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(Dix heures cinq minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir. Aux affaires courantes, ce
matin, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Projet de loi 232
J'informe cette Assemblée que j'ai reçu le rapport du
directeur de la législation concernant le projet de loi 232: "Au
président de l'Assemblée nationale. J'ai examiné le projet
de loi no 232 intitulé Loi modifiant la charte de la ville de
Québec et j'ai constaté que tous les avis ont été
publiés et qu'ils sont conformes au projet de loi. Le projet a cependant
été déposé en dehors des délais
prévus à l'article 36 des règles de fonctionnement et il
ne peut, sans le consentement de l'Assemblée, être adopté
au cours de la présente partie de la session. Et j'ai signé: M.
Rémi Geoffrion." Je vais déposer ledit rapport.
À l'article b, M. le député de Taschereau
présente le projet de loi portant le no 232, Loi modifiant la charte de
la ville de Québec. Est-ce que l'Assemblée accepte de se saisir
de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: Oui, M. le Président, je voudrais faire motion
pour que ce projet de loi soit déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée et pour que le ministre des Affaires municipales en
soit membre.
Le Président: Motion de déférence
adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. Il n'y a pas de
dépôt de documents ce matin.
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission du budget et de l'administration.
Étude du projet de loi 53
M. Lemieux: J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission du budget et de l'administration qui a siégé le 11
juin 1986 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 53, Loi modifiant la Loi sur les
impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. Le
projet de loi a été adopté.
Le Président: Rapport de la commission
déposé.
Je n'ai pas reçu de pétition dans les délais et
selon les formes requises par nos règlements.
Il n'y a aucune intervention ce matin portant sur une violation de droit
ou de privilège ou sur un fait personnel.
Avant de procéder à la période de questions,
j'informe immédiatement les membres de cette Assemblée que nous
devrons procéder ce matin à deux votes qui ont été
reportés hier. Il s'agit d'une motion du ministre des Transports et,
également, la motion de clôture en vertu de l'article 251 du
règlement.
Renseignements sur les questions
complémentaires
Avant de procéder immédiatement à la période
de questions, ce n'est pas une question de directive qui m'a été
posée ce matin mais plutôt, je pense, M. le leader du
gouvernement, une question d'information quant à la période de
questions, plus précisément sur les questions additionnelles ou
complémentaires qui ont été permises depuis le 15 mai
dernier à la suite d'une directive que j'avais rendue.
Après vérification, il est vrai qu'avant le 15 mai j'ai
accordé à quelques reprises des questions additionnelles autres
que des additionnelles faisant suite à la question principale
posée par le parti ministériel.
Quant à la fréquence, M. le leader du gouvernement, avant
le 15 mai j'avais accordé en cette Chambre, pour 26 jours de
séances, douze questions additionnelles au parti ministériel et
depuis le 15 mai à ce jour, j'ai accordé sept questions
additionnelles au parti ministériel. Je retiens l'avis que vous m'avez
fait hier. Je sais que, des fois, j'ai refusé des demandes qu'on appelle
silencieuses parce qu'elles n'apparaissaient pas au feuilleton. J'accorderai
comme avant le 15 mai, à quelques reprises, selon la question et le
député concerné par le problème à être
étudié par cette Assemblée, des questions additionnelles
même s'il ne s'agit pas de la question principale posée par le
parti ministériel.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais
une question d'information. Je voudrais demander au leader du
gouvernement de faire le rapport d'absence des ministres ce matin.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...le ministre délégué aux Mines
rencontre son homologue fédéral à Ottawa. On le sait, le
premier ministre est à Boston. Le ministre de l'Énergie et des
Ressources et le ministre des Relations internationales accueillent tous deux
le résident d'Italie. Le ministre des Transports préside une
réunion des présidents des commissions de transport à
Montréal et le ministre des Communications, depuis le début de la
semaine, est à Vancouver à titre de coprésident d'un
colloque international sur les communications. Le ministre de l'Environnement
accompagne le premier ministre à Boston et dans le cas du
président du Conseil du trésor et de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, tous deux seront présents dans
quelques minutes, dès qu'ils se seront libérés d'une
réunion de négociation à laquelle ils assistent ce matin
et, semble-t-il, cela va assez bien, merci.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Et les autres ne vous ont pas avisé.
M. Gratton: Les autres sont ici, je pense.
M. Chevrette: Non, non. Je pense... Des voix: Ahl Ahl
Ahl
M. Chevrette: Je conclus donc qu'il y en a quatre qui ne vous ont
pas avisé.
M. Gratton: Je n'ai pas fait le décompte, M. le
Président, mais je sais que, cette nuit, le leader de l'Opposition ne
s'est pas trompé une fois quand il n'a pas appelé le quorum. Je
présume qu'il ne se trompe pas ce matin non plus.
Le Président: Maintenant, est-ce qu'on peut
procéder à la période de questions?
M. le chef de l'Opposition, en principale.
Achat de biens ou de services provenant de l'Afrique
du Sud
M. Johnson (Anjou): M. le Président, en l'absence du
premier ministre et du ministre des Relations internationales, pour les raisons
évoquées par le leader, ma question s'adressera à la
vice-première ministre ou au ministre des Finances, selon le cas.
On sait que le gouvernement du Canada a annoncé hier qu'il
prenait quatre mesures pour faire des pressions sur le gouvernement d'Afrique
du Sud, qui maintient le régime d'apartheid. Deux de ces moyens de
pression sont de nature économique, l'un concernant la promotion
touristique sud-africaine au Canada et l'autre concernant les achats par le
gouvernement fédéral de biens et services en provenance de
l'Afrique du Sud. Je demanderais donc au ministre des Finances ou à la
vice-première ministre s'ils entendent donner des directives au niveau
du gouvernement du Québec pour que celui-ci n'affecte pas des deniers
publics qui serviraient à acheter des biens ou des services en
provenance de l'Afrique du Sud.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je dois dire que cette
question a déjà été abordée par notre
gouvernement. Plus particulièrement, comme ministre des Finances,
j'avais été sensibilisé à cette question par le
président de l'Assemblée des évêques et par d'autres
intervenants, si ma mémoire est fidèle. Mais c'était
surtout relativement aux politiques de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. À ce moment-là, je suis intervenu
auprès du président de la Caisse de dépôt et
placement du Québec, qui m'a fait part de la politique suivie par la
Caisse de dépôt. Il est clair que, d'un côté comme de
l'autre de la Chambre, nous ne pouvons pas accepter la politique d'apartheid,
mais de là à décider des politiques du Canada dans le
domaine des relations internationales, il y a un pas qu'il faut toujours bien
respecter, justement dans le respect des juridictions. Cependant, j'ai
été rassuré par le président de la Caisse de
dépôt qui m'a fait part qu'à chaque occasion qui lui
était donnée, il faisait part justement de ses
préoccupations vis-à-vis ses relations entre des institutions du
Québec et des sociétés qui puissent faire affaires en
Afrique du Sud. Par la suite, le président de la Caisse de
dépôt m'a fait part, particulièrement dans le cas d'Alcan,
qu'on s'était départi de ces intérêts en Afrique du
Sud.
C'est un peu dans ce contexte que nous travaillons présentement.
Quant à la politique d'achat du gouvernement, elle relève plus de
quelqu'un que connaît bien le chef de l'Opposition, le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, question
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, on
sait que la décision du gouvernement canadien est une des
premières décisions qui vont en ce sens prises en Occident,
à part le gouvernement du Danemark. À cet égard,
même si les mesures sont jugées timides, elles sont
néanmoins des mesures qui vont dans le sens du boycottage
économique. Le gouvernement canadien a demandé hier - et ma
question s'adresse au ministre des Finances - la collaboration des
gouvernements provinciaux dans l'application de cette politique qui vise non
pas à interdire aux intervenants économiques du Canada de traiter
avec l'Afrique du Sud, cela n'en est pas rendu là, semble-t-il, mais au
moins d'amener les gouvernements dans leurs propres décisions d'achat de
biens et services à faire en sorte qu'il n'y ait pas de deniers publics
qui aillent vers l'Afrique.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, comme le dit le chef de
l'Opposition, cette demande était tellement récente que nous
n'avons sûrement pas pu nous rencontrer depuis qu'elle a
été formulée. Mais je ne pense pas non plus, sans avoir
fait un examen même superficiel de la question, que du côté
des achats du gouvernement du Québec, il y ait une proportion bien
importante qui puisse provenir de ce pays. Cependant, je puis rassurer le chef
de l'Opposition quant à notre attitude générale à
ce sujet. Sans vouloir impliquer l'ensemble du gouvernement ni aucun de mes
collègues en particulier, j'ai l'impression que cet appel devra recevoir
une réponse, au moins dans les faits, de la part de notre
gouvernement.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aurais voulu poser ma question au premier ministre.
Il n'est pas là, je voudrais poser ma question au ministre des Finances.
Comme le gouvernement du Québec fait une entente avec la compagnie
Lantic et qu'on sait qu'une partie du sucre de canne importé vient de
l'Afrique du Sud, est-ce que le gouvernement du Québec s'est
assuré dans sa transaction avec Lantic que les importations de canne
à sucre qui vont remplacer la production de betteraves qui était
faite au Québec ne seront pas sous forme de canne à sucre
provenant de l'Afrique du Sud alors qu'on sait que la Ligue antiesclavage de
Londres considère que couper la canne à sucre dans les pays
pauvres, actuellement, c'est de l'esclavage moderne?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je dois dire que ce n'est pas dans mes fonctions de
ministre des Finances que j'aurai à traiter du sucre Lantic. Cependant,
si le député veut poser la question à quelqu'un qui
pourrait probablement ou sans doute lui donner plus de satisfaction, libre
à lui.
Le Président: M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela pourrait être la vice-première
ministre qui remplace le premier ministre.
Le Président: C'est une question additionnelle ou
principale, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non, non, c'est la même question. Le ministre des
Finances dit qu'il n'est pas capable de répondre. Est-ce que la
vice-première ministre, qui remplace le premier ministre, pourrait nous
dire si le gouvernement du Québec a fait en sorte dans sa transaction
avec Lantic de voir à ce que le sucre importé ne vienne pas de
l'Afrique du Sud alors qu'on sait qu'une partie du sucre, sous forme de canne
à sucre, est importée d'Afrique du Sud alors qu'on veut remplacer
la betterave à sucre par la canne à sucre?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: J'ai deux collègues qui sont prêts
à répondre au député de Lévis. Je vais leur
passer la parole.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: Le député de Lévis fait
référence à l'exploitation de la canne à sucre dans
certains pays avec beaucoup de sensibilité, beaucoup de conviction,
voulant éveiller un sentiment de solidarité internationale. Je
dois vous dire, en réponse à la question du député
de Lévis, que sa question va exactement - mais exactement -dans le sens
contraire de ce qu'il a fait, de ce qu'il prévoyait faire et de ce qu'il
voulait faire avec la Raffinerie de sucre du Québec.
Le Président: M. le ministre, en réponse à
la question.
M. Pagé: Très brièvement, le plan de
développement de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire s'appuyait en
partie pour la production de la betterave, mais la rentabilité de la
raffinerie, selon les prévisions du député de
Lévis...
M. Chevrette: Question de règlement,
M. le Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition. À l'ordre, s'il vous plaît;
M. Chevrette: La question était spécifique:
Qu'est-ce que le gouvernement du Québec a fait vis-à-vis de
l'importation de la canne à sucre? Et il répond sur la
rentabilité de la raffinerie de Saint-Hilaire. Voyons; L'article 79...
(10 h 20)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît;
M. Chevrette: L'Afrique... l'article 79 par rapport à
l'importation de l'Afrique du Sud, c'est clair...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, je vous
avais déjà rappelé à l'ordre en vertu de l'article
79 en vous demandant de répondre à la question. Si vous voulez
très brièvement répondre à la question de M. de
député de Lévis.
M. Pagé: M. le Président, l'honnêteté
et la clarté à l'égard de cette question et ce
débat commandent que je réponde que la rentabilité
proposée par le député de Lévis, alors qu'il
était ministre de l'Agriculture, pour la raffinerie s'appuyait pour 88
000 tonnes sur la canne. C'est cela.
Le Président: M. le député de Taillon, en
principale. À l'ordre, s'il vous plaît; M. le député
de Taillon, en principale.
Les négociations dans l'industrie de la construction
M. Filion: M. le Président, les négociations dans
la construction relèvent du secteur privé, cependant, elles sont
clairement d'intérêt national. Ainsi, la huitaine ou la dizaine de
jours perdus à la suite des grèves ou du lock-out sont
l'équivalent de 500 000 à 1 000 000 de jours-hommes perdus alors
que, pour vous donner une idée, pour l'année 1985, le total des
jours-hommes perdus à la suite des conflits de travail n'était
que de 1 100 000.
S'ajoutent à tout cela les pertes économiques - on le sait
- encourues par l'industrie en général, par l'économie en
général, les délais causés aux acheteurs de maisons
neuves. Il apparaît clairement qu'il s'agit d'un conflit où le
ministre du Travail ne doit pas se contenter de laisser passer les papiers des
négociateurs et doit utiliser son autorité morale pour provoquer
un règlement.
Voici ma question au ministre du Travail: Compte tenu que le ministre du
Travail a sûrement une bonne idée sur la valeur des propositions
échangées entre les parties, peut-il nous dire s'il a
songé à faire part de ses réflexions et de sa position
à chacune des parties?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le
député de Taillon me permettra sans doute un bref rappel des
événements depuis la semaine dernière, depuis mercredi
dernier. Le gouvernement du Québec, le Conseil des ministres avait
décidé, à ce moment, de demander aux parties de faire
preuve de maturité et de surseoir à leurs moyens de pression,
soit, dans un cas, la grève générale, soit, dans l'autre,
le lock-out général.
Les parties ont répondu positivement à cet appel à
la raison lancé par le gouvernement du Québec et, à
compter de lundi matin, tous les chantiers de construction étaient
ouverts dans la province de Québec. Au moment où on se parle, les
employeurs ont respecté le moratoire, ainsi que la coalition syndicale
et les autres parties syndicales impliquées.
En début de semaine, il y a eu une trop brève
séance de négociation, hélas; Le conciliateur au dossier,
M. Raymond Leboeuf, m'a fait rapport qu'il n'y avait plus moyen de discuter sur
la base des propositions globales patronales. Le conciliateur a alors
demandé à la coalition syndicale de lui soumettre une offre
globale ou des propositions globales, ce que la coalition syndicale a fait en
fin de journée hier.
En conclusion, au moment où on se parle, le conciliateur en est
encore à analyser ce document. Il a convoqué une réunion
prévue pour cet après-midi, à 14 heures, avec les
représentants de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Si tout fonctionne bien au cours de la journée, il y aura
une réunion entre le conciliateur et les deux parties au dossier, soit
la partie patronale et la partie syndicale. Cette réunion est
prévue pour ce soir, à 19 heures.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: M. le Président, puisque le ministre du Travail
fait référence à sa conférence de presse de la
semaine dernière, à son appel à la raison, dit-il, comment
peut-il se féliciter de son ultimatum de la semaine dernière
alors qu'au moment où il prononçait sa conférence de
presse la trêve entre les parties avait déjà
été négociée?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le
Président, dans ce dossier - je ne l'ai jamais fait remarquer
à ce jour - le député de Taillon a été mal
informé et il vient de faire preuve de sa méconnaissance du
dossier.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Filion: Est-ce que le ministre du Travail veut dire clairement
en cette Chambre qu'il n'était pas au courant, à 18 heures ou 19
heures, lorsqu'il a tenu sa conférence de presse, qu'une entente
était intervenue entre les parties le jour même, à l'heure
du midi, portant sur une trêve dans les moyens de pression?
Une voix: Qu'il le dise;
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si mon critique, le
député de Taillon, a besoin de plus de précision, je lui
dirai que je n'avais aucune assurance de toutes les parties impliquées
qu'il y avait trêve à ce moment-là.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: M. le Président, est-ce que le ministre du
Travail est conscient que son inaction, de façon générale,
conjuguée aux promesses électorales...
Des voix: Ah!
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! Sans
commentaire, s'il vous plaît, M. le député de Taillon.
M. Filion: Le ministre du Travail est-il conscient, notamment
à cause des promesses électorales de son parti...
Des voix: Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Vous êtes en additionnelle, M. le député de Taillon. Sans
commentaire.
M. Filion: M. le Président, c'est un fait. Est-ce que le
ministre du Travail est conscient que la position adoptée par son parti
lors de la campagne électorale a provoqué un certain immobilisme
des parties, particulièrement de la part de la partie patronale, eu
égard au règlement de placement?
M. Gauthier: Voilà!
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, dans ce
conflit, après avoir fait appel de façon
répétée à la maturité des parties, je vais
être obligé, ce matin, de faire appel à la maturité
de mon critique.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lors de la campagne
électorale, le Parti libéral s'était engagé, dans
le domaine des relations du travail, à mettre à la disposition de
chacune des parties tous les outils, toutes les ressources humaines et autres
dont il dispose pour faciliter, dans le maximum de cas, le règlement des
conflits par les parties elles-mêmes.
Pour ce qui est de l'aspect plus précis de votre question
concernant le règlement de placement et, plus précisément,
la carte de classification, il y a quelques mois j'ai mis sur pied un
comité composé des représentants des sept associations
patronales dans le secteur de la construction, des cinq associations
syndicales, de trois sous-ministres - celui du Travail, celui ce la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et celui de
l'Éducation - ainsi que des membres de la haute direction de l'Office de
la construction du Québec de façon qu'à compter du 1er
janvier prochain la carte de classification, le permis de travail qui
empêche l'accès au marché du travail, surtout à
notre jeunesse, soit aboli et que cela soit remplacé par des
critères fondés sur la compétence. Dans ce dossier, et la
partie patronale et la partie syndicale ont fait jusqu'à maintenant
preuve de beaucoup de maturité.
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: M. le Président, est-ce que le ministre a
envisagé, lors de la trêve annoncée par les parties, la
possibilité de modifier le statut de son conciliateur, M. Raymond
Leboeuf, pour en faire un médiateur avec possibilité de
déposer une proposition globale qui pourrait mettre fin à ce
conflit?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cette possibilité a
été envisagée, mais elle n'a pas
été retenue au moment où on se parle.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: Oui, en additionnelle au ministre des Affaires
municipales, responsable de l'Habitation. Le ministre a-t-il prévu une
aide quelconque à ceux et celles qui ne pourront entrer dans leur maison
tel que prévu le 1er juillet prochain?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation.
 l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: La réponse est non, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: En additionnelle au ministre de la Justice,
responsable de la Protection du consommateur. Quels moyens le ministre a-t-il
envisagés pour venir en aide aux futurs propriétaires qui seront
sans logement à partir du 1er juillet prochain?
Le Président: M. le ministre de la Justice. M. le leader
du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, on peut bien s'amuser de
l'autre côté, mais je vous prierais de juger...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
voudrais entendre la question de règlement.
M. Gratton: ...de la pertinence d'une question additionnelle qui,
normalement, devrait se rattacher au sujet de la question principale qui
portait sur le conflit dans le secteur de la construction et non sur l'ensemble
des conséquences à tous les points de vue.
M. Chevrette: Sur la question de règlement. (10 h 30)
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que les conséquences d'un conflit
peuvent ou non toucher les consommateurs? C'est tout à fait pertinent
et, loin de s'amuser, on ne veut pas non plus, cependant, par le biais du
règlement, éviter de poser le problème tel qu'il se
pose.
Le Président: Je pense que vous avez répondu, M. le
leader du gouvernement, ce sont des conséquences directes que tout le
monde reconnaît déjà depuis quelques semaines à la
suite du conflit. Je vais permettre la dernière additionnelle à
M. le député de Shefford qui était adressée, je
pense, au ministre de la Justice. Est-ce exact?
M. Paré: Oui.
Le Président: M. le ministre de la Justice, une
dernière question additionnelle sur ce sujet.
M. Marx: À ma connaissance, il n'y a rien de prévu,
M. le Président.
Le Président: M. le député de Gouin, en
principale.
M. Jolivet: Les journaux vont bien répéter
cela.
Engagements envers les infirmières et les
infirmiers
M. Rochefort: Depuis quelque temps les infirmières et les
infirmiers du Québec sont en colère. Non seulement sont-ils
profondément insatisfaits de la tournure des négociations
entourant leurs conditions de travail, mais ils viennent de comprendre qu'eux
aussi, comme des milliers d'autres Québécois et
Québécoises, ont été trompés par le Parti
libéral lors de la dernière campagne électorale.
Des voix: Oh!
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: L'article 77,5°, défend au
député de Gouin de faire ce qu'il vient de faire,
c'est-à-dire poser une question suscitant un débat. À
moins que vous ne le rappeliez à l'ordre, M. le Président, on va
devoir répondre de la même manière, et Dieu sait que les
débats en cette Assemblée ont duré, il me semble, assez
tard la nuit dernière pour pouvoir l'éviter au moment de la
période de questions.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: L'ex-ministre et député de Gouin est
en question principale et, pour bien faire comprendre sa principale, il l'a
précédée d'un préambule. Vous verrez, en
écoutant le préambule au complet, qu'il a tout à fait
raison de procéder de cette façon.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
vais vous permettre de reprendre votre
question en vous soulignant, M. le député de Gouin, qu'il
faudrait quand même que l'on respecte l'article 77,5° afin de ne pas
provoquer de débat. Vous étiez en principale et vous avez donc
droit à un préambule, tel que reconnu, sauf que le
préambule comme la question principale ne doivent pas contenir de
commentaires suscitant un débat, autant sur les questions principales ou
additionnelles que sur les réponses. Je vous écoute, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, à votre invitation,
je vais répéter ma question. Depuis quelques jours, les
infirmières et les infirmiers du Québec sont en colère.
Non seulement sont-ils profondément insatisfaits de la tournure des
présentes négociations concernant leurs relations ou conditions
de travail, mais ils viennent de comprendre qu'eux aussi, comme les autres, ont
été trompés par les promesses électorales du Parti
libéral au cours de la campagne.
Des voix: Oh!
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rochefort: Ma question, M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît: Je
vois déjà la réponse de la ministre qui va tenter... Non,
je pense que votre dernière allusion était de trop; avant cela,
cela allait très bien.
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse, je ne croyais
pas que c'étaient mes propos qui provoquaient des débats, mais
plutôt les promesses électorales du Parti libéral.
Le Président: M. le député de Gouin, votre
question.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Le député de Gouin a
récidivé. Normalement, ne devrait-il pas être
rappelé à l'ordre de façon très
sévère pour se conduire de façon aussi
indisciplinée ce matin?
Des voix: Oh!
Le Président: S'il vous plaît: II pleut ce matin,
nous nous sommes tous couchés très tard hier soir... J'aimerais
entendre maintenant, M. le député de Gouin, votre question, mais
je prends bonne note de votre remarque, M. le leader du gouvernement. Votre
question maintenant.
M. Rochefort: Exactement, M. le Président, c'est là
que j'étais rendu. Ma question s'adresse donc à Mme la ministre
de la Santé et des Services sociaux et c'est la suivante: Pourquoi la
ministre n'a-t-elle pas respecté ses engagements envers les
infirmières et les infirmiers du Québec dans le règlement
qu'elle a fait adopter par le Conseil des ministres, la semaine
dernière, sur l'organisation et l'administration des
établissements de santé au Québec et qui est entré
en vigueur le jour de sa publication à la Gazette officielle, le 14 mai
dernier?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord dire que les engagements
électoraux du Parti libéral du Québec ont
été respectés par le gouvernement libéral qui est
maintenant à la direction du Québec. D'abord, dans le domaine de
la santé, qui était l'un des engagements principaux, je dois vous
dire que nous avons livré au-delà même de ce que nous
avions promis.
M. Gratton: C'est vrai!
Mme Lavoie-Roux: Alors que le gouvernement antérieur avait
négligé ce domaine pendant des années...
Une voix: C'est vrai!
Mme Lavoie-Roux: ...au point où nous étions rendus
dans un chaos indescriptible, je pense que nous nous sommes mis à
l'oeuvre et que cette première promesse est remplie et sur le point
d'être totalement remplie.
Une voix: Bravo!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avions un
deuxième engagement électoral, celui de remettre le Québec
sur pied sur le plan économique. Je pense que la façon...
M. Chevrette: Question de règlement. Des voix: Ah!
Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
À l'ordre, s'il vous plaît: Messieurs les
députés!
M. le leader de l'Opposition, sur une question de règlement.
M. Chevrette: Comme le leader du gouvernement se levait avec
beaucoup de promptitude pour parler de l'article 77, je vais vous parler de
l'article 79. Les règle-
ments et les engagements électoraux relatifs au statut
d'infirmier et d'infirmière, ce ne sont pas des promesses
électorales sur le plan économique. Je pense que cela va de soi.
Qu'elle s'en tienne aux engagements électoraux...
Le Président: Je voudrais entendre la question de
règlement.
M. Chevrette: Que Mme la ministre s'en tienne aux engagements
électoraux face aux infirmiers et aux infirmières et je ne me
lèverai pas pour vous soulever une question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur la
question de règlement.
M. Gratton: Par trois fois, j'ai souligné que le
député de Gouin, en formulant sa question comme il l'a fait,
suscitait un débat. Force nous est de reconnaître qu'on a
maintenant un débat. La seule chose qui semble irriter nos amis d'en
face c'est que, pour eux, il faudrait qu'ils soient les seuls à parler.
Mais ça ne marchera pas comme ça.
Le Président: Mme la ministre, en respectant l'article 79,
s'il vous plaît et, si possible, en évitant...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis
généralement assez docile particulièrement aux
instructions du président de l'Assemblée nationale, mais je vous
ferai remarquer que c'est à deux reprises que le député de
Gouin a soulevé le fait que nous ne remplissions pas nos engagements
électoraux. Il m'apparaît nécessaire de rétablir les
faits.
M. Gratton: Absolument!
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait à la santé, je
l'ai dit. En ce qui a trait au domaine économique, nous avions aussi
comme engagement électoral de remettre l'économie en marche. Je
pense que la façon dont le gouvernement, jusqu'à maintenant, a
rempli ses responsabilités dans ce domaine en ne prenant pas toujours
des décisions faciles démontre qu'il va également remplir
très rapidement ce deuxième engagement.
Quant au troisième engagement sur lequel me questionne... Je peux
lui répondre à celui-là aussi, M. le Président!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Quant à ce troisième engagement
auquel fait allusion le député de Gouin, d'abord je lui ferai
remarquer qu'il ne s'agit pas d'un engagement électoral, mais que
l'été dernier, au moment où l'ancien gouvernement
était in abstentia dans tous les domaines et particulièrement
dans ce domaine-là et que les infirmières faisaient de nombreuses
réclamations, eu égard à l'application du règlement
de la loi 27, de ma propre initiative, parce que le gouvernement du temps
demeurait totalement immobile, j'ai convoqué la commission parlementaire
des affaires sociales dont j'étais la présidente. Il veut une
réponse, je veux bien l'assurer que j'ai rempli mes engagements.
N'eût été cette initiative, on serait encore dans le
néant. À la suite de cette initiative, des recommandations ont
été adressées...
Le Président: En conclusion.
Mme Lavoie-Roux: ...au ministre des Affaires sociales du temps,
le député de Joliette, qui n'a eu aucune réaction, M. le
Président.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Des voix: Bravo!
Le Président: En conclusion, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Quand j'ai été nommée
titulaire du ministère de la Santé et des Services sociaux, une
des premières questions que j'ai posées fut de savoir ce qu'il
advenait des recommandations...
M. Gendron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je suis en train de calculer le temps. Si elle
arrête avant 11 heures on sera d'accord, mais écoutez! On n'aura
même pas le temps de poser quatre questions principales, M. le
Président.
Le Président: J'ai rappelé ouvertement Mme la
ministre à l'ordre à deux reprises. Elle allait conclure. Elle
est encore dans son délai. Elle vient à peine de terminer le
temps qui lui était alloué pour une réponse. (10 h 40)
Des voix: ...
Le Président: Je m'excuse. À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Voulez-vous imposer le bâillon?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît: M.
le député d'Abitibi-Ouest, le 15 mai, j'avais émis des
directives que j'ai communiquées à M. le leader de l'Opposition
quant au temps accordé pour les réponses principales et au temps
accordé pour les questions principales. Madame venait tout juste de
dépasser le temps. Je l'ai invitée deux fois à conclure.
Je vous inviterais à conclure et très brièvement, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président. Je voudrais bien le
faire hâtivement, mais c'est quand même assez complexe.
En ce qui a trait aux deux recommandations qui avaient été
acheminées au ministre du temps, je les ai reprises à mon
arrivée au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Je peux dire au député que ces deux modifications au
règlement seront publiées en préavis à la Gazette
officielle d'ici à quelques semaines.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: M. le Président, comment la ministre de la
Santé et des Services sociaux peut-elle prétendre que sa
formation n'a pas pris d'engagements électoraux envers les infirmiers et
les infirmières du Québec sur cette question alors que le premier
ministre du Québec d'aujourd'hui, alors chef de l'Opposition,
écrivait le 11 novembre 1985, donc en pleine campagne électorale,
qu'il reprenait au compte de sa formation politique les recommandations de la
ministre, alors députée de L'Acadie, et qu'il s'engageait
à les réaliser advenant son élection?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Gouin rappelle l'existence de cette lettre que, momentanément,
j'avais oubliée, et c'est exact...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais un instant:
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Une voix: Un instant:
Mme Lavoie-Roux: Un instant: M. le Président, je
pense...
Une voix: Écoutez-vous ou si vous n'écoutez
pas?
Mme Lavoie-Roux: ...que j'ai néanmoins répondu
à la question du député de Gouin. Je lui ai dit que ces
engagements relatifs à la modification des règlements de la loi
27 paraîtront à la Gazette officielle en prépublication
d'ici à quelques semaines.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: M. le Président, comment la ministre
peut-elle prétendre que le respect de ces engagements électoraux
viendront dans un deuxième temps alors que le règlement qu'elle a
publié et qui est actuellement en vigueur depuis le 14 mai dernier,
à l'article 5 qu'elle a adopté, ne comporte aucune des
modifications demandées pour lesquelles elle et son chef se sont
engagés?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le règlement de
la loi 27 avait paru le 7 août en prépublication. Alors, la partie
de ce règlement qui devait être adoptée ayant
été publiée, elle sera adoptée ou mise en vigueur.
Néanmoins, je réaffirme que les deux engagements que nous avons
pris eu égard à ce règlement seront
prépubliés dans les quelques semaines qui viennent et je pense
qu'à cet égard nos engagements sont remplis, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Verchères, en principale.
La question de la hausse du salaire minimum
M. Charbonneau: M. le Président, dans le contexte actuel
de la chasse au travail au noir et au travail à domicile chez les
assistés sociaux, en vertu même de la directive du ministre et
dans l'optique de la mise en place de mesures incitatrices au travail, tel
qu'on en parlait dans le livre blanc sur la fiscalité à
l'égard de la réforme de l'aide sociale, est-ce que le
gouvernement a pris une décision quant à la hausse du salaire
minimum?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu l'occasion d'indiquer en
cette Chambre, comme certains de mes collègues qui s'occupent des
dossiers économiques, que toute la question du salaire minimum
soulève, bien sûr, le problème du niveau de vie ou du
niveau de rémunération des plus bas salariés dans la
société. Il faut tenir
compte en considérant cette question, bien sûr, de ce
niveau de vie qui peut se situer, suivant certaines données, au seuil de
la pauvreté ou même en deçà du seuil de la
pauvreté. Il faut également tenir compte de l'incitation au
travail, c'est-à-dire de ce facteur ou de ce paramètre qui fait
que si on travaille au salaire minimum, on se demande si on reçoit plus
d'argent que si on est un bénéficiaire de l'aide sociale? Il faut
également tenir compte de la situation compétitive de nos
entreprises québécoises, spécialement de nos petites et
moyennes entreprises québécoises. Il faut regarder notre milieu
concurrentiel. J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer en cette
Chambre qu'en ce qui concerne les États de la Nouvelle-Angleterre...
Le Président: En conclusion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...là-bas on a un salaire
minimum qui est supérieur à ce qui est payé
présentement au Québec.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je n'ai pas demandé au ministre un cours
sur le salaire minimum. J'ai demandé si le gouvernement avait pris une
décision.
Le Président: M. le ministre, en conclusion, s'il vous
plaît:
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la suite de la nature des
questions que "mon" critique m'a déjà posées dans le
passé, j'en profite pour lui donner un bref cours, vous m'excuserez.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut tenir compte de la
situation concurrentielle du Québec. Comme je l'indiquais, les
États de la Nouvelle-Angleterre ont un salaire minimum qui est
supérieur à celui du Québec. Il nous reste, je ne voudrais
pas faire d'annonces prématurées, quelques fils à
attacher. J'ai déjà indiqué qu'il était important
que nous regardions du côté de l'Ontario et je vous dirai qu'au
cours des derniers mois, des dernières semaines et spécialement
au cours des derniers jours, des pourparlers intensifs ont été
menés de ce côté.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Verchères, question additionnelle.
M. Charbonneau: Est-ce que "mon" ministre...
Le Président: Non. Je pense qu'il ne suscite pas de
débat. Non, non. M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Est-ce que "mon" ministre pourrait me dire s'il a
présenté un mémoire au Conseil des ministres?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, au moment
où on se parle, un mémoire n'a pas été
présenté comme tel au Conseil des ministres.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Verchères, question additionnelle.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre entend déposer un
mémoire au Conseil des ministres pour décision avant la fin de
cette session, c'est-à-dire dans une semaine, tel que le demandent
plusieurs groupes dans le Québec, à l'égard de la hausse
du salaire minimum?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dès que les critères
de niveaux de revenu, de situations compétitives et concurrentielles,
dès que l'ensemble de tous les fils - et j'ai indiqué qu'il y en
avait ou qu'il en restait à peine quelques-uns qui n'étaient pas
attachés - sera réuni, je déposerai un mémoire au
Conseil des ministres, parce qu'il s'agit là, encore une fois, d'un
engagement du Parti libéral du Québec et que nous entendons, dans
ce domaine comme dans les autres, tenir nos engagements.
Le Président: M. le député de Labelle,
question principale.
Arrêt de publicité pour Cambior
M. Hétu: Question principale, M. le Président. Ma
question s'adresse au ministre délégué à la
Privatisation. Ces jours derniers, nous avons pu lire dans les journaux que la
Commission des valeurs mobilières canadiennes a demandé à
la société Cambior, filiale à 100 % de SOQUEM et qui est
en voie d'être privatisée, d'arrêter toute forme de
publicité. Est-ce que ceci affectera ou peut affecter l'émission
d'actions que Cambior Inc. veut faire d'ici à la fin du mois et, ainsi,
entraver le premier appel public à
l'épargne, dans les cadres du programme de privatisation du
gouvernement?
Le Président M. le ministre délégué
à la Privatisation. À l'ordre. À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: M. le Président, c'est un sujet très
important. Cela devrait intéresser les députés d'en face
puisque la population est très intéressée par
l'émission de Cambior. Je dirais même qu'il est de plus en plus
difficile de trouver des courtiers qui ont des actions à vendre.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Je voudrais entendre la
réponse. M. le député de Beauharnois, s'il vous
plaît! À l'ordre, M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: J'aimerais rassurer...
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député de Beauharnois.
M. Marcil: Oui, M. le Président. Concernant l'interruption
des députés, dans les dernières semaines, le leader de
l'Opposition se levait continuellement pour vous demander d'intervenir afin que
les députés gardent le silence en cette Chambre. Pourriez-vous
demander la même chose au leader de l'Opposition, s'il vous
plaît?
Le Président: M. le député de Beauharnois.
Si je vous ai nommé, c'est parce que je vous ai vu au moment où
il y avait du bruit. Cela faisait déjà quelques instants que je
vous voyais vous adresser à plusieurs banquettes plus loin certaines
paroles. Je vais céder la parole à M. le ministre
délégué à la Privatisation.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Je voudrais rassurer
le député. Il y a eu un incident à la suite de la parution
de publicité dans les journaux après le dépôt du
prospectus provisoire. L'on sait que les règlements de la Commission des
valeurs mobilières sont très stricts à ce sujet. Une fois
le dépôt d'un prospectus fait, toute publicité doit
normalement arrêter. Les commentaires et les explications qui doivent
être donnés doivent se limiter au contenu du prospectus proprement
dit.
Pour une raison que je ne connais pas, peut-être due au fait que
Cambior est une nouvelle compagnie, il y a eu parution d'une certaine
publicité dans plusieurs journaux, de l'Ontario et du Québec.
À la suite de cet incident, il y a eu rencontre entre les courtiers
représentant Cambior et la direction de Cambior et il y a eu
explication. La publicité a été arrêtée et
l'incident est clos.
(10 h 50)
Par ailleurs, j'aimerais dire au député que la direction
et les courtiers sont présentement en Europe. Il y a eu des rencontres
avec les courtiers européens à Londres, à Paris, à
Francfort et à Genève. L'enthousiasme qui est suscité par
Cambior en Europe est égal à l'enthousiasme qui a
été suscité au Québec et au Canada et tout va bien
dans le lancement de Cambior. J'ose espérer que très
bientôt nous pourrons confirmer la réalisation de cette
privatisation très importante.
Le Président: M. le député de Lévis,
question principale.
La hausse des taux d'inflation
M. Garon: Sur le fil de presse de ce matin, on voit que
Statistique Canada a révélé que le taux d'inflation est en
hausse au Canada. Il est passé de 3,9 % en avril à 4,1 % en mai.
Dans les villes de Québec et de Montréal, le taux d'inflation
atteint 5,1 %, en hausse de 0,4 % et la hausse du coût de la vie est plus
prononcée dans ces deux villes que la moyenne canadienne. On indique
également que ce sont les prix de l'essence et de
l'électricité qui expliquent la hausse de l'inflation au
Québec. Le ministre des Finances a fait des prévisions qui sont
erronées avec des taux d'inflation à 3 % alors que depuis le
début de l'année financière, les taux
s'élèvent plutôt au-dessus de 5 %. Est-ce que le ministre
des Finances a l'intention de réviser les chiffres qu'il a
utilisés jusqu'à maintenant puisque les faits indiquent que ses
prévisions sont fausses?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je dirai que le député de
Lévis, comme c'est son habitude, saute assez rapidement à des
conclusions. Ce n'est pas simplement parce qu'il y a une indication ponctuelle,
limitée dans le temps, relativement au taux d'inflation que l'on doit,
à ce moment, mettre en doute ce qui a pu être des
prévisions pour une année entière. Deuxièmement, ce
qui semble préoccuper le député de Lévis quant aux
chiffres que nous avons retenus comme taux d'inflation... D'ailleurs, il a
été confirmé par plusieurs autres prévisionnistes.
Ce taux, vous savez, je pourrais dire qu'il était conservateur, mais
s'il augmente, c'est sûr que cela ne fera pas de tort aux
équilibres financiers du gouvernement; si c'est cela qui
l'inquiète. Troisièmement, je dois lui dire que quant aux
chiffres qu'il a révélés ce matin, j'aimerais avoir un peu
plus de temps pour les considérer, les juger et les évaluer dans
une perspective qui ne soit pas simplement à aussi court terme.
Le Président: M. le député de
Jonquière, question principale.
Transfert de services judiciaires de Jonquière
à Chicoutimi
M. Dufour: Le ministère de la Justice s'apprête
à transférer au palais de justice de Chicoutimi l'ensemble des
services judiciaires donnés à Jonquière depuis 1916 par le
greffe de la Cour provinciale. Est-ce que le ministre de la Justice - c'est ma
question -a l'intention de continuer cette démarche?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Marx: J'ai déjà été
contacté par certaines personnes de la région et j'ai l'intention
de revoir cette décision qui a été prise dans mon
ministère. Je vais communiquer avec le député en temps et
lieu.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
question principale ou additionnelle?
M. Boulerice: Question principale.
Le Président: Question principale, M. le
député de Saint-Jacques.
La réduction des subventions aux
bibliothèques municipales
M. Boulerice: Récemment, le conseil municipal de
Drummondville s'ajoutait à cette longue liste d'intervenants demandant
au gouvernement de reconsidérer sa décision quant à la
coupure de 4 000 000 $ dans les subventions aux bibliothèques
municipales. Les journaux sont plein de lettres aux lecteurs là-dessus,
d'ailleurs. Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales: Est-ce
que vous partagez l'opinion des municipalités, M. le ministre, qui
déplorent le fait que l'on aide les municipalités à
implanter des bibliothèques et que par la suite, on leur coupe l'aide au
fonctionnement sans tenir compte des besoins et des attentes des citoyens qui
sont générés par la présence d'une
bibliothèque dans leurs municipalités et...
Le Président: À l'ordre!
M. Boulerice: ...une bibliothèque qu'ils
fréquentent d'ailleurs de plus en plus, selon les statistiques.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation.
M. Bourbeau: Dans le cadre des compressions budgétaires
qui ont été décidées récemment par le
gouvernement, une certaine compression a été effectuée
à l'égard des bibliothèques municipales. Je dois dire que
la ministre responsable des Affaires culturelles est venue expliquer ces
compressions à la table Québec-municipalités, il y a deux
ou trois mois. Elle a donné les explications nécessaires et selon
ce que j'ai pu comprendre, les unions municipales ont accepté de bon
coeur la décision gouvernementale.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
en additionnelle.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre des Affaires culturelles
entend reconsidérer, ce que je lui demandais à l'étude des
crédits, sa décision de couper 4 000 000 $ dans le budget des
bibliothèques, compte tenu de l'impact négatif qu'on
connaît maintenant de cette coupure et qui va à l'encontre d'une
véritable politique du livre et de la lecture au Québec? Le
ministre fédéral a même dû intervenir. Quelle honte
pour le Québec, puisque cette coupure...
M. Gratton: Question de règlement!
Le Président: J'avais déjà interpellé
M. le député de Saint-Jacques. Vous êtes en additionnelle,
s'il vous plaît! Concluez, M. le député de Saint-Jacques,
sans commentaire. Vous êtes en additionnelle et je l'avais
déjà rappelé.
M. Gratton: M. le Président, sur une question de
règlement. Non seulement le député de Saint-Jacques
suscite-t-il un débat, mais il l'entretient à lui seul.
Des voix: Bravo!
M. Boulerice: C'est fausser le problème...
Le Président: Si vous me permettez, M. le leader du
gouvernement, c'était une remarque, mais non une question de
règlement. M. le député de Saint-Jacques, en conclusion,
s'il vous plaît, et je vous rappelle que vous êtes en
additionnelle!
M. Boulerice: Est-ce que la ministre va reconsidérer cette
décision arbitraire de couper 4 000 000 $ dans les bibliothèques,
parce que cela affecte les heures d'ouverture, l'achat de livres et le maintien
de personnel?
Le Président: Mme la ministre des Affaires culturelles.
 l'ordre, s'il vous plaît! Mme la vice-première ministre et
ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: Sérieusement, M. le
Président, le pourcentage des subventions aux
bibliothèques est de 12 %. Donc, 3 % sont coupés cette
année. Nous avons dit aux responsables des bibliothèques des
municipalités que les normes étaient assouplies pour cette
période où nous devons faire des compressions budgétaires.
Je pense que le député de Saint-Jacques devrait être
prudent dans ses questions et prudent également dans ce qu'il
véhicule dans ce dossier. Nous avons également dit à la
table de concertation Québec-municipalités que nous allions
cheminer avec elles au cours de cette année pour trouver des solutions
adéquates à cette situation déplorable en raison de la
succession que nous avons reçue, et je vais le redire. Si nous avions eu
les moyens, nous n'aurions pas fait de compressions budgétaires.
VI. le Président, vous allez me permettre de continuer ma
réponse. J'ai rencontré, hier encore, les gens
représentant les bibliothèques centrales de prêts que nous
n'avons pas coupées. Le député de Saint-Jacques ne le dit
pas. Avec eux aussi, nous allons faire ce cheminement au cours des mois qui
viennent pour faire en sorte que, vers octobre, nous soyons capables de trouver
une solution avec les municipalités qui puisse nous permettre de
continuer à accorder cette aide aux bibliothèques et a trouver
une équité dans les subventions aux bibliothèques
centrales de prêts et aux bibliothèques autonomes.
M. Boulerice: Dernière question complémentaire, M.
le Président.
Le Président: Non, M. le député de
Saint-Jacques, c'est dommage. Vous êtes trois minutes et demie en retard
et j'ai dû vous le rappeler. Je vais mettre fin a la période
régulière de questions, mais j'ai été avisé
- si vous me permettez avant de procéder aux deux votes - qu'il y aura
un complément de réponse de la part du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation à une question de M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, en complément de réponse.
Programmes agricoles applicables au
SaguenayLac-Saint-Jean
M. Pagé: M. le Président, effectivement, le
député de Lac-Saint-Jean s'inquiétait de l'entrée
en vigueur de certains programmes qui sont sous la juridiction du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
lui ai indiqué en début de semaine la volonté ferme de
notre gouvernement d'accélérer la mise en place des programmes,
compte tenu que les semences se font tôt en saison.
Il me fait plaisir de lui confirmer ce matin que les programmes
applicables à sa région, notamment l'aide pour le
désherbage des terrains aménagés en bleuetières
familiales a été signée le 24 avril 1986; le programme
d'aide à l'amélioration des sols chez les producteurs de bleuets,
le 11 juin dernier, cette semaine; même chose pour l'aide au
déchaulage des sols dans la région agricole 12, soit la
région du SaguenayLac-Saint-Jean. (11 heures)
Pour l'utilisation du lactosérum pour le moulage à la
ferme, c'est la même chose, le programme a été
adopté dès cette semaine alors que l'année
dernière, il avait été mis en vigueur le 1er septembre
seulement. C'est la même chose pour la production ovine. Destruction du
chiendent dans les champs de céréales non drainés, c'est
la même chose, le programme a été signé le 11 juin
1986. L'aide au développement de l'horticulture de la région
agricole 12, 11 juin 1986.
Je tiens à rappeler au député que l'année
dernière, les budgets qui avaient été prévus pour
les programmes dans la région 12 totalisaient une somme de 240 000 $,
alors que cette année, ils totalisent 630 000 $.
Des voix: Bien! Bien!
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Une question additionnelle a deux volets. Est-ce que
le ministre maintient la durée de trois ans du plan tel qu'il avait
été annoncé et réclamé? J'ai peut-être
mal compris. Est-ce que le programme national pour la conservation des pommes
de terre a été également signé par le ministre?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: M. le Président, j'ai signé ces
programmes pour une durée d'un an. J'avais d'ailleurs parlé du
droit pour un ministre de revoir la période d'application des programmes
signés par un prédécesseur à quelques mois ou
à quelques semaines d'une élection. Donc, ces programmes
s'appliqueront jusqu'au 31 mars 1987. Concernant l'autre volet du programme, il
doit être mis en application éventuellement.
Le Président: Fin de la période des questions.
Nous allons procéder dans quelques instants aux deux votes sur
les motions qui ont été reportées à ce matin.
Est-ce que les députés de cette Chambre sont prêts à
procéder aux deux votes? Nous allons attendre quelques instants. Est-ce
que les
députés de cette Chambre sont prêts
immédiatement à procéder à la mise aux voix de la
première motion? (11 h 1-11 h 3)
Mise aux voix de la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi
19
Le Président: Nous allons maintenant procéder
à la mise aux voix de la première motion présentée
par M. le ministre des Transports proposant que le principe du projet de loi
19, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile, soit maintenant
adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, à la suite d'une
entente du ministre des Transports avec l'Opposition, nous sommes maintenant
prêts à adopter unanimement le principe du projet de loi 19. Donc,
il ne sera pas nécessaire d'enregistrer le vote.
Le Président: Unanimement, le projet de loi 19 est
adopté.
Mise aux voix de la motion de clôture pour
mettre fin à l'étude du projet de loi 58
Nous allons maintenant procéder immédiatement, si je
comprends bien, au vote sur la deuxième motion. Si vous me le permettez,
je vais faire lecture de la deuxième motion. Il s'agit de la mise aux
voix de la motion présentée par M. le leader du gouvernement en
vertu de l'article 251 de notre règlement. Elle se lit comme suit: "Que
la commission de l'éducation à qui a été
confiée l'étude du projet de loi 58, Loi sur
l'admissibilité à l'enseignement en anglais de certains enfants,
mette fin à ses travaux dès l'adoption de la présente
motion et fasse rapport au moment prévu de la période des
affaires courantes de la séance qui suit celle au cours de laquelle aura
été adoptée la présente motion."
Que ceux et celles qui...
M. Jolivet: Même vote inversé.
Le Président: Que ceux et celles qui sont en faveur de
ladite motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton (Gatineau), Saintonge
(Laprairie), Marx (D'Arcy McGee), Pagé (Portneuf), Levesque
(Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi), Latulippe
(Chambly), Dutil (Beauce-Sud), Mmes Gagnon-Tremblay (Saint-François),
Robic (Bourassa), MM. MacDonald
(Robert Baldwin), Vallières (Richmond), Picotte
(Maskinongé), Fortier (Outremont), Ro-cheleau (Hull), Gobeil (Verdun),
Mme Bégin (Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford),
Dauphin (Marquette), Maltais (Saguenay), Philibert (Trois-Rivières), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Lefebvre (Frontenac), Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), Sirros (Laurier), Doyon (Louis-Hébert),
Maciocia (Viger), Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Cannon (La
Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Paradis (Matapédia), Mme Pelchat
(Vachon), MM. Rivard (Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Assad (Papineau), Audet
(Beauce-Nord), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue), Bélanger
(Laval-des-Rapides), Bélisle (Mille-Îles), Mme Hovington (Matane),
M. Séguin (Montmorency), Mmes Trépanier (Dorion), Bélanger
(Mégantic-Compton), MM. Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Parent
(Sauvé), Gervais (L'Assomption), Trudel (Bourget), Mme Bleau (Groulx),
MM. Bradet (Charlevoix), Camden (Lotbinière), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Forget (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet),
Gobé (Lafontaine), Hamel (Sherbrooke), Laporte (Sainte-Marie), Dubois
(Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), Houde (Berthier),
Kehoe (Cha-pleau), Mme Legault (Deux-Montagnes), MM. Leclerc (Taschereau),
Hétu (Labelle), Joly (Fabre), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois),
Messier (Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Tremblay
(Rimouski), Tremblay (Iberville), Thérien (Rousseau),
Théorêt (Vimont), Saint-Roch (Drummond).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ladite
motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Johnson (Anjou), Chevrette
(Joliette), Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), MM. Jolivet
(Laviolette), Garon (Lévis), Rochefort (Gouin), Charbonneau
(Verchères), Mme Juneau (Johnson), MM. Gendron (Abitibi-Ouest), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Gauthier (Roberval), Godin (Mercier),
Paré (Shefford), Boulerice (Saint-Jacques), Blais (Terrebonne), Dufour
(Jonquière), Parent (Bertrand), Mme Harel (Maisonneuve).
Le Secrétaire: Pour: 85
Contre: 20
Abstentions: 0
Le Président: La motion en vertu de l'article 251 de notre
règlement est adoptée. Nous allons maintenant continuer les
affaires courantes. Il n'y a aucune motion sans préavis ce matin. Avis
touchant les travaux des commissions, M. le leader du gouverne-
ment.
Renvoi du projet de loi 19 à
la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: Oui, M. le Président, mais avant que nous
procédions, pourrais-je solliciter le consentement de l'Assemblée
pour faire une motion de déférence du projet de loi 19 que nous
avons adopté unanimement tantôt? Je fais donc motion pour que le
projet de loi 19 soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée.
Le Président: La motion de déférence du
projet de loi 19 est-elle adoptée? Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Aux avis touchant les travaux des commissions, je
prierais les membres d'être attentifs puisque les heures de séance
pourront en surprendre certains. D'abord, aujourd'hui, à compter de
maintenant et jusqu'à 13 heures, de 15 heures a 17 heures et de 19
heures à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission
de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation poursuivra
l'étude détaillée des projets de loi suivants, dans
l'ordre: projet de loi 85, Loi sur la vente de la Raffinerie de sucre du
Québec, et projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur la protection
sanitaire des animaux.
Aux mêmes heures, c'est-à-dire jusqu'à 13 heures, de
15 heures à 17 heures et de 19 heures à 22 h 30, à la
salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude détaillée des
projets de loi suivants et ce, dans l'ordre ci-après indiqué:
projet de loi 40, Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale;
projet de loi 46, Loi modifiant la Loi sur les travaux municipaux; projet de
loi 48, Loi modifiant la Loi sur la Société de transport de la
rive sud de Montréal; projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur les
villages nordiques et l'Administration régionale Kativik; projet de loi
50, Loi modifiant la Loi de la Communauté urbaine de Montréal;
projet de loi 67, Loi concernant la ville de Schefferville et, finalement, le
projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les élections dans certaines
municipalités. (11 h 10)
À la salle 101 de l'édifice Pamphile-Le May, de maintenant
jusqu'à 13 heures, de même que de 15 heures à 17 heures, la
commission du budget et de l'administration poursuivra l'étude du projet
de loi 68, Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services et
modifiant diverses dispositions législatives.
S'il n'y a pas de questions au sujet des avis concernant les travaux des
commissions, j'aurais des détails à communiquer aux membres de
l'Assemblée quant à nos travaux de lundi, ce qui pourrait
permettre aux membres de l'Assemblée de préparer leur agenda.
Le Président: Si vous me le permettez, M. le leader du
gouvernement, j'ai également un avis à faire concernant les
travaux des commissions. La commission des institutions se réunira en
séance de travail le 13 juin, après la période des
affaires courantes jusqu'à 12 h 30 à la salle 85 de l'Hôtel
du Parlement. Quant à la clôture ou à la suspension des
travaux cet après-midi vers 17 heures, M. le leader du gouvernement,
serait-il possible que toutes et chacune des commissions suspendent ses travaux
peut-être sept ou huit minutes avant 17 heures étant donné
que nous recevons cet après-midi, à 17 heures pile, le
président de la République d'Italie? Il sera déjà,
à 17 heures, à l'intérieur du Parlement et les
parlementaires pourront se joindre à nous, au salon rouge, au Conseil
législatif après 17 heures. Cela va? Est-il possible que les
commissions suspendent les travaux quelques minutes avant 17 heures?
M. le leader du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gratton: Au sujet des travaux de l'Assemblée,
j'aimerais informer les membres que l'Assemblée se réunira lundi
à compter de 13 heures pour les affaires courantes. Pour donner une
indication des projets de loi qui seront appelés dans l'ordre, sous
réserve des ajustements de dernière minute qui pourraient
survenir, le projet de loi 55 concernant les ex-enseignants religieux, le
projet de loi 54, transfert de certains employés du ministère de
l'Éducation à Radio-Québec, le projet de loi 30,
commission scolaire du Nouveau-Québec, réimpression, le projet de
loi 73, accès aux documents des organismes publics. Il y aura,
évidemment, plusieurs prises en considération, dont le projet de
loi 60, Code de la sécurité routière, le projet de loi 84
concernant les non-fumeurs.
Comme il s'agira de la dernière semaine de session, on peut
considérer que le menu des travaux est constitué de l'ensemble de
ce qui se retrouve au feuilleton. Plus tard, en cours de journée, nous
donnerons des avis quant à la tenue de certaines commissions
parlementaires qui se réuniront à 10 heures lundi matin, une fois
que j'aurai eu l'occasion de consulter le leader de l'Opposition à ce
sujet.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres
renseignements concernant les travaux? M. le leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Juste sur un projet de loi, il m'apparaît que
le projet de loi 74 n'a pas encore fait l'objet d'appel et n'est pas
prévu pour les travaux d'aujourd'hui. Est-ce que c'est prévu pour
les travaux de la semaine prochaine?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Nous procéderons lundi, mardi, quelque part
dans ce temps-là, à l'appel de l'adoption du principe de ce
projet de loi.
Le Président: Cela va? Nous allons maintenant
procéder aux affaires du jour.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je vous prierais d'appeler l'article 21 du
feuilleton, s'il vous plaît, M. le Président.
Projet de loi 75 Adoption du principe
Le Président: À l'article 21 au feuilleton, il
s'agit du début du débat sur la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et services sociaux, présenté par Mme la ministre de
la Santé et des Services sociaux.
Je vais maintenant céder la parole à Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoïe-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Nous entamons
aujourd'hui le discours sur l'adoption du principe du projet de loi 75 qui
vient modifier la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Il me fera plaisir d'établir clairement et précisément les
objectifs qui sous-tendent l'étude et l'adoption de ce projet de loi,
étant donné que ces objectifs consistent essentiellement à
assurer une meilleure efficacité et une meilleure efficience des
services de santé à la population et surtout une meilleure
accessibilité à l'ensemble des services pour l'ensemble de la
population et, également, une meilleure qualité des services...
Bien, écoutez là, franchement...
La Vice-Présidente: Je demanderais à ceux qui sont
en arrière de bien vouloir reprendre leur siège ou de quitter
l'Assemblée.
Vous pouvez continuer, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je disais donc que nous entamions aujourd'hui -
si je répète ces phrases, c'est que je pense que c'était
assez difficile d'entendre - le discours sur l'adoption du principe du projet
de loi 75 qui vient modifier la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. Je voudrais donc établir clairement et
précisément les objectifs qui sous-tendent l'étude et
l'adoption de ce projet de loi, parce que ces objectifs consistent
essentiellement à assurer une meilleure efficacité et une
meilleure efficience des services de santé à la population et,
surtout, une meilleure accessibilité et une meilleure qualité de
ces services.
L'accès universel à des soins de qualité est l'un
des principes fondamentaux de notre système de santé et il fait
l'objet d'une préoccupation gouvernementale grandissante. Durant les
dernières décennies, divers programmes gouvernementaux ont
contribué progressivement à rendre les services de santé
accessibles à l'ensemble de la population. Nous avons eu tout d'abord
l'introduction du programme d'assurance-hospitalisation puis, au début
des années soixante-dix - nous en sommes toujours fiers sous le
gouvernement de M. Bourassa, l'introduction du programme d'assurance-maladie
qui a été l'un des facteurs les plus déterminants dans la
mise sur pied d'un système de santé universel, accessible et de
qualité. Éliminant, à toutes fins utiles, les
barrières financières d'accès aux soins, ces deux
programmes ont été également à l'origine d'un
développement important des services offerts, autant les services de
base que les services spécialisés ou
ultraspécialisés.
Au cours des quinze dernières années, on a pu
également assister à la mise en place d'un nombre important
d'établissements qui constituent un réseau, qu'il s'agisse des
hôpitaux, des centres locaux de services communautaires, ce qu'on appelle
les CLSC, qu'il s'agisse des centres d'accueil ou de différents
établissements de services sociaux ou communautaires. Évidemment,
nous sentons toujours la difficulté d'interrelation entre ces
établissements, même si, depuis plusieurs années, chacun
s'efforce de rapprocher ces différents établissements pour
vraiment permettre à la population d'avoir accès à des
services continus, bien articulés et qui répondent à ses
besoins.
On pourrait peut-être croire que, devant la présence de ce
réseau très complet - enfin, le plus complet possible dans notre
système de santé et de services sociaux - les objectifs que notre
société s'est donnés au début des années
soixante-dix ont tous été véritablement atteints. On
pourrait peut-être croire également que nous n'avons
qu'à
arrêter d'y travailler parce que le travail est déjà
fait. Malheureusement, la réalité est tout autre car,
malgré le système de santé dont nous nous sommes
dotés en tant que société, une proportion importante de la
population demeurant en régions périphériques et
même intermédiaires n'a pas un accès adéquat aux
services de santé.
Je voudrais simplement ici reprendre quelques mots de ce que disait le
président de la commission Rochon dans une conférence de presse
qu'il tenait hier pour clore la première partie des travaux de la
commission: "Les disparités sont telles entre les grands centres et les
régions éloignées qu'il est illusoire de croire que les
services offerts aux Québécois sont égaux en
qualité et en quantité partout dans la province. Les
régions périphériques sont toujours
pénalisées eu égard à la distribution
géographique des services de santé et même des services
sociaux. L'allocation concrète des ressources, que ce soit en termes
matériels ou humains, ne s'est pas toujours faite selon une
évaluation réelle des besoins et en fonction d'indicateurs des
différentes pathologies ou des environnements." (11 h 20)
Le gouvernement tente, et a tenté, dans le passé - il faut
aussi le souligner, l'ancien gouvernement - de présenter des mesures
à la fois incitatrices et désincitatrices pour tenter
d'améliorer cette situation, mais on sait fort bien que nous restons
toujours devant des problèmes aigus qu'encore une fois, pas plus tard
qu'hier, le président de la commission Rochon soulignait.
La mauvaise répartition géographique des effectifs
médicaux, en d'autres termes, la mauvaise répartition
géographique de la main-d'oeuvre médicale, des médecins,
représente, à l'heure actuelle, la cause la plus importante des
problèmes d'accès aux soins dans ces régions. Pour des
raisons qu'un peu tous connaissent, les forces du marché ne
président plus à l'affectation des ressources médicales au
Québec. À titre d'information, les derniers chiffres de la
Corporation professionnelle des médecins du Québec nous
indiquaient que ses ressources médicales étaient
composées, en décembre 1984, de 13 303 médecins, dont 5918
omnipraticiens et 6055 médecins spécialistes. Il n'y a pas de
manque de main-d'oeuvre médicale au Québec, mais il y a une
mauvaise distribution de cette main-d'oeuvre et il y a aussi probablement la
nécessité de se pencher sur la répartition entre les
médecins omnipraticiens et les médecins spécialistes, un
problème qui fera d'ailleurs l'objet de cette table de concertation
permanente dont je parlerai tout à l'heure et à laquelle toutes
les fédérations seront appelées à participer.
Le problème majeur de la distribution des médecins nous
donne donc un portrait de la situation qui est moins que réjouissant.
Malgré une croissance très grande de l'effectif médical -
cinq fois plus vite que l'accroissement de la population durant la
dernière décennie, pour atteindre au Québec le ratio d'un
médecin par 500 habitants, certainement un des plus hauts dans le monde
occidental - il manque toujours dans les régions éloignées
environ 50 omnipraticiens et 200 médecins spécialistes.
Dans la région de la Côte-Nord, par exemple, on retrouve
près de dix fois moins de médecins spécialistes que dans
la région de Montréal et même si on exclut... Il faut bien
en tenir compte, il y a, à Montréal, des universités
où des médecins enseignent, des hôpitaux
surspécialisés et aussi des endroits où on fait de la
recherche. Même si on soustrait de ces chiffres les médecins
engagés dans des activités de recherche, d'enseignement et de
soins ultraspécialisés, le ratio de Montréal par rapport
à la Côte-Nord, en termes de spécialistes, demeure
supérieur à cinq.
La Côte-Nord, parmi les quelques régions à avoir
réalisé leur plan d'effectifs médicaux, possède
seulement le tiers des effectifs spécialisés prévus
à ce plan et constate des pénuries importantes dans les
spécialités de base. D'ailleurs, dans l'ensemble des
régions périphériques, il y a une carence d'au moins 50 %
selon les plans d'effectifs médicaux que ces régions se sont
donnés.
Pour ne donner qu'un seul exemple, il n'existe aucun
obstétricien-gynécologue pour toute cette région de 110
000 habitants, région où le taux de mortalité
périnatale est parmi un des plus élevés au Québec.
De façon générale, les régions
éloignées possèdent moins de la moitié des
spécialistes par rapport aux besoins qu'elles ont pu évaluer.
Pourtant, certaines études précisent que le fardeau de la maladie
y est souvent beaucoup plus important que dans des grandes régions
urbaines.
Le problème n'est toutefois pas limité aux régions
éloignées. En effet, les régions intermédiaires
comme la Mauricie, les Laurentides et Lanaudière, le
SaguenayLac-Saint-Jean vivent aussi un problème sérieux
d'accès aux services de santé, notamment à l'égard
de certaines spécialités. Par exemple, plus de la moitié
des Québécois et Québécoises n'ont pas accès
à un niveau acceptable de services psychiatriques. Le dernier rapport de
la Corporation professionnelle des médecins du Québec indique une
détérioration de la situation au SaguenayLac-Saint-Jean
ainsi que dans les Laurentides et Lanaudière. Dans une région qui
est quand même, je dirais, très près de Montréal, la
région 6C, qu'on appelle la Montérégie, la rive sud de
Montréal, on nous faisait état, le 14 mars 1986, des carences en
effectifs médicaux, particulièrement en
spécialité. Par exemple, on nous disait que des
hôpitaux de soins de courte durée, tels ceux de Granby,
Saint-Hyacinthe, Valleyfield, Haut-Richelieu, manquaient de médecins
spécialistes, les services les plus touchés dans ces
cas-là étant ceux de la psychiatrie, de l'anesthésie et de
la cardiologie, pour ne nommer que les principaux. Je pourrais reprendre - mais
je ne veux pas m'étendre inutilement - des données similaires
pour la région de l'Outaouais, par exemple, et, il va sans dire, pour
les régions vraiment périphériques. Je pense que tout le
monde est fort conscient de ce problème.
Cette même étude nous confirmait également qu'on
constate une amélioration marquée de la répartition des
médecins omnipraticiens, mais qu'il n'y a aucune amélioration de
la répartition des médecins spécialistes. C'est
évidemment dans les régions les moins bien desservies en termes
d'effectifs médicaux ou de main-d'oeuvre médicale que la
disponibilité des médecins spécialistes diminue le plus.
Au problème de la répartition géographique s'ajoute le
problème de la répartition par spécialité. De 1980
à 1984, il y aurait eu détérioration du ratio
population-médecins pour les spécialistes en
anesthésie-réanimation, chirurgie générale,
neurochirurgie, oto-rhino-laryngologie et urologie.
Pour compléter le portrait de la situation de la distribution de
la main-d'oeuvre ou des besoins en main-d'oeuvre médicale au
Québec, nous ne pouvons passer sous silence la situation des petits
centres hospitaliers des régions intermédiaires et même des
centres hospitaliers non universitaires dans les grandes régions
urbaines qui multiplient les cris d'alarme auprès du gouvernement. En
effet, certains menacent de réduire leurs heures d'ouverture et leur
service d'urgence par manque de médecins effectuant les services de
garde auprès des établissements. En ce sens, la
responsabilité des médecins qui gravitent dans le même
environnement que ces centres hospitaliers est majeure et nécessite une
plus grande prise de conscience du problème.
Dans le but de résoudre l'ensemble des problèmes relatifs
à cette répartition des médecins, le gouvernement a
adopté dans le passé des mesures allant des primes d'installation
à l'implantation de la rémunération
différenciée, en passant par des programmes de bourses, de
décentralisation, de formation médicale et de jumelage intra et
interrégionale. Évidemment, toutes ces mesures ne sont pas encore
en vigueur et certaines ne le sont pas d'une façon tout à fait
satisfaisante, mais il y a quand même eu un grand nombre de ces mesures
qui ont été appliquées. Il est peut-être un peu
tôt pour évaluer d'une façon absolument rigoureuse l'effet
de chacune d'elles ou l'impact global de l'ensemble de ces mesures.
On peut cependant, à ce stade, dégager certaines
conclusions dont une, entre autres, provient du rapport de la Corporation des
médecins qui souligne que les projections pour 1988 indiquent que la
répartition interrégionale pourrait s'améliorer
légèrement pour les omnipraticiens, mais demeurera
inchangée pour les spécialistes. On me disait, par exemple, que
dans la région du Nord-Ouest, de l'Abitibi-Témiscamingue, il n'y
a pas un seul cardiologue. Évidemment, on a tenté de
suppléer à ces carences par toutes sortes de mesures transitoires
telle, par exemple, celle qu'on appelle l'itinérance des
médecins; des médecins vont en régions
éloignées des fins de semaine ou pendant des périodes
données. Mais la population là-bas, qui est quand même
considérable, trouve, et avec raison, qu'il est absolument injuste de
toujours se trouver à la merci de mesures transitoires ou temporaires.
Pourtant, la qualité et la continuité des soins exigent que les
régions éloignées aient, comme toutes les autres
régions, des ressources permanentes sur place.
Le gouvernement précédent a introduit, en 1981, lors de
l'étude du projet de loi 27 qui modifiait, entre autres, la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, un article obligeant tous les
établissements hospitaliers à élaborer un plan
d'organisation des services dans lequel se retrouverait une évaluation
des besoins en termes de main-d'oeuvre médicale. Cet article du projet
de loi donnait également une responsabilité aux conseils
régionaux de la santé et des services sociaux d'approuver ces
plans effectués par les établissements. (11 h 30)
Certaines régions - il est assez intéressant de le
constater - particulièrement les régions éloignées,
ont élaboré très facilement ces plans d'effectifs, compte
tenu du fait qu'elles étaient en pénurie de main-d'oeuvre,
qu'elles manquaient de médecins. C'était évidemment plus
facile. Par contre, dans les autres régions, la concentration
très grande de la main-d'oeuvre médicale - je pense
particulièrement à Montréal - a rendu cette tâche
beaucoup plus difficile et même irréalisable en ce sens que le
mandat donné aux conseils régionaux pour planifier la
main-d'oeuvre régionale n'était pas explicite. L'absence de plan
dans chaque région a donc rendu inopérante et inefficace cette
obligation faite aux conseils régionaux et au ministère
d'approuver les plans d'établissement. Même si presque tous les
établissements hospitaliers, ou du moins un très grand nombre,
ont transmis leurs plans, ceux-ci sont restés sans réponse, faute
de mandat explicite dévolu à chaque conseil régional et
faute de l'obligation de soumettre un plan d'effectifs médicaux. Ce qui
démontre tout simplement qu'il est plus facile de planifier la
main-d'oeuvre, lorsqu'il n'y a pas de
ressources que lorsqu'il y en a, et que les résistances dans ces
régions y sont également beaucoup moins prononcées.
Il est de la responsabilité du gouvernement de rendre ce principe
adopté en 1981 applicable et opérationnalisable. Comment
pourrait-on sans cela effectuer une véritable planification de la
main-d'oeuvre médicale, planification dont même les
fédérations médicales reconnaissent la
nécessité? Évidemment, le projet de loi a eu des
critiques. Le gouvernement croit qu'il est de son devoir de persister avec
l'accord d'un grand nombre d'intervenants et surtout de répondre aux
besoins de la population et croit que le projet de loi 75 est un pas positif en
ce sens. Le gouvernement n'a nullement dans ses intentions de conscrire la
profession médicale comme certains l'ont crié peut-être un
peu trop rapidement, ni même d'obliger les médecins à
travailler en régions éloignées; sauf, cette année,
pour le cas de 50 médecins spécialistes qui avaient
été accordés en surplus du contingentement habituel et ont
signé un engagement de servir en régions éloignées
pour une période de quatre ans. C'est un engagement volontaire qu'ils
signent et il ne s'agit pas d'étendre cette mesure à l'ensemble
des spécialistes comme certains ont pu le croire.
La seule intention qui peut nous être accordée, c'est de
vouloir mettre un terme à l'incohérence de la répartition
géographique des médecins. Celle-ci doit se faire davantage en
fonction des caractéristiques démographiques de la population
régionale et de ses besoins sociosanitaires. Le projet de loi 75 ne doit
pas non plus être vu comme un projet pour ou contre la profession
médicale, mais davantage comme un projet qui vise une plus grande
efficacité des moyens déjà mis de l'avant. D'ailleurs, le
gouvernement a déjà démontré son intention de
collaborer avec les fédérations médicales en les invitant
à se joindre à une table de concertation continue qui
étudiera et élaborera la politique de détermination des
postes de résidents et d'internes pour les trois prochaines
années.
Il me fait plaisir de dire que non seulement les
fédérations, mais également les universités et
désormais, après l'adoption du projet de loi des
représentants des CLSC, des représentants des centres d'accueil,
parce qu'eux aussi devront participer à ce plan d'effectifs
médicaux, se joindront à cette table, sans compter des
représentants régionaux et j'en passe. Cette table de
concertation existait depuis deux ans. C'est-à-dire qu'à deux
occasions, mais uniquement à l'occasion de l'étude des effectifs
médicaux pour l'année à venir, cette table s'est
réunie. Nous croyons que cela est loin d'être suffisant et que, si
nous voulons vraiment trouver les solutions les plus adéquates
possibles, il faut qu'il s'agisse d'une table continue et c'est le sens de
l'invitation que nous avons adressée aux différents intervenants
et à laquelle les différents intervenants ont manifesté le
désir de collaborer.
Rappelons que cet effort de concertation était également
le sujet d'un engagement électoral de ma formation politique, au cours
de la dernière campagne électorale. Cela me fait plaisir de dire
cela au député de Gouin. J'ai confiance que le dialogue qui doit
s'installer de façon permanente entre tous les intervenants au dossier
demeure la meilleure garantie d'une évaluation des besoins et d'une plus
grande planification de cette main-d'oeuvre médicale. Ce ne serait
très certainement pas en reconstituant cette table de façon
sporadique, comme elle l'a été dans le passé, qu'on peut
vraiment en arriver à une entente sur le sujet. Le gouvernement ne
rejette donc pas la consultation. Bien au contraire, il la veut permanente.
En ce qui a trait au projet de loi 75, on constate que cette question
des plans d'effectifs médicaux a déjà été
largement traitée lors de la commission parlementaire qui se tenait il y
a un an, en mai 1985, et à laquelle tous les principaux intervenants
avaient largement contribué. Plusieurs groupes, à ce
moment-là, ont affirmé la nécessité de se doter de
plans d'effectifs régionaux, que ce soit la Conférence des
conseils régionaux de la santé et des services sociaux, que ce
soit la Fédération des centres locaux de services communautaires,
les CLSC, que ce soit l'Association des centres d'accueil ou l'Association des
hôpitaux du Québec et même l'Association des conseils des
médecins, dentistes et pharmaciens du Québec. Ils avaient
manifesté ce désir qu'il y ait une planification des effectifs
médicaux pour l'ensemble du territoire du Québec.
D'ailleurs, à ce moment, les CLSC et les centres d'accueil
avaient manifesté leur désir d'être partie aux plans
d'effectifs médicaux régionaux. C'est donc à cette
volonté que le gouvernement répond en introduisant l'article qui
prévoit l'obligation pour un centre local de services communautaires ou
un centre d'accueil de déterminer dans son plan d'organisation le nombre
de médecins et de dentistes qui peuvent y exercer leur profession.
Je ne peux, non plus, m'empêcher de relever les paroles
mêmes du député de Joliette ministre des Affaires sociales
à l'époque à cette commission parlementaire, qui
soulignait l'importance pour les conseils régionaux de la santé
et des services sociaux de pouvoir faire des plans d'effectifs régionaux
sur une base régionale ou sous-régionale. "Au plus vite",
disait-il. C'est une clé indispensable si on veut planifier
concrètement, si on veut doter chacune de
nos régions d'effectifs de base nécessaires". Puis-je en
conclure, M. le Président, que l'Opposition et le gouvernement,
aujourd'hui, pourraient être d'accord sur ce projet de loi, compte tenu
des propos tenus en mai 1985 par le député de Joliette?
Le projet de loi n'a pas d'autres objectifs que de compléter les
dispositions relatives aux plans d'organisation et de prévoir que le
conseil régional devra, à partir notamment de ces plans,
élaborer un plan régional de la main-d'oeuvre médicale et
dentaire nécessaire à la population de la région. Le
ministre pourra enfin, dans le but d'assurer ultimement une répartition
géographique adéquate, modifier un plan régional et les
plans d'organisation qui ont servi à son élaboration. Ces mesures
sont complétées par des dispositions transitoires garantissant
leur application et permettant d'harmoniser celles-ci dans le temps, incluant
des dispositions prévoyant les pouvoirs réglementaires requis
à cet égard.
Lors de la rencontre que j'ai eue avec les fédérations
médicales mercredi dernier, si ma mémoire est bonne - la semaine
dernière sûrement - celles-ci ont manifesté le désir
que les cabinets privés ne soient pas inclus dans le plan
régional d'effectifs médicaux. Ce point soulève,
évidemment, d'une part, la capacité d'établir un cabinet
privé n'importe où, mais soulève également, d'autre
part, le problème du partage des effectifs entre les cabinets
privés et l'activité en établissement.
Tel que promis aux fédérations, nous avons examiné
attentivement cette question ou cette requête qu'elles nous ont
adressée. Je peux, dès maintenant, Mme la Présidente,
annoncer que, lors de la commission parlementaire qui étudiera le projet
de loi article par article ou de façon détaillée, comme on
le dit aujourd'hui, je serai en mesure d'apporter une réponse qui ira
dans le sens de la requête qu'ils m'ont adressée.
Le projet de loi 75, Mme la Présidente, comporte, par ailleurs,
trois autres éléments de fond. Tout d'abord, il prévoit
l'obligation pour un médecin ou un dentiste qui pratique en
établissement de donner un préavis avant de quitter cet
établissement. Actuellement, les médecins et les dentistes
jouissent d'un statut et ont des privilèges qui leur sont
conférés par les centres hospitaliers, conformément
à la Loi sur les services de santé et les services sociaux et aux
règlements sur l'organisation et l'administration des
établissements.
Certains centres d'accueil et centres locaux de services communautaires
confèrent également un tel statut à ces professionnels.
Or, rien n'est prévu actuellement pour qu'en contrepartie les
médecins ou les dentistes assurent le maintien des services
médicaux en établissement. Aucune obligation ne leur est faite de
donner un préavis avant de cesser leurs activités dans un
établissement.
Certains centres hospitaliers, par contre, se sont toutefois
dotés d'un règlement interne demandant un préavis de 30
jours avant de quitter l'établissement. Mais la difficulté de
concilier ce pouvoir que certains conseils d'administration
d'établissements se sont donné avec le type de relations qu'ils
doivent conserver avec leurs médecins, à la suite d'un conflit ou
lors d'un conflit, rend ce règlement difficile d'application. (11 h
40)
C'est ainsi que certains établissements, sans aucun avis
préalable, se sont retrouvés sans médecin à
l'urgence ou dans le département des soins intensifs parce que tous les
médecins qui y oeuvraient avaient décidé par mesure de
pression ou autres de quitter en même temps.
Le projet prévoit, M. le Président, qu'un médecin
ou un dentiste ne pourra quitter un établissement dans lequel il exerce
sans avoir donné un préavis de 60 jours. Cependant, nous
prévoyons qu'un médecin ou un dentiste pourrait, toutefois,
quitter un établissement sans préavis ou après avoir
donné un préavis d'une durée moindre si son départ
n'a pas, de l'avis du conseil d'administration de l'établissement, pour
effet d'affecter la qualité ou la suffisance des services
médicaux ou dentaires offerts à la population desservie par cet
établissement. Je pense que cela tombe sous le sens qu'un médecin
ou un dentiste, pour des raisons qui lui sont personnelles ou des raisons qui
sont tout à fait légitimes et qui n'affectent pas le
fonctionnement général d'un centre hospitalier, peut avoir
l'autorisation de quitter l'établissement sans avoir donné ces 60
jours de préavis.
Il est, en outre, prévu que le médecin ou le dentiste qui
quitte sans préavis ou sans l'autorisation du conseil d'administration
soit, aux fins de la Loi sur l'assurance-maladie, considéré non
participant pour une période établie en fonction de la
durée non écoulée du préavis. Des amendements
seront également apportés à la Loi sur l'assurance-maladie
pour prévoir que la régie émet, le cas
échéant, une ordonnance de non-participation applicable à
un dentiste ou à un médecin, l'en avise et en publie un avis
à la Gazette officielle.
Ainsi le gouvernement souhaite créer un incitatif à la
discussion plutôt qu'à l'utilisation de moyens de pression qui
peuvent avoir des impacts néfastes et même dangereux sur
l'accessibilité et la qualité des services de santé. La
responsabilité de mon ministère à l'égard de la
santé publique et de la protection de la population nécessite que
soit introduite cette mesure et que les modalités prévues en cas
de non-respect soient suffisamment dissuasives pour les rendre efficaces.
Le projet de loi prévoit en second lieu
des motifs d'inadmissibilité à la fonction de membre du
conseil d'administration d'un établissement. C'est ainsi qu'une personne
ne peut être admissible à ce poste si, au cours des trois
années précédentes, elle a été déchue
de ses fonctions comme membre du conseil d'administration d'un
établissement au sens de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. Il en est de même pour la personne qui, au cours des
trois années précédentes, a été reconnue
coupable d'une infraction à l'une des dispositions de cette loi ou des
règlements du gouvernement ou du ministre. Il est arrivé dans le
passé certains cas où des personnes ont été
déchues de leur poste à l'intérieur d'un conseil
d'administration d'un établissement pour des raisons de cet ordre,
très graves. Comme il n'y avait rien de prévu dans la loi, on les
retrouvait quelques mois ou possiblement un an après dans un autre
conseil d'administration. Alors, nous voulons que quelqu'un qui a
été destitué pour des causes aussi graves ne puisse pas se
représenter ou siéger à un autre conseil d'administration
à l'intérieur de trois ans.
J'espère, en terminant, que nous procéderons à
l'adoption de ce projet de loi, car je crois très sincèrement
qu'il rejoint les objectifs que nous nous sommes donnés en tant que
société lorsque nous avons mis sur pied notre système de
santé et de services sociaux. Il ne modifie en rien ces principes. Il
vient plutôt en renforcer l'application afin d'assurer une meilleure
efficacité et une meilleure efficience des services de santé
à la population.
Mme la Présidente, je suis convaincue que certains de mes
collègues reprendront certains des nombreux témoignages que nous
avons reçus, entre autres de la Fédération des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux, qui ont
indiqué leur appui complet à ces mesures et même qui
auraient souhaité que nous allions plus loin. Je pourrais ici simplement
prendre le témoignage du conseil régional de la santé et
des services sociaux de la Côte-Nord qui, justement, exprime son accord
avec la récente décision du Conseil des ministres relative au
contingentement des postes en spécialité, et qui appuie
entièrement aussi les changements proposés par le projet de loi
75 modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Il trouve extrêmement importante l'obligation faite aux CRSSS de
préparer un plan régional d'effectifs médicaux et
dentaires nécessaires à la population de la région, en
tenant compte notamment des plans d'organisation clinique des
établissements qu'il a approuvés.
Alors, Mme la Présidente, il y a ce témoignage et il y a
des témoignages d'éditorialistes. Nous avons rencontré
également les différents intéressés, que ce soit
les fédérations de médecins... La
Corporation professsionnelle des médecins et dentistes a
également demandé de nous rencontrer. Nous l'avons
rencontrée et toutes les demandes qui nous ont été
adressées à cet égard, que ce soit de la part de
l'Association des hôpitaux ou de l'ensemble des... nous avons
accédé à leurs demandes. Je dois vous dire que nous avons
tenté et que nous tenterons le mieux possible de tenir compte des
représentations qui nous ont été faites lors de ces
rencontres.
Il y a une chose qui est certaine, c'est que les besoins sont urgents
d'une meilleure planification de la main-d'oeuvre pour justement permettre de
respecter le plus possible ce principe d'accessibilité et
d'universalité dans le domaine des services de santé. Je pense
que de plus en plus la population des régions éloignées ne
veut tolérer d'être laissée à la merci des
événements quand elle requiert des services de santé. Ceci
ne veut pas dire qu'on recréera dans les régions
périphériques ou éloignées un institut de
cardiologie ou un institut de neurologie, mais il reste qu'il y a des services
de base et des services spécialisés que les régions
requièrent et qu'elles sont en droit de requérir.
Mme la Présidente, la population des régions
périphériques et intermédiaires réclame un meilleur
accès aux services de santé et je pense que l'ensemble des
Québécois et des Québécoises ont droit à des
services de qualité. Je pense que, pour toutes ces raisons, l'objectif
d'une meilleure planification de la main-d'oeuvre médicale nous
apparaît essentielle et nous pensons qu'avec ces deux instruments - d'une
part, l'adoption de la loi 75 pour confier ce mandat de planification
régionale et sous-régionale aux conseils régionaux de la
santé et des services sociaux et, d'autre part, le travail qui sera
accompli par cette table de concertation où se trouveront les principaux
intervenants et qui veut planifier, justement, ces besoins sur une
période de trois ans -nous devrions trouver des solutions satisfaisantes
pour tenter de régler un problème qui devient de plus en plus
intolérable dans une société comme la nôtre. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, Mme la Présidente. À chacune
de ses interventions entourant le projet de loi 75, la ministre de la
Santé et des Services sociaux tente de limiter la portée et les
objectifs visés par ce projet de loi à la question de la
répartition des effectifs médicaux en régions. Or, Mme la
Présidente, le projet de loi 75 va
beaucoup plus loin que la question des effectifs médicaux en
régions. D'ailleurs, Mme la Présidente, il soulève un
tollé, des débats importants et des oppositions qui sont
nombreuses et pas seulement en provenance des syndicats de médecins.
Le débat qui a entouré ce projet de loi et les oppositions
qui ont été manifestées ne vont en aucune façon
dans le sens de s'opposer aux mesures visant à donner aux régions
les médecins auxquels elles ont droit. Ce débat n'aurait pas eu
lieu si le projet de loi s'était limité à poser des
gestes, à prendre des décisions et des actions allant dans le
sens d'une meilleure présence, d'une plus grande présence et
d'une présence suffisante et satisfaisante des médecins dans les
différentes régions du Québec qui sont, il faut le
reconnaître, en pénurie actuellement. Mme la Présidente, la
question du problème de la répartition et de la présence
des médecins dans les différentes régions du Québec
est un problème très important. Le niveau de qualité et de
disponibilité, la présence de services de santé et de
services sociaux de façon suffisante et satisfaisante dans l'ensemble
des régions du Québec est une question absolument essentielle,
primordiale et qui d'ailleurs, à mes yeux, comme membre de cette
Assemblée nationale, est probablement le problème, la question
qui mérite d'être placée, tant au plan politique qu'au plan
budgétaire, en tête des priorités du ministère de la
Santé et des Services sociaux du Québec. (11 h 50)
D'ailleurs, Mme la Présidente, le Parti québécois,
alors qu'il était au gouvernement, a bien reconnu l'importance de cette
question et a posé des gestes concrets pour se mettre sur la voie de
solutions complètes et définitives à ces problèmes.
Les mesures que nous avons prises, les moyens que nous avons mis en place
lorsque nous étions au gouvernement nous ont permis d'obtenir des
résultats qui sont reconnus par tous comme étant des
résultats positifs. Bien loin de moi l'intention de prétendre que
tout est réglé, bien au contraire, mais tous reconnaissent que
les mesures que nous avons mises en place, que les actions que nous avons
prises, que les gestes que nous avons posés ont donné des
résultats positifs, constituent un progrès substantiel par
rapport aux problèmes qui existaient auparavant.
En même temps, une voie est tracée pour arriver à
une solution définitive et complète de ce problème qui, je
le répète, à mes yeux, quant à moi, doit retenir la
priorité politique et budgétaire au ministère de la
Santé du Québec, quelle que soit la formation politique qui
représente le gouvernement.
D'ailleurs, les mesures que nous avons prises ont, pour l'essentiel - et
la ministre l'a reconnu lors de son intervention sur la présentation du
projet de loi tantôt - réglé la question de la
présence des médecins omnipraticiens dans l'ensemble des
régions du Québec. Non seulement la ministre l'a-t-elle reconnu,
mais les études produites par son ministère, de même que
les évaluations faites par l'ensemble des conseils régionaux de
la santé et des services sociaux reconnaissent que pour l'essentiel le
problème de la présence des omnipraticiens, avec les mesures
prises jusqu'à maintenant, est en voie de règlement, si ce n'est
déjà fait.
D'autre part, sur la question des médecins spécialistes en
régions, les mesures que nous avons prises, alors que nous faisions
partie du gouvernement, ont ajouté un nombre intéressant de
médecins spécialistes qui ont permis à des
Québécois et à des Québécoises, dans ces
régions en pénurie, de profiter de meilleurs services et d'une
plus grande quantité et qualité de services de santé et de
services sociaux. Mais je reconnais aussi que les résultats de ces
mesures au plan de la présence de ces médecins
spécialistes n'ont pas été suffisants jusqu'à
aujourd'hui.
Je dois aussi avouer, et nous devons tous ensemble reconnaître que
l'ensemble des mesures qui ont été prises par le Parti
québécois, l'ensemble des gestes qui ont été
posés l'ont été en concertation non seulement avec la
profession médicale, non seulement avec les conseils régionaux de
la santé et des services sociaux, particulièrement ceux des
régions concernées, mais aussi avec l'ensemble de ceux et de
celles qui sont préoccupés par ces questions tant à
Québec, au ministère, que dans l'ensemble des régions du
Québec et particulièrement dans les régions qui avaient
des problèmes. Cette concertation entre le gouvernement du
Québec, alors dirigé par le Parti québécois, et
l'ensemble des intervenants, notamment, de la profession médicale, a
permis d'avoir des résultats, d'avoir sur le terrain, d'avoir dans les
régions du Québec, d'avoir dans les établissements de
santé du Québec, dans les régions en pénurie des
médecins qui étaient de bonne humeur, des médecins qui
allaient, de plein gré, pratiquer dans ces régions.
Je crois qu'il faut poursuivre les mesures qui ont été
prises jusqu'à maintenant, qu'il faut poursuivre sur la voie d'une
solution définitive et complète quant à la présence
des médecins tant omnipraticiens que spécialistes dans l'ensemble
des régions du Québec. Quant à nous, nous croyons qu'il ne
faut rien négliger qui nous permette de mieux atteindre et d'atteindre
véritablement les objectifs partagés par tous quant à la
présence des médecins en régions.
Contrairement aux prétentions de la ministre comme quoi son
projet de loi vient régler le problème de la présence des
médecins dans les différentes régions du Québec qui
sont en pénurie, il faut
reconnaître, tous ensemble, ce que veut dire et ce qu'impliquera
concrètement le projet de loi 75 une fois en application sans
reconnaître moins que ce qu'il va apporter mais sans lui donner plus de
vertu qu'il n'en comprend dans sa forme actuelle.
D'abord, il faut se dire quelque chose franchement, tous ensemble. J'ai
d'ailleurs eu l'occasion de le faire en réponse à des questions
qui me provenaient justement de régions à qui le projet de loi
avait été présenté d'une façon un peu
rapide. Il faut reconnaître tous ensemble que le projet de loi 75 ne
vient ajouter aucun médecin dans aucune région du Québec
et dans aucun des établissements qui vivent à l'heure actuelle
une pénurie de médecins, notamment de médecins
spécialistes. Donc, il ne faut pas se raconter d'histoires et accorder
plus de vertu au projet de loi 75 qu'il n'en contient véritablement.
D'autre part, il faut reconnaître que dans la décision 86-84 du
Conseil des ministres, datée du 23 avril dernier, nous retrouvons
là les orientations de la ministre de la Santé et des Services
sociaux et de son gouvernement quant au nombre de médecins, quant aux
gestes qu'ils sont prêts à poser pour ajouter des médecins
dans les régions qui sont en pénurie. Cela nous permet de voir
vraiment quelles sont les intentions véritables du gouvernement quant
à l'ajout, quant à une solution concrète, pratique de la
pénurie des médecins dans un certain nombre de régions du
Québec.
Premièrement, il faut souligner que la disposition prévue
dans cette décision du Conseil des ministres qui prévoit que pour
l'année qui vient 50 postes seront réservés en
faculté pour des médecins qui s'engagent à aller pratiquer
dans une spécialité en pénurie dans une région pour
quatre ans... Il faut reconnaître que cette décision va en
deçà des consensus obtenus par le Parti québécois
et notamment par le député de Joliette alors qu'il était
ministre de la Santé et des Services sociaux pas longtemps avant
l'élection, consensus qu'il avait obtenus qu'on réserve 50 postes
en médecine dans les spécialités en pénurie pour
des médecins qui s'engagent à aller pratiquer pendant au moins
quatre ans dans les régions en pénurie, non seulement pour un an
mais pour au moins quatre ou cinq ans. D'ailleurs, les
fédérations médicales ont réitéré cet
appui, ce consensus, cette volonté de voir réserver 50 postes pas
pour un an mais pour au moins les quatre ou cinq prochaines années pour
ajouter un nombre substantiel de médecins qui iraient pratiquer de plein
gré, de bonne humeur dans les régions qui sont en pénurie.
Donc, une première décision qui va en deçà des
accords, des consensus obtenus par le Parti québécois et auxquels
les fédérations ont réaffirmé leur appui il y a
à peine deux ou trois semaines.
Deuxièmement, toujours dans cette décision, alors qu'on
nous dit qu'il y a un problème - et nous le reconnaissons nous aussi, on
l'a prouvé concrètement - alors que tous s'entendent pour dire
qu'il y a pénurie de médecins spécialistes dans un certain
nombre de régions du Québec et - la ministre y a fait allusion
tantôt - même dans un certain nombre de spécialités
dans les grands centres, notamment la psychiatrie, cette décision
officielle du Conseil des ministres nous indique qu'à compter de l'an
prochain il y aura moins d'entrées en spécialités dans les
facultés de médecine du Québec pour les années
1987-1988, 1988-1989 et 1989-1990 alors que tous, y compris la ministre,
viennent nous dire: On en a besoin de plus. Ce que le gouvernement
libéral décide, c'est qu'on va en faire rentrer moins en
faculté même si on en a besoin de plus dans les régions du
Québec et, dans certains cas, même dans les grands centres.
Troisièmement, alors que, comme je l'ai indiqué
tantôt, le Parti québécois avait pris des mesures
importantes, nombreuses et variées, assez complètes pour faire
face à ces questions, mais qu'il s'agissait là de mesures par une
approche consensuelle, par une approche concertée, par une approche
incitative et que tous reconnaissent que ces mesures ont donné des
résultats positifs, la décision du Conseil des ministres du
gouvernement libéral à la demande de la ministre de la
Santé et des Services sociaux vient nous annoncer, à la page 3,
article d, de soumettre - c'est un mandat qui est donné à la
ministre - au Conseil du trésor un projet de rationalisation des mesures
incitatives de répartitions géographiques.
Vous me permettrez de dire, Mme la Présidente, pour l'information
des membres de cette Chambre et de ceux qui s'intéressent à nos
travaux, que, quand on parle de rationalisation au Conseil du trésor, ce
n'est pas pris dans le sens littéraire du mot, c'est pris dans le sens
de réduire, couper les budgets affectés aux mesures incitatives
qui, tout le monde le reconnaît, même la ministre y a fait allusion
tantôt, ont donné des résultats positifs et sont
satisfaisantes. (12 heures)
D'ailleurs, il est important de rappeler que M. Yves Bergevin, le haut
fonctionnaire responsable du dossier des effectifs médicaux en
régions, dans un rapport daté du 18 septembre dernier, nous
indiquait - il est au ministère, c'est un fonctionnaire; ce n'est pas un
membre du Parti québécois ni un membre de cabinet politique;
c'est un haut fonctionnaire de l'État québécois - dans son
document: Recommandation no 1 - pas n'importe quelle, pas la 98e
recommandation, la première: II est recommandé de maintenir sans
modifications le programme actuel de mesures incitatives et de ne pas
introduire
de nouvelles mesures, quelle qu'en soit la nature, pour l'instant. Il
demande de réévaluer ce programme à la ,fin du printemps
1986. Le Conseil des ministres, aujourd'hui, toujours sous prétexte
qu'on va mettre plus de médecins dans les régions en
pénurie, nous annonce une décision en trois volets qui aura pour
effet d'aller moins loin que ce à quoi nous avions convaincu les
fédérations médicales dans les...
M. Sirros: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Mme la Présidente, j'aimerais savoir si on
discute de la décision du Conseil des ministres ou du projet de loi 75.
J'aimerais que vous rappeliez le député à la pertinence,
s'il vous plaît:
La Vice-Présidente: Sur la question de règlement,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Mme la Présidente, sur la question de
règlement, je demanderais, d'une part, au député de
Laurier un peu d'éthique parlementaire. Tout à l'heure,
pendant...
M. Sirros; Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Rochefort: Mme la Présidente, je vais terminer mon
intervention, si vous le permettez. Le député de Laurier est
fébrile, il prendra ses 20 minutes tout à l'heure.
Sur la question de règlement, tout à l'heure, lorsque la
ministre de la Santé et des Services sociaux faisait son discours, il
n'y avait pas quorum en cette Chambre. Je n'ai pas voulu soulever cette
question pour ne pas interrompre la ministre, pour lui permettre de
développer tout son raisonnement pour la bonne compréhension de
tous.
Deuxièmement, tout le monde reconnaît que ce dont je parle
est pertinent, parce que je parle de présence de médecins dans
les régions du Québec. La ministre, dans son discours de
présentation des principes de son projet de loi, prétend ce
matin, comme depuis toujours, que ce projet de loi a pour effet de donner des
ressources médicales additionnelles aux régions. D'autre part, si
le député de Laurier est gêné des décisions
du Conseil des ministres...
La Vice-Présidente: Pourriez-vous conclure...
M. Rochefort: ...c'est son problème.
La Vice-Présidente: M. le député de Gouin.
Un instant! Sur la question de règle- ment, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, en tout temps, un
député peut soulever une question de règlement,
particulièrement pour rappeler un intervenant à la pertinence du
débat. Je ne vois pas en quoi le député de Gouin peut
parler de manque d'éthique parlementaire lorsqu'on se conforme au
règlement de l'Assemblée nationale. Ce qui a été
relevé, c'est la pertinence du débat. Je pense qu'on avait tout
à fait raison de soulever une question de règlement sur ce point.
Le rappel à l'éthique parlementaire est, quant à moi,
complètement déplacé.
La Vice-Présidente: Le député de Gouin
faisait référence à un document écrit par un haut
fonctionnaire, M. Bergevin, qui parlait des médecins en régions.
Ce que j'ai cru comprendre du projet de loi, c'est qu'il traite du
problème des médecins en régions. Donc, je
considère que l'intervention du député de Gouin
était pertinente. Cependant, je voudrais aviser le député
de Gouin qu'il ne peut pas prétendre que le fait que le
député de Laurier se soit levé pour une question de
règlement était contraire à l'éthique
parlementaire, puisque le règlement a été respecté.
Là-dessus, je vous demanderais de poursuivre.
M. Rochefort: Je vous remercie de votre décision, Mme la
Présidente. J'espère qu'évidemment...
M. Sirros: Sur la question de règlement...
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: ...je voudrais simplement ajouter ceci. Je comprends
ce que vous venez de dire, à savoir que la décision du Conseil
des ministres parle effectivement des médecins en régions
éloignées. C'est précisément pour cette raison que
je me suis levé sur la pertinence, parce que, pour ceux qui ne savent
pas exactement ce qui se passe dans la décision du Conseil des ministres
et dans le projet de loi 75, c'est facile pour quelqu'un qui veut semer la
confusion de le faire. Je prétends que c'est ce que le
député de Gouin faisait.
La Vice-Présidente: Là-dessus, M. le
député de Laurier, j'aimerais savoir en vertu de quel article
vous soulevez la question de règlement. Je ne reconnais pas votre
question de règlement, si vous ne pouvez me citer l'article.
M. Sirros: C'est en vertu de l'article 204, Mme la
Présidente, sur la pertinence. Je ne contesterai pas votre
décision si vous
jugez que c'est pertinent, mais je voulais souligner le fait que cela
pouvait semer la confusion.
La Vice-Présidente: Là-dessus, M. le
député de Laurier, j'avais rendu ma décision, à
savoir que je reconnaissais la pertinence des propos du député de
Gouin. Or, je vous souligne que vous aurez un temps de parole de 20 minutes et
que vous pourrez apporter les corrections appropriées. M. le
député de Gouin, vous pouvez poursuivre.
M. Rochefort: Je vous remercie, Mme la Présidente, de
votre décision. Je souhaite qu'on tienne compte du temps qu'on a perdu
en procédure dans le temps de parole qui m'est alloué.
Deuxièmement, je ne reprochais pas au député de soulever
une question de règlement. C'était son droit. Mais j'aurais
souhaité qu'il me permette de développer mon raisonnement dans un
tout, comme je l'ai fait tantôt à l'endroit de la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Pour résumer, alors qu'on nous dit que ce projet de loi a pour
but de régler la question de la pénurie des médecins dans
les régions du Québec, en même temps on prend connaissance
d'une décision du Conseil des ministres qui aura pour effet et pour
conséquence de réduire le nombre de médecins dans les
régions si cette décision n'est pas changée. Nous
considérons qu'il s'agit là d'une incohérence et cela
devait être dit au grand jour.
Je conclus donc sur ce volet du projet de loi en disant que ce projet de
loi n'apporte aucun médecin additionnel dans les régions du
Québec et, deuxièmement, que la décision du Conseil des
ministres vient réduire le nombre de médecins qui auraient pu
être formés pour aller pratiquer dans les différentes
régions. Donc prétendre que le projet de loi 75 vient
régler de façon définitive le problème des
médecins en régions est, à mon sens, une sursimplification
de la portée réelle du projet de loi présentement à
l'étude.
Je pense qu'il faut regarder le projet de loi 75 dans ce qu'il contient
vraiment. Le projet de loi 75, comme l'a dit la ministre, permet la mise en
place de plans d'effectifs médicaux dans tous les établissements,
fixe une date limite pour que ces plans soient réalisés, apporte
des sanctions très précises et des pénalités pour
les membres d'un conseil d'administration qui ne se conformeront pas à
cette obligation, donne des responsabilités et des pouvoirs importants
aux conseils régionaux et à la ministre de la Santé et des
Services sociaux sur ces questions, prévoit des mécanismes de
désistement pour les médecins et des pénalités
à l'endroit des médecins qui ne respecteront pas ces
mécanismes. Voilà donc ce que contient le projet de loi 75 eu
égard aux médecins en régions.
Quant à l'effet de l'établissement de plans d'effectifs
régionaux, je reconnais qu'il s'agit là d'une mise en place d'un
système, d'un mécanisme qui va nous permettre comme
société de mieux identifier, de mieux définir, de mieux
quantifier les besoins en médecins dans les différentes
régions du Québec, que cela constituera un instrument et un guide
de planification de la profession médicale, de la présence des
médecins dans les différentes régions du Québec, et
que cela constitue un outil de gestion et de répartition et aussi de
stabilité de la présence des effectifs médicaux qui est
intéressant, qui est utile et qui, quant à nous, est positif.
Donc, nous reconnaissons qu'il s'agit là d'un geste positif qui va
sûrement non pas solutionner, mais contribuer à améliorer
nos interventions possibles quant à la présence des
médecins en régions. En même temps, il faut être bien
réservé sur le sens à donner à ces plans
d'effectifs et, comme le mentionnaient plusieurs intervenants, notamment des
éditorialistes, il faudra prendre des mesures très
précises pour éviter qu'on tombe dans une bureaucratie
très lourde, très lente et très paralysante avec
l'élaboration de ces différents plans d'effectifs
médicaux. C'est un danger qui pourrait nous guetter si nous ne nous
donnons pas des règlements qui nous permettent de bien nous assurer que
ces plans d'effectifs se réaliseront quand même à partir de
réglementations souples et légères.
D'autre part, quant à l'avis de 60 jours, un médecin qui
est déjà admis dans un hôpital, donc qui est
inséré dans le plan des effectifs médicaux, ne pourra
quitter son établissement de santé avant d'avoir donné un
préavis de 60 jours disant qu'il a l'intention de quitter. Là
aussi, Mme la Présidente, je reconnais qu'il s'agit d'un outil, d'une
disposition qui va nous permettre de mieux voir venir les retraits de
médecins, qui va nous permettre de mieux gérer la
stabilité et la présence des médecins dans les plans
d'effectifs médicaux et qui, au fond, plutôt que d'être
à la recherche, de recruter des médecins pendant que la
population n'en a pas, nous permettra de recruter des nouveaux médecins
pendant que la population continue de bénéficier du service et de
la présence de médecins dans les établissements. (12 h
10)
Mme la Présidente, je pense que là aussi il s'agit d'un
apport positif que nous reconnaissons d'emblée. Mais du même coup,
il faut reconnaître que l'ensemble de ces mesures, plans d'effectifs,
pouvoirs, sanctions, pénalités et procédures des 60 jours,
poseront sûrement des problèmes d'application. De pense qu'il
faudra que la ministre et son gouvernement, à l'occasion de
l'étude article par article du projet de
loi, soient prêts à mieux baliser les articles qu'on vise
à faire adopter par l'Assemblée nationale. Il faudra mieux
organiser toute cette dynamique de façon à nous assurer que des
problèmes d'application très réels, très concrets
ne viendront pas à l'encontre des objectifs visés.
Par exemple, il faut reconnaître que donner des pouvoirs aux
conseils régionaux non seulement pour adopter, mais pour modifier les
plans d'effectifs médicaux des établissements, de la même
façon que leur donner des plans d'effectifs médicaux au niveau
des régions et des sous-régions, suscite encore une fois - on l'a
vu de la part de bon nombre d'intervenants - le grand débat autour des
fameux pouvoirs des conseils régionaux des services sociaux et de
santé. D'ailleurs, il s'agit là d'un vieux débat dans le
réseau de la santé. La ministre y a largement contribué
lorsqu'elle était de ce côté-ci de la Chambre, notamment au
moment de l'étude du projet de loi 27. Encore récemment,
quelqu'un de bien connu ici en cette Assemblée, M. Marc Lalonde, ancien
ministre fédéral des Finances, aujourd'hui président du
conseil d'administration du centre hospitalier Hôtel-Dieu à
Montréal, indiquait que, quant à lui, les conseils
régionaux ne devaient pas se voir ajouter de nouveaux pouvoirs et qu'on
devait rediscuter de l'ensemble des pouvoirs et de la place des conseils
régionaux dans la répartition des responsabilités à
l'intérieur de notre réseau.
De la même façon, l'Association des hôpitaux du
Québec qui, comme l'a dit la ministre, appuie pour l'essentiel son
projet de loi, nous dit aussi qu'elle s'oppose à ce que le pouvoir
d'adoption et de modification des plans d'effecifs médicaux des
établissements soit confié aux CRSSS puisque, selon eux, et avec
raison, les budgets de ces établissements correspondant aux plans
d'effectifs ne viendront pas des CRSSS, mais du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
D'autre part, Mme la Présidente, il faut voir que donner des
pouvoirs à la fois au CRSSS et à la ministre des Services sociaux
pour adopter avec ou sans modification les plans d'établissements et les
plans régionaux, soulève une question très importante, une
grande question. À partir de quoi un conseil régional ou la
ministre de la Santé et des Services sociaux pourrait-il adopter
intégralement ou modifier des plans d'effectifs médicaux
d'établissements ou de régions s'il n'a pas au préalable
défini quelle était la quantité et quelle était la
nature des services qu'il veut que chaque région offre à sa
population et que chaque établissement dispense à ses
bénéficiaires.
En ce sens, je pense qu'il y a un peu un problème d'application
de ces plans d'effectifs médicaux. À partir de quoi la ministre
et les conseils régionaux pourront-ils les adopter ou les modifier? Je
pense que la ministre met peut-être un peu la charrue devant les boeufs.
Je pense qu'il faudrait -pas seulement de Québec - que non seulement le
ministère de la Santé et des Services sociaux et les conseils
régionaux des régions concernées, mais aussi les
intervenants du milieu qui représentent les bénéficiaires,
qui représentent les citoyens, la population, et qui vivent et sentent
quels sont leurs besoins en matière de santé, soient
associés à la définition des contenus, donc du nombre et
de la ventilation par spécialité des effectifs médicaux
nécessaires dans les régions. Ensuite, à partir d'un plan,
à partir d'une définition ou d'un contenu obtenu par consensus,
en concertation, donc voulu par l'ensemble des bénéficiaires
d'une région donnée, qu'à partir de cela que les conseils
régionaux et le ministère de la Santé et des Services
sociaux aient un instrument pour décider si, effectivement, le plan de
l'établissement X correspond aux besoins et, en conséquence,
mérite d'être adopté sans modification et que s'il y a des
modifications apportées à la hausse ou à la baisse, elles
correspondent à des quantum, à des quantités et des types
de services que l'ensemble des intervenants ont décidé de se
donner en région. Ce n'est pas non plus indifférent des budgets
qui seront afférents à ces plans d'effectifs médicaux et
que devra fournir, aux établissements de santé et de services
sociaux, la ministre de la Santé et des Services sociaux en toute
cohérence.
D'autre part, je veux aussi souligner que les pouvoirs donnés aux
conseils régionaux peuvent, dans une certaine mesure, suspendre une
épée de Damoclès sur des établissements du
réseau qui sont moins organisés, qui sont moins vus comme des
établissements au grand réseau bien organisé dans les
conseils régionaux que sont, par exemple, les centres d'accueil ou les
centres locaux de services communautaires. Il faudra être très
vigilant à l'endroit des décisions qui se prendront dans les
conseils régionaux, quant à la répartition des effectifs
entre différents types d'établissements d'une même
région, pour éviter qu'on se retrouve avec des
établissements comme les centres d'accueil et d'hébergement,
comme les centres locaux de services communautaires où on donnerait
moins de services, parce qu'ils sont moins forts, qu'ils sont moins
présents autour de la table du conseil régional, que ce qu'on
donnerait à différents centres hospitaliers qui seront
peut-être et qui sont dans les faits, reconnaissons-le tous ensemble,
mieux représentés souvent et dans des positions de plus grands
pouvoirs dans les conseils régionaux.
Je veux aussi souligner que ces plans d'effectifs, qu'on demande
à l'ensemble des centres locaux de services communautaires de toutes les
régions du Québec, donc, y
compris des milieux urbains, soulèvent des soupçons, des
appréhensions quant à moi légitimes de la part des centres
locaux de services communautaires des milieux urbains qui se disent, compte
tenu justement de tout ce climat entourant les discussions, les discours, les
décisions de la ministre de la Santé et des Services sociaux, les
discours du président du Conseil du trésor autour du rôle
éventuel des centres locaux de services communautaires, que cette
décision de les obliger à se doter d'un plan d'effectifs
médicaux avec un pouvoir accordé au conseil régional et
à la ministre de les modifier, pour eux, représente une
appréhension et une crainte quant à une décision qui
pourrait, par exemple, réduire considérablement ou même
éliminer la présence de médecins dans les centres locaux
de services communautaires dans les milieux urbanisés du Québec.
Là aussi, nous voudrons obtenir des réponses et des garanties
législatives dans la mesure du possible sur ces questions.
Il faut bien voir que les pouvoirs donnés aux conseils
régionaux et à la ministre, quant aux plans d'effectifs, vont un
peu plus loin que les plans d'effectifs médicaux puisque, par une
interprétation très juste des dispositions qui nous sont soumises
aujourd'hui par la ministre, on donne, non seulement des pouvoirs aux conseils
régionaux sur les effectifs médicaux, mais même sur
l'organisation des départements et des services cliniques. Là
aussi, nous demanderons des précisions, nous demanderons là aussi
des garanties législatives pour qu'on ne confie pas, par la porte d'en
arrière, de nouveaux pouvoirs qu'ils n'ont pas, qu'ils n'ont jamais eus
aux conseils régionaux. Personne n'a réussi à obtenir un
consensus autour de nouveaux pouvoirs et de nouvelles responsabilités
des conseils régionaux en cette matière.
Les sanctions prévues dans le projet de loi - la ministre y a
fait allusion - tant pour les membres des conseils d'administration que pour
les médecins, sont des sanctions très lourdes. Un membre d'un
conseil d'administration qui n'appliquerait pas la loi, donc, par exemple, qui
ne participerait pas à une décision visant à
établir un plan d'effectifs médicaux dans son
établissement, si on comprend bien les dispositions législatives
soumises, pourrait devenir inadmissible et pourrait être mis à
l'amende, être l'objet de sanctions de l'ampleur de celles qui frappent
ceux qui fraudent les fonds publics au sein d'un conseil d'administration. Je
pense qu'il s'agit là de sanctions qui sont disproportionnées et
je pense qu'il s'agit là de mesures qui auront un effet
démobilisateur pour les hommes et les femmes du Québec qui, de
bonne foi, d'une façon constructive et positive, veulent
bénévolement servir leurs concitoyens et concitoyennes en
siégeant dans des conseils d'administration.
De la même façon, il faut souligner que les peines
prévues à l'endroit des médecins qui ne respecteraient pas
ce préavis auquel nous nous associons, ce préavis de 60 jours de
retrait d'un plan d'effectifs médicaux, sont là aussi très
lourdes, très graves et très sérieuses, très
sévères, puisque ces médecins sont menacés de
devenir non participants au Régime d'assurance-maladie, donc des
médecins dont les services ne seront plus payés par la
Régie de l'assurance-maladie. Et tout cela sans même que le
médecin en cause ait eu le droit de se faire entendre, sans même
que le médecin en cause ait eu le droit de faire appel ou de demander
une révision de la décision de l'établissement ou de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. (12 h 20)
Mme la Présidente, je pense que là aussi il faut faire un
petit peu attention et apporter des assouplissements pour nous permettre de
bien atteindre nos objectifs. Mais, contrairement au vieil adage, dans de
telles situations parfois trop fort casse trop fort. Je pense qu'il faudra
là aussi apporter un certain nombre de modifications permettant d'avoir
un moyen qui est utile, qui est opérationnel mais qui est aussi
respectueux des hommes et des femmes qui seront concernés par ces
décisions.
D'autre part, je veux souligner que cette disposition du 60 jours aura
sûrement, reconnaissons-le franchement ensemble, des effets à
l'endroit de médecins qui aujourd'hui, de Québec ou de
Montréal, vont une, deux ou trois journées par semaine, ou par
deux semaines ou par dix jours dans les régions du Québec,
participer à une meilleure présence médicale dans ces
régions, se disant et disant à leur conjoint: Écoute, le
jour où tu trouveras que le sacrifice est trop grand pour nous, je me
retirerai et cela s'arrêtera là. Avec la mécanique du 60
jours, sûrement que cela constituera un frein pour un certain nombre de
professionnels qui jusqu'à ce jour acceptaient de participer
partiellement à la solution des problèmes d'effectifs
médicaux dans les régions.
Par ailleurs, Mme la Présidente, je veux souligner que là
aussi, cette disposition des 60 jours, avec les sanctions qui l'accompagnent,
pourrait très bien créer des situations qui vont
complètement à l'encontre des buts recherchés. Prenons
l'exemple d'une petite municipalité qui est éloignée des
centres, et où on retrouve à peu près cinq ou six
médecins en tout et partout. Pour une raison, X, Y, Z, bonne ou
mauvaise, ces cinq ou six médecins se retirent de l'établissement
de santé auquel ils sont attachés sans avoir donné le
préavis de 60 jours. Automatiquement ils deviennent médecins
non-participants au Régime de l'assurance-maladie du Québec.
Donc, les
services qu'ils dispensent ne sont plus dans aucun cas
défrayés par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Dans quelle situation allons-nous nous retrouver dans cette
municipalité? Il n'y aura plus aucun médecin dans cette
municipalité qui pourra donner des services auxquels la population a
droit, dont elle a besoin et qui sont payés par la Régie de
l'assurance-maladie.
Mme la Présidente, je pense que là aussi il va falloir
trouver le moyen, tout en essayant de maintenir ce dispositif
intéressant et utile, de faire en sorte que, par l'application d'un tel
dispositif, on ne se retrouve pas dans des situations où on obtiendra
à 100 % carrément, l'inverse de l'objectif recherché,
puisque la population d'une telle municipalité qui est
éloignée d'autres centres se verrait privée de la
présence de médecins, et se verrait donc dans une situation
où il n'y a aucune possibilité de services de santé et de
services sociaux par un professionnel assuré à la RAMQ. Il faut
aussi voir que pour la population, une telle disposition d'un médecin
qui, s'étant retiré, n'est plus participant au Régime
d'assurance-maladie... Il faut être franc avec la population, il faut
dire à la population quelles sont les conséquences possibles de
telle disposition. On pourrait très bien se retrouver avec des patients,
des bénéficiaires pour qui cela va être compliqué de
changer de médecin, parce que, non seulement le médecin avait une
bonne connaissance de cette personne, de son bilan médical, de son
état de santé général et de l'historique de ses
problèmes médicaux, mais il y a aussi la dimension confiance.
Reconnaissons que la médecine ce n'est pas que de la
mécanique, il y a un élément confiance important entre un
bénéficiaire et son médecin. Le fait de lui dire: Ton
médecin n'est plus participant au Régime d'assurance-maladie du
Québec, cela va aussi comporter des inconvénients importants,
réels à l'endroit de ce bénéficiaire et pour ce
bénéficiaire qu'il faut reconnaître, qu'il faut avouer. Je
souhaite qu'en commission parlementaire nous soyons en mesure d'apporter des
modifications au projet de loi pour prévoir ce genre de situation.
Enfin, Mme la Présidente, il faut aussi voir que de commencer
à dire à des médecins: Vous ne serez plus participants au
Régime d'assurance-maladie, cela ouvre la porte d'une certaine
façon à un nouveau champ de pratique de la médecine
privée, c'est-à-dire de pratique de la médecine où
les gens devront payer pour des services qu'ils recevront, puisque des
médecins ne seront plus participants au Régime
d'assurance-maladie du Québec. Je reviendrai sur ces questions de
médecine privée tantôt.
Mme la Présidente, voilà donc le sens et la portée,
pour nous, des dispositions du projet de loi 75, eu égard aux
médecins en régions, et voilà l'essentiel des remarques
que nous avions à faire tant positives que constructives en ce qui
concerne les dispositions réelles du projet de loi et les modifications
qui devront y être apportées pour éviter qu'il ne comporte
des conséquences néfastes à l'endroit de la population du
Québec et, également, pour éviter qu'il ne comporte des
conséquences qui aillent à l'inverse des buts avoués et
recherchés par la ministre dans son projet de loi.
Mme la Présidente, au-delà de tout cela, il faut
reconnaître que le projet de loi 75 va beaucoup, beaucoup, beaucoup plus
loin que d'être un simple moyen d'ajouter aux solutions qui seront mises
en place pour régler le problème de la présence des
médecins dans les régions du Québec. Lorsqu'on lit le
projet de loi 75, avec, à côté de nous, la décision
du Conseil des ministres 36-84 datée du 23 avril 1986 et pour laquelle
la ministre a reconnu qu'il y avait des dispositions qui avaient
été enlevées, pas de problème, on n'en parlera pas,
on va parler des dispositions qu'elle a reconnues et qui ont été
maintenues.
On lit à la page 3, au point c, que la ministre a reçu du
Conseil des ministres un mandat qui est consigné dans cette
décision et que la ministre a reconnu publiquement avoir reçu du
Conseil des ministres, qui est de soumettre au Conseil des ministres un projet
de loi visant à introduire une corrélation entre le droit de
participer au Régime d'assurance-maladie des futurs médecins,
donc, le droit pour un futur médecin d'être inscrit aux services
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, d'être
payé par la Régie de l'assurance-maladie du Québec pour
les services qu'il donnera, donc à ce droit d'être reconnu par la
régie et l'obtention de postes désignés par le
ministère de la Santé et des Services sociaux dans le cadre des
plans d'effectifs médicaux. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce que
vient nous demander la ministre par le projet de loi 75, ce que mettra en place
le projet de loi 75, c'est une structure, un mécanisme, une
mécanique qui permettra au gouvernement, en appliquant la
décision 86-84, à la page 3 au point c du Conseil des ministres
du 23 avril dernier, qui permettra au Conseil des ministres de contrôler
la pratique médicale au Québec parce que, maintenant, non
seulement nous connaissons la volonté politique du gouvernement de le
faire, mais le projet de loi 75 contient toute la mécanique, tous les
mécanismes, tous les outils nécessaires pour appliquer ce
contrôle de la pratique médicale. Ce projet de loi serait la
première étape d'un acte en deux étapes, la
première étant le projet de loi 75 et la deuxième le
projet de loi que la ministre a le mandat de préparer et de soumettre au
Conseil des ministres et qui
fera en sorte qu'à partir d'aujourd'hui nous connaîtrons au
Québec un contrôle autoritaire de la pratique médicale au
Québec.
Mme la Présidente, il faut avouer tous ensemble que tout cela se
fera ou se ferait sous le couvert d'assurer une meilleure présence des
médecins dans les régions du Québec. Il s'agit là
d'un changement de cap majeur, d'un changement de cap imprévu et non
annoncé par la ministre de la Santé et des Services sociaux.
D'ailleurs, on le voit bien. La boucle est fermée par la façon
dont les plans d'effectifs médicaux sont présentés dans le
projet de loi 75. Si quelqu'un n'a pas de poste dans un plan d'effectifs
médicaux, cette personne n'aura pas le droit d'être reconnue comme
médecin participant au Régime d'assurance-maladie. Cela veut donc
dire que ce n'est pas pour les régions. Cela veut dire qu'on veut
contingenter la pratique médicale au Québec et non pas la porte
d'entrée des facultés de médecine en se disant, par
exemple, qu'on a besoin d'un nombre X de médecins, qu'on va donc
admettre en faculté de médecine un nombre X de médecins.
Cela veut dire qu'on laisse les portes largement ouvertes à
l'entrée de la faculté de médecine et, quand on aura
terminé notre médecine, on se fera dire que c'est bien
malheureux, mais qu'on n'a pas de poste pour vous, et que vous n'êtes
donc pas reconnu comme médecin participant au Régime
d'assurance-maladie du Québec. (12 h 30)
Là aussi, il faut bien être franc envers l'ensemble de la
population. La seule profession au Québec qui n'a aucun autre
débouché professionnel que celui d'être reçu
médecin participant à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, c'est la profession médicale. Dans toutes les autres
professions ou tous les autres métiers, il existe toujours une
alternative. Une personne qui est professeur et qui n'a pas de poste à
Montréal a le choix entre un poste à Sept-Îles ou aller
pratiquer sa profession dans un établissement privé. Quelqu'un
qui est ingénieur, s'il n'y a pas un poste de disponible quelque part,
peut ouvrir sa boîte privée d'ingénieur et laisser libre
cours au libre marché. Par une telle décision, Mme la
Présidente, on se retrouverait avec une seule profession, un seul corps
de métier dans notre société et, lui, on lui dirait: Quand
tu sortiras de là, on t'annoncera peut-être que tu as fait des
études pour rien du tout.
Mme la Présidente, il s'agit de quelque chose de majeur et aussi
de très grave à moyen terme. Parce que par ce biais - je ne
prétends pas que tel est l'objectif de la ministre de la Santé et
des Services sociaux mais je prétends que tel est l'effet possible d'une
telle mesure - on pourrait très bien se retrouver à moyen terme,
non pas la semaine prochaine ni dans un an, à moyen terme, dans deux,
trois ou quatre ans, avec un désistement massif de médecins du
Régime d'assurance-maladie du Québec qui ouvriraient un nouveau
champ de pratique large et organisée de médecine privée au
Québec. Ce qui ferait en sorte qu'on reviendrait aux années
cinquante et soixante au niveau de la santé et des services sociaux. On
aurait alors deux types de médecine: une médecine pour les gens
moins fortunés, qui est assumée par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, et une autre médecine pour les
gens fortunés qui auront les moyens de se payer des services à
même leurs propres revenus, des services de médecins dans
n'importe quelle région du Québec.
Mme la Présidente, je le répète, je ne prête
pas cette intention à la ministre de la Santé et des Services
sociaux, mais je dis toutefois qu'une des conséquences de telles
dispositions pourrait très bien être d'ouvrir la porte à
moyen et à long terme à une nouvelle pratique de la
médecine privée au Québec, ce qui constituerait un retour
en arrière et ramènerait deux types et deux qualités de
médecine au Québec, une pour les gens moins fortunés
payée par la Régie de l'assurance-maladie du Québec et une
autre, payée à même les revenus personnels des individus
qui pourraient se payer des médecins qui pourront leur donner les
services qu'ils souhaitent, ce qui en soi est une menace à cette fameuse
universalité et gratuité des services de santé et des
services sociaux.
D'autre part, il faut souligner que l'effet d'une telle décision
retirerait la possibilité aux jeunes Québécois et aux
jeunes Québécoises qui sont actuellement dans des facultés
ou qui le seront l'an prochain ou dans deux ans, d'avoir accès au
réseau, d'avoir accès à la profession médicale une
fois leurs études terminées. On se retrouverait donc là
comme dans d'autres professions avec une absence de sang neuf, avec une absence
de renouvellement professionnel.
Je pense qu'il est dangereux pour le Québec, dangereux pour la
santé des Québécois et des Québécoises qu'on
refuse qu'il y ait une présence de sang neuf à chaque
année dans la pratique médicale pour le service de l'ensemble des
Québécois et des Québécoises.
Mme la Présidente, c'est une chose pour un médecin qui est
formé depuis un certain nombre d'années d'aller se recycler pour
apprendre à travailler avec certains nouveaux équipements qui
découlent du développement technologique, et c'en est une autre
que d'avoir été formé avec ces instruments, que d'avoir
suivi un stage autour de ces instruments. Je dis qu'il faut que nous
maintenions une place large aux jeunes Québécois et aux jeunes
Québécoises qui
veulent pratiquer la médecine pour maintenir une bonne
répartition de jeunes et de moins jeunes dans cette profession qui est
absolument importante et essentielle pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises.
Mme la Présidente, comme je le disais, le projet de loi 75 lu
avec la décision 86-84 du Conseil des ministres peut très bien
être le début de la mise en place d'un mécanisme, d'une
structure de contrôle de la pratique médicale au Québec.
Quand on voit cela, il n'est pas surprenant que ce projet de loi et cette
décision aient soulevé les tollés qu'ils ont
soulevés, qu'ils aient suscité les débats qu'ils ont
suscités parce qu'il s'agit d'un changement de cap majeur.
Ceux qui veulent banaliser, rendre anodin, mettre à un niveau
anodin les dispositions et les conséquences d'un tel projet de loi, je
leur citerai un certain nombre de personnes qui sont réputées
compétentes en la matière et qui ont vu ce que cela constituait.
Par exemple, l'éditorialiste du journal Le Devoir, M. Jean Francoeur,
dit dans un éditorial daté du 29 mai dernier: "C'est
énorme. Il s'agit d'un renversement de situation qui bouleverse les
conditions d'exercice de la médecine au Québec."
L'éditorialiste, Roch Bilodeau de la Tribune de Sherbrooke le 30 mai
dernier a dit: "Les médecins ne sont pas d'accord et ils ont raison. Un
tel autoritarisme est inacceptable." Il ajoute plus loin: "Mais rien ne
justifie qu'il - en parlant du gouvernement - décide
unilatéralement de l'avenir de centaines d'individus qui se dirigeront
vers une carrière médicale dans les prochaines
années."
Prenons Mme la Présidente, M. Vianney Duchesne dans le journal Le
Soleil qui disait: "Les projets de loi laissent - parlant des projets 74 et 75
- planer des imprécisions inquiétantes pour le corps
médical". Je pourrais en citer d'autres. Les gens - pas moi tout seul -
de l'extérieur reconnaissent que ces projets de loi constituent des
changements majeurs et radicaux, des bouleversements dans la profession
médicale au Québec. Donc, c'est facile de comprendre les
levées de boucliers que ces projets de loi ont suscitées.
D'ailleurs, ce qui a été aussi beaucoup
dénoncé dans cette décision et ce projet de loi, c'est la
façon de faire de la ministre de la Santé et des Services sociaux
tant dans les projets de loi 74 et 75 que dans la décision 86-84, tant
sur le volet concernant les effectifs médicaux en régions que sur
le volet concernant le contrôle de la pratique médicale au
Québec. Non seulement rien de cela n'avait été
prévu de la part des intervenants, mais la ministre elle-même n'en
a jamais fait état. Dans une question que je lui posais à
l'ouverture de l'étude de ses crédits, je lui ai demandé
quelles étaient ses intentions législatives pour l'année
à venir.
Jamais elle n'a fait allusion à un tel projet de loi. D'ailleurs,
lorsque la ministre a déposé le projet de loi, après avoir
entendu la lecture qu'elle nous a faite des notes explicatives, je me suis
immédiatement levé pour demander à la ministre de tenir
une commission parlementaire sur ces projets de loi, ce qu'elle a
refusé.
Par la suite, j'ai communiqué avec l'ensemble des associations et
des intervenants concernés par ce projet de loi. Je n'ai pu trouver
aucun intervenant qui m'a dit qu'il était au courant d'un tel
dépôt de projet de loi et qu'il avait été
consulté sur le contenu d'un tel projet de loi. Non seulement le contenu
revêt-il des conséquences qui pourraient être graves, mais
la façon de faire de la ministre de la Santé et des Services
sociaux a été dénoncée. Absolument personne n'avait
été consulté, n'avait été mis dans le coup
d'une telle décision de sa part. Pas plus que la ministre de la
Santé et des Services sociaux n'a accepté, comme l'ensemble de
ses collègues de sa formation politique, de tenir une commission
parlementaire pour permettre aux intervenants, non pas de venir à son
bureau lui dire à elle ce qu'ils pensaient de ses projets, mais de venir
dire ce qu'ils pensent de ses projets de loi à l'ensemble des
parlementaires intéressés et concernés par ces questions.
Cela aurait aussi permis tant à eux qu'à la ministre de la
Santé et des Services sociaux de présenter publiquement, au grand
jour, leur vision et leur perception personnelles des projets de loi qui sont
sur la table. Dans ce gouvernement, on préfère faire les
consultations derrière les portes closes pour ne pas que les gens
sachent, contestent nos décisions et pour ne pas qu'on soit en mesure
d'être mis dans une position où on serait mal à l'aise de
défendre les décisions qui ont été prises.
Mme la Présidente, tous, sauf deux organismes, ont demandé
la tenue d'une commission parlementaire. La ministre nous a dit: Non, il y a
eu, il y a quatre ans, une commission parlementaire sur le projet de loi 27. Il
y en a eu une l'été dernier sur les problèmes de garde des
résidants et des internes du Québec un peu autour des questions
d'effectifs médicaux. Donc, je n'ai pas l'intention de tenir de
commission parlementaire. Elle nous a dit: D'autre part, je vais convoquer ma
table de concertation - ce dont elle a parlé tantôt - pour
discuter de ces questions. La réponse lui est venue rapidement. Les
quatre principaux intervenants de sa table de concertation, à laquelle
elle fait allusion et à laquelle elle tient - avec raison, quant
à moi - sont venus lui dire que justement ils ne reconnaissaient pas que
la table de concertation était un forum utile et nécessaire pour
débattre de ces questions, mais que c'était par une commission
parlementaire qu'on pourrait discuter de ces questions et qu'une fois ces
choses réglées on pourrait entreprendre les travaux de la
table de concertation. (12 h 40)
Mme la Présidente, d'autre part, je dois aussi rappeler que dans
cette façon de faire on a connu un peu la confusion totale. Il y avait
une décision du Conseil des ministres qui était complète
en soi. On nous disait: Non, la décision n'est pas complète. Il y
a eu des omissions; il y a eu des choses qui ont été incluses par
inadvertance, on va la corriger; mais, jamais la nouvelle décision revue
et corrigée n'a été rendue publique. J'ai moi-même,
le lendemain que la ministre m'a donné ces réponses, écrit
à la ministre de la Santé et des Services sociaux pour lui dire:
Je suis bien prêt à prendre votre parole, mais serait-il possible
que vous me fassiez parvenir cette nouvelle décision, de façon
à être bien certain que nous connaissons les volontés et
les orientations du gouvernement et que l'on parle de choses qui existent
vraiment? Non seulement je n'ai pas reçu copie de cette décision,
mais je n'ai pas encore à ce jour reçu d'accusé de
réception à ma lettre.
Mme la Présidente, il faut aussi souligner que, non seulement
cette façon improvisée et "cheveu sur la soupe" de faire, cette
façon de procéder sans aucune consultation, sans commission
parlementaire, est un geste d'autorité unilatéral, mais cela
vient plus profondément nuire au climat de concertation absolument
nécessaire et essentiel à la qualité de la médecine
au Québec et donc des services de santé dont nous avons tous
besoin pour faire en sorte que l'ensemble des intervenants participent de bon
gré, de bonne humeur et donc dans un climat positif et serein, à
la pratique médicale au Québec.
Mme la Présidente, quand on agit de cette façon, de
façon aussi cavalière, unilatérale et autoritaire, on
instaure un climat malsain et négatif à l'endroit d'une
médecine de qualité au Québec. Comment aujourd'hui fouler
aux pieds les fédérations médicales, les
fédérations des différents intervenants du monde de la
santé au Québec sur ces questions et demain matin
prétendre que l'on pourra gentiment, sereinement, avec un beau sourire
et dans la plus totale bonne humeur, demander à l'ensemble de ces
intervenants un peu de bonne collaboration, un peu de confiance et un peu de
gentillesse, parce que l'on doit travailler ensemble et on doit collaborer? On
a chacun une contribution à apporter à une médecine de
qualité au Québec. Comment pourrons-nous maintenir une
médecine de qualité en créant et en instaurant un tel
climat dans le réseau de la santé et des services sociaux
à l'endroit de ceux et de celles - qu'on les aime ou qu'on ne les aime
pas - qui chaque jour font que la santé est une réalité
pour des milliers de Québécois et de
Québécoises?
Mme la Présidente, il faut être responsable si nous voulons
obtenir la confiance, la participation et une collaboration positive et
constructive des médecins et de l'ensemble des intervenants. Ce n'est
pas en les traitant de cette façon que nous pouvons donner aujourd'hui
des garanties à la population du Québec qu'une médecine de
qualité se pratiquera au Québec et qu'il y aura un climat positif
et sain dans la pratique médicale et de l'ensemble des services de
santé et des services sociaux au Québec. Il s'agit là
d'une erreur majeure de la ministre de la Santé et des Services sociaux,
dans le climat dont elle a la responsabilité première
d'établir, de maintenir et d'accroître une saine collaboration et
du positivisme à l'endroit de l'ensemble des intervenants, parce que la
santé au Québec, ce n'est pas que la ministre de la Santé
et des Services sociaux, ce n'est pas que le gouvernement, ce n'est pas que
l'Assemblée nationale, c'est surtout et avant tout ceux et celles qui,
chaque jour, positivement, de façon compétente, efficace et de
grande qualité, dispensent des services de santé et de services
sociaux dont la population du Québec a besoin.
Mme la Présidente, je dois aussi ajouter que la ministre y a fait
allusion dans son intervention tantôt. Elle sait que je suis
préoccupé par ses engagements électoraux et que dans ses
engagements électoraux, aucune de ces choses-là ne se retrouvait.
Tout ce qui se retrouvait dans ses engagements électoraux,
c'étaient deux choses: la table de concertation, oui effectivement il
aurait été sage, responsable et rationnel de convoquer, pas une,
mais des tables de concertation avant d'arriver avec de tels projets
législatifs et de telles décisions gouvernementales. Il aurait
aussi été sage de montrer un peu plus de déférence
et de respect à l'endroit de ces groupes. Mais ce n'était pas
prévu dans les promesses électorales. Il y avait juste la table
de concertation et de maintenir l'essentiel. Des mesures incitatives que le
Parti québécois avait mises en place. D'une part, on fait cela
sans table de concertation et, deuxièmement, on annonce qu'il y a une
décision de réduire les budgets pour les mesures incitatives.
Parlons-en! encore une fois, des promesses électorales sur ces
questions.
Mme la Présidente, si le gouvernement libéral, si la
ministre de la Santé et des Services sociaux veulent en arriver à
un contrôle rigoureux et autoritaire de la pratique médicale au
Québec, qu'ils le disent clairement, en toute franchise, en toute
ouverture et qu'ils acceptent donc de déposer des documents qui seront
rendus publics et qui seront soumis à une large consultation
auprès des intervenants et de la population.
Mme la Présidente, voyons bien quelles sont les
conséquences d'une telle décision. Ils
pourraient remettre en question les consensus sociaux du Québec,
les équilibres sociaux, la paix sociale, les consensus autour du partage
de la richesse, les consensus - auxquels, oui, le Parti libéral a eu une
contribution importante et positive au cours des années -autour d'un
système de santé et de sévices sociaux où il y a
une seule médecine pour tout le monde. Un système de santé
et de services sociaux qui est universel.
Mme la Présidente, nous disons non à une approche
improvisée, précipitée, confuse, à la cachette,
à la sauvette, irresponsable et qui manque de franchise, de
transparence, de respect des autres et de courage de la part de la ministre de
la Santé et des Services sociaux et de son gouvernement!
Mme la Présidente, nous serons toujours prêts à
souscrire, comme nous l'avons fait lorsque nous étions au gouvernement,
à des solutions pour régler de façon complète et
définitive le problème des médecins dans les
différentes régions du Québec. Nous demandons au moins
à la ministre de maintenir ce qui existait et qui a donné des
résultats, sinon de faire plus. Non pas, sous couvert de faire plus, de
diminuer ce qui a été fait jusqu'à maintenant et non pas,
non plus, venir, aujourd'hui, dans un discours démagogique, utiliser les
gens des régions du Québec pour prétendre que, sous
couvert de donner des médecins aux régions du Québec, on
va, à partir de maintenant, effectuer à la cachette, sans
débat, sans consultation, un contrôle autoritaire de la pratique
médicale au Québec. Non seulement un contrôle sans
consultation, mais un contrôle sans débat. Un contrôle qui
se fera non pas a la porte d'entrée des facultés de
médecine, mais à la porte de sortie des facultés de
médecine.
Mme la Présidente, jamais le Parti québécois n'a
procédé de cette façon. Jamais nous ne cautionnerons une
façon aussi irresponsable, improvisée et dictatoriale de
procéder dans un dossier auquel l'ensemble des Québécois
et des Québécoises ont toujours été associés
par consensus et pour lequel les consensus ont donné des
résultats positifs qui profitent à l'ensemble de nos concitoyens
et concitoyennes du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Gouin. M. le député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: On nous a servi le style de discours dont, de plus en
plus, le député de Gouin est en train de nous habituer depuis les
quelques mois qu'on siège en cette Chambre. Un discours, encore une
fois, qui nous laisse, à la fin d'une heure environ d'intervention, sans
savoir si le député de Gouin est pour ou contre le projet de loi.
Il aurait peut-être pu nous dire s'il était en faveur ou
contre.
Mme la Présidente, le discours du député de Gouin,
de plus en plus, essaie de parler de la façon de faire de la ministre.
Je constate qu'il a fait un choix dans ce sens. En parlant tout à
l'heure d'éthique professionnelle ou d'éthique parlementaire
quand je soulevais une question sur la pertinence, Mme la Présidente, je
pense que le député de Gouin s'est ouvert à
énormément de critiques dans ce sens. Je pense qu'il aurait
beaucoup de leçons à prendre encore avant de pouvoir parler
d'éthique parlementaire ou d'éthique professionnelle.
Simplement, un point à reprendre. Quand il a cité un
éditorial du Devoir où on disait: C'est gros, c'est
énorme, un bouleversement majeur. Il a fait allusion, deux lignes avant,
au projet de loi 75, mais l'éditorial ne parlait pas, lui, du projet de
loi 75. L'éditorial parlait d'une décision du Conseil des
ministres, point sur lequel j'essayais d'attirer votre attention en soulevant
la question de pertinence parce qu'effectivement il s'agit de deux choses
complètement différentes. (12 h 50)
Le député de Gouin a choisi, volontairement, de semer la
confusion dans cette affaire en prêtant toutes sortes d'intentions au
gouvernement et à la ministre, soulevant le spectre d'un
épouvantail énorme par rapport aux conditions de travail des
médecins et à la médecine au Québec, en même
temps qu'on disait que c'est quand même essentiel d'avoir des outils de
planification de l'effectif médical en régions.
Mme la Présidente, c'est effectivement et
précisément ce que vise le projet de loi 75. Il s'agit d'un
projet de loi qui vise à donner aux conseils régionaux le pouvoir
d'élaborer des plans d'effectifs médicaux régionaux. C'est
une suite logique à un projet de loi que le gouvernement
précédent avait lui-même adopté. Le gouvernement
précédent avait adopté le projet de loi 27 qui demandait
aux centres hospitaliers, uniquement et strictement, d'établir leur plan
d'effectifs médicaux. On se rend compte et la population des
régions périphériques se rend compte tous les jours, Mme
la Présidente, que, effectivement, ce n'est pas opérationnel,
dans ce sens.
J'aimerais saluer le départ du député de Gouin, je
pense que... Ah! Il va revenir, tant mieux! Franchement, il nous a
amusés pendant une heure, Mme la Présidente, une heure qui a
été...
M. Rochefort: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Question de règlement. M. le
député de Laurier, je m'excuse...
M. Rochefort: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente, je voudrais souligner que je ne pensais pas que le
député de Laurier était portier, ici. Deuxièmement,
je lui soulignerai que, à toutes les interventions que j'ai faites
jusqu'à maintenant, dans des débats entourant la santé et
les services sociaux, c'est la première fois que la ministre reste en
place pour mes discours.
La Vice-Présidente: Je considère, M. le
député de Gouin, que ce n'est pas une question de
règlement. Là-dessus, M. le député de...
M. Sirros: Je le saluais par courtoisie, Mme la
Présidente. Cela faisait environ deux heures qu'on était ensemble
en cette Chambre à s'écouter, je constatais qu'il quittait et je
le saluais, Mme la Présidente. C'est tout.
La Vice-Présidente: Question de règlement, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, c'est la
première fois que je présente un projet de loi en Chambre. Si le
député de Gouin a voulu pérorer sur un tas de choses
depuis des mois, cela le regarde, mais je ne suis pas toujours obligée
de rester ici pour le regarder. Mon projet de loi est ici et je reste en
Chambre pour écouter ce que les gens ont à dire. C'est la
première fois que je présente un projet de loi.
La Vice-Présidente: M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, Mme la Présidente, simplement sur la
question de règlement. C'est vrai que c'est le premier projet de loi
présenté par la ministre, mais je dois dire que ce n'est pas la
première fois qu'il y a une motion qui concerne la santé et les
services sociaux ici même. Chaque fois, j'ai écouté les
interventions de la ministre et je pense que c'est la première fois
qu'elle reste pour écouter mes interventions. C'est simplement ce que je
voulais souligner, pour faire écho aux questions de règlement du
député de Laurier.
La Vice-Présidente: En vertu des questions... S'il vous
plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre! À l'ordre! Question de règlement, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il convient de rectifier les choses.
J'ai dit tout à l'heure que c'était le premier projet de loi que
je présentais en Chambre et, d'ailleurs, le député de
Gouin l'a concédé. Les autres motions auxquelles il fait
allusion, ce sont des débats de cinq minutes, à vingt-deux
heures, le soir, parce qu'il n'était pas satisfait d'une question. Je
les ai peut-être écoutées en dehors, mais c'étaient
des motions de cinq minutes.
La Vice-Présidente: Je m'excuse. Jusqu'à
maintenant, il n'y a réellement pas eu de question de règlement.
Donc, je pense qu'il serait bien que j'intervienne et que je reconnaisse le
député de Laurier. Ce n'étaient pas des questions de
règlement. Une question de règlement doit être faite en
vertu des règles de procédure de la Chambre et personne ne s'est
basé sur les règles de procédure de la Chambre. Donc, je
ne reconnais... C'est sûr que je ne peux pas reconnaître, pour
l'avenir, des questions de règlement, mais, pour l'instant, il n'y a pas
eu de question de règlement et je cède la parole au
député de Laurier.
M. Rochefort: Question de règlement, en vertu de l'article
212 de notre règlement.
La Vice-Présidente: En vertu de l'article 212, M. le
député de...
M. Rochefort: Mme la Présidente, c'est simplement pour
corriger ce que vient de dire la ministre. Il y a eu le débat sur les
urgences, à l'Assemblée nationale, qui a duré deux
mercredis et qui n'était pas un débat de cinq minutes.
M. Lefebvre: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Là-dessus, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lefebvre: En vertu de l'article 212 soulevé par le
député de Gouin. Si le député de Gouin
désire intervenir, il doit attendre que l'intervention du
député de Laurier soit terminée; c'est cela, l'article
212.
La Vice-Présidente: Effectivement, l'article 212 dicte
bien, M. le député de Gouin, que vous devrez intervenir
après le discours. M. le député de... À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre! Il reste peu de temps avant
d'ajourner, alors, je demanderais, s'il vous plaît, la collaboration de
cette Chambre. M. le député de Laurier.
M. Sirros: ...consciente, Mme la Présidente, qu'une simple
salutation de départ de ma part au député de Gouin aurait
soulevé tant de problèmes chez lui. Je peux le comprendre,
étant donné que, pendant une heure, il nous a parlé d'une
façon - comment puis-je dire, Mme la Présidente? - pas correcte,
je dirais, dans le sens que...
M. Maltais: Mme la Présidente, je m'excuse auprès
de mon collègue de Laurier.
Question de directive. Est-ce que vous pourriez m'informer si
l'Opposition a démissionné parce qu'il ne reste plus personne,
présentement, en Chambre?
La Vice-Présidente: Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Saguenay. S'il y a quorum,
l'Assemblée peut continuer de siéger.
M. Sirros: Mais c'est peut-être, Mme la Présidente,
significatif de la confusion ou de la contradiction, je dirais, dont fait
preuve l'Opposition dans ce dossier. D'une part, on nous dit que c'est
extrêmement important, que c'est essentiel, que c'est primordial,
même que cela devrait être une priorité, comme nous l'a dit
le député de Gouin, que cette question soit traitée. Il
n'y a pas un député de l'Opposition qui siège en cette
Chambre pendant que l'on parle de quelque chose que le député de
Gouin considère primordial, prioritaire et essentiel.
On a eu droit à un discours d'une heure à partir de cette
constatation que nous partageons, effectivement. C'est la raison pour laquelle
on présente le projet de loi 75. On trouve que c'est essentiel pour la
santé des personnes qui se trouvent en régions
périphériques d'avoir un outil de planification des effectifs
médicaux au Québec et d'avoir une image complète de la
situation des CLSC, des hôpitaux et des centres d'accueil, en termes de
pratique de la profession médicale. Il n'y en avait pas jusqu'à
maintenant.
Alors, ce qu'on fait avec le projet de loi 75, c'est de donner un outil
de planification. Le député de Gouin, pendant une heure, nous a
entraînés avec des histoires sur la conscription des
médecins -on dirait quasiment que c'est ce qu'on est en train de faire -
et qu'on avait tout cela de préparé. C'était le premier
pas d'un complot machiavélique qu'on avait préparé au
ministère de la Santé et des Services sociaux pour conscrire les
médecins dans tout le Québec, afin de les forcer à oeuvrer
et à travailler dans des conditions épouvantables, par une
ministre qui était démagogique, irresponsable,
incohérente, irréfléchie; mettez-en donc, je pense qu'il
n'a pas oublié un qualificatif qu'il aurait pu trouver dans un
quelconque dictionnaire. À la suite de cela, il a qualifié la
ministre de démagogique et je pense que c'est là la preuve de
l'incohérence et de la contradiction de l'approche de l'Opposition,
à l'heure actuelle.
Par la suite, ils disparaissent tous. Il n'y en a pas un qui est ici.
J'aurais le goût de dire, Mme la Présidente, que nous sommes dans
une situation très Kafkaïenne, qui nous est présentée
de l'autre côté. Est-ce qu'on doit prendre leur parole? Je sais
que le règlement demande de croire les députés quand ils
parlent. Le député nous dit que cette question est essentielle.
Je comprends bien que, peut-être, il a des engagements à
l'extérieur de cette Chambre. Mais j'imagine que dans une formation
politique où quelque chose est essentiel, il doit y avoir au moins une
personne qui pourrait trouver le temps de venir écouter ce que les gens
disent en cette Chambre sur un sujet qu'ils estiment essentiel.
Le député de Gouin a laissé échapper quelque
chose, qui, quant à moi, est peut-être indicatif de son approche
et des inquiétudes qu'il pourrait avoir vis-à-vis de ce projet de
loi. Il a dit dans son discours, à un moment donné, qu'il
soupçonne que du fait que les hôpitaux, les centres d'accueil et
les CLSC auraient, tous ensemble, à fournir des plans pour
préparer un plan régional des effectifs médicaux, il y
aurait possibilité que les établissements qui seraient moins
forts -je pense que c'est le mot qu'il a utilisé -moins organisés
- il a donné l'exemple des CLSC et des centres d'accueil - pourraient se
retrouver désavantagés par rapport aux hôpitaux. Je pense
qu'il y a là une approche différente et fondamentale entre le
Parti québécois et le gouvernement actuel. Si c'est la
préoccupation du Parti québécois de voir à la
protection de certains genres d'institutions et d'établissements, nous
n'avons pas de préjugés envers aucun genre d'institution. Nous
avons seulement un préjugé et une préoccupation, c'est en
rapport aux besoins, en termes de santé, de la population. Ce qui
importe, c'est d'avoir des instruments qui nous permettront de faire face
auxdits besoins. Ici, il est nécessaire de savoir qui oeuvre dans les
hôpitaux, les CLSC et les centres d'accueil, et non seulement les
médecins; c'est ce que nous faisons avec le projet de loi 75. (13
heures)
Je ferai remarquer aussi - parce qu'il ne me reste qu'environ deux
minutes avant la suspension des travaux - que le député de Gouin
a pris une heure pour parler du projet de loi 75. La ministre a utilisé
beaucoup moins de temps, parce qu'elle s'est contentée, effectivement,
de parler du projet de loi 75, de sa portée. C'est un projet de loi qui
comporte, au grand total 11 articles. Loin de là un effort de ma part
d'essayer de banaliser la portée du projet de loi, parce que je reviens
sur un point d'accord commun entre le député de Gouin et les
députés de notre côté. C'est qu'il est essentiel
qu'on puisse élaborer, qu'on puisse avoir un instrument qui nous
permette d'élaborer des plans d'effectifs régionaux. Il faut
avoir une image complète dans une région, non pas savoir - comme
c'était le cas avec le projet de loi 27 que le précédent
gouvernement avait adopté - combien de médecins oeuvrent dans tel
ou tel hôpital. Il faudrait avoir, si on veut faire face aux besoins de
la population en termes de santé, une image de
l'ensemble, Mme la Présidente.
J'arrêterai peut-être là pour l'instant en demandant
l'ajournement, étant donné qu'il est une heure...
La Vice-Présidente: Je constate, M. le
député de Laurier, je m'excuse. Il est présentement 13
heures et j'aurais besoin, si vous voulez poursuivre, du consentement des
membres de cette Assemblée. Il reste huit minutes à votre
intervention. Y a-t-il consentement des membres de cette Assemblée pour
procéder? Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je crois comprendre que le député de
Laurier voudrait demander l'ajournement des travaux à 15 heures et
être reconnu en reprise de séance.
La Vice-Présidente: Ce que vous voulez c'est suspendre les
travaux concernant l'adoption du projet de loi 75. Donc, nous allons suspendre
les travaux concernant le projet de loi 75 et nous allons reprendre, si je
comprends bien, avec le député de Laurier.
M. Bélanger: Sur une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Oui, M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Bélanger: Est-ce qu'on pourra s'assurer cet
après-midi d'avoir au moins la présence d'un représentant
de l'Opposition?
La Vice-Présidente: Écoutez, M. le
député de Laval-des-Rapides, ce n'est pas une question de
règlement et ce n'est pas... Ce n'est pas une question de
règlement.
Là-dessus, nous allons suspendre les travaux et les reprendre
à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 3)
La Vice-Présidente: À l'ordre! Avant qu'on ne
commence nos travaux, j'aimerais demander s'il y aurait l'autorisation de cette
Chambre pour qu'on puisse terminer à 16 h 45, compte tenu du fait qu'on
aura au Parlement aujourd'hui la présence du président de la
République d'Italie, M. Francesco Cossiga. Est-ce qu'il y a autorisation
pour qu'on termine à 16 h 45 et qu'on en fasse un ordre de
l'Assemblée?
M. Lefebvre: Cela va de notre côté, Mme la
Présidente.
M. Gendron: On est d'accord du côté de l'Opposition.
II n'y a pas de problème. On veut accueillir le plus dignement possible
le président d'Italie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Vous comprendrez que c'est pour
permettre aux députés d'aller rencontrer le président.
M. Gendron; Je souhaite que l'ensemble des parlementaires se
rendent à l'invitation que vous nous faites.
La Vice-Présidente: Donc, c'est un ordre de la Chambre
qu'on termine à 16 h 45. Là-dessus, nous allons reprendre le
débat qui avait été suspendu concernant le projet de loi
75, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Nous étions rendus à l'intervention du
député de Laurier. Il lui restait neuf minutes. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci, Mme la Présidente. Un merci
spécial au député de Terrebonne, de l'autre
côté, qui applaudit.
Mme la Présidente, avant la suspension, j'étais en train
de reprendre un peu les arguments, l'approche et le style des critiques de
l'Opposition sur ce projet de loi, une approche et un style qui essaient de
mêler les choses à même des éléments sur le
tapis qui ne sont pas effectivement les questions qu'on étudie
actuellement, des critiques qu'on ne peut que qualifier de
démagogiques.
Dans les quelques minutes qu'il me reste, j'aimerais peut-être
ramener les choses là où elles devraient se situer et parler plus
précisément de ce qu'on discute ici aujourd'hui, le projet de loi
75. Je répète encore une fois que le projet de loi 75 est une
suite logique au projet de loi 27 adopté par le précédent
gouvernement, mais qui, en ce qui concerne la planification des effectifs
médicaux, était inopérant.
Le projet de loi 27, adopté en 1982 si ma mémoire est
bonne, ne prévoyait l'élaboration de plans d'effectifs que par
les centres hospitaliers, c'est-à-dire uniquement par rapport à
un établissement donné. Ce que nous faisons avec le projet de loi
75 c'est de nous donner, comme gouvernement, un instrument de planification qui
permettrait de rendre réel le désir de voir une
répartition équitable des effectifs médicaux dans
l'ensemble du territoire du Québec.
Le projet de loi 75 donne le pouvoir aux conseils régionaux de
préparer des plans d'effectifs régionaux à partir des
chiffres qui seront fournis par les centres hospitaliers tel qu'il était
prévu déjà dans le projet de loi 27, mais également
à partir des chiffres quant aux médecins et dentistes qui
devraient pratiquer dans les CLSC et dans les centres d'accueil
également. Ce n'est qu'au moment où on va avoir une image
complète de la situation en ce qui concerne la répartition
des effectifs médicaux... Il y a même, à l'heure où
on se parle, des différences entre ce que les fédérations
comptabilisent en matière d'effectifs et ce que le ministère
comptabilise. On a remis -parce qu'on a fait cela aussi - en marche une table
de concertation qui regroupe les fédérations, le ministère
de la Santé et des Services sociaux et d'autres qui sont
impliqués dans le dossier pour qu'on puisse tout au moins se
conscientiser ensemble au fait qu'il y a un problème.
On parle souvent des régions périphériques, mais je
vous ferais remarquer que ce n'est pas seulement dans les régions
périphériques qu'il y a un problème parce qu'il y a aussi
plusieurs régions qu'on peut appeler intermédiaires qui sont
peut-être près de Montréal, mais qui connaissent elles
aussi des problèmes d'effectifs médicaux. L'Opposition nous
accusait de vouloir contingenter. Je leur rappellerais seulement que le
contingentement, s'ils veulent parler de contingentement, c'est quelque chose
qu'ils ont déjà fait en ce qui concerne l'entrée en
médecine par rapport au ratio omnipraticiens-spécialistes.
L'autre élément qui a été apporté,
c'est les dispositions du projet de loi 75 par rapport à la
pénalité prévue en ce qui concerne les médecins qui
décident de quitter leurs fonctions sans donner de préavis. Nous
établissons, dans le projet de loi 75, un préavis
nécessaire de 60 jours pour un médecin qui voudrait arrêter
de pratiquer dans un centre hospitalier. On s'est retrouvé, et le
gouvernement précédent aussi, dans la situation - je souligne le
cas de l'hôpital de Dolbeau - où, du jour au lendemain, les
médecins qui pratiquaient dans un centre hospitalier décidaient,
comme moyen de pression sur l'hôpital ou sur le gouvernement par rapport
à des problèmes qu'ils auraient pu avoir, sans préavis
parce que ce n'était pas requis, d'arrêter leur pratique en centre
hospitalier. Du jour au lendemain, l'hôpital et la population - cela est
plus important que strictement l'hôpital - se retrouvaient sans
médecins à l'intérieur d'un centre hospitalier. Les
médecins, même s'ils ne pratiquaient pas en centre hospitalier,
pouvaient continuer leur pratique en cabinet privé.
Ce qu'on préconise avec le projet de loi 75, c'est de normaliser
les choses, en ce sens que nous estimons que c'est tout à fait
raisonnable et normal qu'un médecin, comme pour l'ensemble des autres
professions et métiers, soit tenu de donner un avis de son intention de
quitter, particulièrement dans un domaine comme la santé de la
population, étant donné que ce n'est pas quelque chose qui n'a
pas de graves conséquences. Cela a des conséquences très
graves et ce que nous exigeons, c'est un préavis de 60 jours avant qu'un
médecin puisse quitter et on prévoit également que, s'il y
a des raisons particulières, personnelles, par exemple, qui ne
bouleversent pas le fonctionnement de l'hôpital, la personne peut
effectivement quitter l'hôpital sans nécessairement donner le
préavis de 60 jours. (15 h 10)
Mais, si on veut vraiment rendre cet article opérationnel, il
faut, comme dans toute autre chose, prévoir des conséquences
à un geste quelconque. Alors, on prévoit - on dit ceci et
j'aimerais que ce soit clarifié -que, s'il y a des médecins qui
décident de quitter l'hôpital sans donner de préavis de 60
jours, ils seront - durant un temps limité, qui est l'équivalent
de deux jours pour chaque jour où ils n'auront pas donné de
préavis - soustraits de la Régie de l'assurance-maladie, ce qui,
Mme la Présidente, serait une conséquence sérieuse pour
les médecins dans le sens qu'ils ne pourraient pas, à ce moment,
quitter l'hôpital pour aller pratiquer dans un cabinet privé.
Quant à l'argumentation selon laquelle ce geste pourrait ouvrir
la porte à deux formes de médecine - là, je trouve que
c'était vraiment un charriage extrême de la part de l'Opposition -
je vous rappelle seulement que, dans le contexte où nous sommes, nous ne
pouvons pas prendre au sérieux ce genre de menace qui nous est brandi de
l'autre côté de la Chambre. Les médecins sont des personnes
qui ont une conscience sociale peut-être beaucoup plus
développée que d'autres. Deuxièmement, Vlme la
Présidente, il s'agit d'une période limitée qui est la
conséquence d'un geste qui contrevient à ce qui prévu dans
la loi.
Alors, Mme la Présidente, si on regarde les aspects
véritables du projet de loi 75, je pense que - et même le
député de Gouin l'a souligné - c'est essentiel qu'on
puisse planifier de façon rationnelle la distribution des effectifs
médicaux. J'aurais souhaité que le député de Gouin
soit un peu plus clair quant aux intentions de sa formation politique. Il me
semble que, si on est d'accord sur l'essentiel du projet de loi, on ne devrait
pas y ajouter toutes sortes d'autres éléments pour tenir le temps
de la Chambre occupé pendant une heure en faisant cette
démagogie, comme je le disais, qu'on commence à connaître
de plus en plus de la part du député de Gouin.
Quant à moi, en terminant, je pense que c'est un projet de loi
qui donnera un instrument nécessaire au gouvernement et qui rendra
possible la planification des effectifs médicaux de façon
à répondre véritablement aux besoins de la population du
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Laurier. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Mme la Présidente, je me dois, comme
député d'une circonscription éloignée, de saisir
l'occasion qui m'est offerte pour exprimer mon point de vue et celui de
l'Opposition sur un sujet qui nous a toujours préoccupés et qui
me préoccupe personnellement depuis plusieurs années.
Effectivement, même si le projet de loi 75 a, je pense, une envergure
plus grande que les propos que je vais tenir lors de ce débat sur
l'adoption du principe, je me devais de souligner l'aspect plus
spécifique de viser à une meilleure répartition des
effectifs médicaux dans les régions dites
éloignées.
Je ne reprendrai pas l'ensemble des principes sous-jacents au projet de
loi 75 parce que, en ce qui me concerne, je pense que notre critique en la
matière, le député de Gouin, a pris le temps de faire un
excellent survol de tous les éléments compris dans ce projet de
loi, tout autant pour ce qui est du contenu que de la forme et de la
façon dont ce projet de loi nous est arrivé par la
tête.
Le projet de loi vise à modifier la Loi sur les services de
santé et les services sociaux pour y ajouter l'obligation pour un centre
local de services communautaires - ce qu'on appelle un CLSC - ou à un
centre d'accueuil de prévoir dans son plan d'organisation le nombre de
médecins... On précise également le rôle du conseil
régional qui peut approuver, avec ou sans modification, un tel plan qui
sera soumis par un centre local de services communautaires. On y ajoute enfin
que le conseil régional devra, à l'avenir, établir un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires nécessaires
à la population de la région.
Ce sont sûrement, dans les notes explicatives, des
éléments importants du projet de loi 75 parce qu'il introduit de
nouvelles dispositions. Il introduit l'obligation pour un CLSC et un centre
d'accueil d'établir un plan d'organisation, l'obligation pour les
conseils régionaux de santé et de services sociaux de
réaliser un plan régional d'effectifs médicaux et
dentaires incluant l'ensemble des activités professionnelles des
médecins et dentistes et parle même d'une prescription concernant
l'échéancier. Bien sûr, comme je l'ai mentionné, il
y a d'autres principes.
Cependant, l'important, pour nous, c'est de démontrer que le
projet de loi 75 est quand même un projet de loi qui a une portée
de très grande envergure. La ministre de la Santé et des Services
sociaux tente de laisser croire que le projet de loi, dans le fond, se
résume à la question majeure et la plus importante qu'elle
voulait corriger, dit-elle, c'est-à-dire avoir un meilleur
contrôle quant à la répartition des effectifs
médicaux dans tout le Québec, bien sûr, mais en particulier
dans les régions où le problème était le plus aigu
parce que, règle générale, quand on agit pour l'ensemble
du Québec, c'est pour corriger des causes qui sont plus douloureuses
à subir dans certaines régions du Québec. Je pense que
cela n'est pas exact d'avoir cette tendance parce que - je voulais
compléter ma phrase - de limiter la portée du projet de loi au
seul fait qu'enfin, par la loi 75, on aurait une disposition qui permettrait de
mieux contrôler la répartition des effectifs...
Le projet de loi 75 va beaucoup plus loin. Ce n'est pas pour rien,
d'ailleurs. Si ce n'était que la question de régler les effectifs
en régions, je suis loin d'être sûr que nous aurions
assisté au tollé de protestations auquel nous avons
assisté. Moi, aujourd'hui, je vous le dis tout de suite, je n'ai
l'intention de défendre personne. Ce qui m'intéresse, c'est
d'avoir un meilleur appui de la ministre de la Santé et des Services
sociaux, du gouvernement actuel par rapport au problème fondamental
qu'on vit depuis plusieurs années - j'y reviendrai tout à
l'heure. C'est ce qui m'intéresse. Tout ce que je veux défendre,
ce sont des effectifs médicaux répartis équitablement,
parce que, au cas où les gens ne le sauraient pas, nous aussi, dans les
régions, nous sommes des contribuables. Non seulement sommes-nous des
contribuables, mais nous sommes des "contributeurs", très importants
pour le fonds consolidé du Québec grâce à la vente
et à l'exportation des richesses naturelles. Lorsqu'on parle d'un
Québec fort avec les régions qui le composent, sachant que la
plupart des ressources sont dans les régions, on veut, de temps en
temps, nous aussi, avoir un équilibre dans la distribution de l'assiette
fiscale.
Dans le domaine des services de santé, bien sûr qu'on a
effectué un certain rattrapage, qu'on a amélioré la
situation. Mais il reste encore beaucoup à faire. Le problème de
la répartition et de la présence des médecins est un
problème majeur en ce qui a trait à la qualité et à
l'accessibilité aux services de santé pour l'ensemble des
Québécois. Là-dessus, je rejoins la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Je la rejoins également
lorsqu'elle mentionne que la commission Rochon qui continue à tenir des
audiences un peu partout au Québec est constamment interpellée
sur cette question majeure. Certains prétendent encore que, dans les
régions périphériques, nous n'avons pas
véritablement ce que j'appellerais des services de santé
convenables en 1986 par rapport au jugement populaire posé dans tout le
Québec, à savoir que nous avons quand même au Québec
un régime de santé et de services sociaux qui est passablement
bien organisé, qui donne de bons résultats à l'ensemble de
la population du Québec. En conséquence, quand nous entendons
des
comparaisons à l'extérieur sur la valeur du système
de santé québécois, on est un peu déçu de
voir dans les régions qu'on n'y a pas toujours notre compte dans la part
de l'ensemble du Québec. Dans ce sens, je pense que ce doit être
une priorité politique et administrative pour un gouvernement
responsable, la question de tout faire pour s'assurer qu'à l'avenir il y
ait une répartition plus équitable, mieux
équilibrée des médecins pour assurer une
accessibilité de meilleure qualité et plus réelle pour
l'ensemble des citoyens et citoyennes du Québec.
Je voudrais prendre quelques minutes cependant pour vous dire que, si je
parle du problème, c'est parce qu'il m'intéresse. Je n'ai jamais
eu la conviction que nous n'avions pas assumé nos responsabilités
comme gouvernement là-dedans. Contrairement à ce que j'entendais
tantôt du député de Laurier que nous n'avions pas
posé des gestes qui avaient changé quelque chose, ce n'est pas
exact, en tout cas, en ce qui concerne la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Je ne dis pas que le problème est
réglé, je veux être très bien compris; il n'est pas
réglé et il faut constamment poser des gestes additionnels pour
s'assurer que nous renforçons particulièrement cette
présence de spécialistes qui nous font encore défaut. Si
c'est vrai pour la région de chez nous, c'est sûrement vrai pour
la région du Saguenay Lac-Saint-Jean, c'est également vrai
pour les régions de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, de la
Mauricie, enfin pour toutes les régions autres que les bassins
importants de population du Québec métropolitain et, bien
sûr, de la région métropolitaine du grand Montréal.
(15 h 20)
Dans ce sens-là, Mme la Présidente, nous, comme
gouvernement, nous avons consacré beaucoup d'énergie à
mettre sur pied un ensemble de mesures visant à apporter des solutions.
Je ne les citerai pas toutes, je n'en ferai pas l'historique, mais je voudrais
juste vous indiquer que moi, en tout cas, j'ai été un
défenseur de la loi 27 et je suis convaincu que la loi 27, pour des
régions comme la nôtre, a donné des résultats
mesurables, palpables, concrets. Je me rappelle, entre autres, en 1981,
lorsqu'on était en campagne électorale et qu'on citait des
statistiques. On a repris certaines de ces statistiques en 1985 sur le nombre
d'omnipraticiens en Abitibi-Témiscamingue et le nombre de
spécialistes. Lorsque nous avions à faire la comparaison entre
1981 et 1985 - entre les deux, il y avait eu l'événement de la
loi 27 - nous étions en mesure, à tout le moins pour ce qui est
des omnipraticiens, de prouver noir sur blanc que nous avions eu une
augmentation du double. Pour ceux qui nous suivent, si on avait 50
Omnipraticiens - le chiffre exact, je ne me le rappelle pas - on en avait 100
en 1985. On a donc réussi à doubler la présence des
omnipraticiens en Abitibi-Témiscamingue. On a eu un peu moins de
succès pour les spécialistes; je ne dis pas que cela ne
s'explique pas, je dis que nous ne l'acceptons pas. Ce n'est pas normal que
dans une région comme la nôtre nous n'ayons pas, nous aussi, droit
à des spécialistes pour des spécialités qui sont
quand même de plus en plus universelles et qui doivent être
distribuées à l'ensemble des citoyens et citoyennes du
Québec.
Donc, on a essayé et réussi, dans une certaine mesure,
à améliorer la performance de la distribution des effectifs
médicaux et c'était important que ce soit fait. L'ensemble des
mesures incitatives ont produit des résultats significatifs -
j'étais en train de le démontrer - des progrès
considérables. La répartition des médecins omnipraticiens
est à peu près réglée pour l'essentiel. Il y a
cependant, comme je l'ai dit tantôt, un effort important à faire
au niveau des spécialistes parce que c'est loin d'être suffisant.
Le rapport Bergevin, qui a été cité avec éloquence
par mon collègue, le député de Gouin, et les études
du MSSS reconnaissent l'apport significatif de ces mesures incitatives
élaborées en concertation avec le milieu. Ce qu'on veut dire
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux
aujourd'hui, c'est que ce n'est pas quand quelque chose a donné des
résultats qu'on arrête complètement et qu'on tourne
à 90 degrés la voie ferrée. Nous pensons que la position
adoptée par la ministre dans le projet de loi 75, au-delà de nous
faire croire ce qui n'est pas le fondement même du projet de loi, que
c'est davantage un projet pour régler la répartition, ce qui
n'est pas exact, c'est beaucoup plus global que cela, nous pensons qu'il y a un
virage un petit peu trop radical par rapport à ce qui s'est fait dans le
passé.
Je pense qu'une juste combinaison, un bon "mix", si vous me permettez
l'expression, entre toutes les mesures à caractère incitatif et
les mesures à caractère coercitif, si on faisait un bon "mix" de
ces deux éléments, j'ai l'impression que nous serions dans la
bonne voie et que, là, tranquillement, on progresserait dans le sens
souhaité par n'importe quel gouvernement responsable, vers un plus grand
équilibre, un meilleur équilibre entre la répartition,
dans toutes les régions du Québec, autant que faire se peut,
d'omnipraticiens et de spécialistes pour que nous ayons droit aussi
à une médecine de 1986, une médecine moderne qui permette
une plus grande accessibilité et une meilleure qualité de la
médecine.
Les véritables intentions du projet de loi 75, Mme la
Présidente, c'est, bien sûr, d'avoir un portrait plus exact des
besoins. La réalisation d'un plan d'effectifs médicaux
régionaux, y compris la pratique en cabinet privé,
comportant un échéancier strict et prévoyant des
pénalités si le plan n'est pas réalisé, on ne peut
pas être contre cela en soi, c'est une excellente chose que faire cet
exercice. Cependant, je n'ai pas la conviction que, parce qu'on
réaliserait le plus beau plan d'effectifs possible au monde, on
viendrait régler le problème de la répartition. Je n'ai
jamais compris qu'un plan d'effectifs comme tel, c'est-à-dire donner
l'heure juste des besoins, Mme la Présidente, cela égale ce qu'il
faut comme mesures pour s'assurer qu'à l'avenir la répartition
sera convenable, équitable et correspondra véritablement aux
besoins du milieu.
C'est la même chose pour l'accroissement des pouvoirs du CRSSS et
de la ministre. Cela ne m'assure de rien que la ministre me dise: Je vais
augmenter mes pouvoirs, je vais augmenter les pouvoirs du CRSSS et les
problèmes vont être réglés. On n'est pas plus
avancé. Ce n'est pas parce qu'un CRSSS a plus de pouvoirs sur la
possibilité de faire un meilleur plan d'effectifs, donc de
décrire mieux le portrait, qu'on va être en Cadillac par rapport
aux besoins qui sont les nôtres. Je n'ai pas de garantie
là-dessus. J'aimerais en avoir un peu plus.
Il y a également - mon collègue l'a très bien
expliqué - des réserves quant à l'application du plan
d'effectifs par le CRSSS, surtout si on décide de faire cela en
catimini, si on décide de faire cela sans que ce soit
véritablement ouvert au public. D'ailleurs, à cet effet, Mme la
ministre, j'aimerais faire une citation. J'ai ici, et vous l'avez sans doute
reçu - les régionaux, en particulier ceux de
l'Abitibi-Témiscamingue, tenaient à ce que j'en parle lors du
débat en deuxième lecture sur le principe du projet de loi 75 -
un télégramme de la Conférence régionale des
centres hospitaliers de l'Abitibi-Témiscamingue qui m'a
été envoyé et qui a été envoyé
à la ministre concernant le problème qu'on discute. Il dit ceci:
La Conférence régionale des centres hospitaliers de
l'Abitibi-Témiscamingue est d'accord avec la ministre de la Santé
et des Services sociaux pour créer l'obligation d'établir des
plans d'effectifs médicaux au Québec.
C'est une bonne note pour la ministre pour le premier bout. On ajoutait:
Cependant, ces plans devront tenir compte des ratios médecins-population
au sein des territoires régionaux, des municipalités
régionales de comté et des besoins spécifiques de
certaines municipalités. Ces plans devraient, pour être
applicables, comporter des limites quant au nombre de médecins ayant
accès au territoire et à l'éligibilité de
participation à la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Les problèmes de recrutement des médecins en régions
éloignées - écoutez bien cela - ne trouveront leurs
solutions que dans la mesure où des règles et des normes globales
seront établies pour tous les territoires du Québec.
J'ajouterai dans la mesure où on aura deux orientations - cela a
été très bien exposé par le critique de
l'Opposition en matière de santé et de services sociaux -que nous
poursuivions encore pour quelques années cette recherche de solution
dans le volet à caractère plus incitatif et, possiblement,
à la suite d'échanges avec les gens concernés - ce
à quoi semble vouloir se soustraire la ministre de la Santé et
des Services sociaux - un bon débat sur une meilleure emprise - je suis
d'accord avec la ministre - pour s'assurer que le contrôle sur la
capacité d'infléchir davantage la répartition des
effectifs ne soit pas juste un discours, mais devienne une
réalité mesurable, palpable, pour que de temps en temps,
l'État québécois qui contribue à très forts
coûts à la formation des jeunes qui s'inscrivent dans les
facultés de médecine comme spécialistes ou comme
généralistes les omnipraticiens... C'est dispendieux pour
l'État. On n'a pas d'objection que l'État s'impose ces sacrifices
à condition qu'à un moment donné l'État en ait des
retours mesurables, et une façon d'avoir des retours mesurables pour ce
que je discute, c'est de s'assurer que l'équilibre dans la
répartition des effectifs médicaux est plus
équilibré, si vous me permettez l'expression, que ce qu'on a
observé jusqu'à maintenant. La Conférence régionale
des centres hospitaliers de l'Abitibi-Témiscamingue est très
sensible à cette question. J'en profite d'ailleurs pour la remercier du
travail qu'elle a fait depuis plusieurs années sur la question du
recrutement. Ils en ont mis des heures et des efforts pour s'assurer eux aussi
de pousser sur le bateau, pour s'assurer également que le gouvernement,
quel qu'il soit, soit très préoccupé par cette question
d'agir dans le domaine, de poser les gestes requis pour que, comme je l'ai
mentionné tantôt, nous aussi nous puissions de temps en temps
avoir des services de santé et des services sociaux accessibles à
nos contribuables pour réduire les coûts de déplacement
inutiles et réduire les coûts tout court. Je pense qu'on a
marqué des progrès intéressants. On a progressé
dans cette voie. Mais il ne faudrait pas changer radicalement de façon
de faire pour perdre les nombreux avantages que nous avons gagnés.
Dans le projet de loi qui est sur la table, Mme la Présidente,
les autres aspects, toute la question de certains contrôles autoritaires,
changement de cap sans consultation, annonce qu'on bouleverse les conditions
d'exercice de la profession médicale au Québec, tout le volet et
la relation que nous sommes obligés de faire constamment parce que c'est
une relation
nécessaire entre le projet de loi 75 et le résumé
de la décision 86-84 sur la politique de détermination des postes
internes, ce sont là des questions qui doivent également
être débattues à ce moment-ci, parce que c'est le choix de
la ministre. C'est la ministre qui a décidé de mêler cela
ensemble.
Personnellement, si j'avais à débattre aujourd'hui un
projet de loi qui me donnerait les garanties que je recherche, à savoir
que j'aurais de meilleures perspectives quant au règlement de la
question de la répartition des effectifs, je n'aurais aucune
espèce d'hésitation à applaudir complètement
l'ensemble des orientations prises par la ministre dans ce projet de loi. (15 h
30)
Si la ministre avait voulu déposer une projet de loi portant
spécialement et exclusivement sur la répartition des effectifs
médicaux en régions, je dirais qu'on a vraiment fait un coup de
barre important dans une direction qui est souhaitée à peu
près par tous les intervenants sociaux depuis plusieurs années
et, en particulier, ceux des régions dites périphériques.
Mais on n'a pas le droit, je pense, de se servir de cette dure et froide
réalité qui est celle d'une répartition non
équilibrée pour prétexter faire adopter le projet de loi
75 qui constitue en fait la première étape d'une politique de
contingentement de la pratique médicale.
J'entendais le député de Laurier qui disait - c'est donc
facile quand on est au pouvoir - qui prétendait que nous n'avons fait
qu'une chose, c'est de la démagogie, alors que je pense que mon
collègue a essayé de traiter très sérieusement - il
l'a fait très professionnellement - le fond de cette question. Mais
quand on traite une question de fond en deuxième lecture, on doit
regarder l'ensemble des éléments qui sont compris dans les
projets de loi et non pas ce que j'appellerais l'appendice le plus favorable
qui est, bien sûr, de viser à une répartition plus
équilibrée. Cela est bon, c'est alléchant, c'est une bonne
mesure. Mais il y a autre chose là-dedans, et je pense que mon
collègue de Gouin avait tout à fait raison d'attirer l'attention
des citoyens et des citoyennes du Québec, parce qu'une politique qui
introduit le contingentement de la pratique médicale nécessite
à tout le moins un débat majeur, à tout le moins qu'on ait
l'occasion d'en débattre pendant plusieurs semaines. C'est ce que mon
collègue a voulu faire savoir.
En conclusion, Mme la Présidente, puisque vous m'indiquez que mon
temps est presque expiré, je voudrais tout simplement dire que mon
appui, comme député d'Abitibi-Ouest, au gouvernement et à
la ministre de la Santé et des Services sociaux sera toujours là
quand j'aurai la conviction que les mesures qui sont mises sur la table sur le
plan législatif sont clairement dans le sens souhaité par les
régionaux et celui qui vous parle depuis plusieurs années, oui,
d'avoir la capacité de répartir d'une façon plus
équitable les effectifs médicaux, tout autant pour les
spécialistes que pour les omnipraticiens pour que nous aussi, nous ayons
enfin droit à une médecine vraiment accessible et universelle,
mais à des coûts qui correspondraient à ceux que les
citoyens des grands bassins de population se doivent d'assumer. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Guy Bélanger
M. Bélanger: Depuis plusieurs années, les
régions éloignées du Québec connaissent une
pénurie de médecins et de spécialistes très
importante. Pourtant, on sait, en termes absolus, qu'il y a au Québec
plus de médecins que ne l'exigent nos besoins. À titre indicatif,
mentionnons que, de 1970 à 1982, la croissance des effectifs
médicaux a été onze fois supérieure à celle
de la population et qu'il y a actuellement au Québec 13 163
médecins, évidemment, avec de très fortes concentrations
dans les grands centres comme Montréal et Québec. Ces
concentrations sont faciles à comprendre: si on regarde les
équipements des grands hôpitaux, si on regarde tous les avantages
de pratique qu'offrent les grands centres, il est évident que c'est
beaucoup plus attrayant et incitatif que la pratique en régions
éloignées. Dans le passé, le gouvernement
précédent a mis en place un certain nombre de mesures. Je me
rappelle, entre autres, avoir plaidé à la commission
parlementaire sur la loi 27 alors que le chef de l'Opposition était
ministre des Affaires sociales et que le député de Taillon
était son chef de cabinet. Nous avions, à cette époque,
apporté un appui inconditionnel à la loi 27. On reconnaissait
certaines faiblesses à cette loi, mais on y voyait surtout les ferments
qui permettraient une amorce de solution extrêmement intéressante
à ce problème déplorable de répartition des
effectifs.
Malgré cette loi 27 et malgré les effets positifs de ce
que les médecins appelaient alors le décret punitif Johnson, car
ils voyaient des aspects négatifs dans le projet, tout le
problème n'est pas réglé. Il continue à persister
et avec autant d'acuité qu'avant. Le projet de loi de Mme !a ministre de
la Santé et des Services sociaux est un effort réel pour corriger
ce problème. Les conseils régionaux des régions
éloignées nous ont fait valoir leur point de vue là-dessus
et offrent un appui inconditionnel à Mme la ministre dans cet effort de
planification et de meilleure répartition des ressources. Il est
évident que les fédérations
de médecins ont réagi plutôt négativement sur
certains aspects. Comme syndicats voués à la défense de
leurs membres, aux intérêts de leurs membres, il est
évident que certains aspects que comprend une loi qui sont un peu plus
contraignants ne faisaient pas leur bonheur. On les comprend bien. Mais, en
aucun temps, ils n'ont contesté les objectifs poursuivis par cette loi.
Au contraire, ils les ont constamment appuyés et continuent de les
appuyer. Je pense qu'il faut le souligner.
Il faut aussi savoir, pour bien comprendre ce problème, que la
médecine ne répond pas aux mêmes lois du marché que
les autres professions. On a vite réalisé, depuis longtemps au
Québec, qu'en médecine la demande s'ajuste à l'offre. Plus
il y a de médecins, plus il y a de demandes. À preuve, un nombre
très important de médecins pratique à Montréal et
je défie quiconque de me trouver un seul médecin qui ne gagne pas
bien sa vie. Je ne parlerai même pas d'un médecin chômeur.
C'est une conception qui n'entre pas dans notre tête.
Par contre, si on regarde les ingénieurs, ils n'ont pas la
même problématique. Il y a beaucoup de chômage parmi les
ingénieurs, les avocats ou dans bien d'autres professions.
Lorsque de grands projets se sont faits, lorsqu'on a eu besoin ou que le
marché de la pratique était ailleurs, par exemple, à la
Baie James, on n'a jamais eu de problèmes pour amener des
ingénieurs à la Baie James. Ils allaient là où ils
pouvaient gagner leur vie, là où était le travail. En
médecine, la "castonguette" marche aussi bien à Montréal
que n'importe où ailleurs. Alors, pourquoi s'isoler? Il y a là un
aspect qu'il faut toujours considérer lorsqu'on parle du problème
de la médecine.
Donc, l'État, qui est finalement celui qui paie ou qui est le
patron - c'est lui qui paie les frais par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, c'est lui qui paie les salaires aux
médecins - a le devoir d'intervenir. Étant l'outil
privilégié ou le seul qui puisse intervenir efficacement dans ce
problème, il se doit de poser des gestes qui amèneront une
solution et qui tendront à amener des médecins dans les
régions éloignées.
Si on veut prendre une expression à la mode, je pense que les
régions éloignées sont quand même assez modestes
dans leurs demandes vis-à-vis des besoins en médecins. Elles ne
demandent pas la parité avec Montréal, elles ne demandent pas
l'équipement de grands centres comme Montréal. Ce qu'elles
souhaitent, c'est avoir chez elles quelqu'un qui puisse leur apporter
sécurité et garantie de la qualité de vie qui est
nécessaire à une communauté, surtout lorsqu'on vit dans
des régions plus éloignées.
Mme la ministre a eu le courage de nous proposer un projet de loi qui ne
sera pas nécessairement facile à faire accepter par ceux qui
pratiquent la médecine, mais il faut savoir que cette loi s'inscrit en
continuité avec les dispositions de la loi 27 et que cette loi qui avait
déjà, comme on le disait tout à l'heure, corrigé un
certain nombre de choses, méritait un appui substantiel pour donner les
résultats auxquels on est en droit de s'attendre.
Il y a moins d'un an, Mme la ministre, qui présidait la
commission des affaires sociales, avait procédé sur le même
sujet à une série de consultations. On se rappelle que toutes les
fédérations, la FMSQ, la FMOQ, la Fédération des
médecins internes et résidents du Québec, étaient
venues en commission donner leurs points de vue sur la répartition des
effectifs médicaux dans la province. On y avait établi certains
consensus. On avait pris un certain nombre de mesures et tout le monde semblait
heureux de la volonté qui s'était dégagée de ces
rencontres. Malheureusement, les résultats n'ont pas été
à la mesure des attentes ou de cette volonté qui s'était
dégagée. Aujourd'hui, il faut procéder plus à fond.
Dorénavant, avec la loi 75, il y aura une planification qui nous
permettra d'anticiper ou de réagir avant que la situation soit rendue
à un point de dégradation tel que certaines régions se
voient, à toutes fins utiles, privées de médecins, surtout
lorsque ceux-ci décident de démissionner en bloc comme moyen de
pression, comme on l'a vu, il y a quelques mois, dans certaines
régions.
Il était important que cette loi 75 prévoie des
mécanismes qui empêchent ces moyens de pression qui prennent un
peu la population en otage et qui créent beaucoup
d'insécurité. Il nous fallait donc une planification
adéquate. Ce sera le mandat des conseils régionaux de soumettre
à Mme la ministre des plans d'effectifs médicaux. Ce sera
également le mandat des établissements, tels les hôpitaux,
les CLSC et les centres d'accueil, de soumettre leurs besoins aux conseils
régionaux et à Mme la ministre par leurs plans d'organisation.
Donc, il y aura, à l'avenir, un mécanisme de planification plus
rigoureux qui nous permettra de voir venir les situations qui pourront
être conflictuelles et de prendre des mesures anticipatrices pour
éviter ces problèmes. (15 h 40)
En conclusion, malgré le fait que certains membres de
l'Opposition ont tenté, par leurs interventions, d'amener les divers
organismes, que ce soient les associations d'établissements, que ce soit
la Conférence des conseils régionaux, que ce soient les
fédérations de médecins, à réclamer à
cor et à cri une commission parlementaire, ils n'ont reçu
à peu près aucun appui à ce niveau. Les associations
d'établissements comme l'Association des hôpitaux, l'Association
des
centres d'accueil, la Conférence des CRSSS de la province de
Québec accordent à Mme la ministre un appui inconditionnel
à son projet et même, sur certains aspects, trouvent qu'on ne va
pas assez loin, que nous ne sommes pas assez exigeants et rigoureux.
C'est donc avec plaisir et avec la satisfaction du devoir accompli que
j'appuierai votre projet de loi car il est pour moi un outil de changement
social des plus importants pour le mieux-être de la population.
Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez
quelques mots sur l'intervention du député de Laval-des-Rapides.
C'est quand même assez fantastique! Voilà un projet de loi qui
réglemente la pratique de la médecine et le député
de Laval-des-Rapides nous dit: Écoutez, l'AHQ est pour, les CRSSS sont
pour, mais tous les corps professionnels qui pratiquent la médecine sont
contre; cela a bien de l'allure, allons-y quand même, Mme la
Présidente. Je ferai remarquer au député de
Laval-des-Rapides et à Mme la ministre que, dans le cas de l'AHQ, c'est
un appui réservé. De plus, si ma mémoire est
fidèle, elle dit: Mme la ministre, ne donnez pas plus de pouvoirs aux
CRSSS. Dans le cas de l'appui donné par les CRSSS, encore une fois, sauf
erreur, selon le document qui a été reproduit dans les journaux,
les CRSSS disent essentiellement: Allez au bout des mesures incitatives avant
de songer à aller plus loin dans les mesures coercitives.
Quand on parle d'appui à votre projet de loi, je pense qu'il faut
faire des réserves. Mais là où on s'entend des deux
côtés de la Chambre, c'est que voilà un projet de loi qui
fait l'unanimité des corps professionnels qui pratiquent la
médecine: la FMSQ, la Fédération des médecins
spécialistes du Québec, qui est directement et principalement
concernée par ce projet de loi, la FMOQ, les omnipraticiens, les
généralistes, la corporation médicale elle-même et
les résidents internes, soit les quatre groupes de professionnels qui
doivent vivre quotidiennement avec les réalités de la
médecine. À moins qu'on n'ait changé un peu l'ordre des
choses sous le soleil et sur le globe terrestre, la médecine est d'abord
et avant tout l'affaire des médecins tout comme, d'ailleurs, si on
n'avait pas de médecins, il n'y aurait pas d'hôpitaux.
Quant à nous, n'importe quelle solution qui écarte les
médecins eux-mêmes dans la résolution d'un problème
qui, je l'admets, n'est pas facile, soit la pratique en régions
éloignées devient bien vite une solution biaisée, une
solution illogique et une solution qui risque de courir à sa perte,
à moins, comme je le suggérerai tantôt à Mme la
ministre, qu'on ne fasse à ce moment-là ce qu'on a toujours fait,
particulièrement à l'époque de la loi 27 dont parlait le
député de Laval-des-Rapides, c'est-à-dire qu'on entende
ces gens, qu'on les écoute, qu'on leur explique, qu'on
échange.
Mme la ministre se souviendra que, quand on a adopté la loi 27,
grosso modo, c'était la première fois qu'on
légiférait et qu'on intervenait sur l'épineuse question de
la répartition des médecins dans tout le territoire du
Québec. Dans la loi 27 se trouvaient, on s'en souviendra, des
modifications qui permettaient la rémunération
différenciée, qui a été l'un des atouts de la
solution partielle du problème. Encore une fois, je concède qu'il
s'agit d'une solution partielle. La loi 27 modifiait la loi de façon
importante en prévoyant l'intégration du médecin à
l'intérieur des établissements de santé et, sauf erreur,
elle prévoyait également des plans d'effectifs pour les centres
hospitaliers. Ce sont les trois gros blocs que comprenait la loi 27.
A ce moment-là, qu'est-ce qui a été fait par le
gouvernement lorsque les corporations professionnelles médicales se sont
opposées? Parce qu'elles disaient: Cela n'a pas d'allure,
écoutez-nous. Je me souviens que Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux, qui était à ce moment-là critique de
son parti en matière de santé, évidemment membre de
l'Opposition, avait demandé une commission parlementaire pour pouvoir
entendre ces gens-là. Je m'en souviens comme si c'était hier.
Comme l'a souligné le député de Laval-des-Rapides,
j'étais à ce moment-là directeur de cabinet de celui qui
est aujourd'hui chef de l'Opposition. On s'est retrouvé de l'autre
côté, au salon rouge avec, disons-le, n'ayons pas peur des mots,
un front commun de toutes les personnes engagées dans l'exercice de la
médecine. Cela incluait la FMSQ, la FMOQ, les résidents internes
et, également, les dentistes. Je pense que le député de
Laurier s'en souviendra également parce qu'il était membre de
cette commission parlementaire. Tous ces gens-là faisaient ensemble un
front commun contre le projet de loi 27, en particulier contre l'introduction
de mesures coercitives à l'égard du problème des
médecins en régions éloignées.
Qu'est-il arrivé par la suite? C'est une commission parlementaire
qui avait duré plusieurs jours, qui avait été houleuse,
mais où le gouvernement avait expliqué aux parties ce qu'il en
était réellement de son projet de loi, où les
professionnels de la santé avaient également fait part de leur
anxiété qui, dans certains cas, était justifiée et
qui, dans d'autres, ne l'était pas. Celui
qui avait la responsabilité du dossier, c'était le
ministre des Affaires sociales de l'époque, actuel chef de l'Opposition
et toujours député d'Anjou. À ce moment-là, les
gens entre eux s'étaient compris, avaient dialogué. Il y avait eu
des modifications apportées à la loi 27 pour qu'elle soit
acceptable aux médecins qui étaient les principales personnes
affectées par ce projet de loi.
Si, aujourd'hui, on peut dire que la loi 27 a résolu une partie
des effets de ce problème, c'est parce que le gouvernement du Parti
québécois de l'époque a eu le courage d'affronter les
intervenants. Le mot "affrontement" n'est pas trop fort, les médias de
l'époque en parlaient, c'était un affrontement. Mais
l'affrontement, quand les gens sont capables de s'exprimer de façon
civilisée et, surtout, quand on leur donne une chance de se parler et de
se comprendre, peut, dans certains cas, amener une bonification des mesures et,
dans d'autres, le retrait des mesures.
La ministre de la Santé et des Services sociaux, dont je ne mets
pas en doute la bonne foi, devrait le savoir; elle vient tout juste de vivre
l'expérience dans le secteur des soins dentaires où elle a
été obligée, à cause d'une absence de consultation
préalable, de réviser sa position. Ce n'est pas grave de
réviser sa position après avoir entendu les gens. Dans ce cas-ci,
on parle d'un projet de loi qui, lorsqu'il sera adopté, aura des effets
cinglants sur ceux qui sont les principaux artisans de la médecine au
Québec, le mot le dit, les médecins eux-mêmes. Je pense que
la ministre de la Santé et des Services sociaux devrait avoir le courage
de cet exercice démocratique que constituerait une commission
parlementaire, parce que son projet de loi met en cause bien plus que le
problème de la répartition des effectifs régionaux. Son
projet de loi 75 va beaucoup plus loin et met en cause, même si on tente
d'en limiter la portée, les principes mêmes, les assises de notre
système, à savoir l'universalité et l'accessibilité
des services.
Bien sûr, la répartition des médecins est un
problème très important qui affecte, encore une fois, les notions
de la qualité des soins qui doivent être donnés aux
bénéficiaires et de l'accessibilité. Pour n'importe quel
gouvernement, quel qu'il soit - je pense que le Parti québécois,
là-dessus, est celui qui a donné le signal - le problème
de la répartition des effectifs doit être une priorité, une
priorité politique, une priorité budgétaire. Je suis
convaincu que, pour la ministre de la Santé et des Services sociaux, ce
dossier doit être considéré d'une façon prioritaire,
et c'est probablement ce qu'elle fait. (15 h 50)
Le gouvernement du Parti québécois l'avait reconnu en y
consacrant non seule- ment la loi 27, mais toutes les mesures administratives
qui vont de pair avec une loi. J'ai déjà eu l'occasion de
mentionner que ce n'est pas tout d'adopter des lois. La loi 27, en soi,
n'aurait pas réglé les problèmes qu'elle a
réglés si elle n'avait pas été accompagnée
de mesures administratives. C'est le gouvernement du Parti
québécois qui a permis la rémunération
différenciée à la fois par des amendements
législatifs et réglementaires. La rémunération
différenciée, des médecins selon leur lieu de pratique sur
le territoire québécois. C'était 115 % du tarif lors de la
première année de pratique des omnipraticiens dans les
territoires désignés.
Une autre mesure, cette fois-ci purement administrative, mise sur pied
par le gouvernement du Parti québécois: les programmes de bourses
pour étudiants en médecine, conditionnels à la pratique en
régions éloignées pendant un certain nombre
d'années. La création de comités locaux et
régionaux de recrutement et de rétention de médecins. Je
me souviens, toujours à cette époque, d'avoir accompagné
l'actuel leader de l'Opposition, alors ministre, dans une tournée qui
nous avait menés dans les principales régions
éloignées du Québec.
Je ne sais pas si Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux, avant d'introduire son projet de loi 75, a fait semblables
démarches d'aller à Chapais voir ce qui se passe, d'aller aux
Îles-de-la-Madeleine pour constater le problème, d'aller voir les
régions éloignées, sur place, pour sentir le
problème ou, tout au moins, de donner la chance à ces gens de
venir se présenter en commission parlementaire parce que, encore une
fois, c'est là que sont vécus les problèmes et les
situations que nous, comme législateurs, en adoptant un projet de loi,
on pense régler en un tour de main. Ce n'est pas vrai.
Il ne faut pas prendre les médecins pour des canards sauvages. Ce
sont des professionnels consciencieux, qui savent faire leur boulot et qui ont
souvent eu des Vocations, des considérations humanitaires ayant souvent
présidé au choix de leur profession. On ne peut pas
écarter du revers de la main toutes les corporations professionnelles,
toutes les fédérations de médecins en disant que ces gens
ont des objectifs autres que la pratique de la médecine. Ces gens,
d'abord et avant tout, ont choisi de consacrer leur vie à soulager la
misère et la souffrance. Comme vocation, c'en est une belle; il faut
savoir respecter cette motivation chez les professionnels de la
santé.
Création de comités locaux et régionaux de
recrutement et de rétention de médecins. Dans certains cas, il
faut aller voir les médecins, il faut bâtir les comités. Il
faut qu'un ministère de la Santé et des
Services sociaux continue le travail qui avait été
amorcé à l'époque, mais cela demande autre chose que des
lois; cela demande des coups de téléphone, des lettres, des
campagnes de sensibilisation afin que la roue puisse continuer à
tourner.
Programme de jumelage entre les hôpitaux des régions
éloignées et certains hôpitaux universitaires des grands
centres. On n'a pas beaucoup entendu la ministre de la Santé et des
Services sociaux, pas plus que les autres intervenants, nous parler de cette
mesure administrative simple, mais efficace parce qu'elle permet aux
médecins qui oeuvrent dans des régions éloignées de
garder le contact avec les médecins qui, eux, sont à
l'affût des derniers développements en matière d'innovation
médicale.
Décentralisation de la formation médicale par
l'organisation de stages adaptés à la réalité de la
pratique en régions, un ensemble cohérent de mesures
législatives et administratives pour attaquer le coeur du
problème et s'assurer que véritablement, dans les faits, cela va
améliorer la situation. Quels ont été les résultats
de ces mesures adoptées par le gouvernement du Parti
québécois? Je pense qu'on peut dire en cette Chambre qu'en ce qui
concerne les omnipraticiens, les généralistes, le problème
est à peu près réglé. Il faut continuer à
être vigilant, bien sûr, mais de façon
générale le problème est à peu près
réglé. Il reste, par exemple, malgré l'ajout important de
nombreux médecins spécialistes en régions, encore un
problème.
J'ai été surpris, très surpris de voir que le
gouvernement libéral avait reculé par rapport à certaines
des mesures qui avaient été mises en place
précédemment. Je parle du décret 86-84 quant au nombre de
médecins spécialistes pour les régions. En fait, il a
fallu que je vérifie avec le député de Gouin, qui est
critique en cette matière, pour arriver à comprendre pourquoi on
a succombé à cette commande, probablement, de rationalisation du
Conseil du trésor. Est-ce qu'on voulait économiser de l'argent
aussi facilement que ça, alors que le dossier devait être une
priorité? Parce que rationalisation, dans ce cas-ci, veut dire
réduction, réduction d'une mesure, alors que tous s'entendent
pour dire que les mesures sont bonnes et doivent être maintenues. C'est
le rapport Bergevin qui soulignait l'efficacité de cette mesure
administrative. Pourquoi avoir reculé sur cette mesure qui avait
pourtant donné d'excellents résultats?
Je disais tantôt que le projet de loi débordait le cadre du
strict problème des médecins en régions
éloignées. En parcourant ce projet de loi, certaines mesures
m'ont particulièrement frappé. Est-ce que ce sont là les
véritables intentions du gouvernement? D'abord, la réalisation de
plans d'effectifs médicaux régionaux, y inclus la pratique en
cabinet privé, et comportant un échéancier -on le sait, le
député de Gouin l'a mentionné - extrêmement strict,
prévoyant des pénalités également si le plan n'est
pas réalisé.
Quant à l'accroissement du pouvoir des CRSSS et de la ministre,
je dois vous dire que je partage plutôt l'opinion qui a été
émise par l'AHQ à ce sujet-là. Je ne dis pas que,
éventuellement, dans un plan un peu plus organisé, qui aura fait
l'objet d'un plus grand consensus, on ne pourrait pas penser à ce genre
d'octroi de pouvoirs additionnels, mais, dans la situation actuelle, en
l'absence de dialogue, en l'absence de consensus, je ne suis pas sûr de
partager ce point de vue qui est contenu dans le projet de loi.
En terminant, Mme la Présidente, je dois insister une
dernière fois, dans le sillon du critique officiel de l'Opposition, le
député de Gouin, pour réclamer du gouvernement une
commission parlementaire, un débat public sur cette question. On n'a
qu'à lire la page des lecteurs des grands quotidiens pour se rendre
compte que ce n'est pas un problème qui intéresse seulement
quelques fonctionnaires du ministère ou quelques fonctionnaires des
CRSSS, des associations sectorielles ou des corporations professionnelles. Il
s'agit d'un problème qui intéresse la vaste majorité des
régions qui demandent tout simplement au gouvernement et à Mme la
ministre d'avoir le courage d'entendre les parties. Peut-être que cela
donnera une chance à Mme la ministre d'expliquer un peu plus ses
mesures, mais peut-être que dans d'autres cas elle pourra prendre note
des commentaires qui lui seront faits. Elle se souviendra de cette commission
parlementaire sur la loi 27. On ne pouvait imaginer climat d'affrontement plus
réel, plus aigu qu'à cette époque-là - le
député de Laurier s'en souviendra - et pourtant le gouvernement
du Parti québécois a réussi à établir un
consensus.
Je dois le dire, le gouvernement du Parti libéral est en train de
donner une leçon d'autoritarisme non seulement dans ce cas-ci, mais dans
une grande majorité des mesures qu'il essaie de faire adopter à
la sauvette par ce Parlement, en particulier depuis trois semaines. On veut
décider de tout d'une façon autoritaire, en ayant peur d'entendre
les gens, en ayant peur d'échanger tout simplement avec eux, alors que
Mme la ministre sait fort bien que nous sommes dans une matière vitale
où on ne peut pas se passer du consentement des gens pour
réaliser des progrès. Il faut embarquer le monde dans des
réalisations comme celle-là si on veut que cela voie le jour;
sinon, ce sont des réformes qui prennent le chemin de la poubelle. (16
heures)
C'est tout ce que demande l'Opposition, Mme la ministre, depuis le
début: un peu plus d'ouverture d'esprit, un peu plus de
générosité, un exercice démocratique. Est-ce
que c'est trois mois qui pressent dans ce dossier? Pas du tout, Mme la
Présidente. Pas du tout. La loi 27 a permis, sur de longues
années, parce que ces problèmes-là ne se règlent
pas du jour au lendemain, de faire un immense pas en avant. Si on veut aller
plus loin, qu'on prenne trois mois de plus, qu'on prenne une semaine en
commission parlementaire, au mois d'août - je suis convaincu que
l'Opposition accepterait - ou durant l'été ou
immédiatement même, on pourrait entendre les parties la semaine
prochaine. Elles sont habituées, à part cela, à
témoigner en commission parlementaire. Elles peuvent de façon
concise - si Mme la ministre a peur que cela soit trop long -résumer
leur argumentation et, en une heure, vous la présenter. Vous pourrez de
votre côté vous servir de ce temps-là pour leur parler.
C'est tout. Ce sont des gens "parlables", comme je l'ai expliqué
tantôt.
En terminant, je dirai simplement à Mme la ministre, et c'est
pourquoi j'ai demandé d'intervenir sur ce projet de loi 75, que je
connais sa motivation et sa bonne foi, mais sa façon de procéder
est inacceptable. Je pense qu'il y a des gens autour de Mme la ministre qui
commencent à déteindre et que ce gouvernement commence à
influencer ses meilleurs éléments dans le sens de décider
de façon autoritaire. Je le sais, on a dû dire: Écoutez!
C'est le temps d'agir; cela fait six mois qu'on est élus. Les gens du
bunker ont pensé à tout cela et ils ont dit: Aie, c'est le temps,
allons-y, cela fait six mois qu'on est élus, on a une grosse
majorité, faisons nos mesures déplaisantes, ne nous occupons pas
de ce que les gens ont à dire, de ce que les intervenants ont à
dire et décidons. Mme la Présidente, dans le domaine de la
santé comme dans les autres secteurs... Je vois le ministre de la
Justice; on va peut-être se parler aujourd'hui concernant son projet de
loi 87 où il fusionne le Comité de la protection de la jeunesse
avec la Commission des droits de la personne sans même entendre ces deux
organismes-là...
Une voix: C'est épouvantable!
M. Filion: ...comme s'il s'agissait d'un petit jeu de blocs. Peu
importe, Mme la Présidente, on sait le genre de théorie facile
qui a cours au bunker où l'on décide... Je termine, Mme la
Présidente, là-dessus.
La Vice-Présidente: Pourriez-vous conclure, M. le
député de Taillon?
M. Filion: Je termine. On sait le genre de petite théorie
politique facile qui a cours au bunker: Allons-y pendant six mois, c'est le
temps de régler nos problèmes et les gens, on ne les
écoutera pas, ils chialeront plus tard, cela n'est pas grave, les
élections, c'est juste dans trois ans. Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, je vous...
Des voix: Dans cinq ans.
La Vice-Présidente: M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...connais un petit peu. Je sais que vous avez de la
bonne foi et de la motivation pour tenir cette commission parlementaire...
La Vice-Présidente: M. le député de Taillon,
je vous ai demandé de conclure.
M. Filion: ...et faire fi des conseils que vous donnent les
collègues...
La Vice-Présidente: M. le député...
M. Filion: ...ou les gens du bunker. Merci.
M. Bélanger: Mme la Présidente, j'ai une
question...
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député de Laval-des-Rapides?
M. Bélanger: Je vous remercie. Le député de
Taillon me fait dire des propos...
La Vice-Présidente: Je m'excuse, M. le
député de Laval-des-Rapides. Est-ce que vous avez soulevé
une question de règlement?
M. Bélanger: Question de règlement en vertu de
l'article 212. Je voudrais apporter un correctif à ce que le
député de Taillon me fait dire dans ses propos. Est-ce que vous
m'y autorisez?
La Vice-Présidente: Sur la question de règlement,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: II faudrait que le député ait fait un
discours pour rectifier ses propres mots. Que voulez-vous...
Des voix: II l'a fait.
M. Bélanger: Si vous aviez assisté à...
M. Chevrette: Mme la Présidente, en vertu de l'article
212, est-ce que le député veut corriger son propre discours ou
corriger le député de Taillon? On doit le savoir avant qu'il
invoque une question de règlement.
La Vice-Présidente: M. le leader...
M. Lefebvre: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Sur la même question de règlement.
C'est exactement ce que veut faire le député de
Laval-des-Rapides. Il a fait une intervention tout à l'heure et il
prétend avoir été mal interprété par le
député de Taillon. Alors, il veut, en vertu de l'article 212,
corriger, rectifier. C'est exactement ce que l'article 212 lui permet de
faire.
M. Filion: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: J'ai entendu votre leader, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Sur la même question de règlement.
La Vice-Présidente: Je vais me prononcer sur cette
question de règlement, si vous me le permettez. Effectivement, en vertu
de l'article 212, le député de Laval-des-Rapides peut intervenir
à ce stade-ci s'il prétend que vous avez mal
interprété ses propos dans votre intervention. Donc, je reconnais
le député de Laval-des-Rapides.
M. Filion: Sur une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de règlement,
M. le député de Taillon.
M. Filion: Une autre question de règlement. Je voudrais
simplement vous signaler que je suis prêt à répondre
à n'importe quelle question du député de
Laval-des-Rapides.
La Vice-Présidente: Là-dessus, M. le
député de Taillon, je tiens à vous dire que ce
n'était pas une question de règlement. II n'avait pas besoin de
votre approbation sur cet article-là.
M. le député de Laval-des-Rapides, je voudrais bien vous
faire remarquer que votre intervention ne doit apporter aucun
élément nouveau à la discussion et ne susciter aucun
débat.
M. Bélanger: Bien, Mme la Présidente. Je serai
bref. Le député de Taillon me fait dire que, dans mon
intervention tout à l'heure, je disais que la Fédération
des médecins omnipraticiens et la Fédération des
médecins spécialistes sont en désaccord avec nous sur le
projet de loi 75. Ce que j'ai bien dit, c'est que j'ai rencontré la
Fédération des médecins omnipraticiens, la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec, j'ai rencontré aussi la Fédération des
médecins et internes résidents du Québec, et qu'ils
étaient profondément d'accord avec les objectifs poursuivis par
cette loi. Ils ne sont pas d'accord avec certaines modalités. C'est leur
rôle de syndicat de médecins de ne pas être d'accord avec
certaines modalités. C'est ce que j'ai dit, madame. Je vous
remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. Mme la députée de Matane.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: Oui. Merci, Mme la Présidente. Je suis
née en région éloignée sur la Côte-Nord. Je
suis députée du comté de Matane, situé dans la
Gaspésie, aussi en région éloignée. Je suis donc en
mesure, pour en avoir été témoin personnellement, de
signaler l'existence de cas tragiques survenus dans mon village et dans
d'autres villages voisins, cas tragiques de mort accidentelle ou autres,
souvent dus à l'éloignement des centres hospitaliers, souvent dus
au manque de médecins et de spécialistes dans nos régions.
Une heure de route avec un enfant souffrant avant d'arriver à
l'hôpital pour finalement ne pas trouver de pédiatre.
Mme la Présidente, pourquoi les régions devraient-elles
toujours souffrir de leur éloignement des grands centres urbains, que ce
soit dans les coûts de transport, les écoles et maintenant dans
les soins aussi essentiels que la santé? Toute une population est
pénalisée à cause de son éloignement. Il est
inconcevable qu'en 1986 de pareilles situations existent encore. C'est
pourquoi, en tant que gouvernement responsable, nous avons, depuis le 2
décembre, déjà pris des mesures pour aider les
régions éloignées. Le projet de loi 75 concernant les
mesures de répartition géographique des effectifs médicaux
s'inscrit logiquement dans cette volonté du gouvernement
libéral.
Le problème des médecins en régions
éloignées n'est pas récent, mais son caractère aigu
nous oblige à prendre des moyens pour y remédier et pour
accroître les effectifs médicaux en régions. Bien que le
Québec dispose maintenant d'un nombre adéquat de médecins,
à la suite de l'augmentation des dernières années - en
1972, il y en avait 7498 et, en 1984, il y en a 11 973, sans compter les
résidents - leur distribution géographique continue de poser un
problème sérieux à l'accès aux soins en
régions éloignées.
Oh! II y a eu des essais pour aider la région à
régler les problèmes de recrutement des médecins. En 1981,
la loi 27 présentée par le chef actuel de l'Opposition obligeait
les centres hospitaliers à élaborer des plans d'effectifs
médicaux. Mais le fait que cet article de loi n'inclut pas les CLSC et
les centres d'accueil, pas plus d'ailleurs qu'il n'oblige les conseils
régionaux de la santé et
des services sociaux à produire des plans d'effectifs
médicaux régionaux, rend cet article difficilement applicable,
car ces plans permettraient d'évaluer les besoins dans chacune des
régions et ainsi de mieux répartir les effectifs médicaux
entre les régions plutôt qu'ils soient concentrés dans les
centres urbains.
En 1984, une table de concertation regroupant les intervenants du monde
médical et de la santé fut créée par le ministre
des Affaires sociales, M. Camille Laurin, dans le but de régler une fois
pour toutes ce problème. Il a songé au salariat, à
diverses mesures. Le 7 novembre 1984, il finit par annoncer onze mesures
incitatives qui ont coûté 9 000 000 $ en six mois.
En 1985, le 17 août, nous pouvons lire dans le Droit d'Ottawa, en
gros titres: "Chevrette entend mettre le poing sur la table." Cet article
était signé par Camille Beaulieu. Alors, je cite: "On ne
permettra pas que les gens en régions éloignées subissent
le chantage de quelque bonze que ce soit. Le ministre a dénoncé
la puissance de la force de frappe de lobbying des associations de
médecins. Il va falloir mettre le poing sur la table et leur dire: Chers
enfants, la puissance que vous avez va vous étouffer vous autres
mêmes." Paroles de M. Chevrette. (16 h 10)
Mme la Présidente, toutes ces nombreuses mesures
décrétées pour inciter ou inviter les médecins
omnipraticiens et les médecins spécialistes à s'installer
en régions périphériques n'ont pas porté fruit.
Selon le rapport présenté par le groupe de recherche
interdisciplinaire en santé de la Faculté de médecine de
l'Université de Montréal présenté
déjà en décembre 1985 sur les effectifs médicaux au
Québec depuis 1972, l'évolution de la répartition
géographique des médecins depuis le début des
années soixante-dix montre, premièrement, une amélioration
marquée dans la répartition des omnipraticiens, mais aucune
amélioration significative dans la distribution des spécialistes;
des situations difficiles persistantes dans les régions
éloignées; une détérioration relative de la
situation dans deux régions, SaguenayLac-Saint-Jean, Laurentides
et Lanaudière; un niveau de spécialisation aussi du corps
médical très différent d'une région à
l'autre.
Dans les régions éloignées, 93 % des
médecins sont des omnipraticiens alors que ce pourcentage n'est que de
40 % dans les régions universitaires. Ils disent aussi qu'un
renouvellement des effectifs médicaux en régions
éloignées se présente comme un flot continu de
médecins débutants qui y viennent pour quelques années et
retournent par la suite dans les grands centres. On peut lire aussi dans le
Soleil du 11 avril 1985, sous la signature du journaliste Jean-Didier Fessiou:
"Échec des mesures pour attirer les médecins en régions
périphériques. Les nombreuses mesures
décrétées par le ministère des Affaires sociales -
c'était en 1985 - pour inciter médecins omnipraticiens et
spécialistes à s'installer en régions
périphériques n'ont pas donné les résultats
escomptés. À ce rythme cela prendrait 20 ans pour combler les
besoins de cette vaste région qu'est la Gaspésie et les
Îles-de-la-Madeleine. En effet, il y manque encore 150 médecins,
43 omnipraticiens et 107 spécialistes pour rejoindre les normes
reconnues ailleurs au Québec. C'est un échec."
Il faut se réjouir de ce projet de loi 75 qui vise à
rendre opérationnel le principe des plans d'effectifs médicaux
établi dans la loi 27 de 1981, de ce projet de loi qui travaille dans le
sens d'un meilleur équilibre entre les régions quant aux
médecins omnipraticiens et spécialistes, en étendant aussi
l'obligation d'élaborer des plans d'effectifs médicaux aux CLSC
et aux centres d'accueil et en obligeant chaque conseil régional
à élaborer un plan régional d'effectifs médicaux.
C'est sûr, il y a obligation pour le médecin de donner un
préavis de 60 jours avant de quitter un établissement. Une
pénalité est même prévue si le médecin ne
respecte pas ce préavis, c'est-à-dire qu'il deviendra un
professionnel non participant aux fins de la Loi sur l'assurance-maladie pour
une période égale à deux fois le nombre de jours qu'il
restait à écouler avant l'expiration du délai de
préavis applicable. Cet article est introduit afin d'éviter que
certains établissements, sans aucun avis préalable, comme cela
s'est déjà produit d'ailleurs, ne se retrouvent sans
médecin à l'urgence et ne se retrouvent sans médecin dans
le département des soins intensifs parce que tous les médecins
décident par mesures de pression ou autres de quitter en même
temps. C'est déjà arrivé.
Ce projet de loi a reçu l'appui de l'Association des
hôpitaux du Québec, de la Conférence des CRSSS du
Québec, du CRSSS de la Côte-Nord aussi. On peut lire dans le
Soleil du 12 mai 1984, sous la plume de Jean-Jacques Samson qui interviewe M.
Augustin Roy, président de la Corporation professionnelle des
médecins: "Est-ce qu'on forme des médecins de luxe pour la ville
ou si on forme des médecins qui, en plus d'être compétents,
sont aussi dévoués et ont le goût de remplir une mission
sociale?" Le Dr Roy continue: "II va falloir avoir le courage politique pour
poser des gestes qui vont déplaire à beaucoup de monde, mais qui
sont inévitables si on veut solutionner réellement le
problème de l'installation des médecins dans les régions
éloignées."
Ce courage politique, nous l'avons et le projet de loi 75 en est la
preuve. C'est un projet de loi qui assurera une accessibilité
égale pour tous les citoyens du Québec à des
services de santé de qualité, un projet de loi qui assurera une
répartition équitable de la main-d'oeuvre médicale.
L'amélioration de l'état de santé de la population de
l'ensemble des régions qui forment la province de Québec doit
demeurer une préoccupation pour nous tous. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Matane. M. le leader de l'Opposition et député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Mme la Présidente, presque un an, jour pour
jour, le très nuancé député de Brome-Missisquoi et
Mme la députée de L'Acadie attaquaient systématiquement,
presque quotidiennement en cette Chambre, le ministre des Affaires sociales
d'alors. On lui reprochait de rencontrer les médecins. On lui reprochait
même de montrer les dents, de temps à autre, lors de ses
négociations avec les médecins. On lui reprochait parfois
d'utiliser un langage passablement dur, Mme la Présidente. Le même
ministre d'alors avait réussi à asseoir à un seul endroit
l'ensemble des fédérations médicales, des résidents
et internes, du monde universitaire et nous étudiions, nous travaillions
ensemble à l'élaboration de solutions concrètes. Lorsque
nous sommes sortis d'une journée complète de travail à
laquelle le ministre lui-même assistait - pas uniquement des hauts
fonctionnaires - nous pouvions déjà annoncer un
échéancier, un calendrier de travail qui permettait à ce
beau monde, bien sûr, de mettre en commun leur expérience, de se
mettre ensemble à la recherche de solutions concrètes pour faire
en sorte que ce ne soient pas des solutions imposées, mais des solutions
désirées par l'ensemble des groupes intéressés.
Mme la Présidente, nous avions fait consentir à chacun de
ces groupes impliqués que, pour une période de trois ou quatre
ans, c'étaient au moins 50 postes de spécialité par
année qu'on devait ouvrir dans les régions. Mme la ministre,
toute pompeuse, annonce présentement qu'elle a consenti pour un an
seulement 50 postes de spécialité et la députée de
Matane se gonfle, "se bidonne" du succès de Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux qui détruit, à toutes fins
utiles, le consensus qui avait été établi auprès
des fédérations médicales, des spécialistes, des
omnipraticiens, des résidents et internes, qui acceptaient cette
méthode, du monde universitaire également. Comment se fait-il que
la ministre puisse se vanter, se targuer d'avoir trouvé des solutions
miracles, alors qu'au moment même où elle annonce cela, c'est
quatre fois moins que ce qu'on avait décidé par consensus
antérieurement? Il y a des limites à dire des
demi-vérités en cette Chambre et à ne pas raconter
exactement les faits, tels qu'ils sont, Mme la Présidente.
Un an, jour pour jour. Ces très nuancés
députés qui avaient les recettes à tous les maux, que
disent-ils? Le président du Conseil du trésor oblige Mme la
députée de L'Acadie et ministre de la Santé et des
Services sociaux à réviser même, à lui livrer de
l'argent, à remettre en cause des méthodes incitatives, qui n'ont
pas toutes porté leurs fruits, c'est vrai - il faut le reconnaître
-mais qui ont quand même comblé des lacunes dans plusieurs
régions du Québec. Il faut en être conscient. Qu'on aille
sur la Côte-Nord s'informer, qu'on aille dans le Bas-du-Fleuve
s'informer. Il ne faut pas être victime ou encore être
renfermé dans sa propre municipalité, il faut regarder l'impact
régional de temps en temps pour savoir qu'il y a des mesures incitatives
qui ont porté leurs fruits. Il y a de jeunes résidents qui se
promènent de Gaspé à Québec. C'est parce qu'il y a
eu des mesures incitatives, parce que ces résidents ne seraient pas
allés à Gaspé, pour le bénéfice de la
députée de Matane. Je pense qu'il y a eu des faits concrets, des
exemples tangibles. Le président même des résidents et
internes, l'an dernier, le Dr Lemieux, allait de Québec à
Gaspé sur une base régulière faire de la médecine
grâce précisément à l'une des quatorze mesures
incitatives que le précédent gouvernement avait mises à la
disposition des résidents, des internes et d'autres médecins, et
des régions également.
Un an, jour pour jour, ou à peu près, Mme la ministre de
la Santé et des Services sociaux, se levait en cette Chambre, avec le
très nuancé député de Brome-Missisquoi, et
attaquait systématiquement toute mesure qui visait à
améliorer la situation. Ils attaquaient même la supposée
inertie du gouvernement qui visait à l'affrontement. On va s'en parler
d'affrontement, Mme la Présidente. (16 h 20)
Au moment de ce discours que nous faisons présentement en cette
Chambre, la députée de Matane se lève avec un article de
journal qui date du mois d'avril et elle dit: Augustin Roy appuie la ministre.
J'en ai un beaucoup plus récent, du 30 mai: Augustin Roy a pris
connaissance du projet de loi de la ministre. Si Mme la députée
de Matane avait lu l'article au complet, elle nous aurait rapporté son
opposition aux projets de loi 74 et 75. C'est bien précis. La loi 75,
pour le bénéfice de la députée de Matane, est la
loi qu'on étudie. J'espère que le titre est assez gros: "Augustin
Roy donne raison aux médecins". C'était le 30 mai. Il faut quand
même arrêter de camoufler les vérités dans cette
Chambre et dire exactement ce qui se passe, il ne faut pas essayer de
prêter des
appuis à quelqu'un qui a eu le courage politique de le dire
publiquement.
Mme la Présidente, je suis d'accord concernant la
répartition des effectifs médicaux. C'est vrai que les gens en
régions ont le droit d'avoir des services de qualité tout autant
qu'à Montréal et à Québec. Je suis tellement
d'accord que nos politiques étaient précisément de fournir
aussi de l'équipement aux petites régions, de régler les
cas des urgences en régions. Quand il y a 57 lits à
l'Hôpital régional de Joliette, 57 civières à
l'urgence, cela ne presse pas. C'était quelques jours, quelques
semaines, c'est maintenant six mois. Ce n'est pas grave. Ce qui pressait pour
ce cabinet montréalais, c'était de régler les
problèmes de Montréal et de Québec et oublier qu'il y a
des régions au Québec.
Mme la ministre, pour se donner bonne conscience, pour essayer de donner
aux régions l'illusion qu'elle a réglé le problème,
dépose une loi qui lui donne un outil, bien sûr, mais qui ne
rejoint en rien les consensus. Au contraire, il vise précisément
l'affrontement avec les intéressés, et c'est ce que je trouve
dommage. On a peut-être élevé la voix à un certain
moment, mais ce n'était pas pour casser les reins de quelqu'un. On a
élevé la voix pour les asseoir et leur dire qu'on leur faisait
confiance dans la recherche de solutions. C'est ce que j'ai fait
personnellement pendant un an. Nous avions réussi à trouver
quelque chose d'acceptable pour les régions, pour le monde
universitaire, pour les fédérations médicales et
acceptales, de facto, pour la population.
Je pense que la ministre de la Santé et des Services sociaux,
malgré qu'elle témoigne toujours de cette sincérité
quand elle plaide, devrait avoir le courage de dire qu'elle n'a pas
consulté les gens impliqués, qu'elle n'a pas réussi
à dégager un consensus, qu'elle s'est donné un outil qui
ne veut rien dire, et je vais tenter de vous le démontrer. Elle dit aux
CRSSS: Définissez vos plans d'effectifs médicaux. Qu'est-ce que
cela veut dire, définir un plan d'effectifs médicaux? Est-ce que
cela veut dire que dans telle région du Québec, s'il y a tant de
population, cela prend tant de médecins? Pas nécessairement,
c'est faux. Il y a des critères dont il faut tenir compte quand on
établit des plans d'effectifs médicaux. Il y a des situations de
fait qui existent. Il y a des CLSC à des endroits, il n'y en a pas
à d'autres. Il y a des cliniques à certains endroits et il n'y en
a pas à d'autres. Il y a des hôpitaux, des centres hospitaliers
à certains endroits et il n'y en a pas à d'autres. Il y a des
CHSP, des centres hospitaliers de soins prolongés à des endroits,
il n'y en a pas à d'autres. Il faut tenir compte des situations, il faut
tenir compte des normes et des critères si on ne veut pas que ces plans
soient farfelus.
Quel outil la ministre a-t-elle fourni aux régions pour
bâtir des plans d'effectifs médicaux qui ont de l'allure? Aucun
outil. Elle se donne un outil, mais elle ne leur donne pas les moyens
nécessaires pour remplir la commande qu'elle leur donne. Plus encore,
elle donne aux organismes régionaux le pouvoir d'en développer en
se gardant le pouvoir de les sanctionner, d'ajouter ou de réduire. Elle
va réduire à partir de quoi? Elle va ajouter à partir de
quoi dans les plans d'effectifs médicaux? Elle ne peut pas
répondre à cette question parce qu'elle a fait fi du fait qu'il y
a des gens qui sont intéressés à cheminer avec le
ministère, qui avaient commencé à cheminer avec le
ministère, qui étaient prêts à s'asseoir, à
ouvrir les livres, à considérer les données. Il y a des
facteurs fondamentaux dont il fallait tenir compte dans les plans d'effectifs
médicaux, entre autres, le vieillissement et la féminisation de
la profession.
Nous avions reçu l'assurance que la Corporation des
médecins participerait, ouvrirait grands ses livres et permettrait au
ministère, d'abord, de parler sur les mêmes statistiques, sur une
même base. Nous avions obtenu des deux fédérations
médicales le désir de s'asseoir pour pouvoir trouver des
solutions. Nous avions obtenu des universités cette approbation, ce
désir de vouloir collaborer à la recherche de solutions. Que fait
la ministre? Pour pouvoir se promener durant les vacances et dire: Je me suis
donné un outil. Cela ne donne pas un médecin, cela, Mme la
Présidente. Elle s'est donné un outil pour faire taire les
ténors régionaux qui voudraient parler de répartition
médicale en disant: J'ai une loi, je me suis donné un outil.
Quelles seront les normes de base pour le plan d'effectifs médicaux de
l'Abitibi? Quelles seront les normes qu'utiliseront les gens de la
Gaspésie pour établir leurs plans d'effectifs médicaux?
Les gens de la Côte-Nord auront quels critères pour établir
leurs plans d'effectifs médicaux? La ministre est allée vite pour
se donner, bien sûr, extérieurement, une façon d'intervenir
en public en disant: Nous, du Parti libéral, nous sommes efficaces, nous
produisons. Bien, nous ne produisons rien!
Entre-temps, la même ministre voit son budget amputé dans
les mesures incitatives pour maintenir à court terme... Demain matin,
cela va en prendre du monde en Abitibi. Demain matin, cela va en prendre du
monde en Gaspésie. Demain matin, cela va en prendre du monde sur la
Basse-Côte-Nord et la Côte-Nord. M. le président du Conseil
du trésor aura demandé à Mme la ministre de la
Santé: Réduisez, coupez, n'ayez plus d'incitatifs pour qu'ils
aillent... Entre-temps, formons, seulement pour une année, 50 places en
spécialité, ouvrons pour une année seulement. Elle va se
targuer d'avoir travaillé pour la répartition efficace de la
médecine en régions. C'est de la bouillie pour les chats!
Foutaise! C'est de la foutaisel
On est prêt à collaborer avec la ministre, à trouver
des solutions concrètes. Mais, pour trouver des solutions
concrètes à court terme, je dis bien à court terme, il
nous faut absolument la collaboration de tous les intéressés. Il
faut que la conférence des CRSSS s'assoie et ne recherche pas
l'affrontement avec les fédérations médicales, qu'elle
s'assoie avec elles et leur démontre le bien-fondé de mesures
concrètes pour avoir des médecins en régions. Ce n'est pas
dans l'affrontement que nous allons trouver les solutions à court terme;
c'est dans la recherche de consensus. Nous avions commencé à
établir ces consensus d'une façon efficace si bien que, pour
trois ou quatre ans, nous avions déjà une perspective de 150
à 200 spécialistes qui allaient vers les régions. Mais la
ministre a mis fin à cela. Courte vue, en plusl Poudre aux yeux pour
pouvoir dire: Nous, du Parti libéral, nous agissons. Je mets au
défi la ministre de convoquer les fédérations
médicales. On va s'assoir l'un en face de l'autre devant ces trois
fédérations et on va voir qui ment en cette Chambre et qui dit la
vérité. On verra qui dit des demi-vérités en cette
Chambre. On pourra utiliser les coupures de presse qui font notre affaire mais,
concrètement et à court terme, ce qu'on a besoin de savoir, c'est
la volonté politique de ce gouvernement d'aider l'Abitibi, la
Côte-Nord, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, des régions aussi peu
éloignées que Dolbeau, pour résoudre le problème
des effectifs médicaux et de certains types de spécialités
en particulier. On sait qu'en anesthésie, il y a un problème. On
sait qu'en cardiologie, il y a un problème. On sait qu'en psychiatrie,
il y a un problème. Il y a 575 psychiatres sur 634 de cantonnés
à Québec et à Montréal. On sait qu'il y a des
problèmes. Mais, est-ce que cela va être un outil en disant:
Faites cela en régions. Moi, je me garde le privilège de faire ce
que je veux derrière mon bureau. (16 h 30)
C'est un peu cela le projet de loi, parce qu'elle ne leur dit pas sur
quelle base le faire. Comment cela va-t-il arriver au ministère? Quelle
grille d'analyse Mme la ministre va-t-elle prendre pour juger qu'un tel plan
d'effectifs médicaux a de l'allure et que tel autre n'en a pas? Je veux
bien que la ministre sourit. C'est leur chanson. Ils ont été
avisés par des spécialistes en communications que, pour la
première année de leur mandat, ils n'ont qu'à tout rejeter
sur l'ancien gouvernement et ils vont s'en tirer. Cela achève, cette
chanson, Mme la Présidente. Elle ne pourra plus faire supporter les
décisions qu'elle prend présentement par l'ancien gouvernement.
La coupure d'au moins 100 places en spécialité pour les deux
prochaines années, c'est elle qui l'a prise, ce n'est pas son
prédécesseur. La réduction, les ponctions dans les mesures
incitatrices, ce n'est pas le précédent gouvernement, c'est elle
et son collègue du Trésor qui viennent d'en prendre la
décision. C'est elle qui a annoncé qu'elle réglerait les
urgences dans les régions périphériques mais on a toujours
57 ou 60 civières, par exemple, dans la région de
Lanaudière.
Pour Montréal, on a annoncé un règlement. On verra
si c'est efficace ou pas. Mais qu'est-ce qui reste pour les régions?
Qu'est-ce qui reste pour l'hôpital de Mont-Laurier? Qu'est-ce qui reste
pour l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme? Que reste-t-il pour la
Montérégie? Que reste-t-il pour Roberval, pour Chicoutimi, pour
le SaguenayLac-Saint-Jean? Que reste-t-il pour le centre hospitalier
régional Lanaudière? Que reste-t-il d'argent dans vos coffres?
Une semaine, deux jours, trois jours, six mois, plus rien de grave, on est
efficace, nous, du Parti libéral. On écrit quatre lignes par
feuille de papier pour faire de la législation mais, dans les faits, ce
n'est que de la poudre aux yeux de début de mandat pour essayer de
donner une image d'efficacité. Il n'y a rien de plus faux, il n'y a rien
qui sonne plus faux.
Je suis surpris qu'il y en ait encore qui se laissent endormir
après avoir vu tout ce qui s'est passé depuis leur
élection. On a littéralement déchiré tous les
engagements. Le 15 décembre dernier, nous posions une question à
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux en cette Chambre,
nous lui demandions: Êtes-vous pour les tickets modérateurs? Non,
non, seigneur, jamais je ne serai pour celai Elle cautionne les soins
dentaires, un impôt pour les jeunes, un ticket modérateur
déguisé. Mais elle n'était pas pour cela.
Le ministre de l'Éducation s'est levé pour dire: II n'y
aura pas d'augmentation de frais de scolarité. Cela coûte 200 $ de
frais indirects par jeune à l'université; je le sais, j'en ai un
à l'université. Ce sont littéralement des
demi-vérités. On déchire les engagements, on renie
littéralement... la Raffinerie de sucre, noir sur blanc. Jamais on ne
fera celai On l'a fait pareil. Noir sur blanc, M. Bourassa écrit aux
infirmiers et infirmières: Je n'adopterai pas tel
règlement...
La Vice-Présidente: Mais, vous savez que vous devez,
lorsque vous vous adressez à un membre de cette Chambre, le nommer par
son titre, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: À l'époque, il n'avait aucun titre,
il s'en cherchait un, Mme la Présidente. C'est le 11 novembre pour votre
information. Donc, le 11 novembre dernier, M. Robert Bourassa, alors pas du
tout
ministre, pas du tout député, mais aspirant
député dans Bertrand, à l'époque, qu'avait-il
écrit aux infirmiers et infirmières? "Le règlement
présentement en consultation, nous serons contre et je vous garantis -
il est allé plus loin que cela - même qu'avant d'appliquer cela,
j'irai devant la commission Rochon". Vous avez lu sans doute, Mme la ministre,
cette lettre. Que faites-vous depuis le 14 mai? Quoi? Règlement qui fait
fi encore de ces engagements, qui fait fi de ces promesses. Mais ce n'est pas
grave, voyons! C'est la faute de l'ancien gouvernement. Vous savez toujours
bien que ce n'est pas leur faute. Quand ils ont écrit ça, ils ne
savaient pas tout. Voyons! Tout à coup, ce règlement-là a
de l'allure, mais on a leurré ces gens-là, par exemple. On leur a
fait croire que les recettes qu'on envisageait ne seraient pas celles du
présent gouvernement et on est à plagier quotidiennement les
décisions qu'on a prises antérieurement. Là, elles sont
devenues bonnes, meilleures, appréciables. Plus que ça, elles
défendent même ses positions.
Mme la Présidente, on veut bien en cette fin de session se faire
présenter des projets de loi, mais ce n'est pas parce qu'on sera
bousculé par le temps qu'on ne prendra pas le temps nécessaire
pour étudier chaque paragraphe, pour faire en sorte qu'on ne passe pas
de sapin aux citoyens. Ils s'en sont fait passer un solide le 2
décembre, mais au moins on va le leur rappeler chaque fois qu'il y aura
un projet de loi, chaque fois qu'on fera fi de ses promesses. Chaque fois qu'on
reniera sa parole de ce côté-là de la Chambre, il s'en
trouvera un des 23 ici pour rappeler aux citoyens du Québec que cela a
déjà assez duré depuis six mois, la désinvolture
poussée au point de renier tout engagement, de renier toutes les
recettes miracles qu'ils avaient. Ces gens ouvraient la lumière et ils
avaient la recette. Au lendemain du 2, comme par enchantement, l'est de
Montréal devait obtenir la prospérité économique.
La santé devait, comme par hasard, arrêter d'être malade au
Québec, comme ils disaient si bien. Regardez cela, l'urgence, à
Joliette, n'a jamais été aussi encombrée. On est rendu
à 57 civières. Dans mon temps, le plus haut où c'est
allé, c'est à 34. Mais Mme la ministre devait tout régler.
Elle se promenait avec Corriveau par la main dans les corridors et elle devait
tout régler. Allez-y voir maintenant! Là, ce serait le temps d'y
aller. Vous avez la responsabilité maintenant, vous aspiriez à
l'avoir à l'époque, quand vous trouviez cela terrible, là
vous l'avez. Allez-y donc vous promener par la main, vous allez constater que
vos recettes miracles, vous ne les avez plus. Plus encore, vous traînez
en longueur des situations qui auraient dû être
réglées depuis fort longtemps. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Joliette.
Mme la ministre, j'aimerais vous aviser d'abord qu'il y a eu entente
entre les leaders de cette Chambre vers 15 heures, à savoir qu'on devait
terminer vers 16 h 45, de sorte que votre intervention devra être
finie.
Des voix: ...
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! On continue de siéger. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente...
M. Gendron: Un instant, Mme la Présidente!
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député?
M. Gendron: Non, je ne veux pas être désobligeant.
Est-ce à dire que la ministre de la Santé et des Services sociaux
arrêtera à 16 h 45, selon l'ordre de la Chambre, et qu'elle
continuera la semaine prochaine?
M. Gratton: Elle n'a pas le choix, il y a un ordre de la Chambre.
Laissez-la...
M. Gendron: Oui, je la laisse commencer. Cela me fait
plaisir...
Mme Thérèse Lavoie-Roux (réplique) La
Vice-Présidente: Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, j'ai
écouté l'Opposition dans ses quelques interventions et je me
disais: Ce doit donc être difficile d'être en même temps pour
et contre. Elle est dans une situation tellement pénible parce qu'elle
doit, comme on dit, se protéger contre l'opinion publique, à
savoir qu'il faut être vertueux et dire que la planification de la
main-d'oeuvre médicale est une chose importante, particulièrement
en régions éloignées, et on fait une grande confession
là-dessus. On nous dit même que les mesures contenues dans le
projet de loi sont très bonnes parce qu'elles vont donner un outil de
gestion intéressant, utile et positif. Par contre, après, on
s'exerce de toutes les façons possibles, à déformer ce
qu'il y a dans la loi, Mme la Présidente. Par exemple, quand on dit - je
voudrais bien qu'on me le montre dans le projet de loi -que le projet de loi 75
vient introduire le contingentement des médecins, il n'y a rien
là-dedans à cet effet, parce que l'objectif du projet de loi,
c'est d'opérationnaliser ce qui avait déjà
été adopté par la loi 27, à savoir le plan
d'organisation ou d'effectifs médicaux que les établissements
devaient fournir, et c'était tout à fait inopérant, parce
qu'on
n'avait pas les outils nécessaires pour le faire. C'est dans ce
sens-là que nous introduisons maintenant la notion de plan d'effectifs
régionaux et sous-régionaux.
On parle d'éléments surprises. On réclame une
commission parlementaire et, à tour de rôle, l'un et l'autre se
sont efforcés de démontrer combien, déjà, en 1981,
toutes les fédérations médicales avaient participé
à une commission parlementaire précisément sur cette
question des effectifs médicaux et qu'encore au mois de mai dernier,
toutes les fédérations et tous les intervenants, non seulement
les fédérations médicales, mais l'ensemble des
établissements, étaient venus aussi en commission
parlementaire.
Le député de Joliette parle du fait qu'on veut
réduire des mesures incitatives, qu'on coupe dans la santé, qu'on
ne s'occupe pas de ci, qu'on ne s'occupe pas de ça. Mais, Mme la
Présidente, il faut avoir le culot de l'Opposition, qui a
considéré la santé et les services sociaux comme le parent
pauvre de ses priorités pendant près de dix ans pour venir tenir
ce langage pendant que mon propre gouvernement - ce n'est pas ma
décision à moi, unique; je suis heureuse de rendre hommage
à mes collègues - consent, cette année, une augmentation
de 465 000 000 $ dans le budget de la santé et des affaires sociales
alors que, depuis des années, tout ce dont on entendait parler,
c'était des coupures, des coupures et des compressions.
Mme la Présidente, ces personnes tiennent un langage que je ne
comprends pas. Le député de Gouin nous disait ce matin: Nous, on
a envoyé des gens de bonne humeur dans les régions. A-t-il
déjà oublié le décret punitif dont on parlait, qui
était aussi de la coercition, que si vous n'alliez pas en régions
éloignées, vous ne gagniez que 70 % et que si vous alliez en
régions éloignées, vous gagniez 115 %? On envoyait des
gens de bonne humeur dans les régions et tous les conflits qui ont eu
lieu dans les régions avec les médecins, que ce soit Rimouski en
1983, que ce soit Dolbeau, Gaspé, Port-Cartier, Blanc-Sablon, etc. Mme
la Présidente, je suis heureuse de penser que la profession
médicale était heureuse avec l'ancien gouvernement. Si elle ne
l'avait pas été, je ne sais pas ce que la population aurait eu
à supporter. (16 h 40)
Mme la Présidente, je pense qu'il est important de rappeler,
parce qu'il ne me reste que quelques minutes, l'objectif fondamental de ce
projet de loi qui est vraiment la planification de la main-d'oeuvre
médicale sur l'ensemble du territoire du Québec. Il y a deux
volets: Un premier qui est la loi elle-même qui prévoit les plans
d'effectifs régionaux et sous-régionaux, auxquels on nous dit
souscrire, et il y a également cet autre volet qu'est la table de
planification. On en a beaucoup parlé de la table de planification, tout
à l'heure par le député de Joliette.
Dois-je vous apprendre qu'elle a siégé deux fois? Une fois
avec le ministre Laurin du temps - je m'excuse de le nommer mais il n'est plus
dans la Chambre - et l'autre fois avec le député de Joliette.
C'était cela leur table de planification continue. On s'est
rencontré deux fois. Mais, Mme la Présidente, nous et les
fédérations qui sont d'accord de même que tous les autres
intervenants, c'est une véritable table de concertation continue que
nous voulons. Ensemble, nous allons examiner quels doivent être les plans
d'effectifs pour les trois prochaines années.
Si nous avions l'intention ou s'il y avait, dans la loi, tous les plans
machiavéliques dont on nous impute la responsabilité, alors que
ce n'est pas dans la loi, je peux vous assurer qu'à ce moment, j'aurais
eu une commission parlementaire parce que je n'imposerais pas d'autorité
ce genre de mesures qu'on a tenté de décrire ou même
d'inventer ou d'imaginer de l'autre côté de la Chambre.
Tout ceci pour vous dire qu'il y a deux objectifs: Mieux faire notre
planification de la main-d'oeuvre médicale, mais en collaboration avec
tous les intervenants auxquels maintenant viendront s'ajouter les centres
d'accueil, les CLSC. Je veux aussi reprendre une remarque du
député de Joliette et peut-être du député
d'Abitibi-Est...
Des voix: Ouest.
Mme Lavoie-Roux: ...Ouest, selon lequel il ne faudrait quand
même pas... D'où allez-vous procéder? Comment allez-vous
procéder? On le sait exactement, Mme la Présidente, puisqu'on est
fort conscient qu'il faudra déterminer, dans le cas d'un conseil
régional, la forme du plan régional des effectifs médicaux
et dentaires, les éléments qu'il doit contenir et les
méthodes ou règles selon lesquelles il doit être
élaboré. C'est évident qu'il y a des balises à
établir et que nous allons les établir en collaboration avec tout
le monde.
On nous parle également du fait que nous ne remplissons pas ces
magnifiques promesses que l'ancien gouvernement avait faites du point de vue de
l'ajout de médecins en spécialité. Faut-il une fois de
plus rétablir les faits? C'est bien beau d'avoir des beaux plans, de
faire des consensus, mais le Conseil du trésor du temps ne les a jamais
acceptés. Il a refusé de permettre aux médecins immigrants
justement qui demandaient depuis longtemps d'aller en régions
éloignées d'y aller. C'était un refus. Il a fallu refaire
la démarche du début pour tenter justement d'obtenir ces
effectifs supplémentaires pour les régions
éloignées.
Notre responsabilité - et je tiens à le
répéter ici - c'est de fournir à la population les
services dont elle a besoin, de tenter de respecter et de travailler à
ce que ces principes d'accessibilité et d'universalité vaillent
pour l'ensemble de la population. C'est ce à quoi nous nous
exerçons et non seulement aujourd'hui, mais dans l'avenir. Avec la
collaboration de tout le monde, je pense que nous pourrons peut-être y
arriver et nous y travaillerons jusqu'à ce que la population du
Québec au plan de la santé et des services sociaux se sente en
sécurité. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Le débat étant clos sur
l'adoption du principe du projet de loi 75, est-ce que le principe du projet de
loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et des services
sociaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Chevrette: Adopté, sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Gratton: Je fais motion pour que le projet de loi soit
déféré à la commission des affaires sociales pour
étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Avant qu'on ajourne, je voudrais donner les avis
suivants. On sait que la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation étudie présentement les projets de loi 85 et 69.
Advenant le cas où celle-ci n'aurait pas terminé ses travaux
à 22 h 30 ce soir, je donne avis que la commission siégera lundi,
à compter de 10 heures à la salle Louis-Joseph-Papineau pour
continuer l'étude détaillée des projets de loi 85 et 69.
De même, à la commission de l'aménagement et des
équipements qui étudie présentement les projets de loi 67
et 97, advenant que la commission n'ait pas terminé ses travaux ce soir
à 22 h 30, elle siégera à compter de 10 heures, lundi,
pour continuer l'étude de ces projets de loi à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine. J'avise finalement que le lundi 16 juin, de 10
heures à 12 heures, à la salle 101 de l'édifice
Pamphile-Le May, la commission des affaires sociales procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 75 dont on vient
d'adopter le principe, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et
les services sociaux.
Là-dessus, Mme la Présidente, je vous prierais d'ajourner
les travaux de l'Assemblée à lundi, 13 heures, en faisant
remarquer de façon très spécifique que c'est à 13
heures que la période des affaires courantes débutera.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement, comme
vous le dites, il faut que j'aie le consentement de cette Chambre pour pouvoir
ajourner à 13 heures, compte tenu du fait que c'est contraire à
nos règles de procédure. Est-ce que j'ai le consentement de cette
Chambre pour que les travaux reprennent lundi à 13 heures?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Lundi, 13 heures. Donc, nous
allons...
M. Gratton: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: On me dit que je n'ai pas mentionné,
même si je pense l'avoir fait, que les commissions siégeront de 10
heures à midi, lundi. Je le répète pour le
bénéfice de ceux qui ne l'auraient pas entendu.
La Vice-Présidente: Les travaux sont ajournés
à lundi, 13 heures.
(Ein de la séance à 16 h 47)