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(Quatorze heures sept minutes)
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez prendre place.
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous asseoir.
L'Assemblée nationale entreprend ses travaux en ce mardi 27
octobre 1987. Nous allons débuter par les affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
Mme la vice-première ministre et ministre des Affaires
culturelles.
Avis de la Commission des biens culturels
Mme Bacon: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer un avis de la Commission des biens culturels sur le classement
de Ash Inn de Gaspé.
Le Vice-Président: Document déposé. M. le
ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du BAPE
M. Lincoln: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1986-87 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Le Vice-Président: Document déposé. M. le
ministre du Commerce extérieur et du Développement
technologique.
Rapport annuel du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique
M. MacDonald: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1986-1987 du ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
Le Vice-Président: Document déposé. M. le
ministre du Commerce extérieur et du Développement
technologique.
Rapport annuel de l'AQVIR
M. MacDonald: Merci. J'ai également le plaisir et
l'honneur de déposer le rapport annuel 1986-1987 de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche.
Le Vice-Président: Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions.
M. le président de la commission de l'éducation et
député de Sauvé.
Consultations particulières dans le cadre de
l'étude des
projets de règlement des comités
confessionnels du CSE
M. Parent (Sauvé): M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé les 6, 7, 8 et 21 octobre afin de procéder à
des consultations particulières dans le cadre de l'étude des
projets de règlement des comités confessionnels du Conseil
supérieur de l'éducation.
Le Vice-Président: Rapport déposé.
M. le président de la commission du budget et de l'administration
et député de Vanier.
Consultation générale sur le projet de
loi 154
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé les 20 et 21 octobre 1987 afin de procéder
à une consultation qénérale dans le cadre de
l'étude du projet de loi 154, Loi sur le registre des associations et
entreprises.
Le Vice-Président: Rapport déposé.
Finalement, M. le président de la commission des institutions et
député de Taillon.
Consultation générale sur
l'avant-projet
de loi portant réforme au Code civil
du Québec du droit des sûretés
réelles
et de la publicité des droits
M. Filion: M. le Président, il s'agit du rapport de la
commission des institutions qui a siégé les 19, 20 et 21
août et 22 octobre 1987 et qui a procédé à une
consultation générale et des auditions publiques dans le cadre de
l'étude sur l'avant-projet de loi portant réforme au Code civil
au chapitre du droit des sûretés réelles et de la
publicité des droits.
Le Vice-Président: Rapport déposé.
Dépôt de pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel.
Questions et réponses orales. Je vou-
drais à ce moment-ci aviser l'Assemblée qu'à la fin
de la période de questions il y aura un complément de
réponse du ministre de l'Environnement à la question posée
à la séance de mardi dernier par le député de
Verchères au sujet des BPC à Senneterre.
Maintenant, pour la période de questions et réponses
orales, je vais reconnaître M. le député de Bertrand.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
L'entente sur le libre-échange et la vente
d'électricité aux États-Unis
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Le 3 octobre
dernier se signait une importante entente sur le libre-échange Canada et
États-Unis. Le premier ministre en tête et le ministre du Commerce
extérieur aussi acclamaient avec beaucoup d'enthousiasme cette dite
entente signée. Cependant, avec les semaines qui ont passé, on se
rend compte que beaucoup de questions se posent. À l'analyse de cette
entente, nous en venons à la conclusion que l'entente sur la table est
carrément inacceptable.
Le ministre du Commerce extérieur déclarait, ces derniers
jours, que lui aussi avait beaucoup de questions à se poser, à
savoir une trentaine de questions dans plusieurs des secteurs
d'activité.
M. le Président, on aura à attendre au moins trois autres
semaines avant d'avoir les textes finaux. Plusieurs questions se posent en
matière d'agriculture, de culture, d'énergie, d'investissements,
des services, du mécanisme de règlement, des périodes de
transition. Pour ne prendre qu'un de ces points, en matière
d'énergie, est-ce que le ministre du Commerce extérieur peut nous
assurer et assurer cette Chambre aujourd'hui que l'entente signée va
continuer d'accorder au Québec son privilège et son droit
d'exercer sa tarification sur ses marchés extérieurs, de fixer
les prix de l'électricité tel qu'il le fait actuellement, sans
être aux prises avec des mesures dites discriminatoires et être
passible d'être poursuivi par les États-Unis?
Le Vice-Président: M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
M. MacDonald: M. le Président, comme l'a mentionné
le député de Bertrand, nous attendons tous le texte final, le
texte légal de cette entente. Mais, en nous basant sur les
renseignements que nous avons et les textes préliminaires, de part et
d'autre de la frontière d'ailleurs, c'est notre compréhension que
non seulement nous gardons notre latitude d'intervenir dans des contrats
commerciaux avec des services d'utilité publique américains ou
privés et d'y fixer une tarification ou un prix de vente sur une base
commerciale, mais que, dans l'ensemble de ce que représente pour nous le
marché de ces richesses énergétiques, du côté
canadien, la chose normalement devrait être beaucoup plus facile qu'elle
ne l'est à l'heure actuelle ou qu'elle ne l'a été dans le
passé, vu cette nouvelle relation avec l'Office national de
l'énergie.
Le Vice-Président: Question complémentaire, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En additionnelle. Comment le ministre du
Commerce extérieur peut-il exprimer ou expliquer à cette Chambre,
à la page 17 de l'entente, que le Canada accepte de renoncer au
contrôle des prix discriminatoires des exportations
d'électricité? Comment le ministre peut-il assurer cette Chambre,
aujourd'hui, qu'en matière de vente d'électricité, on aura
toute la marge de manoeuvre et que les conditions dans lesquelles on doit
adhérer et qu'il a lui-même déjà applaudies,
renferment cette assurance aujourd'hui et qu'on peut être d'accord de
façon très aveugle, comme le fait actuellement le
gouvernement?
Le Vice-Président: M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
M. MacDonald: Dans l'interprétation des textes
préliminaires, j'aimerais peut-être rappeler au
député de Bertrand les paroles d'un professeur qu'il devrait - et
son chef éqalement - écouter plus souvent, M. Parizeau, qui dit
que, très souvent, ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui ne savent
pas parlent. Dans le cas présent, nous attendons les textes finaux. Dans
le cas présent également - je l'ai mentionné et
peut-être que mon collègue le ministre de l'Énergie et des
Ressources voudrait ajouter un complément de réponse - je vous ai
expliqué que les règles normales d'une entente commerciale entre
Hydro-Québec et les services publics américains demeureraient, et
c'est la façon dont nous interprétons cette entente à
l'heure actuelle.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le ministre.
M. Ciaccia: II faut comprendre...
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Énergie et
des Ressources, pour un complément également.
M. Ciaccia: ...M. le Président, que, selon le processus
actuel, l'entente est entre deux gouvernements. Le gouvernement canadien
s'engage à ne pas imposer des prix
discriminatoires. Cela veut dire que le gouvernement canadien s'engage
à ce que l'ONE ne puisse pas dire, ne puisse plus dire à
Hydro-Québec: Vous devez offrir de tels prix à l'Ontario, au
Nouveau-Brunswick. C'est ça le prix discriminatoire. Cela va faciliter
les exportations parce que l'entente, c'est le libre-échange et le libre
marché. HydroQuébec va continuer et cela va être encore
plus facile pour Hydro-Québec de négocier librement les contrats
avec les États américains. Si vous lisez l'entente et si vous
comprenez le processus actuel, vous allez réaliser que les contrats
qu'Hydro-Québec négocie maintenant, de 0,06 $ le kilowattheure et
de 0,08 $ le kilowattheure, ce qui est trois et quatre fois plus
élevé que le prix de vente aux gros industriels du Québec,
on va pouvoir continuer à le faire. C'est le but de l'entente.
Le but de l'entente, ce n'est pas de réduire les exportations,
mais comme elle le mentionne, c'est de pouvoir accroître les exportations
dans un libre marché. C'est pour cela que ce sera en faveur du
Québec et d'Hydro-Québec.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, en complémentaire. Concernant
les périodes de transition, est-ce que le ministre du Commerce
extérieur - puisque l'obtention des périodes de transition
était une des conditions du gouvernement - peut nous assurer,
aujourd'hui, particulièrement dans les secteurs mous, les secteurs dits
vulnérables au Québec - le secteur du meuble, par exemple, et
celui du vêtement - que pour tous ces secteurs, on aura la période
de transition maximale, c'est-à-dire dix ans, afin de protéger
nos entreprises dans ces secteurs dits vulnérables?
Le Vice-Président: M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
M. MacDonald: Les périodes de transition s'appliquant
à un secteur industriel ou l'autre ne sont pas entre nos mains pour la
totalité de la liste. Cependant, je mentionne - je crois que vous le
savez - que pour ce qui est du vêtement, nous parlons de dix ans, mais
pour ce qui est du meuble, sans en faire aucune distinction de
catégories, nous parlons de cinq ans.
Ce qui est important, c'est que les mesures de transition dont nous
avons fait une condition font, actuellement, comme elles l'ont fait dans les
mois qui ont précédé, l'objet de négociations, au
moment où je vous parle, avec le gouvernement fédéral, de
façon à s'assurer que ce n'est pas seulement une question de
périodes, mais qu'à l'intérieur de ces périodes, il
y aura également les mesures touchant les sociétés et
leurs employés pour faire face à cette nouvelle situation de
compétition.
Le Vice-Président: Question complémentaire...
M. Parent (Bertrand): En commission parlementaire...
Le Vice-Président: ...M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...est-ce que l'industrie du meuble, par
exemple, n'avait pas demandé et exigé cette période
maximale de dix ans? Est-ce que le ministre ne s'était pas dit d'accord
avec cela? Si, dans le cas du meuble, on n'obtient que cinq ans, comment le
ministre peut-il se dire d'accord avec cette entente? Est-ce que le ministre
peut déposer la liste exhaustive de toutes les périodes de
transition, secteur par secteur?
Le Vice-Président: M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique.
M. MacDonald: II me fera plaisir de déposer, M. le
Président, la liste secteur par secteur, lorsque nous aurons ladite
liste. Il me fera plaisir, également, d'ajouter des détails
à mesure que se développeront les programmes dits de
transition.
Pour ce qui est de l'industrie du meuble, je rappellerai au
député de Bertrand, qui a entendu avec moi des
représentations des gens de cette industrie, que certains y voyaient la
possibilité de compétitionner au lendemain même d'une
entente et que d'autres exigaient des périodes de dix ans et qu'une
moyenne pouvait être prise et, particulièrement, selon les
créneaux industriels. Si, pour une raison ou pour une autre, la
période était fixée à cinq ans pour l'ensemble du
secteur du meuble, cela voudrait dire que nous devrions intervenir, tant du
côté fédéral que provincial, plus rapidement et
d'une façon plus énergique pour permettre justement à ces
industries de se transformer, de se moderniser et d'améliorer leur
productivité pour envisager la nouvelle situation dans cinq ans qui
serait, si on se rappelle bien, si toute chose est normale, à partir de
1995.
Des voix: Bravo! (14 h 20)
Le Vice-Président: Question principale. M. le
député de Taillon.
Contrats du CSSMM à la firme d'avocats
McDougall Caron
M. Filion: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Justice et Solliciteur général. Le quotidien Le
Devoir révélait vendredi que l'étude légale de
l'ex-Solliciteur général, la firme McDougall Caron, avait obtenu
pas moins d'une vingtaine de contrats du CSSMM et que ces contrats auraient
été octroyés en dehors de la procédure habituelle.
En plus de ces contrats, la firme PREMAR aurait obtenu un contrat de 103 000 $
sans appel d'offres.
Le ministre de la Justice et Solliciteur général peut-il,
aujourd'hui, nous confirmer ou non l'existence et la poursuite de cette
enquête policière concernant l'administration du CSSMM, le Centre
des services sociaux du Montréal métropolitain? Peut-il nous dire
si l'octroi des contrats précédemment décrits fait partie
de cette enquête?
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, il y a effectivement une
enquête policière en cours en ce qui concerne le CSSMM. Mais
j'aimerais reprendre les paroles d'un autre ministre de la Justice qui est
maintenant chef de l'Opposition et qui a dit en ce qui concerne une
enquête préliminaire, et je cite le Journal des débats
du 21 novembre 1984: "Je n'ai pas à relater publiquement tous les
détails de cette enquête qui, comme toute autre enquête
policière, relève de la plus stricte confidentialité."
J'ajouterais, comme d'ailleurs dans le document lui-même etc., que je
n'ai pas à révéler des détails, en ce qui concerne
une enquête policière, ici, en Chambre. Effectivement, quand
l'enquête policière sera terminée, le dossier sera
acheminé aux procureurs de la couronne qui vont prendre les mesures qui
s'imposent.
Le Vice-Président: M. le député de Taillon,
en complémentaire.
M. Filion: Oui, j'aimerais savoir du ministre de la Justice et
Solliciteur général à quel moment cette enquête a
effectivement débuté.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, j'ai un dossier ici avec les
dates exactes. Je vais prendre avis et je vais vous répondre à la
fin de la période de questions.
M. Filion: D'accord.
Le Vice-Président: Très bien: M. le
député de Taillon, en complémentaire tou- jours.
M. Filion: Quant à prendre avis, j'aimerais savoir du
ministre de la Justice et Solliciteur général également
s'il est prêt à s'engager dès maintenant, étant
donné qu'il s'agit de gestion des fonds publics, à tenir la
Chambre au courant des conclusions de cette enquête et également
s'il peut nous dire à quel moment on peut espérer la fin de cette
enquête.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, je m'engage à ce que le
rapport de police ou de l'enquête soit envoyé aux procureurs de la
couronne. On a demandé l'enquête - j'ai mon dossier ici - à
la SPCUM, le 15 décembre 1986. Avant cela, le dossier était chez
les procureurs de la couronne qui en ont fait l'étude pour voir s'il y
avait matière à enquête. Mais cela a suivi le cours normal
des dossiers.
Le Vice-Président: M. le député de Taillon,
en complémentaire.
M. Filion: Ma question au ministre de la Justice, c'est: À
quel moment l'enquête a-t-elle effectivement débuté?
M. Marx: Je ne peux pas répondre à cette question.
Tout ce que je peux dire, M. le Président, c'est que quand on a
demandé à la SPCUM de commencer l'enquête, j'imagine que
cela a commencé tout de suite après qu'on a fait la demande et,
effectivement, on attend le rapport dans les jours ou les semaines à
venir.
Mais vous comprenez, M. le Président, que souvent cela prend un
supplément d'enquête, cela prend d'autres informations. Je vous
assure que la SPCUM essait de terminer l'enquête en cours dans les plus
brefs délais.
Le Vice-Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Entente de développement souhaitée dans
la région de l'Abitibi-Témiscamingue
M. Gendron: M. le Président, les 9, 10 et 11 avril 1987,
l'Abitibi-Témiscamingue, après au-delà d'un an et demi
d'immenses efforts de concertation, de travaux de toutes sortes, tenait son
sommet socio-économique. A cette conférence, après avoir
eu droit au "show" officiel, traditionnel du ministre responsable du
Développement régional, nous avons eu une parade d'une dizaine de
ministres qui sont venus prendre des engagements envers les différents
promoteurs de la région. Ces différents ministres ont
accepté
des projets précis et concrets.
Le ministre responsable de la région de l'Abitibi, le ministre
délégué aux Affaires autochtones et responsable des Mines
avait pris l'engagemnet qu'un délai de 90 jours était amplement
suffisant pour conclure une entente de développement avec les promoteurs
de la région de l'Abitibi-Témiscamingue. Quelques semaines plus
tard, il y a eu un second délai, on a parlé de la fin septembre,
pour la signature de l'entente. Entre-temps, le mois d'octobre est
passé, on arrive au mois de novembre et il n'y a toujours pas d'entente
et on n'a donné suite à aucun des projets à la suite de la
tenue du sommet socio-économique.
En l'absence du ministre responsable du Développement
régional, ma question s'adresse au ministre régional. Est-ce que
c'est parce que le gouvernement a décidé de ne pas donner suite
à différents engagements majeurs concernant l'aide sociale, la
Régie des rentes pour les femmes au foyer, qu'il a décidé,
pour la région de l'Abitibi-Témiscamingue, de ne pas conclure
l'entente qu'il avait promise à la suite du sommet? Sinon, quelles sont
les raisons de ce retard indu et répété à trois
reprises?
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président, sur une question de
règlement, non pas pour empêcher mon collègue de
répondre je pense qu'il a déjà indiqué qu'il avait
l'intention de répondre. Je voudrais m'assurer qu'il ne s'agit pas
là d'un précédent puisqu'on sait que les questions doivent
être adressées à un ministre responsable d'un dossier au
sein du gouvernement. Je ne pense pas que la notion de ministre responsable
d'une région puisse permettre à un député de
l'Assemblée nationale de poser une question qui ne relève pas de
ses responsabilités administratives.
M. Gendron: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Sur la question de règlement, je voudrais
juste au moins que le leader du gouvernement sache que le ministre que j'ai
interpellé a signalé à plusieurs reprises dans la
région qu'il était responsable de ce dossier, au nom du
gouvernement.
Une voix: Ah!
Le Vice-Président: Sur la question de règlement, M.
le leader du gouvernement, à toute question posée au
gouvernement, le premier ministre ou l'un des membres du Conseil
exécutif a toute latitude pour répondre, sans qu'on puisse dire
quoi que ce soit. Si un ministre se lève pour répondre à
la question, je le reconnaîtreai. A ce moment-ci... M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, volontiers, mais je ne
voudrais pas que cela constitue un précédent quant à une
décision qui pourrait s'appliquer à d'autres questions auxquelles
le ministre en question pourrait refuser de répondre.
Le Vice-Président: Là-dessus, je pense que c'est
très clair, chaque ministre a ses propres responsabilités
déterminées par sa fonction. Pour la réponse à la
question précise, je vais reconnaître M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Merci, M. le Président. D'ailleurs, je dois
déplorer les déclarations du député d'Abitibi-Ouest
concernant les déclarations que j'aurais pu faire. C'est vrai qu'on me
donne le titre de ministre régional, comme vous l'avez si souvent
mentionné, ce que j'ai exercé, d'ailleurs, avec beaucoup
d'attention.
La direction et l'exécution du sommet socio-économique
n'ont pas été une parade, comme l'a affirmé le
député d'Abitibi-Ouest. Je crois que les parades lors des
sommets, c'était surtout sous votre règne, et non pas sous le
nôtre.
Des voix: Ah!
M. Savoie: On a révisé le sommet, on a
restructuré le sommet, on lui a donné un cadre, ce que Marc-Yvan
Côté a fait avec brio. Il a présenté un ensemble de
mesures et notre sommet a été, de votre bouche même, un
succès éclatant.
Une voix: C'est cela.
M. Savoie: II s'agissait d'un premier sommet de ce nouveau genre
de sommets. Évidemment, il reste encore des choses à terminer,
des dernières modifications à apporter à l'ensemble des
orientations. Plusieurs projets sont déjà en marche et, bien
sûr, on prévoit la signature de l'entente-cadre bientôt. Je
suis en communication avec le CRDAT, j'ai des échanges avec ses membres,
je compte les rencontrer bientôt. Je pense que dans l'ensemble, les gens
de la région comprennent la situation.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre régional est conscient
que la région ne veut pas le voir - c'est-y clair? - elle ne veut pas le
voir pour continuer les pourparlers. La
région demande et exige que, dans les meilleurs délais, il
y ait conclusion d'une entente tel que vous en avez pris l'engagement à
la suite du sommet, ce qui m'a fait dire, pensant que j'avais affaire à
un gouvernement responsable, qu'effectivement, avec de tels engagements,
c'était intéressant pour la région. J'ai dit cela en
avril, mais nous sommes rendus au mois d'octobre. La question: Est-ce que vous
êtes au courant que ce que la région veut, M. le ministre, c'est
une signature de l'entente à la suite du sommet? Ce ne sont pas des
rencontres avec le CRDAT; il y en a eu tant et tant qui n'ont rien
donné. Alors à quand la signature?
Le Vice-Président: M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Merci, M. le Président. La signature aura lieu
dans les meilleurs délais. Je compte revoir M. Marc-Yvan
Côté, on a des échanges... Cela sera dans les plus brefs
délais. Proposer une date à ce moment-ci, c'est impossible, mais
ce sera dans les plus brefs délais, et je pense que, là-dessus,
j'ai répondu tout à l'heure. (14 h 30)
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre se rend compte qu'avec une
attitude aussi irresponsable et désinvolte, la conséquence est
que les régions comprennent par là que vous êtes en train
de discréditer la formule de concertation des sommets
socio-économiques des régions? Êtes-vous conscient de cela,
M. le ministre?
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, question
de règlement.
M. Gratton: M. le Président, manifestement la question
telle que libellée viole presque les cinq paragraphes de l'article 77 de
notre règlement et, surtout, n'est pas conforme à la
réalité, puisque je peux inviter le député à
venir dans l'Outaouais où, effectivement, les engagements ont
été respectés et tout le monde en est fort heureux.
Le Vice-Président: Sur la question de règlement, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, sur la question de règlement, M. le
Président. Je pensais que le leader du gouvernement se lèverait
sur une question de vocabulaire ou sur des épithètes. Je vous
avoue que quelqu'un qui a promis cela le 25 août et le 27 septembre, qui
se lève aujourd'hui et n'est pas capable de donner de date, je ne suis
toujours pas pour dire que c'est une attitude responsable.
Le Vice-Président: Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Garon: ...
Le Vice-Président: M. le député de
Lévis, un instant, s'il vous plaît:
À l'ordre, s'il vous plaît! Sur la question de
règlement, je pense que les paroles du leader de l'Opposition pour
conclure... À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Garon: Qu'il mette ses chaînes! Le
Vice-Président: À l'ordre! Mme Bacon: Voyons!
Le Vice-Président: Simplement que dans notre
règlement, il est dit qu'une question complémentaire ne doit pas
comporter de préambule ni contenir une expression d'opinion qui
entraîne une argumentation. Les quelques mots prononcés au
début de la question complémentaire, quant à moi,
étaient de nature à susciter de l'argumentation. À
l'avenir, je vous prierais d'éviter de tels propos. Très
bien:
Sur la réponse à la question, M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Je trouve effectivement
que la qualification "d'irresponsable", en ce qui concerne le sommet, ne se
prête guère. D'abord, vous y avez participé comme membre de
l'Opposition. Je pense que c'était le premier sommet auquel l'Opposition
avait le droit de participer, avait un siège réservé
à cette fin. Il y avait là tout un ensemble de mesures
administratives et techniques. C'est vrai que dans la projection des nouveaux
sommets on avait prévu un délai de 90 jours, mais c'était
le premier sommet.
Comme je l'ai dit dans ma première réponse, je crois que
l'ensemble de la réqion aimerait, bien sûr, que cela se
règle le plus rapidement possible, comme c'est notre volonté
qu'il en soit ainsi, mais le premier sommet demande des mesures administratives
qui doivent éviter d'inclure... ou améliorer le système
qu'on a établi. II y a encore des coquilles à corriger et c'est
en voie de se faire. Je pense qu'on peut s'attendre que cela se signe
très bientôt, comme je l'ai dit. Je ne crois pas que l'accusation
"d'irresponsable" soit tout à fait responsable. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: Dernière compté-
mentaire, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre responsable de la
région considère qu'il s'agit d'une petite modification
technique, le fait de reconsidérer à la baisse un engagement du
ministre du Loisir de 200 000 $ par rapport au mont Vidéo, que c'est un
petit arrangement technique et c'est pour cela qu'il y a des retards?
Le Vice-Président: M. le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones.
Une voix: Le président du Conseil du trésor.
M. Savoie: Je ne crois pas que ce soit ce qui se produit
actuellement et que les discussions portent là-dessus. Je pense qu'on
est très satisfait de la solution finale pour le mont Vidéo ainsi
que les directeurs du centre du mont Vidéo. J'ai rencontré M. Vic
Nault qui est mon représentant auprès du conseil d'administration
du mont Vidéo et il s'est dit très satisfait du résultat
final.
Une voix: Quand?
M. Savoie: Vendredi dernier.
Comme je pourrais dire, plusieurs des éléments du sommet
sont en exécution. J'en ai ici une liste d'une vingtaine qui sont en
voie d'exécution. Je suis confiant que cela va se réaliser
à court terme. J'ai pleine confiance au ministre Marc-Yvan
Côté pour voir à la réalisation de l'entente
signée dans les plus brefs délais. Je pense que la
majorité des citoyens de la région comprend la situation, appuie
nos démarches et sait, peut-être avec un peu d'impatience, que
cela viendra bientôt. Je trouve la situation un petit peu gênante
mais quand même très acceptable, compte tenu de l'importance du
sommet pour notre région, qui est une première en son genre.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: Question principale, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Une voix: Ah?
Le Vice-Président: Question principale. Un instant! Je
reconnais, en question principale, Mme la députée de
Jacques-Cartier. J'ai regardé à ma gauche, M. le leader de
l'Opposition, et personne ne se levait. Je regrette infiniment, mais je
reconnais la députée qui s'est levée.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
La position du gouvernement dans le
dossier de la recherche et de la production
pharmaceutique au Québec
Mme Dougherty: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie
et du Commerce. Nous apprenions la semaine dernière que le Sénat
canadien avait décidé de poursuivre son obstruction à
l'adoption par le Parlement fédéral du projet de loi C-22 qui,
selon certaines informations, risque de mourir au feuilleton.
Or, nous croyons savoir que l'abandon de ce projet de loi risque d'avoir
des conséquences néfastes pour l'économie
québécoise, tout particulièrement pour la région de
Montréal où se concentre la majeure partie de la recherche
pharmaceutique qui pourrait être privée d'investissements
totalisant 700 000 000 $.
Ma question est la suivante: Le ministre peut-il indiquer aux membres de
cette Assemblée et à la population du Québec si la
position du gouvernement dans ce dossier demeure toujours la même?
Peut-il nous indiquer s'il croit possible de nouvelles démarches pour
tenter de faire aboutir ce dossier dans le sens des intérêts du
Québec?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, je
remercie la députée de sa question, qui est l'une des rares en
cette Chambre qui nous permette de nous élever au-dessus de toute
partisanerie. On n'oserait observer ce même comportement au Sénat
canadien.
En effet, il y a eu des motions unanimes ici même à
l'Assemblée nationale, autant avant décembre 1985 que depuis,
pour indiquer l'appui du Québec à un projet de loi qui vise
essentiellement à construire au Québec, dans la région de
Montréal, sur la concentration et la masse critique d'emplois
scientifiques, de capacité de recherche et de développement, de
laboratoires en matière de recherche et de production
pharmaceutiques.
Le gouvernement du Québec a posé un ensemble de gestes
depuis 18 mois à l'occasion d'annonces en prévision du changement
de la loi. Qu'il s'agisse de Rhone-Poulenc, de Mercq, et de Frosst, qu'il
s'agisse d'autres laboratoires et de sociétés dans la
région de Montréal, en présence - je tiens à le
souligner - de ministres fédéraux, Corporations et Consommation,
qui appuient ce dossier et tentent de le mener à bien, chaque fois, le
ministre de l'Industrie et du Commerce et certains de mes collègues - le
premier ministre l'a fait - ont réitéré l'importance que
le projet de loi C-22 revêt pour l'ensemble du Québec, pour les
emplois scientifiques, pour valoriser nos ressources humaines, et l'importance
qu'il y a que, finalement, non seulement le Sénat canadien
cesse d'être aveugle aux résultats concrets qu'on peut
attendre, mais aussi qu'il cesse d'être sourd aux demandes de tous les
Québécois.
Le Vice-Président: Question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, question
additionnelle. Est-ce que la ministre de la Santé et des Services
sociaux est en accord avec son collègue sur cette question?
Mme Lavoie-Roux: Un accord total, M. le Président.
Le Vice-Président: Question principale, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Saint-Jacques.
Le doublage au Québec de films destinés
au marché français
M. Boulerice: M. le Président, c'est su et connu de tout
le monde que le ministre de la Culture et de la Communication de France, M.
Léotard, a renié une entente de principe conclue avec le
Québec en février dernier quant au doublage des films ici au
Québec, à destination du marché français.
J'aimerais poser une question à Mme la ministre des Affaires
culturelles et vice-première ministre, comblée d'ailleurs de joie
d'avoir une question de ma part aujourd'hui: Est-ce que la ministre des
Affaires culturelles peut nous indiquer concrètement -parce qu'on
connaît l'actualité, on sait ce qui se passe actuellement à
Paris - comment elle compte obtenir le respect de l'entente, du principe qui a
été établi avec son homologue, M. Léotard, ceci
dans l'intérêt forcément de l'industrie du doublage et des
artistes québécois qui l'ont d'ailleurs clairement exprimé
à la télévision, vendredi dernier. (14 h 40)
Le Vice-Président: Mme la vice-première ministre et
ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: M. le Président, si je suis comblée! Le
député de Saint-Jacques semble très heureux de poser une
question sur les affaires culturelles. Je dois lui dire que, M. Léotard
et moi-même sommes encore en négociation dans le dossier du
doublage parce que nous voulons régler ce vieux contentieux qui dure
depuis 20 ans. Mais il faut respecter une concertation entre la France et le
Québec, et entre la France et ses partenaires. Je dois dire, comme j'ai
dit la semaine dernière, comme je le redis aujourd'hui, que nous
espérons conclure ces négociations d'ici le mois de janvier. Je
ne change pas d'avis aujourd'hui. Les négociations ne sont pas rompues.
S'il y a une interprétation qui est faite par un individu qui fait un
reportage, c'est son interprétation.
Ce que je déplore, cependant, c'est le ton que prennent certains
artistes français par rapport à nos artistes
québécois. Nos artistes québécois sont capables
d'assumer le dossier du doublage. C'est pour cela que nous négocions
pour eux. C'est pour cela que nous voulons arriver à une conclusion dans
un accord signé entre le Québec et la France.
Le Vice-Président: En question complémentaire, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui. Mme la ministre dit qu'il y a toujours
négociation. Le ministre de la Culture répond que c'est non.
Comment pouvez-vous poursuivre une négociation quand la partie de
l'autre côté vient de mettre aux orties le document dont vous
parliez?
Le Vice-Président: Mme la vice-première ministre et
ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: Si le député de Saint-Jacques fait
référence à un article de journal où le journaliste
écrit que ce dossier est remis aux calendes grecques, c'est son
interprétation à lui et non celle du ministre. Quand le ministre
me dira que ce dossier est remis aux calendes grecques, d'accord, je le
croirai. Mais ce n'est pas ça. En ce moment, nous négocions
toujours. J'ai des discussions avec M. Léotard. Un fonctionnaire
supérieur de mon ministère revient de Paris et les
négociations ne sont pas brisées entre lui et le cabinet de M.
Léotard, ni entre M. Léotard et moi-même. Nous
espérons, cependant, qu'il y ait concertation entre les partenaires
français et le ministre français.
Il y aura ensuite fin de concertation entre le ministre français
et nous. Mais la négociation n'est pas terminée. Les
communications sont encore ouvertes entre M. Léotard et moi-même.
J'ai un grand respect pour le ministre français, du courage qu'il
démontre et du respect qu'il a pour l'espace francophone, autant que moi
j'en ai, et de la place qu'il veut faire au Québec et que nous voulons
prendre.
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Jacques, en complémentaire.
M. Boulerice: Oui, je sais que vous aviez un sous-ministre
à Paris participant à la FIAC, d'ailleurs, où il y avait
deux galeries d'art de Saint-Jacques. Ma question est: À quand remonte
votre dernière communication à ce sujet avec M. Léotard,
ministre de la Culture et de la Communication?
Le Vice-Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: En fin de semaine, M. le Président.
Le Vice-Président: En question principale, Mme la
députée de Johnson.
Entraves à la participation d'athlètes
québécois à certains jeux mondiaux
Mme Juneau: Merci beaucoup. En juin 1986, le meilleur judoka
canadien, le Québécois Jules Bossé, se voyait refuser une
participation aux Jeux du Commonwealth. La raison: II était trop vieux.
Pourtant, les athlètes sélectionnés, des gens de l'Ouest,
étaient tous plus vieux que lui. En mai dernier, Sylvie
Fréchette, la nageuse en nage synchronisée, pour une raison
encore plus ou moins valable s'est vu refuser de participer aux Jeux du
Commonwealth. Cette fois-ci, c'est l'équipe de handball. Treize jeunes
Québécoises étaient de l'équipe. Il y en avait
quinze en tout. Treize jeunes Québécoises se voient
privées de participer aux championnats mondiaux en Bulgarie.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre peut
véritablement défendre nos athlètes
québécois afin qu'ils participent de façon adéquate
aux jeux mondiaux?
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: Merci. Je remercie la députée de
Johnson, non seulement de porter mon attention sur ces cas, mais de me
permettre de lui dire que des démarches ont déjà
été effectuées par les gens du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche dans ces dossiers. Je crois utile de lui dire
ceci. Elle se souviendra probablement ou ses collègues se souviendront
que notre collègue, M. Claude Charron, alors ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, avait bel et bien déterminé dans le
livre blanc sur le sport que l'élite internationale relevait du
gouvernement fédéral. Par conséquent, les
fédérations québécoises doivent oeuvrer dans un
cadre bien précis, c'est-à-dire dans des règles qui sont
en conformité avec l'association canadienne, l'association canadienne,
quand on se retrouve du côté international, doit être
régie par les règles des fédérations
internationales.
Cela étant dit, j'aimerais mentionner à Mme la
députée que les règles du jeu sont connues. Dans le cas de
l'équipe de handball, que Mme la députée nous soumet
présentement, il y a eu compétition. Malheureusement, lors de la
compétion où les gens de l'équipe de handball devaient
participer afin de se qualifier pour les Jeux olympiques de Séoul, ils
ne se sont pas qualifiés; donc, il n'y a pas eu qualification. Par
contre, l'équipe de handball voulait participer aux Jeux de Bulgarie;
à ce moment-là, il y a eu des ententes de prises avec
l'association canadienne. On m'a mentionné que l'association canadienne
n'avait pas respecté certaines ententes. C'est pourquoi nous avons
communiqué avec Mme Hoffman, de Sport Canada, et avec M. Jelinek et les
administrateurs de l'association canadienne dans le but qu'ils respectent au
moins les engagements établis au point de départ. M. Jelinek nous
a fait part qu'il allait voir à ce que des décisions soient
prises dans les meilleurs délais.
Si madame veut savoir si on s'en occupe, je viens de lui mentionner les
démarches que nous avons faites dans le cas bien précis qu'elle
me souligne.
Le Vice-Président: En complémentaire, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je parle d'une urgence parce
que les championnats mondiaux ont lieu en décembre et le ministre me
parle du livre blanc de Claude Charron de 1979. Il y aurait peut-être
lieu de réagir et de réagir tout de suite, cela presse! On veut
avoir une réponse.
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: M. le Président, il ne faudrait pas que Mme la
députée de Johnson mêle deux choses. Au début, je
lui ai rappelé la politique établie par un ancien ministre. Je
lui ai dit que j'avais fait des démarches et que M. Jelinek nous avait
garanti de nous donner une réponse rapidement. Cela relève de
Sport Canada et du gouvernement fédéral. Celui qui vous parle ne
peut pas aller prendre les décisions à leur place. Je vous dis
que j'ai déjà fait des démarches. Est-ce que c'est
suffisant?
Des voix: Oui!
Le Vice-Président: Mme la députée de
Johnson, en complémentaire.
Mme Juneau: Les athlètes québécois, ma
formation politique et moi-même disons que non, ce n'est pas suffisant.
Est-ce que vous avez l'intention de faire davantage? Vous savez qu'il y a une
discrimination par rapport à nos athlètes
québécois. Faites donc quelque chose et rapidement.
M. Picotte: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: ...à toutes fins utiles, Mme la
députée de Johnson ne comprend pas la problématique;
à toutes fins utiles, c'est cela. C'est dans une politique
établie... Je
lui ai dit que l'équipe de handball ne s'était pas
qualifiée en première ronde. C'est cela qui se passe dans le
domaine du sport. Les gens doivent se qualifier. S'ils ne se qualifient pas,
est-ce la faute du gouvernement provincial? Est-ce la faute de l'association
canadienne? Est-ce la faute du gouvernement fédéral? Je regrette:
Que les engagements soient respectés, nous y veillerons, mais nous
n'irons pas nous qualifier à la place de certains athlètes.
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Je reconnais, en question
principale, M. le député de Joliette et leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Est-ce qu'on pourrait l'aviser dans l'antichambre?
M. Gratton: M. le Président, c'est que... (14 h 50)
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...normalement, on questionne le premier ministre au
début, mais il va être ici pour la fin aussi.
Le Vice-Président: M. le premier ministre entre ici,
à l'Assemblée. M. le député de Joliette, leader de
l'Opposition, votre question.
Directeurs d'établissements de santé
invités à un brunch pour le financement du Parti
libéral
M. Chevrette: M. le Président, jeudi dernier, dans cette
Chambre, le député de Lac-Saint-Jean citait des textes de lettres
démontrant qu'en ce qui concerne le financement des partis politiques,
on faisait appel à certains bénévoles de garderies pour
tâcher d'assurer le succès des campagnes de financement.
Or, on apprenait, ces derniers jours, que maintenant on écrivait
aux directeurs d'établissements de santé et de services sociaux,
des lettres dans lesquelles on peut lire ceci: "La présence en nos murs
de la ministre responsable doit s'avérer une occasion certaine
d'apprendre directement les principales lignes de pensée
afférentes à cet important ministère." On leur disait cela
parce que c'était important d'assister au souper à 100 $ pour un
directeur d'établissement. On continuait: "Votre présence
à ce brunch est fort souhaitable et le Parti libéral ose prendre
pour acquis une suite positive à cette invitation officielle". Sur du
papier officiel du Parti libéral, signé par M. Jacques Laroche et
distribué dans le comté de Châteauguay.
M. le Président, ma question s'adresse au premier ministre:
Est-ce que le premier ministre considère que, sur le plan de
l'éthique, cette chose est acceptable?
Le Vice-Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je dois dire que je ne
connais pas les faits soumis par le leader de l'Opposition. Je m'attendais
à une question sur le libre-échange, sur le lac Meech ou sur
d'autres sujets. Peut-être qu'on veut faire une diversion à cause
de certains sondages de la fin de semaine, un sondage bien connu et très
encourageant pour tout le monde.
Je ne sais pas quels sont les arrière-pensées du leader de
l'Opposition. Je dirai au leader de l'Opposition que la responsabilité
de l'application de la loi relève du Directeur qénéral des
élections. Nous ne pouvons pas, comme gouvernement ou comme parti,
vérifier tous les gestes qui peuvent être faits. Il s'agit de voir
s'ils sont conformes à la loi. Tout ce qu'on sait, c'est qu'on a un
immense succès dans nos campagnes de financement. Hier midi, à
Saint-Luc, 700 personnes se sont déplacées pour entendre le chef
du Parti libéral et premier ministre du Québec. Je crois que
c'est un succès comparable à ceux que vous avez. Alors, je dis au
leader de l'Opposition que je prends avis de sa question. On va vérifier
les faits mais, encore une fois, cela relève du Directeur
général des élections. C'est à lui de faire
appliquer la loi.
A plusieurs reprises, nous avons appliqué la loi: nous avons
retourné des dons pour que la loi soit respectée. On l'a fait
avant vous. Souvenez-vous du cas de Raymond Malenfant où vous aviez
reçu des dons supérieurs à 3000 $. Il a fallu que cela
sorte dans les journaux pour que vous aqissiez. On pourrait donner beaucoup
d'autres cas. Ce que nous faisons, quand nous pouvons prendre l'initiative,
nous le faisons. Nous allons continuer d'appliquer cette loi du financement
populaire qui permet d'assurer une indépendance au gouvernement
vis-à-vis de tous les groupes de pression et de tous les groupes
d'intérêt. C'est cela la politique du Parti libéral du
Québec.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: ...ma question sera double. Est-ce que le premier
ministre est d'accord pour accorder l'indépendance totale aux directeurs
d'établissement sans aller forcer le bras moralement pour qu'ils
assistent à ces banquets? Deuxièmement, n'est-il pas
inquiétant - je pose la question au premier ministre, le premier
citoyen de l'État québécois - et n'est-il pas important
que lui, se dissocie de telles pratiques sous le couvert de la
légalité? Est-ce que ce n'est pas inquiétant pour la
population québécoise d'avoir un tel comportement?
Le Vice-Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, est-ce que je pourrais dire:
Est-ce que ce n'est pas inquiétant pour la population
québécoise d'avoir un leader de l'Opposition qui ne paie
même pas pour des voyages de pêche personnels?
Des voix: Bravo! Bravo'. Bravo'.
Le Vice-Président: À l'ordre! Sur une question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je comprends que le premier
ministre n'ait rien à dire en réponse à la question que
j'ai posée. Cela fait trois fois que je le mets au défi de
m'envoyer un compte. Lui, il n'a même pas le courage d'envoyer son
compte...
Le Vice-Président: Ce n'était pas une question de
règlement. Est-ce qu'il y a une autre question? M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Étant donné que le leader de
l'Opposition veut développer une correspondance entre nous deux, est-ce
qu'il ne pourrait pas nous envoyer les faits concrets afin qu'on puisse les
examiner? Nous sommes prêts à collaborer avec le Directeur
général des élections pour faire appliquer la loi.
Le Vice-Président: En question complémentaire, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre considère
cela comme des faits normaux ou s'il se retranche plutôt derrière
la légalité? Je veux savoir si le premier ministre accepte ces
faits qui sont sûrement portés à son attention. Ce sont des
lettres du Parti libéral du Québec.
Le Vice-Président: Un instant, M. le premier ministre. Je
dois rappeler ici, M. le leader de l'Opposition, l'article 77 au paragraphe 3:
"Les questions ne peuvent viser à obtenir un avis professionnel ou
personnel". Je pense que la question formulée demande un avis personnel
au premier ministre. Elle n'est pas admissible. Si vous avez une autre
question.
M. Chevrette: Je m'excuse. Je pensais que c'était le
premier ministre qui pouvait refuser, M. le Président, et non pas la
présidence.
Le Vice-Président: Non, excusez. Une directive expresse a
été donnée par le président jeudi dernier: Si,
manifestement, la question m'apparaît non conforme aux règlements,
je dois le soulever. La principale raison pour laquelle le président a
la latitude de le faire aussi, je pense, c'est qu'on doit éviter que la
période de questions ne dégénère en débat.
Permettre une telle question, je pense que cela pourrait quand même
entraîner un débat, ce que je ne voudrais absolument pas. Donc, si
vous avez une question à formuler, je vous écoute, allez-y.
M. Chevrette: M. le Président, je demande carrément
au premier ministre du Québec, à partir d'un fait public, s'il
est d'accord avec de tels propos de la part de l'organisation du Parti
libéral. Je cite le texte: "La présence à ce brunch est
fort souhaitable et le Parti libéral ose prendre pour acquis une suite
positive à cette invitation officielle." Est-il d'accord avec ce type de
lettre qui a été envoyée aux directeurs
d'établissements? Est-il d'accord aussi avec l'autre
énoncé que j'ai donné tantôt et que je vais citer:
"La présence en nos murs de la ministre responsable doit s'avérer
une occasion certaine d'apprendre directement les principales lignes de
pensée afférentes à cet important ministère.
Était-il d'accord pour qu'on s'adresse aux directeurs
d'établissements pour les inciter à venir fortement... Je ne
parle pas de légalité, je parle de l'éthique
professionnelle, de la moralité dans l'administration publique.
Le Vice-Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je répondrai à ce grand modèle
de vertu civique que j'aimerais bien le croire sur parole, mais j'aimerais bien
vérifier les faits comme tels. Il n'est pas question de
l'égalité. J'accepte l'admission du leader de l'Opposition. Donc,
la loi est respectée. Quant à l'éthique, on va se donner
le temps d'examiner les faits. Mais vous n'êtes pas le mieux placé
ni comme parti ni comme dirigeant de parti pour donner des leçons au
Parti libéral du Québec.
Des voix: Bravol Bravo!
M. Johnson (Anjou): En additionnelle.
Le Vice-Président: La période de questions est
maintenant terminée depuis... Je regrette. Un instant!
Une voix: II y a consentement, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un instant! Y a-t-il consentement
unanime pour que nous accordions une question complémentaire?
Des voix: Oui.
Le Vice-Président: Vu le consentement, M. le chef de
l'Opposition, en complémentaire.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, c'est parce que le
premier ministre, au cours des questions qu'il posait à mon
collègue, revenait constamment en disant que la responsabilité de
l'application de la loi du financement des partis politiques relevait du
président, qui est responsable du financement des partis politiques et,
en même temps, président d'élection. La question qu'on pose
au premier ministre est à savoir si, lui, comme chef du gouvernement en
même temps que chef d'un parti politique, accepterait des
procédés qui consistent à inciter fortement - c'est le
moins qu'on puisse dire - des directeurs généraux
d'établissements dans le secteur de la santé et des services
sociaux à participer à des brunches à 100 $. On ne lui
parle pas de la loi, on lui parle du genre d'attitude que les membres de son
gouvernement ont à l'égard des serviteurs de l'État.
Le Vice-Présidents M. le premier ministre.
M. Bourassa: D'abord, dans les faits tels que donnés par
le chef de l'Opposition, la lettre n'est pas signée par un membre du
gouvernement. Il faut quand même constater que nous avons une formule de
financement démocratique qui est l'une des meilleures au monde.
D'ailleurs, le chef de l'Opposition, dans son voyage dit d'étude
à Londres et à Paris, la semaine prochaine - je le
félicite du choix de ces endroits pour faire des études - aura
l'occasion de comparer la loi britannique, la loi française avec la loi
québécoise. Mais pour l'application comme telle sur le plan de
l'éthique, au-delà de la légalité, je demande
à examiner les faits même si j'aimerais croire naïvement ce
qu'en disent le chef de l'Opposition et le leader de l'Opposition.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: Ceci met donc fin à la
période de questions. Je vais reconnaître, tel que
mentionné précédemment, M. le ministre de l'Environnement
pour un complément de réponse à M. le député
de Verchères au sujet des BPC à Senneterre. M. le ministre de
l'Environnement.
Réponse différée L'entreposage de
BPC à Senneterre
M. Lincoln: M. le Président, dans ma réponse du 20
octobre concernant les BPC de Senneterre, j'ai fait référence aux
BPC des provinces avoisinantes en disant ceci: Deuxièmement, l'Ontario
se prépare à bâtir un centre d'incinération beaucoup
plus élaboré parce qu'il prendra...
Le Vice-Président: Un instant: M. le ministre, s'il vous
plaît! Je voudrais demander la collaboration de l'ensemble des
parlementaires de l'Assemblée. Je voudrais entendre décemment la
réponse du ministre de l'Environnement et je suis convaincu que notre
collègue de Verchères le voudrait également. Donc, je
demanderais aux députés de garder le silence, s'il vous
plaît! M. le ministre de l'Environnement. (15 heures)
M. Lincoln: M. le Président, dans ma réponse du 20
octobre concernant les BPC de Senneterre, je me suis
référé aux BPC des provinces avoisinantes en disant ceci:
"Deuxièmement, l'Ontario se prépare à bâtir un
centre d'incinération beaucoup plus élaboré, parce qu'il
prendra tous les déchets organiques de l'Ontario. Il sera prêt en
1990 ou 1991, donc, à peine 18 mois ou deux ans après notre
entrepôt."
Pour ce qui est des Maritimes, si vous voulez les chiffres, je vais vous
donner tous les chiffres des Maritimes. Il n'est pas question qu'aucun BPC des
Maritimes vienne ici. Ayant omis de le faire, de donner ces chiffres, et afin
d'éviter toute équivoque, vu la nature très
catégorique de cette partie de ma réponse, je voudrais donner les
renseignements suivants que j'avais eu l'intention d'ajouter l'autre jour.
Pour ce qui est de la Nouvelle-Écosse, la part du total des BPC
de la Nouvelle-Écosse au Canada, c'est 1,7 %. Des 290 000 litres de BPC
existant en Nouvelle-Écosse, 270 000 litres sont toujours en service
dans les équipements existants. Le restant, soit 20 000 litres, est
entreposé à travers la province dans 32 entrepôts. Cela
représente 0,03 % de tous les BPC au Canada.
Au Nouveau-Brunswick, il y a 392 tonnes en utilisation et 21,3 en
stockage, et aucun plan de retrait actuellement. Ceci représente 0,08 %
de tous les BPC au Canada. À Terre-Neuve, la part du total des BPC du
Canada est de 1,5 %. Le gros des BPC de Terre-Neuve vient de la DEW line et est
entreposé dans un bunker à Goose Bay sous la
responsabilité coordonnée du ministère de la
Défense nationale et de la province de Terre-Neuve.
II y a un projet d'élimination éventuelle prévue
sur place sous l'égide de la Défense nationale. La
minorité du restant des BPC qui reste sur l'île de Terre-Neuve
est
entreposée dans 23 entrepôts. Pour
l'Île-du-Prince-Édouard, le total des BPC ne représente que
0,01 % du total canadien et n'est nullement un facteur.
Il advient donc qu'il n'est pas prévisible de voir les BPC des
Maritimes s'acheminer de façon régulière ou prochaine vers
Senneterre. De toute façon, ils ne sont qu'un facteur très
marginal dans la problématique des BPC tant au Québec qu'au
Canada.
Dans les discussions sur Senneterre, on a aussi parlé des BPC aux
États-Unis. Je dois expliquer que la frontière
canado-américaine est fermée aux BPC dans les deux sens. C'est
donc dire que le projet actuel de Senneterre devra être axé
très principalement sur le marché québécois. Il est
clair et il est important de souligner que le projet d'incinérateur sera
sujet, lui, aux procédures d'impact et évidemment d'audiences
publiques, quant à ses moindres détails et implications.
Des voix: Très bien!
Le Vice-Président: Très bien, M. le ministre.
Maintenant, puisque le règlement le prévoit, je vais
reconnaître M. le député de Verchères pour une
question complémentaire.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Â la suite
de cette réponse, c'est-à-dire celle que vous m'aviez
donnée la semaine dernière et avant le complément
d'information, vous avez déclaré, entre-temps - je crois que
c'est à Montréal - au cours des derniers jours, lors d'un
congrès quelconque, qu'il pourrait très bien y avoir...
Le Vice-Président: M. le député de
Verchères, je m'excuse encore une fois. Je vais devoir insister
fortement, quitte à nommer les députés qui contreviennent,
que nous sommes toujours à un complément de réponse
à la période de questions.
Nous avons de la difficulté à entendre et le ministre et
le député de Verchères. Donc, les députés
qui ont des discussions, s'il vous plaît, veuillez les tenir à
l'extérieur de l'Assemblée. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, j'espère que nos
collègues - et je suis sûr que le ministre sera d'accord avec moi
-vont comprendre l'importance du dossier de l'Environnement et nous laisser
faire nos interventions.
Le ministre a indiqué, il y a quelques jours, qu'il pourrait
très bien dissocier l'entreposage de l'usine d'élimination, en
disant qu'à la limite, à la suite des audiences publiques dont il
vient de parler dans sa réponse, il pourrait effectivement y avoir
l'entrepôt qu'on est en train de terminer à Senneterre et une
usine de destruction ailleurs.
Est-ce que, dans les faits, le ministre ne reconnaît pas qu'il y a
une espèce d'illogisme? On ne peut pas penser avoir un entrepôt
à un endroit et retransporter - pour les avoir déjà
transportés à Senneterre -ailleurs si, éventuellement, le
mécanisme d'audiences publiques n'est pas bidon et qu'il pourrait
arriver qu'on ne décide pas de choisir Senneterre comme lieu de
localisation de l'usine.
Est-ce que le ministre, dans le fond, ne serait pas prêt à
réviser l'ensemble du dossier et à reconnaître le
bien-fondé de la demande des citoyens de Val-d'Or, du syndicat de la
région, du député de Verchères, en l'occurrence,
qui demandent un moratoire au ministre, qui lui demandent, comme la loi lui
permet de le faire, de modifier le règlement pour faire en sorte que les
audiences publiques concernent non seulement l'usine de destruction, mais aussi
l'entreposage puisque, dans les faits, on ne peut pas dissocier les deux
projets?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le Président, cette théorie de ne
pouvoir dissocier les deux projets est complètement fausse. D'abord,
chaque fois qu'il y a un entreposage au Québec, s'il fallait faire une
étude d'impact et tenir des audiences publiques, il en faudrait tous les
jours. Il n'y a pas seulement des entreposages de BPC, sur le territoire, il y
a des entreposages de soda caustique, il y a des entreposages de chlore et de
toutes sortes de matières beaucoup plus dangereuses que les BPC partout
sur le territoire du Québec et ailleurs.
Il faut dissocier les deux parce que nous avons une
réglementation qui, pour une raison très particulière,
n'assujettit pas les projets d'entreposage et de centres de transfert aux
études d'impact. Cela, pour des raisons très normales. La raison
du moindre risque environnemental. Est-il mieux de laisser les BPC se promener
sur le territoire, de les retrouver aujourd'hui dans toutes sortes
d'entrepôts non sécuritaires dont un situé dans votre
propre région pendant des années, pendant que vous dormiez sur
vos grandes oreilles, M. le député, et que vous ne faisiez rien
dans ce cas précis?
Il est bien mieux d'avoir aujourd'hui un entrepôt de la plus
grande sécurité dans un endroit. Si, pour ,des raisons
d'audiences publiques qui ne sont pas bidons, comme vous le savez, il arrivait
que la recommandation du Bureau des audiences publiques au ministre soit que le
centre d'élimination ne se fasse pas là, au moins, on aura un
centre de transfert technologique de premier ordre au Québec et qui,
comme vous le savez vous-même, ne va contenir qu'une petite
partie de tous les BPC, de toute façon. Au moins, c'est un
commencement et vous devriez vous en réjouir au lieu de chercher un
moratoire.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Avant que certains
députés ne quittent pour vaquer à d'autres occupations, je
voudrais informer les membres de l'Assemblée nationale qu'à 21 h
45, ce soir, il y aura vote sur une motion que nous débattrons
tantôt à la reprise des affaires du jour.
Le Vice-Président: Très bien. Nous allons
maintenant passer aux motions sans préavis. Je reconnais Mme la ministre
de la Santé et des Services sociaux.
Motion proposant de souligner la Semaine de
l'ergothérapie
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais solliciter le
consentement des membres de cette Assemblée pour souligner la Semaine de
l'ergothérapie, qui se tient partout au Québec et
également au Canada, du 27 au 31 octobre.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement à
la discussion de cette motion? Consentement. Mme la ministre de la Santé
et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le thème de cette
année est: "Si le quotidien est un défi". C'est un défi
sans cesse renouvelé pour les ergothérapeutes puisque leur
tâche les amène continuellement à trouver des nouveaux
moyens pour venir en aide aux personnes qui sont handicapées, qu'il
s'agisse de personnes âgées ou de personnes avec troubles
d'adaptation dans les efforts qu'elles doivent déployer pour faire face
à la vie.
Évidemment, pour chacun d'entre nous, il y a des actions
quotidiennes qui sont d'une telle évidence que nous ne nous
arrêtons jamais ou trop peu souvent à penser à toutes ces
personnes pour qui ces actions deviennent extrêmement complexes et qui
doivent obtenir l'appui de personnes spécialisées comme les
ergothérapeutes pour acquérir de nouveau, si elles les ont
perdues ou développer, si elles ne les ont pas, des habitudes de vie
courante et obtenir cette dextérité qu'elles ont pu perdre
à la suite, comme je le disais tout à l'heure, de maladies,
d'accidents, etc. On pense particulièrement aux personnes qui ont des
accidents cérébro-vasculaires et qui doivent, par des efforts
constants, tenter de recouvrer la plus grande autonomie possible.
Orientée vers la réadaptation et l'adaptation du milieu,
l'ergothérapie est une profession de plus en plus en demande même
si elle est encore méconnue dans certains milieux. Je pense que la
raison en est peut-être ce qui a été au fil des ans un peu
une modification de leur titre. Autrefois, on parlait de thérapistes
occupationnels. Évidemment, depuis ce temps, énormément de
progrès ont été réalisés dans le domaine de
la réadaptation. Tous les jours, avec le développement de la
technologie également, on peut maintenant mettre à la
portée des personnes qui ont besoin de ces services de
réadaptation des outils dont les ergothérapeutes se font les
dispensateurs. (15 h 10)
On ne rattache plus nécessairement la vieilesse à la
passivité. Bien au contraire. La mise sur pied de centres de jour,
d'unités de gériatrie active, d'unités de
réadaptation de moyen séjour prouve que la réadaptation et
le retour à des activités normales est une orientation valable
à tout âge et qui se développe de plus en plus.
Par conséquent, l'ergothérapeute est présent dans
tous ces lieux d'activité ainsi que dans les centres d'accueil et
d'hébergement, dans les centres hospitaliers de soins de longue
durée et aussi de courte durée. Notre société
évolue rapidement, notre société fait de grands
progrès sur le plan technique, mais également, notre
société vieillit, comme on dit couramment, maintenant, ce qui
exigera de plus en plus de ce type de service qui devra être mis à
la disposition particulièrement de nos personnes âgées.
C'est un travail difficile sur le plan technique, c'est un travail qui requiert
énormément de dévouement et de patience, mais dont les
résultats sont très significatifs pour les personnes qui sont en
perte d'autonomie, quelle qu'en soit la raison.
M. le Président, je pense que nous devons, à l'occasion de
cette Semaine de l'ergothérapie, en souligner l'importance, mais il faut
se rappeler aussi que dans ce domaine de la réadaptation, nous avons
encore de grands progrès à accomplir pour que ces ressources
puissent être mises à la disposition de toute la population et pas
uniquement dans des régions peut-être plus favorisées par
rapport à d'autres; quoique je ne crois pas que, dans ce domaine,
personne ne soit surprotégé ou surfavorisé, au contraire.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que je veux, aujourd'hui,
souligner cette semaine et souligner le travail qu'accomplissent les
ergothérapeutes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Sur la même motion,
M. le leader de l'Opposition et député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous me permettrez
d'appuyer cette motion au nom de ma formation politique. J'ai été
à même de constater à peu près toutes les
observations qu'a faites Mme la ministre. En particulier sur le veillissement
de la population au Québec, on est chanceux de compter sur un nombre, je
dirai, minimum, cependant. Si on avait un voeu à former, ce serait
peut-être de favoriser l'émergence de nouveaux
ergothérapeutes au Québec parce que notre population est
vieillissante, et en particulier dans certaines régions du
Québec. Je pense entre autres aux régions de
Trois-Rivières et du SaguenayLac-Saint-Jean qui, à partir
des statistiques qui nous sont fournies, auront de graves problèmes face
au vieillissement de la population. Cette profession, à notre avis, a
peut-être été méconnue, en tout cas, on lui faisait
plus ou moins appel parce qu'on disait: La personne vieillit, c'est normal
qu'elle ne marche plus, c'est normal qu'elle soit sur une chaise.
On sait que les professionnels de cette corporation ont contribué
à réhabiliter un nombre assez impressionnant de personnes
âgées, à leur redonner une certaine autonomie dans nos
institutions et à permettre à un bon nombre d'entre elles de
retourner chez elles. On doit se féliciter du professionnalisme de cette
corporation, se féliciter de l'initiative qu'elle prend et souligner ses
bienfaits au peuple du Québec, au cours de cette semaine. On doit
souhaiter également un travail, je dirais, de plus en plus normal parce
que, dans certaines institutions, les conditions sont déplorables, parce
que leur nombre est restreint ou que les espaces qui favoriseraient le travail
de ces ergothérapeutes sont à peu près inexistants ou,
à tout le moins, vétustes.
Donc, M. le Président, c'est avec plaisir que notre formation
politique s'associe à cette motion, en souhaitant, bien sûr, un
excellent travail aux ergothérapeutes et qu'on puisse compter de plus en
plus sur cette profession qui oeuvre pour le bienfait, en particulier, de nos
personnes âgées dans un contexte de vieillissement de la
population.
Le Vice-Président: Le débat étant clos,
est-ce que cette motion de Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux pour souligner la Semaine de l'ergothérapie est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'il n'y avait pas
une deuxième motion sans préavis au nom du ministre de
l'Industrie et du Commerce?
Le Vice-Président: Oui, c'est vrai, excusez-moi. Toujours
aux motions sans préavis, M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Motion proposant de souligner le Mois de la
qualité
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président, et je vous excuse, effectivement. Je fais donc motion pour
que l'Assemblée nationale du Québec souligne, aujourd'hui, le
Mois de la qualité, qui se tient en octobre de chaque année, et
reconnaisse l'importance de la promotion du concept de gestion intégrale
et de qualité dans les entreprises.
Le Vice-Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
de discuter de cette motion? Consentement.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
L'an dernier, à pareille date, je faisais la motion, qui a
été adoptée à l'unanimité, pour que le mois
d'octobre soit dorénavant reconnu comme le Mois de la qualité au
Québec. Je présente aujourd'hui, un an après, la
même motion afin de démontrer l'importance que le gouvernement du
Québec et le ministère de l'Industrie et du Commerce accordent
à l'amélioration de la qualité dans les entreprises.
On parle à tort de la qualité, parce que la dimension
importante qu'il faut retenir, c'est que ce qui coûte cher et ce qu'il
faut surveiller, c'est la non-qualité dans les entreprises. La
non-qualité, c'est un produit mal conçu, une matière
première inadéquate, une façon, une fabrication qui est,
elle aussi, déficiente. Résultat: rebut, retouche. Donc,
coûts d'opération plus élevés. Du côté
de la clientèle, c'est le retour d'un article. Du côté du
producteur, c'est la constitution d'inventaires extrêmement
élevés pour tenir compte de cette non-qualité. Cela
signifie à la limite, dans le pire des cas, la perte d'un contrat, d'un
client ou même d'un marché.
Au Québec, on a estimé qu'environ 30 % des coûts de
production de nos entreprises pourraient être évités et
donc réduits de 30 % si on s'adressait à cette dimension de la
qualité de ce que nous produisons en biens ou en services. Nous
sommes particulièrement défavorisés. La moyenne de
ce coût de non-qualité en Amérique du Nord est
estimée à environ 15 % ou 25 %. Au Japon, on le sait, c'est 5 %
ou 6 %. Ce pays a réussi à relever le défi
considérable de faire en sorte que, sur une période de 20 ans,
alors que "made in Japan", fabriqué au Japon, faisait rire, aujourd'hui,
cela ne fait plus rire. Il y a des produits de qualité qui viennent de
ce pays qui a su, dans son mode d'organisation, convaincre
l'entièreté de la pyramide d'une entreprise, chaque ouvrier,
chaque travailleur de l'importance qu'il y a d'assurer tout le soin possible
â produire des biens de qualité. En France, on parle même,
dans les entreprises et aux plus hauts niveaux politique et syndical de
mobilisation générale pour assurer la qualité, alors
qu'aux États-Unis, les grandes entreprises et le président Reagan
lui-même se sont mêlés de ce dossier et s'engagent à
en faire la promotion.
Des initiatives ont eu lieu ici même au Québec dans le
cadre d'activités d'associations sectorielles ou horizontales qui
regroupent des gens soucieux de qualité dans différents secteurs
industriels du Québec afin de sensibiliser l'ensemble des gens qui
travaillent dans l'entreprise à cette dimension de qualité. Il me
semble par ailleurs que nous devons retenir - c'est ce que j'ai fait cette
année - la qualité comme mode d'intervention particulier
auprès des entreprises du Québec à la mesure des moyens
que nous avons dans nos directions régionales, dans nos directions
sectorielles, afin de bien nous assurer qu'à tous les niveaux de
l'entreprise et, notamment chez les chefs de la direction qui peuvent implanter
cette attitude dans leur entreprise, on soit sensible à cette recherche
constante de l'excellence et de la qualité.
 ce sujet, le 1er octobre dernier, dès le début du
mois, j'ai eu l'occasion d'annoncer la mise sur pied d'un groupe de
concertation sur la qualité qui sera voué à la promotion
de la gestion intégrale de la qualité dans les entreprises du
Québec. J'ai demandé à M. Roger Néron, ancien
président de Culinar et président fondateur du Cercle des chefs
mailleurs du Québec d'assumer la présidence de ce groupe qui
jouera essentiellement un rôle de concertation entre les associations
sectorielles du Québec et le ministère de l'Industrie et du
Commerce. J'ai personnellement confiance que ce groupe saura mener à
bien son mandat qui est de s'assurer que, dans tous les secteurs industriels du
Québec, dans toutes les associations qui regroupent les entreprises qui
travaillent dans ces secteurs, il y ait des événements pendant
toute l'année, je dirais pour toujours, qui visent à sensibiliser
les entreprises au concept de la qualité, qui visent à indiquer
comment on peut implanter cette gestion intégrale de la qualité
dans nos entreprises.
Dans le contexte de concurrence internationale que nous connaissons, M.
le Président, je vous signale que c'est là une chose qu'il ne
faut pas négliqer. Je dirais même que c'est une dimension de la
vie d'entreprise et du développement économique qu'il faut
absolument soutenir et c'est ce que nous faisons. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président: Sur la même motion, M. le
député de Roberval. (15 h 20)
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Notre formation
politique dit oui au Mois de la qualité et oui à l'importance de
la promotion du concept de gestion intégrale de la qualité. Cette
notion est d'autant plus importante que, dans le contexte du
libre-échange, seule la qualité de notre production qui repose
sur une main-d'oeuvre qualifiée, "sécure", qui a le goût de
produire quelque chose qui va au-delà de ce que les concurrents
produisent, nous permettra de tirer notre épingle du jeu.
J'aimerais rappeler au ministre l'importance, que nous avons
soulignée en commission parlementaire, de mettre en oeuvre des mesures
de protection de l'ensemble des ouvriers et des ouvrières du
Québec, parce que la qualité et la gestion de la qualité
passent d'abord et avant tout par la protection et la sécurisation de
ces gens dans le milieu du travail, pour que les travailleurs et les
travailleuses du Québec entrevoient l'entreprise et surtout
l'entrepreneur, non pas comme un adversaire de qui il faut se méfier,
mais de quelqu'un qui travaille dans la même direction que ses
ouvriers.
Cependant, c'est à regret que je le fais, mais je dois souligner
au ministre que les citoyens n'en peuvent plus de ce double discours du
gouvernement. Alors que le ministre de l'Industrie et du Commerce rend hommage
aujourd'hui et parle de la nécessité de protéger la
qualité dans la production, vendredi dernier, à la biennale du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, une proposition présentée par les
décideurs, les hommes d'affaires du SaguenayLac-Saint-Jean, qui se
titrait "Promotion et sensibilisation à la gestion de la
qualité", demandait au ministre de l'Industrie et du Commerce d'investir
50 000 $ pour permettre aux hommes d'affaires, aux entreprises du
SaguenayLac-Saint-Jean de développer justement des cercles de
qualité, de se donner un outil destiné à promouvoir la
qualité dans la production. Les objectifs à court terme sont de
sensibiliser les entreprises à la qualité du produit, à
moyen terme, former les
dirigeants et le personnel de la gestion de la qualité, aider les
entreprises à mettre sur pied leur système d'assurance de la
qualité, et, à long terme, assurer l'essor économique de
la région.
Nous avons eu malheureusement de la part du gouvernement une fin de
non-recevoir sur une demande comme celle-là. Comment voulez-vous qu'on
interprète aujourd'hui une motion gouvernementale à laquelle on
est porté à s'associer, à laquelle on s'associe sur le
fond; sur l'importance de promouvoir la qualité dans l'entreprise, on
sait que c'est la seule issue sur le plan économique. Comment peut-on
mettre cela dans la balance avec des décisions gouvernementales qui,
voilà trois jours à peine, vont exactement, au
SaguenayLac-Saint-Jean, par décision du ministre, au contraire de
ce qui est prêché aujourd'hui dans la motion à
l'Assemblée nationale.
Bien sûr, nous concourons à la motion, mais j'en profite
pour demander publiquement au ministre de revenir sur sa décision,
d'accepter d'accorder 50 000 $ aux hommes d'affaires du
SaguenayLac-Saint-Jean qui, tout comme lui et comme nous, ont fait le
pari que c'est dans la qualité qu'on trouverait notre
développement économique. Je vous remercie.
Le Vice-Président: En réplique, M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est assez inusité de
répliquer lors de motions sans préavis, M. le Président,
mais je vais le faire à la lumière des propos du
député de Roberval. À l'égard des engagements qui
pouvaient être contractés dans le cadre de la biennale, je lui
dirais que celui qu'il a évoqué sur les cercles de qualité
qui seraient financés à 100 %, de toute apparence, par le
ministère de l'Industrie et du Commerce en régions, ne faisait,
à notre sens, en grande partie que dédoubler les efforts que nous
faisons déjà dans toutes les régions du Québec.
J'ajouterais, de toute façon, que ce que nous avons ajouté
comme initiative, notamment sous la présidence de M. Néron, ce
groupe de concertation des associations sectorielles n'exclut aucunement de
prévoir, dans des événements à caractères
régionaux tout autant que sectoriels ou horizontaux, des
événements de sensibilisation de la qualité à
l'occasion desquels il me fera extrêmement plaisir de communiquer avec
les promoteurs de cette entreprise qui a été portée
à notre attention au SaguenayLac-Saint-Jean.
Le Vice-Président: Le débat étant maintenant
terminé est-ce que cette motion de M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce pour souligner le Mois de la qualité est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Nous arrivons maintenant
aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: J'avise l'Assemblée qu'aujourd'hui, à
compter de maintenant jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 21 h
30, et demain le mercredi 28 octobre de 10 heures à 13 heures, à
la salle du Conseil législatif, la commission de l'économie et du
travail poursuivra les consultations particulières sur le dossier de la
sous-traitance à Hydro-Québec.
Le Vice-Président: Quant à moi j'ai deux avis
à transmettre. D'abord, je vous avise que la commission des institutions
se réunira en séance de travail cet après-midi, de 15 h 30
à 18 heures, à la salle RC-161 de l'Hôtel du Parlement. De
plus, la commission de l'aménagement et des équipements se
réunira ce soir, de 20 heures à 22 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau de l'Hôtel du Parlement, afin de vérifier
les engagements financiers du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Il n'y a pas
de renseignements demandés. Quant à moi, j'en ai un.
M. Gratton: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui. M. le leader du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gratton: Oui. Si on me permettait, M. le Président. Je
voudrais tout de suite indiquer que, du consentement des deux partis
représentés à l'Assemblée nationale,
l'interpellation de vendredi qui vient aura lieu de 9 heures à 11 heures
plutôt qu'aux heures normales. Je réitère que le vote sur
la motion de censure du chef de l'Opposition, ce soir, sera pris à 21 h
45.
Le Vice-Président: Je vais demander s'il y a consentement
au sujet de l'entente sur le débat de vendredi matin. Il y a
consentement pour que le débat se tienne à 9 heures. Je constate
qu'il y a consentement. Nous en faisons un ordre de l'Assemblée.
Toujours aux renseignements sur les
travaux de l'Assemblée, je vous rappelle que demain
après-midi, lors des affaires inscrites par les députés de
l'Opposition, nous poursuivrons le débat sur la motion
présentée par M. le chef de l'Opposition en vertu de l'article 97
du règlement et sur l'amendement proposé par le ministre
délégué à la Santé et aux Services
sociaux.
Ceci met fin à la période des affaires courantes. Nous
allons maintenant entreprendre les affaires du jour.
Motion de censure proposant que
l'Assemblée blâme le gouvernement
de son désengagement à l'égard
du
soutien de l'État à la vie
économique,
culturelle et sociale du Québec
Aux affaires du jour, nous avons une affaire prioritaire, soit la motion
de censure présentée par le chef de l'Opposition, en vertu de
l'article 304 du règlement, motion qui se lit comme suit: "Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral de son
désengagement inacceptable à l'égard du nécessaire
soutien de l'État à la vie économique, culturelle et
sociale du Québec."
Avant de reconnaître le chef de l'Opposition pour entreprendre le
débat sur cette motion de censure, je voudrais faire connaître
à l'Assemblée la façon selon laquelle le débat sera
organisé et ce, après avoir tenu une conférence avec les
leaders.
Tel que le prévoit notre règlement à l'article 306,
ce débat a lieu au cours d'une seule séance, soit la
séance d'aujourd'hui, et se termine un quart d'heure avant sa
levée. C'est pourquoi le débat se terminera de façon
définitive à 21 h 45 ce soir alors que nous procéderons
à sa mise aux voix. Un droit de réplique est reconnu à
l'auteur de la motion. Il a été convenu que ce droit de
réplique du chef de l'Opposition serait d'une durée de quinze
minutes. En conséquence, le droit de réplique aura lieu à
compter de 21 h 30. D'ici à 21 h 30, il a été convenu que
le temps serait partagé également entre les deux formations
politiques et ce, sans limite de temps à l'intérieur de chaque
enveloppe.
Donc, les paramètres du débat étant fixés,
je vais maintenant reconnaître M. le chef de l'Opposition sur la motion
de censure présentée en vertu de l'article 304 de notre
règlement. M. le chef de l'Opposition.
M. Pierre Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. M. le
Président, notre motion de censure se lit comme suit: "Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral de son
désengagement inacceptable à l'égard du nécessaire
soutien de l'État à la vie économique, culturelle et
sociale du Québec."
C'est un peu la force de l'évidence que de constater que ce
gouvernement s'est désengagé sur le plan culturel, social et
économique au Québec depuis qu'il est en place. Nous avons pu
constater cette évidence non seulement dans l'absence de projets de loi
substantiels, non seulement dans des mesures fiscales qui ne favorisent pas les
groupes qui devraient l'être, non seulement dans les gels que nous
proposait le dernier budget du gouvernement dans certains secteurs mais aussi
à travers une tournée qui nous a amenés dans tout le
Québec, à constater auprès de 672 groupes, près de
10 000 personnes dans 161 municipalités, que les citoyens du
Québec, un peu partout sur le territoire, sont précisément
insatisfaits d'un certain nombre de choses.
Je rappellerai qu'au cours de cette tournée, nous avons
rencontré environ 90 groupes dans le secteur de la santé, une
cinquantaine dans le secteur de l'agriculture, une quarantaine dans le secteur
de la culture, une soixantaine dans les affaires municipales et une
cinquantaine qui se préoccupent des questions de condition
féminine, y compris de la dimension sociale et des services qui sont
impliqués à ce niveau, une quarantaine de groupes qui s'occupent
des questions touchant la famille, environ 70 qroupes - c'est le contingent
presque le plus gros que nous ayons vu au cours de cette tournée - qui
s'occupent de la problématique jeunesse et une cinquantaine qui
s'occupent d'éducation, sans compter un certain nombre de groupes parmi
ceux-là qui sont extrêmement intéressés non
seulement aux questions économiques mais aussi aux questions
d'environnement. (15 h 30)
Qu'est-ce qu'on a constaté dans cette tournée, M. le
Président? On a constaté, pour l'essentiel, que le
désengagement du gouvernement libéral se traduit très
concrètement. Par exemple, au niveau des politiques économiques,
ça commence à prendre effet.
L'inertie, le désengagement, la paresse politique, si on veut, de
l'appareil de l'État sous la gouverne du Parti libéral, ça
donne des milliers de jeunes qui vont émigrer des régions vers
les grands centres comme Montréal, Québec, et à l'occasion
Sherbrooke ou Trois-Rivières. Ce sont des retards dans les
décisions concernant les sommets économiques. On en a eu un
exemple encore une fois aujourd'hui avec le ministre responsable de
l'Abitibi-Témiscamingue qui n'est même pas capable de nous dire
quand 11 va réaliser une promesse qu'il a mise sur la table il y a
déjà plusieurs mois, de signer une entente en matière de
développement économique régional avec les intervenants de
cette région.
Ce sont des dizaines de MRC, pour ne pas dire la totalité de
celles-ci qui, au
Québec, attendent les décisions des orientations du
ministre des Affaires municipales pour savoir où se brancher pour les
années à venir. Sur le plan économique, une catastrophe
sur le plan des politiques économiques. La théorie du
laisser-faire va faire son temps au Québec. Mais si on ne se
préoccupe pas d'interventions cohérentes de la part de
l'État québécois sur le plan économique, si on
laisse tout cela au grand frère fédéral, on va
s'appauvrir. Il y a des régions qui vont crever. Il y a des secteurs
entiers de notre économie dans lesquels les Québécois et
particulièrement les Québécois francophones deviendront
marginaux.
Ce gouvernement, qui a privatisé Quebecair pour faire en sorte
ultimement que Quebecair soit abolie - ce qui a été le cas
récemment - est en train de nationaliser un centre commercial vide dans
le comté de Charlesbourg pour y transférer des fonctionnaires qui
sont en ce moment autour de la colline parlementaire. Quelle politique
économique brillante! Ce gouvernement de la
déréglementation, qui a réussi, en matière de
réglementation, à faire une chose qui a été de
colorer la margarine, cet été, ce gouvernement qui prétend
que l'État n'a rien à voir dans l'économie et qui est en
train de nationaliser une piste de courses, à Blue Bonnets, comme si
c'était ça l'activité économique fondamentale pour
le Québec. Incohérence, danger, amateurisme,
désengagement. Cela donne ça quand il n'y a pas de
réflexion économique dans un gouvernement.
À terme, cela peut être dangereux pour le Québec. Le
Parti libéral, lors de la dernière élection, se promenait
dans l'est de Montréal pour expliquer qu'il y aurait là une zone
d'entreprises particulières. Où en est-on deux ans après?
On en est à plusieurs milliers d'emplois qui manquent toujours. On en
est à des chantiers qui ont peine à rouvrir. On en est à
un moment, par exemple, où, en matière de frégates, il est
possible que le prochain contrat concernant les frégates et qui implique
des milliards de dollars d'investissements de la part de l'État
fédéral s'en aille sans soumissions dans les maritimes, au lieu
d'être fait à Vickers ou à Lauzon, ou à Sorel, ou
partagé entre ces trois grands chantiers maritimes du Québec.
On en est au rapport d'un comité dans la région
montréalaise au sujet du sous-développement de l'emploi, alors
que c'est l'admnistration Doré, elle, qui a déjà fourni
une réponse positive aux recommandations. On attend toujours, du
côté du gouvernement, que ça bouge. Pendant ce temps, il y
a du chômage. Il y a du désinvestissement dans l'est de
Montréal. Il y a une comparaison douloureuse entre Montréal et
Toronto qui est en train de s'effectuer en termes de développement
économique, à l'exception, peut-être, du secteur des
services, et encore. Dans le secteur des services, c'est fragile ça
aussi, parce que le gouvernement, sur le plan économique, se
désengage de sa responsabilité dans des secteurs aussi importants
que les institutions financières.
Le ministre, celui à qui on a appris qu'il y avait un krach
boursier, la semaine dernière, le député d'Outremont, le
ministre des Institutions financières, il ne s'est même pas
aperçu au mois d'avril dernier que l'Ontario avait signé une
entente avec le gouvernement fédéral pour permettre à
l'État fédéral de faire de la réglementation en
matière de valeurs mobilières au Canada. Cela veut dire quoi en
pratique? Cela veut dire qu'en pratique, cet instrument considérable de
développement économique qu'est devenue la présence du
Québec dans le secteur des institutions financières, les
assurances, les banques, le courtage, les financements et les opérations
de type financement d'entreprises, que ça ça passe graduellement
par la réglementation fédérale, non seulement sous la
juridiction de l'État fédéral, mais également
qu'essentiellement, dans ce domaine, cela favorise l'Ontario plutôt que
le Québec, comme cela a toujours été à peu
près le cas dans les industries en développement au Canada.
Pendant ce temps-là, qu'est-ce que le gouvernement fait? Il donne
une subvention à General Motors pour maintenir les emplois à
Sainte-Thérèse, à Boisbriand; mais les nouveaux emplois,
qui vont être créés chez les sous-traitants de cette
industrie automobile, c'est-à-dire les compagnies qui font des
fournitures à GM, ne seront pas créés au Québec,
ils vont l'être en Ontario. Au-delà de 2000 emplois additionnels
en Ontario grâce à une subvention de l'État
québécois pour maintenir les emplois à Boisbriand: II faut
le faire comme politique économique et comme vision du
développement.
Désengagement! Un gouvernement improvisateur en matière
économique qui n'a pas de politique économique. Pendant qu'il
finance General Motors pour maintenir les emplois à Boisbriand, alors
que cela crée des emplois chez les sous-traitants en Ontario, il fait
passer de quinze à quatre, les programmes de la Société de
développement industriel du Québec. Ce gouvernement, il faut le
dire, a une sorte de parti pris en faveur des très grandes entreprises
et a négligé, de façon profonde, tout ce secteur de notre
développement, de la création d'emplois, d'une vision d'un
Québec qui est entreprenant, qui croit en l'entreprise, en
l'entrepreneurship, particulièrement à l'heure de l'idée
du libre-échange avec les Américains. Pourtant, le gouvernement a
laissé tomber ces gens depuis qu'il est là, depuis deux ans.
Une vision partielle et parcellaire du développement
économique, mais dangereuse.
Dangereuse parce qu'elle ne permet au Québec que de se tenir
à flot et rien ne se développe en termes d'orientations
économiques. Quand on cesse de développer en matière
économique, on s'assure d'un taux de chômage de plus en plus
élevé avec le temps. C'est cela qui est inquiétant.
La croissance économique récente -probablement
terminée quand on voit la situation boursière depuis deux
semaines, au rythme, en tout cas, soutenu qu'elle avait depuis trois ans - ne
saurait justifier ce désengagement de l'État à
l'égard de projets concrets qui permettent du développement
régional, des emplois dans les régions du Québec, que
l'est de Montréal se reconstruise, que les institutions
financières québécoises soient dotées de moyens
pour occuper de plus en plus de place sur les marchés financiers, avec
les emplois que cela représente pour les gens qu'on forme dans nos
universités, sans compter les approches de "sans-dessein" de ce
gouvernement à l'égard de l'agence spatiale, où le
gouvernement se réveille quasiment un an trop tard quant à la
décision de savoir où l'agence spatiale du fédéral
sera implantée. Sera-t-elle à Montréal ou à Ottawa?
Si elle est à Ottawa, c'est donc l'Ontario qui va en profiter. Si elle
est à Montréal, il y a peut-être des chances que les
Québécois en profitent. Le gouvernement s'est levé, dans
ce dossier, des mois en retard, alors qu'ici même, à
l'Assemblée nationale, on le questionnait depuis bien au-delà du
printemps dernier.
Désengagement économique, désengagement social,
parce qu'il ne faut pas s'en faire, l'État québécois n'est
pas un État souverain. N'étant pas souverain, sa
préhension sur les questions économiques est assez
limitée. Il ne peut pas contrôler ses politiques
monétaires. Parce que nous ne sommes pas souverains, nous ne pouvons pas
non plus prétendre contrôler les grands mouvements de capitaux,
prétendre influencer de façon absolument déterminante la
fiscalité. Il faut être plus imaginatif parce qu'on n'est pas
souverain.
Même si le Québec n'est pas souverain, il est censé
s'occuper de la santé et des services sociaux, et de l'éducation.
Qu'est-ce que l'on voit dans ce secteur? En matière de santé,
après avoir assisté, en dépit des vaches grasses
qu'évoque le ministre des Finances, aux coupures dans le programme de
soins dentaires, aux efforts de la ministre des Affaires sociales en ce qui
concerne les programmes couverts par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec en matière de gynéco-obstétrique, les
urgences où il paraît que cela prend des coups de fil des
ministres dans les hôpitaux de Sherbrooke pour que les gens passent d'une
civière à la salle d'urgence, les hôpitaux où on
voit la ministre faire des gorges chaudes en annonçant des
décisions qui avaient déjà été prises
à l'époque où nous étions au gouvernement, dans le
cas de Roberval, par exemple, où des décisions avaient
été prises en matière d'immobilisations dans l'ensemble du
réseau des affaires sociales; la ministre, avec le député
sécateur de Verdun, du Conseil du trésor, le ministre des
Finances qui voit des vaches grasses partout, a gelé les immobilisations
pendant un an et demi. Là, on se promène dans tout le
Québec et on annonce à des hôpitaux et, de temps en temps,
à des CLSC: Savez-vous, on va procéder à la construction
de tel édifice ou on va agrandir votre hôpital ou régler
vos problèmes d'équipements dans la salle d'urgence. (15 h
40)
Je comprends! Vous vous êtes assis dessus pendant deux ans et vous
venez expliquer aux gens après cela que ce sont des nouvelles, alors que
beaucoup de ces décisions avaient été prises avant
même que vous n'arriviez au pouvoir. Pourtant, il y a des vaches grasses!
On s'attendrait que la ministre obtienne de ses collègues du
gouvernement un appui qui lui permettrait de répondre aux promesses du
Parti libéral, qu'on ne pratiquerait plus de médecine de guerre
au Québec, que cela ne serait plus dramatique comme c'était
avant. La situation est pire qu'elle était, en matière de
santé au Québec, depuis qu'on a quitté le gouvernement. Je
peux vous le dire, on le voit tous les jours, dans toutes les régions du
Québec et, notamment dans une grande région comme la
région montréalaise, il s'agit seulement de questionner des
citoyens et de voir ce qui se passe dans les salles-d'urgence. Les promesses de
la ministre étaient comme le reste des promesses en l'air, à
cause d'une absence de franchise de ce gouvernement. Des gens qui ne sont pas
francs, qui ne sont pas corrects avec les citoyens parce qu'ils leur promettent
mer et monde et qu'ils ne leur livrent rien.
En matière de services sociaux, depuis deux ans, l'un des plus
qrands centres de services sociaux, le plus grand du Québec, le plus
gros centre de services sociaux, celui du Montréal métropolitain,
aux prises avec une crise de confiance profonde, et non pas depuis deux mois,
mais depuis deux ans. Depuis deux ans, des travailleurs du secteur social, des
cadres démotivés et, finalement, un appareil qui ne rend pas les
services qu'il devrait rendre aux citoyens. Qu'est-ce que la ministre a fait?
RienI La ministre commande des rapports. Pendant ce temps, ce sont les
professionnels de la santé qui n'oeuvrent pas dans un climat où
ils peuvent donner de bons services aux citoyens. Et cela, les citoyens de
l'est de Montréal en particulier nous en ont parlé pendant notre
journée.
À l'égard des jeunes, j'entendais le premier ministre
l'autre jour improviser en
bémol - parce qu'il est toujours en bémol dans ses airs
d'improvisation - quelque chose au sujet des maisons de jeunes. Je lui posais
une question au sujet des maisons d'hébergement pour les jeunes,
c'est-à-dire les sans-abri, les itinérants. Et on pense qu'il y
en a n'importe où entre 5000 et 10 000 au Québec, c'est tellement
difficile à dénombrer parce qu'il y en a dont les noms ne
figurent nulle part, dans aucun fichier, ni même à l'aide sociale;
ils n'ont même pas de numéro d'assurance sociale dans certains
cas. Mais ce qu'on sait, par exemple, c'est qu'il y a des besoins. Il y en a
encore qui couchent dehors et d'autres qui se promènent dans les
endroits où on demande quelques piastres pour un bol de soupe et un lit
ou un grabat, un banc de parc quand il fait beau et pas trop froid.
J'expliquais au premier ministre qu'on assiste à la menace, quand
ce n'est pas carrément la fermeture d'un certain nombre de maisons qui
visent à héberger les gens les plus mal pris,
particulièrement chez les jeunes. Le premier ministre m'a répondu
que, pour les maisons de jeunes, cela allait mieux parce qu'on avait
décidé d'injecter, je pense, environ 900 000 $ de plus, tout
près de 1 000 000 $ de plus.
Je ferai remarquer au premier ministre, avant même qu'il se
prépare... Je le vois qui prend ses notes et qui consulte sa ministre.
Pourtant, c'est lui le ministre responsable de la jeunesse, il devrait le
savoir. Je ne lui demande pas de tout connaître dans le gouvernement, on
sait que c'est un homme qui connaît tout, mais on ne lui demande pas de
tout connaître dans le gouvernement, mais il devrait connaître au
moins ses dossiers, celui des jeunes. À ma connaissance, c'est lui le
ministre responsable des jeunes. On se rend compte de quoi? 23 nouvelles
maisons pour jeunes ont été inaugurées avec un budget
d'environ 20 000 $ chacune. Ce qu'on a vu, nous, à travers le
Québec, en rencontrant de ces maisons de jeunes et le Regroupement des
maisons de jeunes du Québec, je ne parle pas des maisons
d'hébergement, je parle des autres qui sont plus de la nature d'un
encadrement socioculturel pour les loisirs des jeunes, souvent mal pris dans
des régions où il n'y a pas vraiment de loisirs. Et c'est un
travail de prévention sociale important. Au lieu de se ramasser entre
les mains d'un "pusher", d'un revendeur de drogue, ils vont se retrouver avec
des gens qui sont capables un peu d'encadrer leurs activités.
Quel est le problème de ces maisons? Qu'est-ce qu'ils nous ont
dit? II y a un problème de sous-financement. Elles ne sont pas capables
d'atteindre une certaine stabilité. Ah! La ministre me dira: II y en a
qui ont 70 000 $. Je le sais; ce ne sont pas les plus mal prises. Mais il y en
a qui, à 30 000 $, ne sont pas capables de rester ouvertes à
longueur d'année. Elles ne peuvent pas donner de services à la
communauté. Que fait la ministre? Elle ne consolide pas les maisons de
jeunes sur le territoire du Québec, mais elle en ouvre, dans des
comtés probablement en majorité libéraux, parce que tout
passe par la grille - comprends-tu? - de la carte de membre du Parti
libéral ou à peu près dans ce gouvernement. Ils ne pensent
rien qu'à cela. Est-ce que c'est bon pour le parti? Ce n'est pas: Est-ce
que c'est bon pour le Québec?
On voit qu'ils ouvrent des maisons de jeunes dans des comtés,
particulièrement des comtés libéraux. Ils leur donnent
quoi comme budget? 20 000 $. Ce qu'on vous dit, c'est que c'est
incohérent. C'est cela, du désengagement. Organisez-vous donc
pour que les maisons de jeunes qui existent en ce moment puissent
réussir à vivre, pas juste à vivoter, et à donner
les services qu'ils peuvent donner aux jeunes du Québec. Cela, ce serait
cohérent. Cela, ce ne serait pas du désengagement dans le secteur
social comme il y en a sur le plan économique. Pourquoi? Dans le fond,
c'est parce que vous êtes pas mal froids. Vous êtes froids sur ces
questions-là. II y a un côté insensible; il y a un
côté qui frise l'inhumanité.
Comme me le disait un Français de passage au Québec, il
n'y a pas longtemps: Cette espèce d'obsession "économistique". Le
mot "mystique" est intéressant. Les nouveaux mystiques des questions
économiques - II faut dire qu'ils en ont pris un coup dur avec ce qui se
passe à la Bourse depuis une couple de semaines - les nouveaux mystiques
de l'économie qui ne voient pas que la dimension sociale,
éducative et culturelle pour le Québec - c'est drôle, mais
c'est cela - c'est le gros des responsabilités de l'État
provincial que vous voulez tellement garder comme provincial. Vous n'êtes
même pas capables d'accomplir adéquatement les tâches de
l'État québécois en matière de santé et de
services sociaux.
En matière d'éducation, on peut en parler. Les
universités en régions. Qu'est-ce que vous faites? On se rend
compte que 75 % du temps passé par beaucoup de recteurs au
Québec, c'est d'essayer de courir après une stabilité
financière.
Il doit y avoir quelque chose qui ne marche pas. Je comprends que, dans
notre système, les recteurs d'universités soient obligés
de parler un peu de financement avec le ministre des Finances qu'ils doivent
voir, ici, à Québec dans certaines réunions ou, encore,
avec le ministre de l'Éducation, dans des colloques, des congrès.
Mais quand on dit que l'essentiel du travail de nos recteurs au Québec,
c'est de se battre pour avoir des formules de financement stables, il y a
quelque chose qui ne marche pas. Vous ne savez pas où vous vous en
allez. Cela fait deux ans que vous êtes au gouvernement et
ne venez pas nous faire le placotage "quand vous étiez
là". C'est vous qui êtes là'.
N'essayez pas non plus de vous désengager sur le plan de votre
responsabilité politique. C'est vous qui êtes au gouvernement. Ce
n'est pas moi; c'est le ministre des Finances, le député de
Bonaventure - dont j'ai failli dire le nom - qui dit que cela va bien. Il
engrange. L'écureuil engrangeur nous dit que cela va bien.
Pourtant, qu'est-ce que vous faites avec les recteurs en région?
Qu'est-ce que vous faites avec l'Université du Québec à
Chicoutimi qui essaie de stabiliser son budget? Qu'est-ce que vous faites avec
celle de Rimouski, celle de Trois-Rivières, celle de
l'Abitibi-Témiscamingue, à Rouyn? Qu'est-ce que vous faites avec
celle de l'Outaouais? Rien. Vous attendez. Vous attendez que les recteurs
démissionnent un après l'autre ou qu'ils prennent leur retraite.
Vous ne faites rien. Silence, on ne bouge pas. C'est cela, ce
gouvernement-là.
En matière de prêts-bourses, ah, une autre merveille de
franchise du chef du gouvernement. Quelle franchise électorale! Il va
dire aux étudiants de l'Université de Montréal au mois de
novembre 1985, quelques jours avant que j'y aille, quelques jours avant: Vous
savez, on va mettre 25 000 000 $ de plus dans les prêts-bourses au
Québec. Qu'est-ce qu'ils ont fait depuis deux ans? Ils ont coupé
de 24 000 000 $ par année.
La première année - j'annonce cela au ministre,
l'écureuil engrangeur - son premier ministre a promis 25 000 000 $ aux
étudiants, mais son gouvernement a coupé ! 24 000 000 $ la
première année. J'addi-i tionne les deux. Vous devez 49 000 000 $
i aux étudiants du Québec. Si vous ne voulez pas vous
désengager de vos promesses, vous devez 49 000 000 $ aux
étudiants du Québec.
La ministre de la Santé et des Services sociaux me regarde, ma
foi, avec une certaine appréhension, parce qu'elle se rend compte - elle
qui est plutôt inefficace dans ses batailles au Conseil du trésor
pour chercher l'argent qu'elle aussi promis à ses réseaux - qu'il
y a un autre morceau qui travaille dans le secteur des grands grugeurs de
budget, qui s'appelle l'éducation. Juste les prêts et bourses,
madame, c'est 50 000 000 $ que votre gouvernement doit aux jeunes du
Québec. (15 h 50)
Si vous voulez être franc, je pense qu'il ne suffit pas d'une
entrevue du premier ministre à un quotidien de la capitale nationale
pour aller à la baisse sur toutes ses promesses pour dire qu'il a
répondu aux attentes qu'il a créées dans toutes sortes de
groupes de la société. Je pense que le désengagement de ce
gouvernement sur le plan de l'éducation ne peut être
justifié de façon aussi simpliste que celle qui consiste à
dire: Vous n'avez pas remarqué que, dans notre programme, il y avait un
petit renvoi en bas de page, en petite écriture "selon nos
disponiblités budgétaires", d'autant plus que le ministre des
Finances nous dit que cela va bien, même si on acceptait votre
raisonnement, qui est inacceptable.
C'est un gouvernement qui se désengage aussi, en matière
d'éducation, à l'égard de l'admissibilité à
l'école primaire pour les enfants de cinq ans. On sait que notre loi
prévoit qu'à une date déterminée, les enfants ont
accès ou pas à la maternelle. S'ils ont cinq ans avant ou
après cette date, ils entrent ou ils n'entrent pas à
l'école publique cette année-là. On sait aussi que dans la
loi de l'éducation, un petit article donne un pouvoir
discrétionnaire au ministre de l'Éducation. Pourquoi est-ce
là? Je vais vous donner un exemple. Il se pourrait qu'un enfant dont la
date de naissance, après la date limite, au mois d'octobre, soit dans
une situation telle, je ne sais pas, la mère est
décédée lors d'un accident, le père est
emprisonné ou sous traitement dans une institution sociale, l'enfant est
gardé par une tante ou par des gens du milieu, et on se dit: Ma foi,
peut-être qu'une des façons d'intégrer le plus rapidement
cet enfant au milieu le plus adéquat possible, c'est de lui permettre
d'entrer à l'école, même s'il est à quelques jours
de l'âge d'admissibilité. C'est cela, le pouvoir
discrétionnaire du ministre.
Que fait le député d'Argenteuil, ministre de
l'Éducation? Il exerce son pouvoir discrétionnaire pour le
premier qui lui écrit une lettre. Je vous dis: II y a des milliers de
parents au Québec qui se demandent pourquoi vous ne modifiez pas la loi
carrément pour permettre au ministre de l'Éducation d'y aller cas
par cas, alors que ce ne sont pas des questions humanitaires qui jouent, ce
sont des commissions scolaires qui admettent des enfants qui, en principe,
entrent à l'école, alors qu'ils n'ont pas l'âge d'y entrer,
et le ministre signe. Je me dis: Si cela devait être le cas, parce qu'il
y a là des gens qui sont peut-être au courant, des gens qui sont
peut-être plus près, peut-être qu'ils ont eu droit à
un exposé exclusif du ministre de l'Éducation dans un brunch
à 100 $... On sait que vous le faites beaucoup; vos politiques, vous les
annoncez au cours de brunches à 100 $ plutôt que de le faire pour
tout le monde.
Quelques dizaines de personnes, quelques douzaines d'enfants et de
parents ont bénéficié de ce privilège, pourquoi ne
l'étend-on pas à tous les Québécois et à
toutes les Québécoises? Pourquoi ne modifiez-vous pas la loi pour
faire en sorte que les enfants puissent être admis, s'ils sont nés
avant le 31 décembre, à l'école maternelle? Ce serait
fini, ces histoires de pouvoir discrétionnaire et d'attitude à
la
limite d'une partisanerie bornée dans des choses aussi
fondamentales que l'accès à l'éducation pour nos enfants.
Vous êtes désengagés du fait d'accomplir des gestes
cohérents qui répondent à des besoins des citoyens. Au nom
d'un empirisme "bébète" et d'une vision "économistique" de
la société -oui, pas économiste, "économistique"...
Cela ressemble un peu aux airs de fin de semaine du premier ministre quand il
rencontre des journalistes pour leur expliquer que ses promesses sont à
la baisse, comme il l'a fait récemment. Il me fait signe: juste une
fois. Le problème, c'est que, dans la réalité, le premier
ministre est à la baisse dans tous ses engagements parce que son
gouvernement se désengage, y compris sur le plan de ses promesses
électorales.
En matière de culture, je vois la vice-première ministre,
"Mme 101", comme on le dit dans certains milieux, la ministre responsable du
dossier de la langue au Québec, dossier mieux connu sous le nom de
"tapis qui glisse sous les pieds des ministres qui y touchent". Elle fait
partie de la bande des quatre avec le premier ministre, le ministre de la
Justice et sa collègue de l'Immigration qui n'en peut plus de voir que
l'immigration au Québec progresse exactement dans le sens où vous
le souhaitiez, c'est-à-dire dans le contexte où vous pouvez
expliquer aux nouveaux arrivants qu'une des vertus de venir au Québec
n'est pas d'apprendre le français, c'est de voter libéral, parce
que c'est comme cela que vous voyez cela.
L'immigration pour vous, c'est la possibilité de continuer
à agir à l'égard des nouveaux arrivants, comme si
c'était une clientèle captive du Parti libéral. Il y en a
qui nous le disent à part cela, il y en a qui nous le disent parmi les
citoyens. J'ai rencontré des gens d'origine sud-américaine et
asiatique lors de cette tournée, particulièrement dans la grande
région montréalaise, qui m'ont dit: II faudrait peut-être
vous brancher, parce qu'on a l'impression dans ce gouvernement qu'au
Québec, cela se passe en français ou en anglais. Ils me disent
simplement, et je dois avouer que je les comprends: Si cela se passe en
français ou en anglais; aussi bien que cela se passe en anglais; c'est
tellement plus simple; on est en Amérique du Nord; ils sont 250 000 000
à parler l'anglais autour de nous. Pourquoi continuerait-on à
investir des milliards de dollars par année dans un système
d'éducation de langue française? Pourquoi dépenserait-on 1
000 000 000 $ pour maintenir des éléments de notre
identité culturelle à travers le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, le ministère des
Affaires culturelles, même si la ministre ne fait rien avec cet argent,
Radio-Québec, un ministère des Relations internationales?
Pourquoi dépenser ces milliards de l'argent public si vous n'avez pas la
volonté claire en matière culturelle de dire qu'au Québec,
cela va se passer en français, pas en français ou en anglais?
Ce désengagement sur la question linguistique ne s'est pas encore
traduit autrement que dans le cas des services sociaux en langue anglaise et
dans le cas de l'amnistie de ce qu'on appelait les illégaux dans le
système d'éducation de langue anglaise: deux lois que vous avez
adoptées si rapidement. Vous étiez pressés d'adopter ces
lois. Votre désengagement, pour le moment, par quoi s'est-il traduit, si
ce n'est par des gestes sur le plan législatif? Il s'est traduit par un
climat qui fait qu'il y a aujourd'hui plus de plaintes de la part de citoyens
qu'il n'y en avait; de citoyens qui se plaignent du fait que la loi n'est pas
respectée. Un climat qui a permis à un employeur de mettre
quelqu'un dehors pendant quelques jours jusqu'à ce qu'il ait le canal
10, CKVL -nomme-les - sur les épaules pour se rendre compte que,
peut-être, il faudrait qu'il réembauche ce monsieur. Je dois vous
dire que si cela prend absolument un reportage dans les grands médias
d'information chaque fois que quelqu'un subit une injustice parce qu'il demande
que la loi 101 soit respectée, qu'il se fait tasser par un employeur qui
est probablement, lui aussi, l'un de vos gars à 100 $ du brunch - il y a
des brunches à 1000 $ aussi, mais ceux-là sont moins
accessibles... C'est cela, le désengagement.
Cela donne en matière linguistique une préoccupation
partout sur le territoire du Québec. Les étudiants dans des
cégeps du Bas-Saint-Laurent, du SaguenayLac-Saint-Jean, de
l'Outaouais, nous en ont parlé: Ils sont préoccupés par la
place du français dans cette société. Ils ont l'impression
que vous êtes une énorme boule de Jello autour de la question
culturelle et linguistique. Tu pousses dessus et cela n'avance pas, cela n'a
pas de forme. Vous êtes un gouvernement informe sur le plan culturel, un
gouvernement qui a gelé les équipements en matière
culturelle et, pourtant, qui a relâché dans un contexte partisan
un équipement culturel sur la côte sud de Québec, mais qui
les bloque à Montréal par exemple, qui les bloque à
Victoriaville, qui les bloque partout.
Un gouvernement informe et désengagé sur la question non
seulement linguistique, mais aussi sur la question culturelle. On se
promène de promesses en comités de la ministre quant au statut de
l'artiste. Après la valse-hésitation...
Mme Bacon: ...
(16 heures)
M. Johnson (Anjou): ...la ministre répond: Oui, mais quand
vous étiez au gouvernement... Non, non, c'est vous qui êtes au
gouvernement maintenant. Cela fait deux ans, c'est assez! Les
Québécois s'attendent
que vous fassiez quelque chose. Au moins, respectez vos promesses. Il me
semble que c'est simple. Mais non! même ça, c'est trop
compliqué pour le premier ministre qui sent le besoin de réunir
des journalistes de temps en temps pour leur expliquer qu'il ne fera rien. Il
faut bien qu'il fasse quelque chose, il les rencontre pour leur dire qu'il ne
fera rien.
Ce n'est pas très emballant pour le Québec que de s'en
remettre à cet esprit de désengagement. Si, au moins, cela
n'avait pas de conséquences, mais cela en a, notamment pour la condition
féminine au Québec, alors qu'il y a des maisons
d'hébergement pour femmes battues qui sont menacées de fermer
dans L'Islet, à Québec, à Lévis, dans Gatineau,
à Papineauville, à Hull. Pourquoi? Parce qu'elles n'ont pas de
ressources. C'est aussi simple que cela, parce qu'elles n'ont pas de ressources
adéquates, parce qu'il n'y a pas de politiques et de vision de ce
gouvernement-là des progrès pour les gens les plus mal pris de la
société. Un gouvernement qui a clenché les assistés
sociaux en commençant et qui continue.
Une voix: Ils le méritent!
M. Johnson (Anjou): J'entends le député du futur
comté de Laprairie, M. Gobé, qui dit: "Ils le méritent!"
C'est une belle façon de gouverner, ça. Vous allez mettre un
stigmate dans la tête des assistés sociaux. On va peut-être
les promener avec un signe ou un tatouage. Qu'est-ce que c'est que cette
mentalité? Parce que vous n'appartenez pas au cercle
"économistique", vous n'êtes pas bon dans la
société? Voyons donc! Les nouveaux charismatiques de
l'économie ont oublié que chez les 700 000 personnes à
l'aide sociale, il y a des dizaines de milliers de chômeurs, pas des gens
au crochet de l'État parce qu'ils veulent être au crochet de
l'État, des gens qui sont en chômage, qui n'ont pas d'emploi en
dépit de vos théories économiques. Parce qu'il y a encore
10 % de chômeurs et plus au Québec. Parce que ça fait mal
à celui qui est à l'aide sociale pendant deux ans, trois ans,
c'est difficile de réintégrer le marché du travail. Parce
que vous vous êtes contentés, lors de la dernière
élection, de faire miroiter à ces populations l'augmentation du
chèque des 30 ans et moins à l'aide sociale, plutôt que de
poser les vrais défis qui se posaient en termes économiques,
à une société qui ne peut pas continuer de s'imaginer que
ses problèmes vont se régler seulement par la simple croissance
économique, elle-même extrêmement fragile quand on voit les
phénomènes boursiers des quinze derniers jours partout dans le
monde.
Vous n'avez pas de politique d'emploi. Désengagement! Vous avez
aboli la table nationale de l'emploi. Vous avez aboli des organismes qui
s'occupaient de concertation régionale pour essayer d'intégrer le
plus rapidement possible notamment des jeunes susceptibles d'aller à
l'aide sociale, sur le marché du travail. Et ça, c'est une
paresse inacceptable sur le plan politique parce qu'il y a un coût humain
à ça. Il n'y a pas seulement un coût politique, il n'y a
pas seulement un coût pour le ministre des Finances qui aime bien mieux
avoir des contribuables que des gens à qui il doit envoyer des
chèques d'aide sociale. C'est bien normal. Mais il y a un coût
humain à ça, par exemple, et c'est celui du désespoir d'un
certain nombre de personnes à l'égard de qui vous ne montrez
aucune sensibilité réelle, à l'égard de qui vous
coupez les services qui leur viennent en aide comme, encore une fois, sur la
côte sud, dans la région de Kamouraska-Témiscouata
où des gens qui s'occupaient de 1500 assistés sociaux et
chômeurs ont vu la mince subvention de ce gouvernement coupée
complètement. Complètement! Ce sont de mauvais calculs parce que
c'est du calcul plutôt que d'être inspiré par une certaine
vision du développement de la société. Un gouvernement
désengagé socialement, désengagé
économiquement, désengagé socialement et culturellement,
un gouvernement qui, aussi, a à sa tête un chef de parti qui est
en train de se désengager par rapport à ses propres promesses,
ses propres engagements électoraux. Cela est inquiétant. A
l'heure possible de la libéralisation des échanges entre le
Canada et les États-Unis, on va avoir besoin d'un tissu pas mal plus
solide que ce que vous nous présentez.
Je veux bien croire que des dizaines d'entrepreneurs
québécois peuvent aspirer à acheter une usine au Vermont
ou en Georgie ou ailleurs, mais on va bien se comprendre. Avant qu'on
achète 10 des 500 plus grandes entreprises aux États-Unis, cela
va prendre un petit bout de temps. On va peut-être en acheter une ou deux
en cours de route si la Caisse de dépôt et placement est dans le
décor et si les cinq, six grandes entreprises québécoises
sont là et, dans certains cas, peut-être ensemble. Mais, en
attendant, si on veut être sûr que ce n'est pas le Québec
entier qui part sous le contrôle des autres avec leur vision du
développement de la société... Vous savez, ce ne sont pas
les Américains qui ont inventé le régime
d'assurance-maladie. Ce ne sont pas les Américains qui ont
inventé le genre de politique sociale qu'on a au Québec. Ce ne
sont pas les Américains qui ont inventé une certaine vision de
l'intervention de l'État dans le développement régional
comme on l'a fait avec les grandes sociétés d'État que
vous avez privatisées.
Je trouve que le danger pour le premier ministre en ce moment, c'est de
s'en remettre un peu trop à une vision du
développement économique qui est déjà
dépassée aux États-Unis avec la fin de l'ère Reagan
qui est là. La fin de l'ère Reagan, cela sera d'ici à
quelques mois. Cela va prendre forme dans la population aux États-Unis.
Cela va probablement amener les gens, même chez les Américains,
à réfléchir à la notion d'intervention de
l'État pour régler un certain nombre de problèmes
économiques. Pourquoi? Parce qu'on ne peut pas penser à
l'économie sans penser aux emplois. On ne peut pas penser au
développement du Québec sans penser au partage de la croissance
économique sous forme d'emplois pour les gens. Quant à moi, on ne
peut pas prétendre se gausser d'une société distincte dans
un texte constitutionnel qui sera interprété, Dieu sait quand,
Dieu sait par qui et Dieu sait comment, quand on n'est même pas foutu de
faire respecter la loi 101 sur le territoire, encore moins de revendiquer que
le Québec soit le seul et que cette Assemblée soit la seule
à décider en matière linguistique. Un gouvernement
désengagé. Si cela continue trop longtemps, c'est le
Québec qui va en pâtir. Merci, M. le Président.
La Vice-Présidente: Merci, M. le chef de l'Opposition. M.
le premier ministre.
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: Je veux remercier le chef de l'Opposition de son
exposé, de nous avoir donné son point de vue avec sa vigueur
coutumière avant de nous quitter. Je pense qu'il part en très
bonne forme pour son voyage d'étude.
Je voudrais quand même dire mon étonnement en
l'écoutant attentivement durant 45 minutes. J'attendais toujours que
cela vienne. Je me suis dit, logiquement il va en parler. Il ne peut pas se
contenter uniquement d'être négatif. Il va parler des
éléments de solution du Parti québécois, ce qu'il
ferait, lui, dans une situation de crise boursière, ce qu'il ferait avec
l'endettement que nous devons assumer, ce qu'il ferait avec le
développement régional. Pas un mot, M. le Président. Pas
un mot sur l'affirmation nationale. Il n'a même pas prononcé le
mot. Est-ce que c'est devenu tabou au sein du Parti québécois? Je
vois le député de Terrebonne qui sourit discrètement.
Est-ce que l'expression "affirmation nationale" n'est plus persona grata, pour
employer une expression bien connue au sein du Parti québécois?
Est-ce une suite des sondages ou des démissions qui ont affligé
le parti que dirige mon très honorable ami d'en face? Je dois dire que
j'ai été étonné que d'aucune façon, en aucun
moment on ne mentionne cette thèse de l'affirmation nationale,
d'ailleurs qui n'est pas nouvelle, j'ai eu l'occasion de le dire. M. Yvon
Dupuis en avait parlé en 1973. M. John Harney en avait parlé pour
le NPD. Donc, ce n'est évidemment pas une grande nouveauté. (16 h
10)
M. le Président, je voudrais répondre plus
sérieusement au chef de l'Opposition sur ses reproches de
désengagement économique. Je vais surtout essayer de me
concentrer sur l'avenir, notamment sur la question du libre-échange. Je
voudrais quand même lui dire que le Parti libéral du Québec
n'a pas été le premier parti en Amérique du Nord, ou en
Occident, à vouloir réévaluer, à cause des
mutations qu'on a connues, le râle de l'État, notamment le
rôle de l'État-providence, le poids de l'État. On le sait,
c'est un courant international qui caractérise non seulement les pays
développés, mais également beaucoup d'autres pays, y
compris des pays derrière le rideau de fer, comme la Hongrie, la Russie,
la Chine notamment, qui ont décidé d'orienter leur politique vers
une adaptation... vers les lois du marché, pour des raisons bien
simples. C'est qu'avec l'évolution du commerce international et,
notamment, l'émergence des pays de l'Asie de l'Est comme concurrents de
plus en plus efficaces, il a fallu que l'ensemble des pays, quel que soit le
régime, régime capitaliste, ultracapitaliste, régime
d'économie mixte, ou même régime où les moyens de
production sont contrôlés par l'État, se sont sentis
obligés de s'ajuster.
C'est pourquoi ce désengagement de l'État, ou cette
diminution du poids de l'État on la retrouve partout. On l'a
retrouvée en Allemagne, sous un gouvernement social-démocrate, ou
en Espagne, avec M. Gonzalez, dans des pays comme l'Angleterre ou les
États-Unis. Donc, il faut quand même situer la position du Parti
libéral dans une véritable perspective. Nous suivons, nous nous
adaptons à un courant international. Nous devons respecter ce courant
international, étant donné que nous exportons 40 % à
l'extérieur des frontières du Québec de ce que nous
produisons. Cela ne nous empêche pas d'être pratiques, d'être
pragmatiques.
C'est vrai, pour répondre aux propos du chef de l'Opposition, que
nous nous sommes impliqués dans Blue Bonnets. J'en ai parlé avec
le ministre des Finances, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. C'est vrai que ce n'est pas une activité normale pour
un État, mais nous l'avons fait - je crois que, honnêtement, le
chef de l'Opposition aurait dû le mentionner - pour préserver 10
000 emplois. Si on ne l'avait pas fait, et que l'entreprise avait fermé
ses portes, je suis convaincu que le chef de l'Opposition nous aurait
blâmés en disant: Qu'est-ce que vous faites, comme gouvernement,
pour protéger 10 000 emplois dans la région de Montréal?
Ce sont 10 000 emplois. Alors, nous avons décidé d'intervenir et
de négocier avec des partenaires pour
sauvegarder ces 10 000 emplois.
C'est la même chose dans le cas de Marine Industrie. Lorsque le
gouvernement s'est impliqué pour sauver plusieurs milliers d'emplois,
que ce soit sur la rive sud de Québec ou à Sorel, le gouvernement
a assumé des risques financiers importants, a assumé des
augmentations très importantes du déficit de Marine Industrie
pour pouvoir sauver ces emplois.
Nous pourrions donner d'autres exemples. À Chibougamau ou
à Chapais. On n'hésite pas aussi à poser des gestes qui ne
sont pas tellement populaires et qui impliquent, comme l'a dit le chef de
l'Opposition, une réglementation, comme dans le cas de la coloration de
la margarine. J'étais intéressé de connaître
maintenant le point de vue du Parti québécois. Je pense qu'il
avait gardé le silence là-dessus, un silence assez opportuniste
ou même cynique. Mais là, il prend position contre la coloration
de la margarine. Les gens de l'UPA en prendront note.
Dans le cas d'autres mesures que nous avons prises... je parlais
tantôt avec le ministre des Finances qui m'entretenait des mesures qu'on
a prises il y a quelques mois en Gaspésie, où le gouvernement
était intervenu directement. Le député de Charlesbourg,
ministre responsable du Développement régional, le
président du Conseil du trésor, le ministre des Finances,
évidemment, qui a assumé le leadership de cette opération
et moi-même, nous étions impliqués. Nous avons
dégagé plusieurs millions de dollars. Cela a créé
732 emplois. Le chômage en Gaspésie est passé de 21 %
à 12 %.
Ce sont des gestes concrets, efficaces, qui sont la marque de commerce
du gouvernement actuel et qui expliquent l'appui populaire que nous avons par
des résultats comme ceux-là.
Je voulais simplement, M. le Président, rectifier, comme c'est ma
responsabilité, certains propos du chef de l'Opposition. Je pourrais
expliquer les privatisations qu'il a condamnées. Dans le cas de Donohue,
je sais qu'il avait exprimé son désaccord sur le fait que M.
Péladeau assume la direction, la majorité des actions de Donohue
avec M. Robert Maxwell. Je pense que cela a été une bonne
transaction et pour le Québec et pour les finances du gouvernement.
D'ailleurs, on doit constater que les résultats parlent par
eux-mêmes. Je n'y reviendrai pas tellement longtemps, parce que je
voudrais être assez concis. Les investissements, depuis le début
de l'année, ont triplé et peut-être qu'il y aura une
légère baisse. Déjà, le chef de l'Opposition -
j'espère qu'il ne s'en réjouit pas trop intérieurement -
dit: C'est fini, le développement économique, la croissance
économique avec la crise boursière! Je pense qu'il devrait savoir
que les prédictions économiques sont toujours risquées.
Peut-être qu'il souhaite, secrètement, que la croissance
économique soit stoppée pour que cela puisse l'aider. Sur le plan
humain, on le comprend, mais je crois que la grande majorité des
Québécois souhaiterait que nous puissions continuer à
avoir cette croissance économique supérieure à la moyenne
canadienne et à l'ensemble des pays industrialisés.
Donc, il faut constater les faits. Cette année, nous avons une
excellente année économique, sur le plan des emplois, des
investissements, de la construction. Je crois que cela a permis d'avoir des
revenus additionnels. On a déformé les paroles du ministre des
Finances en lui faisant dire que, maintenant, nous étions dans une
période de vaches grasses. Ce n'est pas du tout ce qu'il a dit. Je
voudrais que le chef de l'Opposition examine ses propos. Je crois qu'il est
injuste d'attribuer au ministre des Finances des propos comme ceux-là.
Nous avons une meilleure situation financière, mais Dieu merci! avec
l'endettement que nous avions, alors que chaque année, nous devions
additionner des centaines de millions de dollars au chapitre du service de la
dette, ce qui est payé par l'ensemble des contribuables -est-ce qu'il y
a une dépense aussi improductive que le service de la dette? -nous avons
réussi à arrêter et à réduire la croissance
du déficit. Il avait atteint un niveau intolérable sur le plan de
bonnes finances publiques. Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait qu'on
retrouve ce niveau intolérable dans le déficit et qu'on laisse
aux générations futures un endettement extrêmement
difficile à accepter et à affronter, alors que déjà
il y aura le vieillissement de la population qui va augmenter les coûts?
Je crois que ce que nous faisons est une politique saine et
justifiée.
Je me permettrai, M. le Président, en terminant sur cette
question économique, avant de parler de l'avenir dans quelques minutes,
de citer un article qui a paru dans l'édition du Time Magazine du
5 octobre dernier, il y a deux semaines. Le chef de l'Opposition sourit, mais,
de son temps, à ma connaissance, il n'y avait pas de tels articles.
Une voix: Non.
M. Bourassa: Alors, à la page 35, si le chef de
l'Opposition veut se rafraîchir la mémoire, c'était
écrit: "The new Québec, a land of prosperity". Il y avait,
évidemment, une photo en couleur de quelqu'un que connaît bien le
chef de l'Opposition. Il disait: "Leading the recovery", votre humble
serviteur!
Alors, ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que ce
jugement...
Une voix: En couleur! Même pas en noir et blanc!
M. Bourassa: Non, vérifiez, vous allez apprécier.
Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que ce jugement économique
n'est pas particulier simplement au Parti libéral. On le retrouve dans
les grandes revues économiques sur le plan international et cela,
évidemment, favorise la crédibilité économique du
Québec.
Je vais passer rapidement parce que mes collègues vont
répondre à toutes ces questions, la ministre responsable des
affaires sociales et la ministre responsable des Affaires culturelles. Encore
là, sur le côté social, je suis obligé de dire
certains faits: L'augmentation très importante du budget des
hôpitaux, le fait qu'on ait été obligé d'assumer
tous les déficits, plus ou moins camouflés par l'ancienne
administration. La ministre des affaires sociales en sait quelque chose.
D'ailleurs, je m'étonne chaque jour de l'entendre dire qu'on coupe dans
les affaires sociales, lui qui se vantait, en octobre 1985, à
Sherbrooke: "Moi, j'ai coupé de 147 000 000 $, les dépenses dans
les hôpitaux". Là, il se bombait le torse avec son humilité
habituelle. "J'ai coupé 147 000 000 $" Nous, nous avons
ajouté, en baissant les impôts et le déficit, 900 000 000 $
pour aider un secteur indispensable de notre société. On a
augmenté dans le cas des garderies. Dans le cas de la fiscalité,
je pense que c'est une mesure sociale pour les revenus des bas salariés,
200 000 000 $ de réduction d'impôts. On a fait cela, encore une
fois, en baissant le déficit. (16 h 20)
Je pense que ce sont des mesures très concrètes. On n'a
pas réalisé encore toutes nos promesses. Le chef de l'Opposition
ne peut pas s'attendre qu'après deux ans de pouvoir... D'ailleurs, il
serait le premier mal pris s'il fallait qu'on ait réalisé toutes
nos promesses après deux ans. Qu'est-ce qu'il pourrait dire aujourd'hui?
Il serait payé pour faire quoi? Il y a certaines choses encore qu'on n'a
pas pu réaliser. L'aide sociale, on l'a dit, le ministre l'a
répété, dans le cas du rapport Forget, il fallait attendre
la décision du gouvernement fédéral. Nous ne pouvions pas
prendre de décision sans connaître l'application de nos
politiques. Et, maintenant que cette décision a été prise,
nous avons procédé.
Actuellement des discussions ont lieu entre le ministre responsable de
la Sécurité du revenu et le ministre des Finances pour
évaluer le coût. Dans le cas des affaires... Je pourrais
facilement répliquer... Tantôt le chef de l'Opposition m'accusait
de ne pas connaître mes dossiers. C'est évident que, sans
préavis, je ne peux pas me souvenir de tous les chiffres des milliers
d'institutions, du budget des milliers d'institutions du Québec. Je ne
pense pas que le chef de l'Opposition s'attende que le chef du gouvernement
connaisse les comptes publics d'une façon absolue et dans tous les
détails. Mais on a eu en 1987-1988, pour les maisons de jeunes, 19 %
d'augmentation. Donc, c'est un chiffre qui est quand même respectable. Il
avait dit l'autre fois que je confondais maisons de jeunes avec maisons
d'hébergement. Je dois lui dire que, dans les maisons
d'hébergement en 1987-1988, l'augmentation est de 46,8 %. Alors,
voilà ma réponse au chef de l'Opposition, ma réponse
à ses accusations très gratuites et qui frôlaient, à
l'occasion, la démagogie.
Une voix: C'est effrayant.
M. Bourassa: Tout cela étant dit de la façon la
plus polie possible.
Alors, M. le Président, quelques mots sur le désengagement
culturel. La ministre en dira quelques mots tantôt. Je suis convaincu que
le statut de l'artiste, c'est une initiative de la ministre. Cela fait combien
d'années qu'ils attendaient que le gouvernement accorde une attention
à cette question-là? L'entente avec les "majors"
américains que vous avez été incapable de conclure. Vous
avez été incapable de conclure cette entente. Nous l'avons fait,
permettant un meilleur rôle au Québec dans le domaine de la
distribution des films.
Les équipements culturels. Dans le cas du Musée du
Québec, du Musée de la civilisation, je crois que
là-dessus des annonces ont été faites engageant des sommes
importantes, toujours en baissant le déficit et en baissant les
taxes.
Une voix: C'est ça.
M. Bourassa: Oui, toujours. Toutes ces dépenses-là,
M. le Président, ont été faites en réduisant le
déficit et en réduisant les impôts des contribuables.
Évidemment, le climat a favorisé cette solution des
problèmes, la stabilité politique. Je pense bien que le chef de
l'Opposition me permettra de signaler le vote très important qui a
été pris à la Chambre des communes hier, par une
écrasante majorité, comme ça avait été le
cas en Saskatchewan. Je voudrais remercier, au nom de la très grande
majorité des Québécois, le premier ministre du Canada, M.
Mulroney, pour sa détermination et son savoir-faire dans la
réalisation de ce dossier. Je veux remercier également les deux
autres chefs des partis fédéraux, M. Turner et M. Broadbent, pour
leur appui à la cause du Québec dans cette négociation
constitutionnelle. Le vote d'hier est un événement très
important, et une contribution significative à la stabilité
politique du Canada et à l'unité nationale de
notre pays.
M. le Président, je voudrais insister -mais encore là de
la façon la plus concise, puisque ce sera l'un des débats
principaux au cours des prochains mois - sur la question du
libre-échange. Je dois constater que le chef de l'Opposition n'a pas
insisté beaucoup, n'en a pas tellement parlé. Il ne me pose plus
tellement de questions sur le libre-échange. J'attends toujours. C'est
probablement le seul Parlement au Canada où l'on ne pose pas de
questions au premier ministre sur le libre-échange. Peut-être que
ça s'explique par une période de réflexion qu'a
décidé de suivre le chef de l'Opposition. Je ne veux pas
là être plus cinglant que nécessaire ou plus dur que
nécessaire, mais je dois signaler au chef de l'Opposition toute la
série d'erreurs de fait qu'il a commises sur ce dossier.
Le lendemain de l'accord il a dit: L'Ontario est le grand gagnant. Il a
été le seul à le dire au Canada. Après ça,
le surlendemain il a dit: Les quotas, c'est catastrophique. Augmentation de
0,33 %. Dans le cas de l'agriculture, 1 %. Il a été
obligé, encore là, d'admettre son erreur. Le troisième
jour, il a dit: Je suis contre le libre-échange parce que les
entreprises comme Lavalin, Cascades et Cambior pourront être
achetées pas les Américains, sans contrôle.
Une voix: Ce n'était pas le cas.
M. Bourassa: Tout le monde a constaté que cela ne
s'appliquait pas à ces entreprises qui avaient ou qui auront plus de 150
000 000 $ d'actifs. Le quatrième jour, il a dit: Les logiciels seront
affectés par le traité du libre-échange. Tout le monde
sait que nos politiques d'achat ne seront pas modifiées et qu'elles nous
permettront, avec les droits d'auteur, notamment, de protéger nos
entreprises dans le domaine du logiciel. Quatre erreurs de fait
consécutives. Et là, il a décidé de se taire.
Une voix: Bravo.
M. Bourassa: On le comprend.
M. le Président, le chef de l'Opposition se souvient fort bien
qu'il était favorable au libre-échange, il y a quelques
années. D'ailleurs, il n'était pas le seul de son parti à
être favorable au libre-échange. M. Parizeau, M. Landry, M.
Rodrigue Tremblay y étaient également favorables. Les jeunes du
Parti québécois y étaient également favorables. Ils
le sont encore d'ailleurs. Mais pourquoi prend-il position contre? J'ai
tendance à être d'accord avec M. Michel Pelland, qui le faisait
remarquer au chef de l'Opposition à Radio-Canada, vendredi soir dernier,
en disant: M. Johnson, si M. Bourassa était contre le
libre-échange, vous seriez probablement pour.
Des voix: Ha! Ha!
M. Bourassa: C'est une attitude partisane qui ne s'appuie pas sur
les faits. Admettons qu'il y ait actuellement un consensus important au
Québec qui se dégage en faveur du libre-échange.
Évidemment, j'ai toujours spécifié que cela devait
être sujet à l'approbation du texte final, comme l'a dit le
ministre du Commerce extérieur en réponse à la question du
député de Bertrand. Mais, avec les informations que nous avons,
il n'y a pas de doute que cet accord soit favorable au Québec.
Répondons à certaines accusations qui ont
été faites, M. le Président. On a dit dans certains
milieux, je pense notamment au chef du Nouveau Parti démocratique, M.
Broadbent, qui disait: "Canada is for sale with that agreement." Mr. Broadbent
should know that we are not talking about sovereignty of Canada. We are even
not talking about a customs union. We are not talking about a monetary union.
We are not talking about a common market. We are talking about enlarging free
trade between Canada and US. How could we seriously say that the Canadian
sovereignty is at stake when we want to protect the Canadian market and the
United States?
Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation de M. Broadbent selon
laquelle le Canada est à vendre avec cet accord. Au Québec, nous
sommes d'accord parce que nous sommes bien conscients que le Canada est l'un
des très rares pays à ne pas faire partie d'un marché
commun ou d'une zone de libre-échange. Est-ce que la souveraineté
de la Suisse a été compromise lorsqu'elle a accepté de
faire partie d'une zone de libre-échange en Europe? Ou de l'Autriche ou
de la Suède ou de la Norvège? Est-ce que la souveraineté
de l'Allemagne ou de l'Italie, en faisant partie du Marché commun... Y
a-t-il eu à ce moment-là pour ces pays danger pour l'affirmation
des politiques nationales fondamentales? Le général De Gaulle
lui-même, l'un des plus grands nationalistes de ce siècle, a
approuvé l'accord sur le Marché commun. Et nous pourrions parler
d'autres pays: l'Australie, la Nouvelle-Zélande, dans d'autres
continents. (16 h 30)
Nous sommes l'un des seuls pays au monde qui ne participe pas à
une zone de libre-échange dans le monde des pays
développés. Et pourtant, nous n'avons qu'un marché de 25
000 000 d'habitants. Et pourtant, nous devons exporter, au Canada, un tiers de
notre activité économique pour pouvoir maintenir notre niveau de
vie. Alors, c'est dans cette perspective réaliste, M. le
Président, que nous insistons pour permettre au Québec et au
Canada... que nous appuyons l'entente pour nous faire participer à cet
accord de libre-échange. Nous voulons aussi
cet accord, parce que nous voulons accroître les investissements
au Québec.
Le chef de l'Opposition parlait tantôt du chômage - la main
sur le coeur - dans les régions etc. Maintenant que le Parti
québécois est dans l'Opposition, il voudrait adopter une
politique de plein emploi. Au pouvoir, on ne parlait pas de plein emploi, mais
dans l'Opposition, on est d'accord avec le plein emploi. Mais, est-ce que le
chef de l'Opposition ne comprend pas que si nous voulons appliquer le plein
emploi, il nous faut augmenter les investissements et qu'une bonne façon
d'augmenter les investissements, c'est d'avoir accès au marché
nord-américain? J'ai moi-même rencontré à combien de
reprises des investisseurs, à Davos, au moins de janvier, notamment des
investisseurs japonais. Je leur disais: Venez au Québec, on a un bon
climat de travail. On a signé récemment des conventions
collectives avec l'ensemble des travailleurs du secteur public, sans
affrontements majeurs, à des taux raisonnables. On a la stabilité
politique. On a un dynamisme des entrepreneurs exceptionnel. Informez-vous
auprès des dirigeants d'IBM, l'entreprise de Bromont est l'une des plus
productives du monde. On aura probablement - parce que ce n'était pas
conclu - un traité de libre-échange qui va vous donner un
accès au marché nord-américain. Or, on sait l'importance
des capitaux japonais dans le monde. On sait leur importance, non seulement sur
le plan des investissements directs, mais sur le plan du financement des
États.
D'ailleurs, c'est une des causes qui expliquent la crise
boursière, la volatilité de ces capitaux japonais. Si nous
pouvons en attirer au Québec dans le domaine des investissements
directs, c'est-à-dire des investissements à long terme, nous
aurons la possibilité de créer des emplois additionnels. Je
lisais des éditoriaux du Toronto Star. Ils critiquent la reine
sur son appui au lac Meech, mais on sait tous les éditoriaux qu'ils ont
écrit sur le libre-échange. Peut-être que dans certains
milieux au Canada, on veut continuer d'arrêter, d'enrayer les
investissements. Mais à Toronto, ils ont le plein emploi, ils ont
même la surchauffe économique. Le taux d'inflation est même
plus élevé qu'à Montréal, étant donné
le plein emploi. Mais ce n'est pas le cas au Québec, avec 10 % de
chômeurs, 15 % chez les jeunes.
Le problème le plus crucial du Québec actuellement demeure
encore le chômage des jeunes, et de loin. Si nous sommes favorables au
libre-échange, si M. Parizeau l'est, M. Landry et tous les autres, les
hommes d'affaires, M. Bombardier, les jeunes du PQ, s'ils sont favorables au
libre-échange, c'est parce qu'ils se rendent bien compte que cela va
permettre de maintenir la croissance économique au Québec. C'est
l'une des raisons pour lesquelles nous avons porté un jugement favorable
sur l'entente préliminaire. Il y a le domaine de l'énergie, M. le
Président. Le ministre du Commerce extérieur et le ministre de
l'Énergie ont répondu que l'entente comme telle favorisait les
exportations d'énergie, donnait plus de sécurité, des
approvisionnements.
Actuellement, nous avons le fardeau de la preuve quand nous voulons
exporter. Nous avons vu, avec la dernière décision de l'Office
national de l'énergie, que cela sera renversé. Selon les textes
qui nous sont fournis, le fardeau de la preuve sera maintenant renversé.
Ce sera aux autres provinces à démontrer qu'elles ont besoin. Il
y a aussi toute la possibilité de pouvoir s'entendre avec les
Américains sur des formules qui sont plus flexibles. Souvent, les
Américains disent: - ce sont des formules qui peuvent être
imposées par l'Office national de l'énergie - Écoutez,
vous voulez baser le prix sur le pétrole. Nous, nous ne savons pas quel
sera le prix du pétrole dans cinq ans. S'il y a une guerre au
Moyen-Orient et que le prix du pétrole décuple dans quelques
semaines, est-ce que cela veut dire que nous serons obligés de payer ce
prix-là? Alors, cela va nous donner une plus grande
flexibilité.
Ce qui est important pour nous, c'est d'avoir un bon prix, une
sécurité dans le prix et de tenir compte de nos coûts et de
créer des dizaines de milliers d'emplois. D'ailleurs, je prie le ciel
tous les jours et je le remercie du changement d'attitude du chef de
l'Opposition envers la Baie James. Maintenant, cela fait partie de son
discours, savoir qu'il est favorable au développement de la Baie James,
il faut que les jeunes aient 50 % des emplois. Que c'est beau
l'unanimité, ce consensus. C'est dix ans en retard, mais mieux vaut tard
que jamais. Je vais exprimer toute mon appréciation, ma gratitude au
chef de l'Opposition de s'être rallié aux thèses du chef du
Parti libéral. M. le Président.
Dans le domaine de l'énergie, il y a un potentiel de dizaines et
de dizaines de milliards. On a besoin de richesses collectives au Québec
que nous pouvons acquérir avec les atouts particuliers que nous avons
dans le domaine de l'énergie quand on voit ce qui s'en vient avec le
vieillissement de la population, comme je le disais tantôt. Donc,
troisième argument favorable au libre-échange.
Je pourrais parler également des projets de loi qui sont
actuellement... Tout le monde en parle. J'écoutais M. Parizeau dimanche
matin, au "Premier jour", parler de cette montée spectaculaire du
protectionnisme américain. Encore dans les journaux d'aujourd'hui, il
était question d'un projet de loi provenant de la Virginie du Sud pour
protester contre les importations d'électricité
du Canada qui affecteraient la production du charbon dans cet
État. Donc, le statu quo n'existe pas. Ceux qui disent qu'on est mieux
avec le statu quo qu'avec l'accord de libre-échange ne parlent pas d'une
façon réaliste. Il n'existe plus, le statu quo. Il existe encore
moins cette semaine qu'il y a deux semaines, après la crise
boursière qu'on a connue.
On a réussi, au bon moment, à pouvoir obtenir cet accord
minimal qui donne au Canada un traitement spécial par rapport à
l'ensemble des autres pays. On a obtenu un tribunal qui a été
refusé à Israël, qui est pourtant un allié
très proche des Américains. Donc, nous nous protégeons et,
même si l'accord n'est pas parfait, c'est un accord
équilibré. Nous nous protégeons contre les abus du statu
quo. C'est cela qui fait que nous, de ce côté de la Chambre,
appuyés, je crois, par une bonne partie de la population, sommes
favorables à cette entente et que nous examinerons évidemment
avec la plus grande vigilance les éléments de détail qui
la composent.
J'aurai sûrement l'occasion de revenir sur ces différentes
questions, que ce soit dans des débats à l'Assemblée
nationale ou ailleurs. Je voudrais conclure globalement, en disant que nous
avons été élus il y a deux ans - la campagne
électorale a commencé le 23 octobre si mon souvenir est bon - sur
des thèmes clairs, des engagements qui ont été remplis, je
crois, en bonne partie. Je ne dis pas qu'ils ont tous été
remplis, mais nous avons été élus sur un thème
dominant. Nous avons dit aux Québécois: Nous allons vous donner
la tranquillité et l'efficacité. Je crois qu'après deux
ans, tous ceux qui sont sérieux vont admettre que les
Québécois ont obtenu de ce gouvernement la tranquillité et
l'efficacité. Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le premier ministre.
Avis de débat de fin de séance
Avant de poursuivre, j'aimerais informer cette Chambre que,
conformément aux articles 308 et suivants de nos règles de
procédure, le député de Verchères a l'intention de
soulever en compagnie du ministre de l'Environnement un débat de fin de
séance afin de poursuivre l'étude de la demande de moratoire
relatif à la construction d'un entrepôt de BPC à
Senneterre. Là-dessus, je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant, M. le député d'Abitibi-Ouest.
Reprise du débat sur la motion de
censure
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente.
C'est avec engagement que je vais participer à cette motion
inscrite par l'Opposition blâmant sévèrement le
gouvernement libéral de son désengagement inacceptable à
l'égard du nécessaire soutien de l'État à la vie
économique, culturelle et sociale du Québec. Je suis d'autant
plus justifié de le faire qu'à la suite de l'extraordinaire
tournée que l'Opposition a faite dans toutes les régions du
Québec, on a constaté que beaucoup de citoyens et citoyennes du
Québec étaient complètement d'accord pour nous dire
combien ils ne comprenaient pas cette espèce d'irresponsabilité
chronique du gouvernement qui est en face de nous, concernant en particulier
les différents engagements qu'il a pris.
On vient d'assister à un discours du premier ministre du
Québec qui a commencé son intervention en disant: J'attendais
toujours que le chef de l'Opposition me flatte quelque part, me dise comme on
est beau, on est fin sur certaines affaires, comme si c'était le
rôle de l'Opposition d'indiquer au gouvernement les quelques
éléments positifs qui pouvaient fonctionner dans ce
gouvernement-là. (16 h 40)
Si le premier ministre était un peu responsable et un peu moins
amuseur public, comme c'est sa caractéristique, la motion est beaucoup
plus de s'en tenir à ses responsabilités de premier ministre et
de nous dire lui, parce que c'est lui, comme premier ministre, et son
équipe qui ont fait accroire des choses aux Québécois et
aux Québécoises qui sont complètement, aujourd'hui,
après deux ans de pouvoir, inobservées, mises au frigo pour
l'éternel et en particulier des engagements fondamentaux...
Comment se fait-il que le premier ministre n'avait pas un mot à
dire sur son désengagement concernant la langue, par exemple? Si on
avait affaire à un premier ministre un peu moins guenille, il serait
important qu'il nous dise comment il se fait que sur tous les engagements qu'il
a pris concernant la langue, ses promesses aux anglophones sur l'affichage,
ainsi de suite, il est obligé de reculer constamment. C'est sur
ça qu'on aurait voulu l'entendre. Quelles sont les raisons qui font
qu'aujourd'hui, alors qu'il avait toutes les solutions... Le problème
linguistique, il n'y avait pas de problème. Il connaissait ça, il
vivait dans un bassin de population important dans la région de
Montréal, et il était en mesure d'offrir aux citoyens et
citoyennes du Québec des solutions logiques, qui auraient permis de
conserver cette magnifique paix sociale qu'on a réussi à obtenir
durant tout notre mandat, en particulier sur la question linguistique, parce
qu'il avait les solutions en permettant l'affichage bilingue, entre autres, en
permettant que le fait français soit de plus
en plus désavoué.
C'est ce qu'on voit, contrairement, encore là, aux erreurs du
ministre de la Justice ou l'absence de ministre de la Justice dans ce
gouvernement-là qui mentionnait qu'il y avait moins de poursuites sous
notre gouvernement, alors qu'on vient confirmer par une enquête
systématique, que c'est faux: quatre fois plus de poursuites sous le
Parti québécois qu'avec ce gouvernement-là.
Pourquoi le premier ministre n'a-t-il rien à nous dire concernant
son engagement sur la parité de l'aide sociale, par exemple? C'est quoi
les devoirs quatre fois refaits par son ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, et qu'on n'arrive jamais à quelque
chose de présentable?
C'est quand même eux qui ont pris cet engagement-là. Ce
n'est pas nous qui avons pris l'engagement d'offrir la parité,
indépendamment des conditions qui étaient là lorsqu'on
était au gouvernement, à savoir qu'on est pour la parité
à la condition que les jeunes puissent s'engager dans des mesures de
retour au travail, de retour à l'école, de réinsertion
sociale, de programmes de jeunes volontaires, etc.
Pas un mot à dire également sur... Il en a parlé
quelques minutes, encore là en caricaturant l'espèce d'appui que
lui donnerait le chef de l'Opposition sur la Baie James. On n'a jamais
été contre la Baie James, mais on a toujours été
contre les folies. Ce contre quoi on a été dans le projet de M.
Bourassa en campagne électorale c'est sa phobie et la folie du premier
ministre, son gros "kit" de 25 000 000 000 $, 15 000 mégawatts, qui
était mensonger, faux, il le savait très bien. Jamais un projet
d'une telle envergure, imbécile, insignifiant, avec des impacts
absolument inconsidérables sur l'écologie ne se fera. Jamais.
C'est uniquement parce que ce sont des gens qui ont le tour de tromper
continuellement la population, qui laissent croire qu'un jour il y aura
redémarrage de la phase II de la Baie James. C'est faux, Mme la
Présidente. Il y aura redémarrage du plan d'équipement
d'Hydro-Québec comme c'était prévu dans le plan
d'équipement d'Hydro-Québec 1982. Il n'y a qu'à lire le
plan d'équipement et c'est écrit en toutes lettres qu'à
partir de 1989-1990, il y aura nécessité de refaire, en termes
d'aménagement 3000 ou 3500 mégawatts. C'est prévu dans le
plan d'équipement.
La même chose en 1992. Je ne suis pas un prophète, je lis
le plan d'équipement d'Hydro-Québec. Mais le gros "kit" à
Bourassa en campagne électorale d'un super mégaprojet de la phase
II de la Baie James, 25 000 000 000 $ financés par les
Américains, 15 000 mégawatts, c'est de la foutaise.
C'était de la foutaise il y a deux ans et c'est de la foutaise aujour-
d'hui.
Il a le culot de dire: On va redémarrer la Baie James. On n'a
qu'à prendre n'importe quel journal, juste L'Argus d'aujourd'hui.
On dit exactement l'inverse: "Phase II de la Baie James: une date toujours
inconnue" Un projet incertain. Il y a du monde qui commence à comprendre
qu'il y a une différence entre des folies de grandeur et une phobie de
jeunesse, et un projet dont le Québec a besoin. Est-ce que le
Québec a besoin d'un développement hydroélectrique
programmé qui permet effectivement de suivre l'évolution de la
demande? Bien sûr. Mais ça, ce n'est pas Robert Bourassa, c'est
Hydro-Québec. C'est le plan de développement
d'Hydro-Québec. C'est un exemple. Il aurait été pas mal
plus honnête de nous parler de ça. C'est de ça qu'on
voulait parler dans la motion de censure. Désengagement sur des
engagements, sur des promesses faites. Désengagement concernant
l'arbitrage obligatoire dans le dossier des médecins et internes. C'est
Bourassa qui a promis l'arbitrage: Si on est au pouvoir, on va vous le donner.
On l'interrogeait là-dessus la semaine dernière. Là, ce
n'est plus cela, ce n'est plus pareil. C'était juste un morceau de
dossier. Mais ce n'est pas cela. Quand on lit ses engagements, c'était
vraiment qu'il trouvait que c'était une formule... Quand il y a litige
entre les parties pour des gens qui n'ont pas le droit de grève ou que
ce dernier peut difficilement s'exercer compte tenu des conséquences
sociales, il leur promettait l'arbitrage. Pas un mot là-dessus.
On aurait aimé l'entendre sur une série de dossiers parce
que c'est cela la motion. Je veux juste reprendre quelques exemples de ce que
les gens nous ont dit en tournée. Comme d'autres, je suis allé
dans l'Outaouais où j'ai rencontré des centrales syndicales. Je
m'attendais normalement que ces gens, en priorité, s'expriment sur des
besoins particuliers concernant les relations du travail. Non, ils avaient
assez de consience sociale pour parler du problème numéro 1. Le
problème numéro 1, selon la CSN et la FTQ de l'Outaouais, ce sont
toutes les conditions afférentes aux services sociaux et sanitaires
pourris dans l'Outaouais. C'était cela l'expression.
Je regarde le journal. Ce n'est pas François Gendron qui parle,
ce n'est pas le député d'Abitibi-Ouest. Je n'ai même pas
à chercher, je n'ai même pas à faire d'efforts pour
corroborer mes dires. En première page aujourd'hui, "Les gens de
l'Outaouais en ont ras le bol". On va entendre la ministre de la Santé
et des Services sociaux qui va se vanter tantôt, 25 000 000 $ de plus. Ce
n'est pas vrai. Ce n'est pas cela la réalité observée dans
toutes les régions du Québec. C'est faux. Quand les gens me
disent, ceux qui le vivent... Ce n'est pas le discours de la ministre que je
yeux entendre, pas plus celui
du premier ministre.
Ce que je veux entendre, c'est la réalité vécue par
les gens. Les gens de l'Outaouais en ont ras le bol. Je pourrais vous lire
quelques minutes, juste un paragraphe: "C'est vrai, le ministère de la
Santé et des Services sociaux du Québec traite les
résidents de l'Outaouais comme des citoyens de seconde classe." Si on
avait une ministre responsable de la Santé et des Services sociaux, elle
aurait quelque chose à dire là-dessus. Elle aurait dit:
Écoutez, cela fait longtemps que le problème est évident
dans l'Outaouais. Pour avoir des services de santé de qualité
dans l'Outaouais, il faut aller en Ontario, il faut aller à Ottawa pour
25 bonnes raisons qu'elle connaît très bien. Elle connaît
les raisons pour lesquelles il faut aller en Ontario: Carence de lits pour
soins aigus. C'est écrit. Il manque de lits pour soins aigus. Le
ministre de l'Éducation, pas assez brillant pour lever le moratoire
concernant le contingentement de la formation des infirmières
auxiliaires.
Il y a trois semaines, un mois, il manquait 85 infirmières dans
la région de l'Outaouais. Ce serait simple. Il y a un collège qui
en forme. Il ne veut pas lever le moratoire, il ne veut pas permettre une
formation accrue d'infirmières dans la région de l'Outaouais pour
combler les besoins. Ils sont obligés de faire appel à toutes
sortes de passe-passe. C'est rendu que ce sont des agences qui sont à la
recherche d'infirmières partout dans le Québec. La meilleure
façon d'en avoir, c'est d'en former. Cela ne prend pas un gros quotient
pour comprendre cela. Le ministre de l'Éducation devrait comprendre que
dans l'Outaouais, tous les intervenants ont dit que c'est un besoin
important.
Je ne veux pas du gargarisme comme on vient d'entendre du premier
ministre du Québec. Cela va bien, il nous a parlé pendant une
demi-heure de l'accord du libre-échange en disant que tout le monde
était pour le libre-échange. Je comprendsl Ce n'est plus cela qui
est sur la table. Ce n'est plus le libre-échange qui est sur la table,
c'est l'accord. L'accord ne vaut pas cinq cents. Nous sommes contre l'accord.
On est pour le libre-échange. Il n'y a personne que je connaisse qui ne
soit pas pour le libre-échange. Cela, c'est la théorie. Mais, si
on regarde le papier final, le texte de l'accord ne rejoint pas les objectifs
qu'un paquet de citoyens du Québec avaient, que la coalition contre le
libre-échange avait. Ce sont des fous. Je comprends cela. Selon eux, ce
sont des gens qui n'ont pas de représentation au Québec.
Mais tous ces gens ont dit: Le texte de l'accord ne vaut pas cinq cents.
Ce n'est pas cela qu'on veut. Eux aussi sont probablement d'accord avec le
principe théorique du libre-échange.
Dans une motion de censure où on dit que le gouvernement se
désengage, on parle de son désengagement concernant des
engagements qu'il a pris. J'arrête là, ce n'est pas vrai que la
santé fonctionne dans l'Outaouais. Voyons donci Ce n'est pas ce que les
gens disent. Allez les voir. Je vois deux députés - ministres de
la région de l'Outaouais présents ici. S'ils étaient
près de leurs gens et s'ils avaient une once d'objectivité et
d'honnêteté, ils seraient obligés de dire que - ils se le
font dire eux aussi - les gens de l'Outaouais ont leur voyage. Les gens de
l'Outaouais sont tannés de cela. Chaque fois que vous avez besoin d'un
service d'orthopédie ou n'importe quoi, il faut aller à Ottawa en
Ontario, il faut payer pour. Même comme citoyen du Québec, il faut
payer parce que la ministre ne veut pas reconnaître la différence
entre la couverture d'assurance-maladie du Québec et celle de
l'Ontario.
C'est cela le problème. J'aimerais bien mieux qu'elle parle de
cela plutôt que de se gargariser "Les urgences vont mieux". Ce n'est pas
vrai. Chaque fois qu'on y va, on attend aussi longtemps. Je ne veux pas prendre
des choses théoriques. Est-ce que, oui ou non, les gens de l'Outaouais
ont raison de dire qu'ils en ont soupé, qu'ils en ont ras le bol et que
c'est assez? C'est cela blâmer quelqu'un pour quelque chose. (16 h
50)
Dans la tournée, en Gaspésie - je ne prendrai pas toutes
mes fiches... J'entendais le premier ministre dire: Ah! le ministre du
Développement régional a fait beaucoup pour la Gaspésie.
Comment se fait-il que moi, j'ai fait juste un village, Saint-Vianney, qui a la
plus belle mine de silice au monde. La silice la plus pure qui existe au monde.
Là ils ont des problèmes pour la développer parce que les
gens disent: On attend encore après les engagements pris par le
gouvernement libéral, qui devait nous aider au niveau des politiques de
développement régional pour le traitement, pas juste
l'extraction, le traitement, la transformation de la silice.
À part cela, Mme la Présidente, on m'a fait un message.
Les gens ont dit: La papeterie là, nous autres... Ces gens-là,
les gens du village de Saint-Vianney, une fois pour toutes, ils ont dit: Que
cela aille à Matane, on comprend cela. C'étaient les gens que
j'ai rencontrés là. Je ne dis pas que c'est l'unanimité en
Gaspésie parce qu'il y a encore des gens de la vallée qui l'ont
sur le coeur. Mais les gens de la vallée de la Matapédia ont dit:
Nous autres, la silice, c'est à nous autres. On veut que la
transformation se fasse ici. On aimerait cela avoir de l'aide du
gouvernement.
On comprend que le premier ministre commence son discours en disant:
Oui, mais écoutez, le désengagement de l'État, c'est une
problématique de l'ensemble des
communautés internationales. On ne discute pas de cela. La motion
de blâme ne porte pas sur le fait de savoir si oui ou non le gouvernement
responsable doit revoir ses engagements. La motion ne porte pas
là-dessus. La motion porte sur le fait: Est-ce que le gouvernement
responsable qui a pris des engagements et tous ses engagements majeurs d'un
article important du Soleil, samedi dernier où le premier
ministre: Je recule... Tous mes engagements, je recule. C'est de cela qu'on
parle, du désengagement de l'État et c'est ça que les gens
nous ont dit lors de la tournée.
Lors de la tournée en Gaspésie, dans l'Outaouais, en
Abitibi, partout, ils nous ont parlé du désengagement de
l'État et ils nous ont dit qu'eux trouvaient cela inacceptable parce
que, en règle générale, l'économie,
indépendamment du krach boursier très sévère qu'on
vient de vivre, les paramètres économiques depuis quelques mois,
depuis un an ou deux, tout compte fait, sont bons. C'est ça que le
ministre des Finances nous disait. Le ministre des Finances nous disait
carrément, on peut le citer 25 fois au Journal des débats,
l'économie québécoise est en excellente santé,
elle se porte bien. Les paramètres économiques d'inflation, de
réduction du taux de chômage et de niveau d'investissement sont
meilleurs qu'ils n'ont jamais été. Ça c'est le ministre
des Finances qui nous disait cela.
Moi, je ne conteste pas cela. C'est clair. Mais ce que je conteste,
c'est: Comment cela se fait-il si c'est comme cela, que vous vous
désengagiez partout et dans toutes les régions du Québec
on ne voit pas d'adéquation entre ce beau discours sur la performance de
l'économie et les réalités concrètes? Je donne un
exemple que j'ai eu l'occasion de souligner à la période de
questions pour illustrer mes propos. Pensez-vous que les gens de l'Abitibi vous
trouvent drôles de ces temps-ci? Pensez-vous que les gens de
l'Abitibi-Témiscamingue vous trouvent responsables, beaux et fins, comme
le premier ministre le mentionnait tantôt? Ils vous trouvent des gens
irresponsables, des gens sans parole, des gens qui ont menti à la
population de l'Abitibî-Témiscamingue, parce qu'à la suite
du sommet socio-économique, il y a des engagements importants qui ont
été pris et le résultat est qu'on est toujours dans
l'attente.
Quand je peux lire en cette Chambre une lettre comme la suivante:
Livraison urgente. Ministre Marc-Yvan Côté. Vendredi dernier:
À la suite d'une réunion urgente du conseil d'administration qui
s'est tenue le 20 octobre - le 20 octobre 1987 ça ne fait pas quatre
ans, ça ne fait pas deux ans et demi comme M. Bourassa voulait nous
l'indiquer tantôt. Parlez-nous de ce que nous, nous ferions - on a
été neuf ans au pouvoir, la population a décidé de
changer, je respecte cela, c'est la démocratie - mais je ne vous
parlerai pas, moi, de ce qu'on ferait si on était au pouvoir, on ne
l'est pas. Mais vous vous comportez comme si vous étiez encore dans
l'Opposition. Ça fait deux ans que vous avez le pouvoir dans les mains.
Exercez-le donc sur quelque chose et les gens de l'Abitibi vous disaient M. le
ministre: "...désire vous exprimer - écoutez bien les deux
phrases, MM. les ministres séniors -leur déception, leur
inquiétude devant le retard injustifié concernant la signature du
protocole d'entente pour le suivi de la conférence
socio-économique de l'Abitibi qui s'est déroulée les 9, 10
et 11 avril dernier à Amos, afin de rétablir la confiance chez
les promoteurs et les intervenants du milieu dans le suivi du sommet. "Le CRDAT
vous demande instamment que le protocole d'entente incluant les engagements
tels que formulés lors de la conférence du sommet soient
signés d'ici le 21 novembre 1987."
Dans le fond que vous disent-ils? Sortez de votre hibernation; sortez de
votre chaise longue. Un gouvernement ça ne peut pas juste regarder
passer la parade. Ça ne peut pas juste regarder passer le train de temps
en temps, il faut que ça intervienne. C'est ce que la lettre vous dit en
mots clairs. Là, considérant que cela fait quatre ou cinq fois
que vous remettez vos engagements, considérant que je pourrais vous
prouver, contrairement encore là au mensonge du ministre responsable
supposément de la région, parce qu'on n'en a pas de ministre
responsable de la région. De temps en temps, ils parlent de cela. Quand
je rencontre la corporation du mont Vidéo, je lis le texte: "Pire
encore, lors de la tenue de la conférence, en avril dernier - toujours
selon l'enregistrement officiel des transcriptions, parce qu'on vous a
enregistré, c'est la seule façon de vous croire, pas de
paroles... On vous a enregistrés, c'est écrit et c'est le
ministre Picotte qui parle, excusez, le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche: "Je pense que c'est 600 000 $ sur 1 000 000 $ et je pense que
c'est un effort acceptable en ce qui concerne celle du gouvernement".
Il a raison, c'est un effort acceptable. Donc, on ne peut pas être
plus clair, 600 000 $ sur 1 000 000 $, je ne sais pas compter, mais cela fait
60 %. Cela fait 60 % par le gouvernement et 40 % par le milieu. Pourtant,
aujourd'hui, allez demander à la corporation du mont Vidéo ce qui
traîne dans ce dossier; allez leur demander. La réponse, c'est
ceci. Le ministre dit que le milieu devra financer 600 000 $. Donc, 60 % du
projet. Est-ce que c'est cela, respecter vos engagements? Est-ce que c'est
cela, un sommet de concertation régionale? Nous pensons que non. Nous
pensions que ce n'était pas cela et j'en ai fait, des sommets
socio-économiques, j'en ai fait cinq et toujours, lorsque les
membres du gouvernement sont venus prendre des engagements, ils ont
été réalisés.
Quand on a une motion, aujourd'hui, pour dire que votre
désengagement est inacceptable, c'est sur la base d'exemples comme
ceux-là. C'est sur la base d'un autre exemple. Le ministre des
Transports m'envoyait, hier, une belle lettre disant combien il est heureux de
me faire savoir que j'ai, dans mon comté, un magnifique contrat de
terrassement de structure de chaussée sur une longueur de X pour 1 000
000 $. Argent de monopoly! argent de fraudeur de la population du
Québec! Dans les faits - je me promène sur cette route, tous les
jours - il n'y a pas une once de travaux de faits et il n'y aura pas une once
de travaux qui se feront. J'ai vérifié avec l'entrepreneur et il
a dit: Tu sais bien, Gendron, qu'on ne commence pas des travaux, dans un
comté comme le tien, au début de novembre. Moi, je savais cela
depuis que je suis haut de même! Pensez-vous que si on avait affaire
à un gouvernement responsable, un gouvernement qui a le coeur de donner
suite à des engagements... Ce n'est pas une lettre du ministre qui me
dit que c'est un beau contrat que j'ai reçu... Cet engagement, je l'ai
reçu le 20 juin 1987 et volontairement - c'est cela qui est grave - on a
tout fait pour retarder le plus possible le fait que l'entrepreneur puisse
terminer son engagement, sachant très bien qu'on pourra permettre de
dégager des crédits périmés et de se financer avec
cela hypocritement parce qu'ils ont fait accroire qu'il y aurait des
dépenses de X, alors que, dans les faits, jamais on ne dépensera
les montants prévus.
C'est de cela, Mme la Présidente, qu'on voulait parler dans la
motion de blSme. On ne voulait pas parler du libre-échange. On a eu
l'occasion et on aura l'occasion d'en reparler. Vinqt minutes du premier
ministre sur le libre-échange; beau, fin, cela va donner des choses
extraordinaires, mais il devrait faire le tour des régions et expliquer
cela à la coalition. Il devrait rencontrer - je donne un autre exemple -
les commissaires de la commission populaire itinérante qui a fait le
tour du Québec. Eux ne connaissaient rien, je comprends cela. Ils ne
connaissaient rien, ils ont fait le tour du Québec pendant un an et
là, dans quatre pages, en résumé, ils disent: Ce qu'on a
constaté, c'est du désengagement partout, qui n'a pas de bon
sens. Je n'ai rien contre le fait de se désengager. Se
désengager, cela veut dire réviser parfois ses engagements. Ce
contre quoi j'en ai, c'est la parole donnée dans des dossiers que je
viens d'illustrer et c'est de se désengager partout, sans nuance, comme
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je l'interviewe:
Est-ce que le programme Kino-Québec va demeurer? Je lui pose la question
en Chambre; c'est un exemple, Mme la Présidente. Il me répond,
comme un perroquet: Bien non! le programme ne disparaîtra pas, il ne sera
que transféré. Allez-voir dans les régions pour voir si
Kino-Québec existe, il n'y en a plus.
Les gens qui ont fait le tour du Québec, qui s'appelaient les
commissaires de la Commission populaire itinérante, ont ramassé
toutes les régions du Québec. Ce qu'ils ont constaté,
c'est un désengagement total, sans nuance, dans tous les secteurs
sociaux et, comme par hasard, toujours chez les plus démunis de la
société, toujours chez ceux qui ont le plus besoin de coups de
pouce et de soutien. Encore là, je donne juste un exemple. J'ai
rencontré les gens de la région de Québec, rive sud, de
Montmorency. Je les ai rencontrés pendant une heure et demie lors d'une
table ronde... Il y avait des gens de Vacances-Familles, des gens qui
s'occupent de transport pour handicapés, des dames qui
représentent l'AFEAS, que tout le monde connaît, l'association
d'éducation et d'économie familiale, qui disaient:
Écoutez, nous autres, on n'en revient pas de l'engagement du premier
ministre du Québec. Il ne s'est rien passé encore concernant la
Régie des rentes. Et là, ils m'ont remis un bon papier disant: On
va s'en occuper parce que ça n'a pas de bon sens; il faut mettre de la
pression là-dessus. (17 heures)
Moi, il me semble que, de ça, on en a vu partout. Dans toutes les
régions du Québec, on a vu partout ce genre d'affirmations. Et,
aujourd'hui, quand on voulait, par une motion de blâme prévue au
règlement - en passant, ce n'est pas quelque chose qui est
irrégulier - s'acquitter de notre responsabilité comme membres de
l'Opposition, c'était pour dire: Bien sûr qu'en deux ans, il y a
quelque chose qui a fait que certains citoyens du Québec peuvent dire:
On est contents de ça. Ce n'est pas notre rôle. Notre rôle,
Mme la Présidente, c'est qu'on est dans l'Opposition et qu'on a
constaté, au cours de la tournée, que les citoyens sont
insatisfaits de beaucoup de choses concernant des promesses et des engagements
que vous avez pris. Il vous appartient - parce que c'est vous qui les avez pris
ces engagements-là - de livrer la marchandise. Ce n'est pas une question
d'être à mi-mandat qui est votre problème. C'est bien plus
une question de recul systématique sur des affaires, et il me semble que
vous devriez avoir la franchise, l'honnêteté de l'admettre et de
le réviser. C'est dans ce sens-là, moi, que je voulais donner mon
entier appui, comme membre de l'Opposition, à cette motion, parce
qu'elle est complètement justifiée, vu ce qu'on a pu observer
durant la tournée. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le ministre des Finances. M. le ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Alors, Mme la Présidente, nous venons
d'entendre le chef de l'Opposition et ensuite le député d'Abitibi
nous parler de désengagement du gouvernement. Parler de
désengagement, particulièrement dans le domaine économique
pour décrire l'action du gouvernement, c'est de bonne guerre
peut-être quand on est dans l'Opposition. Je me rappelle fort bien y
avoir été assez longtemps, mais je ne me rappelle pas avoir
présenté une motion libellée d'une façon aussi
insistante et être appuyée avec aussi peu de substance.
Le chef de l'Opposition, Mme la Présidente, a fait partie d'un
gouvernement dont le style, il est vrai, était bien différent de
celui du gouvernement actuel. C'était -on se rappelle - l'époque
des déclarations fracassantes, des discours grandiloquents. On n'a
qu'à se rappeler pour un instant ce qui se passait lorsqu'on
était de l'autre côté et qu'on voyait ces gens, ici, du
gouvernement du temps, manier le verbe d'une façon qui
éblouissait, mais avec quels résultats! C'était
l'époque, Mme la Présidente, où l'on bâtissait le
Québec avec des briques de papier, des livres blancs, des livres verts,
des livres jaunes, des livres bleus. C'était l'époque de ces
spectacles "son et lumière". C'était l'époque des
aventures échevelées dans toutes les directions. C'était
l'époque où on allait dans le sucre, Marie perle, la raffinerie
de sucre. On allait dans les nationalisations d'amiante, des mines d'amiante,
dans Quebecair. Mme la Présidente l'"État-spectacle" a pris fin
le 2 décembre 1985. L'ensemble des Québécois et des
Québécoises l'a voulu ainsi et l'a compris également avec
beaucoup de satisfaction.
Il reste cependant un carré de résistance, ici même
à l'Assemblée nationale, de nostalgiques qui confondent la forme
et la substance des choses. En l'absence des spectacles auxquels ils
étaient habitués, de l'aveu même du chef de l'Opposition,
ils s'ennuient. Ils ont beaucoup de difficulté à critiquer le
gouvernement et ils disent: En somme, le gouvernement est ennuyant, il est
plate. Simplement parce que le gouvernement est efficace, Mme la
Présidente. En réalité, l'État du Québec est
sans doute plus engagé que jamais dans le soutien à la vie
économique. Cet engagement, il est rationnel, il est vigoureux, il est
constant, mais il se manifeste évidemment d'une façon
différente puisqu'il repose sur d'autres principes d'action.
Résumons ces principes:
Premièrement, la croissance de l'économie repose d'abord
et surtout sur les entrepreneurs et les entreprises du Québec, et le
rôle du gouvernement est de créer et de maintenir des conditions
favorables à l'expression de leur dynamisme. L'application d'un tel
principe suppose des changements profonds dans le comportement du gouvernement,
changements qui, soit dit en passant, sont le fruit non pas d'un quelconque
parti pris idéologique, mais d'une lecture pragmatique et objective du
Québec tel qu'il est aujourd'hui, plus de 25 ans après le
début de la Révolution tranquille. Il existe maintenant au
Québec un secteur privé dont le dynamisme peut et doit être
soutenu et qui, dans la plupart des cas, est en mesure de relever le
défi de la croissance et de la création d'emplois. Le
gouvernement en a pris bonne note et il agit en conséquence, d'une
manière qui peut sembler discrète, mais qui donne
néanmoins, comme nous le verrons tout à l'heure, des
résultats étonnants.
Deuxièmement, la croissance de l'économie repose sur sa
compétitivité relative par rapport à celle de ses
partenaires commerciaux, ce qui suppose l'harmonisation continue de nos
structures économiques et institutionnelles au contexte
nord-américain. Autrement dit, notre économie, Mme la
Présidente, doit être autant sinon plus productive que celle de
nos partenaires commerciaux. Nos lois et nos réglementations doivent
tenir compte de cet impératif. Les agents économiques doivent
être plus flexibles dans leur comportement. Nos structures doivent
s'adapter à un environnement mondial turbulent et notre économie
doit être au diapason technologique des pays industrialisés. Si
nous voulons transiger ainsi, nous devons tenir compte de nos partenaires
commerciaux, particulièrement nos partenaires nord-américains.
Sur une base compétitive, nous devrons accepter un degré
élevé de symbiose au plan économique et les
inévitables contraintes qui en découlent. En somme, nous
poursuivons un objectif de croissance supérieure se traduisant par des
augmentations substantielles d'emplois et d'investissements, et, en même
temps, nous voulons assurer une croissance équilibrée des
régions, particulièrement celles qui sont éloignées
des grands centres. Nous voulons augmenter les possibilités d'emplois
qui s'offrent aux jeunes et créer des occasions de réinsertion
pour les plus démunis.
Pour y parvenir, Mme la Présidente, le gouvernement met sa
confiance dans les entrepreneurs et les entreprises et il . travaille à
créer les conditions favora- bles à l'expression de leur
dynanisme.
Deuxièmement, il s'efforce de faire de l'économie
québécoise une économie compétitive et ouverte.
Voilà l'essence de la politique économique que nous
poursuivons. Cela peut paraître simple, mais, Mme la
Présidente,
cette politique est nécessaire au moment où l'on se parle,
et, plus que jamais. La tâche d'assurer la cohérence de
l'activité gouvernementale autour de ces objectifs et de ces principes
est confiée principalement, et je tiens à le rappeler, au
Comité ministériel permanent de développement
économique, le CMPDE, dont le premier ministre m'a confié la
présidence.
Je crois du reste que l'occasion est propice pour dresser un bref
aperçu des activités de ce comité ministériel et
cela, depuis le début de 1986. On pourra ainsi constater l'ampleur du
travail accompli par le qouvernement en matière économique et
voir en même temps jusqu'à quel point l'accusation, de la part de
l'Opposition, de désengagement au soutien de la vie économique
est absolument sans fondement. (17 h 10)
Précisons tout d'abord que le CMPDE est composé de neuf
ministres, en l'occurrence le ministre de l'Industrie et du Commerce, le
ministre du Commerce extérieur, le ministre délégué
aux Finances et à la Privatisation, le ministre
délégué aux PME, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et
déléqué aux Pêcheries, ainsi que le ministre du
Tourisme. Le CMPDE a comme mandat -je le rappelle, Mme la Présidente -
d'assurer la concordance des politiques et des activités
gouvernementales en matière de développement économique.
Il fournit aussi au Conseil des ministres une évaluation de l'incidence
de ses décisions en matière économique.
Depuis le début de 1986, il a été en quelque sorte
le lieu privilégié des discussions entourant, d'abord, les
projets industriels majeurs, les projets de loi à caractère
économique, les dossiers de privatisation, le traité de
libéralisation des échanges. On y a discuté
également tous les dossiers de la SDI impliquant des sommes
supérieures à 500 000 $. II serait évidemment impossible
d'énumérer tous les dossiers qui sont passés au CMPDE
depuis janvier 1986; aussi, je me limiterai à énumérer les
têtes de chapitre, en les regroupant sous les objectifs de politique
économique que je viens d'énoncer. On sera ainsi en mesure
d'apprécier le lien qui existe entre ces objectifs et les
décisions qui en découlent.
Première tête de chapitre: Pour favoriser
l'entrepreneurship, assainir les finances publiques et moderniser le cadre
juridique et institutionnel des entreprises. C'est ici qu'il faut placer les
dossiers de privatisation: Vente des actions de la raffinerie de sucre,
privatisation de Cambior, la révision du mandat de SOQUEM, la vente de
Donohue, la révision du mandat de la SGF, la privatisation de Quebecair,
la privatisation de Madelipêche. En même temps, l'activité
législative reliée à cet objectif a été
substantielle: révision du programme de stabilisation agricole, nouvelle
loi sur les mines, refonte du régime d'exploitation forestière et
- tout récemment - l'étude de documents décrivant les
grandes lignes de l'ambitieux plan d'action gouvernementale en matière
d'institutions financières. Mentionnons enfin que le gouvernement a
profondément modifié le régime de subventions de la SDI,
de façon à rendre la SDI encore plus efficace et le tout moins
onéreux pour le Trésor public.
Une autre tête de chapitre: Pour rendre notre économie plus
compétitive, mieux adaptée au contexte nord-américain. Le
gouvernement est intervenu à plusieurs reprises pour assurer le
démarrage de projets industriels majeurs, susceptibles de renforcer la
structure industrielle du Québec. Parmi ces projets, notons en
particulier la pétrochimie, avec Pétromont; l'automobile, avec la
modernisation de GM à Sainte-Thérèse, Boisbriand, et la
poursuite du dossier Hyundai, nouveau plan de formation de la main-d'oeuvre; la
métallurgie, avec le projet Norsk Hydro de Bécancour.
C'est le CMPDE, encore, qui a suivi l'évolution du dossier du
bois d'oeuvre, et, comme je le mentionnais tout à l'heure, celui de la
libéralisation des échanges, qui a donné lieu à la
création d'un comité interministériel, d'un comité
de consultation avec les milieux concernés, présidé par M.
Jake Warren, et d'un comité fédéral-provincial auquel le
Québec a participé fort activement. C'est également pour
mieux relever le défi de la compétitivité et l'ouverture
sur les marchés extérieurs que furent prises plusieurs
orientations en matière fiscale. C'est le cas, notamment, de la
réduction à 4 points de pourcentage, au lieu de 10, dès le
18 décembre 1985, de l'écart dans les taux marginaux de taxation,
entre le Québec et l'Ontario. C'est le cas du programme de soutien
à la recherche et au développement mis de l'avant dans le dernier
budget que j'ai présenté ici, le 30 avril dernier, et dont le
coût sera de l'ordre 100 000 000 $ par année.
Finalement une autre tête de chapitre: Pour favoriser le
développement équilibré des régions du
Québec, particulièrement celles éloignées des
grands centres, les membres du CMPDE ont piloté de nombreux projets
industriels d'envergure au bénéfice des régions
éloignées. Relance par Cascades, par exemple, de l'usine ITT
Rayonier de Port-Cartier, l'usine Panfibre de Mont-Laurier, l'aide
financière à GM Asbestos pour le soutien de la mine Jeffrey, le
projet d'usine de panneaux gaufrés de Chambord, la vente de Forpan
à Normick-Perron, le projet de Matane, etc. De nouvelles ententes de
développement régional ont été conclues, notamment
concernant les pêches,
l'aquaculture, la recherche et le développement de l'amiante. On
peut mentionner, dans un autre ordre d'idées, l'aide gouvernementale
adaptée et apportée au démarrage du projet SOCCRANT au
SaguenayLac-Saint-Jean.
Ce sont encore les préoccupations du développement
régional qui ont inspiré la décision, dès notre
arrivée au pouvoir, de réduire la taxe sur l'essence en
régions éloignées tout comme celle plus récente
encore prise par le ministre de l'Énergie et des Ressources de s'assurer
que les réductions se réflètent intégralement dans
les prix de détail effectifs de l'essence en région. On pourrait
allonger bien davantage encore la liste des activités gouvernementales
des deux dernières années reliées à la poursuite de
l'un ou l'autre des trois objectifs identifiés il y a quelques instants.
On pourrait par exemple passer en revue les 37 décrets d'aide
financière de plus de 500 000 $ approuvés par le CMPDE en 1986 ou
recommandés par le CMPDE au Conseil des ministres, ou encore les 78
autres qui y sont passés en 1987. La conclusion serait la même. Le
gouvernement actuel parle peut-être beaucoup moins que son
prédécesseur, mais il agit d'une manière constante,
vigoureuse et ordonnée en faveur du soutien de la vie économique
québécoise.
Vous allez me demander si tout cela est devenu efficace, si cela marche.
Eh bien! l'Opposition a beau dire tout ce qu'elle voudra. Il suffit d'examiner
les chiffres pour se faire une idée objective. Le premier indicateur
à considérer quand on évalue la santé de
l'économie, vous admettrez avec moi que c'est le taux de croissance de
son produit intérieur brut. Voyons comment on se compare à cet
égard: Aux États-Unis, en 1986, il était de 2,9 %; en
Europe, de 2.4 %; au Japon, de 2,5 %; au Canada, de 3,3 %; au Québec, de
3,3 %. En 1987, quel est le taux de croissance du PIB? Aux États-Unis,
il est de 2,6 %; en Europe, de 2,1 %; au Japon, de 3,2 %; à l'OCDE, de
2,3 % -c'est la moyenne - au Canada, de 3,4 %; au Québec, il est de 3,9
%, le plus fort taux de croissance de tous les pays industrialisés. Je
vous rappelle à cet égard que le Conference Board prévoit
que le Québec connaîtra une année encore plus
exceptionnelle et on place cette croissance dans les prévisions à
5 % en 1987.
Si on allait plus en détail, on verrait que jusqu'aux
événements de la semaine dernière, nous avions
nous-mêmes tendance à sous-estimer la vigueur exceptionnelle de
notre économie. Prenons par exemple les investissements: On avait
prévu au budget une augmentation de 7 %. Qu'est-ce qui arrive? On
prévoit maintenant 12,2 %. Dans le secteur non résidentiel
privé, on prévoyait 7.5 %; on prévoit maintenant 12,9 %.
Dans la fabrication, nous avions prévu au budget une augmentation de 6
%, ce qui est considérable; maintenant, nous prévoyons 14,4 %
d'augmentation. Nous avions prévu 53 000 mises en chantier dans le
domaine résidentiel; nous en prévoyons maintenant 74 000.
Concernant la création d'emplois, nous avions prévu au budget 65
000; nous sommes maintenant à 98 000 dans nos prévisions. Et
ainsi de suite. (17 h 20)
Le chômage des jeunes est le plus bas depuis dix ans. Parlant de
chômage, il est en recul dans pratiquement toutes les régions du
Québec. Des exemples frappants. Si on compare, par exemple, 1986 en
Gaspésie, taux de chômage 21,9 % dans les neuf premiers mois. La
moyenne de cette année, en 1987, 16,9 %. C'est encore trop, mais c'est
une diminution de cinq points.
Dans le Bas-Saint-Laurent c'était 18 % et c'est maintenant 12,8
%. Dans le SaguenayLac-Saint-Jean, 13,7 % et c'est 13,6 %. Dans
l'Abitibi, 12,4 % et c'est 9,5 %. Sur la Côte-Nord, 16,1 % contre 13,6 %,
et ainsi de suite, Mme la Présidente. Toutes les régions que je
viens de mentionner ont vu leur écart diminuer considérablement.
On voit que si tous les problèmes de chômage ne sont pas
réglés, on constate néanmoins que les écarts entre
les régions se sont fortement réduits comme les écarts
entre jeunes et moins jeunes sur le marché du travail. Autrement dit, un
bien meilleur équilibre existe désormais entre les régions
et les groupes d'âge sur le marché du travail, et c'est une
excellente nouvelle pour le Québec.
En conclusion, je pense que j'en ai assez dit pour convaincre les
membres de cette Assemblée que les assertions du chef de l'Opposition
concernant le désengagement du gouvernement du soutien à la vie
économique sont sans fondement. Jugeant le gouvernement par son style
plutôt que par son action, confondant le fond et la forme, habitué
qu'il est de prendre les belles paroles pour des gestes concrets et efficaces,
il s'ennuie de la disparition de l'"État-spectacle". La
vérité, c'est que le gouvernement agit d'une façon
discrète, mais ordonnée, constante, efficace, en vue de mettre le
Québec sur la voie de la croissance, de la création d'emplois et
de la prospérité.
Il suffit d'examiner, même sommairement, les statistiques pour
constater objectivement que son action est remarquablement efficace dans les
circonstances actuelles.
En matière de politique fiscale et budgétaire, la sagesse
dictait sa ligne de conduite au gouvernement. C'est en période de haute
conjoncture qu'il importe de mettre de l'ordre dans les finances publiques, de
réduire le déficit, libérant ainsi des marges de
manoeuvre, des capacités d'intervention
susceptibles d'être mises à profit en temps utile.
La triste expérience vécue en 1981 et en 1982 par le
Québec devrait suffire amplement pour nous convaincre de cela.
Permettez-moi de vous rappeler que de 1976-1977 jusqu'à la fin de
l'année financière 1986-1987, le gouvernement a accumulé
une dette supplémentaire de près de 25 000 000 000 $ et qu'il a
financé environ 14 000 000 000 $ de ses dépenses courantes par
emprunts. Pour faire renaître la confiance sans compromettre la
croissance et la création d'emplois, il nous fallait réduire le
déficit sans alourdir un fardeau fiscal déjà excessif. Et
c'est ce que nous avons fait, grâce, notamment, à la vigilance
remarquable du Conseil du trésor et de son président, le
député de Verdun. En 1986-1987, le déficit n'a pas
dérapé, comme il risquait de le faire, vers 4 400 000 000 $. Il a
même diminué sensiblement pour s'établir à 2 800 000
000 $, et, cette année, nous ferons encore mieux avec un déficit
prévu de 2 400 000 000 $, en dépit d'allégements fiscaux
de 108 000 000 $ en 1987-1988, 242 000 000 $ en 1988-1989 et 291 000 000 $
prévus en 1989-1990.
En terminant, permettez-moi, Mme la Présidente, de revenir
brièvement sur les événements boursiers actuels, sur leur
conséquence possible sur l'économie du Québec pour les
prochains moins. La chute brutale des cours boursiers a mis en évidence,
de façon dramatique, l'incertitude entourant les perspectives
économiques lorsqu'il y a persistance de déséquilibre
important à l'échelon international: valeur des actions
décrochée des facteurs économiques fondamentaux,
surendettement des pays en voie de développement et, surtout, aux
États-Unis, déséquilibre de la balance commerciale et
incapacité de régler, pour le moment du moins, le déficit
budgétaire.
En même temps, les principaux indicateurs économiques
démontrent que la situation économique du Canada, la situation
économique du Québec en particulier, sont fondamentalement
saines. Comme un certain ralentissement était déjà
prévu pour 1988 au Canada et au Québec et comme, de plus, les
autorités monétaires sont intervenues rapidement et avec vigueur
pour conférer une certaine permanence à la chute des taux
d'intérêt, il est possible que ce facteur positif permette de
contrebalancer en bonne partie l'impact négatif de la chute des cours
boursiers.
Aussi, il est raisonnable de croire, et je l'espère bien, que
l'expansion économique se poursuivra au Québec en 1988 avec une
croissance réelle de l'ordre de 2,5 %. Au cours des prochains jours, des
prochaines semaines, des prochains mois, nous devrons suivre la situation avec
beaucoup de vigilance. Les marchés financiers sont nerveux, instables,
réagissant d'une manière parfois désordonnée
à toutes sortes de déclarations, toutes sortes de rumeurs. Reste
à savoir si cette nervosité se reflétera dans l'attitude
des consommateurs, des entreprises, des autres agents économiques.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement du Québec, Mme la
Présidente, est aujourd'hui mieux en mesure, avec sa philosophie, avec
son approche pragmatique, avec son approche réaliste, de faire face
à ses responsabilités qu'il ne l'a jamais été au
cours des dernières années. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Finances. M.
le député de Joliette et leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. J'ai
été heureux de quitter la commission parlementaire pour venir
entendre le ministre des Finances lire un texte, ce qui n'est d'ailleurs pas
son habitude. D'habitude, il a la flamme avec le verbe. Quand il croit
fondamentalement à ce qu'il dit, ce n'est pas le même homme. Il
est beaucoup plus coloré. Vous l'aurez remarqué, Mme la
Présidente.
Mais lire un texte qu'on lui a demandé de lire pour rendre
service à son parti! Comme un grand soldat habitué, un
vétéran, il est venu tout bonnement lire son texte, d'ailleurs
sans la conviction qu'on lui connaît d'habitude.
J'ai la conviction qu'il s'est perdu dans une mer de chiffres. Je l'ai
écouté quand même. Cela avait l'air de bien aller, son
affaire. Cela va bien. C'est là que j'ai des questions. Cela va bien.
C'est effrayant comme cela va bien, Mme la Présidente! Ce gouvernement a
pris des engagements, a fait rêver les gens durant la campagne
électorale. Je me souviens entre autres quand vous avez bondé les
autobus à raison de 5 $ ou 10 $ par jeune et que vous les avez
amenés au Centre Paul-Sauvé applaudir, debout sur les banquettes,
"La réforme de l'aide sociale, on ne peut pas admettre que des jeunes
vivent avec 170 $ par mois. C'est indécent dans la conjoncture des
années 1986, 1987, 1988, 1989. Il faut que les jeunes reçoivent
la parité et ce, sans le programme Déclic." Vous nous
ridiculisiez à l'époque sur le programme Déclic qui
comprenait le retour à l'école, les stages en entreprises,
également, des travaux communautaires.
Les trois seules mesures existantes après deux ans de
gouvernement du Parti libéral sont les trois mesures que le
précédent gouvernement avait mises sur pied. Ces mesures restent
les trois seules possibles pour un jeune pour toucher une certaine forme de
parité. Pourtant, l'engagement
électoral était clair. On s'engageait à donner la
parité. Le 19 décembre, le très suave ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu se levait en cette
Chambre pour dire: "Le premier dossier que j'ai pris dans mes mains, c'est
celui de la parité pour les jeunes." On n'a pas besoin de
s'étonner, mais c'est d'ailleurs après deux ans que l'aile
jeunesse du Parti libéral s'offusque, se scandalise devant le fait que
son gouvernement n'a pas encore donné suite à son engagement.
Tergiversations. On ne sait plus comment cela fonctionne.
Dans cette Chambre, la semaine dernière, cela a été
étonnant d'avoir une réponse à une question de
l'Opposition. Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu disait: Vous allez l'avoir. Cela s'en vient. J'y crois toujours. Au
même moment, on apprenait que le ministre de la Justice plaidait contre
le recours collectif de ces mêmes jeunes. Cela ne faisait rien. Il ne
savait pas quand cela viendrait, mais cela viendrait un jour.
Désengagement de ce gouvernement, Mme la Présidente, flottement,
hésitation, recul. On a offert beaucoup plus à ces mêmes
jeunes. On leur a dit: 25 000 000 $ en prêts-bourses. On va s'organiser.
Vous n'avez pas assez dans les prêts-bourses. Même si le
gouvernement précédent était passé de 20 000 000 $
à environ 100 000 000 $ dans les prêts-bourses, on a offert 25 000
000 $ de plus. (17 h 30)
Quel a été le premier geste posé par ce
gouvernement, Mme la Présidente? Non seulement, il n'a pas ajouté
un cent, mais il a coupé 24 000 000 $. Quand on a 49 000 000 $ de manque
à gagner vis-à-vis des jeunes, engagement du Parti libéral
en élection - est-ce assez fort - à qui on avait promis mer et
monde, à qui on avait promis un meilleur soutien dans leurs
études, un meilleur soutien financier pour ceux qui étaient sans
travail, il n'y a eu absolument rien de fait après deux ans.
Tergiversations, hésitations, reculs. La seule chose qu'on leur a
servie, c'est une police à leur trousse au cas où on pourrait en
"pogner" dix ou quinze sur cent qui fraudent l'aide sociale. Mais l'engagement
de venir en aide aux honnêtes citoyens, par exemple, à ceux qui ne
fraudent pas, il n'y a rien pour ceux-là. Rien pour ceux qui sont
honnêtes, rien pour ceux qui vivent avec 170 $ par mois.
Mme la Présidente, on nous demande de féliciter ce
gouvernement qui dit que cela va bien, que tout va bien. On a fait rêver
les femmes, Mme la Présidente, et vous en savez quelque chose comme
représentante de l'élément féminin en cette
Chambre. On a dit aux femmes: Ne vous inquiétez pas. Très
rapidement, nous allons donner le régime de rentes pour la femme au
foyer. Nous allons vous intégrer au Régime de rentes du
Québec pour les femmes au foyer. Qu'est-ce qu'il y a de fait, Mme la
Présidente, après deux ans? Absolument rien. Pas l'ombre d'un
début de politique dans ce secteur. Pourtant, c'était beau.
Pourtant, c'était important que cela se fasse. Pourtant, il n'y a pas eu
un livre de publié, ni blanc, ni rose, ni vert, d'aucune nature. Aucune
étude, aucune consultation n'a été faite par ce
présent gouvernement qui dit qu'il va le donner. Quand? On verra.
Pourtant, c'était un engagement ferme du Parti libéral en temps
d'élection vis-à-vis des femmes.
Je me souviens qu'on devait sortir les maisons de femmes du marasme,
présumément parce qu'il n'y avait pas assez de budget. Le Havre
des femmes, de L'Islet-sur-Mer, ne dit pas la même chose que vous autres.
Cela ne doit pas aller trop bien. Vous irez les voir. Vous irez voir la Maison
des femmes de Québec et vous leur demanderez si elles sont satisfaites
de votre politique de financement. Vous irez voir Jonction pour elles, à
Lévis, et vous demanderez aux femmes si elles sont satisfaites de la
politique de financement, d'hébergement pour les femmes. Vous irez voir
Univers-Femmes, de Gatineau, dans le comté du leader du gouvernement, et
vous leur demanderez si cela va bien. Vous irez voir Clair de lune, à
Papineauville, et vous leur demanderez si cela va bien dans cette maison de
femmes. Elles vont vous le dire. Vous irez voir Centre-Mectil, de Hull, et vous
leur demanderez également si cela va bien. Toutes vont vous dire: On
nous avait promis une politique de financement qui tiendrait compte des
réalités, et on n'a absolument rien. Ce sont des
déceptions, Mme la Présidente, ce sont des reculs par rapport aux
rêves qu'on leur a fait faire.
Je pourrais continuer longuement sur plusieurs secteurs. Les garderies.
Dans l'Estrie, en fin de semaine, le premier ministre a été
obligé de dire: Je vais venir vous voir au mois de décembre pour
discuter avec vous, alors que sa ministre déléguée
à la Condition féminine dit: II n'est pas question que je
négocie avec vous face aux garderies. Les gens n'y comprennent plus
rien. Avance, recule, retire, réapparaît, retire-toi. C'est a peu
près le style de politique qui se mène présentement.
Mme la Présidente, je voudrais vous donner des exemples concrets.
Le premier ministre s'en va à la radio, à l'émission de
Pierre Pascau, et dit: Je vais attendre le jugement de la Cour suprême
pour régler la loi 101. Son ministre de la Justice dit: II faut
régler la loi 101 dans les meilleurs délais. Je sais que cela ne
sera pas facile -vous savez que son tempérament est plutôt "cool"
comme disent les anglophones - mais il faut la régler dès
maintenant.
On ne sait pas, il n'y a pas de politique. C'est le vent qui gouverne.
S'ils sentent une pression forte, ces gens sont
pour le règlement tout de suite. S'il y a une force additionnelle
qui se crée, mais dans un autre secteur, ils reculent. Cela, c'est le
prototype de l'administration qu'on a devant nous. C'est un gouvernement qui se
bidonne soi-disant parce que l'économie va bien. Le ministre des
Finances déclarait en dehors de cette Chambre, il y a à peine un
mois: Nous vivons des années de vaches grasses; l'argent entre au
gouvernement comme cela n'est pas possible. Mais si l'argent entre au
gouvernement comme cela n'est pas possible, qu'est-ce qu'on attend pour
corriger les subventions pour les maisons de jeunes? Qu'est-ce qu'on attend? Si
l'argent entre comme cela n'est pas possible, qu'est-ce qu'on attend pour
régler des secteurs névralgiques comme la santé où
les projets n'en finissent plus d'accoucher?
Il y a des problèmes technocratiques. Les projets ne sont pas
adoptés. On ne creuse pas. On ne bâtit pas. C'est retardé.
On a beau avoir les millions sur la table, il n'y a rien qui se fait. Qu'est-ce
qu'on attend, Mme la Présidente? Les années de vaches grasses?
Est-ce qu'on va aller voir les groupes communautaires? Est-ce qu'on va leur
dire que maintenant que l'argent entre, qu'on a passé la crise
économique, que c'est la reprise économique et qu'on est vraiment
en reprise économique, qu'on va régler vos problèmes? On
vous avait promis que politique de financement. Il n'y en a pas l'ombre d'une,
au contraire. Dans le cas des maisons de jeunes, on n'applique même pas
la vieille politique qui existait sous le gouvernement antérieur,
où on prévoyait 40 000 $, 60 000 $ et 80 000 $. On ne l'applique
même pas. Et puis, on se dit que l'argent rentre, qu'on vit des
années de vaches grasses.
On a privatisé. Ah oui!, privatisé! Cela va bien, tout
roule bien. Quebecair, cela roule très bien; cela roule tellement bien
que cela a créé 400 chômeurs de plus au Québec. Ce
sont les chiffres qui ont circulé et qui circulent encore. Il y a du
service! Vous irez voir. Cela a pris peut-être huit ou neuf mois avant
d'avoir un semblant de service. Tout le monde se plaignait, tout le monde s'est
plaint et tout le monde se plaint encore dans plusieurs coins du
Québec.
Donc, Mme la Présidente, on va me faire accroire que cela va
bien? Avez-vous rencontré le secteur universitaire? Avez-vous
demandé à ces gens ce qu'ils pensent du financement universitaire
qui devait être réglé par celui qui est inspiré de
plus haut que nous, l'actuel ministre de l'Éducation? Qu'est-ce qu'il a
fait dans le financement universitaire, à part faire une sortie contre
le fédéral? Et quand on en faisait une, au moment où on
occupait les banquettes du pouvoir, qu'est-ce qui nous est arrivé? Ils
disaient: Tiens, la vieille rancune; le gouvernement péquiste
dénonce encore le fédéral. Je lisais, ce matin, ce qu'a
dit le ministre de l'Éducation: Virulente sortie du ministre de
l'Éducation contre le financement des universités; le
fédéral est en cause. Ah! mais fait par eux, ce n'est pas grave,
cela n'est pas une vieille chanson. Non, non, c'est parce que les relations
sont bonnes; vous savez, elles sont excellentes, les relations
fédérales-provinciales sur la péréquation, sur le
financement des universités surtout. Mais quand c'est dit par un
libéral, cela doit passer. Quand c'était dit par un
péquiste, c'était une vieille chanson. Voyons, mon oeil! Ils
vivent les mêmes problèmes et ils ne négocient pas plus
qu'on ne négociait et ils ne sont pas plus fins qu'on ne l'était;
s'il y a quelque chose, ils sont pires parce qu'ils se - j'allais dire un mot
que je vais retirer tout de suite parce que vous vous seriez levée
spontanément...
Je voudrais vous dire, Mme la Présidente, qu'il n'y en a pas un
de notre bord qui était à plat ventre devant les positions du
fédéral. Il n'y en a pas un de notre bord qui recevait des
grosses félicitations parce qu'il disait que c'était un dû
pour le Québec dans le domaine de l'éducation, de la formation
professionnelle. C'étaient les exigences normales
négociées par le Québec, les demandes traditionnelles du
Québec depuis de nombreuses années, qui ont toujours
été répétées par l'ensemble des premiers
ministres du Québec, de n'importe quelle formation politique à
l'exception de ce dernier. Cela est clair.
Je dois dire que lorsque j'ai regardé ce bidonnage qui se faisait
de la part du gouvernement actuel et par rapport à ce qu'on a entendu,
du peu de sorties que j'ai faites à cause de mon état de
santé au cours de cette tournée... J'ai été
à même, à Saint-Jean d'Iberville de me rendre compte que
les travailleurs de Singer, par exemple, ont reçu de l'information -
savez-vous de qui? - des fonctionnaires de l'Ontario; ils leur ont appris des
droits et non pas ceux du Québec. Pourtant, ils avaient
communiqué avec le ministre du Travail. Vous irez voir ces
gens-là pour voir s'ils sont satisfaits. Vous leur demanderez s'ils ont
eu l'information et de qui ils l'ont eue.
On peut se rendre compte que ce que le gouvernement a haussé...
Je vois le ministre des Approvisionnements et Services, responsable
également de la protection civile. Quand on regarde le décret de
la protection civile, quand on voit que les grosses compagnies sont maintenant
admissibles et que les petites le sont moins, et qu'on a diminué l'aide
ou le soutien aux gagne-petit, quand on sait que les dégâts se
situent autour des 1000 $, 2000 $ ou 3000 $ et qu'on leur demande d'assumer X
mois de loyer comme équivalent de ticket modérateur, ce sont les
petites gens qu'on pénalise. Ce n'est pas un problème; cela
va
bien, on vit des années de vaches grasses, mais on coupe le
soutien aux citoyens par rapport à celui qu'ils avaient avant.
Il ne faut pas se gêner pour le dire. On coupe le soutien aux
petites gens par rapport à ce qu'elles avaient. Pourtant, on ne traverse
pas une crise économique au moment où on se parle. Le ministre
des Finances s'est empressé de dire qu'on traversait des années
de vaches grasses, qu'en entassait. Bien! si on entasse, pourquoi est-ce qu'on
n'en sort pas pour les citoyens qui sont en demande? Pourquoi, d'une
façon rationnelle, on ne maintient pas au moins les avantages que les
citoyens avaient? Il n'y a pas d'explication à ça. Il n'y en a
aucune. Si ce n'est que, non, la partie, je suppose, qu'on devait donner,
dorénavant n'ira pas aux gagne-petit, mais aux compagnies qui ont plus
d'envergure. C'est ça, à toutes fins utiles, que le décret
de la protection civile nous sert, Mme la Présidente. (17 h 40)
Et je pourrais continuer longuement sur chacun des sujets, Mme la
Présidente, sous peine de me faire sortir sur tous les secteurs.
Moratoire dans les équipements culturels. Cela sort par bribes. H est
supposé y avoir un moratoire, mais on en sort. On en a sorti dans
Gatineau.
Une voix: À Joliette.
M. Chevrette: On va en sortir à Joliette, oui, mais
grâce à l'OPDQ et non pas grâce nécessairement et
exclusivement au ministère des Affaires culturelles, etc. Mme la
Présidente, on a empêché des immobilisations d'envergure
dans ce secteur, alors que des ententes étaient pratiquement conclues
à peu près partout.
On pourrait continuer dans le secteur du soutien à l'entreprise.
On peut parler de l'agriculture, Mme la Présidente. Ah, bien sûr,
il y a 100 000 $ pour un producteur dans Portneuf, 100 000 $
discrétionnaires pour une subvention à un producteur de Portneuf.
Mais, dans l'agriculture en général, ils n'ont même pas le
soutien de leur gouvernement au moment où on se parle vis-à-vis
d'une entente sur le libre-échange qui risque de mettre en péril
l'agriculture québécoise. Même pas le soutien du
gouvernement actuel dans ce secteur névralgique, ce secteur
indispensable à toute collectivité qui se respecte et qui pense
d'abord à se nourrir. On n'a même pas l'assurance que ces 250 000
emplois dans le secteur agricole seront pleinement protégés par
le libre-échange. Il n'y a aucun ministre du gouvernement - encore moins
le premier ministre, lui c'est vrai qu'il ne répond jamais à rien
- mais il n'y a aucun ministre du gouvernement qui se fait rassurant
vis-à-vis de la classe agricole du Québec, qui est capable de lui
garantir que l'agriculture québécoise ne sera nullement
pénalisée advenant l'entente sur le libre-échange, telle
qu'édictée.
Je vois le député de Prévost là-bas qui,
lui-même, est agriculteur. Il sait fort bien que l'UPA et que toutes les
UPA régionales sont absolument contre l'entente actuelle. On n'a pas vu
ce député se lever pour défendre les agriculteurs du
Québec, lui qui en est un. Encore moins un ministre. Au moins, on aurait
pu s'attendre qu'un député qui, lui, était touché,
lui qui connaît les dossiers, lui qui sait quels sont les dangers.
Absolument rien, Mme la Présidente.
On applaudit l'entente, mais on ne l'a pas vue. Le ministre du Commerce
extérieur se lève aujourd'hui et dit: Bien, on a des questions
à se poser. Quel sera le soutien que vous allez donner aux travailleurs
qui seront victimes de l'entente sur le libre-échange? On n'a rien
entendu. Quels sont les programmes d'aide pour les gars de 45 ans, les femmes
de 50 ans, qui seront mis à pied à la suite de l'entente? Est-ce
qu'il y a une préretraite d'envisagée par le gouvernement? Est-ce
que l'assurance-chômage pourra courir jusqu'à l'âge de la
retraite comme cela a déjà existé dans un programme
particulier avec le fédéral? Rien:
On applaudit à l'entente sans savoir concrètement quels
seront les éléments qui viendront aider les victimes de cette
entente. On peut être pour le progrès. On peut être pour
l'ouverture. Mais on se doit aussi, quand on a une perspective globable,
d'avoir un oeil sur ceux et celles qui seront les victimes de ça. Rien,
Mme la Présidente. Absolument rienï Personne ne se fait rassurant.
Au contraire, on applaudit à quelque chose qu'on ne connaît pas
parce que le ministre lui-même a dit: On a des bribes. Aujourd'hui il
s'est levé pour nous dire qu'il en avait des parties, mais qu'il n'avait
pas l'ensemble.
Mme la Présidente, c'est assez inquiétant, oui. Sur le
développement régional, je pense que le ministre pourra
intervenir ce soir parce qu'il est ici. Il pourra nous dire pourquoi on
hésite, par exemple en Abitibi, à signer une entente qui devait
se signer dans les 90 jours. Cela fait déjà cinq mois que
ça devrait être signé. Le ministre
délégué aux Mines dit: Cela va se signer le 25 août,
cela va se signer le 27 septembre et, aujourd'hui, il ne sait pas quand cela va
se signer.
De grâce, il faudrait se faire rassurant vis-à-vis de nos
gens à qui on a promis mer et monde. Il faudrait se faire rassurant
envers nos gens à qui on a promis du 50-50 qu'on veut maintenant
réviser à la baisse, du 60-40. C'est cela qu'il faudrait
entendre. Il faudrait connaître les raisons et les causes. Quand les gens
nous demandent: Comment se fait-il que cela ne se produit pas? Comment se
fait-il qu'on n'a pas les ententes?
Comment se fait-il qu'on ne nous permet pas de fonctionner? Comment se
fait-il qu'on n'ajuste pas nos subventions? Comment se fait-il qu'on ne
respecte pas les politiques? C'est fort simple, Mme la Présidente. Ce
gouvernement se désengage à peu près sur tout.
Il s'est désengagé sur la langue. Il s'est
désengagé vis-à-vis des femmes. Il s'est
désengagé vis-à-vis des jeunes. Il se désengage
vis-à-vis de la classe des travailleurs en général, Mme la
Présidente. Et je dois vous dire une chose: c'est avec fierté que
j'adhère à cette motion de censure, bien conscient qu'on est 23
et qu'on ne renversera pas 99, bien conscient de cela, mais c'est
précisément le râle de l'Opposition d'utiliser les moyens
parlementaires mis à sa disposition pour attirer l'attention de la
population sur le fait qu'une équipe responsable a été
élue, qui est censée être responsable, mais qui ne l'est
pas, qui recule devant ses engagements, qui retraite devant des projets et des
dossiers d'envergure et qui ne prend nullement ses responsabilités
vis-à-vis des citoyens qui lui ont fait confiance en 1985. C'est pour
cela que l'Opposition dépose ce genre de motion, pour attirer
l'attention des gens en leur disant: Vous vous êtes fait berner et c'est
à vous de vous organiser pour que cette équipe libérale
respecte sa parole.
Quand les travailleuses des garderies nous envoient des papiers
intitulés: Bourassa, respecte ta parole; quand les jeunes
médecins résidents et internes nous disent: Bourassa, respecte ta
parole; quand les anglophones nous disent: Bourassa, respecte ta parole. Un peu
partout, dans tous les groupes de la société à qui on a
fait des promesses, c'est le slogan maintenant. Mais Bourassa ne respecte pas
sa parole. Ce n'est pas moi qui l'invente, Mme la Présidente, je l'ai
lu. À l'époque où j'occupais le siège de Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux, je me souviens très
bien de la dernière négociation avec les résidents et
internes. C'est le premier ministre actuel qui, dehors, parce qu'il
n'était pas en cette Chambre, disait: Mais le ministre est bien
intransigeant! Qu'il leur accorde donc l'arbitrage.
C'est ce qu'ils demandent et on ne leur accorde pas, Mme la
Présidente. Et ils le demandent avec moins de force parce qu'ils le
demandaient à l'époque sur les salaires. C'est ça, Mme la
Présidente, qui ne fonctionne pas ici au Québec: c'est le respect
de la parole donnée, et cette équipe-là ne semble pas
avoir de parole. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Joliette et leader de l'Opposition.
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la Présidente. Nous avons
devant nous une motion de l'Opposition accusant le gouvernement de se
désengager dans le domaine économique et social. J'interviendrai
uniquement, Mme la Présidente, dans le domaine social pour justement
démontrer qu'il s'agit là de propos sans fondement. Surtout
après avoir écouté le chef de l'Opposition pendant les
quelque 30 minutes durant lesquelles il a parlé, je réalise
combien l'Opposition est vraiment sans défense.
J'écoutais le chef de l'Opposition - le chef de l'Opposition
occupe quand même dans un Parlement un poste tout à fait
privilégié, un poste qui a la reconnaissance de la population et
de l'ensemble de l'Assemblée - nous dire des choses absolument
inexactes, pour ne pas utiliser un autre langage, Mme la Présidente. Il
faut vraiment que ce chef de l'Opposition ne sache plus vers quoi se tourner
pour faire les affirmations qu'il a faites, il y a à peine une heure ou
une heure et quart. Surtout, il fallait avoir une espèce d'inconscience,
quand les propos qu'il tenait dans le domaine de la santé et des
services sociaux venaient d'une personne qui avait occupé le
ministère de la Santé et des Services sociaux - le
ministère des Affaires sociales, comme on l'appelait à ce
moment-là.
Il l'avait laissé en complet désarroi, au moment où
tout explosait. A ce moment-là, il fut désigné vers un
plus petit ministère. Il était devenu fort connu qu'il
était absolument incapable de contrôler son ministère. Non
seulement, comme le disait le premier ministre tout à l'heure, il avait
dit à Sherbrooke, en 1985, qu'il avait réussi à couper 150
000 000 $ dans les hôpitaux... J'ai déjà eu l'occasion de
citer ici un écrit qu'il a publié dans son journal de
comté et dans lequel il se faisait fort d'avoir coupé 400 000 000
$ dans les hôpitaux.
Mme la Présidente, il faut savoir dans quel état nous
avons retrouvé la santé et les services sociaux quand nous sommes
arrivés. Je n'en ferai pas de reproche au député de
Joliette. Le député de Joliette a hérité, en toute
fin de mandat, d'un ministère très complexe, où les
problèmes n'arrivaient plus à se régler, où les
besoins étaient grands, et où les priorités du
gouvernement précédent n'étaient justement pas dans le
domaine de la santé et des services sociaux. (17 h 50)
Quelquefois on se demande pourquoi, dans ses troupes, dans son parti, on
remet en question le poste du chef de l'Opposition. Je lui dis, en toute
amitié, que s'il continue sur la voie qu'il a développée
cet après-midi, en disant à peu près n'importe quoi, sans
appuyer ses dires sur quoi que ce soit - pour ne pas utiliser un langage un peu
plus violent
- je comprends que sa faveur populaire, en tant que parti, soit de
quelque 23 % et que, souvent, on remette en question son type de leadership. Je
ne sais si c'est un nouveau style qu'il tentait cet après-midi, mais
cela n'apportera pas de très grands résultats devant la
population.
Est-il exact que le gouvernement actuel s'est désengagé
dans le domaine de la santé et des services sociaux? Je vais simplement
rappeler quelques-uns de nos engagements durant la campagne électorale,
et je me sens tout à fait à l'aise de le faire. Nous avions pris
des engagements envers le redressement de la situation budgétaire des
hôpitaux qui était absolument chaotique. Mme la Présidente,
nous avons injecté à ce chapitre, durant les deux
dernières années, tout près de 200 000 000 $. Je parle
strictement de redressement de base budgétaire et de redressement de la
situation budgétaire des hôpitaux, si bien qu'aujourd'hui, nous
avons la collaboration des hôpitaux et que les hôpitaux
eux-mêmes se sentent plus capables de faire des projets à long
terme et d'améliorer les services à la population.
Nous avions des engagements quant au désengorgement des urgences.
J'aurais souhaité que le chef de l'Opposition eût
écouté, ce matin, une émission d'une heure sur
Télémétropole, qui portait justement sur les urgences,
surtout dans la région montréalaise. Il y avait là environ
quinze personnes - j'y étais moi-même - qui spontanément...
Il s'agissait d'urgentologues, de directeurs généraux, de
personnes qui travaillent dans les services d'urgence, d'une foule de personnes
qui sont justement spécialisées dans ces problèmes. Leur
témoignage a été le suivant: II y a une
amélioration significative. Quelques-uns ont parlé d'une
amélioration de l'ordre de 80 % et les gens ont dit: N'eussent
été les mesures d'urgence qui ont été mises de
l'avant par le gouvernement actuel, nous nous trouverions dans une situation
absolument intolérable. C'est le témoignage de plusieurs
personnes qui venaient de plusieurs milieux.
Évidemment, l'Opposition, qui connai-sait ce problème et
qui l'a connu durant une dizaine d'années, n'a pas réussi
à le régler. On dirait quelquefois qu'elle souhaiterait que cela
ne fonctionne pas et on est très rapides à nous citer le petit
article sur l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke ou sur un autre hôpital dans
un autre coin de la province... Je ne dis pas que tous les problèmes des
urgences sont résolus, mais qu'il y a une nette amélioration, une
amélioration significative et, comme certains de ces témoins le
disaient dans cette émission, enfin, nous pouvons voir la lumière
au bout du couloir après tant d'années de problèmes dans
les urgences.
Nous avions également pris l'engage- ment d'assurer une meilleure
distribution ou une distribution plus équitable des effectifs
médicaux ou des médecins dans les différentes
régions du Québec. Là-dessus, nous avons eu le courage
d'adopter un projet de loi dont les effets ne sont pas immédiats, mais
qui nous permet de mettre en place des mécanismes qui, après
quelques années, devraient nous conduire vers une répartition
plus équitable des régions.
Parlant des régions, je voudrais dire, contrairement, encore une
fois, à ce que disait le chef de l'Opposition, que les trois premiers
hôpitaux à qui nous avons consenti presque une construction
nouvelle, en tout cas une rénovation majeure, sont trois hôpitaux
situés en régions: les Iles-de-la-Madeleine, la
Basse-Côte-Nord qui, encore une fois, pour répondre au chef de
l'Opposition, est dans un comté péquiste - parce qu'il nous
accusait de faire cela seulement dans les comtés libéraux - et le
troisième dans le comté de Pontiac, l'hôpital de
Shawville.
Je mets l'Opposition au défi de dire que nous nous permettrions
comme responsable de la santé et des services sociaux de tenir la
population en otage, parce qu'elle serait d'une couleur ou d'une autre. Ce que
nous mettons en priorité, ce sont les besoins réels de la
population où qu'elle soit. On est dans la santé, on est dans les
services sociaux et je pense que c'est une règle de conduite qu'il faut
absolument respecter.
Nous avions aussi des engagements dans le domaine de la santé
mentale ou dans le domaine de la psychiatrie et de la réinsertion
sociale des personnes qui souffrent de troubles psychiatriques et qui, pour une
période de dix ou douze ans et même davantage, ont
été laissés pour compte dans nos villes ou n'ont pas
été désinstitutionnalisés dans des conditions qui
auraient permis de les respecter et de les insérer véritablement
sur le plan social.
Nous avons maintenant le rapport Harnois entre les mains.
Déjà, cette année, j'ai obtenu des crédits
supplémentaires de 3 500 000 $ strictement dans le domaine de la
santé mentale et nous espérons, après la commission
parlementaire que nous tiendrons sur le sujet au début de
décembre, je crois, que nous pourrons présenter un plan d'action
qui, je l'espère, recevra une attention sympathique de la part de
l'ensemble du gouvernement. Je peux vous assurer ici que j'ai l'appui de mes
collègues sur ce sujet.
Dans le domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie, quand avez-vous
entendu dire que l'ancien gouvernement a fait quelque chose? Sans doute, ils
ont semé ici et là quelques subventions à des organismes
bénévoles comme nous continuons de le faire, mais, un plan
véritable, cohérent, ils n'en ont jamais eu, si bien que les
gens
désespéraient qu'une action vraiment significative soit
faite dans ce domaine-là.
Nous venons justement de donner 4 000 000 $ pour permettre d'appuyer nos
centres de réadaptation dans ce domaine et de prévoir
également dans chaque région du Québec au moins une
présence qui coordonnera les efforts qui se font et permettra un plan
d'action qui réponde aux besoins respectifs des régions. C'est
encore là une action qui va dans les régions.
Est-ce que le gouvernement s'est désenqagé quand, pour la
première fois sur une période d'à peu près 20 ans,
depuis qu'il y a droit de grève dans le secteur public, nous avons
mené nos négociations de telle sorte que - et nous
n'étions pas les seuls, nous avons des partenaires de l'autre
côté, comme on dit, qui ont été aussi des personnes
responsables - nous sommes arrivés à signer des conventions
collectives sans que le chaos soit répandu dans l'ensemble des
établissements, et ceci, pour le plus grand bien des citoyens et
citoyennes qui viennent requérir les services de santé dans nos
établissements?
Une dernière remarque... On m'a dit que je pourrais
peut-être avoir quelques minutes de plus après 18 heures, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Vous comprendrez, Mme la ministre,
qu'il faut le consentement pour poursuivre après 18 heures. Est-ce qu'il
y a consentement?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. Vous pouvez poursuivre,
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Tout à l'heure, on a dit:
Écoutez, la construction, les immobilisations... Mme la
Présidente, encore une fois, cela me dépasse. Qu'à un
moment donné, il y ait, comme on dit, un peu de démagogie, cela
peut se comprendre, ils sont dans l'Opposition. Parfois, peut-être
même que le pouvoir n'est pas totalement à l'abri d'une telle
chose.
Quand on nous dit que la construction ne fonctionne pas, que c'est pris
dans la technocratie et dans la bureaucratie, est-ce que nos amis d'en face
réalisent que cette année, c'est la première année
qu'autant d'argent est dépensé en immobilisations dans le domaine
de la santé et des services sociaux, soit 230 000 000 $, alors que, bon
an, mal an, on dépensait pour l'immobilisation environ 150 000 000 $
dans les meilleures années? Je pense que c'est là affirmer des
choses qui sont absolument sans fondement.
La dernière découverte que le chef de l'Opposition a
faite, cela a été de dire:
Écoutez, ce que vous réalisez, ce sont nos engagements.
Bien, parlons-en de leurs engagements. C'étaient des engagements
désengagés. Il faut bien se rappeler que de juin... Je mettrais
cela à peu près à juin, je partirais même d'avril.
D'avril 1985 à décembre 1985, le gouvernement a pris une foule
d'engagements, mais des engagements non engagés. Cela nous a pris au
moins six mois pour essayer de faire le ménage là-dedans.
Des promesses, je vais vous en citer juste quelques-unes: La
rénovation de l'urgence du Centre hospitalier régional de la
Mauricie, la réouverture de 50 lits à l'hôpital de La
Providence de Magog, les rénovations du Centre hospitalier de Lachine,
l'hôpital de Chicoutimi, Saint-Joseph-de-La Malbaie. Mme la
Présidente, on annonçait partout, on prenait des engagements,
mais sans s'assurer que derrière soi, il y aurait les fonds
nécessaires pour soutenir les engagements qu'on prenait. Il y a
même eu des montants d'argent engagés, par exemple, dans le
domaine du maintien à domicile pour lequel il n'y avait vraiment pas de
fonds mais déjà l'argent était engagé, si bien
qu'on a finalement dû veiller à trouver des sommes pour combler
les trous qui existaient. (18 heures)
Mme la Présidente, je pourrais parler des maisons de femmes. On
dit: Vous n'avez pas de politiques pour les maisons de femmes. Je sais bien que
ces gens ne sont pas à l'Assemblée nationale. Cette année,
nous avons justement rendu publique une politique pour les maisons
d'hébergement des femmes où, sur une période de trois ans,
7 500 000 $ supplémentaires seront injectés, dont 3 000 000 $
l'ont été cette année. Dire qu'on ne fait rien, je pense
que c'était là un autre de nos engagements, c'est-à-dire
la consolidation des maisons de femmes.
C'est évident que nous pourrions toujours donner davantage, mais
il y a une foule d'organismes qui demandent des fonds du gouvernement. On a
parlé des maisons de jeunes tout à l'heure auxquelles on a
ajouté 1 000 000 $. On pourrait parler des sans-abri pour lesquels on a
ajouté également cette année 1 000 000 $. Je pense qu'il
faut quand même tenir compte aussi des besoins dans la santé
mentale, dans le maintien à domicile, une foule d'organismes
bénévoles qui viennent chercher l'appui de l'État.
Je pense que le gouvernement a pris ses responsabilités dans ce
domaine comme dans les autres. Je voudrais demander en terminant, Mme la
Présidente, quand on nous accuse de nous désengager, quelle
était la préoccupation du gouvernement antérieur envers la
promotion de la santé. Je pense que déjà, en moins de deux
ans, on a posé des gestes très significatifs à cet
égard. Je ne mentionnerai que les actions prises pour combattre le
tabagisme; les actions prises
pour combattre les maladies transmises sexuellement, qui sont devenues
un véritable fléau chez nos jeunes; également, les actions
prises par le ministère des Transports, avec notre appui, pour
prévenir les accidents de la route. Je pense que, de plus en plus, il
faudra mettre, justement, un accent sur la promotion - plus qu'un accent - il
faudra prendre des mesures énergiques dans le domaine de la promotion de
la santé. Mais ce sont là des concepts dont on n'entendait jamais
parler sous l'ancien gouvernement.
Mme la Présidente, je veux simplement terminer en disant que si
le reproche qu'on veut nous faire, savoir que les besoins sont illimités
et que nous ne les comblons pas, je me dois de donner raison à ces gens.
On sait fort bien que, dans le domaine de la santé et des services
sociaux, les besoins sont illimités et la responsabilité d'un
gouvernement, c'est d'essayer le plus rapidement possible de répondre
aux besoins de la population dans ce domaine. Je pense que le gouvernement
actuel, qui a augmenté de 2 % par rapport aux dépenses
générales du gouvernement les dépenses consenties à
la santé et aux services sociaux, a donné une indication claire
de sa volonté de non seulement combler des besoins, mais aussi de
préparer des politiques et de mettre en place des plans d'action qui
auront des répercussions non seulement à court terme, mais
à moyen et à long terme. C'est ce que la population attend de
nous. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Mme la Présidente, je demande la suspension du
débat.
La Vice-Présidente: Nous allons suspendre le débat
jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise à 20 h 2)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît:
Vous pouvez vous asseoir. Nous allons reprendre le débat sur la
motion de blâme qui a été présentée par le
chef de l'Opposition en vertu de l'article 304 de nos règlements et qui
se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec
blâme sévèrement le gouvernement libéral de son
désengagement inacceptable à l'égard du nécessaire
soutien à la vie économique, culturelle et sociale du
Québec."
Là-dessus, je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant, M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Le sujet de mon
propos n'était pas de reprendre tous les... Je n'avais même pas
l'intention de parler nécessairement sur la santé, mais comme le
dernier intervenant a été la ministre de la Santé et des
Services sociaux, je me sens obligé de reprendre quelque peu ce qu'elle
a dit en cours de route.
Il est évident qu'elle a fini son intervention en disant que, si
l'Opposition admet qu'il y a des besoins illimités dans les questions de
santé, je suis d'accord avec eux. En reprenant ses propos textuellement,
je me demande pourquoi, si c'est vrai, l'Opposition, avant le 2 décembre
1985 et durant la campagne électorale, a tellement dit et
répété à satiété que la santé,
c'était une affaire qui n'avait pas de bon sens, que c'était de
la médecine de guerre, qu'il fallait remettre de l'ordre dans tout cela
et qu'on allait régler cela d'un tour de main. Je ne sais pas quel
miracle s'est produit le 2 décembre, à venir jusqu'à
maintenant. À moins que nous n'ayons mal écouté ce que les
gens nous disent, à moins qu'on ne lise mal ce qui s'écrit dans
les journaux, à moins qu'on ne décode d'une façon
irrationnelle ce qui se dit un peu partout, seule la ministre de la
Santé et des Services sociaux peut nous dire, sans rire, que la
santé, c'est réglé; que le désengorgement des
urgences, c'est une question réglée, qu'à peu près
tout va bien. Mais elle prend le temps de nous dire: Vous savez, la question
des médecins dans les régions, cela devrait, j'espère que
cela va se régler par les mesures mises de l'avant par nous.
Donc, pour un parti qui, au départ, avait les solutions à
tous les problèmes, je trouve qu'il y a beaucoup de conditions. Je
trouve aussi que le pouvoir va probablement mûrir ces gens, qui sont en
face de nous, qui exercent le pouvoir. Ils vont peut-être l'exercer et
finir par apprendre qu'on ne peut pas dire impunément n'importe quoi,
n'importe quand sur n'importe quel sujet. Je pense qu'on en a la preuve
probante puisque Mme la ministre nous a rappelé que cela allait bien
à des endroits. On va lui laisser la paternité ou la
maternité de ce qu'elle dit. Tout de même, je mets en doute ce
qu'elle dit. Je voudrais seulement rappeler que, dans mon comté de
Jonquière, au moins un coin que je connais bien, et dans d'autres
comtés que j'ai eu l'occasion de visiter, les centres d'accueil sont
devenus des hôpitaux chroniques, actuellement. Il n'y a pas beaucoup
d'argent de mis à la disposition de ces centres d'accueil pour pouvoir
corriger les lacunes avec lesquelles on vit, avec lesquelles ces centres
d'accueil vivent.
Donc, il faudrait faire attention quand on dit que tout va bien. Au
moins de ce
côté-là, je mets en doute ce qu'elle nous a dit. Je
l'ai constaté en maintes occasions, lors de la tournée des
députés du Parti québécois. Dans mon comté
encore, il y a un autre endroit où on parle de soins à domicile.
Je ne parle pas du maintien à domicile - des gens, des groupes de
bénévoles qui vont laver des gens qui sont un peu moins
autonomes, ces gens qui demeurent chez eux. Dans mon comté, on a
réussi à couper deux groupes qui s'appellent l'Ambulance
Saint-Jean. Donc, maintien à domicile, d'une façon, il y a une
coupure irrationnelle. Dans un cas, c'est l'Ambulance Saint-Jean du secteur
Jonquière. Il y avait 14 000 $, on vient de les couper de 2000 $, on ne
sait pas trop pourquoi. Il y a l'Ambulance Saint-Jean du secteur Arvida: sur
8000 $, on coupe 2000 $. On coupe 2000 $ partout. Peut-être qu'on pense
qu'on ne sait pas compter, mais 2000 $ sur 8000 $ cela fait 25 %, que je sache.
2000 $ sur 14 000 $ cela fait à peu près 15 %. On coupe
impunément, de n'importe quelle façon. C'est comme cela qu'on
décourage le bénévolat. C'est comme cela que l'État
se désengage envers les personnes les plus démunies, les
personnes qui ne peuvent pas se défendre elles-mêmes.
Il ne faudrait pas être surpris qu'on ne prenne pas ce que la
ministre dit pour du "cash" ou pour de l'argent comptant, puisqu'elle
mêle à peu près tout. Elle parle des sondages, elle donne
des leçons au chef de l'Opposition, elle nous parle de la santé,
elle parle à peu près de n'importe quoi. Nous, nous disons que le
gouvernement s'est désengagé. Et quand il se désengage, il
se désengage d'une façon très féroce. Surtout sur
ce qui touche la santé, il ne faudrait pas que la ministre vienne nous
dire que cela va très bien un peu partout. Il faudrait qu'elle se
rappelle qu'on ne peut pas dire n'importe quoi. On ne peut pas faire de
démagogie sur le dos des malades. Je pense que d'une façon ou de
l'autre le gouvernement doit apprendre, comme l'Opposition, d'ailleurs, on le
fait et on le fait bien, on ne peut pas faire de démagogie et dire
n'importe quoi parce qu'on n'a pas les solutions à tous les
problèmes.
Contrairement à ce qu'on a dit, on n'a pas de solutions à
tous les problèmes. Avant le 2 décembre 1985, nous n'avions pas
les solutions. On constatait qu'il y avait des lacunes, qu'il y avait des
choses à faire. Le gouvernement actuel qui avait dit qu'il y avait des
solutions partout, lui non plus n'a pas de solutions. C'est encore pire,
puisqu'il l'a fait systématiquement. J'appelle cela le faire d'une
façon démagogique. À ce moment-là, on vit ce qu'on
vit maintenant. On vit un gouvernement qui ne veut pas prendre de
décisions, qui ne s'avance sur rien, parce qu'il a peur de prendre des
responsabilités.
Revenons au sujet sur lequel je voulais m'attarder
spécifiquement. On a un exemple très frappant dans le domaine
municipal, où le gouvernement qu'on a en face de nous s'est
désengagé d'une façon draconienne. Cela découle de
toute la tournée qu'on a faite au Québec, durant laquelle on a
rencontré des gens, des élus municipaux. Je parle d'un sujet que
je connais, c'est un milieu que j'ai fréquenté. Je peux vous
assurer que c'était de bonnes fréquentations. Ces gens que j'ai
rencontrés ont fini par nous dire - et ils nous l'ont dit
régulièrement - que sur le plan des affaires municipales, ils se
sentent délaissés. Je prends l'exemple du programme PAIRA, le
programme d'aide à l'implantation des réseaux d'aqueduc dans les
municipalités de moins de 5000 âmes, un programme qui a connu ses
beaux jours en 1983. II y a eu un programme de mis sur pied, en 1985 il y en a
eu un autre et lorsque les sommes d'argent ont été
épuisées, on a dit: On ne renouvelle pas. En ne renouvelant pas,
c'est évident que les petites municipalités ne peuvent pas
assurer une bonne qualité de l'eau à leurs concitoyens sans
l'aide de l'État.
Ce gouvernement est insensible depuis plus d'un an aux demandes des
municipalités qui insistent pour améliorer la qualité de
l'eau. C'est une question d'hygiène et de santé publique. Le
gouvernement répond: On n'est pas là, réglez vos
problèmes, faites ce que vous voudrez. Donc, c'est un
désengagement que je peux identifier directement et qui concerne les
municipalités. Ces mêmes municipalités souffrent aussi
d'autres lacunes parce qu'il n'y a pas que ces programmes qui ont
été arrêtés d'une façon draconienne.
Il y a le programme ReviCentre. On aura beau dire que ce programme
était une action ponctuelle de l'ancien gouvernement pour augmenter
l'économie. C'est peut-être vrai dans les principes de base. Par
contre, il faut reconnaître que le programme ReviCentre s'adressait aux
municipalités pour augmenter le potentiel économique, pour la
création d'emplois, pour améliorer les quartiers où il y a
de la vie et pour donner aux municipalités des outils pour mieux
développer leur territoire. (20 h 10)
Malheureusement, ces programmes, on les fait toujours à la
dernière minute et on ne les garde pas assez longtemps, ce qui fait que
le programme ReviCentre qu'on aurait voulu le meilleur possible se transporte
d'un endroit à un autre avec à peu près la même
image, le même pattern ou le même modèle qui s'applique,
d'un endroit à l'autre. Si on avait donné la chance à ce
programme ReviCentre de continuer, on aurait pu avoir beaucoup d'innovations,
des choses mieux structurées, plus structurantes et mieux
adaptées.
Le ministre comprend tout cela quand
on discute avec lui en commission parlementaire, mais il demeure
insensible. Je ne sais pas s'il n'est pas capable de débattre les
projets ou de convaincre les ministères de s'impliquer dans ces projets
ou bien si c'est un désintéressement complet de la part du
ministre et de la part du gouvernement vis-à-vis des
municipalités. C'est ainsi qu'on peut voir ce qui se passe dans ces
dossiers.
Un autre élément dont on a entendu parler
régulièrement au cours de notre tournée, c'est
l'état du réseau routier. Je vois que le ministre des Transports
est ici. Il sera probablement l'intervenant qui suivra et il va probablement
nous dire: Écoutez un peu, ce n'est pas tout à fait comme cela.
Je vais vous dire que ce que nous, on entend: II semblerait, et je peux presque
affirmer sans aucun doute, que l'état des réseaux routiers dans
les municipalités rurales n'est pas ce qu'il était avant 1985. On
peut le comprendre: 85 000 000 $ de moins en 1987 par rapport au dernier budget
de 1985, cela fait une différence tangible. Il faut bien qu'on se
rattrape quelque part.
On entend souvent qu'on fait plus avec moins. Comment peut-on faire plus
avec moins dans l'état des réseaux routiers quand tous les gens
qui nous écoutent et qui nous regardent savent bien que de l'asphalte,
cela ne s'étire pas indéfiniment, que du gravier et du sable,
cela se pèse. Donc, en ce qui concerne un chemin public, il n'y a rien
de plus facile à calculer ce qu'on peut faire pour l'entretenir. Le
manque d'entretien se fait entre la période du dégel et lorsque
le ministère reprend la voirie rurale par la suite, donc au début
de l'été, ce qui fait qu'il y a un trou quelque part et que les
municipalités se lamentent carrément; ce qui fait dire à
un maire devant une cinquantaine de personnes: On dirait que les
municipalités n'existent plus pour le gouvernement. Par rapport aux
réseaux routiers, une autre lacune, un autre désengagement de la
part du ministère de la voirie, mais comme ce sont des sujets qui
touchent les municipalités, je pense bien qu'on peut dire qu'à
travers les municipalités, on sent un désengagement clair et
net.
Un autre point où le gouvernement se désenqage de
façon aussi sérieuse - c'est l'un des premiers dossiers dont j'ai
parlé à la commission parlementaire sur l'étude des
crédits pour les Affaires municipales - c'est par la
Société d'aménagement de l'Outaouais qui existe dans des
comtés où il y a cinq députés libéraux dont
deux ministres. L'une des premières décisions, puisqu'il faut
bien se démarquer de l'ancien gouvernement, il faut enlever des choses,
il ne faut pas ressembler aux autres, même si des choses sont bonnes, on
n'a pas de questions à se poser... On dit qu'il faut faire
disparaître la Société d'aménagement de l'Outaouais
ou qu'il faut faire des changements d'une façon telle qu'elle ne se
ressemblera plus.
Je mets au défi les députés du coin de l'Outaouais
de venir me dire le contraire. L'une des premières décisions qui
a été arrêtée par le gouvernement actuel... Il faut
se rappeler les faits: La Société d'aménagement de
l'Outaouais a été mise sur pied en 1969. Pourquoi? Justement pour
contrer les effets qu'on jugeait - en 1969, ce n'était pas le Parti
québécois, ce n'était peut-être pas le Parti
libéral, mais c'était un parti qui avait été
élu de façon correcte qui avait décidé que, pour
contrer les effets néfastes ou différents de la capitale
nationale... parce qu'il y avait un autre pendant, on avait mis sur pied la
Société d'aménagement de l'Outaouais qui avait, comme
grands principes, la promotion touristique, la promotion économique du
secteur. Donc, on a réussi, par cette démarche, à donner
et alimenter l'Outaouais... C'est le seul endroit dans tout le Québec
où cela se passe ainsi. ' II n'y a rien de faux à faire cela. Ils
recevaient des subventions d'environ 7 000 000 $. Donc, ils administraient des
parcs et, en même temps, faisaient de la promotion économique. Le
nouveau gouvernement décide de mettre la hache là-dedans et, dans
les discussions avec le ministre des Affaires municipales, on décide que
pour la première année on coupe 1 200 000 $, que la
deuxième année on coupe encore 1 200 000 $ et que la
troisième année on donne encore une subvention diminuée de
1 200 000 $, et qu'ensuite on ne donne plus rien.
Dans les faits, ce n'est pas ce qui va arriver, mais il est
évident que cela a rendu tout le monde inquiet et, encore là,
c'est un désengagement de l'État. En disant qu'il ne voulait pas
contrôler, le ministre donne, à la Société
d'aménagement de l'Outaouais, la directive de diminuer peut-être
les coûts des salaires de ces gens-là. Ils vont en appel d'offres
pour se débarrasser des parcs, mais comme ils sont très bas par
rapport au coût réel, le gouvernement a reculé, la
Société d'aménagement de l'Outaouais n'a pas voulu donner
suite à cela. On est donc encore dans l'incertitude, dans le noir et les
gens qui avaient des réponses à tout n'ont pas de
réponses. On peut dire à peu près n'importe quoi et c'est
ce qu'ils disent. C'est ce que je leur reproche. Aujourd'hui, ils n'ont plus le
même langage, c'est un double langage. Avant on savait, maintenant on ne
sait plus et peut-être que le monde va oublier ça.
La Société d'aménagement de l'Outaouais qui est un
instrument de développement pour cette région va se faire
étouffer justement parce qu'ils sont très bien
représentés, que ce sont tous des libéraux dans le coin.
Ces gens-là ont décidé qu'ils allaient la faire
disparaître. Ce n'est pas une assurance pour qui que ce soit non plus
que, parce qu'ils sont représentés par des
gens au pouvoir, ils seront mieux servis. C'est la preuve tangible,
qu'on peut toucher du doigt, de ce qui se passe dans les faits
réels.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales aura le courage de
désengager l'État jusqu'à zéro? Je le mets au
défi de le faire et je ne pense pas qu'il aura ce courage-là
parce que ce gouvernement-là n'a jamais fait preuve d'un courage aussi
grand que ça. Quand ils entendent du bruit, ils reculent. Il y a des
endroits où il a le courage et il ne devrait pas l'avoir, par exemple
lorsqu'il s'est désengagé dans la fermeture de la ville de
Schefferville. Il faut se souvenir dans les faits qu'au mois de juin 1986
l'Opposition avait dit au ministre des Affaires municipales que sa façon
de procéder était celle d'un amateur, que ce n'était pas
de cette façon qu'on fermait des villes ou des villages miniers dans le
nord.
Le ministre a mal fait son travail. La preuve, c'est qu'après un
an et demi, le village n'est pas encore fermé. J'avais l'occasion de
parler avec des gens de Schefferville. Et vous savez ce qui se passe,
même avec des reniements et des positionnements, des avances et des
reculs de la part du ministre concernant Schefferville. Il dit: On va arranger
cela, on va leur payer l'évaluation de leur bâtisse, de leur
propriété. On va arranger cela. Ne vous inquiétez pas. On
va fermer cela comme du monde. Je veux avoir ce mandat pour pouvoir le faire
d'une façon mathématique, et je vais y aller
carrément.
Après un an et demi, on se rend compte qu'il ne se passe rien et
que les gens sont encore dans la même inquiétude, dans la
même incertitude. Savez-vous ce qui se passe par rapport à cela?
Je vais vous le dire. Les négociations d'achat pour les locataires:
première offre, 11 000 $, deuxième offre, 7000 $. Cela s'en va
à la baisse. En fait, personne n'a eu de réponse sur les
négociations concernant leur propriété. La mobilité
finit le 30 novembre. Rien ne se passe encore, rien ne se dit. Quelques
propriétaires ont signé pour des propriétés. Ils
n'ont pas reçu un cent. Normalement, ils reçoivent 50 % et 50 %
quand ils s'en vont.
Les commerçants: aucune offre. D'autres problèmes existent
puisque Schefferville donne des services au Conseil de bande des Indiens qui
sont dans la région, aux autochtones. Ces gens ne paient pas plus cher
de facture, ce qui fait que ce sont encore les Blancs qui vont payer pour cela.
Et la fermeture n'est pas faite. Rien ne se passe.
Il y a les problèmes d'enfouissement sanitaire. Tout le monde
s'occupe de cela. Encore là, rien ne se passe. Les gens de Schefferville
vont encore passer un deuxième hiver sous la neige, sans qu'ils aient eu
de réponse par rapport à leurs besoins fonda- mentaux. C'est cela
que j'appelle un travail bâclé, un travail d'amateur de la part
d'une personne qui n'est pas responsable de ses dossiers parce que le
gouvernement se désengage vis-à-vis des municipalités. Il
savait comment on ferme des villages et des villes. Eux, ils ont
décidé qu'ils fermaient cela à peu près n'importe
comment. Les gens de Schefferville sont des laissés-pour-compte. Ces
gens sont dans l'incertitude. Et un gouvernement responsable n'a pas le droit
de traiter des gens pire que ce qui se fait, ce qui se passe partout dans
d'autres pays totalitaires qu'on connaît ou des pays où la
question de la démocratie n'existe pas. Je fais appel au moins au bon
sens du gouvernement, au bon sens des collègues du ministre des Affaires
municipales pour le rappeler à l'ordre, pour lui rappeler qu'être
ministre des Affaires municipales, c'est être responsable de dossiers et
aussi de livrer les marchandises.
En tout cas, j'invite les ministres à regarder un peu ce dossier.
Ce n'est pas ce qu'il y a de meilleur et ce qui se passe correctement par
rapport à vos positionnements. (20 h 20)
II y a beaucoup d'autres problèmes. Il y a beaucoup de
problèmes dont je pourrais traiter. Je vous ai parlé des maisons
d'hébergement, des maisons pour femmes à qui on ne donne pas de
réponse; les groupes socio-communautaires qu'on a vus un peu partout
nous disent toujours la même chose: Le gouvernement ne répond pas
à nos appels. Il y a tous ces organismes. Il y a des
désengagements à l'endroit des bibliothèques municipales,
du développement industriel. Partout on a des coupures, partout le
gouvernement s'est désengagé.
Sur cette résolution ou cette motion de censure, je vais
m'inscrire affirmativement, bien sûr, pour reconnaître que le
gouvernement qu'on a en face de nous profite de circonstances peut-être
favorables pour tenir un double langage et dire aux gens qu'il a fait des
promesses, qu'il ne les a pas respectées et que surtout vis-à-vis
de ses propres responsabilités il s'est désengagé. Je
pense que le côté social est encore le côté le plus
affecté. Je pense que c'est ça qui, à un moment
donné, va faire comprendre à ce gouvernement qu'il n'a pas
été à la hauteur des engagements qu'il avait pris lors de
la période électorale avant le 2 décembre 1985.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Jonquière. M. le ministre des Transports.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente, merci à mes collègues qui sont très
nombreux et qui veulent très certainement entendre un peu plus de
vérité.
Une voix: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): La motion qui est devant
nous, qui vise à blâmer le gouvernement pour son
désengagement, serait l'effet de ce que les grandes oreilles ont entendu
dans leur tournée. Il y a un autre dicton qui dit qu'il n'y a pas plus
sourd que celui qui ne veut pas entendre, malgré le fait qu'il puisse
avoir de grandes oreilles. Mme la Présidente, si on veut être
capable de juger de l'action du gouvernement actuellement, il y a des mesures
sur le plan statistique, des mesures scientifiques qui peuvent le faire, et les
sondages témoignent très bien de l'état du niveau de
satisfaction des citoyens du Québec. Encore dimanche dernier,
c'était très évident. On ne peut pas en dire autant du
niveau de satisfaction vis-à-vis de ceux qui sont en face.
Il y a donc deux éléments sur lesquels je voudrais
insister pendant le temps qui m'est imparti. D'abord, les faits concrets.
Deuxièmement, la façon de faire ou la vision politique de notre
gouvernement. Pour répondre à cette motion qui, bien sûr,
s'inscrit dans la tradition de l'Opposition de déposer absolument une
motion de peur de les perdre avant la fin de la session, cette motion visait
à faire état d'un certain nombre de choses qui,
supposément, faisaient en sorte que ce gouvernement qu'ils avaient
devant eux était un gouvernement qui se désengageait, un
gouvernement qui ne respectait pas sa parole et voilà. Alors que depuis
une semaine la session est ouverte et lors de la période de questions on
entend un certain nombre de questions, comme: Bien oui, la garderie La Culbute,
de Trois-Rivières! Malgré le fait que j'aie beaucoup de respect
pour la garderie La Culbute, c'est un fait national. C'est clair, c'est
national et c'est d'importance nationale. Mais qu'en est-il? Qu'est-ce qui fait
que les citoyens du Québec ont un niveau de satisfaction très
élevé à l'égard de ce gouvernement?
D'abord, les faits: 98 000 emplois créés au cours des sept
premiers mois de l'année; tout près de 5000 nouvelles petites et
moyennes entreprises, comme le révélait aujourd'hui notre
collègue, André Vallerand; baisse de tout près de 12 % des
prestataires d'aide sociale; diminution très sensible du déficit
gouvernemental. Un autre dossier réglé, l'accord du lac Meech;
ah! bien sûr, ce n'est pas de nature à satisfaire les gens d'en
face qui ne savent plus, concernant la constitution ou leur option
fondamentale, laquelle est la bonne. Donc, sur le plan des indicateurs, du
rendement gouvernemental, des chiffres qui ne démentent pas et qui
témoignent d'un travail certain fait par le gouvernement ou, du moins,
d'une bonne direction donnée aux affaires de l'État.
Mais puisque j'ai des responsabilités ministérielles et
que certains collègues de l'Opposition ont bien pris soin de porter sur
la place publique certains faits ou certains dossiers qui ne sont pas
réglés, permettez-moi de faire le tour.
Dans le domaine des transports, à notre arrivée au
pouvoir, en décembre 1985, ce que j'ai pu trouver au ministère,
c'était tout à fait extraordinaire: des classeurs vides, parce
qu'on avait bien pris soin de déchiqueter. Rien, même pas un
crayon, même pas une efface, qui faisait preuve de la
responsabilité comme homme public de la continuité de la gestion
des affaires publiques. Rien, absolument rien, le désastre presque
total. Le manque de leadership de la part du premier ministre de
l'époque, qui a fait que plusieurs hommes se sont succédé
aux responsabilités du ministère des Transports et qu'il n'y
avait pas de direction de donnée par le pouvoir politique, puisque c'est
à lui que revient la direction. C'était là la situation au
ministère des Transports.
Qu'en est-il depuis? Qu'en est-il concernant la sécurité
routière? Est-ce qu'on peut dire que le gouvernement libéral
s'est désengagé quant à la sécurité
routière? Non. Le gouvernement libéral a très bien
réussi avec un nouveau Code de sécurité routière,
voté à l'unanimité - tout près de 800 articles - et
reconnu par tout le monde.
Une voix: Oui, monsieur!
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Est-ce qu'on peut dire
qu'il n'y a pas eu un ménage de fait quant à l'immatriculation,
alors que cela avait été laissé pour compte dans le
passé, de façon que l'on puisse permettre aux agents de la paix
de faire leur travail convenablement?
Une voix: C'est vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Cela a été
fait.
Quebecair, parlons-en de Quebecair, puisque le député de
Joliette en a parlé. Le député de Joliette est
arrivé avec ceci: 400 emplois de disparus! avec toute l'emphase qu'il
est capable d'y mettre. Il dit: Du moins, au moment où je l'ai
interpellé, c'est ce que certaines personnes prétendent. Cela
n'est pas loin de fausser la vérité, parce que les chiffres
déposés sont très clairs. Il y a eu - on avait dit cela
lors de la privatisation, le 31 juillet... On n'avait pas dit que les gens
auraient le même niveau d'emploi, le même salaire, les mêmes
conditions avantageuses. On avait dit qu'il y aurait approximativement le
même nombre d'emplois. Depuis la privatisation, 31 emplois ont
été créés, globalement, par le secteur privé
de plus qu'au moment où Quebecair existait. Qu'est-ce que cela a
donné? On a fini par régler un dossier - pas sans mal -dans
lequel le gouvernement du Québec a
investi 80 000 000 $ au cours des années, à cause de votre
aventure, de votre imprévoyance. En plus, un déficit d'à
peu près 18 000 000 $, la dernière année
d'opération. C'était inadmissible sur le plan de la gestion
publique pour ceux qui voulaient être responsables.
Nous avons réglé le dossier de Quebecair, qui est
maintenant à l'entreprise privée et qui ne vient plus siphonner
des montants dans les budgets du ministère des Transports. C'est un
dossier réglé. Cela ne s'est pas fait sans heurts. On l'avait
dit. Non seulement c'est réglé de manière convenable, mais
Quebecair d'aujourd'hui privatisé peut maintenant penser à
l'expansion, peut maintenant annoncer publiquement qu'il achètera quatre
nouveaux avions flambant neufs. Est-ce qu'on parle de désengagement,
à ce moment-là? Est-ce qu'on parle de désengagement
lorsqu'on donne un territoire à Quebecair aux États-Unis, dans
les Maritimes? Est-ce que c'est cela, un désengagement? Non, c'est une
réussite quant à sa privatisation, avec des résultats
forts intéressants.
Qu'en était-il du transport en commun? Une formule
alambiquée, qui a fait l'objet de la réforme de la
fiscalité municipale, sous votre gouvernement, qui a été
par la suite, en décembre 1983, modifiée, modifiée
à la baisse. Cela signifie des engagements. Les subventions aux
sociétés de transport en commun ont été
modifiées à la baisse, ce qui a créé, aujourd'hui,
l'impasse que la CTCUM a eue. Le public a le droit de le savoir. Ce n'est
certainement pas de vous que cela va venir. Le problème est
réglé depuis la semaine dernière, avec une enveloppe
fermée de cinq ans, indexée, plafonnée à 6 % sur la
base de 1987. Le gouvernement du Québec mettra 2 000 000 000 $, au
minimum, dans le transport en commun, au cours des cinq prochaines
années, avec une enveloppe fermée qui dit aux
sociétés de transport: C'est votre responsabilité de
gérer et de faire en sorte de bien gérer. Compte tenu de
l'enveloppe fermée, si demain vous avez des surplus, vous les gardez; si
vous avez des déficits, vous allez les absorber; Cela s'appelle de la
responsabilité pour lé pouvoir local, quant à
l'administration.
Vous n'avez jamais réglé pour cinq ans. Vous avez toujours
réglé à la pièce, année après
année, alors que chacune des sociétés, des corporations de
transport avait l'obligation de venir littéralement se traîner
devant vous pour obtenir des subventions d'exploitation. (20 h 30)
Le taxi. Vous qui vous êtes défendus pendant de nombreuses
années, sur votre connaissance du problème du taxi, sur le petit
monde du taxi, cela a pris un gouvernement libéral pour être
capable de régler le problème du taxi. Donnons à votre
gouvernement ce qui lui appartient: Le plan de rachat, qui a été
une bonne affaire. Quant au reste, une revendication, depuis déjà
fort longtemps, des taxis qui voulaient être administrés par le
pouvoir régional, parce que lui-même connaissait davantage les
problèmes reliés aux taxis, que les gens de Québec. C'est
un problème qui est maintenant réglé.
Transport routier. Une application des droits et règlements.
Davantage d'agents de vérification mécanique, davantage de
contrôleurs des pesées et cela, Dieu sait que cela fait du bien au
réseau routier!
Qu'en est-il de certains engagements sur le plan politique? Hier,
j'étais à Hull, à Gatineau, pour inaugurer les travaux de
la A-5. Vous aviez un beau bilan à ce sujet. Une entente signée
avec la CCN et le gouvernement fédéral en 1972 permettait au
gouvernement du Québec d'aller chercher 50 % du coût des travaux.
Comme par hasard, depuis 1975, pas un seul tronçon .n'a
été exécuté dans les travaux routiers. ' Le
député d'Abitibi-Ouest pouvait bien parler de ses bouts chez lui,
aujourd'hui. Dans le cas de la A-5, qu'avez-vous fait, comme gouvernement, de
1976 à 1985?
Des voix: Rien!
M. Côté (Charlesbourg): Rien, même pas un
plan, même pas un seul plan! Nous l'avons pris à zéro.
Pourquoi? Parce que c'étaient des comtés libéraux.
C'était cela, votre philosophie d'administration. C'était
exactement cela.
Des voix: Oui, ah oui!
Une voix: Vous étiez désengagés!
La Vice-Présidente: À l'ordre!
M. Côté (Charlesbourg): Hier, c'était une
réalisation du gouvernement libéral.
Une voix: Oui, monsieur!
M. Côté (Charlesbourg): Vous en voulez d'autres? La
route Alma-La Baie.
Des voix: Très bien! Bravo!
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez vous apercevoir
que la vérité n'est pas d'un seul côté. L'auroute
Alma-La Baie, on va en parler, en territoire péquiste du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. On a effectivement dit que c'était le
gouvernement libéral qui retardait. "Coco Lagaffe" de Lac-Saint-Jean est
arrivé et a dit: Le ministre prend 20 jours pour autoriser un contrat
après les soumissions publiques. Si ce n'est pas épouvantable!
C'était dans les journaux. On a toujours dit
que la route Alma-La Baie, qui avait été signée par
votre gouvernement, ce serait nous qui la respecterions. C'est ce qu'on est en
train de faire parce que les mandats n'avaient jamais été
donnés. On a respecté la volonté populaire. Le
député de Jonquière sait pourquoi, à un certain
moment donné, cela a retardé. Il le sait. Par rapport au
contournement de Jonquière, il a défendu sa municipalité,
et ce n'est pas moi qui le lui reproche, mais qu'on ne vienne pas me reprocher
aujourd'hui un retard dans la réalisation de l'autoroute Alma-La Baie,
alors que le retard est en partie dû aux revendications de la ville de
Jonquière.
Une voix: C'est cela!
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est cela, c'est
certainement cela. Il est clair qu'il y a eu beaucoup de choses de faites en
matière de transports.
Une voix: C'est beau!
M. Côté (Charlesbourg): Oui! La voirie, on en parle,
on joue avec les chiffres, 85 000 000 $ de moins, on se promène en
épouvantail à moineaux - vous réussissez bien parce que
cela vous ressemble un peu - dans les grandes régions. 85 000 000 $ de
moins, c'est effrayant! On se promène, il y a moins de choses qui se
passent. Je vous invite à venir faire un tour avec moi et on ne va pas
prendre un comté libéral, on va prendre le comté de
Johnson qui a été, pendant neuf ans, sous votre régime, en
particulier depuis 1981. Qu'est-il arrivé? Un abandon total des routes,
ou à peu près, à un tel point qu'au printemps dernier,
lorsque la députée de Johnson est intervenue lors de
l'étude des crédits pour me faire la nomenclature des routes dans
lesquelles les autobus calaient, où il n'y avait pas d'asphalte,
où il n'y avait pas de gravier, qu'est-ce qu'on a fait? On est intervenu
pour régler les problèmes et on a réglé des
problèmes.
Cela ne veut pas dire qu'il n'en reste pas à régler. Il y
en a d'autres, et nous serons là encore suffisamment longtemps pour en
réqler une bonne partie, soyez-en sûrs, et ce, grâce
à l'enveloppe Middlemiss qui reconnaissait un rattrapage a faire dans
l'entretien du réseau routier. Vous n'allez pas nous reprocher
aujourd'hui d'être responsables d'un manque d'entretien du réseau
routier, alors que vous avez été au pouvoir pendant neuf ans.
C'est la résultante de votre désengagement envers l'entretien du
réseau routier. Oui, c'est clair, de votre désengagement envers
le réseau routier, et nous sommes en train de rattraper le temps perdu,
le temps que vous avez perdu.
Si vous voulez qu'on vous parle d'une certaine structure sur l'île
de Montréal où, aujourd'hui, on vit des problèmes de
circulation extrêmement importants, on va s'en parler encore pendant
longtemps. Ceux qui vous ont appuyés sur l'île de Montréal
vont être très fiers de savoir jusqu'où vous êtes
allés. Il ne s'est rien fait au niveau des traversiers. Vous aviez
instauré la gratuité universelle sauf là où les
traverses étaient devenues indispensables. Bien sûr,
Matane-Godbout, c'était plus ou moins important. C'était
seulement Lucien Lessard qui avait promis à moult reprises qu'il y
aurait gratuité sur les traversiers entre Godbout et Matane. Mais non,
c'était celle qui, selon votre logique, exigeait le plus de la part des
usagers. C'est clair. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a examiné la
situation et on a fait en sorte que pour ceux qui traversent partout, la
gratuité soit maintenant terminée sauf pour les insulaires. On a
pris cet argent-là et on a réduit la participation des usagers
à la traverse Matane-Godbout. Allez voir si les gens ne sont pas
contents. Les gens sont satisfaits. C'en est une autre.
Bien sûr que, dans ces réalisations, il y a des endroits
où cela peut crier. Je n'ai pas eu peur comme ministre des Transports et
responsable de la région de Québec d'instaurer un tarif pour la
traverse de Québec-Lévis, parce que les gens de la grande
région de Québec sont davantage favorisés que les gens de
la Côte-Nord qui en ont davantage besoin et c'est cela redistribuer la
richesse.
Oublions le transport pour le moment. Parlons de développement
régional. Bien sûr, j'aurais bien aimé être en
Chambre cet après-midi pour répondre moi-même au
député d'Abitibi-Ouest sur l'entente sur le sommet
économique d'Abitibi-Témiscamingue.
Une voix: II y aurait goûté!
M. Côté (Charlebourg): J'étais à ce
moment-là à Rimouski au colloque sur le financement du
développement régional. Je suis extrêmement heureux. Jamais
sous votre gouvernement vous n'aviez pensé inviter l'entreprise
privée, les banques, le parapublic et l'entreprise privée
à une même table pour qu'on parle de qui devrait payer le
financement du développement régional, vous, les philosophes,
vous, les grands penseurs. Jamais! Cela s'est passé aujourd'hui à
Rimouski.
Une voix: Pelleteux de nuages!
M. Côté (Charlebourg): II est clair que lorsqu'on a
tenu des sommets dans le passé, on a dit: Vous autres, les
députés libéraux alors dans l'Opposition, la chaise
numéro 13 dans le coin en arrière, vous n'avez pas un mot
à dire. Ce qu'on a fait, nous, on vous a assis à la table, l'un
des 46, des 42 ou des 36.
Une voix: Pour que vous puissiez apprendre.
M. Côté (Charlebourg): Dans le cas de l'Abitibi, je
souligne l'excellent travail du député d'Abitibi-Ouest, parce que
le but ultime du sommet de l'Abitibi-Témiscamingue, c'était
certainement d'aider la région. Je pense que nous avons fait un effort
honorable. Je pense qu'au lendemain du sommet, les gens étaient
satisfaits, pas à 100 %, mais étaient satisfaits des engagements
qui ont été pris. Les engagements pris au sommet de l'Abitibi,
c'est sacré. Les engagements pris au sommet de l'Abitibi, je
désire le dire aux gens de l'Abitibi et je le dirai aussi lundi, il y a
trop de choses qui sont colportées je ne sais pour quelle raison, pour
tirer quel avantage... Lundi prochain, je vais rencontrer le CRDAT pour faire
le point sur la signature de l'entente.
Certaines personnes et certaines personnes d'ici en Chambre ont
oublié que c'était une première et que, lorsqu'il y a une
première, il y a certaines difficultés. On ne cherche pas
à les cacher, mais au moins, nous, à nos sommets, ce que nous
voulons, c'est formaliser, ce que vous n'avez jamais fait. Allez donc voir ce
que vous avez réussi à livrer comme engagement par rapport
à ce que vous avez pris à Sherbrooke. Allez donc voir cela, gang
de Père Noël qui êtes allés à la veille des
élections dans la région de Sherbrooke. Voulez-vous qu'on sorte
des dossiers pour savoir ce que vous avez livré? Lorsque j'entendais cet
après-midi le député d'Abitibi-Ouest de son siège
s'élever et tenter de pourfendre celui qui est ici et mon
collègue d'Abitibi-Est sur l'entente d'Abitibi, je trouvais qu'il avait
pas mal de culot, pas mal de culot, oui. Oui, on va s'en reparler, vous pouvez
être sûr de cela. Pas mal de culot! (20 h 40)
Si vous saviez tout ce qu'on a ramassé d'engagements que vous
aviez pris sans avoir les garanties sur le plan financier ni les autorisations
du Conseil du trésor. Vous vous êtes promenés et vous avez
conté des balivernes aux gens et vous vous êtes
désengagés dans le cas des sommets. Oui, c'est vrai, la chose est
fort différente aujourd'hui. La plus belle preuve, c'est que vendredi
dernier, ce n'est pas dans une terre libérale mais au
SaguenayLac-Saint-Jean que nous sommes allés, mon collègue
ministre du Tourisme, du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et celui de
la PME, y faire la biennale. Je ne parle pas, moi, je suis partisan; je vais
laisser parler les journaux. Et Dieu sait que les journaux ne sont pas toujours
très tendres pour le Parti libéral au
SaguenayLac-Saint-Jean. Qu'est-ce qu'ils disaient? C'est clair: "La
biennale aura été profitable pour le
SaguenayLac-Saint-Jean". Allons directement à l'homme qui est
peut- être le plus critique pour le SaguenayLac-Saint-Jean,
Bertrand Tremblay. Regardez la critique de Bertrand Tremblay au fil des
dernières années qui défendait sa région, qui est
un gars qui comprend très bien sa région et qui n'a pas
hésité à blâmer le gouvernement libéral. Il
disait: "Québec comprend un peu mieux la région." Ce n'est pas le
Klondike, mais il comprend un peu mieux la région. Qu'est-ce que
ça signifie? Cela signifie qu'on a reconnu l'ouverture d'esprit de ceux
qui y vont et qui veulent véritablement régler un certain nombre
de problèmes.
Oui, la nouvelle formule des sommets est extrêmement importante,
puisqu'on consacre le pouvoir municipal comme partenaire
privilégié du développement régional, puisque le
gouvernement y va aussi en tiers, l'autre tiers étant les gens du monde
socio-économique. Mais vous autres, gang de bons qui avez
réglé tous les problèmes de la terre quand vous
étiez au pouvoir, gang de "smarts", dites-moi donc pourquoi vous n'aviez
pas réglé à l'époque? Julac, ça vous dit
quelque chose au SaguenayLac-Saint-Jean? Ça devrait vous dire
quelque chose, c'est du bleuet. C'est un des produits du
SaguenayLac-Saint-Jean où on avait une production de bleuets,
où on produisait du vin. Lorsque vous étiez au pouvoir, vous avez
même refusé d'appuyer ces gens-là, pour tenter de
régler les problèmes de Julac. Cela a pris un gouvernement
libéral pour le régler. Celui qui vous parle, avec la
collaboration du ministre de l'Agriculture a réglé le
problème. Il est maintenant réglé le problème de
Julac. C'est une fierté pour les gens là-bas.
Dites-nous donc ce que vous avez fait pour le zoo de
Saint-Félicien? Pas grand-chose. Alors qu'il était en pleine
crise, c'est nous qui avons réglé le dossier.
Vous en voulez d'autres? Il y en a comme ça, à la tonne.
J'entendais le député de Joliette pourfendre le gouvernement cet
après-midi et dire: II y a désengagement dans le monde culturel,
dans les immobilisations. N'est-ce pas extraordinaire? Comme par hasard, il y a
une couple de semaines, ma collègue des Affaires culturelles
annonçait la participation du gouvernement du Québec pour
régler un problème extrêmement important.
Vendredi dernier, un dossier qui n'a jamais été
réglé sous le gouvernement péquiste, la prison de
Joliette, était réglé. Il y a tout de même des
limites, M. le Président.
Et on nous laisse toutes sortes de choses. Les motels industriels; les
incubateurs industriels, où c'est la base même du
développement de chacune des régions, qu'est-ce que vous avez
fait? Rien. Nous avons convaincu le ministre des Affaires municipales que les
municipalités pouvaient faire un certain nombre de choses à
cet
égard et ce sera maintenant réglé.
Je vais prendre un autre exemple, la région de Québec.
Vous aviez tout réglé, vous autres, dans la région de
Québec. Ah! c'était clair, vous aviez tout réglé!
Ce n'est pas pour rien que vous avez été à peu près
lavés. Il y a des dossiers qui se sont réglés dans la
région de Québec et qui traînaient. Je ne veux en prendre
qu'un seul qui illustre très bien quelle sorte de gouvernement vous
étiez, quelle sorte de parole vous aviez: 5 000 000 $ promis sur la
gueule à Jean Pelletier, maire de Québec, par Michel Clair du
temps où il était ministre des Transports. On change de ministre,
c'est M. Léonard qui dit: Jean Pelletier, je ne veux rien savoir de
ça. Occupe-toi de tes affaires et je ne veux rien savoir de ça,
quelques petits problèmes avec les municipalités. C'est M. Tardif
qui devient ministre des Transports. M. Tardif, bien intentionné, dit:
Michel Clair s'est engagé, je vais respecter sa parole. Il
prépare un CT qu'il envoie au Conseil du trésor et le
président du Conseil du trésor, Michel Clair, dit: Moi, je ne
veux rien savoir de ça.
Oui, oui, les faits sont là, les documents sont là pour le
prouver et c'est celui qui est ici qui l'a réglé. Et d'autres
dossiers dans la région de Québec.
Une voix: ...
M. Côté (Charlesbourg): Non, on n'a pas tout
réglé, il en reste encore pas mal à régler. Au
COMPADR, un comité ministériel où vous étiez
continuellement en chicane quant aux questions d'aménagement. Vous nous
avez laissé des éléments, des paniers de crabes à
régler. Effectivement, on pourrait avoir une belle vision des penseurs,
des planificateurs dans le Québec. On a adopté la Loi sur le
zonage agricole, on a fait la loi 125 sur l'aménagement sans
déterminer laquelle des deux avait prépondérance sur
l'autre, de telle sorte que vous avez réussi à monter le monde
agricole contre le monde municipal et vice versa. Avec tous les schémas
d'aménagement. Ah! Que c'était I beau! C'est nous qui avons
quotidiennement, chaque mercredi matin, rencontré des gens,
réglé un certain nombre de problèmes. Nous sommes à
compléter ces dossiers.
Mme la Présidente, ce qui nous dissocie de ces gens, c'est que
nous avons une façon de faire. Nous avons dit oui, effectivement,
à la ligne de force du Parti libéral et du gouvernement actuel,
à savoir associer davantage le privé. C'est ce que nous avons
fait et ce que nous allons continuer de faire.
Quant à moi, je vais continuer dans le domaine du transport
à associer les municipalités, ce qui est le cas. Je vais
continuer à associer les députés, peu importe leur couleur
politique, aux décisions à prendre au ministère des
Transports. Nous avons dit: L'État-Providence, c'est fini. C'est clair
que c'est fini. Nous voulons être davantage des partenaires dans le
développement économique, associer l'entreprise privée,
associer les autres qui ont des choses à dire et à faire au
Québec. On l'a dit et on va le répéter: Ce n'est pas
toujours uniquement l'affaire de l'État. Oui, dans ce sens, nous avons
des responsabilités et le gouvernement les a assumées en pleine
crise financière: Celle de l'éducation, celle de la santé
et celle maintenant de redistribuer la richesse, si petite soit-elle, dans
toutes les régions du Québec.
Oui, Mme la Présidente, tout cela est dû à cette
vision et à cette pensée, principalement à un homme, notre
chef, Robert Bourassa, qui dirige de main de maître notre équipe
et qui est dans le Québec et le Canada l'homme politique de l'heure, qui
est capable de faire des consensus dans tout le Canada.
Je dois vous dire, Mme la Présidente, que je suis très
heureux et honoré de faire partie de l'équipe libérale,
d'un gouvernement libéral qui remplit ses promesses, avec un chef qui a
su gagner le respect, non pas seulement des gens de l'économie, non pas
seulement des militants libéraux, mais de l'ensemble de la population,
comme en témoignent très bien des outils comme les sondages.
C'est clair. Si vos oreilles n'ont servi qu'à relever des cas comme La
Culbute et d'autres choses, effectivement, le ministre du Tourisme avait bien
raison de dire que c'est davantage une tournée touristique que vous avez
faite qu'une tournée pour aller chercher la vérité sur le
terrain. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Transports.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Mme la Présidente, en écoutant le
ministre des Transports, on se rend compte qu'il a bien compris le vieil adage
qui veut que la meilleure défense, c'est l'attaque. Cependant, Mme la
Présidente, il faut dire que durant cette tournée qu'a faite
l'Opposition dans toutes les régions du Québec en septembre
dernier, c'est l'Opposition et non l'ancien gouvernement qui a fait la
tournée. Je dois vous dire que les groupes, les organismes, les maires
de municipalité, parfois même des maires connus pour leur
allégeance libérale, que nous avons rencontrés, avaient
des reproches, des doléances, non pas à l'égard de
l'ancien gouvernement, mais à l'égard de l'actuel
gouvernement.
Ce qui est certainement pour nous une conclusion claire de ces trois
semaines que nous avons utilisées à parcourir le
Québec,
c'est qu'il y a du désenchantement à l'égard du
désengagement de l'État québécois et, je dirais
surtout, en matière sociale, à l'égard de ses
responsabilités sociales. (20 h 50)
Durant cette tournée, un citoyen de la région de
l'Outaouais me demandait, comme avocate, s'il y avait l'équivalent en
droit d'un recours collectif pour les promesses non tenues par un gouvernement.
Il me rappelait que durant la campagne électorale, c'est sans doute
utile de rappeler que cela ne fait même pas deux ans maintenant, le
gouvernement en place, à l'époque dans l'Opposition, promettait
et s'engageait à dépenser au delà de 400 000 000 $ en
programmes de toutes sortes. Je vous rappelle même qu'il y a à
peine un an, l'actuel gouvernement parlait d'un trou de 1 000 000 000 $ que lui
aurait laissé par enchantement le gouvernement précédent,
et je vous signale qu'il a l'air d'être disparu aussi par enchantement
parce qu'il n'y a plus personne qui en parle actuellement dans le
gouvernement.
On parle, au contraire, d'une croissance exceptionnelle. Le ministre des
Finances nous a dit cet après-midi, et j'ai noté l'exactitude de
ses propos, que c'est une année exceptionnelle que nous traversons, que
nous avons traversée. En 1986, nous avons connu une croissance
exceptionnelle. C'est une croissance stupéfiante. Mme la
Présidente, je dois vous dire que je pensais aux 22 000 chômeurs
inscrits au chômage dans l'est de Montréal et aux 10 900
chômeurs inscrits à l'aide sociale dans l'est de Montréal
pour un total de 32 000 personnes seulement dans l'est de Montréal, et
en écoutant le ministre des Finances cet après-midi, je me
disais: Heureusement que ça va bien. Qu'est-ce que ce serait si
ça allait mal?
Je pense que les 300 000 chômeurs du Québec inscrits
à l'assurance-chômage et les 300 000 chômeurs du
Québec inscrits à l'aide sociale parce que actuellement l'aide
sociale compte 300 000 chômeurs... Il ne faudrait pas se tromper avec les
appellations nouvelles d'aptes au travail. Un chômeur n'est pas
responsable du chômage. Il en est la victime. C'est 600 000 personnes
adultes qui sont sans perspective d'emploi présentement au Québec
auxquelles on doit ajouter plus de 200 000 enfants qui sont dans des
écoles du Québec avec des revenus familiaux souvent insuffisants
pour faire face simplement aux obligations de l'école. Eh bien, c'est
presque 1 000 000 de Québécois. En écoutant le ministre
des Finances nous dire que ça allait bien, on devait quelque part se
demander s'il n'avait pas un peu le coeur sec.
Je pense que le premier ministre lui-même, cet après-midi,
nous faisait valoir que le courant de désengagement de l'État,
c'était un courant international. Ses propos, je les cite d'ailleurs, il
disait: Nous suivons et nous nous adaptons à un courant international.
Là, comme on fait souvent quand on fait des mauvais coups et qu'on
cherche à ne pas être tout seul, il nommait une série de
pays où, semble-t-il aussi, s'exerçait ce désengagement de
l'État. Il faut se demander d'abord à qui ce désengagement
de l'État profite? Ce désengagement de l'État, cela vaut
pour l'État québécois comme pour l'État canadien.
Ce désengagement de l'État, il faut voir dans quel secteur de
l'activité et à l'égard de quelle personne parce qu'il
faut constater que ce désengagement de l'État ne s'est pas fait,
par exemple, en matière d'armement. Je ne sache pas du tout que les
Québécois, dans l'ensemble des impositions des taxes qu'ils ont
à payer, notamment à leur gouvernement central, et cela vaut pour
l'ensemble des citoyens des autres pays, ait pu compter sur un
désengagement de l'État en matière de
désarmement.
Là, il faut voir que ce n'est pas ce qui a eu l'air d'alerter les
gouvernements en matière de réduction des dépenses
publiques. Le désengagement de l'État ne semble pas non plus
s'être commis en matière économique. Il faut
reconnaître qu'en 1986-1987, au Québec, c'est 3 000 000 000 $,
exactement 2 981 000 000 $, qui ont été consacrés aux
programmes de développement économique. C'est là plus que
le déficit. Pourtant, personne ne remet en question ces dépenses
en matière de développement économique. Il faut bien
s'entendre. Développement économique ne veut pas dire
développement de l'emploi parce qu'il faut comprendre qu'en
matière de développement économique - et les indicateurs
de croissance économique sont bien clairs à cet effet - la
croissance économique n'est pas nécessairement synonyme d'une
croissance de l'emploi.
Le ministre des Transports vient de parler d'une création
d'emplois inégalée au Québec, création d'emplois
absolument exceptionnelle. Mme la Présidente, le paradoxe, c'est qu'il
n'y a pas eu une seule réduction du chômage. Alors, jamais autant
d'emplois et une pauvreté qui n'a jamais été aussi grande.
Ce n'est pas seulement moi qui le dis; en septembre, cette année,
à Montréal, les statistiques dénombraient au-delà
de 500 000 personnes, un demi-million de personnes sous le seuil de
pauvreté; 500 000 personnes dans le grand Montréal, c'est
l'équivalent, sans exception, hommes, femmes, enfants, de toute la
population de la grande région de Québec, lesquelles vivent sous
le seuil de la pauvreté. C'est, dans le secteur que je représente
à l'Assemblée nationale, notamment, comme indicateur, un
vieillissement précoce de neuf années.
Si on vit vieux au Québec, on ne vit pas vieux partout. Dans le
secteur du bas de la ville, l'indice de longévité est de 63 ans.
Je ne comprends pas que ce gouvernement
n'ait pas de compassion pour les gens qui sont actuellement victimes du
redéploiement de l'économie autour des nouvelles technologies.
Oui, il y a croissance de l'emploi dans des emplois qui sont, pour la plupart
d'entre eux, dans des secteurs moins bien rémunérés, plus
fragiles, qui n'ont pas la sécurité des emplois passés et
qui sont occupés par des personnes qui n'ont pas de
responsabilités parentales.
Les chiffres sur l'aide sociale sont éloquents. La diminution du
nombre de prestataires de l'aide sociale vient, essentiellement, des personnes
seules bénéficiaires de l'aide sociale qui peuvent occuper ces
emplois parce qu'elles n'ont pas de responsabilités parentales. Au
moment où je vous parle, à chaque mois de l'année qui
passe, de cette année exceptionnellement bonne, de cette année
stupéfiante sur le plan économique, il y a de nouvelles demandes
de prestations d'aide sociale. Il y a de nouvelles demandes de personnes qui
sont sans perspectives d'emploi, qui ont 30, 40 et 50 ans et qui ont des
charges parentales parce que les emplois créés ne sont pas
concurrentiels avec l'aide sociale lorsqu'on a des charges parentales. C'est la
réalité et le gouvernement la connaît. Il devrait la
connaître, il doit nécessairement la connaître puisqu'il
s'apprête, nous dit-on, depuis un an, à introduire une
réforme libérale en matière d'aide sociale.
Cette tournée m'a permis, à moi, qui venais d'être
nommée porte-parole de l'Opposition en matière de
sécurité du revenu et de main-d'oeuvre, de prendre contact dans
toutes les régions du Québec avec un réseau de personnes
qui se dévouent sur le plan communautaire pour leurs concitoyens qui
sont dans la misère, qui sont mal pris et qui sont dans la
pauvreté. Je ne vous parle pas de cas d'exception et je pense que tous
les députés de cette Chambre le savent très bien. Ces
personnes que j'ai rencontrées avaient surtout un reproche à
faire, je dirais un reproche très grave à l'égard du
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et de la
députée de Mégantic-Compton qui, depuis deux ans, ne
parlent des assistés sociaux que comme s'ils étaient des
fraudeurs et jamais des chômeurs. Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, depuis deux ans, n'a jamais parlé
du dossier dont il a la responsabilité, sauf lorsqu'il avait à
dénoncer des cas de fraude, comme s'il y avait davantage de fraudeurs
à l'aide sociale que dans toute autre catégorie de la population
et dans toute autre catégorie de métier. Il y en a comme partout
ailleurs et comme peut-être aussi dans cette Assemblée.
L'essentiel, c'est de savoir comment il se fait qu'il y a maintenant 300
000 chômeurs sur l'aide sociale qui sont l'objet d'un contrôle,
d'une surveillance et qui sont épiés. Je mesure mes paroles parce
que j'ai eu tellement de témoignages et j'en ai apporté
quelques-uns en Chambre, notamment des témoignages qui m'ont
été transmis lors de ma visite à Charlesbourg, dans le
comté du ministre des Transports. J'aurais souhaité... Je les lui
ferai parvenir de toute façon pour qu'il en prenne connaissance. (21
heures)
Actuellement, les gains d'emploi admissibles; en termes pratiques, ce
que cela veut dire, c'est qu'un assisté social qui a du coeur au ventre,
qui est chômeur, mais qui veut améliorer sa situation et celle de
sa famille, peut gagner, par son travail, la somme astronomique de 40 $ par
mois, s'il a une famille. Il peut additionner à ces 40 $, 5 $ pour
chacun de ses enfants. S'il en a deux, il peut donc travailler pour la somme de
50 $ par mois. Au-delà de cette somme, l'aide sociale qu'il
reçoit est déduite, dollar pour dollar de ce qu'il gagne, ou,
s'il ne déclare pas le gain qu'il fait au-delà de ses 50 $ par
mois, il devient un fraudeur que l'on pourchasse, que l'on surveille.
Je me disais, pendant cette tournée, comment des observateurs,
non familiers avec l'Amérique du Nord, avec la vie en
société au Québec et qui viendraient d'une autre
planète voir comment l'on vit, s'ils venaient examiner nos moeurs et
notre vie en société, comment pourraient-ils imaginer possible
que l'on mette en place un réseau coûteux d'inspecteurs et
d'enquêteurs qui sillonnent les routes du Québec, pour bien
s'assurer que les gens restent chez eux à ne rien faire, pour s'assurer,
en d'autres termes, que les gens s'écrasent, auquel cas, s'ils sont
actifs et s'ils ont des gains d'emploi supérieurs à 50 $ par
mois, avec une famille de deux enfants - ce qui fait l'équivalent de
12,50 $ par semaine - ils deviennent des fraudeurs? Mme la Présidente,
c'est évidemment dans un contexte où on nous dit qu'il y a une
croissance réelle. Le gouvernement a pris des engagements à
l'égard d'une réforme libérale en matière d'aide
sociale, a pris également des engagements - j'espère avoir
quelques minutes pour en parler -. à l'égard en particulier des
femmes du Québec, je pense qu'en matière d'aide sociale, il
faudrait compter immédiatement sur une intervention de
l'État.
Je donne là des exemples qui ne sont pas coûteux et qui
sont raisonnables. Pensez, par exemple, que toute femme assistée sociale
qui accouche d'un enfant - on sait qu'à peu près 33 000 enfants
naissent chaque année au Québec d'une famille assistée
sociale - ne peut pas compter sur son chèque mensuel d'un montant
supplémentaire, ou tout simplement sur sa carte d'assurance-maladie,
pour se procurer du lait maternisé pour son enfant. Elle peut, par
exemple, s'acheter des valiums. Il y a pour 60 000 000 $ de dépenses qui
se font
annuellement rembourser par la Régie de l'assurance-maladie, pour
permettre l'achat de valiums pour des personnes âgées ou pour des
assistés sociaux au Québec. Mais, une femme assistée
sociale, avec nourrisson, ne peut pas présentement sur sa carte
d'assurance-maladie... Cela fait déjà un an que j'en parle au
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, que je
lui présente pétitions sur pétitions. Évidemment,
de partout et particulièrement dans les CLSC, on réclame cette
mesure qui permettrait une meilleure santé de l'enfant et
peut-être de meilleures relations parentales, souhaitables dans un
contexte où la vie n'est pas facile, où la qualité de la
vie n'est pas adéquate.
Il en va de même pour l'allocation scolaire, Mme la
Présidente. Présentement, les enfants assistés sociaux,
qui sont 200 000 dans les écoles du Québec, sont entrés en
septembre avec la maigre allocation de 35 $, que l'enfant soit au secondaire ou
au primaire. Quand on sait, de source absolument certaine - moi, comme
mère de famille et à peu près tout le monde qui sait ce
que la vie vaut maintenant, à peu près toutes les études
qui ont été faites - qu'il n'y a pas d'entrée scolaire
possible en bas de 100 $. En bas de 100 $, avec les coûts,
j'espère que ce n'est pas une dénégation que me fait Mme
la ministre de la culture, parce que je dois vous dire que ce sont là
des "minimums rninimum"s, pour simplement faire en sorte que ces enfants ne
soient pas perdants, ne soient pas des enfants qui n'ont pas la chance de
performer comme les autres.
Il en va de même pour l'indexation des allocations. L'ensemble des
programmes de participation, que ce soit rattrapage scolaire, retour aux
études, stages en entreprise, l'allocation de 100 $ n'est pas
indexée depuis deux ans. Le ministre a beau dire qu'il n'a rien
touché à ce qu'avait fait l'ancien gouvernement, il vaudrait
mieux qu'il y touche pour continuer à l'améliorer. Voyez-vous,
dans la vie quand on n'avance pas, on recule. L'indexation des allocations est
absolument indispensable pour simplement maintenir le pouvoir d'achat. Il en va
de même de l'augmentation des gains de travail.
Je terminerai simplement en vous faisant lecture... J'allais signer
cette lettre en descendant en Chambre, ce soir, une lettre parmi d'autres. Je
ne nommerai pas la personne. C'est une personne qui est venue à mon
bureau. J'écris à l'Office municipal d'habitation à
Montréal: "Je désire par la présente porter à votre
attention la demande de logement à prix modique de Mme Carole - je
l'appellerai Carole. Mme Carole est âgée de 32 ans. Elle habite
avec ses deux filles, 10 et 9 ans, un logement pour lequel elle doit
débourser 390 $ par mois sans les services." Je rappelle que c'est le
prix moyen des logements dans un quartier du bas de la ville de
Montréal. "Elle doit de plus débourser pour les coûts de
l'électricité et du chauffage, ce qui grève de
façon importante ses revenus qui proviennent des prestations d'aide
sociale, revenus qu'elle reçoit pour un montant de 634 $ par mois. Mme
Perreault m'informe que ses revenus seront diminués à 582 $
à compter du 1er novembre pour régler
l'électricité."
Le coût du chauffage, de l'électricité et du loyer
laisse à Mme Carole l'équivalent de 48 $ par semaine pour la
nourriture, l'habillement d'elle-même et de ses deux filles qui sont
à l'école. Je rappelle que dans le comté de Maisonneuve,
que je représente à l'Assemblée nationale, on n'a
construit aucune unité de HLM, unité de logements à loyer
modique, l'an dernier, et on n'accorde cette année que 35 unités,
ce qui est maigre dans un quartier où la moitié des logements ont
été construits avant 1920.
Mme la Présidente, je pense que bien des choses pourraient encore
être dites évidemment, mais je crois que dans une période
de prospérité comme celle que nous ont décrite cet
après-midi le premier ministre lui-même et le ministre des
Finances, on doit attendre de ce gouvernement un engagement à
l'égard de ses responsabilités sociales. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Maisonneuve. Mme la vice-première ministre et ministre des Affaires
culturelles.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, Mme la Présidente. Ai-je besoin de vous
dire que je m'inscris en complet désaccord avec la motion de censure
pour tous les motifs que mes collègues ont exposés avant moi? En
ce qui concerne les dossiers culturels, je ne peux prendre au sérieux le
chef de l'Opposition ni sur le fond de sa motion, ni sur la forme de son
discours enflammé. Sa perception de l'engagement de l'État, tant
sur le plan économique, culturel que social, n'est pas partagée
par la population québécoise qui aurait reconduit le gouvernement
libéral avec une plus forte majorité si une élection
générale avait eu lieu cet automne. Peut-être devrait-on
dire heureusement pour lui parce que, si tel avait été le cas, il
ne serait peut-être pas en face de nous, en ce moment, pour
débattre justement cette motion qui aura, à tout le moins, le
mérite d'offrir une autre occasion au gouvernement de rendre compte
à la population du bilan positif de ses réalisations.
Contrairement à l'administration précédente, c'est
sans tambours ni trompettes que nous agissons. Nous ne faisons pas de mise en
scène pour endormir
la population québécoise qui, au surplus, n'est pas dupe.
L'histoire nous démontre que nous agissons vraiment. Après moins
de deux ans de pouvoir, nous nous sommes engagés dans un très
grand nombre de dossiers. Qu'il s'agisse du statut socio-économique des
artistes créateurs, de l'obtention du 1 %, des nouvelles sources de
financement dans le domaine culturel, du budget de l'État
consacré au secteur culturel, des équipements culturels, du
cinéma, des bibliothèques, des conservatoires, et j'en passe. Des
actions prioritaires ont été nécessaires pour satisfaire
les besoins des gens du milieu désillusionnés par le discours,
qui était trop souvent creux, du gouvernement
précédent.
L'Opposition qui propose aujourd'hui sa motion de censure nous a
laissé un sombre héritage. Non seulement le
précédent gouvernement s'est-il désengagé face
à la culture, mais en plus il a laissé les finances du
Québec dans un si piètre état que nous avons eu,
dès le début de notre mandat, à composer avec un
portefeuille vide et un compte en banque dans le rouge. Malgré ce
contexte difficile, nous nous sommes engagés dans le dossier du statut
socio-économique des artistes et des créateurs. (21 h 10)
Pour la première fois, les artistes et créateurs
étaient invités en commission parlementaire à faire valoir
leur point de vue sur leur situation sociale, sur leur situation
économique et aussi sur les difficultés qu'ils vivaient dans
leurs rapports avec l'État. Dès le printemps 1986, soit à
peine six mois après notre entrée au pouvoir, des audiences
publiques ont eu lieu sur la question. Nous y avons donné suite de la
façon suivante. D'abord, les mémoires ont été
acheminés aux différents ministères concernés et
des comités ministériels ont été formés pour
ensuite y donner suite. En décembre dernier, le Conseil des ministres
adoptait un énoncé de principe sur la reconnaissance d'un statut
particulier pour les artistes. Le conseil entérinait les orientations
que le ministère des Affaires culturelles comptait prendre, soit
à l'intérieur de ses champs de compétence, soit en
collaboration avec les autres ministères concernés, notamment
ceux des Finances, du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, et de l'Éducation. Je suis sur le
point de présenter au Conseil des ministres un plan d'intervention
précis, accompagné d'une évaluation des incidences
budgétaires que celui-ci pourrait comporter.
Entre-temps, dès avril, j'ai mis sur pied un groupe-conseil
composé de créateurs, d'artistes, d'interprètes
renommés, et ce groupe est présidé par l'écrivain
Louis Caron. A la suite des recommandations du comité, nous avons
appliqué plusieurs mesures concernant le statut de l'artiste et du
créateur. Nous consacrons présentement 1 400 000 $ de
supplément pour des actions concrètes visant justement à
améliorer le statut de l'artiste et du créateur. 250 000 $ sont
consacrés aux interventions auprès des jeunes pour
préparer la relève des amateurs d'art par une action
significative; 25 000 $ sont alloués à une étude sur le
financement privé des arts pour établir des mesures efficaces de
financement visant l'amélioration du statut de l'artiste; 375 000 $ de
plus vont aux associations professionnelles ou aux regroupements d'artistes
nationaux pour qu'ils puissent jouer pleinement leur rôle de partenaires
dans le développement des arts et la défense des artistes et des
créateurs; 125 000 $ sont alloués pour la gestion des arts et de
la carrière en matière de formation et de perfectionnement dans
ce domaine; 525 000 $ s'ajoutent au budget d'aide aux artistes et aux
créateurs. Donc, une enveloppe de 1 520 000 $ cette année pour
permettre de soutenir des projets multidis-ciplinaires en matière de
création et de perfectionnement.
Ce sont là des gestes concrets que nous avons déjà
posés. En marge de cette intervention directe, nous poursuivons un
ensemble d'activités reliées au statut de l'artiste et du
créateur. Nous travaillons avec acharnement à la reconnaissance
légale du statut de l'artiste. Nous avons recruté les services
d'un spécialiste en matière de droit du travail. Nous lui avons
donné le mandat de préparer une loi portant sur le statut
légal de l'artiste-interprète pigiste. Il travaille
déjà depuis le printemps dernier en étroite -collaboration
avec le ministère du Travail et, bien sûr, avec l'Union des
artistes.
C'est bien plus que ce que l'Opposition a fait alors qu'elle
était au gouvernement. La situation des artistes telle que nous la
connaissons ne date pas d'hier. Qu'a fait le titulaire des Affaires culturelles
de l'époque, alors qu'en 1984, l'Union des artistes défendait sa
cause? Je pense que la réponse vient toute seule. Rien, seulement de
beaux discours. C'est ce qu'a fait l'ancien ministre. La détermination
dont nous faisons preuve à régler vraiment les problèmes
réels en matière culturelle n'existait pas du temps du
gouvernement précédent sinon la charge des dossiers que nous
assumons ne serait pas aussi grande aujourd'hui.
Nous nous sommes engagés dans le dossier du 1 % du budget
consacré à la culture. Nous avons reconnu la
responsabilité de l'État en matière culturelle et la
nécessité de pourvoir à la sécurité
culturelle de la collectivité québécoise. En prenant le
pouvoir, le gouvernement libéral s'est efforcé d'améliorer
la situation économique délicate de l'État. Nous sommes en
bien meilleure posture maintenant qu'il y a deux ans. Dans ce contexte, j'ai
confié à la direction du
ministère la tâche de préparer un plan de
réalisation dudit objectif de 1 % échelonné sur une
période de trois ans à partir du prochain exercice financier,
soit 1988-1989. Ce dossier devrait être présenté
prochainement au Conseil des ministres.
Dans le présent exercice, il faut mentionner qu'il n'y a pas eu
les compressions budgétaires de 13 000 000 $ que nous avions
prévues. L'enveloppe du ministère pour la culture devrait
atteindre une croissance de 7,6 % d'ici à la fin de l'exercice financier
de l'année.
Nous nous sommes engagés aussi dans le dossier du fonds d'appui
au financement privé. Nous avons voulu diversifier et dès lors
accroître les sources de financement dans le domaine culturel. En
juillet, j'en faisais l'annonce. Ce programme ouvert pour la première
fois pour inciter les organismes culturels à s'adresser au secteur
privé devait accroître leur capacité de production et ce
programme a connu un succès sans précédent.
Je rappelle que ce fonds s'inspire du principe selon lequel l'aide
gouvernementale est calculée d'après la part du financement qu'un
organisme est allé chercher dans le secteur privé jusqu'à
un maximum de 100 000 $ pour la participation gouvernementale.
Nous y avons inscrit 4 000 000 $. La réponse du secteur
privé s'est révélée très claire. Il n'y a
plus de doute à avoir sur l'énorme potentiel du
mécénat au Québec. Le gouvernement se félicite
d'avoir été et d'être un excellent moteur et je suis
convaincue que la confiance que nous porte le secteur privé en tant que
bons gestionnaires des finances publiques encourage celui-ci à investir
dans les affaires culturelles. Cette confiance n'était certes pas aussi
grande pour l'ancien gouvernement qui avait accumulé un déficit
de 4 000 000 000 $ en décembre 1985.
Nous nous sommes engagés à revoir en profondeur les
programmes d'aide des milieux culturels. D'abord, nous nous sommes
engagés à simplifier, à normaliser les procédures
en vue de faciliter l'accès et aussi les adapter aux domaines changeant
de la clientèle. En novembre 1986, cette démarche a
été amorcée. Des correctifs ont été
élaborés. Les solutions préconisées tiennent compte
des règles de performance, de professionalisme et d'autonomie des
artistes.
La préoccupation d'un rayonnement international demeure un
postulat de base dans l'exercice que nous poursuivons. Le ministère a
effectué une démarche de validation auprès du
groupe-conseil mis sur pied à la suite de la commission parlementaire
sur le statut de l'artiste et nous estimons que pour le prochain exercice
financier les programmes tels que revus seront accessibles.
Il y a eu aussi la consolidation et l'expansion des industries
culturelles. D'abord, l'entente avec les "majors" américains. Il y a un
an, à la fin d'octobre 1986, entre le gouvernement du Québec et
la Motion Picture Export Association of America qu'on appelle les "majors" se
signait une entente qui a levé le dernier obstacle qui s'opposait
à l'entrée en vigueur d'une partie importante de la loi 109 sur
le cinéma. Cette loi concernait le contrôle et la surveillance du
cinéma.
La loi 109, rappelons-le, a bel et bien été votée
sous un gouvernement péquiste, mais il semble que nos amis d'en face
n'avaient pas su trouver ni le courage ni la force suffisants pour faire en
sorte que cette loi puisse s'appliquer. Alors, comme c'était la coutume
du gouvernement de cette époque-là, on s'est arrêté,
on a adopté une loi et, tout de suite après, on s'est
désengagé. Donc, cette entente signée en octobre dernier
entre le gouvernement libéral et les "majors" garantit aux distributeurs
québécois un meilleur accès aux films provenant des
différentes parties du monde tout en permettant aux Américains de
continuer à distribuer au Québec les films dont ils sont les
producteurs et pour lesquels ils sont les détenteurs de droits
mondiaux.
De plus, seuls les distributeurs dont le principal établissement
se trouve au Québec pourront distribuer les films tournés dans
une langue autre que l'anglais. C'est ainsi que les "majors" renoncent à
la distribution de tels films à moins d'en avoir financé la
production dans une proportion de 100 % et, de plus, les "majors" ne pourront
distribuer de films de langue anglaise au Québec qu'à la seule
condition d'en être ou le producteur ou le détenteur de droits
mondiaux au niveau de la distribution. (21 h 20)
Toujours concernant la Loi sur le cinéma que l'Opposition avait
laissée inopérante en grande partie, nous aurons très
bientôt l'occasion de discuter de l'adoption du principe du projet de loi
59 qui vise essentiellement à rendre opérante une Loi sur le
cinéma, qui existe depuis 1983.
Autre exemple de désengagement du précédent
gouvernement qui était certes bien intentionné en édictant
cette loi, d'ailleurs adoptée à l'unanimité, mais qui
n'avait pas la volonté politique suffisante de mener à terme ce
qu'il avait entrepris. Évidemment, il est beaucoup plus facile, beaucoup
plus rentable politiquement de s'empresser d'adopter de beaux
énoncés de principe, quitte par la suite à laisser
traîner la mise en application en invoquant les petites
difficultés techniques. C'est là une approche de politique de
façade, pour sauver la face mais qui, en fin de compte, ne change pas
grand-chose à la situation.
Encore une fois, c'est notre gouverne-
ment qui a posé et qui pose les gestes engageants dans le secteur
fragile et important de nos industries culturelles, à savoir celui du
cinéma.
Le projet de loi sur lequel je ne veux pas trop m'attarder, qui est un
projet de loi SODICC, Société générale de
cinéma, je le répète, nous aurons amplement l'occasion
d'en discuter très bientôt. Ce même projet de loi propose sa
fusion de la SODICC et de la Société générale de
cinéma. Nous espérons ainsi pouvoir doter ces deux organismes de
pouvoirs d'intervention accrus dans l'industrie cinématographique au
Québec.
Le dossier du doublage en est un de forte actualité ces jours-ci,
et il me fait plaisir d'en parler. Encore une fois, nous avons ici un bel
exemple de dossier où notre gouvernement, par ses interventions, a
posé et pose des gestes d'engagement après que nos
prédécesseurs n'aient strictement rien fait pendant les neuf
années où ils étaient à la barre de
l'État.
En janvier dernier, j'ai rencontré le ministre français de
la Culture, M. François Léotard, pour lui signifier que le
Québec souhaitait rouvrir le dossier de doublage. En deux mots, ce
dossier se présente comme suit. En 1961, la France adopte un
décret interdisant que soient projetés sur son territoire des
films doublés en dehors du territoire français. Cela a pour effet
de bloquer toute ouverture du marché français aux films
doublés par les entreprises québécoises de doublage. En
1965, ce décret français est amendé pour ouvrir le
marché aux pays membres de la Communauté économique
européenne. C'est alors que le Québec demande au gouvernement
français d'être, encore une fois, considéré au
même titre qu'un pays membre de la CEE. Ce privilège lui est
refusé. Il semble que ces dernières années les efforts de
nos prédécesseurs pour débloquer cet important dossier
n'aient pas été à la hauteur de la demande de nos artistes
et de nos techniciens.
Précisons que l'industrie du doublage au Québec
représente un chiffre d'affaires de près de 3 000 000 $ et
implique environ 500 personnes. C'est donc un dossier majeur dont les
retombées pour l'amélioration de la situation économique
des artistes sont des plus importantes.
Face à cet important dossier pour le développement de ce
secteur culturel au Québec, il y a un qualificatif qui convient bien
à nos prédécesseurs, c'est celui du désengagement.
Ils parlaient, tenaient de grands discours sur la valeur de la culture aux
Québécois. Mais des gestes précis, des gestes concrets,
des gestes efficaces pour permettre à nos artistes d'accéder
à des nouveaux marchés, il fallait attendre. Attendre quoi? Je ne
le sais pas, M. le Président. Mais, en attendant, ils discouraient.
Ce n'est pas la façon de faire de notre gouvernement. Ce n'est
pas là la façon de faire qui fait progresser les dossiers. C'est
pourquoi j'ai rencontré le ministre français en janvier 1987 et,
dès février 1987, je rencontrais à nouveau M.
Léotard qui m'a alors assurée de sa volonté d'en arriver
à une entente avec le Québec sur cette question du doublage. Nous
avons formé un comité conjoint dont le mandat consistait à
identifier des voies de solution à ce problème, voies de solution
qui devraient se concrétiser par une entente signée entre les
deux gouvernements.
Il y a deux semaines, j'ai confié à un de mes
sous-ministres adjoints le mandat d'aller travailler sur place à la
formation d'un projet d'entente. Sur ces entrefaites, les artistes
français déclenchaient une grève générale
dans le secteur du doublage, dans ce secteur si important. Le ministre, M.
Léotard, et moi-même avons convenu de laisser le temps au ministre
de résoudre ces problèmes auxquels il a à faire face, de
maintenir aussi notre volonté de régler ce vieux contentieux mais
que ce règlement se fasse dans la concertation, concertation entre la
France et le Québec, concertation aussi entre la France et les
partenaires syndicaux de l'entreprise. Nous avons identifié des pistes
de solutions et nous avons convenu que dans un délai maximum de trois
mois une solution acceptable pour toutes les parties ferait l'objet d'un
consensus.
Le sujet fait aujourd'hui les manchettes des médias parce que
justement nous agissons, parce que notre gouvernement s'engage, se compromet
face aux artistes et à l'industrie culturelle, dont nous devons
défendre par tous les moyens les intérêts si nous voulons
réellement faire en sorte que le Québec connaisse un
développement culturel qui corresponde aux aspirations de toutes les
Québécoises et de tous les Québécois. Nos
professions de foi à l'endroit de la culture, c'est par des gestes
concrets que j'entends en témoigner. Dans ce secteur du cinéma
entre autres, croyez-moi, le langage de désengagement de l'Opposition me
fait particulièrement sourire, puisque essentiellement il s'adresse non
pas à nous, mais à ceux qui pendant neuf ans ont clamé
bien haut l'importance de la culture, tout en restant bien assis, immobiles
à regarder le train passer, comme on dit ici au Québec.
M. le Président, j'aurais encore bien d'autres dossiers à
discuter avec vous pour démontrer le bien-fondé du travail qui
est fait par le ministère des Affaires culturelles. Qu'on pense, par
exemple, aux équipements culturels. Qu'on pense à l'implantation
d'équipement dans les régions. Qu'on pense au Musée d'art
contemporain de Montréal, au Musée du Québec dont je viens
d'annoncer, il y a quelque temps une somme de
21 000 000 $ pour son agrandissement. Avec sa vocation de musée
d'art, la population retrouvera les artistes d'hier, les artistes
d'aujourd'hui. Cette population aura enfin un équipement
muséologique qui répondra à ses désirs.
Qu'on pense aussi au Musée de la civilisation, M. le
Président. Ce projet lancé sous l'ancien gouvernement accusait de
sérieuses lacunes de gestion au moment où nous sommes
arrivés au pouvoir. Nous avons confié l'administration du
musée à une toute nouvelle équipe. Les résultats ne
se sont pas faits attendre. Nous avons procédé récemment
à la préouverture. Cette opération qu'on a appelée
"Opération porte ouverte" a été un franc succès et
présage d'un avenir beaucoup plus prometteur que ce qu'on pouvait
entrevoir au moment où nous avons hérité de ce
dossier.
Qu'on pense aussi aux bibliothèques publiques. Depuis 1960, le
secteur des bibliothèques publiques n'avait jamais
bénéficié de révision majeure. Nous avons
formé le comité dirigé par M. Sauvageau et nous lui avons
ensuite confié ce mandat de faire le point sur la situation. Nous
prendrons bientôt des décisions dans ce domaine. Le patrimoine, la
Direction du patrimoine, abandonnée par l'ancien gouvernement, au
ministère des Affaires culturelles, que je remets sur pied. Nous devons
au Québec faire un consensus sur le patrimoine, et le ministère,
dans ce cas, doit être celui qui doit donner le chemin et montrer aussi,
je pense, la lumière au bout de ce tunnel, M. le Président.
Dans bien d'autres dossiers, nous avons agi et je sais que le temps
presse et je ne peux tous les énumérer. A l'étranger
aussi, nous avons pris notre place et nous faisons en sorte d'avoir des
représentants du ministère, délégués par le
ministère et à Paris et à New York, en plus de celui qui
est maintenant à Toronto. Nous le ferons dans d'autres pays pour ouvrir
les portes toutes grandes à nos artistes, à nos créateurs
pour qu'ils puissent se faire valoir à l'étranger comme ils le
font ici.
M. le Président, si c'était si mauvais, la culture au
ministère des Affaires culturelles, l'ADISQ n'aurait pas jugé bon
d'offrir au ministère des Affaires culturelles ce Félix que je
recevais avec grand plaisir, dimanche soir dernier. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je vais maintenant reconnaître M.
le chef de l'Opposition pour l'exercice de son droit de réplique, qui,
pour la circonstance, a été fixé à quinze minutes.
Quinze minutes au maximum, évidemment.
M. Pierre Marc Johnson (réplique)
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. Cela va
peut-être être un peu plus court que cela, vu la vacuité de
ce qu'on a entendu en face, une bonne partie de l'après-midi. Je sais
que la ministre de la Santé et des Services sociaux dont je n'ai pu
entendre les propos cet après-midi a été
particulièrement persiflante au point où on me la disait
absolument méconnaissable. Certains pensaient même que
c'était la réplique de la ministre des Affaires culturelles. La
ministre de la Santé et des Services sociaux, au cours de son
exposé, apparemment, s'en est prise, comme le premier ministre
lui-même, à l'administration du système de santé
sous l'ancien gouvernement. (21 h 30)
Est-il besoin, d'une part, de rappeler que ce gouvernement est au
pouvoir depuis maintenant deux ans et qu'il devrait assumer la
responsabilité de ses absences de gestes, faute d'avoir des gestes, et,
deuxièmement, lui dire que la grande différence entre la
façon qu'a eue le précédent gouvernement de s'occuper des
questions de santé et celle de l'actuel gouvernement, cela a
été la franchise avec laquelle on a mis le réseau devant
une situation de fait?
Le réseau des affaires sociales, je le rappellerai, au moment de
la crise économique, connaissait des difficultés
budgétaires considérables. Alors on ne leur a pas conté de
blagues. On leur a dit: Savez-vous, il y a moins d'argent et il va falloir que
vous vous débrouilliez avec moins. Ils ont travaillé à
cela en faisant de la rationalisation entre les établissements, en
s'assurant qu'un certain nombre de postes budgétaires, qui ne touchaient
pas les services directement, puissent être affectés par ces
restrictions essentielles dans le contexte. On ne s'est pas promené en
disant aux gens: Cela va bien, c'est parfait comme l'écureuil
engrangeur. On a dit aux gens ce qu'était la réalité.
Vous, vous vous êtes promenés pendant la campagne
électorale, en matière de santé, et vous avez
expliqué au monde que tout serait parfait après. Tout n'est pas
parfait. Bien au contraire, on a souvent l'impression que la ministre est
totalement dépassée par les enjeux en matière de
santé, qu'elle est profondément "insécure" dans les
questions qui touchent la santé publique, le fonctionnement des
hôpitaux et le réseau des urgences. Par exemple, à ma
connaissance, la ministre ne s'est pas rendue souvent visiter
Urgences-santé à Montréal pour savoir comment le
système fonctionne. Les systèmes ont besoin de ressources. Si je
ne me trompe pas, je pense qu'elle n'y a pas mis les pieds une seule fois. Et
pourtant cela touche des milliers de citoyens dans la grande région
métropolitaine. Mais la ministre doit avoir peur de cela, imaginez-vous
qu'Urgences-santé, cela a été mis sur pied par le
précédent gouvernement. Et pire encore,
Urgences-santé a été mis sur pied par le ministre
des Affaires sociales qui était là en 1980. Quel drame! Comme
c'est celui qui vous parle, cela ne doit pas être bon!
Cela me fait penser un peu au Procureur général qui me
reprochait, la semaine dernière, d'être le pire Procureur
général que le Québec ait jamais connu, et qui, cet
après-midi, à la période de questions, me citait comme un
modèle, quant à ce qu'il faut répondre quand on pose des
questions en matière policière.
Dans le fond, vous ne savez pas où vous vous en allez, c'est pour
cela qu'on vous blâme. Votre désengagement est à la hauteur
de votre incurie, de votre incohérence, de votre incapacité
d'avoir d'autres politiques que de dire: On va laisser les choses faire. On a
même entendu le premier ministre nous dire, avec une espèce de
candeur, après nous avoir expliqué que, imaginez-vous, il y a eu
une photo de lui, pas n'importe quelle photo, une photo de lui en couleur dans
le Time Magazine. C'est quelque chose! En couleur, qu'il nous a dit, la
photo dans le Time Magazine. Ça, je dois vous le dire, ça
règle des problèmes de chômage en Gaspésie,
ça aide les assistés sociaux de l'est de Montréal,
ça permet à une maison d'hébergement pour femmes en
Abitibi de fonctionner comme du monde. La photo du premier ministre du
Québec en couleur dans les pages de l'édition canadienne du
Time Magazine. Ce n'était pas dans l'édition
américaine, je pense, par exemple; peut-être que c'était
dans l'édition américaine, mais probablement que la photo
n'était pas en couleur. Je suis sûr que le prochain objectif du
premier ministre dans son voyage à l'étranger, cela va être
d'avoir une photo en couleur dans l'édition américaine du Time
Magazine. Cela fait une belle jambe aux gens du secteur culturel, notamment
dans les régions qui, en dépit des propos lénifiants de la
gagnante du Félix de l'ADISQ et qui, faute d'avoir une politique, se
promène avec un trophée... Cela ne règle pas les
problèmes des gens dans les régions du Québec qui
attendent, comme à Baie-Comeau, par exemple, que le gouvernement se
branche quant à l'équipement culturel qu'il doit installer entre
ce qu'était Baie-Comeau et Hauterive pour faire un centre-ville entre
ces deux anciens territoires municipaux dans une ville maintenant
unifiée.
Je vois un désengagement du premier ministre, je pense que le
ministre de la Justice va me comprendre. Le nouveau député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui a eu son baptême des incohérences
depuis qu'il est arrivé ici, d'ailleurs se prenait la tête
à deux mains pendant les discours de ses nouveaux collègues.
Désengagement du premier ministre sur la question linguistique. Je suis
sûr que le député de Notre-Dame-de-Grâce est
impressionné par la façon qu'a le premier ministre de respecter
sa parole aux électeurs de son comté. En tout cas, s'il ne l'a
pas découvert, il va découvrir que la franchise, les gens d'en
face ne s'étouffent pas avec cela, ceux qui siègent à
l'Exécutif, ceux qui sont membres du Conseil des ministres.
Le but de cette motion que l'Opposition a présentée, M. le
Président, c'était de mettre en évidence que, dans le
domaine social, dans le domaine culturel et dans le domaine économique,
ce gouvernement s'était désengagé. Non seulement il s'est
désengagé de ses promesses - demandez cela aux jeunes
assistés sociaux de moins de 30 ans qu'on a leurrés, qu'on a
amenés dans des autobus, dans une aréna, pendant les
élections pour leur promettre la dignité par la parité de
l'aide sociale - mais ce gouvernement qui n'a pas dit qu'il ferait un
comité d'études sur le Régime de rentes qui deviendrait
accessible à la femme au foyer, il a dit qu'il réaliserait
l'intégration de la femme au foyer dans le Régime de rentes.
Où sont ses belles promesses? Où sont ses engagements?
Désengagement aussi dans une conception de l'État qui,
encore une fois - je me permets de le dire - est une conception qui date. Elle
date déjà. Vous êtes quelques années en retard sur
M. Reagan. M. Reagan s'en va et vous commencez à peine à mettre
en place des politiques inspirées de cette vision.
J'entendais aussi le premier ministre nous dire, nous parler de
l'Angleterre... Il faut dire que le premier ministre aime l'Angleterre, surtout
la reine d'Angleterre qui vient lui faire des félicitations pour son lac
Meech. J'ai remarqué qu'elle n'avait pas parlé du
libre-échange, par exemple. Je ne sais pas pourquoi elle a parlé
du lac Meech, mais elle n'a pas parlé du libre-échange. Il faut
dire que ce n'est pas très inspirant, ce qui se passe en Angleterre. Le
premier ministre devrait le savoir. Quand on voit quel est le taux de
chômage en Angleterre. Quand on constate, M. le Président, qu'en
Angleterre, la privatisation est en train de se traduire par une catastrophe en
ce moment, notamment sur le marché boursier. Parmi les entreprises les
plus affectées par le krach en Angleterre, il y a les premières
compagnies privatisées par le gouvernement anglais. Cette conception
étriquée, au nom d'un modernisme superficiel, d'une nouvelle
mystique économique, chez des gens qui n'ont aucune vision du
développement et de la cohésion sociale, tout cela est en train
d'affaiblir un instrument important qui est l'État
québécois. Ce n'est pas un gros instrument. C'est un instrument
qui est fragile. C'est un instrument auquel vous devriez faire un peu plus
attention. C'est un instrument qui, pourtant, ne devrait pas se contenter des
propos comme ceux du premier
ministre qui dit: Les gens nous ont élus pour que ce soit
tranquille. Pour être tranquilles, vous l'êtes pas mal. Il n'y a
pas de doute. Je veux rassurer le premier ministre là-dessus, il est
bien tranquille. Il a raison de sourire. Il a même le rire tranquille.
Vous dites: C'est pour cela que les gens nous aiment.
D'abord, je n'ai jamais compris que l'indifférence était
une manifestation d'affection. J'ai toujours compris que l'indifférence
des citoyens à l'égard des gouvernements, c'était plus une
manifestation de tolérance. Les gens vous tolèrent dans vos
inconséquences en ce moment. Ils vous tolèrent en attendant. En
attendant qu'au Québec soit élaboré un certain nombre de
projets auxquels nous participons en ce moment et d'une façon dynamique,
en impliquant des citoyens de toutes les régions du Québec, un
certain nombre de projets qui vont permettre de croire que la solidarité
sociale peut exister au Québec, que la fierté culturelle a un
sens pour le Québec, que la vie et la vigueur des organismes
communautaires sont une richesse du Québec, autant que les livres
comptables dont les traductions pour le ministre des Finances lui permettent de
dire des choses qu'il n'aurait pas dites, d'après le premier
ministre.
Ce n'est pas vrai, il n'y a pas de vaches grasses. On est content de
l'apprendre. Il y avait des vaches grasses, il y a deux semaines. Là, il
semble qu'il n'y en ait plus. Le premier ministre a
décrété qu'il n'y avait plus de vaches grasses. Au moins
on sait cela. On a appris cela pendant ce débat. Il paraît que ce
n'est pas vrai que cela va si bien que cela dans les finances publiques. Le
premier ministre nous dit: Ne vous fiez pas trop au ministre des Finances, en
matière de finances, quand il fait une déclaration pour dire que
cela va bien. C'est moi qu'il faut venir voir. Ne vous fiez pas trop à
la ministre des Affaires culturelles en matière linguistique, venez me
voir, moi. (21 h 40)
Quant à vous, les jeunes résidents et internes qui
attendez que je réalise ma promesse électorale de vous accorder
l'arbitrage, n'allez pas voir la ministre de la Santé et des Services
sociaux, allez voir l'émissaire que je vais nommer et, surtout, n'allez
pas voir le Procureur général qui ne sait plus à quel
corps policier se vouer. Un gouvernement où, finalement, un Conseil des
ministres en entier est aux prises avec le désengagement auquel les
oblige le chef du gouvernement. Le chef du gouvernement, il lui reste un
rêve, un rêve électrique où, finalement, le seul
avenir du Québec réside -je le cite - "dans les centaines de
milliards". Il faut le faire!
Une voix: ...
M. Johnson (Anjou): Oui, oui. Des voix: Ha! Ha!
M. Johnson (Anjou): Le premier ministre disait, au Point, dans un
contexte où il était absolument euphorique: Cela va attirer des
centaines de milliards. 100 000 000 000 $, c'est le produit intérieur
brut du Québec. Le premier ministre est en train de s'imaginer que le
harnachement d'un certain nombre de rivières, une fois qu'il aura
signé les contrats, à la condition qu'il règle le
problème des autochtones, à la condition qu'il donne des
garanties en matière d'environnement, va apporter des centaines de
milliards au Québec. C'est du délire, M. le Président.
Ce gouvernement est désengagé parce que, dans le fond, sa
conception de l'équité sociale a été fortement
ébranlée au cours de ses années d'Opposition. Elle a
été fortement ébranlée par ce gouvernement issu
d'un parti qui, à une certaine époque, a permis au Québec
de progresser, particulièrement dans les années soixante, sur le
plan social. Il est devenu soudainement la simple courroie de transmission de
préoccupations qui sont strictement économiques et qui ne sont
plus culturelles ni sociales. Sur le plan économique, M. le
Président - puisqu'il me reste deux minutes - je vous rappellerai qu'on
ne peut pas dénationaliser Quebecair pour faire en sorte que ce soit
aboli et que le service soit pourri dans les régions, qu'on ait
réalisé le rêve de Fernand Lalonde, qui était de
mettre fin à ce symbole d'une présence économique des
Québécois dans le secteur aérien.
On ne peut pas faire cela et, à côté, nationaliser
une piste de courses et appeler cela du développement économique.
On ne peut pas faire cela, on ne peut pas financier General Motors à
coups de dizaines de millions pour créer des emplois pour les
sous-entrepreneurs en Ontario plutôt qu'au Québec et, en
même temps, réduire les programmes de la SOI destinés aux
petites et moyennes entreprises. On ne peut pas prétendre faire du
développement économique régional quand, pour le ministre
responsable, c'est essentiellement une vision de voirie rurale pour laquelle il
ira chercher un financement en faisant une ponction dans le régime
d'assurance automobile du Québec, en enlevant l'argent aux
assurés de l'assurance automobile, en coupant dans le programme
d'assurance automobile pour aller chercher 200 000 000 $ pour la voirie rurale
du ministre.
Ce n'est pas du développement économique, c'est de
l'économie à la petite semaine. Les seuls succès de
l'économie québécoise en ce moment sont ceux dus à
sa croissance intrinsèque et non pas à la vision ou à la
présence du gouvernement. L'un des
auteurs spécialistes chroniqueurs économiques, M. Dubuc,
que le premier ministre aime citer, pour le moment - un jour il aimera moins le
citer - reconnaissait que la seule contribution du Parti libéral
à la croissance de l'emploi avait été de ne pas
déranger l'économie, de ne pas avoir été
Imaginatif, de ne pas avoir permis à des régions de se prendre en
main, de ne pas avoir permis au secteur technologique de se développer
plus rapidement au Québec, mais simplement de ne pas déranger.
Dans le fond, cela veut dire que, s'il n'y avait pas de gouvernement, on serait
aussi bien.
Allez voir, M. le Président, je pense que c'est vrai. Je pense
que, s'il n'y avait pas de gouvernement, on serait encore mieux.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Pourrais-je vous indiquer tout de suite, M. le
Président, notre intention de demander un vote nominal sur cette
motion?
Le Vice-Président: Très bien, le débat
étant maintenant terminé, nous devons procéder à la
mise aux voix. À la suite de la demande du leader du gouvernement, nous
allons procéder par vote enregistré. Qu'on appelle les
députés. (21 h 43 - 21 h 49)
Le Vice-Président: Nous allons maintenant procéder
à la mise aux voix de la motion de censure présentée par
le chef de l'Opposition, motion qui se lit comme suit: "Que l'Assemblée
nationale du Québec blâme sévèrement le gouvernement
libéral de son désengagement inacceptable à l'égard
du nécessaire soutien de l'État à la vie
économique, culturelle et sociale du Québec."
Que les députés qui sont favorables à la motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Johnson (Anjou), Chevrette
(Joliette), Jolivet (Laviolette), Garon (Lévis), Charbonneau
(Verchères), Mme Juneau (Johnson), MM. Gendron (Abitibi-Ouest), Filion
(Taillon), Gauthier (Roberval), Mme Vermette (Marie-Vic-torin), MM. Paré
(Shefford), Blais (Terrebonne), Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand),
Mme Harel (Maisonneuve), M. Desbiens (Dubuc).
Le Vice-Président: Que les députés qui
s'opposent à la motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint MM. Bourassa (Saint-Laurent), Gratton
(Gatineau), Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), MM. Bourbeau
(Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi), Séguin (Montmorency),
Côté (Rivière- du-Loup), Mmes Gagnon-Tremblay
(Saint-François), Robic (Bourassa), MM. MacDonald (Robert Baldwin),
Vallerand (Crémazie), Lincoln (Nelligan), French (Westmount),
Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Picotte
(Maskinongé), Fortier (Outremont), Rocheleau (Hull), Mme Bégin
(Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Dauphin (Marquette), Maltais (Saguenay),
Philibert (Trois-Rivières), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM.
Lefebvre (Frontenac), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger), Middlemiss (Pontiac),
Cannon (La Peltrie), Lemire (Saint-Maurice), Mme Pelchat (Vachon), MM. Rivard
(Rosemont), Polak (Sainte-Anne), Assad (Papineau), Audet (Beauce-Nord), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue), Bélanger (Laval-des-Rapides),
Bélisle (Mille-Îles), Mme Hovington (Matane), MM. Thérien
(Rousseau), Tremblay (Iberville), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), MM. Parent (Sauvé), Gervais (L'Assomption),
Trudel (Bourget), Mme Bleau (Groulx), M. Brouillette (Champlain), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet), Gobé (Lafontaine),
Hamel (Sherbrooke), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), Kehoe
(Chapleau), Leclerc (Taschereau), Hétu (Labelle), Joly (Fabre), Khelfa
(Richelieu), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois), Messier (Saint-Hyacinthe),
Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce),
Théorêt (Vimont).
Le Vice-Président: Y a-t-il des abstentions? Il n'y a pas
d'abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 16
Contre: 72
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est donc rejetée.
Conformément...
À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous n'allons pas ajourner maintenant, puisque, cet après-midi,
nous avons reçu une demande de fin de séance. Nous aurons donc ce
débat sur une question soulevée par le député de
Verchères relativement à la demande de moratoire relatif à
la construction d'un entrepôt de BPC à Senneterre.
Je demanderais aux députés qui ne veulent pas assister
à ce débat de quitter l'Assemblée
immédiatement.
Débat de fin de séance
Demande de moratoire sur l'entreposage de BPC à
Senneterre
Donc, conformément aux règles de procédure, le
débat de fin de séance se tiendra de la façon suivante: le
député qui a
soulevé la question, M. le député de
Verchères, aura un temps de parole de cinq minutes. Le ministre de
l'Environnement pourra également avoir un temps de parole de cinq
minutes et nous conclurons par une réplique de deux minutes de la part
du député de Verchères.
M. le député de Verchères, la parole est à
vous pour les cinq prochaines minutes.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Il y a moins de
monde pour les dossiers de l'environnement qu'il y en avait tantôt pour
applaudir le premier ministre du Québec. C'est dommage, parce que le
dossier dont on va parler de nouveau à ce moment-ci est important. C'est
un dossier important pour une région en particulier, mais c'est aussi un
dossier important pour voir un peu quelle est l'approche que le gouvernement a
dans un certain nombre de questions concernant l'environnement.
On construit actuellement en Abitibi, à Senneterre plus
précisément, un entrepôt pour les BPC, les déchets
dangereux. Cet entrepôt fera en sorte que l'ensemble des BPC qui sont au
Québec, et une partie importante de ceux qui sont en Ontario et dans les
Maritimes se retrouveront concentrés dans cet entrepôt. On n'a pas
choisi Senneterre pour rien, non seulement parce que le conseil municipal est
d'accord, mais aussi parce qu'on se propose d'établir au même
endroit une usine de destruction de ces déchets dangereux. C'est
évident que ce projet a soulevé, dès le départ, des
craintes et des tollés dans plusieurs milieux de la région de
l'Abitibi. Je pense, par exemple, aux gens de Val-d'Or, je pense, entre autres,
aux autochtones Algonquins de la région, à certains syndicats,
entre autres le Syndicat des enseignants qui, récemment, a
emboîté le pas à des demandes qui ont été
faites et qui se résument, à toutes fins utiles, à la
suivante. Selon la loi et le règlement, il est prévu... Quand le
ministre a annoncé le permis qu'il accordait pour l'entrepôt il a
confirmé qu'il y aurait des audiences publiques et des études
d'impact sur l'usine d'élimination.
Le problème actuel, c'est qu'on est en train de construire
l'entrepôt, et les gens se disent, même si le ministre
prétend qu'il n'y a pas de lien entre les deux, et que s'il y a un
entrepôt, on pourra toujours bien avoir des audiences publiques
après, que ce sera assez inutile parce que, dans les faits, comme on
aura décidé d'entreposer là, on pourra toujours faire une
audience publique et une étude d'impact pour la galerie, mais la
réalité, c'est que c'est évident que l'usine sera
construite à Senneterre.
La semaine dernière, au Canadian Club, le ministre a dit: On peut
très bien entreposer les BPC en Abitibi et construire l'usine ailleurs.
Dans ce cas, pourquoi faire un entrepôt en Abitibi si, par exemple, on
pouvait éventuellement se retrouver après des audiences publiques
avec un résultat qui nous amène à choisir un autre
endroit, par exemple, sur la Côte-Nord ou en Gaspésie ou dans la
région de Sherbrooke? Pourquoi amener l'ensemble des BPC à
travers le Québec dans différents entrepôts, les amener en
Abitibi, les transporter dans cet endroit pour, par la suite, nous dire: Bien
écoutez, on n'a pas à s'inquiéter du problème de
l'entreposage, du problème de la manutention, du problème du
transport. Ce n'est pas grave. De toute façon, ne vous inquiétez
pas, il y aura des audiences publiques. Si jamais on trouve que cela n'a pas de
bon sens d'avoir une usine de destruction de ces produits chimiques et
dangereux à Senneterre, bien, écoutez, on pourra toujours dire
qu'on la fera ailleurs. (22 heures)
Entre-temps, on aura construit un entrepôt au coût de 2 000
000 $ et on aura inquiété la population et on aura
transporté d'un peu partout à travers le Québec, de
l'Ontario et des Maritimes des produits dangereux. Quand on a dit cela au
ministre, il n'a pas eu l'air de se scandaliser, il n'a pas eu l'air de
s'inquiéter et il n'a surtout pas eu l'air de vouloir changer d'opinion.
Il nous a dit: Écoutez, il n'y a pas de problème. On ne peut pas
faire une audience publique pour chaque entrepôt de BPC. Ce n'est pas
cela qu'on lui demande. On lui demande de faire un super entrepôt qui va
faire en sorte que l'ensemble de ces produits toxiques va être
concentré à un endroit. On ne peut pas penser que c'est
déraisonnable de demander un moratoire tant qu'il n'y aura pas une
audience publique et une étude d'impact sur l'ensemble du projet.
Le ministre nous dit: On respecte la loi et le règlement. Entre
autres, son collègue nous a dit que c'est une loi faite par le
gouvernement du Parti québécois. Cela n'est pas le
problème, M. le Président. C'est: Est-ce que, oui ou non, le
ministre a actuellement le pouvoir de décréter? Il l'a, le
pouvoir. Il a simplement, en termes de réglementation, à modifier
le règlement et à se permettre d'autoriser une audience publique
et une étude d'impact pour l'entrepôt.
Ce qu'on dit au ministre c'est qu'il y a des dangers, à moins que
le ministre nous dise que les BPC, ce n'est pas dangereux et qu'il n'y a pas de
danger a les transporter d'un endroit à l'autre à travers le
Québec. Dans ce cas, pourquoi a-t-il lui-même concocté un
plan qui veut faire en sorte que d'ici à une dizaine d'années on
ait éliminé l'ensemble de ces produits toxiques? Ce que nous
disons au ministre, M. le Président, c'est: Comment peut-il nous
répondre qu'il
n'y a pas de lien entre l'entrepôt et l'usine
d'élimination? Comment peut-il penser et essayer de nous faire croire
qu'il ne s'agit pas d'un projet intégré où
l'entrepôt est inévitablement lié à l'usine de
destruction de ces produits toxiques? Pourquoi le ministre s'entête-t-il
à refuser un moratoire et une audience publique sur l'ensemble du projet
qui est un projet intégré? C'est le bon sens même qui nous
le dit, M. le Président.
Est-ce que le ministre a des raisons particulières de s'opposer
à une demande légitime? On ne dit pas qu'éventuellement
cela ne pourrait pas s'établir à Senneterre. On dit, M. le
Président, et je conclus sur cela: II faut que ce projet soit pris dans
sa globalité, parce que c'est le bon sens qui l'exige et c'est aussi la
logique. Autrement, on va possiblement se retrouver avec un entrepôt
à Senneterre et une usine ailleurs. Il faudra construire un autre
entrepôt et retransporter de Senneterre à cet autre entrepôt
ailleurs les produits toxiques qu'on aura transportés à cet
endroit préalablement.
M. le Président, pourquoi le ministre s'entête-t-il,
à ce moment-ci, à une demande normale, légitime, pleine de
bon sens?
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le ministre de l'Environnement. Vous avez un temps de cinq minutes
pour votre réponse.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: J'ai souligné, plusieurs fois
déjà durant ces débats, comment ce nouveau chevalier sans
peur et sans reproche des BPC au Canada et au Québec - ça
commence déjà à grogner - a pu tolérer, lui et son
gouvernement de tous ces gars qui sont là... Je n'en ai pas entendu un
se plaindre pendant les années que les BPC...
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais simplement de respecter, de la même
façon que le député de Verchères a pu s'exprimer
pendant ses cinq minutes, le temps de parole du ministre de
l'Environnement.
M. Lincoln: Ils n'aiment pas écouter que pendant des
années ils ont laissé cela à la population de
Shawinigan-Sud, à la population de Saint-Basile-le-Grand, dans la
région même du député de Verchères, avec des
BPC dans deux entrepôts complètement non sécuritaires, qui
ont été sécurisés par nous depuis qu'on est au
pouvoir. Ne venez pas nous parler là du charriage. Comment
êtes-vous tellement inquiets pour la population de Senneterre,
soudainement, alors que vous n'étiez pas inquiets par votre population?
Voilà ce qui arrive dans les BPC. Il y a au moins treize entrepôts
de BPC au Québec aujourd'hui dont au moins neuf sont des entrepôts
temporaires et souvent non sécuritaires.
Une de ces firmes, par exemple, a fait banqueroute aujourd'hui.
Là vous venez faire du charriage en disant qu'en Abitibi on va
entreposer la plupart des BPC du Québec et de l'Ontario. Ça,
c'est du charriage. Savez-vous même les spécifications de cet
entrepôt, combien de gallons il doit contenir, combien de litres il doit
contenir? Il va contenir 1 000 000 de litres. Vous savez combien de millions de
litres de BPC il y a au Québec? Combien? Il y en a 20 000 000. Est'Ce
que ça fait tous les BPC du Québec et de l'Ontario? Cela fait 1
000 000 de litres, 5 % du total. Voilà. Et 5 % du total dans un
entrepôt qui aura ces spécifications, qui est mieux que
l'entrepôt qu'il y a dans votre région, à côté
de votre propre population.
Un terrain ceinturé d'une clôture de deux mètres de
hauteur. Un accès limité à 24 heures par jour par un poste
de gardiennage. Un entreposage à l'intérieur d'un bâtiment
au milieu d'un plancher de béton armé de quinze
centimètres d'épaisseur. Un bâtiment ceinturé d'un
mur de béton de quinze centimètres de hauteur. Un
entrepôt... Ça ne vous intéresse pas, M. le
député de Lévis. Vous avez laissé les BPC se
promener dans le paysage pendant des années, pendant que vous
étiez là. ...un entreposage donné en îlot pour
permettre une inspection visuelle en tout temps et de tous les angles. Un
réservoir d'entreposage muni d'une cuve de rétention d'une
contenance supérieure à celle de tous les réservoirs. Un
système de détection d'incendie relié 24 heures par jour
au poste de gardiennage et au service des incendies, de même qu'un
système de lutte contre les incendies extincteur-gicleur
automatique.
Là vous venez gueuler que c'est mauvais, qu'il faut faire un
moratoire parce que, pour la première fois au Québec, on aura un
entrepôt sécuritaire. Même si le bureau d'audiences
publiques décidait demain matin que négativement contre une
usine, au moins nous aurons un entrepôt sécuritaire pour la
première fois au Québec et de venir dire demain matin - et je
cite vos paroles -une étude d'impact et une audience publique pour la
galerie. Là j'espère que le président du BAPE, que les
membres du BAPE et que l'audience, que les gens qui suivent le BAPE
écouteront vos paroles comme nouveaux critiques de l'environnement.
Une étude d'impact et une audience publique pour la galerie. Moi,
je ne pense pas...
M. Dufour: Question de règlement.
Le Vice-Président: Un instant, M. le ministre. Un rappel
au règlement... Un instant. Un instant. À l'ordre! Un rappel
au
règlement, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre de l'Environnement affirme que c'est le
seul entrepôt sécuritaire qui va exister au Québec, c'est
à Senneterre en Abitibi. Veut-il dire dans...
Le Vice-Président: Un instant. Un instant. Jusqu'à
maintenant, la question que vous posez n'est pas une question de
règlement. C'est une question que vous posez. Si vous pouvez me citer
quel article du règlement vous voulez soulever, je vais vous
entendre.
M. Dufour: Si je vous dis, par exemple, qu'il existe un autre
entrepôt...
Le Vice-Président: Non, je regrette, M. le
député de Jonquière, ce n'est pas une question de
règlement au sens de la procédure parlementaire.
M. Garon: Est-ce que cela veut dire, par exemple, que les autres
ne sont pas sécuritaires?
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre de l'Environnement, pour la conclusion de votre
réponse.
M. Lincoln: Bien! là, il va me dire qu'il y en a un qui
est sécuritaire à l'Alcan, dans sa région; il y a un aussi
à la Domtar dans ma région; il y en a un à IREQ, nous
savons tout cela, mais il y en a neuf qui sont temporaires et non
sécuritaires. C'est pourquoi il faut un entrepôt
sécuritaire de premier ordre, un entrepôt public. Si une usine ne
se fait pas à côté, mais ailleurs, au moins nous aurons un
entrepôt sécuritaire pour la première fois au
Québec. Et selon une loi adoptée par ce gouvernement et dans
toutes les juridictions... Je défie le député de me
montrer où les entrepôts et les incinérateurs se font, en
audience publique, conjointement; dites-moi où cela se fait
conjointement. Il n'y a aucune raison qu'on n'ait pas un entrepôt
sécuritaire au Québec d'abord; si l'usine ne se fait pas
là ou ne se fait pas du tout, au moins on aura un entrepôt
sécuritaire. C'est la loi que votre gouvernement a adoptée...
Une voix: C'est cela.
M. Lincoln: ...et on profite de cette loi parce que c'est une loi
logique. On a fait cela de cette façon, parce que si, demain matin, il y
avait des études d'impact et des audiences publiques chaque fois qu'on
fait un entrepôt de matières dangereuses - on pourrait vous nommer
vingt matières dangereuses, qui sont plus dangereuses que les BPC - il y
aurait des moratoires tous les jours. Il y aurait des moratoires de six mois,
d'un an et on n'aurait pas d'entrepôt sécuritaire. Vous devriez,
au contraire, vous réjouir que, pour la première fois au
Québec, on ait un entrepôt plus sécuritaire que celui que
vous avez accepté dans votre propre région pour votre
population.
Le Vice-Président: M. le député de
Verchères, vous avez une réplique de deux minutes.
M. Jean-Pierre Charbonneau (réplique)
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre est
pressé d'agir selon la logique. Pourquoi? Parce qu'il a rendu public,
à grand renfort de publicité, un plan d'élimination des
BPC...
Une voix: C'est cela.
M. Charbonneau: ...et qu'il y a deux municipalités,
Tring-Jonction et Tracy qui ont refusé d'accueillir l'usine
d'élimination des BPC. Là, il y a un conseil municipal qui a dit
oui au ministre. Le ministre est tellement pressé - il ne veut pas avoir
un autre refus sur le bras - qu'il a dit: J'en ai une qui veut, je n'attends
pas un autre refus, on va tout de suite procéder.
Le problème est simple. C'est que le bon sens n'est pas du
côté de l'argumentation du ministre. Le bon sens, c'est que s'il
faut un entrepôt sécuritaire, il faut un entrepôt
sécuritaire à côté d'une usine d'élimination.
Ce qu'on veut éviter, c'est que les produits toxiques se
promènent d'un bout à l'autre du Québec, d'un
entrepôt sécuritaire à un autre entrepôt
sécuritaire, à une usine de BPC. On ne veut pas, sur les routes
de l'Abitibi, pas plus que sur les routes du Québec, avoir inutilement
des transports de produits dangereux, quand ce n'est pas utile, quand ce n'est
pas nécessaire. C'est cela que le ministre n'a pas compris. Il n'a pas
compris que ce que l'on veut, c'est lui permettre d'avoir une approche logique.
Un entrepôt sécuritaire, oui, à côté d'une
usine sécuritaire et efficace d'élimination, oui, qui lui
permette d'éliminer ses 20 000 000 de produits toxiques parce que si
l'usine contient 1 000 000, il est évident qu'on n'éliminera pas
cela du jour au lendemain. L'usine va être capable... Ce n'est pas pour
rien que la compagnie trouve cela intéressant, parce qu'elle sait
qu'à la fin elle va rentabiliser le projet puisque,
éventuellement, l'ensemble des produits va être
éliminé.
Ce qu'on veut et ce que la population demande dans la région, pas
uniquement le conseil municipal de Val-d'Or, mais une bonne partie de la
population de l'Abitibi, ce qu'on demande, c'est simplement un moratoire pour
faire en sorte que ce projet, qui est un projet intégré, soit
pris dans sa
globalité. Quand l'audience publique sera tenue par le Bureau des
audiences publiques, qu'elle se tienne sur l'ensemble du projet pour qu'on
n'ait pas, éventuellement, à se retrouver - ce qui est assez
ridicule - avec un entrepôt sécuritaire à Senneterre et un
autre entrepôt ailleurs, et une usine ailleurs. C'est cela qu'on veut
éviter. Il me semble que ce n'est pas compliqué à
comprendre. Si le ministre voulait faire un peu moins de démagogie sur
l'ancien gouvernement et prendre ses responsabilités, cela irait
probablement mieux.
Le Vice-Président: Cela met fin à ce débat
de fin de séance et puisque nous avons maintenant dépassé
22 heures... À l'ordre, s'il vous plattl Puisque nous avons
dépassé 22 heures, l'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, le mercredi 28 octobre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 12)