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(Dix heures trois minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement, s'il vous plaît. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je vous prierais d'appeler l'article a) du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 2
Le Président: M. le ministre du Revenu présente le
projet de loi 2, Loi modifiant diverses lois fiscales et d'autres dispositions
législatives. M. le ministre du Revenu.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, avec le consentement de nos
collègues de l'Assemblée nationale, je voudrais être
dispensé de lire in extenso les notes explicatives qui se retrouvent sur
trois pages pour les résumer simplement. Je pourrai faire la
nomenclature des divers éléments du projet de loi au moment du
débat de deuxième lecture.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais, dans un
premier temps, savoir si le ministre du Revenu a préparé un
résumé des notes explicatives, à tout le moins. On
s'était entendu précisément là-dessus, pour
éviter la longue lecture de la présentation du projet de loi.
S'il y a un résumé, est-ce qu'on peut l'entendre
immédiatement?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Le résumé consiste essentiellement dans
les notes de présentation que je ferai au moment de l'étude du
principe du projet de loi. Je pourrais faire la lecture du résumé
comme tel mais il est quand même de trois pages.
Ce que je souhaiterais faire à ce moment-ci, c'est simplement
d'informer l'Assemblée que ce projet de loi modifie diverses lois
fiscales de même qu'un certain nombre de dispositions législatives
afin de donner suite aux déclarations ministérielles des 19
décembre 1984 et 8 mai 1985, du ministre des Finances du gouvernement
précédent ainsi qu'au discours sur le budget prononcé par
ce dernier le 23 avril 1985.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je pense que nous allons
consentir au résumé immédiatement.
Le Président: Parfait.
Une voix: S'il est bon, oui.
Le Président: M. le leader du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Gratton: M. le Président, je remercie l'Opposition de
sa collaboration. De façon à m'assurer qu'on n'oublie rien, je
vais lire l'ensemble des notes explicatives.
Ce projet de loi modifie diverses lois fiscales de même qu'un
certain nombre de dispositions législatives afin de donner suite aux
déclarations ministérielles du 19 décembre 1984 et du 8
mai 1985 du ministre des Finances, ainsi qu'aux discours sur le budget du 22
mai 1984 et du 23 avril 1985 prononcés par ce dernier. Comme vous le
voyez, M. le Président, c'est ce que je disais tout à
l'heure.
Quant à moi, j'aimerais soulever une question de règlement
à ce moment-ci. Je vous suggère, M. le Président, qu'on
peut s'amuser du côté de l'Opposition, mais il serait tout
à fait fastidieux de tout lire, surtout qu'on a discuté ensemble,
les cabinets des leaders, du fait qu'on n'aurait pas à faire la lecture
in extenso des notes explicatives...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: ...Non pas qu'on ait des choses à cacher, mais
simplement parce qu'on trouve que ce serait faire perdre le temps de
l'Assemblée. Je suggère au leader de l'Opposition qu'on pourra
faire le débat au moment approprié, c'est-à-dire
immédiatement après la période de questions.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, effectivement, je pense que
c'est fair-play que de rappeler les échanges de propos qu'on a eus, mais
on s'était entendu sur un résumé
et c'est ce à quoi j'ai consenti. C'est le leader du gouvernement
lui-même qui s'est levé pour dire: Afin de ne rien perdre, je vais
tout lire. Il a fait son lit lui-même. À ce moment-là,
qu'il le fasse et qu'il se couche dedans.
Une voix: On veut l'écouter.
Le Président: M. le leader du gouvernement, est-ce qu'il
est possible de faire un résumé?
M. Gratton: Oui, M. le Président. Le projet de loi modifie
plusieurs lois dont celle sur l'assurance automobile; il apporte des
modifications de concordance au Code de la sécurité
routière; il modifie la Loi sur les droits successoraux pour abolir les
droits de succession.
Une voix: Merci, Robert!
M. Gratton: Je ne vous cacherai pas que j'aurai quelques
commentaires à faire là-dessus en deuxième lecture.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: Le projet de loi modifie la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail.
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, il est de coutume en cette
Chambre, lorsqu'on accepte de lire les notes explicatives, de ne pas se
permettre de digressions ni de commentaires. Il le fera lors du débat
lui-même.
Une voix: C'est vrai.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Gratton: II est également assez inusité, M. le
Président, que l'Opposition applaudisse aux notes explicatives d'un
projet de loi du gouvernement.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gratton: II modifie la Loi concernant l'impôt sur la
vente en détail, il modifie la Loi concernant l'impôt sur le tabac
et d'autres dispositions législatives, la Loi sur les impôts et 80
% du projet de loi visent à harmoniser la loi du Québec à
celle du gouvernement fédéral, le tout, comme je le disais au
début, selon le discours sur le budget présenté par le
ministre des Finances en avril dernier.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 2?
Une voix: Malgré tout, oui.
Le Président: Adopté? (10 h 10)
Une voix: Adopté.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Dépôt de documents.
J'ai certains documents à déposer au nom de
l'Assemblée, si vous me le permettez, M. le ministre des Finances.
Décisions du Bureau de
l'Assemblée
Au nom de l'Assemblée, conformément à l'article 109
de la Loi sur l'Assemblée nationale, j'ai l'honneur de déposer
copie des décisions 154, 156, 159, 163, 165 du Bureau de
l'Assemblée nationale.
Rapport du Vérificateur
général
J'ai aussi l'honneur de déposer à l'Assemblée
nationale le rapport du Vérificateur général du
Québec pour l'année financière terminée le 31 mars
1985.
Rapport de la CDPQ
Je voudrais également déposer le rapport annuel de la
Commission des droits de la personne du Québec 1984.
Rapports du DGE et de la Commission de la
représentation électorale
Enfin, je dépose le rapport annuel du Directeur
général des élections du Québec et de la Commission
de la représentation électorale du Québec 1984-1985.
M. le ministre des Finances.
Copies de l'état des mandats
spéciaux
M. Levesque: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer deux copies de l'état du rapport et des dépenses
encourues au 13 décembre 1985 pour les mandats spéciaux
autorisés depuis l'ajournement de l'Assemblée nationale.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Pourrais-je solliciter le consentement de
l'Assemblée pour retourner au dépôt de projets de loi au
nom des députés?
Le Président: Y a-t-il consentement?
Une voix: Oui.
Le Président: M. le leader.
M. Gratton: Article c), M. le Président.
Projet de loi 238
Le Président: M. le député de Berthier
présente le projet de loi 238 concernant l'acquisition d'immeubles par
la ville de Berthierville.
Des voix: Scoop! Scoop! Scoop!
M. Gratton: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Berthier, M. le Président, mais, si je ne m'abuse...
Le Président: Si vous me permettez, M. le leader du
gouvernement, j'ai reçu du directeur de la législation le rapport
suivant au sujet du projet de loi concernant l'acquisition d'immeubles par la
ville de Berthierville, loi modifiant la charte de la ville de Berthierville.
Le directeur de la législation a constaté que l'avis a
été publié conformément aux règles de
fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais faire motion, avec
le consentement de l'Assemblée, pour que nous puissions suspendre
l'application des articles 35, 36 et 37 des règles de
fonctionnement.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Chevrette: M. le Président, j'aimerais savoir les
motivations du leader du gouvernement...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...pour suspendre les articles 35, 36 et 37
à ce moment-ci.
M. Gratton: Ce ne sont pas les articles 35, 36 et 37 des
règles de procédure mais bien des règles de pratique pour
le dépôt de projets de loi privés. C'est d'ailleurs ce que
j'avais dit. La motion est-elle adoptée, M. le Président?
Le Président: Adopté.
Adoption du principe
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais maintenant faire
motion, avec le consentement de l'Assemblée, pour que l'application de
l'article 267 des règles de procédure soit suspendue et pour que
la motion d'adoption du principe du projet de loi soit immédiatement
fixée à une séance subséquente.
M. Chevrette: Consentement.
Le Président: Adopté. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de documents?
Intervention portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel.
Période des questions. M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Johnson (Anjou): Le chef de l'Opposition officielle.
Le Président: Excusez-moi! M. le chef de l'Opposition
officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
L'avenir de la pétrochimie et des pâtes
et papiers
M. Johnson (Anjou): M. le Président, on sait que la
situation de l'emploi préoccupe et a préoccupé, durant
cette campagne électorale, l'ensemble des Québécois, y
compris celui qui vous parle, et sûrement les membres du nouveau
gouvernement.
On sait également que, dans le domaine de l'emploi, les richesses
naturelles et la pétrochimie sont deux secteurs extrêmement
importants pour le Québec. Troisièmement, on sait
également que ce domaine de la pétrochimie exige des
décisions du gouvernement fédéral et celui des richesses
naturelles exige également une collaboration du gouvernement
fédéral dans certains domaines d'investissements majeurs.
À cet égard, il n'était donc pas étonnant de voir
que le premier ministre du Québec, après l'élection,
rencontrait son homologue fédéral tout récemment,
vendredi.
Au sortir de la réunion des deux hommes, nous avons eu droit
à des voeux d'assurance de collaboration mutuelle et à un certain
nombre de promesses, mais à très peu d'engagements. J'aimerais,
dans ce contexte, en l'absence du premier ministre, que la vice-première
ministre nous donne un certain nombre d'assurances. Pourrait-elle nous indiquer
si le premier ministre du Québec a obtenu du premier ministre du Canada
des assurances spécifiques quant à la volonté du
gouvernement fédéral de consacrer la grande région de
Montréal comme étant un centre pétrochimique et, plus
spécifiquement, quant à la vocation et à la
possibilité du maintien de Gulf dans l'Est de Montréal, ainsi que
quant au plan de relance de la pétrochimie avec Pétromont sur la
rive sud de Montréal? Deuxièmement, est-ce que, dans le secteur
des pâtes et
papiers, comprenant la réouverture d'ITT à Port-Cartier et
l'implantation d'une entreprise dans le secteur des pâtes et papiers
à Matane...
Des voix: Question.
M. Johnson (Anjou): ...le premier ministre du Québec a
obtenu des assurances de son collègue fédéral?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je m'aperçois, M. le Président, que le
chef de l'Opposition garde la caméra longtemps sur lui. C'est dans ses
habitudes. J'aimerais répondre bien succinctement qu'à la suite
de la rencontre des premiers ministres du fédéral et du
Québec, un haut fonctionnaire du gouvernement, M. Bolduc, a
rencontré, avec des fonctionnaires du Québec, M. Tellier et des
hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral pour passer en revue
les grands dossiers dont vient de faire mention le chef de l'Opposition. Il y a
eu une séance de travail qui a duré toute la journée hier
et, évidemment, on s'est entendu sur les faits entre les deux paliers de
gouvernement et, lors du prochain Conseil des ministres, un rapport sera fait
aux ministres respectifs.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que la vice-première ministre pourrait nous
indiquer si, oui ou non, elle considère que les déclarations
récentes du ministre fédéral de l'Énergie, M.
Layton, touchant la fermeture de Gulf sont compatibles avec les propos et les
échanges entre le premier ministre du Québec et le premier
ministre du Canada.
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je demanderais, M. le Président, au ministre de
l'Énergie et des Ressources de répondre à cette
question.
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Le ministre fédéral a fait certaines
déclarations et a donné certains chiffres. Ces chiffres semblent
ne pas être en conformité avec certains autres chiffres d'autres
experts. Il est évident que la fermeture de l'usine Gulf, de la
raffinerie Gulf dans l'est de Montréal aura des conséquences
lourdes pour le Québec.
Premièrement, le Québec serait dépendant de
l'extérieur pour une partie significative de ses produits
pétroliers. Deuxièmement, il y aurait des impacts sur les prix
des produits pétroliers qui pourraient affecter notre économie.
L'infrastructure d'approvisionnement: il y aurait une baisse de 50 000 barils
par jour. Cela pourrait entraîner la fermeture possible du pipeline. Ceci
pourrait avoir un effet sur Pétromont, sans oublier un aspect: bien que
nous ayons l'économie comme priorité, nous n'oublions pas
l'aspect humain et il y a 457 emplois qui sont menacés à la
veille de Noël.
Pour ces raisons, je crois que l'Opposition va être d'accord avec
nous que nous devons faire tout en notre possible, et nous le faisons, pour
essayer de maintenir la raffinerie Gulf dans l'est de Montréal.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Garon: Ce n'est pas du solide. (10 h 20)
M. Johnson (Anjou): Question additionnelle, M. le
Président. Évidemment, nous nous réjouissons du fait que
le ministre responsable considère que la raffinerie Gulf ne doit pas
fermer. Est-ce que la vice-première ministre peut nous donner
l'assurance qu'elle fera rapport à cette Chambre après le Conseil
des ministres quant à l'évolution de ce dossier à
l'égard duquel le premier ministre s'est engagé à trouver
des règlements avant Noël?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: ...M. le Président.
Le Président: Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
féliciter notre nouveau ministre de l'Énergie et des Ressources
pour ses récentes déclarations fermes et vigoureuses concernant
la raffinerie Gulf. Nous avons eu l'occasion de le lire dans le journal Le
Soleil de samedi dernier, à savoir qu'il allait se battre pour que Gaz
métropolitain acquière Gulf et que les emplois restent dans l'Est
du Québec. Je voudrais lui demander s'il est informé qu'un manque
d'approvisionnement en pétrole brut pourrait, d'ici à la fin de
la semaine prochaine, venir réduire à presque néant les
efforts qui sont faits présentement pour garder la raffinerie ouverte,
si tant est que les réserves continuent à diminuer, comme c'est
le cas actuellement, de façon dramatique, il pourrait s'avérer
que la procédure d'arrêt des opérations serait
déclenchée et avec les contraintes thermiques durant l'hiver,
cela pourrait occasionner des gels, des bris et des dommages
considérables.
Je veux savoir du ministre s'il entend réclamer
l'approvisionnement en pétrole brut de la raffinerie jusqu'à ce
qu'une décision finale soit prise sur l'ensemble de la transaction.
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: M. le Président, effectivement, j'ai
été informé de la possibilité du manque de brut qui
pourrait avoir des conséquences sérieuses pour la raffinerie.
J'ai rencontré les membres de mon ministère et nous avons
l'intention de faire toutes les représentations possibles afin que la
compagnie Gulf puisse avoir l'approvisionnement nécessaire
jusqu'à ce que la décision soit prise, pour éviter les
conséquences que la députée de Maisonneuve vient de nous
décrire.
Le Président: Question principale, M. le
député de Verchères.
La privatisation des sociétés
d'État
M. Charbonneau: La vice-première ministre nous a
indiqué, hier, que le mandat du nouveau ministre
délégué à la Privatisation était de
réévaluer en profondeur le rôle des sociétés
d'État allant, a-t-elle précisé, jusqu'à la
privatisation pure et simple. Je veux lui demander, aujourd'hui, si son
mandat... Est-ce qu'on veut réévaluer en profondeur, d'une
façon objective le rôle de toutes les sociétés
d'État ou si, au départ, on veut privatiser coûte que
coûte plusieurs sociétés d'État, l'ensemble des
sociétés d'État?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je pense que nous avons un ministre qui va s'occuper
de ce dossier et il peut très bien répondre à cette
question.
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Nos intentions sont
claires. Nous n'avons pas l'intention de procéder en amateur dans ce
dossier, comme l'a fait le gouvernement sortant. Ma première mission est
d'établir les priorités, d'établir les critères. Je
le dis publiquement, nous allons regarder très attentivement toutes les
sociétés d'État, mais ce ne sont pas toutes les
sociétés d'État qui seront privatisées.
À ce moment-ci - j'ai déjà commencé mon
travail avec mes collègues, avec les sous-ministres - nous avons
commencé à étudier les dossiers et nous allons continuer,
durant les mois de janvier et février, à établir nos
priorités, à établir les critères qui nous
permettront de juger de la pertinence de garder les sociétés
d'État comme telles, de les réorienter ou, éventuellement,
de les privatiser. C'est la déclaration de principe qu'à ce
moment-ci, je crois, je peux faire en toute responsabilité quant au
mandat qui m'a été confié.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: On avait cru, M. le Président, à la
suite des différentes déclarations du ministre, qu'il
était déjà préparé. J'ai l'impression qu'il
se comporte déjà un peu comme un amateur. Est-ce que les
priorités sont indiquées? Est-ce que, dans le mandat que vous
avez obtenu du premier ministre, vous avez des priorités, des cibles
particulières? Est-ce qu'il y a des sociétés d'État
qui sont actuellement plus particulièrement visées par le mandat
qui vous a été confié par le premier ministre? Si oui,
quelles sont ces sociétés d'État? Nommez-les, s'il vous
plaît.
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je crois que les
députés pourront prendre connaissance du décret qui
définit mes responsabilités. Ces responsabilités sont
très claires. C'est, en résumé, ce que je viens de dire:
établir les critères devant justifier le maintien des entreprises
d'État actuelles ou la création de nouvelles
sociétés d'État, déterminer les critères,
établir les priorités, définir la procédure, les
modalités et le programme de mise en oeuvre de la privatisation et
superviser l'opération de la privatisation.
Je le répète, à ce moment-ci, nous n'avons pas de
cas précis que l'on peut nommer. Nous avons dit durant la campagne
électorale que nous étions pour regarder très
attentivement en priorité les sociétés d'État
à caractère industriel et commercial et je crois que, pour le
moment, le député doit se contenter de cette réponse
puisque nous n'avons pas l'intention de nous précipiter à
l'aveuglette comme l'a fait le gouvernement sortant.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais d'abord demander le
dépôt du document que le ministre vient de citer en partie.
Une voix: Le décret.
M. Charbonneau: Le décret, d'accord. Dans ce
cas-là, je pense que les membres de
l'Assemblée de ce côté-ci seraient
intéressés à avoir le décret.
D'autre part, M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
nous indiquer, à ce moment-ci, s'il entend associer d'une façon
ou d'une autre l'Assemblée nationale aux réévaluations
dont le mandat lui a été confié? Et est-ce que le ministre
entend, comme principe de base, associer les gens qui gagnent leur vie dans ces
sociétés au travail de réévaluation? Est-ce que,
par exemple, les directions d'entreprise et les syndicats d'employés
concernés par les différentes sociétés
d'État qui seront sous réévaluation...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plattl
M. Charbonneau: ...seront associés à ce processus
de réévaluation?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre délégué à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je viens de le dire, mon
mandat est très clair: je dois définir la procédure, les
modalités et le programme qui sera enclenché le cas
échéant. J'imagine qu'après la définition de la
procédure nous verrons à avoir l'implication de
l'Assemblée nationale dont nous aurons besoin.
Il est sûr que nous ne procéderons pas sans consulter les
gens concernés dans les discussions que nous avons eues en public.
Lorsque nous avons parlé de ce sujet durant la campagne
électorale, nous avons fait écho non seulement aux
impératifs financiers, aux impératifs économiques, mais
également aux impératifs socio-économiques des
régions. Je peux assurer le député que ces
impératifs seront pris en très sérieuse
considération lorsque nous prendrons nos décisions.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: À l'occasion de la campagne
électorale, un des dossiers dont on a parlé...
Le Président: Votre question, monsieur. À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ...concernait la raffinerie de sucre de
Mont-Saint-Hilaire. Je voudrais savoir du ministre...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement, sur une question de règlement.
M. Gratton: M. le Président, on sait que nos règles
de procédure déterminent qu'on ne peut accompagner des questions
complémentaires de préambules, surtout pas lorsqu'on en est rendu
à la quatrième ou à la cinquième question
complémentaire. Le député de Verchères a pourtant
posé des questions avant aujourd'hui. Probablement qu'elles sont de
nature différente, compte tenu de sa position maintenant, mais je
l'inviterais à respecter le règlement.
Le Président: M. le député de
Verchères, veuillez poser votre question.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on va, entre autres, inclure les
employés de la raffinerie de sucre de Mont-Saint-Hilaire, comme on s'est
engagé à le faire durant la campagne électorale, et est-ce
que la raffinerie de sucre de Mont-Saint-Hilaire et 5IDBEC sont parmi les
sociétés "priorisées" actuellement par le mandat qui vous
a été confié?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, c'est la même question,
je vais être obligé de donner la même réponse. J'ai
dit que nous avons l'intention d'examiner toutes les sociétés
d'État à caractère industriel et commercial. Si le
député comprend la définition de ce que je viens de dire,
cela inclut les deux sociétés d'État dont il vient de
faire écho au même titre que toutes les sociétés
d'État qui oeuvrent dans ce secteur-là.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que la
vice-première ministre peut nous dire si le mandat du ministre en est un
de réexamen ou de privatisation?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Une voix: Les deux.
Mme Bacon: J'avais envie de dire les deux, M. le
Président, mais je dirai que le député de Verchères
pose des questions précises et veut avoir des réponses
précises. Lorsqu'on pense à la succession que nous avons de ce
gouvernement, je pense qu'il doit s'attendre que nous ayons la
possibilité de regarder les documents que nous avons en main dans chacun
de nos ministères. Je n'irais pas plus loin, si j'étais à
la place du député de Verchères.
Des voix: Bravo!
M. Chevrette: M. le Président, en additionnelle.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais rappeler
à la vice-première ministre, sur une question de
règlement, que, lorsqu'on n'est pas prêt à venir en
Chambre, on ne la convoque pas.
Une voix: Voilà!
Le Président: Sur une question additionnelle, M. le
député de Lac-Saint-Jean. (10 h 30)
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Cette fois-ci, cela en est une vraie. Le leader de
l'Opposition officielle vient de soulever une question de règlement
simplement pour passer un message. Je l'avertis que, s'il veut jouer à
ce jeu-là, cela se joue à deux.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je comprends que cela se
joue à deux et on le jouera.
M. Brassard: M. le Président, question additionelle.
Le Président: Je reconnais M. le député...
À l'ordre, s'il vous plaîtl À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre, s'il vous plaîtl Je reconnais maintenant
le député de Lac-Saint-Jean, sur une question additionnelle.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Une question
additionnelle au ministre délégué à la
Privatisation. Est-ce qu'il a l'intention de respecter l'engagement très
clair qui a été pris par le député de Charlesbourg
et ministre des Transports pendant la campagne électorale, l'intention
non pas d'examiner, mais de privatiser carrément la
Société des établissements de plein air qui
possède, comme on le sait, entre autres, le Mont-Sainte-Anne? Est-ce
qu'il a l'intention de privatiser? Là, il ne s'agit pas d'un engagement
concernant le réexamen, mais il s'agit d'un engagement très clair
de privatiser. Est-ce qu'il a l'intention de procéder?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, j'ai dit très
clairement que toutes les sociétés d'État seraient
réexaminées et que nous allons procéder à des
études cas par cas. J'espère que le ministre, le
député va comprendre que, dans certains domaines, lorsque nous
étions dans l'Opposition vous avez retardé le dépôt
d'états financiers, ce qui nous ne permettait pas de juger de la
performance de certaines sociétés d'État. Maintenant que
nous avons accès aux documents, nous allons faire notre devoir en toute
responsabilité.
Le Président: Une dernière question additionnelle,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Une très courte question additionnelle. Si je
comprends bien, M. le Président, cela signifie que le
député de Charlesbourg n'a pas procédé au
préalable à l'examen du dossier avant de prendre
l'engagement?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. le député de Lévis, une question principale.
Des voix: Bravo!
Une voix: Le voilà, le vrai chef!
La situation financière du gouvernement
M. Garon: M. le Président, au cours de la campagne
électorale, il a été question de la marge de manoeuvre du
gouvernement. M. le Président, pourriez-vous faire taire les gens qui ne
parleront pas souvent au cours des prochaines années?
Le Président: Allez, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Au cours de la campagne électorale, il a
été fortement question de la part du chef du Parti libéral
et du chef du Parti québécois de la marge de manoeuvre du
gouvernement. Ma question s'adresse au ministre des Finances. Comme le ministre
des Finances a maintenant intégré les bureaux, qu'il a eu des
rapports, j'aimerais savoir s'il est satisfait des déclarations qui ont
été faites et s'il endosse les propos de son chef qui disait
qu'il avait toute la marge de manoeuvre. Comme expert financier, M. Bourassa a
dit qu'il avait la marge de manoeuvre, qu'il avait les 400 000 000 $, 500 000
000 $ ou 600 000 000 $ nécessaires pour réaliser ses engagements.
J'aimerais savoir si, après avoir examiné les dossiers le
ministre des Finances est prêt à dire que son chef avait raison ou
si c'est plutôt le chef du Parti québécois qui avait
raison, lui qui disait que la marge de manoeuvre était beaucoup plus
moins grande que le chef du Parti libéral ne le prétendait.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, la question du
député de Lévis comporte deux aspects: un aspect technique
et un aspect politique. Quant à l'aspect technique, le ministre,
l'ancien ministre pourrait retenir sa curiosité jusqu'à demain
après-midi alors que je prononcerai un énoncé des
politiques budgétaires du gouvernement. Quant à l'aspect
politique je crois qu'il a eu sa réponse le 2 décembre.
Des voix: Bravo! Bravo!
Une voix: Court, mais bon.
Le Président: En additionnelle, M. le
député. À l'ordre s'il vous plaît! En additionnelle,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Comme sur l'aspect technique le ministre des Finances
n'a pas grand-chose à dire, M. le Président, je lui poserais deux
sous-questions. Je vais poser la première immédiatement. Vu que
le nouveau gouvernement veut mener le gouvernement comme une "business", je
suis convaincu... Vu que le nouveau gouvernement du Parti libéral veut
mener le gouvernement comme une "business", comme il a été
mentionné, je suis persuadé que le ministre des Finances s'est
enquis des dividendes que paieront les différentes
sociétés d'État, d'autant plus qu'il a un ministre pour
privatiser celles qui ne rendent pas les dividendes qu'il voudrait; il a
sûrement fait le tour du jardin. J'aimerais qu'il me dise quels
dividendes il attend d'Hydro-Québec pour l'année en cours et pour
l'année prochaine, selon les investigations qu'il a sûrement
faites, parce que c'est possiblement son plus gros payeur de dividendes?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, cette question sera
également "'traitée demain après-midi. Je vois que le
ministre est tellement curieux... l'ancien ministre est tellement curieux - il
faut s'adapter un peu - que je lui dirai immédiatement, pour satisfaire
cette curiosité que, comme il le sait, les dividendes attendus
d'Hydro-Québec malheureusement n'arriveront pas à cause de deux
facteurs: les revenus d'Hydro-Québec qui ont été
affectés par une certaine déficience technique sur le
réseau quant aux ventes aux Américains et également
d'autres facteurs dont je ferai part à cette Chambre demain, en
particulier quant au taux d'échange du dollar canadien.
Le Président: Une question addition- nelle, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, ma deuxième question.
Comme le ministre des Finances a eu l'occasion d'aller à Toronto et
que... On nous reprochait beaucoup, du côté du Parti
libéral, qu'on n'était pas de bons négociateurs...
Le Président: À l'ordre!
M. Garon: M. le Président, j'aimerais que les jeunes
députés sachent que, quand on pose une question, on a droit
à un court préambule.
M. Gratton: Une question de règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: À l'intention du député de
Lévis, qui ne brillait pas par son respect des règles de
procédure au moment où il était ministre, je lui
rappellerais que c'est exactement le contraire que le règlement dit.
L'article 78 du règlement dit: "II est permis de poser une ou plusieurs
questions complémentaires. Elles doivent être brèves,
précises et sans préambule." Sans préambule.
Le Président: M. le député de
Lévis.
M. Gratton: Je pense qu'il serait peut-être utile de
continuer la lecture de l'article: "Elles doivent se rattacher à la
question principale ainsi qu'aux réponses fournies par le gouvernement.
Il appartient au Président d'en déterminer le nombre." Avis aux
intéressés, M. le Président.
Le Président: Une question additionnelle, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Une question pour du solide. Je dirais ceci: Le
ministre est allé à Toronto récemment...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Est-ce que le ministre des Finances, lors de son voyage
à Toronto où il devait se comporter comme un bon
négociateur, tel que promis par le Parti libéral - puisqu'on
disait que les gens du Parti québécois n'étaient pas de
bons négociateurs - est satisfait...
M. Gratton: Vous n'êtes pas un bon poseur de questions non
plus!
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, j'inviterais le leader du
gouvernement à
donner l'exemple. On entendrait moins de bruit.
Le Président: M. le député de Lévis,
veuillez poser votre question.
M. Chevrette: L'arrogance du pouvoir...
M. Garon: J'aimerais demander au ministre des Finances s'il est
satisfait de ses négociations. Où on a appris par la voie des
journaux qu'il perdra 80 000 000 $ au cours de l'an prochain et 1 500 000 000 $
au cours des cinq prochaines années, dans les ententes sur la
santé, sur le financement de l'enseignement... Écoutez, il y a
des limites, M. le Président.
Le Président: Veuillez poser votre question, M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais, M. le Président, que vous mettiez de
l'ordre et après je poserai ma question.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Lévis, tel que le règlement a
été lu tout à l'heure par le leader du gouvernement, je
vous inviterais à poser la question le plus rapidement possible. J'ai
compris, M. le député de Lévis, que vous avez
été dérangé à plusieurs reprises, c'est
pourquoi j'ai toléré que vous vous repreniez à trois
reprises pour poser votre question. J'aimerais que maintenant vous arriviez
à la question. (10 h 40)
M. Garon: Avant de poser la question, M. le Président, il
faut que j'introduise le sujet, et cela concerne les ententes de cinq
ans...
Des voix: À l'ordre!
M. Garon: II y a des limites, M. le Président, faites
respecter le droit de parole.
L'entente porte sur la santé et le financement des écoles
postsecondaires. Je demande au ministre des Finances s'il est satisfait de ces
ententes qui sont en négociation, où le Québec perdrait,
par rapport aux formules actuelles, 1 500 000 000 $ sur cinq ans dont 80 000
000 $ l'an prochain.
Le Président: M. le député des Finances...
M. le ministre des Finances, excusez-moi. C'est le règlement qui
m'emballe. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: On se rappellera que c'est le collègue du
député de Lévis, le nouveau chef de l'Opposition, qui a
été le négociateur et ce, à un niveau encore plus
élevé relativement è cette question, à Halifax,
quelques jours avant que j'eus l'occasion de rencontrer le ministre
fédéral des Finances. Je pense bien que le député
aurait pu poser la question tout naturellement à l'ancien premier
ministre pour connaître...
Une voix: Ils ne se parlent pas.
M. Levesque: ...les progrès que ce dernier avait
enregistrés.
Mais disons tout de même, si on veut être sérieux un
instant, qu'il s'agit... Évidemment, mon interlocuteur me permettra de
lui dire cela, parce que je pense qu'il est important, s'il veut être un
critique financier, d'apporter plus de sérieux à ses questions
qu'aux réponses qu'il avait données lorsqu'il était
ministre.
Le ministre Michael Wilson a maintenu son intention de rouvrir les
arrangements fiscaux actuels et de réduire la croissance des transferts
fédéraux au financement de la santé et de
l'éducation postsecondaire, et cela, à compter du 1er avril 1986.
J'ai eu l'occasion de faire connaître la position du Québec -
n'oubliez pas que je suis allé là quelques heures après
mon assermentation -j'ai fait valoir la position du Québec, et les
autres provinces également, par l'intermédiaire du ministre des
Finances, ont fait part au ministre fédéral des
conséquences que pourrait avoir une réduction de la croissance
des transferts fédéraux dans des matières aussi
importantes que la santé et l'éducation postsecondaire.
Nous sommes sortis de cette conférence avec l'impression que le
gouvernement fédéral voulait maintenir cette attitude, et cela,
dans le but de diminuer le déficit considérable qu'on
connaît au niveau fédéral. Nous sommes bien prêts
à reconnaître qu'il y a là un problème du
côté fédéral, mais nous avons demandé au
gouvernement fédéral de réfléchir
sérieusement sur les ponséquences que pourrait avoir une telle
réduction de la croissance des paiements de transfert dans des domaines
aussi importants.
J'ai fait valoir également, à cette conférence,
alors qu'au tout début on avait conçu un partage à 50-50
des responsabilités des gouvernements fédéral et
provinciaux dans ce domaine, qu'en 1977, on était rendu à une
part fédérale à 48%, maintenant à 46%, et si les
intentions du gouvernement fédéral devenaient
réalité, en 1991, la part du fédéral ne serait plus
de 50%, mais de 41%. Nous avons donc demandé au gouvernement
fédéral de réfléchir, et de réfléchir
sérieusement sur les conséquences que pourrait avoir une telle
réduction du taux de croissance des transferts fédéraux en
ces matières.
Le Président: Question additionnelle, M. le chef de
l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Une question
additionnelle au ministre des Finances, M. le Président.
Le chef... pardon, j'allais dire le chef de l'Opposition...
Une voix: On était tellement habitué à le
voir dans l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Le ministre des Finances nous dit que lors de
cette rencontre avec le ministre des Finances du Canada, il a constaté
que l'objectif fédéral était la réduction des
dépenses à cause du déficit. Il a demandé - je
crois avoir bien entendu - au gouvernement fédéral de
réfléchir sur les conséquences d'un tel geste. Le ministre
des Finances a-t-il fait savoir au ministre fédéral des Finances
que ce serait peut-être une bonne idée pour le gouvernement
fédéral de ne pas seulement pelleter son déficit dans la
cour du Québec, mais également de procéder à une
remise en question importante des dépenses du gouvernement
fédéral dans les domaines où il y a chevauchement avec la
juridiction du Québec?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, non seulement ai-je fait
cela, mais j'ai ajouté d'autres considérants, à savoir que
les gouvernements des provinces, en général, avaient agi avec
beaucoup de discipline et de modération quant au contrôle des
dépenses au niveau des provinces et que j'invitais le gouvernement
fédéral à faire le tour de son jardin pour voir
jusqu'à quel point il pourrait lui-même, le gouvernement
fédéral, réduire ses propres dépenses.
M. Johnson (Anjou): Question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, question
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): Question additionnelle, M. le
Président. Quels sont les domaines d'empiétement du gouvernement
fédéral sur les juridictions des provinces en vertu de son
pouvoir de dépenser sur lesquels le ministre des Finances a
attiré l'attention de M. Wilson?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai pas fait cet
exercice, mais nous l'avons fait régulièrement et je suis
convaincu que, si vous regardiez les dossiers au ministère des Affaires
intergouvernementales canadiennes, vous verriez là tout un dossier sur
les chevauchements.
Le Président: M. le député...
M. Johnson (Anjou): Dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que cela va?
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): Dernière question additionnelle, M. le
Président. J'ai bien demandé au ministre des Finances, qui a
répondu qu'il avait fait de telles représentations...
Une voix: Oui, oui, oui.
M. Johnson (Anjou): ...sur quels objets il avait fait de telles
représentations au ministre des Finances.
Une voix: Pendant son mandat à lui.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je n'ai pas compris la question.
M. Johnson (Anjou): Cela, je l'avais compris.
M. le Président, j'ai demandé au ministre des Finances,
dans une première question additionnelle, s'il avait fait des
représentations auprès du ministre fédéral des
Finances pour éviter que le gouvernement fédéral ne fasse
que pelleter son problème de déficit dans la cour du
Québec et des autres provinces, à cet égard, s'il avait
attiré l'attention du ministre des Finances du Canada sur le
problème du chevauchement des services de l'État
fédéral par rapport aux services que l'État
québécois, lui, donne aux citoyens à même nos
taxes.
Dans sa réponse, le ministre des Finances a dit: Oui, non
seulement ai-je fait cela, mais j'ai aussi fait autre chose. Il l'a fait, mais
sur quels objets spécifiques a-t-il attiré l'attention de M.
Wilson quant aux excès de dépenses du gouvernement
fédéral sur le territoire québécois?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, non seulement l'ai-je fait
d'une manière générale et non pas spécifique, comme
l'a dit le chef de l'Opposition, mais nous avons eu de la part même du
ministre fédéral des Finances une expression d'intention assez
claire à savoir que nous pourrions, par des échanges très
bien structurés, faire en sorte justement d'éviter ces
chevauchements et de réduire certaines dépenses qui, à
notre avis et de
l'avis même du gouvernement fédéral, sont de
trop.
Le Président: M. le député d'Abitibi-Ouest.
Je permettrai une dernière question principale et, ensuite, je
reconnaîtrai une question au gouvernement.
Le règlement de la grève à la
SAQ
M. Gendron: M. le Président, dimanche dernier, les
parlementaires, ainsi que les citoyens et les citoyennes du Québec,
apprenaient avec satisfaction, compte tenu de la période de
l'année, que nous en étions arrivés à un
règlement avec les employés de la Société des
alcools du Québec.
La question très précise, que je voudrais poser au
ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor, aurait les deux volets suivants:
Dans un premier temps, je voudrais que M. le ministre responsable du Conseil du
trésor informe cette Chambre plus particulièrement des principaux
éléments du règlement, mais pour ce qui a trait au mandat
du Conseil du trésor qui avait été dégagé
et, dans un second temps, je voudrais que le ministre responsable du Conseil du
trésor nous indique s'il a eu à intervenir personnellement dans
ce dossier.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je n'ai jamais
été informé personnellement du règlement qui est
intervenu entre la Société des alcools du Québec et ses
employés. On a appris, par les journaux, certains éléments
de ce règlement qui nous semblent en dehors du mandat qui avait
été donné par le Conseil du trésor à la
Société des alcools. J'ai demandé au ministre de
l'Industrie et du Commerce, qui est le ministre responsable de la
Société des alcools du Québec, de rencontrer les membres
du conseil d'administration de la Société des alcools, de faire
le point sur la situation et plus spécifiquement sur le règlement
intervenu entre la Société des alcools et ses employés et
de faire rapport. (10 h 50)
Le Président: En question additionnelle, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Question additionnelle, M. le Président. D'une
façon très claire, le ministre responsable du Conseil du
trésor informe cette Chambre qu'à sa connaissance, pour
l'information dite non particulière qu'il a reçue mais publique,
ce dont nous avons entendu parler comme règlement irait
au-delà...
Des voix: Question! Question!
M. Gendron: Oui, j'arrive à ma question. Que cela irait
au-delà du mandat dégagé par le Conseil du trésor.
La question précise est la suivante: Est-ce à dire que cela remet
en cause le règlement, dont la population a été
informée, entre la Société des alcools et ses
employés?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: Comme je l'ai mentionné, le ministre de
l'Industrie et du Commerce rencontrera les membres du conseil d'administration
et s'informera des détails du règlement. Je ne suis pas en mesure
aujourd'hui de vous fournir les détails de ce règlement. À
ma connaissance et à celle des fonctionnaires de mon ministère,
il n'y a pas eu de correspondance ni de communication officielle entre la
Société des alcools du Québec et le Conseil du
trésor afin de spécifier exactement ce qu'était ce
règlement.
M. Gendron: Dernière question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce à dire que le président du
Conseil du trésor informe cette Chambre qu'il n'est pas en mesure
aujourd'hui de nous donner l'assurance qu'effectivement l'entente ne sera pas
remise en cause et qu'on pourra bénéficier de l'ouverture des
magasins de la Société des alcools?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: M. le Président, le député a
raison. Je ne suis pas en mesure à ce moment-ci de confirmer ce qui a
été fait parce que la communication ne s'est pas faite entre la
société d'État et le Conseil du trésor. Il faut
comprendre qu'il y a eu des élections et un changement de régime.
Il faut comprendre aussi que cette semaine le ministre de l'Industrie et du
Commerce s'enquerra des réponses à fournir.
M. Gendron: Dernière question additionnelle, M. le
Président...
Des voix: Oh! Oh! Tantôt, c'était la
dernière...
Le Président: M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Dernière question
additionnelle au ministre responsable du Conseil du trésor. Ma
question est la suivante: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, qu'il aurait
été tout à fait normal et convenable que vous soyez
informé à tout le moins...
Des voix: Oui, oui.
M. Gendron: ...du résultat de l'entente avant qu'il soit
rendu public? La dernière question que je pose c'est, à tout le
moins, si les dirigeants de la société ne l'ont pas fait, qu'il
me semble qu'à titre de ministre responsable il vous appartenait de
communiquer au moins avec le président de la société.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Administration et président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: Comme réponse à votre question, c'est
que je crois que le président de la Société des alcools
aurait dû communiquer avec le ministre de l'Industrie et du Commerce afin
de lui exposer son point de vue.
Des voix: C'est cela.
Le Président: Question principale, M. le
député de Trois-Rivières.
La future prison de Trois-Rivières
M. Philibert: M. le Président, ma question s'adresse au
Solliciteur général et traite de la prison de
Trois-Rivières et du rapport déposé par le Protecteur du
citoyen. On en a pris connaissance en fin de semaine dans les journaux et le
rapport du Protecteur du citoyen déclare et constate que "la prison de
Trois-Rivières est un lieu infect, impropre à l'habitation
humaine et comporte des risques certains pour la détérioration
mentale".
Plus loin dans le rapport, il est dit que "dans cette prison les
prisonniers sont logés entre trois et six dans des cellules, il n'y a
pas d'eau courante et les cuvettes servent de cabinets d'aisance". Donc, c'est
un lieu tout à fait impropre à l'habitation. Il n'y a pas
d'éclairage non plus. C'est la lumière du jour qui éclaire
et le soir venu...
Des voix: Question!
M. Philibert: ...les gardiens sont obligés de faire la
surveillance avec des lampes de poche. En bref historique, on sait que ceux qui
forment maintenant l'Opposition, le ministre du temps, M. Vaugeois, avait
annoncé...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Question de règlement, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vais relire l'article que le leader du
gouvernement lisait lorsque les nôtres posaient des questions. "La
question doit être brève". C'est écrit en toutes lettres et
il y a un point après.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président: Si vous me le permettez, M. le leader du
gouvernement. Si je me souviens bien, lorsque le leader du gouvernement a lu
l'article en question, il s'agissait d'une question additionnelle qui
était posée et nous en sommes à la question principale.
J'inviterais quand même le député de Trois-Rivières
à poser sa question maintenant.
M. Philibert: Merci, M. le Président. Vous comprendrez
que, pour expliquer neuf ans d'incompétence péquiste dans ce
dossier particulièrement, il faut prendre un peu de temps pour
présenter le sujet.
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Philibert: Or, le ministre du temps, M. Vaugeois, avait
annoncé la construction de la prison deux fois. Le ministre de la
Justice d'alors, le député de Chicoutimi, avait également
annoncé deux fois la construction de la prison et...
Le Président: Votre question, M. le député
de Trois-Rivières.
M. Philibert: ...le chef de l'Opposition, deux fois aussi. Cela
fait six annonces et on a le dossier comme il est aujourd'hui. Est-ce que le
Solliciteur général a pris connaissance du rapport du Protecteur
du citoyen et est-ce qu'il peut nous donner l'assurance qu'à très
court terme des solutions seront trouvées pour rendre cet endroit un peu
plus "habitable", entre guillemets, et que les mandats qui ont
été confiés à des experts pour la construction
d'une prison seront maintenus et qu'on construira enfin cette prison à
Trois-Rivières?
Le Président: M. le Solliciteur général.
M. Latulippe: Je voudrais tout d'abord féliciter le
député de Trois-Rivières de son excellente question. J'ai
pris connaissance du rapport du Protecteur du citoyen et ce rapport,
évidemment, ne m'étonne pas parce qu'il témoigne de neuf
ans d'incompétence péquiste, de neuf ans d'une gestion
abominable de nos systèmes de détention. D'ailleurs, cela
ne me surprend pas parce que cela fait longtemps que, du temps du défunt
gouvernement, le porte-parole libéral de l'époque, M. Marx,
décriait la situation dans nos prisons. C'est à cause de M. Marx
que, finalement, depuis un an ou deux, on a poussé le défunt
gouvernement à bouger un peu dans ce dossier. Évidemment, je vais
tenter de régler cela de façon plus rapide...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Latulippe: Je peux assurer le député de
Trois-Rivières qu'on va poursuivre - si l'Opposition veut
écouter, je pense qu'elle n'écoute pas souvent - les
démarches qui sont entreprises et qu'effectivement nous allons faire en
sorte que les travaux puissent commencer dans le plus court délai
possible.
M. le Président, est-ce qu'on peut demander un peu de discipline
de la part de l'Opposition?
Le Président: Allez, M. le Solliciteur
général.
Une voix: M. le député de Lévis.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le Solliciteur
général, vous devez adresser votre réponse au
président de l'Assemblée et non pas au député de
Trois-Rivières.
M. Latulippe: C'est effectivement notre intention de continuer
les démarches qui sont entreprises. Nous en sommes actuellement au stade
de la préparation des plans et devis en ce qui concerne cette
institution. C'est ma ferme intention de continuer et de m'assurer
qu'effectivement les travaux commencent dans le plus court délai
possible. Comme Solliciteur général, je suis personnellement
sensible et fort sensible au problème de la qualité de la vie des
détenus dans nos institutions carcérales. Il est normal que les
conditions de vie de nos détenus soient au moins décentes. Je
pense que c'est mon devoir de m'assurer de ce fait.
Le Président: Je permettrai une dernière question
additionnelle.
M. Charbonneau: Est-ce que M. le ministre qui veut agir
rapidement a fait des représentations au ministre des Finances pour
qu'il ait demain les crédits nécessaires pour entreprendre les
travaux?
Le Président: M. le Solliciteur général.
M. Latulippe: Je suis très heureux d'apprendre que mon
collègue est confiant que nous sommes en mesure d'exécuter en
quelques jours ce qu'ils n'ont pas été en mesure
d'exécuter en neuf ans.
Une voix: C'est cela. (11 heures)
M. Latulippe: Je répète que nous allons prendre
toutes les mesures nécessaires pour tenter d'accélérer ce
dossier au maximum, parce que je crois que nous devons apporter les
modifications nécessaires en ce qui concerne la prison de
Trois-Rivières. Je vous assure que nous allons prendre nos
responsabilités et nous assurer que les démarches soient faites
dans les plus brefs délais.
Le Président: Fin de la période de questions.
Toujours aux affaires courantes, il n'y a aucun vote reporté.
Motion sans préavis.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président: Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Je voudrais déposer, avec le consentement de
cette Assemblée, une motion sans préavis portant sur l'avenir du
centre pétrochimique de Montréal et sur l'avenir de la raffinerie
Gulf.
Le Président: Y a-t-il consentement? M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, il y aurait consentement,
mais selon une entente que nous avons contractée avec l'Opposition, nous
souhaiterions que cette motion soit débattue demain plutôt
qu'aujourd'hui. Je pense que le leader...
M. Chevrette: Consentement pour demain, M. le
Président.
Le Président: II y a consentement. Avis touchant les
travaux des commissions.
Une voix: II n'y en a pas.
Le Président: Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: J'aimerais, à ce stade-ci, demander au
leader du gouvernement de nous donner un aperçu de la journée; il
y aurait également des consentements à demander à
l'Opposition pour qu'on puisse d'ores et déjà prévoir le
temps. Jusqu'à 13 heures, qu'est-
ce qu'on fait? Cet après-midi, on sait que c'est la
réplique du chef de l'Opposition au discours inaugural. Ce matin,
concrètement, comment procédons-nous?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je remercie le leader de
l'Opposition de sa question, cela me permettra de donner un bref aperçu
des travaux pour la semaine. On pourra d'ailleurs en faire un ordre de la
Chambre puisque ce que je vous énumérerai a fait l'objet d'une
entente entre les cabinets des leaders de l'Opposition et du gouvernement.
Ce matin, avec le consentement de l'Opposition et de l'ensemble des
membres de l'Assemblée, on procéderait à l'adoption du
principe du projet de loi dont on a fait le dépôt ou la
première lecture tantôt - avec autant de facilité, vous
l'aurez noté. Nous nous sommes entendus, M. le Président, pour
que ce débat dure un maximum de deux heures. Nous terminerions...
même si cela devait nous amener au-delà de l'heure normale de
suspension, à 13 heures, nous le ferons de façon à
permettre au chef de l'Opposition d'entreprendre dès 15 heures sa
réplique au discours inaugural.
Également, sur le débat qui entoure le discours
d'ouverture, nous avons convenu d'une enveloppe de temps de huit heures que
nous écoulerions dès aujourd'hui et d'une autre enveloppe de
quatre heures dont nous disposerions en mars, au moment de la reprise des
travaux, mais à une journée à être
déterminée; c'est-à-dire qu'il y a une entente pour que ce
soit au cours de la première semaine, mais pas nécessairement au
cours de la première journée de la reprise de la session, en
mars.
Troisièmement, le débat qui entourera le discours sur le
budget qui, lui, doit être prononcé par le ministre des Finances
à 16 heures demain, serait d'une durée maximum de huit heures
réparties également entre l'Opposition et le parti
ministériel.
Nous avons également convenu que les crédits
supplémentaires, que nous déposerons devant l'Assemblée
nationale demain, seraient débattus ou adoptés en commission
plénière au cours d'un débat qui serait limité
à une heure trente plutôt qu'à huit heures tel que le
prévoit le règlement.
Finalement, nous avons convenu qu'une motion, pour que les commissions
parlementaires puissent être formées sans que l'Assemblée
nationale soit appelée à siéger avant la date de reprise
prévue du 11 mars, puisse être adoptée par
l'Assemblée nationale avant que nous nous quittions, au moment de
l'ajournement des fêtes.
Si le leader de l'Opposition est prêt à confirmer cette
entente que nous avons conclue ensemble, je souhaiterais, M. le
Président, que l'Assemblée en fasse un ordre.
Le Président: Y a-t-il consentement pour tarnsformer les
différentes conventions...
M. Chevrette: M. le Président, pour aujourd'hui, je
considère que la proposition peut être transformée en un
ordre de la Chambre. Il y a quelques pourparlers au sujet de demain matin, et
je ne voudrais pas que ce soit figé dans le béton pour demain
parce qu'il y a des lois sur lesquelles il nous faut même consulter de
notre côté, qui nous ont été soulignées, bien
sûr, lors de discussions à huis clos. Donc, pour la journée
d'aujourd'hui, je pense bien qu'on peut faire de ces avis un ordre de la
Chambre. Pour demain, nous verrons demain matin, à la période de
questions; nous donnerons un autre avis au président pour qu'il puisse
faire un ordre de la Chambre après la période de questions de
demain.
M. Gratton: M. le Président, moi, je veux bien, mais
est-ce que le leader de l'Opposition est en train de me dire que ce dont nous
avons convenu ensemble quant à la durée du débat sur le
discours inaugural, quant à la durée du débat sur le
discours sur le budget, quant à la durée de l'adoption des
crédits supplémentaires, ne tient pas? À ce
moment-là, il faudra évidemment faire d'autres discussions.
M. Johnson (Anjou): Cela dépend du reste du menu.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas une question de remettre en
question les paroles qu'on s'est données. Vous savez qu'il y a quelques
projets de loi que vous nous avez soumis qu'on étudie
présentement et on attend même des avis juridiques pour certains
projets de loi. À partir de ce moment-là, il se peut fort bien
que, dans le temps, cela exige... Par exemple, un projet de loi qui
émanerait de l'Agriculture pourrait prendre quatre heures de
débat. Je ne peux pas me lier d'ores et déjà sur les
horaires de discussion quant à ces projets de loi. Vous remarquerez
qu'au moment où on se parle, le temps est plein jusqu'à jeudi
soir, ce qui était l'objectif de la fin des travaux de cette
mini-session. Compte tenu du fait qu'il y a d'autres projets de loi sur la
table de travail, il nous faut absolument regarder un
réaménagement possible, ce qui peut nous amener à modifier
certaines périodes de temps entre nous.
M. Gratton: Je comprends qu'on continuera à se rencontrer,
ce qui sera fort plaisant pour moi. J'inviterais le leader de l'Opposition au
moins à accéder à ce que
nous faisions un ordre de l'Assemblée pour limiter le
débat sur le discours inaugural aux huit heures dont on a parlé
tout au moins...
M. Chevrette: Oui.
M. Gratton: ...et l'enveloppe de quatre heures prévue pour
la reprise en mars.
M. Chevrette: Pour la reprise en mars, je vous ai dit ce matin,
compte tenu des projets de loi, qu'on avait des rediscussions à faire.
Vous vous rappellerez que je vous ai parlé d'un projet de loi bien
spécifique qui est un amendement à la loi 37. Donc, on verra. Oui
aux huit heures.
M. Gratton: Allons-y pour huit heures et j'imagine qu'on
négociera une heure par ci par là. D'accord.
Le Président: M. le leader du gouvernement, voulez-vous
reformuler clairement l'ordre?
M. Gratton: Oui. Je fais motion pour que le débat
entourant le discours inaugural soit limité à une période
maximale de huit heures et que le tout se termine au cours de la
présente séance.
M. Chevrette: Oui, sans présumer du temps qui sera
accordé en mars pour la reprise des travaux sur ledit sujet.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président: Qu'on fasse les écritures.
M. Gratton: Je fais également motion pour que le
débat entourant l'adoption du principe du projet de loi 2 soit
fixé à 14 heures et que le tout se termine avant 15 heures.
M. Chevrette: Consentement.
Le Président: Consentement. Affaires du jour.
M. Gratton: Je vous demanderais d'appeler l'article qui traite du
projet de loi 2 qu'on a déposé ce matin, M. le
Président.
Le Président: Loi concernant l'élection...
Motion proposant de suspendre l'application des
articles 230 et 237 du règlement
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...je m'excuse, mais avant de vous demander d'appeler
le projet de loi en question, je pense que je devrai faire motion pour
suspendre l'application de l'article 237 du règlement, lequel
prévoit un délai minimum de sept jours entre la
présentation et le débat sur le principe d'un projet de loi et
l'article 230 qui prévoit que chaque étape doit avoir lieu
à une séance distincte. Je demanderais le consentement des
membres de l'Assemblée pour qu'on puisse procéder
immédiatement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: Dans un esprit de collaboration, consentement, M.
le Président.
Le Président: Adopté.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: J'avais demandé tantôt au ministre
délégué à la Privatisation de déposer un
document. Il semble qu'il ne l'ait pas fait. Est-ce qu'il serait possible de
demander au leader du gouvernement de faire en sorte que le document dont il a
été question tantôt soit déposé
effectivement?
Le Président: M. le député de
Verchères, vous pourrez revenir à la période des affaires
courantes demain et demander le dépôt du document.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je verrai à faire en sorte que le
député reçoive le document en question de la part du
ministre délégué à la Privatisation.
Projet de loi 2 Adoption du principe
Le Président: Le ministre du Revenu propose l'adoption du
principe du projet de loi 2.
M. le ministre du Revenu.
M. Michel Gratton
M. Gratton: J'ai le plaisir d'informer cette Chambre que
l'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet
de loi et qu'il en recommande l'étude à
l'Assemblée.
M. le Président, il s'agit pour moi ce matin, à titre de
ministre du Revenu, de proposer à cette Assemblée d'adopter le
principe du projet de loi 2, Loi modifiant diverses lois fiscales et d'autres
dispositions législatives. (11 h 10)
Le hasard veut qu'à ce moment-ci, alors que je siège
à cette Assemblée nationale depuis treize ans comme
député, le premier projet de loi qu'il me soit donné de
parrainer ici à l'Assemblée nationale soit un projet de loi
péquiste, puisque, effectivement le projet de loi 2 vise uniquement
à donner suite aux déclarations ministérielles du 19
décembre 1984 et du 8 mai 1985 du ministre des Finances du gouvernement
précédent, ainsi qu'au discours sur le budget prononcé par
ce dernier le 23 avril 1985, ce qui prouve, je suppose, M. le Président,
que la politique peut mener à tout.
Ce projet de loi reprend intégralement toutes les mesures
fiscales établies par le gouvernement précédent. Nous n'en
avons exclu aucune. Il ne préjuge cependant rien des mesures fiscales
qui seront annoncées par mon collègue, le ministre des Finances,
a l'occasion de son discours sur le budget demain, à 16 heures, car un
projet de loi distinct sera éventuellement déposé pour
donner suite à ces mesures fiscales qu'annoncera mon collègue
demain.
Il n'était pas nécessaire - je tiens à le souligner
- pour le nouveau gouvernement élu le 2 décembre dernier, qui a
choisi de faire siéger l'Assemblée nationale à quelques
jours d'avis, de faire adopter le principe de ce projet de loi 2 avant
l'ajournement des fêtes. En fait, les mesures fiscales qui étaient
contenues dans le discours sur le budget et que le projet de loi 2 viendra
entériner étaient, dans la plupart des cas, déjà en
vigueur depuis la lecture du budget le 23 avril dernier. Pour celles qui
devaient entrer en vigueur le 1er janvier prochain, elles seraient, de toute
façon, entrées en vigueur avec ou sans l'adoption d'un projet de
loi.
Or, si nous avons cru utile de faire ce débat sur le principe du
projet de loi pour ensuite le déférer à une commission
parlementaire, ce que je ferai à l'issue de ce débat, c'est que
précisément nous avons cru que cela pourrait éviter une
confusion possible chez les contribuables à l'égard de leurs
obligations fiscales, alors que l'année d'imposition 1985
s'achève. Parce que notre système fiscal est basé sur le
principe de l'autocotisation, il est primordial qu'il y ait observation
spontanée des lois fiscales et, à cette fin, il est donc
important que les contribuables québécois sachent à quoi
s'en tenir le plus tôt possible. C'est donc dans cet esprit - à
cet effet, d'ailleurs, rien n'égale la certitude d'un texte
législatif quant à ces obligations - que le principe de ce projet
de loi est discuté aujourd'hui et ce dernier fera l'objet d'une
étude détaillée en commission parlementaire au cours de
l'hiver, durant l'intersession, c'est-à-dire probablement au mois de
février.
Pour ce qui touche les dispositions concrètes du projet de loi,
ce que le leader de l'Opposition a si aimablement voulu me faire dire au moment
du dépôt du projet de loi, il suffit de dire, M. le
Président, que le projet de loi modifie en premier lieu la Loi sur
l'assurance automobile afin de permettre, à la suite de l'imposition des
primes d'assurance automobile, de modifier les sommes exigibles lors de la
délivrance ou du renouvellement d'un permis de conduire ou de
l'immatriculation d'un véhicule automobile. Il prévoit
évidemment les modifications de concordance au Code de la
sécurité routière.
Le projet de loi modifie en deuxième lieu la Loi sur les droits
successoraux pour abolir l'obligation de payer des droits à
l'égard des successions ouvertes après le 23 avril 1985 et pour
laisser subsister l'obligation d'obtenir un permis de disposer à
l'égard des successions ouvertes entre le 23 avril 1985 et le 1er
janvier 1986. Cette loi est finalement abrogée à l'égard
des successions ouvertes après le 31 décembre 1985. Le moins que
l'on puisse dire, M. le Président, c'est que nous, les libéraux,
sommes fiers de cette disposition du dernier budget péquiste parce que,
effectivement, nous avions réclamé l'abolition des droits
successoraux pendant huit ans. N'eût été de
l'élection qui approchait, il y a de forts doutes, de ce
côté-ci en tout cas, que le ministre Duhaime d'alors aurait
procédé à l'abolition de ces droits de succession. Comme
quoi - et je le dis à l'intention de notre nouvelle Opposition - une
opposition sérieuse peut parfois avoir des résultats
bénéfiques pour la population comme l'Opposition libérale
l'a fait.
En troisième lieu, M. le Président, le projet de loi
modifie la Loi concernant les droits sur les transferts de terrains pour
abaisser le délai de remboursement des droits de quatre ans à
trois ans.
Quatrièmement, il modifie la Loi sur la fiscalité
municipale afin de réaménager les privilèges fiscaux dont
bénéficient les producteurs forestiers.
Cinquièmement, le projet de loi 2 modifie la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail afin notamment 1° de
préciser les modalités d'imposition de la taxe sur un bien acquis
hors du Canada et apporté au Québec pour consommation; 2°
d'assujettir la monnaie et les timbres neufs achetés à un prix
supérieur à leur valeur nominale sauf en ce qui concerne la
Feuille d'érable en or frappée par la Monnaie royale canadienne;
3° de limiter l'exemption visant les ventes de
bulbes, d'arbustes, d'arbres et autres plantes; 4° d'élargir
l'exemption visant les biens destinés à pallier une
déficience physique aux pièces composantes ou de rechange de tels
biens; 5° d'exempter les centres hospitaliers quant à certains biens
qu'ils acquièrent; 6° de limiter l'exemption concernant la vente et
la location de films et de cassettes vidéo; 7° d'exclure de
l'exemption visant les denrées alimentaires celles conçues pour
les animaux d'appartement; 8° de prévoir le remboursement de la taxe
payée sur un montant de taxe de vente fédérale
remboursé; 9° d'assujettir à la taxe de 9 % les primes
d'assurance; 10° d'introduire un certain nombre de modifications d'ordre
technique.
Vous me permettrez de vous dire, M. le Président, que ce n'est
pas de gaieté de coeur que je propose une certaine partie de ces
mesures. D'ailleurs, je suis sûr que mon collègue des Finances
verra à rectifier le tir un tant soit peu dans son discours sur le
budget de demain.
En sixième lieu, le projet de loi 2 modifie la Loi concernant
l'impôt sur le tabac afin de porter de 55 % à 60 % le taux de la
taxe sur le tabac, de fixer aux fins du calcul de la taxe le prix de vente
moyen d'un paquet de 25 cigarettes à 1,50 $ et les réduire de
24,545 % à 17,974 % de la taxe perçue le taux de la contribution
au financement du déficit olympique.
Septièmement, le projet de loi modifie la Loi sur les
impôts et la Loi concernant l'application de la Loi sur les impôts
pour fins d'harmonisation avec les dispositions de la loi
fédérale sanctionnée le 20 décembre 1984. Certaines
de ces mesures sont d'ailleurs rétroactives à 1983. Je puis dire,
M. le Président, qu'environ 80 % des articles du projet de loi 2 sont de
cette nature.
Le projet de loi introduit également la plupart des mesures
fiscales québécoises découlant du discours sur le budget
du 23 avril 1985. Ces dernières mesures concernent notamment: 1°
l'introduction du mode d'imposition des options d'achat d'actions
accordées aux employés; 2° la bonification de la
déduction générale pour frais reliés à un
emploi; 3° l'introduction de la déduction pour certains particuliers
travaillant pour un centre financier international; 4° la précision
quant à l'admissibilité de la déduction pour certains
Québécois travaillant à l'étranger; 5° le
réaménagement de la déduction pour frais de garde
d'enfants et des exemptions personnelles; 6° l'introduction de la
déduction pour un centre financier international; 7° la
réduction des taux d'imposition; 8° l'introduction du mode de
récupération des allocations familiales du Québec; 9°
l'abandon du crédit d'impôt lors de l'achat d'actions d'une SODEC
après le 23 avril 1985; 10° l'introduction d'un crédit
d'impôt pour taxes à la consommation; 11° le
réamé- nagement du Régime d'épargne-actions,
notamment à l'égard du taux de déduction du plafond
maximum, des groupes d'investissement et des SODEQ; 12° l'introduction de
la déduction fiscale à l'égard des sociétés
de placement dans l'entreprise québécoise et des régimes
d'investissement coopératif; 13° le réaménagement du
calcul de la taxe sur le capital en ce qui concerne une corporation agricole et
un centre financier international; 14° le réaménagement du
calcul de la taxe additionnelle sur le capital dans le cas des corporations de
raffinage de pétrole; 15° l'abolition de l'impôt sur les
dons.
De plus, ce projet de loi apporte des modifications de nature technique
qui ont pour but de corriger certaines dispositions actuelles de la Loi sur les
impôts qui ne traduisaient pas avec précision les
énoncés de politique fiscale ayant servi de base à leur
introduction.
Le projet de loi modifie en huitième lieu la Loi sur le
ministère du Revenu pour y introduire l'obligation d'obtenir un
certificat autorisant la distribution des biens transmis par
décès, pour établir certaines mesures concernant de tels
biens se trouvant dans des coffrets de sûreté, pour faire du
manquement à ces obligations une infraction et pour créer une
pénalité lorsqu'une personne ne paie pas la taxe sur les primes
d'assurance alors qu'elle y est tenue.
Il modifie, en neuvième lieu, la Loi sur le paiement
d'allocations à certains travailleurs autonomes pour tenir compte des
modifications apportées à la Loi sur les impôts
relativement aux exemptions personnelles.
Dixièmement, le projet de loi modifie la Loi sur la Régie
de l'assurance-maladie du Québec en vue d'exempter un employeur de
l'obligation de contribuer à ce régime à l'égard de
certains salariés travaillant dans un centre financier
international.
Il modifie, en onzième lieu, la Loi sur le remboursement
d'impôts fonciers pour tenir compte des modifications apportées
à la Loi sur les impôts relativement aux exemptions personnelles,
aux délais de cotisation, de même que pour y
réaménager le mode de calcul du montant du remboursement
d'impôts fonciers.
Il modifie, en douzième lieu, la Loi sur le supplément au
revenu de travail pour tenir compte, dans un premier temps, des modifications
apportées à la Loi sur les impôts relativement aux
délais de cotisation du ministre et, dans un deuxième temps, pour
changer la base de calcul du remboursement.
Finalement, ce projet de loi introduit certaines modifications
techniques aux articles 5, 12 et 16 de la Loi sur les sociétés de
placements dans l'entreprise
québécoise (chapitre 9 des Lois de 1985) et à
l'article 7 de la Loi modifiant la Loi sur les impôts et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal (chapitre 25 des Lois de 1985).
Voilà donc, M. le Président, ce que contient le projet de loi.
Notre démarche, en faisant adopter le principe de ce projet de loi
aujourd'hui, je l'espère, permettra aux contribuables
québécois de prendre une connaissance détaillée des
mesures fiscales les concernant, surtout, comme je le disais tantôt, que
j'en déférerai l'étude détaillée à
une commission parlementaire qui siégera en février prochain.
J'invite donc tous les membres de cette Assemblée nationale à
donner leur aval à ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt le leader du gouvernement présenter le projet de
loi 2 qui, a toutes fins utiles, est une projet du gouvernement du Parti
québécois qui a été annoncé dans
différents discours qu'a prononcés le ministre des Finances du
temps, M. Yves Duhaime. On sait que les mesures qui sont annoncées dans
le discours sur le budget sont souvent appliquées au cours de
l'année ou au moment qu'il a annoncé dans le discours sur le
budget, même si les lois sont adoptées plus tard. C'est pourquoi
il y a un certain nombre de dispositions qu'on retrouve dans ce projet de loi
qui sont déjà en application depuis le discours sur le budget,
mais un certain nombre d'autres qui sont en application à partir du 1er
janvier, tel qu'il avait été annoncé par le ministre des
Finances, Yves Duhaime, du gouvernement du Parti québécois.
C'est pourquoi, comme il y a beaucoup d'avantages dans cette loi pour
les contribuables et que c'est peut-être, pour la première fois,
un ensemble de mesures aussi importantes pour les familles, qui touchent les
contribuables, qui avantagent les contribuables qui ont des enfants, qui ont
une famille, qu'il s'agisse de couples avec enfants ou de familles
monoparentales. Des dispositions sont prévues dans ce projet de loi qui
vont s'appliquer à partir du 1er janvier prochain. C'est pourquoi au
cours de la campagne électorale, le chef du Parti libéral du
Québec n'a pas résisté à la tentation d'essayer de
s'attribuer le crédit des mesures que l'on trouve dans ces dispositions
du budget Duhaime du mois d'avril 1985, puisque les impôts vont baisser
considérablement à partir du 1er janvier 1986 et il aimerait
faire croire que ces mesures viennent du Parti libéral du
Québec.
Les diminutions de taxes que l'on retrouvera au 1er janvier 1986
proviennent de ce projet de loi qui origine du discours sur le budget du
ministre des Finances du gouvernement du Parti québécois. J'en
donne pour preuve... et c'est pourquoi le leader du gouvernement était
tellement réticent à lire le préambule et les notes
explicatives de ce projet de loi, ce matin, puisque ces notes explicatives
attribuent de façon claire au gouvernement du Parti
québécois des mesures que nous adoptons aujourd'hui. Ces notes
explicatives commencent en disant ceci: "Ce projet de loi modifie diverses lois
fiscales de même qu'un certain nombre de dispositions législatives
afin de donner suite aux déclarations ministérielles du 19
décembre 1984 et du 8 mai 1985 du ministre des Finances - on aurait pu
ajouter: M. Yves Duhaime - ainsi qu'aux discours sur le budget du 22 mai 1984
et du 23 avril 1985 prononcés par ce dernier." Pourquoi? Parce que dans
un discours sur le budget on peut annoncer différentes mesures pour
telle année ou pour telle autre année, et dans les discours sur
le budget du ministre des Finances, il y avait des annonces pour l'année
1985, pour l'année 1986 et même pour l'année 1987. Ce
projet de loi vise à mettre en force ces mesures qui peuvent être
annoncées par le ministre des Finances. Il est évident que
lorsque le ministre des Finances fait des déclarations, ces mesures
doivent être adoptées de façon définitive puisque
autrement on assisterait à des mouvements spéculatifs. Les choses
qui ont été accordées aux contribuables ne peuvent pas
leur être enlevées-Ce que le nouveau gouvernement pourra faire,
c'est enlever ce que lui a promis. Il aurait pu par exemple, dans ce projet de
loi, abolir la taxe de 9 % sur les assurances. II aurait pu dire: J'abolis la
taxe de 9 % sur les assurances. Aujourd'hui il préfère faire
voter l'ensemble des mesures. Il ne donne pas suite immédiatement
à ses promesses. On verra plus tard.
Aujourd'hui, nous adopterons les différentes modifications
annoncées dans le budget de M. Duhaime. Il y a des mesures qui sont
très intéressantes pour les gens. Par exemple, l'exemption de
personne mariée, qui était pour l'année fiscale 1985 de
3960 $, en 1986, elle est augmentée à 4560 $, ce qui veut dire
que cela va représenter des baisses de taxes pour les gens qui sont
mariés et qui pourront faire ces déclarations. En fait, 83 % de
la valeur totale des réductions d'impôt profiteront à des
familles de travailleurs avec enfants. Des mesures qui sont annoncées
dans ce budget, 83 % de la valeur totale des réductions d'impôt
profitera aux familles de travailleurs avec enfants parce que c'est une
politique fiscale familiale qu'on retrouve dans ce projet de loi. L'exemption
de personne mariée, je disais, passe, à partir du 1er janvier
1986, de 3960 $ à 4560 $ et cette exemption sera
par la suite haussée au niveau de l'exemption personnelle de
base, soit 5280 $.
Il y a l'introduction également de nouvelles mesures, de
nouvelles exemptions pour les enfants à charge, exemptions applicables
dès la naissance pour enfants à charge à compter du 1er
janvier 1986. Les enfants à charge seront entre zéro et vingt
ans. Pour le premier enfant, il y aura une exemption de 1870 $ et pour les
autres enfants de 1370 $. Pour les enfants à charge qui sont aux
études, il y aura une exemption additionnelle atteignant 2690 $ par
année ou 1345 $ par semestre, pour chaque enfant à charge
fréquentant un collège ou une université, peu importe
l'âge. (11 h 30)
Ce sont des mesures qui vont aider les familles qui gardent leurs
enfants à la maison. Ceux qui ont été
députés pendant un certain nombre d'années savent que les
enfants peuvent être autonomes ou demeurer dans leur famille. Souvent,
les parents se plaignaient qu'il n'y ait pas de mesures concernant les enfants
qui demeuraient à la maison qui ont pu avancer en âge. Avec cette
mesure, il y aura une compensation, au fond, de 1870 $ pour le premier enfant
et de 1370 $, pour les enfants de zéro à vingt ans, ainsi qu'un
montant additionnel de 2690 $ par année ou de 1345 $ par semestre pour
chaque enfant au collège ou à l'université, à la
charge des parents.
Le taux de déduction pour les frais reliés à
l'emploi ou au travail sera doublé, étant porté de 3 %
à 6 % du revenu d'emploi jusqu'à un maximun de 500 $, en 1986. Ce
maximum sera augmenté par la suite.
Le montant maximal de déductions pour frais de garde d'enfant a
été modifié aussi. Pour les familles ayant des enfants de
moins de six ans, la déduction maximale pour frais de garde passera de
2000 $ en 1985 à 3510 $ en 1986. Donc, encore là, c'est une
mesure pour aider les familles qui ont des enfants en bas âge, d'autant
plus qu'au Québec, le taux de natalité est le plus bas du monde
occidental actuellement. Il faut sûrement aider, par des mesures
fiscales, ceux qui seront les contribuables plus tard. Une des façons de
le faire, c'est par cette mesure qui est proposée par le ministre des
Finances du Parti québécois, c'est-à-dire de
déduire les frais de garde jusqu'à un montant maximal de 3510 $
en 1986 comparativement à 2000 $ en 1985.
Il y a également un ensemble de mesures qui auront pour effet de
faire baisser les impôts. En vue de rendre les impôts
québécois plus comparables à ceux d'ailleurs, il y a une
baisse du taux marginal maximal d'impôt. Le taux marginal, c'est le taux
qu'on paie pour la dernière tranche d'impôt. Si vous gagnez, par
exemple, 25 000 $, dans la dernière partie des 25 000 $, dans le dernier
montant d'impôt à payer, pour la tranche d'un pourcentage
d'impôt à payer sur ce montant, le taux marginal est
diminué. Le taux marginal maximal d'impôt passera de 33 % en 1985
à 30% en 1986.
Pour des couples ayant deux enfants de six à onze ans et un seul
revenu du travail, le seuil d'imposition actuellement fixé à 12
367 $ sera porté à 14 905 $ en janvier prochain;
c'est-à-dire que les couples qui ont deux enfants de six à onze
ans et un seul revenu du travail, alors qu'un seul des parents est au travail,
le niveau de taxation commencera à 14 905 $ à partir de 1986,
alors que maintenant il est de 12 367 $. Là encore, c'est une mesure qui
a pour but d'aider les familles à faible revenu, parce qu'il s'agit d'un
seuil d'imposition qui augmente considérablement, puisqu'il augmente de
2600 $ dans la même année, passant de 12 367 $ à 14 905 $.
On estime que des couples qui ont deux enfants et qui ont des revenus de moins
de 14 905 $ ne devraient pas payer d'impôt. C'est pourquoi les
exemptions, les seuils d'imposition sont portés à ce niveau. Les
exemptions personnelles imposables dans ce cas seront haussées de 9240 $
à 13 080 $, ce qui représente une hausse globale d'exemptions de
41,5 % du montant des exemptions dont ils pourront
bénéficier.
Il n'est pas arrivé souvent dans l'histoire du gouvernement du
Québec qu'il y ait eu des mesures d'une telle
générosité pour les familles à faible revenu qui
ont des enfants. C'est pourquoi on a augmenté le taux... On se rappelle
ce qui se passait antérieurement, sous le gouvernement de M. Bourassa,
de 1970 à 1976. Ce n'est pas à ce genre de mesures qu'il nous
avait habitués. Au contraire, il n'y avait aucune indexation et le
financement se faisait de façon automatique avec l'inflation. Mais de
baisser les niveaux aussi fortement, de 41,5 % des exemptions personnelles
passant de 9240 $ à 13 080 $, ce n'est sans doute jamais arrivé
dans l'histoire du Québec. Pourquoi? Parce que c'est là une
politique familiale du Parti québécois qui était moins
connue sans doute puisque les gens vont se rendre compte de ça en 1986
dans leur rapport d'impôt; c'est une mesure qui a été
adoptée en 1985 et qui a été présentée par
le ministre des Finances dans son budget du printemps 1985. Elle va se
retrouver en 1986 dans les déclarations d'impôt des
contribuables.
Il y a également l'introduction d'un impôt minimum pour les
contribuables à haut revenu, payant peu ou pas d'impôt par le
biais d'une limitation au cumul des déductions fiscales auxquelles ils
ont actuellement droit. On sait que les gens à haut niveau de revenu,
parfois par un ensemble... et en utilisant les différentes mesures de
l'impôt, peuvent en arriver à ne
pas payer d'impôt du tout avec des conseillers fiscaux qui se
chargent de trouver légalement un ensemble de déductions qui font
en sorte que des gens qui sont mieux organisés peuvent ne pas payer
d'impôt. À ce moment, dans ce cas il y a l'introduction d'un
impôt minimum. C'est-à-dire, quel que soit le niveau des
exemptions dont les gens peuvent se prévaloir, il y aura un impôt
minimum et cela va toucher les gens qui ont de gros revenus, afin qu'ils paient
au moins un minimum d'impôt et qu'ils ne puissent pas être
exemptés complètement de l'impôt parce qu'ils ont de bons
conseillers fiscaux.
Il y a une baisse également des montants de retenue à la
source applicables dès le 1er janvier 1986. Cela va paraître
beaucoup pour les gens qui vont recevoir leur chèque de paye le 1er
janvier 1986. C'est pour cela qu'il va falloir le répéter un peu.
L'orateur qui suit, le député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint
de l'Opposition, va sûrement en dire un mot également afin que les
gens sachent un peu que ces mesures qui sont adoptées aujourd'hui sont
l'oeuvre du gouvernement du Parti québécois et que les
déductions d'impôt qu'ils vont retrouver dans leur chèque
de paye du 1er janvier prochain sont le fait de mesures adoptées par le
gouvernement du Parti québécois. Entre autres, la baisse des
montants de retenue à la source applicable. Dès le 1er janvier
1986, les contribuables pourront en effet bénéficier directement
des baisses d'impôt par une diminution des déductions à la
source. Les personnes assumant les frais de garde d'enfant pourront
également demander à leur employeur de comptabiliser à la
source cette déduction et ainsi diminuer le montant des retenues sur
leur chèque de paie. Cela va être avantageux pour les familles, et
c'est ce qu'on vise au fond.
Comme je le disais tout à l'heure, c'est une politique fiscale
familiale. Ces montants vont Être avantageux pour les familles et ce
seront peut-être les dernières mesures de ce type qu'ils auront au
cours des prochaines années puisque les politiques familiales, il n'y en
a pas eu souvent dans l'histoire du Québec sur le plan fiscal. Le seul
gouvernement qui a adopté véritablement une politique familiale
sur le plan fiscal a été le gouvernement du Parti
québécois. Ces mesures vont se retrouver au début de
l'année. En recevant leur chèque de paie, les gens vont
réaliser à quel point ces mesures étaient avantageuses.
Évidemment, ceux qui ne sont pas au courant vont penser que ce sont les
libéraux; c'est pourquoi il va falloir faire en sorte de bien
l'indiquer.
Dès ce matin, j'ai vu que le leader du gouvernement
n'était pas intéressé à ce que les gens sachent que
ces mesures venaient du gouvernement puisqu'il ne voulait même pas lire
les notes explicatives du projet de loi, alors que la tradition c'est de
toujours lire les notes explicatives, des projets de loi. Quand j'étais
ministre de l'Agriculture, j'ai présenté 55 projets de loi et
j'ai lu à chaque fois les notes explicatives parce que j'étais
fier des notes explicatives. Je présumais que c'étaient de bons
projets de loi et je voulais lire les notes explicatives. Lorsque le leader du
gouvernement du Parti libéral ne veut pas lire les notes explicatives
d'un projet de loi qui émane du gouvernement du Parti
québécois, c'est parce qu'il sait que ce projet de loi est bon,
qu'il vient du Parti québécois et qu'il ne veut pas que les gens
sachent que le crédit doit revenir au Parti québécois
d'avoir adopté de telles mesures.
On aura le temps de faire beaucoup de débats en cette Chambre et
on se rendra compte, au cours des prochaines semaines ou des prochains mois,
qu'à 99, beaucoup de ces députés ne parleront pas souvent.
Les députés du Parti québécois auront l'occasion de
parler mais il va falloir revenir de façon régulière sur
ces montants parce que je suis convaincu - j'ai vu la faiblesse de la
négociation dont on a parlé avec le gouvernement
fédéral, ce matin - par les réponses du nouveau ministre
des Finances que si je me contente seulement de faire des voeux au gouvernement
fédéral, malgré que les libéraux avaient promis
d'être de bons négociateurs, ils vont se faire plumer vivants. (11
h 40)
Ce matin, j'ai le sentiment que dans les dernières
négociations entamées à Toronto sur la santé et le
financement des écoles postsecondaires, le ministre des Finances
commençait déjà à se faire plumer. Il disait qu'il
émettait des voeux pieux et qu'il avait fait son possible. Ce n'est pas
cela que les libéraux nous avaient promis, ils nous avaient promis
d'être de bons négociateurs. Ils avaient reproché au Parti
québécois d'être de mauvais négociateurs. On se
rendra compte, très rapidement, à quel point il y avait une
différence de capacité de négociation puisqu'ils sont en
train de se faire plumer tout rond. Ils ne sont même pas capables de
donner des ordres à une société d'Etat, apparemment,
puisque même le président du Conseil du trésor se plaignait
de ne pas avoir dirigé lui-même la société
d'État. Pour des gens qui étaient prêts à prendre le
pouvoir, qui savaient toutes les compagnies qu'ils devaient privatiser, qui
veulent faire des examens, qui veulent étudier...
Les Québécois qui ont entendu tous ces engagements
d'hommes qui voulaient mener le gouvernement comme une "business", prendre des
décisions le matin comme une "business", prendre des décisions
rapides, on voit que cela va être d'une lenteur incroyable et, au fond,
ils ne sont pas sûrs des engagements qu'ils ont pris. Le seul engagement
dont ils sont sûrs et dont ils
savent qu'il est bon, c'est le projet de loi qu'ils présentent
aujourd'hui, une loi qui a été préparée par le
gouvernement précédent, la loi 2 qui est une loi
préparée par le gouvernement du Parti québécois,
qui est une loi qui adopte des mesures pour aider les gens dans leurs revenus
familiaux et principalement les familles avec enfants, couples avec enfants ou
familles monoparentales avec enfants pour que... Des gens qui
élèvent des enfants au Québec ont besoin d'être
aidés alors qu'on a un niveau de natalité très peu
élevé; ils doivent avoir des avantages du gouvernement. Je
souhaite que tous mes collègues aient l'occasion d'en parler au cours de
ces débats.
Une autre mesure qui a été annoncée et qui
était en vigueur à ce moment, qui était très
demandée, principalement au niveau des gens dans le domaine agricole
-j'avais personnellement organisé des rencontres entre le ministre des
Finances et les représentants du monde agricole - c'est l'abolition de
l'impôt sur les dons et sur les droits successoraux. Le gouvernement du
Parti québécois a aboli l'impôt sur les dons et sur les
droits successoraux à compter du 24 avril 1985. Cette loi vient
entériner rétroactivement cette décision du ministre des
Finances du temps, c'est-à-dire du ministre du gouvernement du Parti
québécois, M. Duhaime. C'est évident qu'à ce point
de vue les gens qui ont des petites entreprises ou qui souhaitaient ces
avantages fiscaux ou encore ceux qui avaient de plus grandes entreprises, mais
qui le souhaitaient également par comparaison avec d'autres, sont
très heureux de ces mesures qui ont été adoptées
par le gouvernement du Parti québécois.
Il y a aussi des mesures favorisant l'agriculture, mesures
spéciales, qui avaient été adoptées. Je veux citer
le discours sur le budget du ministre Duhaime du printemps dernier, des mesures
qu'on retrouve dans cette loi. Je vais citer son discours tel quel pour
rappeler cette mesure aux agriculteurs qui nous écoutent qui demandaient
une telle mesure. "Le développement de l'industrie agricole constitue
une des préoccupations majeures du présent gouvernement -
c'était le gouvernement du Parti québécois - et les
actions prises depuis 1976 le démontrent très clairement.
L'industrie agricole occupe une place privilégiée dans
l'économie québécoise et tout doit être mis en
oeuvre pour en assurer le développement. "Aussi, la fiscalité
doit-elle s'ajuster pour tenir compte des particularités de l'entreprise
agricole et non le contraire. Pour cette raison, j'annonce ce soir une mesure
pour permettre aux entreprises agricoles de bénéficier des
avantages de l'entreprise corporative. "La petite entreprise agricole
québécoise à propriétaire unique disparaît
peu à peu pour faire place à de véritables petites
entreprises dynamiques organisées sous la forme corporative. Ce type
d'organisation comporte plusieurs avantages, dont la facilité de
partager les revenus et la croissance de valeur dans l'entreprise entre les
membres d'une famille ou les associés qui y participent. Afin de
favoriser cette forme d'organisation qui correspond bien au fonctionnement de
l'entreprise agricole et de favoriser le transfert d'entreprises agricoles
entre générations, les personnes dont l'activité agricole
constitue la principale source de revenu ne paieront pas de taxe sur le capital
sur leurs premiers 300 000 $ de capital versé, sauf une taxe minimale de
50 $. Cette mesure permettra aux agriculteurs de choisir le véhicule
convenant le mieux à leur entreprise sans que la taxe sur le capital
vienne orienter ce choix."
Essentiellement, cette mesure, couplée avec l'abolition des
droits sur les successions et de l'impôt sur les dons, traduisait
exactement les demandes qui nous venaient du monde agricole et qui sont
remplies par le discours sur le budget du ministre des Finances au printemps
1985. Ces mesures seront entérinées par ce projet de loi que nous
adopterons au cours de cette semaine.
Je voudrais - le ministre des Finances va sûrement se charger de
le faire en essayant de faire croire que c'est lui qui l'a fait -
énoncer à quel point il y aura des baisses d'impôt pour les
différents types de familles. Il y aura des baisses d'impôt
importantes pour les couples qui ont des enfants, qui ont des revenus, et
j'imagine que bientôt, dans les distributions de... À moins que le
gouvernement, qui a dit ne pas vouloir de publicité, n'en fasse pas du
tout, ce qui m'étonnerait beaucoup.
Au début de l'année 1986, les contribuables regarderont
leurs chèques. Ils pourront comparer leurs chèques de 1985 et
leurs talons de chèques de 1986 et voir la différence
d'impôt retenu à la source et constater qu'il y a une baisse
importante de l'impôt à payer et dans les déductions
à la source. Ils pourront se prévaloir également des
formules qui seront sûrement mises à la disposition des employeurs
pour faire en sorte que les gens qui ont des frais de garde également
puissent les faire déduire, augmenter davantage leurs exemptions
à la source. Ces mesures seront dues au discours sur le budget du
ministre Duhaime du printemps 1985, mais elles apparaîtront, comme il
avait été annoncé, dans les premiers chèques de
l'année 1986, à moins que le gouvernement, qui a annoncé
des mesures fiscales, ne veuille augmenter les impôts, ce qui ne serait
pas étonnant.
Je me serais attendu, au moins que, dans ce projet de loi, la ligne sur
les assurances disparaisse. On va adopter la taxe sur les assurances, je
pensais qu'on la ferait
disparaître immédiatement. Cela aurait été
simple d'enlever cette taxe sur les assurances et de faire les remboursements
des taxes perçues au cours de l'année en vertu du discours sur le
budget du ministre Duhaime, le printemps dernier. Mais pas du tout, on va
adopter la taxe sur les assurances et les libéraux vont sûrement
voter pour la taxe sur les assurances. Ils vont sûrement voter pour ce
projet de loi et ils vont adopter la taxe sur les assurances de 9 %, M. le
Président. Pouvez-vous croire ça? Ce n'est pas croyable. Ces
gens, qui se sont promenés de bord en bord du Québec en disant
qu'ils aboliraient la taxe sur les assurances de 9 %, vont adopter cette
semaine la taxe sur les assurances de 9 %.
Ce serait facile, sur le plan technique s'il n'y avait pas de taxe sur
les assurances. Il s'agirait tout simplement de ne pas inclure les 9 % dans le
projet de loi et de trouver un mécanisme de remboursement des taxes
perçues, ou encore de mettre une disposition disant que cette taxe vaut
jusqu'à telle date, qu'elle arrête à telle date. Mais non,
on va adopter la taxe sur les assurances de 9 % par ce projet de loi, croyez-le
ou non. On dira que c'est l'ancien gouvernement, mais ça aurait
été possible et je suis persuadé que l'Opposition - et je
vois le leader du gouvernement qui est prêt - aurait donné son
consentement pour abolir cette loi et même amender ce projet de loi no 2
pour faire disparaître la taxe sur les assurances, promesse du chef du
Parti libéral. Il a promis de faire disparaître la taxe sur les
assurances de 9 %. Pourtant, ils vont l'adopter et ils vont voter pour ce
projet de loi sur les assurances. Pourquoi? Parce qu'ils ne veulent pas
l'abolir entièrement, et vous verrez. (11 h 50)
J'ai posé des questions au ministre des Finances ce matin et il a
été très alambiqué dans ses réponses. Il ne
veut pas répondre parce qu'il sait, au fond, que, comme le chef du Parti
québécois le mentionnait, c'est parce que la marge de manoeuvre
du gouvernement était serrée que nous avions dû mettre une
taxe sur les assurances, justement parce qu'on a été coupé
par le gouvernement fédéral. Je lui ai justement posé des
questions ce matin, avant ce discours, pour lui demander s'il avait
été meilleur négociateur. Au contraire, il a
négocié des montants encore moins élevés avec le
gouvernement fédéral. Il a négocié... Il a appris
à Toronto qu'il aurait 1 500 000 000 $ de moins au cours des cinq
prochaines années, dont 80 000 000 $ l'an prochain. Est-ce que c'est un
bon négociateur? Ce n'est pas un bon négociateur, ce n'est pas un
bon intendant; un bon intendant ne cache pas ses talents dans le sol, il ne les
enterre pas, il les utilise. Le Parti libéral nous avait dit: Les gens
du Parti québécois sont de mauvais négociateurs; regardez
bien cela, quand on va arriver, nous autres, on ne fera pas de chicane et tout
va se régler. Ils ne se sont jamais fait autant plumer.
M. le Président, 1 500 000 000 $ dans cinq ans, qu'ils vont se
faire plumer. À 99 -c'était aussi pire lorsqu'ils étaient
102 - ils se font plumer vivants. Et après cela, ils disent qu'ils
représentent le Québec, qu'ils sont vigoureux. Voyons donc! M. le
Président, voyons donc!
Des voix: Bravo!
M. Garon: Et les gens qui ont élu ce gouvernement vont se
rendre compte rapidement qu'ils n'ont rien élu, qu'il n'y a pas de
gouvernement. Le ministre qui parlait tout à l'heure de l'examen des
sociétés d'État qu'on veut rendre privées,
s'était engagé à privatiser, en les nommant, des
sociétés d'État. Ce matin, il n'y en a plus aucune qu'il
privatisait. Il était prêt... Il réexaminait... Pourtant,
il est devenu ministre de la Privatisation, non pas le ministre du
réexamen. Bien non, là il n'y a plus rien. Pourtant, nous - voyez
nos promesses - les engagements du ministre des Finances, même le Parti
libéral les adopte. Est-ce assez bon? Pourquoi? Parce qu'il sait bien
que ce sont de bonnes mesures, les mesures du gouvernement du Parti
québécois.
Il y a aussi une foule de mesures... Je n'aurais pas le temps, parce que
dans le partage de notre temps comme équipe il y a différents
points de vue, différentes mesures, et nous, du Parti
québécois, voulons donner une place aux régions, dans nos
allocutions, nous essayons de répartir le temps le mieux possible. Le
député d'Abitibi-Ouest qui était ministre du
Développement régional, s'est toujours préoccupé
des régions, a beaucoup travaillé dans les différentes
régions du Québec tant au niveau du Fonds de développement
régional ou encore des différentes instances a mettre en place
pour aider des régions à occuper toute leur place. Comme nous
partageons le temps que nous avons, 1 heure, entre nous deux, je veux vous
dire, en terminant, que nous aurons l'occasion de revenir sur ces mesures au
cours de la semaine à de nombreuses reprises, mais simplement avertir
les gens que, dans leurs prochaines déductions, du 1er janvier 1986, ce
sera une réalisation du Parti québécois
rétroactivement pour une partie, et pour l'avenir pour une autre
partie.
Tantôt le leader du gouvernement se plaignait de certaines mesures
fiscales: il était capable de les annuler! Il se plaignait tantôt
qu'il y ait une taxe sur les fleurs: il peut l'abolir! Je peux vous dire que
s'il l'abolit, je suis persuadé qu'on va y concourir, et je peux vous
dire d'avance que je vais recommander à l'Opposition de
concourir à l'abolition de cette taxe et de toutes les taxes que
le gouvernement voudra abolir. Nous sommes prêts à y
concourir.
Mais je remarque qu'il est prêt à adopter toutes les
diminutions de taxes, mais aussi toutes les augmentations dont il se plaint
alors que le rôle du gouvernement n'est pas de se plaindre, mais de faire
du solide, du concret, d'adopter des mesures réelles et non pas de
brailler; autrement, il va falloir leur fournir des mouchoirs.
Je termine en disant à ceux qui nous entendent, à ceux qui
nous écoutent, que l'une des dernières oeuvres du Parti
québécois dans ses mandats de 1976 à 1985 a
été la déduction d'impôt générale pour
les familles de travailleurs et particulièrement ceux qui ont des
enfants avec des ensembles de mesures incitatives sur le plan
économique. J'en ai mentionné certaines dans le plan de
l'agriculture et mon collègue, le député d'Abitibi-Ouest,
va poursuivre dans d'autres secteurs de l'activité économique qui
intéressent les gens. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Conformément à l'entente
intervenue entre les deux leaders, je reconnais maintenant le
député d'Abitibi-Ouest et lui cède la parole.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président. Effectivement, je
pense qu'il est important de prendre quelques minutes pour informer à
nouveau les citoyens et les citoyennes du Québec des intentions de
même que des mesures concrètes qui sont contenues dans le projet
de loi 2. Ce n'est pas un projet de loi facile parce qu'il est technique. Il
s'intitule Loi modifiant les diverses lois fiscales et d'autres dispositions
législatives. Cependant, ce qui est important pour ceux qui nous
écoutent et pour les parlementaires, c'est de sortir du cadre
peut-être un peu trop légaliste du projet de loi et d'indiquer
que, fondamentalement, pour ce qui est des citoyens, c'est effectivement
l'application à peu près, et pas seulement à peu
près, puisque le leader du gouvernement a indiqué d'une
façon très claire qu'il n'y avait pas de restrictions en ce qui
les concerne... Il a commencé son intervention en disant qu'il s'agit
d'un projet de loi péquiste. Il avait raison puisque c'est pour donner
suite à l'ensemble des mesures comprises dans le budget Duhaime.
Il est clair que lorsqu'on a à adopter une loi fiscale comme
celle que nous avons à discuter présentement, on pourrait faire
valoir toutes sortes de points de vue. Parce qu'un gouvernement responsable qui
doit présenter un budget doit également bien sûr
présenter, dans certains cas, des allégements fiscaux. Mais
puisqu'il s'agit d'équilibrer les finances publiques, ces gens-là
ont dit hier, dans le discours d'ouverture, qu'ils voulaient avoir des mesures
d'assainissement des finances. Ils voulaient s'assurer que dorénavant
l'État prenne une moins grande place. Mais il n'en demeure pas moins que
l'État québécois aura toujours un rôle important
à jouer et surtout par un de ses éléments fondamentaux qui
s'appelle le budget.
Je voudrais simplement prendre quelques minutes pour rappeler aux
citoyens et citoyennes du Québec, parce qu'il me semble que c'est notre
responsabilité de le faire, que lorsqu'on a eu la responsabilité
de diriger le Québec, on a présenté un budget et,
aujourd'hui, dans ce projet de loi fiscal, nous allons être en mesure de
confirmer et de concrétiser l'application précise de certaines
mesures qui s'appliquent à l'ensemble des citoyens et des citoyennes du
Québec.
Le premier point que je voudrais faire valoir est d'indiquer, sans
tomber dans toutes sortes de nuances, de faire connaître et de faire
savoir à nouveau à la population que, globalement, pour ce qui
est de l'année 1986, le budget Duhaime permettait de retourner 313 000
000 $ dans les poches des contribuables et 570 000 000 $ en 1987, par des
hausses substantielles des exemptions de base surtout pour les familles et
également par une diminution du taux minimum dans les tables
d'impôt. Je pense qu'il est important de rappeler cela à la
population, parce que le 1er janvier 1986 s'en vient. Les travailleurs et les
travailleuses du Québec pourront observer dès le 1er janvier
1986, sur le chèque de paie, des taux d'imposition moindre, compte tenu
du relèvement de la table d'impôt et des exemptions
personnelles.
Il est également important de rappeler que, volontairement,
l'ancien gouvernement a voulu que la plupart des réductions
d'impôt prévues au budget aient une application sur ce qu'on
appelle les familles de travailleurs avec enfants. Je reconnais qu'il est
toujours de notre responsabilité d'essayer d'avoir des mesures ayant des
connotations avec ce qu'on peut appeler des éléments d'une
politique familiale. Il est absolument fondamental et important de soutenir,
mieux peut-être qu'on ne l'a jamais fait jusqu'ici, les familles
québécoises pour que nous puissions effectivement continuer
à faire progresser et développer davantage la
société. Pour ce faire, si on avait beaucoup de temps, on serait
en mesure de faire la démonstration à savoir que 83 % des
réductions d'impôt prévues au budget Duhaime applicables
sur les années 1986 et 1987 vont d'abord profiter aux familles
québécoises et aux travailleurs et travailleuses du Québec
qui ont un, deux ou trois enfants. Cela nous paraissait très important
parce que ce sont des mesures concrètes qui touchent les
particuliers.
Je ne reprendrai pas l'intervention faite par mon collègue, le
député de Lévis, en évoquant les diverses mesures
d'exemptions personnelles. Je voudrais plutôt considérer d'autres
éléments du budget qui étaient peut-être davantage
liés à des considérations importantes pour soutenir et
développer l'entreprise québécoise. Nous savons tous
qu'une des façons de stimuler l'économie du Québec, c'est
de soutenir par toutes sortes d'encouragements et d'initiatives des
dégrèvements de toute nature qui permettent à l'entreprise
québécoise de se développer davantage. (12 heures)
Je voudrais tout simplement vous en rappeler quelques-uns. Je pense que
j'ai raison de le faire parce que, hier encore, dans la présentation par
la vice-première ministre du Québec du discours d'ouverture, nous
entendions toutes sortes d'énoncés, en ce qui me concerne,
beaucoup plus théoriques que pratiques, beaucoup plus
énonciateurs que pratiques pour un gouvernement qui devait se mettre
à l'ouvrage dès ce matin. On disait, entre autres, que,
dorénavant, il y aura un gouvernement qui va présenter un plan
d'action cohérent représentatif pour stimuler la confiance, le
respect du Québec, également cette capacité de s'assumer
et de prendre nos affaires en main. Dans la présentation du plan
cohérent, on entendait: Nous aurons des mesures pour améliorer la
fiscalité individuelle. Il est important, M. le Président, de
vous dire que nous, on n'a pas dit: Vous aurez des mesures. Dans le budget, il
y a des mesures et, à partir du 1er janvier 1986, ces mesures
s'appliqueront pour réduire effectivement la fiscalité
individuelle. Même chose au niveau de la fiscalité des
entreprises. On a effectivement dans le budget Duhaime des mesures pour
atténuer la fiscalité des entreprises.
On a dit, hier, dans le discours inaugural de la vice-première
ministre, que, dorénavant, le gouvernement va aider, par toutes sortes
de mesures, l'exportation à l'étranger. Nous, on l'a fait pendant
neuf ans pour s'ouvrir davantage sur le monde, sachant qu'il n'y a pas 25 000
façons d'être compétitifs et d'être capables de faire
face au devenir d'une société en progression, en
développement, en croissance. Il s'agit d'avoir la capacité
d'exporter nos produits à l'étranger. Il y a eu toutes sortes de
programmes d'aide à l'exportation.
On avait également des mesures importantes pour aider le
financement des entreprises, soit le régime d'épargne-actions.
Avec les tergiversations de l'équipe libérale, on a entendu dire
pendant un certain temps qu'elle le reconsidérerait, qu'elle
l'éliminerait et, à un moment donné, . qu'elle
l'améliorerait. Finalement, on nous dit que c'est un excellent
régime, une excellente mesure budgétaire pour encourager le
développement économique. Pas plus tard que ce matin, il y avait
un excellent rapport à la radio où on disait que le régime
d'épargne-actions continue à "performer" d'une façon
absolument extraordinaire. C'est vraiment un stimulant au financement de
l'entreprise.
Dans le budget de M. Duhaime, je voudrais juste rappeler les mesures
suivantes. On avait dit que, pour permettre plus facilement à
l'entreprise de se développer, il était important de créer
des sociétés de placement dans l'entreprise
québécoise qu'on a appelées les SPEQ. Les SPEQ permettent
désormais aux actionnaires, individus ou sociétés
privées à capital de " risque de bénéficier
d'avantages fiscaux comparables à ceux qui existent au régime
d'épargne-actions qu'on appelle le REA. Si le REA est un régime
d'épargne-actions extrêmement progressiste, avant-gardiste et
avantageux pour les entreprises, si on vous informe que les membres des SPEQ
auront les mêmes avantages fiscaux, c'est parce qu'on voulait leur donner
les mêmes possibilités de développement.
Il y a également, dans le budget Duhaime, le maintien du
programme d'aide à l'accès au marché boursier pour les
PME. Ce programme créé en 1983 par le gouvernement du Parti
québécois est repris jusqu'au 1er mars 1988. Donc, quand nos amis
libéraux parleront de cela dans tout le Québec, il faudra que la
population sache que c'est grâce au budget Duhaime que nous avons
maintenu et continué les dispositions d'aide à l'accès au
marché boursier pour les PME jusqu'en 1988. Une nouvelle échelle
de subventions sera désormais applicable, soit 20 % du premier million
de dollars d'actions admissibles et 10 % des deux millions suivants, avec une
subvention maximale de 400 000 $. Cette mesure devrait permettre -parce que
c'était l'objectif visé - à un plus grand nombre de PME
québécoises d'avoir accès à des capitaux
d'investissements qui favoriseront leur croissance et leur potentiel
d'emploi.
On avait également comme mesure importante un nouveau
régime d'investissement coopératif. C'était compris dans
le budget Duhaime, et la loi fiscale que nous adoptons aujourd'hui est pour
permettre que ces choses soient en application. Entre autres, les membres des
coopératives agricoles, de production, de transformation et de
travailleurs pourront bénéficier d'un avantage fiscal comparable
à celui d'un régime d'épargne-actions en déduisant
de leur revenu les achats de parts privilégiées de leur
coopérative.
Je voudrais également insister sur deux autres
éléments très importants du budget, comme M. Garon l'a
mentionné. Â titre de ministre responsable de l'Aménagement
et du Développement régional, j'ai eu à me
préoccuper du développement des régions du
Québec, parce que j'ai toujours la ferme conviction qu'il n'y a pas 25
000 façons d'avoir un Québec fort. Je pense que si on veut avoir
un Québec fort, avant-gardiste, il faut absolument avoir des mesures
incitatives pour le développement des régions du Québec,
parce que c'est là que se situent les ressources du Québec. J'ai
eu l'occasion, au tout début, comme certains auront l'occasion de le
faire un peu plus avant en 1986, de rappeler en ce qui concerne la
région de l'Abitibi-Témiscamingue que, même si c'est une
région qui, quant à sa contribution, quant à sa population
dans l'ensemble du Québec, ne constitue que 2,8 % de la population, que
l'Abitibi-Témiscamingue fournit 50 % de l'ensemble du bois de sciage du
Québec. Il est important de le rappeler à tous nos
collègues parlementaires. À peu près 28 % de l'ensemble de
l'activité minière du Québec proviennent de
l'Abitibi-Témiscamingue. À peu près 16 % de l'ensemble des
productions du secteur de l'agro-alimentaire proviennent de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Quand on regarde ce que cela peut donner dans l'apport du produit
national brut du Québec, je pense qu'on change beaucoup nos conceptions
par rapport à la nécessité de renforcer et de mieux
soutenir le développement des régions du Québec afin que
les régionaux puissent, eux aussi, avoir la possibilité de
croître, de se développer et surtout d'assurer un avenir permanent
à nos jeunes qui constituent une relève dans toutes les
régions du Québec. Les ressources étant là, il est
important d'avoir ce que j'appelle des considérations pour l'ensemble
des régions du Québec.
Je profite également de l'occasion que j'ai, M. le
Vice-Président, pour dire que dans la dernière formation, M. le
Vice-Président...
Le Vice-Président: M. le Président.
M. Gendron: M. le Président?
Le Vice-Président: Oui. Suivant notre règlement, M.
le député d'Abitibi-Ouest, vous devez vous adresser au
président de la Chambre en tout temps.
M. Gendron: Même si c'est le vice-président qui
siège.
Le Vice-Président: Même si c'est le
vice-président qui siège.
M. Gendron: J'en prends note, M. le Président. J'allais
indiquer que lors de la dernière formation du cabinet politique, du
Conseil des ministres du présent gouvernement - je pense qu'on est
obligé d'en faire le constat puisqu'il a déjà
été fait par d'autres - les régions du Québec ont
été sous-représentées. Je veux bien que
Montréal soit la métropole, je veux bien que la grande
région métropolitaine soit très importante mais nous
avions au moins eu cette considération, lors de la formation du Conseil
des ministres qui a dirigé les destinées du Québec
jusqu'à tout récemment, d'avoir une composition régionale
importante.
Comme je viens de l'indiquer, je veux bien qu'il y ait la moitié
de la population à Montréal et le reste ailleurs, mais les
ressources pour développer le Québec sont d'abord et avant tout
dans les régions-ressources, que ce soit le
SaguenayLac-Saint-Jean, l'Abitibi-Témiscamingue, la région
du Bas-Saint-LaurentGaspésie de même que l'Outaouais. Dans
ce sens, je pense qu'il aurait été important qu'au sein de ce
gouvernement il y ait une plus grande représentation des forces
régionales parce que c'est très significatif pour le devenir du
Québec. En tout cas, en ce qui me concerne, moi, comme
régionaliste, je me dois de déplorer cette
sous-représentation de ministres provenant de diverses régions du
Québec pour effectivement défendre et soutenir des politiques,
comme je veux les indiquer et les évoquer, contenues dans le budget
Duhaime.
Je voudrais parler en particulier du secteur forestier et du secteur
minier. Le secteur des mines est un secteur très important pour
l'ensemble du Québec mais il l'est davantage pour les
régions-ressources et il l'est également pour une région
comme la mienne, l'Abitibi-Témiscamingue. Il est important de rappeler
aux citoyens et citoyennes du Québec qui nous écoutent que dans
le budget Duhaime, donc dans la loi fiscale dont nous discutons aujourd'hui et
qui sera adoptée dans quelques jours, nous avions introduit une mesure
fiscale très intéressante quant à la réduction des
droits miniers pour favoriser l'investissement et l'emploi.
Au cours de 1984, par exemple, il y a eu un plan
d'accélération des investissements dans le secteur minier qui a
permis une hausse des investissements globaux au Québec de 15 % en
regard d'un accroissement des investissements pour l'ensemble du Canada
-écoutez bien cela - de 0,3 %. Si, en 1984, on a pu faire progresser les
investissements dans le secteur minier pour l'ensemble du Québec de 15 %
par rapport à 0,3 % dans l'ensemble du Canada, ce doit être parce
que le gouvernement du Québec, qui était dirigé par le
Parti québécois, avait pris des mesures significatives pour
relancer l'activité minière.
Je me rappelle qu'en Abitibi-Témiscamingue, en 1977, il y a eu
une région qui a bénéficié d'un vaste plan
d'exploration minière. Avant de faire de l'exploitation, il faut faire
de l'exploration. En 1977, on a bénéficié pendant cinq ans
d'un plan quinquennal d'exploration minière
de 65 000 000 $ qui a permis, au cours des années 1983, 1984 et
1985 d'ouvrir de nombreuses mines en Abitibi-Témiscamingue. J'ai eu
moi-même l'occasion de participer à dix ouvertures de mine. La
plupart se sont faites en 1983, 1984 et 1985, à la suite du plan de
développement de l'économie, le plan de Compton, comme on l'avait
appelé, qui permettait d'offrir une aide financière de 20 % de
l'investissement global - on avait appelé cela le programme de
devancement accéléré des investissements privés -
et, dans le domaine minier, cela a donné des résultats
très importants. (12 h 10)
Toujours par rapport aux mesures budgétaires qui sont contenues
dans le budget Duhaime concernant les mines, soucieux de maintenir
l'élan dont je viens de parler au Québec, les droits miniers, qui
variaient dans le passé entre 15 % et 30 %, seront ramenés
à un taux fixe de 18 %. Par ailleurs, l'allocation additionnelle de 66
2/3 %, consentie aux particuliers pour des frais d'exploration engagés
au Québec, sera prolongée de deux autres années pour
bénéficier, comme je l'ai mentionné tantôt, d'une
déduction qui facilitera et permettra à l'exploration
minière de continuer à progresser et à se
développer.
Il y a également un autre élément important pour
une région forestière. L'Abitibi-Témiscamingue est une
région où l'industrie du sciage est très importante,
où l'industrie forestière est capitale, où nous, comme
gouvernement, justement parce que c'est une industrie que nous devons
sauvegarder et protéger, en 1983 et 1984, avons pris des engagements
très importants quant à la nécessité de reboiser
sur une échelle très importante. La région de
l'Abitibi-Témiscamingue bénéficie d'un vaste programme de
reboisement de 53 000 000 de plants sur une période de cinq ans parce
qu'on veut que l'industrie du sciage puisse demeurer, d'une façon
très positive, agressive sur les marchés et se développer
davantage.
Donc, dans le budget Duhaime, il y a également une mesure fiscale
importante afin de stimuler la valeur optimale de la forêt privée
québécoise. Les propriétaires de boisés
privés sous aménagement pourront réclamer un remboursement
égal à 85 % des taxes foncières payées sur les
actifs productifs s'ils détiennent un certificat d'attestation. Par
rapport à tout le secteur des boisés privés, je pense
qu'il est important que l'État québécois fasse son effort
au niveau du reboisement des forêts publiques, mais il est
également important que les sociétés sylvicoles, de
même que les syndicats de producteurs de bois, puissent aussi donner un
apport significatif pour améliorer globalement la réserve
forestière, afin que nous ne soyons pas en situation de rupture de stock
à court terme.
Voilà quelques éléments que je voulais citer parce
qu'il m'apparaît, en particulier dans les domaines minier et forestier,
important d'avoir des mesures budgétaires qui consacrent un peu mieux
l'avenir.
J'entendais la vice-première ministre dire hier: "Nous allons
effectivement avoir un programme électoral qui permettra au
Québec de maîtriser son avenir". J'aime mieux de temps en temps
pratiquer la politique du faire plutôt que la politique du dire. Nous, on
a posé des gestes, on a adopté - c'est tout à fait exact -
des mesures législatives, on a adopté des mesures
financières économiques. C'est ce que nous sommes en train de
discuter, des mesures fiscales qui ont permis effectivement que dans les
régions, parce que la plupart des approvisionnements miniers ou
forestiers sont situés dans les régions du Québec, depuis
les deux dernières années, on puisse connaître
effectivement des développements sans précédent en termes
d'activités minières. Ce n'est pas parce qu'on a prévu des
discours là-dessus, mais parce qu'on a posé des gestes qui
étaient des incitatifs concrets pour faciliter et favoriser le
développement minier et le développement forestier.
Je pense que c'était important de rappeler aux citoyens et aux
citoyennes du Québec que ces éléments sont contenus dans
le budget Duhaime, parce que nous pensons que c'est la responsabilité du
gouvernement de soutenir des initiatives dans les secteurs vitaux de
l'économie.
Je voudrais peut-être également revenir sur un
élément qui a été effleuré par mon
collègue, le député de Lévis, un autre
élément important qu'on avait analysé dans le budget
Duhaime: toute la question de la péréquation. Lorsqu'on a
à prendre nos responsabilités et à adopter un budget, je
l'ai mentionné tantôt, nous devons, autant que possible, avoir la
préoccupation d'équilibrer les revenus et les dépenses.
C'est pourquoi on a eu, durant la campagne électorale, un comportement
réaliste, un comportement correct avec la population, en disant que nous
ne pensions pas pouvoir faire des folies. On ne pouvait pas faire le
Père Noël comme M. Bourassa a essayé de le faire, en
mentionnant à la population qu'on pouvait disposer allègrement
d'une marge de manoeuvre qui tournait autour de 300, 400, 500 ou 600... Cela
dépend de l'interlocuteur. De l'autre côté, selon
l'individu à qui on s'adressait, c'était 200 une journée,
300 l'autre, 400, 500.
Je me rappelle qu'à la conférence de presse au sujet des
engagements dans le secteur de l'éducation, M. Ryan, qui a quand
même une très bonne crédibilité dans ces dossiers,
M. le député d'Argenteuil, maintenant ministre de
l'Éducation, disait: Pour ce qui est des engagements dans le secteur de
l'éducation, c'est 150 000 000 $
par année. M. Bourassa, qui était à
côté de lui à cette même conférence de presse,
a dit: Non. Écoutez'. On va avoir des problèmes avec 150 000 000
$ par année. Le maximum qu'on va pouvoir attribuer au secteur de
l'éducation, même si on veut en faire une priorité de
l'autre côté de la Chambre, c'est 35 000 000 $ à 40 000 000
$. On aura l'occasion d'y revenir parce qu'on aura la présentation de
mesures budgétaires plus particulières à ce nouveau
gouvernement. Aujourd'hui, ce que nous adoptons ou ce que nous discutons, ce
sont les mesures fiscales dans le projet de loi 2 qui donne suite au budget de
M. Duhaime.
Je voudrais simplement, M. le Président - c'était mon
intention il y a quelques secondes - vous dire quelques mots au sujet de la
péréquation. Je pense qu'il est important d'en saisir les
Québécois. Nous, on avait eu ce que j'appellerais
l'honnêteté intellectuelle de le faire, de leur dire qu'on aura
beau parler de stabilité de régime politique, comme Mme la
vice-première ministre l'a fait hier en disant: Nous, on va mettre fin -
je la cite au texte - à l'ambiguïté constitutionnelle et
l'instabilité politique à cause de leur option, etc., et nous, on
va jouer le régime fédéral à fond. On veut bien
jouer le régime fédéral à fond, mais, de temps en
temps, il faudrait que cela donne des résultats positifs et, de temps en
temps, cela devrait donner des résultats avantageux pour le
Québec.
Je vous assure que les débuts du nouveau ministre des Finances ne
sont pas rassurants pour les citoyens et citoyennes du Québec. Il est
allé négocier à Toronto dernièrement pour apprendre
qu'encore une fois on va se faire avoir. On va se faire littéralement
avoir encore une fois dans les transferts fédéraux et dans la
réduction très importante de revenus du fédéral,
qui devaient nous arriver dans deux domaines vitaux pour nous, soit
l'enseignement postsecondaire et toute la question du secteur de la
santé qui est une question soi-disant majeure, fondamentale,
préoccupante pour vous, pour le nouveau gouvernement qui vient d'arriver
au pouvoir, sitôt arrivé, il s'était "clenche" de quelque
80 000 000 $ en matière de transferts fédéraux. Dans le
budget Duhaime, a la page 29, on avait dit à la population du
Québec: On trouve que c'est dramatique, le régime actuel, parce
que, avec la nouvelle formule - je ne veux pas tomber dans des détails
très importants... Mais ce qui est capital pour les citoyens du
Québec, c'est d'apprendre que la nouvelle formule de
péréquation a permis que toutes les autres provinces canadiennes
puissent avoir une augmentation alors que le Québec a une
réduction dramatique, une chute très significative des transferts
fédéraux, ce qui aura comme conséquence une perte
d'au-delà de 650 000 000 $ pour la période 1982-1987.
Alors, 650 000 000 $, M. le Président, c'est beaucoup d'argent.
Nous, on avait eu la responsabilité de l'indiquer à la population
dans le discours sur le budget.
Je voudrais simplement en terminant, M. le Président, faire
valoir encore aux citoyens et citoyennes du Québec, de même qu'aux
parlementaires, que la loi fiscale 2 est une loi qui, effectivement, permettra
aux travailleurs et travailleuses du Québec, dès le 1er janvier
1986, de pouvoir bénéficier de réductions d'impôt
significatives et tellement significatives qu'il est peut-être bon de
vous rappeler que, lorsqu'on a pris le pouvoir, l'écart d'imposition
entre le Québec et l'Ontario était de 20 % supérieur,
c'est-à-dire que, quand M. Bourassa était premier ministre du
Québec, l'écart entre le taux d'imposition d'un citoyen du
Québec et d'un citoyen de l'Ontario était de 20 %
supérieur au Québec par rapport à l'Ontario. Avec
certaines réductions fiscales, certaines comprises dans le budget
Duhaime et d'autres comprises dans l'ensemble des budgets antérieurs de
1976 à 1985, cela nous permet aujourd'hui de dire: Oui, le taux est
encore supérieur à l'Ontario, mais il n'est que de 9 %. Donc, on
a contribué à une réduction de 11 %. Je pense que c'est
significatif et c'est fort important. C'est important que les citoyens et les
citoyennes du Québec sachent que, ce qui s'appliquera pour la
majorité des mesures fiscales qui auront comme conséquence de
mettre un peu plus d'argent dans leur portefeuille, se trouvait dans les
mesures qui étaient comprises dans le budget Duhaime.
Dans ce sens-là, il m'apparaissait et il nous apparaissait, de ce
côté-ci de la Chambre, important d'avoir l'occasion d'informer les
citoyens et les citoyennes du Québec de ces bonnes mesures. Merci, M. le
Président. (12 h 20)
Le Vice-Président: M. le ministre du Revenu, votre droit
de réplique.
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: Merci, M. le Président. Plus cela change, plus
c'est pareil. J'écoutais le député d'Abitibi-Ouest nous
parler de péréquation et nous dire: Le nouveau gouvernement est
allé à Toronto, n'a rien obtenu. On veut bien que le
fédéralisme soit bon pour les Québécois mais encore
faut-il qu'il y ait des résultats. Est-ce que cela ne vous rappelle pas,
chers collègues et M. le Président, le discours d'après
élection que nous sert le Parti québécois, qu'il nous a
servi en 1977 au lendemain de l'élection, qu'il nous a servi en 1981
après l'élection et qu'il nous sert maintenant après
l'élection. Il redevient lui-même après que les gens ont
voté alors qu'en campagne électorale il prend bien soin de cacher
son option.
Quand le député d'Abitibi-Ouest nous parle de
l'honnêteté intellectuelle du Parti québécois en
matière de péréquation, j'ai mon voyage! J'ai mon voyage!
Où êtes-vous sur le plan constitutionnel? Retournez-vous de
côté, M. le député, et regardez le nouveau
député de Bertrand. Demandez-lui à lui en quoi il croit.
Si vous êtes capable de faire du bon sens de ses réponses,
expliquez-moi cela. Moi, je n'ai rien compris jusqu'à maintenant.
M. le Président, on vient nous dire que du côté de
l'Opposition c'est clair. Bien, vous êtes mieux... M. le
Président, les gens de l'Opposition, je pense, ont un exercice à
faire. On voit déjà - et ce n'est pas le moindre des
députés, je reconnais beaucoup de sérieux au
député d'Abitibi-Ouest et beaucoup d'honnêteté. Ce
n'est pas le moindre des députés, donc, qui vient nous servir
à nouveau le discours indépendantiste, le discours de gens qui
ont passé neuf ans -entre les élections, évidemment -
à tenter de convaincre la population que seule l'indépendance
répondait aux besoins des Québécois.
M. le Président, quant à nous... D'ailleurs, il fallait
les voir se faire assermenter hier et poser comme premier geste en tant
qu'Opposition officielle d'évacuer le drapeau canadien du salon rouge.
C'était là un beau signe de bonne volonté, de bonne foi
à l'égard du beau risque du fédéralisme dont ils
ont parlé durant toute la campagne électorale. Je reviens au
projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président: Question de règlement. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je veux bien entendre le
leader du gouvernement, mais que je sache, c'est le projet de loi 2. Il y a un
article du règlement, très clair, qui demande... D'ailleurs,
lui-même en convenait. Il paraît qu'il s'en venait sur le projet de
loi. Alors, pourrait-il y arriver le plus tôt possible? On aura d'autres
occasions pour entendre le leader de l'Opposition sur le drapeau.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse auprès du
député. Je ne le ferai plus jamais. M. le Président, le
député d'Abitibi-Ouest a aussi beaucoup parlé des
régions. Je l'invite tout simplement à un peu de patience. Il
verra demain, dans le discours sur le budget du ministre des Finances, la
raison pour laquelle on a convoqué l'Assemblée nationale: pour
pouvoir présenter un budget et donner une suite concrète aux
engagements électoraux qu'on a pris.
Je pense ne pas dévoiler de secret d'État en disant que
dans le discours du ministre des Finances demain on retrouvera probablement une
disposition pour abolir une partie de la surtaxe sur l'essence dans les
régions périphériques, notamment chez lui dans
l'Abitibi-Témiscamingue. Il aura au moins l'honnêteté de
reconnaître que c'est là une mesure qui va dans le bon sens.
Mais, si j'ai bien compris le discours des deux porte-parole de
l'Opposition aujourd'hui, la seule chose qui les aurait pleinement satisfaits
aurait été que le gouvernement, après quatre jours
d'existence, abolisse toutes les taxes que ce gouvernement a mis neuf ans
à imposer. Bien, messieurs, donnez-nous au moins neuf semaines.
M. le Président, j'entendais le nouveau critique de l'Opposition
en matière économique nous dire: Les libéraux auraient pu
abolir telle taxe, auraient pu abolir telle taxe, auraient pu abolir telle
autre taxe. Je lui ferai remarquer, d'abord, que certaines des taxes,
effectivement, seront abolies dès demain dans le discours sur le budget.
C'est, notamment, le cas d'une partie de la taxe de 9 % sur les assurances.
Ah! De l'autre côté, on s'égosille. On dit: Ah!
Pourquoi ils ne l'abolissent pas complètement? C'est parce que vous avez
trop mal administré pendant les neuf ans où vous avez
été au pouvoir. Pour vous rappeler l'engagement que le Parti
libéral a pris en campagne électorale vis-à-vis
spécifiquement de la taxe de 9 %, on n'a pas leurré les gens,
nous. On n'a pas tenu un discours différent selon qu'on était
avant ou après l'élection. Notre discours, aujourd'hui,
après l'élection est exactement le même que celui qu'on a
tenu tout au cours de la campagne électorale, c'est-à-dire qu'on
abolirait la taxe de 9 % sur les assurances au complet en dedans du premier
mandat, qu'on commencerait, dès avant Noël, à compter du 1er
janvier 1986, par abolir la taxe de 9 % sur les assurances des individus autres
que l'assurance automobile.
Cela a été dit clairement. Cela a été
écrit. Et, de votre côté, du côté de
l'Opposition, M. le Président, on sait que les écrits restent. On
sait que l'article 1 du programme du Parti québécois dit encore
que ce parti est voué à faire l'indépendance du
Québec. Nous, on est voué à abolir la taxe de 9 % sur les
assurances que votre gouvernement a imposée et on le fera par
étapes. Pour une fois qu'une stratégie étapiste servira
les intérêts des Québécois, on va la tenir jusqu'au
bout. La première étape, ce sera demain: abolition de la taxe sur
les assurances de 9 % sur les primes individuelles, autres que
l'automobile.
Dans un prochain discours sur le budget, ce sera l'abolition de la taxe
de 9 % sur l'ensemble des primes d'assurances des individus.
Éventuellement, avant la fin de ce premier mandat qui sera de trois,
quatre, cinq ans, sait-on jamais, les précédents sont là,
avant la fin de ce mandat, dis-je, nous
procéderons à l'abolition complète de la taxe de 9
% sur les assurances.
Le député de Lévis a fait grand état du fait
que nous reconduisions toutes les mesures du dernier budget de M. Duhaime. Ce
n'est pas une cachette, ce n'est pas une découverte qu'il a faite, non
plus. Je l'ai dit, c'est de façon intégrale qu'on a repris un
projet de loi que le gouvernement antérieur nous laisse. Je l'ai dit que
je n'étais pas particulièrement fier d'en être le parrain.
Boni Je pense que je ne peux pas être plus clair que cela, M. le
Président. J'ai indiqué, également, que là
où ce nouveau gouvernement libéral n'était pas d'accord
avec les mesures, c'est dans un autre projet de loi, qui découlerait du
discours sur le budget que prononcera le ministre des Finances demain, qu'on
retrouverait non pas des nouvelles taxes, comme le Parti
québécois nous y avait habitués, mais des
réductions de taxes.
Notamment, par exemple, c'est à compter de demain ou, en tout
cas, à compter du 1er janvier prochain qu'enfin, grâce aux
engagements que ce gouvernement libéral respectera, le Québec
cessera d'être la province la plus taxée au Canada. Cela, c'est un
gouvernement libéral qui le fera. Et ce à quoi aura
contribué ce gouvernement péquiste pendant neuf ans, et qu'il a
érigé en système soit faire en sorte que le Québec
était la province la plus taxée au Canada, cela nous aura pris
cinq jours, à nous, pour y mettre fin. Comme performance, je pense que
c'est un peu mieux que celle du député de Lévis dans la
dernière course à la chefferie de son parti. (12 h 30)
Je répète donc qu'il n'y avait qu'une seule raison pour
présenter ce projet de loi et demander à l'Assemblée
nationale d'adopter le principe de ce projet de loi, une seule raison: celle de
permettre aux contribuables de savoir à quoi s'attendre. On aurait pu,
je le répète, tout simplement ne pas présenter le projet
de loi, laisser les choses porter. On aurait pu ne pas siéger ici,
à l'Assemblée nationale, avant mars prochain. C'est d'ailleurs ce
que le gouvernement du Parti québécois nous avait promis de
faire, c'est-à-dire de ne pas siéger. Il faut se rappeler que le
premier ministre d'alors, maintenant chef de l'Opposition, avait même
contesté la possibilité pour un gouvernement libéral de
procéder à l'abolition de certaines taxes aussi rapidement
après l'élection. Il nous avait dit: II faut que les projets de
loi soient déposés avant le 15 novembre. On voit qu'on n'a pas
besoin de déposer un projet de loi pour abolir des taxes. On
présente des projets de loi pour entériner des nouvelles taxes
décrétées par le Parti québécois, mais c'est
dans un discours sur le budget qu'on décrétera l'abolition d'une
partie de ces taxes, dès demain.
Donc, si on a choisi de procéder ainsi, en présentant ce
projet de loi, c'était pour mieux informer la population. Au cas
où certains de l'autre côté ne se rappelleraient pas ce que
cela veut dire, c'est cela, la transparence. C'est aussi simple que cela.
M. le Président, au moment où, en commission
parlementaire, tous les intéressés, tous les citoyens du
Québec, pourront prendre connaissance de chacun des 263 articles que
comporte ce projet de loi, il me semble que l'exercice n'aura pas
été inutile, si on réussit ainsi à permettre aux
contribuables d'être mieux informés.
Je dirai, en terminant, qu'à titre de nouveau ministre du Revenu
- je l'ai dit au départ - j'aurais préféré de loin
présenter un projet de loi d'une autre nature, par exemple, de la nature
de celui que je devrai probablement défendre devant l'Assemblée
au lendemain du discours sur le budget du ministre des Finances du gouvernement
libéral. Mais, en attendant, je me console. Je me console à la
pensée que le chef du Parti libéral, le premier ministre, a
confié à un fiscaliste reconnu la tâche d'agir comme
adjoint parlementaire au ministre du Revenu, en la personne du
député de Montmorency que je salue de façon
particulière. Je suis très heureux...
J'entends les gens d'en face me dire: II sera ministre du Revenu un
jour. Sûrement avant un de vous autres, en tout cas, c'est sûr.
M. le Président, je suis très heureux de pouvoir compter
sur l'expertise, sur les connaissances, sur les capacités de mon
collègue de Montmorency dans cette tâche qui est celle du
ministère du Revenu de percevoir les impôts que
décrète le ministre des Finances. Il y aura une différence
fondamentale entre ce que nous ferons au gouvernement libéral et ce que
faisait le gouvernement du Parti québécois. Sous un gouvernement
libéral, c'est fini, un ministère du Revenu qui n'a comme seule
obsession que d'aller en chercher toujours plus. Pour nous, la perception des
impôts devra passer par l'information complète des citoyens. Nous
ferons en sorte que les citoyens cessent d'être traités comme des
simples numéros dans un fichier. Nous ferons en sorte que les
systèmes installés au ministère du Revenu tendent toujours
plus vers une humanisation des services, un rapprochement des services aux
citoyens. Je pense que mon collègue de Montmorency est
particulièrement bien placé pour proposer des choses en ce sens
et c'est avec beaucoup de bonheur que nous travaillerons ensemble pour
améliorer la situation de ce côté-là.
Sur ce, M. le Président, j'invite les membres de
l'Assemblée nationale à adopter le principe du projet de loi 2,
après quoi, j'en ferai la déférence à la commission
parlementaire appropriée.
Le Vice-Président: Le principe du projet de loi 2, Loi
modifiant diverses lois fiscales et d'autres dispositions législatives,
est-il adopté?
Une voix: Vote enregistré, je vous prie.
M. Gratton: M. le Président, je fais motion pour que le
vote soit reporté à demain, à la période
prévue à nos règlements.
Le Vice-Président: Vote reporté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Motion de déférence, M. le
Président. Si vous permettez, je suggère, compte tenu de l'heure,
que nous suspendions nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 7)
Débat sur le discours d'ouverture M.
Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, ainsi que vos deux
collègues vice-présidents, vous aurez d'abord mes salutations,
ainsi que les 99 députés de la majorité
ministérielle dont 27 ministres et 72 aspirants ministres à qui
je souhaite les succès qu'ils recherchent après le verdict
populaire du 2 décembre.
M. le Président, mon discours sera quelque peu
écourté aujourd'hui pour deux raisons. La première c'est
que je considère que l'absence du chef du gouvernement en cette Chambre
me met dans une position quelque peu ambiguë face à lui et que
j'aurai un certain nombre de choses à lui dire s'il vient diriger le
gouvernement de cette Chambre au printemps prochain. Deuxièmement, le
caractère prématuré de cette session qui a
été confirmé, je crois, dans le discours inaugural d'hier,
qui nous annonce des choses qui existent, qui récupère le
vocabulaire du progrès et du changement, qui est silencieux, cependant,
sur un certain nombre d'objets et d'orientations très importants pour le
Québec, qui est ambigu sur la façon dont le gouvernement entend
procéder pour faire face à ses problèmes
budgétaires, que nous connaissons.
Mais avant de vous entretenir de ce discours inaugural, permettez-moi
d'abord -puisque c'est la première fois et la dernière fois
qu'ils y auront droit - de nommer les nouveaux députés de notre
formation politique qui, pour la première fois, sont au service des
citoyens dans cette enceinte. Dans Bertrand, nous avons un nouveau
collègue qui, cependant, n'était pas nouveau aux activités
gouvernementales, M. Jean-Guy
Parent; dans le comté de Chicoutimi, l'ancienne présidente
du Conseil des collèges du Québec, Mme Jeanne Blackburn; dans le
comté de Jonquière, un homme qui a fait sa marque dans le domaine
municipal pendant de nombreuses années, M. Francis Dufour; dans le
comté de Marie-Victorin, une infirmière mais également une
personne du secteur de la gestion hospitalière qui a occupé des
fonctions importantes dans le domaine des services sociaux, Mme Cécile
Vermette; dans le comté de Saint-Jacques, un administrateur et
éducateur spécialisé et un militant politique, M.
André Boulerice; dans le comté de Taillon, un avocat
administrateur et un homme qui a occupé de nombreuses fonctions dans le
secteur des relations du travail, Me Claude Filion, et dans le comté
d'Ungava, le maire de Chapais, M. Christian Claveau.
Je souhaite évidemment, M. le Président, à ces
nouveaux collègues bienvenue en cette enceinte et je suis convaincu
qu'ils participeront d'une façon solide au rôle de l'Opposition
qui nous est dévolu dans ce système démocratique et qui
nous oblige ici à véhiculer - et vous le verrez dans les mois et
les années qui viennent - des positions qui ne sont pas du point de vue
du gouvernement.
Nous serons effectivement le véhicule de la diversité des
opinions dans la société québécoise à
l'égard du gouvernement et nous assumerons ce rôle avec
fermeté et responsabilité, avec vigueur, mais aussi avec rigueur.
Bref, nous assumerons pleinement le rôle d'opposition à
l'Assemblée nationale, d'autant plus que nous sommes animés d'une
vision tout à fait enthousiasmante du progrès du Québec.
Car nous croyons que le Québec ne doit pas être "runné
comme une business" - pour citer un ministre actuel et député de
Robert Baldwin - mais que cette vision du Québec doit être
basée sur la réalité et cette conviction profonde que nous
avons que le progrès du Québec intéresse une
majorité de nos concitoyens. Une vision qui n'est pas basée sur
une idéologie qui emprunte au vocabulaire du progrès et des
intérêts du Québec, mais qui, fondamentalement, livre une
philosophie qui sera bientôt désuète, celle d'un retour au
conservatisme économique.
Car le changement, ce n'est pas l'effritement des souverainetés
nationales, comme le disait la vice-première ministre hier, ni la
fierté qui accompagne cette affirmation. Ce n'est pas non plus le simple
retour à des valeurs qui ne seraient qu'individualistes, mais
repliées sur elles-mêmes et égoïstes. Le changement,
M. le Président, il est tourné vers l'avenir et non pas vers le
passé. L'avenir du peuple québécois tout entier qui
reconnaît que ce territoire qu'il habite et qu'il façonne est son
territoire, qui considère que ce territoire
est le seul où une majorité francophone peut mouler son
environnement à son image, peut donner à ses institutions le
caractère absolument distinctif de ce lieu unique en Amérique du
Nord. Permettre aussi que cette Assemblée nationale élue
démocratiquement, représentative de tout ce peuple, soit celle
qui oriente, pour l'essentiel, la société et qui fasse les
véritables choix qui nous guettent dans l'avenir. Car l'avenir, M. le
Président, est aussi fait de notre refus de nous satisfaire de notre
simple statut de province comme les autres, qui le demeurerait à jamais
en nous contentant de la folklorisation des instruments de développement
collectifs que nous aurions.
L'avenir, M. le Président, est fait de créativité
confiante et parfois exultante. L'avenir est fait de la concertation, de la
concertation dans les régions entre les différents agents, de la
concertation à l'intérieur des grands secteurs économiques
et de développement du Québec, de la concertation entre les
syndicats et les employeurs dans notre société entre tous les
agents économiques.
L'avenir, M. le Président, est fait de solidarité, de la
solidarité, certes, d'abord et avant tout, entre tous les
Québécois, mais surtout entre toutes les
générations, de ces nouvelles solidarités qui se
développent dans les régions, dans les organismes communautaires,
dans le travail entre municipalités, dans cette jonction entre les
institutions de savoir et les entreprises, et surtout de cette
solidarité essentielle entre tous les intervenants économiques au
Québec, au moment même où nous abordons ces questions
touchant la libéralisation des échanges avec les
Américains et la nécessité pour le Québec de se
définir dans ce contexte, par le recours à une solidarité
économique, une capacité de faire face à la concurrence
et, donc, au maintien des emplois et à leur croissance sur notre
territoire.
L'avenir, M. le Président, est aussi fait d'une
préoccupation centrée en matière économique autour
de l'emploi et non pas seulement de la croissance économique à
l'état brut qui ne servirait qu'à un groupe de la
société qui, en général, est le groupe le mieux
pourvu.
Cela signifie des politiques et les instruments qu'il faut pour
appliquer ces politiques en matière de sécurité du revenu,
en matière de mobilité et de formation, d'adaptation, de
recyclage de la main d'oeuvre devant les défis technologiques qui nous
guettent, tout cela qui vise essentiellement à amener dans les faits la
reconnaissance de ce principe que la dignité des gens passe par le
travail et donc l'utilisation, ici même, par nous, sur ce territoire, de
nos ressources, de notre épargne et de la matière grise des
Québécois et des instruments qu'il faut pour harnacher ces
énergies dans le sens d'un développement de politiques de
l'emploi.
L'avenir, M. le Président, c'est aussi une jeunesse qui recherche
sécurité, tolérance, paix, ouverture sur le monde, et
à l'égard de qui ce discours inaugural offrait si peu, restait
tellement silencieux. Ce n'est pas étonnant car cette session, je l'ai
dit, elle est prématurée. Ce discours inaugural ne traduit rien
d'un véritable travail gouvernemental, ne traduit rien d'une
véritable mise en oeuvre dans une équipe de politiques
précises. On nous a livré, certes, une analyse que nous
partageons pour une bonne part, d'autant plus que nous avons même eu
l'impression de nous reconnaître dans une partie du vocabulaire
utilisé par le lieutenant-gouverneur ou la vice-première
ministre. Mais, dès qu'on arrive aux mesures concrètes, c'est le
vide ou la reconduction de choses qui existaient déjà.
Permettez-moi de vous en donner quelques exemples. On nous parle, dans
cet énoncé des neuf approches du nouveau gouvernement en
matière économique, d'une réforme de la fiscalité
des individus. La réforme de la fiscalité des individus a
été annoncée par le gouvernement sortant lors de la
publication du livre blanc sur la fiscalité. D'entendre les
représentants du Parti libéral nous parler des vertus d'une
diminution des impôts pour les Québécois, quand on sait
qu'au moment où le chef du gouvernement quittait la direction du
gouvernement, en 1976, l'écart de taxation entre les
Québécois et les Ontariens était de 20 % et que, neuf ans
après, il se trouve à la direction du gouvernement et que nous
avons diminué, pendant ces neuf ans, de moitié cet écart
avec nos voisins ontariens...
Ce n'est pas étonnant, M. le Président. Nous en avons la
preuve aujourd'hui même, alors que le leader du gouvernement
déposait un projet de loi qui, pour l'essentiel, est la traduction du
dernier budget Duhaime. Nous avons eu d'ailleurs quelque difficulté
à le lui faire admettre ce matin au moment du dépôt du
projet de loi.
Par ailleurs, on nous annonce que les modifications qui pourraient venir
demain auraient tendance à favoriser plutôt les hauts
salariés. Ces choses me préoccupent, parce que ce ne sont pas que
les hauts salariés qui ont voté le 2 décembre, mais
l'ensemble des Québécois.
M. le Président, on nous parle, dans le discours inaugural, d'un
allégement du fardeau des charges sociales des entreprises qu'on dirait
surtaxées, n'est-ce pas? Et, pourtant, au moment même où la
vice-première ministre nous annonçait, à la page 13 de son
discours, un allégement du fardeau des charges sociales des entreprises,
le ministre des Finances convenait avec ses collègues des autres
provinces et du Canada
qu'il y aurait une augmentation de 6 % par année des cotisations
des travailleurs et des entreprises au Régime de rentes du
Québec. (15 h 20)
On nous parle des incubateurs d'entreprises, une notion que nous
connaissons fort bien, M. le Président, c'est nous qui avions
amorcé cette notion d'incubateurs d'entreprises dans les régions.
C'est nous, d'ailleurs, qui nous étions engagés à
procéder à la mise sur pied de tels incubateurs.
On nous dit - autre mesure concrète -qu'on mettra en branle la
Corporation d'investissement jeunesse, M. le Président. Vous comprendrez
que j'en sois heureux, étant donné que j'ai eu l'honneur et le
privilège, comme premier ministre, de présider à la mise
sur pied du travail fait dans le secteur privé pour que le secteur
privé s'implique à l'égard des jeunes entrepreneurs au
Québec, de ces jeunes de moins de 30 ans qui ne demandent qu'à
pouvoir faire fructifier leur imagination, se faire un emploi et créer
des emplois. Il n'y a donc rien de nouveau là-dessus, M. le
Président.
Rien de nouveau quand, à l'article 5, on nous annonce que nous
changerons bientôt la vocation des délégations du
Québec à l'étranger pour mieux les axer vers le commerce
extérieur. Le ministère du Commerce extérieur, M. le
Président, a été créé sous l'ancien
gouvernement il y a trois ans et l'Opposition d'alors, l'actuel Parti
libéral, votait contre la création de ce ministère.
On nous annonce, après tant d'années,
l'intérêt que le Parti libéral porte à
l'agriculture, petite phrase gentille, aimable, courtoise. Pas étonnant,
M. le Président, car les milieux de l'agriculture sont inquiets de ce
que nous réserve ce gouvernement, car ils savent que c'est sous la
direction du Parti libéral, de 1970 à 1976, que le degré
d'autosuffisance en matière agro-alimentaire au Québec est
passé de 60 % à 47 % sous le premier gouvernement Bourassa et que
c'est nous, de ce côté-ci de la Chambre, grâce au travail
remarquable de nos députés dans le secteur agricole et du plus
grand ministre de l'Agriculture que le Québec ait jamais connu, qui
avons remonté cela à plus de 75 %.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Johnson (Anjou): Toujours dans ces énoncés
prétendument concrets en matière économique, on nous
annonce qu'il faudra de la concertation entre les entreprises et les
universités pour faire de la recherche et du développement.
N'est-ce pas beau cela? Pourtant, une des premières décisions du
chef du gouvernement a été d'abolir le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie pour
refaire le grand ministère de l'Éducation primaire, secondaire et
supérieure et envoyer la science et la technologie en-dehors du secteur
de l'enseignement supérieur. C'est une erreur que le gouvernement fait.
Quand il parle de concertation entre l'entreprise et l'université, il ne
se rend pas compte que c'était déjà amorcé. Il
défait même ce qui était amorcé.
On nous parle de 400 000 emplois d'ici à 1990. Grand changement!
Nous étions à 80 000 emplois par année depuis deux ans; 80
000 multipliés par 5 donnent 400 000, M. le Président. Pas de
progrès de ce côté-là de la part de ce gouvernement
qui prétendait tout régler et qui remet en cause
évidemment le rôle de l'État. On nous annonçait
hier, avec un trémolo dans la voix, la fin de l'État ou presque,
ou son arrêt de mort ou presque, et, pourtant, une petite phrase dans ce
discours d'ouverture nous explique que le financement des engagements, du bas
de Noël anticipé, qu'on ne verra même pas à
Pâques, que le financement du bas de Noël libéral nous
viendrait grâce aux revenus additionnels qui proviendront de la plus
grande société d'État dont le Québec s'est
doté, Hydro-Québec. Ces gens ne s'étouffent pas par leur
cohérence.
Les dépenses gouvernementales... C'est une petite phrase de
quelques lignes tellement importante et qui marquera la vie de ces
députés sur les banquettes ministérielles, dans leur
bureau de comté, sans doute à compter des mois de mars ou
d'avril. Je cite: "Le gouvernement va élaborer une politique de
rationalisation des dépenses de manière que puisse s'amorcer
vraiment et sans autre délai le processus nécessaire d'une
réduction significative du coût du fonctionnement des programmes
et d'une remise en cause des activités non essentielles." Il y a un mot
très simple pour cela dans tous les dictionnaires administratifs. Pour
celles et ceux qui ont quelque expérience en matière de gestion
gouvernementale, cela s'appelle des coupures. Ce que nous dit ce discours
inaugural d'avant Noël, qui précède de quelques heures la
distribution de quelques bonbons avant le 25 décembre, c'est qu'il y
aura un printemps dur à vivre pour les citoyens, il y aura un printemps
exigeant.
Quand on sait que, demain, le ministre des Finances s'apprête
à nous annoncer une réduction des revenus de l'État,
comment concilier ses préoccupations de rationalisation des
dépenses publiques avec une réduction des revenus de
l'État? Quand on sait que, mis à part le service de la dette,
près des deux tiers du budget du gouvernement passent dans la
santé, les services sociaux et l'éducation, est-ce que cela
voudrait dire qu'on nous annonce par cette phrase qu'on justifierait un ticket
modérateur au
printemps? Est-ce qu'on nous annoncerait par cette phrase qu'on
désassurerait certains services à l'assurance-maladie? Est-ce
qu'on nous annoncerait par hasard, par cette phrase, que la gratuité des
médicaments, par exemple, pour les personnes âgées, serait
remise en cause au printemps prochain? Quand on parle des vertus des valeurs
individuelles, est-ce qu'on nous annoncerait que ces milliers d'organismes que
nous soutenons depuis neuf ans au Québec, qui sont impliqués dans
l'environnement, dans le secteur communautaire, dans le secteur de la justice,
qui rendent des services dans le secteur des loisirs ou ailleurs, qui rendent
des services à des dizaines et des centaines de milliers de citoyens,
est-ce qu'on nous annoncerait par cette simple phrase que c'est fini, le
soutien aux organismes communautaires?
Dans le secteur de l'éducation, quand on voudra concilier ce
"puzzle" tout à fait inconciliable d'une diminution des revenus de
l'État, d'une diminution des emprunts et d'une augmentation des
dépenses, est-ce qu'on nous annoncera une augmentation des frais de
scolarité au printemps prochain? Qu'arrivera-t-il de cet engagement, de
cette promesse de faciliter l'arrivée en maternelle des enfants à
un âge plus bas? Est-ce qu'on va couper dans les programmes d'habitation
qui ont permis qu'une majorité de Québécois soient
maintenant propriétaires? Qu'ad-viendra-t-il de l'aide sociale, de ce
mirage que vous avez fait circuler pendant l'élection, de cet espoir,
parfois d'une façon irresponsable qui a été
véhiculé auprès de ces jeunes. Qu'arrivera-t-il de la
parité de l'aide sociale dans un tel contexte? On nous a dit, dans le
discours inaugural: Nous verrons à améliorer la gestion du
programme d'assainissement des eaux. Il ne faut pas avoir été au
gouvernement longtemps pour savoir ce que cela veut dire. L'amélioration
de la gestion, cela veut dire des coupures. Allez-vous diminuer la diffusion de
Radio-Québec dans les régions ou ailleurs? Quand on connaît
les silences du Parti libéral en ce qui touche la condition
féminine et, notamment, le secteur des garderies, on a peut-être
raison de s'inquiéter du fait qu'il est possible qu'il n'y ait pas de
progrès quant aux garderies dans les années à venir.
Pour les régions, c'est un peu la même chose. Non satisfait
de ne pas avoir nommé de ministre provenant de l'est de Montréal,
le chef du gouvernement, qui néglige ainsi près de la
moitié de la population de l'île de Montréal, près
de la moitié de la plus belle énergie historique dans le domaine
de l'emploi et de l'industrie lourde à Montréal... Non seulement
a-t-il été incapable de nommer un ministre provenant de la
région de l'est de Montréal, mais le chef du gouvernement a
également oublié, ou à peu près, les
régions. Le progrès du Québec, si c'est celui de
Montréal, c'est aussi celui des régions. Ces régions sont
d'abord sous-représentées au Conseil des ministres.
Deuxièmement, les affectations des ministres - disons-le sans ironie,
les faits sont là, il s'agit d'avoir vécu au gouvernement
quelques années pour le savoir - sont, disons-le, plus mineures au
Conseil des ministres.
Il y a une absence totale, mais totale, d'une vision du
développement régional dans ce discours inaugural. Mais ce n'est
pas étonnant parce que ce gouvernement n'a pas vraiment de racines, il
ne croit pas au phénomène de la concertation, ni dans celui du
développement régional comme dans les autres secteurs
d'activité de la société. Mais, heureusement, nous avons
quelque temps devant nous. En matière de privatisation, nous avons eu le
plaisir de constater ce matin que le ministre responsable de la privatisation
ne sait pas exactement ce qu'il adviendra des sociétés
d'État. Il est maintenant non pas un ministre
délégué ou un ministre d'État, mais un ministre
à l'examen. Et ce ministre à l'examen - il nous l'a dit - nous
donnera un peu de temps pour lui expliquer... (15 h 30)
Une voix: L'examinateur!
M. Johnson (Anjou): ...que beaucoup de régions au
Québec sont tributaires, dans leur développement, du rôle
dynamique des sociétés d'État. Tenir ce discours
généraliste, conservateur, quelque peu rétrograde à
l'égard du progrès du Québec, c'est mépriser ou ne
pas voir tout au moins qu'une bonne partie du développement
régional au Québec est tributaire du rôle dynamique des
sociétés d'État chez nous.
Des voix: Bravo!
M. Johnson (Anjou): J'ai dit que mes remarques aujourd'hui
seraient...
Des voix: Brèves!
M. Johnson (Anjou): ...plus brèves car j'entends, au
moment où le chef du gouvernement siégera en cette Chambre...
Une voix: Cela viendra peut-être, oui.
M. Johnson (Anjou): ...lui donner quelques répliques et
échanger des propos, car j'ai quelque chose à lui dire.
Nous ferons d'ici ce temps-là, M. le Président, notre
travail et nous nous préparons à faire notre travail d'Opposition
car, forts du fait que 44 % de la population n'a pas appuyé l'actuel
gouvernement, nous serons les représentants de cette population qui
n'était pas en accord avec le gouvernement. Non seulement verrons-nous
notre rôle comme un rôle de critique
constructif, ferme et responsable, rigoureux et vigoureux, mais
également nous défendrons une vision du développement du
Québec et de son peuple autour de préoccupations dans l'emploi,
autour de l'utilisation de la concertation comme instrument de progrès
des individus comme des groupes, comme de tout le peuple
québécois. Une vision qui croit aussi au développement des
régions, des groupes et de celles et ceux qui se prennent en main
plutôt qu'attendre. Et nous défendrons, dans tous les dossiers, et
particulièrement dans le dossier constitutionnel qui nous guette,
d'abord et avant tout l'intérêt du Québec et de son
peuple.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Pierre Fortier
M. Fortier: M. le Président, mes premiers mots seront pour
vous féliciter publiquement de votre élection au poste de
président de cette Chambre. Il s'agit là d'une
responsabilité importante et vous pouvez être assuré que
nous ferons tout en notre possible pour vous rendre la tâche la plus
facile possible.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention les propos du chef
de l'Opposition, comme j'ai lu les propos qu'il tenait dans les journaux alors
qu'il disait: Mais c'est surprenant, ces libéraux tiennent le même
discours avant et après la campagne électorale. Mais, M. le
Président! c'est vrai que nous tenons le même discours avant et
après la campagne électorale.
Je comprends que le chef de l'Opposition soit surpris parce que le Parti
québécois, en 1976 et en 1981, a tenu un discours pendant la
campagne électorale et opéré sur une base tout à
faire différente après la campagne électorale. C'est la
raison pour laquelle vous avez été rejetés de la
population.
Le chef de l'Opposition nous annonce un avenir apocalyptique. Ma foi, il
est en train de reprendre le discours qui a été tenu, qu'il
aurait dû tenir, je crois, durant la campagne électorale. Je ne
crois pas qu'il ait compris qu'il y a eu une élection le 2
décembre dernier et que l'apocalypse, c'était celle du Parti
québécois et sûrement pas celle du Parti libéral du
Québec.
Cet ex-ministre, qui est supposé connaître les
régions, nous dit: Comment se fait-il que le chef du Parti
libéral du Québec, le premier ministre, nomme des ministres dans
des sujets, dans des domaines tout à fait mineurs? Pauvre
député de Laviolette! Vous devriez expliquer à votre chef
de l'Opposition que la forêt c'est extrêmement important, que cela
représente à peu près 25 % des emplois manufacturiers du
Québec. La seule connaissance qu'a le chef de l'Opposition de la
forêt, c'est lorsqu'il est allé coucher dans un camp de
bûcherons durant la campagne électorale.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fortier: Le chef de l'Opposition nous dit également:
Vous savez, les sociétés d'État, c'est très
important pour le développement des régions. J'aimerais que mon
collègue de Frontenac nous dise jusqu'à quel point les
investissements importants dans Asbestos Corporation et la
Société nationale de l'amiante ont favorisé le
développement de la région de Frontenac et jusqu'à quel
point les 10 000 emplois que vous avez promis en 1981 se sont
matérialisés. Maintenant, nous sommes pris avec ces patates
chaudes qui ont été créées par le Parti
québécois, par le gouvernement qui nous a
précédés, et ces gens-là ont maintenant le culot de
venir nous faire la leçon sur la façon dont on devrait
gérer les sociétés d'État.
M. le Président, je crois que le discours du chef de l'Opposition
n'était pas tellement sérieux. De toute évidence, il a
essayé de remonter l'esprit de ses coéquipiers après la
défaite du 2 décembre dernier. J'espère qu'il a
réussi quelque peu, car en démocratie, nous avons besoin d'un
gouvernement fort et nous avons besoin d'une quelconque opposition, et j'ose
espérer qu'elle soit le plus valable possible.
M. le Président, j'ose croire que le chef de l'Opposition n'a pas
lu les journaux. S'il les avait lus, il aurait constaté, comme nous
tous, que le changement de gouvernement et l'orientation que le premier
ministre lui a donnée correspondent à peu près
intégralement à ce que la population désirait. J'ai ici,
devant moi, des coupures de journal en date du 13 décembre dernier et je
cite: "Bourassa a changé le rôle de l'État", et c'est vrai
que nous voulons modifier le rôle de l'État. Je lis des coupures
du Devoir en date du vendredi 13 décembre: "Les milieux d'affaires sont
tout à fait satisfaits de cette orientation dans le domaine de la
déréglementation et de la privatisation". Je vois que même
le président de la CSN a dit que le cabinet était un cabinet
équilibré. Mais, messieurs, soyez sérieux! M. le
Président, je crois que ces gens-là, qui ont perdu
l'élection parce qu'ils s'étaient coupés de la population,
continuent à ne pas lire ce qui est écrit dans les journaux et
essaient de s'imaginer un monde imaginaire qui n'est pas le monde
réel.
De fait, ces déclarations, ces réactions à la suite
de l'élection du 2 décembre dernier nous montrent jusqu'à
quel point la population voulait du changement et jusqu'à
quel point l'orientation qui a été donnée hier par
Mme la vice-première ministre du Québec, Mme la
députée de Chomedey, et la nomination des ministres
reflètent précisément ce changement profond que voulait la
population du Québec. Lorsqu'on perd une élection - c'est
peut-être un conseil d'ami, parce que je l'ai vécu en 1981 - je ne
crois pas qu'il faille réagir en disant: La population a mal jugé
la situation. Si j'ai un conseil à donner à l'Opposition, c'est
plutôt de se demander pourquoi ces gens ont été
rejetés, de s'ajuster en conséquence et de faire les changements
qui s'imposent dans l'orientation de leur propre formation politique et dans
l'étude des projets de loi et des politiques que nous
présenterons. (15 h 40)
Autrement dit, je crois, M. le Président, qu'il s'impose pour
l'Opposition de prendre conscience de la réalité dans laquelle
elle se trouve et de réagir d'une façon plus mature et plus
positive face aux changements qui viennent et qui se feront.
M. le Président, il est clair que nous voulons faire des
changements importants. Nous voulons créer des emplois permanents. Nous
voulons faire en sorte que les finances publiques soient assainies. Nous
voulons améliorer les services. Mais j'aimerais quand même, cet
après-midi, dire quelques mots pour expliciter davantage quelles peuvent
être nos orientations dans le domaine économique. Je crois qu'il
est important d'y revenir parce que le chef de l'Opposition nous disait: Vous
savez, dans la dernière année, nous avons créé 80
000 emplois mais tout le monde sait - et je ne veux pas refaire les
débats que nous avons faits durant la campagne électorale - que
ce gouvernement qui nous a quittés le 2 décembre dernier a
créé zéro emploi de 1981 à 1985.
Ce sont les chiffres officiels. On ne mesure pas la performance d'un
gouvernement sur la base d'une seule année. On la mesure sur quatre ou
cinq années et c'est là pour nous un défi
extrêmement important que de créer 400 000 emplois. Nous voulons
mettre en oeuvre des politiques qui vont nous assurer le succès dans
cette entreprise.
Il est vrai que nous avons mis de l'avant, nous voulons mettre de
l'avant plusieurs politiques qui constituent un ensemble de moyens qui nous
permettra, nous en sommes convaincus, de réaliser cet objectif de
création de 400 000 emplois en 1990. Nous voulons toucher la
fiscalité et nous le ferons dès demain soir. Nous voulons
stimuler l'entrepreneurship. Nous croyons qu'il y a des gens au Québec
qui sont capables de se prendre en main. Nous voulons créer des emplois
pour les jeunes. Nous voulons donner des moyens accrus aux régions pour
qu'elles se prennent en main. Nous voulons rationaliser les dépenses
gouvernementales parce que nous savons qu'il est important de réduire
les coûts de fonctionnement de façon, éventuellement,
à définir, à modifier et à réduire le poids
de l'État dans l'économie. Bien sûr, nous voulons
également regarder les sociétés d'État et voir si
certaines d'entre elles ne seraient pas à privatiser.
C'est facile de faire les gorges chaudes. Nous, dans l'Opposition, nous
avons écouté attentivement les discours du premier ministre, M.
Lévesque, qui, année après année, nous disait que
la priorité était le développement économique, qui,
depuis deux ou trois années, nous disait que l'important était de
diminuer la réglementation excessive, mais nous attendons encore
toujours. Nous avons attendu que les discours que nous avons entendus dans
l'Opposition se matérialisent et ce n'est jamais venu.
Contrairement à ce manque d'action de la part du gouvernement qui
nous a précédés, le premier ministre actuel, lui, est
passé à l'action. Il a nommé un ministre qui va prendre
action dans le domaine de la déréglementation parce que mon
collègue de D'Arcy McGee, et tout le monde le sait, a
étudié ce dossier très attentivement. Nous pouvons
être assurés que dans les jours qui vont venir, le ministre de la
Justice et ministre délégué à la
Déréglementation posera des gestes concrets et arrivera avec des
projets de loi qui sont nécessaires pour assurer cette
déréglementation, du moins l'allégement de la
réglementation bureaucratique qui entrave le fonctionnement de
l'entreprise privée.
Dans le domaine de la privatisation, nul n'est besoin de tenter de
s'inspirer d'une politique reaganienne. Pour ceux qui connaissent quelque peu
l'importance des dépenses publiques dans l'économie du
Québec, ils savent qu'au début de la révolution tranquille
- et là je pense en termes de dépenses municipales, provinciales
et fédérales - le produit intérieur brut du Québec
était composé d'à peu près le quart, de 27,6 % de
dépenses provenant des trois niveaux de gouvernement alors que
c'était à peu près le même chiffre en Ontario, mais
qu'en 1980 nous avions atteint quelque 48,2 % du produit intérieur brut
qui était composé de dépenses gouvernementales.
Si on ajoute à cela les sociétés d'État, on
se rend compte qu'environ 60 % de toute l'activité économique du
Québec est contrôlée par l'État. Je ne dis pas
uniquement l'État provincial, je dis contrôlée par
l'État. À ce moment, M. le Président, il faut bien se
poser la question quand les gens d'en face nous disaient, durant la campagne
électorale: II faut favoriser le secteur privé. Comment
voulez-vous favoriser le secteur privé lorsque 60 % des dépenses
gouvernementales, municipales, provinciales et fédérales, plus
les sociétés d'État, lorsque 60 % du produit
intérieur brut est contrôlé
par les trois niveaux de gouvernement? Il faut donc prendre acte de
cette situation. Et si vous êtes convaincu comme nous que c'est le
secteur privé qui peut relever les défis, il faut prendre acte de
la situation et se poser la question: Comment pouvons-nous ajuster la
situation? Comment pouvons-nous ajuster le rôle de l'État et
comment pouvons-nous ajuster le rôle des sociétés
d'État, en particulier?
Je répondais à certaines questions, ce matin. Mes
collègues semblaient surpris de voir que j'agissais avec beaucoup de
prudence. Si je désire être prudent, personnellement, dans ce
dossier, c'est que je sais fort bien qu'il s'agit là d'une
réforme majeure, qu'il s'agit là d'une réforme dans un
domaine qui est un héritage de la révolution tranquille.
Tous les gouvernements, quels qu'ils soient, libéral, Union
Nationale et même du Parti québécois, ont cru, à un
moment donné, qu'il était préférable de
créer des sociétés d'État pour développer
l'économie du Québec. Il ne s'agit pas de condamner ce qui s'est
fait. Au contraire. Je suis tout à fait d'accord avec le chef de
l'Opposition lorsqu'il dit qu'Hydro-Québec a assuré le
développement économique d'une façon majeure au
Québec. Moi, qui suis ingénieur et qui viens d'un grand bureau de
génie-conseil, je sais pertinemment que le bureau auquel j'étais
associé a bénéficié grandement de ces sous-contrats
qu'Hydro-Québec a donnés aux grands bureaux de
génie-conseil. Cela leur a permis de se développer et d'aller
à l'étranger chercher des contrats.
Nier l'oeuvre des sociétés d'État serait
complètement ridicule. Là n'est pas la question. La question qui
se pose en 1985, c'est celle-ci: Est-ce qu'il faut continuer à agir
comme nous l'avons fait en 1960, comme nous l'avons fait en 1970 et faut-il, en
1985, faire une réforme de façon à développer
l'économie du Québec et faire de la création d'emplois?
Poser la question, en fait, c'est quelque peu y répondre parce que, de
toute évidence, il faut faire quelque chose. De toute évidence,
les objectifs de la révolution tranquille ont été
atteints, du moins, dans une très grande mesure. Quels étaient
ces objectifs en 1960, lorsque l'État québécois voulait se
donner des moyens d'agir dans le domaine économique?
Il y avait, bien sûr, un premier objectif qui était
d'assurer le développement économique dans certains secteurs.
Prenons la prospection minière. Lorsque Jean Lesage a
décidé de créer SOQUEM, c'est qu'il avait constaté
que la prospection minière qui était décidée
à Toronto se faisait très peu au Québec et que, si nous
voulions assurer le développement de l'Abitibi, en particulier, il
était important de créer une société d'État
dans ce secteur donné. À un autre moment, on voulait savoir s'il
y avait du pétrole et du gaz au Québec. Comme personne ne voulait
faire de la prospection dans le domaine du pétrole et du gaz, il
était important de créer SOQUIP, de dépenser quelque 57
000 000 $ pour savoir si nous avions au Québec du gaz et du
pétrole. Nous savons maintenant que nous en avons très peu, mais
il faut tout de même se poser la question: Maintenant que cette mission
est accomplie, est-ce qu'on continue de faire comme si la mission de 1960 ou de
1968 était encore valable?
Il est vrai que ces créations d'emplois ont fait oeuvre utile
pour le développement économique du Québec. Je ne crois
pas que le fait de soulever la question, de s'interroger, d'analyser la
performance de ces sociétés d'État et de se poser la
question à savoir s'il y a des Québécois, des francophones
au Québec qui sont capables de prendre la relève, je ne crois pas
qu'il s'agisse là d'une question qui soit taboue. Je ne crois pas qu'il
s'agisse là de renier la révolution tranquille. Au contraire,
c'est de miser sur la révolution tranquille pour aller encore plus
loin.
Un deuxième objectif de la révolution tranquille,
c'était de donner une chance à des francophones de se
développer dans le domaine économique. Constater maintenant le
nombre de francophones, de Québécois de tout âge qui ont
des emplois très importants dans le domaine économique, c'est
constater que cet objectif a été atteint. Les objectifs de la
révolution tranquille avaient leur raison d'être. Les objectifs de
la révolution tranquille nous ont permis d'atteindre un
développement du Québec extrêmement important. Il y a eu
des sociétés d'État qui ont réussi, qui ont fait
oeuvre utile, il y a eu d'autres sociétés d'État qui ont
eu des performances moins bonnes. (15 h 50)
M. le Président, je crois qu'à ce moment-ci, il est
important de constater qu'il y a des francophones, qu'il y a des gens qui sont
capables de se prendre en main, d'autant plus que le gouvernement du
Québec n'a plus les moyens, comme durant les vingt, vingt-cinq
dernières années, de financer le développement
économique qui pourrait se faire par les sociétés
d'État.
Je voudrais simplement vous en donner un exemple. Il y a deux ans la
société d'État SOQUIP décidait d'acheter la
compagnie Sundance en Alberta, justement pour avoir des réserves de gaz
qui lui permettraient d'être intégrée verticalement et pour
lui permettre de se vendre à elle-même le gaz utilisé au
Québec.
J'ai toujours cru quant à moi qu'il s'agissait là d'une
acquisition tout à fait utile, qui allait dans le bon sens du
développement économique des intérêts du
Québec, mais à cause des limites financières du
gouvernement, SOQUIP a dû vendre la
moitié de l'acquisition qu'elle avait faite. SOQUIP, qui n'avait
pas les moyens financiers de payer la totalité de l'achat de cette
compagnie, a du revendre à des intérêts albertains
justement une partie de l'acquisition qu'elle avait faite.
Si on fait le tour des sociétés d'État
présentement, on s'aperçoit que même celles qui
fonctionnent bien auront dans l'avenir de la difficulté à trouver
le financement qui pourrait lui venir du gouvernement du Québec. C'est
donc dire que dans une très grande mesure le gouvernement du
Québec, maintenant, même lorsque les sociétés
d'État fonctionnent bien, pourrait être un handicap au
développement du Québec.
M. le Président, je voulais à ce moment-ci exprimer ces
quelques réflexions. Je voulais vous faire partager mes
préoccupations, je voulais vous dire que, pour moi, cette mission que le
premier ministre m'a donnée est extrêmement importante. Je suis
très fier qu'il me fasse confiance pour assurer cette réforme. Je
vais l'aborder avec tout le sérieux possible. Je le ferai sans
précipitation, je le ferai sachant bien qu'il s'agit là d'une
réforme majeure à la suite de la révolution tranquille.
Ayez confiance que je remplirai ma mission de la façon la plus
professionnelle possible.
Le Président: Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne
L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, comme
députée nouvellement élue, vous me permettrez d'adresser
mes premiers mots à l'intérieur de cette enceinte aux
électeurs de mon comté. Je voudrais les remercier de la confiance
qu'ils m'ont témoignée. C'est pour moi un honneur et un plaisir
que de les représenter ici à l'Assemblée nationale. Je
voudrais les assurer que je ferai tout pour les représenter dignement et
pour défendre efficacement les dossiers du comté. Je voudrais les
assurer que je saurai me faire l'intermédiaire de tous et
particulièrement des groupes les moins bien nantis, ceux pour qui
l'appareil étatique représente souvent des obstacles certains. Je
voudrais aussi assurer mes électeurs que je serai vigilante et
présente lors de l'examen des projets de loi. Je veillerai à ce
que les lois adoptées respectent au mieux les intérêts des
individus et des collectivités. Vigilante également, je le serai
pour m'assurer que les engagements pris dans mon comté soient
respectés. Au cours de la dernière campagne, le parti au pouvoir
a fait de nombreuses promesses. Soyez assurés que je serai là
pour les lui rappeler et exiger qu'elles soient respectées.
Au SaguenayLac-Saint-Jean et en Ungava nous formons une
équipe. C'est donc en concertation avec mes collègues de la
région que j'entends défendre l'intérêt de la
région, mais également l'intérêt des régions
au Québec. Je parle bien des régions au Québec, parce
qu'à la lecture du message inaugural, il me semble en effet qu'il y aura
fort à faire pour s'assurer que les régions aient une place
effective dans le développement au Québec.
Je n'ai vu, après une relecture du message inaugural, aucune
mesure concrète touchant les régions périphériques.
On parle bien de développement régional et on centre
exclusivement sur les régions de Québec et de Montréal.
Une conception des régions basée exclusivement sur les centres
m'apparaît étriquée et dangereuse. C'est une conception des
régions étriquée, mais c'est également une
conception étriquée du développement économique
d'une province. Cette inquiétude, d'ailleurs, par rapport aux politiques
touchant les régions était assez évidente lors de la
dernière campagne électorale.
Dans ma région, la presse régionale manifestait son
inquiétude devant l'absence de véritables politiques de
développement régional. On nous le rappelait, d'ailleurs: ce
parti, alors qu'il était au pouvoir, avait peu fait pour les
régions. D'ailleurs, le vote du 2 décembre dernier illustre ce
manque de confiance des électeurs du SaguenayLac-Saint-Jean
à l'endroit du Parti libéral. Les derniers
événements, il me semble, leur donnent raison. Cette
inquiétude était justifiée. Rien pour les régions
dans le discours d'ouverture, aucune mesure concrète.
De plus, il faut le dire, la place congrue qui est faite aux
députés régionaux au sein du Conseil des ministres a de
quoi ajouter à notre inquiétude. Il est vrai que le
SaguenayLac-Saint-Jean vous a peu laissé de place pour nommer un
ministre, mais ce n'est pas le cas ailleurs. Il ne manque pas de ressources,
à tout le moins en nombre, de l'autre côté de la
Chambre.
Ajoutons que le développement régional confié
à un député urbain, il me semble que c'est comprendre le
développement des régions périphériques vu sous un
angle urbain. Cela a de quoi inquiéter.
Une voix: C'est dangereux.
Mme Blackburn: De plus, que le ministre
délégué aux Pêcheries vienne de la région de
la Beauce...
Une voix: Cela n'a pas d'allure.
Mme Blackburn: Je n'ai rien contre la Beauce, mais il me semble
que son expertise est ailleurs. Encore une fois, il me semble qu'il ne manquait
pas de députés libéraux dans l'Est du Québec.
Une voix: M. Maltais.
Mme Blackburn: Sans politique concrète de
développement régional... Tout à l'heure, le
député d'Outremont nous disait qu'il s'agissait là d'un
Conseil des ministres équilibré. Je voudrais bien voir
l'équilibre, même si c'est dit par je ne sais plus quelle centrale
syndicale. 14 ministres sur 27 de la grande région de Montréall
Tous les ministères lourds s'y retrouvent. On a déjà vu un
meilleur équilibre. Je ne sais pas si c'est une coutume en cette
Chambre, mais il me semble que je me sens obligée de faire appel aux
députés régionaux de toute l'Assemblée nationale.
Il me semble qu'il n'y aura pas trop des forces réunies et chez nous et
chez vous pour défendre adéquatement le droit des régions
à se développer.
En attendant, j'aurais aimé que le discours d'ouverture me dise
si le gouvernement a l'intention de respecter ses engagements à
l'endroit des régions, par exemple, une promesse d'un fonds de
développement pris à même des ristournes
d'Hydro-Québec dans les régions productrices
d'électricité. On ne m'a jamais dit ni pour quand, ni
combien.
Dans le discours d'ouverture, par ailleurs, on parle d'urgence dans le
développement et l'entretien du réseau routier. Au
SaguenayLac-Saint-Jean, on nous a promis de terminer l'autoroute Aima-La
Baie. Est-ce que ce sera une priorité?
Une voix: Rimouski.
Mme Blackburn: A-t-on l'intention de donner suite au sommet
économique? Verra-t-on à assurer, tel que promis, aux
universités du Québec en région un financement qui leur
permet de contribuer efficacement au développement régional?
C'est peu connu. Dans les grands centres, il y a plusieurs lieux d'expertise.
En région, c'est quasi exclusivement les universités qui
constituent les centres d'expertise. Donc, ils font face plus souvent
qu'autrement à des demandes qui dépassent leur capacité de
réalisation. Au dernier sommet économique au
SaguenayLac-Saint-Jean, ce sont 80 % des demandes ou des recommandations
qui associaient l'Université du Québec à leur
réalisation. Cela illustre, je pense, plus que pourrait le faire un long
discours, la nécessité d'assurer aux Universités du
Québec en région un financement qui tienne compte de cette
réalité. (16 heures)
Les cégeps étaient également vus comme des outils
de développement importants dans les régions. Ils sont
oubliés dans le discours d'ouverture. Pourtant, la concertation de
l'entreprise et de l'université est vue comme un moyen de stimuler la
recherche et l'innovation technologiques. On oublie les 44 cégeps, les
120 programmes de formation et les 12 centres spécialisés. Dans
les régions, les cégeps constituent, pour certains coins de la
province, les seuls lieux d'expertise.
Sur un autre sujet, vous me permettrez de m'inquiéter aussi du
sort qui sera réservé à Radio-Québec. Je connais
trop les efforts qu'ont mis les régionaux pour s'assurer qu'il y ait un
minimum de production régionale pour ne pas m'inquiéter du sort
qui sera fait à Radio-Québec et de la tentation qui sera
certainement grande, si on coupe dans les budgets de Radio-Québec, de
couper aussi dans la production régionale.
Il y a de nombreuses omissions dans le discours d'ouverture. On peut le
comprendre car il y a eu peu de temps pour le préparer. Il n'en demeure
pas moins qu'il y a de quoi s'inquiéter. La campagne électorale
était axée sur les jeunes et sur l'emploi. Il y a peu ou
pratiquement rien dans le discours d'ouverture là-dessus. Ce qu'il y a
de neuf, c'est la création d'un Conseil permanent de la jeunesse. Il
faut s'en réjouir mais il faut reconnaître également que,
pour le moment, cela ne crée pas beaucoup d'emplois.
Sur ces questions, la création d'emplois,
l"'employabilité" des jeunes, la parité d'aide sociale aux
jeunes, j'aimerais savoir si le gouvernement a l'intention de procéder
rapidement dans ces dossiers. S'est-il donné un plan de travail, un
échéancier?
Maintenant, je me permettrai d'aborder un dossier qui me tient
particulièrement à coeur et c'est celui de l'éducation. On
nous annonce que l'Assemblée nationale sera saisie des
éléments de mise en oeuvre du document d'orientation
publié lors de la campagne électorale. On prend
déjà certains engagements à court terme sur la
valorisation des enseignants, la solution au problème des
illégaux, l'organisation scolaire et le régime des
prêts-bourses.
Comme s'en inquiétait tantôt le chef de l'Opposition, qu'en
est-il du gel des frais de scolarité? Si ce n'est pas un engagement
à court terme, doit-on comprendre que cet engagement pourrait être
remis en question?
Une autre question d'ailleurs qui a été abordée
également par le chef de l'Opposition, c'est celle de la fusion ou de la
création de ce grand ministère de l'Éducation. On sait que
le député d'Argenteuil, à titre de ministre, chapeaute le
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Ce n'est pas là, comme je le disais tantôt, faute de ressources,
à tout le moins en nombre. On doit voir là, je pense, une
intention évidente de fusionner de nouveau ces deux ministères.
Mais je me pose une question: Y aura-t-il consultation? Y aura-t-il une
commission parlementaire? A-t-on évalué l'expérience de
ces deux ministères? Les principaux intéressés se sont-ils
plaints de la création du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie?
J'aimerais, pour ma part, que cette question de la création du
ministère de l'Éducation fasse l'objet d'une consultation. Le
député d'Argenteuil s'est élevé, au moment
où l'on créait le conseil du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, contre le fait qu'il n'y
avait pas de consultation. Je suis donc à même de penser qu'il
consultera avant de l'abolir.
Toujours en matière d'éducation, j'aimerais savoir si le
député d'Argenteuil entend, comme l'a fait le gouvernement
précédent, défendre la juridiction du Québec en
matière d'éducation et, particulièrement, en
matière de formation professionnelle? Le ministre a-t-il en ce domaine
l'intention de poursuivre l'action entreprise par son
prédécesseur?
Je le disais tout à l'heure, il y a de nombreuses omissions dans
le discours inaugural et une qui ne laisse pas de m'inquiéter, c'est
celle de l'éducation des adultes. Les adultes sont souvent les grands
oubliés. Le Québec s'était donné une politique
d'éducation des adultes, politique perfectible, d'ailleurs, j'ai
déjà eu l'occasion de le dire. Mais il s'agissait là d'une
volonté clairement exprimée de reconnaître le droit des
adultes à une formation à leur mesure. Le gouvernement a-t-il
l'intention de poursuivre dans cette veine et de bonifier la politique
d'éducation des adultes? Une décision qui m'étonne et me
laisse perplexe, c'est celle de rattacher la technologie au ministère du
Commerce extérieur. Dissocier recherche, science et technologie me
paratt discutable alors que du même souffle on parle de rapprochement
entre les entreprises et les universités. On ne doit certainement pas
donner le même sens au mot technologie, à son développement
et à son application. Le gouvernement a créé dans les
collèges douze centres spécialisés dont la mission
particulière est l'aide aux PME et le développement
technologique. Dans nos universités, ce sont 40 centres de recherche qui
sont orientés vers des domaines de haute technologie. L'action
principale du gouvernement visait à ce qu'on appelle le transfert
technologique. Quels seront les rapports de ce ministère du Commerce
extérieur avec les institutions d'enseignement? Qu'en sera-t-il des
recherches touchant la technologie? Cela demande, à mon avis, des
éclaircissements.
En conclusion, M. le Président, sur les questions touchant le
développement régional entendu dans le sens des régions
périphériques, l'éducation des jeunes, des adultes, de la
jeunesse de façon générale, je serai extrêmement
vigilante et présente. J'ai foi dans les régions, dans leur
capacité de se développer. Mais encore faut-il qu'elles puissent
compter sur une volonté gouvernementale réelle. Par ailleurs,
pour moi, l'éducation constitue un outil privilégié de
développement. Notre avenir réside dans la jeunesse. C'est
pourquoi, je le rappelle, sur ces questions, je serai là.
M. le Président, je voudrais vous assurer de ma collaboration. Je
sais que c'est une tâche difficile que celle d'assurer le respect des
règles démocratiques dans cette Assemblée, tâche
difficile que d'assurer les droits de l'Opposition. Je sais que vous saurez le
faire et, dans cette perspective, je veux vous assurer de ma collaboration.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: M. le ministre
délégué aux Services et Approvisionnements.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Mes premières
paroles sont pour vous féliciter, M. le Président, ainsi que tous
ceux et celles qui ont été élus à cette
Assemblée le 2 décembre dernier. Je sais que c'est un mandat tout
à fait particulier que la population du Québec a confié
à ce nouveau gouvernement et je sais pertinemment que cette même
population a fait un bon choix. (16 h 10)
Je voudrais rassurer immédiatement la députée de
Chicoutimi qui s'inquiète énormément de l'avenir du
Québec. Je voudrais lui dire que le 2 décembre la population du
Québec était aussi inquiète avant de connaître le
résultat des élections de ce même soir du 2
décembre. La population du Québec a décidé.
Je comprends les inquiétudes de Mme la députée de
Chicoutimi quand elle parle des régions. Elle semble s'inquiéter
particulièrement du fait qu'on a omis ou qu'on aurait pu omettre de
privilégier les régions du Québec. Je voudrais rassurer
Mme la députée de Chicoutimi; nous n'allons sûrement pas
faire ce que le gouvernement qui nous a précédés a fait
dans la région de l'Outaouais au cours des neuf dernières
années. Je veux l'assurer immédiatement que nous tiendrons compte
de l'ensemble des régions du Québec, nous tiendrons compte de la
démocratie qui s'est exercée le 2 décembre dernier. La
population du Québec tout entière sera bien servie par un
gouvernement libéral au cours des prochaines années.
Je voudrais mentionner ici, devant cette Chambre, que j'ai
savouré chaque parole de la vice-première ministre hier, chaque
parole du discours inaugural, que j'ai trouvé très
intéressant, qui tenait compte du mandat qui nous attend au cours des
prochaines années.
Je voudrais souligner un des éléments qui m'a paru
très important et pour lequel nous avons confié une mission
particulière à notre collègue d'Outremont, la
privatisation.
C'est un des éléments importants, mon collègue l'a
mentionné tantôt. Il est important, d'autant plus important de
repenser les sociétés d'État, d'examiner le rôle que
devront jouer les sociétés d'État et d'examiner aussi la
possibilité de leur privatisation. Je suis convaincu que la mission que
le premier ministre, M. Robert Bourassa, a confiée à mon
collègue d'Outremont sera exécutée avec diligence, dans
les plus brefs délais.
Je voudrais que l'on se rappelle aussi que dans le discours inaugural il
a été particulièrement question de certains travaux qui
ont été confiés à quelques-uns de nos ministres,
entre autres, la déréglementation, sujet que j'aimerais aborder
pendant quelques minutes. Le gouvernement qui nous a
précédés, et plus particulièrement le chef de
l'Opposition et député d'Anjou, a, en 1978, fait adopter un
règlement de placement dans la construction qui a créé -
M. le Président, vous en êtes convaincu - des problèmes
assez particuliers au Québec au cours des dernières
années.
Quand on parle de déréglementation, je pense que c'est
là un élément important sur lequel la population nous a
confié un mandat spécifique le 2 décembre dernier. Comment
la population du Québec a-t-elle pu endurer une réglementation
aussi néfaste pour l'économie du Québec? Comment a-t-on pu
empêcher un travailleur de la construction d'exercer son métier
à l'intérieur de ses compétences à cause d'une
carte de classification? Je suis très heureux que le premier ministre
ait confié un mandat particulier au ministre de la Justice afin
d'examiner toute cette réglementation qui a été nocive
pour l'ensemble de l'économie du Québec au cours des
dernières années.
On tenait compte de statistiques sur la construction il y a à
peine quelques mois. On mentionnait que plus de 25 000 travailleurs de la
construction travaillaient au noir. 25 000 travailleurs de la construction
étaient inquiets quotidiennement de se faire prendre parce qu'ils
travaillaient au noir. 335 000 000 $ par année étaient
gagnés au noir; Ces mêmes travailleurs n'avaient aucune
possibilité de se payer une sécurité,
l'assurance-chômage ou toute autre forme... Les impôts payés
à l'État, absolument rien de cela n'apparaissait aux revenus de
l'État. Ce sont des formes de revenus dont le gouvernement s'est
privé en laissant travailler au noir des personnes dans le domaine de la
construction. J'ose souhaiter, M. le Président, que ce gouvernement
réglera ce problème le plus rapidement possible.
Il y a un aspect qui m'a fait énormément plaisir et que je
me permets de souligner à cette Assemblée parce qu'on le retrouve
à l'intérieur du discours inaugural. C'est celui de revoir les
délégations du Québec à l'étranger. Il est
bien évident qu'en parlant de délégations du Québec
à l'étranger, il y a lieu de les revoir, mais je vous avoue
personnellement que la délégation du Québec à
Ottawa, ce n'est pas pour nous un pays étranger, nous allons
sûrement y revoir dans les plus brefs délais.
Le premier ministre, M. Bourassa, l'a déjà confirmé
il y a quelques semaines et je sais pertinemment que le nouveau
député et ministre des Affaires intergouvernementales, le
député de Jean-Talon, y verra bientôt. C'est encore une
fois une preuve de ce gaspillage éhonté de fonds publics que le
gouvernement qui nous a précédés a fait au cours des
dernières années. On sait que dans les années qui ont
précédé 1984 il y avait un bureau du Québec
à Ottawa, comme l'ensemble des provinces canadiennes avaient un bureau
à Ottawa pour faire le travail quotidien, les relations quotidiennes
entre gouvernements par le biais d'un bureau. Mais non, on ne s'est pas
contenté d'avoir un bureau comme l'ensemble des autres provinces
canadiennes; mais plutôt, le Québec s'est payé un luxe
qu'il ne pouvait pas s'offrir en se dotant d'une délégation
à des coûts astronomiques, avec résidence tout à
fait particulière, avec dépenses de "cocktails" et autres pour
recevoir les amis du parti.
M. le Président, je peux vous assurer et je peux assurer
l'ensemble de la population du Québec qu'un gouvernement libéral
n'acceptera jamais de gaspiller les fonds publics, n'acceptera jamais de
gaspiller l'argent des contribuables du Québec, parce que l'argent
gagné par les travailleurs et travailleuses est difficile à
gagner et nous avons un mandat particulier de bien administrer les fonds
publics. C'est probablement une des raisons pour lesquelles le premier ministre
du Québec me confiait un mandat tout à fait particulier en
créant très prochainement un ministère des Services et
Approvisionnements. Je pense que ce ministère verra justement à
dégraisser dans le sens que, si on se rappelle il n'y a pas tellement
longtemps ceux qui nous ont précédés, les contrats qui ont
été accordés, combien on pourrait en citer...
Je demande à la population du Québec de me faire
grâce aujourd'hui, parce que vous en avez entendu parler au cours des
derniers mois et la population du Québec vous a jugés le 2
décembre dernier. Elle a quand même permis de constituer une
certaine forme d'Opposition. J'espère qu'au cours des prochaines
semaines et des prochains mois vous apprendrez à jouer le rôle
d'Opposition tel qu'il doit être joué, que vous apporterez la
surveillance nécessaire; et c'est tout à fait souhaitable et
normal. J'ose souhaiter que cette Opposition apprenne en même temps
à bien gérer, parce que c'est une chose que vous avez omis de
faire au cours des neuf dernières années et pour laquelle la
population vous a sévèrement
jugés. (16 h 20)
J'ose souhaiter aussi, parce que j'ai quand même encore
aujourd'hui certaines inquiétudes... On vient à peine de terminer
une campagne électorale, une campagne soi-disant d'image, où
cette Opposition a caché sa vraie image. J'ose souhaiter, M. le
Président, pour le bénéfice de l'ensemble du
Québec, que cette Opposition, très prochainement, dans un conseil
général, puisse confirmer sa vraie raison d'être afin de
sécuriser non seulement la population du Québec, mais l'ensemble
de la population canadienne et nos amis de l'extérieur, à savoir
qu'une fois pour toutes le Québec fait partie de ce pays qui est pour
nous le Canada. J'ose souhaiter que cette Opposition confirme son rôle,
confirme son mandat dans les prochaines semaines ou dans les prochains
mois.
En terminant, M. le Président, je veux assurer cette Chambre et
assurer la population du Québec que le gouvernement libéral,
à compter de maintenant, à compter d'aujourd'hui, demain, la
semaine prochaine, le mois prochain et dans les années qui suivront, va
accorder à notre population une gestion efficace des fonds publics et
qu'à compter de maintenant l'ensemble des problèmes que le
Québec a connus, a vécus, seront réglés par les
politiques que nous énoncerons au cours des prochaines semaines. Je vous
remercie.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, étant l'un des 23
rescapés de la marée rouge, je me permettrai, dans un premier
temps, de remercier mes électeurs du comté de Joliette qui ont
toujours su, je pense, dans le domaine politique, remercier les hommes et les
femmes qui ont travaillé avec acharnement pour eux. Je tiens à
remercier l'ensemble de la population de mon comté et lui dire que je
travaillerai avec le même acharnement, même dans l'Opposition,
d'autant plus que mon rôle sera d'exiger qu'on livre la marchandise
promise. C'est même avec fierté, empressement et joie que je
travaillerai à faire livrer cette marchandise tant promise qui en a fait
rêver plusieurs au Québec.
De plus, M. le Président, je voudrais vous assurer, en tant que
leader de l'Opposition, de ma collaboration. Il arrivera quelquefois des
écarts de langage, c'est évident, au cours de ces quatre ans ou
ces trois ans. Il est évident qu'on aura sans doute des prises de bec et
je pense que c'est de bonne guerre... Je ne voudrais pas que le
député de Hull m'interrompe. Je ne le reconnaissais même
plus dans son premier discours comme ministre. Il faut voir jusqu'à quel
point un titre peut rasseoir un homme.
Une voix: Ah, mon Dieu!
M. Chevrette: Je voudrais lui dire qu'il nous a fait beaucoup
d'honneur dans son exposé en ayant peur même de nos positions en
tant qu'Opposition. C'est nous faire beaucoup d'honneur et je l'en remercie. Je
veux lui dire, bien sûr, d'être sans crainte, qu'on va jouer notre
rôle avec toute la détermination dont on pourra faire preuve et
également avec toute la conscience professionnelle dont on est capable
de faire preuve.
Quant au règlement dans l'industrie de la construction, on s'en
parlera sans doute en temps et lieu. Il y aura des moments précis pour
s'en parler, car il y aurait des correctifs, des nuances à apporter
à ce qu'a dit le député de Hull sur le sujet. Les
travailleurs au noir ne sont pas nécessairement ceux qui n'ont pas de
carte. Il y a beaucoup de personnes détentrices d'une carte qui
travaillent au noir. C'est la conjoncture économique qui fait que des
travaux à meilleur marché peuvent être faits au noir, mais
ce n'est pas nécessairement synonyme de carte de l'OCQ.
Cela dit, M. le Président, à écouter le
début du discours inaugural, je me serais cru au Ritz Carlton, en pleine
campagne au leadership, quand M. Johnson exprimait sa position ou sa perception
aux gens d'affaires. À toutes fins utiles, on a plagié à
quelques mots près même les expressions et les orientations du
chef de l'Opposition et ce, en pleine crise économique et
également en pleine...
Une voix: ...
M. Chevrette: Au Québec. Oui, je vais le dire, M. le
Président, si on ne m'interrompt pas. Je n'ai interrompu personne depuis
le début.
Une voix: C'est vrai.
M. Chevrette: M. Johnson disait: Fini l'État providence,
l'État omniprésent. Celui qui a rédigé le texte
pour Mme la vice-première ministre parle maintenant de présence
moins soutenue, moins apparente de l'État, mais, à toutes fins
utiles, c'est la même chose que M. Johnson préconisait durant la
course au leadership.
M. Johnson parlait également d'encourager l'initiative et la
créativité. Là, on parle "d'élargir les voies de
l'initiative, de la responsabilité et de la créativité
personnelle." C'est le "fun." On nuance à peine par un mot les
expressions que M. Johnson utilisait. M. Johnson parlait
également de s'ouvrir sur le monde comme société
québécoise. Dans le discours d'ouverture on dit: "Elle est,
surtout, plus désireuse de s'ouvrir sur le monde." Exactement les
mêmes expressions, M. le Président.
M. Johnson parlait aussi d'être une société
hautement compétitive. Dans le discours d'ouverture, on dit: La
détermination du présent gouvernement à bâtir "une
société plus humaine, une société hautement
compétitive, une société pleinement confiante". Exactement
la même terminologie. C'est peut-être intéressant. Il y a
deux termes que je ne retrouve pas cependant dans la version du discours
d'ouverture. C'est la notion de solidarité. On parle, bien sûr, de
mise en commun, mais tellement diluée -j'expliquerai pourquoi c'est
tellement dilué -dans le discours d'ouverture.
Il y a une chose que j'ai trouvée intéressante et que je
vais souligner: c'est quand quelqu'un parle de maturité. La
vice-première ministre a parlé d'une société qui a
atteint une certaine forme de maturité. Cette forme de maturité,
comme société, nous l'avons acquise depuis des années. Il
me semblait que tout avait été noir du côté du
pouvoir pendant neuf ans. Pourtant on admet candidement dans le discours
d'ouverture que le Québec a cheminé, que sa population a vieilli,
a mûri et qu'aujourd'hui on présente un type de
société vraiment mature qui nous permet de poser des gestes
concrets et encore plus formidables. Mais il y a quelqu'un qui a amené
cette société à cette forme de maturité.
C'était le gouvernement qui a précédé le
gouvernement du Parti libéral.
Dans le discours d'ouverture également, il y a une phrase qui m'a
énormément frappé. Je vais vous la lire parce que ce qu'on
s'apprête à faire, vous allez voir que c'est tout autre chose.
Dans le discours d'ouverture, à la page 3, on dit ceci: "L'essentiel de
l'action du gouvernement sera la détermination des grands objectifs de
la société, l'arbitrage toujours nécessaire des
intérêts divergents, la fourniture avec efficacité des
services essentiels à la communauté et toujours, bien sûr -
je l'ai souligné trois fois - l'aide et le soutien aux plus
défavorisés et aux plus démunis."
Dans quelques jours, plus précisément demain matin ou
demain après-midi, on déposera des mesures budgétaires, un
énoncé complémentaire aux mesures budgétaires qui
viendra diminuer les impôts des mieux nantis au Québec - on
s'apitoie sur le sort des défavorisés et des démunis -
deuxièmement, qui viendra baisser la taxe sur l'essence. De cela aussi,
je voudrais vous parler. Quand on l'a baissée de 50 % d'un seul coup, le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui était assis là
tout près à ma droite, disait ceci: Ce ne sont même pas
quatre réservoirs d'essence que vous venez de concéder aux
consommateurs. Or, vous en faites le cinquième demain dans votre
énoncé. Ce ne sont même pas les trois quarts d'un
réservoir que vous allez concéder. Plus encore, vous n'êtes
même pas allés rencontrer les compagnies pour vous assurer au
préalable que la compagnie, deux jours après, n'ira pas chercher
l'ensemble de cette diminution. Le pompiste lui-même n'aura pas un sou et
le consommateur, encore moins. C'est là ce qu'on appelle une mesure
supposément extraordinaire pour le consommateur
québécois.
On dit également qu'une troisième mesure importante qui
viendra sera celle de la taxe sur les fameuses assurances sur le plan
personnel. Dans un premier temps, j'écoutais votre dynamique chef du
gouvernement, M. Bourassa, ex-député de Bertrand et
député d'on ne sait trop où pour les quelques prochaines
semaines ou mois, qui disait ceci: La taxe est odieuse. Il faut l'abolir
totalement et rapidement. Si je suis élu et si mon gouvernement est
élu - avec toute la dynamique qu'on lui connaît - le mois de
janvier prochain, il n'y aura plus de taxe sur les assurances. Quelques
semaines après, whop, les taxes, on va étudier cela pour que ce
soit d'une façon graduée. Là, on est rendu à la
question des assurances personnelles. Une chance que la campagne est
terminée parce qu'il aurait eu le temps de tout enlever. Il n'y aurait
rien eu pour le mois de janvier, concrètement, pour le consommateur. (16
h 30)
II a bien dit - et je le rappelle au leader du gouvernement - qu'il ne
s'en tirerait pas avec des arguments que c'était la faute du
présent gouvernement s'il ne réalisait pas ses engagements,
contrairement à ce que j'ai entendu dans cette Chambre ce matin. Ne
commencez pas à vous gargariser de l'administration
précédente, puisque vous avez carrément dit
qu'au-delà de tout cela, vous réaliseriez vos engagements. Soyez
assurés qu'on sera là pour vous le rappeler, même les
déclarations de votre propre chef.
Je voudrais aussi signaler quelque chose de très original dans le
discours d'ouverture. Le gouvernement du Parti libéral prend la peine,
à deux reprises dans le discours d'ouverture, de dire à la
population: Nous allons respecter nos engagements. Nous allons honorer notre
parole. Avez-vous déjà vu une formation politique pour laquelle,
en pleine campagne élctorale, le principal engagement qu'elle charrie
dans tout le Québec, c'est celui de respecter ses engagements, celui
d'honorer sa parole? De deux choses l'une et peut-être les deux: Ou bien
c'est parce qu'on a déjà eu une expérience passée
où on a promis des choses et qu'on ne l'a pas respecté, ou bien
ces promesses ne sont pas crédibles et on sent le besoin de dire
à la
population: On va les respecter même si cela paraît gros,
même si cela peut être difficile; on va tout faire pour les
respecter. C'est exactement cela que M. Bourassa a fait dans son discours
d'ouverture par la voix de la vice-première ministre, Mme la
députée de Chomedey.
Je vous avoue que cela paraît plutôt drôle. À
deux endroits, un autre endroit à la page 13, je pense, on dit: On
promet cela et on va le faire. Comme s'ils sentaient le besoin de dire: Vous
savez, on dit cela. Peut-être que vous ne nous croyez pas, mais cette
fois-ci, donnez-nous une chance, cela va être vrai ce qu'on va vous dire.
Cela, M. le Président, ça dénote déjà un
manque de confiance évident pour une formation politique qui se disait
sûre d'elle, confiante, une formation politique aux cassettes
préenregistrées, qui n'avait pas peur de lancer toutes sortes de
slogans, toutes sortes d'engagements pour ensuite reculer. Si cela avait
été seulement dans le domaine économique ces genres de
recul. C'est à peu près dans tous les domaines.
Je me suis permis une petite réunion de quatre, cinq personnes,
non pas des élus. Je leur ai dit: Lisez-moi ce discours là et
dites-moi ce qu'il y a de concret dedans. ls ont lu cela, ils ont dit: II y a
trois mesures concrètes: le régime d'épargne-actions; la
Corporation d'investissement jeunesse; la troisième, ont-ils dit, c'est
facilement ce qu'on a réalisé - comment dirais-je, j'ai un trou
de mémoire, mais je vais vous le donner dans 30 secondes. On a
réalisé trois choses concrètement, le temps qu'on a
été au pouvoir, et ce sont les trois choses qui sont
répétées par le gouvernement actuel.
Je vous remercie de reconnaître que nous avions au moins trois
bonnes choses parce que durant les neuf ans que vous avez été sur
ces banquettes, on n'avait rien fait de bon, selon vous et pourtant,
aujourd'hui, vous reconnaissez, et ce sont là les seules mesures
concrètes de votre discours d'ouverture, vous reconnaissez que ce qui
avait été fait par le précédent gouvernement a du
bon sens. Pour le reste, qu'est-ce que vous avez? Comité d'étude,
mandat d'étude, examen de choses, mandat précis à madame
Unetelle, monsieur a le pouvoir d'étudier l'ensemble des structures
d'Etat, des sociétés d'État. Je pose une question. Nous
allons voir cela dans quelques mois.
Pourtant vous aviez les réponses magiques à tout. M.
Bourassa avait dit: La pétrochimie, le 3 décembre au matin, ce
sera réglé si je suis au pouvoir. On est rendu au 15, 16, 17, et
lors des questions de ce matin, on ne savait plus trop comment on allait
étudier telle ou telle formule. Cela, c'est ce qu'on appelle du
maquillage, du leurre électoral. Je suis convaincu que la population va
vite se rendre compte qu'elle a voté majoritairement, bien sûr, en
faveur d'une équipe qui a fait miroiter un paquet de choses une
équipe formée de gens qui ne sont pas capables de livrer un
dixième de ce qu'ils ont promis.
Plusieurs députés, jusqu'à maintenant, même
quatre ou cinq, ont dénoté le manque d'intérêt pour
les régions. Moi aussi je voudrais en parler. On a peut-être
ignoré complètement du côté libéral ce que
leurs équipes régionales ont promis. Faire fi d'engagements sur
le plan régional dans un discours d'ouverture, cela m'apparaît
grossier. Dans mon coin, c'étaient les hôpitaux, des bouts de
routes à la dizaine, à la centaine. Les journaux ont titré
2 000 000 000 $ de routes. Je ne sais pas combien d'hôpitaux ont
été annoncés par les candidats du Parti libéral.
Des centres d'accueil un peu partout. Qu'est-ce qu'on entend dans le domaine de
la santé dans le discours d'ouverture, par exemple? Un mandat à
Mme la ministre pour peut-être régler les cas d'urgence en
collaboration avec toutes les institutions du réseau. Cela va prendre
combien de temps? Il me semblait que, le lendemain matin, vous aviez les
potions magiques pour régler l'ensemble de tous les problèmes du
Québec. Manque de perspective globale! Lors d'une visite éclair
d'une demi-heure - je m'en souviens très bien, parce qu'à
l'époque j'étais ministre de la Santé et des Services
sociaux - du très honorable Robert Bourassa avec le très
honorable Dr Lavallée à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, il
a dit à une conférence de presse bien structurée: 150 000
000 $ pour la santé! Un mois et demi après, c'était 75 000
$ sur deux ans et, en pleine campagne électorale, ici, au Hilton
Québec, Mme la députée de L'Acadie, ministre de la
Santé et des Services sociaux, disait: C'est 150 000 000 $, 75 000 000 $
par année sur deux ans, mais c'est non récurrent. Cela veut dire
que cela ne se répète pas, que cela ne reste pas dans le
système.
Pourtant, qu'est-ce qu'on a dit dans vos petites brochures durant toute
la campagne électorale? Est-ce qu'on a écrit dans vos fameuses
petites brochures distribuées porte à porte qu'on injectait 150
000 000 $ dans la santé et que, si ce n'était pas assez, il n'y
en aurait plus? M. Corriveau annonçait un hôpital de plus à
Joliette. Un autre dans son comté annonçait la création
d'un centre d'accueil. Et, aujourd'hui, c'est un mandat pour régler,
conjointement avec les institutions, le problème des urgences, sans
parler du vieillissement de la population, sans avoir de vision globale de nos
personnes du troisième âge qui veulent demeurer plus longtemps
chez elles.
Combien d'argent y aura-t-il pour les soins à domicile? Rien.
Combien d'argent y aura-t-il pour le maintien des vieux à domicile?
Rien. Combien d'argent a-t-il
annoncé pour des centres d'accueil? 1200 places. On le
reconnaît. Combien y aura-t-il d'unités de gériatrie?
Combien y aura-t-il de centres de jour? Il n'y a pas de vision globale, pas du
tout. On se contentera, bien sûr, encore une fois, d'annoncer dans un
discours d'ouverture sous forme de grands voeux pieux toutes sortes de formules
magiques qui font croire aux citoyens qu'il se fait beaucoup de choses. On sera
ici pour rappeler concrètement que cette équipe libérale a
été élue sous de fausses représentations.
Je pense à l'aide sociale. Même si, en fin de campagne
électorale, on a rattaché cela à des programmes, le fait
de doubler les mises, ce n'est pas cela qui s'est véhiculé par
vos députés. Il y en a dans cette Chambre qu'on pourrait
démasquer. On rencontrait des jeunes bénéficiaires de
l'aide sociale à qui on disait: Nous allons vous donner le double sans
que vous ayez à vous inscrire au programme Déclic. On riait du
programme Déclic.
Vous avez voulu acheter temporairement des consciences pour des votes.
Vous aurez créé de la frustration. M. le Président, vous
en savez quelque chose.
Une voix: C'est vrai.
M. Chevrette: Cela aura créé
énormément de frustrations. Le jeune qui ne voulait pas
adhérer au programme Déclic, mais qui a cru à vos
engagements de passer du simple au double et qui ne l'aura pas, que lui
arrivera-t-il? Ce sont des ferments de frustrations et des désordres
sociaux. Je suis convaincu de cela.
M. le Président, Mme la députée de Chicoutimi a
très bien parlé de ses inquiétudes quant au
développement régional. C'est comme s'il existait dans leur
formation politique deux groupes de députés: le groupe de
Montréal et le groupe de Québec. Mais il y a des
députés en Gaspésie. Il y en a sur la Côte-Nord
aussi. Il y en a dans Laurentides-Lanaudière. Vous aviez au moins huit
sur dix députés. Il y a déjà eu trois ministres
représentant simultanément la région
Laurentides-Lanaudière. Aujourd'hui, il y en a un. Il y a plusieurs
députés sur la rive sud de Montréal et dans l'Estrie.
Pourtant, quelle est la représentation? Elle est très faible, M.
le Président, et encore.
On a promis, durant la campagne, un fonds de développement
régional basé sur les richesses d'Hydro-Québec ou les
surplus d'Hydro-Québec. Où sont les promesses, dans le discours
d'ouverture, concernant le fonds de développement régional? Rien,
M. le Président, absolument rien. Qui administre le fonds de
développement régional? Un député urbain, M. le
Président.
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: On a fait rêver les Québécois
en leur disant: Prenez-vous en main. Ils se sont pris en main. Ils ont tenu des
sommets économiques. Ils ont travaillé des années à
se concerter pour arriver à des consensus, à prioriser leur
développement régional. Aujourd'hui, il y a absence totale, un
vide, un vacuum épouvantable dans le discours d'ouverture. Deux
pôles de développement, Montréal et Québec! Mais les
gens de Saint-Donat, dans le comté de Rousseau, les gens de Chertsey,
dans le comté de Rousseau, les gens de Saint-Jean-de-Matha dans le
comté de Berthier, les gens de Saint-Michel ont le droit de penser
à du développement régional, à développer
leurs sites touristiques. (16 h 40)
Qu'avez-vous dit sur le tourisme dans votre discours d'ouverture? Rien.
Moins que rien. Ces députés vont-ils se lever pour dire que les
régions existent et que le monde veut travailler près de chez
eux, à partir de leur propre potentiel? Pour les uns, c'est le bois;
pour d'autres, c'est le tourisme; pour d'autres, c'est la petite et moyenne
entreprise. J'ai hâte que les députés du gouvernement se
lèvent et qu'ils supplient le Conseil des ministres et leur chef absent
de penser au développement régional et de dire: M. le premier
ministre, on a droit à un ministre issu du milieu, qui comprend les
problèmes du milieu, qui peut véritablement suggérer des
propositions concrètes aux problèmes que vivent les
régions, soutenir les efforts des gens qui se sont concertés et
qui ont même des organismes de suivi des sommets économiques.
Qu'arrivera-t-il des sommets en formation pour ceux qui devaient en tenir dans
la Montérégie et Laurentides-Labelle?
Ce sont là des questions précises auxquelles il va falloir
avoir des réponses. Quant à moi, je m'acharnerai à poser
ces questions et à défendre les régions parce que nous
avons aussi droit au soleil sur l'échiquier politique
québécois. On a droit à la manne gouvernementale,
lorsqu'elle doit sortir des coffres du gouvernement, parce que ce sont tous des
contribuables, que l'on soit en Abitibi, en Gaspésie, sur la
Côte-Nord, dans Laurentides-Labelle, dans Lanaudière ou dans la
Montérégie ou dans l'Estrie, on a également le droit
d'être soutenus dans nos efforts. C'est là, soit dit en passant,
dans plusieurs régions où la concertation a été
superbe et où les entreprises avec le monde de l'éducation, avec
le monde des affaires se sont concertées pour "prioriser" des projets.
C'est là où on a même établi des priorités de
développement routier indépendamment d'une paroisse au
détriment de l'autre. On a compris qu'il fallait se développer
d'une façon cohérente. C'est une absence totale. Je vous avoue
que j'ai hâte qu'on aborde les
vrais problèmes. Comme vous avez préféré
comme formation politique - pas vous, M. le Président, parce que vous
vous en êtes exclu pour le moment - mais, quand même, votre
formation politique a choisi de ne pas trop légiférer. On aura
donc le temps de se parler de développement économique
régional. Soyez assuré que je serai un des plus tenaces
là-dessus.
Je voudrais dire en terminant que je suis heureux de voir que notre
formation politique avait promis peu. J'ai toujours compris que, quand on
promettait peu et qu'on livrait la marchandise, il y avait une satisfaction
à savourer ce qu'on recevait. Mais quand on promet la lune aux individus
et qu'on ne leur en donne qu'un quartier, il est bien évident que les
gens ne trouvent pas suffisant ce quartier et qu'ils ne l'apprécient
pas. Ce sont là les germes de la frustration et du désordre
social. Merci.
Le Vice-Président: M. le député de
Trois-Rivières.
M. Paul Philibert
M. Philibert: M. le Président, vous me permettrez, pour
commencer cette première intervention qu'il m'est donné de faire
à l'Assemblée nationale, dans cette réplique au discours
d'ouverture, tout d'abord de remercier mes concitoyens et mes concitoyennes du
comté de Trois-Rivières pour la très grande confiance
qu'ils m'ont démontrée lors de la dernière
élection. On sait tous qu'une démarche tout à fait
électoraliste a fait en sorte qu'on s'est retrouvé avec plusieurs
gros canons dans mon comté et des canons transportés par des
limousines. Je veux les remercier spécialement d'avoir vu la
stratégie et d'avoir refusé cet abus d'utilisation des fonds
publics à des fins strictement et purement électoralistes.
Les gens du comté de Trois-Rivières, comme l'ensemble de
nos concitoyens du Québec dans une très grande majorité,
ont décidé qu'il y aurait des changements. Ces changements, nous
les retrouvons dans le discours d'ouverture, bien sûr, mais nous les
retrouvons ici même à l'Assemblée nationale de façon
tout à fait percutante dans la mesure où je me sens privé
personnellement d'interpeller mes amis d'en face car je suis obligé de
les appeler maintenant mes amis d'à côté. Je suis
obligé de les appeler mes amis d'à côté et ils sont
du côté droit en plus. Nous avons entendu leur langage
tantôt et ils tiennent un langage de gauche. C'est un gouvernement que
les Québécois ont remercié et qui a toujours tenu un
double langage.
Le mandat que nous avons reçu et que nous retrouvons dans le
discours inaugural est un mandat clair, un mandat qui nous commande des
changements profonds, qui nous commande des actions radicales de telle sorte
que nous pourrons rebâtir le Québec, le Québec ouvert, le
Québec travailleur, le Québec fier, le Québec qui
développe ses moyens, qui développe son potentiel. Le premier
geste que nous devrons poser sera de nous assurer que le Québec
s'inscrive dans la lignée des provinces qui sont conscientes que leur
avenir réside dans le cadre politique constitutionnel. Nous prenons
l'engagement à l'intérieur du discours inaugural de régler
ce problème rapidement, de telle sorte que le Québec puisse
bénéficier au même titre que les autres provinces des
avantages du fédéralisme canadien, des avantages de la
péréquation, de la concertation interprovinciale. Les gens du
Québec nous ont donné le mandat de repositionner le Québec
à l'intérieur de la fédération canadienne et nous
allons le faire. Nous allons le faire parce que nous prenons l'engagement de
respecter nos engagements.
Respecter ses engagements, c'est également respecter sa
signature. Nous avons vu, lors de la négociation de 1982-1983, un
gouvernement qui a renié sa signature, un gouvernement qui, pour renier
sa signature, a suspendu sa propre charte des droits et libertés. Il a
inversé le fardeau de la preuve. Il est impérieux pour des
raisons économiques de revenir au fédéralisme canadien, de
réintégrer le Canada. Mais il est aussi impérieux en
termes de droits de réintégrer le fédéralisme
canadien, parce qu'une charte des droits et libertés incluse dans la
constitution d'un pays ne peut pas, par décision ministérielle,
être suspendue et faire en sorte que les citoyens soient privés
des droits fondamentaux qui nous sont si chers.
Nous avons aussi pris l'engagement - et nous le retrouvons en noir sur
blanc dans le discours inaugural - de relancer l'économie en mettant nos
possibilités et notre potentiel à profit. Les possibilités
et le potentiel du Québec en termes de développement
économique, c'est une main-d'oeuvre abondante, une main-d'oeuvre qui
veut continuer à se spécialiser et qui est donc attentive
à ce tournant technologique que nous devrons prendre. Depuis ces neuf
dernières années, on a parlé de tournant technologique, on
a parlé de technologie nouvelle, mais la seule réalisation
concrète que le gouvernement sortant nous a montrée a
été d'envoyer à Paris le premier ministre René
Lévesque pour transiger avec les Français des ordinateurs
Comterm-Matra. Voilà l'assise des transformations technologiques au
Québec! On n'a pas encore commencé à utiliser ces
ordinateurs.
La relance économique du Québec passe par les
universités, par la recherche et le développement, par nos
collèges, par l'utilisation de la matière grise que nous avons.
Qu'a fait le Parti québécois pendant
ses neuf années de pouvoir? Le cégep de
Trois-Rivières est équipé en FAO et en DAO, en fabrication
assistée par ordinateur, en design assisté par ordinateur. Je
vois les péquistes qui sont prêts à crier: Gloire, on les a
équipés! C'est le gouvernement fédéral, à
l'aide d'une subvention de 900 000 $, qui a équipé le
collège de Trois-Rivières pour s'ouvrir aux technologies
nouvelles. C'est pour cela que nous, du Parti libéral, croyons au
fédéralisme canadien. C'est pour cela que nous, du Parti
libéral, savons qu'en étant de plain-pied partie prenante dans le
fédéralisme canadien nous pourrons aller chercher les instruments
nécessaires pour voir à notre plein développement. La
recherche à l'Université du Québec, par exemple, une
université cotée dans l'ensemble des pays où il se fait de
la recherche, est actuellement bloquée parce que le gouvernement du
Parti québécois lui a refusé les fonds nécessaires
pour aller plus loin dans la recherche. (16 h 50)
Nous avons Pechiney, de l'autre côté, qui est en train de
s'installer. Quelles prévisions les péquistes ont-ils faites pour
recevoir un investissement aussi majeur, un investissement aussi
extraordinairement ouvert sur l'avenir parce que s'inspirant des technologies
nouvelles? Nommez-moi un cours qui aurait été instauré par
le collège et l'université en termes de perfectionnement des
travailleurs, en termes de recyclage des travailleurs? Nous allons
réintégrer le fédéralisme canadien parce que nous
avons à régler la question de la formation des adultes, nous
avons à régler la question de la formation en concertation avec
le gouvernement fédéral.
Pechiney s'installe chez nous. Vous pouvez écouter, M. le chef de
l'Opposition, parce que c'est un message qui s'adresse particulièrement
à vous qui avez été l'un des artisans de cette
débâcle que nous connaissons dans notre région, parce que
vous siégiez au comité des priorités. Ce que les gens ont
jugé le 2 décembre, c'est justement ce manque de
prévision. Sur le plan économique, vous êtes passés
complètement à côté.
Manque de prévision dans les services de santé. Si j'ai
trouvé quelque chose d'odieux pendant la dernière campagne
électorale, si j'ai trouvé quelque chose de scandaleux pendant la
campagne électorale, cela a été de devoir expliquer
à nos concitoyens et concitoyennes que nous avions affaire à un
gouvernement opportuniste, que nous avions affaire à un gouvernement qui
avait oublié de prévoir que la population du Québec
vieillissait, qui avait donc oublié de prévoir que les services
de santé devaient être améliorés et devaient
suivre... Une société qui se respecte doit faire en sorte que le
développement des services de santé suive l'évolution des
besoins de l'ensemble de la collectivité. Ils ont oublié de
prévoir que la population vieillissait et on s'est retrouvé dans
une situation, particulièrement au coeur du Québec,
particulièrement en Mauricie, où les lits actifs de nos
hôpitaux ont été gelés par des malades chroniques
qui auraient dû être dans des institutions
spécialisées à cette fin, d'où le problème
des salles d'urgence.
On s'est retrouvé aussi avec des services... À
l'hôpital Saint-Joseph, par exemple, j'ai trouvé odieux de voir,
à quinze jours de l'élection, le ministre des Affaires sociales
d'alors, tout pompeux, venir faire la levée de la première
pelletée de terre pour la construction d'un bloc opératoire
à l'hôpital Saint-Joseph, engagement formel du Parti
québécois à l'élection de 1981. Grève des
médecins de l'hôpital Saint-Joseph en 1983 pour essayer d'avoir le
minimum décent, le minimum d'hygiène dans les salles
d'opération. On a attendu quinze jours avant l'élection pour
venir faire la levée de la première pelletée de terre.
Ce double langage que nous avons entendu tantôt, j'en suis quand
même content dans la mesure où nos concitoyens et concitoyennes du
Québec, chaque fois que l'ancien ministre des Affaires sociales parlera,
chaque fois que d'autres anciens ministres parleront, se rappelleront ce double
langage que l'on nous a servi depuis les neuf dernières années.
Oui, M. le chef de l'Opposition, l'avenir du Québec est fait de
concertation et doit se faire dans la concertation. La concertation, cela
s'inscrit dans la perspective que l'on retrouve à l'intérieur du
message inaugural. Le Parti libéral du Québec a
décidé de faire du Québec un Québec des
régions. Le Québec des régions va s'articuler, va se faire
à partir d'ententes-cadres que le gouvernement du Québec va
signer avec les régions.
Nous, les libéraux, n'avons pas besoin d'un ministère des
Relations avec les citoyens parce que le chef du Parti libéral, parce
que l'ensemble de la députation libérale est conscient du mandat
qu'il a reçu, celui de faire les relations avec nos concitoyens et
concitoyennes. Nous n'avons pas besoin de parquer un ministre aux Relations aux
citoyens et aux citoyennes.
Oui, M. le chef de l'Opposition, l'avenir du Québec se retrouve
dans la solidarité justement avec les personnes âgées.
Qu'est-ce que c'est d'être solidaires avec les personnes
âgées? C'est prévoir des soins à domicile, c'est
reconnaître qu'il faut suivre le vieillissement et assurer l'encadrement
nécessaire. C'est reconnaître aussi que les salles d'urgence vont
toujours être plus occupées parce que notre population vieillit.
C'est reconnaître aussi que les jeunes doivent reconnaître dans les
actions du gouvernement une véritable ouverture sur l'avenir. Les jeunes
doivent reconnaître à l'intérieur du gouvernement le
respect et
nous allons exprimer le respect des jeunes d'une façon
complètement différente de celle du gouvernement que la
population du Québec a jugé le 2 décembre dernier.
J'en viens justement au programme Déclic, au programme Stages en
entreprises. Il y avait aussi les jeunes volontaires. C'est une honte pour
l'ancien gouvernement du Québec parce que les travaux communautaires,
les stages en entreprises garantissaient la parité d'aide sociale aux
jeunes qui s'inscrivaient à ces programmes-là. Mais on a
décidé de faire une autre catégorie de jeunes. On a
décidé de faire la catégorie des jeunes volontaires. Et,
pour faire cette catégorie-là, on a dit au ministre de la
Sécurité du revenu: C'est un dossier auquel vous n'avez plus
à voir. On transfère cela au ministre du Loisir. On ne leur
assurait pas la parité d'aide sociale. Tout ce qu'ils pouvaient aller
chercher c'était un maximum de 310 $ par mois malgré des travaux
équivalant aux autres.
La solidarité avec les jeunes c'est d'éviter de les
diviser parce qu'on sait que les jeunes qui ont fait le constat de la faillite
de l'administration du gouvernement québécois - 30 % des jeunes
sont au chômage ou à l'assistance sociale - c'est une bombe, et
vous les avez divisés pour les empêcher de se prendre en main. Le
Parti libéral va réunifier les jeunes, va faire en sorte que les
jeunes aient espoir en leur avenir parce que les jeunes ont compris notre
message économique. Une société qui se respecte est une
société qui a un souci constant d'inscrire les jeunes dans la
démarche, dans la foulée du développement
économique.
Nous allons le faire de plusieurs façons. D'abord en permettant
aux jeunes, en modifiant les programmes scolaires, d'aller faire des stages en
entreprises. Nous allons leur permettre donc d'aller chercher une expertise qui
leur donnera des instruments pour pouvoir envisager l'avenir avec plus d'espoir
parce qu'ils ne se feront plus répondre: Vous n'avez pas
d'expérience.
Nous allons permettre aux jeunes aussi d'avoir leur mot à dire
dans les institutions scolaires. Nous allons donc modifier la loi constituante
des universités et des collèges pour que les jeunes puissent
articuler leur message et leur volonté à l'intérieur de
l'administration de ces institutions de telle sorte que des choses aussi
abominables que l'engagement de policiers en dehors de la province... Parce
que, au collège de Trois-Rivières, on a limité
l'accès des jeunes à la formation pour devenir des policiers on
se retrouve avec une pénurie de policiers et on est obligé
d'aller en chercher dans les autres provinces actuellement.
Nous allons permettre aux jeunes de s'inscrire à
l'intérieur de leurs institutions pour que leur message passe, pour que
leur volonté soit signifiée et que des gestes de trahison aussi
fondamentaux de notre jeunesse soit évités par le gouvernement
qui, justement, a été répudié par la population du
Québec. (17 heures)
Nous allons également, pour les travailleurs, parce que nous
parlons de relance économique, nous parlons de réorientation du
développement de nos entreprises, nous parlons de nous inscrire dans la
foulée des technologies nouvelles, nous parlons donc dans la Mauricie de
bénéficier des retombées absolument fantastiques de
Pechiney. Pour cela, nous devrons organiser des cours de recyclage
précisément pour une jeunesse qui a été mal
dirigée et qui se retrouve, au sortir de l'université, en
chômage et à l'aide sociale. Nous allons également faire,
avec l'aide de l'université, de la prévention dans les
entreprises déjà existantes pour les instrumenter, les aider
à réorienter leurs modes de production de telle sorte qu'elles
pourront être compétitives sur les marchés provinciaux,
national et internationaux. Nous allons aussi mettre sur pied le fonds de
recyclage, le fonds d'épargne-recyclage, précisément parce
qu'il y a, dans notre région, des usines qui ont fermé,
région très durement éprouvée,
surreprésentée par des ministres incompétents, très
durement éprouvée au plan économique parce qu'on a
manqué de prévisions. Nous allons organiser des cours de
recyclage de telle sorte que ces travailleurs, 800 travailleurs à
Wabasso, 400 travailleurs à Philips et 800 travailleurs à Canron,
pourront espérer aller chercher une formation qui va leur permettre de
s'inscrire dans des modes de production nouvelle, ce qui va donc permettre
à ces travailleurs d'espérer reprendre leur dignité dans
leur famille, reprendre leur dignité dans la collectivité
québécoise et gagner leur vie honorablement. C'est cela la
solidarité avec les travailleurs. C'est cela la solidarité avec
les jeunes. C'est cela la solidarité avec les gens du Québec.
M. le Président, le 2 décembre, nos concitoyens et
concitoyennes nous ont donné un mandat absolument exaltant. Ils nous ont
donné le mandat de reconstruire le Québec. Ils nous ont
donné le mandat de faire en sorte que les personnes âgées,
les jeunes et les chômeurs puissent espérer qu'au Québec on
s'épanouisse, qu'ils puissent espérer qu'au Québec on
gagne sa vie, qu'ils puissent espérer qu'au Québec on renoue avec
la fierté, qu'ils puissent espérer qu'au Québec chacun et
chacune soient fiers d'être Québécois, que chacun et
chacune soit fier de participer au développement de notre patrimoine
économique, culturel et social au Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, c'est avec beaucoup de
fierté que je prends la parole une première fois dans cette
enceinte nationale et vous comprendrez que mes premiers mots seront pour
remercier mes électeurs et électrices du comté de Taillon.
Taillon est un comté bien spécial. Il a eu comme
député, de 1976 à 1985, celui qui a été
premier ministre, celui qui a été le fondateur de notre parti et
à qui j'ai deux bonnes raisons de vouloir rendre hommage aujourd'hui.
D'abord, comme à beaucoup de jeunes de ma génération, il a
donné le goût de la politique, le goût de la politique bien
faite, le goût du Québec, le goût de la passion du
Québec. Également, je crois qu'une des raisons pour lesquelles je
suis ici aujourd'hui, c'est parce que les gens de mon comté ont voulu
rendre un témoignage de reconnaissance à M. Lévesque. Je
voudrais donc me joindre à eux aujourd'hui et lui rendre cet
hommage.
Nous avons beucoup parlé récemment des questions
économiques et nous en parlerons encore beaucoup. À juste titre,
les milliers de jeunes qui sortent des collèges, cégeps,
instituts et universités, cherchent et veulent des emplois, des emplois
permanents et des emplois valorisants. Il en va de même pour les femmes
qui retournent sur le marché du travail après avoir
élevé leur famille et également pour ces chômeurs et
ces chômeuses que nous retrouvons au Québec. En ce sens, les
questions économiques sont évidemment la priorité de
l'heure. Elles l'ont été durant la campagne électorale.
Elles l'ont été pour le gouvernement de 1981 à 1985 et,
dans les mois et les années qui viennent, je suis convaincu que ces
questions économiques auront une place, à juste titre, de premier
ordre.
Cependant, il ne faudrait pas oublier que le développement
économique va de pair avec un climat social qui est acceptable. Si
durant la crise économique qu'a connue le Québec de 1981 à
1984, le gouvernement du Parti québécois a su attirer des
industries d'importance telle que Hyundai à Bromont, telle que Pechiney
à Bécancour ou telle que Bell Helicopter et de multiples autres,
c'est parce qu'au Québec nous avions su, de 1976 à 1985,
recréer un climat social, un tissu social qui avait été
pour le moins déformé de 1970 à 1976.
Plus particulièrement, si le Québec a pu
rétrécir l'écart sur le plan du chômage avec la
moyenne nationale de 22 % à 11 %, c'était parce que ce
gouvernement-ci avait su trouver les moyens pour réunir les
différents intervenants de différentes classes pour asseoir les
agents, non seulement économiques mais culturels et sociaux, à
des mêmes tables, avait su en deux mots recréer une pensée
sociale cohérente, une pensée sociale qui allait dans le sens du
progrès du Québec.
Dans ce sens, M. le Président, je pense qu'on peut se
préoccuper entre autres de la question des relations du travail. Le
discours inaugural que nous a lu hier la vice-première ministre ne fait
aucunement mention des travaux importants qui ont été faits par
la commission Beaudry, travaux visant à la réforme du
régime des relations du travail dans le secteur privé.
Nous le savons déjà, la performance du Parti
libéral de 1970 à 1976, en termes de relations du travail,
était piètre. Exemple: De 1970 à 1976, nous avons eu pour
15 000 000 de jours-hommes ou femmes perdus à la suite de conflits de
travail, grèves, lock-out. De 1977 à 1984, sur une période
de sept années au lieu de six, le même total, jours-hommes perdus
à la suite de conflits de travail, grèves ou lock-out,
s'élève à 11 000 000. Cela veut dire une diminution de 25
% sur le nombre de jours perdus à la suite de conflits de travail au
Québec. Cela est grâce au gouvernement du Parti
québécois qui a su, encore une fois, écouter les
différents intervenants dans le milieu des relations du travail, qui a
su les asseoir à une même table, qui a su les consulter, qui a su
faire en sorte qu'un minimum de concertation puisse s'établir pour
permettre une performance semblable.
En ce sens, signalons - je pense que cela n'a pas été
relevé beaucoup, ni dans les journaux spécialisés ni dans
les journaux en général - qu'en 1984 le Québec a connu sa
meilleure performance en termes de conflits de travail: 40 000 jours-hommes
perdus à la suite de conflits de travail. On n'avait pas vu cela depuis
1968. On peut s'inquiéter ou se préoccuper sérieusement de
la question des relations du travail quand on connaît, outre ces
statistiques un peu froides, le bilan du Parti libéral en semblable
matière. Entre 1970 et 1976, nous avions connu le saccage à la
Baie-James, une situation dans le secteur de la construction qui était
carrément inadmissible. Nous avons connu des grèves qui ont fait
les manchettes, celle de United Aircraft dont vous vous souviendrez sans doute.
En somme, nous avons connu une situation de relations du travail qui
était carrément et unanimement, de l'avis de tous les experts,
pourrie.
Cette situation a été relevée par le gouvernement
du Parti québécois. II est extrêmement important
aujourd'hui que le gouvernement fasse ses classes en semblable matière
pour ne pas défaire ce qui a été fait ici au
Québec. (17 h 10)
Maintenant, quelles ont été les clés de
cette réussite sur le plan social pour le gouvernement du Parti
québécois? D'abord et avant tout le respect de la dignité
des travailleurs. Cela veut dire adopter des lois qui visent non pas à
protéger les intérêts des puissants. Cela est facile. Mais
cela veut dire adopter des lois qui sont nécessaires afin
d'établir un équilibre dans ce secteur. Exemple, toute la
législation favorisant l'accréditation syndicale, la loi 45 et
les mesures "antiscabs" visant à établir une relation
d'équilibre entre patronat et syndicats en temps de conflit de
travail.
Exemple, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail, une loi qui était nécessaire au Québec depuis 20
ans. Une loi sur laquelle le Québec était en retard par rapport
à tous ses voisins occidentaux, et de beaucoup. Maintenant, nous pouvons
dire avec fierté que nous avons une des lois les plus progressistes,
justement parce qu'elle respecte le travailleur dans ce qu'il a de plus
précieux, sa santé et sa sécurité au travail. La
loi 126, Loi sur les normes du travail, visant à protéger ceux
qui ne sont pas syndiqués au Québec, la récente
réforme sur l'indemnisation des victimes de lésions
professionnelles au travail, sur la réparation des lésions
professionnelles, tout cela a été réalisé
grâce au gouvernement du Parti québécois.
Qu'est-ce qu'on retrouve aujourd'hui dans le discours d'ouverture et
dans les récentes nominations qui ont été faites? On
retrouve le député de Brome-Missisquoi qui est chargé de
trois tâches, et pas des plus minces. D'abord, comme je l'ai dit, le
ministère du Travail. À première vue, je pense que vous
pouvez vous rendre compte de l'ampleur de la tâche uniquement dans ce
secteur quand on connaît l'importance d'un climat sain dans les relations
du travail au Québec, aujourd'hui et pour l'avenir.
Deuxièmement, on lui donne la Main-d'Oeuvre, la formation.
Extrêmement important. Le député de Trois-Rivières,
tantôt, signalait l'importance que nous avions déjà
pressentie de faire en sorte de brancher directement la formation sur les
besoins en emploi. Or, nous retrouvons dans ce triple mandat du
député de Brome-Missisquoi, maintenant ministre, également
cet aspect de la main-d'oeuvre.
Troisièmement, la Sécurité du revenu.
Évidemment, peut-être qu'on veut y accorder une importance un peu
moins grande étant donné que la parité de l'aide sociale a
été promise ouvertement et largement dans nos comtés, sur
le terrain, et probablement aussi dans les vôtres. Or, maintenant on
dira: Écoutez, on n'a pas trop le temps de s'en occuper. Le ministre est
déjà chargé. Vous savez, il y a plusieurs réformes
en cours, etc. Alors, un triple mandat pour une même personne dans des
secteurs extrêmement vitaux parce que, encore une fois, le climat social,
ce n'est pas juste un mot. Peut-être qu'il est impalpable le climat
social, mais il est omniprésent. Quand vient le temps pour les
décideurs économiques de choisir entre le Québec ou une
autre province, on regarde quelle est la situation sociale, quel est, sur le
plan des communautés culturelles, le mariage qui s'y bâtit, quelle
est la situation au niveau des relations du travail.
Encore une fois, grâce au gouvernement du Parti
québécois, on peut présenter à n'importe quel
investisseur étranger un tableau serein de la situation sur ce plan. De
notre côté, nous sommes extrêmement préoccupés
pour l'avenir en ce sens. Le climat social c'est aussi une question de justice
sociale et de cohésion dans la société. Cela veut dire
être en mesure de distribuer équitablement la richesse collective
qui peut venir d'un développement économique comme cela voulait
dire, pour les gens du gouvernement du Parti québécois,
distribuer équitablement les contraintes financières collectives
auxquelles le gouvernement sortant a eu à faire face.
Encore une fois, à ce niveau, l'expérience du gouvernement
libéral de 1970 à 1976 n'est guère reluisante. À
cette époque, pour ceux qui ont la mémoire courte, nous
assistions généralement à un processus par lequel le
gouvernement récompensait les groupes organisés, ceux qui
criaient le plus fort. Qu'on se rappelle le règlement
d'Hydro-Québec avant l'élection de 1976. Qu'on se rappelle la
situation dans la construction.
On aurait pu espérer qu'entre 1976 et 1985 beaucoup de choses
changent. Malheureusement, j'ai un exemple récent à soumettre
à votre attention, M. le Président. Comme vous le savez, le
gouvernement du Québec a eu à négocier, en pleine crise
économique, avec les policiers de la Sûreté du
Québec concernant leurs conditions salariales. À cette
époque, le gouvernement -on le sait - avait demandé certains
sacrifices aux enseignants, aux infirmières, aux employés des
secteurs public et parapublic et il n'était pas question, bien
sûr, pour le gouvernement, de partager de façon inéquitable
les contraintes financières collectives.
À ce moment-là, le gouvernement a donc pris des mesures
pour rétablir la situation, mais, en même temps, votre chef, M.
Robert Bourassa, maintenant premier ministre, donnait des assurances
secrètes au président du syndicat de la Sûreté du
Québec, des assurances dont on ne connaît toujours pas la teneur.
La Presse du 3 avril 1985 titrait: "Le président du syndicat
déclare qu'il a reçu l'assurance de Robert Bourassa qu'un
gouvernement libéral les traiterait mieux." Et la Presse ajoute: "M.
Bourassa ne l'a pas démenti depuis."
C'est ce que j'appelle manquer de
franchise. C'est ce que j'appelle donner ou vouloir faire miroiter aux
yeux de certains groupes plus puissamment organisés des mirages qui
n'existent pas dans la réalité. Cela s'appelle manquer de
franchise; cela s'appelle omettre de donner l'heure juste. Promettre, comme le
Parti libéral l'a fait durant la campagne électorale, ce qu'il ne
peut remettre est irresponsable et dangereux, d'abord, parce que cela
crée des expectatives chez les citoyens, chez différents groupes
de citoyens mentionnés durant la campagne électorale. Exemple: 2
000 000 000 $ de routes. Tout le monde est affecté. Tout le monde
voudrait avoir une autoroute près de chez lui. 2 000 000 000 $ de
routes, le total des promesses qui ont été faites par les gens
qui sont ici et par ceux qui ont été battus de votre
côtél
Participation de la femme au foyer au Régime de rentesl On n'a
pas parlé d'une étude, d'un examen. Ce n'est pas cela qui a
été dit dans nos comtés. Il a été dit dans
nos comtés que la femme au foyer profiterait d'une rente. Cela s'appelle
faire miroiter des choses que vous n'êtes pas en mesure de remettre
à la population; cela s'appelle promettre ce qu'on ne peut remettre.
C'est irresponsable.
Autre exemple, la parité de l'aide sociale. Qui d'entre nous ne
s'est pas, durant la campagne électorale - j'interroge mes
collègues - fait dire par un jeune de moins de 30 ans
bénéficiaire de l'aide sociale - à part le folklore du
style "on va couper l'aide sociale" - M. Bourassa va doubler notre aide
sociale. C'est la mesure de la perception qu'avaient les jeunes dans les
comtés. Certains, qui avaient peut-être l'heure juste un peu,
croyaient qu'automatiquement ils auraient la parité de l'aide sociale
avec les plus de 30 ans. Est-ce qu'il y en a un ici dans ce Parlement qui peut
dire le contraire? La perception des gens sur le terrain, c'est cela. Cela
s'appelle manquer de franchise; cela s'appelle ne pas donner l'heure juste aux
citoyens.
Créer des expectatives aide à construire des frustrations.
Les frustrations ne peuvent amener que la division de la cohésion
sociale dont le Québec a besoin pour mener à bien son
développement économique, son progrès social. (17 h
20)
On a créé un ministère de la Privatisation dans le
discours d'ouverture. J'écoutais tantôt le titulaire de ce nouveau
ministère...
Une voix: C'est un examinateur...
M. Filion: ...examinateur, dire: Écoutez, je suis
là pour ajuster le rôle de l'État. Je suis là pour
m'interroger sur la performance des sociétés d'État. Mais
c'est un travail quotidien pour chacun des ministres de qui relèvent les
sociétés d'État. C'est un travail qui a été
fait au sein du gouvernement du Parti québécois, de 1976 à
1985. Il vient un moment où il faut mettre de côté
certaines sociétés d'État mais il vient également
un moment où il faut créer des sociétés
d'État. Le ministre qui a été nommé n'est pas un
ministre des sociétés d'État, il est ministre de la
Privatisation. Je dis que c'est un travail qui doit être fait
régulièrement par chacun des titulaires des ministères
concernés. Cela nous préoccupe grandement de savoir que se
promène, dans le décor des sociétés d'Etat, un
examinateur à la faucille qui va couper les têtes de
sociétés d'État qui, comme l'ont souligné certains
de mes collègues, ont aidé à bâtir ce
développement régional dont vous faites tant fi aujourd'hui.
Nous avions créé un ministère de la Concertation,
nous, parce que le dialogue a repris au Québec depuis 1976: 36 sommets
nationaux, régionaux, sectoriels. Et - j'ouvre une parenthèse -
plusieurs des 36 sommets ont déjà été tenus mais il
y en a d'autres de promis. Il y a des régions qui comptent sur ces
sommets. Est-ce qu'on va assister à une organisation sans queue ni
tête ou est-ce qu'on va avoir une planification coordonnée de ces
mini-opérations de concertation dans les régions? La concertation
nationale, ce n'est pas seulement un mot. Cela a donné des choses au
Québec. Cela nous inquiète de voir disparaître ce
ministère. Cela a donné Corvée-habitation, le Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec. Cela a donné dans
le secteur des relations du travail des outils extrêmement
intéressants comme la médiation préventive. Cette
concertation a aussi pris d'autres formes comme la Corporation
d'investissements jeunesse dont, aujourd'hui, le gouvernement du Parti
libéral veut poursuivre la trace. Or, l'absence d'un ministre de la
Concertation est grandement préoccupante. Est-ce à dire que le
gouvernement entend procéder unilatéralement? Est-ce à
dire que le gouvernement n'entend maintenant que consulter les organismes les
plus puissants en mettant de côté les démunis? Nous
prétendons qu'il existe au Québec la nécessité
d'une coordination du regroupement des forces vives dans les différents
secteurs. C'est ce qui a permis au Québec de traverser la crise
économique et c'est ce qui nous permettra d'affronter le défi de
l'an 2000 avec assurance.
En terminant, M. le Président, je voudrais dire quelques mots sur
la question constitutionnelle.
Le Vice-Président: Veuillez faire votre conclusion
rapidement, M. le député, parce que votre temps est maintenant
épuisé. Je peux vous donner encore quelques secondes pour
conclure.
Une voix: Consentement.
M. Filion: En concluant, M. le Président, quelques mots
sur la question constitutionnelle. Le soir du 2 décembre après
l'élection, M. Robert Bourassa, premier ministre, s'est exprimé
ainsi à plusieurs reprises: "C'est une grande victoire pour le
Québec et le Canada." Je me suis d'abord interrogé à
savoir s'il y avait eu une élection au Canada le 2 décembre. On
m'a dit non, ni à Calgary, ni à Toronto ni en Colombie
britannique ni au Canada.
Deuxièmement, que je sache, la question nationale ou la question
constitutionnelle ne faisait pas partie du débat du 2 décembre.
En ce sens, pourquoi crier victoire? La seule véritable victoire du
Québec réside dans son progrès constant. Elle ne
réside pas dans une adhésion à tout prix à la
charte canadienne, mais bien plutôt dans la promotion des
intérêts du peuple québécois. Et dans la protection
de l'avenir collectif du peuple québécois et c'est ce que je
m'engage à faire. Merci.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président: M. le député de
Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Mes premiers mots sont
pour vous féliciter de votre nomination comme premier
vice-président de l'Assemblée et d'avoir été
élu à l'unanimité.
Si vous me le permettez, je voudrais en premier lieu - c'est la
deuxième fois que je prends la parole à une deuxième
élection -remercier mes électeurs et mes électrices du
comté de Berthier pour m'avoir donné la possibilité de
revenir en Chambre pour un deuxième mandat. Je voudrais aussi en
profiter pour remercier les organisateurs et organisatrices qui ont
travaillé bénévolement à cette élection du 2
décembre dernier. En 1981, j'ai été élu avec une
majorité de 1222 voix. L'augmenter à 8232 voix, il fallait le
faire!
Des voix: Bravo!
M. Houde: Je suis fier, aujourd'hui, de mes électeurs et
de mes électrices du beau comté de Berthier.
Une voix: ...
M. Houde: Tout cela bénévolement. Ils sont capables
de faire du bénévolat.
Je voudrais aussi, en troisième lieu, dire merci à
l'Opposition d'avoir accepté que soit déposé un projet de
loi. Compte tenu du règlement, après le 15 novembre et le 15 mai,
cela prend le consentement unanime de la Chambre pour ce faire. Je l'ai obtenu
et je remercie l'Opposition du projet de loi privé qui va être
adopté jeudi matin, concernant l'achat par la ville de Berthierville des
industries Melchers qui sont, aujourd'hui, passées à la compagnie
Seagram's. Cela va permettre en même temps de donner de l'emploi aux gens
de Berthier et des environs.
Nous avions d'abord promis de faire une mini-session. Nous nous
étions engagés à réduire les taxes. Les engagements
que nous avons pris, nous voulons les respecter. Premièrement, la taxe
sur l'assurance-vie personnelle; une deuxième, celle sur l'essence dans
les régions frontalières; la troisième, une diminution des
impôts des hauts salariés. Cela va être fait d'ici au 31
décembre pour prendre effet le 1er janvier 1986. Ce sont des engagements
que nous avions pris et que nous allons réaliser. Les gens d'en face,
qu'ils se mettent bien dans la tête que les promesses, on va commencer
immédiatement à les remplir.
Une voix: Très bien, Albert!
M. Houde: Nous ne ferons pas comme les gens d'en face,
c'est-à-dire passer des lois pour avoir le record de lois
adoptées et aussi le record des décrets. Il ne faut pas se le
cacher, lorsqu'une loi ou un décret est passé, cela enlève
d'abord la liberté aux gens de pouvoir faire ce qu'ils veulent. Tenez-en
bien compte. Nous ne ferons pas comme vous avez fait, vous, les gens du Parti
québécois.
Les routes, le système routier. Comme vous le savez, dans mon
comté, comme dans d'autres comtés du Québec, surtout dans
les comtés de l'Opposition où nous étions, nous avons
été négligés. Nous devions demander et redemander
et nous n'avons pas été écoutés parce que
c'étaient les comtés au pouvoir qui avaient la chance d'avoir
plus d'argent que nous. Cela va permettre, d'abord, de pouvoir
développer le tourisme. Cela va amener des industries dans notre
comté et cela va nous aider à développer les
régions, comme le souhaitait tout à l'heure un
député d'en face. Les régions négligées,
nous allons nous en occuper en investissant l'argent nécessaire dans le
système routier.
Dans le domaine des transports, pour répondre aux besoins
pressants de développement et d'entretien du réseau routier des
diverses régions du Québec... C'était dans le discours
inaugural d'hier. Je ne l'invente pas, cela a été dit et on va le
mettre en pratique.
Lorsqu'on parle de la fiscalité des entreprises, le fardeau
actuel des charges sociales et de la surréglementation sera
allégé de manière à libérer l'entreprise et
à lui donner la chance d'être pleinement créatrice,
concurrentielle et compétitive afin de conquérir de nouveaux
marchés ici, au Québec. C'est important pour un Québec
prospère. (17 h 30)
J'entendais les députés d'en face tantôt dire que
nous n'avions pas, dans certaines régions, les ministres auxquels l'on
pouvait s'attendre. J'ai vu des ministres de votre cabinet, de l'autre
côté... Je ne sais pas ce qu'ils faisaient de 1976 à 1985,
mais il y en a 17 qui ont été battus. Pourquoi? Posez-vous la
question. J'aime mieux un bon député qui travaille qu'un ministre
peut-être pas présent. Cela arrive, parfois.
Le développement régional, nous allons y voir, ne soyez
pas inquiets. Nous avons travaillé depuis 1981 et nous allons continuer
en 1986. Puisqu'il faut d'abord être présents, nous serons
présents. Comptez sur nous, ne soyez pas inquiets, nos régions,
on va y voir.
On a parlé de vendre de l'électricité. Vous avez
trouvé drôle, vous avez ri de la phase II du projet de la
Baie-James du premier ministre, M. Robert Bourassa. Où
étiez-vous, entre 1970 et 1976? Il n'y en a plus de l'autre
côté, ceux de 1970 à 1976 sont tous partis, soit battus ou
ruinés ou brûlés, tous ces députés et
ministres.
Une voix: Très bien.
M. Houde: Vous avez ridiculisé Robert Bourassa. Le
député de Taillon, actuellement présent ici, doit savoir
cela; vous l'avez ridiculisé. Mais qu'a-t-il fait, M. Robert Bourassa?
Il a fait la Baie-James et il a fait vendre de l'électricité.
Vous avez pu en vendre vous aussi, de l'électricité. Si vous n'en
aviez pas vendu, je ne sais pas où vous seriez aujourd'hui. Les comptes
de la province seraient probablement plus hauts encore, je peux vous le
dire.
Une voix: Sont-ils hauts?
M. Houde: Le chef de l'Opposition a du culot de demander s'ils
sont hauts! C'est vous autres qui les avez montés, de 5 000 000 000 $ en
1976 à un montant de 30 000 000 000 $ en 1985. C'est vous autres,
cela.
Le deuxième projet de la Baie-James de M. Robert Bourassa va
d'abord occasionner un nombre d'emplois important, va redonner confiance aux
Québécois et aux Québécoises. Je pense que ce sera
une bonne chose pour nous, cela va nous permettre de revenir sur la carte parce
que, depuis 1976, nous avons perdu pas mal de points.
Le député de Taillon disait tantôt que le
gouvernement du Parti québécois avait demandé à la
Sûreté du Québec et aux enseignants de faire des
sacrifices. Le même député de Taillon n'est-il pas au
courant que les députés d'en face, qui étaient
députés ministériels auparavant, de 1976 à 1985, se
sont voté une augmentation au moment même où ils coupaient,
alors qu'ils disaient:
Faites donc des sacrifices, vous autres; nous, nous allons nous voter
une augmentation. C'est vous autres, cela, en face. Le Parti libéral va
respecter sa signature, ne soyez pas inquiets. Prenez-en pour votre rhume
là-dessus.
La déréglementation. Le gouvernement libéral
entreprend dès maintenant le processus de la
déréglementation. Celle-ci est très importante d'abord
pour les PME; moi, j'y crois, aux PME. Ce sont des moteurs qui donnent d'abord
au Québec du travail et qui encouragent les gens à travailler
dans l'entreprise privée, mais les encouragent aussi à travailler
pour le Québec et pour les Québécois.
Une voix: On a un ministre de la PME.
M. Houde: Nous avons un ministre de la PME, c'est vrai, cela
aussi. L'emploi des jeunes. On y croit, aux jeunes. Le problème de
l'emploi des jeunes est au coeur des préoccupations de la
société. Nous avons pris des engagements spécifiques
à cet égard et le gouvernement attache la plus grande importance
à leur réalisation. Notre gouvernement se réjouit des
progrès relatifs à la création de la Corporation
d'investissement jeunesse en vue d'aider les jeunes entrepreneurs
québécois et il entend pouvoir concrétiser prochainement
ce projet.
Des engagements spécifiques ont été pris pour les
jeunes et le gouvernement libéral a décidé de les
réaliser sans délai dans le domaine de l'emploi, de
l'éducation et de l'aide sociale. Il y a également la
création d'un conseil permanent de la jeunesse que nous allons
constituer avec la collaboration de tous les intéressés.
Parlons à présent de ce que Mme la députée
de Chomedey disait hier en ce qui concerne l'environnement. Le gouvernement
apportera également une attention soutenue et accrue au domaine de la
protection de l'environnement en améliorant l'efficacité de la
gestion des programmes d'assainissement des eaux et de la lutte à la
pollution industrielle et en soutenant financièrement les efforts de
protection de l'environnement agricole avec, pour les cultivateurs, 55 % des
investissements jusqu'à concurrence de 30 000 $ par unité. On
voit ce que le gouvernement péquiste a fait avec son ministre de
l'Agriculture. Quand on lui disait: Assez la production du porc! il nous
disait: Je connais mon affaire. Il connaissait son affaire mais aujourd'hui on
paie la note parce que, quand on voit les millions et les millions qui se
paient à des cultivateurs dans le porc pour les faire fermer leurs
portes complètement... Ils ferment complètement leurs portes
actuellement. Dans ma région on arrive chez un cultivateur et on lui
dit: Cela coûte tant, on ferme la porte et tu vas t'enlever de la
production du porc. Nous
autres, nous allons pouvoir régler le cas de la pollution. On
règle le cas de la pollution.
On lui avait dit en 1980, 1981 et 1982: Arrêtez ça,
ça n'a plus de bon sens! Non, le ministre connaissait son affaire. Ce
qu'on voit actuellement c'est qu'en plus de ne pas tenir compte des
cultivateurs qui sont près des cours d'eau ils vont régler le cas
des cultivateurs qui ne sont même pas près des cours d'eau. Cela
se fait actuellement au moment où je vous parle. Ils versent 300 000 $
par cultivateur, n'oubliez pas ça. Ça, c'est les bévues,
qu'on va payer encore pour un bout de temps, du ministre antérieur qui
était le député de Lévis dans votre gouvernement
péquiste. Ça c'est de la planification à long termel
La santé, on pourrait peut-être vous dire quelques mots de
ce qu'on veut faire au Parti libéral à ce sujet. D'abord, ceux
qui vont visiter des malades, ne demandent pas d'être malades parce que
ce n'est pas un cadeau d'aller dans les hôpitaux. Qu'est-ce qui arrive
dans les hôpitaux? Par le financement du système, la
revalorisation des employés du réseau, la décentralisation
des centres d'accueil et d'hébergement et des hôpitaux, le
gouvernement se donne comme ambition de redonner à la population
québécoise des services de santé et des services sociaux
de toute première qualité. Le gouvernement libéral va agir
en conséquence. De plus, le gouvernement entend s'attaquer au
problème aigu des services d'urgence. Un mandat explicite a
été donné au ministre des Affaires sociales, en
collaboration avec les intervenants qui verront à prendre sans
délai les mesures nécessaires à un redressement de la
situation, et cela sur la base de nos propositions énoncées au
cours de la campagne électorale que nous avons vécue ces jours
derniers.
Lorsque quelqu'un va à l'hôpital, qu'il voit les listes
d'attente et qu'il voit en même temps aussi dans les corridors toutes les
personnes qui attendent pour se faire soigner, je vous dirai franchement qu'on
voit des choses mieux que ça dans d'autres départements qui ne
sont pas pour des humains. Comment la population du Québec est-elle
traitée en 1985? Cela n'a pas de bon sens du tout! On se fait dire: II
n'y a rien là... Quelqu'un qui a un bras d'enlevé on pourrait
peut-être lui en enlever un deuxième. Qu'est-ce que ça veut
dire? On se fout des services sociaux, on se fout des soins qu'on peut donner
à nos malades. Je pense qu'il faut se prendre en main et il faut
arrêter de trouver ça drôle, les gens d'en face, les
services qu'on peut donner à nos malades.
En un mot, M. le Président, le gouvernement est au travail. Je
peux vous assurer que tous ensemble, nous du Parti libéral, le
gouvernement libéral, on va faire en sorte que les
Québécois et les Québécoises seront fiers d'avoir
un gouvernement libéral qui a été élu le 2
décembre pour travailler pour le bien de tous les
Québécois et de toutes les Québécoises. Merci
beaucoup.
Une voix: Bravo!
Une voix: Très bien, Albert!
Le Vice-Président: Madame la députée de
Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Comme tous
ceux et celles qui sont ici à l'Assemblée nationale j'aimerais
remercier les gens de mon comté qui, pour un second mandat, m'ont
redonné leur confiance. Élue en 1981 avec une majorité de
806 voix, c'est avec plus que le double, c'est-à-dire avec 1742 voix,
que j'ai traversé cette vague libérale du 2 décembre 1985.
(17 h 40)
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Une voix: Le monde n'a pas compris!
Mme Juneau: Plusieurs personnes se demandent ce qui peut bien
expliquer une telle situation. Je pourrais vous le résumer en quelques
mots. Premièrement, on a eu un bilan impressionnant et,
deuxièmement, il y a eu une équipe extraordinaire dans le
comté. Il y a eu non seulement l'équipe qui m'entourait, mais
aussi l'équipe des 35 municipalités. Il y a eu l'équipe
des commissions scolaires. Il y a eu l'équipe des chefs d'entreprises,
les petites et les grandes. Il y a eu l'équipe des producteurs
agricoles. Il y a eu les personnes âgées. Il y a eu les jeunes et
il y a eu les familles de mon comté. C'est à eux que revient
cette victoire, et je les remercie beaucoup.
Il y a eu aussi la présence partout dans le comté, la
disponibilité dans chaque dossier, grand et petit, l'écoute de
tous ceux et celles qui souhaitent être entendus, le respect pour tous
les gens et la confiance mutuelle qui s'est acquise au fur et à mesure
que le travail avançait. Bref, mon premier objectif a toujours
été et sera toujours d'être au service des gens du
comté de Johnson et de les aider à atteindre une qualité
de vie supérieure.
Hier, lorsque je suis arrivée pour le discours d'ouverture
prononcé par la vice-première ministre, je me suis rendu compte
en l'écoutant et en relisant, par après, son intervention qu'il y
avait beaucoup d'énoncés, mais pas beaucoup d'actions
concrètes. Vous avez dit, Mme la vice-première ministre, que
la société québécoise est plus "mature",
plus équilibrée et beaucoup plus consciente des
solidarités qui l'unissent. Je vous dirai: Oui, madame, parce que le
gouvernement du Parti québécois, depuis neuf ans, a su implanter
dans les différents secteurs économiques, sociaux et culturels un
climat de confiance, un climat de respect. Oui, madame, le travail accompli au
Québec a été immense, et les Québécois et
les Québécoises sont fiers d'avoir participé à ces
réalisations de toutes sortes.
Si un gouvernement doit regarder l'avenir et être de son temps, il
doit dire aussi la vérité à ceux et celles qui l'ont
élu, la vérité sur sa capacité de payer, sur son
endettement, sur la façon dont il s'y prendra pour facturer les
promesses faites par M. Bourassa durant sa campagne électorale. Dans les
poches de qui irez-vous chercher le financement nécessaire?
Je voudrais simplement qu'on se souvienne du dernier budget de M.
Bourassa en 1976 où son gouvernement avait procédé
à une hausse de taxes de 630 000 000 $, 455 000 000 $ en taxes et 175
000 000 $ en non-indexation, ce qui constitue un record absolu de tous les
temps au Québec pour une hausse de taxes. Est-ce que c'est de cette
façon que M. Bourassa a décidé de remercier le peuple du
Québec d'avoir élu son équipe?
Quand vous dites, Mme la vice-première ministre, qu'à
cause d'une nouvelle manière d'être, de vivre, de penser des
individus, le gouvernement devra développer une nouvelle attitude, une
nouvelle vision de l'avenir du Québec, est-ce en promettant que, d'ici
à 1990, le Parti libéral créera 400 000 emplois, soit 80
000 emplois par année? Mais, madame, le Québec a
déjà réalisé, en 1984, ces 80 000 emplois et, en
1985, pour les neuf premiers mois de l'année, soit de janvier à
septembre, 73 000 emplois ont été créés. Notre taux
de chômage par rapport à la moyenne canadienne était de 22
% plus élevé en 1976, 13 % plus élevé, en 1984,
tandis qu'en 1985, réduction de l'écart à 11 %, un nouveau
record historique. C'est donc dire, proportionnellement, que depuis 1983 il se
crée plus d'emplois au Québec que dans le reste du Canada. Est-ce
que c'est là votre nouvelle vision, votre nouvelle attitude de l'avenir
du Québec, M. Bourassa?
M. le Président, si, comme l'a dit la vice-première
ministre, le temps de l'ambiguïté constitutionnelle est
révolu, est-ce que cela veut dire que M. Bourassa exigerait comme
préalable la reconnaissance du peuple du Québec? Est-ce qu'il
exigera la responsabilité première du Québec en droits
linguistiques? Est-ce qu'il exigera la primauté de la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne, le droit
de veto sur les institutions fédérales et finalement une
compensation raisonnable et obligatoire en cas de non-participation à un
amendement constitutionnel? Est-ce bien cela que M. Bourassa négociera
avec le gouvernement fédéral?
Dans le discours d'hier j'ai aussi entendu que le gouvernement du Parti
libéral voulait stimuler la formation de nouvelles entreprises par le
développement de financement tel que le régime
d'épargne-actions. Qui d'entre nous n'a pas déjà entre ses
mains, au moment où on se parle, de ces REA qui ont été
mis sur pied par le gouvernement du Parti québécois pour aider
nos entreprises? Est-ce que c'est là votre nouvelle vision du
Québec?
Les projets d'incubateurs annoncés par M. Pierre-Marc Johnson
durant la campagne électorale et que vous reprenez à votre
compte.
Quand vous dites que votre gouvernement veut accélérer
considérablement le développement agricole, l'agro-alimentaire et
apporter des solutions concrètes aux problèmes financiers des
producteurs agricoles, à ceux de la relève et de la femme
collaboratrice, je vous dirai simplement que l'on se souvienne que
l'auto-suffisance alimentaire avait chuté de 60 % en 1970 à 47,4
% en 1976, qu'en 1985 un sommet a été atteint de 73,8%, que 40 %
des agriculteurs au Québec ont moins de 24 ans en 1984, que depuis 1976
nous avons 6800 nouveaux agriculteurs, soit 25 % de plus que dans la
période de 1970 à 1976, qu'en 1976 il y avait 13 productions
assurées et qu'en 1985 nous en avons 57, qu'il y avait alors 300 000
acres de terre drainées en 1976 lors de votre règne, M. Bourassa
et qu'en 1983, même pas en 1985, en 1983, nous avons 750 000 acres de
terre drainées, que la femme collaboratrice n'était pas reconnue
et ne pouvait cotiser au régime des rentes du Québec.
Aujourd'hui, elle le peut et ce n'est pas vous, M. Bourassa, qui avez fait
cela.
Est-ce par la parité de l'aide sociale que vous avez promise de
façon inconditionnelle aux jeunes du Québec que vous voulez
créer des emplois chez les moins de 30 ans ou si c'est par le programme
mis en place par le gouvernement du Parti québécois? C'est le
moment de vérité. Qu'avez-vous à offrir de plus à
part d'encourager fortement ce que M. Pierre-Marc Johnson a annoncé en
présence d'hommes d'affaires, c'est-à-dire la création
d'investissement jeunesse.
Quand vous parlez de détérioration des services de
santé et des services sociaux et que vous dites que votre gouvernement
se donne comme ambition de redonner à la population des services de
toute première qualité, vous n'oublierez surtout pas de
mentionner que depuis 1976 il y a eu l'implantation de 65 centres de jour, le
parachèvement du réseau des CLSC, de 85
CLSC qu'il était en 1976 à 140 en 1985, le réseau
devant être complété en mars 1986, avec 167 CLSC, sans
oublier, bien sûr, M. Bourassa, les médicaments et le transport
ambulancier gratuit pour les personnes âgées.
Afin de maintenir à domicile ces mêmes personnes
âgées qui nécessitent de l'aide, plutôt que de les
envoyer dans des institutions, le gouvernement du Parti québécois
a donné 83 400 000 $ comparativement à 22 000 000 $ en 1976. Il y
a eu aussi l'ouverture de 8000 lits en centre d'accueil comparativement
à 2000 en 1976. Si c'est cela une détérioration des
services, M. Bourassa, dites-nous ce que vous allez faire de plus pour nos
personnes âgées.
Quant aux promesses faites aux femmes au foyer sur leur participation au
Régime de rente du Québec, je veillerai, tout comme les autres
femmes du Québec, à ce que cela ne demeure point un voeu pieux,
à ce que, honnêtement, votre gouvernement trouve une solution
équitable, mais, au moment où l'on se parle, la coupe est encore
bien loin des lèvres et plusieurs questions méritent des
recherches. Entre autres, est-ce l'impôt qui servira de base de calcul de
la rente? Est-ce le conjoint qui financera? Est-ce le conjoint qui subira une
hausse d'impôt, M. Bourassa? Qu'arrivera-t-il aux familles
monoparentales, aux femmes séparées et divorcées?
Seront-elles exclues de votre programme? Des réponses, M. Bourassa,
c'est ce qu'on attend aujourd'hui, des réponses. Pour ma part, je
souhaiterais que l'on trouve la solution et qu'enfin les femmes au foyer soient
protégées.
M. le Président, à l'aube de mon deuxième mandat,
et cette fois-ci comme membre de l'Opposition, je réitère mon
engagement auprès des gens du comté de Johnson en les rassurant
sur les services qu'ils sont habitués de recevoir et qu'ils recevront
encore et en tout temps. Leurs droits et leurs attentes seront
véhiculés par leur députée et le travail à
faire sera toujours fait. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. II est
déjà 17 h 50. On devait suspendre les travaux à 18 heures.
Je ferais motion pour suspendre les travaux jusqu'à 20 heures.
M. Chevrette: M. le Président, 30 secondes.
Le Vice-Président: Oui.
M. Chevrette: C'est la coutume que celui qui doit parler demande
la suspension. Par la suite...
M. Lefebvre: Je suis celui qui va parler à la reprise de
la séance.
M. Chevrette: Le leader l'a fait, c'est d'accord.
Le Vice-Président: D'accord. Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
(Reprise à 20 h 1)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons le débat sur le discours d'ouverture. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chevrette: Mme la Présidente, 30 secondes.
M. Chagnon: Mme la Présidente, je pense que l'Opposition
aurait quelques mots à dire avant que je commence.
M. Chevrette: Oui. Je voudrais profiter de votre première
présence au fauteuil pour, d'abord, vous féliciter et vous
réitérer notre collaboration autant à vous qu'à vos
deux collègues. Du côté de l'Opposition, nous serons
très collaborateurs.
La Vice-Présidente: Merci. M. le député de
Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Mme la Vice-Présidente, je fais miens aussi
les voeux que le député de Joliette vous a dits,
c'est-à-dire que je tiens à vous féliciter à titre
de nouvelle vice-présidente de l'Assemblée nationale.
Vous comprendrez, et c'est normal, que mes premiers mots à
l'Assemblée nationale se disent évidemment avec un peu
d'émotion, beaucoup de plaisir toutefois, et qu'ils demeurent en fait
privilégiés aux citoyens et citoyennes du comté de
Saint-Louis qui m'ont fait le grand honneur de les représenter ici pour
les quatre ans de la 33e Législature.
Le comté de Saint-Louis est un comté dont la richesse, sur
le plan humain, est tout à fait particulière. Dans le
comté de Saint-Louis, vous retrouvez des Québécois
francophones, vous retrouvez des Québécois anglophones et vous
retrouvez des Québécois de toutes les communautés
culturelles. C'est aussi à ces derniers, que j'ai rencontrés et
connus durant la dernière campagne électorale, que je m'adresse
ici ce soir. Je tiens à leur dire que j'ai été
extrêmement, mais extrêmement saisi et enchanté de l'accueil
qu'ils m'ont fait tout au cours de la campagne électorale.
Le comté de Saint-Louis est aussi un comté riche en ce qui
regarde ses institutions, ses institutions sur le plan économique. Qu'il
suffise de mentionner, par exemple, la Tour de la Bourse, la Place Ville-Marie,
le Complexe Desjardins, autant d'institutions qui font vivre et qui font
grouiller le Québec économique.
Le comté de Saint-Louis est aussi, sur le plan culturel un des
comtés les plus privilégiés de toute l'île de
Montréal. Vous y retrouvez le Musée des beaux-arts, dont on aura
certainement à reparler dans les jours et les semaines qui suivent. Vous
y retrouvez la Place des arts, le prochain Musée d'art contemporain, le
Théâtre du Nouveau Monde, le Center Theatre, le
Théâtre Liaison, etc.
Sur le plan social, c'est un comté éminemment riche aussi:
huit hôpitaux parmi les plus importants au Québec, neuf centres
d'accueil et de multiples organisations sociales qui permettent aux citoyens de
Saint-Louis et aux citoyens aussi de l'ensemble de l'ouest du Québec
d'avoir droit à des institutions qui leurs sont propres et dont ils ont
des services.
Mme la Présidente, dans l'étymologie même du mot
"libéral", vous retrouvez le mot "liberté". Liberté comme
au Québec on en connaît quand même des usages tout à
fait convenables: liberté de presse, liberté d'agir,
liberté de penser, mais aussi dans son sens peut-être un peu plus
large, celui de l'ouverture d'esprit, de la largeur de vues. Liberté,
c'est un mot très cher aux membres des communautés culturelles,
particulièrement celles qui habitent le comté de Saint-Louis;
pensons aux communautés portugaise, grecque, chinoise. Ces personnes ont
vécu, depuis les dernières années, certains
problèmes de relation avec le gouvernement précédent.
Thus, I believe that, with the new Government, they will, for a long
time, be aware of the ugly shadow of xenophobia which have been the trademark
of too many members of the former Government. A lot of people suffered in the
past years about this kind of problems. We shall know, today, that, in a
Québec directed by a Liberal Government, there will not be anymore two
classes of citizens, but only one class, all Quebeckers working or living
together. All members of the cultural communities must know today and must feel
today that they are at home in Québec.
Mme la Présidente, nous avons vécu, nos
prédécesseurs en cette Assemblée nationale, depuis les 25
dernières années, ont bâti ensemble ce qu'il est convenu
d'appeler la révolution tranquille. Je fais de ma venue en politique un
engagement personnel pour qu'au Québec nous puissions conserver les
acquis sociaux que nous ont légués les artisans de la
révolution tranquille. Pensons à l'universalité des soins
et des services sociaux. Pensons aussi à la gratuité des services
de base tant dans le domaine scolaire que dans le domaine des services sociaux
et hospitaliers. Pensons aussi à l'égalité des chances qui
doit être un des acquis sociaux parmi lesquels je pense que toute
discussion même à l'Assemblée nationale serait disconvenue
tellement ils font corps dans la volonté collective des
Québécois et des Québécoises afin de conserver ces
acquis.
Pour arriver à bâtir l'État du Québec tel
qu'il est aujourd'hui, l'État s'est donné des outils
extrêmement importants dont la plus ou moins relative efficacité
qui se démontre par ce qu'on a vécu depuis quelques années
découle, à mon humble avis, d'une surconcentration des centres
décisionnels dans quelques-uns des ministères
opérationnels au Québec. Il me semble qu'un Québec
moderne, un Québec vivant, c'est un Québec qui saura faire
confiance aux citoyens et citoyennes du Québec. C'est un Québec
qui saura faire confiance aussi à leurs institutions. En effet, il me
semble que c'est là un message tout à fait singulier et
extrêmement important qui découle du discours inaugural d'hier que
nous avons tous entendu. C'est là l'essence même du discours que
de vouloir responsabiliser les Québécois et les
Québécoises et leurs institutions. Que ce soit dans le domaine
des affaires sociales, combien de corporations locales ont besoin de cet
oxygène pour pouvoir fonctionner davantage sans l'épais manteau
de plomb du ministère sur leurs épaules. La même chose dans
le domaine scolaire et aussi, vous en conviendrez, dans le dossier des affaires
municipales. (20 h 10)
Depuis 25 ans, on a développé au Québec une
expertise hautement qualifiée dans l'organisation et le fonctionnement
de nos institutions. Il est de plus en plus important de transférer aux
véritables décideurs les plus près du monde, des citoyens
et citoyennes du Québec, les plus près des différents
milieux du Québec, le pouvoir de prendre des décisions, donc de
transférer des responsabilités plus particulièrement aux
gens qui ont obtenu un mandat de l'ensemble de la population,
spécifiquement dans le monde municipal et dans le monde scolaire.
Mme la Présidente, nous aurons, au cours de cette brève
session qui s'ajournera probablement jeudi ou vendredi pour reprendre au mois
de mars, à discuter de nombreuses orientations gouvernementales et de
nombreux projets de loi. Nous aurons aussi, et cela est extrêmement
important pour l'avenir de la collectivité québécoise,
à négocier avec l'ensemble des employés des secteurs
public, parapublic et péripublic, comme cela se fait actuellement. Je
pense que tout le monde était heureux d'entendre,
lors du message inaugural d'hier, la conclusion à l'effet que le
gouvernement libéral respecterait sa signature une fois qu'il aura
conclu ses négociations. Ces négociations nous amèneront
à des discussions qui, je l'espère et je le souhaite, nous
permettront, comme gouvernement, de tout faire pour arriver à ce niveau
de transparence, à ce niveau de volonté d'arriver à un
accord négocié avec les personnels du réseau des affaires
sociales, du réseau scolaire, du réseau collégial et aussi
de tout le secteur de la fonction publique.
Ce sont quand même des engagements moraux, il est vrai, mais des
engagements extrêmement importants qu'un gouvernement responsable se doit
de prendre vis-à-vis de l'ensemble de ses employés,
vis-à-vis des maîtres d'oeuvre de ses politiques. L'implication
dans le cheminement et dans le déroulement de l'organisation, de la
fabrication des politiques devra nous permettre, comme gouvernement, devra
permettre aux membres de l'Exécutif, soit les membres du cabinet,
d'impliquer davantage et davantage aussi ces artisans qui ont à les
appliquer à la préparation de ces politiques.
Cela fait longtemps, au Québec, que nous souhaitons en arriver
à un niveau de concertation plus grand qui puisse permettre, d'une part,
à la fonction publique et, d'autre part, au secteur privé de
l'économie d'entretenir des relations qui s'améliorent. C'est
là je pense l'une des volontés expresses, une volonté
politique clairement établie, clairement dite pendant la campagne
électorale, de voir à ce qu'une déréglementation se
fasse dans plusieurs secteurs et, plus particulièrement, dans les
secteurs économiques, névralgiques au Québec, compte tenu
des effets immédiats qu'elle aura, par exemple, sur la création
d'emplois.
Le monde de l'entreprise privée au Québec a longtemps,
très longtemps trouvé qu'on avait peut-être un peu trop mis
l'accent sur l'organisation de lois-cadres, reconduisant ainsi ou formulant
ainsi de nouvelles réglementations. Il nous faudra être
très vigilants dans l'organisation de la réglementation
gouvernementale nouvelle, d'une part, mais aussi, d'autre part, voir à
dépoussiérer une grande partie de notre réglementation
d'État et aussi peut-être à corriger certains abus que la
réglementation permet à l'État de faire, soit cette
espèce d'intrusion dans tous les secteurs d'activité, qu'ils
soient économiques, sociaux ou culturels au Québec,
réglementation qui touche fondamentalement l'ensemble des
Québécois et Québécoises, tous et chacun d'entre
eux, et qui devra finalement être corrigée dans les plus brefs
délais.
Mme la Présidente, avant de conclure, permettez-moi de saluer le
nouveau président de l'Assemblée nationale, le
député de Saint-Jean, les deux vice-présidents,
vous-même, Mme la députée de Bellechasse, et le
député de Laprairie.
Je suis un nouveau député. J'ai l'immense honneur
d'être le premier nouveau député du Parti libéral
à prendre la parole dans cette Chambre, dans cette Assemblée
nationale, dans cette 33e Législature. Vous me permettrez,
peut-être même en leur nom, de vous signifier que nous avons
l'intention de vous offrir à l'avance - c'est mon cas personnellement -
toute notre collaboration pour l'ensemble de cette Législature et, en
même temps, j'offre toute la collaboration que je pourrais apporter
à l'un ou l'autre des membres de cette Assemblée nationale. Je
vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Louis. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, mes collègues de
l'Assemblée nationale, c'est avec beaucoup d'émotion que
j'adresse la parole pour la première fois à cette auguste
Assemblée. Tout ça pour vous dire que chez nous, à
Jonquière, il y a eu des élections comme partout ailleurs, mais
que le monde de chez nous a voulu traverser la mer rouge à pied sec.
Tout cela aussi pour dire que, chez nous, il y avait une adversaire
durant la campagne électorale, mais, à mon sens, la campagne
électorale s'est déroulée, peut-être, entre votre
humble serviteur et le rejet du chef du Parti libéral. Pourquoi ce
résultat électoral dans mon comté? Parce que les gens de
chez nous sont des gens fiers qui se souviennent. Ils se souviennent qu'en
1971, ce même chef du gouvernement avait changé la
fiscalité municipale, ce qui fait qu'on a vécu depuis ce temps
avec des problèmes d'évaluation industrielle et ce qui a
causé des problèmes énormes aux administrateurs
municipaux. Tout cela aussi pour vous dire que les gens de chez nous se
rappellent de la grève de l'Alcan en 1976 où le chef du Parti
libéral, après une rencontre de huit maires de notre
région, a refusé carrément même de faire un appel
téléphonique pour souligner ou pour rappeler au président
de l'Alcan qu'il y avait une grève chez nous et qu'il y avait des gens
qui étaient dans la misère, sous prétexte qu'une
multinationale, c'est bien difficile à contrôler. Ce sont les
mêmes gens qui nous disaient, tout à l'heure, qu'ils vont aller
négocier avec d'autres gouvernements d'une façon vigoureuse et
qu'ils vont pouvoir défendre au mieux nos intérêts.
C'est pour cela aussi que je dois remercier les électeurs et
électrices de mon comté qui m'ont fait confiance, confiance
qu'ils me renouvellent depuis de nombreuses années puisque j'ai
eu le plaisir de les servir pendant dix ans comme maire de Jonquière,
pendant huit ans comme maire de la ville d'Arvida, et en même temps pour
avoir travaillé et oeuvré sur le plan syndical.
Dans mon travail comme maire, il est entendu que j'ai eu l'occasion
d'identifier les principaux problèmes de mon comté,
problèmes qui se résument au chômage, à l'emploi et,
en même temps, au logement. De quelle façon la ville de
Jonquière s'est-elle impliquée pour essayer de contrer ces
problèmes? C'est par une société de développement
où il y a des élus et des non-élus qui représentent
la municipalité pour développer cette expertise pour créer
des emplois, pour consolider ou pour empêcher l'élimination
d'emplois. Il faut se rappeler aussi que Jonquière a eu le titre de
ville industrielle de l'année 1984.
Une voix: Elle n'est pas sur la liste.
M. Dufour: On va la faire chercher dans les dossiers. Tout cela
pour dire qu'il y a peut-être des gens aussi qui, dans cette
société de développement, ont travaillé très
fort pour développer cette expertise. Quels sont ces genres d'expertises
que nous avons développées? Ce sont d'abord des campagnes pour
augmenter et diversifier les activités commerciales, ce qui a fait que
les résultats sont de meubler tous les locaux qui étaient
vacants. On a aussi travaillé a la rénovation du centre-ville et
en même temps cela me semble ce qui aurait donné le plus de
résultats.
On a fait aussi de nombreuses actions pour développer
l'infrastructure touristique. Ce que je donne comme résultat n'est pas
le résultat de deux ans d'opposition de mon adversaire dans l'ancien
gouvernement; c'est surtout le résultat de 18 ans ou surtout de 10 ans
d'efforts depuis la fusion de la nouvelle ville.
Donc, on a essayé de développer notre infrastructure
touristique en implantant un centre de congrès régional, en
travaillant à remettre sur pied notre piste de courses Pré Vert,
en développant la rivière aux Sables, en développant un
centre national d'exposition, des théâtres d'été,
festival d'été, festival d'hiver, camping de Jonquière,
CEPAL, le Centre d'expédition et de plein air laurentien, un centre
linguistique. Tout cela pour vous dire qu'encore là il y a eu de la
création d'emplois. (20 h 20)
Par contre, on pense que ce n'est pas suffisant pour développer
une ville. En même temps, la ville a participé à
l'assainissement des eaux, à l'amélioration de son réseau
routier, de son réseau d'aqueduc et d'égout, de son
système d'éclairage, à l'entretien de ses édifices,
au développement des activités culturelles et sportives, à
l'amélioration de l'environnement. J'en viens donc à la
conclusion que chez nous la concertation et l'implication des gens du milieu ne
sont pas que des mots.
Il reste cependant des problèmes non réglés qu'on
appelle l'évaluation industrielle, à laquelle j'ai fait allusion
tout à l'heure. Pourquoi a-t-on des problèmes d'évaluation
industrielle chez nous? C'est parce que le gouvernement libéral, de 1970
à 1973, avait comme préoccupation de créer un
environnement propice à l'industrie et cette façon de concevoir
les choses devait avoir pour effet de diminuer la charge fiscale des compagnies
et de créer automatiquement des emplois. Comme si depuis ce temps on
n'avait pas vécu des crises économiques, comme si on n'avait pas
vécu d'amélioration dans la technologie et qu'en même temps
cela n'avait pas diminué le nombre des emplois.
Donc, cette théorie de mettre en place un climat
économique favorable qui fait qu'on va avoir des emplois
supplémentaires, je pense que c'est loin d'être vrai. Je fais
référence à une déclaration du directeur
régional de l'Alcan chez nous, M. Gilles Chevalier, qui disait justement
que le rôle d'une l'industrie c'est d'abord de réaliser des
profits pour ses actionnaires; deuxièmement, de payer leurs
employés; troisièmement, possiblement de payer ses taxes. Et
c'est justement là qu'intervient le rôle du gouvernement de
distribuer cette richesse aux contribuables. Il me semble que c'est une
théorie simpliste de penser, de croire que l'industrie, parce qu'on la
favorise de toutes sortes de façons, viendra en retour dans un geste
social gratuit remettre à cette société sans aucun espoir
de retour.
Donc, la création d'emplois est une préoccupation pour
laquelle on n'a pas trouvé d'écho à mon sens, dans ce
qu'on a pu lire dans le discours d'ouverture. Il faut, en plus, qu'on accentue
le développement touristique et, encore là, on n'a pas tellement
pris position dans le discours d'ouverture. En écoutant ce discours, il
m'a semblé entendre un discours emprunté de notre chef, du chef
de notre parti. Par exemple, les mots: Projet de société,
société plus mature, plus équilibrée et plus
consciente des solidarités qui l'unissent, désireuse de s'ouvrir
au monde, société moderne, et le reste. Des mots qu'on entend et
avec lesquels on est habitué de travailler.
Que ces mots puissent être employés dans le discours du
gouvernement libéral tend à démontrer, à mon point
de vue, que le gouvernement précédent était sur la bonne
voie et confirme la justesse des actions entreprises pour faire avancer la
société québécoise. Donc, si on arrive à
employer ces mots, c'est parce qu'il y a eu des gens qui, auparavant, ont pris
des décisions, ont
tracé la voie, ont adopté des lois, ont civilisé
cette société et, en même temps, lui ont fait prendre une
partie du virage technologique.
Lorsqu'on parle de créer un climat propice sous le signe de la
confiance, et du respect dans lequel vont se tisser les liens entre le
gouvernement, l'entreprise et le monde du travail, on peut s'interroger sur le
sérieux d'un gouvernement qui parle déjà de
déréglementation des lois de manière à
libérer l'entreprise sans dire comment, diminuer les charges sociales de
ces mêmes entreprises pour alléger leur fiscalité. Est-ce
qu'on peut penser immédiatement que cette diminution de charges fiscales
va se faire sur le dos des travailleurs? Le gouvernement veut
réévaluer en profondeur les sociétés d'État
qui pourront, dans certains cas, aller jusqu'à la privatisation pure et
simple. Un discours d'ouverture, quel qu'il soit, peut-il faire oublier les
différentes positions prises par les députés
libéraux à la dernière session? Le gouvernement affirme en
même temps, sans nuance, que - et je cite - c'est l'entreprise
privée qui, au premier chef, fera que le Québec deviendra
pleinement compétitif et concurrentiel. Oublions donc, d'une
façon ou de l'autre, les mégaprojets parce qu'à mon sens
ce sont des attitudes ou des décisions gouvernementales. Un gouvernement
qui veut en même temps améliorer la fiscalité individuelle
en la diminuant de façon à ne plus pénaliser l'initiative:
encore une mesure qui touche les hauts salariés. À
côté du discours, regardons les faits et, à mon sens, il y
a tout dans cette question pour perturber le climat social et revenir à
ce qu'on a vécu entre 1970 et 1976.
Tout semble en place pour améliorer les liens entre le
gouvernement et l'entreprise, mais le troisième partenaire, le monde du
travail, on peut se demander la place qu'il occupe. À un autre endroit
aussi dans le discours où on semble nager dans l'euphorie de
l'élection du 2 décembre, c'est lorsqu'on parle de relations
harmonieuses et positives avec le gouvernement fédéral et les
autres gouvernements avec, comme dominantes, "la défense vigoureuse des
intérêts propres au Québec et la solution des graves
problèmes économiques, comme le chômage et les finances
publiques."
On a pu, durant la dernière campagne, gloser avec assez
d'exagération sur la façon dont Hyundai a été
amenée ici au Québec. Mais, au moins, on sait une chose, c'est
que cette entreprise s'établit au Québec, à Bromont. Il y
a peut-être eu des coûts, mais il y a eu une discussion, il y a eu
une force de frappe dont le gouvernement du Québec s'est servi pour
amener une entreprise à venir s'installer chez nous.
Qu'on regarde la phraséologie employée par le gouvernement
libéral dans le sens de parler fort, de défendre les
intérêts du Québec, comme si on était capable de
croire, avec l'expérience que j'ai, ce que je pourrais peut-être
penser, qu'on peut régler les problèmes d'emploi à
même les autres sans qu'il y ait un peu de tordage de bras, sans aussi
qu'il y ait des discussions vigoureuses; non seulement vigoureuses, mais aussi
être capable de défendre ses positions avec des principes de base
très importants.
Donc, encore un principe qui dit: On va aller défendre nos
intérêts et on va faire cela dans l'harmonie, comme si le mot
"défense" voulait dire, par le fait même, expliquer son cas et que
tout le monde va comprendre, tout le monde va s'entendre. C'est tellement vrai
que c'est difficile à faire comprendre... On parle d'implantation
industrielle, on parle de fiscalité, on parle de création
d'emplois. Regardons ce qui s'est passé dans le cas de Toyota. Un
ministre est allé discuter avec Ottawa et il dit: C'est moins pire parce
que cela s'installe en Ontario, c'est encore au Canada. La politique du "moins
pire". On pourrait aller discuter notre point de vue en disant: C'est moins
pire que ce soit aux États-Unis qu'au Mexique. C'est moins pire qu'au
Mexique, et allons-y. C'est comme cela et c'est cela qu'on appelle une
"défense vigoureuse" de dossiers. Je dis: Un instant! ce n'est pas tout
à fait comme cela qu'on va régler nos problèmes chez
nous.
Je pense que si on défend d'une façon rigoureuse les
intérêts du Québec, il faut y aller plus directement que
cela et ne pas y aller avec la politique du "moins pire" parce que dans un pays
et une province, on règle les problèmes d'une façon
directe, avec des arguments, des dossiers et aussi avec l'idée que s'il
faut se battre, on se battra. Je ne pense pas qu'on puisse y aller avec un
sourire et à coups de mouchoir parce que c'est trop sérieux. La
politique doit être faite avec des gens qui sont capables de se battre.
Un gouvernement, ce n'est pas une banque. Ce n'est pas comme cela. Je pense que
des gens d'affaires qui sont à des hauts niveaux et dans les hautes
sphères peuvent discuter différemment. En politique, c'est une
question de survie, c'est une question de faire vivre les gens, c'est une
question qui est importante parce que l'économie, au Québec, me
semble excessivement importante. Comment peut-on la défendre? C'est avec
une argumentation et aussi en croyant en ce qu'on fait et en n'ayant pas peur
de peut-être déranger ou de casser un verre quand c'est le temps
de le casser. À mon sens, si on veut améliorer le climat
économique de notre province, c'est en disant qu'on défend nos
intérêts d'une façon vigoureuse, mais aussi en faisant
suivre les paroles par des gestes.
Le gouvernement prétend qu'on va administrer avec moins de lois.
Si on fait un
petit calcul de ce qui est déjà sur place, encore
là il y a encore loin de la coupe aux lèvres. C'est toujours une
question d'affirmations gratuites. Quand on regarde dans les faits, chacun veut
encore sa petite loi, chacun veut en faire adopter une. Je vais citer comme
exemple la constitution d'un organisme voué à la protection et
à la valorisation des intérêts des personnes
âgées. Remarquez bien que je ne critique pas la valorisation ou
l'importance de ces lois, mais je veux simplement souligner qu'on n'est pas
sérieux lorsqu'on affirme, devant la Chambre, publiquement, dans
l'ensemble du Québec, qu'on va adopter moins de lois. (20 h 30)
La création d'un conseil permanent de la jeunesse. Il doit y
avoir des choses, des prix pour cela. On veut administrer sainement. On ne veut
pas que cela coûte trop cher. Il y a création d'un conseil
permanent de la jeunesse.
Concrétisation de l'énoncé de politique de
développement de la culture; charte de la qualité de la vie;
commission permanente de la réforme du droit. Le nouveau Code civil a
2974 articles et le Code de procédure civile a 1052 articles. On est
prêt à faire cela. Des lois, en veux-tu, en voilai
Création d'un office québécois de diffusion de
spectacles; création de trois commissions parlementaires sur la culture;
amendements à la loi 101 pour faire disparaître les irritants et,
en même temps, d'autres commissions parlementaires!
Encore là, qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce qu'on est en train de
faire là? Ne nous en faisons pas accroire, les gouvernements se
ressemblent un peu. Il me semble que le principal rôle d'un gouvernement,
c'est d'abord de légiférer, d'adopter des lois. Là, on
dit: On n'en fera plus. Le Parlement sera donc en dehors du parlement. C'est
une autre théorie qu'on vient d'apprendre. On va essayer de travailler
avec cela. Je vous dis que, pour ma première expérience, j'en
apprends des "vertes" et des "pas mûres".
Quant à tout ce qui a fait l'objet de la dernière campagne
électorale pour créer des emplois, on demeure sur notre
appétit. On a annoncé 400 000 emplois jusqu'en 1990. On a
diminué, parce que, en 1970 - là, la mémoire est longue -
on parlait de 100 000 emplois par année. Là, on est rendu
à 80 000. Est-ce qu'on est plus réaliste? Est-ce qu'on a appris
à compter? Je me pose des questions. Une moyenne de 80 000 emplois par
annéel La performance de l'ancien gouvernement: il a créé,
en 1985, 85 000 emplois. Vous l'avez dit tout à l'heure, les emplois ne
se créeront pas automatiquement en tournant un déclic ou
seulement en tournant une poignée de porte.
Une voix: Déclic, cela n'a pas marché.
M. Dufour: Cela fait 30 ans que je travaille en administration
publique. Je peux vous assurer qu'il y a des jeunes dans ce coin-là - je
peux parler de la jeunesse - qui ne savent peut-être pas que c'est que de
travailler, de monter ses manches de chemise pour produire. C'est cela.
Lorsqu'on parle de créer de l'emploi, vous êtes mieux de vous
cracher dans les mains, on vous en reparlera. On va vous en parler, de toutes
les mesures qui ont été annoncées. Toutes les mesures qui
ont été annoncées, cela semble, en tout cas, le fruit de
ce qu'on a déjà fait chez nous: des maisons du Québec
à l'extérieur pour développer l'expertise de nos
commerces, de nos industries afin qu'en même temps, on puisse vendre un
peu plus. Je pense que, de ce côté, on n'a pas de leçon
à recevoir.
Le régime d'épargne-actions; les mesures de soutien aux
nouvelles entreprises, encore là, ce sont des mesures que le Parti
québécois ou le gouvernement du Parti québécois a
mises en place.
On parle d'incubateurs. Il n'y a pas beaucoup de gens qui connaissent
cela. Je peux vous dire que cela fait un an que nous sommes à travailler
à ce dossier. Un incubateur, ce n'est pas seulement une bâtisse,
ce n'est pas simplement garrocher de l'argent, cela prend une philosophie qui
sous-tend la création d'un incubateur. Malgré toute la bonne
volonté du gouvernement d'en face, de nos amis d'en face de créer
des incubateurs, il va falloir aussi qu'ils créent une mentalité
afin que ces incubateurs puissent fonctionner.
Cela prend des gens aussi. Cela prend un climat interne qui fasse que
ces incubateurs créent des entreprises. On n'invente pas en faisant
cela. On n'invente pas, parce qu'on l'emprunte à notre programme et il y
a déjà d'autres pays qui ont implanté des incubateurs
ailleurs. Chez nous, on appelle cela un centre de création
d'entreprises. Il y a déjà des demandes. Je m'attends aussi que
le gouvernement donne son soutien à ces initiatives qui viennent du
milieu parce que, lorsqu'on parle de développer le Québec
à même les industries, seulement avec les industries, je pense
qu'on fait fausse route. Lorsqu'on parle de développer nos
régions, chez nous, les municipalités sont parties prenantes.
À mon sens, on ne développera jamais les régions, ni le
Québec, en ignorant les municipalités.
Une voix: Très bien cela! Bravo!
M. Dufour: Une autre mesure, c'est l'aide des universités
aux entreprises. On a oublié une composante très importante, les
cégeps, afin de stimuler la recherche et l'innovation technologique. On
parle de la concrétisation de la corporation d'investissement jeunesse
en vue d'aider les
jeunes entrepreneurs québécois, de la formation d'un
comité d'évaluation de divers programmes de soutien à
l'emploi et au revenu jeunesse, d'appui à l'égalité de
l'entrepreneurship, du dynamisme des hommes, des femmes, des jeunes. Pour moi,
il y a des gens qui n'ont pas du tout lu ou qui n'ont pas compris ce qui s'est
passé au cours des dernières années. Moi qui ai
travaillé dans le développement économique...
La Vice-Présidente: M. le député,
pourriez-vous conclure, s'il vous plaît?
M. Dufour: Ce ne sera pas long, Mme la Présidente. En
fait, ce qu'on regarde, c'est le résultat de l'improvisation et non de
l'innovation. La meilleure, c'est le développement des régions en
passant par Québec, Montréal. On reconnaît vraiment le
gouvernement qui était un gouvernement non pas de régionaux mais
de grands centres, Montréal, Québec. Encore là, je vous
répète qu'on développera le Québec pour autant que
les régions seront fortes. Qu'on développe aussi les ressources
naturelles et qu'on tienne compte, non seulement des revenus que les
régions apportent, mais aussi de ce qu'on doit leur donner en retour. Je
me promets de travailler au meilleur de ma connaissance pour faire avancer les
dossiers du Québec et je vous assure de ma collaboration, et je vous dis
que les régions ne seront pas orphelines avec nous. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Jonquière. M. le député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, Mme la Présidente. Moi aussi, je veux
vous souhaiter bonne chance dans vos nouvelles fonctions, à vous et
à vos collègues de la présidence. En même temps,
vous permettrez que je remercie les électeurs du comté de Viger
qui m'ont réélu pour une deuxième fois avec une
majorité beaucoup plus grande que celle que j'avais obtenue en 1981.
J'ai doublé ma majorité et je crois que cette majorité, je
l'ai eue précisément à cause du chef du Parti
libéral qui a démontré tout au long de la campagne un
leadership et un sens des responsabilités et des affaires vraiment
remarquables.
Des voix: Bravo!
M. Maciocia: Le 2 décembre, au moment du vote, les gens de
chez nous se sont rappelés le 16 avril 1981 quand le gouvernement de
l'époque a perdu le droit de veto du Québec. Vous vous rappelez
que, dans une nuit, seulement trois jours après l'élection, on a
perdu le droit de veto qui nous serait d'une très grande utilité
actuellement pour la province de Québec. Chez nous, les gens se sont
aussi rappelés le non-respect de ce gouvernement de sa signature
vis-à-vis des employés des secteurs public et parapublic. Ils se
sont aussi rappelés les coupures sauvages de 140 000 000 $ faites par
l'ancien premier ministre et chef de l'Opposition actuel dans les affaires
sociales. Chez nous, on a trois hôpitaux où on vit encore
actuellement l'engorgement des salles d'urgence, justement à cause de
ces coupures sauvages faites par l'ancien premier ministre, M. Pierre-Marc
Johnson. J'ai appris dernièrement - je ne sais pas si c'est vrai, mais
je suis porté à le croire - que les gens de Jonquière ont
voté pour le député actuel parce qu'ils voulaient s'en
débarrasser comme maire. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais c'est
ce que j'ai appris.
Le Parti libéral a pris des engagements bien précis
vis-à-vis de la population lors de la campagne électorale et il
va les respecter. On en aura un aperçu demain lors du dépôt
du mini-budget. À partir de demain, 16 heures, ces engagements seront
respectés, spécialement ceux concernant les jeunes. Les jeunes
ont été tenus en otage par l'ancien gouvernement. On leur a fait
miroiter depuis 1976 que l'indépendance du Québec
réglerait tous les problèmes de la jeunesse
québécoise. Ils se sont ramassés avec quoi après
neuf ans de ce gouvernement? Au-delà de 30 % de cette jeunesse se trouve
sans emploi. Les jeunes sont soit à l'assurance-chômage, soit
à l'assistance sociale, soit qu'ils ont dû quitter le
Québec pour aller trouver du travail à l'extérieur, parce
qu'ils ne voulaient pas de l'assistance sociale. Des jeunes sont venus et je
défie n'importe quel député de l'autre côté
de nous dire qu'ils n'ont pas eu la visite de jeunes à leur bureau pour
demander de l'emploi. J'en ai eu chez nous et je le répète, je
défie n'importe qui de l'autre côté de me dire qu'ils n'ont
pas eu de jeunes qui sont allés demander de l'emploi chez eux. (20 h
40)
II ne faut pas oublier une autre chose très importante. Le chef
de l'Opposition actuel, ancien premier ministre du Québec et d'autres
collègues constituaient une imposante brochette de ministres dans l'Est
de Montréal. On se rappellera l'ancien premier ministre, le ministre
Léger dans Lafontaine, le ministre Laurin dans Bourget, le ministre
Paquette dans Rosemont, le ministre Jacques-Yvan Morin dans Sauvé, le
ministre Godin dans Mercier et le ministre Tardif dans Crémazie. Vous
savez ce qu'on a eu de cette brochette de ministres? On a perdu au-delà
de 5000 emplois dans l'Est de Montréal.
Chers amis, Mme la Présidente, je vous dis que c'est ce que la
population du Québec a rejeté le 2 décembre, qu'elle a
rejeté, je crois, définitivement parce qu'ils n'ont pas su
démontrer qu'ils pouvaient relever la situation économique
du Québec; je dirais non pas seulement la situation économique
mais aussi sociale du Québec.
On a toujours eu droit de la part de ce gouvernement à de
l'ambiguïté et de l'instabilité politique. Vous le savez,
nous avons été pénalisés en tant que province parce
que les investisseurs étrangers, et je pourrais dire même les
investisseurs locaux n'ont pas investi dans la province de Québec
à cause de deux choses: l'instabilité politique que ce
gouvernement projetait et aussi le niveau de taxation. L'ambiguïté
est terminée parce que les gens auront beaucoup plus confiance à
l'actuelle équipe libérale parce que nous avons nos opinions, nos
directives, des engagements bien précis vis-à-vis de la
population du Québec et vis-à-vis du Canada.
Il faut créer, on l'a dit pendant la campagne électorale
et nous allons le faire à l'intérieur de notre mandat de quatre
ans, au-delà de 400 000 emplois permanents. C'est comme cela que cette
jeunesse, qui est la relève de demain, la classe dirigeante de demain,
pourra vraiment s'épanouir ici, au Québec, et avoir espoir dans
un avenir meilleur.
Les communautés culturelles auront finalement leur chance de
participer pleinement au développement du Québec socialement et
économiquement. Finalement, les communautés culturelles auront
droit à leur part à l'intérieur de la fonction publique et
parapublique.
Le gouvernement actuel, le gouvernement libéral va respecter,
comme je l'ai dit tantôt, ses engagements, va respecter sa parole, va
respecter sa signature. Très bientôt, il y aura des
négociations avec les personnels des secteurs public et parapublic. Je
suis convaincu qu'avec la collaboration réciproque du gouvernement et
des syndicats on va en arriver avec une entente et cette entente ne sera jamais
niée par le parti au pouvoir.
Comme je le disais, à partir d'aujourd'hui, les jeunes pourront
espérer un avenir meilleur au Québec. Cette jeunesse, je le
disais, a été prise en otage par ce parti parce qu'il leur a
toujours fait miroiter des choses qui n'étaient pas vraies; ce
n'était que dans un but électoraliste. Mais il n'y a pas
seulement les jeunes; je me rappelle que lors de la dernière campagne
électorale, même les communautés culturelles ont
été approchées par le parti au pouvoir qui n'a jamais rien
fait pendant neuf ans pour vraiment donner à ces communautés ce
qu'il leur fallait, elles qui ont tant fait pour le développement
économique et social du Québec.
Comme je le disais, Mme la Présidente, c'est sûr qu'avec le
gouvernement libéral, avec la stabilité politique qu'on aura, les
investissements viendront au Québec et on aura cette marge de manoeuvre
dont le chef du Parti libéral a parlé tout au long de la campagne
électorale pour créer au-delà de 80 000 emplois par
année et au-delà de 400 000 emplois pendant les cinq prochaines
années.
Comme je le disais, je veux remercier d'une façon très
chaleureuse les citoyens du comté de Viger qui m'ont donné leur
appui tout au long de la campagne. Cela a été une campagne
où on a vu vraiment que cette population de Viger - et je dis de la
province entière - voulait avoir un changement, voulait absolument se
débarrasser d'un gouvernement qui l'avait gardée dans une
situation désastreuse.
Vous savez très bien, Mme la Présidente, qu'à un
certain moment et encore aujourd'hui, on peut le dire, la province a
été sur le bord de la faillite. Avec ce gouvernement-là on
a même perdu la cote que la province de Québec avait. C'est
l'espoir qui renaît ici au Québec à partir de cette
semaine. Le Québec aura sa place à l'intérieur de la
fédération canadienne et je suis convaincu qu'il aura une
économie très forte, qu'il aura encore le leadership qu'il avait
dans les années soixante-dix, justement quand le chef du Parti
libéral était chef du gouvernement. Je suis convaincu que la
population tout entière et les jeunes en particulier auront cet espoir
dans un avenir meilleur, dans une province où il fait bon vivre et dans
ce grand pays qui a des richesses immenses. Cette province a vraiment les
ressources humaines et naturelles pour qu'on devienne la meilleure province
à l'intérieur du Canada. Merci, Mme la Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Viger. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Mme la Présidente, avant de commenter le
discours inaugural, je veux d'abord profiter de cette occasion pour remercier
les hommes et les femmes de Marie-Victorin pour la confiance qu'ils m'ont
témoignée le 2 décembre dernier. Je connais les
responsabilités qu'ils m'ont confiées et c'est avec fierté
que je les représenterai le plus fidèlement possible à
l'Assemblée nationale.
Tout au long de la campagne qui vient de se terminer, les gens de
Marie-Victorin m'ont fait part de leurs préoccupations et de leurs
attentes. C'est avec conviction que j'entends les défendre, que ce soit
pour obtenir pour eux des services sociaux et de santé qui
répondent à leurs besoins, pour défendre les programmes de
maintien à domicile pour les personnes âgées, les
personnes handicapées, pour soutenir la qualité de vie
à laquelle ils ont droit, pour favoriser le développement des
transports en commun et réseaux routiers qu'ils sont en droit
d'attendre.
Pour les gens de Marie-Victorin, le rôle de député
est très important. C'est par leur volonté et ma
détermination, avec le travail des militants et des militantes de mon
parti, que j'entreprends mon premier mandat de députée.
Je ne veux pas seulement dire merci à ces hommes et ces femmes de
Marie-Victorin. Je veux les assurer que c'est comme femme engagée et
disponible que je serai présente dans notre comté, à
l'écoute de leurs besoins, et que c'est avec la force de leur confiance
que je suis ici.
C'est avec le même engagement que je peux vous assurer, Mme la
Présidente, ainsi que mes collègues députés, de ma
collaboration aux travaux de la Chambre.
Revenons maintenant au discours inaugural. Qu'y retrouve-t-on? Beaucoup
de principes, d'énoncés de toutes sortes, de philosophie, de
déclaration d'ambition mais rien de concret, de palpable. Des projets en
termes généraux, pas de chiffres ni de mesures
particulières. Le premier ministre désigné disait hier
soir que c'était la première fois qu'un gouvernement
siégerait aussi vite après une élection. Mme la
Présidente, il aurait mieux valu qu'il prenne un peu plus de temps. Nous
aurions peut-être entendu un discours inaugural plus concret au lieu de
cette espèce de synthèse de promesses électorales.
Du temps, il en avait devant lui puisque ce n'est que le 20 janvier 1986
que le premier ministre désigné tentera de se faire élire
pour siéger en cette Chambre et il faudra une élection partielle.
Non seulement avait-il le temps devant lui, mais il aurait pu en profiter pour
articuler un discours inaugural plus concis, si cela est possible,
évidemment, mais, en plus, il aurait pu le présenter
lui-même et avoir le courage de le défendre. (20 h 50)
À propos de la jeunesse, Mme la Présidente, le
gouvernement libéral veut concrétiser le projet de corporation
d'investissement jeunesse. Bravol C'est une initiative du gouvernement du Parti
québécois. Le Parti libéral a affirmé durant la
campagne électorale que les jeunes assistés sociaux de moins de
30 ans obtiendraient la parité de l'aide sociale. Par la suite, il
nuançait son discours en disant que cette parité pour les moins
de 30 ans était conditionnelle à leur participation aux
programmes mis en place à leur intention. Après la poudre aux
yeux, le Parti libéral revient à une autre initiative, à
une autre réalisation du Parti québécois. Nos politiques
et nos programmes se poursuivront donc sous un gouvernement libéral.
Le gouvernement libéral dit qu'il veut élaborer une
politique de main-d'oeuvre qui favorisera la jeunesse. Le ministre de la
Main-d'Oeuvre, qui cumule aussi les fonctions de ministre du Travail et celles
de ministre de la Sécurité du revenu, devra donc établir
ses priorités, toutes plus prioritaires les unes que les autres, sans
oublier les négociations avec les employés de l'État, des
secteurs public et parapublic.
Parlons maintenant de la création d'un organisme voué
à la protection et à la valorisation des intérêts
des personnes âgées. On ne peut être contre la vertu, au
contraire, mais cela ne suffit pas. Une telle mesure doit être partie
intégrante d'une politique globale qui regroupera le
développement économique des jeunes, le soutien aux personnes
âgées et des politiques familiales qui feront en sorte de
maintenir l'équilibre démographique entre les différentes
générations.
Et que dire, Mme la Présidente, de l'engagement concernant la
participation des femmes au foyer au Régime de rentes du Québec?
Là non plus on ne pourrait être contre la vertu, mais il y a loin
du discours à la réalité. Le premier ministre
désigné s'est engagé à tenir une commission
parlementaire pour étudier les modalités de financement de la
participation de la femme au foyer au Régime de rentes. Or, Mme la
Présidente, toutes les études ont déjà
été faites et les conclusions démontrent que le
Régime de rentes du Québec n'est pas le véhicule
approprié pour répondre aux besoins des conjoints au foyer. De
plus, à la suite des rencontres de Décisions 85 sur les
travailleuses au foyer, un comité de travail composé de
représentantes des groupes de femmes a été mis sur pied.
Le mandat de ce comité est d'identifier des moyens d'intervention devant
favoriser une sécurité économique aux travailleuses au
foyer, et par là même leur reconnaissance, sans pour autant faire
subir une hausse d'impôt à leur conjoint.
Parlons maintenant des services d'urgence dans les hôpitaux. C'est
beaucoup plus qu'un problème d'argent. C'est aussi un problème
d'interrelation entre les différents services. C'est le principe
même du jeu de domino. On ne peut régler les problèmes des
salles d'urgence sans faire appel à la participation de la population
pour qu'elle utilise les services de santé de façon plus
rationnelle, sans faire appel aux différents services de santé
pour une plus grande concertation dans leurs actions.
Au-delà des services d'urgence, tout le climat des relations du
travail me préoccupe dans le domaine des affaires sociales, plus
particulièrement en ce qui a trait aux services hospitaliers. Ayant
siégé plus de trois ans au Conseil des services essentiels,
je suis convaincue, Mme la Présidente, qu'on ne peut remettre en
cause la sérénité des relations du travail en abolissant
complètement le droit de grève dans le secteur des affaires
sociales, par exemple. Ce serait mettre en danger, par le fait même, les
droits des travailleurs et des travailleuses et les droits des citoyens et des
citoyennes.
Le Conseil des services essentiels a toujours oeuvré à
concilier la primauté des droits des citoyens avec les droits des
syndiqués. Il a favorisé sans heurt, sans prise d'otage de la
population, le rapprochement entre les parties faisant en sorte que le principe
de la primauté du droit aux services essentiels se traduise dans la
réalité.
En terminant, Mme la Présidente, je ne saurais passer sous
silence deux aspects de ce discours d'ouverture qui répondent aux
besoins de Marie-Victorin. Je me permets d'autant plus de les souligner parce
que j'ai moi-même pris des engagements à ce sujet au cours de la
campagne électorale, engagements basés sur les politiques du
gouvernement du Parti québécois. Il est dit dans le discours
d'ouverture qu'un gouvernement du Parti libéral se donnera comme
ambition d'offrir la possibilité aux artistes, aux créateurs et
aux artisans de témoigner avec éclat en toute liberté des
valeurs profondes de la société québécoise. Il est
fait mention aussi qu'un gouvernement du Parti libéral verra à y
consacrer les ressources financières nécessaires.
Mme la Présidente, à la lecture de cet engagement, j'ai
fortement envie d'annoncer aux gens de Marie-Victorin que nous allons
sûrement avoir notre Maison de la culture.
Vers la fin du discours d'ouverture, on retrouve aussi l'engagement
qu'un gouvernement du Parti libéral apportera une attention soutenue et
accrue au domaine de la protection de l'environnement en améliorant
l'efficacité de la gestion des programmes d'assainissement des eaux.
Là encore, je peux donc assurer les gens de Marie-Victorin que le projet
mis de l'avant par le gouvernement du Parti québécois concernant
les berges du Saint-Laurent sera, non seulement maintenu, mais, en plus, sera
amélioré.
Avant de finir, je voudrais souligner que, nulle part, dans aucun
paragraphe du discours d'ouverture il n'est fait mention du tourisme. Doit-on
comprendre par là que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, qui cumule aussi les fonctions de ministre du Tourisme, est
déjà débordé et que rien ne sera fait dans ce
domaine? J'ose espérer qu'il n'en est rien car, comme tout le monde le
sait, le tourisme est un des principaux volets économiques de ce
Québec dont nous sommes si fiers.
La Vice-Présidente: Maintenant, c'est au tour de M. le
député de Vanier.
M. Jean-Guy Lemieux
M. Lemieux: Mme la Présidente, mes premiers mots seront
pour remercier les électeurs et les électrices du comté de
Vanier. Comme vous pouvez le constater, dans le comté de Vanier, il ne
s'agissait pas d'une guerre de poids lourds mais davantage d'une guerre de
cerveaux.
J'aimerais vous souligner que c'est le temps pour le Québec de
s'affirmer et de prendre en main sa destinée. C'est le temps pour le
Québec de s'occuper de son développement économique. C'est
le temps pour le Québec de donner davantage aux moins nantis de notre
société. Pour ce faire, le gouvernement a décidé
d'agir rapidement et le discours d'ouverture de la vice-première
ministre du Québec, Mme Bacon, est à l'image de la
préoccupation des Québécois et des
Québécoises, puisque l'essentiel des efforts du gouvernement
portera sur la réalisation d'objectifs de croissance et de
création d'emplois.
On a toujours compris, nous du Parti libéral du Québec,
que le progrès économique est la condition nécessaire au
progrès social et culturel. Nous avons compris que, comme gouvernement,
le problème le plus immédiat consiste à créer des
emplois permanents pour les Québécois et les
Québécoises. Il s'agit d'une question vitale. Le manque d'emplois
réels est le principal obstacle qui empêche notre
société d'exploiter ses possibilités et de se
réaliser pleinement. Nous avons compris qu'il était important de
relancer l'économie et que notre objectif de réaliser la
création de 400 000 emplois permanents d'ici à 1990 est une chose
possible, car le gouvernement aborde la question dans un état d'esprit
en vertu duquel les lois, les mesures gouvernementales, les projets
économiques seront examinés en fonction de leur impact sur
l'emploi. (21 heures)
Jamais le Parti libéral n'a refusé, pour créer des
emplois permanents, de coopérer activement avec le secteur privé.
Il l'a toujours fait et il l'a bien fait. Notre gouvernement est conscient que
le problème de l'emploi permanent chez les jeunes est au coeur des
préoccupations de la société québécoise et
la vice-première ministre, en faisant une de ses préoccupations,
hier après-midi, lors du discours d'ouverture, de la création de
la Corporation d'investissement jeunesse, en vue d'aider les jeunes
entrepreneurs québécois, a compris le sens de la
préoccupation de la jeunesse du Québec.
Encore plus, le gouvernement est conscient que le problème de
l'emploi chez les jeunes n'est pas un problème isolé et qu'il
s'inscrit dans la relance de toute l'économie québécoise.
Nous avons compris que l'économie québécoise devrait
être une réalité internationale, comme sont les
économies américaines, japonaises ou allemandes. Comme
Québécois, on a compris qu'on est capable plus que jamais d'aller
concurrencer sur les marchés étrangers. Mme la Présidente,
on a la technologie qui pleut sur nous, pas seulement les pluies acides. Nos
délégations du Québec à l'étranger doivent
devenir des centres d'agitation économique. Tel doit être leur
objectif.
Le présent discours d'ouverture est d'abord une relance de
l'économie et ce que l'on veut comme gouvernement, c'est de remettre le
Québec en affaires et pour cela, on va administrer. Ce que l'on veut,
c'est de faire grandir le Québec dans un nationalisme économique
rentable. Ici même, dans le beau comté de Vanier, on a des
entreprises qui sont à la fine pointe de la technologie. Vanier est en
mesure de devenir le fer de lance de la région de Québec. Ce que
d'autres ont fait, on est capable de le faire et de faire mieux. Ce discours
d'ouverture nous démontre que nous, du gouvernement, nous devons penser
en termes économiques, d'investissements et de marchés. On a
compris, comme gouvernement, que si on veut favoriser la création
d'emplois, on doit s'assurer d'abord que notre stratégie
économique, nos politiques fiscales, les impôts, les services
publics, notre réglementation et notre administration publique
deviennent concurrents avec ceux des autres provinces et ceux des autres
pays.
Ce que notre gouvernement veut, ce n'est pas trop d'État, mais
mieux d'État. On veut que quelqu'un qui désire travailler puisse
le faire, pour employer une expression typiquement québécoise,
sans se faire déculotter par l'impôt. On est rendu à dire:
Je ne travaillerai plus parce que je vais donner cela à l'impôt.
Nous avons compris que, comme gouvernement, nous nous devons d'aller vers la
modération fiscale. Nous avons aussi compris qu'on doit entreprendre
immédiatement le processus de la déréglementation, parce
que notre société est trop enfermée dans une
réglementation abusive qui tue et empêche l'initiative. Le diable
dans l'eau bénite au Québec se défend mieux qu'un
Québécois dans ces lois et ces règlements. Cela doit
changer. Comme gouvernement, nous sommes capables de faire face aux
défis de l'avenir.
Je m'en voudrais de ne pas aborder un sujet qui m'est très
précieux puisque pendant quatre années, j'ai travaillé
comme avocat plaideur à la fonction publique du Québec où
j'ai eu a côtoyer l'ensemble des fonctionnaires, que ce soient les
administrateurs, les professionnels, le personnel des techniciens ou le
personnel de secrétariat.
J'aimerais vous dire que les fonctionnaires ont le souci du service
à la clientèle de la population du Québec.
Traditionnellement, la fonction publique est au service de l'État. Les
énergies des fonctionnaires sont essentiellement consacrées
à l'administration de lois et de règlements. Depuis quelques
années, cependant, les pressions pour faire évoluer cette
situation ont augmenté. D'abord, il y a une prise de conscience plus
aiguë des coûts des services publics. En période de
rareté des ressources, les citoyens exigent davantage de comptes. Ils
veulent être assurés que la machine administrative ne brûle
pas des énergies qui pourraient être consacrées au service
de la population.
Cette préoccupation trouvera un écho chez notre
gouvernement. J'ai constaté que certains efforts ont déjà
été faits en ce sens, mais un travail énorme reste
à accomplir. Il s'agit, en réalité, d'un véritable
changement de culture. Ce sont les structures de l'organisation
étatique, la répartition des pouvoirs, l'attitude des
fonctionnaires qu'il faudra modifier. Les fonctionnaires ont aussi le souci de
la productivité. L'heure est aux organisations performantes. Le produit
à livrer doit être au centre de nos préoccupations.
L'État n'échappe pas à la nécessité
d'accroître sa productivité.
La productivité d'un secteur de services comme l'administration
publique ne s'évalue pas de la même façon que pour un
secteur producteur de biens. Les employés de l'État
résistent à l'idée d'introduire des méthodes
d'évaluation qui sont trop calquées sur le secteur industriel. Le
défi des prochaines années à cet égard sera de
trouver des moyens adéquats pour accroître la productivité
de l'État tout en tenant compte de la nature des services et des
relations de travail avec les employés.
Parmi les moyens que l'on privilégie, on retrouve une
préoccupation accrue pour l'imputabilité et la
responsabilité des gestionnaires. Il faudra aussi agrandir l'espace
vital réservé à l'imagination et à l'initiative de
toutes les catégories de travailleurs de la fonction publique. Les
fonctionnaires sont prêts à prendre le virage de nouvelles
technologies.
Les organisations administratives sont de plus en plus touchées
par l'arrivée de nouveaux instruments de travail.
L'informatique bouleverse déjà des habitudes de travail.
Parmi les conséquences les plus importantes de l'informatisation des
organisations, on peut citer un changement dans la diffusion du pouvoir et la
réduction du personnel. Deux dimensions majeures de l'appareil
gouvernemental sont donc touchées: l'organisation et la gestion du
personnel.
Actuellement, l'administration publique est encore au stade des premiers
pas dans l'utilisation de la bureautique et de l'informatique
domestiquée. Il y aura, au cours des prochaines années, un effort
considérable à fournir pour adapter l'appareil
administratif à la société technologique. L'enjeu
est de taille et il ne saurait être relevé avec profit sans la
collaboration de tous les employés de l'État.
À cet égard, l'État devra rénover ses
façons de faire en matière de relations du travail. Nous sommes
capables de le faire comme gouvernement. Sa situation privilégiée
fait de l'administration publique une sorte de modèle, la force à
mettre en place des organisations exemplaires au plan de l'efficacité,
de l'équité et de la qualité des services.
Certes, l'État ne peut plus prendre autant de place et de
responsabilité dans le développement économique qu'il ne
l'a fait dans les années soixante. Aujourd'hui, le défi est d'un
autre ordre. L'État doit cependant être un facteur conditionnant
la relance par la qualité et la productivité de son organisation.
L'État joue un rôle analogue à celui des banques. Ce ne
sont pas les banques qui créent l'économie, mais par
l'efficacité de leurs services financiers, elles en facilitent largement
l'épanouissement.
Comme gouvernement, nous vous disons: Nous stimulerons l'excellence. Le
souci de l'égalité et la peur de l'arbitraire ont inspiré
très largement les conventions collectives. L'État, sous le
régime péquiste, ne s'est pas donné les moyens, à
l'instar des entreprises, pour reconnaître et stimuler l'excellence.
Nous permettrons à nos fonctionnaires, Mme la Présidente,
de relever les défis et de stimuler l'excellence. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Vanier. Maintenant, M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Mme la Présidente, chers collègues de
cette 33e Législature, c'est avec beaucoup de plaisir que je prends la
parole ici ce soir au nom de tous les habitants et habitantes du grand et beau
comté d'Ungava qui est, comme tout le monde doit le savoir, le plus
grand comté du Québec.
Si la majorité des électeurs du comté d'Ungava
m'ont fait confiance au soir du 2 décembre dernier, je les en remercie
énormément et je puis vous assurer et les assurer, par la
même occasion, que je ferai tout en mon pouvoir pour être digne de
la confiance qu'ils ont pu mettre en moi.
Ceci étant dit, je vais profiter de l'occasion pour situer un peu
le comté d'Ungava, étant donné que j'ai l'habitude d'avoir
de la difficulté à trouver des interlocuteurs qui savent
où est ce comté. Le comté d'Ungava, pour la majeure partie
de son territoire, 350 000 kilomètres carrés - ce n'est pas peu
dire - se situe entre le 49e et le 55e parallèle de latitude nord.
C'est bon de le préciser. Il va, à toutes fins utiles, des
limites du Labrador jusqu'aux côtes de la baie James et la
frontière ontarienne, par le fait même. De plus, il compte seize
villages nordiques qui s'échelonnent le long des côtes de la baie
d'Hudson et de la baie d'Ungava, c'est-à-dire l'ensemble de la
population inuit habitant le territoire du Québec.
Sur cet immense territoire, on retrouve en plus quatre
municipalités régies par la Loi sur les cités et villes,
neuf réserves cries, c'est-à-dire huit qui existent actuellement
en tant qu'entité géographique et une neuvième qui est en
voie de constitution et qui, nous l'espérons, réussira à
avoir ses territoires tel que prévu, comme les négociations avec
l'ancien gouvernement du Parti québécois portent à le
croire. C'est un des dossiers, entre autres, sur lequel j'aurai à
travailler et qui, je l'espère, aura un grand succès.
Donc, la population de cet immense comté est composée de
33 % d'autochtones qui sont répartis entre les Cris et les Inuit, de 61
% de francophones et de 6 % d'habitants de toutes sortes d'autres origines.
Économiquement parlant, le comté d'Ungava se divise en
trois grands axes: le domaine minier, le domaine forestier et
l'hydroélectricité. Vous devez tous savoir que c'est, entre
autres, dans le comté d'Ungava que se trouve le développement
hydroélectique de la baie James actuel et peut-être celui à
venir.
Cela me fait plaisir de voir que mon intervention intéresse
à un tel point les membres du gouvernement actuel. Je suis certain que
l'on aura à se parler à nouveau de ces dossiers dans les semaines
et les mois à venir.
Si notre économie est, à toutes fins utiles,
entièrement dépendante des domaines minier, forestier et
hydroélectrique, cela veut dire, par la même occasion, qu'on a une
économie extrêmement fragile, une économie qui est
strictement axée sur le marché extérieur, une
économie qui repose sur les lois du marché mondial, entre autres,
dans le domaine minier, où c'est la presque totalité des produits
qui est orientée vers les marchés extérieurs, et dans le
domaine forestier, alors qu'on a quand même une large part des
productions qui vont vers le marché mondial. Cela représente pour
nous une faiblesse économique, étant donné que le
contrôle des prix du marché nous échappe
carrément.
Par contre, un facteur qui est de bon augure et qui, à notre
avis, représente une partie de l'avenir économique de notre
comté, c'est l'impact de plus en plus croissant de la population crie
dans l'économie locale. En effet, on sait que la Convention de la Baie
James et du Nord québécois, signée en 1975, a permis de
dégager certaines sommes qui ont été
données aux Cris en guise de compensation pour les territoires
inondés d'alors. Ces montants ont commencé à servir et
serviront de plus en plus, nous l'espérons, à consolider notre
économie locale.
C'est donc un portrait très rapide pour dire que le comté
d'Ungava est loin des grands centres, qu'il est loin de l'axe
Québec-Montréal dont on a largement parlé dans le discours
d'ouverture. Il est aussi loin de la plupart des préoccupations qui
intéressent le reste du Québec. Il faut dire que, dans mon
comté, on ne vit pas toujours à l'heure du Québec, mais on
aimerait bien se rapprocher de plus en plus de cette heure et autant que
possible vivre à l'heure avancée du Québec avant
longtemps. Vous comprendrez donc qu'à la suite de ces quelques
considérations au sujet d'un comté qui est très
éloigné, nous avons quelques inquiétudes à la
lecture du discours d'ouverture qui vient de nous être servi par l'actuel
gouvernement.
Dans un premier temps, on ne retrouve absolument aucun
énoncé d'intention envers les régions
périphériques proches et encore moins périphériques
éloignées, comme c'est le cas du comté d'Ungava.
Qu'adviendra-t-il donc des dossiers qui nous intéressent concernant
l'autonomie régionale, des dossiers sur lesquels nous avons
travaillé depuis un certain temps par rapport à l'augmentation du
pouvoir régional? C'est quelque chose qui, pour nous, est prioritaire,
primordial. Qu'adviendra-t-il aussi de nos revendications de toutes sortes
concernant les structures territoriales a mettre en place afin de permettre une
meilleure gestion des ressources tant économiques, humaines que sociales
d'un territoire aussi grand et aussi peu connu, il faut le dire. Mon
expérience à la mairie de Chapais m'a permis de constater
qu'effectivement, très peu de gens savent de quoi on parle quand on
parle des immensités nordiques.
Dans le discours d'ouverture, à la page 9.7, on dit que "le
potentiel économique de première ligne des pêches, des
mines et de la forêt sera mis en valeur". En ce qui nous concerne, les
mines et la forêt, c'est vraiment le potentiel économique de
première ligne. Mais je dois dire qu'on peut l'interpréter comme
étant le potentiel économique d'une ligne du discours d'ouverture
parce qu'en dehors de cette ligne, on ne retrouve nulle part ailleurs quelque
intention que ce soit concernant la forêt et les mines. Je dois dire que,
pour une priorité importante, semble-t-il, elle est passablement
mitigée quand on en parle officiellement. Est-ce qu'on va continuer
à gaspiller nos forêts, comme c'est malheureusement le cas depuis
de nombreuses années?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Des voix: Bravo!
M. Claveau: Le gouvernement du Parti québécois...
Pardon. Je vous ferai remarquer, mesdames, messieurs, qui vous
réjouissez, que le gouvernement sortant du Parti québécois
achevait la mise en place d'une nouvelle politique forestière...
Une voix: Quand?
M. Claveau: ...qui avait la louable intention - et plus que des
intentions, parce que les résultats auraient été
très importants - concernant la gestion saine, complète, totale
de nos forêts. On aurait cessé de vendre strictement des arbres,
comme on le fait depuis de nombreuses années.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Claveau: Oui, parce qu'on était pris avec des contrats
qui avaient été faits bien avant 1976. On aurait cessé de
vendre des arbres et d'en laisser l'hypothèque aux
Québécois actuels et à venir pour obliger les compagnies
forestières à devenir de véritables gestionnaires, de
véritables agriculteurs de nos forêts. En ce qui me concerne,
j'espère que le gouvernement actuel aura l'heureuse initiative de
répéter son action de cet après-midi et d'amener ici une
loi pondue par le gouvernement du Parti québécois, mais qui
pourrait très bien être applicable par le gouvernement du Parti
libéral.
Dans le domaine minier, qu'adviendra-t-il des dossiers qui
étaient en voie de réalisation concernant le jalonnement minier
au nord du 50e parallèle? Qu'adviendra-t-il de l'aide à
l'exploration minière? Je crois qu'il faut y réfléchir
sérieusement, parce que, quand on parle de création d'emplois, il
faut parler d'exploration minière en ce qui nous concerne. Les citoyens
du comté d'Ungava sont des citoyens à part entière, qui
ont aussi le droit à une création d'emplois chez eux à
partir de ce qu'on a comme ressources sur le territoire. Nos ressources, ce
sont la forêt et les mines. Il va falloir continuer les politiques
d'exploration minière qui avaient été mises en place par
le gouvernement du Parti québécois. (21 h 20)
II faudra aussi, je l'espère et je le souhaite très
fortement, continuer le plan quinquennal d'aide à l'exploration en ce
qui concerne les fosses du Labrador et de l'Ungava. Ce sont des bassins de
matières premières qui font vivre passablement de gens partout au
Québec. Il s'agit de savoir ce qui se passe dans les raffineries, ce qui
se passe dans ce que l'on appelle les "smelters", en langage courant, pour voir
que la fermeture d'une seule mine dans un comté
comme le nôtre a des répercussions énormes sur
l'ensemble de l'économie du pays. Quand je parle de pays, c'est le
nôtre.
La baie James. Permettez-moi d'être surpris, d'être
très surpris que durant la campagne électorale on n'ait
cessé de me parler de la baie James. On n'a cessé de nous emplir
la tête et les oreilles d'une deuxième phase, semble-t-il, de
développement de la baie James qui était, vu de loin, vu de mes
immensités du nord, le cheval de bataille de l'économie
québécoise dans les années à venir, une
économie dirigée par un gouvernement du Parti libéral.
À la lecture de ce document, je n'en vois absolument aucune trace.
Alors, je me pose des questions quant à ce qui va arriver de ce projet
immense. Par contre, j'aimerais bien qu'on se le dise une fois pour toutes, les
mégaprojets dans les régions nordiques n'ont jamais
apporté quelque développement que ce soit chez nous; ils nous ont
créé beaucoup plus de problèmes qu'ils nous ont
apporté d'avantages. Vous irez en parler aux gens de Matagami qui sont
actuellement pris avec une démobilisation totale de leur population
à la suite du retrait prématuré des investissements qui
avaient été faits en fonction d'un développement à
long terme de la baie James.
Vous savez, quand dans un comté comme le nôtre une masse
énorme de travailleurs venant de tous les coins du pays arrive du jour
au lendemain, il nous faut, en tant qu'habitants du milieu, payer des
infrastructures pour les recevoir parce que ce n'est pas eux qui paient les
infrastructures, c'est nous qui devons les absorber, que ce soit de
l'infrastructure municipale, en termes de services de toutes sortes. Mais quand
ces gens s'en retournent, nos municipalités sont prises avec des
immobilisations sur 20, 25 ou 30 ans, avec un service de la dette énorme
dû à cette masse de population qui arrive comme cela, de but en
blanc. Quand ces gens repartent après quatre, cinq, six ou huit ans, ce
sont les quelques-uns qui restent qui doivent payer l'ensemble de la dette.
Cela, on le connaît dans le comté d'Ungava. J'espère que ce
sont des choses qui seront prises en considération.
Les mégaprojets dans le nord ont généré un
certain nombre d'emplois temporaires, - il faut bien le dire, ils ne durent pas
très longtemps, - ont généré aussi un
développement artificiel dans les régions plus au sud. Mais chez
nous, il n'en reste pas grand-chose, une fois que cela est fait.
On a parlé d'à peu près tout jusqu'à
maintenant, on a présenté un panorama général de
tout ce qui se passe au Québec et je suis surpris, pour des gens pour
qui la baie James tient tant à coeur, que l'on n'ait jamais fait aucune
mention des autochtones. Il n'y a rien, nulle part, qui parle du
problème des autochtones. Ils sont 50 000 au Québec actuellement;
grosso modo, cela représente le tiers de la population de mon
comté. Je pense qu'il faudra voir à faire quelque chose pour eux
aussi.
Tout à l'heure, le député de Saint-Louis disait -
en anglais, pardon! - qu'il n'y aura plus de citoyens de deuxième classe
au Québec, que tous les citoyens seront des citoyens de première
classe. Dans mon cas, cela s'applique aussi et avant tout aux autochtones. Je
vous assure que je vais voir à ce que les droits des autochtones soient
respectés et qu'ils deviennent de véritables citoyens du
Québec de première classe.
Il ne faut surtout pas tomber dans le panneau de considérer les
autochtones comme une communauté ethnique, comme une minorité
ethnique au titre des autres minorités qu'on connaît au
Québec. Les autochtones doivent être considérés
comme les citoyens des premières nations qui ont habité le
Québec et c'est uniquement de cette façon-là que l'on
réussira à développer harmonieusement des relations
conjointes et, finalement, à développer l'économie
nordique en mixant les intérêts des Blancs, puisque c'est ce que
nous sommes dans le Nord, et des autochtones.
Dans la même ligne de pensée, je reviens sur ce que je
disais tout à l'heure concernant la neuvième réserve qui
est en voie de se réaliser sur le territoire de la baie James, la
réserve Oujé Bougomo comme on l'appelle. J'espère que
l'actuel gouvernement prendra en considération les revendications de la
bande crie du lac Doré, qu'il terminera le processus qui était en
voie de se conclure avec l'ancien gouvernement du Parti québécois
et qu'il permettra la création de la réserve Oujé Bougomo
qui sera la neuvième réserve crie sur le territoire de la baie
James.
Concernant la privatisation, quelqu'un disait cet après-midi que
les sociétés d'État avaient un rôle primordial
à jouer dans le développement des régions. En ce qui me
concerne je l'appuie totalement. J'émets une hypothèse puisqu'on
en était uniquement au niveau des hypothèses quand on a
parlé de privatisation. Si SOQUEM devait disparaître,
qu'adviendrait-il de l'exploration minière "at large", celle qui n'est
pas faite dans le cadre d'une compagnie? Vous savez que l'exploration
minière c'est quelque chose d'extrêmement coûteux et, dans
le fond, les compagnies qui investissent en exploration le font toujours dans
le but d'avoir un avantage immédiat, alors que quand on parle d'un
territoire comme le nôtre il faut voir plus grand, il faut voir en termes
de recensement de la valeur, en termes de connaissances totales, de
connaissances maximales, pour autant qu'on puisse en parler, de la ressource
qui s'appelle mines, qui s'appelle métaux. De cette
façon-là, je pense que seulement les
sociétés d'État, une société comme
SOQUEM, par exemple, peuvent intervenir dans ce domaine et peuvent inciter par
le fait même d'autres compagnies minières à
accélérer leurs mécanismes ou leurs intérêts
face à la prospection.
Si REXFOR devait disparaître comme société
d'État, qu'adviendrait-il aussi des différentes études
concernant l'amélioration de l'utilisation maximale de nos forêts?
Vous savez, au dire même des entrepreneurs forestiers qui oeuvrent dans
le comté d'Ungava, 60 % du bois qu'on coupe sur le territoire est
carrément gaspillé, on en récupère à peine
40 %. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine-là et en ce qui
nous concerne, une compagnie comme REXFOR aurait tout à fait sa place
pour inciter les privés à maximiser la ressource.
En termes de fiscalité, on saura probablement très
prochainement si on aura ou pas une réduction de taxe sur l'essence.
Dans un communiqué du 31 octobre 1985 émis par le Parti
libéral du Québec, on lit, au troisième paragraphe: Pour
les résidents de ces régions - c'est-à-dire probablement
la nôtre, je l'espère - l'abolition de la surtaxe amènera
une baisse de 0,04 $ à 0,05 $ le litre d'essence, c'est-à-dire
environ 0,20 $ le gallon. Nous nous en réjouissons, sauf que: Où
sont les garanties qui feront en sorte que ces réductions... (21 h
30)
La Vice-Présidente: M. le député d'Ungava,
votre temps est écoulé. Est-ce que vous pourriez conclure?
M. Claveau: ...parce que cela, on l'a déjà
vécu. Enfin, il y a tout un tas de choses qui nous préoccupent
encore énormément, entre autres le tourisme. Je voudrais terminer
là-dessus pour appuyer ma collègue de Marie-Victorin.
Une voix: Consentement.
M. Claveau: Une région comme la nôtre se doit
d'investir dans le tourisme en tant qu'alternative économique pour
pouvoir, un jour ou l'autre, contrôler son développement d'une
façon plus efficace. Avec la disparition du ministère du
Tourisme, nous avons bien peur d'être relégués aux
oubliettes une fois de plus.
Ce n'est là qu'un préambule. Je crois qu'on aura la chance
d'en reparler dans les semaines, les mois et les années à venir.
Je peux vous assurer qu'en ce qui me concerne je ne me gênerai pas pour
prendre tout le plancher nécessaire pour défendre les
intérêts des régions éloignées, nordiques en
particulier.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le député
d'Ungava. M. le député de Richelieu
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Mme la Présidente, mes premières paroles
à l'Assemblée nationale seront adressées avec
fierté aux électeurs et aux électrices de mon
comté, le comté de Richelieu. Ces gens de Richelieu qui m'ont
accordé leur confiance pour les représenter au cours du prochain
mandat, je tiens à les remercier et les assurer que, tel qu'a
été mon engagement, je travaillerai avec eux et pour eux.
Au départ, permettez-moi de situer le comté de Richelieu.
Il se trouve sur la rive sud de Montréal, au confluent de la
rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent. Le comté de
Richelieu compte plus de 50 000 habitants; 75 % de la population est urbaine et
25 % rurale. Son économie repose à la fois sur son secteur
agricole, qui se compose de terres riches, et sur son secteur industriel et
manufacturier.
Le secteur industriel est le principal apport de l'économie de
Richelieu. Il est surtout concentré à Sorel et à Tracy. Ce
secteur est caractérisé par la présence d'industries
lourdes qui emploient près de 80 % de la main-d'oeuvre. Les entreprises
Marine Industrie Ltée et Fer et Titane du Québec en sont les
pivots. Les établissements manufacturiers se répartissent entre
les produits métalliques primaires et la machinerie, le matériel
de transport, le textile, les produits chimiques, les vêtements et les
produits métalliques manufacturés.
Aussi, Mme la Présidente, il faut noter que le comté de
Richelieu a une histoire riche car la ville de Sorel fut fondée en 1642.
Nous avons un potentiel historique sans égal. Malheureusement, le
comté, jusqu'à maintenant, n'avait pas de plan de
développement économique et d'amélioration pour ce
potentiel extraordinaire. À cause de cette situation, depuis 1981, le
secteur manufacturier a chuté de 50 %. Aussi, nous avons assisté
à une augmentation significative du nombre de prestataires
d'assurance-chômage. En avril 1984, près de 30 % de la population
active était en chômage. Quelle catastrophe pour cette
main-d'oeuvre spécialisée et extraordinaire. Le nombre de
bénéficiaires de l'aide sociale a aussi subi une croissance
semblable, soit 56 % entre 1981 et 1984.
Mme la Présidente, cela étant dit, aujourd'hui nous devons
relever nos manches et nous devons consulter les agents économiques et
culturels et se concerter avec eux. Nous avons un plan, qui représente
le nouveau style de gestion, que, pendant la campagne électorale, nous
avons proposé à nos concitoyens et nos concitoyennes. Le plan du
gouvernement libéral traduit fidèlement ces engagements. Dans le
discours
d'ouverture, le gouvernement libéral reprend ses engagements avec
le calendrier proposé d'une façon réaliste et
réalisable pour relancer le Québec sur la voie de la
prospérité économique. Et, par la suite, ensemble, nous
maîtriserons notre avenir collectif.
Tel que nous l'avons dit tout au long de la campagne, aujourd'hui nous
devons agir afin qu'une justice sociale soit établie et pour que les
femmes, les jeunes, les hommes et les personnes du troisième âge
retrouvent leur fierté. Le gouvernement libéral mettra un
organisme voué à la protection des personnes du troisième
âge qui amorcera l'action du gouvernement. Nous avons tenu le même
discours avant la campagne électorale. Nous avons tenu le même
discours pendant la campagne électorale et nous tenons, après la
campagne électorale, le même discours, car nos propositions
viennent d'une réflexion approfondie, nos propositions viennent d'un
travail d'équipe, d'une équipe, d'une consultation large qui nous
a donné notre programme "Maîtrisons l'avenir".
Ce programme est le fruit des réflexions de milliers et de
milliers de Québécois et de Québécoises. Nous avons
tenu treize colloques régionaux pour trouver les meilleurs engagements
à offrir à nos concitoyens et à nos concitoyennes du
Québec. Ce n'est pas le fruit du plagiat. Non, c'est l'effort du
travail. Quant aux programmes régionaux et locaux, ils étaient
bâtis de la même façon, par la consultation, par la
concertation. ls étaient bâtis par la volonté de servir
notre Québec et en servant nos comtés respectifs.
C'est pour cela, Mme la Présidente, que nous pouvons être
fiers du mandat que la population nous accorde, car nous sommes assurés
de pouvoir tenir nos engagements et nous sommes assurés de pouvoir
honorer notre parole. Nous avons promis une dynamique de création
d'emplois pour créer, d'ici à 1990, le nombre de 400 000 emplois.
Notre programme est un plan d'action. Aujourd'hui, il transpire sur le discours
d'ouverture. Nous pouvons retrouver les coordonnées qui redonneront aux
Québécois et aux Québécoises le goût de vivre
en relançant l'économie, en redonnant des emplois permanents, en
réglant le chômage épouvantable chez les jeunes. Pour les
jeunes, l'engagement qui concerne le système de prêts et bourses
sera tenu au même titre que les autres engagements puisqu'il provient de
notre programme. (21 h 40)
Le comté de Richelieu a opté pour un député
présent et disponible dans le comté. Nous travaillons pour donner
un nouveau style de gestion, un nouveau style de gestion afin de diversifier
l'économie du comté. Car, nous le savons, le comté doit
avoir une nouvelle dynamique pour assurer le développement de
l'économie. En outre, pour le tourisme qui est davantage important dans
la périphérie de Montréal, ce style se traduira par une
nouvelle formule qui se fera en concertation avec les agents économiques
et les agents culturels, par l'intermédiaire d'un colloque
socio-économique et culturel régional où les
différents agents seront consultés pour établir ensemble
les priorités du comté.
Ce premier colloque, tel qu'a été mon engagement dans le
comté, aura lieu d'ici à la fin du mois de mars 1986. Ce sera le
premier colloque socio-économique et culturel dans le comté de
Richelieu. À cette instance, nous pourrons ainsi travailler ensemble sur
les engagements avancés pour redonner au comté de Richelieu la
force économique qu'il a déjà eue. Vous devez savoir que
le comté de Richelieu a été pas mal prospère dans
le passé, surtout durant la période de 1970 à 1976.
Au niveau agricole, nous travaillerons étroitement avec les
agriculteurs et surtout les agriculteurs de ma région afin de baisser le
taux d'endettement dont ils souffrent d'une façon inhumaine depuis
plusieurs années.
Pour le tourisme, nous miserons d'abord et avant tout sur l'histoire et
le patrimoine de notre région. Nous mettrons les outils
nécessaires à son plein développement. Quant au
développement routier, nous travaillerons à concrétiser
les engagements et à améliorer notre réseau routier tel
que planifié.
Dans le dossier de l'environnement, dossier de l'avenir, puisque le
comté de Richelieu est un vrai microcosme, il devient un emplacement
privilégié pour un centre de recherche sur l'environnement.
En terminant, je vous assure que jamais auparavant nous n'avons vu une
si grande volonté gouvernementale et une si grande volonté locale
de redonner à notre région sa prospérité qui a
caractérisé notre passé. Chaque personne, chaque organisme
se donnera la main afin de préparer l'avenir pour le Québec et
pour le comté de Richelieu, un tournant primordial pour notre avenir
collectif. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Richelieu. M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez,
bien sûr, de vous féliciter, vous et vos collègues, pour
l'acceptation de la présidence de cette Assemblée nationale. Je
sais très bien, non pas pour l'avoir vécu personnellement, mais
pour l'avoir vu vivre durant les dernières années, que ce travail
est un travail ardu, bien sûr, et doit tenir compte des voeux de
l'ensemble des membres de cette Assemblée
nationale. Quant à moi, vous pouvez être assurée du
respect que j'aurai toujours pour la présidence, tout en sachant
très bien que les droits de l'Opposition seront respectés, et je
vous souhaite la meilleure des chances possibles.
Vous me permettrez, bien sûr, Mme la Présidente, d'ajouter
à ceci des remerciements très sincères pour mes
électeurs et mes électrices du grand comté de Duplessis
qui m'ont fait confiance, d'ailleurs, lors de ces élections du 2
décembre dernier pour un troisième mandat, mais dans
l'Opposition. Malgré tous les problèmes que nous avons
vécus dans le grand comté de Duplessis durant les
dernières années, soit dans l'industrie du fer, dans l'industrie
forestière ou encore dans le domaine des pêches, et malgré
cette vague libérale que nous avons connue dans la province de
Québec, cette reconduction d'Un mandat de la part de mes
électeurs et de mes électrices va sûrement me permettre de
les représenter en tout honneur ici à cette Assemblée et
avec honnêteté.
Comme l'opposition à l'Assemblée nationale est
nécessaire depuis de nombreuses années à cause de la
démocratie que nous vivons depuis plus de cent ans, je crois que nous
nous devons de faire cette opposition en toute crédibilité et
avec acharnement.
Je reviens maintenant au discours d'ouverture qui a été
prononcé par la vice-première ministre du Québec hier.
Vous me permettrez sûrement de dire que ce discours fut assurément
préparé à la vapeur. Il est sans contenu, sinon quelques
récupérations de la part du gouvernement du Parti libéral
de certains projets qu'avait l'ancien gouvernement du Parti
québécois et qui ont été exprimés durant
cette campagne électorale: on peut parler de la réforme fiscale,
on peut parler des incubateurs d'entreprises, on peut parler de la Corporation
d'investissement Jeunesse, on peut parler des maisons du Québec à
l'échelle internationale, on peut parler d'un paquet de choses qui
furent mentionnées dans ce discours, qui étaient des intentions
et qui étaient déjà en marche dans bien des cas sous
l'ancien gouvernement.
Pour le reste, quant à moi, c'est du réchauffé qui
provient du programme du Parti libéral du Québec. On est en droit
de se poser de sérieuses questions à la suite de ces
élections générales au Québec. Vous me permettrez,
Mme la Présidente, de vous lire ceci, à la page 4 du discours
d'ouverture: "J'indique à cette Assemblée que le gouvernement va
demeurer fidèle à ses convictions, et il va honorer sa parole. Le
gouvernement va respecter ses engagements." C'est surtout sur cette
dernière partie que je veux intervenir quant aux engagements
eux-mêmes.
Seulement dans le comté de Duplessis, le candidat du Parti
libéral qui se présentait lors des élections
générales du 2 décembre dernier a fait pour plus de 60 000
000 $ de promesses dans des dossiers à court terme, c'est-à-dire
qu'ils portaient, dans certains cas, sur quelques mois et dans d'autres cas sur
un maximum de deux ans. Pour l'ensemble du Québec, le chef du Parti
libéral lui-même a fait pour plus de 2 400 000 000 $ de promesses
sur une période de quatre ans, tout en disant qu'il allait diminuer les
taxes, qu'il allait diminuer les impôts et qu'il allait diminuer le
déficit, mais en augmentant les services. Je peux vous assurer que,
lorsqu'on regarde le côté comptable de ces promesses
électorales, le gouvernement actuel devra faire des pirouettes
magistrales pour arriver à remplir toutes les promesses qu'il a faites
durant cette campagne électorale.
Je préfère de loin l'attitude qui fut adoptée par
le chef de l'Opposition, c'est-à-dire le chef du Parti
québécois, lors de cette campagne en demeurant honnête face
aux promesses qu'il a faites et en faisant en sorte de ne pas dire n'importe
quoi à la population du Québec. Dieu sait, Mme la
Présidente, qu'à la population du Québec on devait plus de
respect. Que voulez-vous, le verdict a été rendu; cela a
été un verdict démocratique et nous nous devons de le
respecter et de vivre avec ce verdict. (21 h 50)
Mme la Présidente, lorsqu'on mentionne, à la page 8 du
discours d'ouverture, "...l'entreprise privée et efforts soutenus pour
améliorer les relations de travail et pour protéger les droits
fondamentaux des travailleurs et des travailleuses", je me pose aussi de
sérieuses questions. Qu'adviendra-t-il, par exemple, du règlement
de placement qui fut dénigré depuis 1977 par le Parti
libéral, lorsqu'il était dans l'Opposition? Qu'adviendra-t-il de
la loi 17 concernant la santé et la sécurité au travail,
lorsqu'on a vu l'ensemble de la machine libérale, en cette
Assemblée nationale, voter contre la loi 17 qui concernait, justement,
la santé et la sécurité de nos travailleurs du
Québec? Qu'adviendra-t-il de la loi 42 sur les maladies professionnelles
qui fut adoptée en juin dernier en cette Assemblée nationale
alors qu'on a vu aussi le Parti libéral, qui était dans
l'Opposition dans le temps, voter contre le projet de loi lui-même?
Qu'adviendra-t-il maintenant du droit de grève dans les secteurs public
et parapublic? On sait que c'est une des promesses qui furent faites durant la
campagne électorale, mais cette promesse, avec le temps, est devenue de
plus en plus mitigée. Aujourd'hui, à ce sujet, il n'y a rien dans
le discours d'ouverture. Y aura-t-il abolition ou non de ce droit de
grève, même si le Parti libéral s'y est engagé dans
son programme de parti? Là-dessus, je pense qu'on devra talonner de
très près le nouveau ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui est en même temps ministre du
Travail, car, que je sache, il s'est prononcé à peu près
contre toute loi du travail en cette Assemblée nationale durant les
années où il était dans l'Opposition et je me demande ce
qu'il fera maintenant qu'il fait partie de l'équipe ministérielle
libérale.
Mme la Présidente, à la page 9, on mentionne, au point 7:
"Le potentiel économique de première ligne des pêches, des
mines et de la forêt sera mis en valeur, en particulier par le
développement des marchés intérieurs et extérieurs
et l'amélioration de la productivité." Dans ce document, dans ce
discours d'ouverture, on a mentionné une seule fois le mot "pêche"
et, tout le monde le sait, sur la Côte-Nord et en particulier dans le
comté de Duplessis, la pêche fait partie de notre économie
régionale et sous-régionale. Lorsqu'on voit, par exemple, que la
représentante du Parti libéral n'a mentionné aucun plan de
développement pour la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent,
lorsqu'on voit qu'elle n'a pas mentionné du tout ce qui arriverait
à l'usine de Rivière-au-Tonnerre dans laquelle on a des
implications de près de 200 emplois, lorsqu'on voit, par exemple, qu'il
n'y a rien sur les salines en Basse-Côte-Nord, sur les usines de
transformation des produits de la mer en Basse-Côte-Nord, sur les usines
de bouette, sur des usines de glace en Basse-Côte-Nord - pourtant, cela
fait partie de notre économie sous-régionale et régionale
-je suis assuré que, durant les prochains mois, nous nous devrons de
talonner l'équipe ministérielle afin qu'elle prenne des
décisions favorables dans des dossiers qui ont, d'ailleurs,
été remis au chef du Parti libéral ces derniers jours.
Lorsqu'on arrive, par exemple, au domaine des mines, on ne parle pas du
tout de la recherche, même si l'ancien gouvernement, celui du Parti
québécois, a investi, dans un plan quinquennal, plus de 30 000
000 $ dans la recherche minérale dans la fosse du Labrador.
Qu'arrive-t-il maintenant dans le dossier d'ITT Rayonier? Des promesses
libérales ont été faites à tour de bras durant
cette campagne électorale. Au moment où on se parle, il pourrait
y avoir des problèmes cruciaux quant à l'usine elle-même,
car elle n'est pas entretenue. On ne l'a pas chauffée, ni cette semaine,
ni la semaine dernière, et je peux vous dire qu'il y a urgence. Mais,
encore là, il n'y avait rien dans le discours d'ouverture de Mme la
vice-première ministre.
Vous me permettrez maintenant de passer à la page 10. On parle de
la vente d'électricité à nos voisins américains du
Sud: "La vente de l'électricité à nos voisins
américains ouvrira pour le Québec des horizons nouveaux." Cela me
fait rire, parce que je me rappelle très bien qu'en 1976, dans le projet
no 1 de la Baie James - Dieu le sait et je pense que la majorité des
membres de l'Assemblée nationale le savent aussi; j'ai travaillé
pendant 20 ans a HydroQuébec et je sais donc de quoi je parle -nous
avions des surplus d'électricité lorsque nous avons
été élus le 15 novembre et durant les années qui
ont suivi, c'est-à-dire entre 1977 et 1985, ces surplus furent vendus et
le sont actuellement dans une proportion de 34 % aux Américains pendant
que ces surplus n'étaient vendus que dans une proportion de 2 % sous
l'équipe libérale de l'époque. On vient nous dire,
aujourd'hui, qu'on va mettre de l'avant une politique de vente
d'électricité aux Américains. Ce qui m'inquiète le
plus dans tout cela... J'ai bien hâte de voir le projet de la Baie James
no 2, parce que, pour moi, c'est prendre l'une de nos plus belles richesses
naturelles du Québec, sinon la plus belle, et la transmettre aux mains
des Américains sous le contrôle de ceux-ci, avec la manette de
contrôle dans leurs mains pour une période de 25 ans.
Dans le discours d'ouverture, on parle de la question de la
privatisation. Je voudrais que le député de
Rivière-du-Loup et ministre délégué aux
Forêts soit ici pour lui demander ce qu'il pense de la privatisation de
REXFOR, par exemple. On sait très bien que, dans plusieurs cas où
les entreprises se refusaient - je parle des entreprises privées -durant
les dix, douze ou quinze dernières années d'intervenir,
c'était REXFOR qui intervenait pour créer des emplois, en
particulier dans nos grandes régions du Québec, soit sur la
Côte-Nord, soit en Abitibi-Témiscamingue ou encore dans le
Bas-Saint-LaurentGaspésie. Si on remet en cause l'existence de
REXFOR, je peux vous dire tout de suite qu'on va me dire comment on va le
faire, pourquoi on va le faire et, bien sûr, on va me dire aussi quand on
va le faire, parce que, pour moi, la société REXFOR est l'une des
sociétés les plus importantes du Québec dans le domaine de
la création d'emplois et même de l'aide aux entreprises.
On parle des jeunes. On a entendu au cours de cette campagne
électorale et, en particulier, durant les deux dernières
années de l'Opposition libérale en cette enceinte, tous et chacun
parler des jeunes en leur promettant mer et monde, comme, par exemple, la
parité, en leur promettant des emplois pratiquement le lendemain de
cette campagne électorale et de cette élection du 2
décembre dernier. Mais toujours rien à ce sujet. La parité
promise n'est toujours pas là. Dans le discours inaugural, on ne nous a
pas dit ce qu'il adviendrait des programmes actuels que nous avons et que le
gouvernement du Québec, soit celui du Parti québécois, a
mis en place au cours des
dernières années, soit les stages en industrie, les
programmes de projets communautaires, les programmes de rattrapage scolaire.
Rien sur le sujet. Est-ce qu'on entend maintenir ce genre de programmes? Est-ce
qu'on entend créer d'autres programmes parallèles? Est-ce qu'on
entend faire en sorte que les jeunes aient éventuellement des
diplômes scolaires pour pouvoir s'enligner dans les industries de pointe
avec la nouvelle technologie? Rien de tout cela, Mme la Présidente.
J'arrive au développement régional. Lorsqu'on a
parlé, aujourd'hui, de la représentativité de
l'équipe ministérielle par le biais de ministres
régionaux, je vous donne un exemple concret. Lorsque l'équipe du
Parti québécois était présente en cette enceinte,
il y avait neuf ministres régionaux et non pas neuf ministres
délégués. En plus, il y avait certains ministres de l'axe
Québec-Montréal, incluant, bien entendu, les Cantons de l'Est,
qui avaient des postes d'importance au sein du gouvernement du Parti
québécois. Aujourd'hui, nous remarquons que le Parti
libéral du Québec a nommé cinq ministres dont trois
ministres délégués qui viennent de nos grandes
régions du Québec. Tout cela pour vous dire que, encore une fois,
on a oublié les grandes régions et l'ensemble du Québec.
L'économie québécoise ne passe pas seulement par la
région de Montréal et celle de Québec, mais aussi par la
Côte-Nord, l'Abitibi-Témiscamingue. Elle passe aussi par le
SaguenayLac-Saint-Jean et, bien entendu, par le
Bas-Saint-LaurentGaspésie. (22 heures)
On parle beaucoup du domaine des services sociaux, comme si, de 1976
à 1985, soit une période de neuf ans, rien n'avait
été fait. Vous allez sûrement me permettre de vous donner
des chiffres concernant les dernières années se rapportant
à des dossiers du comté de Duplessis. Par exemple, à
Sept-Îles, les investissements ont été de l'ordre de 18 000
000 $ pour l'hôpital de Sept-Îles; à Havre-Saint-Pierre,
plus de 3 000 000 $ quant au centre de santé. Il y a eu neuf
dispensaires de construits en Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent,
pour un montant de plus de 3 000 000 $. Le CLSC de Fermont est un bel exemple;
l'espace qu'il y avait en 1976 fut quadruplé durant les neuf
dernières années et le personnel est passé de 14 à
53. Tout cela pour vous dire qu'il fallait donner des services à des
populations qui en avaient besoin.
En terminant, Mme la Présidente, je voudrais souligner
l'importance du plan de développement qui a été mis en
marche en 1980 par le gouvernement du Québec en rapport avec la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, où le gouvernement du
Parti québécois a investi, de 1980 à 1985, au bas mot 61
400 000 $ des fonds publics du Québec. Vous savez très bien que
cette partie du Québec avait été laissée pour
compte avant notre élection du 15 novembre 1976. Je demande à
l'Opposition de s'engager avec moi à défendre les dossiers de la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent et de l'ensemble du comté
de Duplessis parce que la récession économique que nous avons
vécue a touché énormément les populations de
Sept-îles, de Port-Cartier, de Fermont, de Schefferville et même de
Havre-Saint-Pierre. Il faut absolument qu'ensemble on pousse sur le
gouvernement actuel pour maintenir le plan de développement des
pêches maritimes que nous avons entrepris, nos investissements routiers
en Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent et ceux que nous avons aussi
dans le domaine des services sociaux en Basse-Côte-Nord.
Je peux vous assurer, quant à moi, que je serai vigilant face au
gouvernement. Je serai aussi vigilant face aux promesses qu'il a faites durant
cette campagne électorale. Je serai très vigilant face à
la législation et aux amendements législatifs qu'il entend
apporter à certains projets de loi que nous avons sanctionnés
durant les dernières années. Je serai aussi vigilant face
à la déréglementation et, en particulier, concernant la
déréglementation se rapportant au règlement de
placement.
Je travaillerai, bien sûr, d'une façon de temps à
autre agressive dans cette Assemblée et en commission parlementaire,
mais je travaillerai en même temps de façon positive. Mme la
Présidente, je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Duplessis.
Je cède la parole au député de Bourget.
M. Claude Trudel
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. J'ai cru un moment
que mon tour ne viendrait pas. Je veux au début de ces remarques qui
seront aussi brèves que possible, remercier, évidemment, les
électrices et électeurs de Bourget qui, deux fois en moins de six
mois, m'ont témoigné leur confiance et qui, tout en me
témoignant cette confiance, ont également exprimé un
profond désir de changement le 3 juin dernier, en compagnie de trois
autres comtés du Québec, et le 2 décembre, il y a quinze
jours, en compagnie de 98 autres comtés du Québec.
Ce changement, il se traduit d'abord par un ardent désir de
s'ouvrir au monde. C'est comme si tous les Québécois, toutes les
Québécoises avaient dit ensemble, le 2 décembre dernier:
Ouvrez les portes qu'on respire enfin! Le Québec a confiance en lui. Ce
Québec, il respire le dynamisme, la vigueur. Ce Québec, il veut
déchirer enfin la
peau de chagrin à laquelle il a été réduit
depuis 1976.
Ce changement, il se traduit également - on l'a rappelé
plusieurs fois depuis le début de la journée - par un rôle
nouveau pour le gouvernement. Ce rôle consistera dorénavant - la
vice-première ministre le disait hier - à beaucoup mieux
endosser, à beaucoup mieux soutenir, à beaucoup mieux
favoriser.
Le gouvernement - et 56 % des Québécois et des
Québécoises sont d'accord là-dessus - doit cesser de tout
faire lui-même pour laisser place à l'imagination, à
l'initiative, à l'esprit d'entrepreneurship, au dynamisme de la
créativité individuelle dans cette foulée dont on a
parlé longuement aujourd'hui, dont on parlera longuement au cours des
prochaines semaines, des prochains jours et des prochaines années, de
déréglementation et de privatisation. Le tout, de façon
calme, sereine, réfléchie, après étude, sans
hâte indue mais aussi sans retard.
À l'heure où nous devons plus que jamais retrouver
ensemble la voie de la prospérité économique et de la
solidarité sociale, nous devons continuer à mobiliser les forces
vives du Québec afin de relever le passionnant défi que constitue
la maîtrise de notre avenir. Pour ce faire, nous devons, dès
à présent, assurer à notre jeunesse un avenir à sa
mesure. Nul ne conteste le fait que le Québec sort d'une étape
où l'égalité sociale était la valeur
première et qu'il faut désormais y ajouter une conscience
économique différente. Rien n'étant gratuit, il nous faut
favoriser l'investissement et le progrès technologique afin de
consolider notre bien-être collectif.
La génération qui monte a cette conscience
économique. Avant-garde de notre société, elle
possède les talents et le dynamisme pour se réaliser pleinement.
Aussi, au lieu de la confiner dans une dépendance qui tue toute
motivation et qui sclérose toute confiance, nous devons lui donner les
outils indispensables à son épanouissement car une jeunesse
à qui on n'offre pas la possibilité de s'assumer est une jeunesse
partie. C'est à nous qu'il revient de stimuler le formidable
entrepreneurship d'une génération tout entière qui ne nous
demande que la liberté de réussir.
Nous avons également une énorme dette envers nos
devanciers dont on dit que l'âge est d'or, qui n'ont ménagé
ni le temps ni les efforts pour bâtir le Québec contemporain. Trop
longtemps délaissés, voire ignorés, ne disposant pas de
moyens suffisamment adaptés à leurs besoins, les gens du
troisième âge doivent maintenant pouvoir jouir d'une plus grande
sécurité. Plus que de simple compassion, ils doivent pouvoir
compter sur l'appui tangible du gouvernement du Québec.
Je suis fermement convaincu que la solidarité est pour
l'être humain le puissant appui de l'espérance. Sans espoir
profondément ancré, sans une confiance indéfectible, la
maîtrise de notre avenir n'est pas possible et, parce que la
solidarité sociale est subordonnée à la
prospérité économique, le Québec ne peut plus se
contenter d'être différent. Il a désormais l'obligation
d'être meilleur. Il doit donc être inspiré par l'impulsion
d'un gouvernement capable d'audace et d'initiatives.
À l'heure où nos jeunes ont besoin d'une formation
davantage adaptée aux besoins du marché du travail, où nos
aînés ont besoin de services davantage orientés vers le
maintien à domicile, les citoyens peuvent désormais se
reconnaître dans leur gouvernement. Le nouveau gouvernement du
Québec leur offre non seulement un programme de gouvernement moderne,
sérieux et crédible, mais également l'occasion de
participer activement au renouveau dont le Québec a tant besoin.
Mme la Présidente, dans les quelques minutes qu'il me reste, je
me contenterai d'un rapide survol de trois questions qui m'intéressent
particulièrement.
En matière de santé et de services sociaux, pour citer le
programme libéral, le gouvernement du Québec choisit d'agir de
façon globale et cohérente dans un dossier où chaque geste
trop électoraliste risque d'avoir un impact négatif sur la
qualité des services auxquels la population est en droit de s'attendre.
La complémentarité et la coordination qui doivent exister entre
les différentes ressources du réseau de la santé et des
services sociaux ne peuvent souffrir une approche fragmentée des
problèmes. La cohérence est absolument nécessaire, mais
elle est conditionnelle à une évaluation sérieuse des
problèmes.
La priorité que le gouvernement libéral accorde à
la santé et aux services sociaux ne doit pourtant pas se limiter
à la planification budgétaire et administrative. Il doit de plus
s'employer à régler les problèmes qui empêchent le
fonctionnement rationnel et non conflictuel du système. Jamais le ticket
modérateur, la privatisation des services publics existants ou des
mesures strictement d'ordre financier n'apporteront de véritable
solution à l'absence de planification ou de
complémentarité entre les services. Il faut de plus encourager
une administration plus rigoureuse qui n'écarte pas la recherche de
nouveaux modèles et de nouveaux systèmes de gestion ni la marge
de manoeuvre indispensable à la responsabilité et à
l'initiative des établissements et de leur personnel.
S'agissant d'éducation, Mme la Présidente, et pour citer
une nouvelle fois le programme libéral, je dirai que les défis de
la prochaine décennie exigeront des Québécois et des
Québécoises une préparation
d'une qualité exceptionnelle et une mise à jour continue
de leurs connaissances et de leurs aptitudes.
La formation dispensée par le système d'enseignement devra
continuer de poursuivre avant tout l'apprentissage des disciplines de base et
le développement intégral de la personnalité de
l'étudiant en vue de sa participation future aux responsabilités
individuelles, familiales, professionnelles, sociales et politiques. Mais elle
devra également tenir compte des besoins sans cesse changeants d'une
société en constante et rapide évolution.
Encore une fois, conçu dans une perspective non bureaucratique,
le rôle que le gouvernement du Québec assigne à
l'État s'inspire davantage d'une approche d'animation et de gestion
rationnelle. Un prochain gouvernement libéral n'enrégimentera pas
la culture québécoise. Bien au contraire, il redonnera à
l'État un rôle plus cohérent, moins directif, plus sensible
aux besoins locaux et régionaux, plus efficace en termes
d'accessibilité aux différents services offerts aux
Québécois. Bref, le gouvernement souhaite élaborer, en
concertation avec tout le milieu, une politique culturelle pragmatique et
efficace qui vise à encourager l'initiative privée, le talent
personnel, le développement de la personnalité de nos
régions, tout en assurant l'adéquation entre la demande
culturelle et l'offre, la promotion de l'enrichissement collectif et la mise en
place d'équipements culturels adéquats.
L'État, Mme la Présidente, est-il nécessaire de le
souligner, doit faire preuve de la plus grande prudence afin de résister
à la tentation de s'approprier la culture à des fins partisanes
et d'en faire un instrument de propagande. Le gouvernement du Québec ne
veut pas d'une culture politisée récupérée par
l'Etat.
Chacun de nous, à tous les niveaux, dans la vie de tous les
jours, oeuvre à la prospérité, à la force et
à la grandeur du Québec. Par notre travail, par
l'éducation que nous donnons à nos enfants, par notre
participation à la vie locale et communautaire, nous tissons les liens
de solidarité et de fraternité qui constituent notre
société. La politique, pour moi, c'est d'abord cela. La politique
n'est pas faite seulement d'ambitions, mais plus encore de convictions, de
valeurs auxquelles une grande majorité de Québécois et de
Québécoises peuvent adhérer et que tout
député doit savoir incarner. La politique ne doit surtout pas
négliger les dimensions locales et quotidiennes. Elle doit s'exprimer
à la base sur le terrain, près des gens et des
réalités qu'ils vivent.
J'ai appris très tôt que nous ne devons pas compter
uniquement sur les autres ou sur le gouvernement. C'est à nous tous
qu'il incombe d'abord et avant tout de prendre nos affaires en main et de
tracer nos propres voies. J'ai aussi appris par la pratique du
bénévolat qu'il importe d'agir au concret, de mobiliser les
bonnes volontés et de développer le souci du quotidien, du local,
de l'humain. J'ai finalement appris, depuis mon entrée en politique,
qu'en politique plus qu'en tout autre domaine, la confiance, c'est d'abord et
avant tout un témoignage qui se mérite.
En conclusion, contrairement à ce qu'affirmait un mauvais
perdant, victime de l'immense victoire libérale du 2 décembre
dernier, nous n'avons pas été élus en désespoir de
cause, mais bien au contraire à cause de l'espoir.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Bourget. Je cède maintenant la parole au député de
Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci beaucoup, Mme la Présidente.
D'abord, mes félicitations à vous-même, de même
qu'à M. Saintonge, pour votre nomination, ainsi qu'au président
de cette Assemblée, le député de Saint-Jean, pour sa
nomination à l'unanimité.
Mes premières paroles en cette Chambre s'adressent, bien
sûr, aux électeurs et électrices du comté de
Bertrand que je remercie du fond du coeur de m'accorder leur confiance.
Contrairement à d'autres dans cette Assemblée, je n'ai pas
à situer le comté de Bertrand puisque tout près de 32
députés ou candidats du Parti libéral l'ont
sillonné au cours du mois de novembre.
Je dois rappeler à cette Assemblée que M. Bourassa, votre
chef, le premier ministre, a été élu en 1985, en juin
exactement, avec plus de 5000 voix de majorité et que cinq mois plus
tard, le 2 décembre dernier, il était défait. C'est donc
dire qu'en moins de cinq mois il a perdu 6000 voix. À ce rythme,
à plus de 1000 voix par mois pendant quatre ans qu'il aurait
été dans le comté de Bertrand il aurait perdu, à
1000 voix par mois, 48 000 voix. Il y a 40 000 électeurs. Une chance
qu'il n'est resté que cinq moisi
Cette mise au point, Mme la Présidente, est peut-être de
demander aux gens du Parti libéral, les gens d'en face, d'analyser... Je
pense, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Je vous rappelle à l'ordre,
s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): ...que la moindre des choses serait
d'écouter.
La Vice-Présidente: Je vous rappelle à l'ordre,
s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): Je pense que les
gens devraient prendre comme analyse très significative la
défaite de M. Bourassa dans Bertrand. Même si cela en fait rire
certains, je leur dirai qu'on aura la chance de se reparler ces quatre
prochaines années.
Je rappellerais au député d'Outremont, aux
députés de Hull, de Trois-Rivières et à celui de
Bourget qui a parlé il y a quelques minutes, que ce qu'ils ont dit au
cours des deux derniers jours était que la population voulait du
changement le 2 décembre. C'est ce qui s'est passé dans
Bertrand.
Le discours d'ouverture prononcé par la vice-première
ministre, je pense, m'a incité d'une part à une réflexion
parce que je m'étais dit: Lorsque je ferai de la politique au niveau
provincial ou fédéral j'essaierai d'avoir une attitude
positive.
La Vice-Présidente: À l'ordre! À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Bertrand, continuez.
M. Parent (Bertrand): Je comprends que les gens frustrés
veulent prendre de mon temps mais vous remarquerez que j'ai 20 minutes et je
vais les prendre.
Dans le discours d'ouverture, j'ai essayé de trouver les points
positifs. Veuillez me croire, j'ai trouvé des choses fort
intéressantes. Je suis d'accord avec tous les commentaires que mes
collègues ont faits hier et aujourd'hui, mais en relisant à
quelques reprises le discours d'ouverture dont j'aimerais, afin de ne pas me
tromper, relire quelques passages, j'ai trouvé cela très
éloquent de voir à quel point ce discours d'ouverture rend
hommage au Parti québécois et au gouvernement qui vous a
précédé.
Je cite ceci en page 2: "Au cours des 25 dernières années,
le travail accompli au Québec a été immense. - Je vous
rappellerai que, pendant ces 25 dernières années, les 9
dernières années ont été administrées par un
gouvernement du Parti québécois. Immensément riche en
réalisations de toutes sortes. Immensément difficile aussi, cela
on le sait bien. Mais, au total, une seule réalité compte
vraiment, aujourd'hui: Le Québec. Le Québec moderne existe. Le
Québec existe vraiment, et tous les Québécois et toutes
les Québécoises partagent une même fierté
d'être de cette société, à tellement
d'égards, exemplaire."
Pour moi, c'est un hommage extraordinaire aux neuf dernières
années et à la maturité des Québécois qui,
bien sûr, a évolué ces dernières années. (22
h 20)
À la page 6, le gouvernement actuel "s'engage à
développer avec le gouvernement fédéral et les autres
gouvernements du pays des relations harmonieuses et positives, avec, comme
dominantes, la défense rigoureuse des intérêts propres au
Québec et la solution de graves problèmes économiques..."
J'aurai la chance demain et après-demain d'intervenir sur le dossier
Petromont sur lequel on aura amplement la chance de parler. Je continue,
toujours à la page 6: "Notre ambition première c'est
précisément de redonner aux questions économiques et
financières la place qu'elles doivent avoir dans une
société moderne, c'est-à-dire, la toute première
place." J'espère que cette négociation avec le gouvernement
fédéral va porter fruit et à très court terme.
En page 8, on parle de l'aide à l'exportation pour les petites et
moyennes entreprises. Je pense que le ministère qu'aura un de vos
collègues au Commerce extérieur, j'espère qu'on pourra lui
fournir tous les outils puisque ce même gouvernement libéral avait
voté en Chambre en 1982, de connaissance, contre la formation du
ministère du Commerce extérieur, et aujourd'hui ces mêmes
gens s'aperçoivent que c'est l'outil par excellence pour faire du
développement de nos petites et moyennes entreprises.
A la page 12, toujours du même discours d'ouverture, "le
gouvernement se réjouit des progrès faits relativement à
la création de la Corporation d'investissement jeunesse en vue d'aider
les jeunes entrepreneurs québécois et il entend pouvoir
concrétiser prochainement ce projet". Je tiens à dire à
mon chef, M. Johnson, que c'est un hommage vibrant qui est fait par le Parti
libéral face à un tel projet.
À la page 14, parce qu'on est toujours dans ce discours
d'ouverture, on parle de l'est de Montréal. Le gouvernement
"reconnaît l'importance vitale pour le Québec et le gouvernement
veut que la mise en place de son projet "zone d'entreprises" pour l'est de
Montréal se fasse sans délai de manière à
commencer, en collaboration avec les autres agents socio-économiques..."
Alors, je rappelle à cette Assemblée qu'on a des dates limites,
la fin de l'année 1985, afin que le gouvernement actuel puisse livrer la
marchandise, étant donné les urgences surtout dans le cas de la
transaction de Gulf Ultramar.
À la page 19, rapidement, pour compléter, on parle
d'amélioration de l'efficacité de la gestion du programme
d'assainissement des eaux. Je ne sais pas sur quoi on s'en va, mais je peux
vous dire une chose, c'est qu'ayant participé très
étroitement - il y en a qui pourraient en témoigner dans cette
Chambre - au cours des deux dernières années du programme
d'assainissement des eaux sur la rive sud de Montréal avec un projet de
plus de 250 000 000 $, je pense que tout le monde, tous les élus de la
rive sud, et on peut parler certainement de 30 à 35
municipalités, applaudissaient au programme qu'on a actuellement et
à ce genre de programme qui a permis d'enclencher tout le programme
d'assainissement des eaux. Lorsqu'on parle d'arriver avec une
amélioration de l'efficacité, j'ai bien hâte de voir cela.
Chose certaine, on va suivre cela de très près.
En terminant, à la page 20, et c'était l'avant-dernier
paragraphe de Mme la vice-première ministre: "En un mot, le gouvernement
est au travail." Je ferai remarquer à cette Assemblée qu'il
serait important, et surtout pour nos amis d'en face, d'être
présents lorsque l'Assemblée siège. À 20 heures, ce
soir, le député de Saint-Louis était seul de son
côté à faire son discours. Lorsqu'on veut être au
travail, il faudrait commencer par être à temps. C'est la moindre
des disciplines. Je garderai d'autres commentaires pour mars 1986 puisque nous
aurons la chance de revenir sur ce discours.
Je lisais ce matin dans le Soleil et l'article s'intitule: "On attend
encore le Père Noël." Je pense que vous allez le reconnaître
et j'aimerais vous lire le dernier paragraphe de M. Jacques Dumais qui disait:
"Si M. Bourassa ne livre pas...
M. Chevrette; Mme la Présidente, question de
règlement. Il est coutume en cette Chambre, lorsqu'un
député en est à son premier discours, que tous les
parlementaires le respectent. J'invoque donc l'article 32 des règlements
et l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale, et je vous
demanderais de la faire respecter intégralement, en particulier quand
c'est un député qui en est à son tout premier discours en
cette Chambre.
M. Gratton: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente. Je conviens que l'article 32 exige de tous les
députés, incluant les députés de l'équipe
dont fait partie le député de Bertrand, de respecter le
décorum. Encore faut-il, Mme la Présidente, même si on en
est à son premier discours, qu'on fasse un discours un peu plus
cohérent que celui qu'on a là.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je répète
qu'il y a un article 32 et s'il y a quelqu'un qui doit le savoir, c'est bien le
leader du gouvernement. Je pense qu'on a été respectueux pour
tous les députés qui en étaient à leur
première intervention. Bien sûr, quand on a une certaine forme
d'expérience, on peut se permettre peut-être un peu plus
d'agressivité, mais il me semble qu'il y a un "fair play" à
respecter. Je demande instamment a la présidence de faire respecter
à la fois la Loi de l'Assemblée nationale, l'article 55 - si ma
mémoire est fidèle - et l'article 32 du règlement de
l'Assemblée nationale.
M. Gratton: Mme la Présidente, si on veut parler de "fair
play", je ferai remarquer au leader de l'Opposition que j'ai été
ministre moins longtemps que celui qui parle présentement.
La Vice-Présidente: À l'ordre! À l'ordre,
s'il vous plaît! J'inviterais tout simplement les... À l'ordre,
s'il vous plaîtl J'inviterais tout simplement tous les
députés à respecter le règlement 32.
M. Parent (Bertrand): Si vous permettez, Mme la
Présidente, je vais continuer en citant l'article du Soleil de ce matin
dans lequel M. Jacques Dumais dit qu'il attend encore le Père Noël
et que si "M. Bourassa ne livre pas, cette semaine, quelques-uns de ses secrets
de prestidigitateur, les Québécois passeront les Fêtes dans
une atmosphère sans précédent de politique-fiction
où le Père Noël lui-même se sera fait homme et cela
pour une durée d'un mandat de quatre ans".
En ce qui concerne les différents dossiers du comté de
Bertrand, je tiens à rassurer les électeurs et les
électrices du comté de Bertrand que, d'une part, M. Bourassa a
livré, depuis qu'il est premier ministre, plusieurs commentaires dans le
sens qu'il entend tenir ses engagements et je voudrais les assurer que moi
aussi j'entends tenir mes engagements. C'est donc dire que les électeurs
et les électrices du comté de Bertrand auront un
député qui va s'occuper de faire respecter ces engagements et un
premier ministre qui va livrer la marchandise.
D'abord, dans le cas de la pétrochimie à Varennes,
Pétromont Inc., j'y reviendrai. Dans le cas de la polyvalente à
Sainte-Julie, il y avait promesse formelle de faite par M. Bourassa et
j'aimerais rappeler à cette Assemblée les commentaires de M.
Bourassa dans le Journal des débats du 20 juin 1985, puisqu'à ce
moment M. Bourassa était député de Bertrand. C'est M.
Bourassa qui parle: "Étant donné qu'il s'agit d'un
problème très important et très aigu qui affecte des
milliers de citoyens dans le comté de Bertrand, le ministre - il
s'adressait à ce moment au ministre de l'Éducation - ne
pourrait-il pas prendre un engagement un peu plus précis que ce qu'il
vient de nous dire en réponse à ma question..." quant au moment
où va être livrée la polyvalente sur le territoire de
Bertrand. Et ceci a été réaffirmé en campagne
électorale par le présent député de Saint-Louis qui
est venu dans le comté pour confirmer ces dires de M. Bourassa. (22 h
30)
Dans le cas des centres d'incubation d'entreprises, peut-être que
cette Assemblée ou plusieurs membres du Parti libéral ne sont pas
au courant, mais M. Bourassa a promis un centre d'incubation d'entreprises qui
a
déjà vu le jour, il y a environ un mois ou un mois et
demi, à Boucherville. Il a promis, en campagne électorale, en
conférence de presse, 500 000 $ pour ce centre d'incubation
d'entreprises. Ceci n'a pas été comptabilisé, bien
sûr, comme d'autres promesses, mais ces 500 000 $ devront être
versés, puisqu'on rappelait encore hier dans le discours d'ouverture
à quel point on croit au centre d'incubation d'entreprises. Je peux vous
assurer d'une chose lorsqu'on parle du centre d'incubation d'entreprises: chez
nous, dans le comté de Bertrand et particulièrement à
Boucherville, j'ai eu la chance, depuis les 18 derniers mois de travailler
concrètement à ce projet et le premier vrai centre d'incubation
d'entreprises a vu le jour et va certainement marquer le Québec,
puisqu'il a été une initiative des hommes d'affaires du milieu et
de la Corporation de développement économique de
Boucherville.
En terminant, puisque je ne veux pas abuser du temps de cette Chambre,
je dirai que j'aurai la chance de revenir sur le discours d'ouverture en mars
prochain et aussi celle de rappeler à M. Bourassa, lorsqu'il sera en
Chambre, les différents engagements qu'il a pris. Je vais m'assurer
d'une chose, c'est que les électeurs de Bertrand ne soient pas
perdants.
Je pense, Mme la Présidente, qu'il est peut-être un peu
tard, mais certaines gens sont quelque peu indisciplinés. Je vous
remercie, quand même de votre intervention.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Bertrand. Je cède maintenant la parole au député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais, d'abord,
répondre au "discours d'ouverture" du député de Bertrand.
J'ai été étonné. J'ai été ici tout le
temps depuis cet après-midi. Quant à moi, je n'ai jamais
tenté de donner une leçon à un autre député
de quelque côté que ce soit, mais, vraiment, M. le
député de Bertrand, je pense que vous devrez, à l'avenir,
tenter de changer un peu votre ton parce que vous ne souffrez certainement pas
de modestie. Lorsque vous avez parlé au tout début, vos remarques
étaient pas mal personnelles vis-à-vis de mon chef, du chef de
notre parti et du gouvernement. Je ne voudrais pas laisser passer cela tel
quel. Je voudrais répondre en disant que je vous félicite de
votre victoire personnelle...
Une voix: Bravo!
M. Polak: ...mais, s'il vous plaît, ce n'est pas vous
autres qui êtes au gouvernement. Nous, nous avons 99 sièges et
vous, vous avez eu une défaite affreuse. On a dit que M. Bourassa a eu
un accident de parcours. Votre propre chef a presque eu un accident de
parcours, alors que M. Denis Ricard, le président de mon association se
présentait contre lui, était presque un inconnu. Ce
n'était pas un ministre nommé à la toute dernière
minute avec limousine et tout le reste. Il n'avait rien, il se
présentait simplement en faisant du porte-à-porte dans Anjou et
il est venu près de gagner: moins de 200 votes de différence.
Des voix: Bravo!
M. Polak: S'il vous plaît, M. le député de
Bertrand, on va considérer votre premier discours comme un accident de
parcours. Ayant dit cela, on va parler d'une manière un peu plus
sérieuse sur le discours d'ouverture.
D'abord, Mme la Présidente, je voudrais remercier la population
du comté de Sainte-Anne de m'avoir réélu. Je n'ai pas
besoin de donner les chiffres, comme le député de Bertrand l'a
fait. Ils étaient très bons.
J'ai pensé au rôle d'un député qui a
été dans l'Opposition pendant presque quatre ans et demi et qui
se voit soudainement de l'autre côté, comme député
ministériel sans avoir une très grande responsabilité.
Là, on se demande quel sera mon rôle. Oui, et je continue, parce
que mon comté de Sainte-Anne veut être présent et il
continuera d'être présent; il parlera lorsqu'on le voudra.
Une voix: C'est cela.
M. Polak: On sait que notre première obligation pour tous
les députés, c'est vis-à-vis de notre électorat, de
ceux et celles qui nous ont élus, évidemment, toujours dans le
contexte du parti auquel on appartient. Je pense que c'est important de le
dire. Je voudrais le dire aussi pour ceux... Nous sommes un groupe assez
nombreux, ce sera peut-être plus difficile, à l'avenir, que
c'était quand on était dans l'Opposition. L'équipe
était plus compacte, c'était plus facile, les tâches
étaient divisées plus facilement. Mais je pense qu'il faut en
premier être responsable vis-à-vis de son électorat et
tenter de remplir les engagements qu'on a pris.
Il faut connaître, évidemment, les restrictions. Par
exemple, dans mon cas personnel, j'ai pris certains engagements concernant le
domaine hospitalier. Celui qui est maintenant chef de l'Opposition fut ministre
des Affaires sociales. Il a déjà rendu presque inopérant
un hôpital dans mon comté qui s'appelle Reddy Memorial. C'est lui
qui a dit: On va changer la vocation de votre hôpital. Au lieu
d'être le bon petit hôpital du coin, un hôpital de soins
aigus,
nous, les péquistes, on va changer cela pour un hôpital de
soins prolongés. Nous, on sait toujours mieux, on connaît cela
mieux que n'importe qui. Nous sommes des péquistes, nous avons la
vérité.
C'est drôle, après le 2 décembre, le
député de Bertrand continue à penser comme cela. S'il vous
plaît, changez un peu de style'. Je me suis dit: On a pris l'engagement
de se battre pour les dossiers qui ont été touchés d'une
manière négative par le gouvernement précédent et
on va tenter de rectifier cela. On va continuer, même comme simples
députés, de dire à nos propres ministres d'exercer une
influence, de continuer à se battre pour ce qu'on croit être bon
et juste dans la société, dans là communauté qu'on
représente.
M. le Président, je suis content que, dans le discours inaugural,
on ait parlé du secteur hospitalier. Excusez-moi, Mme la
Présidente, je pensais que vous aviez été
remplacée. Je vois que vous avez un "shift" de longue durée.
Je suis content de voir que le gouvernement s'est engagé
immédiatement à s'attaquer à ces coupures inhumaines dans
le secteur dont était responsable, à titre de ministre des
Affaires sociales celui qui est maintenant chef de l'Opposition. On a
maintenant les problèmes que tout le monde connaît,
c'est-à-dire des patients dans les corridors et tout le reste et on va
s'attaquer à cela d'une manière positive. Je suis le premier
à être en faveur de cela parce que la population, tout le monde va
bénéficier du fait que ce problème sera résolu.
Il y a un autre problème important dans mon comté, c'est
celui de l'habitation sociale. Je suis fier de vous dire que, dans mon
comté, ce dossier a une importance primordiale et que je vais continuer
à demander au gouvernement de subventionner ceux qui veulent former des
coopératives d'habitation. Le gros avantage dans ces
coopératives, c'est, premièrement, la fierté de celui qui
y demeure. On a vu des coopératives d'habitation, où une ancienne
école a été transformée en habitations pour
plusieurs familles. Il y a des familles de handicapés, des familles
monoparentales, des familles à très faibles revenus. Tout ce
monde est ensemble dans une coopérative où les gens apprennent
à prendre des décisions, où ils administrent ensemble et
reprennent goût à la vie en prenant leur destin en main. Cela,
c'est de l'habitation sociale.
Je dois vous dire que j'ai exercé dans l'Opposition
énormément de pressions auprès du gouvernement pour
obtenir dans mon comté des subventions pour ces coopératives. De
temps à autre, je dois l'admettre, j'ai réussi. Et je vais
continuer de faire exactement la même chose auprès de notre
gouvernement parce que, pour nous, cette tâche sociale est très
importante.
(22 h 40)
J'ai entendu le critique de l'Opposition dire immédiatement
après le discours inaugural: Le gouvernement, ce n'est pas une
"business". Le gouvernement ne s'administre pas comme une "business". Je peux
vous dire qu'on a dans notre équipe un juste mélange d'hommes et
de femmes d'affaires. On a aussi un juste mélange de ceux qui penchent
très fortement sur le plan social. Moi, je suis un de ceux qui, dans mon
comté, sont fiers de dire: Ceux qui sont défavorisés dans
le monde auront toujours mon appui et je vais continuer de batailler pour eux.
Je ne suis pas le seul, nous sommes entourés de députés,
ceux qui sont avec moi depuis 1981 et les nouvelles et les nouveaux
députés que j'ai rencontrés. On ne se connaît pas
encore très bien, mais on va se connaître mieux à l'avenir.
Je peux vous dire que j'ai vu dans l'atmosphère qui règne qu'on
va former une équipe formidable, qu'on va former une équipe de 99
hommes et femmes qui vont administrer ensemble. C'est vrai, cela prend un
gouvernement avec des ministres, mais on va participer, on sera là.
Préparez-vous!
Quand, dans le discours d'ouverture, une référence a
été faite au problème qui régnait à un
moment donné entre différents groupes de notre
société, j'étais content de lire ceci à la page 19
et je cite parce que pour moi c'est important: "Finally, one of the greatest
concerns of our Government will be the need to reenforce the ties between all
Quebeckers. Too many political attitudes have in the past caused a great number
of our fellow-citizens to feel that they were being considered as second-class
citizens." Et c'était vrai.
Mme la Présidente, je vois le chef de l'Opposition faire un
geste. Pas possible, veut-il dire. Oui, c'est possible, parce que je l'ai
vécu. J'étais ici en 1981 quand vous nous avez appelés des
traîtres et des vendus parce qu'on osait croire au Canada. J'étais
ici. Vous y avez participé, vous étiez là. Maintenant, la
population a parlé. Savez-vous, j'ai trouvé cela triste quand
l'ancien premier ministre a parlé. J'aurais aimé, cet
après-midi, quand il a parlé en réponse au discours
d'ouverture, qu'il dise quelques mots en anglais. J'aurais eu un peu plus
confiance en sa parole. Pendant la campagne électorale, il a dit et je
l'ai lu dans les journaux: Pour moi, il n'y a aucune différence, nous
sommes tous des Québécois et des Québécoises avec
les mêmes droits et obligations comme citoyens. Là, il parlait
différentes langues. À un moment donné, il en parlait cinq
ou six: italien, grec et une couple de mots chinois.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Polak: Et cet après-midi, pas un
mot en anglais. Moi, je ne suis pas anglophone, je suis allophone. Mais
il y a une chose, j'ai toujours respecté la majorité francophone,
la minorité anglophone et aussi les allophones. Je suis venu au Canada,
au Québec, et je me sens très à l'aise. Je suis content de
savoir que notre gouvernement est sur la bonne route. Je le sais depuis 1981,
par notre équipe. J'ai trouvé cela triste que le chef de
l'Opposition... Je pense que sur le plan personnel, c'est vrai, vous y croyez,
mais, s'il vous plaît, essayez de convaincre vos troupes que cela
devienne une politique officielle que tout le monde soit égal et
bienvenu! Parlez en anglais de temps en temps dans vos discours, cela rassure
la population.
Mme la Présidente, avez-vous regardé combien de temps il
me reste? Avant, quand j'étais de l'autre côté, je pouvais
le dire exactement mais, maintenant, je ne suis pas habitué au
système.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: On n'a pas de miroir en arrière.
M. Polak: On n'a pas de miroir en arrière. Donc, je ne
sais pas combien de temps il me reste.
La Vice-Présidente: Je vous le dirai, M. le
député de Sainte-Anne, quand votre temps sera
écoulé.
M. Polak: Vous allez m'aviser? D'habitude, j'étais
traité mieux que cela, on me disait: II reste trois minutes ou deux
minutes et demie.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Polak: Je voudrais terminer sur un dossier que je trouve
très important, celui des personnes âgées. Nous avons tous
et toutes dans nos comtés respectifs une population de personnes
âgées, vieillissantes et moi, j'ai un de ces
comtés-là où on a peut-être une population
vieillissante plus que la moyenne. Je suis content de voir que, dans le
discours d'ouverture, le gouvernement s'engage à traiter ce dossier
comme une sorte de priorité et de lui donner l'attention qu'il
mérite.
Je voudrais dire au gouvernement qu'on ne peut pas dans un discours
d'ouverture aller dans tous les détails, mais je sais qu'en Europe on
est avancé de temps en temps en comparaison avec la situation ici. Je
sais, par exemple, que les soins à domicile sont très,
très importants. Il faut aller sur ce chemin-là.
J'ai vu pendant la campagne électorale des gens dans des centres
d'accueil. D'ailleurs, le chef de l'Opposition est venu au centre d'accueil
pour prendre des photos avec le candidat péquiste. Il faisait quatre ou
cinq centres d'accueil en quelques minutes. J'ai vu dans ces centres d'accueil
des gens qui étaient rendus là presque pour mourir. Il faut faire
mieux que ça pour nos personnes âgées. Il faut tenter de
les réintégrer dans la société. Il y a des
programmes qui existent, les soins à domicile. Il faut tenter de laisser
ces gens aussi longtemps que possible chez eux parce qu'ils sont contents quand
ils peuvent rester le plus longtemps possible chez eux, avec,
évidemment, des soins à domicile.
Il y a tellement à dire sur ce point que je voulais couvrir. En
ce qui me concerne, je suis heureux d'être à nouveau ici à
l'Assemblée nationale et de représenter le comté de
Sainte-Anne. Je suis très optimiste pour ce que le gouvernement va faire
pour la population du Québec. Je pense que le discours d'ouverture
démontre une nouvelle façon de penser et d'agir. Je pense qu'on a
l'équipe, qu'on a l'esprit et qu'on va réussir. Je vous remercie
beaucoup.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
M. Brassard: Je demanderais l'ajournement du débat.
M. Chevrette: Mme la Présidente, si mon collègue me
permet 30 secondes avant d'ajourner les travaux...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...il est bien entendu que les heures restantes sur
les huit heures prévues pour la présente session seraient
reportées en mars.
M. Gratton: Si on me permettait d'acquiescer à la motion
que vient de faire le député de Lac-Saint-Jean, je dirais
effectivement que nous semblons avoir, de part et d'autre, une entente qui nous
permettrait d'adopter la législation que nous nous proposions d'adopter
et, ce faisant, à confirmer demain, bien sûr, de part et d'autre,
nous pourrions reporter le reste de cette enveloppe de huit heures sur le
débat entourant le discours d'ouverture à la reprise en mars,
sans spécifier à ce moment-ci quand ou de quelle façon
cela se fera. II faudra, cependant, respecter l'enveloppe qui veut qu'on
partage de façon égale de part et d'autre le temps qui reste sur
cette enveloppe de huit heures. Je vois le secrétaire
général qui ne semble pas comprendre. Je peux recommencer, mais
je ne pense pas que ce soit nécessaire.
M. Chevrette: On vous fera faire un ordre de la Chambre.
Mme la Présidente, je pense que mon collègue conviendra
demain, après nos pourparlers, de transformer nos consentements en ordre
de la Chambre et, à ce moment-là, le secrétaire
général sera très éclairé.
M. Gratton: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Je vous accorde la parole, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Merci. Je demanderais au secrétaire
général de nous faire confiance et, en attendant, je proposerais
l'ajournement des travaux à demain, 10 heures.
La Vice-Présidente: Ajournement de nos travaux à 10
heures, demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 49)