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(Dix heures dix minutes)
Le Vice-Président: Un moment de recueillement, s'il vous
plaît!
Veuillez vous asseoir.
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux, au nom du
leader du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire motion
pour que l'Assemblée nationale se transforme en commission
plénière pour l'étude des crédits provisoires.
Le Vice-Président: Très bien. Est-ce que cette
motion est adoptée?
M. Chevrette: Sûrement!
Commission piénière
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
l'Assemblée se transforme en commission plénière pour la
poursuite de l'étude des crédits provisoires.
Étude des crédits provisoires 1988-1989
Santé et Services sociaux
M. Saintonge (président de la commission
plénière): La commission plénière se
réunit pour la poursuite de son mandat, soit l'étude des
crédits provisoires pour l'année budgétaire 1988-1989. Tel
que convenu suivant l'avis donné par le leader du gouvernement, dans un
premier temps, nous allons accueillir ce matin, jusqu'à 11 heures, Mme
la ministre de la Santé et des Services sociaux. Je cède la
parole à Mme la ministre pour ses remarques préliminaires.
Remarques préliminaires Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, mes remarques
préliminaires vont être très courtes. L'objet de cette
rencontre provisoire, c'est le cas de le dire, est d'examiner brièvement
les crédits qui ont été déposés II y a
maintenant une semaine.
D'une façon générale, cette année, les
crédits de la Santé et des Services sociaux connaissent une
augmentation de 7 %, c'est-à-dire de 6,1 % selon le livre des
crédits et de 7 % si l'on tient compte de l'inclusion du fonds de
suppléance de 0,9 % pour l'indexation des syndiqués au 1er
janvier 1989.
M. le Président, il y a des mesures nouvelles qui ont
été annoncées et qui étaient attendues depuis
longtemps. Entre autres, il est prévu que, sur une période de
trois ans, 70 000 000 $ seront ajoutés et partagés entre les
sommes supplémentaires pour l'alourdissement des clien- tèles et
les services de soins à domicile. Je pense que ceci répond
à un besoin qui était signalé depuis fort longtemps et qui
veut tenir compte du fait que les personnes maintenant hébergées
dans nos centres d'accueil ou même, de plus en plus, dans des ressources
de soins prolongés, sont des cas de plus en plus lourds.
Il y a également des ajouts du côté de la protection
de la jeunesse et de la déficience intellectuelle. J'en suis très
heureuse parce que ce sera la première fois depuis fort longtemps qu'il
y aura des ajouts de ce côté, soit 4 500 000 $ - j'aurai
l'occasion de faire connaître la ventilation de ces 4 500 000 $, de
quelle façon ils seront affectés - et 2 500 000 $ qui serviront
à la création de nouvelles places en CAT, qui sont les centres
d'apprentissage au travail, pour les personnes qui ont une déficience
intellectuelle. De ce côté-là, encore une fois, depuis 1980
ou 1981, aucune place n'avait été ajoutée; je pense que
c'est un pas dans la bonne direction.
Du côté de la santé mentale, même si la
politique officielle du gouvernement n'est pas encore adoptée -
d'ailleurs, j'avais dit que je ne prévoyais pas qu'elle le soit avant
avril ou mai - compte tenu des besoins dans ce secteur, il y a 8 000 000 $ qui
seront ajoutés pour répondre aux besoins ou, au moins, amorcer
certaines mesures qui s'imposent dans ce secteur fort névralgique.
M. le Président, j'arrête ici mes commentaires. Le budget
global de cette année pour la Santé et les Services sociaux, si
on inclut les dépenses reliées à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, sera de l'ordre de 9 500 000 000 $, ce
qui veut dire que c'est évident que les dépenses du
côté de la santé continuent de s'accroître
rapidement. Il faut le comprendre compte tenu du vieillissement de notre
population et de l'avènement des technologies.
Je voudrais faire remarquer que du côté des centres
hospitaliers, pour la troisième année, d'ailleurs c'est
maintenant établi que les hôpitaux reçoivent une
augmentation de l'ordre de 1 % sur leur budget général pour le
vieillissement et la technologie. En fait, ce sont 42 000 000 $ qui seront
ajoutés cette année, ce qui veut dire un total, dans les trois
dernières années, relié à la technologie et au
vieillissement pour un meilleur fonctionnement des hôpitaux,
d'au-delà de 100 000 000 $. Je n'ai pas le chiffre précis devant
moi. Ce sont là des indications fort claires de la volonté du
gouvernement de privilégier la Santé et les Services sociaux. Il
est évident, M. le Président, qu'on peut toujours faire valoir
qu'il n'y en a pas suffisamment, mais je pense que même les observateurs
réalisent fort bien que la part du lion continue d'aller à la
Santé et aux Services sociaux.
J'arrête ici mes remarques, si l'on veut que le chef de
l'Opposition et critique en matière de santé et de services
sociaux ait le temps de me
poser quelques questions. Je lui laisse la parole.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Mme la
ministre. Je cède maintenant la parafe à M. le chef de
l'Opposition pour ses remarques préliminaires. Il pourra enchaîner
avec des questions à Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux. M. le chef de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'essaierai, moi
aussi, d'être bref. Je dirai cependant que, après avoir
étudié les crédits qui nous sont déposés, je
me rends compte que, malheureusement, à vouloir régler des
problèmes, on en crée d'autres. Dans le domaine de la
santé et des services sociaux, à mon point de vue, il faudrait
des réorientations très profondes. On aurait pu s'inspirer sans
doute du rapport Rochon et voir transpirer au niveau des crédits le
début d'une volonté politique gouvernementale de voir à
appliquer certaines mesures du rapport Rochon.
Cela dit, vous me permettrez de dire que. bien sûr, on est
d'accord quand on règle un problème au niveau de la santé,
mais, à mon point de vue, on va vivre des problèmes majeurs dans
d'autres secteurs, et je donne des exemples. À convertir des lits de
centres d'accuel en lits pour malades chroniques, bien sûr qu'on
règle un problème pour les malades chroniques, mais on ne
règle pas le problème au niveau des centres d'accueil. si on ne
crée pas des lits additionnels pour recevoir cette clientèle.
Quand on transforme des lits pour malades aigus dans certains centres
hospitaliers ou des lits pour soins de courte durée en lits pour malades
chroniques, on accentue le problème des malades aigus parce que les
listes d'attente sont de 8000 dans la région de Montréal et de
7000 dans la région de Québec. Donc, automatiquement, on vivra
d'autres problèmes dans le secteur de la santé, mais on aura
déplacé le problème parce qu'on n'aura pas eu une vision
globale de ce qu'est l'ensemble de la problématique de la santé
au Québec.
D'autant plus qu'à mon point de vue i y a un tir qu'i faut
corriger dans le domaine de la santé: i faut changer les
mentalités. Changer les mentalités, c'est amener les gens
à avoir un autre réflexe. Ce n'est pas la faute des gens, je ne
blâme pas les individus, les personnes. Le réflexe premier en
santé depuis un certain nombre d'années, c'est l'institution. Je
suis malade, c'est l'urgence. Je commence à me sentir mal, c'est la
maison d'accuel. c'est le centre d'accuei. Je suis pas mal plus malade, je vais
à l'hôpital chronique. On a développé chez les
citoyens et citoyennes québécois ce réflexe d'institution,
alors qu'à mon point de vue i faut prendre le taureau par les cornes, il
faut précisément essayer d'inculquer à la personne
l'idée qu'elle peut demeurer chez ele le plus longtemps possible.
(10 h 20)
Par mes questions, ce matin, je vais essayer de démontrer - I n'y
a pas de cachette, je préviens tout de suite la ministre - que le
problème reste entier, malgré le nombre de mitons qu'elle
apporte. Le problème risque de s'aggraver précisément
parce qu'on ne fait rien dans cette direction, on ne pose pas de geste concret.
Cette volonté politique manifeste de changer les mentalités, de
réorienter l'approche santé est inexistante dans les
crédits.
Crédits nouveaux pour les centres
hospitaliers
Je commencerai tout d'abord par parler de crédits nouveaux.
Première question: J'ai entendu la ministre dire qui y avait 102 000 000
$. Est-ce que c'est bien le chiffre précis?
Mme Lavoie-Roux: 101 000 000 $ ou 102 000 000 $ 101 800 000 $.
pour être très précis.
M. Chevrette: Arrondissons à 102 000 000 $.
Dans le domaine des centres hospitaliers, vous infectez la somme de 42
000 000 $ pour l'alourdissement, à toutes fins uties Plus
précisément, c'est 42 400 000 S.
Mme Lavoie-Roux: Plus 12 000 000 $. si vous me le permettez, pour
le fonctionnement aloué à des développements immobiliers
qui sont toujours obligatoires.
M. Chevrette: Parlons. d'abord, des 42 400 000 $. C'est une somme
visant à mieux traiter les personnes atteintes de maladies
chroniques.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, excusez-moi Si vous me le permettez -
je ne sais pas si j'ai le droit de procéder ainsi - ces 42 000 000 $
représentent les coûts du système qui a été
introduit lors de la première armée du gouvernement actuel pour
aider les hôpitaux à faire face à l'augmentation des
dépenses inhérentes particulièrement à deux
éléments: le viellissement de la clientèle, qui fait que
c'est plus lourd dans les hôpitaux et qu'i y a plus de gens qui
requièrent plus souvent des...
M. Chevrette: Est-ce que ce sont les 42 000 000 $ qui servent
à éponger les déficits antérieurs que vous avez
reconnus comme des non-déficits?
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous dire le...
M. Chevrette: Quand vous êtes arrivés au
gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Mon, non Cela n'a rien à voir. C'est un
déficit de 284 000 000 $ qui s'était
accumulé de 1962 à 1985. Il a été
résorbé, mais i est financé à long terme par le
ministère des Finances et cela n'a rien à voir avec cela. En
1988-1987, nous avons introduit ce coût de système qui est une
notion assez complexe, c'est-à-dire que c'est un pourcentage...
M. Chevrette: Qui remplace l'ancienne méthode de calcul.
Vous avez appelé cela le coût de système.
Mme Lavoie-Roux: Ah, non! Elle n'existait absolument pas. C'est
tout à fait nouveau.
M. Chevrette: Mais qu'est-ce que cela remplace? La méthode
qu'on avait pour calculer.
Mme Lavoie-Roux: C'est nouveau. Cela ne remplace rien. C'est pour
prévenir les coûts, pour éviter, justement, des
déficits. C'est dans ce sens-là qu'on a tenté...
M. Chevrette: Vous tenez compte de l'alourdissement des
clientèles et vous compensez les centres hospitaliers.
Mme Lavoie-Roux: La technologie. Mais c'est pour la courte
durée.
M. Chevrette: Bon, d'accord. Mais 42 400 000 $ pour aider les
centres hospitaliers à satisfaire la demande accrue des services
résultant du vieilissement, c'est écrit textuellement, cela
n'ajoute aucun lit Est-ce que je me trompe?
Mme Lavoie-Roux: Non. Ce n'est pas l'objet de cet argent qui est
ajouté.
M. Chevrette: J'ai donc raison de dire que ces 42 400 000 $ sont
introduits dans les crédits de 1988-1989 pour améliorer,
peut-être la qualité du service ou bien pour éviter qu'on
ne fasse des déficits à cause du vieillissement, mais que cela
n'ajoute aucun lit. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Lavoie-Roux: II y a 15 000 000 $...
M. Chevrette: Mais je parle des 42 000 000 $. Je le
comprends.
Mme Lavoie-Roux: Les 15 000 000 $ sont pour l'augmentation des
jours-présence dans les hôpitaux de courte durée. On sait
fort bien, aujourd'hui, que les hospitalisations sont plus courtes et ceci,
depuis quelques années. On tend à développer les
hôpitaux de jour, etc. Mais, malgré tout cela, on sait que les
présences en nombre de jours augmentent, que ce soit à l'urgence
ou que ce soit dans les hôpitaux à court terme. Et comme,
autrefois, il n'y avait pas de coussin, je dirais, pour absorber ces
coûts supplémentaires occasionnés par l'augmentation des
jours-présence, ce pourcentage qui est ajouté au budget reconnu
à un centre hospitalier lui permet de faire face à ces
obligations nouvelles.
M. Chevrette: Donc, 42 000 000 $ pour des obligations nouvelles
sans créer, pour la population, de lits additionnels. Est-ce qu'on se
comprend bien?
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, le nombre de
jours-présence, c'est quand même l'équivalent de services
additionnels à la population. Mais je pense qu'il faut séparer
les deux opérations. Si on décide d'ajouter des lits de courte
durée comme nous l'avons fait dans le plan des urgences où on a
créé des lits de courte durée... Dès la
première année, on en ajouté 125, je pense, ou 140. Qu'on
veuille en ajouter d'autres... Par exemple, au centre hospitalier
Maisonneuve-Rosemont, i y a des lits de prévus; de mémoire, je
pense que c'est 80. Est-ce que c'est cela? Oui, c'est 80 - pas de
mémoire, on me dit que c'est exact - qui vont être ouverts
probablement l'an prochain. C'est un long processus et je pense que le chef de
l'Opposition sait que d'ajouter des lits nouveaux de courte durée, c'est
un long processus, comme i s'en ajoutera à la Cité de la
santé de Lavai et comme il s'en ajoutera à Santa Cabrini. Il y
aura des lits de courte durée. C'est une opération
différente.
M. Chevrette: Je reviens avec ma question. Vous voulez
répondre à la demande pour les soins de courte durée, mais
vous dites que les 42 000 000 $ sont bien introduits pour aider les centres
hospitaliers à satisfaire la demande accrue des services
résultant du vieilissement de la population et du développement
technologique médical.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Chevrette: Ce sont les deux motifs pour lesquels vous
introduisez 42 000 000 $. Je donne l'exemple d'une région comme
Lanaudière. Cela ne donne pas un lit de plus pour malades chroniques, ni
un lit de plus pour malades aigus, ni un lit de plus en centre d'accuei. On
pourra parler des centres d'accueil après. Mais les 42 000 000 $, c'est
plutôt parce qu'avec la technique moderne, par exemple, l'hospitalisation
est plus courte, cela requiert des soins d'encadrement, etc. Donc, vous
introduisez une nouvelle dimension budgétaire. En termes de
ressource-lits, i n'y a pas de ressources additionnelles.
Mme Lavoie-Roux: Non. Si vous regardez le développement
obligatoire de 12 600 000 $, il y a là de l'argent. Ce sont deux budgets
séparés. Il ne faut pas mêler le coût du
système avec les lits de courte durée.
M. Chevrette: C'est ce que vous introduisez vous-même dans
le texte de vos crédits. Ce n'est pas moi qui parte de vieillissement;
c'est vous autres qui l'avez écrit
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le vieillissement fart que les gens
vont plus souvent à l'hôpital ou vont plus souvent à
l'urgence, iIs requièrent plus de jours-soins. Dans ce sens-là,
l'augmentation des jours-soins se trouve compensée par ce coût du
système qui, sur trois ans, cumule 121 000 000 $ qui ont
été ajoutés en 1986-1987, 1987-1988 et 1988-1989. Quand
vous voulez véritablement ajouter des lits de courte durée, c'est
une autre rubrique, je dirais, budgétaire et, cette année, dans
ce but, nous ajoutons 12 600 000 $ de développement obligatoire
précisément pour permettre à des lits de courte
durée de fonctionner.
Une voix: Et dans les centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Et dans les centres d'accueil ou autres.
M. Chevrette: Dans les centres d'accueil, vous dites que c'est 16
000 000 $ pour l'alourdissement des clientèles.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Chevrette: Ces 16 000 000 $, est-ce la transformation de CA en
CH-SLD, soins de longue durée, ou est-ce purement pour tenir compte de
l'alourdissement?
Mme Lavoie-Roux: C'est strictement pour tenir compte de
l'alourdissement des clientèles.
M. Chevrette: Bon.
Mme Lavoie-Roux: L'autre jour, quand j'ai annoncé...
M. Chevrette: Alors que, dans le projet que vous avez
présenté il y a quinze jours...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Chevrette:... vous transformiez des lits de centres d'accueil
en lits de centres hospitaliers de soins de longue durée.
Mme Lavoie-Roux: C'est exact. La raison pour laquelle nous le
faisons - je pense que le chef de l'Opposition, s'il discute un peu dans le
milieu des besoins le sait - c'est qu'on réalise qu'avec l'augmentation
des services de soins à domicile et surtout avec le programme SIMAD, qui
est un programme de services intensifs de maintien à domicile, les gens
s'en vont moins rapidement en institution. Je pense qu'on rejoint là une
préoccupation que le chef de l'Opposition a exprimée au
début, quand il a dit: II faut faire un virage - il ne l'a
peut-être pas dit exactement dans ces termes - de telle sorte que
l'institutionnalisation devienne moins l'espèce de première
ressource qu'on va rechercher, mais, au contraire, tenter de garder les gens
dans la communauté. Les services intensifs de maintien à domicile
ont contribué à garder les gens dans la communauté de
telle sorte que, lorsqu'ils arrivent en centre d'accueil et
d'hébergement, ils sont beaucoup plus lourds. (10 h 30)
On a connu trois phases, finalement. La première phase a
été, disons, les années 1965-1972 durant lesquelles les
centres d'accueil et d'hébergement étaient, à toutes fins
utiles, destinés à la clientèle autonome. Je pense que le
député de Joliette s'en souviendra. Ensuite, la clientèle
a commencé à s'alourdir et on a commencé à rendre
plus fonctionnels, pour une clientèle plus lourde, nos centres d'accueil
et d'hébergement. Mais ce que l'on sent maintenant depuis quelques
années, non seulement à cause du programme SIMAD, mais à
cause du développement au cours des ans des programmes de soins à
domicile, c'est cette arrivée plus tardive des personnes
âgées en centres d'accueil, si bien qu'aujourd'hui nous sommes
même à considérer...
D'abord, il nous a fallu développer de nouveaux programmes
techniques et fonctionnels pour nos centres d'accueil, qui avaient
été revus en 1979, mais qui ne sont absolument plus fonctionnels
en 1988, ou même déjà en 1986-1987, 1987-1988, ce qui nous
oblige à jeter un regard sur tous nos centres d'accueil habituels
existants qui ont été construits dans les dernières
années pour voir quelle sorte de rénovations il faudra faire,
quelle sorte d'investissements il faudra faire, compte tenu de cet
alourdissement de la clientèle qui fait qu'elle demande, finalement, en
majorité des soins de longue durée.
M. Chevrette: Vous annualisez, en fait, ce que vous aviez mis
l'an passé - je ne me souviens pas combien de centaines de milliers, 300
000 $, 400 000 $ - vous l'annualisez à 2 400 000 $, ce qui s'ajoute aux
16 000 000 S pour faire 18 400 000 $ en alourdissement des clientèles
dans les centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: C'est 16 000 000 $, plus 2 400 000 $?
Mme Lavoie-Roux: C'est nouveau. C'était quelque 2 000 000
$ annualisés à 4 000 000 $, cela demeure, plus les 16 000 000
$.
M. Chevrette: Non, c'est-à-dire une somme
annualisée à 2 400 000 $, je suppose.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'était 6 000 000 $
annualisés à 8 000 000 $, alors il y a 2 000 000 $ qui deviennent
effectifs cette année plus les 16 000 000 $.
M. Chevrette: Donc, ce qui fait 18 400 000 $ d'argent neuf pour
l'alourdissement
des clientèles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quoiqu'il y en ait un, c'est
l'annualisation.
M. Chevrette: Les 5 400 000 $, est-ce que c'est pour la
transformation des centres d'accueil en centres de soins de longue
durée? À la page 90 des crédits, vous avez ceci: 5 400 000
$ pour le financement des mesures prévues dans le plan de
désengorgement des urgences. Vous l'avez annoncé, mais vous le
mettez sous la rubrique centres d'accueil et d'hébergement. Est-ce que
ces 5 400 000 $ sont pour la transformation de lits de centres d'accueil en
lits de soins de longue durée?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, dans le plan de
désengorgement des urgences, pour la troisième année de
son application, il y avait un montant de prévu de 26 000 000 $, sans
compter, évidemment, les indexations des sommes des années
antérieures. Ce montant devait servir en majeure partie pour le budget
de fonctionnement des places en centres d'accueil qui devaient s'ouvrir en
1988-1989. J'ai eu l'occasion d'expliquer que les délais prévus
pour l'ouverture de ces places d'accueil connaissent un retard. Alors, nous
n'avons pas voulu pénaliser la population et surtout nous n'avons pas
voulu créer de retard dans l'application de cette troisième
année du plan d'urgence. C'est pour cela que nous avons
décidé de convertir d'une façon transitoire, parce que
dès que les lits s'ouvriront, évidemment, ces gens s'en iront
dans les hôpitaux, enfin, dans les centres d'accueil ou de soins
prolongés parce qu'il y a des lits de soins prolongés de
créés aussi parmi ces nouveaux lits; ils s'en iront dans ces
endroits.
Entre-temps, en plus des 10 % ou 15 % ou, dans certains cas, des 20 % de
malades chroniques qu'il y a déjà dans les hôpitaux de
courte durée, se sont ajoutés d'autres malades chroniques. En
ouvrant les lits qui étaient fermés, nous sortons ces personnes
des lits de soins de courte durée et nous les remettons à la
disposition des patients qui nécessitent une hospitalisation de courte
durée. Sans compter que dans certains centres d'accueil nous avons aussi
prévu des sommes - vous pouvez relier cela à l'alourdissement de
la clientèle - pour convertir des lits de centres d'accueil en lits de
soins de longue durée. Ce qu'il faut bien comprendre, on a maintenant
des centres d'accueil qui ne peuvent plus accueillir. Il y a même - je ne
vous donnerai pas de chiffres, je ne les ai pas - un certain nombre de places
en centres d'accueil qui sont présentement libérées parce
qu'ils ne peuvent plus accueillir des personnes qui requièrent beaucoup
d'heures de services.
M. Chevrette: Je suis au courant qu'il y a des gens qui ne
peuvent pas accueillir des cas requérant quatre heures de soins par jour
et je comprends cela. Mais ma question était: Est-il exact que ces 5 400
000 $ constituent de l'argent pour prendre temporairement des lits de centres
d'accueil et en faire, pour une période X, des lits de soins de longue
durée, compte tenu qu'il faut sortir des hôpitaux de soins de
courte durée les malades chroniques qui y sont? C'était cela, ma
question.
Mme Lavoie-Roux: Ces 5 400 000 $, c'est la conversion des lits...
Ce n'est pas transitoire. Ce sont des conversions de lits non pas dans des
hôpitaux de soins de courte durée, mais dans des centres d'accueil
d'hébergement...
M. Chevrette: Convertis en soins de longue durée.
Mme Lavoie-Roux: ...de longue durée. Il y a aussi la
création de 113 nouvelles places. Ce sont des mesures permanentes.
M. Chevrette: De quelle catégorie sont ces 113 nouvelles
places?
Mme Lavoie-Roux: Soit dans des centres d'accueil
d'hébergement, soit dans des centres de soins de longue durée,
les deux. Il y en a 85 par exemple dans la région de la
Montérégie et...
M. Chevrette: Oui, je comprends cela. J'ai bien compris que les
42 000 000 $ s'adressent aux hôpitaux pour le coût du
système. Les 18 400 000 $, parce qu'on y ajoute 2 400 000 $, soit
l'annualisation de ce que vous aviez fait l'an passé... Donc, avec les
16 000 000 $ de cette année, vous mettez 18 400 000 $ pour
l'alourdissement des clientèles en centres d'accueil. Là, je n'ai
pas encore parlé... Je croyais que les 5 400 000 $ étaient pour
la conversion, mais si ce montant fait partie du plan d'urgence de la semaine
passée, je...
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'est de l'argent... Des 16 000 000 $
annoncés la semaine dernière, il y en a qui était de
l'argent déjà prévu, comme je l'ai expliqué. Je
pense que je l'ai dit...
M. Chevrette: Mais parlons-en 30 secondes de votre plan de la
semaine passée.
Mme Lavoie-Roux: Les 5 400 000 $, c'est de l'argent nouveau.
Cette transformation de lits ou cet ajout de places, c'est de l'argent nouveau
qui est ajouté au plan triennal des urgences.
M. Chevrette: Bon. Dans le nombre de lits que vous avez
annoncé la semaine passée, vous faites des conversions dans des
hôpitaux de soins de courte durée. Il y a eu quelques annonces
où vous allez transformer des lits réservés à des
patients de soins de courte durée en lits de soins de longue
durée. Comment pouvez-vous justifier,
par exemple qu'à l'hôpital de l'Enfant-Jésus de
Québec, un hôpital pour les grands traumatisés, ils
réclament 4 000 000 $ pour avoir leurs 32 lits que vous avez
fermés il y a deux ans? Comment justifier qu'avec une augmentation de
population de 20 % de grands traumatisés vous en arriviez à
convertir ces lits destinés à une clientèle aiguë en
lits de malades chroniques, dans un état de vétusté
épouvantable - les malades chroniques, on sait que cela demande encore
plus de services - alors que l'hôpital Christ-Roi vous offrait, par la
voix des médias, au moins 300 places pour les malades chroniques?
Mme Lavoie-Roux: L'hôpital Christ-Roi nous a dit: Nous
avons du terrain pour que vous construisiez 300 places. C'est ce que la
direction de l'hôpital Christ-Roi a dit. Sans doute qu'elle doit avoir le
terrain puisqu'elle l'a offert. Mais, avant de déterminer que, demain
matin, nous allons combler exactement les 300 places requises dans la
région de Québec, il nous faut aussi examiner l'ensemble des
besoins. Le chef de l'Opposition peut savoir ce que cela veut dire, 300 places
de soins de longue durée qui surgissent tout à coup, du jour au
lendemain. D'ailleurs, au moment du plan sur les urgences en 1986, la
région de Québec ne nous avait pas demandé de places en
hébergement ou de places de soins de longue durée. Je suis
d'accord avec le député pour dire que les besoins se
développent et...
M. Chevrette: Revenons à I Enfant-Jésus, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: Ma question est spécifique à
l'Enfant-Jésus. Comment pouvez-vous justifier qu'à
l'Enfant-Jésus de Québec, qui crie après vous depuis deux
ans pour ouvrir 32 lits de soins de courte durée, et que cela prenait 4
000 000 S d'immobilisations, comment justifier que non seulement on ne les
transforme pas malgré une augmentation de 20 % de la population des
grands traumatisés de Québec mais qu'en plus on convertisse 17 de
ces 32 lits en lits pour malades chroniques? Cela ne vient absolument pas
régler la question de l'Enfant-Jésus, qui a une vocation face aux
grands traumatisés et qui voit cette population augmenter de 20 %.
Comment justifiez-vous cela? C'est cela, ma question. (10 h 40)
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, dans le cas de
l'Enfant-Jésus, je voudrais d'abord rectifier une chose, ce n'est pas 4
000 000 $ qu'on nous demande, c'est 2 000 000 $, première des choses.
Vous parlez toujours des 4 000 000 $ que l'hôpital de
l'Enfant-Jésus nous réclame.
M. Chevrette: Bien, c'est par la voix des médias que
j'ai...
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! En tout cas, cela va me permettre...
M. Chevrette: C'est écrit 4 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...de faire une rectification.
M. Chevrette: Je ne peux pas dire autre chose que ce que je
lis.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Chevrette: Si je lis 4 000 000 $, je ne peux pas vous dire que
c'est 2 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, cela me permet de faire la
rectification. Présentement, ce qui se passe à hôpital de
l'Enfant-Jésus, c'est qu'il y a des lits de soins de courte durée
qui sont occupés par de la longue durée et, à ce
moment-là, ils ne peuvent pas être accessibles aux
polytraumatisés ou enfin aux traumatisés dont vous parlez. En
utilisant les 32 lits qui sont présentement fermés, en y
transférant les lits de soins de courte durée occupés par
des gens de soins de longue durée et en les mettant dans ces 32 lits,
vous ouvrez des lits; on répond quand même à la demande de
l'hôpital de l'Enfant-Jésus pour environ 16 ou 18 lits, je pense,
sur les 32, parce qu'il en restera une douzaine qui pourront être
accessibles à d'autres patients de soins prolongés de la
région de Québec.
M. Chevrette: Mais l'ensemble des mesures contenues dans les
crédits, en quoi cet ensemble de mesures vient-il régler les
listes d'attente pour les cédules opératoires, la fameuse liste
des personnes qui attendent pour être opérées? En quoi vos
mesures, vos crédits actuels viennent-ils améliorer un tant soit
peu cette situation?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je voudrais faire remarquer que les
mesures d'urgence qui ont été mises en application, les
premières étant entrées en application à
l'été 1986, ont eu pour effet, particulièrement dans la
région de Québec, de permettre un plus grand nombre d'admissions,
soit de cas électifs ou même d'admissions par l'urgence. Les
chiffres que nous avons et qui sont des données rigoureuses indiquent,
par exemple, que pour février 1986 - je pourrais vous donner les
mêmes chiffres pour novembre, je ne les ai pas pour décembre, mais
je les ai pour janvier et février 1986, alors qu'il n'y avait pas de
mesures additionnelles qui avaient été mises en place... Si on
compare avec aujourd'hui, le même mois de 1988, les chiffres indiquent,
par exemple, si on prend les deux mois de février pour les comparer
alors que les mesures ont été additionnées et que d'autres
s'ajoutent, qu'il y a eu 700 admissions de plus dans la région de
Québec ou, du moins, dans la ville de Québec. Est-ce que cela
comporte Lévis? Je ne le
sais pas, mais dans la région de Québec,
généralement c'est comme cela. Il y a eu 700 admissions de plus,
tant par l'électif que par les urgences, ce qui veut dire qu'il y a
quand même des données bénéfiques quant aux listes
d'attente.
Maintenant, les gens nous disent: II y a 7000 ou 8000 noms sur la liste
d'attente. Il n'y a personne, avec les outils actuels que nous avons, qui est
capable de comptabiliser, de façon vraiment rigoureuse, le nombre de
personnes sur les listes d'attente. À la suite, je dirais, d'une...
M. Chevrette: Comme cela, vos députés ont
parlé dans le beurre quand ils ont écrit cela, les
députés qui ont fait un rapport après avoir fait le tour
des hôpitaux de Québec; ils nous sont revenus avec un rapport qui
est encore plus sombre que semblaient être les questions qu'on vous
posait en Chambre. Est-ce qu'ils ont parlé à travers leur
chapeau?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que je n'ai pas relu les
chiffres qu'ils avaient déposés à ce moment-là. Je
dois dire que cela s'appliquerait à la ministre, que cela pourrait
s'appliquer à mes collègues députés, je pense
qu'ils ne m'en voudront pas, et cela s'applique aussi à l'Opposition. On
sait vraiment que compte tenu du déplacement des personnes vers d'autres
centres hospitaliers, pour donner un facteur...
M. Chevrette: Mais ne deviez-vous pas déposer, en
décembre, Mme la ministre...
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'avais...
M. Chevrette: ...une étude d'impact sur vos mesures?
Mme Lavoie-Roux: Non. C'était une étude
préliminaire qui était faite par le GRI, qui est le Groupe de
recherche interdisciplinaire de l'Université de Montréal, mais ce
rapport ne sera pas disponible avant juin, selon les dernières nouvelles
que j'ai eues, parce qu'ils ont pris beaucoup de temps pour établir leur
base scientifique pour que justement on ait l'étude la plus rigoureuse
possible. Mais on a quand même, particulièrement dans la ville de
Québec, un système de "monitoring", comme on dit, pour justement
comptabiliser les temps d'attente dans les urgences, les admissions et une
foule de variables qui sont quand même des chiffres rigoureux et qui nous
indiquent assurément que les mesures d'urgence ont eu un effet
positif.
M. Chevrette: Prenons la région des Laurentides où
vous avez décidé que quatre centres d'accueil - à
Saint-Eustache, à Mont-Laurier, un peu partout dans les
Basses-Laurentides aussi - seraient transformés en centres hospitaliers
de soins de longue durée, pour un total d'environ 80 lits; quatre ou
cinq. Je voudrais vous poser une question: Où vont aller les personnes
dans ces régions? Où vont aller les personnes qui seraient dues
pour entrer dans un centre d'accueil, alors que vous venez de décider
qu'elles seraient aux soins de longue durée, donc, que ce seraient des
malades chroniques? Quelle sera la capacité de réception?
À Mont-Laurier, est-ce qu'on aura des lits de centres d'accueil
prochainement? À Saint-Eustache, est-ce qu'on aura des lits de centres
d'accueil? Le centre d'accueil Le Manoir... Est-ce qu'il y aura une
substitution dans la région pour les personnes qui ne peuvent plus
demeurer à domicile et qui seraient sur les listes pour aller au centre
d'accueil? On transforme une ressource pour enlever les malades chroniques des
hôpitaux ou encore pour reconnaître, à l'intérieur,
des clients qui sont rendus plus malades que ne l'est normalement la moyenne
des personnes en centre d'accueil. Y a-t-il des ressources alternatives de
prévues pour ces régions qui avaient des centres d'accueil et qui
n'en auront plus?
Mme Lavoie-Roux: Quand nous avons fait cette conversion dans la
région 06-B, la région de Laurentides-Lanaudière, d'un
certain nombre de lits de centres d'hébergement en lits de soins de
longue durée... Ce que nos savons, c'est qu'il y a présentement,
dans d'autres centres d'accueil ou même dans des pavillons, un certain
nombre de places libres pour recevoir des cas plus légers et, si leur
admission s'avérait indispensable, il y aurait ces places disponibles.
Je vous ai expliqué au point de départ qu'il se produit
présentement une évolution du type de population que nous
recevons dans nos centres d'accueil. J'étais, pas plus tard que lundi,
je pense, dans la région des Cantons de l'Est et un groupe de centres
d'accueil me faisait part du fait que les services de soins à domicile,
qui se sont développés particulièrement... J'étais
dans le comté de Richmond où, vous vous en souviendrez, l'an
dernier, au lieu de bâtir un nombre limité de places en centre
d'accueil, nous avons décidé de prendre l'argent de
fonctionnement de ce centre d'accueil et de le redistribuer en services
à domicile. Nous avons mis en place un centre de jour et des mesures qui
permettent le maintien le plus longtemps possible des personnes
âgées à leur domicile. On m'a dit: Comme, dans les services
à domicile, il y a eu une injection assez importante, compte tenu de
cette transformation de budget à d'autres fins - toujours pour les
personnes âgées, mais à d'autres fins - nous nous
retrouvons, dans ledit comté, avec des places libres dans des centres
d'accueil. Il me semble que cela rejoint la préoccupation que le chef de
l'Opposition a émise au point de départ, qu'on doit tenter, par
cette gamme de mesures, de ne plus se tourner uniquement vers
l'institutionnalisation, mais se tourner vers des mesures qui, non seulement
sont plus légères, mais qui, aussi, je pense, répondent de
plus en plus aux attentes de la population.
M. Chevrette: Cela m'amène à vous parler justement
des soins à domicile Entre vous et moi, vous proposez 7 300 000 $ pour
les services à domicile Quand on divise cela par 152 CLSC, cela fait
environ 45 000 $ par CLSC pour les services à domicie; 45 000 $ par
CLSC, c'est l'embauche d'une ressource. Entre vous et moi,
considérez-vous qu'une ressource par CLSC est véritablement de
nature à porter des coups de barre et à avoir des effets
extraordinaires sur le maintien à domicie? N'aurait-on pas pu, au lieu
de pelleter 400 000 000 $, comme on l'a fait dans les dépenses
antérieures, donner un coup de barre véritable pour le maintien
à domicie et essayer d'arriver véritablement à rendre
service? Si on veut changer la mentalité - et la ministre sera d'accord
avec moi - ou le réflexe de l'institution, vous savez pertinemment qu'il
y a une question de sécuriser les gens qui demeurent à domicie.
La sécurité, c'est de compter sur un personnel professionnel, sur
un personnel de soutien qui va précisément les sécuriser,
si on ne veut pas qu'is aient ce réflexe de l'institution. 7 300 000 $
n'équivaut même pas à l'embauche d'une petite équipe
additionnelle, c'est une ressource humaine, point (10 h 50)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, 1 faut d'abord rappeler
que, durant les deux premières années de notre mandat, nous avons
injecté entre 20000000$ et 25 000000$ en services de soins à
domicie, ce qui est déjà un montant considérable Nous
ajouterons au moins 20 000 000 $ au cours des trois prochaines années.
Ce sont quand même des sommes considérables. Après quatre
arts, nous aurons investi au-delà de 40 000 000 $ d'argent neuf dans les
services de soins à domicile 7 000 000 $, c'est réquivaJent de
200 postes.
Je veux préciser au chef de l'Opposition que, évidemment,
si on divise par 155 CLSC, comme vous venez de le faire - je suis sûre
que vous avez bien drvisé - on arrive à 50 000 $.
M. Chevrette: Ceux qui existent.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, i faut bien dire que la
répartition sera faite selon la richesse relative des régions. De
plus, les régions auront la responsabiité de faire une division
intrarégionale qui devra tenir compte de la pauvreté relative des
CLSC
M. Chevrette: Est-ce que vous vous engagez, peut-être
à l'étude des crédits, à déposer la
répartition dont vous parlez?
Mme Lavoie-Roux: Ceia me fera grand plaisir. Il me fera plaisir
de déposer aussi la répartition que nous ferons pour
l'alourdissement des clientèles. Cet objectif d'équité
interrégionale est très important au ministère depuis deux
ans. Je pense que l'ensemble des députés réalisent que
c'est la meilleure façon de répartir des services qui doivent
aller directement à la population qui a besoin de services de
santé et de services sociaux. Il me fera plaisir de les déposer,
dans les deux cas.
M. Chevrette: Quand on regarde la page 89 du condensé des
crédits, on se rend compte qui y a une baisse substantielle dans les
services communautaires. Comparativement à 9, 7 % l'an dernier, on passe
à 4, 3 % d'augmentation. Alors que les organismes communautaires crient
assez fort et assez haut, qu'est-ce qui justifie cette baisse comparativement
à la marche ascendante, au rattrapage qui devait y avoir?
Mme Lavoie-Roux: Le chef de l'Opposition fait
référence présentement aux centres sociaux de services
communautaires. C'est à cela qui fait référence puisqu'il
s'agit de ce budget. En fait, c'est une augmentation de 6, 2 %, comme dans les
autres cas. Oui, vous me direz qu'on voit 4, 3 %
M. Chevrette: On indique 4. 3 % par rapport à 9, 7
%...
Mme Lavoie-Roux: Je vous comprends.
M. Chevrette: C'est quasiment une baisse de 6 %
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que j'ai posé la
même question. Je comprends ta question du chef de l'Opposlion.
Évidemment, quand nous avons fait le transfert des équipes de
secteur des CLSC vers d'autres types d'établissements, quand 1 y a eu
association ou fusion, l'argent a été comptabilisé
à ta nouvelle institution, même si les budgets ont
été protégés
M. Chevrette: Je comprends que c'est votre voisin de droite qui
vous a donné une réponse comptable. Je connais les chiffres
comptables, je connais même votre acoryte. Même si vous tentiez de
me faire croire que l'argent transféré dans les CLSC aurait
donné 6, 2 % au niveau des services communautaires, sur le plan des
services communautaires budgétisées dans les structures connues,
est-ce 4, 3 % ou non? C'est cela, la réponse.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a absolument rien de retranché. On
tient compte...
M. Chevrette: Je ne dis pas retranché, je dis que..
Mme Lavoie-Roux: Elle n'est pas aussi substantielle qu'ailleurs,
c'est ce que vous me dites.
M. Chevrette: C'est 4, 3 % par rapport à 9, 7 %.
Mme Lavoie-Roux: La différence entre l'augmentation de
l'an dernier et celle de cette année est due au fait que, l'an dernier,
dans le plan de désengorgement des urgences, des sommes plus importantes
étaient allées vers les CLSC. Cette année, si on met de
côté l'indexation, l'argent nouveau qui s'ajoute est relié
davantage aux 7 000 000 $ des services à domicile. C'est ce qui explique
la différence. Mais, ce dont je peux vous assurer, c'est qu'il y a
l'indexation. Je voudrais dire, en passant, que toutes les dépenses du
réseau de la santé et des services sociaux ont été
indexées complètement depuis trois ans, contrairement à
d'autres ministères où il y a des coupures dans l'indexation.
Alors...
M. Chevrette: ...Mme la ministre. Si c'est pleinement
indexé, c'est indexé à...
Mme Lavoie-Roux: ...à 4,1 %.
M. Chevrette: ...à 4,1 %? Bon, complètement
indexé. La moyenne de l'augmentation accordée à la
santé et aux services sociaux est en haut de l'indexation des
dépenses du gouvernement. Je sais cela. La question que je vous ai
posée est: Pourquoi n'avez-vous pas pu suivre la courbe ascendante que
vous aviez l'an passé? C'est 4.3 % et c'était 9,7 %, que je
sache. 4,3 % par rapport à 9,7 % cela fait quelque chose comme 5.4 % de
moins. Est-ce bien cela?
Je pourrais vous donner un autre exemple. Services de centres
hospitaliers de courte durée. Vous m'avez dit que cela
s'améliorait. 10 % l'an passé, 6,1 % pour cette année.
Cela ne doit pas être une courbe ascendante. Elle doit être
plutôt descendante.
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à M. D'Astous de vous
répondre sur la question des CLSC.
M. D'Astous (André): Sur...
Le Président (M. Saintonge): M. D'Astous, s'il vous
plaît, pour le bénéfice du Journal des
débats.
M. D'Astous: André D'Astous. La différence entre la
croissance importante en 1987-1988 par rapport à 1986-1987 qui est de 8
% à 9 %, si on la compare à celle de 1988-1989 par rapport
à 1987-1988 c'est pour la simple raison qu'en 1987-1988, il y a eu une
croissance importante des crédits autant en CLSC qu'en centres
hospitaliers relativement au plan des urgences. On a ajouté, l'an
passé, 45 000 000 $ de crédits neufs par rapport à 40 000
000 $ qu'il y avait en 1986-1987. En 1988-1989 l'augmentation réelle des
crédits pour les urgences est de l'ordre de 10 000 000 $ pour l'ensemble
des programmes. En plus, les 6 000 000 $ du fonds de suppléance
pourraient s'ajouter. Vous avez là une explication de l'écart qui
est amoindri de 9 % à 4,3 % si on pense aux CLSC. En plus de cela, vous
avez, en 1988-1989, une opération de transfert de crédits entre
les CLSC et d'autres programmes à la suite d'un rattachement
administratif différent des équipes de secteurs qui s'inscrivait
auparavant dans les CLSC et qui, maintenant, s'inscrit dans d'autres
programmes, soit celui des hôpitaux, soit celui des centres d'accueil.
Ces deux phénomènes conjugués font en sorte que la
croissance apparente est de 4,3 % mais, en réalité, on a les
mêmes indexations, comme l'ensemble du réseau, sur les autres
dépenses. On y ajoute en plus les 7,3 % pour le maintien à
domicile, le parachèvement des CLSC et les autres crédits
additionnels.
Le Président (M. Saintonge): II nous reste environ une
dizaine de minutes pour l'étude de ces crédits.
M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui. Dans les centres de services sociaux c'est de
7,4 % à 4,9 %. Est-ce que vous donnez la même réponse?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a une partie de la
réponse qui est certainement là parce que les centres des
services sociaux s'étaient vus aussi donner de l'argent dans le cadre du
programme de désengorgement des urgences. On me fait remarquer que les
centres des services sociaux augmentent en fait de 8,4 % parce qu'il va y avoir
un ajout à la Direction de la protection de la jeunesse, pour des
services à la protection de la jeunesse, alors que l'augmentation pour
les familles d'accueil est moindre. Il est de l'ordre de 2 %. C'est ce qui
explique qu'au total vous vous retrouvez avec une augmentation de 4,9 %.
M. Chevrette: Prenons un autre élément concret:
Soutien aux organismes bénévoles, 25 % l'an passé.
C'était pour la reconnaissance de nouveaux organismes, en particulier.
Cette année, il y a une baisse à 16,6 % au moment où on
parle d'une politique de financement des organismes. Comment allez-vous vous y
prendre?
Mme Lavoie-Roux: Bon, première des choses, je pense qu'une
augmentation de 16,6 % alors que le taux d'inflation se situe quelque part
à 4,2 % ou 4,1 %, c'est quand même une augmentation
substantielle.
M. Chevrette: Oui, mais c'est de l'enveloppe. Si vous aviez
reconnu... Je vous donne un exemple. Vous aviez 2000 organismes
subventionnés, vous avez donné un coup pour en reconnaître
2400, l'an passé - 400 nouveaux - et vous arrivez avec une baisse dans
les subventions, pour essayer d'indexer. Qu'est-ce que cela représentera
en indexation réelle pour les organismes bénévoles
existants et les nouveaux reconnus?
(11 heures)
Mme Lavoie-Roux: C'est 16 % de croissance.
Une voix:...
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est quand même 12 % au-delà
du taux d'inflation ou d'indexation. Je pense que vous avez là des
montants importants.
M. Chevrette: Je pourrais continuer longtemps, mais je sais qu'on
aura seize heures. J'aurais deux brèves questions à vous
poser.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Chevrette: La fusion des CLSC. On se rend compte que vous avez
laissé, dans certains milieux, des CLSC avec des populations de 25 000,
30 000 personnes, alors que vous avez fusionné des CLSC qui auront, dans
trois ou quatre ans, par exemple sur la rive sud de Québec, environ 160
000 personnes. 160 000 personnes, 1 CLSC. Ma question est précise. Sous
prétexte d'économie, est-il exact, quand vous fusionnez des CLSC
ou que vous en faites un au lieu de deux, que le salaire, en l'occurrence d'une
directrice - je pense que c'est Mme Morin - passe de 50 000 $ à combien?
Est-ce que c'est vrai que vous lui ajoutez un adjoint et que, dans le fond,
cela fait un bassin extrêmement grand, qu'il n'y a pas d'économie
d'échelle et que la population est plus mal desservie?
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que c'est
définitivement moins coûteux, et on ne parie que d'un poste en
particulier. Je ne peux pas répondre à votre question
précise, à savoir l'augmentation de salaire de Mme Morin. Je peux
m'informer et vous le dire. Dans l'hypothèse d'un ajout de 10 000 $
à un salaire de 50 000 $, c'est certainement moins coûteux que
d'ajouter le salaire d'un nouveau directeur général.
M. Chevrette: Si vous ajoutez un adjoint à 40 000 $
à un salaire de 75 000 $, quelle différence y a-t-il avec deux
salaires de 50 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Les réactions que j'ai eues
jusqu'à présent - je pense qu'on fera, à un moment
donné, peut-être dans un an, l'évaluation de toute
l'opération - vont dans le sens qu'l y a des sommes qui sont
économisées et qui peuvent aller directement en services à
la clientèle plutôt que dans les structures. Pour un directeur
général, vous allez dire qu'il y a une population de 100 000
personnes et vous avez fait remarquer que, dans d'autres cas, le nombre est
resté à 25 000. C'est vrai, mais je m'étais aussi
engagée à ne pas toucher à ceux surtout qui étaient
déjà en fonction depuis un bon nombre d'années. Je
pourrais même vous parier d'un cas qui en a 6000 en pleine ville de
Montréal. Je pense qu'il y aurait lieu de regarder cela parce que,
là aussi...
M. Chevrette: Entre vous et moi, cette structure, c'est celle qui
se veut la ligne première et directe auprès des populations.
Quand vous gonflez des populations à 160 000, l'identification de leur
CLSC - Dieu sait qu'on a eu des sondages qui révèlent qu'y y a
encore des Québécois qui ne savent même pas ce qu'est leur
propre CLSC - il me semble qu'il serait drôlement important, dans des
endroits nettement... On sent, sur le plan électoral - je vous donne un
seul exemple - le besoin de modifier la carte électorale pour ne pas
qu'un député ait à s'occuper de trop d'électeurs.
C'est le cas sur la rive sud où on veut faire deux circonscriptions
électorales. Quand on parie de CLSC, on gonfle un CLSC immense et on se
demande si ce n'est pas plutôt... Je vais vous dire l'impression que cela
projette. C'est une décision basée sur des pouvoirs
technocratiques. Plus c'est gros, plus j'ai un gros salaire, plus j'ai une
grosse boutique, plus j'ai une grosse boîte, alors que la formation des
CLSC est basée sur les besoins des gens et non pas sur des pouvoirs
technocratiques ou des pouvoirs politiques technocratiques.
Mme Lavoie-Roux: La politique que nous avons voulu suivre a
été la suivante: ne pas multiplier des structures
administratives, parce qu'on se retrouvait dans des centres urbains pour la
presque totalité, sauf un, je pense, qui se trouvait dans un centre plus
rural, dans le comté de Charlevoix. Dans les autres cas, 1 s'agissait de
centres urbains. On s'est dit. et je pense que l'argument est encore valable:
Nous ne voulons pas multiplier des structures administratives; nous voulons que
l'argent qui est disponible soit utilisé le plus possible pour des
services directs à la population.
M. Chevrette: Je suis d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous devez souscrire à ce
genre d'objectif; j'en suis convaincue.
M. Chevrette: Oui. J'aimerais, dans ce cas, Mme le
ministre...
Le Président (M. Saintonge): ...vos remarques de
conclusion. Il nous reste environ quatre minutes.
M. Chevrette: J'aimerais qu'on ait les salaires
précisément pour comparer les coûts, lors de l'étude
des crédits durant les quinze heures qu'on aura. Également, je
vous donne un préavis, parce que je n'ai pas le temps: la politique sur
les primes de séparation des cadres des institutions est-elle
changée? Est-ce toujours une prime pouvant aller jusqu'à un
maximum de
six mois? À ce moment-là, j'aimerais savoir pourquoi, dans
certains centres hospitaliers - et vous pourrez regarder Le Gardeur, entre
autres - des primes ont été autorisées par votre
ministère dépassant largement le décret fixant les primes
de séparation. J'aimerais qu'on le sache vraiment pour l'étude
des crédits.
Conclusions M. Guy Chevrette
Comme conclusion, M. le Président, je dirai purement et
simplement ceci; quant à l'alourdissement des clientèles, on
doit, bien sûr, être satisfaits du coup de barre qui se donne. Ma
très grande inquiétude, cependant, c'est qu'on déplace le
problème: en voulant en régler un, on en crée deux. Je
suis convaincu que, si un coup de barre n'est pas donné quant au nombre
de lits... Regardez la croissance du nombre de lits de centres d'accueil qu'if
y a eu durant les années précédant la crise
économique. L'arrêt qu'il y a eu à cause de la crise
s'explique, mais la reprise ne se fait pas au rythme d'avant la crise. Cela
m'inquiète énormément.
Pour les soins de courte durée, il m'ap-paraît qu'on ne
donne pas un réel coup de barre; la diminution est assez concrète
par rapport à l'an dernier. Je crains qu'au chapitre des soins de courte
durée, en réglant le cas de l'alourdissement, on ne règle
pas le cas des personnes à domicile, entre autres, à qui on donne
à peine une ressource par CLSC. Pas assez, c'est comme trop. Cela n'a ni
queue ni tête. Je vous donne un exemple: une ressource à
l'intérieur d'un CLSC, cela n'a pas de bon sens pour le maintien
à domicile. Ou on dit: Ce sera une priorité l'an prochain et on
donne un coup de barre, on forme une équipe de services de santé,
d'infirmiers, de soutien... Entre vous et moi, c'est quasiment ridicule de
donner un montant de 7 300 000 $ pour le maintien à domicile quand on
sait qu'on est en train de transformer, lentement mais sûrement, les
centres d'accueil presque en centres hospitaliers de soins de longue
durée. Il va falloir avoir des alternatives.
Les alternatives, on ne les sent pas dans les crédits. On sent
que la ministre se rend compte que le vieillissement crée des
problèmes d'alourdissement de la clientèle; on sent cela, mais
que fait-elle pour ceux qui s'en viennent? Que fait-elle pour ceux qui ont
besoin de soutien et qui ont le réflexe institutionnel? Que fait-elle
pour corriger le fait que, dans certains milieux, il n'y aura plus de centres
d'accueil? Ce seront presque exclusivement des hôpitaux chroniques. On ne
sent pas cela dans l'étude des crédits. On sent la
compréhension d'un problème, mais on sent qu'il n'y a pas de
vision globale pour l'ensemble des soins de santé.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre, pour vos
derniers commentaires et votre conclusion.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux quand même
remercier le chef de l'Opposition qui a permis d'examiner ces crédits
provisoires. Il dit qu'il n'y a pas de plan d'ensemble. Je ne peux que
répéter qu'il y en a, par exemple, en ce qui a trait aux besoins
des personnes âgées; on a mis un peu l'accent, ce matin, sur la
question des lits. Je veux lui répéter que nous avons
ajouté près de 25 000 000 $ durant les deux dernières
années pour les services de maintien à domicile et que nous
allons ajouter, au cours des trois prochaines années, au moins 20 000
000 $, ce qui est considérable, pour justement prévenir
l'institutionnalisation. Dans le plan des urgences, M. le Président,
nous avons consolidé ou développé 28 unités de
gériatrie, 22 centres de jour et 14 hôpitaux de jour. M. le
Président, ce sont tous des maillons dans la chaîne qui permettent
aux personnes âgées de recourir le moins possible à
l'institutionnalisation, que ce soit en centres d'hébergement ou en
centres de soins prolongés.
Notre vision est justement une vision d'ensemble, eu égard aux
problèmes des personnes âgées. Il y a des lits de courte
durée qui vont s'ouvrir en centres d'accueil et d'hébergement et,
également, de longue durée. Nous sommes également, comme
je le disais tout à l'heure, à réviser l'ensemble des
besoins dans ce secteur, à mettre à jour les équipements
physiques qui n'ont pas été revus depuis 1979, qui sont
désuets, qui ne répondent plus aux besoins d'aujourd'hui et qui
nécessiteront des investissements importants et des décisions
importantes.
Ce qu'il est surtout important de dire, M. le Président, c'est
que, lorsque vous regardez l'ensemble des crédits qui ont
été déposés par le président du Conseil du
trésor l'autre jour, vous constatez que sur les sommes accordées
aux différents ministères pour le développement depuis
trois ans, le ministère de la Santé et des Services sociaux a
pris la part la plus importante, au-delà de 1 000 000 000 $, et que pour
cette année, on parle de 102 000 000 $ d'argent neuf - et là je
mets de côté toutes les immobilisations - strictement au niveau
des opérations et du développement dans la santé et les
services sociaux. Je répète: je pense que, et l'opinion publique
et les observateurs réalisent évidemment que c'est un secteur
très important qui devient de plus en plus coûteux, mais que le
gouvernement y accorde l'attention qu'il requiert. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Ceci met
fin à la période de nos travaux où nous accueillions Mme
la ministre de la Santé et des Services sociaux. Nous allons maintenant
poursuivre avec M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Nous
allons suspendre quelques instants pour permettre aux gens qui
accompagnent le ministre et le représentant de l'Opposition d'entrer
dans l'Assemblée. Nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 2)
(Reprise 11 h 17)
Éducation, Enseignement supérieur et
Science
Le Président (M. Saintonge): Nous allons poursuivre
l'étude des crédits provisoires avec M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je
vous avise, tout d'abord, que cette partie de nos travaux se prolongera
jusqu'à 12 h 4. Dans un premier temps, je vais reconnaître le
ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je serai très bref dans
mes remarques préliminaires. Je voudrais souligner que, pour
l'année 1988-1989, les crédits budgétaires mis à la
disposition du ministère de l'Éducation s'élèveront
à 5 186 000 000 $, ce qui représente une augmentation de 4, 5 %
par rapport aux crédits budgétaires de l'exercice 1987-1988 qui
prendra fin le 31 mars. Cette augmentation de crédits comporte surtout
des augmentations au chapitre de la rémunération du personnel
salarié à l'emploi du ministère, des commissions
scolaires, des établissements d'enseignement privés de niveaux
primaire et secondaire, certains autres ajustements, un certain nombre de
projets de développement, de nouveaux projets d'activités qui
prendront forme au cours des prochains mois. De manière
générale, c'est une augmentation de 4, 5 %.
Au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science,
le budget total sera de 2 784 000 000 $ comparativement à 2 637 000 000
$ pour l'année 1987-1988, ce qui signifie une augmentation de 5, 6 %
dont les fruits se feront sentir dans les différents secteurs
d'activités dont ce ministère est responsable, en particulier,
dans l'enseignement collégial, dans l'enseignement universitaire, dans
la diffusion de la culture scientifique et la promotion d'une politique
scientifique.
Je pense que ce sont des données de base qui peuvent nous servir
à engager la discussion. Comme l'Opposition a manifesté le
désir d'obtenir des précisions sur ces crédits, nous nous
mettons volontiers à sa disposition.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Lévis, pour vos remarques préliminaires. Vous pourrez
enchaîner avec des questions au ministre.
Le secondaire V à l'île aux
Coudres
M. Garon: Je ne ferai pas de remarques préliminaires, M.
le Président, puisque je veux aller directement dans le vif du sujet,
dans des dossiers particuliers qui m'intéressent. Le premier dont je
voudrais parler, c'est celui du secondaire V à l'île aux Coudres.
Les gens de cet endroit, au secondaire V, ne vivent pas le principe de la
gratuité scolaire. Après la fusion, après
l'intégration scolaire, des parents voulaient que leurs enfants de 15 et
16 ans fassent le secondaire V. Ils sont dans l'obligation d'aller
étudier et demeurer en pension à Baie-Saint-Paul ou à
Québec. Les parents doivent trouver un oncle, une tante ou un
frère, etc. Autrement, les enfants se trouvent à être
seuls, en pension. J'ai été sensibilisé à cette
question. L'an dernier, onze sont venus à Québec et deux ont
décroché parce qu'ils n'avaient pas de milieu, iIs étaient
par eux-mêmes à Québec, quatre à Baie-Saint-Paul en
taxi et un autre a décroché qui aurait dû aller à
Baie-Saint-Paul.
Les représentations que j'ai eues sont qu'actuellement on paie
des frais de pension, 1500 $ de subvention pour la pension, mais cela
coûte plus que 1500 $ à un enfant qui reste en appartement, etc..
et qui doit se loger. Si est à Québec, les parents m'ont dit que
les coûts qu'ils doivent payer s'élèvent à autour de
5000 $ par année; s'ils sont à Baie-Saint-Paul, si on tient
compte qu'ils reçoivent 1500 $, cela peut être autour de 3000 $ ou
3500 $. Cela veut dire que, l'an prochain, il y aurait 27 enfants qui devraient
être en secondaire V, 27 ou 28. Sur une base de 27, à 1500 $ de
pension, cela coûterait en subventions de pension 40 500 $. On parie du
transport aussi. Si l'autobus les ramasse, le premier devra partir à 6 h
15 pour revenir à peu près à 18 h 45: prendre l'autobus,
prendre le bateau et reprendre l'autobus pour traverser à
Baie-Saint-Paul. Les parents me disent, M. le ministre de l'Éducation,
que, s'ïs faisaient leur secondaire V à l'île aux Coudres,
cela coûterait, avec le nombre de 27, à peu près 20 000 $
additionnels; cela coûterait moins cher que tout ce transbordement ou ce
voyagement avec des enfants qui, au fond, ont quinze ou seize ans et qui sont
seuls en pension; des enfants ou des adolescents, si on veut, de quinze ou
seize ans ont encore besoin d'un encadrement et 1s ne sont pas à l'aise.
Il y en a un certain nombre qui décrochent parce qu'ls ne veulent pas
aller étudier dans ces conditions.
Cela ne coûterait pas plus cher, apparemment cela coûterait
même moins cher de les laisser à l'île aux Coudres pour
faire leur secondaire V; iIs auraient besoin de 20 000 $ additionnels et iIs
n'auraient pas de frais de pension et de frais de transport On me dit, en
termes pédagogiques également, qu'il n'y aurait pas de
problème parce que le programme de l'île
aux Coudres offrirait, quand même, plus d'options que le
Séminaire Saint-Augustin à Cap-Rouge, entre autres, comme
exemple. Ils ne seraient pas pénalisés sur le plan
pédagogique; il n'y aurait pas de pénalité sur le plan
financier pour la commission scolaire si les gens allaient à
l'école à ffie aux Coudres.
Alors, je ne sais pas si vous êtes au courant du dossier, mais les
parents, qui ont de la misère à se faire entendre et qui ont pu
rencontrer quelqu'un de votre ministère, aimeraient mieux vous
rencontrer, personnellement, pour vous en parler. J'ai l'impression que, s'ils
avaient une rencontre avec vous, il serait possible de régler l'affaire
parce que cela paraît tellement évident, selon les rapports et les
données que j'ai. Ils ont pris la peine, à l'île aux
Coudres, de me fournir un document qui a quasiment un pouce d'épais; ils
y tiennent beaucoup et ils souhaiteraient pouvoir faire étudier leurs
enfants de secondaire V chez eux. Il n'y aurait pas de décrochage et les
gens seraient dans leur milieu, et tout le monde serait content.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Mme la Présidente, je suis bien content que le
député de Lévis soulève ce problème des
élèves de secondaire de IHe aux Coudres, auquel noué avons
consacré beaucoup d'attention au cours de la dernière
année.
Je pense que le député de Lévis sait très
bien que le ministre de l'Éducation est fort disponible pour rencontrer
des organismes ou des groupes qui veulent lui soumettre des
représentations. Je pense que cela est connu au Québec, que le
ministre de l'Éducation est assez facile d'accès.
Ma politique est la suivante: avant de recevoir un groupe, j'aime bien
avoir le dossier complet. J'aime que mes collaborateurs prennent d'abord
connaissance des faits et m'informent de leurs observations, de leurs
constatations et de leurs propositions afin que, lorsque je rencontre le
groupe, je sois en mesure d'examiner les solutions possibles. Dans ce cas-ci,
mes collaborateurs, à la fois au niveau de mon cabinet politique et de
la fonction publique, ont eu de très nombreux contacts avec les
commissaires et avec les parents concernés. Jusqu'à maintenant,
il ne m'est pas apparu opportun de rencontrer des parents, quoique je sois
très bien informé de leurs représentations, parce que je
ne voyais pas de solution possible à la suite d'une intervention de ma
part. Éventuellement, je n'ai pas d'objection à les rencontrer et
à entendre leurs représentations si on estime que cela peut
être utile et, si des raisons sérieuses le justifient, je les
verrai volontiers.
Mais en attendant, avec votre permission, Mme la Présidente,
j'aimerais demander au sous-ministre adjoint à la Direction des
réseaux,
M. Rondeau, de fournir un complément d'information sur les
rapports que nous avons eus avec les parents concernés et la commission
scolaire concernée à ce sujet.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: D'accord. M. Rondeau est-il là?
Une voix: Oui, il est ici.
La Présidente (Mme Bégin): M. Rondeau.
M. Rondeau (Jean-Claude): Mme la Présidente, les
renseignements concernent le projet qui nous avait été soumis le
printemps dernier pour l'année 1987-1988 et non pas les documents que M.
le député pourrait avoir en ce qui concerne la prochaine
année. Ces documents ne me sont pas parvenus encore. Donc, je ne peux
pas me prononcer sur les propositions qui sont faites.
Le problème date d'au moins l'année dernière. Un
groupe de parents avait fait la demande à la commission scolaire et
celle-ci avait refusé pour deux raisons: notamment, parce que le nombre
d'enfants concernés l'année dernière était d'une
douzaine, si ma mémoire est bonne, et, parmi les enfants susceptibles de
faire le secondaire V, un certain nombre avait exprimé le désir
de sortir de toute manière de lite aux Coudres; en d'autres termes, il
n'y avait pas l'unanimité quant à la volonté de faire le
secondaire V à l'île aux Coudres. La direction régionale du
ministère est intervenue et la commission scolaire a
décidé, compte tenu du petit nombre, compte tenu aussi d'un
élément pédagogique, que, avec une douzaine ou une
quinzaine d'élèves, les possibilités d'organiser des
activités et d'offrir les options qu'il y a au niveau du secondaire V
étaient très restreintes. Donc, à ce moment-là, la
commission scolaire avait vraiment refusé et n'avait pas
sollicité du ministère une aide additionnelle pour la pension ou
d'autres formes d'aide. On en est resté là, la commission
scolaire nous ayant signifié, avec beaucoup de clarté, qu'elle ne
voulait pas nous voir intervenir dans ce dossier.
Maintenant, si cela se présente différemment pour
1988-1989, avec un nombre plus élevé d'élèves,
évidemment, on pourra établir les contacts avec la commission
scolaire pour voir si elle maintient la même option qu'elle avait
l'année dernière ou si elle est prête, parce que cela
relève de sa décision, à envisager un autre type
d'organisation; auquel cas, le ministère va collaborer avec plaisir.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. Rondeau. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Au fond, on voit qu'il y a deux versions. La version
que j'ai des parents, ce
n'est pas celle-là. Il serait peut-être bon que le
ministre, qui a eu une version de la commission scolaire, puisse avoir la
version des parents pour avoir vraiment les deux portraits, parce que les gens
sont pénalisés. Ils n'ont pas accès gratuitement à
l'éducation comme les autres, avec les dépenses additionnelles
qu'ils encourent parce qu'ils restent à I'île aux Coudres. Il y a
eu une intégration scolaire. Il n'y avait pas de problème avant,
parce qu'on était affilié à la commission scolaire dans le
bout de La Malbaie; les gens de La Malbaie n'essayaient pas de les faire
voyager. Maintenant, comme Baie-Saint-Pau) est plus près de l'île
aux Coudres, on a tendance à vouloir les amener à l'école
de Baie-Saint-Paul. Vous comprenez ce que cela peut vouloir dire sur le plan
bureaucratique. Mais là, 1 s'agit de problèmes humains, de
parents qui ont des enfants de 15, 16 ans et qui aimeraient avoir un
encadrement normal. (11 h 30)
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Merci, Mme la Présidente. Je prends en
très bonne part les remarques du député de Lévis.
Au cours des prochains jours, je vais faire en sorte que nous obtenions les
derniers renseignements qui n'ont pas été portés à
notre connaissance, comme le soulignait M. Rondeau. S'il y a lieu que je
rencontre les parents, je n'ai pas d'objection à le faire, je l'ai dit
tantôt. Mais il faut être bien conscient que ce genre de
décision relève, dans le cours normal des choses, de la
responsabilité de la commission scolaire. Elle ne tient pas à ce
que le ministre vienne lui dire comment elle doit organiser
l'aménagement des espaces scolaires chez elle.
D'autre part, le député a raison de signaler que, si les
droits fondamentaux regardant l'accès à l'éducation
semblent être mis en veileuse, diminués ou lésés,
à ce moment le ministre de l'Éducation se sent concerné et
éprouve au moins un devoir d'information sérieuse et de contact
avec les organismes intéressés pour voir si quelque chose peut
être fait. Comme je le disais, nous avons consacré beaucoup
d'attention à ce problème l'an dernier. Les parents sont venus
chez nous, 1s ont causé à plusieurs reprises avec M. Rondeau,
avec les gens de mon cabinet politique et avec la direction régionale du
ministère pour la région 03. Nous sommes prêts à le
faire encore. J'apprécie que le député de Lévis ait
porté à nouveau ce problème à notre attention.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Au fond, c'est parce que la décision est
constamment reportée par la commission scolaire. Cela devait être
en janvier, puis en mars, c'est reporté de semaine en semaine, c'est
encore reporté à plus tard. Les inscriptions se font actuellement
et les parents ne connaissent pas la décision; c'est reporté sans
arrêt.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: Vous me permettrez d'ajouter seulement une remarque.
Dans des cas comme ceux-là, lorsque nous recevons une collaboration
active et cordiale de la part de la commission scolaire concernée, cela
facilite beaucoup le règlement des problèmes. Il y a,
malheureusement, quelques commissions scolaires qui, dans des cas comme
ceux-là, se replient sur leurs prérogatives légales, et
refusent d'examiner avec ouverture des solutions humaines. Nous essayons d'agir
dans toute la mesure du possible, mate nous devons également respecter
le partage des compétences défini par la Loi sur l'instruction
publique. Dans ce cas-ci, nous allons faire un nouvel effort d'humanisme et de
compréhension, et je pense que le député peut compter sur
notre collaboration là-dessus.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie. Je pense qu'une rencontre avec le
ministre et ses fonctionnaires qui pourraient répondre à toutes
les question aiderait beaucoup.
Construction d'une école secondaire à
Saint-Nicolas
Une autre question qui est plus près de Québec. J'aimerais
maintenant savoir si, dans vos budgets d'immobilisations, vous pourrez donner
toutes les autorisations concernant l'école secondaire de Saint-Nicolas,
Actuellement, on parte d'une construction possible seulement en septembre 1990
et on parle de 300 élèves. Il y en aura peut-être 150, l'an
prochain, qui vont traverser à Sainte-Foy; l'année suivante, on
parle de près de 300. J'ai l'impression que la commission scolaire a
été très modérée pour essayer de faire
avaler la pluie. J'ai hâte de voir quels seront les chiffres l'automne
prochain et dans deux ans. On sait que le matin - vous en entendez parler - les
ponts sont congestionnés; cela voudra dire des heures de transport pour
des enfants qui ne sont pas très vieux. En secondaire I et secondaire
II, ce sont des enfants de 12 ans, 13 ans.
Actuellement, la commission scolaire essaie de trouver un endroit pour
faire étudier les enfants du côté de Québec, mais
cela veut dire que plusieurs centaines d'enfants devront voyager. Je pense que
la décision a été prise tardivement; autrement, on aurait
pu s'ajuster. Est-ce que vous avez maintenant les fonds nécessaires pour
donner les autorisations afin que les gens puissent fonctionner le plus
rapidement possible avec les plans et devis et les appels d'offres
pour la construction? Il s'agit de centaines d'enfants qui sont en
cause, de plusieurs centaines de parents, et cela occasionne toutes sortes de
problèmes.
Quand j'ai été élu député, il y en
avait 1000 qui traversaient le pont; en 1985, plus aucun ne traversait le pont,
ils étudiaient tous dans leur milieu. Ils vont recommencer à
traverser le pont à partir de septembre prochain, un pont de plus en
plus congestionné. Il y en a même qui demandent un
troisième pont. Cela donne une idée des problèmes de
circulation qu'on y retrouve. Ce sont des enfants en bas âge qui sont
dans des écoles, avec d'autres groupes d'amis. Les activités
sportives ne sont plus dans leur milieu. Cela pose des problèmes
considérables aux parents. Ils ne savent pas tous ce qui les attend.
C'est pour cela que je demande au ministre, s'il a maintenant les fonds
disponibles, de donner les autorisations rapidement pour qu'il n'y ait pas de
délais administratifs et que la commission scolaire puisse construire
l'école de Saint-Nicolas.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je dois signaler, Mme la Présidente, que nous
avons hérité de l'ancien gouvernement d'un fardeau
considérable d'arrérages en matière de construction
scolaire.
M. Garon: Un cas précis, là.
M. Ryan: Le parc scolaire du Québec a pris des retards
extrêmement coûteux. L'an dernier - je vous donne juste ce
chiffre-là pour que les choses soient claires entre nous - les projets
d'agrandissement ou de construction d'écoles qui ont été
soumis à mon attention par les commissions scolaires auraient
coûté, si nous les avions tous acceptés - et
c'étaient tous des projets conformes aux normes du ministère de
l'Education - au-delà de 285 000 000 $. L'enveloppe dont je disposais
pour l'année était de 35 000 000 $. J'ai fait des choix
extrêmement pénibles.
Cette année, les demandes dont je serai saisi excéderont
300 000 000 $. Je ne les ai pas examinées en détail encore. Cela
va être encore plus considérable. Mais il y a des régions
du Québec qui ont des problèmes particuliers. Cela peut
étonner nos concitoyens parce qu'on dit que la clientèle scolaire
a diminué et on ferme des écoles. Comment se fait-il qu'ils
veulent en construire d'autres? Le député de Lévis me
comprend très bien. Les mouvements de la population n'ont pas
nécessairement suivi les tendances de la démographie. La
population est allée s'établir dans les banlieues. Les
écoles qui sont vides au centre de Québec ou au centre de
Montréal ne peuvent pas être occupées par les
élèves de Saint-Nicolas ou de Saint-Jean-Chry-sostome. Alors, il
y a un certain nombre d'en- droits au Québec où il faut agrandir
ou construire des écoles.
Dans l'examen que nous avons fait l'an dernier, j'avais retenu le
problème qui m'était soumis par la commission scolaire des
Chutes-de-la-Chaudière parce que je trouvais qu'il y avait un besoin
urgent d'une école secondaire de premier cycle de ce
côté-là. Comme j'avais un budget limité, j'ai
autorisé, l'an dernier, une somme d'argent pour commencer tout de suite
les travaux sur les plans et devis afin qu'on prenne cette avance-là.
C'est évident que si nous avons autorisé une somme d'argent pour
les plans et devis, nous voulons aller plus loin parce que nous n'aurions pas
jeté cet argent-là dans la mer. Alors, j'espère bien
qu'avec les crédits dont je disposerai bientôt nous pourrons faire
un nouveau pas.
Maintenant, l'enveloppe budgétaire pour les dépenses
d'immobilisations en 1988-1989, je n'en disposerai pas avant la fin du mois
d'avril. Je ne connaîtrai que vers ce moment-là le montant de
l'enveloppe qui sera mise à ma disposition. C'est une fois que je
connaîtrai ce montant-là que je pourrai arrêter la liste des
priorités, des projets qui seront retenus pour l'année 1988-1989.
Cela ne va pas avec l'étude des crédits de fonctionnement qui
font l'objet de l'étude des crédits à ce stade-ci. Mais,
c'est sur la liste des projets que j'examinerai avec une attention toute
particulière vu le premier pas qui a déjà
été consenti en 1987-1988.
Je signale, en plus, qu'un différend au sujet de l'emplacement de
l'éventuelle école secondaire de premier cycle s'était
élevé dans la région. Il est important de le signaler. Il
y avait deux comtés qui étaient en lutte. Et le
député va comprendre pourquoi je le signale. On aurait pu essayer
d'exercer de l'influence pour que cette nouvelle école soit plutôt
construite dans le comté qui est représenté par un
député libéral. Mais la commission scolaire avait choisi
un emplacement qui est à l'intérieur des frontières du
comté que représente le député de Lévis qui
est en face de moi. Nous avons respecté la compétence de la
commission scolaire, nous avons entériné son choix et je suis
allé, moi-même, sur les lieux. J'ai, moi-même,
expliqué aux résidents ou aux parents de l'autre comté
pourquoi nous avions entériné cette décision de la
commission scolaire. Et je pense que ce cas-là illustre la
manière dont nous procédons. Je peux dire, en toute
vérité que nous n'avions pas toujours des explications aussi
limpides, il y a quelques années.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais dire au ministre - je comprends qu'il vient
de la région de Montréal - qu'il se trompe s'il pense que les
parents des enfants de ces écoles-là viennent de la région
de Québec. Vous savez, les gens de
Québec qui viennent rester dans le comté de Lévis
sont rares. Il y en a plusieurs qui pensent qu'on est encore à la
campagne dans le comté de Lévis. Il y a une population de 100 000
personnes, mais il y en a beaucoup qui ne le savent pas. Je vous défie
de faire un recensement sur l'origine des gens. Vous allez vous rendre compte
que ce sont des gens de Lévis, de ce coin-là, qui restent
là, des gens de comtés environnants, des gens de Bellechasse
comme moi qui vient de Saint-Michei-de-Bellechasse dans le comté de
Lévis. (11 h 40)
Vous allez trouver beaucoup de personnes qui viennent des comtés
environnants. Mais des gens de Québec qui viennent rester sur la rive
sud, j'en connais très peu. C'est vraiment un accident et vous n'en
trouverez pas beaucoup. Il y en a qui viennent de Montréal, qui ont un
emploi dans la région de Québec et qui viennent y demeurer, mais
les enfants qui viennent de là sont vraiment, de prolificité des
gens du milieu. Ce ne sont pas des gens d'ailleurs. Ce sont des gens du
milieu.
Les commissions scolaires. Il y a eu deux votes là-dessus. Cela a
été unanime pour Saint-Nicolas. Il n'y a pas eu de pressions
d'aucune sorte. La dernière fois, Je pense, où l'école
était en jeu, aux élections scolaires, le vote a
été pris encore et le résultat a été de 16
à 3 pour Saint-Nicolas. C'est unanime, à toutes fins utiles. Les
enfants sont là. C'est beau de parler de politique familiale, des
enfants à naître; on va avoir un conseil de la famille pour nous
parler des enfants qu'on pourra avoir plus tard. Il s'agirait, pour le
gouvernement, d'être logique et de s'occuper des enfants qui sont
déjà là. Le plus bel incitatif à une politique
familiale, c'est de s'occuper des enfants qui sont là. Si les enfants
qui sont là ne sont même pas capables d'avoir une école
sans quasiment faire du tourisme en autobus, ce n'est peut-être pas le
plus gros incitatif à une politique familiale.
Vous avez une autre demande pour une école à
Saint-Jean-Chrysostome, au niveau de la 6e année du primaire et du
secondaire I et II. Ça aussi, ce sera pressant. Il n'y avait pas de
demande en retard sous l'ancien gouvernement. Je vous dirai que la demande que
vous avez eue pour l'école à Saint-Nicolas a été
acheminée en 1986. Cela n'a jamais été acheminé en
1985. Il n'y avait aucune demande en retard, aucune. Non, non, ne riez pas.
C'est cela. Il n'y avait aucune demande en retard du comté de
Lévis ou du comté de Beauce-Nord, dans la région de la
commission scolaire qui me concerne, les Chutes-de-la-Chaudière. Il n'y
avait pas de demande en retard concernant des écoles là-bas. Vous
avez eu la demande de la première école, sous votre gouvernement,
en 1986 pour Les Chutes-de-la-Chaudière. Qu'est-ce que vous voulez? Il
ne s'agit pas d'être dans un comté libéral ou dans un
comté du Parti québécois. C'est où sont les parents
et les enfants. La commission scolaire a voté que c'était
là et tout le monde est content. Ils savent qu'il y a une demande pour
une autre école à Saint-Jean-Chrysostome, au niveau de la 6e
année et du secondaire I et II. Ça aussi, c'est
nécessaire. D'alieurs, j'avais été un de ceux qui
n'avaient pas fait de politique là-dedans et qui ont dit qu'l devrait y
avoir une école dans l'ouest, et Is ont choisi Saint-Nicolas, et qu'l
devrait y en avoir une aussi à Saint-Jean-Chrysostome. Je l'ai dit
publiquement même, avant la décision du ministre, pour bien
montrer que je ne faisais pas de politique avec les écoles, que les
droits des parents du comté de Beauce-Nord et du comté de
Lévis sont les mêmes.
La Présidente (Mme Bégin): Merci. M. le
député de Lévis. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Le député de Lévis nous dit qu'on
se disputait entre deux endroits et que lui a dit: Bien, I en faudrait une dans
les deux endroits. Il ne faut pas être un grand héros pour prendre
une position comme celle-là. C'est bien plus héroïque de
dire: On se dispute entre deux endroits et moi, je choisis celui-ci. Ça,
c'est une position d'homme public. Mais dire qu'l en faut partout, c'est bien
facile.
M. Garon: Les enfants sont là.
M. Ryan: C'est la tendance des politiciens qui ont le style
facile, populiste.
M. Garon: Non, non.
M. Ryan: Mme la Présidente...
M. Garon: Vous avez eu une demande pour Saint-Jean-Chrysostome
aussi.
La Présidant» (Mme Bégin): M. le
député de Lévis, je vous reconnaîtrai par la suite.
J'aimerais que le ministre termine sa réponse.
M. Ryan: J'écoutais le député nous dire que
la commission scolaire avait décidé à 16 contre 3; donc, I
n'y avait pas de problème. Si j'appliquais ce raisonnement-là au
cas de l'île aux Coudres, iI n'y en aurait pas de problème: les
commissaires ont décidé d'une chose mais I y a les parents qui
sont là au bout Malgré la décision de 16-3, j'avais les
parents de Saint-Jean-Chrysostome qui me faisaient des représentations,
j'avais le maire de Saint-Jean-Chrysostome, j'avais la chambre de commerce et
toutes sortes d'autres organismes. On se devait d'écouter leurs
représentations avec attention.
En tout cas, là-dedans, je pense que le député doit
considérer que le problème est bien compris au ministère
de l'Éducation, que nous avons déjà fait un premier geste
très significatif et que, selon les ressources dont nous disposerons
pour l'année 1988-1969, nous examinerons ce dossier avec toute
l'objectivité et l'impartialité
qui caractérisent nos décisions en ces
matières.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député.
M. Garon: Je ne comprends pas, Mme la Présidente, les
propos du ministre. Les crédits ont été publiés. Il
dit qu'il va avoir son budget d'immobilisations à la fin d'avril.
Là, Je ne comprends pas, puisqu'il a soumis des demandes de
crédits au gouvernement et que les crédits viennent d'être
publiés. Donc, il connaît les crédits qu'il a obtenus. Il
connaît le budget d'immobilisations dont il dispose. C'est même
marqué dans les crédits ce qui va au fonctionnement, ce qui va
aux dépenses de capital et ce qui va au service de la dette. Tout cela
est ventilé, même dans les crédits. La ventilation des
crédits, je ne l'invente pas. La ventilation est faite là-dedans.
Le ministre doit savoir ce qu'il a demandé comme crédits et s'il
les a obtenus ou non, parce que cela s'est négocié à
partir du mois d'août dernier jusqu'à ce que le livre soit
publié. Alors, comment se fait-il qu'il ne sache pas quel montant il
peut dépenser pour l'immobilisation?
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: Ce dont vous devriez vous étonner, Mme la
Présidente, c'est que le député de Lévis, ayant
fait partie d'un gouvernement pendant neuf ans, ne soit pas encore au courant
de la manière dont ces choses se passent. Le budget d'immobilisation ne
fait pas partie du cahier des crédits déposé à
l'Assemblée nationale à ce stade-ci. Depuis que nous sommes
arrivés au gouvernement, et cela se passait...
M. Garon: Vous voulez parler de ces crédits-là?
M. Ryan: Non. Il n'est pas compris là-dedans...
M. Garon: II n'est pas dans ces chiffres-là?
M. Ryan: Non. Depuis que je suis arrivé au gouvernement,
c'est comme cela, et c'était comme cela avant que je sois au
gouvernement.
Une appropriation de fonds est communiquée au ministre de
l'Éducation après le dépôt des crédits. Cela
vient quelque part au mois d'avril. L'an dernier, cela m'a été
communiqué au mois de mai, si vous voulez le savoir. À partir de
cette enveloppe qui lui est communiquée, le ministre de
l'Éducation peut prendre des décisions, mais le budget
d'Immobilisation est tout à fait distinct du budget de fonctionnement.
C'est pour cela que j'accueille avec beaucoup d'intérêt les
questions qui sont posées ce matin, parce que c'est un problème
que j'aurai à examiner de très près au cours des sept ou
huit prochaines semaines. Mais ce n'est pas tout à fait le moment de les
poser, parce que là, nous étudions les crédits de
fonctionnement. On a une grande liberté ici. Je suis bien content que
cette question soit soulevée, mais je vous donne une réponse qui
est inscrite dans la pratique gouvernementale depuis de très nombreuses
années et que nous n'avons point modifiée depuis que nous sommes
là.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Cela veut dire, au fond, que, le budget de
fonctionnement, ce sont les remboursements annuels que vous devrez faire aux
commissions scolaires pour les immobilisations faites dans le passé,
mais vous n'avez pas encore l'autorisation du montant de vos immobilisations
pour l'avenir, qui ne représentent pas nécessairement les
dépenses dans le budget de cette année.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: C'est exact.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mais vous n'avez actuellement aucune idée,
aucune autorisation.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: Je fais des démarches pour que cela soit le plus
élevé possible. Si vous pouvez m'aider dans ce sens-là en
faisant des discours publics, je l'apprécierais hautement.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Moi, je n'ai jamais essayé de faire de politique
avec les enfants et avec les écoles...
M. Ryan: Non, je parle à un niveau...
M. Garon: J'ai essayé de régler les
problèmes de sorte que, quand j'ai été élu, en
1976, il y avait 1000 enfants qui traversaient le pont et, quand on est
allé en élections, en 1985, il n'y en avait plus un seul qui le
traversait. Là, Hs ont recommencé à traverser le pont
cette année.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais seulement signaler
au député de Lévis et à nos concitoyens qui nous
écoutent qu'il y a des régions du Québec où le
problème est encore beaucoup plus aigu. Je voudrais citer en particulier
la région que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale, la région qui longe le
nord de la rivière des Mille îles, à partir d'Oka
jusqu'à Repentigny. Là, vous avez d'énormes besoins de
constructions scolaires qui sont le résultat d'une accumulation de
plusieurs années, qui ne peuvent être le résultat des deux
dernières. Je ne veux pas faire de politique de parti, mais c'est moi
qui ai l'héritage, et c'est très dur. Je puis vous dire que j'ai
reçu une délégation des commissions scolaires de cette
région il y a une dizaine de jours. Elle m'a brossé un portrait
dramatique. Il faudrait cinq nouvelles écoles secondaires, cinq
nouvelles écoles primaires, des agrandissements à au moins sept
ou huit écoles. Dans cette seule région, I y a pour
au-delà de 100 000 000 $ de problèmes ressentis de manière
très aigué. C'est évident que nous ne pourrons pas
répondre à tous ces besoins, et c'est la région que le
député d'A-rgenteuil représente avec d'autres
collègues à l'Assemblée nationale. C'est dire que nous
n'inventons pas ce problème. Il est réel, mais je suis content de
voir l'intérêt que le député de Lévis porte
au problème. Je pense qu'y a raison de dire que, si nous pouvons nous
élever à une attitude au-dessus de la partisanerie, pour
épouser ce problème ensemble, nous allons rendre service à
tous nos concitoyens.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que
le fait que le Québec ait à peu près le plus bas taux de
natalité au monde représente un problème
considérable pour notre peuple, mais si on est incapable de s'occuper
des enfants qui sont là, je pense que cela ne sera pas un gros incitatif
pour les parents, même si bien des conseils prodiguent plusieurs conseils
aux parents. Le Conseil de la famille va placoter là-dessus. Je pense
bien que les parents qui vont voir qu'ils ont de la misère à
trouver une école pour leurs enfants vont dire: C'est bien beau qu'il y
ait des gens qui piacotent, sauf qu'il n'y a pas d'école pour mes
enfants. Aujourd'hui, les couples travaillent. Aller sur de longues distances,
avec les problèmes que cela représente, ce sont des
difficultés considérables. Ce n'est pas la même situation
qu'antérieurement. Aujourd'hui, les jeunes couples... Prenez une
population comme celle de Bernières où l'âge moyen est de
25 ou 27 ans; 6000 habitants dont l'âge moyen est de 25 ou 27 ans. (11 h
50)
Vous avez lu les statistiques que vient de publier le gouvernement
fédéral? La vile de Québec, augmentation
considérable de plus de 20 % des gens de plus de 65 ans. Diminution des
gens qui sont jeunes. Dans la région que je représente, ce sont
des gens qui sont jeunes. En plus d'être jeunes, is sont prolifiques.
C'est rare au Québec. Nous autres, on pourrait peut-être donner
des conseils aux autres. En attendant, on veut avoir des écoles pour nos
enfants. Main- tenant, je vais passer à un autre sujet.
La Présidente (Mme Bégin): Si vous permettez, M. le
député de Lévis, M. le ministre va répondre
à vos dernières questions.
M. Ryan: Oui. Je voudrais quand même signaler, pour qu'on
ne laisse pas une impression fausse se propager dans l'esprit de nos
concitoyens, que les mesures que nous prenons chaque année contribuent
quand même à résoudre un bon nombre des situations comme
celle dont a parié le député de Lévis. Il m'est
arrivé au cours de la dernière année d'aller participer
à l'inauguration d'un grand nombre d'écoles nouvelles ou
d'écoles agrandies. Je peux vous dire que dans de nombreux endroits, on
apporte des solutions concrètes à ces problèmes dont i a
été question. On ne peut pas les résoudre tous en
même temps à cause du caractère limité des
ressources. Mais, quand même, je pense qu'il faut signaler qu'au cours de
la dernière année, il y a eu une augmentation de ressources
très importante au chapitre des constructions et des agrandissements
d'écoles, et nous espérons que cette année I y en aura une
autre aussi.
Je veux quand même souligner que nous faisons beaucoup de choses
positives. J'aurais aimé que le député de Lévis
soit avec moi, I y a une quinzaine de jours à Granby, par exemple,
où nous sommes allés inaugurer une école agrandie qui va
servir de terrain d'expérimentation extrêmement
intéressante au point de vue de collaboration entre population
franco-catholique et anglo-protestante. On a un exemple de convivance qui a
été mis au point à cause des ressources limitées
dont nous disposons qui va être un terrain d'expérimentation
éducative extrêmement enrichissant. Il y a toutes sortes de
solutions que nous apportons. Une bonne journée, on aura peut-être
l'occasion d'en parier de manière plus détaillée. Pour
l'instant, je pense que cela suffit.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
Soutien aux organismes volontaires d'éducation
populaire
M. Garon: L'autre point sur lequel je voudrais demander des
explications au ministre, c'est concernant le programme de soutien aux
organismes volontaires d'éducation populaire. Le ministre avait pris des
engagements importants lors de la campagne électorale de 1965. J'ai les
documents ici. Je ne sais pas s'iI s'en souvient je voudrais lui rappeler cela,
par exemple, c'est toujours bon de se rappeler ses promesses. C'est
signé par lui-même, par le député d'Argenteuil.
À ce moment-là, en novembre 1965, I disait: Le rôle
très important des organismes bénévoles ou publics qui se
vouent à l'éducation informelle de la population ou, si l'on
préfère, à l'éducation
populaire sera reconnu. Des ressources financières accrues seront
consacrées à ce secteur. La distribution des subventions se fera
suivant les critères connus des intéressés et à la
définition desquels des représentants autorisés des
organismes concernés auront été invités à
participer.
Un comité consultatif national formé de personnes
suggérées par les organismes engagés dans
l'éducation populaire sera appelé à définir les
critères d'éligibilité aux mesures de financement et
à faire des recommandations sur des organismes appelés à
bénéficier de ces mesures. Le rapport a été remis
en février et, actuellement, on se trouve dans la situation où il
y a un moratoire, où il y a quelque 500 organismes qui sont en attente
d'accréditation, alors qu'il y en a un peu plus de 600 qui sont
accrédités, mais dont les sommes qu'ils reçoivent
diminuent. Si on compare à 1984 ou 1985, il y en a 43 % dont les sommes
ont diminué. On voit une petite augmentation du budget, mais qui n'est
pas considérable surtout si on considère que le budget est
gelé depuis trois ans et qu'il y a un moratoire.
Je voudrais demander au ministre s'il a l'intention de lever le
moratoire et comment il va fonctionner, étant donné qu'il n'y a
pas beaucoup plus d'argent par rapport à ce qu'il y avait? En
réalité, il s'agit de diminution si on tient compte en dollars
constants du fait qu'il y a une inflation chaque année et que son budget
n'augmente quasiment pas et a augmenté très peu cette
année. Quelles sont les intentions du ministre concernant les organismes
volontaires d'éducation populaire?
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ryan: J'apprécie énormément la question
dont la pertinence est incontestable. Le point de départ était
remarquablement exact. Le député a cité un extrait des
documents d'orientation qu'avait publiés le Parti libéral du
Québec avant l'élection. Le député aura
remarqué que la première partie de l'engagement a
été tenue. Nous nous étions engagés à mettre
au point, en concertation avec les organismes concernés, des nouvelles
lignes d'orientation qui permettraient de mieux définir la vocation du
programme d'aide financière aux organismes bénévoles
d'éducation populaire, nous l'avons fait. Nous avons créé
un comité de travail comprenant des représentants de toutes les
grandes tendances qu'on peut retrouver dans ce secteur extrêmement
multiforme. Le comité a travaillé sous la présidence d'une
personne très compétente, M. Réal Char-bonneau. Il m'a
remis son rapport officiellement à la fin de l'année 1987.
J'ai tenu une rencontre, en février, avec le groupe dans son
ensemble pour une discussion sur les orientations que nous conserverions. Je
peux vous assurer que nous examinons actuelle- ment avec beaucoup d'attention
les recommandations qui m'ont été soumises par le comité
Charbonneau. Je compte rencontrer dans un avenir assez rapproché les
organismes concernés pour leur faire part des orientations que nous
allons retenir. Je vais le faire fort probablement avant le mois de septembre.
Pour ce premier volet, je pense que nous aurons des lignes d'orientation qui
seront assez bien arrêtées.
Je voudrais rendre hommage à mes collaborateurs ici, surtout du
bureau des sous-ministres, qui ont déjà examiné le
document de fond en comble et qui m'ont fait part de recommandations que je
suis présentement à examiner de près.
En ce qui touche les ressources budgétaires, le
député de Lévis s'est bien gardé de mentionner des
chiffres. Je le comprends, il a parlé d'augmentation modeste.
L'augmentation au chapitre du programme d'aide aux organismes
d'éducation populaire est de 9,5 %. L'an dernier, le budget total
était de 11 527 000 $ et cette année, il sera de 12 617 000 $,
soit une augmentation de 9,5 %. Cela, c'est le programme d'éducation
populaire dans son ensemble. Pour les OVEP proprement dits, nous passerons de 7
804 000 $à8 868 000 $.
Avec cela, je pense que nous allons pouvoir mettre fin au moratoire.
Nous allons faire certains ajustements dans les subventions versées
à des organismes déjà acceptés sur la liste des
organismes bénéficiaires de subventions, mais nous conserverons
très probablement une part appréciable de cette augmentation pour
ouvrir la porte à de nouveaux organismes qui attendent à la porte
depuis quatre ans, ce qui est profondément injuste. Je peux dire au
député de Lévis que la réponse concernant le
moratoire sera positive. Je pense que c'est seulement un premier pas. Nous
n'avons pas voulu aller trop loin cette année tant que la politique ne
sera pas arrêtée de manière définitive, mais c'est
un premier pas qui traduit très concrètement la confiance que le
gouvernement, en particulier le ministre de l'Éducation conserve, et
entend manifester à l'endroit du travail accompli par les organismes
bénévoles d'éducation populaire. Je pense que ces
organismes sont un ferment démocratique extrêmement important dans
notre société. Ils sont au coeur même de l'effort
d'éducation et de libération des gens par eux-mêmes, par le
développement des connaissances et de la conscience qu'ils ont de leurs
possibilités, de leurs problèmes. Je voudrais vous assurer que
j'entends épauler le travail de ces groupes.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Moi, je ne partage pas l'enthousiasme du ministre. J'ai
des chiffres, ici: 11 600 000 $ en 1985-1986, 12 001 000 $ en 1986-1987; cela
baisse à 11 500 000 $, en 1987-1988, 11 900 000 $... ensuite, c'est 12
600 000 $.
Quand vous pariez de 10 % d'augmentation sur trois ans, cela fait
à peu près 3, 5 % par année alors que le taux d'inflation
est plus élevé que cela. Cela veut dire qu'à toutes fins
utiles, il n'y a pas d'augmentation, il y a une baisse en dollars constants, il
y a moins d'argent. Si le ministre dit qu'il lève le moratoire, comment
va-t-il pouvoir... Est-ce que cela va représenter une baisse? Est-ce que
cela veut dire qu'on va diminuer les subventions aux organismes existants parce
qu'il n'y a pas beaucoup d'argent pour des organismes additionnels? Est-ce
qu'il a l'intention de proposer un budget supplémentaire pour demander
un montant d'argent plus élevé? Est-ce que le programme va
être modifié, si j'ai bien compris, en septembre? Est-ce que le
programme va être modifié ou si sera le même programme?
À quel moment le moratoire serait-il levé pour que les gens
puissent faire application? (12 heures)
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Ryan: Je vois que le député de Lévis est
sincère, mais il n'est pas au courant de tous les détails. Cela
se comprend aussi parce que sa spécialité a longtemps
été l'agriculture.
M. Garon: Ah! Vous savez, il y a tellement d'organismes
d'éducation populaire dans mon comté...
M. Ryan: Oui. Non, non, je vais vous donner...
M. Garon:... je suis pas mal au courant.
M. Ryan:... les explications. D'abord, je pense qu'on a
intérêt à prendre à leur face même les
chiffres qui sont dans le livre explicatif des crédits. Les chiffres que
j'ai cités viennent de là. C'est 11 500 000 $ de dépenses
probables pour l'année 1987-1988...
M. Garon: C'est cela.
M. Ryan:... et, pour 1988-1989, nous inscrivons des
crédits de 12 617 000 $, ce qui fait une augmentation de 9, 5 %. Je
pense qu'on peut s'entendre là-dessus.
M. Garon: Oui. Mais, vous allez admettre... M. Ryan:
Maintenant...
M. Garon:... par exemple, que l'an passé, avec 11 900 000
$...
M. Ryan: Mme la Présidente...
M. Garon:... vous avez dépensé 11 500 000 $ et vous
avez périmé 400 000 $.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Lévis...
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme Bégin):...
j'aimerais...
M. Ryan:... je n'ai pas interrompu le député de
Lévis...
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre. M.
Garon: Ah bon! D'accord.
M. Ryan:... quand 1 parlait.
M. Garon: Je pensais que vous attendiez une réaction
à ce que vous veniez de dire.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre, vous
pouvez y aller.
M. Ryan: Après avoir complété la
séance, on pourra s'interrompre plus librement, cela me fera bien
plaisir d'avoir des discussions sans présidence!
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre, vous
pouvez poursuivre.
M. Ryan: Merci. Je voudrais signaler une chose. Tout d'abord,
l'an dernier, parce que nous n'avions pas augmenté le budget
consacré à ce poste, nous avons reçu toutes les critiques
opportunes. Le député peut bien les répéter cette
année, mais, pour cette année, nous faisons une augmentation de
9, 5 %. On était blâmé l'année dernière, on
le méritait. Cette année, on fait une augmentation de 9, 5 %, je
pense qu'l faut le signaler honnêtement.
Maintenant, j'ajouterai une chose. Les organismes
bénévoles, c'est extrêmement vivant, ce n'est pas comme le
ministère de l'Éducation et les commissions scolaires; 1 y en a
qui meurent, il y en a qui naissent, ce n'est pas installé à
demeure pour tout le temps. Disons qu'on en avait plusieurs centaines qui
étaient subventionnés 1 y a trois ans. Il y en a qui sont
disparus des listes, pas parce qu'on les a étouffés, mais parce
qu'ils n'avaient plus l'énergie vitale pour se retrouver comme
organismes bénévoles. Comme le budget était demeuré
le même, cela veut dire que la subvention moyenne accordée
à ceux qui restaient a augmenté, vu qu'on n'a pas admis d'autres
organismes sur la liste. Donc, I y a eu un ajustement dans les subventions dont
on doit tenir compte en toute honnêteté.
Maintenant, c'est pour cela que je disais tantôt qu'à
même l'augmentation de 9, 5 % de l'année prochaine, de 1988-1989,
nous disposerons d'une certaine marge pour admettre de nouveaux organismes
à des subventions et mettre fin ainsi au moratoire que je déplore
tout autant que le député de Lévis.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
ministre. Une courte question, M. le député de
Lévis, le temps s'achève.
M. Garon: Oui. C'est parce que je viens de faire un calcul. Si on
fait un calcul rapide, on se rend compte que cela ne fait pas beaucoup par
organisme. Il y a plus de 600 organismes. Il y en a près de 600 en
attente. Alors, cela ne fait pas un gros montant par organisme; cela fait un
montant quasiment symbolique par organisme. On dit qu'il faut encourager le
bénévolat. Je comprends que vous dites que les organismes
meurent; Bs sont dans un état où il y a tellement peu
d'oxygène qu'ils étouffent. Les organismes vont tomber et c'est
cela qui est mauvais. Je suis assez familier avec cela. Le nombre d'organismes,
dans mon comté, qui s'occupent d'éducation populaire est
considérable, mais ils ont le sentiment d'être asphyxiés.
Il y en a d'autres dans la région de Québec que j'ai
rencontrés et qui me donnent te même sentiment.
La Présidente (Mme Bégin): Le temps s'écoule
à votre question parce que je devrais remettre la parole au ministre
pour une courte réplique. Le temps s'écoule, est-ce que vous
pourriez...
M. Garon: Le temps s'écoule, mais on était
censé avoir une heure. Les crédits, c'est une période de
cinq heures. Le temps où les gens ne sont pas là - je ne
blâme pas le ministre de l'Éducation, il était là -
mais on est censé avoir cinq heures.
La Présidente (Mme Bégin): Oui.
M. Garon: On n'est pas censé avoir cinq heures moins tout
le temps de placotage dans les intermissions. Les intermissions ne comptent
pas.
La Présidente (Mme Bégin): Non, mais, M. le
député de Lévis, là-dessus, je vais
reconnaître le ministre. Vous comprendrez qu'il y a un temps qui a
été arrêté...
M. Garon: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): ...hier par cette
Chambre et je dois le respecter.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bégin): Oui, mais c'était
spécifié. Là-dessus...
M. Garon: ...cinq heures.
La Présidente (Mme Bégin): ...je vais
reconnaître M. le ministre, en réplique.
M. Garon: C'est une heure chacun.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre, je vous
reconnais en réplique...
M. Garon: C'est une heure chacun.
La Présidente (Mme Bégin): ...pour une courte
réplique.
M. Garon: Le temps que le vice-président parle avec le
ministre, cela ne compte pas, normalement.
La Présidente (Mme Bégin): Non, non. M. le
ministre, en courte réplique.
M. Garon: Pardon?
La Présidente (Mme Bégin): Une courte
réplique au ministre.
M. Garon: Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bégin): J'ai reconnu - M. le
député de Lévis, je m'excuse...
M. Garon: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): ...le ministre en
réplique. Le temps s'achève, il reste 30 secondes et nous devons
poursuivre avec un autre ministère. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: En brève conclusion, Mme la Présidente,
pour rester sur le sujet des organismes d'éducation populaire, la
personne qui vous parle a milité longtemps au sein des organismes
d'éducation populaire et sait un peu de quoi il s'agit. Je peux dire que
les organismes d'éducation populaire, avec des ressources modestes,
accomplissent très souvent un travail considérable. Le
député de Lévis, comme le député
d'Argenteuil, dispose chaque année d'un budget pour venir en aide
à des organismes de loisirs. Il sait comme moi que, quelquefois, un club
de l'âge d'or, avec une subvention de 500 $, va accomplir un travail qui
coûterait peut-être 25 000 $ si c'était fait par l'appareil
bureaucratique de l'État ou par des grandes compagnies commerciales.
Grâce à cela, nous pouvons, avec des subventions dont le montant
moyen...
La Présidente (Mme Bégin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Ryan: ...dans ce secteur-ci est d'à peu près
9000 $ à 10 000 $ par organisme, obtenir des résultats
formidables. Si cela peut être augmenté
légèrement... Je ne suis pas en faveur des augmentations trop
considérables, parce que je pense que nous devons apprendre à
réapprécier la valeur du travail qui se fait avec des moyens
modestes aussi.
Ceci dit, je voudrais qu'on sache que l'appui du ministère de
l'Éducation, du ministre de l'Éducation en particulier, et du
gouvernement
est acquis à ces organismes. On va essayer d'améliorer les
conditions dans lesquelles ils travaillent. J'apprécie beaucoup
l'intérêt que le député de Lévis porte
à ces questions et je suis porté à conclure qu'il ferait
un très bon critique de l'Éducation, si jamais une vacance se
présente à ce poste du côté de l'Opposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Ceci met fin au temps qui était
réservé au ministère de l'Éducation pour
l'étude des crédits provisoires. Je remercie les participants de
cette commission. Nous allons suspendre pendant quelques minutes.
M. Garon: J'aimerais justement, Mme la Présidente, qu'on
ne suspende pas parce qu'après, vous comptez le temps des suspensions
sur notre temps. Alors...
La Présidente (Mme Bégin): Écoutez, M. le
député de Lévis, vous devez être ici à telle
heure et je commence à telle heure. J'essaie de respecter le temps.
M. Garon: Moi, j'ai été ici...
La Présidente (Mme Bégin): Là-dessus, on va
suspendre pour quelques minutes pour pouvoir...
M. Garon: ...45 minutes avant le temps.
La Présidente (Mme Bégin): . ..reconnaître
les autres intervenants.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 12 h 9)
La Présidente (Mme Bégin): À l'ordre, si
vous plaît!
Affaires culturelles
Nous allons commencer l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles. Je vais reconnaître chacun des
intervenants, au départ, pour une courte intervention. Je vais d'abord
reconnaître Mme la ministre et, par la suite, je reconnaîtrai M. le
député de Taillon. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Remarques préliminaires Mme Use Bacon
Mme Bacon: Merci, Mme la Présidente. Les crédits
alloués au ministère des Affaires culturelles pour l'année
1988-1989 s'élèvent à 215 000 000 $ et représentent
une croissance de 18 % par rapport à ceux de l'année
dernière. Cette augmentation est attribuable en grande partie à
des crédits supplémentaires qui vont au développement et
les seuls crédits du ministère, en ne comptant pas ceux qui sont
destinés à l'application de la Charte de la langue
française ni ceux qui peuvent parvenir d'autres sources au cours de
l'année, représentent 0,68 % de l'ensemble des crédits de
l'État. En 1980, Is n'étaient que de 0,50 %; en 1984. de 0.56 %
et, en quatre ans, ils auront progressé deux fois plus vite qu'au cours
des cinq années allant de 1980 à 1984.
En plus de cette progression, il importe de mettre en évidence
que le ministère dispose, cette année, de crédits
additionnels de 22 800 000 $. Voyons d'un peu plus près en quoi
consistent les nouveaux crédits. Ils iront principalement, à 60
%, soit 13 500 000 $, au mïieu culturel. Pour sa part, le Musée de
ta crviisa-tion, à Québec, qui entreprend maintenant ses
activités, se verra allouer une somme de 6 700 000 $ et les institutions
nationales, les organismes, les sociétés d'État se
partagent 2 600 000 $ de crédits supplémentaires.
Au cours de l'année qui vient de se terminer, il a beaucoup
été question des besoins financiers pour la culture. La
commission de la culture, qui a abordé la question du statut de
l'artiste, a entendu des représentants de regroupements des artistes qui
faisaient état des conditions dans lesquelles ils exercent leurs
activités professionnelles, de leur situation financière
précaire et d'une absence de statut juridique. A cette question, nous
avons déjà apporté des éléments de solution:
la Loi sur le statut professionnel et les conditions d'engagement des artistes
de la scène, du disque et du cinéma, loi adoptée par
l'Assemblée nationale. Cette même loi a institué la
Commission de reconnaissance des associations d'artistes, ayant les fonctions
et les pouvoirs pour l'application des régimes de négociation.
Nous entendons poursuivre, au cours de l'année, le travai de
reconnaissance d'autres groupes d'artistes créateurs afin de leur
accorder le statut juridique qui leur convient.
À l'égard des créateurs et des artistes du milieu
culturel, nous travaillons à l'amélioration de leurs conditions
globales et nous avons déjà mentionné la loi sur le statut
des artistes, de même que la mise en place d'une commission de
reconnaissance professionnelle. Sans compter le budget prévu pour le
fonctionnement de cette commission, 2 000 000 $ supplémentaires iront
cette année à l'amélioration du statut de l'artiste,
notamment dans des programmes d'aide aux individus. Ces programmes ont
été revus de manière à respecter les besoins des
artistes dans leur pratique professionnelle, leurs besoins de formation et dans
le soutien à l'innovation.
Non seulement nous reconnaissons le principe d'une indexation des
budgets soutenus par le ministère, mais en plus, un accroissement
de 4 000 000 $ ira aux arts d'interprétation et nous entendons
favoriser une plus grande accessibilité du spectacle à la
population en lui permettant de voir, là où elle se trouve, une
plus grande diversité de spectacles de qualité. Nous allons
également encourager la sortie de spectacles, de manière que les
producteurs puissent atteindre une audience élargie, hors des lieux
où Us se produisent habituellement et, en outre, 1 000 000 $ de plus
iront à la production cinématographique. C'est donc un peu plus
de 9 000 000 $ nouveaux qui viennent s'ajouter cette année au soutien
accordé par le ministère au milieu culturel.
Les bibliothèques publiques sont une autre priorité du
ministère des Affaires culturelles et c'est le principal mérite
de la commission d'étude que nous avons formée de nous avoir
éclairés sur les faiblesses de notre réseau de
bibliothèques publiques. Le rapport qui a été rendu public
en juillet dernier propose un ensemble de gestes à poser. Compte tenu de
l'urgence d'agir, nous consacrons 4 250 000 $ supplémentaires aux
bibliothèques publiques pour le prochain exercice, ce qui porte la
participation du ministère à 20 500 000 $ dans le financement du
réseau. Il faudra toujours, Mme la Présidente, une contribution
importante pour les bibliothèques publiques, mais il ne s'agit que d'un
début et, conscient de sa responsabilité, le ministère
affirme qu'il continuera à assumer le leadership nécessaire pour
que le service des bibliothèques publiques soit étendu aux
Québécois qui en sont actuellement privés et, aussi, pour
que soient améliorés les services auxquels les citoyens ont
droit.
Quant au Musée de la civilisation, il sera officiellement
inauguré à l'automne 1988, tel que je l'annonçais le 6
octobre dernier, à l'occasion de la préouverture de ce
musée. On voit donc l'importance accordée au bon fonctionnement
de cette institution par les crédits nouveaux qui lui sont
affectés, soit 6 700 000 $. Le musée se trouve logé dans
un immeuble dont le monde a vanté la beauté architecturale, la
modernité de son équipement, ainsi que
l'ingéniosité de sa conception et de son intégration dans
la trame urbaine du Vieux-Québec. Il faut maintenant que vive, que
s'anime, le plus rapidement possible, cet immeuble dont la construction aura
coûté 32 800 000 $. Ainsi, le Musée de la civilisation
ajoute une pièce majeure à l'infrastructure culturelle et
touristique de Québec et s'ajoute à l'ensemble des autres
musées que nous avons au Québec, dont l'agrandissement du
Musée du Québec qui a été annoncé il y a
quelque temps. Nous avons hâte de donner vie à ce musée,
surtout pour qu'il puisse enfin dispenser aux Québécois et
à des centaines de milliers de visiteurs étrangers les services
auxquels notre population est en droit de s'attendre. Enfin, nous avons
hâte de lui donner vie pour qu'il puisse aussi accomplir, avec toute la
force et la vitalité nécessaires, son triple mandat qui est de
faire connaître l'histoire et la culture québécoises,
s'ouvrir sur d'autres civilisations, d'autres cultures, d'autres
manières d'être et de faire, et, enfin, de développer et de
diffuser la collection nationale. Bien sûr, tout ceci permettra à
de nombreux créateurs du Québec d'y trouver un lieu pour exercer
leur art comme professionnels, de même que dans la mise en place de
nombreuses expositions permanentes.
Les besoins culturels du Québec sont immenses. Le
ministère que je dirige en sait quelque chose, lui qui, quotidiennement,
reçoit les demandes des milieux culturels. C'est évidemment la
conviction que je partage avec ceux et celles qui y travaillent. Les budgets ne
sont jamais suffisamment élevés. Nous aurons toujours besoin
d'augmenter les budgets du ministère des Affaires culturelles et celle
qui vous parie en sait quelque chose. Je pense que nous devrons constamment
demander au gouvernement de faire en sorte que le milieu culturel
reçoive sa juste part du budget global du gouvernement.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre
des Affaires culturelles. M. le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, Mme la Présidente. Il me fait
plaisir d'intervenir lors de l'étude des crédits provisoires des
Affaires culturelles. J'ai écouté attentivement les paroles de la
ministre. Ce qui est nécessaire de lui rappeler, c'est qu'en ce qui
concerne le budget des Affaires culturelles, les crédits du
ministère des Affaires culturelles sont de 237 200 000 $ en 1988-1989,
soit une augmentation de 10,5 % par rapport aux dépenses probables de
1987-1988, lesquelles n'ont pas encore été comptabilisées
de façon définitive. Cette augmentation de 10,5 % est loin, est
très loin de correspondre à l'engagement déjà pris
par le gouvernement libéral, à savoir que 1 % du budget du
gouvernement du Québec serait consacré aux Affaires culturelles.
La ministre nous dit: Nous en demandons de plus en plus. Évidemment, le
Trésor accorde ce qu'il décide d'accorder, mais il demeure que la
ministre ne disait pas, lors de la campagne électorale, comme les autres
membres de son gouvernement: Écoutez, on va en demander de plus en plus
et on va tout faire pour en obtenir plus. Ce qui a été dit au
milieu culturel québécois, c'est que le milieu culturel, les
Affaires culturelles pourraient bénéficier de 1 % du budget du
gouvernement du Québec, étant donné l'ensemble des
circonstances. Cela fait maintenant deux ans et quelque, presque deux ans et
demi, que la ministre des Affaires culturelles est en poste. Elle nous dit: On
fait des efforts. Bien sûr, mais lorsque c'était le temps des
engagements électoraux, elle ne disait pas: On va faire des efforts.
Elle disait: 1 %.
Crédits consacrés i l'application de la
Charte de la langue française
Ma deuxième remarque, Mme la Présidente, et c'est
là-dessus que mes questions seront concentrées ce matin, porte
sur le programme 5 du ministère des Affaires culturelles concernant
l'application de la Charte de la langue française. Un premier
commentaire s'impose. Ce programme regroupe les organismes qui sont
chargés de l'application de la Charte de la langue française. On
parle, notamment, de l'Office de la langue française, de la Commission
de protection de la langue française, du Conseil de la langue
française, de la Commission d'appel de francisation, on l'oublie
souvent, et également de la Commission de toponymie. La hausse des
crédits pour 1988-1989 s'élève à 7,3 %, soit
essentiellement l'indexation des traitements du personnel ainsi que l'ajout de
crédits reliés à la mise en oeuvre du fonds spécial
des télécommunications. Bref, il n'y a pas d'argent neuf en ce
qui concerne l'application de la Charte de la langue française.
L'indexation des traitements découle de l'application des conventions
collectives et un ajustement a eu lieu en ce qui concerne la mise en oeuvre du
fonds spécial des télécommunications. Pour certains
organismes, on remarque même une diminution de personnel, comme on le
verra tantôt. (12 h 20)
Ma première question à Mme la ministre responsable de la
loi 101 porte sur le fait que le budget consacré à la Charte de
la langue française n'augmente pas, à toutes fins utiles, alors
que les problèmes, eux, sont réels et ont augmenté
considérablement au cours de la dernière décennie. Voici
deux exemples, et on pourrait en citer plusieurs. Premièrement, à
la Commission de protection de la langue française, 1 y a eu afflux de
demandes d'enquêtes, de sorte qu'on a même dû faire appel
à un organisme frère ou soeur, selon le point de vue où on
se place, pour traiter par informatique les plaintes reçues. C'est une
réalité. La Commission de protection de la langue
française est débordée. La sensibilité est grande
au Québec en ce qui concerne l'application de la loi 101 de sorte que
non seulement la Commission de protection de la langue française, mais
également les autres organismes ont beaucoup plus de travail.
Deuxième exemple - je pourrais en citer une multitude pour la
ministre - la ministre me disait en Chambre, la semaine dernière: J'ai
demandé un avis au Conseil de la langue française sur la
portée de l'entente constitutionnelle du lac Meech et, au conseil, on a
mis sur pied un comité. Tout cela, c'est au mois de mai, l'an dernier.
Nous serons, dans quelques jours, au mois d'avril; cela va faire dix ou onze
mois. Je ne doute pas du sérieux que met le conseil à faire cet
avis, mais I demeure que même les sénateurs sont sortis de leur
fil d'araignée et ont eu le temps de produire le rapport du
comité mixte spécial du Sénat et de la Chambre des
communes sur l'entente constitutionnelle de 1987. Il demeure que la plupart,
pour ne pas dire la presque totalité des constitutionnalistes se sont
déjà prononcés sur la question. En ce qui concerne le
conseil, on n'a toujours pas reçu l'avis, encore une fois, portant sur
le lac Meech.
Ce sont là deux exemples parmi tant d'autres. Je vais
résumer ma question simplement, Mme la Présidente. Comment
expliquer l'augmentation nulle, considérant les aspects techniques, du
budget des organismes chargés de défendre et de promouvoir la
langue française, alors qu'il existe, et je pense que la ministre le
reconnaîtra objectivement, sans que j'entre dans les causes de cette
augmentation que la ministre connaît fort bien, une augmentation
objective du travail des organismes chargés de défendre et de
promouvoir la langue française?
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M.le
député de Taillon. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: Je trouve, Mme la Présidente, que le
député de Taillon glisse rapidement sur l'évolution des
crédits consacrés au ministère des Affaires culturelles.
J'aimerais peut-être lui rappeler, avant de répondre à ses
autres questions, que, en 1980-1981, le budget des Affaires culturelles par
rapport au budget gouvernemental était de 0,50 %, mais qu'en 1988-1989.
i est de 0,68 %. C'est donc un effort extraordinaire qui a été
fait par le présent gouvernement pour augmenter les budgets du
ministère des Affaires culturelles. Il faudrait quand même, quand
on regarde le livre des crédits, regarder les mêmes chiffres et
les mêmes périodes. Quand on se réfère au livre des
crédits du 1er avril de chaque année, par rapport à l'an
dernier, il y a quand même une augmentation de 17,9 % au ministère
des Affaires culturelles. C'est donc dire qu'un effort considérable a
quand même été apporté au ministère des
Affaires culturelles quant à son budget. Je trouve que le
député de Taillon passe rapidement sur ce dossier. Je comprends
qu'il n'est pas habitué à ce dossier, que c'est son
collègue du comté de Mercier... Mais, comme 8 est ici pour parler
du ministère des Affaires culturelles, on peut aussi parler des autres
programmes.
Quant au programme 5, les organismes de la langue disposent des
ressources financières et des ressources humaines nécessaires
pour accomplir leur mandat, un mandat de protection, un mandat de promotion de
la langue française. Je pense que là où I y a
augmentation, c'est dans la qualité des interventions faites par les
différents organismes. Lors de l'étude des crédits, on
aura sûrement l'occasion d'aller en détail et de faire le bian de
la programmation de chacun des organismes en question, mais, en partant de
programmation, je soulignerais peut-être un seul exemple qui concerne la
Commission de protec-
tion de la langue française. Avec les ressources actuelles, 113
dossiers font l'objet d'interventions journalières. Nous avons
dégagé huit postes et crédits additionnels qui viennent de
l'Office de la langue française et qui seront affectés à
la Commission de protection de la langue française; un neuvième
poste s'ajoutera au mois de septembre. Il s'agit évidemment de personnes
qui sont affectées au travail de soutien. On pourra effectuer, à
ce moment-là, 180 interventions quotidiennes. Il y aura donc une
augmentation des interventions de la part de la Commission de protection de la
langue française. En somme, on alloue des outils suffisamment importants
pour rattraper un travail qui a été interrompu sous l'ancien
gouvernement quant au processus de traitement des plaintes, ce qui ne se
faisait pas sous l'ancien gouvernement. Je pense que c'est un bel exemple
d'efficacité qui est fondé sur la qualité des
interventions, mais pas uniquement sur des entités comptables. Pour moi,
c'est très important que cela se fasse de cette façon. On parle
de diminution de personnel? C'est une diminution bien minime, qui tient
exclusivement, je pense, à des retraites de fonctionnaires qui n'ont pas
été remplacés, retraites qui sont compensées, le
cas échéant, par des postes d'occasionnels.
Quant à l'avis sur le lac Meech, qui n'est pas encore fourni par
le Conseil de la langue française, je reviens aux informations que je
donnais au député. J'ai demandé cet avis au Conseil de la
langue française le 21 mai 1987, et, le 27 mai, à l'étude
des crédits, nous en avons parié. J'ai
réitéré cette demande le lendemain de l'étude des
crédits et, le 17 septembre, j'ai précisé ma demande pour
en savoir davantage sur les répercussions linguistiques, je pense que le
député ne peut pas me blâmer de l'avoir fait. Le conseil a
créé un comité ad hoc pour répondre à ces
demandes et m'informe que, vers le mois de juin, je recevrai cet avis. Si le
député veut blâmer le conseil... Et c'est cela, c'est un
blâme au conseil qu'il fait, ce n'est pas un blâme à la
ministre. C'est le conseil qui doit donner l'avis, ce n'est pas la ministre qui
donne l'avis. La ministre demande et la ministre a fait ce qu'elle avait
à faire dans ce dossier.
Il faut quand même répéter et rappeler au
député de Taillon que l'Assemblée nationale avait
déjà donné son accord de principe au protocole d'accord
sur le lac Meech. Je pense que c'est déjà un pas important qui a
été fait de la part du Québec. Cet avis me sera remis de
la part du conseil. Je ne blâme pas le conseil de prendre tout son temps.
Contrairement à ce que fait le député de Taillon, je ne
blâmerai pas le conseR de prendre tout son temps pour donner un avis. Le
conseil est conscient de l'importance de l'avis qu'il donnera, conscient aussi
des répercussions que cela peut avoir et c'est pour cela\ qu'il a
formé un comité ad hoc. Si le député veut
blâmer le conseil, qu'il en prenne la responsabilité, mais celle
qui vous parie ne le fera pas,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Taillon.
M. Filion: D'abord, je prends note du fait que la ministre
responsable de la loi 101 ne répond pas à ma question qui
concernait l'augmentation du travail au sein des trois organismes
concernés. Elle ne nie pas ce que je dis au niveau des augmentations du
travail. Elle me dit simplement, elle me répond en termes de
qualité d'intervention. Je voudrais signaler à la ministre ceci:
D'abord, elle nous parie de l'augmentation de l'effectif à la Commission
de protection de la langue française. Lorsqu'on vérifie dans le
programme S, on s'aperçoit d'abord qu'en ce qui concerne l'effectif de
l'Office de la langue française, il passe de 323, l'an dernier, à
307. L'effectif de la Commission de protection de la langue française
passe de 34, l'an dernier, à 43, mais on enlève des postes
ailleurs. En ce qui concerne le Conseil de la langue française,
l'effectif passe de 35 à 34. Donc, au niveau des ressources humaines,
dans l'ensemble des organismes chargés de promouvoir et de
défendre la langue française, il n'y a strictement aucune
augmentation d'effectif. Le total des effectifs, pour 1987-1988, est de 420 et,
si les présidents d'organismes qui sont avec vous ce matin font le total
des effectifs des cinq organismes, ils arriveront à la conclusion qu'il
y a 8 postes de moins, soit de 420 à 412. (12 h 30)
Voilà des chiffres concrets qui témoignent que le
gouvernement libéral, dans une période hautement sensible et
hautement cruciale pour l'avenir du français au Québec, accorde
moins de ressources à ces organismes. Bien sûr, Mme la ministre,
les organismes qui sont ici, ce matin, font leur travail au meilleur de leur
capacité. Lorsque le groupe CQF s'est plaint de la qualité des
réponses de la Commission de protection de la langue française,
et mentionnait la piètre qualité de leurs réponses, ces
gens-là faisaient valoir un point de vue. De mon côté, je
prétends ceci: Les organismes ne peuvent pas faire de miracles. Il leur
faut des ressources que le budget 1988-1989 du gouvernement libéral est
loin de leur reconnaître. Ce problème de ressources relève
de la ministre. Elle en est elle-même responsable avec les
collègues du cabinet.
Si on prend par exemple... Quand on parie de la qualité
d'intervention... Je voudrais revenir là-dessus et poser une question
à la ministre. Est-ce que la ministre ne croit pas qu'en ce qui concerne
en particulier l'Office de la langue française et tout le secteur de la
francisation des entreprises, les nombreuses tergiversations qui ont
transpiré sur la place publique au sujet de possibles modifications
à la loi 101 ont provoqué un ralentissement de l'opération
de francisation de l'entreprise tel que l'affirmait,
dans le journal Le Soleil du 9 janvier 1988, Mme Solange Chalvin,
directrice des programmes de francisation à l'Office de la langue
française? Est-ce que la ministre n'est pas consciente lorsqu'elle parle
de la qualité des Interventions des enquêteurs de la Commission de
protection de la langue française - ceux-ci ou celles-ci doivent se
déplacer, rencontrer des marchands pour rendre conforme leur affichage
faire enquête sur l'étiquetage des produits ou dans tout autre
secteur relevant de la compétence de la Commission de protection de la
langue française - que la qualité de leurs interventions est
affectée au plus haut point par les tergiversations - je cite
textuellement tes propos de la directrice des programmes de francisation
à l'office - "par les nombreuses tergiversations qui ont
transpiré sur la place publique. ' En deux mots, ne se rend-elle pas
compte qu'à défaut d'injecter les ressources suffisantes au sein
de ces organismes, au moins le gouvernement libéral devrait cesser de
tergiverser en ce qui concerne la portée, la valeur et ta
crédiblité de la loi 101 au Québec?
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député de Talion. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: II y a une chose que ce gouvernement a faite que
l'ancien n'avait pas faite, Mme la Présidente, c'est de donner
suffisamment de personnel de soutien pour le traitement des plaintes. Quand je
parie de qualité, c'est ce que nous tentons de faire, ce que jamais
l'ancien gouvernement n'avait fait. Instaurer une cohérence entre les
différents organismes, ça n'existait pas à notre
arrivée au gouvernement en 1985. Ces organismes ne se parlaient
même pas. Il y a maintenant une cohérence entre les
différents organismes, 1 y a une entraide, I y a des rencontres entre
les présidents et je pense que c'est la meilleure façon de
travaier. Il n'y a pas de cloisonnement entre les différents organismes.
Les organismes travaillent ensemble et la concertation y est très
Importante puis-qu'ils sont tous là pour protéger la langue
française au Québec.
Quant à la francisation des entreprises, je n'ai pas lu ce que
Mme ChaMn a écrit, ce que rapporte le député ce matin. Je
dois dire que les centrales syndicales participent activement à ta
francisation des entreprises. Cette réponse de nos centrales syndicales
amène une vigueur nouvelle au comité de francisation. Il ne
faudrait pas mêler les entreprises qui ont moins de 50 ou 100
employés avec les grands organismes et les grandes industries. Je pense
qui faut quand même faire la part des choses. Ce qui a été
discuté à l'échelle gouvernementale, c'est la francisation
des petites entreprises de 10 à 50 employés et non pas des
entreprises de plus de 50 employés. Alors, I ne faut quand même
pas mêler les comités de francisation existants déjà
avec ceux qui n'ont pas encore été mis de l'avant et qui ne sont
pas chose faite par un gouvernement. C'est libre au député de
mêler tout cela, mais je pense qu'il faut quand même donner la
vérité à la population. Le personnel de soutien de nos
organismes a reçu l'appui du gouvernement pour que le traitement des
plaintes se fasse avec une meilleure qualité. C'est ce que nous tentons
de faire en ce moment
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Talion.
M. Filion: Je pense que la ministre, finalement, reconnaît
par ses propos qui sont hors question le fait que ces organismes souffrent
d'une absence chronique de budget, de ressources humaines et
financières.
En ce qui concerne la qualité des interventions, je ferai
remarquer à la ministre ceci: le taux de fermeture de dossiers pour
situations corrigées à la Commission de protection de la langue
française était - je cite les statistiques - en 1983-1984, de 70
%, en 1984-1985, de 72 %. En deux mots, I s'est toujours maintenu en haut de 70
% jusqu'en 1986-1987 où le taux a chuté en bas de 50 %, il est
à 48 %. Lorsqu'on parie de qualité d'intervention, qu'est-ce que
cela veut dire, à la Commission de protection de la langue
française? Cela veut dire être en mesure, par une intervention, de
corriger une situation. Or, le taux de fermeture a chuté à 48 %
pour 1986-1987; c'est tout à fait confirmé et tous ces chiffres
viennent des rapports annuels des organismes.
Francisation des entreprises
Je voudrais revenir à une autre question à Mme la
ministre, concernant la francisation des entreprises, traval qui, on te sait,
est concentré à l'office. Le directeur du Centre de linguistique
de l'entreprise - c'est un organisme privé - M. Michel Gullot, disait
ceci: II est vrai que le climat actuel incite les cadres et les employés
à renvoyer au second plan les préoccupations linguistiques. On
prétexte du climat actuel pour ralentir. Un chiffre
révélateur - nous dit toujours le Centre de linguistique de
l'entreprise - depuis janvier 1986, les inscriptions au cours de
français que le Centre de linguistique de l'entreprise offre a ses
membres ont chuté de 55 %.
Deuxièmement, la ministre est-elle consciente du fait -
elle-même l'a reconnu à l'étude des crédits,
à l'interpellation, je crois, que nous avions eue ensemble l'an dernier
- que le programme de francisation des entreprises est considérablement
au ralenti? Qu'est-ce que la ministre a l'intention de faire ou de faire faire
pour que le programme de francisation des entreprises reprenne vie et ardeur et
redevienne aussi efficace? Dans la même foulée, qu'est-ce que la
ministre responsable de ta loi 101 a
l'intention de mettre de l'avant en ce qui concerne la francisation des
entreprises de 10 à 50 employés? Enfin, quels sont les objectifs
de la ministre, eu égard au discours d'ouverture prononcé en
partie par le lieutenant-gouverneur et en partie par le premier ministre, en ce
qui concerne la francisation des entreprises?
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député de Taillon. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: II y a une chose que semble oublier le
député de Taillon, c'est que, lorsqu'on prépare les
budgets, Mme la Présidente, on les prépare avec les
présidents des organismes. Si les présidents des organisme nous
avaient demandé davantage, ces budgets leur auraient été
accordés. Je pense qu'il n'y a aucun des présidents d'organisme
qui s'est plaint d'un manque de budget avec les budgets que nous avons
envisagés pour l'année qui vient. Cela répond aux besoins
de chacun des organismes. (12 h 40)
Quant à la francisation des entreprises, je dois dire que
l'Office de la langue française, par la loi, a des
responsabilités de vérification, des responsabilités de
rendre plus dynamiques les programmes de francisation dans les
différentes entreprises. On n'a pas à changer ou à amender
la loi pour donner davantage de pouvoirs à l'Office de la langue
française. Il a des ordres de par la loi, ses possibilités et ses
responsabilités aussi. Je pense qu'il nous sera possible de faire une
étude d'impact, cela reste à faire, de regarder un plan d'action
qui pourra être développé pour doter ou équilibrer
certaines petites et moyennes entreprises, quant à leur francisation,
mais ce n'est pas à moi de prendre ces décisions ici, ce matin,
avec le député de Taillon, Mme la Présidente. Ce sont des
décisions qui doivent être prises par le Conseil des ministres et
discutées au Conseil des ministres.
Pour ce qui sera fait dans la petite et moyenne entreprise au chapitre
de la francisation, ce sont des décisions qui viendront après
étude par le Conseil des ministres.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre.
M. le député de...
Mme Bacon: En temps et lieu.
M. Filion: Quand?
Mme Bacon: En temps et lieu.
La Présidente (Mme Bégin): ...Taillon.
M. Filion: Quand?
Mme Bacon: En temps et lieu.
M. Filion: Est-ce une priorité pour la ministre?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: Celle qui vous parle, Mme la Présidente - je
vous vois venir, M. le député de Taillon - n'a pas à
annoncer ici quelles seront les décisions du gouvernement. Je pense que
ces décisions seront prises après discussion de l'ensemble du
Conseil des ministres, après discussion avec le caucus des
députés et nous annoncerons en temps et lieu les décisions
du gouvernement à ce sujet-là.
M. Filion: Puis-je me permettre de rappeller à Mme la
ministre ma conviction profonde à savoir que le français au
travail ou le lieu de travail est le forum privilégié, crucial,
où se jouera, selon moi, l'avenir de la langue française au
Québec dans les prochaines années? Et que le type d'attitude
qu'elle démontre ce matin en faisant référence à
des décisions à venir alors que le propre rapport du
comité des douze, qui a été remis à la ministre il
y a six mois, a apparemment été déposé au Conseil
des ministres il y a six mois. En tout cas, cela fait six mois qu'elle l'a
entre les mains. Il n'y à toujours pas de décision du
comité des douze. Le français au travail est extrêmement
important, quand les gens, les immigrants, les anglophones et les francophones
travailleront en français, ils seront incités à vivre en
français en dehors de leur travail. La ministre fait tout simplement
pelleter dans l'avenir cette préoccupation fondamentale. On ne retrouve
aucun budget, aucune ressource particulière. Elle nous dit que des
études d'impact n'ont pas été faites et restent à
faire. C'est ce qu'elle nous dit. Le lieutenant-gouverneur, dans le discours
inaugural, n'a pas fait d'étude d'impact. Elle m'a dit ce matin que les
études d'impact n'ont pas encore été faites, elles ne sont
pas encores terminées. Alors, ce sera pour la semaine des quatre jeudis
la poursuite vigoureuse d'un programme de francisation au sein des lieux de
travail des Québécois et des Québécoises. La
ministre peut-elle me dire un peu plus que "le Conseil des ministres va
étudier cela en temps et lieu"? Je ne doute pas que la ministre va
soumettre son dossier en temps et lieu au Conseil des ministres, mais je
voudrais savoir, comme beaucoup de Québécois et de
Québécoises qui sont préoccupés actuellement,
quand? Est-ce pour l'automne, pour la fin de l'année, pour l'an prochain
qu'on pourra voir le commencement du début d'une amorce d'une politique
avec des ressources et des moyens appropriés en ce qui concerne le
français au travail?
La Présidente (Mme Bégin): Merci. Mme la
ministre.
Mme Bacon: Quand l'étude d'impact sur la francisation des
petites et moyennes entreprises
a été discutée avec le président de l'Office
de la langue française récemment, il nous disait lui-même
la nécessité de cette étude d'impact et demandait de baser
les décisions futures sur cette étude d'impact qui pour lui et
pour nous est importante.
Je dois dire que je suis très heureuse d'entendre le
député de Taillon parler de la sorte ce matin. Il découvre
tout à coup lui-même l'importance de la francisation des
entreprises. Pourquoi fait-il la guerre à l'affichage de la façon
qu'il l'a fait? Ce n'est pas l'affichage qui fera en sorte qu'on va garder
davantage la langue française au Québec ou qu'on va la
protéger, mais c'est bien au moment où, dans un milieu de
travail, on sera capable d'utliser la langue française ou que les
francophones seront capables de travailler dans leur langue. Pourquoi toute
cette guerre de la part du Parti québécois et pourquoi toute
cette guerre, cette levée de boucliers de la part du
député de Talion lui-même sur l'affichage quand I nous dit,
ce matin, que la francisation des entreprises est importante? Celle qui vous
parle l'a toujours dit. Je n'ai jamais nié l'importance de la
francisation des entreprises.
M. Filion: Vous n'avez rien fait!
Mme Bacon: Au mois de novembre, j'ai remis mon dossier au Consel
des ministres et je déplore, comme le député de Talion,
que ce dossier ne soit pas encore étudié. Tout est inclus dans le
dossier que j'ai remis au Consel des ministres, y compris ce qui touche la
francisation des entreprises. Que ce soit les grandes, les moyennes ou les
petites entreprises, je pense que la langue de travail sera toujours importante
et on doit lui accorder davantage d'importance que ne l'ont fait le
député de Talion ou les gens de son parti qui ont fait la guerre
à l'affichage.
Je suis très heureuse de constater ce matin ce revirement de
situation de la part du député de Taillon - c'est un
équilibre qu'il devra garder - qui s'en vient lentement, mais
vallam-ment dans le camp du gouvernement pour faire de la langue
française en millieu de travail sa priorité. Je suis très
heureuse d'entendre le député de Talion parler comme cela.
La Présidente
(Mme Bégin): Merci, Mme la
ministre. M. le député de Talion.
M. Filion: Je retiens des propos de la ministre que le Consel des
ministres, depuis six mois, est sais) non seulement de la question de
l'affichage, mais également de la question de la francisation au traval
sans qu'aucune décision n'ait été prise par le
gouvernement Iibéral. Je le retiens, je pense que c'est important
Maintenant, je voudrais quand même signaler à la ministre... Il me
reste deux questions importantes à couvrir et je suis convaincu qu'on
pourra, Mme la Présidente, utiliser les 60 minutes...
Mme Bacon: Est-ce que vous me permettez de répondre
à cela tout de suite?
M. Filion: Non, tantôt, parce qu'l ne nous reste pas
beaucoup de temps.
Mme Bacon: Vous ne voulez pas avoir la réponse?
M. Filion: Alors, on utilisera les 60 minutes qui nous ont
été allouées.
Affichage, municipalités,
hôpitaux
Un mot en ce qui concerne l'affichage, et, ensuite, mes deux questions.
En ce qui concerne l'affichage, je vais citer des paroles à Mme la
ministre. Elle croira que c'est moi qui parie, mais je lui dis tout de suite
que ce n'est pas moi: "Il est fondamental que Montréal garde son visage
français. C'est dans cette vie que se joue principalement la bataille du
français. Si la métropole perd son caractère
français, ce ne sera qu'une question de décennies pour que tout
le reste du Québec tombe à son tour. Montréal, à
cet égard, prend valeur de symbole. * L'affichage est une question de
dignité et est une question de symbole; c'est une question importante
pour ces deux motifs. Le français au traval est crucial. L'Opposition a
toujours maintenu la même position. Pour être très
honnête avec la ministre, les propos que je cite auraient pu être
mis dans ma bouche. J'ai tenu un langage semblable à plusieurs reprises
dans cette enceinte, mais les paroles que je cite sont celles du nouveau
président du Consel de la tangue française, M. Pierre Martel, qui
accompagne la ministre. Elles sont rapportées dans le journal La Soleil
du 9 janvier 1968.
Pour terminer cet aparté, on a peu de temps, deux questions, Mme
la ministre. Un, les municipalités. Toujours dans le dossier de
l'office, en ce qui concerne les muicipalités, on sait qu'l y a une
vingtaine de municipalités qui ont connu des changements
démographiques tels qu'un renversement de situation a été
accompli et qu'une majorité francophone se retrouve maintenant dans ces
vies. Je pourrais donner la liste à Mme la ministre si elle le
désire. Actuellement la ministre a reçu le dossier en ce qui
concerne la ville de Rosemère. Elle a demandé un avis juridique,
d'une part. Deuxièmement I y a également - selon les informations
rapportées - une poursuite, je crois, ou une poursuite judiciaire devant
les tribunaux. Je voudrais savoir de la ministre s), dans ces
dossiers-là, elle a l'intention d'attendre cinq ans ou huit arts ou
quatre ans ou trois ans avant d'agir? Je voudrais donc qu'elle en profite pour
nous donner un petit peu le résultat de ce dossier-là, parce
qu'on le sait les demandes sont faites. L'office a pris ses
responsablltés.
Je vais vous citer les noms des 20 municipalités qui sont
affectées. Cela concerne énormément de citoyens et de
citoyennes qui sont près de leur hôtel de ville. Je voudrais
savoir si la ministre a l'intention de se réfugier derrière le
fait qu'un avis juridique a été demandé ou qu'une
poursuite a été intentée pour refuser d'agir dans ce
dossier-là. Et je cite rapidement les municipalités: Barkmere,
Greenfield Park, Otterburn Park, Pierrefonds, Pincourt Rosemère,
Roxboro, Melbourne, Mayo, Mille-Îles, Morin-Heights, Noyan, Pontiac,
Grenville, etc., Saint-Georges-de-Clarenceville, etc. Oisons une vingtaine de
municipalités. Or, ma première question est: Qu'est-ce que la
ministre a l'intention de faire dans ce secteur-là? (12 h 50)
Et, deuxième question, rapidement. En ce qui concerne les
hôpitaux, on connaît l'article 23 de la loi. Normalement, les
hôpitaux auraient dû présenter un plan de
disponibilité pour offrir aux citoyens de langue française des
services dans tous les hôpitaux. Est-ce qu'il est exact que les rapports,
que les documents, que les plans n'ont pas été remis à
l'office par plusieurs organismes de santé ou plusieurs centres
hospitaliers? Et qu'est-ce que la ministre a l'intention de faire en ce qui
concerne l'application de l'article 23 de la loi qui oblige encore une fois les
organismes de santé à déposer un plan de
disponibilité de services en français?
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député. Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: Mme la Présidente, le député de
Taillon doit bien savoir qu'une action a été
déposée devant les tribunaux dans le dossier de Rosemère
par Alliance Québec, le 10 mars dernier. Lui qui est avocat doit bien
savoir que je ne m'interposerai pas entre les gens qui ont intenté cette
poursuite judiciaire et la municipalité. À ce stade-ci du
dossier, on comprendra vraiment que je ne peux pas émettre d'opinion sur
ce dossier. Il n'y a aucun élément de réponse que je
puisse donner là-dedans. Le président de l'Office de la langue
française m'informe que, dans le cas des autres villes, l'office va
garder les dossiers en suspens tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de
décision de prise. C'est à l'office de décider de la
conduite à suivre. Ce n'est pas à la ministre de donner des
ordres à l'office. On n'a qu'à regarder les articles 100 à
121. L'office décidera ce qu'il fera ensuite, mais il revient à
l'office de décider, et il a décidé de garder les autres
dossiers en suspens tant et aussi longtemps que ce dossier ne sera pas
réglé. Je pense qu'il faut être prudent et je pense que le
député de Taillon devrait être prudent dans le dossier de
Rosemère, qui est devant les tribunaux. On aura des rapports en temps et
lieu, au moment où la décision sera rendue.
Quant aux détails qui nous sont demandés par le
député concernant le ministère de la Santé et des
Services sociaux, nous attendons un rapport détaillé de ce
ministère et ce rapport détaillé sera déposé
lors de l'étude des crédits.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Est-ce que vous avez le rapport?
Mme Bacon: Non. Nous attendons, du ministère de Mme
Lavoie-Roux, le rapport détaillé.
M. Filion: Le rapport détaillé. Cela fait longtemps
que cela traîne.
Mme Bacon: II y a un processus normal à suivre.
M. Filion: L'article 23, cela fait longtemps qu'il est en
vigueur.
Mme Bacon: Est-ce que vous me permettez de répondre?
M. Filion: Oui.
Mme Bacon: II y a un processus normal à suivre et ce
processus a été suivi. Nous attendons que le ministère
nous fasse connaître les détails de ce rapport qui seront fournis
en temps et lieu. Les crédits seront étudiés bientôt
et nous les fournirons à ce moment-là. Je pense qu'il n'y a pas
de retard de la part des ministères.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je vous signale, sauf erreur, mais je ne crois pas
faire erreur, que cette responsabilité revient normalement à
l'office et non pas au ministère de la Santé et des Services
sociaux. Deuxièmement...
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: II y a quand même un lien qui s'établit
entre le ministère et l'office, ne serait-ce qu'un lien de gestion. Je
pense bien que cela doit exister.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Taillon.
M. Filion: En ce qui concerne les municipalités, c'est la
responsabilité de l'office, ce que nous dit la ministre, d'octroyer ou
de retirer le statut de ville bilingue. Est-ce que je pourrais savoir pourquoi
la ministre a demandé un avis juridique dans ce cas, à qui la
ministre a demandé un avis juridique et surtout pourquoi elle a
demandé un avis juridique alors que l'office était
prêt à voler de ses propres ailes et à assumer ses
responsabilités?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: Mme la Présidente, c'est le président de
l'office qui a lui-même demandé un avis légal au
ministère de la Justice. Dans ses fonctions de président, il a
préféré demander un avis au ministère de la
Justice. Nous attendons l'avis du ministère de la Justice.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Taillon.
M. Filion: ...que la ministre entérine le fait que, si une
municipalité ou un organisme veut retarder ou contester une
décision de l'office en vertu de la loi, pour la ministre, on inscrit
une poursuite judiciaire et cela veut dire que, non seulement ce dossier, mais
tous les dossiers seront retardés jusqu'à ce qu'un jugement final
intervienne et que la ministre se rende compte jusqu'à quel point cette
façon de voir les choses peut considérablement empêtrer le
travail des organismes chargés de défendre et de promouvoir le
français?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: Encore une fois, on a l'impression que le
député de Taillon blâme les organismes de la langue
française. Je fais entièrement confiance au président et
à son jugement de la situation, jugement qui a fait en sorte qu'il a
senti le besoin, et il m'en a fait part, de demander un avis juridique au
ministère de la Justice. C'est une mission délicate qu'il a
à entreprendre. C'était une première avec la ville de
Rosemère et c'est à cause de ce genre de situation qui devient,
à un moment donné, nettement émotive. On sait que ce sont
des dossiers très émotifs puisqu'ils touchent à des
populations et à des individus.
Je pense qu'il a fait preuve d'un grand jugement. Il avait la
liberté de le faire et il a voulu s'assurer que les gestes qu'il posait
étaient les bons. Il a demandé cet avis au ministère de la
Justice et je dois dire que je lui fais entièrement confiance dans les
gestes qu'il a posés.
M. Filion: Est-ce que l'avis a été reçu du
ministère de la Justice?
Mme Bacon: Non, pas encore.
M. Filion: Pas encore.
Une dernière question en ce qui concerne...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Mme la Présidente, je suis arrivé
à 11 h 55. Une période de 60 minutes nous est allouée, et
ce n'est déjà pas beaucoup, pour faire le tour d'un sujet aussi
vaste. Ce que je demanderais, Mme la Présidente, c'est qu'on obtienne
consensus; on a commencé à 12 h 10, alors je demanderais un
consensus pour qu'on poursuive nos travaux jusqu'à 13 h 10. Je
demanderais à la ministre de bien vouloir nous accorder, avec les gens
qui l'entourent, une dizaine de minutes de plus pour que justice soit faite
à ces modestes 60 minutes.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: Le député de Talion n'a qu'à s'en
prendre à son collègue, le député de Lévis.
Nous étions, nous aussi, ici présents à 11 h 50 et nous
étions prêts. N'eussent été les interventions
répétées du député de Lévis qui
retardaient, nous aurions été prêts à commencer
à midi.
La Présidente (Mme Bégin): Cela étant dit...
M. Filion: C'est non la réponse?
La Présidente (Mme Bégin): C'est non et
là-dessus...
La langue des services et du commerce i
Montréal
M. Filion: Dernière question à Mme la ministre. On
sait que le Conseï de la langue française a eu l'excellente
idée - la ministre l'a décriée - de faire une
enquête objective sur la langue des services et du commerce à
Montréal. À plusieurs reprises, en cette Chambre, j'ai
mentionné à la ministre les enquêtes effectuées par
un groupe de jeunes étudiants qui sont de plus en plus nombreux,
d'alleurs, à vouloir être vigBants à l'égard de la
loi 101. J'ai mentionné également une enquête menée
par la châtie de radio Télémédia en ce qui
concernait la langue des services. Dans les deux cas, on concluait à un
pourcentage dramatique - autour de 33 % - dans le centre-ville de
Montréal où les consommateurs de biens ou de services se
faisaient répondre en anglais. Le consel a eu l'excellente
idée...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député.
M. Filion: J'en arrive à ma question, Mme la
Présidente. Sur une base objective, I a eu l'excellente idée de
mener une enquête. La ministre a décrié...
La Présidente (Mme Bégin): Pourriez-vous...
M. Filion: ...cette enquête, les objectifs et les moyens de
cette enquête ne faisant aucune
distinction...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député, je vous demanderais de poser votre question, s'il vous
plaît.
M. Filion: ...entre l'objectif et les moyens. Je voudrais savoir
si les résultats de l'enquête sur la fuite du projet du Conseil de
la langue française sont connus. Je voudrais savoir si cette
enquête est exclusivement interne...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député, votre question.
M. Filion: ...ou porte également sur d'autres personnes
qui auraient pu être mises au courant du projet?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Bacon: Si le député de Taillon est l'auteur de
la fuite, il faudrait qu'il se commette. Je dois dire que, Mme la
Présidente, et j'espère que vous allez me laisser le temps de
répondre pendant aussi longtemps que le député a
parlé, le gouvernement estime qu'il faut établir des moyens pour
avoir une vue objective de la situation. Il revient au conseil de trouver des
méthodes, de trouver aussi des outils de travail qui ne créent
aucun préjudice ou aucune inquiétude dans la population quant
à la forme de l'enquête quelle qu'elle soit. Je pense que c'est
ça la responsabilité de chacun. Contrairement à ce que
vient de dire le député de Taillon, je n'étais pas contre
la décision d'aller vérifier. J'ai rencontré, ce que vous
ne savez pas, le Conseil de la langue française. Nous avons
discuté, oui...
M. Filion: Avant...
Mme Bacon: Oui. J'étais d'accord... Je ne suis pas
d'accord avec la méthodologie utilisée. Je ne peux pas accepter
qu'on devienne des policiers de la langue. J'ai toujours été
contre cela, qu'on se serve de territoires donnés, qu'on... Je demande
même au conseil d'étendre cette enquête à l'ensemble
de la région de Montréal et non qu'on la limite à des
secteurs bien donnés. Qui nous dit que, dans un secteur qui est
peut-être considéré comme francophone, on utilise la langue
anglaise en premier au lieu de la langue française? On ne le sait pas.
C'est la méthodologie utilisée - j'en ai fait part au Conseil de
la langue française - avec laquelle je ne suis pas d'accord.
J'avais discuté avec eux, on m'en avait fait part. J'étais
d'accord avec l'enquête mais je ne suis pas d'accord avec la
méthodologie utilisée qui ne m'avait pas été
expliquée auparavant, d'où ma surprise.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre.
Cela met fin à l'étude des crédits provisoires. La
commission ayant accompli son mandat, je dois mettre aux voix,
conformément à l'article 280 du règlement, le quart des
crédits budgétaires pour l'année 1988-1989. Ces
crédits provisoires sont-ils adoptés?
M. Filion: Moi, je trouve que ce n'est pas assez, mais je pense
qu'on va les adopter.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté? Mme la
ministre?
Mme Bacon: II faudra qu'il attende aux crédits...
Adopté, mais je regrette encore, Mme la Présidente, qu'on n'ait
pas parlé des affaires culturelles. Cela doit bien aller!
M. Filion: Je vous l'ai dit qu'on n'avait pas 1 %.
La Présidente (Mme Bégin): Cela étant
terminé, je vais donc suspendre...
Mme Bacon: Est-ce que vous me permettez, Mme la
Présidente-La Présidente (Mme Bégin): Oui.
Mme Bacon: ...au nom du ministre des Finances que je propose
que...
La Présidente (Mme Bégin): Non. Mme Bacon: Non, pas
maintenant?
La Présidente (Mme Bégin): Non, c'est plus tard,
Mme la ministre.
Mme Bacon: Parfait!
La Présidente (Mme Bégin): Cela met fin aux travaux
de cette commission plénière. Nous allons donc suspendre pour que
je puisse faire rapport au président de l'Assemblée. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 13 h 5)
Le Vice-Président: Mme la présidente de la
commission plénière.
Mme Bégin (présidente de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que la commission plénière a étudié
et adopté en bloc le quart des crédits budgétaires pour
l'année 1988-1989.
Le Vice-Président: Est-ce que ce rapport est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Projet de loi 18 Adoption
Mme Bacon: Alors, M. le Président, au nom du ministre des
Finances, je propose que l'Assemblée soit saisie du projet de loi 18,
Loi no 1 sur les crédits, 1988-1969, qu'elle en adopte le principe et
qu'elle adopte le projet de loi proprement dit.
Le Vice-Président: Cette motion, est-elle
adoptée?
M. Filion: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
le projet de loi 18, Loi no 1 sur les crédits, 1988-1989, est
adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi de l'étude des crédits aux
commissions parlementaires
M. Lefebvre: M. le Président, j'ai la motion suivante
à proposer à l'Assemblée. Je voudrais faire motion pour
renvoyer dans chacune des commissions compétentes l'étude de
l'ensemble des crédits budgétaires pour l'année 1988-1989,
le tout en conformité avec l'article 281 du règlement de
l'Assemblée.
Le Vice-Président: Très bien. Est-ce que cette
motion de renvoi des crédits budgétaires en commission permanente
est adoptée?
M. Filion: En conformité avec notre règlement,
adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Donc, cette motion est
adoptée.
Puisque nous sommes arrivés à 13 heures, nous allons
suspendre nos travaux qui reprendront cet après-midi à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 6) (Reprise à 15 h
7)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît
Vouliez vous asseoir.
Puisque nous sommes mercredi, l'entrée officielle a
déjà eu lieu ce matin et le moment de recuellement
également
Nous allons immédiatement procéder aux affaires
courantes.
Déclarations ministérielles, je vais reconnaître M.
le ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor.
Proposition de prolonger d'un an les conventions
collectives
dans tes secteurs public et parapublic
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, le printemps dernier, les
premières signatures de conventions collectives de travaï des
employés de l'État marquaient, à toutes fins utiles, la
fin de la dernière ronde de négociation des conditions de travail
des employés des secteurs public et parapublic. C'est en décembre
1987 que furent signées les dernières conventions.
Les ententes conclues couvrent, dans la plupart des cas, la
période allant du 1er janvier 1986 au 31 décembre 1988. Selon le
processus prévu à la Loi sur le régime de
négociation dans les secteurs public et parapublic, les parties devront
recommencer la prochaine ronde de négociation en juillet prochain, soit
six mois avant l'échéance des conventions collectives.
Nous aimerions rappeler quelques chiffres qui démontrent assez
bien l'importance de cette opération. Elle touche plus de 313 000
salariés. Elle représente, en termes de
rémunération globale, plus de 11 000 000 000 $. Elle implique la
négociation de 106 conventions collectives à quelque 90 tables de
négociation. Enfin, la dernière ronde de négociation a
représenté, pour le gouvernement, des déboursés de
plus de 32 000 000 $.
Nous devons nous féliciter des ententes intervenues durant ces
négociations et de l'impact positif de ce succès dans les miteux
de travail. Tous les problèmes n'ont cependant pas été
réglés complètement pour autant Ainsi, les conventions
collectives prévoient ta mise sur pied d'un certain nombre de
comités paritaires chargés de solutionner certaines questions en
dehors de la période formelle de négociation.
La création de tels comités, particulièrement ceux
sur les relativités salariales, nous semblait une manière
positive de s'attaquer à des problèmes importants. Jusqu'à
maintenant, ces comités n'ont pas complété leurs travaux.
Aujourd'hui, nous sommes à la veille d'un nouveau rendez-vous qui,
même s'1 est légitime et important, pourrait compromettre les
recherches pour trouver conjointement la réponse à des questions
complexes.
L'ensemble de cette problématique nous a Incités à
rencontrer tous les représentants et représentantes des
principaux syndicats pour leur proposer une démarche novatrice.
Depuis lundi dernier, en collaboration avec nos partenaires patronaux,
nous avons rencontré les représentants et représentantes
des syndicats des secteurs public et parapublic pour leur offrir de prolonger
d'un an les conventions collectives qui doivent normalement se terminer
à la fin de l'année 1968. La proposition que le gouvernement leur
a soumise comporte une majoration de 4 % des taux et échelles salariales
pour l'armée 1969.
De plus, si l'augmentation de l'indice des prix à la consommation
de décembre 1988 par rapport à celui de décembre 1987
excédait 4 %, les taux et échelles salariales seraient
révisés en conséquence jusqu'à un maximum de 5
%.
Une telle prolongation donnerait à tous un recul par rapport aux
ententes qui viennent à peine d'être signées et permettrait
de vérifier si celles-ci ont produit les effets désirés
dans les milieux de travail. Elle assurerait à tous les salariés
un ajustement de leur rémunération dès le début de
l'année 1989. De plus, sans modifier ou reporter les engagements du
gouvernement, elle permettrait aux différentes démarches sur les
relativités salariales d'aboutir à des conclusions et
empêcherait que l'important débat sur le sujet ne soit noyé
dans une négociation globale.
M. le Président, nous sommes conscients que la démarche
que nous avons entreprise est particulière mais nous croyons que les
responsables politiques et syndicaux doivent être enfin conscients des
changements intervenus dans notre société. La maturité qui
a caractérisé notre système de relations du travail lors
de la dernière négociation en témoigne.
Enfin, M. le Président, nous nous sommes engagés dans
cette démarche parce que nous croyons qu'elle comporte un avantage pour
tous et que c'est grâce à des gestes positifs et des approches
équitables et adaptées à la conjoncture que nous
parviendrons à concentrer nos efforts sur l'essentiel: offrir des
services à la clientèle, des services de qualité à
l'ensemble de nos concitoyens et concitoyennes.
C'est pourquoi, M. le Président, en terminant, nous invitons tous
les syndicats et tous les employés du gouvernement et des réseaux
de l'éducation, de la santé et des services sociaux à
évaluer d'une manière ouverte et éclairée la
proposition qui leur est présentée.
Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président: Tout en requérant l'attention de
l'ensemble des parlementaires, je vais céder la parole au leader de
l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest pour ses commentaires
d'une durée maximum de cinq minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, c'est d'abord une
déclaration ministérielle qui nous apprend, dans une
première page, que les négociations sont d'une très grande
importance et par l'ampleur de l'opération et par l'ampleur des sommes
d'argent qui sont en cause, des sommes de plus de 11 000 000 000$.
Deuxièmement, comme toutes les conventions collectives, de tout
temps, ont toujours comporté des comités paritaires en cours de
convention, il est pour le moins étonnant que le ministre responsable du
secteur des négociations vienne annoncer à cette Chambre que - le
comité sur les relativités salariales étant une question
difficile, complexe - pour pouvoir faire son travail, il ne peut commencer
l'opération échange avec les parties syndicales quant au
renouvellement des prochaines conventions collectives.
Dans le fond, ce que le ministre nous dit c'est qu'il offre une
prolongation des conventions collectives pour un an avec une faramineuse
augmentation de 4 %. Si l'inflation est supérieure à 4 %, peu
importe l'augmentation réelle de l'inflation, je vous annonce que vous
n'aurez jamais plus de 5 % pour l'année 1989. Ainsi nous pouvons, comme
gouvernement - c'est toujours le président du Conseil du trésor
qui parle - faire notre travail au comité des relativités
salariales, comme si, tout à coup, subitement, il découvrait
cette nouvelle réalité alors que c'est une réalité
qui est connue depuis plusieurs années. Entre autres, la CSN a produit
un excellent dossier sur cette question et, en conséquence, s'il y avait
une réelle volonté politique de corriger les trop grands
écarts salariaux entre des corps d'emploi similaires d'autant qu'ils
sont occupés par des femmes ou des hommes, le comité serait
très avancé dans son travail et serait sûrement en mesure
de faire des recommandations précises au Conseil du trésor.
Dans le fond, M. le Président, ce n'est pas une
déclaration ministérielle. C'est tout simplement une annonce qui
nous indique que le président du Conseil du trésor a
été convoqué par le no 1 politique du gouvernement du
Québec, le premier ministre, à son bureau, et celui-ci lui a dit
hier: Pouvez-vous essayer de me "clairer" le paysage électoral pour la
prochaine élection...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...pour que le fameux problème des
négociations, moi je n'aie pas cela dans les pattes, je n'aie pas cela
dans les jambes? On ne sait jamais quand le premier ministre sera tenté
de déclencher des élections. Or, il veut avoir la paix à
ce sujet; il veut être tranquille.
Dans le fond, cela nous apprend aussi la seule et unique
stratégie de négociation du président du Conseil du
trésor. Il n'a qu'une seule stratégie, c'est de faire une offre
plancher-plafond. On a connu cela à la dernière
négociation. C'est probablement le seul membre du gouvernement que je
connaisse qui a une seule stratégie de négociation. C'est de
rencontrer les centrales et de leur dire: Je vous offre telle augmentation,
mafs c'est un plancher et, en même temps, un plafond. Donc, il n'y a pas
une grande marge de manoeuvre. Il n'y a pas grand oxygène entre les
deux. Tout le monde sait qu'il est certain que si cette opération
était postélectorale, le gouvernement serait beaucoup plus en
mesure, encore une fois, de ne pas faire véritablement une
négociation sur le problème majeur identifié par son
fameux comité concernant les
corps d'emploi similaires pour lesquels il y a une différence de
salaire majeure, et c'est cela que la CSN est allée dire au
président du Conseil du trésor et au premier ministre du
Québec.
Dans le fond, c'est trop gros. C'est probablement habile de l'essayer.
Ce qui le serait moins, ce serait d'y donner suite. Ce qui le serait moins, ce
serait d'y répondre positivement et d'y donner suite. J'ai l'information
que la CSN est en conférence de presse au moment où on se parle
et elle ne tombera pas dans le panneau du président du Conseil du
trésor. Il en sera de même pour le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec, qui est convaincu que, contrairement à ce
qu'il affirmait dans sa déclaration ministérielle, ce n'est pas
du tout une ouverture novatrice, mais un gros piège. Le premier ministre
a l'habitude de tendre des pièges à plusieurs
Québécois, mais je suis convaincu qu'à celui-là on
ne mordra pas.
Le Vice-Président: Je cède la parole au ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor pour sa réplique.
M. Paul Gobeil (réplique)
M. Gobeil: M. le Président, je suis un peu surpris de voir
la réaction de l'Opposition par la voix du député
d'Abitibi-Ouest quand, et tout le monde le constatera, on voit le bon climat
qui existe dans les relations du travail au Québec depuis quelques mois,
climat qu'on n'avait pas connu depuis longtemps. On aurait très bien pu
choisir d'aller directement aux négociations pour une prochaine
convention dès le mois de juillet, mais nous croyons qu'il est à
l'avantage de tous les salariés du réseau parapublic et de la
fonction publique de leur proposer cette prolongation. Le député
d'Abitibi-Ouest nous dit: 4 % avec un plafond de 5 %, c'est peu, étant
donné que, si l'inflation devait être supérieure à 5
%, I y aurait une limite à 5 %. M. le Président, il faut, quand
même, vivre dans la réalité de 1988. Après trois
mois, l'indice des prix à la consommation n'a augmenté que de 3,
9 % et I est peu probable que l'inflation soit supérieure à 5 %
en 1988. Et 5 %, même si, aujourd'hui, en 1988, c'est peu pour
l'Opposition comme augmentation de salaire pour les employés de
l'État, tout le monde admettra que c'est beaucoup mieux que moins 20
%.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Picotte: C'est votre héritage, moins 20 %.
M. Gobeil: M. le Président, le député
d'Abitibi-Ouest est très mal informé quand M. dit qu'il n'y a pas
de volonté politique de régler les écarts dans les
emplois. Nous avons contacté les syndicats. Nous sommes en discussion
avec des syndicats, et certains d'entre eux ne sont pas prêts à
entreprendre ces négociations. Nous ne rejetons pas cette
responsabilité parce que, dans le cadre de cette prolongation, nous
continuerons à discuter et à essayer de combler l'écart
que l'ancien gouvernement pendant neuf ans a creusé entre les
relativités salariales.
Quant à "clairer" le paysage électoral, je laisse le soin
au premier ministre d'annoncer la tenue d'élections. Mais je suis
surpris de voir que, d'un côté, on veut un recensement au cas
où on aurait une élection et que, d'un autre côté,
on dit que cette action est entreprise pour "clairer" le paysage
électoral. Où est la cohérence, M. le
Président?
Pour terminer, je dirai au député d'Abitibi-Ouest qu'une
offre plancher-plafond est mieux que des décrets. La volonté de
ce gouvernement, c'est d'aborder des négociations en vue de les
régler et non pas en vue de laisser traîner les
négociations de conventions collectives.
M. le Président, nous croyons qu'il est à l'avantage de
tous les employés de l'État et des réseaux public et
parapublic qu'ils acceptent cette prolongation. Je ne veux pas entrer dans des
spéculations, comme l'a fait le député d'Abitibi-Ouest,
sur l'acceptation ou non de la proposition de prolongation que nous faisons.
Nous verrons la réaction des principaux intéressés
à très court terme. Merci, M. le Président. (15 h 20)
Le Vice-Président: Ceci met fin à cette
déclaration ministérielle et à l'étape des
déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je vous prierais
d'appeler l'article b du feuilleton, s'i vous plaît.
Projet de loi 11
Le Vice-Président: À l'article b du feui-leton, M.
le ministre de l'Énergie et des Ressources présente le projet de
loi 11, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le
cadastre. M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, ce projet de loi vise
à simplifier le processus de mise en vigueur des plans de cadastre
originaire et des pians préparés en vertu de la Loi favorisant la
réforme du cadastre québécois en supprimant notamment
l'obligation de procéder à la publication d'arrêtés
ministériels.
La date d'entrée en vigueur de tous les plans de cadastre devient
uniforme et est fixée, pour les fins de l'enregistrement, au jour de
leur dépôt au bureau de la division d'enregistrement
Des précisions techniques sont apportées aux dispositions
relatives à la préparation des
plans de subdivision en copropriété divise.
Enfin, les formalités de mise en vigueur des plans
préparés en vertu de la Loi sur les titres de
propriété dans certains districts électoraux sont
simplifiées et ajustées à celles qui sont prévues
dans le cas de rénovation cadastrale.
Le Vice-Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
de se saisir de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Dépôts de
documents, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Rapport annuel du ministère de l'Énergie
et des Ressources
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère de l'Énergie et des
Ressources pour l'année 1986-1987.
Le Vice-Président: Document déposé.
Toujours aux dépôts de documents, M. le ministre du
Commerce extérieur et du Développement technologique.
Décrets et lettres patentes concernant
la Corporation du parc technologique
du Québec métropolitain
M. MacDonald: J'ai l'honneur de déposer,
conformément à la loi, les décrets nos 286-87 et 290-88,
ainsi que le texte des lettres patentes concernant la Corporation du parc
technologique du Québec métropolitain.
Le Vice-Président: Ces documents sont
déposés. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Gratton: M. le Président, de consentement - ce dont je
me suis assuré au préalable - je voudrais faire la motion
suivante: Que l'étude des décrets autorisant la délivrance
des lettres patentes concernant le parc technologique du Québec
métropolitain soit déférée à la commission
de l'économie et du travail, et que le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
À titre d'information, j'indiquerai que la commission
procédera à ces travaux le 18 mai 1988, de 10 heures à 13
heures.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de cette motion?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: II y a consentement Cette motion
est-elle adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Toujours aux
dépôts de documents, M. le ministre du Revenu.
Déclaration requise du ministre
du Revenu sur les remises de droits,
intérêts et
pénalités
M. Séguin: Je voudrais déposer à
l'Assemblée nationale la déclaration requise du ministre du
Revenu tel que stipulé à l'article 94 de la Loi sur le
ministère du Revenu. Le ministre du Revenu fait rapport que, durant la
période comprise entre le 28 février 1986 et le 8 mars 1988, le
gouvernement n'a accordé aucune remise de droits, intérêts
et pénalités en vertu de l'article 94 de la Loi sur le
ministère du Revenu.
Le Vice-Président: Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Période de questions et réponses orales des
députés. M. le député de Saint-Jacques.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Refus de délivrer des certificats de
sélection aux Turcs
M. Boulerice: M. le Président, à notre grande
honte, le Québec vit depuis deux semaines la plus grande
incohérence, la plus grande incompétence et la plus grande
instabilité ministérielle au chapitre de l'immigration. La
ministre varie d'heure en heure. Son cheminement ne peut être suivi ni
par la population, ni par le Parlement, ni par la presse, ni par les principaux
intéressés. Comment la ministre, après avoir obtenu
l'assurance de son homologue fédéral, M. Bouchard, qu'elle
pouvait émettre des certificats de sélection aux Turcs
résidant au Québec, leur promet de le faire avant-hier et
décide de le refuser aujourd'hui?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: Merci, M. le Président C'est un dossier fort
important et si vous me le permettez, je vais vous rappeler certains faits.
Vous vous souviendrez sans doute que le 17 mars en cette Chambre, en
réponse aux questions du député de Saint-Jacques, j'ai
bien dit que les frontières canadiennes et les revendicateurs du statut
de réfugié étaient de compétence exclusivement
fédérale. À la suite d'une ouverture,
lundi, de la part du ministre Bouchard, qui disait qu'il pouvait
peut-être y avoir des ententes, nous sommes entrés en
négociation avec le gouvernement fédéral. Ces
négociations ont abouti à une entente et à une
déclaration que je faisais le 22 mars en cette Chambre. Dans cette
déclaration, il était bien dit et je cite: "La pénible
situation que vivent ces personnes n'est malheureusement pas unique. Aussi,
vouloir régler le sort de l'une ou l'autre de ces familles sans songer
aux autres cas dont certains connaîtront éventuellement une
situation similaire m'apparaît injuste dans les circonstances. Aussi,
pour arriver à une solution qui soit équitable pour tous me
semble-t-il important que quatre mesures soient prises rapidement. " M. le
Président...
Une voix: On l'a lue, la déclaration. M.Gendron: Question de règlement.
Le Vice-Président: Question de règlement, M. le le
leader de l'Opposition.
M. Gendron: Écoutez, il est évident que si le
gouvernement s'est trompé de déclaration ministérielle
aujourd'hui, ce n'est pas notre problème. Alors, M. y a une question...
L'article 79 est très clair: "La réponse à une question
doit être brève, se limiter aux points qu'elle touche... " Pour
l'instant, il n'y a aucun mot de la question posée par mon
collègue. La ministre elle-même l'a dit, c'est compliqué,
on en a une bonne preuve. C'est plutôt confus que compliqué. Mais
ce n'est pas parce que la ministre a erré dans les explications qu'elle
devait donner, qu'elle doit en profiter pour faire une déclaration
ministérielle.
Le Vice-Président: Là-dessus, M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, le leader de l'Opposition
sait sans doute aussi que l'article 81 se lit comme suit: "Aucun rappel au
règlement ne peut être fondé sur l'opinion que la
réponse à une question posée à un ministre est
insatisfaisante. " Je respecte l'opinion du leader de l'Opposition, mais je ne
la partage pas.
Le Vice-Président: Exactement! Donc, vous savez qu'on ne
peut fonder un rappel au règlement parce que la réponse est
insatisfaisante.
Une voix: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
Le Vice-Président: Non, mais on a mentionné...
Quand on mentionne qu'on n'a pas répondu à la question, je dois
vous informer que, de ce côté-là, l'article 81 est
spécifique. Mme la ministre, votre réponse a été
assez longue. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de raccourcir vos
réponses. Brièvement, en conclusion, quinze secondes!
Mme Robic: M. le Président, je l'ai dit depuis le
début, c'est une question sérieuse et 1 est difficile de
répondre à cette question en deux secondes. Cependant,
après des négociations - cela a été très
clair, mes quatre demandes étaient très précises, je n'ai
jamais changé de discours, j'ai offert au gouvernement
fédéral ce que je pensais être une solution humaine et
équitable. Je tiens encore le même discours. Malheureusement, le
gouvernement fédéral n'accepte pas cette solution.
Le Vice-Président: Une question complémentaire, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui. Je serais tenté, M. le
Président, de lui demander ses qualités en tant que
négociatrice, mais je n'irai pas jusque-là. Le Québec est
la seule province qui a un droit...
Le Vice-Président: Un instant! C'est une question
additionnelle, je demanderais aux gens dans la salle de ne pas interpeller le
député et je vous demanderais, M. le député de
Saint-Jacques, quant à vous, de poser une question directe, vous
êtes sur une question complémentaire. (15 h 30)
M. Boulerice: Est-ce que la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration sait que le Québec est la seule province
qui a un pouvoir de sélection des immigrants? Est-ce qu'elle se rappelle
que son homologue fédéral, en bon pédagogue, lui a
rappelé qu'elle pouvait délivrer des certificats et qu'il
accepterait pour ce qui est des ressortissants turcs? Donc, pourquoi - ma
troisième question - la ministre refuse-t-elle d'émettre ces
certificats et de laisser les 37 families dans un état de panique et de
désarroi, comme cela se fait actuellement? Quand va cesser cette partie
de ping-pong avec des êtres humains et des enfants nés au
Québec?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'immigration.
Mme Robic: M. le Président, nul plus que moi ne regrette
que ces ententes conclues n'aient pu se réaliser. Oui, je suis fort au
courant qu'l y a des gens qui, en ce moment, s'inquiètent des
décisions qui viennent d'être prises par le gouvernement
fédéral. Je ne contrôle pas les décisions du
gouvernement fédéral. Pour ce qui est des revendicateurs du
statut de réfugié, c'est de compétence
fédérale. J'ai offert, à la demande du gouvernement
fédérai, une solution. Malheureusement elle a été
rejetée.
Le Vice-Président: Une question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, ma question s'adresse
à Mme la ministre. Au moment où l'on se parle,
conformément aux propos de M.
Bouchard, peut-elle toujours accorder aux 37 familles turques le
certificat, oui ou non?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, j'ai fait une
déclaration la semaine dernière et je maintiens mon offre telle
qu'elle a été faite dans ma déclaration.
M. Chevrette: M. le Président, ma question est très
claire. Avec les propos tenus par M. Bouchard, avec les engagements qu'a pris
M. Bouchard publiquement, peut-elle encore, avec son statut de ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration, sans entente globale,
délivrer les certificats aux 37 familles, oui ou non?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, la constitution canadienne et
l'entente Couture-Cullen sont très claires. M. le Président, je
ne peux que sélectionner des immigrants à l'extérieur des
frontières canadiennes.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le chef de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, est-il exact que le
ministre Benoît Bouchard vous autorise à émettre les
certificats aux 37 familles turques, oui ou non?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. Bouchard a bien dit, dernièrement, dans les
journaux et à la télévision qu'il était prêt
à me permettre de sélectionner des gens une fois qu'ils seraient
retournés chez eux.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: Est-il exact, M. le Président, que la
ministre exige, plutôt que de régler le sort des 37 familles pour
qui elle a la permission de le faire, de relier le sort de tous les
réfugiés canadiens dans une entente globale et qu'elle se refuse
de régler le sort des 37 familles. Vrai ou faux?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, ce que je refuse de faire,
c'est de la discrimination et je veux que tous les revendicateurs qui font face
à un avis d'expulsion soient traités de la même
façon: avec justice et équité.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président: Une question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Pourquoi la ministre, la semaine dernière,
a-t-elle dit exactement le contraire de ce qu'elle vient de dire?
Le Vice-Président: Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président. Je vais même mettre mes
lunettes, M. le Président, pour vous relire ma déclaration qui
est enregistrée: "La pénible situation que vivent ces personnes
n'est malheureusement pas unique. Aussi, vouloir régler le sort de l'une
ou l'autre de ces familles sans songer aux autres cas, dont certains
connaîtront éventuellement une situation similaire,
m'apparaît injuste dans les circonstances. Aussi, pour arriver à
une solution qui soit équitable pour tous, il me semble important que
quatre mesures soient prises rapidement.'*
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président: En question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Est-ce que la ministre se rappelle que, à 19
heures, la journée où elle faisait parvenir sa déclaration
ministérielle à la tribune de la presse, elle a parlé
à M. Bouchard et tous deux s'entendaient pour que les 37 familles
turques ne soient pas déportées, selon les propos de son propre
ministère. À 19 h 30, est-ce qu'elle se rappelle qu'elle
changeait d'avis elle-même et qu'elle disait à la tribune de la
presse: "Cette fois-ci, il n'y a plus d'entente. Donc, je ne ferai pas de
conférence de presse." Est-ce qu'elle se rappelle que, à 20 h 5,
le même jour, elle s'est rendue à la tribune de la presse, au
moment où les individus avaient été avertis, les
journalistes avaient été avertis qu'il n'y avait pas d'entente?
Est-ce qu'elle se rappelle que, le même soir, Benoît Bouchard,
à la télévision, à l'émission "Le Point",
disait que les propos que tenait la ministre ici étaient
inconcevables, parce qu'il l'autorisait à régler le sort des 37
familles, mais qu'il se refusait précisément de régler le
sort des 23 000 ou des 30 000 réfugiés à travers le
Canada? Est-ce qu'elle se rappelle cela, pour tenir de tels propos, liant
toujours le sort des 37 familles qu'elle a fait rêver le 22 et que,
aujourd'hui, elle replace exactement dans la même situation? Est-ce
qu'elle se rappelle cela?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, quand on traite avec des
êtres humains, on se rappelle de nos actions et de nos paroles. Je vous
rappellerai qu'en conférence de presse, j'avais dit aux journalistes
qu'il n'y avait qu'un seul point sur lequel M. Bouchard et moi n'avions pas
réglé, à savoir comment traiter le cas de ces 37 Turcs
à l'intérieur ou à l'extérieur des
frontières canadiennes. J'attendais. M. Bouchard m'avait dit: "nos
sous-ministres régleront ce quatrième point". Je n'avais pas eu
de nouvelle de M. Bouchard, je n'avais donc rien de nouveau à annoncer
à la presse. Quand j'ai eu du nouveau, j'ai rencontré la presse
pour leur dire que ces 37 cas-là devraient être traités aux
frontières américaines. Cela ne changeait pas le fait que ma
déclaration comprenait quatre volets et que ces quatre volets se
rattachaient.
Le Vice-Président: En question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration, ministre responsable pour le Québec,
élue par les Québécois à l'Assemblée
nationale du Québec, est en train de nous dire qu'elle refuse de
régler le cas des 37 familes turques québécoises parce que
le ministre de l'Immigration du Canada refuse de régler le sort des 30
000 réfugiés canadiens?
Est-ce que la ministre est consciente qu'en faisant ceci, elle veut
forcer le fédéral à agir pour et au nom du Québec,
dans tout le Canada? Est-ce qu'elle n'est pas en train de nous dire qu'elle
abdique ses responsabilités devant les 37 familles pour qui elle a le
'O. K. * de régler, parce que le fédéral ne règle
pas le sort des 30 000 réfugiés canadiens? Est-ce que c'est cela
qu'elle nous dit?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, j'aime beaucoup mon
ministère, c'est un ministère fort humain, et je tente d'aider
toutes les personnes qui passent à ce ministère. Mais vous
comprendrez bien, M. le Président, que mes responsabilités ont
également des limites et mes responsabilité ne touchent pas aux
revendicateurs du statut de réfugié. Cependant, parce qu'il
s'agissait d'êtres humains, j'ai tenté de trouver, avec le
gouvernement fédéral, une solution que je trouvais fort
équitable. Il y avait eu un précédent, I y avait eu des
mesures administratives en 1986. Je trouvais que c'était une bonne
solution. M. le Président, je l'ai offerte au fédéral,
j'ai voulu collaborer. Le fédéral n'ayant pas accepté ma
solution, je dois vous dire, malheureusement que, aujourd'hui, je n'ai pas de
solution de rechange.
Mais si le fédéral veut revenir négocier, je suis
toujours prête à écouter et à travailler en
collaboration avec eux.
M. Chevrette: Ma question s'adresse au premier ministre.
Le Vice-Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais savoir si le
premier ministre a inclus à l'agenda en vue de la prochaine entente
constitutionnelle si on va négocier, si le Québec va
négocier pour les autres provinces canadiennes, en ce qui regarde le
statut des réfugiés? Il semble bien que ta ministre soft en train
de s'approprier le pouvoir de négocier pour et au nom de l'ensemble
canadien.
Mais devant... M. le Président, ma question, je la veux plus
précise. Est-ce que le premier ministre, sans doute un homme qui
regrette de ne pas avoir fait son remaniement à Pâques
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette:... est-ce que le premier ministre?... Pas à
Pâques mais avant mars. C'est ce que je voulais dire...
Des voix: Ha, ha, ha! (15 h 40)
M. Chevrette:... je le comprendrais davantage. Le premier
ministre peut-ï nous dire, comme premier ministre du Québec, s'iI
accepte que 37 families québécoises pour lesquelles on est
capable de poser des gestes concrets, s'iI accepte de lier le sort des familes
québécoises sous la responsabilité du ministre
québécois, s'il accepte que ces familes soient soumises au sort
des autres Canadiens ou ne conçoit-il pas qu'l faut régler le
sort des Québécois impliqués au moment où l'on se
parle, à qui on a donné de l'espoir et qui sont sur le point de
sombrer de nouveau dans l'angoisse parce que c'est demain que se termine le
délai, nous dit-on? Est-ce que le premier ministre peut accepter cela?
S'iI n'accepte pas cela, est-ce que le premier ministre ne pourrait pas agir
rapidement et doter le Québec d'un véritable ministre de
l'Immigration responsable au Québec?
Le Vice-Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais dire au chef de
l'Opposition que certains éléments du dossier lui ont
échappé. La position exposée par la ministre responsable
de l'Immigration est conforme à celle, j'imagine, de l'ensemble des
Québécois. Il n'y a pas eu, à ma connaissance, et ceia a
été confirmé selon mes informations, de décision du
ministre fédéral de donner des avis d'expulsion pour les 37
familes turques. Donc, je crois que sa question est
prématurée.
Ce que soulève la ministre, c'est le fait
qu'il y ait possibilité de discrimination, non seulement au
Québec mais à l'extérieur du Québec, et comme il y
a une absence de frontière, c'est évident que cette
discrimination ne peut pas être évitée simplement sur le
territoire québécois. Il n'y a pas de frontière qui ferme:
le Québec a la mobilité des immigrants ou des
réfugiés des autres provinces. Il me semble que c'est une
question concrète que devrait comprendre le chef de l'Opposition.
La ministre a également fait part, la semaine dernière, de
sa volonté et de son souhait que nos vénérables
sénateurs adoptent à Ottawa la loi C-55 qui permettrait au
gouvernement fédéral, au ministre responsable de l'Immigration,
d'apporter des solutions concrètes. Même si elle n'est pas
parfaite, c'est un moindre mal que le gouvernement fédéral puisse
posséder les moyens d'action pour faire face à un problème
extrêmement difficile. Jusqu'à l'adoption de la loi C-55
souhaitée par le gouvernement et notamment la ministre responsable de
l'Immigration, il nous faut essayer de trouver des solutions qui soient
acceptables pour les individus en cause et qui, en même temps, respectent
les principes fondamentaux acceptés par la presque totalité des
Québécois, c'est-à-dire la non-discrimination.
M. le Président, il semble bien que cela a été le
cas selon les dernières déclarations de M. Bouchard qui
contredisent un peu celles qui auraient pu être faites la semaine
dernière. Il a pu y avoir un malentendu, mais s'il avait fallu que le
gouvernement précédent fasse des remaniements ministériels
à chaque malentendu entre Ottawa et Québec, quelle sorte de
gouvernement on aurait eu de l'autre côté?
Le Vice-Président: En question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Mais étant donné que votre
philosophie est basée sur des relations très harmonieuses, on est
surpris des chicanes. C'est clair. M. le Président, en vertu de
l'entente Cullen-Couture, est-ce que Mme la ministre n'a pas le pouvoir concret
de délivrer un certificat?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, l'entente Cullen-Couture est
très claire là-dessus. Mon pouvoir est un pouvoir de
sélection à l'extérieur des frontières
canadiennes.
Le Vice-Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Les garanties bancaires offertes aux immigrants
investisseurs
M. Brassard: M. le Président, le gouvernement
fédéral adoptait en décembre dernier un règlement
interdisant la pratique des garanties bancaires offertes par le Québec
aux immigrants investisseurs, afin, comme on le sait, de les inciter à
investir ici au Québec. Ce règlement qui est nuisible au
développement économique du Québec et qui limite le droit
du Québec de sélectionner ses immigrants en vertu de l'entente
Cullen-Couture justement, doit entrer en vigueur le 1er avril. Il risque non
seulement de compromettre 150 dossiers d'immigrants investisseurs asiatiques
actuellement bloqués, mais aussi évidemment de compromettre la
venue au Québec de nombreux autres immigrants investisseurs. Est-ce que
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration en est venue
à une entente écrite - je préférerais que ce soit
une entente écrite dans son cas...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: ...est-ce qu'elle en est venue à une entente
avec son homologue fédéral permettant au Québec de
continuer à offrir des garanties bancaires aux immigrants
investisseurs?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: Si les gens doutent que la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration manque de travail, M. le
Président, vous voyez que je ne manque pas de travail. Mais, M. le
Président, pour répondre à cette question, le dossier est
en très bonne voie et je devrais avoir des nouvelles dans quelques
heures.
Le Vice-Président: En additionnelle, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Est-ce que vous en êtes venue à une
entente avec votre homologue fédéral sur le dossier des
immigrants investisseurs concernant les garanties bancaires? C'est ma question.
Est-ce qu'il y a une entente ou pas?
Le Vice-Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, je croyais que ma
réponse avait été très claire. Nous sommes en bonne
voie d'arriver à une entente et, quand nous aurons une entente, on vous
en avisera.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, le règlement
fédéral va s'appliquer à partir de demain. Est-ce que, si
le gouvernement fédéral maintient son règlement, la
ministre et son ministère ont l'intention de poursuivre la pratique des
garanties bancaires malgré le règlement
fédéral?
Le Vice-Président: Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
Mme Robic: M. le Président, c'est une question
hypothétique. J'aurai des nouvelles pour vous demain.
Le Vice-Président: En question principale, M. le
député de Jonquière.
Le comité d'examen des plaintes de la police de
la CUM
M. Dufour: Le groupe SOS-Racisme, appuyé par une dizaine
de représentants des communautés ethniques, a
réitéré ses demandes pour que la réforme du
comité d'examen des plaintes sur la police de la Communauté
urbaine de Montréal se fasse au plus vite.
Le Vice-Président: Un instant! Je demanderais la
collaboration de l'ensemble des députés pour que tout d'abord, on
comprenne la question et que le ministre à qui la question s'adresse
puisse également la comprendre. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: II y a un mois, le ministre de la Justice et
Solliciteur général indiquait qu'il attendait une recommandation
formelle de la CUM à ce sujet. Trois jours plus tard, celle-ci a
répondu à cette demande et a présenté des
propositions concrètes. Or, à ce jour, le ministre n'y a pas
encore donné suite. Le président de SOS-Racisme, M. Alain
Jean-Bart, estime avec raison que le temps presse. Alors, j'aimerais savoir
aujourd'hui quand, précisément, le ministre de la Justice et
Solliciteur général entend mettre de l'avant cette
réforme.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, essentiellement, SOS-Racisme m'a
demandé de faire ce que je me suis déjà engagé
à faire avec eux et j'ai rendu public mon engagement. Effectivement,
nous avons un comité technique qui travaille à
l'élaboration du règlement nécessaire et d'autres mesures
nécessaires pour donner suite à mon engagement.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Par la même occasion et de façon plus
globale, M. le Président, j'aimerais également savoir si le
ministre a toujours l'intention de procéder à son projet de loi
sur la réorganisation policière et quand débutera la
commission parlementaire pour l'étude de ce projet de loi, puisqu'iI
s'agit en plus d'une promesse électorale.
Le Vice-Président: M. le ministre de la
Justice et Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, nous avons, à ce
moment-ci, un problème qu'on aimerait régler, un problème
à la CUM, et ce problème sera réglé dans les
semaines à venir.
Le Vice-Président: En question principale, Mme la
députée de... Je m'excuse. En complémentaire, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'aimerais entendre de la part
du ministre à quelle étape du processus décisionnel I est
rendu. Est-ce qu'il attend en dernier ressort la venue de son successeur pour
prendre action?
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, dès que j'aurai pris la
décision en ce qui concerne l'autre dossier, je vais aviser les membres
de cette Chambre.
Le Vice-Président: En question principale, Mme la
députée de Maisonneuve. (15 h 50)
Vente de renseignements sur les assistés
sociaux
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le Président,
rien ne va au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Après les enquêteurs de la
Surêté du Québec dans les bureaux de médecins, les
enquêteurs du ministère dans les chambres à coucher, des
mères de famille supposées se faire entretenir pour ne pas
frauder, des couples mariés par le BS sans avoir de relation, 6500
chèques supposément non réclamés
l'été passé et qui continuent toujours d'être
versés, l'incapacité maintenant prouvée du
ministère d'offrir aux moins de 30 ans seulement ses
hypothétiques mesures d'employabilité, aujourd'hui, M. le
Président, c'est un réseau Ilégal de vente de
renseignements pour dépister les bénéficiaires du BS. J'ai
en main une lettre adressée par le groupe Elite de Boucherville à
une entreprise de Montréal et qui offre...
Le Vice-Président: Votre question, s'il vous
plaît!
Mme Harel:... un service, M. le Président, de
dépistage des gens recevant des prestations du BS. Et cette lettre dit:
'Ce sont là des renseignements qui proviennent du ministère
directement Nous avons, dit la lettre, la source des renseignements et vous
êtes certains que le client sur le BS vous sera communiqué car
nous avons... "
Le Vice-Président: Votre question, si vous
plaît, Mme la députée!
Mme Harel: ..."l'écran du ministère".
Ma question, M. le Président, est la suivante: Le ministre, qui
fera certainement appel à la Sûreté du Québec pour
faire enquête, entend-il également mener une enquête interne
dans son propre ministère?
Le Vice-Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je constate, M. le
Président, qu'en plus de détenir une lettre, Mme la
députée de Maisonneuve a pris connaissance de l'édition de
ce matin du journal The Gazette qui, en page-titre, faisait état
de la situation décrite quant à des renseignements de nature
confidentielle qui auraient été acheminés vers des
particuliers. Je dirai à Mme la députée de Maisonneuve
qu'il s'agit là, s'il s'avérait que les faits
allégués par The Gazette soient exacts, de gestes
illégaux, non conformes entre autres à la Loi sur l'aide sociale,
à la loi d'accès à l'information - si des fonctionnaires
avaient livré cette information - à la Loi sur la fonction
publique et possiblement au Code criminel. J'ai donc demandé à
mon collègue, le Solliciteur général, de demander à
la Sûreté du Québec d'effectuer une enquête
complète sur le dossier.
Quant au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, il y a de plus une enquête interne qui
est menée et j'ai également été informé que
mon collègue, le ministre des Communications, responsable de la loi
d'accès à l'information, avait également demandé
une enquête parce que nous croyons que le droit à la
confidentialité pour les bénéficiaires de l'aide sociale
est un droit inaliénable et nous entendons prendre tous les moyens pour
que ce droit soit protégé.
Le Vice-Président: En complémentaire, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le ministre reconnaît-il
que sa propre campagne de discrédit, qui a été
qualifiée par de nombreux organismes de campagne de salissage, a fait
des assistés sociaux des parias que certains s'offrent maintenant
à dépister?
Le Vice-Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous
comprendrez que je ne partage pas du tout l'avis de Mme la
députée de Maison-neuve qui, après s'être
attaquée à son ancien chef René Lévesque, à
son ancien chef Pierre Marc Johnson, s'attaque maintenant, par personnes
interposées, à son nouveau chef M. Parizeau, qui avait
lui-même fait des expériences dans ce dossier.
Le Vice-Président: En question principale, M. le
député de Nicolet.
Projet d'implantation d'une aluminerie de Norsk
Hydro
M. Richard: M. le Président, ce matin, le quotidien
régional Le Nouvelliste titrait à la une que la compagnie
norvégienne Hydro-Aluminium envisageait la possibilité
d'implantation d'une aluminerie de l'ordre de 1 300 000 000 $ dans le parc
provincial déjà infrastructure à Bécancour.
Or, il semblerait qu'Hydro-Aluminium ait également
considéré la possibilité de s'implanter à
Sept-îles et que ce soit cette dernière option que
privilégierait le gouvernement.
Je demanderais à M. le ministre, s'il peut nous dire exactement
si c'est le cas qu'Hydro-Aluminium songe à s'implanter d'abord au
Québec, et si oui, où, et en fait, où en est rendu ce
dossier.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Johnson: Oui, M. le Président, je remercie le
député de sa question. Il ne cesse de s'enquérir de
l'état des dossiers qui peuvent aller dans son comté, sa
région. Je dirais que, de fait, lorsque Hydro, étant devenu le
plus gros producteur d'aluminium en Europe, à la suite de l'acquisition
des installations d'Alcan qui s'y trouvaient, lorsque, Hydro, connaissant le
Québec et étant, je dois le dire, un citoyen corporatif
exemplaire, comme peut en témoigner le député, ceci,
compte tenu des perspectives de marché où on envisage une
croissance du marché d'aluminium telle qu'une installation de 600 000
tonnes de capacité ou à peu près, soit trois usines de
taille mondiale, pourrait être réalisée, nous a
amené à continuer à intéresser Norsk Hydro à
ces projets d'expansion et évidemment, M. le Président, à
les intéresser à venir au Québec plutôt qu'ailleurs.
Quant à l'état du dossier, diverses entreprises sous le
leadership de la Société générale de financement
visitent plus d'un site au Québec et elles ont, entre autres,
visité Bécancour.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Nicolet.
M. Richard: J'aimerais, M. le Président, demander au
ministre s'il privilégie une région plutôt qu'une autre
pour l'implantation de cette aluminerie au Québec?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Johnson: M. le Président, je vois les mains se lever de
l'autre côté. Je dirais que lorsqu'il s'agit .d'implanter des
alumineries et des industries énergivores, nous avons au Québec
un
avantage considérable et la région que je
privilégie c'est le Québec plutôt que le Venezuela, les
émirats du golfe Persique ou l'Australie.
Nous tentons, avec de plus en plus de succès de donner à
chacune des régions du Québec une égalité de
chances de pouvoir attirer chez elles des implantations de cette nature. C'est
pour cette raison que la Société générale de
financement, avec différents partenaires éventuels, a fait
visiter plusieurs sites dont celui de la Côte-Nord de même que
celui de Bécancour qui est bien connu. À ce moment-là, ce
sont les investisseurs qui doivent marier leurs besoins et leur marché
à ce que les différentes régions du Québec peuvent
offrir.
Le Vice-Président: En question principale, M. le
député de Verchères.
Politique de réhabilitation des terrains
industriels contaminés
M. Charbonneau: Merci, M. le Président Hier, j'ai
posé au ministre de l'Environnement une question à l'égard
de la nouvelle politique de réhabilitation des terrains industriels
contaminés. Le ministre n'a répondu à aucune des questions
que j'ai posées hier. Il a laissé entendre qu'on n'avait rien
compris à sa politique. Or, les textes du ministre sont clairs. Il
s'agit d'une politique Incitative édentée. Je reprends ici les
propos du document On propose des orientations et on suggère
également des mécanismes, ce qui fait en sorte, M. le
Président, comme on l'indiquait hier, qu'il n'y a aucune obligation dans
ce document pour les municipalités de respecter la procédure
proposée par le ministre, aucun inventaire des terrains et des
contaminations fournies aux municipalités, aucune obligation pour les
pollueurs responsables de la contamination des terrains et aucune obligation
légale pour les promoteurs. En somme, aucune contrainte à qui que
ce soit Voici la question que je voudrais maintenant poser au ministre de
l'Environnement: Pourquoi ne pas avoir adopté plus tôt un
règlement qui impose des comportements nécessaires aux divers
intervenants plutôt qu'une politique Incitative qui suggère des
mesures et qui ne contraint personne?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Environnement
M. Lincoln: Voyez, nous, nous sommes plus modestes que le Parti
québécois qui n'avait rien fait On commence par les premiers pas.
Il n'y avait aucune politique au Québec. Il n'y avait rien par rapport
aux sols contaminés. On a établi une politique. On a
travailé ensemble avec le mlieu municipal, avec les ingénieurs
municipaux, avec le Barreau du Québec, avec l'Ordre des notaires du
Québec, avec tous les intervenants qui s'occupent de cette question.
Cette politique, selon tous les avis qui nous ont été
donnés par tous les intervenants et les spécialistes du
ministère, est déjà encadrée par les lois du
Québec.
Le Code civil, par exemple, a des dispositions très claires qui
font qu'un pollueur ne peut pas transférer sans responsabilité
civile afférente un terrain contaminé à un autre. Il y a
la Loi sur la qualité de l'environnement. Hier, j'avais mentionné
l'article 116. C'est en fait l'article 115, je le corrige. L'article 116 de la
Loi sur la qualité de l'environnement donne des encadrements de base.
Nous voulions une politique justement incitative. Il n'y a rien là de
mauvais. Tous les intervenants veulent collaborer avec nous. Le
mécanisme est tel que tous les intervenants collaborent volontairement
à ce mécanisme, y compris les municipalités qui donnent
des permis de construction. Celles qui vont recevoir maintenant un avis du
ministère de l'Environnement vont pouvoir suivre un cheminement tout
à fait logique, encadré afin que cette politique marche.
Je demande au député, s'il n'est pas satisfait de revenir
me le dire dans six mois ou un an. Il y a déjà 40 cas dont nous
nous occupons au ministère aujourd'hui et qui vont démontrer que
cette politique marche et va marcher avec beaucoup d'efficacité.
Le Vice-Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre n'est pas
très original. C'est toujours la même cassette. C'est le
début de ses réponses depuis deux ans et demi. C'est l'ancien
gouvernement.
M. le Président, est-ce que...
Le Vice-Président: Un instant! Un instant! Vous êtes
en question complémentaire. Je vous demanderais de poser votre question
immédiatement, sinon cela engendre des débats. Allez-y avec votre
question. (16 heures)
M. Charbonneau: Eh! oui, M. le Président. Comme si la
réponse du ministre n'engendrait pas de débats.
Alors, M. le Président, une question simple au ministre. Est-ce
que les terrains contaminés sont dangereux ou non pour la santé
publique? Auquel cas, si c'est dangereux, pourquoi ne pas prendre les mesures
nécessaires pour contraindre les gens à adopter des comportements
plutôt que de se contenter de suggérer? Est-ce que c'est
dangereux, oui ou non? Sinon, pourquoi une politique?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Environnement
M. Lincoln: M. le Président, c'est un peu amusant, tous
ces terrains contaminés ne sont pas arrivés depuis le 2
décembre 1985. Pendant
des années, le député s'asseyait là avec sa
"gang" avec 80 députés. Ils étaient très satisfaits
de laisser les terrains contaminés partout et de ne rien faire; cela,
c'était mieux. Pour la première fois au Canada, nous avons pris
des mesures, une politique. C'est la première politique du genre, dans
n'importe quelle autre province du Canada, une des seules en Amérique du
Nord du genre. On a travaillé avec tous les intervenants. On commence
aujourd'hui avec un outil de travail qui est un outil important. Que tous les
intervenants eux-mêmes nous disent ce qu'ils transigent dans cette
question. Les municipalités qui donnent tous les permis. Cela va marcher
comme cela. Si ce n'est pas assez contraignant, si cela ne marche pas, on
prendra la deuxième étape. On a commencé par une
étape constructive, incitative, qui va marcher et qui est bien mieux que
la non-étape qu'ils ont faite, eux, pendant neuf ans, ne rien faire sur
les terrains contaminés de toutes sortes en matière
environnementale.
Le Vice-Président: En complémentaire, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Comment le ministre veut-il qu'on le prenne au
sérieux lorsqu'il y a à peine 15 jours, le 15 mars dernier, le
directeur régional...
Le Vice-Président: Je demanderais simplement l'attention
de l'ensemble des députés. Vous aurez fort bien compris, à
ce moment-là, qu'il était en forme interrogative, une question
permise par le règlement. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Alors merci, M. le Président. Comment le
ministre veut-il qu'on le prenne au sérieux quand, il y a à peine
15 jours, le 15 mars précisément, le directeur régional de
son ministère dans la région de Québec écrivait
à un groupe qui s'appelle "La fondation écologie" au sujet des
habitations de la marina, dans le secteur de Lévis, à ma
connaissance, qu'il n'y a, au sujet d'un problème de terrains
contaminés, aucun endroit, aucun site à court terme pour disposer
des sols contaminés et qu'il laissait sous-entendre aux gens que la
politique s'en venait, celle que le ministre a fini par annoncer et qu'on
retrouverait dans cette politique la réponse au problème des
sites où on doit entreposer ces terres contaminées? Il n'y a
rien, M. le Président, dans ce document en réponse à
l'espoir soulevé par votre fonctionnaire. Comment voulez-vous qu'on vous
prenne au sérieux alors que vous n'avez même pas de site à
votre disposition?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: Je vais lui dire pourquoi on va me prendre au
sérieux. Parce que les autres gens qui sont venus ont
étudié cela un peu plus profondément que le
député de Verchères qui, vraisemblablement, a pris
seulement un des documents. S'il était venu, par exemple, à la
conférence de presse qui était publique, il aurait vu qu'avec le
document de base il y avait aussi les guides qui étaient
annoncés, dont un guide de traitement des sols contaminés. Il y a
un guide tout à fait complet qui va être émis dans le
public. La façon de traiter les sols contaminés, ce n'est pas
seulement de les enfouir, M. le député, si vous ne le saviez pas.
Le guide explique qu'aujourd'hui il y a des centres de traitement qui peuvent
traiter des sols contaminés. Si vous voulez, je vous donnerai l'adresse
de certains de ces centres. C'est traitable parce que ce ne sont pas des sois
dangereux. Ce sont des sols recyclables. Seulement, dans votre esprit, vous
avez mêlé tout cela parce que vous n'avez pas lu toute l'affaire.
Vous devriez lire la politique, ce document que vous avez vu et tous les autres
documents afférents. Je serai tout à fait disposé à
vous donner l'ensemble de tous les guides qui vont être là.
À ce moment-là, vous pourrez savoir qu'il y a toutes les
réponses et que le directeur régional avait bien raison lorsqu'il
a dit: "Lorsqu'on va déposer la politique des sols contaminés,
vous aurez tous les outils nécessaires pour un cheminement complet afin
que les sols soient recyclés, de l'industrie au commercial et au
résidentiel." Vous devriez vous réjouir que cela arrive au
Québec.
Le Vice-Président: Question complémentaire, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre pourrait-il
nous expliquer comment il concilie sa politique, qui absout complètement
les pollueurs, avec la résolution du Parti libéral qui,
récemment, était en faveur du principe du pollueur payeur?
Là, vous donnez l'absolution complète aux pollueurs et, il y a un
mois à peine, le Parti libéral se prononçait pour le
principe. Comment conciliez-vous cela? Comment voulez-vous qu'on vous prenne au
sérieux?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: M. le Président, il n'y a aucune
contradiction. Le député, lui, a découvert que le pollueur
ne payait pas la note. Mais c'est le pollueur qui paie la note, c'est lui qui
est le propriétaire du terrain. Avant de transférer le terrain
à quelqu'un, il faut que le terrain soit propre et c'est cela que notre
politique dit. Si ce n'est pas le pollueur qui nettoie le terrain, ce sera
celui qui achète le terrain pour une valeur
dépréciée, parce que ce terrain est contaminé, qui
va payer la note. Ce sera ou le promoteur, ou le pollueur. Donc, le principe du
pollueur
payeur, c'est exactement cela. Ce n'est pas l'État qui va assumer
les frais, ni les municipalités, c'est ou bien le pollueur ou celui qui
l'achète sur une base dépréciée. Le principe du
pollueur payeur, c'est le fondement même de cette politique. Je vous
recommande de la relire. Je vous donnerai tous les guides additionnels si vous
n'avez pas compris.
Le Vice-Président: En question principale, Mme la
députée de Johnson.
Subvention réduite au Marathon international de
Montréal
Mme Juneau: Merci, M. le Président Le 25 mars dernier, on
apprenait par La Presse que le Marathon international de Montréal
venait de frapper un mur et qu'il pourrait bien ne jamais fêter sa 10e
édition - s'il vous plaît, M. le Président! - le ministre
ayant coupé plus de 175 000 $ pour cet événement cette
année. Pourtant, le marathon de Montréal constitue un
événement de première importance pour Montréal,
à la fois sur le plan des retombées économiques et sur le
plan de la santé de millers de Québécois et de
Québécoises qui y participent et d'autres aussi. Ma question est
la suivante: Est-ce que le ministre peut nous dire quels ont été
les critères qui ont guidé sa décision de couper 175 000 $
du budget du marathon de Montréal?
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: Merci, M. le Président Depuis
déjà neuf ans et ce, par protocole d'entente, en ce qui concerne
les trois dernières années, le gouvernement du Québec a
versé au marathon de Montréal 3 000 000 $ en argent direct et
au-delà de 500 000 $ en frais indirects.
J'ai eu l'occasion, 1 y a un an passé, de dire à M.
Arsenault que nous allions respecter le protocole d'entente jusqu'à la
fin, c'est-à-dire jusqu'à l'an dernier, et que, pour cette
année, I allait obtenir une somme moindre vu que, depuis neuf ans, pour
une dixième année, le marathon de Montréal avait eu toutes
les chances de s'autofinancer. Je pense que nous n'avons pris personne par
surprise. M. Arsenault a été avisé à temps et le
gouvernement du Québec, mon ministère plus
précisément, n'a pas l'intention d'octroyer plus de 100 000 $
à cet événement pour la prochaine année.
Le Vice-Président: En question complémentaire, Mme
la députée de Johnson.
Mme Juneau: Le ministre n'a pas répondu à ma
question, mais je vais quand même tenter de lui en poser une autre, M. le
Président Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a
évalué les coûts de santé épargnés par
les 70 000 coureurs québécois - qui ne fument pas le cigare, eux
- qui ont participé au marathon depuis dix ans, de même que les
retombées économiques du marathon pour l'année en
cours?
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: Je ne sais pas, M. le Président, si Mme la
députée de Johnson en a contre les cigares, mais, de toute
façon, on pourrait se demander pourquoi, avec les mêmes
retombées économiques et dans les mêmes circonstances, les
marathons de Boston, Paris, Londres, New York et Toronto, qui ont exactement la
même vocation, s'autofinancent et n'ont pas besoin d'un sou de
l'État? Est-ce qu'on pourrait se demander cela? Est-ce qu'on ne pourrait
pas demander aux organisateurs du marathon de Montréal d'être plus
sobres? S'ils ne veulent pas organiser le marathon, il y a d'autres personnes
qui sont prêtes à l'organiser avec beaucoup moins d'argent
Le Vice-Président: Une très brève et
dernière question additionnelle, Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que le ministre est conscient que c'est de la
survie même du marathon de Montréal dont on parie aujourd'hui?
Est-ce que le ministre peut nous dire s'iI a l'intention de faire un tout petit
peu sa part? On a bien donné 25 000 000 $ à Blue Bonnets, on
serait capable de donner quelque chose pour le marathon.
Le Vice-Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
M. Picotte: D'après ce que je peux voir, M. le
Président, Mme la députée de Johnson mêle les
cigares, les chevaux et les marathons. Tout ce que je peux lui dire quand elle
me demande si le gouvernement pourrait faire un tout petit peu sa part, c'est
qu'elle a déjà eu sa réponse depuis longtemps; la toute
petite part que nous voulons faire, c'est ni plus ni moins que 100 000 $. II y
en a plusieurs qui organiseraient des marathons à ce prix-là. (16
h 10)
Le Vice-Président: C'est la fin de la période de
questions.
Des voix:...
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix:...
Le Vice-Président: II n'y a pas de consentement. Fin de la
période de questions.
Il n'y a pas de vote reporté.
Motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.
Motions sans préavis
M. Gratton: Avant que le député de Bertrand lise sa
motion, je voudrais indiquer tout de suite qu'une pratique s'est
développée au cours des années, et ce bien avant que nous
soyons au gouvernement, selon laquelle tout député qui veut voir
débattue une motion sans préavis, normalement, en avertit l'autre
partie avant la période de questions, de façon qu'on puisse non
seulement se concerter sur l'acceptation de débattre et d'adopter une
motion, mais pour organiser le débat. On ne saurait pouvoir organiser
les travaux de l'Assemblée nationale correctement si des motions sans
préavis, dont on ne connaît pas la teneur, dont on ne
connaît pas l'aboutissement, sont présentées sans qu'on en
soit préalablement avisés du côté du
gouvernement.
Or, je sais que le député de Bertrand nous proposera une
motion qui requerra le consentement unanime. Je ne juge pas du contenu de la
motion, ce serait déroger à nos règlements. C'est la
deuxième fois en sept jours que l'Opposition arrive à la toute
dernière minute avec une motion dont on n'a pas discuté, dont on
n'a pas pu saisir le ministre responsable avant le début de la
période de questions. Je veux indiquer tout de suite que toute motion
sans préavis qui sera proposée sans suivre le canal normal de la
procédure, qui est bien connu de l'Opposition et de l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale, ne recevra pas le
consentement pour qu'on puisse en discuter, et cela s'appliquera à
compter d'aujourd'hui, avec la motion que nous proposera le
député de Bertrand.
Le Vice-Président: M.le leader de l'Opposition, sur le
même sujet.
M. Gendron: M. le Président, je suis un peu
étonné que vous, éventuel aspirant à la
présidence, n'ayez pas très rapidement indiqué au leader
du gouvernement que ce n'est quand même pas l'endroit pour plaider son
refus de débattre la motion sans préavis présentée
par mon collègue de l'Opposition. Le règlement est très
clair: II faut permettre au député de présenter sa motion.
Il est faux de prétendre, contrairement à ce que le leader du
gouvernement a affirmé, qu'il ne connaissait pas cette motion avant la
période de questions de façon à pouvoir aviser le ministre
responsable, puisque je la lui ai présentée avant même le
début de la période de questions.
Les propos qu'il a tenus ne sont pas conformes au règlement et
n'auraient pas dû être autorisés. S'il ne veut pas consentir
à la motion, il sait très bien quoi faire. On permet au
député de la présenter et s'il refuse son consentement,
c'est son affaire.
Le Vice-Président: Effectivement, comme vous le dites, il
n'y a pas de prévision au règlement concernant les motions sans
préavis, c'est une coutume qui a été établie entre
les leaders. Étant donné que le leader du gouvernement avait
commencé à tenir certains propos, je lui ai laissé
compléter son intervention, sachant fort bien que vous voudriez
répliquer. C'est tout simplement pour que vos messages soient bien
compris et bien faits que j'ai accepté ces interventions. Ce
n'était pas formellement une question de règlement, mais cela
relève d'une entente entre les deux leaders des partis présents
ici, en cette Chambre.
Sur la même question de règlement, très
brièvement.
M. Rochefort: Très brièvement, M. le
Président! Je prendrai le temps de m'exprimer, si vous le permettez.
Le Vice-Président: M. le député... Un
instant!
M. Rochefort: Étant donné que ce n'était pas
une question de règlement, je soulève maintenant une question de
règlement sur cette question.
Le Vice-Président: Je n'ai nullement l'intention de vous
priver de votre droit de parole, vous êtes un député
indépendant. J'ai simplement mentionné que je ne pouvais pas
présumer de l'avis mentionné par le leader du gouvernement et
j'ai laissé le leader de l'Opposition y répondre. Je vais vous
entendre, mais je vous demanderais simplement de formuler brièvement vos
commentaires.
M. Rochefort: D'ailleurs, M. le Président, ce n'est pas
à titre de député indépendant, mais à titre
de député que j'interviens. Je voudrais être bien certain
que vous rendrez une décision très claire à cet
égard et que la déclaration du député de Gatineau,
leader du gouvernement, ne devient d'aucune façon une nouvelle
règle quant aux motions sans préavis. Je pense qu'il faut
être très clair là-dessus, M. le Président. Je pense
que chaque député peut se prévaloir des dispositions
actuelles du règlement concernant cette disposition. Je voudrais que
soit bien clairement établi que si la formation politique que
représente le leader du gouvernement décide maintenant
d'établir sa méthode de fonctionnement de cette façon,
libre à elle de le faire, mais que d'aucune façon cela ne
devienne une règle de fonctionnement de notre Assemblée.
M. Gratton: Question de règlement.
M. Rochefort: ...sa méthode de fonctionnement de cette
façon-là, libre à eux de le faire, mais que, en aucune
façon, cela ne devienne une règle de fonctionnement de notre
Assemblée.
Le Vice-Président: Là-dessus il n'y a aucun
problème. Il n'y a aucun problème là-dessus. J'ai
mentionné, tantôt, dans mes propos, que c'était une
question d'entente entre les leaders des formations politiques sur la tenue de
nos travaux. Cela ne nous lie pas selon le règlement. De par la
définition même, nous sommes à l'étape des motions
sans préavis. Or, nous n'en avons pas. Vous êtes un parlementaire
de cette Assemblée, comme tout autre député et vous savez
fort bien que sur certaines motions sans préavis, parfois, il y a quand
même des ententes. Le Président, je l'ai déjà
spécifié ici même, n'a pas à administrer des
ententes entre les leaders. Si on en fait un ordre de l'Assemblée,
d'accord. À ce moment-là, cela devient un ordre de
l'Assemblée et cela lie l'Assemblée. A ce moment-là, c'est
du consentement unanime de l'ensemble des membres qui sont présents en
Chambre et qui acceptent qu'une entente entre les deux leaders et les
députés devienne un ordre de l'Assemblée.
Ce n'est absolument pas le cas présentement. Il n'est pas
question que le règlement soit modifié. Ce n'est pas le processus
usuel pour modifier le règlement. D'accord. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Très brièvement. Je voudrais tout
à fait abonder dans le sens du député de Gouin. Il n'est
pas question pour moi, de façon explicite ou implicite, de
déterminer que le règlement tel qu'il est écrit ne
s'applique pas. Je veux simplement dire - surtout à l'intention des
députés de l'Opposition - que s'ils veulent présenter une
motion sans préavis, s'ils souhaitent qu'elle soit débattue, je
donne avis, M. le Président, qu'elle pourra obtenir le consentement du
gouvernement seulement si on en a été informés au
préalable dans les délais requis. Sinon, elle se heurtera, tout
simplement, à un refus de consentement. Évidemment, le
député qui voudra faire une motion sans préavis,
strictement pour la proposer, sachant à l'avance qu'elle ne sera pas
adoptée, à ce moment-là, connaîtra les règles
du jeu.
C'est tout ce que j'ai voulu faire, M. le Président. J'admets que
ce n'était pas une question de règlement comme telle mais j'ai
pensé que cela pouvait intéresser les députés qui
veulent faire adopter leurs motions et non pas simplement les
présenter.
Le Vice-Président: Très bien. Ceci met fin à
cet épisode. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Bertrand pour la présentation d'une motion sans
préavis.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je vous remercie.
Je comprends mal, vous me permettrez de le dire, je comprends très mal
l'attitude du gouvernement actuellement.
Des voix: ...motion.
Le Vice-Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Parent (Bertrand): M. le Président, quand
même!
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît!
Quant à moi... Un instant! D'un côté ou de l'autre. Je
pense que l'incident est dos. Les mises au point ont été faites.
Le leader du gouvernement a dit ce qu'a voulait dire. Maintenant j'ai dit
tantôt que ce débat-là était dos. Je vous
demanderais simplement de nous présenter votre motion, M. le
député de Bertrand.
M. Gendron: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: ...question de règlement. Le débat
n'est pas dos. Ce n'est pas parce que le député de La Pettrie est
fatigué. S'il est déjà en vacances qu'a s'en aille chez
lui. C'est son problème. Mais on est... Un instant, un instant, il y a
toujours un bout!
Une voix: II n'est même pas à sa place!
M. Gendron: M. le Président, nous voulons faire le travail
parlementaire tel qu'il est prescrit au règlement. Nous sommes a
l'étape des motions non annoncées. On a encore accepté un
show d'intolérance du leader du gouvernement qui, d'avance, veut
indiquer une position de la Chambre alors que cela ne le regarde pas du tout.
Le règlement est très dair. Le député
présente la motion et si le leader du gouvernement est en
désaccord, le règlement prévoit qu'il ne donne pas son
consentement. J'ai toléré encore une fois quinze minutes de perte
de temps pour caricaturer encore une fois comme Ms ont l'habitude de le faire
en cette Chambre. Le leader n'a pas ouvert la trappe comme parlementaire que,
tout de suite, on a des "back-benchers' qui ne savent pas quoi faire...
Une voix: Qui ne sont pas à leur place.
M. Gendron: ...qui ne sont même pas à leur place,
qui vont empêcher les parlementaires de s'exprimer. M. le
Président, pensez-vous qu'on va endurer cela? Si c'est de même que
vous fonctionnez, que le leader l'annonce que sa gang lui a demandé de
prendre congé parlementaire tout de suite. On décidera. Nous
pensons que nous avons quelque chose à faire aujourd'hui et, en
conséquence, vous devriez au moins accepter que des parlementaires qui
ont des choses à dire ici, le fassent de leur siège. Vous savez
que c'est la règle. C'est le règlement qui le prévoit. Et
je ne verrais pas pourquoi mon collègue n'aurait pas l'occasion de
s'exprimer tel que le règlement le prescrit. On ne demande pas de
privilège. On demande l'application du règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: Sur la même question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Simplement pour dire, M. le Président, que
manifestement celui qui est fatigué et qui a besoin de vacances, c'est
le leader de l'Opposition. (16 h 20)
Le Vice-Président: D'accord. Il est évident qu'il y
a des propos qui s'échangent d'un côté comme de l'autre de
la Chambre. C'est évident. Chaque député doit être
à sa place. Bon. Je vais demander votre attention s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Il n'est nullement de mon intention
d'empêcher un député de s'exprimer. J'ai reconnu
expressément M. le député de Bertrand pour la
présentation d'une motion sans préavis tel qu'il me l'avait
demandé. Il s'est levé et je vais l'entendre formellement. Si des
personnes ont fait certaines interpellations, je peux le déplorer. J'ai
simplement demandé au député de Bertrand de nous
présenter sa motion puisqu'on avait échangé sur une
question qui, vous le reconnaissiez vous-même, n'était pas
formellement une question de règlement. Donc, cet incident, de l'avis du
leader du gouvernement, est fait et je vais reconnaître le
député de Bertrand dans la présentation de sa motion sans
préavis.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je fais donc la
motion suivante: "Que cette Assemblée mandate le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique pour qu'il organise
et mette sur pied dans les plus brefs délais, au cours des prochains
jours, une délégation de citoyens éminents
concernés par le dossier de l'installation de l'agence spatiale à
Montréal et que cette délégation se rende à Ottawa
rencontrer le premier ministre du Canada pour lui rappeler la portée
véritable de ses engagements et lui exprimer...
Des voix:...
M. Parent (Bertrand): ...l'importance de ce dossier pour le
Québec; qu'à cette fin, soient notamment invités à
participer à cette délégation les personnes suivantes: le
premier ministre du Québec, le ministre des Relations internationales et
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes, le ministre du Commerce extérieur et du
Développement technologique, le président du Parti
québécois, le chef de l'Opposition officielle, le
député de Bertrand, le maire de Montréal, le
président de la Chambre de commerce de Montréal, le
président du Montreal Board of Trade, de même que les
représentants des syndicats concernés." Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement à
la discussion de cette motion?
Des voix: Oui.
Une voix: Cela me surprendrait.
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Vice-Président: il n'y a pas consentement. Très
bien.
Est-ce qu'il y a d'autres motions sans préavis? Il n'y a pas
d'autres motions sans préavis.
Aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: M. le Président, j'avise l'Assemblée
qu'aujourd'hui, après la période des affaires courantes
jusqu'à 18 heures et, de consentement avec l'Opposition, de 20 heures
à 22 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission des affaires sociales poursuivra sa consultation sur le document
intitulé, "Pour une politique de sécurité du revenu".
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement à la suite
de cet avis concernant les travaux puisqu'il y a dérogation aux heures
de session des commissions?
M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: II y a donc consentement.
Une voix: Oui, il y a consentement.
Le Vice-Président: Très bien. Il y a
consentement.
Toujours aux avis touchant les travaux des commissions, veuillez noter
que la séance du 31 mars 1988 de la commission du budget et de
l'administration concernant la vérification des engagements financiers
du ministère des Approvisionnements et Services débutera
après la période des affaires courantes plutôt qu'à
compter de 10 heures, à la salle Papi-neau.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce qu'il y a
certaines questions ou avis?
Une voix: Non.
Le Vice-Président: Non. À ce moment-ci,
j'inviterais les leaders des deux formations politiques à m'indiquer, au
cours de cet après-midi, leur disponibilité pour la tenue de la
conférence prévue à l'article 285 de notre
règlement en vue de préciser les modalités de
l'étude des crédits. Je vous verrai donc ultérieurement
cet après-midi.
C'est donc la fin de la période des affaires courantes.
Reprise du débat sur la motion réclamant
des mesures nouvelles
garantissant l'intégration des immigrants
à la majorité francophone
Aux affaires du jour, puisque c'est mercredi, nous allons maintenant
reprendre le débat ajourné mercredi dernier par le leader adjoint
du gouvernement sur la motion présentée par le
député de Saint-Jacques en vertu de l'article 97 du
règlement, motion qui se lit comme suit: "Que cette Assemblée
exige du gouvernement libéral des mesures nouvelles et vigoureuses
garantissant l'intégration des immigrants à la majorité
francophone du Québec."
Je vais maintenant céder la parole à M. le ministre de la
Justice et député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. En tant que ministre de
la Justice responsable de l'application de la Charte des droits et
libertés de la personne, je suis fier d'intervenir sur cette motion,
fier parce que je peux affirmer que notre gouvernement a doté le
Québec d'outils destinés à favoriser
l'établissement de bonnes relations entre les différents groupes
ethniques et raciaux qui contribuent à l'édification de la
société québécoise. En effet, nous avons
adopté des mesures de nature à contrer les manifestations de
racisme et de discrimination raciale, à favoriser la participation des
Québécois de toute origine aux progrès économique,
social et culturel du Québec et à faciliter l'accès de
tous sans discrimination à tous les services gouvernementaux offerts aux
contribuables québécois.
Pour mettre l'accent sur l'atteinte de ces objectifs, nous avons pris
des initiatives concrètes depuis deux ans. C'est ainsi qu'en 1986 nous
avons adopté le règlement sur les programmes d'accès
à l'égalité qui rendent possibles les programmes
destinés à corriger les situations de discrimination
systémique dont ont été victimes historiquement les
membres des groupes cibles. Afin de favoriser l'implantation de ces programmes,
nous avons élaboré un plan d'action visant à soutenir les
entreprises privées, les municipalités, les établissements
des réseaux de l'éducation, de la santé et des services
sociaux qui s'engageront volontairement dans des programmes d'accès
à l'égalité pour les membres des groupes cibles. Dans ce
cadre, deux entreprises annonceront prochainement l'élaboration de
programmes d'accès à l'égalité pour les femmes des
communautés culturelles. Nous avons, la même année,
adopté le règlement sur les normes d'embauché des agents
et cadets de la Sûreté du Québec et des corps de police
municipaux. Ces normes, auparavant discriminatoires parce que s'appuyant sur
des critères de poids et de taille, prévotent désormais
des critères d'habieté physique.
Rappelons aussi, M. le Président, la déclaration du
gouvernement du Québec sur les relations interethniques et interraciales
dont le principe a, bien sûr, été adopté unanimement
par cette Chambre le 10 décembre 1986. Par cette déclaration,
nous avons voulu exhorter tous les Québécois et toutes les
Québécoises à faire preuve de vigilance contre toute
manifestation de racisme et de discrimination raciale. Par ailleurs, nous
travaillons présentement aux modifications réglementaires et
administratives requises pour la mise en oeuvre de programmes connus sous le
nom d'obligations contractuelles. Cette mesure, rappelons-le, nous permettra
d'exiger des entreprises, comme condition d'octroi d'un contrat ou d'une
subvention, l'engagement d'implanter un programme d'accès à
l'égalité si l'analyse des effectifs révèle une
sous-utilisation des groupes cibles. La mise en oeuvre de l'obligation
contractuelle sera doublée, bien sûr, d'une campagne d'information
et de sensibiisation à l'intention des groupes cibles et des milieux
concernés sur les buts visés par ce programme de façon
à favoriser l'intégration sans heurt de tous les groupes.
Je m'en voudrais de passer sous silence, M. le Président, le
rôle important que joue la Commission des droits de la personne du
Québec qui, avec son récent Comité sur les relations
raciales et ethniques, sert de pont et de point de chute des besoins des
membres des communautés culturelles. Elle a ainsi su établir le
dialogue nécessaire à la compréhension de toute cette
problématique.
Les programmes d'accès à l'égalité pour les
membres des communautés culturelles sont plus qu'un voeu pieux, 1s sont
une réalité. La création de postes de coordonnateurs, et
en des lieux stratégiques, en fait foi. En effet, un coordon-nateur,
tant à l'Office des ressources humaines qu'au Conseil du trésor,
est spécifiquement chargé de traduire en termes concrets la
volonté gouvernementale de donner l'exemple et d'être le leader de
l'implantation de programmes d'accès à l'égalité
pour les membres des différentes communautés culturelles. Ce
besoin de programmes d'accès à l'égalité se fait
surtout sentir dans la région du Montréal métropolitain,
les régions 6A, 6B et 6C, où 45 % des citoyens sont membres de
communautés culturelles ou ethniques. (16 h 30)
Pour ce qui est des minorités ethniques visibles, elles
représentent 10 % de la population de cette région. On
perçoit encore plus l'ampleur du phénomène quand on
constate que la population de l'agglomération de Montréal
représente à elle seule plus de 40 % de la population totale du
Québec.
Cette réalité complexe et unique nécessite une
approche dynamique car je conviens qu'il y a sous-représentation des
membres des communautés culturelles et particulièrement des
minorités
ethniques visibles dans les secteurs public, parapublic et
péripuWJc.
M. le Président, il importe que nos institutions reflètent
la composition de la population et que tous les groupes de notre
société s'y reconnaissent. C'est pourquoi nous en sommes à
élaborer des mesures rigoureuses garantissant la pleine
représentation et la participation équitable des membres des
communautés culturelles à la vie de la société
québécoise. C'est dans cet esprit que je me suis récemment
engagé envers la communauté noire de Montréal à
revoir le fonctionnement du comité d'examen des plaintes de la police de
la Communauté urbaine de Montréal.
Enfin, dans un secteur où la marge de manoeuvre est plus grande,
le gouvernement a pu réaliser un net progrès. En effet, 15 % des
nominations auxquelles nous avons procédé au cours des deux
dernières années nous ont permis de retenir les candidatures de
membres de communautés culturelles.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, notre
préoccupation d'intégration des membres des communautés
culturelles à tous les secteurs de la vie québécoise est
quotidienne. C'est un dossier que nous avons fait progresser et que nous
continuerons à traiter avec la même priorité. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Mercier.
M. Gerald Godln
M. Godin: M. le Président, je vous remercie de me
céder la parole. Mon collègue de D'Arcy McGee, ministre de la
Justice, parle des outils fondamentaux dont le Québec s'est doté
pour arriver à l'égalité dans l'emploi au Québec et
dans le privé aussi. Je crois que nous sommes en train de perdre un de
ces outils dont nous nous sommes dotés. Je parie de l'entente
Cullen-Couture, qui a été signée par l'ancien gouvernement
avec le fédéral et qui reconnaissait, dans le domaine de
l'immigration, la spécificité du Québec.
L'actuelle ministre de l'Immigration, par son comportement, est en train
de mettre cette entente en danger parce qu'elle souhaite que l'entente
précise qu'elle a, dit-elle, obtenue avec M. Bouchard portant sur les 37
familles turques qui sont au Québec s'étende à l'ensemble
des réfugiés du Canada. Donc, ce faisant, elle affaiblit
l'entente Cullen-Couture et risque même de la voir battue en
brèche par le fédéral qui va se rendre compte que la
ministre n'est pas suffisamment compétente pour appliquer l'entente
telle qu'elle le fut dans le passé.
La preuve en est que dans le passé, grâce à
l'entente Cullen-Couture, le Québec a pu accueillir des
réfugiés d'Haïti et d'ailleurs, en procédant à
l'émission de certificats de sélection du Québec à
ces réfugiés et en s'assurant que le fédéral
reconnaîtrait par la suite l'existence de tels certificats et
accélérerait le processus de sélection de ces
réfugiés le plus tôt possible.
D'après les réponses de la ministre aujourd'hui même
à nos questions en Chambre et d'après son comportement depuis
quelques semaines par rapport aux 37 familles turques de Montréal, on se
rend compte maintenant qu'elle refuse que l'entente Cullen-Couture s'applique
au Québec.
En effet, elle dit: Pas de discrimination, le même traitement pour
tous les réfugiés de tout le Canada. Donc, d'après elle,
l'entente Cullen-Couture n'aura pas à s'appliquer au Québec
puisqu'elle en nie l'application concrète pour les 37 familles qui
avaient obtenu de la part de l'opinion publique québécoise et
montréalaise un appui tel que le fédéral a reculé
et que le Québec a consenti à faire front commun avec le
fédéral pour enfin résoudre ces problèmes humains
assez importants et, je dirais, qui semaient l'angoisse dans la
communauté turque de Montréal.
En voulant que l'entente Cullen-Couture s'applique à l'ensemble
du Canada, la ministre suggère à chaque province de se battre
pour obtenir ce statut particulier que le Québec, lui, a obtenu
grâce à sa spéc'rfité culturelle et linguistique et
ainsi on peut en arriver à un résultat où il n'y aura plus
d'entente Cullen-Couture spécifique pour le Québec et on perdra
des pouvoirs acquis de haute lutte sous l'ancien gouvernement.
Donc, Mme la Présidente, il est important de se rendre compte que
le comportement incompétent de l'actuelle ministre de l'Immigration
risque de nuire au Québec et aux pouvoirs qu'il a acquis de haute lutte
depuis quelques années et ainsi de nuire à l'intégration
des immigrants et des réfugiés qui viendraient au Québec
et qui sont de plus en plus disposés à apprendre le
français dans les COFI du Québec - les Centres d'orientation et
de formation des immigrants - et dans les cours de français
donnés dans les écoles du centre ville de Montréal. Nous
risquons de nous voir privés de nos outils fondamentaux et de retarder,
ainsi, la nécessaire intégration de ces nouveaux venus à
la majorité française de cette province.
L'attitude, je dirais, "masofédéraliste" de la ministre de
l'Immigration peut nous mener effectivement à un règlement pour
l'ensemble des réfugiés canadiens dans les dix provinces. Il peut
aussi, malheureusement, avoir pour résultat que le fédéral
attende que toutes les colonnes soient battues en brèche et
tournées en ridicule. Le fédéral va se rendre compte que
le gouvernement actuel n'a aucun intérêt à avoir une telle
politique, donc, à voir reconnaître cette distinction de la
société québécoise qui pourtant était
réclamée à grands cris au cours de l'entente du lac Meech.
On risque donc ainsi de se retrouver, après cette tentative pour prendre
notre place dans le domaine de l'immigration, plus faibles
qu'avant.
Au lieu de marcher, de marquer des points, nous en perdons. La ministre
est totalement incompétente et a tourné l'entente en ridicule.
Son incompétence est telle que la réputation du Québec
dans l'ensemble canadien et aussi face aux réfugiés dans le monde
entier d'être une société d'accueil, une place où
l'on pouvait vivre mieux en devenant francophone, cette réputation
bâtie, je dirais, depuis des années par le précédent
gouvernement risque de disparaître et de sombrer dans le ridicule
créé par la ministre actuelle de l'Immigration.
Je dis à la ministre de faire attention parce qu'elle met en
danger les acquis du Québec et, surtout, elle ridiculise l'entente
Culien-Couture. Elle fait penser au fédéral que le Québec
n'a pas la maturité ni la compétence pour administrer une telle
entente. Face à une telle situation, je dis que la ministre actuelle met
en danger les outils dont le Québec dispose actuellement, et ainsi,
risque d'annuler tout le bien que les réfugiés et les immigrants
pensaient du Québec. De plus, sa position pour les immigrants
investisseurs confine à la lâcheté, confine à un
refus global de prendre la place, de se tenir debout face au
fédéral.
L'entente cordiale qu'on nous annonçait depuis quelques
années entre Ottawa et Québec montre que nous avons devant nous
des "masofé-déralistes", des gens qui aiment que le
fédéral leur fasse mal. Je voudrais citer, en terminant,
Montesquieu, un grand ami du premier ministre du Québec qui disait, il y
a quelques années: "Un État qui se met à genoux s'expose
à finir couché". On constate, dans le domaine des immigrants
investisseurs, dans le domaine de l'entente Cullen-Couture, dans le domaine des
réfugiés turcs que le Québec, s'étant mis à
genoux, ne pouvait plus que se coucher davantage encore devant le
fédéral, reculer de plus en plus et enlever au Québec cet
outil fondamental pour l'intégration des nouveaux venus à notre
majorité francophone.
Les risques que le Québec court avec un tel gouvernement, Mme la
Présidente, sont des risques fondamentaux et importants dans le domaine
culturel et linguistique. Je voudrais condamner et appeler mes collègues
à condamner l'attitude actuelle de cette ministre de l'Immigration qui
nuit au Québec, qui fait honte aux Québécois qui ont vu
dans le passé le gouvernement précédent se battre pour
obtenir plus de pouvoirs pour les perdre au fur et à mesure que
l'incompétence s'installe en face de nous, du côté du
gouvernement.
Je voterai sûrement pour cette motion en rappelant à mes
collègues, députés et ministres libéraux, que sans
l'outil Cullen-Couture, le Québec n'aurait pas pu jouer son rôle
dans le domaine de l'Immigration. Le ministre de la Justice n'aurait pas pu,
non plus, faire son discours d'accueil et d'ouverture aux immigrants sur les
emplois au Québec en soulignant que l'emploi représente, en
pourcentage, la population du Québec dans sa diversité. Nous
serons moins progressistes, moins modernes, moins contemporains que nous ne
l'étions 1 y a quelques années. Donc, au lieu d'avancer, nous
reculons. Pour cette raison, je voterai pour cette motion. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Mercier. M. le député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir
d'intervenir aujourd'hui sur la motion qui se retrouve devant cette Chambre.
Contrairement aux prétentions du critique de l'Opposition officielle, je
suis d'avis que le gouvernement libéral a adopté nombre de
mesures nouvelles et rigoureuses permettant aux immigrants de s'intégrer
plus aisément à l'intérieur d'une société
majoritairememnt francophone. Cependant, I reste encore du chemin à
parcourir sur cette voie qui mène à une intégration
harmonieuse dans le respect des diversités. Aussi, les présents
acquis me réjouissent non seulement en ma qualité de
député, mais aussi en tant que membre d'une communauté
solidement implantée au Québec. Les réalisations de notre
gouvernement en matière de communautés culturelles sont
nombreuses et variées. Je vais limiter mon exposé à quatre
points précis qui représentent autant de facteurs
d'intégration à la majorité francophone du Québec.
(16 h 40)
Le 10 décembre 1966, l'Assemblée nationale adoptait
à l'unanimité la déclaration du gouvernement du
Québec sur les relations interethniques et Interraciales.
Essentiellement, cette déclaration est un vibrant plaidoyer pour
l'égalité raciale et condamne tout acte de racisme. Elle
prône notamment la mise en oeuvre de mesures visant à favoriser
l'épanouissement économique, culturel et social des
communautés culturelles qui sont présentes au Québec. La
ministre a posé nombre de gestes concrets dans la foulée de cette
déclaration. Ainsi, le texte a été distribué aux
organismes des communautés culturelles et, par ses discours, la ministre
a permis que cette déclaration soit davantage diffusée. De plus,
la création en 1987 d'un volet interculturel à l'intérieur
des programmes d'aide financière du ministère a contribué
à rapprocher les groupes ethniques de la majorité
francophone.
Je désire saluer la création récente d'un bureau
interculturel à Montréal qui permettra l'établissement de
liens et d'échanges plus féconds avec les membres des
communautés culturelles. D'alleurs, le ministère entretient des
rapports fructueux avec les administrations municipales, ce qui a
favorisé le développement de canaux de communication permaments.
En outre, le Consei des communautés culturelles et de l'immigration a
réussi par ses multiples
activités, études, rapports et autres à
conscien-tiser davantage les communautés culturelles à la
réalité francophone du Québec et vice-versa.
Je suis heureux de constater que la ministre parrainera le premier
congrès de la Fédération internationale de SOS Racisme qui
se tiendra à Montréal en septembre prochain. On sait que cet
organisme, fondé à Paris par M. Harlem Désir, s'est rendu
célèbre par ses interventions et ses campagnes publiques
répétées contre le racisme. Les retombées humaines
de ce congrès seront sûrement significatives car elles aideront
les communautés culturelles à être mieux comprises au
Québec. L'information est un puissant facteur d'intégration, il
ne faudra pas l'oublier, Mme la Présidente.
Comme l'a mentionné la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration dans son discours sur cette motion, la
formation linguistique constitue la base même de l'intégration
à la société québécoise. Le
précédent gouvernement n'avait pas cru bon quant à lui de
rendre des cours de français accessibles aux revendicateurs du statut de
réfugié. Le gouvernement libéral a su réparer cette
injustice: des cours de français sont disponibles depuis un an pour
cette catégorie d'immigrants. De plus, le président du Conseil du
trésor annonçait, le 24 mars dernier, que dans le cadre des
activités prioritaires mises de l'avant par le gouvernement
libéral depuis trois ans, des sommes de 4 000 000 $ seront
octroyées dans l'exercice budgétaire 1988-1989 pour la
francisation des immigrants. Voilà une mesure concrète
d'intégration!
Notre gouvernement a aussi résolu d'encourager
l'épanouissement des diverses cultures établies au Québec,
notamment par l'enseignement dans la langue d'origine de la minorité
ethnique. Des études du ministère de l'Éducation ont
démontré qu'une telle approche pédagogique a une influence
bénéfique sur la performance scolaire des élèves et
plus particulièrement sur les acquisitions de la langue d'accueil. Car,
en facilitant l'accès à l'enseignement dans la langue de ces
communautés, on témoigne à leur égard d'un respect
sincère qui, en retour, les prédisposera à apprendre la
langue de la majorité francophone. L'intégration passe par le
respect des différences et la langue française est susceptible de
jouer un rôle privilégié dans cette acceptation de la
diversité. Comme l'a écrit le linguiste Claude Hagège dans
son livre Le français et les siècles et je le cite: "La
défense du français signifie aussi celle des autres langues".
Mme la Présidente, en matière d'accès à
l'égalité dans l'emploi, le gouvernement libéral a
accompli un travail remarquable. Dès son arrivée au pouvoir, il a
mis en vigueur la partie III de la Charte québécoise des droits
et libertés qui porte sur les programmes d'accès à
l'égalité. Le 1er septembre 1986, la réglementation
à ce sujet était adoptée. Le 22 octobre 1986, la ministre
déléguée à la Condition féminine
annonçait son plan d'intervention en matière d'accès
à l'égalité dans le secteur privé. Ledit plan
permet aux entreprises qui participent à ce programme volontaire de
jouir d'un appui technique et financier de la part du gouvernement. Les femmes
issues des communautés culturelles sont également visées
par cette initiative qui jouit de l'appui du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
De plus, Mme la Présidente, l'action gouvernementale en cette
matière se retrouve évidemment dans le secteur public. Le Conseil
du trésor est responsable de l'accès à
l'égalité dans la fonction publique, alors que l'Office des
ressources humaines est le maître d'oeuvre de l'application de ces
programmes. Deux professionnels issus des communautés culturelles et
travaillant pour les deux organismes susmentionnés participent à
ce programme. Le représentant de l'Office des ressources humaines
rencontre régulièrement les organismes des communautés
culturelles dans le but de leur faire part des divers programmes disponibles.
De plus, depuis 1986, le gouvernement a nommé plusieurs
représentants des communautés culturelles au sein d'organismes
publics et parapublics, parfois même à des postes
névralgiques de la haute fonction publique. L'accès à
l'égalité dans l'emploi représente donc un facteur
d'intégration fondamental à la société
québécoise.
Si on me le permet, Mme la Présidente, j'aimerais ici ouvrir une
courte parenthèse. Il est faux de prétendre, comme l'a fait le
critique officiel de l'Opposition, que la ministre ne défend pas les
investisseurs de Hong Kong. Les programmes québécois pour les
immigrants investisseurs sont sans aucun doute les meilleurs au Canada.
D'ailleurs, leur succès éloquent en témoigne. En effet, en
1987, le Québec a réussi la meilleure performance canadienne en
ce qui a trait à l'immigration économique. 721 000 000 $ ont
été investis ici par des candidats immigrants, soit plus qu'en
Ontario. J'ai mentionné ce fait dans mon intervention sur le discours
d'ouverture. Dans le cas particulier des immigrants de Hong Kong, ce ne sont
pas uniquement des considérations financières qui ont
motivé leur désir de venir s'établir au Québec.
Comme le journaliste Bernard Descôteaux l'a écrit dans
Le Devoir du 15 mars: "II y a même une volonté d'apprendre
le français avant d'arriver au Québec." M. Descôteaux cite
ensuite le cas de l'Alliance française de Hong Kong qui a demandé
une subvention au gouvernement québécois, ayant observé
une forte demande de cours de français de la part des candidats à
l'immigration au Québec. N'est-ce pas là une volonté
d'intégration authentique à la société francophone?
Si, d'aussi loin que de Hong Kong, on reconnaît le caractère
distinct du Québec, c'est signe que notre gouvernement fait bien son
travail, n'en déplaise à l'Opposition.
Le Québec est appelé à devenir une
société
francophone multiculturelle. Le processus est déjà
engagé. On n'a qu'à regarder le nombre croissant de nouveaux
Québécois à l'intérieur des institutions
d'enseignement pour s'en convaincre. Aussi cette tendance ne peut-elle que
s'affirmer davantage. Le Québec accueillera plus d'immigrants dans les
années à venir. C'est un fait indubitable en même temps
qu'une nécessité socio-économique et démographique.
Comme le précise le rapport French, et je le cite: "L'immigration doit
être partie prenante de toute politique de population. Celle-ci est
indispensable si on veut modifier la pente démographique actuelle du
Québec. "
Mme la Présidente, les programmes et les réalisations du
gouvernement libéral que j'ai mentionnés, que ce soit dans le
domaine du travail ou de l'éducation, sont certes importants, mais
l'intégration à la majorité francophone ne saurait
réussir véritablement que si la société d'accueil
accepte sans arrière-pensée d'ouvrir ses portes à cette
différence. Dans Lettre à un otage, Saint-Exupéry a
écrit ces lignes admirables de sensibilité et de lucidité.
Et je le cite: "Si je diffère de toi, loin de te léser, je
t'augmente. " L'altérité augmente l'individu car elle lui permet
de s'enrichir au contact d'espaces auparavant inconnus, à
apprécier des sensibilités distinctes et à côtoyer
des imaginaires particuliers. (16 h 50)
Cette société francophone sera, non seulement si on se
donne les moyens pour la réaliser, mais aussi et surtout si on adopte
une franche attitude d'ouverture, prélude nécessaire à son
établissement.
Le présent gouvernement a accompli un travail digne de mention
dans la reconnaissance de cette différence et dans le besoin
impérieux de mieux l'intégrer à la société
québécoise. Le Québec est susceptible de devenir un espace
fraternel de partage entre les diversités qui peuplent son territoire et
qui donnent à son expérience une dimension originale. Il me
plaît de savoir que nous aurons contribué à la mise en
oeuvre de ce grand espace de complémentarité par notre
sensibilité et par nos actions réfléchies.
Motion d'amendement
Mme la Présidente, à ce moment-ci, je ferai une motion
d'amendement de la résolution qui se lit comme suit: "Que la motion en
discussion soit amendée en ajoutant, dans la deuxième ligne,
après le mot libéral" les mots "qu'il poursuive la mise en place"
et en remplaçant le mot "des" par le mot 'de'. ' La motion telle
qu'amendée se lirait comme suit: "Que cette Assemblée exige du
gouvernement libéral qu'il poursuive la mise en place de mesures
nouvelles et vigoureuses garantissant l'intégration des immigrants
à ta majorité francophone du Québec. " Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Viger. Est-ce que vous pourriez déposer votre motion d'amendement?
Avant de reconnaître la recevabilité de cet amendement, je
demande s'i y a, de part et d'autre, quelques commentaires sur ladite
receva-biité? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Alors, Mme la Présidente, les quelques
commentaires que je veux faire à ce moment-ci du débat sont que
la motion d'amendement respecte les règles de l'amendement à
savoir que d'aucune façon la motion principale quant au fond de ladite
motion n'est modifiée. Et c'est la règle fondamentale. À
partir du moment où un amendement ne modifie pas le fond de la motion,
il devient recevable. À la face même de la motion, Mme la
Présidente, il m'apparaît qu'elle est recevable et si vous
décidiez qu'il y a lieu d'élaborer un peu plus mon argumentation,
j'aurai d'autres commentaires a ajouter.
La Vice-Présidente: Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. M. le député de Saint-Jacques, est-ce que vous avez
quelques commentaires?
M. Boulerice: Oui, Mme la Présidente. Elle ne
m'apparaît pas recevable, nonobstant les propos de M. le leader adjoint
du gouvernement et député de Frontenac. La proposition originale
disait que cette Assemblée exige du gouvernement libéral des
mesures nouvelles et vigoureuses. C'est que nous avions constaté, et la
ministre en convient puisqu'on n'a absolument rien déposé en deux
ans et demi en termes de politique d'intégration des immigrants... On
lui demandait des mesures nouvelles. L'amendement dit: "poursuivre des mesures
nouvelles'. Mais on ne peut pas poursuivre des mesures nouvelles qui n'existent
pas. Et, dans l'argumentaire de la présentation de l'amendement, Mme la
Présidente, je parlais de "démontréalisation" et de
"démétro-polisation". C'est une mesure nouvelle. Mais c'est une
mesure nouvelle que ce gouvernement n'a jamais apportée depuis deux ans
et demi. Comment puis-je accepter de dire qu'ils poursuivent, dans la
"démontréalisation', dans la "démétropo-lisation"
de l'immigration alors qu'il n'y absolument rien de fait? C'est tout simplement
une tactique de récupération de motion habituelle comme on en
voit de l'autre côté. Elle dénature, Mme la
Présidente, la véritable intention de la motion qu'a
déposée l'Opposition et nous la jugeons totalement
inacceptable.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Jacques. Afin de ne pas retarder ces travaux, je vais demander à
quelqu'un de cette Assemblée de prendre ma place afin que je puisse
aller décider de la recevabilité. Et là-dessus, je suis
prête à reconnaître...
M. Lefebvre: Je m'excuse, Mme la Prési-
dente...
La Vice-Présidente: M.le député...
M. Lefebvre: Si vous le permettez, Mme la Présidente,
j'aurais peut-être d'autres commentaires à ajouter. Mon
argumentation, tout à l'heure, était que...
La Vice-Présidente: M. le député,
courte...
M. Boulerice: Question de privilège, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Un instant!
M. Boulerice: Question de règlement, je m'excuse. Mme la
Présidente-
La Vice-Présidente: Question de règlement.
M. Boulerice: Mme la Présidente, je pense que vous vous
êtes levée de votre fauteuil et vous avez rendu une
décision à savoir que vous vouliez quitter pour quelques instants
cette Chambre de façon à aller prendre une décision. Je ne
vois absolument pas le bien-fondé de l'intervention du
député de Frontenac qui essaie d'influencer la décision
que vous avez prise, de juger effectivement de la recevabilité ou de la
non-recevabilité de la motion. Il n'est pas autorisé à
faire cela en vertu de notre règlement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement, je vais
vous accorder quelques instants parce que j'avais déjà
demandé de courtes explications. Je vous ai donné la
possibilité de vous exprimer, mais je vais vous reconnaître pour
quelques instants, pas plus.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, vous savez, la
jurisprudence n'est pas claire à propos des décisions rendues sur
des motions d'amendement. Il y a deux façons de procéder. La
présidence peut décider immédiatement, et elle a le
pouvoir de le faire sans entendre les parties, tout comme elle peut
également décider, après un délibéré
de quelques minutes, qu'elle désire entendre le parti ministériel
et l'Opposition. C'est dans ce sens-là que j'ai fait mes commentaires
tout à l'heure, à savoir qu'à sa face même, la
motion m'apparaît recevable. Si vous en venez à la conclusion que
ce n'est pas le cas, je vous demande la permission d'argumenter de façon
plus serrée que je ne l'ai fait tout à l'heure. En invoquant,
entre autres, que c'est l'article 197 qui s'applique, je pourrais
également, Mme la Présidente, vous citer une série de
décisions qui ont été rendues en semblable matière.
C'est dans ce sens-là que j'ai fait mon commentaire tout à
l'heure sans trop élaborer. Si vous avez l'intention de
délibé- rer, je vous demanderais la permission d'élaborer
un peu plus longuement. Je ne vais pas plus loin.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du gouvernement,
vous n'êtes pas sans savoir que la présidence connaît la
jurisprudence de cette Chambre et qu'elle va en faire bon usage dans la
décision qu'elle va prendre. Je demanderais à un
député de venir me remplacer afin que nous puissions poursuivre
les travaux de cette Chambre. Je suis prête à reconnaître la
prochaine intervenante, Mme la députée de
Marie-vïctorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, Mme la Présidente. Je parlerai,
à mon tour, sur la motion déposée par mon collègue,
le député de Saint-Jacques, à savoir: "Que cette
Assemblée exige du gouvernement libéral des mesures nouvelles et
vigoureuses garantissant l'intégration des immigrants à la
majorité francophone." Ce que nous voulons, ce n'est pas une
continuité de ce qui est fait depuis que le gouvernement est en place,
depuis deux ans et demi. Nous devons faire un constat d'échec et,
à la limite, de plus en plus, statistiques à l'appui, il y a
moins de représentants des groupes ethniques à l'intérieur
même de la fonction publique.
Les discours que nous avons entendus tantôt laissent croire
à la population qu'un énorme pas a été franchi et
qu'un effort substantiel a été déployé par le
gouvernement. Je devrai donc, M. le Président, porter à votre
attention des statistiques relativement récentes qui datent de 1986-1987
et vous dire que le Parti libéral a réellement trompé
l'électorat en promettant d'accroître la présence des
minorités. Encore une fois, ce sont toujours des intentions de
gouvernement, mais, dans les faits, concrètement, c'est tout à
fait autre chose. Je comprends la population de ne pas réagir si
promptement qu'on le souhaiterait, c'est tellement bien enrobé, c'est
tellement bien fait ces présentations-là qu'il faut beaucoup
d'énergie pour démontrer la supercherie de ce gouvernement. Je
vais vous prouver, M. le Président, qu'il y a supercherie. Les beaux
discours de l'autre côté nous rapportent qu'on a augmenté,
qu'on a voulu accroître la présence des minorités
culturelles à tous les niveaux. Dans la fonction publique, en 1986, il y
a eu un accroissement de cette représentation de 4,3, alors que, pour
1987, il y a eu un accroissement de 3,6. Et ça, ce sont des statistiques
dont tout le monde peut prendre connaissance dans le rapport de l'Office des
ressources humaines du gouvernement. La validité de ces chiffres ne fait
aucun doute. Je crois qu'au lieu d'être en progression, on est en
régression constante. C'est ce qu'on appelle des efforts substantiels de
la part de ce gouvernement. (17 heures)
Le gouvernement met tout en oeuvre et veut nous faire adopter une autre
motion en
disant qu'l fait tout pour continuer d'accroître...
J'ai peine à croire que nous pourrons procéder et accepter ce
nouvel amendement puisqu'il va complètement dans le sens contraire de la
motion que nous avons présentée. Par ces statistiques et preuve
à l'appui, nous ne pouvons accepter une telle supercherie aussi
longtemps et adopter des motions qui veulent maintenir cet état de fait.
Nous devons prendre tous les moyens possibles pour faire valoir la vraie
réalité qui se passe ici, à l'Assemblée nationale,
et la façon dont sont représentés et défendus les
droits de quelque catégorie que ce soit de citoyens et de citoyennes au
Québec à l'heure actuelle, dont les plus vulnérables
actuellement, faut-il le dire, sont les communautés culturelles.
Sur cet aspect, j'aimerais argumenter davantage en ce qui
concerne la condition féminine de toutes ces femmes immigrantes qui,
pour la plupart, lorsqu'elles arrivent ici au Québec et au Canada en
général, ne parlent ni l'anglais, ni le français, mais
plus souvent pas le français. 61 % de ces femmes sont les plus
défavorisées à l'heure actuelle parce que, ne
possédant aucune notion de la langue et ne pouvant communiquer, elles
sont mises à l'écart et doivent, à ce moment-là,
subir des conditions sociales plus ou moins intéressantes qui les font
vivre plus souvent qu'autrement dans la pauvreté.
Je pourrais vous dire que le sort
généralement réservé à ces femmes
immigrantes lorsqu'elles doivent se trouver du traval est très souvent
comme genre de travail à effectuer celui d'opératrice de machine
à coudre... Vous savez fort bien que ce domaine n'est pas très
rémunérateur pour ces femmes et, plus souvent qu'autrement
à cause de la concurrence avec les pays en voie de développement,
on essaie de maintenir les salaires à leur plus bas niveau avec des
conditions de traval inacceptables. Très souvent, ces femmes doivent
exécuter le traval à la maison. On garde tout simplement dans les
petites entreprises des petits fabricants, uniquement la coupe et les patrons.
Ce qui veut dire que la majorité de ces femmes n'ont pas accès
à la sécurité de revenu; la plupart n'ont accès
à aucune prestation au plan du chômage ou quoi que ce soft. Ces
femmes maintiennent une situation de pauvreté de plus en plus importante
et c'est très diffide pour elles de s'en sortir.
Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine disait que 1988 devrait être l'année de la femme.
Il serait intéressant de savoir ce que la ministre
déléguée à la Condition féminine pense pour
les femmes immigrantes et quels seront ses projets de réforme qui
permettront aux femmes immigrantes de participer aux COFI. La plupart du temps,
ces femmes étant considérées comme Indépendantes et
n'étant pas soutiens de famlle, elles n'ont pas accès aux COR et
ettes ont donc de la difficulté à réaliser cette
intégration importante qui leur permettrait d'apprendre le
français et d'avoir en même temps accès au marché du
travail pour avoir un traval satisfaisant et bien
rémunéré.
Donc, cette clientèle, ces femmes qui n'ont pas accès aux
COFI, ont aussi des problèmes de taille parce que ces programmes sont
généralement offerts à des femmes qui ont des emplois
à temps plein. Donc, ce ne serait pas pour ce groupe de femmes. Le
problème qu'on rencontre aussi à l'intérieur des COFI,
c'est que les femmes qui participent à des COFI et qui n'ont pas un
emploi à temps plein ne peuvent bénéficier des services de
garderie. Est-ce que la ministre, lorsqu'elle parle d'une vraie politique de
garderie et des efforts substantiels qui ont été
déployés par son gouvernement pour développer un
réseau de garderies qui répondrait à toutes les attentes
de la majorité des familles québécoises et surtout des
femmes immigrantes autant que des femmes monoparentales, ne doit pas, encore
là, faire un constat d'échec? Ce n'est pas avec une maigre
augmentation de 6 % en prévision d'une augmentation de 1000 à
1500 places quand nous sommes très généreux, que nous
allons pouvoir répondre à tous ces problèmes. Ce n'est pas
de cette façon que nous allons favoriser l'intégration des femmes
immigrantes à la collectivité francophone.
De plus, je dirais que l'intégration de ces femmes est importante
parce que ce sont ces femmes qui doivent vivre quotidiennement avec leurs
enfants et ce sont ces femmes qui sont en relation constante avec leur milieu
et l'entourage. Si ces femmes ne possèdent pas suffisamment le
véhicule de la langue française, comment pourraient-elles,
à leur tour, enseigner à leurs enfants et favoriser cette
intégration que nous souhaitons tous pour une meilleure harmonie au
Québec et aussi parce qu'il est important, lorsqu'on connaît le
taux actuel de dénatalité. Lorsqu'on reconnaît la
croissance importante des familles immigrantes dans leur apport au chapitre de
la natalité, quand on fait cette équation, nous trouvons urgent
que des mesures et des moyens soient adaptés pour favoriser l'approche
de toutes ces femmes à la culture francophone et, surtout que ces femmes
puissent bénéficier des avantages des COFI et puissent avoir les
services qui leur permettent de participer aux programmes qui se donnent dans
les COFI. Le Parti libéral du Québec avait bien promis à
ce sujet de faciliter l'accès des femmes immigrantes aux programmes de
formation. Ce qu'on a tout simplement pu constater, c'était qu'un
montant de 400 000 $ avait été mis de l'avant pour mettre sur
pied un programme d'aide à la francisation des immigrants. Encore une
fois, ce programme ne s'adresse pas exclusivement aux femmes mais à
l'ensemble des immigrants. En ce qui concerne le volet de l'éducation,
c'est la mère qui, plus souvent qu'autrement, doit transmettre
l'éducation et c'est elle qui est favorisée dans les rapports et
les rapprochements avec son entourage. On devrait faire un effort particulier
pour que les femmes puissent recevoir une formation adéquate et qu'on
s'adresse en priorité parti-
culièrement à ces femmes.
L'intégration des immigrants à la majorité
francophone est vraiment importante et elle passe avant tout par la formation
linguistique de ces femmes. Quand le gouvernement les prive de cette formation
linguistique, eh bien, je peux vous dire que c'est toute la famille qu'il prive
et c'est une perte de temps pour l'intégration de ces familles à
la communauté culturelle. Je devrais vous dire aussi, concernant
l'accès à l'égalité, qu'une fois qu'on a pu
apprendre la langue, il faut avoir accès à des emplois
importants, bien rémunérés, et non pas que ces pauvres
femmes immigrantes demeurent constamment des femmes exploitées par le
système. Là encore, nous demandons que des mesures
réelles, incitatives, favorisent ces femmes pour qu'elles ne soient pas
exploitées; qu'on trouve le moyen de les intégrer et qu'elles
puissent se trouver un travail bien rémunéré et
très valorisant. Il est grand temps que l'on sorte ces femmes des
ghettos et qu'on les sorte de ce travail au noir. Elles ne peuvent pas faire
autrement, puisqu'elles n'ont pas d'autre choix, pour se trouver du travail,
que de travailler au noir. Cette forme de travail au noir les pénalise
grandement parce qu'elles n'ont accès à aucun
bénéfice, à aucune reconnaissance dans le monde du
travail, ce qui les retarde considérablement dans leur
intégration et ce, à tous les niveaux. Donc, M. le
Président, les programmes de formation linguistique mieux adaptés
aux besoins des femmes et les progrès d'accès à
l'égalité en emploi sont indissociables. Une meilleure
connaissance du français leur permettrait d'obtenir de meilleurs
emplois.
Pourquoi ne pas favoriser aussi ces gens à l'extérieur de
Montréal? Il se trouve aussi de l'emploi à l'extérieur de
Montréal. On pourrait leur donner, en régions, des
possibilités de s'intégrer. Cette motion fait partie des demandes
que nous faisons au gouvernement en lui disant: Qu'attendez-vous pour mettre
sur pied des structures qui favorisent l'intégration de tous ces gens
dans les différentes régions, là où ils seraient
assurés d'avoir de l'emploi, d'être bien
rémunérés et de participer, comme dans un bain
d'immersion, à la culture française et francophone? Encore
là, nous devons faire un autre constat d'échec: il n'y a
absolument rien de proposé par le gouvernement, même pas dans les
intentions, alors que généralement nous pouvons au moins entendre
certaines bonnes intentions et des âmes pleines de bonne volonté.
En arrière, on entend la chorale chanter et chuchoter que, oui, tout le
monde est plein de bonnes intentions, sauf que tout le monde veut aller au ciel
mais personne ne veut mourir. Donc, c'est un gouvernement plein de bonnes
intentions, mais qui n'est pas capable concrètement de livrer la
marchandise et de favoriser l'intégration de ces personnes. (17 h
10)
Donc, M. le Président, je peux vous dire qu'il reste
énormément à faire dans ce domaine si nous voulons une
intégration véritable de toutes les communautés
culturelles à la société française
québécoise, favoriser leur intégration et permettre
à ces femmes aussi de participer davantage, de communiquer davantage
avec leur entourage et de favoriser un échange de bon voisinage avec
justement tout ce que cela peut comporter. Vivre dans l'isolement, c'est une
situation pénible pour ces gens. Déjà, elles ont un choc
culturel parce qu'elles doivent quitter un pays pour s'intégrer dans un
autre pays. Leur faire vivre l'isolement parce qu'elles ne possèdent pas
la langue, parce qu'elles ont de la difficulté à vivre une bonne
camaraderie, un bon voisinage, cela peut aussi amener d'autres aspects
très négatifs, c'est-à-dire tout ce qu'on appelle les
problèmes de santé mentale. Actuellement, au CSS de
Montréal, on peut voir qu'il y a d'énormes problèmes
à l'heure actuelle, surtout dans les différents groupes ethniques
et de plus en plus de services sont en demande, mais là comme ailleurs,
il manque de services. On ne peut plus répondre à ces besoins qui
deviennent de plus en plus pressants.
Il y a des poches de pauvreté à l'heure actuelle chez les
différents groupes ethniques. Il est urgent et impératif
même de mettre en place des moyens qui favorisent leur
intégration. Quand je vous disais précédemment que la
meilleure façon de leur permettre de s'intégrer ici au
Québec et d'avoir des chances d'égalité en emploi, cela
doit passer d'abord et avant tout par ce respect de la langue, par ce respect
aussi de la majorité. Mais si on n'a pas l'intention, si on ne peut pas
susciter cet élan vers la majorité, je pense que nous devrons
subir ce jeu de bascule que nous voyons chez nos jeunes particulièrement
qui ont plus de facilité, qui sont plus enclins à s'identifier
à la culture anglaise parce que plus incitative.
Quant à la visibilité, je pourrais vous dire qu'à
l'heure actuelle, il y a une nette démarcation entre les
téléromans francophones et anglophones où 6 % seulement
des groupes culturels sont représentés à
l'intérieur des téléromans francophones alors qu'à
la télévision anglophone, il y a une représentation de 9
%. Je pense qu'encore là, au niveau de la visibilité, il y a un
effort constant que nous devons déployer et c'est le rôle d'un
gouvernement de mettre des moyens pour favoriser justement cette
intégration. C'est pourquoi nous tenons à ce que ça se
fasse dans les plus brefs délais parce que vous savez, c'est long
l'intégration, cela ne se fait pas dans une génération
spontanée. C'est pourquoi nous disons: Commençons tout de suite.
Commençons par les mères qui pourront dialoguer avec leurs
enfants et qui pourront favoriser cet échange dans la maison, un esprit
important dans la maison. C'est là vraiment que le gouvernement doit
démontrer sa volonté.
Encore là, est-ce que la ministre déléguée
à la Condition féminine prendra son rôle au
sérieux? Fera-t-etle des pressions auprès de ses
collègues pour favoriser cette catégorie de femmes qui ont un
besoin pressant à l'heure actuelle de sortir de leur isolement et de ces
emplois minables, de ces emplois mal rémunérés où
plus souvent qu'autrement elles sont exploitées par le système?
Je pense qu'il est grand temps que des mesures, des moyens soient mis de
l'avant. Au-delà des mots, il faut avoir vraiment du concret, qu'on
arrête les beaux discours de l'autre côté de la Chambre,
qu'on arrête de faire des gorges chaudes en disant: Nous, nous sommes
bons, nous, nous faisons mieux que les autres. Concrètement, dans la
réalité de tous les jours, que peut-on comptabiliser, quels sont
les résultats que nous pouvons contrôler? Et c'est sur ce
côté que nous nous attardons et c'est sur ce côté
aussi qu'il faut que de plus en plus on développe ces contrôles
qui pourraient justement démontrer à la population
québécoise en général et surtout aux groupes
ethniques qui ont l'impression d'être entre les mains d'un gouvernement
qui les favorise le plus largement possible alors qu'on s'aperçoit qu'il
y a supercherie...
C'est à ce niveau que nous vouions davantage de contrôles
pour démontrer à l'ensemble de la population
québécoise et plus particulièrement à l'ensemble
des femmes immigrantes du Québec que nous souhaitons largement que,
comme groupe de femmes, elles appartiennent à notre collectivité
et qu'elles sortent de l'isolement, qu'elles soient des concitoyennes à
part entière. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Nous allons maintenant poursuivre avec
l'intervention du député de Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci beaucoup, M. le Président. À mon
tour, I me fait plaisir d'intervenir sur la motion qui est
réservée, le mercredi, à l'Opposition officielle.
Aujourd'hui, la motion du député de Saint-Jacques demande
à l'Assemblée nationale de trouver ou d'adopter des mesures
nouvelles et vigoureuses garantissant l'intégration des immigrants
à la majorité francophone du Québec.
Bien que la décision sur la recevabilité de l'amendement
de mon collègue de Viger et adjoint parlementaire de la ministre ne soit
pas encore connue, j'aimerais tout d'abord, au même titre que Mme la
députée de Marie-victorin, déplorer le pourcentage aussi
minime de la représentativité des communautés culturelles
à l'intérieur de la fonction publique québécoise.
Elle a cité certains chiffres et j'aimerais en citer d'autres qui
datent, ceux-là, de près de 50 ans.
Selon les chiffres des statistiques officielles, en 1941, 8 % de la
fonction publique québécoise était
représentée par des membres des communautés culturelles.
Vingt ans plus tard, en 1961, ce nombre était réduit à 5,
7 %. En 1965, nous avions encore une réduction, soit 4, 8 % des membres
des communautés culturelles à l'intérieur de la fonction
publique.
En 1979, sous le règne du Parti québécois, le taux
diminuait à 2, 7 %. En 1982, encore une diminution et cela, après
la divulgation et la publication de son plan d'action destiné aux
communautés culturelles en 1981. En effet, en 1981, quelques mois avant
l'élection générale, Jacques-Yvan Morin qui était,
à ce moment-là, superministre du gouvernement péquiste,
avait annoncé un grand plan d'action à l'intention des
communautés culturelles. Ce plan d'action avait comme objectif principal
d'augmenter la proportion des communautés culturelles à un
chiffre de 9 % ou de 10 %. Malheureusement, après quatre ans
d'application de son plan d'action, le propre comité mis en place par
l'ancien gouvernement du Parti québécois, le comité
d'implantation du plan d'action à l'intention des communautés
culturelles arrivait à la conclusion que c'était un échec
et que moins de 10 % des objectifs prévus dans le plan d'action avaient
été réalisés.
Je ne suis pas ici pour faire un débat partisan mais pour dire
que le gouvernement libéral de M. Robert Bourassa et sa ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration ont fait d'énormes
efforts, depuis 1985, pour voir à l'intégration de nos nouveaux
arrivants ou de nos immigrants, en général. La ministre a
mentionné dans son discours de mercredi dernier plusieurs programmes qui
ont été mis en place par notre gouvernement, notamment le
programme PAFI qui voit à donner encore plus de cours de français
aux femmes immigrantes. Elle a également parié des revendicateurs
du statut de réfugié disant qu'avant avril dernier, sous l'ancien
gouvernement, les revendicateurs du statut de réfugié n'avaient
aucune possibilité d'obtenir des cours de français.
Mon collègue et ministre de la Justice a mentionné
tantôt qu'effectivement le gouvernement libéral, après
1985, s'était organisé pour faire adopter toutes les mesures afin
que nous puissions avoir des programmes d'accès à
l'égalité, notamment pour les communautés culturelles. Je
me souviens, - j'étais dans l'Opposition à l'époque - que
l'ancien chef du Parti québécois avait dit à Défi
'85 que nous aurions des programmes d'accès à
l'égalité mais pour les femmes, évidemment, nous n'avons
rien contre tes programmes d'accès à l'égalité pour
les femmes, mais 8 y avait eu un tollé à ce moment-là,
parce qu'on n'avait prévu des programmes que pour les femmes. Le
gouvernement du Parti libéral du Québec, son Conseil des
ministres et sa ministre responsable ont l'intention d'appliquer lesdits
programmes d'accès à l'égalité non seulement pour
les femmes mais également pour les communautés culturelles et les
handicapés. (17 h 20)
Le débat que nous avons aujourd'hui n'est évidemment pas
nouveau. Pour faire un peu d'histoire, dans les années cinquante,
sobcante,
soixante-dix, déjà, à ce moment-là, notre
taux de natalité régressait La plupart des immigrants qui
venaient au Québec à cause de l'attraction anglaise en
Amérique du Nord, s'anglicisaient en s'intégrant aux milieux
anglophones du Québec.
Cest à ce moment-là que le gouvernement de Robert
Bourassa, en 1974, a fait adopter ici même, à l'Assemblée
nationale, une loi qui faisait du français la seule langue officielle au
Québec. Ladite loi obligeait également les immigrants qui
n'étaient pas de vielle souche, soit anglaise ou française,
d'envoyer leurs enfants à l'école française.
Évidemment, à ce moment-là, ce n'était pas facile
puisque les minorités, les immigrants qui venaient au Canada avaient
peut-être reçu une mauvaise information à l'étranger
lorsqu'ils faisaient une demande d'admission comme immigrants. Ils venaient en
Amérique du Nord sachant qu'au Canada M. y a 73 % d'anglophones, et
comme le Québec fait partie du Canada, iIs ne s'imaginaient pas que le
Québec formait véritablement, déjà à ce
moment-là et depuis longtemps, une société distincte, une
société différente.
Les gouvernements, autant celui du Parti libéral des
années soixante-dix que celui du Parti québécois
après l'année 1976, ont fait en sorte que la législation a
continué, sur le plan linguistique, avec la loi 101. Évidemment,
comme l'a dit Mme la ministre des Communautés cultu-relles et de
l'Immigration, le travail n'est pas terminé, bien au contraire, iI ne
fait que se poursuivre. C'est pour cette raison que dans les prochains mois,
dans les prochaines années, nous avons l'intention d'adopter d'autres
mesures pour favoriser effectivement cette intégration des
communautés culturelles, des nouveaux arrivants, des immigrants à
la majorité francophone du Québec.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, alors que j'étais
député de l'Opposition, avant 1985, de faire une tournée
des communautés culturelles à Montréal. Il est vrai que 90
% des communautés culturelles sont concentrées dans la
région de Montréal. C'est à ce moment que j'ai
réalisé jusqu'à quel point plusieurs communautés
cultu-relles québécoises d'origine ethnique se sentaient
délaissées dans notre société
québécoise. C'est pour cette raison que non seulement dans la
fonction publique, mais dans toutes les institutions, nous devrons faire des
efforts, sans partisanerie, sans se lancer des flèches d'un
côté à l'autre de la Chambre, pour que lesdites
communautés puissent avoir une plus grande représentation dans la
fonction publique.
Mme la Présidente, je sais que mon collègue de Sainte-Anne
veut obtenir un droit de parole, mais jusqu'à ce que vous
décidiez de la receva-biité de l'amendement
présenté par mon collègue de Viger, je tiens à vous
dire que je voterai pour son amendement, pour la motion principale
également parce que, contrairement à ce qu'a dit le
député de Saint-Jacques, évidemment, on parle d'autres
mesures, tenant pour acquis qu'on a déjà adopté des
mesures. C'est sûr que ma priorité va à l'amendement du
député de Viger.
Mme la Présidente, je suis heureux d'avoir contribué
à ce débat si important pour la société
québécoise et je vous remercie de votre bonne attention.
Décision de la Vice-Présidente sur la
recevabilité de la motion d'amendement
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Marquette. Je suis prête à rendre ma décision concernant la
recevabilité de l'amendement proposé par le député
de Viger. Conformément à l'article 197 de notre règlement,
l'amendement doit concerner le même sujet et ne peut aller à
l'encontre du principe de la motion. L'amendement proposé par le
député de Viger ne change pas fa nature de la motion et
n'écarte pas la question principale. L'amendement ne vient qu'ajouter
une précision au sens de la motion principale. En effet, l'amendement,
tout comme la motion principale, invite le gouvernement à mettre en
place des mesures nouvelles garantissant l'intégration des immigrants
à la majorité francophone du Québec.
Ma décision étant rendue, je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant, M. le chef de l'Opposition.
Reprise du débat M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Mme la Présidente, je voudrais tout
simplement vous dire, au début, que nous n'avons pas le droit de
contester la décision de la présidence, je le reconnais, mais
vous me permettrez d'ajouter, cependant, que c'est la première fois que
je vois 'poursuivre des mesures nouvelles*. Ordinairement, 'poursuivre"
n'existe pas quand on introduit de nouvelles mesures. Il faut croire que le
vocabulaire de l'Assemblée nationale nous permet de dire qu'on peut
poursuivre ce qui n'existait pas, alors que nous parlions d'introduction de
mesures nouvelles. C'était donc la mise sur pied de mesures nouvelles
qui n'existaient pas naturellement. Cela dit, si c'est là votre
décision, Mme la Présidente, on se contentera de vous dire qu'on
est surpris.
L'intégration des immigrants à la communauté
francophone est un souci que tous les parlementaires devraient avoir et ce,
d'une façon constante, parce que, avec le taux de
dénatalité que nous connaissons au Québec, l'immigration
va devenir de plus en plus ouverte. Les valves seront ouvertes à
l'immigration et iI y a des points très importants dont 1 faut
immédiatement que le gouvernement tienne compte pour qu'on en arrive
à poser des gestes très concrets.
Personnellement, vous me voyez très inquiet, Mme la
Présidente, de savoir que c'est la commission scolaire protestante du
grand
Montréal qui s'occupe de l'intégration des
immigrants à la communauté francophone, quand on sait qu'elle a
toujours existé en fonction de l'enseignement aux anglophones. La PSBGM,
c'est la Protestant Schoolboard of Greater Montreal, et cela est textuel. On
sait très bien, Mme la Présidente, qu'elle a toujours
été consacrée à l'enseignement des anglophones
québécois. Mais on lui confie, de plus en plus, cette
responsabilité de procéder à l'intégration
linguistique des immigrants à la majorité francophone
québécoise. Cela m'inquiète. Je suis d'ailleurs surpris de
voir qu'on ne réagit pas à cela, qu'on ne change pas cette
orientation-là, qu'on ne s'assure pas que les allophones qui arrivent au
Canada, qui arrivent au Québec ne soient pas intégrés
à la majorité francophone du Québec par les structures
francophones québécoises destinées aux francophones
québécois. C'est non seulement une surprise, c'est une
inquiétude, Mme la Présidente, et j'ose espérer qu'on sera
en mesure de rectifier ce tir dans les meilleurs délais, parce qu'on
nous apprend qu'il y a des directeurs d'écoles, des directeurs
généraux d'études qui ne disent pas un traître mot
de français et qui, pourtant, ont la responsabilité de
procéder à l'intégration des immigrants à la
communauté francophone québécoise.
Mme la Présidente, ce sont des choses aberrantes,
des choses qu'on ne peut tolérer, des choses qu'on ne saurait
tolérer plus longtemps. Plus que cela, Mme la Présidente, vous
savez, un immigrant qui arrive ici veut savoir comment cela se passe chez nous.
Je pense qu'on a oublié une dimension, et pas seulement depuis
aujourd'hui, on a oublié que, pour intégrer un immigrant à
la majorité francophone, il faut aussi lui montrer son histoire,
l'histoire de cette majorité francophone. Il faut lui faire partager le
passé et il faut lui faire vivre le présent. Et faire vivre le
présent, c'est penser comme la majorité francophone, penser en
français, pas en anglais. Ce n'est pas lui donner quelques cours de
français et lui donner un entourage et un emballage exclusivement
anglophones dans sa vie de tous les jours. Il faut absolument permettre
à l'immigrant d'apprendre l'histoire du Québec, d'apprendre
l'histoire des francophones québécois, d'apprendre l'histoire de
la communauté française, de la communauté francophone, et
de s'intégrer à la vie de tous les jours.
On fait une erreur fondamentale présentement au
Québec dans le domaine de l'immigration, c'est qu'on est en train de
"montréaliser" l'immigration. Tous les allophones, tous les immigrants
qui entrent ici sont parachutés, comme par hasard, à
Montréal. Et sur cela, il y a des dirigeants de communautés
ethniques qui nous disent: Cela devient un petit peu inquiétant parce
qu'on veut bien vivre la vie des Québécois, mais il y a des
jeunes... Il y a\ un jeune Laotien - je vous raconte l'histoire, \ Mme la
Présidente - qui nous accompagnait dans la tournée que l'on
faisait l'automne dernier et qui nous disait: Combien de francophones
êtes-vous au Québec? Vous ne devez pas être nombreux parce
que, moi, dans mon quartier, je sors de chez nous, tous mes voisins, tout le
bloc, ce sont des anglophones. Je suis un immigrant et je veux bien
m'intégrer à votre communauté francophone, mais vous
n'avez pas l'air nombreux au Québec. Quand on lui a appris qu'on
était au minimum 5 000 000 de Québécois francophones sur 6
000 000, il n'en revenait pas. Il a dit: Comment se fait-il qu'à
Montréal, quand je me promène, dans les restaurants, dans les
magasins, à l'école, tout est en anglais? Comment se fait-il que
vous soyez si nombreux et qu'on considère que vous n'êtes pas
présents? (17 h 30)
C'est purement et simplement que la majorité de ces
groupes ethniques, ces immigrants, sont concentrés à
Montréal et, pourtant, on a des exemples à la tonne, Mme la
Présidente - à la tonne, il faut s'entendre parce qu'il y en a
peu - par dizaines et par centaines de communautés ethniques, des
groupes d'immigrants qui sont venus s'installer, qui sont venus ouvrir leur
petit commerce, qui sont venus se bâtir et ont décidé de
vivre en régions, se sont intégrés très facilement
à la communauté francophone.
Dans ma région, il y a des familles de Libanais qui
sont en affaires et qui sont très bien intégrés à
la majorité francophone de ma petite ville de Joliette. Il y a des
Laotiens qui travaillent dans certaines industries qui parient un excellent
français, qui se sont intégrés à la
communauté francophone et qui n'ont pas eu de difficulté.
Pourquoi? Parce que l'entourage, l'ambiance était fonction de cela, bien
sûr. C'était une majorité francophone qui les accueillait,
avec qui ils devaient dialoguer. Ils ont appris à vivre et à
penser en français et à ne pas s'intégrer à la
minorité anglophone du Québec.
Ce n'est pas pour rien que je parie de
"démontréalisation" de l'immigration. On aura des
problèmes majeurs tantôt si on continue à persister
à laisser l'immigration ou les immigrants aller exclusivement dans la
ville de Montréal. Il faut absolument concevoir des politiques
nouvelles. Il faut absolument concevoir des programmes de soutien, des
programmes d'encadrement, permettant à ces immigrants d'aller un peu
partout dans le Québec, à s'incorporer à la
majorité francophone. C'est tout à fait légitime. Que je
sache, il n'y a aucun député en cette Chambre qui est d'accord
avec le fait que les immigrants qui viendront grossir le nombre de
Québécois ne s'intégreront pas à la majorité
francophone. Je n'en ai pas entendu un.
Comme Parlement défendant les idées de ce
peuple majoritaire que nous formons en Amérique du Nord, le
Québec, la communauté francophone, il me semble qu'il faut
prendre toutes les mesures possibles. Tous les programmes, il faut les mettre
sur pied pour faciliter cette intégration des allophones à la
majorité francophone
québécoise. Je ne vous dis pas que c'est facile, d'autant
plus que le laxisme actuel dans le domaine linguistique, je vous avoue que
c'est une abdication. Ce n'est même plus du laxisme. On est rendu
à 15 000, 16 000 plaintes par année en violation de la charte des
droits linguistiques, alors qu'on en avait préalablement 1200, 1500 par
année. Je ne dis pas que ces gens-là ne sont pas portés
à s'intégrer à la minorité anglophone
québécoise. Pourquoi? Bien, ils ne sentent pas de volonté
politique. Ils ne sentent pas de volonté politique de la part de ce
gouvernement de s'incorporer, de s'intégrer à la majorité
francophone. Vous savez, Mme la Présidente, quand on voit que la
structure scolaire chargée d'édu-quer les anglophones,
d'enseigner aux anglophones, devient le grand responsable sur l'île de
Montréal de l'intégration des francophones, il y a de quoi
être inquiet. Il y a de quoi s'interroger.
La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles -
ceux qui ont vu la période de questions cet après-midi - quand on
voit de quel bois elle se chauffe, quand on voit comment elle peut être
perdue, quand on sait que c'est elle qui a commencé à
écrire en anglais aux communautés ethniques, quand on sait que
c'est elle qui ne s'exprime qu'en anglais devant les communautés
ethniques, comment ces gens-là peuvent-ils croire qu'il y a une
volonté politique au Québec de voir ces allophones, ces groupes
ethniques s'intégrer à la majorité francophone? Ils ont
tout ce qu'il faut pour faire le contraire et on tente de diminuer notre motion
en disant: "continuer - imaginez-vous - poursuivre la mise en place de mesures
nouvelles et vigoureuses." Qu'est-ce qu'ils ont fait d'abord? Il faudrait au
moins qu'ils disent ce qu'ils ont fait pour dire qu'ils veulent poursuivre
quelque chose de nouveau. Pouvez-vous poursuivre quelque chose qui n'existe
pas? Il me semble qu'on introduit quelque chose, des mesures nouvelles, mais
peut-on poursuivre des mesures nouvelles quand elles n'existent pas? Sur le
plan de la logique, sur le pian strictement de la logique, Hs ont essayé
de diminuer notre motion, de lui faire perdre son sens parce que le sens
profond de notre motion, Mme la Présidente, avec tout le respect que
j'ai pour l'Assemblée nationale, le sens intégral de cette
motion, c'est de mettre en place des mesures nouvelles visant à
favoriser l'intégration des immigrants à la communauté
francophone québécoise. Il n'y a rien de plus clair que
ça. C'est sûr qu'on va être obligé de voter sur une
motion qui dit: "Poursuivre des mesures nouvelles." Poursuivre des mesures
nouvelles qu'on ne connaît pas. Il me semble que c'est un non-sens. C'est
ridicule en sol, je vous le dis. Je ne comprends pas que nos règlements
puissent nous conduire à de telles aberrations. En tout cas, vous me
voyez au moins surpris.
Mme la Présidente, tout ce que je peux dire, c'est que, comme
Opposition, nous allons nous battre et essayer de proposer des mesures à
l'ensemble des Québécois, lors de notre congrès
d'orientation. Cela fera partie, bien sûr, de nos réflexions pour
donner aux Québécois un ensemble de mesures qui
démontreront au moins la volonté d'une formation politique qui
vise une chose, que nous devrons, un jour ou l'autre, à très
court terme, ouvrir les valves à l'immigration. Cependant, il y aura au
moins une formation politique au Québec qui voudra que ces allophones
qui viendront enrichir notre collectivité s'intègrent, non pas
à une minorité qui visera à marginaliser le peuple
québécois, mais s'intègrent à la communauté
francophone pour enrichir notre culture et faire en sorte que ce Québec
demeure un pays français.
La Vice-Présidente: Merci, M. le chef de l'Opposition.
M. le député de Sainte-Anne, j'aimerais vous rappeler
qu'il reste sept minutes à votre formation politique. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximiiien Polak
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Mieux vaut sept
minutes que rien!
Mme la Présidente, pour le peu de temps qu'il me reste, j'ai
voulu intervenir dans ce débat parce que j'ai peut-être un message
personnel à livrer. Je suis un député d'origine
hollandaise venu ici comme immigrant en 1952, de la Hollande, alors que
j'étais un jeune homme; je ne dis pas mon âge, mais j'étais
jeune. On parie souvent de l'ouverture d'esprit et de la
générosité des francophones. Si les francophones et les
citoyens du comté de Sainte-Anne ont élu en 1981 quelqu'un qui ne
parie pas vraiment, comme première langue, ni le français ni
l'anglais, mais qui parie le hollandais, - et il n'y a pas beaucoup de
Hollandais au Québec, - je pense que c'est un réel
témoignage de la générosité d'esprit des
francophones que l'on doit respecter. Je les en remercie et je les
félicite pour cette ouverture d'esprit.
Des voix: Bravo!
M. Polak: Mme la Présidente, j'étais ici durant
tout ce débat. J'ai écouté les députés
parier. La semaine dernière, j'ai écouté la
députée de Chicoutimi; c'est une femme que j'apprécie
bien; elle fait bien son travail. À un moment donné, je lui ai
dit: Madame, s'il vous plaît, ouvrez donc un peu les fenêtres de
votre âme. Vous êtes pessimiste à ce point de vue-là.
Nous sommes optimistes. Vous êtes négative et nous sommes
positifs. Il y a tout de même une grande différence. Dans ce
débat qu'on fait devant vous, Mme la Présidente, je note vraiment
la grande différence entre les deux idéologies, celle du Parti
libéral du Québec et celle du Parti québécois.
C'est vraiment maintenant là que je vois la grande
différence qui existe. Vous avez une
philosophie que je ne peux accepter. Nous, nous sommes
intégrés a une équipe. Je pense que c'est important.
Même avec les tensions qui existent sur le plan linguistique, nous avons
intégré dans notre équipe des francophones, des
anglophones et des allophones, toutes sortes de types québécois
récents ou de longue date qui travaillent ensemble pour le
bien-être de la province.
Mme la Présidente, on parle de l'intégration des
immigrants. J'en suis convaincu, quand j'observe comment la province de
Québec a progressé depuis 1952. Quand je suis arrivé
à Montréal en 1952, je peux vous assurer, Mme la
Présidente, que j'ai immédiatement compris qu'il fallait vivre et
travailler en anglais pour réussir. C'était la condition à
ce moment-là. Je compare 1952 avec aujourd'hui et il y a un
énorme progrès pour le bien-être de toute la
communauté francophone et de tout le Québec. J'ai
été le premier étudiant étranger à la
Faculté de droit de l'Université de Montréal. Je leur
disais: Si je veux pratiquer comme avocat, il faut que je parle la langue de la
majorité; au moins, je serai capable d'interroger un témoin dans
sa propre langue. Dans le temps, tout le monde allait à McGill. Tous les
immigrants étaient à McGill et, moi, j'étais à
l'Université de Montréal, non pas parce que je suis plus
intelligent qu'un autre, mais parce que je trouvais bien normal de le faire. Je
trouvais que c'était une question de sentiments. Mme la
Présidente, je peux vous dire que, dans la communauté d'où
je viens, la communauté hollandaise, tous ces sentiments sont maintenant
ceux de tout le monde. Les immigrants, les nouveaux arrivés qui viennent
maintenant dans le pays sont les bienvenus. N'oublions pas que les francophones
sont plus ouverts d'esprit qu'ils ne l'étaient. Ils sont beaucoup plus
ouverts d'esprit en 1988 qu'ils ne l'étaient en 1952. (17 h 40)
J'ai ici un petit livre publié en 1981 quand le Parti
québécois était au pouvoir. Je retiens les documents que
vous publiez, c'est intéressant de les citer. Le ministre du temps
était M. Godin. Il disait: "Les immigrants étaient exclus,
à cause de leurs croyances religieuses, du système scolaire
catholique francophone et ils n'avaient pas trouvé d'école
protestante francophone capable de les accueillir. Les premiers arrivants
n'avaient même pas été informés dans leur pays
d'origine du fait que le Québec est une terre française. Ils
étaient donc devenus pour la plupart, et presque par la force des
choses, des anglophones. C'est la situation qui était décrite en
1981.
Donc, quand on dit maintenant à notre gouvernement: Qu'avez-vous
fait depuis que vous êtes ici, je peux d'abord répondre: Vous
n'avez pas fait beaucoup de 1981 à 1985. Je peux vous assurer que depuis
1985 parce que je vois le programme... Et même je peux vous assurer d'une
chose: notre ministre qui est souvent attaquée, je trouve, un peu
injustement, est présente parce que je l'ai souvent vue dans les
communautés culturelles de Montréal. Elle est invitée,
elle explique les programmes d'accueil du Québec, elle parle à
tous ces groupements. Je pense qu'elle fait une tâche formidable. Qui
montre, justement, comment les francophones sont prêts à
accueillir des immigrants. Et à qui l'expliquer mieux qu'à ceux
de ces origines-là qui sont déjà ici?
Mme la Présidente, je sais que le député de
Saint-Jacques a un droit de réplique d'une quinzaine de minutes.
Peut-être va-t-il dire: Oui, le député de Sainte-Anne, lui,
s'est intégré, mais les autres ne se sont pas
intégrés. Je peux vous dire, M. le député de
Saint-Jacques. S'il vous plaît, soyez optimiste, soyez convaincu que
l'avenir est pour la francophonie, pour une société où on
peut vivre ensemble en harmonie. S'il vous plaît, dans le débat
linguistique qui va venir plus tard, tentons donc tous ensemble sans
partisanerie de rester unis pour, justement, promouvoir les
intérêts du Québec et ne pas nous déchirer entre
nous. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Sainte-Anne. M. le député de Saint-Jacques, votre réplique
de quinze minutes.
M. André Boulerice (réplique)
M. Boulerice: Oui. Mme la Présidente, en
commençant, je ne peux m'empêcher de relever les paroles du
député de Sainte-Anne et de lui dire qu'au-delà de nos
appartenances politiques mutuelles il est effectivement, en privé, d'un
commerce agréable. J'ai bien apprécié la fin de son
intervention. Non, quand je disais de commerce agréable, je n'ai jamais
voulu sous-enten-dre que, pour serrer la main du député de
Sainte-Anne, il fallait donner 500 $ à la caisse du Parti
libérai. Je ne voudrais pas laisser cette impression. Cela est
peut-être valable pour le président du Conseil du trésor,
mais, fort heureusement, le député de Sainte-Anne, lui, ne mange
pas de ce pain, si je peux employer cette expression.
J'aimerais ajouter aux propos du député de Sainte-Anne,
qui faisait état avec une fierté tout à fait
légitime, Mme la Présidente, de ses origines
néerlandaises, que s'1 est un pays que je connais bien en Europe puisque
j'y ai de nombreux amis, c'est bien le royaume des Pays-Bas. Les Pays-Bas ont
comme devise - d'alleurs, la devise sur les armoiries du royaume est en
français - corrigez-moi si je me trompe, M. le député de
Sainte-Anne: 'Je maintiendrai. '
J'aimerais, M. le député de Sainte-Anne, que vous vous
rattachiez a la devise de votre pays d'origine et que, de coeur avec moi, vous
disiez: Je maintiendrai le caractère français du Québec.
Je vois votre acquiescement. Je note que vous êtes peut-être
dissident dans votre formation politique, mais, enfin, I y en a au moins un qui
spontanément le fait, et je vous en félicite.
Cela étant dit, Mme la Présidente, je proposais une
motion, mercredi dernier 'Que
cette Assemblée exige du gouvernement libéral
des mesures nouvelles et vigoureuses garantissant l'intégration des
immigrants à la majorité francophone du Québec." Il y a eu
un amendement présenté par le leader adjoint et
député de Frontenac. Nous avons donc actuellement devant nous une
résolution qui dit: "Que cette Assemblée exige du gouvernement
libéral qu'il poursuive la mise en place de mesures nouvelles et
vigoureuses garantissant l'intégration des immigrants à la
majorité francophone du Québec."
Vous avez rendu votre décision quant à la
recevabilité de cet amendement, Mme la Présidente. Il n'est pas
question pour moi de contester votre jugement et votre autorité, mais je
me permettrai, quand même, de dire que, si le langage parlementaire et le
langage juridique ont certaines formes, quelquefois, l'on peut constater,
malheureusement avec tristesse, que c'est une atteinte au génie
même de la langue. Je pense que cela n'a pas le même sens.
De toute façon, allons aux questions de fait. Comme
le soulignait mon collègue, le député de Joliette et chef
parlementaire de l'Opposition officielle, ceux qui ont assisté à
la période des questions tantôt ont entendu l'actuelle ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration nous avouer - il
était temps, après deux ans et demi d'exercice de ses fonctions -
qu'elle aimait son ministère. Sauf que vous ne pourrez pas
m'empêcher de déplorer, malheureusement, son absence en cette
Chambre pour un sujet aussi intéressant et aussi relié à
l'action de son ministère.
L'intégration, effectivement, passe par plusieurs
mesures. Ma collègue, la députée de Marie-Victorin et
porte-parole de l'Opposition en matière de condition féminine, a
donné le volet de la femme immigrante qui a souvent été
exploitée et qui, dans ce pays, risque d'être handicapée si
elle ne parle pas français puisque le français est et doit
être, quoique actuellement cela soit lourdement hypothéqué,
la langue de travail. Dieu sait que ces femmes et ces familles immigrantes
arrivent ici quelquefois dans un état de dénuement tel qu'il est
impérieux pour elles de trouver un emploi le plus rapidement possible.
Rien n'est plus naturel que d'être obligé de parler le
français puisque c'est la langue de la majorité au
Québec.
Oui, il y a également l'histoire. On pourrait
apprendre à ces jeunes immigrants, et c'est un grave défaut du
gouvernement, l'histoire, savoir que par la langue française, qui est le
véhicule commun de communication au Québec, Hs appartiennent
à une civilisation prestigieuse, qu'ils s'inscrivent aussi dans une
histoire glorieuse qui est celle du Québec. Combien de ces immigrants,
de ces Québécois nouveaux, comme j'aime les appeler, de ces
jeunes connaissent ces pages de notre histoire nationale? Nous sommes en 1988.
En 1837 et 1839, la rébellion des Patriotes a été une
grande victoire, malgré tout. Même si militairement cela fut une
défaite, cela a été une grande victoire contre l'occupant
et surtout contre l'oppresseur britannique qui niait aux
Québécois des droits élémentaires, qui avait,
d'ailleurs, exacerbé la population à un point tel qu'elle a senti
le besoin de prendre les armes pour défendre le seul coin de terre en
Amérique du Nord où elle se sentait chez soi.
Effectivement, puisque nous parlions de l'histoire, M. le
député de Sainte-Anne n'était pas dans l'erreur en disant
que notre système avait fait en sorte que, malheureusement, durant trop
longtemps, ceux qui n'étaient pas de la religion de la majorité
étaient écartés des écoles
fréquentées par la majorité. C'est, d'ailleurs, la raison
pour laquelle le gouvernement du Parti québécois a
proposé, dans le projet de loi présenté par le père
de la loi 101, le Dr Laurin, ancien député de Bourget, une
réforme du système scolaire québécois fondée
sur le critère linguistique et non pas sur le critère religieux.
(17 h 50)
Je me rappelle avec énormément de tristesse
l'obstruction systématique, j'oserais même dire vicieuse, d'une
bonne partie de l'Opposition qui avait mobilisé des
éléments extrêmement rétrogrades dans notre
société pour empêcher une réforme aussi importante.
L'un de ceux, d'ailleurs, qui l'avaient le plus combattue est l'actuel ministre
de l'Éducation, M. Ryan, dans des articles un peu du genre encyclique,
pour ne pas dire bulle, qu'il a écrits régulièrement dans
le journal Le Devoir et, ensuite, en Chambre puisqu'il a été
temporairement chef du Parti libéral pour être remplacé peu
de temps après avec le retour de M. Bourassa. Donc, effectivement, une
partie de la population a malheureusement été exclue de nos
écoles françaises.
J'ose espérer que, lors de nos discussions sur la
réforme des structures scolaires au Québec, l'ancienne
Opposition, le gouvernement actuel, tiendra des propos beaucoup plus
axés vers l'avenir, beaucoup plus articulés en fonction de
l'intégration des nouveaux arrivants à la majorité
francophone qu'il ne l'a fait au cours des dernières années
lorsque nous avons discuté de ce problème.
L'amendement qui est devant nous et qui va constituer... La
loi du nombre oblige, quoiqu'il y ait quand même des défaites en
Chambre. Même si le gouvernement a la majorité, l'Opposition a
défait le gouvernement en Chambre, hier, sur un projet de loi important
qui était le recensement des électeurs où on a
constaté, malheureusement, un déni de démocratie de
l'autre côté qui m'a profondément attristé. Donc,
l'Assemblée nationale va exiger par cette motion du gouvernement
libéral qu'il poursuive la mise en place de mesures nouvelles et
vigoureuses.
Voilà que je ne cesse d'indiquer charitablement
à celle qui occupe encore, toujours, peut-être, les fonctions de
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration qu'R faut
"démé-tropoliser" l'immigration. Le chef parlementaire de
l'Opposition a donné l'exemple de Joliette, qui
est ma ville natale - je le dis avec beaucoup de fierté -
où des communautés culturelles d'origine libanaise, d'origine
syrienne, des populations juives en provenance d'Europe centrale, d'origine
italiennes se sont intégrées d'une façon exemplaire
à la majorité francophone parce que, justement, elles
étaient dans un environnement on ne peut plus francophone que cette
belle et coquette vile de Joliette. Effectivement, tout au long de cette
tournée que l'Opposition a faite cet automne au Québec en entier,
combien de groupes, combien de Québécois nouveaux ont
réclamé cette "démétropolisation" de l'immigration
en disant d'une façon accueillante: Oui, nous, dans la région de
l'Abitibi, nous, dans la région du Témiscamingue, nous dans la
région du Saguenay, nous, dans la région du Lac-Saint-Jean, nous,
dans l'Estrie aimerions recevoir ces nouveaux Québécois, les
intégrer à notre société francophone majoritaire et
que le gouvernement, par son ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration, nous offre les possibilités de bien
réaliser cette intégration.
Mais, loin d'adopter des mesures nouvelles et vigoureuses, comme le
gouvernement semble vouloir le faire croire en apportant l'amendement, on a vu
récemment des groupes s'occupant d'intégration des immigrants
dans l'Abitibi se plaindre avec sévérité des mauvais
services offerts par le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration du Québec. La ministre refuse encore, toujours
obstinée, têtue, d'augmenter le nombre de points alloués
dans la sélection des immigrants. On en a parlé tantôt
à la période de questions. La sélection des immigrants
constitue un pouvoir que le Québec a obtenu sous le gouvernement du
Parti québécois et qui est passé à l'histoire sous
le vocable de l'entente Cullen-Couture qu'elle refuse, d'ailleurs, d'appliquer
dans le cas de nos concitoyens d'origine turque qui vivent un drame atroce
depuis quelques semaines au Québec et que la ministre vient de laisser
tomber d'une façon... Ciel qu'i y aurait des mots en langue
française que je pourrais utiliser pour décrire cette
lâcheté de la part de la ministre face à ces 37 immigrants
turcs qui aimeraient bien rester chez nous ici en français. Elle refuse,
Mme la Présidente, d'augmenter le nombre de points accordés aux
immigrants qui ont déjà une connaissance du français.
Mais, pouvons-nous rêver à une meileure intégration
à la majorité francophone du Québec? Pouvons-nous
rêver à une meileure intégration? Mais c'est la meileure
intégration! Et sans aucun coût, en plus de cela. Rien n'est plus
normal. Rien n'est plus naturel. Rien n'est plus dans l'état des choses
de ce monde, quand on connaît l'immensité et l'étendue de
la francophonie, que de choisir des immigrants qui ont une connaissance du
français.
Mme la Présidente, je vois que vous me faites signe de conclure,
ce que je vais faire. Donc, rien de plus naturel que de faciiter
l'arrivée ici au Québec de nouveaux Québécois
originaires de pays francophones, qu'ils soient d'Europe, d'Afrique du nord,
d'Afrique centrale ou de pays latins puisque ce sont très nettement des
"franconisables". Ce sont des gens qui ont de toute évidence - et je le
répéterai toujours - une parenté linguistique, une
parenté culturelle avec la majorité francophone. Ce sont des
exemples de mesures nouvelles et vigoureuses. Je sais qu'elle n'écoute
pas puisqu'elle n'est pas là, mais j'ose espérer que la ministre
entendra enfin ces suggestions que lui fait l'Opposition et que, finalement,
nous aurons véritablement une politique de l'immigration au
Québec qui nous permettra d'avoir des mesures nouvelles, originales,
distinctes puisque le Parti libéral a une affection particulière
pour ce mot depuis cet exercice de natation dans le lac Meech, des mesures
nouvelles, originales, tenant compte de notre spécificité, de
notre distinction et surtout de la vigueur quant aux signaux à donner -
Mme la Présidente, je vais conclure là-dessus, comme vous me le
demandez si gentiment - de façon très claire quant à la
place et à l'importance du français au Québec comme langue
de communication, langue de' l'administration, langue du travail. Mais ce n'est
malheureusement pas - hé oui, je vais conclure - ce que le gouvernement
libéral envoie comme signal distinct, clair...
La Vice-Présidente: En conclusion.
M. Boulerice:... qui permettra effectivement l'intégration
à la majorité francophone de ce pays.
Je vous remercie, Mme la Présidente, de m'avoir permis de
conclure sur cette motion du mercredi présentée par l'Opposition
et, en terminant, je formule de nouveau le voeu que, même si la ministre
absente ne nous écoute pas présentement, au moins elle entende,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Jacques. Le débat étant clos, je vais donc mettre aux voix
l'amendement et la motion du député de Saint-Jacques. Oui, M. le
député.
M. Gendron: Mme la Présidente, comme c'est l'habitude pour
les motions du mercredi, je vous suggère de reporter le vote à
demain, après la période de questions.
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition, pour
reporter le vote, il faut un vote enregistré et, pour demander un vote
enregistré, il faut cinq personnes.
M. Lefebvre: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: J'allais le faire au nom du
parti ministériel, je demande de reporter le vote à
demain, le 31 mars.
La Vice-Présidente: Vous demandez de reporter le vote
enregistré à demain, le 31 mars...
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Nous allons donc
ajourner nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 heures)