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(Dix heures huit minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Un moment de recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Rapport annuel du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie
M. Ryan: Je voudrais déposer le rapport du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie pour l'année 1984-1985.
Le Président: Document déposé. Pour M. le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, M. le leader du
gouvernement.
Rapport annuel de la RSSQ
M. Gratton: Au nom du ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, j'ai le plaisir de déposer le rapport annuel pour
l'année 1985 de la Régie de la sécurité dans les
sports du Québec.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre délégué aux Mines et responsable des Affaires
autochtones.
Rapport annuel de la SNA
M. Savoie: II me fait plaisir de déposer le rapport annuel
de la Société nationale de l'amiante pour l'année
1985-1986.
Le Président: Document déposé. M. le leader
du gouvernement.
Réponse à une question inscrite au
feuilleton par la députée de Johnson
M. Gratton: Oui. Une question écrite que l'on retrouve
à l'article 20 du feuilleton, soit une question de la
députée de Johnson, M. le ministre des Communications est
prêt à répondre.
M. French: J'ai l'honneur de déposer devant
l'Assemblée nationale une réponse à la question inscrite
au feuilleton par Mme la députée de Johnson concernant l'entente
fédérale-provinciale sur le développement des industries
de communications.
Je signalerai, pour le bénéfice de Mme la
députée, que cela touche deux années financières,
l'année dernière et l'année courante. L'année
courante n'est pas complète puisqu'il reste encore de l'argent.
Le Président: M. le ministre des Communications, votre
document est déposé. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Hier, le leader du gouvernement avait pris une
certaine forme d'engagement de faire rapport, aujourd'hui, sur l'ensemble des
questions au feuilleton.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je m'étais
engagé à vérifier de façon exhaustive auprès
de chaque ministre à qui une question inscrite au feuilleton
était adressée et à faire rapport la semaine prochaine.
Effectivement, j'ai l'intention de faire rapport la semaine prochaine.
Le Président: Autres dépôts de documents?
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission de l'économie et du travail. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de rapports de commissions?
Dépôt de pétitions. M. le député de
Laviolette.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, n'avez-vous pas appelé
le dépôt de rapports de commissions?
Le Président: Oui et on n'a pas répondu, M. le
leader du gouvernement. S'il vous plaît! M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Oui, vous m'avez tiré de ma lecture.
Le Président: M. le président de la commission,
j'attends toujours le dépôt de votre rapport.
Étude détaillée du projet de loi
119
M. Charbonneau: Je vais vous le donner, M. le Président,
ainsi qu'à tous mes
collègues. J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission de l'économie et du travail qui a siégé les 8,
9 et 10 décembre derniers afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 119, Loi modifiant la
Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction. Le
problème, c'est que le projet de loi n'a pas été
adopté, M. le Président.
Le Président: Votre rapport de commission est
déposé, M. le président. Dépôt de
pétitions, M. le député de Laviolette.
Requêtes demandant de faire
respecter la Charte de la
langue française
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 101 pétitionnaires résidents du
comté de Champlain invoquant les faits suivants: Que la Charte de la
langue française a toujours fait l'objet d'un large consensus au sein de
la population du Québec; que le gouvernement fait subir de multiples
reculs à la langue française au Québec et que le nombre de
violations de la Charte de la langue française est en croissance; et
concluant à ce que l'Assemblée nationale du Québec demande
au gouvernement de faire respecter dans son esprit et dans sa lettre la Charte
de la langue française et de cesser de favoriser, de multiples
façons, le recul de la langue française au Québec.
Le Président: Pétition déposée. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée par 101 pétitionnaires résidents du
comté de Lévis invoquant les faits suivants: Que la Charte de la
langue française a toujours fait l'objet d'un large consensus au sein de
la population du Québec; que le gouvernement fait subir de multiples
reculs à la langue française au Québec et que le nombre de
violations de la Charte de la langue est en croissance; et concluant à
ce que l'Assemblée nationale du Québec demande au gouvernement de
faire respecter dans son esprit et dans sa lettre la Charte de la langue
française et de cesser de favoriser, de multiples façons, le
recul de la langue française au Québec.
Je certifie que cet extrait de la pétition est conforme à
l'original et au règlement.
Le Président: Pétition déposée. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. J'ai l'honneur
de déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 101 pétitionnaires résidents et
travailleurs du comté de Marquette invoquant les faits suivants: Que la
Charte de la langue française a toujours fait l'objet d'un large
consensus au sein de la population du Québec; que le gouvernement fait
subir de multiples reculs à la langue française au Québec
et que le nombre de violations de la Charte de la langue est en croissance; et
concluant à ce que l'Assemblée nationale du Québec demande
au gouvernement de faire respecter dans son esprit et dans sa lettre la Charte
de la langue française et de cesser de favoriser, de multiples
façons, le recul de la langue française au Québec.
Le Président: Pétition déposée.
Toujours au dépôt des pétitions, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 101 pétionnaires résidents du
comté de Taschereau, invoquant les faits suivants: Que la Charte de la
langue française a toujours fait l'objet d'un large consensus au sein de
la population du Québec; que le gouvernement fait subir de multiples
reculs à la langue française au Québec; et que le nombre
de violations de la charte de la langue est en croissance; et concluant
à ce que l'Assemblée nationale du Québec demande au
gouvernement de faire respecter dans son esprit et dans sa lettre, la Charte de
la langue française et de cesser de favoriser, de multiples
façons, le recul de la langue française au Québec.
Le Président: Petition déposée. Ce matin, il
n'y aura aucune intervention portant sur une violation de droit ou de... Je
m'excuse. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je demanderais le
consentement de cette Chambre pour...
Le Président: S'il vous plaît! Si vous me
permettez... M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je demanderais le
consentement de cette Chambre pour déposer une pétition qui,
malheureusement, n'est pas tout à fait conforme au règlement.
Le Président: Pour pouvoir déposer la
pétition, M. le député d'Ungava, il faut le consentement
unanime de cette Chambre.
M. Gratton: M. le Président, nous consentons volontiers,
comme toujours.
Le Président: M. le député d'Ungava.
Exemptions fiscales réclamées pour les
travailleurs de Joutel
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 475 pétitionnaires, travailleurs de
Joutel, invoquant les faits suivants: Oue nous appuyons les démarches de
notre conseil local auprès du ministre des Finances du Québec
afin que les travailleurs de Joutel puissent bénéficier des
exemptions fiscales annoncées lors du discours sur le dernier budget du
Québec le 1er mai 1986 pour les travailleurs du Grand-Nord et des postes
isolés.
Le Président: Pétition déposée. Y
a-t-il d'autres pétitions?
Tel que je le mentionnais, ce matin il n'y aura pas d'intervention sur
une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et de réponses orales. Je reconnais, en principale, M. le
député de Bertrand.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Estimation de la valeur de Cambior
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Au cours des
trois dernières semaines, nous avons démontré à
cette Assemblée, de même qu'à toute la population du
Québec, que le gouvernement a sous-estimé de 50 000 000 $ les
actifs de SOQUEM vendus à Cambior. Encore hier, le ministre
délégué aux Mines devait s'excuser de s'être
trompé sur ce qu'il avait dit la veille.
Face à cette hâte dans cette privatisation de même
que celle de Quebecair, de qraves conséquences sont arrivées pour
les Québécois. D'ailleurs, concernant cette
sous-évaluation, la dernière étude de McLeod, du 18 avril
1986, qui fait foi de tout, selon le ministre, précise à la page
6 de son rapport: "II est aisé de préparer d'autres
scénarios beaucoup plus optimistes pour Cambior particulièrement
concernant la mine Doyon. Nous espérons que les investisseurs
réaliseront ce potentiel et que, à ce titre, ils jugeront la
fourchette de 150 000 000 $ à 170 000 000 $ comme étant un
escompte substantiel par rapport à la vraie valeur de Cambior."
Est-ce que le ministre déléqué à la
Privatisation peut nous dire, lui, comment il évalue cet escompte
substantiel pour les investisseurs?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, l'évaluation qui a
été faite au mois d'octobre par la firme McLeod Young and Weir a
été faite sur les données qui étaient disponibles
à ce moment-là et qui ont été fournies à
McLeod par la direction de SOQUEM. Tous savent la compétence dans le
domaine minier et géologique de SOQUEM. Il faut bien comprendre qu'au
mois d'octobre, SOQUEM a fourni une certaine information qui était
l'information disponible. Au mois d'avril, SOQUEM, qui est un partenaire dans
la mine Doyon avec Lac Minerals Ltd, a obtenu de nouvelles informations,
puisque c'est cette dernière mine qui est la gérante de cette
mine, et c'est cette information qui fut fournie à McLeod Young and Weir
au mois d'avril.
Par la suite, au mois de septembre ou octobre, il fut connu par le
public que des forages avaient révélé une teneur en or
plus importante dans la partie ouest de la mine. Il faut bien comprendre que
McLeod Young and Weir, lorsqu'elle a fait son évaluation au mois
d'octobre, l'a faite avec l'information disponible au mois d'octobre.
Lorsqu'elle a fait son évaluation au mois d'avril, elle l'a faite avec
l'information qui lui a été fournie par Lac Minerals, par le
biais de SOQUEM. Je crois que c'est un peu ridicule de prétendre qu'au
mois d'avril on aurait dû savoir qu'au mois de septembre ou octobre des
forages révéleraient une teneur en or plus importante. (10 h
20)
C'est donc dire, M. le Président, qu'il est vrai que tout le
monde soupçonnait que la mine Doyon avait un potentiel extraordinaire.
Mais lorsqu'on va sur le marché public, lorsqu'on émet des
actions et qu'il s'agit d'une émission d'actions extrêmement
importante il s'agit à ce moment - oui, cela ne vous intéresse
pas - d'informer le public le mieux possible, de révéler les
faits de la façon la plus véridique possible. Il est certain que
lorsqu'on parle de la mine Doyon, on parle d'une mine qui a un potentiel
important. Au mois d'octobre 1985, au mois d'avril 1986 et maintenant le
potentiel semble aller en grandissant, mais au moment où les faits ont
été révélés, au moment où les
évaluations ont été faites les gens l'ont fait avec le
plus de compétence possible et le potentiel était toujours
là. Ce à quoi fait allusion... Oui, M. le Président, je
m'excuse mais ce à quoi fait allusion...
Le Président: En conclusion.
M. Fortier: Cela ne vous intéresse pas?Non?
Le Président: Oui, oui. En conclusion, M. le ministre.
M. Fortier: Oui, je conclus mais vous comprendrez, M. le
Président, qu'il s'agit d'un domaine technique et qu'il est important de
révéler les faits à la population.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: Je conclus. Je m'excuse, M. le Président, je
désire collaborer avec vous. Ce qu'il est important de savoir c'est que
tous et chacun savaient qu'il y avait un potentiel extraordinaire, mais comme
il s'agissait d'une première émission d'actions il s'agissait
à ce moment... Bien oui. Qu'est-ce que le chef de l'Opposition a
à s'énerver? Pourquoi vous énervez-vous, M. le chef de
l'Opposition?
Le Président: M. le ministre! M. le ministre! Si vous me
permettez... À trois reprises... Vous avez dépassé de plus
de 40 secondes le temps permis en réponse à une question
principale. J'aimerais que vous alliez à votre conclusion et ce,
immédiatement.
M. Fortier: M. le Président, ce que j'aimerais dire ici
c'est qu'il s'agit de dossiers extrêmement techniques. Si l'on veut faire
un débat de deux ou trois heures, je suis prêt à le faire.
Mais vous comprendrez que dans une période de questions, donner une
information exacte est difficile et qu'il est important de donner à la
population l'heure juste.
Je conclus tout simplement en disant que les évaluations, au
moment où elles ont été faites l'ont été
avec l'information qui était disponible. Elles ont été
fournies par la direction de SOQUEM, qui est une compagnie extrêmement
compétente, et il n'y a pas eu de sous-évaluation. Il est facile,
six mois après, avec l'information disponible maintenant, de
faire...
Le Président: M. le député de Bertrand,
question additionnelle.
M. Parent (Bertrand): Question additionnelle, M. le
Président. Le ministre n'a nullement répondu à ma
question. Je la répète: Est-ce que le ministre peut nous dire,
lui, à combien il évalue la sous-évaluation qui est
mentionnée dans le dernier rapport de McLeod d'avril 1986?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, ce que McLeod dit, c'est
qu'il y a un potentiel considérable et qu'on ne savait pas... Lorsqu'il
s'agit de vendre une propriété minière personne ne peut
savoir, aucun expert ne peut dire de quelle façon le public acheteur de
titres va réagir face à la description d'un prospectus qui est
donné publiquement. Il n'y a personne qui peut savoir cela à
l'avance. Il s'agit de la meilleure opinion d'experts pour dire qu'au moment
où l'évaluation a été faite, au moment où le
prospectus a été déposé, la valeur de la mine
était de 170 000 000 $ et qu'en présentant ce titre, il y aurait
des acheteurs qui achèteraient des actions pour à peu près
150 000 000 $. Je crois qu'à ce moment-là les faits
véridiques ont été révélés et qu'on
ne peut pas parler d'une possibilité d'évaluation plus grande,
mais on peut parler d'un potentiel plus grand qui s'est
révélé par la suite.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais savoir de la part du ministre,
lorsqu'on évalue comme on l'a fait de façon très rapide et
très accélérée, à combien l'escompte a
été donné pour vendre 170 000 000 $ les actifs? À
combien a-t-on dû mettre l'escompte sur le marché?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, j'ai
révélé hier que nous avons reçu au mois d'avril une
offre ferme de la part d'une compagnie de Toronto. Elle faisait une offre ferme
de 135 000 000 $ qui n'assumait pas toutes les dettes de SOQUEM. Donc, cette
offre ferme était de 135 000 000 $. Je crois, M. le Président,
que lorsqu'on reçoit une offre ferme comme celle-là de 135 000
000 $ d'une firme de Toronto, on ne peut pas parler de sous-évaluation
d'une mine qui est vendue à 170 000 000 $.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): En additionnelle. Est-ce que le ministre
peut nous dire de combien de propriétés minières il
était question dans les évaluations d'octobre 1985 de la
compagnie McLeod et de février 1986 de McNeil Mantha? De combien de
propriétés faisait-on mention dans ces évaluations?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: Je n'ai pas les chiffres ici, M. le Président.
Je peux vous dire qu'il y avait moins de propriétés au mois
d'octobre et par la suite nous en avons ajouté. Ce sont des
propriétés qui ne sont pas encore en exploitation.
Vous savez, quand on parle de sous-évaluation, on parle de
quelques millions d'après vous. Il faudrait bien se souvenir, M. le
Président, qu'on nous a forcés cette
semaine à débourser 168 000 000 $ pour quelque chose qui
vaut 10 000 000 $ dans le domaine de l'amiante. Si vous voulez parler de
sous-évaluation, on va vous en parler. On est obligé de payer
cher maintenant pour les fautes que vous avez commises, il y a cinq ans.
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'ai demandé au ministre de combien
de propriétés il était question dans les
évaluations? Est-ce que le ministre peut répondre à cette
question s'il a pris connaissance du dossier? De combien de
propriétés s'agit-il?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: J'ai répondu à la question, M. le
Président.
Le Président: Vous avez posé deux fois votre
question, je vais vous reconnaître en additionnelle, s'il s'agit d'une
autre question.
M. Parent (Bertrand): Je vais donner la réponse, c'est
quatorze.
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Bertrand. Si vous permettez. À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Bertrand, une question en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): Alors, je pose une autre question
connaissant maintenant la réponse à la première, M. le
Président.
Le Président: Â l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand): De combien de propriétés
était-il question lors de la transaction de SOQUEM à Cambior?
Est-ce que le ministre connaît cette réponse?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, à ma connaissance, il
y en avait une cinquantaine. Je suis sûr que le député de
Bertrand a déjà la réponse devant lui.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle, une question.
M. Parent (Bertrand): Le ministre devrait connaître
ça puisque c'est de notoriété... 46, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Bertrand.
À l'ordre s'il vous plaît! M. le député de Bertrand.
Si vous me permettez. À la période de questions, habituellement,
les réponses sont à droite et les questions à gauche. M.
le député de Bertrand, en additionnelle. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, vous avez bien dit, je
pense, à juste titre "habituellement".
Le Président: Alors, une dernière additionnelle, M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, sans commentaire,
comment le ministre peut-il alors justifier et expliquer à cette
Assemblée qu'avec l'ajout de nouveaux actifs, soit 32 nouvelles
propriétés, on peut faire baisser la valeur d'une compagnie?
Le Président: M. le ministre délégué
à la Privatisation. M. le ministre.
M. Fortier: Si je réponds bien à la question,
est-ce que vous me donnez un prix? Parce que cela a l'air d'un jeu avec des
prix attachés à cela, M. le Président. Je crois que le
député semble avoir étudié le dossier. Il sait les
réponses à l'avance. S'il sait la réponse, il va savoir
que les mines en exploitation et surtout la mine Doyon, et d'autres mines qui
sont en exploitation, définissent substantiellement la valeur de Cambior
et que les autres propriétés qui ont été
ajoutées permettraient à Cambior de se développer dans
l'avenir mais ne déterminaient pas, selon les experts, la valeur
d'estimation au moment où l'offre a été faite
publiquement.
Le Président: M. le député de Mercier, en
principale.
Obligation faite aux hôpitaux anglophones de
donner des services en français
M. Godin: M. le Président, d'année en année,
des dizaines de milliers de patients francophones vont dans les hôpitaux
anglophones de Montréal. Depuis l'affaire St. Mary's, la loi 101 oblige
les hôpitaux à donner des services en français à ces
personnes. Est-ce que la ministre de la loi 101 peut nous dire si les
hôpitaux vont remplir cette obligation à la loi 101?
Le Président: À qui adressez-vous...
M. Godin: Comment se fait-il, M. le Président, qu'elle ne
me comprend pas là-dessus.
Le Président: M. le député de Mercier. (10 h
30)
M. Godin: Je vais répéter, M. le Président.
Est-ce que les hôpitaux anglophones fournissent aux francophones des
services comme la loi 101 les y oblige depuis l'affaire St. Mary's?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, à plusieurs reprises,
l'Office de la langue française a fait des pressions sur les
hôpitaux anglophones pour fournir des services aux francophones. Nous
continuons à suivre le dossier avec beaucoup de sérieux et
beaucoup d'intérêt, parce que nous voulons que les francophones
puissent recevoir des services dans leur langue, de la même façon
que nous voulons que les anglophones puissent aussi avoir des services dans
leur langue. C'est de la même façon que nous le faisons.
Le Président: M. le député de Mercier, en
additionnelle.
M. Godin: M. le Président, en additionnelle. Est-ce gue la
ministre se souvient qu'il y a huit mois, elle me faisait la même
réponse, en mai dernier, en commission parlementaire? J'aimerais savoir
s'il y a des changements gu'elle connaîtrait guant au nombre
d'hôpitaux gui donnent des services en français aux patients
francophones?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, je ne m'ingère pas dans
le travail de l'Office de la langue française. C'est l'Office de la
langue française... Amusez-vous: M. le Président, je ne fais pas
comme les gens d'en face gui ne tirent pas la ligne entre l'administratif et le
politique. Cela, je ne le ferai pas, M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
À l'ordre!
Mme Bacon: Faites attention à ce que je vais vous dire. M.
le Président, l'Office de la langue française a fait son travail
dans ce dossier et continue de le faire. À l'occasion des rencontres
avec le président de l'Office de la langue française, c'est un
sujet gui revient. Nous tentons d'améliorer la situation de mois en
mois. C'est ce que je tente de faire, M. le Président.
Le Président: M. le député de Mercier, en
additionnelle.
M. Godin: M. le Président, une petite dernière.
Est-ce gue l'office lui a dit combien d'hôpitaux se conformaient ou non
à la loi?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai de la difficulté
à saisir les questions du député, sauf que je dois redire
qu'il reste peu d'hôpitaux qui n'offrent pas leurs services en langue
française. Ceux qui ne se conforment pas aux directives de l'office, ce
dernier fait en sorte qu'ils le fassent le plus rapidement possible.
M. Rochefort: En additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: En additionnelle, à la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Compte tenu de la réponse de la
vice-première ministre, la ministre de la Santé et des Services
sociaux pourrait-elle nous dire quels sont les gestes concrets gu'elle a
posés pour gue tous ces hôpitaux donnent des services aux
francophones du Québec?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce problème a
été porté à mon attention pour la première
fois, il y a guelgues jours, par le député de Mercier. Je lui ai
dit gue s'il y avait des cas concrets et gu'il pouvait me les apporter, je
m'assurerais que les mesures soient prises pour que les hôpitaux se
conforment à la Charte de la langue française gui les oblige,
dans tous les établissements de santé et de services sociaux de
langue anglaise, à dispenser les services dans la langue
française. J'attends que le député de Mercier, d'ailleurs
il n'a peut-être pas eu le temps parce que nous nous en sommes
parlé il y a deux jours, me signale les cas où il y aurait des
contraventions. J'interviendrai certainement, d'abord auprès de la
vice-première ministre et ensuite au plan administratif pour voir
quelles indications pourraient être données à ces
hôpitaux gui seraient délinquants.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que je dois bien comprendre des propos
de la ministre responsable de la Santé et des Services sociaux qui
parraine la loi 142 qu'elle n'a pas été avisée par sa
collègue responsable de la loi 101 qu'il y avait encore des
problèmes dans ces hôpitaux?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Dans la réponse que la
vice-première ministre a donnée tout à l'heure, elle a
indiqué à cette Chambre
qu'elle suit ce dossier de près, qu'elle en discute avec l'Office
de la langue française et que les mesures qui s'imposent sont
prises.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: Question additionnelle. Dois-je comprendre aussi
que la ministre n'a pas pris connaissance des plaintes déposées
dans les conseils régionaux par des citoyens francophones du
Québec qui expriment leur impossibilité d'être servis en
français dans les hôpitaux de Montréal, par exemple?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois dire à
cette Chambre que je n'ai été informée par aucun conseil
régional de l'existence de telles plaintes. Si on les avait
portées à mon attention, je les aurais examinées avec
grande attention et je me serais assurée que les mesures
nécessaires soient prises.
Le Président: M. le député de Gouin, en
additionnelle.
M. Rochefort: Compte tenu des responsabilités de la
ministre, est-ce que cela ne devrait pas être elle qui s'informe
auprès des conseils régionaux des plaintes qu'ils ont
reçues?
Le Président: À l'ordrei A l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Rochefort: M. le Président...
M. Gratton: Question de règlement. M. le
Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Sur
une question de règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je n'ai pas d'objection à ce que les
croisés de la langue en face posent des questions sur le sujet. Mais il
me semble que le genre de question que vient de poser le député
de Gouin n'a pas sa place ici. Mme la ministre a répondu à sa
première question. Si on n'est pas satisfait de sa réponse, soit,
mais qu'on n'essaie pas de faire toutes sortes de procès d'intention
à partir de la période de questions.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Si les croisés d'en face s'interrogent sur
la qualité des services en français dans les hôpitaux
anglophones, je pense qu'on peut demander à celle qui a le pouvoir
d'équilibrer la nature des services, qui a même le souci de
légiférer pour la qualité des services des anglophones au
Québec... Il me semble qu'il doit être au moins légitime de
se préoccuper un tant soit peu de la majorité francophone.
Le Président: M. le leader du gouvernement. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais plus à quelle question je dois
répondre parce qu'il y a eu une question et il y a eu un commentaire.
Enfin, je vais quand même tenter de vous fournir une réponse.
J'ai, au moins à trois reprises durant cette semaine, ou peut-être
même la semaine dernière, assuré que tous les
hôpitaux ou tous les établissements de santé et de services
sociaux doivent se conformer à la Charte de la langue française
et dispenser des services en langue française aux
bénéficiaires qui en font la demande. La demande du
député de Gouin, je pense que le leader du gouvernement y a
déjà répondu. C'est évident que je ne peux pas
appeler tous les jours ou tous les mois pour m'informer. C'est normalement les
CRSSS, les établissements qui ont des plaintes à formuler qui me
les acheminent et c'est à ce moment-là que je peux
intervenir.
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): ...une dernière additionnelle. La
ministre ne juge-t-elle pas, dans la mesure où elle a
présenté le projet de loi 142, qui est le véhicule que le
gouvernement a choisi pour donner des garanties linguistiques à la
communauté de langue anqlaise, selon ses propres mots, qu'elle aurait
dû, avant de procéder par une loi qui affectera les transferts de
ressources, s'assurer de l'accessibilité en français aux services
de santé pour l'ensemble des Québécois de la région
de Montréal?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Une voix: Ha!
Ha! Ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: J'imaqine que les ministres des Affaires
sociales qui m'ont précédée - deux siègent ici, en
face de moi
prenaient aussi les mesures nécessaires pour que l'application de
la loi 101 se fasse dans les établissements de santé et de
services sociaux.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je m'engage à faire, et ce
à quoi je me suis toujours engagée, c'est l'observation de la
loi. Chaque fois que des plaintes me seront acheminées, vous pouvez
être assurés que j'y porterai la plus grande attention.
Le Président: Une dernière additionnelle, M. le
député de Mercier.
M. Godin: En additionnelle, est-ce que la ministre attend
d'autres cas St. Mary's pour intervenir ou ne peut-elle faire un relevé
des postes bilingues obligatoires?
Le Président: M. le député, voulez-vous
répéter votre question, s'il vous plaît?
M. Godin: Est-ce que la ministre attend d'autres cas St. Mary's
ou si elle ne devrait pas faire le relevé des postes obligatoirement
bilingues?
Le Président: D'autres postes...
Une voix: On n'a pas compris. Avez-vous compris, vous autres?
Le Président: Mme la ministre. Est-ce que vous avez saisi
la question, Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense.
Le Président: D'autres cas St. Mary's.
Mme Lavoie-Roux: S'il y a d'autres cas que St. Mary's?
M. Godin: M. le Président, excusez-moi, une
dernière fois... (10 h 40)
Le Président: J'aimerais entendre la question, si vous me
le permettez, M. le député de Mercier.
M. Godin: ...et le plus fort possible: Est-ce que la ministre
attend d'autres St. Mary's ou si elle peut faire un relevé des postes
obligatoirement bilingues dans les hôpitaux anglophones de
Montréal?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: À la suite des questions que l'Opposition
m'a adressées ce matin, je veux l'assurer que je vais demander de faire
la vérification mentionnée par le député de
Mercier.
Le Président: M. le député de Dubuc, en
principale.
La destruction de saumoneaux
dans la rivière Saint-Jean
du comté de Dubuc
M. Desbiens: Merci, M. le Président. En 1984,
Hydro-Québec était impliquée dans la destruction de
quelque 10 000 caribous sur la Caniapiscau. Le 5 décembre dernier,
j'apprenais au ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le
protecteur de la faune, l'existence d'un désastre écologique sur
la rivière Saint-Jean qui a entraîné la destruction de
quelque 500 000 oeufs de saumon et 80 000 saumoneaux. Finalement, le 10
décembre, le ministre a annoncé qu'il y aurait des expertises par
ses fonctionnaires et par une firme engagée par Hydro-Québec, qui
est encore accusée cette fois-ci, pour évaluer les
dégâts. L'important, c'est de connaître les responsables,
les causes et les mesures envisagées pour éviter la
répétition d'un tel désastre. Ma question s'adresse au
ministre de l'Énergie et des Ressources qui est maintenant responsable
d'Hydro-Québec. Pourquoi ne déclenche-t-il pas l'enquête
publique complète et indépendante qu'il réclamait en 1984
relativement à la noyade des caribous et que le méchant
gouvernement péquiste lui a alors refusée?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: M. le Président, comme ministre de
l'Énergie et des Ressources, je n'ai pas besoin d'enclencher une
enquête parce que j'ai pris des mesures, avec les autochtones, avec
Hydro-Québec, pour nous assurer qu'il y ait une plus grande
coopération et coordination dans la gestion du territoire de la baie
James en ce qui concerne les autochtones et les...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Question de règlement. Pourriez-vous le
ramener à la rivière Saint-Jean?
M. Ciaccia: Non, non. M. le Président.
Le Président: M. le minstre, vous avez la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Attendez, vous allez voir
qu'il a une réponse qui a du panache!
Le Président: M. le ministre, vous avez la parole. Â
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, le leader parlementaire de
l'Opposition veut faire son fin fin. Attendez la réponse, et vous allez
voir que je vais répondre complètement à la question du
député. D'accord?
Le Président: M. le ministre. À l'ordre, s'il vous
plaîti
M. Ciaccia: Dans le cas des caribous de la baie James, nous nous
sommes assurés qu'il y ait une plus grande collaboration dans la gestion
de tous les éléments traitant de la gestion des barrages. Je
déposerai la semaine prochaine un projet de loi créant la
Société EEYOU qui va créer des structures où les
autochtones et Hydro-Québec vont pouvoir s'assurer que l'entente soit
bien mise en place pour que le genre d'accident qui est arrivé dans le
passé ne puisse se reproduire.
En ce qui concerne la rivière Saint-Jean, j'ai demandé
à Hydro de faire une évaluation de cette situation et j'attends
un rapport sur cette situation. Quand je l'aurai, je communiquerai avec mon
collègue du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, et, si c'est nécessaire, nous prendrons les mesures qui
s'imposeront.
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: M. le Président, le ministre de
l'Énergie et des Ressources, au lieu de demander le dénombrement
des poissons morts ou blessés, ne devrait-il pas demander
l'enquête publique complète et indépendante qu'il
réclamait lui-même concernant la Caniapiscau?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Contrairement à mon
prédécesseur, je ne dirai pas que les saumons n'ont pas de
jugement, comme il avait dit que les caribous n'avaient pas de jugement. Si
j'ai demandé à ce moment-là une enquête publique,
c'est parce que je considérais que le ministre, à
l'époque, ne faisait pas ses devoirs et que je considère
maintenant que je fais les miens.
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: Comment le ministre va-t-il agir pour donner du
jugement à HydroQuébec?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Ciaccia: Je ne pense pas que l'Opposition soit en mesure de
commencer à critiquer le jugement d'Hydro-Québec. Elle va faire
l'étude et nous faire rapport. Je vais communiquer avec mon
collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et,
s'il y a des mesures à prendre, nous le ferons et nous en informerons
cette Chambre, incluant le député de Dubuc.
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: M. le Président, comment le ministre de
l'Environnement va-t-tl faire appliquer l'article 2 qui dit clairement que le
ministre a pour fonctions, entre autres, de prévenir la
détérioration de l'environnement et de protéger les
espèces vivantes et les biens?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: Je m'excuse. J'étais un peu distrait. Est-ce
que je pourrais demander au...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président: M. le député de Dubuc,
voulez-vous répéter votre question, s'il vous plaît?
M. Lincoln: ...député de répéter sa
question?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Dubuc, voulez-vous répéter votre
question, s'il vous plaît?
M. Desbiens: Je comprends que ces 500 000 oeufs de saumon et 80
000 saumoneaux intéressent peu le ministre de l'Environnement, mais je
vais répéter ma question.
Des voix: Ah!
M. Desbiens: Comment a-t-il fait ou fera-t-il appliquer l'article
2 de la Loi sur l'environnement qui dit clairement que le ministre a pour
fonctions, entre autres, de prévenir la détérioration de
l'environnement et de protéger les espèces vivantes et les
biens?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le Président, nous faisons tout ce qui est
en notre possible maintenant pour donner au ministère de l'Environnement
une vocation de conservation qu'il n'a jamais eue. Le ministère de
l'Environnement, jusqu'à présent, était un
ministère qui s'occupait principalement de l'assainissement des eaux. On
a commencé à prendre des mesures distinctives. Par
exemple, le Conseil consultatif de l'environnement et le Conseil
consultatif des réserves écologiques vont être
fusionnés en un conseil consultatif de la conservation. Il y a
présentement un groupe de travail qui se penche sur toute la question
des espèces menacées afin de présenter, le plus tôt
possible, un projet de loi en ce sens. Pour la première fois, le
ministère de l'Environnement s'occupera beaucoup plus de la conservation
que pendant les années du gouvernement antérieur dont le
député était membre.
Le Président: M. le député de Terrebonne, en
additionnelle.
M. Blais: M. le Président, je voudrais demander au
ministre de l'Environnement, d'une part, comment il justifie toujours son
immobilisme en blâmant les actes de l'ancien gouvernement et, d'autre
part, ce qu'il a fait pour qu'avance l'environnement et que tout soit bien fait
dans ce dossier précis.
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le Président, je vais vous citer quelques
exemples de notre immobilisme depuis un an: le cas de la ville de LaSalle, le
cas du lac Saint-Jean, le cas des dioxines et de N.L. Chem et le cas des boues
des fosses septiques dans les Laurentides, et le député de
Prévost qui n'est pas ici vous dira qu'on a réglé ces
cas.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Lincoln: C'est cela. La question...
Le Président: Si vous me le permettez, MM. les
députés. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre
de l'Environnement, en conclusion, s'il vous plaît!
M. Lincoln: Je sais que cela les fait rigoler parce qu'ils ont
été immobiles pendant tellement de temps.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: Nous aurons une politique pour la destruction des BPC
au Québec. Nous avons solutionné, comme je le disais, le cas de
N.L. Chem et des dioxines qui a été sur le tapis pendant des
années. Nous avons solutionné le cas de ville de LaSalle, le cas
du lac Saint-Jean. Si le député veut avoir une liste
complète, je la lui donnerai. Cela sera une page longue comme ça.
L'immobilisme a été de leur part. Tout ce qu'ils faisaient dans
le temps, c'était l'assainissement des eaux et ils ne le faisaient pas
bien. Ils dépassaient les budgets de 40 % et 50 %. C'est cela.
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Pourquoi le ministre des Transports, qui aura aussi
à payer une partie de la note de ce désastre, n'appuie-t-il pas
les gens du milieu pour faire pression auprès du cabinet pour qu'on ait
cette enquête publique, complète et indépendante?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
j'imaginais que la question m'était adressée parce que j'ai une
préoccupation de la faune et du saumon, une bonne préoccupation,
parce que j'ai aussi été critique de l'Opposition de 1983
à 1986. Vous n'avez de leçon à donner à personne
surtout quand je regarde le député de Lac-Saint-Jean qui,
à l'époque, était ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche et qui était l'immobiliste incarné.
Le Président: M. le député de Richmond, en
principale.
Une voix: II n'y a même pas de question de
privilège. (10 h 50)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Richmond.
Paiement de 165 000 000 $ à General
Dynamics
M. Vallières: M. le Président, ma question
s'adresse au ministre délégué aux Mines et aux Affaires
autochtones. La Société nationale de l'amiante serait sur le
point d'effectuer un paiement de 165 000 000 $ à la compagnie General
Dynamics des États-Unis...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Vallières: ...pour l'achat de la mine d'amiante
Asbestos Corporation. Le ministre peut-il nous dire pourquoi les contribuables
québécois devront payer 85 $ chacune des actions acquises alors
que leur valeur actuelle en Bourse varie entre 5 $ et 6 $? En quoi le
gouvernement actuel est-il lié par
cette transaction de dupes du gouvernement précédent?
M. Chevrette: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, afin
d'accélérer la période de questions, est-ce qu'on pourrait
le référer à la réponse qu'a fournie le ministre
délégué à la Privatisation il y a à peine
dix minutes?
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur la
question de règlement.
M. Gratton: Sur la question de règlement, vous rappeliez
au leader de l'Opposition que le ministre délégué à
la Privatisation ne donnait pas les réponses. C'est le
député de Bertrand qui les donnait.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Mines et aux Affaires autochtones, s'il vous plaît. M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Savoie: Effectivement, M. le Président...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Savoie: ...au moment où l'on se parle la
Société nationale de l'amiante effectue un paiement de 165 500
000 $ à la suite de la demande de paiement par la compagnie General
Dynamics.
Il faut rappeler, pour le bénéfice de cette
Assemblée, que le gouvernement du Parti québécois, dans sa
grande clairvoyance, avait concédé à General Dynamics un
billet à demande pour l'achat de 100 000 actions ordinaires de Mines SNA
que cette dernière détenait. Le gouvernement doit donc
aujourd'hui payer la note.
Le Président: M. le député de Frontenac,
question additionnelle.
M. Lefebvre: M. le Président, le ministre peut-il nous
résumer l'action du gouvernement libéral depuis le 2
décembre 1985 afin de redresser la situation déplorable dans
laquelle se trouvait le dossier de l'amiante, situation à laquelle
l'ancien gouvernement péquiste avait renoncé à
s'attaquer?
Le Président: M. le ministre.
M. Savoie: Certainement, M. le Président. Je voudrais
ajouter au premier élément de la réponse que le
gouvernement du Parti québécois s'était engagé
à acheter des actions à 42 $ payables en 1986 portant
intérêt à 16 % pendant cinq ans.
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Savoie: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Savoie: En réalité, M. le Président,
parce qu'ils ont souscrit pour payer 42 $ des actions qui portaient
intérêt au taux de 16 % pendant cinq ans, on peut donc dire
qu'aujourd'hui chaque action coûte au gouvernement du Québec 85,30
$ alors qu'elles ont une valeur aujourd'hui à la Bourse de 5 $ ou 6
$.
M. Chevrette: Question additionnelle.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, question
additionnelle. M. le député de Richmond, question
additionnelle.
M. Vallières: M. le Président, est-ce que je dois
comprendre de la réponse du ministre que cette transaction a
été faite à crédit et que, maintenant que la
"Master Parizeau" n'existe plus, nous devons quand même acquitter cette
dette du qouvernement précédent?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Effectivement, à la suite d'une politique de
nationalisation qui s'est faite à crédit, on doit aujourd'hui
acquitter une note qui est très élevée. On peut même
parler d'un coût global de toute l'opération de l'amiante qui
dépasse les 350 000 000 $.
M. Lefebvre: M. le Président, question additionnelle.
Le Président: Question principale, M. le
député de Terrebonne.
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président: M. le député de Terrebonne,
question principale.
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le leader du qouvernement, sur une...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Oui.
M. Gratton: Est-ce que vous ne reconnaîtrez pas le
député de Frontenac qui demande une question additionnelle?
Le Président: Oui. J'ai reconnu trois questions
additionnelles en plus de la question principale. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Terrebonne sur une question
principale.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je vous demander en
vertu de quel critère on peut accorder six ou sept questions
additionnelles à une question principale de l'Opposition et seulement
deux questions additionnelles, comme vous venez de le faire, à une
question ministérielle?
Le Président: Vous me permettez! Je n'ai pas à
répéter au complet la décision que j'ai rendue ici le 15
mai 1986 quant à la période de questions, quant à la
fréquence et au nombre de questions principales, quant à la
fréquence et au nombre de questions additionnelles. Ce matin j'ai
reconnu une question principale et deux questions additionnelles sur le
même sujet au même ministre. Je vais maintenant reconnaître
M. le député de Terrebonne.
Non! J'ai rendu ma décision. Il y a une décision
extrêmement détaillée que j'ai rendue ici le 15 mai 1986
quant à la période de questions.
M. Lefebvre: II serait intéressant pour l'Opposition de
savoir ce qu'on a fait depuis le 2 décembre, M. le Président.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Blais: En principale, M. le Président. M. Gratton:
M. le Président...
Le Président: En principale? Sur une question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse de devoir
insister. Dans la directive à laquelle vous faites allusion, je n'ai
jamais compris qu'il y avait un standard, un critère pour le nombre de
questions additionnelles qui sont accordées à l'Opposition et un
autre critère par rapport aux questions additionnelles qui peuvent
être posées par un député ministériel.
L'article 78 ne fait pas de distinction entre les questions
posées par un député, qu'il soit de l'Opposition ou qu'il
soit député ministériel. L'article 78 dit: "II est permis
de poser une ou plusieurs questions complémentaires. Elles doivent
être brèves, précises et sans préambule. Elles
doivent se rattacher à la question principale ainsi qu'aux
réponses fournies par le gouvernement. Il appartient au président
d'en déterminer le nombre."
M. le Président, je vous accorde le droit et même le devoir
de déterminer le nombre de questions additionnelles qui peuvent
être posées. Mais ce que je voudrais savoir de vous de
façon claire, pour qu'on le sache pour l'avenir, c'est si vous avez
l'intention de reconnaître de façon systématique, en vertu
de ce pouvoir que vous donne l'article 78, moins de questions
supplémentaires au parti ministériel, même si le parti
ministériel n'en a en moyenne qu'une ou moins par période de
questions. Est-ce qu'automatiquement on doit comprendre que vous allez toujours
reconnaître plus de questions additionnelles au parti de l'Opposition
qu'au parti ministériel?
M. Chevrette: M. le Président, sur la même question
de règlement.
Le Président: Sur la question de règlement, une
dernière intervention, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Premièrement, c'est la tradition: la
période de questions n'est pas faite pour le parti ministériel,
mais pour l'Opposition. Deuxièmement, M. le Président, il
m'apparaît important, d'ailleurs, que le président exerce son
entier pouvoir pour mettre fin à une série de questions
additionnelles, surtout quand on sait qu'une question est là pour sauver
un ministre qui s'est mis les pieds dans les plats la veille.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, je ne retiens
que la première partie de votre question de règlement. J'ai cru
comprendre que la dernière partie n'a rien à voir avec notre
règlement et surtout pas avec l'article 78.
Quant à vos représentations, M. le leader du gouvernement,
je n'ai pas l'intention ce matin et je n'aurai jamais l'intention
d'arrêter le nombre de questions complémentaires, ni pour
l'Opposition, ni pour le parti à ma droite, c'est-à-dire la
formation ministérielle.
Il est de mon devoir, par exemple, de protéger le droit à
l'information de l'Opposition. La décision que j'ai rendue le 15 mai
1986 est extrêmement détaillée. Ce matin, j'ai permis, sur
une question principale du gouvernement, deux questions additionnelles et ce au
même ministre. Maintenant, je n'ai pas à reconnaître,
jamais, ni à l'Opposition, ni à la formation ministérielle
un nombre arrêté de questions complémentaires. En fonction
de l'actualité, de l'importance, de la gravité et de l'urgence
d'une question, je limite, comme vous l'avez très bien dit tout à
l'heure, le nombre de questions complémentaires en vertu de l'article
78.
Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Terrebonne.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Je vous accorde que vous nous refusiez de nous dire combien de questions
complémentaires vous nous accorderez par rapport à celles que
vous êtes prêt à accorder à l'Opposition. Mais est-ce
que je ne peux pas conclure qu'il sera possible qu'à l'occasion le parti
ministériel puisse obtenir plus d'une question principale? Cela
étant, M. le Président, je vous demanderais de reconnaître
le député de Frontenac, qui est préoccupé de
façon particulière par le sujet de l'amiante puisqu'il est le
représentant de cette circonscription électorale, et de lui
permettre de poser une question. En fait, il s'agit de répéter
une question à laquelle le ministre n'a pas répondu
complètement. (11 heures)
M. le Président, tout en étant tout à fait d'accord
que la période de questions appartient d'abord aux membres de
l'Opposition, il me semble qu'on ne doit pas interpréter cela comme
voulant dire qu'aucune question ou très peu de questions peuvent
être posées par le parti ministériel. Je ne pense pas qu'on
ait abusé jusqu'à maintenant du côté
ministériel quant au nombre de questions ou même quant à la
durée de nos questions. Je vous demanderais ce matin de
reconnaître le député de Frontenac pour qu'il pose une
question.
Le Président: J'ai rendu ma décision quant au
nombre de questions complémentaires. Vous me posez une deuxième
question de règlement, M. le leader du gouvernement, à propos du
nombre de questions principales, pour savoir si je dois ou si je pourrais
à l'avenir reconnaître plus d'une question principale. Depuis le
16 décembre 1985, à quatre reprises, j'ai reconnu plus d'une
question principale à la formation ministérielle. Je pourrai vous
citer les dates dont j'ai ici un relevé. Alors, je pense que, sur ce
point, le passé est garant des décisions que j'ai rendues depuis
le 16 décembre. II y a plus que cela, il y a des
antécédents, ici, en cette Chambre, et je les ai toujours
respectés.
A l'ordre, s'il vous plaît! Une dernière intervention, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Une dernière intervention pour vous
demander, M. le Président, en vertu de l'article 2 de nos
règlements et même de la Loi sur l'Assemblée nationale, si
vous pourriez faire respecter vos décisions et que la période de
questions ne soit pas une période de questions de règlement.
Une voix: Respire par le nezï
Le Président: Je mets fin, M. le leader du gouvernement...
Il y a deux interventions de chaque côté avec deux questions de
règlement différentes. C'est terminé. M. le
député de Terrebonne, en principale.
M. Gendron: En principale, puisque compte tenu du temps qu'ils
ont réussi à brûler, je ne veux pas brûler la bonne
question de mon collègue; alors, je vais aller en principale.
Le Président: En principale, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: En principale, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci, M. le Président. En l'absence du
Solliciteur général...
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur une
question de règlement, mais pas la même que tout à
l'heure.
M. Gratton: Non, je sais faire la différence entre deux
questions de règlement, M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît: À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Gratton: Je ne sais pas si en criant plus fort je n'aurai pas,
à l'occasion, raison. M. le Président, est-ce que tantôt
vous n'avez pas reconnu le député de Terrebonne pour une question
principale? Si c'est là le cas, M. le Président, pourquoi
maintenant est-il possible au député d'Abitibi-Ouest de poser une
question principale et non pas au député de Frontenac?
Le Président: Non. J'avais reconnu, dans un premier temps,
avant votre question de règlement, M. le député de
Terrebonne. S'il ne se lève pas et s'il renonce à sa question, je
peux reconnaître M. le député d'Abitibi-Ouest. C'est la
dernière question pour cette période, et brève, s'il vous
plaît!
M. Gendron: Très brève, M. le Président. En
l'absence du Solliciteur général...
M. Gratton: La période de questions n'est pas
terminée, M. le Président? Il est 11 h 3.
Le Président: Une brève question, M. le
député.
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement, j'ai reconnu
M. le député.
M. Gratton: J'ai une question de règlement.
Le Président: M. le leader du gouvernement, j'ai reconnu
M. le député d'Abitibi-Ouest pour une dernière
brève question et après la période de questions est
terminée.
M. Gratton: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, j'ai un feuillet, ici, qui
m'a été distribué par le secrétariat indiquant que
la période des questions se termine à 11 h 3 ce matin. Je
constate qu'il est 11 h 4. Est-ce que je dois comprendre que, lorsqu'on indique
que la période de questions se termine à 11 h 3, vous pouvez
d'office décider qu'on pose une question à 11 h 4, M. le
Président?
M. Chevrette: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: II y a à peine une semaine en cette Chambre,
la même situation s'est produite. Depuis 10 h 55 que le leader du
gouvernement se lève à tout moment pour invoquer des questions de
règlement, visant ainsi à empêcher la période de
questions. M. le Président, bâillon sur la loi 119, bâillon
à la période de questions, et bâillon sur la loi 142 qui
s'en vient!
Le Président: Avant la fin de la période de
questions, j'avais reconnu M. le député d'Abitibi-Ouest.
Très brièvement, M. le député. C'est une
dernière. M. le député.
Enquête de la Sûreté du
Québec sur un membre de l'Assemblée nationale
M. Gendron: En l'absence, M. le Président, du Solliciteur
général et à la suite de la question que j'avais
posée en cette Chambre il y a une couple de semaines concernant une
enquête de la Sûreté du Québec concernant un des
membres de l'Assemblée nationale, j'aimerais savoir du Procureur
général s'il a reçu de son collègue, le Solliciteur
général, pour analyse par des procureurs, le rapport
d'enquête concernant cette affaire.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Marx: M. le Président, jusqu'à aujourd'hui, je
n'ai pas reçu de rapport de la Sûreté du Québec ou
de mes procureurs.
Le Président: Fin de la période de questions.
M. Lefebvre: Avec le consentement de la Chambre, est-ce que je
pourrais poser ma question?
Des voix: Non!
Le Président: J'ai dit fin. J'ai entendu non, M. le leader
du gouvernement. Fin de la période de questions. Nous allons continuer
les affaires courantes.
Votes reportés.
Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions.
M. le leader du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, dès l'adoption du principe du projet de
loi 103, que nous appellerons immédiatement après les affaires
courantes, Loi sur la Société d'investissement jeunesse,
jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la
commission des institutions procédera à l'étude
détaillée dudit projet de loi.
De 15 heures à 18 heures, de 20 heures à 24 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 150, Loi sur les forêts.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15
heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission de l'aménagement et des équipements poursuivra
l'étude détaillée des projets de loi suivants dans l'ordre
indiqué: le projet de loi 127, Code de la sécurité
routière; le projet de loi 121, Loi concernant certaines
rétrocessions de droits dont le gouvernement est devenu titulaire par
expropriation avant le 1er avril 1976 et, finalement, le projet de loi 144, Loi
modifiant la Loi sur les transports.
De 20 heures à 24 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 153, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la
mise en valeur de la faune et la Loi sur les parcs.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires sociales poursuivra
l'étude détaillée des projets de loi suivants dans l'ordre
indiqué: le projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les
services de santé et les services sociaux; le projet de loi 124, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur l'assurance-maladie et, finalement, le projet
de loi 139, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant
l'adoption internationale.
Le Président: Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. M. le leader de l'Opposition. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais juste vérifier avec le leader
du gouvernement pour qu'on soit certain de ne pas rater le bateau. Je lui ai
indiqué hier qu'au sujet du projet de loi 265, un projet de loi
privé concernant la fusion de Montréal Trust et du Crédit
foncier, il y avait un groupe d'employés ou d'ex-employés qui
aurait aimé se faire entendre en commission. Sans nécessairement
vouloir bloquer le projet de loi pour son adoption avant Noël, il y a des
articles, en particulier l'article 6, paragraphes e et f, qui posent certains
problèmes. Je voulais juste m'assurer que les dispositions soient prises
pour que ces gens puissent être invités à venir discuter
avec les membres de la commission parlementaire la semaine prochaine lorsque le
leader l'appellera. Je crois qu'il nous a donné avis hier que ce serait
jeudi prochain. Alors, qu'on s'assure que ces gens soient convoqués
à l'intérieur des délais puisqu'il reste peu de temps.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, il n'y a pas de
problème à entendre les personnes dont parle le
député de Verchères, sauf qu'il ne m'appartient pas, comme
leader du gouvernement, de m'assurer de la présence de ces gens. Cela
relève bien plus de la commission et du Secrétariat des
commissions.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres renseignements
concernant les travaux de l'Assemblée?
Fin des affaires courantes.
Aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: L'article 13 M. le Président.
Projet de loi 103
Le Président: A l'article 13 du feuilleton ce matin, il
s'agit de la reprise du débat ajourné le 11 décembre 1986
par M. le leader adjoint du gouvernement sur l'adoption du principe du projet
de loi 103, Loi sur la Société d'investissement jeunesse,
présenté par M. le premier ministre. Je vais reconnaître le
premier des intervenants ce matin. Oui, M. le leader du gouvernement.
Adoption du principe
M. Gratton: M. le Président, nous avions terminé ce
débat. Le premier ministre, parrain du projet de loi, ne désire
pas intervenir en réplique. Je souhaite donc que nous procédions
immédiatement à l'adoption du principe de façon que je
puisse donner l'avis formel dont j'ai donné préavis pour que la
commission se réunisse et procède à l'étude
détaillée.
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. (11 h 10)
Renvoi à la commission des institutions
M. Gratton: Je donne avis pour que, immédiatement et
jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hyppolite-Lafontaine, la
commission des institutions procède à l'étude
détaillée du projet de loi 103, Loi sur la Société
d'investissement jeunesse.
Le Président: Est-ce que cette motion de renvoi est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 26.
Projet de loi 149
Reprise du débat sur l'adoption du
principe
Le Président: À l'article 26, il s'agit de la
reprise du débat ajourné hier, le 11 décembre, par le
leader de l'Opposition, sur l'adoption du principe du projet de loi 149, Loi
modifiant la Loi sur l'Institut québécois de recherche sur la
culture, présenté par Mme la vice-première ministre. Je
vais reconnaître M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci. Je pense que, pour la bonne
compréhension des gens qui suivent nos délibérations, il
ne serait pas superflu de commencer par rappeler la
nature du projet de loi qui est devant nous, en particulier pour les
gens qui seraient saisis de ce projet de loi pour la première fois. Il
s'agit d'une loi qui modifie l'Institut québécois de recherche
sur la culture, qui fait en sorte que nous allons abolir les dispositions
relatives aux crédits permanents dévolus à l'institut et
qui devaient être indexées annuellement. En fait, la loi actuelle
prévoit qu'annuellement il y a une indexation de 10 %. Par ailleurs, la
ministre responsable des Affaires culturelles, qui est responsable de
l'institut, avait annoncé au printemps dernier une coupure de 200 000 $.
Ce projet de loi officialise également cette coupure.
Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que non
seulement le gouvernement, par ce projet de loi, réduit l'aide
apportée à l'institut de recherche sur la culture, mais
également il se donne, finalement, la marge de manoeuvre pour
éventuellement réduire les activités et la portée
de l'Institut québécois de recherche sur la culture. En
apparence, ce projet de loi peut sembler mineur. On ne fait pas
disparaître, du moins pour le moment, l'institut de recherche sur la
culture, malgré la demande qui avait été
présentée en ce sens par le président du Conseil du
trésor cet été. On se rappelle que, lors de la publication
du rapport qui porte le nom du président du Conseil du trésor sur
le rôle de l'État, parmi les organismes qu'on suggérait de
voir disparaître, il y avait, entre autres, l'Institut
québécois de recherche sur la culture.
Le projet de loi qui est devant nous ne fait pas, pour le moment,
disparaître cet institut, mais, par ailleurs, il réduit
considérablement ses moyens d'intervention. J'en prends pour seul
exemple une déclaration qui a été faite il y a quelque
temps - en fait, le 1er novembre dernier, on la retrouvait dans La Presse - par
le secrétaire général de cet organisme, M. Léo
Jacques. J'espère que, parce que M. Jacques a fait cette
déclaration, il n'aura pas trop de problèmes à avoir dit
publiquement ce qui devait être dit; je pense que c'était sa
responsabilité comme secrétaire général de cet
organisme. Je vous cite ce que le secrétaire général de
cet institut nous indiquait. "Il estime que ces compressions budgétaires
sont difficiles à accepter surtout qu'elles surviennent en plein milieu
de l'exercice 1986-1987. Nous avions été avisés, a-t-il
dit, depuis un bon moment que le gouvernement n'avait pas l'intention de
respecter cette hausse de 10 % prévue dans la loi. Mais, pour ce qui est
de la suppression de 200 000 $ sur ce qui nous était déjà
alloué, nous n'en avons été informés qu'à la
fin du mois d'août. Cela nous a obligés à certaines
acrobaties. Nous avons suspendu temporairement certains travaux et nous en
avons supprimé d'autres." M. Jacques a ajouté que "l'institut
s'efforçait de respecter les contrats déjà signés
avec les chercheurs, mais que ceux qui venaient à échéance
au cours de l'année n'ont pas été renouvelés et ne
le seront pas. Nous devions, bien sûr, jouer serré, ces
compressions représentant le cinquième du budget dans une
même année. On ne pourrait pas - et je crois que c'est important
d'en prendre note -supporter de telles réductions l'an prochain sans que
cela entraîne des conséquences inquiétantes."
Pour bien comprendre la portée des compressions
budgétaires et des propos que nous a indiqués le
secrétaire général de l'Institut québécois
de recherche sur la culture, il faut se rappeler quel est cet organisme, quelle
est sa responsabilité, d'où vient cet organisme et ce qu'il a
fait au cours des dernières années. En fait, l'Institut
québécois de recherche sur la culture, comme son nom le dit, a la
responsabilité de favoriser et de procéder à un certain
nombre de recherches sur la culture québécoise. Or, qu'est-ce que
la culture québécoise? Souvent, les gens qui entendent parler de
culture ont l'impression qu'il s'agit uniquement des beaux-arts, des arts
d'interprétation, de ce qui concerne la vie artistique, le monde du
spectacle et tout ce qui entoure, finalement, la création
artistique.
Dans les faits, la culture, c'est beaucoup plus large; c'est nos moeurs,
nos comportements, nos habitudes de vie, nos traditions, nos façons de
faire, nos valeurs, nos façons de nous exprimer et de créer, de
nous nourrir même, de nous habiller, en fait, tout ce qui fait que, quand
on vient au Québec ou quand on va ailleurs, on se rend compte qu'ici on
a une certaine façon de faire les choses, une certaine façon de
se comporter, de vivre, de s'exprimer qui est différente de celle des
autres peuples. Du fait que le Québec soit une société
pluraliste, où on retrouve une majorité nationale, mais avec
laquelle cohabitent d'autres groupes ethniques, sans parler des nations
autochtones, on se rend compte qu'il y a une diversité de comportements,
d'habitudes, de valeurs, de traditions, de façons de faire les choses
à l'intérieur de la société
québécoise.
Ce qu'on avait constaté il y a déjà très
longtemps - en fait, c'était à l'époque de la
Révolution tranquille, alors qu'il y avait un ministre des Affaires
culturelles qui s'appelait Pierre Laporte - c'est qu'il nous manquait au
Québec des instruments de connaissance sur l'évolution des
comportements, des habitudes, des façons de faire les choses au
Québec et que cela nous prenait comme société et comme
gouvernement, pour mieux intervenir, pour mieux soutenir les gens, pour mieux
corriger certains problèmes,
pour mieux comprendre l'évolution de certaines situations, une
meilleure connaissance, une connaissance adéquate scientifique. C'est la
raison pour laquelle, dans le livre blanc que le gouvernement libéral de
Jean Lesage avait présenté dans les années soixante, on
retrouvait cette idée de la mise sur pied d'un institut
québécois de la culture. Â ce moment-là, on parlait
surtout d'un institut d'histoire de la civilisation, le terme "civilisation"
englobant finalement, d'une façon encore plus grande, cette notion de
culture.
Cette idée a fait son chemin. Elle n'a pas été
achetée immédiatement par le gouvernement libéral, pas
plus par le gouvernement de l'Union Nationale qui a suivi. Par la suite, le
gouvernement Bourassa, version I, avec à la tête du
ministère des Affaires culturelles Jean-Paul L'Allier, avait repris
cette idée, à un point qu'on avait confié à un
groupe de travail présidé par l'historien Guy Frégault la
responsabilité de fouiller cette question et de voir si on ne pourrait
pas mettre sur pied un organisme qui favoriserait la recherche en sciences
sociales, en sciences du comportement, en sciences humaines au Québec,
recherche liée à la culture québécoise, à
cette culture non seulement des Canadiens français, mais
également des gens qui vivent au Québec et qui sont partie
prenante de la société québécoise.
Le problème, pour le précédent gouvernement, le
gouvernement libéral de M. Bourassa, c'est que ce rapport est
arrivé après l'élection de 1976, donc, au moment où
le Parti québécois avait pris le pouvoir et assumait la
responsabilité de la direction des affaires publiques. Ce rapport n'est
pas resté sur les tablettes. En 1979, le ministre d'État au
Développement culturel, M. Camille Laurin, a présenté et
fait adopter un projet de loi qui, finalement, a mis sur pied l'Institut
québécois de recherche sur la culture. Depuis ce temps, cet
organisme a travaillé sérieusement. Cet organisme a
accordé des contrats de recherche à plus de 180 chercheurs de nos
universités, juniors et seniors, des jeunes chercheurs et des moins
jeunes qui se sont intéressés à décortiquer toute
une série de questions qui, dans certains cas, sont importantes à
court terme et, dans d'autres cas, importantes à plus long terme, mais
importantes dans chacun des cas non seulement pour la compréhension de
nos habitudes, de nos façons de faire, mais également pour
pouvoir mettre en place un certain nombre de politiques qui, dans certains cas,
amèneront les gens a réaliser que, dans certains domaines, on est
sur des pentes délicates et qu'il faut réviser nos façons
de faire les choses. (11 h 20)
Je prends un exemple particulier qui, je pense, frappera beaucoup de
gens. L'Institut québécois de recherche sur la culture est
l'organisme qui a financé, il y a quelque temps, une recherche qui a
été menée par Laurent Laplante. Il est non seulement un
journaliste réputé, mais il a été également
un des membres de la commission d'enquête Prévost sur
l'administration de la justice dans les années soixante-dix. M. Laplante
a publié une recherche, une étude, qui a été rendue
publique l'automne dernier, en 1985, sur le suicide au Québec. Quand on
sait que le suicide est un problème important qui affecte le
Québec, quand on sait que le Québec est une des
sociétés que cette réalité affecte le plus durement
et quand on sait comment le suicide touche de nombreux jeunes au Québec,
je crois, Mme la Présidente, qu'il est important qu'un organisme
s'intéresse à cette question et qu'il mette à la
disposition des citoyens et des citoyennes des instruments de connaissance de
ce phénomène.
Je ne voudrais pas être déplaisant, Mme la
Présidente, mais je pense que nous ne sommes que cinq
députés à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il
serait possible de demander le quorum, s'il vous plaît? Je pense que
même la ministre des Affaires culturelles comprendra que certains de ses
collègues devraient venir la seconder et s'intéresser un peu
à une question qui est importante, finalement.
La Vice-Présidente: Qu'on appelle les
députésl
Une voix: II y a plus de ministres en Chambre que de
députés, c'est rare!
Une voix: II arrive.
La Vice-Présidente: Vous pouvez continuer, M. le
député de Verchères, il y a présentement
quorum.
M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Encore une fois,
je ne voudrais pas être déplaisant, mais il y a des limites qu'on
doit respecter. Je pense que, dans la mesure où la culture est une chose
importante, un minimum de députés devraient s'y intéresser
et se rendre compte de l'importance du projet de loi qui est en cause.
Je disais donc que le projet de loi qui nous est présenté
compromet dangereusement les possibilités d'intervention. Au cours des
dernières années, depuis sa création en 1979, 180
chercheurs ont été engagés et ont reçu des contrats
de l'Institut québécois de recherche sur la culture. Cela a
donné lieu à la publication de 80 ouvrages, de 80 recherches dans
différents secteurs. Je vais vous en énumérer
quelques-unes. Je vous ai parlé tantôt de la recherche sur le
suicide qui a été préparée et publiée par M.
Laurent
Laplante, mais il y en a d'autres. Je vais d'abord vous donner un peu
les grands paramètres dans lesquels se sont situées ces
recherches. Un certain nombre a concerné la condition féminine et
masculine, les générations et la famille. On sait que
l'année dernière, sous l'ancien gouvernement - cela a
été produit au moment où le nouveau gouvernement est
entré en fonction - un document avait été commandé
sur la politique familiale. On attend toujours après cette politique
familiale, mais les recherches qui concernent la famille sont liées,
finalement, à ce rapport qui nous a été
présenté par une commission d'enquête sur la famille. Les
générations: on a eu l'année dernière une
commission parlementaire qui a étudié le problème de la
démographie, de la natalité. C'est évident que toute la
question des générations est liée à ça. La
question de la condition féminine est assez importante pour que depuis
quelques années, au Québec, on ait un Secrétariat
d'État responsable de la condition féminine et on a une ministre,
à temps plein, déléguée à la Condition
féminine qui s'occupe de ces questions-là. Les communautés
ethnoculturelles: là encore, on a une ministre qui s'occupe à
temps plein des questions d'immigration et de communautés culturelles.
C'est évident qu'aucune de ces deux ministres ne pourrait
prétendre sérieusement actuellement...
M. Boulerice: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Hier soir, n'y a-t-il pas eu une demande qui vous a
été adressée, à savoir que les
députés doivent être assis à leur place et ne pas
déranger le débat, comme cela se produit actuellement?
Des voix: Ah!
La Vice-Présidente: Je pense que c'est la coutume en cette
Chambre que, lorsque des députés ne sont pas à leur
siège, mais ne dérangent aucunement le débat, on le
permette. Je constate que tous les députés sont à leur
siège et je demanderais au député de Verchères de
continuer.
M. Charbonneau: Mme la Présidente, ce que je voudrais
surtout avoir, c'est la tranquillité nécessaire pour pouvoir me
concentrer sur ce que j'ai à dire. C'est tout ce que je demande, je ne
demande pas des choses extravagantes.
Que ce soit dans le domaine des communautés ethnoculturelles ou
dans le secteur de la condition féminine ou même masculine... Je
vois la ministre déléguée à la Condition
féminine qui fait son entrée. Nous l'accueillons avec joie. Je
suis convaincu que cette ministre sait très bien que, pour
élaborer des politiques adéquates comme sa collègue, la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration, elle a besoin
de données. Elle a besoin de connaissances appropriées. Elle a
besoin de recherches qui sont à point. Les décisions qu'elle a
à prendre, les décisions que ses hauts fonctionnaires lui
proposent doivent être appuyées sur une connaissance
adéquate des situations et des réalités.
Or, c'est ce qu'ont fait un certain nombre de chercheurs dans ces
domaines au cours des dernières années. Je pense, par exemple,
à l'étude, Les Juifs du Québec, une biographie
rétrospective annotée, les études ethniques au
Québec, la communauté grecque du Québec - on sait que le
député de Laurier est un Grec d'origine même - les Juifs et
la réalité juive au Québec, culture et
société autochtone au Québec. On a également au
gouvernement un secrétariat d'État responsable des
communautés amérindiennes et des peuples autochtones, et c'est le
premier ministre qui est le ministre responsable de ces questions avec, je
crois, le ministre délégué aux Mines. Voilà des
secteurs d'intervention où le gouvernement agit. Mais le gouvernement
doit agir - c'est le constat qu'on avait fait il y a déjà
près d'une vingtaine d'années - avec connaissance, avec
à-propos, avec justesse, dans ses interventions. Pour ce faire, on a
besoin de recherches. On a donc besoin de fonds pour faire faire ces
recherches. Le problème, Mme la Présidente, c'est que la
décision que le gouvernement a prise compromet les possibilités
d'intervention. C'est une décision qui va permettre
éventuellement à la ministre des Affaires culturelles de serrer
encore plus la vis...
Mme Bacon: Voyons donc!
M. Charbonneau: ...et, éventuellement, de donner moins de
financement à l'institut. La ministre me dit: Voyons donc! Mais la
réalité, c'est qu'un de ses collègues et pas le moindre,
le président du Conseil du trésor, a recommandé il y a
à peine quelques mois la disparition de cet organisme. Comment peut-on
ne pas être inquiet quand on constate des coupures budgétaires,
alors que la loi prévoyait, justement pour faire en sorte qu'on donne de
l'élan et qu'on fasse sérieusement ce qui doit être fait,
que chaque année des budgets suffisants soient octroyés à
l'Institut québécois de recherche sur la culture? Il n'y a pas
une société sérieuse, il n'y a pas un pays où on
n'a pas un organisme de cette nature. Ici, naturellement, on se comporte
continuellement comme des gens qui doivent quémander, comme si la
culture c'était quelque chose à bannir, comme si c'était
quelque chose à
renier, comme si c'était quelque chose de pas important.
Après les assauts linguistiques, Mme la Présidente,
après les messaqes et les attitudes équivoques et ambiguës
aux communautés culturelles et aux immigrants, après la mise au
rancart des projets de construction d'équipements culturels,
après le freinage du développement du réseau des
bibliothèques publiques depuis un an, là on a un projet de loi
qui témoigne du peu de cas que le gouvernement libéral fait de la
protection, de l'épanouissement et de la mise en valeur de notre
identité nationale. Notre identité nationale au Québec,
c'est la culture. Ce n'est pas juste la langue. C'est beaucoup la langue. Ce
n'est pas juste les beaux-arts et les arts d'interprétation. C'est
l'ensemble de nos comportements et de nos habitudes. (11 h 30)
Ce qu'on demande au gouvernement, c'est de se comporter avec
cohérence. Il a la responsabilité, parce que c'est le mandataire
de l'ensemble de la société québécoise, de faire en
sorte qu'on ait les moyens comme société, comme peuple,
d'approfondir nos comportements, notre culture, qu'on ait les moyens de la
développer, de l'épanouir, et de faire en sorte que, finalement,
on puisse, quand on intervient sur nos habitudes, nos comportements et nos
façons de faire les choses, le faire adéquatement. On est un
peuple de 6 000 000 en Amérique du Nord, noyés dans une mer
anglophone. On doit prendre des mesures de protection et de
développement de notre culture. Ce que le gouvernement libéral
fait depuis un an, c'est d'aller à contre-courant et de prendre
continuellement dans tous les secteurs qui concernent notre identité
nationale, qui concernent notre culture, qui concernent sa mise en valeur, qui
concernent son épanouissement, ce qu'on fait depuis un an, c'est de
prendre continuellement des décisions qui vont à ['encontre de
cet intérêt national et de cet intérêt
d'épanouissement de notre culture.
Je pense que c'est la raison pour laquelle, fondamentalement, nous nous
opposons à ce projet de loi, c'est la raison pour laquelle nous allons
voter contre et c'est la raison pour laquelle je crois que beaucoup
d'organismes au Québec qui s'intéressent à ces questions
se sont élevés contre le projet de loi du gouvernement et contre
son attitude dans tous les dossiers qui concernent la culture
québécoise. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Verchères. Mme la ministre des Affaires culturelle, en
réplique.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: Oui, Mme la Présidente. Je ne tenterai pas de
tomber dans le même charriage démagogique que nous avons entendu
depuis hier au sujet du projet de loi 149. Je ne tenterai même pas de
relever chacune des accusations qui ont été le lot de cette
formation politique que nous avons en face de nous.
Le gouvernement maintient la fonction recherche dans le domaine
culturel. Il n'a jamais été question pour le gouvernement
d'abolir la fonction recherche dans le domaine culturel. Les modifications au
financement de l'Institut québécois de recherche sur la culture
ne changent en rien cette reconnaissance par le gouvernement de l'excellence
des travaux effectués par l'institut. Les modifications apportées
aujourd'hui sont le fruit de l'imprévoyance de l'ancien gouvernement,
dont nous avons aujourd'hui les gens en face de nous, ancien gouvernement qui
n'a pas su gérer les fonds publics. Et, aujourd'hui, nous en payons le
prix, et il faut le payer tous ensemble.
À propos de l'affirmation du député de
Saint-Jacques sur la vision libérale en matière culturelle - et
Dieu sait qu'il y en a eu des propos, tous plus discordants les uns que les
autres - le gouvernement du Parti québécois a tenté
d'imprégner sa culture doctrinaire en ne se souciant nullement de la
dimension économique. Pour le gouvernement libéral, la dimension
économique apparaît aussi essentielle et assure en grande partie,
le développement culturel d'une société qui est la
nôtre. Il s'agit d'effectuer une tournée dans les réqions -
et vous savez les tournées que j'effectue en ce moment - pour
s'apercevoir que le gouvernement du Parti québécois avait tenu
les milieux culturels sous un moratoire sans leur dire. C'est cela la
façon d'agir de l'ancien gouvernement. Nous, nous avons le courage de le
dire et de tenter de corriger les situations existantes en ce moment dans le
domaine culturel dans les régions.
Mme la Présidente, mauvaise gestion des fonds publics en ce que
nombre de projets d'équipement culturel devaient, sous l'ancien
gouvernement, être financés à même le service de la
dette, donc hypothéquer la jeunesse d'aujourd'hui pour l'avenir. C'est
dans ce sens que s'explique la philosophie de notre action politique en ce
moment, en ce qu'il est temps que nous demandions d'avoir les outils
nécessaires pour maîtriser notre avenir et maîtriser notre
avenir culturel. Il est important pour nous d'assumer nos
responsabilités en matière culturelle.
La politique libérale en matière culturelle est
fondée sur le développement de nos talents artistiques, sur le
respect, oui; le respect de ceux et celles qui assurent le présent mais
aussi de ceux et celles qui assurent l'avenir culturel. Nous avons
démontré ce respect en tenant pour la
première fois une commission parlementaire sur le statut de
l'artiste et du créateur. Ces gens qui s'étaient servi des
artistes et des créateurs à leurs propres fins politiques, nous,
nous les avons écoutés pour apporter des correctifs à
leurs problèmes et pour vivre avec eux ces problèmes.
Une voix: C'est tellement vrai qu'ils se sauvent.
Mme Bacon: Mme la Présidente, la politique libérale
en matière culturelle tient compte des disparités
régionales tout en reconnaissant Montréal comme un carrefour
important de notre diversité culturelle. Notre politique culturelle se
construit également sur des réalités d'ordre
économique et tient compte des réalités
budgétaires.
Oui â la culture, dans le sens d'un soutien direct aux artistes et
aux créateurs. Le présent gouvernement estime que la fonction
recherche doit continuer à s'effectuer dans le cadre d'une
liberté académique que ne semblent pas comprendre nos amis d'en
face, notion indispensable dans la communauté de la recherche. Nous,
nous respectons cette liberté académique. Les chercheurs
désirent toutefois que leurs travaux trouvent aussi des voies
d'application de manière que leurs constats, leurs analyses, leurs
conclusions puissent se refléter dans les projets d'une
société.
J'estime que le temps est venu d'offrir des défis nouveaux aux
chercheurs, parce que leurs travaux seront le fruit d'une concertation
meilleure avec d'autres laboratoires de recherche. Les recherches dans le
secteur culturel se caractérisent par leur complexité en ce
qu'elles doivent tenir compte d'une multitude de variables de plusieurs
dimensions de notre vie en société. C'est pourquoi nous sommes en
faveur d'une approche intégrée en matière de recherche
culturelle qui me semble nécessaire en ce moment. Pour y arriver, nous
croyons qu'il faut parvenir à un décloisonnement actuellement
observé dans le secteur de la recherche.
Nous favorisons également un dialogue entre les intervenants, des
échanges d'informations scientifiques plus fréquents entre les
institutions publiques et les institutions privées. Cette approche
intégrée tiendra compte aussi de l'expertise d'autres
laboratoires de recherche: secteur privé, secteur universitaire,
ouverture sur le monde extérieur. En d'autres termes, nous
préconisons des voies de recherche scientifique plus modernes, moins
cloisonnées, plus ouvertes sur le monde. Le Québec ne peut se
priver des ressources humaines et scientifiques présentes ici et
ailleurs dans un monde de plus en plus interdépendant. C'est justement
au nom de ce pluralisme, de cette diversité présente chez nous
que le temps me semble approprié à des échanges entre
communautés de chercheurs.
Le gouvernement qui nous a précédés a réduit
- encore une fois, il faut le redire -la culture québécoise
à sa propre culture. L'ancien gouvernement a tenté d'imposer sa
propre vision culturelle, une culture repliée sur soi. L'ancien
gouvernement a refusé toute ouverture sur l'extérieur au nom
d'une méfiance quasi outrancière, de peur que notre
identité soit atteinte, une fausse peur, Mme la Présidente.
Une culture tronquée que celle du Parti québécois,
en ce qu'elle est fondée sur une vision à courte vue. Lorsqu'il
était au pouvoir - rappelons-nous ces anciens souvenirs - l'ancien
gouvernement n'affectuait aucune planification. C'est aujourd'hui que nous
payons le prix pour ce manque de planification.
Les recettes des sommets socio-économiques n'ont
créé qu'illusion, illusion de concertation, dans le milieu.
Résultat: déception du milieu culturel, déception des
artistes, déception des décideurs, déception aussi
d'autres paliers de gouvernement. (11 h 40)
Mme la Présidente, le 25 mars dernier, je rencontrais le
responsable de l'Institut québécois de recherche sur la culture,
pour lui faire part de notre désir, après une période de
six mois d'attente, de réfléchir sur l'avenir de l'Institut
québécois de recherche sur la culture. Dès le mois de
mars, l'institut de recherche savait ce qui l'attendait. Aux mois d'avril et
mai, rencontre avec mon sous-ministre; au mois de mai et au mois de juin,
nouvelle rencontre entre le sous-ministre et l'IQRC, réflexion sur
l'avenir de l'IQRC, réflexion sur son financement. On n'a pas pris les
gens de l'IQRC par surprise, Mme la Présidente. Nous savons planifier de
tels changements. Le 20 octobre, il y a eu une rencontre encore une fois entre
le sous-ministre et le directeur des relations avec les organismes
gouvernementaux. Un des éléments discutés, c'était
l'abolition de l'indexation de 10 %. Nous étions d'accord, de part et
d'autre, pour le faire. Ce n'est pas qu'une vision des choses qui vient du
gouvernement. Il faut trouver une vocation importante à cet institut. Ce
n'est pas nécessaire que l'institut soit sous la férule d'un
ministre pour faire des bons travaux. Les gens peuvent le faire en toute
liberté, ils peuvent le faire avec une vision intégrée
avec le milieu universitaire et ils peuvent le faire avec une vision
intégrée avec le milieu de chercheurs.
Vous savez, en termes de culture, nous n'avons pas de leçon
à recevoir de ce parti. Nous n'avons pas de leçon à
recevoir d'eux parce que ces gens ont tenté, avant comme pendant leur
mandat, de fruster la population en général de ses symboles. Oui,
Mme le Présidente, ce parti qui s'appropriait le
drapeau du Québec n'a pas le droit aujourd'hui de nous donner des
leçons sur la culture québécoise. Ce parti qui
s'appropriait même les chansons au Québec... Ce sont aussi nos
chansons. Ce sont nos chansons et notre drapeau à nous aussi, même
si nous ne partageons pas cette idée d'indépendance que ce parti
avait et qu'il reprend aujourd'hui sous tellement de formes qu'on ne sait plus
où se retrouver. Ces gens qui nous donnent des leçons de
patriotisme, Mme la Présidente, nous n'avons pas de leçon
à recevoir d'eux. Je vois rigoler le député de
Saint-Jacques. Il s'amuse de la culture. Nous la prenons trop au
sérieux...
La Vice-Présidente: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je demanderais la collaboration de la Chambre. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le député. Mme la
ministre, vous pouvez continuer.
Mme Bacon: D'ailleurs, je dois dire, Mme la Présidente,
que ce député est seul de son côté. Il s'en va parce
qu'il ne peut pas entendre ce qu'on lui dit. Il se sauve de la culture.
M. Boulerice: Une question de privilège, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Une question de...
M. Boulerice: Pour le bénéfice de la Chambre...
La Vice-Présidente: II n'y a pas de question de
privilège à ce stade, M. le député de
Saint-Jacques. M. le député de Saint-Jacques, je demanderais
votre collaboration. Présentement, vous n'avez pas de question de
privilège à ce stade. Je demanderais à la ministre de bien
vouloir continuer son intervention.
Mme Bacon: Merci, Mme la Présidente. Nous n'avons pas de
leçon à recevoir de ce parti puisque c'est un gouvernement
libéral qui a créé le ministère de la culture.
C'est un gouvernement libéral qui est à la base même de la
création de l'Institut québécois de recherche sur la
culture. Ce n'est pas eux qui ont inventé cela, Mme la
Présidente. Eux-mêmes le disaient hier soir et le reconnaissaient.
La vision de la culture n'est pas que d'un côté de cette Chambre.
La vision de la culture, nous l'avons tous, mais nous voulons créer une
culture qui soit accessible à l'ensemble de la population. Nous voulons
créer une culture qui n'est pas seulement pour une petite élite,
amie souvent des gens d'en face, oui, une élite au Québec dont
nous avons eu besoin mais qui doit aussi reconnaître aujourd'hui que
l'ensemble de la population doit être capable d'avoir accès
à cette culture québécoise.
L'ensemble de la population y aura accès. Je pense que lorsqu'on
demande à l'ensemble de nos fonctionnaires et à l'ensemble de nos
ministères de faire des sacrifices financiers parce que l'ancien
gouvernement n'a pas eu le don et n'a pas eu la capacité de planifier
les budgets pour faire en sorte de survivre à ses problèmes -
oui, à des problèmes économiques que nous avons eus... Il
a été incapable de le faire et il a endetté la province en
annonçant partout, surtout à la veille d'une élection -
c'est plus facile, parce qu'on n'a pas ensuite à respecter ses
engagements politiques...
Mme la Présidente, il faut aussi que nos chercheurs fassent cet
effort qu'on a demandé à l'ensemble de nos
sociétés, à l'ensemble de nos organismes et à
l'ensemble de nos ministères. C'est ce que nous avons demandé et
c'est ce qu'ils ont accepté de faire. Nous avons eu des rencontres, mon
collègue de l'Éducation et moi, avec des gens du milieu
universitaire. On ne parle pas d'abolition de l'institut dans le projet de loi.
On n'en parlera pas non plus puisque nous reconnaissons la
nécessité d'avoir des gens qui font une recherche sur le plan
culturel. Nous reconnaissons aussi les besoins de nos chercheurs.
Je pense ne pas avoir de leçon à recevoir des gens d'en
face. Les sacrifices imposés aux Québécois et aux
Québécoises en ce moment par la situation économique que
nous ont laissée ces gens d'en face... Le Parti québécois
qui a eu les responsabilités ministérielles a
empêché les Québécois de vivre leur culture
intensément, comme ils ont le droit de la vivre avec des
équipements culturels qu'ils ont le droit d'avoir et que nous n'avons
pas les moyens de leur donner en ce moment. Nous n'avons pas les moyens parce
que les gens d'en face ont tellement endetté cette province qu'il faut
payer la dette avant de construire à nouveau. On n'a pas de leçon
à recevoir des gens d'en face qui ont voulu s'approprier la culture et,
encore une fois, leur culture à eux. Nous n'avons pas l'intention
d'imposer une culture aux Québécois. Nous avons surtout le
goût de dire aux Québécois et aux
Québécoises: Vivons-la ensemble cette culture. Vivons-la ouverts
sur le monde. Soyons fiers de la diffuser, soyons fiers de faire
connaître à l'étranger ce que nous valons sur le plan
culturel, ce que nous possédons sur le plan culturel.
Mme la Présidente, vous savez très bien que quand on
travaille en concertation avec la population, quand on travaille avec les gens,
on réussit des choses que jamais l'ancien gouvernement n'a
réussies dans des dossiers qu'ils ont laissé traîner et
qu'il nous a fallu régler depuis notre arrivée au pouvoir. Le
statut de l'artiste et du créateur - j'y reviens encore une fois, en
terminant. Jamais le Parti québécois n'a fait en sorte
que ces gens puissent venir s'exprimer ici au gouvernement. Venir
rencontrer leurs élus, c'était la première fois, et c'est
un gouvernement libéral encore une fois.
Mme la Présidente, j'ai des recommandations à faire au
Conseil des ministres. Le député dit quand? Je respecterai mes
engagements parce que, nous, nous les respectons et je ferai connaître,
Mme la Présidente, les orientations. Mes collègues du
comité ministériel ont accepté l'énoncé
d'orientation que je leur ai proposé. Je continuerai à suivre le
processus normal, Conseil du trésor et cabinet, d'ici à la fin de
cette présente session. Nous pourrons faire connaître à la
population, dans les premières semaines de janvier,
l'énoncé d'orientation que nous aurons adopté en
décembre, tel que promis au milieu artistique et au milieu des
créateurs.
Mme la Présidente, nous, nous respectons les engagements que nous
prenons envers les artistes. Le député s'amuse. Je l'ai
écouté religieusement hier et il doit avoir le même respect
pour ce que nous avons à dire que ce que nous avons donné
à ses propos d'hier, qui étaient des plus
démagogiques.
Mme la Présidente, l'Institut québécois de
recherche sur la culture a toujours fonctionné avec le ministère
des Affaires culturelles quant aux rencontres que nous avons eues. Nous avons
eu cette concertation avec ces gens et ce n'est pas vrai que nous les prenons
par surprise, ce n'est pas le cas. Les gens d'en face ont maquillé la
vérité en disant qu'on prenait ces gens par surprise. Il y a eu
suffisamment de rencontres depuis le début de l'année pour qu'ils
sachent à quoi s'en tenir et nous avons leur accord en ce sens. (11 h
50)
Nous allons continuer à travailler, mon collègue de
l'Éducation et moi, avec le milieu universitaire pour que nous puissions
intégrer cette partie de responsabilité de recherche, et de la
meilleure façon possible, pour que nous puissions trouver ensemble la
meilleure solution et cette reconnaissance de la recherche en respectant,
encore une fois, les chercheurs. C'est nouveau pour eux, Mme la
Présidente, quand on regarde ce qui se fait par nos gens d'en face.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques, sur une question de
règlement.
M. Boulerice: Est-ce que Mme la ministre accepterait une
très brève question?
La Vice-Présidente: II n'y a pas de question. Mme la
ministre.
Mme Bacon: II pourrait utiliser la période de questions
plus souvent pour poser des questions.
La Vice-Présidente: M. le député de
Saint-Jacques, vous comprenez qu'en vertu de l'article 213 il faut la
permission de la personne à qui vous posez votre question. Vous n'avez
pas eu d'autorisation. Je ne peux donc, à ce stade-ci, permettre de
question. M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Je vous ferai remarquer qu'en vertu du même
article la personne qui est sollicitée pour une question répond
oui ou non, mais elle n'est pas plus autorisée à faire un
commentaire vinaigré, comme on vient d'en entendre un.
Une voix: Les commentaires de Mme Bacon ne sont jamais
vinaigrés, M. le député.
La Vice-Présidente: Je m'excuse. Je m'excuse. J'essaie
d'appliquer le règlement du meilleur de mes connaissances. Je ne peux
pas prévoir toutes les interventions de tous et chacun dans cette
Assemblée. Là-dessus, le débat étant clos, nous
allons donc mettre aux voix le projet de loi 149. Est-ce que le principe du
projet de loi 149, Loi modifiant la Loi sur l'Institut québécois
de recherche sur la culture, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Renvoi à la commission de la culture
M. Ciaccia: Je fais motion pour déférer ledit
projet de loi à la commission de la culture et qu'elle soit
présidée par un président de séance.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 14.
Projet de loi 118
La Vice-Présidente: À l'article 14 du feuilleton,
il s'agit de la prise en considération du projet de loi 118, Loi
modifiant la Loi sur le Régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, qui a été
présenté par le ministre délégué à
l'Administration et président du Conseil du trésor le 11
novembre dernier. M. le ministre délégué à
l'Administration et président du Conseil du trésor.
Adoption du principe M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Le projet de loi que nous étudions aujourd'hui,
Loi modifiant la Loi sur le Régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, a pour but d'amender la Loi sur le
Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, le RREGOP, afin de rendre certaines de ses dispositions conformes aux
exigences du Régime d'assistance publique du Canada, le RAPC. Le RAPC
est une entente fédérale-provinciale qui indique, entre autres,
que le gouvernement du Canada rembourse une part de la contribution que le
gouvernement du Québec verse en tant qu'employeur au titre des
régimes de retraite pour certains employés du réseau des
affaires sociales.
C'est le cas, par exemple, de la contribution de l'employeur pour les
employés du réseau des affaires sociales et, pour qu'un tel
partage soit possible, le RAPC exige que la part de l'employeur soit
versée à un fonds établi exclusivement pour le
bénéfice des employés où l'employeur ne peut
effectuer des recouvrements. Au Québec, la Caisse de dépôt
et placement du Québec remplit ces conditions. Cette institution
financière, entièrement autonome dans la gestion de ses
investissements, a été explicitement créée en 1965
pour administrer les fonds qui proviennent des divers régimes de
retraite et d'assurances publics. Son mandat consiste à faire fructifier
le capital qui lui est confié par des investissements rentables.
Le gouvernement fédéral refuse de partager la contribution
de l'employeur au RREGOP dans le cas de certains employés de la fonction
publique qui oeuvrent dans le cadre du RAPC, justement parce que la part de
l'employeur du gouvernement du Québec n'est pas versée à
la Caisse de dépôt et placement du Québec, mais est
plutôt comptabilisée dans les dépenses publiques. Il
s'agit, notamment, d'employés du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, du ministère de la Santé
et des Services sociaux, de l'Office des services de garde à l'enfance,
de la Commission des services juridiques, de l'Office des personnes
handicapées du Québec, de la Commission des affaires sociales et
du Comité de protection de la jeunesse. Mme la Présidente, en
présentant cette loi, le gouvernement du Québec prend ses
responsabilités en tant qu'employeur envers les employés des
services sociaux visés par cette loi, tel qu'il les assume envers tous
les autres travailleurs des secteurs public et parapublic.
La part de l'employeur des régimes de retraite des
employés de l'État visée par le RAPC est normalement
versée à la Caisse de dépôt et placement du
Québec où elle vient augmenter la caisse de retraite du
gouvernement. La contribution du gouvernement à titre d'employeur pour
le service courant est égale à 100 % du total des cotisations des
employés. En 1986-1987, la contribution du gouvernement
s'élève à environ 500 000 000 $. En modifiant la loi sur
le RREGOP, tel que se propose de le faire le gouvernement par ce projet de loi,
la part de l'employeur qu'assume le gouvernement augmentera de 3 200 000 $ par
année dont un montant de 1 600 000 $ sera récupérable du
gouvernement fédéral dans le cadre du RAPC.
Le but de ce projet de loi étant aussi d'élargir
l'assujettissement de façon rétroactive du RREGOP aux organismes
cités plus haut comme si ceux-ci l'avaient été depuis
l'entrée en vigueur de ce régime, le gouvernement s'engage donc
à débourser environ 24 000 000 $ de plus pour la période
du 1er juillet 1973 au 31 mars 1983 et 3 200 000 $ annuellement par la suite.
Le gouvernement compte récupérer, par ce projet de loi et par
l'entente fédérale-provinciale qu'est le RAPC, 12 000 000 $ du
gouvernement fédéral pour la période du 1er juillet 1973
au 31 mars 1983 et 1 600 000 $ annuellement par la suite.
Il y a donc lieu de procéder, afin de rétablir cette
situation, à un amendement législatif visant à autoriser,
pour les employés touchés, le versement à la Caisse de
dépôt et placement du Québec de la part de l'employeur au
RREGOP et, d'autre part, de procéder à ce paiement de
façon rétroactive, c'est-à-dire pour la période du
1er juillet 1973 à aujourd'hui.
Il s'agit, bien sûr, d'un amendement d'ordre technique. Or, il
appert que le gouvernement éprouve chaque année un manque
à gagner budgétaire de quelque 1 600 000 $ en raison du refus du
gouvernement fédéral de partager la contribution de l'employeur
au RREGOP. Il est donc important de comprendre que les amendements au RREGOP
que propose ce projet de loi sont justifiés et reflètent la
responsabilité que démontre le gouvernement, d'une part, envers
ses employés et, d'autre part, le sérieux qu'il accorde aux
relations fédérales-provinciales en ce qui a trait aux finances
publiques du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor. M. le député d'Abitibi-Ouest et leader
adjoint de l'Opposition.
M. François Gendron M. Gendron: Mme la Présidente,
je
pense que le président du Conseil du trésor vient de
l'indiquer, il s'agit d'abord et avant tout d'un projet de loi à
caractère beaucoup plus technique qu'autre chose. Les notes explicatives
en soi sont assez claires. On dit que ce projet de loi prévoit que les
contributions de l'employeur à l'égard de certains
employés assujettis au Régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics seront versées à la
Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances et
seront déposées à la Caisse de dépôt et
placement du Québec -puisque nous savons tous que c'est la Caisse de
dépôt et placement du Québec qui hérite des fonds
des cotisations de nos employés des secteurs public et parapublic - dans
la mesure des sommes relatives au paiement de contributions de l'employeur sur
lesquelles s'applique un accord de partage des frais entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement du Canada. Le ministre des Finances peut
appliquer cette mesure avec effet rétroactif au 1er juillet 1973; donc,
on laisse entendre que, depuis 1973, depuis bientôt treize ans, il y a
des arrérages de cotisations qui n'ont pas été
versés à la Caisse de dépôt et placement.
À la suite de l'examen de ce projet de loi, les quelques
commentaires que je voudrais faire sont les suivants. On sait que certains
organismes du gouvernement - je pense que le président du Conseil du
trésor les a énumérés - oeuvrent dans des domaines
de juridictions mixtes qu'on appelle fédérales-provinciales.
Comme c'est normal tant pour cela qu'autre chose, il existe des ententes entre
les deux paliers de gouvernement quant au financement de ces organismes et plus
particulièrement sous l'aspect précis des cotisations de
l'employeur, que ce soit l'employeur Québec ou l'employeur Ottawa,
concernant les régimes de retraite.
Sur le point précis des régimes de retraite, les
employés de ces organismes, qu'ils soient sous la responsabilité
du gouvernement du Québec ou du gouvernement fédéral,
bénéficient d'un régime de retraite qu'on appelle le
RREGOP, et les deux gouvernements participent au financement de la part de
l'employeur, puisqu'on sait que, dans la caisse de retraite, il y a, bien
sûr, une part qui est versée par les intéressés,
ceux qui bénéficieront un jour d'une rente de retraite, peu
importent les modalités, et également une part versée dans
le fonds de retraite qui provient des employeurs pour une participation de 50
%. (12 heures)
Cependant, et là j'aimerais avoir l'attention du président
du Conseil du trésor. Dans sa réplique, j'aimerais qu'il
réponde à deux choses. Vous pouvez quand même vous
consulter. J'aimerais donc qu'il puisse répondre à la
compréhension que j'en ai jusqu'à maintenant. Le gouvernement
fédéral refuse de verser sa part, parce que le Québec ne
verse pas également sa part de la façon dont le gouvernement
fédéral l'entend. Je vais expliquer ce que je veux dire.
J'aimerais savoir si c'est exactement la même perception que le
président du Conseil du trésor a. Les faits sont les suivants. La
contribution gouvernementale est inscrite aux dépenses du gouvernement
mais l'est également aux opérations non budgétaires.
Ainsi, dans les faits, tout se résume à une opération
strictement comptable. Comme on a affaire en majorité à des
comptables, de l'autre côté de la table et en particulier dans ce
dossier qui est porté par le président du Conseil du
trésor, il serait peut-être important qu'il nous dise s'il a la
même compréhension. En théorie, le gouvernement paie, mais
tout de suite après avoir payé, il emprunte ses montants, ce qui
diminue d'autant ses besoins financiers nets. Ce que j'en sais, au niveau des
arrérages de cotisations, c'est que depuis 1973 ces arrérages
s'élèveraient à peu près à 24 000 000 $.
J'aimerais avoir l'information du président du Conseil du
trésor.
Puisqu'on contribue à 50 %, pour aller chercher 12 000 000 $ du
gouvernement fédéral, M. le ministre des Finances serait
prêt à verser à la CARRA, la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances, sa propre part de 12 000 000 $. Ces
montants se trouveront ultimement, après l'opération comptable
que je viens de signaler, à la Caisse de dépôt et placement
du Québec parce que la CARRA ne fait que gérer les régimes
de retraite. Elle ne conserve pas la valeur des actifs versés toujours
au chapitre des bénéfices de retraite plus tard partagés
à 50-50 entre le gouvernement provincial et le gouvernement
fédéral.
Donc, à mon avis et à celui de l'Opposition, ça
n'influencera en aucune façon les dépenses du gouvernement ni le
déficit, puisque les opérations non budgétaires seront de
12 000 000 $ moins élevées et les besoins financiers nets du
gouvernement seront de 12 000 000 $ supérieurs. Donc, on est en
équilibre par rapport à ce qu'on appelle les opérations
financières. Ce que le gouvernement fera simplement, c'est d'emprunter
12 000 000 $ à la Caisse de dépôt ou ailleurs, puisque
c'est sa responsabilité.
Comme commentaire final, M. le Président, je pense que l'article
2 mentionne que le ministre des Finances peut verser, il n'a pas l'obligation
de verser... Je ne crois pas, et c'est là-dessus que j'aimerais que le
président du Conseil du trésor, dans sa réplique, nous
donne une information, ou son adjoint, s'il est plus familier avec ça,
je n'ai pas d'objection. Je voudrais savoir, M. le
président du Conseil du trésor... À moins que je ne
me trompe, vous avez indiqué à l'article 2 que le gouvernement
pouvait verser - c'est très clair - mais je ne pense pas que le projet
de loi que nous avons aujourd'hui sur la table, pour lequel vous sollicitez
l'appui de l'Opposition en deuxième lecture, donne suite à une
entente formelle de règlement... J'ai l'impression qu'il vous permet
d'avoir un plus grand pouvoir de négociation avec le gouvernement
fédéral pour qu'effectivement la question des arrérages se
règle et que nous ayons l'assurance qu'il n'y a plus de
découverts, d'arrérages, concernant les sommes pour lesquelles le
gouvernement fédéral devait contribuer depuis 1973.
Je conclus en posant deux questions précises au président
du Conseil du trésor, et j'attends sa réponse en réplique.
Est-ce qu'il sera en mesure de nous dire si, effectivement, ce projet de loi
fait suite à une entente formelle avec le gouvernement
fédéral? Deuxièmement, c'est ce que j'ai indiqué
tantôt, est-ce que les arrérages pour lesquels ce projet de loi
fait l'objet de discussion aujourd'hui sont bel et bien de 24 000 000 $ et
qu'il partage le même point de vue que j'ai évoqué
tantôt à savoir qu'il s'agirait strictement d'une opération
comptable qui fait qu'en aucune façon on n'influence les
équilibres budgétaires, puisque les sommes sont à peu
près les mêmes, tout autant dans la partie non budgétaire
que dans la partie dépenses du gouvernement, à savoir 12 000 000
$ de chaque côté?
En ce qui concerne l'attitude de l'Opposition, c'est clair que nous
allons collaborer à l'adoption de ce projet de loi de nature technique,
si c'est dans la perspective de sécuriser davantage les sommes exactes
qui doivent figurer à la Caisse de dépôt et placement,
surtout quand on sait que c'est pour le bénéfice des travailleurs
et des travailleuses des secteurs public et parapublic. Il est important que
ces gens-là puissent avoir la sécurité des montants exacts
versés à la Caisse de dépôt et placement, sachant
que l'objectif de la Caisse de dépôt et placement, c'est d'essayer
de faire fructifier le plus possible ces avoirs pour s'assurer qu'au moment de
la retraite les travailleurs et les travailleuses des secteurs public et
parapublic puissent bénéficier d'une retraite valable, d'une
retraite normale et, autant que possible, que ce soit en argent
véritable et non en monnaie de singe, comme on dit parfois. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je reconnais maintenant M. le
député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Comme cela a
été souligné tant par le président du Conseil du
trésor que par le député d'Abitibi-Ouest, il s'agit, en
effet, d'un projet de loi à caractère technique, mais tentons de
le situer quand même et de le vulgariser afin que l'ensemble de la
population puisse le comprendre.
Il s'agit d'un projet de loi qui fait en sorte de rendre conformes des
dispositions des régimes de retraite du gouvernement du Québec
à celles du RAPC du gouvernement canadien, le Régime d'assistance
publique du Canada. Le Régime d'assistance publique du Canada est un
régime qui permet, comme l'a souligné le député
d'Abitibi-Ouest, dans les cas de juridiction conjointe, aux employeurs que sont
les gouvernements des provinces et le gouvernement fédéral de
partager l'enveloppe budgétaire du coût, le coût employeur,
pour le financement des régimes de retraite des employés de leurs
différents ministères. Pensons, au Québec, au
ministère de la Santé et des Services sociaux, à l'Office
des services de garde à l'enfance, à la Commission des services
juridiques, à l'Office des personnes handicapées du
Québec, à la Commission des affaires sociales et au Comité
de la protection de la jeunesse qui, en soi, forment des juridictions
distinctes entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec.
C'est depuis 1973 que le Québec a institué un
régime de retraite qui s'appelle le RREGOP. Dans le RREGOP, la part de
l'employeur a été créditée uniquement par le
gouvernement du Québec et, généralement, non pas par des
déboursés, mais par le biais des comptes budgétaires. Le
projet de loi que nous avons devant nous implique que, dorénavant, le
Québec versera à la Caisse de dépôt et placement la
part de l'employeur qu'elle doit souscrire plutôt que de la comptabiliser
dans les dépenses publiques. Ce projet de loi permettra au gouvernement
fédéral de donner sa partie du financement de ce régime de
retraite pour la part de l'employeur.
Le député d'Abitibi-Ouest nous demandait combien
coûtera le versement de cette part employeur, tant du gouvernement
fédéral que du gouvernement du Québec, avec le RAPC pour
la période du 1er juillet 1973 jusqu'au 31 mars 1983. Il s'agit
effectivement de 24 000 000 $. Entre le 1er avril 1983 jusqu'à
aujourd'hui, la facture annuelle s'élèvera à 3 200 000 $
et sera divisée, tant pour le gouvernement fédéral que
pour le gouvernement du Québec, en parts égales, ce qui implique
1 600 000 $ de chaque côté. Évidemment, cela implique aussi
que les déboursés du gouvernement du Québec en
matière de fonds de retraite, qui sont de l'ordre de 500 000 000 $,
passeront à 501 600 000 $ et s'ajoutera à ces montants celui de 1
600 000 $ du gouvernement fédéral par le biais du programme RAPC.
Cela fera en sorte de grossir la
masse monétaire à 503 200 000 $.
Quant à l'entente formelle avec le gouvernement
fédéral, permettez-moi de souligner au député
d'Abitibi-Ouest que l'entente comme telle, à ma connaissance, serait
déjà conclue. Elle serait conclue et elle nous permettrait de
pouvoir cheminer et d'administrer ce programme à peu près
immédiatement après l'adoption du projet de loi. (12 h 10)
Évidemment, l'intérêt du gouvernement du
Québec dans ce dossier est de voir sa cotisation d'employeur diminuer de
moitié puisque le gouvernement fédéral aura à
financer l'autre moitié de la cotisation-employeur pour les
employés dont je parlais tout à l'heure.
Les déboursés seront, comme je le disais tantôt, de
24 000 000 $ pour les dix premières années du régime et de
3 200 000 $ pour les années subséquentes. Les 24 000 000 $
étant divisés, encore une fois, en deux, le gouvernement du
Québec payant 12 000 000 $ et le gouvernement fédéral
payant 12 000 000 $. Les 3 200 000 $ des années subséquentes
seront aussi financés à 50-50 entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral.
Je pense que c'est là un gain appréciable pour le
gouvernement du Québec dans le financement de la part employeur des
régimes de retraite du Québec pour nos employés de
l'État et, comme on l'a souligné aussi avant, on vient d'assurer
un financement encore plus adéquant qui permettra aux employés de
l'État d'avoir l'assurance que leur système et leur régime
de retraite pourrait leur permettre de recevoir les pensions auxquelles ces
gens auront droit après généralement leurs 35
années de services. Ce sera tout, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président: M. le président du Conseil du
trésor, est-ce que vous voulez exercer un droit de réplique? Non.
Très bien. Donc, le débat étant clos à cette
étape-ci de l'étude du projet de loi, est-ce que la motion
d'adoption du principe du projet de loi 118, Loi modifiant la Loi sur le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Ciaccia: M. le Président, je fais motion pour
déférer ledit projet de loi à la commission du budget et
de l'administration et qu'elle soit présidée par un
président de séance.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 28.
Projet de loi 154 Adoption du principe
Le Vice-Président: À l'article 28 du feuilleton, le
ministre de l'Industrie et du Commerce propose maintenant l'adoption du
principe du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. M.
le ministre de l'Industrie et du Commerce, vous avez la parole.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Il me fait particulièrement plaisir aujourd'hui, le 12
décembre 1986, exactement un an après l'entrée en fonction
du nouveau gouvernement qui a été assermenté, on s'en
souvient, le 12 décembre 1985, de présenter aujourd'hui la Loi
modifiant la Loi sur la Société de développement
industriel du Québec.
Depuis un an maintenant, comme titulaire du ministère de
l'Industrie et du Commerce, j'ai l'occasion de voir dans l'application des
différents programmes d'aide financière aux entreprises, comment
les programmes qui étaient en place et qui sont encore en place
étaient administrés, comment, à cause des
règlements, à cause de la loi, à cause également du
poids de l'appareil qui fait que les programmes au fil des ans s'additionnent
les uns aux autres, comment donc l'entreprise québécoise
était, dans les faits, soutenue, je dirais même soutenable, si
vous me passez l'expression, à la lumière des programmes
existants.
C'est donc depuis janvier dernier, donc cette année, que j'ai
l'occasion, je le répète, de voir très concrètement
quelle est l'intervention possible du gouvernement du Québec en
matière d'aide financière aux entreprises, comment les
entreprises voyaient leurs besoins comblés par les programmes existants,
par l'activité de la Société de développement
industriel du Québec en matière d'aide à l'entreprise.
Il faut savoir que la Société de développement
industriel du Québec est un outil privilégié
d'intervention du gouvernement en matière de développement
économique, car son action favorise d'abord et avant tout des
retombées économiques au Québec en appuyant des
investissements, en assurant aux entreprises un meilleur accès à
une meilleure capitalisation, donc, s'oriente vers cet élément
essentiel de succès qu'est la structure financière bien
équilibrée qu'on doit souhaiter pour une entreprise.
Donc, outil privilégié dont il ne faut pas hésiter
à remettre en cause l'action, action qui s'exprime par les programmes en
place. D'autant plus que ce soutien à l'entreprise, qui assure des
retombées économiques significatives pour le Québec, a
comme but premier, qu'il s'agisse, je le répète, de l'aide
à l'investissement ou au financement, de favoriser des investissements.
C'est cette équation entre l'investissement et l'emploi qui doit
préoccuper tout gouvernement.
Il m'apparaissait donc important de faire en sorte que dans ses
programmes, dans son soutien à l'entreprise, la Société de
développement industriel se préoccupe de diriger
véritablement son action vers des secteurs et des entreprises plus
susceptibles d'assurer des retombées économiques positives au
Québec. A ce titre, il faut quand même faire des constats. Un
constat de l'action de la SDI depuis quelques années. J'ai
demandé à un comité d'examiner attentivement, en
procédant à des consultations auprès des
différentes clientèles, en faisant un relevé des
interventions très spécifiques de la Société de
développement industriel depuis quelques années. Deux des
chiffres qui m'ont particulièrement frappé avaient trait à
la fréquence de l'intervention de la Société de
développement industriel auprès des entreprises investisseuses au
Québec. En matière d'immobilisations, en matière
d'investissements, qui comprennent des machineries et des équipements,
on pouvait voir que, dans les quatre années qui ont
précédé notre arrivée au pouvoir, la
Société de développement industriel intervenait
littéralement dans un projet sur trois, qui se déroulait au
Québec. Il faudrait donc conclure que près du tiers des
investissements qui sont faits au Québec dans le secteur privé ne
se seraient pas faits sans l'intervention de la Société de
développement industriel.
 sa face même, le chiffre m'apparaissait passablement gros,
surtout lorsqu'on regarde, depuis une dizaine d'années,
l'émergence de la classe entrepreneuriale preneuse de risques au
Québec. Il m'apparaissait exorbitant à la simple étude des
chiffres et des statistiques, tout bête et tout brute d'intervenir
financièrement 33 % ou 35 % du temps dans des projets d'immobilisation.
C'était très certainement bien au-delà des besoins des
entreprises et bien au-delà des besoins du Québec en
matière du rôle du gouvernement comme soutien de l'investissement
des entreprises.
Ce qui était encore plus frappant, c'est qu'en matière
d'aide aux technologies plus modernes - modernisation d'entreprises dans le
cadre des proqrammes destinés à ce créneau particulier de
l'activité des entreprises - les interventions de la SDI se
manifestaient dans 65 % de tous les projets qui ont eu cours au Québec.
Deux projets sur trois en matière de technologie moderne appelaient une
intervention quelconque. Le niveau n'est pas tellement important. Je pense que
c'est la fréquence qu'il faut regarder et le volume d'affaires que,
à cause de ces programmes, la SDI s'imposait, à savoir que deux
projets sur trois en matière de technologie moderne requéraient
ou semblaient avoir requis l'intervention de la Société de
développement industriel.
Encore une fois, en regardant l'intérêt des
Québécois pour la recherche, le développement,
l'innovation technologique, la modernisation dont on parle tant - cette
recherche de notre capacité concurrentielle -surtout le nombre effarant
de diplômés dans les matières scientifiques de recherche
appliquée, dans tous les domaines où la nouvelle technologie peut
être intéressante, il m'apparaissait, encore une fois, de
façon préliminaire, à sa face même, que
l'intervention de la SDI était, ma foi, beaucoup trop fréquente
et qu'à partir de ce moment-là, on peut véritablement se
poser la question, à savoir si les sommes mises à la disposition
de la Société de développement industriel étaient
utilisées de la façon la plus efficace possible. (12 h 20)
Ce qu'il faut également retenir et ce qui m'avait frappé
en troisième lieu, après avoir remarqué la
fréquence des interventions en matière d'immobilisation et en
matière d'aide à des technologies dites modernes ou de pointe,
c'était que le caractère incitatif de l'aide offerte par la
Société de développement industriel n'était pas
nécessairement - c'est le moins qu'on puisse dire - respecté, ce
caractère incitatif qu'on retrouve nommément dans les
règlements d'aide, notamment, en matière de technologie moderne,
qui se réfèrent à la situation où l'on doit
répondre à une question lorqu'une demande d'aide
financière est logée, c'est-à-dire est-ce que le projet
à l'égard duquel une entreprise fait une demande se
réaliserait si la Société de développement
industriel n'intervenait pas et ne soutenait pas financièrement l'effort
de l'entreprise. C'est cela le caractère incitatif de l'offre.
Il est bien évident qu'on ne peut pas, comme gouvernement,
intervenir et qu'on ne doit pas, je dirais, et je le démontrerai tout
à l'heure, intervenir chaque fois qu'il y a une demande d'aide
financière. C'est l'argent de tous les contribuables, il faut quand
même regarder si nous pouvons être plus efficaces
plutôt que moins efficaces et, donc, nous demander dans quelle mesure le
gouvernement, par la Société de développement industriel
et ses programmes, doit s'associer à une entreprise afin de s'assurer
qu'un projet d'investissement se réalise. Ce jugement repose, entre
autres, sur une évaluation de la capacité financière d'une
entreprise et, surtout, je dirais, de la confiance que l'entreprise et ses
propriétaires peuvent avoir dans la rentabilité éventuelle
du projet et dans l'intérêt qu'il comporte pour l'entreprise. Les
véritables tests qui permettent de voir si une entreprise a confiance
dans son projet et est susceptible d'investir, si elle a évalué
que le projet est rentable, donc, si elle est disposée à y mettre
de ses fonds propres, se retrouvent à travers une analyse, relativement
sommaire parce que objective, donc facile à faire, de la capacité
financière de l'entreprise, du marché dans lequel elle est en
concurrence, des perspectives de marché. La confiance que pourrait
manifester une entreprise par une mise de fonds propre dans un projet est
également une mesure de la rentabilité éventuelle du
projet.
Donc, à partir du moment où il y a une obligation - il y
en avait une dans les règlements - pour la SDI d'intervenir, afin
d'inciter une entreprise à donner suite à un projet afin de
déclencher un projet, d'investissement ou une activité
économique, on doit à ce moment remettre en cause la
fréquence avec laquelle la SDI semblait vouloir intervenir. C'est ce
caractère incitatif de l'offre de l'aide financière que la SDI
peut faire que, quant à moi, j'ai retenu et qui appelle à
certains égards les changements à la loi que je présente
aujourd'hui.
Autre dimension de l'action de la Société de
développement industriel: très proche de sa clientèle, une
clientèle constituée d'entreprises québécoises
chacune aux prises avec un problème particulier et spécifique.
Donc, nécessité, à mon sens, d'avoir la plus grande
souplesse possible dans les relations entre la Société de
développement industriel et sa clientèle, la plus grande
souplesse possible pour ajuster aux besoins de l'entreprise, à
l'intérieur d'un cadre évidemment législatif et
réglementaire, ajuster aux besoins de l'entreprise l'intervention de la
SDI et faire en sorte qu'il y ait un suivi des activités de l'entreprise
afin de bien nous assurer que, lorsque nous participons avec l'argent des
contribuables à un projet d'investissement, nous puissions rendre
compte, de la façon la plus précise et plus complète
possible, de la manière dont notre intervention peut avoir produit
certains fruits ou certains résultats.
Ce qu'il y a surtout d'important, en l'occurrence, c'est de voir les
changements profonds que les entreprises québécoises ont connus
depuis quelques années. J'ai évoqué tout à l'heure
l'existence ou la présence, maintenant, dans le milieu économique
québécois, d'une classe de gestionnaires, d'une classe
d'investisseurs, d'une classe de gens, hommes et femmes, qui n'hésitent
pas à prendre des risques et qui connaissent mieux l'économie et
la façon dont cela fonctionne à cause du nombre croissant de
jeunes intéressés à cette matière et à cause
de l'ouverture de plus en plus grande des Québécois sur leur
environnement, en raison, évidemment, de l'interdépendance
économique extrêmement étroite et toujours fort complexe
dans laquelle nous évoluons. Il fallait donc refaire le point sur
l'état des entreprises québécoises, aller voir
véritablement quels étaient leurs besoins, quel était le
degré de développement, je dirais de sophistication des
entreprises québécoises et voir si, comme intervenant, comme la
SDI, nous devions changer notre approche à l'égard des
entreprises pour rencontrer leurs véritables besoins nouveaux.
C'est donc de cette façon que nous avons regardé ce qui se
passait en matière d'aide financière aux entreprises, notamment
par le biais des programmes administrés par la Société de
développement industriel. Avant de faire des changements, encore faut-il
avoir une meilleure idée de l'état de la situation et c'est ainsi
que dès le printemps dernier j'ai demandé à des gens de
mon ministère et de la Société de développement
industriel de procéder à des observations, d'aller chercher sur
le terrain, auprès des intervenants les plus habilités a nous
parler du monde de l'entreprise, quels étaient les véritables
besoins des entreprises québécoises. Où en
étaient-elles rendues dans les exigences qu'elles pourraient formuler
à l'endroit du gouvernement en matière d'association
financière avec ses entreprises dans le cadre de projets nouveaux
d'immobilisation ou de recherche, d'exportation, d'implantation à
l'étranger? J'ai demandé à mes collaborateurs de consulter
les groupements québécois d'entreprise, l'ordre des comptables,
les chambres de commerce, l'Association des banquiers canadiens, l'Association
des commissaires industriels, tous ceux qui, un peu partout au Québec,
sont impliqués directement auprès de cette clientèle
d'entreprises qui est mon premier souci.
À l'occasion de cette consultation, nous avons pu remarquer que
les besoins des entreprises québécoises avaient changé,
qu'elles étaient même disposées à tourner le dos
à l'habitude contractée depuis longtemps de présumer d'un
accès automatique, d'une admissibilité automatique et d'une offre
d'aide financière automatique comme ce qu'on avait connu autrefois.
Les entreprises québécoises ne souhaitent pas,
lorsqu'elles n'ont pas besoin
d'aide financière, aller chercher l'argent des contribuables pour
donner suite à un projet. Les entreprises québécoises ont
beaucoup plus intérêt, elles l'ont manifesté, à voir
comment elles peuvent s'associer d'autres éléments du secteur
privé, comme certains programmes le permettent, et j'en parlerai tout
à l'heure. Les entreprises québécoises souhaitent
transiger avec le gouvernement du Québec sur une base d'affaire et non
sur une base de quémandeur, de charité qu'on ferait aux
entreprises sous prétexte que des crédits sont votés
à titre d'aide financière et qu'étant donné que ces
sommes sont disponibles, tous les gens y ont accès, qu'ils en aient
besoin ou qu'ils n'en aient pas besoin.
C'est le premier constat assez clair que le comité de travail a
pu faire à l'occasion de cette consultation. Cette consultation
permettait également de dégager que les mentalités avaient
donc, comme je viens de l'expliquer, considérablement changé; que
le contexte que les entreprises connaissent quant à l'état des
finances publiques, quant à la façon dont nous pouvons soutenir,
par un meilleur climat d'investissement, les efforts des entreprises, comment
dans les gestes gouvernementaux, qu'il s'agisse d'assurer un peu plus de
stabilité politique, un peu plus de prévisibilité, donc
ces dimensions revêtent une importance considérable bien
au-delà de ce qu'un programme d'aide financière, qui permettait
à tous les gens, sur demande littéralement, d'aller chercher 10 %
de subvention pour leur projet, qu'ils en aient besoin ou qu'ils n'en aient pas
besoin, donc, que les éléments de fond que je viens de
décrire, les éléments de permanence quant au climat
d'investissement sont beaucoup plus importants que ces éléments
que tous les gouvernements introduisent avec le temps afin de manifester leur
intérêt pour l'entreprise québécoise.
Autre changement de fond: la conjoncture économique dans laquelle
nous vivons. Alors qu'il y avait, dans certains domaines, des rattrapages
très précis à faire en matière d'activité
économique, que certains secteurs ont eu besoin très
littéralement des instances gouvernementales afin de soutenir leur
développement, afin de se moderniser, nous en sommes aujourd'hui dans
une situation où les entreprises québécoises, d'une part,
sont en train d'acquérir, ont acquis dans bien des cas, cette
maturité qui les porte beaucoup plus à se tourner vers des
partenaires avec lesquels ils transigent, dans le secteur privé,
plutôt qu'automatiquement souhaiter que le gouvernement intervienne en
lieu et place des autres sources de soutien qui existent maintenant dans notre
société. (12 h 30)
J'évoquais tout à l'heure le grand nombre d'associations
ou de groupements impliqués dans le développement
économique du Québec. Mes collaborateurs les ont
rencontrés ainsi que moi-même. C'est là, à sa face
même, un phénomène, - ne serait-ce que l'inventaire de tous
ces groupes - qui est plus nouveau ou plus avancé, je dirais, qu'il ne
l'était il y a une dizaine d'années.
Il y a cette concertation dans le milieu économique
québécois qui fait en sorte que les gens sont mieux
renseignés. Il y a eu une variété de programmes permettant
l'accès à des marchés financiers ou des sources de
financement qui ont largement remplacé, dans l'esprit des entrepreneurs
eux-mêmes, ce que le gouvernement pouvait faire directement sous forme de
subvention. C'est donc un peu comme d'habitude. La loi suit la
réalité que nous avons devant nous aujourd'hui. Il est bien
entendu qu'on ne peut pas légiférer sur le comportement des gens.
Mais lorsque les comportements ont changé, il est du devoir du
législateur d'ajuster son tir, de réaménager le cadre
législatif et éventuellement réglementaire pour pouvoir
mieux s'adresser aux besoins nouveaux dans les situations nouvelles que peuvent
vivre les clientèles, en l'occurrence, dans le cas du ministère
de l'Industrie et du Commerce, évidemment, les clientèles des
entreprises québécoises.
Nous avons choisi, M. le Président, de légiférer
afin d'assurer que le cadre de la loi sur la SDI permette une intervention, je
dirais, plus structurelle que ponctuelle. On remarquera que le projet de loi
154, qui est devant l'Assemblée et qui modifie la loi sur la SDI,
décrit finalement un cadre un peu plus général que ce
qu'on avait l'habitude de voir. Il est, dans son application éventuelle,
beaucoup plus enclin, beaucoup plus, je dirais, incitatif à l'endroit de
la SDI, qui devra faire preuve de souplesse dans ses relations avec les
clientèles. C'est la loi qui, aujourd'hui, s'ajuste à la nouvelle
réalité des entreprises québécoises afin de leur
donner les services dont elles ont besoin et de donner à la
Société de développement industriel les outils dont elle a
besoin pour faire face aux demandes, aux exigences ou à la situation
nouvelle que vivent ou qui émane des entreprises
québécoises.
J'entendais, dans ce discours de présentation, peut-être
passer rapidement sur quatre des modifications principales, modifications de
fond à la loi sur la SDI. Ce sont des modifications qui permettent le
nouveau rôle que je décrirai un peu plus tard, mais qui
s'alimentent toujours à la nouvelle situation des entreprises
québécoises, leurs nouveaux besoins et leur nouvelle
mentalité quant au partenariat qui peut s'établir entre le
gouvernement et les entreprises québécoises en matière de
développement économique.
Les quatre modifications principales, nous pouvons les retrouver dans le
projet de loi, M. le Président, notamment, dans la
formulation du nouvel article 6 de la Loi sur la Société
de développement industriel, qui est édicté dans l'article
2 du projet de loi 154. On pourra remarquer immédiatement la description
que nous faisons de l'aide financière éventuellement disponible
aux entreprises québécoises qui se qualifient pour les
différents programmes qui seront suggérés et
recommandés au gouvernement par celui qui vous parle. Elle met l'accent
plus sur la notion de prêt que sur la notion de subvention. On voit
déjà un virage majeur dans la façon dont, comme
gouvernement, nous comptons nous associer aux entreprises
québécoises: moins de cadeaux et plus de participation, plus
d'engagements véritables du gouvernement, plus de partage de risques
entre l'entreprise et la Société de développement
industriel dans le cadre de nouveaux projets.
Cette dimension a surtout comme effet bénéfique de
responsabiliser davantage les gestionnaires et propriétaires, les
entreprises qui font de l'activité économique. On se sent
toujours beaucoup plus embarqués, on se sent beaucoup plus une partie
prenante à un projet lorsqu'on doit y mettre du sien et lorsque ce que
les autres y mettent, notamment la Société de
développement industriel, doit être remboursé. Cela me
paraît extrêmement important comme virage et cela paraît
extrêmement important aux entreprises québécoises que nous
avons consultées. Elles sont parfaitement disposées, compte tenu
de leurs besoins, à faire en sorte, oui, d'être des parties
prenantes à même leurs fonds propres. Elles pourraient contracter
des engagements financiers auprès d'institutions du secteur
privé, mais lorsque le marché, pour quelque raison, à
cause de sa structure, à cause des objectifs de rentabilité, dans
les cas de risques, de certaines institutions financières, ne pourrait
combler entièrement les besoins financiers d'une entreprise, les
entreprises ont compris et accepté que le gouvernement du Québec,
par le biais de la Société de développement industriel,
pourrait déclencher le projet en amenant sa contribution
financière éventuellement remboursable, compte tenu de la
rentabilité du projet.
C'est là une mentalité de partage de risques, alors
qu'autrefois le gouvernement prenait tous les risques. Une subvention, on ne la
reverra pas. Le risque financier est donc pris. Certains mécanismes de
prise en charge d'intérêts, donc, de subvention à
l'égard de certains projets, cela demeure toujours possible, d'ailleurs.
Je l'exprimerai tout à l'heure, probablement en réplique,
à la suite de questions que les porte-parole de l'Opposition pourraient
faire valoir. Mais la dimension subvention n'est pas aussi incitative à
responsabiliser l'entrepreneur que ne l'est son engagement, l'engagement qu'il
contracte auprès d'une institution financière, d'autres
actionnaires, de la Société de développement industriel.
Il s'agit de faire en sorte que l'engagement soit respecté et les sommes
avancées pourraient être retournées, en l'occurrence, au
Trésor public, pourraient être recyclées à nouveau
dans le cadre de ce même programme auprès d'autres entreprises qui
auraient d'autres projets.
Évidemment, cela a un avantage considérable quant à
solidifier le sens des responsabilités des entreprises
québécoises et ce n'est pas négligeable non plus au point
de vue des équilibres des finances publiques. On voit déjà
que ce mécanisme d'intervention par voie de prêts, le
remboursement éventuel et le recyclage dans l'économie des
prêts remboursés par les entreprises qui ont connu du
succès font en sorte qu'on vient de créer une espèce de
fonds renouvelable où il n'y a pas de nécessité
budgétaire de toujours aller mettre des dizaines ou des centaines de
millions dans l'économie sans en attendre un retour lorsque le projet a
connu une certaine rentabilité. C'est donc cette notion du prêt
à l'entreprise, plutôt que la subvention que le projet de loi
implicitement permet à la SDI de pouvoir privilégier. Donc,
première modification importante quant à l'action de soutien au
développement économique de la Société de
développement industriel.
Deuxième changement. La SDI, au fil des ans, grâce à
ses relations avec sa clientèle, a accumulé une expertise non
négligeable en matière d'analyse financière et,
évidemment, en matière de conseils quant à des montages
financiers. Lorsqu'on parle de montages financiers, on parle de cette liste,
cet inventaire, ce menu de sources de financement qui, aujourd'hui, sont
disponibles aux entreprises québécoises. Lorsqu'on s'attarde un
peu à voir comment nous pouvons le mieux améliorer ou solidifier
une entreprise, on doit d'abord et avant tout regarder la solidité de la
structure financière qui est en cause.
J'ai dit tout à l'heure que autour de l'aide gouvernementale,
autour du bas de laine et de l'emprunt bancaire à terme qu'on a
longtemps connu, mais qui faisait en sorte que les entreprises s'endettaient,
des sources de financement additionnelles se sont manifestées, qu'il
s'agisse de capital de risque, qu'il s'agisse, à cause de la conscience
additionnelle que les qens ont, de l'intérêt d'investir dans une
entreprise, des mouvements relativement spontanés qui peuvent
naître dans une région ou une autre autour de certains projets,
qu'il s'agisse de programmes gouvernementaux incitateurs à
l'investissement dans l'entreprise, qu'il s'agisse du Régime
d'épargne-actions, notamment les sociétés de placement
dans les entreprises québécoises. (12 h 40)
On voit la complexité nouvelle du montage financier qui peut
être en cause
dans le cadre d'un projet spécifique mené par une
entreprise. Ce n'est plus une question de savoir quel est le ratio,
l'équilibre ou le déséquilibre entre les fonds propres du
propriétaire et l'emprunt bancaire qu'il contractera, on voit qu'il y a
maintenant toutes sortes de formes de financement qui sont disponibles. La
Société de développement industriel, dans le cadre de ses
activités depuis une quinzaine d'années et plus, a su
développer cette expertise pour identifier quelle est la meilleure
structure financière possible. Donc, c'est cette activité de
pouvoir conseiller l'entreprise qui est maintenant indiquée dans la loi
parmi les pouvoirs de la Société de développement
industriel. Une activité de conseil en matière de montage
financier, c'est ce dont il est question dans les faits, surtout pour favoriser
l'accessibilité des entreprises québécoises aux programmes
des sociétés de placement dans les entreprises
québécoises qui, à cause du caractère quand
même avantageux qui leur a été réservé au
point de vue fiscal, comportent néanmoins des difficultés
techniques de compréhension et de montage qui ne sont pas à la
portée de tous les consultants ou de tous les propriétaires
d'entreprise.
La SDI, ayant comme mandat d'ailleurs de valider la constitution des
sociétés de placement dans les entreprises
québécoises, a développé une expertise
particulière qui lui permet maintenant de faire la promotion, justement,
de cette source de financement qui a le grand avantage d'impliquer plus
directement des gens dans l'entreprise plutôt que de réserver au
simple propriétaire et à son banquier la prise en charge de la
structure financière d'une entreprise.
La troisième modification que j'appellerais relativement
importante qu'on retrouve dans la loi se rapporte à l'ouverture de la
Société de développement industriel sur quelque secteur
d'activité économique que ce soit. On sait que la loi actuelle
encadrait la SDI dans certains secteurs d'activité particuliers, qu'elle
pouvait néanmoins et étrangement dépasser lorsque les
exportations étaient en cause. La vocation de la Société
de développement industriel était donc presque étrangement
contradictoire, sa loi constitutive ou son rôle premier la limitant au
secteur manufacturier, secteur tertiaire moteur, mais sa capacité
d'intervenir en matière d'exportation ne souffrant aucune limitation
quant au secteur touché. On voit que, de toute façon, la SDI a
dû développer une expertise dans un très grand nombre de
secteurs, dans la plupart des secteurs d'activité économique du
Québec. Il me semble à ce moment-ci, qu'on devrait consacrer
cette expertise et cette intervention possible dans tout ce qui peut être
bénéfique pour le Québec dans un texte de loi comme celui
que nous soumettons aujourd'hui.
Quatrième modification sur laquelle j'aimerais passer quelques
instants, c'est la capacité qu'aura désormais le gouvernement de
loger ou confier à la Société de développement
industriel l'administration de quelque programme d'aide financière que
ce soit. C'est un peu, encore une fois, refléter l'opinion, le constat,
quant à moi, que l'expertise en matière d'analyse
financière, quant à la façon la plus efficace d'aider une
entreprise, se retrouve à la Société de
développement industriel. On sait, et on en a fait la liste à
bien des endroits et à bien des occasions, qu'un grand nombre de
ministères ont, dans quelques cas, chacun un très grand nombre de
programmes d'aide à des entreprises dans toutes sortes de secteurs
d'activité économique. Aucun, en réalité, n'y
échappe, et la question est de savoir si le gouvernement pourrait avoir
intérêt à confier à la SDI l'administration de
certains de ces programmes.
On ne parle pas ici du jugement d'opportunité quant à
savoir si un ministère ou un autre doit aider un secteur industriel ou
économique plutôt qu'un autre. On parle ici, si le gouvernement en
sent le besoin, s'il le souhaite, le cas échéant, de confier
éventuellement à la Société de développement
industriel l'administration de certains programmes, de certains volets de
programmes qui ne relèvent pas directement du ministre sectoriel de
l'Industrie et du Commerce. Dans les faits, c'est ce qui se passe, d'ailleurs,
dans le cadre de certains grands projets en matière d'énergie ou
de ressources. Â titre d'exemple, en matière de tourisme - autre
exemple très spécifique, celui-là, qui vient de la loi -
la Société de développement industriel est
impliquée très étroitement dans l'administration d'une
aide financière à une entreprise dont l'admissibilité,
dont l'opportunité aura pu être jugée par un autre
ministère.
C'est donc, M. le Président, ces quatre changements, que je
qualifierais de majeurs qui sont introduits par le projet de loi 154.
J'aimerais, en terminant mon intervention de présentation, regarder,
dans l'ordre où ils se présentent, les différents articles
du projet de loi 154 afin de faire ressortir ou d'illustrer de façon
spécifique comment les changements vont affecter la
Société de développement industriel et, partant, le
développement économique des entreprises
québécoises. Je n'ai pas l'intention de m'attarder à
chacun des articles. Simplement, à titre d'illustration encore une fois,
je renvoie les membres de cette Assemblée au nouvel article 2 de la loi
sur la SDI où, très précisément, nous
réitérons ce mandat, que l'expertise de la SDI permet de lui
confier, en matière de conseil, en matière de structure de
capital des entreprises qui présentent des demandes d'aide
financière. Je
pourrais en profiter pour dire que ce rôle apparemment
immédiat ou bien encadré peut déborder sur la constitution
de banques de renseignements qui permettent de marier les investisseurs
potentiels aux occasions d'affaires que les entreprises qui viennent rencontrer
la SDI peuvent décrire. C'est un genre de service à l'entreprise
un peu plus global, un peu plus large que la simple analyse financière
d'un projet spécifique et, évidemment, que l'envoi d'un
chèque mensuel, trimestriel ou quoi que ce soit sous forme de
subvention.
Je continue et évoque le nouvel article 4 qu'on doit mettre en
regard de l'article actuel qui vise l'objet même, l'existence même,
le rôle même de la Société de développement
industriel. L'article actuel se lit ainsi: "La société doit
s'assurer que l'aide accordée engendre des retombées
significatives au Québec, notamment en matière de création
d'emplois." Quant à moi, le test m'apparaît
indéterminé lorsqu'on regarde si, oui ou non, la
Société de développement industriel doit contribuer
financièrement au projet d'une entreprise. Il est
indéterminé dans ce sens qu'il n'est pas clair à sa face
même vers quel genre de créneau de développement nous
devrions nous orienter, à quel stade de développement de
l'entreprise nous devrions nous attarder et à quelle perspective de
développement à plus long terme possible et le plus solide
possible nous devrions nous associer.
Le nouvel article que je propose se lit ainsi: "La société
doit s'assurer que l'aide accordée contribue à développer
des activités économiques rentables qui engendrent des
retombées significatives au Québec, notamment en matière
de création d'emplois." Les nouveaux mots font image, "activités
économiques rentables" qu'on ne retrouvait pas dans l'ancien texte.
Pourquoi y a-t-il nécessité d'une distinction? Est-ce qu'on doit
véritablement changer ainsi un projet de loi? Qu'est-ce que cela
dénote? Cela dénote le préjugé favorable de ce
gouvernement de s'associer aux meilleurs éléments du
Québec, non seulement à ceux qui aujourd'hui performeraient
très bien, mais à ceux qui sont susceptibles de mieux performer
compte tenu du marché concurrentiel dans lequel ces activités se
déroulent, compte tenu du stade de développement de l'entreprise,
compte tenu de la qualité de la gestion qu'on peut voir dans une
entreprise, compte tenu des observations qu'on peut faire sur le souci que
manifeste l'entreprise de conquérir de nouveaux marchés, de se
moderniser, de devenir essentiellement, pour résumer, plus
concurrentielle, plus créatrice d'emplois, plus créatrice de
développement économique. (12 h 50)
C'est donc dire que dans chaque cas nous pourrions choisir d'intervenir
à l'égard de ce qu'on appelle communément des canards
boiteux, d'arriver, par voie de subventions interminables, presque par voie
d'abonnement, à soutenir artificiellement, il faut le dire,
l'activité économique d'une entreprise ou d'un secteur
industriel, mais surtout d'une entreprise.
Comment donc ce changement dénote-t-il un changement de
mentalité? C'est que nous avons la responsabilité de nous
associer à des entreprises qui ont les meilleures perspectives possible
de développement. Il en demeure que ce sont là très
souvent des projets risqués. On prévoit, on anticipe, on croit
que l'entreprise ira bien, on voit que les éléments sont
réunis: qualité de la gestion, croissance du marché en
cause, innovation possible, exportation, structure financière en voie de
consolidation ou de solidification, si je peux employer ces termes. Ce sont
là les éléments qui sont prometteurs pour l'avenir et
qu'on doit identifier. C'est très différent que de ne faire aucun
cas des perspectives de rentabilité qui, quelquefois, sont perdues de
vue lorsqu'on choisit, pour toutes sortes de raisons, d'appuyer
financièrement une entreprise qui véritablement n'a pas de bonnes
perspectives de développement.
Le choix est à faire, M. le Président. Doit-on s'assurer
que les meilleurs éléments, les meilleures entreprises
québécoises tirent vers le haut par leur exemple, par l'expertise
qui peut être développée à l'intérieur de ces
entreprises, par les succès qui deviennent des barèmes ou des
modèles à suivre pour les autres? Ne doit-on pas, M. le
Président, favoriser des entreprises comme celles qui ont à leur
face même des activités économiques rentables, qui
engendrent des retombées significatives bien au-delà de la
création d'emplois, mais surtout au niveau de la confiance que les
entrepreneurs québécois peuvent acquérir en voyant des
histoires à succès auxquelles le gouvernement, par cette nouvelle
façon de s'associer aux entreprises, aura contribué?
Je réfère les membres de l'Assemblée nationale au
nouvel article 6 de la Loi sur la Société de développement
industriel. Je parlais tout à l'heure du préjugé favorable
ou de la nouvelle insistance, de l'accent que nous entendons mettre sur une
intervention sous forme de prêt, qui sous-entend un partage des risques.
Lorsqu'il y a prêt, il y a, évidemment, un risque pour le
prêteur autant que pour l'entreprise avec ses fonds propres, il y a
également un risque qui est en cause.
Ce que nous entendons privilégier dans les nouveaux programmes
que nous entendons commander au gouvernement, c'est précisément
de dessiner, si l'on veut, ces programmes de telle sorte que l'entreprise, si
elle va bien, soit incitée à nous rembourser et, si cela allait
moins bien, que la SDI ait
les outils pour se protéger éventuellement contre une
perte totale qui se retrouve, lorsqu'on regarde cette nouvelle
mentalité, dans les mécanismes de subvention. Le gouvernement qui
subventionne purement une entreprise, oui, a soutenu une activité, a
soutenu la création d'emplois, mais n'y trouve pas à proprement
parler son compte, car il n'a plus l'occasion de se dégager, une fois
que le programme est en marche, une fois que le projet a été
réalisé. Il faut, à mon sens, conserver cette
faculté, pour le gouvernement du Québec, pour ses ressources
financières, de pouvoir se dégager pour se réengager dans
un autre projet lorsque les circonstances le permettent.
C'est ainsi que nous entendons privilégier des nouvelles formes
de programmes qui laissent beaucoup plus de souplesse à la
Société de développement industriel dans ses interventions
auprès des entreprises. J'ai deux exemples de souplesse administrative,
M. le Président. D'abord, il faut savoir qu'autrefois les très
nombreux programmes d'aide prévoyaient dans les règlements
mêmes qui les mettaient sur pied la forme de la demande que devait
adresser l'entreprise à la SDI, le formulaire, presque
littéralement, qui était requis. Il m'apparaît aujourd'hui
important que nous puissions permettre à la SDI de fixer elle-même
le formulaire, l'ensemble des renseignements que doit donner une entreprise
à la SDI, notamment, parce qu'il faut avoir les moyens d'aller chercher
les renseignements qui constituent le plan d'affaires d'une entreprise qui est
quand même une notion beaucoup plus large que simplement la suite des
chiffres qu'on peut retrouver dans un bilan de l'exercice courant et dans un
bilan éventuel ou pro forma de l'exercice à venir.
De la même façon, il y a une autre souplesse. Je parlais de
l'administration d'autres programmes au choix du gouvernement et, le cas
échéant, c'est dans l'article 16 auquel nous remplaçons un
alinéa que nous retrouvons cette nouvelle souplesse. Aujourd'hui, la SDI
peut administrer des programmes si certaines lois le prévoient. Il
apparaît important que le gouvernement ait cette faculté de
décréter, à un moment ou à un autre, que certains
programmes peuvent être administrés par la SDI et nous nous
dirigeons à ce moment potentiellement vers cette notion du guichet
unique auprès duquel les entreprises pourraient s'adresser afin de loger
des demandes d'aide et de soutien financier auprès du gouvernement.
Il me semble que l'ensemble de ces modifications va dans le sens d'une
meilleure cohérence dans l'action, va dans le sens de la
responsabilisation des entreprises québécoises et surtout dans le
sens d'utiliser à leur pleine capacité l'expertise,
l'expérience et les talents des gens de la
Société de développement industriel qui ont
développé, au fil des ans, cette complicité et ces
rapports avec les entreprises québécoises qui, aujourd'hui
devraient leur permettre d'aller encore davantage s'associer en
véritables partenaires auprès des entreprises
québécoises.
C'est là un outil important de développement que nous
avons. Dans toutes les régions du Québec, la SDI est
présente à cause du réseau qui alimente les demandes,
partout au Québec. Je le sais pertinemment comme ministre titulaire de
l'Industrie et du Commerce pour qui la loi prévoit qu'il intervient
littéralement en signant toutes et chacune des demandes d'aide
financière logées à la Société de
développement industriel. J'ai vu, concrètement, de toutes les
régions du Québec, des projets porteurs d'avenir.
J'ai décidé, et c'est l'objet de la présente loi,
de faire en sorte que le gouvernement du Québec s'associe
véritablement aux entreprises, cultive la responsabilisation des
gestionnaires québécois, assure à l'ensemble des
Québécois les meilleures retombées économiques
possible par l'intervention financière du gouvernement du
Québec.
Nous n'avons pas les moyens, je dirais, non pas financiers, mais de
conscience, les moyens moraux de subventionner à tout venant. Ce n'est
pas dans l'intérêt de l'entreprise québécoise
d'être aux crochets des subventions, d'attendre la manne qui viendrait
des coffres gouvernementaux. Au-delà du fait que la manne n'est pas
aussi substantielle qu'elle pouvait l'être autrefois, c'est cultiver la
dépendance que favoriser des régimes de subvention. C'est
cultiver une véritable autonomie des entreprises
québécoises, c'est cultiver leur force pour qu'elles croissent
à tous les jours que de nous les associer par le biais des programmes
dont j'entretiendrai éventuellement les membres de l'Assemblée,
par des nouveaux programmes qui les responsabilisent davantage. C'est dans
l'intérêt de toutes les régions et de tous les
Québécois.
Le Vice-Président: M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Compte tenu de l'heure, M. le
Président, je demanderais l'ajournement du débat.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion d'ajournement
du débat sur l'adoption du principe du projet de loi 154 est
adoptée? Adopté. L'Assemblée nationale suspend ses travaux
jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 3)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je vous demanderais d'appeler l'article 14 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Le Président: À l'article 14 du feuilleton, il
s'agit de la reprise du débat pour l'adoption du projet de loi 118, Loi
modifiant la Loi sur le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, présenté par le
président du Conseil du trésor. Je vais maintenant
reconnaître un député de l'Opposition, M. le
député de Bertrand.
M. Lefebvre: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: ...je vous demanderais plutôt d'appeler
l'article 28, soit la loi 154.
Le Président: Je retire l'article 14.
À l'article 28 du feuilleton, il s'agit du débat pour
l'adoption du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec,
présenté par le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je vais
reconnaître M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
J'apprécie d'autant plus que vous ayez appelé le bon projet de
loi que je commençais à être inquiet, mes notes
étant préparées pour parler du projet de loi 154. À
titre de critique officiel de l'Opposition en matière d'industrie et de
commerce, il me fait plaisir d'intervenir, aujourd'hui, pour donner un peu
l'envers de la médaille des propos que le ministre de l'Industrie et du
Commerce nous a livrés ce matin, lesquels traduisaient la philosophie du
gouvernement actuel par rapport à l'orientation de la
Société de développement industriel du Québec, par
rapport à l'orientation de l'aide qu'on veut donner aux entreprises du
Québec qui, soit dit en passant, est une orientation quelque peu
différente de celle qui existait et de celle qui traduit les aspirations
et les orientations de l'Opposition et du Parti québécois.
Je vais tenter, au cours des minutes qui me sont accordées, de
démontrer que l'orientation que prend actuellement la
Société de développement industriel est une orientation
quelque peu dangereuse, quelque peu figée dans le béton par
rapport à ce qu'on lui donne comme marge de manoeuvre, par rapport
à l'objet, par rapport aux devoirs et aux possibilités qu'elle
pourra offrir aux entreprises du Québec.
J'ai eu la chance, entre 1981 et 1985, de siéqer au conseil
d'administration de la Société de développement
industriel, ayant reçu un premier et un deuxième mandat de la
part du Conseil des ministres d'alors pour siéger à ce conseil
d'administration et aussi au comité exécutif de la SDI, de sorte
que j'ai été très près de cette
société au cours des dernières années. J'ai
été très près dans le sens que j'ai eu la chance de
travailler à l'application de l'ensemble des programmes qui
étaient en vigueur alors à la Société de
développement industriel, mais aussi j'ai eu la chance de faire le tour
du Québec pour rencontrer, en 1983, 1984 et 1985, des gens d'affaires et
particulièrement des dirigeants de PME. J'en ai profité pour me
rendre dans l'ensemble des différents bureaux de la
Société de développement industriel dans les
différentes régions, que ce soit à Québec, à
Sherbrooke, à Trois-Rivières ou à Rimouski. Je connais
assez bien, je pense, cette société. Aujourd'hui, le projet de
loi qui nous est présenté, le projet de loi 154, en apparence
modifie très peu la loi, mais, lorsqu'on le scrute un peu plus en
profondeur, on s'aperçoit que ce sont des modifications profondes.
J'écoutais ce matin le ministre de l'Industrie et du Commerce
nous informer des orientations nouvelles en nous disant: Écoutez, c'est
la nouvelle approche, la nouvelle philosophie du gouvernement mais c'est aussi
une approche qui correspond maintenant aux nouveaux besoins de
l'entrepreneurship québécois, de nos dirigeants de PME au
Québec et c'est à la suite d'une consultation que nous avons
menée que nous arrivons avec ce nouveau projet de loi.
Je dois d'abord essayer de comprendre un peu les propos du ministre qui,
à première vue, me semblent intéressants. Comme je vous
l'ai dit, si on les scrute un peu plus, on s'aperçoit que cela ouvre
certaines portes et que cela en ferme d'autres. D'abord, lorsque le
gouvernement, que ce soit le ministre de l'Industrie et du Commerce, dans ses
différents propos et sur cette loi, que ce soit le ministre
délégué aux PME, qui a publié le mois dernier un
recueil intitulé Les PME au Québec, État de la situation,
sur lequel j'aurai la chance de revenir un peu plus tard... On se rend compte
que oui, cela a évolué au Québec ces dernières
années. On se rend compte que cela change au cours des années
parce que nos entrepreneurs, nos chefs d'entreprise, l'entrepreneurship - au
féminin et au masculin - a évolué.
Mais il y a quand même des choses qui
demeurent fondamentales. Parmi ces choses qui demeurent fondamentales,
il y a le fait que de petites entreprises qui démarrent continuent
à demeurer de petites entreprises qui démarrent avec les
problèmes, les difficultés qu'on peut y retrouver. Cela n'a pas
changé vraiment, sauf qu'on a des outils, des accessoires qui sont un
peu plus déployés, un peu plus divers par rapport à ce
qu'on avait il y a quelques années.
La Société de développement industriel a
joué un rôle très important au cours des dernières
années - je peux au moins parler des cinq ou six dernières
années puisque j'ai été très près de cette
société - un rôle même capital dans la
société québécoise. Je ne connais pas beaucoup de
gens d'affaires au Québec, parmi les dirigeants de petites et moyennes
entreprises, qui ne connaissent pas et qui n'ont pas eu affaire avec la
Société de développement industriel. Je n'en connais pas
beaucoup en 1986 qui ne sont pas satisfaits, et même très
satisfaits dans l'ensemble, des services qu'ils ont reçus. Pour
différentes raisons, particulièrement parce qu'il y a un
très haut degré de professionalisme chez les analystes à
la SDI. D'ailleurs, c'était reconnu dans différentes sondages qui
ont été menés en 1985, à savoir que, parmi les
sociétés qui administraient différents programmes d'aide
gouvernementale au fédéral ou au provincial, la
Société de développement industriel était
cotée parmi les meilleures, sinon la meilleure. (15 h 10)
Cependant, les analystes, les administrateurs, les dirigeants de la SDI
administrent les programmes qu'ils ont et sont régis par une loi. Avec
les outils qu'on leur a donnés jusqu'à maintenant, je pense qu'on
peut confirmer en cette Assemblée qu'il y a eu des performances
extraordinaires. Je pense que la Société de développement
industriel a réussi à être le moteur, l'outil par
excellence pour aider nos dirigeants d'entreprises dans des domaines aussi
variés que la recherche et le développement, dans le domaine de
conquérir les marchés extérieurs avec la SDI-Exportation,
dans le domaine pour accroître leur productivité, les aider dans
les différents programmes qui existent.
Aujourd'hui, en déposant le projet de loi 154, le gouvernement,
le ministre responsable, le ministre tuteur de la SDI, viennent changer quelque
peu les règles du jeu dans l'essentiel, ce que le ministre nous
confirmait ce matin. Je pense qu'on s'entend bien sur les termes.
Dorénavant, à la Société de développement
industriel, il n'y aura plus de subventions. C'est-à-dire que l'approche
du gouvernement, c'est essentiellement de dire, et on retrouve cet
élément à l'article 6, si ma mémoire est bonne,
dans les différentes formes d'aides que la Société de
développement industriel adoptera...
Ce que le gouvernement a tenté de faire, à la suite d'un
sondage, d'une enquête et d'une analyse du marché, c'est d'essayer
de satisfaire l'ensemble des besoins. Cependant, l'outil qu'on prend et la
façon dont on a rédigé le projet de loi 154 me laissent
quelque peu perplexe et je vous expliquerai dans quelques minutes pourquoi.
Le ministre délégué aux PME, dans son document
qu'il déposait en cette Assemblée il y a environ trois semaines
ou un mois, disait essentiellement ceci, et je le cite à la page 170, la
dernière page, dans la conclusion de son volume: "A peu près
à la même date où le comité de révision des
fonctions des organisations gouvernementales rendait public son rapport, le
comité sur la révision des programmes administrés par la
SDI déposait des recommandations au ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. Johnson. Les quatre paramètres qui ont guidé le
comité dans son travail ont été de réduire le
nombre de programmes; deuxièmement, d'augmenter le rendement du dollar
public affecté à l'aide aux entreprises; troisièmement, de
privilégier les entreprises à forte croissance; et,
quatrièmement, d'aider des projets en régions
périphériques."
Ce que je retiens de cette conclusion, à toutes fins utiles,
c'est qu'on n'y retrouve pas un aveu, un souci et un désir profond de la
part des entrepreneurs du Québec, puisque ceci faisait suite à
une tournée, si j'ai bien compris, d'un an du collègue du
ministre de l'Industrie et du Commerce pour essayer d'avoir le pouls...
Même qu'un peu avant, soit à la page 169, on nous dit: "Dans cet
éventail très large de commentaires, il ressort tout de
même une certaine constance." Je dois donner les deux côtés
de la médaille. Les programmes d'exemption fiscale semblent plus
appréciés que les subventions directes. Ce qu'on dit, c'est que
les entreprises semblent préférer les aides fiscales par rapport
aux subventions directes, mais on ne dit pas très clairement - du moins
je ne le perçois pas ni dans le volume, ni dans le marché - que
les entreprises, les entrepreneurs désirent voir abolir toutes les
subventions. On dit qu'on préférerait davantage les formules
d'exemption fiscale, ce avec quoi je suis d'accord, plutôt que des
subventions directes; ce serait plus apprécié que les subventions
directes. Les programmes devraient être mieux adaptés aux besoins
spécifiques des PME, ce avec quoi je suis aussi d'accord.
Si je reviens, pendant quelques minutes, à la conclusion du
rapport du ministre délégué à la PME, lequel s'est
sûrement aussi inspiré, puisqu'il s'agissait aussi du rapport, de
recommandations de la SDI pour les différents programmes. Je dois dire
d'abord qu'on ne peut pas être contre le fait de réduire le nombre
de programmes. Je
pense que, lorsque le ministre défend cela, c'est tout à
fait correct. Je peux vous dire que si on peut en réduire un peu plus,
pour autant qu'on s'assure que la réduction est faite parce que cela ne
répond plus aux besoins, pour autant qu'on s'assure que si on
réduit un programme, c'est parce qu'il était une duplication d'un
autre programme... Il ne s'agit pas de réduire pour réduire le
nombre de programmes afin d'être capable de dire, par exemple, que la
SDI, au lieu d'avoir 62 programmes, a juste 12 programmes et c'est plus simple.
Il faut faire attention, parce qu'il y a, à la SDI, un éventail
de types de programmes et c'est important comme cela. Ce qui n'a pas
été fait suffisamment dans le passé, ce qui n'est pas
encore fait présentement, c'est peut-être beaucoup plus la
façon de vulgariser et de simplifier toute l'approche quant aux
programmes, mais de là à faire disparaître un ensemble de
programmes, je pense qu'on est loin de la coupe aux lèvres.
Si je vous présente cela en tout début d'intervention,
c'est que c'est le coeur fondamental du projet de loi 154 qui, je dois le dire,
contient d'autres articles sur lesquels on pourra revenir un peu plus tard.
Mais, à ce point-là en particulier, c'est le coeur de
l'argumentation et le coeur du sujet que j'aimerais aborder davantage.
Créée en 1971 dans le but de favoriser le
développement économique du Québec au moyen de mesures
financières incitatives, la Société de
développement industriel a subi depuis cette date d'importantes
transformations. Le projet de loi 154 dont nous amorçons l'étude
cet après-midi vient confirmer ce que j'appelle la métamorphose
de ce que fait subir à cette société le ministre tuteur,
le ministre responsable, soit le ministre de l'Industrie et du Commerce.
En fait, le projet de loi 154 constitue, à mon avis - je le dis
bien sincèrement - un jalon supplémentaire et une autre
étape de ce qui semble s'amorcer: le démantèlement de la
SDI la Société de développement industriel. Après
avoir aboli différents programmes pour différentes raisons, mais
peut-être pas toutes justifiées, après avoir aboli, dis-je,
le programme de financement des entreprises, mieux connu comme le PFE, en avril
dernier, après avoir aboli le programme d'accès à la
Bourse qui, soit dit en passant, pour un volet était peut-être un
peu généreux, on a eu la chance d'en discuter avec le ministre,
après avoir aboli le programme de prise en charge des
intérêts le 5 juin dernier et le programme de prêt à
la capitalisation, celui-là à compter du 31 décembre, le
ministre de l'Industrie et du Commerce met fin dans ce projet de loi 154
à un autre volet, soit l'acquisition d'actions, qui était permis
à la Société de développement industriel.
C'est-à-dire que la Société de développement
industriel avait la possibilité d'acquérir certaines actions dans
certaines entreprises, la possibilité de les transférer, de
transformer dans certains cas des entreprises. Je ne voudrais pas citer de noms
en cette Assemblée, mais je me souviens très bien de cas
où on avait des entreprises qui se trouvaient dans une situation
peut-être difficile, qui avaient reçu des prêts, qui avaient
différentes aides de la SDI, mais à cause de la structure du
capital, il était devenu avantageux de transformer, par exemple, un
prêt d'environ 1 000 000 $, 2 000 000 $ ou 3 000 000 $, en
capital-actions de l'entreprise, allégeant ainsi par le fait même
la structure financière, c'est-à-dire donnant de meilleurs
ratios, enlevant des dettes à court terme, permettant par la même
occasion de montrer un meilleur portrait financier et aussi en amenant dans la
structure du capital la Société de développement
industriel, qui devenait en quelque sorte, de façon minoritaire, non
dangereuse, un partenaire de cette entreprise. (15 h 20)
Je dois dire qu'il y a eu quelques beaux cas de réussite. Ce que
je trouve dommage, et on le voit confirmé dans le projet de loi 154,
c'est que ce volet dorénavant n'existera plus. Que le ministre
décide de ne plus avoir ce volet, je pense que pour les mois ou
l'année qui passent, ce n'est pas absolument nécessaire, je peux
en convenir. Sauf qu'on n'est pas obligé de changer la loi, on n'est pas
obligé de venir confirmer dans une loi que dorénavant on ne
pourra plus avoir accès à cette possibilité que les
entreprises avaient ou que la SDI avait - puisque cela fonctionne dans les deux
sens - par ce volet d'acquisition d'actions de participer au capital-actions de
l'entreprise.
Ce n'est pas, à mon avis, une mince affaire, M. le
Président. Je pense qu'il ne faut pas avoir peur des mots. Je pense
qu'en abolissant les uns après les autres les différents
incitatifs financiers de la Société de développement
industriel, le ministre de l'Industrie et du Commerce, je le déplore,
répond à une commande bien précise qui lui a
été donnée par le président du Conseil du
trésor. Cette commande était formulée à la page 37
du rapport qu'on a appelé le fameux rapport Gobeil même si le
ministre ne semble pas être d'accord. Je lui dis et je lui rappellerai
que ce qui se retrouvait dans le rapport Gobeil déposé au mois de
juin ou juillet dernier... Je cite le rapport Gobeil, le rapport qui
était présidé par l'actuel président du Conseil du
trésor et qui faisait des recommandations aux différentes
sociétés, aux différents programmes, aux
différentes déréglementations. Il disait à propos
de la SDI, en particulier, que eux, les sages, avaient analysée: Le
comité est arrivé à la conclusion que les programmes
d'aide administrés par la SDI devraient simplement
être abolis.
Je comprends que le ministre n'est pas en train d'abolir tous les
programmes, et j'en suis fort aise. Je suis très heureux de voir qu'il
n'a pas donné libre cours à toutes les recommandations. Je suis
assez honnête pour le reconnaître et je vous dis: Par chance!
Déjà, je sens que le ministre a succombé volontairement ou
involontairement, mais a succombé à cette orientation qui
sous-tend aussi une philosophie que je ne partage pas, à savoir qu'il
faut se retirer tranquillement.
Si on se rappelle et si on se reporte au rapport Gobeil, et qu'on revoit
exactement ce qui était dit, même si le ministre a pris ses
distances, je le comprends politiquement, même si le premier ministre et
l'ensemble des ministres ont pris leurs distances par rapport au fameux rapport
Gobeil, il reste que, dans l'application des lois qui sont
déposées depuis le début de cette nouvelle session, M. le
Président, on se rend compte -j'en ai une preuve exacte dans le projet
de loi 154 - de l'application en bonne partie, quand ce n'est pas
intégral, du fameux rapport Gobeil. Cela, je pense qu'il faut être
capable de se le dire et de le regarder en pleine face.
Le comité est arrivé à la conclusion -on parlait du
comité Gobeil - que les programmes d'aide administrés par la SDI
devraient simplement être abolis et que le gouvernement devrait
s'interroger sur le rôle futur de la SDI, compte tenu du fait que la
Banque fédérale de développement peut jouer un rôle
de prêteur de dernier recours. Je n'embarquerai pas dans tout ce que cela
pourrait sous-tendre comme discussion, mais si jamais le ministre de
l'Industrie et du Commerce, l'actuel défenseur des entreprises au
Québec, si le ministre délégué aux PME et ses
autres collègues s'aventurent dans cette voie, je peux vous dire qu'ils
vont nous trouver sur leur chemin, puisque je pense que c'est priver l'ensemble
des entreprises du Québec et c'est priver l'ensemble des entrepreneurs
d'outils vraiment importants. En agissant de la sorte, le ministre de
l'Industrie et du Commerce à l'instar de plusieurs de ses
collègues abdiquent et acceptent qu'on laisse tomber tout le plan de
l'action d'un État moderne, soit le rôle de motivateur du
développement économique.
M. le Président, transformer la structure industrielle du
Québec pour y maintenir un taux de population active le plus
élevé possible, aider au financement des entreprises de
façon à stimuler les exportations et les encourager à
poursuivre leurs programmes de développement technologique, voilà
une partie des défis que doit encore relever un État moderne
comme celui du Québec. Le gouvernement québécois ne peut
abdiquer, devant sa responsabilité qu'il partage d'ailleurs avec le
secteur privé, d'assumer une croissance continue de notre
économie. Or, précisément, grâce aux pouvoirs et
à la latitude dont elle jouit jusqu'à maintenant, la
Société de développement industriel du Québec a
permis d'accélérer la transformation de la structure industrielle
du Québec et la participation accrue des Québécois
à l'activité économique.
Pouvant effectuer des transactions financières semblables
à celles d'une institution banquière privée, la SDI a
été en mesure, jusqu'à maintenant, de répondre
à une gamme élargie et variée de besoins de financement de
nos PME. La SDI, avec les années, a répondu de mieux en mieux aux
besoins des petites et moyennes entreprises. Ainsi, pour être intervenue
principalement dans les secteurs de pointe, la SDI a ouvert ses portes à
un nombre grandissant de PME. Son action s'est d'abord élargie au
secteur du commerce extérieur et de l'exportation, et ce, depuis 1979,
puis dans le cadre des opérations de solidarité économique
la Société de développement industriel a commencé
en 1977 à venir en aide aux petites entreprises dites du secteur
traditionnel.
Finalement, en 1979, la SDI a étendu son intervention aux
vocations dites touristiques de telle sorte qu'il y a quelques mois encore, la
SDI brassait des affaires principalement avec des PME. Or, M. le
Président, les petites et moyennes entreprises jouent, à mon
avis, un rôle capital dans l'économie du Québec. Je pense
que le ministre sera d'accord avec cet exposé, son collègue
également, le ministre délégué à la PME,
puisque - et je cite - plusieurs des chiffres qui se retrouvent à
l'intérieur du récent document déposé nous donnent
l'heure juste et nous brossent rapidement un programme de l'importance des PME:
99,3 % des corporations actives recensées au Québec sont des PME;
plus de 47 % des revenus gagnés par des corporations
québécoises le sont par ces PME. Dans certains secteurs, cette
proportion est encore plus grande. Par exemple, 79 % des revenus
générés dans le monde de la construction le sont par des
PME; 52 % du chiffre d'affaires du secteur tertiaire provient de ces petites et
moyennes entreprises. Dans les secteurs du commerce au détail, des
services aux entreprises, de l'hébergement, de la restauration, cette
proportion atteint même 73 %, 79 % et 81 % du chiffre d'affaires.
De plus, un des pivots de notre économie, soit le secteur
économique, repose aussi largement sur la vitalité des PME, soit
de nos petites et moyennes entreprises et ce, dans toutes les régions du
Québec. Par exemple, près de la moitié des emplois
manufacturiers dans la région de Québec, du Bas-Saint-Laurent, de
la Gaspésie se retrouvent dans les PME. Pour la région
montréalaise et la Mauricie, les Bois-Francs,
c'est plus des deux cinquièmes des travailleurs du secteur
manufacturier qui travaillent dans ces petites et moyennes entreprises. En
Estrie, 34 % des travailleurs manufacturiers doivent aussi leur emploi à
la vitalité de cette catégorie d'entreprises. (15 h 30)
Somme toute, le Québec ne peut se passer de l'apport
considérable en termes d'emplois, en termes de valeur produite, en
termes de savoir-faire que représente un secteur comme celui des PME,
des PME en santé. Or, des études toutes récentes ont
démontré que la vitalité des PME québécoises
repose cependant trop souvent sur des bases encore fragiles car les entreprises
québécoises de petite et de moyenne taille font toujours face
à d'importantes difficultés de financement. Ainsi, la
majorité des PME ne survivent pas à la première crise
qu'elles doivent traverser, crise engendrée la plupart du temps par des
difficultés de capitalisation. Plus particulièrement, les petites
entreprises ont de la difficulté à obtenir du financement a court
terme et du capital de risque. Une enquête effectuée en 1980 par
la Fédération canadienne des entreprises indépendantes
démontre que cette absence de forme appropriée de financement
constitue pour 23 % des dirigeants de PME le problème le plus important.
D'ailleurs, la très grande majorité des entreprises
québécoises qui font faillite sont de petites entreprises dont le
chiffre d'affaires est inférieur à 2 000 000 $.
D'autre part, la crédibilité financière des PME est
souvent si difficile à établir et les coûts que
représente une première émission d'actions sont si
importants pour la majorité des PME qu'un recours au marché
financier devient impossible. Quant aux grandes institutions, elles redoutent
l'investissement dans ces types d'entreprises, bien sûr, à cause
des risques très élevés.
Or, comme l'a démontré la commission Saucier sur la
capitalisation des entreprises, une meilleure capitalisation de nos PME leur
permettrait d'accroître leurs chances de survie et de mieux profiter des
possibilités d'affaires et, conséquemment, d'améliorer
leur croissance et la croissance de l'économie du Québec. Par
conséquent, dans ce contexte d'un financement difficile pour les PME,
les programmes gouvernementaux d'aide conservent leur caractère de
nécessité. Mais toujours sur recommandation de son
collègue, le président du Conseil du trésor, le ministre
de l'Industrie et du Commerce nous propose l'adoption d'un projet de loi qui
limiterait dorénavant les formes d'aide financière de la SDI aux
seuls prêt, garantie de prêt et exemption partielle du
remboursement d'un prêt.
Non seulement heureux d'avoir sabré dans plusieurs programmes
gouvernementaux de subvention de la SDI - et je le déplore dans
plusieurs cas - le ministre propose à la fois ce qui suit: restreindre
considérablement, par le biais d'un texte législatif, la
possibilité d'intervention de la SDI; augmenter le pouvoir
discrétionnaire du gouvernement et de son ministre de l'Industrie et du
Commerce sur l'établissement du programme d'aide financière de la
SDI, j'y reviendrai avec des exemples très précis sur les
articles de la loi dans quelques minutes; laisser à la discrétion
du Conseil des ministres le soin de déterminer les conditions de
rémunération des membres du conseil d'administration de la
société; permettre officiellement à la SDI d'exiger, si
elle le désire, des honoraires d'une entreprise qui lui adresse des
demandes d'aide financière; finalement, mettre un terme au volet
acquisition d'actions dont je vous ai entretenu il y a quelques minutes, un
programme d'aide fort apprécié.
À ce chapitre, notons que dans la seule période
s'étendant entre janvier 1984 et août dernier, soit août
1986, un total de 190 entreprises ont bénéficié de cette
forme d'aide, ce qui a permis la création de 3474 emplois. N'oublions
pas que la Société de développement industriel avait la
possibilité, aussitôt que sa contribution n'était plus
requise, de disposer de sa participation en capital-actions. C'est ainsi que
pour les années 1981 à 1985 la SDI a retiré pour plus de 4
000 000 $ en disposant du capital qu'elle avait mis à contribution pour
l'expansion de nos entreprises par le biais de cesdites acquisitions
d'actions.
Cette forme d'aide est peu coûteuse pour l'État lorsqu'elle
est bien gérée. Notons simplement que sur ce volet la Banque
fédérale de développement a démontré qu'une
participation minoritaire pouvait être rentable. Ainsi, au cours des deux
dernières années, en moins de 24 mois, la BFD, la Banque
fédérale de développement, par ce type d'aide
financière, a cumulé un bénéfice net de 3 100 000 $
sur une portefeuille de placements de 34 600 000 $. Par ailleurs, nous sommes
absolument contre le fait que, dorénavant, la rémunération
des membres du conseil d'administration soit laissée à la
discrétion du Conseil des ministres, et j'aurai la chance de revenir
là-dessus.
J'aimerais prendre certains articles, comme l'a fait un peu le ministre
ce matin, et apporter des éclaircissements par rapport aux propos que je
viens de tenir. D'abord, on indique dans le projet de loi, à l'article
6, que l'aide financière ne prendra dorénavant que quatre formes.
Or, à l'article 7 de la loi actuelle correspondant, où la forme
d'aide qui existe actuellement se traduit par une subvention ou,
deuxièmement, une prise en charge d'une partie ou de la totalité
des intérêts; troisièmement, une exemption partielle;
quatrièmement, une acquisition
d'actions et, cinquièmement, une forme d'aide. Ceci est
changé pour faire sauter essentiellement - sans entrer dans les
détails puisque j'aurai la chance, avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce et les autres collègues, de discuter, lors de l'étude
article par article du projet de loi 154, des dangers de mettre dans le loi des
choses comme on le fait actuellement...
Ce qu'on fait sauter, c'est le fait que la SDI a le mandat de donner des
subventions. Sur ce point, ce matin le ministre semblait dire: Finie la
période où nous allons donner des subventions à qui en
veut. Finie la période - je l'ai lu quelque part dans les journaux, soit
par le ministre ou par d'autres de ses collègues mais du moins par les
gens de la partie gouvernementale - de distribuer et de saupoudrer, sur toutes
les entreprises du Québec, des subventions. Je regrette de dire que
c'est mal connaître la SDI des années 1985 et 1986, parce qu'il
est faux de prétendre que toutes les entreprises du Québec qui
désiraient avoir des subventions, de l'aide, sur un projet
d'investissement, avaient automatiquement 10 %, 15 % ou 20 % de subventions.
C'est faux, et l'ensemble des dirigeants de PME au Québec peuvent vous
le dire parce que combien se sont rivés le nez sur la porte de la SDI,
si vous me passez l'expression, parce que c'était drôlement
restreint, drôlement bien encadré, bien balisé, les
différents programmes de la SDI. Je ne nie pas, cependant, qu'il y
avait, dans certains cas, un certain double emploi. Un exemple me vient
à l'esprit, le programme de financement des entreprises permettait
d'avoir accès à un prêt mais aussi à une partie de
subvention. (15 h 40)
On a vécu au cours des dernières années certains
programmes qui, à l'occasion, donnaient la chance à une
entreprise de toucher à deux volets sur le même projet. Sur ce
point, je l'avais décrié au conseil d'administration lors de la
dernière année où j'étais présent,
c'est-à-dire en 1985, je trouvais un peu inconvenant de voir qu'on ait
à travailler avec une possibilité de donner deux types d'aide
à la même entreprise sur un même projet, c'est-à-dire
lui donner une garantie de prêt et une partie de subvention. Je pense
que, là-dessus, il est important qu'on apporte des correctifs et il y en
a déjà qui l'ont été. Il faut savoir aussi le
reconnaître, mais on coule dans la loi - je veux que le ministre
comprenne bien l'esprit dans lequel je défends ce point - que,
dorénavant, la Société de développement industriel
ne pourra plus donner aucune forme d'aide ou de subvention, à moins
qu'elle procède - on le verra tantôt - par une forme de
décret spécial. Mais elle ne le pourra plus tel qu'elle est
conçue actuellement, parce qu'on a fait sauter la dimension qu'on
appelle la subvention; on ne pourra plus donner de subvention. Je trouve cela
dommage parce qu'on aurait pu tout aussi bien apporter certains changements
à certains programmes si on ne voulait pas, pour toutes sortes de
raisons, le faire pour l'instant. Mais l'indiquer dans la loi, cela veut dire
que, dorénavant, si on veut revenir à quelque formule que ce soit
qui soit une forme de subvention pour aider nos entreprises, on devra revenir
devant l'Assemblée nationale et amender la loi à moins que l'on
utilise un autre article qui permette, d'une façon
détournée, d'être capable de passer... Je touche à
l'article 5 et je précise ce que je veux dire: L'article 16 de la loi
est modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: "En plus d'exercer les fonctions qui lui sont dévolues par la
présente loi, la société administre les autres programmes
d'aide financière qui lui sont confiés par une autre loi ou par
un décret du gouvernement." On retrouve cela dans le projet de loi 154.
Cela veut dire, à toutes fins utiles, qu'on pourrait, par une formule de
décret - donc le ministre, par cette loi, va chercher un pouvoir
discrétionnaire - sans revenir devant l'Assemblée nationale, sans
avoir de débat très enrichissant, en se privant de ce genre de
débat, comme c'est mentionné dans le projet de loi 154, passer
strictement par la formule du Conseil des ministres, statuer et apporter de
nouveaux règlements et des modifications.
Je trouve déplorable que l'on coule dans le béton le fait
qu'on ne donnera plus de subvention à nos entreprises. C'est important
parce que ce que nous avons vécu... Si on se reporte quelques
années en arrière, 1981, 1982, période de crise au
Québec, le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Rodrigue Biron,
s'aperçoit que, si rien n'est fait, s'il n'y a pas une intervention
énergique de l'État, la plupart des petites et moyennes
entreprises qui connaissent des difficultés vont crouler. On avait alors
mis sur pied un programme qui a fait le tour du Québec, qu'on a
baptisé par la suite et qui est connu sous le nom de "Plan Biron 1." Il
permettait d'aider les entreprises de deux façons, d'abord sous une
forme de garantie de prêt. On retrouve actuellement dans la nouvelle
formule de la SDI, le projet de loi 154, la possibilité de continuer
à faire cela, sauf qu'un autre volet accompagnait aussi cette formule
d'aide ou ce programme d'aide. C'était celui de prendre en charge des
intérêts et de donner une subvention aux entreprises,
c'est-à-dire qu'on pouvait dire aux entreprises... On était en
pleine période inflationniste - ceux qui nous écoutent se
rappellent cette période -où il y a eu une flambée des
taux d'intérêt. Les petites entreprises, comme n'importe qui,
avaient emprunté à des taux d'intérêt de
17 %, 18 % et 20 %. C'était incontrôlable, mais
c'était aussi inacceptable. Ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce d'alors a pu faire avec la loi, parce qu'il avait un outil qui lui
permettait d'agir rapidement, c'est de dire aux entreprises du Québec:
Non seulement nous allons garantir vos prêts pour aller chercher un fonds
de roulement auprès de votre banquier, non seulement nous pouvons vous
les garantir aux deux tiers, donc nous allons prendre un risque avec vous - le
partage du risque, comme le disait si bien le ministre - mais, en plus, nous
allons vous garantir - c'est ce que disait le programme d'aide à ce
moment-là - que tout ce qui est au-dessus de 11 % ou 12 %, nous allons
l'assumer. C'était apprécié parce que c'est ce qui a
permis finalement à l'ensemble des PME du Québec de passer
à travers la crise.
J'ai eu connaissance de 1100 ou 1200 demandes, sur une période
d'environ 24 mois, de bonnes entreprises du Québec dans tous les
secteurs qui sont venues voir. Grâce à ce programme, non seulement
elles ont pu se consolider - parce qu'il y a eu par la suite le "Plan Biron 2"
qui a suivi dans les années 1983-1984 - mais on a pu par ce biais, par
cette formule incitative, aider les entreprises. Ce n'était pas
saupoudrer de l'argent, cette partie, ce volet, pour dire aux entreprises: Vous
pouvez continuer à grossir, vous pouvez continuer à aller
chercher de l'argent parce que vous en avez besoin; vous pouvez aller chercher
une partie de votre argent pour acheter d'autre machinerie, vous pouvez aller
chercher d'autre argent pour en mettre dans votre fonds de roulement. Vous nous
présentez une demande, nous en garantissons une partie, mais nous vous
garantissons qu'en haut de 12 % de taux d'intérêt, par exemple,
nous allons payer la différence ou nous allons l'assumer, nous allons
vous la donner en subvention.
Cela avait l'air de rien. Cela a coûté finalement
très peu au Trésor de l'État. Mais ce que cela a permis de
faire, c'est de stabiliser et permettre aux dirigeants d'entreprises... Je
défie qui que ce soit de me prouver le contraire parce que j'ai
vécu cette période; j'avais moi-même une entreprise
à cette période, j'étais moi-même à la SOI et
j'ai vu ce qui se passait dans le marché à ce moment. La
possibilité, c'était qu'on puisse se raccrocher rapidement par
cette aide qui était là et qui était une partie de
subvention, mais pas une subvention à tort et à travers; une
subvention très précise qui devenait un incitatif.
Cet exemple était pour vous illustrer, M. le Président,
l'importance d'avoir de la marge de manoeuvre à l'intérieur d'une
loi, sur une société aussi importante que la
Société de développement industriel. D'ailleurs, le fameux
rapport Gobeil que je mentionnais tantôt fait une espèce de
constat par rapport à ce que je viens de mentionner pour en confirmer
les dires. Soit dit en passant, le rapport Gobeil n'est pas le rapport qui a
lancé le plus de fleurs à l'ancien gouvernement, c'est le rapport
qui démantelait systématiquement tout ce qui existait. Mais le
rapport Gobeil, à la page 36, disait ce qui suit: "Les programmes
spéciaux créés durant la période de flambée
de taux d'intérêt ont été très utiles car ils
ont permis aux entreprises de passer à travers la crise et de poursuivre
leur opération et leur croissance." Je cite probablement son seul
passage positif mais, quand même, il est là. Je peux vous dire
que, si les gens qui siégeaient au comité Gobeil ont su
reconnaître cela, cela parle énormément. Je ne pense pas
qu'on puisse dire le contraire.
Tout cela pour démontrer l'importance qu'a la partie des
subventions. Le ministre nous disait ce matin: Écoutez, la
période de saupoudrer des subventions est terminée.
L'évolution s'est faite au Québec et, maintenant, on est rendu
avec des entrepreneurs, avec des entreprises qui sont suffisamment grandes pour
voguer un peu par elles-mêmes. L'État devra intervenir le moins
possible, sinon pas du tout. Il faut que l'entreprise se prenne en main.
J'en suis, M. le Président, que l'entreprise se prenne en main,
mais il faut bien se comprendre. Que les entreprises du Québec ne
comptent pas sur l'État pour faire fonctionner leur affaire, j'en suis.
Parce que la journée où l'État est trop présent, je
pense que c'est nuisible. Là-dessus, on s'entend. Mais de là
à dire que l'État, particulièrement dans le cas qui nous
préoccupe, la Société de développement industriel,
ne doit pas être présent ou peu présent, ne doit pas
intervenir sous forme de subventions, je pense qu'il y a une marge. C'est
là toute la différence.
Je pense que c'est mal connaître les petites et moyennes
entreprises que de dire que ces entreprises n'ont pas besoin de l'État.
Mais il faut faire attention! Le rôle de l'État n'est pas
d'être présent à tous les jours dans la
société, ce n'est pas de les embourber avec la paperasse, comme
cela l'a été très souvent dans le passé. On peut
reculer 15, 20 ans en arrière. Et cela l'a été de
façon croissante à cause de la bureaucratie. (15 h 50)
Je pense qu'il faut améliorer cela. Cependant, ce que je dis,
c'est que la petite entreprise, c'est un fort pourcentage des entreprises au
Québec. On sait que les statistiques nous disent que 80 % des PME qui
démarrent aujourd'hui, en 1986, dans cinq ans ne seront plus là.
Cela veut donc dire que quatre sur cinq des entreprises qui ont
été créées au cours de 1986, ne seront plus
là avant la fin de 1991. Cela veut donc dire
que c'est très fragile les petites entreprises. Cela, je l'ai
vécu et ceux qui dans cette Assemblée ont vécu ce que
c'était de démarrer une petite entreprise, d'en faire une moyenne
et une un peu plus grande, savent fort bien que les règles du jeu qui
s'appliquent au Québec en 1986 - et cela ne changera pas en 1987 ni en
1988 -sont des règles du jeu qui font en sorte que les petits ont besoin
de l'aide de l'État sous une forme quelconque, qui peut être,
entre autres, la forme de subventions.
La subvention, ce n'est pas négatif en soi, si elle est bien
dirigée, si elle est bien balisée, si elle est bien
encadrée. Elle peut être une incitation à faire
démarrer un projet. C'est bien sûr que si on me dit: Toutes les
entreprises, dès la minute où elles investissent un minimum de
200 000 $, de 300 000 $ ont droit à un pourcentage X de subvention, on
ne sera pas d'accord. Sauf qu'il y a des entreprises qui ne démarreront
pas s'il n'y a pas cette espèce d'incitatif, pour différentes
raisons. Vous savez, M. le Président, une entreprise qui investit 1 000
000 $ - dans le domaine de l'entreprise ce n'est pas énorme - et qui
reçoit une aide de départ qui pourrait être une forme de
prêt, mais qui reçoit aussi... Je pense particulièrement
à ceux qui sont dans le domaine de la haute technoloqie, qui prennent
des risques énormes, parce que ce domaine ne fait que débuter.
Ces gens vont probablement s'embarquer s'ils ont un coup de pouce de
l'État, s'ils ont un coup de pouce sous la forme d'une subvention.
Ce qui va arriver, c'est que le prix que l'État a à payer
est un prix tellement bas que déjà dans un an, deux ans, trois
ans, c'est prouvé, il va y avoir un retour sur l'investissement, parce
que l'entrepreneur qui se lance dans un projet avec un incitatif de
l'État va d'abord faire des profits normalement plus rapidement
puisqu'il va avoir une structure moins lourde au chapitre de sa dette à
long terme, par exemple. Par le fait même il va réinvestir, par le
fait même il va avoir une meilleure santé financière et par
le fait même il va être encouragé à continuer
à investir. Je pense que cela est important. Je pense qu'il faut bien le
baliser, par exemple. Je pense que les incitatifs fiscaux sont aussi
importants. Mais on ne peut pas négliger complètement cet
aspect.
J'aurai la chance de revenir sur cet aspect lorsque nous passerons
à l'étude article par article. J'aimerais cependant toucher
à un ou deux autres points dans le peu de temps qui me reste pour aussi
sensibiliser le ministre et ses collègues du gouvernement sur un autre
article de la loi 154. C'est, à ma connaissance, le premier du genre qui
maintenant se trouve dans une loi: c'est la fameuse formule des jetons de
présence qui sont abolis dans l'ensemble des sociétés
d'État actuellement au gouvernement du Québec.
On vient nous confirmer dans la loi ce qui existe déjà
depuis six mois, sept mois, huit mois, à la Société de
développement industriel, soit l'abolition des jetons de
présence, ou ce qu'on appelle la rémunération des membres
du conseil d'administration. Sauf, dit-on, à la discrétion du
ministre. C'est donc dire que si à la SDI il y a onze, douze membres qui
siègent et qu'on juge qu'il y a certains cas où on doit
rémunérer, on se garde une espèce de marge de manoeuvre
pour être capable de corriger cela.
M. le Président, là-dessus, je dois vous dire que je ne
suis pas d'accord parce que, que ce soit à la SOI - c'est le cas qui
nous préoccupe - que ce soit dans n'importe quelle société
d'État, si on demande à des gens d'affaires - parce que
essentiellement sur la SDI ce sont des gens du milieu des affaires - de venir
siéger une journée par mois, une journée par semaine au
comité exécutif, à des comités spéciaux, si
on demande à ces gens de venir donner du temps, pour le consacrer
à un conseil d'administration pour apporter leurs connaissances, leur
expertise et aider l'administration, on doit à mon avis, et c'est la
moindre des choses, leur donner une forme de rémunération en plus
de leur payer leurs dépenses de déplacement, ce qu'on continue de
faire par ailleurs, mais de donner un jeton de présence à ceux
qui étaient jusqu'alors à ce conseil d'administration et à
d'autres conseils d'administration similaires. À ma connaissance, ce
jeton était d'environ 250 $, somme qui, soit dit en passant,
était loin d'être exagérée.
Au moins, ces gens-là qui se présentent au conseil
d'administration n'ont pas l'impression d'être là juste pour
rendre un service. Car vous savez qu'un service en attire un autre. Je mets au
défi le gouvernement de ne pas se retrouver dans une situation
précaire et ce, à très court terme. Vous savez tous les
gens à qui vous demandez de siéger bénévolement
à des conseils d'administration... un jour ou l'autre, et c'est
déjà commencé, j'en connais à certains conseils gui
commencent à passer le mot par l'attaché politique de M. le
ministre, M. le chef de cabinet, de ne pas oublier de renvoyer l'ascenseur,
parce que nous autres on donne du temps sur un conseil d'administration. J'ai
des exemples, si on en a besoin, mais je n'ai pas l'intention d'en citer.
Ce que je veux dire, essentiellement, c'est que la journée
où un gouvernement décide de retenir bénévolement
et de façon régulière - je ne dis pas à un
comité où les gens vont siéger deux ou trois fois et
disparaissent, j'en conviens - où de façon
régulière on doit siéger, prendre des
responsabilités comme les membres du
conseil d'administration de la SDI, à mon avis, c'est la moindre
des choses qu'on puisse les rémunérer et qu'on ne soit pas
redevable vis-à-vis eux dans le sens suivant: ces gens-là vont
donner de leur temps; au moins, on aura donné une forme
d'équivalence.
C'est bien sûr que cela exclut ceux qui font déjà
partie de l'État. Par exemple, à la SDI il y avait le
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce qui siégeait là, le
sous-ministre du Commerce Extérieur. Je conçois que ces
gens-là sont déjà rémunérés par
l'État et que cela fait partie de leurs tâches. Mais je parle de
tous ceux qui l'étaient jusqu'à ce jour, c'est-à-dire des
gens du milieu des affaires.
Ce n'est pas vrai qu'à moyen terme et à long terme -
à court terme, bien sûr que les gens l'on fait parce que cela
faisait partie des nouvelles règles du jeu - mais tous ceux qui
siègent à des conseils d'administration et qui ont le goût
d'apporter... ne le font pas pour l'argent, mais au moins ils ont une forme
quelconque de rémunération qui fait que, s'ils délaissent
leur entrerprise, s'ils délaissent leur activité
professionnelle... Certains d'entre eux sont des consultants. Imaginez des gens
qui sont des comptables, des avocats ou peu importe, des professionnels qui
retirent généralement en honoraires environ 100 $, 125 $ l'heure,
et je n'exagère pas, pour ces gens-là recevoir un jeton de
présence de 250 $, c'était très minime, mais au moins cela
constituait une certaine mesure compensatoire.
Maintenant qu'on demande à ces gens-là de se priver de
revenu dans leurs bureaux respectifs ou même aux chef d'entreprise - il y
avait des chefs d'entreprise, des dirigeants de PME de tout le Québec,
il y en avait de Québec, de Trois-Rivières, de Sherbrooke, de
différentes régions du Québec - on leur a demandé
à ces gens, en plus de se déplacer, de perdre - c'est une
façon de parler - une journée de travail. Qu'on ne les
rémunère pas, je trouve cela inacceptable et je le décrie
dans ce projet de loi parce que c'est la première occasion que nous
avons de le faire. Mais, je dénonce aussi l'ensemble de la mesure prise
par ce gouvernement. C'est une mesure qui, à mon avis, ne mène
nulle part, parce que ce qui va arriver, c'est que les gens vont se
désintéresser d'y aller. Là, on pourra toujours trouver
une personne qui désire y aller par souci de se faire de bons contacts
et peut-être d'avoir des faveurs en retour. Vous savez, dans le monde
dans lequel on vit, M. le Président, il ne faut pas se leurrer, si on
demande aux gens de donner, il va falloir à un moment donné
renvoyer l'ascenseur. Je pense que c'est juste et équitable de donner
à ces gens au moins cette partie. (16 heures)
Je voulais, puisque c'est l'occasion de le faire, apporter cette
dimension, M. le Président, parce qu'on va la retrouver dans d'autres
projets de loi. Dès qu'on va modifier certaines lois ou apporter
certaines modifications aux lois qui sont touchées avec des conseils
d'administration, on discutera de ce point, c'est la même formule. M. le
Président, je trouve cela inacceptable.
En terminant, puisque le temps file rapidement - j'aurais encore
beaucoup de choses à mentionner - j'aimerais dire au ministre parrain de
cette loi, qu'il mesure tous les impacts de cette nouvelle loi: d'un
côté la marge de manoeuvre restreinte qui se retrouve dans la loi
et d'un autre côté la marge de manoeuvre qu'il s'est donnée
par certaines mesures discrétionnaires. C'est ce que j'appelle une arme
à deux tranchants. Si l'on permet au ministre de trancher ou de se
retourner sur telle ou telle chose à l'intérieur d'un mandat
spécifique, ce qu'on appelle la discrétion du ministre, je trouve
cela très dangereux. La loi qu'on avait méritait sûrement
qu'on y apporte des modifications puisque, de mémoire, les
dernières avaient été apportées en 1984, mais
certains changements fondamentaux apportés dans ce projet de loi
auraient mérité d'être scrutés un peu plus.
Je terminerai, en disant que la Société de
développement industriel du Québec jouit d'une excellente
réputation. Je vous dirai que la Société de
développement industriel a été au cours de ces
dernières années l'outil par excellence. Je trouverais dommage
que, tranquillement, il y ait un glissement de terrain et que, ce qu'on
retrouve à l'intérieur du rapport Gobeil, éventuellement
la disparition complète de la SDI ou à toutes fins utiles de tous
ces programmes... Je trouverais dommage - et j'en avise les membres de cette
Assemblée - et inacceptable que l'on coule et que l'on glisse à
l'intérieur de ce qui a été mentionné comme
étant un objectif à atteindre, c'est-à-dire faire
disparaître l'ensemble des programmes de la SDI - c'est écrit en
noir sur blanc - et éventuellement même de faire disparaître
la SDI sous prétexte, entre autres, que la Banque fédérale
de développement joue son rôle. Il ne faut pas avoir
été longtemps dans la PME québécoise pour savoir le
rendement qu'a connu la Banque fédérale de développement
auprès des petites et moyennes entreprises du Québec et savoir
aussi que l'ensemble des dirigeants d'entreprises du Québec n'ont pas en
haute estime les services rendus, généralement parlant, par la
Banque fédérale de développement pour toutes sortes de
raisons que je ne voudrais pas citer ici, parce que cela n'est pas de notre
ressort.
Lorsqu'on nous dit dans le rapport qu'il faudrait peut-être
laisser la place à la Banque fédérale de
développement, j'espère, M. le ministre, que vous ne verserez pas
là-
dedans et j'espère qu'on pourra bonifier le projet de loi, au
cours des prochains jours, lorsque nous en étudierons plus en
détail les articles. Je suis persuadé que, si nous apportons des
bons arguments, le ministre sera réceptif, du moins je l'espère,
et je le pense de bonne foi. Je ne crois pas que son but soit de laisser aller
comme telle la SDI. Son but est sûrement d'aider les entreprises, mais je
lui dis qu'avec la marge de manoeuvre qu'il se donne et les outils qu'il est en
train de s'enlever en les coulant dans une loi, il va se retrouver dans une
situation où il devra, ou bien laisser tomber l'aide ou ce type d'aide
aux entreprises, ou bien revenir devant l'Assemblée nationale pour faire
amender sa loi.
En terminant, il est regrettable de voir que le ministre, sûrement
après de longues discussions avec ses fonctionnaires, ait
présenté le projet de loi 154 de cette façon, pas
concernant tous les articles, mais particulièrement les articles de fond
dont je viens de traiter. Je vais m'arrêter pour laisser la chance
à mes autres collègues de se faire valoir sur ce projet de loi
154. Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je suis
particulièrement fier de participer, aujourd'hui, au débat en
deuxième lecture sur le projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec, qui
vient concrétiser un volet majeur de notre programme électoral,
soit l'harmonisation de nos programmes d'aide à l'entreprise afin de
relancer l'emploi et l'investissement.
Comme le député de Bertrand, l'ex-ministre, j'ai eu aussi
l'occasion de travailler à la Société de
développement industriel du Québec. Contrairement au
député de Bertrand, je n'ai pas siégé au conseil
d'administration, mais j'ai eu la chance d'exercer la fonction d'analyste
financier pendant tout près de deux ans et demi. Évidemment,
comme analyste financier, j'ai eu à gérer un portefeuille
d'environ 10 000 000 $, j'ai eu à côtoyer quotidiennement des
industriels, comme le député l'a mentionné, de faire la
promotion des programmes, de m'asseoir avec les industriels et de
préparer leurs demandes aux différents programmes de la SDI. J'ai
fait un job de gars sur le terrain, ni plus ni moins. Donc, je pense que je
suis capable de parler des programmes de la Société de
développement industriel.
Tout à l'heure, le député a indiqué que le
ministre, par son projet de loi, confirmait ni plus ni moins la
métamorphose que fait subir le ministre à la
Société de développement industriel en faisant, disait-il,
le démantèlement de celle-ci par l'abolition des programmes,
notamment le programme d'accès à la Bourse, le programme de prise
en charge des intérêts et le programme de capitalisation. Il a mis
fin au programme d'acquisition d'actions. Il répondait à des
directives d'en haut.
Je ne pense pas que le ministre répondait à des directives
d'en haut. Ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce a fait, il l'avait
clairement indiqué et ce, au tout début du mandat, c'est
l'évaluation des programmes qui existaient. Pourquoi devait-il refaire
l'évaluation de ces programmes? Pour la bonne et simple raison que
quelque chose ne fonctionnait pas dans la machine. Quelque chose faisait que
les industriels québécois n'étaient pas satisfaits de ce
qui se passait à la SDI, que nous investissions beaucoup d'argent et que
cela ne nous rapportait pas, comme collectivité, ce que cela devait nous
rapporter en termes d'investissement. Lorsque le député de
Bertrand indique que le plan d'action économique de l'ancien
gouvernement du Québec est laissé pour compte et que, du revers
de la main, ce gouvernement a mis ce plan d'action économique de
côté, il impute au ministre de l'Industrie et du Commerce que son
grand frère, celui qui a rédigé le rapport Gobeil, en est
responsable, mais c'est tout à fait faux, tout à fait ridicule.
D'ailleurs, d'autres l'ont dit avant moi.
Si on a mis de côté le plan d'action du gouvernement
précédent, c'est fort simple, c'est qu'il n'y avait pas de plan
d'action. Ce qu'il y avait, c'était un échec. Je ne l'invente
pas, vous vous rappellerez sans doute une déclaration qui a
été faite par une ministre, une de vos collègues, le
samedi 50 août 1985, préconisant un leadership ouvert: Pauline
Marois admet l'échec du PQ en matière économique. Le Parti
québécois, disait-elle, doit admettre que les politiques
économiques qu'il a adoptées en tant que gouvernement, sous la
diretion de René Lévesque - vous le connaissez, c'est votre
ancien chef - constituent, jusqu'à un certain point, un échec.
Voilà! C'est la raison pour laquelle nous avons remis cela en cause.
Effectivement, il y avait constat d'échec.
Au cours des dernières années, l'économie
québécoise n'a pas pu se réaliser, n'a pas pu
réaliser son plein potentiel, notamment à cause d'un
phénomème de sous-emploi et de sous-investissement. Comme vous le
savez probablement, après la récession économique de 1982,
la reprise est demeurée timide. L'économie du Québec a
été affligée par le sous-emploi et les investissements
insuffisants. Le diagnostic de la période après récession
conclut que la création d'emplois a été moins forte au
"Québec qu'en Ontario et que dans l'ensemble
du Canada. Encore faut-il préciser qu'une grande part des
nouveaux postes créés de 1982 à 1985 sont des
emplois à temps partiel. Tout à l'heure, j'écoutais le
député de Bertrand qui nous disait: Durant la période de
récession, nous avons agi fermement, nous avons injecté des
capitaux pour sauver des entreprises. (16 h 10)
Je me rappelle fort bien cette période et je me rappelle ce qui
se véhiculait dans le milieu entrepreneurial, dans le milieu industriel.
On ne parlait plus de la PME, on parlait de la TTE. Ce que le PQ avait
réussi à faire, c'était de transformer la PME en TTE, les
"tites titites" entreprises. C'était cela, le langage qui courait. De
plus, durant cette période, la situation du chômage n'a pas
cessé de s'aggraver. Il suffit de constater que par rapport à
1976 le nombre de chômeurs a augmenté de 143 000 pour atteindre
376 000 en 1985.
Du côté des investissements, le Québec a souffert
d'un sous-investissement chronique. Le taux d'investissement au Québec
demeure, depuis 1975, inférieur à celui de l'Ontario et du Canada
en général. En 1984, l'investissement moyen per capita au Canada
s'élevait à 3125 $ alors qu'il n'était que de 2500 $ au
Québec. D'ailleurs, ce sous-investissement chronique doit être
considéré comme l'une des causes principales du sous-emploi et du
chômage au Québec et ce, en dépit de l'immense potentiel
économique que nous connaissons. Heureusement, depuis quelques mois, les
indicateurs de la performance économique du Québec
s'améliorent de plus en plus, notamment, au chapitre des
investissements. La venue de notre gouvernement marque un passage important
dans le rôle économique du gouvernement du Québec.
La Révolution tranquille est terminée, l'époque du
gouvernement interventionniste est révolue. Le gouvernement continuera
de jouer un rôle important dans l'économie, mais son rôle
sera plutôt celui d'un catalyseur. Sa première
responsabilité est de créer des conditions propices à la
croissance économique. Notre philosophie économique nous
amène à concerter nos efforts sur la qualité de
l'environnement face à la politique subventionniste du gouvernement
d'antan; nous nous devons d'agir avec un esprit critique.
Nos entrepreneurs devront perdre le réflexe de la subvention.
L'entreprise québécoise, et de surcroît la PME, doit
réapprendre à se développer avec le minimum de
subventions. C'est ainsi qu'après une consultation auprès du
milieu des affaires et des partenaires publics, à l'été
1985, réalisée par le ministre de l'Industrie et du Commerce,
à la suite de cet exercice de révision de programmes de la SDI,
il a été proposé une programmation dont l'orientation et
les modalités d'aide en particulier sont modifiées. Par voie de
conséquence, il devient donc nécessaire d'apporter des
modifications à la loi constitutive de la SDI pour y refléter de
nouvelles orientations et pour y préciser de nouvelles formes. Le mandat
de la SDI est ainsi élargi, en ce sens qu'il lui permet de conseiller la
PME en matière de structure de capital, ce qui ne se faisait pas
auparavant. Certaines dispositions administratives sont éqalement
modifiées permettant, entre autres, la perception d'honoraires. De plus,
en vertu de l'article 7, le gouvernement pourra donner des mandats
spécifiques à la Société de développement
industriel pour lui permettre de favoriser la réalisation de projets
présentant un intérêt économique important pour le
Québec.
Les orientations suivantes ont prévalu dans
l'établissement de cette nouvelle programmation: D'abord, une
simplification de la structure des programmes qui ramène la plupart des
interventions de la SDI à l'intérieur de quatre grands secteurs.
Le concept de la subvention sera larqement remplacé par celui du partage
du risque. Ce dernier se traduira particulièrement par une aide sous
forme de prêts à taux d'intérêt variable ou fixe et
dont le remboursement pourra être relié à la
rentabilité du projet.
Une sélectivité accrue, particulièrement en
fonction de l'importance du projet par rapport à la taille de
l'entreprise, de la croissance du marché, de la nécessité
de l'aide, pour permettre la réalisation de projets et des
priorités économiques du gouvernement.
Des modalités d'aide qui lui donne un caractère plus
déclencheur. L'aide sera déboursée dès la
réalisation du projet. Elle ne comportera pas de garantie et elle pourra
faire l'objet d'un moratoire de remboursement pour une période pouvant
atteindre trois ans. Dans certains cas, les modalités de remboursement
de prêt rendront l'aide assimilable à une quasi
équité. Ainsi adaptée à la nouvelle conjoncture, la
programmation proposée devrait avoir pour effet d'augmenter le rendement
du dollar public affecté à l'aide aux entreprises.
Donc, M. le Président, le projet de loi 154, Loi modifiant la
Société de développement industriel du Québec, est
conforme aux nouvelles orientations du gouvernement en matière de
développement économique. La première modification
à la loi sur la SDI permettra maintenant à celle-ci d'aider les
entreprises sous forme de prêts directs. Comme le ministre l'a
indiqué dans ses remarques préliminaires, et je le cite: II ne
s'agit plus pour le gouvernement de distribuer sur des périodes de trois
ans 10 % du coût des projets d'investissement à tous les
entrepreneurs. Plutôt, il doit fournir aux entreprises des mesures
incitatives qui les encourageront à réaliser leurs projets,
puisque désormais le gouvernement partagera les risques. Cette
modification permettra donc la réalisation de projets rentables en
contribuant à développer les activités économiques
et à créer des emplois au Québec.
La deuxième modification à la loi élargira le
mandat de la Société de développement industriel afin
qu'elle puisse jouer un rôle majeur, un rôle de conseiller
auprès des entreprises clientes en matière de structure de
capital. Ainsi, la PME pourra bénéficier d'un appui technique
pour la mise sur pied d'une SPEQ qui constitue, soit dit en passant, un
excellent véhicule de source de capital de risque, mais dont la
mécanique est souvent perçue comme étant fort complexe de
la part des industriels et des entrepreneurs québécois.
Une autre modification permettra à la SDI de contribuer au
développement économique dans tous les secteurs
d'activité. Cet élargissement comprend le soutien au
développement des exportations, des activités de génie
conseil, entre autres, parce qu'elles sont susceptibles d'engendrer des
retombées économiques significatives. Lorsque nous parlons
d'exportation, je pense qu'il s'agit là d'un point extrêmement
important, il s'agit là d'une industrie, lorsque les compagnies font des
exportations, il s'agit là de la pierre angulaire du
développement économique du Québec. Vous savez que nous
produisons beaucoup plus que ce que nous consommons au Québec. Cette
façon nous permettra d'accroître la richesse collective. Le
Québec dépend des marchés extérieurs pour plus de
40 % de son produit intérieur brut, 20 % hors Québec
dirigé vers les autres provinces et 20 % vers les autres pays. Cela
signifie que 75 % de nos exportations sont destinées aux
États-Unis, par rapport aux autres grands pays du monde tels, notamment,
le Japon, qui exporte 13 % de son produit intérieur brut et les
États-Unis 7 % de leur produit intérieur brut. Donc, vous voyez
que c'est extrêmement majeur toute cette question d'exportation et,
déjà, au Québec, nous sommes en voie de réaliser
des choses très importantes.
La quatrième modification constitue un allégement du
fardeau administratif de l'appareil gouvernemental. Le gouvernement pourra
dorénavant confier à la SDI, au besoin, la tâche
d'administrer des programmes d'aide d'autres ministères. Une
étape vers le concept d'un guichet unique est donc franchie.
En conclusion, en modifiant la loi sur la SDI, le gouvernement participe
plus concrètement au développement économique. Il a
identifié le principal frein à l'investissement et aux
activités d'exportation, de recherche et de développement,
c'est-à-dire le risque. En acceptant de partager le risque, le
gouvernement du Québec s'associe aux entreprises pour participer aux
activités économiques et pour encourager la création
d'emplois. Merci, M. le Président. (16 h 20)
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Avant de faire mes
remarques sur le fond du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec, je
pense qu'il serait bon de parler un peu de la Société de
développement industriel et de nos PME au Québec. La
Société de développement industriel a vraiment une
très bonne cote et c'est justifié, je dois dire, reconnu, parce
que non seulement ce sont des gens compétents qui ont touché
à plusieurs dossiers au cours des années, mais la
société a su aussi s'adapter à tous les changements qu'un
État moderne impose, que ce soit la technologie, le virage technologique
comme on l'a appelé, avec des nouveaux programmes comme Innovation
technologique, ou d'autres. Au plan de la technologie, la Société
de développement industriel du Québec a su s'adapter.
Comme mon collègue vient de le dire aussi, l'exportation, c'est
très important pour le Québec étant donné que 40 %
de nos produits manufacturés sortent de nos frontières. Encore
là, la société a su s'adapter. Elle a su intervenir et
motiver nos entreprises, nos PME, à se lancer dans le domaine de
l'exportation. Donc, la société est un outil de
développement économique indispensable au Québec. La
société doit demeurer. Elle doit même se développer
et continuer à être au service de nos petites et moyennes
entreprises. Nos entreprises, nos PME au Québec sont nombreuses et, dans
un rapport sur l'état de la situation 1986 du ministre
délégué aux PME, on reconnaît cet état de
fait. On reconnaît que, dans notre système économique, si
cela va passablement bien, si cela va de mieux en mieux, c'est qu'on a de plus
en plus de petites et de moyennes entreprises au Québec.
La petite et moyenne entreprise a d'ailleurs un rôle capital
à jouer dans l'économie du Québec. Il y a quelques
chiffres qu'il serait important de mentionner afin de voir toute l'ampleur que
nos petites et moyennes entreprises prennent, au Québec, dans le secteur
économique, mais aussi dans tous les secteurs dans toutes les
régions du Québec. Il ne faudrait pas oublier que plus de 99 %,
soit 99,3 % des corporations actives au Québec sont des petites et
moyennes entreprises et que 47 % des revenus de nos corporations proviennent de
ces mêmes petites et moyennes entreprises.
Comme vous le voyez, M. le Président, nos PME touchent,
finalement, tous les
secteurs et je voudrais mentionner des chiffres, en termes de revenus,
qui devraient être connus de l'ensemble de la population. D'abord, 79 %
des revenus dans le domaine de la construction, c'est grâce à nos
PME. Dans le commerce au détail, c'est 73 %; dans les services aux
entreprises, 79 %; dans l'hébergement et la restauration, 81 %. On peut
voir à quel point c'est important, à quel point nos PME touchent
tous les secteurs et toutes les régions, ne serait-ce que le dernier
point que je viens de mentionner, hébergement et restauration. Cela veut
dire qu'on retrouve ce secteur dans les grands centres, dans les plus petites
municipalités, le long des routes au Québec, afin d'accueillir
nos touristes. Partout, on retrouve des entreprises de services, des
entreprises d'hébergement. Ce sont effectivement des petites et moyennes
entreprises.
Les PME sont véritablement présentes dans toutes les
régions du Québec et certaines régions s'affirment et
s'affichent particulièrement par le potentiel industriel apporté
par nos petites et moyennes entreprises. On n'a qu'à donner deux
exemples. On parle souvent du miracle beauceron. Oui, la Beauce a su
s'intégrer, a su prendre sa place, a su aussi prendre plus que- sa
place. Elle a su se faire connaître dans l'ensemble du Québec et
même au-delà des frontières grâce au dynamisme des
petites et moyennes entreprises beauceronnes. Donc, on a un exemple, dans la
Beauce, de la capacité des Québécois de se lancer en
affaires, de ne pas simplement attendre les grandes entreprises et les
multinationales, mais de se prendre en main et de développer chacun leur
secteur.
Il y a d'autres exemples, évidemment, et c'est de bonne guerre.
Je vais donner un exemple chez nous. Granby est aussi reconnue pour son
dynamisme au niveau des petites et moyennes entreprises. On a su chez nous
faire cette espèce de mariage entre ce dynamisme local par les
entreprises québécoises et les entreprises
étrangères qui se sont établies par dizaines dans le parc
industriel de Granby. Quand on parle de petites et moyennes entreprises, on
parle évidemment de la capacité et du dynamisme de nos
entrepreneurs québécois, mais aussi de cette capacité, au
Québec, de par nos richesses, de par notre emplacement
géographique d'attirer des petites et moyennes entreprises qui viennent
des États-Unis mais aussi d'Europe et d'Asie.
Donc, on a des exemples de cette capacité de nos entreprises de
se développer, comme je le disais tantôt, d'aller dans les
nouveaux créneaux de développement technologique et aussi
d'exporter. Si vous reculez seulement de quelques années, M. le
Président, vous allez vous apercevoir que les mentalités ont
énormément changé au
Québec. Les Québécois sont maintenant de plus en
plus intéressés aux affaires. Cela est important. C'est cela qui
crée des emplois et c'est cela qui fait qu'une population est de plus en
plus moderne et dynamique.
Qu'on pense seulement aux associations ou aux organisations qui,
à chaque année, viennent remercier, féliciter, rendre
témoignage justement à nos hommes et à nos femmes
d'affaires qui, effectivement, prennent toute leur place. Qu'on pense seulement
aux Mercuriades, au gala Mérite-action pour reconnaître le
mérite de nos gens d'affaires chacun dans son milieu et ensuite à
l'échelle nationale, c'est-à-dire dans tout le Québec.
Vous allez me permettre une petite parenthèse pour rendre un
hommage ou un témoignage tout à fait particulier à M.
Horace Boivin, de chez nous, qui fut effectivement le premier véritable
commissaire industriel québécois qui a su inciter nos gens
à se lancer en affaires, qui n'a pas eu peur de partir, d'aller
spécialement en Europe, chercher des entreprises
étrangères, leur vendre notre capacité de produire ici et
d'exporter aux États-Unis. Je pense que c'est bon de le
reconnaître. Ici, je trouve que c'est une très bonne chose que la
brasserie Molson, dans le cadre du 200e anniversaire de son implantation au
Québec, ait trouvé justifié de reconnaître que parmi
les grands bâtisseurs au Québec il y avait et il y a toujours,
parmi ces grandes personnalités qui méritent témoignage,
M. Horace Boivin. Je tenais à le dire parce qu'on parle de PME et chez
nous les PME c'est important.
Nos PME ont largement contribué à notre
développement au cours des dernières années et ce, il ne
faut pas l'oublier, grâce à la Société de
développement industriel. On a remarqué une progression. Dans le
volume sur l'état de la situation des PME au Québec, on pourrait
voir, en regardant toutes les statistiques qui viennent du ministère de
l'Industrie et du Commerce, que nos petites et moyennes entreprises se sont
développées parallèlement au développement de la
Société de développement industriel et des programmes qui
ont été disponibles.
Donc, plus les gens en demandaient plus la société pouvait
être présente, et plus elle était présente plus cela
permettait à nos entreprises en place de grossir, de se
développer davantage mais aussi d'inciter d'autres
Québécois et d'autres Québécoises à se
lancer en affaires.
Mais malheureusement, depuis un an -je dis bien malheureusement - le
ministre a posé des qestes qui, à mon avis, sont négatifs.
Qu'on pense seulement à la coupure financière qui a
été faite au niveau des commissariats industriels. Le
gouvernement se prépare aussi à toucher aux groupes de soutien
aux initiatives jeunesse. Cela aussi est important. C'est relié, parce
qu'on parle
des PME et on parle de la SDI. C'est un ensemble de programmes,
d'institutions, de structures qui font en sorte que le développement de
nos entreprises va se faire.
En avril 1986, il y a eu l'abolition du programme de financement des
entreprises; le 1er mai 1986, l'abolition du programme d'accès à
la Bourse; le 5 juin 1986, l'abolition du programme de prise en charge des
intérêts; et le 31 décembre prochain, ce sera au tour du
programme de prêts de capitalisation, malheureusement, à
être aboli.
J'aimerais qu'on y réfléchisse une minute ou deux - cela
vaut peut-être la peine - pour se demander si ces décisions n'ont
pas contribué à faire en sorte qu'il y a eu un ralentissement
dans la création d'emplois au cours de 1986. Qu'on se rappelle seulement
qu'en 1985 ont été créés au Québec 82 000
emplois sous l'ancien gouvernement du Parti québécois, 82 000
emplois alors qu'il y avait beaucoup plus de programmes d'aide à nos
entreprises. (16 h 30)
Si on reconnaît que le secteur qui développe le plus, qui
crée le plus d'emplois au Québec ce sont les PME, il faut les
aider. En 1985, il y avait plus de programmes à la SDI; on a
créé 82 000 emplois. Là, on a aboli plusieurs programmes,
je viens de vous les énumérer, et on se ramasse avec une
création d'emplois potentiels pour 1986, entre 60 000 et 65 000. Cela
veut dire 22 000 emplois de moins que ce qui avait été
créé en 1985. Cela veut dire entre 15 000 et 20 000 emplois de
moins que ce qui avait été promis par M. Bourassa durant la
campagne électorale, il y a une année. Ne peut-on pas faire une
espèce de parallèle entre des abolitions de programmes
destinés à nos PME créatrices d'emplois et le nombre
d'emplois créés? Peut-être que oui. En tout cas, je vous
lance la question, M. le ministre, et je vous demande de la considérer.
C'est important, si vraiment on a comme objectif premier au gouvernement de
créer des emplois.
On en a créé moins et on a aboli des programmes. Ce serait
bon de se poser la question, parce que le développement
économique repose sur les investissements des multinationales, des
grandes entreprises. Quand je parle de multinationales, je parle aussi de
multinationales québécoises, les grandes entreprises, les petites
et moyennes entreprises et les sociétés d'État, ce qu'on
appelle le secteur public. Comme ce gouvernement a décidé, en
même temps, de couper, de se départir, de liquider des
sociétés d'État qu'on peut appeler nos multinationales et
en même temps de couper dans les programmes d'aide aux PME, je ne pense
pas que cela ait aidé à la création d'emplois. On a la
preuve à la fin de cette année, puisque c'est 20 000 emplois de
moins que ce qui a été annoncé et c'est 22 000 emplois de
moins que ce qui a été créé en 1985, alors qu'on
avait tout mis ensemble dans la même direction les multinationales
québécoises et étrangères, les
sociétés d'État, c'est-à-dire le secteur public,
les petites et moyennes entreprises, avec beaucoup de programmes de la SDI pour
aller dans le sens unique de la création d'emplois. Donc, ce serait bon
d'y penser avant de continuer à sabrer dans les programmes existants
à la SDI comme les autres programmes de création d'emplois ou
d'aide au développement de nos entreprises dans le ministère de
l'Industrie et du Commerce et dans les autres ministères du gouvernement
québécois.
Avec le projet de loi 154, ce serait bon de spécifier les points
que, à mon avis, je trouve importants et qui risquent d'avoir un effet
négatif sur le développement de nos entreprises et la
création d'emplois. J'aimerais les soulever pour sensibiliser le
ministre aux craintes que j'ai, de façon que s'il y a moyen de les
corriger, ou de changer des choses pour faire en sorte qu'on ne se ramasse pas
l'an prochain avec moins de programmes d'aide à la SDI, donc, moins
d'aide à nos PME et, en fin de compte, moins de création
d'emplois, ce qui serait très dommage. Avant d'apporter des changements
à la SDI, qui a beaucoup de crédibilité et des gens
très compétents qui ont fait leurs preuves là-dedans, avec
des programmes d'aide qui, à mon avis, étaient aussi
justifiés, je pense qu'il faut prendre le temps de considérer les
effets des gestes qu'on est en train de poser.
À l'article 2 du projet de loi 154, le ministre veut mettre un
terme au volet acquisition d'actions. Est-ce que c'est pour répondre au
rapport Gobeil? En tout cas, cela semble être cela. Je vais citer ce que
dit le rapport Gobeil spécifiquement en ce qui concerne la SDI. Le
comité en est arrivé à la conclusion que les programmes
d'aide administrés par la SDI devraient simplement être abolis et
que le gouvernement devrait s'interroger sur le rôle futur de la SDI,
compte tenu du fait que la Banque fédérale de
développement peut jouer un rôle de prêteur de dernier
ressort. Avec tous les programmes que j'ai énumérés
tantôt et qui ont été abolis, et avec ceux qu'on se
prépare à abolir avec le projet de loi 154, on dirait qu'on est
en train de répondre à une commande passée par le
président du Conseil du trésor. J'espère que non,
même si cela semble aller dans cette direction. Comme je viens de dire,
la SDI a fait ses preuves.
S'il est vrai que la Banque fédérale de
développement joue aussi un rôle important au Québec, je
pense que c'est complémentaire. Ce n'est pas vrai qu'on peut compter
seulement sur la Banque fédérale de développement pour
aider nos petites et
moyennes entreprises au Québec. Ce serait dommage que le ministre
accepte de répondre à cette commande du président du
Conseil du trésor, puisque c'est injustifié d'aller dans ce sens.
D'ailleurs, l'aide déjà apportée à nos PME et les
demandes qui entrent à chaque jour à la SDI justifient grandement
qu'on s'assure de maintenir la Société de développement
industriel, son dynamisme et sa capacité de continuer à aider nos
entreprises. Qu'on veuille abolir, par l'article 2, le volet acquisition
d'actions, je trouve cela dommage. Parce que ce programme a aussi fait ses
preuves, puisque de janvier 1984 à août 1986, cela ne fait pas
tellement longtemps, 190 entreprises en ont bénéficié et
ces 190 entreprises ont créé tout près de 3500
emplois.
Il faut faire attention quand on veut administrer en colonnes d'actif et
passif et de juger que si le gouvernement fait une dépense de moins, ce
sera en fin de compte une économie pour la société. Je ne
suis pas sûr. Il ne faut pas oublier que lorsqu'on aide une entreprise,
ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. Un investissement
dans nos PME, comme je viens de le dire, cela signifie en fin de compte:
création d'emplois, donc des gens qu'on enlève sur le
bien-être social. Ce sont des dépenses de moins pour l'État
dans ces deux cas. Les gens ont droit à un emploi. Le travail, non
seulement c'est un besoin, mais c'est un droit pour chacun des citoyens et
chacune des citoyennes. Les gens peuvent exercer ce droit au travail et ils
rapportent de l'argent à l'État parce qu'à partir de ce
moment-là, ils paient de l'impôt.
Il ne faudrait pas administrer le ministère de l'Industrie et du
Commerce comme on administre un secteur social et considérer que chaque
dollar investi est une dépense. À mon avis, il faut
considérer cela comme un investissement direct dans le
développement économique et dans les emplois. L'acquisition
d'actions par la SDI, c'est une forme d'aide peu coûteuse. C'est dommage
de penser qu'on doit abolir cela.
C'est évident que sur l'article 2 du projet de loi 154, on irait
tout à fait dans le sens contraire. Puisque ce programme est peu
coûteux, on devrait le maintenir. Non seulement il n'est pas très
coûteux, mais c'est tout à fait le contraire. Si on conservait ce
programme, cela pourrait même devenir payant grâce aux dividendes
que cela peut rapporter parce que quand on a des actions - les gens qui
achètent des actions le savent très bien - on peut faire des
profits.
La SDI peut avoir une source de financement par ce programme
d'acquisition d'actions et de l'autre côté on décide
d'abolir ce programme. Je ne comprends pas que de l'autre côté on
ait cette espèce de philosophie d'État "business" et qu'on agisse
justement de façon contraire.
Un autre article que je trouve inquiétant, c'est l'article 5 du
projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec. L'article 5 du projet de loi
va permettre au gouvernement de confier à la société par
simple décret plutôt que par une loi tel que le prévoit la
loi actuelle sur la Société de développement industriel du
Québec, l'administration d'autres programmes d'aide financière.
On accroît donc le pouvoir discrétionnaire du Conseil des
ministres.
M. le Président, est-ce la nouvelle formule de la transparence et
de l'importance dévolue à l'Assemblée nationale dont
parlait la vice-première ministre dans son discours inaugural, il y a
près d'une année, puisque le discours inaugural avait lieu le 16
décembre 1985? Cela ne fait même pas une année. Â ce
moment-là, la vice-première ministre - le premier ministre
n'étant pas élu, il attendait une élection partielle -
parlait de transparence et de pouvoirs à l'Assemblée nationale
alors que par l'article 5 du projet de loi 154, on enlève l'obligation
de passer par l'Assemblée nationale en donnant un pouvoir
discrétionnaire au ministre.
L'article 6 va exactement dans le même sens puisque, pour le
traitement des membres du conseil maintenant, on va ramener d'une façon
déguisée par la porte arrière ces fameux jetons de
présence que le président du Conseil du trésor a
dénoncés et qu'ils ont décidé d'abolir.
Officiellement, ils l'ont aboli en demandant aux gens d'y aller
bénévolement pour un service collectif à la population,
alors que maintenant on retrouve dans chacun des projets de loi... C'est le
deuxième projet de loi en quelques jours sur lequel j'interviens.
L'autre, c'était sur la Société d'habitation du
Québec où c'est la même chose. On ramène d'une
façon déguisée les jetons de présence. M. le
Président, je ne trouve pas que c'est une façon correcte de
vouloir amener une nouvelle politique cas par cas. Si on veut ramener les
jetons de présence, je ne suis pas contre, mais qu'on ramène cela
d'une façon uniforme. Pour toutes ces raisons, je tenais à parler
sur le projet de loi 154.
Malheureusement, on me fait signe que mon temps de parole est
écoulé. J'aurais aimé avoir plus de temps, mais je vais
conclure en disant que la Société de développement
industriel du Québec est un outil de développement indispensable
pour les PME et il ne faudrait pas oublier que c'est spécialement et
particulièrement dans une proportion de 75 % à 80 % que les PME
créent des emplois au Québec. Il ne faudrait pas oublier cela. Au
contraire, la SDI devrait s'impliquer davantage pour venir en aide à nos
entreprises qui créent des emplois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de Vimont,
vous avez la parole. (16 h 40)
M. Jean-Paul Théoret
M. Théoret: Merci, M. le Président. Je suis fort
heureux aujourd'hui d'intervenir dans le débat de deuxième
lecture du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la Société
de développement indusriel du Québec, familièrement
connue, comme vous le savez, dans le monde des affaires comme la SDI, j'en suis
heureux parce que le développement économique du Québec a
toujours été pour moi et pour notre gouvernement une
préoccupation constante. Or, un des outils importants qu'a le
gouvernement du Québec pour aider à l'augmentation des
investissements et, de ce fait, à la création d'emplois est
justement la Société de développement industriel du
Québec qui gère les différents programmes d'aide
financière à nos entreprises.
Force nous est de constater aujourd'hui que certains programmes de la
Société de développement industriel du Québec et
les critères d'admissibilité à ces programmes ne
répondent plus, ne répondent pas aux objectifs de notre
gouvernement qui veut assurer que l'aide accordée aux entreprises
contribue à développer des activités économiques
rentables qui engendreront des retombées économiques
significatives pour le Québec, notamment en matière de
création d'emplois. J'en ai pour exemple les résultats de la
dernière année financière de la Société de
développement industriel du Québec qui démontraient que,
sur 1660 demandes d'aide financière qu'elle avait reçues cette
année, elle en avait approuvé 1449. Donc, tous ceux qui savaient
remplir un formulaire étaient presque assurés d'obtenir une aide
financière et ce, même s'ils pouvaient, dans plusieurs des cas,
réaliser quand même leur projet sans subvention.
C'était la politique subventionniste où on en donnait un
peu à tout le monde. Il n'y avait pratiquement pas un projet qui
était mis sur pied au Québec sans qu'on demande une subvention.
C'était l'automatisme des subventions sans égard aux
retombées économiques qui pouvaient en découler. Pis
encore, les structures actuelles et la panoplie de programmes d'aide aux
entreprises qui existent dans plusieurs ministères ont engendré
un certain chevauchement des programmes ayant pour résultat que certains
entrepreneurs qui connaissaient bien, eux, tous ces programmes disponibles,
pouvaient obtenir presque la totalité de leurs besoins financiers et ce,
sans investir eux-mêmes dans leur projet. Donc, M. le Président,
c'était le gouvernement, par l'entremise de ses différents
programmes, qui prenait tous les risques.
Le député de Bertrand mentionnait tantôt, lors de
son intervention, l'abandon de certains programmes de la Société
de développement industriel du Québec et, entre autres, celui de
l'accès è la Bourse de Montréal. M. le Président,
ceux d'entre nous qui oeuvrons dans le milieu des affaires depuis fort
longtemps - et le député de Bertrand en est un - savent
très bien que ce programme plus que généreux était,
à toutes fins utiles, un cadeau de 400 000 $ à la majorité
des entreprises qui en faisaient la demande. Je connais plusieurs entrepreneurs
-et le député de Bertrand également, j'en suis
assuré - qui avaient les moyens financiers de s'inscrire à la
Bourse de Montréal et ce, sans cette subvention de 400 000 $, mais le
programme leur permettait de mettre la main sur un cadeau payé à
même les impôts des contribuables québécois. Bien
sûr, je ne blâme pas les entrepreneurs qui profitaient de ces
structures d'aide aux entreprises lesquelles avaient un caractère
universel et automatique. Mais, vous admettrez avec moi, M. le
Président, que, dans la conjoncture économique actuelle, cette
situation ne répond plus à nos attentes. Il faut augmenter le
rendement du dollar public affecté à l'aide aux entreprises. Pour
ce faire, il faut donc harmoniser et rationaliser les programmes d'aide aux
entreprises.
Une des modifications dans le projet de loi 154 constitue un
allégement du fardeau administratif de l'appareil gouvernemental. Le
gouvernement pourrait dorénavant confier à la
Société de développement industriel la tâche
d'administrer des programmes d'aide d'autres ministères. Une
étape, comme vous l'avez réalisé, où on se dirige
vers le concept du guichet unique, est ainsi franchie. Il s'agit là
d'une mesure qui démontre la volonté du gouvernement
d'accroître sa cohérence et son efficacité. Cette formule
de guichet unique répond à une demande exprimée depuis
plusieurs années par le milieu des affaires québécois. En
modifiant la Loi sur la Société de développement
industriel, le gouvernement participe plus concrètement au
développement économique. Il a identifié le principal
frein à l'investissement et aux activités d'exportation, de
recherche et de développement. Ce frein, c'était le risque. En
acceptant de partager le risque, le gouvernement s'associe aux entreprises pour
participer aux activités économiques du Québec et pour
encourager la création d'emplois. En plus de jouer un rôle de
catalyseur, la Société de développement industriel offrira
également un service conseil pour stimuler la capitalisation des
entreprises. Ces nouvelles dispositions permettront de favoriser la croissance
de l'activité économique tout en assurant un avenir plus
prospère à nos entreprises.
Une autre modification importante à la loi donnera à la
Société de développement
industriel un mandat élargi afin qu'elle puisse conseiller les
entreprises clientes en matière de structure de capital, et, ainsi, les
petites et moyennes entreprises du Québec pourront
bénéficier d'un appui technique pour la mise sur pied d'une SPEQ,
qui constitue une excellente source de capital de risque mais dont, comme vous
le savez, M. le Président, la mécanique est souvent perçue
comme étant fort complexe. Grâce à ce nouveau mandat, les
investisseurs et les entrepreneurs qui partagent des objectifs d'affaires
semblables seront rapprochés. En outre, les rapports entre les
institutions de capital de risque et les petites et moyennes entreprises seront
favorisés surtout en régions où ces institutions sont
plutôt rares.
Cette modification illustre bien et concrètement la
volonté du gouvernement de stimuler le développement
régional. Plusieurs des intervenants mentionnaient tantôt
l'importance des PME au Québec, et c'est vrai. Mais, pour avoir
fréquenté les dirigeants de ces petites et moyennes entreprises
depuis plus de 25 ans et avoir travaillé avec eux, je sais que ce dont
nos entrepreneurs québécois ont besoin, c'est d'un climat
socio-économique favorable. C'est d'une déréglementation
pour ne pas étouffer littéralement. Et c'est d'un niveau de taxes
qui leur permet de continuer et de progresser. C'est de cela dont ils ont
besoin et sûrement pas de "subventionnite" à tout bout de
champ.
Une autre modification permettra à la Société de
développement industriel de contribuer au développement
économique dans tous les secteurs d'activité. Et cet
élargissement est important. Il comprend le soutien au
développement des exportations dans des activités de génie
conseil, par exemple, parce qu'elles sont susceptibles d'engendrer des
retombées économiques significatives. Les nouvelles orientations
que veut donner notre gouvernement aux programmes d'aide aux entreprises feront
en sorte que le caractère automatique de l'aide devra maintenant faire
place à une sélectivité accrue. Il vaudrait mieux, en
effet, accorder une aide plus significative et plus déterminante aux
meilleurs projets qu'une aide faible et quasi généralisée.
(16 h 50)
Les interventions devront viser à produire un plus en termes
d'activités économiques et, en ce sens, l'aide accordée
devra constituer un facteur déterminant pour permettre la
réalisation de projets ou lui donner plus d'envergure. Partout où
cela est possible, les programmes d'aide privilégieront un partage de
risque avec l'investisseur. Toutes nos consultations ont démontré
que les intervenants du milieu sont d'accord avec cette approche.
Bref, en modifiant la Loi sur la Société de
développement industriel, le gouvernement permet d'introduire des
caractéristiques rendant les nouveaux programmes plus
déclencheurs d'activités économiques, permettant ainsi
d'accroître les retombées économiques investies dans le
soutien. De cette façon, l'État répondra mieux aux besoins
du marché et amènera une valeur ajoutée plus importante
encore à l'économie québécoise.
Je félicite donc le ministre de l'Industrie et du Commerce qui,
par sa vision et sa compréhension des besoins non seulement financiers
mais également des besoins d'aide technique à nos entreprises et
spécialement à nos petites et moyennes entreprises, permettra par
cette nouvelle loi de dynamiser le développement économique du
Québec. C'est pourquoi, M. le Président, je voterai avec grand
plaisir pour cette Loi modifiant la Loi de la Société de
développement industriel du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole a
M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. Il est
évident que poussée à la limite, la réflexion
pourrait amener chacun et chacune des citoyens et citoyennes, et par voie de
conséquence, bien sûr, les parlementaires qui sont les
représentants des citoyens, à croire que la société
idéale, dans le fond, pourrait fonctionner sans aucune intervention
autre, sans aucune intervention extérieure que celle des simples lois du
marché, des simples lois du fonctionnement des individus, des
sociétés, des entreprises entre elles.
Idéalement, on pourrait poursuivre l'objectif en disant: Oui,
notre société sera meilleure, elle sera plus juste, elle
fonctionnera mieux si personne ne vient mettre de bâtons dans les roues
et si chacune des entreprises, chacun des entrepreneurs et chacun des individus
peut, par les lois normales des relations qui existent entre eux ou qui doivent
exister entre eux, réussir à fonctionner sans que personne ne
vienne se mettre le nez dedans. Les entreprises du Québec, comme les
entreprises de partout, doivent être libres et indépendantes,
complètement dégagées de toute intervention quelles
qu'elles soient, qu'elles soient libres et indépendantes de toute
réglementation, qu'elles soient libres et indépendantes de toute
contrainte quelle qu'elle soit, qu'elles soient libres et indépendantes
de tous les programmes gouvernementaux de subvention, d'aide, d'encouragement.
Oui, c'est vrai, cela ne coûterait rien aux citoyens, cela ne
coûterait même pas le salaire des fonctionnaires pour administrer
ces programmes, cela ne
coûterait pas un denier public, pas un sou de l'argent du citoyen
pour soutenir des secteurs d'activités économiques ou pour
soutenir des entreprises.
C'est vrai qu'elle serait belle, cette société, si
seulement elle pouvait fonctionner comme cela. Vous le savez, dans l'histoire
de l'humanité, en général, quand on a connu des pays
où il n'y avait aucune balise aux lois sauvages du marché, c'est
en général dans ces pays qu'on a noté qu'il y avait le
plus d'exploitation humaine, d'exploitation de la misère, où
seuls les plus forts - comme lorsque s'applique la loi de la jungle -pouvaient
traverser des situations difficiles, pouvaient surmonter la compétition,
au travers de tout le monde, finalement, pour réussir non pas à
survivre, non pas à générer des profits raisonnables, mais
bien au contraire à devenir toujours et chaque jour de plus en plus
forts, capitalisant ainsi sur la faiblesse des autres ou sur le manque de
chance d'aucuns, devenant de plus en plus puissant à chaque jour,
capitalisant aussi sur la misère humaine dans certains cas. Mais
l'État, dans une société évoluée, dans une
société où la civilisation est davantage avancée,
davantage développée, possède un rôle de catalyseur.
L'État doit finalement, aussi curieux que cela puisse paraître,
freiner jusqu'à un certain point des appétits individuels qui
pourraient venir à l'encontre des droits fondamentaux de chacun et de
chacune des citoyens et citoyennes et de chacune des entreprises aussi.
L'État doit être aussi cet élément catalyseur qui
fait en sorte que certains secteurs, qui, pour une raison ou pour une autre ont
besoin d'être soutenus, d'être appuyés, aient la chance de
voir le jour, de naître et de prendre place au soleil.
Dans une société civilisée, l'État est un
catalyseur, c'est celui qui, par des réglementations, par des programmes
de subvention, par du soutien de différentes manières
réussit à conserver ce que tout le monde souhaite finalement
quand on vit dans un pays, ce juste équilibre, équilibre fragile,
soit, mais ce juste équilibre entre les lois du marché prises
dans leur sens le plus pur et un État où l'intervention serait
tellement importante que les libertés individuelles n'existeraient
plus.
Voilà le contexte fragile, l'espace étroit dans lequel on
doit discuter, je pense, un projet de loi comme celui-là. On en est
arrivé, et je trouve ça extrêmement malheureux, depuis
au-delà d'une année au Québec, à faire croire
à tout le monde que donner une subvention c'est un geste odieux,
qu'aider une entreprise c'est faire la charité. On en est venu à
faire croire au monde que quand on n'est pas capable de se débrouiller
ou de se tirer d'affaire avec les lois du marché qu'on connaît
dans certains pays, c'est parce qu'on est des pas bons et qu'il faut
dégager le terrain. Laissons la place à ceux qui sont capables de
faire de la "business". C'est ça le slogan, le leitmotiv de ce
gouvernement depuis un an. La "business" c'est pour quelques "businessmen" et
les autres, tassez-vous de là, regardez-les porter le flambeau,
suivez-les en arrière! Cette logique, qui se rapproche dangereusement,
à mon point de vue, pour une société civilisée, de
la loi de la jungle, fait en sorte que dans chacun des programmes et des
ministères et dans chacune des organisations gouvernementales, tout ce
qui peut sembler avoir un effet pondérateur est rejeté a priori.
Cela est malsain.
Vous savez, M. le Président, les députés d'en face
n'ont pas besoin de se gargariser de belles paroles et de lever le nez
très haut lorsqu'ils parlent des programmes de subvention à la
PME. Je ne ferai que leur rappeler leur illustre collègue de
Crémazie, ce ministre délégué aux PME dont personne
n'a entendu parler au Québec depuis un an et dont le seul moyen
d'attirer l'attention sur son existence est de se faire poser à
l'occasion une question en cette Assemblée nationale, question
plantée parce que l'Opposition ne saurait questionner un homme qui ne
fait rien, sinon étudier encore à quoi ressemble son champ
d'activité.
Cet ineffable ministre délégué aux PME, ce brillant
adjoint parlementaire du ministre de l'Industrie et du Commerce, finalement, a
réussi l'autre jour dans une très longue tirade ici à
l'Assemblée nationale - d'ailleurs on a été surpris qu'il
n'en profite pas pour saluer les gens de son comté tellement
c'était long, tellement c'était vaseux, tellement c'était
large - à nous dire: Depuis un an j'ai évalué le
fonctionnement des entreprises québécoises, des PME. (17
heures)
M. le Président, cet homme qui était
présenté comme un gros canon du Parti libéral s'est
révélé, six mois après, n'être autre chose
qu'un fusil à plomb pour enfant. De plus en plus, plus le temps passe,
il se révèle nul autre qu'un vulgaire fusil à
pétard. Cet homme qui est responsable du développement de la PME
au Québec nous disait avoir constaté, après maintes
études -cela a pris un an pour le constater - que l'entreprise
québécoise depuis dix ans avait terriblement bien performé
au Québec, que l'entreprise québécoise, la PME,
était en santé et que, comme ministre responsable des petites et
moyennes entreprises, il était heureux de constater qu'elles
étaient en santé.
Pour faire briser ce jeu un peu ridicule des questions plantées
par les ministériels, je me suis levé et je lui ai
demandé: Mais, M. le ministre, si les PME québécoises vont
si bien depuis dix ans et que vous êtes là depuis un an, d'abord
j'imagine que ce ne doit pas être à cause de vous;
deuxième-
ment, ne pensez-vous pas que vous feriez mieux, au lieu de faire de la
littérature comme ministre délégué aux PME,
d'arrêter celui qui est en train de débâtir tout ce qu'il y
a comme programmes d'aide à la PME à la Société de
développement industriel du Québec? Vous devriez, au lieu de vous
gargariser de beaux mots concernant la PME du Québec, cesser le massacre
de ces programmes qui ont fait en sorte que la PME québécoise,
depuis dix ans, est la plus performante.
Mme Juneau: Je m'excuse auprès de mon collègue, M.
le Président.
Le Vice-Président: Sur un rappel au règlement, Mme
la députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue, le député de Roberval, mais il fait une
excellente intervention et on est trois ou quatre en Chambre pour
l'écouter. Cela n'a pas de bon sens.
Le Vice-Président: Vous faites un appel au quorum,
madame?
Mme Juneau: Oui, s'il vous plaît!
Le Vice-Président: Très bien. Qu'on appelle les
députés.
Nous avons maintenant quorum. M. le député de Roberval, la
parole est à vous.
M. Gauthier: M. le Président, je remercie ma
collègue de Johnson de se soucier ainsi de la présence des
députés libéraux qui ont tendance, malheureusement,
à négliger un peu leur travail en cette fin de session.
Des voix: Voyons donc! Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Gauthier: M. le Président, je me réjouis de voir
que, maintenant, d'aucuns ont repris leurs activités normales, soit de
légiférer et de participer au travail sur la confection du projet
de loi 154.
Une voix: On est quinze contre deux.
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. Les
vérités font toujours mal. Je m'en excuse, mais je ne suis pas
ici pour faire plaisir aux députés libéraux. Je suis ici
pour dire ce que les citoyens en pensent.
M. le Président, j'expliquais que l'ineffable ministre
délégué aux PME se gargarisait de beaux mots à
l'endroit de l'entreprise québécoise, se flattant d'avoir
constaté, après douze mois au pouvoir, que la PME
québécoise se portait bien depuis dix ans. Je lui ai donc
posé la question, une vraie question pour une fois - il avait l'air d'en
désirer absolument une - à savoir ce qu'il attendait pour stopper
l'oeuvre indécente de son collègue et patron, j'oserais dire, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est en train de démanteler
tous les programmes de la SDI qui, dans le fond, sont là pour aider la
PME, qui sont à l'origine, en quelque sorte, ou à tout le moins,
qui sont des soutiens précieux à la PME et qui lui ont permis de
performer au cours de toutes ces années, qu'aujourd'hui chante avec
plaisir le député de Crémazie.
M. le Président, la réponse que j'ai eue est assez
particulière. Premièrement, tout éberlué d'avoir
une vraie question, il a pris quelques secondes pour se ressaisir, pour
commencer à me dire que non seulement il n'y avait pas moins de
programmes à la SDI mais qu'il y en avait plus. Puis après,
regardant son patron, le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est un
parlementaire beaucoup plus expérimenté, qui lui faisait siqne
qu'il s'embarquait dans une curieuse de voie, il a décidé de dire
il n'y en aura pas plus mais ils vont être différents et ils vont
être meilleurs.
Le projet de loi qu'on étudie aujourd'hui est simplement la
manifestation très claire que le ministre de l'Industrie et du Commerce
a décidé de jouer davantage sur les lois du libre marché
concernant la PME au Québec. Il a décidé que les citoyens
et les citoyennes, par leur gouvernement, n'agiraient plus comme catalyseurs
pour le développement de la PME ou, à tout le moins, agiraient de
façon beaucoup moins significative. Voilà ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce nous présente aujourd'hui.
Ce qui est étonnant, c'est que dans le programme Maîtriser
l'avenir, du Parti libéral, ce programme qu'on a véhiculé
un peu partout dans le Québec, ce programme dont on était fier,
je pense, à bon droit en campagne électorale - c'est normal quand
on a pris le temps de se construire un programme qu'on en soit fier - il est
dit que la stimulation de l'entreprise québécoise par la
promotion vigoureuse de son caractère concurrentiel et, enfin, que dans
le cadre d'un nouveau style de gouvernement qu'il entend promouvoir, le Parti
libéral du Québec travaille activement à libérer la
créativité individuelle, à épauler
l'entrepreneurship, à soutenir les dynamismes locaux et les efforts de
tous ceux qui cherchent à se prendre en main - que c'est beau, Mme la
Présidente! - qu'il devient également le gardien de la
compétitivité des entreprises québécoises. Ce Parti
libéral du Québec avait de si beaux projets en période
électorale,
projets qui ont été véhiculés par tous ces
députés qui, aujourd'hui, doivent être bien
déçus de voir la performance de leur ministre de l'Industrie et
du Commerce et de voir également l'inconscience du ministre
délégué aux PME qui clame à tous vents que cela a
pris douze mois pour constater que cela allait bien depuis dix ans au
Québec dans les PME.
Mme la Présidente, ces gens qui avaient dans leur programme des
objectifs qui, pour le moins, semblaient plaire aux citoyens du Québec -
peut-on être contre la vertu? - hé bien! quel est le
résultat de leur administration, un an après? J'invite les
députés à en prendre conscience comme il faut. Premier
geste: Abolition en avril du programme de financement des entreprises. Je me
permets de les citer à nouveau: Pour des gens qui veulent libérer
la créativité individuelle des entrepreneurs, épauler
l'entrepreneurship, soutenir les dynamismes locaux, quelle belle façon
de le faire en éliminant le programme de financement des
entreprises!
Deuxième geste qu'ils ont posé: Pour soutenir
l'entrepreneurship, ils ont enlevé en mai, un mois après, le
programme d'accès à la Bourse. Mme la Présidente, quelle
curieuse façon d'encourager les dynamismes locaux! Après cela, on
a enlevé le programme de prise en charge des intérêts. Que
c'est beau de travailler activement à libérer la
créativité individuelle! Que c'est beau de soutenir les
dynamismes locaux! Que c'est beau d'être un soutien pour l'entreprise au
Québec! Que c'est donc beau quand cela permet à gouvernement,
à peine douze mois après, d'avoir réussi à
débâtir le programme de financement des entreprises, d'avoir
débâti le programme d'accès à la Bourse, d'avoir
débâti le programme de prise en charge des intérêts,
enfin, d'avoir aboli le programme de prêts de capitalisation pour le 31
décembre.
Vous m'indiquez que mon temps achève. J'aurais tellement de
choses à dire à ces gens au nom des PME du Québec. Et le
ministre maintenant veut nous enlever le volet "acquisition d'actions de la
SDI" en disant, et je le cite ou à peu près "les entreprises du
Québec n'ont pas besoin de charité, n'ont pas besoin d'être
à la mendicité face au gouvernement." Mme la Présidente,
est-ce qu'il osera dire que les 190 entreprises du Québec et les 3474
emplois qui ont été conservés grâce à ce
volet du programme de la SDI, est-ce que ce sont des gens qui vivent dans la
mendicité aujourd'hui? C'est la question que je lui pose. (17 h 10)
Mme la Présidente, je me permettrai de citer ce qui,
malheureusement, est la bible du ministre de l'Industrie et du Commerce, et
c'est le fameux rapport
Gobeil: Le comité en est arrivé à la conclusion que
les programmes administrés par la SDI devraient simplement être
abolis et que le gouvernement devrait s'interroger sur le rôle futur de
la SDI, compte tenu du fait que la Banque fédérale de
développement peut jouer le rôle d'un prêteur de dernier
ressort. Je vous ferai remarquer que, parmi les cinq ou six personnes qui ont
écrit ces phrases - je sais qu'il ne me reste que deux minutes, mais le
dernier message que j'ai à passer à ces gens est très bref
- deux étaient des banquiers de carrière.
Si vous demandez à un banquier, qui bâtit évidemment
sa fortune sur les libres lois du marché, par les prêts, entre
autres, à la PME, si le gouvernement devrait, pour soutenir des petites
et moyennes entreprises, mettre à contribution les deniers publics pour
soutenir les initiatives de ces gens, c'est évident que, comme leur
métier c'est de faire du prêt et qu'ils veulent avoir tout le
jardin pour eux autres, c'est évident qu'ils vont dire: Enlevons tous
les programmes de prêts à la PME, enlevons tous les programmes de
soutien. Nous autres, les "businessmen", les "chums" du Parti libéral,
les grands bénévoles du Parti libéral, nous autres, on va
s'occuper de cela. On va faire la "business" au Québec. On va faire les
prêts au Québec et on va avoir le droit de vie ou de mort sur tous
ceux et celles qui travaillent chaque jour et qui peinent durement dans les
petites entreprises du Québec. Enlevez-leur tous les programmes de
soutien même s'ils ont bien "performé" depuis dix ans. Qu'on leur
enlève tous ces outils, que le ministre ou l'adjoint parlementaire
à la petite et moyenne entreprise se gargarisent de beaux mots, c'est le
vrai boss, le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui leur enlève
toutes les aides qu'on leur a mises. Qu'on laisse jouer les lois du
marché. Nous autres, les "businessmen" - la plupart d'ailleurs se sont
engraissés à même l'État et à même les
sociétés d'État - on va régler le problème.
Nous autres, on va en faire des prêts aux PME et, quand cela ne fera pas,
Mme la Présidente, quand ils n'auront plus les moyens de payer parce
qu'il y aura une crise économique, on tirera la "plug" et on en mettra
une autre à la place. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Roberval. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup. En commençant, je voudrais
bien que vous me permettiez de relever simplement le début de
l'intervention de mon collègue le député de Vimont qui,
tout à l'heure, a dit: Aujourd'hui, nous étudions le projet de
loi 154, c'est le projet de loi qui modifie la Loi sur la Société
de développement industriel du
Québec. Il a ajouté aussi: Plus familièrement
connue sur le nom de SDI. II aurait dû dire aussi: Et combien
appréciée de nos gens dans nos petites et moyennes entreprises.
Combien appréciée parce que cela nous fait comme un gant, parce
que la SDI a été faite pour nous tirer d'un mauvais pas ou nous
aider à faire ce pas. Tait comme un gant et combien
appréciée par nos petites et moyennes entreprises. Ils ont dit,
lui et son collègue de La Peltrie, tout à l'heure, que c'est une
loi excellente, c'est une loi qui va aider. Je ne sais pas où ils sont
allés chercher cela, mais, si c'est aussi excellent, Mme la
Présidente, j'aimerais bien savoir comment il se fait que les
députés libéraux ne sont pas en Chambre cet
après-midi pour apprécier et encenser leur ministre de
l'Industrie et du Commerce. Je compte. Aujourd'hui, on a 1, 2, 3, 4, 5, 7
députés libéraux sur 99. Il n'y a même pas quorum en
Chambre.
M. Parent (Bertrand): Mme la
Présidente, je demanderais le quorum en Chambre, s'il vous
plaît!
La Vice-Présidente: Qu'on appelle les
députés. À l'ordre, s'il vous plaît!
Le quorum étant, Mme la députée de Johnson, vous
pouvez continuer.
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
Vous avez vu combien cela a pris de temps pour qu'on ait quorum en cette
Chambre.
Je trouve cela triste que les députés, si c'est tellement
un bon projet de loi, ne viennent pas nous entendre en discuter en cette
Chambre. Si c'est tellement un bon projet de loi, ils devraient en
connaître tous les tenants et aboutissants pour pouvoir en parler dans le
temps des fêtes.
M. Maciocia: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Je m'excuse, j'ai une question de
règlement. Question de règlement, M. le député.
M. Maciocia: Je voudrais faire remarquer à la
députée de Johnson qu'il y a seulement deux membres du Parti
québécois qui sont là.
La Vice-Présidente: Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Viger. Là-dessus, Mme la
députée de Johnson, vous avez la parole.
Mme Juneau: Quand il y en a 2, 3 sur 23 de notre
côté et 6 sur 99, cela fait un petit peu plus en pourcentage.
Une voix: Non, pas beaucoup.
Mme Juneau: Oui, oui. C'est le gouvernement aussi qui doit tenir
le quorum. De toute façon, j'étais en train de dire que si c'est
vraiment un projet de loi idéal, exceptionnel et que vous avez le
goût de faire de ces cadeaux chez vous quand vous allez retourner dans
votre circonscription électorale... C'est le temps des fêtes. Si
vous avez le goût de parler d'un beau projet de loi comme celui que vous
nous avez décrit, restez donc en Chambre pour nous entendre en parler.
Après cela, vous allez être capables d'en discuter quand vous
allez retourner chez vous. C'est bien clair. Vous allez être capables
d'en discuter, sinon vous ne saurez pas quoi dire quand les gens vont vous
demander: Est-ce vrai que c'est un bon projet de loi, le projet de loi 154?
Vous ne serez pas en mesure de répondre parce que vous n'aurez pas
été là pour écouter. Pourtant, c'est votre beau
ministre de l'Industrie et du Commerce... Vous l'avez dit tout à
l'heure, vous l'avez encensé, vous vous êtes pété
les bretelles en disant: Nous autres, on fait des bons projets de loi.
Écoutez-nous! Regardez-nous faire! C'est cela.
Je voudrais aussi faire remarquer, Mme la Présidente, que cela
fait à peu près dix jours qu'ils viennent de
célébrer leur premier anniversaire, le premier anniversaire du
Parti libéral au pouvoir. Je dois dire par contre que tous ceux qui
auraient aimé mieux avoir du financement pour leur entreprise, ce qui
depuis le mois d'avril est aboli, eux aussi veulent vous dire: Bonne
fête. Eux aussi parce qu'ils ne pourront pas profiter du programme de
financement aux entreprises. Tous ceux qui avaient accès à la
Bourse voudraient aussi vous souhaiter un bon anniversaire parce que c'est
aboli depuis le 1er mai et ils ne pourront pas l'avoir. Eux aussi voudraient
vous dire: Bonne fête!
Il y en a d'autres qui applaudiraient comme vous venez de le faire
aussi. Ceux qui ont profité du programme de prise en charge des
intérêts de la SDI, eux aussi auraient aimé vous applaudir.
Mais c'est bien dommage, ils ne sont pas tellement heureux que vous ayez aboli
cela. Donc, ils ne peuvent pas vous applaudir. Ensuite, tous ceux qui auraient
voulu obtenir un prêt de capitalisation - ce sera aboli au 31
décembre eux aussi, vous souhaitent un bon anniversaire. Cela fait pas
mal de monde quand on ramasse tout cela ensemble. Tout ce monde-là
aurait aimé cela, mais ils trouvent cela moins drôle depuis que
vous êtes là. Cela fait un an et dix jours que vous êtes
là et vous avez réussi, juste dans le secteur économique,
à faire tort à beaucoup d'entreprises, de petites et moyennes
entreprises. Je ne vous parle pas des grandes, je vous parle des petites et des
moyennes entreprises. (17 h 20)
Je me souviens que tout à l'heure dans son intervention le
député de La Peltrie parlait des "TTE", des "tites tites"
entreprises. C'est vrai qu'il y en a des "tites tites" entreprises, mais elles
ont été bien chanceuses à l'époque d'avoir une
compréhension, et d'avoir une oreille attentive de la part du
gouvernement du Parti québécois pour leur venir en aide et pour
qu'ils passent les jours difficiles du début, la mise en place de leur
entreprise, et pour qu'ils passent à travers des choses difficiles
pendant la crise économique et aussi dans d'autres domaines qu'ils
n'avaient peut-être pas prévu, soit la mise en marché ou
autre chose qui peut être arrivé, une difficulté
passagère. Eux aussi, ils applaudissent moins fort depuis que vous
êtes là, voyez-vous.
Le projet de loi 154, à mon point de vue, n'est pas un projet
aussi merveilleux que vous voulez bien le prétendre. Je ne le pense pas.
Vous savez, moi, j'ai des entreprises. J'ai seulement fait une
vérification dans mes dossiers, cette année, à mon bureau
de comté. J'ai regardé dans trois ou quatre dossiers parce que je
n'ai pas eu le temps de faire l'ensemble de mon comté puisqu'il y a 35
municipalités et combien de petites et moyennes entreprises qui se sont
vu donner un bon coup de main pendant qu'on avait ces programmes. J'ai
seulement fait une petite vérification cette année. Il y a eu
Bombardier, à Valcourt, qui a eu une aide de la SDI. Cela a
créé 41 emplois. Seulement pour cette année, mes chers
amis.
Une voix: Ce n'est pas une petite, c'est une grande
entreprise.
Mme Juneau: Je vais vous en donner une plus petite, d'accord. Je
vais vous citer les Entreprises SP de Bromptonville, chez nous, qui ont
profité d'une aide de la SDI. Cela a créé 41 emplois dans
le comté de Johnson, et j'en suis très fière. Lorsque les
gens travaillent chez nous, les gens sont heureux, les gens ont du pain et du
beurre sur la table pour aider leur famille et pour passer à travers des
jours difficiles. Quand la SDI était là pour leur donner un coup
de main, moi, cela m'a aidée parce que ces gens étaient
heureux.
Une voix: Merci, au ministre. Une voix: Merci, M.
Johnson.
Mme Juneau: C'est cette année et ce qu'il y avait avant.
Là, c'est tout aboli. Ils l'ont eu avant. Un dossier n'arrive pas du
jour au lendemain. Depuis un an que vous êtes là, vous devez
commencer à le savoir, ou bien non, si vous ne le savez pas encore, vous
avez du retard.
Une voix: C'est parce qu'on les règle tout de suite.
Mme Juneau: On a eu une autre aide aussi à
Saint-François-Xavier. C'est un motel qui a vu le jour grâce
à l'aide de la SDI. Aujourd'hui, c'est bien de valeur, s'il y a d'autres
petites entreprises qui veulent avoir de l'aide, soit dans la prise en charge
d'intérêts, les prêts, la capitalisation, etc., c'est bien
de valeur, il va falloir qu'ils aillent voir ailleurs, parce que ce n'est plus
disponible. Le gouvernement libéral a pris le pouvoir et il a fait en
sorte que, d'un tour de baguette, tout disparaisse. On est en train de reculer,
on est en train de défaire ce qui avait été fait dans le
but premier d'aider les petites et les moyennes entreprises à les
remettre sur la "track" quand elles avaient un petit problème de
finances et à les remettre sur la "track" pour qu'elles puissent se
rendre au but visé, c'est-à-dire rentable, c'est-à-dire
création d'emplois, c'est-à-dire possiblement une place pour nos
jeunes. Nous en avons tous des jeunes, et nous souhaitons qu'ils aient un
travail pour eux et aussi qu'ils participent à cette évolution
qui nous est chère, l'évolution de notre Québec. C'est eux
la relève de demain. Si nous, les adultes, nous ne sommes pas en mesure
de leur créer des emplois et de leur faire de la place, qui va leur
faire? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut se lever et dire que, si on ne donne
pas le coup de main nécessaire pour que nos jeunes aient cette chance
que nous avons eue...
À l'époque, où nous sommes rentrée sur le
marché du travail, pour mol en tout ces, il y en avait des places, 11 y
en avait des emplois. Mais, aujourd'hui, c'est plutôt une denrée
rare. Quand il y a des actions qui sont faites par le gouvernement que nous
avons en place, au moment où on se parle, des actions négatives,
ce que cela fait, c'est que, nos jeunes ont moins d'emplois qu'ils en avaient.
C'est ce qui arrive. Je trouve regrettable que le ministre n'ait pas compris
que cette situation et que ces volets de la Société de
développement industriel pouvaient venir en aide à tant de
personnes et à tant de jeunes hommes et femmes d'affaires qui
lançaient une petite entreprise et qui pouvaient se fier sur le
gouvernement qui était là pour leur donner un coup de main. Vous
savez l'aide de la Société de développement industriel
n'était pas en termes de capital-actions. Vous savez, et le ministre
sait très bien aussi que, lorsque l'entreprise venait à
être sur les rails, la SDI retirait sa part de capital-actions. En ce
sens, de 1981 à 1985, la SDI a pu retirer les parts qu'elle avait dans
les petites et moyennes entreprises pour un montant de 4 000 000 $ dont elle a
disposé en le mettant à contribution pour l'expansion d'autres
entreprises.
C'est ce que la SDI, le volet capital-actions, a fait pendant ces
années. Elle a aidé à 190 entreprises et ce
n'étaient pas simplement des stands à patates frites. Elle a
aidé des petites et moyennes entreprises et à voir le jour et
à créer des emplois et à continuer à devenir un
jour, comme je l'ai dit tout à l'heure, rentables. C'est le travail que
faisait la Société de développement industriel. Pourtant,
dans le projet de loi que nous sommes en train de discuter, il y a des choses
qui sont, à notre point de vue, inacceptables, parce qu'on craint, comme
les dirigeants d'entreprises de mon comté qui me parlent
régulièrement de ce qui se passe, de leurs problèmes, de
leur vue de l'avenir économique de leur entreprise; ils sont inquiets...
Ils sont inquiets parce qu'on est en train d'enlever des pans de mur à
ce qui existait déjà à la Société de
développement industriel. Cela nous inquiète, nous qui sommes
leurs représentans, mais cela inquiète aussi nos hommes et nos
femmes d'affaires, parce qu'ils se voient privés d'outils
extrêmement valables et extrêmement importants pour leur
développement et pour leur continuité.
Quand j'entends le mot continuité, je pense à
rentabilité et à possibilité d'ouverture pour nos jeunes.
Là-dessus, je ne démordrai pas, parce que j'en ai, des jeunes
à la maison, moi aussi, comme vous tous et je souhaite qu'ils aient de
la place dans l'entreprise. En ce sens, je vous disais tout à l'heure
qu'il y a certains articles du projet de loi 154 qui nous inquiètent,
entre autres, l'article 5. L'article 5 du projet de loi 154, par simple
décret, va donner le pouvoir au gouvernement d'administrer d'autres
programmes d'aide financière et ainsi accroître le pouvoir du
ministre.
Vous savez, on vient de discuter du projet de loi 119. Hier, on a
terminé, parce qu'on a eu un bâillon. Je ne sais pas si on va en
avoir d'autres d'ici Noël, mais ils ont l'air de gens qui aiment faire
taire l'adversaire. Point final, on ne veut plus vous entendre, parce qu'on a
peur que vous nous disiez des choses qui font mal. Mais, j'ai justement dans le
projet de loi 119... Le ministre est en train de s'approprier des pouvoirs
discrétionnaires pour que ce soit encore le gouvernement qui dise aux
gens: C'est moi qui vais dire quoi faire et si tu ne fais pas exactement ce que
je veux... Premièrement, le conseil d'administration va être
rémunéré... Si tu fais un bon travail, je vais te
rémunérer, mais si tu ne fais pas un bon travail, je ne suis pas
sûr, parce que l'article 6 du projet de loi dit: "...permettra au
gouvernement de déterminer de façon discrétionnaire...".
Je pense que tout le monde sait ce que cela veut dire, n'est-ce pas? Les
conditions de rémunération des membres du conseil
d'administration. C'est comme une ficelle qu'on attache au pied de quelqu'un et
on lui dit: On va tirer un petit coup si cela ne se fait pas. C'est cela qui
arrive, c'est cela que cela veut dire, une main mise. Si cela ne marche pas,
c'est moi qui suis le "boss", le patron et tu vas voir que cela va filer
après cela.
M. Parent (Bertrand): Mme la
Présidente, je vous demanderais de vérifier le quorum,
parce que c'est intenable...
La Vice-Présidente: Je vais vérifier, M. le
député de Bertrand.
Mme la députée de Johnson, vous pouvez continuer votre
intervention. (17 h 30)
M. Chevrette: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais vous faire remarquer ceci. Nous sommes
4 députés de l'Opposition alors que sièqent trois
commissions en bas, au moment où on se parle, 4 sur 23, alors que le
parti ministériel en compte 6 sur 99. C'est à eux de maintenir le
quorum.
La Vice-Présidente: Là-dessus, je vais mettre les
choses au clair. Je pense que M. le leader de l'Opposition me donne l'occasion
de mettre cette situation au clair. En vertu de la Loi sur l'Assemblée
nationale, lorsqu'il y a commissions - et il y a commissions - le quorum est de
un dizième, soit environ 13. J'aimerais également citer un auteur
bien connu en droit parlementaire, M. Beauchesne, dans Règlement
annoté et formulaire, où il est bien spécifié que
"outre les restrictions -et je m'adresse aux deux partis - prévues
à l'article 35 du règlement, l'usage tant en Angleterre gu'au
Canada veut qu'un député portant la parole s'abstienne entre
autres de signaler l'absence ou la présence de tel ou tel
député". Là-dessus, je demanderais à Mme la
députée...
M. Chevrette: ...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader de l'Opposition,
c'est spécifié dans Beauchesne, à la page 103 de
Règlement annoté et formulaire de la Chambre des communes du
Canada: "Outre les restrictions prévues à l'article 35 du
règlement, l'usage tant en Angleterre qu'au Canada veut qu'un
député portant la parole s'abstienne entre autres - il y a
plusieurs sous-alinéas - de signaler l'absence ou la présence de
tel député." J'ai bien dit, M. le leader de l'Opposition, que je
m'adressais aux deux côtés de la Chambre parce qu'il y a eu des
répliques dans ce sens venant des deux côtés de la Chambre
et vous me donniez l'occasion de mettre un point final à cela. C'est
pour
cela que j'ai apporté...
M. Chevrette: Sur la question de règlement...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader.
M. Chevrette: ...Mme la Présidente, que je sache,
personne, ni d'un côté ni de l'autre de la Chambre, n'a
spécifié que le député de Matapédia, par
exemple, n'y était pas.
La Vice-Présidente: Non.
M. Chevrette: Je pense que la règle, quand on dit en
Chambre qu'il n'y a pas quorum, c'est qu'il n'y a pas treize personnes. J'ai
voulu vous démontrer qu'il n'y en avait pas treize, je vous ai dit: II y
en a six du côté ministériel et quatre du côté
de l'Opposition, ce qui fait dix et non pas treize.
La Vice-Présidente: Je comprends très bien, M. le
leader de l'Opposition, ma réponse ne voulait pas vous empêcher de
souligner le fait qu'il y ait quorum ou pas, surtout lorsqu'il n'y a pas
quorum. En vertu de notre règlement et de la loi, vous pouvez souligner
le fait qu'il n'y ait pas quorum. Mais de là à faire des
commentaires par la suite, cela, en vertu de Beauchesne, ce serait interdit.
Là-dessus, Mme la députée de Johnson, vous pouvez
continuer.
Mme Juneau: Mme la Présidente, en aucune façon je
n'ai nommé quelque député que ce soit, j'ai simplement
tout à l'heure, durant mon intervention...
La Vice-Présidente: Non, Mme la députée de
Johnson, je pense que vous ne comprenez pas mon intervention. Ce n'est pas le
fait de nommer quelqu'un mais le fait de dire qu'il y a tant de
députés d'un côté et tant de députés
de l'autre, vous le faites indirectement. C'est un peu cela. Je m'adressais aux
deux côtés de la Chambre parce que j'ai remarqué que les
deux côtés de la Chambre l'ont fait. Ce n'est pas le fait de
nommer tel ou tel député, c'est le fait de parler du nombre.
Là-dessus, Mme la députée de Johnson, vous pouvez
continuer votre intervention.
Mme Juneau: Mme la Présidente, comment voulez-vous qu'on
vous demande le quorum sans dire qu'il manque des députés dans
cette Chambre? Voulez-vous me dire comment je vais faire, s'il n'y a pas assez
de députés en Chambre, pour demander le quorum parce que je
souhaite qu'on m'écoute? Comment vais-je faire?
La Vice-Présidente: Écoutez, Mme la
députée de Johnson, je vous ai bien spéficié, j'ai
bien spécifié au leader de l'Opposition que vous pouviez toujours
soulever une question de quorum, mais de là à dire que de tel
côté il y a tel nombre, je demanderais, en vertu de Beauchesne, de
respecter un peu, de respecter au moins la coutume en cette Assemblée et
ce qui se fait dans les autres Parlements.
Là-dessus, Mme la députée de Johnson, je vous
demanderais de conclure, votre temps est écoulé.
Mme Juneau: Aiel Est-ce assez insultant! Une histoire de
règlement et je perds mon droit de parole! En tout cas! Ce que je
voulais dire en conclusion, Mme la Présidente, puisque c'est le
règlement, comme vous le dites, c'est que si c'était un si bon
projet de loi, le projet de loi 154, ce serait plein de monde ici. Même
le premier ministre serait là! Mais non, il n'y a personne en cette
Chambre, tout le monde a hâte de s'en aller chez eux. Pourquoi? Parce que
cela fait deux semaines qu'on siège 16 et 18 heures par jour en cette
Chambre. C'est pour cela qu'il n'y a plus personne, les gens sont
fatigués. Moi, je ne serai jamais assez fatiguée quand je
m'apercevrai qu'on prive mes petites et moyennes entreprises d'une aide
financière nécessaire pour aller plus loin, pour créer des
emplois.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson.
M. le député d'Ungava.
Une voix: Tiens, toé!
Mme Juneau: Je n'ai même pas le droit de finir?
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Johnson, je vous ai demandé de faire votre conclusion. Elle
s'éternisait...
Mme Juneau: Je suis très déçue de la
façon...
Des voix: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Johnson!
M. le député d'Unqava.
M. Claveau: Mme la Présidente, j'espère
qu'on...
M. Chevrette: Question de règlement.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Mme la Présidente, il y a une coutume dans
ce Parlement, ça fait dix ans que j'y vis, à savoir que lorsque
le
temps est achevé, la présidence se lève et demande
de conclure. Il y a un délai d'environ 30 secondes à une minute
pour permettre la conclusion. Beauchesne en parle et vos
prédécesseurs, enfin tous ceux que j'ai connus, à partir
de Jean-Noël Lavoie qui en parlait également, ainsi que
Clément Richard, Claude Vaillancourt, Richard Guay, c'est arrivé
à vos deux prédécesseurs, c'est-à-dire ceux qui
vous accompagnent dans votre fonction à la présidence depuis le
début... J'ai la conviction, Mme la Présidente, que vous devriez
accorder à Mme la députée de Johnson la minute
traditionnelle pour conclure.
Des voix: C'est vrai! C'est vrai! C'est vrai:
La Vice-Présidente: Écoutez: M. le leader de
l'Opposition, je me souviens que je me suis levée et j'ai demandé
à Mme la députée de Johnson de bien vouloir conclure. Je
lui ai fait, à maintes reprises, des gestes pour conclure. Elle ne
concluait pas, son temps est écoulé et j'aimerais bien vous dire
également, M. le leader de l'Opposition, qu'il a été bien
spécifié à maintes reprises que le fait qu'il y ait des
interventions ou des questions de règlement à l'intérieur
d'un débat ne permettait pas de prolonger le débat de
l'intervenant.
M. Chevrette: Oui, mais vous-même vous vous êtes
permis de citer du Beauchesne par rapport au quorum. Je m'excuse, mais si vous
vous permettez de nous lire Beauchesne, c'est intéressant pendant
quelques minutes, mais ça gruge le temps de l'intervenant qui veut
absolument parler.
La Vice-Présidente: Écoutez! là-dessus ma
décision a été rendue. J'ai bien spécifié...
M. le leader de l'Opposition, vous n'êtes pas sans savoir qu'une
jurisprudence a été établie dans cette Assemblée
à savoir que le temps pris pour une question de règlement
était imputé...
M. Chevrette: Mais quand vous appelez le quorum pendant trois
minutes, c'est dans son temps?
La Vice-Présidente: Ma décision est rendue.
M. Chevrette: Question de règlement.
La Vice-Présidente: Sur la même question de
règlement?
M. Chevrette: Sur une autre question de règlement.
La Vice-Présidente: Sur une autre question de
règlement.
M. Chevrette: Je vais essayer de vous démontrer que Mme la
députée de Johnson a été brimée dans ses
droits. Si on est obligé d'appeler quatre fois le quorum durant une
intervention et que ça prend deux ou trois minutes chaque fois,
quelqu'un se lève et dit: Mme la Présidente, je demande quorum.
Pendant 20 minutes on cherche les députés. Merci, Mme la
Présidente, mon intervention est terminée? Cela n'a ni queue ni
tête, cela n'a aucun bon sens. Je demanderais que vous me produisiez au
moins le relevé du temps durant toutes les périodes de
relevé de quorum qu'il y a eu durant l'intervention de Mme la
députée et on acceptera votre verdict.
M. Claveau: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Étant donné que vous m'aviez
déjà reconnu, est-ce que le débat actuel porte sur mon
temps de parole?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
La Vice-Présidente: Là-dessus, vous n'aviez pas
encore commencé votre intervention. Pour ce qui est de la question de
règlement de M. le leader de l'Opposition, je voudrais bien trouver la
décision dans le volume Recueil des décisions où il est
bien spécifié, M. le leader de l'Opposition...
M. Garon: ...
La Vice-Présidente: C'est une question de règlement
comme toutes les autres questions de règlement. Ma décision est
rendue là-dessus et j'ai reconnu le député d'Ungava.
M. Garon: Ça n'a pas de bon sens.
M. Chevrette: C'est correct, Jean. Mme la Présidente,
premièrement, je vous demande et je vous offre de prendre en
délibéré, je ne tends pas une perche. J'aimerais que vous
preniez en délibéré le fait qu'une demande de quorum
constitue une question de règlement. Deuxièmement, je vous
demande également s'il n'est pas coutume que les demandes de quorum, ce
qui est un vice de Chambre, d'Assemblée et non pas une question de
règlement qui est posée en fonction d'une interpellation pour
nommer un député ou quoi que ce soit... Si vous
interprétez ça de cette façon-ci, n'importe qui pourrait
n'importe quand durant une excellente intervention, libérer la Chambre
par deux ou trois places et demander quorum
et prendre cinq à dix minutes pour rentrer en cette Chambre. Mme
la Présidente, personnellement, est-ce que je peux me permettre de vous
conseiller de prendre la question en délibéré plutôt
que d'affirmer qu'une demande de quorum constitue une question de
règlement? (17 h 40)
La Vice-Présidente: Là-dessus, M. le leader de
l'Opposition, je vais effectivement prendre la question en
délibéré et je rendrai une décision
ultérieurement.
Vous allez me permettre de reconnaître le député
d'Ungava pour son intervention. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. La
Société de développement industriel, la SDI, a
été créée en 1971 probablement à la suite
d'une besoin qui était reconnu et évident.
Une voix: ...
M. Claveau: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a moyen
de...
La Vice-Présidente: Allez-y, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je disais que, si le
gouvernement du Québec, en 1971, a senti le besoin de créer la
Société de développement industriel, la SDI, c'est qu'il
devait y voir un besoin. Il devait y avoir une raison fondamentale. À ce
moment-là, on a identifié la raison d'être de la SDI au
fait qu'il fallait qu'il existe au Québec un organisme qui ait la
responsabilité d'assurer ou de participer au développement de
l'entreprise québécoise. Dans ce sens-là, je dirai, pour
le bénéfice de tout le monde, y compris les absents en cette
Chambre, parce qu'il me semble, Mme la Présidente, qu'on est
déjà loin du quorum...
Des voix: ...
La Vice-Présidente: M. le député d'Ungava,
j'aimerais vous rappeler la décision que j'ai rendue tantôt en
vertu des règles de Beauchesne et en raison de la coutume en cette
Chambre, sauf s'il n'y a évidemment pas quorum... Mais de là
à faire des interprétations sur l'absence de tel ou tel
député ou sur l'absence de certains députés en
général, il fallait s'en abstenir. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Mme la Présidente, est-ce qu'on m'oblige
à ce moment-là à parler en cette Chambre lorsqu'il n'y a
même pas quorum et que cela va compter sur mon temps de parole?
Une voix: J'étais tout seul tout à l'heure.
La Vice-Présidente: Est-ce que vous en faites une question
de règlement, M. le député d'Ungava?
Une voix: Vous avez fait cela pendant neuf ans.
La Vice-Présidente: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je continue mon
intervention au bénéfice de ceux qui écoutent. A l'article
2 de l'actuelle Loi sur la Société de développement
industriel du Québec, on peut lire: "La société a pour
objet d'administrer des programmes d'aide financière dans le but
d'accélérer le développement économique du
Québec - ce n'est pas une petite chose -notamment en favorisant le
développement des entreprises à technologie moderne et
dynamiques, la croissance des exportations et les activités de recherche
et d'innovation." À partir d'un tel mandat, Mme la Présidente, la
Société de développement industriel avait toute la
latitude nécessaire pour se donner les outils pour travailler. Or, au
fil des ans, elle s'est donné un certain nombre d'outils qui ont fait
leur preuve, des outils qui sont reconnus, des outils qui ne sont pas
contestés par l'industrie, des outils qui servent quotidiennement et
dont l'intérêt a été largement
démontré par les collègues qui m'ont
précédé en cette Chambre.
Or, à quoi assistons-nous, Mme la Présidente, depuis
quelques semaines, quelques mois devrais-je dire? À un
démantèlement progressif, à un déshabillage lent de
la Société de développement industriel qui, si on continue
comme cela, ne se retrouvera plus qu'avec les os avant longtemps. En effet,
qu'est-ce qui s'est passé? À partir de tout un tas de programmes
qui étaient bien vus dans l'entreprise, qui n'étaient pas
contestés, des programmes que chacun pouvait utiliser selon les besoins
de la conjoncture, selon ses situations, selon la grosseur de son entreprise,
selon ses besoins de capitalisation, selon ses besoins en financement, etc.,
donc avec beaucoup de flexibilité on pouvait aider l'ensemble de nos
entreprises, petites, moyennes et un peu plus grosses au Québec.
Qu'est-ce qu'on a fait? Le ministre a trouvé le moyen d'essayer
de prouver envers et contre tous que ce n'était pas bon. Il a
essayé de prouver qu'il pourrait mettre en place une meilleure
structure, mais il n'a convaincu personne avec sa meilleure structure. Pourquoi
démanteler quelque chose qui va bien? Pourquoi changer des structures
qui ont fait leurs preuves pour mettre en place d'autres instruments que l'on
ne
connaît pas et qui probablement vont subir le sort des instruments
que l'on a développés aujourd'hui? Vous savez, ces instruments
n'étaient probablement pas parfaits au moment où on les a
instaurés. Il a fallu un certain temps pour les raffiner, pour passer du
balbutiement au premier langage, pour passer du premier pas cahotant
jusqu'à savoir marcher. 3e sais que mes propos... Je voulais dire, Mme
la Présidente, que les outils que l'on a utilisés pour aider nos
entreprises sont des outils que l'on a perfectionnés avec le temps, des
outils qui n'étaient pas parfaits mais qu'on a perfectionnés pour
en faire des outils reconnus par tout le monde utilisables. Qu'est-ce qu'on
fait aujourd'hui? On nous propose un tout autre ensemble d'outillage qui va
devoir commencer à zéro avant de faire ses preuves, des outils
qui ne sont pas rodés, dont l'application en est encore à ses
premiers pas, des outils qui, même à certains égards,
n'existent pas encore, des outils qui sont sur la planche à dessin.
Cela, c'est pratique pour faire des réparations.
Voilà. On a démoli tranquillement, sans que cela paraisse,
on a coupé un peu partout. Programme de financement des entreprises,
disparu tranquillement; programme d'accès à la Bourse, on a fait
en sorte qu'il disparaisse sans que cela paraisse; programme de prise en charge
des intérêts, on l'a mis sur la voie d'évitement sans que
cela paraisse; programme d'aide à la capitalisation, le même sort.
Tous des programmes qui étaient bien vus, des programmes qui avaient
fait leurs preuves. Non, cela ne correspondait plus aux besoins d'aujourd'hui.
Dans la tête du ministre certes, mais pas pour l'entreprise qui
l'utilisait encore continuellement et couramment.
Il est bien évident, comme le disait tout à l'heure mon
collègue responsable du dossier dans l'Opposition, que les entreprises
préfèrent des abris fiscaux ou préfèrent des
exemptions fiscales à des subventions directes ou indirectes. C'est
vrai. Comme il l'a bien précisé aussi, cela ne veut pas dire par
là qu'elles sont contre l'application de telles mesures. L'aide à
l'entreprise par le biais de la fiscalité est un moyen qui, à mon
sens, doit être développé, un moyen qui a sa raison
d'être, mais qui ne sera pas le seul et unique moyen parce que, comme
j'ai déjà eu l'occasion de le dire à certains de mes
collègues, pour pouvoir aider une entreprise par le biais de la
fiscalité, il faut d'abord qu'elle commence par dégager des
profits et par exister.
Comment peut-on aider par des rabattements fiscaux une entreprise qui ne
dégage pas de profit? Comment peut-on aider une entreprise qui a besoin
de liquidité pour maintenir son personnel en place en lui offrant des
avantages fiscaux éventuels six mois après qu'elle aura
fermé ses portes? Je ne vois vraiment pas la logique de cette histoire.
Pour bénéficier d'exemptions fiscales, il faut d'abord être
capable de fonctionner dans le quotidien. Pour fonctionner dans le quotidien,
il faut souvent de l'aide financière, directe ou indirecte, mais de
l'argent, des apports de capital neuf, de quelque façon que ce soit. Ces
apports de capital ont été enlevés.
On est en train maintenant, par le projet de loi actuel, d'enlever
à peu près tout ce qui restait, c'est-à-dire la
possibilité pour la Société de développement
industriel de participer au capital de la compagnie, d'acheter des actions,
d'injecter de l'argent dans la compagnie par le biais d'une participation au
capital-actions. Voilà ce qu'on est en train d'enlever: à peu
près la seule façon qu'il restait pour réussir à
obtenir de nouvelles sommes permettant de fonctionner, de continuer ses
activités, de se développer, de se moderniser, de devenir
concurrentielle, de prendre de nouveaux marchés, d'établir sa
crédibilité sur le plan mondial. Voilà tous des objectifs
auxquels la SOI doit s'attaquer pour remplir son mandat. (17 h 50)
On lui enlève tous les outils. Qu'est-ce qu'on lui laisse, Mme la
Présidente? La possibilité de faire des prêts. On lui
laisse une vision strictement bancaire. Le développement
économique, pour les gens qui administrent le Québec
d'aujourd'hui, c'est l'administration bancaire. Voilà leur vision du
développement économique. Voilà où on en est rendu.
Comme si c'était suffisant pour assurer la continuité, pour
stimuler le nouvel entrepreneurship, pour faire en sorte que l'économie
se dynamise et prenne la place qui lui revient, autant sur le marché
local que sur le marché international. Qu'est-ce qu'on doit faire? On va
se réfugier derrière des prêts. On dit: De toute
façon, il y a déjà des entreprises comme la Banque
fédérale de développement qui font la même
chose.
On se réfugie derrière les autres. On cherche des exemples
pour justifier ses points de vue. Voilà ce qui se passe. Voilà
où on en est rendu. Après avoir coupé un peu partout dans
l'ensemble des activités sociales, économiques et culturelles, on
est en train de dilapider à peu près tout ce qu'on avait de mieux
comme coffre d'outils pour aider l'entreprise québécoise à
se maintenir à flot, Mme la Présidente. Voilà où on
en est. Plus que cela. On est en train de faire en sorte que nos entreprises
n'aient plus les éléments nécessaires pour
développer leur capacité concurrentielle, pour se moderniser,
pour s'adapter à la nouvelle technologie. On est en train de les reculer
à l'âge de pierre de l'entreprise, devrais-je dire.
On est en train de faire en sorte que, dans un contexte probablement de
division
internationale du travail, les gens aimeraient que nos industries, nos
entreprises se développent à partir de technologies anciennes,
désuètes. C'est probablement cela, Mme la Présidente, pour
que nos petites et moyennes entreprises, si importantes dans l'économie
du Québec, puissent se développer, puissent prendre la place qui
leur revient, puissent avoir accès à de nouveaux marchés,
puissent être concurrentielles sur le plan international et puissent,
même sur le plan local, être capables de prendre la part qui leur
revient.
Il ne faut pas oublier, Mme la Présidente, que nous aussi on est
sujet à l'envahissement du marché international des compagnies
qui viennent nous faire concurrence sur notre propre territoire. C'est tout
à fait normal dans la logique du commerce international. Mais pour faire
en sorte qu'on maintienne des emplois dans des entreprises viables,
fonctionnelles, opérationnelles, concurrentielles dans tout le
territoire du Québec, il faut se doter des outils pour le faire. Et les
outils qu'on avait, Mme la Présidente, avaient fait leur preuve et
étaient reconnus. On les coupe pour essayer de nouvelles affaires qui
n'ont pas fait leurs preuves et qui mettent en danger la capacité des
entreprises québécoises de maintenir la courbe ascendante
qu'elles avaient prise dans la conjoncture économique mondiale.
Voilà à quoi risque de nous amener le projet de loi que nous
avons à débattre aujourd'hui.
La SDI, Mme la Présidente, se voit en plus subordonnée aux
impératifs, aux aléas, aux sautes d'humeur du Conseil des
ministres du Québec. Parce qu'à partir de l'adoption d'un tel
projet de loi, c'est bien clair, c'est bien dit, c'est bien identifié,
le Conseil des ministres va se garder les pouvoirs discrétionnaires et
ne fonctionnera sûrement pas d'ailleurs sans les opinions émises
par le ministre responsable. Il va se garder des pouvoirs
discrétionnaires sur à peu près tous les mandats que
pourrait avoir ou obtenir la société dans les mois où les
années à venir. Qu'est-ce que c'est cela, Mme la
Présidente, si ce n'est pas de l'ingérence, si ce n'est pas de la
centralisation, de la monopolisation à outrance d'un pouvoir
décisionnel qui va à l'encontre des intérêts des
entreprises? Parce que, Mme la Présidente, que vous le vouliez ou non,
les impératifs du développement économique au
Québec doivent transcender le simple intérêt partisan qui
peut émaner d'un Conseil des ministres surtout quand on se fie au
passé de ce même gouvernement depuis à peine un an qu'il
est là. Comment peut-on croire que ce sont les impératifs, que ce
sont les rapports de forces, qui émanent des négociations au sein
du Conseil des ministres, qui vont être les meilleures garanties que les
objectifs de la Société de développement industriel soient
atteints et qui vont être les meilleures garanties que les mandats que
l'on va lui donner à l'avenir vont être les véritables
mandats qui devraient lui être donnés afin de s'attaquer aux
problèmes concrets et réels que la Société de
développement industriel va avoir à affronter sur le terrain?
Non, Mme la Présidente, nous ne sommes pas d'accord et nous ne pouvons
pas accepter que la SDI devienne l'otage du Conseil des ministres par le biais
de son ministre responsable et que, finalement, le ministre puisse exercer une
tutelle complète sur l'ensemble des activités de la
Société de développement industriel.
Ce qui se passe là n'est pas un cas isolé dans le
gouvernement actuel. On vient de le voir, par exemple, dans le projet de loi
pour modifier la loi sur l'Office de la construction du Québec où
le ministre se gardait toutes les responsabilités de nommer au conseil
d'administration, et les représentants des parties patronales, et les
représentants des parties syndicales, et les fonctionnaires qui vont
avoir droit de vote, et, en plus de cela, il se gardait encore le droit de
réfuter les décisions et de trancher lui-même si jamais les
décisions des gens qui seraient là et qu'il aurait tous
nommés lui-même ne convenaient pas à ses aspirations
propres et personnelles. Ce n'est pas un cas isolé qui se passe
là, Mme la Présidente. C'est une vision politique et une vision
idéologique, devrais-je dire, de la façon dont ces gens tiennent
à ce que le gouvernement s'ingère dans l'ensemble des
activités.
Sous prétexte que le gouvernement doit s'éloigner de
l'entreprise privée et que le gouvernement doit faire en sorte de
participer le moins possible dans l'économie, on revient par la bande en
arrière et on dit: C'est à partir du Conseil des ministres que
les décisions vont se prendre. Voilà ce que l'on peut vraiment -
et sans risque de se tromper - appeler un nouveau langage, Mme le
Présidente. Ce que ces gens défendent aujourd'hui au moyen du
projet de loi qui nous est présenté comme au moyen de l'ensemble
des autres projets de loi qui nous sont présentés. C'est une
vision strictement et purement idéologique c'est une vision, je dirais,
simpliste de l'administration du Québec en vertu d'une idéologie
dépassée. C'est cela qui se passe et c'est cela que l'on
dénonce. C'est pour cela que l'on ne peut accepter que, même en
plus de se donner un droit de regard et un droit de décision sur les
objectifs ou les priorités qui pourraient être donnés
à la Société de développement industriel, on se
garde même le pouvoir discrétionnaire de rémunérer
les membres du conseil d'administration qu'on voudra bien
rémunérer.
La Vice-Présidente: Je m'excuse, M. le
député d'Ungava. Il vous reste une minute et j'aurais besoin du
consentement de cette
Chambre, compte tenu de l'heure.
Une voix: Consentement.
Une voix: Non.
Une voix: Consentement.
Une voix: Non.
La Vice-Présidente: II n'y a pas consentement. Nous allons
donc suspendre les travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 6)
Le Vice-Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît!
L'Assemblée nationale reprend ses travaux aux affaires du jour.
Nous en sommes à la poursuite du débat sur l'adoption du principe
du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la Société de
développement industriel du Québec.
Lors de la suspension des travaux, à l'heure du souper, la parole
était au député d'Ungava. Il lui reste environ deux
minutes en conclusion.
Vous avez la parole, M. le député.
M. Gratton: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, juste avant, M. le leader du
gouvernement.
Convocation d'une réunion des leaders
M. Gratton: Je m'excuse auprès du député
d'Ungava mais, avant qu'on ne commence, pourrais-je vous demander, en vertu de
l'article 249 du règlement, de convoquer une réunion des leaders
pour 20 h 15 ou 20 h 20 de façon que nous puissions voir s'il y a une
entente concernant les travaux qui se déroulent en commission
parlementaire présentement?
Le Vice-Président: Très bien, M. le leader du
gouvernement. En vertu de l'article 249, je convoque donc une conférence
des leaders dans 10 minutes à la salle 193, ici, derrière le
trône.
Nous allons poursuivre le débat sur le projet de loi 154. Je
cède la parole à M. le député d'Ungava.
Projet de loi 134
Reprise du débat
M. Christian Claveau (suite)
M. Claveau: Merci, M. le Président. En fin
d'après-midi, alors que je concluais mon discours et que je n'ai pu
avoir le consente- ment de cette Chambre pour prolonger des deux minutes qui me
manquaient, j'en étais à dire qu'il y a dans ce projet de loi
trois éléments dangereux qui font que nous nous posons de
sérieuses questions sur les véritables volontés, les
véritables éléments qui motivent le gouvernement à
déposer un tel projet de loi. Le premier de ces trois
éléments, c'est l'abolition du programme d'aide à
l'acquisition d'actions. Ce programme, comme je l'ai dit, M. le
Président, est une façon en or de permettre au gouvernement de
participer au capital des compagnies en injectant des fonds nouveaux, en
prenant une part minoritaire. Et c'est un programme qui ne coûte à
peu près rien au gouvernement, puisque les actions en question sont
revendues généralement avec bénéfices.
Le deuxième élément qui nous fait peur, c'est le
pouvoir discrétionnaire que se donne le ministre concernant les mandats
de la SDI, pouvoir discrétionnaire qu'il relie au Conseil des ministres
mais nous savons très bien que, dans la pratique, c'est un pouvoir
discrétionnaire que le ministre pourra exercer lui-même.
Le troisième et non le moindre des éléments qui
nous laissent sceptiques, c'est le pouvoir discrétionnaire du même
Conseil des ministres envers la rémunération de certains des
membres du conseil d'administration de la SDI. Pas tous, mais certains, dit-on,
dans certaines conditions. Il y a là un élément qui nous
semble très dangereux, qui fait en sorte qu'à partir d'une
décision politique on puisse s'ingérer dans la
rémunération d'individus qui fonctionnent dans un domaine
administratif. Il nous semble qu'il y a là une porte toute grande
ouverte à des conflits d'intérêts et à des
situations de favoritisme ou des situations de "j'appuie mon "chum" parce qu'il
est du même bord", etc.
Le Vice-Président: En conclusion.
M. Claveau: Alors, il faudrait faire attention pour que le
ministre ne se mette pas lui-même dans des situations qui pourraient
faire en sorte que certains de ses actes soient mal interprétés
par l'ensemble des citoyens du Québec, parce qu'on pourrait
éventuellement comprendre que la rémunération des membres
du conseil d'administration ne serait pas la même selon qu'on est ou non
du côté ou du bord du ministre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Joliette et leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, il est assez
intéressant de lire les notes
explicatives du projet de loi, entre autres, les deux ou trois
premières phrases: "Ce projet de loi modifie la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec pour
établir que l'objet de la société est de favoriser le
développement économique du Québec, notamment en
encourageant le développement des entreprises, la croissance des
exportations et les activités de recherche et d'innovation."
C'est assez intéressant de constater que le libellé de la
loi, par rapport aux notes explicatives, nous apparaît tout d'abord
clocher un tant soit peu, quand on sait jusqu'à quel point, en
particulier au cours des années 1981, 1982 et 1983, au moment de la
crise économique, la SDI ou la Société de
développement industriel a joué un rôle
prépondérant dans le maintien des emplois et aussi dans la
création d'emplois, en particulier dans nos régions, au niveau de
la petite et moyenne entreprise. Je suis un peu sceptique devant le fait que le
ministre, par l'article 2 en particulier de ce projet de loi, enlève la
possibilité à la SDI d'avoir des actions à
l'intérieur des compagnies. Je suis surpris parce que cela a
été expérimenté, et l'expérience de la
Banque fédérale de développement devrait lui servir
d'exemple. La Banque fédérale de développement a
réussi, par cette formule, à faire des profits de 3 100 000 $ sur
un capital investi d'environ 40 000 000 $. C'est intéressant de voir
jusqu'à quel point cette formule devenait intéressante,
jusqu'à quel point l'État ne se substitue pas à
l'entreprise, mais l'État collabore, l'État épaule,
l'État appuie l'entreprise.
Ce n'est pas une question d'étatisation quand l'État dit,
oui, je suis prêt à investir dans votre compagnie mais vous allez
me donner des actions en conséquence. Je pense que c'était
là une formule fort intéressante qui a fait ses preuves pour le
gouvernement central, qui a même rapporté des profits à
l'État. Et ici, au Québec, on sait que ce sont 190 entreprises
environ qui en ont bénéficié. Je pense, entre autres,
à la région de Berthier. On sait que le député de
Berthier est très sensible au développement de Berthier depuis la
fermeture de Melchers. C'est précisément grâce à ce
programme de la SDI qu'on a réussi à injecter dans la tuile
céramique dans Berthier. Cela a été le cas à
Sainte-Adèle. II y a plusieurs autres exemples dans notre région
de Laurentides-Lanaudière. Et, aujourd'hui, on ferme les valves.
Pourtant, ce gouvernement s'est présenté devant
l'électorat, l'an dernier, en disant qu'il allait accroître les
efforts de développement économique, qu'il allait contribuer
à créer 400 000 emplois sur une période de cinq ans
à raison de 80 000 par année. Et, M. le Président, au
moment où on se parle, si on compare le mois de janvier 1986 au mois
d'octobre 1986, il n'y a pas un emploi additionnel au Québec en chiffres
absolus.
Ils me diront: Bien oui, mais on a créé des emplois au
cours de l'année quand même. Oui, les observateurs les plus
optimistes disent que le Parti libéral créera peut-être 60
000, 62 000 emplois. M. le Président, ils sont loin du compte
déjà. Et le ministre de l'Industrie et du Commerce qui, pourtant
porte un nom correct, lui, ce valeureux défenseur de l'entreprise
privée, du support de l'État à l'entreprise, est en train
d'appliquer à la pièce le rapport Gobeil. Que disait le rapport
Gobeil? Est-ce que le ministre se le rappelle? Est-ce qu'il l'a lu ce fameux
rapport imaginé et écrit je ne sais où, mais avec une
rigueur que le ministre de l'Industrie et du Commerce partagera avec moi sans
doute, avec une rigueur douteuse? Qu'est-ce qu'il commandait, le rapport
Gobeil? Il commandait le démantèlement complet de la SDI.
Et je suis convaincu, M. le Président, que le ministre,
peut-être à cause de son entourage, des mauvais conseils qu'il a
reçus, cherche à sabrer dans cette Société de
développement industriel qui a fait ses preuves, une
société qui vraiment, en particulier dans nos régions du
Québec, a été un instrument de développement
économique extraordinaire. Cela a été un instrument qui
est venu à la rescousse de beaucoup d'entrepreneurs, de beaucoup de
chefs d'entreprises qui avaient des difficultés passagères. C'est
vraiment une société qui a développé une
crédibilité et une efficacité certaines et, je le
répète, surtout durant la crise économique, M. le
Président.
Je suis profondément perplexe devant ce double langage du Parti
libéral qui avait axé sa pré-campagne électorale et
sa campagne électorale, d'abord, sur le développement
économique. Quand on regarde les résultats après un an,
quand on regarde la vente des sociétés ou le
démantèlement des sociétés pour payer
l'épicerie, je suis énormément perplexe par rapport aux
discours qu'ils ont tenus au cours de la précampagne électorale
et de la campagne électorale. D'autant plus que tout indique que les
meilleurs programmes de la Société de développement
industriel et du ministère de l'Industrie et du Commerce semblent
s'effriter. On semble vouloir abandonner des programmes qui ont donné
des preuves concrètes, qui ont fourni à l'entreprise
québécoise - je ne parle pas de la grosse entreprise
québécoise, je parle de la petite et moyenne entreprise
québécoise - une aide extraordinaire. Quand un entrepreneur
privé veut injecter quelque chose comme 500 000 $, 200 000 $, 300 000 $
pour créer huit, neuf, dix, douze emplois, l'appui ou le coup de pouce
de l'État vient souvent contribuer à donner cette motivation,
à stimuler au point que l'entrepreneur privé, se
voyant soutenu par l'État dans son développement
économique, est toujours motivé à accroître
davantage son développement et contribuer ainsi à créer
des emplois additionnels, à connaître de l'expansion sur le plan
économique.
C'est, personnellement, ce qui m'inquiète de l'attitude qu'a
prise le présent gouvernement. Le présent gouvernement, bien
sûr, crie très fort toute la confiance qu'il a dans l'entreprise
privée. Ce n'est pas tout d'avoir confiance. On sait très bien
que, sans aide dans plusieurs cas, ce sont des centaines et des milliers
d'emplois qui ne seront pas créés purement et simplement parce
qu'il manque ce coup de pouce. Ou bien, c'est par une petite subvention
équivalant à peu près à la prise en charge du taux
d'intérêt, ou bien c'est la prise en charge des
intérêts.
Mais quand on sait, M. le Président, qu'un employeur qui
crée dix emplois et qui, encouragé par l'État, ne fait que
rembourser le capital, quand le gouvernement fait la somme globale à la
fin, dix ou douze payeurs d'impôt québécois qui
travaillent, qui remboursent des impôts, qui paient des impôts
à l'État, bien souvent, le petit coup de pouce de l'État
représente même à très court terme quelque chose de
minime pour l'État et, à moyen et à long terme, quelque
chose d'extraordinairement rentable pour un gouvernement.
Il est bien évident que, si on a une conception du
développement économique exclusivement axée sur un
rôle totalement effacé de l'État, l'État-business,
plus on fait des profits, plus c'est rentable pour un entrepreneur
privé. L'État, lui, doit calculer. Il doit calculer, par exemple,
ce que lui coûterait 10, 100, 1000, 2000, 20 000 ou 30 000 travailleurs
qui n'auront pas d'emploi au Québec. Il doit calculer quel en est le
coût social, quels en sont les déboursés. Bien souvent, on
se dit: Ils sont sur le chômage, c'est le fédéral qui paie.
Oui, mais quand on sait ce qui se prépare à
l'assurance-chômage, quand on sait quelle sera la facture fort probable
qu'on héritera pour les coûts de l'aide sociale
québécoise, on doit penser qu'il est beaucoup plus rentable pour
l'État d'injecter dans son développement économique, de ne
pas se substituer, j'en conviens, à l'entreprise, mais d'être
assez éveillé, d'être assez perspicace pour comprendre
qu'une injection même minime peut contribuer à un coût
social moins grand, à court, à moyen et à long terme pour
l'ensemble des contribuables québécois, M. le Président.
(20 h 20)
Dans cette conjoncture, vous aurez remarqué que l'Opposition, en
tout cas, a des inquiétudes profondes. J'ignore si le ministre à
ce stade-ci a l'intention de modifier son projet de loi, d'y apporter des
amendements, de laisser beaucoup plus de latitude, d'initiatives à la
Société de développement industriel. Mais, à mon
point de vue, on devrait permettre de conserver tout au moins les programmes
qui ont fait leurs preuves d'efficacité, qui ont contribué
à faire en sorte que, durant les années 1981, 1982, 1983, les
journaux, même anglophones, ont réussi à titrer que
c'était le gouvernement du Parti québécois qui
s'était sorti le mieux de la crise économique... C'est au
Québec qu'on est sorti le plus vite de la crise économique. C'est
au Québec que la reprise économique s'est fait sentir en tout
premier lieu dans l'ensemble canadien. Cela ne s'est pas fait uniquement parce
qu'on était là. Cela s'est fait parce qu'il y a eu des programmes
de soutien, des programmes d'aide, des programmes qui ont fait en sorte qu'on a
pu maintenir des emplois en plein coeur de la crise économique. Cela
s'est fait également parce qu'il y a eu des programmes qui sont venus
créer cette motivation chez les entrepreneurs québécois.
Cela s'est fait parce qu'au Québec on a senti que l'État avait un
rôle à jouer dans l'économie. Ce n'est plus ce qu'on
ressent, M. le Président, en ce moment. C'est une philosophie
diamétralement opposée à cette démarche qui
s'était amorcée. Je crains que le Parti libéral, comme
dans les années 1970 à 1976, ne soit loin de ses promesses en
matière de création d'emplois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Lévis. Excusez, à M. le
député de Jonquière.
M. François Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je ne peux pas parler
de la Société de développement industriel sans faire
d'analogie avec tout le cheminement que le Québec a fait dans le dossier
industriel depuis plusieurs années.
J'ai assisté, comme maire d'une municipalité, à la
naissance des sociétés de développement industriel en
régions, lesquelles ont donné des résultats certains et
ont surtout aidé à sensibiliser les citoyennes et les citoyens du
Québec à la réalité économique et aussi
à l'ouverture sur des perspectives économiques
intéressantes. En regardant aller le dossier depuis quinze ans environ
et pour avoir été impliqué directement dans ces dossiers,
j'ai pu me rendre compte que le gouvernement du Parti québécois a
mis sur pied un certain nombre de programmes qui ont fait que le Québec
a pris de plus en plus de place et qu'on a formé des entrepreneurs et
des entrepreneures qui ont performé et qui ont aidé le
Québec à mieux surmonter les difficultés et à
créer de l'emploi, d'une façon insuffisante, c'est
évident, et qui n'ont pas empêché la crise
économique, mais qui,
nonobstant ces faits, ont fait que le Québec a occupé une
place intéressante et importante. Tout cela, bien sûr, avec la
collaboration et avec l'appui de l'État qui a permis, tantôt aux
coopératives et tantôt aux organismes ou à des corporations
différentes de produire et d'en arriver à des résultats
intéressants. Sans ces programmes, il y a lieu de penser que nous
n'aurions pu réussir de cette façon.
Le Parti libéral, lors de sa dernière campagne
électorale, a fait flèche de tout bois. Il avait un programme qui
était plus intéressant avant les élections
qu'actuellement. Il avait trouvé un mot extraordinaire, car il
était fort en mots et en images. On a allait "redéployer" la
situation économique au Québec. On a fait du redéploiement
industriel avec, selon moi, une approche qui est loin de celle dont on doit
s'attendre des gens qui peuvent aider l'industrie. Un redéploiement,
c'est large. On peut essayer de mêler les gens avec des mots comme cela.
A mes yeux, le redéploiement industriel que l'on vit, c'est un
rapetissage du Québec, comme dans tous les autres domaines.
Qu'on examine d'une façon un peu plus attentive ou d'un peu plus
près ce qui s'est passé, au ras du sol, près des
municipalités. On a commencé à diminuer l'aide au
commissariat industriel, ce qui n'était pas de nature,
évidemment, à augmenter notre potentiel industriel en
régions. C'est un phénomène important. On a mis fin aux
programmes statutaires qui permettaient à toutes les entreprises
l'accès à des programmes de subvention pour les aider à se
développer. On est arrivé ce soir avec le résultat de
toute cette cogitation, car ce n'est pas seulement le propre d'un ministre de
faire de profondes réflexions; on en fait beaucoup dans ce gouvernement,
surtout les comités de sages, et on est arrivé à dire que
la SDI avait fait à peu près son travail et qu'il faudrait
changer ses objectifs et sa façon de fonctionner.
Il faut se rappeler que la Société de développement
industriel a aussi rendu des services importants à notre
société, car elle pouvait prendre des actions d'une compagnie,
lui aider, lui apporter une certaine expertise, et, lorsque tout allait bien,
elle pouvait retirer ses actions et réinvestir ailleurs. Quand on parle
de l'approche simpliste du gouvernement libéral en matière
économique, selon moi, il n'est pas suffisant de dire qu'on va
créer un climat intéressant et valable, puisqu'on va laisser
faire les autres et que cela va pousser comme des arbres dans la forêt.
On est obligé de s'occuper même des arbres. Ce gouvernement a
même été obligé de constater qu'il va devoir
replanter des arbres dans les forêts, si l'on veut qu'elles repoussent un
peu plus vite.
C'est la même chose pour l'industrie. Si on veut avoir des
industries, il va falloir qu'on s'en occupe. La Société de
développement industriel qui aurait pu amener certains changements,
parce qu'il faut toujours adapter les lois pas nécessairement les
débâtir comme on le fait actuellement, aurait pu aider à
faire de meilleures prospections, aider l'industrie à pousser en plus
grande nombre et à se développer. Je pense que c'est ce qu'on
aurait dû faire. Au contraire, on essaie d'enlever les programmes
statutaires pour les remplacer par des programmes de nature
discrétionnaire. Il est évident que c'est plus facile à
administrer parce qu'on peut faire cela à peu près comme on veut.
Pour un programme discrétionnaire, il s'agit de fixer les objectifs, de
passer un décret. On passe la sacoche, cela vient de finir, on a les
montants d'argent qu'on veut et allez-yï On peut demander des comptes en
disant que cela va bien aller mais, encore là, j'ai des doutes sur
l'approche qui fait que cela va mieux quand on va créer le climat... On
regardera la loi 119, c'est la même chose. On parle de climat. On va voir
comment on va vivre le climat dans les secteurs public et parapublic. On sait
ce que cela donne, la philosophie libérale. C'est une approche qui,
à mon sens, laisse faire les choses, qui laisse tout le monde
établir ses règles du jeu et qui fait qu'on va se retrouver avec
une société rapidement désorganisée.
Les programmes d'aide financière qui sont établis par des
politiques, à mon point de vue, sont beaucoup plus valables, parce que
tout le monde y a accès, avec des conditions qu'on impose, c'est
évident. Actuellement, on veut fonctionner par simple décret, par
pouvoir discrétionnaire du ministre. Je mets en doute cette
volonté de faire prospérer, de faire grandir ou d'augmenter le
potentiel économique du Québec.
Si on regarde l'article 4 de l'ancienne loi et qu'on le compare avec
l'article 6, on pouvait accorder une aide financière à
l'industrie - je reviens à l'étude cas par cas - on avait des
prêts faits au taux du marché. On a voulu changer cela, on
prête mais on ne dit pas le taux. Voyez-vous la discrétion qui
s'exerce? Est-ce que ce sera 5 % qui est le taux officiel, pas le taux normal
mais le taux gouvernemental, - selon les institutions gouvernementales c'est le
taux reconnu - le taux légal et les taux supplémentaires? Par
cela, la discrétion du ministre peut s'exercer: tantôt 5 %,
tantôt 6 %, tantôt pas de taux du tout. Il n'y a rien de
fixé. Tout est laissé à la discrétion du ministre.
Même si on peut faire confiance au ministre et qu'on pense à sa
grande sagesse, on peut mettre en doute tout de même, qu'il y aura
équité, justice chaque fois. On parlait anciennement
d'acquisition d'actions sans majorité, ce qui veut dire qu'il y avait
une aide directe à la société, une
aide officialisée et, là, on fait une aide
déterminée par règlement, encore une discrétion
laissée à l'entendement du ministre. (20 h 30)
Quant à l'administration de l'aide financière selon
l'ancienne loi que la Société de développement industriel
pouvait faire, c'était l'administration des programmes d'aide
financière par règlement. Cela s'adressait aux secteurs
manufacturier, touristique, tertiaire moteur. Si on examine le nouveau projet
de loi, on voit qu'il tend à favoriser un projet économique
important pour le Québec. Quand on parle d'un projet économique
important, on peut penser à des dizaines de millions. Je ne pense pas
qu'un projet économique important pour le Québec corresponde
à de petits montants. Encore là, on oublie, à mon avis, la
participation des régions, parce que s'il y a des projets un peu moins
grands ou moins gros, cela se fera en régions et non pas dans les grands
ensembles au Québec. Donc, on voit dans tout ça cette
discrétion et aussi l'oubli qu'on fait régulièrement des
régions.
Il y a un élément important dans ce projet de loi qu'il
faut toucher. A mes yeux, c'est un des premiers éléments que
j'avais eu l'occasion de toucher avec notre suave ministre des Affaires
municipales en commission parlementaire, lors de l'étude des
crédits de son ministère. C'était le mardi 15 avril 1986.
Je vais le citer parce qu'on avait eu une discussion sur ce projet de loi; il
est question de créer des comités de bénévoles ou
des comités qui sont moins bénévoles que du temps
où on en discutait. Entre les paroles et les actes, on constate de plus
en plus que des changements importants se sont effectués du 2 au 12
décembre 1986. Donc, on parle actuellement des membres du conseil
d'administration qui seront rémunérés et ça,
ça change drôlement les choses.
Dans votre projet de loi, M. le ministre, on parle de
rémunération des membres de conseils d'administration et
ça, ça change complètement la philosophie, l'approche qui
avait été faite le 2 décembre 1985. Je pense que ce fut le
premier à avoir l'occasion de discuter des jetons de présence
à des comités.
Je cite le ministre à la commission de l'aménagement et
des équipements, page 21: "Je vous signale - je ne citerai pas tout le
texte, je vais en citer des parties; ceux qui voudront en savoir plus long
iront voir ce qui se passe là-dedans - que nous venons d'abolir pour
toutes les sociétés d'État, les organismes, les jetons de
présence un peu partout; enfin, dans tout l'appareil gouvernemental et
paragouvernemental." C'était beau, il en mettait beaucoup,
c'était impressionnant aussi.
À la page 22, le même superministre qui ne relit pas ses
discours disait: "Une certaine catégorie..." Il disait qu'en abolissant
les jetons de présence on amenait... Un instantl II faut que je cite le
ministre, ce n'est pas moi, ça. C'est encore M. Bourbeau: "Pour ce qui
est de ceux qui siégeront aux conseils d'administration comme on le fait
dans une compagnie, on a demandé que cela soit à titre
bénévole." C'est proche d'une compagnie, la Société
de développement industriel du Québec, ce sont des gens qui sont
en affaires, donc, on s'approche d'eux. Il disait: "Contrairement à ce
que vous pensez - il me parlait - nous constatons que la qualité des
gens qui se présentent et qui offrent leurs services pour siéger
à des conseils d'administration est probablement meilleure que ce qu'on
avait quand il s'agissait de choisir des gens et de leur offrir de les payer."
C'est toujours le ministre qui disait ça.
Il disait: "II y a des citoyens, dans la société, qui
faisaient un peu carrière à cumuler des directorats." Attendezl
vous allez voir que ce n'est pas fini! Il y en a des bonnes là-dedans.
On continue tout le temps: "En plus de permettre une économie pour le
gouvernement, je pense que cela permet également à ces gens de
venir là et d'avoir une attitude tout à fait libre
vis-à-vis du pouvoir public. Quand on demande à un individu de
venir siéger à Hydro-Québec ou à la
Société d'habitation du Québec -parce qu'il vient de
présenter un projet de loi sur la Société d'habitation du
Québec et, là aussi, il peut payer ses administrateurs -et qu'on
lui dit qu'il ne sera pas rémunéré, je pense que cela lui
laisse beaucoup plus les coudées franches que si on lui dit qu'il aura
un salaire de base de 4000 $ pour 200 $ la séance." Ce n'est pas
d'évaluer la capacité, la compétence et
l'honnêteté des gens bien fort, a mon idée. Il dit: "Si
l'individu ramasse 5000 $, 6000 $ ou 7000 $ par année, il y a
peut-être des individus qui seront portés à être plus
conciliants et à se taire lorsqu'ils ne devraient pas le faire." Vous
savez ce que ça fait quand les gens ne sont pas bons? Même s'ils
ont 5000 $ ou 6000 $, on les sacre dehors. Vous avez vu les occasions dans les
sociétés d'État quand on veut changer du monde? On vous
voit aller. On les examine et on change tout le monde. Ce n'est pas une
question d'argent, ça. L'honnêteté d'une personne et la
valeur d'une personne, ce n'est pas juste pour les piastres. Là, il
continue toujours sur le même sujet: "II m'apparaît, en tout cas au
moment où on se parle, que la directive gouvernementale qui a
été émise à ce sujet est bien reçue et
qu'elle ne crée pas de problème dans le sens de ce dont vient de
parler le député de Jonquière, de trouver des gens
compétents qui soient disposés à venir aider le
gouvernement ...au contraire - cela va permettre d'avoir des gens plus
qualifiés et certainement plus libres de dire
ce qu'ils pensent." Il continue tout le temps, notre suave ministre. Il
continue.
Une voix: ...
M. Dufour: Là, il est sourd. Ce n'est pas une
infirmité, il n'entend pas, volontairement. Ça, c'est plus
dangereux. Il continue: "Les gens sont compétents de notre
côté et on ne les rémunère pas. Les vôtres
sont compétents, vous les rémunériez ...il y a une
philosophie différente et, le 2 décembre dernier, les
Québécois ont voté pour une philosophie différente.
C'est celle qui a été proposée par le Parti libéral
du Québec." On étendait le flambeau, les oriflammes, le tambour.
C'est de valeur, ce n'était pas télévisé. "Cette
philosophie se traduit, entre autres - mais il ne faut pas laisser perdre cela,
il faut en parler - par une demande à des citoyens compétents de
servir l'État, de venir faire une contribution pour tenter d'amener une
meilleure gestion de l'administration publique. On l'a fait sans les
rémunérer."
Il continue tout le temps: "...c'est qu'il n'y aura pas de montant
payé. Et ceux à qui cela ne fait pas l'affaire
démissionneront et on en trouvera d'autres; on n'aura pas de
difficulté à en trouver... Je suis tout à fait à
l'aise de défendre cette position. Elle m'apparaît transparente;
elle m'apparaît tout à fait à l'honneur du gouvernement
...je vous signale et je vous déclare que ce n'est que la
compétence qui sera retenue pour le choix des gens qui siégeront
à des conseils d'administration des organismes publics et parapublics et
aucun autre critère." Cela va représenter - toujours selon ses
dires -5 000 000 $ à peu près d'économie pour le
Québec, et les meilleurs s'en viennent. C'est toujours lui. Il dit qu'il
ne parle pas des gens qui travaillent dans les sociétés
d'État, aux conseils d'administration. II le dits "Je ne parle pas des
gens qui siègent comme régisseurs. Les conseils d'administration,
ce n'est pas du travail..." Vous avez entendu ça, les gens qui nous
écoutent? Les gens qui travaillent dans les sociétés, aux
conseils d'administration, vous ne travaillez pas. Le ministre des Affaires
municipales vous a dit cela. "On s'assoit là une fois par mois. On met
son expertise. Vous savez ce que c'est le travail d'un conseil
d'administration. Cela se fait souvent en fin d'après-midi, cela peut se
faire le soir. Les comités consultatifs qui siègent
présentement, il y en a un qui siège en habitation qui
siège en dehors des heures de travail... C'est vraiment du
bénévolat comme quelqu'un en fait s'il travaille pour la
Croix-Rouge ou pour la Fondation des maladies du coeur."
C'est, en gros, le résumé de ce que le ministre des
Affaires municipales disait dans le temps lorsqu'il voulait implanter des
sociétés d'État, voulant dire qu'il n'y avait rien
là, qu'il y avait du monde qui faisait les cent pas pour venir offrir
leurs services. Effectivement, quand on regarde la Société
d'habitation du Québec, il parle encore des membres, qu'il y a des
jetons de présence, des qens qui vont aller à des conseils
d'administration et qui ne sont pas rémunérés, sauf dans
les cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement. Double langage! Physiquement, officiellement, on ne paie
personne, mais, à l'intérieur, on paie qui on veut, de la
façon qu'on veut, ou à peu près; par décret
gouvernemental, c'est évident! Je pense qu'il faut qu'il le dise quelque
part, mais ces gens qui sont bénévoles, je crains un peu. Je
voudrais bien savoir d'où ils viennent, ce qu'ils font, de quelle
façon ils sont payés, c'est quoi leur intérêt dans
tout cela. Ce n'est pas nécessairement de nature à faire avancer
la Société de développement industriel du Québec.
Je ne dis pas qu'on ne doit pas les payer. Cela fait simplement affirmer que
c'est un changement de cap, un changement majeur, ce qui nous est
proposé, un an, presque jour pour jour, après l'élection
du gouvernement qu'on a devant nous.
Donc, on change rapidement de langage. On continue à dire et je
continue à prétendre que ce gouvernement a dit des choses, parce
qu'il disait qu'il était prêt à administrer, mais, quand on
l'examine dans sa largeur et sa profondeur, parce qu'elle n'est pas profonde,
surtout dans sa philosophie et son approche, elle a une fonction, c'est de
changer tout ce qui existait auparavant, se donner l'air de gens qui bougent
beaucoup mais qui ne produisent pas nécessairement beaucoup. On voit ce
que cela donne un gouvernement de "businessmen". C'est un gouvernement qui a
une approche rapide, qui fait du "shadow-boxing" sur place - cela leur donne
l'impression de bouger. Mais, effectivement, on ne produit pas beaucoup de
choses et je ne pense pas que le Québec actuellement soit
favorisé et que ce projet de loi apporte une meilleure
compréhension ou un meilleur développement du Québec. (20
h 40)
Je pense que le développement du Québec est important.
C'est important qu'il y ait des sociétés qui puissent donner un
soutien, puis la société c'est l'État. L'État dans
une petite population comme on a ici au Québec a un rôle à
jouer, un rôle de soutien, d'aide pour les entreprises. On a parlé
beaucoup d'incubateurs durant la période électorale; on n'en voit
pas pousser beaucoup au Québec, et pourtant c'était une formule
intéressante. Les initiatives qui sont prises le sont dans le milieu
mais avec un soutien cas par cas.
Donc, encore là, cela permet de toucher qui on veut, de la
façon qu'on veut,
avec les moyens qu'on veut, mais selon ses propres critères ou
ses propres décisions, sans donner la chance à chacun et chacune
d'avoir accès aux mêmes outils de développement. Parce que
ce qu'on fait actuellement, c'est qu'on écrème l'industrie. On
essaie de prendre les meilleures en sachant et en ne sachant surtout pas. Qui
aurait pu prédire, quand elle a commencé qu'une compagnie comme
Cascades serait rendue là où elle est aujourd'hui? Ces gens ont
travaillé fort, et je suis sûr qu'avec les instruments qu'on a
là, Cascades ne serait jamais née pratiquement parce que si on
avait voulu lui aider... Il faut qu'on arrête d'écrémer
parce que ce n'est pas comme cela qu'on va développer. Il faut aller un
peu plus loin que cela dans notre expertise.
L'État est et était capable de mettre sur pied des
programmes qui peuvent développer le Québec industriel. Ce n'est
pas en coupant des subventions à des sociétés de
développement industriel, en transférant des comptes à
payer... C'est ce que vous faites: vous transférez des comptes à
payer. Pendant des années, on a soutenu des commissariats industriels.
On leur coupe les vivres. Pensez-vous que les... Bien oui, on a coupé
les subventions ce printemps. Je ne vous apprendrai pas cela. Je n'apprendrai
certainement pas au ministre de l'Industrie et du Commerce que les subventions
aux commissariats industriels ont été coupées ce
printemps. C'est cela votre approche? Bien oui: II y a des commissariats
industriels où 300 000 $ et 400 000 $ sont payés pour se
développer, puis vous leur coupez 20 000 $, 25 000 $. Ce ne sont pas les
premiers 25 000 $ qui font mal, ce sont peut-être les derniers qu'on met.
Il me semble qu'on comprend cela. Pas besoin de cours classique pour comprendre
cela. Le développement industriel, cela ne se fait pas juste dans les
universités. Cela se fait aussi avec du monde et avec des gens qui
veulent travailler, avec des gens qui sont entrepreneurs et qui veulent se
développer. Je pense que cette loi, comme l'autre, a certainement des
parties qui pourraient être bonifiées. J'incite le ministre, au
moins, à essayer d'écouter encore. Il n'est pas trop tard.
Merci.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, au cours des dernières
heures, j'ai eu l'occasion d'aller voir le programme du Parti libéral,
Maîtriser l'avenir, parce que je me suis dit, ce n'est pas possible que
ce gouvernement abolisse à peu près tout ce qu'il y a de
programmes. Il devait avoir un programme politique quelque part. J'ai
été relire le programme du Parti libéral, Maîtriser
l'avenir. À la page 6, il dit: S'appuyer sur une véritable
stratégie de développement économique. Quand on lit
l'article 14, on voit qu'un gouvernement du Parti libéral du
Québec déploie une stratégie économique comportant
deux axes prioritaires: le développement du potentiel
énergétique des ressources naturelles et des technologies de
pointe et, deuxièmement, la stimulation de l'entreprise
québécoise par la promotion vigoureuse de son caractère
concurrentiel.
Un peu plus loin, on voit que, dans le cadre du nouveau style de
gouvernement qu'il entend promouvoir, le Parti libéral du Québec
travaille activement - écoutez bien si c'est beau, M. le
Président, c'est quasiment de la poésie - à libérer
la créativité individuelle, à épauler
l'entre-preneurship, à soutenir les dynamismes locaux et les efforts de
ceux qui cherchent à se prendre en main. Il devient également le
gardien de la compétitivité des entreprises
québécoises.
Après avoir lu un si bel objectif, on se serait attendu d'avoir
des mesures en conséquence. Mais qu'est-ce qu'on voit, M. le
Président, depuis le début du règne du nouveau
gouvernement libéral qui a pris le pouvoir le 13 décembre
dernier? On voit d'abord le démantèlement des
sociétés d'État. Première opération
annoncée très tôt au début du régime.
Quebecair vendue on sait dans quelles conditions. Cambior vendue aux "chums".
On voit dans quelles conditions, à mesure qu'on les découvre, et
tout le monde reste stupéfait. Tantôt le contrat de la Raffinerie
de sucre du Québec deviendra public et on verra que ce contrat est pire
que les deux autres. Ensuite, Madelipêche, j'ai hâte de voir, on
aura l'occasion d'y revenir, d'en parler un peu plus tard.
On aura aussi l'occasion de reparler du Manoir Richelieu et d'autres
ventes ou d'autres tentatives de vente. On pourra parler éventuellement
de la gestion du Camp Mercier. On voit, au fond, que le gouvernement du
Québec veut se départir de plusieurs moteurs de
développement économique. On voit, par exemple, qu'il vend les
parts de SOQUIA dans Provigo qui avaient été achetées pour
garder le contrôle au Québec de Provigo parce qu'il y avait des
tentatives de Sobeys en Nouvelle-Écosse. On se rend compte, en
même temps, curieux de phénomène, que Sobeys entre de plus
en plus dans l'Est du Québec. On se demande ce qui se passe. On voit
également - et on a vu cette semaine - l'abolition d'incitatifs fiscaux
au développement économique.
Le ministre des Finances a quitté sa convalescence pour venir
abolir un certain nombre d'incitatifs fiscaux. Abolition des incitatifs fiscaux
au développement de l'industrie du cinéma au Québec. On
commençait à prendre le leadership au Canada. Non. On est en
train de devenir
trop grand pour le Parti libéral, il faut réduire cela.
Donc, disparition des incitatifs fiscaux au développement du
cinéma au Québec. Également, abolition des avantages pour
actions accréditives qui ont permis un développement minier
accéléré au cours des dernières années au
Québec. Le ministre des Finances vient d'annoncer que les avantages
qu'il y avait pour les actions accréditives, ça disparaît.
Ensuite, il met la hache dans le REA où il va baisser les avantages
considérablement et va surtout mettre en concurrence tout à
l'heure les REER, les régimes d'épargne-retraite avec les REA. Ce
qui veut dire que, dans les régimes d'épargne-retraite, où
il n'y a pas de développement économique, on va investir dans les
obligations du Canada ou dans les obligations du Québec plutôt que
dans des actions de compagnies où les risques sont plus grands mais qui
assurent en même temps le développement économique du
Québec.
Vous pensez que c'est tout. Non, ce n'est pas tout. Les deux derniers
budgets ont fait en sorte de taxer davantage les gens qui sont moins riches et
de détaxer avec une exemption de gain de capital de 500 000 $ ceux qui
sont plus fortunés. Vous penseriez que c'est tout? Non. Il fallait
maintenant qu'on dise au ministre de l'Industrie et du Commerce - je sais qu'il
n'est pas d'accord avec cela mais il ne veut pas le dire - de mettre son grain
de sel, de mettre le fion dans le ministère du développement
économique. Pourquoi? Parce que le gouvernement a décidé
de s'harmoniser avec le gouvernement fédéral et j'ai
trouvé suave d'entendre le ministre des Finances dire: Oui, il y aura la
disparition d'autres abris fiscaux qui ont pour but de donner des avantages
à ceux qui investissent dans le développement économique,
pas seulement dans une exemption de gain de capital de 500 000 $ sans aucune
perspective.
Si on fait un gain de 100 000 $, en spéculant sur une terre
agricole, on n'est pas taxé, alors qu'on va nuire à la
société. Par exemple, quand quelqu'un place dans le
développement économique, place dans le développement
minier, place dans le développement du cinéma, place dans la
petite entreprise, maintenant on enlève les avantages ou on les
réduit considérablement dans le cas des REA. Tantôt, quand
les gens auront à choisir entre le REER, le régime
d'épargne-retraite, et le REA, il sera beaucoup plus facile de choisir
le régime d'épargne-retraite parce qu'il y aura moins de risques,
mais le développement économique lui va en souffrir. C'est cela
le manque de perspective économique où le député de
Bonaventure s'improvise agent de développement économique,
c'est-à-dire qu'il abolit les programmes de développement. Tout
cela pour s'harmoniser avec Ottawa, pour enlever ce qu'il y avait d'original
dans le développement économique au Québec, pour enlever
les instruments qu'on s'était donnés au Québec pour faire
du développement économique. (20 h 50)
Maintenant, aujourd'hui, par la loi que nous avons devant nous,
qu'est-ce que nous allons voir, après l'abolition du programme de
financement des entreprises en avril dernier, du programme d'accès
à la Bourse le 1er mai dernier, du programme de prise en
charge des intérêts le 5 juin, celle du programme de prêt
à la capitalisation? Je peux vous dire, M. le Président, que sur
la rive sud il y a une chambre de commerce qui regroupe
régulièrement, à des dîners, 400 à 500
personnes. Et je vous dis que le domaine pour lequel j'ai eu le plus de
félicitations à l'endroit du gouvernement du Québec, c'est
celui du prêt à la capitalisation. Parce que le prêt
à la capitalisation permet justement de compenser le manque de capitaux.
Souvent, des gens qui ont des idées n'ont pas nécessairement des
capitaux. L'abolition du prêt à la capitalisation, le 31
décembre, aura pour effet de nuire vraiment aux petites entreprises. Les
grandes entreprises, elles, en ont des capitaux, mais celles dont la
réputation n'est pas établie manquent de capitaux et ces
prêts à la capitalisation avaient été établis
justement pour compenser ce manque de capitaux de la part des gens qui avaient
des idées. Qu'on regarde le développement extraordinaire que cela
a connu dans notre région. Mais, encore une fois, cela sera aboli.
Encore, je prends à témoin les gens de ma région,
les hommes d'affaires de la région de Québec, la Chambre de
commerce de la rive sud de Québec, en particulier, qui trouvaient que
c'était un des plus beaux programmes qu'il y avait à la
Société de développement industriel du Québec. Le
ministre de l'Industrie et du Commerce, là encore, à cause du
livre noir, le livre Gobeil... Vous savez, les libéraux avaient dit: On
ne fera plus de livre blanc, on ne fera plus de livre vert, on ne fera pas de
livre rose. Ils ont décidé de faire des livres noirs à la
place. Ils ont le rapport Gobeil, qui est le livre noir du Parti
libéral, qui a pour effet de faire disparaître tous les incitatifs
économiques au Québec. Entre autres, il force le ministre de
l'Industrie et du Commerce à mettre un terme au volet acquisition
d'actions des divers programmes d'aide de la Société de
développement industriel du Québec.
Ce n'est pas une mince affaire! N'ayons pas peur des mots, M. le
Président. En abolissant les uns après les autres les incitatifs
financiers de la SDI, le ministre répond par obligation à une
commande du président du Conseil du trésor, commande clairement
formulée à la page 37 du tristement célèbre rapport
Gobeil, le livre noir
pour empêcher te développement économique, et je
cite: "Le comité en est arrivé à la conclusion que les
programmes d'aide administrés par la SDI devraient simplement être
abolis et que le gouvernement devrait s'interroger sur le futur rôle de
la SDI, compte tenu du fait que la Banque fédérale de
développement peut jouer un rôle de prêteur en dernier
ressort." Imaginez-vous!
Encore là, on décide de s'harmoniser avec le gouvernement
fédéral. Mais vous regarderez qui siégeait, qui
siégeait au comité Gobeil. Vous rappelez-vous les noms de ceux
qui y siégeaient? Vous rappelez-vous?
Des voix: Oui, oui.
Une voix: Je me rappelle.
M. Garon: Vous rappelez-vous? Qui? Qui?
Une voix: M. Bélanger.
M. Garon: Ah! Le président de la Banque Nationale. N'y
avait-il pas un petit conflit d'intérêts par hasard? Il y avait
également le président de la Banque d'épargne de la
cité et du district de Montréal. N'était-il pas en petit
conflit d'intérêts avec la SDI? Il y avait également
qui?
Une voix: M. Lortie.
M. Garon: II y avait M. Lortie qui, lui, est spécialiste
en abolition de comité de surveillance des étalons. Vous avez
également M. Jean-Claude Rivest, homme d'asphalte, qui était le
conseiller du premier ministre et, enfin, M. Gobeil plutôt bon dans les
fruits et légumes pour faire une vente, le samedi soir, pour les
légumes qui ne passeront pas la fin de semaine. M. le Président,
voilà ce qui est arrivé.
Par ailleurs, je prends à témoin les gens de notre
région. Qu'est-ce que cela a fait, l'acquisition d'actions
d'entreprises? Ici, je vais me borner à des entreprises de la
région de Québec: À Beauport, en novembre 1984, les
industries de métal Saint-Laurent, fabricant de lames et de supports de
patins, ont eu besoin d'acquisition d'actions par la SDI pour 719 000 $; cela a
créé 152 emplois. Cela a fait également qu'à
Sainte-Claire, Prévost Car Inc., en mars 1985, manufacturier d'autobus,
des actions qui ont été prises par la SDI pour 1 000 000 $
permettant de créer 181 emplois. Dans notre région, encore, en
mars 1985, IPL Inc., produits en plastique, appartenant à la famille
Métivier de Saint-Damien-de-Bellechasse 31 emplois, 529 000 %
d'investissement dans le capital-actions. À Lac-Mégantic, par
exemple, en 1985, toujours, Bestar Ltée, fabricant de meubles de maison,
112 emplois; en novembre encore à IPL, Saint-Damien-de-Bellechasse, pour
une autre participation de 946 000 $ encore pour des produits en plastique.
Il y a un grand nombre de placements et je vous en nomme seulement
quelques-uns où le gouvernement, par des participations au
capital-actions, a permis des développements et a permis sûrement
aussi à l'entreprise de pouvoir augmenter ses moyens d'emprunt. La
capitalisation dans le capital-actions permet aussi de pouvoir emprunter
davantage à des fins, par exemple, de fonds de roulement.
Aujourd'hui, est-ce qu'il y a des députés de la
région de Québec qui ont défendu ces programmes de la SDI,
de la Société de développement industriel? Par exemple, il
y a des députés que je n'entends jamais parler, jamais, M. le
Président! Je les vois ici; parfois, je ne reconnais pas le son de leur
voix. Je ne sais pas s'ils ont la voix haute ou la voix basse, la voix d'un
ténor ou la voix d'un baryton. Ils ne parlent jamais. Est-ce qu'ils ont
défendu ces programmes de la SDI qui ont aidé au
développement économique de notre région? Je n'ai pas
entendu un son dans cette Chambre. Vous verrez, M. le Président, que ces
députés de la région de Québec ne parlent jamais.
À un moment donné, on fera un bilan. On additionnera le nombre de
pages et le nombre d'heures et vous verrez qu'ils ne parlent jamais pour
défendre les intérêts de notre région. À moi
seul, M. le Président, en temps à l'Assemblée nationale,
je parle plus que les cinq autres députés de la région de
Québec, pour défendre la région de Québec, pour
défendre des programmes. Pourquoi? Parce que je crois au
développement économique de la région de Québec. Je
ne m'assois pas sur mon biscuit. Au contraire, je dis: II faut faire quelque
chose pour développer la région de Québec. Il ne faut pas
seulement penser à fermer la ligne avec New York et la ligne avec
Boston. On a déjà un aéroport qui n'est pas tellement
gros.
Qu'est-ce qu'on dit sur Alu-Suisse? Pas un son. Qu'est-ce qu'on fait au
point de vue du développement économique alors qu'on avait
annoncé l'étude d'Alu-Suisse où le gouvernement va payer
la moitié de l'étude de faisabilité de 650 000 $?
Où est rendue l'étude? Tout ce qu'a fait le Parti libéral,
c'est de créer une diversion avec le député de Portneuf
qui a dit: II faudrait bien que cela vienne dans mon comté, à
Deschambault. Comprenez-vous? L'étude qui aurait dû être
produite à la fin du mois d'août n'est pas encore rendue publique.
Nous sommes rendus au mois de novembre. J'ai annoncé le 11 octobre 1985
cette étude, qui devait être rendue publique à la fin du
mois d'août, dont le gouvernement du Québec a payé la
moitié, 325 000 $. Depuis ce temps on a dit: Cela a été
retardé de six à huit
semaines et il n'arrive rien. On a vu que CDF-Chemic, le projet qu'il y
avait pour la région de Québec, apparemment, a été
siphonné par le ministre de l'Énergie et des Ressources pour sa
région. Nos 16 députés sur 17 de la région de
Québec défendent quoi? Ils sont muets comme des carpes, M. le
Président. Pas un son, pas un mot; Par exemple, le député
de Beauce-Nord, lui, se spécialise en allant défendre dans son
comté des projets d'abolition de programmes: la fermeture de la prison
de Saint-Joseph ou, encore, que le gouvernement ne paiera pas les inondations,
etc.
Il y a des projets intéressants. La Société de
développement industriel du Québec a été un moteur
dans la région de Québec. Elle a permis à une foule
d'entreprises de faire du développement, pas seulement dans la
région de Québec, mais je veux ce soir parler spécialement
de la région de Québec. Je sais que le vendredi soir, souvent, on
demande aux députés de la région de Québec, dans le
Parti libéral, de tenir le quorum. J'ai remarqué que ce soir ils
font exception, ils ne sont pas nombreux de la région de Québec;
il y a deux députés de la région de Québec sur
seize. On siège, ils sont payés le même salaire que nous,
il y en a deux sur seize seulement et les autres ne sont pas là.
Pourtant, on parle d'un projet majeur de la Société de
développement industriel du Québec. On veut abolir par ce projet
de loi les subventions que verse la Société de
développement industriel du Québec. On ne veut plus qu'elle fasse
de participation au capital-actions des entreprises. On veut réduire les
possibilités de développement économique, ratatiner,
écraser, alors qu'on vient dans la même semaine réduire le
rôle de la Société de développement industriel du
Québec après le ministre des Finances qui est venu ici nous
annoncer la disparition d'incitatifs fiscaux importants de développement
économique au Québec. On démantèle les
sociétés d'État et le député qui
démantèle, lui, est présent souvent. Il a l'air d'aimer
son rôle. Lui, il dit: Je démolis, donc je suis. Il dit: Si je
peux en démolir. Et il a hâte. Il est content, car il se dit: Le
Parti québécois en a tellement bâti, que j'en aurai assez
pour démolir pendant un mandat. Et il démolit à tour de
bras. (21 heures)
M. le Président, on ne fera pas de développement
économique de cette façon. Au contraire, il faut que nos
instruments de développement économique originaux soient
développés. Ils disparaissent. Quels instruments de
développement économique aurons-nous quand nous aurons aboli les
sociétés d'État, quand nous aurons aboli les incitatifs
fiscaux, comme on le fait allègrement actuellement, et quand nous aurons
aboli les programmes de développement de la
Société de développement industriel? Que
restera-t-il? Je le sais. On revient à Adam Smith, la main invisible!
Cela fait longtemps, Adam Smith. Oui, j'entends le député de
Vanier dire: "le 18è siècle". C'est cela. On revient au
libéralisme, à autrefois, lorsqu'on disait: La main invisible
s'occupera de cela et les forces du marché régleront les
problèmes d'eux-mêmes. C'était la théorie d'Adam
Smith, un vieil économiste d'autrefois, mais qui était dans un
monde d'autrefois.
Aujourd'hui, les libéraux nient le rôle du gouvernement.
Ils nient le rôle de l'État dans le développement
économique. Et c'est là le drame. C'est la différence
entre le Parti libéral et le Parti québécois qui, lui,
croit profondément au rôle du gouvernement dans le
développement économique. Je me rappelle que M. Lévesque
avait la formule suivante. Il disait: L'État québécois est
le plus fort des nôtres. C'est vrai. Aujourd'hui, regardons les grands
instruments de développement. Cela a été la Caisse de
dépôt et placement, Hydro-Québec et la
Société de développement industriel. René
Lévesque a bâti ces instruments. Tout le monde sait que Jean
Lesage ne voulait pas nationaliser Hydro, mais que, après la
tournée faite par René Lévesque dans tout le
Québec, il n'avait plus le choix. Il s'est plié à la
volonté populaire, parce que René Lévesque, en
dépit de la non-volonté de son chef, s'est promené d'un
bout à l'autre du Québec et il a fait en sorte que tout le monde
dise oui. Le dernier qui a dit oui, finalement, a été Jean
Lesage. Pourquoi? Parce que René Lévesque en avait eu la
détermination.
Les grands instruments de développement économiques au
Québec ont été des instruments collectifs de l'État
pour appuyer différents organismes et différentes entreprises
à faire ce développement économique. M. le
Président, j'ai de la peine. Le ministre de l'Industrie et du Commerce
n'est pas un mauvais garçon. Nous n'avons rien contre lui. Au contraire,
nous aimerions qu'il laisse son nom dans l'histoire, comme ayant
été un agent de développement économique. Mais son
chef a fait davantage confiance à l'auteur du livre noir,
c'est-à-dire le rapport Gobeil. Aujourd'hui, on voit des abolitions un
peu partout.
Je trouve cette journée triste, parce que j'aurais aimé
appuyer un projet du ministre de l'Industrie et du Commerce qui n'est pas un
personnage antipathique. Je n'aime pas être désagréable
envers un adversaire aussi aimable. C'est pourquoi j'ai de la peine de voir le
ministre de l'Industrie et du Commerce obligé de piloter un tel projet
qui sera nuisible au Québec, qui défavorisera le
développement économique et qui enlèvera les atouts que
possédait le Québec au point de vue du développement
économique avec la Société de développement
industriel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je reconnais maintenant M. le ministre
de l'Industrie et du Commerce pour l'exercice de son droit de
réplique.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Il me fait toujours un grand plaisir de suivre ici, à l'Assemblée
nationale, les discours du député de Lévis. Il a le don de
dérider l'assistance, d'autant plus qu'il s'alimente tout à fait
en dehors du sujet en cause, et, lorsqu'il trempe les pieds ou le bout des
orteils dans le sujet que nous avons devant nous, devant le projet de loi qui
est à l'étude, c'est pour alléguer d'une façon, ma
foi, fort fantaisiste qu'on y retrouve là des choses déplorables,
que certains aspects du projet de loi sont condamnables. Mais, chaque fois, je
dois le dire, M. le Président, le député de Lévis
nous montre qu'il n'a même pas lu le projet de loi.
Le député de Bertrand, par ailleurs - je parlerai tout
à l'heure de son intervention, bien brièvement - me paraît
dans le débat d'aujourd'hui entouré de collègues qui
n'appuient en rien la qualité par ailleurs excellente des propos que,
quant à lui, le député de Bertrand a tenus. Au moins, il a
lu le projet de loi. Au moins, il a parlé de certaines des
différences fondamentales entre la pratique, la philosophie qui
sous-tendait l'action de la Société de développement
industriel jusqu'à maintenant, jusqu'à l'adoption
éventuelle du projet de loi, sans vouloir présumer du
résultat du vote, d'une part, et, d'autre part, des directions qui sont
tracées dans le projet de loi 154. Le député de Bertrand a
dû se rabattre par voie de renfort et de soutien à son
argumentation sur le député de Shefford qui, alors qu'il faisait
une longue et élogieuse contribution au débat en évoquant
le nom d'Horace Boivin, le seul, le premier, l'unique véritable
commissaire industriel que la région représentée, pour le
moment, par le député de Shefford a compté...
J'attire l'attention du député de Shefford sur le fait que
M. Horace Boivin faisait, lui, la promotion du Québec, la promotion de
sa région et de sa ville. Il ne se promenait pas, comme le
député de Shefford, en disant que si on abolit un programme, on
abolit tous les soutiens à l'économie. Il ne faisait pas une
équation absolument exagérée, comme celle que fait le
député de Shefford qui, littéralement, pose comme des
termes interchangeables le nombre de programmes qui existeraient et la
volonté de soutenir le développement économique. Le
député de Shefford est tombé dans un piège bien
grossier mais, tout ce temps-là, cela n'aidait pas le
député de Bertrand.
Le député de Roberval a été égal
à lui-même. Il a caché ou tenté de cacher son
ignorance profonde de l'économie dans un discours-fleuve où se
mariaient la mesquinerie et les attaques personnelles. C'est essentiellement,
d'ailleurs, ce à quoi nous a habitués le député de
Roberval depuis qu'il est à l'Assemblée nationale. Il ne nous a
pas déçus car nous nous attendons toujours à un discours
de cette nature lorsqu'il prend la parole. Il n'a pas, lui non plus,
aidé le député de Bertrand et le député de
Roberval non plus n'avait pas lu le projet de loi.
La députée de Johnson qui semble avoir été
interrompue par des appels au quorum a néanmoins trouvé le temps
- et je lui en sais gré - de me remercier pour certaines subventions et
programmes d'aide qui ont été versés dans son comté
depuis le 2 décembre 1985. Je remercie encore une fois la
députée de Johnson pour ses propos.
Le député d'Ungava a dit des choses assez extraordinaires.
Lui non plus n'avait pas lu le projet de loi. Il a, par exemple, parlé
de la disparition éventuelle des subventions, subventions, dit-il, qui
pourraient permettre à une compagnie qui ne fait pas de profit, qui ne
peut pas opérer dans le quotidien, qui a de la misère avec ses
ventes et qui ne semble pas pouvoir gérer comme il faut, d'avoir
accès à l'aide gouvernementale. Je prétends qu'une
compagnie comme celle qu'a décrite le député d'Ungava
n'existe même pas. Elle ne pourrait, évidemment, même pas
vivoter dans les conditions absolument invraisemblables qu'a décrites le
député d'Ungava. Vous me permettrez de croire que ce ne sont pas
les fonds des contribuables qui doivent voir à soutenir des entreprises
aussi invraisemblablement inefficaces que celles que le député
d'Ungava semble avoir décrites un peu plus tôt.
En général, je vais relever tout de suite certaines des
inexactitudes. Je parle des inexactitudes, je ne parle pas de mauvaise foi, je
ne parle pas de charriage. Je vais parler des inexactitudes qui se sont
glissées dans les discours de la plupart des intervenants de
l'Opposition sauf, je le souligne, dans celui du député de
Bertrand qui, lui, a lu le projet de loi, je le répète. On pourra
parler du fond ensemble et on va laisser les autres amuser la galerie. Il
semble qu'on prétende que la disparition apparente de la faculté
pour la SDI de prendre des participations sous forme d'actions dans des
compagnies serait éminemment condamnable. Ce qu'il faut savoir, c'est
que les actions dont on parle chaque fois, la classe particulière
d'actions que la SDI pouvait souscrire, c'est essentiellement une forme de
subvention. On ne s'en cachera pas. Ce n'est pas, comme le prétendait le
leader de l'Opposition, des actions comme celles que la
BFD détiendrait dans des sociétés et sur laquelle,
à même un portefeuille d'une trentaine de millions, la Banque
fédérale de développement aurait fait 3 000 000 $ de
revenus l'an dernier. Ce qu'il faut savoir, c'est que la classe d'actions
particulière qui est en cause est une des formes d'aide, une subvention
pure et simple, qui est offerte aux entreprises qui, pour des raisons qui
tiennent de la fiscalité applicable à ces entreprises, à
un moment donné dans leur histoire fiscale, peuvent vouloir
préférer augmenter leur capital ou leurs ressources
financières, devrais-je plutôt dire, par une forme d'aide
financière qui est assimilable à du capital
privilégié sur lequel la SDI ne fait aucun rendement, rendement
zéro, qui n'est même pas remboursable. (21 h 10)
C'est carrément une subvention, une forme d'aide qui fait en
sorte que, pour le récipiendaire de l'aide, l'argent reçu de la
SDI n'est pas considéré comme un revenu taxable. C'est aussi
simple que ça et il ne faudrait pas faire de grands discours et charrier
à tour de bras sur la disparition extraordinaire, condamnable et
blâmable d'une forme d'aide, d'une forme de participation dans
l'économie du Québec qui aurait été hautement
bénéfique. Ce qui était hautement bénéfique
et ce qui l'est encore, c'est qu'il y a des options pour une
société éventuellement bénéficiaire d'un
programme d'aide de choisir cette façon de recevoir l'aide
financière de la SDI. Je reviendrai dans quelques instants pour parler
avec le député de Bertrand du maintien de cette
caractéristique de l'intervention de la Société de
développement industriel du Québec.
On a également semblé vouloir dénoncer la
volonté apparemment discrétionnaire de la SDI et du ministre
titulaire d'accaparer l'administration de certains programmes d'aide d'autres
ministères. Ce que la disposition en cause prévoit, c'est que le
gouvernement - je l'ai dit lors de la présentation du projet de loi
-pourrait éventuellement, à son choix, selon le besoin, le cas
échéant, confier à la Société de
développement industriel du Québec, où l'on retrouve
l'expertise d'administration de programmes d'aide financière,
l'administration de programmes d'aide financière d'autres
ministères sectoriels. C'est une question de choix gouvernemental, ce
n'est pas une question pour la SDI de vouloir accaparer ou d'exproprier les
juridictions particulières que les différents ministères
peuvent avoir.
Une fois qu'on a dit. ça, je pense, M. le Président,
qu'à la lecture bien simple des mots qui apparaissent dans le projet de
loi on voit qu'il s'agit d'une façon d'améliorer, comment
dirais-je, de passer d'une façon morcelée de s'occuper de
l'économie plutôt vers un système où le guichet sera
de plus en plus unique et ce, dans l'intérêt des
clientèles, quant à l'administration des programmes, quant
à l'expertise qu'on retrouve pour suivre la vie d'une entreprise et
s'assurer de la qualité de sa gestion, pour s'assurer que
l'investissement consenti par l'ensemble des contribuables
québécois qui, par le biais de la SDI, auraient effectivement
avancé des ressources financières à une entreprise, est
bien géré par les gens qui sont en première ligne dans le
secteur privé, dans le développement économique. C'est ce
dont il est essentiellement question: faire en sorte qu'il y ait un poste
particulier - on en a un - au gouvernement du Québec où se
retrouve l'expertise financière. On ne parle pas d'expertise globale et
horizontale dans tous les secteurs de l'économie; on parle de gens qui
transigent avec la clientèle d'entreprises, qui regardent des plans
d'affaires, qui regardent le montage financier, qui examinent et
évaluent la rentabilité d'une entreprise pour s'alimenter, par
ailleurs, quant à l'opportunité de consentir une aide
financière, parmi les expertises sectorielles qu'on peut retrouver un
peu partout dans les différents ministères du gouvernement du
Québec. C'est ce dont il est question.
Le troisième point sur lequel le député d'Ungava
m'a bien fait rire, je l'avoue, M. le Président, touchait la
rémunération des membres du conseil d'administration de la
Société de développement industriel du Québec. J'ai
pourtant relu la disposition, contrairement au député d'Ungava
qui ne l'avait même pas lue. Ce que nous exprimons ici, c'est le principe
général - on l'a souligné tout à l'heure, le
député de Jonquière en a fait grand état - que les
membres des conseils d'administration dans l'appareil public ne devraient pas
recevoir de rémunération. Mais ce principe général
-d'ailleurs, le député de Bertrand a semblé rejoindre ce
libellé qu'on retrouve dans la loi, à cause de son vibrant
plaidoyer, pour qu'on maintienne la rémunération des gens qui
siègent au conseil d'administration de la SDI - souffre exception. Je le
répète, le député de Bertrand a plaidé, je
dirais, brillamment, M. le Président, que les membres de quelque
communauté ou de quelque région que ce soit, à cause de
leur expérience, de leur expertise, du temps qu'ils sont disposés
à mettre au soutien du développement économique du
Québec en scrutant les demandes d'aide financière et en faisant
des suggestions qui permettent une action encore plus efficace de la SDI,
devraient, si j'ai bien compris le député de Bertrand, recevoir
une certaine rémunération que je qualifierais et qu'il
qualifierait sans doute de raisonnable. Lui-même a été
membre du conseil d'administration de la Société de
développement industriel. Je soupçonne qu'il trouvait la
rémunération à laquelle il avait droit raisonnable, ni
exagérée, ni trop basse, ni trop haute. Il y avait,
évidemment - je le reconnais et lui aussi; c'est, évidemment, de
cela qu'il s'agit - une certaine dimension de volontariat et de
bénévolat associée à du service public dans un
organisme comme celui-là, mais essentiellement on ne peut pas s'attendre
constamment que des gens d'expérience donnent même une
demi-journée par semaine à longueur d'année pour regarder
des dossiers d'aide financière et qu'on fasse cela purement et
simplement avec le bénévolat le plus entier et le don de soi
qu'on associe généralement à des ordres monastiques.
Je pense, M. le Président, que le député d'Ungava a
mal lu le projet de loi, qu'il n'a même pas écouté son
collègue de Bertrand. L'espèce de gymnastique intellectuelle
à laquelle il s'est livré pour prétendre que le ministre -
pas le gouvernement, le ministre - pourrait décider de
rémunérer M. X, mais pas Mme Unetelle à un conseil
d'administration, M. le Président, est un raisonnement qui
m'échappe totalement. Je ne vois vraiment pas où est la source,
sinon dans l'imagination fertile du député d'Ungava, qui lui a
permis de dire des choses semblables.
Ayant disposé de ce qui tenait lieu d'appui argumentaire au
député de Bertrand sous la forme étrange utilisée
par certains de ses collègues, quant au fond, je veux dire au
député de Bertrand que ce que nous sommes en train de
privilégier, c'est d'occuper ce créneau dans l'aide à
l'entreprise qui, aujourd'hui, fait défaut. Si on regarde la naissance,
la croissance éventuelle, le développement, la consolidation,
l'expansion, y compris vers l'étranger, d'une entreprise - c'est le
cycle de vie des entreprises qui est en cause -qu'est-ce que nous faisons?
D'abord, je dois dire que ce que j'anticipe, ce que j'entends recommander,
c'est que l'ensemble des programmes d'aide qui seront mis sur pied dans le
cadre beaucoup plus flexible et souple de la nouvelle loi s'appliquera à
tout le monde, alors qu'autrefois, sauf dans le cas des entreprises à
technologie moderne et du prêt de capitalisation qui s'appliquait
à des entreprises en démarrage, l'ensemble des programmes de la
SDI, notamment celui pour les entreprises dynamiques, n'était disponible
que pour les entreprises qui avaient au moins trois ans d'existence. On
dénonçait tout à l'heure le fait qu'on ne se
préoccuperait pas des entreprises en démarrage.
Une voix: Oui, c'est vrai.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'invite le
député qui me fait signe que c'est vrai à s'en
référer à son collègue qui a siéqé au
conseil d'administration de la SDI. Il y avait, comme condition fondamentale
dans ce programme, que l'entreprise ait au moins trois ans d'existence.
Une voix: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas une entreprise en
démarrage qui a trois ans d'existence. Nous entendons joindre
déjà des dispositions comme le congé fiscal annoncé
le 1er mai dernier pour les entreprises naissantes, un congé fiscal de
trois ans pour la taxe sur le capital et l'impôt sur le revenu des
corporations que le ministre des Finances a annoncé, un congé de
trois ans pour une entreprise en démarrage. J'ajoute, M. le
Président, que cette entreprise aura accès à des
programmes d'aide contrairement à ce qui existait avant ce jour. Cela
m'apparaît, M. le Président, particulièrement
important.
L'entreprise en démarrage peut avoir de l'aide du gouvernement du
Québec de deux façons. Il n'y a aucun doute, je viens de le
démontrer. Lorsque l'entreprise grossit un peu plus, elle peut avoir
besoin d'autres sortes de capitaux. Le programme des sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise permet effectivement une
source de financement pour certaines entreprises qui ont atteint un certain
seuil de développement. Vraiment, on est dans la P plutôt que dans
la ME de la PME. C'est plutôt de la petite que de la moyenne qu'il est
question de mettre sur pied, normalement dans une région, parce que le
régime des SPEQ est beaucoup plus populaire, on le voit, dans les
régions que dans les grands centres urbains du Québec. Là,
on voit des entreprises régionales plutôt petites, presque mais
pas encore moyennes, qui ont des occasions de se capitaliser à
même ce programme. (21 h 20)
Lorsqu'on dépasse encore plus le stade de développement
que je viens de décrire, on est presque rendu, lorsqu'on regarde
l'ensemble des programmes gouvernementaux, des incitatifs fiscaux, au
Régime d'épargne-actions, à l'égard duquel - j'en
profite pour le dire - les changements récemment annoncés par le
ministre des Finances ont été fort bien reçus par toute la
communauté financière qui vit des ce programme ou qui en
bénéficie lorsqu'il s'agit des entreprises. Les
dénonciations effrénées du député de
Lévis ne changeront rien à la réalité. La
communauté des affaires la plus affectée par le Régime
d'épargne-actions a très bien reçu les déclarations
récentes du ministre des Finances.
C'est donc dans le créneau entre la petite entreprise et celle
qui se qualifie au Régime d'épargne-actions que nous pourrons
introduire une forme d'aide financière qui n'est pas de la subvention,
non, je le répète, mais qui est de la quasi-équité.
Lorsqu'on parle de privilégier du prêt à long terme,
mais consenti au taux de marché, d'abord, on n'est pas tellement
loin incidemment de l'achat d'actions non remboursables sur lesquelles il n'y a
pas de rendement quant à la forme que cela revêt dans la structure
financière, mais il est entendu que cela coûte quelque chose
à l'entreprise.
Cela coûte quelque chose à l'entreprise parce que, je le
répète, je suis profondément convaincu que les entreprises
québécoises n'ont pas demandé, n'ont pas d'exigences de
subventions pures et simples. C'est l'accent que je veux faire porter sur le
cadre de la nouvelle loi. C'est l'accent que, par exemple, le Groupement
québécois d'entreprises, par la voix de son président de
l'an dernier, M. Richard Bourbeau, voulait faire porter sur les programmes
d'aide qui pouvaient lui être disponibles.
Connaissant les besoins fondamentaux d'une meilleure capitalisation, ce
qui ne s'atteint pas par voie de subventions, considérant qu'il est
important que les entreprises québécoises sachent qu'elles
doivent être le plus responsables possible et que, si elles contractent
des engagements, elles doivent prendre toutes les dispositions au point de vue
de l'amélioration de la rentabilité pour faire face à
leurs engagements, y compris les engagements à l'endroit du gouvernement
du Québec, bien, le Groupement québécois d'entreprises,
les chambres de commerce, les associations de toutes natures dans le monde
économique que nous avons rencontrés alors que nous allions voir
quels étaient les besoins de ces entreprises, tous ces gens sont
aujourd'hui unanimes pour approuver le genre de démarche dans laquelle
le ministère de l'Industrie et du Commerce et la SDI se sont
engagés.
Je déplore vivement, mais c'est peut-être le lot de
l'Opposition, qu'ils soient aussi peu connectés sur la
réalité du monde des affaires. Ils ont eu l'occasion de le
montrer pendant neuf ou dix ans. Les Québécois ont trouvé
que cela avait duré assez longtemps et, il y a un an, il y a eu un
changement de gouvernement parce que nous avons exprimé notre foi - et
tous nos gestes supportent cette volonté que nous avons - d'appuyer le
secteur privé, de trouver une façon efficace d'aider l'entreprise
dans ses vrais problèmes, les vrais problèmes de capitalisation,
les vrais problèmes de réduction du fardeau de la dette que
pouvaient créer les programmes qui, d'une part, se sont
développés pendant plusieurs années, diminuer la
dépendance que je qualifierais de chronique des programmes de
subventions qui n'étaient pas incitatifs.
Le caractère incitatif que nous insérons de façon
organisée dans les programmes d'aide qui pourraient être permis
par la nouvelle loi est à la base même de notre action. Je
l'annonce et les entreprises le savent, ce n'est plus un bar ouvert que la
SDI. C'est un partenaire de l'entreprise québécoise. Ce
sont des gens qui, par leur expertise, je le redis, sauront aider les
entreprises québécoises. Ce sont des gens qui sont à la
SDI qui sauront conseiller l'entreprise québécoise et ce sont des
gens à la SDI qui ont décidé depuis plusieurs mois de se
pencher sur les véritables besoins de l'entreprise, de dessiner, si on
veut, d'imaginer, de trouver des réponses précises et
concrètes aux besoins des entreprises québécoises. Et,
pour donner suite à ces constats, à ces observations et aux
souhaits des entreprises du Québec, il y avait nécessité
de modifier le cadre législatif à l'intérieur duquel la
SDI devra fonctionner à l'avenir.
Rien n'est démantelé, M. le Président. À la
rigueur, je vais reconnaître que nous réorientons notre action
vers des cibles, vers des besoins qui nous ont été
exprimés par les entreprises du Québec. Cela m'apparaît une
façon plus efficace de gérer les deniers publics que d'inventer
pour le plaisir d'inventer des programmes pour prétendre que nous devons
toujours privilégier des interventions conjoncturelles du moment
précis, alors que ce qui est important pour l'avenir des entreprises
québécoises, c'est que nous mettions sur pied des programmes qui
vont déterminer la structure même de nos entreprises, des
programmes structurels. C'est de cela qu'il est question. Le
député de Lévis aime mieux des programmes conjoncturels.
Cela le regarde, M. le Président.
Mais pour faire une action à long terme, il faut voir quels sont
les besoins à long terme des entreprises québécoises, il
faut voir quelles sont les demandes que les entreprises nous ont
exprimées. C'est exactement de cela que nous avons parlé avec les
entreprises depuis six mois et c'est pour cela, tout simplement, que nous
présentons aujourd'hui le projet de loi 154 dont je recommande
très clairement l'adoption.
Le Vice-Président: Le débat étant clos
à cette étape de l'étude du projet de loi, est-ce que la
motion d'adoption du principe du projet de loi 154, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Je ferais motion que le
projet de loi soit déféré à la commission de
l'économie et du travail.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article 30) du feuilleton.
Projet de loi 154 Adoption du principe
Le Vice-Président: Très bien. A l'article 30) du
feuilleton, M. le ministre de l'Industrie et du Commerce propose que le
principe du projet de loi 158, Loi modifiant la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, soit maintenant adopté. Vous avez la parole,
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Bien brièvement, il s'agit ici de donner suite au
budget du 1er mai dernier dans lequel le ministre des Finances a annoncé
la mise sur pied d'un nouveau programme d'actionnariat à
l'intérieur du programme SPEQ, sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise. On sait qu'il s'agit là - j'en
parlais dans le cadre d'un autre débat, il n'y a pas si longtemps, cela
se mesure en secondes et en minutes - d'un véhicule qui avait
été recommandé notamment par la commission Saucier sur la
capitalisation des entreprises québécoises dont nous avions
salué, comme parti, la mise sur pied à l'époque, dont nous
avions surtout salué les recommandations. Je ne m'en souviens pas comme
si c'était hier, mais comme si c'était l'an dernier ou il y a un
an et demi. Je me souviens que nous avions exhorté le gouvernement
d'alors à donner une suite concrète le plus rapidement possible
aux recommandations du rapport Saucier.
Une de ces recommandations avait pour but d'instituer un véhicule
qui permettait à des gens associés à une entreprise d'y
associer davantage, je dirais, de leurs connaissances, des gens qui se
retrouvaient dans leur rayon d'action, dans leur région, des gens qu'on
pourrait intéresser à investir dans une entreprise, une PME en
général, je dirais même toujours, dans une région
particulière, donc, connue des investisseurs éventuels. Ce
programme de mise sur pied des sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise bénéficiait d'un incitatif
fiscal, c'est-à-dire que la totalité de l'investissement consenti
par l'investisseur dans cette société de placements qui
elle-même investissait dans l'entreprise québécoise en
cause, dans l'entreprise active, pouvait être déduite, lorsque
l'investisseur remplissait ou complétait sa formule d'impôt le 30
avril. (21 h 30)
II nous est apparu, M. le Président, qu'afin de faire progresser
davantage l'entreprise québécoise il était important
qu'une complicité additionnelle puisse se retrouver à
l'intérieur de l'entreprise, cette complicité, trop souvent
absente, entre la direction et les travailleurs, cette complicité qui
est à la base même de l'action commune que tous ceux qui sont
associés à la vie quotidienne de l'entreprise peuvent manifester,
complicité, évidemment, qui lorsque les germes peuvent en
être retrouvés, doit être encouragée. Quant à
savoir s'il existe des germes de ces associations de travailleurs et de
propriétaires d'entreprises, je pense que nous avons au Québec de
nombreux exemples où la gestion participative a connu de grands
succès, où les politiques de porte ouverte, où les
politiques de partage des bénéfices et des fruits de l'entreprise
ont permis à certaines d'entre elles de réaliser de très
grands succès. On cite la plupart du temps le cas de Papier Cascades. On
a là un modèle qui tient à la volonté des
propriétaires d'associer leurs travailleurs à toute leur
entreprise. On trouve là un modèle dont on aurait grand
intérêt à s'inspirer, mais la question évidemment,
Mme la Présidente, c'est de ne pas forcer les gens à s'associer
à... Comment dirais-je? Le plus qu'on puisse souhaiter, c'est que le
gouvernement, la société tente de réunir un ensemble de
conditions qui pourraient inciter les qens à se comporter d'une certaine
façon s'ils y trouvent leur intérêt.
Ce que le ministre des Finances a annoncé le 1er mai dernier,
c'est essentiellement un enrichissement du programme des sociétés
de placements dans l'entreprise québécoise, enrichissement dans
le cas où les travailleurs eux-mêmes, les travailleurs de
l'entreprise décidaient d'investir dans leur entreprise à
l'intérieur du cadre qui est déterminé par la loi et qui
n'est pas si différent de ce qu'il est, de toute façon, pour le
programme général des sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise. Enrichissement fiscal,
c'est-à-dire que l'investissement consenti par un travailleur dans son
entreprise bénéficie d'une déduction fiscale de 125 % de
l'investissement. Donc, non seulement la totalité, mais un boni de 25 %
de l'investissement consenti peut être déduit lors du
calcul...
La Vice-Présidente: Je m'excuse, j'ai une question de
règlement, M. le ministre. M. le député de Lévis,
sur votre question de règlement.
M. Garon: Voyez-vous, Mme la Présidente, M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce fait un discours important et je trouve que ce n'est
pas correct qu'il n'y ait pas quorum en cette Chambre. Il faudrait...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la question de
règlement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Sur la question de règlement,
M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la question de
règlement. Je remercie le député de Lévis de dire:
Je crois que c'est un discours important. Je suis d'accord avec lui. Quant
à savoir quelle devrait être la grosseur de l'auditoire, vous me
laisserez en être le juge.
La Vice-Présidente: Je vais tout de même
vérifier, M. le ministre, si effectivement il y a quorum.
Nous avons quorum. Vous pouvez continuer, M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Garon: Question de règlement. Au moment où j'ai
demandé le quorum, il n'y avait pas quorum, Mme la Présidente,
vous avez pu le constater. Les députés sont arrivés. Ils
devraient être ici présents pour écouter le discours du
ministre, plutôt que de s'en aller et ne pas l'écouter car je
pense que c'est un discours important.
La Vice-Présidente: Effectivement, M. le
député, vous aviez raison sur votre question de règlement.
Là-dessus, M. le député de Lévis, je cède la
parole au ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, Mme la Présidente.
Croyant bien faire, le député de Lévis n'a réussi
qu'à m'interrompre. J'ai cru comprendre qu'il trouvait mon discours
intéressant, alors je le prierais de ne pas m'interrompre s'il croit
qu'il en est ainsi.
Mme la Présidente, il m'apparaît que...
M. Garon: ...qu'il y a un règlement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, il y a un
règlement, M. le député de Lévis. En attendant,
vous m'avez interrompu et vous me permettrez de reprendre le fil.
Mme la Présidente, il existe le programme des
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
ouvert dans les conditions qu'on connaît déjà depuis des
mois, sinon depuis un an et demi, ou à peu près, et le ministre
des Finances a décidé d'enrichir ce programme dans le cas
où des travailleurs d'une entreprise, en association avec les
propriétaires de cette entreprise, évidemment, auraient
l'occasion d'investir dans leur gagne-pain, si je peux m'exprimer ainsi. Le
projet de loi 158 que nous avons devant nous a pour premier objet important de
donner suite aux dispositions fiscales annoncées par le ministre des
Finances le 1er mai dernier.
Le deuxième objectif du projet de loi est de nature beaucoup plus
technique, notamment pour boucher les trous qui se sont glissés au fil
de l'usage du programme dans l'ensemble de ses règles, notamment ce
qu'il était convenu d'appeler la constitution de SPEQ amies.
On sait que les dispositions fondamentales du programme des
sociétés de placements dans l'entreprise québécoise
exigent qu'une personne qui contrôlerait une entreprise ne peut
elle-même contrôler la société de placements dans
l'entreprise québécoise qui investirait dans l'entreprise en
cause. Il s'est développé, au fil des mois, grâce à
l'expertise de gens qui lisent attentivement des textes comme celui-là,
certaines habitudes, notamment celle pour des gens qu'on pourrait qualifier, de
façon, je dirais, légère, d'acoquinés, de
constituer des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise individuellement et séparément, mais de
faire en sorte que ces sociétés, contrôlées chacune
par des individus, investissent non pas dans les entreprises qui sont
elles-mêmes contrôlées par les individus en cause, mais
chacune l'une dans l'autre, afin d'échapper à la règle que
je décrivais plus tôt qui interdit de contrôler la SPEQ qui
investit dans l'entreprise que l'on contrôle soi-même. Il s'est
développé des systèmes... On a constaté l'existence
de systèmes, devrais-je dire, où, par arrangement quelconque, ou
étrangement par hasard des SPEQ trouvaient le moyen d'investir dans des
entreprises où on retrouvait un tas d'associés de l'entreprise et
des entreprises dans les SPEQ - enfin, un beau petit groupe fermé - qui,
finalement, trouvaient le moyen de faire le tour des dispositions très
précises, comme le sont les dispositions de nature fiscale ou quasi
fiscale qui avaient été édictées pour les SPEQ.
Donc, on bouche ici ce qu'on pourrait appeler des trous dans la loi afin de
bien s'assurer qu'on en respecte non seulement l'esprit, mais très
certainement la lettre.
Il y a également quelques autres modifications de nature
technique, notamment sur le calcul du véritable bénéfice
fiscal qui peut s'accroître au bénéfice des investisseurs
dans la SPEQ. Par exemple, il y a des cas qui ont été
soulignés ou constatés où l'apport dans la SPEQ d'un
entrepreneur ou d'un investisseur quelconque pouvait être attribuable
à sa connaissance, à son expertise, à son "know-how",
à son brevet ou que sais-je, et que la mise de
fonds financière réelle, mesurable, était de
beaucoup inférieure à ce que les autres investisseurs, toutes
proportions gardées quant à la proportion détenue dans la
SPEQ, pouvaient représenter. Par référence à des
dispositions fiscales, ma foi, que j'avoue fort compliquées, un peu
comme tout le monde, sauf des gens qui font cela pour gagner leur vie tous les
jours, par référence, donc, à la loi de l'impôt sur
le revenu du Québec, nous avons, encore une fois, ici, trouvé le
moyen de boucher - il faut le redire - certains trous qui, je le
répète, dans des mesures fiscales, se découvrent à
l'usage. Tout le monde est essentiellement conscient qu'on essaie de respecter
la loi. Le législateur ose espérer que la rédaction des
dispositions fiscales permet de traduire l'esprit dans lequel le
législateur envisage de faire adopter un projet de loi, mais il n'en
reste pas moins que la rédaction est parfois quelque peu infidèle
à l'esprit. Nous proposons donc, ici, Mme la Présidente, des
changements à la Loi sur les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise afin de bien nous assurer que l'esprit
dans lequel ce mécanisme d'investissement dans l'entreprise
québécoise, donc, que l'esprit qui y présidait est
fidèlement traduit par des dispositions précises qui sont
interprétées de façon fort restrictive. C'est là,
évidemment, la jurisprudence, c'est là la pratique en
matière d'interprétation des lois fiscales. Il faut être
extrêmement précis, il faut présumer que ce qui est
écrit, à la virgule près, n'est ni plus ni moins que ce
qu'avait le législateur à l'esprit. Il se glisse
occasionnellement certaines divergences entre la lettre et l'esprit de la loi
en matière de fiscalité et c'est précisément ce que
nous tentons, entre autres, de corriger ici aujourd'hui. (21 h 40)
Donc, modifications techniques dont je viens de donner deux exemples,
mais sur lesquelles nous pourrons nous attarder lors de l'étude article
par article, mais, fondamentalement, donner effet législativement aux
voeux exprimés, aux dispositions fiscales énoncées par le
ministre des Finances le 1er mai dernier, régime d'actionnariat pour les
employés, enrichissement du régime des sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, dans les cas qu'on doit
encourager, où les travailleurs et les propriétaires d'une
entreprise s'associent financièrement afin de développer leur
propre entreprise. C'est un geste que nous avons voulu, comme gouvernement,
indicatif de l'intérêt que nous portons à toutes sortes de
nouvelles formes de gestion, notamment à la gestion participative,
à la concertation qu'on doit retrouver dans l'entreprise et à la
complicité - c'est le terme que j'aime le mieux - qui doit assurer le
développement de l'entreprise dans la plus grande harmonie, en mettant
de l'avant des modèles de fonctionnement qui, évidemment, Mme
la
Présidente, assurent une solidité à l'entreprise
qui est le meilleur gage de sa croissance. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce. M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, Mme la Présidente. Il me fait
plaisir d'intervenir sur ce projet de loi 158 qui modifie la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, communément appelées les SPEQ. Je veux,
d'ores et déjà, rassurer le ministre de l'Industrie et du
Commerce que j'ai aussi bien lu et bien décortiqué le projet de
loi 158 afin de bien comprendre ce qu'il a appelé les technicités
et m'assurer que notre débat sur ce projet de loi soit le plus
enrichissant possible.
Je dirai d'abord que les SPEQ, telles qu'elles sont connues, les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, existent depuis l'été 1985. En effet,
c'est le précédent gouvernement qui avait promulgué la Loi
sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Tout cela visait essentiellement
l'amélioration de la structure de capital des petites et des moyennes
entreprises qui, il faut le dire, avaient été passablement
éprouvées au cours de la crise de 1980, 1981 et 1982.
Le programme actuel permet aux compagnies privées qui n'ont pas
accès aux avantages de l'épargne-actions de faire appel à
des contributions des contribuables. Comme pour le REA, une déduction
fiscale de 100 % est accordée aux investisseurs d'une SPEQ. Pour les
travailleurs qui misent dans une SPEQ, ce qu'on appelle maintenant une
SPEQ-employés, donc qui investissent dans leur propre entreprise, une
déduction fiscale de 125 % sera accordée.
Mme la Présidente, le projet de loi 158 vise essentiellement
à apporter des modifications techniques et des ouvertures, à
corriger différents vices de formes dont on s'est aperçu depuis
l'application de la loi telle qu'elle existe depuis juin 1985. Ce qu'il faut
bien comprendre, c'est que les sociétés de placements, telles
qu'elles ont été conçues, donnaient d'abord, à la
suite des recommandations de la commission Saucier sur les capitalisations
d'entreprises, commission qui était présidée par M. Serge
Saucier, président de RCMP, un homme d'affaires bien connu que j'estime
bien... Ce modèle des SPEQ s'inspire entre autres du modèle
ontarien, soit le SBDB, qu'on appelle là-bas le Small Business
Development Bank, et qui fonctionne très bien depuis plus de quatre ans
en Ontario.
Vous savez, Mme la Présidente, il est presque impossible, pour
les petites et moyennes entreprises, quoique davantage pour des petites,
d'obtenir du capital de risque, car elles n'ont pas l'infrastucture de gestion
ni l'infrastructure financière de la grande entreprise, qui, elle, a
réussi à passer à travers les premières
étapes. Les SPEQ, telles qu'on les connaît, viennent donc, en
partie, palier ce besoin d'entreprises qui se situent entre la petite et la
moyenne entreprise, soit celle qui nécessite un minimum de 100 000 $ de
capital supplémentaire.
Le projet de loi 158 fait suite à une mesure contenue dans le
budget du 1er mai 1986 déposé ici même à cette
Assemblée par le ministre des Finances. Essentiellement, ce que le
ministre des Finances nous disait, c'était ce qui suit, et je cite ce
passage pour bien situer le projet de loi 158: "Afin d'accroître la
collaboration des employés et des employeurs au développement de
leur entreprise, à son efficacité, à sa
productivité et à sa rentabilité, une déduction
fiscale additionnelle à celle qui existe actuellement aux fins du
régime d'épargne-actions et des sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise est introduite et
s'appliquera aux actions achetées après le discours sur le
budget, donc après le 1er mai 1986." Pour favoriser cette collaboration
entre les employés et les employeurs, le ministre des Finances a alors
décidé d'accorder un avantage fiscal additionnel de 25 %,
c'est-à-dire que les SPEQ, telles que conçues en juin 1985,
permettaient une déduction de 100 %. La formule telle qu'avancée
par le ministre des Finances, le 1er mai dernier, permet à ces
SPEQ-employés d'avoir 125 % de déduction. C'est donc dire que
l'employé ou les employés qui décident d'investir dans
l'entreprise dans laquelle ils travaillent peuvent avoir droit à ces 125
% de déduction fiscale par la formule d'une SPEQ. Je pense que c'est
quelque chose de très stimulant.
Ce que j'aimerais rappeler ici, c'est que les mesures fiscales
d'application se retrouvent cependant à l'article 46 du projet de loi
120 qui, actuellement, est à l'étape de la deuxième
lecture et qui va venir conférer l'avantage de ces 25 %. De plus,
l'article 47 du projet de loi 120 instaure le régime d'actionnariat dans
la Loi sur les impôts. Les mesures fiscales, les mesures de
SPEQ-employés permettant cet incitatif aux employés
annoncées le 1er mai dernier se retrouvent dans le projet de loi 158
pour ce qui est des SPEQ-employés mais pour ce qui est des
déductions fiscales, de la formalité du côté fiscal,
nous les retrouverons au cours de la prochaine semaine dans le projet de loi
120 qui est actuellement à l'étape de la deuxième
lecture.
L'impact financier pour le gouver- nement du Québec de cette
déduction spéciale à l'égard de ces actions, ce qui
est prévu pour l'exercice financier 1986-1987, il n'y a pas de montant,
puisqu'on sait que cela prendra un an avant que cela ait un impact mais, pour
l'année 1987-1988, l'impact financier est de 1 000 000 $ et pour
l'exercice financier 1988-1989, nous parlons de 3 000 000 $. Tout cela pour
dire que l'approche du projet de loi 158 veut bonifier, élargir ce qui
existe actuellement et je pense que c'est un pas dans la bonne direction.
J'ai consulté les différentes déclarations du
ministre de l'Industrie et du Commerce. Vous savez que ce n'est pas facile,
parce que le ministre n'a pas fait beaucoup d'interventions. Essayer de trouver
des propos du ministre qui vont à l'encontre de ce qu'il a
déjà dit, ce n'est pas facile. C'est un ministre qui a
généralement une pensée cohérente mais je dois dire
qu'en fouillant quelque peu l'intervention du député de
Vaudreuil-Soulanges du 20 juin 1983 dernière journée de la
session - j'ai trouvé des choses intéressantes et j'essayais
tantôt d'intégrer cela aux propos que le ministre nous a tenus qui
étaient des propos... (21 h 50)
Je dois dire qu'il a fait un plaidoyer fort intéressant sur toute
cette approche qu'il favorise et que je favorise, soit dit en passant, de
permettre que les employés, les travailleurs, les travailleuses
investissent dans l'entreprise dans laquelle ils travaillent afin d'avoir tout
cet élément de motivation. C'était dans le projet de loi
192 d'alors, le ministre s'en souviendra comme si c'était hier parce
qu'il a une excellente mémoire. Il s'agissait de la mise sur pied d'un
projet qui s'appelait le Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec et l'essentiel était de permettre à ces
travailleurs, par une formule du fonds de solidarité, d'investir dans
leur entreprise.
Vous savez, Mme la Présidente, que ce ne sont pas des
déclarations bien graves sauf que le ministre reconnaîtra qu'elles
vont un petit peu à l'encontre de ce qu'il nous déclarait ce
soir. J'aime beaucoup mieux l'évolution qu'il a pu avoir sûrement
ces derniers mois puisque le discours qu'il tient en 1986 est un discours qui
correspond beaucoup plus à la réalité. Quand même,
aux fins de bien situer les propos et de rappeler aussi à tous les
députés en cette Chambre que, lorsqu'on fait des
déclarations ici un jour, si on se prend à se conter des peurs ou
à ne pas dire vraiment ce qu'on pense, ça nous rejoint. Ceux qui
sont ici depuis de nombreuses années savent qu'en tout temps on peut
relever ces propos-là.
À propos de ce débat qui avait lieu, comme je l'ai
mentionné, probablement la dernière journée d'une fin de
session, le 20 juin 1983 sur le projet de loi 192...
D'ailleurs, l'Opposition libérale d'alors avait voté
contre le projet de loi. Le député de Vaudreuil-Soulanges disait
ceci concernant l'implication des travailleurs. L'actuel ministre de
l'Industrie et du Commerce se souviendra sûrement de ses propos: "...mais
la question de fond qui se pose, c'est de savoir si le projet de loi 192, la
constitution d'un Fonds de solidarité des travailleurs du Québec,
est une actualisation de ce désir de vouloir s'impliquer. Est-ce de
cette façon que nous allons procéder à des rajustements de
la politique industrielle du Québec? Est-ce de cette façon que
nous allons réorienter les efforts que tous les Québécois
doivent déployer afin de survivre dans les années deux
mille?"
Je continue, il y a une phrase fort importante: "Je ne vois pas comment
le rôle que les travailleurs pourraient jouer répond à des
carences de fonds quant au financement des entreprises." C'était le 20
juin 1983, page 2709. À la page suivante le ministre se posait une
question. Il s'interrogeait sûrement, mais de la façon dont la
question était posée, c'étaient aussi ses convictions:
"Est-ce que les travailleurs, par la retenue sur leur salaire, veulent prendre
un risque par la voie d'investissements de la nature de ceux qu'on
décrit ici? Je ne le pense pas, bien honnêtement."
Tout ça pour dire que les propos du ministre ce soir se font fort
rassurants sur le projet de loi 158 qu'il parraine puisqu'ils vont dans le sens
de vouloir bonifier la loi qui existe déjà, qui a
été promulguée en juin 1985, comme je l'ai
mentionné précédemment. Ce que je voulais faire ressortir,
c'est que toute cette philosophie qui sous-tend la participation des
employés à l'intérieur de leur entreprise, la meilleure
collaboration patron-employés, employés-employeur, la meilleure
motivation qu'on peut retrouver dans cette formule d'implication est une
formule qui a évolué depuis 1983 avec un débat qui
s'était tenu ici dans cette enceinte concernant le fonds de
solidarité. Je reconnais que ce n'est pas exactement la même
chose, sauf que le but poursuivi était le même et les propos du
ministre étaient très soucieux, très inquiets, pour ne pas
dire qu'ils allaient à l'encontre de sa pensée, à savoir
qu'on devait encourager les gens dans ce sens-là.
Mme la Présidente, le temps qui nous est dévolu est quand
même très limité, mais j'aimerais rapidement apporter deux
faits. D'abord, la vice-première ministre nous rappelait en cette
Chambre, au début de la session, que, de façon
générale, il y aurait beaucoup moins de lois et que les lois
seraient mieux faites. J'ai pensé, étant un nouveau venu en cette
Assemblée, qu'on aurait vraiment des lois mieux faites, parce que, de
l'extérieur, ces dernières années comme auparavant, soit
du milieu des affaires soit d'autres milieux, on trouvait souvent que les lois
étaient mal faites. Je ne m'en prends pas au ministre de l'Industrie et
du Commerce, parce qu'il n'a rien à voir avec cela, mais il reste quand
même que les fonctionnaires, ceux qui travaillent dans l'appareil
gouvernemental et qui nous pondent des projets de loi... Ce projet de loi n'est
pas très épais, mais on peut s'imaginer, lorsqu'il s'agit de
projets de loi de 20, 30 ou 40 pages, que cela devient plus important. Ce que
je veux dire essentiellement, c'est que ce projet de loi, même s'il est
très bref et présenté ici en fin de session...
Je me suis pris moi-même à relire à trois ou quatre
reprises un article de ce projet de loi et essayer même de comprendre le
sens d'un paragraphe, essayer de comprendre ce qu'il voulait dire et essayer de
le traduire pour être capable de dire aux citoyens et aux citoyennes qui
nous écoutent le contenu de ce projet de loi. J'espère que les
ministres parrains de ces lois, qui sont les personnes qui se voient attribuer
le parrainage des lois, verront à passer le mot dans la machine
gouvernementale afin qu'on ne retrouve pas, chaque année - parce que
c'est toujours la même histoire, cela ne change pas - ce qu'on retrouve,
par exemple, dans ce projet de loi. Je vais lire, pour ceux qui veulent bien
écouter, cette phrase d'un paragraphe à l'article 12 du projet de
loi 158: "Toutefois, un placement dans une corporation admissible n'est pas un
placement admissible si un actionnaire qui contrôle directement ou
indirectement la corporation admissible qui serait, sans le présent
alinéa, bénéficiaire d'un placement admissible ou une
personne avec laquelle cet actionnaire a un lien de dépendance est
actionnaire d'une société qui a effectué, dans les deux
années précédant le placement, un placement admissible
dans une corporation admissible dont un actionnaire qui la contrôle
directement ou indirectement ou une personne avec laquelle cet actionnaire a un
lien de dépendance est également actionnaire de la
société qui aurait, sans le présent alinéa,
effectué un placement admissible."
Une voix: C'est clair.
M. Parent (Bertrand): C'est clair. C'est limpide. Je sens que
tout le monde a compris en cette Assemblée.
Tout cela pour dire que c'est très technique, me direz-vous, mais
c'est un exemple où on retrouve vraiment ce que j'appelle une mauvaise
conception des lois. J'ai dû lire la phrase d'un seul trait, parce qu'il
n'y a pas de point. C'est une seule phrase et cela fait partie d'un
sous-paragraphe d'un paragraphe.
L'essentiel du contenu du projet de loi - je terminerai
là-dessus, Mme la Présidente - c'est que, d'abord, l'article 1 va
permettre
à la SDI, la Société de développement
industriel dont on a parlé abondamment précédemment en
cette Assemblée, concernant le projet de loi 154, d'enregistrer
dorénavant une société-employés de placements,
donc, cette SPEQ, nouveau volet. Cette mesure sera rétroactivement
applicable au 2 mai 1986. Donc, elle remonte au lendemain du discours sur le
budget, puisqu'il prenait effet ce jour-là.
Le régime d'actionnariat des
sociétés-employés se résume en quelques points. A
l'article 7 du projet de loi, on précise les conditions que doit
préalablement remplir un employé pour participer à ce
nouveau régime d'actionnariat. Je suis sûr qu'il y en a plusieurs
qui nous écoutent ce soir et qui se demandent de quelle façon ils
pourraient s'impliquer, participer ou former, entre employés, des
SPEQ-employés. D'abord, la première condition, être
à l'emploi d'une corporation qui est admissible ou d'une filiale
possédée directement ou indirectement à au moins 90 % de
cette corporation admissible et, deuxièmement, ne pas détenir
directement ou indirectement, avec des personnes liées qui ne sont pas
à l'emploi de la corporation, plus de 5 % des actions du capital-actions
de la corporation admissible. (22 heures)
L'article 7 du projet de loi 158 précise aussi les règles
du jeu de ce nouveau régime d'actionnariat. Ainsi peut être
prévu un nombre maximal d'actions à droit de vote que pourrait
détenir chaque employé admissible.
On ne peut imposer à un employé admissible
d'acquérir un nombre minimal d'actions à droit de vote. L'achat
d'actions peut être financé par un prêt consenti par la
corporation sans intérêt ou à un taux n'excédant pas
celui du marché ou à un prêt négocié par
ladite corporation. Ce nouveau régime d'actionnariat doit être
géré par un courtier.
Les révocations de l'enregistrement d'une SPEQ qu'on retrouve
à l'article 3 de la loi resserrent les règles auxquelles sont
assujetties l'ensemble des SPEQ tels qu'on les connaît actuellement en
prévoyant entre autres que l'enregistrement d'une société
peut être révoqué pour deux motifs. Premièrement, si
la société réduit après le 1er mai 1986 à
moins de 100 000 $ le capital versé relatif à ces actions et,
deuxièmement, si une résolution décrétant la fusion
de la société a été approuvée par l'ensemble
de ses actionnaires.
Je terminerai, parce que nous aurons la chance de revenir sur le projet
de loi 158 lorsque nous l'étudierons article par article. II y a
certains points que nous aimerons apporter pour essayer de le bonifier mais je
dirai que c'est un pas dans la bonne direction, dans le sens de venir bonifier
ce qui existe actuellement dans la Loi sur les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise. Je vous remercie
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Oui, M. le Président. Je vais être bref
mais je voudrais dire que ce projet de loi et les sociétés de
placements sont importants parce qu'ils vont permettre un financement dans les
régions. ' Quand le ministre a fait son discours, j'ai remarqué
qu'il a mentionné que les SPEQ, les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise étaient plus populaires dans
les régions que dans les grandes villes. On s'en rend compte. Il y a
quelques semaines, je faisais partie d'une émission où il y avait
des gens des grandes villes et des gens des régions. Je dois dire que
dans les régions les gens ne peuvent pas toujours compter sur les
grandes institutions financières pour faire le développement
économique.
Je peux vous dire que dans le domaine des pêches, par exemple, les
institutions financières ne prêtent pas facilement. Dans beaucoup
de régions du Québec, les institutions financières ne
prêtent pas facilement parce que souvent les institutions
financières prêtent plus facilement à des gens qui ont
déjà de l'argent qu'à ceux qui en ont moins et que pour
assurer leur développement économique les gens des régions
ont été obligés très souvent de prendre leurs
choses en main. Par exemple, qu'on se rappelle Cabano, où il a fallu que
les gens des régions bloquent les routes pour qu'il y ait un sursaut, un
réveil et pour que le bois de la région serve au
développement de la région. Pourquoi, M. le Président?
Parce que dans beaucoup de régions du Québec, s'il n'y a pas
d'institution particulière qui permette un développement
économique qui constitue une prise en main de ses affaires, par la
population régionale, il n'y aura pas de développement
économique et que laisser sur le pilote automatique les lois du
marché, la main invisible d'Adam Smith à l'oeuvre, cela veut dire
essentiellement que dans certaines régions du Québec il y aura 20
%, 25 % ou 30 % de chômage; la création d'emplois est un objectif
très important en matière de développement
économique dans plusieurs régions du Québec.
Il ne s'agit pas seulement de laisser sur le pilote automatique les lois
du marché jouer comme au XIXe siècle dans un régime de pur
libéralisme mais, au contraire, l'action gouvernementale est importante.
C'est pourquoi les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, les SPEQ, ont été mises sur pied pour
permettre la participation des employés à l'entreprise et
pour
que cette participation par des employés qui veulent contribuer
à assurer leur emploi soit possible dans des sociétés qui
leur sont propres. Après, j'ai remarqué - je n'avais pas lu ce
discours du ministre auquel a fait référence le
député de Bertrand - j'ai constaté que le ministre,
lorsque le gouvernement du Parti québécois avait mis en place la
loi constitutive de ces sociétés, n'avait pas une grande
confiance. Mais je suis content de voir qu'aujourd'hui il a une plus grande
confiance dans ces institutions. Il faut dire qu'à ce moment il arrivait
du milieu des grandes sociétés; il était peut-être
moins au courant des problèmes que vivent les différentes
régions du Québec. Dans le SaguenayLac-Saint-Jean,
l'Abitibi-Témiscamingue, sur la Basse-Côte-Nord, sur la
Côte-Nord, dans le Bas-Saint-Laurent Gaspésie, les
Îles-de-la-Madeleine, le développement économique ne vient
pas toujours seul.
Dans ces régions, les gens ont été habitués
à se regrouper, à faire des actions communautaires, à
prendre leurs choses en main pour que le développement économique
ne passe pas à côté d'eux. C'est pourquoi les institutions
particulières sont nécessaires. On ne sait peut-être pas
aujourd'hui que, pour plus de 800 villages au Québec, il n'y a pas
d'autre institution financière qu'une caisse populaire et que, s'il
fallait attendre après les grandes institutions financières pour
assurer le développement, il n'y aurait pas beaucoup de
développement économique. C'est pourquoi il faut des institutions
particulières pour permettre le développement économique
dans ces régions. Il faut également que les capitaux locaux, les
capitaux régionaux puissent contribuer au développement
économique de ces régions. Il faut des véhicules
appropriés pour que les institutions constituent un habit sur mesure
pour les régions du Québec qui ont ces besoins.
C'est pourquoi aujourd'hui le député de Bertrand et
moi-même nous voulons aider le ministre de l'Industrie et du Commerce
à adopter le projet de loi 158 qui constitue un genre d'approbation
à la loi qui avait été adoptée
antérieurement par le gouvernement du Parti québécois en
1983. Vous remarquerez, M. le Président, que ce soir les débats
sont beaucoup plus sereins et que la vice-première ministre n'est pas
là pour mettre du vinaigre dans nos débats. Ce soir, c'est plus
agréable. Car le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est d'un
commerce plus agréable, est ici présent et nous ne voudrions pas
faire en sorte qu'un projet qu'il présente, qui va contribuer à
améliorer une loi qui a été adoptée il y a quelques
années sous le gouvernement précédent, ne puisse
être amélioré parce qu'après un certain temps on
voit à l'usage que certains éléments d'un projet de loi
doivent être améliorés, pour faire en sorte qu'ils puissent
mieux fonctionner et mieux habiller les gens des régions qui vont
utiliser ce véhicule principalement.
Je vois le député d'Outremont, qui a l'air un peu
impatient. C'est parce qu'il n'est pas encore familier avec les régions
et qu'il ne connaît pas encore beaucoup les régions du
Québec. Cela arrive souvent quand il s'agit du député
d'Outremont; les députés d'Outremont sont moins familiers avec
les questions des régions, avec les problèmes des régions.
Vous savez, pour y avoir passé une grande partie de mon temps au cours
des dix dernières années, je peux vous dire qu'il n'y a pas
beaucoup d'endroits au Québec où les gens sont obligés de
s'impliquer autant pour qu'il y ait des emplois chez eux. Il n'y a pas beaucoup
de régions au Québec comme l'Abitibi-Témiscamingue, le
SaguenayLac-Saint-Jean, la Côte-Nord, Charlevoix, le
Bas-Saint-LaurentGaspésie, les Îles-de-la-Madeleine ou
certaines autres régions périphériques autour des
frontières américaines - quelqu'un a mentionné la Beauce
également - où les gens ont dû prendre en mains leurs
choses. Trop souvent, les gens du gouvernement sont éloignés, ne
sont pas présents et n'ont pas toujours les préoccupations pour
les régions périphériques du Québec qu'ils
devraient avoir. (22 h 10)
M. le Président, je sais que le député de Bertrand,
qui a étudié le projet en profondeur et qui a fait des travaux de
nature à sensibiliser différents députés du Parti
québécois au projet de loi, a contribué à faire en
sorte que, sur le principe du projet de loi, l'Opposition constituée par
le Parti québécois ne fera pas de misère ou de
difficulté au ministre. Au contraire, elle va l'aider à faire
adopter son projet de loi à l'Assemblée nationale. Au cours de
l'étude en commission parlementaire, il y aura des discussions sur les
différents articles pour clarifier la formulation de certains articles
dont la rédaction n'est pas nécessairement très claire. La
formulation pourra en être améliorée, lors de
l'étude article par article en commission parlementaire, pour que le
projet de loi soit le meilleur possible et contribue à réaliser
les objectifs pour lesquels il est présenté en cette Chambre,
c'est-à-dire mettre de l'huile dans les engrenages plutôt que du
sable.
M. le Président, je vois que le ministre a l'air content. Il
sourit. Il est heureux. Il sait que l'Opposition apprécie le projet de
loi. Quand un projet de loi procède d'une bonne intention, jamais
l'Opposition aurait l'âme assez basse pour ne pas contribuer à son
adoption. Mais, quand les projets de loi sont mauvais, ne rendent pas service
à la population et peuvent être une nuisance pour la population,
nous sommes prêts à combattre de toutes nos forces pour les
empêcher d'être adoptés par l'Assemblée
nationale. C'est le rôle de l'Opposition d'empêcher l'adoption des
mauvais projets de loi à l'Assemblée nationale, qui pourraient
ensuite constituer des souffre-douleur pour la population.
M. le Président, je vois que le ministre de l'Industrie et du
Commerce est impatient d'intervenir et de donner sa réplique et c'est
pourquoi je ne le ferai pas languir plus longtemps, parce que je sais qu'il
pourrait craindre qu'on change d'idée. Je veux lui dire que nous ne
changerons pas d'idée et que nous appuyons le principe de ce projet de
loi. Nous le félicitons d'y avoir travaillé et nous souhaitons
faire le plus rapidement possible l'étude article par article de son
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce, vous avez la parole sur votre droit de réplique.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très brièvement,
M. le Président. Il est toujours tentant de ne pas répliquer
à quelque allusion que ce soit du côté de l'Opposition,
simplement pour ne pas leur donner de l'importance. Mais, étant
donné que tout est transcrit, il m'apparaît important qu'on dise
certaines choses.
D'abord, le député de Lévis a dit que nous avions,
comme parti, manifesté de l'inquiétude, de l'opposition ou des
réserves lors de l'adoption du projet de loi sur les SPEQ. Il n'en est
absolument rien. Par ailleurs, ce que le député de Bertrand
invoquait tout à l'heure, c'étaient des commentaires de celui qui
vous parle et d'autres collègues à l'époque, en 1983,
à l'égard de la Loi constituant le Fonds de solidarité des
travailleurs du Québec, très différente des SPEQ. Quant
à ce qui a été relevé comme ayant été
mes propos le 20 juin 1983, je dirais deux choses, alternativement, pour les
expliquer. Ou alors j'ai changé d'idée depuis ce temps-là
ou alors je vois une différence fondamentale entre un programme
où les syndicats s'impliquent dans le développement de
l'entreprise à même les cotisations perçues chez tous leurs
membres, d'une part, et celui où le travailleur lui-même, comme
dans le régime des SPEQ, s'implique dans son entreprise. Cela
m'apparaît deux choses vraiment différentes l'une de l'autre. De
toute façon, les deux raisons que je viens de donner alternativement
pourraient expliquer la nature de mes propos à l'époque,
comparés à ceux que je pourrais tenir aujourd'hui. Il s'agit,
quand même, de matières différentes.
Troisièmement, nous aurons l'occasion, malheureusement, en
commission parlementaire de nous mesurer à la rédaction fiscale
ou de nature fiscale qui apparaît dans ce projet de loi et dans plusieurs
autres. Le député de Lévis est un fiscaliste de formation.
Je l'ai déjà été, moi aussi, M. le
Président. Je dois dire que, comme le député de
Lévis, ça fait pas mal longtemps que je n'ai pas
étudié ces choses, ou regardé ou pratiqué dans ce
champ d'activité. Il n'en reste pas moins que, pour ceux qui ont
l'habitude, ces longues phrases sont construites un peu comme des formules
mathématiques: les praticiens s'y retrouvent et je ne pense pas que le
commun des mortels, dont nous sommes à l'égard de ces
formulations, prétendrait s'y retrouver. Il serait souhaitable,
évidemment, qu'en matière de fiscalité tout le monde
puisse très clairement comprendre la loi. Il est évident que,
lorsqu'on se réfère à l'encadrement de montages financiers
particulièrement complexes qui permettent aux gens, dans certaines
circonstances, d'investir dans certaines sociétés par le biais de
certains véhicules financiers, presque inévitablement on doit
utiliser un grand nombre de mots d'une précision assez
élevée pour définir précisément quels sont
les droits et les obligations, et notamment à l'égard du fisc, de
tous ceux qui sont impliqués. Nous aurons, je le répète,
l'occasion d'en parler la semaine prochaine, je présume. M. le
Président, je réitère mon voeu, et je vois que c'est
unanime, que nous adoptions le plus rapidement possible le projet de loi
158.
Le Vice-Président: Alors, le débat étant
clos, est-ce que la motion d'adoption du principe du projet de loi 158, Loi
modifiant la Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le ministre.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président. Je
fais motion que ce projet de loi soit déféré à la
commission de l'économie et du travail.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président. Je
vous prierais d'appeler l'article 24) de notre feuilleton.
Le Vice-Président: À l'article 24) du feuilleton,
M. le ministre délégué aux Finances et à la
Privatisation propose que le principe du projet de loi 143, Loi modifiant la
Loi sur les compagnies, soit maintenant adopté.
Avant de céder la parole à M. le ministre, je voudrais
céder la parole à M. le leader du gouvernement. Oui, très
bien. Avant d'arriver, justement, à l'intervention de M. le ministre, si
vous me le permettez brièvement, je voudrais maintenant faire part
à l'Assemblée que, lors de la réunion des leaders tenue
précédemment ce soir, il n'y a eu aucun accord concernant le
moment du dépôt du rapport de la commission des affaires sociales
qui procède à l'étude détaillée du projet de
loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et
les services sociaux. Je cède donc, à ce moment, la parole au
leader du gouvernement.
Motion de clôture de l'étude
détaillée du projet de loi 142
M. Gratton: Merci, M. le Président. Alors, compte tenu des
circonstances que vous venez d'évoquer et conformément à
l'article 251 de notre règlement, je voudrais faire la motion suivante:
Que la commission des affaires sociales, à qui a été
confiée l'étude détaillée du projet de loi 142, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, mette fin à ses travaux quant à l'étude
détaillée dudit projet de loi dès l'adoption de la
présente motion et fasse rapport au moment prévu de la
période des affaires courantes de la séance qui suit celle au
cours de laquelle aura été adoptée la présente
motion.
Projet de loi 143 Adoption du principe
Le Vice-Président: Très bien, M. le leader du
gouvernement. Motion déposée. Nous allons maintenant enclencher
le débat sur l'adoption du principe du projet de loi 143, Loi modifiant
la Loi sur les compagnies. Je cède la parole à M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier; M. le Président, nous enclenchons la
discussion sur le principe du projet de loi 143, Loi modifiant la Loi sur les
compagnies. Il s'agit tout simplement d'un projet de loi cherchant à
bonifier une loi qui a été adoptée en 1983. Je crois que
le député de Lévis et le député de Bertrand
vont accepter de bonne grâce que je mette de côté mon
chapeau de ministre délégué à la Privatisation pour
mettre un autre chapeau que j'ai, qui est celui de ministre responsable des
institutions financières. C'est un dossier qui soulève
peut-être moins de débats et moins de tempêtes et qui, j'en
suis sûr, nous permettra de constater que nous pouvons quelquefois faire
l'unanimité dans cette Chambre. (22 h 20)
M. le Président, tout le monde le sait, les institutions
financières au Québec sont vivantes et bien portantes, et elles
sont un actif pour le développement économique du Québec.
Même si certains d'entre nous ne constatent pas leur importance chaque
jour -le député de Lévis l'a signalé tout à
l'heure, il est vrai que les caisses populaires sont présentes dans
plusieurs villes et villages du Québec - que ce soit des compagnies
d'assurances, des sociétés de fiducie, des caisses
d'épargne et de crédit, que ce soit par le truchement de la
Commission des valeurs mobilières, il y a, au Québec, plusieurs
institutions financières qui occupent une place de plus en plus
importante pour assurer le développement économique de notre
province.
Nous discutons ce soir d'une loi qui modifie la Loi sur les compagnies
adoptée en 1983 et qui avait été proposée en cette
Chambre par l'un de mes prédécesseurs, M. Jacques Parizeau,
prédécesseur non pas en tant que ministre des Finances, mais en
tant que ministre responsable des institutions financières. Je crois que
le principe du projet de loi dont nous discuterons dans un instant s'apparente
à la discussion qui vient de se terminer, puisqu'il s'agit, somme toute,
de bonifier un projet de loi qui a été adopté il y a
maintenant trois ans. Depuis ce temps, a l'usage, nous avons constaté
qu'il nécessitait certaines améliorations.
Je crois qu'on peut résumer les modifications qui sont devant
nous de deux façons. Premièrement, le projet de loi 143 propose
que la loi soit modifiée de façon à permettre aux
compagnies incorporées sous l'empire des lois minières de
continuer sous l'empire 1A de la partie de la Loi sur les compagnies. J'aurai
l'occasion tout à l'heure de l'expliquer d'une façon plus
détaillée, mais, somme toute, M. le Président, il s'agit
tout simplement de favoriser le développement minier en permettant aux
sociétés minières, incorporées sous l'empire de
vieilles lois, de moderniser le cadre législatif qui leur permet
d'oeuvrer au Québec, d'être plus dynamiques et d'assurer un
développement plus important.
Il y aura ensuite d'autres types de modifications. Ce seront surtout des
modifications techniques, des modifications touchant certains problèmes
d'interprétation qui se sont posés depuis l'adoption de la loi
sur des sujets tels le pouvoir d'emprunt des compagnies, la destitution d'un
administrateur de la compagnie, l'aide financière de la
compagnie à ses actionnaires, le consentement à obtenir
des actionnaires en cas de compromis, la procédure de fusion
simplifiée et le mécanisme de continuation.
Ce véhicule que constituent les compagnies, il ne faudrait pas le
voir uniquement pour les très grandes entreprises. Mon collègue,
le ministre de l'Industrie et du Commerce, parlait tout à l'heure des
petites et des moyennes entreprises. Au Québec, de plus en plus de
nouvelles entreprises s'incorporent sous l'empire de cette loi qui a
été adoptée en 1983. En 1983, la loi avait
été bonifiée pour la moderniser et pour l'améliorer
et, ce soir, tout ce que nous faisons, c'est la bonifier de nouveau.
J'aimerais quand même vous donner certaines statistiques pour vous
permettre de constater jusqu'à quel point une loi
améliorée et bonifiée peut être utilisée de
plus en plus pour le meilleur intérêt de l'activité
économique du Québec. Je vous signalerais que, pour
l'année 1982-1983, il y a eu 11 836 incorporations au Québec; en
1983-1984, 14 149; en 1984-1985, environ le même nombre, soit 14 340 et,
en 1985-1986, il y a eu une augmentation subite du nombre d'incorporations de
compagnies puisqu'on est passé à 20 200 et, pour l'an prochain,
en 1986-1987, l'Inspecteur général des institutions
financières prévoit qu'il y aura environ 23 700
incorporations.
On voit là une activité économique qui
s'accélère depuis un an. Cette augmentation
accélérée des incorporations au Québec
dénote, je crois, une activité économique plus
accentuée au Québec et elle est peut-être également
le reflet que l'incorporation des compagnies se faisait un peu plus à
Ottawa dans le passé et que, à cause de la modernisation de la
Loi sur les compagnies au Québec et de l'augmentation de la tarification
fédérale, de plus en plus de Québécois
préfèrent s'incorporer au Québec et
bénéficier d'une loi québécoise. Je crois qu'il
faut s'en réjouir. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il n'y a
absolument rien de litigieux entre les deux formations politiques en ce qui
concerne ce projet de loi puisqu'il s'agit d'une bonification qui était
attendue de tous ceux qui utilisent la loi présentement.
J'aimerais apporter certains commentaires en ce qui concerne la
continuation des compagnies minières sous l'empire de la partie 1A de la
Loi sur les compapagnies. Pour ceux qui nous écoutent, j'aimerais tout
simplement préciser que la Loi sur les compagnies prévoit
différents chapitres. Dans un premier temps, on parle de l'incorporation
des compagnies sous le chapitre de la partie 1 de la Loi sur les compagnies. Il
s'agit là surtout de vieilles compagnies qui avaient été
incorporées par lettres patentes. Quand on parle de la partie 1A de la
Loi sur les compagnies, il s'agit d'une modernisation à l'incorporation
des compagnies qui peuvent profiter de dispositions plus modernes qui leur
permettent d'agir avec plus de modernité et avec plus de pouvoirs.
Je m'excuse, M. le Président, est-ce qu'il y a un délai?
Non?
Une voix: Dix heures et demie. M. Fortier: Dix heures et
demie?
Le Vice-Président: Non, non. C'est à vous. Allez-y,
M. le ministre.
M. Fortier: Je vous remercie. Je me demandais s'il y avait eu
entente entre les partis pour qu'on termine le débat à 10 h 30,
mais je crois qu'il n'y a aucune entente. Donc, on peut continuer
jusqu'à minuit.
En ce qui concerne les compagnies minières, la disposition la
plus importante est celle-ci. Comme les compagnies qui avaient
été incorporées sous l'empire de la partie 1 de la Loi sur
les compagnies pouvaient se continuer sous la partie 1A, dorénavant, par
les amendements que nous apportons, il sera possible aux compagnies
minières de pouvoir bénéficier de la même
possibilité et de se continuer sous l'empire de la partie 1A de la Loi
sur les compagnies. De toute façon, la Loi sur les compagnies
minières prévoyait ces dispositions, mais la loi qui avait
été adoptée en 1983 ne permettait pas
précisément cette possibilité. Donc, nous voulons pallier
à cet inconvénient.
Je rappellerai que, depuis cinq ans que je siège en cette
Chambre, j'ai constaté à plusieurs reprises que plusieurs de ces
compagnies minières sont venues en commission parlementaire
présenter des projets de loi privés justement pour pouvoir se
continuer sous l'empire de la partie 1A de la Loi sur les compagnies. C'est
donc dire que les compagnies minières elles-mêmes devaient
encourir des frais, devaient encourir des pertes de temps, des démarches
à Québec pour pouvoir bénéficier de ces
dispositions et que, dorénavant, par l'amendement à la Loi sur
les compagnies, cela pourra se faire sans aucune démarche
particulière pour chaque compagnie, si ce n'est celle de s'adresser
à l'Inspecteur des institutions financières qui jugera dans
chacun des cas si la loi permet de procéder ou non. Par ces
démarches, il s'agira, d'une part, de donner une plus grande
flexibilité aux compagnies minières comme telles, de permettre
à celles-ci de diminuer leurs frais puisqu'elles n'auront pas à
présenter des projets de loi privés lorsqu'elles voudront faire
ces ajustements et, en conséquence, je crois que l'économie du
Québec pourra en bénéficier.
Les autres dispositions touchent en
particulier certaines améliorations ou règlent certains
problèmes d'interprétation. On peut parler en particulier de la
délégation du pouvoir d'emprunt d'une compagnie. Comme vous le
savez, actuellement la loi prévoit que seuls les administrateurs peuvent
emprunter sur le crédit de la compagnie, à condition d'y
être autorisés par un règlement approuvé par le vote
d'au moins les deux tiers en valeur des actions représentées par
les actionnaires présents à une assemblée
générale spéciale convoquée à cette fin.
Aucune délégation de ce pouvoir n'est actuellement possible
à un ou plusieurs administrateurs ou officiers de la compagnie. Les
amendements que nous proposons permettront dorénavant de
déléguer ces pouvoirs aux administrateurs, aux dirigeants. La
nouvelle loi reprend, en définitive, la loi fédérale en la
restreignant quelque peu. Premièrement, elle exige que cela soit
prévu au règlement et, deuxièmement, elle ne permet pas
aux administrateurs de déléguer leurs pouvoirs par
résolution. (22 h 30)
II y a ensuite d'autres dispositions touchant les compromis ou les
arrangements. Le deuxième alinéa de l'article 123.107 de la Loi
sur les compagnies prévoit que l'intervention d'un juge n'est pas
requise pour sanctionner un compromis ou un arrangement si tous les
actionnaires l'approuvent, peu importe s'ils sont concernés ou non par
ce compromis ou cet arrangement. Cet alinéa est donc modifié pour
ne requérir que le consentement des actionnaires touchés par ce
compromis ou par cet arrangement.
Par conséquent, l'intervention du juge se limitera
désormais à l'absence d'unanimité des actionnaires
concernés par le compromis ou par l'arrangement. Un actionnaire dont les
droits ne sont pas touchés ne pourra donc plus forcer l'intervention du
juge si tous les actionnaires visés par le compromis ou l'arrangement
sont d'accord sur la modification proposée.
M. le Président, il y a d'autres amendements proposés
touchant la fusion simplifiée, touchant les réunions par
téléphone des administrateurs, touchant la destitution
d'administrateurs, touchant les réunions par téléphone des
actionnaires et touchant l'aide financière de la compagnie à ses
actionnaires.
Somme toute, M. le Président, il s'agit d'un projet de loi pour
bonifier la loi existante. Je ne crois pas que les parlementaires y voient
d'opposition. Je crois qu'il s'agit de bonifier une loi existante pour
permettre au développement économique du Québec de se
faire d'une façon plus ordonnée et pour permettre aux compagnies
existantes de bénéficier de pouvoirs accrus ou pour permettre
à ceux qui ont la responsabilité d'interpréter la loi de
le faire en meilleure connaissance de cause en modifiant certains paragraphes,
certains articles de façon à enlever les ambiguïtés
qui ont pu s'y insérer au moment de l'adoption de la loi en 1983. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai appris que le ministre
changeait de chapeau ce soir et je me suis demandé si ce n'était
pas le problème du ministre d'avoir trop de chapeaux. Il m'a
semblé plus à l'aise ce soir qu'il ne l'est d'habitude à
la Privatisation. Je dois dire que la réforme de la Loi sur les
compagnies en 1983 par le gouvernement, à la suite de longs travaux qui
avaient été entrepris antérieurement, était un
souhait que, personnellement, j'avais longtemps exprimé comme professeur
de cette matière à la Faculté de droit de
l'Université Laval en compagnie de mon collègue, Me Marc
Giguère, parce que la Loi sur les compagnies du Québec
était devenue, à toutes fins utiles, une loi
désuète et un peu beaucoup dépassée. Il a fallu
attendre l'arrivée du Parti québécois aux rênes de
l'État pour mettre en place les commissions, les comités
d'étude, pour en arriver à une refonte et à adopter une
nouvelle Loi sur les compagnies.
Le ministre l'a dit avec raison: Parce que la Loi sur les compagnies du
Québec était trop désuète, de plus en plus de
personnes s'incorporaient, se constituaient en société ou en
compagnie auprès du gouvernement fédéral pour
bénéficier d'une loi qui était mieux adaptée. Il
était nécessaire pour le Québec d'améliorer, de
moderniser une Loi sur les compagnies qui était devenue trop
désuète. Cela a été encore une oeuvre du
gouvernement du Parti québécois de faire ce travail et
d'élaborer cette nouvelle Loi sur les compagnies qui a été
adoptée en 1983 et qui a donné des résultats
considérables puisque les objectifs envisagés se sont
réalisés. En effet, le nombre de compagnies incorporées au
Québec avait déjà doublé en dedans de deux ans et
on s'en va vers un nombre encore accru cette année et l'an prochain,
comme l'a indigué le ministre.
Il est normal que certaines dispositions de la loi soient
améliorées parce qu'à l'usage on se rend compte que
certaines dispositions peuvent être tatillonnes inutilement, surtout
lorsqu'il y a entente entre tous les actionnaires. C'est pourquoi ces
dispositions qui, à quelques reprises sont touchées par ce projet
de loi, sont bonnes.
Le ministre a indiqué que certaines dispositions avaient
été un peu empruntées d'Ottawa. J'ai remarqué qu'on
a aussi emprunté les mauvaises formulations françaises et, en
commission parlementaire, il faudra surtout arrêter de parler
d"'actionnaire concerné", puisque comme on le sait, quand on dit
"actionnaire concerné", "une personne concernée", c'est un
anglicisme. En français, on dit habituellement "personne
intéressée" ou "actionnaire intéressé", qui a un
intérêt. Il serait bon d'avoir une formulation un peu plus
française, notamment à l'article 12 du projet de loi du ministre
qui amende, qui modifie l'article 123.134 de la loi qui a été
adoptée en 1983.
M. le Président, le leader de l'Opposition a convenu avec le
leader du gouvernement qu'il y aurait une collaboration de l'Opposition sur ce
projet de loi auquel nous souscrivons. Nous souscrivons à ce projet de
loi, car il s'agit d'un certain nombre de dispositions qui, pour une fois, sont
bien reflétées dans les notes explicatives. Habituellement, les
notes explicatives ne sont pas toujours indicatrices du contenu du projet de
loi. Je dois dire que, dans ce cas-ci, les notes explicatives reflètent
bien la teneur du projet de loi et j'ai été content de le
constater, parce que, trop souvent, je me suis rendu compte, quand on lisait
les notes explicatives, qu'on n'était pas beaucoup plus renseigné
au sujet du contenu du projet de loi et qu'il fallait lire le projet de loi
pour connaître, comme il faut, son contenu.
Je veux aussi indiquer au leader du gouvernement que je ne prends pas
toujours la parole pendant une heure, surtout quand je collabore. Nous
estimons, après consultation, en caucus, que le projet de loi est utile
et bon, que cela ne donne rien de discourir trop longtemps sur le projet de loi
qui est correct et de répéter des propos qui ont
été tenus déjà par le ministre pour dire la
même chose.
M. le Président, habituellement, par ailleurs, quand nous croyons
qu'un projet de loi est mauvais, il faut prendre le temps d'expliquer les
motifs pour lesquels nous ne voulons pas concourir à l'adoption du
projet de loi. C'est pourquoi le leader du gouvernement, au lieu de mettre le
bâillon, devrait peut-être écouter davantage l'Opposition et
il se rendra compte que l'Opposition n'a aucun avantage politique à ne
pas concourir à un projet de loi qui est bon et que, politiquement, il
est mauvais pour l'Opposition de ne pas concourir à un projet de loi qui
est bon. Mais quand le projet de loi est mauvais, l'Opposition n'a pas le choix
de s'opposer...
Une voix: Farouchement.
M. Garon: ...farouchement à des dispositions qui
pourraient constituer une nuisance incroyable pour la population qui n'a pas
mérité un tel sort. C'est pourquoi, M. le Président, ce
soir, je voudrais vous signaler que nous allons concourir et aider le
gouvernement à adopter ce projet de loi...
Une voix: Collaboration. Des voix: Bravo!
M. Garon: ...parce que nous avons un esprit de collaboration.
Quand le projet de loi est bon, nous y concourons et, quand il est mauvais,
nous le combattons farouchement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre, votre droit de
réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Très simplement, M. le Président, pour
remercier le député de Lévis. Je m'aperçois qu'on
peut travailler ensemble, qu'on peut collaborer, qu'on peut avoir les
mêmes objectifs. Pour une fois, en commission parlementaire, on pourra
bénéficier des compétences du député de
Lévis dans un domaine qu'il connaît au moins, puisqu'il
était professeur de droit à l'Université Laval.
M. le Président, je crois que je vais terminer ici mes
commentaires pour remercier l'Opposition de sa collaboration. Comme ce projet
de loi fait l'unanimité, il me fait plaisir de proposer son adoption
à l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Très bien, M. le ministre.
Puisque le débat est maintenant terminé, est-ce que la motion
d'adoption du principe du projet de loi 143, Loi modifiant la Loi sur les
compagnies, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Gratton: M. le Président, je voudrais faire motion pour
que le projet de loi soit déféré à la commission du
budget et de l'administration et pour que cette commission soit
présidée par un président de séance.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je propose l'ajournement de
nos travaux à lundi, 10 heures.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. L'Assemblée
nationale ajourne donc ses travaux à lundi prochain, le 16
décembre, à 10 heures.
Une voix: Le 15.
Le Vice-Président: Lundi prochain, le 15 décembre,
à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 40)