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(Dix heures quinze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Présence du ministre de la Culture et de
l'ambassadeur de la République du Sénégal
Mesdames les députées, messieurs les
députés, avant de procéder aux affaires courantes, j'ai le
très grand plaisir de souligner la présence dans les galeries du
ministre de la Culture de la République du Sénégal, M.
Makhily Gassama, ainsi que de Son Excellence l'ambassadeur du
Sénégal, M. Abd' El Kader Fall.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Hydro-Québec respectera le contrat conclu avec
New England Utilities
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le 18 juin dernier, l'Office
national de l'énergie rendait publique sa décision relative
à la demande de licence d'exportation d'électricité
d'Hydro-Québec au New England Utilities. Pour obtenir une licence
d'exportation, HydroQuébec devait établir que la quantité
d'électricité qu'elle se propose d'exporter est en
excédent aux besoins d'utilisation raisonnablement prévisibles au
Canada. De plus, elle devait prouver que le prix à l'exportation
était juste et raisonnable en tenant compte de l'intérêt
public.
Rien dans la loi ne précise comment cette preuve doit être
faite. La preuve d'Hydro-Québec a été soumise selon une
base différente de la pratique habituelle, compte tenu de la
complexité et de la spécificité du contrat NEPOOL phase
II. Hydro-Québec a plaidé devant l'office que la présence
d'un important potentiel hydroélectrique économiquement
aménageable sur le territoire du Québec et que sa volonté
de négocier l'approvisionnement des autres services publics canadiens
éliminaient la nécessité de leur faire des offres. Elle a
ainsi tenté de démontrer que l'électricité
proposée à l'exportation est excédentaire par rapport aux
besoins des Canadiens. Hydro-Québec n'a donc pas déposé de
lettre d'offres au réseau interconnecté.
L'office n'a malheureusement pas retenu les arguments
d'Hydro-Québec ni accepté le mode de preuve qu'elle avait choisi.
Toutefois, je constate avec satisfaction que l'Office national de
l'énergie n'a pas remis en cause le principe des exportations
d'électricité par Hydro-Québec et que sa décision
n'a pas pour effet d'annuler le contrat conclu avec New England Utilities.
Le Québec a déjà fait part publiquement de la
nécessité de procéder à l'assouplissement de la
réglementation en matière d'exportation
d'électricité, comme cela a été fait
précédemment dans le pétrole et le gaz naturel.
Je m'attends, M. le Président, que le gouvernement
fédéral s'engage rapidement dans cette voie comme cela semble
être la volonté de mon homologue, M. Marcel Masse, par souci
d'équité pour le Québec et les exportateurs
d'électricité: ce qui est bon pour le gaz naturel et le
pétrole doit être bon pour l'électricité.
Cependant, tant que les règles ne sont pas modifiées, il
est normal de s'y conformer.
Nous tenons aujourd'hui à confirmer vigoureusement notre
volonté que les termes du contrat d'exportation
d'électricité avec les New England Utilities soient
respectés.
Dans ce but, après étude de la situation avec le personnel
de mon ministère, celui d'Hydro-Québec et nos conseillers
juridiques, j'ai demandé à Hydro-Québec d'offrir aux
réseaux interconnectés l'électricité qu'elle se
propose d'exporter aux New England Utilities à un prix équivalant
à celui offert à nos voisins américains pour un service de
qualité comparable.
Il s'ensuit que nous éliminons la voie des tribunaux d'appel.
Lorsque les réseaux interconnectés auront fait
connaître leur intention de se prévaloir ou non de cette offre,
dans un délai qui devrait se situer entre 15 et 30 jours,
Hydro-Québec ressaisira l'Office national de l'énergie de sa
demande d'exportation.
M. le Président, si nos voisins canadiens désiraient se
prévaloir de cette offre pour satisfaire leurs besoins domestiques, nous
en serions très heureux car, sans pour autant nous priver des ventes
à NEPOOL, ceci aura pour effet de nous permettre de devancer d'autres
travaux à la Baie James.
Notre gouvernement s'est engagé à favoriser les
exportations d'électricité et nous continuerons à le faire
pour le bénéfice économique du Québec.
En consultation avec le personnel de mon ministère, des contrats
de vente à des réseaux canadiens ou américains sont ou
seront négociés par Hydro-Québec afin de profiter des
occasions offertes sur tous les marchés. (10 h 20)
Si vous me permettez, pour le bénéfice de nos amis et
clients américains: "Because of the complexity of the contract with the
New England Utilities, Hydro-Québec did not present its case according
to the usually accepted practices of the National Energy Board, that is by
submitting a written offer to the economically accessible Canadian utilities
under equivalent terms and conditions.
The NEB did not accept Hydro-Quebec's method of presenting its case.
However, it is to be noted that the NEB has not questioned the principle
of electricity exports nor has its decision annulled the contract between
Hydro-Québec and the New England Utilities which remains in full force
and effect.
I want to reiterate our Government's firm intention that the agreements
with the New England Utilities be respected and our intention to negotiate and
finalize additional contracts for hydropower exports.
I have asked Hydro-Québec to conform to the requirements of the
NEB and I am convinced, in view of the past precedents, that the Board will
issue the export licence in due time to allow Hydro-Québec to respect
the terms of its agreement.
En conclusion, M. le Président, je suis confiant que l'Office
national de l'énergie examinera à nouveau cette affaire. De plus,
je suis confiant que, ayant satisfait les exigences de l'office,
Hydro-Québec obtiendra la licence d'exportation
d'électricité aux New England Utilities pour lui permettre de
respecter l'échéancier du contrat d'exportation, et ce, pour le
plus grand bien du Québec et du Canada. Merci!
Le Président: Je remercie M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Je vais maintenant reconnaître le
critique officiel de l'Opposition en matière d'énergie, M. le
député de Roberval, pour vos commentaires.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Je vous remercie, M. le Président. Nous
devons constater tous ensemble que le ministre donne raison à l'Office
national de l'énergie, qui précisait que les explications
fournies par HydroQuébec n'étaient pas suffisantes. Le ministre
reconnaît, par le geste qu'il pose, et la décision qu'il a prise,
que le gouvernement fédéral peut intervenir via I'ONE dans le
domaine de l'exportation de l'énergie hydroélectrique. Il se
soumet à cette décision qui n'est pas dans l'intérêt
du Québec. Le ministre illusionniste récidive. Ce ministre, dans
le dossier de la fermeture d'une raffinerie à Montréal, nous
disait: Je communique avec les pétrolières. Il n'arrivera rien.
Résultat net: on est, aujourd'hui, des importateurs de pétrole.
Le ministre, dans ses relations avec les pétrolières, toujours,
dans le prix de l'essence nous disait: Je m'en occupe. Ça va bien aller.
Il n'y aura pas de problème. Les consommateurs vont profiter de la
baisse de la taxe.
Résultat net: cela a coûté 20 000 000 $ aux gens des
régions. Le ministre, dans le cas de la sixième ligne, avec
Hydro-Québec disait aux gens de Grondines et de Lotbinière: Je
m'en occupe. On va passer la ligne en même temps sous le fleuve et
au-dessus du fleuve et, après ça, on démontre celle
passant au-dessus pour ne laisser que la ligne sous-fluviale. Résultat
net: Hydro-Québec nous dit: On a des problèmes techniques
à résoudre actuellement. Le ministre illusionniste nous dit
maintenant, dans le dossier de I'ONE: II n'y a pas de problème, on va
régler ça, on va offrir de l'électricité à
nos voisins et ça va être tant mieux s'ils acceptent. Mais le
ministre illusionniste ne dit pas que les conditions de fourniture
d'électricité au Québec ont changé depuis 1985. Il
y a eu un contrat important signé avec Central Maine Power.
Il y a eu également des devancements de projets qui sont
prévus en fonction de ce contrat avec Central Maine Power. Mais le
ministre sait que, plus on avance dans l'ensemble des projets, plus les
devancements se font nombreux, plus le coût du kilowattheure est cher
pour la fourniture de l'électricité.
Qu'arriverait-il si nos voisins canadiens devaient accepter la
fourniture d'électricité au même prix - parce qu'il s'agit
là d'une condition essentielle - qu'on l'a offert, en 1985, à nos
voisins du Sud? D'abord, la sixième ligne est maintenant construite pour
l'essentiel; cette sixième ligne trouve sa rentabilité dans le
fait qu'elle servira non seulement pour ce premier contrat avec NEPOOL, mais
pour d'autres contrats successifs. Devrait-il obliger Hydro-Québec
à construire des interconnexions supplémentaires avec nos voisins
canadiens si, d'aventure, ceux-ci se prévalaient du privilège que
I'ONE leur offre, d'acheter cette électricité au même prix
qu'on l'a offerte à nos voisins américains? Dans quelle situation
serait placée Hydro-Québec et, par voie de conséquence,
l'ensemble des Québécois?
Je dirai simplennent ceci au ministre de l'Énergie et des
Ressources: La fourniture d'électricité à un client, comme
le Nouveau-Brunswick, par exemple, dont les besoins sont
essentiellement limités par rapport à la fourniture
d'électricité et à la mise en place d'équipements
pour nos voisins américains dont les besoins sont beaucoup plus
importants, le prix ne se calcule pas de la même façon. La
quantité et la durée sont importantes dans la fourniture
d'électricité. J'aimerais bien étudier le contrat avec
Hydro-Québec pour avoir toutes les implications si nos voisins du
Nouveau-Brunswick ou de l'Ontario disaient: Oui, on va prendre
l'électricité au prix fait en 1985 aux Américains;
construisez une ligne et venez nous la livrer.
Cette déclaration ou cette soumission du ministre de
l'Énergie et des Ressources, cette illusion qu'il crée encore une
fois à l'ensemble des Québécois m'amène à
demander au premier ministre du Québec, alors qu'on est encore en train
de discuter une résolution qui nous amènera éventuellement
à faire partie de la Confédération canadienne, si le poids
des 99 s'exerce comme il est prévu qu'il devra s'exercer: Est-ce que
dans une revendication claire et précise concernant notre
autorité, notre pouvoir de disposer de nos richesses naturelles, de
notre électricité qu'on produit ici au Québec avec notre
argent, ne devrait pas faire partie des conditions préalables à
une adhésion à la constitution canadienne? Je vous remercie.
Le Président: Je remercie M. le député de
Roberval, critique de l'Opposition en matière d'énergie.
Maintenant, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources, en
réplique.
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: Votre droit de réplique.
M. Ciaccia: ...il est malheureux qu'on n'ait pas plus de temps
pour répondre au député de Roberval qui nie les faits; il
ne comprend pas les règles de l'ONE. C'est malheureux que ce soit vous
qui vous vous leviez pour répondre au nom de l'Opposition sans savoir
exactement ce que l'ONE peut et ne peut pas faire. En niant les faits dans
l'Est de Montréal, je n'ai pas besoin de vous dire la réouverture
de l'usine pétrochimique avec 50 000 000 $ d'investissements et 250
emplois, et d'autres investissements qui s'en viennent. Je n'ai pas besoin de
vous rappeler votre erreur à Lotbinière que nous avons
solutionnée avec Hydro-Québec qui a accepté de faire le
sous-fluvial. Je n'ai pas besoin de vous rappeler le geste et les actes que
nous avons posés dans le prix de l'essence. La population n'acceptera
pas vos commentaires qui nient complètement les gestes concrets que nous
avons posés.
Revenons sur le fond de la décision de l'ONE. L'ONE vient de
rendre une décision sur le gaz naturel qui a été
dirigée par un avocat de notre ministère, M. Jean Giroux, que je
félécite. La décision va faire épargner 63 000 000
$ par année aux Québécois. C'est une décision de
l'ONE.
Quand le député de Roberval parle des exportations au
Nouveau-Brunswick, de la construction de lignes, du prix de 1985, c'est
malheureux qu'il ne comprenne pas ce que l'ONE exige. Les règles de
l'ONE n'exigent pas les prix égaux. Cela ne veut pas dire que, si on
vend 0,032 $ à NEPOOL en 1985 avec des interconnexions et des
investissements additionnels qu'Hydro-Québec doit faire, on doive offrir
les 0,035 $ à l'Ontario et au Nouveau-Brunswick. Ce n'est pas cela que
l'ONE exige. L'ONE exige un prix équivalent pour un service comparable.
Équivalent n'est pas égal, équivalent veut dire que, si
Hydro-Québec doit faire des interconnexions et des investissements
additionnels, cela doit être pris en considération dans le prix
qui doit être offert aux autres provinces. Dans douze autres cas
Hydro-Québec a fait cette preuve, l'ONE l'a acceptée et les
permis ont été délivrés. Nous ne prévoyons
aucune difficulté.
Simplement pour l'information du député de Roberval: En ce
qui concerne le Nouveau-Brunswick, le montant d'énergie du contrat de
New England de 7 térawattheures par année représente par
année au Nouveau-Rrunswick 63 % de sa consommation. C'est évident
qu'ils ne peuvent pas le prendre. (10 h 30)
Dans le cas de Terre-Neuve cela représente 73 % de sa
consommation. Alors, Hydro-Québec va se plier pour le moment aux
règles de l'ONE pour obtenir la permission. Cela ne veut pas dire que
nous acceptons que ces règles demeurent les mêmes. Nous avons
l'assurance du ministre fédéral que ces règles seront
changées et nous continuons de négocier des contrats parce que
nous savons que ce contrat n'est pas en péril. Nous allons le respecter
et nous continuerons de négocier d'autres contrats pour poursuivre le
développement de la Baie James pour l'avantage de la population
québécoise et particulièrement pour l'avantage des jeunes.
Merci.
Des voix: Bravo:
Le Président: Je remercie M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Nous allons continuer les affaires courantes.
Présentatjon de projets de loi.
Rapport annuel de la Commission des droits de la
personne
Dépôt de documents. J'ai le plaisir de déposer le
rapport annuel 1986 de la
Commission des droits de la personne du Québec. Ce document est
maintenant déposé. Toujours à l'étape du
dépôt de documents, je vais reconnaître M. le ministre des
Affaires municipales.
Rapport annuel de la Commission municipale
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1986-1987 de la Commission municipale du
Québec.
Le Président: M. le ministre, votre rapport est
déposé. M. le ministre des Approvisionnements et Services,
toujours à l'étape du dépôt de documents.
Rapport annuel de la Société
immobilière du Québec
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1986-1987 de la Société
immobilière du Québec.
Le Président: M. le ministre, votre rapport est
déposé. M. le leader du gouvernement, toujours à
l'étape du dépôt.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
Engagement budgétaire pour le
comité
sur la révision des fonctions et
organisations gouvernementales et
rapports ou études qui en
découlent
M. Gratton: Oui, M. le Président. À une question
qui est inscrite a l'article 1 du feuilleton du mercredi 17 juin 1987, question
du député de Lac-Saint-Jean, le premier ministre est prêt
à répondre.
Le Président: Dépôt.
M. Gratton: Oui, M. le Président, à l'article 2
également...
Le Président: Dépôt de documents, M. le
premier ministre.
M. Gratton: Oui, à l'article 2, M. le
Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...à une question du député
d'Abitibi-Ouest, le premier ministre a également la réponse.
Le Président: Dépôt de la réponse, M.
le premier ministre.
M. Gratton: Et finalement, M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Critères de sélection des
juristes
M. Gratton: ...à la question à l'article 6, une
question du député de Taillon, le ministre de la Justice a une
réponse.
Le Président: M. le ministre de la Justice, votre
réponse est déposée.
M. Gratton: M. le Président, avec le consentement...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...de l'Assemblée, je souhaiterais que nous
puissions revenir, en cours de séance, aujourd'hui, à
l'étape du dépôt de documents de façon que je puisse
procéder au dépôt de réponses à des questions
inscrites au feuilleton ou à des dépôts de rapports qui
pourraient nous parvenir au cours de la journée. Est-ce que je peux
solliciter le consentement dès maintenant pour qu'on puisse faire ces
retours en arrière en cours de séance aujourd'hui?
Une voix: REXFOR?
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, oui, si c'est de nature
à répondre surtout à des délais d'un an ou un an et
demi, on est d'accord.
Une voix: REXFOR?
Le Président: Si j'ai bien compris, M. le leader de
l'Opposition, il y a consentement pour revenir, au cours de la journée,
aux affaires courantes, et plus spécialement au dépôt de
documents.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions. Mme la députée de
Maisonneuve.
Nouveaux logements sociaux réclamés dans
Hochelaga-Maisonneuve
Mme Harel: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée par 103 pétitionnaires, citoyens du quartier
Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, invoquant les faits suivants:
"48 % des logements habités ont été construits avant 1920
dans leur quartier; "78 % ont été construits avant 1945 et
moins de 5 % l'ont été depuis 1960; "85 % des familles
partagent un revenu familial moyen de moins de 20 000 $ "27 % des familles sont
monoparentales et consacrent plus de 40 % de leur budget au paiement du loyer
mensuel; "et concluant à ce que l'Assemblée nationale intervienne
auprès du ministre responsable de l'Habitation pour qu'il mette fin
à la discrimination envisagée contre les femmes chefs de famille
monoparentale dans les HLM, reconnaisse l'urgente nécessité de la
construction de nouveaux logements sociaux, HLM et coopératives dans
Hochelaga-Maisonneuve."
Le Président: Mme la députée de Maisonneuve,
votre pétition est déposée.
Ce matin, il n'y aura pas d'intervention portant sur une violation de
droit ou de privilège ou sur une question de fait personnel.
Avant de procéder à la période de questions et
réponses orales, j'avise immédiatement les membres de cette
Assemblée qu'il n'y aura pas de vote reporté, ce matin.
Je vais reconnaître une première question principale
à M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Commission parlementaire sur le
libre-échange entre les
États-Unis
et le Canada
M. Johnson (Anjou): M. le Président, on sait qu'un
éventuel traité de libéralisation des échanges
entre le Canada et les États-Unis pourrait toucher de très
près des dizaines de milliers de Québécois à la
fois au niveau de la sécurité que cela représente ou de
l'absence de sécurité que cela peut représenter sur le
plan des travailleurs, de la même façon que des milliers
d'entreprises au Québec, quant à leur capacité
concurrentielle avec la fin d'un certain nombre de tarifs qui les
protègent ou de mesures non tarifaires susceptibles de les
protéger au plan du marché domestique ou du marché
canadien.
On sait également qu'un tel traité de
libéralisation des échanges pourrait affecter tantôt les
politiques d'achat, les politiques de développement régional, les
politiques de soutien du revenu du secteur agricole ou encore,
carrément, la gestion des ressources naturelles, sans compter tout le
secteur de la culture, notamment toute la réglementation
découlant de la loi 101 au plan de l'étiquetage, par exemple.
Devant l'ampleur des conséquences évidentes de la
signature d'un tel traité entre les États-Unis et le Canada,
est-ce que le premier ministre ne jugerait pas utile, étant donné
que cette journée est peut-être la dernière journée
de la session et que le traité doit être déposé,
s'il doit être adopté devant le Sénat américain, au
mois d'octobre prochain et que nos travaux ne sont pas prévus avant le
mois d'octobre, est-ce que le premier ministre ne jugerait pas utile dès
maintenant, clairement, contrairement au dossier constitutionnel, de cesser
d'étouffer le débat, de l'ouvrir et de faire en sorte qu'il y ait
une commission parlementaire ouverte sur la question du libre-échange
entre les États-Unis et le Canada?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais être
précis et concis dans ma réponse en même temps que le plus
courtois possible. On sait que dans les derniers jours de la session, on a
besoin de la collaboration de l'Opposition.
Des voix: Ha! ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Nous avons d'importants projets de loi que nous
voudrions faire adopter.
Une voix: Trois.
M. Bourassa: Pour répondre à la question du chef de
l'Opposition, j'ai déjà dit, alors qu'on parlait de la question
constitutionnelle, que si nous voulions procéder avec trois semaines de
commission parlementaire - ce qui a été jugé suffisant par
l'Opposition - et avec ce débat, c'est qu'il y avait d'autres dossiers
qui sont quand même très importants, comme celui de la
constitution et qu'à ce moment-là, il fallait considérer
l'établissement d'une commission parlementaire. Je crois que le
gouvernement ne s'est jamais opposé au principe d'une commission
parlementaire. Quant au moment de cette commission, j'aimerais attendre de
connaître les résultats de la rencontre du 7 juillet. Je ne sais
pas si c'est le 6 ou le 7 juillet. Le 6 juillet est évidemment une date
importante pour le chef de l'Opposition - le 5, pardon! Je crois que c'est le 7
juillet. Quand nous aurons eu cette rencontre, nous pourrons décider du
moment et de l'opportunité d'une commission parlementaire.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): J'avoue que j'aime peut-être mieux
l'autre style du premier ministre; quand il n'essaie pas d'être courtois,
au moins il est drôle. Là, il ne nous dit rien et il n'est
même pas drôle.
Des voix: Ha! ha!
M. Johnson (Anjou): Tout en comprenant que le premier ministre
est particulièrement préoccupé pour ne pas dire
obsédé par le mois de juillet... On connaît son obsession
pour le 1er juillet depuis sa volonté de réintégrer le
Canada, au point où, semble-t-il, il oublie le 24 juin!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson (Anjou): Est-ce que le premier ministre qui nous dit
qu'il n'a jamais dit qu'il avait une objection de principe à une
commission parlementaire... Ce n'est pas cela qu'on lui demande. Ce qu'on dit
au premier ministre, c'est qu'il y a un contrat qui va être signé
entre le Canada et les Etats-Unis avant le 3 octobre. Le 3 octobre, on ne sera
pas en session normalement. Est-ce que, dès maintenant, il peut
s'engager à faire en sorte qu'il y ait une commission parlementaire
ouverte sur la question du libre-échange? Il en va de
l'intérêt des travailleurs, de l'intérêt des
entreprises, du monde des richesses naturelles, de l'agriculture, de la culture
au Québec et il en va du progrès du Québec et de
l'information des Québécois. (10 h 40)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu qu'il me semblait
préférable d'attendre le résultat de la conférence,
de la réunion du 7 juillet. Je suis d'accord avec le chef de
l'Opposition, je n'ai pas voulu manquer de courtoisie, j'ai
référé au 5 juillet. On m'a dit, tout près d'ici,
que c'était une date importante pour le chef de l'Opposition. Je ne vois
pas pourquoi le chef de l'Opposition me fait des reproches quand j'essaie
d'être le plus agréable possible avec lui.
Une voix: Bonne fête, Pierre Marc.
M. Bourassa: Je lui dis que nous allons attendre le
résultat du 7 juillet pour voir exactement où nous en sommes.
Nous acceptons le principe d'une commission parlementaire, mais avant de
décider de l'opportunité et du moment de cette commission, nous
voulons connaître le résultat de la réunion du 7 juillet
pour voir où nous en sommes dans ce dossier du libre-échange pour
lequel je partage, avec le chef de l'Opposition, l'opinion que c'est un dossier
extrêmement important pour le bien-être économique du
Québec.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): D'accord. Je comprends bien que le premier
ministre nous a annoncé son accord de principe à la tenue d'une
telle commission. Je voudrais juste qu'il ne me dise pas dans trois semaines
que ce n'est pas cela qu'il a dit. Je comprends qu'il a dit dans sa
dernière intervention - il a sorti un élément substantiel
- il nous a dit que, oui, il est d'accord en principe avec une commission
parlementaire et qu'après la conférence d'Ottawa qui doit se
tenir dans la première semaine de juillet, il nous donnera la date de
cette commission parlementaire. C'est bien cela?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Sûrement, M. le Président,
qu'après la conférence, si le chef de l'Opposition n'est pas sur
les plages, je m'engage à communiquer avec lui pour discuter du contenu
de cette réunion et de l'opportunité de convoquer une commission
parlementaire à un moment donné.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Johnson (Anjou): Je veux simplement rassurer le premier
ministre. Au mois de juillet, je ne serai pas sur les plages, même si je
sais que, lui, il est en grève depuis 18 mois.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président: M. le député de Bertrand, en
principale.
Des voix: Ce n'est pas fort.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
principale.
M. Parent (Bertrand): En additionnelle, M. le
Président.
Le Président: En additionnelle? Excusez-moi.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le premier ministre...
Des voix: ...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! En
additionnelle, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, au premier ministre. Est-ce que le
premier ministre peut s'engager, ce matin, à déposer ou à
s'assurer de déposer les études d'impact avant la tenue de cette
commission parlementaire si l'on veut travailler et avoir tous les effets sur
la table? Est-ce que le premier ministre peut s'engager, ce matin, à
obtenir et à déposer, de façon publique, toutes les
études d'impact?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, tout en signalant au chef de
l'Opposition qu'il n'y a jamais eu aussi peu de grèves dans les secteurs
public et parapublic qu'avec le gouvernement actuel.
Des voix: Bravo!
M. Bourassa: C'est la première fois, M. le
Président, qu'on a négocié, depuis 25 ans, sans
grève majeure, avec 300 000 membres des secteurs public et
parapublic.
Pour répondre à la question du député de
Bertrand, c'est évident que, s'il y a une commission parlementaire, nous
devrons déposer certaines études appropriées en tenant
compte des conditions qui ont été énoncées par le
ministre du Commerce extérieur et par le ministre de l'Industrie et du
Commerce, c'est-à-dire de l'impact sur la concurrence. Mais la
commission parlementaire serait un endroit approprié pour déposer
les études qui pourraient paraître pertinentes.
Le Président: M. le député de Brassard, en
principale.
Des voix: Lac-Saint-Jean.
Le Président: Excusez-moi. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je pensais qu'il y avait un nouveau comté au
Québec, M. le Président.
Le Président: Non, non.
Le secrétaire du Parti libéral du
Québec
M. Brassard: En mars dernier, M. le Président...
Une voix: ...
M. Brassard: ...je posais des questions...
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, en principale.
M. Brassard: ...sur les faits suivants. Le secrétaire du
Parti libéral du Québec, Me Yves Letellier, dans des offres de
services aux villes de Gatineau et d'Aylmer, faisait largement état de
ses allégeances partisanes et de ses connaissances intimes, je dirais,
au sein du gouvernement. Ces démarches étant devenues publiques,
M. Poupart, l'attaché de presse du premier ministre, s'en est
mêlé pour annoncer la démission du secrétaire du
Parti libéral, et M. Drouin, le président du comté de
Hull, déclarait, quant à lui, que cela allait à l'encontre
des règlements du parti.
Or, information prise au siège social du
Parti libéral à Montréal, M. Letellier est toujours
secrétaire du Parti libéral du Québec.
Des voix: Ah! Ah!
M. Brassard: Le premier ministre trouve-t-il normal que le
secrétaire de son parti, à la suite de démarches tout
impreignées de partisanerie, ait obtenu la plus grosse part du
gâteau des mandats juridiques de la ville de Gatineau?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je suis toujours un peu étonné par les
questions du député de Lac-Saint-Jean sur ces questions
d'équité parce qu'on attend encore le remboursement de ses 2323
$. On est rendu à la fin de la session.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Quand va-t-il rembourser le Trésor public
pour les bénéfices personnels à même les voyages de
pêche? 2323 $.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Je pourrais donner un autre cas mais, étant
donné la journée en cause, je m'en abstiens. Je prends avis de la
question sur les faits, les contrats. Je n'ai pas eu de préavis sur les
mandats juridiques qui ont pu être accordés dans
différentes régions du Québec, mais je suis quand
même extrêmement sceptique sur les accusations du
député de Lac-Saint-Jean. Il avait posé des questions
à l'occasion de mes crédits sur un terrain commun. Je pourrai lui
communiquer la réponse. Les faits qui étaient soulevés ont
été très largement modifiés, mais je pourrai
communiquer avec lui personnellement, étant donné qu'il posait
ces questions-là comme un député doit le faire. Pour cette
question du secrétaire du Parti libéral du comté de
Gatineau, je vais prendre avis. Je n'ai pas les comptes publics avec moi pour
pouvoir dire les mandats qui ont été accordés mais je
saute sur l'occasion pour souhaiter que le député de
Lac-Saint-Jean rétablisse sa paix avec sa conscience en remboursant les
fonds publics.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean. 4
M. Brassard: M. le Président, comment le premier ministre
explique-t-il le fait que son propre attaché de presse, M. Poupart, ait,
en mars dernier, répandu la rumeur de la démission du
secrétaire du Parti libéral, Me Yves Letellier, alors que ce
n'est pas exact, que la réalité est tout autre? Il continue
d'assumer cette fonction-là et, à la suite de démarches'
éminemment partisanes,
il a obtenu la grosse part du gâteau des mandats juridiques de la
ville de Gatineau.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, mon secrétaire de
presse ne se trompe jamais. On me dit que c'est Mme Huguette Blondin-Taylor qui
est secrétaire. Donc, je crois que M. Letellier a bel et bien
démissionné.
Une voix: Effectivement.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: En additionnelle. Comment se fait-il qu'au
siège social du Parti libéral à Montréal,
l'information qu'on donne, c'est que le secrétaire du parti est toujours
Me Yves Letellier?
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Je veux reconnaître le premier ministre.
M. Bourassa: D'abord, je veux signaler qu'il s'agit de mandats
juridiques donnés, je crois, par la ville de Gatineau et non par le
gouvernement. Quant à l'information qu'il aurait reçue, il
faudrait vérifier si on a voulu blaguer avec le député de
Lac-Saint-Jean ou s'il s'est adressé au Parti libéral
fédéral.
Le Président: M. le député. M. Brassard:
M. le Président...
Le Président: Si vous me permettez. À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je veux reconnaître le député de Lac-Saint-Jean en
additionnelle.
M. Brassard: M. le Président, comme je ne veux pas
blaguer, je demande au premier ministre comment il se fait qu'il ne savait pas
le nom du secrétaire de son parti. Il a fallu qu'on lui refile un
papier. Vous ne saviez pas le nom du secrétaire de votre parti et vous
ne saviez pas que c'était M. Yves Letellier. Vous n'étiez pas au
courant de ça.
Le Président: M. le premier ministre. (10 h 50)
M. Bourassa: Le député de Lac-Saint-Jean a fait des
affirmations. Je les ai corrigées. J'ai rectifié les faits. Il
devrait être satisfait.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Taillon, en principale.
Enquête sur la fuite du contenu du discours sur
le budget
M. Filion: Oui, merci. Je sais que le premier ministre a
souhaité, à plusieurs reprises, avoir préavis des
questions qu'on lui adresserait. Je ne sais cependant pas si cela va changer
les réponses. En l'absence du Solliciteur général, i'ai
avisé le bureau du premier ministre que l'Opposition s'enquer-rait,
à la suite des fuites survenues quant au contenu du budget... On sait
que le ministre des Finances, le 30 avril, une semaine avant la date
prévue, s'est vu contraint, non pas de démissionner, mais de
déposer en catastrophe son budget. Le Solliciteur général,
la journée suivante, a demandé une enquête exhaustive sur
les éléments de cette fuite et promettait, je le cite, de
partager avec l'Opposition les conclusions de l'investigation qui s'ensuivrait.
Les conclusions de cette enquête devaient être rendues publiques
avant la fin de la session. Comme nous en sommes peut-être à la
dernière journée de la session, je demanderais au premier
ministre s'il est en mesure, aujourd'hui, de nous faire part des conclusions de
cette enquête et si non, à quel moment nous pouvons espérer
le rapport de cette enquête?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que tout le monde
admettra que ce budget a été l'un des meilleurs de l'histoire du
Québec. Pour ce qui a trait à l'enquête - je remercie le
député - on m'a prévenu qu'il poserait une question. On
m'a dit que, d'ici à un mois, l'enquête devrait être
terminée. C'est l'information qu'on m'a donnée lorsqu'on m'a dit
que le député de Taillon me poserait une question sur cette
enquête.
Le Président: Mme la députée de Maisonneuve,
en additionnelle ou en principale, madame?
Mme Harel: En principale.
Le Président: En principale, Mme la députée
de Maisonneuve.
Politique ministérielle en matière de
services de garde
Mme Harel: L'an dernier, la ministre
déléguée à la Condition féminine s'est
engagée, au nom de son gouvernement, à rendre publique, au
printemps cette année, une politique globale en matière de
services de garde. La ministre nous a annoncé, ce printemps, en retarder
la publication pour attendre, fin juin, la décision du gouvernement
fédéral. Le premier ministre du Canada vient de reporter à
l'automne les
intentions du gouvernement fédéral en matière de
services de garde. La question à la ministre
déléguée à la Condition féminine est la
suivante: A-t-elle l'intention, une fois de plus, de retarder la publication de
sa politique globale en matière de services de garde?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai aucunement l'intention de retarder
la politique des services de garde. J'ai formé un comité
consultatif, l'automne dernier, lequel doit me faire ses recommandations
à la fin de juin. Je dois me réjouir; pour la première
fois qu'on forme un comité, effectivement, ce comité
déposera son rapport le 29 juin. Il est certain que je dois aussi
prendre en considération la politique du gouvernement
fédéral dans mon énoncé de politique. Tel que
promis, l'énoncé de politique sera élaboré dans le
courant de l'automne. Par la suite, on ira en consultation.
Le Président: Mme la députée de Maisonneuve,
en additionnelle. Mme la députée de Maisonneuve, en
additionnelle.
Mme Harel: Oui. M. le Président, la ministre
déléguée à la Condition féminine
s'engage-t-elle à rendre public, lors de sa réception, le rapport
de ce comité consultatif sur les services de garde mis en place
après que des études nombreuses auront déjà
été transmises à la ministre. S'engage-t-elle à
rendre public le rapport et quel type de consultation entend-elle mener sur
l'énoncé de sa politique à l'automne, à la suite
des diverses interventions faites? Entend-elle mener une commission
parlementaire pour étudier cet énoncé de politique
globale?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, le rapport me sera
remis lors de la conférence de presse, tel que convenu, le 29 juin. Il
sera rendu public. D'ailleurs, copie du rapport sera envoyée,
expédiée, la même journée, à tous les
regroupements des services de garde. Quant à l'énoncé de
politique, je ne peux pas m'engager sur la forme de consultation, à
cause des modifications qui seront apportées. Lorsque
l'énoncé de politique sera connu, nous prendrons position sur la
forme de consultation qui sera tenue à ce moment-là.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin, en principale.
Mme Vermette: En principale, M. le Président. Les parents,
les éducateurs, les travailleurs de l'Institut Doréa ainsi que la
population de Franklin ont compris que c'était peine perdue
d'espérer que le premier ministre honore sa signature quant au maintien
intégral de l'institut. Déjà, le processus de fermeture a
été mis en exécution, sans tenir compte des
recommandations du rapport Bibeau, soit l'évaluation des
bénéficiaires en concertation avec les directeurs, la direction
et les parents.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Vermette: M. le Président, ma question s'adressait au
premier ministre, mais je m'aperçois qu'il est...
M. Chevrette: M. le Président, effectivement il y a...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...erreur d'aiguillage et je tiens toujours ma
parole quand j'en prends une. J'ai dit au premier ministre qu'il n'avait plus
de questions. Donc je suis le seul responsable, en cette Chambre, de cet
imbroglio.
Le Président: Je vous remercie de votre intervention, M.
le leader de l'Opposition. Je vais reconnaître M. le député
d'Abitibi-Ouest, en principale.
Le fonds de retraite accumulé des
employés québécois de Singer
M. Gendron: Oui, M. le Président. Au moment de la
fermeture de la compagnie Singer, située à
Saint-Jean-sur-le-Richelieu, en avril 1986, le fonds de retraite
accumulé des employés québécois se chiffrait
à 4 200 000 $. Quatre mois auparavant, soit en janvier 1986, la
Régie des rentes du Québec, en vertu de l'entente de
réciprocité avec la Commission des pensions de l'Ontario,
autorisait le transfert du régime de retraite des employés
québécois en Ontario, la compagnie alléguant avoir plus
d'employés en Ontario qu'au Québec.
Toutefois, depuis la fermeture, Singer entend s'approprier le
régime de retraite des employés de 4 200 000 $. La question est
celle-ci: Alors que tout près de 600 familles québécoises
victimes de la fermeture d'usine reçoivent des prestations de retraite
dérisoires, variant entre 75 $ et 150 $ par mois pour des gens ayant
plus de 30 ans d'ancienneté, je demande au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu ceci: Est-ce que le gouvernement du
Québec entend faire des représentations majeures à
la compagnie Singer afin que les 4 200 000 $ restent
véritablement entre les mains des ex-travailleurs?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, ces
questions de transfert nous préoccupent au plus haut point. Nous avons
même eu des représentations de la part de la Régie des
rentes comme gouvernement, à savoir, de modifier la loi
québécoise que vous connaissez présentement.
En ce qui concerne plus spécifiquement le cas des travailleurs de
Saint-Jean, la Régie des rentes est en communication et en contact avec
la compagnie Singer. Tant que les pourparlers continuent, il y a lieu
d'espérer que les travailleurs obtiendront justice.
Le Président: M. le député d'Abitibi-Ouest,
en additionnelle.
M. Gendron: Oui. Advenant que le problème se retrouve
devant la Cour ontarienne, est-ce que le gouvernement du Québec entend
aider financièrement les familles démunies des ex-travailleurs
dans leur lutte juridique dans la perspective où il faille mener une
lutte juridique, si le ministre et le gouvernement du Québec ne
modifiaient pas la loi?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les questions des
négociations comme telles, des pourparlers entre les parties
concernées relèvent de la Régie des rentes et du ministre
qui en est responsable et qui répond en cette Chambre. Les questions de
poursuites judiciaires relèvent de mon collègue, le Procureur
général.
Le Président: M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui. Je n'ai pas demandé si le ministre de la
Justice aurait telle ou telle orientation advenant une poursuite. Le ministre
responsable de la Régie des rentes, dans la perspective où je
sais que les poursuites relèvent du ministre de la Justice - on sait
cela; la question, ce n'est pas cela. C'est: s'il y en avait, est-ce que le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
recommanderait à son gouvernement d'aider ces gens à faire la
bataille, considérant qu'actuellement ils reçoivent une pitance
comme retraite, alors qu'ils ont constitué un fonds de 4 200 000 $?
Est-ce que vous seriez d'accord pour les aider à mener la lutte
juridique?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
j'indiquerai au député d'Abitibi-Ouest que les
négociations que nous menons - nous souhaitons qu'elles soient
fructueuses quant à la Régie des rentes - vont dans le sens de
préserver les intérêts des travailleurs d'une
circonscription électorale que vous connaissez bien. (11 heures)
Le Président: Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, j'ai cru voir dans la correspondance, M. le
Président, que cela vous concernait un peu. Un dernière
additionnelle. Est-ce que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu entend, comme ministre, envisager un projet de
loi concernant les régimes de retraite privés au cours de
l'année 1987?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
rappellerai au député d'Abitibi-Ouest qu'au cours de la
présente année nous avons légiféré en ce qui
concerne la Régie des rentes et en ce qui touche l'ensemble des
contribuables qui contribuent à la Régie des rentes et des
retraités afin de hausser au cours des cinq prochaines années de
0,02 de 1 % par année le taux des contributions payables à la
Régie des rentes de façon à s'assurer de
l'équilibre des réserves actuarielles de la Régie des
rentes du Québec.
Quant au transfert, selon les résultats pratiques que nous
obtiendrons dans ces négociations, si les travailleurs
québécois ont besoin de davantage de protection légale,
ils obtiendront de ce gouvernement davantage de protection légale.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître en
principale, M. le député de
Saint-Louis. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député, votre question.
Exploitation des immigrants
M. Chagnon: M. le Président, la semaine dernière la
société Radio-Canada rendait publique, sur les ondes anglophones
de Radio-Canada à Toronto et à Montréal par le fait
même, une série de reportages sur l'exploitation des immigrants
dans la région de Toronto. Ces immigrants sont effectivement
exploités par des avocats
resquilleurs ou encore par des sociétés de soi-disant
consultants en immigrants qui font en sorte d'exploiter des immigrants en leur
demandant des fonds, qu'ils soient investisseurs ou immigrants
réfugiés dans la région de Toronto, pour acquérir
la citoyenneté canadienne ou encore avoir des bénéfices
que leur procurent, de toute façon, les projets de loi sur
l'immigration. Ma question, M. le Président, à la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration: Est-ce que le
ministère de la Mme la ministre est au courant de la situation ou d'une
situation semblable qui pourrait se produire à Montréal?
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration, vous avez la parole.
Mme Robic: M. le Président, je remercie le
député de Saint-Louis de sa question et son inquiétude est
tout à son honneur. Je puis lui dire que mon ministère
s'inquiète tout comme lui de la possibilité que ce genre
d'activités se produise également au Québec. Cependant, je
dois lui dire que, en ce moment, nous n'avons été informés
officiellement d'aucune activité de ce genre au Québec. Je
souhaite ici profiter de l'occasion pour dire à toute personne qui
aurait pu être victime de ce genre d'activité de le faire savoir
aux autorités responsables.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
en additionnelle.
M. Chagnon: Si Mme la ministre recevait ce type de plainte,
est-ce que les services de son ministère pourraient être mis en
place pour faire suivre une enquête à ce sujet?
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration. À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Robic: M. le Président, je puis rassurer le
député de Saint-Louis, les autorités responsables peuvent
compter sur la pleine collaboration de mon ministère.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: En additionnelle, M. le Président, je
voudrais demander a Mme la ministre si elle a des moyens concrets d'action de
préparés au moment où l'on se parle. Je comprends que ma
question est un peu imprévue. J'aimerais qu'elle puisse me...
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, le leader de l'Opposition
m'accuse souvent d'avoir des documents sur mon pupitre. J'ai encore des
documents aujourd'hui. Ce sont des articles qui appuient le gouvernement dans
les accords constitutionnels, mais je ne vois pas votre chèque sur votre
pupitre pour payer votre voyage de pêche, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition sur une
question de règlement. Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Sur une question de règlement, je vous
souglignerai que la ministre a du panache et que, sans doute, elle fera des
ravages dans cette Assemblée. Ceci dit, à deux reprises, M. le
Président, j'ai demandé qu'on me facture si j'avais
dérogé aux règles. Que je sache, comme vous ne vous
êtes pas empressé d'envoyer des factures, c'est qu'on n'a pas
dérogé aux règles. Ceci dit, la question concrète
que je vous ai posée était la suivante: Avez-vous des moyens
concrets de mis sur pied pour empêcher cela?
Le Président: A la question, Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président. Le Président:
À l'ordre!
Mme Robic: On n'aime pas de l'autre côté se faire
dire certaines vérités. M. le Président, vous pouvez
être sûr que, s'il y avait quoi que ce soit qui était
porté à notre attention, nous serions certainement prêts
à donner toute notre collaboration pour s'assurer que ce genre
d'activité cesse et le plus rapidement possible. J'espère
d'ailleurs que les gens qui seraient au courant de ce genre d'activité
se feraient connaître le plus rapidement possible pour qu'on puisse
agir.
Le Président: Je reconnaîs maintenant en principale,
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Lévis, en principale.
Coloration distincte du beurre et de la
margarine
M. Garon: M. le Président, il y a quelques semaines sinon
quelques mois, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qui
avait et qui a encore des problèmes dans le monde agricole, a fait, un
peu pour augmenter son prestige, une promesse selon laquelle il y aurait une
réglementation qui serait adoptée incessamment pour la coloration
de la margarine. Pourrait-on demander au ministre si cet engagement va arriver
prochainement, si le règlement va être adopté par le
Conseil des ministres prochainement? Pourrait-il nous dire, en primeur aussi,
si ce sera une couleur très éloignée de celle du beurre?
Les journaux commencent à parler de vert moutarde...
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: ...jaune moutarde pardon...
Le Président: Votre question.
M. Garon: Pourrait-il nous dire en primeur si cera jaune
moutarde...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Garon: ...orange...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre! Je veux reconnaître la couleur. M. le
député de Lévis, terminez votre question.
M. Garon: En plus de nous dire quand ce règlement sera
adopté, puisque cela fait déjà quelques mois que cette
promesse a eu lieu, peut-il nous dire en primeur si ce sera de couleur jaune
moutarde, orange, rouge libéral ou encore, peut-être pour
être bien sûr qu'il n'y a pas de mélange, noir?
Une voix: La couleur du PQ.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis est toujours aussi coloré.
Des voix: Ha! Ha!
M. Pagé: M. le Président, effectivement, le
député soulève un point qui est important, un
problème qui était demeuré en suspens et une demande,
finalement, qui avait été formulée par plusieurs
intervenants depuis dix ans déjà, soit de procéder
à une coloration distincte pour le beurre et la margarine. J'ai
annoncé à la Fédération des producteurs laitiers du
Québec, lors de son congrès annuel, au nom du gouvernement du
Québec, l'acceptation de principe du gouvernement de procéder aux
réglementations appropriées pour en venir à une coloration
distincte. Je peux vous annoncer ce matin, M. le député, et en
même temps évidemment à vos collègues, que le
règlement a été adopté par le Conseil des ministres
il y a de cela deux semaines. La prépublication du règlement a
dû paraître ou doit paraître ces jours-ci, c'est une
prépublication de 45 jours suivie d'une publication de 45 jours, ce qui
veut dire qu'au mois de septembre, à la fin de septembre et au
début d'octobre prochain au plus tard, la coloration sera devenue
distincte en ce qui concerne le beurre et la margarine. Je vois beaucoup
d'impatience de la part du chef de l'Opposition pour avoir la couleur, ce n'est
pas compliqué, c'est 10,5 à l'échelle Lovibon.
Le Président: M. le député de Lévis,
en additionnelle.
M. Garon: M. le Président, le ministre, afin que tout cela
se réalise dans l'harmonie la plus complète, a-t-il jugé
opportun de consulter les associations de consommateurs également
puisque, habituellement, elles ne sont pas en opposition avec les producteurs
laitiers?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. (11 h 10)
M. Pagé: M. le Président, des
représentations nous ont été faites. Entre autres, j'ai eu
des discussions, quoique brèves, mais de vive voix, sur le sujet avec la
Fédération nationale des associations de consommateurs. Des
représentations m'ont aussi était faites par d'autres groupes de
l'Association des consommateurs comme telle. Le but de la démarche est
de s'assurer que la consommatrice et le consommateur, notamment dans le
réseau institutionnel, de la restauration, de l'hôtellerie,
puissent vraiment savoir quelle est la teneur, quel est le produit qu'il ou
qu'elle consomme. À cet égard, M. le Président, je peux
vous indiquer, d'ailleurs, que j'ai rencontré les représentants
de l'Association des margariniers la semaine dernière. Je leur ai fait
part de la position du gouvernement, je leur ai indiqué très
clairement que la distinction de couleur ne serait pas extrême comme le
vert, le bleu, etc., comme le disait le député de
Lévis.
Je pense que c'est un projet de règlement qui a bien
évolué. C'est un projet qui va dans le sens de la protection
adéquate du Québec et cela aurait dû être fait il y a
plusieurs années, M. le député, d'autant plus que les
autres provinces du Canada ont décidé d'agir dans le même
sens. On se devait et on se doit d'adopter cette réglementation, qui est
tout à fait normals, logique, pour distinguer un produit d'un autre
parce que, vous savez, de la margarine, ce n'est pas du beurre, M. le
député, sauf que
j'aimerais bien savoir si vous êtes pour ou si vous êtes
contre.
Le Président: M. le député de Lévis,
en additionnelle.
Une voix: Consultez, faites des consultations!
M. Garon: M. le Président, comme le ministre a dit qu'il y
aurait prépublication à La Gazette officielle pendant 45
jours et que la prépublication est pour fins de consultation, est-ce que
le ministre peut nous dire - il aura alors l'occasion de connaître mon
opinion - de quelle façon il entend faire cette consultation et s'il a
l'intention de convoquer une commission parlementaire? Est-ce qu'il a
l'intention de le faire, justement, pour que l'Opposition puisse se prononcer
également?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: M. le Président, le député
devrait savoir qu'en vertu de nos lois, de notre réglementation, une
prépublication entraîne le droit, pour une personne visée,
de faire parvenir un mémoire au ministre de la Justice, et comme dans
chacun des cas, c'est certainement avec beaucoup d'intérêt,
beaucoup d'attention que nous étudierons les représentations qui
nous seront faites. En ce qui concerne la commission parlementaire,
j'hésite à croire que ce soit opportun pour le moment; on verra
à la lumière des représentations qui nous seront faites.
J'aimerais bien savoir si vous, ancien ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, êtes pour ou contre. Vous pouvez
nous le dire tout de suite. Plusieurs de vos collègues m'ont
écrit pour appuyer le gouvernement, mais vous, comme porte-parole,
à quelle enseigne vous logez-vous, M. le député?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Saint-Jacques, en principale.
M. Boulerice: Est-ce que Mme la ministre pourrait être
attentive? Ma question s'adresse à elle.
Des voix: Hou! Hou!
Le Président: Je ne pense pas qu'on fasse avancer les
sérieux travaux de cette Assemblée. M. le député de
Saint-Jacques, en principale.
Vocation de l'édifice de l'ancien
théâtre Capitol
M. Boulerice: M. le Président, il existe à
Québec un édifice de style beaux-arts classé à la
fois par le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral. Cet édifice est mentionné, dans le rapport
L'Allier, comme un édifice devant continuer d'avoir une vocation
culturelle, et on m'apprend qu'il devrait être plutôt
transformé en centre commercial. Est-ce que la ministre a l'intention
d'intervenir dans ce dossier pour qu'il conserve une vocation culturelle ou
artistique - il s'agit du théâtre Capitol, que vous connaissez,
j'espère - ou entend-elle se réfugier de nouveau derrière
le paravent du moratoire?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques a l'insulte
facile, et j'aimerais lui dire que ces dossiers font l'objet de
considération spéciale au ministère. On ne se cache pas
derrière le voile du moratoire. D'ailleurs, je dois dire que je continue
à discuter avec mon collègue du Conseil du trésor sur ce
sujet. Je dois dire aussi qu'il y a plusieurs possibilités quant
à la transformation, à la rénovation du Capitol. Nous
aviserons à mesure que les discussions auront lieu. Mais nous avons le
dossier en main au ministère. La Direction régionale de
Québec travaille fortement et sérieusement sur ce dossier. Quand
nous aurons des informations précises à transmettre au public,
nous le ferons. Ce sont quand même des possibilités dans le
domaine privé, mais nous voyons avec eux les possibilités de
transformation de cet édifice dans le respect des traditions et dans le
respect aussi de cet édifice qui est important pour les
Québécois.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
si j'ai bien compris, c'est en principale.
La destruction du vieux couvent de Montmagny
M. Boulerice: En principale, M. le Président, maintenant
que je sais que c'est effectivement un pseudo-moratoire, j'aimerais demander
à la ministre... Au cours de l'étude des crédits de son
ministère, lorque je lui ai posé la question sur la destruction
sauvage du vieux couvent de Montmagny, elle m'a répondu que le ministre
de la Justice avait un avis. Le ministre de la Justice me dit qu'il n'a pas
d'avis demandé par son ministère. Première question: Qui
dit vrai? Deuxième question: La ministre a-t-elle des contacts avec
l'ancien ministre de l'Habitation quant à la SHQ qui a vendu sans
autorisation? La ministre va-t-elle continuer de couvrir la municipalité
de Montmagny qui, elle, a détruit ce monument historique?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Bacon: M. le Président, ce que j'ai dit au cours de
l'étude des crédis - et je pense avoir donné les
réponses en long et en large au député de Saint-Jacques au
cours de l'étude des crédits - c'est que j'ai demandé
à mes fonctionnaires de faire des recommandations en tenant compte de
l'état de la situation. J'ai demandé aussi au ministère
des Affaires municipales de regarder le dossier de très près
parce qu'il est évident qu'il y a eu destruction d'un édifice qui
ne devait pas être détruit. Le ministre des Affaires municipales
étudie ce dossier avec la Société d'habitation du
Québec. J'ai dit aussi que, s'il y avait besoin ou obligation de le
faire, j'étais prête à aller jusqu'aux poursuites. Je ne
pense pas faire plus, M. le Président.
M. Boulerice: Brève additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
en additionnelle.
M. Boulerice: Poursuite à la SHQ ou poursuite envers la
ville de Montmagny qui a détruit le couvent?
Mme Bacon: Je pense que le Procureur général
décidera si c'est la ville qui est coupable ou la Société
d'habitation du Québec qui a vendu cet édifice sans en aviser le
ministère, comme elle doit le faire quand il y a vente. Je pense qu'au
départ, la SHQ n'a pas avisé le ministère. La justice
suivra son cours et décidera qui est le plus coupable de la ville ou de
la SHQ.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître en
principale, M. le député de Terrebonne.
La pollution des eaux du fleuve par les
compagnies
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre de l'Environnement, bien sûr. Le ministre de
l'Environnement a décidé de continuer une politique,
établie depuis 1972, de discuter avec les compagnies qui polluent nos
eaux et de faire des ententes de gré à gré pour que ces
compagnies cessent la pollution de nos eaux. Les résultats depuis deux
ans tardent à venir. Bien sûr, je le félicite d'avoir
signé avec cinq ou six de ces compagnies des ententes que je
considère valables. Cependant, sachant que concernant seulement le
fleuve il y en a 2300, au rythme de 5 par année, cela nous mène
un peu tard. Je demanderais au ministre s'il considère qu'il devrait
légiférer pour que l'ensemble des compagnies qui polluent nos
eaux soient obligées par voie législative à apporter les
remèdes nécessaires pour notre qualité de vie?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le Président, le critique de l'Opposition
en matière d'environnement m'étonne de plus en plus. En fait, il
dit que cinq compagnies ont signé; ce n'est pas grand-chose; il nous
félicite, mais en passant. Ce que je pourrais lui dire, c'est que deux
de ces compagnies envoient dans le fleuve Saint-Laurent 160 000 tonnes d'acide
par an et que, d'ici 1995, grâce au contrat que nous avons signé
avec cette compagnie, la quantité de cet acide sera réduite de 95
%. Donc, il me semble que c'est un grand pas en avant dans la
dépollution du Saint-Laurent. Nous avons signé des contrats avec
les plus grandes compagnies polluantes, l'autre jour avec Expro et QIT,
l'année dernière avec NL Chem et Tioxyde qui, pendant des
années avaient défié le gouvernement et refusé de
faire quoi que ce soit; nous les avons fait signer. L'année
dernière, nous avons conclu 78 contrats avec des compagnies. Il y a eu
des millions d'investissements faits par ces compagnies. Nous allons
déposer, cet été, une politique sur l'assainissement
industriel et, pour la première fois au Québec, on pourra dire
que, maintenant, nous avons une politique pour l'assainissement industriel. En
fait, ce que nous avons fait dans un an, c'est beaucoup plus, c'est
décupler ce que le député et son parti ont fait en dix ans
de pouvoir. (11 h 20)
Le Président: Excusez-moi, M. le député de
Terrebonne.
Une voix: ...
Le Président: Non. Oui, je comprends. M. le
député de Terrebonne.
Des voix: Consentement.
Le Président: M. le député de Terrebonne,
c'était la dernière question et la dernière réponse
à la période régulière de questions.
Nous allons maintenant...
Une voix: Consentement.
Une voix: Pas de consentement.
Le Président: Si vous me le permettez. Il n'y a pas de
vote reporté ce matin.
Motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je
voudrais...
Une voix: ...nominations...
Renvoi aux commissions de l'Assemblée
et des institutions du rapport
préliminaire de la Commission de la
représentation électorale
M. Gratton: Oui, M. le Président, mais elles ont
été reportées à 15 heures, cet
après-midi.
M. le Président, je voudrais, dans un premier temps, faire une
motion de renvoi à la commission de l'Assemblée nationale du
rapport préliminaire de la Commission de la représentation
électorale. Elle se lit comme suit: "Que la commission de
l'Assemblée nationale étudie, après le 15 septembre 1987,
le rapport préliminaire de la Commission de la représentation
électorale et ce, conformément aux dispositions de l'article 28
de la Loi sur la représentation électorale, et qu'à cette
fin la commission de l'Assemblée nationale entende la Commission de la
représentation électorale."
Une voix: ...adopté.
Le Président: Alors, votre première motion sans
préavis, M. le leader du gouvernement, est adopté.
M. Gratton: M. le Président, sur le même sujet. Pour
que la commission de l'Assemblée nationale saisisse la commission des
institutions de ce mandat, je veux faire la motion suivante: "Que, de
consentement, la commission de l'Assemblée nationale confie à la
commission des institutions le mandat d'étudier, après le 15
septembre 1987, le rapport préliminaire de la Commission de la
représentation électorale et ce, conformément aux
dispositions de l'article 28 de la Loi sur la représentation
électorale, qu'à cette fin la commission des institutions entende
la Commission de la représentation électorale et que le ministre
délégué à la Réforme électorale soit
membre de ladite commission pour la durée de ce mandat." On sait, M. le
Président - je l'ajoute pour l'information des membres de
l'Assemblée - qu'aux fins de l'étude du rapport
préliminaire, tous les membres de l'Assemblée nationale ont droit
de parole à la commission des institutions, en l'occuren-ce.
Le Président: Est-ce que cette deuxième motion est
adoptée, M. le leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. Il y a consentement.
Audition du Vérificateur général
sur son rapport pour l'année 1985-1986
M. Gratton: M. le Président, je voudrais également
donner suite à l'engagement que nous avions pris il y a
déjà quelques mois d'entendre le Vérificateur
général en commission parlementaire. Je fais donc motion en vertu
des articles 146 et 116, 3 et 4°, et en me référant à
une décision de la commission de l'Assemblée nationale du
mercredi 3 décembre 1986, je fais la motion suivante: "Que la commission
du budget et de l'administration examine le rapport annuel du
Vérificateur général pour l'exercice financier
terminé le 31 mars 1986 et qu'à cette fin elle entende le
Vérificateur général." Nous indiquerons plus tard, au
cours de cette séance, la date exacte de cette audition.
Le Président: Si je comprends bien, il y a consentement
pour entendre cette motion, comme les deux autres? Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Réévaluation du nombre, de la
dénomination, de la compétence et de la composition des
commissions
M. Gratton: M. le Président, j'ai une motion concernant un
mandat qui, avec l'assentiment de l'Opposition, pourrait être
confié à la sous-commission, c'est-à-dire à la
commission de l'Assemblée nationale. Elle se lit comme suit: "Que la
sous-commission permanente de la réforme parlementaire
réévalue le nombre, la dénomination, la compétence
et la composition des commissions permanentes de l'Assemblée,
qu'à cette fin elle tienne compte, notamment, de la charge de travail
respective de chacune des commissions depuis le 15 mars 1984 et qu'elle fasse
rapport au plus tard le 20 octobre 1987."
Le Président: Si je comprends bien, il y a consentement
des deux côtés de cette Chambre pour entendre cette motion?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'elle est adoptée?
M. Chevrette: Je voudrais dire un mot.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: J'ai bien compris que
l'esprit dans lequel on travaillera à cette commission, c'est
exactement le même esprit qu'on avait pour la réforme
électorale, en ce sens que c'est de consentement unanime des gens qu'on
apporte des modifications ou pas.
Le Président: Parfait! M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: J'aurais le goût de dire, M. le
Président, que je travaille toujours dans cet esprit de
collaboration.
Des voix: Ha! Ha!
M. Gratton: Effectivement, je pense que cela s'impose dans ce
domaine, comme dans le domaine de la réforme électorale.
Le Président: Si je comprends bien, il y a consentement
pour entendre cette motion et cette motion est également
adoptée?
M. le leader du gouvernement.
Mandat d'assistance aux Inuit confié au
Directeur général des élections
M. Gratton: M. le Président, j'ai une dernière
motion et je la ferais au nom du premier ministre pour donner mandat au
Directeur général des élections concernant la tenue
d'élections au Nouveau-Québec. Elle se lit comme suit: "Attendu
que la commission parlementaire sur les droits des autochtones tenue en
novembre 1983 a invité les Inuit du Nouveau-Québec à
procéder à une réflexion collective sur la forme
d'administration publique pouvant le mieux assurer leur destinée et
celle de leurs enfants, tout en respectant la juridiction de l'Assemblée
nationale et l'intégrité de la Confédération
canadienne; "Attendu qu'en février dernier, lors d'une réunion
regroupant toutes les organisations régionales et locales à
Ivujivik, deux approches distinctes sont ressorties des discussions; "Attendu
que, chacune de ces approches a ses avantages et ses inconvénients, les
personnes présentes à Ivujivik ont résolu à
l'unanimité de soumettre ces approches à tous les
électeurs du Nouveau-Québec, lors d'une consultation à
être tenue le 31 août 1987; "Attendu que l'Administration
réqionale Kativik et la Fédération des coopératives
du Nouveau-Québec désirent profiter, dans le cadre de la
préparation et la tenue de cette consultation, de l'aide professionnelle
et technique du Directeur général des élections; "Attendu
que le Directeur général des élections a donné son
accord pour prêter son expertise lors de la tenue de cette consultation;
"Attendu que la présente résolution n'a pour but que de permettre
au Directeur général des élections de prêter son
expertise et d'apporter son aide à la tenue de cette consultation;
"Attendu que la présente résolution n'a, d'aucune façon,
pour effet d'entériner la décision qui sera prise par les
électeurs du Nouveau-Québec ou d'engager pour l'avenir le
gouvernement ou l'Assemblée nationale, il est ordonné, sous la
recommandation du premier ministre, que soit confié au Directeur
général des élections, conformément aux
dispositions de l'article 5 de la Loi électorale, (L.R.Q., chapitre
E-3.2), le mandat d'assister les Inuit du Nouveau-Québec dans la
préparation et la tenue d'une consultation de l'ensemble des
électeurs du Nouveau-Québec résidant sur le territoire
défini au paragraphe 5 de l'article 2 de la Loi sur les villages
nordiques et de l'Administration régionale Kativik (L.R.Q., chapitre
V-6.1) sur les deux approches distinctes d'autonomie qui sont ressorties lors
des discussions tenues à Ivujivik au mois de février 1987.
"Qu'aux fins de la réalisation de ce mandat, le Directeur
général des élections établisse les règles
relatives à la tenue de cette consultation; que le préambule
fasse partie intégrante de la présente résolution; qu'au
plus tard le 30 novembre 1987, le Directeur général des
élections remette au président de l'Assemblée nationale un
rapport de l'exécution du présent mandat; que le président
de l'Assemblée nationale dépose ce rapport devant
l'Assemblée nationale dans les quinze jours de sa réception si
elle siège ou, si elle ne siège pas, dans les quinze jours de
l'ouverture de la session suivante ou de la reprise de ses travaux."
Le Président: Cela me prend deux consentements, M. le
leader de l'Opposition, un premier pour se saisir de... Une question
auparavant, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. J'aimerais intervenir.
J'ai quelques mots sur cette motion dans la mesure où... Enfin, on est
tout à fait d'accord que, si consultation il doit y avoir...
Une voix: II y a consentement, pour qu'elle soit
présentée.
Le Président: Consentement pour que soit
présentée la motion de M. le leader du gouvernement. Je vous
permets une question, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Effectivement, dans la
mesure où il doit y avoir consultation publique dans les
communautés inuit, à la suite d'une longue démarche,
d'ailleurs, qui est entreprise depuis au minimum 1982 là-dessus, nous
croyons qu'il est normal que cette consultation se fasse avec toutes les
règles de l'art et
qu'elle se fasse à l'intérieur d'un mécanisme qui
est bien connu et qu'elle soit dirigée par des gens qui s'y connaissent
là-dedans. En ce sens-là, le Directeur général des
élections semble être la personne la mieux placée pour
s'assurer que la consultation se fasse dans les meilleures conditions possible
et en respectant l'ensemble de l'électorat en milieu inuit.
Par contre, nous avons une préoccupation et peut-être que
le leader du gouvernement sera en mesure de nous éclairer
là-dessus, à savoir dans quel contexte légal se situe
cette consultation, quelles sont les bases juridiques qui font en sorte qu'une
telle consultation peut être permise en milieu inuit et qu'est-ce qu'il
adviendra, dans la mesure où il pourrait y avoir des gens qui ne sont
pas satisfaits du résultat de la consultation et qui pourraient
contester cette consultation devant le gouvernement, en essayant de la rendre
illégitime. Quelles sont les bases légales, donc, qui font en
sorte que cette consultation est très légitime et qu'elle ne
pourra être contestée par aucun des électeurs qui y
participeront?
Le Président: À la question de M. le
député d'Ungava, je vais reconnaître M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je devrai prendre avis de la
question du député d'Ungava et je m'engage à lui fournir
la réponse à sa question en cours de séance aujourd'hui.
Je vais aller aux informations et m'assurer qu'on puisse répondre aux
appréhensions du député.
Le Président: J'ai besoin également, avant
d'adopter la motion de M. le leader du gouvernement, d'un deuxième
consentement, étant donné qu'à l'intérieur de la
motion sans préavis, M. le leader, il y avait exposé certains
faits et les attendus. Est-ce qu'il y a consentement également pour
déroger à l'article 191 de notre règlement, M. le leader
de l'Opposition?
M. Chevrette: Consentement. (11 h 30)
Le Président: Alors, la motion de M. le leader du
gouvernement est adoptée telle quelle. Est-ce qu'il y a d'autres motions
sans préavis, M. le leader du gouvernement?
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président: Avis touchant les travaux des commissions.
M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je désire
informer l'Assemblée qu'à la suite d'une entente avec
l'Opposition la commission de l'aménagement et des équipements
procédera à sa consultation générale dans le cadre
de l'étude de l'avant-projet de loi modifiant la Loi sur l'assurance
automobile et d'autres dispositions législatives, les 24 et 25 septembre
et les 14, 15 et 16 octobre 1987.
J'informe également l'Assemblée qu'à la suite d'une
entente avec l'Opposition, quant aux consultations particulières sur
l'avant-projet de loi sur l'organisation policière, les mémoires
devront être transmis au Secrétariat des commissions au plus tard
le 10 août 1987 et les auditions auront lieu les 24, 25 et 26 août
1987.
Vous me permettrez, M. le Président, de déposer la liste
des personnes et organismes à être invités lors de ces
consultations particulières.
Le Président: Votre document est déposé, M.
le leader du gouvernement. Est-ce qu'il y a des questions concernant les
renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader de
l'Opposition? Non. Alors, nous allons passer aux affaires du jour.
Affaires du jour, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 80, en vous indiquant tout de suite que, malgré le fait que ce
soit le député de Terrebonne qui ait demandé l'ajournement
du débat hier soir, nous convenons, de consentement, que le
député de Beauharnois soit le premier intervenant ce matin.
Reprise du débat sur la motion
proposant
que l'Assemblée nationale autorise la
modification de la constitution du Canada
en conformité avec l'entente d'Ottawa
Le Président: Prenant note du consentement intervenu entre
les deux formations politiques, à l'article 80 au feuilleton, il s'agit
de la reprise du débat, ajourné le 22 juin 1987 par le
député de Terrebonne, sur la motion présentée par
M. le premier ministre.
Cette motion se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale
autorise la modification de la constitution du Canada par proclamation de Son
Excellence le gouverneur général sous le grand sceau du Canada,
en conformité avec l'annexe ci-jointe" au feuilleton et ce, depuis
quelques jours.
Je vais reconnaître le premier des intervenants aujourd'hui, M. le
député de Beauharnois.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci, M. le Président. Mes premiers mots sont
pour rendre hommage aujourd'hui à deux personnages qui ont écrit
l'histoire du Québec par leur contribution à la rédaction
de l'accord constitutionnel qui a été signé le 3 juin
1987.
On a souvent tendance à critiquer les politiciens pour des gestes
qui sont posés, sauf qu'on oublie souvent le magnifique travail et les
gestes extraordinaires qui sont posés dans l'histoire d'un pays comme le
nôtre et surtout dans l'histoire du Québec, comme celui qui a
été posé par notre premier ministre, M. Robert Bourassa,
et par notre ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes, M. Gil Rémillard.
Je crois qu'aujourd'hui la population du Québec est en mesure de
reconnaître et de mesurer de façon concrète le travail
extraordinaire accompli par un premier ministre. Dieu sait qu'on a eu de bons
premiers ministres au Québec avant 1984. Je peux vous dire que, pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises,
l'ensemble des députés de cette Assemblée et plus
particulièrement, pour les gens de mon comté, je tiens,
aujourd'hui, en mon nom personnel et au nom des gens de mon comté,
à rendre hommage à ce premier ministre qui, encore une fois, a
marqué l'histoire.
Naturellement, je ne peux passer sous silence le travail magnifique
accompli par notre ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes qui, par son ouverture d'esprit, sa franche
discussion avec les différents députés membres du
comité ministériel et membres de cette commission parlementaire,
nous a permis d'échanger de façon directe avec lui, qui est
toujours ouvert aux discussions franches et honnêtes. Je tiens à
lui rendre hommage également au nom des députés membres de
ce comité ministériel et membres de la commission
parlementaire.
Revenons maintenant à cet accord constitutionnel. D'abord, quand
on parle d'un accord historique, je crois que c'est peu dire. On ne trouvera
jamais les qualificatifs nécessaires pour marquer réellement cet
accord et faire en sorte que les Québécois et les
Québécoises se souviennent toujours que, pour une fois, et
aujourd'hui d'une façon plus concrète, le Québec a pris sa
place dans la constitution canadienne. Revenons aux différents faits
marquants dans les années et les mois précédents. D'abord,
le 3 juin 1987, les onze premiers ministres des dix provinces et du Canada
concluaient à l'unanimité un accord sur des modifications
constitutionnelles propres à assurer la participation pleine et
entière du Québec à l'évolution constitutionnelle
du Canada dans le respect du principe de l'égalité de toutes les
provinces et par de nouveaux arrange- ments destinés à renforcer
l'harmonie et la coopération entre le gouvernement du Canada et ceux des
provinces. Pour l'ensemble des Québécois, comme pour l'ensemble
des Canadiens, il s'agit d'un moment historique sans précédent,
car, jamais depuis le début du processus de réforme
constitutionnelle amorcé il y a plus de 20 ans, n'avait-on
assisté à pareille unanimité et pareil consensus, tant de
la part des dirigeants politiques du pays que de ses citoyens.
Comme l'a déclaré le premier ministre du Québec, M.
Bourassa, au sortir de la rencontre des 2 et 3 juin, l'entente conclue avec les
dix autres premiers ministres permet au Québec de
réintégrer la constitution la tête haute. C'est en toute
légitimité que le gouvernement libéral peut s'attribuer
une partie importante de ce succès, car, dès les premiers mois de
son mandat, il a entrepris les démarches nécessaires pour
convaincre le reste du Canada de l'importance de réintégrer le
Québec à la Fédération canadienne, prenant ainsi la
tête de file dans le dossier constitutionnel et favorisant
l'émergence d'un nouveau climat de confiance entre les partenaires
canadiens. La population du Québec a manifesté à de
nombreuses reprises sa volonté de mettre un terme à l'incertitude
constitutionnelle, notamment, lors des élections du 2 décembre
1985. Elle est également consciente que le prolongement indu du statu
quo actuel risque, à la longue, d'hypothéquer notre potentiel de
croissance sociale, économique et culturelle. Aussi, est-il primordial
que le Québec conserve son leadership et démontre
concrètement au reste du Canada sa détermination à agir
comme un partenaire majeur dans la Fédération canadienne. S'il
n'agit pas maintenant, le Québec risque de laisser passer une
conjoncture qui pourrait ne pas se présenter avant de nombreuses
années, voire des décennies.
M. le Président, l'entente constitutionnelle du 2 juin n'est
peut-être pas parfaite, mais, contrairement à ce qu'affirment les
prophètes de malheur, cette entente comporte des gains
appréciables pour le Québec. Tout d'abord, pour la
première fois depuis 1867, on consacre le caractère distinct de
la société québécoise en l'inscrivant dans la loi
suprême du pays. L'Assemblée nationale et le gouvernement du
Québec se voient confier le rôle de protéger et de
promouvoir ce caractère distinct.
En matière d'immigration, M. le Président, le
Québec a obtenu des pouvoirs additionnels majeurs qui, en plus d'une
confirmation de pouvoirs déjà présents dans l'entente
Cullen-Couture, donneront désormais au Québec les moyens
d'affronter l'avenir avec confiance, de concevoir et de mettre en oeuvre les
politiques migratoires, démographiques et familiales qui assureront
la pérénité du caractère français de
la société québécoise et son importance au sein de
la Fédération canadienne.
M. le Président, un autre gain majeur vient de l'obtention de la
garantie constitutionnelle qu'au moins trois des neuf juges de la Cour
suprême proviendront du Barreau du Québec. La participation du
Québec à la nomination de ces trois juges est, en outre, garantie
puisque ceux-ci devront être nommés par Ottawa à partir
d'une liste de candidats proposés par le gouvernement
québécois. Ces nouveaux acquis renforcent le caractère
distinct du Québec en ce qui a trait à son système de
droit civil et contribuent à le protéger contre une
interprétation de ses lois qui pourrait porter atteinte à sa
spécificité.
M. le Président, quant au pouvoir de dépenser, l'accord
constitutionnel confère maintenant la possibilité au
Québec de refuser des programmes fédéraux de
dépenses sans encourir de pénalité ou de sanction
financière. Ce nouveau droit de retrait avec compensation
financière constitue un gain inédit. Non seulement le
Québec retrouvera-t-il sa totale marge de manoeuvre dans ses champs de
compétence, mais le droit au retrait avec compensation rendra plus
concerté et consensuel l'exercice, par le gouvernement
fédéral, de son pouvoir de dépenser. En effet, lorsque le
gouvernement fédéral voudra procéder à la mise sur
pied d'un nouveau programme national, il devra discuter de son contenu, de ses
objectifs et des moyens à prendre avec les provinces, s'il souhaite voir
ce programme national s'appliquer partout. Il ne pourra guère, sous
peine d'une application asymétrique de son nouveau programme,
décider unilatéralement de son opportunité, de ses
objectifs, ou de ses critères de fonctionnement. (11 h 40)
Désormais, et grâce à l'accord du 3 juin, le
Québec retrouve sa capacité de faire les choix qu'il estime les
plus aptes à satisfaire les besoins et les exigences de sa
société distincte. Dorénavant, le Canada tout entier
fonctionnera avec une nouvelle dynamique, un nouveau modus vivendi
imprégné du respect des compétences de chaque gouvernement
et des besoins particuliers des citoyens qu'il représente. Cette
nouvelle dynamique introduira une augmentation de la concertation
fédérale-provinciale, une flexibilité conforme à
l'image de la Fédération canadienne d'aujourd'hui, dans la
conception, l'élaboration et la mise en oeuvre des éventuels
programmes cofinancés.
Quant à la formule d'amendement, on le voit, la procédure
de modification est un élément clé de la structure
fédérale. L'ensemble des gains obtenus dans le cadre de
changements précis à la formule d'amendement... Sur ce point, le
Québec se devait de récupérer des droits historiques qui,
malheureusement, avaient été perdus. Il a accompli sa mission en
enregistrant deux victoires essentielles. La première tient à la
reconnaissance du droit de veto abandonné par le gouvernement
précédent le 16 avril 1981. Par l'établissement de la
règle de l'unanimité pour toute modification portant sur les
questions énumérées à l'article 42 de la Loi
constitutionnelle de 1982, le Québec retrouve en effet sa
capacité de s'opposer à tout amendement constitutionnel affectant
la structure du fédéralisme canadien à l'encontre des
intérêts québécois. Dorénavant, toute
modification relative, entre autres, à la représentation des
provinces aux Communes, à la réforme du Sénat, à la
Cour suprême, au rattachement de territoires aux provinces et à la
création de nouvelles provinces ne pourra intervenir sans l'assentiment
du Québec. Cela signifie, en fait, que les institutions canadiennes ne
peuvent être modifiées qu'avec l'accord du partenaire majeur et
distinct de la fédération que constitue le Québec.
La deuxième victoire concerne l'élargissement du droit de
retrait avec juste compensation prévu à l'article 40 de la Loi
constitutionnelle de 1982. Il est possible, dans l'avenir, qu'une ou plusieurs
provinces souhaitent transférer au gouvernement fédéral
certaines de leurs compétences exclusives. L'article 40 prévoit,
sous sa forme actuelle, qu'en présence d'un tel amendement
constitutionnel transférant au fédéral une
compétence provinciale le gouvernement a la faculté d'exercer un
droit de retrait avec compensation chaque fois qu'il s'agit d'éducation
et de culture. Or, si de l'avis de tous, ce droit de retrait avec compensation
est fondamental, un égal consensus existe quant à
l'opportunité de ne pas en limiter l'exercice aux seuls amendements
touchant l'éducation et la culture. Le Québec a
négocié et obtenu le droit pour une province d'exercer un droit
de retrait avec juste compensation à l'occasion d'un amendement
constitutionnel transférant au fédéral une
compétence provinciale, quel que soit le secteur d'activité en
cause. Cette généralisation de l'application de l'article 40
à tous les domaines de compétence provinciale fournit au
Québec une protection plus grande pour les secteurs d'activité
relatifs à son caractère distinct. Elle constitue en outre, un
gage que la fédération canadienne ne pourra évoluer vers
une centralisation des pouvoirs au fédéral que dans la mesure
où les gouvernements et les citoyens qu'ils représentent le
voudront bien. En cette matière névralgique de la formule de
modification constitutionnelle, le gouvernement du Québec a donc
rétabli ses droits historiques, et cela, pour une protection accrue de
ses intérêts: récupération de son droit de veto sur
les institutions canadiennes
et généralisation de son droit au retrait
compensé.
Certains cherchent à croire que le Québec s'engage dans un
étau qui bloquera irrémédiablement ses possibilités
d'émancipation. Or, rien n'est plus faux. L'accord du 3 juin est un
processus dynamique qui tient compte de l'évolution de la
société canadienne et des éléments qui la
composent. Cet accord prévoit de façon formelle la tenue d'autres
négociations constitutionnelles dont l'ordre du jour donne la
possibilité au Québec de soumettre à la discussion les
sujets qu'il juge essentiels au maintien et au développement de sa
spécificité, notamment le partage des pouvoirs et la
réforme du Sénat. De plus, l'accord du 3 juin constitutionnalise
une rencontre annuelle des premiers ministres fédéral et
provinciaux portant sur l'économie ainsi que sur toute autre question
appropriée. Encore là, il s'agit d'un acquis majeur qui ouvre la
voie à l'éclosion d'une véritable synergie entre les
partenaires de la Fédération canadienne et à un meilleur
arrimage de leurs efforts pour assurer le progrès économique.
M. le Président, il existe maintenant au Québec, comme
dans l'ensemble du Canada, un large conscensus par lequel on reconnaît
que l'entente du 3 juin traduit les véritables intérêts du
Québec et du Canada. Cette entente constitue une étape
essentielle pour qu'on puisse continuer de progresser à
l'intérieur d'un Canada où les intérêts de tout le
monde sauront le mieux s'harmoniser. Elle est non seulement plus
équitable, mais elle est également dotée de
mécanismes nécessaires pour faire évoluer les relations
entre les différents gouvernements dans le sens d'une meilleure
équité et d'un respect mutuel plus grand entre les partenaires
canadiens.
En conclusion, M. le Président, l'accord constitutionnel du 3
juin 1987 constitue une excellente entente, qui s'inscrit parfaitement dans la
foulée des revendications traditionnelles des différents
gouvernements qui se sont succédé à la tête du
Québec. Il est l'aboutissement d'un débat qui dure depuis des
décennies et dont le pour et le contre des divers aspects ont
été largement exposés à la population du
Québec et à celle du Canada. Nous avons donc en main tous les
éléments nécessaires pour faire collectivement un choix
lucide et éclairé, et nous avons l'intention de faire ce choix
afin de permettre enfin au Québec de passer à d'autres
défis tout aussi importants pour son avenir et le mieux-être de
ses citoyens. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Joliette et leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, après au-delà
de seize heures de débat de notre côté, je serai bref,
puisque deux de mes collègues me suivront, à savoir le
député de Lac-Saint-Jean et également notre chef de
l'Opposition, M. Johnson.
En quelques minutes, je voudrais quand même vous dire mon
étonnement de voir avec quelle facilité on peut se congratuler
pour peu de chose. L'entente que nous avons devant nous ne prévoit
même pas l'exclusivité des pouvoirs en matière
linguistique, et on s'encense de ce côté-là. L'entente que
nous avons devant nous ne prévoit même pas la possibilité
de pleine compensation si les programmes québécois ne sont pas
conformes aux cadres nationaux. On s'encense de ce côté-là.
On sait très bien que le Québec a été à
l'avant-garde dans l'instauration de ses programmes et que dorénavant le
Québec sera encarcané dans un plan national, si bien que, si on
déroge au cadre national, le Québec n'aura même pas pleine
compensation. Pourtant le Parti libéral et ses membres s'encensent
disant que c'est l'entente du siècle. Ils s'encensent pour dire que
c'est formidable dans le domaine de l'immigration. Oui, vous avez raison de
vous encenser, parce que ce n'est même pas le fruit de votre entente,
c'est le fruit de l'entente du ministre péquiste Jacques Couture avec M.
Cullen. C'est l'entente Cullen-Couture que vous enchâssez dans la
constitution. Vous n'enchâssez même pas ce que vous semblez avoir
obtenu d'une façon additionnelle puisque vous dites que c'est une
entente à définir. L'encensoir, M. le Président, leur
passe sous le nez. Ils ont du flair avec pas grand-chose. Je ne sais pas ce
qu'il vont renifler dans tout cela. À toutes fins utiles, ils n'ont
rien.
Ils parlent comme si c'était l'entente du siècle.
C'eût été l'entente du siècle, M. le
Président, si le premier ministre actuel était demeuré
fidèle à la tradition des premiers ministres du Québec et
qu'il avait exigé la souveraineté culturelle et les pleins
pouvoirs linguistiques pour le Québec. Je pense que cela aurait
été extrêmement important. Si le premier ministre du
Québec avait exiqé les pouvoirs pour qu'on puisse se
développer sur le plan social, sur le plan économique, sur le
plan de l'emploi, à notre façon, comme nous entendons bien le
faire, je pense que c'eût été, à ce
moment-là, s'il l'avait obtenue, une entente extrêmement marquante
pour le Québec. Mais, avec une entente qui gèle, à toutes
fins utiles, dans une constitution qui sera difficile à amender, le
statu quo actuel, je vous avoue très honnêtement que je trouve le
sens de l'évaluation du présent gouvernement très
faible.
J'ai été surpris aussi d'entendre les
propos de certains députés. Cette nuit, M. le
Président, jusqu'à 2 heures et quelques du matin, on a
discuté en cette Chambre, plusieurs députés se sont
exprimés. Il y en a, on voit bien que c'était par
naïveté, c'étaient des notes qu'on leur avait
préparées et qu'ils ont lues en Chambre. Cela ne sentait pas la
conviction. Ce n'était pas quelque chose qui se ressentait. (11 h
50)
II y en a un dont je comprends qu'on l'ait fait parler à 2 heures
du matin, le député de Rousseau. Il vantait l'entente cette nuit
et essayait de ridiculiser les députés qui l'entouraient. Mais ce
même jeune homme, en 1981, se présentait à une convention
du Parti québécois dans Rousseau. Hier, aspirant bien sûr
à la couronne de ministre un jour, il vantait l'entente. Pourtant, il
dénigrait Pierre Elliott Trudeau, il ridiculisait Robert Bourassa, il
ridiculisait même Claude Ryan à l'époque où il
était chef de l'Opposition et du Parti libéral.
Hier soir, cette nuit - on l'a caché, bien sûr, on ne
voulait pas que cela transpire trop - vers les 2 heures, il s'est levé
et a fait l'éloge de cette entente que lui-même trouvait farfelue,
niaiseuse, à l'époque. Il disait que Bourassa ne se tenait pas
debout, qu'un oui qui voulait dire non et un non qui voulait dire oui, cela
n'avait pas de bon sens. Hier soir, sans doute attiré par la
fièvre de devenir un jour ministre, il disait: Que cette entente est
bonnel Comme le Québec va évoluer enfin! M. le Président,
je dois vous féliciter de l'avoir fait parler de nuit; au moins, il ne
fera pas de remous et il ne fera pas de vague dans son comté. Ce serait
effrayant car, si le ridicule tuait, il vous en manquerait sûrement un ce
matin. C'est clair.
M. le Président, ceci dit, je voudrais rappeler à cette
Chambre les objections fondamentales qui, comme député de
l'Opposition, m'animent pour refuser d'accepter cette entente. Tout d'abord, je
trouve inconcevable - je le répète - je trouve inconcevable qu'un
premier ministre, qu'un gouvernement du Québec refuse d'exiger la pleine
et entière juridiction sur le plan linguistique au Québec.
C'eût été l'occasion rêvée de donner un sens
à la société distincte que vous vous gavez d'avoir
obtenue. Vous êtes tout heureux d'avoir obtenu une phrase dans la
constitution qui dit: Nous sommes une société distincte. Mais
vous n'avez même pas exigé - c'est cela que je trouve
fondamentalement malhonnête sur le plan intellectuel - les pouvoirs qui
nous assurent de maintenir cette distinction, de la confirmer, de l'accentuer,
de l'accroître puisque vous vous êtes contentés d'une phrase
vide de sens, sans avoir les pouvoirs inhérents pour que cela ait
véritablement un sens profond, cette phrase vide de sens que vous avez
obtenue dans l'entente du lac
Meech.
M. le Président, pour ce qui est du pouvoir de dépenser,
je tiens mordicus à voua dire que vous avez affaibli le Québec
sur ce point précis. Sur le plan du rapport de forces, on avait toujours
cette possibilité de dire: Nous, on a déjà un cadre bien
précis dans tel ou tel secteur d'activité, que ce soit social ou
économique, et nous avions, à ce moment-là, la
possibilité de parler contre avec force, d'influencer le gouvernement
central. Nous nous figeons dans un cadre qui nous empêchera même de
crier fort contre un projet quelconque, sous prétexte que nos programmes
ne cadreront pas avec le cadre national, et on aura signé. On aura beau
dire qu'on s'est trompé, il sera trop tard. Il semble qu'à ce
stade-ci l'empressement du gouvernement, la hâte de signer cette entente
avant toutes les autres provinces risque de rapporter au Québec un peu
cette image de naïf, de personnage moral qui s'est fait embarquer.
Les anglophones diront: Aïe, on les a eus à bon
marché: Et nous, on dira: Sont-ils assez effrayants, ils nous ont
refusé une entente minimale! Vous avez presque tout donné et vous
n'avez même pas confiance en ceux avec qui vous avez signé. On
vous l'avait dit, l'histoire de 1981 risque de se répéter: sept
premiers ministres canadiens anglophones avaient signé une entente avec
le premier ministre Lévesque et ils ont déchiré leur
signature littéralement, ils ont nié leur signature en une nuit.
Vous, devant les caméras de télévision, vous avez tous
signé. Vous avez tellement peur que les anglophones fassent ce qu'ils
ont fait à M. Lévesque que vous prenez les devants, et vous
passerez pour les dindons de la farce. On aura placé le Québec en
danger sur le plan linguistique, sur le plan culturel, sur sa capacité
de dépenser et d'avoir les coudées franches, on aura fait reculer
le Québec par rapport à la situation actuelle, et vous passerez
à l'histoire, non seulement pour de piètres négociateurs,
mais pour des peureux, de grands naïfs, des gens qui se sont fait
avoir.
Le Vice-Président: Comme prochain intervenant, je
reconnais M. le ministre du
Commerce extérieur et du Développement technologique.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: M. le Président, c'est pour moi une
première intervention dans un débat majeur à
l'Assemblée nationale du Québec. Je crois que c'est d'autant plus
justifié pour moi d'intervenir que toute cette question
constitutionnelle faisait partie des objectifs que je m'étais
fixés au moment où j'ai décidé de me
présenter en politique. Après une carrière que vous
connaissez dans
le monde des affaires où je m'étais tout de même
permis d'intervenir souvent sur les questions québécoises,
j'avais décidé qu'il y avait, au-delà des pures paroles,
une participation à prendre dans la vie politique
québécoise. Aujourd'hui, c'est avec grand plaisir et avec honneur
que je me présente devant cette Chambre pour déclarer avec une
légitime fierté que je me sens bien dans ma peau de
Québécois, et que je me sens également très bien et
très fier de penser que je pourrai maintenant être
considéré comme un Canadien à part entière dans ce
pays qui est le nôtre.
Mes collègues ont traité d'une façon merveilleuse
de l'aspect social, de l'aspect culturel et de l'aspect politique de cette
résolution extraordinaire qu'on a appelée celle du lac Meech.
J'aimerais apporter une notion additionnelle qui a été
traitée par mon adjoint parlementaire au Commerce extérieur, le
député de La Peltrie, M. Cannon, mais à laquelle je pense
pouvoir ajouter certains éléments additionnels.
Le Canada, ce merveilleux pays, est tout de même, dans les
chiffres, dans une position modeste dans cet univers économique, dans
cet univers où, si nous voulons prendre un contexte dont on entend
parler régulièrement depuis quelques années, le GATT, nous
retrouvons maintenant 93 pays intervenants, 93 partenaires du Canada, mais 93
compétiteurs, 93 pays qui mobilisent la totalité de leurs
ressources pour nous rendre d'une façon légitime la vie plus
difficile dans notre capacité d'exporter nos biens et services. Je vous
rappelerai que le Canada exporte 30 % de ses biens et services à
l'extérieur de ses frontières. Pour le Québec, c'est
encore plus important. Le Québec exporte 40 % de ses biens et services
hors de ses frontières. La qualité de vie que nous connaissons
comme Québécois et comme Canadiens est dépendante de cette
capacité de continuer à pouvoir exporter, non seulement garantir
et raffermir les marchés que nous avons, mais également en ouvrir
et en exploiter de nouveaux. Or, nous sommes 25 000 000 de Canadiens et 6 500
000 Québécois. Nous côtoyons notre principal partenaire qui
compte 250 000 000 d'habitants. On fait affaire et on doit soutenir la
concurrence sur le marché commun européen où l'on retrouve
regroupés sous un chapeau 350 000 000 d'habitants. Nous devons faire
face à ces deux éléments et à tant d'autres pour se
tourner vers ces nouveaux marchés asiatiques en pensant à la
Chine qui deviendra également éventuellement un
compétiteur et qui compte, comme vous le savez, 1 100 000 000
d'habitants. (12 heures)
Cette qualité de vie des Québécois et des Canadiens
dépend aussi de notre capacité de prendre part au
développement technologique qui se fait dans le monde.
Comme Québécois, nous ne contribuerons qu'à 0,6 %
du développement technologique du monde. Comme Canadiens, cela
s'améliore, on contribue à 1,5 %, mais c'est, tout de même,
très très modeste. Nous ne pouvons pas penser continuer à
concurrencer ces partenaires et compétiteurs à l'échelle
mondiale sans avoir cette capacité également de développer
nos ressources technologiques et d'être là à la fine pointe
de la qualité et de l'excellence.
Mr President, as a representative of the Robert Baldwin riding, I was
elected by people who made no bones, on the contrary, who, at all times, made
me feel that it was extremely important for Quebeckers to get back into
Confederation in a proper legal way. Today, I have the impression, a feeling,
the wonderful feeling of having respected one of the mandates that they gave me
which was to make sure that, indeed, Quebec did come to an understanding with
the other provinces of Canada and that Quebec became a partner, but a very
active partner, in that wonderful country that is the Canadian
Confederation.
J'aimerais terminer en disant que nous avons déjà fait la
preuve de notre capacité de concurrencer dans le monde en tant que
Québécois. Nous avons notre entité qui respecte nos
aspirations culturelles et politiques. Je crois que nous pouvons faire
également état, et avec fierté, de ces mêmes
aspirations à l'échelle nationale canadienne. C'est dans ce
contexte que je continuerai, à l'intérieur du mandat qui m'a
été confié par mon premier ministre, à faire le
tour du monde, à aider les industriels et les entreprises
québécoises â faire leur place dans cet univers. Et je le
ferai avec cette double fierté d'un Canadien d'expression
française et d'un Québécois originaire de la ville de
Québec, vivant, de choix, au Canada et au Québec.
M. le Président, merci.
Le Vice-Président: Pour la poursuite du débat, je
vais reconnaître M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de
l'Opposition.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. La Charte de la
langue française que nous avons adoptée - j'étais membre
de cette Assemblée à cette époque - en 1977, est une
très grande loi linguistique. C'est une loi complète qui avait
comme objectif de faire du français non seulement la langue officielle
de la société québécoise, mais la langue de
l'État, de l'administration, de la justice, de faire du français
la langue du travail au Québec, ce qui était loin d'être le
cas à cette époque, de faire du français la langue de
l'enseignement, ce qui était également loin d'être le cas
à l'époque, puisqu'on sait
qu'avant 1977 90 % des enfants d'immigrants étaient
intégrés aux écoles anglaises du Québec. Cette loi
visait également à faire du français la langue de
l'affichage, à donner au Québec un visage véritablement
français. Elle visait, en quelque sorte, à faire du Québec
une société française et ce, dans le respect scrupuleux
des droits de la communauté anglophone qui conservait ses institutions,
qui conservait ses écoles, qui conservait, en quelque sorte, ses
droits.
On a toujours signalé - on le signale encore aujourd'hui - que la
communauté anglaise du Québec est une des minorités les
mieux traitées et les plus respectées dans le monde. Mais il faut
également reconnaître que cette grande loi qu'on a appelée
la charte du français, la communauté anglaise du Québec
n'a jamais accepté ni ses principes ni ses objectifs.
Je rappelais hier, à l'occasion d'une intervention sur le
même sujet dans le cadre du même débat, un sondage fait par
la firme CROP, qui est très clair, très évident, où
l'on démontre que les anglophones du Québec ne sont pas d'accord
avec le français, langue officielle du Québec, avec le
français, langue du travail au Québec, avec le français,
langue d'affichage au Québec, et ne sont également pas d'accord,
et dans des proportions qui dépassent les 80 % sur chacun des cas, avec
le fait que le français soit la seule langue d'enseignement pour les
enfants d'immigrants au Québec.
Bref, le sondage est très clair et très éclairant
en même temps. La communauté anglaise du Québec n'a pas
accepté en 1977 la charte du français et, en 1987, dix ans plus
tard, ne l'accepte toujours pas, n'accepte ni les objectifs poursuivis par
cette loi fondamentale, ni ses principes, ni ses lignes de force, ni ses
principales dispositions. C'est d'une évidence évidente. C'est
éclairant, cela en est quasiment aveuglant.
Cela a eu des conséquences, cette opposition farouche, cette
hostilité à la charte du français, sur le plan juridique
parce que plusieurs des citoyens, des membres de la commnunauté anglaise
du Québec ont eu recours aux tribunaux pour faire invalider, pour faire
juger inconstitutionnels des chapitres entiers de la loi 101, pour faire juger
inapplicables des dispositions essentielles de la charte du français. Et
les résultats sont là, sont connus. Le résultat, c'est le
démantèlement, chapitre par chapitre, de la charte du
français votée en 1977. Le résultat, c'est qu'on voit des
pans entiers de cette loi fondamentale tomber en poussière. En 1979, le
chapitre III en entier est déclaré inconstitutionnel - c'est
celui qui porte sur la langue de la législation et de la justice, des
lois -s'appuyant en cela sur l'article 133 de la constitution de 1867. En 1984,
c'est le chapitre VIII sur la langue d'enseignement qui est
déclaré inconstitutionnel, qui est invalidé en s'appuyant
sur l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Le
chapitre VIII sur la langue de l'enseignement est déclaré
inconstitutionnel, la "clause Québec" est jugée inapplicable et
remplacée par les dispositions de l'article 23.
En 1984, dans une affaire, l'affaire Forget, on met en cause la
validité des tests linguistiques exigés par les corporations
professionnelles pour leurs membres. En 1986, on le sait, un jugement majeur de
la Cour d'appel sur l'affichage décrète que l'affichage dans la
seule langue officielle du Québec est jugé inconstitutionnel.
C'est donc la porte ouverte au bilinguisme dans l'affichage.
Puis, vint l'élection du Parti libéral à la
tête du gouvernement. On a vu, à partir de ce moment-là,
à partir de décembre 1985, la protection et la promotion du
français au Québec s'amoindrir, se réduire, les mesures de
protection diminuer. C'est ainsi que les poursuites judiciaires concernant les
infractions à la loi 101 ont diminué considérablement et,
pendant même un bon moment, il n'y a pas eu, tout simplement, de
poursuites judiciaires. Pourtant, juste au chapitre de l'affichage, les
infractions, en moins d'un an, ont triplé au Québec. La loi 101
est donc de plus en plus violée et, pourtant, ça ne se traduit
pas par une augmentation des poursuites judiciaires. On sait également
que c'est ce gouvernement qui a déclaré que les enfants
illégalement admis à l'école anglaise étaient
amnistiés. Il a présenté et fait adopter une loi par
l'Assemblée nationale.
En matière d'affichage, le message de ce gouvernement est
très clair, c'est que, quant à lui, le bilinguisme peut
être admis en matière d'affichage. Quand le premier ministre,
à la suite de questions en cette Chambre, indique que, pour ce qui est
de l'affichage, le français doit devenir la langue prioritaire, cela
signifie qu'une autre langue peut être utilisée en matière
d'affichage. Cela signifie, par conséquent, l'apparition, la
légalisation prochaine du bilinguisme en matière d'affichage. (12
h 10)
Face à tout cela, M. le Président, face à une
situation linguistique qui ne cesse de se dégrader, face à une
situation linguistique qui se détériore gravement au
Québec depuis plusieurs mois, les Québécois
s'inquiètent. Tous les sondages le démontrent et tous ceux qui
ont quelques racines au Québec constatent une inquiétude
grandissante chez les Québécois et les Québécoises
face à la situation linguistique. On est de plus en plus
préoccupé au Québec par la place et le statut du
français. On constate bien que la situation du français se
dégrade, se détériore, que les dispositions de la loi 101
sont jugées l'une après l'autre inconstitution-
nelles à la suite de jugements des tribunaux et en particulier de
la Cour suprême.
Ce n'est pas pour rien qu'en commission parlementaire, lorsqu'on a
examiné le communiqué du lac Meech, la plupart des intervenants,
l'immense majorité des intervenants, que ce soient des experts, des
individus ou des groupes, sont venus réclamer, exiger que
l'Assemblée nationale soit reconnue comme le seul centre de
décision en matière linguistique. M. Fernand Dumont, un
éminent sociologue, l'a réclamé. M. Léon Dion s'est
dit profondément inquiété par la dégradation
effarante du français au Québec. C'est l'expression qu'il a
utilisée. M. Jacques-Yvan Morin, M. Daniel Turp, M. Guy Bertrand, M.
Claude Morin, M. Daniel Latouche, les experts qui sont venus témoigner
devant la commission il y a quelques semaines, tous ont exprimé leur
inquiétude face à la situation du français au
Québec. Tous, partant de là, ont réclamé que
l'Assemblée nationale retrouve ses pleins pouvoirs en matière
linguistique dont plusieurs lui ont été enlevés à
la suite de jugements des tribunaux.
Je pense à la CSN, à l'Union des producteurs agricoles,
à la Fédération des travailleurs du Québec,
à la Centrale de l'enseignement du Québec, au Mouvement national
des Québécois, à la Fédération des
associations étudiantes des collégiales du Québec,
à l'Alliance des professeurs de Montréal, au Parti
indépendantiste, au Rassemblement démocratique pour
l'indépendance, au Mouvement Québec français qui est une
coalition, un regroupement d'organismes, à l'Union des écrivains
du Québec, à l'Union des artistes, à la
Société Saint-Jean-Baptiste du Québec. Tous ces
organismes, tous ces groupes sont venus dire en commission au gouvernement: En
matière linguistique au Québec, il y a danger, un danger grave.
La situation se détériore. Il faut un redressement, un
redressement s'impose. Il faut que le gouvernement prenne conscience de la
gravité de la situation et se ressaisisse non seulement devant la
gravité, mais devant l'urgence de la situation et exige que
l'Assemblée nationale redevienne le seul et unique centre de
décision en matière linguistique sur le territoire
québécois.
Un redressement s'impose. J'implore le gouvernement du Québec de
se ressaisir. Le gouvernement du Québec prétend jouer un
rôle historique au cours des semaines qui suivent. Je l'implore de se
ressaisir et, s'il veut vraiment jouer un rôle historique, il faut qu'il
prenne les moyens et les dispositions pour que, s'il y a un accord
constitutionnel qui soit ratifié selon la formule d'amendement
prévue à la constitution, l'on y retrouve des dispositions qui
permettent de nouveau à l'Assemblée nationale d'exercer les
pleins pouvoirs et les pleines compétences en matière
linguistique sans que, à tout bout de champ, à tout moment, en
toute occasion, ces pouvoirs soient remis en cause, rognés,
annihilés, réduits à néant par des poursuites
judiciaires devant les tribunaux. Il faut que cela s'arrête. Il faut
vraiment que les pleins pouvoirs en matière linguistique de cette
Assemblée nationale soient non seulement reconnus, mais
préservés et qu'il n'y ait plus moyen de les réduire, de
les limiter.
Ce n'est certainement pas par les dispositions de l'accord
constitutionnel qui est devant nous qu'on va y arriver. Nous sommes devant une
entente qui est, à mon avis, mal faite, mal négociée, qui
ne répond pas véritablement aux aspirations traditionnelles du
Québec, qui ne donne aucun pouvoir accru au Québec, qui comporte
des dispositions danqereuses en matière de pouvoir de dépenser -
mon collègue de Joliette l'a signalé tantôt - et qui,
surtout, sur. le plan linguistique, ne permet pas, je dirais, de sauver les
meubles au Québec. C'est cela qui est urgent présentement au
Québec - on voit que les Québécois le sentent bien, le
vivent dans leurs tripes - sur le plan linguistique, de sauver les meubles. Il
faut sauver les meubles, sinon la situation risque de se
détériorer gravement, encore davantage.
Il y a peut-être une façon, sur le plan linguistique, de
sauver les meubles, c'est d'amender ce texte qui est devant nous. Cela n'en
fera pas un texte admirable, idéal, mais, au moins, en l'amendant sur le
plan linguistique, cela ne le fera peut-être pas considérer dans
l'histoire comme une véritable trahison des intérêts
fondamentaux du Québec. J'implore le gouvernement, sur le plan
linguistique, de sauver les meubles face à une situation grave - tous
les Québécois le savent, tous les Québécois le
vivent - sur le plan linguistique et qui se dégrade constamment, de jour
en jour, de semaine en semaine.
Ceux qui vont dans la métropole s'en rendent bien compte, parce
qu'on a en face de nous un gouvernement qui n'a pas la colonne
vertébrale suffisamment solide pour faire en sorte que le
français soit pleinement respecté au Québec. C'est un
gouvernement qui envoie des messages à la population,
particulièrement à ceux qui se sont toujours opposés
à la loi 101, qui ont pour effet de dégrader davantage la
situation linguistique et de démanteler encore davantage la charte du
français, la loi 101. C'est cela, la situation et c'est à cela
qu'on arrive avec un comportement de cette nature de la part du
gouvernement.
Il faut que le gouvernement se ressaisisse, à tout le moins sur
le plan linguistique. Il faut que le gouvernement se ressaisisse et qu'il
exige, à partir de maintenant, que ce soit de façon exclusive
l'Assemblée nationale du Québec, les élus du
Québec - pas les tribunaux, pas le gouvernement
fédéral - qui détiennent et qui exercent les pleins
pouvoirs et qu'ils aient pleine compétence, une compétence
exclusive, en matière linguistique. (12 h 20)
Motion d'amendement
Pour donner la chance à ce gouvernement de sauver les meubles sur
le plan linguistique, je me permets de proposer l'amendement suivant:
"L'article 2, tel qu'introduit par l'article 1 de l'annexe de la motion
présentée par le premier ministre, est modifié par
l'insertion, après le paragraphe (3) - donc entre le paragraphe (3) et
le paragraphe (4) - du paragraphe suivant: "(3.1): La Législature du
Québec a le pouvoir exclusif de légiférer en
matière linguistique et aucune contestation juridique de l'exercice de
ce pouvoir fondée sur le deuxième alinéa de l'article 133
de la Loi constitutionnelle de 1867, ainsi que sur les dispositions de la
Charte canadienne des droits et libertés, ne peut être accueillie
par un tribunal".
Au moins, M. le Président, en insérant cet amendement
à l'accord constitutionnel, sans que ce soit un accord extraordinaire
-c'est plein de trous et c'est plein d'insuffisances; il y a des oublis et des
omissions - au moins, sur le plan linguistique, compte tenu de la
gravité de la situation et compte tenu d'une situation qui se
dégrade de jour en jour, on sauve les meubles sur le plan
linguistique.
Le Vice-Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, si vous voulez déposer votre amendement dans un premier
temps, puisqu'en vertu des règles spéciales adoptées il
est convenu qu'un député puisse proposer une motion d'amendement
ou de sous-amendement sans que cette motion restreigne le droit d'un autre
député de présenter une telle motion, ni de traiter
à la fois de la motion de fond et des motions d'amendement et de
sous-amendement. En d'autres mots, je reçois la motion. Je vais
l'examiner pour me prononcer sur sa recevabilité. S'il y a des personnes
qui ont des représentations à faire... Une fois que le leader du
gouvernement l'aura examinée, s'il a des représentations, je
pourrai l'écouter. C'est la même chose pour le leader de
l'Opposition. Cela ne nous empêche pas de poursuivre le débat
actuellement. Je me prononcerai sur la recevabilité après la
prochaine intervention, de sorte que le débat puisse porter... De toute
façon, le sujet est assez large, je pense que cela ne limite rien
à ce moment. Je me prononcerai sur la recevabilité
ultérieurement, disons après le prochain intervenant. Est-ce que
cela vous agrée à ce moment? M. le leader de l'Opposition, cela
vous agrée?
M. Chevrette: Je n'ai pas d'objection, M. le Président,
sauf que, si jamais vous deviez rendre une décision, j'aimerais
être entendu au préalable.
Le Vice-Président: Oui, évidemment. Quand je serai
prêt à me prononcer, je demanderai, suivant le cas, s'il y a lieu
d'entendre l'une des parties, évidemment. Si je crois utile de vous
entendre à ce moment, avant de me prononcer sur cela, je vous donnerai
la possibilité de vous faire entendre avant de faire quoi que ce soit
sur cette motion. De même, je donnerai la possibilité au leader du
gouvernement de se prononcer, s'il y a lieu. D'accord?
En conséquence, nous allons maintenant poursuivre le
débat. Le prochain intervenant, c'est le ministre des Relations
internationales et ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Le vote que
nous allons prendre aujourd'hui sur cette résolution constitutionnelle
est un vote très important dans l'histoire du Québec. C'est un
vote qui s'inscrit dans l'histoire du peuple québécois pour non
seulement survivre, mais s'exprimer pleinement dans la Fédération
canadienne. Depuis les tout débuts de notre existence, nous devons nous
battre pour garantir notre existence comme entité politique, sociale,
culturelle et économique. Cela débute avec l'Acte de
Québec, en 1774, où nous avons réussi à obtenir des
conquérants, à ce moment, de récupérer la coutume
de Paris, le droit civil qui était fondamental pour la vie en
société à la suite de la défaite de 1760. Le droit
civil avait donc été mis de côté par la Proclamation
royale et on le récupérait en 1774 par l'Acte de
Québec.
Ensuite, par l'Acte constitutionnel de 1791, pour la première
fois, les Canadiens français reçoivent un foyer national, le
Bas-Canada, et aussi une institution qui s'appelle un Parlement avec une
Assemblée législative, la possibilité de s'exprimer dans
un Parlement pour faire valoir leurs points de vue, leurs
intérêts.
Arrivent, M. le Président, les événements de
1837-1838, la défaite des Patriotes et l'Acte d'union de 1840 qui fait
suite au rapport de lord 'Durham. Cet Acte d'union qui doit, à toutes
fins utiles, selon le rapport même de lord Durham, nous faire
disparaître, nous assimiler, fait un seul Canada du Haut et du
Bas-Canada, c'est le Canada-Uni.
Mais le résultat produit, tout au contraire, un regain de
vivacité de la part des Canadiens français qui, avec Lafontaine,
se battent au Parlement du Canada-Uni, réclament leurs droits et
aboutissent, avec
Cartier, à ces négociations en 1864, ici, à
Québec, pour la formation d'une Fédération canadienne. La
fédération naît avec la constitution, avec l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867. La constitution vient consacrer,
sur le plan du droit constitutionnel, le foyer national des Canadiens
français, la province de Québec, dotée d'une autonomie
gouvernementale bien précise dans l'Acte constitutionnel, avec des
pouvoirs où l'autonomie du gouvernement est garantie, avec un
territoire, une assise territoriale garantie, avec la possibilité, pour
la première fois dans l'histoire de ce peuple, d'avoir un gouvernement
autonome au sein de la Fédération canadienne.
Et il y aura différentes batailles pour qu'au sein de cette
fédération le Québec puisse prendre sa place comme
partenaire majeur. On se souviendra d'événements difficiles tout
au long de cette histoire de la Fédération canadienne. On se
souvient, par exemple, de la conscription de 1918 qui a isolé le
Québec. On se souvient aussi de ce plébiscite de 1942 qui a
causé une situation très difficile. On se souvient de cette
bataille pour l'autonomie gouvernementale dans les années cinquante.
Et arrive 1960, avec des événements qu'il est difficile
d'expliquer dans toute leur pertinence. Le Québec prend conscience de
son identité comme jamais auparavant. Il prend conscience de sa
capacité et fait en sorte de se donner les moyens nécessaires
pour faire face au défi de l'excellence pour s'inscrire, de plein droit,
dans l'évolution du monde moderne. C'est ce que nous avons appelé
la Révolution tranquille.
Pendant que le Québec s'exprime tant sur la scène interne
de la Fédération canadienne que sur la scène
extérieure - ce sont les premières délégations du
Québec que nous ouvrons à l'extérieur - il y a aussi
l'expression d'un peuple qui est conscient que son défi face à
l'excellence doit se manifester non seulement sur la scène interne, mais
aussi sur la scène internationale. C'est aussi l'époque des
débats constitutionnels extrêmement importants pour tenter de
trouver une solution au problème de cette formule d'amendement qu'on
n'avait pas dans la constitution canadienne et qu'on devait trouver pour
pouvoir ajuster l'évolution constitutionnelle, adapter la constitution
de 1867 à l'évolution moderne de toute société.
Il y a eu la formule Fulton-Favreau en 1964. Le Québec dit non
à cette formule parce que c'était une camisole de force. A toutes
fins utiles, on empêche le Québec, par cette réforme
constitutionnelle, d'évoluer tel qu'il le souhaite. (12 h 30)
Et il y a 1971, où, jour pour jour, M. le Président, le 23
juin 1971, et je pourrais même dire presque heure pour heure, le
Québec, en cette Chambre, disait non à la formule de
Victoria. Jour pour jour, le 23 juin 1971, le Québec disait non,
à Victoria, parce que la formule de Victoria ne permettait pas au
Québec d'avoir ses pouvoirs en matière sociale, comme il le
revendiquait, pour exprimer son identité, sa spécificité.
En conséquence, le gouvernement du premier ministre Bourassa devait dire
non à cette formule de Victoria.
Il y a eu, ensuite, d'autres tentatives pour rapatrier la constitution
qui était, bien formellement, mais toujours à Londres. On a fait
toutes ces tentatives pour trouver un compromis entre les différents
partenaires de la fédération, mais sans succès. C'est
alors qu'est arrivé 1980 et le référendum, où les
Québécois, malgré une question ambiguë, ont
répondu très clairement qu'ils voulaient relever le défi
de la Fédération canadienne, qu'ils voulaient demeurer dans la
Fédération canadienne avec une réforme constitutionnelle.
Cette réforme constitutionnelle est arrivée quelques mois plus
tard, d'une façon incomplète. C'est la constitution de 1982, la
Loi constitutionnelle de 1982, le rapatriement de 1982, et le Québec n'a
pas participé pleinement à la préparation de cette
constitution.
Est-ce que le gouvernement du Québec de l'époque, un
gouvernement péquiste, pouvait participer pleinement à cette
réforme constitutionnelle, étant donné son option
indépendantiste, souverainiste? C'est une question qu'on peut se poser.
Une chose est certaine, il était inacceptable de faire en sorte que le
Québec ne soit pas partie à toutes les étapes de la
discussion qui ont abouti à cette Loi constitutionnelle de 1982.
La Loi constitutionnelle de 1982 est un compromis inachevé. Ce
que nous y retrouvons n'est pas complètement mauvais, bien au contraire.
Il y a, tout d'abord, la Charte canadienne des droits et libertés. Y
a-t-il quelque chose de plus important dans une constitution que d'avoir des
droits, d'avoir des libertés, garantis aux citoyens, aux citoyennes qui
décident de vivre ensemble pour former une société, des
droits, des libertés qui leur permettent d'être à l'abri de
l'abus du pouvoir? Même lorsque nous vivons dans une
société démocratique, nous ne sommes pas à l'abri
d'une action gouvernementale abusive contre un droit, contre une liberté
fondamentale. Donc, en 1982, pour la première fois, nous avions la
garantie constitutionnelle, par une charte, de certains droits, de certaines
libertés qui pouvaient s'appliquer à l'ensemble des Canadiens et
des Canadiennes. Â l'intérieur de cette charte, il y avait une
clause, qu'on a qualifiée de clause "nonobstant", qui permettait et qui
permet toujours au gouvernement, d'ailleurs, dans certaines circonstances
exceptionnelles, de faire prévaloir des droits collectifs sur des
droits
individuels. Lorsqu'on inscrit dans une constitution des droits
individuels, des droits pour les citoyens et les citoyennes, il est facile de
comprendre que, dans certaines circonstances, on puisse en arriver à une
situation conflictuelle entre des droits de la collectivité pris
globalement par rapport à des droits de certains individus. Donc, dans
ces circonstances, il est indiqué que le gouvernement puisse prendre la
décision de faire une loi, de prendre une mesure gouvernementale qui
puisse aller, pour un certain temps, à l'encontre des droits et des
libertés individuelles, dans un cas exceptionnel.
Donc, une Charte canadienne des droits et libertés, qui
était un acquis, qui était même une pierre d'assise de
notre démocratie canadienne.
Une formule d'amendement, par contre, qui était nettement
inacceptable pour le Québec parce qu'elle reposait sur le principe du
droit de retrait. C'est-à-dire qu'on est arrivé à la
formule suivante: lorsqu'une modification constitutionnelle fera en sorte
qu'une compétence provinciale deviendra une compétence
fédérale, la province pourra utiliser son droit de retrait et
faire en sorte que cette compétence puisse lui demeurer, alors que le
gouvernement fédéral pourra l'exercer pour les autres
provinces.
Malheureusement, on n'avait pas compris qu'une telle formule
d'amendement fondée sur un droit de retrait ne pouvait s'appliquer dans
le cas de la réforme des institutions. Alors qu'on a modifié
à quatre ou cinq reprises le partage des compétences
législatives dans l'histoire de notre fédération, on a
modifié à plusieurs reprises, par contre, nos institutions qui
sont au coeur même de notre vie dans cette fédération. Il
était donc extrêmement important de corriger cette lacune et de
donner au Québec la possibilité de dire non à un
amendement constitutionnel concernant les institutions parce que c'est clair
qu'on ne se retire pas du Sénat, qu'on ne se retire pas de la Chambre
des communes, ni de la Cour suprême. Il fallait redonner au Québec
ce droit de dire non à une réforme concernant les institutions
qui irait à l'encontre de ses droits historiques comme partenaire de
cette fédération.
Nous retrouvons, dans ce compromis de 1982, d'autres
éléments très intéressants concernant le partage
des compétences législatives, concernant les richesses
naturelles, les droits des autochtones ou le multiculturalisme par la Charte
canadienne des droits et libertés. Il s'agit donc, essentiellement, d'un
compromis intéressant à bien des points de vue, un compromis qui,
à certains égards, a pris de court le gouvernement
péquiste de l'époque. De façon paradoxale, c'est l'ampleur
des compromis faits par le premier ministre Trudeau à l'époque
qui a pris de court le gouvernement péquiste parce qu'en acceptant une
formule d'amendement fondée sur le droit de retrait on s'est
retrouvé dans une situation où l'on avait accepté le
principe de l'égalité des provinces et on se retrouvait Gros-Jean
comme devant, ayant sacrifié le droit de veto et se retrouvant avec une
formule générale de modification qui n'était pas
acceptable comme telle.
Ce que nous faisons avec la résolution qui a été,
tout d'abord, acceptée par les premiers ministres au lac Meech le 30
avril dernier, qui a ensuite été confirmée le 3 juin
dernier par l'ensemble des premiers ministres d'une façon formelle et
signée à Ottawa le 3 juin dernier, c'est que nous terminons, nous
achevons ce compromis inachevé de 1982, Nous l'achevons pour le rendre
acceptable au Québec. Nous avons maintenant la possibilité
d'avoir une assise solide pour le Québec, tant pour son action politique
qu'économique, sociale et culturelle, une action qui pourra se fonder
maintenant sur des principes pour lesquels on se battait depuis des
années et des années, celui de la reconnaissance de la
constitution du Québec comme une société distincte, aussi
le principe que ce pays est fondé sur la dualité canadienne, deux
grandes communautés linguistiques, deux peuples, les Canadiens
français et les Canadiens anglais. Voilà deux
réalités qui sont le résultat de notre
évolution.
Je faisais tout à l'heure à grands traits le portrait de
cette évolution et je montrais que les Québécois, qui sont
nés véritablement dans les années 1960, dans un contexte
de modernité, dans la société moderne, ont pu exprimer
à partir de ces années soixante leur désir de s'inscrire
de plein droit dans l'évolution moderne de notre société,
en fonction du défi de l'excellence. C'est dans ce contexte que nous
devons retrouver cette résolution constitutionnelle sur laquelle nous
devons voter aujourd'hui.
Tout à l'heure, le député de Lac-Saint-Jean a
proposé un amendement concernant les droits linguistiques du
Québec. Ce n'est pas un amendement nouveau de la part de l'Opposition et
je dois dire très sincèrement que je comprends ses
préoccupations concernant le respect de la langue française au
Québec. Mais je voudrais redire, une fois de plus, que nous avons la
compétence législative nécessaire pour
légiférer sur la langue. (12 h 40)
Dans l'amendement proposé, on nous dit: "La Législature du
Québec a le pouvoir exclusif de légiférer en
matière linguistique -ce que nous avons déjà - et aucune
contestation juridique de l'exercice de ce pouvoir, fondée sur le
deuxième alinéa de l'article 133, ainsi que sur les dispositions
de la Charte canadienne des droits et libertés, ne peut être
accueillie par un tribunal."
Prenons le premier élément, l'article 133 de 1867, donc
inscrit dans la constitution par les Pères de la
Fédération canadienne. Il a fallu sept rédactions aux
Pères de la confédération et les grands talents de lord
Tring, grand rédacteur anglais de l'époque, pour en arriver au
texte que nous avons de cet article 133 qui établit le bilinguisme
institutionnel, qui permet l'utilisation de la langue française au
Parlement canadien, comme de la langue anglaise ici, à
l'Assemblée nationale, qui permet à un anglophone d'avoir
accès à un procès dans sa langue ici, au Québec, et
le pendant existe aussi au Manitoba. Malheureusement, il a été
reconnu un peu tard; il a été reconnu en 1979 dans l'affaire
Blaikie. On ne l'a pas contesté avant, malheureusement.
Ce qu'on propose maintenant du côté de l'Opposition, si je
le comprends bien, c'est: "aucune contestation juridique de l'exercice de ce
pouvoir fondée sur le deuxième alinéa de l'article 133."
Le deuxième alinéa, c'est: Les lois du Parlement du Canada et de
la Législature du Québec devront être imprimées et
publiées dans les deux langues. Pourquoi refuse-t-on que les lois au
Québec puissent être publiées et imprimées dans les
deux langues? On aimerait que d'autres provinces... Le Manitoba a la même
obligation, le Nouveau-Brunswick, la même chose. Nous espérons
qu'après cette résolution, lorsqu'elle sera votée par
l'ensemble des provinces canadiennes et par le gouvernement
fédéral, l'Ontario, officiellement, deviendra bilingue, pourra se
lier à cet article 133, et même se lier aux articles 16 et
suivants de la Loi constitutionnelle de 1982 pour' devenir une véritable
province bilingue et respecter ces droits fondamentaux des francophones de
l'Ontario qui veulent vivre selon leur spécificité et leur
identité francophone tout en partageant ce bien commun qui est
dégagé politiquement et démocratiquement par le
gouvernement ontarien.
Ce que l'Opposition nous demande par son amendement, c'est d'abolir ce
principe que les lois du Parlement du Canada et de la Législature du
Québec devront être imprimées et publiées dans les
deux langues. Je ne vois, M. le Président, aucun inconvénient
à ce que les lois du Québec soient imprimées dans les deux
langues, aucun inconvénient à ce que ces lois soient
publiées dans les deux langues. Au contraire, comme je viens de le
mentionner, j'aimerais que ce soit comme cela même dans toutes les
provinces du Canada, éventuellement.
Quant à l'autre article, l'article 23, plus
précisément, si je me réfère à cet
amendement qu'on nous suggère, on nous dit "ainsi que sur les
dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés". Concernant
la Charte canadienne des droits et libertés, il s'agit de droits, de
libertés individuels qui sont maintenant garantis par le texte de la
constitution. Nous avons toujours, comme gouvernement, la possibilité
d'utiliser ce que nous appelons la clause "nonobstant", ce que j'ai
expliqué il y a quelques instants, c'est-à-dire la
possibilité pour le gouvernement de dire: Nous légiférons
malgré certains droits individuels parce que la collectivité,
dans son ensemble, a besoin d'une telle législation exceptionnelle pour
un certain temps. C'est ce que nous appelons la clause "nonobstant". C'est une
clause qui, personnellement, ne me réjouit pas particulièrement,
je dois l'avouer, M. le Président, parce que je tiens à ces
droits, à ces libertés individuels pour les gens. Mais je
considère aussi qu'il y a des droits de la collectivité qui, dans
certaines circonstances, à certaines fins, doivent, à un moment
donné, avoir la possibilité de s'exprimer de façon
prépondérante par rapport aux droits individuels.
Dans ce contexte-là, lorsque je me réfère à
l'amendement que nous propose l'Opposition, je dis que nous n'avons pas besoin
de cet amendement puisqu'il y a toujours la clause "nonobstant" et que
l'utilisation de cette clause "nonobstant" est garantie par ce quatrième
paragraphe que nous avons de l'article 1 de l'entente que nous allons ratifier
aujourd'hui par notre vote et qui dit, justement, que le Québec, comme
toutes les autres provinces d'ailleurs, a la garantie de ses droits et, d'une
façon plus spécifique, en ce qui regarde la langue, les questions
linguistiques. C'est nous du gouvernement, c'est le premier ministre du
Québec, M. Bourassa, qui a négocié pendant des heures et
des heures pour avoir ce paragraphe dans l'entente qui nous garantit, donc,
l'utilisation de la clause "nonobstant" comme la juridiction sur toute autre
question linguistique.
Concernant l'article 23 de la Charte canadienne des droits et
libertés où la clause "nonobstant" ne s'applique pas, il s'agit
de cette fameuse "clause Canada". Possibilité pour les parents
anglophones qui ont suivi leur instruction primaire en anglais dans une
province canadienne d'inscrire leurs enfants dans une école anglaise ici
au Québec. Même le père fondateur du Parti
québécois, M. René Lévesque, est en faveur de cette
"clause Canada". Est-ce qu'on peut être contre ça pour autant
qu'on accepte la Fédération canadienne?
Je ne vois donc pas l'utilité de cette modification que veut
apporter l'Opposition à l'entente que nous devons ratifier aujourd'hui
par notre vote. C'est un amendement concernant des droits linguistiques que
nous avons déjà. Je peux vous dire que nous avons eu assez de
difficulté à obtenir ce que nous n'avions pas qu'il ne faudrait
quand même pas commencer à demander ce que nous avons
déjà.
Nous avons cette capacité de légiférer
en matière de droits linguistiques, qui est confirmée par
le quatrième paragraphe du premier article de l'entente, dans un premier
temps. Deuxièmement, il y a un aspect tout à fait particulier
pour nous en ce qui regarde l'immigration parce qu'avec cette entente que nous
ratifierons tout à l'heure nous acquérons la possibilité
d'établir des mesures d'intégration pour nos immigrants,
comprenant des cours de langue. Donc, il y a là un élément
linguistique nouveau que nous allons introduire par suite de cette entente, un
pouvoir nouveau.
L'Opposition nous dit: II n'y a aucun pouvoir nouveau dans ce que vous
avez. C'est faux. Il y a des pouvoirs nouveaux et je ne recommencerai pas. Je
le leur ai dit, ils le savent. Il y a des pouvoirs nouveaux en fonction de
chaque article que nous avons négocié, des pouvoirs qui sont au
fondement même de notre existence comme peuple, comme
société distincte et comme entité politique, sociale et
culturelle dans cette fédération canadienne.
M. le Président, ce vote que nous allons prendre vient donc
mettre fin à un long processus. Nous allons achever le compromis
inachevé de 1982, à la suite d'un long processus, qui, pour nous,
a débuté lorsque nous avons été mandatés par
la population du Québec pour former ce gouvernement et que j'ai eu
l'honneur d'être nommé ministre responsable de ce dossier
constitutionnel. Il y a maintenant plus de 20 ans que je suis impliqué
dans des débats constitutionnels, soit comme journaliste, commentateur,
professeur de droit constitutionnel et maintenant comme ministre. Je dois vous
dire que ce n'est pas sans émotion que je vais voter sur cette
résolution. C'est, là encore, le fruit d'un long compromis que
nous avons négocié avec acharnement et que nous avons pu
réaliser grâce au travail, à l'excellent travail d'une
équipe dont je veux saluer la très grande compétence et le
dévouement. (12 h 50)
Tout d'abord, des fonctionnaires qui ont fait un travail remarquable
sous la direction de Mme la sous-ministre Diane Wilhemy. M. André
Tremblay, professeur à l'Université de Montréal,
éminent constitutionnaliste comme spécialiste de droit
constitutionnel. M. Michel Boivin, qui travaille au niveau du
Secrétariat des affaires canadiennes, qui a su garder notre rythme de
travail de rédaction de documents. M. Jean-Claude Rivest, qui avait
cette expérience remarquable et à qui vous rendez hommage par vos
applaudissements. M. Rivest qui était à Victoria, justement, et
qui, maintenant, voit cette résolution confirmée. M. Louis
Bernard, qui a été Secrétaire général de la
province de Québec et qui a été d'une très grande
utilité, d'un grand dévouement et dont je veux saluer l'excellent
travail dans ce dossier.
M. Jean-K. Samson, sous-ministre associé à la Justice. M.
René Dussault, qui a été un des rédacteurs du
programme du Parti libéral qui a servi à établir ces cinq
grandes conditions que nous réalisons aujourd'hui. Cinq sur cinq, c'est
quand même un score intéressant. De mon cabinet, pour terminer, M.
le Président, je veux rendre un hommage particulier à Mme
Florence levers, directrice adjointe qui a fait un travail tout à fait
remarquable. M. Richard Tardif, qui a travaillé à établir
toutes ces relations qui nous ont permis d'arriver à ces
résultats. Mme Suzanne Lévesque, qui a su combiner l'ensemble de
ce dossier pour en faire ressortir les éléments aux bons
endroits, aux bons moments.
En terminant, je voudrais remercier tous mes collègues et je
voudrais remercier l'Opposition pour sa participation, même pendant la
commission parlementaire que nous avons eue; je connais ses
préoccupations. Je peux vous dire que j'ai toujours été
sensible à vos préoccupations. Selon moi, très
honnêtement, je dois vous dire que cette entente répond à
vos préoccupations autant qu'elle répond aux nôtres,
c'est-à-dire redonner au Québec des droits historiques et sa
place dans la fédération canadienne comme partenaire majeur.
Dans ce contexte, je voudrais rendre un hommage particulier au premier
ministre du Québec pour son travail remarquable comme
négociateur, qui a fait en sorte que nous ayons pu aboutir au
résultat que nous avons aujourd'hui. M. Bourassa, qui était
à Victoria et qui va aujourd'hui voir cette résolution
confirmée, sera dans l'histoire un des grands premiers ministres du
Québec et c'est rendre hommage au Québec, comme c'est rendre
hommage aussi au Parti libéral du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Alors, avant de poursuivre le
débat, je dois maintenant me prononcer, tel que je l'avais
mentionné précédemment, sur la recevabilité de la
motion d'amendement présentée par M. le député de
Lac-Saint-Jean. Est-ce que, M. le leader du gouvernement, vous avez quelques
représentations à faire?
M. Gratton: M. le Président, non, nous n'entendons pas
faire de représentations quant à la recevabilité de la
motion d'amendement.
Le Vice-Président: Très bien. Je n'aurai
également pas besoin d'entendre le leader de l'Opposition sur
l'argumentation, puisque je déclare maintenant cet amendement recevable.
En conséquence, le débat va porter sur la motion de fond et sur
l'amendement. À la fin du débat, nous procéderons à
la mise aux voix de l'amende-
ment proposé et, ensuite, à la mise aux voix de la motion
de fond, telle que présentée ou telle qu'amendée, selon le
cas.
Donc, pour la poursuite du débat, je reconnais M. le chef de
l'Opposition.
M. Pierre Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. On a
l'impression d'arriver à la fin d'un marathon, mais qui,
malheureusement, ne mène nulle part pour le Québec, sinon dans
l'eau du lac Meech que le ministre doit trouver un peu froide aujourd'hui. Je
l'écoutais, tout à l'heure, et je ne peux faire autrement que de
m'imaginer le sentiment d'une certaine solitude qu'il doit éprouver non
seulement parce que je remarquais le nombre assez mince de personnes sur les
banquettes derrière lui, mais également parce qu'il a jugé
bon de rappeler son expérience de constitutionnaliste pour expliquer ce
qu'il considère être un succès pour le Québec.
Probablement que, de bonne foi, il est le seul à s'imaginer que le
Québec peut marcher sur les eaux du lac Meech. Connaissant son
tempérament, on ne s'en étonne pas.
M. le Président, le gouvernement a choisi, dans un climat qui est
celui d'une certaine indifférence, de procéder à la
suspension de nos règles.
Le Vice-Président: Si vous me permettez de vous
déranger à ce moment-ci, M. le chef de l'Opposition, puisqu'en
principe, selon l'article 21 de notre règlement, nous devons suspendre
pour le temps du dîner à 13 heures. Je comprends qu'il y a une
motion qui est présentée par M. le leader du gouvernement en ce
sans que cette règle soit modifiée, tandis qu'il y avait une
motion de suspension des règles, pour que nous puissions continuer nos
débats au minimum jusqu'à 14 heures. Est-ce bien cela, M. le
leader du gouvernement?
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'on pourrait
convenir, avec le consentement de l'Assemblée, que nous pourrions
terminer ce débat. Compte tenu des indications sur l'utilisation des
temps de parole qui demeurent, nous devrions pouvoir conclure avant 14 heures
et, si nécessaire, déborder quelque peu.
Le Vice-Président: Donc, très bien. Si je
comprends, il y a suspension de cette règle de procédure pour
entendre les deux derniers intervenants, M. le chef de l'Opposition et
l'intervenant subséquent, soit le premier ministre, chacun pour un temps
de parole d'au maximum 30 minutes, de toute façon, pour chacun des
intervenants. D'accord? On consent qu'on laisse libre les interventions au
maximum de chacun des côtés. Les règles sont suspendues en
conséquence. Très bien, je vous cède la parole, M. le chef
de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour votre gouverne
et pour celle du leader du gouvernement, j'en ai pour environ 30 minutes, pas
tout à fait 45 minutes.
Nous en sommes donc à la fin, paradoxalement, de ce marathon
court puisqu'il n'y a pas eu de commission parlementaire comme on aurait
dû en avoir une, contrairement à ce qu'évoquait le premier
ministre ce matin, à la période de questions, alors qu'il a
laissé entendre dans une réponse à une question que je lui
posais, car il nous faisait l'honneur aujourd'hui de répondre, que nous
nous étions satisfaits d'une commission parlementaire de 55 heures. Eh
.bien non, on ne s'est pas satisfait d'une commission parlementaire qui ne
portait pas sur ce qui va, à toutes fins utiles, engager le
Québec, c'est-à-dire les textes juridiques. Vous profitez, en
face de nous, d'un climat qui est celui d'une certaine indifférence avec
la venue de l'été. Vous avez arrosé le Québec,
depuis un certain nombre de mois, de gaz soporifiques et chloroformants. Le
premier confond encore le calme et le coma, la sérénité et
la platitude, la conviction profonde et sourde avec l'absence d'opinion.
Finalement, vous traitez le dossier constitutionnel comme vous traitez le reste
parce que vous êtes un gouvernement de chaise longue. Et vous êtes
en train de faire en sorte, depuis 18 mois, dans tous les domaines
d'activités, d'agir comme si le Québec en entier était en
chaise longue. Bien non! Le Québec n'est pas en chaise longue. Il n'est
pas en chaise longue et, un jour, le réveil sera brutal pour vous dans
la mesure où vous engagez - prétendez engager - l'avenir du
Québec pour si peu.
Vous avez banalisé les règles du Parlement
démocratique du Québec en faisant appel, au nom d'une fausse
urgence, jamais appuyée par des faits, jamais explicitée, mais
que vous vous êtes contenté d'invoquer comme d'une espèce
de prière, de moulin à prières oriental: Urgence, urgence.
Vous avez suspendu les règles du Parlement d'une façon...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: Question de règlement, M. le
leader du gouvernement. (13 heures)
M. Gratton: Je m'en excuse auprès du chef de l'Opposition.
C'est surtout pour assurer que ce débat se termine dans les
règles normales. Je vous prierais, M. le Président, de noter que
l'article 35.4 interdit à un député de s'adresser
directement à un
autre député. Je pense que cela pourra fonctionner
beaucoup mieux si on respecte cette règle à la fin de ce
débat.
Le Vice-Président: Très bien, M. le leader du
gouvernement. Là-dessus, je pense que je n'ai pas besoin de
représentations supplémentaires, M. le chef de l'Opposition. Je
vous demanderais de vous conformer à l'article 35.4.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je m'excuse
auprès de vous. Savez-vous, M. le Président, j'ai le goût
de leur parler dans la face un peu aujourd'hui.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Johnson (Anjou): C'est un peu compliqué d'être
obligé de passer ces vous de majesté qu'on "vous" doit et ces
"ils" qu'on n'a pas le goût de faire avec eux.
M. le Président, ce gouvernement a suspendu les règles de
procédure au nom d'une fausse urgence. Il est en train de banaliser le
sens même des fondements de la démocratie parlementaire au
Québec. Que je sache, il n'y a personne qui meurt dans les
hôpitaux à cause d'une grève en ce moment ou d'un lock-out.
Il n'y a pas de tremblement de terre. Le parlement n'est pas pris d'assaut par
les gens. Quelle urgence! La constitution canadienne dit elle-même que ce
gouvernement avait trois ans pour procéder à l'adoption de cette
résolution. Non seulement le gouvernement le fait-il dans la
précipitation de fin de session, mais également le gouvernement
lui-même va déclencher le chronomètre des trois ans pour
les autres provinces et le gouvernement fédéral.
Précipitation inacceptable où on ne consulte pas les
citoyens.
Je comprends que les gens ne parlent pas de constitution tous les jours.
J'entendais un animateur radiophonique de la région de Québec
qu'il m'arrive d'écouter le matin -ce n'est pas celui que vous pensez -
qui disait ce matin: Oui, mais dans le fond, les gens se fichent de la
constitution. C'est vrai. Raison de plus pour que les parlementaires ne s'en
fichent pas. Raison de plus pour qu'un premier ministre du Québec
considère qu'il a une responsabilité particulière dans ces
questions qu'il sait être vitales pour notre avenir. Mais non! On va
faire du "surfing" sur l'opinion publique ou l'absence d'opinion du public en
fin de session.
Les citoyens du Québec ne seront pas consultés cet
été, M. le Président. Savez-vous qui les consultera? Le
gouvernement canadien. Le premier ministre est venu ici faire des gorges
chaudes pour nous expliquer qu'il était fier d'être un
Québécois et qu'il était ensuite un Canadien. Je vais dire
au premier ministre qu'on va se retrouver dans la drôle de position
où les citoyens du
Québec, cet été et peut-être au début
de l'automne, seront consultés par le Parlement fédéral et
pas par celui du Québec, pour savoir ce qu'ils pensent de cela. Quelle
absurdité! Quelle situation antidémocratique! Quelle situation
antihistorique dans l'évolution de notre peuple qui a subi
jusqu'à maintenant sept régimes constitutionnels
différents depuis que les premiers colons français se sont
installés ici! Mais non! C'est comme cela. C'est comme le reste. On
prend cela avec l'indifférence, ce que j'appellerais une espèce
d'insouciance souriante de la part du gouvernement. Je vous dis que le
réveil va être brutal, un jour. Il va être brutal parce que
dans ses effets, cette résolution constitutionnelle banalise le
Québec en entier.
Au nom du bon "ententisme" des tapes dans le dos, au nom des alliances
objectives pour des considérations politiques, électo-ralistes
d'un bout à l'autre du Canada, on est en train de prétendre
mettre fin à un débat fondamental dans l'évolution de
notre peuple. Je me dis que trois cents ans d'histoire ne pourront pas se finir
comme cela et que si vous passez dans la petite histoire comme ceux qui ont
déclenché ce processus de rapatriement du Québec dans des
conditions de faiblesse, pour ne pas dire dans certains cas d'humiliation, vous
passerez à la grande histoire comme étant l'un des gouvernements
les plus abjectement lâches autour de la question de l'évolution
des pouvoirs du Québec. Ce n'est pas étonnant, quand on entend le
ministre des Relations internationales nous dire, tout à l'heure, que,
jour pour jour, en ce 23 juin, il y a seize ans, l'actuel premier ministre du
Québec disait non à la charte de Victoria.
Au fond, c'est une bonne partie de l'explication que ce jour pour jour
de Victoria en 1971, un règlement de compte personnel du chef du
gouvernement du Québec qui s'est retrouvé dans une situation
particulièrement délicate pour ne pas dire humiliante, il y a
seize ans, à l'égard de ses collègues des autres
provinces. Alors qu'il avait dit oui à la Charte de Victoria, il revint
au Québec pour se rendre compte que ça ne passerait pas et il a
été obligé de dire non à la Charte de Victoria, en
dépit de la parole qu'il avait donnée.
Mais la différence, cette année, se situe à deux
niveaux. D'abord, le fait qu'on ait renoncé de l'autre
côté, M. le Président, à toute revendication de
pouvoirs additionnels qui permettraient au Québec de mieux
façonner son avenir, contrairement à Victoria où, au
moins, il y avait sur la table des enjeux sur les questions de
développement social. Rien dans l'entente du lac Meech au niveau des
pouvoirs du Québec. En second lieu, le fait que vous ne voyez pas se
dessiner suffisamment sur le plan électoral un mouvement d'opposition,
parce que nous
sommes précisément au bord de l'été et que
vous êtes des "chloroformants" de la politique. Bien! vous vous en
rendrez compte quand il sera trop tard pour vous et vous êtes
imprudents.
Pas étonnant que ce premier ministre, tourné vers le
passé plutôt que vers l'avenir, veuille engager le Québec
sur la base du passé plutôt que sur la base de l'avenir! Pas
étonnant que non seulement sur cette question il se trompe de
décennie - on n'est plus à Victoria il y a seize ans - mais il se
trompe de siècle. Il faut le faire.
Il se prend tellement pour un Père de la
confédération que je voyais, dans ce cahier publié par le
journal La Presse, "L'Amérique française" qui est un
supplément concernant le sommet francophone, le message du premier
ministre du Québec dont les premiers mots sont les suivants - je vous
rappellerai qu'en l'an 2000, nous serons au XXIe siècle - et le message
du premier ministre commence comme ceci: "À l'aube du XXe siècle,
nous assistons à la naissance d'une nouvelle communauté." Il
s'est trompé d'un siècle, M. le Président, pas d'un
an.
Ah! il me dira peut-être tout à l'heure dans sa
réplique que c'est une coquille. Bien oui, c'est une coquille vide,
comme cette entente. Mauvais exercice du droit à
l'autodétermination du peuple québécois, l'un des plus
mauvais exercices de ce droit que nous possédons comme peuple à
choisir les conditions politiques de notre évolution. Pourquoi? Parce
que c'est un parcours semé d'erreurs de la part du gouvernement, mais
d'embûches pour le Québec.
D'abord, la première erreur, celle du lac Meech lui-même.
J'avais dit au premier ministre avant qu'il ne s'y rende - pendant un an, je
l'ai interrogé sur le dossier constitutionnel, mais il ne me donnait pas
de réponse -: N'allez pas au lac Meech et ne cédez pas à
l'atmosphère de bouilloire que vous y vivrez. Les pressions seront
énormes sur vos épaules pour un règlement, car le
reconnaissez-vous, vous-même? vous êtes dans une situation
où vous devez profiter du fait que c'est le Canada qui est en demande et
non pas le Québec.
Le ministre des Relations internationales nous disait lui-même, il
y a à peine six mois, à cette Assemblée, que le
Québec n'était pas en demande. C'était le Canada qui
était en demande pour avoir le Québec dans le giron
constitutionnel. Là, il y a eu l'erreur du lac Meech où,
soudainement, au cours d'un après-midi plutôt pluvieux et froid,
il faisait chaud dans la salle, le premier ministre du Québec s'est
laissé avoir un peu naïvement. (13 h 10)
II n'est pas ressorti du lac Meech avec une discussion sur la base de ce
qui permettrait au Québec d'aller chercher des pouvoirs. Il est sorti
avec un communiqué conjoint auquel il s'était lié.
Là, l'entonnoir était tracé. C'est celui qui nous
mène aujourd'hui à ce vote forcé, à
l'Assemblée nationale, à la suite d'un débat limité
à 35 heures. Vous avez, vous-même, tracé votre propre
carcan. Si, au moins, ce n'était pas le carcan du peuple
québécois, en même temps. C'est ce qui m'inquiète
dans ce que vous êtes en train de faire. Vous deveniez donc, à
partir de la rencontre du lac Meech, enfermé dans votre propre logique.
Mais c'est aussi la logique des autres. Vous allez voir, et vous l'avez
constaté, depuis le lac Meech, vous maîtrisez de moins en moins le
présent. On n'a pas besoin de vous autres pour maîtriser l'avenir
là-dedans.
La bousculade sur les textes, la bousculade autour de la
société distincte, la bousculade autour du pouvoir de
dépenser où, à chaque heure passée, à chaque
entrevue donnée par un quelconque spécialiste du Canada anglais
ou l'ancien premier ministre du Canada, vous vous êtes senti faiblir.
5auf que c'est le Québec qui s'est affaibli en même temps. Vous
vous êtes retrouvé à Ottawa, dans des conditions où
vous avez dû céder sur le maigre menu du lac Meech, parce que la
pression n'a pas cessé d'augmenter. Elle continue tellement d'augmenter
que vous avez été amené à bousculer le Parlement du
Québec, pour que cela continue. On verra ce que ce sera à
l'automne quand, en Ontario, quelqu'un exprimera qu'il n'est pas d'accord ou
quand, au Nouveau-Brunswick, un premier ministre exprimera qu'il ne peut pas
passer à l'adoption de la résolution avant les élections
ou quand un premier ministre du Manitoba vous dira que, même si le
pouvoir de dépenser de l'État fédéral est
confirmé, ce n'est pas assez pour lui, et là, ce sera quoi? Le
Québec va être constamment sur la défensive.
Oui, vous êtes sur la défensive depuis le lac Meech. Parce
que vous avez changé d'attitude en cours de route. Vous êtes des
mauvais négociateurs de ce côté. Le gouvernement a mal
compris qu'à partir du moment où il signait au lac Meech et qu'il
réglait sur la base d'un plancher inacceptable pour le Québec, il
serait dans des conditions d'une dynamique où il ne pourrait que reculer
et le Québec, avec lui, tout entier. Votre empressement d'amener cette
résolution constitutionnelle devant le Parlement du Québec
pourrait vous mettre dans une situation absolument intenable à l'automne
ou au printemps prochains. Sauf qu'en même temps, c'est le Québec
en entier qui va y goûter. Pas seulement son gouvernement.
C'est ça, la lourdeur du manteau, que devrait ressentir le
premier ministre, sur ses épaules, à l'égard de l'avenir
constitutionnel du Québec et qu'il traite, malheureusement,
légèrement jusqu'à ce que ce manteau l'écrase.
Je me permettrai des commentaires sur deux aspects de ce recul entre la
rencontre du lac Meech et celle d'Ottawa. La rencontre du lac Meech
était déjà inacceptable, celle d'Ottawa l'était
encore plus. Le pouvoir de dépenser. Je me souviens qu'au moment de
l'étude des crédits, le premier ministre me disait: Ah! Vous
savez, pour nous, l'accord d'Ottawa est exactement la même chose que
l'accord du lac Meech, sur le pouvoir de dépenser. Il a même
répété cela hier, à la période de questions,
alors que je l'interrogeais. Il disait: Non, non, c'est la même chose.
Ça, c'est quand il répond. Il nous renvoie à l'accord du
lac Meech. Quand on lui posait des questions sur l'accord du lac Meech, il nous
disait que c'était bien compliqué. Avec le résultat qu'on
n'a pas de réponse. Sauf qu'on a suffisamment de questions pour lui dire
de s'inquiéter et peut-être d'envisager lui-même - parce
qu'il reste encore une heure ou deux et qu'il n'est pas trop tard - de revenir
sur sa décision de faire adopter cette résolution par
l'Assemblée nationale.
Par exemple, le premier ministre n'a pas répondu à la
question que je lui ai posée au sujet de la distinction qui a
été faite dans l'accord d'Ottawa par opposition à l'accord
du lac Meech, soit la distinction qu'on fait entre le gouvernement
fédéral et le Parlement fédéral. Je m'explique.
L'article 106A, sur le pouvoir de dépenser, crée un droit de
compensation pour une province qui ne participe pas à un programme dit
national ou dont les objectifs nationaux ont été fixés par
Ottawa.
Ce droit de compensation, faut-il le rappeler, est
précédé par définition d'une reconnaissance de ce
pouvoir, pour la première fois, de façon très claire dans
le droit constitutionnel canadien, c'est-à-dire un droit pour
l'État fédéral d'intervenir dans les domaines de
juridiction qui appartiennent aux provinces.
Mais ce droit de compensation est conditionnel à ce que le
Québec, si le gouvernement fédéral décide de
dépenser dans un secteur, ait un programme qui ressemble suffisamment au
programme fédéral pour obtenir l'argent et je m'explique parce
que cela va être un dossier dans les prochaines années, c'est
clair. Prenons l'exemple du financement des infrastructures municipales: il y a
de grosses pressions dans tout le Canada pour s'assurer que les trottoirs, les
égouts et les aqueducs puissent être refaits dans les
années qui viennent, parce qu'il y en a beaucoup qui sont en
désuétude dans de nombreuses villes canadiennes.
La tentation pour le Parti libéral fédéral et
probablement le Parti conservateur, sans compter le NPD, qui est prêt
à en donner en termes de pouvoir à l'État
fédéral, on le sait, c'est de dire: Oui, un gouvernement canadien
fort, central devrait déclencher un programme de
rééquipement des municipalités pour refaire les
réseaux d'aqueduc, d'égout, les trottoirs et les rues
municipalisées. On va partager le coût de cela, le gouvernement
fédéral, le gouvernement des provinces et les
municipalités. Je peux vous répondre que, dans le cas du
Québec ici, les municipalités n'ont pas besoin de cela. La
réforme fiscale est telle que ce sont nos municipalités qui
décident de ces questions.
Deuxièmement, le gouvernement du Québec peut trouver que
c'est plus important de placer l'argent dans les garderies ou dans
l'environnement plutôt que dans les égouts et les aqueducs, mais
vous ne pourrez pas aller chercher l'argent du gouvernement
fédéral. Le programme ne s'appliquera pas sur le territoire du
Québec et, en plus, vous ne pourrez pas aller chercher la compensation
si vous n'avez pas un programme analogue très limité. Même
dans le cas où vous auriez un programme analogue pour les citoyens, si
c'est le Parlement fédéral qui adopte les objectifs par loi, rien
ne dit, dans le texte de l'article 106 que vous avez rapporté d'Ottawa,
que vous aurez droit à la compensation, car la compensation n'est
disponible que dans la mesure où il s'agit d'un programme du
gouvernement fédéral et non pas du Parlement
fédéral.
Je vois le premier ministre nier. Il n'a pas le choix, c'est une des
constituantes. Là, il s'imagine qu'il va faire un discours au juge de la
Cour suprême tout à l'heurei II le fera, mais je lui dis qu'il a
reculé entre le lac Meech et Ottawa. Il a reculé d'abord en se
rendant au lac Meech et ensuite entre le lac Meech et Ottawa. Ses objectifs
fédéraux seront fixés par l'État
fédéral même dans des domaines comme l'éducation, la
santé, les universités; ces domaines qui sont les nôtres.
Ce sont des instruments de développement importants pour le
Québec, sans compter la tentation évidente des richesses
naturelles à la suite du libre-échange par l'État
fédéral.
Quant aux programmes financés à 100 % par l'État
fédéral, celui-ci pourra décider d'aller distribuer, dans
des domaines de juridiction provinciale - non pas cofinancés à
50-50 - l'argent en entier à des institutions sans l'autorisation du
Québec. Il pourra créer des états de confusion,
créer des conditions dans lesquelles les citoyens ne s'y retrouveront
plus et les services seront mauvais après trois ou quatre ans. Le
déficit augmentera et, pendant ce temps-là, les gens se
plaindront. C'est vous qui avez fait cela. C'est vous qui avez reculé
entre le lac Meech et Ottawa et c'est dangereux pour le Québec.
C'était dangereux, au départ, d'aller au lac Meech.
La langue. On ne peut pas ne pas en parler, M. le Président. On
vous en a parlé
ici depuis un an et demi, on a réussi à vous faire reculer
sur la loi 140 au mois de décembre dernier et on aime autant vous dire:
Ne vous avisez pas de revenir à l'automne avec des changements au niveau
linguistique, on sera là pour vous expliquer que ce n'est pas le temps.
Deux fois, le ministre des Relations internationales, responsable du dossier
constitutionnel, avec Jean-Claude Rivest comme, il nous l'a confirmé
tout à l'heure, a joué avec des propositions que nous faisions
quant au dossier linguistique. Nous avons présenté devant
l'Assemblée, à deux reprises dans la dernière
année, des motions qui disaient ceci: Cette Assemblée nationale
devrait avoir les pouvoirs exclusifs en matière linguistique et les deux
fois le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes s'est levé et a proposé des
amendements qui ont complètement travesti le sens de la proposition que
nous faisions, avec le résultat qu'il avait tellement travesti le sens
de la proposition que nous faisions qu'on était dans une situation
où il fallait voter contre. Et vous autres, vous avez voté pour,
parce que ce que vous aviez fait comme amendement ne voulait plus rien dire.
(13 h 20)
Je vous le dis, je vous annonce que c'est fini. On va se compter
aujourd'hui, parce que vous avez une proposition de modification à
l'accord constitutionnel. Qu'est-ce qu'elle dit? Que la Législature du
Québec a le pouvoir exclusif de légiférer en
matière linguistique et qu'aucune contestation juridique de l'exercice
de ce pouvoir, fondé sur le deuxième alinéa de l'article
133 de la Loi constitutionnelle de 1867 ainsi que sur les dispositions de la
Charte canadienne des droits et libertés, ne peut être accueillie
par un tribunal. C'est cela, les pouvoirs exclusifs en matière
linguistique pour le Québec. On va se compter tout a l'heure lors du
vote et on va savoir où vous logez. Et là, le ministre ne pourra
pas faire des discours et des péroraisons à n'en plus finir. II
va falloir qu'il vote pour ou contre les pouvoirs exclusifs de
l'Assemblée nationale en matière linguistique sur notre
territoire. On va établir clairement, au-delà de vos discours
creux, une des distinctions évidentes et claires, une des
démarcations manifestes entre vous et entre nous.
Pourquoi en est-on rendu là? On en est rendu là largement
à cause d'une espèce de lubie personnelle du premier ministre,
obsédé qu'il est avec ce qui lui est arrivé à
Victoria, convaincu qu'au fond il ne faut pas faire de vagues, surtout pas sur
le lac Meech. Il ne faut faire de vagues dans rien. Il faut que ce gouvernement
de chaise longue amène le Québec en entier à se satisfaire
de la médiocrité.
Désolation que de voir ce gouvernement, à la veille de la
fête nationale des
Québécois, suspendre les règles du Parlement,
profiter de la fin de session et mettre fin au débat plutôt que de
l'ouvrir à ce moment-ci, contrairement à ce que nous avions fait
au référendum! Désolation de voir un tel mépris du
fonctionnement normal démocratique, de l'évolution normale d'une
société où les citoyens, de plus en plus alertes devant
les questions fondamentales, parce que mieux rompus à cela depuis vingt
ans, pourraient exprimer leur opinion! Mais non! On veut passer cela comme le
reste, sous le boisseau, pour ne pas que cela paraisse.
Désolation devant la faiblesse et la médiocrité de
cette entente où l'on se contente d'une vague clause
d'interprétation où ce sont des juges nommés à vie
plutôt que des élus du peuple qui décideront du contenu de
la société distincte! Tout en reconnaissant, comme je l'ai dit,
le rôle essentiel des tribunaux dans notre système juridique et
dans notre système démocratique, je dis qu'il appartient aux
élus de définir les contenus et aux tribunaux
d'interpréter les situations. Vous n'avez pas eu le courage de
définir le véritable contenu de ce que représente la
relation entre le Québec et le Canada, notamment en matière
linguistique.
Recul sur le pouvoir de dépenser! Absence totale de
revendications de pouvoirs qui nous permettraient ici, à cette
Assemblée, de commencer à donner des réponses au
problème de l'emploi! Pas un instrument de plus à l'ère du
libre-échange! Pas un instrument de plus pour planifier intelligemment
le secteur de la main-d'oeuvre au Québec, pour faire en sorte qu'on
puisse s'équiper comme société pour faire face au
bouleversement énorme qui nous guette avec la libéralisation des
échanges, si elle intervient. Pas d'instrument qui va nous permettre de
nous assurer, pour la formation à l'école, les exigences du
marché du travail et les moyens de financer cela, qu'on est dans la
course. Ah non! On va laisser cela à des technocrates à Ottawa
qui vont élaborer les règles en fonction des besoins de
l'industrie automobile à Toronto et dans la région du sud-ouest
de l'Ontario et du sud-est de l'Ontario.
Pas un instrument de plus en matière culturelle qui nous permette
ici, non seulement de mettre à l'abri d'une américanisation
définitive du Québec le monde culturel, mais qui nous permette
aussi de pousser de l'avant la production culturelle chez nous avec des moyens,
des institutions, un encadrement juridique qui donnent une place aux artistes
et aux créateurs. Rien. On va attendre l'hypothétique adoption
d'une éventuelle loi sur les droits d'auteur au
fédéral.
Rien en matière sociale que vous n'êtes allés
chercher et rien en matière économique que vous n'êtes
allés chercher pour le
développement des régions du Québec. Le vide total
en matière de pouvoirs comme si les 30 dernières années
d'évolution du Québec ne nous avaient pas permis d'identifier la
nécessité pour cette Assemblée de régler les
problèmes sur son territoire pour son monde. Vous faites comme si tout
cela n'avait pas existé. Vous vous contentez d'une platitude, d'une
médiocrité, pour ne pas dire d'un niveau niais de
préoccupation sur le plan constitutionnel que les
Québécois se rappelleront parce qu'ils savent que vous
n'êtes pas fiables sur ces questions, parce qu'ils savent
qu'au-delà d'une espèce de lâcheté souriante, d'une
espèce d'absence de courage chronique, d'une absence d'épine
dorsale à l'égard du développement du Québec, vous
avez accepté de ne pas mettre les vrais enjeux sur la table avec le
reste du Canada. Les vrais enjeux, c'est, de façon évidente,
l'enjeu culturel et linguistique et ce sont, de façon évidente,
les pouvoirs de l'Assemblée nationale du Québec. Rien sur nos
pouvoirs. Lâcheté, absence de courage, médiocrité,
"fafinage" de communications, absence d'envergure, faiblesse, autosatisfaction
dans l'indifférence et cela s'appelle un gouvernement.
Je pense que les Québécois vont se le rappeler. Ils vont
se le rappeler aussi quand ils vont voir la dette économique que vous
venez de contracter avec le Canada parce que vous venez de contracter une dette
économique. Pendant qu'on va assister au folklore des propos de l'ancien
premier ministre du Canada à Bay Street et ailleurs, pendant qu'on va
assister aux faux fuyants de l'intelligentsia canadienne anglaise de l'Ouest et
de l'Ontario, pendant que les gens vont fendre les cheveux en quatre pour nous
expliquer qu'ils nous donnent le pactole -comprenez-vous? - pendant que vous
allez vous perdre dans ces débats accessoires et secondaires pour
l'avenir du Québec, vous vous verrez opposer des refus et des lenteurs
dans les dossiers économiques.
Pensez-vous vraiment que le premier ministre de l'Ontario va dire oui
à l'agence spatiale à Montréal? Voyons donc! Il va essayer
de vous faire croire qu'avec votre article d'interprétation sur la
société distincte vous avez eu tout ce que vous méritiez.
C'est cela qu'il va dire. Pensez-vous que le ministre responsable du
développement régional à Ottawa, avec ses fonctionnaires
centrés essentiellement sur la problématique des terres et
forêts de l'Ontario plutôt que sur celle du Québec, va dire
oui à Matane pendant que vous faites adopter cela et qu'il dit: Cela me
prend des efforts énormes pour faire adopter cela par le Parlement
canadien ou par mon Parlement si je suis au Manitoba, dans l'Ouest, en Ontario
ou dans les Maritimes? Pensez-vous qu'en même temps vous allez être
crédibles quand vous allez dire: On veut votre implication dans le
développement de la papeterie de Matane où il y a 20 % de
chômeurs? Pensez-vous que l'industrie pétrochimique va se
régler la semaine prochaine avec cela? Mais nonl Au contraire! Vous vous
rendez le dossier bien plus difficile, bien plus exigeant, parce que le
problème du fédéral et de l'Ontario
là-dedans...
D'abord, l'Ontario va s'occuper de ses marbres comme d'habitude, comme
il en a l'habitude. Il va continuer de dominer l'appareil fédéral
comme il en a l'habitude depuis 1867. Pensez-vous que les sous-ministres
à Ottawa et les ministres vont faire des cadeaux au Québec? Bien
non! Ils vont dire: Vous avez eu votre gros bonbon de la société
distincte dans une clause d'interprétation dont on va connaître
l'aboutissement dans dix ans, quand la Cour suprême l'aura
interprétée, sur la loi sur les abeilles. (13 h 30)
Pensez-vous que pour l'équipement maritime et des grands dossiers
qui s'en viennent au Canada sur les investissements qui vont se faire dans le
secteur maritime pour la sauvegarde de l'article, le Québec va aller
chercher le gros morceau? Pensez-vous vraiment que le Centre financier
international Toronto va le laisser partir pour Montréal dans le
contexte actuel? Pensez-vous que toutes les conséquences de la
libéralisation des échanges, dans le domaine des institutions
financières, la formation de la main-d'oeuvre dans le secteur
manufacturier, de l'existence de certains secteurs de services où il y a
des milliers et des dizaines de milliers d'emplois qui sont en cause,
pensez-vous qu'ils vont vous écouter? Voyons-donc! Ils vont dire: Passe
ton tour toi, tu l'as eu ton candy sur la société distincte,
interprétée par les juges dans quelques années.
En plus de cela, elle est creuse votre société distincte,
comme vos propos, comme votre analyse du rapport de force du Québec,
comme votre sens de la perspective qui est creux. Ce gouvernement, M. le
Président, n'a pas compris que les gouvernements passent, mais
l'Assemblée reste et le peuple du Québec reste, lui, et que votre
première responsabilité c'est à l'égard du peuple
du Québec. Dans cette entente, d'une médiocrité et d'une
faiblesse désopilante pour notre avenir, vous abandonnez des parties de
pouvoir à l'État fédéral et vous avez dû
ramer à contre-courant même en matière linguistique
où vous avez perdu au lac Meech, pour régler finalement pour le
statu quo juridique actuel du Québec, avant Meech, rendu à
Ottawa. Cela n'a pas d'envergure. Précisément, parce que je crois
que les Québécois aiment les choses qui ont de l'envergure, les
Québécois rejetteront ce gouvernement et choisiront des voies
d'avenir
bien différentes.
Le Président: Je remercie M. le chef de l'Opposition de
son intervention. Maintenant, je vais accorder la parole au dernier des
intervenants, c'est-à-dire, le proposeur de la motion, M. le premier
ministre.
M. Robert Bourasssa
M. Bourassa: M. le Président, j'ai écouté
avec attention les propos du chef de l'Opposition et je dois lui dire
très amicalement qu'à travers les tombereaux d'invectives qu'il a
déversés sur ma tête, il n'y avait pas beaucoup de
substance. Cela me permettra, évidemment, d'être plus concis sans
lui garder aucune rancune parce qu'il assume son rôle de chef de
l'Opposition. Je suis profondément convaincu que s'il avait
été à ma place au lac Meech, le 3 juin au au soir, il
aurait été à la suite de l'entente conclue,
intérieurement très fier pour l'ensemble des
Québécois, comme l'ont d'ailleurs révélé
toutes les études scientifiques qu'on connaît bien.
Plus le temps avance, plus l'Opposition s'exprime, plus notre appui
populaire monte. M. le Président, je regardais les études
scientifiques au début du mois: on donnait comme résultat, sans
tenir compte des indécis, environ 40 % d'appui. Quelques jours
après, quelques semaines, c'était monté à 60 %. Je
suis convaincu que les Québécois demeurent encore très
satisfaits de cette entente.
Je voudrais d'abord signaler jusqu'à quel point, pour le parti
que je dirige et pour le gouvernement, l'option est claire. Nous croyons
évidemment dans le progrès du Québec, profondément,
mais, nous sommes également profondément convaincus de la
pertinence du système fédéral pour l'avenir du
Québec. Nous croyons au Canada, nous croyons au
fédéralisme. Pas d'ambiguïté dans notre cas, M. le
Président: Pas question pour nous d'être
fédéralistes les jours pairs et souverainistes les jours impairs,
comme on le rencontre dans un certain parti qui siège à votre
gauche. Dans cette clarté de nos objectifs, nous avons pris l'initiative
et nous l'avons conservée. Je ne vois pas comment le chef de
l'Opposition peut sérieusement prétendre que nous avons perdu
l'initiative parce que depuis le début des négociations, c'est le
Québec qui a pris l'initiative, avec l'adoption de conditions en mai
1985, conditions pour réintégrer la constitution canadienne; avec
l'élection du 2 décembre 1985 qui nous a reportés au
pouvoir pour appliquer notre programme; avec les différentes
tournées du ministre responsable -le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes -
dans le Canada; avec l'unanimité, à deux reprises, des premiers
ministres des provinces et du premier ministre du Canada sur les conditions du
Québec. Maintenant, le Québec continue de conserver l'initiative
en ratifiant cette résolution. Le message au reste du Canada est clair;
on tient parole.
S'il est une initiative symbolique de notre leadership, c'est bien, M.
le Président, ce vote que nous prendrons dans quelques minutes.
Le chef de l'Opposition disait tantôt que ce n'est pas le
Québec mais le Canada qui est en demande. Encore là, comment
peut-il prétendre une telle chose, affirmer une telle assertion? Que le
Canada soit en demande, alors que quand ils étaient au pouvoir, eux, ils
avaient fait 23 demandes? Le Québec était en demande et ils n'en
n'ont rien obtenu. Il n'y avait qu'une seule condition préalable; nous
avions, nous, cinq conditions préalables. Si nous comparons les
stratégies des deux gouvernements, M. le Président, on doit
constater que les conditions posées par le Québec sont nettement
plus importantes pour adhérer à la constitution canadienne que
les conditions qui étaient posées par l'ancien gouvernement. Nous
sommes évidemment très satisfaits des résultats, le
Québec étant reconnu pour ce qu'il est; ce n'était jamais
arrivé dans le passé. Le Canada a compris et accepté qu'il
faut que nous soyons reconnus pour ce que nous sommes, pour notre
identité distincte. Il y a trois leviers qui sont nécessaires
pour rester ce que nous sommes: le contrôle du nombre, avec la
démographie, l'immiqration et la langue, le contrôle réel
de l'argent et de nos compétences avec le pouvoir fédéral
de dépenser, la garantie constitutionnelle quant à
l'interprétation, de la constitution avec les gains que nous avons faits
au niveau de la Cour suprême. Et enfin, nous obtenons par la formule
d'amendement, une police d'assurance pour préserver notre avenir.
Le chef de l'Opposition prétendait, ces derniers jours et -
encore aujourd'hui - que l'accord du lac Meech est un monstre qui bloque
l'avenir. Pour chaque condition, à la question qu'on peut poser: Est-ce
que le Québec est mieux avec la clause? la réponse est oui.
Encore une fois, comment prétendre que nous bloquons l'avenir?
Dans les cinq cas, on constate que le Québec a un contrôle
plus grand sur son avenir. Il obtient un outil supplémentaire pour se
développer. L'addition des cinq conditions et, surtout, leur effet
conjugé donne l'oxygène dont le Québec a besoin. (13 h
40)
M. le Président, on peut donner l'exemple de 1981 alors que le
gouvernement qui nous a précédés demandait un droit de
retrait, il n'a rien obtenu. Nous avons demandé et obtenu deux droits de
retrait.
Comment dire qu'il y a recul pour le Québec? Alors qu'il y a six
ans, on demandait un droit de retrait qui a été refusé et
que, nous, nous avons réussi à obtenir deux droits de retrait, un
pour la formule d'amendement et un pour le pouvoir fédéral de
dépenser.
Cette entente met fin également, M. le Président, à
ces échecs constitutionnels que nous connaissons dans l'histoire du
Québec depuis le début des années soixante. Depuis 120 ans
d'histoire constitutionnelle, le Québec a toujours été
leader, initiateur de réforme constitutionnelle, mais, malheureusement,
toujours perdant, que ce soit en 1964, en 1971 et en 1981. Et on pourrait
donner d'autres exemples.
L'Opposition a dit que cette entente égalait la
médiocrité. Pour nous, la médiocrité, ce sont les
limbes constitutionnels depuis 1981, notamment avec le fait que le
Québec ne faisait pas partie de l'entente constitutionnelle. Nous
réglons ce problème. Nous avions été élus
pour le régler et nous le faisons.
En 1985, l'Opposition, le Parti québécois alors au pouvoir
avait demandé beaucoup mais n'avait rien obtenu. Nous, nous avons
demandé cinq conditions et nous les avons toutes obtenues. Le chef de
l'Opposition insiste beaucoup sur la question linguistique, sur la
totalité des pouvoirs linguistiques. Hier le ministre responsable, le
ministre de l'Éducation, plusieurs autres collègues et
députés ont mentionné que nous avons cette
sécurité linguistique, que nous sommes prêts, parce que
nous sommes Canadiens et que nous devons tenir compte du million de
francophones à l'extérieur du Québec, à accepter
certaines contraintes constitutionnelles qui ne mettent d'aucune façon
en danger l'avenir du français au Québec, au contraire. Si le
million de francophones à l'extérieur du Québec est
capable de s'affirmer davantage, de développer sa culture, de la
protéger, le Québec francophone lui-même pourrait en tirer
des bénéfices. Alors, je ne vois pas du tout la moindre
justification sérieuse aux propos du chef de l'Opposition sur cette
sécurité linguistique.
Nous l'avons obtenue, cette sécurité linguistique. Nous
avons adopté des lois en 1974, en 1977, et nous avons obtenu, dans cette
clause de sauvegarde, cette garantie que les pouvoirs existants du
Québec ne pourront pas être affectés ainsi que la
possibilité d'obtenir de nouveaux pouvoirs au fil de l'évolution
du Québec dans des secteurs qui vont promouvoir notre culture, que ce
soit l'immigration, les communications ou d'autres secteurs.
En ce qui a trait au pouvoir de dépenser, encore une fois, le
chef de l'Opposition essaie de créer le doute sur les gains que nous
avons obtenus, en disant que nous avons reculé par rapport au lac Meech.
C'est faux. Je lui ai dit hier et je le répète. Le chef de
l'Opposition le sait fort bien - il a été ministre des Affaires
sociales - que l'application des .programmes conjoints nationaux se fait
à la suite de négociations entre gouvernements. S'il s'agit donc
de négociations entre gouvernements, comment le chef de l'Opposition
peut-il prétendre qu'en utilisant l'expression "gouvernement du Canada",
nous restreignons notre pouvoir?
C'est nécessaire dans des programmes conjoints qu'il y ait des
négociations entre les gouvernements. Donc, l'expression "gouvernement
du Canada" est l'expression préférable si l'on tient compte que
du fait que, si on avait utilisé l'expression "Parlement du Canada",
cela éliminait, à ce moment-là, tous les programmes qui
pourraient être établis par décret. C'est le bon sens
même que l'expression utilisée au lac Meech et à Ottawa, le
3 juin, soit autrement plus sécuritaire, autrement plus utile et
profitable au Québec que l'expression qui a été
proposée par le chef de l'Opposition.
M. le Président, je ne vois pas en quoi le chef de l'Opposition
peut sérieusement -peut-être qu'il se sent forcé de hausser
le ton pour compenser le vide de ses arguments - parler d'abandon, alors que le
Québec remporte l'une des plus grandes victoires politiques de son
histoire, victoire reconnue incontestablement par la plupart des observateurs
objectifs, comme l'une de ses grandes depuis deux siècles.
Pour la première fois, nous sommes gagnants dans un débat
constitutionnel: toutes les provinces acceptent toutes nos conditions. Qui peut
dire mieux dans l'histoire constitutionnelle du Québec?
Je suis convaincu que c'est un pas en avant à l'avantage des
Québécois et du Canada. Dans ses propos, le chef de l'Opposition
se réfère constamment aux sujets qui n'ont pas encore
été complètement réglés sur le plan
constitutionnel: oublie-t-il qu'il y a une deuxième ronde? Il parlait
lui-même, quand il était ministre responsable et même
premier ministre, que le Québec posait une condition préalable,
une seule condition préalable. Je pourrais citer son
prédécesseur, M. René Lévesque qui disait, et je ne
me souviens pas que le ministre responsable l'ait démenti, qu'il y avait
une seule condition non négociable et préalable, soit la
reconnaissance du peuple distinct. Quand il dit que nous n'avons jamais
demandé si peu, je pourrais lui réitérer cette
déclaration ou cette conclusion. Nous avons demandé cinq fois
plus qu'eux, parce que nous, nous avions cinq conditions préalables et
non pas, une seule.
Mais ce que je veux dire au chef de l'Opposition, quand il se met
à énumérer
toute une série de secteurs qui ne sont pas encore
réglés, c'est qu'il y a une autre ronde de négociations.
C'est pourquoi je suis d'ailleurs bien à l'aise, vis-à-vis de mes
collègues des autres provinces, d'adopter cette résolution. Si,
de leur côté, sinon les premiers ministres qui ont signé
l'entente le 30 avril et le 3 juin, les chefs d'Opposition ou des chefs de
parti politique au Canada, dans d'autres provinces, voulaient ajouter des
choses, le Québec a déjà répondu qu'il était
prêt à poursuivre, dans une deuxième ronde de
négociations, la discussion d'autres sujets constitutionnels. Mais
là, nous devons constater que toutes nos demandes ayant
été acceptées, il est normal de donner notre aval à
cette intégration dans la constitution canadienne, quitte par la suite
à discuter d'autres sujets.
On me permettra, M. le Président, en terminant, de remercier tous
mes collaborateurs, de remercier le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes, qui a fait un travail colossal
durant des mois et des mois, travail pour lequel il était
particulièrement bien préparé, étant l'un des
meilleurs experts constitutionnels du Canada, de remercier tous mes
collègues du Conseil des ministres et du caucus qui nous ont
appuyés et qui nous appuient dans cette démarche fondamentale
pour l'histoire du Québec.
Si nous examinons brièvement, depuis l'après-guerre,
l'histoire moderne du Québec, que ce soit avec le premier ministre
Duplessis pour l'autonomie fiscale, que ce soit avec le premier ministre, M.
Daniel Johnson - le père du chef de l'Opposition et du ministre de
l'Industrie et du Commerce -et son thème sur l'égalité,
que ce soit avec le premier ministre M. Bertrand, et celui du "Québec
d'abord" que ce soit durant mes deux premiers mandats, avec l'insistance sur la
souveraineté culturelle ou que ce soit, même avec le parti qui
nous a précédés au pouvoir, de 1984 à 1986, avec
les demandes constitutionnelles qui étaient faites à
l'intérieur de ce qu'on a appelé "le beau risque", on doit
constater cette même constance chez tous les gouvernements du
Québec. On pourrait remonter à celui d'Honoré Mercier,
à celui d'Alexandre Taschereau et à d'autres, pour retrouver
cette constance à défendre les intérêts du
Québec à la lumière de l'intérêt
colléctif.
Comme nous sommes sur le point, M. le Président, de
réaliser, de consacrer cette victoire politique du Québec, on me
permettra évidemment de remercier tous mes collaborateurs, de remercier
également mes collègues premiers ministres des autres provinces
et le premier ministre du Canada pour le leadership qu'ils ont assumé
dans la réalisation de cette entente. On sait que chacun dans sa
province avait plusieurs priorités, que ce soit sur l'économie,
les finances, les relations du travail, etc. Ils ont accepté, depuis un
an, de consacrer un temps important à la priorité
constitutionnelle du Québec, que ce soit à Edmonton et à
Vancouver, le 30 avril et le 3 juin, de mettre de côté leurs
autres priorités pour manifester cette confiance et cette volonté
politiques d'intégrer le Québec à l'intérieur de la
constitution canadienne. (13 h 50)
Comme le soulignait le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes et le chef de l'Opposition, il y
seize ans, le même jour, j'étais appelé au nom des
intérêts des Québécois à dire non, à
la suite d'une négociation constitutionnelle qui ne répondait pas
aux demandes du Québec. Aujourd'hui, au nom de ce même
intérêt collectif, il est non seulement possible mais
désirable, souhaitable et tout à fait justifié que je
puisse, au nom du gouvernement, dire oui, puisque nos demandes ont
été satisfaites.
Je dirai, en conclusion, M. le Président, qu'à quelques
heures de la fête nationale des Québécois, je crois que
cette fois-ci, avec cette reconnaissance pour la première fois dans
notre histoire, dans une place d'honneur du Québec comme
société distincte, qu'avec une telle reconnaissance et des
pouvoirs additionnels pour nous affirmer et pour nous protéger, je suis
convaincu que, demain, les Québécois pourront être plus
fiers et avoir une plus grande confiance dans leur avenir.
Le Président: Je remercie le premier ministre de son
intervention. Cela met fin au débat sur la motion
présentée par M. le premier ministre qui apparaissait à
l'article 80 de notre feuilleton. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, compte tenu de l'heure, je
propose que nous suspendions nos travaux jusqu'à 15 heures, alors que
nous procéderons au vote sur cette motion.
Le Président: Si je comprends bien, il y a consentement
pour que les travaux de cette Assemblée soient suspendus jusqu'à
15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 53)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Que
chacun regagne son siège. Veuillez vous asseoir.
Mise aux voix des motions du
premier ministre au sujet de
MM. Yves Labonté et Daniel Jacoby
ainsi que de Mmes Sophia Florakas Petsalis
et Carole Lyime Wallace
Dans un premier temps, cet après-midi, conformément
à l'ordre de l'Assemblée adopté à la séance
d'hier, je vais immédiatement mettre aux voix les quatre motions
figurant au feuilleton d'aujourd'hui, au nom de M. le premier ministre, aux
articles 81, 82, 83 et 84. Avant d'appeler la première motion et de la
mettre aux voix, je vois qu'on me demande encore... Cela va, M. le whip? Je
vais procéder immédiatement à la mise aux voix de la
première motion qui se lit comme suit. Il s'agit de l'article 81 du
feuilleton: "Qu'à compter du 1er juillet 1986, le Protecteur du citoyen,
M. Yves Labonté, reçoive un salaire annuel correspondant au
premier échelon du niveau II de la structure salariale des
administrateurs d'État I; "Qu'à la fin de son mandat comme
Protecteur du citoyen, M. Yves Labonté reçoive un montant
forfaitaire de 20 500 $."
Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se
lever.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai une suggestion
à faire.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Étant donné qu'il y a quatre motions
et qu'il est possible que ce soit le même vote, j'aimerais que vous
fassiez la lecture des quatre. À ce moment-là, on prendra un vote
et je dirai simplement: Même vote.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour que je
puisse procéder immédiatement à la lecture des quatre
motions apparaissant aux articles 81, 82, 83 et 84 du feuilleton? Il y a
consentement des deux côtés de cette Chambre?
Une voix: Oui.
Le Président: Je fais lecture de la deuxième motion
immédiatement. Je demanderais un autre consentement, parce que cette
deuxième motion est très longue, elle est également
présentée par M. le premier ministre, et je l'ai
résumée comme suit: "Que Me Daniel Jacoby soit nommé
Protecteur du citoyen à compter du 31 août 1987 et que ses
conditions de travail soient celles relatées au feuilleton
d'aujourd'hui."
Est-ce qu'on accepte que la motion à l'article 82 du feuilleton
soit résumée ainsi?
Une voix: Oui.
Le Président: II y a consentement de cette
Assemblée, des deux côtés. La troisième motion,
c'est à l'article 83 du feuilleton, et elle se lit comme suit: "Que
l'Assemblée nationale nomme Mme Sophia Florakas Petsalis comme membre et
vice-présidente de la Commission des droits de la personne, pour un
mandat de trois ans à compter d'aujourd'hui, en remplacement de Me
Nicole Trudeau-Bérard dont le mandat est expiré."
Enfin, pour la dernière motion apparaissant à l'article 84
au feuilleton, j'ai également besoin d'un consentement étant
donné que cette motion est résumée. Elle se lit comme
suit: "Que Mme Carole Lynne Wallace soit nommée membre de la Commission
d'accès à l'information, en poste à Montréal, pour
un mandat de cinq ans à compter du 20 juillet 1987 et que ses conditions
de travail soient celles relatées au feuilleton d'aujourd'hui."
Est-ce que j'ai le consentement pour me limiter à la lecture de
ce résumé quant à la dernière motion dont je viens
de faire lecture. Il y a consentement?
Que ceux et celles qui sont pour les quatre motions dont je viens de
faire lecture à l'Assemblée veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Saint-Laurent),
Gratton (Gatineau), Saintonge (Laprairie), Marx (D'Arcy McGee), Pagé
(Portneuf), Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi),
Latu-lippe (Chambly), Côté (Rivière-du-Loup), Dutil
(Beauce-Sud), Mmes Gagnon-Tremblay (Saint-François), Robic (Bourassa),
MM. MacDonald (Robert Baldwin), Rémillard (Jean-Talon), Savoie
(Abitibi-Est), Vallerand (Crémazie), Lincoln (Nelligan), French
(Westmount), Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), Picotte
(Maskinongé), Fortier (Outremont), Rocheleau (Hull), Mme Bégin
(Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford), Dauphin (Marquette),
Maltais (Saguenay), Philibert (Trois-Rivières), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Lefebvre (Frontenac), Sirros (Laurier), Doyon
(Louis-Hébert), Maciocia (Viger), Middlemiss (Pontiac), Beaudin
(Gaspé), Cannon (La Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Lemire
(Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Mme Pelchat (Vachon), MM. Rivard
(Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Assad (Papineau), Audet (Beauce-Nord), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bélanger (Laval-des-Rapides),
Bélisle (Mille-Iles), Mme Hovington (Matane), M. Séguin
(Montmorency), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), MM. Fortin
(Marguerite-Bourgeoys), Parent (Sauvé), Gervais (L'Assomp-
tion), Trudel (Bourget), Mme Bleau (Groulx), MM. Bradet (Charlevoix),
Brouillette (Champlain), Camden (Lotbinière), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Forget (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet),
Gobé (Lafontaine), Hamel (Sherbrooke), Laporte (Sainte-Marie), Dubois
(Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance), Houde (Berthier), Kehoe (Chapleau), Mme
Legault (Deux-Montagnes), MM. Leclerc (Taschereau), Hétu (Labelle), Joly
(Fabre), Khelfa (Richelieu), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Tremblay (Iberville), Thérien (Rousseau), Théorêt (Vimont),
Saint-Roch (Drummond), Johnson (Anjou), Chevrette (Joliette), Mme Blackburn
(Chicoutimi), MM. Jolivet (Laviolette), Garon (Lévis), Mme Juneau
(Johnson), MM. Gendron (Abitibi-Ouest), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion
(Taillon), Gauthier (Roberval), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré
(Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice (Saint-Jacques), Blais (Terrebonne),
Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand), Mme Harel (Maisonneuve).
Le Secrétaire: Pour: 113
Contre: 0
Abstentions: 0
Le Président: Les motions prévues au feuilleton,
aux articles 81, 82, 83 et 84, sont adoptées.
Mise aux voix de la motion d'amendement à la
modification constitutionnelle de 1987
Nous allons maintenant procéder à l'adoption de la motion
prévue à l'article 80 au feuilleton. J'avais déjà
mentionné à cette Assemblée qu'il y a eu consentement pour
éviter la lecture complète de l'annexe qui apparaît depuis
quelques jours au feuilleton de cette Assemblée. Tel qu'entendu entre
les deux formations politiques, je vais faire lecture de l'article 1 et de
l'article 2 seulement et de l'amendement qui a été apporté
par M. le député de Lac-Saint-Jean ce matin: "Modification
constitutionnelle de 1987 "Loi constitutionnelle de 1867 "Article 1. La Loi
constitutionnelle de 1867 est modifiée par insertion, après
l'article 1, de ce qui suit: "Article 2, paragraphe 1. Toute
interprétation de la constitution du Canada doit concorder avec: "a) la
reconnaissance de ce que l'existence de Canadiens d'expression
française, concentrés au Québec mais présents aussi
dans le reste du pays, et de Canadiens d'expression anglaise, concentrés
dans le reste du pays mais aussi présents au
Québec, constitue une caractéristique fondamentale du
Canada; "b) la reconnaissance de ce que le Québec forme au sein du
Canada une société distincte. "Paragraphe 2. Le Parlement du
Canada et les Législatures des provinces ont le rôle de
protéger la caractéristique fondamentale du Canada visée
à l'alinéa (l)a). "(3). La Législature et le gouvernement
du Québec ont le rôle de protéger et de promouvoir le
caractère distinct du Québec visé à l'alinéa
(l)b). "(4). Le présent article n'a pas pour effet de déroger aux
pouvoirs, droits ou privilèges du Parlement ou du gouvernement du
Canada, ou des Législatures ou des gouvernements des provinces y compris
à leurs pouvoirs, droits ou privilèges en matière de
langue."
Vu le consentement intervenu, l'annexe complète apparaîtra
au Journal des débats comme si elle avait été lue
de façon intégrale. Nous allons maintenant procéder
à un premier vote, c'est-à-dire à la motion d'amendement
présentée ce matin par M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Cette motion d'amendement se lisait et se lit toujours comme suit:
"L'article 2 tel qu'introduit par l'article 1 de l'annexe de la motion
présentée par M. le premier ministre est modifié par
l'insertion après le paragraphe (3) du paragraphe suivant: (3).l). La
Législature du Québec a le pouvoir exclusif de
légiférer en matière linguistique et aucune contestation
juridique de l'exercice de ce pouvoir fondé sur le deuxième
alinéa de l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 ainsi que
sur les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés ne
peut être accueillie par un tribunal."
Nous allons procéder au vote sur cet amendement.
Que ceux et celles qui sont pour cet amendement veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Johnson (Anjou), Chevrette
(Joliette), Mme Blackburn (Chicoutimi), MM. Jolivet (Laviolette), Garon
(Lévis), Mme Juneau (Johnson), MM. Gendron (Abitibi-Ouest), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Gauthier (Roberval), Mme Vermette
(Marie-Victorin), MM. Paré (Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice
(Saint-Jacques), Blais (Terrebonne), Dufour (Jonquière), Parent
(Bertrand), Mme Harel (Maisonneuve),
Le Président: Que ceux et celles qui s'opposent à
cette motion d'amendement veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Saint-Laurent),
Gratton (Gatineau), Saintonge (Laprairie), Marx (D'Arcy McGee), Pagé
(Portneuf), Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan
(Argenteuil),
Référer à la version PDF page 9035
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Paradis
(Brome-Missisquoi), Latulippe (Chambly), Côté
(Rivière-du-Loup), Dutil (Beauce-Sud), Mmes Gagnon-Tremblay
(Saint-François), Robic (Bourassa), MM. Mac-Donald (Robert Baldwin),
Rémillard (Jean-Talon), Savoie (Abitibi-Est), Vallerand
(Crémazie), Lincoln (Nelligan), French (Westmount), Côté
(Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson (Vaudreuil-Soulanges),
Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), Picotte (Maskinongé),
Fortier (Outremont), Rocheleau (Hull), Mme Bégin (Bellechasse), MM.
Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford), Dauphin (Marquette), Maltais (Saguenay),
Philibert (Trois-Rivières), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM.
Lefebvre (Frontenac), Sirros (Laurier), Doyon (Louis-Hébert), Maciocia
(Viger), Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Cannon (La Peltrie),
Chagnon (Saint-Louis), Lemire (Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Mme
Pelchat (Vachon), MM. Rivard (Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Assad (Papineau),
Audet (Beauce-Nord), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue),
Bélanger (Laval-des-Rapides), Bélisle (Mille-Îles), Mme
Hovington (Matane), M. Séguin (Montmorency), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), MM. Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Parent
(Sauvé), Gervais (L'Assomption), Trudel (Bourget), Mme Bleau (Groulx),
MM. Bradet (Charlevoix), Brouillette (Champlain), Camden (Lotbinière),
Mme Cardinal (Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Forget (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-
L'Islet), Gobé (Lafontaine), Hamel (Sherbrooke), Laporte
(Sainte-Marie), Dubois (Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains
(Saint-Henri), Houde (Berthier), Kehoe (Chapleau), Mme Legault
(Deux-Montagnes), MM. Leclerc (Taschereau), Hétu (Labelle), Joly
(Fabre), Khelfa (Richelieu), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Tremblay (Iberville), Thérien (Rousseau), Théorêt (Vimont),
Saint-Roch (Drummond).
Le Secrétaire: Pour: 18
Contre: 95
Abstentions: 0
Le Président: Cette motion d'amendement est donc
rejetée.
Mise aux voix de la motion
du premier ministre proposant
que l'Assemblée nationale
autorise la modification
de la constitution du Canada
Nous allons maintenant procéder au vote sur la motion principale
présentée par M. le premier ministre, proposant que
l'Assemblée nationale autorise la modification de la constitution du
Canada par proclamation de Son Excellence le gouverneur général
sous le grand sceau du Canada, en conformité avec l'annexe ci-jointe qui
fait maintenant partie intégrante du Journal des
débats.
Référer à la version PDF page 9036
Référer à la version PDF page 9037
Référer à la version PDF page 9038
Référer à la version PDF page 9039
Consentement 41. Toute modification de la Constitution du unanime Canada
portant sur les questions suivantes se fait par proclamation du gouverneur
général sous le grand sceau du Canada, autorisée par des
résolutions du Sénat, de la Chambre des communes et de
1'assemblée législative de chaque province : a) la charge de
Reine, celle de gouverneur général et celle de
lieutenant-gouverneur; b) les pouvoirs du Sénat et le mode de
sélection des sénateurs: c) le nombre des sénateurs par
lesquels une province est habilitée à être
représentée et les conditions de résidence qu'ils doivent
remplir ; d_) le droit d'une province d'avoir à la Chambre des
communes un nombre de députés au moins égal à celui
des sénateurs par lesquels elle était habilitée à
être représentée le. 17 avril 1982; e) le principe
de la représentation proportionnelle des provinces à la Chambre
des communes prévu par la Constitution du Canada ; f) sous
réserve de l'article 43, l'usage du français ou de l'anglais; g)
la Cour suprême du Canada; h) le rattachement aux provinces existantes de
tout ou partie des territoires; i) par dérogation à toute autre
loi ou usage, la création de provinces ; j) la modification de la
présente partie." 10. L'article 44 de la même loi est
abrogé et remplacé par ce qui suit :
Modification "44. Sous réserve de l'article 41, le Parlement par
le a compétence eclusive pour modifier les
Parlement dispositions de la Constitution du Canada relatives au pouvoir
exécutif fédéral, au Sénat ou à la Chambre
des communes." 11. Le paragraphe 46(1) de la même loi est abrogé
et remplacé par ce qui suit :
Initiative "46.(1) L'initiative des procédures de des
modification visées aux articles 38, 41 et 43 procédures
appartient au Sénat, à la Chambre des communes ou à une
assemblée législative." 12. Le paragraphe 47(1) de la même
loi est abrogé et remplacé par ce qui suit :
Modification sans "47.(1) Dans les cas visés à l'article
38, 41 résolution ou 43, il peut être passé outre au
défaut du Sénat d'autorisation du Sénat si celui-ci n'a
pas adopté de résolution dans un délai de cent
quatre-vingts jours suivant 1'adoption de celle de la Chambre des communes et
si cette dernière, après l'expiration du délai, adopte une
nouvelle résolution dans le même sens." 13. La partie VI de la
mène loi est abrogée et remplacée par ce qui suit :
Référer à la version PDF page 9040
Le Président: Que ceux et celles qui sont pour cette
motion présentée par M. le premier ministre veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Saint-Laurent),
Gratton (Gatineau), Saintonge (Laprairie), Marx (D'Arcy McGee), Pagé
(Portneuf), Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil),
Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi),
Latulippe (Chambly), Côté (Rivière-du-Loup), Dutil
(Beauce-Sud), Mmes Gagnon-Tremblay (Saint-François), Robic (Bourassa),
MM. Mac-Donald (Robert Baldwin), Rémillard (Jean-Talon), Savoie
(Abitibi-Est), Vallerand (Crémazie), Lincoln (Nelligan), French
(Westmount), Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), Picotte
(Maski- nongé), Fortier (Outremont), Rocheleau (Hull), Mme Bégin
(Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford), Dauphin (Marquette),
Maltais (Saguenay), Philibert (Trois-Rivières), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Lefebvre (Frontenac), Sirros (Laurier), Doyon
(Louis-Hébert), Maciocia (Viger), Middlemiss (Pontiac), Beaudin
(Gaspé), Cannon (La Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Lemire
(Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Mme Pelchat (Vachon), MM. Rivard
(Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Assad (Papineau), Audet (Beauce-Nord), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bélanger (Laval-des-Rapides),
Bélisle (Mille-Îles), Mme Hovington (Matane), M. Séguin
(Montmorency), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), MM. Fortin
(Marguerite-Bourgeoys), Parent (Sauvé), Gervais (L'Assomption), Trudel
(Bourget), Mme Bleau (Groulx), MM. Bradet (Charlevoix), Brouillette (Cham-
plain), Camden (Lotbinière), Mme Cardinal (Châteauguay), M.
Després (Limoilou), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), MM.
Farrah (Îles-de-la-Madeleine), Forget (Prévost), Gardner
(Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet), Gobé (Lafontaine), Hamel
(Sherbrooke), Laporte (Sainte-Marie), Dubois (Huntingdon), Bissonnet
(Jeanne-Mance), Houde (Berthier), Kehoe (Chapleau), Mme Legault
(Deux-Montagnes), MM. Leclerc (Taschereau), Hétu (Labelle), Joly
(Fabre), Khelfa (Richelieu), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Tremblay (Iberville), Thérien (Rousseau), Théorêt (Vimont),
Saint-Roch (Drummond).
Le Président: Que ceux et celles qui s'opposent à
cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Johnson (Anjou)...
Le Président: S'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: ...Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), MM. Jolivet (Laviolette), Garon (Lévis), Mme
Juneau (Johnson), MM. Gendron (Abitibi-Ouest), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Filion (Taillon), Gauthier (Roberval), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM.
Paré (Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice (Saint-Jacques), Blais
(Terrebonne), Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand), Mme Harel
(Maisonneuve),
Le Secrétaire: Pour: 95
Contre: 18
Abstentions: 0
Le Président: La motion principale est donc
adoptée.
Avant de reprendre les travaux réguliers, à la demande des
deux leaders de chacune des formations, nous allons suspendre pour cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
(Reprise à 15 h 38)
La Vice-Présidente: À l'ordre! Nous reprenons nos
travaux. Vous pouvez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 19.
Projet de loi 163 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 19 de notre
feuilleton, le ministre délégué à l'Administration
et président du Conseil du trésor propose l'adoption du principe
du projet de loi 163, Loi modifiant la Loi sur le régime de retraite de
certains enseignants.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, il n'y a pas
d'interventions ni d'un côté ni de l'autre. Je propose,
immédiatement, l'adoption du principe du projet de loi en question.
La Vice-Présidente: Est-ce que le principe du projet de
loi 163 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 163 en commission
plénière.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Gendron: Adopté.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour que
l'Assemblée nationale se transforme, maintenant, en commission
plénière.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Nous allons donc suspendre quelques
instants afin de permettre à l'Assemblée nationale de se
transformer en commission plénière.
(Suspension de la séance à 15 h 40)
(Reprise à 15 h 44)
Étude détaillée en commission
plénière
M. Saintonge (président de la commission
plénière): Donc, la commission plénière se
réunit pour s'acquitter de son mandat de l'étude
détaillée du projet de loi 163, Loi modifiant la Loi sur le
régime de retraite de certains enseignants. Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires? Il n'y a pas de remarques
préliminaires.
Paiement des prestations
Donc, j'appelle l'article 1. Est-ce que l'article est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 2.
M. Chagnon: M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): Oui, l'article 1. Donc, je
rouvre l'article 1 à ce moment.
M. Chagnon: Vous allez vite. À l'article 1, nous aurions
un amendement à apporter. M. le ministre va en faire la lecture.
Le Président (M. Saintonge): II y a un amendement. Donc,
M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: L'amendement se lirait comme suit, M. le
Président: La Loi sur le régime de retraite de certains
enseignants (1986, chapitre 44) est modifiée par l'addition, à la
fin, de l'alinéa suivant: "La pension augmentée
conformément à l'article 20 ne peut être réduite
d'un montant plus élevé que la rente maximale payable en vertu de
la Loi sur le régime de rentes du Québec (L.R.Q., chapitre R-9)
pour l'année au cours de laquelle la personne a pris sa retraite."
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
M. Chagnon: J'aurais un second amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Saintonge): II y a un second amendement
à l'article 1. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je remercie M. le ministre, en passant. Le second
amendement remplacerait le paragraphe liminaire de l'article 1 de ce projet de
loi par le suivant: "1. Cette loi est modifiée par le remplacement de
l'article 30 par le suivant:"
Le Président (M. Saintonge): Vous avez copie de votre
amendement.
M. Chagnon: Oui.
Le Président (M. Saintonge): Donc, l'amendement est
adopté.
M. Chagnon: Adopté. M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Donc, les deux amendements
sont adoptés Est-ce que l'article 1 tel qu'amendé est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): J'appelle maintenant
l'article 2.
M. Chagnon: À l'article 2, j'aurais un amendement:
À l'article 30.1, ajouter, dans la dixième ligne, après le
mot "toutefois", une virgule.
Le Président (M. Saintonge): Vous avez copie de votre
amendement, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Oui, M. le Président. M. Gendron:
Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Donc, l'amendement est
adopté.
M. Chagnon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé est adopté?
M. Chagnon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3. Est-ce qu'il y a des amendements à l'article
3?
Dispositions transitoires
M. Chagnon: J'aurais un amendement, M. le Président,
à l'article 3: À l'article 44.1, ajouter, dans la sixième
ligne, après le nombre 19, une virgule.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté.
M. Chagnon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Gendron: Adopté. M. Chagnon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): II n'y a pas d'amendement.
Donc, l'article 4 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 5.
M. Chagnon: À l'article 5, M. le Président,
j'aurais un amendement: Â l'article 49, ajouter, dans la deuxième
ligne, après le mot "échéant", une virgule.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce gue cet amendement est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce gue
l'article 5 tel gu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 6. Il n'y a pas d'amendement à l'article 6? Oui, il
y a un amendement. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: La deuxième ligne du deuxième
alinéa de cet article devrait être remplacée par la
suivante: "le 1er janvier 1988, l'article 48 s'applique"."
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que
l'article 6 tel qu'amendé est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'aurais
besoin de l'amendement, M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Oui, mais je n'ai pas
l'amendement.
M. Chagnon: Ah, vous ne l'avez pas? Excusez-moi, M. le
Président.
Le Président (M. Saintonge): Cet amendement est
adopté, mais j'ai besoin de le contresigner.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Étant donné gu'il n'y a aucun autre
amendement, je vous demanderais l'adoption en bloc.
Le Président (M. Saintonge): L'article 7 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): L'article 8 est
adopté?
M. Gendron: M. le Président, on vous demande l'adoption en
bloc des articles qui restent étant donné qu'il n'y a pas
d'amendement.
Le Président (M. Saintonge): Très bien, l'article 9
est adopté?
M. Chagnon: M. le Président, il y aurait lieu de
prévoir une motion de renumérotation à ce stade-ci.
Le Président (M. Saintonge): Oui. Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que les
intitulés du projet de loi sont adoptés?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce gue la motion de
renumérotation est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Donc, le
projet de loi 163 est adopté.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Je demanderais aux personnes
gui ne sont pas des parlementaires, des députés de
l'Assemblée nationale, de bien vouloir se retirer de façon que
nous puissions faire rapport.
M. Saintonge (président de la commission
plénière): Mme la Présidente, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que la commission plénière a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 163, Loi
modifiant la Loi sur le régime de retraite de certains enseignants, et
l'a adopté avec modifications. (15 h 50)
La Vice-Présidente: Est-ce gue le rapport de la commission
plénière est adopté?
M. Chevrette: Adopté, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Adoption
M. Lefebvre: Mme la Présidente, le leader du gouvernement,
au nom du ministre
responsable, fait motion pour que le projet de loi 163 soit
adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour que
nous procédions à l'adoption du projet de loi?
M. Chevrette: II y a consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. Est-ce que le projet de
loi 163, Loi modifiant la Loi sur le régime de retraite de certains
enseignants, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 15 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 60 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 15, le ministre des
Transports présente le projet de loi 60, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports concernant le remisage de biens.
M. Lefebvre: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: II y a consentement pour que nous puissions
procéder à l'étape de la présentation et de
l'adoption du principe en même temps.
M. Chevrette: Mme la Présidente, je pense qu'on peut
permettre un échange... Le leader me le permettra, puisqu'on a eu une
rencontre avec le ministre. Étant donné que le projet de loi vise
tout simplement à introduire un pouvoir pour le ministre et qu'il y a eu
discussion entre ma collègue, la députée de Maisonneuve,
et le ministre, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer
immédiatement la date de la sanction ou la date de la mise en vigueur,
quel délai il nous donne? Cela pourrait simplifier les consentements
pour les trois étapes, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Transports.
M. Côté (Charlesbourg): Mme la
Présidente, effectivement, à la suite de conversations, je
suis prêt à accepter que le délai soit de dix jours.
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je comprends donc, Mme la Présidente, que la
loi entrera en vigueur dans les dix jours de sa sanction, et la sanction sera
aujourd'hui. Cela répondrait à un voeu que formulait Mme la
députée de Maisonneuve. On peut donc procéder aux
étapes, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que le principe du projet de
loi 60 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'elle parle sur le
principe?
Mme Harel: Le ministre va parler.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Transports.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, Mme la Présidente, au moins pour mettre en situation
ce qui nous amène aujourd'hui à adopter le projet de loi 60.
L'an dernier, le gouvernement avait pris la décision de faire en
sorte que les haltes routières soient réservées
exclusivement aux gens qui circulent pour une halte sans restauration. À
la suite des pressions de cantiniers qui exploitaient des commerces le long des
haltes routières du Québec depuis déjà quelques
années, avec certains permis accordés au fil des ans, ceux-ci
revendiquaient le droit de donner un certain service, un service
communément appelé "à froid", le long des haltes
routières du Québec. La population ayant très clairement
signifié son intérêt et le besoin d'une telle restauration
le long des haltes routières, il a été convenu que le
gouvernement, en particulier le ministre des Transports, réajuste son
tir et fasse en sorte que ceux qui seront dans les haltes routières
puissent bénéficier de revenus de l'utilisation de ces haltes
routières par la vente de certains produits alimentaires. Les gens qui
offriront un service de restauration aux utilisateurs des haltes
routières devront en retour en faire l'entretien. Nous avons donc fait
des appels d'offres publics pour les 20 haltes routières en question.
Nous avons, par le principe des soumissions où tout le monde a
été appelé à soumissionner, respecté un
certain nombre de critères de telle sorte que cela puisse être
réservé à des gens provenant de ces régions en
particulier et qu'une personne ne puisse avoir plus d'une halte routière
- donc, des principes très bien établis - de telle sorte que
cette disponibilité soit offerte à un certain nombre de
personnes. Effectivement, les soumissions
une fois ouvertes, certains nous ont offert de l'argent plus
l'entretien. Nous avons accepté jusqu'à ce jour huit des
soumissions les plus intéressantes pour le ministère et nous
avons signé des contrats. En contrepartie, ceux des cantiniers qui n'ont
pas présenté la soumission la plus intéressante ont
décidé de continuer d'occuper les lieux et de contester la
possibilité pour un exploitant d'être dans les haltes
routières.
Ce que nous introduisons aujourd'hui par ce projet de loi, c'est une
mesure qui permettra de respecter à la fois le principe des soumissions
puisqu'il a été très bien publicisé et de respecter
aussi celui qui a fait la meilleure soumission, reconnue comme telle par le
ministère, en faisant en sorte qu'il puisse utiliser la halte
routière exclusivement, tel que stipulé au contrat. C'est le but
du projet de loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des
Transports.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Mme la Présidente, je tenais beaucoup, à
titre de porte-parole de l'Opposition en matière de transport, à
intervenir à cette étape-ci de la discussion du projet de loi 60
qui est devant l'Assemblée nationale. D'abord, je veux souligner que
nous avions, lors de l'étude en commission parlementaire d'un autre
projet de loi qui portait sur le camionnage en vrac et que l'Assemblée a
adopté depuis, manifesté notre opposition quant à la
recevabilité des dispositions maintenant contenues dans le projet de loi
60, dans la forme qu'elles étaient présentées à
l'intérieur d'un projet de loi déposé par le ministre des
Transports portant sur le camionnage en vrac. Je rappelle, Mme la
Présidente, que cette irrecevabilité que nous plaidions a
été retenue par le président de la commission
parlementaire et l'a été également par la
présidence de l'Assemblée nationale par la suite.
Mme la Présidente, nous avions espéré qu'à
la suite des discussions qui ont entouré l'étude de ces
dispositions qui ont, par la suite, été retirées le
ministre se ravise. Il nous semblait que, d'une certaine façon, nous lui
donnions la chance en plaidant l'irrecevabilité de ces dispositions dans
le projet de loi sur le camionnage en vrac; puisque les dispositions, comme
nous le constatons aujourd'hui, portent sur les cantines dans les haltes
routières, nous espérions que le ministre se ravise. Nous l'avons
d'ailleurs informé que nous entendions voter contre ce projet de loi et
j'aimerais aujourd'hui, en Chambre, rapidement, faire connaître les
motifs qui vont devoir nous amener à voter contre ce projet de loi.
D'abord, Mme la Présidente, il faut comprendre qu'il est
possible, par le moyen qu'il retient à l'intérieur du projet de
loi 60, que le ministre finisse par obtenir l'effet exactement contraire de
celui qu'il recherche. Nous ne le souhaitons pas, mais il ne pourra pas dire
que nous ne l'avons pas prévenu. Pourquoi? C'est un projet de loi qui,
selon le ministre, viendrait mettre un terme à un certain
désordre qui s'est installé dans les haltes routières et
qui ne trouverait matière à solution que par cette intervention
extrêmement lourde. Il faut comprendre que ce projet de loi consiste pour
le moins à permettre à un agent de la paix de remiser,
c'est-à-dire de prendre un bien, d'en disposer et de le conduire
là où il n'est pas installé. Tout cela va occasionner des
frais extrêmement considérables si c'est mis en vigueur. Nous
avions fait savoir au ministre que d'autres moyens étaient à sa
portée pour obtenir des résultats qui nous semblaient aussi
efficaces, mais ne mettant pas en cause une panoplie d'interventions
policières comme celles qu'il s'apprête à mettre en place.
Quels sont ces autres moyens? Notamment, des hausses d'amendes en cas
d'infraction aux règlements en vigueur dans les haltes routières.
Ce sont des hausses permettant de faire connaître aux
récalcitrants la nécessité de respecter les dispositions
actuellement en vigueur. (16 heures)
J'insiste, Mme la Présidente, parce que ce désordre que le
ministre nous dit constater, nous pensons, de l'Opposition, compte tenu des
études et de l'ensemble de l'examen que nous avons fait de cette
question, que l'incohérence de l'intervention ministérielle dans
ce dossier, depuis un an, n'est pas étrangère à la
situation de désordre qui, selon le ministre, sévit actuellement
dans les haltes routières. Il y a incohérence dans l'intervention
ministérielle, quand on pense que, depuis moins d'un an, il y a d'abord
eu l'adoption d'un règlement par le Conseil des ministres, le 9 juillet
dernier, lequel règlement interdisait toute forme de commerce dans les
haltes routières et dans les relais. Il n'y a pas un an un
règlement, à l'initiative et à l'instigation du ministre
des Transports, était adopté par le Conseil des ministres. Ce
règlement fut, par la suite, publié à La Gazette
officielle et mis en vigueur le 25 août de façon à
interdire toute forme de commerce.
Immédiatement, avant même que ce règlement ne soit
mis en vigueur, le ministre a commencé à en négocier
l'application puisque, dès le mois d'août et au début de
septembre, à plusieurs reprises le ministre a rencontré des
représentants des cantiniers, sinon la majorité des cantiniers
eux-mêmes, pour discuter avec eux des critères à
élaborer pour permettre la réalisation de contrats satisfaisants
à certains services de
cantine dans les haltes.
On retrouve dans le journal La Presse du mois de septembre un
titre qui n'est pas trompeur, compte tenu de l'article qui suit et qui
s'intitule: "Entente sur les cantines mobiles". Entre-temps, il faut se
rappeler que le ministre avait aussi, après l'adoption de ce
règlement, mis sur pied un comité de députés
présidé, à ma connaissance, par la députée
de Kamouraska-Témiscouata, comité chargé d'étudier,
d'examiner, d'évaluer toute la question de la politique de haltes
routières au Québec. Ce comité a été mis sur
pied, je le rappelle, après l'adoption d'un règlement interdisant
tout commerce dans les relais, après diverses rencontres soit avec les
cantiniers ou leurs représentants de façon qu'en septembre
l'article paru dans les journaux - que j'ai retrouvé dans à peu
près tous les journaux du Nouvelliste au Soleil et
àLa Presse - parlait d'une entente sur les cantines mobiles en se
référant à une entente intervenue entre le ministre des
Transports et les propriétaires des cantines mobiles dans le litige
concernant l'exploitation des cantines dans les haltes routières en
bordure des autoroutes.
Les articles en cause confirment des propos du président de
l'Association des propriétaires de cantines mobiles à savoir que
l'entente prévoit qu'il n'y aura qu'une cantine par halte
routière, que le cantinier ne pourra y vendre que de la nourriture
froide, qu'il sera responsable de l'entretien de la halte où il
s'installe, que le gouvernement fournira le matériel nécessaire
à cette fin. Le président de l'Association des
propriétaires de cantines se dit, dans toutes ces entrevues, heureux de
cette décision qui lui aurait été communiquée par
le ministre, ajoutant que tous, quels qu'ils soient, sortaient gagnants de ce
débat, considérant que le dossier était clos.
Après l'adoption d'un règlement, après avoir mis
sur pied un comité qui rend public un rapport autour du mois de
novembre, je pense, après plusieurs rencontres, le malentendu
s'installe. Un malentendu qui me semble avoir été commis
essentiellement au moment où, d'un côté, les cantiniers ont
cru comprendre du ministre que les critères qui seraient
élaborés pour les appels d'offres les avantageraient dans ce sens
que ceux qui gagnaient déjà leur vie depuis plusieurs
années, ceux pour qui cette cantine était un gagne-pain allaient
pouvoir être avantagés, c'est-à-dire que les appels
allaient être faits parmi ceux qui avaient déjà de
l'expérience ou l'expertise qui allait leur être reconnue.
La question reste posée: D'où vient le malentendu?
Certainement qu'un malentendu s'est créé. Qui en a la
responsabilité? Il faut croire que les cantiniers, de bonne foi, ont eu
la conviction que l'entente allait être réalisée, non pas
pour leur porter malchance, mais pour reconnaître l'exercice qu'ils
avaient en place depuis des années de ce service dans les haltes
routières.
Mme la Présidente, finalement, pendant des mois et des mois ce
règlement adopté et mis en vigueur pour interdire tout commerce
dans les haltes n'a pas été appliqué. Au moment où
on se parle, des appels d'offres ont été lancés -
dès le 27 mars dernier -appels d'offres dont les résultats des
soumissions ont été connus dès le 16 avril. Depuis lors,
il reste que les cantiniers ont continué à opérer sans
être importunés. Il y a eu comme du laxisme. Il faut
reconnaître qu'il y a eu une sorte de laisser aller. Il y a une sorte
de... Appelons cela, je ne sais si c'est de la négligence mais le moins
qu'on puisse dire cela a été de l'incohérence dans
l'application.
Est-ce que le ministre, lorsqu'il a fait adopter son règlement,
n'en avait peut-être pas perçu tout l'impact ou les
conséquences ou n'en avait pas analysé les répercussions?
Mais convenons que le ministre a agi avant d'en mesurer les
conséquences. Maintenant, le projet de loi qui est devant nous, à
l'article 1, modifie des dispositions de la Loi sur le ministère des
Transports de façon qu'un agent de la paix puisse déplacer toute
installation ou tout équipement qui serait utilisé en
contravention à un règlement, lequel règlement est connu
comme étant le paragraphe c de l'article 12.1. Mais il est dit: "Une
installation ou un équipement mis en place par une personne qui n'est
pas autorisée par contrat conclu en vertu des articles qui permettent au
ministère des Transports de conclure de tels contrats."
À notre connaissance, actuellement, plus de la majorité
des haltes routières fonctionnent sans que de tels contrats ne soient
conclus. À notre connaissance actuellement, au-delà de six haltes
routières, soit Kamouraska, Montmagny-L'Islet, Bernières,
Bellechasse, Portneuf, Maskinongé, et il faut multiplier par deux dans
le cas des haltes qu'on vient de considérer puisque, d'un
côté ou de l'autre des routes, il s'agit donc de relais qui sont
ouverts au public. Dans les cas de ces haltes, il n'y aurait encore, à
notre connaissance, à la connaissance de l'Opposition, aucun contrat de
conclu. Des appels d'offres ont été faits. Une première
fois des soumissions ont été rendues publiques. Le ministre a
jugé bon de reprendre une deuxième fois ces appels d'offres et
les délais où ces appels d'offres étaient ouverts,
où ces soumissions étaient ouvertes, étant le 5 juin.
À notre connaissance les contrats n'ont pas encore été
conclus. C'est donc dire qu'en adoptant le projet de loi 60, puisque dans
certaines haltes des contrats n'ont pas encore été conclus, il y
aurait donc comme conséquence qu'il n'y aurait pas de cantine du tout
puisqu'un agent de la paix pourrait intervenir pour déplacer tout
équipement ou toute
installation par toute personne qui n'est pas autorisée par
contrat. Mais il y a des haltes où aucune personne n'est
autorisée par contrat.
Il faudrait que le ministre nous dise comment il entend procéder
dans les haltes où aucun contrat, jusqu'à maintenant, n'a
été conclu. Est-ce à dire qu'il envisage qu'il n'y ait
aucun service de cantine qui soit offert dans ces haltes malgré le fait
qu'encore aucun contrat n'a, en tout cas, été rendu public?
Actuellement, Mme la Présidente, la procédure
utilisée lorsque la Sûreté du Québec se rend compte
qu'il y a infraction au règlement c'est d'abord de constater cette
infraction, de faire parvenir une amende, c'est-à-dire de transmettre au
ministère qui, lui, fait parvenir l'amende et de laisser 30 jours au
cantinier qui viole le règlement pour payer ladite amende, et, en cas de
défaut, une sommation lui est transmise. Le ministre entend
court-circuiter ce processus par le projet de loi qui est devant nous. (16 h
10)
La question reste entière. Est-ce que d'autres moyens n'auraient
pas été plus adéquats dans les circonstances pour nous de
l'Opposition? Des amendes conséquentes et susceptibles de faire
respecter le règlement auraient de loin été
préférables à ces nouvelles dispositions qui donnent des
pouvoirs - le moins qu'on puisse dire -d'intervention massive et lourde contre
des personnes qui, jusqu'à maintenant, ont joui, ont
bénéficié d'une tolérance. Il faut bien le
reconnaître et le constater.
Nous entendons voter contre le projet de loi qui est devant nous en
considérant son caractère excessif et en constatant que des
mesures plus appropriées auraient été souhaitables et nous
rappelons simplement au ministre qu'au minimum, si cela avait été
un règlement, cela aurait nécessité une
prépublication d'au moins 45 jours. Nous souhaitons que le ministre en
tienne compte pour accorder ce délai de dix jours avant de sanctionner
le projet de loi.
Nous rappelons également que le ministre aura à porter les
conséquences. C'est le ministre qui a voulu assumer la
responsabilité du dépôt d'un tel projet de loi. Nous ne
nous sommes pas opposés au dépôt du projet de loi, mais il
aura à en assumer la responsabilité. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Maisonneuve. M. le ministre des Transports, en réplique.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement. Certains éclaircissements s'imposent à la
suite de l'intervention de Mme la députée de Maisonneuve. Lorsque
j'ai fait les tentatives au niveau de l'adoption du projet de loi du
ministère des Transports, le président de la commission d'alors,
par la suite le président de l'Assemblée nationale, ont
refusé de recevoir les amendements que je proposais, qui allaient dans
le même sens. Mme la députée de Maisonneuve avait
évoqué la possibilité d'autres alternatives comme
l'injonction. Mais, au 16 juin - j'aurais dû le donner tout à
l'heure, je m'en excuse - les gens de la Sûreté du Québec
nous ont informés du nombre de rapports d'infractions
rédigés concernant les haltes routières suivantes:
Laurier-Station, 18; Arthabaska, 2; Candiac, 3; Drummondville, 2. Il y a donc
des problèmes. On aurait pu avoir recours à l'injonction, qui
n'est pas un moyen facile et qui doit intervenir dans chacun des cas chaque
jour; les procédures judiciaires sont très importantes et
très onéreuses à la fois pour les individus et pour le
gouvernement.
Nous avons donc éliminé cette possibilité. Quant
aux amendes, bien sûr qu'il y aurait eu possibilité d'augmenter
les amendes. Mais ce que nous faisons par cette mesure n'est pas une
première puisque ça existe déjà dans d'autres lois,
et en particulier dans le Code de la sécurité routière. On
n'a pas inventé la roue. Cela existe actuellement et ça
règle un certain nombre de problèmes. Pour ceux qui, sur le plan
du temps, ne veulent pas comprendre, à ce niveau, je pense qu'il est
extrêmement important de le rappeler. Vous savez, on est dans une
situation où des avocats sont au dossier, des avocats qui ont
intérêt à faire durer certaines choses. Je le dis
très clairement. Dans ce cas, cela m'apparaît très
évident.
Il y a eu un règlement d'adopté, je ne l'ai pas
caché, je l'ai dit tout à l'heure, où on ne voulait faire
absolument aucune restauration au niveau des haltes routières, compte
tenu de l'état de salubrité des cantiniers. J'aurais pu
être vicieux et rendre public un rapport de salubrité fait
l'été dernier. Je ne l'ai pas fait parce que cela n'aurait pas
été jouer à armes égales avec les cantiniers.
Lorsque la population a manifesté clairement sa volonté d'avoir
de la restauration, j'ai dit: Tu t'es trompé. Tu changes d'idée.
Tu t'es trompé. Si la population le veut, tu fais le
réajustement. Qu'on ne vienne pas me dire aujourd'hui que nous avons
été mous en acceptant un certain nombre de choses. J'ai
déjà entendu des gens qui avaient changé de propos
lorsqu'ils étaient de ce côté-ci, dire qu'il y a seulement
les fous qui ne changent pas d'idée.
J'ai donc ajusté mon tir en rencontrant les individus et,
à la lumière de cela, j'ai fait des rencontres avec les
cantiniers de bonne foi. Nous avons discuté de la situation. J'ai
discuté en particulier avec M. Biaise Charland, qui était
président à l'époque, avec
lequel j'ai eu de bons rapports; on s'est entendu sur un certain nombre
de choses, mais toujours en se disant que nous irions en soumissions publiques,
en disant que nous allions privilégier les gens des régions
où était la halte routière. C'est ce que nous avons fait.
Le jeu de la soumission publique était là.
Ce que l'on semble oublier, c'est qu'à l'occasion, il y a des
restaurateurs le long des routes qui ont aussi des pouvoirs et qui paient des
taxes, ce qui n'était pas nécessairement le rôle de tous
les cantiniers du Québec. Donc, nous avons fait en' sorte qu'il y ait de
la restauration, qu'elle soit à froid, qu'elle aille en soumissions
publiques et que le meilleur gagne; c'est ce qui est arrivé.
Alors, cela crée des problèmes pour ceux qui,
historiquement, ont offert de la restauration, uniquement avec un permis de 25
$ émis par le ministre du Tourisme de l'époque, M. Biron. Ils ont
investi des gens de certains pouvoirs, semble-t-il, pour dire au ministre des
Transports actuel qu'il errait complètement.
Quant aux haltes routières, il y a huit contrats sur vingt de
signés. Les douze autres - je n'en veux pas à Mme la
députée de Maisonneuve... Lors de la commission parlementaire sur
les engagements financiers, le député de Mercier est venu
m'interroger sur les haltes routières et je lui ai fourni toutes les
informations avec les détails, les dates auxquelles on envisageait
signer pour les douze autres haltes routières.
Je comprends que nous avions fait les crédits du ministère
des Transports sans faire ceux de la Voirie. C'est lors de l'étude des
crédits de la Voirie que nous avons donné ces informations au
député de Mercier. Nous allons signer, d'ici à la fin de
semaine, le reste des contrats avec ceux qui ont soumissionné. Nous
avons ouvert plus largement, avec des accommodements, bien sûr, parce que
les haltes routières entre Québec et Montréal sont plus
lucratives que celles allant vers Rivière-du-Loup. Nous avons donc
dû faire des ajustements. En cela, je pense que c'est normal de faire,
des ajustements, la vérité ne vient pas toujours de ministres ou
de fonctionnaires. Il faut s'ajuster et c'est ce que j'ai tenté de faire
en cours de route.
Dans ce sens-là, je pense que nous avons choisi une solution que
j'aurais préféré ne pas choisir, mais le jeu des
soumissions publiques est un jeu ouvert, normal. À partir du moment
où on s'engage dans cette politique de soumissions... Prenons l'exemple
du président des cantiniers: il a soumissionné lui-même sur
une halte et son épouse a soumissionné sur la même halte
routière, les deux arrivant deuxième et troisième pour
cette halte; il y a un restaurateur qui a soumissionné et qui est
arrivé premier. Le président des cantiniers est un homme de bonne
foi, un très gentil monsieur, qui a du civisme dans ses rapports. Nous
avons échangé de manière très civilisée. Le
sort veut qu'aujourd'hui, parce que nous avons privilégié des
gens d'une région pour une région, qu'il n'ait pas obtenu la
soumission. Que son avocat monte dans les rideaux et fasse des poursuites
partout, c'est le problème de l'avocat. Ce n'est pas moi qui vais le
brider, c'est quelqu'un d'autre. Dans ce sens-là, ce n'est pas mon
problème, c'est celui d'autres personnes.
Alors, nous avons à respecter les contrats que nous avons
signés avec les intervenants qui respectent les conditions et nous
allons le faire. Je suis bien malheureux de voir que l'Opposition ne votera pas
pour ce projet de loi, mais nous allons effectivement vivre avec celui que nous
adopterons aujourd'hui. On verra la suite.
La Vice-Présidente: Le débat étant clos,
est-ce que le principe du projet de loi 60, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Transports concernant le remisage des biens, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté, sur division. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Commission plénière
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour que le
projet de loi 60 soit maintenant déféré en commission
plénière.
La Vice-Présidente: Comme il y a eu consentement...
M. Lefebvre: Mme la Présidente, il y a eu entente pour que
nous puissions procéder à cette étape, de votre
trône.
M. Chevrette: Mme la Présidente... La
Vice-Présidente: Oui.
M. Chevrette: ...je suis d'accord pour que le ministre
présente immédiatement l'amendement de son siège et qu'on
n'ait pas en se transformer en commission plénière, de sorte
qu'on pourrait faire les étapes comme le suggère le leader
adjoint du gouvernement.
La Vice-Présidente: D'accord. M. le ministre, vous pouvez
déposer l'amendement.
M. Côté (Charlesbourg): Mme la
Présidente, c'est pour insérer après les mots "en
vigueur le", les mots "dans les dix jours de sa sanction". L'article ,se lirait
comme suit: La présente loi entre en vigueur dans les dix jours de sa
sanction.
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Bon. Le document est
déposé. M. le leader, vous faites motion pour qu'on se...
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: En commission plénière,
est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission
plénière, tel qu'amendé, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Le projet de loi 60, Loi modifiant la
Loi sur le ministère des Transports concernant le remisage des biens,
est adopté.
M. Lefebvre: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint...
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Sur division. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui, Mme la Présidente, je vous prierais
d'appeler l'article 78 du feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 262 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 78 de notre
feuilleton, il s'agit de l'adoption du principe du projet de loi 262, Loi
concernant le Comité d'enfouissement sanitaire
d'Argenteuil-Deux-Montagnes qui a été présenté par
la députée de Deux-Montagnes.
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente, il y aura une
brève intervention du député et critique le
député de Terrebonne. Est-ce que Mme la députée de
Deux-Montagnes veut parler au préalable? (16 h 20)
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Deux-Montagnes.
Mme Yolande . Legault
Mme Legault: Mme la Présidente, il me fait plaisir
d'intervenir en cette Chambre sur le projet de loi 262, Loi concernant le
Comité d'enfouissement sanitaire d'Argenteuil-Deux-Montagnes.
À la suite de l'étude dudit projet de loi en commission
parlementaire, plusieurs intervenants ont pu exprimer différents points
de vue. Par conséquent, j'ai donc l'honneur de remettre en cette Chambre
tous les documents pertinents ainsi que les études effectuées
dans ce dossier, études d'ailleurs qui démontrent clairement que
ce projet de loi respecte les normes de l'environnement. Par le fait
même, les membres du comité dont les maires des
municipalités concernées s'engageront dans un avenir
rapproché à récupérer les eaux de lixiviation
autour du site afin que le ou les producteurs avoisinants ne se trouvent plus
d'aucune façon incommodés par cette situation.
Une copie de ces études sera envoyée éventuellement
à chacun des intervenants en commission ainsi qu'à l'Opposition
et au député de Terrebonne tel que convenu en commission.
Pour terminer, je suis fière d'avoir parrainé ce projet de
loi parce qu'il démontre bien, à mon avis, l'importance
grandissante qu'accorde la population à la qualité de la vie.
Cette prise de conscience ne peut que nous inciter dans l'avenir à
régler d'autres problèmes d'environnement à travers la
recherche des solutions originales et avant-gardistes. Le bien-être et la
survie de notre collectivité en dépendent. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Deux-Montagnes. M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie
la députée de Deux-Montagnes ainsi que le député
d'Argenteuil d'avoir fait, depuis la présentation en commission
parlementaire de ce projet de loi, tout le nécessaire afin que les gens
qui pouvaient contester d'une façon ou d'une autre cette loi ne se
sentent plus lésés dans leur droit. Il y avait l'UPA qui avait
une peur bleue, c'est le cas de le dire, de petits ruisseaux verbalisés,
fossés verbalisés et qui rejoignaient des terres environnantes et
qui portaient dans leur lit, quoique très bas, une odeur
nauséabonde. Les huit villes qui vont se servir de ce site
d'enfouissement ont présenté un plan avec un détournement
et un champ d'épuration de sorte que l'eau sera purifiée et que
personne autour ne subira de dommage quant à la qualité de leur
vie.
Ensuite, nous avons, dans les fonds, sous ce site d'enfouissement
à Saint-Jérusalem, une crèche d'eau excessivement rentable
de trois grandes compagnies et une étude de Lavalin a été
déposée aussi en cette Chambre. Ceux qui ont protesté et
qui avaient peur que ces nappes phréatiques ou que ces réserves
d'eau plutôt souterraines
soient touchées par la lixiviation de l'eau qui s'infiltre dans
les couches souterraines et qui auraient pu à un moment donné
atteindre ces couches d'eau très naturelles, eh bien! Lavalin a une
étude qui a été présentée avant que nous
présentions ce projet de loi en cette Chambre par le
député d'Argenteuil. Cette étude est excessivement
satisfaisante pour toute personne qui aurait des craintes à ce sujet.
Donc, l'environnement est protégé et ceux qui avaient
protesté recevront de Mme la députée de Deux-Montagnes
toutes les études, les analyses et les plans des villes et ils seront
satisfaits. C'est avec joie maintenant que je vote pour l'adoption de cette
loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Terrebonne. Nous avons le consentement de l'Assemblée pour que la
députée de Terrebonne dépose certains documents concernant
le projet de loi 262.
Une voix: La députée de Deux-Montagnes.
La Vice-Présidente: La députée de
Deux-Montagnes, je m'excuse. Consentement. Donc, est-ce que le principe du
projet de loi 262, Loi concernant le Comité d'enfouissement sanitaire
d'Argenteuil-Deux-Montagnes, est adopté?
M. Gratton: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: C'était l'adoption du principe.
Est-ce que le projet de loi 262, Loi concernant le Comité
d'enfouissement sanitaire d'Argenteuil-Deux-Montagnes, est adopté?
M. Gratton: Adopté. M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Projet de loi 60 Adoption
M. Gratton: Mme la Présidente, avec le consentement, je
voudrais revenir à l'article 15 du feuilleton. A la commission
plénière, nous avons adopté le rapport de la commission,
mais, si je ne m'abuse, nous n'avons pas adopté le projet de loi.
Pourrais-je proposer que nous procédions à l'adoption du projet
de loi?
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 60, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Transports concernant le remisage
des biens, est adopté?
M. Chevrette: Sur division. M. Gratton: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, l'article 45 du feuilleton,
s'il vous plaît!
Projet de loi 104 Commission
plénïère
La Vice-Présidente: A l'article 45 de notre feuilleton, le
premier ministre propose l'adoption du projet de loi 104, Loi sur le Conseil
permanent de la jeunesse. M. le leader du gouvernement.
Amendements
M. Gratton: Mme la Présidente, au nom du premier ministre,
j'aimerais déposer deux amendements, à ce moment-ci, proposer
que, de consentement, nous faisions les écritures de la commission
plénière pour que nous puissions adopter les deux amendements
suivants, qui nous ont été suggérés par Mme la
députée de Chicoutimi, et que je lis à l'instant
même.
D'abord, le premier amendement vise à remplacer le paragraphe 3
de l'article 24 par le suivant: "3 La procédure à suivre par le
collège électoral pour l'élection des membres du conseil
est la transmission au ministre de la liste des membres élus. Ce
règlement peut, aux conditions qu'il fixe, permettre aux membres du
collège électoral, de déterminer certaines dispositions de
cette procédure."
Le deuxième amendement vise à remplacer l'article 21 par
le suivant: "21. Les membres du collège électoral doivent, dans
les 30 jours qui suivent leur nomination, élire parmi eux les membres du
conseil et transmettre au ministre, dans ce délai, la liste des membres
élus."
Je précise, Mme la Présidente, qu'il s'agit là
d'amendements qui ont pour but, surtout, de corriger la formulation.
La Vice-Présidente: Nous allons donc transformer cette
Chambre en commission plénière. Est-ce que les amendements tels
que proposés par le leader du gouvernement au nom du premier ministre
sont adoptés?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la commission
plénière tel qu'amendé est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 104, Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse est adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Gratton: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, je vous prierais d'appeler
l'article 30 du feuilleton, s'il vous plaîtl
Projet de loi 34
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 30 de notre
feuilleton, le ministre de la Justice propose la prise en considération
du rapport de la commission des institutions qui a étudié le
projet de loi 34, Loi modifiant le Code de procédure civile.
Adopté? M. le leader du gouvernement, on a adopté le rapport de
la commission.
M. Gratton: Oui, avec le consentement, je suggère que nous
procédions à l'adoption du projet de loi, Mme la
Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à cette deuxième étape?
M. Chevrette: Adopté, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 34, Loi
modifiant le Code de procédure civile, est adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Gratton: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 31, Mme la Présidente.
Projet de loi 35
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 31, il s'agit
également de la prise en considération du rapport de la
commission des institutions présenté par le ministre de la
Justice, qui a étudié le projet de loi 35, Loi sur certaines
ventes de parties de lot pour défaut de paiement de taxes. Est-ce que le
rapport de la commission est adopté?
M. Gratton: Adopté.
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Gratton: Est-ce qu'il y a consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à l'adoption?
M. Chevrette: Consentement, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente; Consentement. Est-ce que le projet de loi 35,
Loi sur certaines ventes de parties de lot pour défaut de paiement de
taxes, est adopté?
M. Chevrette: Adopté, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 32, Mme la Présidente.
Projet de loi 36
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: A l'article 32, il s'agit de la prise
en considération du rapport de la commission des institutions
présenté par le ministre de la Justice et qui concerne le projet
de loi 36, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires. Est-ce que le
rapport de la commission est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Gratton: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède immédiatement à l'adoption du projet de
loi?
M. Chevrette: Certainement, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Est-ce que le projet de
loi 36, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, est
adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Gratton: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 33, Mme la Présidente. (16 h 30)
Projet de loi 40
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 33, il s'agit de la
prise en considération du rapport de la commission des institutions qui
a étudié le projet de loi 40, Loi modifiant la Loi sur la
division territoriale concernant certaines divisions d'enregistrement. Est-ce
que ce rapport est adopté?
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à l'adoption?
M. Chevrette: Consentement, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement.
Est-ce que le projet de loi 40, Loi modifiant la Loi sur la division
territoriale concernant certaines divisions d'enregistrement, est
adopté?
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 27, Mme la Présidente.
Projet de loi 26
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 27 de notre
feuilleton, il s'agit également de la prise en considération du
rapport de la commission des institutions qui a étudié le projet
de loi 26, Loi modifiant la Loi sur le Protecteur du citoyen. On m'avise qu'il
y a des amendements concernant ce projet de loi. Est-ce que les amendements
proposés par le ministre de la Justice concernant l'article 5 sont
adoptés?
M. Chevrette: II faudrait les lire. M. Marx: II y a deux
amendements.
La Vice-Présidente: II y a deux amendements. Je vais donc
faire lecture des deux amendements. "À l'article 15 proposé par
l'article 5 du projet de loi, insérer à la première ligne
du paragraphe 1 , après le mot "personne", les mots "à
l'exception du Directeur général des élections"."
M. Chevrette: Ça va pour le deuxième, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Ça va. Est-ce que les
amendements sont adoptés?
M. Chevrette: Les amendements sont adoptés.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la commission
plénière est adopté tel qu'amendé?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que noua avons consentement
pour procéder à l'adoption?
M. Chevrette: Oui, en vous prévenant, Mme la
Présidente, qu'il y aura un bref exposé de notre
côté.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement.
M. le ministre de la Justice, est-ce que vous avez une intervention
à faire à l'étape de l'adoption du projet de loi?
M. Herbert Marx
M. Marx: Oui, j'ai une très courte intervention, Mme la
Présidente, juste pour dire que l'amendement à l'article 15 a
été proposé par l'Opposition en commission parlementaire.
Étant donné la nature de cette Loi sur le Protecteur du citoyen,
nous n'avons pas voulu adopter un article sur division. Nous avons donc
consenti à cet amendement. L'autre amendement à l'article 11,
c'est afin de permettre une certaine mobilité entre les employés
du Protecteur du citoyen et ceux de la fonction publique. Je pense que
c'était souhaité par tout le monde. Je ne veux pas
répéter ce que j'ai déjà dit en deuxième
lecture et en commission parlementaire, et je propose qu'on adopte ce projet de
loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de la
Justice.
M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, Mme la Présidente. Il s'agit là
de deux amendements apportés par le ministre à la demande de
l'Opposition nous lui avions signalé, lors du discours de
deuxième lecture, deux failles ou deux aspects du projet de loi
modifiant la Loi sur le Protecteur du citoyen qui posaient problème. Le
premier concernait le Directeur général des élections dans
ses relations avec le bureau du Protecteur du citoyen. Toute cette question
sera étudiée lors de la réforme de la Loi
électorale avec M. le leader du gouvernement, ainsi que M. le
député de Gouin qui pourront se pencher sur l'ensemble de la
problématique soulevée par cet amendement.
Quant au deuxième amendement, il s'agit d'une modification
permettant une certaine mobilité entre le personnel du bureau du
Protecteur du citoyen et le personnel de la fonction publique. Encore
là, il s'agit de modifications souhaitées par l'Opposition. En ce
sens, étant donné les amendements qui sont déposés,
il nous fait plaisir de concourir à l'adoption du projet de loi 26
à l'unanimité des parlementaires.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Taillon.
Le débat étant clos, est-ce que le projet de loi 26, Loi
modifiant la Loi sur le Protecteur du citoyen, est adopté?
M. Filion: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 41, Mme la Présidente.
Projet de loi 1 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 41 de notre
feuilleton, il s'agit de l'adoption du projet de loi 1, Loi portant abrogation
de lois et dispositions législatives omises lors des refontes de 1888,
1909, 1925, 1941, 1964 et 1977. Est-ce que le projet de loi 1 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 42, Mme la Présidente.
Projet de loi 7 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 42, il s'agit
également d'une adoption, soit l'adoption du projet de loi 7, Loi
modifiant la Loi sur les huissiers. Est-ce que ce projet de loi est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 48, Mme la Présidente.
Projet de loi 159 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 48, il s'agit de
l'adoption du projet de loi 159, Loi modifiant le Code de procédure
civile et le Code civil concernant le dépôt volontaire. Est-ce que
le projet de loi 159 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 49, Mme la Présidente.
Projet de loi 162 Adoption
La Vice-Présidente: A l'article 49, le ministre de la
Justice propose l'adoption du projet de loi 162, Loi sur les arrangements
préalables de services funéraires et de sépulture. Est-ce
que le projet de loi 162 est adopté?
M. Chevrette: Vous êtes à l'article 49,
le projet de loi 162?
La Vice-Présidente: C'est exact.
M. Chevrette: Arrangements funéraires. 30 secondes,
madame.
Une voix: Adopté.
M. Chevrette: Adopté. Nous sommes pour.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Ceci termine, Mme la
Présidente, les projets de loi au nom du ministre de la Justice.
Je vous demande maintenant d'appeler l'article 43 du feuilleton.
Projet de loi 21 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 43 de notre
feuilleton, la ministre de la Santé et des Services sociaux propose
l'adoption du projet de loi 21, Loi concernant l'adoption et modifiant la Loi
sur la protection de la jeunesse, le Code civil du Québec et le Code de
procédure civile. Est-ce que le projet de loi 21 est adopté?
M. Chevrette: Un instant, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Sur l'adoption du projet de loi, je
vais donc reconnaître la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
concourir à l'adoption du projet de loi. Cela dit, il me fait plaisir
aussi, au nom de l'ensemble des parents qui ont participé à la
commission parlementaire, de constater que les amendements répondent
à leurs voeux. Je pense qu'ils clarifieront les règles du jeu en
ce qui concerne l'adoption internationale. Dorénavant, il sera beaucoup
plus facile pour les parents désireux de réaliser un projet
d'adoption dans différents pays de pouvoir le mettre à
exécution et, enfin, de pouvoir trouver l'appui nécessaire pour
réaliser ce projet d'adoption internationale.
Je pense, Mme la Présidente, qu'il était important que
nous procédions aux différentes étapes du processus en ce
qui concerne le projet de loi, notamment étudier les différents
articles, parce que nous avons pu, à la lumière de cette
commission parlementaire, nous rendre compte des difficultés que pouvait
représenter l'adoption inter- nationale. Il fallait donc trouver les
éléments les plus harmonieux possible pour que nous puissions
arriver à un compromis important et substantiel en vue d'une
harmonisation des lois concernant les pays d'origine, les pays étrangers
et le Québec.
Mme la Présidente, je pense que nous avons su apporter une
collaboration précieuse à l'endroit des groupes et des parents en
ce qui concerne l'adoption internationale. J'ai drôlement
apprécié le rôle que j'ai dû jouer en tant que
porte-parole dans ce dossier et je me réjouis que, présentement,
nous puissions adopter ce projet de loi tant attendu pour l'ensemble des
parents et des organismes en ce qui concerne l'adoption internationale.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme la ministre, en réplique.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
(réplique)
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, très
brièvement. C'est simplement pour dire que ce projet de loi a suivi un
cheminement assez long. On a, quand même, pour une première fois,
dans le domaine de l'adoption internationale, tenu une commission parlementaire
où tous les intéressés ont pu s'exprimer, ce qui nous
permet aujourd'hui d'adopter un projet de loi qui, au plan juridique, va
clarifier les nombreuses ambiguïtés qui s'y trouvaient et qui
avaient donné lieu à des difficultés importantes tant pour
les parents qui voulaient adopter un enfant que pour les parents qui laissaient
aller leur enfant pour adoption, et il va également clarifier toutes les
autres mesures administratives qui étaient prévues.
Les principaux amendements qui ont été apportés au
projet de loi original sont les suivants. Alors que, jusqu'à maintenant,
le Code civil du Québec ne prévoyait que l'adoption
plénière, c'est-à-dire là où il y avait
rupture complète des liens de filiation avec les parents biologiques,
désormais le projet de loi 21 ouvre à tous les pays l'adoption
simple, également, le consentement du pays n'est plus requis pour autant
qu'il y aura un jugement d'un tribunal du pays d'où vient l'enfant. (16
h 40)
Deuxièmement, le pouvoir de reconnaître ou
d'apprécier une adoption revient maintenant au Tribunal de la jeunesse
et, en ce sens, il n'y a plus de pouvoir discrétionnaire laissé
au ministre dans l'application de cette loi.
D'autres mesures viennent aussi, nous l'espérons, éclairer
davantage les personnes qui veulent adopter quant aux diverses modalités
et, ainsi de suite, quant à la tenue possible d'une liste provinciale
d'informations qui seront publiées à La Gazette
officielle.
En terminant, je voudrais dire que je crois que, compte tenu du droit
international et compte tenu de notre propre législation interne en
matière d'adoption, le projet de loi 21, au plan juridique, vient
apporter des corrections importantes et clarifier des choses qui avaient
créé problème, sans compter que nous reconnaissons
également le rôle qu'ont joué, jusqu'à maintenant,
les organismes d'adoption internationale. Il y a également clarification
de ce côté-là, à leur demande.
Évidemment, il reste à relever le défi de tout le
volet administratif relié au Secrétariat à l'adoption
internationale ou au rôle que la Direction de la protection de la
jeunesse doit jouer dans le processus de l'adoption tant interne qu'externe au
Québec dans le cas de l'adoption internationale.
Cela étant dit, je suis fort heureuse que l'Opposition se rallie,
finalement, à ce projet de loi compte tenu des amendements et des
corrections qui y ont été apportés. Ceci était
normal à la suite d'une commission parlementaire qui, pour une
première fois, je le dis encore, permettait à l'ensemble des
intéressés de se faire entendre.
Mme la Présidente, je veux remercier mes collègues du
côté ministériel qui m'ont apppuyée tout au long de
cette démarche. Je veux également remercier la porte-parole de
l'Opposition qui a participé d'une façon très active
à la discussion de tout ce projet de loi. Souhaitons, tous ensemble,
que, d'une part, les parents qui souhaitent adopter au plan international
trouvent que le processus est plus facile qu'auparavant et que les attentes de
chacun soient respectées, tant les droits des enfants que ceux des
parents adoptifs et ceux des parents qui, dans ces pays, laissent aller leurs
enfants pour adoption, souhaitant qu'ils aient peut-être un avenir plus
facile. Dans un bon nombre de cas, cependant, il s'agit surtout d'enfants
abandonnés pour adoption.
Je vous remercie, Mme la Présidente. Nous travaillerons avec
beaucoup de diligence à corriger ce qui doit être encore
corrigé du côté administratif dans l'application de la loi
sur l'adoption internationale. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Le débat étant clos,
est-ce que le projet de loi 21, Loi concernant l'adoption et modifiant la Loi
sur la protection de la jeunesse, le Code civil du Québec et le Code de
procédure civile, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 51 du feuilleton, s'il vous
plaît!
Projet de loi 192
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 51 de notre
feuilleton, le député de Marguerite-Bourgeoys propose la prise en
considération du rapport de la commission concernant le projet de loi
192, Loi modifiant la Loi concernant la ville de La Salle. Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Chevrette: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'intervention. Est-ce
que le rapport de la commission sur le projet de loi 192 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède maintenant à l'adoption du projet de loi 192?
M. Chevrette: Bien sûr, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement.
Est-ce que le projet de loi 192, Loi modifiant la Loi concernant la
ville de La Salle, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 26, Mme la Présidente.
Projet de loi 18
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 26 de notre
feuilleton, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
propose la prise en considération du rapport de la commission de
l'éducation qui a étudié le projet de loi 18, Loi
modifiant la Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec. Est-ce qu'il y a
des interventions?
M. Chevrette: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la commission
qui a étudié le projet de loi 18, Loi modifiant la Loi favorisant
le développement scientifique et technologique du Québec, est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à l'adoption du projet de loi?
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Est-ce que le projet de
loi 18, Loi modifiant la Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 36, Mme la Présidente.
Projet de loi 57
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 36 de notre
feuilleton, le ministre des Finances propose la prise en considération
du rapport de la commission du budget et de l'administration qui a
étudié le projet de loi 57, Loi modifiant la Loi sur la
Société Makivik. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Chevrette: Non, madame.
La Vice-Présidente: Pas d'intervention. Est-ce que le
rapport de la commission qui a étudié le projet de loi 57, Loi
modifiant la Loi sur la Société Makivik, est adopté?
M. Chevrette: Adopté, madame.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader?
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'on a consentement pour
procéder à ce stade-ci à l'adoption du projet de loi?
M. Chevrette: Oui, madame.
Adoption
La Vice-Présidente: Donc, consentement. Est-ce que le
projet de loi 57, Loi modifiant la Loi sur la Société Makivik,
est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 39, Mme la Présidente.
Projet de loi 128
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 39, il s'agit
également d'une prise en considération, mais, cette fois-ci, du
rapport de la commission du budget et de l'administration qui a
procédé à l'étude du projet de loi 128, Loi
modifiant la Loi sur le Bureau de la statistique. Est-ce qu'il y a des
intervenants?
M. Chevrette: Non, madame.
La Vice-Présidente: Pas d'intervenant. Est-ce que le
rapport de la commission qui a étudié le projet de loi 128, Loi
modifiant la Loi sur le Bureau de la statistique, est adopté.
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Consentement, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à l'adoption du projet de loi?
M. Chevrette: Oui, madame.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Est-ce que le projet de
loi 128, Loi modifiant la Loi sur le Bureau de la statistique, est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 29, Mme la Présidente.
Projet de loi 31
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: A l'article 29 de notre feuilleton, le
ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor propose la prise en
considération du rapport de la commission du budget et de
l'administration qui a étudié le projet de loi 31, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic. Il n'y a pas d'interventions.
Est-ce que...
M. Chevrette: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette; ...je vous annonce tout de suite, pour simplifier la
procédure là-dessus, que, comme c'est un projet de loi
extrêmement technique qui a fait l'objet de consultations intensives
entre les deux partis, il n'y aura aucun discours à aucune des
étapes.
La Vice-Présidente: Donc, est-ce que je dois conclure que
le rapport de la commission qui a procédé à l'étude
du projet de loi 31 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on procède à d'autres étapes?
Une voix: Oui.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Est-ce que le projet de
loi 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les
régimes de retraite des secteurs public et parapublic, est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, l'article 40 du feuilleton,
s'il vous plaît! Je vous prierais de reconnaître le ministre
délégué aux Mines.
Projet de loi 161
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: A l'article 40 de notre feuilleton, le
ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones
propose la prise en considération du rapport de la commission de
l'économie et du travail qui a étudié le projet de loi
161, Loi sur les mines.
Au rapport de la commission se sont joints certains amendements qui ont
été proposés par le ministre. Là-dessus, je vais
reconnaître M. le ministre délégué aux Mines et aux
Affaires autochtones. M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, Mme la Présidente. Il y a, lors de la
troisième lecture, un autre ajout, une autre modification à
apporter à l'article 38. Je crois qu'il faut que je lise la
modification. La modification va se lire comme suit: d'abord, il est
modifié par l'insertion, dans la cinquième ligne du premier
alinéa, après le mot "enregistrement", des mots "le refus de
renouveler"; deuxièmement, par l'insertion, dans la première
ligne du deuxième alinéa, après le mot
"révoqué" des mots "non renouvelé".
M. Chevrette: Mme la Présidente. La
Vice-Présidente: Oui.
M. Chevrette: ...est-ce que je pourrais interrompre le ministre
30 secondes?
La Vice-Présidente: Oui.
M. Chevrette: Je ne veux pas me montrer
désagréable, mais on m'avait dit qu'il n'y avait pas
d'amendements et que cela devait être la troisième lecture sans
aucun discours d'un côté comme de l'autre. Comme il arrive avec un
amendement que je n'ai pas eu la chance encore de vérifier, si on veut
m'en laisser le temps, j'aimerais vérifier l'amendement auprès du
critique parce qu'à ce stade-ci, que voulez-vous, je ne l'ai pas eu.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, je propose que nous
suspendions l'étude de cet article, histoire de permettre au
député d'Ungava de venir nous rejoindre. Entretemps, Mme la
Présidente, on suspend donc l'étude du projet de loi 161,
à l'article 40 du feuilleton.
La Vice-Présidente: Comme il y a consentement, nous allons
donc suspendre à ce stade-ci l'étude du projet de loi 161.
Là-dessus, M. le leader du gouvernement, est-ce que vous êtes
prêt à procéder à l'appel d'autres articles?
M. Gratton: Oui, Mme la Présidente. Je vous prie d'appeler
l'article 25 du feuilleton. (16 h 50)
Projet de loi 16
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 25 de notre
feuilleton, le ministre des Affaires municipales propose la prise en
considération du rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a étudié le projet de loi 16, Loi relative
à diverses mesures à caractère financier concernant les
municipalités. Y a-t-il des interventions à ce stade-ci? Il
s'agit de la prise en considération du rapport concernant le projet de
loi 16.
M. Chevrette: On pourrait intervenir en troisième lecture
aussi.
La Vice-Présidente: Je suis prête à
reconnaître le député de Jonquière. M. le
député. Non?
M. Gratton: II faut adopter le rapport.
La Vice-Présidente: Je m'excuse. Le rapport de la
commission qui a procédé à l'étude du projet de loi
16, Loi relative à diverses mesures à caractère financier
concernant les municipalités, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Gratton: Avec le consentement, je vous demanderais de
procéder à l'adoption du projet de loi, Mme la
Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour qu'on
procède à ce stade-ci à l'adoption du projet de loi?
M. Gratton: Consentement.
M. Chevrette: Consentement pour en parler.
La Vice-Présidente: Consentement. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, seulement quelques mots pour
parler de l'essence du projet de loi. C'est évident que nous serons pour
le projet de loi, mais, tout de même, il y a des éléments
que j'aime à rappeler à ceux qui nous écoutent et aussi
pour le bénéfice de ceux qui pourront lire ce qui se passe en
cette Chambre.
Ce projet de loi reconnaît ou ne remet plus en question les jetons
de présence ou revient sur la politique que le gouvernement avait
implantée au début de son mandat, à savoir qu'il n'y
aurait plus de jetons de présence donnés aux gens qui
travaillaient au sein des comités gouvernementaux. À
l'intérieur de cette loi, on accepte, à certaines conditions, que
des jetons de présence soient remis à des gens.
Pourquoi j'en parle? C'est peut-être la première fois dans
une loi qu'on le fait clairement depuis un an. On admet clairement que les
jetons de présence redeviennent la coutume, mais seulement selon le bon
plaisir des ministres ou du ministre selon les comités qui existent.
Donc, il pourra y avoir des jetons. Il y aura des comités plus
importants que d'autres, selon la volonté ministérielle; il y en
a qui seront payés et d'autres non payés. À mon sens, il y
a discrimination. Mais on reconnaît d'une façon très claire
que les jetons de présence redeviennent à la mode, mais sous un
couvert beaucoup plus anonyme, aussi sous un couvert beaucoup plus
discrétionnaire.
Deuxième point, la taxe d'affaires qui existait et qui a
été corrigée l'an dernier. Au sujet de cette taxe
d'affaires, lorsqu'on a fait la correction, le ministre des Affaires
municipales avait informé l'Opposition que cet amendement ne causerait
aucun problème et qu'au contraire il corrigerait un certain nombre
d'erreurs en fonction des municipalités comme Québec et
Montréal. L'Opposition, se fiant à ses dires, a accepté
d'introduire cette mesure législative l'an dernier. Durant
l'année, on a vécu avec un certain nombre de problèmes.
À un certain nombre d'endroits, les gens se sont plaints de cette
nouvelle façon de taxer et non seulement les municipalités, mais
aussi les organismes sans but lucratif ont réagi assez fortement
concernant la taxe imposée, la taxe d'affaires.
Il y a un problème majeur qui s'est posé. À la
ville de Montréal, il y a plus d'organismes, bien sûr, que dans la
plupart des municipalités, où cette taxe d'affaires
représente des montants extrêmement importants. Ces gens se sont
plaints. La ville de Montréal a demandé des directives au
ministère. Le ministère ou le ministre des Affaires municipales a
informé la ville de Montréal qu'il pourrait mettre des
subventions pour compenser les coûts de la
taxe d'affaires, ce que la ville de Montréal a beaucoup
hésité à faire et ce qu'on a mis en doute, malgré
les écrits du ministre disant qu'il n'y avait pas de
problème.
Peut-être pas de problème, Mme la Présidente,
possiblement pas de contestation, mais on a trouvé moyen à
l'intérieur de cette loi d'introduire un article qui légalise
toute poursuite éventuelle qui pourrait avoir lieu, ce qui veut dire que
les municipalités, parce que cela a été introduit dans ce
projet de loi, ont le droit de remettre les subventions touchant la taxe
d'affaires, et ça, pour 1985-1986.
En ce qui concerne la taxe d'affaires pour les organismes sans but
lucratif qui sont dans le doute ou qui sont régis par la Commission
municipale, ils pourront, d'ici un an, donc, légaliser l'absence de
paiement de la taxe d'affaires à la municipalité pour
l'année 1987.
Donc, ce n'est pas parce qu'on n'aurait pas eu des choses à dire,
qu'on n'aurait pas eu certaines oppositions à faire, mais c'est un
projet de loi important puisqu'il remet dans une juste perspective les
organismes sans but lucratif, soit pour des buts charitables ou culturels, pour
la recherche, etc., des organismes qui rendent des services nombreux à
la population. Donc, les municipalités auront à se conformer
à ces directives, mais aussi au voeu des municipalités, il faut
bien le reconnaître.
Il y a certains groupes qui ont fait des représentations et qui
n'ont pas obtenu ce qu'ils demandaient, mais, à nos yeux, dans
l'ensemble, cela corrige une situation qui existait dans le passé, qui a
été corrigée, mais mal corrigée, ce qui fait qu'on
reconnaît actuellement que ce projet de loi est favorable aux
municipalités, aux organismes sans but lucratif, ce qui a toujours
été dans l'esprit du législateur.
À ce moment-là, les seuls points qu'on doit
reconnaître, ce sont les points que j'ai soulevés. D'abord, on
reconnaît les jetons de présence, contrairement à ce qu'on
a affirmé, la loi étant faite en vue de corriger une loi qui a
été mal faite l'an passé. En même temps, quand le
ministre donne des directives par écrit, il faut peut-être faire
attention et s'assurer que ce qu'il y a dans la loi est bien conforme à
ce que dit le ministre. Je ne pense pas que les municipalités puissent
fonctionner juste par des directives parce qu'elles sont régies par des
lois; elles sont tellement importantes que le ministre a cru bon d'introduire,
dans cette loi, un article pour protéger les municipalités qui
ont donné des subventions. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre des Affaires municipales.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, une courte
réplique. Nous sommes maintenant rendus à l'adoption du projet de
loi 16, Loi relative à diverses mesures à caractère
financier concernant les municipalités. Après l'adoption du
principe, le projet de loi a fait l'objet d'une étude
détaillée, article par article, par les membres de la commission
de l'aménagement et des équipements. Une fois l'étude
complétée, ces derniers se sont déclarés favorables
à l'adoption du présent projet de loi.
Permettez-moi de vous rappeler les principes qui en sont le fondement.
Comme vous le savez, les modifications proposées dans ce projet de loi
sont de nature financière et fiscale. Le monde municipal étant en
constante évolution, elles répondent à des besoins du
milieu et reflètent une volonté politique clairement
exprimée depuis quelques mois. Bref, elles sont attendues avec
impatience.
Notre gouvernement est habituellement réticent à
intervenir à tout propos afin de modifier les lois existantes. Il nous
semble, toutefois, opportun de faire aujourd'hui exception à la
règle générale. Dans certains dossiers, l'immobilisme
aurait pour effet de handicaper la gestion des affaires municipales. De plus,
il est important d'éliminer l'insécurité juridique
créée par certaines pratiques actuelles. C'est, donc, notre
devoir d'y remédier. Qu'il s'agisse de nouvelles manières de
taxer, d'approbation des régimes de retraite, de taxe d'affaires ou de
renouvellement anticipé d'un emprunt, les modifications proposées
par ce projet de loi ont toutes des incidences financières. Leur
regroupement nous permet d'espérer que la loi et les pratiques
existantes dans les municipalités seront de nouveau en harmonie.
Dans ce projet de loi, nous avons élargi la portée de la
taxe d'affaires à l'égard des organismes à but non
lucratif. L'assujettissement des organismes à but non lucratif à
la taxe d'affaires municipale fait problème depuis la réforme de
la fiscalité municipale de 1980. Dans le cadre actuel de la loi, il
existe une inéquité injustifiée, selon qu'un organisme
à but non lucratif est propriétaire ou locataire du local qu'il
occupe dans le cadre de ses activités. Ainsi, les organismes sans but
lucratif qui sont propriétaires de leurs immeubles peuvent, sur
décision de la Commission municipale du Québec, être
exemptés de la taxe foncière. S'ils obtiennent l'exemption de la
taxe foncière, ils sont, ipso facto, par l'effet de la loi,
exemptés de la taxe d'affaires, alors que les mêmes organismes,
qui ne sont pas propriétaires de leurs immeubles, ne peuvent pas
être exemptés de la taxe foncière et, de ce fait, ne
rencontrent pas la condition préalable nécessaire à
l'exemption de la taxe
d'affaires. (17 heures)
En d'autres mots, l'existence d'une exemption de la taxe foncière
se pose donc comme une condition préalable à l'exemption de la
taxe d'affaires. Nous voulons corriger cette situation et remplacer la formule
actuelle, qui procède par renvoi, par une formule plus précise
qui énumère spécifiquement les activités
exemptées de la taxe d'affaires.
L'exemption de la taxe d'affaires s'applique aussi aux organismes
poursuivant des activités administratives à caractère
social telles que la défense des intérêts ou des droits
d'un groupe de personnes formé en raison de la langue, de l'origine
ethnique ou nationale, de l'âge ou d'un handicap, ou d'un groupe luttant
contre une forme de discrimination illégale ou visant à venir en
aide à des personnes socialement ou économiquement
défavorisées. Notons que la procédure pour l'obtention de
l'exemption de la taxe d'affaires dont peut se prévaloir un organisme de
charité enregistré aux fins de la Loi sur les impôts est
simplifiée. En effet, la Commission municipale n'aura plus à
vérifier le caractère charitable des activités.
L'exemption sera automatique sur simple enregistrement de l'organisme au
ministère du Revenu. L'évaluateur municipal pourra en faire
lui-même le constat.
Voilà donc, M. le Président, l'application sommaire des
dispositions contenues dans le projet de loi. La nécessité de
fournir au monde municipal de nouveaux outils de gestion est indéniable
et, pour certaines d'entre elles, impérative. Que l'on pense seulement
aux dispositions qui assureront aux organismes charitables et communautaires un
traitement fiscal privilégié. À ce chapitre, je tiens
à souligner la généreuse vision du monde municipal
à l'endroit de ces organismes. La volonté des
municipalités d'appuyer tous ceux qui oeuvrent à
l'amélioration de la qualité de la vie est tout à leur
honneur.
Je suis convaincu que les membres de cette Assemblée partagent
nos objectifs et j'ose croire que cette nouvelle loi sera accueillie
favorablement. Je vous invite donc à procéder à l'adoption
de ce projet de loi. Merci.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que le rapport de la commission de l'aménagement
et des équipements qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 16 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Il y a consentement pour
passer à l'étape suivante du projet de loi.
M. Gratton: M. le Président, le rapport était
déjà adopté.
Le Vice-Président: Oh, je m'excuse.
M. Gratton: Oui, vous n'étiez pas au fauteuil au moment
où nous avons adopté le rapport. Il s'agit maintenant d'adopter
le projet de loi, s'il vous plaît!
Le Vice-Président: Très bien. Est-ce que la motion
du ministre des Affaires municipales visant à l'adoption du projet de
loi 16, Loi relative à diverses mesures à caractère
financier concernant les municipalités, est adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Alors, M. le Président, je voudrais qu'on
revienne maintenant au projet de loi au nom du ministre
délégué aux Mines, à l'article 40 du feuilleton,
s'il vous plaît!
Projet de loi 161
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée (suite)
Le Vice-Président: À l'article 40 du feuilleton
nous en sommes à la prise en considération du rapport de la
commission de l'économie et du travail qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 161, Loi sur
les mines. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas d'intervention.
Nous avons reçu certains amendements à cette étape du
projet de loi dont je vais m'enquérir. Est-ce que l'amendement à
l'article 38 du projet de loi est adopté?
M. Chevrette: M. le Président, nous avons
vérifié les amendements avec le ministre. Tout est conforme aux
échanges qu'il y a eu avec l'Opposition. Donc, vous pouvez les adopter
globalement.
Le Vice-Président: Très bien. Donc, l'amendement
à l'article 38 est adopté. L'amendement à l'article 213
est adopté. L'amendement à l'article 326 est adopté. Le
nouvel amendement à l'article 38 est adopté. Est-ce que le
rapport tel qu'amendé de la commission de l'économie et du
travail qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 161 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté.
M. Gratton: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président: Consentement pour passer à
l'étape suivante du projet de loi?
M. Chevrette: Consentement.
Adoption
Le Vice-Président: Est-ce que la motion du ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones visant
à l'adoption du projet de loi 161, Loi sur les mines, est
adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Mandat d'assistance aux Inuit
M. Gratton: M. le Président, j'en profite, à ce
moment pour fournir une information qu'avait demandée le
député d'Ungava, ce matin, concernant la consultation qui doit
avoir lieu au Nouveau-Québec. Après avoir pris une information
auprès du Directeur général des élections, M,
Pierre-F. Côté, concernant cette consultation qui sera tenue en
territoire inuit à la fin du mois d'août, je désire
informer le député et les membres de l'Assemblée que cette
consultation ne revêt aucun caractère juridique puisqu'elle
n'implique aucunement le gouvernement du Québec ou le Directeur
général des élections. En effet, la motion
présentée par le premier ministre du Québec signale que le
Directeur général des élections fournira de l'assistance
à la communauté inuit qui, elle, sera pleinement responsable de
la consultation tenue sur son territoire. Sur le plan de l'assistance, le
bureau du DGE donnera en premier lieu toute l'information requise concernant la
nature de l'information projetée, son interprétation ainsi que sa
portée. Le Directeur général des élections,
à la demande des Inuit, aidera au besoin ceux-ci pour l'encadrement de
la tenue du référendum ainsi que pour son bon déroulement
le jour du scrutin.
Cette consultation sous forme de sondage n'a d'aucune façon un
caractère juridique. Si, d'aventure, une partie ou une autre contestait
le résultat de la consultation, le bureau du Directeur
général des élections verrait à régler le
tout par voie de consensus.
Le Vice-Président: Très bien, ces informations sont
donc reçues. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 34, M. le Président.
Projet de loi 43
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
Le Vice-Président: À l'article 34 du feuilleton,
nous passons maintenant à la prise en considération du rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 43, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Il n'y
a pas d'intervention?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président: Oui? Est-ce qu'il y a un intervenant?
M. le député de Jonquière.
Une voix: Non, non. Le Vice-Président: Non?
Une voix: Sur le rapport?
Le Vice-Président: Sur le rapport, il n'y a pas
d'intervention. Est-ce que le rapport de la commission est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, M. le
Président?
Le Vice-Président: Donc, il y a consentement pour que nous
passions à l'étape suivante? Consentement.
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président: Le rapport est adopté sur
division? À l'article 34, le rapport de la commission est adopté
sur division. Il y a consentement. Nous passons maintenant à
l'étape de l'adoption.
Adoption
M. le ministre des Affaires municipales propose maintenant l'adoption du
projet de loi 43, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Je reconnais M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Le projet de loi 43., a
soulevé dès le début un certain nombre de
difficultés. C'est un projet de loi important, même s'il ne
comporte que sept articles, et, si on enlève l'article qui dit que la
loi sera en vigueur à partir de telle date, c'est en fait six articles.
Dans cette loi, il y a trois articles qui font problème, ce sont les
articles 3, 4 et 5. On ne peut pas dire que c'est une loi substantielle, mais
on peut affirmer que ce projet de loi touche les municipalités
régionales de comté, et c'est là où le
bât blesse et où les gens s'opposent très fermement
à l'adoption de ce projet de loi.
Il est évident que le ministre des Affaires municipales a
informé la commission qu'il avait l'appui des deux unions des
municipalités par la bouche de leur président. J'ai mis en doute
l'existence de cet accord, et il s'est créé un certain imbroglio.
Le ministre a déposé à l'Assemblée nationale une
lettre du président de l'Union des municipalités qui,
effectivement, donne son accord, mais d'une façon mitigée, en
disant que c'est d'une façon exceptionnelle que le ministre de
l'Environnement peut intervenir dans les lois municipales.
Le président de l'Union des municipalités
régionales de comté a dit, par télégramme, qu'il
s'oppose très fermement et il invite les municipalités
régionales de comté à s'opposer à ce projet de loi.
Pourquoi le président de l'Union des municipalités
régionales de comté s'oppose-t-il à l'adoption de ce
projet de loi? C'est parce que, effectivement, le ministre de l'Environnement a
un pouvoir de désaveu. Autrement dit, lorsqu'un schéma
d'aménagement ou des amendements seront proposés au schéma
d'aménagement, le ministre de l'Environnement aura à s'assurer,
que ce soit sur les rives, le littoral ou les terres inondables, que toutes les
conditions de l'environnement sont protégées.
Ce n'est pas à cela que les municipalités s'opposent, bien
sûr. Que le ministre de l'Environnement regarde ce qui se passe sur le
territoire, qu'il y ait des règlements qui couvrent le territoire du
Québec, ce n'est pas là que les municipalités s'opposent.
Où elles s'opposent, c'est lorsque le ministre, après avoir
décidé qu'il y a un problème, va demander aux
municipalités de le corriger. Heureusement que l'Opposition a
été vigilante. Le processus qui avait été
établi au départ doit être respecté pour faire le
retour des choses. À ce moment-là, le ministre peut intervenir et
dire à la municipalité régionale: Ce n'est pas correct. Il
a un pouvoir de désaveu, ce qui fait que la municipalité devra se
plier à ces exigences du ministère, et il n'y a aucun droit
d'appel. On voit que de là découle le problème de ce
projet de loi puisque le ministre de l'Environnement aura un pouvoir de
désaveu sans droit d'appel par rapport aux municipalités. (17 h
10)
Un deuxième point où les municipalités s'opposent
très fortement, c'est que le ministre des Affaires municipales refuse
d'exercer sa propre 'fonction ou son propre pouvoir. Pourquoi? On
prétend que la loi de l'environnement qui est en place permet au
ministre de l'Environnement d'intervenir sur le territoire du Québec et
que sa loi le couvre bien, la Loi sur la qualité de l'environnement.
Deuxièmement, dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il y
a aussi des articles qui permettent au ministre de l'Environnement d'intervenir
dans les affaires municipales. Donc, ils étaient bien couverts. Ce que
les municipalités nous disent carrément, c'est qu'on n'a pas
besoin d'avoir cinq ou six ministres qui viennent jouer sur notre territoire.
Elles disent: Que le ministre des Affaires municipales accepte de jouer son
rôle de coordonnateur auprès de ses collègues pour que les
municipalités aient affaire à un individu, un ministre pour
régler leurs problèmes. C'est là qu'est le
problème. Le problème dans ce projet de loi a été
créé par la Loi sur les terres du domaine public, la Loi sur les
forêts, la loi de la faune, la loi de l'agriculture, la CPTAQ, etc. Il y
a aussi le ministre de l'Énergie et des Ressources. Il y a
déjà cinq ministères qui sont dans le territoire du
Québec qui viennent voir un peu ce qui se passe. Les Mines, c'est aussi
un autre ministère qui touche les municipalités. Il y a donc cinq
ou six ministères qui viennent toucher les municipalités et qui
vont se servir de celles-ci comme des gens avec qui on peut faire à peu
près n'importe quoi. C'est à cela que les municipalités
s'opposent.
Même si le ministre des Affaires municipales avait toutes les
garanties possibles, pouvait réaffirmer en cette Chambre qu'il avait
l'accord des deux présidents, je me dis que les présidents des
unions des municipalités ne sont pas les municipalités. On est
obligé de constater que, jusqu'à présent, on a reçu
environ 80 télégrammes de municipalités régionales
de comté qui s'opposent très fermement à l'adoption du
projet de loi. C'est important, et le ministre doit en tenir compte, parce que
cela ne finira pas.
Il faudrait penser que, les 5 et 6 août, le ministre des Affaires
municipales a commandé une table Québec-municipalités, des
assises Québec-municipalités, où on va parler de l'avenir
des municipalités régionales de comté, on va parler de
fiscalité avec les municipalités, on va parler de
rémunération des élus, on va parler de régimes de
retraite des élus, on va peut-être parler d'autres sujets, mais,
actuellement, c'est le sujet dans lequel on est vraiment à faire la
synthèse. Pourquoi le ministre des Affaires municipales n'attend-il pas
au 5 et au 6 août 1987 pour discuter de ce problème avec les
muncipalités? La réponse, les présidents...
Il peut s'appuyer sur la parole des présidents, mais cela ne sera
jamais la parole de chaque municipalité. 80 municipalités nous
font connaître clairement leur désaveu par des
télégrammes, des lettres, des résolutions. Ce n'est pas un
caprice. On ne peut pas dire que ces demandes sont farfelues. Il faut insister
auprès du ministre pour qu'il travaille avec
les municipalités et de s'assurer qu'elles peuvent vivre avec les
lois qu'on leur donne. Ce n'est pas cela qui se produit, malheureusement. Moi,
j'invite, sans insister plus que cela... Le ministre vivra avec ses propres
responsabilités, avec ses propres poblèmes. Cependant, je lui dis
que ce ne sont pas les présidents des unions des municipalités,
que ce soit l'Union des municipalités du Québec ou l'Union des
municipalités réqionales de comté, ce ne sont pas les
présidents qui peuvent donner, au moment où je parle, l'heure
juste. Ce sont les 95 municipalités régionales de comté
qui à 80 % ou 90 % montrent leur désaveu, leur désaccord
et insistent fortement auprès du ministre des Affaires municipales.
C'est quoi l'urgence de vouloir passer le projet de loi actuellement
plutôt que d'attendre aux 5 et 6 août pour que les
municipalités puissent en discuter? Il me semble que c'est là que
cela devrait être discuté, c'est là que le ministre devrait
aller chercher l'accord de l'ensemble du monde municipal. Cela a toujours
été comme cela dans les affaires municipales, le ministre s'est
toujours gardé le droit non seulement de parler aux
municipalités... Je serais surpris que le contraire serait
arrivé. Anciennement, cela a toujours été comme cela. Le
ministre des Affaire municipales a toujours dit: On va parler avec les unions,
mais on veut aussi parler avec les municipalités. On veut aussi parler
avec les municipalités. Le ministre qu'on a actuellement dit: Non, je ne
peux pas parler avec les municipalités, je veux avoir un intervenant, on
va appeler cela les unions, les présidents. La table
Québec-municipalités remplace tout. Je vous dis, M. le ministre,
vous êtes en frais de vous démarquer auprès des
municipalités, et je vous dis une chose. Je ne pense pas que les
municipalités lâchent aussi vite que cela. Je vous le dis, vous
allez avoir des problèmes. Vous pouvez peut-être adopter la loi;
vous avez le droit. On va voter contre. On vous aura dit exactement quels sont
les dangers qui vous guettent, quels sont les problèmes que vous
créez, parce que vous refusez de jouer, comme les municipalités
le demandent, le rôle qui vous est dévolu, c'est-à-dire le
rôle de défenseur des municipalités, de coordonnateur
auprès de vos collègues des différents ministères.
Il faut que les municipalités puissent reconnaître un intervenant,
pas parler avec tout le monde, et que chacun n'ait pas sa politique
personnelle. Le ministre des Affaires municipales, s'il veut bien jouer son
rôle, doit d'abord s'asseoir avec ses collègues et regarder quels
sont les problèmes qui affectent les municipalités et comment on
va les corriger. Je pense que ce serait de nature à les rassurer. Ce
serait de nature à les rassurer sur la volonté du ministre de les
protéger, et aussi de bien coordonner le travail qui se fait sur leur
territoire.
En terminant, je voudrais simplement inviter le ministre à tenir
compte de la quantité des télégrammes qui lui sont
parvenus s'y opposant, des télégrammes de toutes les
municipalités régionales de comté. Il n'y a pas de couleur
là-dedans. Il doit y avoir quelques-uns de vos amis, par exemple. Si
vous voulez les garder, lisez donc ce qu'il y a dans ces
télégrammes et rendez-vous donc à leur demande en mettant
ce projet de loi de côté et en le soumettant à la table
Québec-municipalités les 5 et 6 août. À l'ouverture
de la session à l'automne, vous adopterez votre projet de loi si vous
avez l'accord des individus. Vous n'avez pas assez réfléchi pour
corriger ce qui est encore corrigeable et pour apporter des
améliorations que les municipalités vous demandent. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je reconnais maintenant le prochain
intervenant, M. le ministre de l'Environnement.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Très brièvement. Je vais prendre deux
ou trois minutes, M. le Président. Après avoir
écouté le député de Jonquière, vu que je
suis impliqué dans ce projet de loi, je veux assurer tous les gens du
monde municipal qu'il n'y a rien à craindre, que les pouvoirs qui sont
donnés au ministre de l'Environnement dans la loi 43 sont des pouvoirs
de surveillance par rapport à la loi 19, des pouvoirs qui sont de nature
exceptionnelle. Nous savons, après avoir parlé aux chefs des
unions, tant des municipalités que des municipalités
régionales de comté, après avoir travaillé avec le
ministre des Affaires municipales, que tout cela va se faire en harmonie. Cela
ne va pas être imposé. Il y a une politique qui a
été discutée pendant environ un an. Ce n'est nullement
notre intention d'aller imposer des choses avant que les gens, dans leur
évolution, soient prêts à les accepter.
Aujourd'hui, le fait est que, dans les schémas
d'aménagement des municipalités régionales de
comté, la protection des rives, du littoral et des plaines inondables,
c'est chose automatique. Nous voulons un mécanisme qui va coordonner
toute cette politique afin que tout le monde sache les règles du jeu. Ce
n'est nullement notre intention d'agir comme des policiers, d'agir comme une
espèce de force coercitive qui va aller partout, sur tout le territoire,
faire la guerre aux municipalités. Ce n'est nullement notre intention.
Ce n'est pas ce qui se passe aujourd'hui, par exemple, dans le domaine
où les municipalités travaillent de près avec le
ministère de l'Environnement pour le suivi du règlement sur les
fosses septiques. Bientôt, nous allons en arriver à une
entente
concernant le règlement de l'environnement dans le domaine
agricole. Il y a une foule de réglementations, une foule de directives,
une foule de politiques qui, tous les jours, sont appliquées sur le
territoire où les intervenants du milieu, que ce soit le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le
ministère des Forêts, le ministère de l'Environnement, ont
à travailler intimement avec le monde municipal, parce que le monde
municipal, c'est le gouvernement de la base. Sans le gouvernement de la base,
rien ne fonctionne. Je pense que chaque ministre est conscient de ce fait, car
chacun, dans son comté qui compte plusieurs municipalités,
rencontre tous les jours des maires et le monde municipal. C'est très
bien que rien ne se fasse sans l'accord, l'appui de la base. Je ne vois rien
dans ce projet de loi qui va causer la moindre confrontation. Nous avons
essayé de travailler dans l'harmonie la plus constructive pour mener ce
projet à bien, mais il faut, un jour ou l'autre, au Québec,
qu'ensemble nous arrivions à une politique coordonnée pour
protéger les rives, le littoral et les plaines inondables, parce qu'il
est sûr que, sans une politique axée vers cet objectif, nous
allons continuer à perdre nos sols, à voir nos sols
érodés et à avoir de la construction sauvage dans les
milieux. (17 h 20)
Donc, je peux assurer le député qu'il n'est nullement de
mon intention d'aller imposer des choses. On va travailler en harmonie avec le
monde municipal, le ministère des Affaires municipales et le ministre
lui-même. Merci.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le ministre des Affaires municipales.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. La Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme est, aujourd'hui modifiée afin
d'intégrer des techniques modernes d'urbanisme visant à rendre
l'exercice de la gestion du territoire plus vivant et mieux adapté
à la réalité. Certaines techniques d'assouplissement ont,
d'ailleurs, déjà été intégrées
à cette loi. Rappelons entre autres les dispositions relatives aux
dérogations mineures.
Le projet de loi à l'étude introduit dans la loi
générale la notion de plan d'aménagement d'ensemble.
Quoique cette notion soit encore inconnue au Québec, elle s'inspire de
techniques d'urbanisme utilisées par diverses provinces canadiennes et
dans certains États américains les plus innovateurs en cette
matière. Le projet de loi propose, de plus, d'accorder au ministre de
l'Environnement certains pouvoirs exceptionnels afin d'assurer une protection
adéquate des rives, du littoral, des cours d'eau de l'ensemble du
territoire québécois.
Le gouvernement, conscient de la nécessité de
procéder à un aménagement adéquat de toutes les
berges du Québec, s'est donné une politique provinciale dont les
maîtres d'oeuvre sont les municipalités qui sont, certes, les
intervenants les mieux outillés pour assurer une véritable
protection des berges, des rives et des cours d'eau. Dans ce contexte, le
pouvoir habilitant accordé au ministre de l'Environnement est
circonscrit dans un cadre d'intervention bien balisé. Ainsi, le ministre
de l'Environnement ne pourra intervenir que lorsque la municipalité ne
respectera pas la politique gouvernementale en la matière, laquelle sera
inscrite dans les schémas d'aménagement des municipalités
régionales de comté. Par ailleurs, le ministre pourra se
prévaloir de son pouvoir lorsque des particularités physiques du
milieu, telle une dégradation accélérée des rives,
commandent une intervention particulière du ministre.
Des amendements à cette section du projet de loi furent
apportés lors de la deuxième lecture afin d'alléger la
tâche des municipalités et de permettre aux principaux
intervenants, soit la municipalité régionale de comté, la
municipalité, la Commission municipale du Québec et le ministre
de l'Environnement, d'être bien informés lorsque des modifications
à un règlement sont requises. Des amendements ont
également été introduits afin que la municipalité
régionale de comté concernée et la Commission municipale
du Québec soient informées des gestes posés par le
ministre de l'Environnement et par la municipalité. C'est ainsi que le
ministre informera la municipalité régionale de comté et
la Commission municipale du Québec lorsqu'il demandera à une
municipalité de modifier son règlement. La MRC et la Commission
municipale du Québec seront également informées du
règlement de modification adopté par la municipalité
à la suite de la demande du ministre de l'Environnement. Il en sera de
même lorsque le ministre agira en lieu et place de la
municipalité. D'autre part, le délai pour permettre à une
municipalité de modifier sa réglementation a été
porté à 120 jours plutôt que 90 jours. Ce faisant, une
municipalité disposera d'un temps raisonnable pour effectuer les
modifications requises. Finalement, une modification à l'article 113.4
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme a été
introduite afin d'accorder plus de souplesse aux municipalités pour
établir les distances à être respectées entre les
constructions, les usages ou une combinaison des deux.
En conclusion, M. le Président, je rappelle que les dispositions
comprises dans le projet de loi sont des mesures qui, manifestement,
contribueront à rendre les
règles de l'aménagement du territoire plus souples et plus
adaptées. L'urbanisme doit demeurer une technique d'intervention
constamment adaptée aux besoins des municipalités et des
citoyens. Je crois que le présent projet de loi répond bien
à cette nécessité. Le texte proposé consacre, de
plus, l'importance qu'accorde le gouvernement à la sauvegarde des rives
et des cours d'eau tout en reconnaissant le rôle déterminant que
les municipalités auront à jouer dans ce domaine.
J'écoutais, tout à l'heure, le député de
Jonquière qui faisait état de nombreux télégrammes
qui lui sont parvenus de la part de municipalités régionales de
comté ou de résolutions émanant de celles-ci. Je puis lui
répéter, comme je le lui ai dit à plusieurs reprises, que
le gouvernement s'est engagé dans ce projet de loi après
consultation des élus municipaux, après consultation des unions
municipales. Je répète encore une fois que le gouvernement et le
ministre des Affaires municipales ont eu l'adhésion des deux
présidents des deux grandes unions municipales avant de procéder
avec ce projet de loi 43 qui confie aux municipalités la
responsabilité d'assurer la protection des rives, du littoral et des
plaines inondables et que ce n'est qu'en dernier ressort que le ministre de
l'Environnement pourra intervenir si jamais des municipalités ne se
conforment pas à la politique générale ou dans des cas
tout à fait exceptionnels.
M. le Président, qui peut raisonnablement s'opposer à ce
que le ministre de l'Environnement ait un mot à dire dans un sujet aussi
important? Dans certains milieux, on serait porté à penser que le
règlement devrait être un règlement provincial qui
s'appliquerait automatiquement à toutes les municipalités. Ce
n'est pas ce que nous avons choisi. Le ministre de l'Environnement et
moi-même avons convenu de confier aux municipalités la
responsabilité de voir à l'application de cette politique. C'est
donc une solution municipale qui est apportée à ce projet, une
solution qui passe par le respect de l'autonomie des municipalités en ce
qui concerne la protection des rives, des berges et du littoral.
M. le Président, je ne pense pas qu'on puisse sérieusement
s'opposer à ce que le ministre de l'Environnement, qui a la
responsabilité en cette province de la protection de l'environnement,
ait un mot à dire dans un sujet aussi important. Comme vous, M. le
Président, et comme bien d'autres, je déplore qu'un langage un
peu ambivalent ait été tenu par certaines personnes dans ce
dossier. Je ne comprends pas moi-même une certaine équivoque qui
s'est produite, mais je peux quand même témoigner que le
gouvernement a obtenu et estime avoir encore l'adhésion des deux grandes
unions municipales, adhésion qui a été donnée au
début de la procédure, avant la présentation du projet de
loi, par les représentants dûment élus du monde
municipal.
M. le Président, c'est pour toutes ces raisons que je soumets le
présent projet de loi à l'attention de la Chambre et que
j'espère avoir l'assentiment des députés pour l'adoption
de ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que la motion du ministre des Affaires municipales
proposant l'adoption du projet de loi 43, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, est adoptée?
M. Chevrette: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 37, M. le Président.
Projet de loi 100
Prise en considération du
rapport de la commission qui
en a fait l'étude
détaillée
Le Vice-Président: À l'article 37 du feuilleton,
nous en sommes à la prise en considération du rapport de la
commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 100, Loi sur les élections et les référendums dans
les municipalités. Est-ce qu'il y a des interventions à ce
moment-ci? Ahl II y a des amendements également. Nous n'avons pas eu
d'amendements. Est-ce que je peux suggérer... Déposé. Un
instant. Nous allons faire la vérification. Oui. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Pendant qu'on vérifie... Par contre, je
m'aperçois que c'est le dernier projet de loi au nom du ministre des
Affaires municipales. Je pense qu'on pourrait demander au ministre des Affaires
municipales de lire les amendements qui ont déjà
été communiqués, d'ailleurs, au député de
Jonquière. Donc, en en faisant lecture, on pourra tenir pour acquis
qu'on pourra les considérer au moment de la prise en
considération du rapport.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales, je comprends que vous allez proposer vos amendements. Ils seront
déposés, reçus et adoptés ainsi que le rapport de
la commission. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Alors, un amendement
à l'article 106 du projet de loi qui se lirait comme suit: L'article 106
du projet de loi 100, amendé
lors de son étude détaillée, est de nouveau
amendé par l'insertion dans la troisième ligne du
troisième alinéa et après le mot "demande", des mots "un
maximum de". (17 h 30)
M. le Président, voici le deuxième amendement qui a fait
l'objet d'un envoi au secrétaire général le 16 juin
dernier. Il se lirait comme suit. L'article 656 du projet de loi 100 est
remplacé par le suivant: "656. L'inobservation d'une formalité
prévue par la présente loi n'invalide pas un acte, à moins
qu'elle ne cause un préjudice sérieux ou que la loi n'en
prévoie l'effet, notamment en disposant que la formalité doit
être respectée sous peine de nullité ou de rejet de
l'acte." Voilà, M. le Président, les deux amendements que nous
devons apporter au projet de loi 100.
Le Vice-Président: Très bien. Il y a consentement
à ce que ces amendements soient déposés et
reçus?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement. Les amendements sont donc
déposés. L'amendement à l'article 106 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: L'amendement à l'article 656
est-il adopté?
M. Chevrette: Ce n'est pas 666?
Le Vice-Président: Article 656. C'est bien ça, M.
le ministre. L'amendement à l'article 656 est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Le rapport, tel qu'amendé, de la
commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 100, Loi sur les élections et les référendums dans
les municipalités, est-il adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Y a-t-il consentement
à ce que nous dérogions aux règles de procédure
pour arriver à la troisième lecture?
M. Gratton: Consentement. Adoption
Le Vice-Président: Consentement. Donc, M. le ministre des
Affaires municipales propose maintenant la motion d'adoption du projet de loi
.100, Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités. Je cède la parole à M. le
député de Jonquière. M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. C'est un projet de loi
qui est une pièce substantielle de législation. Cela a
commencé avec la volonté politique de l'ex-gouvernement qui avait
déposé un avant-projet de loi, ensuite identifié comme
projet de loi 60 qui a été mis à l'étude alors
qu'on a reçu un certain nombre de groupes en commission parlementaire.
Ce projet de loi a été changé. Cela a pris trois ans pour
arriver là où on est rendu. Le ministre a cru bon de le
réécrire, 355 ou 360 amendements, sans compter ceux qu'on a faits
en cours de route, lors de l'étude du projet de loi article par article.
Ce projet de loi qui fait la refonte du Code municipal et de la Loi sur les
cités et villes touche en même temps plusieurs chartes comme
celles de la ville de Québec et de Montréal. Comme il s'appelle
Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités, il touche l'ensemble des municipalités au
Québec.
C'est un projet de loi que nous avons étudié avec minutie
et qui dit dans ses principes que son but premier, c'est d'harmoniser les lois
municipales et la Loi électorale du Québec. Notre première
préoccupation à l'étude de ce projet de loi a
été de confronter un bon nombre d'articles avec la Loi
électorale du Québec et, malheureusement on est arrivé
à la conclusion à plusieurs endroits que le projet de loi ne
respecte pas la loi générale sur les élections. On peut
être attristé de ce fait. Il semble aussi qu'il y a des articles
où il y a eu certains entêtements difficiles à comprendre.
En tout cas, je pourrais en énumérer quelques-uns pour faire
ressortir exactement ce qui s'est passé dans ce projet de loi.
On aurait pu décider de voter contre. Il y avait assez
d'éléments pour voter contre. Mais on a décidé de
voter pour. Le ministre vivra avec ses propres problèmes. Je pense que
c'est un fait. Il devra vivre avec. Ce ne sera pas pour le bien des
municipalités, ça, je vous le dis, M. le ministre
délégué à la Privatisation. Immédiatement au
départ, un des problèmes qui sont arrivés, c'est que le
ministre délégué à la Réforme
électorale du Québec, celui qui est responsable, avait dit qu'il
voulait confier l'économie ou l'application de cette loi au Directeur
général des élections. À ce moment, après
trois ans d'étude, c'était inacceptable pour l'Opposition mais le
ministre des Affaires municipales, lui, était prêt à
l'accepter.
On ne peut pas enlever des pouvoirs par une loi particulière,
même si elle est publique, à une personne et, si on veut
harmoniser, de quelle façon peut-on mieux harmoniser quand ce sont les
mêmes
personnes qui ont à l'appliquer? Par l'expérience que j'ai
vécue du point de vue municipal, je peux dire, et je donne le message au
ministre responsable des élections, que le Directeur
général des élections, dans le domaine municipal, a fait
un excellent travail. Je pense aussi qu'il a la compétence et
l'expérience pour continuer à le faire. Nonobstant les individus,
je pense qu'il faut regarder ce qui se passe dans la loi.
Il y avait des articles qui n'ont pas fait l'objet - il nous semble, en
tout cas -d'étude particulière. Je pense surtout aux conseillers
municipaux dans des municipalités; leur nombre est excessif. Il arrive
des barèmes où, si on dépasse une certaine
quantité, par exemple, de 100 000 à 250 000 habitants, on peut
avoir de 14 à 24 conseillers municipaux. Quand on sait qu'à
Longueuil, avec 120 000 ou 125 000 habitants, ils en ont 19, cela veut dire
que, pour les 125 000 habitants supplémentaires, ils ont droit à
5 conseillers; donc, cela ressemble à des conseillers de deuxième
classe. De 250 000 à 500 000, c'est 18 à 36 conseillers. Pour la
ville de Montréal, 500 000 et plus, il pourrait, selon la volonté
du conseil municipal, y avoir jusqu'à 90 conseillers municipaux; se
rendre à 90, c'est presque l'Assemblée nationale. Il y a toujours
un bout! Trop, c'est trop! Mais cela a été accepté comme
cela. Le ministre a dit: Cela a bien de l'allure; je ne sais pas selon quels
critères, mais cela fonctionne comme cela. Donc, il y a vraiment sur
cette décision des questionnements qu'on peut avoir.
L'établissement de la rémunération lorsque vient le
temps des élections, c'est tellement de travail. Dans les grosses
municipalités qui ont des conseils exécutifs, le conseil
municipal aura à se prononcer une fois par quatre ans pour savoir
comment il va payer ses recenseurs et les gens qui travailleront aux
élections. On a décidé qu'on pouvait transférer
cette responsabilité au conseil exécutif. C'est de la folie
furieuse, à mon point de vue. Les élus municipaux, d'abord, ne
font pas tous partie du même parti politique, règle
générale; donc, ils n'auront pas un mot à dire parce que
le conseil municipal aura passé une résolution pour
transférer la responsabilité à l'exécutif. Cela va
revenir devant tout le monde et il y aura des élus, encore là, de
deuxième classe par rapport à des élus de première
classe. Cela est inacceptable, à mon point de vue; cela aussi a
été adopté sur division.
Il y avait des releveurs de liste qui ont été
demandés; cela existe aussi au plan provincial, à l'exception que
les votes par anticipation, on n'a pas voulu les inclure, malgré nos
prétentions que cela aurait favorisé le vote et une meilleure
organisation du vote dans ces périodes.
Il y a certains autres points. Voyez- vous, on veut faciliter les choses
pour les gens qui veulent poser leur candidature à des postes
électoraux. On dit: Vous ne déposerez pas 50 $ parce que c'est
beaucoup d'argent à déposer; si vous avez 20 % des votes, on va
vous les remettre. Cela, c'est pour garder le sérieux des qens qui se
présentent aux élections. On a enlevé cela. On dit aux
gens: On va vous donner des listes électorales quand vous allez
présenter votre candidature. Si vous retirez votre candidature, les
listes électorales, même si elles ne sont pas brisées, si
elles ne sont pas oblitérées ou qu'elles n'ont rien de
changé, vous allez payer ce que cela coûte. Comme les frais sont
payés, ce n'est jamais le prix exact. Pour les municipalités qui
ont 40 000 voteurs, cela peut représenter 400 $ à 500 $ la liste,
parfois de la photocopie de la liste. Les prétentions du ministre, c'est
que ce n'est pas grave; le sérieux, on juge cela après, pas
avant. Je ne suis pas sûr que c'était correct, et on s'est
opposé à cela.
La trouvaille du siècle, ce sont les villes de 100 000 habitants
et plus, où le Directeur général des élections peut
reconnaître plusieurs partis, des indépendants qui se
présenteraient aux élections. Voilà le problème
qu'on peut y trouver: le parti qui a fait élire le plus de conseillers
va avoir le droit de recommander les réviseurs et, en même temps,
dans le bureau de révision, dans les bureaux d'élection ou de
vote, il va pouvoir nommer des personnes, les premières. Le
deuxième parti qui aura fait élire le plus de conseillers
municipaux pourra nommer les secrétaires. Donc, s'il y en a un
troisième, il ne peut rien nommer. S'il y a un indépendant, il ne
peut rien nommer. Donc, on dit dans les faits: On est démocratique, on
va permettre aux gens de se former en partis politiques, de se présenter
aux élections, mais quand arrive le temps de nommer les recenseurs ou
les gens qui vont travailler dans les bureaux de vote, on ne les
reconnaît plus. Provincialement parlant ou québécoisement
parlant, selon la loi générale, celui qui est élu,
même s'il est indépendant, s'il a le goût de se
représenter, va nommer le président de son bureau
d'élection. C'est drôlement important, c'est un changement de la
philosophie très important et aussi, à mon sens,
antidémocratique. On ne peut pas dire: Vous avez droit à deux
partis politiques dans une municipalité. Donc, reconnaissons dans les
faits que, s'il y en a plus de deux, le processus vaut partout. La
cohérence du ministre est difficile à comprendre par rapport
à ces articles. Cela est vraiment du droit nouveau. On vient de
créer des élus qui n'ont même pas de classe. J'entends
souvent le président de l'Union des municipalités du
Québec qui dit: II n'y a pas d'élus de deuxième classe et
de troisième classe, ce sont des élus à différents
paliers, mais ils sont tous, quand même, élus par le
même
monde. (17 h 40)
Le ministre des Affaires municipales vient de décider que dans
les villes de 100 000 habitants et plus, il y a des gens qui ne méritent
aucune considération; ils n'ont pas droit de parler quant à la
façon de rémunérer ces gens. Ils n'ont même pas le
droit de les nommer, non plus. Il me semble, en tout cas, que c'est
antidémocratique. Vous savez bien que le pouvoir de nommer des gens qui
travaillent au plan électoral, cela aide aussi quelqu'un à se
faire réélire.
On est allé aussi regarder dans la Loi électorale qu'on
connaît, la loi générale où on avait interdit
à la plupart des gens qui travaillaient pour les ministères de se
présenter à des postes électoraux municipaux. Cela avait
été reconnu par la loi. Avec ce projet de loi, les portes sont
grandes ouvertes, ce sont les écluses. Ce qu'on défendait, on le
permet à tout le monde comme si c'était une façon de
procéder. Je suis favorable assez souvent à la politique des
petits pas. C'est celle-là la meilleure par rapport à des lois.
Quand on veut aller trop vite, on va contre les us et coutumes des gens. On
chambarde leur volonté. On chambarde aussi leurs manières de
vivre. On ne joue pas avec les municipalités, c'est une institution. On
ne doit pas laisser comme cela les portes ouvertes à tout venant et
dire: On corrigera après. Cela ne se corrige pratiquement plus. Enlever
des droits acquis à quelqu'un, vous essaierez de faire cela! Je ne pense
pas que vous puissiez le faire facilement. Donc, encore là, vous avez
ouvert les portes et vous vivrez avec. Je vous dis qu'il y a des gens qui
travaillent pour l'environnement, par exemple - on vient d'en parler tout
à l'heure - qui vont avoir à faire appliquer les lois de
l'environnement partout sur le territoire du Québec. Ce sont des gens
qui vont prendre des actions contre les municipalités, selon la
volonté du ministre de l'Environnement. Ces gens vont être en
même temps conseillers municipaux. Comment vont-ils pouvoir réagir
par rapport à cela? On vivra avec et on verra ce que cela va donner.
Dans les municipalités où le président
d'élection est empêché d'agir, c'est la Commission
municipale qui va nommer le remplaçant du président
d'élection. On avait suggéré de confier ce pouvoir au
conseil municipal. On trouvait que c'était plus logique. D'une
façon ou de l'autre, la Commission municipale devra s'adresser au
conseil municipal avant de nommer un président d'élection. On a
essayé d'économiser une étape. Cela aussi, c'était
de l'autonomie municipale.
Il y a les motifs d'éligibilité, aussi, sur lesquels on
avait des choses à dire. En matière de conflits
d'intérêts, le ministre a proposé un article où
quelqu'un qui possède moins de 10 % des actions votantes peut faire
affaire avec les municipalités. Donc, il peut y avoir un conflit
d'intérêts. Ce sont, la plupart du temps, des petites
municipalités et, même s'il s'agissait de grandes
municipalités, on sait bien que 9,9 % d'actions dans une compagnie
pourraient avoir une certaine influence sur l'octroi de contrats sur la place
publique. À ce moment, c'est un droit nouveau introduit par cet article.
Avant, il n'y avait rien de prévu.
Il y a aussi la question des gens qui ne peuvent assister aux conseils
municipaux. Je comprends que le ministre a un très grand coeur, il est
très humain, c'est un article humanitaire, mais je ne pense pas que cela
ait sa place dans l'administration courante. Un conseiller municipal, et cela a
toujours existé, peut s'absenter pour un motif ou un autre par une
maladie ou autre, pendant trois mois, des assemblées du conseil
municipal. Cet article est maintenu. Actuellement, on maintient aussi que,
après 90 jours, le conseil peut prolonger cette période d'un
mois. Donc, ce sont deux articles qui s'additionnent. Là, on va plus
loin. On dit: Si, après quatre mois qu'un conseiller municipal n'a pas
assisté aux assemblées, le conseil juge - je ne sais pas de
quelle façon - que cela ne fait pas de tort au quartier que l'individu
représente, il peut le garder comme conseiller municipal ad vitam
aeternam. Pourquoi de 90 à 120, si on maintient 120 et plus? C'est un
article inutile, les 90 à 120. Cela peut servir de règlement de
comptes. Selon qu'on est blanc ou noir, on pourrait changer pas mal
d'éléments. Il y a des gens qui pourraient prendre la porte
justement parce qu'il y a des gens qui décideront qu'après 90
jours, c'est suffisant, et il y aura d'autres raisons que la maladie.
Donc, on peut finir un mandat. Ce n'est pas au conseil de
décider, après 120 jours, si cela fait tort ou non au parti que
l'individu représente. Après 120 jours, c'est bien dommage,
à un moment donné, un arrêt doit se produire quelque part.
Le ministre dit: II faut bien prolonger, on a même vu des conseils
municipaux qui sont allés siéger à des places où ce
n'était pas correct. Mais il faut faire ressortir que cet article
introduit une notion. Pourquoi décider du nombre de conseillers dans une
municipalité si le conseil peut décider qu'avec plus ou moins,
cela fonctionne quand même? Je pense que c'est un élément
différent.
Un point qui est peut-être un peu surprenant, c'est que, lorsqu'il
y a un parti politique dont le rapport financier n'est pas
présenté à temps, si quelqu'un est élu maire de ce
parti, il ne pourra pas siéger tant que le rapport ne sera pas
déposé mais, d'une autre façon, s'il n'y a pas de maire
élu, c'est le représentant du quartier le plus populeux qui ne
pourra pas se présenter. Je
trouve cela un peu curieux. Pourquoi le représentant du quartier
le plus populeux serait-il pénalisé pour un parti politique?
C'est de la folie furieuse. Qu'on prenne n'importe quel, qu'on tire au sort. Le
ministre n'a pas compris cela.
On sait qu'il y a une coutume. Il y a des endroits où il y a des
élections tous les deux ans et il y a des endroits où c'est tous
les quatre ans. Comme la coutume veut que, de plus en plus, les gens tendent
vers les quatre ans, j'insiste auprès du ministre pour qu'il adopte une
loi qui ferait en sorte que les élections aient lieu tous les quatre ans
au lieu de tous les deux ans parce qu'il y a des coûts à cause de
cela, et les municipalités sont toujours en élection. Il n'a pas
donné suite à cela, mais on pense que c'est un article qui aurait
été apprécié par les municipalités. Toutes
celles qui ont accepté d'aller en élection tous les quatre ans ne
s'en sont trouvées que mieux.
On peut dire que, dans ce projet de loi, il y avait beaucoup
d'éléments qu'on a critiqués, qu'on a essayé de
changer. La seule chose qu'on dit, c'est que le ministre vivra avec ses
problèmes. Cette loi, malheureusement, avec toutes les consultations et
avec tout le temps qu'on a consacré à l'étudier, n'a pas
produit ce qu'elle aurait dû produire, une loi pour les élus
municipaux et non une loi de fonctionnaires. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède la parole à M. le
ministre des Affaires municipales.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Les
représentants du milieu municipal sont, depuis de nombreuses
années, unanimes à témoigner de l'abondance, de la
complexité et de la désuétude des lois municipales. Pour
illustrer mes propos, rappelons que les deux pièces législatives
majeures que sont la Loi sur les cités et villes et le Code municipal
datent respectivement de 1916 et de 1922 et ne suffisent plus à donner
une image fidèle du droit applicable. De plus, la distinction entre les
villes et les municipalités rurales, qui se justifiait au début
du siècle, n'a vraiment plus sa raison d'être.
En effet, à l'époque, chaque type de municipalité
reflétait des réalités économiques,
géographiques et démographiques bien distinctes. Leurs besoins
étaient différents. Le droit aussi. Aujourd'hui, l'urbanisation,
la mobilité plus grande des populations, le développement de
banlieues, le reqroupement des municipalités sont autant de facteurs qui
font que cette distinction est de plus en plus artificielle. En
conséquence, il devenait urgent et même prioritaire que le
ministère des Affaires municipales procède à un examen
complet du droit municipal. La révision de la législation
municipale a été entreprise dans le but très clair
d'unifier les deux systèmes, les villes et les municipalités
rurales, afin d'uniformiser autant que possible les règles qui
s'appliqueront à l'ensemble des municipalités du Québec
à l'avenir.
Nous sommes très heureux de présenter aujourd'hui, devant
cette Assemblée, le premier volet du Code des municipalités du
Québec. Ce projet de loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités est le fruit d'une
lonque réflexion et d'une vaste concertation du monde municipal. En plus
d'être applicable à toutes les municipalités du
Québec, ce projet a l'avantage de réunir dans un seul livre
toutes les dispositions applicables à une municipalité lors d'une
élection ou d'un référendum. À cet égard,
non seulement le projet traite-t-il des aspects techniques de
l'élection, par exemple, la date de l'élection
générale, le déroulement du scrutin, le personnel
électoral, mais il a, en outre, la grande qualité de rassembler
les règles concernant les matières connexes au domaine
électoral, telles que le financement des partis politiques et la
déontologie électorale. (17 h 50)
De même, il contient toutes les règles propres au
référendum, qu'il s'agisse de la procédure
d'enregistrement, de la liste référendaire ou du
déroulement du scrutin. Ainsi, les élections
générales municipales auront lieu tous les quatre ans, le premier
dimanche de novembre, sans, toutefois, imposer qu'elles se tiennent la
même année dans toutes les municipalités. Cependant, tous
les postes du conseil municipal ne seront pas nécessairement ouverts en
même temps aux candidatures. En effet, dans les municipalités
où ce système existe déjà, nous avons choisi de
conserver un système de rotation qui permet à un conseil
municipal de renouveler la moitié de ses membres tous les deux ans.
Cette possibilité sera ouverte aux municipalités qui utilisent
déjà ce mécanisme, et seulement à
celles-là.
En ce qui concerne les électeurs, nous proposons de donner la
qualité d'électeur à toute personne physique majeure,
domiciliée, propriétaire d'immeuble ou occupant de place
d'affaires dans la municipalité depuis au moins douze mois le 1er
septembre de l'année de l'élection. Par ailleurs, pour se
présenter comme candidat à un poste de membre du conseil, il
faudra être un électeur de la municipalité et y avoir son
domicile ou encore sa résidence de façon continue ou non, depuis
au moins douze mois le 1er septembre de l'année de
l'élection.
Concernant les procédures de déclaration de candidature,
une période de 35 jours est ouverte pour le dépôt "des
mises en candidature, plus précisément la période comprise
entre le 58e jour et le 23e jour
avant le scrutin. Une déclaration de candidature devra être
appuyée par 5, 10 ou 25 électeurs, ce nombre variant en fonction
de la taille de la municipalité. Soulignons que nous avons
supprimé l'obligation qui existait dans certaines municipalités
de déposer une somme d'argent lors de la déclaration de
candidature, cela afin de favoriser l'accès aux charges municipales.
Après bien des réflexions, nous avons décidé
d'abolir le système des colistiers tel qu'il existe présentement
à Montréal, ce mécanisme n'étant pas vraiment
représentatif de notre système électoral municipal.
Quant à la période de scrutin, nous avons choisi
d'uniformiser les heures de scrutin. Le scrutin se tiendra de 9 heures à
19 heures avec une possibilité de prolongation en cas de retard ou
d'interruption du vote.
Par ailleurs, la nouvelle loi conserve les dispositions existantes en
matière de conflit d'intérêts et définit cette
situation comme étant le fait d'une personne qui, sciemment, pendant la
durée de son mandat, a un intérêt direct ou indirect dans
un contrat avec la municipalité. À ce grand principe, il existe
un certain nombre d'exceptions. Mentionnons, entre autres, le fait pour un
individu de posséder moins de 10 % des actions votantes d'une
corporation, tout en étant ni un administrateur ni un officier de cette
corporation; de même, certains cas de force majeure où
l'intérêt général de la municipalité exige
que le contrat soit conclu de préférence à tout autre.
Pensons simplement à la possibilité qu'il n'y ait qu'un seul
fournisseur dans une région. Et, M. le Président, je vois le
député de Lévis qui semble s'opposer à cette
possibilité qu'un membre du conseil municipal puisse avoir un
intérêt dans une corporation qui pourrait faire des contrats avec
la municipalité.
M. le Président, l'ancien gouvernement, dans l'ancien projet de
loi 60 qui était le précurseur du projet de loi actuel,
permettait à un conseiller municipal ou même à un membre
d'avoir des contrats avec la municipalité. Il pouvait même
être actionnaire à 100 % d'une corporation, être le seul
actionnaire d'une corporation avec droit de vote et avoir des contrats avec la
municipalité. Nous avons choisi autrement, M. le Président. Nous
avons aboli cette possibilité d'avoir des contrats avec la
municipalité, soit pour un maire, soit pour un conseiller municipal.
Nous avons conservé la possibilité d'être actionnaire d'une
corporation dans la mesure où l'actionnariat ne dépasse pas 10 %
des actions de la municipalité, 10 % des actions ayant droit de vote.
Dans ces conditions, nous avons respecté le principe voulant qu'un
conseiller municipal ou un maire ne soit pas en conflit
d'intérêts.
Une autre amélioration apportée par le projet de loi
concerne le recours en déclaration d'inhabilité. Par ailleurs,
lorsque le greffier ou le secrétaire-trésorier constate qu'il
existe une vacance à un poste de conseiller ou au poste de maire, il
doit en aviser le conseil municipal. Dans le cas où l'on constate cette
vacance plus de douze mois avant le jour fixé pour le scrutin de la
prochaine élection régulière, le déclenchement de
l'élection partielle est alors obligatoire. Cependant, lorsque la
vacance est constatée, dans l'un ou l'autre des cas, à
l'intérieur des douze mois précédant le prochain scrutin
régulier, le conseil a le pouvoir de décréter une
élection partielle même si celle-ci n'est pas obligatoire.
Toujours à l'intérieur du délai de douze mois, si le poste
de maire est vacant et que le conseil a choisi de ne pas décréter
d'élection partielle, il faut alors appliquer le système de
cooptation. Il s'agit, pour les conseillers, d'élire un d'entre eux au
poste de maire. Cette élection se fait au scrutin secret lors d'une
séance du conseil.
Dans le contexte de l'élection partielle, rappelons la
nécessité pour tout membre du conseil de démissionner
avant de se présenter à un poste vacant. Pensons à un
conseiller qui voudrait se présenter à la mairie, par exemple.
À cet égard, afin d'éviter la tenue d'élections
partielles à quelques semaines d'intervalle comme c'est le cas
présentement, la nouvelle loi offre la possibilité au greffier ou
au secrétaire-trésorier de tenir plus d'une élection
partielle à la fois.
La partie de la loi intitulée "Titre II" traite des
référendums. Je dirai quelques mots très brefs sur ce
sujet. Nous avons revu les dispositions concernant les procédures
préréférendaires et référendaires afin de
leur donner plus de cohérence. La loi précise, entre autres, un
mode d'emploi uniforme pour soumettre les règlements, résolutions
ou autres actes à une approbation référendaire. La notion
de personne habile à voter a fait aussi l'objet d'une révision en
profondeur. Ainsi, à l'avenir, les personnes domiciliées, les
propriétaires d'immeubles et les occupants de place d'affaires seront
habiles à voter sur toute question référendaire. C'est une
amélioration apportée à la loi puisque,
présentement, seuls les propriétaires et les locataires sont
habiles à voter sur des questions en matière d'urbanisme tandis
qu'en matière d'emprunt seuls les propriétaires peuvent se
prononcer.
Quant à la procédure préréférendaire
d'enregistrement, nous nous sommes inspirés de la Loi sur les
cités et villes. Cette procédure s'appliquera à l'avenir
à toutes les municipalités remplaçant ainsi
l'assemblée publique de deux heures dans les municipalités
rurales.
II me faut aussi dire un bref mot du registre de signatures qui serait
ouvert au
moins une journée jusqu'à un maximum de six jours. Le
nombre de jours varie en fonction de la quantité de signatures requises
pour provoquer la tenue du scrutin référendaire. Avant le
début de la période d'enregistrement, le conseil pourrait donner
des instructions afin de stopper les procédures si, à la fin
d'une des journées, un nombre suffisant de signatures a
été atteint.
Le nombre de signatures requises pour provoquer la tenue d'un scrutin
référendaire a fait l'objet d'un examen attentif de notre part.
Il me faut, d'abord, vous rappeler que, dans les lois actuelles, dès
qu'on atteint le chiffre de 5000 personnes habiles à voter, 500
signatures suffisent pour provoquer la tenue du scrutin
référendaire. Ces dispositions nous sont apparues de nature
à entraver la bonne administration de certaines grandes villes. En
conséquence, le chiffre de 500 signatures s'appliquera désormais
dans le cas où il y a entre 5000 et 20 000 personnes habiles à
voter.
Dans les cas où il y a 20 000 personnes habiles à voter et
plus, nous pensons qu'il est préférable d'exiger un pourcentage
de 2,5 % du nombre d'électeurs habiles à voter. Ce chiffre fera
en sorte qu'à Laval, par exemple, où il peut y avoir près
de 200 000 personnes habiles à voter lors d'un référendum
général, près de 5000 personnes devront signer le registre
pour provoquer la tenue du scrutin référendaire. On
précise dans la loi que le scrutin référendaire se tient
obligatoirement un dimanche, tout comme le scrutin électoral.
Avant de conclure, certaines autres dispositions méritent qu'on
s'y attarde.
Le Vice-Président: M. le ministre, je m'excuse. Juste un
instant. En vertu de nos règles de procédure, je dois à ce
moment-ci obtenir un consentement si nous voulons continuer nos débats.
Est-ce qu'il y a consentement à ce que nous poursuivions nos
débats, M. le leader de l'Opposition?
M. Chevrette: M. le Président, à ce stade-ci,
compte tenu du fait que je n'ai même pas dîné, être
certain que le ministre n'en aurait pas encore pour une demi-heure...
M. Bourbeau: Oui. Une minute.
M. Chevrette: ...je pourrais peut-être permettre un
consentement, mais s'il se "filibuste" lui-même, je vous avoue que je
vais aller manger une soupe.
M. Gratton: Oui. Le ministre des Affaires municipales m'indique
qu'il en a pour à peine une minute avant de conclure. Donc, je
solliciterais le consentement pour qu'on puisse continuer.
M. Garon: Consentement pour une minute. (18 heures)
Le Vice-Président: II y a donc consentement à ce
que nous poursuivions nos travaux. M. le ministre, brièvement.
M. Bourbeau: M. le Président, le leader de l'Opposition
reconnaîtra que ce n'est pas le ministre des Affaires municipales qui a
choisi de parler sur la troisième lecture, c'est le député
de Jonquière, et je ne fais que parler en réplique. Si ce
n'eût été que de moi, M. le Président, j'aurais
été parfaitement heureux de passer à l'adoption du projet
de loi sans prendre la parole. En ce qui concerne la question du "filibustang,
filibuster ou filibust", le leader de l'Opposition reconnaîtra que le
député de Jonquière est beaucoup meilleur que moi dans ce
genre de choses.
Avant de conclure, M. le Président, je disais que certaines
autres dispositions méritent qu'on s'y attarde. Nous ne pouvons passer
sous silence le fait que nous ayons introduit une clause omnibus qui
prévoit la protection du personnel qui, de bonne foi, commet une erreur
dans l'accomplissement d'un devoir prévu par la loi. Cet ajout nous
semblait nécessaire puisqu'il n'existe présentement aucune
protection particulière en faveur de ceux qui posent, de bonne foi, des
actes non conformes à la loi. Rappelons en terminant que la loi sera en
vigueur à partir du 1er janvier 1988 et que le point de départ
pour les mandats de quatre ans sera la prochaine élection
générale, au poste de maire, qui suit l'entrée en vigueur
du présent projet de loi.
Voilà l'essentiel du contenu du projet de loi 100 qui se veut
aussi le premier volet du nouveau code des municipalités du
Québec. Un tel projet vient lentement à maturité et, pour
y parvenir, les étapes sont longues et nombreuses. À ce sujet,
rappelons les premières rencontres du ministère avec les
représentants du milieu, lors de la table
Québec-municipalités. Ces échanges ont été
suivis du long et complexe travail d'écriture visant à traduire
les volontés politiques dans un texte législatif clair et
cohérent. La présentation du projet de loi 100 devant cette
Assemblée a eu lieu le 19 juin 1986, soit il y a un peu plus d'un an,
suivie de la consultation du milieu municipal lors de la commission
parlementaire de l'automne dernier. Par la suite, d'inévitables
réajustements ont entraîné la réimpression du projet
de loi qui fut enfin prêt à franchir l'étape finale
où, sous l'oeil vigilant des députés, chaque article a
été scruté et analysé une dernière fois.
C'est le résultat de cet immense travail que je suis très
fier de présenter aujourd'hui et que je demande à cette
Assemblée de cautionner en votant pour l'adoption du projet de loi 100
sur les
élections et les référendums dans les
municipalités. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Alors, le débat étant
terminé, est-ce que la motion du ministre des Affaires municipales
proposant l'adoption du projet de loi 100, Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités, est
adoptée?
M. Gratton: Adopté.
M. Chevrette: Adopté. Vote reporté au mois
d'octobre!
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 44, M. le Président.
Projet de loi 38 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 44 du feuilleton, M.
le ministre délégué aux Pêcheries propose la motion
d'adoption du projet de loi 38, Loi sur la transformation des produits marins.
Y a-t-il des interventions à ce moment-ci? Le rapport est fait. Comme
premier intervenant, je reconnais donc M. le ministre
délégué aux Pêcheries.
M. Dutil: Merci, M. le Président. M. le Président,
je m'en tiendrai à la réplique. Alors, je souhaiterais que M. le
député de Lévis fasse son intervention et je
répliquerai à son intervention tout simplement.
Le Vice-Président: Très bien, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'aurais pensé que le
ministre avait compris puisque, tant en deuxième lecture qu'en
commission parlementaire et qu'au rapport de la commission, il me semblait que
nous lui avions fait comprendre que ce projet de loi était inutile et
que c'est uniquement parce qu'il n'a pas pu négocier de bons quotas pour
les pêcheurs québécois pour la saison 1987. On voit
actuellement que la zone 4-T vient de fermer, que les travailleurs en usine
vont payer chèrement le fait que le ministre est incapable de
négocier les quotas suffisants pour faire fonctionner les pêches
normalement au Québec, de sorte qu'un grand nombre de bateaux seront
à quai beaucoup plus à bonne heure cette année, que des
usines fermeront et que des travailleurs chômeront parce que le ministre
n'a pas négocié. Dans la volée du lac Meech où tout
le Québec ministériel s'écrase, le ministre n'a pas
dérogé à la règle.
Dans le domaine des pêches, M. le Président, c'est un chaos
cette année, c'est un désastre où les quotas sont au plus
bas depuis plusieurs années. M. le Président, le ministre veut
donner le change, faire croire qu'avec cette loi sur la transformation des
produits marins il pourra obliger à une plus grande transformation alors
qu'en fait il n'exige rien, sauf de l'emballage qui, de toute façon,
devait se faire comme tel dans les années passées. On ne peut pas
imaginer le poisson qu'on va transporter au "payloader", qu'on va manipuler
à la pelle, mais il faut qu'il soit dans des boîtes, il faut qu'il
soit emballé pour être manipulé. Le ministre qui veut que
cela prenne des permis va créer un système incroyable avec des
permis d'acheteurs pour acheter du poisson au Québec, avec des
bordereaux, des connaissements à bord des camions, avec un
système d'inspection pour voir si les gens ont acheté du poisson
au Québec, pour tenter de leur faire faire une plus grande
transformation, alors qu'il n'exige rien. Il exige que le maquereau soit
congelé rond et emballé - c'était le cas auparavant - que
le hareng soit congelé rond tout au plus et emballé. Il n'a pas
vraiment d'exigence.
Maintenant, il a admis en commission parlementaire que, si un
pêcheur veut livrer son poisson au Nouveau-Brunswick, il n'y a aucun
moyen de l'arrêter sur les quais du Nouveau-Brunswick. Qu'il livre
à une usine du Nouveau-Brunswick ou qu'il livre à un acheteur
américain ou à un acheteur de quelque partie des
États-Unis que ce soit, si le pêcheur décide d'aller livrer
son poisson sur un quai du Nouveau-Brunswick, de toute façon, ce ne sera
pas plus loin que sur un quai de la Gaspésie et, pour l'acheteur
américain, ce sera moins loin que le quai de la Gaspésie.
C'est pourquoi, Mme la Présidente, le projet de loi du ministre
est inutile. J'aurais pensé qu'il aurait retiré son projet de loi
et qu'il l'aurait laissé mourir au feuilleton. Peut-être que ce
soir, lors de la sanction, il ne sera pas là. Je suis sûr que le
ministre n'osera pas venir au bureau du lieutenant-gouverneur, qui va
représenter la reine, pour faire sanctionner ce projet de loi.
Possiblement que le projet de loi ne sera pas sanctionné, parce que
c'est un projet de loi inutile.
J'ai entendu parler le ministre du Commerce extérieur qui disait
que le gouvernement libéral voulait mener le Québec comme une
"business". Je me serais attendu qu'un fabricant de bicycles comme le
député de Beauce-Sud ne fasse pas en sorte de mener le
Québec autrement qu'une "business", ne fasse pas de lois inutiles.
Là, il fera une loi inutile avec des centaines d'inspecteurs au
Québec qui fouilleront dans les camions, qui pourront en tout temps
aller
vérifier les bordereaux, les connaissements, pour savoir
où est parti le poisson, où est allé le poisson,
vérifier et, en plus, ils pourront saisir le poisson pendant 90 jours
sans intenter de poursuite alors qu'ils n'auront qu'à vérifier si
le poisson est emballé. S'ils n'ont pas pu le faire en 90 jours, M. le
Président, croyez-le ou non, ils. pourront obtenir 90 jours de plus, six
mois, pour vérifier si le poisson est dans des bottes ou n'est pas dans
des bottes dans un camion.
On ne peut pas imaginer un projet de loi aussi technocratique,
bureaucratique de la part d'un gouvernement qui prétend
déréglementer. Mme la Présidente, M. le Président -
le gouvernement joue à la chaise musicale cet après-midi - quand
on parlera d'un projet de loi inutile, on parlera de ce projet de loi 38. De la
même façon que quand on parle de la tête à Papineau
on parle de quelqu'un d'intelligent, on va parler du projet de loi du
député de Beauce-Sud, le projet de loi 38 sur la transformation
des produits marins, comme d'un projet de loi inutile. Je peux vous dire qu'il
ne contribuera d'aucune façon à changer quoi que ce soit.
De toute façon, même le projet de loi est tardif parce que
déjà plusieurs usines sont fermées faute
d'approvisionnement, faute de poisson, faute de quotas, par ce que le
pénis... le ministre...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
(18 h 10)
M. Garon: ...dans son désir d'harmoniser, dans son
désir d'être gentil avec le gouvernement fédéral,
n'a pas pu négocier de quotas suffisants de sorte que les
pêcheurs, actuellement, doivent remiser de plus en plus leurs bateaux
à quai, parce qu'ils n'ont pas de quotas, ils ne peuvent plus
pêcher. Voilà ce que cela donne d'avoir un ministre qui n'est pas
capable de se battre dans des négociations pour obtenir la part juste et
équitable pour le Québec. C'est pourquoi nous voterons
vigoureusement contre ce projet de loi inutile. Merci.
Le Vice-Président: Alors, je cède la parole
à M. le ministre délégué aux Pêcheries.
M. Robert Dutil (réplique)
M. Dutil: M. le Président, le député de
Lévis nous a tout de même dit, en commission parlementaire... Il a
avoué qu'il partageait notre objectif de favoriser le maximum de
transformation de produits marins au Québec. Il a toutefois
employé lui-même un moyen qui s'est avéré pas mal
inefficace dans le passé. Je vous mentionne le moyen qu'il a
employé dans l'offre de subventions qu'il avait faite aux
pêcheurs. Il y avait des clauses qui spécifiaient que les
pêcheurs devaient livrer leurs produits marins à des usines de
transformation au Québec. Cela a été une mesure qui s'est
révélée relativement inefficace pour diverses raisons et,
entre autres, il est un point que, je pense, il est important de soulever ici:
le député de Lévis accordait davantage d'importance
à son conflit avec le gouvernement fédéral qu'au maximum
de transformation des produits marins en usine ici, au Québec.
L'exemple que je donne est le suivant. Le député de
Lévis, dans ses lettres d'offre, disait que le pêcheur devait
livrer son produit marin à des coopératives ou à des
entreprises privées, ce qui l'honore à mon point de vue, et il
excluait, par ce fait même, comme vous pouvez le constater facilement,
les entreprises d'État. Ce grand "nationalisateur" des entreprises de
produits marins au Québec avait décidé d'exclure les
entreprises d'État comme étant des endroits où les
pêcheurs qui avaient des bateaux subventionnés pouvaient le faire.
Pourquoi avait-il fait cela? Parce qu'il existait au Québec des usines
qui appartenaient au gouvernement fédéral,
particulièrement à Newport et à Rivière-au-Renard,
deux usines fort importantes au Québec, ce qui n'avait pas l'heur de
plaire au député de Lévis. Il avait décidé
qu'il étoufferait ces entreprises en ce qui concerne les
approvisionnements.
C'est ce qu'il est parvenu à faire, d'ailleurs, pour ce qui est
de Newport, mais ce qu'il n'a pas eu le temps de faire en ce qui concerne
Rivière-au-Renard. Je vous explique rapidement le
phénomène. Cela m'apparaît tout à fait
invraisemblable qu'un ministre puisse administrer les deniers publics de cette
façon, d'une façon vengeresse, avec une haine maladive d'un autre
gouvernement, une haine tellement maladive qu'il était prêt
à n'importe quoi pour étouffer les usines de pêche du
gouvernement fédéral.
À Rivière-au-Renard, que s'est-il produit? Le gouvernement
fédéral avait changé; il désirait privatiser cette
entreprise, mais rien à faire, le député de Lévis
ne voulait rien entendre, il avait décidé qu'il étouffait
également cette entreprise. Alors, il avait émis des lettres
d'intérêt public à deux nouveaux producteurs, le 2
décembre 1985, pour être plus précis, date mémorable
où deux lettres sont parties du bureau du ministre, pour
déclencher des constructions d'usine dans le secteur des produits
marins. Il avait également interdit, comme je le rappelais tout à
l'heure, aux bateaux de fournir Rivière-au-Renard, ce qui fait qu'on
s'en allait exactement vers le même cul-de-sac, c'est-à-dire des
pêcheurs qui ne pouvaient pas livrer à des usines fort importantes
au Québec. Certains pêcheurs ont décidé de livrer
aux États-Unis et ce, sans aucune sanction de la part du
député de Lévis. Le signal était clair. Ce qui
importait
au député de Lévis, ce n'était pas qu'il se
fasse le maximum de transformation de produits marins au Québec, mais
qu'on étouffe les entreprises du gouvernement fédéral,
qu'on les accule à la faillite pour qu'il obtienne ainsi sa petite
vengeance. Je pense que ce moyen s'est avéré inefficace, entre
autres parce que l'attitude du député de Lévis
était absolument inadmissible dans le sens de l'emploi des deniers
publics et parce que ce n'était pas un moyen suffisamment fort et clair
pour que le message se rende dans le milieu marin.
Ce qu'il est important, je pense, de mentionner, je donne un exemple
qu'on retrouve tous les jours, il n'est pas nécessaire d'avoir un
policier par automobiliste au Québec pour que les limites de vitesse et
la sécurité routière soient respectées. Il n'est
pas nécessaire qu'on produise de cette façon. Alors, je pense
que, de la même façon, on peut inciter les gens, en
régions, à avoir davantage de solidarité régionale.
Je sais que la solidarité, la collaboration, l'harmonie ne sont pas des
termes que favorise beaucoup le député de Lévis; j'ai
déjà mentionné en Chambre que son style de
négociateur ressemblait beaucoup plus au style de l'homme de Cro-Magnon,
c'est-à-dire avec la massue où on assomme tout le monde,
qu'à un style plus civilisé de dialogue, de collaboration et de
fermeté. Quand le député de Lévis dit: Le ministre
ne défend pas les intérêts du Québec concernant les
quotas parce qu'il ne donne pas de coups de poing assez forts sur la table,
parce qu'il ne se retire pas de toutes les tables de discussion comme lui l'a
fait dans le passé, je vous dis que le député de
Lévis est quelques millénaires en retard sur son temps. Il aurait
grand avantage à apprendre que le dialogue apporte beaucoup plus que de
faire la guerre. C'est plus flamboyant de faire la guerre, bien sûr;
guerroyer donne peut-être plus de gloire. Je pense que pacifier est
beaucoup plus profitable aux citoyens du Québec. Quand on travaille
à améliorer les relations dans un milieu comme dans celui des
produits marins, on a beaucoup plus de chances d'obtenir des résultats
sur la valeur des entreprises, sur la bonne entente et sur ce milieu.
M. le Président, je viens d'un milieu où la
solidarité veut dire quelque chose. La solidarité, c'est
important, et ça me permettra de citer un exemple parmi tant d'autres.
Dans la Beauce, on a eu plusieurs exemples de solidarité. Un est plus
connu. Ça fera certainement plaisir au député de
Lévis d'entendre parler de celui-là précisément. Ce
n'est pas le seul. Il a été important. Il a été
très bien connu. Je parle de la reconstruction d'une usine à
Saint-Joseph, qui avait brûlé. La reconstruction de Glendale, qui
s'était faite sous forme de corvée et qui à
l'époque avait valu, d'ailleurs, au maire de l'endroit, Saint-Joseph, M.
Adrien Ouellette, la médaille du Canada. On ne m'accusera certainement
pas de partisanerie si je cite cet exemple particulièrement important de
solidarité régionale. Je pense que, dans le milieu maritime, on
peut aussi faire appel à la solidarité de ces gens. On peut leur
faire comprendre qu'il est de leur intérêt commun qu'il se fasse
le maximum de transformation de produits marins dans leur milieu.
Je pense que le député de Lévis manque beaucoup de
respect envers les gens des régions, de différentes
façons, d'ailleurs. Pour en citer un bel exemple, le
député de Lévis est allé aux
Îles-de-la-Madeleine avant la privatisation et a dit aux Madelinots: Le
ministre va privatiser ou ne privatisera pas. Quoi qu'il en soit, si le
gouvernement du Parti québécois revient au pouvoir, vous, vous
n'aurez plus rien parce que vous avez voté contre nous, malgré
tout ce qu'on vous avait donné. C'était le genre de
déclaration que le député de Lévis a faite aux
ties. C'est honteux. Je pense que c'est dans la pire tradition de l'achat de
votes. Les gens des Îles-de-la-Madeleine ne sont pas à vendre, M.
le Président. On leur doit plus de respect que cela. Il est important
qu'un gouvernement n'aille pas là en disant: Je vais vous aider si vous
me rapportez des votes. Ce n'est pas la bonne façon de
procéder.
On pourrait donner bien d'autres exemples. L'un qui m'a frappé et
qui me déplaît énormément, c'est la façon
dont on a considéré les employés qui travaillaient dans
les usines de Pêcheries Cartier qui avait commis le crime de
lèse-majesté de se rallier plutôt à une politique
préconisée par le gouvernement fédéral qu'une
politique préconisée par le gouvernement du Québec. On
voulait étouffer leur usine tout simplement sans tenir compte des
conflits sociaux que cela avait apportés à ce moment.
M. le Président, je ne vais pas faire un très long
débat. Je pense que mes collègues sont impatients de passer
à autre chose. Je rappelle qu'une loi semblable existe à
Terre-Neuve, qu'une loi semblable existe au Nouveau-Brunswick. Je pense que
cette loi-ci sera appliquée avec tout l'impact qu'elle peut apporter
pour améliorer la transformation des produits marins au Québec.
Quant à l'équilibre pêcheurs industriels au niveau des
prix, je me suis assuré qu'il serait respecté. Les pêcheurs
auront des alternatives qui leur permettront éventuellement de s'assurer
d'obtenir le meilleur prix. En terminant, je fais appel à ce que le
député de Lévis n'envisagerait jamais de soulever comme
point, je fais appel à la solidarité régionale des gens du
milieu. Ils en ont. Ils seront capables de démontrer qu'ils ont de
l'intérêt pour le développement économique de leur
région
avec le gouvernement du Québec. Merci.
Le Vice-Président: La motion du ministre
délégué aux Pêcheries proposant l'adoption du projet
de loi 38, Loi sur la transformation des produits marins, est-elle
adoptée?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 23, M. le Président.
Projet de loi 4
Prise en considération
du rapport de la commission
qui en a fait l'étude
détaillée
Le Vice-Président: À l'article 23 du feuilleton,
nous en sommes à la prise en considération du rapport de la
commission du budget et de l'administration qui a procédé
à l'étude détaillée de la loi 4, Loi modifiant la
Loi sur les assurances. Y a-t-il des interventions à ce moment-ci? (18 h
20)
M. Fortier: Non, M. le Président.
Le Vice-Président: Aucune intervention. Est-ce que le
rapport est adopté?
M. Fortier: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président: Un instant. Donc, le rapport est
adopté.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption.
Le Vice-Président: Consentement à ce que nous
dérogions aux règles de procédure?
M. Chevrette: Consentement.
Adoption
Le Vice-Président: Consentement. Donc, le ministre
délégué aux Finances propose maintenant la motion
d'adoption du projet de loi 4, Loi modifiant la Loi sur les assurances.
M. Chevrette: Adopté. M. Gratton: Adopté.
Le Vice-Président: Cette motion est adoptée. Donc,
le projet de loi 4 est adopté, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 38, M. le Président.
Projet de loi 123
Prise en considération
du rapport de la commission
qui en a fait l'étude
détaillée
Le Vice-Président: L'article 38 du feuilleton. Nous en
sommes à la prise en considération du rapport de la commission du
budget et de l'administration qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 123, Loi modifiant la
Loi sur les syndicats professionnels. Y a-t-il des interventions?
Une voix: ...rien à dire.
Le Vice-Président: Pas d'intervention. Est-ce que le
rapport est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement à ce que
nous dérogions aux règles de procédure?
M. Chevrette: Consentement.
Adoption
Le Vice-Président: Consentement. Est-ce que la motion
d'adoption du projet de loi 123 est adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 24, M. le Président.
Projet de loi 6
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Présidents L'article 24 du feuilleton. Nous en sommes
à la prise en considération du rapport de la commission du budget
et de l'administration qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 6, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les valeurs mobilières. Est-ce qu'il y a
des interventions? Oui. Donc, comme premier intervenant?
M. Gratton: M. le Président?
Le Vice-Président: Oui, M. le leader?
M. Gratton: Est-ce qu'on peut adopter le rapport?
Le Vice-Président: Oui, d'accord. Est-ce que le rapport
est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Gratton: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Chevrette: Sur division.
Le Vice-Président: Donc, adopté.
M. Chevrette: Sur division.
M. Gratton: Sur division?
Une voix: II n'est pas certain.
M. Chevrette: Sur 6, on est contre le projet de loi. C'est la Loi
sur les valeurs mobilières. Voulez-vous prendre un instant, s'il vous
plaît!
Le Vice-Président: Donc, sur les valeurs
mobilières, nous allons attendre quelques instants.
Une voix: II n'y a rien là. Il n'y a pas d'amendement.
M. Gratton: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, je pense qu'à la suggestion du leader de
l'Opposition on va suspendre l'article 24, et je vais vous demander d'appeler
l'article 22 du feuilleton.
Projet de loi 3
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président: Nous suspendons l'article 24. À
l'article 22, il s'agit de la prise en considération du rapport de la
commission du budget et de l'administration qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 3, Loi
concernant le bureau de discipline de l'Association des courtiers d'assurances
de la province de Québec. Et nous avons reçu un amendement
transmis en temps utile, soit un amendement qui a été
présenté par M. le député de Lévis.
Donc, est-ce qu'il y a des interventions sur le rapport?
Une voix: Le rapport, non.
Le Vice-Président: D'accord. Aucune intervention sur le
rapport. Est-ce que l'amendement proposé par M. le député
de Lévis à l'article 1...
M. Fortier: Le rapport n'est pas accepté.
Le Vice-Président: Un instant. M. le ministre, je dois,
avant d'accepter le rapport, accepter l'amendement et accepter le rapport tel
qu'amendé.
M. Fortier: Merci.
Le Vice-Président: Donc, l'amendement se lit comme suit:
Le projet de loi 3 concernant le bureau de discipline de l'Association des
courtiers d'assurances de la province de Québec est modifié par
l'insertion, après l'article 1, de l'article suivant: "1.1 l'article 1
ne s'applique pas à une cause pendante devant les tribunaux, le (incrire
ici la date de la sanction de la présente loi) dont le fondement est
l'invalidité de la constitution du bureau de discipline de l'Association
des courtiers d'assurances de la province de Québec." Est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Fortier: Rejeté, M. le Président.
Le Vice-Président: L'amendement est rejeté.
Est-ce que le rapport est adopté?
M. Chevrette: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. Est-ce
qu'il y a consentement à ce que nous dérogions aux règles
de procédure?
M. Chevrette: Consentement. Adoption
Le Vice-Président: Consentement. Le ministre
délégué aux Finances propose maintenant la motion
d'adoption du projet de loi 3, Loi concernant le bureau de discipline de
l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec.
Est-ce qu'il y a des intervenants? M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi 3 est un
projet de loi très spécial qui a pour but de faire revivre
rétroactivement, 22 ans en arrière, au mois de juillet 1964, le
comité de discipline de l'Association des courtiers d'assurances qui a
été constitué irrégulièrement en ne suivant
pas les prescriptions de la loi, de sorte que, depuis 22 ans, ce comité
de discipline a agi de façon abusive en dehors de ses droits et que la
procédure qui a été mise en place était exorbitante
du droit. Par exemple, le comité de révision ou d'appel
était constitué de 35 personnes. Les gens qui devaient aller en
appel devaient présenter 35 mémoires. C'était une
procédure exorbitante si on tient compte des frais encourus pour ceux
qui
pouvaient se prévaloir de leurs droits. On sait que le
gouvernement avait un problème particulier avec cette affaire et qu'il
aurait dû procéder en deux temps. Premièrement, faire vivre
le bureau pour l'avenir, établir un règlement et faire
fonctionner le bureau en fonction de l'avenir, c'est-à-dire après
avoir établi légalement le bureau en faisant un règlement
valide selon la loi et ensuite nous aurions dû procéder d'une
façon plus circonspecte et entendre les audiences. Par exemple, entendre
l'association des courtiers et entendre notamment le Barreau qui avait fait des
représentations parce qu'il voulait être entendu. Le Barreau nous
a présenté un document en nous demandant d'être entendu
parce qu'il avait des représentations à faire concernant ce
projet de loi. Nous avons fait des représentations au sein de la
commission parlementaire, nous avons présenté des amendements.
Nous avons fait tout ce qu'il était possible pour que les gens soient
mieux traités que ce projet de loi ne va le faire.
C'est pourquoi, Mme la Présidente, les représentations que
nous avons faites indiquaient qu'il y avait un problème important parce
que ce comité de discipline a fonctionné pendant 22 ans sans
droit. Le ministre aurait dû accepter de le faire fonctionner pour
l'avenir en fonction d'un nouveau règlement. Pour le passé, c'est
une autre question. C'est pourquoi je me réfère à la
lettre du Barreau, lequel a une responsabilité importante comme
représentant des avocats, c'est-à-dire de faire valoir les droits
des justiciables, de ceux qui pourraient faire valoir leurs droits.
Dans un télégramme expédié au ministre, le
bâtonnier du Québec dit: Je viens d'être informé des
dispositions rétroactives que contient le projet de loi 3, Loi
concernant le bureau de discipline de l'Association des courtiers d'assurances
de la province de Québec. Ce projet de loi vise à déclarer
validement constitué le bureau de discipline de l'Association des
courtiers d'assurances, et ce, à compter du 4 juillet 1964. Comme vous
le savez, c'est la politique maintenant bien établie au Barreau de
manifester son opposition à toute loi rétroactive qui affecte le
droit des gens. Il nous apparaît clairement que ce type de
législation crée un état d'insécurité et
d'incertitude qui est contraire à l'ordre public au service duquel le
législateur se prétend être et qui porte atteinte à
la crédibilité de l'État à qui on ne peut plus
faire confiance.
Cependant, nous ne sommes pas sans comprendre les conséquences de
ne pas valider tel bureau de discipline et le désordre qu'une telle
situation pourrait entraîner. Qu'il nous soit permis de vous
suggérer de mettre sur pied une commission parlementaire ayant pour
objet la vérification de l'administration de ce bureau au cours des 23
dernières années. Une telle commission permettra aux intervenants
concernés et même au Barreau de faire des représentations
appropriées. Cela permettra ainsi d'examiner le fonctionnement et la
composition du comité de discipline du bureau, le mode de
sélection de son président et de ses membres dans une perspective
d'impartialité et d'indépendance. Elle permettra enfin d'examiner
la procédure d'appel au conseil d'administration.
Il nous semble que la protection du public exige une plus grande
réflexion quant à ce projet de loi. Nous serions heureux d'y
apporter notre contribution si vous nous fournissiez le forum adéquat.
D'une façon parallèle, la situation pour l'avenir devrait
être régularisée et un texte réglementaire doit
être adopté pour permettre au bureau de discipline de régir
les courtiers d'assurances. C'est signé, le bâtonnier du
Québec, Me Michel Jolin. (18 h 30)
Mme la Présidente, ce document indique bien que le Barreau, comme
l'Opposition, estime que dans un cas comme celui-ci il faut être
circonspect et prudent. Fonctionner plus de 22 ans, presque 23 ans, dans
l'illégalité, ce n'est pas une mince affaire. Il n'arrive pas
à tous les jours qu'un comité de discipline d'un organisme qui
regroupe une douzaine de milliers de courtiers d'assurances doive faire
valoriser rétroactivement son comité de discipline pour les 22 ou
23 dernières années. C'est complètement spécial et
exceptionnel en droit et, Mme la Présidente, l'Opposition a
demandé au ministre d'adopter un règlement pour l'avenir, de
faire une étude spéciale pour le passé quitte,
après cela, à avoir toutes les balises nécessaires pour la
validation des activités que le comité de discipline a pu exercer
au cours des années passées. Nous croyons que, dans ce cas-ci, le
ministre agit avec imprudence. De plus, il ne veut pas reconnaître les
droits que les gens ont fait valoir devant les tribunaux. Nous croyons que
c'est abusif. On a beau avoir aujourd'hui tous les comités de discipline
et toutes les chartes de droits des citoyens, quand l'État peut faire
rétroactivement des lois et remettre en place des choses
rétroactivement, sans que les gens puissent faire valoir leurs droits,
c'est abusif.
Le ministre, dans cette affaire, se comporte d'une façon abusive.
Le gouvernement se comporte d'une façon abusive, sans tenir compte que
cet organisme a fonctionné pendant 23 ans dans
l'illégalité, 73 ans sans exister légalement, 23 ans sans
même être capable de se constituer légalement. Après
cela, on va penser que toutes les décisions qu'on a pu rendre
étaient parfaites alors qu'ils n'ont même pas eu l'habileté
de constituer leur bureau, légalement.
Mme la Présidente, il faut bien se
rendre compte que nous sommes dans une situation exceptionnelle.
Pourquoi penser qu'un organisme qui n'a même pas eu la sagesse de
s'organiser légalement, de se constituer légalement en fonction
de ses lois, peut avoir rendu, pendant 23 ans, des décisions qui
auraient été parfaites? Le Barreau a demandé à
examiner ces décisions rendues pendant 23 ans parce qu'il a
sûrement dû avoir un doute sur la légalité de
nombreuses décisions pendant toute cette période, si l'organisme
n'a même pas été capable de s'organiser légalement.
Quand on veut faire la morale aux autres, il faut d'abord se la faire à
soi-même. On ne peut pas avoir deux façons de fonctionner et,
après cela, demander que le gouvernement vienne couvrir de son manteau
un organisme qui avait pour rôle de discipliner les autres alors qu'il ne
se disciplinait pas lui-même.
Mme la Présidente, on comprend qu'on est dans une situation de
droit exceptionnelle. Il y a des gens qui doivent faire valoir leurs droits. Le
ministre a refusé les amendements, il vient d'en refuser encore
aujourd'hui. Le gouvernement et lui-même viennent de refuser que les
causes pendantes devant les tribunaux soient reconnues. II s'agit d'un principe
de droit fondamental, toujours reconnu en cette Chambre et, à mon avis,
selon nos conseillers juridiques, ce serait la première fois que le
gouvernement refuserait de reconnaître les causes pendantes devant les
tribunaux.
Est-ce parce qu'il y a des influences spéciales dans ce
cas-là? Je pense que le ministre aurait dû être prudent
avant d'agir parce que, au moins dans un cas, un membre du Conseil des
ministres a dirigé ce bureau de discipline pendant un certain temps. Il
me semble qu'il aurait dû au moins avoir une certaine prudence en faisant
en sorte que, selon les représentations du Barreau, on siège en
commission parlementaire pour regarder, étudier et analyser comment,
pendant les 23 dernières années, a fonctionné ce bureau
qui n'existait pas légalement puisqu'il n'avait pas respecté la
loi qui lui disait comment il devait être constitué
légalement.
Je regrette. Nous avons fait des représentations dans les
différentes étapes pour faire en sorte que le ministre agisse
avec plus de prudence. Il agit imprudemment. Nous pensons qu'on a beau, au
Québec ou à Ottawa, faire des chartes des droits, faire des
chartes dont on se gargarise, quand après cela on est prêt
à accepter qu'aucune cause devant les tribunaux ne puisse être
reconnue valable alors et qu'on légalise, rétroactivement, un
organisme illégal depuis 23 ans... Nous sommes dans du droit abusif,
dans du droit exceptionnel alors qu'on ne prend pas les précautions
requises comme le demande le Barreau qui, lui, n'a aucun conflit
d'intérêts dans l'affaire, qui est un organisme neutre, qui est
préoccupé des droits des citoyens et qui avait demandé
qu'une commission parlementaire analyse les 23 années pendant lesquelles
cet organisme a fonctionné sans existence légale. Il a
jugé les autres sans existence légale, a discipliné les
autres sans existence légale, a eu une procédure d'appel abusive
que tout le monde reconnaît, en obligeant les gens à
comparaître devant un conseil d'administration de 35 membres qui
formaient le tribunal d'appel, alors qu'on ne trouve pas de tels simulacres de
justice dans aucun tribunal normalement constitué.
Avec un conseil d'administration de 35 personnes, avec des dossiers
montés en 35 exemplaires, on a créé un droit abusif pour
des gens qui devaient se défendre, qui avaient droit à des
recours normaux. Nous avons demandé au ministre de changer cela, nous
avons fait des amendements pour que ce conseil d'administration ne puisse pas
exister, pour que les courtiers d'assurances aient droit d'appel à la
Cour provinciale comme tous les autres professionnels qu'il y a au
Québec. Le Code des professions reconnaît un droit d'appel en Cour
provinciale pour que, justement, la justice, dans un organisme de discipline,
ne soit pas une affaire a la bonne franquette où les gens puissent faire
des "deals" concernant les uns et les autres.
Au contraire, dans le Code des professions, on reconnaît que
l'appel doit être fait à la Cour provinciale. Nous avons
proposé un amendement pour que cela soit fait. Le gouvernement a
refusé, préférant maintenir le statu quo,
légalisant un statu quo abusif où en appel, en révision,
les gens doivent aller devant un conseil d'administration de 35 personnes.
Mme la Présidente, c'est pourquoi nous allons voter
vigoureusement contre ce projet de loi, parce que nous considérons qu'il
est abusif, qu'il veut rétablir une situation. L'objectif n'est pas
mauvais, mais la méthode utilisée par le ministre et par le
gouvernement est irrégulière, elle est abusive et ne permet pas
aux gens de maintenir des recours auxquels ils devraient normalement avoir
droit.
Par ailleurs, Mme la Présidente, il est possible que, devant un
tel abus gouvernemental, les tribunaux considèrent
l'équité et reconnaissent ce que le qouvernement ne veut pas
reconnaître pour les justiciables. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation, en réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, le député de
Lévis vient de reprendre toute l'argumentation qu'il a
déployée en
commission parlementaire. Bien amicalement, je vais tenter
brièvement de lui donner la réplique pour lui dire qu'il fait
erreur dans son argumentation.
Mme la Présidente, il s'agit tout. simplement d'un projet de loi
qui touche l'Association des courtiers d'assurances. Tous et chacun d'entre
nous, connaissons notre courtier d'assurances. Il y en a 5400 à travers
le Québec, dans toutes les régions du Québec et ces gens
avaient obtenu, en 1963, par une loi de l'Assemblée nationale le droit
de constituer une association et de former un comité de discipline.
Malheureusement, par un vice de forme en 1964, je crois, il s'est
trouvé que tout récemment, on a constaté que ce bureau de
discipline n'existait pas. Donc, le projet de loi est bien simple. Celui-ci ne
modifie pas la loi de 1963. C'est une loi déclarative qui ne fait que
dire très simplement... C'est ce qu'on appelle une loi
déclarative ou interprétative stipulant que le comité de
discipline, qui aurait dû être créé en 1963, existe
littéralement, parce que tous ceux qui ont administré la loi
depuis ce temps l'ont fait de bonne foi.
Je crois que le député de Lévis mêle deux
dossiers. Il mêle ce problème d'existence légale du
comité de discipline avec un autre dossier qui est la façon pour
ceux qui sont condamnés par le comité de discipline d'aller en
appel. Il est vrai que le député de Lévis a proposé
en commission parlementaire des amendements qui ont été
déclarés irrecevables par le président de la commission.
Contrairement à ce qu'il a dit, nous n'avons pas voté contre.
C'est le président de la commission qui a déclaré ces
amendements irrecevables parce que l'essence même du projet de loi n'est
pas de modifier la loi de l'association des courtiers, mais de déclarer
valide ou valable ou validement constitué le bureau de discipline de
l'association des courtiers.
Mais je lui ai dit en commission parlementaire et je lui redis que
l'Inspecteur général des institutions financières a fait
en sorte que le règlement qui sera adopté par le gouvernement
prochainement modifiera la procédure et améliorera qrandement la
situation en ce qui concerne la procédure qui sera suivie lorsqu'il y
aura appel. Le député de Lévis a raison. Je crois qu'il
est important que ceux qui sont condamnés par le bureau de discipline de
l'association des courtiers puissent avoir droit à un jugement et un
appel qui respectent les règles des procédures normalement
utilisées dans ce genre de tribunal. Mais je lui ai dit également
que non seulement le règlement améliorerait les choses, mais que
très certainement, étant donné le décloisonnement
des institutions financières, nous aurons à présenter un
projet de loi à l'automne ou l'hiver prochain et qu'à ce
moment-là nous examinerons la totalité de la Loi sur les
courtiers d'assurances et que très certainement, à ce
moment-là, nous pourrons apporter les améliorations qu'il
suggère. Nous sommes d'accord avec le principe des améliorations
qu'il suggère, mais je crois que ce n'est pas le temps à ce
moment-ci, d'autant plus que le projet de loi qui a été
adopté en deuxième lecture ne nous permettait pas de modifier la
loi, mais de rétablir simplement l'existence légale du bureau de
discipline.
C'est pour ces raisons, Mme la Présidente, qui ne
diffèrent pas beaucoup des principes mis de l'avant par le
député de Lévis, mais qui diffèrent de la
procédure, c'est pour ces raisons que nous avons dû rejeter ce
dernier amendement proposé par le député de Lévis.
Je lui dis, qu'en toute amitié, je lui renouvelle la promesse que je lui
ai faite que, lorsque nous modifierons la loi sur l'Association des courtiers
d'assurances, l'automne prochain, nous prendrons ses recommandations en
très sérieuse considération. Merci. (18 h 40)
La Vice-Présidente: Le débat étant clos,
est-ce que le projet de loi 3, Loi concernant le bureau de discipline de
l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec, est
adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté, sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 35, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: À l'article 35 de notre...
M. Gratton: Je m'excuse, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...je me corrige. On va plutôt revenir à
l'article 24, s'il vous plaît!
Projet de loi 6
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 24 de notre
feuilleton, le ministre délégué aux Finances et à
la Privatisation propose la prise en considération du rapport de la
commission du budget et de l'administration qui a étudié le
projet de loi 6, Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les valeurs
mobilières. Est-ce que ce rapport, qui a étudié le projet
de loi 6, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'on a consentement pour
procéder à l'adoption du projet de loi?
Des voix: Consentement.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Donc, est-ce que le
projet de loi 6, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant les valeurs mobilières, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, l'article 35, s'il vous
plaîti
Projet de loi 44
Prise en considération du rapport
de la commission qui en a fait
l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 35 du feuilleton,
le ministre délégué aux Finances propose la prise en
considération du rapport de la commission du budget et de
l'administration qui a étudié le projet de loi 44, Loi sur
l'assurance-responsabilité professionnelle.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des amendements.
La Vice-Présidente: On m'avise qu'il y a des
amendements.
M. Fortier: Un.
La Vice-Présidente: Donc, les amendements ont
été distribués, un amendement du député de
Lévis. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Non, rejeté, Mme la Présidente.
M. Gratton: Mme la Présidente, si vous voulez en faire
lecture, s'il vous plaît!
La Vice-Présidente: Je vais faire lecture de
l'amendement.
Une voix: II faudrait adopter le rapport?
La Vice-Présidente: Non, ce sont les amendements. Je
commence par les amendements et, par la suite, on procédera à
l'adoption du rapport.
La modification concerne l'article 74.2...
Une voix: 174.
La Vice-Présidente: ...174.2, je m'excuse. "L'article
174.2, tel qu'introduit par l'article 2 du projet de loi 44, Loi sur
l'assurance-responsabilité professionnelle, est modifié par
l'insertion, à la deuxième ligne du premier paragraphe,
après les mots "d'entre eux" des mots "et seulement à ceux qui
encourent des risques de responsabilité professionnelle dans la pratique
de leur profession"." Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Rejeté.
La Vice-Présidente: Amendement rejeté.
Est-ce que le rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 44, Loi sur l'assurance-responsabilité professionnelle,
est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté, sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Consentement pour l'adoption, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Est-ce que j'ai le consentement pour
procéder à l'adoption?
M. Chevrette: Consentement, mais avec droit de parole.
Adoption
La Vice-Présidente: Consentement. Donc, nous allons
procéder à l'adoption du projet de loi 44, Loi sur
l'assurance-responsabilité professionnelle. Je suis prête à
reconnaître le premier intervenant. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, nous avions, dans un premier
temps, en deuxième
lecture, voté pour le principe de ce projet de loi, Loi sur
l'assurance-responsabilité professionnelle, parce que c'est un
problème réel et qu'il est bon que l'on puisse établir une
assurance collective sur la responsabilité professionnelle, sauf que le
ministre a procédé d'une drôle de façon. De la
façon dont il a fait son projet de loi, les corporations
professionnelles pourraient exiger un montant nominal que tous les membres de
la corporation professionnelle devraient payer, même s'ils n'encourent
aucun risque. C'est pourquoi nous avons voulu présenter un amendement
disant que ceux qui devront payer la responsabilité professionnelle sont
ceux qui encourent des risques de responsabilité professionnelle dans la
pratique de leur profession.
On sait qu'aujourd'hui, dans les différentes associations
professionnelles, il y a un grand nombre de membres d'associations qui ne
pratiquent pas leur profession, qui ne font pas de pratique à leur
compte et qui n'encourent pas de risques. Alors, pourquoi le projet de loi
devrait-il permettre aux associations professionnelles de leur exiger des frais
d'assurance-responsabilité professionnelle alors qu'ils ne pratiquent
pas leur profession? C'est pourquoi nous avons dit au ministre que ce projet de
loi n'était pas correct dans sa conception, d'autant plus que
l'administration du fonds d'assurance-responsabilité professionnelle ne
sera pas confiée seulement aux assurés. Elle va être
confiée au Barreau ou aux différentes associations
professiaonnelles, indépendamment du fait qu'elles soient
assurées ou non, qu'elles encourent des risques ou non.
Nous pensons que les différentes professions pourront être
incitées, intéressées à demander à tous des
frais de responsabilité professionnelle et nous pensons que le
gouvernement ne doit pas permettre cette possibilité. Il est anormal
que, dans une association professionnelle, ceux qui n'encourent pas de risques
aient à payer des frais de responsabilité professionnelle, alors
qu'ils ne contribuent d'aucune façon à faire augmenter cette
responsabilité professionnelle ou à faire encourir des frais de
responsabilité professionnelle. Le ministre lui-même nous disait
que, dans la corporation des ingénieurs, seulement un faible pourcentage
fait partie des bureaux d'ingénieurs-conseils. Par exemple, chaque
année, le Barreau fait signer des déclarations aux membres qui
exercent ou qui n'exercent pas leur profession, à ceux qui ont des
comptes en fidéicommis et à ceux qui n'en ont pas et qui
s'inscrivent sur une liste en indiquant quelle est leur participation à
la pratique à leur compte de leur profession.
Dans les différentes professions, il y a des gens qui pratiquent
leur profession. Ils la connaissent, ils en sont membres et ils doivent en
respecter les règles d'éthique et les règles de
responsabilité professionnelle. Mais il y a d'autres gens qui veulent
maintenir leur statut de membres d'une association professionnelle alors qu'ils
ne pratiquent pas cette profession. On en a parlé en commission
parlementaire et j'ai vu avec quelle réticence, par une
solidarité ministérielle ou de députés très
forte, très partisane, des députés qui avaient des
réserves considérables nous disaient, en dehors de la commission,
que l'Opposition avait raison, mais, pour des raisons de partisanerie, ils
votaient quand même avec le ministre et le gouvernement. D'ailleurs, ceux
qui voudront lire la transcription de la commission parlementaire pourront voir
tous ces propos tenus par les différents députés. Ils se
rendront compte que ceux qui sont venus en commission parlementaire, qu'il
s'agisse du ministre de l'Éducation qui a dit qu'il pensait que cette
question devrait être revue, réexaminée...
Je pense, Mme la Présidente, que ce projet de loi a
été fait trop rapidement, qu'il a été mal
structuré et qu'il n'a pas été conçu en tenant
compte d'un objectif louable, mais dont les modalités devraient
être davantage en fonction des besoins réels des professions. Les
professions veulent avoir une assurance-responsabilité professionnelle
pour ceux qui pratiquent, mais ce n'est pas le rôle du gouvernement de
faire en sorte que, par sa législation, des gens paient des cotisations
beaucoup plus élevées à leur ordre professionnel sans
encourir aucun risque.
Ceci serait injuste parce que, à ce moment-là, des gens
qui n'encourent aucun risque devraient payer des cotisations beaucoup plus
élevées. Des gens ont donné des exemples de cotisations
qui sont actuellement autour de 500 $ et qui pourraient s'élever
à 2000 $, alors qu'ils n'encourent aucun risque. Si les gens n'encourent
pas de risques, pourquoi paieraient-ils 1000 $, 1500 $ ou 2000 $ de cotisation
pour des fonds d'assurance pour lesquels ils ne feront aucune
réclamation parce qu'ils ne sont pas dans des cas de risque par rapport
à une profession qu'ils ne pratiquent pas, mais dont ils sont membres
afin de maintenir un statut corporatif ou un statut professionnel? (18 h
50)
Je ne veux pas être plus long. Je pense avoir indiqué
clairement ce dont il s'agit. Nous sommes favorables au principe du projet de
loi, mais le projet de loi est mal conçu. Il est dangereux, il peut
permettre aux corporations professionnelles d'exiger des frais
d'assurance-responsabilité pour des membres qui n'ont pas de
responsabilité, d'imposer des cotisations qui pourraient être
excessives pour des membres de corporations professionnelles qui ne pratiquent
pas leur profession. Mme la Présidente, c'est pourquoi
nous sommes obligés, en troisième lecture, de voter contre
ce projet de loi. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre délégué aux Finances en
réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, le député de
Lévis me déçoit. Il a collaboré avec nous, vous
voyez jusqu'à quel point il a été bref dans ses
commentaires. Je l'en remercie parce que ce n'est pas dans sa nature
d'être bref. Il a collaboré avec nous en commission parlementaire.
On lui a expliqué de fond en comble ce qui en était. On a
même invité le ministre de l'Éducation, responsable des
corporations professionnelles mais il récidive encore cet
après-midi. Il me déçoit beaucoup.
Mme la Présidente, nous sommes d'accord avec le principe qui
sous-tend l'amendement du député de Lévis. Nous lui avons
expliqué que le projet de loi devant nous a été
préparé en collaboration avec l'Office des professions, avec le
Barreau dont il vantait les mérites tout à l'heure et que, de
fait, il se retrouve à l'article 33 qui modifie le Code des professions
justement la technicité qu'il voudrait voir à un autre
article.
Je demande au député de Lévis de regarder encore
l'article 33 qui ajoute un sous-article "p" et qui dit spécifiquement:
"le Bureau - en parlant du bureau qui dirige chacune des corporations
professionnelles -peut notamment fixer la somme payable par un membre en
fonction du risque que représente sa classe." C'est justement le
principe que le député de Lévis vient de défendre.
Je lui dis: Je suis tout à fait d'accord avec le principe qu'il
défend. Il est vrai que si une corporation professionnelle décide
de se prévaloir de cette nouvelle loi -dont le député de
Lévis a dit qu'elle était excellente - si l'inspecteur
général me fait une recommandation dans ce sens et si
j'acquiesce, il s'en suivra qu'une corporation professionnelle pourra imposer
à tous ses membres une disposition, une contribution pour s'assurer
qu'il y ait une assurance-responsabilité qui s'applique à tous
les membres d'une même corporation. En conséquence, on prendra en
considération, M. le député de Lévis le fait du
risque encouru par chacune des classes ou chacun des membres qui peut provoquer
un certain risque.
Le principe est déjà reconnu. C'est la raison pour
laquelle je ne peux accepter que cet amendement vienne au tout début et
qu'il modifie la Loi sur les assurances. Nous croyons qu'en définitive
il revient à chaque corporation professionnelle de décider de
quelle façon la répartition se fera à l'intérieur
d'une même corporation professionnelle. D'autant plus, qu'à la
suite d'une décision du bureau d'une corporation professionnelle, un
règlement devra être préparé et soumis au
gouvernement ou au ministre responsable des corporations professionnelles
c'est-à-dire le ministre de l'Éducation. Par la suite, ce
règlement sera publié à La Gazette officielle. Tous
et chacun auront, alors, le loisir de faire des représentations s'ils
croient que le principe défendu par le député de
Lévis n'est pas respecté.
Mme la Présidente, à cause de ces explications que j'avais
données à la commission parlementaire et à cause des
explications que je redonne ce soir au député de Lévis, je
lui dis que, malheureusement, j'ai dû rejeter son amendement. J'ose
espérer, cependant, qu'il sera toujours d'accord avec moi, pour dire
qu'il s'agit là d'un très bon projet de loi puisqu'il permet aux
corporations professionnelles de donner la protection à ses membres et
à ceux qui le voudront bien. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Finances. Est-ce que le projet de loi 44, Loi
sur l'assurance-responsabilité professionnelle est adopté?
M. Fortier: Adopté. Une voix: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, puis-je suggérer que
nous procédions avec l'adoption d'un certain nombre de projets de loi
d'intérêt privé jusqu'à l'arrivée du ministre
de l'Agriculture. Avec le consentement du leader de l'Opposition, je vous
prierais d'appeler l'article 63, Mme la Présidente.
Projet de loi 200 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 63, la
députée de Dorion propose l'adoption du principe du projet de loi
200, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal.
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
procéder à l'adoption? Consentement.
M. Chevrette: Consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
procéder à l'adoption? Consentement.
M. Chevrette: Consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que le principe du projet de
loi 200 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 200, Loi
modifiant la charte de la ville de Montréal, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 64, Mme la Présidente.
Projet de loi 203 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 64, il s'agit de
l'adoption du principe du projet de loi 203, Loi concernant certaines
transactions entre la Compagnie de Jésus, la Corporation du
collège des Jésuites et la Corporation du collège
Saint-Charles-Garnier. Est-ce que le principe du projet de loi 203 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 203 est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, nous retournons aux projets
de loi d'intérêt public, et je vous prierais d'appeler l'article
46 du feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 133 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 46 de notre
feuilleton, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation propose l'adoption du projet de loi 133, Loi modifiant la Loi
sur les produits laitiers et leurs succédanés.
M. Chevrette: Sur l'adoption du projet de loi, il y a
discussion.
La Vice-Présidente: Oui. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, nous allons voter contre ce
projet de loi, d'abord, parce que le ministre lui-même en a honte. En
commission parlementaire, nous lui avons indiqué qu'il y avait une
étude d'impact révélant les coûts additionnels que
représenterait la réglementation consécutive à
l'adoption du projet de loi, coûts additionnels qui pourront
s'élever à plus de 14 000 000 $ pour les agriculteurs,
principalement, et le ministre n'a pas voulu en parler davantage. Il a
nié un peu une étude qui a été faite à son
ministère. Cette étude a été acheminée le 27
mars 1987 au greffier adjoint du Conseil exécutif et porte sur le projet
de règlement sur la salubrité des produits laitiers. Elle indique
qu'à la suite de l'adoption de ce projet de loi et de la
réglementation consécutive, il y aura des coûts importants.
En commission parlementaire, le ministre n'a pas voulu en parler.
Deuxièmement, il se donne des pouvoirs exorbitants, à
notre avis, de fermeture d'usines. Nous croyons que ces pouvoirs qu'il demande
ne sont pas nécessaires et qu'il a actuellement tous les pouvoirs pour
bien administrer les lois dont il a la responsabilité. Nous croyons
plutôt que le ministre devrait faire en sorte que toutes les usines aient
leur permis et respectent la loi. Quand on sait que dans la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, il y a seulement 54
usines qui ont leur permis dans le domaine de la transformation des produits
marins, alors que 73 n'ont pas de permis, dérogent à la loi et
devraient respecter les normes prévues par la loi et que le
ministère ne fait pas appliquer sa loi. Nous croyons qu'avant de
demander des pouvoirs additionnels, le ministre devrait faire en sorte
d'administrer ceux qu'il a déjà. Nous pensons, Mme la
Présidente, que le ministre veut ces pouvoirs additionnels, justement,
parce qu'il ne fait pas appliquer complètement les lois dont il a la
responsabilité.
Mme la Présidente, le ministre veut pouvoir fermer des usines;
nous croyons qu'il n'est pas nécessaire de fermer des usines. Une usine,
habituellement, serait assujettie à deux types de réglementation.
La première, c'est en fonction de la construction de l'usine. Une usine
qui est bien construite respecte la loi et les règlements et doit avoir
son permis. Cela, c'est une première étape. Ensuite, elle doit,
après avoir été
construite selon les normes, respecter les manutentions, les
procédés de fabrication dans les meilleures conditions possible
pour que le produit soit de qualité assez élevée pour
pouvoir accéder au marché de la consommation humaine. (19
heures)
II ne s'agit pas de mélanger les deux types de règles. Il
peut arriver qu'une usine, dans son procédé, perde le
contrôle des bactéries et produise un fromage qui n'est pas propre
à la consommation humaine parce que le fromage en question a
été fabriqué sans que l'usine puisse contrôler
parfaitement ses procédés de fabrication. Ce n'est pas
nécessaire de fermer l'usine. Ce qui est important de faire, c'est que
les consommateurs ne puissent pas consommer les produits qui y ont
été fabriqués et qu'on corrige la situation.
Habituellement, ce que le ministère de l'Agriculture devrait
faire, ce serait de fournir des services d'aide technique pour aider justement
cette usine à améliorer ses procédés de fabrication
pour que les produits qui en sortent soient propres à la consommation
humaine. Que le ministre veuille fermer les usines, Mme la Présidente,
cela nous apparaît inutile, puisque, si l'usine a été
construite selon les standards reconnus par la loi et les règlements,
elle a droit à son permis. Nous croyons que, parce que le ministre, au
contraire, applique dans certains cas des tolérances, il veut être
capable de donner l'ordre de fermer à ces usines qui sont
exploitées sans permis. Alors que le ministre doit faire respecter ces
lois et faire en sorte que les usines soient exploitées uniquement dans
le cadre de leur permis.
C'est pourquoi nous croyons que ces pouvoirs sont abusifs et inutiles,
et que le ministre n'a pas besoin de certains des pouvoirs qu'il réclame
dans ce projet de loi, qu'il pourra faire également des
règlements qui vont amener des coûts additionnels dont il n'a pas
voulu parler publiquement, sans consultation, sans que les gens qui y seront
assujettis soient même au courant de ce qui se passe et qu'ils aient pu
faire leurs représentations.
En commission parlementaire, nous avons fait état de ces
études d'impact qui ont été faites par son
ministère. Le ministre a dit qu'il ne croyait pas à la valeur de
ces études qui étaient pourtant considérées assez
valables pour être acheminées au Conseil des ministres. Nous
pensons que le ministère de l'Agriculture qui achemine des études
au Conseil des ministres estime que ces études valent la peine
d'être étudiées, puisqu'il estime qu'elles sont assez
bonnes pour être acheminées au Conseil des ministres.
Je ne veux pas être plus long. J'ai eu l'occasion, en
deuxième lecture, en commission parlementaire et lors du rapport de la
commission, puis, aujourd'hui, en troisième lecture, de faire valoir le
point de vue de l'Opposition et de vous indiquer les motifs pour lesquels nous
voterons contre ce projet de loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre de l'Agrigulture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en réplique.
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. J'ai eu,
à plusieurs reprises, à faire valoir auprès du
député de Lévis et de mes collègues de
l'Assemblée les motifs invoqués au soutien de la
présentation de ce projet de loi qui vise essentiellement à
assurer une protection encore plus forte, encore plus rigoureuse, une
protection accrue des consommatrices et des consommateurs du Québec,
particulièrement en ce qui concerne la mise en marché et la
transformation des produits laitiers.
Le député a fait allusion à quelques points
particuliers, dont, notamment, le fait que si ce projet de loi et sa
réglementation in extenso étaient appliqués demain matin,
cela allait comporter des déboursés appréciables. Je dirai
au député de Lévis que l'étude d'impact à
laquelle il se réfère... Et j'ai eu l'occasion d'y revenir pas
plus tard que la semaine dernière si ma mémoire est
fidèle, en pleine nuit, cependant, où j'avais indiqué que
là où les études d'impact ne semblaient pas
réalistes, c'est que les analystes qui avaient préparé
cette étude d'impact avaient calculé les taux horaires effectifs
dans le domaine de la construction comme s'ils s'appliquaient pour le secteur
agricole. Or, il est très clairement démontré, il est de
commune renommée que, dans le secteur agricole, dans un premier temps,
ils ne sont pas soumis au décret de la construction, donc que les
employés peuvent y occuper un taux horaire moindre que ceux qui sont
prévus dans le décret.
Autre élément, il faut bien retenir aussi que le
producteur agricole est un professionnel à plusieurs dimensions. Il doit
être un bon gestionnaire, un bon administrateur, un bon producteur
agricole. Il doit être un peu agronome, sinon beaucoup un agronome, il
doit être vétérinaire à ses heures, et, aussi, il
est souventefois menuisier, plombier, et il vaque aux besoins de son
entreprise. Cela implique évidemment des déboursés qui
sont moindres. De sorte que les coûts auxquels s'est
référé le député de Lévis ne sont pas
fondés, et c'est d'ailleurs très bien compris par les nombreux
intervenants qui ont été consultés.
Le député nous dit, d'ailleurs, que cela s'est fait sans
consultation. Il devrait s'excuser, Mme la Présidente, auprès de
la Chambre. J'ai cité à l'Assemblée l'ensemble des
groupes, toute la nomenclature des
organismes qui ont été consultés dans le cadre de
ce projet. Ils se sont montrés unanimement d'accord avec les
dispositions qui y sont prévues. Tout le monde est conscient, cependant,
que l'impact de la réglementation va impliquer certains travaux non pas
pour l'ensemble des fermes du Québec, mais pour certaines entreprises.
Cela se fera sur une base graduelle. Le gouvernement est compréhensif,
humain; il est davantage dirigé par le bon sens que par le spectacle,
comme c'était le cas sous le précédent gouvernement.
Concernant les fermetures d'entreprises, le député de
Lévis fait des gorges chaudes. Vous savez, le pouvoir qui appartient au
ministre de l'Agriculture dans ce projet de loi, s'il est adopté ce
soir, prévoit que le ministre peut émettre une ordonnance, sous
sa signature, qui ordonne la fermeture d'une entreprise non pas pour le plaisir
du ministre, mais seulement dans le cas où il est clairement
démontré qu'on y retrouve un aliment qui met en péril la
santé et la vie d'un consommateur ou d'une consommatrice. Cette
ordonnance, une fois qu'elle sera signée par le ministre, impliquera une
fermeture des activités de l'entreprise pour une période pouvant
aller jusqu'à quinze jours.
Pendant cette période, évidemment, le ministre, le
gouvernement pourra requérir des modifications techniques, une
façon de disposer des biens ou des produits qui ne sont pas propres
à la consommation humaine et, au besoin, le ministre pourra demander une
injonction devant les tribunaux. Or, la loi actuelle prévoit, dans le
cas des entreprises qui ont des permis, le droit pour le ministre de demander
une injonction, d'aller se batailler devant les tribunaux, un vendredi
après-midi, alors que des produits alimentaires sont susceptibles
d'être mis en marché et d'affecter non seulement la santé,
mais la vie des consommateurs et des consommatrices. Cette procédure
nous est apparue comme étant trop longue, exorbitante, inspirés
que nous sommes par une protection très forte du consommateur parce
qu'on se veut un gouvernement près du consommateur et de la
consommatrice. C'est pourquoi cette disposition a été
proposée, a été formulée.
Le député de Lévis disait: Vous avez juste à
enlever les permis. Ce n'est pas compliqué. Il y a des milliers
d'entreprises au Québec qui exploitent des commerces dans
l'alimentation, dans la restauration notamment, et qui n'ont pas de permis du
ministère de l'Agriculture. Que faire à ce moment-là? Je
croyais qu'avec l'expérience qu'il a le député de
Lévis aurait été sensible à ce volet de la
question. Je présume qu'il a oublié cet aspect du dossier de
notre loi ou des lois qui sont administrées au ministère.
Mme la Présidente, je termine en vous disant que c'est une bonne
loi. C'est une loi qui se doit d'être adoptée. Je remercie mes
collègues, particulièrement les collègues de notre
formation politique, le Parti libéral du Québec, d'avoir
contribué de façon aussi importante à l'élaboration
de ce projet de loi et d'avoir été assidûment
présents dans les débats, les échanges qui ont eu cours,
parce qu'ils ont été nombreux, sur ce projet de loi. Mme la
Présidente, merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Le débat étant clos, est-ce que le projet de loi 133, Loi
modifiant la Loi sur les produits laitiers et leurs succédanés,
est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: L'article 47, Mme la Présidente. La
dernière.
Projet de loi 134 Adoption
La Vice-Présidente: A l'article 47, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose l'adoption du
projet de loi 134, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments.
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, ce projet de loi a un seul
article et un article inutile, puisque, je l'ai dit tout à l'heure, le
ministre veut, encore une fois, dans la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments, fermer les usines. Il dit qu'il veut fermer
les usines pendant quinze jours. Mme la Présidente, je dis que cet
article est inutile parce qu'une usine a son permis, respecte les normes, a
été construite conformément à la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, qui est le code, de
l'inspection alimentaire au Québec. C'est le code de l'inspection
alimentaire au Québec. L'ensemble de la production alimentaire au
Québec est assujetti à cette loi fondamentale qui régit
l'ensemble de l'inspection alimentaire au Québec. (19 h 10)
Mme la Présidente, malgré cela, le ministre, dans le
domaine des produits marins, a 73 usines qui fonctionnent sans permis alors que
la loi leur demande d'avoir
un permis pour fonctionner et de respecter, au point de vue des normes
de construction, la loi et les règlements qui ont été
adoptés, la loi par l'Assemblée nationale et les
règlements par le gouvernement.
Le ministre demande le pouvoir de fermer les usines, alors qu'il n'a
qu'à regarder si la loi est respectée au point de vue des normes
de construction de l'usine. Si elle a été construite
correctement, il doit ensuite surveiller, avec son système d'inspection,
avec ses inspecteurs, si les produits qui y sont fabriqués sont
conformes aux normes prévues par la loi et les règlements, s'ils
sont propres à la consommation humaine ou s'ils ne le sont pas. En tout
temps, le ministre peut saisir tous les produits qui ne sont pas propres
à la consommation humaine et les faire disparaître, les enlever du
circuit.
Si l'usine a des difficultés, l'idée n'est pas de la
fermer, mais de l'aider en faisant en sorte que, sur le plan technique, des
procédés soient améliorés. Si, par ailleurs, elle
n'est pas conforme aux normes de qualité sur le plan de la
réglementation, si son système de réfrigération,
ses systèmes de fabrication et d'entreposage ne sont pas conformes, le
ministre peut lui retirer son permis et lui demander de se conformer à
la loi et à la réglementation. Pourquoi empêcher de
fonctionner l'usine qui est conforme, sur le plan de la construction, aux
normes prescrites par la loi et les règlements? S'il arrive que les
produits fabriqués ne sont pas bons, le ministre peut les saisir en tout
temps.
Mme la Présidente, je pense que le remède que le ministre
veut mettre en place est inutile. J'ai été ministre de
l'Agriculture pendant neuf ans et jamais je n'ai eu besoin des pouvoirs que le
ministre demande aujourd'hui pour faire en sorte que les produits
consommés sur le territoire québécois aient les plus hauts
standards possible. On sait que, pendant cette période de neuf ans, nous
n'avons pas eu de scandale de la viande avariée ou de telles
périodes honteuses sur le plan de l'inspection des aliments. Pourquoi?
Parce que les inspecteurs avaient, en tout temps, l'ordre sévère
de faire en sorte que les usines qui avaient des permis respectent la loi, les
normes de construction et, au point de vue de la production des produits
alimentaires, les normes de qualité prévues par la loi et les
règlements.
Ce n'est pas en fermant des usines temporairement, par ailleurs, qu'on
va corriger les situations quand elles se présentent. Ce qui est
important, c'est que les produits qui ne sont pas conformes ne puissent pas
aller sur la table du consommateur. À ce point de vue là, le
ministre a tous les pouvoirs pour faire respecter ça parce qu'il a les
pouvoirs de saisie les plus forts qu'on ait au gouvernement, les pouvoirs les
plus forts de saisir en tout temps, à toute heure du jour et même
de la nuit, les pouvoirs d'aller à tout moment, à tout endroit,
des pouvoirs qui sont exorbitants.
Je me rappelle que le ministre de la Justice voulait qu'on ait des
pouvoirs de saisir moins grands. Je disais: Non, les pouvoirs de saisie sont
très importants parce qu'un produit qui est fabriqué et qui n'est
pas propre à la consommation humaine ne doit pas pouvoir aller sur la
table des consommateurs. Ça, c'est une affaire. Mais de là
à fermer les usines alors qu'il peut arriver qu'une production soit
manquée. J'ai vu plusieurs excellentes entreprises fromagères qui
ont manqué une "batch", une production. 11 n'y avait rien de mal
là-dedans. Que voulez-vous, les bactéries, ce n'est pas une
armée qui marche sous les commandements d'un colonel. Les
bactéries ne sont pas syndiquées. C'est facile de perdre le
contrôle des bactéries. Il peut arriver qu'une excellente usine
fasse une production qui ne soit pas bonne et qui doit être
jetée.
Déjà, il en a été question en cette Chambre.
On m'a demandé - je ne donnerai pas de nom - comment il se faisait que
telle usine avait dû jeter du fromage. Les gens pensaient que
c'était pour des raisons de surplus. Ce n'était pas pour des
raisons de surplus, c'était simplement parce qu'elle avait fait une
production qui n'était pas bonne. Elle avait manqué son coup et
la production avait été jetée au dépotoir,
justement pour que les gens ne puissent pas en consommer. C'est normal et
ça peut arriver dans la meilleure usine. Je pourrais en nommer
plusieurs. Ces gens-là faisaient appel, à ce moment-là,
aux services techniques du ministère qui allaient travailler avec eux
pour les remettre dans le bon cycle de production, pour améliorer le
procédé et essayer de trouver le problème. J'ai vu des cas
où l'usine n'avait pas pu vendre son produit pendant des semaines parce
que le problème n'était pas trouvé et qu'elle ne pouvait
pas faire de corrections. Or, pendant tout ce temps-là, aucun de ses
produits n'allait à la consommation humaine.
Qu'est-ce que ça va donner de fermer une usine uniquement pour la
fermer? C'est évident que, lorsqu'une production est manquée,
s'il fallait que les consommateurs consomment cette production, ce serait
dangereux pour la santé. Mais les pouvoirs du ministre de l'Agriculture
comme inspecteur alimentaire sont tellement forts en ce qui concerne les
saisies qu'il n'a pas besoin de ce pouvoir additionnel qu'il réclame
aujourd'hui. Ce que je crains, c'est qu'ayant ce pouvoir les inspecteurs se
comportent comme des gens qui ont ce pouvoir. Quand on donne aux bureaucrates
trop de pouvoirs sur le plan administratif...
II s'agit de la protection de la santé, mais c'est aussi pour que
nos entreprises puissent produire des produits d'excellente qualité. Si
on pense en termes de fermeture d'usine, on aura, à mon avis, la
mauvaise philosophie, alors qu'il s'agit d'avoir des usines modernes, qui
satisfont aux normes de construction et, ensuite, une fois qu'elles ont
satisfait aux normes de construction, il s'agit qu'elles produisent des
produits sains. Il s'agit de deux ordres de réglementation. II ne faut
pas mélanger les pommes et les oranges, il ne faut pas mélanger
les ordres de réglementation.
Moi, personnellement, Mme la Présidente, je suis incapable de
comprendre pourquoi le ministre aujourd'hui demande des pouvoirs additionnels
dont le Québec n'a jamais eu besoin au cours des années
antérieures, alors que nous avons été capables, avec de la
volonté, de faire en sorte que les produits consommés sur le
territoire québécois soient des produits d'excellente
qualité. Et ce n'est pas sous le gouvernement du Parti
québécois, dans les neuf dernières années, qu'on a
connu le scandale de la viande avariée, parce qu'on a fait en sorte que
les inspecteurs aient les mandats, sentent que le gouvernement ne
tolérerait aucun passe-droit pour que les produits mis en marché
au Québec soient d'excellente qualité. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en réplique.
M. Pagé: Mme la Présidente, la redondance et la
faiblesse de l'argumentation du député de Lévis commandent
que je ne me prévale pas de mon droit de réplique.
La Vice-Présidente: Cela étant dit, le débat
étant clos, est-ce que le projet de loi 134, Loi modifiant la Loi sur
les...
Une voix: D'accord, d'accord.
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 134...
M. Pagé: Je vais passer ma margarine.
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 134, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments, est adopté?
M. Chevrette: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Alors, Mme la Présidente, sauf erreur - on
pourra vérifier tantôt en suspendant - je pense que cela met fin
aux projets de loi d'intérêt public que nous devions adopter. Nous
allons donc retourner aux projets de loi d'intérêt privé en
commençant par l'article 65 du feuilleton.
M. Chevrette: Mme la Présidente, juste avant, pourrait-on
faire remarquer au ministre des Finances que ses deux projets de loi sont
adoptés?
La Vice-Présidente: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Mme la Présidente, je voudrais à ce
moment noter ma profonde satisfaction et je m'empresse de remercier qui de
droit, et cela doit comporter, évidemment, des remerciements à
l'Assemblée nationale tout entière.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Finances.
Cela étant dit, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: L'article 65 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 204 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 65 du feuilleton, le
député de Shefford propose l'adoption du principe du projet de
loi 204, Loi concernant Quick O Wash Inc. Est-ce que le principe du projet de
loi 204 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 204, Loi concernant Quick O Wash Inc., est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 66, Mme la Présidente.
Projet de loi 205 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Avant de procéder à
l'article 66, est-ce qu'il y a consentement pour déroger aux
règles de pratique concernant ce projet de loi? Consentement,
consentement? À l'article 66, le député de
Notre-Dame-de-Grâce propose l'adoption du principe du projet de loi 205,
Loi concernant
Fleming Mines Limited. Est-ce que le principe du projet de loi est
adopté?
M. Chevrette: Un instant! Vous avez bien dit... Juste un instant
M. le leader.
La Vice-Présidente: Oui.
M. Chevrette: Vous avez bien dit: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Pas de problème. Nous, de toute façon,
ce n'est pas nécessaire dans notre esprit de changer le parrain du
projet de loi. Donc, adopté tel quel.
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, le Secrétaire
général me suggère qu'on pourrait procéder si le
leader de l'Opposition y consent. Je proposerais que le député de
Richmond soit parrain du projet de loi, et, si on devait l'adopter
immédiatement après, je pourrais annoncer à mon
collègue de Richmond le fait qu'il aura parrainé un projet de
loi, ce qui le rendra fort aise à la veille de la Saint-Jean.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée concernant le changement de parrain pour le projet de loi?
M. Chevrette: Je n'ai rien contre le député de
Richmond, je suis d'accord.
La Vice-Présidente: Donc, motion adoptée afin de
remplacer le député de Notre-Dame-de-Grâce par celui de
Richmond. Donc, est-ce que le principe du projet de loi 205, Loi concernant
Fleming Mines Limited, est adopté?
M. Chevrette: Adopté, madame.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 205 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 67, Mme la Présidente. (19 h 20)
La Vice-Présidente: À l'article 67, est-ce qu'il y
a consentement pour qu'on déroge aux règles de
procédure?
M. Chevrette: Toujours, Mme la Présidente.
Projet de loi 206 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Consentement.
Est-ce que le principe du projet de loi 206, Loi modifiant la charte de
la ville de Sherbrooke, présenté par le député de
Sherbrooke, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 206, Loi modifiant la charte de la ville de
Sherbrooke, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 68, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Article 68. Il y a toujours
consentement pour qu'on puisse déroger aux règles de cette
Assemblée?
M. Chevrette: Mme la Présidente, si cela peut vous
simplifier la tâche...
La Vice-Présidente: Oui.
M. Chevrette: ...je vais donner le consentement pour les articles
69 et suivants. Cela va vous épargner une question, à part
cela.
Projet de loi 209 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Je vous remercie. Le consentement
étant donné, est-ce que le principe du projet de loi 209,
présenté par le député d'Iberville, Loi modifiant
la charte de la ville de Longueuil, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 209, Loi modifiant la charte de la ville de
Longueuil, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 69, Mme la Présidente. '
Projet de loi 212 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 69, il s'agit de
l'adoption du principe du projet de loi 212, Loi concernant la ville de
Saint-Georges, qui avait été présenté par le
député de Beauce-Nord. Est-ce que le principe du projet de loi
212 est adopté?
M. Chevrette: Adopté. Une voix: Un discours.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 212, Loi concernant la ville de
Saint-Georges, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 70, Mme la Présidente.
Projet de loi 214 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 70, il s'agit de
l'adoption du principe du projet de loi 214, Loi concernant certains immeubles
du cadastre de la paroisse de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette, qui avait
été présenté par le député de
Chauveau. Est-ce que le principe du projet de loi 214 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 214, Loi concernant certains immeubles du
cadastre de la paroisse de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette, est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 71, Mme la Présidente.
Projet de loi 217
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 71, il s'agit de
l'adoption du principe du projet de loi 217, Loi concernant Roma Gardens Inc.,
qui avait été présenté par le député
de Saint-Louis. Est-ce que le principe du projet de loi 217 est
adopté?
M. Chevrette: Adopté sous réserve.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 217, Loi concernant Roma Gardens Inc., est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 72, Mme la Présidente.
Projet de loi 223 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Bon. À l'article 72 de notre
feuilleton, le député de Bourget propose l'adoption du principe
du projet de loi 223, Loi concernant la succession de Maurice Jolicoeur. Est-ce
que le principe du projet de loi 223 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 223, Loi concernant la succession de Maurice
Jolicoeur, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 73, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: À l'article 73, ai-je
également le consentement pour pouvoir déroger aux règles?
Oui.
M. Chevrette: Mme la Présidente, pour vous permettre de
prendre une grande respiration, je vais vous donner mon consentement.
Projet de loi 224 Adoption du principe
La Vice-Présidente: Je vous remercie beaucoup, M. le
leader de l'Opposition.
Est-ce que le principe du projet de loi
224, Loi concernant la conversion en copropriété par
déclaration de l'immeuble appartenant à la Société
d'amélioration Milton Parc Inc., est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 224 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 74, Mme la Présidente.
Projet de loi 235 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 74, le
député de Shefford propose l'adoption du principe du projet de
loi 235, Loi modifiant la charte de la ville de Granby. Est-ce que le principe
du projet de loi 235 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 235, Loi modifiant la charte de la ville de
Granby, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 75, Mme la Présidente.
Projet de loi 236 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 75, le
député de Taschereau propose l'adoption du principe du projet de
loi 236, Loi modifiant la Loi concernant le Séminaire de Québec.
Est-ce que le principe du projet de loi 236 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 236, Loi modifiant la Loi concernant le Séminaire de Québec,
est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 76, Mme la Présidente.
Projet de loi 246 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 76, le
député de Saint-Louis propose l'adoption du projet de loi 246,
Loi concernant la dissolution de l'Association des employés de Yellow
Sample. Est-ce que le principe du projet de loi 246 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté.
Est-ce que le projet de loi 246, Loi concernant la dissolution de
l'Association des employés de Yellow Sample, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 77, Mme la Présidente.
Projet de loi 261 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 77, la
députée de Mégantic-Compton propose l'adoption du principe
du projet de loi 261, Loi concernant la succession d'Alexandre Blouin. Est-ce
que le principe du projet de loi 261, Loi concernant la succession d'Alexandre
Blouin, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 261 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, comme dernier
élément, je pense -' on verra par la suite - je vous prie
d'appeler l'article 79 du
feuilleton.
Projet de loi 267 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 79 de notre feuilleton, le
député de Beauharnois propose l'adoption du projet de loi 267,
Loi modifiant la charte de la ville de Salaberry-de-Valleyfield. Est-ce que le
principe du . projet de loi 267 est adopté?
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le
député de Beauharnois a l'intention de faire un long
discours?
M. Marcil: Non.
M. Chevrette: Non. Adopté, madame.
La Vice-Présidente: Donc, le principe est adopté.
Est-ce que le projet de loi 267, Loi modifiant la charte de la ville de
Salaberry-de-Valleyfield, est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui, Mme la Présidente, je pense - et je dis
bien "je pense" parce que je voudrais que nous profitions d'une' suspension de
quelque cinq minutes pour pouvoir vérifier auprès du
secrétariat général si nous avons bel et bien
disposé du menu que nous nous étions fixé pour la
journée -que nous avons terminé nos travaux.
Donc, je propose la suspension de l'Assemblée pour quelques
minutes.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
suspendre quelques minutes? Il y a consentement, nous allons donc suspendre
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 26)
(Reprise à 19 h 33)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, alors, M. le Président, tel que je
l'indiquais ce matin, j'aurais deux rapports à déposer avec le
consentement de l'Assemblée.
Le Vice-Président: Vous allez vite, M. le solliciteur.
Rapport annuel de la Commission de police
M. Gratton: Alors, au nom du Solliciteur général,
je voudrais déposer le rapport annuel pour l'année 1986 de la
Commission de police du Québec.
Rapport annuel de la CSST
Au nom du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, je voudrais déposer le rapport annuel
pour l'année 1986 de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Le Vice-Président: Donc, rapports
déposés.
M. Gratton: M. le Président, avec le même
consentement je voudrais procéder à un avis touchant les travaux
des commissions.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Chevrette: Le même consentement. Le
Vice-Président: II y a consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Alors, M. le Président, de consentement avec
l'Opposition officielle, j'informe l'Assemblée que la commission de
l'aménagement et des équipements, à qui a
été confié le mandat de procéder à une
consultation générale dans le cadre de l'étude du projet
de loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile et d'autres dispositions
législatives, tiendra des auditions à compter de 14 octobre
1987.
J'informe également cette Assemblée que, suite à
une entente avec l'Opposition officielle, la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation à qui a été
confié le mandat de procéder à des consultations
particulières dans le cadre de l'étude du projet de loi 46, Loi
sur le financement agricole, tiendra des auditions les 6, 7 et 8 octobre 1987
et que les mémoires devront être transmis au
Secrétériat des commissions au plus tard le 4 septembre 1987.
Finalement, M. le Président, et ce, de consentement toujours avec
l'Opposition officielle, j'avise l'Assemblée que l'audition du
Vérificateur général et l'examen de son rapport annuel par
la commission du budget et de l'administration aura lieu le mardi, 18
août 1987.
Le Vice-Président: Cet avis est reçu. Donc, je
comprends M. le leader du gouvernement que le menu que nous avions
au feuilleton est maintenant complété. Je vous cède
donc la parole pour quelques mots de la fin.
Bilan et voeux M. Michel Gratton
M. Gratton: Alors, M. le Président, je vous remercie.
Évidemment, c'est avec beaucoup de satisfaction que nous constatons,
qu'à la veille de la fête nationale, nous serons en mesure
d'ajourner nos travaux jusqu'à l'automne.
Il va sans dire que cela n'implique pas que l'Assemblée nationale
ou que les députés sont en vacances jusqu'en octobre,
puisqu'à compter du 4 août prochain pas moins de 15 commissions
doivent déjà siéger et, évidemment, il y aura
d'autres commissions qui seront appelées à étudier, de
façon détaillée, certains projets de loi qui leur ont
été déférés.
Avant de nous quitter, M. le Président, je m'en voudrais de ne
pas remercier l'ensemble de ceux qui font en sorte que cette Assemblée
nationale puisse s'acquitter de ses tâches et, sans en faire
l'énumération, je pense, bien sûr, à tout le
personnel dans l'édifice de l'Assemblée nationale, à tous
nos collaborateurs. Je désire adresser un remerciement spécial
à mon vis-à-vis, le leader de l'Opposition, qui a
collaboré, on ne peut mieux, au bon déroulement des travaux. Je
me félicite, M. le Président, d'entretenir avec le
député de Joliette une relation empreinte de franchise, de fair
play et qui fait en sorte que nous pouvons procéder et adopter des
projets de loi qui, selon les points de vue qui peuvent diverger à
l'occasion, sont toujours présentés et débattus dans le
meilleur intérêt de la collectivité
québécoise.
Au nom du premier ministre, qui a dû quitter pour Montréal
ce soir, je désire souhaiter à l'ensemble de mes collègues
de l'Assemblée nationale, à l'ensemble de nos concitoyens une
fête nationale dans la joie, la paix et la
sérénité.
Le Vice-Président: Merci, M. le leader du gouvernement. M.
le leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président, vous me permettrez
également de joindre ma voix à celle du leader du gouvernement
pour remercier l'ensemble du personnel, que ce soit à la
télévision, à la transcription du Journal des
débats, au Greffe, etc. je pense qu'ils méritent nos
remerciements à ce stade-ci de l'année, quand on traverse
toujours une période intensive de session. Je sais que ce n'est pas
facile, y compris pour nos pages à l'Assemblée nationale. Donc,
un merci à tout le monde, y compris le personnel du Parlementaire et
j'espère - je fais toujours l'erreur d'en nommer quelques-uns et
j'oublie les autres - mais je vous dis que je ne voudrais pas en oublier un.
Merci à tout le monde.
Merci également, M. le Président, 6 vous et à Mme
la Vice-présidente qui avez présidé aujourd'hui les
débats de fin de journée. Vous transmettrez mes salutations
distinguées au Président de l'Assemblée nationale.
J'aurais aimé le faire, parce que je croyais qu'il serait sur le banc
à la fin de cette séance. Donc, par votre intermédiaire,
vous êtes deux pour le faire, vous pourrez lui transmettre, au nom de
l'Opposition, nos salutations les plus distinguées.
Je voudrais également souhaiter à tous une joyeuse
fête nationale. J'ose espérer que les gens se
récréeront à l'occasion de la fête nationale. C'est
leur fête, c'est la fête de l'ensemble des Québécois.
Et je voudrais également - j'ai gardé un dessert - je ne
m'attendais pas à des fleurs du leader du gouvernement. Donc, vous
comprendrez que j'ai été un peu ému, un peu
déséquilibré. Je ne l'ai pas vu se moquer de moi
aujourd'hui. J'ai dit: Qu'est-ce qu'il a? Il est donc gentil. Je voudrais lui
dire, M. le Président: C'est a souligner le travail de fair-play que
nous avons eu au cours de cette session et je dois lui dire que c'est dans cet
esprit que j'espère que cela pourra continuer. J'ai un espoir de
longévité tout comme lui, mais j'espère que l'on changera
de place de temps en temps.
Cela dit, M. le Président, bonnes vacances à tous. Je
pense que plusieurs parlementaires ont trimé dur et je crois que les
vacances ne seront pas un luxe cette année. Les journaux ont
déjà devancé quant aux deux leaders. Ils ont
déjà annoncé qu'on serait normalement rendus dans le bois,
a les écouter. On serait à la pêche. Soyez sans crainte.
Tout en taquinant la truite, on aura sans doute une bonne pensée pour
l'ensemble des parlementaires, indépendamment de nos petites chicanes
à l'interne, à l'Assemblée nationale. À vous, M. le
Président, et à tous vos collègues bonnes vacances.
Le Vice-Président
Le Vice-Président: Alors à mon tour, je voudrais,
en mon nom personnel et au nom de ma collègue, ainsi qu'au nom du
président, vous remercier, tous les parlementaires, de la bonne
collaboration pour les travaux de cette Assemblée, durant la
dernière session.
Je pense également, comme il a été souligné
par le leader du gouvernement et par le leader de l'Opposition, qu'il ne faut
pas oublier les gens. C'est toujours difficile; on ne veut pas en oublier. On
pense au
Secrétaire général et à son équipe,
aux pages, aux gens de la télévision, aux gens du son, aux gens
qui s'occupent de la transcription de nos débats, aux gens des
commissions parlementaires, enfin à tout le personnel administratif qui
fait que nos travaux peuvent se dérouler selon une bonne marche et de
façon convenable, suivant les règles que nous avons
adoptées.
Donc, je veux remercier ces gens de leur collaboration et profiter
également de l'occasion pour souhaiter à tous ces gens, aux
parlementaires y compris, le temps que dureront les vacances... Nous ne sommes
pas en vacances pour les quatre prochains mois, c'est évident.
L'Assemblée ajourne et nous savons que nous avons tous du travail
à accomplir dans nos comtés et même ici à
l'Assemblée dans le cadre de commissions parlementaires qui vont
siéger, de certains événements importants en ce qui
concerne les relations parlementaires qui ont lieu au cours de
l'été. Donc, pour le temps que les vacances dureront, à
l'ensemble de ces gens-là, vous me permettrez de souhaiter de bonnes
vacances.
Pour terminer, je dois m'acquitter d'une tâche également,
soit vous aviser qu'il y aura sanction royale de tous les projets de loi qui
auront franchi l'étape de l'adoption, au cours de cette journée
et dans les jours précédents. Cela se fera d'ici à une
heure, après l'ajournement de nos travaux, au bureau du
lieutenant-gouverneur.
Donc, M. le leader du gouvernement.
Ajournement au mardi 20 octobre
M. Gratton: Sur ce, M. le Président, je propose que
l'Assemblée ajourne ses travaux au mardi 20 octobre 1987.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Chevrette: Pour la quarantième fois, il y a
consentement aujourd'hui.
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
l'Assemblée nationale ajourne maintenant ses travaux au mardi 20 octobre
1987.
(Fin de la séance à 19 h 41)
PRÉSIDENT: M. Pierre Lorrain VICE-PRÉSIDENT: M.
Jean-Pierre Saintonge VICE-PRÉSIDENTE: Mme Louise Bégin
Affiliation
Nom, prénoms politique Profession ou
métier
District électoral
Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau
Audet, Jean PLQ Administrateur Beauce-Nord
Bacon, Lise * PLQ Administratrice Chomedey
Baril, Gilles PLQ Homme d'affaires
Rouyn-Noranda-Témiscaminque
Beaudin, André PLQ Professeur, directeur d'école
Gaspé
Bégin, Louise PLQ Avocate Bellechasse
Bélanger, Guy PLQ Psycho-éducateur, adm.
Laval-des-Rapides
Bélanger, Madeleine PLQ Femme d'affaires
Mégantic-Compton
Bélisle, Jean-Pierre PLQ Avocat Mille-Îles
Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance
Blackburn, Jeanne L. PQ Administratrice Chicoutimi
Blais, Yves PQ Administrateur Terrebonne
Bleau, Madeleine PLQ Travailleuse au foyer Groulx
Boulerice, André PQ Attaché d'administration
Saint-Jacques
Bourassa, Robert * PLQ Avocat et économiste Saint-Laurent
Bourbeau, André * PLQ Notaire Laporte
Bradet, Daniel PLQ Enseignant Charlevoix
Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean
Brouillette, Pierre A. PLQ Homme d'affaires Champlain
Camden, Lewis PLQ Diplômé en sc. politiques
Lotbinière
Cannon, Lawrence PLQ Homme d'affaires La Peltrie
Cardinal, Pierrette PLQ Secrétaire administrative
Châteauguay
Chagnon, Jacques PLQ Administrateur Saint-Louis
Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères
Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Joliette
Ciaccia, John * PLQ Avocat Mont-Royal
Claveau, Christian PQ Administrateur Ungava
Côté, Albert * PLQ Ingénieur forestier
Rivière-du-Loup
Côté, Marc-Yvan * PLQ Professeur Charlesbourg
Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau
Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette
Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc
Després, Michel PLQ Administrateur Limoilou
Dionne, France PLQ Secrétaire de direction
Kamouraska-Témiscouata
Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier
Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert
Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon
Dufour, Francis PQ Administrateur Jonquière
Dutil, Robert * PLQ Administrateur Beauce-Sud
Farrah, Georges PLQ Administrateur Îles-de-la-Madeleine
Filion, Claude PQ Avocat Taillon
Forget, Paul-André PLQ Agriculteur Prévost
Fortier, Pierre-C. * PLQ Ingénieur Outremont
Fortin, Gilles PLQ Industriel Marguerite-Bourgeoys
French, Richard * PLQ Professeur d'université Westmount
Gagnon-Tremblay, Monique* PLQ Notaire Saint-François
Gardner, Laurier PLQ Enseignant Arthabaska
Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis
Gauthier, Michel PQ Administrateur scolaire Roberval
Gauvin, Réal PLQ Homme d'affaires Montmagny-L'Islet
Gendron, François PQ Enseignant Abitibi-Ouest
Gervais, Jean-Guy PLQ Administrateur L'Assomption
Gobé, Jean-Claude PLQ Administrateur Lafontaine
Gobeil, Paul * PLQ Comptable agréé Verdun
Godin, Gérald PQ Journaliste Mercier
Gratton, Michel * PLQ Ingénieur Gatineau
Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri
Hamel, André J. PLQ Administrateur Sherbrooke
Harel, Louise PQ Avocate Maisonneuve
Hétu, Damien PLQ Entrepreneur électricien Labelle
Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier
Affiliation Nom, prénoms . politique
Profession ou métier
District électoral
Hovington, Claire-Hélène PLQ Relationniste Matane
Johnson, Daniel * PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges
Johnson, Pierre Marc PQ Médecin, avocat Anjou
Jolivet, Jean-Pierre PQ Enseignant Laviolette
Joly, Jean A. PLQ Courtier en assurances Fabre
Juneau, Carmen PQ Femme au foyer Johnson
Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau
Khelfa, Albert PLQ Enseignant Richelieu
Laporte, Michel PLQ Avocat Sainte-Marie
Latulippe, Gérard * PLQ Avocat, CRI Chambly
Lavoie-Roux, Thérèse * PLQ Administratrice scolaire
L'Acadie
Leclerc, Jean PLQ Chef d'entreprise Taschereau
Lefebvre, Roger PLQ Avocat Frontenac
Legault, Yolande D. PLQ Secrétaire Deux-Montagnes
Lemieux, Jean-Guy PLQ Avocat Vanier
Lemire, Yvon PLQ Homme d'affaires Saint-Maurice
Levesque, Gérard D. * PLQ Avocat et administrateur
Bonaventure
Lincoln, Clifford * PLQ Courtier d'assurances Nelligan
Lorrain, Pierre PLQ Avocat Saint-Jean
MacDonald, Pierre * PLQ Administrateur Robert Baldwin
Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger
Maltais, Ghislain PLQ Courtier d'assurances Saguenay
Marcil, Serge PLQ Administrateur scolaire Beauharnois
Marx, Herbert * PLQ Avocat D'Arcy McGee
Messier, Charles PLQ Technicien en administration Saint-Hyacinthe
Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac
Pagé, Michel * PLQ Avocat Portneuf
Paradis, Henri PLQ Pharmacien Matapédia
Paradis, Pierre * PLQ Avocat Brome-Missisquoi
Paré, Roger PQ Administrateur Shefford
Parent, Jean-Guy PQ Administrateur Bertrand
Parent, Marcel PLQ Récréologue Sauvé
Pelchat, Christiane PLQ Journaliste Vachon
Perron, Denis PQ Opérateur de poste Duplessis
Philibert, Paul PLQ Thanatologue Trois-Rivières
Picotte, Yvon * PLQ Principal d'école Maskinongé
Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne
Poulin, Rémy PLQ Représentant promotionnel Chauveau
Rémillard, Gil * PLQ Constitutionnaliste Jean-Talon
Richard, Maurice PLQ Commerçant Nicolet
Rivard, Guy PLQ Médecin Rosemont
Robic, Louise * PLQ Administratrice Bourassa
Rochefort, Jacques PQ Administrateur Gouin
Rocheleau, Gilles * PLQ Homme d'affaires Hull
Ryan, Claude * PLQ Journaliste Argenteuil
Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie
Saint-Roch, Jean-Guy PLQ Directeur de marketing Drummond
Savoie, Raymond * PLQ Notaire Abitibi-Est
Séguin, Yves PLQ Avocat Montmorency
Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier
Théorêt, Jean-Paul PLQ Homme d'affaires Vimont
Thérien, Robert PLQ Professeur Rousseau
Tremblay, Jacques PLQ Industriel Iberville
Tremblay, Michel PLQ Administrateur Rimouski
Trépanier, Violette PLQ Enseignante Dorion
Trudel, Claude PLQ Avocat et administrateur Bourget
Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford
Vallerand, André * PLQ Économiste Crémazie
Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond
Vermette, Cécile PQ Membre d'organisme Marie-Victorin
PLQ- Parti libéral du Québec (98) Siège vacant:
Notre-Dame-de-Grâce
PQ - Parti québécois (23)
Juin 1987