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(Dix heures dix minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Présence de la ministre du Plan et des
Relations extérieures des Seychelles
Avant de procéder aux affaires courantes, j'ai le plaisir de
souligner la présence dans la tribune de la ministre du Plan et des
Relations extérieures des Seychelles, Mme Danielle De Saint-Jorre.
Madame.
Aux affaires courantes, déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. M. le ministre de
l'Éducation.
Rapport annuel du Conseil interprofessionnel du
Québec
M. Ryan: II me fait plaisir de déposer le rapport annuel
1987-1988 du Conseil interprofessionnel du Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, votre
document est déposé. M. le ministre des Approvisionnements et
Services.
Rapport annuel de la Régie des installations
olympiques
M. Rocheleau: M. le Président, c'est un plaisir pour moi
de déposer le rapport annuel de 1987 de la Régie des
installations olympiques et d'indiquer que c'est son plus bas déficit
opérationnel cette année.
Une voix: ...pas le droit de...
Le Président: Votre document est déposé, M.
le ministre, sans le commentaire.
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission de la culture et député de Bourget.
Consultation générale sur le
rapport
sur la mise en oeuvre de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des
renseignements personnels
M. Trudel: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de la culture qui a
siégé les 9, 10, 11 février ainsi que le 15 mars 1988 afin
de procéder à une consultation générale sur le
rapport sur la mise en oeuvre de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Ce
rapport contient des observations, conclusions et recommandations.
Le Président: M. le député de Bourget, votre
rapport de commission est déposé. M. le président de la
commission de l'économie et du travail, et député de
Verchères.
Étude détaillée du projet de loi
29
M. Charbonneau: M. le Président, je dépose le
rapport de la commission qui a siégé le 6 juin dernier afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 29, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Le projet de loi a été adopté.
Le Président: M. le député de
Verchères, votre rapport de commission est maintenant
déposé. M. le président de la commission de
l'aménagement et des équipements. M. le député de
Bertrand.
Étude détaillée du projet de loi
38
M. Parent (Bertrand): Oui. J'ai l'honneur de déposer le
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements qui
a siégé le 6 juin 1988 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 38, Loi modifiant la
Loi sur la fiscalité municipale. Le projet de loi a été
adopté avec un amendement.
Le Président: Votre rapport de commission est
déposé, M. le député de Bertrand. Y a-t-il d'autres
rapports de commissions?
Ce matin, il n'y aura pas de dépôt de pétition. Il
n'y aura pas non plus d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur une question de fait personnel. Avant de
procéder à la période de questions et de réponses
orales, je demanderais la collaboration de tous. Il y a un vote reporté,
ce matin, sur l'adoption du principe du projet de loi 34.
Nous allons immédiatement procéder à la
période régulière de questions. Je vais reconnaître
en première principale, M. le whip de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Protection de la compétence exclusive du
Québec en matière linguistique
M. Brassard: Merci. Hier, dans une lettre que le ministre des
Affaires intergouvemementales canadiennes remettait personnellement au
secrétaire d'État fédéral, le ministre qui
s'inquiétait, et je le cite: "de l'existence de certaines
incompatibilités entre les exigences du projet de loi
fédéral et celles de notre Charte de la langue française",
non seulement refusait de demander le retrait pur et simple de l'article
litigieux, l'article 42 du projet de loi fédéral, mais,
après avoir claironné tous azimuts la compétence exclusive
du Québec en matière linguistique, acceptait du même
souffle de partager cette compétence en permettant au gouvernement
fédéral, par le biais d'une entente cadre, d'intervenir, de
devenir un acteur linguistique majeur dans des domaines de juridiction
québécoise comme l'entreprise, les organismes patronaux, les
organismes syndicaux, etc.
Notre jugement sur le ministre et le gouvernement quant à nous
est sans équivoque, naïveté, mollesse, "bon ententisme"
dangereux, abdication inacceptable de ses responsables.
Le Président: Votre question. Je sens qu'il va y avoir un
débat.
M. Brassard: M. le Président, ma question est: Pourquoi le
ministre a-t-il accepté d'entrée de jeu cette compromission
inacceptable qui fait de la langue au Québec une juridiction
partagée en permettant au gouvernement fédéral
d'intervenir avec sa bénédiction dans des secteurs de
compétence exclusive québécoise?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai
rencontré, hier, le secrétaire d'État, M. Bouchard. Je lui
ai remis une lettre où il y a deux choses. La première, c'est de
dire au gouvernement fédéral, en ce qui regarde la
compétence en matière de langue, qu'il s'agit d'une
compétence qui nous appartient et il n'est pas question que nous
cédions sur ce principe; si vous utilisez C-72 pour venir toucher
à la compétence de la province en matière de langue, nous
irons devant les tribunaux, tout simplement. Rien n'indique qu'ils vont le
faire par le projet de loi. C'est une possibilité, nous le disons
clairement dans la lettre.
D'autre part, il y a une situation qui existe depuis de nombreuses
années, c'est-à-dire l'utilisation par le gouvernement
fédéral de son pouvoir de dépenser pour agir en
matière linguistique. Devant une telle situation, il y a deux attitudes
possibles: ou bien c'est la théorie de la tête dans le sable, ou
bien on dit: Voici la situation. Très bien, ce que nous allons faire,
nous allons établir une entente-cadre et nous allons cerner, dans une
perspective limitée, l'utilisation de ce pouvoir de dépenser du
gouvernement fédéral en ce qui regarde la langue, mais toujours
en respectant essentiellement ce principe que la langue est de la
compétence exclusive du Québec.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Comment le ministre peut-il prétendre,
sérieusement, que la compétence exclusive du Québec est
protégée, alors qu'en même temps il propose au
fédéral une entente-cadre qui, évidemment, cautionnerait
les interventions du fédéral dans des domaines de juridiction
québécoise? Comment peut-il prétendre que la
compétence exclusive du Québec est protégée,
puisqu'il faut bien reconnaître que cette entente-cadre porterait sur des
interventions fédérales dans des domaines de juridiction
québécoise? Sinon, il n'aurait pas besoin d'entente-cadre, si
c'étaient des domaines de juridiction fédérale.
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvemementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, comment le
député de Lac-Saint-Jean peut-il prétendre que le
gouvernement fédéral n'agit pas dans ce domaine depuis nombre
d'années? Comment le député de Lac-Saint-Jean peut-il
prétendre que, pendant le temps où vous étiez au
gouvernement, le gouvernement fédéral n'a pas agi dans ce
domaine? Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, ou bien on
laisse faire, comme cela a été fait dans le passé, ou bien
on dit: Essayons de faire d'une pierre deux coups. Prenons ce projet de loi
C-72, limitons la portée de ce projet à la compétence
fédérale et faisons en sorte que, par une entente-cadre, on
vienne limiter l'utilisation du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral en ce qui regarde la langue au Québec.
M. le Président, H est essentiel de comprendre - et M. Bouchard,
le secrétaire d'État, le mentionnait en réponse à
notre lettre hier - que la dualité canadienne se comprend
différemment au Canada selon la situation de la minorité
anglophone au Québec ou de la minorité francophone hors
Québec, parce que le Québec est une société
distincte, ce que nous allons faire reconnaître par l'entente du lac
Meech.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle. M. le whip de l'Opposition, en additionnelle. (10 h 20)
M. Brassard: Pourquoi cette reconnaissance formelle, de la part
du gouvernement québécois, du pouvoir du gouvernement
fédéral d'intervenir dans des domaines linguistiques de
juridiction québécoise? Pourquoi ne pas avoir demandé
purement et simplement que les articles litigieux soient retirés du
projet de loi fédéral? Parlons concrètement. Je vais poser
une question bien concrète au ministre: Pourquoi n'a-t-il pas
demandé que le paragraphe f de l'article 42, qui permet au
secrétaire d'État d'intervenir dans les entreprises, les
organisations patronales et syndicales pour promouvoir l'anglais, parce que
c'est cela, concrètement, c'est pour promouvoir l'anglais...
Le Président: Vous êtes en additionnelle.
M. Brassard: Pourquoi ne pas avoir demandé le retrait de
ce paragraphe, puisqu'une intervention fédérale dans les
entreprises au Québec heurterait de plein fouet tout le programme de
francisation mis en place depuis la Charte de la langue française dans
les entreprises?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvemementales
canadiennes. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il fallait ce projet
de loi C-72 pour réveiller l'Opposition. Comme vient tout juste de le
dire le député de Lac-Saint-Jean, cela fait nombre
d'années que le gouvernement fédéral utilise son pouvoir
de dépenser. Qu'est-ce que vous avez fait quand vous étiez
là? Tout à coup, vous vous mettez à dire: Arrêtons
cela, arrêtons cela. Mais, écoutez, ce n'est pas d'aujourd'hui que
cette situation existe. Ce que nous faisons, c'est que nous disons au
gouvernement fédéral: En ce qui regarde le pouvoir de
dépenser que vous utilisez depuis nombre d'années, nous allons le
limiter. La réponse que nous avons eue, une réponse affirmative
de la part du secrétaire d'État, est évidemment
extrêmement intéressante.
D'autre part, M. le Président, il faut bien comprendre que ce
projet de loi a des aspects bénéfiques extrêmement
intéressants. Là, je comprends que l'Opposition ne partage pas
nos points de vue là-dessus. Je respecte la position de l'Opposition,
mais il faut bien comprendre que, pour nous, les francophones hors
Québec vont pouvoir bénéficier de cette action du
gouvernement fédéral pour le respect des services dans leur
langue. Pour nous, c'est aussi un point important, dans la mesure où on
respecte le principe qu'au Québec, c'est la langue française
qu'on doit protéger.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle. M. le whip de l'Opposition, en additionnelle.
M. Brassard: Puisqu'il est question du pouvoir de
dépenser, les propos du ministre ne viennent-ils pas, au fond, confirmer
que l'accord du lac Meech ne règle en rien la question linguistique au
Québec et que, par l'accord du lac Meech, le pouvoir de dépenser
du fédéral dans le domaine linguistique au Québec est
pleinement reconnu et qu'au fond, l'accord du lac Meech ne règle en rien
la question linguistique au Québec? C'est cela, au fond, la
reconnaissance de ce qui se passe présentement autour du projet de loi
C-72.
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, bien au contraire,
l'entente du lac Meech est le document auquel il faut se référer
si on veut comprendre la réelle portée du projet de loi C-72 et
si on veut encadrer l'action du gouvernement fédéral en fonction
du projet de loi C-72. Dans l'entente du lac Meech, il y a la reconnaissance de
ce principe de la dualité canadienne et il y a la reconnaissance aussi
du principe que le Québec forme une société distincte et
du pouvoir de cette Chambre de protéger et de promouvoir cette
distinction. Et justement, lorsqu'on regarde cette situation, lorsqu'on regarde
le projet de loi C-72, pour le comprendre dans sa réelle dimension, pour
dire au gouvernement fédéral quelles sont les balises de son
action, on doit se référer à cette entente du lac Meech.
La dualité canadienne doit se comprendre en fonction du principe que le
Québec est une société distincte, que cette
Assemblée, ici, a le pouvoir et le devoir de protéger et de
promouvoir sa distinction qui repose fondamentalement sur la langue
française.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Comme toujours, le ministre répond à
côté de la question. Je lui demandais s'il ne reconnaît pas
- je ne parle pas de dualité linguistique et de société
distincte - que l'accord du lac Meech n'impose aucune limite au pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral dans le domaine
linguistique au Québec, et le consacre? C'est cela!
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean doit comprendre que, dans l'entente du
lac Meech, ce que nous avons concernant le pouvoir de dépenser du
gouvernement fédéral, c'est sur le plan des programmes nationaux,
c'est-à-dire des programmes qui concernent l'ensemble des provinces avec
le gouvernement fédéral. Au départ, il faudrait quand
même qu'il comprenne la réelle portée de l'entente du lac
Meech. Cela, c'est un pas majeur. Là encore, on aurait pu faire cette
entente sans se préoccuper d'une situation extrêmement difficile
pour le Québec qui existait depuis de nombreuses années. On a
insisté. Le député de Lac-Saint-Jean sait à quel
point il a été difficile de négocier le pouvoir de
dépenser dans l'entente du lac Meech. On a réussi à avoir
cet encadrement du pouvoir de dépenser en ce qui regarde les programmes
nationaux. Reste maintenant ce pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral qui existe dans toutes les provinces, qui existe depuis
de nombreuses années et qui permet au gouvernement fédéral
de dépenser des sommes d'argent, dans la mesure où ce n'est pas
régulatoire, même dans des domaines qui sont de
compétence provinciale. Ce que nous disons au gouvernement
fédéral, c'est: en ce qui regarde la langue, vous allez le
limiter à vos juridictions c'est-à-dire à vos
institutions, en nous laissant la pleine compétence en matière
linguistique.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, toujours en
additionnelle.
M. Brassard: Est-ce que le ministre ne reconnaît pas que
l'entente-cadre qu'il a proposée dans sa lettre au secrétaire
d'État, dans le domaine linguistique, ne repose que sur la bonne
volonté des personnes et ne se fonde sur aucune garantie juridique qu'un
autre secrétaire d'État, peut-être un dynosaure de l'Ouest,
à un moment donné, ou qu'un autre gouvernement - parce qu'on sait
que le gouvernement Trudeau était contre la loi 101 - pourrait mettre au
rancart cette formule de l'entente-cadre?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, une entente se
réfère toujours, sur le plan politique, à l'expression
dune volonté de deux ou de plusieurs gouvernements. Cela demeure
toujours comme ça. Et nous avons beaucoup d'ententes. Nous avons une
entente-cadre sur le développement économique régional que
nous allons annoncer prochainement. Là encore, on a fait face à
la réalité. On a vu cette réalité. On a
composé avec et on a réussi à avoir une entente que nous
allons maintenant annoncer.
C'est la même chose dans ce domaine aussi important que la langue.
Dans le domaine de la langue, il s'agissait de faire face à une
réalité et la réalité c'est que le gouvernement
fédéral agit dans ce domaine depuis de nombreuses années.
Vous n'avez rien fait pour l'en empêcher. Maintenant, avec le projet de
loi C-72, nous allons pouvoir faire d'une pierre deux coups et limiter la
portée du gouvernement fédéral dans son action sur la
langue, non seulement avec ce projet de loi mais aussi en ce qui regarde son
pouvoir de dépenser.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, le ministre
reconnaît-il cependant, si une entente-cadre est l'expression de deux
volontés qu'en ne demandant pas le retrait du paragraphe f de l'article
42, il laisse s'asseoir juridiquement un pouvoir du fédéral par
l'empiétement sur des compétences du Québec?
Le Président: M. te ministre des Relations internationales
et ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: Le chef de l'Opposition pose une question
qui est intéressante, parce qu'elle permet de faire la distinction que
nous avons inscrite justement dans notre lettre. Pour les communautés
francophones hors Québec, pour les minorités francophones hors
Québec, il se peut que l'action du gouvernement fédéral
à ce niveau soit très intéressante et qu'elle permette
à ces francophones hors Québec d'avoir accès à des
services dans leur langue. Mais la situation des francophones hors
Québec, c'est une chose et la situation de la minorité anglophone
au Québec, c'est autre chose. Dans ce contexte, nous sommes prêts
à laisser au gouvernement fédéral sa latitude d'action.
Cependant, nous disons qu'en ce qui regarde le Québec, en ce qui regarde
notre compétence législative exclusive sur la langue, cela
demeure de notre juridiction et il n'est pas question que vous touchiez
à cette juridiction sur la langue.
Le Président: Je vais reconnaître ce matin, pour une
deuxième question principale, M. le député de
Verchères.
Projet domiciliaire en voie
de réalisation dans les plaines inondables,
à Laval
M. Charbonneau: M. le Président, on apprenait samedi que
le ministère de l'Environnement avait été incapable
d'empêcher la ville de Laval de permettre la construction d'un projet
domiciliaire d'envergure sur les rives de la rivière des Prairies, dans
une zone inondable au surplus, l'ancienne plage Mon Repos. Et bien plus, Laval,
semble-t-il, a passé outre au refus du ministère de
l'Environnement d'accorder les autorisations qui avaient été
demandées. Ma question au ministre, c'est: D'abord, qu'est-ce que le
ministre entend faire dans ce cas particulier compte tenu du fait que ce cas
risque de devenir un précédent dangereux qui va être
utilisé par beaucoup d'autres municipalités au Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement. (10 h
30)
M. Lincoln: Tout d'abord, je vais corriger la déclaration
ou l'assertion du député de Ver-chères, M. le
Président, quand il dit que Laval passe outre aux directives du
ministère de l'Environnement. Il y a une entente
fédérale-provinciale sur les plaines inondables dont les balises
sont très claires. Pour toute dérogation, il faut l'assentiment
du ministre québécois de l'Environnement et du ministre
fédéral de l'Environnement. Il y a aussi une autre question,
l'autorisation de construction de Laval. Il y a une cause en cour; le promoteur
a amené la ville de Laval en cour. Le promoteur a gagné sa cause
par rapport à l'obtention d'un certificat de construction. Donc, la
ville de Laval, d'après la
cour, doit donner un certificat de construction. Mais nous n'avons
Jamais donné aucun assentiment à la ville de Laval ou au
promoteur pour construire dans les plaines inondables. On va prendre toutes les
ouvertures qui sont dans la Loi sur la qualité de l'environnement et
dans l'entente sur les plaines inondables pour ne pas permettre la
construction, pour faire en sorte que tout stoppe, si nécessaire, dans
cette juridiction et dans toute autre juridiction concernant les plaines
inondables.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: M. le Président, en additionnelle. Le
ministre n'a pas très bien compris puisqu'il a effectivement
confirmé qu'il n'avait pas donné d'autorisation.
Le Président: Votre question.
M. Charbonneau: Comment se fait-il que le ministère de
l'Environnement ait été incapable d'intervenir à temps
pour empêcher l'érection et la construction de ce projet
domiciliaire de 23 000 000 $? Est-ce que vous n'avez pas assez d'inspecteurs ou
pas assez d'avocats pour prendre des injonctions pour empêcher la
construction? Comment se fait-il que, au moment où c'est presque
terminé, vous vous réveillez et vous dites: On va peut-être
prendre des procédures?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: C'est beau d'être le petit coq de bataille qui
fait des choses et qui sait exactement... Vous n'avez pas assez d'inspecteurs;
vous n'avez pas assez de policiers; vous n'avez pas assez de choses. Je
voudrais demander au député s'il a lu l'entente sur les plaines
inondables. Je voudrais lui rappeler que, lorsque nous sommes arrivés au
pouvoir - je sais, ils disent: Ah! c'est vrai! - le renouvellement de l'entente
sur les plaines inondables avait été suspendu. C'est nous qui
avons recommencé les négociations avec le gouvernement
fédéral; c'est nous qui avons renouvelé l'entente sur les
plaines inondables qui avait été suspendue par le gouvernement
antérieur parce qu'il ne causait pas avec le fédéral.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix: Bravo!
M. Lincoln: S'il veut s'asseoir, je vais terminer.
Le Président: Conclusion.
M. Lincoln: Je veux lui dire que ce n'est pas une affaire
d'inspecteurs ou de policiers. Il y a une entente entre le
fédéral et le provincial. L'entente dit que, pour obtenir une
construction, il faut une dérogation. Mais, malheureusement, cette
entente n'est pas une loi qui peut empêcher une construction... Donc, il
faut un schéma d'aménagement qui consacre l'entente. Laval n'a
pas encore entériné son schéma d'aménagement devant
le gouvernement du Québec. Le schéma d'aménagement n'est
donc pas encore en place. C'est la position.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: M. le Président, comment le ministre
peut-il prétendre être correct dans le dossier, alors qu'il dit
que le gouvernement n'a pas donné d'autorisation parce que le
schéma d'aménagement n'est pas en place, la politique
fédérale-provinciale n'est pas respectée et la politique
sur la protection des rives que vous avez annoncée au début de
l'année, en fait en décembre 1987, n'est pas respectée non
plus et, semble-t-il, elle est complètement inopérante, puisque
vous êtes incapable d'intervenir à temps pour empêcher un
promoteur de construire dans une zone que vous considérez, vous aussi,
devant être protégée?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: D'abord, il mélange tout comme une grosse
salade russe. Tout ce que dit la politique sur les rives, c'est qu'il faut une
bande riveraine de dix à quinze mètres qui soit respectée,
que ce soit dans la plaine inondable ou autre. Deuxièmement, l'entente
sur les plaines inondables, c'est purement dans les zones cartographiées
comme plaines inondables. Dans cette zone, il y a une entente
fédérale-provinciale. Cette entente doit être
entérinée dans les schémas d'aménagement. Ce n'est
pas moi qui ai adopté la loi 125, c'est votre gouvernement qui l'a fait
et on est obligé de respecter la loi 125. Elle est là et elle
exige qu'un schéma d'aménagement soit entériné.
Laval n'a pas encore son schéma entériné dans la loi
125.
Tout ce que je peux faire, c'est selon les juridictions de la Loi sur le
ministère de l'Environnement. Ce que je vous dis, c'est qu'on va se
battre à mort pour empêcher que Laval construise dans les plaines
inondables, on va faire tout ce qu'on peut conformément à nos
lois et à nos juridictions. Mais je ne peux pas aller au-delà des
juridictions actuelles dans les lois du Québec et je ne peux pas passer
outre à la loi 125. Je ne peux pas passer outre...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Lincoln: ...aux juridictions des municipa-
lités quand elles vont en cour. Je suis obligé de
respecter tout cela.
Dans le cadre de ce que je fais, l'article du Devoir était
très très clair. La position du ministère de
l'Environnement ne pouvait être plus claire et autant le ministre que les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement, nous allons utiliser
tous les outils. On est en train de regarder juridiquement ce qu'on va
faire...
Le Président: Conclusion.
M. Lincoln: ...pour essayer de stopper la chose. Mais on n'est
pas des Hitler, on ne peut pas arriver comme des dictateurs et dire ceci
à Laval et cela dans une autre municipalité. Il y a des lois au
Québec. Il faut les respecter.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre ne
reconnaît-il pas que pour...
Le Président: J'ai reconnu M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, pour quelqu'un qui veut
se battre à mort et qui dit qu'il va se battre à mort, je trouve
que vous n'êtes pas très efficace. Comment se fait-il que, pour
quelqu'un qui veut se battre à mort, vous n'ayez pas réussi
à empêcher et à prendre des procédures judiciaires
contre le constructeur ou contre la ville de Laval avant qu'on commence les
travaux ou avant que ces travaux soient à ce point achevés? C'est
cela, le problème.
Vous allez nous dire maintenant que vous allez vous battre à mort
après. Mais la construction est terminée. Qu'allez-vous
faire?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: Tout d'abord, il n'y a aucune construction de
terminée, M. le député de Verchères.
Êtes-vous allé voir l'état de la construction pour dire que
les constructions sont terminées? Ce n'est pas le cas.
Deuxièmement, pour nous battre à mort, il faut que nous
nous battions à mort dans le cadre des lois du Québec, certaines
lois que vous avez vous-mêmes adoptées. Je ne peux pas inventer
des lois. Je ne peux pas m'inventer des pouvoirs. Ce sont des affaires
importantes que les pouvoirs municipaux. Tout ce que j'ai dit, j'ai
situé très clairement à Laval la position que nous
avions.
De plus, il faut au moins reconnaître que nous nous sommes
donné tous les outils possibles. Nous avons renouvelé l'entente
sur les plaines inondables. Nous avons mis beaucoup d'argent là-dedans,
des centaines de milliers de dollars, ce que vous n'aviez pas fait, parce que
vous n'aviez pas renouvelé l'entente. Si vous aviez continué dans
le gouvernement, vous n'aviez même pas une entente de base. Au moins,
nous avons cela. Nous sommes en train de nous servir de tous les outils que
nous avons. Si nous pouvons nous servir d'un pouvoir d'injonction, si nous
pouvons nous servir d'un pouvoir d'ordonnance dans la loi - c'est cela qu'on
examine maintenant - nous le ferons. Mais ce ne sont pas des affaires qu'on
fait à la légère.
Le Président: Conclusion, M. le ministre.
M. Lincoln: Après tout, il faut se cadrer dans le cadre
des lois du Québec. C'est cela.
Le Président: Je vais reconnaître la
troisième principale à M. le chef de l'Opposition.
Les allocations aux familles et aux pavillons
d'accueil pour adultes
M. Chevrette: Oui, M. le Président. En décembre
1985, le dossier des familles d'accueil et des pavillons était sur le
point d'être réglé. D'ailleurs, la ministre
elle-même, le 19 février 1986, dans une lettre adressée
à la présidente de cette corporation lui disait, et je la cite:
"Nous sommes tout près d'une entente." On était au 19
février 1986.
On se retrouve en juin 1988. Peut-elle m'expliquer les raisons pour
lesquelles ce n'est pas réglé, pour lesquelles il n'y a aucune
entente et pour lesquelles on n'a pas encore un horizon ou une lumière
au bout du tunnel?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en réponse
à la question du chef de l'Opposition, je peux lui dire qu'il y avait un
mémoire à cet effet qui avait été
préparé et devait être acheminé au Conseil du
trésor. Très récemment, la COPFAA a fait des
représentations pour qu'il y ait des modifications. Nous sommes à
les mettre au point. Fort probablement que ce mémoire devrait être
acheminé au Conseil du trésor d'ici une semaine ou deux tout au
plus.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: La ministre peut-elle nous dire si la demande de
hausse de prix des journées déposée par la corporation en
janvier 1988 n'était pas spécifique pour un secteur mais que cela
ne dispose pas de l'entente qui traîne depuis 1986?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout ce que je peux dire
au chef de l'Opposition c'est
que les choses sont en cours. L'ensemble de l'entente devrait faire
l'objet, je l'espère en tout cas, d'une approbation du Conseil du
trésor dans des délais très prochains.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, toujours en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, je reprends ma question. La
ministre sait très bien que l'augmentation du prix à la
journée qui a été déposée en janvier,
c'était pour les pavillons. Elle sait très bien que la
première question que je lui pose pour les familles d'accueil est que ce
dernier était sur le point d'être réglé en
décembre 1985, confirmé par elle en février 1986. Deux ans
et trois mois plus tard, ce premier dossier n'est pas réglé. La
ministre me répond sur la deuxième question du prix à la
journée des pavillons qui vient d'être déposé. C'est
un autre dossier. Le premier dossier, a-t-elle des raisons fondamentales pour
dire que cela a traîné deux ans et trois mois et qu'il n'y a pas
encore de solution? Je pourrais lui poser comme deuxième question:
Est-ce que cela va prendre autant de temps pour régler la question du
prix à la journée des pavillons vu que cela a été
déposé seulement en janvier 1988? (10 h 40)
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si le
chef de l'Opposition fait allusion aux prix, aux tarifs qui ont
été accordés pour les familles d'accueil selon les
nouvelles catégories de familles d'accueil. Je pense que cette
décision a quand même été prise - écoutez, de
mémoire je ne saurais vous le dire - il y a déjà au moins
un an et même davantage. Il y a eu ces ajouts qui ont été
apportés selon les différentes catégories de familles
d'accueil, qu'on soit une famille d'accueil régulière,
spéciale ou de réadaptation. Je n'ai pas les taux en
mémoire, sauf qu'on sait qu'il y a trois types. Évidemment, la
famille de réadaptation reçoit une subvention qui est plus
importante que celle de la famille régulière.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: Est-ce que la ministre peut prendre... Vous pouvez
bien applaudir, après deux ans et trois mois, on sent très bien
que le problème ce n'est peut-être pas la ministre de la
Santé et des Services sociaux, puisque la ministre confirme à Mme
Bégin, vice-présidente de la Chambre, dans une lettre, environ
deux ou trois semaines à peine après celle du 19 février,
qu'elle est encore sur le point de régler le problème. On est
toujours en 1986. Tous ses sous-ministres ont défilé devant - je
devrais peut-être lui remettre le dossier - la corporation pour lui dire
que c'était réglé. Pourriez-vous me dire où cela
accroche?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le chef de l'Opposition peut
clarifier sa question. Je crois comprendre qu'il la divise en deux. Il y a le
per diem pour les lits en pavillons et il y a les per diem pour les taux en
familles d'accueil. Dans le cas des familles d'accueil, je le lui
répète, je pourrais trouver la date exacte où
l'augmentation des taux a reçu l'approbation du Conseil du
trésor. Il y a déjà, je vous le dis, au moins un an; c'est
probablement davantage. Les différentes catégories se sont vu
accorder des tarifs correspondant aux responsabilités qui leur
incombent. Enfin, s'il y a autre chose que le chef de l'Opposition veut ajouter
dans sa question, je voudrais bien le savoir.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, quand je dis à la
ministre que le ministère avait avisé la corporation que tout le
dossier... On ne parle pas des lits non occupés qui se négocient
depuis un certain temps. Je comprends cela. On sait qu'il y a eu des variables
dans tout cela. Mais le dossier lui-même quant à la
rémunération pour les familles d'accueil, en particulier pour les
adultes, traîne en longueur depuis décembre 1985. Il était
sur le point d'être réglé, elle le dit, elle-même, en
février 1986 et elle se ramasse en mai, en juin 1988, imaginez-vous! et
il n'y a absolument rien de réglé, tout est bloqué au
Trésor. Quand va-t-elle débloquer ces sommes?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je vais faire la même réponse au
chef de l'Opposition à savoir que c'est fort probable qu'en 1986 j'aie
adressé cette lettre - je ne l'ai pas devant moi - en disant que
c'était sur le point d'être réglé. On se retrouvait
à quelques mois de l'arrivée du gouvernement libéral
à la direction du Québec. Par la suite, est-ce que c'est à
la fin de 1986, au début de 1987, mais quelque part en 1987, je vous le
dis, cela fait au moins un an, toute cette question des nouveaux tarifs
accordés aux familles d'accueil a été
appliquée.
Le Président: M. le député de Taillon, en
quatrième principale.
Articles de la loi 101 contestés par le CSS
Ville - Marie
M. Filion: Merci. On connaissait déjà une
façon de financer les contestations de la loi 101,
celles élaborées par le ministre de la Justice et mises au
point dans le dossier d'Alliance Québec et de Chaussures Brown's. Une
autre façon nous est révélée par l'histoire,
l'historique des six dernières années où nous avons
assisté à de multiples contestations de la loi 101 à
plusieurs chapitres. Ce matin, nous apprenions que le CSS Ville-Marie, un
organisme entièrement subventionné par les contribuables
québécois travaillant dans le secteur anglophone de la
région de Montréal, décide de contester la validité
d'articles fondamentaux de la loi 101, les articles 45, 46 et 47 qui sont des
articles du chapitre de la loi 101 sur le français au travail. Cette
contestation a lieu devant le Commissariat au travail.
Le ministre responsable de la loi 101 est-il conscient que la
contestation judiciaire de cette loi 101 est en train de devenir symptomatique
ou caractéristique de l'attitude de plusieurs institutions
anglophones...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Filion: ...et considère-t-il que cette tendance
favorise le rassemblement et la bonne entente qu'il prêche depuis deux
mois?
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française. M. le ministre.
M. Rivard: D'une part, M. le Président, malheureusement,
je ne suis pas au courant de l'incident auquel fait allusion...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Rivard: ...le député de Taillon. Cependant, cela
me surprendrait que le député de Taillon puisse s'appuyer sur une
opinion qu'il a, généralement pariant, de l'ensemble de la
communauté anglophone et de son attitude à l'égard de la
langue française pour s'en servir comme argument. Ici, je fais
référence à ce sondage de SORECOM, en mai, qui a
été rendu public le 31 mai dernier par Alliance Québec
lors de son congrès annuel. Je pense, en particulier, à la
question numéro 5. Je trouve important que la population entende
à la fois la question et la réponse. Pensez-vous que,
personnellement, en tant que citoyen - on a posé la question à
1000 citoyennes et citoyens québécois - vous avez un rôle
à jouer pour protéger et promouvoir la langue française au
Québec? 90 %, neuf francophones sur dix ont dit oui, sept allophones sur
dix ont dit oui et deux anglophones sur trois ont dit également oui.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: Est-ce que le ministre - finalement, il peut
peut-être prendre avis de la question que je lui pose - peut m'expliquer
ou nous expliquer comment, en contestant les articles importants de la loi 101
de façon aussi abondante que nous le voyons aujourd'hui et que nous
l'avons vu dans les six dernières années, on fait la promotion du
français au Québec?
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française. M. le ministre.
M. Rivard: Je le concède, M. le Président, le titre
est un peu long. Nous sommes en démocratie. Nous vivons sous l'empire de
multiples lois et règlements de toutes sortes à tout palier de
gouvernement et il est possible à n'importe qui...
Le Président: S'il vous plaît! M. le ministre.
M. Rivard: ...dans une démocratie, de contester quelque
loi que ce soit.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: Je vais m'adresser à Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, de qui relève le CSS Ville-Marie.
Est-ce que la ministre de la Santé et des Services sociaux, donc
responsable du CSS Ville-Marie, considère normal que le CSS Ville-Marie
utilise un remède de cheval, c'est-à-dire une contestation
d'articles fondamentaux de la loi 101, pour régler un problème de
relations du travail relativement simple, alors qu'il existe des solutions
beaucoup plus simples, nombreuses et surtout qui ne jettent pas l'incertitude
sur des parties importantes de la loi 101? Également, le deuxième
volet, est-ce que la ministre est consciente du fait que des procédures
judiciaires sont commencées par le CSS Ville-Marie et qu'elles iront
peut-être jusqu'en Cour suprême, alors que ce sont les
contribuables qui vont payer, encore une fois, pour les deux côtés
de la barricade?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mme la ministre.
Mme La voie-Roux: M. le Président, j'aimerais rappeler au
député de Taillon que les établissements ont une autonomie
et qu'ils doivent exercer leur meilleur jugement. Je pense que dans le cas dont
parie le député de Taillon, le Centre de services sociaux
Ville-Marie s'est prévalu d'un recours qui est prévu dans la loi
101, c'est-à-dire le recours devant le commissaire du travail. Alors, je
pense qu'on doit laisser les choses suivre leur cours et qu'à ce
moment-ci, je n'ai pas à porter de jugement sur l'opportunité ou
non. C'est une initiative du conseil d'administration et, j'imagine, d'un
établissement qui est autonome.
Le Président: M. le député de Taillon,
en
additionnelle.
M. Filion: Pour que ce soit clair, est-ce que je dois comprendre
que la ministre de la Santé et des Services sociaux, responsable du
budget du CSS Ville-Marie - la ministre qui donne des budgets au CSS
Ville-Marie - considère normal, pour régler un problème de
relations du travail, qu'une institution, financée encore une fois par
les contribuables conteste la validité de passages de loi importants?
Est-ce qu'elle considère cela normal et acceptable? (10 h 50)
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis un peu
étonnée, pas de la question, mais de l'insistance du
député de Taillon. Je pense que si un établissement peut
se prévaloir, selon les dispositions de la loi, d'un recours, je vois
difficilement comment on pourrait l'en empêcher.
Le Président: Je vais reconnaître la
cinquième question principale ce matin à M. le
député de Chauveau. M. le député de Chauveau.
Équité et relativités salariales
dans les secteurs public et parapublic
M. Poulin: Merci, M. le Président. On sait que certaines
centrales syndicales affirment qu'il existe d'importantes discriminations
salariales dans les secteurs public et parapublic au Québec. La CSN
prétend même qu'il faudrait injecter, à long terme, plus de
450 000 000 $ pour régler le problème. Ma question s'adresse au
président du Conseil du trésor. Comment peut-il concilier
l'urgence de faire toute la lumière sur les questions de
l'équité et des relativités salariales avec son offre de
prolongation d'un an des conventions collectives de travail?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, j'apprécie la question
de mon collègue de Chauveau puisqu'elle me permet de mettre en
lumière quelques éléments clés de cette
problématique. On se rappellera qu'à l'issue de la
dernière ronde de négociations, la majorité des grands
syndicats, sauf la CSN et le SPGQ, ont accepté de participer à
des comités paritaires sur la question de l'équité et des
relativités salariales. Ces comités, créés à
peine depuis un an, ont décidé, pour la plupart, de se doter
d'instruments d'évaluation d'emploi à l'interne, afin de
vérifier concrètement la présence ou non de discrimination
salariale. L'ampleur des travaux réalisés et I importance de ce
dossier des relativités salariales font qu'il faut prendre le temps de
bien faire les choses.
La formule des comités paritaires, M. le Président, permet
de discuter dans un processus tout autre que celui de la négociation et
ceci devrait amener des résultats concrets et satisfaisants pour les
parties. Dans ce sens, M. le Président, l'offre de prolongation nous
permettra de faire valoir et permettra aux parties de faire valoir les
arguments et, autant que possible, de régler cette situation.
Le Président: M. le député de Chauveau, en
additionnelle.
M. Poulin: Merci, M. le Président. Doit-on comprendre des
propos du président du Conseil du trésor que les syndicats qui
ont refusé l'offre de prolongation ne discuteront pas sur les
mêmes bases les questions d'équité et de relativités
salariales?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: M. le Président, ce qu'il faut comprendre,
c'est que certains grands syndicats, comme la CSN, ont choisi une autre tribune
que celle des comités paritaires, entre autres celle des
négociations, et la CSN devait nous déposer, dès le 1er
janvier 1988, ses demandes sur cette question des relativités
salariales. Nous attendons toujours ce dépôt. Une autre grande
centrale, la CEQ, qui a choisi les comités paritaires, nous apprenait
récemment qu'elle désire continuer dans ce processus, et en
même temps qu'elle ne serait pas en mesure de régler la situation
des demandes avant mars 1989. Dans ce contexte, on peut se demander,
étant donné qu'elle a refusé notre offre de prolongation,
comment elle sera en mesure de faire les demandes dans cette matière, si
demandes il y a.
La FTQ, pour sa part, a choisi d'accepter l'offre de prolongation et
cela nous permettra, M. le Président, de nous asseoir et de continuer,
par des tables de comité paritaire, à régler cette
situation. À mon point de vue, M. le Président, c'est la
meilleure formule et j'invite les autres grandes centrales à suivre
l'exemple de la FTQ si on veut réellement avoir la volonté de
régler une fois pour toutes cette grande question des relativités
salariales.
Le Président: En additionnelle? M. Gendron: Oui, en
additionnelle.
Le Président: Alors, je vais reconnaître le leader
de l'Opposition en additionnelle.
M. Gendron: Je veux bien que la CSN soit en congrès, mais
comment le ministre peut-il affirmer, le même ministre qui, la semaine
dernière, prétendait qu'il n'y avait pas de discrimination,
comment peut-il se permettre de faire un discours aujourd'hui sur l'importance
de
la relativité salariale?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Gobeil: Le député d'Abitibi-Ouest se rappellera
que la semaine dernière, j'ai déclaré que, quant à
nous, il n'y avait aucune preuve d'inéquité salariale. Par
contre, du même souffle, j'ai dit au député d'Abitibi-Ouest
que nous étions prêts à voir, soit par la formule des
comités paritaires, soit par la formule des négociations, si,
effectivement, l'ancien gouvernement n'aurait pas fait des erreurs dans le
domaine des négociations. Qu'on se rappelle tout ce qui s'est
passé dans le cadre du renouvellement des conventions collectives en
1982. Les erreurs qui ont été faites dans ce domaine sont bien
évidentes aujourd'hui. Il est possible que l'ancien gouvernement ait
aussi commis des erreurs dans ce domaine, et les comités paritaires nous
permettront de voir si, effectivement, il n'y a pas des erreurs et de les
corriger s'il y a lieu.
Le Président: Je vais reconnaître une sixième
principale à M. le député de Lévis.
Aide temporaire demandée pour Les Ateliers
Imagine
M. Garon: M. le Président, on sait qu'il existe dans la
ville de Québec un organisme sans but lucratif voué à la
diffusion des arts, qu'on appelle Les Ateliers Imagine. À cette fin, il
dispense des cours et gère une galerie, il organise des activités
d'animation culturelle et des ateliers hors cours et de dessin libre.
Fondés en 1985, Les Ateliers Imagine ont rejoint plusieurs milliers de
personnes et n'ont pas pu, à toutes fins utiles, vraiment compter sur
l'aide du gouvernement jusqu'à maintenant puisqu'ils ont reçu
5000 $ en 1987 du ministère des Affaires culturelles.
La ville de Québec est en train de préparer une politique
culturelle qui pourrait permettre aux Ateliers Imagine d'être mieux
organisés sur ce plan. En attendant, ils ont besoin d'une aide
temporaire, d'une aide financière d'environ 30 000 $ pour continuer
leurs activités en attendant la politique culturelle de la ville de
Québec.
Le Président: Question.
M. Garon: Ma question s'adresse à la ministre des Affaires
culturelles. Puisque son sous-ministre lui-même dit qu'il faut
féliciter l'organisme pour son travail admirable et sa
ténacité, la ministre a-t-elle l'intention de donner un coup de
main aux Ateliers Imagine pour leur permettre de durer pendant les semaines et
les mois qui viennent en attendant la politique culturelle de la ville de
Québec, puisque la culture est un peu la vocation de la ville de
Québec?
Le Président: Mme la ministre des Affaires culturelles et
vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, vous me voyez très
heureuse de constater qu'il y a un troisième porte-parole de
l'Opposition en matière d'affaires culturelles. Je dois dire que les cas
de comté, habituellement, comme certains des collègues du
député de Lévis le savent, se règlent
personnellement, soit avec les gens pilotés par le député
du comté ou par le député lui-même qui fait ses
demandes au ministère, par le biais du cabinet, par le biais de la
ministre ou par le biais des fonctionnaires. J'inviterais fortement le
député de Lévis à me parler, après la
période de questions, et on pourrait regarder le dossier avec lui, ce
que je fais avec chacun de ses collègues et avec chacun de mes
collègues. Malheureusement, je ne peux pas apporter tous les dossiers du
ministère avec moi à la période de questions, mais nous
allons regarder ce dossier avec beaucoup de sympathie et si on peut leur venir
en aide, que ce soit avec le budget discrétionnaire, comme j'ai
l'habitude de le faire, ou avec le budget du ministère, nous allons le
regarder de très près.
Le Président: M. le député de Lévis,
en additionnelle.
M. Garon: M. le Président, je suis ému par la
réponse de la ministre. J'aimerais lui demander simplement si elle ne
peut pas considérer d'une façon particulière un organisme
important. La ville de Québec... Ce n'est pas un cas de comté, si
c'était un cas de comté, c'est le député de
Jean-Talon qui en aurait parlé. C'est un organisme qui a une vocation
régionale. Comme il s'agit d'une question pressante, la ministre
m'invitait à la rencontrer derrière le trône tout à
l'heure...
Une voix: II n'y a pas de place!
M. Garon: Est-ce qu'elle peut régler cette question assez
rapidement, puisque c'est urgent?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Bacon: M. le Président, pour celle qui vous parle,
tous les organismes culturels sont importants. Il est évfdent qu'on
essaie d'accorder le plus d'attention possible à tous ceux et celles qui
font un travail primordial sur leur terrain, non seulement dans la ville de
Québec, mais partout au Québec. Évidemment, le dossier
dont me parle le député de Lévis a un rayonnement
régional. Je dis que, normalement, quand il y a de tels dossiers, soit
que le député avise le ministre avant, pour que le ministre soit
capable de répondre à cette question. C'est un cas de
comté, au fond, ou un cas spécial dont on devrait saisir
la ministre, soit en lui donnant avis avant la période de questions ou,
tout simplement, en discutant avec la ministre comme le font ses
collègues et comme le font les miens. (11 heures)
Une voix: II n'a pas de collègues.
Mme Bacon: C'est un dossier sur lequel on va se pencher. J'invite
encore le député de Lévis à m'en parler
après la période de questions et je pense qu'on va lui accorder
toute l'attention nécessaire comme on le fait pour l'ensemble des
comtés. M. le Président, il n'y a pas tellement de plaintes dans
la région sur les dossiers culturels.
Le Président: Je remercie Mme la vice-première
ministre. Cette dernière réponse met fin à la
période de questions. Tel qu'annoncé, nous allons procéder
au vote reporté. M. le whip de l'Opposition? Vous êtes prêt
à procéder au vote?
M. Brassard: Avant ou après la rencontre entre le
député de Lévis et la ministre?
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du principe du projet de
loi 34
Le Président: On va procéder au vote avant la
rencontre, si vous le permettez. M. le whip du gouvernement est-ce que vous
êtes prêt à procéder au vote? M. le whip de
l'Opposition? Je mets maintenant aux voix la motion du ministre
délégué à la Famille, à la Santé et
aux Services sociaux proposant que le principe du projet de loi 34, Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux et
d'autres dispositions législatives, soit maintenant adopté.
Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton (Gati-neau), Marx (D'Arcy
McGee), Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi),
Séguin (Montmorency), Côté (Rivière-du-Loup), Dutil
(Beauce-Sud), Mme Robic (Bourassa), MM. Rémillard (Jean-Talon), Savoie
(Abitibi-Est), Vallerand (Crémazie), Lincoln (Nelligan), French
(Westmount), Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), Picotte
(Maskinongé), Fortier (Outremont), Rocheleau (Hull), Rivard (Rosemont),
Mme Bégin (Bellechasse), MM. Vaillancourt (Orford), Philibert
(Trois-Rivières), Lefebvre (Frontenac), Mme Dougherty (Jacques-Cartier),
MM. Sirros (Laurier), Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Cannon (La
Peltrie), Mme Pelchat (Vachon), MM. Polak (Sainte-Anne), Kehoe (Chapleau),
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscaminçjue), Bélanger
(Laval-des-Rapides), Bélisle (Mille-Iles), Mme Hovington (Matane), M.
Thé- rien (Rousseau), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Trudel (Bourget), Mme Bleau (Groulx), MM. Brouillette (Champlain), Camden
(Lotbinière), Mme Cardinal (Châteauguay), MM. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet),
Gobé (Lafontaine), Laporte (Sainte-Marie), Dubois (Huntingdon),
Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), Joly (Fabre), Khelfa
(Richelieu), Poulin (Chauveau), Mme Legault (Deux-Montagnes), MM. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce), Tremblay (Rimouski), Saint-Roch (Drummond).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ladite
motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Chevrette (Joliette), Gendron
(Abitibi-Ouest), Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), MM. Garon
(Lévis), Charbonneau (Verchères), Mme Juneau (Johnson), MM.
Jolivet (Laviolette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Desbiens
(Du-buc), Godin (Mercier), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré
(Shefford), Boulerice (Saint-Jacques), Claveau (Ungava), Dufour
(Jonquière), Parent (Bertrand), Rochefort (Gouin).
Le Secrétaire: Pour: 64
Contre: 19
Abstentions: 0
Le Président: Le principe du projet de loi 34,
proposé par M. le ministre délégué à la
Famille, à la Santé et aux Services sociaux, est
adopté.
Nous allons maintenant continuer les affaires courantes.
Mesdames les députées et messieurs les
députés!
M. le leader du gouvernement, est-ce que vous êtes prêt
à procéder immédiatement aux avis touchant les travaux des
commissions?
Oui? Je vais reconnaître M. le leader adjoint du gouvernement, aux
avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 11 h 30 à 13 heures et de 15 heures
à 17 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de
l'aménagement et des équipements procédera à des
consultations particulières afin d'examiner l'opportunité de
mettre en vigueur les articles 10, 14, 15, 51, 63 et 101 de la loi 76, Loi sur
le camionnage.
De 20 heures à 24 heures, au même endroit, ladite
commission poursuivra l'étude détaillée des projets de loi
suivants et ce, dans l'ordre ci-après mentionné: projet de loi 7,
Loi sur l'organisation territoriale municipale; projet de loi 28, Loi modifiant
la Loi sur la Communauté urbaine de Québec et d'autres
dispositions
législatives en matière de promotion et de
développements industriels; projet de loi 24, Loi sur te traitement des
élus municipaux.
De 15 heures à 16 h 30 et de 20 heures à 21 heures,
à la salle du Conseil législatif, la commission des affaires
sociales procédera à des consultations particulières dans
le cadre de l'étude du projet de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et d'autres dispositions
législatives.
De 20 heures à 24 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission du budget et de l'administration
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 6, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal.
J'avise également cette Assemblée que, le mercredi 15 juin
1988, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et, si
nécessaire, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements entendra les intéressés et procédera
à l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé suivants et ce, dans l'ordre
ci-après mentionné: projet de loi privé 232, Loi
concernant la ville de Bromont; projet de loi privé 235, Loi modifiant
la charte de la ville de Saint-Hyacinthe. (11 h 10)
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et, si
nécessaire, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission du budget
et de l'administration entendra les intéressés et
procédera à l'étude détaillée des projets de
loi d'intérêt privé suivants et ce, dans l'ordre
ci-après mentionné: projet de loi 214, Loi concernant
Elzéar Plourde Itée; projet de loi privé 217, Loi
concernant Vilmont inc.; projet de loi privé 233, Loi concernant Les
Immeubles Benoît inc., et projet de loi 242, Loi concernant le Club des
Portes de l'Estrie inc.
De 15 heures à 18 heures, à la salle 101 de
l'édifice Pamphile-Le May, la commission de l'économie et du
travail entendra les intéressés et procédera à
l'étude détaillée du projet de loi privé 213, Loi
concernant la fusion par absorption entre la Coopérative
forestière du Nord-Ouest et la Fédération des chantiers
coopératifs de l'Ouest québécois.
De 20 heures à 24 heures, à la salle 101 de
l'édifice Pamphile-Le May, la commission de l'éducation entendra
les intéressés et procédera à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
204, Loi modifiant la Loi sur le Collège militaire Royal de
Saint-Jean.
Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a des questions concernant
les renseignements sur les travaux de l'Assemblée? M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Non, M. le Président. Il y a des questions sur
les avis qui viennent d'être transmis par le leader adjoint du
gouvernement. Le Président: Allez. Vous avez la parole.
M. Gendron: Je voudrais juste avoir toute son attention. Il
m'apparaît qu'il y a un problème majeur. Je veux être
sûr que j'ai mal compris, et là, il n'y aurait pas de
problème. Si j'ai bien compris, il y a des problèmes.
Mercredi, c'est aujourd'hui, de 20 heures à 24 heures, vous avez
dit qu'à la commission du budget et de l'administration, nous
étudierions le projet de loi 6. Vous me suivez, M. le ministre?
M. Lefebvre: Un instant.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Gendron: En somme, c'est simple. La commission du budget et de
l'administration ne peut pas faire deux séances sur des sujets
complètement différents.
M. Lefebvre: Non. C'est exact, M. le Président.
M. Gendron: Qu'on me dise que de 20 heures à 24 heures, la
commission du budget et de l'administration va étudier le projet de loi
6 concernant des dispositions fiscales, qui est un projet de loi assez
compliqué, et qu'en même temps, on me dise que la commission du
budget et de l'administration, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et, si nécessaire, de 15 heures à 18
heures et de 20 heures à 24 heures, va faire une série de lois
privées, il y a comme un problème là. Je veux juste savoir
ce que c'est, parce que c'est évident qu'on ne peut pas faire les deux
choses.
Le Président: Je vous remercie, M. le leader de
l'Opposition. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, il y a peut-être
confusion du côté du leader de l'Opposition. Il faut bien
comprendre que l'avis que j'ai donné est pour le 15 juin, la semaine
prochaine.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Le leader adjoint du gouvernement a raison de dire
que c'est écrit le 15 juin sur fa feuille. Sauf que je ne poserai pas la
question que j'allais poser, soit pourquoi faire un avis aujourd'hui sur des
choses qu'on va discuter le 15 juin? Mais le problème que j'ai
soulevé n'existe plus parce que, effectivement, en ce qui me concerne,
c'était par rapport à aujourd'hui et si... C'est
réglé, je ne parie plus.
Le Président: Cela va. Est-ce qu'il y a des renseignements
concernant les travaux de
l'Assemblée? M. le leader de l'Opposition. M. Gendron:
Non.
Le Président: Maintenant, je vais reconnaître Mme la
vice-première ministre et ministre des Affaires culturelles à
l'étape des motions sans préavis. Mme la vice-première
ministre.
M. Lefebvre: M. le Président, je m'excuse.
Le Président: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires sociales du
projet de loi 34
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Avec le consentement du
leader de l'Opposition, j'aimerais faire une motion de déférence
concernant le projet de loi 34. J'aimerais le déférer
immédiatement à la commission des affaires sociales pour
étude détaillée, de sorte qu'on puisse
procéder.
Le Président: On vient d'adopter le principe de ce projet
de loi ce matin.
M. Lefebvre: Je m'excuse, Mme Bacon.
Le Président: Est-ce que la motion de
déférence est adoptée?
M. Gendron: Oui, parce qu'on ne peut pas lui donner d'autre sort
que celui-là, de l'envoyer à sa place.
Le Président: Voilà. La motion de
déférence est adoptée. Mme la vice-première
ministre, vous avez maintenant la parole.
Condoléances à la famille
de l'abbé Maurice Proulx,
pionnier du cinéma
québécois
Mme Bacon: Oui, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée sur la motion suivante: "Que
l'Assemblée nationale adopte une motion de condoléances à
l'occasion du décès de l'abbé Maurice Proulx, pionnier du
cinéma québécois."
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de
débattre cette motion, M. le leader...
M. Gendron: Adopté pour la débattre.
Le Président: Adopté. Cela va. Mme la
vice-première ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, c'est avec tristesse que les
Québécoises et les Québécois ont appris hier le
décès de l'abbé Maurice Proulx survenu à
l'âge de 86 ans.
Agronome et pédagogue, l'abbé Proulx fut avant tout un
artiste et un véritable pionnier de notre cinéma. C'est au cours
de ses études en agronomie à la Faculté d'agriculture de
l'Université Laval et de l'Université Cornell de New York,
où il méritait un doctorat en 1933, que l'abbé Proulx
s'intéresse au cinéma documentaire.
En 1940, la création du Service de cinépho-tographie de la
province de Québec, à laquelle il participe, lui permet de
s'adonner à son art en l'assistant dans la production et la distribution
de ses films. De 1934 à 1961, l'abbé Proulx réalisera
ainsi 36 films pour le compte du gouvernement provincial et de l'industrie.
Bien que l'on dénote dans son répertoire des films de propagande
touristique et des reportages d'événements religieux, sa
formation d'agronome l'incite à privilégier le thème de
l'agriculture et de la colonisation dans des documents
cinématographiques qui constituent des témoins
particulièrement révélateurs de cette époque.
C'est ainsi que des longs métrages, comme "En pays neuf', en
1934, et "En pays pittoresque" en 1938 relatent l'épopée
colonisatrice de l'Abitibi et de la Gaspésie, tout en reflétant
de façon probante l'idéologie qui anime le Québec des
années trente et quarante. En livrant à ses concitoyennes et
à ses concitoyens, par l'entremise de la caméra, un portrait
géographique et humain de la société
québécoise du milieu du siècle, l'abbé Proulx
démontra l'affection et l'amour qu'il voua à son peuple. Sa
maîtrise remarquable de l'art cinématographique impliquait le
recours à l'innovation et à l'imagination, ce qui nous
suggère cette réflexion du cinéaste Robert Bresson, "ton
film, qu'on y sente l'âme et le coeur, mais qu'il soit fait comme un
travail des mains."
Le décès de l'abbé Maurice Proulx, c'est la mort
d'un artiste et pédagogue de grand talent dont la mémoire
heureusement demeurera bien présente parmi nous, nous tous
Québécois et Québécoises, grâce aux milliers
de mètres de films laissés en témoignage de son oeuvre. Je
désire donc, Mme la Présidente, au nom du gouvernement offrir nos
plus sincères condoléances à la famille de M.
l'abbé Proulx.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre des Affaires
culturelles. M. le député de Mercier.
M. Gérald Godin
M. Godin: Mme la Présidente, le Québec vient de perdre son
Douanier Rousseau du cinéma. On peut dire que l'univers décrit
par le cinéaste Maurice Proulx est le même que celui qui a
donné naissance, au Québec, à tant de chefs d'oeuvre
littéraires, entre autres Trente Arpents de Ringuet, Maria
Chapdeleine de Louis Hémon, Les Soirs Rouges de
Clément Marchand, notre compatriote trifluvien, Menaud,
maître-draveur de Mgr Savard. Donc, cette époque a
donné lieu à une masse de chefs-d'oeuvre
littéraires et cinématographiques. On peut se demander, avec mon
collègue de Lévis, si le Québec n'était pas mieux
à l'époque rétro pour donner naissance à des
oeuvres. On peut se demander aussi combien de Maurice Proulx au Québec,
actuellement, sont en chômage faute de moyens? Ne devrait-on pas
retourner à l'époque où le Québec avait son service
de cinématogra-phie? Il y avait des fonctionnaires qui faisaient des
films et qui donnaient une image idyllique du Québec, mais au moins qui
existait et que les fils de nos fils pourront voir dans l'avenir.
Aussi, il faut souhaiter, à l'occasion de ce décès
tragique, que ces films soient montrés à la
télévision et dans nos cinématèques ie plus
tôt possible pour que les générations qui ne les ont pas
vus puissent prendre conscience de l'existence d'un cinéma
québécois fort ancien et qui montrait une réalité
qui, malheureusement, a disparu, mais qui vit encore grâce à
l'invention des frères Lumière.
Je me joins avec empressement à la motion de la ministre des
Affaires culturelles et je souhaite qu'il y ait d'autres abbé Proulx
dans l'avenir qui donnent du Québec l'image réaliste de ce que
nous sommes par le cinéma. Je déplore, malheureusement, qu'il y
en ait de moins en moins. Mme la Présidente, merci beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Mercier. Le débat est terminé. La motion de Mme la ministre des
Affaires culturelles qui se lit comme suit: Que l'Assemblée nationale
adopte une motion de condoléances à l'occasion du
décès de l'abbé Maurice Proulx, pionnier du cinéma
québécois est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Fin des affaires
courantes. Nous allons passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui. Je vous demanderais d'appeler l'article 4 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 17
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 4 de notre feuilleton, le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche propose l'adoption du
principe du projet de loi 17, Loi modifiant la Loi sur la
sécurité dans les sports. Là-dessus, je vais
reconnaître M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Mon intervention a
pour objet d'obtenir l'appui des membres de cette Chambre aux modifications
législatives proposées par le projet de loi 17, intitulé:
Loi modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports. Ce projet
de loi a pour objet principal de permettre à la Régie de la
sécurité dans les sports d'intervenir de façon efficace
pour assurer la sécurité de ceux qui s'adonnent au ski alpin
récréatif dans cette province. (11 h 20)
Le projet de loi a également pour effet d'ajuster le champ
d'application de la Loi sur la sécurité dans les sports, de
préciser les pouvoirs d'inspection de la régie, d'alléger
l'exigence du quorum de la régie dans l'exercice de certains pouvoirs
d'enquête et d'auditions usuelles et, de façon
générale, de modifier certains autres pouvoirs et fonctions de la
Régie de la sécurité dans les sports.
Rappelons, Mme la Présidente, que cet organisme,
créé en 1979, a pour raison d'être de rendre la pratique
des sports le plus sécuritaire possible pour les participants et les
spectateurs. Pour atteindre cet objectif, la régie, loin de chercher
à restreindre la pratique des sports, cherche plutôt à la
faciliter en en rendant les conditions plus sécuritaires. Elle veut
aider les milieux sportifs à diminuer les risques de blessures et
contribuer à réduire les coûts socio-économiques et
les inconvénients personnels, tant physiques que psychologiques, qui en
découlent.
Actuellement, les pouvoirs d'intervention de la régie en ce qui
concerne le ski alpin sont très limités. Elle peut exiger un
permis d'une personne qui désire organiser une manifestation sportive de
ski alpin, ce qui ne vise que le ski alpin professionnel, lequel est, à
toutes fins utiles, inexistant au Québec. Également, la loi
actuelle s'applique au ski alpin amateur régi par la
Fédération québécoise de ski alpin, laquelle ne
regroupe cependant qu'un peu plus de 1000 skieurs, ce qui ne représente
qu'un infime pourcentage du nombre total de personnes qui pratiquent le ski
alpin récréatif au Québec.
Divers rapports, études et observations réalisés au
cours des dernières années indiquent clairement que la
régie doit pouvoir intervenir pour assurer la protection de tous les
skieurs alpins. Certains facteurs de risque ont plus particulièrement
été mis en lumière, soit l'augmentation marquée du
nombre de skieurs, le comportement de ceux-ci et l'aménagement des
pistes. Le problème lié à l'augmentation du nombre de
skieurs évalué à environ 850 000 lors de la saison
1985-1986, alors qu'il n'était que de 500 000 deux ans plus tôt,
vient du fait que cette augmentation n'a pas été
accompagnée d'un agrandissement correspondant du domaine skiable, lequel
est, en effet, demeuré stable.
Mme la Présidente, quand on parie de 850 000, c'est
déjà dépassé au dire d'une étude que nous
avons eue dernièrement au ministère, puisqu'on parle plutôt
1 200 000 skieurs au Québec. Donc, cela veut dire que depuis quatre ou
cinq ans, le. nombre de skieurs au Québec a presque triplé et de
là l'urgence de pouvoir agir
pour faire en sorte que la sécurité soit bel et bien
instaurée sur les pistes du Québec.
Il en est résulté, inévitablement, un changement
important dans les conditions de pratique du ski alpin. En ce qui concerne le
comportement des skieurs, il est démontré qu'un nombre de plus en
plus grand d'entre eux adopte une attitude imprudente, voire même
téméraire et qu'ils sont prêts à prendre des risques
sur les pistes, cette attitude étant plus particulièrement
caractérisée par la descente rapide, communément
appelée le "downhill".
Quant au facteur de risque lié à l'aménagement des
pistes, il tient essentiellement à l'augmentation du nombre
d'intersections et d'obstacles de toutes sortes, alors que peu de changements
ont été apportés dans les mesures de signalisation et de
protection. L'accroissement de ces facteurs de risque se traduit au
Québec par une augmentation de la fréquence des blessures graves
subies en ski alpin. Ici, il suffit de rappeler que le Québec a connu,
depuis 1985, une dizaine d'accidents très graves en ski alpin, dont huit
ont donné lieu à des décès.
Le projet de loi présenté à cette Assemblée
aujourd'hui prévoit deux types de modifications en ce qui concerne le
ski alpin récréatif. D'une part, il précise dans le texte
même de fa Loi sur la sécurité dans les sports certaines
obligations générales imposées à l'exploitant d'une
station de ski alpin. D'autre part, il octroie à la régie un
pouvoir réglementaire en cette matière, de façon à
lui permettre de préciser, au besoin, le contenu de ses obligations.
Il va de soi, Mme la Présidente, qu'il y a des choses minimales
qu'on doit exiger en ce qui concerne la sécurité. Je pense que
cela tombe sous le sens. On sait que certains propriétaires de stations
peuvent parfois avoir des réticences. Je vous donne des exemples
précis. Puisque nous sommes en montagne, il peut arriver qu'une roche,
par exemple, par éboulis, se retrouve en plein milieu d'une piste de
ski. il faut obliger les gens qui ont ce genre de problème à
enlever les roches pour que personne ne se blesse. Je comprends que c'est un
acte de Dieu, ce qu'on appelle communément un "Act of God", et que les
gens disent que c'est la nature, mais il faut amener le maximum de
sécurité. N'en déplaise à ceux qui n'en veulent
pas, il faut avoir dans nos stations de ski au Québec au moins une salle
de premiers soins pour faire en sorte, lorsqu'il y a un blessé, qu'on
puisse organiser un transport le plus rapidement possible à
l'hôpital. On me dit qu'il y a des propriétaires de stations qui
ne veulent pas avoir de salle de premiers soins. Écoutez, cela tombe
sous le sens, au Québec, au moment où on a 1 200 000 skieurs, on
doit accorder certaines facilités. Le minimum, s'il y a un blessé
dans une pente de ski, c'est de permettre à ces gens-là d'avoir
un secours rapide et le minimum de soins en attendant un transport à
l'hôpital. Je pense que cela tombe sous le sens. Je regrette pour ceux
qui ne sont pas tout à fait d'accord, mais il faudra que le bon sens
prime de ce côté.
Je pourrais vous citer un autre cas, puisqu'il est important qu'on
apporte certains exemples concrets. Dans certaines stations, il y a des pistes
d'experts qui arrivent dans des pistes de débutants ou des pistes
où on fait de la pratique avec les jeunes. On a dans nos stations de ski
des pistes où les jeunes vont suivre des cours pour commencer ou
être initiés au ski alpin. Or, dans certaines stations, on est
obligé de constater que certaines pistes d'experts arrivent au bas de la
piste des débutants. On a eu des problèmes avec cela et on risque
d'avoir des accidents graves. Alors, il faut évidemment exiger que les
pistes d'experts s'éloignent des pistes des débutants,
éloignant ainsi les risques d'accidents au maximum. Cela peut obliger
certains propriétaires à apporter des aménagements, c'est
bien sûr.
Mme la Présidente, je vous répète qu'il y a 1 200
000 skieurs au Québec. Ce chiffre a presque triplé depuis cinq
ans et on doit faire en sorte d'être en sécurité dans nos
pentes de ski. N'en déplaise à quelques propriétaires de
stations de ski qui pourraient être récalcitrants, s'il y a trop
de morts ou de blessés au ski alpin au Québec, cela va jouer non
seulement au détriment de ceux qui sont blessés - on n'a pas le
droit, comme responsables au gouvernement, de laisser perdurer une situation
comme cela - mais à toutes fins utiles, si les accidents dans nos
stations de ski au Québec se multiplient, je vous parie que d'ici
à cinq ans, il n'y aura plus 1 200 000 skieurs, mais la moitié
moins de skieurs parce que les gens auront peur d'aller dans les stations de
ski. Donc, il faut leur procurer le minimum de sécurité. C'est le
moins qu'on puisse dire.
Autre chose, Mme la Présidente, certains propriétaires de
stations de ski ne veulent pas qu'on oblige les gens à avoir une
assurance. Y a-t-il quelque chose de plus élémentaire, lorsqu'on
pratique un sport qui peut comporter des dangers certains, que les gens soient
assurés? Je comprends que parfois les assurances sont dispendieuses.
C'est un autre problème auquel on essaiera de trouver une solution un
bon matin. Il ne faut pas être irresponsables au point de laisser des
gens sans assurances et, s'il arrive des accidents graves, que les gens se
retrouvent vis-à-vis de rien parce que les assurances peuvent être
dispendieuses. Nous prendrons cela point par point et nous essaierons de
régler les problèmes individuels, mais on ne peut pas laisser
faire n'importe quoi quand il y a 1 200 000 skieurs qui se promènent sur
les pistes du Québec. (11 h 30)
Par contre, je dois dire que les propriétaires de stations de ski
nous proposent certaines choses qu'on trouve intéressantes. C'est
probablement pourquoi nous aurons, au cours de l'étude du projet de loi
article par article, des
propositions, des amendements ou des papillons qui proviennent de
l'association des propriétaires, que nous jugeons intéressants et
que nous sommes prêts à accepter. C'est évident que, pour
tout ce qui touche la sécurité de base, il faut, de part et
d'autre, être conscients que nous devrons être très
exigeants de ce côté-là. Ainsi, un nouveau chapitre propre
au ski alpin est ajouté à la loi. L'élément
clé du nouveau chapitre de la loi réside dans le code de conduite
du skieur alpin que la régie pourra élaborer par
règlement. Ce code énoncera tes obligations de toute personne qui
pratique le ski alpin ou un autre sport sur les pistes de ski alpin et
précisera les comportements prohibés lors de la pratique de ces
sports. Le projet de loi impose à l'exploitant d'une station de ski
l'obligation d'afficher ce code aux endroits qui seront
déterminés par règlement par la régie.
C'est évident, Mme la Présidente, que le but de ce projet
de loi n'est pas d'avoir une police officielle pour patrouiller les pistes du
Québec et arrêter les gens qui ont un comportement
déraisonnable, imprudent ou non sécuritaire. Le but n'est pas
d'aller poiicer toutes les pistes au Québec, mais de demander aux
stations de se donner un code de sécurité, d'afficher ce code de
sécurité pour les gens qui vont faire la pratique du ski alpin.
Quand ce code est affiché et qu'il est clair, les gens doivent se
comporter en conséquence.
D'ailleurs, cela existe, ce n'est pas nouveau. Peut-être que
toutes les stations ne le font pas, mais cela existe, des stations où il
y a un code précis, où il y a des patrouilleurs - plusieurs
stations ont des patrouilleurs - qui vont demander, par exemple, à
quelqu'un qui pratique le "downhill" de cesser cette pratique. Ils vont
même parfois aller jusqu'à lui enlever son billet de
journée parce qu'il a un comportement non sécuritaire. Cela
existe déjà. Ce que nous voulons faire, c'est obliger tout le
monde à afficher le code pour que les gens le sachent. À partir
de ce moment-là, avec un code bien précis, les
propriétaires de stations pourront décider que tel comportement
mérite une sanction d'une journée, de trois jours, de cinq jours
ou l'annulation d'un billet de saison si, effectivement, c'est un
récalcitrant qui commet les mêmes imprudences et qui fait les
mêmes pirouettes non sécuritaires mettant en danger la vie des
autres et la sienne aussi, il faut bien le dire. À ce moment-là,
les propriétaires de stations pourront décider de la sanction
à apporter, mais, au moins, le skieur saura en arrivant qu'il a un code
de sécurité à suivre et qu'il devra bien le suivre.
Mme la Présidente, je pense que ce n'est pas malin, ce n'est pas
une question de poiicer les pistes du Québec; au contraire, nous avons
évité cette avenue. Nous savons que les propriétaires de
stations de ski sont suffisamment adultes et responsables pour établir
ce code et le faire respecter, puisque les propriétaires responsables le
font déjà.
Le cas échéant, l'exploitant pourra également
afficher, au même endroit, les autres règles de conduite qu'il
impose et les sanctions qu'il entend prendre contre les skieurs contrevenants,
ainsi que la durée de ces sanctions. C'est ce que je viens de vous
expliquer en quelques mots. Soulignons que ces deux derniers
éléments sont laissés à la discrétion de
l'exploitant et que rien dans le projet de loi ne l'oblige à imposer
d'autres règles. Toutefois, le projet de loi prévoit
expressément que l'exploitant doit prendre les mesures pour assurer le
respect du code de conduite du skieur alpin. Cette approche souple a l'avantage
de laisser à chaque exploitant le soin de déterminer de quelle
façon il entend faire appliquer le code de conduite du skieur alpin dans
sa station.
C'est bien évident, M. le Président, que ce que le
gouvernement ne doit pas faire, c'est avoir des règles tellement rigides
qu'H dirait: Sur telle longueur ou telle largeur de pistes, on doit avoir telle
sorte de comportement. Quand on va jusque-là, on vient, tout simplement,
mettre des bâtons dans les roues à tout le monde. On vient
compliquer, à la fois, l'existence des skieurs, des pratiquants et
l'existence de ceux qui doivent appliquer ces règles-là. Et,
dépen-damment de la station, de l'ampleur ou de la longueur des pistes,
du danger que comportent certaines pistes, je pense que les gens - je l'ai dit,
j'ai suffisamment confiance aux exploitants - sont capables d'utiliser ce genre
de code là avec mesure et discernement.
En plus de l'obligation d'afficher le code de conduite aux endroits
déterminés par règlement, le projet de loi demande
à l'exploitant d'indiquer sur tout billet donnant accès à
une piste de ski alpin que son utilisation comporte le devoir, pour le skieur
alpin, de respecter le code de conduite et les autres règles propres
à la station. On exige, pour que les gens soient bien au courant, que le
code soit bien affiché et qu'en plus on indique sur le billet qu'il y a
un code à respecter et qu'il y a des obligations. Autrement dit, on
informe le skieur. Cela ne veut pas dire qu'y y a là mauvaise
volonté du skieur; parfois, des débutants vont peut-être
faire des choses qu'ils ne devraient pas faire, c'est évident. Quand on
a voulu essayer le ski alpin, un jour ou l'autre, on a tous connu,
peut-être, des situations qui nous ont fait un peu peur.
Je me rappelle avoir été un adepte du ski de fond, H y a
un certain temps, et je trouvais intéressant de descendre des petites
vallées. Cela me donnait même, excusez le terme, un "thrtl"
particulier. J'ai voulu essayer d'aller dans une piste de ski alpin sans trop
tenir compte des conseils que pouvaient me donner des spécialistes et je
vous prie de me croire que je n'ai pas trouvé ça drôle.
J'ai trouvé que cela descendait assez rapidement, merci. J'étais
ignorant, à ce moment-là, d'une foule de petites choses
importantes.
Jamais, au grand jamais, on ne fera assez
d'efforts pour conscientiser les personnes par un règlement
affiché en disant qu'il peut y avoir certaines pénalités.
Qu'on indique sur son billet qu'il y a un code de sécurité
à respecter, cela ne prend pas grand place. Mais je pense qu'il est
intéressant de mettre tout en oeuvre pour bien informer celui qui
décide de s'aventurer dans une piste de ski alpin, qu'il soit
débutant, intermédiaire ou qu'il soit expert. À plus forte
raison, s'il est un expert, il doit, justement peut-être se retrouver
dans un autre genre de piste qu'un débutant parce que le débutant
va peut-être lui nuire sans le faire exprès.
Ce sont de tels correctifs qu'il faut apporter. Je l'ai dit: II y a 1
200 000 Québécois et Québécoises, plus des
Ontariens et d'autres personnes, qui viennent nous visiter, des touristes, qui
se promènent sur nos pistes de ski alpin. Cela fait beaucoup de monde et
cela occasionne des comportements drôlement différents et parfois
dans des conditions qu'on ne peut pas toujours contrôler.
Le projet de loi prévoit également que "l'exploitant doit
détenir une police d'assurance-responsabilité de la nature et du
montant prescrits par règlement de la régie". Il s'agit d'une
mesure élémentaire, à l'avantage aussi bien de
l'exploitant d'une station de ski que les usagers, et qui constitue
déjà une pratique largement répandue. Je ne peux pas
comprendre, Mme la Présidente, quand on me dit que certains
propriétaires de stations sont contre cette mesure. Écoutez,
j'espère que non. Il se peut qu'on retrouve au Québec des gens
qui ne soient pas assurés pour leur domicile en cas de feu, cela se
peut, bien sûr. Je trouve cela passablement dangereux qu'ils raisonnent
comme cela. Évidemment, s'ils passent au feu, au moins ce sont eux qui
passent au feu en espérant qu'ils n'ont pas de visite. Mais, quand on
reçoit 3000 ou 4000 personnes dans une station de ski alpin un beau
dimanche après-midi ou une dizaine de milliers de personnes une fin de
semaine, bien, je pense qu'il faut avoir de l'assurance-responsabilité.
(11 h 40)
J'en ai dans ma propre maison pour des visiteurs qui viennent chez nous.
J'ai une assurance-responsabilité. À peu près tout le
monde au Québec, qui a une piscine en arrière de la maison, a une
assurance-responsabilité. À plus forte raison quand il y a des
milliers de personnes sur des pistes de ski où il y a risque
d'accidents. Cela a beau être un sport agréable, un sport
récréatif, je pense qu'il n'est pas inopportun d'avoir une
assurance-responsabilité. J'espère bien que tout le monde en est
conscient et les premiers, évidemment, ce sont les propriétaires
de stations de ski.
Le projet de loi confère également à l'exploitant
la responsabilité de maintenir un service de premiers soins dans sa
station conformément aux normes prévues par règlement de
la régie. Ces normes pourront toucher aussi bien des
éléments comme la qualification du personnel que
l'équipement minimal requis. Autrement dit, je ne pense pas que
l'État ait l'idée de vouloir transformer une salle à
l'intérieur d'une station de ski en hôpital, avec des
spécialistes. S'il y a des gens qui pensent cela, on charrie un peu
quand on dit des choses semblables. Ce qu'on veut, c'est au moins une trousse
de premiers soins et un endroit où le malade pourra être en
sécurité autrement que couché dans la neige en plein
milieu d'une pente de ski parce qu'il a été blessé. On
veut qu'on puisse l'amener là en attendant son transport à
l'hôpital, si cela nécessite un transport à
l'hôpital. Ce n'est pas bien compliqué et ce n'est pas sorcier,
non plus. Je ne pense pas que cela fasse mourir quiconque au Québec de
donner un peu plus de sécurité dans ce sens-là.
Cette obligation de maintenir un service de premiers soins satisfaisant
s'accompagne d'une autre obligation voulant que l'exploitant donne rapidement
les premiers soins à une personne blessée et, sur recommandation
d'un membre du personnel de premiers soins, le transporte, aux frais de cette
personne, à un centre hospitalier, à un CLSC ou chez un
médecin, dépendamment des facilités qu'on a autour de la
station. C'est le minimum qu'on peut exiger advenant le cas où des gens
se blessent, en espérant que jamais personne ne va se blesser dans une
piste de ski alpin. Je pense que c'est un voeu pieux de notre part. S'il n'y
avait pas d'accident, tant mieux, on souhaite qu'il n'y en ait pas. Mais il
faut prévoir s'il y en a.
Également, l'exploitant aura l'obligation de remplir un
formulaire d'accident et de l'expédier à la régie, sur
demande, dans tous les cas où il y aura intervention d'un membre du
personnel de premiers soins à la suite d'un accident de ski alpin. C'est
élémentaire, Mme la Présidente, vous le savez. Là
où il y a eu des accidents graves et où cela a
nécessité une enquête du coroner, on n'a qu'à aller
vérifier ce qui s'est passé. Quand cela nécessite une
enquête, Mme la Présidente, ce n'est pas exagéré de
demander au propriétaire d'une station de ski, qui donne les premiers
soins parce qu'il a le personnel et l'équipement, de rédiger un
rapport sommaire indiquant de quelle façon l'accident s'est produit, et
que les gens y aient accès. Encore là, ce n'est pas la mer
à boire et ce n'est pas virer tout le monde à l'envers de penser
en fonction de cela. De toute façon, la loi sur l'accès à
l'information, Mme la Présidente, vous le savez, pourra permettre dans
certains cas d'aller vérifier et même au-delà. Ce qu'on
demande, ce qu'on exige, c'est le minimum.
Un tel formulaire sera très utile à la régie pour
évaluer statistiquement les risques du ski alpin et facilitera d'autant
la recherche des moyens efficaces de prévention. En fait, quand on
demande de remplir ces formulaires, cela permet à la régie, en
collaboration avec l'association, d'apporter ou de regarder des choses
pouvant améliorer certains critères et
pouvant améliorer des situations. C'est uniquement cela et je pense
qu'il ne s'agit pas d'être en conflit - je pense que l'association des
propriétaires de stations de ski va comprendre cela facilement, elle qui
a à oeuvrer avec le public - avec la régie et d'être en
conflit avec qui que ce soit. Ce n'est pas une question d'intérêt
personnel. Il faut éviter les intérêts personnels dans tous
ces cas-là et H faut éviter les individus qui pourraient en avoir
aussi. Il faut essayer de fournir le minimum de sécurité aux
gens. Ce n'est pas sorcier.
La signalisation est un autre aspect important de la
sécurité en ski alpin visé par le projet de loi qui vous
est présenté aujourd'hui. La signalisation, c'est important, Mme
la Présidente, vous le savez comme moi. C'est important sur les routes
du Québec d'aviser qu'il peut y avoir un précipice quelque part
et de faire en sorte qu'il soit bien annoncé pour que les gens le
comprennent. C'est aussi important d'aviser un skieur en train de descendre une
piste de ski qu'un petit peu plus bas, à quelque distance de la, il y a
une courbe qui comporte un certain danger. Je pense que c'est un minimum qu'on
peut exiger quand il y a plus de 1 000 000 de personnes qui circulent dans les
pentes du Québec. Il est primordial, en effet, que cette signalisation,
dont l'objet est d'orienter le skieur et de le mettre en garde contre les
risques qui le guettent sur les pistes, soit standardisée et uniforme
d'une station à une autre de façon à être comprise
rapidement par le principal intéressé.
Voilà une autre raison pour laquelle on demande une
signalisation. Il ne peut y avoir quinze sortes de signalisation,
dépendamment que vous soyez dans les Cantons de l'Est, dans la
région de Québec ou dans le nord de Montréal. Verriez-vous
ça, Mme la Présidente, une signalisation routière
différente d'une région à l'autre? Ce serait
épouvantable. C'est la même chose. C'est une question de
standardiser, au minimum - toujours au minimum - la signalisation pour que les
gens sachent, qu'ils soient dans le nord de Montréal, dans les Cantons
de l'Est, au Mont-Saint-Anne ou n'importe où dans la région de
Québec, que tel genre d'affiche veut dire qu'il y a un danger, que telle
sorte de danger les guette et que cette signalisation ne soit pas
différente d'un endroit à l'autre.
C'est pourquoi le projet de loi oblige l'exploitant
à classifier chaque piste selon des degrés de difficulté
déterminés par règlement de la régie et permet
à celle-ci de déterminer la signalisation qui doit être
installée dans une station de ski alpin et d'en prescrire le contenu, la
forme, la couleur, la dimension et la localisation. Encore là, il faut
bien indiquer au skieur dans quelle sorte de piste il s'engage; est-ce une
piste de débutant, d'intermédiaire ou d'expert? C'est important
que les gens le sachent. D'autant plus que de plus en plus le ski est un sport
familial et je pense qu'il y a une sécurité à y
apporter.
Encore là, c'est sûr que cela dérange du monde, j'en
conviens. Cela va déranger du monde. Selon moi, quand on est
propriétaire d'une station de ski, on a aussi certaines obligations. On
n'a pas seulement l'obligation de "collecter un ticket", excusez le terme,
d'aller chercher un prix pour un billet, que ce sort un billet d'une
journée, un forfait de quelques jours ou un billet de saison.
L'obligation n'est pas d'aller chercher uniquement cet argent-là et,
après, de dire: On a fourni le remonte-pente, on a fourni la descente,
on peut leur louer des skis et ils peuvent se restaurer à
l'intérieur et, après ça, c'est fini. Voilà! C'est
plus que ça, être propriétaire d'une station de ski; cela
comporte des obligations: des obligations de sécurité, des
obligations de s'assurer que les gens.. On n'empêchera pas qu'il y ait un
bar à l'intérieur d'une station de ski, mais si l'alcool au
volant, c'est criminel, on espère qu'il pourra au moins y avoir
quelqu'un de responsable dans la station pour dire à quelqu'un en
état d'ébriété avancée: Tu ne dois pas
mettre tes skis pour descendre parce que tu es en état
d'insécurité pour toi-même. Si tu ne veux pas le faire pour
toi-même parce que cela ne te dérange pas de te retrouver mort un
bon matin, respecte au moins la vie de ceux qui peuvent descendre autour de
toi. C'est le minimum que tu peux faire. Ces obligations-là, ce n'est
pas le gars qui va les prendre. Ce n'est pas la personne en état
d'ébriété qui sera conscientisée au fait qu'elle
n'a pas les capacités de descendre la piste, mais il va falloir que
quelqu'un le lui dise. N'en déplaise à qui que ce soit, les
propriétaires de stations de ski ont certaines obligations autres que
celles de remplir les stations, de faire en sorte qu'elles soient bien
achalandées et que, durant la fin de semaine, la caisse soit bien
remplie. Je sais qu'ils sont assez adultes pour comprendre ça. Je sais
que la majorité des propriétaires de stations de ski comprennent
ça parce que c'est élémentaire. Je serais
déçu de constater qu'ils ne comprennent pas ça. Cela
m'inquiéterait drôlement et grandement. (11 h 50)
De plus, pour faciliter encore plus l'orientation du skieur sur les
pistes de ski alpin, le projet de loi précise que l'exploitant doit
mettre à la disposition des skieurs qui en font la demande un tableau
synoptique format de poche des pistes et des remontées
mécaniques, pour que les gens sachent où ils se trouvent. Il
arrive souvent qu'on achète un billet, on prend le remonte-pente, on
arrive en haut où on a la possibilité d'emprunter trois ou quatre
pistes et on ne sait pas trop dans laquelle on va se retrouver. Je vous jure
que, dans certains cas, la première fois où j'ai chaussé
des skis et où j'y suis allé, si j'avais emprunté la piste
à côté, je serais mort. J'en suis certain parce que je
n'étais pas en mesure de la prendre. Mais on ne me
l'indiquait pas. Quand j'y suis allé, elle n'était pas
indiquée. Comment est-ce que je vais flairer cela? Comment est-ce que je
vais m'apercevoir de cela si on ne fait pas le minimum pour m'informer?
Qu'on ne dise pas à chacun: C'est comme cela et qu'on n'aille pas
lui montrer cela en le tenant par le bras, d'accord. Mais, au moins, qu'on
fournisse la possibilité de dire à celui qui veut le savoir:
Cette piste est dangereuse. S'il veut jouer avec le danger, ce sera son
problème. Mais il faut éviter que les gens ne se retrouvent dans
des situations où ils ne savent plus quoi faire. Vous savez, un arbre,
quand on est en skis, cela arrive vite. Vous le savez tout comme moi.
Le projet de loi confère également à l'exploitant
d'une station de ski des obligations claires en matière de patrouille.
Ainsi, il devra effectuer une reconnaissance des pistes avant leur ouverture ou
après leur fermeture et les patrouiller en tout temps pendant qu'elles
sont ouvertes aux skieurs. Encore là, Mme la Présidente, c'est
élémentaire. Pour certaines raisons, il y a des pistes qui,
surtout quand on a un phénomène d'enneigement artificiel, n'ont
peut-être pas assez de neige pour recevoir un grand nombre de skieurs. Il
se peut qu'en plein milieu d'un bel après-midi, d'une belle fin de
semaine, la piste soit devenue plus dangereuse à cause du nombre de
skieurs qui ont pu y circuler. Il faut que les gens, les propriétaires
sachent, par leurs patrouilleurs, que celle-là offre peut-être un
risque additionnel. Il faut au moins le dire, il faut au moins le
prévoir. Si elle devient un danger, il faut être capable de dire
qu'on la ferme.
Encore là, c'est bien sûr que cela va peut-être
importuner des gens de dire qu'on ferme telle piste parce qu'elle n'est plus
skiable ou qu'elle n'est plus ce qu'elle était au début de la
matinée. C'est bien sûr que c'est un peu déplaisant. Mais
est-ce qu'on doit laisser faire sous prétexte qu'il y a bien des gens
qui peuvent être déçus? Il s'agit de le leur expliquer.
Moi, la journée où on me dit de faire un détour parce que
cela peut être dangereux à l'endroit où je passe et que je
mets ma vie en danger, bien cela m'incommode, mais je préfère
faire le détour plutôt que de prendre des risques inutiles. C'est
le minimum qu'on peut exiger de gens responsables.
Parmi les autres mesures contenues dans le projet de loi, Mme la
Présidente, il est apparu que la définition actuelle du mot
"sport" contenue dans la Loi sur la sécurité dans les sports est
trop restrictive et ne permet pas de couvrir les aspects initiation et
récréation dans la pratique du sport. Cette définition
parle uniquement d'une activité physique exercée dans le sens de
la compétition ou dont la pratique implique une certaine forme
d'entraînement et le respect de certaines règles, ce qui,
incidemment, ne permettrait pas de viser le ski alpin
récréatif.
La définition proposée par le projet de loi est, donc,
plus large dans la mesure où elle permet de viser à la fois les
sports de masse et les sports d'élite, parce qu'il y a deux sortes de
sports. Évidemment, il faut se dire aussi, c'est bien important, que,
parfois, on est sujets à obtenir des compétitions chez nous. Et
comme la Régie de la sécurité dans les sports oeuvre aussi
dans le domaine des sports d'élite, à ce moment-là, il
faut avoir une réglementation qui ne touchera pas du tout, on se le dit
ensemble, le sport récréatif du ski alpin, mais qui va toucher
une compétition qui va avoir des exigences dans certains cas, mais il
faut le prendre complètement à part de ce qu'est le projet de loi
pour les gens qui pratiquent le ski alpin en général.
Une autre mesure importante réside dans le fait que la Loi sur la
sécurité dans les sports liera dorénavant le gouvernement,
ses ministères et les organismes qui en sont mandataires. Cette
disposition qu'on trouve dans plusieurs loi et dont l'objet principal est la
sécurité des personnes est rendue nécessaire du fait que
le centre de ski du Mont-Sainte-Anne est administré par la
Société des établissements de plein air, un mandataire du
gouvernement.
Évidemment, je voulais faire part ici de la définition
dans le projet de loi, qui est plus large dans la mesure où elle permet
de viser à la fois des sports de masse et des sports d'élite.
Donc, c'est la différence avec ce que je vous expliquais tantôt,
une compétition qui pourrait avoir lieu à certains endroits bien
précis.
L'inclusion du ski alpin récréatif dans le champ
d'application de la loi constitue, certes, la raison immédiate
justifiant cette modification législative, mais son libellé non
limitatif liera le gouvernement à l'égard de toute implication
future que celui-ci pourrait avoir dans la gestion des services dans le domaine
sportif.
Le projet de loi qui vous est présenté aujourd'hui modifie
également des pouvoirs d'inspection de la Régie de la
sécurité dans les sports. À l'heure actuelle, ces pouvoirs
sont très limités et ne permettent à la régie
d'effectuer des inspections que dans un centre sportif ou pour vérifier
l'application des dispositions relatives aux sports de combat. Comme le projet
de loi vise à étendre le mandat de la régie aux sports de
masse exercés dans un contexte d'initiation et de
récréation, il prévoit qu'une personne mandatée par
la régie pour vérifier l'application de la loi et de ses
règlements pourra exercer certains pouvoirs d'inspection bien
identifiés et du même type que ceux reconnus aux inspecteurs en
bâtiment du gouvernement du Québec. Ces pouvoirs d'inspection,
qui, de façon générale permettent l'accès aux lieux
à des fins d'examen, d'essais, de prélèvements, de
vérifications et d'installations d'appareils de mesure, pourront
s'exercer notamment à tout endroit où peut se pratiquer un
sport.
Ces pouvoirs d'inspection permettront également à une
personne mandatée par la régie
de prélever des échantillons d'haleine et d'urine chez les
concurrents à une manifestation sportive au sens de l'article 40, mais
uniquement dans les cas et selon la procédure prévus par
règlement. Évidemment, il y a des gens qui disent: Oui, mais vous
parlez d'échantillons d'urine et vous parlez de tests d'haleine pour la
pratique du ski. Oui, mais écoutez, il faut bien dissocier cela. On ne
parle pas de ski récréatif. On ne parle pas des quelque 1 200 000
personnes qui font du ski. C'est quand il y a une compétition quelque
part. Par exemple, on organise, peu importe où au Québec, dans
une station majeure, une compétition internationale d'élite. On
donne les pouvoirs à la régie - tel que cela se pratique partout,
tel que cela se pratique dans les Jeux olympiques - d'éviter que
quelqu'un ne puisse consommer des choses fort intéressantes pour sa
compétition et très dangereuses pour les autres.
Mme la Présidente, c'est un autre chapitre qui touche le volet de
l'élite et qui n'a rien à voir avec le ski alpin. Mais, comme on
amende la Loi sur la sécurité dans les sports, on en profite pour
amender d'autres parties. Cet encadrement strict a pour objet d'assurer que ce
type particulier de prélèvement respecte en tout point les
prescriptions des chartes canadienne et québécoise des droits et
libertés de la personne, particulièrement à l'égard
des notions d'inviolabilité de la personne humaine et de la
discrimination. Bien sûr, on tient compte de la Charte des droits et
libertés de la personne.
Enfin, de façon à assurer concrètement l'exercice
des pouvoirs d'inspection de la régie, le projet de loi précise
également qu'une personne qui nuit à un inspecteur de la
régie, notamment, par réticence ou fausse déclaration
commet une infraction et est passible d'une amende de 105 000 $. C'est encore
pour les sports d'élite. On est sorti du volet touchant les pouvoirs et
les règlements en ce qui concerne la pratique du sport de ski alpin
récréatif.
Un autre objectif du projet de loi est d'alléger l'existence du
quorum dans l'exercice de certains pouvoirs usuels de la régie. Le
législateur confère, en effet, à la régie le
pouvoir de poser certains actes tels celui de délivrer un permis, de
tenir des auditions et de faire enquête dans les cas prévus dans
la Loi sur la sécurité dans les sports. Ces pouvoirs doivent
être exercés par un quorum de trois membres. Cependant, la loi
prévoit actuellement deux cas où un régisseur peut agir
seul: lorsque la régie tient une enquête sur toute situation qui
risque de mettre en danger la sécurité d'une personne ou de
porter atteinte au bon renom du sport de combat, ou lorsque la régie
refuse de délivrer un permis, le suspend ou l'annule pour des motifs
d'intérêt public, entre autres. Cela a surtout trait aux sports de
combat. Mme la Présidente, vous le savez, il y a déjà plus
d'un an on a voté une loi, on a amendé la Loi sur la
sécurité dans les sports pour faire un chapitre sur les sports
dits de combat. Cela a trait à celui-là. C'est pour permettre
d'avoir un quorum plus restreint quand il y a une décision rapide
à prendre.
Ce pouvoir doit être exercé actuellement par au moins trois
régisseurs alors qu'il pourrait l'être sans danger par un
régisseur seul quand il s'agit de danger rapide à être
évité. À titre d'exemple, pendant la période
comprise entre le 28 septembre 1987, date à laquelle fa régie
devenait opérante à l'égard des manifestations sportives
de sports de combat, et le 21 décembre 1987, la régie a
délivré 197 permis à des personnes qui désiraient
participer à de telles manifestations sportives. Pour répondre
aux exigences de la loi, la régie a dû convoquer ses
régisseurs pour rendre de telles décisions. Alors, c'est dans le
but d'améliorer la performance et pour ne pas retarder
administrativement tout le monde pour l'obtention de ce qu'ils ont à
obtenir. C'est un des volets que nous traitons à l'intérieur du
projet de loi.
Le projet de loi modifie, enfin, diverses dispositions de la Loi sur la
sécurité dans les sports de façon à combler
certaines lacunes qui se sont révélées dans le cadre de
l'application de cette loi et à faciliter la pleine réalisation
des fonctions de la régie. Vous me permettrez ici d'en faire un bref
inventaire. Entre autres, le projet de loi modifie la définition de
manifestation sportive de façon à remplacer la notion de
concurrent qui peut recevoir une bourse ou une rémunération par
celle beaucoup plus claire de concurrent professionnel. Ce sont des termes
qu'il fallait préciser pour clarifier certaines situations, mais on est
dans le sport d'élite. (12 heures)
La définition actuelle est source de confusion dans la mesure
où les règles de certaines fédérations permettent
à leurs athlètes amateurs, à certaines conditions, de
participer à des événements sportifs et de recevoir une
bourse ou une rémunération sans que ceux-ci perdent pour autant
leur statut d'athlètes amateurs. Par ailleurs, certains athlètes
professionnels participent à des événements sportifs qui
échappent à l'application de la loi, puisqu'il n'y est pas
accordé de bourse ou de rémunération aux concurrents.
Le projet de loi ajoute expressément aux fonctions de la
régie celle d'encourager l'usage de la non-violence dans la pratique du
sport. Je pense que tout le monde le sait, on en entend parler depuis
passablement de temps, maintenant, de la violence dans tous les sports au
Québec. Tout le monde se prononce pour la non-violence. Tout le monde
veut que la violence cesse. Il faut, à ce moment-là, être
capable encore une fois... C'est beau de dire: II ne faut pas qu'il y ait de la
violence. Mais jusqu'à quel point peut-on intervenir dans des cas
précis nous permettant de corriger la situation? Ce qu'on veut faire,
c'est encourager l'usage de la non-violence dans la pratique des sports et,
évidemment, on donne à la régie des possibilités de
procéder à ce qu'elle veut faire du côté de la
non-violence.
Le projet de loi vise, également, à permettre à la
régie d'ordonner à un membre d'une fédération
d'organismes sportifs ou d'un organisme sportif non affilié à une
fédération de se conformer à ses règlements de
sécurité en cas d'inaction de ces derniers. On sait, Mme la
Présidente, que la majorité des fédérations
sportives ont eu, jusqu'à présent, à s'entendre avec la
Régie de la sécurité dans les sports sur un
règlement de sécurité. Alors, ce qu'on veut, c'est que,
maintenant, tout le monde se conforme à ce règlement. Ce n'est
pas uniquement le fait d'avoir élaboré un règlement et de
dire: II y a un règlement d'établi, on a tout fait ce qu'il
fallait faire. Mais c'est d'être bien sûr que les gens s'y
conforment, les fédérations comme tout le monde.
Ce pouvoir n'existe pas actuellement. Il apparaît
nécessaire de donner à la régie, dans la mesure où
la fédération ou un organisme n'agit pas, puisque ces derniers
ont déjà l'obligation de faire respecter le règlement de
sécurité par leurs membres, mais que rien n'est prévu en
cas d'inaction de leur part. C'est bien sûr que, dans
l'élaboration de ce règlement, ce sont les
fédérations qui ont l'obligation de faire respecter le
règlement et non la régie. Dès que la régie se rend
compte que les gens ne font pas respecter le règlement, c'est de se
donner un pouvoir pour, au moins, les obliger à le faire respecter et
non pas que ce soit uniquement une chose qu'on a faite sur papier, sans que
cela ne change rien dans la réalité des choses. Par le fait
même, on crée une nouvelle infraction pénale pour le membre
qui refuse d'obéir à cette ordonnance de la régie.
Le projet de loi a pour effet de rendre plus efficace le
mécanisme d'approbation par la régie des règlements de
sécurité des fédérations d'organismes sportifs ou
des organismes sportifs non affiliés à une
fédération. En effet, la loi actuelle prévoit qu'une
fédération d'organismes sportifs ou un organisme sportif non
affilié à une fédération doit adopter un
règlement de sécurité et le faire approuver par la
régie. Elle ne confère pas à cette dernière,
toutefois, le pouvoir d'apporter certaines modifications au moment de
l'approbation de ces règlements.
Le projet de loi corrige cette situation en permettant à la
régie d'adopter, en tout ou en partie, un règlement de
sécurité. De plus, la loi actuelle ne permet pas à la
régie de révoquer une approbation donnée lorsque le
règlement de sécurité devient inefficace. Le projet de loi
proposé élimine cette lacune en permettant à la
régie d'ordonner, dans un délai qu'elle fixe, la modification, en
tout ou en partie, d'un règlement de sécurité, lorsque,
depuis son approbation, il est devenu inefficace pour assurer la
sécurité des personnes qui pratiquent le sport visé.
Dans le même esprit, le projet de loi confère à la
régie, dans l'exercice de son pouvoir, le droit d'étendre
l'application d'un règlement de sécurité d'une
fédération d'organismes ou d'un organisme sportif non
affilié à une fédération, la faculté de
l'appliquer en y apportant des modifications de façon à pouvoir
tenir compte des particularités de chacun de ces organismes.
Les autres modifications apportées par ce projet de loi à
la Loi sur la sécurité dans les sports sont de nature plus
technique. À titre d'exemple: une précision, à savoir
qu'une fédération ou un organisme sportif doit notifier une
personne intéressée d'une décision rendue en application
d'un règlement de sécurité dans un délai de dix
jours, accompagné d'un avis l'informant de son droit d'en appeler dans
certains cas; le remplacement de l'expression "courses de véhicules
motorisés" par "sports de véhicules motorisés", de
façon à pouvoir viser les épreuves d'endurance ou
d'habileté qui ne sont pas des courses; l'ajout de la possibilité
pour le gouvernement de déterminer le montant des droits payables
à la régie pour la délivrance d'un permis d'organisateur
valable pour toute manifestation sportive, selon un pourcentage de recettes
brutes, comme c'est actuellement prévu dans le cas spécifique
d'une manifestation de sport dite de combat; l'ajout de la possibilité
d'exclure de l'application de la loi et des règlements des
catégories de personnes, de lieux ou de sports et de faire varier
l'application des règlements en fonction de ces catégories;
l'ajout d'une obligation aux fédérations et aux organismes
sportifs de fournir à la régie un rapport annuel d'accidents.
Voilà donc, en résumé, Mme la Présidente,
l'ensemble des modifications que le projet de loi propose d'apporter à
la Loi modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports. Ces
modifications permettront à la Régie de la sécurité
dans les sports d'assurer plus efficacement la réalisation de son
mandat, particulièrement en ce qui concerne la pratique
sécuritaire du ski alpin récréatif.
Je termine immédiatement, Mme la Présidente, en vous
disant encore une fois qu'il va de soi que l'ensemble du projet de loi touche
la pratique ou la sécurité dans la pratique du ski alpin
récréatif et qu'il vise au minimum les responsabilités de
part et d'autre. Il y a les responsabilités du skieur alpin et il y a
les responsabilités du propriétaire ou des propriétaires
des stations. Il y a aussi les responsabilités du gouvernement, de ses
composantes, ou de la régie.
Alors, Mme la Présidente, ce qu'il faut faire, ce n'est pas
sorcier, ce n'est pas compliqué et j'invite tous les
propriétaires de stations à y réfléchir pleinement.
Il y a des obligations, il y a des devoirs. On doit être responsable et
on ne peut se permettre que le Québec ait un mauvais visage parce qu'il
y aurait trop d'accidents dans la pratique du ski alpin
récréatif. On ne peut se permettre de détériorer
l'image du Québec du côté du ski alpin parce que chacun
d'entre nous n'aurait rien fait ou n'aurait voulu rien faire.
Je pense qu'il va de soi, Mme la Présidente, que ce projet de loi
s'impose et, comme je l'ai mentionné, nous sommes prêts à
accepter certains amendements proposés par nos amis les
propriétaires de stations de ski pour faire en sorte qu'on puisse avoir
tout ce qu'il faut pour rendre la sécurité possible. On est
ouvert là-dessus, mais jamais on n'acceptera des amendements qui
viendront enlever les éléments essentiels de
sécurité qu'on doit assurer aux 1 200 000
Québécoises et Québécois qui pratiquent ce sport.
Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Tout ce que
je ne voudrais pas qu'il m'arrive, c'est de me réveiller morte à
un moment donné, comme le ministre l'a dit à deux ou trois
reprises dans son intervention, surtout pas avant de faire la mienne.
Mme la Présidente, le projet de loi 17 concernant la
sécurité dans les sports en est aujourd'hui à sa
deuxième lecture. Il s'agit d'un projet de loi à deux volets,
dont un modifie les pouvoirs actuels de la Régie de la
sécurité dans les sports et dont l'autre vient préparer le
terrain à une éventuelle réglementation dans le domaine du
ski alpin. La principale caractéristique du projet de loi qui nous est
présenté consiste ni plus ni moins à donner plus de
pouvoirs à la régie dans le domaine du sport amateur.
De ce fait, la régie pourra davantage intervenir dans les
règles de sécurité régissant la pratique de
certains sports comme elle l'a d'ailleurs fait à plusieurs reprises,
notamment l'hiver dernier, dans le secteur du hockey sur glace en obligeant,
à partir de cette année, le port d'un protecteur facial pour
l'ensemble des joueurs amateurs ou semi-professionnels. On sait, Mme la
Présidente, que l'intervention de la régie est parfois
controversée. L'obligation du port du protecteur facial ne fait pas
l'unanimité dans le monde du hockey amateur. Certains adeptes du hockey
se demandent pourquoi on vient s'ingérer dans le hockey pratiqué
occasionnellement par des ligues non professionnelles. On en arrive même
parfois à se demander si, dans certains cas, la régie ne va pas
trop loin. En effet, l'étendue des pouvoirs de la régie n'est pas
toujours très claire. Alors qu'elle devrait pouvoir intervenir avec
vigueur dans certains domaines, on la sent parfois timorée, craintive et
même hésitante.
Vous aurez sans doute compris que je parle ici du rôle de la
régie dans le domaine du sport professionnel et plus
particulièrement dans le domaine du sport de combat. Je sens cette
timidité de la régie plus particulièrement dans le milieu
de la boxe professionnelle, où elle semble avoir du mal à
s'imposer. J'aurais d'ailleurs aimé, dans le cadre de ce projet de loi,
voir certains articles toucher cette question particulière. Je sais que
le juge Bernier aurait sûrement le goût d'avoir un peu plus de
prise dans ce milieu, mais je me demande si le ministre partage ce goût,
cette volonté nécessaire d'intervenir davantage dans le milieu de
la boxe professionnelle. C'est dommage que le ministre ait dû sortir
quelques minutes; j'espère qu'il m'a entendue parce que j'aimerais bien
savoir s'il partage le goût du juge Bernier dans le domaine de la boxe.
(12 h 10)
Je dis cela, Mme la Présidente, parce qu'il me semble qu'on
accorde beaucoup d'importance et de pouvoirs à la régie dans le
domaine du sport amateur et moins dans le sport professionnel. Je dis cela
parce que je ne voudrais pas qu'on réglemente le sport amateur sans
appliquer la même rigueur au sport professionnel. Vous comprendrez, bien
sûr, que le sport amateur prend souvent exemple sur les grands
frères ou les grandes soeurs du sport professionnel. Il faut, par
conséquent, appliquer des règles équivalentes, il me
semble, qui permettront aux sportifs amateurs de se sentir égaux en
responsabilités, mais aussi en droits. Lorsqu'on parle de modifier les
pouvoirs de la régie, je suis heureuse de constater que le
présent gouvernement continue de considérer l'importance de
l'équilibre devant exister en matière de droits et
responsabilités. Car cette philosophie est la base même de cette
régie que nous avions créée en 1979. Au tout début
de son intervention, j'ai bien entendu le ministre en parler de façon
très positive.
La Régie de la sécurité dans les sports a une
vocation parfois ingrate. Elle vient réglementer, dire quoi faire ou ne
pas faire aux citoyens qui pratiquent certains sports. Elle vient aussi mettre
son nez dans les fédérations sportives auxquelles elle dit
quelles doivent être les règles minimales de
sécurité dans les lieux où se pratique tel ou tel sport.
Elle vient édicter les normes régissant la pratique d'un sport,
les exigences des équipements, et, le cas échéant, elle
précise les sanctions en cas de non-respect du règlement. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que ce n'est pas toujours un rôle
très séduisant, parce que, en quelque sorte, la régie,
c'est la police dans les sports, et on n'est pas toujours content d'avoir la
police à nos trousses, mais combien il est important, car, sans la
contribution de la régie, on pourrait assister à toutes sortes
d'abus dans le monde du sport, non pas parce que les fédérations
sportives ne jouent pas bien leur rôle, mais plutôt parce que
certaines personnes pourraient être tentées de tirer
indûment profit d'une situation ou d'un contexte peu encadré.
Je suis donc heureuse de constater que le
ministre reconnaît le bien-fondé de la Régie de la
sécurité dans les sports et qu'il ne cède pas à la
tentation de son parti de libéraliser ce domaine au nom des
libertés individuelles. Comme on le sait, les libertés
individuelles sont d'une extrême importance, bien sûr. Elles sont
quand même parfois la cause de certains maux. C'est un peu comme le
sacro-saint principe de la libre concurrence: le libre marché ou le
laisser faire que nos amis d'en face connaissent bien? Ils constituent des
principes vertueux, mais ils sont souvent sources d'inégalités.
Les gros, les plus forts se servent malheureusement trop souvent de leurs
avantages pour écraser les plus petits, et c'est inacceptable. Ils
oublient le respect, la solidarité et l'entraide, lis profitent de
situations avantageuses pour exploiter davantage le plus faible, et ce,
toujours au nom du beau principe des libertés individuelles. Je n'ai
rien contre les libertés fondamentales, mais certaines libertés
individuelles peuvent être la source de grandes injustices sociales, et,
à ce compte-là, je pense que personne ne peut accepter une chose
comme celle-là.
Je constate toutefois qu'avec ce projet de loi, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche penche plutôt du côté des
libertés bien ordonnées, et bravo! Je tiens d'ailleurs à
le féliciter de ne pas avoir sombré dans la tentation du laisser
faire au nom des grands principes libéraux. Dans le projet de loi qu'il
nous présente, je vois qu'il adhère au principe des droits
collectifs et qu'il opte pour la sécurité du public dans le monde
du ski alpin. Je vois aussi que le ministre est soucieux de
l'intérêt du public, et je dis encore bravo, "rebravo"!
Franchement, c'est important de sentir qu'on pense aux utilisateurs parce que
hier, dans le projet de loi 34, on ne pensait pas aux utilisateurs du
système ambulancier, on pensait plutôt à former une
corporation. Le ministre a dit à maintes reprises, aujourd'hui, qu'il
pensait aux adeptes du ski, aux 1 200 000 skieurs au Québec. Et bravo!
Il faut lui donner cela. C'est bien.
Je vois, par contre, que le ministre a oublié certaines des
recommandations du juge Bernier. Je ne sais pas s'il ne voulait pas donner la
totalité de l'usufruit au juge Bernier, mais en tout cas, il a
laissé un peu de côté des recommandations qui
m'apparaissent, pourtant, fort pertinentes. Et j'aurai l'occasion d'y revenir
un petit peu plus loin.
Que contient le projet de loi qui nous est présenté
aujourd'hui? D'abord, il contient une série de 18 articles environ
modifiant certains pouvoirs de la régie et un chapitre entier visant
à régir la sécurité dans le monde du ski alpin.
Il contient, dans un premier volet, des amendements à la Loi sur
la sécurité dans les sports. Certains viennent préciser
quelques articles de la loi et d'autres viennent carrément donner des
pouvoirs extraordinaires à la régie. Et, je pense
évidemment ici à l'article 9 de l'actuel projet de loi qui vise
à modifier l'article 25 de la Loi sur la sécurité dans les
sports.
Cet article 9, Mme la Présidente, vient donner des pouvoirs
considérables à la régie qui pourra dorénavant
prélever des échantillons d'haleine ou d'urine chez les
concurrents qui participent à des manifestations sportives. Je pense que
c'est ainsi que c'est inscrit dans le projet de loi. Je regarde. C'est bien
cela, "dans des manifestations sportives". C'est l'article 25.3. La
portée de cet article est considérable et j'aimerais m'y attarder
quelque peu. Le dopage chez les athlètes est un phénomène
fort connu. On a parlé longuement ces dernières années des
stéroïdes anabolisants, des transfusions sanguines et, plus
récemment, de l'insémination-avortement chez certaines
athlètes de haut calibre.
En tant que porte-parole de ma formation politique dans le domaine des
loisirs et des sports, je ne peux que déplorer ces pratiques car il
s'agit de pratiques dangereuses pour la santé, voire même de
pratiques immorales si je me réfère à la pratique de
l'insémination-avortement. Qui plus est, Mme la Présidente, il
s'agit de pratiques malhonnêtes si je les considère et les compare
à celles des athlètes qui s'entraînent corps et âme
sans aucune drogue quelconque. La pratique d'un sport et le fait de recourir
à des drogues pour améliorer sa performance m'apparaissent
incompatibles. Et il serait normal que l'on sanctionne les personnes qui y
recourent et surtout ceux qui en font la vente illégale. Il n'est pas
juste de punir uniquement le consommateur. Il faut pouvoir s'attaquer à
la racine du mal, c'est-à-dire aux vendeurs eux-mêmes et à
ceux qui, d'une façon ou d'une autre, font la promotion de l'usage de
ces drogues.
L'actuel projet de loi nous présente une façon de
dissuader l'utilisation des drogues dans les sports. Il ne fait aucune
référence aux sanctions subséquentes ni aux types de
drogues qui tomberont sous la massue de la régie. Et cela est
inquiétant. Je pense qu'en commission parlementaire, il faudra que le
ministre éclair-cisse certaines choses et indique clairement dans le
projet de loi où il veut en venir avec cela. Je pourrais faire certaines
caricatures, Mme la Présidente. S'il n'y a pas d'éclaircissement
dans l'article dont je vous fais mention, un simple joueur amateur de hockey
qui a pris quelques bières avant de livrer un match, serait-il passible
d'être soumis à cet article? C'est un point d'interrogation. Ce
n'est pas indiqué. Est-ce que la régie se promènera avec
un ivressomètre pour tester les uns et les autres et constater s'ils ont
pris, comme je le disais tout à l'heure, quelque boisson
alcoolisée?
Je caricature à peine parce qu'au moment où l'on se parle,
ce n'est pas clair dans le projet de loi. On dit "des manifestations
sportives". Le ministre, tout à l'heure, a été plus clair
dans son intervention que ce qu'il y a d'écrit, mais quand un avocat ou
un juriste essaiera d'évaluer, c'est sur les écrits qu'il se
penchera et non pas sur ce que le ministre aura dit dans son intervention.
Donc, il serait important que, lors de la commission parlementaire, on
puisse en arriver, avec le ministre, à éclaircir le point pour
que cela ne pose pas de problème. (12 h 20)
Est-ce qu'on verra, encore pour caricaturer un peu, la régie se
doter de fonctionnaires qui se posteront au pied d'une pente de ski pour
demander aux skieurs des "échantillons" de leur haleine? Jusqu'où
ira-t-on avec cet article de loi? J'ai hâte que le ministre, en
commission parlementaire, édicte franchement et clairement ce qu'il
pense ou ce que ses juristes ont pensé lorsqu'ils ont écrit cet
article du projet de loi.
La notion de manifestation sportive, ce n'est pas assez clair pour nous
et pour plusieurs intervenants du milieu aussi. Il m'apparaît y avoir une
différence entre livrer un match de hockey dans le cadre d'un tournoi
d'une ligue maison et un match de boxe professionnelle, qui est une tout autre
chose. Il y a quelque chose dans cet article qui m'agace, il faut le dire, Mme
la Présidente, où l'arbitraire devient possible, non pas qu'il
soit plus normal de prendre un verre avant de jouer dans le cadre d'une ligue
maison, mais plutôt parce que l'optique du jeu est différente, ne
serait-ce que par le niveau de performance auquel on fait
référence.
Je ne voudrais pas m'attarder plus longuement sur cet article car nous
aurons la chance, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, d'y revenir en
commission parlementaire ou un peu plus tard dans le débat. Je voulais
tout simplement vous faire part de mes inquiétudes sur la question et
j'aurai, comme je vous l'ai dit, l'occasion d'en reparler.
Je voudrais maintenant aborder le chapitre traitant du ski alpin. Le
ministre nous présente dans son projet de loi une série
d'articles qui viendront dorénavant réglementer la pratique du
ski alpin. Je me contenterai de dire que je souscris à l'esprit des
articles qu'il nous présente et reviendrai un peu plus tard pour en
commenter la teneur.
La pratique du ski alpin au Québec est devenue un sport de
premier plan. Près de 1 000 000 de Québécois s'y adonnent
à chaque hiver et pour cause. Le ministre parlait de 1 200 000 tout
à l'heure. Le Québec constitue un lieu de prédilection
pour les skieurs. Il faut le croire, Mme la Présidente, c'est tellement
beau au Québec. Nos montagnes, qu'il s'agisse de celles de chez nous
dans la région de l'Estrie dont on est tous très fiers, les
Estriens, celles des Laurentides, du Mont-Sainte-Anne ou de Charlevoix, sont
sans aucun doute parmi nos plus belles richesses naturelles. Des milliers de
touristes affluent chaque année au Québec pour skier sur nos
pentes et nous en sommes aussi très fiers. Cette activité, et non
la moindre, génère des retombées économiques de
plusieurs centaines de millions de dollars annuellement. On vient skier au
Québec pour nos montagnes, mais aussi pour l'accueil que nous
réservent les hôteliers, les restaurateurs avec leurs mets
excellents et les propriétaires de stations de ski car, il faut bien le
dire, nous avons des stations de ski d'une qualité remarquable, et ce
n'est pas un hasard. Je pense que les propriétaires de stations de ski
ont tout intérêt à rendre le séjour d'un touriste ou
d'un skieur fort agréable pour qu'il puisse revenir.
Il faut, en effet, se rappeler que beaucoup de stations de ski ont pu
voir le jour ou ont développé leur équipement grâce
à la politique de développement du ski alpin au Québec
mise de l'avant par notre gouvernement, en 1983. Cette politique, qui avait
d'ailleurs fait l'objet d'une entente Québec-Canada, a permis d'injecter
plus de 180 000 000 $ dans le développement et la modernisation des
centres de ski alpin. A posteriori, on remarque que cet effort a porté
fruit puisque la population québécoise pratique plus que jamais
le ski alpin. L'étude réalisée par la firme CEGIR, qui a
récemment été rendue publique, est d'ailleurs fort
éloquente à ce sujet. Elle révèle qu'entre 1983 et
1987, le taux de participation à la pratique du ski alpin a
doublé, passant de 7, 5 % à 15 %, pour une augmentation annuelle
de plus de 25 %, et ce n'est pas peu dire.
La pratique du ski a généré des retombées
économiques fort impressionnantes. On les évalue à plus de
425 000 000 $ en 1986-1987. De cette somme, il est intéressant de noter
que plus de 150 000 000 $ ont été dépensés dans
l'hôtellerie et la restauration et 25 000 000 $ dans l'achat de
vêtements et d'articles de sport, le reste ayant été
dépensé dans les centres de ski proprement dits.
J'aurais aussi aimé que le ministre du Tourisme soit ici pour
entendre ça. Il aurait peut-être pu conseiller le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche d'injecter plus d'argent dans les
programmes pour les pentes de ski. Cela aurait été
intéressant. Il ne faut pas seulement penser que, quand le gouvernement
injecte un certain montant d'argent, cela s'arrête là. Il y a des
retombées pour l'ensemble des contribuables du Québec et c'est ce
qu'on doit regarder lorsqu'on met sur pied un programme ou qu'on abolit,
à peu de choses près, certains programmes à larges bords
existants qui ont porté fruit, que je viens de vous mentionner. Le
nombre d'emplois reliés à la pratique du ski alpin mérite
également d'être mentionné. En effet, ce n'est pas moins de
10 450 emplois-année, Mme la Présidente, qui sont liés
directement ou indirectement à l'activité du ski alpin. Ce sont
10 450 emplois-année qui ne sont pas sur les services de l'aide sociale
ou les programmes gouvernementaux pouvant leur venir en aide.
Je crois que nous pouvons être fiers de l'entente que nous avions
signée en 1983. Les chiffres que je viens de mentionner parlent
d'eux-mêmes. Je crois également que le gouvernement actuel doit
prendre acte des gestes que nous avons posés antérieurement et je
mets
même le ministre au défi de signer une nouvelle entente
avec le gouvernement fédéral qui soit aussi profitable aux
propriétaires des centres de ski que celle que nous avions conclue en
1983.
Tout à l'heure, dans son intervention, le ministre a vanté
les mérites, et avec raison, des propriétaires de stations de ski
et j'espère qu'il mettra en pratique cette fierté qu'il nous a
décrite tout à l'heure en allant chercher de l'argent au
gouvernement fédéral pour l'injecter dans nos stations de ski.
J'ai hâte de voir les actes concrets que le ministre pourra poser en
vertu de ce qu'il a énoncé tout à l'heure. Je le mets au
défi parce que, lors de l'étude des crédits de son
ministère en avril dernier, écoutez bien ça, Mme la
Présidente, j'ai été à même de constater
qu'il avait réduit de 90 % les crédits des programmes d'aide aux
stations de ski alpin. Vous avez bien compris, j'ai dit 90 %. C'est presque
l'abolition du programme complet. Il ne reste qu'un pauvre petit 10 %. Cela me
désole et cela désole plusieurs propriétaires de stations
de ski qui voudraient faire de l'amélioration, qui voudraient
peut-être en ouvrir d'autres, qui n'ont pas la chance qu'ont ceux qui
demeurent dans les régions où il y a une station de ski. Je pense
que c'est désolant de voir que le ministre n'a pas foi à ce point
aux programmes dans lesquels on devait continuer d'injecter les sommes d'argent
nécessaires à la réorganisation et à l'ouverture
d'autres centres de ski. Cela me désole, bien sûr.
Je sais également que certaines régions ont des projets de
station de ski, tels les citoyens de l'Estrie. Tout à l'heure, je
parlais avec ma collègue de Mégantic-Compton. Il y a le Mont
Gosford, chez elle, qu'elle voudrait bien qu'on puisse en faire une station de
ski fort impressionnante. Dans le comté de Mégantic-Compton, le
Mont Gosford serait une fierté pour Mme la députée. Elle
m'a même fait part qu'il y avait eu une espèce de collecte parmi
les gens de son comté et les gens avaient ramassé plus de 1 000
000 $ qu'ils sont prêts à investir, bien sûr, si le ministre
comprend l'importance de mettre sur pied le Mont Gosford en termes de station
de ski et j'espère bien que la députée de
Mégantic-Compton sera en mesure de convaincre son ministre de
l'importance d'injecter des sommes d'argent pour que, en plus du Mont Orford et
du Mont Mégantic, que le Mont Gosford puisse être utilisé
par les gens de l'Estrie. Je serais contente, Mme la Présidente, qu'on
puisse convaincre le ministre d'injecter plus d'argent pour qu'on ait un
nouveau développement au Mont Gosford. (12 h 30)
Les gens de la région de Montmagny, encore, aimeraient eux aussi
que le ministre remette son programme en valeur. Les 90 % que vous avez
soustraits, remettez-les donc! Je pense que ce serait important pour les gens
de la région de Montmagny et aussi pour le projet de La Grande
Coulée, le projet du Massif de la
Petite-Rivière-Saint-François. M. le ministre, vous vous
souvenez qu'on s'en était parié lors des commissions
parlementaires sur les crédits. En tout cas, j'espère bien qu'il
va y avoir une écoute attentive parce que les gens souhaitent son
intervention.
Mais on a pratiquement aboli le programme. C'est cela le
problème. Il va falloir que tous ces gens, comme ma collègue de
Mégantic-Compton, puissent dire à leur monde de prendre leur mal
en patience parce qu'au moment où l'on se parle, il va falloir que tout
le monde se mette ensemble pour faire comprendre au ministre que c'est
important.
Le budget destiné aux infrastructures de ski alpin en 1988-1989
sera de 254 000 $ comparativement à 3 500 000 $ en 1986-1987 et 1 700
000 $ en 1987-1988. C'est cela, la réalité.
J'aurais le goût de demander au ministre ce qu'il prévoit
pour les années à venir. J'espère qu'il m'écoute.
Je voudrais qu'il me donne des réponses sur ce que je lui demande. S'il
ne m'écoute pas, je vais essayer de lui faire passer le message tout de
suite après mon intervention. Ce ne sera pas bien long. J'ai
l'impression qu'il ne réalisera pas grand-chose dans les années
à venir si on ne finit pas par le convaincre de l'importance de
l'injection d'argent.
Mme la Présidente, comme beaucoup d'autres personnes, j'aime le
ski alpin. Je souhaite que ce sport devienne à la portée de tous.
Il ne faut pas se cacher que la pratique du ski alpin coûte environ 30 $
par jour par personne, pas pour la famille. Ce ne sont donc pas les personnes
sans emploi et les assistés sociaux ou les chômeurs qui,
majoritairement, peuvent s'y adonner. Le ski alpin est un sport dispendieux. Je
souhaite qu'on envisage éventuellement des moyens pouvant en
réduire les coûts et ainsi en accroître la pratique.
Le projet de loi qui nous est présenté était
attendu depuis quelque temps par les adeptes du ski. On souhaitait une
intervention gouvernementale mais je sais que tous les intervenants ne sont pas
satisfaits du présent projet de loi. Je sais aussi que l'Association des
stations de ski du Québec a fait des représentations
auprès du ministre. Il nous en a parlé tout à l'heure.
L'Association des stations de ski n'est pas d'accord avec certains articles de
la loi, notamment les articles 46.12 et 46.13 concernant l'application par
l'exploitant des normes édictées par la régie.
Je sais aussi que l'association souhaite qu'une série
d'amendements soient apportés au projet de loi. Je ne sais pas si le
ministre est maintenant prêt à considérer ces demandes,
mais il m'a semblé faire des ouvertures dans son discours tout à
l'heure. J'ai hâte de voir ce qui va se passer en commission
parlementaire.
À mon avis, l'Association des stations de ski du Québec
soulève des points de droit fondamentaux. Elle soulève ces points
qui ont trait aux articles 46.12 et 46.13, mais aussi en ce
qui concerne l'article 25.
Je ne suis pas juriste, mais j'ai tendance à être
extrêmement sensible aux arguments de l'Association des stations de ski
dans ce domaine. Je pense, entre autres, au pouvoir de perquisition que l'on
veut donner à la régie. Je me demande si ces pouvoirs sont
conformes à la Charte des droits et libertés en ce qui concerne
les droits des citoyens d'être protégés contre toute forme
abusive. Je ne sais pas si le ministre a reçu les avis du
ministère de la Justice en ce sens. Il faudrait éviter de
considérer le domaine du ski alpin comme s'il s'agissait du monde
interlope. Ce n'est pas tout à fait la même chose, n'est-ce
pas?
Dans ce sens, Mme la Présidente, j'ai sorti la Charte des droits
et libertés de la personne. Pour ce qui a trait à l'article 25 du
projet de loi 17, je suis inquiète en ce qui concerne les articles 25.
1°, 25. 2°, 25. 5° et 25. 6° parce que dans la Charte des
droits et libertés de la personne, à l'article 24. 1, il est
indiqué: "Nul ne peut faire l'objet de saisies, de perquisitions ou
fouilles abusives. " Donc, je pense que le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche aurait peut-être tout intérêt à
consulter son collègue, le ministre de la Justice, pour avoir une
expertise très claire de ce que pourraient comporter les articles 25.
1°, 25. 2°, 25. 5° et 25. 6°. Je crois que les intervenants du
milieu souhaiteraient, dans le cas contraire, être entendus dans le cadre
de consultations particulières. Tout à l'heure, je vous ai dit
que le ministre avait mentionné que l'Association des stations de ski
lui avait formulé certains amendements et qu'en commission parlementaire
il nous amènerait des papillons pour corriger certains articles qui
n'allaient pas selon les vues et les attentes des stations de ski. J'ai
moi-même reçu de la part des personnes qui représentent les
stations de ski cet accord qu'elles ont reçu du ministre, qu'il y aurait
des corrections, des amendements en commission parlementaire.
Mais c'est un groupe d'intervenants. Il y a d'autres groupes qui
souhaiteraient avoir des consultations particulières. Je ne sais pas si
le ministre... Oui, c'est adressé au ministre; il l'a certainement
reçu. Il y a le Bureau d'assurance du Canada qui dit: Nous avons pris
connaissance du projet de loi 17 qui comporte des dispositions relativement
à la responsabilité des exploitants de stations de ski alpin et
qui affecteront directement l'assurance-responsabilité. Compte tenu de
l'importance d'un tel projet de loi, nous désirons être entendus
afin de faire les représentations appropriées devant les
autorités compétentes. À cette fin, nous demandons, par
les présentes, que le projet de loi 17 soit référé
en consultations particulières avec auditions publiques avant son
adoption de principe par l'Assemblée nationale. Ceci vient du Bureau
d'assurance du Canada.
J'en ai une autre qui dit pratiquement la même chose, qui vient de
gens de la Société pour le progrès de la
Montérégie, qui souhai-raient, eux, vu qu'ils n'ont
peut-être pas eu la possibilité de s'entendre avec le ministre
comme les stations de ski l'ont fait... Possiblement parce que eux n'ont pas pu
se faire entendre, il serait souhaitable et désirable que le ministre
puisse accepter d'avoir des consultations particulières et donner une
chance à ces gens. Je pense entre autres, vu qu'on parle des
patrouilleurs dans le projet de loi, peut-être que ce serait important
qu'on puisse... Je ne vous demande pas une consultation particulière
avec 50, 60 intervenants. Ce n'est pas cela que je veux. Je ne veux pas jouer
au fou, là. Je veux juste que les principales personnes, les principaux
intervenants du monde du ski alpin aient la chance de se faire entendre, point
à la ligne.
Je pense que c'est autant pour le ministre que pour nous, c'est autant
pour les adeptes du ski si on apporte plus d'éclairage et qu'on en
arrive à trouver une formule qui conviendra à tous et chacun.
J'espère que le ministre m'a entendue et qu'il entendra aussi la voix de
ces personnes qui souhaiteraient avoir une consultation particulière. Vu
qu'on n'a pas un menu très chargé d'ici la fin de nos travaux -
que ce soit le 23 juin ou la veille, je pense qu'on n'a pas un menu
extraordinaire - on pourrait se permettre, le ministre pourrait se permettre
d'avoir des consultations particulières sur le projet de loi. On serait
très heureux d'y participer en tant qu'Opposition officielle avec les
gens qui nous demandent formellement d'être entendus. Cela nous donnerait
l'avantage de connaître les points de vue des autres personnes et
d'apporter les amendements qu'elles souhaiteraient à l'actuel projet de
loi. Je pense que ce serait une formule très intéressante, Mme la
Présidente.
Le projet de loi qui vient régir davantage la pratique du ski
alpin revêt une importance particulière. C'est à ce compte
qu'on voudrait pouvoir entendre... Vu qu'on ne siège pas jour et nuit
comme on l'a déjà fait, qu'on se permet même en fin de
session de finir à 23 heures et tout de suite après la
période de questions le vendredi, que, la semaine passée,
à part mercredi où l'on a siégé jusqu'à
minuit et quart, pas un soir on n'a dépassé les règles, je
pense qu'on aurait le temps de faire des consultations particulières.
Mme la Présidente, c'est important parce que, dans le ski alpin, il y a
eu des tragédies dernièrement. Il y a des personnes qui ont perdu
la vie. Donc, ce serait important de voir comment on pourrait bonifier le
projet de loi même si c'est déjà un pas en avant. On n'en
disconvient pas. (12 h 40)
Des personnes sont mortes en pratiquant un sport en apparence tout
à fait inoffensif. Elles sont mortes, en partie à cause d'une
très grande liberté d'action sur les pistes et des skieurs qui
n'écoutent rien, franchement, qui font des folies en descendant, je
dirais. Je ne sais pas si ce sont les mêmes folies que celles que le
ministre
nous a dit avoir faites lors de sa première descente en ski
alpin. Il ne nous a pas dit de quel côté il a culbuté. En
tout cas, s'il avait culbuté, ce n'est peut-être pas sa faute,
mais il y en a qui vont trop vite et qui causent des blessures à
d'autres personnes; cela est inacceptable. Lorsque des vies humaines sont mises
en cause, l'intervention des législateurs devient comme plus
légitime, car cette intervention implique la notion de
sécurité publique et il s'agit d'une notion presque sacrée
quand on parie de vie humaine. Il faut le savoir.
J'ai été à même de constater, à la
lumière du nombre de skieurs blessés en 1985-1986, combien il
était impérieux d'édicter des règles de
sécurité dans le ski alpin. En 1985-1986, on a pu
dénombrer pas loin de 18 300 blessures reliées à la
pratique du ski alpin. Et, plus triste encore, Mme la Présidente, la
majorité des victimes de ces blessures étaient de toutes jeunes
personnes, c'est-à-dire qu'elles étaient, pour la plupart,
âgées entre cinq et dix-neuf ans. Les études menées
par la régie ont également mis en lumière l'importance
d'agir auprès de certains skieurs plus casse-cou que les autres. Une
étude, à la régie, a démontré, en effet, que
plus de 38 % des skieurs adoptent parfois ou même souvent une conduite
dangereuse et que 83 % des skieurs espéraient une réglementation
pour les protéger des skieurs imprudents.
Le présent projet de loi obligera, dorénavant, toutes les
stations de ski à se conformer à une série de
règles de sécurité obligeant le skieur à se
conformer à un code de conduite, mais également en enjoignant aux
centres de ski d'afficher les règles de conduite, de se conformer
à des normes en matière d'entretien des équipements de
pistes - tout à l'heure, le ministre parlait même d'une mention
qu'il y aurait sur les billets que les gens achèteraient pour faire du
ski, interdisant de faire toutes sortes de choses qui ne sont pas acceptables
sur les pentes de ski - de même qu'à prévoir des premiers
soins à donner en cas d'accident. Je ne sais pas si j'ai bien compris,
tout à l'heure, mais il parlait d'une salle de premiers soins dans
chacune des stations de ski. Je ne sais pas s'il a vraiment traduit sa
pensée, mais il me semble que c'est gros une salle de premiers soins. Je
veux bien croire qu'il faut être outillé, mais de là
à obliger les centres de ski à avoir une salle complète
seulement pour cela. En tout cas, on pourra en discuter et on verra. Je suis
réceptive à comprendre davantage et à avoir le meilleur
pour les utilisateurs.
Les stations de ski auront, dorénavant, des
responsabilités importantes à assumer, mais qu'en sera-t-il des
skieurs? Dans la mesure où des accidents surviendront et que les
stations de ski auront assumé leurs responsabilités, à qui
reviendra la faute? Est-ce aux skieurs? Est-ce aux stations de ski? Je ne
comprends pas, parce que si les stations de ski se sont conformées
à ce que la loi demandait, à qui va être la faute,
l'imputabilité? Qu'adviendra-t-il du skieur écervelé qui
se fout carrément des règlements? Il dit: J'ai payé mon
billet, je me contrefous de ce qui est écrit sur le billet et des
indications. Je prends la piste rapide et j'arrive dans les autres... Est-ce
qu'on va être en mesure de responsabiliser cette personne et de lui
imputer aussi des causes à son comportement? Je voudrais bien que le
ministre puisse me dire, dans sa réaction tout à l'heure, quelles
seront les sanctions prévues pour ces skieurs. Qui sera poursuivi dans
ce cas si jamais il y a des poursuites? L'association des stations de ski, je
sais, émet de sérieuses réserves sur la portée de
l'esprit des articles concernant cet aspect. Je souhaite que le ministre puisse
nous éclairer sur le sens et l'esprit des articles qu'il nous
propose.
Mme la Présidente, j'évalue qu'à plusieurs
égards il s'agit d'un pas en avant. Je le lui ai dit tout à
l'heure, j'ai reconnu que le ministre avait été bien dans ses
premiers pas en vue de sécuriser les utilisateurs, les skieurs. Les
skieurs gagneront autant en sécurité qu'en plaisir et pour celles
et ceux qui auront le mal des descentes rapides et droites, ce que le ministre
a appelé tout à l'heure le "downhill", il sera tout
indiqué de s'inscrire à des compétitions où cette
pratique est permise et de ne pas le faire quand c'est du sport amateur, comme
le ski dont on parlait tout à l'heure.
Je constate aussi qu'il nous reste des choses à faire, mais comme
le ministre semble très ouvert - en tout cas, il nous l'a laissé
entendre tout à l'heure - je pense bien qu'on aura une
amélioration à apporter en commission parlementaire.
Je m'étonne particulièrement du fait que le ministre n'ait
pas jugé bon de considérer à juste titre certaines des
recommandations que lui faisait l'année dernière le juge Bernier.
Le juge Bernier recommandait, entre autres, que l'on normalise davantage les
qualifications des patrouilleurs, leurs pouvoirs et leurs
responsabilités. On sait que le rôle des patrouilleurs des pentes
de ski est fondamental. Que dire de certains centres de ski qui ont, comme
patrouilleurs, des bénévoles? Je ne sais pas si le ministre est
au courant de cela. Comment réglementer dans ce cas précis? Le
ministre a-t-il prévu, dans la loi 17, une solution pour les stations de
ski qui utilisent des bénévoles comme patrouilleurs? Car ce sont
les patrouilleurs qui voient à l'application des règles et
à la bonne conduite des skieurs. Ils ont également un rôle
de premier plan à jouer pour ce qui est de juger de la
sécurité des pistes. Or, l'actuel projet de loi n'en fait que
brièvement mention.
Une autre question cruciale concerne la formation des instructeurs de
ski. On sait que leur enseignement ne peut pas être improvisé, que
certaines règles de base doivent être enseignées et ce,
pour la sécurité des skieurs. C'est également le cas des
vendeurs d'équipements de
ski, où le juge Bernier évaluait qu'il fallait voir
à ce qu'on ne vende pas n'importe quel équipement aux skieurs
sans se préoccuper de leur sécurité. Je ne trouve rien
concernant ce sujet dans l'actuel projet de loi.
Enfin, Mme la Présidente, une autre recommandation touchait la
constitution d'un comité de sécurité. Encore là,
pas un mot. Je constate que certaines des recommandations du juge Bernier n'ont
pas été retenues. Est-ce à cause de la non-pertinence des
recommandations du juge Bernier? Est-ce à cause d'un manque de
volonté du ministre d'aller un peu plus loin dans la
réglementation du ski alpin? Point d'Interrogation! Et il va nous dire
tout cela tout à l'heure, j'en suis sûre. Je le vois, il prend des
notes. Je pense que je vais avoir des réponses et je le souhaite. Je ne
sais pas, Mme la Présidente, mais j'ai l'impression que le ministre ne
tardera pas à me dicter certaines choses et à répondre
à certaines de mes questions.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, comme beaucoup de
personnes au Québec, j'aime le ski alpin - j'ouvre une petite
parenthèse: j'aime la motoneige aussi, bien sûr, parce que c'est
dans mon comté et j'aime cela - et c'est pourquoi je souscris, dans
l'ensemble, au projet de loi qui nous est présenté. J'aurais
cependant plusieurs éclaircissements à demander au ministre et,
sans aucun doute, quelques amendements à apporter en regard de ce qui
nous est demandé. Je sais que nous aurons le temps d'en discuter et
j'espère que le ministre pourra répondre à la fois aux
questions que je lui ai posées et aux attentes non seulement des
utilisateurs, mais des personnes directement concernées dans le monde du
sport, particulièrement du ski alpin. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson. M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, en
réplique.
M. Yvon Picotte (réplique)
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Je veux
immédiatement assurer Mme la députée de Johnson, tous les
membres de la commission et tous les membres de cette Chambre que nous
prendrons le temps nécessaire pour fournir tous les
éclaircissements concernant chacun des articles que nous aurons à
étudier en commission parlementaire. Je me permettrai, durant les dix
minutes mises à ma disposition, de répondre brièvement
à certaines des interrogations et, par la suite, on aura tout le temps
nécessaire, en commission parlementaire, pour étudier le projet
de loi en profondeur, article par article. (12 h 50)
J'ai eu l'occasion de le mentionner et je le répète: C'est
évident - j'en sais gré à la députée de
Johnson, je ne lui en fais grief d'aucune façon - que souventefois, dans
les lois du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche... Par exemple, à la Régie de la
sécurité dans les sports on travaille avec une seule loi, ce qui
veut dire que chaque fois qu'on ajoute un chapitre, que ce soit sur les sports
de combat, la pratique du ski alpin, les activités
récréatives ou des choses comme cela, il faut rajouter à
la loi déjà existante. Cela nous oblige toujours - Dieu sait si
c'est fastidieux - à aller regarder ce qui a été
adopté deux ans, trois ans, cinq ans, huit ans auparavant parce qu'il
faut tenir compte de ce qu'on a amendé au fil des ans. Parfois, vous
savez, de la façon dont sont rédigés les textes de loi -
ce n'est pas mol qui en ai décidé, ce sont nos éminents
juristes - il faut retourner à un amendement qu'on a fait il y a
quelques années, et cela devient difficile de faire la relation en ligne
directe.
Je peux assurer Mme la députée de Johnson que jamais
personne, en pratiquant le ski alpin récréatif, ne se fera
arrêter en plein milieu d'une pente pour subir un test d'haleine ou
d'urine. Je pense qu'il ne faut pas le voir ainsi, cela ne se produira pas.
D'ailleurs, nous avons choisi de ne pas importuner inutilement les adeptes de
ski alpin récréatif, puisque c'est un sport
récréatif, comme je le dis si bien, et, de plus, c'est un sport
de type familial. Par contre, comme c'est le rôle de la régie, on
veut réglementer le sport professionnel. Or, on profite des amendements
qu'on apporte au volet du ski alpin récréatif de cette loi pour
toucher un autre domaine qui s'appelle le ski alpin de type professionnel.
Par exemple, au mont Sainte-Anne, lorsqu'on reçoit des gens
d'autres pays qui viennent pour des compétitions, on n'a pas, par notre
loi, la possibilité de faire des vérifications. Comment cela
va-t-il se faire? Je vais vous lire exactement: ..."le pouvoir de prendre ou de
prélever des échantillons d'haleine et d'urine est restreint aux
manifestations sportives." Mme la députée m'a dit: Les
manifestations sportives, c'est large. Oui, effectivement, c'est large. Il ne
faut pas que cela reste comme cela; autrement, ce serait pour toute
manifestation sportive. Quand on se reporte à la loi, voilà la
définition d'une manifestation sportive: "C'est un
événement, une compétition ou un spectacle à
caractère sportif lors duquel un concurrent peut recevoir une bourse ou
une rémunération."
Bon, là, la députée de Johnson me dit sans doute:
On va avoir un tournoi de hockey atome. Il va y avoir une bourse, donc, cela ne
fonctionne plus. J'apporte un article à la loi - vous avez pu vous en
rendre compte - qui modifie cela. Modification: "...auquel participent des
concurrents professionnels." Cela s'applique aux sports de l'article 40 de la
loi actuelle qui va ajouter à ce qui existe déjà. Dans
l'article 40 de la loi actuelle on parle de sports de combat, au niveau
professionnel; on parle de courses de véhicules motorisés; on
parle de natation et de ski nautique, et on va ajouter le ski. Maintenant,
c'est pour les compétitions de type professionnel. C'est
pour cela qu'on va amender ou qu'on va modifier l'article pour refermer
l'expression "manifestations sportives" uniquement sur des manifestations
sportives à caractère professionnel. Cela élimine donc un
tournoi atome, un tournoi bantam, un tournoi "peewee" au hockey, toute course
qui peut avoir lieu où il peut même y avoir une bourse, mais qui
ne touche pas à des professionnels. Cela va toucher uniquement une
manifestation sportive, mais de type professionnel. C'est pour cela qu'on fait
l'ajout dans le projet de loi, mais on verra, quand arrivera le temps de le
détailler, qu'il va bien cerner le type professionnel dans
l'intervention que nous voulons faire.
Mme la députée verra aussi qu'il y a des infractions de
prévues à la loi ou règlement et que ces
infractions-là sont prévues à l'article 58 de la loi
actuelle. Il y a déjà des infractions qui existent à
l'article 58 de la loi actuelle. Donc, l'article 58 dit ceci: "À moins
qu'une autre peine ne soit prévue, une personne qui contrevient à
la disposition de la présente loi ou de ses règlements commet une
infraction et est passible, en plus des frais, d'une amende de 100 $ à
5000 $." Il s'agira, évidemment, comme on le voit si bien à
toutes les fois qu'on vote un projet de loi à l'Assemblée
nationale, de faire la concordance. C'est pour cela qu'on arrive parfois avec
des articles qui disent: On fait la concordance avec ce qui existe. Mais cela
existe déjà dans la loi. Dès qu'on va amender l'article
pour dire que c'est de type professionnel, que cela touche les
compétitions de ski alpin de type professionnel, il faudra bien,
évidemment, Mme la Présidente, faire la concordance, faire en
sorte qu'il y ait des sanctions et des pénalités qui
s'appliquent. On regardera cela aussi au cours de l'étude. Cela fait
référence à ce que Mme la députée me disait,
à savoir que l'inspecteur peut aller n'importe où, n'importe
quand, faire des prélèvements. C'est d'ajouter à l'article
55 de la loi actuelle qui prévoit que la régie peut, par
règlement, entre autres: "10° déterminer les cas où
une personne mandatée par la régie en vertu de l'article 25 peut
prélever des échantillons d'haleine ou d'urine chez les
concurrents qui participent à une manifestation sportive, et la
procédure selon laquelle le prélèvement doit être
effectué;". Il sera amendé par l'ajout après
"manifestation sportive" de: "de type professionnel". C'est sûr et
certain que cela enlève tout doute et cela viendra préciser
définitivement ce que c'est exactement.
Mme la députée a fait référence à des
consultations qu'on pourrait mener. Je dois lui dire ceci. Il y a eu,
jusqu'à maintenant, des consultations avec des groupes qui nous ont
demandé des consultations. Par exemple, le Conseil
québécois de ski a été consulté.
L'association des propriétaires de stations de ski a été
mise à contribution et consultée. L'association des patrouilleurs
a aussi été consultée. L'association des instructeurs a
été consultée par la régie. La
fédération québécoise de ski alpin a
été consultée et l'association des skieurs du
Mont-Tremblant a été consultée puisqu'ils nous ont dit
qu'ils voulaient être consultés, qu'ils avaient des choses
à nous dire. S'ajoute à cela le BAC, le Bureau d'assurance du
Canada. Ce dernier s'interrogeait, m'a-t-on dit - je vous répète
ce que la régie m'a mentionné, ce qu'on m'a dit - sur la fonction
des bénévoles au point de vue des assurances, etc. Or, il
semblerait qu'une discussion que nous avons eue, une relation avec le
gouvernement fédéral est venue préciser certaines choses
qui auraient eu pour but de satisfaire...
On m'apporte justement une note en ce qui concerne l'avenir des
bénévoles. Nous avons l'intention, dans le projet de loi, de
conserver les bénévoles qui patrouillent les pistes de ski qui
sont de la patrouille canadienne ou d'Ambulance Saint-Jean. C'est à
l'article 46.7 du projet de loi de même qu'à l'article 55.1,
13°. Je vous lis l'article 46.7: "L'exploitant doit retenir, dans la
station et pendant les heures d'ouverture des pistes de ski alpin, les services
du personnel de premiers soins conformément aux normes prévues
par règlement de la régie et y maintenir un service de premiers
soins comprenant une salle et des trousses de premiers soins, des toboggans,
tout autre équipement de premiers soins et tout moyen de communication,
selon les normes prévues par règlement de la régie."
On sait très bien que, lorsqu'on est en plein milieu d'une pente
de ski et qu'un accident se produit, il y a des précautions à
prendre pour descendre un blessé; on ne peut y aller de n'importe quelle
façon, il faut au moins disposer de certains équipements pour
aller le chercher. J'ajoute à l'article 55.1, le 13°:
"déterminer l'âge minimum, les normes de qualification et de
formation d'une personne qui donne les premiers soins et d'une personne qui
enseigne la pratique d'un sport qui peut s'exercer sur une piste de ski
alpin;". Cela a semblé recevoir l'assentiment du Bureau d'assurance du
Canada. C'est ce dont la régie m'informe et c'est ce qui sera
apporté, d'une part.
Mme la députée disait qu'elle trouvait un peu curieux
d'avoir une salle de premiers soins. Je l'ai dit et j'ai eu l'occasion de le
répéter, l'objectif n'est pas d'embêter tout le monde par
des décisions comme celles-là, mais de fournir... Prenons le cas
d'un blessé grave sur une piste de ski alpin où on a les
équipements nécessaires pour aller le chercher, avec des gens qui
ont reçu au moins des cours de premiers soins rudi-mentaires, disons-le,
pour ne pas le transporter de n'importe quelle façon ou pour ne pas y
toucher s'il ne le faut pas. À partir de ce moment-là, que
fait-on dès que la personne arrive en bas? Évidemment, on ne veut
pas la laisser au vu et au su de tout le monde à attendre l'ambulance si
on en a eu besoin. On ne veut pas, non plus, l'entrer et la laisser en plein
milieu du restaurant où les gens sont en train de se restaurer, ou au
beau milieu d'une salle où les gens sont en
train de s'habiller. Quand on dit qu'il faut avoir une salle, si petite
soit-elle, pour lui donner au moins de la quiétude et pour que personne
n'embarque par-dessus elle, vienne voir si c'est grave ou non, que toutes
sortes de médecins de taverne, comme on les appelle et qu'on retrouve un
peu partout, donnent toutes sortes de conseils sans connaître quoi que ce
soit, et qu'il y ait 50 personnes autour d'elle. Donc, il s'agit d'avoir un
endroit.
Mme la Présidente, si on me donnait le consentement pour terminer
dans deux minutes, je pense que...
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Vous pouvez poursuivre, M. le ministre.
M. Picotte: Merci du consentement.
C'est d'avoir un petit coin à elle, tranquille, même si ce
n'est pas grand, pour qu'elle ait au moins une certaine quiétude et que
les gens qui peuvent lui donner les premiers soins puissent le faire sans avoir
200 personnes autour, en train de boire du café, manger ou quoi que ce
soit. C'est d'avoir un petit coin. Cela n'exige pas beaucoup et ce ne seront
pas des exigences... On ne construirait pas d'hôpitaux là. On a
déjà assez de s'occuper des hôpitaux qui existent et de
fournir les services requis.
Les trois derniers points. Quelles seront les sanctions envers les
récalcitrants? Mme la Présidente, je pense que j'y ai fait
allusion, mais je veux préciser, c'est important de le faire. Prenons le
cas d'un individu qui connaît très bien, parce que c'est
indiqué sur son billet, les règlements de même que les
règles de sécurité à suivre. C'est indiqué
aussi dans la station. C'est indiqué à l'endroit où il
peut en avoir pris connaissance. Et il doit en avoir pris connaissance. Prenons
un individu qui, lui, pour toutes sortes de considérations,
décide qu'il se comporte comme cela lui tente sans tenir compte de la
sécurité des autres. Il n'y a pas beaucoup de façons de
procéder. Il y en a environ trois. C'est de dire: Tu mets en danger la
vie des autres, on t'accuse au criminel. On trouvait cela gros et, moi, je
trouvais cela gros d'accuser des gens au criminel pour un comportement qui,
parfois, est une méconnaissance un peu de la façon de se
comporter parce que cela ne fait pas tellement longtemps qu'on pratique le ski
alpin. On trouvait cela gros d'accuser des gens au criminel qui vont là
pour se récréer. Donc, on a éliminé cette
partie.
La régie aurait très bien pu dire: On engage 25, 30, 40 ou
50 policiers patrouilleurs qui s'en vont et qui distribuent des contraventions
et qui accusent les gens au criminel ou au civil, peu importe. On aurait pu
avoir cela. On a éliminé cela parce qu'on se dit: Finalement, les
gens vont la pour se récréer, on n'est pas pour passer notre
temps à avoir des policiers chaque côté de nous et
toujours faire en sorte que les gens soient suivis dans un sport qu'ils veulent
récréatif et de détente.
Il restait d'autres solutions. C'est de dire au propriétaire:
Vous appliquez les sanctions que vous jugez à propos d'appliquer. Par
exemple, vous avez un mauvais comportement, vous savez qu'on vous donne un
avertissement. Au deuxième avertissement, on peut vous enlever votre
passe de séjour. Aujourd'hui, c'est le deuxième avertissement
qu'on vous donne, vous continuez de vouloir faire du "downhill", et ce n'est
pas acceptable, donc, vous devez quitter la station et votre passe est
annulée pour la journée.
Après cinq, six ou sept infractions de ce genre, on peut lui
dire: Vous êtes suspendu pour huit jours, sans pouvoir mettre les pieds
dans la station. Si c'est quelqu'un qui ne veut rien entendre, les
propriétaires de la station pourraient très bien dire: On ne veut
pas de gens comme toi chez nous, cela peut ternir notre image, c'est dangereux
pour la sécurité, pour la tienne et celle des autres; je regrette
mais ta passe de saison n'est plus acceptable ici, c'est fini, oublie cela.
C'est de cette façon qu'on a voulu procéder. Les sanctions
à être appliquées le sont selon les modalités par
les stations parce qu'il faut tenir compte que c'est un sport de
détente. Il ne faut pas que tout le monde soit stressé d'aller
faire du sport de détente, Mme la Présidente, surtout du genre
familial, sous prétexte qu'ils peuvent toujours être suivis et
qu'à tous les coins ils peuvent avoir une infraction. Je pense que ce
n'est pas le but du projet. C'est de rendre cela le plus sécuritaire
possible pour qu'on ait le moins d'accidents possible.
Enfin, en ce qui concerne la Régie de la sécurité
dans les sports, madame m'a souligné: Le ministre se prépare
à réagir. Effectivement, Mme la Présidente, il faut se
dire ceci: La Régie de la sécurité dans les sports a
été créée et mise au monde antérieurement
pour faire en sorte de bien régir les points sécuritaires dans la
pratique des sports dans différents domaines. On n'a qu'à
regarder cela. J'ai vu souvent ce qu'on appelle des ligues de garage au hockey
qui allaient pratiquer dans nos arenas, des gens de tout âge qui y
allaient et qui, parfois, tombaient sur la glace. Parce qu'ils n'avaient pas de
casque de sécurité, ils devenaient paraplégiques, ils
devenaient handicapés pour le reste de leurs jours. Parfois, ils
mettaient la sécurité de leur famille en danger parce qu'un
père de famille...
Alors, ce qu'on veut faire, c'est le minimum. La Régie de la
sécurité dans les sports regarde cela et elle vise toujours au
maximum pour ne pas qu'il y ait d'accident. Or, je dis qu'entre ce que la
régie veut avoir comme maximum et ce qu'il y a à donner pour
faire en sorte que les gens soient bien en sécurité, il y a une
marge. Le ministre est celui qui peut essayer de vouloir faire le juste milieu,
Mme la Présidente. C'est ce que nous faisons. Je ne pense pas que je
serais prêt à accepter en tout temps et en
tout lieu toutes les recommandations. D'ailleurs, le juge Bernier ne
s'attend pas que j'accepte toutes ses recommandations, pas plus que je ne
m'engage à accepter toutes ses recommandations. Mais, s'il y a lieu plus
tard de poursuivre - c'est pour cela que nos lois sont là - dans deux
ans, quand on aura des statistiques, peut-être que M. le juge Bernier me
dira: Vous voyez, M. le ministre, quand je vous avais proposé d'aller si
loin que cela, c'est essentiel d'y aller à cause des statistiques. Il
sera encore temps d'y aller. Mais entre le maximum et le minimum il y a un
juste milieu sur lequel j'essaie toujours de m'ajuster, bien que le juste
milieu ne soit pas toujours facile, vous en conviendrez, Mme la
députée.
Au plaisir de se retrouver en commission parlementaire avec toutes les
explications possibles. Ensemble, on pourra se féliciter de faire en
sorte que les 1 200 000 Québécois et Québécoises
sur nos pentes de ski puissent avoir le moins d'accidents possible, en tout
cas, le plus de sécurité possible. Je sais que j'aurai la
collaboration des membres de cette Chambre et de l'Opposition. Merci, Mme la
Présidente.
Une voix: Bravo!
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous n'avons pas encore suspendu nos travaux. Comme la
réplique termine le débat, est-ce que le principe du projet de
loi 17, Loi modifiant la Loi sur la sécurité dans les sports, est
adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 17 à la commission de
l'aménagement et des équipements pour son étude
détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Oui, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, on va suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
La Vice-Présidente: Compte tenu de l'heure, nous allons
donc suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons reprendre les affaires du jour. Veuillez vous asseoir. M. le leader du
gouvernement.
Motion proposant la suspension de certaines
règles en invoquant l'urgence
d'adopter le projet de loi 9
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, à ce moment-ci, je
voudrais proposer une motion en vertu des articles 182 et 183 du
règlement de l'Assemblée nationale, qui se lit comme suit: "Qu'en
raison de l'urgence de la situation, il y a lieu, conformément aux
dispositions des articles 182 et 183 du règlement, et ce, en vue de
l'adoption du projet de loi 9, Loi sur le recensement des électeurs en
1988, de proposer: que les règles ci-après mentionnées
soient suspendues: Que les articles 20, 21, 22 et 54, les deuxième et
troisième alinéas de l'article 87, les articles 88 à 93,
111 à 114, 205 à 208, 230, 232, 233, 236, 237, 240, 241, le
deuxième alinéa de l'article 244, à l'article 248: les
mots "et l'adoption du projet de loi est fixée à une
séance subséquente" et les deuxième et troisième
alinéas de l'article 256; "Que les règles ci-dessus
énumérées soient suspendues jusqu'à l'adoption
dudit projet de loi; "Que, malgré les dispositions de l'article 29,
toutes les séances de l'Assemblée nationale soient publiques;
"Que, malgré les dispositions de l'article 245, la commission
plénière fasse rapport au plus tard une heure après le
début de ses travaux; "Que dix minutes avant l'expiration de ce
délai, le président de la commission plénière mette
aux voix, sans débat, les articles et les amendements dont la commission
n'aurait pas disposé; "Que le débat sur l'adoption du projet de
loi soit limité à un maximum de 20 minutes par groupe
parlementaire et qu'une réplique de cinq minutes soit accordée au
ministre qui présente ledit projet de loi; "Que dès l'adoption de
la présente motion, l'Assemblée puisse siéger
jusqu'à l'adoption du projet de loi 9, Loi sur le recensement des
électeurs en 1988. "
Le Président: Voulez-vous déposer votre motion,
s'il vous plaît ainsi que le projet de loi?
M. Gratton: Oui.
Le Président: Le projet de loi est déposé
ainsi que copie de la motion présentée par M. le leader du
gouvernement. M. le leader de l'Op-
position.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Exactement comme la
semaine dernière, pour les mêmes motifs, je vous demande qu'il y
ait une suspension de 20 à 25 minutes pour que nous puissions prendre
connaissance et de la motion de suspension des règles et du projet de
loi qui l'accompagne avant d'entreprendre le débat de fond sur la motion
de suspension des règles.
Le Président: Est-ce qu'on peut dire quinze minutes, M.
leader de l'Opposition.
M. Gendron: Non, 25.
Le Président: Quitte à en prendre un peu plus si
vous m'avisez que...
M. Gendron: Oui, 20 minutes maximum.
Le Président: Parfait. Les travaux de cette
Assemblée sont suspendus pour quinze minutes et ce, du consentement des
deux côtés de la Chambre.
(Suspension de la séance à 15 h 11 )
(Reprise à 15 h 48)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons reprendre les travaux. Je vais reconnaître M. le leader du
gouvernement.
Débat sur la motion M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Alors, comme on a pu
peut-être le comprendre, la semaine dernière, lors de l'adoption
du projet de loi 23 qui modifiait la Loi sur la représentation
électorale pour faire disparaître la nécessité et
l'obligation d'obtenir la majorité des partis représentés
à l'Assemblée nationale pour pouvoir annuler un recensement
postdélimitation, il s'agit, à ce moment-ci de nos travaux, pour
ma part, d'expliquer pourquoi le gouvernement considère qu'il est urgent
d'agir pour annuler le recensement prévu pour l'automne 1988.
J'ai déjà eu l'occasion, la semaine dernière,
d'expliquer que ce rencensement doit, évidemment, avoir lieu l'automne
prochain. Si nous n'agissons pas maintenant, c'est-à-dire avant
l'ajournement prévu pour, au plus tard, le 23 juin prochain, il ne sera
plus possible d'agir pour annuler le recensement. On expliquera tantôt,
au moment de l'adoption du principe du projet de loi 9 comme tel, les motifs
qui nous inspirent pour tenir carrément à l'annulation de ce
recensement.
Donc, le recensement ayant lieu à l'autom- ne, le Directeur
général des élections doit procéder presque
immédiatement; d'ailleurs, dans certains comtés, on nous informe
que le recrutement des recenseurs est déjà commencé.
Nécessairement, cela implique des coûts. Donc, nous
considérons qu'il est urgent d'agir maintenant et, pour cela, de
suspendre les règles normales de pratique pour en arriver à
adopter le projet de loi 9 qui, comme les notes explicatives le disent, "a pour
objet d'annuler la tenue du recensement annuel des électeurs
prévu par la Loi électorale pour l'automne 1988. "Il
prévoit, en conséquence, certaines mesures supplétives
applicables dans l'éventualité où la tenue d'une
élection ou d'un référendum serait ordonnée avant
la période prévue par la Loi électorale pour la tenue d'un
autre recensement."
Évidemment, on peut se demander pourquoi le gouvernement, ayant
déjà décidé, en février dernier, de
procéder à l'annulation du recensement et ce, avec l'accord
même de l'Opposition officielle à cette époque, a attendu
jusqu'à maintenant pour agir. On se rappellera que nous avions
déposé une résolution ici, à l'Assemblée
nationale, qui a été agréée par la majorité
ministérielle, mais que l'Opposition officielle a refusé
d'accepter. Depuis lors, nous avons tenté d'en arriver à trouver
une solution miracle, puisque, au départ, les positions étaient,
à toutes fins utiles, inconciliables. Hier encore, le Conseil
consultatif sur l'administration de la Loi électorale s'est réuni
et effectivement, le Directeur général des élections, M.
Pierre-F. Côté, avait préparé un compromis possible
qui a été soumis au conseil consultatif. Cette solution dite de
compromis était la suivante: tenir un recensement partiel dans les
seules circonscriptions électorales modifiées par la
dernière carte électorale et qui impliquaient des transferts
d'électeurs.
Il y a 37 de ces circonscriptions électorales qui auraient pu
ainsi subir ou voir un recensement se faire à l'automne tel que
prévu et la proposition faisait état que toute élection
déclenchée avant le 1er janvier 1989 ne nécessiterait pas
de nouveau recensement dans ces 37 circonscriptions, alors
qu'évidemment, dans les 88 autres circonscriptions, il faudrait
nécessairement procéder à un recensement, alors que toute
élection déclenchée après le 1er juillet 1989
nécessiterait un recensement dans l'ensemble des 125 nouvelles
circonscriptions.
Cette solution de compromis a été soumise au caucus des
députés libéraux en réunion, hier soir, et je le
mentionne, M. ie Président, parce que, du côté de
l'Opposition, on a fait grand état, la semaine dernière, de ia
servilité des membres du caucus libéral, des
députés libéraux ici à l'Assemblée
nationale, au moment de l'adoption du projet de loi 23. Je voudrais dire, M. le
Président, qu'hier, à la réunion du caucus des
députés libéraux, c'est de façon unanime que les
députés ont décidé que les mêmes raisons qui
valaient pour suspendre le recensement dans les
125 circonscriptions s'appliquaient également à tout
recensement partiel, que ce soit dans 37 ou dans quelque nombre de
circonscriptions électorales que ce soit.
Nous reviendrons, au moment de l'adoption du principe du projet de loi
9, sur les raisons profondes qui nous amènent à la même
conclusion que celle à laquelle nous en étions venus la semaine
dernière par rapport au recensement général. Je voudrais
cependant dire que le Directeur général des élections, M.
Pierre-F. Côté, de très bonne foi, a tenté d'en
arriver à soumettre un compromis, et je veux le remercier cet
après-midi parce que, effectivement, il n'avait aucune obligation de
faire le travail qu'il a effectué dans des conditions sûrement pas
idéales. Ce n'est pas la valeur de la solution de compromis que le
gouvernement et les députés libéraux ont jugée
hier, mais strictement la valeur d'un recensement quel qu'il soit l'automne
prochain, alors que, de toute évidence, les probabilités sont
qu'il se révélerait inutile et, surtout, très
coûteux.
Si la solution de compromis n'a pas été retenue par le
caucus libéral, c'est essentiellement, d'abord, à cause de la
nature discriminatoire d'un tel recensement partiel. En fait, il
créerait deux électeurs.
Des voix:...
M. Gratton: Vous pouvez rire, si ce n'est pas sérieux pour
vous, cela l'est pour nous.
Une voix: II n'a pas compris ce que cela voulait dire.
M. Gratton: II créerait deux catégories
d'électeurs: ceux qui seraient recensés une fois, en supposant
que l'élection serait déclenchée après le 1er
juillet, et ceux qui le seraient deux fois. Ce n'est sûrement pas de
nature à éliminer la confusion dont parlaient nos
collègues de l'Opposition la semaine dernière.
De plus, un tel recensement partiel n'aurait aucune utilité
électorale, à moins que les élections ne se tiennent d'ici
à la fin du printemps prochain. Là encore, le fait d'avoir tenu
un recensement dans certaines circonscriptions et non dans d'autres
créerait une énorme confusion auprès des électeurs.
Les recensés ne seraient alors que révisés, alors que les
non-recensés seraient recensés et révisés pendant
la période électorale. De plus, si des élections ont lieu
après le 1er juillet 1989, ce qu'il y a tout lieu de croire, en toute
probabilité, un tel recensement partiel n'aurait strictement aucune
utilité pour l'élection puisque, en fonction de la solution
suggérée, qui est tout à fait conforme à l'actuelle
Loi électorale, on devrait nécessairement procéder
à un nouveau recensement pour toute élection
déclenchée après le 1er juillet.
Quatrièmement, un tel recensement partiel ne servirait, encore
une fois, qu'aux organisa- teurs politiques, ce qui, nous l'avons
répété et nous le répéterons encore, ne
constitue pas une justification raisonnable pour dépenser les fonds
publics, que ce soit 12 000 000 $ et plus pour un recensement
général ou 3 800 000 $ tel qu'estimé pour la solution de
compromis.
Bien sûr, M. le Président, un recensement partiel
coûterait moins cher, on l'a dit, 3 800 000 $ au lieu de 12 200 000 $.
Mais d'une part, une facture globale, même moins élevée,
est toujours trop dispendieuse lorsqu'elle s'avère inutile et, d'autre
part, ce recensement partiel coûterait proportionnellement plus cher
qu'un recensement général. J'admets volontiers que les
estimations de coûts du Directeur général des
élections ne pouvaient pas être d'une exactitude parfaite,
étant donné les circonstances dans lesquelles cette estimation a
été faite, mais le fait demeure qu'à 3 800 000 $ pour 37
circonscriptions en regard de 12 200 000 $ pour un recensement
général, le recensement, par circonscription, aurait
coûté 102 702 $ pour la solution de compromis comparativement
à 97 600 $ selon la proposition faite au conseil consultatif,
c'est-à-dire 97 600 $ pour un recensement général.
Donc, M. le Président, devant l'impossibilité de conclure
une entente, nous n'avions d'autre choix que de procéder, tel que nous
l'avions annoncé, en déposant un projet de loi pour annuler le
recensement prévu pour l'automne prochain. Je répète
enfin, encore une fois, que si nous avons attendu jusqu'à maintenant
pour agir, ce n'est pas, comme l'a prétendu l'Opposition, par caprice ou
par mépris pour le Parlement, mais au contraire par respect pour
l'indépendance et la neutralité du processus de
délimitation des circonscriptions électorales qui, comme on le
sait, a connu son aboutissement uniquement vers le 20 ou le 25 mai dernier.
M. le Président, la teneur des discours prononcés en cette
Chambre jeudi dernier par les députés de l'Opposition ne fait que
me convaincre que nous avions raison d'agir ainsi. Les propos
exagérés - il faut le dire - le charriage véhiculé
par l'Opposition ne constituent certes pas un exemple de respect envers les
institutions et, notamment, envers le travail que devait faire la Commission de
la représentation électorale. (16 heures)
Comme nous l'avons démontré la semaine dernière et
comme nous le démontrerons à nouveau cet après-midi et ca
soir lors du débat qui suivra, les électeurs n'ont aucun avantage
à tirer de la tenue d'un recensement cet automne qu'il soit
général ou qu'il soit partiel. M. le Président, il me
semble que nous nous devons, à titre de responsables de la gestion des
fonds publics, de reconnaître qu'il y a urgence d'agir maintenant de
façon à éviter une dépense inutile de 12 200 000 $
pour un recensement qui ne servirait aucunement, mais aucunement les
intérêts des électeurs et qui, même s'il devait
servir les intérêts des partis politiques, ne mérite
pas qu'on en fasse payer la note par les contribuables
québécois.
Le Président: Je remercie M. le leader du
gouvernement.
Sur la même motion de suspension des règles de
procédure, en vertu des articles 182 et 183 de notre règlement,
je vais maintenant reconnaître le leader de l'Opposition. M. le leader de
l'Opposition, vous avez maintenant la parole.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, je veux d'abord vous signaler
qu'il faut avoir toute une dose de front pour avoir le culot et la
prétention de se retrouver, pour une deuxième semaine
d'affilée, dans la même situation absolument incongrue, sans
précédent dans tout le régime parlementaire, non seulement
au Québec, mais probablement en Amérique du Nord. C'est
sûrement la première fois qu'un gouvernement bafoue avec autant
d'arrogance et autant de mépris les règles fondamentales du
parlementarisme et il a assez de culot que nous sommes à plaider une
motion d'urgence alors qu'au début même de la présentation
de la motion d'urgence, il y avait cinq répondeurs automatiques plus le
leader du gouvernement. Et ces gens-là vont nous faire accroire qu'on
est en train de plaider une motion d'urgence? Il y a urgence, disaient-ils,
parce que si nous n'agissons pas maintenant, le recensement aura lieu. La
réponse est claire. Qu'est-ce qu'ils ont fait? Pourquoi ont-ils
attendu?
L'explication est tronquée. Tout ce débat est vicié
et faux, M. le Président, de a à z. Ces gens-là avaient
l'occasion d'assumer leurs responsabilités. Le leader du gouvernement a
imposé des règles à tous ses collègues. Il a dit
à tous ses collègues: Si vous voulez faire adopter un projet de
loi en cette Chambre, il faut le faire avant telle date; ce n'est pas important
de la rappeler. Ses propres collègues ministres sont assujettis à
un minimum de respect démocratique uniquement en ce qui concerne le
dépôt des projets de loi afin de les voir adoptés. Lui,
coiffé de l'étiquette de ministre délégué
à la Réforme électorale, ne s'assujettit même pas
aux règles qu'il impose à ses collègues concernant
probablement ce qu'il y a de plus fondamental par rapport aux règles
démocratiques, et j'y reviendrai en quelques phrases.
Aujourd'hui, ce qu'on va dire à la population, ce qu'on a dit
à la presse et c'est ce qu'on dit, à l'Opposition officielle:
C'est sûr que nous ne jouerons pas dans cette farce une deuxième
fois. C'est clair, M. le Président, qu'on ne participera pas à
cette mascarade de la démocratie pour les raisons suivantes. Nous, on ne
peut pas banaliser une procédure exceptionnelle, une règle
d'exception qui s'appelle la suspension des règles. Je le
répète et c'est important pour la population, un Parlement normal
suspend les règles quand c'est grave; pas pour nous, pas pour nos
bibites à nous autres, mais pour des problèmes de
société. Toute la tradition a voulu que la suspension des
règles, quand on l'a faite, c'était pour des lois
spéciales, c'était quand il y avait des problèmes
où la santé et la sécurité du public étaient
en cause, jamais parce qu'un leader n'a pas eu la décence de suivre le
même processus qu'il a imposé aux autres. Jamais! Et aujourd'hui,
on nous fait accroire qu'on va utiliser à toutes les semaines... On
vient de l'utiliser deux semaines consécutives. Qu'est-ce qui nous
garantit, en vertu de nos droits de parlementaires, que, dorénavant, la
tentation d'à peu près n'importe quel ministre qui serait hors
délai - suivant le délai imposé par le leader du
gouvernement - ne sera pas de décider tout simplement de suspendre les
règles? Après tout, c'est un court débat de cinq heures au
maximum! Et après, on a suspendu les règles. Deux heures, la
motion artificielle de prétention d'urgence. Il est évident qu'il
n'y a pas urgence. Il y a irresponsabilité, il y a mépris et il y
a arrogance. Ça, c'est clair.
Deuxième raison: un comportement abusif qui met fin à une
règle du consensus imposé correctement par loi, dans le processus
législatif, par le même individu qui, aujourd'hui... Et il nous
l'a dit franchement la semaine dernière: Je la retire parce que vous ne
l'utilisez pas - c'était sa propre expression - de la façon dont,
je crois, vous devriez le faire. Comme si un droit de législateur,
à l'intérieur d'une loi, devait être exercé selon le
jugement des amis d'en face. Qu'est-ce que c'est, M. le Président, en
termes de valeur démocratique? C'est du jamais vu. Non à un
deuxième "bulldozage" en une semaine, où on bafoue les droits
légitimes des parlementaires sous un faux prétexte d'urgence.
On ne cautionnera jamais une démarche d'un ministre arrogant qui
a renié la règle de la double majorité parlementaire qu'il
avait lui-même introduite pour annuler un recensement
postdélimitation. On ne souscrira pas à l'ultime étape
d'une démarche qui vient arracher le droit le plus strict de
l'Opposition de demander un recensement électoral parce que,
premièrement, cela fait trois ans qu'il n'y en a pas eu, et
deuxièmement, quand on a demandé le recensement, on l'a
expliqué, la conclusion du ministre délégué
à la Réforme, c'est encore ce qui est grave... Il concluait
tantôt en disant: Dans le fond, pourquoi le caucus a-t-il dit non au
recensement? Je vais expliquer pourquoi il a dit non tantôt. Il a dit non
au recensement parce que en faire un ne servirait, et je le cite, que les
organisateurs politiques. C'est faux, c'est malhonnête et il le sait. Il
le sait très bien.
Des voix: Bravo!
Le Président: Vous allez retirer immédiatement le
qualificatif "faux".
M. Gendron: Non, M. le Président, je ne retirerai pas le
qualificatif "faux" parce que je vais m'expliquer. Il me semble que, de tout
temps - et là, je plaide la question de règlement - on n'a pas le
droit de dire à un parlementaire que ce qu'il vient de dire est faux,
erroné et mensonger, mais on a le droit de dire, comme argumentation -
et je l'ai vécu pendant douze ans - et on a toujours le droit de
prétendre que l'argumentation qui nous est servie est fausse,
erronée et mensongère. Et c'est ce que j'ai dit...
Des voix: Bravo!
Le Président: Allez. Mais vous aviez très mal
commencé de la façon dont...
M. Gendron: J'ai dit intégralement ce que je viens de
répéter.
Le Président: Parfait! Allez.
M. Gendron: Je disais, M. le Président, que les arguments
voulant que cela ne serve que les organisateurs politiques sont des arguments
erronés, mensongers et faux, et il le sait parce qu'il a lui-même
demandé au conseil consultatif de consulter, de faire une rencontre avec
le Directeur général des élections pour étudier une
solution de compromis. Lorsqu'il faisait accroire à cette Chambre que le
caucus, de façon unanime, avait rejeté sa proposition, cela veut
dire trois ou quatre choses. La première, cela veut dire qu'ils
n'écoutent jamais ce que dit leur leader, ministre
délégué à la Réforme électorale et
parlementaire, comme collègue ministériel, de l'autre
côté, parce que, la semaine dernière, il m'imputait
lui-même des motifs presque indignes parce que je lui disais: On va se
retrouver, cette semaine, dans le même scénario de fou. Il me
disait, et je le cite au texte: Je ne peux imaginer - c'est le texte
intégral - que le leader de l'Opposition aurait demandé, avec ses
collègues, qu'on convoque le conseil consultatif simplement pour la
frime, simplement pour se faire dire bonjour. Il ajoutait: Je ne peux croire
que celui qui vous parle ne croit pas que le conseil consultatif puisse trouver
une solution adéquate.
On l'a trouvée la solution adéquate, M. le
Président. On en a discuté et on l'a partagée et
lui-même l'a acceptée. La preuve, c'est qu'il l'a
présentée à son caucus. Je ne dis pas qu'il l'a
défendue, je dis qu'il l'a présentée à son caucus
et il s'est fait renverser bien plus à cause d'une arrogance
hystérique du nombre. C'est cela, la véritable raison.
Des voix: Bravo! (16 h 10)
M. Gendron: Les arguments, pour en avoir un, étaient
simples, M. le Président. Le directeur général lui a dit
et il nous a dit, au conseil consultatif, que le recensement aurait une
importance capitale, d'abord parce qu'il y a eu une modification importante
à la carte électorale; 36 circonscriptions où il y a eu
des mouvements d'électeurs; deuxièmement, cela fait trois ans
qu'il n'y en a pas eu; troisièmement, il y a la moitié des 36
circonscriptions touchées par la carte électorale où il y
a un nouveau directeur du scrutin. Et le Directeur général des
élections a dit: II n'y a rien de mieux pour ces gens que d'avoir
l'occasion de faire un recensement pour se faire la main.
Une autre raison importante, très importante - la
démocratie n'intéresse pas ces gens - êtes-vous au courant
que, pour l'élection partielle d'Anjou, M. le Président,
actuellement, il y a 3000 électeurs de moins que lors des
élections de 1985? Pensez-vous que c'est exact? Pourquoi est-ce exact
qu'il y a 3000 électeurs de moins? Parce qu'on a fait un recensement
dans des conditions préélectorales, difficiles où ces gens
n'ont pas eu la formation, où on n'a pas le temps de recruter exactement
les gens qu'il aurait fallu former. Je ne blâme pas ces gens. Je dis que
le résultat est clair. Manifestement, la démocratie ne s'exercera
pas convenablement dans Anjou. C'est une autre raison. Et
eux-mêmes...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gendron: ...lors du conseil consultatif, ont effectivement
parlé de l'importance de tenir un recensement dans des conditions
différentes pour s'assurer de la qualité du travail des
recenseurs et, par la suite, de la qualité de la démocratie. En
quoi ces arguments sont-ils partisans, M. le Président? Je pourrais
continuer: outil démocratique, selon le Directeur général
des élections, outil démocratique et fondamental pour les partis
politiques, pas en termes partisans, mais en termes d'avoir les bons
instruments pour travailler avec les électeurs. Cela ne donne rien de
plaider sur le fond. Ces gens ne sont pas intéressés par cela.
Ils sont intéressés uniquement par la force abusive du nombre,
sans aucun respect de la démocratie, sans aucun respect du processus
parlementaire, et ils veulent faire une règle presque habituelle d'une
règle d'exception, qui est fondamentalement la motion de suspension des
règles qu'on appelle motion d'urgence.
Pas un mot ou à peu près de la motion d'urgence comme
telle. Il n'y a pas d'urgence si ce n'est qu'il s'est traîné les
pieds. C'est ce qu'il a dit: Parce que je me suis traîné les
pieds, je suis obligé d'arriver aujourd'hui à cette motion parce
qu'il va y avoir un recensement. Le caucus a refusé pour les mêmes
raisons, disait-il tantôt, que lorsqu'on a débattu, la semaine
dernière, ce qui est complètement erroné et inexact,
puisque, je l'ai cité, il souhaitait que le conseil consultatif et le
Directeur général des élections arrivent à une
solution de compromis. On est arrivé à la solution de compromis.
Est-ce que le
résultat a changé? La réponse est non. Aujourd'hui,
on se trouve exactement dans le même contexte que la semaine
dernière.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de participer plus
longtemps que cela avec ces gens à un jeu électoral. C'est pour
ces raisons qu'en ce qui nous concerne, pour ce qui est de la motion fausse, la
motion complètement artificielle d'urgence qui n'existe pas, nous ne
pouvons souscrire à cela. Ce à quoi nous souscrivons actuellement
c'est à l'arrogance. Dans l'arrogance, on ne fait pas notre travail
parlementaire sur une motion d'urgence. En conséquence, nous allons nous
retirer pour tous les débats concernant cette farce prévue pour
les cinq prochaines heures.
Le Président: Merci, M. le leader de l'Opposition.
Nous allons maintenant continuer le débat restreint sur la motion
de suspension des règles, en vertu des articles 182 et 183,
présentée par M. le leader du gouvernement.
J'attire votre attention sur le fait que l'entente sur le débat
restreint quant au temps était de quinze minutes réservées
au droit de réplique de M. le leader du gouvernement, quinze minutes
réservées à M. le député indépendant
de Gouin et le reste du temps devait être partagé entre les deux
formations sans récupération s'il n'est pas utilisé.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de Gouin
sur la même motion présentée par M. le leader du
gouvernement. M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. La question qui doit
être débattue maintenant n'est pas de savoir s'il doit ou non y
avoir un recensement l'automne prochain. La question qui doit être
débattue, contrairement à ce qu'ont voulu ajouter au débat
la semaine dernière les députés libéraux, n'est pas
celle de savoir si c'est la majorité qui doit imposer ses vues à
l'Assemblée nationale ou non. Pour tout le monde, il est clair qu'en
démocratie il y a une majorité par définition et que c'est
au point de vue de la majorité de primer les autres points de vue.
Personne n'a l'intention, ici, de modifier les règles fondamentales de
la démocratie quant à savoir si c'est la majorité qui doit
voir ses vues primer les vues de la minorité dans un débat
parlementaire. Sauf que cette façon de s'exprimer, d'évoluer et
d'organiser les débats de la majorité doit se faire à
l'intérieur d'un cadre très précis qui est défini
dans les règles de l'Assemblée nationale du Québec,
règles qui sont tout aussi importantes en ce qui a trait à
l'encadrement de la vie démocratique, que cette grande règle qui
fait que tous, y compris les majorités, doivent se présenter une
fois par quatre ans devant la population pour être jugés sur les
gestes qu'ils ont posés.
En ce sens, je pense qu'il faut refuser d'ajouter au débat
à savoir si c'est oui ou non la majorité qui décidera.
C'est clair, c'est toujours la majorité qui décide. Cela doit se
faire selon des règles qui sont actuellement mises au panier, des
règles tout aussi importantes que celles qui obligent l'ensemble des
gouvernements - les hommes et les femmes qui font de la politique - à se
présenter, une fois par quatre ans, devant la population pour être
jugées sur la base des gestes qu'ils ont posés. M. le
Président, autant il était à mes yeux totalement
inadmissible que le règlement, que les règles
démocratiques de l'Assemblée nationale soient mises au panier,
mises à la poubelle la semaine dernière, autant à mes yeux
il est toujours inadmissible, déraisonné que nous suspendions les
règles démocratiques de fonctionnement de l'Assemblée
nationale du Québec. Le leader du gouvernement utilise, banalise cette
notion de motion d'urgence pour poser le geste qu'il veut poser alors que cette
notion de motion d'urgence, cette motion de suspension des règles de
procédure démocratiques de l'Assemblée nationale du
Québec n'a jamais été utilisée dans le passé
pour des fins qui se rapprocheraient un tant soit peu des fins pour lesquelles
on veut les utiliser.
M. le Président, la règle de suspension de nos
règles habituelles démocratiques, cette notion d'urgence, est
utilisée exclusivement lorsque la procédure parlementaire ne
permettrait pas à l'Assemblée nationale du Québec, donc
à sa majorité, d'intervenir assez vite pour protéger la
santé et la sécurité des citoyens dans leur ensemble ou
d'une région ou d'un groupe donné. Ce sont les seules raisons
pour lesquelles ces dispositions sont prévues, pour lesquelles ces
dispositions existent et pour lesquelles ces dispositions ont et doivent
être utilisées. Je considère que s'il y a un mandat qui est
le mien, s'il y a une obligation qui est la mienne, s'il y a une
responsabilité que j'ai, c'est bien de défendre la dimension
essentiellement et fondamentalement démocratique des institutions
politiques dans lesquelles nous devons évoluer, à commencer par
l'Assemblée nationale du Québec.
C'est ce qui est en jeu dans le présent débat. Le
gouvernement actuel a un comportement antiparlementaire, une attitude
méprisante à l'endroit du Parlement, une considération
minimale à l'endroit de l'importance qu'on devrait accorder au
régime parlementaire. C'est d'autant plus vrai que tout ce qui se
produit sur cette question depuis la semaine dernière est
invraisemblable parce que fait pour que la majorité puisse
décider dans un Parlement démocratique. Depuis le 29 mars
dernier, le leader du gouvernement, son gouvernement, son caucus sont au
courant qu'il ne sera pas possible, dans le respect de la Loi sur la
représentation électorale, chapitre 37, d'annuler ou de suspendre
le recensement de l'automne prochain.
Ils ont donc eu du 29 mars jusqu'au 12 mai dernier, date ultime, pour
déposer un projet de loi et le faire adopter avant le 20 juin sans
jeter aux poubelles les règles parlementaires. Ils ont eu toute
cette période pour déposer le projet de loi qu'ils auraient pu
vouloir déposer, annulant le chapitre 37, pour déposer un projet
de loi annulant le recensement de l'automne prochain, mais dans un cadre
démocratique, dans un cadre respectueux des règles fondamentales,
démocratiques de l'Assemblée nationale du Québec. (16 h
20)
Qu'on ne vienne pas nous faire accroire que le gouvernement ne le savait
pas, ne voyait pas venir cela. Le gouvernement, dans un régime
parlementaire comme le nôtre, a tous les moyens pour faire primer ses
points de vue. Le règlement de l'Assemblée nationale du
Québec, auquel je souscris, donne tous les moyens imaginables à
un gouvernement pour faire primer ses points de vue à l'Assemblée
nationale du Québec. Non seulement tel est le cas, mais le gouvernement
avait tout le temps utile et même beaucoup plus pour poser tous les
gestes qu'en bonne majorité il aurait été
légitimé de poser, s'il avait voulu le faire dans un cadre
démocratique et respectueux de nos règles
démocratiques.
Quand le leader du gouvernement nous dit: Oui, mais la carte
électorale était en cours de révision, il fallait que je
respecte ce processus. Faux prétexte! Depuis le mois de février
au minimum, lorsque la Commission de la représentation électorale
est venue à l'Assemblée nationale présenter son rapport
préliminaire, il était clair aux yeux de tous que les changements
seraient importants, considérables, inévitables, qu'ils
toucheraient un grand nombre de circonscriptions et un grand nombre
d'électeurs. Donc, on n'avait pas besoin d'attendre que ce processus
soit complété, on avait déjà un rapport
préliminaire en main et la représentation des commissaires en
commission parlementaire.
De la même façon, M. le Président, lorsque le leader
du gouvernement nous dit: J'ai attendu parce que j'ai cru qu'une
négociation serait possible pour en arriver à une entente et
c'est devant l'absence d'entente que je suis forcé de mettre de
côté les règles. Non, M. le Président. S'il avait
voulu réellement, sincèrement, de bonne foi et franchement
accepter et discuter d'un compromis, ce serait réglé, on ne
serait pas ici aujourd'hui; parce que oui, un compromis est intervenu entre les
formations politiques au comité consultatif de la loi électorale
du Directeur général des élections, mais ce compromis a
été rejeté, après être intervenu, par le
caucus libéral, par la majorité libérale.
Il est faux de prétendre qu'on a attendu après le 12 mai,
se mettant dans une situation où on jetterait à la poubelle les
règles parlementaires démocratiques, parce que peut-être on
était ouvert aux négociations. On vient de prouver que non, il
n'était pas ouvert aux négociations. Donc, je
répète, ce gouvernement avait tous les moyens et tout le temps
disponible et même beaucoup plus pour poser les gestes, qu'en bonne
majorité, il pouvait vouloir poser et qu'on aurait débattus sur
leur fond à ce moment-là, plutôt que de débattre de
ces questions.
Alors, à mes yeux, non seulement le gouvernement libéral
bafoue, méprise le Parlement, l'Assemblée nationale, la
démocratie mais n'oublions pas, quand on dit "bafouer la
démocratie", c'est bafouer les électeurs parce que c'est eux qui
ont décidé qu'on vivrait en démocratie, c'est eux qui ont
décidé que l'Assemblée nationale fonctionnerait sur les
bases qu'on connaît. C'est à ce titre et dans ce cadre que les
citoyens du Québec acceptent de nous donner leur droit, de nous
prêter leur pouvoir de décider ce qui va se passer au
Québec parce qu'ils savent que cela va se passer démocratiquement
entre les 122 députés de l'Assemblée nationale. S'ils
pensaient que cela marche en dictature, ils ne nous prêteraient pas leur
souveraineté, leur droit politique; ils feraient cela autrement.
Non seulement, le gouvernement bafoue la démocratie et donc toute
la population, mais je dois dire qu'à mes yeux aussi, le ministre
responsable de la Réforme électorale a commis un grave geste
d'ingérence politique inqualifiable et inadmissible lorsque, le 25 mai
dernier, il a communiqué avec le Directeur général des
élections, qui n'est pas son employé, qui ne relève pas de
lui... Faut-il savoir que le Directeur général des
élections, justement pour le mettre au-dessus des partis politiques,
relève de toute l'Assemblée nationale? Alors, quand il a
écrit au Directeur général des élections pour lui
dire: M. le directeur, mettez de côté vos préparatifs du
recensement, je vais déposer des projets de loi à
l'Assemblée nationale, il a commis un geste de grossière
ingérence dans le fonctionnement habituel du Directeur
général des élections.
D'une part, le directeur était sûrement en préparai
du recensement, puisque cela ne se prépare pas aux mois de mai ou de
juin, on prépare cela avant et, deuxièmement, le Directeur
général des élections était au courant du vote du
29 mars dernier où, au sens des lois qui existaient au Québec
à ce moment-là, il y avait une décision du Parlement qu'il
y aurait recensement à l'automne 1988, parce qu'à partir du
moment où la motion présentée par le ministre au mois de
mars dernier et votée le 29 mars n'était pas adoptée
à double majorité, c'était automatique qu'il y aurait
recensement à l'automne 1988 et cela donnait donc le mandat
implicitement au Directeur général des élections d'amorcer
le processus du recensement.
Donc, le ministre délégué à la
Réforme électorale n'avait pas à poser ce geste. Il a
commis une ingérence dans le fonctionnement du Directeur
général des élections et il a bafoué à
nouveau les droits de l'Assemblée nationale du Québec qui venait
de voter qu'il y aurait recensement.
M. le Président, je considère qu'il s'agit là de
gestes graves et je m'associerai moi aussi,
comme parlementaire de l'Opposition, à cette décision qui
a été présentée tantôt par le
député d'Abitibi-Ouest et je n'ai pas l'intention, à la
suite de cette intervention, de participer plus avant à l'étude
du projet de loi qui a été déposé aujourd'hui. Je
considère qu'il faut marquer profondément le coup grave qui est
porté à nos institutions politiques démocratiques, pour la
deuxième fois en moins d'une semaine, par le gouvernement
libéral. Je n'ai pas l'intention de m'associer à ce qui va se
dérouler dans ce Parlement où on va banaliser des règles
exceptionnelles qui feront que n'importe qui, maintenant, pourra se lever pour
changer une loi adoptée trois semaines plus tôt et qui ne fait
plus son affaire, qui feront que l'on pourra bafouer pour quoi que ce soit,
rétroactivement, des lois adoptées démocratiquement par le
Parlement.
M. le Président, nous allons nous retrouver, cet
été ou à l'automne, dans un débat linguistique
à la suite du jugement de la Cour suprême. Est-ce qu'on est
aujourd'hui rendus à se poser la question, une fois qu'on aura
débattu cela dans un climat de tension, d'équilibre difficile, de
consensus impossible à atteindre, si, trois semaines, trois mois ou un
an après, le gouvernement libéral n'est plus content, n'est plus
satisfait, pour des raisons x, y, z, de la solution qui aura été
adoptée ici démocratiquement, il se lèvera un bon matin et
dira: M. le Président, je suspends les règles
démocratiques de l'Assemblée nationale et je défais une
loi, qui aurait été adoptée démocratiquement par le
Parlement? C'est le genre de question que cela pose, l'utilisation que l'on
fait, pour la deuxième fois, du côté libéral, en
moins d'une semaine, de la suspension des règles démocratiques de
procédure.
Cela met en question, M. le Président, le fonctionnement, la
valeur des discussions et des décisions qui seront prises à
l'Assemblée nationale. Maintenant, lorsque l'on sera appelé
à voter sur une loi, on ne saura pas pour combien de temps cela va
valoir. On ne connaîtra pas la valeur réelle d'une loi, M. le
Président, on ne saura pas jusqu'à quel point elle sera
permanente ou non. À tout moment, la majorité à
l'Assemblée nationale pourra se lever et dire: Bon, c'est assez, on
s'est trompés on jette à la poubelle cette loi et on va suspendre
les règles, parce qu'on aura utilisé ce procédé,
qui sera sûrement un précédent qui sera utilisé dans
les prochaines années, parce qu'on l'aura banalisé et on aura
fait en sorte que ce procédé puisse maintenant être
utilisé à toutes les fins, y compris à celle de modifier
rétroactivement des lois, et donc utilisé dans un cadre
profondément antidémocratique et à rencontre des droits et
privilèges de l'ensemble des citoyens du Québec.
Donc, M. le Président, je m'inscris en faux, je suis
extrêmement déçu que le gouvernement utilise, pour la
deuxième fois, ces mesures pourtant exceptionnelles sur des questions
comme celles-là. Je dois dire aussi qu'en ce qui me concerne, je ne
participerai pas plus avant à ce débat et, puisque la
majorité veut fonctionner en majorité dictatoriale,
qu'elle le fasse. Ils seront seuls pour le faire. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Je vais maintenant reconnaître,
comme prochain intervenant, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Roger Lefebvre
M. Lefebvre: Merci, M. le Président. Je constate avec un
peu de tristesse, mais sans surprise réelle, que le député
de Gouin n'a d'indépendant que le titre: il est encore associé
à son parti et je reconnais que ce n'est pas facile pour lui de se
débarrasser de 17 années de vieilles habitudes. (16 h 30)
Lorsque l'on parie de gestes antidémocratiques, est-ce que le
geste antidémocratique le plus grave n'est pas celui de refuser de jouer
le rôle qu'on nous a confié démocratiquement? Est-ce que ce
n'est pas l'atteinte la plus grave à la démocratie et au
Parlement que de refuser de siéger, de représenter les
électeurs qui nous ont confié un mandat?
Depuis une demi-heure ou à peu près, on se retrouve avec
une vingtaine de comtés sans représentant. Vingt
députés refusent de jouer leur rôle, ont
décidé d'abandonner, par lâcheté ou pour d'autres
raisons, de renier le mandat qu'on leur a confié en 1985. J'entendais le
leader de l'Opposition parler d'arrogance, en tenant pour acquis que ce serait
vrai de notre côté, ce que je n'admets pas. Une teinte
d'arrogance, M. le Président, c'est moins pire qu'un geste aussi
lâche que celui auquel on vient d'assister, à savoir abandonner
ses responsabilités et refuser le combat.
Le leader de l'Opposition disait: La démocratie
n'intéresse pas ces gens. La démocratie, c'est d'abord la
protection des droits des citoyens, lorsque ce rôle nous a
été confié démocratiquement au cours d'une
élection, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. Ce
rôle de défenseur des intérêts des électeurs
qu'on représente se joue en Chambre, à l'Assemblée
nationale, et nulle part ailleurs. On assiste à une farce, on voit un
parti politique boudeur, mal à l'aise. Je comprends que le leader de
l'Opposition soit particulièrement mal à l'aise. On se souviendra
- j'ai en main des lettres déposées en mars dernier - et la
preuve apparaît dans les documents auxquels je fais
référence, que le leader de l'Opposition avait donné son
consentement à l'annulation du recensement dont on parie depuis 15
heures, cet après-midi. Évidemment, ce n'est pas facile de faire
face à un caucus qui nous a renversés, ce n'est pas facile
d'admettre devant tout le Québec qu'on n'a pas de leadership à
l'intérieur de son propre parti. Le leader de l'Opposition a
décidé de refuser le combat et de
se sauver. C'est une attitude irresponsable de la part du leader
et de son équipe. Le PQ, l'Opposition, j'en suis convaincu, sera
jugée très sévèrement pour le geste qu'elle vient
de poser.
M. le Président, je tiens à reprendre les propos du leader
du gouvernement en qui - je tiens à le mentionner tout de suite - le
caucus libéral a une confiance sans réserve, qui nous disait tout
à l'heure que les députés ministériels ont
été consultés sur la décision à prendre et
que, de façon unanime, sans réserve, nous considérons que
le bien de la population nous oblige à continuer le processus dans
lequel nous sommes engagés depuis mars, à savoir l'annulation du
recensement. Pas un seul député libéral n'hésite
à dire que c'est ce qu'on doit faire et que c'est ce qu'on fera, que
l'Opposition soit là ou non. On le fera évidemment en respectant
les règles de la démocratie, en utilisant les instruments qui
sont à notre disposition, à savoir les règles de
procédure de l'Assemblée nationale. On fera ce qui a
été fait dans le passé par d'autres gouvernements, et
également par nous. Dans certaines circonstances, les dispositions des
articles 182 et suivants de nos règles de procédure nous
permettent, de façon exceptionnelle, nous l'admettons, d'annuler les
procédures régulières, en expliquant évidemment
à la population les raisons pour lesquelles on agit de telle
façon.
Tout a été dit la semaine dernière, et ce qui
était vrai la semaine dernière, lorsqu'on a déposé
une motion semblable à celle de cet après-midi pour finalement
adopter le projet de loi 23 qui modifie la Loi sur la représentation
électorale, c'est aussi pour justifier la motion qui a été
déposée suspendant les règles contenues dans nos
règlements.
Je voudrais, très rapidement, rappeler ces raisons qui nous
amènent à déposer devant l'Assemblée nationale
cette procédure d'exception. Comme je viens de le mentionner, c'est une
suite logique des gestes qu'on a enclenchés la semaine passée. La
loi 23, M. le Président, annule une disposition contenue dans la Loi sur
la représentation électorale que j'explique très
rapidement. Avant l'adoption du projet de loi 23, il devait y avoir double
majorité, c'est-à-dire majorité ministérielle et
majorité du côté de l'Opposition pour pouvoir annuler un
recensement. On a déposé une motion dans ce sens-là en
mars et la motion a été accueillie, du côté des
ministériels, mais rejetée du côté de l'Opposition.
Et, voilà la raison pour laquelle on a procédé à
l'adoption de la loi 23 qui nous amène nécessairement, si on veut
être logiques, à procéder comme on le fait aujourd'hui.
Pour les raisons que le leader du gouvernement a expliquées, on
procède dans un premier temps à la suspension des règles.
Pourquoi ne pas avoir procédé avant, M. le Président? Je
veux rappeler ce que j'ai mentionné tout à l'heure. Il faut bien
comprendre que toute cette confusion tournant autour du débat concernant
l'annulation du recensement cette année tient à l'attitude de
l'Opposition et de son leader qui, de façon malhabile, imprudente et
inexpérimentée, s'est compromis avant de consulter son propre
caucus. Je ne nie pas au caucus le droit de renverser son leader. Ce que je
reproche au leader de l'Opposition, c'est d'avoir été imprudent
et d'avoir donné, sans consulter, au leader du gouvernement son
consentement à l'annulation du recensement. De deux choses l'une, ou il
n'y a pas eu de consultation du leader avec son caucus ou, si ce n'est pas le
cas, il y a eu consultation et le leader n'a pas compris. Alors, il est fautif,
M. le Président, dans une situation ou dans l'autre.
Le leader de l'Opposition change d'idée, mentionne au leader du
gouvernement qu'il retire sa parole donnée et qu'il souhaite
effectivement qu'il y ait un recensement. L'Opposition ayant changé
d'idée une première fois, on s'est dit de notre
côté, c'est possible, le passé étant garant de
l'avenir, qu'à nouveau l'Opposition et son leader, avec en tête
son chef absent, M. Pari-zeau, change à nouveau d'idée et que,
finalement, on comprenne le bien-fondé de nos arguments, le
bien-fondé du raisonnement du gouvernement à savoir que 12 000
000 $, c'est beaucoup d'argent et que l'opération recensement en 1988
est une opération inutile. On s'est dit: Ces gens-là vont finir
par comprendre. Ils vont finir par comprendre parce que c'est ce qu'ils ont
fait en 1977, en 1981, en 1982 et en 1983.
M. le Président, à l'époque c'était
justifié d'annuler le recensement et je voudrais vous citer des extraits
du Journal des débats qui se lisent comme suit: "Ce projet de loi
- on parle alors du projet de loi 14 - a pour objectif essentiellement
d'annuler le recensement prévu pour l'année 1981. Il permettra
d'épargner ainsi aux contribuables québécois un peu plus
de 16 000 000 $, ce qu'aurait coûté approximativement un
recensement à l'automne si nous y donnions suite comme le prévoit
la loi". Alors, M. le Président, la seule raison pour laquelle, en 1981,
on proposait à l'Assemblée nationale d'annuler le recensement,
c'était une économie d'argent. (16 h 40)
Qui a décidé de proposer le projet de loi 14 à
l'Assemblée nationale? C'était Marc-André Bédard.
Que je sache, ce n'était pas un libéral. Ce n'était pas le
moindre représentant du Parti québécois qui avait la
responsabilité de gouverner à l'époque.
Je voudrais, M. le Président, vous lire un autre extrait du
Journal des débats. On fait référence au projet de
loi 69. Voici ce qu'on dit: "Ce projet de loi a essentiellement pour but
d'annuler le recensement prévu pour l'année 1982." J'ai
parlé tout à l'heure de 1981. Je vous parle maintenant de 1982.
"Vous vous rappellerez - c'est Marc-André Bédard qui parle - que
cette Assemblée adoptait, il y a moins d'un an, le projet de loi 14 qui
suspendait la tenue du
recensement annuel des électeurs prévu pour l'automne
1981. Il s'agissait à ce moment-là de faire une économie
de quelque 16 000 000 $. Cette loi a été entérinée
par l'Opposition. " À l'époque, l'Opposition libérale
agissait d'une façon beaucoup plus responsable que ceux qu'on a devant
nous aujourd'hui et, dans les deux cas, en 1981 et en 1982, l'Opposition
libérale avait donné son consentement. M. Bédard continue:
"Cette loi a été entérinée par l'Opposition qui
était d'ailleurs pleinement d'accord et qui est môme allée
jusqu'à reconnaître avec modestie les mérites du ministre
d'État à la Réforme électorale", d'avoir
proposé une telle suspension, en sous-entendu, du recensement.
"Premièrement, le projet de loi 69 que nous présentons
aujourd'hui participe du même objectif de faire économiser aux
contribuables québécois une somme au moins équivalente
à 16 000 000 $. "
Dans les deux cas, M. le Président, et en 1981 et en 1982 - cela
a été la même chose l'année suivante, en 1983, mais
spécifiquement en 1981 et en 1982 - je viens de vous lire des extraits
du Journal des débats démontrant très clairement
que le ministre responsable à l'époque, l'ex-ministre de la
Justice, M. Bédard, n'avait comme seul argument qu'une économie
d'argent, et c'était juste, raisonnable et intelligent d'annuler le
recensement pour une économie de 16 000 000 $. C'est la démarche,
exactement la même démarche que l'on suggère, M. le
Président.
Ce qui était vrai à l'époque, ce qui était
vrai en 1981, en 1982, en 1983 et également en 1977, mais
particulièrement les trois années consécutives, 1981, 1982
et 1983, ce qui était justifiable pour l'Opposition ne l'est plus
aujourd'hui. C'est évidemment à nouveau le double langage du PQ
selon les situations dans lesquelles ces gens-là se retrouvent. Leur
raisonnement est modifié. Ils ne parlent plus de la même
façon.
En 1986 et en 1987, nous, les libéraux, avons proposé
l'annulation du recensement, ce qui a été accepté par
l'Opposition sans problème. On était, en 1986 et en 1987,
très loin d'une élection et l'Opposition péquiste ne
sentait pas le besoin, en 1986 et en 1987, de réorganiser sa structure
électorale. C'est le cas aujourd'hui. L'Opposition péquiste voit
dans le recensement une possibilité en or, une occasion extraordinaire
de pouvoir rebâtir sa structure électorale aux frais de
l'État. Pourquoi refuser en 1988 après avoir accepté en
1986 et en 1987 pour les mêmes raisons, à savoir économie
d'argent, sinon parce qu'en 1988 on réalise qu'on est à
l'approche d'une élection, en 1990 probablement, et qu'il faut
réorganiser notre structure électorale? Pourquoi pas le faire en
pigeant dans les deniers publics? C'est la seule et unique raison pour laquelle
le PQ n'a pas la même attitude aujourd'hui qu'en 1987 et en 1986.
Sauf que nous, M. le Président, nous avons l'obligation
d'administrer les deniers publics, et c'est pour cela qu'on a été
élus, la responsabilité d'administrer le Québec. Et ce
n'est pas vrai... J'y ai réfléchi. J'ai lu certains passages des
discours de l'Opposition et j'ai cherché, dans tout cela, une logique.
J'ai cherché des arguments qui auraient pu m'amener à modifier
mon opinion, à savoir si un recensement est, en 1988, une
nécessité, si c'est brimer les droits de la population que de
repousser le recensement à l'an prochain. Je n'ai pas trouvé
l'ombre d'un argument qui m'aurait convaincu que c'est le cas, M. le
Président.
On a espéré jusqu'à la dernière minute,
comme le leader du gouvernement l'a mentionné tout à l'heure, en
arriver à des accommodements qui auraient pu nous permettre
d'éviter ce qu'on fait présentement. On est tous conscients, de
notre côté, qu'une motion suspendant les règles, c'est
exceptionnel et qu'il ne faut pas en abuser. Sauf que, lorsque le but
recherché est louable, lorsque ce qu'on veut atteindre est souhaitable,
on a le droit de prendre les moyens pour y arriver pour autant,
évidemment, que ces moyens soient conformes à nos règles
et à nos règlements et c'est ce que nous permet de faire
l'article 182 de nos règlements.
Quant à moi, je ne suis mal à l'aise en aucune
façon, M. le Président, lorsque je dis qu'on peut suspendre les
règles. Ce qui était vrai la semaine dernière est encore
vrai aujourd'hui et je serai encore plus enthousiaste lorsqu'on aura à
intervenir sur le projet de loi comme tel visant à l'annulation du
recensement pour l'année 1988. Le député de Gouin a
parlé du gouvernement libéral comme étant un gouvernement
antidémocratique, je lui rappellerai que lui et ses anciens ou encore
collègues du PQ ont abandonné leurs responsabilités tout
à l'heure, je lui rappellerai ce que j'ai dit en début
d'intervention, que le geste le plus antidémocratique - cela vaut pour
le député de Gouin - c'est de refuser de représenter les
électeurs qui nous ont confié un mandat.
M. le Président, je termine mon intervention là-dessus. Je
veux inviter tous mes collègues à adopter cette motion de
suspension des règles avec la plus grande confiance. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a d'autres Intervenants?
M. le leader du gouvernement et ministre délégué à
la Réforme électorale, pour l'exercice de votre droit de
réplique.
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: Merci, M. le Président. Le moins que l'on
puisse dire, c'est que la décision de l'Opposition officielle et du
député indépendant de Gouin de ne pas participer aux
travaux ne nous a pas surpris puisqu'ils avaient déjà
annoncé cette décision aux journalistes avant même de
soi-disant se consulter sur la teneur du projet de loi au moment où le
leader de l'Opposition a demandé la suspension pour quelques
minutes, histoire de se saisir du projet de loi 9.
L'Opposition a choisi de dramatiser son geste pour épater la
galerie de façon à faire ressortir son incapacité de faire
face à la musique. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que
le Parti québécois se défile devant ses
responsabilités. Quand le leader de l'Opposition, aussi bien que le
député de Gouin qui a fait partie de l'ancien gouvernement
péquiste, parlait tantôt d'irresponsabilité, le moins qu'on
puisse dire, c'est que le geste le plus irresponsable, c'est de refuser de
faire son devoir, de faire ce que les électeurs de chacun des
comtés qui ont élu des députés péquistes
leur dictent de faire, c'est-à-dire de défendre les
intérêts des citoyens du Québec et de leurs
circonscriptions électorales, intérêts comme ils les
comprennent. Si on n'est pas d'accord sur la façon de procéder du
gouvernement, ia solution n'est sûrement pas de se retirer et de plaider
par défaut. (16 h 50)
Soit dit en passant, M. le Président, le député de
Gouin, je pense, parlait du caractère inédit de la
démarche d'aujourd'hui. Imaginez-vous, on suspend les règles.
Comment suspend-on les règles? En invoquant justement les règles
de pratique, les articles 182 et 183 du règlement qui sont là
pour cela, alors que, lorsque le gouvernement considère qu'il y a
urgence d'agir, on peut invoquer les articles 182 et 183. Et le gouvernement
péquiste a fait cela des dizaines de fois au cours des neuf ans
où il a été au pouvoir.
Ils sont même allés plus loin, M. le Président. Le
18 octobre 1983, ce ne sont pas seulement les règles de
l'Assemblée nationale qu'on avait suspendues. On avait tout simplement
ajourné l'Assemblée pour plus d'un mois. Le premier ministre, M.
René Lévesque, était venu dire: On n'a rien à
foutre ici, on n'a rien à proposer à l'Assemblée
nationale. Et, effectivement, on avait tout simplement ajourné
l'Assemblée pour un mois, histoire de donner la chance au gouvernement
de se préparer une législation. Si cela n'est pas de
l'irresponsabilité, si cela n'est pas du mépris de
l'Assemblée nationale, si cela n'est pas de l'arrogance, M. le
Président, je ne sais comment qualifier un tel geste.
Ce sont ces mêmes gens qui, aujourd'hui, viennent nous faire leur
spectacle, se retirent, refusent de prendre leurs responsabilités, en
prétextant que nous abusons, que nous faisons preuve d'arrogance, de
mépris et d'irresponsabilité. On a même parlé de
malhonnêteté.
D'abord, M. le Président, quand on dit qu'il y avait entente au
conseil consultatif hier sur la solution de compromis proposée, je l'ai
souligné et je le répète, à juste titre, de
façon tout à fait convenable par le Directeur
général des élections... Il ne faut surtout pas impliquer
le Directeur général des élections dans nos débats.
Il a fait ce qu'il avait à faire et même plus. Je l'en ai
remercié tantôt.
Mais, lorsqu'on prétend qu'il y avait entente au conseil
consultatif hier, à défaut de dire que c'est faux, je dirai que
ce n'est pas conforme à la vérité. Je suis sûr que
le député de Taschereau pourra venir nous dire tantôt ce
que les représentants du Parti libéral du Québec au sein
du conseil consultatif ont dit. Ils n'ont jamais donné leur accord
à la solution de compromis.
D'une part, les deux représentants du parti, MM. Jean Allaire et
Jean-Pierre Roy, ont dit qu'ils devaient nécessairement prendre avis,
consulter le parti. Ils ont même fait valoir qu'ils n'étaient pas
sûrs que cela relevait du conseil consultatif puisque, comme on le sait,
ce dernier doit se préoccuper de l'administration de la loi et non de la
législation électorale.
Le député de Taschereau, représentant du caucus
parlementaire au sein du conseil consultatif, a dit la même chose: Je
devrai d'abord consulter le caucus des députés libéraux.
Si vous voulez la vérité entière, c'est qu'effectivement
les représentations que j'ai reçues des représentants du
Parti libéral, non pas du gouvernement, mais du Parti libéral,
étaient favorables à ce qu'on accepte la solution de compromis.
Parce que, effectivement, le Parti libéral reconnaît qu'il
pourrait lui être utile, en tant que parti politique, de procéder
sinon au recensement dans les 125 circonscriptions, tout au moins à ce
recensement proposé dans la solution de compromis dans les 37
circonscriptions qui avaient subi des modifications, des transferts
d'électeurs. Utile non pas pour les électeurs, non pas pour les
contribuables du Québec, mais utile pour le Parti libéral du
Québec qui, évidemment, pourrait roder son organisation, mettre
son organisation sur place à la faveur d'un recensement qui, dans 37
circonscriptions, pourrait permettre de recruter des recenseurs et
évidemment de leur donner une certaine formation.
Donc, on ne se surprend pas que le Parti québécois ait
également conclu qu'il serait utile au Parti québécois, et
non pas aux électeurs, de procéder, dans un premier temps, au
recensement général ou tout au moins, à titre de
compromis, dans les 37 circonscriptions électorales qui avaient subi des
modifications.
M. le Président, le député de Taschereau, en
faisant rapport au caucus des députés libéraux, hier,
n'avait pas à tenir compte de l'opinion du Parti libéral du
Québec. Il devait se limiter à obtenir l'opinion des
députés élus du Parti libéral à
l'Assemblée nationale. Je l'ai dit, je le répète, c'est
unanimement que les députés libéraux ont convenu que si
à titre de députés, à titre de membres du Parti
libéral, il pourrait y avoir certains avantages à procéder
au recensement partiel proposé, pour le gouvernement, il était
injustifiable de dépenser des sommes aussi importantes strictement
à des fins partisanes, sans aucun souci pour les contribuables.
C'est ce qui a prévalu dans notre décision. Au caucus,
c'était tellement clair qu'en concerta-
tion avec le premier ministre, on a choisi de ne pas saisir le Conseil
des ministres qui siégeait ce matin de la question puisque, à
notre avis, l'unanimité régnant, il n'y avait absolument aucune
nécessité de soulever la question au Conseil des ministres, ce
matin. Le député de Gouin a parié de "grossière
ingérence" lorsque je me suis permis de communiquer, par écrit,
avec le Directeur général des élections pour l'informer de
notre intention de procéder à l'annulation du recensement. Cela
s'est fait plus d'une fois alors que M. Marc-André Bédard
était ministre délégué à la Réforme
électorale et qu'il nous avisait, en toute fin de session, qu'il y avait
lieu d'adopter un projet de loi pour annuler le recensement annuel de l'automne
suivant.
Il nous avisait en même temps - c'est arrivé à au
moins deux occasions où j'étais son vis-à-vis - avoir
déjà informé le Directeur général des
élections de son intention de faire annuler le recensement de
façon que justement le Directeur général des
élections n'engage aucune dépense, aucune opération compte
tenu de la décision qui venait. C'est ce que j'ai fait le 11
février dernier et je l'ai fait à la faveur de quoi? À la
faveur de la parole donnée par le leader de l'Opposition à savoir
qu'ils étaient d'accord pour annuler le recensement annuel. C'est
important qu'on le sache parce que si, dès te départ, le leader
de l'Opposition m'avait opposé un refus, une fin de non-recevoir, nous
n'en serions pas là aujourd'hui. Mais c'est même l'Opposition
officielle qui a accepté, qui a reconnu qu'il n'y avait aucune
utilité pour les électeurs, pour les contribuables
québécois de tenir ce référendum à l'automne
1988. C'est leur leader qui m'en avait donné l'assurance, qui
s'était engagé, qui avait donné sa parole.
M. le Président, c'est ce même leader de l'Opposition,
quelques jours après le caucus des députés auquel la
direction du Parti québécois, l'organisation du Parti
québécois avait participé, qui a renié sa parole et
qui a fait qu'on ait dû présenter la résolution pour que
l'Opposition se mouille, dise publiquement pourquoi elle avait changé
d'idée. Tout au cours des débats qu'on a eus depuis le
début de cette affaire, soit le 23 mars au moment du débat sur la
résolution, soit la semaine dernière au moment du débat
sur le projet de loi 23 et même aujourd'hui, on n'a encore invoqué
du côté de l'Opposition aucun argument, aucune raison qui pourrait
justifier la tenue du recensement qui servirait les intérêts des
électeurs. (17 heures)
On a fait allusion, bien sûr, à la formation du personnel
électoral. J'en conviens, il pourrait être utile de
procéder et de fournir l'occasion au personnel électoral de roder
l'organisation. Mais, M. le Président, je l'ai dit et je le
répète, ce n'est pas à l'État de dépenser
les fonds publics à ces fins, surtout pas lorsque les sommes sont aussi
considérables que celles dont il est question.
Je dis donc, M. le Président, que s'il y a
irresponsabilité, c'est du côté de l'Opposition qui refuse
de participer au débat comme si, la semaine dernière, au moment
même où on a procédé à la suspension des
règles, elle n'avait pas eu tout le loisir d'exprimer ses points de vue.
Quand on sent qu'on a raison, quand on pense qu'on a la vérité de
son côté, on ne se défile pas devant ses
responsabilités. On reste et on fait valoir ses arguments; on fait face
à la musique. C'est ce que l'Opposition refuse de faire aujourd'hui.
C'est à eux qu'il faudra poser la question sur la notion de
responsabilité d'un parlementaire élu à l'Assemblée
nationale non pas pour faire des spectacles, non pas pour épater la
galerie, mais pour faire valoir les intérêts des citoyens
québécois.
Je serais très intéressé de connaître le
point de vue du chef du Parti québécois sur cette question, M.
Parizeau. Je serais bien intéressé de savoir si M. Parizeau,
comme exministre des Finances, endosse la position de son caucus. Je serais
intéressé de savoir si M. Parizeau, comme ministre des Finances,
aurait voté pour la tenue d'un recensement complètement inutile
en termes d'intérêts de la population, strictement pour servir les
intérêts de son parti politique et des partis politiques. Je
demeure encore assez naïf pour croire que, si M. Parizeau ne s'est pas
prononcé sur cette question, c'est justement qu'il ne partage pas le
point de vue de son aile parlementaire. Évidemment, vous me direz, M. le
Président, que ce n'est pas le seul sujet qui divise l'aile
parlementaire du Parti québécois avec son chef, mais le moins
qu'on puisse dire, c'est que le geste qui est posé aujourd'hui par
l'Opposition en est un d'une irresponsabilité inqualifiable.
Si on a pensé, du côté de l'Opposition, que ce geste
amènerait le gouvernement à reculer, ferait en sorte qu'on puisse
faire chanter le gouvernement, cela serait trop facile pour l'Opposition, au
moment où elle n'est pas d'accord avec une mesure
présentée par le gouvernement, de tout simplement se retirer, de
fuir devant ses responsabilités et d'espérer que le gouvernement
va tout simplement abdiquer.
Nous avons été élus et, je le répète
à l'intention de ceux qui parlaient de la servilité des membres
du caucus libéral, tous et chacun, nous avons le même statut ici,
à l'Assemblée nationale; tous et chacun, nous avons le mandat de
représenter les électeurs de nos circonscriptions
électorales. À l'occasion, tous et chacun, nous devons
reconnaître l'intérêt général plutôt que
l'intérêt particulier de nos commettants respectifs dans nos
circonscriptions. En l'occurrence, si certains députés, hier, ont
exprimé le point de vue qu'il pourrait être utile de tenir le
recensement dans les circonscriptions qu'ils représentent parce qu'elles
sont affectées par la délimitation des comtés, aucun des
députés libéraux ne s'est prononcé en faveur du
maintien d'un recensement partiel ou complet, justement
parce qu'il nous semble qu'il est dans l'intérêt de
l'ensemble de la population du Québec que nous ne dépensions pas
des fonds publics à des fins inutiles, à des fins strictement
partisanes.
J'invite donc, M. le Président, les membres de l'Assemblée
qui sont encore présents à voter pour la motion de suspension des
règles, après quoi nous entamerons l'adoption du principe du
projet de loi 9. Nous expliquerons, en détail, les motifs qui nous
amènent à proposer son adoption à l'Assemblée
nationale.
Le Vice-Président: Alors, le débat étant
clos, est-ce que la motion de suspension des règles,
présentée par M. le leader du gouvernement, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Projet de loi 9
Le Vice-Président: Adopté. Puisque cette motion est
adoptée, M. le ministre délégué à la
Réforme électorale propose maintenant que l'Assemblée
nationale se saisisse du projet de loi 9, Loi sur le recensement des
électeurs en 1988. M. le ministre délégué à
la Réforme électorale.
Présentation
M. Gratton: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
d'annuler la tenue du recensement annuel des électeurs prévu par
la Loi électorale pour l'automne 1988. Il prévoit en
conséquence certaines mesures supplétives applicables dans
l'éventualité où la tenue d'une élection ou d'un
référendum serait ordonnée avant la période
prévue par la Loi électorale pour la tenue d'un autre
recensement.
Le Vice-Président: Est-ce que l'Assemblée nationale
accepte de se saisir de ce projet de loi? Adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption du principe
Le Vice-Président: Adopté. Alors, M. le ministre
délégué à la Réforme électorale
propose maintenant l'adoption du principe du projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988. Je cède en conséquence
la parole à M. le ministre délégué à la
Réforme électorale.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion de le dire, mais je pense qu'il ne sera pas inutile de le
répéter à l'intention de ceux qui suivent nos travaux, que
ce dont il s'agit dans le projet de loi 9, c'est tout simplement d'annuler le
recensement prévu par la Loi électorale pour septembre 1988,
recensement dont les coûts sont estimés à 12 000 000 $ au
bas mot et qui ne servirait à absolument rien, sinon les
intérêts des partis politiques si la prochaine élection
générale devait être déclenchée après
le 30 juin 1989, ce qui, en toute probabilité, sera le cas.
On le suspend et on propose de le suspendre tout simplement parce qu'il
est inutile, du moins pour les électeurs. Le but ultime d'un
recensement, M. le Président, sinon le seul, c'est la confection de la
liste électorale par l'inscription des électeurs qui ont droit de
vote à un scrutin donné. Autant cette inscription est importante
pour les électeurs à la veille d'une élection, puisqu'elle
autorise en quelque sorte l'exercice de leur droit de vote, autant elle n'a ni
signification ni impact lorsque des élections ne sont pas en vue, comme
c'est le cas au moment où l'on se parle.
J'en profite, M. le Président, pour relever de graves
insinuations faites par le leader de l'Opposition, tant le 23 mars à
l'occasion du débat qu'on a eu sur une résolution que la semaine
dernière et même cet après-midi, à savoir qu'un
recensement tenu en période électorale serait de moins bonne
qualité qu'un recensement annuel.
Soit dit en passant, si cela se révélait être le cas
dans le comté d'Anjou, c'est peut-être justement au Parti
québécois qu'il faudrait poser la question sur les raisons de cet
état de fait, car, à notre connaissance, les recenseurs que nous
avons recommandés au directeur du scrutin d'Anjou ont fait un travail
honnête et complet. Effectivement, au moment de la révision,
puisque c'est là que l'on peut vraiment assurer que tous ceux qui ont le
droit de vote sont inscrits, nous pouvons dire que, du côté du
Parti libéral nous avons fait notre travail, nous nous sommes
assurés que les électeurs qui n'étaient pas inscrits sur
la liste électorale ont pris les dispositions pour y être inscrits
par le biais de la révision et si le Parti québécois,
à défaut d'une organisation valable, n'a pas effectué son
travail, c'est peut-être là que l'on retrouve les causes d'un
nombre d'électeurs inférieur à celui de 1985, mais encore
faudrait-il savoir quelle a été révolution de la
population et, donc, de la population électorale dans la circonscription
d'Anjou depuis 1985.
M. le Président, si l'Opposition remet en question
l'intégrité d'un recensement électoral,
c'est-à-dire un recensement qui est fait en période
électorale, c'est très grave. Le leader de l'Opposition
voudrait-il nous dire par là que les recenseurs recommandés par
son parti reçoivent des instructions spéciales, en période
électorale, susceptibles d'affecter l'intégrité du
recensement? Est-ce qu'on a une façon différente de
procéder au Parti québécois, selon qu'un recensement est
fait en période électorale ou non?
M. le Président, je pose la question, mais je n'oserais
même pas penser que la réponse est positive. Il me semble que tout
parti responsable
se doit d'assurer que les recenseurs recommandés par ce parti
font leur travail de la façon la plus complète, la plus
honnête, la plus correcte possible, quelle que soit la situation, en
période électorale ou non. (17 h 10)
Quant à nous, l'intrégrité d'un recensement ne
tient pas à la période de l'année où H est
mené. D'ailleurs, je dirais même qu'en termes de qualité et
de fiabilité des résultats un recensement électoral risque
plutôt d'être supérieur à un recensement annuel,
étant donné la sensibilisation plus grande des électeurs
à l'importance d'être inscrits sur la liste électorale.
Là encore, je pose la question à l'Opposition, qui n'est
malheureusement pas là pour y répondre - et elle n'est pas
là pour y répondre justement parce qu'elle n'a pas de
réponse valable à fournir - en quoi les électeurs du
Québec seraient-ils mieux servis s'il y avait recensement l'automne
prochain, alors qu'il n'y a aucune probabilité d'élections avant
1989? En quoi l'électeur de Châteauguay, l'électeur de
Mille-Îles, l'électeur de Vachon, l'électeur de Fabre
seraient-ils mieux servis si on procédait à un recensement au
coût de 12 000 000 $ pour les contribuables québécois?
Malgré les nombreuses heures qu'on a passées à
débattre la question ici - je pose la question même aux
observateurs qui font des analyses savantes de nos propos - personne, ni
l'Opposition ni les observateurs, n'a mis le doigt sur quelque avantage que ce
soit pour les électeurs, pour les citoyens, de tenir ce recensement
général prévu pour l'automne prochain.
M. le Président, on le sait, la loi prévoit
déjà que, lorsqu'il y a déclenchement d'élections
générales et que le recensement annuel n'a pas été
tenu préalablement, il y a recensement durant la période
électorale. Je répète que les gens, les électeurs,
sachant que des élections générales sont en cours, sont
bien plus susceptibles d'être intéressés à se faire
inscrire sur la liste électorale qu'à l'automne 1988, alors qu'on
ne peut même pas leur donner une indication du moment où les
élections auront lieu. À toutes fins utiles, le seul effet pour
les électeurs qu'on recenserait à l'automne 1988, ce serait qu'on
irait les déranger chez eux. Pourquoi? Pour permettre aux partis
politiques de s'organiser, pour leur permettre possiblement de profiter
financièrement de ce salaire payé aux recenseurs. J'y reviendrai
tantôt, M. le Président, parce que, justement, pour le Parti
québécois, il y a lieu de se demander si ce n'est pas la vraie
raison de leur attitude, parce que c'est une pratique qu'ils ont
déjà adoptée dans le passé. J'y reviendrai, M. le
Président.
L'Opposition a tenté de faire valoir que le recensement de
l'automne qui vient serait utile aux électeurs puisqu'il leur
permettrait d'être informés des changements apportés
récemment à la carte électorale. Encore là, je ne
peux être d'accord, car, comme je l'ai indiqué à plusieurs
reprises, notamment lors de la commission parlementaire de janvier 1987 qui
avait procédé à l'identification des consensus sur les
amendements à apporter à la Loi sur la représentation
électorale, le travail des recenseurs n'est pas et ne doit pas devenir
un travail d'information des électeurs. Les recenseurs qui sont, d'une
part, recommandés par le parti au pouvoir et, d'autre part, par le parti
d'Opposition, on le sait, ce sont deux personnes qui travaillent ensemble
à inscrire les électeurs sur la liste électorale, ce ne
sont pas des agents d'information. Ils ne sont surtout pas des gens neutres,
ils sont recommandés par les partis politiques. Est-ce à des gens
qui, par la nature des choses, sont partisans, qu'on va demander d'informer les
électeurs des changements qui ont été apportés
à la carte électorale et à la délimitation des
circonscriptions? Les recenseurs ne sont pas formés pour cela.
Par ailleurs, je suis bien conscient de la nécessité
d'informer les électeurs des modifications aux limites des
circonscriptions électorales. C'est d'ailleurs ce qui m'a motivé
à proposer, justement en janvier 1987, que la Loi sur la
représentation électorale soit modifiée pour indiquer
clairement que la Commission de la représentation électorale a
l'obligation d'informer la population des changements apportés à
la carte. Et, M. le Président, on lit au deuxième alinéa
de l'article 33 de la Loi sur la représentation électorale ce qui
suit: "La commission dort cependant prendre les mesures nécessaires pour
assurer la meilleure diffusion possible auprès de la population de la
délimitation des circonscriptions électorales et, en particulier,
des modifications apportées par rapport à la délimitation
précédente."
C'est déjà prévu dans la Loi sur la
représentation électorale et je n'ai aucune raison de croire que
la Commission de la représentation électorale ne respectera pas
cette obligation et ne fera pas le travail d'information qui s'impose dans les
37 circonscriptions ou même les 46 circonscriptions qui ont subi des
modifications. Il n'y a donc pas lieu de tenter de justifier la tenue d'un
recensement, qu'H soit dans les 125 circonscriptions ou seulement dans les 37
où I y a des modifications ou des transferts d'électeurs, par un
besoin d'information. Il y a déjà de l'information qui est faite
par d'autres moyens et par des moyens, comme je l'ai indiqué
tantôt, qui sont beaucoup plus neutres, qui sont beaucoup plus valables
et qui sont donc beaucoup plus utiles aux électeurs.
Les électeurs n'ont donc aucunement besoin d'un recensement et
c'est carrément charrier, comme le fait l'Opposition, que de dire que
l'annulation du recensement de 1988 va à l'en-contre de la bonne marche
du processus démocratique. C'est faux, M. le Président!
Parlons maintenant de l'utilité pour les élus et pour les
partis politiques. Du côté de l'Opposition, on n'a pas beaucoup
parié des avantages
d'un recensement, justement parce que c'est la seule raison qui les
motive. On a tenté de faire croire que cela pourrait être utile
aux élus, aux 122 députés présentement à
l'Assemblée nationale, ils l'ont fait à plusieurs reprises lors
du débat du 23 mars, en disant notamment que le recensement était
essentiel pour permettre aux députés actuels d'être de bons
représentants de leur population, particulièrement dans les
comtés modifiés à la suite de l'adoption de la nouvelle
carte électorale.
Mme la Présidente, l'Opposition, en utilisant de tels arguments,
démontre qu'elle ne comprend pas ou fait semblant de ne pas comprendre
la loi car, en effet, la nouvelle carte, on le sait, n'entrera en vigueur que
lors du déclenchement des prochaines élections
générales et ceci, en vertu de l'article 34 de la Loi sur la
représentation électorale. Jusqu'au déclenchement de la
prochaine élection générale dont le déclenchement
est inconnu, ce sont les circonscriptions électorales actuelles. Il n'y
en a pas 125 comme il y en aura avec la prochaine carte. Il y en a 122 et ce
sont les députés actuels qui doivent représenter les
électeurs des 122 comtes actuels, non pas des comtés à
venir. D'ici au déclenchement de la prochaine élection, les
députés continuent à représenter le même
territoire et la même population électorale que lors des
élections de 1985, peu importe l'ampleur des changements qui ont pu
être apportés par la nouvelle délimitation. La mise
à jour des données socio-démographiques que permettrait un
recensement à l'automne pourrait, tout au plus, être utile
à celui qui souhaite se présenter ou se représenter comme
candidat au prochain scrutin.
Et, Mme la Présidente, si c'est là la seule utilité
qu'on peut faire d'un recensement, je dis simplement qu'on peut le faire
à partir des chiffres qui sont fournis par la Commission de la
représentation électorale a partir du recensement qui a
été fait en 1985. Comme je l'ai déjà
souligné, même si, avec un recensement, on devait identifier des
erreurs ou des incongruités dans la délimitation des nouveaux
comtés, la loi ne permettrait pas de les corriger avant la prochaine
élection générale de toute façon. On ne ferait que
constater que les normes inscrites dans la loi ne sont pas respectées,
si cela était le cas, et on ne pourrait pas demander à la
Commission de la représentation électorale de les corriger avant
l'élection générale. Ce n'est qu'après qu'un
nouveau processus de délimitation pourrait être enclenché.
(17 h 20)
Évidemment, à qui pourrait servir le recensement? Je le
dis depuis le début et je le répète, aux partis
politiques. C'est utile, un recensement, pour préparer l'organisation
électorale. C'est utile pour motiver les partisans. C'est utile pour
roder le personnel et la machine et ce, pour tous les partis politiques. Je
l'ai dit tantôt, même le Parti libéral reconnaît que
ça pourrait être utile. Nous ne nions donc pas l'utilité
d'un recensement pour l'organisation électorale, M. le Président,
mais nous sommes convaincus qu'elle ne peut justifier à elle seule une
dépense de l'envergure dont on parle. De la même façon, on
ne peut justifier une telle dépense en avançant, comme le fait
l'Opposition, qu'un recensement est essentiel pour permettre au personnel
électoral et au personnel du bureau du DGE d'être
rodés.
On y a fait allusion tantôt, le leader de l'Opposition a dit: II
n'y a pas moins d'une quinzaine de directeurs de scrutin qui seront nouveaux
dans les 37 circonscriptions. On va dépenser 12 000 000 $, M. le
Président, pour permettre la formation de 15 nouveaux directeurs de
scrutin, comme si le Directeur général des élections et la
Commission de la représentation électorale ne faisaient
déjà pas cette formation de façon fort valable, de
façon fort acceptable? On va tenter de justifier, du côté
de l'Opposition, le fait de dépenser 3 800 000 $ ou 12 200 000 $, selon
le cas, pour assurer la formation de 17 nouveaux directeurs de scrutin, alors
qu'on sait que la façon de choisir et de nommer les directeurs de
scrutin est telle qu'on procède par concours public, par examen oral et
écrit et que c'est par un système de pointage. On peut
difficilement ne pas choisir des gens compétents et qualifiés.
Les contribuables québécois n'ont pas à payer une note de
12 000 000 $ pour une répétition générale du
personnel électoral.
Il n'est certes pas inutile non plus de rappeler que l'État
apporte déjà un soutien financier fort appréciable
à la démocratie électorale et plus directement même
aux partis politiques et aux candidats. M. le Président, il faut savoir
qu'outre le Québec il y a une seule autre province au Canada qui
défraie ou qui fournit un financement direct aux partis politiques, et
c'est fa Colombie britannique. La seule province autre que la Colombie
britannique qui finance une partie des dépenses des partis politiques,
c'est le Québec, et ce soutien financier est fort appréciable. En
effet, pour la seule année 1987-1988, l'État du Québec a
versé près de 3 000 000 $ à titre de soutien direct
à la démocratie, entre autres, 1 118 000 $ comme financement
direct aux partis représentés à l'Assemblée
nationale, le Parti libéral et le Parti québécois, et 1
749 000 $ en crédits d'impôt pour les contributions faites aux
partis politiques.
J'entends déjà l'Opposition dire: Les crédits
d'impôt ont profité surtout au Parti libéral. Bien
sûr! Il ne faudrait quand même pas nous reprocher de réussir
nos campagnes de financement, mais on a au moins le mérite, nous, si
nous ne parvenions pas à réussir nos campagnes de financement, de
ne pas essayer de les faire financer par l'État par le biais d'un
recensement inutile. Donc, 1 750 000 $ en crédits d'impôt pour les
contributions faites aux partis politiques, 17 000 $, presque 18 000 $ en
remboursement de frais de vérification payés par les partis
politiques et, finalement, quelque 60 000 $ en remboursement des
dépenses électorales, notamment les élections partielles
du 14 septembre 1987 et du 20 Janvier 1986, et le solde des élections du
2 décembre 1985.
Donc, 3 000 000 $, M. le Président, et, en année
électorale, la part de l'État s'accroît de près de 3
400 000 $ au titre du remboursement des dépenses électorales,
selon les données de l'élection du 2 décembre 1985.
L'État fait ainsi plus que sa part dans le soutien financier des partis
politiques. Les Québécois autant comme électeurs que comme
contribuables, n'ont donc aucun avantage à tirer d'une dépense de
plus de 12 000 000 $.
M. le Président, comme ministre délégué
à la Réforme électorale et comme membre du présent
gouvernement, je considère qu'il n'est rien de moins que mon devoir
d'assurer que le sain déroulement du processus démocratique ne
soit pas mis en péril et que les fonds publics soient utilisés de
façon rationnelle et responsable. Avec le geste que nous posons
aujourd'hui, j'ai la ferme conviction d'atteindre pleinement ces deux
objectifs.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Fabre.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. Prendre la parole
après le leader et ministre délégué à la
Réforme électorale me donne un peu l'impression que je vais faire
de la surenchère. Tout a déjà été assez bien
expliqué, autant la situation actuelle qui prévaut que celle
suggérée par le projet de loi 9, un projet qui ne semble pas
important, si on regarde ses deux pages bien simples, mais deux pages, pour un
projet tel que présenté, qui représente 12 000 000 $ pour
les contribuables, c'est nécessairement un projet très
sérieux, M. le Président.
J'ai aussi écouté très sérieusement mes
autres collègues qui sont intervenus sur la motion d'urgence pour
apprendre quand même beaucoup de choses. Je me considère encore
comme jeune parlementaire, ayant été élu en
décembre 1985 comme beaucoup de mes collègues. C'est bien certain
qu'on a suivi la chose publique dans les années antérieures, mais
il y avait quand même beaucoup de petits points qui ont été
soulevés aujourd'hui et qui n'avaient en fait jamais été
portés à mon attention. On nous accuse de vouloir suspendre la
démocratie. En nous accusant de vouloir suspendre la démocratie,
on se sauve. On ne veut pas venir en jaser, en parler, en discuter librement.
D'ailleurs, c'est ce qu'on a vu tantôt, M. le Président, quand on
est venu nous mettre en garde sur tout le mal que le projet de loi ferait s'il
était adopté tel que présenté. Le mal que le projet
de loi ferait, à qui le ferait-il? Est-ce qu'il le ferait à
chacun des électeurs ou est-ce qu'il le ferait probablement à des
partis politiques? C'est la question qu'il faut se poser, M. le
Président.
Si on regarde 12 000 000 $ répartis sur la population votante, je
serais quasiment tenté de ramener cela à l'unité et de
dire que, pour chacun des électeurs, cela a l'air de rien, mais cela
représente 3 $. C'est 3 $ qu'on nous demande en tant qu'hommes publics,
d'aller chercher dans la poche d'un contribuable, les prendre, lès
froisser et les mettre au panier. Dans le fond, c'est exactement cela. Notre
leader et ministre délégué à la Réforme
électorale nous a expliqué très clairement, sans
équivoque, que ce recensement ne servirait d'aucune façon
à la population. Alors, est-ce qu'on peut reprocher à un
gouvernement responsable de ne pas prendre l'argent des contribuables, de le
froisser et de le jeter au panier? Si on a tous ici, dans cette
Assemblée, le même statut et la même responsabilité,
je lance la question: Peut-on considérer les gens qui se sauvent, les
gens qui, dans le fond, ne veulent pas relever la responsabilité de
défendre le rôle pour lequel ils ont été
élus, comme des gens honnêtes? C'est la question qu'il faut se
poser, M. le Président. (17 h 30)
II faut aussi se poser une autre question: A-t-on voulu en faire un
spectacle? On se retire. On refuse. On démontre une certaine arrogance.
Est-ce que c'est ce que la population voulait de la part d'un parti de
l'Opposition? Mon cher M. le Président, comme je le disais hier dans une
autre intervention, je crois que poser la question, c'est y répondre. La
population a la réponse. La gêne a fait en sorte que les membres
de l'Opposition se sont retirés parce qu'ils n'avaient rien à
dire. Les arguments qu'ils nous avaient apportés n'avaient aucun
fondement, aucune valeur. On n'a même pas été capable de
cacher de façon subtile le fait que tout ce que l'Opposition cherchait,
c'était d'essayer de restructurer le parti sur le plan organisationnel
pour chacun des comtés, sinon du moins une partie des comtés,
à savoir 37, en alléguant la possibilité que cela aurait
pu être un besoin justifiable de par la nouvelle délimitation.
Mais, quand un principe repose sur 12 000 000 $ jetés au panier,
c'est le même principe qui existe pour 3 000 000 $ ou 4 000 000 $. On
aurait voulu nous entraîner dans une perte moins grande, mais toujours
dans une perte. C'était curieux d'écouter le leader de
l'Opposition mentionner la qualité d'un recensement selon sa
période d'exécution. On faisait même mention qu'un
recensement fait en période électorale avait beaucoup moins de
valeur. C'est ce qu'on a cherché à faire refléter. On a
même fait mention que c'était ce qui prévalait actuellement
dans Anjou, que le recensement aurait peut-être oublié 2000
à 3000 personnes sur la liste électorale.
Dans fa teneur des propos du chef de
l'Opposition... C'est-à-dire du leader de l'Opposition. Je
m'excuse, je ne voudrais pas lui donner un titre qu'il n'a pas
mérité parce qu'un titre, cela se mérite à ce
niveau dans l'Opposition. On sentait qu'il était en train de
préparer la défaite dans l'élection partielle d'Anjou. On
sentait cela. Il n'y avait pas d'équivoque à ce sujet.
Sûrement, comme le chef, M. Parizeau, il marche à deux temps. Ils
vont espérer qu'il y ait d'autres élections partielles ailleurs.
Nécessairement, on attend d'autres démissions de leur
côté. À ce moment, on pourra les accumuler, les
additionner, et on pourra faire en sorte que la population aura exactement ce
qu'elle mérite: un gouvernement tel que celui que nous lui
présentons, un gouvernement responsable qui a prouvé hors de tout
doute que la gestion publique était une chose qui nous tenait à
coeur, c'était quelque chose qu'on respectait parce que c'était
ce pourquoi nous avions été élus dans notre mandat.
On mentionnait qu'en octobre 1983 le Parti québécois du
temps, au pouvoir, avait quand même fait quelque chose qui a
marqué les annales. On avait suspendu les travaux. On nous accuse de
vouloir suspendre une règle pour en arriver à épargner de
l'argent aux contribuables pendant qu'eux, en 1983, avaient suspendu les
travaux parce qu'ils n'avaient pas légiféré, qu'ils
n'avaient pas préparé de projets de loi. Donc, ils n'avaient
absolument rien à se mettre sous la dent. Pendant un mois, on a
demandé aux parlementaires de s'abstenir de venir au parlement, de
fermer le parlement et de retourner à une table de travail pour qu'on
puisse présenter éventuellement des projets de loi. D'un
côté, on se dit conséquent avec un rôle qu'on a
à jouer. De l'autre côté, on ne le joue pas. Nous, de notre
côté, on nous accuse de trop bien jouer notre rôle. On nous
accuse d'agir pour que la population ne soit pas taxée de façon
inutile. Des recensements, dans le passé, il y en a eu aussi
d'annulés. Il y en a eu en 1981, en 1982, en 1983. Que je sache,
c'était le Parti québécois qui était au pouvoir,
à ce moment-là.
Dans la situation actuelle, dans le cas actuel, ne prévoyant
aucune utilité à un recensement, notre gouvernement va de l'avant
et dit à la population: Quand viendra le temps de vous recenser, on
procédera. On ira de l'avant. On ne vous mêlera pas avec un
recensement inutile. Quand viendra le temps de vous recenser, on sera
présent à votre porte. Vous-mêmes développerez de
l'intérêt. Vous-mêmes serez intéressés
à recevoir les recenseurs qui iront recueillir les données
nécessaires aux inscriptions sur les listes électorales. Comme on
ne prévoit pas d'élections, et on l'a très clairement
indiqué, du moins avant juillet 1989, partant de là, aucune
nécessité ne peut justifier un recensement.
Dans le fond, ce qu'on fait dans l'Opposition, M. le Président,
c'est de nous accuser d'être trop honnêtes. On nous accuse de
regarder la situation telle qu'elle est, de considérer que le
contribuable ne nous pardonnerait pas de dépen- ser de façon
inutile, et d'aller de l'avant avec le projet de loi que vous connaissez. Si
c'est cela que l'Opposition a comme tactique, se servir d'une mini-tribune pour
faire du chantage, je pense que ladite Opposition ne mérite pas grand
respect. Si, dans le fond, on voulait tout simplement permettre à son
équipe de se faire la main, cela aurait été sûrement
une bonne excuse.
Vous savez, M. le Président, il faut quand même faire la
distinction entre l'homme et le parti pour celui qui aujourd'hui peut
être député, que ce soit d'un côté comme de
l'autre. Je peux vous dire que c'aurait pu être tentant, autant pour les
membres de notre formation que pour l'Opposition qui poussait avec force, que
ledit recensement ait lieu. Cela aurait été tentant. Mais,
considérant qu'on a deux rôles à jouer, c'est bien
sûr, un rôle partisan, mais aussi un rôle de
représentant de l'État, de représentant du peuple, eh
bien, à ce moment, les tentations ne nous ont même pas
effleuré l'esprit de dire oui au recensement parce que nous avons
été capables de faire la distinction entre l'homme de parti et
l'homme public. Eux, dans leur cas, il ne faut pas se le cacher, ils ont des
problèmes pour recueillir des fonds dans les campagnes de financement.
Cela aurait pu être un bon moyen, une bonne méthode pour regarnir
la caisse, pour payer la dette créée au cours des années
d'inertie causée par leur impopularité et le manque de confiance
de la population. Cela aurait sûrement pu être une bonne excuse.
D'ailleurs, c'est exactement ce qu'ils recherchaient.
Je ne pense pas qu'en tant que parlementaires sérieux, M. le
Président, on puisse cautionner des gens qui auraient voulu nous
embarquer dans ce qu'on peut appeler la mini-aventure, la perte sèche de
sommes qu'on n'avait pas le droit de dépenser et qu'on aurait
dépensées inutilement. Je pense que chacun de nos
électeurs, dans chacun de nos comtés, aurait été en
droit de nous le mettre sous le nez et, à sa façon,
peut-être de nous le faire payer. Pendant qu'aujourd'hui, c'est le
contraire qui se présente. Les vertueux de façade, les vertueux
de nom se sauvent et, pourtant, on dit: La démocratie! Eh bien, c'est
cela, la démocratie, je ne peux cautionner, comme je le disais, une
formation politique qui se sauve dans la défaite, qui se sauve parce
qu'elle est gênée, parce qu'elle n'a rien à dire, qui se
sauve parce qu'elle n'a pas d'arguments logiques. (17 h 40)
Ils voudraient nous empêcher, à leur façon, de faire
avancer ledit projet de loi. À leur façon, ils nous
démontrent que, tout simplement, ils sont complètement
désorientés, que c'est la déroute, la débandade,
l'abandon. Je pense que l'histoire du passé nous prouve que Madeleine de
Verchères avait beaucoup mieux fait qu'eux, en utilisant au moins une
stratégie pour démontrer une forme de présence, mais eux
n'ont pas d'autre possibilité que de se sauver. C'est la gêne qui
les étouffe. J'espère seulement une
chose, que ces vertueux, ces gens qui bafouent le système
démocratique seront reconnus comme tels lors du prochain scrutin.
J'imagine qu'il leur sera peut-être difficile même de nommer
quelqu'un pour faire le recensement dans ce temps-là. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Je suis heureux...
Des voix: Bravo!
M. Leclerc: ...d'intervenir sur le projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988, d'abord, à titre de
député élu par mes concitoyens de Taschereau pour
gérer le budget de la province, mais aussi commme membre du conseil
consultatif. Je crois qu'ici il est important de spécifier ce qu'est le
conseil consultatif auprès du Directeur général des
élections.
Tout à l'heure, le leader de l'Opposition ainsi que le
député indépendant de Gouin ont fait état que le
conseil consultatif, qui s'est réuni hier, en était venu à
un consensus et que le leader du gouvernement ne voulait pas respecter ou ne
voulait pas proposer à l'Assemblée nationale le consensus que
nous aurions, selon leur dire, accepté ensemble. Je voudrais prendre
deux minutes pour expliquer à nos concitoyens ce qu'est le conseil
consultatif auprès du directeur du scrutin à partir de la Loi
électorale.
D'abord, le conseil se compose du Directeur général des
élections et de trois représentants de chacun des partis
politiques autorisés et représentés à
l'Assemblée nationale. Le chef de chacun des partis désigne les
représentants du parti; au moins un doit être membre de
l'Assemblée nationale. C'est moi qui ai le privilège de
représenter la formation gouvernementale comme membre de
l'Assemblée nationale à ce comité. Du côté de
l'Opposition, ils sont deux; je ne vous dis pas que cela en prend deux pour en
faire un mais il y a le député de Jonquière et le leader
de l'Opposition.
Quand le législateur, à l'article 45, a dit qu'au moins un
membre de l'Assemblée nationale doit être membre du conseil, il a
été bien sage, finalement, parce qu'il s'est ainsi assuré
qu'il n'y aurait pas que des gens provenant des partis politiques à
cedit conseil. Il s'est assuré ainsi que l'intérêt
général des électeurs, des citoyens et des citoyennes du
Québec, aurait une voix au conseil consultatif. Ce n'est pas surprenant
que le leader du gouvernement ait dit tantôt: Les représentants du
Partit libéral auraient probablement été d'accord pour
qu'on fasse un recensement partiel ou complet parce que, lorsqu'on
représente un parti politique, on n'est pas élu pour
représenter l'ensemble d'une population. On est là, au
comité, pour défendre les intérêts propres,
Immédiats de son parti politique. Le législateur a
été sage à l'article 45, parce qu'il a dit: II y aura au
moins un membre élu de chacune des formations politiques au conseil, de
sorte que ce représentant élu aura une responsabilité
supplémentaire, c'est qu'il devra représenter tous les
électeurs du Québec, tous les électeurs de son
comté.
Ensuite, à l'article 46, on dit: Le conseil est
présidé par le Directeur général des
élections qui en dirige les activités et en coordonne les
travaux. Les réunions, à l'article 49: À la demande du
président ou du tiers des membres - et c'est ce qui est arrivé,
le tiers des membres a demandé une réunion - le conseil peut se
réunir aussi souvent qu'il lui est nécessaire, pour
l'accomplissement de ses fonctions et attributions.
À l'article 50, quelles sont les fonctions du conseil
consultatif? Le conseil a pour fonction de donner son avis sur toute question
relative à la présente loi. Là, c'est important, parce que
le conseil doit aider le Directeur général des élections
à interpréter la loi des élections dans certaines
circonstances et ce n'est pas pour rien que, le vendredi 13 juin 1986, celui
qui vous parle et qui était aussi alors le représentant de la
formation gouvernementale au sein du conseil a demandé que soient
retirés de l'ordre du jour trois points qui, selon nous,
n'étaient pas et ne sont pas encore conformes au mandat qu'a le conseil
en vertu de la Loi électorale. Il est dit - c'est au
procès-verbal - que le député de Taschereau souligne
qu'à ce jour le ministre délégué à la
Réforme électorale et le Secrétariat à la
réforme électorale n'ont pas terminé leur réflexion
sur la législation électorale - évidemment, on remonte
deux ans en arrière - et les intentions du gouvernement ne sont pas
arrêtées sur tout projet qui apporte des modifications à la
Loi électorale. Les consultations se poursuivent. Cela veut dire que,
d'aucune façon, le conseil consultatif ne peut se substituer au ministre
délégué à la Réforme électorale,
d'aucune façon le conseil consultatif ne peut se substituer à
l'Assemblée nationale qui a ultimement à voter et qui a
ultimement à prendre les décisions quant à la
création ou quant à l'adoption de nouvelles lois ou de nouvelles
dispositions électorales au Québec.
Par conséquent, il est peut-être habile de la part du
leader de l'Opposition de demander - et je vous ai dit tout à l'heure
que c'étaient effectivement trois représentants de l'Opposition
qui ont demandé la convocation du conseil consultatif - il est
peut-être habile de leur part de demander la convocation et je vous dirai
que, bien que n'ayant pas l'expérience parlementaire du leader de
l'Opposition, je l'ai vu venir gros de même. Je savais et mes
collègues savaient également qu'il tenterait de venir au conseil
consultatif essayer de faire semblant d'avoir - peut-être qu'on aurait
dit ceci ou
cela - un semblant de consensus et de venir ensuite à
l'Assemblée nationale pour dire: Je ne comprends pas cela, au conseil
consultatif, on avait eu un consensus. Jamais, il n'y a eu de consensus au
conseil consultatif et pour une raison bien simple, je vous l'ai dit, M. le
Président, on l'a vu venir, mais, deuxièmement, parce que celui
qui vous parle, le député de Tasche-reau, ne voulait pas faire la
même erreur que le leader de l'Opposition et que le chef de l'Opposition
ont faite.
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Un bon jour, ils se sont entendus avec le
leader du gouvernement et ministre délégué à la
Réforme électorale en disant: Oui, M. le député,
cela a probablement du bon sens qu'en 1988 on ne fasse pas de recensement.
Mais, lorsqu'ils sont arrivés à leur caucus, le lendemain ou le
surlendemain, ils ont été défaits par leur caucus. Le
caucus des députés péquistes a dit: D'après nous,
les amis, vous vous êtes trompés. Bien humblement, le leader de
l'Opposition l'a reconnu. Il a dit: Bien oui, notre caucus n'est pas d'accord,
on revient sur notre parole.
Quant à moi, même si j'ai seulement deux ans et demi
d'expérience en cette Chambre, ayant déjà vu l'erreur que
le leader de l'Opposition avait faite, pensez-vous que j'allais
répéter la même erreur, aller au conseil consultatif,
donner mon accord pour un consensus à présenter à
l'Assemblée nationale et au ministre, aller ensuite à mon caucus
sans savoir d'avance ce qu'il pensait de ma position, et revenir au conseil
consultatif, et dire ensuite: Vous savez, M. le leader de l'Opposition, un peu
comme vous, je me suis fait défaire par mon caucus? Imaginez comme
j'aurais eu l'air intelligent! Imaginez comme il a l'air intelligent, ayant
pris position, tout comme le chef de l'Opposition, ayant décidé,
ayant donné sa parole au ministre délégué à
la Réforme électorale pour dire que ce serait probablement une
bonne idée qu'il n'y ait pas de recensement en 1988, de revenir le voir
en disant: Mon caucus n'est pas d'accord. (17 h 50)
II était bien certain qu'en aucune façon il n'était
question pour celui qui vous parle et ceux qui l'accompagnaient de donner une
réponse sur-le-champ aux propositions qu'aurait ou qu'a pu faire le
Directeur général des élections ou qu'aurait pu faire
également la formation de l'Opposition. Ce qui a été dit,
finalement, ce n'est pas très compliqué, on a dit: Nous prenons
acte des propositions qui nous sont faites par le Directeur
général des élections. Et le leader du gouvernement a
souligné - je corrobore ce qu'il a dit - le travail professionnel du
Directeur général des élections ' dans ce dossier. Il nous
a proposé une alternative, il a mis les chiffres sur la table, II nous a
dit combien cela coûterait, ce que cela impliquerait. Et mes
collègues, MM. Roy et Allaire, et moi-même, nous nous sommes
engagés à présenter cette possibilité, quant
à moi, au caucus des députés libéraux, et quant
à eux, au Parti libéral du Québec, au parti politique, pas
aux députés, pas aux militants, au parti politique.
Que le parti politique puisse être d'accord avec le principe, ce
n'est pas illogique de le penser parce que, à des fins purement
électorales, ce n'est pas une mauvaise idée de faire un
recensement. Mais celui qui vous parie et ceux à qui il a parlé,
membres du caucus des députés ministériels, ne sont pas
uniquement des militants libéraux, ne sont pas des organisateurs
politiques qui n'ont qu'à se préoccuper, comme MM. Roy et
Allaire... Je ne dis pas cela pour diminuer leur rôle, il est fort
important. Mais nous n'avons pas comme préoccupations que des
considérations électorales, que des considérations
d'organisation politique. Bien plus, tous et chacun d'entre nous, nous avons
à représenter tous nos électeurs, nos militants
libéraux dans nos comtés, ceux qui ont voté pour nous,
ceux qui ont voté contre nous. Il y en a 8000 dans mon comté, et
je considère comme important de les représenter, même s'ils
ont jugé bon d'appuyer un autre candidat. Pour vous donner un exemple
facile à comprendre, 1000 électeurs dans mon comté ont
voté pour le NPD. Que voulez-vous que cela leur donne? Ils n'auront
même pas à désigner un des recenseurs, parce que ce sont
les deux principales formations politiques qui désignent les recenseurs.
Qu'est-ce que cela va donner à ces 1000 électeurs du NPD dans mon
comté qui, en 1985, ont voté pour le NPD? Que va leur donner le
recensement? Rien, mais cela va leur coûter de l'argent. Or, comme
représentant également de ces 1000 personnes dans mon
comté, il n'était pas question que je puisse accepter une
dépense aussi inutile de 12 000 000 $ ou de 3 000 000 $.
M. le Président, les députés ont un rôle
important à jouer. Très souvent, nous parlons de la
revalorisation du rôle du député et je vous avoue que nous
assistons, actuellement à un bien triste spectacle. Les gens qui nous
écoutent, un peu avant le souper, sont des gens qui ont travaillé
toute la journée, des personnes âgées qui ont
travaillé toute leur vie pour se payer le bien-être qu'ils ont au
moment où on se parle, ou des parents qui se sont occupés toute
la journée d'enfants à la maison. Ces gens-là qui nous
écoutent ont le droit d'attendre de nous que nous prenions des
décisions éclairées pour l'ensemble de la population et
que nous mettions de côté, autant que faire se peut et bien que
nous soyons humains, des considérations purement partisanes. Que
voulez-vous de plus purement partisan qu'un recensement tel que le Parti
québécois voulait que l'on en tienne un - et ils l'ont souvent
avoué - qui ne pouvait aider que les machines électorales, qui ne
pouvait roder que les machines électorales? Que pensez-vous, M. le
Président, que nous ferions après le 30 juin 1989 avec le
recensement que le Parti québécois nous demande de faire au
coût de 12 000 000 $ ou le recensement partiel au coût
de 3 800 000 $? On le mettrait à la poubelle, tout simplement.
C'est épouvantable qu'une formation politique demande à un
gouvernement une telle dépense irresponsable et, ce qui est encore plus
épouvantable, c'est qu'elle se retire alors que nous discutons justement
du pourquoi d'une telle législation.
Donc, comme député, je trouve que la considération
de l'ensemble du caucus des députés libéraux est tout
à fait juste. Je trouve que la réaction du ministre
délégué à la Réforme électorale, qui
n'a même pas eu à amener cette proposition-là au Conseil
des ministres, est fort logique, fort cohérente. Elle permet à
l'ensemble des députés qui sont des représentants de toute
la population du Québec, elle permet à ces
députés-là de s'exprimer en disant: II n'est pas question
que nous acceptions une telle dépense, que ce soit 12 000 000 $ ou 3 800
000 $, pour un recensement qui, nous le savons tous, nous l'admettons tous,
sera mis à la poubelle.
Je pense que les gens qui nous écoutent ne perdront absolument
rien au fait que nous ne tenions pas de recensement. Au contraire,
l'État québécois va épargner 12 000 000 $. Ces
gens-là, qui ont travaillé toute la journée pour payer des
taxes et des impôts, auront au moins le sentiment que ceux et celles qui
les représentent en cette Chambre ont pris pour eux une décision
la plus dénudée de partisanerie politique possible.
Je dois honnêtement souligner ici la bonne gestion du ministre
délégué à la Réforme électorale. Vous
savez, cela aurait été beaucoup plus simple pour lui de ne rien
faire. Par conséquent, le processus de recensement se serait
engagé par lui-même. Le Directeur général des
élections aurait procédé dans toute la province au
recensement. Vous, à la maison, vous auriez eu, un de ces bons jours,
deux recenseurs. Vous les auriez vu arriver chez vous, un du Parti
québécois et l'autre du Parti libéral. Ils vous auraient
demandé quelques renseignements. Ils auraient signé chacun la
petite formule et ils vous auraient remis une copie. C'est tout ce qui se
serait passé, c'est tout ce que vous auriez eu et, après un
certain nombre de mois, nous aurions pris ce beau recensement et nous l'aurions
mis aux poubelles. Par conséquent, vous qui nous écoutez, vous ne
perdez rien au fait que nous ne tenions pas de recensement. Au contraire, le
gouvernement traite dignement vos taxes et vos impôts. Il vous fait
épargner. Il nous fait épargner, comme société, 12
000 000 $. Je pense que c'est notre rôle et c'est ce pourquoi vous nous
avez élus. Je vous remercie.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je solliciter le
consentement unanime de l'Assemblée pour déroger à la
motion de suspension des règles et pour proposer la suspension de nos
travaux jusqu'à 19 heures?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement à
cet effet?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement. L'Assemblée
nationale suspend ses travaux qui reprendront à 19 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 19 h 10)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Veuillez vous asseoir.
Nous allons reprendre le débat concernant l'adoption du principe
du projet de loi 9, Loi sur le recensement des électeurs en 1988.
Là-dessus, je suis prête à reconnaître le premier
intervenant. M. le député de Mille-Îles.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, Mme la Présidente. Je vais
d'abord aborder la question relative à la suppression du recensement des
électeurs pour l'année 1988 contenue au projet de loi 9 tout
simplement par la perspective de ce que cela pourrait donner en premier lieu
aux partis politiques et ne pas leur donner. Je vais enchaîner avec le
seul point fondamental que je désire faire en Chambre ce soir et qui
s'attaque à la conception même des droits démocratiques de
notre société.
Je vais profiter de l'occasion qui m'est offerte ce soir pour, en
même temps que je vais intervenir sur le fond du projet de loi 9, faire
un effort de vente et demander à ceux qui nous écoutent de se
poser en arbitre, en juge et de faire un choix, parce que je vais leur poser
quelques questions. J'aimerais qu'ils répondent à ces questions.
S'ils répondent à ces questions de la façon dont je pense
qu'ils vont le faire, l'important serait peut-être de
téléphoner à nos bureaux à l'Assemblée
nationale et nous dire s'ils sont en accord ou en désaccord avec tes
questions que je poserai tantôt.
Dans un premier temps, le leader de l'Opposition, le
député d'Abitibi-Ouest, nous a dit, bien entendu: C'est faux de
dire que cela ne servirait pas l'intérêt des partis politiques. Je
me souviens - c'est la devise de la province - de 1972, 1973, 1974, 1975, 1976.
Je me souviens d'un certain parti politique qui s'appelait et qui s'appelle
toujours le Parti québécois qui, lors des recensements faits au
cours de ces années que je viens de mentionner, exigeait de ceux qu'il
nommait comme énumérateurs de verser à la caisse
électorale du Parti québécois une portion
importante des revenus qui leur étaient accordés par
l'État pour agir à titre d'énumérateurs.
J'ai devant moi une coupure du journal - il y en a beaucoup d'autres -
La Presse, Montréal, samedi 6 septembre 1975, intitulée: Le Parti
libéral reproche au Parti québécois de vendre 20 $ des
postes d'énumérateur. Il y a un certain M. Jean-Guy Larouche,
président du Parti québécois de Rosemont, qui avait
écrit une gentille petite lettre à tous ceux - et je vois ici le
ministre responsable de la loi 101, député de Rosemont, qui
sourit à belles dents - qui devaient être des
énumérateurs potentiels de sa circonscription électorale.
Il leur disait: "Pour faire suite à notre conversation
téléphonique et à votre accord d'être recenseur pour
le Parti québécois au mois de septembre prochain, auriez-vous
l'obligeance de signer les deux formules ci-incluses et de me retourner
l'original accompagné de vos 20 $ dans fe plus bref délai
possible?"
Plus loin, lorsqu'on a commencé à questionner M. Larouche,
on lui a demandé: Ne trouvez-vous pas, M. Larouche, un peu
indécent de prendre des gens qui doivent assumer un rôle de
neutralité et d'exiger pour qu'ils soient nommés officiers en
vertu de la Loi électorale de contribuer, avant d'être
nommé, par des dollars à une caisse électorale? Voici ce
que M. Larouche...
Une voix: C'est malhonnête.
M. Bélisle: C'est malhonnête. C'est ce que M.
Larouche, Mme la Présidente, déclarait. "C'est là une
pratique courante, cela se fait dans plusieurs autres comtés." C'est
encore pire, cela se faisait dans tous les comtés pour le financement du
Parti québécois. M. Larouche continuait: "L'an dernier, par
exemple, nous avions décidé de ne rien demander à nos
militants parce qu'on avait fait appel à leur
générosité plus souvent qu'à notre tour. Mais cette
année - et c'est là la perle - nous avions besoin de 3000 $ dans
le comté."
Mme la Présidente, est-ce la même histoire qui est en train
de se répéter, c'est-à-dire que le Parti
québécois, pour financer ou se refinancer, alors que la caisse
électorale est à sec, va demander à quelques missionnaires
qui vont faire l'énumération dans les comtés du
Québec, les 37, les 38, d'après la proposition de compromis qui
semblait être sur la table, ou dans les 122 comtés, d'endosser le
chèque fait par le ministère des Finances en paiement des travaux
effectués comme énumérateurs dans chacun des poils du
Québec.
Mme la Présidente, je ne pense pas que le recensement
électoral soit un événement fait pour renflouer la caisse
d'un parti politique. En aucune façon, ce n'est fait pour cela.
Honnêtement, je crains qu'on recommence la même procédure en
1988, alors qu'on l'a appliquée systématiquement en 1972, 1973,
1974 et 1975. C'est mon premier point.
D'un autre côté, je me suis posé la question
suivante parce que je pense qu'il faut toujours se référer
à nos électeurs, à ceux qui nous accordent notre mandat.
Je me suis demandé, en pensant à Mme Guindon de
Saint-Vincent-de-Paul, qui est malade, qui souffre d'emphysème aigu et
d'angine chronique et qui, depuis douze ans, ne peut pas sortir de sa
résidence. J'ai pensé à Mme Guindon, je me suis
demandé: Qu'est-ce qu'elle va perdre avec la suppression du recensement
en 1988? Je me suis posé la question pour M. Samson, de mon
comté, qui a au-delà de 65 ans. Est-ce qu'il va perdre quelque
chose avec cela? Je me suis demandé, également, si les personnes
qui demeurent dans mon comté, les ingénieurs, les professionnels,
les gens qui travaillent dans l'industrie de la construction vont perdre
quelque chose avec le projet de loi 9 qui est là?
J'aimerais retourner la question de l'autre côté et la
poser aux téléspectateurs qui nous regardent. Au lieu de ce qu'on
va perdre, qu'est-ce qu'on pourrait gagner? Est-ce qu'il y a des choses qu'on
pourrait gagner si on mettait de côté ce recensement et si on
s'attaquait aux véritables problèmes, aux véritables
déficiences de la démocratie au Québec? C'est
intentionnellement que j'ai cité les cas de Mme Guindon, de M. Samson,
des ouvriers de la construction de mon comté et des ingénieurs
qui vont à l'extérieur du Québec pour obtenir des contrats
de construction pour le Québec.
Mme la Présidente, le ministre d'État à la
Réforme électorale et parlementaire, en avril 1979, M. Robert
Burns, publiait un livre vert: Un citoyen, un vote. C'est une
réalité au Québec qui n'existe que sur papier. Elle existe
dans la Loi électorale, elle est confirmée dans la constitution
canadienne: un citoyen a un vote. Mais dans les véritables faits, il y a
bon nombre de Québécois au Québec qui n'ont pas,
effectivement, le droit physique d'exercer leur droit de vote lorsque vient la
journée du scrutin. Je m'explique.
Le Parti québécois, en se scandalisant quant à la
suppression du recensement pour 1988, devrait se scandaliser et aurait dû
se scandaliser de 1976 à 1985 pour tous ces citoyens au Québec
qui n'ont pas ce droit réel et effectif de vote. Je vais prendre le cas
de Mme Guindon qui est à la maison depuis une douzaine d'années
pour cause de maladie. Mme Guindon est dans le même cas qu'environ 250
000 Québécois, 250 000 personnes au Québec. Si je cite le
rapport de l'enquête sur la santé et l'incapacité au Canada
de 1983 à 1984, publié par le Secrétariat d'État du
Canada, sur les 25 000 000 de Canadiens, 2 448 000 étaient atteints
d'une incapacité quelconque, 1 598 000 étaient affectés
d'une mobilité réduite, c'est-à-dire quelqu'un qui a un
problème à se déplacer, à aller d'un endroit
à un autre, donc quelqu'un qui a un problème pour aller voter. Le
prorata de la population québécoise dans ce chiffre-là,
c'est 25,5 %. Donc, au Québec, cela signifie qu'il y a 407 490
Québécois
à mobilité réduite. 341 000 ont des
problèmes d'agilité, 80 405 pour qui la vue - ils ne voient pas
bien, ils ne peuvent pas bien se déplacer - constitue une
incapacité. (19 h 20)
Mme la Présidente, enlevons tous ceux que l'on transporte la
journée de l'élection, les deux formations politiques, et faisons
un décompte raisonnable de ceux qui vont voter. Savez-vous que cette
catégorie représente environ 250 000 personnes au Québec
et, sur ces 250 000 personnes au Québec, j'aurais aimé voir le
leader de l'Opposition arriver en Chambre, prendre sa chemise, la
déchirer ouvertement et nous dire: Voilà un véritable
problème de démocratie. Mais jamais on n'a vu un des
députés de l'Opposition se lever et dénoncer la situation.
Quand un citoyen au Québec n'a pas la possibilité d'exercer son
droit de vote, son droit fondamental, c'est là une injustice flagrante,
Mme la Présidente, et cela n'a rien à voir avec la suppression
d'un recensement pour une année, alors, qu'il n'y a personne qui perd
son droit de vote. On reporte tout simplement à l'année prochaine
la comptabilisation, l'identification par voie de nom et d'adresse des
électeurs dans un certain secteur électoral et dans un certain
comté.
Permettez-moi, Mme la Présidente, de continuer avec M. Samson
qui, à l'âge de 65 ans, comme plusieurs de nos personnes
âgées au Québec, peut-être l'hiver, décide
tout simplement de quitter le Québec pendant un mois ou deux mois et
d'aller sous des deux plus cléments. Saviez-vous que, de tous les
voyageurs qui partent du Québec, ceux qui vont aux États-Unis et
ceux qui vont ailleurs qu'aux États-Unis, quand on fait une
comptabilisation totale de ces personnes-là, au premier trimestre de
l'année, c'est-à-dire janvier, février et mars, le total,
c'est 110 662 personnes par mois qui ont le droit de vote, qui sont inscrites
sur la liste électorale, et qui partent pour une période de plus
de sept jours; au deuxième trimestre, 102 227; au troisième
trimestre, dans le courant de l'été, à partir du mois de
juillet - juillet, août, septembre - 176 643 et au quatrième
trimestre, à la fin de l'année, octobre, novembre et
décembre, 72 595. Si on fait une moyenne de tout cela, cela signifie
qu'il y a environ 100 000, 110 000 ou 125 000 individus qui paient leur
impôt chaque année, bon an mal an, qui sont des citoyens
respectueux des lois du Québec et qui n'ont pas la possibilité
d'exercer leur droit le plus fondamental.
Dans cette catégorie, il y a les gens qui travaillent en
Algérie sur des chantiers de construction, il y a des ingénieurs,
il y a des commerçants qui vont à l'extérieur pour aller
chercher des contrats valables pour faire travailler les
Québécois. Pourquoi les pénalise-t-on? Pourquoi notre
démocratie n'est pas assez ouverte? Je considère que c'est un
vice fondamental de notre démocratie au Québec, comparativement
à ce que le Parti québécois semble dire quand nous
supprimons seulement, pour une période d'une année, le
recensement qui n'est que la comptabilisation des électeurs. On
n'enlève pas le droit de vote aux électeurs dans les 122
circonscriptions électorales. On dit tout simplement qu'on va le
reporter à plus tard. La démocratie, c'est avant tout le respect
du droit de vote pour chacun des individus. Le projet de loi 9 ne touche pas
à ce principe fondamental.
Je vais vous souligner, Mme la Présidente, qu'à mon humble
avis le Parti québécois, le parti de l'Opposition, s'est
défilé face à ses responsabilités tout au cours de
ses deux mandats précédents, jusqu'au 2 décembre 1985,
c'est-à-dire de 1976 à 1985, en ne s'attaquant pas à
corriger les vices fondamentaux qui sont reliés à l'exercice du
droit de vote pour un individu. Qu'on se batte pour les vrais idéaux,
j'en suis. Qu'on fasse les vrais débats, j'en suis. La preuve, je
voudrais que ce débat se fasse sur le vote par procuration. Mais qu'on
entretienne des combats stériles, enfantins, des débats
accessoires sur des sujets accessoires qui ne sont pas fondamentaux en oubliant
les vrais problèmes des Québécois et les droits
fondamentaux des Québécois, je serai toujours contre l'attitude
d'un parti, en l'occurrence, l'attitude du parti de l'Opposition, qui semble ne
pas regarder, ne pas examiner et scruter avec beaucoup de circonspection les
véritables problèmes des 6 400 000 Québécois.
Si on prenait seulement 1 000 000 $ dans les 12 000 000 $ et qu'on
l'affectait, par choix politique, à augmenter la participation des
citoyens du Québec au vote lors des prochaines élections
générales... Un autre problème fondamental, c'est que,
depuis 1976, le pourcentage de participation des Québécois aux
élections a diminué d'environ 10 %. Peut-être que le Parti
québécois, au lieu de claquer la porte tantôt, aurait
dû commencer à se poser ces questions, suggérer des mesures
positives pour améliorer la participation au scrutin. On devrait
peut-être également modifier la Loi électorale pour
créer un processus simple et contrôlé de vote par
procuration pour permettre à toutes les catégories de personnes,
aux dames Guindon, aux messieurs Samson de notre société de voter
et d'avoir le droit effectif de vote quand se déroulent des
élections générales. Si on pouvait consacrer à ces
fins 1 000 000 $ ou 500 000 $ sur les 12 000 000 $ qu'on va économiser,
on pourrait améliorer fondamentalement notre démocratie au
Québec, contrairement à dépenser 12 000 000 $, alors que
ce serait à refaire l'an prochain, avec un autre recensement.
Mme la Présidente, je pose la question à ceux qui nous
écoutent: La Politique avec un grand "P", c'est de faire des choix,
c'est prioriser. Que choisissez-vous? Faire un recensement inutile pour le
moment, dépenser 12 000 000 $ pour un problème totalement
accessoire ou si vous préférez que votre gouvernement s'attaque
à redonner aux Québécois un droit fondamental
que 450 000 de nos concitoyens n'ont pas, en consacrant une partie des
sommes qu'on va économiser pour permettre à 100 000, 125 000, 150
000 des 450 000 Québécois qui ne votent pas à cause d'une
incapacité physique, parce qu'ils ne sont pas là, qu'ils ne
peuvent pas se déplacer ou qu'ils sont en institution
hospitalière? Quelle est votre réponse à cette
question?
Je suis convaincu, irrévocablement convaincu, que les
Québécois diront: Oui, nous voulons que notre gouvernement
améliore la démocratie de fond et que, dans des débats
totalement accessoires, il continue à se comporter comme il se comporte
présentement avec ce projet de loi. C'est pour ces raisons, en pensant
aux 450 000 Québécois qui sont dans l'une ou l'autre des
catégories que je vous ai énumérées, Mme la
Présidente, que je vais voter pour le projet de loi 9. Et je vais
espérer, je vais faire un souhait. Mon souhait est le suivant: que l'on
puisse, dans le plus bref délai, avant la prochaine campagne
électorale, avec les sommes économisées, mettre en place
le processus par lequel un vote par procuration pourrait s'exercer au
Québec. Tant mieux, s'il y a 100 000 ou 125 000 Québécois
de plus qui voteront à la prochaine campagne électorale. Je pense
que le Parti libéral du Québec aura fait réellement son
devoir et un acte de démocratie irréprochable. Merci, Mme la
Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Mille-Îles. M. le député de Trois-Rivières.
M. Paul Philibert
M. Philibert: Merci, Mme la Présidente. C'est avec
beaucoup de plaisir que j'interviens dans le débat sur le projet de loi
9, Loi sur le recensement des électeurs en 1988. Ce projet de loi a pour
objet d'annuler la tenue du recensement annuel des électeurs
prévu par la Loi électorale pour l'automne 1988. Il
prévoit, en conséquence certaines mesures supplémentaires
applicables dans l'éventualité où la tenue d'une
élection ou d'un référendum serait ordonnée avant
la période prévue par la Loi électorale pour la tenue d'un
autre recensement. (19 h 30)
Les élections ne sont pas pour demain. Cependant, la loi
prévoit que, s'il devait y avoir des élections, il y aurait un
recensement. Les élections ne sont pas pour demain parce que,
aujourd'hui, nous avons assisté à un précédent,
à un précédent pour le Québec j'entends, parce
qu'il se vit dans un autre Parlement, celui du Nouveau-Brunswick. Et
j'appellerai ce précédent, Mme la Présidente, le syndrome
du Nouveau-Brunswick c'est-à-dire qu'il n'y a plus d'Opposition.
L'Opposition s'est retirée. L'Opposition a décidé que son
devoir était de bouder les citoyens et les citoyennes du Québec
et prétend que s'abstenir de venir discourir à l'Assemblée
nationale, c'est défendre l'intérêt des
Québécois et des Québécoises.
Mme la Présidente, il est important de signaler l'attitude de
l'Opposition dans le dossier qui nous occupe aujourd'hui. Au mois de
février, comme les règles le prescrivent, le leader du
gouvernement consulte l'Opposition et informe celle-ci que le recensement de
1988, il serait préférable de l'annuler par mesure
d'économie et en s'inspirant de ce que le Parti québécois,
alors qu'il était au pouvoir, avait fait en 1977, en 1978, en 1981, en
1982 et en 1983. Mme la Présidente, dans La Presse du mercredi 4
mai 1983: Économie de 18 000 000 $, pas de recensement encore cette
année. Cette annonce, avec un ton triomphaliste, était faite par
le ministre de la Justice d'alors et leader parlementaire du gouvernement et
cela, avec le consentement de l'Opposition. L'Opposition, en formation
politique responsable, avait accepté d'économiser la somme que je
vous mentionnais tantôt, la somme de 16 000 000 $ ou 18 000 000 $, parce
qu'elle était une Opposition responsable.
La première réaction du leader de l'Opposition a
été celle de l'acceptation, de dire: Bien oui, M. le leader du
gouvernement, nous allons accepter que le recensement soit annulé cette
année; vos arguments d'économie et les précédents
que nous avons créés lorsque nous étions au pouvoir nous
amènent à dire, M. le leader du gouvernement, que vous avez
raison. Mais un autre événement est arrivé, Mme la
Présidente. L'événement de la grosse machine à deux
vitesses, l'événement de l'élection d'un nouveau chef au
Parti québécois. Celui-ci a dit à ses troupes: II y a
assez longtemps que vous êtes en petite vitesse, il faut maintenant
passer en grande vitesse et se servir de tous les leviers de l'appareil public
pour faire la promotion de notre formation politique, pour faire l'animation de
nos troupes, pour faire en sorte que notre armée, la défunte
armée du Parti québécois, revive de ses cendres et
redevienne cet ensemble de soldats qui vont faire la lutte pour nous. Donc,
revirement, refus de l'Opposition d'annuler le recensement, d'où toute
la procédure qui a suivi, et nous sommes ici maintenant.
Nous sommes ici maintenant pour dire à nos concitoyens et
concitoyennes que le ton alarmiste qui a été pris, les gorges
chaudes du leader de l'Opposition, c'est de là poudre aux yeux. C'est de
la poudre aux yeux dans la mesure où ils nous ont dit cet
après-midi que la démocratie au Québec était en
train de disparaître, comme si, s'il n'y avait pas de recensement cette
année, il ne pourrait plus y avoir d'élections, comme si, s'il
n'y avait pas de recensement cette année, les électeurs à
la prochaine élection ne pourraient pas voter, comme si, s'il n'y avait
pas de recensement cette année, les droits fondamentaux des
Québécois et des Québécoises seraient
brimés.
Mme la Présidente, un recensement, il faut l'expliquer, c'est une
démarche qui consiste, pour
le gouvernement et l'Opposition, pour l'ensemble politique que nous
formons, les partis politiques à l'Assemblée nationale, à
aller chercher de nos concitoyens et de nos concitoyennes, au nom du
président des élections, et leur dire: II faut soumettre au
président des élections vos noms pour faire le recensement, et le
parti de l'Opposition fait de même.
Puis ces gens, dans une période de temps donnée, vont
frapper à chaque porte de la circonscription électorale, par
sections de vote, et vont prendre en note les noms de chacun des
électeurs, de telle sorte qu'aux élections les gens pourront
exercer leur droit de vote.
Mais, il n'y a pas de chicane dans les autobus, dans la population pour
demander des élections. Il n'y a pas d'élections
prévisibles dans un avenir prochain. Le projet de loi, d'ailleurs, comme
le projet de loi sur les recensements et les réfendums, prévoit
qu'avant une élection il y a un recensement, une révision.
Mme la Présidente, ces propos alarmistes de l'Opposition me
laissent songeur. Est-ce que cela ne cacherait pas d'autres objectifs du Parti
québécois? Tantôt, mon collègue de Mille-Îles
disait que le Parti québécois, en 1975, faisait un
prélèvement sur les revenus des recenseurs. Il faut dire que,
pour le Parti québécois, cela pourrait être
intéressant d'avoir un recensement cette année parce qu'un
recenseur gagne un salaire de base, si vous voulez, d'environ 40 $ plus 0,40 $
par électeur. Alors, pour faire des chiffres ronds, s'il y a 200 ou 250
électeurs par section de vote, cela fait un montant de 80 $ à 100
$ plus les 40 $ de base, plus un autre montant de 20 $ pour assister aux
réunions préparatoires. Cela fait entre 140 $ et 160 $ par
recenseur.
Alors, j'ai l'impression que, compte tenu des difficultés
qu'éprouve le Parti québécois à faire son
financement, cette formule du prélèvement d'une somme d'argent
à ses recenseurs est un moyen privilégié pour faire en
sorte que, l'automne prochain, il puisse annoncer un succès dans la
campagne de financement. Je crois que ce sont là les vrais motifs que
cache cet entêtement du Parti québécois à vouloir
faire un recensement cette année.
Bien sûr, le Parti libéral refuse de devenir l'instrument
de la dilapidation des fonds publics. Mais ce que cela peut cacher
également, c'est que le Parti québécois est en
désarroi. L'organisation du Parti québécois est dans le
désarroi le plus total. D'ailleurs, on en a eu l'illustration la plus
éloquente cet après-midi, quand le leader de l'Opposition nous
disait: Mme la Présidente, dans Anjou, c'est scandaleux, 3000
électeurs ne sont pas sur la liste électorale! Imaginez le
scandale!
Mme la Présidente, il y eut un recensement dans Anjou. Lorsqu'il
y a recensement, c'est bien sûr que des gens peuvent être absents
quand le recenseur se présente à la porte de la maison. Mais il y
a une autre démarche aussi suivant le recensement, c'est-à-dire
la révision des listes électorales. Les partis politiques qui
s'opposent à l'élection ont un devoir démocratique
à exécuter. Ce devoir est de faire en sorte que les
électeurs puissent faire ajouter, au bureau de dépôt, leur
nom sur la liste électorale. (19 h 40)
Les libéraux, dans le comté d'Anjou, ont fait leur devoir.
Mais c'est bien sûr qu'un parti politique va faire en sorte qu'on
téléphone aux gens qui l'appuient pour les inviter a aller au
bureau de dépôt mettre leur nom sur la liste électorale.
Les libéraux, dans Anjou, ont fait leur devoir. Les libéraux,
dans Anjou, ont fait en sorte que ceux qui appuient le Parti libéral
puissent avoir leurs noms sur la liste électorale.
Mme la Présidente, si le Parti québécois n'a pas
fait son devoir, si le Parti québécois, parce qu'il a
négligé de se ressourcer en termes de programme, parce qu'il a
négligé de faire de l'action politique depuis deux ans et demi,
n'est plus capable d'avoir de bénévoles pour l'organisation de
son élection et, donc, faire en sorte que ceux qui pourraient l'appuyer
à l'élection d'Anjou puissent avoir leur nom sur la liste
électorale, ce n'est pas la faute du Parti libéral, ce n'est pas
la faute du gouvernement du Québec, mais c'est essentiellement sa
faute.
Le Parti libéral va continuer à former le gouvernement,
bien sûr, un gouvernement responsable, Mme la Présidente. Et, si
nous avons depuis deux ans et demi assaini les finances publiques, si nous
avons présenté un dernier budget qui nous a donné une
image du Québec qui est celle d'un Québec sur la voie de la
prospérité, si dans le budget nous avons pu donner 772 000 000 $
aux familles, si nous avons pu prévoir 60 000 places en garderies d'ici
à cinq ans, si nous avons pu faire des dégrèvements
d'impôt de 1 250 000 000 $ dans le dernier budget, c'est que nous avons
fait une gestion serrée des fonds publics, c'est que nous avons
évité la dilapidation des fonds publics.
Au chapitre de la dilapidation des fonds publics - c'est important de le
souligner - le Parti québécois investissait, par exemple, dans
les temps forts au moment du référendum, les campagnes de
publicité "On s'attache au Québec", "Le Québec, j'y
crois", le Québec ci, le Québec ça, cela a
coûté, bon an mal an, de 15 000 000 $ a 20 000 000 $ par
année d'escalade de publicité partisane pour le gouvernement du
Parti québécois. En gestionnaires responsables, nous avons fait
des ajustements rigoureux du budget, et c'est avec fierté que nous avons
pu, lors de la présentation du dernier budget, présenter une
image du Québec sur des assises financières très
solides.
Il faut se rappeler qu'en 1985, lorsque nous avons pris le pouvoir, le
déficit était d'au-delà de 4 000 000 000 $, alors que le
déficit annoncé cette année est de 1 600 000 000 $, Mme la
Présidente. Ces principes d'une saine gestion nous amènent
également à annoncer dans le
budget, en termes de concurrence sur la base de la fiscalité avec
l'Ontario, parce qu'on a dit que notre développement économique
était difficile par rapport à celui de l'Ontario, à cause
de la trop grande différence entre l'impôt du Québec et
celui de l'Ontario, que nous sommes parvenus à prendre, à ramener
cet écart de 9 % à 10 % qu'il était en 1985, pour les
particuliers, à quelque 2 % et, pour les corporations, à 1 %. Ce
sont toutes des réalisations qui ont été possibles parce
que le gouvernement est un gouvernement responsable, parce que le gouvernement
est un gouvernement qui refuse de faire de la dilapidation des fonds publics,
parce que le gouvernement refuse de se servir des fonds publics à des
fins partisanes, étroitement partisanes, mesquinement partisanes.
Mme la Présidente, si nous sommes ici pour discuter du projet de
loi 9, c'est parce que nous avons la ferme conviction que ces principes que
nous avons établis, nous devons y tenir comme à la prunelle de
nos yeux. Ces principes que nous avons établis sont ceux qui vont
permettre au Québec de progresser parce qu'ils vont nous permettre de
continuer dans cet élan que nous nous sommes donné depuis
1985.
Mme la Présidente, si nous sommes ici ce soir, c'est que nous
refusons de sacrifier, à l'autel de l'opportunisme politique, les
principes de la bonne gestion que nous nous sommes donnés, c'est que
nous avons décidé d'être des gestionnaires responsables et
de ne pas nous laisser intimider par les cris alarmistes et opportunistes de
l'Opposition. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Trois-Rivières. M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Je dois vous
mentionner, en ce qui me concerne, que je trouve cette journée bien
triste pour le parlementarisme québécois. Dans ma longue
expérience de parlementaire - bientôt quinze ans - il n'est jamais
arrivé de situation comme celle que nous vivons ce soir. Il faut bien se
le dire, Mme la Présidente, après avoir participé à
des discussions destinées à bonifier un projet de loi, des
discussions parfois très sérieuses entre nous, nous nous
permettions d'être en désaccord avec certains projets de loi du
gouvernement. Il est possiblement arrivé à des parlementaires,
à l'Opposition d'alors de se retirer au moment du vote, mais
après avoir expliqué clairement ses vues et les raisons pour
lesquelles on ne voulait pas participer à un vote précis. Jamais
au grand jamais, je n'ai vu de parlementaires assez peu responsables pour
éviter complètement de discuter de la question. C'est à
croire que l'Opposition a décidé de s'évaluer à sa
juste valeur, c'est-à-dire de constater - qu'elle soit ici ou qu'elle
n'y soit pas - que cela n'ajoute rien au débat. Cela ne vient pas
ajouter quoi que ce soit de sérieux.
Cela a peut-être pris deux ans et demi à nos amis d'en face
pour constater que, finalement, ils sont peut-être ici uniquement pour
demander le quorum, uniquement pour être en mesure d'embêter les
gens qui apportent des lois sérieuses et qui essaient d'administrer le
Québec de façon sérieuse. C'est peut-être un constat
que ces gens-là ont fait et que la population du Québec,
finalement, avait fait déjà depuis un certain temps, depuis un
bon nombre de mois.
C'est inquiétant de constater que des gens responsables,
élus par une population, décident complètement de faire fi
de leurs responsabilités. On ne sera jamais toujours d'accord à
l'intérieur d'un Parlement. C'est bien évident que, si tous les
projets de loi présentés par un gouvernement faisaient
l'unanimité, il faudrait déjà se poser des questions sur
la façon dont le parlementarisme est orienté. C'est
évident. Mais, même si on n'est pas d'accord, je pense qu'il faut
se le dire entre nous. Quand les gens sont ici et qu'ils sont élus par
une population de façon sérieuse, ils sont ici pour essayer de
bonifier un projet de loi, de le modifier ou d'y ajouter ou encore de mettre en
garde un gouvernement qui décide d'agir. C'est le rôle d'une
Opposition. Malheureusement, on n'a pas d'Opposition.
Cela ressemble un peu à ce que je fais, à chaque
élection, dans mon propre comté. Je fais cela depuis que je suis
en politique. Chaque élection, j'invite toujours mes adversaires
à une assemblée contradictoire pour venir discuter avec moi, face
au peuple, des différents problèmes, projets ou programmes de
parti. Je me suis toujours retrouvé, depuis quinze ans, même
à faire des invitations avec des chaises libres à
côté de moi. C'est beaucoup plus facile, à ce
moment-là, de leur poser des questions et de répondre à
leur place. C'est beaucoup plus facile, mais pas tellement valorisant,
cependant! C'est de cette façon qu'on est organisé, ce soir.
Quand bien même on voudrait leur poser des questions et dire "essayez
donc de nous donner des idées"... C'est à croire qu'ils n'ont pas
d'idée. S'ils avaient eu de bonnes idées, ils seraient
restés ici au moins pour nous les souligner, pour nous les dire. S'ils
avaient eu des choses intéressantes et sérieuses à nous
dire, ils auraient au moins espéré que ce soit colligé au
Journal des débats pour tâcher de dire ensuite à
leur population: Regardez, j'ai fait une suggestion intéressante.
Ce n'est même pas un déluge de mots dans un désert
d'idées, c'est une absence complète et totale.
Une voix: Le néant.
M. Picotte: Pour quelles raisons? Je ne le sais pas. Pour quelles
raisons doivent-ils être au parlement, ce soir, et sont-ils ailleurs?
Est-ce
qu'ils vont refuser une partie de leur paie parce qu'ils n'ont pas
été ici pour discuter d'un projet de loi intéressant et
important? (19 h 50)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Cela viendrait s'ajouter aux 12 000 000 $ à
être économisés, Mme la Présidente. Mais la
vérité est comme ça et c'est dommage pour la
démocratie, parce que, pour n'importe quelle situation beaucoup plus
sérieuse et importante, à mon point de vue, on pourra s'absenter
de n'importe quelle façon. Il y a des choses beaucoup plus fondamentales
que celle de réaliser un recensement qui pourraient décider
l'Opposition à sortir. Ce n'est pas une question de fond que de faire un
recensement ou pas.
Ils devraient être heureux, en supposant même que l'on
déclencherait des élections avant la date prévue, pour au
moins une raison, Mme la Présidente. Vous savez qu'on va allonger le
temps pour l'élection s'il faut faire un recensement, parce qu'il n'a
pas été fait. Il serait peut-être important dans la
conjoncture actuelle que ces gens-là aient quinze jours, trois semaines
de plus pour se faire réélire s'ils ne veulent pas
disparaître complètement.
Ce serait peut-être important. Ces trois semaines-là, c'est
peut-être cela qui fera en sorte de sauver quelques têtes,
effectivement, quelques sièges, Mme la Présidente. C'est
peut-être un élément important. Ils pourront
peut-être nous remercier de leur permettre d'avoir un peu plus de temps
pour faire leur élection à cause du recensement. Il n'y a pas de
miracle à cela. Quand l'Opposition essaie de faire accroire aux gens
qu'on est là pour bien informer la population lors d'un recensement,
c'est ne pas savoir du tout ce qui se passe. Ce qui se passe, c'est facile. Le
Directeur général des élections demande à chacun
des partis de fournir une personne pour faire le recensement et il leur dit:
Pour une période de quinze jours, trois semaines, vous devrez faire
abstraction de toute partisa-nerie politique. Vous prêtez serment et vous
laissez vos cartes de membre chez vous, à la maison. C'est ce qui se
passe. Cela reste un libéral et un péquiste qui se promène
dans le chemin pour aller chercher des noms et, comme ils ont fait serment de
ne pas parler, dès qu'on leur pose une question, ils en disent le moins
possible, parce qu'ils ne doivent pas être partisans.
À quoi servirait-il de faire un recensement, de dépenser
12 000 000 $, sinon à faire ce qu'ils ont fait? Ils l'ont fait chez nous
et partout au Québec. On ne peut pas être recenseur du Parti
québécois, nommé par le Parti québécois via
le Directeur général des élections, sans donner en partie
ou en totalité le montant du chèque versé au recenseur. On
l'a fait chez nous, j'ai vérifié. On l'a tellement fait chez
nous, Mme la Présidente, que, comme H manquait des personnes pour faire
le recensement du côté du Parti québécois, ce sont
des libéraux qui l'ont fait à leur place. On a même
demandé aux libéraux: Est-ce que vous voulez remettre votre
chèque au Parti québécois? On a même demandé
ça aux libéraux qu'on a fournis chez nous. Cela s'est fait.
Est-ce que ce ne serait pas une occasion, comme le dit mon collègue,
d'aller cueillir 200 $ ou à peu près, multipliés par le
nombre de 1000 recenseurs, versés à la caisse du Parti
québécois? Est-ce cela la démocratie? Est-ce que c'est sur
ça qu'on doit se guider, quand on essaie de faire accroire, comme ce
parti-là l'a fait durant dix ans, que c'est lui qui a inventé la
démocratie au Québec?
À écouter les discours de ces gens-là durant neuf
ans, Mme la Présidente, on était presque gêné
d'avoir été élu démocratiquement dans l'Opposition.
C'est curieux. Ils ont essayé de nous donner des leçons de
démocratie sur toutes les coutures, Mme la Présidente, de toutes
les façons, en disant qu'eux seuls possédaient des
vérités démocratiques. Pourtant, si on avait gratté
comme il faut, on se serait rendu compte que, parfois, la démocratie
servait dans leur cas à garnir une caisse électorale difficile
à remplir. Nous n'avons pas besoin de payer les gens par des postes de
recenseurs chez nous pour avoir des bénévoles pour aller faire
une campagne de financement de porte à porte, comme cela se fait chez
nous avec des campagnes populaires. On n'a pas besoin de promettre à
personne d'avoir un recensement cet automne et de lui dire: Ferais-tu notre
campagne de financement?
C'est la réalité, Mme la Présidente, c'est comme
ça que les gens d'en face ont pensé et c'est probablement la
raison pour laquelle vous n'entendez pas M. Parizeau, le chef du Parti
québécois, au moment où l'on se parle, ni condamner, ni
approuver leur attitude, parce que lui-même, sachant que c'était
une dépense inutile, aurait l'air bête d'aller se prononcer en
faveur d'un recensement bidon à ce moment-ci et qui coûte 12 000
000 $ aux Québécois et aux Québécoises, à
même leurs taxes. Par contre, désavouer les gens qui seraient
censés être en face ce soir, ce n'est pas drôle encore pour
un chef de parti qui cherche par tous les moyens à les unifier quand,
malgré tout, ils ne veulent pas s'unifier.
C'est la réalité, Mme la Présidente. C'est
exactement comme cela que cela se passe, malheureusement. C'est la
démocratie des gens d'en face, de ceux qui nous ont donné des
leçons durant des années. C'est la démocratie des gens
d'en face qui nous disaient, quand ils ont proposé ce qu'il y a de plus
intéressant, et je le dis, comme mode de financement des partis
politiques... C'est une loi très intéressante dont la
paternité revient à M. René Lévesque. C'est une loi
qu'il fallait passer au Québec. Mais combien de fois j'ai entendu ces
gens dire, quand je me promenais en arrière du trône ou que
j'allais dans les petites salles: Vous ne serez pas capables vous, les
libéraux, de faire du finance-
ment comme cela. On espérait, à ce moment-là, qu'il
n'y ai plus beaucoup de partis au Québec qui soient capables de le
faire, à part eux qui avaient inventé la formule.
C'est curieux, c'est très curieux comme résultat. Cela
démontre que nous n'avons pas eu besoin de cela pour engraisser la
caisse électorale d'un parti politique. Je dois vous dire que je me
questionne drôlement non pas sur leur attitude - parce que des attitudes
irresponsables, ce ne serait pas la première fois que le Parti
québécois en aura eu en cette Chambre - mais là où
je me questionne beaucoup, c'est que cela aurait été beaucoup
plus facile pour mon collègue, le ministre délégué
à la Réforme électorale, de dire oui à un
recensement. Il n'y a rien de plus facile que cela. C'est toujours plus facile
aussi, quand on est un gouvernement ou quand on est un ministre, de dire oui
à toutes les demandes qui nous sont faites.
Il faudra se rappeler que le Parti libéral du Québec a
été élu en prônant une bonne gestion de la chose
publique, en prônant aussi une diminution du déficit, en faisant
en sorte que des Québécois qui n'étaient plus capables de
payer de l'impôt additionnel, qui n'étaient plus capables
d'être taxés de façon additionnelle, puissent aussi avoir
une qualité de vie intéressante. C'est l'effort que le
gouvernement a fait depuis deux ans et demi. Comment aurait-on pu offrir un
budget aussi intéressant que celui de mon collègue des Finances
si on n'avait pas, comme gouvernement, économisé sur des
détails qui n'étaient pas essentiels et importants, sur des
dépenses qui ne mettaient pas en péril quoi que ce soit.
Ces 12 000 000 $ n'est-il pas plus important qu'ils servent aux familles
du Québec, qu'ils aident nos maisons de jeunes, qu'ils aident dans le
domaine social, que de servir à un recensement qui, à toutes fins
utiles, ne change rien puisqu'il devra y en avoir un autre? C'est la question
qu'il faut se poser. Si on avait administré de la façon dont ces
gens administraient, sans considération, sans faire en sorte que des
économies soient faites aux bons endroits, on aurait été
obligés de faire ce que ces gens-là ont fait. Heureusement, la
crise économique les a un peu servis de ce côté-là.
On a inventé la crise économique, la pire crise de l'histoire. La
crise économique aurait été pas mal moins pire si, durant
leurs neuf ans d'administration, ces gens avaient été
prévoyants, sans faire de dépenses inconsidérées,
inutiles parfois. (20 heures)
On approche de la fête nationale des Québécois.
Rappelons-nous, tout le monde ensemble, on était inondés de
drapeaux du Québec par l'ancienne administration. Je l'aime mon drapeau.
Effectivement, j'en ai deux chez moi. J'en ai trois: un du Canada et deux du
Québec, parce que cela ne me gêne pas de mêler la feuille
d'érable à la fleur de lys. On disait: Ce n'est pas dispendieux
un drapeau du Québec, c'était 25 $ à 30 $ dans le temps.
C'était 25 $ à 30 $ multipliés par X milliers
d'exemplaires parce qu'on fêtait la fête nationale des
Québécois. Vous allez me dire que c'est un détail, mais si
on peut donner une politique familiale, si on peut offrir des avantages
à la famille aujourd'hui, c'est parce qu'on a fait de petites
économies sur les drapeaux du Québec, de plus grosses
économies dans d'autres domaines et qu'on a pu épargner des 12
000 000 $, comme ceux-là qui ne méritent pas d'être
dépensés au moment où on le fait et qui n'ajoutent rien
à la qualité démocratique des Québécois et
des Québécoises, qui ne viennent améliorer en aucune
façon la démocratie au Québec. Ce n'est pas parce qu'on se
retrouve avec un recensement bien fart qu'on améliore la
démocratie. Il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce
domaine.
J'écoutais mes collègues qui rapportaient des faits venant
du Parti québécois, qui disait: Écoutez, il n'y a pas eu
de recensement, regardez dans Anjou, il y a 3000 électeurs qui ne sont
pas recensés. Ce n'est pas nouveau, on a eu d'autres recensements.
Depuis que je suis au monde et depuis que je m'occupe de politique, il y a
toujours des gens qui m'ont dit, le jour d'un scrutin: Qu'est-ce que cela veut
dire que je ne suis pas sur la liste? Cela, c'est la responsabilité de
bien des gens. D'abord, on n'aura jamais assez de recenseurs pour courir les
rues à longueur de journée pour tâcher d'avoir tout le
monde. Cela n'arrivera pas, à moins qu'on ne décide de faire un
recensement qui dure trois ou quatre mois, et que les gens y retournent cinq,
six ou sept fois. On n'aura jamais cela.
D'autre part, on n'aura jamais suffisamment de gens dans chaque
formation politique pour vérifier les listes et dire: M. Untel n'a pas
été oublié et Mme Unetelle l'a été. Non, on
n'aura jamais assez de bénévoles pour cela. Les citoyens ont un
autre droit et devoir, c'est celui de partir, comme citoyens responsables...
Quand il y a une élection chez nous, que ce soit au niveau municipal ou
ailleurs, je vais vérifier si mon nom est sur la liste
électorale, même quand arrive des élections provinciales.
Je ne me fie pas au fait que je peux être connu, je ne me fie pas au fait
que des gens sont passés chez moi, je ne me fie pas à quoi que ce
soit, je vais vérifier si mon nom est sur la liste. Cela aussi, c'est
l'obligation d'un électeur. Il ne faut pas blâmer qui que ce soit
parce qu'on ne retrouve pas son nom sur la liste. La première personne
à blâmer, c'est celle qui n'a pas pris la peine de vérifier
si son droit de vote avait été respecté lors d'une
élection, si son nom était sur la liste. C'est elle, la
première personne à condamner. La deuxième, on peut bien
dire que les bénévoles et les partis politiques n'ont pas
été assez vigilants pour voir cela. Et la troisième, il ne
faut surtout pas dire que le recensement n'a pas duré assez de temps.
Voyons donc!
Bien sûr, si ces gens ont de tels arguments, ils sont mieux de ne
pas être ici ce soir. Bien
sûr, si ces gens ont des arguments très faibles et
très pauvres, il vaut mieux qu'ils ne soient pas inscrits au Journal
des débats. Il vaut mieux que rien n'apparaisse à leur nom,
cela évite de constater qu'ils ont dit des bêtises ou qu'ils ont
dit des choses inconsidérées. De même, on ne pourra rien
leur reprocher, sauf de ne pas avoir pris leurs responsabilités.
Moi, comme citoyen - je termine là-dessus, M. le
Président, parce que je sais que mon temps est écoulé -
comme député représentant une circonscription
électorale, représentant des électeurs qui m'ont fait
confiance, la seule chose que je n'aimerais pas me faire reprocher, c'est de ne
pas avoir été assis ici lors d'une discussion importante touchant
tous mes électeurs, de ne pas avoir pris mes responsabilités. Il
n'y a pas de plus grand mépris que les gens pourraient me montrer que de
me dire: On t'a élu pour que tu prennes tes responsabilités, tu
as évité de les prendre. C'est malheureusement le lot des gens
d'en face, ils sont malheureusement trop nombreux pour ne pas prendre leurs
responsabilités. Je sais qu'ils seront jugés
sévèrement, M. le Président, parce que, quand on
représente une population, quand on a la confiance de quelque 40 000
électeurs, s'il y a une qualité qu'on doit avoir, la seule,
peut-être, c'est d'être responsable. Alors, tant pis pour ces
irresponsables de l'Opposition, du Parti québécois, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je vais maintenant céder la
parole de M. le ministre délégué à la
Réforme électorale, pour son droit de réplique.
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: Merci, M. le Président. Évidemment, en
réplique, je ne voudrais pas passer sous silence la contribution de mes
collègues libéraux qui sont intervenus, notamment le
député de Fabre qui a voulu imager l'objectif du projet de loi
lorsqu'il a fait allusion au coût de 12 000 000 $ pour les 4 000 000
d'électeurs et qu'il en a conclu que de tenir le recensement que le
projet de loi 9 propose d'abolir, c'était tout simplement de prendre 3 $
à chacun de ces électeurs et de les jeter par la fenêtre,
de les jeter au panier. Il a tout à fait raison, M. le Président,
et c'est, essentiellement, la principale raison pour laquelle nous avons cru
nécessaire de procéder comme on l'a fait pour annuler ce
recensement, strictement pour éliminer une dépense inutile et
fort importante de 12 000 000 $.
Je remercie le député de Taschereau d'avoir
expliqué sa participation aux travaux du conseil consultatif hier et
pour avoir clairement rétabli les faits quant au consensus qui n'a pas
été établi au conseil consultatif sur la proposition de
rechange qui, je le répète, avait été faite fort
habilement et de bonne foi et de bon aloi par le Directeur
général des élections. Mais je remercie le
député de Taschereau, comme membre du conseil consultatif,
d'avoir clairement indiqué comment les choses se sont passées,
quelles étaient les réserves qui avaient été
exprimées et, pour démentir formellement les affirmations du
leader de l'Opposition et du député de Gouin qui n'étaient
même pas présents à la réunion du conseil
consultatif, quant à ce consensus qui aurait été
arrêté et qui aurait été renié par le caucus
des députés libéraux.
Je veux dire également au député de
Mille-Îles que ses inquiétudes quant à ces
catégories de citoyens qui effectivement, à la dernière
élection, n'ont pas réussi à exercer leur droit de vote,
les personnes âgées, les personnes absentes, les
Québécois hors Québec, font justement l'objet
d'études et de considération par le comité de
parlementaires que nous avons mis sur pied pour procéder à la
révision de la Loi électorale, comité de parlementaires
où l'Opposition, fidèle à son habitude, a
décidé de ne plus se présenter depuis deux semaines. J'ai
déjà indiqué que je souhaitais que l'Opposition se ravise
dans les meilleurs délais pour que nous puissions continuer le travail
fort bien amorcé à partir d'un document très bien
préparé par le Secrétariat à la réforme
électorale. J'ose espérer que, dans les prochains jours, les
prochaines semaines ou, tout au moins, en août prochain, en commission
parlementaire, nous serons en mesure de formuler des éléments de
solution aux problèmes que le député de Fabre a
soulevés à l'égard de ces catégories de citoyens
qui ne réussissent pas toujours à exercer leur droit fondamental
de voter.
Je voudrais également souligner la pertinence des propos du
député de Trois-Rivières qui a posé des questions
fort pertinentes, je le répète, quant aux intentions du Parti
québécois, intentions qu'ils tentent de masquer par cet
acharnement à préserver coûte que coûte un
recensement qui, devons-nous le répéter, se
révélera sûrement inutile. Et le député de
Mille-Îles et le député de Trois-Rivières ont
donné des exemples de ce qui s'est fait dans le passé au Parti
québécois où on a mis à contribution, où on
a exigé des personnes recommandées par le parti pour agir comme
recenseurs la remise d'une partie de leur rémunération au Parti
québécois à titre de contribution financière. Il
faut se poser la question, M. le Président, si ce n'est pas là la
vraie raison de l'acharnement du Parti québécois à refuser
d'annuler le recensement, annulation à laquelle il avait pourtant
souscrit en février dernier. (20 h 10)
Évidemment, je souscris volontiers aux propos du ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui a dénoncé, comme
mon collègue de Frontenac, le leader adjoint du gouvernement, ce manque
de responsabilité de l'Opposition qui, plutôt que de faire face
à ses obligations, de faire valoir les intérêts des
citoyens qu'elle représente ici à l'Assemblée nationale, a
préféré abdiquer et tout simplement s'absenter du
débat.
D'ailleurs, je partage d'emblée cette évalua-
tion du ministre et du député de Trois-Rivières,
à savoir que c'est justement le genre de gestion serrée des fonds
publics depuis l'élection du 2 décembre 1985 qui a permis au
ministre des Finances, le mois dernier, de présenter ce genre de budget,
ce genre de discours sur le budget dans lequel non seulement il a réduit
et ramené à une taille acceptable le déficit de la
province, mais également il a pu réduire les impôts, tout
en faisant profiter les citoyens du Québec et surtout les familles des
bénéfices et des avantages que contient ce discours sur le
bugdet. On ne peut pas, M. le Président, présenter un discours
sur le budget, comme l'a fait le ministre des Finances il y a un mois, sans
avoir au préalable resserré la gestion des fonds publics. Ce
resserrement de la gestion des fonds publics passe, entre autres, par la
suppression de dépenses inutiles comme celle qu'exigerait à
l'automne prochain la tenue d'un recensement qui ne servirait à
absolument rien d'autre qu'à servir les intérêts des partis
politiques.
M. le Président, normalement en réplique, on doit
répondre aux arguments de nos opposants. Évidemment, puisqu'ils
ont abdiqué et qu'ils ne sont pas là, force m'est de constater
que je ne peux soulever des observations ou des arguments énoncés
par l'Opposition officielle. Mais je ne sais si l'Opposition pensait qu'on ne
mettrait pas la main sur un communiqué de presse qui a été
émis par l'Opposition officielle, dont la source est M. Claude Beaulieu,
directeur des communications de l'aile parlementaire du Parti
québécois, via l'agence Telbec. On y lit ce qui suit: Vous
trouverez ci-joint les notes du leader de l'Opposition officielle et
député d'Abitibi-Ouest, M. François Gendron, pour une
déclaration concernant l'annulation du recensement électoral
prévu pour octobre prochain. Je vous fais grâce de la lecture
exhaustive, M. le Président, mais j'en lirai quelques paragraphes
seulement.
On y lit: Pour garantir le bon fonctionnement de l'appareil
administratif électoral, notamment pour ce qui est des nombreux
directeurs du scrutin nouvellement affectés... M. le Président,
j'ouvre une parenthèse: les nombreux directeurs du scrutin
affectés sont au nombre d'une quinzaine sur 125. Je reprends la lecture:
Pour renseigner les citoyens et les citoyennes sur les nouvelles
délimitations de leur comté... Ouverture de la parenthèse:
on a répondu à cet argument en disant qu'il n'appartient pas
à des recenseurs recommandés par les partis politiques de faire
de l'information soi-disant neutre; la Loi sur la représentation
électorale crée une obligation à la Commission de la
représentation électorale de procéder à la
diffusion de ces informations et ce n'est pas en tenant un recensement de 12
000 000 $ qu'on va améliorer les choses. Je reprends la lecture, M. le
Président: Pour s'assurer que le recensement soit fait dans des
conditions qui évitent la bousculade et garantissent le droit de vote
à tous les citoyens du Québec... Cela ne s'applique absolument
pas. J'ai déjà indiqué que le meilleur recensement
possible, celui qui assure le mieux l'exercice du droit de vote du plus grand
nombre de citoyens, c'est justement de tenir un recensement pendant une
campagne électorale au moment où les citoyens savent que le
recensement va servir à quelque chose, au moment où les citoyens
sont sensibilisés à la nécessité de se faire
inscrire sur une liste électorale et, donc, cela s'applique beaucoup
moins dans le cadre d'un recensement comme celui que nous abolissons par le
projet de loi 9. Pour toutes ces raisons - je continue la lecture - un
recensement s'impose cette année.
On y lit également ce qui suit: Le leader du gouvernement,
ministre délégué à la Réforme
électorale et responsable de l'application de la Loi électorale,
M. Michel Gratton, invoque un seul argument pour justifier son
procédé abusif. Selon lui, l'Opposition a retiré un accord
que nous lui aurions déjà donné. Son argument ne tient
pas. Sitôt connue l'ampleur des modifications à la carte
électorale, nous avons informé M. Gratton que, cette
année, il n'avait pas l'approbation de l'Opposition officielle pour
procéder à une nouvelle annulation du recensement
électoral, comme le permettait la règle de la double
majorité. C'était le 29 mars dernier.
M. le Président, il ne s'agit pas d'une parole prononcée
en l'air. C'est écrit en toutes lettres. Le leader de l'Opposition
prétend que c'était le 29 mars dernier, après avoir connu
l'ampleur des modifications à la carte électorale, qu'il m'a
informé qu'il retirait sa parole donnée, à l'effet qu'on
pouvait procéder, avec son consentement, à annuler le
recensement. M. le Président, je le dis en regardant la caméra:
Cette affirmation est d'une fausseté complète.
Le 11 février 1988, on en a fait état - le leader adjoint
du gouvernement, le député de Frontenac, en a même lu des
extraits - j'avais avisé le Directeur général des
élections de l'assentiment de l'Opposition pour annuler le recensement.
C'était le 11 février 1988. Sauf erreur, les 2 et 3 mars, il y
avait caucus des députés du Parti québécois. C'est
au lendemain de ce caucus que le leader de l'Opposition m'a avisé que le
caucus avait changé sa décision et qu'en consultation avec les
membres du caucus et la direction du Parti québécois, notamment
le directeur général du parti d'alors, M. Alain Marcoux,
ex-député de Rimouski, le 3 mars, on avait décidé
de ne pas entériner l'engagement pris par le leader de l'Opposition.
C'est donc une fausseté que de prétendre, dans ce
communiqué Telbec, que c'était le 29 mars dernier, au moment
où on a constaté l'ampleur des modifications à la carte
électorale, qu'on a changé d'idée du côté de
l'Opposition. En fait, au moment où l'Opposition a changé
d'idée en caucus, au début de mars, l'ampleur des modifications
à la carte électorale n'était pas encore connue puisque le
rapport intérimaire n'a été déposé que le 15
mars, soit douze jours plus
tard, et que le rapport final qui pouvait vraiment permettre à
quiconque de conclure quoi que ce soit n'a été connu que le 20 ou
le 25 mai.
Donc, quand on refuse de participer à un débat, quand on
abdique devant ses responsabilités de faire valoir ses arguments au vu
et au su de tous, ici à l'Assemblée nationale, et qu'en revanche
on prépare des communiqués de presse, à l'intention des
journalistes, remplis de ce genre de faussetés aussi graves, le moins
qu'on puisse dire, c'est qu'on peut se poser toutes sortes de questions sur le
sérieux - et je pèse mes mots de façon à ne pas
manquer à l'éthique parlementaire, mais parlons d'un manque de
sérieux - le manque de responsabilité de l'Opposition.
M. le Président, à défaut de pouvoir compter sur
une Opposition officielle responsable, je l'ai dit, le gouvernement se doit,
lui, d'être responsable. Le gouvernement, pour être responsable, ne
peut pas accepter de dilapider des fonds publics à des fins strictement
partisanes, de faire payer aux citoyens et contribuables du Québec
l'organisation des partis politiques en sus de ce que l'État donne
déjà et qui se chiffre à quelque 3 000 000 $ annuellement.
(20 h 20)
C'est pour cela, et uniquement pour cela, que nous avons
procédé comme nous l'avons fait, que je persiste à croire
que l'Assemblée nationale se doit d'adopter d'abord le principe du
projet de loi 9 pour ensuite procéder, selon la motion de suspension des
règles que nous avons votée précédemment, à
faire franchir les autres étapes du projet de loi de façon qu'en
fin de compte on évite cette dépense inutile, importante aux
contribuables québécois, tout en maintenant la certitude que
l'exercice de ce droit fondamental de voter ne sera compromis en aucune
façon.
M. le Président, je dirai tout simplement, en terminant, que, si,
ce soir, nous nous retrouvons devant des banquettes vides du côté
de l'Opposition, il me semble que les membres de l'Opposition actuelle
devraient y penser deux fois car, à force de refuser d'agir de
façon responsable, c'est peut-être la population qui, aux
prochaines élections, décidera que nul d'entre eux ne
mérite de siéger ici à l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Le débat étant clos,
est-ce que la motion d'adoption du principe du projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988, présentée par le
ministre délégué à la Réforme
électorale est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, tel que le prescrit la motion
de suspension des règles, je fais motion pour que l'Assemblée se
transforme en commission plénière pour l'étude
détaillée du projet de loi 9.
Le Vice-Président: La motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
l'Assemblée nationale se transforme maintenant en commission
plénière pour l'étude détaillée du projet de
loi 9.
Commission piénière Étude
détaillée
M. Saintonge (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission plénière se réunit maintenant pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 9, Loi sur le recensement des électeurs en 1988. Je vais maintenant
céder la parole à M. le ministre délégué
à la Réforme électorale pour des remarques
préliminaires, s'il en a.
M. Gratton: M. le Président, je pense bien que les
remarques préliminaires, considérant que nous avons fait le
même débat trois fois maintenant, seraient superflues. Je signale
simplement que l'article 1 se lit comme suit: "Le recensement annuel
prévu par la Loi électorale n'a pas lieu en 1988". C'est le coeur
du projet de loi, et je propose que l'article 1 soit adopté.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. J'appelle,
en fait, l'article 1 pour être dans les formes. L'article 1 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
l'article 2. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, l'article 2 comporte deux
dispositions. Dans un premier temps, on y lit: "Si un décret ordonnant
la tenue d'une élection ou d'un référendum est pris entre
le 30 juin 1988 et le 1er juillet 1989, un recensement a lieu pendant la
période électorale ou référendaire en vue de la
confection et de la révision de la liste électorale,
conformément à la Loi électorale ou, le cas
échéant, à la Loi sur la consultation populaire." C'est
dire que pour toute élection qui serait déclenchée entre
le 30 juin 1988 et le 1er juillet 1989, c'est la disposition qui oblige la
tenue d'un recensement préalable à la tenue de cette
élection générale ou du référendum, s'il y a
lieu.
Le deuxième paragraphe se lit comme suit: 'Toutefois, lorsqu'une
élection ou un référendum est ordonné à la
suite d'un scrutin général
ordonné et tenu après le 30 juin 1988, il n'y a pas lieu
de procéder à un recensement; les listes électorales qui
sont révisées sont celles qui ont servi lors du scrutin
précédent." Évidemment, il s'agit là de
prévoir, à la suite d'une élection générale
qui serait déclenchée au cours de cette période et qui
serait suivie d'une élection partielle ou d'un référendum,
qu'on ne doive pas procéder à un nouveau recensement, compte tenu
que le recensement a déjà eu lieu.
Finalement, la dernière phrase: "II en est de même
lorsqu'une élection partielle est ordonnée dans une
circonscription électorale dans laquelle une élection partielle a
été ordonnée et tenue après le 30 juin 1988". C'est
évidemment pour prévoir qu'on ne doive pas procéder
à un deuxième recensement lorsque, de façon probablement
très exceptionnelle, on doit procéder à une
élection partielle après une première élection
partielle dans un comté donné, c'est-à-dire justement de
ne pas faire de recensement inutile.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 3. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, l'article 3 se lit comme
suit: "Le scrutin a lieu le septième lundi qui suit la prise du
décret visé à l'article 2 si le décret est pris un
lundi, un mardi ou un mercredi; dans le cas où le décret est pris
un autre jour, le scrutin a lieu le huitième lundi." Essentiellement, il
s'agit d'allonger la période électorale d'une semaine, justement
pour prévoir la tenue d'un recensement dans le cas qui nous
préoccupe.
La dernière phrase: "Si le jour du scrutin tombe un jour
férié, il a lieu le lendemain", je pense que ceia s'explique de
soi.
Le Président (M. Saintonge): Alors, est-ce que l'article 3
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 4.
M. Gratton: L'article 4, M. le Président, c'est
l'entrée en vigueur de la loi, c'est-à-dire à la date de
sa sanction.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi 9 est adopté? Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi 9, Loi sur le recensement des
électeurs en 1988, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Ceci met donc
fin au mandat de la commission pténière.
Je demanderais aux personnes-ressources qui accompagnent le ministre de
bien vouloir quitter l'enceinte de l'Assemblée afin que je puisse faire
rapport à la présidence.
M. Saintonge (président de la commission
piénière): Mme la Présidente, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission piénière a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988, et l'a adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport est
adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Adoption
M. Gratton: Mme la Présidente, je pense bien qu'il est
inutile de répéter ce que nous avons déjà eu
l'occasion de dire à au moins cinq reprises, soit le 23 mars, au moment
où nous avons débattu la résolution préalable qui
était prévue à l'article 37 de la Loi sur la
représentation électorale, soit la semaine dernière, au
moment de la suspension des règles de pratique ou au moment de
l'adoption du principe du projet de loi 23 qui modifiait justement le
deuxième paragraphe de l'article 27, soit cet après-midi au
moment des mêmes étapes pour le projet de loi 9.
M. le Président, je dirai simplement que ce n'est pas..
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, juste un
instant. Je voudrais simplement mentionner que j'imagine que vous
présentez la motion d'adoption du projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988.
M. Gratton: Oui.
Le Vice-Président: C'est bien cela? Très bien.
M. Gratton: C'est ce que je pensais avoir
commencé à faire, M. le Président. D'ailleurs, je
terminais.
Je voudrais terminer simplement en disant ceci. Ce n'est pas une
situation que je considère comme idéale que de procéder en
l'absence de l'Opposition officielle. Je dirai, M. le Président, et je
vous prends à témoin, puisque vous étiez là pendant
un certain temps, que j'ai été moi-même membre de
l'Opposition officielle pendant neuf ans, des années que j'ai
trouvées parfois très longues. Vous confirmerez sans doute, M. le
Président, que plusieurs fois comme membres du caucus libéral,
alors que nous étions dans l'Opposition, nous avions
suggéré et même plaidé pour que l'Opposition se
retire de l'Assemblée nationale pour manifester son désaccord
d'avec les propositions du gouvernement qui, à l'époque,
était formé par le Parti québécois. Jamais, nous
n'avions consenti finalement à abdiquer nos responsabilités,
puisque nous étions peut-être mieux servis que l'Opposition
actuelle par l'expérience et le jugement de parlementaires aguerris,
comme le député de Bonaventure, comme le chef du Parti
libéral d'alors, le député d'Argenteuil aujourd'hui. Mais,
jamais l'Opposition libérale n'a abdiqué ses
responsabilités, n'a pris la fuite devant des propositions sur
lesquelles elle n'était pas d'accord. Le moins que l'on puisse dire, M.
le Président, il y en a eu plusieurs mesures que ce gouvernement
péquiste a présentées sur lesquelles nous n'étions
pas d'accord et auxquelles nous ne souscrivions pas.
Mais, il nous semblait alors et il nous semble toujours que la
responsabilité d'un élu est d'abord à l'égard des
électeurs de son comté, des électeurs du Québec. Sa
responsabilité n'est pas de mettre les intérêts partisans,
les intérêts de son parti, ses intérêts en tant que
député, en tant qu'individu, devant l'intérêt des
électeurs. M. le Président, je suis obligé de constater ce
soir que cette fuite de l'Opposition officielle est le reflet parfait de gens
qui mettent justement leur intérêt partisan devant
l'intérêt des citoyens et je laisse le soin à la population
de juger ce comportement le moment venu.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 9, Loi sur le
recensement des électeurs en 1988, présenté par le
ministre délégué à la Réforme
électorale, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je propose l'ajournement de
nos travaux à demain, 10 heures.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion d'ajournement
de nos travaux est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Par conséquent,
cette Assemblée ajourne ses travaux qui reprendront demain, le jeudi 9
juin, à 10 heures.
(Fin de la séance à 20 h 34)