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(Quatorze heures cinq minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Présence de l'ambassadeur de Belgique au
Canada
Si vous me le permettez, avant de procéder aux affaires
courantes, j'ai le plaisir de souligner la présence, cet
après-midi, dans les galeries de M. l'ambassadeur de Belgique au Canada,
Son Excellence M. Roger Denorme.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je vous prierais d'appeler l'article c du feuilleton,
s'il vous plaît!
Projet de loi 247
Le Président: À l'article c, M. le leader du
gouvernement, j'ai reçu le rapport du directeur de la législation
et ce dernier a constaté que l'avis a été fait et
publié conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé.
M. le député d'Iberville présente le projet de loi
privé 247, Loi concernant la ville d'Iberville. Est-ce que
l'Assemblée accepte de se saisir de ce projet de loi?
Des voix: Saint-Césaire? Le Président:
Adopté?
Une voix: Heureusement que ce n'est pas Saint-Césaire.
Le Président: Adopté. Je dépose le rapport
du directeur de la législation.
M. le leader du gouvernement, est-ce que vous faites motion de
déférence?
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: Oui, M. le Président. Dans la mesure où
le projet de loi est adopté...
Le Président: II a été adopté.
M. Gratton: ...je fais motion pour que le projet de loi soit
déféré à la commission de l'aménagement et
des équipements et pour que le ministre des Affaires municipales soit
membre de ladite commission.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Gratton: L'article d, M. le Président.
Projet de loi 263
Le Président: À l'article d du feuilleton, j'ai
reçu également le rapport du directeur de la législation
et ce dernier a également constaté que l'avis a été
fait et publié conformément aux règles de fonctionnement
des projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ledit
rapport.
À l'article d du feuilleton, M. le député de
Sainte-Anne présente le projet de loi privé portant le
numéro 263, Loi concernant la ville de Verdun. Est-ce que
l'Assemblée accepte de se saisir de ce projet de loi?
M. Gratton: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: M. le Président, je fais motion pour que le
projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence est adoptée?
M. Gratton: Adopté. Le Président:
Adopté. M. Gratton: Article e, M. le Président.
Projet de loi 221
Le Président: À l'article e du feuilleton, j'ai
également reçu un rapport du directeur de la législation.
L'avis a été fait et publié conformément aux
règles de
fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé.
Je dépose ledit rapport.
M. le député de Mille-Îles présente le projet
de loi privé portant le numéro 221, Loi modifiant la Loi
constituant la Corporation des électroniciens du Québec. Est-ce
que l'Assemblée accepte de se saisir de ce projet de loi 221?
Une voix: Oui.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission du
budget et de l'administration, pour que le ministre
délégué aux Finances soit membre de ladite commission et
pour que celle-ci soit présidée par un président de
séance.
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence avec les avenants est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Projet de loi 222
M. Gratton: Article f, M. le Président.
Le Président: À l'article f, j'ai reçu
également un rapport du directeur de la législation. Toutes les
règles de fonctionnement ont été suivies. Je dépose
ledit rapport.
 l'article f du feuilleton, il s'agit de M. le
député de Drummond qui présente le projet de loi
privé portant le numéro 222, Loi concernant la ville de
Drummondville. L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir de ce projet de
loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: Oui. M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales soit membre de ladite commission.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article g.
Projet de loi 223
Le Président: À l'article g, il s'agit
également d'un projet de loi d'intérêt privé. M. le
directeur de la législation a constaté que toutes les
règles de fonctionnement d'un projet de loi d'intérêt
privé ont été suivies. J'aimerais déposer ledit
rapport.
À l'article g du feuilleton, M. le député de
Bourget présente le projet de loi privé portant le numéro
223, Loi concernant la succession de M. Maurice Jolicoeur. L'Assemblée
accepte-t-elle de se saisir de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission des
institutions et pour que le ministre de la Justice en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article i, M. le Président.
Projet de loi 267
Le Président: Â l'article i, j'ai reçu
également le rapport du directeur de la législation. Tout est
conforme. J'aimerais déposer ce rapport.
À l'article i du feuilleton, M. le député de
Beauharnois présente le projet de loi privé portant le no 267,
Loi modifiant la charte de la ville de Salaberry-de-Valleyfield.
L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir de ce projet de loi? M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: Oui. Je fais motion pour que le projet de loi soit
déféré à la commission de l'aménagement et
des équipements et pour que le ministre des Affaires
municipales en soit membre.
Le Présidents Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président! Adopté. Est-ce qu'il y a
présentation d'autres projets de loi M. le leader du gouvernement?
M. Gratton: Non.
Le Président: Nous allons maintenant continuer les
affaires courantes.
Dépôt de documents. Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Rapport annuel du ministère des Affaires
culturelles
Mme Bacon: J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel
1985-1986 du ministère des Affaires culturelles.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Excusez-moi. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Rapports annuels du Musée du
Québec
Mme Bacon: J'ai aussi l'honneur de déposer les rapports
annuels 1984-1985 et 1985-1986 du Musée du Québec.
Le Président: Documents déposés. M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Rapport annuel de la Régie des grains
M. Pagé: J'ai l'honneur de déposer le rapport
annuel, pour l'année financière se terminant le 31 mars 1986, de
la Régie des grains du Québec.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Rapport annuel du ministère de l'Energie et des
Ressources
M. Ciaccia: J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel
1985-1986 du ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le Président: Document déposé. Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapport annuel du Conseil des affaires sociales et de
la famille
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'honneur de déposer le rapport
annuel 1985-1986 du Conseil des affaires sociales et de la famille.
Rapport annuel du Vérificateur
général
Le Président: Document déposé. J'ai
également un document à déposer cet après-midi. Je
dépose le rapport annuel du Vérificateur général du
Québec pour l'année financière terminée le 31 mars
1986. Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Cet après-midi, il n'y aura pas d'intervention portant sur une
violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Avant de procéder à la période de questions orales,
j'informe la Chambre qu'immédiatement après cette période
de questions, j'accorderai une question complémentaire au
député de Lévis pour donner suite au complément de
réponse apporté par Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux, le mercredi 19 novembre, au sujet de l'hôpital de
l'Enfant-Jésus. Également, M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation donnera
un complément de réponse à la question que lui a
posée jeudi dernier le député de Lévis, au sujet de
Madelipêche.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nous allons maintenant procéder à la période des
questions orales. En question principale, je vais reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin.
L'aide aux personnes handicapées et les
directives du Conseil du trésor
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Le 24 novembre 1985,
le chef et candidat du Parti libéral, M. Robert Bourassa, aujourd'hui
premier ministre, promettait à une centaine de
délégués des organismes provinciaux pour personnes
handicapées d'épargner les citoyens handicapés de toute
coupure budgétaire susceptible de se répercuter sur leur
qualité de vie. Un an après, jour pour jour, 500 personnes
handicapées ont envahi et occupé une trentaine de bureaux de
comté de députés et de ministres libéraux dans tout
le Québec. Les personnes handicapées exigent des réponses
précises au double langage tenu d'une part...
Le Président: S'il vous plaît!
Mme Vermette: ...par le président du Conseil du
trésor et, d'autre part, par la ministre de la Santé et des
Affaires sociales et son adjoint parlementaire, responsable du dossier de
l'OPHQ, le député de Laurier...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît:
Mme Vermette: Oui, mais tout le monde est en opposition dans ce
gouvernement, M. le Président.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Question de règlement, M. le leader
du gouvernement.
M. Gratton: Je veux bien que Mme la députée fasse
un discours, mais il me semble qu'à la période de questions, dans
le préambule, ce n'est pas le temps, M. le Président.
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, à deux reprises je vous ai demandé de poser votre
question. Si vous voulez poser votre question, s'il vous plaît!
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Ma question s'adresse
à Mme la ministre. Mme la ministre, appliquerez-vous les directives du
Conseil du trésor du 21 octobre 1986, à savoir d'exclure de
l'aide pour le maintien à domicile les personnes handicapées
habitant des régions desservies par un CLSC et d'exclure de l'aide pour
véhicules adaptés les personnes handicapées habitant des
régions desservies par un service de transport adapté et
subventionné?
Le Président: Mme la ministre. M. le premier ministre. A
l'ordre, s'il vous plaît:
M. Bourassa: M. le Président, comme j'ai été
mis en cause - Mme la ministre pourra compléter ma réponse - je
m'attendais que la question me soit posée. Je regrette évidemment
l'absence du chef de l'Opposition à la suite de mon retour de la
conférence fédérale-provinciale.
M. Chevrette: Question de règlement!
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Le chef du gouvernement a été
avisé de l'absence du chef de l'Opposition. II est en train de parler
à 500 jeunes qui se préoccupent de la langue, contrairement
à ce que lui disait aux journalistes du Soleil.
Le Président: M. le premier ministre, vous avez la parole.
 l'ordre, s'il vous plaît:
M. Bourassa: M. le Président, il aurait été
possible de rencontrer les jeunes lundi ou vendredi. Le chef de l'Opposition
savait qu'on siégeait les mardi, mercredi et jeudi. Pour répondre
à la question...
M. Chevrette: Oui, oui, c'est mieux...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
À l'ordre, s'il vous plaît! Si vous me permettez, M. le premier
ministre. J'ai été extrêmement patient avec la question
principale qui a été posée par Mme la
députée de Marie-Victorin. J'aimerais également pouvoir
entendre la réponse de M. le premier ministre.
Une voix: La question...
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, pour répondre
à la question de la députée de Marie-Victorin qui m'a mis
en cause, c'est vrai que j'ai fait cette déclaration le 24 novembre.
Cette déclaration a été faîte à la suite
d'une coupure de 1 000 000 $ qui avait été effectuée par
l'ancien gouvernement. Je dénonçais, à ce
moment-là, les coupures qui étaient faites dans le secteur en
cause, alors que de notre côté - la députée voulait
une réponse précise - il n'est pas question de coupures comme
sous l'ancien gouvernement, mais d'une augmentation de 64 %. Voilà un
chiffre précis, M. le Président!
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, en additionnelle.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, j'aimerais que le
premier ministre relise les galées parce que depuis que la
ministre...
Le Président: Je pensais que vous aviez compris mon
intervention. Sans préambule, madame, votre question. Mme la
députée.
Mme Vermette: Est-ce que le premier ministre est d'avis qu'entre
35,5 % et 64 % il doit y avoir de l'argent quelque part pour l'Office des
personnes handicapées, qui sont encore dans la rue à
réclamer 2 000 000 $, M. le Président?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je devrai répliquer de nouveau à la
députée de Marie-Victorin que des efforts sans
précédent ont été faits par ce gouvernement pour
l'office en question.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Ce sont des efforts très importants. Il se
peut que cela paraisse encore insuffisant mais je veux simplement rappeler -
parce que cela fait plusieurs fois que la députée mentionne la
déclaration qui a été faite le 24 novembre - qu'elle a
été faite à la suite non pas d'augmentations de budget
jugées insuffisantes comme celle dont on parle aujourd'hui, mais de
coupures réelles
qui ont été effectuées. C'est dans ce contexte
qu'il faut situer cette question. Je demanderais à la ministre
responsable de compléter puisque la question lui a été
adressée, quoique...
Des voix: Ah! Ah!
Une voix: ...vient de comprendre...
M. Bourassa: M. le Président, l'Opposition s'excite parce
que je veux répondre à la question et elle s'excite encore parce
que je donne la parole à la ministre à laquelle on a posé
la question. Alors, puisqu'on a posé la question à la ministre
responsable et puisque nous sommes démocratiques de ce côté
de la Chambre, je lui demanderais de répondre à la question. (14
h 20)
Des voix: Bravo!
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux, brièvement, s'il vous plaît, puisqu'il y a eu un
commencement de réponse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous vous souviendrez
que l'ex-ministre responsable de l'Office des personnes handicapées du
Québec avait annoncé cette coupure au moment de la campagne
électorale, coupure à laquelle le premier ministre a fait
allusion.
Une fois de plus, M. le Président, je veux dire qu'au budget
annuel, nous avons prévu, pour les plans d'aide matérielle,
environ 8 800 000 $ et nous avons ajouté 5 200 000 $ pour une total de
14 440 000 $, soit une augmentation de 64 %.
Des voix: Bravo!
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, en additionnelle.
Mme Vermette: Oui, en additionnelle. Ma question s'adresse au
président du Conseil du trésor. M. le président du Conseil
du trésor, la recommandation concernant les normes du programme d'aide
matérielle...
Une voix: La question... Une voix: ...principale. Le
Président: Non, non. Mme Vermette: Est-ce que la...
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin avait accepté que ce soit une question additionnelle. Je
ne pense pas qu'un autre député de cette Chambre puisse
décider pour elle du genre de question qu'elle voulait bien poser. En
additionnelle, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, au président du Conseil du
trésor. La recommandation concernant les normes du programme d'aide
matérielle afin d'exclure toute aide à l'adaption de
résidence ne touche-elle pas directement l'universalité des
services?
Le Président: M. le Président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je demanderais à la
députée de Marie-Victorin de bien lire avant de faire des
déclarations comme celle qu'elle vient de faire. Depuis le 1er
octobre... Si le député de Joliette me laisse répondre
à la question, c'est à mon tour.
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! Jusqu'à maintenant et depuis le début, toutes
les questions ont été très bien entendues et je
demanderais le respect des deux côtés de cette Chambre. Peu
importe qui répond, il a le droit d'être entendu et qu'on
n'intervienne pas lors de la réponse, s'il vous plaît. M. le
président du Conseil du trésor.
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Lors d'une
réunion du Conseil du trésor, nous avons demandé au
ministère de la Santé et des Services sociaux, de qui
relève l'Office des personnes handicapées, de trouver des
solutions au problème constant d'augmentation des crédits
demandés pour les handicapés.
Nous avons suggéré des pistes que le ministère aura
à regarder avec l'Office des personnes handicapées, de
façon à s'assurer que tout en donnant aux personnes
handicapées des montants substantiels leur permettant de subvenir
à leurs besoins et principalement à l'aide matérielle, le
ministère de la Santé et des Services sociaux trouve les fonds
requis dans les bons ministères. Cela comprend, par exemple, la
Société d'habitation du Québec qui négocie avec le
gouvernement fédéral pour permettre une aide matérielle
maximum de 5000 $ dans le cas d'un handicapé et de 8000 $ dans le cas de
deux handicapés, ce qui n'exclut pas que l'Office des personnes
handicapées puisse ajouter des montants, dans les cas de besoin,
à cette aide matérielle provenant de la Société
d'habitation du Québec.
Nous croyons que c'est le devoir du Conseil du trésor de voir
à ce que les règles soient respectées et de s'assurer,
là où les programmes sont identifiés, qu'on prenne les
montants nécessaires pour les personnes handicapées.
Une voix: ...peut cacher.
Le Président: Monsieur... S'il vous plaît; Je suis
intervenu, à quelques reprises, cet après-midi. Je voudrais,
quand je reconnais quelqu'un, que ce ne soit qu'une personne à la fois.
M. le député de Shefford, s'il vous plaît!
M. Paré: Merci, M. le Président. En
complémentaire, au ministre des Affaires municipales et responsable de
l'Habitation. Est-ce que le ministre est prêt à modifier le volet
du programme PAQ concernant les personnes handicapées, afin que ces
personnes reçoivent une aide équivalente à ce qu'elles
recevaient lorsqu'elles relevaient de l'Office des personnes handicapées
du Québec?
Le Président: M. le ministre responsable de
l'Habitation.
M. Bourbeau: M. le Président, le sujet dont parle le
député de Shefford fait présentement l'objet de
discussions entre les représentants du ministère de la
Santé et des Services sociaux et le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation.
M. Rochefort: En additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: En additionnelle à la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Est-ce que la ministre peut prendre
l'engagement aujourd'hui que l'universalité du programme dont il est
présentement question sera maintenue en totalité?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas à
prendre un tel engagement, puisque je ne l'ai jamais mis en question
moi-même. Mais comme l'indiquait tout à l'heure le
président du Conseil du trésor, il y a présentement sur
pied un comité qui réexamine toute la question de la
réglementation touchant le programme de l'aide matérielle
accordée aux personnes handicapées. Nous ferons connaître
les résultats de cette étude le plus rapidement possible.
Des voix: Très bien!
Le Président: M. le député de Lévis,
question principale.
La vente de Madelipêche par lots
M. Garon: M. le Président, dans le seul document rendu
public par le gouvernement dans le dossier de Madelipêche, M.
Préfontaine, celui qui a écrit le rapport, fait remarquer qu'une
des forces de Madelipêche est la diversité des produits qu'elle
offre, de même que son plan de commercialisation qui arrive à sa
vitesse de croisière. Notamment, à la page 30, il nous fait
remarquer que, depuis 1983, Madelipêche a assuré sa propre
commercialisation axée sur le sébaste et une diversification
préliminaire en 1984 avec le sébaste frais et le crabe. L'ajout
des autres produits était nécessaire pour donner plus de force de
pénétration à la vente et aussi pour diversifier et
stabiliser la transformation.
Par ailleurs, l'appel d'offres émis par le gouvernement met
Madelipêche aux enchères en sept lots distincts, ce qui
inquiète le syndicat des travailleurs de Madelipêche, pourtant
consulté, aux dires des deux ministres responsables du dossier.
Ma question s'adresse au ministre délégué à
la Privatisation ou encore au premier ministre. Est-ce l'intention du
gouvernement de favoriser la vente de Madelipêche dans son ensemble
à un seul acheteur? Sinon, quelle garantie le gouvernement entend-il
demander aux acheteurs éventuels pour protéger les quelques 1100
emplois actuels?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, nous avons expliqué
dans un débat que nous avons tenu ici, un certain vendredi matin, avec
le député de Lévis, que les raisons qui nous avaient
amenés, mon collègue et moi, à favoriser une mise en vente
de Madelipêche en lots étaient précisément pour
impliquer davantage les Madelinots. Les gens des îles ont compris le
processus dans lequel nous nous sommes engagés. Nous leur avons
expliqué la démarche que nous faisions. Ils se rendent bien
compte, comme l'a dit à plusieurs reprises le ministre
délégué aux Pêcheries, qu'il ne suffit pas de
construire des usines de béton pour amener le poisson à l'usine
et qu'il est important également de se préoccuper des relations
humaines.
Nous avons enclenché ce processus et, déjà,
plusieurs proposeurs se sont dits intéressés. Soyez assuré
- je l'ai dit très clairement - que les objectifs que nous nous sommes
fixés - pour assurer une plus grande dynamisation de Madelipêche
feront en sorte que les garanties nécessaires seront obtenues pour
maintenir le maximum d'emplois productifs aux îles.
Le Président: M. le député de Lévis,
question additionnelle.
M. Garon: M. le Président, à ce jour, y a-t-il des
acheteurs intéressés à se porter acquéreurs de
l'ensemble de la société d'État, c'est-à-dire
Madelipêche et sa filiale Crustacés des îles, puisque c'est
depuis le temps où ces sociétés se sont impliquées
qu'il y a le plus grand nombre d'emplois aux fies, soit 1100 emplois en
usine?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je crois que la question du
député de Lévis est quelque peu naïve. Il sait
très bien que nous sommes en appel d'offres. Je lui donnerai tout
à l'heure, en complément de réponse, certaines
informations qu'il a demandées jeudi dernier. Il sait fort bien que nous
attendons ces offres pour le 19 décembre prochain. C'est à ce
moment-là que nous pourrons savoir ce que ceux qui sont
intéressés à nous faire des offres vont nous offrir
réellement. Je ne crois pas qu'il y ait des négociations à
ce moment-ci. Au contraire. Les gens nous posent des questions. Ceux qui sont
intéressés vont visiter les usines aux îles. Il y a
certains groupes qui nous ont demandé des documents et qui se parlent
entre eux. Nous espérons que, finalement, les offres qui nous seront
faites répondront à notre désir de dynamiser
l'économie des îles. C'est là notre objectif. (14 h 30)
Le Président: M. le député de Lévis,
en additionnelle.
M. Garon: M. le Président, le ministre
délégué à la Privatisation a déclaré
en commission parlementaire qu'il avait eu beaucoup de consultations. Comment
explique-t-il les déclarations du syndicat des métallos qui
craint que les emplois ne soient pas maintenus parce que l'entreprise va
être divisée en plusieurs lots et que le propre rapport du
ministre indique que c'est en gardant l'ensemble qu'il y a le plus de
retombées économiques et d'emplois aux Iles-de-la-Madeleine.
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, je ne crois pas que les gens
des îles se laissent intimider par les gens de Montréal ou par les
gens de Québec. Ils ne se laisseront pas intimider par M. Daoust, de la
FTQ, ou par M. Garon, du Parti québécois, parce que c'est
à peu près la même chose de toute façon. Les gens
des îles ont compris le processus dans lequel nous sommes
engagés...
M. Chevrette: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je peux vous dire que vous
avez deux vice-présidents qui, spontanément, dès qu'il y a
un prénom qui sort ou un nom d'un député, sont debout pour
nous rappeler à l'ordre. Je pense que le ministre vient de faire preuve
d'une dérogation flagrante et vous devez lui demander de nommer le
député de Lévis par son comté.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je conteste l'affirmation que
vient de faire le leader de l'Opposition en ce sens que nous bondissons
aussitôt qu'on fait cela de l'autre côté. Je n'ai pas bondi
quand la députée de Marie-Victorin a nommé le premier
ministre par son nom tantôt dans sa question.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Dans le passé, à plusieurs reprises, j'ai demandé à
des députés ici en cette Chambre de toujours intervenir ou de
s'interpeller en utilisant le nom de la circonscription et je ne voudrais pas
que cela change. M. le ministre délégué à la
privatisation au député de Lévis, s'il vous
plaît!
M. Fortier: Je m'excuse auprès du député de
Lévis. Je m'excuse également auprès de M. Daoust si je
l'ai offensé en disant qu'il appartenait au Parti
québécois.
Le Président: À l'ordre! À la question, s'il
vous plaît!
M. Fortier: M. le Président, je disais que nous avons
expliqué le processus dans lequel nous sommes engagés. Ce qui est
curieux, c'est que les gens des îles sont sécurisés par
rapport au processus dans lequel nous sommes engagés. Je ne crois pas
qu'il revienne aux gens de Montréal et de Québec de
décider pour les gens des îles. C'est aux gens des îles
à décider dans ce dossier.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): Pourquoi le ministre
délégué à la Privatisation, étant
donné le délai qu'il a accordé dans la vente...
Le Président: ...M. le député de Bertrand,
on ne vous entendait pas, le micro n'était pas ouvert. Si vous voulez
répéter au complet votre question, s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): M. le Président, pourquoi le
ministre délégué à la
Privatisation, étant donné qu'il a accordé un
délai dans la vente des actifs de Madelipêche, ne permet-il pas la
tenue d'une commission parlementaire sur tout le dossier de la privatisation, y
compris Madelipêche et Dofor, afin d'éviter des fiascos comme ceux
de Quebecair et de la Raffinerie de sucre du Québec, surtout que de
nombreux intervenants du milieu des affaires sont d'accord pour cette
commission parlementaire, dont le Conseil du patronat?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, j'aurais cru qu'un ex-homme
d'affaires, l'ex-ministre du Commerce extérieur, serait plus
sérieux dans un sujet comme celui-là. Il sait fort bien que, dans
le cas de Dofor, nous sommes engagés dans un appel d'offres, que nous
avons reçu des offres, que nous mettons en vente des actions de deux
compagnies cotées en Bourse, que la plupart des sociétés
qui nous ont fait des offres sont également des compagnies cotées
en Bourse, qui ont fait des arrangements avec des banques, avec leurs courtiers
pour éventuellement donner suite aux propositions qu'elles nous ont
faites et qu'il serait irresponsable de notre part de ne pas procéder
présentement à l'évaluation des offres qui nous ont
été faites et de répondre à l'appel d'offres que
nous avons enclenché nous-mêmes.
Le Président: M. le député, en additionnelle
ou en principale?
M. Farrah: En additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, en additionnelle.
M. Farrah: Est-ce que le ministre pourrait nous confirmer s'il y
a des intérêts locaux, s'il y a des groupes des
Îles-de-la-Madeleine qui ont déposé la somme de 1000 $ pour
avoir l'information en ce qui concerne le dossier de la privatisation de
Madelipêche?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: Oui, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, je n'ai pas le chiffre exact ici, mais je sais
qu'il y a au moins quatre ou cinq groupes des îles qui ont demandé
d'obtenir les documents et qui se préparent à proposer des offres
pour l'acquisition des actifs de Madelipêche.
Le Président: M. le député d'Abitibi-
Ouest, en principale.
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député.
Éviter les journées de grève
annoncées dans le secteur public
M. Gendron: M. le Président, aujourd'hui,
l'actualité des négociations dans les secteurs public et
parapublic nous indique que les professionnels de l'éducation de 19
cégeps sur 44 sont en débrayage pour 24 heures. On nous dit
également que les efforts pour en arriver à un front commun se
poursuivent dans le but de déclencher une grève
générale illimitée à la mi-décembre dans le
secteur des affaires sociales. On sait également que le Procureur
général . du Québec a l'intention de plaider que la
limitation apportée par la loi 37 est raisonnable.
Ma question est la suivante: Est-ce que le président du Conseil
du trésor, qui voulait clore les négociations dès juin
1986, pourrait indiquer à cette Chambre quels sont les moyens
précis qu'il entend prendre pour éviter les journées de
grève annoncées? Entend-il, dans les meilleurs délais,
réviser les mandats de ses négociateurs pour favoriser un
règlement négocié rapidement?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, nous avons adopté
récemment la loi 160 relativement aux grèves illégales
dans le domaine de la santé. J'ose croire que personne ne nous en
voudrait d'adopter une loi pour éviter des grèves
illégales.
Quant à la grève des professionnels dans les
cégeps, effectivement, aujourd'hui, 18 des 46 cégeps de la
province sont touchés, ce qui représente 385 des 800
professionnels des collèges. La principale revendication concerne la
lenteur des négociations. Cependant, à l'instar des autres tables
de négociation, les représentants patronaux ont les mandats
nécessaires pour régler les litiges en cause et négocier
une convention. Les discussions se poursuivent à ces tables de
négociation tout comme aux autres, comme, entre autres, aux tables de la
Fédération des affaires sociales affiliée à la CSN
qui ont, comme vous le savez, demandé que les négociations soient
entreprises d'une façon plus intensive. Aujourd'hui même, nous
sommes à établir le cadre de ces négociations intensives
pour les prochaines semaines, jusqu'au 13 décembre 1986.
Le Président: M. le député d'Abitibi-Ouest,
en additionnelle.
M. Gendron: Je voudrais être certain de ce que j'ai
entendu. Est-ce que le président
du Conseil du trésor affirme aujourd'hui, après une
année et plus de négociations, dans certains cas, qu'il est en
train de donner à ses négociateurs patronaux le cadre de
négociations intensives et non pas le contenu sur les matières
litigieuses pour lesquelles il n'y a pas eu de nouveau mandat depuis six
mois?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, je répète ce que
j'ai dit plusieurs fois en cette Chambre, nos négociateurs patronaux ont
les mandats nécessaires pour arriver à des conventions
négociées le plus tôt possible.
Le Président: M. le député d'Abitibi-Ouest,
en additionnelle.
M. Gendron: En additionnelle à un des partenaires
principaux dans ces négociations, le ministre de l'Éducation,
puisqu'il s'agit des professionnels de l'éducation. Est-ce que le
ministre pourrait informer cette Chambre des raisons précises, selon
lui, du jugement sévère qu'a donné la partie patronale
à la Fédération des cégeps en disant qu'une des
raisons du ralentissement était qu'il y avait certaines manoeuvres
obscures de la part de la Fédération des cégeps? Est-ce
que le ministre de l'Éducation pourrait préciser de quoi il
s'agit exactement?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation et
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
préciser parce que je ne souscris pas à ce jugement.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
principale.
La tâche confiée à M. Marcel
Côté, de SECOR
M. Parent (Bertrand): M. le Président, en principale.
Jeudi dernier, le ministre délégué à la
Privatisation nous confirmait que la firme SECOR, présidée par M.
Marcel Côté, a reçu plus de 180 000 $ pour des contrats de
services octroyés sans appel d'offres et en dérogation des
directives du Conseil du trésor pour coordonner le comité de
travail des bénévoles.
Le ministre délégué à la Privatisation
peut-il nous confirmer aujourd'hui que la tâche confiée à
M. Marcel Côté consistait à conseiller le ministre dans son
programme de liquidation et de planification de l'ensemble des
sociétés d'État?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation. (14 h 40)
M. Fortier: Je remercie le député de Bertrand de me
permettre de faire le point sur la compagnie SECOR. J'aimerais préciser
qu'à au moins deux reprises, le gouvernement qui nous a
précédé a retenu les services de la firme SECOR en
dérogation des règles du Conseil du trésor. En
particulier, une étude sur l'industrie du taxi fut commandée par
le ministre des Transports de l'époque pour une somme de 40 000 $ et une
autre étude sur la capitalisation des entreprises dans le cadre de la
commission Saucier fut commandée par le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, M. Biron, pour un montant dépassant 100 000
$.
Des voix: Oh!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: Alors, je crois que le gouvernement
précédent, comme celui d'Ottawa et le nôtre, reconnaissait
le fait que la firme SECOR est une très bonne société.
C'est la raison pour laquelle nous avons retenu ses services. J'ose
espérer que le député comprendra les raisons qui nous ont
motivés pour nous amener à retenir les services de SECOR et, plus
particulièrement, ceux de M. Marcel Côté, dans ce processus
de privatisation.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, le ministre n'a pas
du tout répondu à la question. Je me serais attendu à plus
de sérieux de la part du ministre.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Bertrand, en additionnelle.
M. Parent (Bertrand): La question principale, et je la
répète pour le ministre, est celle-ci: Est-ce que la tâche
confiée à M. Marcel Côté, de SECOR, était de
conseiller le ministre dans son programme de planification et de mise en oeuvre
des liquidations de sociétés d'État?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: Nous avons déjà fourni réponse
à cette question en février dernier, au cas où le
député n'aurait pas lu le document que j'ai rendu public. Nous
avons expliqué la façon dont nous sommes structurés. De
fait, il y a un groupe de travail qui réunit M. Côté, M.
Claude Séguin,
sous-ministre adjoint aux Finances, et d'autres fonctionnaires. C'est ce
groupe qui planifie, étudie et structure les différentes
études qui nous amènent à faire des recommandations en
collégialité avec les ministres de tutelle. Donc, M.
Côté est coordonnateur avec M. Claude Séguin. L'un est
économiste et l'autre est financier. Ce sont ces deux personnes qui nous
conseillent dans le processus de privatisation.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, en additionnelle.
M. Brassard: Est-ce que le ministre du Tourisme peut confirmer
à cette Chambre que l'actuel P.-D.G. de SECOR, M. Alain Cousineau, lui a
fait part de son intérêt de prendre en charge la gestion du Palais
des congrès de Montréal, tel que le recommande le rapport
Gobeil?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président: Excusez-moi. M. le ministre du Tourisme.
M. Picotte: ...j'ai eu l'occasion de discuter à plusieurs
reprises de tout ce qui s'appelle tourisme avec M. Cousineau, puisqu'il est le
président de l'Office des congrès et du tourisme du grand
Montréal et nous avons discuté de tout le volet touristique, y
compris le Palais des congrès, comme tout autre développement
touristique au Québec.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, en additionnelle.
M. Brassard: Je répète ma question. Est-ce que M.
Cousineau...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Question de règlement, M. le leader
du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je me demande si la question
du député est vraiment une question additionnelle.
Une voix: On ne l'a pas entendue.
M. Gratton: Si je ne m'abuse, on pourrait poser des questions sur
à peu près tous les sujets à propos desquels la firme en
question peut faire des études. Je présume que tel n'est pas
l'esprit de notre règlement.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Que je sache, M. Cousineau est le directeur
général de SECOR et vous verrez bien les liens, à force de
questions, entre MM. Côté, Cousineau et SECOR.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Gratton: Au risque de surprendre le leader de l'Opposition, on
connaît M. Alain Cousineau, imaginez-vous!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gratton: Ce que j'ai soulevé, c'est
l'opportunité de reconnaître en question additionnelle... On sait
qu'une question complémentaire doit porter sur le même sujet que
la question principale. On ne peut pas parler du sujet comme étant la
firme SECOR. Le sujet, ce sont les travaux qu'a faits la firme SECOR dans le
dossier de la privatisation et non dans l'ensemble des dossiers dont voudrait
parler l'Opposition. Je n'aurais pas d'objection qu'on transforme la question
en question principale. Mais, il me semble, M. le Président et je vous
demande de statuer là-dessus, qu'il ne s'agit pas d'une question
additionnelle.
Le Président: Je vais lire l'article 78: "II est permis de
poser une ou plusieurs questions complémentaires. Elles doivent
être brèves, précises et sans préambule. Elles
doivent se rattacher à la question principale ainsi qu'aux
réponses fournies par le gouvernement. Il appartient au président
d'en déterminer le nombre." Dans le cas qui nous concerne, la question
principale concernait la firme SECOR ainsi que l'utilisation contractuelle de
M. Marcel Côté, des conseils qu'il a pu donner au ministre
délégué à la Privatisation.
Il y a eu également une répétition de la part du
député de Lac-Saint-Jean quant à la question principale.
En question additionnelle, M. le député de Bertrand a fait un
lien entre l'engagement de M. Marcel Côté, de la firme SECOR,
conseiller du ministre délégué à la Privatisation,
et M. Alain Cousineau quant au droit de gérance ou des conseils sur
l'administration du Palais des congrès de Montréal. Je pense que
c'est relié directement non pas à la question principale, mais -
je maintiens votre point, M. le leader du gouvernement - à la
réponse donnée par M. le ministre délégué
à la Privatisation et, indirectement, à la question principale
qui avait été posée.
M. Brassard: M. le Président, je répète ma
question au ministre du Tourisme. Est-ce
que le ministre du Tourisme a reçu, de la part de M. Cousineau,
une proposition visant à assurer la prise en charge de la gestion du
Palais des congrès? Est-ce que non seulement M. Cousineau lui aurait
fait part de son intérêt, mais est-ce qu'il a reçu une
proposition de prise en charge de la gestion du Palais des congrès?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Picotte: M. le Président, d'abord, pour rassurer le
député de Lac-Saint-Jean, aucun comité n'a eu lieu entre
le ministre délégué à la Privatisation et le
ministre du Tourisme concernant la privatisation du Palais des congrès.
Donc, à partir de ce moment, personne ne peut m'empêcher de
discuter avec qui que ce soit du Palais des congrès et de son
ex-directeur, M. Michaud.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, en additionnelle.
M. Brassard: En additionnelle, je demande au ministre s'il a
reçu de la part de M. Cousineau, P.-D.G. de SECOR, une proposition
visant à assurer la gestion du Palais des congrès. Qu'il me
réponde oui ou non!
M. Picotte: M. le Président, ce n'est pas difficile, c'est
parce que le député de Lac-Saint-Jean n'a pas compris la
réponse à sa première question additionnelle. J'ai dit,
à plusieurs reprises, que j'ai discuté avec M. Cousineau,
président de l'Office des congrès et du tourisme du grand
Montréal, du Palais des congrès et de tout ce qui s'appelle
développement touristique. C'est clair, j'ai discuté avec M.
Cousineau de ce qui concerne le développement touristique, le Palais des
congrès et tout l'essor touristique de la ville de Montréal.
Avez-vous besoin d'une troisième additionnelle?
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle?
M. Filion: Oui, en additionnelle, M. le Président, au
ministre de la Justice. Est-ce qu'il peut nous confirmer l'octroi, en mars de
cette année, d'un contrat de 66 000 $ à la firme SECOR, nouveau
contrat portant à près de 250 000 $ les sommes versées
à ce jour par le gouvernement libéral à cette firme?
Deuxième volet de la question additionnelle: Est-ce qu'il peut
nous informer si ce contrat a été accordé en
dérogation aux règles du Conseil du trésor?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Tout simplement, M. le Président, pour vous
réitérer que je pense toujours qu'il ne s'agit pas là de
questions complémentaires. À moins qu'on ne m'informe que le
sujet de la question est la firme SECOR - à ce moment-là, passons
toute la période des questions là-dessus - s'il s'agit de
questions principales, des sujets des questions et non pas de l'objet, qui est
la firme SECOR, il me semble que la question est irrecevable en
complémentaire et doit être reconnue comme une question
principale.
Le Président: M. le député de Taillon, je
vais l'entendre en principale, mais il n'y a aucun lien avec toutes les autres
questions additionnelles et la question principale qui ont été
posées sur ce sujet quant aux conseils pouvant être donnés
au ministre délégué à la Privatisation et le lien
entre l'engagement de M. Côté et M. Cousineau.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je prétends que
quand on parle de la firme SECOR et qu'on parle de contrats reliés
à la firme SECOR, cela fait partie d'un tout et, personnellement, je
pense que c'est à l'Opposition de choisir si c'est une principale ou une
complémentaire.
Des voix: Oh!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Dans les circonstances, je vous demanderais
d'appeler une autre question principale.
Une voix: C'est cela, pourquoi pas?
Le Président: M. le député de Bourget, en
principale.
Levée du moratoire sur la conversion
d'immeubles locatifs en copropriétés
M. Trudel: Ma question principale s'adresse au ministre des
Affaires municipales responsable de l'Habitation. Lors de la période de
questions du 11 novembre dernier, le député de Shefford
évoquait la possibilité que l'annonce de la levée du
moratoire, le 1er juillet 1987, et l'intention exprimée par le ministre
des Affaires municipales responsable de l'Habitation d'une protection
blindée en faveur des locataires auraient pour effet d'inciter des
centaines et des centaines de propriétaires à ne pas renouveler
les baux de leurs locataires d'ici au 1er juillet 1987. Le ministre est-il
d'accord avec ces énoncés du député de Shefford?
(14 h 50)
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de
l'habitation.
Une voix: C'est une question d'opinion.
M. Chevrette: La question qui est posée est une question
d'opinion...
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Chevrette: C'est une question d'opinion et contraire à
nos règlements.
Des voix: C'est cela.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, il s'agit d'une question tout
à fait recevable, plus recevable que n'importe quelle des questions que
j'ai entendues aujourd'hui.
Des voix: Ha!
Le Président: La décision est rendue. M. le
ministre des Affaires municipales et responsable...
Une voix: ...
Le Président: Oui, j'accepte la question telle que
posée.
M. le ministre des Affaires municipales, vous avez la parole.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Shefford ignore probablement que, depuis longtemps au Québec, les baux
se renouvellent automatiquement, année après année. Ce
n'est que dans le cas où un propriétaire veut prendre possession
d'un logement pour ses propres fins ou pour des fins des membres de sa famille
qu'il peut mettre fin au bail et, encore là, il doit prouver sa bonne
foi. Les locataires, quant à eux, bien sûr, peuvent mettre fin au
bail en donnant avis au propriétaire. Dans tous les autres cas, M. le
Président, les baux se renouvellent au Québec automatiquement,
année après année.
En conséquence, contrairement à ce qu'a affirmé le
député de Shefford la semaine dernière, l'annonce de la
levée du moratoire n'aura pas pour effet d'inciter les
propriétaires à ne pas renouveler les baux le 1er juillet
prochain pour la bonne et simple raison que la loi leur interdit formellement
de le faire. Je rappelle donc à tous, surtout au député de
Shefford, que les locataires, sauf dans les cas mentionnés
précédemment, ont droit au renouvellement, automatiquement, de
leur bail et ce, à chaque année. En conclusion, M. le
Président, je déplore que des gens mal informés
sèment la confusion et la crainte chez les locataires et surtout chez
les personnes âgées. Merci.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: Est-ce que le ministre des Affaires municipales
et responsable de l'Habitation est conscient que, malgré le moratoire,
il y a eu 13 000 locataires de déménagés dans le centre de
Montréal et qu'au moment où on se parle, sur le Plateau
Mont-Royal, le tiers des logements à prix modique appartient à
des spéculateurs?
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: M. le ministre responsable de
l'Habitation.
M. Bourbeau: M. le Président, le phénomène
dont vient de parler le député de Shefford résulte d'une
situation qui existe en fonction de ce qui a été mis sur pied par
l'ancien gouvernement, le système actuel. J'ai annoncé, en
même temps que nous allons procéder à la levée du
moratoire, que nous allons faire en sorte de resserrer la législation et
la réglementation afin que, justement, les locataires, moins
qu'aujourd'hui, puissent être expulsés. Cela m'a permis de dire
que la protection qui sera accordée aux locataires subséquemment
sera meilleure que celle qui existait sous le régime du gouvernement
précédent.
Le Président: M. le député de Laviolette, en
principale.
Requête en jugement déclaratoire et
accessibilité a l'école anglaise
M. Jolivet: Merci, M. le Président. La semaine
dernière, les commissions scolaires protestantes ont
déposé en Cour supérieure une requête en jugement
déclaratoire. Elles contestent les règles établies par le
gouvernement du Québec pour l'application de la clause Canada. Elles
veulent aussi obtenir de cette façon l'élargissement de
l'accès à l'école anglaise. Ce geste ferait suite à
des tractations infructueuses de l'actuel ministre de l'Éducation. Ma
question est la suivante: Le ministre a-t-il promis aux commissions scolaires
protestantes d'élargir l'accessibilité à l'école
anglaise, ainsi que l'affirme le président de la commission scolaire de
Lakeshore?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je dois tout d'abord dire, en réponse au
député de Laviolette, que je n'ai eu aucune rencontre avec le
président de la commission scolaire protestante de Lakeshore
depuis le 12 décembre dernier et même depuis le 2
décembre, si c'est de nature à le rassurer...
Des voix: Ha! Ha!
M. Ryan: ...non plus pendant la campagne électorale.
Des voix: Ha! Ha!
M. Ryan: Par conséquent, il n'y a eu aucune promesse qui a
pu être faite à cette personne à qui je n'ai point
parlé.
Des voix: Ha! Ha!
M. Ryan: II y a beaucoup de causes pendantes devant les tribunaux
qui nous ont été laissées par le gouvernement
précédent dans lesquelles nous avons essayé de mettre de
l'ordre. Pour mettre de l'ordre dans ces causes, il a fallu des conversations
entre les procureurs des deux côtés et les dirigeants politiques
des deux côtés également. Nous avons essayé de
déblayer le terrain de manière qu'on cesse de multiplier les
dépenses de fonds publics dans des procès interminables qui
n'apportent pas beaucoup de lumière, finalement, pour la gouverne
concrète des affaires. Dans ces conversations, les commissions scolaires
protestantes nous ont saisis de certains problèmes qui découlent
de l'application conflictuelle de la loi 101, dans son article 73 en
particulier, et de la Charte canadienne des droits dans son article 23.2. Il y
a une possibilité de conflit ici qui devrait être clarifiée
avec le temps, mais jusqu'à maintenant, le conflit a porté
surtout, pour votre information, sur la question suivante: Pour avoir leurs
enfants admissibles à l'école anglaise, les parents doivent-ils
avoir reçu la majorité de leur enseignement en anglais ou
seulement une partie et l'élève qui vient d'une autre province
doit-il avoir reçu la majorité de son enseignement en anglais ou
seulement une partie? C'est là-dessus que gravite le litige. Si on
suivait le point de vue des commissions scolaires protestantes, il suffirait
qu'une personne ait été à l'école anglaise une
journée ailleurs et cela lui donne automatiquement le droit d'aller
à l'école anglaise au Québec. Nous autres, nous
préférons conserver le critère de la majorité de
l'enseignement primaire reçu en anglais. S'ils veulent aller devant les
tribunaux pour cette chose, c'est leur droit le plus strict et nous les
suivrons avec plaisir.
Le Président: M. le député de Laviolette,
question additionnelle.
M. Jolivet: Est-ce que les rumeurs qui circulent disant que les
commissions scolaires protestantes auraient promis au ministre de cesser toute
démarche devant les tribunaux s'il faisait l'amnistie
générale des "illégaux" sont vraies? Si oui, le ministre
ne se sent-il pas berné par les circonstances?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je remercie le député de Laviolette de me
permettre de rétablir les faits. On a déclaré ces derniers
temps, ces derniers jours, en particulier la présidente de l'Alliance
des professeurs de Montréal, qu'il y aurait eu des tractations entre les
commissions scolaires protestantes et le ministre concernant les
élèves "illégaux". Il ne pouvait pas y avoir de
tractations, parce que, pour l'information du député de
Laviolette, il n'y avait pas d'élèves "illégaux" dans les
écoles des commissions scolaires protestantes de la région de
Montréal. Ils étaient dans des commissions scolaires
catholiques.
Par conséquent, comme ces commissions scolaires n'étaient
pas en faute, il ne pouvait pas y avoir de discussions ou de "deal" avec elles
sur ces questions.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: Je vous remercie de m'avoir fourni l'occasion de
préciser ces faits.
Le Président: Une dernière question additionnelle,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre pourrait nous donner la
position que les procureurs du gouvernement feront valoir devant les tribunaux
en ce qui concerne la requête des commissions scolaires protestantes?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Le texte de la requête m'a été remis
hier. J'en ai fait une première lecture. Nous l'étudierons avec
nos collaborateurs du ministère et nos conseillers juridiques. En temps
utile, le député aura sa réponse.
Le Président: M. le député de Taillon,
question additionnelle.
M. Filion: Question additionnelle au ministre de
l'Éducation...
Le Président: Question additionnelle.
M. Filion: ...qui nous fait part des discussions qui ont cours
actuellement entre les deux parties. Est-ce que le ministre
reconnaît finalement que le message qu'il a lancé au
printemps dernier à l'occasion de l'amnistie qu'il a accordée,
loin de calmer les appétits des autres parties...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Filion: ...au contraire a encouragé certains milieux
à en demander plus?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: La question repose sur un postulat entièrement
faux. Entièrement faux. Entièrement faux. Il n'y a pas du tout de
désir d'en avoir plus. Il y a un problème qui découle de
la Charte canadienne des droits, article 23.2, qui était là avant
la loi 58, qui l'est encore aujourd'hui, qui n'a pas trouvé sa solution
pour le moment. Si ces gens interprètent cet article différemment
de nous, c'est leur droit. S'ils veulent le faire clarifier devant les
tribunaux, c'est leur droit. Nous irons nous aussi faire valoir notre point de
vue, mais c'est un problème complètement indépendant de
celui des "illégaux".
Le Président: Fin de la période des questions
orales.
Tel que j'ai mentionné au tout début avant la
période des questions orales, je vais permettre maintenant a M. le
député de Lévis de poser une question additionnelle
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux concernant
une question posée la semaine dernière au sujet de
l'hôpital de l'Enfant-Jésus. M. le député de
Lévis.
Fermeture de lits à l'hôpital de
l'Enfant-Jésus
M. Garon: M. le Président, je vous remercie de me
permettre une question additionnelle.
Comment la ministre de la Santé et des Services sociaux peut-elle
prétendre qu'il s'agit d'une mesure habituelle alors que, pour la
première fois, 138 lits seront fermés pour plus d'une ou deux
semaines et pour au moins trois semaines et qu'il s'agit de la plus longue
fermeture qu'il y ait eu dans l'histoire de l'hôpital de
l'Enfant-Jésus au temps des fêtes?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. (15 heures)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tel que je l'avais
indiqué à l'Assemblée nationale l'autre jour, il est exact
que 135 ou 138 lits seront fermés durant la période des
fêtes à l'hôpital de l'Enfant-Jésus de Québec.
Comme on le sait, ceci est une tradition souvent adoptée par un grand
nombre de centres hospitaliers parce que, à l'époque des
fêtes, il y a réduction des activités dans les centres
hospitaliers. Il y a une réduction des cas électifs qui sont
admis, il y a des patients qui retournent dans leurs familles, d'autres gui
refusent de venir dans les hôpitaux. Également, il y a les
vacances des médecins et des chirurgiens.
J'aimerais rappeler qu'à l'hôpital de l'Enfant-Jésus
de Québec, après avoir fait une étude de son budget, nous
avons injecté, pour lui permettre d'atteindre son équilibre
budgétaire, un montant de 4 660 000 $. Je voudrais rappeler au
député de Lévis que, contrairement à l'année
1984-1985 et à l'année 1985-1986, alors qu'il y a eu des lits de
fermés à l'hôpital de l'Enfant-Jésus, dans le
premier cas, pour une période de dix semaines, à quatre occasions
successives, et, en 1985-1986, pour une période de quatorze semaines,
aussi à quatre occasions successives...
Le Président: En conclusion, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...cette année, ces lits seront
fermés durant la période des fêtes, mais uniquement durant
la période des fêtes.
Le Président! Merci, Mme la ministre. Je
vais maintenant reconnaître le ministre délégué
à la Privatisation, en complément de réponse à une
question posée par le député de Lévis la semaine
dernière concernant la vente de Madelipêche. M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
Groupes intéressés aux documents pour la
vente de Madelipêche
M. Fortier: Jeudi dernier, le député de
Lévis me posait la question suivante. Depuis le 7 novembre, combien de
groupes ont déposé 1000 $ pour prendre connaissance de toute la
documentation à la suite des propos tenus par le ministre
délégué à la Privatisation dans le cadre de
l'interpellation? La réponse est celle-ci. Depuis le 7 novembre 1986,
quatre groupes ont déposé un chèque de 1000 $. Le
mandataire désigné, M. Terrence Griffin a reçu un
chèque le 7 novembre, un chèque le 10 novembre, un autre le 11
novembre et un dernier le 24 novembre. Nous savons aussi qu'il y a au moins un
autre chèque qui est présentement dans la poste. En date
d'aujourd'hui, donc, nous pouvons confirmer que nous avons reçu...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: ...que nous avons reçu onze chèques de
1000 $, ce qui signifie que pas
moins d'onze groupes ont reçu l'ensemble de la documentation. Il
est à noter que, des quatre groupes mentionnés, deux nous ont
fait parvenir une demande de prolongation de la date de dépôt des
appels d'offres, et je confirme, à la suite de la question que le
député m'a posée tout à l'heure, qu'il y a quatre
groupes qui ont fait une demande de documentation qui proviennent des
Îles-de-la-Madeleine directement.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des groupes qui sont rattachés
à des groupes de pêcheurs qui veulent s'intéresser à
l'achat des entreprises?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Finances et à la Privatisation.
M. Fortier: Oui, on m'informe qu'il y a des groupes qui sont en
train de se former qui comprendraient des gens intéressés
à être propriétaires des usines qui comprendraient des
pêcheurs et ces négociations sont en cours
présentement.
Le Président: Merci, M. le ministre. Nous allons
maintenant procéder aux affaires courantes.
Votes reportés.
Motions sans préavis. M. le leader de l'Opposition.
Remplacement à la commission de
l'économie et du travail
M. Chevrette: J'ai une motion sans préavis qui se lit
comme suit: Que l'Assemblée conformément aux dispositions de
l'article 129 des règles de procédure remplace, de façon
permanente à la commission de l'économie et du travail, le
député de Taillon par le député de Joliette.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
En vertu de l'article 129, il ne peut pas y avoir de débat. Est-ce que
la motion est adoptée?
Votre motion est adoptée, M. le leader de l'Opposition. Est-ce
qu'il y a d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: J'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui et
demain, à la salle du Conseil législatif, la commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
92, Loi modifiant diverses dispositions législatives eu égard
à la Charte des droits et libertés de la personne, et ce, aux
heures suivantes. Aujourd'hui, après le débat sur l'adoption du
projet de loi 125, Loi modifiant le Code de procédure civile en
matière de témoignage hors de cour et de saisie, jusqu'à
18 heures, et de 2Q heures à 22 heures. Demain, le mercredi 26 novembre,
de 11 heures à 13 heures. Merci.
Le Président: J'ai également des avis à
cummuniquer à cette Assemblée. Après la période des
affaires courantes jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures,
la commission de l'éducation se réunira à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine afin de vérifier les engagements financiers
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
les mois de janvier à septembre 1986 et ceux du ministère de
l'Éducation pour les mois de mai à septembre 1986.
Également, de 20 heures à 23 heures, la commission de
l'économie et du travail se réunira à la salle
Louis-Joseph-Papineau afin de vérifier les engagements financiers du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour les mois de janvier
à septembre 1986.
Mercredi, de 10 heures à 11 h 30, la commission de
l'économie et du travail se réunira à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine afin de vérifier les engagements financiers
du ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique pour les mois de décembre 1985 à septembre
1986.
Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Pour le dernier avis, M. le Président, vous
avez bien dit de 20 heures à 23 heures?
Le Président: Si vous me permettez, pour l'avant-dernier
des avis, de 20 heures à 23 heures, la commission de l'économie
et du travail se réunira. Il y a peut-être une erreur dans l'avis
qu'on m'a fait parvenir.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Le problème est le suivant. Je pense que le
président de la commission n'est pas ici actuellement. Mais,
après avoir contacté les membres de notre formation politique qui
sont présents, 23 heures c'est dérogatoire à l'heure
normale des travaux en commission parlementaire qui est de 22 heures à
ce stade-ci. Je pense qu'on devrait reporter l'autre heure à un autre
moment. C'est de 20 heures à 22 heures.
Le Président: Est-ce qu'il y a moyen d'avoir d'autres
renseignements quant à cet avis?
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai aucune information.
Il ne m'appartient pas de
trancher car ce sont les travaux des commissions. Je pense que c'est
à la commission qu'on devrait traiter de cela.
Le Président: Tel que je vous le mentionnais, j'ai
reçu cet avis. Les commissions doivent trancher elles-mêmes. Je ne
peux pas intervenir dans les décisions des commissions. C'est possible
que, déjà, la commission, M. le leader de l'Opposition, ait
décidé de changer l'heure. On ne m'en a pas informé.
L'avis m'est venu tel quel: de 20 heures à 23 heures.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je pense qu'on devait le maintenir parce que
j'obtiens des informations en ce sens que cela aurait été
à la demande du député de Bertrand. Là, je ne veux
pas me lancer dans des suppositions, mais on m'indique que cela aurait
été à la demande du député de Bertrand qu'on
aurait consenti de procéder pour une heure additionnelle. Il me semble
que c'est à la commission qu'on devrait trancher cela et non pas ici
à l'Assemblée.
M. Chevrette: II faut quand même rectifier les faits.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est trois heures de travaux qui ont
été demandées, mais pas nécessairement une
dérogation à l'horaire régulier du Parlement qui est de 20
heures à 22 heures. C'est différent. Qu'un député
demande trois heures pour l'étude d'engagements financiers, cela ne veut
pas dire qu'on soit obligé de déroger aux heures normales qui
sont de 20 heures à 22 heures. J'aimerais à un moment
donné que le Bureau de l'Assemblée nationale se penche sur ce
genre de situation.
Le Président: C'est possible que la commission de
l'Assemblée nationale se penche sur ce sujet, mais pour le moment je
n'ai qu'à faire lecture de l'avis et c'est la commission, uniquement,
qui a toute autorité pour changer ou déroger aux heures
régulières.
Je vais continuer. J'ai encore deux avis à signifier à
cette Assemblée. Est-ce que cela va, M. le leader de l'Opposition?
Immédiatement après, cette commission tiendra une séance
de travail à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine. Il s'agit de la
commission de l'économie et du travail.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Enfin, je vous indique que mercredi, c'est-à-dire demain, nous
poursuivrons le débat sur la motion qui a été
présentée par M. le député de Gouin en vertu de
l'article 87 du règlement. Cette motion apparaît au feuilleton de
cet après-midi.
Est-ce qu'il y a d'autres renseignements concernant les travaux de
l'Assemblée maintenant?
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: En vertu de l'article 86 du règlement,
j'aimerais savoir du leader du gouvernement à quel moment il entend
appeler le projet de loi 103, Loi sur la Société d'Investissement
Jeunesse?
Le Président: M. le leader du gouvernement, la
Société d'Investissement Jeunesse.
M. Gratton: Sûrement pas cette semaine. On donnera un avis
de quelques jours à Mme la députée, mais ce ne sera pas
cette semaine.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Chevrette: M. le Président, quand un ministre prend
avis d'une question - je pense entre autres à l'avis de la question qui
a été pris par le ministre des Affaires municipales face au
député de Shefford -est-ce qu'il y a un arrimage qui se fait avec
le leader du gouvernement pour savoir quand les compléments de
réponse doivent venir?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Non, M. le Président. Évidemment, quand
un ministre, en vertu de l'article 80, qui permet à un ministre de
prendre avis de la question et de décider à quel moment y donner
réponse, décide de se prévaloir de ces dispositions et en
donne avis au président, comme il se doit, je suis informé
à titre de leader, mais je n'ai pas de travail de coordination à
faire de ce côté.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je pose la question pour
les motifs suivants...
Le Président: Est-ce possible de répéter
votre question? Elle s'adressait à moi? (15 h 10)
M. Chevrette: Oui. M. le Président, je vous pose la
question pour les motifs suivants. Le ministre des Affaires municipales a pris
avis d'une question du député de Shefford, la semaine
dernière. Aujourd'hui, à une question "plantée" par le
pouvoir, il répond d'une certaine façon à la question du
député de Shefford. Il me semble qu'il y a
un "fair play" qui doit exister en cette Chambre et, quand on prend avis
d'une question, on doit au moins s'attendre à une réponse,
surtout que ce n'est pas un mystère que de demander l'état d'une
situation ou d'un dossier. Entre vous et moi, cela fait au-delà d'une
semaine déjà. C'est juste cela que je voulais passer comme
message.
Le Président: Cela va. Je comprends très bien parce
qu'on a eu des problèmes, la semaine dernière, avec les
compléments de réponse et une additionnelle. Maintenant, si nous
prenons le texte de l'article 80, c'est si le ministre décide d'y
répondre, mais il n'y a pas de délai. Je comprends qu'il y aurait
peut-être lieu, à un moment donné, d'éclairer ou
d'éclaircir tout le contenu de cet article 80 mais, pour le moment, il
n'y a pas de délai requis pour permettre ou obliger un ministre à
répondre, même s'il a pris avis ou s'il n'a pas pris avis.
Est-ce qu'il y a d'autres renseignements concernant les travaux de
l'Assemblée? Alors, nous allons maintenant procéder aux affaires
du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, je vous prierais d'appeler l'article 59 du
feuilleton, M. le Président.
Projet de loi 125 Adoption
Le Président: Alors, à l'article 59 du feuilleton,
M. le ministre de la Justice présente pour adoption le projet de loi
125, c'est-à-dire la Loi modifiant le Code de procédure civile en
matière de témoignage hors de cour et de saisie.
Je vais maintenant céder la parole au premier intervenant sur ce
projet de loi 125, M. le ministre de la Justice.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. J'ai un discours
très court aujourd'hui puisqu'il s'agit d'un projet de loi qui comporte
seulement quelques articles. Le projet de loi 125, comme son titre l'indique,
modifie le Code de procédure civile en matière de
témoignage hors de cour et de saisie. En matière de
témoignage hors de cour, il vise à permettre au demandeur de
témoigner hors de cour dans les instances en séparation de corps
et en divorce, lorsque le défendeur a fait défaut de
comparaître ou de plaider. En matière de saisie, il indique que
les nouvelles exceptions de saisie de salaire introduites par le projet de loi
72 de 1986 s'appliquent, à compter du 1er janvier 1987, aux saisies de
salaire dont le bref a été délivré avant le 1er
août 1986.
Je tiens à souligner, Mme la Présidente, que le projet de
loi 125 a reçu l'assentiment unanime de cette Assemblée lors de
l'adoption de son principe, le 13 novembre dernier. Je propose donc que cette
Assemblée adopte la Loi modifiant le Code de procédure civile en
matière de témoignage hors de cour et de saisie. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de la Justice.
M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, Mme la Présidente. Sait-on
qu'au Québec il y a, en 1985 par exemple, 15 000 divorces et 5300
séparations de corps, ce qui veut dire un total d'environ 20 000
procédures visant à attaquer le mariage entre deux parties. Sur
ce nombre, environ 90 %, ce qui fait 18 000 procédures, ne sont pas
contestées. Ceci veut dire, grosso modo, que dans 18 000 cas -c'est
quand même un chiffre très explicite -une partie doit se
déplacer et se présenter devant un juge de la Cour
supérieure, souvent accompagnée de témoins, pour faire
valoir les motifs pour lesquels elle demande la séparation de corps ou
le divorce. C'est un nombre effarant.
Or, le projet de loi que nous adopterons, espérons-le, dans
quelques minutes, vise à faire en sorte que, dans ces cas, les
épouses ou les époux désireux d'attaquer leur mariage
puissent, au lieu de se présenter devant un juge de la Cour
supérieure, déposer leur témoignage dans un affidavit ou
devant sténographe, comme nous disons en jargon judiciaire.
Je pense qu'il est utile de souligner que pour la majorité des
gens, se présenter devant un juge signifie souvent non pas un
traumatisme - le mot est fort - mais des inconvénients sérieux.
Pourquoi? En général, pour la majorité des justiciables au
Québec, quand on se présente au palais de justice, cela veut dire
qu'il y a un litige, il y a un problème. Quand c'est au criminel, cela
veut dire qu'il y a un litige opposant la société à un
individu; quand c'est au civil, cela veut dire qu'il y a un litige entre deux
parties, qu'on ne peut pas s'entendre et on demande au juge de trancher. Il y a
une certaine charge que je qualifierais d'émotive reliée au fait
de se présenter devant un juge.
Dans ce cas-ci, étant donné que les parties sont
consentantes, sont d'accord pour affecter le lien du mariage qui les unissait,
on fait en sorte de leur enlever ce fardeau émotif et cette perte de
temps, dans certains cas. On sait que les rôles ont été
considérablement améliorés depuis trois ans, notamment en
Cour supérieure, mais quand même, les parties doivent souvent
attendre
leur tour d'être appelées devant le juge. Les époux
qui s'entendent et ne désirent pas se quereller, qui ne désirent
pas exposer leur point de vue d'une façon contradictoire, les parties
qui sont dans ces situations matrimoniales déjà décrites
pourront, avec le projet de loi 125 dont nous avons adopté le principe
et que nous avons également étudié en commission
parlementaire article par article, régler judiciairement le
problème de leur mariage d'une façon plus simple, d'une
façon moins traumatisante et d'une façon, je pense, plus
civilisée. Encore une fois, il s'agit là de matières qui
ne sont pas contestées.
Il est à noter - je tiens à le souligner - que le mariage
a toujours été, continue et continuera d'être une
matière d'ordre public qui fait en sorte que le juge qui aura devant lui
les pièces justificatives pour accorder la séparation ou le
divorce pourra, s'il le juge à propos, requérir la
présence des parties. Je ne voudrais pas qu'on pense que ce projet de
loi 125 vient instaurer une façon détournée de
régler les problèmes. Le juge aura toujours la main haute sur le
dossier pour l'étudier, étudier les témoignages,
étudier les affidavits et ce sera sa discrétion. Comme toujours,
il pourra appeler les parties et les entendre pour obtenir des explications
supplémentaires ou obtenir un éclairage additionnel sur tel ou
tel point de vue mentionné dans les procédures.
C'est donc dire que ce projet de loi qui a l'air de peu de choses
revêtira quand même, dans les années à venir, une
importance considérable pour les parties à un litige matrimonial.
Souhaitons ensemble que ce nombre de séparations et de divorces diminue,
ce nombre qui est relativement important au Québec et qui l'a toujours
été depuis l'instauration de la nouvelle Loi sur le divorce, en
1970, si ma mémoire est exacte. Chose certaine, le projet de loi que
nous adoptons aujourd'hui en Chambre ne viendra pas l'augmenter; je pense que
c'est important.
J'ai eu des commentaires dans mon comté sur ce projet de loi. Des
personnes nous avaient écoutés lors du débat sur
l'adoption du principe et nous ont dit: Est-ce que vous voulez faciliter le
divorce? Non, on sait que le divorce, de toute façon, est de juridiction
fédérale. Ce que le projet de loi vient faciliter, c'est
plutôt la procédure et, si l'on veut, le processus judiciaire qui
sera plus conforme à nos moeurs, plus conforme à
l'évolution que la société québécoise a
connue ces dernières années. (15 h 20)
Nous ne pouvons donc, à ce stade-ci, que réitérer
notre appui. Je dis "réitérer" parce qu'on a déjà
donné notre appui au ministre de la Justice qui connaît notre
sensibilité vis-à-vis de ce projet de loi et qui connaît le
fait que nous concourons à son adoption. Donc, nous
réitérons notre appui à l'adoption de ce projet de loi
dont le but principal est, encore une fois, la simplification de la
procédure en matière de divorce ou de séparation non
contesté. Je tiens à le souligner avec davantage d'emphase.
Lorsqu'il y aura des positions différentes en ce qui concerne la garde
des enfants ou la pension alimentaire, les parties pourront toujours s'adresser
à un juge qui sera appelé à trancher le litige qui les
oppose. Cette simplification de procédure ne concerne que les cas
où il y a entente et parfaite entente entre les époux sur les
modalités de leur séparation ou de leur divorce.
Également, le projet de loi 125 vient corriger certains petits
oublis du ministre de la Justice en ce qui concerne le projet de loi 72 que
nous avons adopté le printemps dernier relatif à des saisies et
à la protection minimale que nous accordons dorénavant aux
débiteurs qui font l'objet de saisies. Des petits oublis que nous
oublierons à notre tour et dont nous ne ferons pas de plat. Le projet de
loi 72 avait été adopté relativement rapidement. Nous
l'avions regardé ensemble avec le ministre de la Justice de l'oeil le
plus critique possible. Il se glisse des oublis, et c'est normal. Un texte de
loi n'est jamais parfait, un texte de loi ne devient jamais une table de
Moïse. En ce sens, il est bon de souligner qu'on a choisi le processus
législatif suivant, du côté du gouvernement, qu'on nous
avait reproché à l'époque. Le projet de loi 125 concerne
des matières matrimoniales. On est venu corriger certains petits oublis,
ce qui est tout à fait normal, mais on a choisi comme véhicule
législatif un projet de loi déjà existant.
Enfin, le divorce et la séparation qui, je tiens à le
souligner, sont toujours considérés par les conjoints comme des
décisions très sérieuses, se voient maintenant
simplifiés. Cela n'enlève pas le caractère parfois
dramatique mais toujours sérieux des procédures qui,
malheureusement, font en sorte que deux époux s'affrontent. Par ce
projet de loi, je le réitère une dernière fois, nous
fournissons un outil précieux aux avocats mais aussi aux parties. Je les
invite à utiliser autant que faire se peut, lorsqu'il n'y a pas de
contestation, la voie de la simplification qui fait en sorte que, dans certains
cas très rares où il n'y a vraiment absolument aucun litige,
aucune mesure accessoire en suspens, comme on dit dans le jargon judiciaire,
les parties pourront simplifier davantage cette procédure en se
présentant elles-mêmes devant les tribunaux.
Encore une fois, j'invite la population à la prudence de ce
côté. Dès qu'il y a des enfants, dès qu'il y a des
droits en péril, nous devons inciter les parties à consulter des
avocats, des conseillers juridiques, afin que ceux-ci puissent leur donner le
maximum
d'éclairage. Vous aurez compris qu'à ce stade-ci de
l'étude du projet de loi, en troisième lecture, il nous fait
plaisir d'apporter au ministre de la Justice notre concours à son
adoption. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Taillon.
En réplique? Pas de réplique. Le débat étant
clos, est-ce que le projet de loi 125, Loi modifiant le Code de
procédure civile, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, je vous prierais d'appeler
maintenant l'article 42 du feuilleton.
Projet de loi 150 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Nous allons donc débattre
l'adoption du principe du projet de loi 150, Loi sur les forêts,
présenté par M. le ministre délégué aux
Forêts.
M. le ministre délégué aux Forêts.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, le projet de loi que nous allons débattre
aujourd'hui est un projet de loi très important pour les
Québécois et les Québécoises, plus
spécialement ceux et celles qui vivent dans les régions. Quand je
parle de forêt, je parle aussi de notre environnement, je parle de notre
qualité de vie, je parle de la qualité de l'air, de l'eau pure,
du contrôle du débit des rivières et de l'érosion
des sols. La forêt concerne indirectement et directement tous les
Québécois sur ces aspects mais je parle aussi, comme cela fait
partie de mon mandat, de l'industrie forestière.
Le projet de loi 150, Loi sur les forêts, reprend
évidemment les principes fondamentaux contenus dans l'avant-projet de
loi déposé en septembre et qui a fait l'objet d'une commission
parlementaire. Il en diffère cependant quant à sa structure, sa
forme et son contenu du fait qu'il intègre des éléments
nouveaux qui ont fait l'objet de représentations lors de la commission
parlementaire.
Le 13 novembre dernier, en déposant devant l'Assemblée
nationale le projet de loi 150, intitulé Loi sur les forêts,
j'avais et j'ai toujours la conviction qu'il s'agit de la meilleure proposition
permettant de résoudre les problèmes auxquels sont
confrontées nos forêts et, par ricochet, toute l'industrie
forestière qui procure, comme vous le savez, un emploi sur dix au
Québec, directement ou indirectement.
Le projet de loi sur les forêts propose une réforme en
profondeur du système de gestion du domaine public et introduit des
notions nouvelles et des mesures pragmatiques pour assurer l'essor des
forêts privées. Le projet de loi 150 est sans contredit la
résultante la plus magistrale d'un effort de réflexion
élaboré à partir de constats pratiques et éloquents
et d'une volonté politique mûrement réfléchie et
énoncée à plusieurs reprises durant la dernière
campagne électorale. Nous aurons l'occasion, au cours des débats
précédant l'adoption de ce projet de loi, de saisir l'ampleur et
l'importance de cette ressource au chapitre du développement
économique des régions du Québec.
Nous aurons également l'occasion de mesurer l'apport
inégalé de cette ressource providentielle au chapitre des emplois
dans nos régions au Québec. Nous aurons aussi enfin l'occasion
d'évaluer l'actuel état lamentable de nos forêts, si
lamentable que nous pourrions faire face, à brève
échéance, à des ruptures de stock dans plusieurs
régions du Québec, notamment, en Abitibi-Témiscamingue, au
SaguenayLac-Saint-Jean et en Gaspésie. Ces trois facteurs
combinés, soit l'importance économique de la ressource, son
impact sur l'emploi dans les régions et l'état lamentable de nos
forêts justifient pleinement la nature urgente et radicale de
l'intervention gouvernementale dans ce secteur vital de l'économie du
Québec. Nous avons, hélas, perdu un temps trop précieux au
cours des dix dernières années pour nous permettre d'accuser de
nouveaux retards dans ce domaine.
C'est pourquoi, depuis ma nomination comme ministre
délégué aux Forêts, en décembre dernier, j'ai
consacré une très grande partie de mes énergies à
mettre sur pied ce projet de loi qui contient essentiellement des moyens
capables de nous permettre, en tant que société responsable, de
faire face aux problèmes qui sont nôtres en foresterie tout en
assurant notre développement socio-économique et en garantissant
la pérennité de ce patrimoine providentiel. (15 h 30)
Nos amis d'en face ont souvent parlé de l'état de nos
forêts. Ils en avaient également constaté la
désuétude. Ils ont longuement épilogué sur la
nécessité du développement régional.
Malheureusement, dans le domaine forestier comme dans bien d'autres, Mme la
Présidente, ils n'ont que beaucoup parlé et "parlotté". En
effet, mises à part des données administratives qui auraient
normalement dû les conduire à l'action, nos amis d'en face se sont
retranchés dans des consultations sans fin et dans la rédaction
de
documents, dont le plus important est le livre blanc intitulé
Bâtir une forêt pour l'avenir. Ce dernier document, comme beaucoup
d'autres publiés au cours des neuf dernières années de
leur mandat, n'a pas débouché sur des propositions
législatives concrètes et pratiques.
Mme la Présidente, le projet de loi 150 que j'ai
déposé ici même formule des propositions concrètes
et pratiques qui répondent à des réalités
auxquelles nous ne pouvons, collectivement, échapper. Voilà une
preuve supplémentaire, s'il en était besoin, qui témoigne
du préjugé favorable du gouvernement du Parti libéral pour
le développement économique du Québec en
général et des régions en particulier. Pendant trop
longtemps, nous avons cru que nos forêts étaient
inépuisables et qu'il suffisait de cueillir sans vergogne et au
gré des pressions, de nos besoins ou de nos fantaisies, les produits de
nos forêts. Nous avons trop longtemps cru que la nature pouvait suffire
à elle seule à réparer ces actions illimitées.
Les données d'inventaires effectués sur tout le territoire
et qui se poursuivent toujours montrent clairement que nous faisons face
à une réelle dichotomie entre la possibilité globale et
les allocations. Les demandes d'accroissement de volume continuent d'affluer au
ministère et nous sommes contraints, bien sûr, d'y répondre
négativement en toute logique. De plus, nous savons maintenant qu'en ne
changeant rien de ce qui se fait présentement nous faisons face à
des ruptures de stock sévères dans plusieurs régions du
Québec que j'ai mentionnées précédemment. C'est
pourquoi le gouvernement a décidé de minimiser les drames sociaux
engendrés par d'éventuelles fermetures d'usine en raison de
l'insuffisance de plus en plus chronique des matières ligneuses.
Mme la Présidente, si j'ai décidé d'accepter mon
mandat actuel, après une carrière entièrement
consacrée à la cause forestière, c'est que je savais qu'il
fallait une réforme de la gestion forestière au Québec. Je
savais aussi que le gouvernement libéral était fermement
décidé à procéder à cette réforme
fondamentale et essentielle. Dès le moment où j'ai assumé
mes fonctions de ministre délégué aux Forêts, je me
suis donc consacré à cette tâche. Le 19 juin dernier,
j'avais le plaisir et l'honneur de déposer à l'Assemblée
nationale un avant-projet de loi sur les forêts. Cet avant-projet de loi
proposait l'implantation d'un nouveau régime forestier au Québec,
régime basé sur les principes du rendement soutenu de nos
forêts et de leur pleine utilisation à des fins multiples.
Si j'ai choisi la formule de l'avant-projet de loi, c'est que j'avais
l'intention de la soumettre à la critique et de recevoir de la part des
intervenants du milieu forestier des suggestions et des recommandations
susceptibles de la bonifier. Au cours d'une commission parlementaire tenue
à cet effet à la fin de septembre, nous avons entendu des
représentants d'une quarantaine d'organismes invités et nous
avons reçu plus d'une quinzaine de mémoires non
sollicités, mais que nous avons analysés sous toutes leurs
coutures. L'ensemble des considérations formulées nous a permis
de procéder à la rédaction finale d'un projet de loi qui
tient compte des principales suggestions et recommandations.
Mais, avant de parler des suggestions majeures qui ont retenu mon
attention durant cette commission parlementaire et auxquelles j'ai donné
suite, j'aimerais, Mme la Présidente, effectuer un bref tour d'horizon
de la situation actuelle de nos forêts et des propositions
formulées dans le projet de loi. Nous verrons ensuite comment ces
propositions ont évolué vers la formulation du meilleur
régime forestier qui soit, c'est-à-dire un régime
forestier qui correspond à nos besoins, à nos moyens et qui saura
respecter des principes du rendement soutenu et de l'utilisation polyvalente de
nos forêts.
Examinons quelques éléments de la problématique
forestière du Québec. D'abord, le volume de bois alloué
aux utilisateurs dépasse considérablement la possibilité
forestière de production du territoire forestier. En effet, depuis
quelques années, l'allocation actuelle à l'industrie
s'élève à 31 000 000 de mètres cubes annuellement
en résineux tandis que la possibilité forestière du
territoire actuellement accessible n'est que de 18 000 000 de mètres
cubes annuellement, ce qui représente un écart important de plus
de 30 %.
Heureusement, depuis les cinq dernières années, la coupe
moyenne n'a été que de 20 000 000 à 21 000 000 de
mètres cubes annuellement. De plus, il ne faudrait pas oublier la
tordeuse des bourgeons de l'épinette qui, lors de la dernière
épidémie, a contribué grandement à réduire
les volumes de bois disponibles au Québec qui équivalent à
environ dix ans de production et de transformation.
Cette situation n'est pas que mauvaise, car elle comporte en soi une
partie de la solution. La forêt résineuse produit peu, soit
environ 0,87 mètre cube à l'hectare mais elle pourrait produire
beaucoup plus. Le nouveau régime forestier, avec des nouvelles pratiques
de gestion d'aménagement forestier et de récolte, devrait
permettre d'augmenter le niveau de production à plus de 1,23
mètre cube à l'hectare, ce qui est quand même très
peu comparativement à certains pays Scandinaves et à certaines
provinces voisines.
Un autre facteur limite le développement du secteur forestier. Il
s'agit du mode d'allocation des bois aux industries. La
politique de 1972 prévoyait l'abolition de toutes les concessions
forestières et leur remplacement par des conventions et des contrats
d'approvisionnement, ceci afin de favoriser une meilleure utilisation du
territoire forestier. Malheureusement, cet objectif n'a pas été
atteint ou ne l'a été que très partiellement.
Le Québec ne peut plus se permettre une sous-utilisation du
potentiel forestier pas plus qu'une dilapidation d'une ressource naturelle si
importante. Entre 1976 et 1985, à peine 30 % des concessions
forestières ont été révoquées. Il n'y a pas
que le type d'allocation qui soit en cause. Il y a aussi les pratiques de
récolte qui n'assurent pas le renouvellement de nos forêts. Avec
les pratiques actuelles, il n'y a que 45 % environ des superficies
coupées qui se régénèrent adéquatement et
rapidement. Il y a bien eu des efforts dans le passé, depuis une
quinzaine d'années, pour accroître le potentiel forestier mais ces
actions touchaient surtout les grandes superficies de terres abandonnées
par l'agriculture.
En forêt privée, certains producteurs et certaines
associations de producteurs ont aussi procédé à
l'aménagement de superficies forestières. Ces efforts, bien que
notables, sont maintenant insuffisants. De nouvelles pratiques de
récolte et d'aménagement doivent être envisagées
tant en forêt publique qu'en forêt privée. Par ailleurs, la
pression pour l'utilisation du milieu forestier à d'autres fins que la
récolte de matières ligneuses s'est également
accentuée au cours des dix dernières années. La
préservation de la qualité de l'environnement et le maintien des
diverses fonctions du milieu, soit la chasse, la pêche, la
récréation, ces fonctions ont pris une importance
considérable aux yeux de la population et du gouvernement
libéral.
Les investissements industriels dans ce contexte, le maintien de la
capacité concurrentielle de l'industrie forestière
nécessitent des investissements annuels importants. Ils se sont
élevés à près de 5 000 000 000 $ depuis 1979 au
seul chapitre des immobilisations et des réparations, notamment par le
biais du programme de modernisation du secteur des pâtes et papiers.
Des investissements d'une telle ampleur ne peuvent s'envisager à
nouveau dans un contexte d'insécurité reliée tant au
déficit de bois prévu qu'à des contraintes de plus en plus
nombreuses pour l'industrie. Il devient donc urgent de mettre en place un
régime de gestion forestière qui garantisse des
approvisionnements de bois sur une longue période afin de rentabiliser
à long terme les investissements consentis et à consentir par
l'industrie. C'est ce que propose le nouveau régime forestier.
Mme la Présidente, le milieu forestier est constitué d'un
ensemble de ressources interreliées. La forêt ne peut être
considérée simplement comme une source de matière
première pour l'industrie. En effet, elle contribue au maintien de
l'équilibre naturel par le rôle biologique qu'elle joue comme
habitat faunique et aussi par son action physique sur le sol, l'eau et l'air.
C'est enfin un des éléments prépondérants du cadre
de vie des Québécois et des Québécoises. (15 h
40)
La protection des forêts et des ressources présentes dans
le milieu forestier fait partie intégrante du mandat du ministère
de l'Énergie et des Ressources. Trois éléments du
régime forestier traduisent tout particulièrement les
préoccupations du ministère en ce domaine: l'affectation des
terres publiques, l'application d'un guide des modalités d'intervention
en milieu forestier et l'élaboration d'une politique d'utilisation des
pesticides.
D'abord, l'affectation des terres publiques qui a été
préparée par le ministère de l'Énergie et des
Ressources en collaboration avec les ministères responsables de la
gestion des ressources, de la protection de l'environnement et la conservation
du patrimoine. Cette affectation qui réflète la position
gouvernementale en matière d'utilisation des terres publiques a
été transmise à chacune des municipalités
régionales de comté pour être intégrée
à leur schéma d'aménagement. L'affectation des terres
publiques permettra à l'ensemble des intervenants publics et
privés d'avoir une vision d'ensemble de l'utilisation actuelle et future
des ressources du domaine public ainsi que du niveau de protection à
leur accorder. L'affectation des terres publiques permet ainsi de
connaître et de localiser de façon détaillée des
terres qui nécessitent une protection particulière, ceci en
raison des ressources et des équipements qu'elles supportent ou pour
leur valeur exceptionnelle du point de vue écologique,
esthétique, historique ou culturel. Ces terres et les ressources qui y
sont présentes se verront accorder une protection particulière
lors de la conduite d'activités forestières par l'application de
mesures contenues dans le guide des modalités d'intervention en milieu
forestier.
Mme la Présidente, ce guide a été
préparé par le ministère de l'Énergie et des
Ressources, secteur de la forêt, en collaboration avec le
ministère de l'Environnement et le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Je l'ai présenté officiellement lors
d'une conférence de presse tenue le 10 septembre dernier, à
laquelle participaient mes collègues de l'Environnement et du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Le guide contient un exemple des
modalités qui doivent être appliquées par tous les
intervenants lors de la réalisation
d'activités forestières sur les terres publiques. Ce
document définit les mesures générales de protection pour
l'ensemble du milieu forestier ainsi que les mesures particulières qui
permettront d'assurer une protection adéquate des différentes
ressources et le maintien des fonctions de production du milieu forestier.
Dans le projet de loi, ce guide se traduit concrètement par un
pouvoir réglementaire du gouvernement visant à assurer le
maintien ou la reconstitution du couvert forestier, la protection des diverses
ressources du milieu forestier et la compatibilité des activités
qui s'exercent dans chacune des zones définies dans le plan
d'affectation des terres du domaine public. Les modalités d'intervention
forestière sont les pratiques sylvicoles qui définissent la
nature et l'intensité des prélèvements de matière
ligneuse pour chacun des sites et zones identifiés sur la carte
d'affectation des terres publiques. Leur application sera obligatoire pour tout
intervenant forestier sur les terres publiques. Leur respect est assuré
par l'introduction de sanctions qui, non seulement pénalisent le
contrevenant, mais permettent d'assurer la remise en état du territoire
perturbé.
L'État étant propriétaire de près de 90 % du
territoire forestier du Québec, la forêt occupe une place
suffisamment importante pour que celle-ci constitue le centre du programme
d'action proposé par le gouvernement.
Examinons maintenant les principaux éléments de la
nouvelle gestion des forêts du domaine public. L'ensemble des mesures
proposées vise d'abord à redonner aux utilisateurs des
responsabilités en matière de planification des interventions en
forêt et aussi à leur donner de nouvelles responsabilités
en matière de mise en valeur des forêts publiques. Cette
orientation apporte un nouveau "partnership" entre l'industrie et
l'État. Concrètement, le ministère entend se retirer
progressivement de toutes les activités reliées à
l'exécution. Il conservera cependant la responsabilité de la
lutte contre les insectes et les maladies des arbres, la production d'une
partie des plants pour le reboisement ainsi que la remise en production des
superficies en arrérages. Ce travail pourra d'ailleurs être
délégué à un organisme ou exécuté
à contrat. Le rôle du ministère s'orientera davantage vers
la gestion des objectifs, la distribution de la ressource et le contrôle
de la réalisation des travaux d'intervention nécessaires à
l'atteinte des objectifs fixés par le ministère, des suggestions
quant au choix des pratiques sylvicoles et ceci à l'intérieur
d'un cadre réglementaire et surtout de l'exécution de tous les
travaux.
Dans le but, Mme la Présidente, d'assurer la
pérennité de la ressource forestière et de
l'activité économique qui en découle, la gestion de la
forêt publique se fera désormais sur la base du respect de la
possibilité forestière à rendement soutenu. Ce principe
implique que cette possibilité soit respectée en premier lieu
lors de l'allocation de matière ligneuse sur la forêt publique et
en deuxième lieu lors des interventions relatives à
l'aménagement, la protection, l'utilisation de la forêt. Tout cela
doit viser à maintenir et accroître ce rendement.
Le principe du rendement soutenu s'appliquera pour toutes les essences
résineuses ainsi que pour toutes les essences feuillues qui feront
l'objet d'une allocation, ce qui signifie que la possibilité annuelle de
coupe sera égale au volume maximum des récoltes annuelles que
l'on pourra prélever à perpétuité dans une
unité d'aménagement sans diminuer la capacité productive
du milieu forestier.
Le nouveau régime forestier vise essentiellement à
impliquer l'industrie forestière dans l'aménagement de la
forêt tout en lui assurant un approvisionnement à long terme. Il
doit aussi permettre la remise en production du territoire selon des
règles bien définies. Si l'allocation constitue
l'élément le plus significatif, les principes et les
règles de gestion en sont la base, puisqu'ils permettent de
définir les conditions dans lesquelles s'exerceront les droits et
obligations de l'industrie bénéficiant d'une allocation sur les
forêts publiques. Ce nouveau régime forestier dont l'implantation
présuppose des modifications majeures en termes de gestion de la
ressource nécessite l'abolition des modes de tenure et d'allocation
actuels telles les concessions forestières et les forêts
domaniales et, aussi, le remplacement de ceux-ci par des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier en échange.
Le contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier vise
deux objectifs principaux: premièrement, il veut donner à
l'industrie toute l'assurance possible qu'elle pourra s'approvisionner
continuellement et conformément à ses besoins réels dans
les forêts publiques. Cette assurance concrétisera le droit
d'obtenir annuellement un permis d'intervention sur un territoire
délimité désigné désormais sous le vocable
d'unité d'aménagement. Le droit conféré au
bénéficiaire d'un contrat est donc un droit réel
immobilier qui peut être utilisé en garantie. Le deuxième
objectif du contrat est la remise en production du territoire. Cette remise en
production sera exigée en contrepartie du droit octroyé. Elle
fera partie des obligations des utilisateurs et se traduira par des objectifs
précis quant aux travaux à réaliser. Les objectifs de
remise en production seront spécifiés pour chaque unité
d'aménagement en tenant compte de
ses caractéristiques propres. L'utilisateur sera donc tenu de
réaliser chaque année et à ses frais les travaux
sylvicoles nécessaires pour atteindre, au terme de la rotation, le
rendement annuel prévu dans son contrat. Si les travaux ne sont pas
réalisés par les utilisateurs, le ministère en assumera
l'exécution et facturera aux utilisateurs les frais encourus.
Le fait de définir l'objectif de production par un rendement nous
permettra d'éviter les difficultés rencontrées par
certaines autres provinces, notamment l'Ontario qui, après cinq ans, a
fait réexaminer en profondeur son régime forestier par le doyen
de la Faculté de foresterie du Nouveau-Brunswick, M. Gordon Baskerville.
Si un utilisateur dépasse le rendement fixé au contrat, le projet
de loi prévoit que tout accroissement de la possibilité
résultant de ses travaux lui est attribué et cela, sans que ce
volume soit inclus dans le calcul des droits prescrits. Il s'agit là,
Mme la Présidente, d'un incitatif permettant à un
bénéficiaire de satisfaire un accroissement éventuel de
ses besoins par un aménagement intensif.
Les objectifs de mise en production feront partie intégrante du
contrat d'aménagement forestier, ce qui implique l'obligation pour
chaque utilisateur d'assurer la planification de toutes les interventions
nécessaires pour atteindre le rendement prévu au contrat. Cette
planification s'élaborera à partir du contenu du manuel
d'aménagement des forêts.
Le contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier sera le
même sauf pour les volumes alloués et le rendement à
atteindre pour toutes les usines qui bénéficieront d'une
allocation de bois dans les forêts publiques. La durée sera de 25
ans dans tous les cas, renouvelable à tous les cinq ans si
l'établissement servant à la transformation du bois fonctionne
normalement et si le bénéficiaire s'est conformé aux
obligations prévues par le contrat, la loi et les règlements. (15
h 50)
Mme la Présidente, la forêt publique sera
considérée comme une source d'approvisionnement comme -les
autres. Au moment d'attribuer des volumes, le ministère tiendra donc
compte des autres sources telles que les grandes et les petites
propriétés privées, les copeaux, les sciures, la planure
et le bois d'importation. Ceci aura pour effet de réduire l'allocation
en bois rond en provenance des forêts publiques et de favoriser la
signature d'ententes à long terme entre les fournisseurs et les
utilisateurs. Le volume attribué sur les forêts publiques sera
donc établi pour chaque usine par le ministre pour la durée du
contrat en tenant compte, notamment, du volume moyen ajusté pour raisons
majeures, des bois ronds utilisés à même le domaine public
par le bénéficiaire au cours des cinq dernières
années et des autres sources d'approvisionnement mentionnées
précédemment. Cela ne s'applique évidemment que pour les
bénéficiaires déjà en opération et dont les
droits seront résiliés du fait de l'entrée en vigueur de
la loi 150.
Mme la Présidente, je voudrais insister sur le fait que,
contrairement à ce qui prévaut trop fréquemment
actuellement, aucun utilisateur n'aura l'exclusivité de l'utilisation
d'un territoire. En effet, de façon à favoriser l'utilisation
optimale des bois, le projet de loi prévoit l'attribution à
plusieurs bénéficiaires d'un contrat sur une même
unité d'aménagement, que ce soit pour des essences ou des
utilisations différentes. Dans ce cas, ces différents
bénéficiaires à l'intérieur d'une même
unité d'aménagement devront planifier leurs interventions de
manière à assurer l'intégration de leurs activités
d'aménagement forestier.
Enfin, Mme la Présidente, le présent projet de loi
confère de façon explicite le pouvoir au ministère
d'octroyer un permis d'intervention à un utilisateur qui ne
reçoit pas tout l'approvisionnement dont il a besoin. Ce pouvoir
d'octroyer une garantie de suppléance correspond, pour l'essentiel,
à des demandes formulées par plusieurs intervenants et même
par l'Opposition lors de la commission parlementaire sur l'avant-projet de
loi.
Mme la Présidente, tout industriel qui obtient l'autorisation de
récolter des bois à des fins commerciales doit évidemment
payer une redevance à l'État. Cette redevance sera égale
à la valeur marchande des bois sur pied. Cette valeur est fonction des
fluctuations du marché, lequel est conditionné notamment par les
facteurs suivants: le jeu de l'offre et de la demande, les prix, le pouvoir
d'achat, les coûts d'exploitation et la localisation des bois ainsi que
le coût de toutes les obligations préalables ou
subséquentes à la coupe sur forêt publique telles que la
remise en production et la protection. Ces redevances seront établies
par essence ou groupe d'essences en fonction de la meilleure stratification du
territoire en zone tenant compte, entre autres, des difficultés des
récoltes et de la qualité des bois. Elles seront
réajustées périodiquement. De plus, les redevances seront
établies en partie sur le volume alloué en vertu du contrat et en
partie sur le volume coupé.
Pour réaliser son programme d'action visant à la mise en
production du territoire forestier, le ministère entend s'associer aux
utilisateurs. Même si le ministère définit les
responsabilités respectives des deux parties, le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers signé entre
l'industrie et le ministère ne pourra détailler toutes les
actions qui devront être posées dans le cadre
de cette entente. Le manuel d'aménagement viendra donc
préciser et suggérer les modalités d'exécution de
ce contrat. Son contenu est en préparation au ministère, en
collaboration avec l'industrie forestière et les principaux intervenants
du secteur. Le manuel d'aménagement forestier traite de l'aspect
technique des travaux sylvicoles qui devront être effectués par
les utilisateurs, du rendement des travaux, des hypothèses de calcul de
la possibilité forestière ainsi que des modalités de
vérification par le ministère.
Les utilisateurs trouveront entre autres, dans ce document, la forme et
le contenu des plans d'aménagement qu'ils devront soumettre au
ministère. On énumérera tous les règlements qui
régissent l'utilisation de la forêt ainsi que les
différentes normes et échéances que l'utilisateur sera
tenu de respecter. Le manuel servira, en somme, de guide pour la planification,
l'exécution et le suivi des travaux d'exploitation et
d'aménagement de la forêt.
Mme la Présidente, j'aimerais maintenant aborder un sujet qui n'a
pas été l'objet de discussions en commission parlementaire, mais
qui permet de répondre à de multiples inquiétudes
soulevées lors de cette commission. Il s'agit de la question des
réserves forestières. Le projet de loi 150 prévoit la
création de réserves forestières aménagées
par le ministre dans le respect des principes généraux de la loi
et constituées à même des territoires où ne
s'exercera aucun contrat d'aménagement et d'approvisionnement.
De façon générale, le bois produit dans ces
réserves lors de la réalisation des travaux d'aménagement
sera vendu aux enchères. Cela nous permettra, entre autres,
d'établir une véritable valeur marchande des bois. Ces
réserves permettront entre autres au gouvernement d'assurer un
approvisionnement de suppléance favorisant l'implantation ou l'expansion
d'usines au Québec. Par ailleurs, ces réserves permettront
d'englober des forêts consacrées à l'enseignement et la
recherche, à l'éducation en conservation et à
l'expérimentation.
Parlons maintenant de la forêt privée qui représente
10 % de l'ensemble des forêts productrices au Québec. Elle se
retrouve en majorité dans la partie sud du Québec, là
où se trouvent la main-d'oeuvre, les infrastructures et les meilleurs
sites. Elle est partagée entre quelque 120 000 propriétaires.
Bien que son rôle soit souvent méconnu par rapport à celui
des vastes ressources publiques, la forêt privée n'en occupe pas
moins une place importante dans l'approvisionnement de l'industrie puisqu'elle
contribue pour plus de 20 % des besoins des usines. Sa mise en valeur et son
exploitation ont des impacts économiques et sociaux
considérables, et ceci dans un très grand nombre de
municipalités rurales. Elle doit donc contribuer davantage à
l'approvisionnement des usines pour permettre au secteur forestier de
poursuivre son développement.
Considérant que la forêt privée constitue un apport
important dans le développement du secteur forestier, le nouveau
régime forestier ne pouvait négliger la mise en valeur de ces
territoires. Cependant, l'État n'étant pas le propriétaire
de ces terrains, seules des mesures incitatives peuvent être
utilisées pour favoriser leur aménagement, et ces mesures seront
maintenant disponibles à tous les producteurs reconnus. C'est dire qu'un
propriétaire ou une entreprise sera reconnu producteur forestier s'il
détient une superficie minimum de dix hectares d'un seul tenant, de
terrains à vocation forestière et s'il s'adonne activement
à sa mise en valeur pour la production de matière ligneuse.
À court terme, son terrain devrait être soumis en plan simple de
gestion signé par un ingénieur forestier et le ministère
se chargera lui-même de reconnaître, à leur demande, les
producteurs forestiers et, en conséquence, mettra sur pied une structure
d'accueil nécessaire. Le mécanisme prévoit une
identification du terrain de façon à permettre au
ministère de connaître plus exactement le territoire sous
juridiction privée consacré à la production de
matière ligneuse.
Un producteur forestier reconnu jouit évidemment de certains
privilèges, notamment au niveau de la taxe foncière. En effet, 85
% des taxes foncières sur sa propriété en production
forestière lui seront remboursées s'il satisfait aux conditions
proposées. Le statut de producteur forestier s'adresse à tous les
propriétaires forestiers, peu importe la superficie qu'ils
détiennent au-dessus de dix hectares, qu'ils soient ou non
propriétaires d'une usine de transformation ou qu'ils soient ou non
regroupés au sein d'un organisme de gestion en commun. (16 heures)
Être reconnu producteur forestier deviendra une exigence minimale
pour bénéficier de plusieurs programmes du ministère tels
que le crédit forestier, l'achat ou la location d'une terre
forestière publique ou les subventions pour les travaux
d'aménagement tels que le drainage, les coupes d'éclaircie, les
coupes de conversion. Le projet de loi prévoit que le statut du
producteur forestier et, par ricochet, les avantages qui en découlent,
peuvent être accordés à un organisme sans but lucratif
voué à l'enseignement et à la recherche comme
l'Université Laval qui gère la forêt Montmorency à
des fins de recherche et d'enseignement.
Actuellement, plus de 5000 cartes de producteur forestier ont
été délivrées au
Québec, et il est prévu que ce nombre passera à 10
000 d'ici à la fin de l'année financière. Le projet de loi
permet au ministre de favoriser le remembrement des forêts privées
et leur mise en valeur par la signature de conventions de gestion dans les
réserves forestières situées dans une municipalité.
Quant à la protection, je considère toujours que la
prévention est ce qui coûte le moins cher. J'ai l'intention
d'accorder aux bénéficiaires une plus grande participation dans
la confection des plans de prévention et de lutte contre les maladies et
les insectes. Le projet de loi reconduit, en les améliorant lorsque
nécessaire, les dispositions de la loi actuelle contre les feux de
forêt, parce que le Québec dispose déjà du meilleur
système au monde. Je tiens à maintenir le mandat actuel des
sociétés de conservation, ne serait-ce qu'en raison de
l'expertise qu'elles ont développée et de leur "performance" dans
la lutte contre les incendies, où elles excellent. Par contre, le projet
de loi confère au bénéficiaire d'un contrat un rôle
important en matière de prévention et de protection contre les
maladies et les insectes. Le projet de loi laisse la porte ouverte à de
nouvelles structures de protection contre les insectes et les maladies.
Le présent projet de loi a permis de simplifier la
législation existante soit en abrogeant des lois désuètes
ou en en intégrant d'autres comme la Loi sur l'utilisation des
ressources forestières. Ces modifications se retrouvent entre autres
dans la partie IV du projet de loi.
D'un autre côté, beaucoup d'intervenants ont signalé
au cours de la commission parlementaire que l'avant-projet de loi
conférait trop de pouvoirs discrétionnaires au ministre. Nous
avons refait nos devoirs afin de réduire considérablement ces
pouvoirs discrétionnaires dans l'actuel projet de loi, en inscrivant
directement ces pouvoirs dans des articles de la loi. Nous avons, en fait,
balisé les pouvoirs discrétionnaires. Cela se reflète dans
la partie du projet de loi traitant des dispositions réglementaires.
J'ai voulu aussi acquiescer aux revendications voulant que la Loi sur les
forêts ait plus de mordant dans certains cas. L'Opposition aura
l'occasion de constater que la partie VI du projet de loi correspond à
ses demandes.
Sur un autre plan, j'ai expliqué, il y a quelques instants, que
le projet de loi prévoyait des dispositions favorisant le maintien ou la
création de forêts vouées à l'enseignement, à
l'expérimentation et à la recherche. Ces dispositions confirment
l'importance que le gouvernement reconnaît à la recherche
forestière. Afin de concrétiser davantage cette reconnaissance,
le projet de loi 150 prévoit la possibilité de constituer le
Conseil de la recherche forestière du Québec afin d'assurer la
planification, l'orientation, la coordination et le suivi de la recherche et du
développement scientifique et technique relativement à la
forêt québécoise. De plus, compte tenu de
l'évolution constante de la science forestière, le projet de loi
prévoit la possiblité pour le gouvernement de constituer un
Conseil de la forêt pour conseiller le ministre sur toute question
relative à la gestion des forêts québécoises.
Comme vous venez de le constater, le projet propose une transformation
radicale du mode de gestion des forêts du Québec. Vous comprendrez
qu'une modification aussi importante ne peut être réalisée
en 24 heures. Nous avons donc prévu une période de transition
qui, tout en maintenant les droits acquis sans vide juridique, permettra la
mise en place totale du nouveau régime forestier d'ici le 1er avril
1990.
Tous les membres de cette Assemblée conviendront avec moi que ce
projet de loi sur les forêts est d'une urgente nécessité.
Il y va en effet de l'avenir de l'économie québécoise.
L'industrie forestière est la source de plus de 8 000 000 000 $ de
produits forestiers et manufacturiers. L'industrie forestière est une
autre génératrice d'emplois bien rémunérés
dont les Québécois et les Québécoises ont un besoin
pressant. Cette industrie fournit, en gros, 35 % des emplois
générés par rapport à l'ensemble de l'industrie
manufacturière. Dans l'ensemble, l'industrie forestière fournit
du travail directement ou indirectement à 225 000 employés. Elle
constitue la seule ou la principale raison d'être de plus de cent
municipalités dans toutes les régions du Québec. Son
importance socio-économique est indiscutable.
Tous les membres de cette Assemblée conviendront aussi avec moi
que, connaissant l'état lamentable dans lequel nos forêts se
retrouvent aujourd'hui, il eût été indécent, pour ne
pas dire davantage, de ne pas intervenir pour corriger cette situation afin
d'assurer notre développement économique, pour favoriser le
développement de nos régions, pour maintenir le niveau d'emploi
dans cette industrie et pour accroître si possible le nombre d'emplois en
créant l'industrie sylvicole qui, selon nos estimations, fournira du
travail nouveau à plusieurs milliers de personnes dans nos
régions.
Il aurait mieux valu intervenir plus tôt, mais il n'est jamais
trop tard pour bien faire. Je sais que je pourrai compter sur la collaboration
de l'Opposition pour que ce projet de loi franchisse rapidement les
étapes réglementaires de procédure avant son adoption. Je
le sais parce que nos amis d'en face savent que ce projet de loi constitue le
meilleur moyen d'assurer le développement socio-économique des
régions qu'ils représentent ici même, à
l'Assemblée
nationale. Je le sais aussi parce que j'ai largement tenu compte, dans
la conception de ce projet de loi, des suggestions constructives que les
intervenants du milieu ont formulées lors de la commission parlementaire
sur l'avant-projet de loi.
Je sais enfin que je peux compter sur leur collaboration parce que, de
leur côté comme du nôtre, ils ne peuvent être contre
la vertu et le progrès, parce qu'ils ne peuvent être contre la
rationalisation, parce qu'ils sont également conscients que
l'intervention du nouveau régime forestier proposé par ce projet
de loi pourra contribuer à garantir la pérennité du
patrimoine forestier collectif pour nous, nos enfants et les
générations qui suivront.
En terminant, M. le Président, je veux rappeler à cette
Assemblée que le projet de loi sur les forêts répond
à un besoin urgent. Sans ce projet de loi, qui propose une
réforme en profondeur du mode de gestion actuel de nos forêts,
nous nous dirigions irrémédiablement vers des difficultés
et des problèmes douloureux pour quantité de travailleuses et de
travailleurs dans plusieurs municipalité, tout spécialement dans
les régions du Québec. Le gouvernement du Parti libéral
est conscient de la situation et c'est pourquoi nous n'avons pas tardé
à agir. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Duplessis.
Des voix: Bravo!
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Cette deuxième
lecture du projet de loi concernant les forêts qui fut appelée
aujourd'hui nous donne l'occasion de trasmettre certains désirs de
l'Opposition et certains désirs des forestiers et des forestières
dans un domaine qui nous occupe de près ici, au Québec.
Cependant, je voudrais dire au leader du gouvernement ainsi qu'au
gouvernement lui-même, et en particulier au ministre
délégué aux Forêts, que l'appel de ce projet de loi
aujourd'hui ne laisse que peu de temps aux papetières, aux
propriétaires d'usines de sciage ainsi qu'aux coopératives
forestières et à tous les autres intervenants de bien se
préparer face aux amendements qu'il sera possible d'apporter au cours
des prochaines semaines, soit en commission parlementaire, lors de
l'étude article par article ou autrement.
On sait qu'au cours des dernières semaines, et en particulier au
cours de la semaine dernière - je regrette que le ministre
délégué aux Forêts ne l'ait pas souligné -
deux intervenants principaux en matière forestière étaient
pris dans ce qu'on appelle la question des droits compensatoires. Au cours de
toute la semaine dernière, les industries du sciage ainsi que les
papetières ont été prises pour faire en sorte de
négocier ou encore de rencontrer - et ce, rencontre sur rencontre - des
intervenants du gouvernement du Québec et des intervenants du
gouvernement fédéral concernant la question des droits
compensatoires de 15 % actuellement imposés par le gouvernement
américain. (16 h 10)
Bien sûr, toutes les discussions ont porté sur ce droit
compensatoire de 15 % ainsi que sur la position du gouvernement
fédéral qui a été produite et où,
d'ailleurs, au cours des derniers mois, on n'a pas vu vraiment le gouvernement
libéral intervenir puisqu'il a laissé les choses aller dans ce
domaine. La position du gouvernement libéral avait des effets
très ambigus, démontrait une participation minimale du
gouvernement du Québec auprès du gouvernement
fédéral dans les négociations avec le gouvernement
américain, et j'en passe.
M. le Président, ce que je trouve cocasse aussi dans l'allocution
du ministre délégué aux Forêts, c'est qu'il n'est
aucunement question, au moins dans quelques paragraphes de son allocution, de
l'avenir de REXFOR, à savoir ce que REXFOR va faire dans tout ce domaine
forestier. Là-dessus, nous n'avons aucune réponse du
gouvernement. Lorsqu'un projet de loi aussi important que le projet de loi 150
sur les forêts est devant l'Assemblée nationale, où on a
vu, au cours des dernières années, une société
d'État comme REXFOR s'impliquer dans la grande majorité des
régions du Québec, en particulier en
Abitibi-Témiscamingue, au SaguenayLac-Saint-Jean, dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie et sur la Côte-Nord, je ne comprends
nullement l'attitude du gouvernement quant à l'avenir de REXFOR face
à ce nouveau régime forestier.
Encore plus cocasse, M. le Président, lorsque j'entends le
ministre délégué aux Forêts nous mentionner que cela
faisait partie du programme électoral lors des dernières
élections en 1985. Il me surprend beaucoup. Je ne voudrais pas dire que
le ministre a induit la Chambre en erreur, mais je peux dire, par exemple,
qu'il est à peu près le seul, sinon le seul de tous les candidats
et candidates du Parti libéral, à avoir soulevé cette
question lors de la campagne électorale. Là-dessus, vous me
permettrez certainement de le féliciter.
M. le Président, le projet de loi 150 sur les forêts est
d'une importance capitale pour l'économie du Québec. Que l'on en
juge. Cette industrie procure directement et indirectement du travail à
plus de 250 000 personnes, hommes et femmes du Québec, soit près
de 10 % du total des emplois. Le Québec s'apprête à tourner
une page
historique en mettant fin à l'ère de la récolte et
en obligeant l'industrie forestière à aménager nos
forêts. Le dernier énoncé de politique forestière
date de plus de quatorze ans, soit de 1972. Celle-ci avait alors comme objectif
principal la reprise du contrôle de l'allocation des bois par
l'État. Son application a contribué au développement de
l'industrie forestière du Québec et elle a favorisé
l'emprise des Québécois et des Québécoises sur leur
forêt.
Toutefois, les mesures préconisées ne convenant plus
à la conjoncture des années quatre-vingt ni aux perspectives
envisagées pour l'an 2000, dès 1984, le gouvernement du Parti
québécois a enclenché une refonte complète du
système de gestion de notre forêt en publiant un document situant
la problématique du secteur forestier. L'ex-ministre de l'Énergie
et des Ressources, M. Yves Duhaime, indiquait, dans son document de juin 1984,
que le surplus de matière ligneuse qu'on observait au Québec en
1970 n'existait plus. Le ministre délégué aux Forêts
l'a dit, mais il est bon de le répéter: Pour l'ensemble des
forêts publiques du Québec, la récolte moyenne de sapin,
d'épinette et de pin gris des cinq dernières années est de
20 800 000 mètres cubes et dépasse largement la
possibilité biophysique qui est évaluée à 18 000
000 de mètres cubes pour la forêt publique sur la base des
pratiques actuelles de récolte, alors que les garanties
d'approvisionnement s'élèvent à 31 700 000 mètres
cubes. Il est évident qu'à ce rythme nous aurons des
problèmes d'approvisionnement au cours des prochaines décennies
et, en particulier, dans certaines régions du Québec, par
exemple, l'Abitibi-Témiscamingue et le SaguenayLac-Saint-Jean. De
plus, il faut tenir compte Je problèmes comme l'épidémie
de la tordeuse des bourgeons de l'épinette qui a provoqué des
pertes de bois de l'ordre de 235 000 000 de mètres cubes, soit
l'équivalent de dix années de coupe.
Les consultations de 1984 et du début de 1985 ont
été suivies de la publication en juin 1985 d'un livre blanc par
l'ex-ministre délégué aux Forêts, notre
collègue de Laviolette, M. Jean-Pierre Jolivet. Le livre blanc
Bâtir une forêt pour l'avenir reconnaissait que les forêts
québécoises ont été gérées ces
dernières années sans souci constant de l'avenir et que,
dorénavant, la gestion des forêts publiques et privées doit
respecter la possibilité à rendement soutenu, ce qui signifie que
le niveau de la récolte de la matière ligneuse ne doit plus
jamais dépasser la capacité de renouvellement de notre
forêt sur un territoire donné.
Afin d'éviter les ruptures de stock, un vaste programme
d'aménagement doit être entrepris, incluant l'important programme
de reboisement lancé en 1983 par l'ancien gouvernement et maintenu par
le gouvernement actuel et qui permettra d'atteindre une vitesse de
croisière de 300 000 000 de plants au cours de l'année 1988.
Le livre blanc de 1985 confiait des nouvelles responsabilités
à l'industrie forestière. Celle-ci sera tenue de remettre en
production, à ses frais, les territoires sur lesquels elle aura
récolté la matière ligneuse. Ainsi, pour chaque arbre
coupé sur les terres publiques, les compagnies de pâtes et papiers
ainsi que les usines de sciage et de déroulage devront s'assurer de la
repousse d'au moins un arbre, soit par des traitements sylvicoles ou encore par
le reboisement.
Enfin, il faut signaler que le livre blanc Bâtir une forêt
pour l'avenir accordait une large place à la dimension écologique
de nos forêts en prévoyant la publication d'un guide des
modalités d'intervention en milieu forestier pour que l'industrie
aménage nos forêts dans le respect des exigences
écologiques des différents sites.
Le 19 juin dernier, soit un an après la publication du livre
blanc, le gouvernement libéral déposait un avant-projet de loi
sur les forêts. Il faut reconnaître d'emblée que les grands
principes directeurs de l'avant-projet de loi sur les forêts et l'actuel
projet de loi 150 comportent des éléments positifs
énoncés dans le livre blanc déposé le 11 juin 1985
par mon collègue de Laviolette alors qu'il était ministre
délégué aux Forêts, soit l'abolition des concessions
forestières sans compensation financière, l'objectif du programme
de reboisement d'atteindre une vitesse de croisière de 300 000 000 de
plants au cours de 1988, l'application du principe de rendement soutenu qui
confirme un niveau de récolte des bois correspondant à la
possibilité de la forêt à se régénérer
et le maintien de l'État en tant que gestionnaire de la ressource
forestière du Québec.
Bien sûr, il y a la participation de l'industrie forestière
et de coopératives forestières à l'aménagement de
nos forêts reconnaissant ainsi l'interdépendance des
opérations de récolte et de régénération. En
somme, chaque arbre coupé sera remplacé par au moins un arbre,
comme le disait symboliquement mon collègue de Laviolette lors du
dévoilement du livre blanc Bâtir une forêt pour l'avenir le
11 juin 1985. Le remplacement de toutes les garanties d'approvisionnement et
concessions forestières par des contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier s'impose. La publication d'un guide des
modalités d'intervention en milieu forestier permettra de prescrire des
normes de coupe de bois en fonction de divers milieux forestiers et de leur
fragilité. Rendu public le 10 septembre dernier, il ne faut pas oublier
que ce guide négocié entre trois ministères du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire le ministère de
l'Énergie et des Ressources, le ministère de
l'Environnement et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche était prêt depuis près d'un an. Il faut retenir
aussi la reconnaissance du statut du producteur forestier privé que le
précédent gouvernement a eu le mérite au moins de faire
adopter par l'Assemblée nationale dès juin 1985.
Dès son dépôt, le 19 juin dernier, il était
évident que l'avant-projet de loi était perfectible tant il
était timide par rapport au livre blanc. L'avant-projet de loi livrait
aux papetières le marché de la matière ligneuse libre de
toute contrainte au détriment des propriétaires des forêts
privées, des usines de sciage et des coopératives
forestières et le gouvernement s'y activait de la façon suivante:
premièrement, en rejetant la priorité au bois des forêts
privées et aux copeaux des usines de sciace pour approvisionner les
usines de pâtes et papiers; deuxièmement, en écartant les
garanties de suppléance en vue de favoriser des contrats à long
terme entre les partenaires; troisièmement, en refusant d'inclure les
coopératives forestières à titre de parties prenantes
à tous les contrats d'aménagement forestier;
quatrièmement, en établissant des droits de coupe moyens de 2,39
$ du mètre cube, soit une augmentation moyenne de seulement 0,20 $ du
mètre cube, augmentation insuffisante pour rétablir un plus juste
équilibre; cinquièmement, en s'abstenant de créer un
Conseil permanent de la forêt et un Conseil consultatif de la recherche
forestière. (16 h 20)
Lors des audiences particulières tenues pendant six jours
à la fin de septembre dernier et au début d'octobre, 37
organismes, sans compter une douzaine d'autres qui ont déposé des
mémoires, mais n'ont pu être entendus en commission parlementaire
à la suite du manque d'ouverture de la part du ministre
délégué aux Forêts et de son gouvernement, ont
soulevé de nombreuses inquiétudes et beaucoup d'incertitude tant
une loi d'une ampleur telle a des impacts très importants sur
l'économie générale du Québec. Il est vrai que la
plupart de ces inquiétudes et certaines divergences soulevées
dans de nombreux mémoires ne constituaient pas une opposition formelle
au principe directeur de l'avant-projet de loi.
Mais personne n'a appuyé aveuglément l'avant-projet de loi
du ministre délégué aux Forêts, et, tout au long de
ses audiences, l'Opposition s'est fait un devoir de soulever de nombreuses
questions centrées sur trois objectifs principaux. Dans un premier
temps, la nouvelle politique forestière doit assurer la
pérennité de la forêt et, en conséquence, le
gouvernement ne doit pas manquer de prudence forestière en
prévoyant que la possibilité de la forêt pourra être
calculée en escomptant sans délai les résultats de travaux
de remise en production des territoires forestiers.
Au moment où, d'une main, le ministre tente d'abaisser le niveau
des allocations allouées, soit celles de 30 400 000 de mètres
cubes à 21 300 000 de mètres cubes, soit la coupe moyenne des
cinq dernières années, il ne faudrait pas que, de l'autre main,
il tente de faire du développement industriel avec des arbres encore
à l'état de graines dans les chambres froides de la
pépinière gouvernementale de Berthierville. Nous l'avons dit et
nous le redisons, la forêt électronique doit demeurer dans les
ordinateurs jusqu'à preuve du contraire.
Dans un deuxième temps, les coûts additionnels de 103 000
000 $ en dollars de 1985 imputés à l'industrie doivent être
répartis de façon équitable entre l'industrie du sciage et
l'industrie des pâtes et papiers. Je reviendrai sur ce point un peu plus
loin.
Dans un troisième temps, l'avalanche de pouvoirs
réglementaires et de pouvoirs discrétionnaires annoncés
dans l'avant-projet de loi doivent être balisés, réduits ou
même intégrés dans le projet de loi 150. Le travail des
députés en commission parlementaire ainsi que l'étude de
chacun des mémoires ont sûrement été très
utiles au ministre délégué aux Forêts, car le
présent projet de loi sur les forêts a subi de nombreuses
modifications intéressantes par rapport à l'avant-projet de
loi.
Le projet de loi 150 est beaucoup plus précis. Il compte 228
articles par rapport aux 113 de l'avant-projet de loi. Des principes et des
modalités mentionnés pour la plupart dans le livre blanc de 1985
ont été ajoutés ou précisés. Signalons,
entre autres points, la pleine reconnaissance des coopératives
forestières comme parties prenantes aux contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier. Une quarantaine de coopératives
forestières regroupant 4000 membres étaient très
inquiètes du silence du ministre délégué aux
Forêts dans l'avant-projet de loi à leur sujet.
La création d'un Conseil de la recherche forestière
demandée par tous les intervenants qui sont tous venus dire aux
députés en commission parlementaire que, contrairement aux
orientations du groupe de travail sur l'organisation gouvernementale, soit le
rapport Gobeil, l'industrie forestière, les producteurs de boisés
privés, les universités, étaient unanimes à dire
que la forêt a besoin d'un conseil consultatif sur la recherche
forestière. Alors que l'industrie forestière et le rapport de
conjoncture sur la recherche dans le secteur forestier publié au
début de 1985 recommandaient fortement la création d'un organisme
du type d'un conseil consultatif pour établir un dialogue essentiel
entre les gouvernements, les intervenants et les communautés
scientifiques, l'avant-projet de loi faisait fausse route. C'était
sûrement
dans la foulée négative du rapport Gobeil. Heureusement,
le tir a été corrigé dans le nouveau projet de loi.
Quant à la création d'un conseil de la forêt qui
conseillera le ministre sur toute question relative à la gestion de la
forêt, nous souhaitons, tel qu'exprimé dans le livre blanc, que le
conseil ait des ramifications régionales et ait pour mandat principal
d'assurer une concertation permanente entre les différents utilisateurs
et producteurs afin de minimiser les problèmes reliés à la
mise en marché des bois. La loi devrait être plus précise
à cet effet.
Un autre point qui a été sensiblement
amélioré, c'est celui d'une plus grande préoccupation pour
l'aménagement polyvalent de nos forêts. La forêt c'est
également un milieu de vie et la Loi sur les forêts devrait
reconnaître son rôle multifonctionnel. Je fais ici allusion
à la forêt production, à la forêt habitat de la faune
et à la forêt loisir. La forêt ne peut plus être
considérée simplement comme une source de matière
première pour l'industrie forestière et en particulier pour les
pâtes et papiers. Elle contribue de façon essentielle au maintien
de l'équilibre naturel par le rôle biologique qu'elle joue en tant
qu'habitat faunique et par son action physique sur le sol, l'eau et l'air. La
qualité de vie des Québécois et des
Québécoises en dépend, puisque la forêt joue un
rôle de plus en plus important dans les loisirs. Elle représente
une source de formation et d'initiation à la nature, que ce soit par le
biais des réserves écologiques, des centres
d'interprétation de la nature ou encore par des centres éducatifs
forestiers. Heureusement, le gouvernement a compris l'importance de
l'utilisation polyvalente du milieu forestier et a inclus dans son projet de
loi 150 le pouvoir de traduire sous forme de règlements le contenu du
Guide des modalités d'intervention en milieu forestier. Il y a un autre
point important. Dorénavant, les feuillus seront aménagés
sur le même principe que les résineux, c'est-à-dire selon
le rendement soutenu. Aussi, tel que prévu dans le livre blanc, le
projet de loi introduit la notion de garantie de suppléance par laquelle
le ministre s'engage à suppléer à un manque
d'approvisionnement d'un fournisseur à partir d'un nouveau domaine
forestier, soit la réserve forestière constituée des
forêts du domaine public qui ne feront pas l'objet d'un contrat
d'approvisionnement ou d'aménagement forestier.
Curieusement, encore le 1 octobre dernier, lors de son discours de
clôture des six jours de commission parlementaire sur l'avant-projet de
loi, le ministre délégué aux Forêts était
ambivalent sur la possibilité d'inclure la notion de garantie de
suppléance. Il mentionnait: "Je n'ai pas l'intention de favoriser outre
mesure ce genre d'engagement, mais je n'ai pas non plus l'intention d'inclure
des interdictions à cet effet dans la loi."
C'est sûrement en pensant au dossier de la papeterie de Matane et
en relisant son engagement électoral de l'automne 1985,
c'est-à-dire de trouver du bois pour une troisième machine
à papier pour la papetière F. F. Soucy dans son comté de
Rivière-du-Loup que le ministre délégué aux
Forêts s'est finalement rangé du côté du livre blanc.
Il a pris conscience de la nécessité de compenser à partir
de ces réserves forestières les volumes de bois
précédemment négociés dans un contrat à long
terme qu'un fournisseur serait en défaut de livrer.
M. le Président, les garanties de suppléance stimuleront
la signature de contrats d'approvisionnement pour plusieurs années entre
les producteurs de boisés privés, les producteurs de copeaux
ainsi que les papetières. Bien qu'intéressante surtout pour les
projets d'implantation ou d'expansion d'usines, cette notion de garantie de
suppléance comporte cependant des dangers car les réserves
forestières ne seront pas nombreuses. Les seules réserves
forestières importantes sont sur la Côte-Nord où la coupe
moyenne des cinq dernières années en sapin, épinette et
pin gris a été de 1 980 000 mètres cubes, la
possibilité étant de 3 535 000 mètres cubes. Il y a donc
un surplus de bois sur la Côte-Nord. Je lance ici un avertissement au
ministre délégué aux Forêts en lui disant que le
bois de la CÔte-Nord doit servir au développement
économique de ma région. Nous n'accepterons pas que ce bois soit
utilisé pour ouvrir de nouvelles usines sur la Côte-Sud où
ailleurs. (16 h 30)
L'article 67 introduit une variante de la garantie de suppléance
qui donnera des pouvoirs abusifs au ministre et aux papetières. Cet
article se lit comme suit: "Le ministre peut en tout temps autoriser le
titulaire d'un permis d'usine de transformation du bois à
récolter à la place du bénéficiaire dans une
unité d'aménagement le volume de bois requis pour produire les
copeaux, les sciures et les planures que le bénéficiaire fait
défaut de lui fournir, malgré une convention expresse à
cet effet." Autrement dit, si l'usine de sciage ne peut, pour certaines raisons
évaluées par le ministre comme, par exemple, des grèves,
des lock-out, des feux ou autres, fournir les quantités de copeaux de
sciure ou de planure prévues à la convention avec une
papetière X, celle-ci pourra récolter le volume de bois requis
à la place de l'usine de sciage et dans son unité
d'aménagement. Il s'agit d'un pouvoir inadmissible qui peut
entraîner le ministre délégué aux Forêts
à prendre partie dans un conflit ouvrier et, de plus, sans contrepartie
pour l'industrie du sciage advenant la fermeture d'une papetière. Non,
cet article doit être retiré du projet de loi
sur les forêts.
D'autres principes et modalités font défaut par rapport au
livre blanc et aux attentes de divers utilisateurs de la forêt. Parlons
d'abord de la répartition de coûts additionnels de plus de 103 000
000 $, en dollars de 1985, entre l'industrie du sciage et celle des pâtes
et papiers. Â ce sujet, le projet de loi 150 est assez nébuleux
et, selon mes informations, aucune entente entre ces deux utilisateurs majeurs
ne s'annonce à l'horizon. Il faut dire que le discours ambigu du
gouvernement et le discours ambigu du ministre dans la question du bois
d'oeuvre n'aident en rien. Lors des consultations préliminaires
conduites en 1984 et en 1985 en rapport avec la problématique
elle-même, de nombreux mémoires ont réclamé de
partager le financement de la nouvelle politique forestière en fonction
des bénéfices que chacune des parties retire du secteur forestier
et aussi de leur capacité de payer.
Pour bien comprendre les revendications de l'industrie du sciage, que
nous appuyons dans une bonne mesure, certains faits doivent être
considérés. En forêt publique l'industrie du sciage
récolte maintenant plus de 70 % de la matière ligneuse, mais elle
en revend un peu plus de la moitié à l'industrie des pâtes
et papiers sous forme de copeaux. Le marché des copeaux est un
oligopole, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de vendeurs et peu
d'acheteurs. Les prix sont donc démesurément bas. Or, il semble
que la capacité de l'industrie du sciage à assumer une
augmentation des frais de récolte d'environ 3,50 $ le mètre cube
soit limitée, c'est-à-dire les coûts additionnels
estimés pour la remise en production des forêts, reboisement et
aménagement, etc., étant donné que sa marge de profit
avant impôt au cours des cinq dernières années n'a
été que de 0,50 $ le mètre cube. Si l'on ajoute à
cela que nombre d'usines de sciage sont sous le coup de se voir imposer un
droit compensatoire de 15 %, soit 6,70 $ le mètre cube, par le
gouvernement américain il est évident que la situation de notre
industrie du sciage est extrêmement précaire et le deviendra
encore plus dans l'avenir.
En conséquence, le mode de financement du nouveau régime
forestier devra faire payer une bonne partie de l'augmentation des frais de
remise en production du territoire au véritable utilisateur de la
matière ligneuse et non nécessairement à celui qui la
coupe. Autrement dit, si les papetières transforment 70 % de la
matière ligneuse et les scieurs 30 %, la facture devrait être
répartie dans les mêmes proportions. Toute tentative de
répartir la facture équitablement par un ajustement du prix des
copeaux nous semble très aléatoire. Nous aimerions bien saisir la
capacité réelle de chaque industrie à payer sa juste part.
Or, malgré nos demandes répétées au cours des
derniers mois et un engagement formel du ministre délégué
aux Forêts, celui-ci n'a pas encore rendu publiques les études
prévues dans le livre blanc, et dont nous connaissons l'existence,
concernant la capacité concurrentielle et la fiscalité de
l'industrie forestière québécoise.
M. le Président, parlons maintenant de la priorité des
bois des forêts privées et des copeaux. Sur ce sujet, le projet de
loi 150 se fait louvoyant et nébuleux. Le ministre devra nous prouver
que l'effet de l'article 42 assurera une meilleure mise en marché,
c'est-à-dire de meilleurs prix pour les bois des forêts
privées et pour les copeaux des usines de sciage.
Le livre blanc de juin 1985 indiquait clairement à la page 65:
"La matière ligneuse en provenance de la forêt publique sera
considérée comme une source complémentaire
d'approvisionnement des usines, la priorité d'utilisation étant
dorénavant accordée aux copeaux et aux bois des forêts
privées." À l'intention du ministre délégué
aux Forêts, je répète: "La matière ligneuse en
provenance de la forêt publique sera considérée comme une
source complémentaire d'approvisionnement des usines, la priorité
d'utilisation étant dorénavant accordée aux copeaux et aux
bois de nos forêts privées." Cette priorité accordée
aux bois des forêts privées dans l'allocation devrait permettre
aux producteurs d'obtenir un meilleur pouvoir de négociation non
seulement sur les volumes, mais également sur les prix, pourvu qu'ils
respectent les niveaux de production déterminés.
L'article 42 n'accorde pas de priorité légale ni de
priorité de fait en indiquant: "Le volume annuel de bois ronds provenant
des forêts du domaine public attribué par le contrat est un volume
résiduel que détermine le ministre en tenant compte notamment:
"1° des besoins de l'usine de transformation; "2° des autres sources
d'approvisionnement disponibles, tels les bois ronds des forêts
privées, les copeaux, les sciures, les planures et les bois
d'importation."
Je voudrais bien croire le ministre délégué aux
Forêts quand il dit que l'article 42 établit clairement
l'importance des autres sources d'approvisionnement en faisant du volume
alloué sur les forêts du domaine public un volume résiduel.
Nous comptons, nous de l'Opposition, insister lors de l'étude article
par article pour obtenir toute les garanties à ce sujet.
Parlons maintenant des droits de coupe et de la question du bois
d'oeuvre. Là où nous n'arrivons plus à suivre le
gouvernement et son ministre délégué aux Forêts,
c'est sur la question de l'utilisation de l'augmentation des droits de coupe
afin de lui permettre de se donner un beau discours face à la tentative
de l'industrie américaine du bois
d'imposer un droit compensatoire. Le gouvernement tente de faire du
camouflage avec cette question, et nous nous expliquons mal pourquoi
l'industrie forestière demeure silencieuse à ce sujet.
Alors que l'avant-projet de loi, dans la suite logique du livre blanc,
indiquait que les droits de coupe sont établis sur la valeur marchande,
c'est-à-dire 5,64 $ le mètre cube, moyenne estimée,
déduction faite des frais d'aménagement forestier encourus par
l'industrie par exemple, pour le reboisement, les travaux sylvicoles, etc.,
soit 3,25 $ le mètre cube, moyenne estimée, le projet de loi 150
ne prévoit plus de déduction de ces frais d'aménagement et
le ministre délégué aux Forêts ne demande pas le
pouvoir de les rembourser à l'industrie. Cela permet au premier
ministre, au ministre du Commerce extérieur et au ministre
délégué aux Forêts de dire que le Québec
s'apprête à plus que doubler ses droits de coupe, les faisant
passer de 2,19 $ à 5,64 $ le mètre cube.
Comme l'article 60 du projet de loi 150 indique que les dépenses
d'aménagement forestier évaluées à 3,25 $ le
mètre cube seront payées par l'industrie forestière, cela
ajoute une dépense de 70 000 000 $ pour l'industrie forestière
sur la base de la récolte annuelle de 21 000 000 de mètres cubes,
à 3,25 $ le mètre cube. Cela porte le coût total pour
l'industrie de 103 000 000 $ à 173 000 000 $. Nous aimerions que le
gouvernement nous dise clairement si, en vertu du projet de loi sur les
forêts, les frais d'aménagement évalués à
3,25 $ le mètre cube s'ajouteront aux droits de coupe de 5,64 $ le
mètre cube ou s'il s'agit d'une augmentation artificielle faisant partie
d'une opération de camouflage. (16 h 40)
Le projet de loi 150 sur les forêts aura des conséquences
financières pour le gouvernement et l'industrie, puisque cela
représente un coût additionnel de 200 000 000 $ en dollars de 1985
et séparés 50-50. Mais selon certaines rumeurs, le gouvernement
aurait l'intention de transférer une partie de sa facture et de celle de
l'industrie forestière aux autres utilisateurs de la forêt
à titre de compensation pour le coût de la production des
fonctions récréatives, fauniques et environnementales de la
forêt. Les chasseurs, pêcheurs, campeurs et amants de la nature
auront-ils un prix à payer? Là-dessus, le gouvernement est muet.
Les documents consultés nous font croire qu'une facture de 15 000 000 $
à 20 000 000 $ pourrait être imputée aux chasseurs et
pêcheurs du Québec. Nous aimerions bien savoir ce qu'en pense le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Le projet de loi sur les forêts devient inacceptable au
deuxième paragraphe de l'article 72 lorsqu'on indique qu'un utilisateur
dont les travaux de remise en production dépassent les objectifs
fixés n'aura pas de droits de coupe à payer sur l'accroissement
de la possibilité. Le livre blanc de 1985 l'a mentionné et le
ministre délégué aux Forêts l'a souvent
répété au cours des récentes semaines: La
forêt québécoise est dans un état pitoyable. C'est
un problème de société. Jusqu'à présent, les
gouvernements ont peu exigé et, globalement, l'industrie a
dilapidé la forêt sans souci réel de notre avenir
forestier. Mais, dès que l'État propriétaire, au nom des
Québécois et des Québécoises, oblige les locataires
à entretenir convenablement leur logement, en l'occurrence, la
forêt, le propriétaire peut-il accepter que la valeur
ajoutée soit entièrement portée au seul crédit du
locataire et que celui-ci puisse en disposer à son gré? Non, bien
entendu.
Des travaux d'aménagement intensifs pourraient permettre de
doubler et même de tripler, dans la forêt de banlieue, le rendement
de nos forêts québécoises. Le deuxième paragraphe de
l'article 37 impliquerait que la moitié, voire les deux tiers des bois
coupés seraient exempts de droits de coupe. Le gouvernement se privera
ainsi de revenus dont il aura besoin pour financer sa participation au
coût additionnel de la nouvelle politique forestière estimé
à 33 000 000 $ en dollars de 1985. L'Opposition croit qu'une prime au
rendement devrait être indiquée dans le projet de loi afin
d'inciter les utilisateurs à investir dans les travaux sylvicoles
intensifs, mais pas au point de devenir une récompense pour le
piètre état actuel de notre forêt québécoise.
L'État demeurera toujours le propriétaire du territoire et de son
potentiel. Il doit en tirer sa juste part de revenus. Nous souhaiterions que le
gouvernement propose une formule mixte qui tienne compte de son droit de
propriétaire des forêts québécoises.
Le projet de loi manque une belle occasion de donner suite au discours
du ministre délégué à la Privatisation, en rejetant
la proposition du livre blanc de confier les aspects opérationnels de la
lutte contre les insectes et maladies des arbres aux sociétés de
conservation. La protection des forêts québécoises contre
les incendies et contre les insectes et maladies des arbres est une phase
importante de l'aménagement forestier. Rien ne sert de mettre une
forêt en production, si elle n'est pas protégée très
convenablement. Les sept sociétés de conservation du
Québec, constituées des utilisateurs et du gouvernement
lui-même, favorisent présentement la participation des
utilisateurs tant au niveau de l'administration qu'au niveau des frais subis
pour la lutte contre les incendies forestiers. Pour ce qui est de la lutte
contre les insectes et les maladies des arbres, l'industrie demande de
participer davantage à l'établissement des priorités
présentement établies par le
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Nous croyons que le gouvernement doit conserver sa responsabilité
en matière d'expertise scientifique et de planification. Mais, en toute
logique, il doit confier les aspects opérationnels de la lutte contre
les insectes et maladies aux sociétés de conservation. C'est un
défi à la mesure des succès des sociétés de
conservation, et nous avons bien senti, lors des audiences de la commission
parlementaire, que ces sociétés de conservation n'attendent que
l'accord du gouvernement pour bien remplir ce mandat.
Le projet de loi 150 rendra plus difficile et plus coûteuse la
création des parcs et des réserves écologiques. Alors que
le livre blanc Bâtir une forêt pour l'avenir annonçait une
certaine flexibilité de transfert d'utilisation, soit jusqu'à 5 %
du territoire alloué et sans compensation financière, l'article
51 du projet de loi décrit un chemin beaucoup plus difficile en ne
prévoyant aucun pourcentage du territoire pouvant être
retranché de l'exploitation forestière sans compensation ni
indemnité.
Tout comme l'avant-projet de loi, le projet de loi 150 sur les
forêts est silencieux au sujet de l'impact du nouveau régime
forestier sur les relations du travail et la formation des travailleurs et
travailleuses de la forêt. L'abolition des concessions forestières
et la création de l'industrie de la sylviculture auront d'importants
impacts sur l'organisation du travail en forêt et sur la
sécurité de nos travailleurs et de nos travailleuses. Ainsi, le
Code du travail devra être modifié afin de tenir compte des
nouvelles accréditations syndicales nécessaires sur les nouveaux
territoires.
Quant à la question des pouvoirs réglementaires et
discrétionnaires, nous serions portés à féliciter
le ministre délégué aux Forêts qui, après
s'être fait reprocher à maintes reprises en commission
parlementaire leur trop grand nombre, les a réduits ou balisés ou
encore en a abandonné douze dans la loi, sauf que le projet de loi 150
présente 13 nouveaux projets de règlements, ce qui laisse le
problème en son entier.
Le projet de loi demeure donc aux antipodes du rapport Scowen sur la
déréglementation. Avec cet avalanche de règlements que
nous annonce le projet de loi, les députés ont une
intéressante occcasion d'exercer un droit de regard sur la
réglementation. Le nouveau règlement de l'Assemblée
nationale et la récente Loi sur les règlements permettent
à une commission parlementaire d'étudier ces règlements
lorsqu'ils sont encore au stade de projet et nous comptons bien, nous de
l'Opposition, présenter des amendements en ce sens.
Dans un premier temps, je pense au volet fixant la base et les
modalités des droits de coupe. Le projet de loi 150 et le plan
d'affectation des terres, j'y touche de près, M. le Président. Le
projet de loi 150 sur les forêts, déposé par le ministre
délégué aux Forêts, et le projet de loi 102 sur les
terres du domaine public, déposé le 13 novembre dernier par le
ministre de l'Énergie et des Ressources, vont remplacer la Loi sur les
terres et forêts dans un moment très important pour le monde
forestier, car cette décision du gouvernement libéral vient
scinder définitivement la gestion des terres de la gestion des
forêts qui n'était plus sous la responsabilité
ministérielle depuis la nomination de mon collègue de Laviolette
à titre de ministre délégué aux Forêts en
décembre 1984.
À l'occasion de la présentation d'une nouvelle politique
forestière, nous aurions souhaité que le gouvernement se donne un
ministère des Forêts responsable des ressources
forestières. L'Opposition est prête à reconnaître
qu'au cours des dernières années, les secteurs des forêts
et des terres ont été mal servis au sein du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Nous en convenons. Cependant, la nomination
d'un ministre délégué aux Forêts, depuis
décembre 1984, a heureusement amélioré cette situation,
bien que je doive déplorer que contrairement à son
prédécesseur, l'actuel ministre délégué aux
Forêts soit placé sous la tutelle du ministre de l'Énergie
et des Ressources tel que le précise le décret 2649-85.
Mais cette séparation des secteurs terres et forêts ne sera
pas totale. Ainsi, le projet de loi 150 sur les forêts, aux articles 24.3
et 166, se réfère au plan d'affectation des terres publiques
approuvé conformément au projet de loi 102, Loi sur les terres du
domaine public. De plus, les articles 29 et 30 du projet de loi 150 avancent la
notion de terres du domaine public sans se référer au projet de
loi 102.
En toute logique, la loi générale des terres,
c'est-à-dire la loi 102, qui fixe le cadre, soit le processus
d'affectation des terres et la définition des terres publiques, doit
être adoptée avant la loi spécifique sur la gestion de la
zone forestière. Or, le gouvernement est très en retard dans son
échéancier parlementaire quant au projet de loi 102 car il a
annoncé lui-même, la semaine dernière, la tenue d'une
consultation particulière pour les 11 et 12 décembre prochain.
Nous ne savons ce qui a retardé le dépôt du projet de loi
102 et cela, c'est le problème du gouvernement actuel. (16 h 50)
Je lance ici l'avertissement suivant au ministre
délégué aux Forêts ainsi qu'au gouvernement: Afin de
respecter la logique du processus parlementaire et les députés de
cette Assemblée nationale, l'Opposition n'a pas l'intention de concourir
à l'adoption du projet de loi 150 sur les forêts avant celle du
projet de loi sur les terres. Ces deux lois
doivent suivre un échéancier parallèle.
Que l'on se comprenne bien. L'Opposition appuie la très grande
majorité des principes directeurs du projet de loi sur les forêts,
dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er avril 1987, mais
l'adoption de ce projet de loi devra se faire, en toute logique, en
parallèle avec l'adoption du projet de loi sur les terres. Il est urgent
que le Québec se dote d'une politique forestière et soyez
assuré, M. le Président, que les membres de l'Opposition
soulèveront de nombreuses questions pertinentes au cours de
l'étude du projet de loi article par article en commission
parlementaire. C'est dans son application et sa mise en oeuvre que
réside le principal défi du nouveau mode de gestion des
forêts québécoises. Le programme d'action proposé
représente un défi de taille et nous en convenons.
Préserver la forêt, la mettre en valeur et l'utiliser pour le
bien-être de la collectivité québécoise, c'est, en
fait, bâtir une forêt pour l'avenir afin que le Québec
demeure l'un des grands pays forestiers.
M. le Président, je voudrais terminer en mentionnant que, pour
l'Opposition, il est extrêmement important, lorsque ce projet de loi sera
adopté à l'Assemblée nationale, qu'il représente
les voeux de toute la population du Québec, c'est-à-dire des
hommes et des femmes qui y travaillent d'abord, c'est-à-dire des
industries papetières que nous avons, c'est-à-dire des usines de
sciage et des propriétaires du Québec, c'est-à-dire de
l'ensemble de tous les utilisateurs de cette forêt, que ce soit dans le
domaine écologique, que ce soit dans le domaine du loisir, que ce soit
dans le domaine de la recherche, etc. Pour nous, il est important que ce projet
de loi ait les amendements nécessaires pour que le tout soit fait
conformément aux voeux de notre collectivité
québécoise. Il ne faut surtout pas que ce dernier soit
adopté à la sauvette, par mesure de guillotine ou quoi que ce
soit pour empêcher que nous ayons un projet de loi valable et concret. Il
faut faire en sorte que, dorénavant, à la suite de l'adoption et
de l'application de ce projet de loi, notre forêt
québécoise soit bien protégée et ce, pour l'avenir
de l'ensemble du peuple québécois, c'est-à-dire des
Québécois et des Québécoises. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord
de vous dire combien je suis heureux, cet après-midi, d'intervenir sur
le projet de loi 150 qui, finalement, ramène le Québec à
l'ère moderne. Le ministre et député de
Rivière-du-Loup, lors du dépôt de son projet de loi
à l'Assemblée nationale, a quand même pris la peine
d'informer cette Chambre que le projet de loi 150 ne réglait pas tous
les problèmes au Québec. Cependant, il faut reconnaître un
principe fondamental dans ce projet de loi: celui de se débarrasser une
fois pour toutes de cet esprit colonialiste qu'on avait au Québec.
Quand on regarde les gouvernements antérieurs, tous
étaient pleins de bonnes intentions, mais personne n'a eu le courage
d'aller aussi loin que l'actuel ministre délégué aux
Forêts. La forêt au Québec, c'est le plus grand
héritage que la nature ait donné à cette province,
particulièrement sur la Côte-Nord; près de la moitié
des forêts est chez nous. La forêt était une ressource, il y
a à peine 50 ans, comme l'eau: inépuisable, de bonne
qualité, garantie, renouvelable. Cependant, au cours des dix
dernières années, on s'est aperçu que cette forêt
était en train de disparaître. Il a fallu d'abord une
épidémie de la nature pour faire prendre conscience aux gens du
Québec quelle était l'importance de cette forêt, puisque
près du quart de la superficie de la forêt a été
détruit. Heureusement, nous avons enfin non pas un gouvernement de
bonnes intentions mais un gouvernement qui agit.
J'écoutais avec attention mon collègue de Duplessis,
critique de l'Opposition en matière de forêt, qui nous parlait au
passé. Bien sûr, M. le Président, il faut remettre les
choses dans le contexte. Ce qui est passé est passé, son
gouvernement a passé et heureusement il ne reviendra plus. Nous l'avons
écouté attentivement, comme si la solution dans le livre blanc
sur la forêt... Nous l'avons écouté aussi en commission
parlementaire pendant six jours. Il l'a tellement bien étudié
qu'il se citait lui-même à maintes reprises. Nous avons
écouté cet énoncé du livre blanc de l'ancien
gouvernement. À l'en croire, tout ce qui était dans le livre
blanc a été reconduit dans le projet de loi 150 et, à
peine quelques minutes plus tard, le député de Duplessis nous
indiquait que le projet de loi avait drôlement changé à la
suite de la commission parlementaire. Comment peut-on se retrouver dans un
pareil cafouillis?
M. le Président, revenons à l'essence même du projet
de loi qui fait que dorénavant, au Québec, le gouvernement, par
ce projet de loi, se donne l'assurance que la forêt, comme dit souvent le
ministre, que nous avons empruntée à nos enfants leur sera remise
dans des conditions décentes. Puisque c'est le plus grand
héritage que nous avons, nous devons d'abord et avant tout non seulement
exploiter la forêt pour en tirer le pain quotidien de centaines de
milliers de travailleurs, mais créer une activité
économique extraordinaire au Québec la plus sûre,
la plus durable et la plus rentable.
Tout à l'heure, j'écoutais attentivement le
député de Duplessis nous parler de l'ensemble du projet de loi.
J'aurais aimé qu'il y ait un petit appendice qui nous parle un peu de ce
qui s'est passé chez lui avec la forêt, de ce qui s'est
passé particulièrement dans le cas de ITT, où le
gouvernement du Parti québécois à peine un an, un an et
demi après la prise du pouvoir, avait fermé cette entreprise.
M. le Président, faut-il se rappeler qu'une ou deux semaines
après l'élection du gouvernement libéral, on a rouvert
l'entreprise, rouvert ITT? Il ne faudrait quand même pas prendre
l'habitude, chaque fois qu'on change de gouvernement, de fermer l'entreprise.
Le gouvernement du Parti libéral s'assure, par ce projet de loi, que les
ressources nombreuses de la Côte-Nord seront conservées et seront
encore là demain. J'espère qu'un futur gouvernement du Parti
québécois ne refermera pas encore une fois ITT.
Lorsqu'on regarde en régions, on constate l'importance de la
forêt et particulièrement dans mon comté. J'aimerais
énumérer ici les compagnies qui, depuis au-delà de 50 ans,
exploitent la forêt chez nous, sur la Côte-Nord. Vous avez
Québec North Shore, Papeterie Reed, Scierie Beaulieu, Boisaco, les trois
coops de la Haute-Côte-Nord, Manicouagan, Sainte-Thérèse et
aussi, bien sûr, tout dernièrement, une politique
conséquente à la Loi sur les forêts, le Centre sylvicole de
Forestville, qui crée une activité économique de 7 500 000
$ et celui de Sainte-Thérèse-de-Colombier, de 4 000 000 $.
M. le Président, je pense que c'est le premier gouvernement qui
reconnaît une fois pour toutes par un projet de loi l'importance de cette
forêt, non pas simplement d'en tirer des revenus économiques mais
aussi par un guide d'intervention qui permettra le reboisement de cette
forêt. Vous allez me dire et bien des prophètes de malheur nous
disent qu'on est 50 ans en retard, soit, et je suis bien d'accord. Mais on ne
peut pas corriger dans l'espace d'un an ce qu'on a laissé
négliger depuis 50 ans. (17 heures)
Comme le député de Duplessis le disait, la dernière
législation protectrice au niveau des forêts eut lieu en 1972.
C'est vrai que cela fait longtemps qu'on n'a pas eu de gouvernement qui
s'occupe de la forêt. C'est vrai qu'on a eu un intermède de dix
ans là-dedans, parce que le dernier gouvernement à
légiférer sur la forêt, si je me rappelle bien, c'est un
gouvernement libéral. On a eu un intermède de dix ans. Le
gouvernement du Parti québécois, pendant dix ans, a
négligé la forêt québécoise d'une
façon totale. Aujourd'hui, on voudrait, bien sûr, nous faire des
reproches. Après un an de pouvoir seule- ment, le gouvernement actuel,
par son ministre délégué aux Forêts, présente
le projet de loi qui aurait dû être adopté au Québec,
il y a 20 ou 25 ans. Mais il n'y a pas de gouvernement qui a eu le courage de
le faire, parce que cela dérangeait des choses, cela dérangeait
des habitudes. Mais des habitudes et des choses, cela prend une volonté
politique pour les encadrer, pour permettre la protection de cette richesse
qu'est la forêt québécoise.
Je pourrais citer quelques phrases du député de Duplessis,
lorsqu'il nous disait que le projet de loi est presque méconnaissable
à partir de son dépôt à l'Assemblée nationale
et après la commission parlementaire. Après avoir
écouté les intervenants, le ministre a apporté des
corrections. Bien sûr, M. le Président, qu'une commission
parlementaire sert à quelque chose. Cela sert aux gens de venir
s'exprimer, et, habituellement dans le gouvernement antérieur, les gens
avaient beau venir s'exprimer en commission parlementaire, jamais on ne tenait
compte de leurs recommandations. Aujourd'hui, le ministre a tenu compte des
recommandations des principaux intervenants, et c'est pour cela que ce projet
de loi ne mériterait même pas une étude article par
article. Il mériterait d'être adopté unanimement à
l'Assemblée nationale parce que c'est la première fois qu'un
ministre, en commission parlementaire, tient compte des revendications directes
des intervenants. Qu'on vienne donc me faire croire qu'il faudra encore pendant
des semaines et des semaines étudier ce projet de loi. Il faudrait
être des sourds, M. le Président. Malheureusement, c'est ce qu'on
retrouve de l'autre côté.
Le député de Duplessis faisait mention aussi du regret
qu'il avait de ne pas voir, dans le projet de loi, l'avenir de REXFOR.
Voilà bien un exemple concret de la façon dont le Parti
québécois mélange les choses. On parle de forêts
publiques et de forêts privées, et on nous arrive avec la
privatisation de REXFOR. Il faut être conscient d'une chose, c'est qu'il
ne faut pas mêler les trembles avec les épinettes et il ne faut
pas mêler non plus les saules avec les érables. Je peux vous
assurer d'une chose: avec cette "gang-là" en face, le Québec
n'était pas sorti du bois. C'est le cas de le dire. Le présent
projet de loi prévoit une chose qu'on n'avait jamais eue au
Québec, c'est-à-dire de reboiser au fur et à mesure que le
gouvernement donne des allocations de ressources. Particulièrement sur
la Côte-Nord, où, depuis une cinquantaine d'années, les
compagnies forestières faisaient l'exploitation, personne n'avait
pensé qu'un jour on pourrait reboiser. Avec les deux centres sylvicoles
que le ministre délégué aux Forêts a accordés
sur la Côte-Nord dernièrement, lorsqu'on compare en
régions
de bois coupé, on parle de 14 000 000 d'arbres chez nous, le
ministre a accordé les deux usines de plants qui s'assureront de
produire 14 000 000 d'arbres tous les ans pour revoir... M. le
Président, qu'est-ce qui se passe?
Voulez-vous on va prendre un petit "break" et on va laisser informer
l'Opposition, non? Parce que voyez-vous je n'ai qu'un représentant de
l'Opposition. Le deuxième qui arrive! Pourtant on dit souvent que les
régions sont mal représentées. Où sont-ils les gens
de l'Opposition des régions? Hein? Où sont-ils?
M. le Président, il y a une chose qu'il ne faudrait pas oublier
dans ce projet de loi. C'est là le principe fondamental. D'abord, on
aura au Québec un guide d'intervention. On en parle depuis des
années. Comment les gens qui exploitent la forêt devront
l'exploiter et devront aussi s'assurer que cette exploitation est faite dans
les règles et les normes dictées par le ministre et le
gouvernement pour s'assurer que, nos forêts qu'on a empruntées
à nos enfants au cours des dernières années, on leur
rendra dans un ordre tout à fait normal? J'espère que tous les
membres qui interviendront sur ce présent projet de loi s'assureront
d'abord d'une chose, savoir que c'est sur la qualité de l'avenir qu'on
légifère aujourd'hui, non pas seulement en ce qui concerne
l'argent, mais l'air qu'on respire, le lieu où on ira pêcher et
surtout aussi l'environnement futur pour nos descendants. Merci beaucoup.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. Le projet
de loi 150 qui est à l'étude devant cette Chambre
mériterait, je pense, un peu plus de considération que ne lui en
démontre actuellement le gouvernement. En effet, le député
de Saguenay, de surcroît adjoint parlementaire du ministre
délégué aux Forêts, a pris quelques minutes de son
temps pour dire devant cette Chambre beaucoup de banalités, beaucoup de
choses qui, manifestement - on aura l'occasion d'y revenir - sont des
vérités en ce qui concerne la nécessité du projet
de loi, on en convient, mais aussi des choses qui avaient tendance, comment
dire, à présenter une interprétation de la
vérité qui est bien propre au député de Saguenay.
En plus, il a dû assortir son discours, pour visiblement tenir pendant
une douzaine de minutes -péniblement devrais-je dire - d'un certain
nombre de choses qui n'ont rien à voir avec l'étude du projet de
loi 150, on en conviendra.
M. le Président, on est d'accord avec le député de
Saguenay quand il dit que ce projet de loi était éminemment
nécessaire. Oui, c'est nécessaire et oui, cela avait
été reconnu par l'ancien gouvernement. Ce qui est curieux, c'est
que les membres de ce gouvernement, de façon habituelle, on les entend
parler de l'ancien gouvernement quand il s'agit de quelque chose qui ne fait
pas leur affaire. Quand il s'agit d'un projet de loi dont le processus
très long a été enclenché sous l'ancien
gouvernement, on ose même, M. le Président, affirmer de ce
côté-là de la Chambre que c'est le gouvernement du Parti
libéral qui a senti le besoin de réaliser ce projet de loi. Il
faut être inconscient ou avoir vécu sur une autre planète
pour oser dire ici en cette Chambre que ce gouvernement a le mérite de
ce projet de loi. Il n'a pas le mérite de l'idée même du
projet de loi puisque dès 1984 -c'est bon pour l'ensemble des
députés qui nous écoutent et les citoyens - on a
engagé le processus de modification de la politique forestière au
Québec. Que je sache, en 1984, M. le Président, ces
gens-là ne formaient pas le gouvernement. C'est M. Yves Duhaime à
l'époque - je sais que le ministre délégué aux
Forêts le reconnaîtra et pourra l'expliquer à ses
collègues qui ne semblent pas d'accord avec ce que je dis - qui avait
publié, en 1984, la problématique. Également, par la
suite, le député Jean-Pierre Jolivet, qui, à
l'époque, était ministre délégué aux
Forêts, a publié le livre blanc intitulé Bâtir une
foret pour l'avenir en juin 1985. Une problématique en 1984, un livre
blanc en 1985, je ne vois pas que vous puissiez revendiquer la paternité
des modifications dans le régime forestier. Cela avait été
évidemment constaté bien avant que vous y soyez.
J'ai entendu, en plus, M. le Président, le député
de Saguenay, adjoint parlementaire du ministre délégué aux
Forêts, parler du reboisement comme étant quelque chose qui aurait
été inventé par ce gouvernement alors qu'on sait
très bien que l'objectif des 300 000 000 de plants avait
été lancé bien avant l'arrivée de ces
gens-là au pouvoir. Le ministère de l'Énergie et des
Ressources et le ministère des Forêts avaient enclenché le
processus bien avant que ces gens-là constituent le gouvernement. (17 h
10)
II faut le faire, M. le Président! Oser, à
l'Assemblée nationale, venir dire que ce gouvernement a compris la
problématique forestière et a initié la réforme en
question et prendre la paternité du vaste programme de reboisement qui,
en totalité, appartient à l'ancien gouvernement. S'il y a des
personnes en cette Chambre qui, par manque d'information, ne sauraient pas ces
choses, je les invite encore une fois à communiquer avec leur
collègue, le ministre délégué aux Forêts,
qui, lui, est bien au fait de ces choses puisqu'il a toujours été
un intervenant
important dans le monde forestier au Québec.
M. le Président, nous avons eu une commission parlementaire qui a
duré plusieurs jours, une commission parlementaire qui nous a permis
d'entendre des intervenants du monde forestier. L'Opposition, à cette
commission parlementaire, a toujours axé son intervention autour de
trois grands axes principaux. Je répondais à quelqu'un qui me
disait récemment que le projet de loi était un irritant pour
l'industrie du bois, l'industrie forestière et pour les
papetières en général. Cette personne disait que
l'Opposition avait également maintenu cet irritant en participant, avec
le gouvernement, à la commission parlementaire et en faisant en sorte
que le projet de loi soit maintenant sur notre "pad" de travail, ici, à
l'Assemblée nationale. Je lui répondais, M. le Président,
que le plus grand irritant de l'industrie forestière au Québec,
c'est de ne pas être sûr que la ressource durera dans le temps. Il
fallait que le gouvernement agisse sur la pérennité de la
ressource. Il fallait faire en sorte que les forêts du Québec,
patrimoine québécois, puissent non seulement servir au
développement économique maintenant, mais qu'elles puissent aussi
servir au développement économique demain, dans 15 ans, dans 30
ans et dans 50 ans. C'est pour cela que l'Opposition a pris comme premier grand
pilier de ses interventions en commission parlementaire de faire en sorte que
le projet de loi 150 assure hors de tout doute la pérennité de la
ressource.
Le deuxième élément qui a été
à la base des interventions de l'Opposition en commission parlementaire,
cela a été de faire en sorte que le coût de l'utilisation
de la forêt puisse être réparti avec le plus de justice
possible entre les différents utilisateurs de la forêt. Quoi de
plus normal que de faire payer la juste part à quelqu'un qui utilise la
forêt pour une certaine proportion de ses activités? Voilà
le deuxième grand principe.
Le troisième principe, c'est d'avoir critiqué en
commission parlementaire - cela a été un élément de
base de nos interventions également et c'est un irritant profond pour
l'industrie forestière en général - les grands pouvoirs
réglementaires que se réservait le ministre par l'adoption du
projet de loi 150. En effet, énormément de choses restent
à écrire et le ministre s'est gardé un pouvoir
discrétionnaire qui nous paraît beaucoup trop important pour un
gouvernement qui voulait à tout prix déréglementer et qui
voulait éliminer des irritants. J'inviterais les gens de ce
côté-là de la Chambre, j'inviterais le ministre et son
ministre tuteur, le ministre de l'Énergie et des Ressources, qui nous
fait l'honneur d'être en cette Chambre aujourd'hui, à aller
rencontrer les industries forestières afin de vérifier si le
grand pouvoir réglementaire que se réserve le ministre ne
constitue pas un irritant important pour l'industrie forestière.
Voilà pourquoi l'Opposition de façon responsable, en
commission parlementaire, a fait tout ce qu'il fallait pour que le ministre
réduise au strict minimum ce pouvoir réglementaire et ce pouvoir
discrétionnaire qu'il s'arrogeait au préalable. Une intervention,
en commission parlementaire, de la part de l'Opposition qui a été
responsable. Nous étions responsables parce que nous savions que la
politique forestière au Québec devait être modifiée.
Nous le savions tellement que nous avions enclenché depuis longtemps ce
processus. Nous savions qu'un projet de loi devait venir devant cette Chambre,
mais nous savions également que ce projet de loi devait assurer la
pérennité de la ressource et que ce projet de loi devait
permettre une répartition juste et équitable des coûts de
la forêt à partir des usagers.
Enfin, nous savions que l'avalanche de pouvoirs réglementaires
que se réservait le ministre était abusive et constituait un
irritant important pour l'industrie forestière. Voilà en quelques
mots quelle a été notre attitude, à ce jour, dans le
cheminement de ce projet de loi depuis la publication de la
problématique en 1984.
Le projet de loi 150 contient plusieurs modifications importantes qui
étaient contenues dans le livre blanc sur la forêt
québécoise. Le projet de loi, de ce côté,
revêt d'excellents aspects. Premièrement, il reconnaît de
façon pleine et entière les coopératives
forestières comme étant une partie prenante au contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers. C'est un
élément qui nous paraît fondamental, un
élément qu'on retrouvait dans le livre blanc et avec lequel
l'Opposition est entièrement d'accord.
Ce projet de loi, dans ses aspects positifs, prévoit la
création d'un Conseil de la recherche forestière. Cela a
été demandé par tous les intervenants en commission
parlementaire et l'Opposition était profondément d'accord avec la
création de ce conseil, en espérant que le président du
Conseil du trésor, dans quelques années, ne fera pas comme il a
fait pour les conseils existants au Québec et n'en
décrétera pas l'abolition pure et simple. Nous sommes d'accord
avec la création d'un conseil sur la recherche forestière.
On prévoit également dans ce projet de loi - c'est un
aspect extrêmement positif -la création d'un Conseil de la
forêt. Cela permettra à des gens avisés dans le domaine de
conseiller le ministre sur les questions relatives à la forêt.
L'Opposition, de façon responsable, est d'accord avec la création
de ce conseil.
On prévoit également - il y a plusieurs aspects positifs
dans le projet de loi - que
les feuillus seront aménagés selon le même principe
de rendement soutenu que les résineaux le sont. Nous pensons, avec le
développement des technologies, avec le potentiel énorme de la
forêt québécoise au niveau des feuillus, avec la
facilité de pousse qu'on connaît dans cette catégorie
d'arbres et avec l'utilisation de plus en plus large qu'on peut en faire au
Québec, que c'est là un élément très
important. La forêt québécoise, de plus en plus
exploitée pour l'ensemble des ressources qu'elle contient, sera
exploitée de façon rationnelle et on permettra un
aménagement autant du côté des feuillus que du
côté des conifères, ce qui favorisera une utilisation
maximale qui assurera, en quelque sorte, ce qu'on appelle la
pérennité de la ressource.
Le projet de loi, dans un cinquième aspect, introduit la notion
de garantie de suppléance. Il nous apparaît important que ce soit
inclus. Il y a une nuance que je me permettrai de faire tout à l'heure,
mais je pense que le principe même de pouvoir suppléer, par
exemple, à un défaut de livraison de copeaux est
nécessaire; cela nous apparaissait essentiel dans le contexte de
l'utilisation de la forêt québécoise.
Il y a cependant des éléments qui nous paraissent
extrêmement dangereux, pour ne pas dire inacceptables, et c'est
là-dessus que nous travaillerons pour que le ministre apporte des
changements. D'abord, au niveau des garanties de suppléance dont je
parlais tout à l'heure, ce qui nous semblait quelque chose d'important,
le ministre se garde, à notre point de vue, des pouvoirs abusifs. En
effet, les pouvoirs qu'il se garde par l'article 67 lui permettraient en
quelque sorte de devenir partie prenante dans un conflit de travail. Ces
pouvoirs avantagent surtout les compagnies papetières, non pas les
scieries.
En effet, on est obligé de constater qu'advenant, par exemple, un
défaut de fournir le matériel nécessaire,
c'est-à-dire des copeaux, par une scierie à une industrie
papetière à cause d'un conflit de travail, le ministre dit:
J'aurai le droit, comme ministre, de permettre à l'industrie
papetière d'aller exploiter la forêt et d'aller chercher la
matière dont elle a besoin. (17 h 20)
Sauf erreur, il n'y a pas l'inverse dans le projet de loi. Si une
scierie se retrouvait par hasard avec un surplus de copeaux qui n'est pas
acheté par une papetière à cause d'un conflit de travail,
l'inverse n'est pas nécessairement vrai, c'est-à-dire que la
scierie serait prise avec son matériau, avec ses copeaux, sans pouvoir
en disposer, sans qu'il y ait une quelconque pénalité pour la
papetière, sans qu'il y ait compensation pour cette scierie. Il nous
semble que, dans cet article, les papetières sont nettement
avantagées par rapport aux scieries, et Dieu sait si les scieries
constituent le secteur le plus fragile de cette exploitation
forestière.
Il y a un autre aspect sur lequel je veux revenir, c'est celui de la
gratuité des droits de coupe sur l'accroissement de la
possibilité qui dépasse les objectifs de remise en production. Il
nous semble qu'il ne devrait pas y avoir un avantage aussi marqué. Qu'on
encourage, soit, les entreprises à exploiter mieux et davantage leur
parterre de coupe, mais il ne nous semble pas qu'il soit raisonnable de briser
le droit traditionnel, le principe fondamental de l'État, à
savoir que l'État a toujours exigé un droit quelconque pour
l'utilisation de ces ressources. Il ne nous semble pas une bonne chose que ce
principe soit en quelque sorte remis en question, ne serait-ce qu'une petite
brèche qui est une prime à la productivité. On est
d'accord avec le ministre qu'il doit en être ainsi, mais il nous semble
qu'on devrait revenir là-dessus, que le ministre devrait réviser
sa position à cet égard.
Enfin, il y a un élément sur lequel il faut absolument
revenir et qui est inacceptable. Le projet de loi 150 sur les forêts doit
être adopté, à mon avis, après le projet de loi 102.
En effet, après avoir fait une étude attentive et fouillée
de ce projet de loi 150, quelle ne fut pas ma surprise de constater que, dans
le projet de loi 150 sur les forêts actuellement à l'étude
devant le Parlement, on fasse référence à un projet de loi
qui s'appelle le projet de loi 102. A l'article 24,3°, par exemple, on lit:
"...chapitre (indiquer ici le numéro de chapitre du projet de loi 102)".
On fait référence dans ce projet de loi 150... C'est normal,
puisqu'il y a un projet de loi qui l'encadre, qui sera patronné par le
patron du ministre délégué aux Forêts, le ministre
de l'Énergie et des Ressources et qui s'appelle le projet de loi 102. Il
nous semble bien qu'avant d'adopter un projet de loi en cette Chambre qui se
réfère à un autre projet de loi qui n'a pas encore
été adopté, dont la première lecture a
été faite mais dont aucune autre étape n'a
été franchie, cela nous paraît normal, dans une bonne
logique... Je pense que les ministres en conviendront; je les vois qui se
concertent actuellement... Peut-on adopter un projet de loi contenant des
références à un projet de loi qui n'est pas adopté?
C'est illogique, et j'espère que les deux ministres vont réussir
à se comprendre là-dessus.
Motion de report
Je voudrais donc proposer à ce stade-ci - vous m'indiquez que mon
temps achève -conformément à l'article 240 de notre
règlement, que le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 150 soit reporté à la reprise des travaux de
l'Assemblée nationale le 10 mars prochain. On sait qu'il y a des dates
qu'il faut respecter, mais, le 10 mars, je sais
qu'il ne sera pas trop tard pour faire l'étude de ce projet de
loi. Il me semble qu'en toute logique, le ministre délégué
aux Forêts, en nouveau législateur qu'il est, probablement un
honnête homme, un bon législateur, quelqu'un qui veut faire son
travail avec beaucoup de sérieux, devrait reporter l'étude de son
projet de loi à une date arrivant après que cette Chambre aura
réussi à travailler le projet de loi 102. Je vous remercie, M. le
Président. Oui, c'est une motion de report.
Le Vice-Président: M. le député de Roberval,
dans sa forme même, votre motion de report ne peut être
reçue, puisque c'est le principe que nous discutons actuellement pour
qu'il soit maintenant adopté. Donc, vous pouvez modifier votre motion et
présenter une motion faisant en sorte que le principe du projet de loi
soit adopté à une telle date. Dans ce sens, votre motion
deviendrait recevable.
M. Gauthier: Vous me dites, M. le Président, que dans le
libellé de la motion, je devrais indiquer le principe, c'est cela?
Le Vice-Président: La motion qui est en discussion
présentement c'est que le principe du projet de loi 150, soit maintenant
adopté. C'est la motion principale. Pour que votre motion soit recevable
dans la forme, il faudrait que vous amendiez cette motion, la motion principale
voulant que le principe soit maintenant adopté, en substituant les mots
que vous voulez, c'est-à-dire le mot "maintenant" par la date à
laquelle vous voulez que l'adoption du projet de loi soit reportée.
M. Gauthier: La motion, M. le Président, je vous la relis
et vous m'indiquerez exactement quels mots vous choquent à ce moment-ci
ou du moins choquent le règlement.
Je propose donc, conformément à l'article 240 de notre
règlement - jusque là, ça va, M. le Président? -
que le débat sur l'adoption du principe du projet de loi 150 soit
reporté à la reprise des travaux de l'Assemblée nationale,
le 10 mars prochain. Quelle est la partie qui ne convient pas, M. le
Président?
Le Vice-Président: Puisque vous voulez présenter
une motion, vous devez modifier la motion principale qui se lit ainsi: Que le
principe du projet de loi soit maintenant adopté. Je comprends que vous
voulez changer le mot "maintenant". Vous devez donc dire: Que le principe du
projet de loi soit adopté le 10 mars prochain.
M. Gauthier: Que le processus soit enclenché à
compter du 10 mars prochain, M. le Président. Est-ce qu'on se comprend
là-dessus?
Le Vice-Président: D'accord.
M. Gauthier: M. le Secrétaire général est
satisfait, oui?
Le Vice-Président: Très bien. Question de forme,
nous allons donc écrire... Nous comprenons le sens de votre motion, nous
allons procéder à l'écriture de la motion et nous allons
la répéter tantôt. Puisque nous avons une motion qui sera
recevable dans quelques instants, dans les bons termes -cette motion de report,
à ce stade-ci de nos discussions, est recevable - je vais suspendre les
travaux quelques instants afin que nous puissions nous entendre sur le
débat restreint sur cette motion de report. Je devrai rencontrer les
deux leaders pour déterminer le partage du temps sur cette motion de
report qui suscite un débat restreint d'un maximum de deux heures.
Nous suspendons donc nos travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
(Reprise à 17 h 33)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît:
Veuillez prendre place.
La motion du député de Roberval se lit donc comme suit:
"Que la motion en discussion soit amendée en retranchant le mot
"maintenant" et en ajoutant, à la fin, les mots "dans quatre mois".
Cette motion est recevable, en vertu de notre règlement, dans sa forme.
À la suite de la réunion avec les leaders, tel que le
prévoit le règlement, pour le partage du temps pour le
débat restreint d'un maximum de deux heures, il a été
convenu que le temps sera réparti également, soit une heure de
chaque côté, et il a également été entendu
qu'il n'y aura aucune limite de temps, à l'intérieur de
l'enveloppe, pour chaque intervention de chaque côté. Donc, un
député peut parler à loisir, limité seulement par
l'heure allouée à sa formation politique. Également, si
une formation politique ne prend pas tout le temps qui lui est alloué,
ce temps sera ajouté à l'autre formation politique.
Pour le débat qui s'engage à ce moment-ci sur la motion de
report, je reconnais M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le
député de Roberval, au nom de l'Opposition, demande de reporter
ce projet de loi à quatre mois. On connaît le but de cette
motion. C'est ce qu'on appelle communément une motion dilatoire.
Quand on veut faire de l'obstruction systématique, spécialement
à la fin d'une session, avant l'ajournement - parce que notre
règlement nous oblige à ajourner au plus tard, je crois, le 21
décembre -quand on veut retarder les travaux pour se placer vraiment
dans une position de négociation, en vue de négocier les lois
devraient être adoptées ou non, c'est une des procédures
que l'Opposition utilise cette fois-ci pour retarder et pour faire de
l'obstruction à ce projet de loi.
Cependant, ce projet de loi est un des plus importants non seulement
pour le gouvernement, mais pour les régions et pour l'industrie
forestière au Québec et je crois, M. le Président, que ce
n'est pas responsable de demander à l'Assemblée nationale, de
demander au législateur de reporter un projet de loi d'une telle
importance. Il y a eu des auditions en commission parlementaire. En
collaboration avec l'Opposition, nous avons invité les différents
intervenants du milieu. Ces gens nous ont fait savoir leurs
préoccupations et leurs recommandations au sujet du projet de loi. Ils
étaient tous d'accord qu'il y avait urgence, que c'était
nécessaire d'agir maintenant dans ce domaine parce qu'il y aura des
ruptures de stock, il y aura des conséquences assez difficiles pour
toute l'industrie.
Tous les intervenants sont d'accord avec le principe du projet de loi,
sur la nécessité d'agir. Ce que je ne comprends pas de
l'Opposition, c'est que le député de Roberval a pris une bonne
partie de son temps pour décrire comment c'était vraiment eux qui
réclamaient la paternité du projet de loi; c'était quelque
chose qu'ils avaient conçu quand ils étaient au pouvoir, qu'ils
avaient demandé et qu'ils devaient présenter à
l'Assemblée nationale. Maintenant que le projet de loi est devant
l'Assemblée nationale, ils nous disent: Non, on ne veut pas qu'il soit
adopté. Franchement, ils manquent de cohérence. Ils manquent
grandement de cohérence. La seule raison que j'ai entendue pour reporter
le projet de loi, c'est qu'on nous dit que c'est parce que le projet de loi
fait référence à un autre projet de loi, Loi sur les
terres du domaine public, le projet de loi 102. C'est exact. Il fait
référence au projet de loi 102 qui est une modification, une
réforme du régime des terres.
M. le Président, ce n'est pas une raison rationnelle pour dire
qu'on n'adoptera pas ce projet de loi. Je peux assurer le député
de Roberval et l'Opposition que c'est notre intention de faire adopter avant la
fin de la session le projet de loi 102 qui a été
présenté à l'Assemblée nationale et les deux
projets de loi seront adoptés en même temps, avant le 21
décembre. Je peux assurer et mon collègue, le ministre
délégué aux Forêts, va assurer l'Opposition qu'il
n'y a pas d'incompatibilité entre le projet de loi sur les terres et la
loi que nous discutons maintenant, la Loi sur le nouveau régime
forestier.
Je crois qu'il serait irresponsable de dire que nous allons remettre
à quatre mois ou à une date ultérieure la discussion et
l'adoption de ce projet de loi. Tous les intervenants veulent le projet de loi.
Cela représente des emplois, cela représente un nouveau
régime forestier, cela représente des investissements dans les
différentes régions. Je pourrais dire à l'Opposition que
pendant des années on savait qu'il y avait des difficultés dans
le régime forestier. On savait qu'il pouvait y avoir des ruptures de
stock. On savait qu'il fallait avoir une réforme dans le régime
forestier.
Le fait que l'Opposition n'ait pas agi pendant neuf ans n'est pas une
raison pour nous de ne pas agir maintenant. Ce n'est pas une raison. Vous aviez
neuf ans pour présenter une réforme du régime forestier,
vu que des représentations avaient été faites par le
milieu. Maintenant, ce projet de loi est présenté à
l'Assemblée nationale dans sa forme actuelle, après discussions.
Il y a eu un avant-projet de loi pour démontrer la bonne foi du
gouvernement et la façon efficace avec laquelle le ministre
délégué aux Forêts a voulu agir. Il n'a pas voulu
imposer ce régime. Il aurait bien pu déposer son projet de loi et
demander une commission parlementaire. Ce n'est pas cela qu'il a fait. Il a
déposé un avant-projet de loi. L'avant-projet de loi a
été discuté avec les différents intervenants du
milieu forestier. (17 h 40)
Le député de Roberval, de l'Opposition, sait que nous
avons fait des changements substantiels pour répondre aux
représentations qui nous ont été faites. M. le
Président, je crois que ce n'est pas le temps maintenant de donner suite
à des motions dilatoires. Ce n'est pas le temps maintenant de reporter
la discussion d'un projet de loi attendu depuis longtemps par tous les
intervenants, tout le milieu forestier, le secteur des pâtes et papiers,
le secteur des scieries et tous ceux qui savent qu'il faut absolument apporter
des modifications et une réforme de fond au régime forestier.
M. le Président, j'espère qu'on peut faire appel à
la responsabilité de l'Opposition. Si vous avez des objections sur
certains aspects du projet de loi, dites-le. Vous en avez eu l'occasion. Quand
la commission parlementaire a eu lieu, vous étiez là. Vous avez
posé des questions aux intervenants. Vous savez ce qu'ils vous ont dit.
Vous voyez les différences entre le projet de loi actuel qui a
été déposé et l'avant-projet de loi. Vous savez que
nous avons répondu en grande partie aux représentations qui nous
ont été faites. Je crois que la seule façon dont
l'Opposition devrait réagir, ce serait d'une façon
responsable. Au lieu de perdre le temps sur une motion dilatoire,
procédons à la discussion sur le fond du projet de loi.
Examinons le principe. Discutons le principe. Examinons les
modalités. Procédons en commission parlementaire, en
deuxième lecture, à l'étude article par article. Si
l'Opposition a vraiment des points à faire valoir, c'est à ce
moment-là qu'il faut le faire. Si elle peut bonifier un article, elle
peut apporter un amendement, elle peut faire des recommandations pour
améliorer le projet de loi. Cela serait quelque chose de positif. Mais,
je ne vois pas ce qu'on va accomplir en reportant, en laissant le doute planer
dans toute la population, en donnant l'impression...
Écoutez, cela fait des années que nous devrions avoir une
réforme du régime forestier. Maintenant que nous avons eu les
auditions en commission parlementaire, maintenant que les changements ont
été faits à l'avant-projet de loi, maintenant que nous
avons un projet de loi déposé devant l'Assemblée
nationale, que nous sommes prêts à aller le discuter article par
article après son adoption en principe, là on va dire: Non, on ne
le discutera pas, on va reporter l'étude à quatre mois.
Si, moi, je croyais que, vraiment, cela pouvait apporter quelque chose
d'additionnel, quelque chose de plus, qu'on pouvait être positif, si
c'était une procédure et un délai selon lesquels on
pouvait ajouter quelque chose de positif, j'accepterais volontiers. Ce n'est
pas le cas. Le cas est que nous devons procéder maintenant. Il y a
urgence. Cela fait assez longtemps que nous attendons. Procédons
à l'adoption du principe du projet de loi. Examinons-le article par
article et, s'il y a des changements à faire, faisons-les à ce
moment, et soyons responsables, procédons à l'adoption du projet
de loi dont le milieu a tellement besoin. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède la parole à M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci. Peu importent les intentions que veut nous
prêter le ministre de l'Énergie et des Ressources,
véritable ministre des Forêts à ce qu'on peut voir, puisque
c'est lui qui répond en tant que ministre de tutelle à la motion
que l'on a actuellement... Peu importent, donc, les remarques
déplaisantes qui ont été faites à notre
égard par le ministre de tutelle de la forêt, il reste une chose,
il reste que la motion qui a été déposée par mon
collègue, député de Roberval, est en soi excessivement
importante et on doit lui donner la valeur qu'elle mérite.
En effet, dans le projet de loi 150 qu'on a sous les yeux, on fait
référence à quelques reprises référence
à une loi qui n'existe pas encore, qui est uniquement à
l'état de projet et qui a des incidences importantes sur l'application
du projet de loi 150, Loi sur les forêts, déposé par le
ministre délégué aux Forêts. Pourquoi des
implications importantes? Allons voir juste à l'article 24 qui est,
à toutes fins utiles, la pierre angulaire du projet de loi sur les
forêts, article qui fait référence spécifiquement
aux activités d'aménagement forestier. On dit au troisième
paragraphe de cet article: "la compatibilité des activités qui
s'exercent sur les diverses unités territoriales, compte tenu des
vocations identifiées dans le plan d'affectation approuvé par le
gouvernement conformément à la Loi sur les terres du domaine
public.
On prétend d'ores et déjà que les articles auxquels
on fait référence dans le projet de loi sur les terres du domaine
public vont être adoptés et vont rester tels qu'ils sont
présentés devant cette Chambre. Il n'y a rien dans la
démarche parlementaire qui nous assure que cela va être le cas. On
fait, entre autres, spécifiquement référence aux articles
17, 18, 19 et 20 du projet de loi 102, Loi sur les terres du domaine public,
où il est question des plans d'affectation des terres. On
prétend, M. le Président, on court-circuite le travail des
parlementaires, la responsabilité des gens qui ont été
élus pour siéger en cette Chambre. On les court-circuite en nous
demandant de voter, dans un projet de loi, des hypothèses qui
apparaissent dans un autre projet de loi qui, lui, n'est pas encore
voté. Est-ce qu'on peut voter raisonnablement? Est-ce qu'on peut voter
sciemment des articles qui font référence à un projet de
loi qui est encore hypothétique, puisqu'il n'a même pas eu son
débat de deuxième lecture. Au moment où on se parle,
l'adoption du principe n'a pas encore été faite. Je pense, M. le
Président, que c'est là un manque flagrant d'intérêt
ou un manque de responsabilité envers les devoirs de ce Parlement.
Il y a aussi d'autres articles dans le projet de loi qui sont
affectés de la même façon. Il y a l'article 170 où
on fait référence spécifiquement à l'article 18 du
projet de loi 102. Dans l'article 170 du projet de loi 150 sur les
forêts, on se permet de préciser le numéro d'un article
dans un autre projet de loi, le projet de loi 102, qui n'est même pas
encore voté et dont la discussion ne s'est même pas encore faite
en cette Chambre. On fait référence à l'article 18. Il n'y
a rien comme tel qui nous dit que l'article 18 va rester après le
débat en commission parlementaire article par article. Il n'y a rien qui
nous dit que le principe qu'on a actuellement dans le projet de loi 102 va
s'appeler encore l'article 18. Si jamais il demeure, il n'y a rien qui nous
dit
que cela s'appellera encore l'article 18 après avoir passé
au centrifuge de la commission parlementaire.
C'est bien évident qu'on a là un petit problème de
procédure, je crois, qu'on doit regarder en toute
honnêteté. S'il y a urgence, s'il y a urgence comme le
prétend si bien le ministre de l'Énergie et des Ressources...
Urgence il y a, nous en sommes convaincus. Nous sommes convaincus qu'il y a
à revenir sur l'urgence. D'ailleurs, c'est en toute franchise, en toute
honnêteté que l'actuel gouvernement doit reconnaître
à l'ancien gouvernement du Parti québécois la
paternité du projet de loi en question même s'il a
été passablement écorché avec le temps et avec la
passation des pouvoirs. Mais il reste que les principes fondamentaux et les
discussions premières, toute la démarche qui a été
entreprise au cours des années sur le problème de la protection
de nos forêts, tout cela a bel et bien été
enclenché, préparé, mastiqué et mâché
par l'ancien gouvernement du Parti québécois. Finalement, le
gouvernement actuel n'a qu'à cueillir un certain nombre de fruits dans
un arbre déjà mûr. Malheureusement, il ne ramasse pas tous
les fruits et peut-être que les fruits qu'il ramasse ne sont pas les plus
mûrs. En tout cas, il a le choix. L'arbre est là et mûri et
les fruits sont dedans. Il n'a qu'à ramasser et qu'à faire de la
cueillette. Nous espérons qu'il va cueillir au maximum les bons fruits
juteux qui sont déjà là. (17 h 50)
Dans l'actuel projet de loi qu'on a sous les yeux, ce n'est
peut-être pas nécessairement les fruits les plus juteux et les
plus intéressants que l'actuel gouvernement a l'intention de ramasser et
de récolter. Il faut s'entendre. Il y a eu un énorme changement
entre l'avant-projet de loi qui nous avait été
déposé dans le courant de l'été et qui a
été discuté en commission parlementaire à l'automne
et ce que l'on retrouve aujourd'hui sur notre table à dessin.
Effectivement, il y a eu un énorme cheminement. Cela ne se ressemble
plus du tout. Le ministre a modifié diamétralement un certain
nombre des positions qu'il avait à ce moment-là et il en est
venu, par le biais de la concertation, de la discussion et de la persuasion,
à adapter certains principes à une situation vécue,
à un réel au quotidien de l'industrie forestière. Nous
nous en réjouissons. Mais il n'y a rien qui nous dit qu'il n'y a pas
encore mieux à faire et qu'on ne peut pas aller encore plus loin dans la
démarche actuelle.
Dans ce sens, en plus, je dis bien, de contaster que l'on doit adopter
un projet de loi dans lequel on fait référence à des
articles d'un projet de loi qui est encore uniquement à l'idée du
principe, ce qui nous semble aberrant c'est que la démarche, à
notre avis, n'est pas complétée et qu'il y encore à faire.
D'ailleurs, au cours des derniers jours, l'industrie forestière, autant
l'industrie du papier que l'industrie du sciage et l'industrie du bois
d'oeuvre, a eu l'occasion de réagir et de se prétendre un peu
bousculée par l'adoption ou la rapidité avec laquelle le
gouvernement revient immédiatement avec un projet de loi et veut
absolument discuter et passer au plus vite à la commission parlementaire
à l'étude article par article sans laisser le temps à
l'industrie forestière de réagir. Certes, elle a réagi sur
l'avant-projet de loi, mais elle n'a pas eu le temps de réagir sur le
projet de loi actuel, d'autant plus qu'au moment où on le dépose,
la grande majorité des intervenants dans le domaine de la forêt
est préoccupée par un autre problème qui lui tombe sur la
tête, venant de l'autre côté de l'Outaouais, soit les 15 %
de taxe supplémentaire que l'on doit payer ou que l'industrie aura
à absorber dans ses ventes aux États-Unis. C'est un
problème dont on nous parle ici et là. Le gouvernement actuel
s'est permis de nous dire à quelques reprises que cela relevait des
instances fédérales etc., qu'il allait intervenir pour le mieux.
On en a discuté à d'autres tables. Il en a été
question ailleurs mais il en a rarement été question ici en cette
Assemblée. Or, au moment où l'industrie forestière est en
plein brouhaha et en plein branle-bas de combat par rapport à ce
problème, on se dépêche de venir adopter ou de nous
demander d'adopter rapidement un projet de loi qui va pour le moins affecter
l'ensemble de notre industrie forestière au cours des 25 prochaines
années. Je ne pense pas qu'on adopte une politique forestière
pour la modifier du jour au lendemain. Quand on parle d'une politique
forestière, on se donne un échéancier qui nous permet de
réagir et qui suit l'évolution de toute une
société. Il me semble qu'il n'y a rien d'exagéré
dans le fait de demander un report de quelques mois dans ces conditions.
Il ne faut pas oublier une chose, et c'est important de prendre le temps
d'en discuter: Quand on parle des activités d'aménagement
forestier à l'article 24 qui est la pierre angulaire du projet de loi -
ce qu'on veut, c'est amener l'industrie forestière à investir
dans la régénération des forêts - il faut être
clair. Le plan d'affectation dont il est question n'a de pouvoir légal
que si ce pouvoir lui est conféré par la loi sur l'affectation
des terres. Actuellement, le plan d'affectation n'a pas de pouvoir légal
en soi, et encore moins les modalités d'intervention en milieu forestier
qui, elles, sont consécutives ou dépendent directement du plan
d'affectation des forêts qui sera déterminé par les
différentes instances compétentes.
Si on veut que cette pierre angulaire, qui est le plan d'affectation par
le biais des modalités d'intervention, ait un pouvoir légal, il
faut que cela lui soit conféré par la loi,
et cette loi n'est pas encore adoptée au moment où on se
parle. Il nous semble tout à fait important de pouvoir d'abord discuter
de la loi qui, elle, conférera des pouvoirs avant de commencer à
légiférer sur les pouvoirs, car la loi qui confinera ces pouvoirs
n'est pas encore adoptée. C'est une problématique, et je pense
que le gouvernement devra commencer à respecter un jour la
procédure parlementaire. Ce n'est pas le comité des sages qui
viendra siéger à l'Assemblée nationale, à moins
qu'il se fasse élire par la population. Pour le moment, ce n'est pas le
cas. Le comité des sages a sa place quelque part à
l'intérieur du fonctionnement du gouvernement, mais il faudrait quand
même un jour qu'il se tourne vers l'Assemblée nationale, sinon on
ne garantit rien de son avenir. Voilà quelques-unes des raisons qui font
en sorte que nous nous sentons tout à fait légitimés de
demander un report.
Enfin, je voudrais préciser que quand le ministre de
l'Énergie et des Ressources nous disait tout à l'heure: C'est un
projet de loi important, il faut que cela se fasse vite, c'est pressant, c'est
certes pressant, je l'ai dit. Nous sommes tout à fait d'accord sur
l'urgence du projet de loi, sur le piètre état dans lequel se
trouve notre forêt actuellement. Mais il ne faut pas oublier qu'à
l'article 228 du projet de loi 150 qui est déposé par le ministre
délégué aux Forêts, on dit que la présente
loi entre en vigueur le 1er avril 1987. L'entrée en vigueur se fera le
1er avril 1987; il nous reste encore plus d'un an, un an et quatre mois
exactement. Je pense que cela nous donne le temps d'élargir nos
visières, de voir l'ensemble du problème. Ce n'est pas parce
qu'on reporterait de quatre mois l'adoption du principe d'un tel projet de loi
qu'on va modifier la date du 1er avril 1987. Il reste encore largement de
temps, à l'intérieur du délai que se donne le gouvernement
pour appliquer sa loi, pour se donner quelques semaines ou quelques mois de
plus afin de s'assurer que le pas qu'on va faire sera vraiment un pas en avant,
pour reprendre une expression populaire, que ce ne sera pas un pas vers le
précipice. Je pense que, si le ministre délégué aux
Forêts veut vraiment que son projet de loi soit un véritable, un
authentique projet de loi forestier pour l'avenir des forêts du
Québec et pour la survie de l'ensemble des intervenants
québécois dans le domaine forestier, il doit appuyer
d'emblée la proposition qu'on lui fait actuellement. À
l'intérieur du cadre du 1er avril 1987 qu'il se donne comme date de
référence pour l'application du projet de loi, il peut
très bien se donner encore trois ou quatre mois de réflexion
conjointe entre parlementaires, avec l'industrie, avec les différents
intervenants, avec les gens qui utilisent la forêt pour leurs loisirs,
pour la culture, avec tous ces gens, pour s'assurer que le projet de loi qu'il
vient de déposer est véritablement conforme aux revendications
faites par l'ensemble des intervenants qui sont venus en commission
parlementaire sur l'avant-projet de loi. Dans ce sens, nous aurons une
véritable politique forestière dont tous et chacun des
Québécois seront fiers au cours des 25 prochaines
années.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, étant donné l'heure tardive, je vous
demanderais de suspendre nos travaux. J'aimerais exercer mon droit de parole
à 20 heures.
Le Vice-Président: D'accord. Est-ce que cette motion de
suspension est adoptée.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Puisqu'il est 18 heures,
l'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 4)
La Vice-Présidente: À l'ordre! Veuillez reprendre
vos sièges, nous allons reprendre nos travaux. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 42 du feuilleton, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: À l'article 42, il s'agit du
projet de loi 150, Loi sur les forêts. Nous allons donc reprendre le
débat sur la motion d'amendement présentée par le
député de Roberval; la suspension a été
demandée par M. le ministre délégué aux
Forêts.
M. le ministre délégué aux Forêts.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je ne pensais pas qu'un soir je serais pris dans une
situation aussi ridicule ou stupide. On fait une motion de report, mais on ne
sait pas pourquoi on la fait. J'aimerais m'expliquer, si vous me le permettez.
Dans mon discours, j'ai mentionné qu'il était très urgent
de voter une loi sur les forêts. J'ai mentionné l'importance
économique de la ressource, j'ai mentionné son impact sur
l'emploi dans les régions et j'ai aussi mentionné l'état
lamentable des
forêts.
Les gens de l'Opposition ont aussi mentionné dans leurs discours
l'état lamentable des forêts. La problématique a
été publiée en 1984. On connaît la situation de la
forêt, on sait qu'on a trop tardé à faire quelque chose
pour la forêt. On sait également que les gouvernements n'ont
jamais demandé aux industriels d'aménager la forêt
adéquatement, de la cultiver et de la jardiner, s'il le fallait, et
même de la cajoler. On sait cela aussi.
Moi, j'ai des priorités. Évidemment, ma priorité,
c'est ma famille, c'est ma province, c'est le fait français au
Québec, c'est ma culture francophone mais c'est aussi la forêt. Si
je me suis impliqué, si j'ai accepté le mandat actuel, c'est
également pour la forêt. Si on fait quelque chose, on le fait un
peu pour nous-mêmes, on le fait pour les jeunes - il y en a plusieurs
dans les galeries - on le fait pour les générations futures. Si
l'Opposition veut retarder l'adoption du projet de loi pour le plaisir de la
chose, pour placoter, comme elle l'a fait pendant une dizaine d'années
au sujet de la forêt, évidemment, c'est une situation qui n'est
pas acceptable, c'est une situation ridicule.
Il y a urgence. On ne peut pas nous reprocher de vouloir intervenir, de
démontrer une volonté politique de faire quelque chose pour la
forêt. Cela me faisait sourire quand j'entendais le député
d'Ungava essayer d'expliquer la motion de report du député de
Roberval. En commission parlementaire, il était là aussi et
essayait d'expliquer l'esprit du député de Duplessis qui essayait
d'interpréter la forêt. C'est évident que durant ma
campagne électorale, j'en ai parlé de la forêt. C'est
évident que, durant ma campagne électorale, j'ai parlé
à maintes reprises de la forêt. J'ai également dit, lors de
cette campagne qu'il fallait que la forêt soit remise entre les mains des
professionnels de la forêt. Je ne crois pas que les députés
de Duplessis, d'Ungava et de Roberval soient des professionnels de la
forêt. Ils représentent une population et ils peuvent juger mais,
quand on parle de connaissance de la forêt, je pense qu'il faut situer
les choses bien à leur place.
Nous avons perdu un temps précieux, au cours des dix
dernières années. Je vous dirai cependant que ce n'est pas
seulement au cours des dix dernières années. Cela fait plus
longtemps que cela qu'on perd notre temps à parler de la forêt et
qu'on n'ose rien faire. Si un gouvernement veut faire quelque chose pour
corriger la situation actuelle et améliorer la situation future de nos
forêts et, de cette façon, protéger l'utilisation
polyvalente de la forêt et nos emplois, je ne vois pas pourquoi on
s'amuserait à discuter une proposition que l'Opposition juge valable.
Même les députés de Roberval et de Duplessis en
réclamaient une grande partie de la paternité.
C'est sûr que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de la
forêt. On en parle depuis longtemps. J'aimerais vous lire ce qu'un chef
forestier disait de la forêt dans un mémoire
présenté à l'honorable Cliche en 1965: "Une augmentation
de 50 % dans la production des usines de l'industrie primaire durant la
prochaine décennie nécessitera une augmentation semblable dans
les approvisionnements en matières premières. Cela
nécessitera - remarquez bien, c'était en 1965 des travaux de
sylviculture sur les territoires les plus accessibles et les plus productifs
visant à augmenter les rendements actuels, une expansion territoriale
des opérations forestières pendant que les traitements
appropriés se poursuivront aux endroits de choix et aussi une
participation - j'ai parlé d'un "partnership" dans mon discours
-conjointe du gouvernement et des compagnies ou de l'industrie dans
l'élaboration et l'exécution des travaux sylvicoles
appropriés, compte tenu des exigences du marché et des
fluctuations dans les prix de revient. En vue d'atteindre ces objectifs - comme
le disait M. Félicien Rivard qui était alors chef forestier de
Canadian International Paper, qui est le père du député de
Rosemont -principaux de la mise en valeur des ressources forestières,
c'est-à-dire retirer le maximum pour le plus grand nombre de citoyens de
la province, nous recommandons une collaboration étroite entre le
gouvernement et la compagnie dans l'étude approfondie des faits actuels
et l'élaboration conjointe des plans d'aménagement forestier
régionaux qui peuvent varier de région en région. "Une
collaboration aussi étroite entre le gouvernement et la compagnie dans
l'exécution des plans acceptés par les parties en cause, c'est ce
que nous proposons également aujourd'hui." Ce n'est pas d'aujourd'hui.
Cela fait 21 ans qu'on a écrit cela. On en a parlé il y a 40 ans.
J'ai une expérience de 40 ans en forêt. Cela fait 40 ans que j'en
parle. J'ai vécu les problèmes forestiers et je suis en mesure
d'en parler aujourd'hui, Mme la Présidente. Je ne vois pas pourquoi on
va tergiverser sur une question de report parce qu'il y a une
référence à un autre projet de loi qui n'est pas encore
voté et qui sera évidemment voté.
M. Rivard disait aussi: "On voulait une planification à
long terme plutôt qu'à court terme - quand on fait des motions
semblables, c'est à court terme, c'est juste pour avoir un petit peu de
"galerie" - en tenant compte des développements futurs, des
méthodes d'utilisation et de tous les facteurs présents et
à venir qui varieront avec la technologie des bois et des produits des
usines." Quand on parlait d'aménagement forestier dans le temps,
c'était aussi urgent. On disait: En termes très simples -
prenez-en note du côté de l'Opposition - d'après
Larousse, aménager veut dire disposer avec ordre. Vous avez
disposé avec désordre, pendant neuf ans, de la forêt et
aujourd'hui, si on veut faire des choses, vous voulez continuer votre
désordre. Ou bien cela voulait dire aussi régler des coupes en
forêt. Dans les deux cas, il s'agit de mettre de l'ordre. Or, pour
aménager une forêt et y maintenir de l'ordre, nous croyons qu'il
est nécessaire de considérer en même temps toutes les
richesses renouvelables qu'elle contient et c'est pourquoi nous recommandons un
comité conjoint gouvernement-industries composé
d'ingénieurs forestiers et pas de bricoleurs qui auront pour mission
initiale d'évaluer le potentiel des richesses renouvelables à
aménager et de préparer les instructions adéquates pour
faire ce travail.
On demandait également un plan général
d'aménagement par le ministre ou le propriétaire, selon la
teneur, une révision du schéma d'aménagement et toutes ces
questions. Si l'Opposition avait été sérieuse dans sa
demande de report, je pense et je suis convaincu qu'il lui aurait
été préférable de signaler, disons à
l'article 24, une modification au 3° de l'article 24 qui aurait
évité ce débat et qui nous aurait permis de
procéder avec diligence. Je vais vous faire la suggestion. À
l'article 24, on dit: "Le titulaire d'un permis d'intervention doit, dans
l'exercice des activités d'aménagement forestier, se conformer
aux normes d'intervention forestière prescrites par le gouvernement par
voie réglementaire." À 3°, on pourrait dire tout simplement:
"la compatibilité des activités qui s'exercent sur les diverses
unités territoriales, compte tenu de leur vocation", et arrêter
ça là. On aurait évité de parler de la loi 102. On
aurait évité une motion de report et de placoter ici dans cette
Assemblée.
À l'article 166, on aurait pu faire la même chose. On
aurait pu dire: ces normes peuvent varier selon leur vocation, tel que convenu
à l'article 24. Cela aurait été aussi simple que cela.
Mais, parce que quelqu'un veut avoir une tribune, quelqu'un veut s'amuser... Je
vous dirai qu'on a assez attendu, qu'il est urgent que l'on adopte une loi sur
les forêts parce que, d'abord, les régions attendent cela, il y a
plusieurs municipalités qui dépendent exclusivement ou presque
entièrement d'une activité forestière, d'une usine de
transformation, et, dans certaines régions, parce qu'on a niaisé
sur les mesures à prendre en forêt dans le passé, on fait
face à des ruptures de stock.
Il faut se demander, Mme la Présidente, depuis combien de temps
le gouvernement a alloué plus de bois que la forêt ne pouvait en
donner, autrement dit plus de bois que la possibilité forestière.
Il faut se demander depuis combien d'années cela existe. Parce que, en
1976, on était juste à peu près au "break-even point"
là-dessus. Aujourd'hui, le gouvernement a autorisé la coupe de 31
000 000 de mètres cubes de bois alors que la forêt, sans
aménagement intensif, ne peut fournir que 18 000 000 de mètres
cubes de bois. Et on veut qu'on continue ce désordre. Mais quand on
souhaite cela, on n'aime pas son prochain et on n'aime pas ses enfants ni les
enfants de nos enfants ni les générations futures parce qu'on se
dirige vers des désastres à des endroits. On se dirige vers des
drames sociaux importants dans différentes municipalités. Il est
plus que temps qu'on intervienne en forêt. La forêt, cela prend
plus d'une année. Ce n'est pas un jardin, ce n'est pas tout à
fait comme un jardin. Cela se cultive aussi, mais cela prend plus de temps
à cultiver, à faire pousser et à produire qu'un jardin
ordinaire.
On a déjà assez attendu, n'est-ce pas? parce qu'on parle
de l'état des forêts, l'état lamentable des forêts.
Il s'agit de se rappeler que ce que les gouvernements ont autorisé dans
le passé. Ils ont autorisé les compagnies forestières
à couper, à se retourner de bord et à oublier. Il y a
seulement 45 % de nos forêts qui se régénèrent
adéquatement, naturellement. La balance ne se
régénère pas. On ne peut pas fonctionner avec 45 % de
notre territoire forestier. On ne pourra pas maintenir nos habitats fauniques,
on ne pourra pas maintenir notre environnement, la qualité de l'air et
maintenir notre industrie, si on continue à tolérer de cette
façon.
Dans la motion de l'Opposition, c'est ce que je vois. On dit: Continuons
ce qu'on a niaisé pendant neuf ans et on va continuer à donner
des permis de coupe ou des autorisations supérieures à ce que la
forêt peut fournir. Il n'y a rien de logique dans tout cela. Il ne faut
pas s'aimer soi-même, il ne faut pas aimer son prochain et il ne faut pas
aimer non plus les générations à venir qui vont nous
succéder. Moi j'ai plus de fierté que cela pour mes enfants et
les enfants de mes enfants, Mme la Présidente.
Quand j'écoute le député de Duplessis parler des
compagnies papetières il a l'air de les détester. Mon Dieu! les
compagnies papetières ont fait ce qu'on leur a demandé dans le
passé. On ne leur a pas demandé de cultiver la forêt. On ne
leur a pas demandé d'aménager la forêt. C'était
à nous, comme gouvernement, de le faire. Le gouvernement libéral,
dont je suis fier de faire partie, est prêt à le faire pour
assurer notre avenir. Il est prêt à le faire aussi pour assurer
notre présent. Cela me rappelle une anecdote que j'ai vécue comme
président de REXFOR, quand je voyais le député de Saguenay
d'alors, M. Lessard, parler de ITT et les traiter de bandits.
C'est bien sûr qu'on ne leur faisait pas une approche favorisant
la réussite. On les
traitait, parce que c'était une multinationale... Souvenez-vous,
Mme la Présidente, que ces dernières années, il y a deux,
trois ans, le gouvernement du Parti québécois courait
après les multinationales. On les appelait alors les grandes compagnies.
Je vous citerai Pechiney. On avait changé de vocabulaire parce qu'on
s'est aperçu qu'on s'était trompé. Il ne faudrait pas
faire les mêmes erreurs aujourd'hui sur le dos des papetières ou
sur le dos de l'industrie du sciage, sur le dos des adeptes de la forêt
et de la récréation, les chasseurs et les pêcheurs.
Il est temps qu'on cultive notre forêt, qu'on la respecte. Il est
temps aussi que les utilisateurs de la forêt, que ce soit au point de vue
de la récréation, que ce soit au point de vue industriel,
respectent la forêt et que chacun contribue à son
aménagement. Nous avons la volonté politique et le courage de
passer à l'action. Je ne vois pas pourquoi, je ne vois pas sur quelle
base, sur quel argument on pourrait dire: On va traîner encore cette
idée de faire semblant de faire des choses. Faire des choses, cela ne
nuira à personne, au contraire. C'est un investissement formidable qu'on
propose aux Québécois et aux Québécoises. Il s'agit
d'aller voir ce qui se passe ailleurs chez ceux qui ont eu le courage de le
faire. Du côté de la fertilisation à certains endroits on
affirme, preuve à l'appui, que c'est comme placer son argent à la
banque avec un taux d'intérêt de 25 %.
Ce sont des investissements qu'on propose à la population. Ce
sont des investissements qui rapporteront aussi aux générations
à venir. Pour moi, le temps de "parloter" et de niaiser sur cette
question est révolu. Je ne comprends pas l'Opposition, nos amis d'en
face, de vouloir reporter ce projet de loi pour une référence
dans le texte qui peut facilement être contournée. S'ils avaient
été intelligents pour cinq cents, c'est ce qu'ils auraient
proposé.
Il est temps aussi de garantir l'avenir et le développement de
nos régions. Les gens en régions sont inquiets de voir la
situation, de voir la forêt s'éloigner des usines, de vivre sous
menace de voir fermer des usines; on a eu des exemples assez fréquents
de cela.
Heureusement, REXFOR a rendu de grands services en certaines occasions,
mais REXFOR ne pourra pas faire de miracle ni l'impossible. Quand il n'y aura
plus de forêt, comme dans certains coins, que voulez-vous que REXFOR
fasse à ces endroits? Il faut être sérieux quand on parle
de REXFOR. REXFOR a rendu de grands services à la province dans
certaines régions et continuera d'en rendre. Il faut lui donner des
mandats qui sont réalisables. Il faut lui donner des mandats qui ont une
chance de réussite. (20 h 20)
Mme la Présidente, je trouve qu'il est grand temps de
protéger nos emplois existants dans l'industrie et, si possible, d'en
créer de nouveaux. L'an passé, le gouvernement
précédent a vécu la fermeture de Forex. C'est dramatique.
Il faut commencer à faire de l'aménagement intensif sinon Forex
manquera de bois même avec tout l'argent que le gouvernement
précédent a mis dans cette entreprise.
Il est temps que l'on fasse quelque chose et c'est le désir
unanime du milieu forestier. En commission parlementaire, on a entendu à
peu près tous les points de vue possibles et imaginables sur la question
de la forêt. On va consulter encore des gens au cas où quelqu'un
aurait une idée. Il n'y aura pas d'autres idées que celles dont
on a parlé en commission parlementaire et dont on parle depuis vingt ans
et quarante ans. Il n'y aura pas de nouvelles idées, parce que l'on
répète la même chose.
C'est sûr que dans le projet de loi actuel, les fondements, les
principes étaient là bien avant le 2 décembre 1985. Ce
n'est pas d'aujourd'hui que l'on parle de la forêt. Ce n'est pas
d'aujourd'hui que l'on dit des choses semblables. On n'a rien inventé
là-dessus, mais on s'est amusé pendant de nombreuses
années, des dizaines années. Dans certains pays, cela fait cent
ans que l'on fait de la sylviculture. Allez voir au Nouveau-Brunswick
près de chez nous, une entreprise privée qui a son propre centre
de production de plants, qui reboise à son compte de 12 000 000 à
14 000 000 de plants par année, qui a son centre de recherche et ses
avions pour protéger sa forêt contre les insectes et contre le
feu. Tout cela, cette entreprise le fait parce que ce sont des investissements
profitables. Elle le fait sans aucune subvention.
Nous, nous proposons à l'industrie de l'aider, de collaborer avec
elle et de le faire conjointement. Malgré tout, nos amis d'en face
disent: On va retarder cela, on va s'amuser encore un petit bout de temps. Si
j'ai accepté ce mandat, ce n'est pas pour m'amuser, mais pour faire des
choses sérieuses. Si nos amis n'ont fait que cela pendant neuf ans, je
n'ai pas l'intention de faire pareil. Il y en a qui s'ennuient peut-être
de rester tranquilles...
Une voix: Ils sont paresseux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon?
Une voix: Ils ne veulent pas travailler.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit que
c'est parce qu'ils ne veulent pas travailler. On va les faire travailler un peu
plus. Mais la Loi sur les forêts fait partie intégrante de nos
engagements politiques, du mien personnellement et je crois que, dans le
cours de notre mandat, on devrait la mettre en application. On se donne
jusqu'au 1er avril 1990 pour la mettre en application en totalité et on
le fera certainement pour le plus grand bien des Québécois et des
Québécoises. Je vous remercie, Mme la Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente. Ma première
remarque sera pour vous dire que j'espère que vous aurez autant de
tolérance envers celui qui parlera durant les prochaines minutes que
vous en avez eu envers le ministre délégué aux
Forêts qui n'a pas dit un mot sur la motion de report. Il a repris son
discours sur l'adoption du principe du projet de loi. Cela fait drôle
d'entendre le ministre porteur du ballon nous dire: Je n'ai aucune
espèce de raison, je ne sais pas du tout pourquoi il y a une motion de
report, mais je vous vais l'expliquer.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Je n'ai jamais vu cela en dix ans de vie
parlementaire. On a eu droit à un discours moralisateur disant: Nous, on
a la voie, la vérité, la vertu. J'aurais pu citer des textes
où le ministre délégué aux Forêts disait en
commission parlementaire: Tout ce qu'on a fait, c'est qu'on a repris là
où vous l'aviez laissé... Il ne faut pas penser que celui qui
vient de parler a inventé les boutons à quatre trous. D'abord, on
sait d'où il vient. Pour quelqu'un qui, effectivement, a peut-être
contribué à "désaltérer" la forêt d'une
façon sans précédent, compte tenu de ses anciennes
responsabilités, il est sûrement bien placé pour en parler.
La motion de report...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Question de
règlement.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, si on
m'accuse d'avoir pillé la forêt, je pourrais
peut-être...
La Vice-Présidente: Excusez-moi, M. le ministre
délégué aux Forêts, mais il ne s'agit pas d'une
question de règlement. M. le ministre, je tiens à vous dire qu'il
y a des articles du règlement qui sont très explicites
là-dessus. Si vous prétendez que vos propos ont été
mal interprétés, vous pourrez toujours revenir à la fin du
discours du député d'Abitibi-Ouest mais pas à ce
moment-ci. Là-dessus, je cède la parole au député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Très simplement, Mme la Présidente, le
ministre délégué aux Forêts sait très bien
que nous sommes autant d'accord sinon plus qu'eux pour que ce projet de loi
soit adopté le plus rapidement possible. C'est tellement vrai que, sur
les principes, pendant une heure, mon collègue a dit ce que vient de
répéter le ministre délégué aux
Forêts. Ces principes, vous ne les avez pas inventés, ils
proviennent du livre blanc qui a été déposé et
discuté par notre ancien collègue ministre
délégué aux Forêts.
Ce n'est pas cela, la motion de report. Nous disons que ce n'est pas
nous qui faisons les ordres de la Chambre. Ce gouvernement est censé
avoir un leader. S'il veut des choses à l'envers, il est obligé
d'assumer les conséquences qui peuvent survenir, comme c'est le cas ce
soir. La motion dit tout simplement que nous demandons le report, et je vais
vous expliquer en deux phrases pourquoi on le demande. Ce n'est pas
compliqué. Ce n'est pas parce que nous sommes en désaccord sur le
fond, comme il l'a dit, ce n'est pas parce que nous n'aimons pas le Club 4-H
dont les membres étaient dans les galeries, ce n'est pas parce qu'on
n'est pas convaincu qu'il est urgent de faire quelque chose pour la
forêt.
Je comprends, ils l'ont spoliée pendant des années comme
gouvernement sans aucune préoccupation de l'avenir! Pensez-vous que le
plan de reboisement vient d'eux, Mme la Présidente? Qui a
conceptualisé un plan de reboisement important pour s'assurer que la
forêt soit régénérée et qu'on puisse avoir
une ressource qui ne s'épuise pas? Ce n'est sûrement pas le Parti
libéral. Cela ne les intéressait pas. Ce qui était
important pour eux, c'était de nourrir leur monde, nourrir la caisse
électorale du Parti libéral. Ils ont toujours fonctionné
comme cela.
Nous sommes d'accord sur ce projet de loi, sauf que nous disons: Si le
leader veut mettre la charrue devant les boeufs, c'est son problème,
nous ne cautionnerons pas cela. Accepter une motion de report de quelques
semaines, ce n'est pas un drame. Les scieurs, les papetières, les gens
intéressés par l'industrie du sciage et l'industrie du papier,
depuis quinze jours ou trois semaines, leur préoccupation était
concentrée où? Leur préoccupation était
concentrée fondamentalement sur un autre problème important, la
question de la taxe américaine sur l'exportation du bois. Il serait
normal que ces gens prennent une couple de semaines pour voir les changements
majeurs. C'était tellement à l'envers, le discours du ministre
délégué aux Forêts. Il disait: C'est
le temps d'intervenir dans le secteur de la forêt. Nous sommes
d'accord, c'est nous qui l'avons proposé. Nous sommes d'accord.
L'état lamentable des forêts. Je comprends! C'est pourquoi
nous voulons un projet de loi, c'est pourquoi on a instauré un vaste
programme de reboisement. Sauf qu'il y a des dispositions dans ce projet qui
renvoient à une loi-cadre sur la gestion des terres publiques, sur la
gestion du domaine public, et qui touchent l'ensemble des aspects des
ressources, dont la forêt. Je pense que le ministre
délégué aux Forêts, qui est habituellement
responsable et raisonnable, va convenir que la ressource forestière est
une ressource parmi l'ensemble des ressources du Québec.
Il nous dit ce soir, après l'avoir fait: Toutes les dispositions
de référence au projet de loi 102, si cela vous fatigue, on va
les enlever. Qu'ils fassent leurs devoirs comme du monde avant! Si le leader du
gouvernement connaissait ses projets de loi, les quelques-uns qui ont un
minimum de substance, ce qui est très peu, vous le savez... On s'amuse
depuis des semaines ici, non pas parce qu'on veut s'amuser, mais parce qu'on
demande, dans un projet de loi, de changer le mot "de" par "et". Et on nous
jure que c'est de cette façon que leur élite, leur monde, les
notaires du Québec veulent que les projets de loi soient
présentés. Ecoutez, on en a vu d'autres! On n'est pas des enfants
d'école!
S'il y avait de la législation sérieuse et si ça
pressait tant que cela, M. le ministre délégué aux
Forêts, pourquoi ne l'avez-vous pas appelé avant tous les petits
projets de loi insignifiants que nous adoptons depuis quinze jours? Comme
changer le mot "de" pour "et", comme mettre une virgule à la place d'un
point-virgule. C'est ce qu'on fait depuis deux semaines. Le leader se
lève chaque fois en disant: Vous ne changerez pas notre façon de
légiférer, on a la vérité, la voie, la vie. Nous,
on connaît cela et on sait comment on doit légiférer. On
vous indique que sur le projet de loi nous sommes 100 % d'accord. Avez-vous
compris? On est complètement d'accord. On l'a dit en deuxième
lecture, on est 100 % d'accord sur le principe. On présentera des
amendements majeurs importants mais ce que nous sommes en train de vous dire
par la motion de report... Vous avez le droit de parler à votre leader,
M. le ministre délégué aux Forêts. Il est
censé être dans le groupe. Vous avez le droit de lui dire qu'une
loi générale, cela vient avant une loi particulière. La
loi 102 est une loi générale qui embrasse l'ensemble de la
gestion des ressources et la forêt c'est une ressource
particulière. Qu'est-ce qui empêchait d'appeler la loi 102, si
cela l'intéresse; on en aurait discuté, on en aurait
débattu et une semaine après il nous aurait fait
énormément plaisir de débattre le projet de loi 150 qui,
comme vous l'avez mentionné, est important pour l'avenir de la
foresterie au Québec, est important pour permettre que dorénavant
les forêts soient mieux gérées que dans le passé.
(20 h 30)
C'est tellement vrai, Mme la Présidente, qu'on dit: Le
gouvernement du Parti québécois a enclenché le processus
en 1984. Ce n'est pas le ministre délégué aux
Forêts, ancien président de REXFOR qui a enclenché le
processus, c'est nous qui l'avons enclenché parce que nous étions
conscients qu'il fallait faire quelque chose de majeur et d'important.
Aujourd'hui, dans un projet de loi, vous avez assumé la
continuité de cette nécessité, ce à quoi nous ne
nous opposons d'aucune façon. Un principe comme l'abolition des
concessions forestières sans compensation financière, on
achète cela, on est d'accord là-dessus. Un principe comme un
programme de reboisement avec une vitesse de croisière de 300 000 000 de
plants, on achète cela, ce sont nos affaires, nous avons adopté
cela.
Quant à l'application du principe des rendements soutenus,
pensez-vous que les rendements soutenus ont été inventés
par le ministre délégué aux Forêts aujourd'hui? On
parle de cela depuis cinq ou six ans. On en parlait dans le livre blanc et on a
décidé d'en faire un projet de loi. Je veux bien
reconnaître des qualifications mais si, chaque fois que ces
gens-là s'ouvrent la trappe, tous ceux qui les ont
précédés sont des imbéciles, on ne marchera pas
là-dedans.
Je vis dans une région forestière, j'ai travaillé
pendant sept ans dans un moulin à scie, une scierie que vous connaissez
très bien, M. le ministre délégué aux Forêts,
chez Howard Bienvenu Inc., à La Sarre. Je suis fier d'avoir
travaillé dans une scierie. Mon père a travaillé pendant
20 ans dans cette même scierie. Donc, le domaine du sciage, vivant en
Abitibi-Témiscamingue... Je n'ai peut-être pas l'étiquette
- pour laquelle j'ai beaucoup de respect - de ministre
délégué aux Forêts, mais ce n'est pas vrai que, le
milieu forestier, je ne connais pas cela et que je ne sais pas de quoi je
parle. La preuve c'est qu'on est d'accord avec ce que vous apportez mais on
dit: Vous allez le faire comme du monde.
Quant à la motion de report, vous dites: Je ne comprends rien
là-dedans. C'était cela votre discours, M. le ministre
délégué aux Forêts. On vous comprend, cela
paraît souvent que vous ne comprenez pas grand-chose, au moins dans la
mécanique de la Chambre. On vous a dit qu'une motion de report
était pour vous donner le temps de faire votre job comme il faut. On dit
qu'on achète ce projet de loi mais apportez l'autre projet de loi, qu'on
discute sur le fond du cadre général et ensuite on sera en mesure
de regarder l'adoption du principe de ce
projet de loi en deuxième lecture. On veut aller également
en commission parlementaire présenter des amendements parce que c'est
notre responsabilité d'essayer de bonifier un projet de loi
nécessaire et important. On sait que ce projet de loi est
nécessaire et important et je vous jure qu'on va contribuer, M. le
ministre délégué aux Forêts, à le
bonifier.
L'important ce soir était de vous dire qu'on pense qu'il aurait
été très simple, si le leader du gouvernement avait pris
connaissance de l'autre projet de loi, de faire le débat sur le cadre
général avant de le faire sur le projet de loi particulier
d'aujourd'hui.
Quant au principe, on sera d'accord. Vous avez dit que c'était le
temps que l'on intervienne en forêt. Je le répète, et on va
être d'accord là-dessus, c'est nous qui avons commencé le
cheminement. On pense qu'effectivement l'état de la forêt, avec
des droits de coupe qui ont outrepassé les capacités de
production et de regénération, fait qu'y compris dans la
région que je connais, l'Abitibi-Témiscamingue, il est urgent, si
on ne veut pas assister à une rupture de stock à court terme,
d'avoir de meilleurs mécanismes de gestion qui vont permettre de
contrôler un peu mieux la ressource. Là-dessus, nous en sommes et,
contrairement à ce que vous avez affirmé mensongèrement,
il n'a jamais été question de placoter dans le domaine de la
foresterie au temps de notre gestion. Cela a été le temps de
prendre des décisions, mais des décisions en collaboration avec
les intéressés.
Ce n'est pas vrai, M. le ministre délégué aux
Forêts, que cela va vous défriser ou que cela va vous
empêcher de dormir si on suspend l'étude de ce projet de loi de
deux semaines ou d'une semaine et demie au maximum. On fait nos devoirs comme
il faut sur l'autre projet de loi qui est le cadre général et,
ensuite, vous revenez avec votre beau et magnifique projet de loi sur lequel il
est censé y avoir une unanimité extraordinaire. C'est exactement
ce que la motion de report veut dire.
On va entendre d'autres perroquets qui vont se lever et qui vont dire:
On ne comprend rien; on ne comprend absolument rien là-dedans, une
motion de report. C'est important de vous l'expliquer. Une motion de report,
c'est se donner un temps d'arrêt pour être certain que ce qui va
venir après est partagé d'une façon plus large par une
collectivité. Cela donnerait certainement aux industriels du bois de
sciage, aux papetières, à tous ceux qui sont concernés, le
temps de regarder un peu plus le nombre important d'articles de ce projet de
loi. Vous vous le rappelez sûrement, cela doit être vrai qu'on a
apporté des bonifications puisque, lors du dépôt de votre
avant-projet de loi, on comptait 108 articles. Le projet de loi 150 compte
maintenant 228 articles par rapport à 108 dans l'avant-projet de loi.
Cela veut dire que c'est important, de temps en temps, de s'arrêter pour
avoir l'occasion de vivre la bonification d'une loi, vivre une
amélioration. C'est exactement l'objectif de la motion de report.
J'espère, Mme la Présidente, que ces gens-là
comprendront que notre objectif n'est pas de ne pas approuver un bon projet de
loi quant à ses principes, mais de leur suggérer un moment
d'arrêt. Ils demandent à leur leader d'appeler les choses
correctement, dans un ordre qui soit compréhensible par tout le monde.
Habituellement, le tout vient avant la partie. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente. Je pensais qu'il y
avait alternance.
La Vice-Présidente: Je reconnais le premier qui se
lève.
Une voix: ...
Mme Juneau: Merci beaucoup. Si mon aimable collègue
voulait s'exprimer, il n'avait...
Une voix: Cela va donner la chance aux députés de
l'Assemblée d'intervenir...
La Vice-Présidente: S'il vous plaît: En vertu du
règlement de cette Chambre, c'est le président qui
reconnaît les orateurs et on reconnaît le premier qui se
lève. J'ai reconnu Mme la députée de Johnson et je lui
cède la parole.
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
Le ministre délégué aux Forêts, je pense que c'est
un homme chanceux et je vous explique pourquoi. Aujourd'hui, en cette Chambre,
on lui permet de réviser, on lui donne la chance de réviser ses
positions sur ce qu'il avait prévu, le mécanisme qu'il avait
prévu. Je ne sais pas si c'est en accord avec son collègue, le
leader parlementaire, mais on lui donne la chance de revoir ses positions.
Tout à l'heure, le ministre a dit: Les trois
députés du Parti québécois qui sont intervenus ne
sont pas des professionnels de la forêt. Ils ont demandé le report
du projet de loi et ils ne savent pas ce qu'ils veulent dire. Ils ne
comprennent pas que c'est pressant d'adopter le projet de loi 150 qui traite
précisément des forêts.
Ce n'est pas du tout le discours qui s'est tenu en cette Chambre, Mme
la
Présidente. Si vous étiez présente lors de ces
trois interventions, les gens ont dit: C'est vrai qu'on a besoin d'une loi qui
traite de la forêt, de la protection de la forêt, de la survivance
de la forêt, mais ce qui est vrai aussi, c'est que les choses doivent
aller dans le bon sens. Lorsque le projet de loi, à l'article 24, dit
qu'il fait référence à la loi 102, tel que mon
collègue de Roberval l'a dit, comment peut-on adopter la loi 150 en
deuxième lecture et ne pas avoir adopté la loi 102, puisqu'elle y
fait référence? C'est cela, sa motion de report, M. le ministre.
C'est parce que vous faites valoir le fait à l'article 24 que cela doit
être en collaboration avec la loi 102.
Pour la loi 102, si vous ne le saviez pas, M. le ministre
délégué aux Forêts, jusqu'à maintenant 20
associations - l'Union des municipalités du Québec, l'Ordre des
ingénieurs-forestiers, la Fédération des producteurs de
bois - ont présenté une demande, ou acheminé des
mémoires à la commission de l'économie et du travail en
vue d'une consultation particulière sur le projet de loi 102. Il y a 20
associations, comités et fédérations qui sont
déjà inscrits pour le 11 décembre.
Cela n'ouvre-t-il pas dans votre esprit, M. le ministre
délégué aux Forêts, une petite lumière qui
dit qu'il faut absolument que le projet de loi 102 soit étudié
ici même en Chambre et en commission parlementaire avant qu'on adopte la
loi 150? Quand mon collègue a demandé une motion de report,
c'était exactement pour vous donner la chance aussi d'entendre ces
personnes qui ne sont peut-être pas des spécialistes tel que vous
l'entendez, tel que vous nous l'avez dit tout à l'heure, mais je pense
que ce sont des gens qui ont à voir avec la forêt. Quelle que soit
l'objet elles en ont, puisqu'elles se sont inscrites à la commission
parlementaire de l'économie et du travail concernant le projet de loi
102.
Ce que j'essaie de vous faire comprendre, M. le ministre
délégué aux Forêts, vous dites qu'on fait des
niaiseries et qu'on placote pour rien, c'est qu'on essaie de vous aider
à ce moment-là. Je sais que vous venez de l'Estrie. Je sais que
vous êtes natif de l'Estrie et je le suis aussi. Je m'inquiète
pour vous. Je me disais: S'il fallait qu'on laisse passer cela, que le ministre
revienne dans son patelin, il va se faire assommer. Ce n'est pas mêlant,
il va se faire assommer par les gens qui le connaissent bien. Ils vont dire:
Qu'est-ce que vous avez pensé là? Il faut absolument que la loi
102 soit adoptée avant la loi 150. C'est cela que nos contribuables, nos
électeurs et vos électeurs vont dire. Vous êtes natif de
l'Estrie, M. le ministre. On essaie de vous aider afin que les gens de votre
coin ne vous blâment pas d'avoir fait une chose comme celle-là.
(20 h 40)
Le ministre de l'Énergie et des Ressources tout à l'heure,
quand il est intervenu, s'est levé comme un "spring" avant vous qui
présentiez la loi pour dire: Ah! Le parti de l'Opposition fait des
mesures dilatoires. Il veut simplement retarder... Vous avez dit qu'on faisait
des niaiseries. Là, on ne sait plus ce qui se passe. Tout ce qu'on sait,
c'est qu'on essaie de vous aider pour que cela tourne rondement. On ne
disconvient pas que vous commencez et que vous avez peut-être de
l'expérience à prendre, même si vous avez un c.v.
extrêmement impressionnant. J'ai tout regardé cela dans la
biographie des membres de l'Assemblée nationale. J'admets que c'est
impressionnant mais je pense que même si vous avez un c.v.
impressionnant, il y a toujours du bon sens à écouter d'autres
personnes qui sont de façon différente, mais impliquées
dans les forêts. À ce moment, tout ce qu'on essaie de faire, c'est
de vous aider à faire un travail potable, et, en vous aidant à
faire un travail potable, on a trouvé dans les possibilités
parlementaires de vous donner une chance d'adopter la loi 102 et, après
cela, ne pas être organisé pour vous mordre les pouces et vous
dire: J'aurais donc dû. Le club des "t'aurais donc dû". C'est
ça. J'aurais dont dû attendre la loi 102. Je me rends compte qu'en
adoptant celle-là avant, à ce moment, je peux apporter une
amélioration à la loi 150.
On a voulu vous aider. Vous n'avez rien compris. Vous nous avez
traités de niaiseux. Le ministre de l'Énergie et des Ressources
nous a dit qu'on prenait des mesures dilatoires. Ce n'est pas vrai. On essaie
de vous aider pour que cela tourne à l'endroit. Si vous faites
référence à une loi qui n'est pas adoptée... Et,
à part cela, tout à l'heure, vous avez présumé
qu'elle serait adoptée. Il se peut que cette loi soit adoptée
avant les fêtes, mais il se peut qu'elle ne soit pas adoptée avant
les fêtes. Donc, si vous dites "conditionnellement à ce que la loi
102 soit acceptée", et que la loi 102 n'est pas acceptée, vous
avez l'air de quoi? Ce n'est pas mêlant. Je n'accepterais pas qu'un gars
de l'Estrie passe pour quelqu'un qui va trop vite en affaires et qui essaie de
faire adopter une loi pendant qu'il devrait attendre et entendre autre
chose.
Entendre au moins ces 20 associations et fédérations qui
ont quelque chose à dire, parce que vous savez très bien, vous
êtes peut-être un petit cachotier, que la loi 102 est reliée
directement au projet de loi 150. Ce n'est pas moi qui vais vous apprendre
cela, parce que, moi, je ne suis pas une spécialiste de la forêt,
mais il y en a d'autres, par exemple, qui pourraient venir vous dire des
choses. Vous savez très bien que la loi 102 est reliée
étroitement au projet de loi 150. On vous donne la chance de pouvoir
sortir la tête haute, de faire
accepter le projet de loi 102 et, après cela, de passer au projet
de loi 150. Vous devriez, au lieu de nous traiter de niaiseux, nous dire merci.
C'est nous qui vous aidons, M. le ministre, à avoir l'air de ce que vous
devriez avoir l'air, c'est-à-dire un ministre responsable qui va adopter
des lois qui vont être bénéfiques pour l'ensemble des
travailleurs en forêt.
Pour nous, comme pour bien des personnes, pour bien des
spécialistes tel que vous les appelez, il y a des questions qui se
posent, et on aimerait cela, avant le projet de loi 150, avoir des
réponses sur le projet de loi 102 qui est extrêmement
relié, dis-je, au projet de loi 150. À mon point de vue, vous
auriez tout intérêt à nous laisser vous aider pour que les
deux projets de loi soient conformes et acceptables à toutes les
personnes, non seulement celles qui sont des spécialistes, M. le
ministre, mais toutes ces personnes qui vivent de la forêt, qui
travaillent en forêt, qui gagnent leur pain, et les camionneurs et tous
ceux qui sont reliés étroitement aux gens de la forêt. Pour
tout ceci, M. le ministre délégué aux Forêts, natif
de l'Estrie, vous devriez, à mon point de vue, convaincre vos
collègues que la motion de report, c'est pour vous aider, et, en ce
sens, vous devriez, à ce moment, faire changer toutes les interventions
qu'ils vont faire après et leur dire: Merci beaucoup de nous avoir
amenés à faire une motion de report sur le sujet.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson. M. le ministre, avant de vous reconnaître, j'aimerais rappeler
à la Chambre certains articles de notre règlement. L'article 35.4
dit que le député qui a la parole ne peut s'adresser directement
à un autre député. Vous comprendrez que je ne veux pas
intervenir durant vos discussions, mais j'aimerais bien tout de même que
les règlements de cette Chambre soient respectés. M. le ministre
délégué aux Forêts, sur une question de...
Mme Juneau: Je voudrais juste m'excuser. Je prends note de ce que
vous nous avez dit et je vais essayer de m'adresser à vous.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson. M. le ministre, sur une question de règlement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je suis content que la députée de
Johnson veuille m'aider autant que cela, mais j'aimerais qu'elle m'explique
techniquement comment il se fait qu'on ne peut pas voter sur la loi 150
avant...
La Vice-Présidente: M. le ministre, est-ce que c'est une
question de règlement? Est- ce que vous voulez poser une question
à la députée?
M. Lefebvre: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: En vertu de l'article 213 des règlements, je
pense que M. le ministre peut, après l'intervention de Mme la
députée de Johnson, lui poser une question.
La Vice-Présidente: Effectivement, mais c'est avec la
permission de la députée.
M. Lefebvre: C'est cela.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Johnson, est-ce que vous acceptez que M. le ministre
délégué aux Forêts vous pose une question?
Mme Juneau: Voyons donc! Il n'y a pas de problème.
La Vice-Présidente: M. le ministre
délégué aux Forêts vous pouvez poser votre
question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, Mme la
Présidente; merci, Mme la députée. Je voudrais que vous
m'expliquiez techniquement pourquoi l'on ne peut pas adopter la loi 150 avant
la loi 102. Techniquement, qu'est-ce qui empêche cela?
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le ministre. Lorsque mon
collègue, le député de Roberval, a présenté
une motion de report, il l'a reliée à l'article 24 de la loi 150
qui dit: - attendez un peu je vais mettre mes lunettes - "Ces normes ont pour
objet d'assurer: 3 la compatibilité des activités..." et
là on fait référence au projet de loi 102. Donc, la motion
de report est là simplement pour vous donner la chance que le projet de
loi 102 soit étudié en commission parlementaire, étant
donné que les deux projets de loi sont intimement liés. C'est la
raison pour laquelle on débat de la motion de report. Je pense que c'est
assez important, à ce moment-là, pour que les deux projets de loi
puissent être étudiés, que l'on ait le plus
d'éclairage possible afin de donner aux travailleurs de la forêt
un meilleur projet de loi.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson. M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Tout d'abord, avant de commencer mon intervention sur
la motion de report, je voudrais offrir mes sympathies aux gens qui
transcrivent le Journal des débats dans des bureaux de
l'Assemblée nationale. Depuis dix minutes, ce que l'on a entendu, c'est
tout à fait effarant, principalement lorsque cela vient d'un ancien
ministre de l'Éducation.
Mme la Présidente, la motion de report présentée
par le député de Roberval a quand même des effets
importants. Cette motion de report voudrait que le gouvernement retarde
l'adoption de son projet de loi. Lorsque l'on regarde l'urgence de la
situation, on se demande si le Parti québécois est conscient du
tort causé aux régions du Québec. Il y a des ruptures de
stock, il y a des scieries, des coopératives qui attendent depuis des
années une décision gouvernementale qui n'est jamais venue. Bref,
c'est fort connu que le Parti québécois ne s'est jamais
préoccupé des régions, ne s'est jamais
préoccupé de la forêt. On en a la preuve. À les
entendre parler, Mme la Présidente, on croirait qu'ils ont tout
inventé dans le domaine de la forêt. Alors qu'ils ont
été dix ans au pouvoir - presque dix ans de trop, entre
parenthèses - ils ont présenté un livre blanc à la
veille des élections. Cela leur a pris dix ans pour faire une
concertation pour présenter quelque chose à l'Assemblée
nationale, à la population du Québec. Cela leur a pris dix ans
pour pondre un petit bouquin qui n'a jamais été adopté
à l'Assemblée nationale parce qu'ils devaient tout d'abord passer
au jugement du peuple. On connaît le jugement du peuple; l'histoire nous
l'a très bien décrit, Mme la députée de Johnson.
(20 h 50)
II faut se rappeler que depuis que ce débat est commencé,
tout ce qui a été fait dans le domaine des forêts est la
paternité de l'ancien ministre délégué aux
Forêts. Voyons donc! Êtes-vous tombé sur la tête? Vous
êtes tombé quelque part, c'est certain. On ne dira pas où,
M. le député de Duplessis. Il reste quand même qu'il faut
être conscient d'une chose. Pour une fois que le gouvernement du
Québec est prêt à légiférer, l'Opposition a
de la misère à jouer son rôle, à comprendre les
procédures parlementaires. On l'a vu tout à l'heure. Il n'y a
même pas de leader à l'Assemblée nationale
présentement. Il n'y en avait pas tout à l'heure. La preuve, le
député d'Abitibi-Ouest s'est entendu avec le leader du
gouvernement; il est assis à côté de la
députée de Johnson et elle n'était pas au courant. Comment
voulez-vous, quand on ne se parle pas dans un parti, qu'on vienne parler
à la population? Il n'y a rien à comprendre.
Tout à l'heure, le député d'Abitibi-
Ouest a été particulièrement hargneux, insipide
dans ses paroles. Lorsqu'on traite ses collègues à
l'Assemblée nationale de perroquets, venant de la bouche d'un ancien
ministre de l'Éducation, je me pose la question suivante. Lorsqu'on n'a
pas le respect des institutions démocratiques dans lesquelles on
vît, je pense qu'on était très mal placé
antérieurement pour enseigner la bonne éducation à nos
enfants. Je pense que, le 2 décembre dernier, les
Québécois se sont rappelé les tristes paroles du
député d'Abitibi-Ouest. L'incohérence... Il arrive
justement. Bienvenue au député d'Abitibi-Ouest. Il traite les
gens de perroquets. Pour un ancien ministre de l'Éducation, c'est une
honte pour la fonction. Il devrait avoir honte. Sans doute que ses
électeurs ont honte de la façon dont il a agi ce soir. Je pense
que, lorsqu'on accepte la responsabilité de parlementaire, on accepte la
totalité de la fonction. Le député d'Abitibi-Ouest ne se
comporte pas comme un vrai parlementaire à l'Assemblée nationale,
depuis cet après-midi.
Lorsqu'on parle d'incohérence, je vais vous citer un cas qu'on
appelle un cas d'urgence. On a, dans la limite de l'unité de gestion 91,
un territoire forestier qui a été cédé par l'ancien
ministre délégué aux Forêts à quatre
compagnies par entente notariée. Le même territoire à
quatre compagnies par entente notariée! Aujourd'hui, on dit que ce n'est
pas urgent qu'on mette de l'ordre là-dedans. Or, il faut être
conscient que cela prend un gouvernement pour mettre en place des lois qui vont
permettre de corriger ces incohérences qui ont certainement
coûté trop cher à l'ensemble des Québécois.
C'est tellement urgent actuellement que, dans ma région, des scieries
vont manquer de stock dès l'an prochain, si le gouvernement du
Québec ne rétablit pas les faits. Sans doute qu'on se retrouvera
encore avec des procédures judiciaires, parce que le gouvernement
antérieur n'a pas été conscient, a été mal
conseillé, a posé des gestes trop rapides. Aujourd'hui, cela urge
qu'on mette de l'ordre là-dedans.
Lorsqu'on présente la motion de report, c'est simplement pour
gagner du temps. Écoutez, on n'est pas venu au monde hier
après-midi. On a aussi été dans l'Opposition, on sait
comment cela fonctionne, sauf que votre motion de report est placée au
mauvais temps. Si le leader adjoint de l'Opposition avait parlé à
ses députés, il aurait pu, en commission parlementaire, à
l'étude article par article, demander au ministre d'enlever les deux
petites choses qui les chicotent dans le projet de loi 102. Cela se fait
très bien, il connaît la procédure, il sait que cela se
fait très bien. Pourquoi, ce soir, faire perdre du temps à
l'ensemble des parlementaires, alors qu'il y a des projets de loi qui urgent?
Je pense que c'est de la fausse modestie de leur part. Je ne sais pas
s'ils veulent faire leur show à la télévision ce
soir. Ils manquent royalement leur coup, parce qu'il y a une partie de hockey
qui intéresse bien plus l'ensemble des Québécois que ne le
fait l'ensemble du débat, surtout l'intervention du député
d'Abitibi-Ouest.
Une voix: C'est 0 à 0.
M. Maltais: On nous dit en plus que c'est 0 à 0, on va
pouvoir se chicaner longtemps.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: Question de règlement, Mme la
Présidente.
Une voix: C'est 1 à 0. Des voix: Ah! Ah! Ah!
La Vice-Présidente: Si c'est la question de
règlement que j'ai entendue, je ne la reconnaîtrai pas. Est-ce une
autre question de règlement?
M. Gendron: C'est une réelle question de règlement.
Lorsqu'un député induit la Chambre en erreur, on a le droit, on a
l'obligation de corriger immédiatement les propos du
député. Je dois vous dire que c'est 1 à 0, le score et non
pas 0 à 0.
La Vice-Présidente: Là-dessus, je vous demanderais
simplement... Il y a une autre question de règlement qui serait
peut-être plus à propos et qui dit bien, à l'article 211,
que "tout discours doit porter sur le sujet en question". Or, ici, il s'agit
d'un amendement proposant un report. Je demanderais donc à la Chambre de
bien vouloir discuter du sujet. Là-dessus, je vous redonne la parole, M.
le député de Saguenay.
M. Maltais: Vous avez parfaitement raison, Mme la
Présidente, d'autant plus que les informations du député
d'Abitibi-Ouest, encore une fois, étaient erronées puisque c'est
maintenant 2 à 0.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Maltais: Mme la Présidente, sur cette motion de report,
je pense que l'Opposition manque de stratégie. Lorsque s'est tenue la
commission parlementaire de six jours, l'ensemble des intervenants qui ont
voulu se faire entendre ont pu le faire selon des ententes entre les deux
partis, le parti ministériel et l'Opposition. Cela a permis à
tous les intervenants qui regroupaient des associations des produits de sciage,
du papier, les coopératives, etc. de se faire entendre. Ceux qui n'ont
pas pu se faire entendre ont déposé des mémoires à
l'ensemble des membres de la commission parlementaire.
On reproche, depuis cet après-midi et particulièrement ce
soir, au ministre d'avoir écouté ces gens, d'avoir
écouté l'ensemble des intervenants forestiers. Pour une fois
qu'un ministre écoute quelqu'un en commission parlementaire, on vient
lui en faire reproche. Vous n'avez pas vécu encore d'assez longues
commissions parlementaires. On pourrait vous en rappeler de très
longues: la commission sur la loi 42, la commission sur l'éducation, la
commission sur la loi 48. Vous n'avez pas goûté à cela
encore, de longues commissions, vous autres, mais cela va venir. Cela va venir,
Mme la Présidente. Celle-ci est trop importante pour qu'on retarde
indûment l'adoption du projet de loi par de la "procédurite" de
parlementaires.
Ce soir, le ministre de l'Énergie et des Ressources et le
ministre délégué aux Forêts ont très bien
expliqué à cette Chambre l'importance de ce projet de loi qui
aura des incidences au cours des prochains mois. Je comprends très bien
que c'est le rôle de l'Opposition de faire un petit "show" sur chaque
projet de loi; c'est son rôle. C'est de bonne guerre, on l'a fait aussi,
ne vous en faites pas! Vous vous le rappelez sans doute. Cependant, il y a une
limite et la limite est arrivée. Elle est arrivée, la limite.
Lorsqu'on a mal fait son travail en commission parlementaire ou qu'on
prévoit mal le faire...
Par exemple, si le ministre de l'Énergie posait des questions au
député d'Abitibi-Ouest sur le projet de loi 102, j'aimerais bien
voir quelles réponses il donnerait. Lorsqu'on a mal fait son travail et
qu'on veut reporter le tort sur l'ensemble de l'Assemblée nationale, je
pense que ce n'est pas la place. Lorsqu'on étudiera le projet article
par article, ces gens auront le loisir de poser toutes les questions sur tous
les irritants, comme ils les appellent. On pourra les passer un par un. Je suis
convaincu que le ministre actuel, n'en déplaise au député
d'Abitibi-Ouest, est quand même la personne au Québec qui
connaît le mieux les forêts. Cela, je peux vous en passer un
papier. Je suis convaincu de cela.
Moi aussi, j'ai été élevé près des
moulins de sciage, des usines de papier et j'y ai travaillé, comme tout
le monde qui vient des régions. M. le député
d'Abitibi-Ouest, je vous comprends; on a dû travailler et il faut
travailler. Il y a des centaines et des centaines de travailleurs de mon
comté dont c'est le travail régulier. C'est pour cela que je
parlais d'urgence tantôt, parce qu'il y a des ruptures de stock qui s'en
viennent. Des situations économiques deviendront désastreuses
pour des populations et c'est pour cela que cela urge que le gouvernement du
Québec mette enfin en application son projet de loi. Ce n'est pas un
projet de loi qui va s'appliquer le 1er janvier à minuit
comme cela, d'un coup sec. Il y a des incidences trop importantes et
c'est justement à cause de cette importance qu'on ne peut se permettre
de retarder indûment son adoption.
Si on pouvait, un jour, calculer en dollars chaque fois qu'on perd des
heures et des heures en palabres ici, je pense bien que nos électeurs et
l'ensemble de la population ne seraient pas très heureux de ces retards.
Lorsqu'on aura, en commission parlementaire, l'occasion d'ajouter certaines
choses à ce qui a été dit cet après-midi et ce
soir, on le fera avec plaisir. Je souhaite que l'ensemble des
députés vote le plus rapidement possible contre la motion de
report, afin qu'on reprenne le vrai débat de fond sur le projet de loi
et qu'on passe immédiatement à l'adoption. Merci, Mme la
Présidente. (21 heures)
Des voix: Bravol
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saguenay.
M. le député de Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, Mme la Présidente. Je croyais que le
ministre délégué aux Forêts allait se lever pour
poser une question à son collègue, l'adjoint parlementaire, pour
lui demander de nous expliquer comment il se fait que c'est si urgent d'adopter
le projet de loi 150.
M. Maltais: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: J'ai une question de règlement,
M. le député de Dubuc.
M. Maltais: Le député de Dubuc se pose des
interrogations. Je demanderais à mon collègue de
Rivière-du-Loup et ministre délégué aux
Forêts de répondre à cette question de savoir pourquoi
c'est si urgent. S'il avait été à l'Assemblée
nationale depuis une journée...
La Vice-Présidente: Je m'excuse, ce n'est pas une question
de règlement. Là-dessus, je cède la parole au
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, Mme la Présidente. Le projet de loi
150, Loi sur les forêts, comme l'a très bien exprimé mon
collègue, le député de Duplessis, reçoit
l'assentiment formel des membres de l'Opposition à l'Assemblée
nationale. Nous avons de bonnes raisons pour ce faire, bien sûr, puisque
c'est un projet de loi qui a été préparé par le
gouvernement du Parti québécois qui a enclenché dès
1984, le processus, de modifications à apporter à toute la
politique forestière québécoise, parce que le surplus de
matière ligneuse qu'on pouvait observer il y a quelques dizaines
d'années au Québec n'existe plus.
La problématique qui a été présentée
par l'ex-ministre Yves Duhaime à l'époque, qui a
été poursuivie par l'ex-ministre délégué aux
Forêts, mon collègue, le député de Laviolette, qui a
terminé la consultation publique, qui a réalisé la
présentation du livre blanc "Bâtir une forêt pour l'avenir"
qui a été publié en 1985... Quand l'actuel ministre
délégué aux Forêts a présenté son
avant-projet de loi sur le régime forestier, l'Opposition a eu
l'occasion, surtout avec la présentation de plusieurs mémoires
qui sont venus de l'industrie, des associations et des regroupements
intéressés aux loisirs, à l'écologie, des
groupements de travailleurs de la forêt et les associations syndicales et
forestières qui sont venus dire au ministre qu'il y avait des manques
dans son avant-projet de loi et qu'il y avait nécessité de
modifier et de se coller davantage au livre blanc sur la forêt qui avait
été publié par le gouvernement du Parti
québécois en 1985...
On constate avec plaisir de ce côté-ci de la Chambre que le
ministre a effectivement écouté - on en est fort heureux - les
recommandations et les demandes pressantes dans certains cas des associations,
des groupes et des représentations de l'Opposition afin d'ajouter
certaines pièces absolument essentielles à ce projet de loi pour
en faire un régime forestier nouveau, qui réponde
véritablement aux désirs et aux besoins ressentis dans la gestion
de la forêt au Québec. Cela a donc amené, de la part du
ministre, des modifications que Je qualifie d'importantes. Par exemple, le
ministre ne reconnaissait pas la dimension écologique des forêts
dans son avant-projet de loi. C'est une dimension fort importante qui avait
été soulignée par les divers intervenants. Dans ce nouveau
projet de loi, le ministre apporte cette dimension.
Dans son nouveau projet de loi, il maintient la responsabilité de
l'État sur la ressource forestière. Il mentionne comment, dans
une certaine mesure, l'industrie forestière et les coopératives
forestières vont participer à l'aménagement des
forêts, etc. Autant de modifications qu'il a apportées à
son avant-projet de loi et pour lesquelles, je pense, il est important que des
associations puissent, au moins celles que le ministre a reconnues - et elles
le devraient - se présenter à la commission de l'économie
et du travail. La liste que tout le monde ici a entre les mains est
constituée, encore une fois, de l'Association des industries
forestières du Québec, de l'Association des manufacturiers de
bois de sciage du Québec, de l'Association des pourvoyeurs, etc. Donc,
une liste d'une vingtaine d'organismes qui, à
la lumière des modifications qui ont été
apportées à l'avant-projet de loi, veulent maintenant prendre
connaissance de ces modifications.
Il faut bien reconnaître, Mme la Présidente, que depuis
quelques semaines - je pense que cela est bien compréhensible - les
associations, les entreprises de sciage, les papetières, les
représentants d'entreprises sont préoccupés, d'une
façon très intense, par tout ce qui se passe concernant la
surtaxe américaine et par tout le débat qui a eu lieu et auquel
ces organismes ont participé, étant parmi les premiers
intéressés. Ces gens-là étaient occupés
ailleurs. Je pense qu'il est important qu'on leur donne, d'abord, le temps de
prendre connaissance des modifications que le ministre
délégué aux Forêts a apportées dans son
nouveau projet de loi et qu'ils puissent aussi intervenir avec clarté
là-dessus.
La deuxième raison - en tout cas, c'est une raison fondamentale,
quant à moi - c'est qu'on puisse faire participer... Je pourrais relever
et vous lire de longs passages d'un travail, "Réglementer moins et
mieux", qui viendraient appuyer ce que j'avance, donc la
nécessité de bien consulter, de bien entendre, de bien
écouter et de ne pas adopter des lois à la vapeur. Ce sont les
termes qu'on utilise même dans ce rapport du groupe de travail sur la
déréglementation de ce même gouvernement. Donc, c'est un
événement important.
Il y a aussi une logique à suivre. Quand le ministre demandait
à ma collègue pourquoi il était important de ne pas
étudier immédiatement le projet de loi 150, mais de commencer par
le projet de loi 102, cela méritait, à mon avis, une
réponse très simple. Je pense bien que c'est aussi simple que de
dire: Pourquoi atteler un boeuf derrière une charrue? C'est la logique
même. Le projet de loi 150 en découle. Le projet de loi 102 est un
cadre et une partie de ce cadre, c'est le projet de loi 150. C'est une partie.
On commence par établir le cadre et, ensuite, de façon
très logique et très simple, on poursuit l'étude de ce qui
s'ensuit. C'est la deuxième raison pour laquelle, de ce
côté-ci de l'Assemblée, on a présenté cette
motion pour reporter de quelque temps l'étude du projet de loi.
Dans une situation urgente, oui, il faut agir le plus rapidement
possible, mais je pense que le ministre est conscient que, malgré tout,
il ne faut pas non plus agir de façon précipitée et qu'il
faut prendre le temps pour étudier un projet de loi de cette importance,
qui va servir de régime à toute l'exploitation et la gestion de
la forêt québécoise pendant sans doute de longues
années. Il faut que le maximum soit fait pour qu'il évite les
écueils possibles parce qu'on sait, malgré tout le soin, parfois,
qu'on peut apporter à l'étude d'un projet de loi, qu'il s'y
trouve toujours quelques erreurs qu'on est obligé, par la suite, de
corriger. Mais moins on en fait, mieux c'est. C'est pourquoi l'Opposition veut
bien prendre le temps d'étudier ce projet de loi en profondeur. Je ne
crois pas que quelques semaines ou quelques mois de plus viendront vraiment
mettre en péril, plus que ce ne l'est présentement, tout le
régime forestier québécois.
Mme la Présidente, évidemment je ne suis pas un
professionnel de la forêt. Ce que j'exprime m'apparatt simplement
logique. Dans mon comté, il y a 3500 personnes qui travaillent dans le
secteur de la forêt, soit dans les usines de papier, dans les usines de
sciage, dans les coopératives forestières et de coupe. Ce sont
des travailleurs qui ont innové beaucoup dans ce domaine. Sans
être un professionnel, j'ai eu l'occasion à maintes reprises de
travailler avec ces gens qui sont les vrais travailleurs de la forêt et
qui sont les vrais exploitants de la forêt. Sans être un
professionnel, j'ai rencontré des professionnels qui auraient
probablement eu grand avantage à écouter justement ce que ces
gens qui ont à travailler sur le terrain même, dans la forêt
et avec la forêt, ont à dire. (21 h 10)
Pour toutes ces raisons, Mme la Présidente, j'appuierai la motion
de report de mon collègue, le député de Roberval, sur le
projet de loi 150. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Dubuc. M. le député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Sans doute que vous
serez surprise que le député de Sainte-Anne, un homme de la ville
de Montréal, parle sur le projet de loi 150, la Loi sur les
forêts.
D'abord, je voudrais rectifier quelque chose. Le ministre qui
présente cette loi, c'est bien le ministre délégué
aux Forêts qui est ici, à ma gauche, qui est un homme que
j'admire. J'ai autant d'admiration pour lui qu'en a Mme la
députée de Johnson qui nous a presque cité son curriculum
vitae tout à l'heure. Je dois vous dire qu'un de mes collègues
péquistes, cet après-midi, a fait mention du fait que
c'était le ministre de l'Énergie et des Ressources qui avait
parlé en premier lieu et, donc, que c'était vraiment lui qui
pilotait le projet. Je dois vous dire, parce que j'étais là quand
les discussions ont eu lieu, que la raison en est très simple. C'est que
le ministre qui présente le projet de loi, le ministre
délégué aux Forêts, a volontairement, cet
après-midi, et avec plaisir, cédé sa place au ministre de
l'Énergie et des Ressources parce que c'était à lui de
parler.
Mme la Présidente, on a eu toutes sortes de rumeurs ce soir,
toutes sortes de faussetés. D'abord, je dois corriger parce que j'ai cru
comprendre, il y a quelques minutes, que c'est maintenant 2 à 1 pour les
Nordiques. Je communique souvent avec les gens de mon comté. Donc, je
les ai appelés vers 18 heures parce qu'ils suivent les débats.
J'ai beaucoup de personnes âgées qui sont là,
collées à leur télévision, et qui regardent ce qui
se passe. Ils disent: Qu'est-ce qui se passe, Maximilien, avec ces
péquis-tes? On a l'impression qu'à chaque fois qu'ils ne savent
pas quoi faire ils présentent une motion de report. Pouvez-vous nous
expliquer cela? Bon. Je dis: Vraiment, la motion de report, selon l'article
240, c'est une motion qui tente de reporter l'adoption du principe d'un projet
de loi. Je ne peux pas accuser l'Opposition de présenter tout le temps,
systématiquement, de telles motions à n'importe quel projet de
loi, mais je dois vous dire que les gens de mon comté ont
peut-être un soupçon bien justifié, parce que, encore une
fois, on est devant une telle motion qui ne veut que reporter l'étude du
projet de loi. Mais pourquoi?
Je me rappelle très bien, Mme la Présidente, que
j'étais ici au mois de septembre 1986, avant que la session commence. Il
y avait des commissions parlementaires. À un moment donné, je
suis arrivé à une commission parlementaire qui s'occupait d'un
avant-projet de loi sur les forêts, justement présenté par
le même ministre. Il y a eu des auditions pendant deux semaines. Des
groupes sont venus, des centaines de personnes. Cela commençait à
14 heures pour se terminer à 22 heures et même plus tard, de temps
en temps, pour accommoder les groupes. Toujours, tout le monde dans le
métier, ceux qui connaissent la forêt ont eu l'occasion d'exprimer
leur point de vue sur l'avant-projet de loi. Et j'étais
étonné parce que je suis allé là une couple de fois
et j'ai vu cet homme calme, patient, qui écoutait, qui prenait note, qui
avait son avant-projet de loi à côté de lui et je lui ai
dit: Pourriez-vous m'expliquer quel est le but de cela? Il m'a dit: Maximilien,
le but de cela, je veux écouter ceux qui travaillent dans le domaine
parce que je veux fortifier le projet de loi et, à un moment
donné, je vais présenter un vrai projet de loi qui va prendre en
considération tout ce qui m'a été dit par tous ces gens
qui sont intervenus.
D'ailleurs, le député de Dubuc, qui a parlé tout
à l'heure, a dit: Je félicite le ministre parce que le ministre
présente, avec son projet de loi 150, une loi qui a pris en
considération ce qui a été dit justement pendant deux
semaines d'auditions publiques. Le même député de Dubuc
dit: Savez-vous que ce projet de loi a l'assentiment de l'Opposition? Et il
dit: Je le félicite pour le travail qu'il a fait. Mais je vous demande,
M. le député de Dubuc: Si vous êtes tellement pour,
pourquoi parlez-vous sur une motion de report de ce projet de loi? Pourquoi ne
pas continuer à parler sur le principe de la loi, aller à
l'étude article par article et finalement adopter ce projet de loi
peut-être avec de petits amendements?
Cet après-midi, le député de Roberval a
présenté la motion de report. Il y a des mauvaises langues qui
disent: La seule raison pour laquelle cette motion a été
présentée, c'est parce qu'il y en a beaucoup qui ne voulaient pas
être ici ce soir à cause du hockey Nordiques-Canadiens. Sur une
motion de report, n'importe qui peut intervenir même le
député de Sainte-Anne qui ne connaît rien à la
forêt. Il peut parler là-dessus.
Je ne dis pas que c'est vrai, mais je trouve cela bizarre que ce soir...
Je ne dis pas qu'il y a beaucoup de députés parce que de part et
d'autre il n'y en a pas beaucoup, c'est vrai, vous le constatez. Je me dis:
Quelle est la vraie raison de présenter une motion de report? Pourquoi
tenter de retarder les travaux de l'Assemblée nationale? Tout allait
bien. Le ministre a présenté le projet de loi 150. Il y a eu deux
semaines d'auditions publiques où tout le monde a eu sa chance
d'intervenir et de faire ses représentations. Qu'est-ce que le
député de Roberval a invoqué? Il a dit cet
après-midi: Je ne peux pas accepter cela parce que l'article 24 du
projet de loi 150, la Loi sur les forêts, fait référence
à une loi qui s'appelle la loi 102. Son argument est le suivant: Comment
peut-on adopter et continuer à débattre le projet de loi 150
quand on n'a même pas encore disposé de la loi 102 à
laquelle on fait référence justement dans la loi 150? Le ministre
a répondu tout à l'heure, il a commencé à parler
à 20 heures: Vous autres de l'Opposition, c'est de la niaiserie. Moi, je
dois ajouter, Mme la Présidente, que c'est de la niaiserie collective.
Ce n'est pas de la niaiserie d'un ou deux. C'est de la niaiserie collective de
tous les députés péquistes de l'Opposition.
Le ministre a même dit: Si vous voulez, pas de problème
avec moi. Le ministre connaît le domaine. Mme la députée de
Johnson l'a très bien dit, d'ailleurs, elle l'a félicité.
Je dois comprendre que le ministre vient de son comté ou de sa
région et je la félicite parce que j'ai beaucoup d'admiration
pour le ministre et même pour Mme la députée de Johnson.
Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais c'est une femme qui est franche, qui
ose parler et je l'admire pour cela. C'est malheureux qu'à un moment
donné ça bloque dans son esprit. Ce n'est pas ma faute. Je dis
toujours: Donnez-lui encore un peu plus de temps, elle va se réveiller,
elle va comprendre. Elle va peut-être penser un peu comme nous, mais
n'ayez
pas peur, ne soyez pas trop renfermés, ouvrez la porte un peu et
cela ira mieux.
Mme la Présidente, je dois vous dire que M. le ministre a fait
une très bonne remarque. Le monsieur gentil et capable - il est
très gentil ce soir - il a dit: Si vous voulez, prenez donc l'article 24
et enlevez, tout ce qui reste après le mot "vocations", il ne reste plus
rien. C'est un coup... pour vous autres. C'est terrible pour les
péquistes. Si j'étais l'Opposition, je serais gêné.
Il nous a fait l'offre de retirer tout cela. Votre argument a été
coupé par le fait même. Heureusement, il n'y a pas trop
d'Opposition ici, vous n'avez pas entendu parler de cela. Mais j'ai vu que Mme
la députée de Johnson a rougi un peu quand elle a entendu dire
cela. Elle a rougi parce que c'est une femme honnête, tout de même,
et elle doit admettre que quand le ministre a fait cette offre, il a dit: Moi,
je ne me base pas sur la loi 102. Je n'ai pas du tout, moi, le ministre
délégué aux Forêts, besoin du projet de loi 102 pour
adopter mon projet de loi 150.
C'est ça qu'il vous a dit carrément. C'est gênant,
hein, pour vous autres. Le député de Roberval est parti, il n'est
pas ici ce soir. Ce n'est pas sa faute, je ne lui demande pas où il se
trouve. Il n'est pas ici, c'est son bon droit. Tout ce que je dis - j'ai
écouté le député de Roberval - y a-t-il d'autres
arguments? Ah, il dit: Mme la Présidente, ou cet après-midi
c'était M. le Président, voici, j'ai un autre argument. L'article
166. Quand il a invoqué l'article 166, il avait le projet de loi devant
lui. Il était choqué. Je pensais: Là, il y a quelque chose
de grave. Là, on a fait une gaffe. Mon pauvre ministre
délégué aux Forêts a fait quelque chose d'horrible.
Cela va se révéler maintenant. Quand le député de
Roberval a cité, juste avant 18 heures, j'avais peur. Qu'est-ce que dit
l'article 166? Les normes imposées par le ministère, par la
réglementation, peuvent varier selon les différentes zones du
plan d'affectation. Exactement le même argument qu'à l'article 24.
Le ministre a dit: Je n'ai pas besoin de cela. Enlevez cela. Il ne reste
vraiment plus rien. C'est embarrassant. (21 h 20)
II y a quelques députés ici, Mme la députée
de Johnson et le député d'Ungava, caché loin en
arrière qui a déjà parlé, je pense, sur ce projet
de loi, sur cette motion. Je dis que, parmi tous les arguments que vous
présentiez, vous aviez deux arguments techniques seulement. Vous dites:
Comment pouvez-vous continuer à parler sur le projet de loi 150 quand,
dans le même projet de loi, vous vous référez à un
autre projet de loi qui n'a pas encore été adopté? C'est
cela, votre argument. Le ministre vous l'a enlevé en disant: Rayez le
mot, biffez ce mot, pas de problème. Il aurait fait cela en commission
parlementaire, à l'étude article par article, parce que c'est un
homme qui comprend, qui a l'esprit très ouvert, c'est un homme qui vient
de l'Estrie, comme la députée de Johnson l'a dit, très
capable et très compétent, pas de problème.
Donc, il ne reste absolument plus rien, sauf parler pour remplir le
temps. Je ne veux pas dire que l'on m'a demandé de parler pour remplir
le temps...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Polak: ...mais j'ai voulu faire cette démonstration
parce que j'admets que je ne connais rien sur la forêt. Je sais une
chose, c'est que dans le comté de Sainte-Anne, on aimerait bien avoir un
peu plus d'arbres que l'on en a. Une petit parc, pour nous, c'est un gros
problème.
Je ne connais rien sur la forêt, mais je connais quelque chose sur
la procédure parlementaire. J'ai vu tout ce qui s'est passé avant
18 heures. J'ai vu le ministre qui avait l'air un peu déçu, comme
s'il voulait dire: Ce n'est pas possible qu'ils fassent cela. Il était
déçu de votre manière de réagir. Il disait: Ce
n'est pas possible que les gens ne prennent pas ce projet de loi au
sérieux. Je lui ai dit: M. le ministre, est-ce que j'ai le droit
d'intervenir ce soir? Voulez-vous me donner une chance de parler dix, quinze
minutes sur le temps qui reste, justement, pour faire le point en ce qui
concerne la procédure, pour montrer que cette tactique est totalement
dilatoire?
Vous invoquez l'article 240 de notre règlement parce que vous
n'avez plus rien à dire. Et cela, c'est honteux! Quand je vois le
député de Duplessis avec son doigt en l'air, il dit: Ce n'est pas
vrai, on a beaucoup a dire. Si vous avez quelque chose à dire, continuez
donc à parler en deuxième lecture, continuez donc à parler
sur le principe du projet de loi, on vous écoute. Je peux vous assurer
d'une chose, si vous avez de bons points à mettre de l'avant, le
ministre va faire des amendements. Plus tard, s'il y a quelque chose de
raisonnable à faire, il va le faire. Il l'a fait dans son avant-projet
de loi pendant deux semaines de séances publiques, du matin
jusqu'à la nuit, pas de problème, il était là. Il a
pris des notes. J'ai vu moi-même, cela m'a surpris, le ministre avec un
crayon en main - ce n'était pas une plume, c'était un crayon, je
me rappelle - a pris note des commentaires, article par article. Le projet de
loi 150 a été présenté, et je sais que le ministre
a mis la main aux corrections. D'ailleurs, il a été
félicité par le député de Dubuc qui a dit
carrément: Je le félicite pour ce qu'il a fait. Là, vous
dites: II faut aller un peu plus loin. Il n'y avait pas de problème pour
le ministre, il a dit: Vous n'avez pas besoin de faire une motion de report.
Attendre au mois de mars?
Qu'est-ce que vous attendez, au mois de mars, pour la forêt?
Est-ce que cela ira mieux au mois de mars que maintenant? D'ailleurs, le
député de Saguenay a très bien expliqué cela, il a
dit: C'est le temps d'agir maintenant. Nous sommes prêts.
Il y a eu des audiences publiques, le ministre a préparé
un projet de loi, le projet de loi a énormément de
conséquences, même dans le domaine de la forêt, même
dans le domaine de l'emploi. Vous allez regretter, messieurs et mesdames de
l'Opposition, d'avoir fait cette motion de report parce que le public va vous
juger là-dessus. Il va dire: Vous êtes des procéduriers et
des procédurières sur une niaiserie collective, et, nous, de la
population, n'aimons pas cela. On veut que cela commence à bouger dans
la province de Québec. Cela a commencé à bouger à
partir du 2 décembre 1985. On a un ministre qui veut continuer de bouger
dans le domaine de la forêt. Ne commencez pas à prendre du
crédit là-dessus en disant, comme excuse: C'est notre
idée, nous de l'Opposition. Savez-vous, nous, les péquistes, on
avait présenté cela. S'il vous plaîtl Vous êtes venus
avec une politique, et cela a pris du temps.
Le ministre m'a demandé de faire une remarque. Je ne suis pas
gêné. J'en ai pris note. Je ne la connaissais pas, mais je trouve
cela le "fun", je trouve cela beau. Il m'a dit: M. le député de
Sainte-Anne, quand vous parlerez, voulez-vous citer ce que Wilfrid Laurier,
bien connu de nous tous et de nous toutes, a dit? Wilfrid Laurier a dit: Un
peuple sans forêt est un peuple qui se meurt. Il a ajouté: C'est
pour cela que le PQ est mort.
Mme la Présidente, je n'ai pas du tout voulu devenir personnel
parce que je ne crois pas du tout et je n'ai jamais cru en la politique
partisane. Je sais une chose, c'est que, quand le gouvernement présente
un projet de loi... C'est vrai, nous de l'Opposition... J'ai vécu
l'Opposition pendant quatre ans et demi. On était de l'autre
côté de cette Chambre. On a eu des projets de loi, on a fait des
motions de report, et je me souviens très bien sur quelle sorte de
projet de loi. On a fait cela, à un moment donné, quand il y a eu
une fusion forcée de deux villes, par exemple, quand toute la population
des deux villes est venue ici avec des représentants. Il y a presque eu
des émeutes. C'était sérieux. Ici, ce n'est pas le cas.
Vous faites cela simplement pour être procéduriers. Vous n'avez
même pas de motif. Vous n'avez même pas une pétition
à invoquer. Vous n'avez pas une lettre signée par un groupe qui
dit: Messieurs de l'Opposition, voulez-vous, s'il vous plaît,
présenter une motion de report? Nous, on en a eu à
l'époque. Des groupes nous ont demandé: Voulez-vous, s'il vous
plaît, demander au gouvernement d'arrêter ce projet de loi
temporairement? Donnez-nous une chance de venir témoigner. On a eu des
lettres, on a eu des témoignages, des pétitions, des milliers de
lettres signées avec les noms et adresses. Ils nous disaient: Citez-nous
publiquement. C'était quelque chose. Vous autres, vous n'avez absolument
rien. Le député de Roberval a eu la brillante idée, cet
après-midi, de présenter une motion de report. La gang va pouvoir
regarder le hockey ce soir et les autres vont parler. J'ai des soupçons,
je n'accuse pas.
Mme la Présidente, je vois que vous me faites le signe deux ou le
"V" pour victoire, je ne sais pas ce que cela veut dire. Je dois vous dire que
j'ai été honoré d'intervenir sur cette motion. Je
n'interviendrai jamais sur le projet de loi 150. Sans doute que le
député de Duplessis va dire: Écoutez donc le ntaiseux de
Sainte-Anne parler du projet de loi. Je ne parle pas sur le projet de loi 150,
je parle sur une motion de report, sur une tactique procédurière,
une tactique dilatoire pour tenter de retarder nos travaux. Nous, on veut
procéder, le ministre veut légiférer pour le bien de tous
les Québécois et toutes les Québécoises. Je vous
remercie.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Sainte-Anne.
M. le député de Duplessis. M. le député, je
voudrais vous rappeler qu'il reste quatorze minutes à votre formation
politique.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Je vous avoue
honnêtement que si le député de Sainte-Anne s'attend que je
commente son allocution concernant le projet de loi 150 ou encore la question
de la "procédurite", je vous assure que je vais parler d'autre
chose.
Si nous avons, à titre d'Opposition en cette Assemblée
nationale, présenté une motion de report cet après-midi,
c'est que nous croyons essentiel de faire comprendre au gouvernement deux ou
trois choses extrêmement importantes. D'abord, il y a la question de la
planification des travaux de cette Assemblée. Tout le monde sait que les
travaux de cette Assemblée sont planifiés par le leader du
gouvernement. Comme le disait si bien le député d'Abitibi-Ouest,
s'il a inversé l'étude des projets de loi en deuxième
lecture, ce n'est pas notre problème. Ce qu'il aurait dû faire,
c'est d'abord appeler le projet de loi 102 et par la suite le projet de loi 150
en deuxième lecture et on aurait discuté de façon directe
et correcte. D'autre part, c'est pour permettre au gouvernement lui-même
de réagir face au projet de loi 102 et au projet de loi 150.
J'inviterais les députés du gouvernement à bien regarder
le projet de
loi 150 et le projet de loi 102. Pour l'information de ces
députés gouvernementaux, ces ministériels, je crois qu'ils
n'ont rien compris aux allocutions qui ont été faites sur la
motion de report.
Bien sûr que si ce gouvernement, par le biais de ses
ministériels, réagit favorablement à ce que nous avons
exposé dans la motion de report, c'est-à-dire procéder
d'abord par le projet de loi 102 avant le projet de loi 150, cela va permettre
à tout le monde de bien se comprendre. De plus -et c'est le dernier
point que je voulais toucher quant à la première question que je
soulève - dans le domaine des industries forestières, comme par
exemple les papetières, les usines de sciage, les coopératives
forestières, les producteurs de plants, les propriétaires de
boisés privés, en appelant le projet de loi aujourd'hui, à
la suite de tout ce qui s'est passé dans le domaine des
papetières et des usines de sciage au cours des dernières
semaines et, en particulier, la semaine dernière, ces gens-là
n'ont même pas eu le temps de se préparer. Je parle justement de
la taxe de 15 % qui est actuellement imposée aux producteurs
québécois. C'est pour cela que les deux industries en question,
l'industrie papetière et celle du sciage n'ont même pas pu
étudier le projet de loi 150 qui a été
déposé il y a quelques jours à l'Assemblée
nationale. Il faut se comprendre là-dessus. (21 h 30)
D'autre part, j'entendais cet après-midi le ministre de
l'Énergie et des Ressources venir nous dire que c'était une
motion dilatoire. Moi, je fais la nette différence entre une motion
dilatoire et la motion que nous avons actuellement devant nous. S'il veut
parler de motion dilatoire, ce serait peut-être mieux, pour le ministre
de l'Énergie et des Ressources, de regarder en arrière et de se
rappeler combien de fois il est intervenu en cette Chambre sur des motions de
report qui, dans certains cas, dans beaucoup de cas étaient des motions
dilatoires.
Dans notre cas, c'est une motion de report qui, à notre sens,
devait être faite justement pour faire comprendre au gouvernement qu'il a
travaillé à l'envers. Bien sûr, on peut mentionner aussi le
ministre délégué aux Forêts qui a parlé de
placotage, qui a parlé des professionnels forestiers, qui a parlé
d'un désordre que nous avons alimenté au cours des neuf
années où nous avons été au pouvoir. Il faudrait
peut-être rappeler - cela, je l'ai dit en commission parlementaire et je
l'ai dit même lors de mes propos au tout début de la commission
parlementaire sur l'avant-projet de loi du ministre
délégué aux Forêts - que si les gouvernements, qui
se sont succédé au Québec depuis le début des
années mille neuf cent, avaient fait leur travail - cela inclut l'Union
Nationale, cela inclut le Parti libéral et, en quelque sorte, cela
inclut le début de notre premier mandat - on aurait devant nous
aujourd'hui un projet de loi sûrement meilleur que celui que le ministre
a présenté, même s'il allait dans le même sens au
niveau des principes.
Je ne peux admettre ce que le ministre délégué aux
Forêts nous a dit en cette Chambre concernant les amendements. Ce n'est
pas à nous, de l'Opposition, de présenter des amendements en
deuxième lecture, cela se fera en commission parlementaire en temps et
lieu et article par article. Ne vous inquiétez pas, Mme la
Présidente, le ministre en recevra énormément
d'amendements à son projet de loi, lorsqu'il sera étudié
article par article en commission parlementaire. Quant au discours qu'il a
prononcé, ce qu'il aurait dû faire lui-même, c'est justement
d'annoncer ses intentions quant aux articles 24 et suivants. Mais il nous a
suggéré de lui en présenter. S'il nous le suggère
à nous, pourquoi ne le fait-il pas? Pourquoi ne l'a-t-il pas fait dans
son allocution d'ouverture cet après-midi? II n'a rien dit
là-dessus.
Mme la Présidente, je voudrais vous rappeler ce que j'ai dit cet
après-midi. Lorsque j'ai parlé du projet de loi 102 et du projet
de loi 150. J'ai bel et bien mentionné ceci: Ainsi, le projet de loi 150
sur les forêts, aux articles 24.3 et 166, se réfère au plan
d'affectation des terres publiques approuvé conformément au
projet de loi 102, Loi sur les terres du domaine public. De plus, les articles
29 et 60 du projet de loi 150 avancent la notion de terres du domaine public
sans se référer au projet de loi 102. Le ministre devra
sûrement apporter des corrections à son projet de loi 150 par
rapport à ce que je viens d'énoncer.
Je mentionnais plus loin: En toute logique, la loi
générale des terres qui fixe le cadre, soit le processus
d'affectation des terres et la définition des terres publiques, doit
être adoptée avant la loi spécifique sur la gestion de la
zone forestière. La motion de report, elle est là exactement pour
cette raison. Je l'avais même pratiquement annoncée dans mon
discours, dans l'allocution que j'ai faite cet après-midi.
Je continue pour en venir aux consultations particulières: Or, le
gouvernement est très en retard dans son échéancier
parlementaire quant au projet de loi 102, car il a annoncé la semaine
dernière la tenue d'une consultation particulière les 11 et 12
décembre, consultation particulière sur laquelle je reviendrai
vers la fin de mon allocution sur la motion de report.
Encore plus loin dans mon discours, je disais ceci: Afin de respecter la
logique du processus parlementaire et les députés, l'Opposition
n'a pas l'intention de concourir à l'adoption du projet de loi 150 sur
les forêts
avant celle du projet de loi sur les terres. L'Opposition a
été extrêmement honnête, Mme la Présidente,
parce que dans l'allocution que j'ai faite cet après-midi, cela a
même été annoncé que nous n'avions pas l'intention
de collaborer avec le gouvernement s'il ne changeait pas sa position, en
d'autres mots, s'il ne faisait pas en sorte qu'au lieu de mettre la charrue
devant les boeufs ce soient les boeufs qui traînent la charrue. Ils sont
allés à l'inverse de la logique dans leur procédure
parlementaire et cela, ce n'est pas notre faute, c'est la faute de cette
planification gouvernementale et des planificateurs des travaux de la Chambre
et des commissions parlementaires. Ce n'est pas notre faute, à nous, ils
sont supposés être au gouvernement depuis le 2 décembre
dernier. Qu'ils soient au gouvernement, qu'ils agissent en connaissance de
cause, qu'ils fassent les choses d'une façon correcte et d'une
façon directe.
Mme la Présidente, l'Opposition appuie la très grande
majorité des principes directeurs du projet de loi sur les forêts
dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er avril 1987.
Là-dessus nous sommes d'accord. Je répète que l'adoption
de ce projet de loi devra se faire en toute logique en parallèle avec le
projet de loi sur les terres. Qu'on procède! Ce qui est important c'est
que, dans les avis qui seront donnés dans les jours qui viennent en
Chambre, le leader parlementaire du gouvernement fasse en sorte d'appeler le
projet de loi 102 avec le ministre de l'Énergie et des Ressources comme
tuteur dudit projet de loi et on travaillera ensemble pour faire en sorte
d'améliorer le projet de loi 102 et, par la suite, on procédera
avec le projet de loi 150.
Lorsqu'on parle de consultations particulières, personne ne l'a
mentionné ici, mais je voudrais bien qu'on regarde ensemble les
organismes qui se présenteront devant nous lors de la commission
parlementaire des 11 et 12 décembre prochain en rapport avec le projet
de loi 102. Je ne sais pas si le ministre est informé, mais je peux le
placer dans une drôle de position en lui disant que dans la liste
maîtresse qui a été endossée par les deux formations
politiques, 16 organismes sur les 20 au total sont reliés directement au
domaine forestier. Lorsque j'entendais les députés
libéraux mentionner en cette Chambre que la motion de report
était une motion dilatoire, lorsque j'entendais les libéraux, peu
importe que ce soit le député de Saguenay qui, d'ailleurs,
devrait s'occuper du dossier de Forestville au lieu de venir faire des discours
comme il l'a fait en cette Chambre ce soir... Il devrait faire cela, le
député de Saguenay, mais je ne l'ai pas entendu du tout parler de
cela et on ne l'a pas entendu du tout parler de ce dossier de Forestville
depuis beaucoup de mois.
Mme la Présidente, je voudrais vous dire que sur les organismes
que nous aurons en commission parlementaire sur le projet de loi 102, Loi sur
les terres du domaine public... La mise à jour ne remonte pas à
trois semaines, elle a été faite pas plus tard qu'hier. Nous
avons l'Association des industries forestières du Québec,
l'Association des manufacturiers du bois de sciage du Québec,
l'Association des pourvoyeurs du Québec, l'Association nationale des
industries du bois de sciage du Québec - et je continue parce que la
liste est tout de même assez longue - le Barreau du Québec, la
Chambre des notaires du Québec, la Conférence des
coopératives forestières du Québec. Plus loin, il y a la
Corporation professionnelle des agronomes, la Corporation professionnelle des
urbanistes du Québec, la Fédération des producteurs de
bois de sciage du Québec, la Fédération
québécoise de la faune, la Fédération
québécoise des gestionnaires des ZEC Inc. De plus, quatre
organismes touchent nos amis les Amérindiens. Lorsqu'on parle de nos
amis les Amérindiens, dans les amendements apportés dans le
projet de loi 102 au niveau des terres publiques, on sait très bien que
dans ce projet de loi cadre qui fait en sorte de scinder les terres d'avec le
secteur forêt - tout le monde a compris cela - il y aura des choses
à discuter et à regarder avec nos amis les
Amérindiens.
Qu'on se rappelle de l'autre côté que lors de la commission
parlementaire sur l'avant-projet de loi sur les forêts, plusieurs de ces
organismes n'ont pas été entendus. Là-dessus, on peut
parler, par exemple, du Conseil attikamek-montagnais qui n'a pas
été entendu. On peut parler du Conseil des Algonquins, de la
Corporation Makivik et, bien sûr, de l'autre organisme qui s'est fait
entendre en commission parlementaire mais qui est intéressé
à la question des terres, le Grand Conseil des Cris.
Mme la Présidente, lorsque les députés
ministériels faisaient leurs discours et leurs courbettes ici à
l'Assemblée nationale sur la motion de report, je peux vous dire que je
considère que ces gens-là n'avaient aucunement raison de faire en
sorte que la population pense que l'Opposition avait déposé une
motion dilatoire. Ce n'était pas une motion dilatoire, c'était
une motion de report sur le fond qui, justement, veut permettre au ministre
délégué aux Forêts et au ministre de
l'Énergie et des Ressources de se coordonner avec le leader
parlementaire du gouvernement pour faire les choses à l'endroit, pour ne
pas que les choses soient faites à l'envers. (21 h 40)
Je voudrais rappeler que les deux projets de loi en question, il ne faut
pas l'oublier, touchent les chasseurs, les pêcheurs, les campeurs. C'est
une belle occasion, lorsqu'on regarde tous les aspects opérationnels de
la lutte contre les insectes
et les maladies des arbres, lorsqu'on parle du projet de loi 150 qui
rend plus difficile et coûteuse la création des parcs et des
réserves écologiques, lorsqu'on voit que le projet de loi 150 est
silencieux quant à son impact sur les relations du travail, lorsqu'on
voit aussi tous les pouvoirs parlementaires, qui sont extrêmement
nombreux, que le ministre se réserve par le biais de son Conseil des
ministres, parce que tout le monde sait que, lorsque le ministre
délégué aux Forêts va décider de modifier un
règlement ou de présenter un nouveau règlement, il le
préparera lui-même à son ministère et il le
présentera par la suite au Conseil des ministres et c'est le Conseil des
ministres qui va l'endosser ou le réfuter... Ce sont tous des aspects
que, nous, de l'Opposition, sommes intéressés à discuter,
non pas à l'emporte-pièce, non pas en se faisant
"bulldozés" à l'Assemblée nationale, mais en prenant le
temps de faire les choses correctement pour permettre à chacun et
à chacune d'intervenir sur chacun des articles, que cela se fasse, de
grâce, en fonction des règles habituelles et qu'on fasse en sorte
que le projet de loi 102 soit d'abord étudié en deuxième
lecture.
Ne vous inquiétez pas, les ministériels, ne vous
inquiétez pas, Mme la Présidente, lorsque le principe du projet
de loi 102 sera adopté et qu'on en aura discuté à
l'Assemblée nationale, nous, de l'Opposition, ferons en sorte de
procéder le plus rapidement possible article par article en commission
parlementaire en présentant, bien sûr, plusieurs amendements. Et
lorsque le projet de loi 150 sera terminé en commission parlementaire,
que nous reviendrons ici à l'Assemblée nationale pour la
troisième lecture, il sera bonifié. On pourra alors dire que le
travail de chacun des parlementaires a été fait et que ce projet
de loi va atteindre les objectifs de chacun des Québécois et de
chacune des Québécoises.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Duplessis.
Sur une question de règlement, M. le ministre? À ce
stade-ci, si c'est pour une réplique, il n'y a pas de réplique
sur un débat restreint. Est-ce que c'est pour une question...
M. Lefebvre: Mme la Présidente, on m'a informé
qu'il restait sur le temps des ministériels trois ou quatre minutes.
La Vice-Présidente: Oui.
M. Lefebvre: Cela permettrait au ministre
délégué aux Forêts d'intervenir. J'inviterais le
ministre à terminer...
La Vice-Présidente: Là-dessus, je pense qu'il
faut...
M. Lefebvre: ...l'enveloppe des ministériels avec les
trois ou quatre minutes qu'il reste.
La Vice-Présidente: En vertu de l'article 209 de nos
règlements, le ministre a déjà parlé sur la motion
et il n'a qu'un droit de parole. Il n'a pas de réplique. Donc, je ne
peux reconnaître le ministre. Il faudra que je reconnaisse un autre
député. M. le député de Trois-Rivières.
Trois minutes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Question de
règlement.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je voudrais poser une question au
député de Duplessis. Je voudrais qu'il sache...
La Vice-Présidente: Si vous me le permettez, M. le
ministre. Vous savez qu'en vertu de l'article 213, il faut la permission du
député de Duplessis. Est-ce que M. le député...
M. Perron: Oui, il n'y a pas de problème, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Vous pouvez y aller. J'aimerais vous
spécifier que la question doit être brève ainsi que la
réponse.
M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, Mme la
Présidente. Le député de Duplessis mentionne que
l'Association des manufacturiers de bois de sciage et l'Association de
l'industrie forestière n'ont pas eu le temps de regarder le projet de
loi. Est-ce que le député de Duplessis sait que ces deux
associations principales au Québec nous ont déjà transmis
leurs commentaires sur le projet de loi qui a été
déposé et dont on discute l'adoption du principe aujourd'hui?
La Vice-Présidente: M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, vous me permettrez de
répondre au ministre que, effectivement, il y en a de partis.
Là-dessus il va me donner raison s'il ne veut pas induire la Chambre en
erreur. Il va me donner raison lorsque je dirai qu'effectivement, les deux
associations ont transmis des projets d'amendement sur le projet de loi 150,
mais c'est seulement partiel et non pas sur le tout.
La Vice-Présidente: Cela étant dit, je vous
remercie, M. le député de Duplessis. M. le ministre
délégué aux Mines, trois minutes.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui. Merci, Mme la Présidente. En plus de mes
fonctions aux Mines, je suis également ministre responsable des Affaires
autochtones.
Je voudrais souligner que nous, aux Affaires autochtones, on a
révisé la loi et on l'a regardée en ce qui touche les
implications dans le milieu autochtone de même que concernant les
autochtones eux-mêmes. Contrairement à ce qu'a souligné le
député de Duplessis tout à l'heure, les autochtones ont
été consultés dans ce dossier. Évidemment, les gens
de Kativik, les Esquimaux, leur intervention n'a pas été
très longue, vu l'absence totale d'arbres dans cette région. Par
contre, le grand chef des Algonquins, Dominique Ranken, deux intervenants chez
les Attikameks et les Montagnais de même que le bureau du SAGMAI ont
été consultés spécifiquement sur le projet de loi
et il est conforme...
Je voudrais d'ailleurs, Mme la Présidente, féliciter le
ministre délégué aux Forêts pour l'excellent travail
qu'il a fait dans la présentation de sa loi. Depuis quelques semaines je
surveille la présentation de cette loi qui est très importante
pour l'Abitibi-Témiscamingue et je peux vous dire que non seulement
l'ensemble des intervenants dans le domaine forestier de
l'Abitibi-Témiscamingue appuient le projet de loi, mais ils me demandent
spécifiquement de transmettre des félicitations au
député et ministre délégué aux Forêts
pour l'excellence de sa présentation de la loi et tout l'appui qu'il
leur apporte dans l'application de cette loi. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Mines. M. le député de
Duplessis, sur une question de règlement?
M. Perron: Oui, sur une question de règlement. Je voudrais
seulement vous souligner qu'au cours de l'intervention du ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones...
La Vice-Présidente: S'il vous plaît!
Là-dessus, je pense que c'est à moi que... S'il vous plaît!
Je vais entendre la question de règlement mais il s'agit bien d'une
question de règlement et là-dessus je vous reconnaîtrai, M.
le leader adjoint du gouvernement. Sur votre question de règlement, M.
le député de Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, c'est que le ministre
délégué aux Mines, dans sa courte allocution, a
mentionné que j'avais dit, dans mon allocution, qu'il n'y avait
pas...
M. Lefebvre: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Perron: Non, non. Je veux remettre les choses à leur
place.
La Vice-Présidente: En vertu de l'article... Bien
là... Je pense que je vais régler la situation en disant qu'en
vertu de l'article 212 un député qui prétend être
mal cité peut apporter des explications pourvu que ces explications
soient de courte durée. Là-dessus, je vais vous
reconnaître.
M. Perron: Oui. Je me demande qui fait de la "procédurite"
si ce n'est pas le leader adjoint.
Mme la Présidente, c'est justement en vertu de l'article 212
parce que j'ai été mal cité. D'abord, le ministre
délégué aux Mines, dans sa courte allocution, a dit que
j'aurais mentionné dans mon allocution sur la motion de report qu'il n'y
avait pas eu de consultation avec les Montagnais ou, encore, avec les
Amérindiens. Ce n'est pas cela que j'ai dit du tout. Ce que j'ai dit,
c'est que nous, de l'Opposition, nous voudrions entendre justement les
Amérindiens, les quatre groupes que j'ai mentionnés, sur le
projet de loi 102 avant de procéder à l'adoption du projet de loi
150. C'est ce que j'ai dit.
La Vice-Présidente: Bon. Cela étant dit et le
débat étant clos, je vais donc mettre aux voix l'amendement
suivant, qui se lit: Que la motion en discussion soit amendée en
retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant, à la fin, les mots "dans
quatre mois". Est-ce que la motion est adoptée?
M. Perron: Adopté. Des voix: Rejeté.
La Vice-Présidente: La motion est donc rejetée.
M. Perron: La motion...
La Vice-Présidente: ...est rejetée.
M. Perron: ...sur division. (21 h 50)
La Vice-Présidente: Sur division. Mais quand elle est
rejetée, elle est rejetée automatiquement. Je ne peux pas rejeter
sur division. Elle est rejetée tout simplement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Reprise du débat sur l'adoption du
principe
M. Lefebvre: Mme la Présidente, la motion de report
étant rejetée, je vous invite maintenant à continuer le
débat sur la loi 150. Je pense qu'avant la motion de report
l'intervenant qui devait prendre la parole était un député
ministériel. Je vous demanderais de reconnaître maintenant M.
le
député de Trois-Rivières.
La Vice-Présidente: M. le député de
Trois-Rivières.
M. Paul Philibert
M. Philibert: Merci. C'est avec beaucoup d'intérêt
que j'interviens aujourd'hui dans les discussions sur le principe du projet de
loi 150 qui veut doter le Québec d'une politique forestière
cohérente. J'ai été désolé, cet
après-midi, de constater que depuis, on peut dire, le début de la
colonie, l'industrie forestière au Québec s'est
développée cahin-caha, avec des volontés qui ne sont pas
nécessairement toujours celles de l'ensemble des Québécois
et des Québécoises. L'Opposition, avec ses ténors du
nationalisme québécois, ceux qui nous claironnent dans chacune de
leurs interventions qu'il faut préserver notre patrimoine culturel,
notre patrimoine écologique, notre patrimoine forestier, refuse que l'on
discute et que l'on débatte maintenant cet important projet de loi, ce
projet de loi qui est la signification même de la fierté des
Québécois et des Québécoises et de leur
volonté de préserver cette richesse incommensurable qu'est la
forêt du Québec, en proposant une motion de report et en disant
qu'il fallait en discuter plus tard, que cela n'était pas urgent.
Nous avons disposé de cette motion de report et la volonté
gouvernementale, la volonté du ministre délégué aux
Forêts va trouver droit de cité à l'Assemblée
nationale et dans les archives du Québec comme étant le ministre
qui a pris en main l'encadrement de l'exploitation forestière au
Québec. Ce que nous vivons par ce projet de loi, ce sont des moments
historiques pour le Québec, c'est la reprise en main de la forêt
québécoise, par des Québécois et des
Québécoises, par l'intermédiaire de leur gouvernement.
C'est le gouvernement du Québec qui dit à tous les intervenants
forestiers: Dorénavant, il y a un nouveau cadre d'intervention.
Dorénavant, ceux qui exploitent la forêt devront tenir compte de
la régénérescence de la forêt. Ils devront tenir
compte également de notre cheptel à l'intérieur de la
forêt. Ils devront tenir compte aussi de l'aspect écologique aussi
important que la protection des berges et des lacs. Ils devront avoir le souci
de la protection intégrale de ce patrimoine absolument fantastique
qu'est la forêt.
J'en parle avec d'autant plus d'intérêt, Mme la
Présidente, que dans mon comté et dans ma région plusieurs
milliers d'emplois, des travailleurs dans la forêt, comme des
travailleurs de la transformation dans les usines de pâtes et papiers,
sont tributaires du dynamisme avec lequel nous allons administrer, du dynamisme
et de la clairvoyance avec lesquels le ministre nous propose le projet de loi
et du dynamisme avec lequel nous allons l'appliquer.
En effet, en ce qui a trait, par exemple, au reboisement, l'histoire
nous enseigne - on en a discuté abondamment -que la forêt
québécoise est en train de s'user, parce que exploitée
systématiquement, sans aucune obligation aux utilisateurs de pourvoir au
reboisement, de pourvoir à la régénérescence de la
forêt. Le projet de loi donne l'obligation aux utilisateurs, aux
compagnies papetières, par exemple, de faire en sorte que la forêt
puisse se régénérer, que les travaux sylvicoles deviennent
obligatoires, de telle sorte que nous puissions rapprocher les zones
d'approvisionnement et que l'industrie papetière puisse continuer
à se développer.
Donc, pour ce reboisement, nous l'avons vu, nous l'avons fait à
grands frais depuis deux ou trois ans, il faut féliciter le gouvernement
précédent d'avoir constaté sa négligence à
agir pendant sept ou huit ans et d'avoir statué en disant: Oui, il faut
faire des travaux sylvicoles en forêt mais aux frais des
Québécois et des Québécoises uniquement. Ce que le
projet de loi 150 prévoit, c'est que ce sera à frais
partagés avec les utilisateurs de la forêt, et,
particulièrement ceux qui font la cueillette des résineux, par
exemple, chez les papetières.
Il y a une responsabilité partagée à voir à
l'aménagement de la forêt. Cette responsabilité
partagée se définit de la façon suivante,
c'est-à-dire que les droits de coupe seront fixés et que les
papetières qui accepteront et qui feront des travaux sylvicoles pourront
déduire le montant du coût de ces travaux des droits de coupe
qu'ils auront à payer. C'est une responsabilité partagée.
Le gouvernement du Québec, par l'intermédiaire de son ministre
délégué aux Forêts, vient de statuer que la
forêt du Québec appartient aux Québécois et aux
Québécoises et que les exploiteurs de la forêt devront en
payer une partie. Cela, c'est élémentaire, c'est l'a b c de ce
patrimoine absolument fantastique qu'est la forêt.
Un autre aspect important du projet de loi, c'est la création
d'un comité de recherche. Actuellement, il se fait de la recherche au
Québec, j'en suis un témoin privilégié. À
l'Université du Québec à Trois-Rivières, des
chercheurs qui ont fait leur marque au plan mondial... Les journaux indiquaient
le mois dernier dans leurs titres que l'Université du Québec,
avec ses chercheurs en pâtes et papiers, avait fait une découverte
qui était une révélation pour l'ensemble des scientifiques
du monde entier en ce qui a trait à la transformation des feuillus et
à l'utilisation des pâtes des feuillus. Cette recherche a
été faite par l'Université du Québec, dans un cadre
où
chaque institution qui avait un intérêt marqué...
Notre région, bien sûr, vit de la forêt en bonne partie.
L'université qui s'identifie au milieu a développé un
créneau d'excellence en recherche en forêt. Les succès sont
là, mais ils l'ont fait à bout de bras. Ce qu'on propose avec le
comité de la recherche, c'est de faire en sorte que les ressources
soient distribuées adéquatement et permettent une recherche
fondamentale et appliquée qui corresponde véritablement aux
besoins que nous avons de développer nos connaissances dans le domaine
de la forêt.
Mme la Présidente, je sais que je dois conclure parce que l'heure
avance. C'est donc avec beaucoup de fierté que je vais voter pour ce
projet de loi. C'est avec beaucoup de fierté que j'appuie sans
réserve le ministre délégué aux Forêts, un
spécialiste de la forêt, d'ailleurs. Ce projet de loi est
l'illustration la plus éloquente de la prise en main de nos forêts
par les Québécois et les Québécoises. C'est
l'illustration la plus éloquente de la fierté des
Québécois et des Québécoises de ce patrimoine
absolument fantastique qu'est la forêt et, donc, de cette prise en main
de l'exploitation de nos forêts. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Trois-Rivières.
Compte tenu de l'heure - il est présentement 22 heures - nous
allons donc ajourner le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 150 et nous allons ajourner nos travaux... Oui?
M. Claveau: Je demande l'ajournement du débat, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Je m'excuse, M. le
député d'Ungava, je viens de comprendre. Nous allons donc
ajourner le débat sur le projet de loi 150 et également ajourner
nos travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 59)