures quant à la façon d'aborder
les grands comme les petits problèmes, une transformation qui s'est
perçue jusque dans le vocabulaire employé pour décrire tel
ou tel fait. Donc, au cours de ces 25 dernières années, la
population du comté de Stanstead, qui est devenu en 1973 le comté
d'Orford, m'a élu élection après élection, depuis
1960, comme le disait tout à l'heure le leader: réélu en
1962, réélu en 1966, réélu en 1970,
réélu en 1973, réélu en 1976 et réélu
en 1981. C'est grâce à toute l'équipe qui a su tenir le
coup élection après élection que j'ai remporté ces
belles victoires au cours de ces dernières 25 années, et je la
remercie beaucoup. (18 heures)
Mon entrée en politique coïncidait avec le début de
la concrétisation d'un projet de société, soit la
révolution tranquille avec M. Jean Lesage. Les régions du
Québec se développèrent à vive allure et on sentait
un peu partout le désir de cette détermination de relever de
grands défis. C'était également l'époque de la
multiplication des petites et des moyennes entreprises, tandis que
l'État prenait de plus en plus de place dans notre vie collective aussi
bien que dans nos vies privées. Progressivement, on dotait le
Québec d'un réseau routier moderne et le secteur de
l'éducation avait, lui aussi, entamé une réforme en
profondeur afin de favoriser le cheminement de tous les Québécois
et de toutes les Québécoises vers des études
collégiales et universitaires.
Le domaine des arts avait également pris son envol et faisait
partie d'une culture bien vivante au Québec. Nous assistions à
des créations d'ici pour des gens de chez nous. Parallèlement, M.
le Président, le réseau des affaires sociales se voulait de plus
en plus accessible à tous. Cela signifiait que la gratuité de
soins serait l'un des fondements d'une politique de santé étendue
sur tout le territoire du Québec.
Ces rattrapages et développements survenus dans un nombre de
secteurs d'activité s'expliquent par-dessus tout à des courants
idéologiques et mouvements de pensée qui se sont articulés
depuis 25 ans. Que ce soit dans le cadre de débats politiques,
économiques ou sociaux, qui n'a pas observé les bouleversements
de valeurs survenus entre 1960 et aujourd'hui? Ils ont tous comme
dénominateur commun ce souci de conduire le Québec sur la voie de
la prospérité, bien sûr, mais également cette
volonté de vivre une vie de qualité fondée sur
l'égalité de tous les citoyens.
C'est ainsi qu'au milieu des années soixante, le Québec
avait déjà commencé cette rupture entre l'État et
l'Église. Les secteurs d'activité délaissés par
cette dernière furent vite comblés par un envahissement de
l'État qui, dans les années quatre-vingt, est devenu à
certains égards, gênant.
Sur le plan économique, ce fut également une explosion des
efforts individuels qui conduisirent à la multiplication de petites et
de moyennes entreprises, toujours encore aujourd'hui, les principaux
employeurs.
Une autre rupture s'effectuait, celle-là sociale, soit un
écart grandissant entre les jeunes et les aînés. À
une époque où le dialogue entre parents et enfants ou jeunes
adultes devenait impossible contrairement à aujourd'hui où les
jeunes semblent préférer de loin une poursuite individuelle des
objectifs de vue, celle-ci se mobilisait facilement autour des causes et
batailles qui les concernaient directement.
C'est enfin l'époque de la création de nombre
d'organismes, de mouvements d'étudiants qui éprouvaient des
problèmes d'adaptation à cette nouvelle
société.
Vers le milieu des années soixante-dix, les réalisations
de la révolution tranquille avaient atteint leur maturité. La
fonction publique était dotée de talents jamais vus auparavant.
Le rattrapage dans le secteur de l'éducation s'était
effectué. Les disparités économiques et sociales entre les
régions du Québec diminuaient peu à peu. C'est
également l'époque de remise en question afin que ne se produise
le choc de l'énergie, un élément majeur allait transformer
le mode de vie dans tous les pays industrialisés. On commençait
alors à parler d'économie
d'énergie et d'alternative visant à éviter
l'épuisement de nos richesses non renouvelables.
Plus tard, soit au début des années quatre-vingt se
dessinait un autre projet de société qu'on appelle aujourd'hui la
qualité de vie. Une autre valeur a également évolué
dans le temps, le concept de l'identité collective du Québec qui
a pris toute sa signification.
Qui ne se souvient des discussions ardues entre les gouvernements du
Canada et du Québec concernant le statut bilingue auquel devait
accéder le pays, mais aussi et partout sur cette volonté qui
trouvait sa source, d'abord, dans sa culture de consolider un Québec
français. Que de gestes et d'actions législatives ont pu survenir
après la mise sur pied de la commission Gendron sur la situation de la
langue française au Québec! Cette consolidation se poursuivit
jusqu'à l'adoption de la loi 22 qui proclamait le français langue
officielle au Québec.
Plus tard, le débat reprit autour de la loi 101. Mais
aujourd'hui, on semble craindre les dangers d'immersion de notre langue et
culture davantage en raison de la baisse du taux de natalité au
Québec.
M. le Président, pour ma part, j'éprouve également
une fierté aussi grande à représenter en cette Chambre la
population du beau comté d'Orford qui m'a sans cesse appuyé. Mr
Président, I would like to take this opportunity to extend to all my
fellow citizens my warmest thanks for their faithful support through all these
years. Once more, I want to tell them that I am at their service at any time
and I assure them that I will continue my best with all my heart for the common
good of the people.
M. le Président, je ne saurais manquer de souligner ici l'apport
extraordinaire de mon épouse ainsi que de mes enfants, Louise, Serge,
Lucie, Marie et France, qui sont ici dans les galeries devant moi. En passant,
comme c'est l'anniversaire de Louise, je ne peux pas lui offrir 1 000 000 $,
mais je veux lui souhaiter bon anniversaire. Les millions, on va garder cela en
famille! Tout au long de ces années, M. le Président, chacun des
membres de ma famille m'a soutenu continuellement. C'est grâce à
la persévérance des membres de ma famille, et surtout de mon
épouse qui m'en a laissé la liberté, que j'ai pu faire de
la politique. Sans cela, je pense bien que j'aurais fait comme bien d'autres,
j'aurais été obligé de rester chez moi et de l'aider
à élever la famille. Mais, elle m'a donné cette
liberté et je lui en suis très reconnaissant. Je la remercie bien
sincèrement de cette liberté qu'elle m'a donnée.
Cet hommage, je le rends également à tous ceux et celles
qui ont fait route avec moi au cours de ces 25 dernières années
et qui continuent de le faire si bien. Nul doute que ces personnes, dont la
fidélité et l'amitié me sont indispensables, se
reconnaîtront. Il y a aussi ici, dans les galeries, mon premier
organisateur de 1960, M. Paul Tellier, qui m'a aidé pendant au moins six
élections consécutives. Je pense bien que c'est grâce
à son leadership, avec tous les autres organisateurs et toutes les
autres personnes qui sont dans les galeries... Plusieurs n'ont pu venir, mais
je tiens tout de même à les remercier publiquement de leur
aide.
Vous comprendrez également, M. le Président, que, parmi
ces collaborateurs et collaboratrices, se trouve tout le personnel qui m'a
appuyé et qui m'appuie actuellement, aussi bien ici au Parlement que
dans mon comté. Sans l'appui d'un personnel qui nous aide dans nos
fonctions, ce serait assez difficile de donner suite à tous les dossiers
qui nous sont acheminés par les électeurs. Je tiens à
remercier mon personnel du passé et mon personnel actuel.
Je désire aussi remercier vos collaborateurs et le personnel de
l'Assemblée nationale, de même que ceux et celles qui vous ont
précédés. Je ne voudrais pas non plus oublier de saluer
les membres de la Tribune de la presse, de même que les journalistes de
la région de l'Estrie, et les remercier de leur bon travail. (18 h
10)
En terminant, M. le Président, j'aimerais rendre un hommage tout
particulier à chacun des chefs sous la direction desquels j'ai eu
à travailler au sein du Parti libéral du Québec. J'estime
que chacun d'entre eux a contribué à une partie importante de
l'histoire de notre formation politique. Car on oublie souvent de le mentionner
quelques fois, le Parti libéral du Québec a une histoire, des
traditions, des principes qui, certes, évoluent dans le temps, mais il
ne déroge jamais à une philosophie plus générale de
défendre les intérêts du Québec dans le cadre du
fédéralisme canadien, et ce, dans le sens profond du respect des
droits tant collectifs qu'individuels. C'est également dans cette voie
qu'encore aujourd'hui notre formation politique, avec notre chef Robert
Bourassa, désire de tout coeur que le Québec maîtrise son
avenir.
Merci encore à chacun et à chacune d'entre vous pour cet
hommage inoubliable que vous venez de me rendre. Je tiens aussi à
remercier toutes les personnes de mon comté que j'ai invitées et
qui ont accepté mon invitation. Franchement, vous me démontrez un
appui qui me prouve que vous voulez une huitième victoire de ma part.
Merci.
Le Président: La motion de M. le chef de l'Opposition
est-elle adoptée. Adopté.
À l'ordre! Avant de nous retrouver à la
salle du Conseil législatif, il nous reste une formalité
moins unanime à remplir puisque nous devons prendre le vote sur le
projet de loi 37. Qu'on appelle les députés qui ne sont pas
encore entrés en cette Chambre. (18 h 12 - 18 h 16)
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du projet de loi 37
Le Président: À l'ordre!
Je mets maintenant aux voix la motion de M. le président du
Conseil du trésor proposant l'adoption du projet de loi 37, Loi sur le
régime de négociation des conventions collectives dans les
secteurs public et parapublic.
Que les députés favorables à cette motion veuillent
bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Bédard (Chicoutimi), Rancourt (Saint-François), Marcoux
(Rimouski), Mme Marois (La Peltrie), MM. Clair (Drummond), Duhaime
(Saint-Maurice), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides),
Bérubé (Matane), Richard (Montmorency), Tardif (Crémazie),
Jolivet (Laviolette), Godin (Mercier), Roche-fort (Gouin), Dean
(Prévost), Léger (Lafontaine), Gendron (Abitibi-Ouest), Martel
(Richelieu), Fallu (Groulx), Le May (Gaspé), Biron (Lotbinière),
Garon (Lévis), Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Mme
Lachapelle (Dorion), MM. Rodrigue (Vimont), Chevrette (Joliette), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Ouellette (Beauce-Nord), Brouillet (Chauveau), Leduc (Fabre),
Bordeleau (Abitibi-Est), Gravel (Limoilou), Marquis (Matapédia),
Gauthier (Roberval), Beaumier (Nicolet), Blouin (Rousseau), Lavigne
(Beauharnois), Baril (Arthabaska), Dupré (Saint-Hyacinthe), Gagnon
(Champlain), Dussault (Châteauguay), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson),
MM. Charbonneau (Verchères), Perron (Duplessis), Beauséjour
(Iberville), Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Laplante (Bourassa), Champagne
(Mille-Îles), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Blais (Terrebonne),
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Tremblay (Chambly), Lachance
(Bellechasse), Paré (Shefford), Payne (Vachon), Lafrenière
(Ungava), Proulx (Saint-Jean), Grégoire (Frontenac).
Le Président: Que ceux qui s'opposent à cette
motion veuillent vient se leverl
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Bertrand), Levesque
(Bonaventure), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie),
Gratton (Gatineau), Ryan (Argenteuil), Vaillancourt (Orford), Mme Bacon
(Chomedey), M. Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM.
Middlemiss (Pontiac), Vallières (Richmond), Assad (Papineau), Caron
(Verdun), Blank (Saint-Louis),
Hains (Saint-Henri), Polak (Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie),
Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont), Pagé (Portneuf), Paradis
(Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Bourbeau (Laporte), Lincoln
(Nelligan), O'Gallagher (Robert Baldwin), Doyon (Louis-Hébert), Dubois
(Huntingdon), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger), Picotte (Maskinongé),
French (Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance), Dauphin (Marquette), Kehoe
(Chapleau), Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay), Mmes
Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand (Jonquière), MM.
Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Pratt (Marie-Victorin), Parent (Sauvé),
Viau (Saint-Jacques), Trudel (Bourget), Philibert (Trois-Rivières),
Gervais (L'Assomption), Paquette (Rosemont), Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), MM. Bisaillon (Sainte-Marie), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Boucher (Rivière-du-Loup).
Le Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 62
Contre: 52
Abstentions: 0
Le Président: La motion est donc adoptée. Je
signale qu'il y aura sanction royale, ce soir, à 20 heures, de deux
projets de loi, dont celui qui vient d'être adopté par
l'Assemblée. M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, avant que nous
suspendions nos travaux, je voudrais simplement donner un avis pour que la
commission de l'aménagement et des équipements siège au
salon rouge à partir de 21 heures. Il n'y aura donc pas quatre
commissions qui siégeront simultanément.
Le Président: Ce sur quoi, en vous invitant de nouveau
ainsi que les personnes dans nos tribunes à la salle du Conseil
législatif, l'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 20 h 12)
Le Vice-Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il
vous plaît! Veuillez prendre vos places. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons d'abord
procéder à une série d'adoptions de projets de loi,
d'abord celui du Musée des beaux-arts de Montréal. Je vous
demande donc d'appeler l'article 32 du feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 38
Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 38, Loi
modifiant la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Maintenant, M. le Président, la Loi modifiant
la Loi sur les biens culturels et d'autres dispositions législatives,
l'article 33.
Projet de loi 43
Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 43, Loi
modifiant la Loi sur les biens culturels et d'autres dispositions
législatives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: La Loi modifiant la Loi sur la Communauté
urbaine de Montréal, et d'autres dispositions législatives,
l'article 34, M. le Président.
Projet de loi 49
Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 49, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal et
d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous aurions très
rapidement un rapport à déposer, si vous le permettez.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Oui. M. le
président de la commission...
M. Lachance: ...du budget et de l'administration, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): ...du budget et de
l'administration.
Projet de loi 32
Dépôt du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
M. Lachance: M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission du budget et de l'administration a
siégé les 17, 18 et 19 juin 1985 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 32, Loi modifiant la
Loi sur les assurances et d'autres dispositions législatives. Le projet
de loi a été adopté avec amendements.
Projet de loi 213
Dépôt du rapport de la commission qui en
a fait l'étude détaillée
Également, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission du
budget et de l'administration a siégé les 18 et 19 juin 1985 afin
de procéder à une consultation particulière et à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 213, Loi concernant la Société mutuelle de
réassurance du Québec. Le projet de loi a été
adopté.
Rapport adopté
Le Vice-Président (M. Brouillet): Pour le premier projet
de loi dont vous avez fait mention, nous reconnaissons le dépôt du
rapport, de même que pour le deuxième projet de loi et en
même temps, je soumets à votre approbation le deuxième
rapport qui est un projet de loi privé. Nous pouvons
immédiatement adopter le rapport de ce deuxième projet de loi,
Loi sur la Société mutuelle de réassurance du
Québec. Ce rapport est-il adopté?
M. Blouin: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. BrouiUet): Très bien. Rapport
adopté.
M. Blouin: M. le Président...
Le Vice-Président (M. BrouiUet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Maintenant, la Loi sur la Société de
transport de la rive sud de Montréal, l'article 35 du feuilleton, s'il
vous plaît!
Projet de loi 50
Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 50, Loi
sur la Société de transport de la rive sud de Montréal,
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.;.
M. Blouin: Maintenant, la Loi sur le mérite du
pêcheur, l'article 23, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 28, Loi
sur le mérite du pêcheur, est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Un instant.
M. Blouin: Demain? M. le Président, si, effectivement, il
y a une intervention, comme c'est conforme à ce que nous avions convenu,
nous adopterons plutôt ce projet de loi demain.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien. Nous
reportons à demain l'adoption du projet de loi 28.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Maintenant, la Loi sur les mesureurs de bois, article
26 du feuilleton.
Projet de loi 26 Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 26, Loi
sur les mesureurs de bois est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: La Loi sur le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, article 28 du
feuilleton.
Projet de loi 39 Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 39, Loi
sur le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de
la Technologie et modifiant diverses dispositions législatives est-il
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: La Loi sur le Centre de recherche industrielle du
Québec, article 29 du feuilleton.
Projet de loi 52 Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 52, Loi
modifiant la Loi sur le Centre de recherche industrielle du Québec
est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Enfin, M. le Président, la loi sur les SPEQ,
article 30 du feuilleton.
Projet de loi 55 Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 55, Loi
abrogeant la Loi sur les sociétés de développement de
l'entreprise québécoise est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Nous devons maintenant attendre notre collègue,
si je ne m'abuse, puisque nous devons nous transformer en commission
plénière, selon nos...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous pouvons faire le
travail en commission plénière, quitte à attendre quelques
minutes pour le rapport si mon collègue n'est pas arrivé.
M. Blouin: C'est uniquement pour le rapport alors?
Le Vice-Président (M. Brouillet): C'est seulement pour le
rapport de la commission.
M. Blouin: Très bien. Je fais donc motion pour que nous
nous transformions en commission plénière.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Cette motion...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît! M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on permettrait au
député de Mont-Royal de faire certaines
représentations?
M. Blouin: Certainement.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Sur cette motion?
Très bien. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Alors, entendons-nous bien. Je présume que le
député de Mont-Royal s'attend à ce que nous appelions
maintenant le projet de loi 54.
M. Levesque (Bonaventure): C'est cela.
M. Blouin: C'est là qu'il veut faire des
représentations. Est-ce que les représentations qu'il
désire faire concernent les amendements? Si elles concernent les
amendements, il pourra les faire en commission plénière. C'est
pour cette raison que nous nous transformons en commission
plénière.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Donc, la motion pour
nous transformer en commission plénière est adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Adopté. Nous allons nous transformer en commission
plénière immédiatement.
Commission plénière
M. Laplante (président de la commission
plénière): M. le ministre.
Amendements proposés au projet de loi
54
M. Tardif: M. le Président, à la suite de
l'étude que nous avons faite du projet de loi 54, il y a deux
amendements qui sont proposés. L'un d'eux a été
proposé par le député de Jeanne-Mance concernant le taxi;
j'y reviendrai tantôt parce que, dans l'ordre, il vient plus loin dans
notre projet. Le deuxième résulte de représentations de la
ville de Montréal. Je vais d'abord en donner lecture et après
j'expliquerai.
Le Président (M. Laplante): À quel article, M. le
ministre, voulez-vous apporter une modification? (20 h 20)
M. Tardif: II est proposé, M. le Président,
d'insérer, après l'article 3 de ce projet de loi, le suivant:
"3.1. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article
467.7, des suivants: 467.7.1 Lorsque le conseil adopte un règlement en
vertu de l'article 467 ou 467.5, par lequel il prévoit
l'établissement ou la modification d'une liaison avec un point
situé à l'extérieur de la municipalité, le ministre
des Transports peut, dans les 30 jours de la réception de ce
règlement, le désavouer quant à cette liaison. Il en avise
alors le conseil et en fait publier sa décision à la Gazette
officielle du Québec. "Cependant, le ministre peut, avant l'expiration
de ce terme, informer le conseil de son intention de ne pas désavouer le
règlement. "467.7.2. Tout règlement d'un conseil qui
prévoit l'établissement ou la modification d'une liaison avec un
point situé sur le territoire d'un organisme public de transport en
commun doit être transmis à cet organisme et à chaque
municipalité située sur le territoire de cet organisme, sur le
parcours projeté par le conseil, au moins 30 jours avant sa transmission
au ministre des Transports, conformément à l'article 467.7.1
"467.7.3. Dans les cas prévus à l'article 467.7.2, le conseil
doit, lorsqu'il transmet son règlement au ministre des Transports, y
joindre une copie des avis qu'il a reçus de l'organisme public de
transport en commun et des municipalités auxquelles ce règlement
a été transmis."
Il est proposé de plus d'insérer, après l'article 8
de ce projet, le suivant: "8.1. Ce code est modifié par l'insertion,
après l'article 532, des suivants: "532.1. Lorsque la corporation adopte
un règlement en vertu de l'article 525 ou 530 par lequel elle
prévoit l'établissement ou la modification d'une liaison avec un
point situé à l'extérieur de la municipalité, le
ministre des Transports peut, dans les 30 jours de la réception de ce
règlement, le désavouer quant à cette liaison. "Il en
avise alors le conseil et fait publier sa décision à la Gazette
officielle du Québec."
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le ministre,
je m'aperçois qu'il serait mieux de l'adopter article par article.
Après l'article 3, vous donnez lecture d'un nouvel article, le 3.1. Vous
êtes rendu à l'article 8 auquel vous ajoutez un nouvel article, le
8.1. Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, j'appelle la modification
faite par papillon à l'article 3.1. Voulez-vous l'expliquer, s'il vous
plaît?
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai bien compris la
lecture que vient de faire le ministre, mais je suppose bien qu'il a
préparé un certain nombre de papiers écrits à nous
remettre. Est-ce possible d'avoir une copie de l'amendement?
Le Président (M. Laplante): Avec plaisir, ils ont
été distribués tout à l'heure.
M. Tardif: Je m'excuse, j'en ai remis des copies tantôt
à la présidence.
M. Bisaillon: Merci.
M. Tardif: Avant que vous demandiez son adoption, j'explique. On
va retrouver trois séries d'amendements tout à fait identiques,
à peu de choses près, parce que la loi 54 amende la Loi sur les
cités et villes, le Code municipal et la loi sur les corporations
intermunicipales de transport. C'est donc dire qu'il faut retrouver à
peu de choses près les trois séries d'amendements identiques.
Deuxièmement, les raisons de cet amendement ou de ces amendements
sont les suivantes. La ville de Montréal nous a fait valoir que
lorsqu'un transporteur venant d'un conseil intermunicipal de transport venait,
si vous voulez, débarquer des gens sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, le plan de transport de cet
organisme devrait être soumis, évidemment, à la CTCUM ou
à la STCUM, puisque la loi a été adoptée en
troisième lecture, et aux municipalités qui seraient
traversées par ce transporteur et ce, 30 jours avant d'être
envoyé au ministère des Transports pour approbation, ce qui donne
donc le temps à la ville de Montréal et aux municipalités
membres - cela pourrait être n'importe quelle ville de la
communauté urbaine ou peu importe l'organisme - de proposer à ce
transporteur des routes alternatives, si bien que ce ne serait qu'après
qu'il y aurait eu cette période de négociation entre le
transporteur demandeur et la municipalité à l'intérieur de
laquelle il va circuler, qu'il y aurait un avis favorable ou
défavorable, par exemple, de la ville de Montréal. Cet avis
devrait être envoyé au ministre qui, on le verra plus loin, avec
l'amendement proposé à l'article 13.1, pourra désavouer en
tout ou en partie ce règlement.
À l'heure actuelle, le ministre des Transports ne peut que
l'approuver ou le rejeter en vrac tandis qu'il pourrait dire si, par exemple,
la ville de Mont-Royal, dans le comté du député de
Mont-Royal, faisait des représentations pour que l'autobus emprunte le
boulevard Rockland au lieu d'une autre rue, que seule la partie contentieuse
pourrait être rejetée alors que le reste pourrait être
approuvé.
Donc, ces représentations ayant été faites par la
ville de Montréal, il nous a semblé qu'il était utile d'y
faire droit et d'introduire ce mécanisme et on le retrouve en trois
variantes.
M. Ciaccia: Je pense que le principe est très raisonnable
et que les représentations qui ont été faites par la ville
de Montréal doivent être prises en considération et on doit
y donner effet. Mais quand je regarde l'amendement que vous avez
déposé, cela ne donne pas un droit à la ville de
Montréal ou à une autre municipalité. Quand le
tracé a été déterminé par une
municipalité en dehors, je ne vois rien dans l'amendement qui leur
donnerait un droit d'indiquer qu'il devrait y avoir, soit une autre route pour
traverser la municipalité ou un autre point où ce transporteur
doit arrêter. J'avais l'impression, parce qu'on en a discuté, que
vous étiez pour donner à la ville de Montréal ce pouvoir,
non seulement ce pouvoir... Je comprends que vous avez un pouvoir de
désaveu, mais où est la protection pour la ville de
Montréal pour qu'elle-même, la ville de Montréal puisse
indiquer: non, le trajet ne doit pas aller, par exemple, sur la rue Notre-Dame
et on veut que cela aille sur la rue Mont-Royal, aille sur la rue Dorchester,
ou bien, pour une autre municipalité, le même pouvoir.
M. Tardif: C'est qu'à l'heure actuelle, M. le
Président, c'est par le deuxième paragraphe de l'article 467.7.2
où on dit que l'organisme de transport doit transmettre à
l'organisme de transport existant. Par exemple, sur le territoire de la CUM,
c'est la CTCUM. À chaque municipalité située sur le
territoire de cet organisme et sur le parcours projeté par le conseil,
il doit transmettre, dis-je, au moins 30 jours avant sa transmission au
ministre des Transports le plan de transport. Donc, elle doit nous transmettre
30 jours avant. La municipalité, évidemment... Ce n'est pas dans
la loi que j'indique que des tractations doivent se tenir entre les deux. Si
c'est envoyé 30 jours à l'avance, c'est précisément
pour cela.
Dans le deuxième article, on dit qu'avant de l'envoyer au
ministre...
M. Ciaccia: Oui.
M. Tardif: ...l'organisme demandeur doit joindre les avis qu'il
aura reçus de la ville de Montréal ou de ville Mont-Royal ou peu
importe et évidemment, le ministre, avant de rendre sa décision,
si tant est qu'il y avait des objections de ville Mont-Royal ou de
Montréal, communique avec la ville et dit: Est-ce que vous êtes
parvenus à une entente. S'il y a eu une entente, c'est analysé
tel quel.
M. Ciaccia: Si je comprends bien, c'est le ministre qui va
prendre la décision finale. Vous ne donnez pas ce droit à la
municipalité de prendre la décision de dire: Non, cela n'ira pas
à un tel endroit, cela va aller à un autre.
Ma seule question: est-ce que la ville de Montréal accepte que ce
soit le ministre,
par l'entremise duquel ils vont faire leur représentation...
Autrement dit, la ville de Montréal pourra seulement indiquer qu'elle ne
veut pas cette route, qu'elle veut une route alternative, mais elle doit se
fier nécessairement à la décision du ministre. (20 h
30)
M. Tardif: J'ai parlé au président du comité
exécutif, M. Lamarre, ce soir même. Je lui ai lu ces textes au
téléphone. Il m'a dit qu'il préférerait, qu'il
aurait préféré que la ville de Montréal ait le
droit d'empêcher le transport sur son territoire. Je lui ai fait
remarquer que la ville de Montréal possédait un règlement
qui s'appelle le règlement de circulation, qui régit la
circulation de certains types de véhicules sur certaines artères.
À ce moment, le président du comité exécutif de la
ville de Montréal m'a dit que cette formule lui convenait dans les
circonstances et qu'elle mériterait un essai loyal.
M. Ciaccia: Autrement dit, le ministre n'était pas
prêt à dire à la ville de Montréal d'inclure dans
son amendement, par exemple, une clause selon laquelle la municipalité
peut indiquer un autre endroit où ce transporteur peut circuler ou
s'arrêter. Autrement dit, donner le droit à la ville de donner
cette indication.
M. Tardif: La ville n'a pas besoin de la permission du ministre
des Transports pour négocier des parcours.
M. Ciaccia: Non, pas de négocier, mais de prendre la
décision finale. Dire: Ce ne sera pas sur cette rue-là, cela va
être sur l'autre rue.
M. Tardif: Le président du comité exécutif a
été satisfait du fait que, s'il y avait mésentente entre
les villes, après tout, que cela prenait un arbitre et, comme cet
arbitre, ce n'est plus la Commission des transports du Québec, eh bien!
il a dit: Ce sera le ministre.
M. Ciaccia: Alors, si le ministre nous dit que la ville, par
l'entremise de M. Lamarre, président du comité exécutif,
est satisfaite du libellé de cet amendement, nous aussi nous allons
être satisfaits.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai deux commentaires à faire au ministre
sur le premier amendement qu'il vient de déposer. Le premier commentaire
va un peu dans le sens que vient de dire ou de poser comme question le
député de Mont-Royal. Si je comprends bien l'article 467.7.1 que
propose le ministre est celui qui: donne des pouvoirs au ministre des
Transports, mais là, on ajoute, on précise les pouvoirs
que le ministre pouvait avoir.
M. Tardif: Ces pouvoirs à l'article 467.7.1 existent
déjà dans la loi. Ce qui est vraiment nouveau, c'est la partie en
bas où on oblige - il faut peut-être parler par analogie -
à faire ce qui se fait présentement. Le conseil intermunicipal de
Châteauguay, mettons, conçoit un plan de transport pour amener des
gens de la région de Châteauguay jusque sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal. À l'heure actuelle, ce
plan n'est envoyé qu'au ministre des Transports qui peut l'approuver ou
le désavouer. D'accord? Ce que la ville de Montréal nous a
demandé, c'était de pouvoir émettre un avis sur le
tracé proposé par l'organisme de transport et, par exemple, si
celui-ci disait: Nous voulons amener nos gens jusqu'au centre-ville, la ville
de Montréal pourrait dire: Bien non, vous allez rabattre sur la station
Angrignon, par exemple. Si une négociation s'entamait entre les deux et
que, finalement on s'entendait sur la station Lionel-Groux, le délai de
30 jours vise à permettre cette négociation entre
Châteauguay et Montréal.
M. Bisaillon: Oui, mais par rapport à la situation
existante, M. le Président, je comprends que le deuxième
alinéa de l'article 467.7.1 ajoute jusqu'à un certain point au
pouvoir du ministre en ce sens qu'il lui permet, avant terme, donc, avant la
période d'expiration des 30 jours, de dire ou d'indiquer aux parties
qu'il n'a pas, dans les circonstances, l'intention de désavouer. C'est
donc une possibilité pour les parties de renégocier cette
période, puisque le délai ne s'applique qu'à la fin des 30
jours, et cela peut être aussi pour le ministre une façon,
même si cela n'est pas dit dans la loi, d'intervenir. C'est
l'épée de Damoclès suspendue un peu au-dessus de la
tête des parties. Autrement dit, je n'ai pas l'intention de
désavouer. Ou bien vous allez le prendre ainsi, ou encore je vous
indique d'autres solutions, ou encore trouvez-en d'autres, mais le pouvoir du
ministre, au bout de 30 jours, sera ce que le ministre aura exprimé, ce
qui lui est permis par le deuxième alinéa de l'article
467.7.1.
J'ajouterai à cela, M. le Président, avant que le ministre
ne me réponde, que ce que le ministre vient de nous dire, que le
président de l'exécutif de la ville de Montréal se
satisfaisait du texte actuel, c'est quasiment le début des temps
nouveaux. Pour que la ville de Montréal fasse confiance au
député de Crémazie à ce point, on va admettre
ensemble qu'il y a des choses de changées au pays du Québec et
dans la ville de Montréal en particulier.
M. Tardif: M. le Président, je pense
qu'il est important de préciser quelque chose. L'article 467.7.1,
alinéas 1 et 2, c'est déjà la loi actuelle. Ce qui est
nouveau, c'est ce qui est écrit à la main, c'est-à-dire la
modification. D'accord? C'est la seule partie nouvelle pour cet
alinéa.
M. Bisaillon: Sauf que, avant, le pouvoir du ministre
s'appliquait à l'établissement d'une ligne.
M. Tardif: Voilà! Maintenant, cela peut s'appliquer...
M. Bisaillon: Maintenant, le pouvoir du ministre va s'appliquer
non seulement à l'établissement d'une ligne, mais, en plus...
M. Tardif: À la modification.
M. Bisaillon: ...à toute modification aux lignes
déjà existantes.
M. Tardif: C'est cela, et ce, à la demande de la ville de
Montréal. D'accord?
M. Bisaillon: Le ministre admet avec moi que c'est le
début d'un temps nouveau.
M. Tardif: Bien oui, si on veut.
Maintenant, M. le Président, pour répondre au
député de Sainte-Marie, il faut se rendre à l'article 13.1
aussi.
M. Ciaccia: M. le Président, la raison en est
peut-être que la ville de Montréal voit vraiment que ce ne sera
pas trop long avant qu'il y ait des élections et qu'elle va se fier au
nouveau ministre. C'est la raison pour laquelle elle a accepté la
décision du ministre. Cela peut être cela.
M. Tardif: Je suis convaincu que ce n'est pas cela du tout que le
député de Sainte-Marie voulait dire. M. le Président, je
pense avoir assez expliqué. À l'article 13.1, plus loin, ce qui
est nouveau, c'est que la désapprobation ou l'approbation du ministre
peut être totale ou partielle. En d'autres termes, si, pour 95 % du
parcours, il n'y a pas de problème, allez-y, et, pour les 5 %
conflictuels, allez négocier.
M. Bisaillon: La négociation à ce moment-là
porterait uniquement sur la partie de ce qui ne fait pas...
M. Tardif: Conflictuelle.
M. Bisaillon: ...entente, de ce qui ne fait pas l'objet d'une
entente.
M. Tardif: C'est cela. D'accord?
M. Ciaccia: Ce que vous ajoutez à vos pouvoirs, ce sont
les mots "la modification", parce que maintenant, vous avez le droit de
désavouer complètement ou d'accepter.
M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Ce que vous ajoutez, c'est que vous pouvez
désavouer en partie. Vous pouvez modifier.
M. Tardif: En partie, c'est cela, celle qui serait contentieuse,
quoi!
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Avant d'adopter
l'article 3.1, je m'aperçois que lors de l'adoption article par article
en commission parlementaire, vous aviez déjà adopté un
article qui s'appelait 3.1. Cela prendrait une motion pour retirer cet article
3.1 qui a été adopté en commission parlementaire et le
remplacer par le nouvel article 3.1 qui apparaît au papillon que vous
nous avez remis, M. le ministre, pour être conforme.
Une voix: ...
Le Président (M. Laplante): Oui. Il y a un nouvel article
- je l'ai en face de moi ici - qui a été adopté en bonne
et due forme, l'article 3.1.
M. Tardif: Vous avez raison, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Les autres articles suivront
le même état.
M. Tardif: ...parce que la référence,
c'était pour amender le projet de loi 54, mais le rapport de la
commission ici donnait déjà l'article 3.1 tel qu'adopté,
qui comprenait d'ailleurs les deux alinéas que je viens d'évoquer
au député. Vous avez raison, M. le Président. Par rapport
au rapport de la commission, il serait plus correct de dire qu'il est
proposé d'abroger l'article 3.1...
Le Président (M. Laplante): Tel qu'adopté en
commission.
M. Tardif: ...tel qu'adopté lors de la prise en
considération du rapport...
Le Président (M. Laplante): C'est cela.
M. Tardif: ...et le remplacer par l'article 3.1 actuel.
Le Président (M. Laplante): Exact. C'est clair?
M. Bisaillon: Que le ministre vient de nous remettre?
Le Président (M. Laplante): Le nouvel article 3.1 est-il
adopté?
M. Bisaillon: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 8.1, c'est la même chose aussi. Il y a
déjà un article 8.1 qui a été adopté en
commission et j'aimerais que vous proposiez de le retirer et de le remplacer
tel que vous me l'avez donné en commission.
M. Tardif: Je propose de retirer l'article 8.1 du rapport tel
qu'adopté par la commission et de le remplacer par l'article 8.1 que je
viens de déposer, M. le Président. Est-ce que vous demandez que
je le lise ou si c'est la même chose? Non? Pas nécessaire? Vous
avez le texte?
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas
nécessaire. J'ai le papillon.
M. Bisaillon: M. le Président, peut-être que le
ministre pourrait seulement nous donner les différences.
M. Tardif: Le premier amende la Loi sur les cités et
villes, le deuxième, le Code municipal.
M. Bisaillon: Mais avec le même texte?
M. Tardif: Pardon? Le Code municipal dans le deuxième
cas.
M. Bisaillon: À l'article 8.1 que vous déposez
actuellement?
M. Tardif: Oui. C'est la même chose, sauf qu'il faut
amender la Loi sur les cités et villes et le Code municipal.
D'accord?
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Laplante): C'est adopté, l'article
8.1?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'appelle
l'article 13.1 qui sera vraiment un nouvel article, celui-là. (20 h
40)
M. Tardif: Donc, je propose d'insérer après
l'article 13 de ce projet de loi le suivant, 13.1: "L'article 11 de cette loi
est modifié par le remplacement dans la deuxième phrase du
deuxième alinéa des mots "peut désavouer ce
règlement" par les mots "peut désavouer en tout ou en partie ce
règlement".
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a discussion
sur l'article?
M. Ciaccia: C'est pour donner effet aux autres amendements. C'est
pour donner effet aux amendements que vous venez de déposer.
M. Tardif: C'est cela, de concordance avec ce que je viens
d'évoquer.
M. Ciaccia: Concordance. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 15.1.
M. Tardif: C'est exactement le même article, M. le
Président, mais cette fois, pour le Code municipal. Tantôt,
c'était pour la Loi sur les cités et villes.
Le Président (M. Laplante): L'article 15.1 qui devient
aussi un nouvel article...
M. Bisaillon: Le président dirait que c'est par
concordance.
Le Président (M. Laplante): C'est cela. Merci, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): ...papillon.
Adopté.
M. Ciaccia: On est en faveur de la concordance.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 16.
M. Tardif: Enfin, il est proposé de remplacer l'article 16
de ce projet de loi par le suivant, celui qui vient d'être
déposé et cela également... C'est exactement, encore une
fois, la même chose, sauf que, cette fois, c'est la Loi sur les
corporations intermunicipales de transport qui est amendée. Donc, on
amende la Loi sur les cités et villes, le Code municipal et la Loi sur
les corporations intermunicipales de transport.
Le Président (M. Laplante): Bon. Cela veut dire aussi, M.
le ministre, que cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 18... Il y aura une renumérotation à faire à ce
moment-là...
M. Tardif: Non, non, non. Il s'agit de remplacer l'article
16...
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est bien cela.
M. Tardif: ...du projet par le suivant. L'article 18 se
réfère à la Loi sur les
corporations intermunicipales de transport et non pas au projet de
loi.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Ciaccia: Le but de modifier la loi des CIT, c'est pour donner
le même droit aux autres municipalités qui pourraient faire partie
d'un CIT.
M. Tardif: C'est cela. Si un CIT est formé et veut
transporter des gens à Montréal, il doit être soumis
également aux mêmes règles.
M. Ciaccia: Mais, ce n'est pas l'article 16 qui va régler
ce problème. Si un CIT vient à Montréal, c'est l'article
3.1...
M. Tardif: C'est l'article 3.1...
M. Ciaccia: Le but de l'article 16, c'est quand il y a une
desserte d'un CIT à une autre municipalité dans un CIT.
Autrement, pourquoi modifier la Loi sur les CIT?
M. Tardif: Vous avez raison. C'est-à-dire que... Le
député de Mont-Royal a raison. Les mêmes privilèges
que nous donnons à Montréal concernant les parcours qu'un
organisme fait, nous les donnons...
M. Ciaccia: À toutes les autres municipalités.
M. Tardif: ...aux autres CIT, aux autres municipalités
aussi.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Laplante): Article 16 adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 30 et j'aimerais avoir la même proposition de retirer ce qui a
été adopté en commission à l'article 30.1.
M. Tardif: M. le Président, il est proposé
d'insérer, après l'article 30 de ce projet de loi, le suivant:
30.0.1 Cette loi est modifiée par le remplacement dans l'article 87 de
la date du 31 décembre 1982 par la date du 16 novembre 1983.
Le Président (M. Laplante): Si j'ai bien compris, M. le
ministre, cela remplace un nouvel article 30.1 qui a été
inséré aussi en commission. Vous retirez celui-là pour le
remplacer par celui que vous nous donnez au papillon?
M. Tardif: C'est cela. Il est proposé...
Il n'y a pas d'article 30.1 dans le projet de loi. Il s'agit
d'insérer après l'article 30 du projet de loi 54 le suivant... Je
ne sais pas pourquoi on écrit 30.0.1. Cela pourrait être 30.1.
Le Président (M. Laplante): Cela a déjà
été adopté. Je vais chercher dans le rapport...
M. Tardif: Je l'ai, le rapport ici, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Non, non, il ne faut pas qu'il
y ait d'erreur. On ne l'a pas.
M. Tardif: L'article 30 dans le rapport de la commission ici.
Le Président (M. Laplante): Oui, qu'est-ce qu'il dit?
M. Tardif: L'article 30 est adopté.
Le Président (M. Laplante): Oui, mais ici, dans le...
M. Blouin: Est-ce qu'on peut suspendre quelques minutes?
Le Président (M. Laplante): Oui, on va suspendre deux
minutes, s'il vous plaît:
(Suspension de la séance à 20 h 45)
(Reprise à 20 h 46)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux. Cet
article sera inséré, on va l'appeler 30.0.1 pour la bonne
compréhension.
M. Ciaccia: Article 30.0.1. M. Tardif: Article 30.0.1.
Le Président (M. Laplante): C'est cela, 30.0.1; exact.
Est-ce que l'amendement du ministre est adopté?
M. Bisaillon: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce que le ministre a expliqué la
différence qui existe, la raison pour laquelle c'est le 16 novembre
plutôt que le 31 décembre 1982?
M. Tardif: Oui, M. le Président, il s'agit de la loi sur
le taxi. Cette loi prévoyait que le nombre de limousines qui pourrait
être reconnu par la nouvelle loi sur
le taxi serait le nombre maximum de voitures que les entreprises de
limousine auraient entre le 1er janvier 1980 et le 31 décembre 1982. Le
député de Jeanne-Mance nous a fait valoir, étant
donné la décision prise par le gouvernement après
consultation avec l'industrie du taxi de geler la situation au statu quo ante
la loi 47, ce qu'elle était avant la loi 47, de faire en sorte que le
nombre de voitures maximal que les entreprises pourraient exploiter serait le
nombre qu'elles avaient entre le 1er janvier 1980 et le 16 novembre 1983 qui
était la date du dépôt de la loi. Le député
de Jeanne-Mance nous a fait des représentations. Nous avons
vérifié si, au cours de la période, il y avait eu une
inscription massive de limousines, et ce n'est pas le cas. En
conséquence, sa requête nous paraît bien fondée de
prendre la date du dépôt de la loi, qui est le 16 novembre
1983.
M. Bisaillon: Très bien.
M. Ciaccia: Ce n'était pas pour enlever les droits
acquis...
M. Tardif: Non, non.
M. Ciaccia: ...c'était pour que la loi entre en vigueur au
moment de son dépôt.
M. Tardif: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Adopté?
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre me permettrait de lui
souligner très brièvement un point particulier? Pour
l'information du président, je pourrais présenter un amendement
au projet de loi 54, mais ce n'est pas ce que je veux faire. Plutôt que
de faire cela, je vais simplement souligner un problème dont j'ai
déjà parlé au ministre. Plutôt que de proposer un
amendement au projet de loi, je demanderais au ministre de répondre ou
de vérifier le cas précis que je lui ai mentionné.
On parlait de Montréal. C'est au sujet de la sortie de
métro L'Acadie-Beaumont. C'est la seule sortie de métro qui
dessert la ville de Mont-Royal. Il y a deux sorties; il y en a une sur le
côté est et il y en a une sur le côté ouest. Pour
celle qui dessert Mont-Royal, le BTM a été avisé - je ne
sais pas si c'est par les représentants du ministre - qu'il ne peut y
avoir d'escalier mobile. Je demanderais au ministre de s'enquérir
pourquoi, à cette sortie particulière, il n'y a pas d'escalier
mobile. Il y a beaucoup de personnes âgées qui l'utilisent, et je
demanderais au ministre, si c'est possible, de réviser cette
décision afin que la sortie L'Acadie-Beaumont puisse avoir un escalier
mobile.
M. Tardif: Je vais prendre avis de la question du
député de Mont-Royal. Déjà, des renseignements
préliminaires - parce qu'il m'avait parlé de son problème
- me permettent d'affirmer que la règle générale est de
construire un édicule par station. Au coin de Beaumont et L'Acadie, le
BTM, en 1981, a fait exception et en a bâti deux malgré un
achalandage prévu de 2300 entrants par jour alors que, par exemple, la
station Beaubien en a 4 300 000 par jour. Ils en ont construit deux parce que
l'une d'elles...
Une voix: Par jour?
M. Tardif: Par jour. 4 300 000 à Beaubien contre... (20 h
50)
M. Ciaccia: Hé! Cela n'a pas de sens, 4 000 000 par jour!
Un instant! Ce ne sont pas des mouches, c'est du monde!
M. Tardif: Excusez-moi, M. le Président. Non annuelle, 4
300 000.
Une voix: Cela a plus de sens.
M. Tardif: Tout ce que je veux dire, c'est qu'ils en ont fait
deux là, et le deuxième, ils l'ont fait parce que, comme il y
avait déjà une bouche d'aération qui devait aller
jusqu'à la surface, ils ont dit: On est aussi bien d'avoir un escalier
en plus, mais je donnerai une réponse plus précise au
député sur ce qui a motivé cette décision qui
remonterait, semble-t-il, à 1980-1981. Je lui donnerai sa
réponse. Pour l'instant, je n'ai que des renseignements
préliminaires.
M. Ciaccia: Très bien, merci.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Ciaccia: D'accord.
M. Laplante (président de la commission plénière):
Adopté. Maintenant, on va se retourner pour faire rapport au
président des travaux de la commission plénière.
M. le Président, je vous fais rapport que la commission
plénière s'est réunie afin d'étudier les
amendements au projet de loi 54, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les transports, qui ont été
adoptés.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Ce rapport est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
Maintenant, M. le leader adjoint, est-ce que nous passons à
l'étude du projet de loi?
M. Blouin: M. le Président, effectivement, nous passons
maintenant au stade de l'adoption du projet de loi 54.
Des voix: Adopté.
Projet de loi 54 Adoption
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le projet de loi 54, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant les transports,
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Projet de loi 35 Adoption
M. Blouin: M. le Président, avant de retourner en
commission plénière, je propose que nous adoptions le projet de
loi 35, Loi modifiant la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Il y a eu des ententes à cet
égard.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Vous dites le projet de
loi 35? Quel article?
M. Blouin: L'article 9.
Le Vice-Président (M. Brouillet): L'article 9. C'est bien
cela. Le projet de loi 35 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Projet de loi 34 Commission
plénière
M. Blouin: Très bien. Alors, M. le Président, je
propose à nouveau que nous nous transformions en commission
plénière afin, cette fois, d'étudier le projet de loi
34.
Le Vice-Président (M. Brouillet): C'est un projet de loi
qui est rendu à l'étude article par article?
M. Blouin: Étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Étude
détaillée, c'est bien cela. Nous nous transformons en commission
plénière encore une fois.
M. Brouillet (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît: Vous
êtes prêts?
Une voix: Oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Brouillet): Nous allons aborder
l'étude article par article du projet de loi 34, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les régimes de retraite des
secteurs public et parapublic.
Nous abordons le premier article. Vous auriez peut-être quelques
considérations préliminaires?
M. Scowen: Avant de passer au premier article, j'aurais seulement
quelques brefs commentaires.
M. Clair: Non, je n'ai pas, quant à moi, de
considérations préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre n'en a pas. M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je voulais vous dire, M. le Président, et au
ministre - comme il le sait très bien - que c'est un projet de loi qui
modifie les régimes de retraite dans les secteurs public et parapublic.
C'est un projet de loi d'une technicité étourdissante, je dois le
dire. Je vous dis immédiatement que, de notre côté, avec
les faibles moyens de recherche dont nous disposons en termes de personnel, il
ne nous est pas possible d'examiner ce projet de loi article par article pour
en corriger les erreurs de détails. Je dis tout de suite que s'il y en
a, j'espère que vous allez en accepter la responsabilité parce
que vous avez le personnel nécessaire pour les rédiger et les
corriger.
La deuxième chose que je veux soulever, c'est que ce n'est pas
mon intention de vous obliger à parler sur chacun de ces articles. Nous
avons étudié le projet de loi et il y a certains articles sur
lesquels nous avons des questions parce qu'on ne comprend pas. Il y en a
d'autres que nous croyons que nous comprenons et, dans ce cas, je n'ai pas
l'intention de vous poser des questions et de vous demander de
répéter ce que nous croyons que nous comprenons
déjà. Finalement, il y a deux ou trois articles sur lesquels nous
avons des questions de fond et même, dans un cas, nous avons un
amendement à proposer. Donc, je vais tout
faire pour que le projet de loi soit étudié le plus
rapidement possible en tenant compte de sa complexité.
Je sais que c'est d'une grande importance pour quelques personnes, mais,
comme nous le constatons, c'est d'une grande difficulté pour ceux qui ne
sont pas à l'intérieur de la boîte qui rédige ces
projets de loi sur les régimes de retraite. Ceci étant dit, on
est prêt à passer à l'étude article par article.
Le Président (M. Brouillet): Article 1? M. le
ministre.
M. Clair: Très brièvement, M. le Président,
simplement pour indiquer au député qu'il a tout à fait
raison de dire qu'il s'agit là d'un projet de loi hautement technique
et, en conséquence, je pense que si les ressources de l'Opposition sont
modestes, celles du cabinet du ministre et du ministre lui-même le sont
également à l'égard d'un projet de loi aussi technique.
J'invite le député de Notre-Dame-de-Grâce à ne pas
hésiter à interroger, si vous le permettez, M. le
Président, les spécialistes de la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances qui m'accompagnent. Ils sont au
service des parlementaires qui s'intéressent à ces questions.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: La porte qui m'est ouverte est trop grande, M. le
Président, pour que je n'en profite pas pour vous souligner que si les
services de recherche de l'Opposition sont modestes, ceux des
députés indépendants sont inexistants.
Loi sur le régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics
Le Président (M. Brouillet): C'est enregistré.
Article 1?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à l'article 1.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous auriez une autre observation?
M. Scowen: Je voudrais seulement demander si c'était
possible, pour le gouvernement, d'imaginer, pour l'avenir, un projet de loi sur
les fonds de recherche pour l'Opposition officielle. Est-ce que c'est une chose
à laquelle vous pouvez penser?
M. Clair: On peut penser à tout, mais on ne peut pas tout
faire.
M. Scowen: L'article 1, en ce qui me concerne, est
adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 1 est-il
adopté?
M. Clair: L'article 1 est adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 2?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): L'article 2 est-il
adopté? M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Pourquoi la détermination de 28 jours
consécutifs? (21 heures)
M. Clair: La situation actuelle, c'est que pour racheter un
congé sans traitement, dans chacun des trois régimes, la
durée minimale du congé doit s'échelonner sur une
période d'au moins 30 jours consécutifs. Or, plusieurs
conventions collectives permettent l'obtention d'un congé sans
traitement annuel pour une période continue n'excédant pas 20
jours ouvrables. Cette disposition est difficilement conciliable avec le
délai minimal de 30 jours de calendrier comme condition de rachat. La
modification proposée consiste à préciser que la
durée minimale d'un congé sans traitement pour fin de rachat sera
d'au moins 28 jours consécutifs. Est-ce que vous voulez ajouter
là-dessus?
M. Bisaillon: M. le Président, le ministre vient de dire,
si j'ai bien compris, que c'était 20 jours dans les conventions
collectives?
M. Clair: 30. Une voix: 30.
M. Bisaillon: Dans les conventions collectives ou dans la
loi?
M. Clair: Dans la loi actuellement.
M. Bisaillon: Dans les conventions collectives? Le ministre a
comparé cela en fonction, c'est-à-dire a expliqué
l'amendement en fonction de l'existence de clauses de conventions
collectives.
M. Clair: M. Pierre Jacques.
Les conventions collectives prévoient 20 jours ouvrables et c'est
pour permettre aux gens qui commencent sans traitement dans le milieu d'une
semaine plutôt que de commencer le lundi de pouvoir, avec 28 jours
consécutifs, se conformer aux conventions collectives et à la
loi.
M. Bisaillon: Donc, les 28 jours couvrent les 20 jours ouvrables
des conventions collectives.
M. Clair: C'est cela. M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 2 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 3. M. le ministre.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
M. Scowen: Attendez un instant. C'est un article sur lequel on
aurait une question. C'est correct. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 3 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 4. M. le ministre.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
M. Scowen: Si je comprends, c'est de concordance avec l'article
3?
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 4 est
adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'article 4 est adopté.
J'appelle maintenant l'article 5.
M. Scowen: Sur l'article 5...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...M. le Président, j'ai quelques commentaires
à faire. En deuxième lecture, nous avons constaté que cet
article est effectivement un des éléments majeurs de
réforme du projet, un des rares éléments de substance. Il
s'agit de donner, un instant... Excusez-moi. Il s'agit de donner aux personnes
enseignantes qui ne sont pas des enseignants dans le secteur catholique, mais
qui sont des enseignants dans le secteur protestant et les professionnels dans
les deux secteurs, le droit de racheter leur pension si elles ont
été congédiées ou obligées de
démissionner à cause du mariage ou de grossesse. Cela peut faire
sursauter certaines personnes aujourd'hui, mais cela ne fait pas longtemps que
la majorité des enseignantes étaient effectivement
obligées de quitter leur emploi si elles se trouvaient, soit
mariées, soit enceintes ou soit les deux. Mais aujourd'hui, ces
personnes veulent reprendre le travail parfois et elles veulent racheter les
années de retraite qu'elles ont perdues quand elles ont quitté.
Normalement, quand elles ont quitté, elles ont reçu le
crédit des sommes qu'elles avaient investies dans le plan. Leur plan de
retraite a été retourné; pas la partie qui appartenait au
gouvernement, mais la partie qu'eux-mêmes ou elles-mêmes avaient
contribué.
Cependant, quand nous avons étudié le projet de loi, nous
avons constaté que c'est un amendement qui règle en partie le
problème. Il est vrai que maintenant une porte qui a été
ouverte aux enseignants dans le secteur catholique, est maintenant ouverte pour
les enseignants dans le secteur protestant, pour le personnel professionnel et
pour les cadres. Cependant, ce droit de rachat des années
antérieures est limité à cause de certaines restrictions
dans la loi actuelle et dans l'amendement que vous proposez à l'effet
que sur les années reconnues pour l'ancienneté au terme d'une
convention collective s'appliquant entre 1979 et 1985 peut faire l'objet d'un
rachat, dans le cas du RREGOP et REE.
Deuxièmement, il faut que la personne qui fait la demande de
rachat soit employée par la même commission scolaire qu'elle avait
quittée dernièrement. Si une personne -et nous avons des exemples
- a été congédiée par une commission scolaire
catholique et se retrouve aujourd'hui à l'emploi d'une commission
scolaire protestante, même si les deux sont dans le secteur francophone
de ces commissions scolaires, cette personne n'a pas le droit de racheter ses
années antérieures. Nous voulons proposer un amendement qui va
dans le sens d'ouvrir cette porte aux deux catégories de personnes que
j'ai mentionnées, premièrement, les personnes qui ont
été congédiées à cause d'une entente
implicite plutôt qu'une convention collective explicite et,
deuxièmement, les personnes qui ont retrouvé de l'emploi dans une
commission scolaire autre que celle où elles ont été
congédiées.
J'ai demandé au ministre lors de l'étude en
deuxième lecture, - je l'ai prévenu qu'on avait l'intention de
proposer ces amendements - de se préparer et d'être en mesure de
nous donner ces objections et les coûts additionnels, si c'est une
question de coûts, parce que s'il n'y a pas d'objection, on aimerait que
cet amendement soit accepté. Notre amendement, M. le Président,
se lit comme suit et fait référence à l'article 5 du
projet de loi actuel: Changer le premier alinéa de l'article 28 qui se
lirait
comme suit: Les années et parties d'année
travaillées au cours d'une période antérieure à un
congédiement, pour cause de mariage ou de maternité, ou une
démission forcée pour les mêmes causes, peuvent être
créditées à un employé qui fait partie du personnel
enseignant, du personnel professionnel, du personnel d'encadrement à
l'emploi d'une commission scolaire. C'est le sens de l'article qui est
important. Si vous l'acceptez et si le ministre est prêt à
l'accepter, on convient que, probablement, le service de législation va
vouloir corriger certains mots et s'assurer de la concordance. Je dis, en
passant, qu'on propose également que l'article 28.1 soit
supprimé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, est-il possible d'avoir votre amendement?
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre et
président du Conseil du trésor.
M. Clair: Très rapidement, je dirai que le contenu de
l'article 28 et la couverture de ces enseignantes, puisqu'il s'agit de
personnes du sexe féminin, effectivement, c'est le résultat de
négociations de conventions collectives. Nous élargissons
effectivement, tel que c'est prévu à l'article 28. Maintenant, ce
serait un précédent très important que le
député nous demanderait de créer par sa proposition
d'amendement. J'inviterais, cependant, afin de l'éclairer, M. Guy
Morneau à vous faire un historique et vous indiquer les origines de
l'article 5 ou de l'article 28 de la loi.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: En 1979, à la table de négociation avec
le front commun, il avait été question de cette disposition de la
convention collective de reconnaître aux fins d'ancienneté les
années que les enseignantes avaient faites partout où il existait
une commission scolaire qui avait une politique écrite qui disait qu'en
cas de maternité ou en cas de mariage elles étaient
forcées de démissionner. On se rappellera qu'à cette
époque, en 1979, dans les conventions collectives, l'ancienneté
était très utile aux fins de "bumping", de détermination
des mises à pied. C'est plus tard que le gouvernement a accepté
celles qui avaient bénéficié de cette disposition, donc,
qui répondaient à tous les critères qui avaient
été mentionnés à ce moment dans la convention
collective, à savoir qu'il existait une politique écrite, que
l'employée revenait dans la même commission scolaire et que,
effectivement, la politique disait que, pour un cas de mariage ou de
maternité, elle devait démissionner. (21 h 10)
C'est à ces conditions que le gouvernement avait accepté
de reconnattre pour ces personnes, par équité et par logique
aussi, puisqu'on les reconnaissait aux fins d'ancienneté, qu'elles
puissent faire remise des contributions qui leur avaient été
remboursées du fait qu'elles avaient démissionné à
l'époque. À l'époque, les coûts rattachés
à cela étaient assez importants, sauf que les volumes de cas
anticipés étaient relativement faibles. Peu de gens
s'étaient prévalus de cette disposition et c'est sur cette base
que le gouvernement avait accepté de reconnaître, pour ceux qui
avaient bénéficié de ces dispositions, qu'ils puissent
faire remise de leur contribution et ainsi racheter des années de
services à un coût nettement inférieur à la
réalité par rapport aux bénéfices qu'ils touchent.
À titre d'exemple, selon une étude moyenne de l'époque,
cela coûtait, je pense, 70 000 $ par personne au gouvernement pour ces
rachats. Il s'est avéré qu'à l'exercice la clause en
question a été fort populaire et on s'est ramassé avec
500, 600 et 700 personnes admissibles à cela.
Cependant, le précédent était créé.
Ce que le gouvernement a accepté dans ce projet de loi, c'est de
reconduire ce précédent, toujours aux mêmes conditions qui
avaient été négociées et agréées par
les parties négociantes à cette époque, pour les autres
catégories de personnels et les autres commissions scolaires. Cependant,
pour des motifs de coûts, je pense que le gouvernement ne serait pas
prêt à reconsidérer et à assouplir les
conditions.
M. Scowen: C'est exactement le genre de question que je voulais
vous poser. Si je comprends bien, depuis que cette entente a été
acceptée dans les conventions collectives, il y a à peu
près 500 personnes qui se sont prévalues de ce droit?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: II y a à peu près 500 personnes qui se
sont prévalues, selon les derniers chiffres que j'ai vus qui datent de
1983 à peu près, de cette disposition, qui ont donc la
possibilité de faire remise de leur contribution à la CARRA.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Cela équivaut à peu près à
35 000 000 $.
M. Clair: Voilà!
M. Scowen: II existe quand même un certain nombre de
personnes qui ont retrouvé un emploi dans la même commission
scolaire, mais qui ne sont pas admissibles, parce qu'elles ont
été forcées . de démissionner selon la coutume et
non selon une politique écrite. Il y en a.
Une voix: Oui.
M. Scowen: Combien y en a-t-il? J'ai averti le ministre que
c'était la question que j'avais l'intention de lui poser. Combien y
a-t-il de personnes aujourd'hui qui ont retrouvé un emploi comme
enseignants à l'intérieur de la même commission scolaire
que celle qu'ils ont quitté et qui seraient admissibles à ce
privilège, si vous voulez, si cet article était amendé
comme nous le proposons? Quelle est l'implication en ce qui concerne les
coûts?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: On a, malgré bien des efforts, essayé
d'identifier et de faire une estimation du nombre de personnes qui pourraient
être visées par cet amendement ou cette possibilité
d'élargir les critères, mais c'est très difficile de
retracer les chiffres des personnes qui pourraient être visées.
Tout ce qu'on sait, c'est qu'à l'heure actuelle, sur ce motif et sur ces
trois critères qu'on avait, il y au moins 500 personnes et on pense
avoir atteint à peu près la clientèle visée.
Au-delà de cela, cela peut être 1000, 1500, 2000, on n'en a aucune
idée.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Mais vous pouvez certainement me dire combien de
personnes ont été refusées jusqu'ici, qui auraient
été acceptées si cette condition ne s'était pas
appliquée à elles.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: II faudrait peut-être savoir que cette
disposition est contenue dans les conventions collectives et, une fois que cela
a été approuvé dans les conventions collectives, donc, par
une commission scolaire qui la reconnaît, l'employé fait sa
demande à la commission. Sous réserve qu'à la commission
on ait une attestation de la commission scolaire qui signifie que cet
employé a bénéficié de la clause 5.2.14, pour
être plus précis, de la convention de la CEQ, enseignants
catholiques, nous le lui accordons. Je vous le dis, selon les études qui
ont été faites au ministère, selon une vérification
faite en 1983, il y en avait 500.
À ce jour, à la CARRA, je pense que c'est de l'ordre de
200 à 250 qui ont été reçues comme demandes
officielles. Nous refusons dès qu'il n'y a pas l'estampille 5.2.14
dessus, approuvé par la commission scolaire. Or, je ne sais pas combien
il y en a qui ont été refusées à la commission
scolaire et on ne sait pas combien de cas sont pendants actuellement dans les
commissions scolaires.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui. Je présume donc que le ministre ne pourra
pas répondre à la deuxième question, à savoir
combien de personnes auraient été acceptées si on n'avait
pas cette restriction dans le sens qu'il faut se réintégrer aux
mêmes commissions scolaires, parce que ce n'est pas seulement une
question de protestants et de catholiques. Si une personne a été
enseignante dans une commission scolaire à Québec, qu'elle
déménage à Montréal, le simple fait qu'elle
recommence son travail dans une commission scolaire autre que celle où
elle a travaillé avant, même si elle est toujours à
l'intérieur du Québec, elle n'a pas ce droit. Est-ce que vous
êtes capable de me dire le nombre de personnes qui ont fait une demande
pour racheter leur pension, mais qui ont été refusées
à cause de cette restriction?
M. Clair: C'est un chiffre noir, M. le Président. On ne
peut pas identifier dans toutes et chacune des commissions scolaires les gens
qui auraient pu se prévaloir ou qui ont voulu s'en prévaloir.
C'est un chiffre qu'on ignore. J'imagine que ce que le député
veut signifier, c'est probablement le nombre de demandes qui se sont
effectivement rendues à la CARRA et qui ont été
refusées. C'est cela?
M. Scowen: Oui, pour ces deux raisons.
M. Clair: C'est un renseignement qu'on pourrait peut-être
compiler, mais que nous n'avons pas présentement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Nous avons...
M. Clair: Une chose est certaine, c'est qu'on ne peut pas
identifier le chiffre noir de personnes qui ont pu être
congédiées par coutume, pour employer l'expression du
député, et de faire des simulations là-dessus. On n'a
aucune donnée sur cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Nous avons des indications - je pense qu'elles
viennent de la CARRA -à savoir qu'en 1984, sur 570 demandes
acheminées à la CARRA, près de 390 d'entre elles ont
été refusées, soit un taux de refus d'environ 68 %. Est-ce
que le ministre peut confirmer ces chiffres?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. Jacques.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Ces cas-là étaient toujours sujets, comme
M. Morneau l'a dit tout à l'heure, à l'acceptation par la
commission scolaire de la reconnaissance des années à titre
d'ancienneté. Si la commission scolaire ne reconnaît pas à
l'enseignant les années comme ancienneté, le refus était
fait à la CARRA. C'est que...
Au fond, c'était la commission scolaire qui entraînait le
refus.
C'est cela. La commission scolaire était obligée de suivre
sa convention collective qui stipulait que l'ancienneté était
reconnue à la condition que les années soient faites au sein de
la commission scolaire.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Vous avez dit tantôt que le coût
approximatif pour chaque rachat pour le trésor était de 60 000 $.
Cela veut dire 60 000 $ sur combien d'années? C'est quoi, la valeur
actuelle, si vous voulez, d'un coût de 70 000 $?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Pour monnayer ou évaluer la valeur du
bénéfice ainsi acquis par l'employé, une fois qu'il a fait
remise, le gouvernement ou la partie gouvernementale devrait mettre en valeurs
présentes l'équivalent de 70 000 $ pour constituer une caisse qui
va être de nature à pouvoir payer ce bénéfice selon
les termes de la Loi sur le RREGOP.
M. Scowen: Bon!
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Avant de proposer formellement cet amendement, je veux
seulement souligner au ministre que le simple fait qu'il ait pris la
décision d'élargir la portée de cet article a pour effet
de souligner la nature discriminatoire de l'article en soi parce que c'est
très difficile, quant à moi, de justifier l'idée que
quelqu'un qui a le droit, qui décide de se réintégrer dans
l'enseignement au Québec et qui veut racheter ses années
antérieures, ne peut pas le faire simplement dû au fait qu'il a
déménagé, ce qui est effectivement le cas, ou simplement
dû au fait qu'au moment où il a été
congédié il y a une quinzaine d'années, la commission
scolaire... 11 ne faut pas oublier qu'à l'époque, il y en avait
quelques milliers et plusieurs avaient des habitudes assez informelles quant
aux règles concernant les mises à pied et les
congédiements simplement parce que cette personne avait, quand elle a
été congédiée, la chance d'être à
l'emploi d'une commission scolaire qui n'avait pas de politique écrite
à cet égard. (21 h 20)
Je pense que le ministre doit sérieusement essayer d'obtenir les
informations sur le nombre de ces personnes, calculer le coût et amender
le projet de loi en fonction de ces informations. Il est très difficile
pour moi d'appuyer cette attitude qui est, quant à moi, tout à
fait discriminatoire envers un certain nombre de personnes. Je ne sais pas
comment vous pouvez l'expliquer à ces personnes.
Le Président (M. Rancourt): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Clair: M. le Président, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour sa
générosité, ses intentions et ses propos. Mais je pense
qu'actuellement, c'est une piste dans laquelle nous ne nous engagerons pas
davantage que nous le proposons dans le projet de loi 34. J'indique simplement
au député, au passage, que, dans les régimes de retraite,
on peut retrouver l'héritage du passé à plusieurs
égards, qu'il y a encore un grand nombre de discriminations qui ont
été créées, il y a de nombreuses années, et
qu'on ne peut pas corriger en même temps. Surtout, je pense qu'il ne
saurait être question de corriger ces discriminations exclusivement aux
frais des générations à venir et dire qu'on ajoute au
déficit actuariel des régimes de retraite des secteurs public et
parapublic la correction de toutes les inéquités qui ont
été commises par ceux et celles qui nous ont
précédés. Dans ce sens, ce qui nous guide, c'est
effectivement de tenter, à des coûts modestes, de faire en sorte
que les plus importantes iniquités soient corrigées, en
étant conscients qu'on ne pourra pas toutes les corriger, pas plus que
toutes les discriminations.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Un tout dernier point que je veux soulever, M. le
Président. On est
très conscient que le Trésor public a ses limites...
M. Clair: On ne le dirait pas toujours.
M. Scowen: ...mais je pense que le ministre sera d'accord avec
moi sur le fait que, quand on se trouve devant des cas de discrimination qui
sont aussi difficiles à expliquer, quand l'exemple est si flagrant, je
pense que de régler ce genre de problèmes doit être une
priorité assez importante.
M. Clair: Je voterai contre l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Marie, vous avez demandé la parole.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai écouté
attentivement les échanges entre le député et le ministre
et les explications qui nous ont été fournies par M. Morneau, si
j'ai bien compris. Je voudrais signaler au ministre qu'au plan historique, on
est peut-être parti d'une clause de convention collective et d'une
négociation, mais on est maintenant devant un projet de loi. Il y a une
différence majeure entre les deux éléments.
Si on regarde la période concernée, soit de 1979 à
1985, ce sont les belles années de ce gouvernement. On sait, par
ailleurs, qu'une négociation, cela se fait dans le contexte où
les discussions se déroulent, cela peut se passer de bien des
façons et c'est aussi une question d'échanges. Donc, on peut
régler un certain nombre de choses dans une convention collective, en
fin de compte, en disant: On rediscutera de la question plus tard. Quand on met
cela dans la loi, ce ne sont pas seulement des clauses de conventions
collectives qu'on doit confirmer, ce sont aussi des principes.
Les modalités de fonctionnement qui existaient à
l'époque où un certain nombre de commissions scolaires avaient
des politiques écrites quant au congédiement en raison de mariage
ou de maternité seraient condamnables aujourd'hui. Ce sont des questions
de principe, c'est de la discrimination pure et simple. Les clauses auxquelles
on se réfère sont des clauses de conventions collectives qui ont
été négociées par les enseignants à
l'élémentaire et au secondaire, si je comprends bien, du secteur
catholique. Il y a d'autres enseignantes dans le Québec qui ont
été soumises aux mêmes clauses discriminatoires que celles
qu'on veut corriger par l'article 5 du projet de loi. Je me demande si le
ministre ne peut pas considérer qu'il y a tout un monde entre le moment
où on négocie une clause pour -entre guillemets - "sauver les
meubles" et le moment où on consacre dans une loi le fait que quelqu'un
qui a été brimé, discriminé, doit être
réinstallé dans ses droits. Je comprends que les calculs quant au
coût et à l'implication financière ou pécuniaire
d'un tel réajustement sont peut-être compliqués à
faire, mais il me semble que l'argumentation que développait le
député de Notre-Dame-de-Grâce est valable à la fois
au secteur catholique et au secteur protestant, et aussi compte tenu des seuls
motifs que l'on invoque.
Si j'ai bien compris les explications, les seules personnes qui sont
couvertes sont celles qui étaient couvertes par une clause de convention
collective négociée probablement en fin de ronde. Ce n'est
habituellement pas le genre de clauses auxquelles on rattache l'ensemble de la
négociation, qui se déroulent dans les débuts de la
négociation. C'est habituellement des choses que l'on règle en
dernier.
Je comprends que c'est à cause de toutes les conditions qui
accompagnaient cela, c'est-à-dire qu'il existe une politique
écrite, que l'enseignante revienne à la même commission
scolaire. C'est donc toute une série de conditions que l'on a
ajoutées "probablement", entre guillemets, ou toujours pour limiter les
dégâts parce que cela s'est probablement négocié en
fin de ronde. On ne pouvait pas mesurer l'impact financier que cela
représentait et on voulait régler. On reconnaissait qu'il y avait
une juste revendication dans ce domaine; donc, on a réglé cela
dans la convention collective de cette façon. Mais aujourd'hui,
après six ans, il me semble qu'on pourrait mesurer l'impact financier
que cela peut représenter. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce invoquait l'enseignante, par exemple, de la
région de Montréal qui a pu être mise à pied parce
qu'il existait une politique discriminatoire dans sa commission scolaire. Si
elle a réussi à se faire réengager dans une autre
commission scolaire, ailleurs, qui ne pratiquait pas le même type de
discrimination, elle demeure pénalisée, et la loi ne corrigera
pas cette discrimination.
Ce que je demande au ministre, c'est, d'une part, est-ce que j'ai raison
de comprendre l'explication historique qui m'a été donnée?
Est-ce que j'ai raison de comprendre que les hésitations du ministre
à régler les questions de principe sont une méconnaissance
de l'impact financier que cela peut représenter? Est-ce que le ministre
n'est pas prêt à prendre du temps pour essayer de corriger au
moins sur l'ensemble, sur la base des principes, une situation qui demeurera
discriminatoire malgré les efforts du ministre pour essayer de
préserver un certain nombre de personnes qui ont fait l'objet de
discrimination?
Le Président (M. Rancourt): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Clair: Si cela avait à se faire, ce serait par
résultat de la négociation et non pas uniquement par l'effet de
la loi. Je dois dire là-dessus au député que je rappelle
un principe important, que j'ai déjà indiqué d'ailleurs
aux centrales syndicales, qui me guide sur la modification au régime de
retraite. Je pense qu'il serait irresponsable, avec les déficits
actuariels que l'on connaît dans ces régimes actuellement, de
songer à corriger les discriminations existantes en augmentant
exclusivement ce déficit actuariel. D'ailleurs, c'est cette politique
que j'ai appliquée, notamment, dans le dossier des ex-religieux qui,
j'ai bon espoir, finira par permettre de régler le dossier de
façon équitable à l'égard des personnes
concernées et des générations futures.
Tout ce qu'on fait ici aujourd'hui, c'est de corriger par cet article
une discrimination qui était basée sur la religion pour traiter
deux réseaux de façon identique. Le RREGOP a été un
régime négocié, les amendements qui y ont
été apportés, de façon générale, ont
été soit le résultat de négociations ou, comme
c'est le cas aujourd'hui, de consultations du comité de retraite qui a
recommandé tous ces amendements. Je pense que c'est le plus loin qu'on
peut aller pour le moment. Je ne sais pas si M. Morneau veut ajouter quelque
chose pour répondre au député.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Je voudrais ajouter à l'intention du
député de Sainte-Marie qu'on date de 1979-1985. Ces dispositions
ont été reconduites avec l'accord des parties en 1982 et, sauf
erreur, il y a eu des amendements au décret convenus avec les
enseignants de la PACT, de la PAPT et les associations représentatives
des PNE, récemment, en 1983 ou en 1984, je pense, pour se rendre
conforme. Donc, ils acceptaient les termes et les modalités pour
bénéficier de cette disposition. Il restait à faire
l'amendement de concordance avec la loi.
M. Bisaillon: Est-ce que je dois comprendre, des dernières
explications, que, maintenant, les enseignantes protestantes seraient
couvertes?
M. Clair: Oui.
M. Bisaillon: C'est cela.
M. Clair: Dorénavant, tous les PNE, tous les enseignants
catholiques protestants des commissions scolaires catholiques ou protestantes,
qui satisfont toujours aux mêmes trois critères peuvent faire
remise de leurs contributions et ainsi avoir le droit aux avantages.
M. Bisaillon: Mais l'accord dont vous parliez, qui était
l'accord des centrales syndicales, c'est au moment des négociations
toujours? (21 h 30)
M. Clair: Le premier, en 1979, a été reconduit
à la table centrale sur l'entente RREGOP. C'est d'ailleurs un des seuls
qu'il y a eu à l'époque. Deuxièmement, les autres
amendements sont faits après, par modification du décret, avec
l'accord des parties représentatives.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Un dernier commentaire, M. le Président,
pour ne pas allonger les débats. Le ministre a signalé, juste
avant que je prenne la parole, détruisant un peu en cela de mon ardeur
à défendre la cause, qu'il s'apprêtait à voter
contre l'amendement proposé par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce qu'il peut prendre au moins l'engagement de
faire la recherche sur les chiffres, afin qu'on ne se retrouve pas dans deux ou
trois ans à poser les mêmes questions sur des chiffres
hypothétiques? Est-ce qu'on ne pourrait pas faire la démarche,
maintenant, de dénombrer les enseignantes qui ont été
congédiées à partir de politiques, écrites ou non,
de commissions scolaires, mais qui ont été
congédiées de façon discriminatoire pour raison de
maternité ou de mariage? Quel serait l'impact financier de couvrir ces
personnes, peu importe où elles se trouvent aujourd'hui dans
l'enseignement au Québec?
M. Clair: On m'indique, M. le Président, qu'il y a eu des
discussions qui ont eu lieu à ce sujet au niveau du comité de
retraite. Maintenant, les gens de la commission m'indiquent qu'il est
extrêmement difficile d'évaluer de façon le moindrement
précise cette population. J'ignore si M. Morneau voudrait...
Pour une estimation réaliste des coûts, il faudrait faire
un sondage auprès de toutes les commissions scolaires dans lequel on
demanderait à toutes les commissions scolaires: Combien avez-vous eu de
personnes jusqu'aux années 1970-1971, semble-t-il, moment où on a
cessé cette pratique, qui ont été forcées de
démissionner pour cause de mariage ou de maternité, et combien
d'années ces personnes avaient-elles faites à votre commission
scolaire à ce moment-là? Avec ces données, il faudrait
avoir une idée de leur salaire et inférer sur les engagements que
cela pourrait avoir sur les régimes de retraite.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est une petite recherche, dans le fond, qu'un
chercheur à temps plein, sur une période de cinq ou six mois,
pourrait faire facilement.
M. Clair: Sous réserve que de telles données
existent dans les commissions scolaires. Je ne mettrais pas ma main au feu
qu'elles existent.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Une chose est certaine, s'il y avait beaucoup
d'insistance sur cette question au niveau du comité de retraite, il
faudrait examiner la possibilité d'enclencher de tels travaux. On ne
serait pas fermé à cela, mais, pour l'instant, ce qui importe est
de corriger cette inéquité qui existait entre protestants et
catholiques.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Deux choses, M. le Président.
Premièrement, je pense qu'en dépit du fait que nous avons
déposé un amendement, j'ai compté rapidement le nombre de
députés en face et, si je comprends bien l'opinion du ministre,
c'est un amendement qui sera rejeté de toute façon. Nous l'avons
proposé et nous allons le garder pour une autre fois. Je pense que le
député de Sainte-Marie a parfaitement raison. J'allais proposer
un peu la même chose moi-même. Une chose que vous pourriez faire...
Cela m'a frappé de vous entendre dire que vous ne pouviez pas accepter
notre amendement parce que cela coûterait trop cher, mais, quand j'ai
essayé de vous faire dire combien de personnes pourraient être
affectées par une telle mesure, vous n'étiez pas en mesure de me
le dire. C'est donc une certaine inconsistance. Si vous connaissez les
chiffres, vous pouvez me les donner; si vous ne les connaissez pas, il me
semble incohérent de dire que c'est trop cher.
Je propose que, d'ici au plus 60 à 90 jours, si vous le voulez,
vous acceptiez de nous préparer un rapport; vous pourriez au moins nous
donner les chiffres sur les demandes qui ont été rejetées.
Nous avons les chiffres que je vous ai cités. Ils touchent une seule
année et je présume que cette politique, pour les catholiques, du
moins, est en vigueur depuis maintenant trois ans. Il doit y avoir des chiffres
qui touchent les trois ans. On pourrait au moins avoir une idée de
combien ont été refusées et pour quel motif. Est-ce que
c'était pour une question de changement de commission scolaire, est-ce
que c'était pour d'autres raisons? Vous pourriez au moins entreprendre
une préétude dans le sens proposé par le
député de Sainte-Marie pour nous dire si c'est possible d'avoir
des informations sur le coût potentiel ou le nombre de personnes qui
pourraient être affectées par un amendement qui pourrait survenir
à un autre moment. Est-ce que le ministre peut accepter de nous donner
un rapport et nous donner les délais qu'il envisage pour un tel
rapport?
M. Clair: Oui, M. le Président. Par rapport aux demandes
qui ont été refusées de même que les motifs de la
CARRA, c'est un travail qu'il est possible de faire. Maintenant, cela ne nous
permettrait pas d'évaluer pour autant, de façon exacte, quelles
pourraient être les populations couvertes. Ce que j'ai indiqué,
c'est qu'il s'agissait d'un chiffre noir, d'un chiffre inconnu. Ce que j'ai
indiqué aussi, c'est que le coût est, sans aucun doute, au moins
aussi élevé que les 500 personnes qui s'en sont prévalues,
parce qu'on peut estimer, compte tenu des pratiques qui avaient cours, que
c'était un nombre de personnes au moins équivalent. Je pense que
personne ne pourrait, à première vue, contredire cela.
Par ailleurs, je n'ai aucune objection à essayer de
découvrir plus concrètement la réalité. Ce que j'ai
indiqué comme principe, le principe que nous tentons de faire
prévaloir, c'est celui d'une juste répartition entre les
cotisants de maintenant et les payeurs de plus tard. On peut tenter d'avoir ces
renseignements le plus rapidement possible et vous les transmettre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Qu'est-ce que vous prévoyez? Un mois?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Pour les cas de la commission, ceux qu'on a
refusés, cela va être assez rapide. D'ici à quinze jours,
vous allez les avoir, mais je pense que la seule raison qu'on va pouvoir
donner, c'est qu'ils ne satisfaisaient pas aux conditions de la clause 5.2.14
de la convention collective parce que le terme de la loi recopie
intégralement les conditions qui existaient dans les conventions
collectives à l'époque, à savoir qu'il existait une
politique écrite et des trucs comme cela. Alors, si la commission
scolaire ne donne pas l'estampe 5.2.14, pour nous, c'est une condition de
rejet. On va fouiller un peu plus les demandes et on va essayer de faire des
tableaux et de voir les critères.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: En terminant, est-ce qu'on peut croire que vous allez
nous rendre au moins un rapport préliminaire d'ici à deux
semaines?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, si j'ai bien compris, à la suite de
l'engagement du ministre, président du Conseil du trésor, vous
retirez votre amendement?
M. Scowen: Tout en étant convaincu que c'est la meilleure
solution. On le retire parce que c'est évident qu'il n'a aucune chance
d'être adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'amendement du
député de Notre-Dame-de-Grâce est retiré.
Article 5? Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Clair: Adopté.
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Rancourt): Adopté sur division.
Article 6?
M. Clair: Je n'ai aucun amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Vous avez un amendement?
M. Clair: Aucun amendement.
Le Président (M. Rancourt): Aucun. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 6 est
adopté. Article 7? M. le président du Conseil du
trésor.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Adopté? L'article 7 est adopté.
Article 8?
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement à proposer, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est de la concordance, je pense, tout
simplement.
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Rancourt): C'est de la concordance. Donc,
l'article 8 est adopté. Article 9?
M. Scowen: C'est la même chose. M. Clair: C'est la
même chose. M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 9 est
adopté.
Nous passons à l'article 10. Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Scowen: Essentiellement de concordance aussi.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Concordance.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 10 est
adopté.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 11?
M. Clair: Concordance également, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 11 est
adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'article 11 est
adopté. Article 12? M. le ministre.
M. Scowen: À l'article 12...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...on aimerait avoir une brève explication de
celui-ci, s'il vous plaît.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, la situation actuelle est la
suivante. L'article prévoit actuellement que les prestations payables en
vertu d'un RSR dont les employés ont transféré au RREGOP
seront payés par la CARRA dès que les sommes seront
transférées. Dans le cas où les fonds
transférés sont insuffisants pour payer les pensions, celles-ci
sont réduites selon l'ordre de priorité établi par
règlement. La modification...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai ce texte aussi.
M. Clair: Je veux dire que la modification proposée, quant
à elle, a pour objet d'éliminer cette réduction si le
gouvernement est une partie signataire de ce régime comme la situation
le prévoit dans le cas des crédits de rentes qu'octroie le RREGOP
aux employés en fonction lors du transfert pour les années
passées, l'article 108 du RREGOP.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, pour
m'éclairer, est-ce que nous sommes bien à l'article 12? (20 h
40)
M. Clair: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Oui. Une voix: C'est
tellement clair.
M. Scowen: Oui, oui, c'est... Croyez-le ou non, on est sur
l'article 12 et le ministre a lu les notes que nous avons déjà.
Mais on avait quelque problème de le décoder. On n'est pas plus
avancé parce qu'il a tout simplement lu les notes qu'il nous a
envoyées, il y a quelques semaines.
M. Clair: Alors, M. Jacques peut tenter de vous le
vulgariser.
M. Scowen: Oui, si...
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre,
monsieur.
M. Clair: Alors, lorsque les employés qui cotisent
à un régime supplémentaire de rente transfèrent
leurs cotisations au RREGOP et que le gouvernement est une partie signataire de
cette entente et de ce transfert et du RSR, lorsque les gens recevront leurs
prestations, celles-ci ne pourront pas être réduites.
Un exemple complet. Si le RSR est déficitaire parce que lorsqu'il
y a un transfert d'un RSR au RREGOP, on fait l'évaluation de l'actif et
du passif, s'il y a passif et que le gouvernement est signataire, les
prestations payables en vertu de ce régime supplémentaire de
rentes ne seront pas réduites.
M. Scowen: Oui, mais quel est exactement le changement avec la
loi actuelle? C'est cela qu'on cherche.
M. Clair: Avant, on pouvait réduire les prestations.
M. Scowen: Avant, on pouvait.
M. Clair: Oui. On corrige en empêchant, lorsque le
gouvernement est signataire de la réduction.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 12 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 13.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 13 est-il
adopté, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 13 est
adopté. Nous passons maintenant à l'article 15. Article 15?
M. Clair: L'article 14.
Le Président (M. Rancourt): L'article 14, pardon! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est un amendement à la loi qui touche les
députés. Ce n'est pas plus intéressant que ceux qui
touchent les autres personnes visées par le projet de loi, mais parce
que certains de mes collègues vont probablement me poser des questions
demain matin, peut-être pouvez-vous nous donner une explication pour que
je puisse la transmettre à mes collègues.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre,
président du Conseil du trésor. Au nom du ministre.
M. Clair: En vertu du texte actuel, un ex-député
qui a cotisé à l'ancien régime de retraite prévu
pour les députés, mais qui, par la suite, opterait pour le
nouveau régime de retraite des députés adopté en
1982, je crois, cette personne pourrait faire compter, à la fois, ces
années de service à titre de député à
l'Assemblée nationale et à la fois, au régime de retraite
des employés du gouvernement et des organismes publics, RREGOP. Alors,
il n'était pas dans l'intention et ce n'est pas dans n'importe quel
régime de retraite de faire compter
deux fois les mêmes années dans deux régimes
différents.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que c'est un changement qui a été
fait avec l'approbation du Bureau de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Ils ont été avisés.
M. Scowen: Autrement dit, est-ce que les députés
ont été avisés?
M. Clair: Oui. Le Bureau de l'Assemblée nationale a
été avisé.
M. Scowen: Oui. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 14 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 15 auquel il y a un
amendement.
M. Clair: J'ai un amendement à proposer à l'article
15, M. le Président. Remplacer le paragraphe 3 de cet article par le
suivant: "3° par le remplacement du paragraphe 18 par le suivant: 18°
déterminer les pourcentages du montant d'intérêt payable
sur les cotisations et sur les sommes versées pour faire créditer
des années et parties d'années auxquelles a droit un
employé ou un ayant droit ainsi que les périodes que visent ces
pourcentages."
Le Président (M. Rancourt): Monsieur...
M. Clair: Cet article est de concordance...
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: ...avec l'article 218 qui va être modifié
plus tard.
M. le Président, cet article est de concordance.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Clair: Cet article est de concordance avec l'article 218 qu'on
va modifier plus tard. L'article 218 du RREGOP.
M. Scowen: Oui. C'était un article de concordance et c'est
toujours un article de concordance.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 15 tel
qu'amendé est adopté?
M. Clair: Adopté. M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article...
M. Clair: L'article 15.1, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): J'ai l'article 15.1 aussi
qui... M. le ministre.
M. Clair: Je propose d'insérer après l'article 15,
le suivant: "15.1. Cette loi est modifiée par l'insertion après
l'article 137 du suivant, 137.1: Malgré toute disposition inconciliable
d'une loi, d'un règlement ou d'un décret, la commission peut
à l'égard de tous les régimes de retraite dont elle est
responsable du paiement des prestations de retraite et selon les conditions
déterminées par règlement du gouvernement verser
mensuellement toute prestation de retraite. "Ce règlement peut
prévoir la date à laquelle cette prestation devient payable et
celle à laquelle le bénéficiaire perd le droit à
cette prestation. "Le gouvernement adopte le règlement prévu au
premier alinéa après consultation par la commission auprès
du comité de retraite. "Ce règlement entre en vigueur le
dixième jour qui suit la date de sa publication à la Gazette
officielle du Québec ou à toute date ultérieure qui y est
prévue." Cet amendement est proposé avec l'accord du
comité de retraite à la suite d'un sondage qui a
été réalisé auprès des
bénéficiaires ou d'un référendum plutôt que
d'un sondage, vous avez raison, auxquels 67 % des bénéficiaires,
si ma mémoire est fidèle, ont participé et se sont
prononcés favorables dans une proportion de 70 %.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Clair: 80 %. J'aurais aimé cela gagner un
référendum comme cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II me semble que 80 % des personnes qui ont
été interrogées...
M. Clair: 67 % de participation. 80 % favorables. Tous les
pensionnés ont été interrogés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce une épargne importante pour le...
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Tout près de 200 000 $ par année.
M. Scowen: 200 000 $ par année. Effectivement, le nombre
de chèques est coupé de moitié. 80 % des personnes
touchées sont d'accord. Vous devriez faire plus de sondages. Très
intéressant. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 15.1 adopté.
J'appelle maintenant l'article 16.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement.
Le Président (M. Rancourt): II n'y a pas d'amendement. M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, est-ce que l'article 16
est adopté?
M. Scowen: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 17.
M. Clair: Pas d'amendement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Les articles 16, 17 et 18 sont essentiellement pour
corriger certaines petites erreurs qui ont été trouvées,
si je comprends. Il n'y a rien en substance.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Clair: Oui. Ce sont des erreurs qui ont été
trouvées à la suite de l'adoption du projet de loi 21.
M. Scowen: Ce sont des erreurs du gouvernement qu'on corrige.
M. Clair: Des erreurs des législateurs. Le gouvernement ne
commet jamais d'erreur dans les lois, M. le Président. Ce sont les
députés qui les adoptent.
M. Scowen: Je suis prêt à aider le gouvernement pour
corriger ses erreurs. Donc, les articles 17 et 18 sont adoptés.
M. Clair: Cette générosité vous honore.
Le Président (M. Rancourt): L'article 17 a
été appelé. Il a été adopté.
J'appelle maintenant l'article 18. L'article 18 est-il adopté?
Adopté. J'appelle maintenant l'article 19. M. le ministre.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II y a un petit changement de fond ici.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre. Au nom du
ministre.
M. Clair: Cet article permet aux personnes visées par le
titre IV du projet de loi 21 d'obtenir un congé sabbatique de six mois
sur une période de cinq ans. Alors qu'anciennement la situation
prévoyait un congé sabbatique d'un an sur une période de
cinq ans.
M. Scowen: C'est correct.
Le Président (M. Rancourt): L'article 19 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous appelons
maintenant l'article 20.
M. Scowen: Concordance.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
Concordance?
M. Clair: Concordance avec 193.
Le Président (M. Rancourt): L'article 20 est-il
adopté? L'article 20 est adopté. J'appelle maintenant l'article
21.
Des voix: Concordance. M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 21 est
adopté. Nous passons maintenant à l'article 22. M. le
ministre.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'article 22 est
adopté. Nous appelons maintenant
l'article 23 sur lequel il y a un amendement.
M. Clair: Je propose de remplacer l'article 23 par le suivant:
23: L'article 218 de cette loi est remplacé par le suivant: 218.
l'employé et ses ayants droit n'ont droit qu'à un pourcentage
déterminé par règlement du montant d'intérêt
payable sur les cotisations et sur les sommes versées pour faire
créditer des années et parties d'années. M. Jacques.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Cet article permet aux gens de recevoir des
intérêts sur les sommes qu'ils ont versées pour racheter
des années de services. Sur les intérêts qu'ils ont
versés pour racheter des années de services aussi. (21 h 50)
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Clair: ...sur les sommes qu'ils ont versées pour
racheter des années de service, sur les intérêts qu'ils ont
versés pour racheter des années de service aussi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 23 tel
qu'amendé est adopté.
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle maintenant l'article
24.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: L'article 24 est aussi un changement réel, je
pense. Vous pourriez peut-être l'expliquer brièvement.
M. Clair: L'article 24?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Oui. Le délai pour que le gouvernement puisse
adopter un décret pour modifier les annexes de la loi passe de six
à douze mois. Essentiellement, des organismes demandaient d'être
assujettis au RREGOP et le délai de six mois, souvent, ne suffisait pas
à cause des documents dont on a besoin pour permettre
l'assujettissement, les délais pour passer au comité de retraite,
etc.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II n'y a aucun coût d'impliqué pour un
tel changement, j'imagine?
M. Clair: Non.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 24, adopté.
J'appelle maintenant l'article 25. M. le ministre.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est d'accord, adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 25 est
adopté. J'appelle l'article 26.
M. Scowen: Maintenant...
Le Président (M. Rancourt): Allez-y, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Vous avez la parole.
M. Scowen: L'article 26 concerne essentiellement l'annexe.
M. Clair: Effectivement.
M. Scowen: Pourrait-on vérifier s'il y a des changements
ou non pour toutes et chacune des centaines d'institutions mentionnnées
dans ces annexes? Si oui, pourquoi? Pourriez-vous nous dire brièvement
s'il y a des changements dans les annexes? S'il y en a, quels sont-ils?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: Les annexes ont été reprises et mises
à jour en tenant compte qu'elles avaient été
adoptées par la loi 21 et modifiées par les décrets
947-84, 1751-84 et 259-85. On en a profité pour les remettre à
jour à l'occasion de ce projet de loi. Il y a certains changements de
noms des organismes qui nous ont été signalés. C'est une
mise à jour pure et simple de l'annexe qui existe.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Mais il n'y a aucun organisme qui a été
enlevé ou ajouté à la
liste?
M. Clairs Non.
M. Scowem C'est la même liste, les mêmes organismes avec un
changement de nom?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Clair: II y a des organismes qui ont été
ajoutés à la suite de l'adoption de différents projets de
loi depuis 1983, si un nouvel organisme a été créé
dans leur loi constituante. On en a profité pour faire la refonte aussi
de tous les organismes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Dans ce cas, on est prêt à adopter...
Le Président (M. Rancourt): L'article 26?
M. Scowen: Oui.
M. Clair: À l'annexe I aussi, il y a certains organismes
qui ont demandé le désassujettissement et on va le voir dans
l'article 59 du projet de loi, je crois. Des organismes eux-mêmes ont
demandé d'être désassujettis.
M. Scowen: L'article 59.
M. Clair: Certains de ces organismes étaient dans l'annexe
I.
M. Scowen: D'accord. On va arriver là tantôt.
Parfait.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: II y a 12 pages?
M. Clair: Non, il y en a de la page 12 à la page 18.
L'article 27 commence à la page 18.
M. Scowen: L'article 26 ou...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...l'annexe I, ce sont les huit premières pages
jusqu'à la page 18 du projet de loi. Adopté.
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 26 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 27.
M. Clair: L'article 27, M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): Un instant!
M. Clair: Je voudrais proposer que cet article soit
modifié par le remplacement, dans le paragraphe 1 de l'annexe II, des
mots "l'Association des commissions scolaires de la région de
Montréal" par ce qui suit: "l'Association des commissions scolaires de
la région de Laval-Laurentides-Lanaudière". Cet article est
modifié en retranchant, dans le paragraphe 1 de l'annexe II, les mots
"l'Atelier Poly-Tech Inc. C'est le désassujettisement d'un centre de
travail adapté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'amendement à
l'article 27 est adopté. L'article 27 est-il adopté?
M. Scowen: Oui, adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 27 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 28, lequel a aussi un
amendement.
M. Clair: Je propose que cet article soit modifié afin de
retrancher dans le paragraphe 1 de l'annexe III les mots "l'Atelier Poly-Tech
Inc.". C'est de concordance!
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est déjà sur la liste.
M. Clair: C'est le désassujettissement d'un centre de
travail adapté concernant la part de l'employeur.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que je comprends que dans les deux cas vous
allez proposer un amendement à l'article 59 par la suite...
M. Clair: Oui.
M. Scowen: ...pour les réintégrer dans la liste des
désassujettis? Bon! Dans ce cas, adopté, l'article 28.
Le Président (M. Rancourt): L'amendement à
l'article.
M. Scowen: Oui, l'amendement.
Le Président (M. Rancourt): L'amendement est
adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'amendement est adopté
et l'article 28 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 29.
M. Clair: Je n'ai pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Loi sur le régime de retraite des
enseignants
M. Scowen: Bon! Ici, on commence une série d'articles qui
touchent une autre loi, notamment la Loi sur le régime de retraite des
enseignants. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Clair: Oui, c'est concernant le RRE ici.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si je comprends bien, l'amendement est fait pour
rendre les deux années scolaires identiques l'une à l'autre.
C'est quoi, exactement?
Le Président (M. Rancourt): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Clairs C'est pour donner plus de flexibilité en ce qui
concerne l'année scolaire qui varie d'un cégep à
l'autre.
M. Scowen: Bon! Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 29 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 30. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est la contrepartie de celui que nous avons
déjà adopté, je pense, dans le RREGOP.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 30 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 31. M. le ministre.
M. Clair: Aucun amendement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: L'article 31 aussi, on l'a déjà
adopté pour l'autre régime.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 31 est
adopté. Article 32? Cet article est-il adopté?
M. Scowen: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 32 est
adopté. Nous allons à l'article 33. L'article 33 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui, juste un instant!
M. Clair: C'est le même que tantôt, je pense. C'est
cela.
Le Président (M. Rancourt): L'article 33 est-il
adopté?
M. Scowen: Sur division. Effectivement, M. le Président,
on a discuté pendant quelques minutes des inéquités et des
injustices à l'égard des enseignants en ce qui concerne ceux qui
sont assujettis au RREGOP et c'est un autre article qui a pour effet de
perpétuer cette même injustice devant ceux qui sont assujettis au
Régime de retraite des enseignants. Donc, on va voter contre.
M. Clair: Adopté sur division.
Le Président (M. Rancourt): Sur division. Donc, l'article
33 est adopté sur division. Article 34?
M. Clair: À l'article 34, M. le Président, je
propose de remplacer cet article par le suivant: L'article 56 de cette loi est
remplacé par le suivant: "56. L'enseignant qui a cessé ou qui
cesse d'occuper une fonction avant d'être admissible à une pension
ou à une pension différée a droit, sauf s'il cotise au
présent régime, au remboursement de ses cotisations dont le
montant doit être réduit, le cas échéant, des
montants versés à titre de pension en raison d'incapacité
physique ou mentale. "Toutefois, la personne visée dans
l'article 5 qui cotisait au régime prévu par la
présente loi avant sa cessation de fonction a droit au remboursement de
ses cotisations si elle en fait la demande dans les 180 jours de cette
cessation de fonction."
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est-il
adopté?
M. Scowen: On était prêt à adopter l'article
34. L'amendement ne comporte aucun changement?
M. Clair: Non, dans l'amendement, on a écrit
"présent régime" pour être bien certain qu'il s'agit du
Régime de retraite des enseignants. On a simplement ajouté le mot
"présent".
M. Scowen: C'est essentiellement une précision?
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté. L'article 34 tel qu'amendé est adopté. Article
35?
M. Scowen: Concordance? M. Clair: Concordance. M.
Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 35 est
adopté. Article 36?
M. Clair: Adopté.
M. Scowen: D'accord. On l'a déjà adopté dans
l'autre régime. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 36 est
adopté. Article 37?
M. Clair: Adopté. M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 37 est
adopté. Article 38?
Loi sur le régime de retraite des
fonctionnaires
M. Clair: II s'agit du Régime de retraite des
fonctionnaires.
M. Scowen: Exactement. Maintenant, on passe aux amendements
à une troisième loi concernant le Régime de retraite des
fonctionnaires. L'article 38 a déjà été
adopté pour les autres régimes.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté pour celui-ci. Article 39.
Le Président (M. Brouillet): L'article 38 est
adopté. Article 39?
M. Clair: Également. M. Scowen: Oui,
adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39 est
adopté. Article 40?
M. Clair: II a déjà été
adopté? Non? C'est 180 jours qu'on modifie.
M. Scowen: D'accord, adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 40 est
adopté. Article 41?
M. Scowen: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense que, si vous êtes prêt à
accepter une suspension de cinq à sept minutes, je peux m'engager
à accélérer nos travaux par la suite. On a
déjà adopté les deux tiers du projet de loi et, si nous
pouvons faire une brève suspension, je peux m'engager à
accélérer le rythme que nous avons développé.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que c'est avant
d'adopter l'article 41?
M. Scowen: Avant l'adoption de l'article 41.
Le Président (M. Brouillet): Bon.
M. Scowen: On recommencera avec l'article 41.
Le Président (M. Brouillet): On n'adopte pas l'article 41
et vous aimeriez qu'on suspende pour cinq à sept minutes?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que nous avons le
consentement de tout le monde?
M. Bisaillon: Consentement.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons suspendre nos
travaux pour cinq ou sept minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 4)
(Reprise à 22 h 14)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
La commission reprend ses travaux. Nous étions rendus à
l'étude de l'article 41. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 41, adopté.
Article 42?
M. Scowen: Parfait, adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 42, adopté.
Article 43?
M. Scowen: L'article 43, on l'a déjà adopté
deux fois et on va le faire une troisième fois.
Le Président (M. Brouillet): Article 43, adopté.
Article 44?
M. Scowen: Même chose pour une troisième fois.
Le Président (M. Brouillet): Article 44, adopté.
Article 45?
M. Scowen: C'est une question de renumérotation.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 45, adopté.
Article 46?
M. Scowen: On l'a déjà adopté au moins une
fois. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Oui. Article 46,
adopté. Article 47?
M. Clair: De concordance.
M. Scowen: C'est une élégance de vocabulaire qui
vous a inspiré ce changement de texte. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
48?
M. Scowen: C'est la renumérotation. M. Clair: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Article 48, adopté.
Article 49?
M. Scowen: L'article 49 aussi. M. Clair: L'article 49
aussi.
Le Président (M. Brouillet): L'article 49 est
adopté. Article 50?
M. Scowen: De concordance. M. Clair: De concordance.
Le Président (M. Brouillet): De concordance. Donc,
adopté. Article 51?
M. Scowen: Nous l'avons déjà adopté deux
fois.
M. Clair: Oui, alors, on l'adopte une troisième fois.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
52?
M. Clair: Adopté aussi. M. Scowen: Un instant!
M. Clair: Cela fait deux fois qu'on l'adopte.
M. Scowen: L'article...
M. Bérubé: Conférence!
M. Clair: On l'a déjà adopté deux fois.
M. Scowen: Si possible, j'aimerais faire le débat avec une
personne à la fois. Est-ce que cela vous dérange, M. le
ministre?
M. Bérubé: Non, non.
M. Scowen: Je pense que tout le monde a envie de terminer cette
affaire le plus vite possible. Si vous voulez vous amuser, peut-être
pourrez-vous le faire plus tard ce soir afin de nous permettre de terminer
cette étude.
M. Bisaillon: Chaque fois qu'il est là, chaque fois qu'il
apparaît quelque part...
Le Président (M. BrouiUet): S'il vous plaît,
j'inviterais les gens...
M. Scowen: On essaie de collaborer avec le ministre et je pense
qu'on doit se limiter à cela.
Le Président (M. Brouillet): J'inviterais ceux qui n'ont
pas le droit de parole...
M. Scowen: Si M. Bérubé veut s'amuser,
peut-être qu'il pourrait le faire dans une taverne.
Le Président (M. Brouillet): ...à laisser les
autres s'exprimer librement. Nous étions à l'article 52. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Clair: L'article 52 a déjà été
adopté deux fois.
M. Scowen: On ne pouvait pas trouver le deuxième
alinéa de l'article 113. Peut-être pouvez-vous nous aider. Nous
avons peut-être une copie de la loi qui est incomplète. Quel est
exactement le deuxième alinéa de l'article 113?
M. Clair: Le deuxième alinéa actuel se lit: "Toutes
les sommes sont payées sans intérêt sauf à
l'égard, le cas échéant, d'ententes concernant la
présente loi conclues en vertu de la Loi sur le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics."
M. Clair: Adopté?
M. Scowen: On avait, malheureusement, sorti un article de loi qui
n'est pas celui qu'on aurait dû sortir. Peut-être pourriez-vous
nous expliquer brièvement de quoi il s'agit dans ce cas-ci. Quel est le
changement?
M. Clair: Le deuxième alinéa est modifié
pour permettre aux personnes...
Le Président (M. Brouillet): Au nom du ministre?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Peut-être pourriez-vous
vous identifier?
M. Clair: Je m'appelle M. Jacques.
Le Président (M. Brouillet): C'est déjà
fait, M. Jacques.
M. Clair: Cette modification au deuxième alinéa de
l'article 113 permet aux personnes d'obtenir le remboursement des
intérêts qu'ils ont versés pour racheter des années
de service et lors d'un transfert d'années de service aussi.
M. Scowen: Et quelle est la situation actuelle?
M. Clair: La situation actuelle est que les intérêts
versés par ces gens-là n'étaient pas remboursables.
À partir de maintenant, cela sera remboursable.
M. Scowen: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 52 est
adopté. J'appelle l'article 53.
M. Scowen: A l'article 53, c'est la liste de fonctionnaires
visés par l'article 54 de la loi existante, n'est-ce pas? Alors, une
fois de plus, tout ce qu'on peut dire ici, c'est qu'on vous fait confiance afin
que tous les organismes soient là-dedans. Impossible pour nous de
vérifier cela. Sous réserve de ce commentaire, la liste est
adoptée en ce qui nous concerne.
M. Clair: Faites-nous confiance, vous allez voir que cela va bien
aller!
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Une courte question, M. le Président. Dans
l'annexe, en page 39, à la section 5, on parle du "conseiller
spécial du ministère du Conseil exécutif si l'acte de
nomination, etc." Par la suite, on voit "le directeur de cabinet du premier
ministre". On sait que c'était une des personnes nommées,
autrefois, dans la catégorie des administrateurs d'État, dans la
Loi sur la fonction publique. Maintenant que c'est disparu de la Loi sur la
fonction publique, est-ce qu'il y a toujours des motifs qui nous amènent
à conserver le titre, la fonction de directeur de cabinet du premier
ministre, étant donné que cela n'existe plus dans la Loi sur la
fonction publique?
M. Clair: C'est simplement la reconduction du statu quo.
M. Bisaillon: Sauf qu'il me semble que le statu quo a
été modifié par le fait que, dans la Loi sur la fonction
publique, autrefois, on nommait les sous-ministres, etc., le directeur de
cabinet du premier ministre. Lorsqu'on a procédé aux amendements
à la Loi sur la fonction publique en adoptant la loi 51 et en
créant le statut d'administrateur d'État, on a sorti de la
notion, de la définition ou de la catégorie des administrateurs
d'État le directeur de cabinet du premier ministre. Ce n'est pas que
j'aie des objections majeures, mais je me demande si c'est toujours utile,
étant donné que cela a été sorti de la Loi sur la
fonction publique.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: Je n'ai pas de réponse, M. le Président.
Tout ce que je peux indiquer, c'est qu'on ne fait que reconduire la situation
actuelle. On n'a apporté aucune modification.
M. Bisaillon: II est donc possible que cela ne s'applique pas. Si
éventuellement cela a été enlevé dans un cas, le
fait de l'avoir reconduit ne donnerait pas des droits additionnels. Cela ne
s'appliquerait tout simplement pas.
Le Président (M. Brouillet): Mme
Lapierre au nom du ministre.
M. Clair: C'est-à-dire qu'aux fins de l'article 63.6 pour
lequel. l'annexe III a été fait il y aurait uniquement, dans les
administrateurs d'État, le directeur de cabinet du premier ministre. Il
y en a peut-être d'autres dans la liste, mais pas tous les
administrateurs d'État. Il fallait donc le désigner
nommément aux fins de l'article 63.6. Vous avez sans doute raison quand
vous dites que le directeur de cabinet du premier ministre est administrateur
d'État au sens de la Loi sur la fonction publique, sauf qu'ici il
fallait faire une distinction par rapport à la Loi sur la fonction
publique aux fins de l'article 63.6 du régime.
M. Bisaillon: Parce qu'il y a un régime qui s'applique de
toute façon au directeur de cabinet du premier ministre. C'est ce que
vous me dites.
M. Clair: Le directeur de cabinet est visé par le
Régime de retraite des fonctionnaires. On le modifiait à
l'article 63.6 - on l'a ici, à la page 31 - pour certaines personnes qui
sont visées à l'annexe III: "Lors du calcul de la pension, 10
années sont ajoutées au nombre d'années de service d'un
fonctionnaire qui quitte le service et qui a occupé pendant une ou des
périodes totalisant au moins 5 ans une fonction visée dans
l'annexe III ou une fonction qui était visée, aux fins de cet
ajout de 10 années, lorsqu'il l'occupait." Or, ce sont des fonctions
définies à l'annexe III et ce ne sont pas nécessairement
tous les administrateurs d'État.
M. Bisaillon: D'accord, cela va.
Le Président (M. Brouillet): L'article 53 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 54,
à la page 40?
M. Scowen: Ce sont les mêmes commentaires. Dans la loi
actuelle, cette liste...
M. Clair: C'était l'annexe A dans la loi actuelle.
M. Scowen: Effectivement, le seul changement, c'est afin de
changer la lettre A par le numéro IV.
M. Clair: C'est exact.
M. Scowen: Parfait, on est en accord avec cette idée, si
c'est quelque chose de désiré par le gouvernement du
Québec.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
55?
M. Scowen: Aux articles 55 et 56, vous changez l'annexe A.l par
l'annexe V et l'annexe B par l'annexe VI.
M. Clair: C'est cela.
M. Scowen: Est-ce que je comprends bien?
M. Clair: Oui.
M. Scowen: II est difficile d'être en désaccord avec
cela.
Le Président (M. Brouillet): L'article 55 est
adopté. L'article 56 est adopté. Article 57?
Loi concernant la protection à la retraite de
certains enseignants
M. Clair: M. le Président, je propose, après
l'article 56, d'insérer ce qui suit. Le titre: "Loi concernant la
protection à la retraite de certains enseignants (1978, chapitre 16)."
L'article "56.1 La Loi concernant la protection à la retraite de
certains enseignants (1978, chapitre 16) est modifiée par l'insertion,
après l'article 25, du suivant: 25.1. L'article 17 s'applique à
l'article 24. Toutefois, le montant payable en 1985 doit être
établi en indexant tout crédit de rente initialement
calculé conformément aux dispositions relatives à
l'indexation pour chaque époque depuis la date à laquelle il est
devenu payable. M. Jacques.
Le Président (M. Brouillet): Au nom du ministre, M.
Jacques.
M. Clair: Cette modification concerne la Loi concernant la
protection à la retraite de certains enseignants. À l'article 24
de cette loi, la loi 60, il y a une disposition spéciale qui permet aux
personnes qui reçoivent une pension du Régime de retraite des
enseignants et qui n'ont pas pu se prévaloir de la loi 60 depuis 1978,
d'obtenir la différence entre la pension qu'ils reçoivent du
Régime de retraite des enseignants et la pension qu'ils auraient
autrement reçue s'ils s'étaient prévalus de la loi 60.
Alors, la différence était payée à chaque
année, mais elle était toujours en fonction de la pension
versée régulièrement en vertu du Régime de retraite
des enseignants. Or, cette pension est indexée. Donc, à mesure
que la pension du Régime de retraite des enseignants s'élevait
à cause de l'indexation, la différence diminuait. Alors, cette
modification permet de prendre la différence
calculée initialement et, ensuite, de l'indexer à chaque
année pour la payer à compter de 1985 à tout le monde.
Êtes-vous d'accord? C'est une bonification de la loi 60.
M. Scowen: Je dois vous dire que cette modification est pour moi
une grande surprise, mais on va l'accepter quand même. Adopté.
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement qui consiste
à insérer l'article 56.1 est adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 57?
Loi sur l'enseignement primaire et secondaire
public
M. Clair: II n'y a pas d'amendement.
M. Scowen: M. le Président, je pense que c'est le dernier
des articles pour lesquels on va vous demander des explications, mais on n'a
pas été capable de comprendre celui-ci, non plus. Vous pouvez
peut-être l'expliquer.
M. Clair: L'article 57? M. Scowen: Oui.
M. Clair: M. Jacques ou plutôt Mme Lapierre. C'est, tout
simplement, de la concordance avec les modifications qu'on a faites aux annexes
I et II du RREGOP. Dans le cas de l'article 602, c'est que la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public venait modifier les annexes. En
refaisant nos annexes et en les renumérotant, on ne pouvait plus laisser
ces modifications apportées par la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public. C'est tout simplement cela. Il n'y a aucun changement de
fond. C'est un texte qui, finalement, sur le fond, a déjà
été adopté par l'Assemblée nationale.
M. Scowen: C'est de la concordance, effectivement.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: Et vous êtes l'experte dans les lois concernant
l'enseignement primaire et secondaire?
M. Clair: Non.
M. Scowen: Je me demandais pourquoi c'était vous qui,
cette fois, aviez répondu.
M. Clair: Pourquoi c'est moi? Je ne le sais pas.
M. Scowen: Le ministre a trois experts. Je voulais qu'ils soient
identifiés. De toute façon, si c'est de la concordance,
adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 57 est donc
adopté. L'article 58?
Loi sur la Société des
établissements de plein air du Québec
M. Scowen: C'est un amendement à la Loi sur la
Société des établissements de plein air du Québec.
Est-ce qu'il y a...
M. Clair: C'est la même explication que dans le cas de
l'article 57.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 58 est
adopté. L'article 59?
M. Clair: Je propose de remplacer l'article 59 par le suivant:
"59. Sont réputés ne plus être assujettis au Régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics
depuis le 1er avril 1982, les employés des organismes suivants: l°
l'Atelier Flèche de Fer Inc.; 2° l'Atelier Poly-Tech Inc.; 3°
l'Atelier de réadaptation au travail de Beauce Inc.; 4° les Ateliers
du Godendard Inc.; 5° le Centre de transition pour adultes "Le Transit
Inc."; 6° le Centre de travail Laro Inc.; 7° la Société
Vie, Intégration, Apprentissage pour handicapés VIA Inc."
En fait, nous ajoutons l'Atelier Poly-Tech Inc.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté. L'article 59 tel qu'amendé est-il adopté?
Adopté. L'article 60?
M. Clair: Je n'ai plus d'amendements, M. le Président,
pour aucun autre article.
M. Scowen: En ce qui concerne l'article 60, M. le
Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député.
M. Scowen: ...j'ai une question d'ordre général qui
touche un certain nombre des derniers articles et je suis content de
constater qu'on arrive à la fin de l'étude de ce projet de
loi. Il y a plusieurs articles qui deviennent rétroactifs et qui
m'incitent à vous poser une question concernant les conventions
collectives et les syndicats. Est-ce que je peux tenir pour acquis que tous les
amendements proposés dans le projet de loi 34 ont fait l'objet d'un
examen par les syndicats qui pourraient être impliqués dans le
dossier et que tous ces syndicats ont donné leur appui à ces
changements?
M. Clair: Tous ces articles ont été vus par le
Comité de retraite de la CARRA où sont représentés
effectivement les syndicats du secteur public.
M. Scowen: Alors, il n'est pas possible d'avoir des...
M. Clair: Dans tous les cas, il n'y a pas de droits qui sont
enlevés rétroactivement, mais seulement des bonifications qui
sont accordées rétroactivement.
M. Scowen: C'est ma deuxième question à laquelle
vous avez déjà répondu. D'accord.
Le Président (M. Brouillet): L'article 60 est-il
adopté?
M. Clair: Adopté. (22 h 30)
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article
61?
M. Clair: Adopté.
M. Scowen: En ce qui me concerne, on peut adopter en bloc les
articles jusqu'à 68 inclusivement.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Article 61, adopté. Article 62, adopté.
Article 63, adopté. Article 64, adopté.
Article 65, adopté. Article 66, adopté.
Article 67, adopté. Et vous avez dit jusqu'à l'article
68?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes rendus à
l'article 68.
M. Scowen: Jusqu'à 68 inclusivement.
Le Président (M. Brouillet): Inclus. Article 68,
adopté. Article 69?
M. Clair: Sur division.
M. Scowen: Par l'article 69. Une fois de plus le gouvernement du
Québec enlève à ses citoyens les droits et libertés
enchâssés dans la constitution du Canada par l'insertion d'un
article à cet effet dans une loi du Québec. J'espère que
le jour arrivera bientôt où tous les Québécois
auront droit à ces libertés et droits fondamentaux qu'ont les
autres citoyens du Canada.
M. Clair: Je ne partage pas l'avis du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Voilà. L'article 69
est adopté sur division. Nous passons à l'article 70.
M. Scowen: Adopté.
M. Clair: Adopté.
M. Bisaillon: Un instant:
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Juste une question. Dans le cas de l'ensemble des
articles de la loi, on donne une date à venir quant à la mise en
vigueur, sauf un certain nombre d'articles dont on prévoit la mise en
vigueur le 1er janvier 1986. Est-ce que je peux savoir pourquoi, dans certains
cas, il y a une mise en vigueur à date prévue et surtout aussi
loin que le 1er janvier 1986?
M. Clair: M. Jacques.
Par exemple, ce sont toutes les modifications apportées au
traitement admissible qui seraient adoptées par règlement et
comme les années à la CARRA, les années de participation,
se font par années civiles, on a décidé de commencer cela
le 1er janvier 1986.
M. Bisaillon: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Alors, article 70,
adopté.
M. Clair: M. le Président, avant de terminer nos
travaux....
Le Président (M. Brouillet): Excusez, j'ai encore
certaines choses à faire adopter avant. Les intitulés aux
différents chapitres sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Le préambule, il n'y
en a pas. Le titre du projet de loi est-il adopté?
M. Clair: Concernant les lois modifiées, après les
notes explicatives, il y a 5 la Loi sur la Société des
établissements de plein air du Québec, il faudrait ajouter 6°
la Loi
concernant la protection à la retraite de certains enseignants
(1978, chapitre 16).
Le Président (M. Brouillet): Si vous pouvez nous apporter
l'écrit, s'il vous plaît.
M. Clair: Oui. C'est de la concordance. En fait, il y a une autre
loi qui se trouve amendée, simplement pour les fins de lecture. Vous
voyez simplement le nom de la loi. Je propose simplement... Ce n'est pas tout
l'amendement que vous avez entre les mains. Je vous ai simplement donné
ce document parce que c'est sur ce document qu'apparaît le nom exact de
la loi sur la retraite de certains enseignants.
Le Président (M. Brouillet): II s'agit d'insérer
l'intitulé à l'amendement 56.1.
M. Clair: Non, ce n'est pas ça, M. le Président.
Après les notes explicatives de ce projet de loi, vous avez la liste des
lois qui sont modifiées par le projet de loi. Je propose simplement
d'ajouter un 6°...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Clair: 6° C'est la Loi concernant la protection à
la retraite de certains enseignants. C'est cela le titre? Elle fut
adoptée en 1978.
Le Président (M. Brouillet): Oui, très bien.
M. Clair: C'est cela. Enfin, M. le Président, je...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, on va passer
maintenant au titre. Le titre du projet de loi est adopté. Le projet tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Clair: Dois-je faire avant la motion de renumérotation,
M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Non, on va faire une
proposition de renumérotation après.
M. Clair: Après. Alors, oui, le projet de loi est
adopté.
Le Président (M. Brouillet): Tel qu'amendé, il est
adopté.
Il y a maintenant une proposition de renumérotation.
M. Clair: Oui, M. le Président, je la fais.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, cette
proposition de renumérotation est adoptée.
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Avec cela, nous avons
complété.
M. Clair: Je vous remercie, M. le Président, de votre
collaboration, de même que les députés de Sainte-Marie et
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...permettez-moi aussi de remercier le ministre et ses
collègues qui l'ont accompagné. On ne s'attendait pas que le
ministre comprenne tous les détails d'un tel projet de loi. Il ne nous a
pas surpris dans ce sens, mais cela a été réconfortant de
voir qu'il y avait une équipe avec lui qui nous a éclairés
d'une façon très solide. Nous remercions ces gens
sincèrement.
M. Clair: M. le Président, je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce pourrait également me
remercier de lui avoir donné exactement les mêmes documents que
ceux que j'avais en main pour la défense de ce projet de loi.
M. Scowen: Oui, exactement, merci.
M. Bisaillon: Parce qu'il n'en a pas eu, c'est cela que vous
venez de dire?
M. Clair: Non, c'est simplement parce qu'il me les avait
demandés.
M. Brouillet (président de la commission
plénière): Tout le monde semble très heureux, tant
mieux. Que cela continue. Nous invitons les personnes qui accompagnent le
ministre à se retirer, s'il vous plaît!
M. le Président, la commission plénière a
terminé son travail, qui consistait à étudier, article par
article, le projet de loi 34. Je vous présente le rapport de cette
commission.
Le Président: Le rapport est-il adopté? Des
voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je vous demande maintenant
d'appeler l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît!
Prise en considération du rapport
de la commission qui a procédé
à une consultation
générale
sur la relève, le financement
et l'endettement agricoles
Le Président: Nous allons prendre en considération
le rapport contenant les observations et les recommandations de la commission
permanente de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui a
procédé à une consultation générale sur des
aspects de la relève, du financement et de l'endettement agricoles. M.
le président de la commission permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. Nous voici
rendus aujourd'hui à l'étape de la prise en considération
du rapport que j'ai eu l'honneur de déposer en cette Chambre, en cette
Assemblée, le 14 juin dernier, qui concerne le mandat d'étude que
s'était donné notre commission traitant des aspects de la
relève, du financement et de l'endettement agricole au
Québec.
Avant d'expliciter les recommandations contenues dans ce rapport, vous
me permettrez, M. le Président, de faire un bref survol des travaux qui
ont été nécessaires afin d'exécuter ce mandat.
C'est en avril 1984 que la commission s'est prévalue des
dispositions des nouvelles règles de procédure pour adopter
à l'unanimité un mandat d'initiative ayant comme objet
l'étude des questions de la relève agricole. (22 h 40)
Le 29 août, lors d'une séance de travail où il fut
convenu, entre autres, que la commission entendrait les grévistes de la
faim de Saint-Cyrille-de-Wendover, les membres décidaient à
l'unanimité d'élargir le mandat initial sur la relève pour
y inclure les questions de financement et d'endettement agricole. Ces trois
aspects de l'agriculture nous sont parus indiscutablement liés et on ne
peut plus d'actualité, compte tenu du débat qui entourait
l'avenir et l'endettement des agriculteurs, autant au Québec, au Canada
qu'aux États-Unis. La commission a donc décidé de
procéder par une consultation générale pour
réaliser son mandat. Ainsi, en octobre, un avis de consultation
paraissait dans la Gazette officielle du Québec et les principaux
quotidiens de la province ainsi que dans l'hebdomadaire La Terre de chez nous.
Trente organismes et deux individus ont répondu à l'avis de la
commission en faisant parvenir des mémoires dont la qualité a
été maintes fois soulignée par les membres de notre
commission. À la suite de la réception de ces mémoires,
nous avons tenu six journées d'auditions publiques pendant lesquelles 28
organismes et un individu ont été entendus durant les deux
premières semaines du mois de mars dernier. Il est important de
mentionner que les recommandations que nous avons retenues sont le fruit de ces
mémoires et des représentations qui nous ont été
faites au cours de nos travaux.
Ainsi, je peux affirmer que la commission, en présentant son
rapport, se fait le porte-parole de l'ensemble des organismes et des membres
qu'il représente. Ce n'est donc pas uniquement quatorze
députés qui, à l'unanimité, vous présentent
des recommandations, mais bien l'ensemble des intervenants du secteur agricole,
à commencer par les agriculteurs et les agricultrices eux-mêmes.
Parce que nous reconnaissons la légitimité et la
représentativité des organismes comme l'UPA, qui nous a
présenté un mémoire fort étoffé et dont nous
nous sommes inspirés grandement pour l'étude des propositions que
nous vous faisons. Également, M. le Président, les
recommandations et les observations que vous retrouverez dans ce rapport sont
issues des représentations d'organismes tels la Fédération
de la relève agricole du Québec, qui regroupe la très
grande majorité des jeunes agriculteurs québécois, le
Comité des femmes en agriculture et l'Association des femmes
collaboratrices, deux organismes extrêmement dynamiques dans les domaines
de la revendication pour les femmes en agriculture, les
fédérations spécialisées comme celle des
producteurs de bovins, les institutions financières comme la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins, l'Association des banquiers canadiens, la Société du
crédit agricole du Canada, des institutions d'enseignement et de
recherche en agriculture tels l'Université Laval, le Collège
Macdonald, sept cégeps offrant des options en formation agricole,
l'Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe, par la voix de son
syndicat de professeurs, des corporations professionnelles comme l'Ordre des
agronomes et la Chambre des notaires. De plus, la commission a entendu sept
fédérations régionales de l'Union des producteurs
agricoles et bien d'autres organismes qu'il serait un peu long de nommer, mais
qui ont apporté une excellente contribution, une position que je dirais
très positive aux travaux de notre commission. De la sorte, je peux
affirmer sans hésitation que le rapport que nous prenons en
considération, aujourd'hui, représente, dans une large mesure,
les demandes et les besoins des secteurs agricoles concernés par la
relève, le financement et l'endettement agricole au Québec.
J'en arrive maintenant aux recommandations comme telles. J'aimerais vous
les présenter rapidement et dans l'ordre où elles
apparaissent dans le rapport. La première recommandation touche
à la formation agricole. La majorité des organismes qui nous ont
rencontrés ont traité, dans leur présentation, des
questions de formation et tous les intervenants du domaine agricole sont
prêts à reconnaître l'importance d'une formation
adéquate pour la relève agricole au Québec. Les
études tendent d'ailleurs à prouver l'incidence directe du niveau
de scolarité sur la productivité de l'agriculteur. De fait, selon
les études réalisées aux États-Unis, de tous les
moyens disponibles pour augmenter la productivité en agriculture, il est
prouvé que, plus l'agriculteur ou l'agricultrice acquiert de formation,
plus son taux de productivité a tendance à augmenter.
Au moment où nous reconnaissons tous ce fait, il faut se rendre
compte que, selon des recherches réalisées à
l'Université Laval, 24 % des jeunes qui prennent la relève en
agriculture n'ont aucune formation agricole et que seulement 19 % ont
dépassé le niveau d'études secondaires. Il y a donc
là un problème évident pour l'avenir de ce secteur au
Québec. Par ailleurs, les jeunes que nous avons rencontrés nous
ont dit que la formation coûtait cher, qu'elle n'est pas toujours
adaptée à leurs besoins et, surtout, n'est pas reconnue dans les
faits, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'incitatif réel à
acquérir une formation plus poussée pour le jeune
agriculteur.
C'est dans cette optique que la commission recommande au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation d'accorder des
avantages financiers ou autres à ceux et celles qui ont obtenu une
formation agricole reconnue de façon à inciter très
fortement les jeunes à acquérir une formation qui ne pourra que
leur être bénéfique.
La deuxième recommandation adoptée par la commission a
trait au transfert des fermes et elle est ainsi libellée: Que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation mette sur
pied un comité de travail composé de représentants de
ministères et d'organismes concernés dont le mandat serait
d'explorer différentes avenues et méthodes de transfert de
fermes. Beaucoup d'organismes ont soulevé des problèmes qui
surgissent quand arrive le temps pour les pères de transférer
à leur fils ou à leur fille leur entreprise agricole. II faut
bien se rendre compte - c'est là le message que nous ont transmis les
différents organismes qui se sont préoccupés du
problème - que le transfert des fermes doit se faire selon une formule
qui, d'une part, doit assurer une retraite convenable aux parents qui vendent
la ferme et, d'autre part, minimiser les risques financiers chez le jeune qui
prend la relève.
L'abolition de l'impôt sur le capital versé jusqu'à
concurrence de 300 000 $ introduit dans le dernier discours sur le budget a
répondu à un certain nombre de revendications qui nous avaient
été transmises lors de nos auditions, mais il nous a paru
évident qu'il n'existe pas de formule type de transfert de fermes.
D'aucuns nous proposent le transfert graduel des fermes, d'autres s'inspirent
d'une formule, mise au point en Nouvelle-Zélande, appelée le
"share milking". Il serait donc nécessaire d'étudier les
différentes avenues qui s'offrent pour développer une formule de
transfert de fermes qui tienne compte des besoins propres au Québec.
C'est en ce sens qu'est formulée notre recommandation sur le transfert
des fermes. (22 h 50)
Une troisième recommandation réfère à des
revendications qui nous ont été faites principalement par la
Fédération de la relève agricole et les diverses
associations de relève et touche la question des conseillers en
relève agricole. La demande vise à rendre disponibles dans chacun
des bureaux régionaux ou locaux du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec des conseillers en
relève agricole. Certains organismes ont réclamé des
conseillers en relève agricole à temps plein dans chaque bureau
du MAPAQ, mais laissons au ministre le soin de déterminer les
régions où peuvent se justifier des conseillers à temps
plein. Ce que notre commission a désiré recommander, c'est que
chaque bureau ait, parmi ses conseillers agricoles, au moins un conseiller qui
puisse être disponible et apte à répondre aux besoins des
jeunes agriculteurs.
Notre quatrième recommandation, que je qualifierais de majeure
à l'intérieur de notre rapport, concerne la question du
financement agricole. Elle est formulée comme suit: La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation recommande au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de réviser en
profondeur le système de financement agricole en tenant compte plus
spécifiquement des points suivants: les taux d'intérêt pour
les jeunes qui s'établissent, des programmes de subventions à
l'établissement, les prêts sans intérêt,
l'accès au programme de financement pour les conjoints lorsqu'ils sont
associés en agriculture, le financement de l'agriculture à temps
partiel dans des productions nouvelles. Nous avons rassemblé dans cette
proposition l'ensemble des revendications qui ont été faites en
regard du financement agricole.
Si l'on fait brièvement la synthèse des
éléments qui ont été évoqués par les
32 mémoires reçus et concernant le financement, on peut dire que
l'agriculture, comme l'ensemble des secteurs industriels, est passée des
années de prospérité dans les années 1970 où
des investissements ont été
faits pour moderniser et agrandir l'entreprise agricole, haussant ainsi
la valeur des fermes, à des années caractérisées
par de fortes hausses des taux d'intérêt au début des
années quatre-vingt. Cette période a eu, hors de tout doute, des
effets plus marqués dans le secteur agricole, à cause des fortes
quantités de capitaux nécessaires pour réaliser un dollar
de production.
Cette période de taux d'intérêt élevés
a été très difficile pour plusieurs catégories de
producteurs. Qu'il me suffise de mentionner les jeunes qui ont dû
s'établir malgré cette hausse catastrophique des taux
d'intérêt, également ceux qui ont expérimenté
de nouvelles productions comme l'élevage des veaux de grain, sans
oublier les producteurs de porc dont chacun connaît les problèmes,
et cela ne semble pas terminé avec l'imposition par les
États-Unis d'une taxe à l'exportation.
Les femmes collaboratrices de leur mari nous ont pour leur part aussi
fait remarquer que cette période a été très
difficile pour eux puisqu'elles ont dû augmenter le nombre d'heures
consacrées aux travaux de la ferme, sans être
rémunérées davantage. Elles ont même
été obligées, dans bien des cas, nous ont-elles dit,
d'assumer l'équilibre budgétaire de la famille par un travail
hors ferme. Il y a donc lieu, selon la commission, de réviser en
profondeur le système de financement à la lumière de la
crise économique que nous avons traversée et dont les effets sont
encore très présents dans le secteur agricole.
Finalement, M. le Président, compte tenu que plusieurs organismes
entendus ont réclamé la mise sur pied d'un comité de
redressement pour les agriculteurs en difficulté financière et
d'une commission d'appel à l'Office du crédit agricole, comme
l'avait elle-même réclamé notre commission dans son rapport
sur l'étude des dossiers des grévistes de la faim de
Saint-Cyrille-de-Wendover déposé le 13 décembre 1984, les
membres de notre commission ont tenu à réitérer les deux
recommandations que nous avons acheminées avant la période des
Fêtes au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et qui sont les suivantes:
Notre commission - la commission de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation - recommande au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, de mettre en place, dans les plus brefs
délais, un comité permanent dont le mandat serait de rechercher,
avec tout agriculteur en sérieuse difficulté financière et
avec l'ensemble de ses créanciers, une solution acceptable pour
l'ensemble des intervenants dans le dossier et susceptible d'éviter la
faillite ou l'abandon forcé de l'agriculteur concerné. Ce
comité pourrait être formé des personnes suivantes: un
producteur agricole, un représentant de l'Office du crédit
agricole du Québec et un représentant des institutions
financières.
Nous avions également recommandé au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de former une
commission d'appel devant laquelle un agriculteur pourrait en appeler d'une
décision de l'Office du crédit agricole du Québec et dont
au moins un des membres serait représentant du milieu agricole.
J'avais l'occasion, lors de la prise en considération de ce
rapport du 27 mars dernier, en fait du rapport sur l'étude des sept
grévistes de la faim de Saint-Cyrille-de-Wendover, de vous faire part de
ma déception du peu d'intérêt qu'avait manifesté le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à
donner des suites à nos recommandations. Nous sommes aujourd'hui, trois
mois plus tard, obligés de vous réitérer, de
réitérer à cette assemblée nos recommandations. Je
veux vous dire ma déception concernant le peu d'intérêt
qu'a manifesté le ministre et le peu d'intérêt qu'il semble
témoigner à des recommandations soumises par une commission
parlementaire formée, rappelons-le, d'élus du parti au pouvoir et
de députés de l'Opposition. Cette fois-ci, nous
réitérons ces deux recommandations, mais appuyés par une
consultation générale auprès des principaux intervenants
du secteur agricole qui réclament la création de pareils
organismes.
Si le ministre ne daigne pas, cette fois-ci, répondre à
nos recommandations, j'aurai, pour autant que cela me concerne, la confirmation
qu'il n'est pas à l'écoute des besoins du milieu agricole. Je
crois, M. le Président, que les six recommandations de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation représentent
assez fidèlement l'ensemble des demandes qui nous ont été
soumises lors de notre consultation générale. Nous n'avons pu
tenir compte ou retenir toutes les recommandations. Il y en a eu 308 au total.
Mais je crois pouvoir vous dire que le consensus auquel nous sommes
arrivés dans l'adoption de nos propositions tient compte d'une bonne
partie de ces nombreuses revendications qui nous ont été
exprimées. Il nous reste à espérer que ces recommandations
seront prises en très sérieuse considération par le
ministre concerné pour nous assurer au moins que cette année de
travail de la commission n'aura pas été vaine. (23 heures)
En terminant, j'aimerais remercier tous les membres de la commission
qui, tout au long de ce mandat d'initiative, ont fait preuve de beaucoup de
disponibilité et d'esprit de travail. Je veux remercier, en particulier,
le député de Saint-Hyacinthe, vice-président de la
commission, qui, à maintes reprises, a également
présidé les travaux et fait en sorte que nous puissions
déposer ce rapport au cours de la présente session.
Je dois également mentionner que l'occasion a été
fournie à la commission de tenir des auditions publiques en
région. Ce faisant, nous étions la première commission
à tenir quatre séances d'auditions à l'extérieur de
l'Hôtel du Parlement. Cette expérience fut à bien des
points de vue positive puisqu'elle a permis, d'une part, à un plus grand
nombre de personnes et d'organismes régionaux de participer à nos
auditions, tout en nous permettant, d'autre part, de prendre contact avec les
milieux agricoles. Je crois que cette expérience aurait avantage
à être renouvelée surtout quand il s'agit de questions qui
touchent tout particulièrement des aspects régionaux.
C'étaient là les quelques remarques dont je voulais vous faire
part à l'occasion de la prise en considération du rapport de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation sur
l'étude du mandat d'initiative partout sur la relève, le
financement et l'endettement agricoles.
En terminant, je vous dirai - parce que la question a été
posée: Une commission parlementaire, ça sert a quoi? - qu'il
appartient au gouvernement de répondre. S'il a décidé de
ne pas tenir compte des recommandations des membres des deux côtés
de la Chambre, nous devrons véritablement nous interroger sur
l'utilité des commissions qui se donnent des mandats d'initiative.
Encore faudra-t-il que le ou les ministres concernés croient en ce mode
de consultation et acceptent les règles du jeu en prenant en
sérieuse considération les recommandations formulées par
les parlementaires des deux côtés de cette Chambre. Je crois que
tous les députés qui ont siégé à la
commission ont fait leur travail, mais on ne peut exiger d'eux qu'ils fassent
également celui des ministres concernés à qui appartient
la responsabilité de prendre en considération nos
recommandations, responsabilité qu'ils ne pourront qu'assumer
eux-mêmes. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, c'est un honneur pour le
député de Terrebonne de prendre pour la troisième fois
consécutive la parole à cette Assemblée sur l'agriculture.
C'est d'un rapport pour aider la relève agricole, entre autres, que
vient de nous parler le député président de la commission
de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation. Je veux parler pour
notre côté de la Chambre et dire que, au sujet de ce rapport, nous
avions des bases pour discuter des recommandations à faire pour
justifier des actes à poser sur la relève agricole. Tout d'abord,
le premier de nos principes de base, nous les gens de ce côté-ci
de la Chambre, c'était le respect du métier de producteur
agricole, deuxièmement, des moyens pour faire la valorisation maximale
que mérite le métier d'agriculteur et, troisièmement,
l'obsession gouvernementale d'aide et de soutien à la jeunesse, dans ce
cas-ci la jeunesse agricole en particulier.
Tout d'abord, l'autre côté de la Chambre, qui est
plutôt urbain, a un peu de difficulté à faire la
différence entre culture et agriculture, bien sûr; il est
difficile pour eux souvent de faire la différence entre sillon et
microsillon. Cependant, de ce côté-ci, nous avons beaucoup de
députés dits ruraux.
Une voix: Ah oui!
M. Blais: Je suis un député rural. Il y en a
plusieurs. Cela donne une chance à notre gouvernement d'avoir plus de
compétence pour parler du problème agricole. C'est
évident, d'ailleurs. Il y a huit ans et demi que nous avons un ministre
de l'Agriculture qui passe, en Amérique du Nord, pour le meilleur
ministre de l'Agriculture que le continent ait connu...
Une voix: C'est vrai.
M. Blais: ...de sorte que les chiffres correspondent aux actes
qu'il a posés depuis environ huit ou huit ans et demi. Ne serait-ce
qu'en autosuffisance, M. le Président, vous savez très bien qu'en
1976 nous avions 47 % d'autosuffisance et que nous avons actuellement à
au-delà de 73 % d'autosuffisance agricole. Eh bien, la marge, c'est tout
un gain. C'est donc dire que nos politiques de base sont bonnes.
Cependant, il est toujours permis, lorqu'un parti fait bien pour un
secteur particulier de la population, de faire ce qu'on appelle une petite
assemblée de membres des deux côtés de la Chambre pour
étudier ce qu'on peut faire de mieux. Nous savons pertinemment de ce
côté-ci, ne serait-ce que pour être un tantinet partisans,
qu'aucun gouvernement n'est élu pour les choses qu'il a faites de bien.
Nous sommes toujours élus pour les choses que nous ferons de mieux et,
en agriculture, malgré un dossier des huit ans où nous avons
été au pouvoir qui peut être cité en exemple dans le
monde entier, eh bien, nous nous enlignons vers une meilleure production dans
les huit années à venir.
Bien sûr, plusieurs députés qui siégeaient
à cette commission, qui a commencé un peu à la fin de
l'année dernière et qui s'est terminée il n'y a pas
longtemps, étant du côté du gouvernement, connaissaient en
gros les propositions que nous apportions à notre ministre des
Finances
pour soulager, disions-nous, si c'était encore possible, les
responsabilités financières de nos agriculteurs. Eh bien,
plusieurs des recommandations de cette commission, qui a remis son rapport il y
a quelques jours, ont déjà été
réalisées dans le dernier budget, par exemple, les droits
successoraux. Pensons aux droits successoraux. Cela veut dire qu'au moins 80 %
des gens qui hériteront de la ferme de leurs parents,
c'est-à-dire l'enfant, le gars ou la fille qui prendra la ferme
paternelle, n'auront aucun droit successoral à payer. C'est nouveau dans
le dernier budget. Je crois que c'est un gain considérable.
C'était une recommandation de cette commission. Cependant, c'est
déjà réalisé. Cela veut donc dire que les fils ou
les filles de cultivateurs pourront prendre la terre ancestrale sans payer de
droits sur les successions. C'est une amélioration sensible, M. le
Président, et je crois que tous les agriculteurs du Québec et
surtout la jeunesse agricole seront extrêmement heureux de se faire
redire ici que les droits successoraux sont abolis.
C'est normal, parce que nous devons aux agriculteurs, M. le
Président, le respect que les siècles passés commandent
que nous ayons à leur endroit. Nous devons vraiment ce grand respect
à ces agriculteurs. Pensez, M. le Président, que, grâce aux
agriculteurs, de façon générale, et à 95 %, je
crois, nous devons le fait que nous parlions encore français ici au
Québec. Ce sont les agriculteurs qui ont fait ce que nous appelions
à l'époque la revanche des berceaux. Eh bien, notre gouvernement,
avec ses lois agricoles, permet à nos agriculteurs, maintenant avec
leurs fils et leurs filles, de faire ce qu'on peut appeler la revanche des
cerveaux, la revanche des cerveaux! (23 h 10)
Je suis persuadé, M. le Président, que les
députés de l'Opposition qui me regardent et, de façon
particulière, la députée de L'Acadie sont
complètement d'accord avec moi lorsque je parle de rendre le respect que
l'on doit aux agriculteurs du Québec. Et je vois à sa mine
extrêmement joyeuse qu'elle approuve la politique gouvernementale dans ce
domaine.
Il faut que nous disions aussi que les prêts agricoles - oh, il
faut dire le mot -canadiens, d'Ottawa, ont commencé en 1927 et que, au
Québec, sur la terre québécoise, nous avons
prêté et consenti à l'agriculture dans une seule
année, l'an dernier, plus que le gouvernement fédéral dans
les 58 dernières années, de 1927 à 1985. C'est donc dire
que c'était bon de faire une commission pour donner de l'élan, de
l'encouragement, du ressort, encore si c'est possible, à cette classe
laborieuse du Québec. Cependant, en un an seulement, le gouvernement du
Parti québécois a fait plus pour l'agriculture que le
gouvernement de vos grands frères dans les 58 dernières
années.
C'est pour cela qu'il est de notoriété publique - et les
cultivateurs le savent, eux, de façon particulière - que 95 % des
prêts agricoles sont faits par l'Office du crédit agricole
québécois. Je devrais l'appeler - on devrait d'ailleurs appeler
toutes nos choses ainsi - l'office national du crédit agricole
plutôt que l'Office du crédit agricole du Québec parce que
nous sommes à l'Assemblée nationale, ici, et nous devons pointer
des sommes à chaque terre qui en a besoin, à chaque site qui a
besoin de faire sa relève!
Eh bien, je ne peux qu'être d'accord avec le président de
cette commission qui nous a bien résumé ce que la commission
avait fait. Je l'en félicite. Il y avait eu de ce côté-ci
quelques hésitations, je crois, à lui permettre d'occuper ce
poste, de même que vous avez parfois quelques hésitations à
accepter quelques collègues qui voudraient des présidences de ce
côté-ci. Nous avons consenti quand même et je tiens à
vous dire, M. le Président, que je suis très fier du travail que
vous y faites et que je ne regrette pas que notre caucus vous ait permis d'y
être. Cela m'a fait plaisir.
Vous savez, M. le Président, que nous achevons notre session; il
reste quelques heures, bien sûr. Des deux côtés de la
Chambre, il y a des gens qui ont à coeur cette relève agricole,
qui ont à coeur la jeunesse québécoise en
général et, des deux côtés, il y a des gens
honnêtes, des gens qui veulent bien faire leur métier. Aux
dernières heures de cette session, je tiens à rendre hommage
à ceux qui veulent bien coopérer avec le gouvernement pour le
mieux-être de ceux qui habitent cette noble terre du Québec
où nos cultivateurs ont fait que, dans les huit dernières
années, nous sommes rendus maintenant à 73 % d'autosuffisance.
N'est-ce pas merveilleux, messieurs de l'Opposition, de l'autre
côté?
Des voix: Bravo!
M. Blais: M. le Président, je ne voudrais pas à
cette heure tardive, certains diront à cette heure hindoue... Indue,
excusez-moi. Je disais "hindoue" parce que je pointais tantôt. Alors, je
faisais un rapprochement. Excusez-moi, M. le Président. À cette
heure indue, je ne voudrais pas m'attarder, mais je tiens...
Et, cette fois-ci, je vois qu'il y a la "triologie" agricole de l'autre
côté qui nous écoute. Cette "triologie", j'aimerais
beaucoup qu'elle se joigne à moi, en terminant, pour que nous disions
ensemble, les agriculteurs, l'LJPA et aussi les citadins qui s'alimentent de
nos produits québécois, que nous avons au Québec un
ministre de l'Agriculture extraordinaire! Nous l'encouragerons, ce ministre,
par les applaudissements que nous donnerons
dès que je terminerai, à continuer à faire son
travail comme il le fait. C'est un gars qui travaille 7 jours par semaine, 16,
18 et parfois 20 heures par jour. Je crois que, la "triologie" avec nous, ce
serait exactement le temps de lancer nos hommages les plus respectueux au
ministre de l'Agriculture, le député de Lévis. M. le
Président, je vous remercie beaucoup.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'il est de
notoriété publique que le député de Terrebonne est
sans doute de loin le plus populaire de tous les députés du parti
au pouvoir.
M. Blais: Merci, M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: On a pu, d'ailleurs, remarquer dans certaines
manifestations plus ou moins importantes du Parti québécois que
le député de Terrebonne était populaire. Mais je pense
qu'il faut un peu se méfier de sa façon théâtrale et
comique de rapporter les faits et ce qui s'est passé dans le dossier de
la relève agricole. Je lui pardonne fortement les quelques erreurs qu'il
a pu mentionner tantôt puisque, malheureusement, il n'a pas pu, à
cause sans doute de ses nombreuses obligations, assister à aucune des
réunions que nous avons tenues en province. C'est évident qu'il a
pu s'en rendre compte en examinant les différents rapports. Je ne
préciserai pas davantage, parce que c'est un de mes bons copains et que
je ne voudrais pas ternir le discours loquace qu'il a tenu, mais vous me
permettrez de dire à nos téléspectateurs et aux
Québécois de ne pas porter un jugement sur le travail de la
commission à partir du discours que nous venons d'entendre.
Si j'avais à appuyer - évidemment, on n'a pas besoin de
secondeur dans ce genre de rapport qui nous a été
présenté - le rapport de mon collègue, le
député de Richmond, sur les audiences de la commission, je vous
dirais d'emblée que je suis prêt à y souscrire et à
appuyer en entier chacune des paroles qui ont été
prononcées par mon collègue, le député de Richmond,
dont a, d'ailleurs, fait éloge le député de Terrebonne
tout à l'heure. Je voudrais m'associer à tout ce qu'il a dit,
parce que je pense que ce rapport est impeccable. Il reflète la
réalité.
Je voudrais, cependant, aller un peu plus loin. Je ne prendrai pas tout
le temps qui m'est dévolu, mais seulement quelques minutes pour ne pas
ajouter à ce que mon collègue de Richmond a dit. Je voudrais vous
dire que, sur les 30 organismes et les deux individus qui nous ont
présenté des mémoires, par conséquent, les 28 que
nous avons entendus lors de nos délibérations, il n'y a pas un
seul organisme qui est venu vanter les mérites du ministre de
l'Agriculture, les mérites du gouvernement ou le travail fait en
agriculture présentement. C'est un portrait fort différent et
nettement hors de proportion, du moins du côté
théâtral, avec ce que nous a livré le député
de Terrebonne. S'il y avait une médaille à décerner, ce
n'est sans doute pas au ministre de l'Agriculture que les 28 organismes qui
sont venus nous rencontrer en commission parlementaire nous
suggéreraient de présenter cette médaille.
Ce qu'on est venu nous dire, pour résumer - mon collègue a
en a sans doute fait état, mais je vais en parler à ma
façon - c'est qu'il y avait d'énormes problèmes du
côté de la formation agricole. On est venu nous dire qu'en 1985,
dans nos instituts agricoles du Québec, des jeunes qui partaient de la
terre ancestrale, du milieu familial, qui travaillaient depuis
déjà cinq, six ou sept ans avec leur père à temps
partiel sur la terre, s'en allaient suivre un cours de formation et la
première chose qu'on leur apprenait était ce qu'est une vache en
leur présentant une vache en plastique. On est venu nous parler de cela.
Alors que ces gens travaillaient déjà comme aides-fermiers, pour
aider leur père sur la terre et connaissaient tout le rouage, ce qu'on
aurait dû leur donner, c'est une formation plus adéquate, plus
solide. Or, quand ils arrivaient dans ces instituts, dans ces maisons de
formation, on n'avait que des vaches en plastique à leur
présenter. (23 h 20)
Évidemment, il se faisait autre chose, c'est bien sûr, mais
tout cela pour vous dire que c'est démodé. On nous a parlé
de cela: une formation non conforme à la réalité de 1985.
Des programmes plus ou moins bien adaptés et des horaires
complètement à l'opposé des besoins du jeune agriculteur.
Quand on fait suivre un cours à un jeune agriculteur entre le mois de
septembre et le mois de juin, forcément, il est incapable de suivre son
cours durant toute l'année. On sait très bien, quand on vit dans
le milieu agricole - je ne sais pas si le député de Terrebonne
est au courant - qu'il y a des travaux à faire sur la ferme pendant tout
le mois de septembre. Ce n'est pas le temps de s'en aller dans un institut,
dans un cégep, à des centaines de kilomètres de chez lui,
pour suivre un cours alors qu'on a besoin du jeune à la maison.
On sait très bien, quand on connaît le milieu agricole,
qu'au mois de mai et au mois de juin on a besoin du jeune pour aider le
père sur la terre; ce n'est pas le temps de le laisser dans un institut,
dans une école de formation ou dans un cégep. On a besoin
de lui sur la terre. Les cours sont donc mal adaptés à la
réalité et les horaires sont mal planifiés. On est venu
nous dire cela.
On est venu nous parler des difficultés énormes
éprouvées par les jeunes lors du transfert d'une ferme du
père au fils. Des difficultés énormes. Pas de
félicitations au ministre de ce côté.
On est venu nous dire aussi qu'il devrait y avoir sur le territoire -
mon collègue de Richmond en a fait état - des conseillers en
relève agricole. Malheureusement, avec ce gouvernement, des coupures
draconiennes et sauvages ont eu lieu non seulement dans le domaine de la
santé et dans le secteur de l'éducation, mais aussi dans
l'agriculture. On a vidé nos bureaux locaux du MAPAQ. On a de moins en
moins de conseillers, de spécialistes qui sont présents et
disponibles pour renseigner nos agriculteurs et notre relève. On
déplore le manque de conseillers en relève agricole. C'est ce
gouvernement qui a créé une carence de cet ordre.
On est venu nous parler de financement. Cela fait des mois que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation nous promet
une réforme complète des lois agricoles quant au financement,
quant au crédit; il nous promet un réajustement de tout cela afin
que ce soit mieux adapté aux réalités de 1985. On a beau
prêter et prêter, quand il n'y a pas de planification, quand c'est
mal organisé, mal orchestré, cela n'aide pas la relève
agricole. On est venu nous dire cela chaque fois que nous avons tenu une
audience de la commission. Tout le monde est venu nous parler du financement,
des graves problèmes qui existent du côté du financement
agricole. Il n'y a pas eu de félicitations ni de médaille pour le
ministre à ces occasions. Si cela a été fait, cela n'a pas
été fait en présence des gens de la commission et
sûrement pas en présence du ministre car, n'étant pas
membre de cette commission, il n'était pas présent non plus.
Le financement, les taux d'intérêt pour la relève,
les subventions à l'établissement, les prêts sans
intérêt, l'accès au financement pour les conjoints, le
financement pour l'agriculteur à temps partiel dans les productions
nouvelles. Allez demander aux femmes collaboratrices combien de fois elles ont
demandé au ministre d'avoir au ministère une intervenante valable
pour fins de discussions. Le ministre gardait cela jalousement à son
cabinet. C'est quelqu'un de son propre cabinet qui faisait le lien.
On est venu nous parler de la discrimination envers les femmes. Pas
encore de médaille pour le ministre de l'Agriculture. Comité de
redressement, M. le Président. Cela fait suite à ce qui est
arrivé à Saint-Cyrille avec les grévistes de la faim,
où on a pu voir jusqu'à quel point certaines personnes, certains
individus, certains agriculteurs étaient laissés à
eux-mêmes. Comité permanent, cela a été
demandé. Commission d'appel à l'OCAQ.
Tout cela pour vous dire que ce n'est pas le premier rapport qu'on fait
à l'honorable ministre de l'Agriculture. C'est au moins le
deuxième rapport qu'on fait. Le premier rapport, malheureusement, n'a
pas eu de suite. Pour quelle raison? Je n'en ai aucune idée. La raison -
c'est une opinion purement personnelle - j'ai vu, à quelques reprises,
le ministre de l'Agriculture lever le nez - comme on dit en langage du terroir
-faire la moue et presque ridiculiser cette commission parce qu'on a osé
aller écouter les grévistes de la faim et cela n'a pas plu
à M. le ministre. On a tout simplement fait passer cela comme une
commission où c'était quétaine. Cela, c'est à
l'intérieur de la réforme parlementaire, M. le
Président.
Quand un ministre a peur de la réalité, a peur de ce qui
se passe, ne veut pas se regarder dans un miroir pour voir exactement les
problèmes tels qu'ils sont, c'est bien évident que la seule
façon, c'est d'essayer de minimiser, de ridiculiser ou d'amoindrir ce
que la commission a fait. C'est bien évident aussi que, si on ne croit
pas à la réforme parlementaire, on trouve quétaine ce qui
s'est fait.
Pourtant, c'est la commission qui a le mieux fonctionné et
où il y a eu les meilleurs rapports entre les deux groupes de
parlementaires, autant ceux d'en face que ceux de ce côté-ci. On
s'est entendu à merveille. On a fait des réunions comme il n'y en
a pas eu. Il n'y a pas de commission qui a tenu autant de réunions que
nous. Réunion par-dessus réunion, toujours dans la plus grande
sérénité, avec un consensus toujours quasi total, non pas
sur les détails des propositions qu'on avait à faire, mais au
moins sur les mandats à se donner. On ne s'est même pas
chicané pour savoir si on devait entendre tel organisme ou tel autre. On
a dit: On propose d'entendre tel organisme, et les deux groupes participaient.
Que la proposition vienne du député de Maskinongé, du
député d'Arthabaska ou de celui de Saint-Hyacinthe ou de mon
collègue de Richmond, peu importe, dès qu'il y avait une
proposition, on examinait cela et on disait oui parce qu'on travaille dans
l'intérêt des agriculteurs.
C'est pour cela que vous me voyez un peu déçu de voir que
le ministre de l'Agriculture ne prend pas cela au sérieux et de voir que
le ministre de l'Agriculture fout cela en l'air. Je dis qu'il ne prend pas cela
au sérieux pour une raison bien simple, M. le Président, c'est
facile à évaluer de toute façon. Si le ministre avait pris
cela au sérieux, il aurait, au moins, accepté que quelques-unes -
sans prendre la totalité des recommandations qu'on a faites - de nos
recommandations soient appliquées au moment où on se parle
dans d'autres commissions que nous avons tenues. L'honorable ministre
administre seul, il fait ses affaires seul sans consultation et, à ce
moment, cela donne le résultat qu'on connaît
présentement.
Vous me voyez déçu, M. le Président, c'est bien
évident. Vous me voyez déçu de voir un ministre qui ne
reçoit pas nos doléances, qui ne reçoit pas nos
recommandations et qui ne daigne même pas s'asseoir et y
réfléchir. C'est décevant pour l'Opposition, mais on est
habitué à ce genre de ministre. Je me mets dans la peau des gens
d'en face, de mon bon ami, le député de Saint-Hyacinthe, de mon
bon ami, le député d'Arthabaska. Ce doit être
pénible quand on fait partie de la majorité ministérielle,
qu'on fait des recommandations au ministre, qu'on est solidaire de toutes ces
recommandations et qu'on voit que, finalement, la tortue n'accouche pas. Je ne
sais pas si la tortue est une bonne comparaison. Vous préféreriez
que je dise l'éléphant n'accouche pas ou quoi? Non, ce n'est pas
mieux! (23 h 30)
Je pense que ce doit être pénible pour les gens en face de
moi, faisant partie de la majorité ministérielle et étant
prêts du ministre et étant solidaires des recommandations, que le
ministre ne daigne même pas y faire au moins allusion et prétendre
que ça peut être sérieux. De toute façon, le seul
souhait que j'ai à faire, est de dire que nous avons fort bien
travaillé, que tout le monde a travaillé dans le meilleur
intérêt des agriculteurs, que tout le monde avait cette ouverture
d'esprit pour faire en sorte que la situation des agriculteurs soit encore
améliorée ou encore mieux adaptée aux
réalités de 1985 en éliminant le plus de contraintes
possible. Malgré que tout le monde ait travaillé dans la
meilleure des sérénités avec le meilleur esprit positif
possible, j'ose encore espérer que ce rapport si bien fait par la
commission et si bien énoncé par le président de la
commission aura des suites. Tant mieux pour la classe agricole si nous avons
des suites. Je sais que je ne réussirai pas à convaincre le
ministre, mais si jamais il y a encore des gens en cette Chambre qui puissent
le convaincre de quelque chose, messieurs, bravo! La médaille sera
donnée à celui qui aura réussi à convaincre celui
qui a fait adopter les lois sur les médailles. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): Merci, M. le Président. Je vais
débuter avec les derniers mots que le député de
Maskinongé a dits en parlant du ministre de l'Agriculture actuel, le
député de Lévis, qui passera à l'histoire pour
avoir été le député ou le ministre qui a remis des
médailles seulement.
Quand j'entends le député de Maskinongé dire que le
ministre actuel est un député et que tout ce qu'il a fait dans sa
vie, tout ce qu'il a fait comme ministre de l'Agriculture, c'est de remettre
des médailles, ça prouve hors de tout doute que le
député de Maskinongé ne connaît rien ou ne veut rien
connaître en agriculture. Il ne veut pas reconnaître les bienfaits
et l'intérêt que le député de Lévis, le
ministre de l'Agriculture actuel, a pour l'agriculture. La principale chose que
le député de Lévis, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, a donné aux agriculteurs, ce ne
sont pas les nombreux programmes d'aide, ce n'est pas l'ensemble de la
réforme de l'assurance agricole. Ce qu'il a donné de plus
important à la classe agricole, c'est la fierté, cette
fierté qui était dénoncée par le Parti
libéral d'en face. Il a redonné aux agriculteurs du Québec
la fierté d'être chez eux, d'être maîtres chez eux, la
fierté d'appartenance à un bien familial, à un bien
parternel, la fierté de nourrir un peuple, la responsabilité de
nourrir son peuple, la fierté de perpétuer une profession noble
au Québec. Voilà ce que le ministre de l'Agriculture, selon moi,
a donné de plus riche, de plus noble à l'ensemble de la classe
agricole. Au lieu de passer...
Des voix: Bravo!
M. Baril (Arthabaska): ...pour une profession de
crève-la-faim, de passer pour des gens qui vivent perpétuellement
d'une profession misérable, il leur a donné la fierté, la
richesse d'être bien chez eux, d'être capables de s'en sortir et de
vouloir s'en sortir. On a juste à regarder, quand on se promène
dans les campagnes, et cela depuis les huit ou dix dernières
années, pour voir combien la classe agricole a prospéré
dans nos rangs et dans nos campagnes. On a juste à voir leur
fierté; les gens se sont construits, ils ont agrandi leurs granges, ils
ont construit des silos, ils ont refait leurs champs, ils ont drainé
leurs terres. Voilà ce que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a donné à ce monde de la
terre.
Pour revenir à la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, les nombreux mémoires que nous
avons entendus sur la relève agricole, c'est vrai ce que le
député de Maskinongé a dit, c'est-à-dire que
ça s'est passé, tant du côté du Parti libéral
que de mes collègues du Parti québécois, d'une
façon harmonieuse. Nous avons entendu objectivement l'ensemble des
mémoires qui nous ont été présentés. Il
y a des mémoires qui étaient positifs, il y a des
mémoires qui étaient complètement négatifs, il y a
des mémoires qui étaient neutres. Il faut admettre aussi qu'il y
a des mémoires que les gens sont venus présenter pour
régler leur cas personnel et ce n'était pas l'endroit, à
la commission.
Ce qu'il faut retenir de l'ensemble des mémoires qui nous ont
été présentés, c'est une chose, entre autres, sur
un sujet que je vais développer: la formation. La formation en
agriculture, c'est revenu à peu près dans tous les
mémoires. Les chiffres qu'on nous a présentés prouvent
hors de tout doute qu'une personne - un gars ou une fille - qui prend la
relève de son père sur la terre, plus elle a de formation, plus
elle a des chances de réussir, plus elle a des chances d'augmenter ses
revenus et de rentabiliser sa ferme.
Par contre, une chose qui m'a réellement impressionné, ce
sont les professeurs de l'Institut de technologie de Saint-Hyacinthe qui sont
venus nous faire part d'une expérience, d'une sorte de sondage qu'ils
ont fait à l'intérieur de l'ITA de Saint-Hyacinthe avec les
étudiants en technologie agricole en vue de savoir exactement, au niveau
des jeunes, c'est qu'est le problème fondamental, ce qu'est leur
principale préoccupation. Je l'admets, à ma grande surprise, ce
n'est pas la question de financement qui préoccupe les jeunes. Ce n'est
pas cela qui les préoccupe d'abord, parce que le gars ou la fille qui
veut acheter une ferme, qui veut prendre la relève de ses parents, sa
principale préoccupation est la même que la préoccupation
de n'importe quel jeune en ville. Ce n'est pas de se charger sur le dos,
à l'âge de 18, 20, 22 ans, une dette de 500 000 $ et, parfois, de
1 000 000 $ et plus. Sa préoccupation première, c'est d'abord de
s'acheter un "char", d'avoir une blonde ou un chum et de vivre un peu. C'est ce
que les jeunes ont démontré par un sondage qui a
été fait à l'Institut de technologie de
Saint-Hyacinthe.
Cela démontre que les jeunes qui vivent sur nos terres sont aussi
évolués, sont comme notre jeunesse de la ville et cela, quand
même on adopterait les meilleures lois, quand même on aurait le
meilleur financement sur la terre; cette mentalité que les jeunes ont
qui est bien mise, qui est bien ancrée chez nous, on ne pourra pas la
corriger. L'important, c'est qu'on trouve les moyens pour essayer de faire
dialoguer le vendeur avec les futurs acheteurs. Encore une fois, cela ne sera
pas par des lois qu'on le fera.
Je vais énumérer uniquement un cas pour davantage
expliquer l'information que je voudrais donner. Le propriétaire d'une
terre, un agriculteur qui vit avec deux ou trois de ses enfants, la seule
ambition qu'il a, c'est que ses enfants prennent la relève parce qu'il
est fier de ses biens, il est fier de sa terre, il est fier de son troupeau et,
souvent, il a acquis ce bien paternel d'une autre génération; ils
sont souvent trois, quatre, cinq générations qui
perpétuent cette magnifique profession sur nos terres. Sa seule
ambition, c'est de voir ses jeunes prendre sa place.
Souvent, on est porté à investir parce que le père
planifie dans sa tête que deux ou trois de ses enfants prendront la
relève, formeront une sorte de société et pourront vivre
avec une grosse entreprise dont les jeunes ne veulent pas souvent. Le
père, de bonne foi, achète deux ou trois terres aux alentours,
construit deux ou trois silos, augmente le troupeau à 50, 75, 100 vaches
et plus pour essayer de réellement former une unité rentable.
Arrive le jour où un de ses enfants veut se marier et c'est là
que survient le problème. Ce jeune-là, pour lui, ce n'est pas
cela qu'il veut. Il ne veut pas être en société, en
coopérative ou en compagnie avec ses frères et ses soeurs; il
veut être comme son père, être tout seul chez eux dans son
affaire, dans son entreprise personnelle. Là, le père fait face
à une planification qu'il s'est donnée, qu'il a imposée
à sa famille à l'effet de vouloir construire, de vouloir
bâtir une grosse affaire pour faire vivre tout le monde.
C'est un des principaux problèmes que nous vivons en agriculture
aujourd'hui: la grosseur de nos entreprises que la relève n'est pas
capable d'acheter et ne veut pas acheter non plus parce qu'elle veut vivre
comme nos ancêtres ont vécu, elle veut vivre seule sur ses terres.
Il va falloir trouver un moyen pour planifier, sur une longue période,
la vente ou la transmission de cette ferme de père à fille ou
fils sur une longue échelle. (23 h 40)
Je crois que c'est sur ce problème, sur cette situation que
l'ensemble des intervenants dans le milieu agricole - pas uniquement le
gouvernement - devront se pencher. Ils devront l'étudier, essayer de
former des gens d'aujourd'hui en agriculture pour essayer de trouver une
solution pour en arriver à continuer une agriculture prospère
comme les hommes et les femmes, chez nous, veulent bien la continuer.
Je m'arrêterais ici, M. le Président, pour ne pas
éterniser le débat inutilement, mais nous aurions tant de choses
à dire sur l'ensemble des mémoires qui nous ont été
présentés. On pourrait en parler. On pourrait veiller pas mal
tard, mais, rendu à minuit moins le quart, les agriculteurs, cela fait
longtemps que leur train est fait. Cela fait longtemps qu'ils sont
couchés et ils se préparent à se lever demain.
Pour toutes ces raisons, j'ai été fier de travailler avec
mes collègues dans cette commission. Je remercie bien
honnêtement
les députés de l'Opposition de leur collaboration. Ils
ont, je crois, fait un job -si vous me passez l'expression - un travail assez
neutre; quelquefois, il y a eu des moments de partisanerie, mais c'est un peu
à cause des gens qui venaient nous voir, des gens qui sont venus nous
présenter des mémoires.
Si, par contre, l'ensemble des mémoires - pour reprendre ce que
le député de Maskinongé disait - était venu
louanger le ministre de l'Agriculture pour tous les bienfaits, toute l'aide
financière, tout le soutien technique et moral, toute la fierté
qu'il a donnés à l'ensemble des agriculteurs, le
député de Maskinongé aurait été
lui-même le premier à dire que cela n'avait pas de bon sens. Il
aurait même méprisé les gens qui sont venus nous
présenter ces mémoires de bonne foi.
Tout ce que je souhaite, c'est que les recommadations que nous avons
faites, de bonne foi, au meilleur de notre connaissance, avec les moyens
techniques dont la commission disposait, le ministre de l'Agriculture les
étudiera et vérifiera, dans un éventuel
réaménagement du financement agricole, comment on peut encore
aider la classe agricole, aider la relève, pour assurer la
continuité.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
Projet de loi 44
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a
fait l'étude détaillée
M. Blouin: M. le Président, avant que conclue le
député de Saint-Hyacinthe, nous nous sommes entendus pour
prendre, dès à présent, en considération le rapport
de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui
a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi 44, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire
agricole.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il
consentement?
Des voix: Consentement...
Le Vice-Président (M. Rancourt): II y a consentement. Il
semble qu'il y ait des amendements aussi, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Ils ont été déposés. Cela
va?
Le Vice-Président (M. Rancourt): On m'apprend qu'ils sont
à la photocopie.
M. Blouin: Alors, ils vont être intégrés.
Cela va?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, les amendements qui
ont été déposés seront intégrés au
rapport.
M. Picotte: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député de M. Maskinongé.
M. Picotte: En 30 secondes, ce sont les amendements dont on a
parlé hier sur l'information?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Notamment sur le point de vue que nous avons
mentionné, pour faire en sorte qu'un recueil de décisions de la
commission soit publié périodiquement et également
quelques autres amendements, parce que, comme tous les artistes qui souhaitent
que leur projet soit ciselé jusqu'à la fin, pour avoir la
meilleure oeuvre d'art possible, il y a quelques autres amendements
d'ajustement, mais mineurs, pour faire en sorte que le projet soit le plus
parfait possible.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que le rapport de
la commission est adopté?
M. Blouin: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Avec les amendements
intégrés?
M. Blouin: C'est cela.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse, je devais
commencer par les amendements. Est-ce que les amendements sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le rapport, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Reprise du débat
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Je
reconnais maintenant le député de Saint-Hyacinthe.
M. Maurice Dupré
M. Dupré: M. le Président, heureusement que les
députés de l'Opposition n'ont pas fait état de tout ce que
le député de Lévis et ministre de l'Agriculture a
fait depuis neuf ans, parce que je n'aurais pas eu de temps de parole.
Je vous remercie d'avoir raccourci votre temps et d'avoir survolé
quelque peu la commission parlementaire.
M. le Président, je suis très heureux de parler sur la
prise en considération du rapport. Non seulement nous avons
été les premiers comme commission parlementaire à prendre
l'initiative dans les deux domaines, y compris l'Office du crédit
agricole, mais aussi je dois féliciter en passant l'ancien
président, M. Hermann Mathieu, député de Beauce-Sud, qui a
réellement fait un bon travail. Il a probablement des leçons
à donner à son chef, du côté agricole,
certainement.
De plus, il est certain que les quelque 30 organismes que nous avons
entendus à Montréal, à Saint-Hyacinthe, entre autres,
à Québec et à Sherbrooke reflètent
fidèlement le portrait des recommandations et des suggestions qui se
retrouvent dans le rapport que nous avons déposé cette semaine
par l'entremise du président. Mais avant de passer à l'analyse
détaillée des recommandations, je voudrais tout de même
souligner, tout en renouvelant la mémoire du député de
Maskinongé - et j'espère, M. le Président, que vous en
conviendrez avec moi - que, s'il y a un domaine où M. Bourassa et son
équipe devraient faire preuve de modestie, c'est bien celui de
l'agro-alimentaire.
De toute manière, les deux dernières années de son
régime sont encore présentes dans la mémoire des
agriculteurs comme celles de la grande colère verte, alors qu'il leur a
fallu descendre dans la rue avec leurs tracteurs, bloquer les routes et abattre
leurs animaux sur la place publique pour attirer l'attention du gouvernement
qui les avait abandonnés à leur sort.
M. Garon: II manquait d'arbres pour pendre des veaux!
M. Dupré: M. le Président, il faut leur rappeler
que, sous le gouvernement Bourassa, la politique agricole se limitait à
maintenir en vie ce secteur avec des petites subventions, à
éteindre les feux quand ils devenaient trop gros; jamais il n'a su
reconnaître à ce secteur un rôle de moteur
économique, comme l'a fait le député de Lévis et
ministre de l'Agriculture, ici présent.
Des voix: Bravo!
M. Dupré: En même temps, M. le Président, il
faut assurer le développement de ce secteur par des mesures aussi
énergiques que la protection du territoire agricole. Il est bon de le
mentionner parce que, pour avoir une relève agricole, il faut avoir un
territoire agricole, et c'est ce qu'a assuré le ministre de
l'Agriculture, le député de Lévis.
Des voix: Bravo!
M. Dupré: Tantôt, le député de
Maskinongé parlait du député de Terrebonne en disant qu'il
était théâtral. Mais il faut se souvenir que, sous le
gouvernement Bourassa, le gouvernement n'avait même pas le coeur de faire
en sorte que les agriculteurs du Québec nourrissent sa population. Le
taux d'autosuffisance alimentaire était passé de 60 % en 1969
à 47 % en 1976. Au moment où nous sommes réunis dans cette
Assemblée, le taux d'autosuffisance du Québec est à 74,5 %
grâce encore une fois au ministre de l'Agriculture et à son
équipe: naturellement le député de Lévis, le
député d'Arthabaska, les députés de Richelieu, de
Johnson et, sans fausse modestie, le député de Saint-Hyacinthe,
j'espère bien.
Tantôt, le député de Maskinongé disait que le
ministre de l'Agriculture se décernait des médailles. Je ne sais
pas à quelle place il a pris cela. Le ministre de l'Agriculture ne
décerne pas de médailles, mais M. Bourassa, lui, s'en est fait
décerner une par le ministre Courcy en 1972. D'ailleurs, ce fut le
premier qui l'a demandée, le ministre Toupin, si ma mémoire est
bonne. Alors avant de dire que le ministre de l'Agriculture se décerne
des médailles, il faut faire un peu attention. Il y avait aussi une
autre chose sous Bourassa. Le patronage était tellement organisé
qu'en plus d'un ministre de l'Agriculture comme on en a un ici, il y avait le
ministre d'État à l'Agriculture, dont le bureau attribuait des
heures de "bull" aux entrepreneurs en fonction de leurs paiements à la
caisse électorale. J'espère que les gens se souviennent de cela.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Sous M. Bourassa, les agriculteurs ne
recevaient que les miettes d'un budget théoriquement destiné
à l'agriculture....
Une voix: Famélique. (23 h 50)
M. Dupré: Anémique, il faut le dire. M. le
Président, je vais revenir aux conclusions du rapport, parce qu'il y a
une conclusion, entre autres, et il y a un budget qui vient d'être
déposé il y a quelques mois où il y a un
élément très spécifique. Ce sont les 300 000 $ de
capital investi maintenant et exempts d'impôt pour les compagnies
agricoles. M. le Président, je me bats énergiquement depuis trois
ans, dans le temps de M. Parizeau, entre autres. L'an dernier, j'avais presque
obtenu l'assurance que cela allait être fait. Cette année, je suis
très heureux de voir que plus de 50 % des compagnies agricoles sont
présentement
exemptes d'impôt jusqu'à 300 000 $, en plus de l'abandon
des droits successoraux. Comme le disait tantôt le député
de Terrebonne, je pense que c'est un avantage très important pour la
relève agricole.
Naturellement, lors de nos rencontres, on a parlé du financement
agricole. Je dois souligner l'excellent travail de tous ceux qui ont
présenté des rapports. Comme l'a mentionné tantôt le
député d'Arthabaska, à Saint-Hyacinthe, nous avons eu des
professeurs de l'ITA qui ont traité de la relève et de la
formation. Lorsqu'on sait que les gains des agriculteurs sont directement
proportionnels à la formation de la relève agricole, je pense
qu'il faut absolument encourager sans aucune équivoque cette formation
qui est dispensée par les deux ITA et par plusieurs cégeps.
Je crois que les deux recommandations les plus importantes que nous
avons formulées - M. le Président, vous allez me permettre d'en
faire lecture - ce sont, premièrement, le comité de redressement
et, deuxièmement, la commission d'appel de l'Office du crédit
agricole. Le ministre me semblait d'accord, et j'espère qu'il l'est
encore aujourd'hui. Je pense que c'est une mesure qui va certainement, dans de
nombreux cas - on l'a vu quand nous avons étudié le cas des
grévistes de la faim... Je me rappelle que le député
d'Arthabaska et moi étions allés rencontrer les grévistes
de la faim en pleine nuit pour essayer de trouver un terrain d'entente à
la suite de la commission que nous avions tenue avec l'aide - il faut le dire -
et la participation des députés de l'Opposition; une bonne
participation, comme je le disais tantôt.
Le comité de redressement et la commission d'appel. La commission
de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation vous
réitère, M. le Président et M. le ministre, sa
recommandation de former une commission d'appel devant laquelle un agriculteur
pourrait en appeler d'une décision de l'Office du crédit agricole
du Québec et dont au moins un des membres serait représentant du
milieu agricole.
Quant au comité de redressement...
M. Garon: Rien qu'un?
M. Dupré: Un. On ne demande pas le Pérou, M. le
ministre, on en demande un. Nous sommes persuadés, ce soir, que vous
allez, dans les plus brefs délais, obtempérer à notre
demande qui est la deuxième parce que cette commission d'appel avait
aussi été demandée avec l'assentiment unanime de
l'Opposition, lors des recommandations de notre première commission qui
portait sur les grévistes de la faim.
Quant au comité de redressement, mettre en place dans les plus
brefs délai un comité permanent dont le mandat serait de
rechercher, avec tout agriculteur en sérieuse difficulté
financière et avec l'ensemble de ses créanciers, une solution
acceptable pour l'ensemble des intervenants dans le dossier et susceptible
d'éviter la faillite ou l'abandon forcé par l'agriculteur
concerné. Ce comité, M. le Président, pourrait être
formé... C'est une suggestion parce qu'on sait que les recommandations
des commissions parlementaires ne sont que des recommandations. Nous n'avons
aucun autre pouvoir que de recommander au ministre les choses qui sont
produites dans ce rapport, dont les deux dernières que je viens de
mentionner et qui se terminent ainsi: ce comité pourrait être
formé des personnes suivantes: un producteur agricole, un
représentant de l'OCAQ - l'Office du crédit agricole du
Québec - et un représentant des institutions
financières.
M. le Président, j'entendais tantôt le député
de Maskinongé parler de la situation désastreuse. Vous avez
été les premiers à constater qu'on a connu une crise qui
n'avait pas eu lieu depuis 50 ans. Je pense aux taux d'intérêt
à 25 %, 27 % et même 30 % dans certains cas, où des
agriculteurs étaient réellement - si je peux employer le mot
-poignés. À ce moment-là, c'est difficile de faire de la
planification.
Mais, voici le tableau que je vais vous illustrer dans
l'assurance-récolte: On sait qu'en 1970-1971 les producteurs
assurés étaient au nombre de 13 000. Lorsque le gouvernement
Bourassa a quitté les lieux, en 1976-1977, il n'en restait que 6000. En
1984 - je n'ai pas les chiffres de 1985 - nous en étions rendus à
15 000.
M. Garon; Cela monte encore.
M. Dupré: À part les indemnités
versées pour les dommages aux récoltes, qui étaient de 2
000 000 $ en 1970, qui sont passées à 36 000 000 $ en 1984. Cela
commence à être de la performance, M. le Président! Cela
illustre l'absence criante de véritable politique de
développement de l'agriculture à la fin du régime
Bourassa, puisqu'on ne parvenait même pas à dépenser le
budget de façon intelligente.
En terminant, je suis persuadé que les recommandations que nous
avons faites dans ce rapport... Encore une fois, je suis très heureux de
voir que cela s'est fait unanimement. La formation a été retenue
comme un élément important pour améliorer la
rentabilité des entreprises agricoles. Ainsi, une recommandation a
été faite pour inciter les jeunes à acquérir cette
formation.
Concernant le financement qui s'avère un problème
épineux, plusieurs recommandations portent sur le sujet, dont une
recommandation majeure a pour objet une révision du mode de financement
des entreprises agricoles.
Une voix: C'est vrai.
M. Dupré: Je suis content que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, dans ces derniers
instants, se soit joint à nous. Il a certainement très bien
compris le sens de nos interventions. Je suis persuadé que, dans les
plus brefs délais, il donnera suite à nos recommandations. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ceci met fin au
débat sur le rapport de la commission qui a pris en considération
les observations et les recommandations de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation qui a procédé à une
consultation générale sur les aspects de la relève, du
financement et de l'endettement agricoles.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, après avoir
travaillé au-delà d'une dizaine d'heures aujourd'hui - il est
presque minuit - je crois qu'il est raisonnable que maintenant nous ajournions
nos travaux à demain matin, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion
d'ajournement est adoptée. Nos travaux sont ajournés à
demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)