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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir. Aux affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 33
Le Président: À l'article a au feuilleton, ce
matin, M. le ministre de la Justice présente le projet de loi 33, Loi
modifiant le Code de procédure civile concernant le recouvrement de
pensions alimentaires. M. le ministre de la Justice.
M. Herbert Marx
M. Marx: M. le Président, ce projet de loi modifie les
dispositions du Code de procédure civile relatives au rôle de
percepteur des pensions alimentaires afin de favoriser une perception plus
efficace de ces pensions.
Ainsi, le projet de loi prévoit d'abord que le percepteur sera
non seulement chargé d'agir en qualité de saisissant, comme c'est
le cas actuellement, mais aussi de percevoir tous les arrérages et
versements à échoir de la pension alimentaire.
Pour sa part, le débiteur de jugement qui accorde la pension sera
tenu de payer directement au percepteur les arrérages ainsi que les
versements à échoir de la pension tant que le percepteur
demeurera chargé de la perception de la pension.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi? M. le whip de l'Opposition.
M. Brassard: Pardon?
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi?
M. Brassard: Oui.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article b, M. le Président.
Projet de loi 40
Le Président: À l'article b au feuilleton, M. le
ministre des Transports présente le projet de loi 40, Loi sur la
sécurité du transport terrestre guidé. M. le ministre des
Transports.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Ce projet de loi propose
diverses mesures législatives visant à assurer la
sécurité d'ouvrages de transport terrestre guidé ainsi que
de véhicules et d'équipements utilisés dans des
systèmes de transport terrestre guidé.
À cette fin, ce projet de loi prévoit que certains travaux
de construction d'ouvrage de transport terrestre guidé doivent
être annoncés et, dans le cas d'opposition, soumis à
l'approbation du ministre avant qu'ils puissent être entrepris.
Les travaux qui dérogent à une norme d'ingénierie
reconnue sont aussi soumis à cette approbation préalable.
De plus, ce projet de loi prévoit le pouvoir du gouvernement
d'édicter un code de sécurité applicable à des
systèmes de transport terrestre guidé. Il prévoit aussi
que certains exploitants d'un système de transport terrestre
guidé peuvent ou doivent, selon le cas, préparer pour leur
entreprise, en tenant compte du code de sécurité, des
règles de sécurité qu'ils doivent faire approuver par le
ministre des Transports. Ce projet accorde au ministre des Transports certains
autres pouvoirs quant aux règles de sécurité.
Ce projet de loi prévoit aussi un pouvoir réglementaire du
gouvernement portant, notamment, sur la construction et l'entretien des
ouvrages de transport terrestre guidé ainsi que sur le transport de
matières dangereuses.
Ce projet de loi prévoit d'autres dispositions relatives à
la protection de la voie de guidage, aux passages à niveau et à
la signalisation, aux droits et obligations des propriétaires de voies
de guidage, aux règles de circulation, au partage des coûts de
construction et d'entretien des ouvrages de transport terrestre guidé et
à la sécurité des personnes et des biens.
Enfin, ce projet de loi prévoit diverses dispositions en
matière d'inspection et d'enquête.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article c, M. le Président.
Projet de loi 44
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor présente le projet de
loi 44, Loi concernant la prorogation de certaines conventions
collectives du secteur public.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: M. le Président, ce projet de loi
prévoit que, dans les secteurs public et parapu-blic, la période
pendant laquelle il peut être procédé à une demande
d'accréditation ou de révocation d'accréditation, à
des démarches en vue de l'adhésion d'un groupe de salariés
à une association ou à des démarches en vue de
l'affiliation d'une association de salariés, demeure la même
malgré la prorogation de la date d'expiration des conventions
collectives.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. Y a-t-il d'autres
présentations de projets de loi, M. le leader du gouvernement?
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président: Dépôt de documents, Mme la
ministre des Affaires culturelles.
Rapport d'activités de la Société
générale du cinéma du Québec
Mme Bacon: J'ai le plaisir de déposer le rapport
d'activités de la Société générale du
cinéma du Québec, 1987-1988.
Le Président: Mme la vice-première ministre, votre
document est déposé. M. le leader parlementaire et ministre du
Tourisme.
Document intitulé "Les droits
économiques des conjoints"
M. Gratton: Pour et au nom du ministre de la Justice et de la
ministre déléguée à la Condition féminine,
il me fait plaisir de déposer un document de consultation
intitulé "Les droits économiques des conjoints".
Le Président: Toujours à l'étape du
dépôt de documents, M. le leader du gouvernement.
Motion proposant la tenue d'une consultation
générale
M. Gratton: À cet égard, je voudrais faire motion
pour que la commission des institutions procède à une
consultation générale et tienne des auditions publiques à
compter du 14 septembre 1988, sur le document intitulé: Les droits
économiques des conjoints. Que les mémoires soient reçus
au Secrétariat des commissions au plus tard le 17 août 1988, et
que la ministre déléguée à la Condition
féminine et le ministre de la Justice soient membres de ladite
commission pour la durée du mandat.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. Vous avez un autre document
à déposer, M. le leader du gouvernement?
Rapport annuel de SOQUIP
M. Gratton: Oui. Au nom du ministre de l'Énergie et des
Ressources, il me fait plaisir de déposer le rapport annuel 1987-1988 de
SOQUIP. (10 h 20)
Le Président: Votre document est maintenant
déposé. M. le ministre des Transports.
Rapports annuels de la Commission des transports du
Québec et de la Régie de l'assurance automobile
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
désire déposer le rapport annuel de la Commission des transports
du Québec pour l'année 1987-1988 de même que le rapport
annuel de la Régie de l'assurance automobile pour 1987.
Le Président: M. le ministre des Transports, vos documents
sont déposés. M. le ministre de la Justice.
Rapport annuel de la Régie des permis d'alcool
du Québec
M. Marx: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1987-1988 de la Régie des permis
d'alcool du Québec.
Le Président: Votre document est déposé, M.
le ministre de la Justice.
Rapport annuel de la Commission de police du
Québec
M. Marx: M. le Président, j'ai également l'honneur
de déposer le rapport annuel 1987 de la Commission de police du
Québec.
Le Président: Votre deuxième document est
maintenant déposé. M. le ministre de la Main- d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail.
Rapports annuels de la Régie des entreprises en
construction du Québec, de la Commission
de la santé et de la sécurité du
travail du Québec et de la Régie des rentes du
Québec
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Conformément au règlement, je dépose
le rapport annuel 1986-1987 de la Régie des entreprises en
construction du Québec, le rapport annuel pour l'année 1987 de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail du
Québec et le rapport annuel pour l'année 1987-1988 de la
Régie des rentes du Québec.
Le Président: M. le ministre, vos trois rapports sont
déposés. M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Rapports annuels de la Société des
alcools
du Québec et de la Société de
développement des coopératives
M. Johnson: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Société des alcools du
Québec pour l'exercice financier de 52 semaines se terminant le 26 mars
1988, de même que le rapport annuel de la Société de
développement des coopératives pour l'exercice financier qui
s'est terminé le 31 mars 1988.
Le Président: Vos deux rapports sont
déposés, M. le ministre de l'Industrie et du Commerce. Toujours
à la même étape, M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
Rapport annuel de la Commission des valeurs
mobilières du Québec
M. Fortier: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel pour l'année 1987-1988 de la Commission
des valeurs mobilières du Québec.
Le Président: Votre document est déposé. M.
le ministre des Affaires municipales et responsable de l'Habitation.
Rapport annuel de la Société
d'habitation du Québec
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la Société d'habitation du
Québec pour l'année 1987.
Le Président: Le document est déposé. M. le
ministre des Communications.
Rapports annuels du ministère des
Communications et de la Commission
d'accès à l'information
M. French: M. le Président, il me fait plaisir,
conformément aux lois et aux règlements pertinents, de
déposer le rapport annuel du ministère des Communications et de
la Commission d'accès à l'information pour l'année
1987-1988.
Le Président: M. le ministre, votre document est
déposé. M. le ministre des Approvisionnements et Services.
Rapport annuel de la Société
immobilière du Québec
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1987-1988 de la Société
immobilière du Québec.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre délégué à l'Administration et
président du Conseil du trésor.
Rapport annuel de la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances
M. Gobeil: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances pour l'exercice terminé le 31
décembre 1987.
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor, votre document est déposé. M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services
sociaux.
Rapport annuel de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec
M. Dutil: M. le Président, au nom de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, j'ai l'honneur de déposer le
rapport annuel 1987-1988 de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre délégué aux Mines.
Rapport annuel de SOQUEM
M. Savoie: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Société
québécoise d'exploration minière pour l'année
1987-1988.
Le Président: Document déposé. M. le leader
du gouvernement.
Rapport annuel du ministère du Tourisme
M. Gratton: M. le Président, si on me permettait, je
déposerais le rapport annuel 1987-1988 du ministère du
Tourisme.
Le Président: Document déposé.
M. Gratton: M. le Président, à une question
inscrite au feuilleton par Mme la députée de Marie-Victorin, Mme
la ministre déléguée à la Condition féminine
est prête à répondre.
Réponse à une question inscrite au
feuilleton
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je dépose la
réponse à une question inscrite au
feuilleton du 3 juin dernier par la députée de
Marie-Victorin.
Le Président: La réponse est maintenant
déposée. Est-ce qu'il y a d'autres dépôts de
rapports?
Rapports de commissions. M. le président de la commission de
l'aménagement et des équipements et député de
Bertrand.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 200
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. J'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements, qui a siégé le 16 juin 1988, afin de
procéder à la consultation des intéressés et
à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 200, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal. Le projet de loi a été adopté avec des
amendements.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 209
J'ai aussi l'honneur de déposer le rapport de la commission de
l'aménagement...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parent (Bertrand):... et des équipements, qui a
siégé le 16 juin 1988, afin de procéder à la
consultation des intéressés et à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
209, Loi concernant la ville de Métabetchouan. Le projet de loi a
été adopté avec un amendement.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 232
Finalement, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements, qui
a siégé le 16 juin 1988, afin de procéder à la
consultation des intéressés et à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
232, Loi concernant la ville de Bromont. Le projet de loi a été
adopté avec des amendements.
Le Président: Est-ce que ces trois rapports sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le président de la
commission des institutions et député de Taillon.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 212
M. Filion: Oui, M. le Président. Il s'agit du rapport de
la commission qui a siégé hier afin de procéder à
la consultation des intéressés et à l'étude
détallée du projet de loi d'Intérêt privé
212, Loi concernant la succession de M. Napoléon M. Lagueux. Ce projet
de loi a été adopté.
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le président de la
commission de l'économie et du travail et député de
Verchéres.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 213
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je dépose
le rapport de la commission qui a siégé hier soir afin de
procéder à la consultation des intéressés et
à l'étude détallée du projet de loi
d'intérêt privé 213, Loi concernant la fusion par
absorption entre la Coopérative forestière du Nord-Ouest et la
Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois. Le projet de loi a été
adopté.
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Une voix: Adopté.
Décisions du Bureau de l'Assemblée
nationale
Le Président: Adopté. J'aimerais déposer un
document que j'ai oublié, tout à l'heure. En vertu de l'article
109 de notre règlement, j'aimerais déposer trois décisions
du Bureau de l'Assemblée nationale.
Dépôt de pétitions, Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Assurer la qualité de l'éducation
à Rivière-du-Loup
Mme Dionne: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
plus 4500 pétitionnaires principalement de la circonscription
électorale de Rivière-du-Loup.
Les faits invoqués sont les suivants: "Le ministère de
l'Éducation du Québec préconise la qualité de
l'éducation pour nos enfants; le ministère de l'Éducation
du Québec publicise qu'iI faut améliorer la qualité de
l'éducation afin de valoriser l'école publique; le contact
maître-élèves est un facteur de succès dans
l'apprentissage et les classes nombreuses ne le facilitent pas; avec une
augmentation d'élèves, nous subissons une diminution
d'enseignants et d'enseignantes, ce qui nous apparaît anormal; nos jeunes
d'aujourd'hui sont notre relève de demain;
les coupures budgétaires ne doivent pas se faire au
détriment des élèves; la qualité de l'enseignement
est une priorité à la Commission scolaire de
Rivière-du-Loup."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que le
ministère de l'Éducation du Québec révise les
paramètres pour la Commission scolaire de Rivière-du-Loup, pour
l'année 1988-1989, afin d'en arriver à une qualité de
l'éducation préconisée par celui-ci et pour le
bien-être fondamental de nos enfants."
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement de cette
Assemblée pour le dépôt de cette pétition, M. le
leader de l'Opposition?
M. Gendron: Double consentement.
Le Président: Double consentement! Votre pétition
est maintenant déposée, Mme la députée. Est-ce
qu'il y a d'autres dépôts de pétition?
Ce matin, il n'y aura pas d'intervention portant sur une violation de
droit ou de privilège ou sur une question de fait personnel.
Avant de procéder à la période de questions,
j'avise immédiatement les membres de cette Assemblée que nous
devrons voter, après la période de questions, sur une motion de
censure présentée par M. le député de
Lac-Saint-Jean et également, procéder à la mise aux voix
de la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi 37.
Nous allons maintenant procéder à la période
régulière de questions et de réponses orales et je vais
reconnaître la première principale à M. le
député d'Ungava.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Contrats signés pour la vente de
l'énergie produite à la Baie James
M. Claveau: Merci, M. le Président. On se souviendra que
le 8 mars dernier, lors du discours d'ouverture, le premier ministre du
Québec, un trémolo dans la voix, nous parlait du moment le plus
pathétique de sa carrière et nous annonçait de nouvelles
constructions à la Baie James. Il disait, à ce moment-là,
et je le cite: Ces constructions "sont évidemment liées aux
contrats que nous avons signés pour quelque 2500 mégawatts,
depuis un an." À l'analyse, il apparaît qu'avec l'annonce qui
vient d'être faite cette semaine, concernant Central Maine Power, les
contrats effectivement liés, à ce jour, totalisent seulement 500
mégawatts.
D'autre part, le premier ministre a toujours affirmé que les
contrats devraient être signés avant d'entreprendre de nouveaux
développements. Et, à cet effet, je le référerai
à son propre volume, L'Énergie du Nord, en page 148, au
chapitre des risques financiers où le premier ministre écrivait:
"Les investisseurs hésiteront sûrement à prêter de
l'argent tant que l'on n'aura pas trouvé d'acheteurs sûrs pour
toute l'énergie produite par les installations." Ma question au premier
ministre du Québec, M. le Président: Est-ce que le premier
ministre peut nier qu'il n'a en poche, au moment où on se parle, qu'un
seul contrat de 200 mégawatts avec la Vermont Joint Owners et qu'avec le
deuxième contrat qui nous a été annoncé et qui sera
signé incessamment pour 300 mégawatts avec la Central Maine
Power, la totalité des contrats d'énergie signés au moment
où l'on se parle, pour justifier les travaux qu'il nous a
annoncés à la Baie James, ne se soldent qu'à 500
mégawatts? (10 h 30)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que j'ai
répondu à ce type de question à de très nombreuses
reprises et j'accueille avec une profonde joie, ce matin, une première
question principale, depuis très longtemps, du côté de
l'Opposition, d'autant plus qu'elle porte sur un projet tellement important
pour l'avenir économique du Québec.
M. le Président, nous avons toujours dit, dans toutes les
déclarations, et Hydro-Québec l'a dit également, que nous
avions conclu des ententes avec les différentes entreprises, ententes
sujettes à ratification. Il n'y a aucune espèce d'indication qui
nous permette de dire que cela ne sera pas ratifié, bien au contraire.
À l'occasion du voyage que je viens de faire au Rhode-Island, on a
constaté que les besoins étaient encore plus importants que
prévu. Il y a, dans le cas du Maine, ce qui n'existe pas dans le cas du
Vermont et de l'État de New York, la question des lignes de
transmission. Nous avons signé pour un montant où les lignes de
transmission n'étaient pas un facteur déterminant. Nous nous
sommes entendus pour construire les lignes de transmission, une ligne de
transmission qui va permettre d'exporter 2000 mégawatts, soit
au-delà du contrat, de l'entente de principe. Et, avec les besoins qui
s'annoncent, avec les fermetures des centrales nucléaires ou le fait,
par exemple, que l'ouverture de Seabrook a été retardée,
je crois, M. le Président, qu'il n'y a pas le moindre doute que nous
pourrons commencer ces travaux avec ces contrats et ces ententes de principe
qui seront ratifiés. Nous avons eu ces ententes. Elles seront
respectées par les parties impliquées.
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: M. le Président, puisque le premier ministre
refuse de se prononcer sur les chiffres, je vais me permettre d'être plus
précis sur les contrats. Le premier ministre peut-il nous dire si la
Vermont Joint Owners, qui a signé un
contrat ferme de 200 mégawatts, a fait connaître, au moment
où l'on se parle, ses intentions de se prévaloir de son option de
300 mégawatts qu'elle doit exercer avant le mois d'août 1988 selon
les termes mêmes du contrat?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je rencontre Mme Kunin
demain en fin d'après-midi, à Montréal. Mme Kunin veut me
rencontrer non seulement pour discuter des choses qui sont déjà
acquises, qui ont été confirmées, mais également de
la possibilité d'acheter encore davantage d'électricité du
Québec. M. le Président, je crois que le député
d'Ungava fait preuve d'un excès de pessimisme.
Une voix: Pas de question plantée.
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: Au-delà des belles paroles, M. le
Président, le premier ministre ne peut même pas nous dire si la
compagnie dont H est question a l'Intention de se prévaloir de l'option
qu'elle a déjà signée et qui se termine en août
1988. Est-ce que...
Le Président: Votre question.
M. Claveau: Je reprends ma question: Est-ce que la Vermont Joint
Owners a fait connaître ses intentions de se prévaloir de l'option
qu'elle a signée, mais qui tombe désuète à partir
d'août 1988 selon les termes mêmes du contrat?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je ne suis pas
informé des correspondances qui peuvent exister entre les compagnies
d'électricité et HydroQuébec, mais je dis au
député d'Ungava que, si la gouverneure de l'État du
Vermont est intéressée à me rencontrer pour
accroître encore les montants des exportations du Québec, je ne
vois pas pourquoi on n'accepterait pas l'option en cause. Un peu de logique de
la part du député d'Ungava, M. le Président.
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'y vous plaît!
M. Claveau: On constatera que c'est...
Le Président: Votre question additionnelle, s'il vous
plaît, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. On constatera que c'est
plutôt vague comme réponse alors qu'on parle de chiffres
fermes.
Le Président: Votre question. Des voix:
Question.
M. Claveau: En additionnelle, M. le Président, passons
donc aux contrats avec la Central Maine Power. Est-ce que le premier ministre
peut nous confirmer que si Central Maine Power, contrairement à ce qui
était entendu dans la lettre d'entente de février 1987, n'a
signé ou ne veut signer qu'un contrat de 300 mégawatts, c'est
parce qu'elle n'a toujours pas trouvé d'acheteur pour la
différence de 600 mégawatts car, selon les termes de la lettre
d'entente, la Central Maine Power ne va acheter la différence de 600
mégawatts que dans la mesure où elle servira
d'intermédiaire entre Hydro-Québec et un acheteur potentiel.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le ministre de l'Énergie a répondu
très clairement à la question du député d'Ungava
mercredi qu'il y avait, pour un montant du contrat, la question des lignes de
transmission.
Nous avions deux choix: ou attendre toutes les autorisations pour la
ligne de transmission ou signer immédiatement, ratifier
immédiatement, la partie qui pouvait être respectée pour
1992, parce que de l'électricité devait être fournie en
1992 et d'autre en 1995. Il me semble que le ministre de l'Énergie a
répondu à cette question-là avant-hier. Donc, on signe
immédiatement pour 1992, on obtient les lignes de transmission pour 1995
et on pourra peut-être en exporter encore davantage, étant
donné les besoins existants et le fait que la centrale de Seabrook n'a
pas encore fonctionné. Il y a de bonnes chances.
Vous disiez il y a quelque temps que c'était ridicule...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Bourassa: ...de penser qu'on pouvait exporter aux
États-Unis, et on a pu annoncer un projet avec toutes les ententes que
nous avons. C'est évident que vous souhaitez que cela ne fonctionne pas,
mais vous allez être profondément déçu. Et, M. le
Président, je peux assurer le député d'Ungava que le
Québec est mieux placé que jamais pour exporter ses surplus
d'électricité et pour consolider l'avenir du Québec dans
le domaine économique.
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: Au-delà des "peut-être", M. le
Président, est-ce que le premier ministre peut nier qu'à
l'article 8 de la lettre d'entente signée en février 1987 avec
Central Maine Power, on dit qu'aucune disposition de la présente lettre
d'entente ne se veut une obligation de par la loi pour les parties prenantes ni
ne saurait être interprétée comme telle? Alors,
malgré la lettre d'entente, où est la garantie que Central Maine
Power respectera son engagement par entente d'acheter les 900 mégawatts
prévus, alors que, déjà, on négocie à la
baisse la première tranche qui était prévue pour 400
mégawatts et que 300 sont signés.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le député se
contredit d'une question à l'autre. Je comprends que c'est un sujet un
peu nouveau pour lui, mais il reste quand même que, si l'État du
Maine accepte d'investir dans les lignes de transmission - on connaît les
problèmes que causent les lignes de transmission - et de se joindre
à Hydro-Québec pour investir dans des lignes de transmission pour
une capacité de 2000 mégawatts, alors que le contrat est pour une
capacité de 900 mégawatts, il y a 1100 mégawatts de plus
qui pourraient être exportés et l'État du Maine accepte
d'investir dans cela.
M. le Président, cela ne peut pas être plus évident.
Si le chef de l'Opposition veut finalement me poser une question, avoir le
courage de me poser une question, il est le bienvenu de me les poser au lieu de
conseiller l'un de ses députés. J'accueillerais avec beaucoup de
joie qu'il me pose enfin une question.
Une voix:...
M. Bourassa: Bon! Parfait!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Vous avez le choix, M. le
député d'Ungava. En additionnelle.
M. Claveau: M. le Président, le premier ministre pourra
sûrement nous expliquer pourquoi, en vertu de la lettre d'entente,
puisque ce n'est qu'une lettre d'entente avec Central Maine Power,
Hydro-Québec se sent-elle obligée de passer par un
intermédiaire pour aller vers de nouveaux marchés? Il est bien
précisé, dans la lettre d'entente, que la deuxième tranche
n'est pas pour les besoins de Central Maine Power mais pour les besoins
d'autres clients. Donc, elle ne fait que servir d'intermédiaire entre
HydroQuébec et des clients. Pourquoi Hydro-Québec doit-elle
passer par des intermédiaires pour vendre son électricité?
(10 h 40)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, c'est évident que
nous voulons satisfaire non seulement le marché du Maine, mais le
marché du Connecticut, du New Hampshire, du Massachusetts. Pour
l'information du député, il y a un ensemble d'États qui
font partie de la Nouvelle-Angleterre. La Nouvelle-Angleterre, ce n'est pas
seulement l'État du Maine. Il y a 6 000 000 de personnes au
Massachussetts, 3 500 000 personnes au Connecticut, 1 000 000 de personnes au
New Hampshire. Est-ce qu'on doit donner des leçons de géographie
élémentaire au député d'Ungava? On en est rendus
là, M. le Président?
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: Je comprends que le premier ministre ne sait pas quoi
répondre à ce pourquoi Hydro-Québec a besoin
d'intermédiaire.
Le Président: En additionnelle.
M. Claveau: En additionnelle, quelles sont les garanties fermes
que le premier ministre peut nous donner en cette Chambre ici, même,
aujourd'hui, que, dans le cas du contrat avec la New York Power Authority, la
NYPA va être obligée de respecter la lettre d'entente ou l'entente
de principe qu'elle a négociée, qui ne fait l'objet que d'une
entente de principe et qui, au moment où l'on se parle, n'est pas
appuyée par quelque signature que ce soit? Quelles sont les garanties
que les 1000 mégawatts pour lesquels le premier ministre nous a
assurés qu'il avait déjà signé vont être
respectés?
Le Président: M. le premier ministre
M. Bourassa: Je crois que le député d'Ungava
devrait savoir que la procédure habituelle a été suivie.
Vous avez vous-même signé quelques contrats sous forme d'entente
de principe et, par la suite, ratifié. Il me semble que c'est la
procédure habituelle. Dans l'État de New York, depuis qu'on a
signé l'entente de principe, on a décidé de fermer la
centrale nucléaire de Shore-ham, au-delà de 1000
mégawatts, ce qui augmente autant la demande interne de l'État de
New York.
Donc, M. le Président, je ne comprends pas du tout les questions,
ce matin, du député d'Ungava. Nous signons des ententes de
principe, nous les ratifions et il n'y a absolument rien... Non seulement la
situation est demeurée la même que celle de février dernier
ou au moment des ententes de principe, mais la position du Québec a
été renforcée par l'entente de principe sur le
libre-échange, par l'augmentation plus grande que prévue des
besoins d'électricité, par les fermetures de centrales
nucléaires. Alors, vous n'avez pas fini d'être déçu
avec le succès du Québec dans le domaine des exportations
d'électricité.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle ou en principale?
M. Chevrette: En additionnelle, M. le Président. Je
voudrais citer le premier ministre lui-même le 8 mars dernier. Vous
disiez ceci, M. le premier ministre: "Elles sont évidemment liées
aux contrats que nous avons signés pour quelque 2500 mégawatts. "
Donc, dans votre discours, vous parliez de la signature de contrats pour 2500
mégawatts. Disiez-vous la vérité à ce
moment-là ou si c'est vrai que vous avez seulement 500 mégawatts
de sûrs de signés comme contrats?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je me réjouis du fait que le chef de
l'Opposition fasse ce matin son mea culpa...
Le Président: À l'ordre! A l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa:... après avoir dit, la semaine
dernière, aux médias qu'il n'était pas question de poser
des questions au premier ministre d'ici au mois d'octobre. Non, mais j'ai le
droit de constater que le chef de l'Opposition a changé d'idée et
je m'en réjouis encore au nom de l'institution parlementaire. C'est
normal. C'est un devoir élémentaire de poser des questions au
chef du gouvernement. La population jugera des réponses. C'est un retour
à un état d'esprit qui est bienvenu. M. le Président, le
chef de l'Opposition aurait pu, toutefois, poser une question un peu plus
pertinente, étant donné qu'il ne m'a pas posé de question
depuis très longtemps. Tout le monde sait - cela a été
déclaré à de très nombreuses reprises, j'ai fait
des conférences de presse, je l'ai dit à l'Assemblée
nationale - que, comme dans n'importe quel contrat, on signe d'abord des
ententes de principe qui sont ratifiées par la suite. Il n'y a rien de
nouveau là-dedans.
Je dis au chef de l'Opposition que dans le contrat de New York, comme je
le disais tantôt au député d'Ungava, les faits plaident
constamment pour le Québec. Le gouverneur Cuomo était
présent pour la signature de l'entente de principe. Nous allons la
ratifier d'ici quelques semaines. Il y a des aspects légaux qui sont
toujours discutés par la suite, c'est inévitable. Cela se fait
dans tous les contrats. Je ne vois pas du tout, ce matin, la pertinence des
questions de l'Opposition sur une question comme celle-là. Je dis
à l'Opposition, comme je le disais tantôt, que nous serons
très fiers, dans quelques mois, d'entreprendre concrètement les
travaux de la phase II de la Baie James et j'inviterai cette fois-là
sans la moindre réserve, contrairement à ce qu'on a pu faire 1 y
a quelques années, le chef de l'Opposition à l'inauguration des
travaux de la phase II.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle. M. le chef de l'Opposition, en additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, je vais
répéter la question et je demanderais au premier ministre de se
rafraîchir la mémoire. A-t-il dit, en cette Chambre, oui ou non,
au cours du discours d'ouverture, qu'il avait signé des contrats, non
des ententes de principe, pour 2500 mégawatts, le 8 mars, dans le
Journal des débats. Comment peut-il avoir induit à la fois
cette Chambre et la population en erreur alors qu'au moment où il nous
parle il n'a qu'un contrat de 500 mégawatts de signé?
Le Président: M. le premier ministre. M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition n'est définitivement
pas sérieux. M. le Président, nous l'avons annoncé
ouvertement, franchement, constamment. Le ministre de l'Énergie et des
Ressources l'a dit. Pourquoi ce matin le chef de l'Opposition invoque-t-il ces
affirmations. C'est clair. Nous avons signé - les médias
d'information étaient présents, que ce soit à New York,
que ce soit à Montréal, que ce soit au mois de décembre
à Hydro-Québec, ou que ce soit le 6 janvier, ici, à
l'Assemblée nationale - tous les documents étaient publics. Je ne
vois pas pourquoi le chef de l'Opposition décide ce matin de
déformer les faits pour essayer de contredire le gouvernement.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en principale.
M. le whip de l'Opposition, en principale.
Soutien financier du fédéral à
la
promotion du bilinguisme dans
l'entreprise québécoise
M. Brassard: M. le Président, hier, le ministre de
l'Éducation a tenté de démontrer que le projet de loi C-72
ne comportait aucun danger d'intrusion du gouvernement fédéral
comme acteur linguistique au Québec. Il prétendait
évidemment que l'Opposition dramatisait sans raison sur ce dossier.
Pourtant, le premier ministre fédéral, dans une entrevue qu'il
accordait à la revue Langues et sociétés, qui est
la revue officielle du Commissariat aux langues officielles, nous indiquait,
d'une part, que le projet de loi C-72 s'appuyait sur la dualité
linguistique telle qu'on la retrouve dans l'entente du lac Meech et, d'autre
part, H affirmait ses intentions très fermes d'élargir le
rôle linguistique du gouvernement fédéral et d'intervenir
dans l'entreprise, dans le secteur privé.
Ma question au ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes est la suivante: Est-ce que le ministre,
à l'instar de son collègue de l'Education, considère
maintenant comme légitime l'intervention linguistique du
gouvernement fédéral à l'intérieur de
l'entreprise québécoise dans le but d'y soutenir
financièrement la promotion du bilinguisme, c'est-à-dire en
pratique au Québec, la promotion de l'anglais?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, si le
député de Lac-Saint-Jean veut se référer à
ce qu'a dit le ministre de l'Éducation hier, parce que le ministre de
l'Éducation a bien mentionné, en faisant une étude
particulièrement éloquente du projet de loi C-72 et, en
particulier, de l'article 42... Ce que le ministre de l'Éducation a dit
- il me reprendra si j'interprète mal ses paroles - c'est que ce que
nous avons dans l'article 42 peut très bien correspondre exclusivement
à ce qui est dévolu à la responsabilité du
gouvernement fédéral de par la constitution canadienne. De plus,
si les propos que le député de Lac-Saint-Jean prête au
premier ministre fédéral sont exacts, ces propos coïncident
aussi avec la compétence du gouvernement fédéral en
matière linguistique, c'est-à-dire ce qui regarde les
institutions du gouvernement fédéral et ce qui relève
aussi de la compétence du gouvernement fédéral dans les
principaux secteurs. Lorsqu'on parle de ces secteurs concernant par exemple le
domaine syndical, c'est un domaine syndical qui peut être directement
relié à la compétence du gouvernement
fédéral dans des domaines qui relèvent de sa juridiction.
On sait, M. le Président, et le député de Lac-Saint-Jean
le sait très bien, qu'il y a au gouvernement fédéral un
code du travail, qu'il y a...
Le Président: En conclusion.
M. Rémillard: ...des associations patronales qui peuvent
relever aussi des domaines de juridiction du gouvernement
fédéral. C'est en ce sens que nous interprétons l'article
42 en particulier et l'ensemble de ce projet C-72, comme les avis juridiques
que nous avons reçus le confirment.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle. (10 h 50)
M. Brassard: Le ministre peut-il m'indi-quer - il a l'article 42
sous les yeux - quelles dispositions de l'article 42 limitent l'intervention du
gouvernement fédéral aux entreprises exclusivement sous la
juridiction fédérale? Pouvez-vous m'indiquer... Vous l'avez,
indiquez-moi cela.
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il faudrait poser
cette question pour tous les projets de loi.
Nous vivons dans un régime fédéral où il y a
deux niveaux de gouvernement. Dans tous les projets de loi que le gouvernement
fédéral peut déposer, il y a possibilité de
légiférer dans un domaine qui n'est pas le sien et, à ce
moment-là, nous vivons dans une démocratie, nous vivons en
fonction du respect de la loi, du respect du partage des compétences
législatives en fonction de la loi première de ce pays qui est la
constitution et cela signifie que si le gouvernement fédéral
légifère dans un domaine de compétence qui ne lui
appartient pas, on s'adresse aux tribunaux et ceux-ci déclarent la loi
inconstitutionnelle.
M. le Président, dans l'article 42, ce que nous avons, c'est un
énoncé de politique et de capacité législative qui,
jusqu'à preuve du contraire, se limitent au domaine de compétence
fédérale. Si, par l'article 42, le Parlement canadien
légiférait, le gouvernement fédéral voulait
légiférer, relativement à un domaine de compétence
provinciale concernant la langue, je peux assurer cette Chambre que nous allons
rapidement prendre nos responsabilités et contester ce projet de loi
devant les tribunaux.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
Une voix: Bien, ils ne sont pas forts, ce matin, eux autres!
M. Brassard: M. le Président, comment le ministre peut-il
expliquer sa sérénité béate actuelle...
Une voix: C'est bien!
M. Brassard: ...et l'inquiétude qu'il a...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brassard: ...lui-même exprimée dans sa lettre au
secrétaire d'État relativement à certaines
incompatibilités entre les exigences du projet de loi et celles de notre
charte? Est-ce qu'on doit comprendre que les inquiétudes, qu'il
exprimait dans sa lettre au secrétaire d'État, sont maintenant
dissipées et que les incompatibilités qu'il voyait entre les
exigences du projet de loi C-72 et la Charte de la langue française sont
désormais disparues?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes. M. le
ministre.
M. Rémillard: M. le Président, dès le
dépôt de ce projet de loi, en juin 1987, nous avons
mentionné, à différents niveaux - le ministre de
l'Éducation en a fait part à son homologue, qui était,
à ce moment-là, secrétaire d'État, M.
Crombie - qu'on pouvait avoir certaines inquiétudes quant
à une éventuelle utilisation, par le gouvernement
fédéral, de certains passages de ce projet de loi. Mais tant que
cela ne se produit pas, il demeure que ce projet de loi est
constitutionnel.
Je peux vous assurer que nous allons faire en sorte que les droits du
Québec soient protégés dans ce domaine comme dans tous les
autres. Le 16 avril 1981, ce n'est pas nous qui avons abandonné le droit
de veto, nous, nous récupérons ce droit de veto. Ce n'est pas
nous qui avons signé un document pour faire que le Québec est une
province comme les autres, c'est vous qui l'avez fait. Nous, nous faisons en
sorte que le Québec soit reconnu comme une société
distincte.
Bien modestement, M. le Président, je veux rassurer cette...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Rémillard: ...Chambre que les droits du Québec
sont en bonnes mains avec le gouvernement présent du Québec.
Le Président: Je vais reconnaître une
troisième principale à M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, ma question va
concerner...
Le Président: M. le député de
Verchères.
Consultations sur l'impact de l'usage des pesticides
en forêt
M. Charbonneau: ...le virage écologique que le
gouvernement de cette société distincte a décidé de
prendre il y a quelque temps. Au début du mois, il y a eu une commission
parlementaire particulière sur l'usage des pesticides dans le milieu
forestier. On a constaté, avec un certain étonnement, que le
gouvernement a eu la candeur d'afficher publiquement un désaccord entre
le ministre délégué aux Forêts et le ministre de
l'Environnement.
À la suite de cette commission parlementaire, on n'a pas eu de
nouvelle. On ne sait pas s'il y a un groupe de travail qui va être
formé ou s'il y a une suite qui sera donnée d'une façon
quelconque. On ne sait pas si un comité de suivi a été mis
sur pied.
Ce matin, je veux demander au ministre délégué aux
Forêts quelle est sa position, à la suite de cette commission
parlementaire où on a entendu les représentants a la fois de
l'industrie...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ...et des milieux écologiques
concernés, et des spécialistes, quelle est sa position à
l'égard de l'utilisation des études d'impact et des audiences
publiques à l'égard de l'usage des pesticides dans le secteur
forestier?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, à la suite de la commission parlementaire sur une
politique d'utilisation des pesticides, qui est réellement importante,
j'aurai une rencontre ia semaine prochaine avec mon collègue, le
ministre de l'Environnement, et nous donnerons suite à cette commission
comme il se doit.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: En prévision de cette rencontre qu'il doit
avoir, est-ce que le ministre maintient toujours sa position selon laquelle les
études d'impact et les audiences publiques dans le secteur de l'usage
des pesticides en milieu forestier sont, à toutes fins utiles, des
exercices inutiles et futiles? Est-ce que c'est toujours sa position, celle
qu'il va défendre encore une fois, la semaine prochaine, devant son
collègue, le ministre de l'Environnement?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, dans cet exercice, nous recherchons une politique
d'utilisation qui sera efficace, sécuritaire et qui protégera, en
premier lieu, la santé des personnes et l'environnement. C'est ce
à quoi nous nous attarderons la semaine prochaine. Évidemment,
les études d'impact comme les audiences publiques sont
nécessaires dans certains cas, mais, dans d'autres cas, elles le sont
moins. Nous ferons en sorte d'assurer à la population que les pesticides
et les phytocides seront utilisés de façon adéquate, pour
le plus grand bien de la société.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: Constatant que le ministre a toujours ses
réserves sur les études d'impact et les audiences publiques, je
voudrais lui demander si, par ailleurs, il est toujours d'accord avec l'opinion
qui a été émise par plusieurs représentants lors de
cette commission parlementaire, à savoir qu'un des principaux
problèmes, actuellement, c'est le fait que son ministère ne
dispose pas d'un système de détection suffisamment adéquat
à l'égard des infestations d'insectes et des maladies dans le
domaine forestier? Est-ce qu'il est toujours d'accord avec ce diagnostic,
notamment celui qui a été posé par le doyen par
intérim de la Faculté de foresterie de l'Université
Laval?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président, je suis d'accord qu'on poursuive nos recherches dans le cas
de la détection des insectes, de façon à détecter
les foyers d'infes-tation le plus rapidement possible, et je suis aussi
d'accord pour utiliser les moyens que nous avons pour mettre fin à ces
foyers d'infestation, de façon à éviter des
épidémies. De cette façon, nous utiliserons moins de
pesticides en forêt. Les scientifiques qui sont venus à la
commission parlementaire ne sont pas tous d'accord dans leurs positions, et on
a eu des positions pas mal contradictoires en ce qui concerne l'utilisation de
ces produits.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: Puisque le ministre est conscient et est au moins
d'accord avec le diagnostic selon lequel l'usage des pesticides serait
réduit si on avait un système de détection qui
évitait d'en utiliser beaucoup parce que, dès le départ,
on aurait une intervention rapide, comment se fait-il que sur les 33 000 000 $
de crédits additionnels sur lesquels il a été
questionné à l'Assemblée nationale, il y a quelques jours,
il n'a consacré aucune somme pour mettre en place un système de
détection adéquat? Comment se fait-il que, pour ce qu'il
considère comme étant la priorité des priorités
pour réduire l'usage des pesticides et pour protéger le milieu
forestier, l'une des principales ressources naturelles qui appuie une des
principales industries du Québec, il n'a injecté aucune somme
dans les 33 000 000 $ de crédits supplémentaires qu'il a
reçus du ministre des Finances?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Verchères n'a pas compris
que le système de détection proposé par les scientifiques
n'est pas encore au point et qu'on n'a pas, aujourd'hui, à mettre plus
d'argent dans ce système, sauf dans la recherche et la mise au point du
système.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle.
M. Charbonneau: En additionnelle, est-ce que le ministre convient
que des spécialistes, dont le doyen de l'Universitié Laval dans
le secteur de la foresterie, lui a indiqué qu'en trois mois, au
Québec, compte tenu des ressources humaines et du potentiel scientifique
que nous avons, on serait capable de mettre en place un système
sophistiqué, à condition qu'il y ait une chose: la volonté
politique de le faire?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je ne crois pas que le doyen de la faculté ait
mentionné qu'en trois mois, on pouvait mettre au point un système
de détection a la grandeur du Québec pour détecter
très rapidement les foyers d'infestation des insectes pouvant causer des
épidémies. (11 heures)
Évidemment, on a parlé d'argent supplémentaire dans
la recherche. Et si on fait de la recherche, c'est, justement, pour mettre au
point ces systèmes-là, comme on l'a fait en ce qui concerne la
protection des forêts contre le feu. Aujourd'hui, on a un système
de détection qui est au point, mais ce n'est pas arrivé du jour
au lendemain, M. le Président.
Le Président: En quatrième principale, ce matin, je
vais reconnaître Mme la députée de Marie-Victorin. Mme la
députée.
Arrêt des négociations entre la FAS-CSN
et l'OSGE
Mme Vermette: Merci, M. le Président. À la fin de
mai, la ministre déléguée à la Condition
féminine nous annonçait, triomphante, que l'entente
présentée par la FAS-CSN sur la reconnaissance de
l'expérience et la formation des techniciens et techniciennes en
garderie était sur le point d'être conclue après un an de
négociations. Or, voilà, M. le Président, que depuis trois
jours, parents, travailleurs et travailleuses en garderie manifestent devant le
parlement. Pourquoi avoir annoncé prématurément
l'imminence d'une entente sur la formation, telle qu'exigée par l'Office
des services de garde à l'enfance? Et, pourquoi, Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine,
l'arrêt dans les négociations à l'heure actuelle?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, les gens qui
manifestent devant le parlement ne sont pas des gens de la CSN, mais des gens
du Regroupement de concertation qui demandent des budgets substantiels dans le
cadre de la nouvelle politique, budget, leur ai-je mentionné, que l'on
retrouvera dans la politique et qui s'appliquera au cours de l'année
1989-1990.
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, en additionnelle;
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Mais, Mme la ministre,
vous savez fort bien que vous êtes en négociations à
l'heure actuelle et que les négociations sont arrêtées.
Peut-on savoir pourquoi les négociations sont arrêtées
actuelle-
ment entre la FAS-CSN et l'Office des services de garde à
l'enfance?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois, M. le Président, faire
mention que le cadre de discussions et de négociations n'est pas un
cadre de discussions et de négociations comme on en retrouve dans la
fonction publique au niveau des secteurs, public et parapublic, parce que le
gouvernement n'est pas l'employeur de ces éducatrices et de ces
éducateurs. Les garderies sont les véritables employeurs. Nous
avons convenu de nous asseoir et de discuter avec la CSN de la formation, des
assurances collectives, de môme que des congés de
maternité. Tout va très bien au chapitre de la formation. Les
discussions se poursuivent. Nous avons déjà
démontré une bonne volonté en voulant protéger les
emplois même si le règlement s'appliquera en octobre prochain.
Nous avons convenu aussi de donner un délai suffisant pour pouvoir
permettre à ces éducatrices de se conformer à la nouvelle
réglementation de l'office qui est prévue, d'ailleurs, depuis
cinq ans. Quant à moi, les négociations vont très bien et
je n'ai pas d'autres commentaires à formuler ce matin, M. le
Président.
Le Président: Mme la députée de
Marie-vïctorin, en additionnelle.
Mme Vermette: Oui, M. le Président, selon les rumeurs des
gens concernés, H apparaîtrait que ce qui fait que les
négociations sont arrêtées... Parce que ce que vous venez
de répondre, vous l'avez annoncé au mois de mai et, de toute
façon, I n'y a rien de conclu à l'heure actuelle.
Le Président: À l'ordre!
Mme Vermette: Mme la ministre, est-ce que vous pourriez confirmer
la rumeur à savoir que, si les négociations retardent
actuellement, c'est que vous prétendez qu'il n'est pas nécessaire
d'arriver à une entente tant et aussi longtemps que votre politique ne
sera pas mise de l'avant?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la CSN a
signé une entente de principe avec les représentants de l'Office
des services de garde à l'enfance. Pour le moment, je m'en tiens
à cette signature et j'ose espérer qu'on respectera cette
signature.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Mme
la députée de Chicoutimi, en principale.
Budgets d'immobilisations scolaires
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le 9 juin dernier,
le ministre de l'Éducation, à une question touchant les budgets
dïmmoblisations scolaires, disait en cette Chambre être en
négociations intensives avec le Conseil du trésor. Est-ce que le
ministre peut nous dire s'I a obtenu les 85 000 000 $ qu'y a demandés
pour répondre aux besoins qui, selon ses termes, "sont urgents et
importants en matière d'immobiisa-tions"?
Une voix: Qui va répondre?
Mme Blackburn: M. le Président, ma question s'adressait au
ministre de l'Éducation. Est-ce qu'il a obtenu les 85 000 000 $
qu'il...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le ministre de l'Éducation et
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi semble tellement
méfiante à l'endroit des choses que j'affirme que j'aurais
préféré la référer au président du
Conseil du trésor.
Mme Blackburn: Les bonnes nouvelles, vous les laissez au
président du Conseil du trésor.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Ryan: On lui en laisse tellement de mauvaises. Quand il y en a
de bonnes, j'aimerais bien qu'a puisse en prendre la responsabilité.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Mme la députée de Chicoutimi,
en additionnelle.
Une voix: Est-ce qu'il va y avoir d'autres demandes?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre de l'Éducation, vous vouliez ajouter autre chose?
Une voix: Non, non.
Le Président: Non. Alors, Mme la députée de
Chicoutimi, en additionnelle.
Mme Blackburn: M. le Président, la question est claire.
Est-ce que le ministre a obtenu les 85 000 000 $ qu'il demandait pour cette
année? En même temps, est-ce que le président du Conseil du
trésor s'est engagé, tel que le suggérait le ministre,
à donner l'équivalent pour les deux prochaines années?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation et
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, les conversations que nous avons
eues à ce sujet à l'intérieur du gouvernement ont
été franches et constructives comme toujours...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...et elles ont produit d'excellents résultats
dont les détails seront communiqués au cours des prochains jours
et des prochaines semaines, selon les besoins et selon les régions.
Le Président: Mme la députée de Chicouti-mi,
en additionnelle.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne lui demande pas le
détail, parce que je sais qu'il va se réserver le plaisir de
l'annoncer. Je lui demande combien et, entre nous, s'il hésite tant
à le dire, s'il veut les révéler à
l'été alors qu'il n'y a personne c'est que les nouvelles ne sont
peut-être pas si bonnes.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation et
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, pour ne pas attiédir la
vigilance exemplaire de la députée de Chicoutimi, on lui laissera
le soin de faire l'addition une fois que les nouvelles particulières
auront été communiquées.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Question de règlement.
Le Président: Sur une question de règlement...
M. Gendron: Oui, question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Un instant. Non, non. À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le leader de l'Opposition, sur une question de
règlement.
M. Gendron: Oui, une très simple question de
règlement, M. le Président. S'il ne s'agit pas là d'un
mépris du Parlement...
Des voix: Oh! Oh!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gendron: Oui.
Une voix: Trop loin, ça.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
voudrais entendre la question de règlement de M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Ma question de règlement est très
simple. Il s'agit là d'un mépris évident du Parlement,
puisque le ministre de l'Éducation, lundi dernier, à la
même question, a dit: - Le président du Conseil du trésor
prendra une décision mardi. C'est une question d'intérêt
public et on a le droit, comme Opposition, non pas d'assister à
l'arrogance du ministre de l'Éducation ce matin, mais d'avoir une
réponse publique concernant un sujet d'actualité publique.
Conformément à sa parole, lundi, il a dit que le président
du Conseil du trésor rendrait une décision mardi
là-dessus. A-t-il rendu la décision, c'est ça, et combien?
Il ne peut pas nous renvoyer aux calendes grecques cet été,
durant le temps qu'il va être en pèlerinage.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur la
même question de règlement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix: À Lourdes!
Une voix: Fatima! Fatima pour les miracles!
Le Président: MM. les députés, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader du gouvernement, sur la même
question de règlement.
M. Gratton: Oui. M. le Président, l'intervention du leader
de l'Opposition n'était pas une question de règlement puisque le
seul règlement qui s'applique, c'est l'article 81 qui se lit comme suit:
"Aucun rappel au règlement ne peut être fondé sur l'opinion
que la réponse à une question posée à un ministre
est insatisfaisante." Donc, M. le Président, il n'y a pas de question de
règlement là-dedans.
Le Président: Je vais reconnaître, pour une question
additionnelle, Mme la députée de Chicoutimi. C'est assez clair.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: En additionnelle, M. le Président. Cette
question concerne toutes les commissions scolaires du Québec. C'est
d'intérêt public et c'est au nom de cet intérêt que
je demande au ministre", avant qu'on ajourne nos travaux, qu'il nous dise de
combien il dispose en 1988-1989 pour les immobilisations scolaires. C'est
simple.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation et
ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: Non. J'ai dit ce matin tout ce que j'avais à dire
sur cette question-là. Le reste de l'information sera communiqué
au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Le Président: M. le député de
Jonquière, en principale.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, qui n'en est peut-être pas une. Je vous
laisse juger, M. le Président. Je voudrais savoir si je dois comprendre
des propos de Mme la députée de Chicoutimi...
Des voix: Non, non, non.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix:...
Le Président: J'aimerais juger moi-même de la
question de règlement. M. le leader du gouvernement.
Des voix: On la sait. (11 h 10)
Le Président: Mais, moi, je ne la sais pas. M. le leader
du gouvernement.
M. Gratton: ...que le caucus des députés de
l'Opposition aurait décidé que nous ajournons nos travaux
aujourd'hui.
Le Président: Ce n'était pas une question de
règlement et vous aviez raison, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. le député de Jonquière, en principale.
À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
Les propos du ministre des Transports sur les
coroners
M. Dufour: M. le Président, il y a quelque temps, le
ministre des Transports du Québec, dans un geste inqualifiable, mettait
publiquement en doute le précieux travail qu'effectuent les coroners. La
virulence de ses propos frappait de plein fouet l'indépendance dont doit
jouir cette institution et pour laquelle le Solliciteur général,
du temps où il siégeait dans l'Opposition, s'est âprement
battu.
Le Solliciteur général, après avoir
écouté la cassette contenant les propos du ministre des
Transports, a référé le tout au contentieux du
ministère de la Justice. Le Solliciteur général peut-il
nous indiquer aujourd'hui où en est sa démarche et s'il entend
procéder contre le ministre des Transports pour outrage au tribunal?
Le Président: M. le Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, c'est vrai, ce qu'a dit le
député de Jonquière. J'ai demandé une étude
au contentieux du ministère de la Justice. J'attends encore le rapport
et, dès que j'aurai ce rapport, je prendrai les mesures qui
s'imposent.
Le Président: M. le député de
Jonquière, en additionnelle.
M. Dufour: Je voudrais savoir de la part du Solliciteur
général pendant combien de temps encore il se cachera
derrière les enquêtes qu'il décrète à tout
bout de champ.
Le Président: M. le Solliciteur général.
M. Marx: M. le Président, je ne me cache pas. Je suis ici
chaque jour. J'ai demandé une étude au ministère de la
Justice. On la recevra et on prendra les mesures nécessaires dans ce
dossier comme dans tout autre dossier.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
principale.
Invalidation des programmes de réadaptation de
la CSST
M. Gendron: Le 3 mai dernier, la Cour d'appel du Québec -
c'est la deuxième fois que je reviens là-dessus - invalidait les
programmes de réadaptation de la CSST. Je ne veux pas reprendre les
raisons sur lesquelles s'appuyait le tribunal, mais la conséquence est
dramatique pour les accidentés, le ministre du Travail devrait le
savoir, puisque la CSST cessera les paiements relatifs aux différents
programmes de réadaptation pour les accidentés du travail.
Le ministre du Travail a reçu un très grand nombre de
suggestions pour corriger...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gendron: ...cette difficulté qui sera faite aux
accidentés du travail. Ma question est la suivante: Est-ce que le
ministre a l'intention d'apporter un amendement législatif auquel nous
serions prêts à contribuer d'ici à la fin de >r
session?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et du Travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
remercie le député d'Abitibi-Ouest et leader de l'Opposition
officielle pour sa question. Il mentionne que cela fait deux fois qu'il revient
sur le sujet; de mémoire, c'est la troisième fois. Je ne peux que
lui répéter ou lui
résumer l'ensemble des réponses que je lui ai
apportées aux deux premières occasions, c'est-à-dire que,
sur le plan juridique, on n'a pas encore épuisé tous les recours.
Merci, M. le Président.
Le Président: Une dernière très courte, M.
le leader.
M. Gendron: Est-ce que le ministre du Travail ne convient pas que
l'amendement suggéré par une série de groupes concernant
l'article 570 permettrait de vous éclairer sur ce qu'il faut
juridiquement pour s'assurer que les indemnités continuent d'être
versées aux travailleurs accidentés?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et ministre du Travail, très
brièvement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le
député d'Abitibi-Ouest fait allusion à des
possibilités d'amendement qui ont été
suggérées par divers intervenants. En tant que ministre, j'ai
pris connaisssance de ces possibilités d'amendement. Nous tenons
à nous assurer qu'aucun accidenté du travail ne soit
pénalisé par la possibilité d'un vide juridique. Mais je
me dois de répéter au député d'Abitibi-Ouest, au
moins pour la troisième fois, que, dans ce dossier très
important, il apparaît nécessaire de fouiller davantage les autres
avenues juridiques qui s'imposent. Lorsque les décisions finales auront
été arrêtées, le gouvernement prendra les moyens
pour agir le plus rapidement possible, parce que la première
préoccupation du gouvernement est de s'assurer que les accidentés
du travail reçoivent leur chèque mensuellement. Merci, M. le
Président.
Le Président: Ceci met fin à la période
régulière de questions et de réponses orales.
Nous allons maintenant procéder aux deux votes, tel
qu'annoncé précédemment.
MM. les whips, est-ce que vous êtes prêts à
procéder au premier vote? M. le whip du gouvernement, êtes-vous
prêt? M. le whip de l'Opposition, êtes-vous prêt?
Mise aux voix de la motion de censure
Alors, Si vous me le permettez, nous allons maintenant procéder
au premier vote. Il s'agit de la mise aux voix de la motion
présentée par M. le député de Lac-Saint-Jean en
vertu de l'article 304 de notre règlement. Il s'agissait et il s'agit
toujours d'une motion de censure qui se lisait comme suit: "Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral de faire preuve de
mollesse et d'irresponsabilité en refusant de protéger
vigoureusement les compétences linguistiques du Québec
menacées par le projet de loi fédéral C-72 sur les langues
officielles. "
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Chevrette (Joliette), Gendron
(Abitibi-Ouest), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Charbonneau (Verchères),
Mme Juneau (Johnson), MM. Jolivet (Laviolette), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Filion (Taillon), Godin (Mercier), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM.
Paré (Shefford), Boulerice (Saint-Jacques), Claveau (Ungava), Dufour
(Jonquière), Parent (Bertrand), Mme Harel (Maisonneuve).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ladite
motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Saint-Laurent),
Gratton (Gatineau), Saintonge (Laprai-rie), Marx (D'Arcy McGee), Pagé
(Portneuf), Le-vesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), MM. Ryan
(Argenteuil), Bourbeau (Laporte), Paradis (Brome-Missisquoi), Séguin
(Montmorency), Côté (Rivière-du-Loup), Dutil (Beauce-Sud),
Mmes Gagnon-Tremblay (Saint-François), Robic (Bourassa), MM. MacDonald
(Robert Baldwin), Rémillard (Jean-Talon), Savoie (Abitibi-Est),
Vallerand (Crémazie), French (Westmount), Côté
(Charlesbourg), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond),
Gobeil (Verdun), Picotte (Maskinongé), Fortier (Outremont), Rocheleau
(Hull), Rivard (Rosemont), Mme Bégin (Belle-chasse), MM. Cusano (Viau),
Vaillancourt (Orford), Lefebvre (Frontenac), Mme Dougherty (Jacques-Cartier),
MM. Doyon (Louis-Hébert), Sirros (Laurier), Middlemiss (Pontiac),
Beaudin (Gaspé), Cannon (La Peltrie), Lemire (Saint-Maurice), Paradis
(Matapédia), Mme Pelchat (Va-chon), MM. Polak (Sainte-Anne), Baril
(Rouyn-Noranda - Témiscamingue), Bélanger (Laval-des-Rapides),
Bélisle (Mille-Îles), Thérien (Rousseau), Tremblay
(Iberville), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), MM. Gervais
(L'Assomption), Trudel (Bourget), Bradet (Charlevoix), Camden
(Lotbi-nière), Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
Gardner (Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'Islet), Gobé (Lafontaine),
Hamel (Sherbrooke), Laporte (Sainte-Marie), Dubois (Huntingdon), Hains
(Saint-Henri), Audet (Beauce-Nord), Leclerc (Taschereau), Hétu
(Labelle), Joly (Fabre), Khelfa (Richelieu), Lemieux (Vanier), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Mme Legault (Deux-Montagnes), MM.
Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Théorêt (Vimont), Saint-Roch (Drummond).
Le Secrétaire: Pour: 16
Contre: 76
Le Président: La motion est rejetée. Nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix, si vous me le
permettez... S'il vous plaît! S'il vous plaît! Si vous me le
permettez, nous allons
procéder à la mise aux voix de la deuxième
motion.
Mise aux voix de la motion proposant
l'adoption du principe du
projet de loi 37
II s'agit de la motion présentée par M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de ia Sécurité du revenu proposant que le
principe du projet de loi portant le no 37, Loi sur ia sécurité
du revenu, soit adopté.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...je pense que nous nous entendons pour enregistrer
le même vote, mais inversé.
Le Président: Alors, la motion présentée par
M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de ta Sécurité du revenu
est maintenant adoptée.
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! Avec le consentement de cette Assemblée, nous allons
procéder immédiatement aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je donne un premier
avis: à compter de maintenant jusqu'à 14 heures, à la
salle du Conseil législatif, la commission de l'économie et du
travail poursuivra son débat sur l'accord de libre-échange entre
le Canada et les États-Unis.
M. le Président, je suggère que nous suspendions quelques
minutes pour donner le temps aux membres de la commission de l'économie
et du travail de se rendre à la salle du Conseil législatif.
Le Vice-Président: Très bien. Nous allons donc
suspendre nos travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 23)
(Reprisée 11 h 25)
Le Vice-Président: Nous reprenons nos travaux. Nous en
sommes à la période des avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Pour compléter les avis, M. le
Président, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à minuit, à la
salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, et, si nécessaire, le lundi 20 juin
1988, de 10 heures à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20
heures à minuit, de même que le mardi 21 juin, de 10 heures
à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à
minuit, à la salle du Conseil législatif, la commission des
affaires sociales poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et d'autres dispositions législatives.
J'informe également l'Assemblée, M. le Président,
que les 23, 24, 25, 30 et 31 août, de même que le 1er septembre, la
commission de l'éducation poursuivra sa consultation
générale sur les projets de loi 106, Loi sur les élections
scolaires, et 107, Loi sur l'instruction publique.
Je vous informe également, M. le Président, qu'à
compter du 23 août 1988 la sous-commission des institutions commencera sa
consultation générale dans le cadre de l'étude de
lavant-projet de loi portant réforme au Code civil du Québec du
droit des obligations.
Le Vice-Président: J'ai moi-même un avis à
vous transmettre. Je vous avise que la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation se réunira en séance de
travail après les affaires courantes à la salle RC-161.
Nous allons maintenant passer aux motions sans préavis et je vais
reconnaître M. le ministre...
M. Gratton: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
Projet de loi 37
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Gratton: Avec le consentement de cette Assemblée,
compte tenu du vote que nous avons pris tantôt sur le projet de loi 37,
je crois qu'il serait de mise que je fasse motion pour le déférer
à la commission parlementaire de l'économie et du travail pour
étude détaillée.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Cette motion de renvoi est donc
adoptée.
Aux motions sans préavis, je vais reconnaître M. le
ministre délégué aux Affaires culturelles, responsable de
l'application de la Charte de la langue française.
M. Rivard: Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée pour souligner le millénaire de
la foi chrétienne en Ukraine.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? Consentement. Alors, allez-y, M. le
ministre.
Souligner le millénaire de la foi
chrétienne en Ukraine
M. Guy Rivard
M. Rivard: Merci, M. le Président. Partout dans le monde,
les Ukrainiens célèbrent cette année
l'événement le plus marquant de leur histoire: le
millénaire de l'adoption de la foi chrétienne par leurs
ancêtres. En effet, c'est en 988 que Volodymyr le Grand a adopté
le christianisme et a fait baptiser son peuple dans l'eau de la rivière
Dniepr. Cette conversion au christianisme a modifié le destin de
l'Ukraine et a joué un rôle déterminant dans le
développement de sa culture. En effet, le christianisme a apporté
avec lui l'éducation; les églises aussi bien que les
monastères en sont devenus les foyers.
Pour l'Église catholique et l'Église orthodoxe d'Ukraine,
la ville de Kiev est la principale source d'inspiration. Depuis longtemps, les
deux Églises se sont préparées à
célébrer le millénaire du christianisme ukrainien. Les
principales célébrations auront lieu cet été
à Rome, mais d'autres villes telles New York, Paris, Philadelphie,
Toronto et, bien sûr, Montréal accueilleront des milliers
d'Ukrainiens venus souligner cet événement.
Pour les Ukrainiens, le millénaire revêt une signification
toute particulière. La vie sociale, la vie culturelle et la vie
religieuse s'en trouvent transformées. Les Ukrainiens sont fiers d'avoir
reçu en héritage une culture qui a traversé les
siècles, une culture qui demeure solide et bien vivante et qui
s'étend maintenant dans d'autres régions du globe.
Au Québec, les premiers Ukrainiens sont arrivés au
début du siècle, puis à la fin de la Première
Guerre mondiale. Partout où ils se sont installés, ils ont
d'abord érigé une église autour de laquelle ils ont
organisé leur vie quotidienne en conformité avec celle de leurs
ancêtres. La plus récente arrivée massive d'Ukrainiens au
Québec, pour la plupart des professionnels et des intellectuels, s'est
produite entre 1948 et 1955. La communauté ukrainienne
québécoise compte présentement, selon diverses
estimations, entre 20 000 et 30 000 personnes, et 92 % d'entre elles habitent
111e de Montréal. C'est dans la circonscription électorale de
Rosemont, que j'ai l'honneur de représenter ici, à
l'Assemblée nationale, qu'on retrouve la plus forte concentration
d'Ukrainiens au Québec. Grâce à leur dynamisme, les
Ukrainiens du Québec ont su se donner des services propres à leur
culture dans tous les secteurs d'activité: économie,
santé, éducation et, notamment, des caisses populaires, et, plus
récemment, une résidence de 83 logements pour leurs
aînés.
Les Ukrainiens d'ici n'ont pas délaissé la dimension
religieuse de leur culture. La région de Montréal compte six
églises catholiques et trois églises orthodoxes. Dans Rosemont,
une église catholique a été érigée en 1957
dans la paroisse L'Assomption de la Sainte Vierge Marie, et, en 1960,
l'église Sainte-Sophie a été construite pour devenir, par
la suite, la cathédrale orthodoxe ukrainienne du Québec.
Présente dans plusieurs quartiers de Montréal, la
communauté ukrainienne est un enrichissement pour la métropole et
pour tout le Québec. Les Ukrainiens d'ici ont démontré une
volonté de s'intégrer à la société
québécoise et de contribuer à sa prospérité.
J'en donne pour exemple la remise, l'an passé, du prix des
Communautés culturelles à Mgr Léo Chayka, d'origine
ukrainienne. Mgr Chayka a fondé 37 organismes des communautés
culturelles et s'est particulièrement impliqué dans le Nord-Ouest
québécois.
C'est un honneur pour moi et c'est aussi avec joie et en présence
de représentants de la communauté ukrainienne
québécoise que je demande aux membres de cette Assemblée
de s'associer à cette communauté pour souligner unanimement la
célébration du millénaire de la foi chrétienne en
Ukraine. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Alors, je vais maintenant
reconnaître M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, c'est avec un immense
plaisir que l'Opposition officielle se joint à M. le ministre
délégué aux Affaires culturelles pour souligner le
millénaire du christianisme du peuple ukrainien. Les Ukrainiens
commémorent le baptême de l'année 988 où
l'État kiévien fut converti au christianisme par le prince
Volodymyr le Grand. Le baptême des habitants de Kiev, qui eut lieu au
mois d'août 988, est très significatif pour les Ukrainiens. Il est
à l'origine d'une nouvelle ère de développement spirituel
et culturel qui a pris pied dans la partie centrale de l'Ukraine actuelle. La
conversion au christianisme de l'État kiévien eut une grande
influence sur le développement ultérieur. Kiev renforça
ses liens avec Byzance et la Bulgarie. Les influences de ces pays se firent
jour dans les domaines de l'architecture, de l'art, de l'éducation.
En .996 s'acheva la construction de l'église de la D'ime. On
construisit à Kiev, sous Yaroslav Le Sage, la cathédrale
Sainte-Sophie avec ses célèbres fresques et mosaïques, de
nouvelles églises, des palais, des fortifications. Une école et
une bibliothèque furent fondées après Sainte-Sophie. Kiev
devint la ville la plus belle et la plus riche de l'Europe de l'Est.
L'évêque de Brème, Adam, appela Kiev le joyau de l'Orient
et la rivale de Constantinople.
Kiev noua aussi des liens étroits avec d'autres États
européens, ce dont témoignent, notamment, les mariages de la
dynastie kiévienne . avec les maisons royales et princières des
États
catholiques de l'Europe. Aux Xle et Xllle siècles, sur 73
mariages avec des étrangers, il y en eut 13 avec la cour orthodoxe de
Byzance contre 60 avec princes, princesses et rois catholiques.
Cette année, des milliers d'Ukrainiens qui ont dû
s'éloigner de leur patrie s'unissent à leurs soeurs et à
leurs frères pour célébrer cet événement
grandiose. Ici, la communauté ukrainienne, la dixième
communauté culturelle en importance au Québec, manifeste sa joie,
sa fierté d'appartenir au peuple ukrainien. Le peuple
québécois, qui connaît de mieux en mieux l'histoire de ce
peuple, célèbre également cette année le 80e
anniversaire de la proclamation de la République indépendante
d'Ukraine. Le peuple québécois se souviendra, je l'espère,
des malheurs qu'a subis le peuple ukrainien qui perdit au-delà de 1 500
000 de ses compatriotes au cours de la famine entre 1921 et 1923, et cette
autre famine plus atroce de 1932 à 1933, où de 5 000 000 à
7 000 000 de paysans ukrainiens moururent atrocement de faim.
Mais dans les années 1800 à 1805 - c'est là un
merveilleux héritage pour le peuple ukrainien - la littérature et
la pensée politique ukrainiennes connurent une renaissance. Des oeuvres
parurent dans une langue populaire et des essais historiques et politiques
prirent effectivement la défense des droits du peuple ukrainien, droits
auxquels le peuple ukrainien n'a jamais renoncé. Cette reconnaissance
fut sans doute l'oeuvre du grand poète national ukrainien Tarass
Chevtchenko.
M. le Président, c'est donc avec bonheur que nous nous joignons
à ces Québécois d'adoption qui, désormais,
contribuent à embellir et à enrichir le visage du Québec
pour célébrer avec eux le millénaire du christianisme de
leur peuple. Puisse cette année être un nouveau départ pour
le peuple ukrainien et puisse le Québec être une terre d'accueil
où s'épanouira la communauté ukrainienne.
M. le Président, vous me permettrez, en conclusion, d'ajouter
quelques mots en langue ukrainienne à l'intention de nos compatriotes.
(Le député s'exprime en ukrainien).
Merci.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que cette motion présentée par M. le
ministre délégué aux Affaires culturelles et ministre
responsable de l'application de la Charte de la langue française pour
souligner le millénaire ukrainien est adoptée?
M. Boulerice: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Il n'y a pas d'autre
motion sans préavis.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée, est-ce qu'il y
a quelques renseignements à ce moment-ci? Il n'y a pas de
renseignements. Cela met donc fin à la période des affaires
courantes.
Nous allons maintenant procéder aux affaires du jour. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, avec le consentement de
l'Opposition, dont je me suis assuré au préalable, je vous
prierais d'appeler le projet de loi 44 qui a été
déposé ce matin, qui apparaît à l'article c du
feuilleton, pour que nous puissions procéder tant à l'adoption du
principe, à l'étude détaillée qu'à
l'adoption du projet de loi.
Le Vice-Président: Alors, très bien, M. le leader
du gouvernement. À ce moment-ci, je voudrais simplement m
enquérir auprès des membres de l'Assemblée, pour arriver
à la motion d'adoption du principe du projet de loi et,
également, à la motion d'adoption du projet de loi, nous avons
besoin de plusieurs consentements pour déroger à certaines
règles de pratique et à certaines règles de notre
règlement. Donc, juste un instant.
M. Gratton: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...puis-je? Excusez-moi, M. le Président,
j'aurais dû m'assurer de la présence du leader de l'Opposition,
qui arrive à l'instant même. Alors, je répète ce que
je disais tantôt, soit que nous aurions le consentement pour appeler le
projet de loi 44 qui a été déposé ce matin et qui
apparaît à l'article c du feuilleton, au nom du président
du Conseil du trésor, et pour pouvoir procéder
immédiatement à l'adoption de chacune des étapes du projet
de loi.
Le Vice-Président: Donc, là-dessus, M. le leader de
l'Opposition, j'étais simplement à demander à
l'Assemblée si on peut d'ores et déjà confirmer qu'il y a
consentement à ce que le projet de loi - je vais m'enquérir du
numéro - 44 passe toutes les étapes de l'adoption du principe, du
rapport de la commission ainsi que la motion d'adoption. Tous les consentements
nécessaires pour que ce projet de loi soit adopté dès la
séance d'aujourd'hui sont évidemment agréés par
l'Assemblée, pour déroger à notre règlement.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Projet de loi 44 Adoption du principe
Le Vice-Président: Très bien. Le consentement
étant acquis, nous arrivons maintenant à la motion d'adoption du
principe du projet de loi 44. En conséquence, M. le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor propose maintenant la motion d'adoption du
principe du projet de loi 44, Loi concernant la prorogation de certaines
conventions collectives du secteur public. Je vais céder la parole
à M... Est-ce que vous avez une intervention, M. le président du
Conseil du trésor?
M. Gobeil: Rapide.
Le Vice-Président: Rapidement. Très bien, je vous
reconnais donc. Je vous cède la parole.
M. Paul Gobeil
M. Gobeil: Merci, M. le Président. Ce projet de loi 44 de
portée générale vise à éviter un double
maraudage pour les syndicats qui ont accepté ou qui accepteront la
prolongation d'une année de leur convention collective actuelle. Selon
qu'il s'agisse des secteurs public et parapublic ou des organismes
énumérés à la loi 37, les dates de maraudage sont
déjà différentes. Dans le cas des secteurs public et
parapublic, le maraudage survient entre le 270e et le 240e jour de la date
d'expiration de la convention collective, alors que, dans le cas des organismes
annexés à l'annexe C de la loi 37, la période de maraudage
survient entre le 90e et le 6e jour de l'expiration de la convention
collective.
Quant à la disposition du Code du travail qui prévoit
qu'un syndicat qui n'a pu conclure de convention collective dans les six mois
de l'expiration de sa convention collective et qui, de ce fait, devient
assujetti à un maraudage possible d'un autre syndicat, le projet de loi
n'apportera aucune modification à cette disposition. (11 h 40)
En pratique, M. le Président, pour tous les syndicats qui
prolongeront leur convention d'une année et qui ont déjà
vécu une période de maraudage, il n'y aura pas de nouvelle
période de maraudage avant la période prévue pour la
future convention collective. Quant à ceux qui n'ont pas encore
été assujettis à ce jour à une période de
maraudage dans le cadre de leur présente convention collective, la
période prévue ne sera pas modifiée malgré
l'extension d'une année de leur convention collective.
Le Vice-Président: Je vais maintenant reconnaître,
sur cette même motion, M. le leader de l'Opposition et
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, très rapidement.
Effectivement, le projet de loi 44 est un projet de loi concernant la
prorogation de certaines conventions collectives du secteur public mais, il ne
faut pas s'y méprendre, c'est une disposition pour permettre à
ceux qui ont fait, en tout cas, en ce qui me concerne, un mauvais choix - c'est
leur droit le plus strict -d'exercer librement le choix qu'ils ont fait par
rapport à l'offre du président du Conseil du trésor, de la
prolongation des échéances concernant un P-4 cette année,
comme c'est communément appelé dans le jargon,
c'est-à-dire une quatrième année de convention collective.
Il est important d'apporter ces modifications. Je ne veux pas aller dans les
détails, mais c'est important de dire qu'en ce qui nous concerne il n'y
a pas de privilège là pour personne, c'est-à-dire qu'il
n'y a pas abandon de droit pour personne.
Une convention collective qui, dans un premier temps, dure quatre ans,
dans la perspective qu'elle sera de deux ans, cela fait six ans au total, ou
deux séries, si vous me le permettez, de conventions collectives, trois
ans et trois ans, c'est les mêmes six ans. Il est exact, cependant,
compte tenu des délais qui étaient prescrits par le Code du
travail, qu'il fallait apporter cette modification pour ne pas donner
l'impression que certains groupes pourraient être autorisés
à effectuer une seconde période de maraudage qui n'aurait pas
été, d'après moi, équitable par rapport à la
loi qui prescrit qu'il y ait mauraudage quelques mois avant l'expiration de la
convention. Ce projet de loi, c'est pour permettre cet accommodement requis
afin que le libre choix des syndiqués qui ont choisi de donner suite
à l'offre du président du Conseil du trésor s'exerce dans
des conditions normales.
C'est pourquoi, M. le Président, l'Opposition va donner son
consentement - c'est la seule intervention que je vais faire - pour s'assurer
qu'au moins les gens comprennent le principe, comprennent qu'il ne s'agissait
pas là d'une exception extraordinaire, mais qu'il était
nécessaire d'apporter cette modification pour s'assurer qu'il n'y ait
pas de gain de privilège pour une catégorie qui aurait fait un
choix différent de celui des autres. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Le débat étant clos,
est-ce que cette motion d'adoption du principe du projet de loi 44, Loi
concernant la prorogation de certaines conventions collectives du secteur
public, est adoptée?
M. Gendron: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Je comprends, M. le
leader du gouvernement, que nous allons maintenant faire les
écritures.
M. Gratton: S'il vous plaît.
Commission plénière
Le Vice-Président: Est-ce que la motion pour
déférer le projet de loi en commission plénière est
adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Est-ce que le projet de
loi est adopté en commission plénière?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Est-ce que le rapport de
la commission piénière est adopté?
M. Gendron: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté. Adoption
Nous arrivons maintenant à la motion d'adoption du projet de loi.
Est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 44 est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, tout en remerciant le leader
de l'Opposition de sa collaboration, je vous prierais d'appeler l'article 17 du
feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 17 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 17 du feuilleton, M.
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche propose la motion
d'adoption du projet de loi 17, Loi modifiant la Loi sur la
sécurité dans les sports. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Gendron: Non, M. le Président.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'intervention. Est-ce que
cette motion d'adoption du projet de loi 17 est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: L'article 13, M. le Président.
Projet de loi 1 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 13 du
feuilleton...
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président:... M. le ministre des Transports
propose maintenant la motion d'adoption du projet de loi 1, Loi sur la
publicité le long des routes. Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gendron: Un instant.
Le Vice-Président: Oui. Nous allons attendre quelques
instants.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je pense que nous devrions
reculer un peu, ne pas considérer le projet de loi 1 adopté, et
revenir plutôt à l'article 13.
Le Vice-Président: En conséquence, pour les fins
des écritures, nous allons simplement considérer que la motion
d'adoption n'est pas adoptée. Nous revenons à l'étude de
la motion d'adoption présentée par M. le ministre des Transports
et je vais reconnaître comme intervenant M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, comme le projet de loi 6
n'était pas indiqué ce matin sur la liste des projets de loi, je
suis retourné le chercher à mon bureau. J'ai remarqué
qu'on avait, encore une fois, commencé à procéder en mon
absence pendant que j'étais allé chercher le projet de loi 6,
puisque le ministre des Finances est présent et qu'il a l'intention de
parler sur ce projet. Mais, avant, le projet de loi 1.
J'ai eu ce matin l'occasion de me rendre dans le comté de
Charlevoix de bonne heure, à l'aube - certains disent à la barre
du jour -pour rencontrer les gens du poste de radio communautaire pour faire le
point sur la situation du comté de Charlevoix. Les gens m'ont
posé un certain nombre de questions et je me suis rendu compte, encore
une fois, que la publicité peut être bien
réglementée le long des routes. Elle ne doit pas être un
catalogue, mais elle doit être mieux organisée de sorte que les
gens qui voyagent voient les affiches nécessaires le long des routes. La
route ne peut pas être un catalogue avec toutes sortes de promotions ou
de panneaux qui sont là essentiellement pour l'automobiliste qui passe
et non pas pour ceux du village ou de la municipalité. Les panneaux sont
placés de telle façon que ce sont les automobilistes qui les
regardent. Comment est-ce possible pour les automobilistes de conduire leur
automobile, de faire attention aux accidents et, en même temps, de
regarder le déroulement d'une multitude de panneaux le long des routes,
ce qui n'est pas nécessairement le plus sécuritaire? Au
contraire, la multiplication des panneaux est une entrave sûrement
importante à la sécurité.
J'ai demandé au ministre en commission parlementaire si la
Régie de l'assurance automobile du Québec, qui a maintenant
l'inventaire total de tous les accidents au Québec depuis sa
création il y a déjà une dizaine d'années, avait
fait des corrélations statistiques entre les accidents et certains
endroits sur les routes. Je sais le ministre nous l'a indiqué l'an
dernier - qu'à cause des trous noirs à certains endroits de la
route il y a des tournants qui sont disposés de telle façon que
celui qui les prend perd la route de vue à un moment donné. On
s'est rendu compte que, dans le tournant des routes où il y a des trous
noirs, il y a un plus grand nombre d'accidents et que ce nombre augmente parce
que les gens, à cause de la configuration des lieux... Quand on a fait
la route, on n'a pas prévu ce trou noir, les automobilistes ne voient
plus la route à un moment donné et, s'ils ont un moment
d'inattention à ce moment-là, ils se retrouvent dans le champ ou
dans le fossé au lieu de poursuivre leur route. (11 h 50)
Dans le cas de la publicité, c'est un peu la même chose. On
peut se retrouver avec beaucoup trop d'affiches le long des routes qui attirent
l'attention des automobilistes qui, lorsqu'ils les regardent, ne peuvent
véritablement regarder ailleurs. J'ai mentionné hier, concernant
la publicité le long des routes, qu'il faudrait en arriver à
déterminer des formes standardisées de publicité le long
des routes pour que les gens qui regardent, par exemple, les affiches
touristiques ou, encore, qui annoncent des hôtels - on le fait dans
à peu près tous les pays du monde, on permet un certain affichage
pour les gens sur la route qui cherchent un hôtel parce que, par
définition, les gens qui prennent la route sont des voyageurs -
puissent, uniquement par la configuration des panneaux, par la couleur des
panneaux, ceux qui cherchent des hôtels, regarder les panneaux qui les
intéressent sans être obligés de regarder une multitude de
panneaux pour voir s'il s'agit d'une annonce d'hôtel. À ce moment,
les gens ne seront pas obligés de regarder tous les panneaux le long de
la route pour avoir des indications d'hôtel, de lieu de restauration ou,
encore, de lieu où ils doivent s'arrêter pour différentes
fins particulières qui vont avec les voyages le long des routes.
M. le Président, lors des discussions en commission
parlementaire, on nous a dit qu'il y avait 7000 panneaux illégaux. Il
m'a paru que 7000 panneaux illégaux, cela n'était pas beaucoup.
Comme le ministère des Transports administre 60 000 kilomètres de
route, 7000 panneaux, cela veut dire à peu près un panneau
à tous les huit kilomètres et demi, neuf kilomètres. Quand
on considère la multitude des panneaux qui existent, cela ne
m'apparaît pas réaliste. J'ai l'impression que l'impact
réel de la Loi sur la publicité le long des routes est beaucoup
plus important que ce qu'on a envisagé administrativement.
Deuxièmement, je pense que le projet de loi couvre seulement une
partie des besoins puisqu'à l'article 2 on dit que la présente
loi ne s'applique pas dans le territoire d'une communauté urbaine ou
régionale, d'une municipalité régie par la Loi sur les
cités et villes ou d'une réserve indienne. Si on s'imagine un
instant qu'on part de la frontière de l'Ontario, qu'on s'en vient vers
Québec en suivant, par exemple, la route 20, pour prendre une route que
les gens connaissent bien, on se rendra compte qu'on passe à travers un
grand nombre de villes qui ne sont pas assujetties à la loi. Tous les
trajets qui traversent la Communauté urbaine de Montréal ne sont
pas assujettis à la loi. Tous les trajets qui vont traverser des villes,
comme à Beloeil, à Saint-Hyacinthe, à Drummondville, ne
seront pas couverts par la loi parce qu'ils tombent dans le cadre de la
communauté urbaine.
Par exemple, quand on arrivera dans la région de Québec,
encore là, un grand nombre de municipalités ne sont pas couvertes
parce qu'il s'agit de villes. Essentiellement, M. le Président, celles
qui sont couvertes, ce sont les municipalités rurales, les
municipalités de village alors que les communautés urbaines, les
communautés régionales ou, encore, les cités et villes
sont complètement exemptées.
M. le Président, je pense qu'il y aurait eu lieu de penser
à une réglementation plus uniforme pour l'ensemble du
Québec avec le ministère des Transports et les
municipalités urbaines, avec les communautés régionales et
qu'il aurait été souhaitable de faire en sorte que l'on se
retrouve avec une réglementation qui aurait été identique
dans tout le Québec pour faire en sorte qu'on ait véritablement
une réglementation identique pour des fins de sécurité
routière.
Je pense que, dans un cas de sécurité routière,
c'est la sécurité routière qui doit primer, qui doit
être dominante et qu'à travers différentes juridictions
conflictuelles on doit privilégier la sécurité
routière parce qu'il s'agit de milliers de blessés, d'un grand
nombre de morts chaque année sur nos routes. Une des raisons, c'est
justement l'absence d'attention momentanée qui peut durer quelques
secondes. On peut présumer que les panneaux ont joué un
rôle.
Par exemple, il est malheureux que la Régie de l'assurance
automobile du Québec n'ait pas de statistiques concernant ces questions;
elle a des statistiques concernant les trous noirs, mais elle n'a pas de
statistiques concernant la publicité, une mauvaise publicité ou
une surabondance de publicité.
Hier, le député de Rousseau nous disait qu'un exemple
extraordinaire, c'était les Laurentides, le nord de Montréal. Je
vous ferai remarquer que les téléphones que j'ai eus concernaient
justement ce territoire et disaient que le projet de loi arrivait quasiment
trop tard, que les dommages faits étaient tellement grands qu'il ne
serait pas facile de rétablir une situation équi-
librée dans un territoire où cela avait été
le laisser-aller généralisé du point de vue de la
publicité le long des routes.
Vous savez, à un moment donné - et d'ailleurs on peut le
faire comprendre à ceux qui s'occupent de publicité le long des
routes - trop de publicité, c'est comme s'il n'y en avait pas. A un
moment donné, il y a une avalanche de panneaux de sorte que même
un automobiliste qui va à dix milles à l'heure n'aura pas le
temps de tous les voir. Un surplus de panneaux fait qu'il y a tellement de
publicité à certains endroits que c'est à peu près
comme s'il n'y avait aucune publicité parce qu'il n'y a pas un
automobiliste qui a l'oeil assez rapide pour lire tous ces panneaux.
Il n'y a pas beaucoup d'automobilistes qui arrêtent le long de la
route pour se donner la peine de lire tous les panneaux à certains
endroits où ils sont en nombre considérable. On a
déjà vu, par exemple, dans certains films, des
démonstrations de publicité qui étaient
épouvantables - et là-dessus je serais d'accord avec le
député de Rousseau - qui équivalaient à une
pollution visuelle surtout dans des endroits qui habituellement sont
très beaux. Des restrictions concernant une certaine publicité le
long des routes vont être bienfaisantes. C'est pourquoi le Parti
québécois a voté pour le principe de la loi, malgré
les lacunes. Les deux ou trois principales lacunes que nous avons
trouvées dans le projet de loi, c'est qu'on ne couvre pas l'ensemble du
territoire québécois, mais seulement les routes couvertes par le
ministère des Transports; deuxièmement, l'objectif est bon, mais
les moyens utilisés pour le réaliser ne sont pas parfaits.
Pourquoi? Parce que parmi les moyens utilisés pour
réaliser l'objectif, le système de permis envisagé est
vraiment de l'artillerie lourde, une armada, si on veut, réglementaire.
J'ai dit au ministre en commission parlementaire que j'étais
étonné; il y a eu des comités de bénévoles,
des comités qui ont parié de déréglementation, le
gouvernement a mis sur pied des comités formés de banquiers
surtout, de gens de fortune qui l'ont conseillé sur certaines choses et
où on a dit qu'il fallait déréglementer. Par exemple, on a
dit qu'il fallait déréglementer le Comité de surveillance
des étalons qui coûtait 2000 $ par année. Imaginez-vous!
Là on se rend compte que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation s'est embarqué dans Blue Bonnets et
est en train d'organiser un fiasco dont l'évaluation peut être de
30 000 000 $, 40 000 000 $, 50 000 000 $. En tout cas, les chiffres sont
considérables. Vous comprenez que le comité de
bénévoles aurait dû analyser cette question beaucoup plus
que celle du Comité de surveillance des étalons, qui coûte
2000 $ par année.
M. le Président, le comité des bénévoles, ou
le comité sur la déréglementation formé par le
gouvernement peu de temps après qu'il est arrivé au pouvoir,
semble avoir été plus préoc- cupé du passé
que de l'avenir. En termes d'avenir, il ne semble pas avoir donné au
gouvernement toutes les directives pour ne pas répéter ce qu'ils
appelaient les erreurs du passé. Concernant la
déréglementation, entre autres, on se rend compte que le
gouvernement, qui était bien bon pour juger les réglementations
passées, ne semble pas avoir le même jugement pour les
réglementations que lui-même établit. Maintenant, avec le
projet de loi que nous avons sous les yeux, on se rend compte que chaque
panneau devra avoir un permis et que chaque panneau devra avoir son
immatriculation, comme une automobile.
Sur chaque automobile, cela prend une immatriculation. Pour les
panneaux, cela va prendre une immatriculation apposée sur le panneau. Le
gouvernement pourra ensuite faire inspecter les panneaux par un inspecteur
accompagné d'un arpenteur. C'est le gros kit entre vous et moi,
là. Je vous le lis parce que les gens ne pourraient pas me croire. (12
heures)
On dit: Inspection, à l'article 20: "Une personne que le ministre
autorise par écrit peut, à toute heure raisonnable - pas de nuit,
semble-t-il, une heure raisonnable, ce doit être le jour -
pénétrer sur une propriété privée pour y
inspecter une publicité, notamment son support, son bâti et son
éclairage. Elle peut se faire accompagner d'un arpenteur. Elle doit, sur
demande, s'identifier et exhiber un certificat attestant sa qualité."
C'est-à-dire que le propriétaire des lieux qui voit arriver deux
personnes sur son terrain pourrait leur demander: Qu'est-ce que vous venez
faire là? Elles devront montrer leur permis signé par le ministre
pour venir sur les lieux. L'inspecteur et l'arpenteur pourront venir voir le
panneau, l'examiner pour voir si le certificat d'immatriculation y aura
été apposé et calculer les distances du panneau par
rapport au bord de la route. Vous voyez, M. le Président, que c'est le
gros système. Ce n'est pas le système léger, c'est le gros
système. On prévoit, en plus, qu'il "est interdit de nuire au
travail d'un inspecteur ou de l'arpenteur qui l'accompagne dans l'exercice de
leurs fonctions". Le propriétaire des lieux ne pourra pas nuire au
travail d'un inspecteur et de l'arpenteur qui iront tous les deux voir le
panneau, le mesurer, l'inspecter, regarder si la plaque d'immatriculation y est
bien apposée et calculer les distances.
M. le Président, c'est évident qu'on se retrouve devant ce
qu'on appelle un gros kit. Remarquez bien que, lorsqu'on parie
d'éclairage, par exemple, il est très important de faire en sorte
que ce ne soit pas un éclairage qui n'a pas de sens et qu'on ne se
retrouve pas avec un éclairage qui aveugle les automobilistes sur la
route, qui éclaire autant les automobilistes que les panneaux, ou encore
qu'on voie des "spots" ici et là, des lumières très fortes
ici et là sur la route qui, parfois, peuvent créer une illusion
que la route s'en va à tel endroit, les gens prenant
ces lumières pour des véhicules qui voyagent en sens
inverse, alors qu'il s'agit plutôt simplement de grosses lumières
qui éclairent les panneaux. Cela peut induire l'automobiliste en erreur
et lui faire croire que la route s'en va dans telle direction alors qu'elle
s'en va dans telle autre.
Il y a aussi - j'en ai dit un mot hier - la réglementation: "Le
gouvernement peut par règlement: 1° établir des normes de
construction, d'installation et d'entretien des publicités, notamment de
leur support et de leur bâti; 2° prescrire, aux endroits qu'il
détermine, des normes particulières concernant l'aspect
architectural et le design des publicités; 3° prescrire les
conditions et formalités pour l'obtention et le renouvellement d'un
permis et fixer les droits annuels exigibles de son titulaire; 4°
établir la forme et la teneur du permis et de la plaque d'identification
à apposer sur un bâti; 5° établir, selon la distance
entre une publicité et une route, une halte routière ou un
belvédère, les dimensions maximum des publicités; 6°
déterminer parmi les dispositions des règlements pris en vertu du
présent article, celles dont la contravention est punissable en vertu de
la présente loi."
Vous voyez qu'il y a un pouvoir réglementaire considérable
c'est pourquoi nous avons demandé au ministre de voir les
règlements, mais nous n'avons pu voir aucun règlement, parce
qu'il semble qu'ils ne soient pas prêts à l'heure actuelle. On a
parlé d'un permis qui pourrait coûter 75 $ pour deux ans pour
avoir un panneau le long des routes et le ministre nous a dit que, selon
l'évaluation qui avait été faite au ministère,
l'administration de cette loi coûterait 150 000 $ par année pour
le service d'inspection, les permis, etc., concernant les panneaux.
J'ai dit au ministre que je trouvais ce montant peu réaliste: 150
000 $ pour surveiller les panneaux, donner des permis pour tous les panneaux du
Québec sur un territoire considérable comportant 60 000
kilomètres de routes; si on pense faire cela avec six fonctionnaires
à 25 000 $ par année, on s'illusionne. Pour donner les permis,
pour traiter la paperasserie, pour aller inspecter des panneaux, inspecteurs et
arpenteurs ensemble, moi, je dis que cela va coûter beaucoup plus que 150
000 $ par année. Comme le gouvernement souhaite autofinancer cette
réglementation, il est évident qu'à ce moment-là il
faudra dépenser plus d'argent pour que la loi puisse être
appliquée. Pour administrer une loi aussi importante et qui touche
autant de gens, autant de permis, cela va coûter beaucoup plus que 150
000 $ par année et, éventuellement, le prix des permis, si le
gouvernement maintient le principe de l'autofinancement, devra augmenter et
être de plus en plus élevé.
Il me semble qu'on aurait pu choisir un autre système, un
système qui aurait été plus simple d'administration et qui
aurait coûté moins cher d'administration. Parfois, quand on
regarde l'administration des choses, on se rend compte qu'il y a
différentes façons d'atteindre un objectif. Si, demain matin, je
décide d'aller à Montréal, l'objectif, c'est d'aller
à Montréal, mais il y a différentes façons d'y
aller. On peut y aller en automobile, en train, en autobus, en bicyclette, en
moto, sur le pouce, à cheval, en avion, en bateau, en voilier; il y a
différentes façons. Selon l'objectif recherché, on peut
prendre la façon qui va être la moins dispendieuse, qui va
coûter moins cher, où il n'y aura pas de risques ou qui va
être moins fatigante que de conduire soi-même son automobile,
etc.
Dans le choix d'un système pour administrer une
réglementation et une loi concernant les panneaux publicitaires le long
des routes, il y a, encore là, différents moyens qu'on peut
choisir, à condition de faire l'inventaire des moyens possibles pour
atteindre cet objectif. J'ai observé, par exemple, il y a quelques
années, lorsque je suis allé à une conférence
fédérale-provinciale à
l'île-du-Prince-Édouard, que le système de publicité
des maisons qui offraient gîte et petit déjeuner ou qui offraient
gîte et repas était vraiment pensé en fonction de leurs
besoins. Je n'avais jamais vu avant, dans aucun autre endroit, un
système qui démontrait autant toutes les possibilités
qu'il y avait sur I He. Les gens y avaient pensé; ils avaient
établi un système en fonction du tourisme qui va sur
l'île-du-Prince-Édouard. Ils avaient réussi à faire
quelque chose pour mettre en valeur et montrer ce qu'il y a.
Remarquez qu'au Québec on a été une des
dernières provinces à avoir des services d'accueil aux
frontières. Des provinces, qu'on pense moins avancées que nous,
parfois dans des domaines qui sont assez simples, avaient déjà,
depuis longtemps, ces services d'accueil. Qu'on aille à
l'île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick ou en
Nouvelle-Ecosse, à l'arrivée dans la province, il y a toujours
une maison d'accueil où les gens qui vont visiter peuvent trouver des
brochures publicitaires; ils peuvent même avoir un système de
réservation de chambres d'hôtel pour que les touristes puissent
avoir la vie plus agréable et, en même temps,
bénéficier des avantages touristiques qu'il y a sur ce
territoire.
Au Québec, c'est le Parti québécois qui,
finalement, a bâti ces services accueils parce qu'il n'y en avait pas.
Les gens devaient se déniaiser, y aller au pif, faire ce qu'ils
pouvaient parce qu'on n'avait pas pensé à cela, alors qu'on pense
que tout le monde va venir nous voir parce qu'on est différent. D'abord,
il faut que les gens sachent où aller, qu'on leur indique ce qu'il y a
à voir. À Québec, il n'y a pas que le Château
Frontenac. À Montréal, il y a plusieurs activités, mais
surtout, dans plusieurs de nos municipalités... Ce matin, j'étais
dans Charlevoix et je leur indiquais, par exemple, qu'il serait bon d'avoir un
panneau en entrant dans Charlevoix, indiquant de syntoniser le nouveau poste de
radio qui existe depuis un an, la radio communautaire. Un panneau indiquerait
aux automobilistes, quand
its arrivent dans Charlevoix, en haut de la côte à
Beaupré, de syntoniser le poste de Charlevoix qui pourrait, dans
certaines émissions, expliquer tout ce qu'on peut faire dans Charlevoix,
toutes les beautés naturelles qu'il y a à voir. Pourquoi? Ces
panneaux sont nécessaires. Il ne s'agit pas d'interdire les panneaux,
mais de faire en sorte que ce ne soit pas un catalogue inutile.
Je pense bien que quelqu'un qui veut acheter de la bière ou des
cigarettes n'a pas besoin de panneaux le long des routes; je pense même
que c'est le contraire, on ne devrait pas avoir de panneau annonçant la
bière le long des routes pour inciter les gens à prendre un coup,
alors qu'ils sont en automobile. On ne devrait pas inciter, par exemple, les
gens à boire du scotch ou différentes boissons alors qu'ils s'en
vont en automobile, car peut-être ils n'y ont pas pensé. Pourquoi
avoir des panneaux, le long des routes, qui font penser aux automobilistes
qu'ils pourraient arrêter pour prendre un verre? Je pense que c'est
inutile. Dans une publicité le long des routes, on devrait trouver
surtout des panneaux publicitaires qui jouent un rôle pour
l'automobiliste, qui lui sont utiles et non pas avoir des panneaux inutiles.
(12 h 10)
C'est pourquoi je pense que la réglementation, en même
temps qu'elle impose un contrôle et une administration bureaucratique qui
m'appa-raît abusive, par ailleurs, est très libertaire. Elle va
même permettre le libertinage publicitaire le long des routes. Il
m'apparaît que ce n'est pas utile d'avoir toutes sortes d'annonces le
long des routes parce que la route, ce n'est pas un placard publicitaire. On
devrait y trouver essentiellement des renseignements qui seront utiles à
l'automobiliste bien plus que de la publicité; des renseignements dont
l'automobiliste aura besoin sur son parcours. L'automobiliste ne doit pas
être obligé de chercher à travers un tas de placards
inutiles les numéros de route, les limites de vitesse ou
différents renseignements sur le plan touristique dont il a besoin pour
pouvoir se loger et séjourner de façon agréable dans un
territoire qu'il connaît moins.
M. le Président, nous avons collaboré au maximum pour ce
projet parce que nous pensons que c'est un projet utile. Mais nous aurions
aimé que l'analyse soit plus serrée sur le plan des moyens. J'ai
remarqué en cours de route que le ministre était moins familier
avec le dossier parce qu'il avait confié cela à un comité
présidé par un député qui avait fait la
consultation. On a fait confiance au député, je pense bien qu'il
a fait son possible, mais les choix qui ont été faits par le
ministre ne l'ont pas été avec toute la connaissance du dossier
qu'il aurait dû avoir, à mon avis.
C'est pourquoi j'ai remarqué qu'à la fin du débat H
avait pris conscience des remarques que nous avions faites tout au long du
débat. Il nous a souligné à la fin qu'il avait l'intention
d'appliquer sa loi en étant prudent, en la met- tant en vigueur avec
prudence, possiblement par étapes, pour ne pas avoir besoin d'un kit
administratif trop gros. C'est évident que l'application de la loi, d'un
coup sec, va provoquer une avalanche de demandes, mais il veut prévoir
des délais pour que le tout se mette en place sur une période de
trois ans pour les panneaux existants ou les nouveaux panneaux. Des corrections
devront être faites plus rapidement pour ceux qui sont illégaux,
mais pour les nouveaux panneaux ou pour les panneaux existants, il pourra y
avoir certains délais.
Je pense que c'est prudent et je suis content de voir que le ministre a
été sensible aux arguments de l'Opposition. Mais vous savez,
l'expérience m'a appris une chose, quand l'Assemblée nationale
adopte une loi, on peut avoir les meilleures intentions du monde, si les choses
ne sont pas précises dans la loi elle-même, ceux qui vont
l'administrer ne seront pas capables de lire dans la tête de ceux qui
l'ont adoptée. Après cela, ils lisent uniquement ce qu'il y a
dans le texte, regardent cela attentivement, mais ils l'interprètent
comme ils pensent qu'elle doit être interprétée. Vous savez
qu'il arrive souvent qu'avec le même texte de loi on puisse dire des
choses différentes.
J'ai vu cela en commission parlementaire, il n'y a pas longtemps, alors
que le député d'Ou-tremont, dans le domaine des institutions
financières, voulait faire des mammouths financiers. Au début de
la commission parlementaire sur l'étude du décloisonnement des
intermédiaires, j'avais eu l'occasion de lui dire que les mammouths
étaient une espèce animale disparue de la terre il y a des
millions d'années faute d'avoir été capable de
s'acclimater à l'environnement ambiant, faute d'avoir été
capable de s'acclimater au milieu. Ce n'est peut-être pas la meilleure
chose que de créer des mammouths qui seront lourds, qui ne vireront pas
facilement sur un trente sous et qui auront besoin de beaucoup plus de temps
pour s'ajuster. Souvent, les petits kits s'ajustent beaucoup mieux que les gros
kits. À tel point qu'à la fin le ministre essayait quasiment de
m'attribuer le mot "mammouth". Pourtant, aujourd'hui, tout le monde sait que
les mammouths financiers ont été la création, l'oeuvre du
député d'Outremont.
Je me rappelle aussi que, dans le domaine de l'informatique, il y a
quelques années, on pensait uniquement en termes de gros kits, de
banques centrales, de machines telles qu'il fallait quasiment une bâtisse
pour les localiser. À l'usage, les gens se sont rendu compte que ce
n'était peut-être pas nécessaire d'avoir d'aussi gros pour
jouir des avantages de l'informatique. On s'est rendu compte que des machines
beaucoup moins volumineuses, beaucoup mieux adaptées aux besoins,
pouvaient remplir beaucoup mieux la fonction que des monstres qui ne sont pas
capables de s'ajuster, qui s'ajustent difficilement.
C'est pour cela que je dis que, dans
l'application de cette loi, on a le même système. On a une
loi qui a un gros système administratif, un gros volume administratif.
Il s'agit sur le plan admnistratif, avec le projet de loi 1 sur la
publicité le long des routes, d'un genre de mammouth. Alors, M. le
Président, je veux dire essentiellement ici - nous l'avons dit au
ministre en commission parlementaire - qu'il faudra que, sur le plan
administratif, il soit très prudent, même si l'objectif est
louable, parce que le système qu'il met en place est un système
complexe qui est gros sur le plan administratif, qui va demander beaucoup de
vérifications, alors qu'il aurait été facile de faire une
réglementation beaucoup plus simple pour que la loi puisse être
administrée de façon beaucoup plus simple.
Mais le gouvernement est libre de choisir ses moyens. C'est lui qui a la
majorité. Et s'il a choisi d'avoir un gros kit administratif, bien qu'il
ait toujours annoncé le contraire, c'est lui qui mène
jusqu'à ce que les gens veuillent changer le système. Je vous
remercie.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur le projet de loi 1? Il n'y a pas d'autres interventions?
M. Lefebvre: Non, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que la motion d'adoption du
projet de loi 1, Loi sur la publicité le long des routes, est
adoptée?
M. Lefebvre: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article 16 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 16 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 16 du feuilleton, M.
le ministre des Transports propose la motion d'adoption du projet de loi 16,
Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le transport
par autobus. Est-ce qu'il y a des interventions à ce moment-ci?
M. Lefebvre: Pas de notre côté, M. le
Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a des interventions pour
le projet de loi 16? M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi 16, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant le transport par
autobus, est un projet de loi plutôt technique auquel nous avons
contribué et où le ministre a accepté de faire
disparaître plusieurs articles qui auraient, encore une fois,
présenté un gros kit administratif, mais qui auraient surtout
permis au gouvernement, avec une procédure beaucoup plus
simplifiée, d'embarquer de force les municipalités dans des
systèmes de transport qu'elles n'auraient pas souhaités.
Là-dessus, je dois dire que mon collègue, le député
de Jonquière, et moi-même avons fait des représentations
qui, finalement, ont permis l'abrogation de plusieurs articles qui
étaient contenus dans le projet de loi. Je pense que c'était
souhaitable, que c'était une bonne chose, et cela a été
accepté.
Deuxièmement, nous avons fait aussi une modification qui
m'apparaît importante. C'est qu'au lieu d'avoir des publications
nécessairement dans des quotidiens, pour des organismes de transport qui
doivent publier leurs horaires, leurs tarifs, les circuits qui vont être
empruntés, surtout lorsqu'il y a des changement de circuits, et qu'il
doit y avoir une publication pour avertir le public qui peut réagir en
demandant des corrections aux circuits envisagés ou aux liaisons
envisagées, il serait peut-être suffisant d'utiliser des journaux
diffusés dans le territoire couvert. Je pense, par exemple, que, sur le
territoire de la rive sud de Québec, quand on change les tracés
à Lauzon ou à Lévis, il n'est peut-être pas
nécessaire de l'annoncer dans un journal qui va couvrir tout l'Est du
Québec, mais que le journal régional, qui couvre très bien
Lauzon et Lévis, serait suffisant. Cela coûterait moins cher et
les gens s'attendraient beaucoup plus à avoir des renseignements sur
leurs circuits d'autobus dans le journal local que dans un quotidien à
large diffusion. J'imagine que c'est vrai aussi à d'autres endroits;
à Montréal, il n'est pas nécessaire de lire un journal de
80 ou 90 pages pour trouver des circuits d'autobus et les journaux
régionaux qui couvrent le territoire sont suffisants et vont faire une
meilleure publicité même, si on pense à la publicité
qui est souhaitée dans ce cas-là. (12 h 20)
Alors, M. le Président, nous avons fait des amendements pour que
toute la publicité nécessaire pour les fins de transport, par
autobus soit faite pour le public dans les endroits couverts par le circuit
d'autobus, en utilisant des moyens de communication qui sont diffusés
dans le territoire et sans que cela soit nécessaire de prendre les
quotidiens. On sait qu'au Québec maintenant la presse quotidienne est de
plus en plus concentrée et que, pour faire des annonces dans ces
véhicules d'information, cela coûte de plus en plus cher parce
que, les organes étant concentrés, on en tient compte dans les
tarifs qui sont imposés. En plus, pour les fins de publicité, les
moyens de communication qui sont diffusés localement sont beaucoup plus
lus que les grands quotidiens.
De toute façon, avec les dispositions indiquées dans le
projet de loi en commission parlementaire à la suggestion de
l'Opposition, maintenant les organismes de transport auront le choix. Ils
pourront choisir des journaux régionaux, des journaux locaux, à
condition qu'ils couvrent le territoire couvert par la réglementation ou
les changements de tarif, les changements de liaison, les changements de
circuit.
Par ailleurs, M. le Président, il y a un aspect que nous avons
indiqué au ministre et nous avons adopté ces
règlements-là sur division. À chaque endroit où
c'était inscrit: "Le contrat peut être conclu sans procéder
par demande de soumissions", nous avons voté contre. Pourquoi? Parce que
nous estimons que la chance va être donnée à tout le monde
et que la demande de soumissions donne la possibilité à tous ceux
qui veulent offrir leurs services de les offrir. Ensuite, ceux qui offrent le
meilleur prix pour des services à rendre obtiennent normalement les
contrats à condition de remplir les soumissions correctement et de
répondre à toutes les questions. Dans ces cas-là, on pense
que c'est une erreur.
Le député de Jonquière et moi-même avons
concouru dans le même sens en disant qu'au gouvernement, c'était
une erreur de permettre que la règle soit l'absence de soumissions pour
des contrats de transport alors qu'il devrait y avoir appel d'offres. Il est
évident que, dans certains cas, il n'y aura pas plus d'un
soumissionnaire et, à ce moment-là, il s'agit d'adapter la
façon de procéder aux circonstances. Mais, quand c'est possible,
nous avons fait des représentations dans le sens qu'il serait normal
qu'il y ait appel d'offres quand il y a plus d'une personne, groupe ou
société qui peut offrir des services de transport en commun.
M. le Président, nous avons pris toutes les mesures possibles
comme Opposition et je dois dire que le ministre a collaborer. Ce ne sont pas
tous les ministres qui collaborent. Il y a des ministres qui ne collaborent
pas. Ils ont la science infuse. Ils ne collaborent pas. Dans ce cas-ci, je peux
dire que le ministre des Transports a collaboré et nous avons
discuté. Sauf l'aspect dont je parle, soit les soumissions qui auraient
dû être permises dans tous les cas où c'est possible, je
dois dire que, pour les autres aspects, nous avons réussi à
modifier l'opinion du ministre qui, dans certains cas, a même
remercié le député de Jonquière et le
député de Lévis de leur collaboration.
On ne peut pas faire abstraction, vous savez, de l'expérience de
certaines personnes en cette Chambre. Le député de
Jonquière a été maire de Jonquière pendant 22 ans.
Il avait été conseiller auparavant et il a été
président de l'Union des municipalités du Québec pendant
deux ans. Sur le plan municipal, c'est un genre d'encyclopédie que nous
avons et c'est moi-même qui ai dit au député de
Jonquière: J'aimerais que vous veniez à la commission
parlementaire sur les tranports - parce que cela concerne les
municipalités, les communautés régionales, les
communautés urbaines, les corporations intermunicipales de transport,
les CIT, etc. - pour faire bénéficier de votre expérience
la commission. Et le député de Jonquière a accepté
de le faire. Je pense que c'était une bonne chose et le ministre l'a
reconnu à la fin de la commission; il l'a remercié. Il a reconnu
la collaboration de l'Opposition, qui lui a permis d'améliorer le projet
de loi. Mais ça, c'est possible quand le ministre n'est pas têtu
comme une mule.
Je dois vous dire que, dans le cas de certains ministres, je
préférerais faire avancer une mule que faire avancer un ministre.
C'est plus facile à faire reculer. Mais il y a des ministres qui ne
veulent rien savoir. Ce sont des puits de science inépuisables. On a
l'impression qu'ils ont le doctorat global, pas le doctorat en droit, pas le
doctorat en génie, mais le doctorat global. C'est un doctorat
encyclopédique qu'ils ont. Il n'y a plus moyen de faire de suggestions.
Il n'y a pas moyen de discuter avec eux. C'est comme s'ils savaient tout. Je
vais vous dire que des commissions parlementaires avec des ministres comme
ça, ce n'est pas drôle, ce n'est ni stimulant, ni créateur
et cela ne sert pas l'intérêt public.
Vous savez, en Chambre, quand on adopte un projet de loi, il y a
différentes phases. La première phase, c'est pour le
déposer pour que les gens sachent qu'il existe. Là, il faut un
certain délai pour que les gens aient le temps d'en prendre
connaissance. Par exemple, le projet de loi pour démutualiser La
Laurentienne n'a pas été précédé de cette
publicité nécessaire: il a été déposé
à la fin de mai et il a été adopté en commission
parlementaire non pas la nuit dernière, mais la nuit
précédente, à 2 h 30. Vous comprendrez que le public n'a
pas eu le temps de voir ce qui se passait là-dedans. On sait que
d'autres institutions ont signalé qu'elles pourraient se
démutualiser. Comme la mutualisation est un facteur important au
Québec, ce débat devrait être public pour que les gens
puissent se prononcer.
Donc, il faut un délai de publicité suffisant pour que les
gens aient le temps de prendre connaissance du projet, de faire leurs
représentations ou de faire savoir au gouvernement ce qu'ils en pensent;
ensuite, on parle du principe: est-ce ou non une bonne affaire d'avoir un
projet de loi sur ce sujet-là? Puis, en commission parlementaire, on
étudie toutes les dispositions contenues dans le projet de loi pour voir
comment il va s'appliquer. C'est là que certaines corrections sont
apportées parce que, même si le ministre a étudié le
projet de loi avec ses fonctionnaires, dans certains cas, on a l'impression
qu'il le lit en même temps que les autres députés en
commission parlementaire. Dans certains cas, il a travaillé avec ses
fonctionnaires pour préparer le projet de loi. Cette phase est
très importante; il n'y a pas beaucoup de
publicité. Les journalistes n'y assistent presque jamais. Nous
sommes entre nous pour discuter d'un projet de loi, parfois avec un public
intéressé, surtout quand il a eu la chance de savoir que le
projet de loi était rendu là, parce qu'il ne le sait pas
toujours, quand le délai a été trop court ou quand le
gouvernement dépose un projet de loi et que, en vertu du
règlement, il peut procéder une semaine plus tard. C'est
évident que cela peut être possible pour des projets de loi
mineurs, mais quand cela touche 150 000, 200 000 et 300 000 personnes ou
même plus, procéder une semaine après le dépôt
du projet de loi, c'est trop court, cela n'a pas de bon sens, c'est abuser et
ce n'est pas une bonne façon de légiférer.
M. le Président, dans ce cas-ci, je dois dire que nous avons fait
une étude approfondie en commission parlementaire. Cela ne veut pas dire
qu'on a tout couvert, mais je pense qu'il y a eu une bonne étude en
commission parlementaire. Nous aurions toutefois aimé que la question
des soumissions soit amendée pour permettre toutes les soumissions quand
c'est possible, mais, pour le reste, nous sommes satisfaits de l'étude
qui a été faite de ce projet de loi et c'est pourquoi je ne
voudrais pas parler plus longtemps. Je veux plutôt indiquer que nous
pensons que ce projet de loi contribuera à améliorer la
situation, sauf en ce qui concerne la question des soumissions, et je souhaite
que le gouvernement revienne sur son idée de sorte qu'il faille faire
des soumissions quand il s'agit de transport, tout comme dans les autres
domaines. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur ce projet de loi à ce moment-ci? Il n'y a pas d'autres
interventions. En conséquence, est-ce que la motion d'adoption du projet
de loi 16, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
le transport par autobus, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 15 du feuilleton, M. le
Président.
Le Vice-Président: À l'article 15 du
feuilleton...
M. Filion: Non, je suis tanné, Herbert...
Projet de loi 10 Adoption
Le Vice-Président: ...M. le ministre de la Justice,
propose maintenant la motion d'adoption du projet de loi 10, Loi modifiant la
Loi sur les tribunaux juridiciaires et d'autres dispositions
législatives en vue d'instituer la Cour du Québec (titre
amendé). Est-ce qu'il a y a une intervention à ce moment-ci? M.
le député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Rapidement, il est, je
pense, impossible de passer sous silence l'adoption en troisième lecture
du projet de loi 10 qui, comme on le sait, concerne la création de la
Cour du Québec. Je réfère les gens que cela peut
intéresser au discours de deuxième lecture, aux travaux que nous
avons faits en commission parlementaire et je voudrais peut-être
développer un autre aspect de ce que j'ai déjà dit.
Premièrement, qu'est-ce que ce projet de loi apporte concrètement
au contribuable? Essentiellement, dans certaines régions
éloignées, il sera plus facile, lorsqu'un juge sera
présent, d'obtenir justice, que ce soit en matière civile,
criminelle ou pénale ou en matière de jeunesse. Actuellement,
nous sommes obligés, dans certaines régions
éloignées, d'attendre que le juge qui a la compétence et
la capacité d'entendre une cause dans le secteur criminel soit
présent, alors qu'un juge qui a la compétence en matière
civile est déjà sur place. (12 h 30)
Bref, ce que cela change pour les justiciables, et uniquement dans
certaines régions éloignées, c'est qu'une meilleure
accessibilité à la justice sera possible. Dans les grands
centres, je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il y aura des modifications
à la situation pour les justiciables, fussent-elles mineures.
Deuxièmement, cela change vraiment peu de choses pour les
avocats. Sur leurs procédures judiciaires, au lieu d'écrire Cour
provinciale, on écrira Cour du Québec. Sur les procédures
à (a Cour des sessions de la paix au Tribunal de la jeunesse, ce sera
Cour du Québec. C'est tout. Cela ne change en pratique que très
peu de choses sauf qu'il y aura aussi disponibilité de juges dans
certaines régions éloignées pour des avocats qui auraient
des problèmes urgents.
Le projet de loi change ou est important essentiellement pour les juges
eux-mêmes. Si je prends la parole aujourd'hui, comme je l'ai fait lors de
l'adoption du principe de ce projet de loi, et si j'ai pris la parole lors de
la commission parlementaire c'est parce que les juges, eux, n'ont pas
l'occasion d'exprimer leurs sentiments, leurs points de vue, leur opinion. Les
juges sont tenus de façon générale à un devoir de
réserve qui fait qu'ils ne peuvent pas utiliser à plein gaz les
médias, les journalistes, que ce soit de télévision, de la
radio ou de la presse écrite.
Les juges, à cause de la nature de leurs fonctions et à
cause de l'indépendance nécessaire de la magistrature, ont ce
devoir que je qualifierais de devoir de prudence et de réserve qui fait
que les juges ne sont pas ici dans les galeries, lis n'étaient pas en
commission parlementaire non
plus comme les gens du RETAQ, par exemple, peuvent l'être en ce
qui concerne le projet de loi sur les ambulances ou comme, par exemple, le
Front commun des assistés sociaux pouvait être présent
lorsque venait le temps de débattre la Loi sur i'aWe sociale. Les juges,
eux, ne peuvent pas descendre dans la rue et se mettre à manifester,
même s'ils ont dû, H y a à peine un an, prendre des mesures
radicales pour empêcher le gouvernement libéral de leur passer sur
le corps, à savoir qu'ils ont dû intenter, ce qui était un
précédent mondial, entamer des procédures judiciaires
contre le ministre de la Justice. Heureusement, ce dossier est
réglé.
Donc, cette catégorie essentielle à l'administration de la
justice, cette catégorie de serviteurs de la justice que sont les juges,
bien, ne peut pas s'exprimer.
Donc, qu'apporte le projet de loi pour les juges? Essentiellement pour
les juges qui sont actuellement en poste, ce projet de loi apporte
premièrement la polyvalence s'ils le désirent, s'ils y
consentent. Ces juges qui sont actuellement en poste, s'ils y consentent,
pourront être affectés à des tâches autres que celles
qu'ils font actuellement. Par exemple, un juge qui siège au Tribunal de
la jeunesse, s'il y consent, pourra aller siéger à la Cour des
sessions de la paix et ce sera possible pour les trois juridictions.
Donc, une polyvalence possible, selon le consentement des juges, pour
ceux qui sont actuellement en place. Ceux qui seront nommés devront
obligatoirement être polyvalents. J'ai longuement discuté avec le
ministre là-dessus en commission parlementaire parce que cela
crée deux catégories de juges. Deux catégories de
personnes, deux catégories de juges, j'aime moins cela. Si
c'était bon pour les nouveaux, c'aurait dû être bon pour les
anciens. Là-dessus, le ministre invoque les droits acquis. Mais s'il
invoque les droits acquis, il devrait invoquer les droits acquis
également pour les juges qui sont en poste et qui occupent des fonctions
administratives parce que actuellement, le projet de loi les congédie,
les remercie. Cela est inadmissible. C'est là le premier
élément du projet de loi que j'ai critiqué
vigoureusement.
Je ne veux pas reprendre tous les arguments mentionnés, M. le
Président. C'est simplement pour signaler que par rapport à cela,
en commission parlementaire, comme lors du discours sur l'adoption du rapport
de la commission, le ministre nous a donné sa garantie que les juges qui
occupent actuellement des fonctions administratives seraient traités
avec sérénité, justice et équité.
Que donne également ce projet de loi aux juges? Ce projet de loi
a commencé à avoir un peu de substancce par amendement,
autrement, lors du dépôt initial du projet de loi, il ne contenait
pas grand-chose. Mais, par amendement, les juges ont aussi obtenu, il faut le
dire, la création d'un comité qui vérifiera si la
rémunération des juges, leurs avantages sociaux, leurs conditions
de travail sont satisfaisants. Un comité qui remettra son rapport au
gouvernement qui, lui-même, devra le déposer en Chambre dans les
30 jours. Comité qui agira sur une base trisannuelle,
c'est-à-dire tous les trois ans, à commencer par le 1er juillet
1988 de cette année. C'est là un plus par rapport à la
situation actuelle et par rapport à ce que les juges ont vécu
depuis deux ou trots ans en particulier. Bref, c'est cela que le projet de loi
donne pour les juges. J'ai mentionné la première faille qui
existe dans le projet de loi en ce qui concerne les juges qui occupent un poste
actuellement.
Deuxième faille, le Tribunal du travail. Nous aurions
souhaité, nous de l'Opposition, que le Tribunal du travail qui sera
appelé à disparaître... Mais la juridiction du Tribunal du
travail en ce qui concerne les causes pénales, notamment
découlant du Code du travail, toutes les lois sur les relations du
travail, les qualifications professionnelles, etc., ces lois vont continuer
d'exister. Il va continuer à y avoir des plaintes pénales
d'entendues. Nous aurions souhaité que cette juridiction du travail
fasse partie, fasse l'objet d'une chambre distincte au sein de la Cour du
Québec, soit une chambre du travail. On verra les
événements, le gouvernement ayant voté contre cet
amendement, hier, lors du rapport de la commission. C'était là
une deuxième faille.
Maintenant, de façon générale, pour conclure en une
minute mon appréciation de l'ensemble de la situation, je vais dire ceci
au ministre. Je n'ai pas besoin de répéter ici que son projet de
loi est peu signifiant, mais quand même il a une substance qu'on ne peut
pas ignorer, que l'Opposition approuve avec les réserves que j'ai
mentionnées. Ce qui est important maintenant, de la part du ministre de
la Justice, que ce soit le député de D'Arcy McGee ou que ce sort,
lors de mon prochain discours quelqu'un d'autre, peu importe, c'est de faire en
sorte que le milieu judiciaire reçoive les ressources humaines et
financières nécessaires pour que l'administration de la justice
cesse d'être le parent pauvre au Québec. Si la même
situation existait dans les hôpitaux, que celle qu'on retrouve maintenant
dans les palais de justice quant aux délais des bureaux d'enregistrement
- je pense ici aux notaires, groupe dont faisait partie d'ailleurs le ministre
des Affaires municipales et le ministre délégué aux
Mines... Il y a actuellement à l'intérieur de l'administration de
la justice une crise sévère qui a pour base un manque de
ressources adéquates pour assurer un fonctionnement propice de
l'administration de la justice et ce qui a fait que lors du dernier sondage
Créatec-Le Devoir sur la perception des citoyens de l'administration de
la justice, jamais la justice n'avait atteint un aussi bas niveau de
reconnaissance de la part de l'ensemble des Québécois.
Tout cela a des causes. Il y a des causes profondes et le ministre doit
remédier à ces
causes en obtenant les fonds suffisants pour permettre à
l'administration de la justice de recevoir un peu d'oxygène. C'est cela
le problème essentiellement. Ce projet de loi est correct. Nous votons
pour, à cette étape de troisième lecture, mais
au-delà des lois, au-delà des textes législatifs,
au-delà des voeux, des bonnes intentions, ce qui manque actuellement
dans les palais de justice, dans les bureaux d'enregistrement et dans les
ministères, ce sont des ressources humaines et financières.
Le Vice-Président: Je vais maintenant céder la
parole à M. le ministre de la Justice.
M. Herbert Marx (réplique)
M. Marx: M. le Président, je suis étonné que
le député de Taillon commence aujourd'hui à discuter des
problèmes de l'administration de la justice, problèmes dont il
n'a pas discuté depuis des mois et des mois. Il ne m'a même pas
posé une question sur l'administration de la justice durant toute la
session. En ce qui concerne les ressources, nous sommes arrivés au
pouvoir en décembre 1985, tout était pourri. Tous les dossiers
étaient pourris. C'est nous qui avons réglé les dossiers
en ce qui concerne les salaires des procureurs de la couronne, en ce qui
concerne les salaires des avocats et des notaires, en ce qui concerne les
salaires des juges qui sont les mieux rémunérés au Canada
en ce moment, et ainsi de suite. (12 h 40)
M. le Président, en ce qui concerne les ressources, quand nous
sommes arrivés au pouvoir, il y avait 223 postes de procureurs de la
couronne. Maintenant, il y en a 265, et nous avons l'intention d'augmenter le
nombre de procureurs jusqu'à peut-être 300, parce que nous avons
eu une augmentation dans notre budget de 1 800 000 $ pour engager des
procureurs de la couronne et du personnel de soutien. En ce qui concerne la
probation, nous avons eu 1 000 000 $ de plus cette année pour traiter le
dossier de la violence conjugale. En ce qui concerne les victimes d'actes
criminels, nous aurons un budget de plus de 2 000 000 $ pour instaurer des
centres d'aide aux victimes d'actes criminels, et j'ai l'intention, M. le
Président, d'annoncer l'ouverture du premier centre d'aide aux victimes
d'actes criminels la semaine prochaine. En ce qui concerne l'indexation
automatique des pensions alimentaires, que j'ai annoncée aujourd'hui,
cela prendra 4 000 000 $ supplémentaires. Comment le
député de Taillon peut-il parler d'un manque de ressources quand,
chaque semaine, chaque mois, on ajoute des ressources en ce qui concerne
l'administration de la justice?
Le projet de loi que nous sommes en train de discuter consiste à
constituer et à instaurer la Cour du Québec. Vous vous souvenez
que, lorsque cela a été annoncé par Marc-André
Bédard, il a parlé d'une réforme majeure qu'il n'a jamais
instaurée. Aujourd'hui, on va le faire, on va créer la Cour du
Québec, l'unification de la Cour provinciale, du Tribunal de la jeunesse
et de la Cour des sessions de la paix. Le député de Taillon se
demande ce que cela va donner à la population. Bien, si nous avons un
système plus efficace, plus cohérent, cela va sûrement
bénéficier aux citoyens du Québec.
J'aimerais aussi souligner que nous avons discuté de ce projet de
loi avec la magistrature, nous avons apporté des amendements
proposés par la magistrature, par conséquent, nous avons un
projet de loi qui va faire l'affaire de tout le monde.
J'aimerais dire en terminant que nous sommes en train de réformer
les tribunaux judiciaires, mais ce n'est pas la seule réforme que nous
avons à faire cette année. Nous avons, comme je viens de le dire,
augmenté les salaires des juges de nomination provinciale de 75 000 $
par année à plus de 90 000 $ par année. Cela a
été fait il y a un an. Nous avons l'intention de donner
l'autonomie administrative à la Cour d'appel du Québec. Cela va
se faire au cours des semaines à venir, et ce sera une première
pour le Canada, parce que cela ne se fait nulle part ailleurs au Canada.
Nous avons l'intention de nommer un commissaire à la
magistrature, un sous-ministre associé pour s'occuper de la
magistrature. Finalement, nous avons l'intention de procéder à la
réforme des tribunaux administratifs et aussi à la réforme
des cours municipales. Une fois que nous aurons terminé ces autres
réformes, ce sera une réforme complète en ce qui concerne
les tribunaux dans l'administration de la justice. Je pense qu'il est important
de faire ce travail aussitôt que possible. Merci.
Le Vice-Président: Le débat étant clos,
est-ce que cette motion d'adoption du projet de loi 10, Loi modifiant la Loi
sur les tribunaux juridiaires et d'autres dispositions législatives en
vue d'instituer la Cour du Québec, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi du projet de loi 37 à la commission des
affaires sociales
M. Lefebvre: M. le Président, avant d'appeler le prochain
article, j'aimerais apporter la correction suivante. Ce matin, le projet de loi
37 a été déféré à la commission de
l'économie et du travail alors qu'il aurait dû être
déféré à la commission des affaires sociales.
J'aimerais qu'on apporte la correction en question.
Le Vice-Président: Alors, il y a consentement. Donc, la
motion de renvoi est donc modifiée en conséquence, suivant le
nouvel avis
donné par M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 18 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 24 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 18 du feuilleton, M.
le ministre des Affaires municipales propose la motion d'adoption du projet de
loi 24, Loi sur le traitement des élus municipaux. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le ministre des Affaires municipales.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, nous en sommes maintenant
arrivés à l'étape finale d'adoption du projet de loi
traitant de la rémunération des élus municipaux. Nous
avons eu l'occasion, lors de l'adoption du principe de ce projet de loi, de
faire connaître publiquement les principaux éléments que
comprend ce projet de loi.
C'est un projet de loi qui améliore, sous plusieurs aspects, la
rémunération des élus municipaux et la façon dont
les élus sont rémunérés et qui fait
également en sorte que leur traitement soit augmenté, surtout en
ce qui concerne les plus petites municipalités du Québec. J'ai eu
l'occasion de dire que, dans plusieurs municipalités du Québec,
surtout les plus petites, où il n'y a à peu près pas de
fonctionnaires permanents, en général, c'est le conseil municipal
et surtout le maire qui joue un rôle d'homme-orchestre, qui est
chargé d'à peu près toutes les responsabilités et
qui doit être sur le qui-vive, qui doit être à la
disposition de ses citoyens 24 heures par jour et souvent 7 jours par
semaine.
Ce projet de loi contient donc certaines innovations, mais, je tiens
à le répéter, il n'y a aucun recul dans ce projet de loi
par rapport à la situation actuelle. En aucune façon, les
élus municipaux seront moins bien traités après l'adoption
du projet de loi que ce qu'ils reçoivent présentement. Que ce
soit au chapitre de la rémunération proprement dite ou que ce
soit au chapitre de l'allocation de dépenses, il n'y a pas de diminution
et, à certains égards, il y a des améliorations.
Maintenant, comme nous avons traité de ce projet de loi de
façon très élaborée, soit ici, au salon bleu, soit
en commission parlementaire lors de l'étude article par article du
projet de loi, quant à nous, nous serions disposés à
procéder immédiatement au vote sur cette question. Je vous
remercie.
Le Vice-Président: Je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Le projet de loi qu'on
a devant nous pour adoption traite de la rémunération des
élus municipaux. On peut, sans aucun doute, affirmer que, depuis de
nombreuses années, ce projet était sur la table; il a fait
l'objet de beaucoup de tractations entre les élus municipaux et le
ministère. Je pense que cela a même commencé avant la venue
du nouveau gouvernement.
Donc, ce projet de loi revêt une importance puisqu'il va permettre
à des élus municipaux de recevoir une rémunération,
pas nécessairement plus élevée au départ, parce que
ce projet de loi ne fait que confirmer, pour cette année, ce qui
existait antérieurement, mais on décortique un peu mieux ce que
sont les allocations de dépenses, donc les allocations non taxables par
rapport aux allocations de fonction. À ce moment-là, il me semble
raisonnable que ce projet de loi couvre bien cet élément, un
élément nouveau puisque, il ne faut pas se le cacher, en
première lecture, nous avions énoncé trois réserves
fondamentales qui, pour nous, étaient très importantes. Nous
avions des craintes, concernant l'article 2, à l'effet que les
élus municipaux que sont les conseillers, et même le maire,
puissent avoir des rémunérations supplémentaires qui, dans
à peu près tous les cas, auraient pu amener de l'abus de la part
des élus municipaux. Ce n'est pas parce qu'on manque de confiance envers
les élus municipaux, mais je pense qu'il est normal que le
législateur ait l'intention de baliser tout ce qui touche les questions
d'argent, surtout que cela concerne les élus comme tels.
Donc, par notre travail, nous avons réussi à amener le
ministre des Affaires municipales à conclure qu'il valait mieux baliser
parce qu'il ne faut pas oublier que l'élu municipal est
déjà rémunéré pour une partie de sa fonction
lorsqu'il agit comme conseiller municipal ou comme maire. Si on lui permet des
rémunérations supplémentaires pour certaines autres
fonctions dans la municipalité ou à l'extérieur, le point
de vue que j'émettais, c'est que ces gens vont
régulièrement travailler comme bénévoles et cela
aurait pu ouvrir la porte à des abus dans le sens où le
bénévole n'est pas payé, par rapport à l'élu
qui a déjà sa fonction comme conseiller municipal ou comme maire,
et s'il travaille au même comité que le bénévole, il
recevra une rémunération supplémentaire. Cela aurait pu
ouvrir des portes et peut-être mettre en péril le
bénévolat. Les grosses municipalités auraient possiblement
accepté de payer tous les bénévoles et, à ce
moment-là, ils n'auraient plus été bénévoles
pour les différents comités qui existent dans les
municipalités. Cela a été mieux balisé et je pense
que cela donne satisfaction, même si j'ai une indication qu'il y a des
gens qui ne seraient peut-être pas tout à fait d'accord à
100 %. (12 h 50)
Quant à moi, je suis d'accord. Il n'arrive pas souvent que je
sois d'accord avec le ministre des Affaires municipales: II est temps que la
session prenne fin, on va finir par être trop d'accord et on ne fera pas
un bon travail d'Opposition. Tout de même, la rémunération
des élus est un sujet important, et si on a accepté de faire des
démarches ensemble, c'est pour permettre à ces élus de
mieux se comporter par rapport à la population.
Il y a aussi d'autres éléments dans la loi par lesquels
les élus municipaux qui ne sont pas des maires, donc les conseillers
municipaux, auraient pu, par le biais de fonctions additionnelles
exercées un peu partout, obtenir un salaire plus élevé que
le maire en fonction. À nos yeux, cela semble être un non-sens
puisque le maire est élu par l'ensemble de la population et les
conseillers par une partie seulement, et ce serait effectivement un non-sens
s'ils obtenaient la même rémunération que le maire. Donc,
le projet de loi a permis de baliser cette rémunération à
pas plus de 90 % du salaire du maire. Ce sont les deux point sur lesquels il y
a eu des améliorations sensibles.
Par contre, il y a un point que je considère fondamental
où on n'a pas pu s'entendre, c'est le point où on permet au
maire, lorsqu'il quitte sa fonction, soit qu'il soit défait ou soit
qu'il s'en aille de son plein gré ou pour d'autres raisons, d'avoir
droit à une rémunération basée sur le temps qu'il
est en fonction mais au moins deux ans avant son départ. Donc, deux ans
avant son départ, cela voudrait dire deux mois jusqu'à
concurrence de huit mois. C'est un rapprochement avec ce qui se passe pour un
élu de l'Assemblée nationale. Mais la différence tangible,
c'est que l'élu municipal, qui est le maire, est à la merci de
son conseil municipal. Comme on sait que, dans les conseils municipaux, il y a
des partis politiques, et où il n'y a pas de parti politique, il y a des
clans qui peuvent exercer des sanctions ou peuvent prendre parfois la place du
maire dans certaines fonctions, le maire est à la merci de son conseil
pour avoir ou ne pas avoir cette prime de séparation. Les arguments
qu'on a apportés sont: On le donne ou on ne le donne pas. Et nous avons
dû voter sur cette question.
Malheureusement, nous avons voté contre cet article de loi, non
pas parce qu'on est contre le fait qu'il y ait une prime de séparation,
mais parce que, en ce qui me concerne, on n'a pas le droit de tenir des
élus à la merci d'autres élus dans le domaine municipal
parce qu'un règlement se fait par règlement et un
règlement se change par un autre règlement et on peut se
retrouver avec un règlement qui pourrait être aboli à deux
ou trois mois du départ du maire. Et je pense que c'est odieux. Cela va
amener des discussions dans les conseils municipaux et cela me semblait
inacceptable.
Un autre point qu'on aurait pu ajouter, c'est qu'on sait, M. le
Président, que, dans certaines municipalités, il y a des
conseillers municipaux qui exercent leurs fonctions à temps plein et on
aurait pu effectivement étendre cette possibilité à ces
conseillers qui exercent leurs fonctions à temps plein. Le ministre ne
s'est pas rendu à nos arguments. Nous sommes malheureux de ce
fait-là. Mais je ne pense pas qu'on puisse être contre le projet
de loi à cause de cet objectif qui n'a pas été atteint.
Donc, en fait, nous croyons que ce projet de loi balise mieux la question des
rémunérations des élus municipaux. Il y a une
amélioration tangible puisque les gens qui travaillent plus fort dans
les conseils municipaux pourront avoir des rémunérations. La
question de la transparence des salaires est effectivement obligatoire pour les
conseils municipaux. Ils devront le dire clairement au début de
l'année. Donc, je pense que c'est un règlement qui se fait au
grand jour. Si cela améliore la qualité des élus, on
pourra se féliciter mutuellement. Je pense qu'il était temps
qu'on adopte un projet de loi qui traite essentiellement du salaire des
élus municipaux. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je vais céder la parole à
M. le ministre des Affaires municipales pour sa réplique.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: M. le Président, le projet de loi que nous
avons devant nous est le premier de deux projets de loi que j'entends
déposer au cours de la présente année. Celui-ci traite de
la rémunération des élus municipaux et le prochain
traitera de leur fonds de retraite afin d'apporter aux élus municipaux
un traitement équitable par rapport à ces sujets, de la
même façon qu'on l'a fait pour les députés à
l'Assemblée nationale.
Nous avons rédigé un projet de loi que nous avons
déposé en cette Chambre et qui a fait l'objet d'une étude
article par article en commission parlementaire. Il est assez fréquent
qu'en commission parlementaire, un projet de loi subisse des modifications. Le
gouvernement ne peut pas toujours imposer toutes ses volontés à
100 % à l'égard de chaque article. Des discussions s'engagent en
commission parlementaire et, parfois, nous sommes obligés, pour
réussir à faire adopter un projet de loi, de consentir à
des modifications. Dans le cas présent, je reconnais que l'Opposition
nous a demandé des modifications sur certains sujets; le
député de Jonquière en a fait état. Nous avons
convenu de retraiter sur certains articles, entre autres, l'article 2,
où, dans le projet original, nous avions prévu une
rémunération additionnelle pour les conseillers municipaux
à l'égard de toute fonction particulière que le conseil
aurait pu préciser. La nouvelle version limite un peu ces
termes-là pour que les fonctions particulières soient maintenant
énumérées au projet de loi. En ce qui concerne
les commissions du conseil, on pourra rémunérer les
présidents et les vice-présidents des commissions permanentes
ainsi que les présidents des comités du conseil. Je pense que
c'est déjà une amélioration. Ces gens-là auront des
responsabilités supplémentaires dont on pourra tenir compte si la
municipalité veut bien le faire dans un règlement municipal.
En ce qui concerne la proportion de 90 % dont vient de faire état
le député de Jonquière, j'aimerais quand même
apporter une précision. Il est assez extraordinaire qu'on paie à
un conseiler municipal un salaire, qu'on permette qu'un salaire de 90 % de
celui du maire soit payé à un conseiller municipal. Je veux bien
signaler, M. le Président, pour le bénéfice de ceux qui
nous écoutent, que cette situation ne pourrait se produire que dans des
cas tout à fait exceptionnels, dans de très grosses villes
où un conseiller municipal pourrait être à la fois membre
du comité exécutif, président du comité
exécutif, représentant de la municipalité dans un
organisme supramunicipal comme, par exemple, une communauté urbaine,
bref pourrait cumuler un tas de fonctions à temps plein de sorte que,
finalement, toutes ces responsabilités et les émoluments
rattachés à ces charges pourraient s'additionner jusqu'à
un montant qui pourrait s'approcher du salaire du maire. Dans ces
cas-là, ce serait limité à 90 % du salaire du maire.
En ce qui concerne l'allocation de transition, et je termine
là-dessus, c'est vrai que c'est une nouveauté dans le monde
municipal. Ce n'est peut-être pas ce qu'auraient souhaité certains
élus municipaux, et le député de Jonquière a
évidemment allègrement enfourché cette monture-là
parce que c'est toujours agréable de se joindre à ceux qui
réclament des choses additionnelles. Je dirai quand même que c'est
mieux que rien? Autrefois, il n'y avait rien du tout, et, maintenant, nous
introduisons une mesure de transition qui permettra aux maires de
bénéficier, si le conseil municipal le veut bien, d'une
transition de huit mois, s'ils ont été maire pendant quatre
années. Je pense qu'il est normal que ce soit le conseil municipal qui
décide si le maire aura une allocation de transition, comme il est
normal que le conseil municipal décide qu'il y ait un règlement
de rémunération. Bref, autant de décisions de la part du
gouvernement qui vont dans le sens de l'intérêt des
municipalités.
M. le Président, je termine là-dessus et je formule le
voeu que l'Assemblée nationale adopte ce projet de loi à
l'unanimité. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que cette motion d'adoption du projet de loi 24, Loi sur
le traitement des élus municipaux, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 14 du feuilleton, s'il vous plaît.
Le Vice-Président: Avant d'appeler l'article 14 du
feuilleton, je comprends qu'il pourrait y avoir une brève intervention,
s'il y a consentement à ce que nous dépassions 13 heures. Est-ce
qu'il y a consentement?
M. Gendron: ...M. Séguin, pour deux minutes. Oui.
Projet de loi 6 Adoption
Le Vice-Président: Donc, il y a consentement. En
conséquence, à l'article 14 du feuilleton, M. le ministre du
Revenu propose la motion d'adoption du projet de loi 6, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Je cède la parole à M. le
ministre du Revenu.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Je serai
très bref étant donné l'heure. Nous sommes à
l'adoption du projet de loi 6 et nous avons eu l'occasion d'en expliquer devant
vous les tenants et aboutissants. Je me permettrai simplement, à ce
stade-ci, de faire quelques commentaires très brefs sur l'intervention
qu'a faite hier mon collègue, le député de Lévis,
concernant les postes isolés, et simplement rappeler que la
déduction introduite dans le projet de loi 6 est nouvelle puisqu'il n'y
en avait pas avant. Il y avait un certain avantage fiscal, mais ce
n'était pas sous la forme d'une déduction.
Le député de Lévis a semblé faire grand cas
de certaines municipalités ou régions qui apparaissaient dans la
définition des postes isolés. Je veux simplement rappeler ici que
ces régions, ces postes existent maintenant depuis 1981 au
Québec. Ce n'est pas nouveau. Le règlement d'application qui
désigne les postes ou les régions admissibles permettant aux
résidents d'avoir un avantage fiscal a été appliqué
au Québec depuis maintenant sept, huit, neuf ans, depuis, en fait, 1981.
Ce n'est pas nouveau.
Je pense qu'il n'y a pas là matière à critique,
d'autant plus qu'à l'avantage des contribuables, là où on
devrait intervenir, c'est peut-être davantage pour ajouter des
régions, pour rendre cela encore plus intéressant plutôt
que de vouloir en extraire.
Pour le reste, le projet de loi a présenté beaucoup de
modalités plus avantageuses. Par exemple, le fameux chapitre sur les
actions accréditives qui est fort important et qui a permis à
l'industrie minière au Québec de connaître un certain
essor. On sait jusqu'à quel
point, par exemple, la région de l'Abitibi maintient et veut
maintenir le régime fiscal des actions accréditives. On
connaît la réponse que le gouvernement du Québec a
donnée à ces demandes. Nous avons eu l'occasion, à
l'étude du projet de loi 6, de regarder en détail le
système fiscal des actions accréditives comme, par exemple,
l'assouplissement aux modalités fiscales touchant le Régime
enregistré d'épargne-retraite du Québec, qu'on appelle
communément le REER, et également le Fonds enregistré de
revenu de retraire.
Il y a eu un ensemble d'autres dispositions trop longues à
énumérer, mais je pense que nous avons eu l'occasion de les
expliquer plusieurs fois durant les différentes étapes à
l'étude du projet de loi 6.
Pour le moment, je pense que cela conclut, de mon côté, les
commentaires que je voulais faire. Merci.
Le Vice-Président: Très bien. Il n'y a pas d'autres
interventions à ce moment-ci? Puisque nous sommes arrivés
à 13 heures, nous allons maintenant suspendre nos travaux qui
reprendront à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 15 h 7)
La Vice-Présidente: Veuillez vous asseoir. Nous allons
reprendre nos travaux là où nous les avions arrêtés,
sur le projet de loi 6. M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Je propose l'ajournement du débat.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 19 du feuilleton.
La Vice-Présidente: L'article 19? M. Lefebvre:
L'article 19.
Projet de loi 27 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 19 de notre
feuilleton, le ministre de l'Industrie et du Commerce propose l'adoption du
projet de loi 27, Loi sur la Société de promotion
économique du Québec métropolitain et modifiant la Loi sur
la
Société Inter-Port de Québec.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Johnson: Mme la Présidente, après des mois de
consultations des journées de rédaction, des heures en
commission, je propose maintenant l'adoption du projet de loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
Je suis prête à reconnaître le prochain intervenant
sur ledit projet de loi 27. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai eu l'occasion hier
d'expliquer en gros mes appréhensions concernant le projet de loi
27.
L'objectif d'avoir une société de promotion
économique du Québec métropolitain n'est pas un mauvais
objectif. Par ailleurs, faire de la Société Inter-Port une
société qu va devenir la société du parc industriel
et portuaire Québec-Sud, situé à Lauzon, mais sans aucune
garantie de fonds c'est une mauvaise décision, non pas que la
société elle-même, comme organisme gérant un parc
industrialo-portuaire, soit mauvaise, mais s'il n'y a aucune garantie de fond,
à toutes fins utiles, cela veut dire une coquille vide, une coquille
sans oeuf. Cela ne donne pas grand-chose. C'est un contenant sans contenu.
Pour faire du développement économique essentiellement,
cela prend le nerf de la guerre, l'argent. J'ai dit à plusieurs reprises
que la solution adoptée ou l'orientation prise révèle
qu'aucun des députés de la rive-sud n'a participé au
comité consultatif. Il y a eu deux députés libéraux
de la rive-nord, deux députés conservateurs de la rive-nord mais
aucun député de la rive-sud. Je vois ici le député
de Beauce-Nord. Il aurait pu être membre du comité. Non! Je
suppose qu'on a considéré que ce n'était pas important. La
députée de Bellechasse, non plus, n'a pas été
membre du comité, pas plus que les députés de
Lotbinière, Beauce-Sud et Montmagny-L'Islet. Au niveau
fédéral, ce n'est pas mieux. Aucun des députés
conservateurs de la rive-sud n'a été membre du comité,
comme si le développement économique de la région de
Québec n'intéressait pas les députés de la rive
sud. Quant à moi, le ministre de l'Industrie et du Commerce, a dit: On
ne pouvait pas vous nommer. Je suppose qu'il avait peur de nommer quelqu'un qui
connaissait bien les dossiers de la rive sud et de la région de
Québec ou encore parce qu'on n'était pas dans le même
parti. Au contraire, je pense que cela aurait été une excellente
occasion de contribuer à une solidarité économique plus
forte dans la région de Québec.
Mme la Présidente, je pense qu'il n'est pas normal qu'on soit
seulement un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept députés en
cette Chambre.
II serait peut-être normal qu'on ait un quorum plus
élevé, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Qu'on appelle les
députés.
(Suspension de la séance à 15 h 12)
(Reprise à 15 h 13)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. M. le député de Lévis,
vous pouvez poursuivre.
M. Garon: Mme la Présidente, je pense qu'il est important
- les vacances parlementaires des députés, normalement, ne
commencent pas avant le 23 juin - et normal que les députés
soient présents en cette Chambre quand ils n'ont pas d'activités
parapariementaires ou dans le cadre des commissions parlementaires. C'est un
peu normal, d'autant plus que j'étais à un poste de radio, ce
matin, où on me parlait du député de Charlevoix, par
exemple, où on voulait faire, à la télévision
communautaire apparemment, un programme...
Une voix: Vous l'avez dit ce matin.
M. Garon: Non, je n'en ai pas parlé encore. On voulait
faire un inventaire, faire un peu une revue des activités du
député de Charlevoix. On est venu apparemment à
Québec, qu'on m'a conté. On a essayé d'avoir des morceaux
de ses discours à l'Assemblée nationale. Apparemment,
relevé fait, on n'a pu en trouver aucun. Au moins, je pense qu'un
député qui ne s'exprime pas, les députés du Parti
libéral de la rive sud qui n'ont pas voulu être dans le
comité pour s'enquérir de l'avenir du développement
économique de la région de Québec peuvent au moins
être assis sur leur siège et écouter ceux qui ont des
idées concernant ce développement économique. La meilleure
façon... Je vois le député de Trois-Rivières, on me
dit qu'un jour il aimerait être ministre. Son assiduité au
parlement peut peut-être être une bonne note dans le livre du
premier ministre, si un jour il aspire à faire nommer...
Des voix: Saint-Maurice.
La Vice-Présidente: À l'ordre!
M. Garon: Le député de Saint-Maurice, tout le monde
sait qu'en commission parlementaire, l'autre jour, je ne le connaissais pas.
J'ai demandé un vote enregistré pour savoir qui c'était!
Ce n'est pas faux, c'est "l'authentique vérité." Je ne savais pas
qui c'était, je ne l'avais jamais vu ni entendu parler avant.
Mme la Présidente, essentiellement, la promotion de
développement économique de la région de Québec est
très importante. Je pense que c'est un secteur que les gens de la
région veulent davantage prendre en charge, mais ce n'est pas une raison
pour le gouvernement de se désengager. Hier, le ministre a dit qu'il n'y
avait pas de désengagement parce que le fonds résiduel de la
Société Inter-Port serait affecté à ces fins.
Justement, je pense que c'est cela que j'ai dit, que ce serait un
désengagement graduel, pas un désengagement d'un coup sec. En
l'espace de cinq ans, le fonds serait disparu. Le fonds qui était
là, à l'arrivée des libéraux au pouvoir, ils
n'auront pas contribué à mettre un sou de plus dedans.
Essentiellement, ce sont les résidus du fonds qui avaient
été mis dans la Société Inter-Port. Tout
simplement, on a décidé de le laisser là, de ne pas
l'enlever. Imaginez-vous le gros effort! Ce n'est pas un effort extraordinaire
pour le développement économique.
J'ai dit à l'Assemblée nationale que, si le gouvernement
ne voulait pas être davantage impliqué, il ne devrait pas
être impliqué dans les nominations. Quand le ministre se garde le
pouvoir de nommer les gens, de les recommander ou, après consultation,
de nommer les gens, surtout pour la première nomination, qu'il se
réserve le droit de faire des nominations, je pense que cela doit aller
avec les contributions. Ce n'est pas normal que les gens de la région de
Québec, par la communauté urbaine ou par les municipalités
régionales de Desjardins et des Chutes-de-la Chaudière,
contribuent davantage à la vie de l'organisme et que ce soit le ministre
qui fasse les nominations. Il me semble que se sont ceux qui paient qui
assument les responsabilités et que c'est à eux de faire les
nominations.
En commission parlementaire, j'ai dit au ministre qu'il devrait
contribuer à faire les nominations uniquement pendant la période
où il est celui qui fournit le plus de fonds. Aussitôt que la
Communauté urbaine de Québec et les municipalités
régionales de comté de Desjardins et des
Chutes-de-la-Chaudière contribueront plus que le gouvernement du
Québec à la bonne marche de la société, le ministre
devra laisser faire les nominations par ceux qui assument leurs
responsabilités.
J'ai également dit que je craignais que ce soit une forme de
désengagement et j'ai l'impression que les deux gouvernements, tant
à Ottawa qu'à Québec, ont voulu se désengager.
C'est pourquoi j'ai fait une proposition. Puisque c'est une loi, l'application
d'une loi doit relever d'un ministre face au gouvernement, j'ai fait une
proposition en commission parlementaire, j'ai essayé de prendre toutes
les formes possibles, mais que voulez-vous, on avait décidé,
cette journée-là, que celui qui interpréterait la loi
serait le fin député de Saguenay, expert en droit, qui devait
dire que c'était impossible de faire des amendements concernant cet
article. J'ai essayé par tous les moyens, mais j'aurais souhaité
que
le ministre acquiesce de bonne foi, de bonne grâce, pour que la
Société de promotion économique du Québec
métropolitain relève d'un ministre de la région de
Québec. Pourquoi? Parce qu'il est important que le responsable d'une loi
devant le gouvernement soit quelqu'un qui ait une responsabilité
politique dans la région de Québec, dont le sort est un peu
lié à la région.
De la même façon, j'ai donné l'exemple de la
Commission canadienne du blé qui est une institution régionale
pour le développement de la production du blé dans l'Ouest du
Canada et qui relève toujours d'un ministre de l'Ouest. Actuellement, il
s'agit de M. Charles Mayer, un député de l'Ouest, qui est
responsable devant le Parlement et devant le Conseil des ministres parce que,
de tradition, le responsable de la Commission canadienne du blé est
toujours un ministre de l'Ouest du Canada. Dans certains cas, on nomme
même quelqu'un ministre pour que ce soit sa charge de répondre de
cela. Cela veut dire qu'il a une responsabilité et il est
évalué, comme ministre, sur cette responsabilité. Tandis
qu'un ministre sectoriel, qui a des responsabilités à la grandeur
du Québec, n'a pas la même responsabilité vis-à-vis
de la région, il n'a pas la même responsabilité
vis-à-vis de l'Assemblée nationale et du Conseil des
ministres.
Je n'ai pas pu avoir l'appui des autres députés de la
région de Québec, je dois le dire, et je pense que c'est bon que
ce soit connu. Et il serait bon que éventuellement, tout le débat
qui a eu lieu en commission parlementaire sur les différents aspects qui
ont été soulevés lors de l'étude de ce projet de
loi... Les différents points ont été soulevés, mais
cela a été très limité concernant les orientations
qui auraient pu être améliorées relativement au projet. Il
y a eu des erreurs évidentes qui ont été enlevées
parce qu'en droit, il ne pouvait pas le faire. Mais on a encore ici un
être un peu hybride constitué d'un conseil d'administration de dix
personnes. Il pourrait y avoir dix substituts, six observateurs nommés
en vertu de la loi, ce qui voudrait dire éventuellement un conseil
d'administration considérable où... (15 h 20)
Le ministre a avoué hier qu'il s'agit d'un consensus fragile.
Mais ce consensus fragile, avec le nombre d'intervenants qui ont
été nommés, avec toutes les variations qui pourront
survenir dans l'assistance des membres aux assemblées du conseil
d'administration, je pense qu'il va être très difficile de le
maintenir dans la Société de promotion économique du
Québec métropolitain. Je souhaite que ça réussisse.
Je souhaite que ça marche. Mais je pense qu'au point de départ,
toutes les conditions n'ont pas été remplies. Il faudra un effort
de conciliation particulièrement vigoureux de la part des gens qui
auront été délégués par la Communauté
urbaine de Québec et les MRC Desjardins et des
Chutes-de-la-Chaudière pour qu'il y ait une possibilité de
consensus. Je pense qu'actuellement on n'a pas procédé de
façon à faire ce consensus. Ce n'est pas parce que des gens,
à un moment donné, ont pu donner des opinions parce qu'ils
sentaient ou qu'on leur avait fait savoir que s'ils ne voulaient pas, de toute
façon, tout cela pourrait tomber par terre qu'on peut, aujourd'hui, se
réclamer de ces consensus du bout des lèvres. Le ministre le
sait. Il a lui-même invoqué un consensus fragile, fragile parce
que les conditions de concertation qui auraient dû se faire de
façon beaucoup plus ouvertes, sur la place publique, dans des
concertations organisées où tous les gens auraient
été sur la place...
Le ministre me dit: On ne vous a pas vu. Je n'ai pas l'habitude d'aller
aux endroits où je ne suis pas invité. Si le gouvernement a
choisi à ce moment-là de nommer quatre députés,
deux conservateurs de la rive nord et deux députés
libéraux de la rive sud, qu'est-ce que vous voulez? Je ne pouvais pas me
présenter à des réunions où je n'étais pas
invité.
Et c'est pourquoi aujourd'hui, Mme la Présidente, le ministre
commence à dire: Vous n'êtes pas venu. Vous avez choisi de ne pas
inviter le député de Lévis qui était un de ceux qui
étaient le plus concernés au premier chef. Et j'imagine, par
exemple... Même les conservateurs auraient peut-être
été bien habiles de nommer le député de
Lévis, plutôt que des députés qui n'ont pas
grand-chose en commun avec le développement portuaire. C'est un choix
qui a été fait, un choix qui est curieux, et c'est pourquoi, Mme
la Présidente, j'ai dit que cette société ne partait pas
du meilleur pied possible. J'espère que cela réussira quand
même. On a essayé de collaborer au maximum, mais le consensus est
fragile et il aurait pu être beaucoup plus fort si le ministre avait
procédé autrement dans ce dossier. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce, votre droit de
réplique.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Merci, Mme la Présidente. Je disais, dans mon
très bref discours de présentation de la motion d'adoption de ce
projet de loi, que les consultations étaient intervenues pendant
plusieurs mois, que la rédaction et une consultation plus fine, si vous
voulez, étaient intervenues également pendant plusieurs jours,
qu'en commission nous avons scruté attentivement ce projet de loi
pendant des heures et que nous en sommes maintenant à l'étape de
l'adoption, incidemment après des discours-fleuves du
député de Lévis autant en commission qu'ici même
à l'Assemblée nationale à deux reprises, et maintenant
à trois reprises.
Ce qui me surprend toujours, c'est que des parlementaires croient qu'il
est dans l'intérêt de nos travaux et de l'éclairage qu'on
peut jeter
sur les gestes que nous posons ici de répéter la
même chose, encore et encore, présumant par là que
l'ensemble des députés sont sourds ou ne comprennent rien ou que
la population a un intérêt particulier à entendre le
député de Lévis à quatre ou cinq reprises toujours
sur le même sujet et dans les mêmes termes. Quant à nous,
nous croyons que la démocratie donne ouverture à ces
manifestations. Nous sommes même disposés de ce
côté-ci à être fort nombreux, ma foi, à
écouter ces débats même si des commissions siègent
en d'autres lieux et pourraient requérir l'attention des
députés qui sont également sollicités dans leur
comté ou à leur bureau du parlement, comme chacun le sait. Mais
on ne peut pas en dire autant des collègues du député de
Lévis. Il est le seul, l'unique représentant de l'Opposition en
cette Chambre. L'ensemble des discours qu'il prononce ne semble pas vouloir
attirer quiconque de ses collègues et, après, évidemment,
avoir été soumis, je suppose, à des discours ou des
interventions du député de Lévis dans les conseils
généraux, dans les caucus du Parti québécois, ses
collègues prennent, de toute évidence, la première excuse
venue afin de ne pas s'infliger le douloureux spectacle et le douloureux
événement que constituent les discours du député de
Lévis qui nous a servi encore les mêmes arguments que j'ai
refutés à autant de reprises, parce qu'il n'apparaît pas
que de refuter un argument devant le député de Lévis lui
permette de comprendre ce dont il s'agit? Il se comporte en toute occasion
comme s'il était le seul, non pas le seul député de
Lévis, mais le seul citoyen du Québec, le seul membre de
l'Assemblée nationale, la seule personne qui connaît le dossier,
la seule personne qui a le droit de se prononcer sur le dossier, la seule
personne qui possède la vérité et donc la seule personne
qui devrait occuper l'espace public réservé à nos
débats.
Le député de Lévis a indiqué qu'il y avait
un désengagement? Je lui répète, non seulement mon
engagement, mais celui, et je le fais de façon exceptionnelle parce
qu'il n'est pas ici, de mon homologue, le ministre fédéral de
l'Expansion industrielle régionale, qui a, lui aussi,
réitéré l'engagement du gouvernement fédéral
à consentir, avec le gouvernement du Québec, une somme de plus de
2 000 000 $ pour le développement économique de la rive sud et de
la rive nord du Québec métropolitain.
Je redis au député de Lévis qu'il n'a pas encore
saisi que l'alternative, une fois l'entente fédérale-provinciale
terminée, était que cette somme de 2 000 000 $ retournait aux
fonds consolidés du gouvernement du Canada et du gouvernement du
Québec. Le député de Lévis n'a pas encore compris
qu'on se trouve à mettre 2 000 000 $ de plus dans le
développement économique du Québec métropolitain
que si on n'avait rien fait... Le député de Lévis dit:
Vous ne faites jamais rien. Mme la Présidente, ce qu'on a fait, c'est
assurer que, d'ici à cinq ans, une autre somme de 2 000 000 $ ira dans
la promotion nationale et internationale du Québec métropolitain,
que nous avons les moyens de gérer, d'administrer et permettre le
développement idéal du parc industriel et portuaire
Québec-Sud, à Lauzon, autrement connu sous le nom de pointe de La
Martinière, ce grand équipement régional destiné
à recevoir des implantations de projets susceptibles d'avoir des
retombées dans l'ensemble de la région.
Nous en sommes arrivés là, à la suite d'une
consultation où tout le monde dans la grande région du
Québec métropolitain, sauf le député de
Lévis... Cela fait des centaines de milliers de personnes, Mme la
Présidente, qui ont compris et une qui n'a pas compris. Écoutez,
on ne peut pas être tout seul à avoir le pas et à avoir
raison dans des circonstances comme celle-là. On a procédé
à une consultation où la seule personne qui se dit aujourd'hui
intéressée au développement économique de la
région de Québec et, notamment, de la rive sud, soit le
député de Lévis, cette seule personne a été
absente de toutes les délibérations, consultations,
réflexions sur la place publique ou même, je dirais, en
privé, étant donné que le député de
Lévis, à ma connaissance personnelle, n'a parié à
personne d'impliqué de près ou de loin dans ces consultations sur
le sujet, dont il nous parie aujourd'hui avec une conviction absolument
exorbitante, compte tenu de l'intérêt qu'il a manifesté
pour le sujet jusqu'à aujourd'hui.
Il prétend qu'il n'a pas été invité. On n'a
pas émis des faire-part gravés à qui que ce soit. Cela a
été connu sur l'ensemble du territoire et même
au-delà. D'ailleurs, les gens de Portneuf, qu'on ne peut pas accuser de
faire partie de la CUQ ou de la MRC Desjardins ou de la MRC des
Chutes-de-la-Chaudière, les gens de Portneuf se sont manifestés
dans ce dossier et ont approché les gens qui menaient la consultation
pour bien indiquer que, s'il y avait ouverture, quant à eux, à un
prolongement de la zone visée par la société de promotion
pour inclure les gens de Portneuf, ceux-ci n'étaient pas
intéressés. Ils ne voulaient pas risquer qu'on les inclut. Au
moins, ils se sont manifestés. Ce que je prétends, c'est que
c'est la preuve qu'on n'est pas obligé d'être invité quand,
enfin, c'est de notoriété publique qu'il y a une consultation,
que le mandat des gens qui consultent est clair, net et précis et que
tout venant peut se manifester.
Aujourd'hui, le seul tout venant, on le voit dans toutes les
commissions, tous les débats, c'est le député de
Lévis, le seul endroit où il ne s'est pas manifesté,
peut-être pour se réserver le droit aujourd'hui de venir dire
qu'on ne l'a pas consulté et qu'on ne l'a pas invité, c'est le
député de Lévis. C'est la seule personne qui ne s'est
jamais montrée. (15 h 30)
Mme la Présidente, dans ces circonstances, on peut
peut-être penser que le député de Lévis n'avait
aucun intérêt à tout ce qui se déroulait
dans la grande région, qu'il n'avait aucun intérêt,
et cela me frappe, à s'assurer lui-même, pour pouvoir ensuite le
soutenir, de l'existence d'un consensus, finalement, où une relation de
confiance entre des représentants de la rive sud et ceux de la rive nord
dans la région de Québec s'est finalement exprimée dans un
forum de consultation qui a donné lieu à un projet de loi
où on retrouve une volonté commune que ne partage
évidemment pas le député de Lévis.
Il a fait carrière dans la zizanie. Il est à l'aise
lorsqu'il peut engueuler quelqu'un. Il est parfaitement dans son eau
préférée lorsqu'il peut susciter des divisions, à
tel point qu'on le voit, en ce moment, tout seul sur son banc dans les
banquettes de l'Opposition. Aucun autre de ses collègues n'a aucune
espèce de goût, d'intérêt, de volonté de venir
l'appuyer dans ses démarches. Tout le monde s'est rendu compte de cela.
Tout le monde s'est rendu compte, sur la rive sud, que le député
de Lévis est le seul à ne pas avoir compris que l'avenir du
développement économique de la région de Québec
passe par une concertation plus solide, plus suivie de tous ceux qui sont
intéressés au développement économique de
l'ensemble de la région, que les gouvernements ont consenti et
continuent à consentir, pour environ cinq ans, 2 000 000 $ à
l'égard de la société de promotion nationale et
internationale de la région de Québec.
Le député de Lévis a cru relever une faille
énorme dans le projet de loi. Je vais confirmer qu'il a tenté par
tous les moyens de faire inscrire dans le texte de loi que le ministre
responsable de la société de promotion devait être un
ministre qui représentait une circonscription électorale de la
région de Québec.
Il a donné à plusieurs reprises un exemple, malgré
son caractère fallacieux, inventif et imaginaire, sinon fantaisiste. La
Commission canadienne du blé, organisme fédéral, a comme
ministre de tutelle, depuis fort longtemps et de façon successive, des
ministres fédéraux qui viennent du Manitoba, de I'Alberta ou de
la Saskatchewan. En gros, de l'Ouest du Canada. Le député de
Lévis est incapable de nous dire en vertu de quelle disposition de cette
loi fédérale, un député représentant une
circonscription de l'Ouest canadien doit être le ministre de tutelle de
la Commission canadienne du blé. C'est impossible, cela n'existe
pas.
D'abord, il est incapable de nous démontrer qu'il y a un
précédent législatif. On est même allé plus
loin que cela. Après lui avoir demandé cette question, on lui a
démontré qu'il est impossible constitutionnellement, en vertu de
la Loi sur l'exécutif, de prétendre, dans quelque projet de loi
que ce soit, nommer comme ministre de tutelle un ministre qui serait un
député d'une circonscription électorale, d'une
région donnée. Cela ne se fait pas. L'ensemble des dispositions
constitutionnelles qui nous régissent, le préambule de la Loi sur
l'exécutif et les articles 4 et 9 de cette même loi interdisent
toute espèce de tentative de faire la désignation que le
député de Lévis prétendait vouloir faire, pour la
bonne et simple raison qu'un ministre est désigné par le premier
ministre. C'est une décision politique, d'abord et avant tout, qui n'a
pas d'affaire dans un projet de loi.
Deuxièmement, il est nommé par le lieutenant-gouverneur.
On ne peut pas prétendre obliger, comme Parlement, le
lieutenant-gouverneur à nommer une personne particulière pour
occuper un poste qui n'existe pas, en vertu de la Loi sur l'exécutif, et
qui n'existera jamais, à moins qu'on change le système et que
dans ce système parlementaire britannique où nous
évoluons, il y ait, un jour, une exigence pour que le cabinet soit
constitué de gens d'origine géographique prévue
spécifiquement dans la Loi sur l'exécutif. On n'en est pas
là.
Si, pendant dix ans, le député a été
ministre, il aurait dû en profiter pour aller plaider devant ses pairs,
qui ne sont plus ici aujourd'hui - quoique le leader de l'Opposition vient de
se montrer - devant ses collègues qu'on devrait changer la Loi sur
l'exécutif et innover, inventer une chose aussi aberrante que celle
qu'il a suggérée.
Mme la Présidente, si ce n'était que cela. Mais le
député de Lévis a surtout cultivé, dans tout ce
débat, la méfiance dont il constate la disparition entre les gens
de la rive-nord et de la rive-sud. Il a pris toutes sortes d'occasions pour
dire qu'un consensus n'avait pas été réalisé, qu'il
y avait eu du tordage de bras ou que les maires ou les préfets, en
l'occurrence, se trompaient et ne représentaient personne parce qu'on
avait prétendu, de notre côté, et c'est
précisément ce qui est arrivé, je l'ai vécu
physiquement dans une salle avec des gens nommément identifiés...
Nous avons consulté, après le projet de loi, des gens qui
détiennent des mandats de leurs concitoyens et qui nous ont
suggéré des façons de faire les choses afin d'assurer leur
représentation au conseil d'administration.
Je n'ai pas inventé la nécessité qu'il y ait des
substituts aux membres des conseils d'administration. Je n'ai pas
inventé le nom de la Société du parc industriel et
portuaire Québec-Sud. Ces suggestions sont venues clairement des gens de
la région de la rive sud que nous avons consultés. Un consensus a
été réalisé. Il y a des choses à
réaliser, il y a eu une consultation afin d'en arriver à ce qui
nous permet de constater l'état de confiance qui existe entre les gens
de la rive nord et ceux de la rive sud en matière de
développement économique de la très grande région
de Québec. Nous l'avons fait vérifier par des élus du
peuple.
Nous avons confié, et le représentant du gouvernement
fédéral et moi-même, à nos présidents de
caucus régionaux respectifs le mandat de désigner à
l'intérieur de leurs groupes ministériels deux
représentants, ce qui fut fait. De notre côté, ce sont les
députés de La Peltrie et de Taschereau qui ont été
retenus, de l'accord
de l'ensemble des députés qui forment ce caucus, et du
côté du gouvernement fédérai, ce sont M. Tremblay et
Mme Tardif qui ont été retenus.
Il y a eu une large consultation des élus, il y a eu à
toutes les étapes une ouverture d'esprit entre les gens de la rive nord
et ceux de la rive sud dont on pouvait déplorer l'absence à
certains égards depuis plusieurs années. Il y a un geste
précis qui est posé par l'ensemble des municipalités qui
est de participer financièrement aux activités de la
Société de promotion nationale et internationale du Québec
métropolitain de même qu'à d'autres activités qui
pourraient émaner des plans stratégiques, qui pourraient
être développées par cette société. Il y aura
une participation financière au développement économique
de toute la région, participation financière consentie par
l'ensemble des gens qui représentent l'ensemble de la région.
C'est un progrès considérable. Pendant que cela se
déroulait, le député de Lévis était
où et faisait quoi? Je n'en sais rien, Mme la Présidente.
Peut-être qu'il regardait la télévision, peut-être
qu'il se promenait dans d'autres comtés, peut-être qu'il
était perdu dans une commission en train de parler durant des heures sur
des sujets dont il ne connaît pas le début ni la fin.
Peut-être qu'il était en train de manger de la pizza,
peut-être qu'il était en train de lire les journaux quelque part.
Je n'en sais rien.
Tout ce que je sais, c'est que cela fait des mois qu'on procède
à des consultations, cela fait des semaines qu'on s'attaque à
vraiment formuler le mieux possible un projet de loi hors la présence...
parce qu'on ne rédige pas des projets de loi avec les gens du milieu,
cela se rédige et cela se présente ici, d'abord, devant les
parlementaires, ensuite, durant des jours, nous avons raffiné ces
formulations, d'où le fait qu'il y a eu des amendements
présentés par celui qui vous parle et par d'autres
députés qui avaient eu des consultations avec les gens de la rive
sud. Les seuls amendements proposés par le député de
Lévis, hormis quelques-uns de nature très technique que nous
avons reconnus - cela arrive, des coquilles de rédaction, il n'y a rien
là - les autres amendements présentés par le
député de Lévis péchaient tous à un titre ou
à un autre par méconnaissance ou ignorance du
député de Lévis dans cette matière. Je l'ai
démontré? On lui a dit et répété. On lui a
demandé des explications qu'il était incapable de nous donner. On
lui a demandé des précédents qu'il était incapable
de citer. Vouloir nommer un ministre de tutelle à l'égard d'un
organisme en imposant comme condition l'origine géographique du ministre
de tutelle, c'est du jamais vu, c'est de l'impossible. (15 h 40)
Les autres dispositions que le député de Lévis
voulaient suggérer avaient trait à des engagements pour
aujourd'hui du soutien financier des gouvernements fédéral et
provincial pour une société de promotion en 1990, 1991 et 1992.
C'est de la fantaisie pure et simple. Je ne dis pas que c'est impossible
juridiquement de nous lier, on le fait dans d'autres lois. Il y a, par exemple,
une enveloppe prévue pour le Centre de recherche industrielle du
Québec, sur cinq ans, c'est dans la loi. La dotation du CRIQ est
prévue à la "cenne" sur une période précise dans la
Loi sur le CRIQ. Mais on n'en est pas là, on est dans le
développement économique C'est quelque chose qui évolue.
C'est quelque chose où la participation des gens peut faire changer les
ambitions budgétaires, la nature des activités, la qualité
des plans stratégiques, le nombre d'interventions, le genre et le lieu
des événements qui peuvent être en cause. On ne
détermine pas aujourd'hui, dans une commission parlementaire ou à
l'Assemblée nationale, ce que le milieu du Québec
métropolitain pourrait décider pour lui-même dans trois ou
quatre ans. C'est de la fantaisie, c'est totalement déconnecté de
la réalité.
Je suis heureux qu'en contrepartie, on ait aujourd'hui l'occasion
d'adopter un projet de loi qui colle parfaitement à la
réalité souhaitée par les gens de la rive nord et de la
rive sud, qui sont tous unis dans une oeuvre de promotion nationale et
internationale du Québec métropolitain. Je suis extrêmement
heureux, non seulement de voir que nous aurons l'occasion de l'adopter dans
l'intérêt des gens de la région, mais d'être, au
moment où l'on se parle, le ministre de tutelle qui aura à
traiter de ces questions. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce. Cette réplique termine le débat. Est-ce que le
projet de loi 27, Loi sur la Société de promotion
économique du Québec métropolitain et modifiant la Loi sur
la Société Inter-Port de Québec, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gendron: Adopté, sur division.
La Vice-Présidente: Adopté, sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, Mme la Présidente. Si vous voulez appeler
l'article 14 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 6 Reprise du débat sur
l'adoption
La Vice-Présidente: À l'article 14 de notre
feuilleton, il s'agit de la reprise du débat concernant l'adoption du
projet de loi 6, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. Là-dessus, je
suis prête à reconnaître le premier intervenant. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai écouté le
ministre de l'Industrie et du Commerce et j'aurais aimé qu'il ait la
même vigueur quand il parlait surtout avec Ottawa. Mais quand est
arrivé l'affaire des frégates, on s'est rendu compte que le
ministre a eu un résultat de zéro sur six.
M. Gratton: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Garon: Alors, vous comprendrez...
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: II me semble, Mme la Présidente, que le
député de Lévis, qui vient de se faire savonner de belle
façon, devrait savoir que ce projet de loi est fini. Le projet de loi 27
a été adopté, sur division, j'en conviens, mais c'est
terminé. Là, il doit parier du projet de loi 6. S'il veut bien,
s'il vous plaît, respecter la pertinence, je n'ai pas d'objection
à ce qu'il soit général dans ses remarques, mais il faut
au moins qu'il parle du bon projet de loi.
La Vice-Présidente: Vous savez, M. le député
de Lévis, qu'à toute étape d'un projet de loi, la
pertinence est de mise. Je sais qu'il n'est pas de jurisprudence, en cette
Chambre, d'être très restrictif sur la pertinence elle-même,
mais il faudrait tout de même s'en reporter au projet de loi.
Là-dessus, je suis prête à vous reconnaître, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, vous aviez compris qu'il
s'agissait d'une transition entre deux projets de loi. J'aurai l'occasion dans
ce discours de donner des exemples. Je parlerai du ministre de l'Industrie et
du Commerce qui n'est pas rassurant pour la région de Québec,
puisque son histoire passée, si elle est indicatrice de l'avenir, je
vais vous dire que les gens de la région de Québec ne sont pas
très confiants de ce que ce ministre va leur apporter.
Maintenant, dans mon discours sur le projet de loi 6, j'en ai dit un mot
hier, je voudrais revenir sur le sujet et indiquer à quel point ce
projet de loi est curieux. Il s'agit d'un projet de loi de 83 pages, 129
articles, qui a pour effet de mettre en oeuvre principalement des
déclarations ministérielles. Pourquoi? Parce que le gouvernement
ne fait plus vraiment de discours sur le budget, il fait un discours sur les
crédits, au mois de mars, et le discours sur le budget qui doit suivre,
à la fin d'avril ou au début de mai, qui devrait être un
discours sur le budget, à toutes fins utiles, est un autre discours sur
les crédits.
Mme la Présidente, il faut savoir un peu comment cela fonctionne
puisque, il y a un certain nombre d'années, le Parlement avait un
discours sur le budget qui comprenait à la fois les revenus du
gouvernement et les dépenses du gouvernement. Dans le même
discours, le ministre des Finances indiquait à la population quelles
seraient les sources de revenus dans l'année, quels seraient les
nouveaux impôts qu'il mettrait en place, qu'il enlèverait ou qu'il
modifierait et les dépenses qu'il avait l'intention de faire. Mais
qu'est-il arrivé par la suite? Les gouvernements en sont venus à
faire deux discours: d'abord, une présentation des crédits, vers
la fin de mars, et ensuite, une présentation des revenus, un peu plus
tard, lors du discours sur le budget, vers la fin d'avril ou le début de
mai.
Le ministre des Finances que nous avons actuellement, qui aime mieux
farder la réalité que la présenter, a transformé le
discours sur le budget en une sorte de second discours sur les crédits
ou de présentation des crédits, en annonçant
différentes mesures qui auraient dû se retrouver dans la
présentation des crédits ou des dépenses du gouvernement,
et on en est arrivé, au cours de l'année, à parsemer ici
et là des déclarations ministérielles dans des discours de
cinq minutes, selon notre règlement, pour lesquelles l'Opposition a un
droit de réponse de cinq minutes et le ministre un droit de
réplique de quelques minutes, normalement, qu'il dépasse
habituellement un peu.
À toutes fins utiles, on en vient à imposer des taxes
considérables aux citoyens, sans même qu'il y ait de débat
en cette Chambre, violant en ce sens les prérogatives les plus
fondamentales d'un Parlement, c'est-à-dire l'approbation des
dépenses et surtout des sources de revenu du gouvernement. Ainsi, au
mois de décembre dernier, dans une déclaration
ministérielle, le ministre des Finances a imposé 325 000 000 $
d'impôt aux Québécois sans même un budget, simplement
par une déclaration ministérielle, quelques jours avant
Noël, dans le brouhaha de la fin de session du mois de décembre.
Pourquoi? Pour ne pas que les gens s'aperçoivent trop des taxes
nouvelles qu'il imposait.
J'ai devant moi le député de Gatineau, qui a
été temporairement ministre du Revenu, qui a
présenté lui aussi, à un moment donné, 250 000 000
$ de taxes par un papier qu'il a signé, pensant signer un mémoire
au Conseil des ministres, a-t-il dit plus tard en conférence de presse.
Il a annoncé 250 000 000 $ de taxes sur la bière, l'essence et le
tabac, au mois de février 1986, apparemment sans savoir ce qu'il
faisait, il pensait simplement qu'il demandait au Conseil des ministres
l'autorisation de lever ces taxes.
Mme la Présidente, aujourd'hui, par la loi 6, le gouvernement
veut mettre en oeuvre des déclarations ministérielles, et je vais
vous lire cela: "II donne suite, en partie, à la déclaration
ministérielle du ministre des Finances du 11 novembre 1986, à
l'énoncé de politique budgétaire du gouvernement du 18
décembre 1985 et à l'annexe A du discours sur le budget du 1er
mai
1986. "
Vous vous rendez compte, on ne peut pas dire que c'est un gouvernement
aussi rapide qu'il le prétend. Le ministre du Revenu aime dire qu'il est
rapide, sauf que la loi vise à mettre en oeuvre un discours sur le
budget et des déclarations ministérielles qui ont eu lieu il y a
deux et, dans un cas, presque trois ans. On ne peut pas dire que c'est
très rapide, au contraire, c'est très lent et cela devrait se
faire beaucoup plus rapidement. (15 h 50)
Ce qui est pire, Mme la Présidente, c'est qu'on a un curieux
discours sur le budget. Hier, j'ai lu l'annexe, mais j'aurais dû lire
fondamentalement ce qui a été le discours du ministre des
Finances en cette Chambre, le 1er mai 1986, disposition qui est mise en
application par la loi 6. Je vais vous le lire et, après cela, je vais
vous dire ce qu'il a fait en réalité. Il a dit, à la page
22 du discours sur le budget du 1er mai 1986: "Enfin, il faut aussi venir en
aide aux travailleurs du Grand-Nord québécois et à ceux
des postes isolés, dans la mesure où ils ont à supporter
des frais de subsistance plus élevés. " C'est une mesure qui a du
bon sens parce qu'on sait qu'il en coûte plus cher de vivre dans les
territoires nordiques. Regardez bien: "... du Grand-Nord
québécois et à ceux des postes isolés, dans la
mesure où ils ont à supporter des frais de subsistance plus
élevés. J'annonce donc que le Québec mettra en application
des mesures identiques à celles que vient d'adopter le gouvernement
fédéral. Ainsi une déduction de 225 $ par mois sera
accordée à chaque travailleur résidant dans ces
localités. Pour ceux qui occupent un logement autonome, la
déduction atteindra 450 $ par mois par logement. Cette nouvelle mesure
est plus avantageuse que l'exonération qui leur était autrefois
accordée et représente un coût de 23 000 000 $. Elle ne
commencera cependant à s'appliquer que pour l'année d'imposition
1987 et n'affectera pas les équilibres financiers de 1986-1987. "
Écoutez bien, j'attire votre attention sur ce que je vais vous lire,
pour ceux qui ont écouté le discours sur le budget le 1er mai
1986. "Les contribuables des comtés d'Ungava et de Duplessis ainsi que
ceux des postes isolés du Québec sont susceptibles de
bénéficier de cette mesure. "
Imaginez-vous, quand vous avez vu cela, vous vous attendez qu'il va y
avoir des mesures concernant des municipalités éloignées
d'Ungava, c'est-à-dire, les 14 localités inuit du Grand-Nord:
Fort Chimo autrefois, maintenant appelé Kuujjuaq, Povungnituk, Ivujivik,
Salluit, toutes les municipalités que j'ai déjà
visitées relativement aux pêcheries.
Dans le Grand-Nord, à la pointe du Grand-Nord, vous vous attendez
aussi à voir Blanc-Sablon, Brador, des municipalités de la
Basse-Côte-Nord où il n'y a pas de chemins, où les gens
doivent prendre l'avion à moins de venir en bateau. Mais 400 milles en
chaloupe c'est un peu long. Comme on sait que le service n'est pas
fréquent alors les gens doivent prendre l'avion et cela leur coûte
des frais élevés pour pouvoir circuler. Mais qu'est-ce qu'on a vu
en réalité quand on a étudié le projet de loi en
commission parlementaire? J'ai posé un certain nombre de questions pour
savoir à qui cela s'appliquerait. Et la, le ministre à un moment
donné m'a dit: II y a un certain nombre de municipalités
additionnelles qui sont mentionnées dans un règlement
fédéral. Alors j'ai dit: Bon, c'est un règlement
fédéral. J'imagine que le ministre des Finances du Québec
et le ministre fédéral s'en sont parlé. J'aimerais savoir
ce qu'on y mentionne. Alors il m'a lu que dans la province de Québec
cela s'appliquerait à un certain nombre de municipalités et
après qu'il les eut mentionnées, j'ai dit: On n'est pas dans le
Grand-Nord, dans les postes isolés. On n'est pas dans le comté de
Duplessis. On est dans le comté de Bonaventure, le comté du
ministre des Finances. Je vais vous nommer les municipalités: Black
Cape, Bonaventure, Caplan, Escuminac, Fermont dans le Grand-Nord, Grande
Cascapédia dans Bonaventure, l'Alverne, Manouane, New-Carlisle.
Imaginez-vous. Le poste isolé de New-Carlisle! New-Carlisle, le village
du Grand-Nord! C'est le village où demeure le ministre des Finances qui
a réussi à raccrocher sa municipalité comme un poste
isolé. On s'attendait d'avoir des chasseurs de baleines, des chasseurs
de morses mais non New Carlisle, Mme la Présidente. New Richmond, New
Richmond Station, Nouvelle qui n'est pas tout à fait sur le bord de
l'eau, dans la baie des Chaleurs mais un peu à l'intérieur des
terres, pas loin. Paspébiac, poste isolé du Grand-Nord
québécois! Avez-vous vu cela? Pointe-à-la-Croix,
Pointe-à-la-Gare, Restigouche, Rivière Paspébiac, toutes
des municipalités du comté du ministre des Finances. Il n'a pas
dit dans le discours sur le budget "ainsi que du comté de Bonaventure".
Non, pas un mot! Cela continue, Saint-Alphonse-de-Caplan, Saint-Elzéar
de Bonaventure, Saint-Godefroi, Saint-Jules-de-Cascapédia, Saint-Omer,
Saint-Siméon-de-Bonaventure, toutes des municipalités du
comté de Bonaventure. Et l'autre, Winnawey, je n'ai pas eu le temps de
vérifier. Winneway. Je dois vous dire que je connais pas mal toutes les
municipalités du Québec mais celle-là je ne la connais
pas. Il faudrait que je vérifie ça. Elle est peut-être dans
Bonaventure ou ailleurs. Je ne le sais pas.
Mais essentiellement toutes les municipalités à
l'exception de Fermont, possiblement Winneway et Black Cape que je ne connais
pas non plus sont toutes du comté de Bonaventure. Il faut dire que les
gens de I'Alberta ont été plus gênés parce qu'ils
ont nommé, eux, des réserves indiennes du Nord: Big Horn, Frog
Lake Reserve, Nordegg, Small Boy Camp C'est tout, rien d'autre. Il semble que
le ministre des Finances de l'Alberta est un peu plus scrupuleux. Dans la
province de l'Ontario, où on remarque que le ministre des Finances est
un peu plus rigoureux,
il y a Grassy Narrows, Gull Bay, Islington, IDS, White Dog Reserve,
Longlac ou Long Lake, je ne sais pas. C'est tout. Ici, quand on arrive au
Québec, cela a été toutes les municipalités
essentiellement qui ont été nommées à l'exception
d'une ou deux qui sont du comté de Bona-venture. Le problème
n'est pas là. Le problème est que, lorsqu'il a fait son discours
sur le budget, le ministre des Finances en aucun moment n'a fait
référence au comté de Bonaven-ture. Il a fait
référence uniquement aux comtés d'Ungava et de Duplessis
et aux postes isolés du Nord québécois. Pourquoi?
Seulement en commission parlementaire et on l'a su parce qu'on a posé
des questions. Il faut se référer, imaginez-vous, pour le savoir,
à l'annexe 9, division A, paragraphe 7303, alinéa 2 d'un
règlement fédéral, d'un avant-projet de règlement
fédéral, avant-projet de règlement que j'ai ici, pour
déterminer, savez-vous qui? L'avant-projet de règlement, partie
1, etc., les résidents du Nord reconnus pour ces fins-là, les
résidents du Nord.
Je me serais attendu à voir, et je l'ai dit hier, des
résidents des comtés d'Abitibi-Est et d'Abitibi-Ouest, au Nord,
des gens au nord du comté de Labelle, des gens au nord de tous les
comtés qui vont nord-sud et qui sont en liaison avec les régions
nordiques, à voir quelques municipalités qui n'étaient pas
partie du nord arctique, si on veut. Pas du tout, on se retrouve avec des
municipalités du comté de Bonaventure. Est-ce qu'on trouve cela
normal? C'est là que je dis, Mme la Présidente, que ce n'est pas
franc. On aurait dû se référer directement au comté
de Bonaventure. On aurait pu dire les comtés d'Ungava, de Duplessis et
de Bonaventure. Évidemment, cela aurait été un vaste
éclat de rire dans l'Assemblée nationale, et c'est pourquoi le
ministre des Finances n'a pas voulu le faire. Il a préféré
faire un discours sur le budget qui se référait à une
réalité qui est complètement autre que celle qu'on va
découvrir deux ans plus tard, deux ans et un mois et demi plus tard. Ce
discours, c'était le 1er mai 1986 et on a pu, en commission
parlementaire la semaine dernière, obtenir des papiers et même pas
des papiers qui semblent définitifs. On a eu tout simplement un
avant-projet de règlement fédéral pour déterminer
les résidents du Nord avec les cartes et les parallèles.
Mme la Présidente, le ministre de l'Industrie et du Commerce
pourra faire les sparages qu'il voudra. Je ne vis pas habituellement dans le
troisième degré d'abstraction ou dans le cinquième
degré d'abstraction. Je vis dans la réalité de tous les
jours. Quand j'ai dit au ministre de l'Industrie et du Commerce tantôt:
Vous n'inspirez pas confiance aux gens de la région de Québec,
c'est parce que, jusqu'à maintenant, les gens se rappellent que c'est le
secteur des frégates dans lequel il s'est exercé et il y a eu des
résultats nuls, zéro. Les gens n'ont pas de raison de penser
qu'il va être meilleur dans la promotion économique de la
région de Québec.
C'est pourquoi j'ai dit qu'il faudrait avoir un autre ministre de
tutelle. Pourquoi? Parce qu'il faut vivre dans la réalité. Quand
le ministre des Finances nous dit qu'il va déterminer des avantages pour
les résidents du Grand-Nord, de l'Un-gava et de Duplessis, à mon
avis, s'il veut faire des choses dans son comté, dans un projet de loi,
il devrait avoir la franchise de le dire dans le discours sur le budget et non
pas qu'on le découvre par après en fouillant dans les papiers au
7303e paragraphe, alinéa 2 d'un règlement d'un avant-projet de
règlement fédéral. Vous savez qu'il faut fouiller un moyen
coup pour aller trouver ce règlement-là dans lequel sont
camouflées les municipalités du comté de Bonaventure qui
vont pouvoir bénéficier des avantages qui n'ont jamais
été mentionnés dans le discours sur le budget. C'est cela,
Mme la Présidente. Que le ministre l'ait mentionné, que le
gouvernement veuille le faire, c'est une chose. L'Assemblée
appréciera. La population appréciera le fait qu'on pense que les
municipalités comme New Carlisle sont des postes isolés ou des
territoires du Grand-Nord. Vous savez que Jacques Cartier avait tellement
trouvé qu'il n'était pas dans le Nord qu'il avait appelé
ce territoire la baie des Chaleurs parce qu'il crevait de chaleur quand il est
passé la; je ne me souviens plus si c'était lors de son premier
ou de son deuxième voyage. (16 heures)
Mme la Présidente, je veux vous dire essentiellement que ce n'est
pas normal. Il faudrait avoir de la franchise. Je ne suis pas un
spécialiste des mammouths; les mammouths silencieux du
député d'Outremont, je ne suis pas un spécialiste de
ça. Pourquoi? Parce que je lui ai dit que les mammouths sont une
espèce disparue il y a des millions d'années, faute d'avoir pu
s'adapter à leur environnement, à leur milieu ambiant. Il ne
s'agit pas de créer aujourd'hui des espèces disparues il y a des
millions d'années. Je le lui ai dit. Au début, il se vantait des
mammouths; à la fin, il essayait de faire croire au monde que c'est moi
qui avais parlé des mammouths, alors que je n'en ai jamais parlé,
sauf pour dire que cela n'avait pas de bon sens de créer des mammouths
en l'an 1988, alors que ces espèces sont disparues il y a des millions
d'années parce qu'elles ont été incapables de s'adapter.
Mme la Présidente, je me dis qu'il faut qu'on ait des programmes
adaptés aux besoins des gens, collés à la
réalité des gens, dans des consultations ouvertes, non pas dans
de petits comités d'hôtel, mais dans des assemblées
ouvertes où les gens savent d'avance que des réunions auront
lieu, connaissent les enjeux et peuvent en parler.
Quand j'ai dit cela tantôt au ministre de l'Industrie et du
Commerce, il a dit: Oui, j'en ai parlé avec les gens, des centaines de
milliers de personnes de la région de Québec sont au courant
qu'il y aura une Société de promotion économique du
Québec métropolitain. J'aimerais
qu'il fasse un petit sondage. Je gagerais qu'il n'y a pas 1 % des gens
qui ont entendu parler de cette créature hybride, au sujet de laquelle
il s'est fait dire lui-même en commission parlementaire que c'est un
être hybride. Je lui ai demandé quels étaient les exemples
de conseils d'administration de cette nature, et il n'a pu en trouver un seul.
À un moment donné, il nous a donné une opinion juridique
sur des suppléants qui deviendraient membres du conseil
d'administration; je l'ai regardé et j'ai vu immédiatement le
conseiller juridique arriver en courant à côté de lui.
Là, le ministre s'est renversé la tête sur son fauteuil et
il s'est fermé les yeux. Mon conseiller m'a demandé: Qu'est-ce
qui lui arrive? J'ai dit: II vient de se faire dire par son conseiller
juridique qu'il vient de dire le contraire de ce qu'il est. Il ne connaît
pas ça. Il dit: Même si c'est en droit. À un moment
donné, je m'étais demandé s'il était avocat. Il ne
connaît pas ça et il vient de dire le contraire, il va être
obligé de dire le contraire de ce qu'il vient de dire parce qu'il ne
connaît pas son projet de loi. C'est ce qui est arrivé. Et c'est
enregistré. Je le dis publiquement devant tout le monde. Aussitôt
que les galées vont sortir, s'il y en a qui sont
intéressés, je vous montrerai à quel endroit c'est
arrivé. C'est enregistré.
Mme la Présidente, j'aime ça et je comprends que le
ministre se soit dit: Je vais faire mon discours, et il ne pourra plus
répliquer parce que c'est moi qui ai le dernier droit de parole. Sauf
que la vérité a ses droits, et les gens qui me connaissent dans
la région de Québec, M. le leader du gouvernement, savent une
chose, c'est que je ne les bourre pas. Je ne les bourre pas parce que je leur
dis les choses telles qu'elles sont, habituellement, s'en m'enfarger dans le
cinquième degré d'abstraction, sans prétendre non plus
avoir le doctorat global. Je connais des docteurs en droit, des docteurs en
génie, des docteurs ès lettres, mais on a parfois devant nous des
ministres qui ont le sentiment d'avoir le doctorat global et de tout
connaître. On a vu ça dans le secteur des ambulances où le
député ministre de Beauce-Sud, plutôt
spécialisé dans les bicycles, s'est lancé dans les
ambulances, et on voit ce que cela donne actuellement. Et on voit des ministres
qui nous disent: Moi, je n'étais pas au Conseil des ministres parce que
cela n'aurait pas passé si j'avais été là. Ils
laissaient entendre cela en le disant quasiment clairement. Ou encore, des
députés libéraux viennent nous dire qu'ils trouvent
curieux le projet du député de Beauce-Sud. Pourquoi? Il s'est
embarqué dans un domaine qu'il ne connaissait pas. Quand on embarque
dans un domaine qu'on ne connaît pas, il faut y aller prudemment.
Le ministre des Finances, lui, est un fin renard. Député
depuis 1956, 32 ans dans le Parlement, connaissant presque tous les rouages,
comme ministre des Finances, il s'est dit: Je ne suis pas pour mettre dans mon
discours que je vais payer des allocations de vacances. Écoutez bien, je
vais vous lire maintenant ce qu'on dit à l'annexe 15, ce que vont donner
ces déductions pour les résidents du Grand-Nord. Pour les gens du
Grand-Nord et de postes isolés, ce n'est pas anormal. Qu'auront ces
gens-là parce qu'ils restent loin? On dit: Une déduction à
l'égard des voyages pour fins médicales ou de vacances. Cette
déduction sera égale au coût des billets aller-retour par
avion, classe économique, pour l'employé et sa famille
jusqu'à la ville désignée la plus proche.
Désignée, non pas nécessairement la plus proche, mais
celle qui est désignée la plus proche. Toutefois, pour les
voyages de vacances, la déduction sera limitée aux frais de deux
voyages par année. Que ce soit possible pour quelqu'un de Fermont, de
Schefferville, de Kuujjuaq, personne ne va dire un mot. Blanc-Sablon, Old Fort,
Brador, Natashquan, Baie Johan-Beetz, personne ne va dire un mot. Pourquoi?
Parce que ces villages sont éloignés. Ils n'ont pas de moyens de
communication faciles. Les gens qui vont travailler dans ces endroits vont
demander des montants supplémentaires s'ils n'ont pas d'allocation
particulière.
De là à dire qu'afin d'améliorer le traitement
fiscal actuellement accordé aux résidents du Grand-Nord
québécois et de postes isolés, il faut ajouter le
comté de Bonaventure et les villages du comté de Bonaventure
parce qu'ils seraient devenus des postes isolés, imaginez-vous! Et
demain matin, expliquez à quelqu'un de New-Carlisle qu'il est à
un poste isolé du Grand-Nord pour voir ce qu'il va vous dire. Demandez,
dans un sondage, aux gens de chacun des villages du comté de Bonaventure
s'ils pensent qu'ils résident dans un poste isolé du Grand-Nord.
Je vais vous dire que si vous ne leur dites pas pourquoi vous leur demandez
cela, il n'y en a pas un qui va vous dire oui. Ils savent bien qu'ils ne sont
pas dans un poste isolé du Grand-Nord!
Je vois le député de Gaspé qui sourit. Il voit bien
à quel point cela a été un finassage; je ne sais pas si
c'est antiparlementaire, mais je dirais "du renard" de Bonaventure. Pourquoi?
Parce que, comme député qui a de l'expérience et comme
ministre des Finances, il s'est dit: Si j'inclus cela dans mon discours sur le
budget, cela va être l'éclat de rire général. On va
dire: On s'en fait passer une verte et des pas mûres. Il faut dire que le
député de Bonaventure est à peu près le seul dans
cette Chambre qui a appris, à l'école de M. Duplessis, les trucs
de M. Duplessis qu'il y avait apparemment dans le temps de M. Taschereau, ce
genre d'entour-loupette. Mais aujourd'hui, en 1988, en 1986, en 1987, ce genre
d'entourloupette dans un discours sur le budget, ce n'est pas normal.
Le ministre des Finances aurait dû dire franchement: Je veux
donner des allocations spéciales aux gens de mon comté et dire
pourquoi, mentionner les villages et dire pourquoi, mais pas dire qu'il voulait
donner, dans son
discours sur le budget, des allocations aux résidents du
Grand-Nord, aux comtés d'Ungava et de Duplessis et après, dans le
règlement, se retrouver avec des municipalités du comté de
Bonaventure qui est au sud de la Gaspésie dans la baie des Chaleurs.
C'est cela qui est le point, Mme la Présidente. Vous comprenez comme
moi, et je vous le dis à vous, que ce n'est pas correct pour la Chambre
d'avoir un discours sur le budget qui cache des choses. On aurait dû
trouver au moins des indications en annexe. Comprenez bien, c'est là le
discours du 1er mai 1986, qui s'applique depuis 1987 pour cette disposition et
en commission parlementaire, le ministre du Revenu n'a pu nous fournir
jusqu'à maintenant qu'un avant-projet de règlement, partie 1:
Résidents du Grand-Nord, avant-projet de règlement
fédéral.
Imaginez-vous la concoction articulée que le ministre des
Finances a faite pour se retrouver avec une telle énumération des
villages de son comté dans le paragraphe 7303, alinéa 2 de
l'avant-projet de règlement fédéral. Vous comprenez, Mme
la Présidente, que c'est la surprise générale. Les gens ne
comprennent pas ce genre de façon de faire des discours sur le budget.
C'est pourquoi je me suis levé à plusieurs reprises dans cette
Chambre.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce trouve que je parle trop, sauf
que je suis le seul député de la région de Québec
et j'essaie d'occuper la place pour laquelle les gens m'ont élu. Les
gens m'ont dit quand ils m'ont élu dans Lévis - ils savaient que
le Parti québécois perdrait ses élections. Ils le savaient
- On aime mieux avoir un député de l'Opposition qui parle et qui
se tient debout qu'un député libéral qui reste assis et ne
dit jamais rien. C'est cela que les gens me disaient lors de mon
élection en 1985. Quand j'étais à la porte des chantiers
maritimes à sept heures du matin. Les gens venaient me voir et disaient:
M. Garon, on sait que le Parti québécois va perdre, mais on va
voter pour vous parce qu'on sait que même dans l'Opposition vous allez
vous battre plus pour nous autres qu'un député
d'arrière-ban qui va être dans le fond de la salle et qu'on ne
verra jamais. (16 h 10)
Mme la Présidente, ils ne se sont pas trompés...
La Vice-Présidente: J'aimerais vous rappeler, M. le
député, que nous sommes toujours au projet de loi no 6 et je vous
demanderais de continuer.
M. Garon: Merci, Mme la Présidente. J'ai vu la
réaction du ministre délégué aux PME qui se
lève à peu près deux fois par année. Il ne peut pas
dire qu'il est très actif. Le développement économique a
besoin de gens actifs, de gens qui veulent. Pas de gens qui se fâchent en
cette Chambre et qui arrivent à Ottawa doux comme des moutons, comme le
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui nous disait que dans sa
stratégie de négociation, il est silencieux, il ne fait pas de
bruit. Il disait qu'il ne voulait pas être comme le ministre de
l'Agriculture du temps.
Sauf que le ministre de l'Agriculture du temps ne se faisait pas plumer
comme cela. Il en avait des chèques. Pour en avoir dans ses poches, il
en avait. Tandis que le ministre n'en a pas à montrer, il n'en a pas.
Moi, je pouvais en montrer, j'en avais. Ce que le ministre de l'Agriculture
d'aujourd'hui pourrait montrer, ce sont les chèques qu'on donne dans
l'Ouest, 3 000 000 000 $ en 1987. Lui, il n'a rien. Il se plaint, il dit: Cela
faisait longtemps que c'était comme cela. Non, cela ne fait pas
longtemps.
On s'est toujours plaint que le Québec n'avait pas sa part. Mais
c'est pire que jamais, actuellement. C'est rendu que les usines ferment,
même dans la Gaspésie, faute de quotas. Pour avoir des quotas, il
faut se battre. Quand des ministres négocient et ne se battent pas, ils
n'ont rien. Habituellement, de la même façon, quand on va devant
les tribunaux, les juges ne vous donnent pas ce que vous ne demandez pas. Ils
n'ont même pas le droit d'aller ultra petita, pas le droit de donner plus
à un justiciable qu'il ne demande.
En politique, pensez-vous que les gens vous donnent plus? Le seul
organisme, depuis le temps des libéraux, dont je sais qu'il en donne
plus que le client en demande, c'est la Commission de protection du territoire
agricole qui, apparemment maintenant, "dézone" plus que les
municipalités en demandent. Phénomène nouveau, avec des
nouveaux commissaires qui ont été nommés depuis 1986.
Mme la Présidente, je sais que cela fatigue souvent quand je
parle. J'en vois qui disent: Quand est-ce qu'il va arrêter? Savez-vous
une chose, Mme la Présidente, ce qui est important, c'est de dire ce qui
doit être dit. C'est important de le faire. J'aimerais cela que certains
députés de la région de Québec se lèvent.
Quand le ministre de l'Industrie et du Commerce a parié tantôt, il
a dit: Le député de Lévis est tout seul avec le leader de
l'Opposition.
La Vice-Présidente: Question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, je suis d'accord avec le
député de Lévis que c'est important de dire ce qu'on a
à dire. Mais il faudrait parler du sujet qui est devant
l'Assemblée nationale.
Quand un député est incapable de parler du sujet qui est
en discussion, souvent les gens peuvent juger que c'est parce qu'il divague. Je
rappelle, Mme la Présidente, et je demanderais que vous rappeliez au
député de Lévis, qu'il s'agit du projet de loi 6, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Il ne s'agit pas
du discours d'ouverture ou d'un discours du budget où on peut
commenter sans être limité par la pertinence au sujet. C'est un
projet de loi qui touche la fiscalité, pas l'agriculture, pas les
pêcheries, pas tout ce dont nous parle le député de
Lévis.
Cela va sûrement l'avoir aidé que je l'aie interrompu. Il a
pu se reposer, il va avoir repris son souffle. On pourra l'écouter
encore pendant la demi-heure qu'il lui reste, avec tout le plaisir qu'il nous
procure, surtout qu'il est si gentil à l'endroit de ses collègues
de l'Assemblée nationale. Je voudrais l'en remercier tout de suite, de
peur d'oublier de le faire quand iI aura terminé, si jamais cela arrive
qu'il termine.
La Vice-Présidente: Merci. M. le député de
Lévis, vous savez en tant que juriste, que tout débat doit porter
sur le projet de loi en cause. Présentement, nous sommes à
l'adoption du projet de loi 6. Je vous demanderais de reprendre sur le sujet,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, ce que je faisais
essentiellement, c'est de répliquer au ministre de l'Industrie et du
Commerce qui est en troisième lecture sur un projet de loi et qui disait
la même chose que je dis.
Il me faisait remarquer que j'étais tout seul de la région
de Québec en cette Chambre. Il ne peut pas beaucoup me reprocher cela.
Je suis le seul député de l'Opposition de la région de
Québec. Je répliquais tout simplement à ce qu'il a dit
lui-même dans le même cadre, en troisième lecture d'un autre
projet de loi, où il disait que j'étais le seul en Chambre de la
région de Québec. Quand il parlait de la région de
Québec, il n'y avait personne de la région de Québec, chez
les députés libéraux. Il y en a plusieurs qui sont
députés de la région et pas un seul n'a assisté
à son discours. Zéro pour la région de Québec! J'ai
même dû appeler le quorum pour qu'il soit accompagné de plus
de deux députés en cette Chambre. Il n'y avait pas de
députés libéraux. J'ai appelé le quorum parce que
je trouvais cela insultant pour un ministre de faire un discours tout seul.
Après que le quorum fut atteint, il pouvait se vanter d'avoir quelques
députés autour de lui grâce à mon appel de quorum.
C'est pour cela que je pense que les choses doivent être
rétablies. Si on a permis au ministre de l'Industrie et du Commerce de
parler de ces choses, j'imagine que j'ai le droit aussi dans les mêmes
circonstances d'un discours de troisième lecture de faire la
réplique et de dire la même chose, de dire ce qui s'est
passé réellement parce qu'il ne faut pas laisser les crimes
impunis, il ne faut pas laisser sans réplique les affirmations
gratuites. C'est pourquoi il est Important de rétablir les faits.
Habituellement, j'essaie de le faire dans la mesure des
possibilités qui me sont accordées. Comme, au cours des
dernières journées, je me suis retrouvé en commission
parlementaire de 10 heures le matin, non, caucus à 9 heures,
période de questions à 10 heures, commission parlementaire
à 11 heures jusqu'à minuit à peu près tous les
soirs depuis la fin de mai, I est évident que j'ai manqué
certains débats à l'Assemblée nationale parce que je ne
pouvais être à deux places en même temps.
Il est facile d'évoquer les retards de l'un sans évoquer
les retards de l'autre. Je pourrais dire, par exemple, que le soir où on
a étudié le projet de loi 27, j'ai attendu le ministre de
l'Industrie et du Commerce, le quorum, durant 38 minutes. La réunion a
commencé 38 minutes en retard. Je ne l'ai pas dit, parce que je calcule
que cela arrive de part et d'autre, cela peut arriver que quelqu'un soit
occupé aileurs, mais à condition qu'on admette que cela peut
arriver à quelqu'un d'autre aussi d'être occupé ailleurs et
non pas estimer... À l'avenir, je vais souligner les retards de chacun
chaque fois, parce qu'on a essayé de faire croire que le
député de Lévis n'était pas à ces
endroits...
Je vous défie de faire les statistiques, Mme la
Présidente, et je dois vous dire qu'en termes d'heures d'étude de
projets de loi en commission parlementaire - c'est facile à analyser par
le temps de parole - je ne pense pas qu'il y ait de députés qui
travaillent autant en commission parlementaire sur des projets de loi à
titre de porte-parole, en ayant à étudier des projets de loi et
à faire des représentations; je ne pense pas qu'il y en ait
d'autres. C'est pour cela que je pense qu'il ne faut pas faire d'attaques
inutiles et essayer de faire comme ce que j'ai lu dans le journal
récemment, à savoir que je lisais le journal pendant les travaux
de la commission. Bien oui - et le ministre délégué
à la Privatisation était là - un intervenant a
parié d'un article écrit dans le journal Les Affaires en disant:
Aux pages 2 et 3, vous y trouverez une synthèse parfaite de ce que je
veux dire. Je m'adonnais à avoir le journal Le» Affaires devant
moi et je l'ai ouvert immédiatement pour regarder quelle était
cette synthèse parfaite. Après cela, il y a un "faiseux" qui va
écrire dans le journal pour dire que le député lisait le
journal alors que l'intervenant se référait à cet article
et que je me donnais la peine d'en prendre connaissance. Cela va faire, Mme la
Présidente! Je comprends qu'l y a des gens pour qui le mensonge est plus
facile que la vérité. Il est anormal de voir des gens qui
travallent de cette façon trop souvent. Je pense que la meilleure
façon, c'est de travailler franchement et de ne pas essayer de se vanter
du mérite du traval des autres, mais essayer de faire son traval
soi-même.
Dans ce projet de loi, essentiellement, I est évident que le
député de Gatineau me fera grace de me dire: Vous devriez parier
du projet de loi sur le ministère du Revenu et des mesures techniques
qu'l y a dedans. Je l'ai eu comme ministre du Revenu, c'était sa
responsable et iI n'était jamais capable d'en parier a tel point que
le premier ministre l'a changé. Je pense que cela a
été une bonne chose, parce qu'il y a un nouveau ministre au
ministère du Revenu qui s'intéresse plus à ces
questions.
Ce que je dis à ce moment-ci, c'est que, lorsqu'on fait un
discours sur le budget, on doit dire exactement ce qui se trouve dans les
mesures qu'on veut mettre en oeuvre. Dans ce qu'on veut mettre en oeuvre, la
principale fonction d'une commission parlementaire qui étudie le projet
de loi 6, c'est de vérifier la conformité du discours sur le
budget avec les mesures qu'on retrouve dans le projet de loi qu'on
étudie pour que le projet de loi qu'on étudie reflète
vraiment le discours sur le budget. Or, dans le discours sur le budget,
à aucun moment, le ministre des Finances n'a fait allusion aux
municipalités du comté de Bonaven-ture pour des allocations de
dépenses pour des fins de vacances ou de voyages pour des fins
médicales... Il a fait allusion uniquement aux villages du Grand-Nord et
aux postes isolés. (16 h 20)
J'y reviens pour le souligner encore une fois, pour ne pas qu'on dise
que j'invente; ayant expliqué la mécanique, je reviens pour dire
ce qu'on a mis dans le discours sur le budget. On dit: "Enfin, il faut aussi
venir en aide aux travailleurs du Grand-Nord québécois et
à ceux des postes isolés dans la mesure où ils ont
à supporter des frais de subsistance plus élevés. " Cela
coûte plus cher pour vivre dans Bonaven-ture qu'ailleurs. "J'annonce
donc, dit le ministre des Finances, que le Québec mettra en application
des mesures identiques à celles que vient d'adopter le gouvernement
fédéral. Ainsi, une déduction... " Là, on dit
"à celles que vient d'adopter le gouvernement fédéral", et
tout ce qu'on peut nous présenter, en commission parlementaire, deux ans
après le discours du ministre des Finances, c'est un avant-projet de
règlement. Le ministre du Revenu ne nous a même pas produit le
projet de règlement, mais un avant-projet de règlement. Je l'ai
ici: Avant-projet de règlement, partie I, etc., résidents du
Nord, annexe 9, division A, paragraphe 7303, alinéa 2.
On continue: "Ainsi, une déduction de 225 $ par mois sera
accordée à chaque travailleur résidant dans ces
localités. Pour ceux qui occupent un logement autonome, la
déduction atteindra 450 $ par mois par logement. Cette nouvelle mesure
est plus avantageuse que l'exonération qui leur était autrefois
accordée et représente un coût de 23 000 000 $ par
année. Elle ne commencera cependant à s'appliquer que pour
l'année d'imposition 1987 et n'affectera pas les équilibres
financiers de 1986-1987. " C'est évident, cela ne s'applique pas
à 1986.
Ensuite, on dit en terminant - c'est le discours du ministre des
Finances: "Les contribuables des comtés d'Ungava et de Duplessis ainsi
que ceux des postes isolés du Québec sont susceptibles de
bénéficier de cette mesure. " Où est-il question du
comté de Bonaventure? Où est-il question du village de
résidence du ministre? Jamais, nulle part, en aucun endroit! La
franchise aurait voulu que le ministre des Finances indique dans son discours
sur le budget que les municipalités de son comté étaient
incluses, par exception ou autrement, ou étaient assimilées
à des villages du Nord ou à des postes isolés. Pas un mot
à ce sujet-là!
C'est pourquoi je me suis élevé. C'est pour cela que je
dis qu'il y a un manque de transparence dans le discours sur le budget, que les
mesures qu'on nous a fait adopter dans le projet de loi 6 ne sont pas
nécessairement en correspondance avec le discours sur le budget
lui-même et qu'essentiellement, il n'est pas correct de faire adopter un
projet de loi pour mettre en vigueur des dispositions qui ont été
annoncées dans des déclarations ministérielles qui
remontent à novembre 1986, dans un discours sur le budget,
l'Énoncé de politiques budgétaires du 18 décembre
1985 ou encore du mois de décembre 1986. Il serait normal que ce soit
fait de façon plus rapide pour qu'on puisse avoir un projet de loi qui
est encore un peu dans l'ordre du temps.
Aujourd'hui, dans la conformité, le ministre du Revenu, à
plusieurs reprises, nous a dit: II faut analyser la conformité du
discours sur le budget avec ce qu'on retrouve dans le projet de loi. Je dirai
au ministre du Revenu qu'en aucun endroit, on n'a parlé des
municipalités du comté du ministre des Finances. À ce
moment-là, il n'y avait aucune allusion à aucune autre chose,
sauf de dire qu'on se conformerait avec Ottawa. À Ottawa, apparemment,
ce n'est même pas encore adopté parce que tout ce que le ministre
a pu nous présenter, c'est un avant-projet de règlement,
même pas le projet, même pas le règlement, mais un
avant-projet de règlement. Je vous remercie., Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre du Revenu, en réplique.
M. Yves Séguin (réplique)
M. Séguin: Merci, Mme la Présidente. Après
ce long exposé de mon collègue, vous conviendrez avec moi que ce
n'est pas la première fois que le député de Lévis,
dans les commentaires que nous avons sur le projet de loi 6, reproche la
façon avec laquelle on présente une nouvelle déduction
fiscale dans ce projet de loi.
J'ai beaucoup de respect pour mon collègue, le
député de Lévis, que j'apprécie beaucoup, mais,
quelquefois, j'ai moins de respect pour ce qu'il dit. J'aimerais vous
démontrer dans les quelques minutes qui viennent, que mon aimable
collègue, le député de Lévis, je pense, a
erré, il a fait erreur. Je ne dis pas que c'est ne pas dire la
vérité, je dis qu'il a fait erreur. Je vais vous le
démontrer bien simplement, aussi bien que deux plus deux font quatre. Je
pense qu'on sait compter, moi, je sais compter, le député de
Lévis
sait compter. Il a oeuvré quelque temps dans le domaine de la
fiscalité, dans le domaine du professorat à l'Université
Laval, en économie, je pense. Je peux présumer que des notions de
base sont déjà acquises, ce qui me dispense peut-être de
vous expliquer ici les rudiments fondamentaux de la Loi sur les impôts ou
de certaines notions relatives à la fiscalité.
Ce que je trouve formidable, Mme la Présidente, c'est qu'à
l'étude d'un projet de loi de 129 articles dans lequel il y a quelques
dispositions qui introduisent une nouvelle déduction fiscale, non pas un
nouveau traitement fiscal, concernant les postes isolés et les
régions nordiques... Je trouve absolument fantastique que mon
collègue, le député de Lévis, reproche au ministre
des Finances, dans ses mots, d'avoir voulu privilégier, sans le dire, le
comté de Bonaventure, qui est le comté du ministre des Finances,
M. Levesque, d'avoir introduit une nouvelle mesure fiscale dans la loi 6 et
introduit une nouvelle région qui peut bénéficier de
l'exemption fiscale.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais vous expliquer en quoi consiste
cette mesure. On va permettre à des gens qui doivent aller travailler
dans des postes isolés ou des régions nordiques, parce que la
condition de vie est difficile dans ces régions, parce qu'il est
difficile d'encourager des employés à aller travailler dans ces
régions... Vu qu'elles sont éloignées des villes, qu'il y
a moins de services, le gouvernement fédéral - et nous avons
suivi la même chose - a décidé d'accorder une
déduction fiscale qui peut atteindre 5000 $ par année. Cela veut
dire que pour tenir compte de conditions de vie particulières, des gens
qui vont résider dans ces régions, pour les encourager à
accepter des emplois dans ces régions, on leur donne une
déduction de leur revenu égale à 5000 $ pour tenir compte,
si vous voulez, du logement, et deux voyages par année pour des soins
médicaux parce qu'on présume qu'ils sont loin de centres
médicaux.
Je pense que, là-dessus, personne n'est en désaccord avec
une telle mesure. Là où le député de Lévis
soulève son point, c'est qu'il croit voir apparaître dans cette
nouvelle mesure un avantage indu ou une préférence qu'aurait
accordée le ministre des Finances. Mais, Mme la Présidente,
là où mon collègue se trompe royalement, c'est que toute
la région de la Gaspésie, en particulier les municipalités
qu'il a mentionnées dans le comté de Bonaventure, sont des
régions désignées, des régions admissibles à
la déduction pour les gens qui y résident depuis 1984. Cela
signifie que, aux fins fiscales, c'est depuis 1984, et cela veut dire que c'est
l'ancien gouvernement, ce sont nos amis de l'Opposition, du Parti
québécois, qui ont harmonisé la législation avec
celle du fédéral et toute la péninsule de la
Gaspésie s'est fait octroyer la déduction du traitement fiscal de
postes isolés et de régions nordiques depuis 1984. Cela veut dire
que pour les années d'imposition 1984 et 1985, si on veut juste parler
de celles-là, qui étaient sous l'ancien gouvernement, savez-vous
qui a introduit la mesure que dénonce le député de
Lévis? L'actuel chef du Parti québécois, M. Parizeau,
alors qu'il était ministre des Finances.
Je prends bonne note que le député de Lévis, un,
n'est pas d'accord que la région de la Gaspésie ait droit
à ce genre de déduction. M. Levesque m'informait qu'il ferait une
publicité dans sa région, dans les prochains jours, avec des
extraits du discours que le député de Lévis vient de
faire, pour dire à la région de la Gaspésie que le
député de Lévis est contre cette région, puisqu'il
a ridiculisé le fait que des municipalités comme New-Carlisle,
par exemple, soient admissibles comme régions de postes isolés.
M. Levesque m'a assuré qu'il ferait une très bonne
publicité au discours de M. le député de Lévis dans
sa région. (16 h 30)
Deuxièmement, on s'assurera aussi... J'enverrai d'ailleurs des
extraits du discours du député de Lévis à M.
Parizeau pour lui souligner que les critiques sur des gestes ou des actions qui
ont pu être entreprises par l'ancien gouvernement ne viennent pas
nécessairement de notre côté. Même, à l'heure
actuelle, le député de Lévis ne semble pas d'accord du
tout pour que, depuis 1984, et même avant, ce qu'il critique comme
étant des régions invraisemblablement considérées
postes isolés ou régions nordiques, fasse partie de ce
régime fiscal. Moi, Mme la Présidente, cela m'étonne. Cela
m'étonne que le député de Lévis ne sache pas que ce
qu'il est en train de dénoncer n'a pas été introduit dans
la loi 6, malgré ce qu'il peut en penser, mais était
déjà existant depuis quelques années. Cela
m'étonne. Pourquoi vouloir critiquer un système, si on l'a
appliqué soi-même, si on l'a valorisé soi-même, si
l'ancien gouvernement a pu l'exploiter lui-même pendant quelques
années? Je ne vois pas pourquoi, tout d'un coup, aujourd'hui, il nous
faudrait exclure et enlever ces régions-là que l'ancien
gouvernement du Parti québécois avait agréées,
avait acceptées sur le plan fiscal. Je ne pense pas qu'il faille aller
si loin que cela. Au contraire, Mme la Présidente, je pense que cette
loi-là ou ce règlement-là est fait pour encourager des
contribuables à aller travailler dans des régions difficiles et
pas nécessairement nordiques.
Il y a plus de 400 municipalités ou régions au
Québec qui ont droit ou qui sont considérées
régions isolées. Le 20 février 1988, le ministère
du Revenu a publié dans tous les médias de la province de
Québec un cahier spécial avec la liste complète de toutes
les municipalités. Et, Mme la Présidente, contrairement à
ce qu'a dit le député de Lévis, la majorité des
municipalités étaient déjà agréées
avant 1985. Nous ne faisons que les maintenir et même en ajouter
quelques-unes. Et j'encourage, à l'heure actuelle, tous les
députés de l'Assemblée nationale à faire des
représentations s'ils croient que des régions dans leur
comté seraient susceptibles d'être agrées aux fins de la
déduction fiscale de poste isolé, c'est-à-dire avoir le
droit pour l'habitant ou le résident de cette région-là de
déduire de son revenu 5000 $ par année du seul fait de
résider dans une région admissible. Et je serais très
heureux que d'autres députés s'informent de cette mesure surtout
s'ils sont dans des régions où les services sont difficiles parce
que, contrairement, à ce qu'on a pu laisser croire, Mme la
Présidente, cette déduction s'applique dans des régions
où les services sont difficiles à obtenir. Donc, là
où il y a une certaine distance, par exemple, pour avoir les services
médicaux, etc. Et, vous me permettrez d'ajouter qu'on estime que la
disposition va s'appliquer à l'égard d'un particulier qui exerce
des fonctions dans un lieu dont la situation géographique est telle
qu'on ne puisse raisonnablement s'attendre qu'il s'établisse dans le
voisinage un établissement domestique autonome et dans des
régions où des services médicaux ou des services
essentiels dans l'intérêt public n'existent pas. Et ça
c'est très vaste et c'est partout au Québec.
Et afin d'éclairer les membres de l'Assemblée nationale,
avec l'autorisation des collègues, si on me permet, j'aimerais
déposer ce cahier spécial qui donne la liste de toutes les
municipalités au Québec qui sont admissibles par Revenu
Québec à cette déduction spéciale.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour le
dépôt du document?
Une voix: Oui.
La Vice-Présidente: Consentement. Document
déposé, M. le ministre.
M. Séguin: Vous me permettrez également, Mme la
Présidente, d'ajouter qu'il n'y a rien de neuf dans ce que nous faisons,
particulièrement ici. Tout ce que la loi 6 fait... Le
député de Lévis dit qu'il n'y a aucune source dans le
budget. C'est encore là une affirmation complètement
erronée. Je présume que les heures nombreuses du
député de Lévis depuis quelques jours lui ont fait faire
des écarts de pensées et de réflexion. Je suis convaincu
que s'il pouvait réfléchir un peu, il se rendrait compte que la
loi 6 origine directement du discours sur le budget.
Je vais simplement vous lire un extrait du budget du 1er mai 1986, Mme
la Présidente. Aux fins de la référence, on le trouve dans
le discours sur le budget du 1er mai 1986, l'annexe A, page 31. On dit: "La
législation et la réglementation fiscales
québécoises seront par ailleurs modifiées pour y
intégrer, en les adaptant en fonction de leurs principes
généraux, les mesures fédérales relatives: aux
déductions fiscales accordées aux résidents du Grand-Nord
et de postes isolés concernant le logement." Donc, Mme la
Présidente, l'actuel ministre des Finances, le 1er mai 1986, a dit
publiquement dans un discours sur le budget qu'il s'harmonisait avec le
fédéral concernant la déduction fiscale des postes
isolés, comme l'a fait, de mémoire, M. Parizeau lorsqu'il
était ministre des Finances en 1984 où, dans son discours sur le
budget, il a donné 73 éléments de la législation
fiscale fédérale sur lesquels il désirait s'harmoniser.
Nous en avons ici quelques-uns sur lesquels le ministre des Finances a
décidé de s'harmoniser. C'est clair.
Deuxièmement, concernant les postes isolés, la loi
fédérale C-23 a élaboré la déduction fiscale
des postes isolés et a également constitué un
règlement d'application où l'on désigne l'ensemble des
régions. Donc, l'actuel ministre des Finances est tout à fait
légitimé, dans un premier temps, d'avoir énoncé son
intention de s'harmoniser avec le fédéral. Deuxièmement,
d'où prenons-nous l'information d'application, les modalités
d'application? Simplement dans la loi fédérale avec laquelle on a
décidé de s'harmoniser. Devrions-nous ne pas nous harmoniser?
Ça, c'est une décision qui relève du gouvernement. Ce sont
des choix politiques. Les débats existent pour ou contre. Mais, dans le
cas de l'actuel projet de loi 6, elle est tout à fait conforme,
légitime. Elle est claire. C'est un avantage fiscal important pour les
contribuables. Malgré ce que va dire le député de
Lévis, nous, de ce côté-ci, Mme la Présidente, on
n'a pas l'intention que ce ne soit pas au bénéfice des
contribuables. Il faut que la majorité de tous ceux qui peuvent y avoir
accès aient ce droit-là et nous allons tout faire, même
pour l'élargir.
Je disais tantôt que tous les députés seraient
invités. Je vais leur adresser une lettre les informant que le
règlement n'est pas encore fermé et que d'autres régions
peuvent être admissibles. Je pense que, pour tous ceux qui habitent ces
régions-là, le fait d'avoir droit à une déduction
fiscale de 5000 $ par année est absolument important. C'est là la
reconnaissance de la nécessité du développement
régional. C'est une assistance au développement régional
et, le moins que je puisse dire, c'est que je ne comprends absolument pas la
contestation du député de Lévis. Il a même
voté sur division, c'est-à-dire qu'il n'est pas d'accord avec la
mesure fiscale, il n'est pas d'accord à ce que la Gaspésie soit
incluse dans les régions admissibles. Comme je l'ai dit tantôt, je
pense que le député de Bonaventure a vraiment l'intention de
publier le discours du député de Lévis à sa
population, à Bonaventure, pour lui dire que seul le
député de Lévis s'est opposé à ce que
Bonaventure soit incluse dans les régions admissibles et, comme je vous
le disais tantôt, Mme la Présidente, un fait absolument inouï
pour moi de constater cet après-midi, c'est le chef du Parti
québécois, M. Parizeau, qui, en 1984, a fait en sorte d'inclure
les régions qu'il conteste, comme la Gaspésie, dans la
déduction des postes isolés; et ça, Mme la
Présidente, je trouve cela renversant. Comme je l'ai dit tantôt,
j'ai beaucoup de respect pour
mon collègue, le député de Lévis, mais j'en
ai moins pour ce qu'il dit surtout quand, en matière fiscale, il
mélange à peu près tout et qu'il n'a pas parlé
vraiment du projet de loi 6. Il s'est attardé à quelques
éléments susceptibles de soulever une curiosité, mais qui
ne sont pas appuyés.
Si je pouvais, Mme la Présidente, avoir une heure...
Une voix: Non, non, non. M. Séguin: Si je
pouvais...
Des voix: Ha, ha, ha! (16 h 40)
M. Séguin: Si, Mme la Présidente, je dis bien
"si"... Si je prenais une heure comme l'a fait mon collègue, je pourrais
vous parler que de ça, les postes isolés, et je pourrais vous
démontrer qu'à peu près tout ce qu'a dit le
député de Lévis sur les postes isolés est
complètement erroné, complètement non en relation avec ce
que nous avons devant nous. Mme la Présidente, je suis très poli
quand je dis cela. Je regrette que le degré ou la qualité des
débats soit parfois si bas. Ce projet de loi avait quand même
certains éléments qui pouvaient présenter beaucoup
d'éléments à réflexion, mais je ne pense pas que
l'argumentation du député de Lévis soit rece-vable; elle
est plutôt négative et n'apporte absolument rien puisqu'elle
soulève des problèmes qui n'existent pas. S'il veut contester le
fait que des régions déjà agréées depuis
quelques années soit admissibles à la déduction, ce n'est
pas à l'étude du projet de loi 6 qu'il devra le faire, mais par
des représentations au ministre des Finances. Et on a bien noté
de ce côté-ci qu'il s'insurgeait en quelque sorte sur le fait que
la Gaspésie fasse partie des régions admissibles à cette
déduction.
En terminant, j'indiquerais aussi, comme l'a soulevé le
député de Lévis, que ce n'est pas le ministre des Finances
tout seul qui a décidé. Cela fait depuis au moins 1984 que
l'ensemble des régions sont déjà admissibles au
régime fiscal des postes isolés. Ce n'est pas M. Levesque,
l'actuel ministre des Finances, qui, pour être agréable à
son comté, a décidé d'inclure des municipalités. Je
pense que les travailleurs de ces municipalités sont fort heureux de
constater qu'ils peuvent effectivement bénéficier d'une
déduction fiscale parce qu'ils sont dans des régions
éloignées ou dans des postes isolés. Je l'ai
expliqué tantôt, Mme la Présidente, cette mesure existe
depuis 1978; elle a été améliorée par le projet de
loi 6 que nous avons devant nous et ces régions sont toujours les
mêmes ou à peu près, alors que quelques régions se
sont ajoutées au cours des années.
Je terminerai là-dessus, Mme la Présidente. Je pense que
c'est le dernier mot sur le projet de loi 6. Nous avons eu devant vous, de la
part du député de Lévis, je pense, tout près de
deux heures et demie d'interventions et la seule chose que je déplore
c'est que presque rien n'ait été relatif au projet de loi 6. Nous
aurions pu carrément n'avoir aucune intervention du député
de Lévis, et je pense que cela n'aurait strictement rien changé,
sauf ce que je vous ai expliqué. À chaque étape de la loi,
j'ai été le seul à expliquer le contenu du projet de loi
6. Mais, de l'autre côté, nous n'avons absolument rien eu. On l'a
entendu parler, et je pense que ceux qui suivent les débats, Mme la
Présidente, savent que, cet après-midi, le député
de Lévis a parlé de presque tout, sauf du projet de loi 6. Je
respecte son droit de le faire, mais ce n'est pas ce qui va enrichir nos
débats, Mme la Présidente, et certainement pas la
réflexion sur les mesures fiscales, qu'on a présentée ici
lors de l'étude du projet de loi 6. Merci, Mme la Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre du Revenu.
Est-ce que le projet de loi 6, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les
impôts et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gendron: Surdivision.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, nous allons maintenant
procéder aux projets de loi d'intérêt privé. Je vous
prierais d'appeler l'article 23 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 212
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 23 de notre
feuilleton, le député de Louis-Hébert propose l'adoption
du projet de loi 212, Loi concernant la succession de Napoléon M.
Lagueux.
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Si vous me permettez, est-ce que le
principe du projet de loi privé 212 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Une voix: Cela prend le consentement pour déroger...
La Vice-Présidente: Adopté? On m'avise qu'il faut
le consentement pour déroger à certains articles. Est-ce que j'ai
ce
consentement?
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente: Bon. On vient d'adopter le principe du
projet de loi 212. Est-ce que le projet de loi 212, Loi concernant la
succession de Napoléon M. Lagueux, est adopté?
M. Gendron: Adopté. Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, pour l'ensemble des projets
de loi d'intérêt privé, je voudrais vous indiquer que nous
avons le consentement pour procéder aux deux étapes, soit
l'adoption du principe et l'adoption de chacun des projets de loi privés
que j'appellerai, en commençant par l'article 37.
La Vice-Présidente: Je vais vérifier. Est-ce que
j'ai le consentement pour qu'on procède à toutes les
étapes des projets de loi privés?
M. Gendron: Effectivement.
La Vice-Présidente: Merci, M. le leader de l'Opposition.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 37, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
Projet de loi 205
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 37, le
député de Joliette et chef de l'Opposition propose l'adoption du
principe du projet de loi 205... À l'ordre, s'il vous plaît!
Donc, je reprends. M. le député de Joliette et leader de
l'Opposition propose l'adoption du principe du projet de loi 205, Loi
concernant la conversion de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec, des caisses d'épargne et de
crédit qui lui sont affiliées et de la Corporation de fonds de
sécurité de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec ainsi que leur fusion avec
Société d'entraide économique du Québec inc. Est-ce
que le principe de ce projet de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 205 est adopté. M. Gendron:
Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 39, Mme la Présidente.
Projet de loi 214
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 39, le
député de Jonquière propose l'adoption du principe du
projet de loi 214, Loi concernant Elzéar Plourde Itée. Est-ce que
le principe du projet de loi 214 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 214 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 40.
Projet de loi 217
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 40, le
député de Viger propose l'adoption du principe du projet de loi
217, Loi concernant Vimont inc. Est-ce que le principe du projet de loi 217 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Adoption
Est-ce que le projet de loi 217 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 41.
Projet de loi 221
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 41, le
député
de Saint-Louis propose l'adoption du principe du projet de loi 221, Loi
modifiant la Loi fusionnant le Trust Général du Canada et la
Société d'administration et de fiducie. Est-ce que le principe du
projet de loi 221 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 221 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 43, Mme la Présidente.
Projet de loi 233
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 43, le
député de Labelle propose l'adoption du principe du projet de loi
233, Loi concernant Les Immeubles Benoît inc. Est-ce que le principe du
projet de loi 233 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 233 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 44.
Projet de loi 242
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 44, la
députée de Johnson propose l'adoption du principe du projet de
loi 242, Loi concernant le Club des Portes de l'Estrie inc. Est-ce que le
principe du projet de loi 242 est adopté?
M. Gendron: Adopté. La Vice-Présidente:
Adopté. Adoption Est-ce que le projet de loi 242 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 24, Mme la Présidente.
Projet de loi 213
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 24, le
député d'Abitibi-Ouest et leader de l'Opposition propose
l'adoption du principe du projet de loi 213, Loi concernant la fusion par
absorption entre la Coopérative forestière du Nord-Ouest et la
Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois. Est-ce que le principe du projet de loi 213 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 213 est
adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 35.
Projet de loi 203 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 35, le
député de Sherbrooke propose l'adoption du principe du projet de
loi 203, Loi concernant la ville de Sherbrooke. Est-ce que le principe du
projet de loi 203 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 203 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 42, Mme la Présidente.
Projet de loi 224
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 42, le
député
de Saint-Louis propose l'adoption du principe du projet de loi 224, Loi
concernant la cession de certains immeubles par la ville de Montréal
à l'hôpital Royal Victoria. Est-ce que le principe du projet de
loi 224 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 224 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 20, Mme la Présidente.
Projet de loi 200
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 20, la
députée de Dorion propose l'adoption du principe du projet de loi
200, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Est-ce que le
principe du projet de loi 200 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 200 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 22.
Projet de loi 209
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 22, le
député de Lac-Saint-Jean propose l'adoption du principe du projet
de loi 209, Loi concernant la ville de Métabetchouan. Est-ce que le
principe du projet de loi 209 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 209 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 32, Mme la Présidente.
Projet de loi 232
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 32, M. le
député d'Iberville propose l'adoption du principe du projet de
loi 232, Loi concernant la ville de Bromont. Est-ce que le principe du projet
de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 36, Mme la Présidente.
Projet de loi 204
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 36, Mme la
députée de Vachon propose l'adoption du principe du projet de loi
privé 204, Loi modifiant la Loi sur le Collège militaire royal de
Saint-Jean. Est-ce que le principe du projet de loi 204 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Adoption
Est-ce que le projet de loi 204 est adopté?
M. Gendron: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 38, Mme la Présidente.
Projet de loi 206
Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 38, M. le
député de Vanier propose l'adoption du principe
du projet de loi 206, Loi concernant La Laurentienne, mutuelle
d'assurance. (16 h 50)
Une voix: Adopté.
M. Gendron: Un instant.
Une voix: Tout est adopté, Mme la Présidente.
Joyeux Noël!
La Vice-Présidente: Je suis prête à
reconnaître le prochain intervenant sur l'adoption du principe du projet
de loi 206. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, le projet de loi 206, j'ai eu
l'occasion d'en dire un mot en commission parlementaire. En commission
parlementaire, vous savez qu'on est en famille, quelques membres. Comme cela
s'est passé principalement entre 20 heures et 2 h 30, ces
libéraux qui disaient qu'ils ne légiféraient jamais la
nuit, ont fait disparaître, de nuit le principe de la mutualité
dans une compagnie d'assurances mutuelle. Alors que les mutuelles et le
principe de la solidarité économique ont été
peut-être une des plus grandes vertus du peuple québécois,
pendant la nuit, on a étudié un projet de loi sur les mutuelles
d'assurances.
Essentiellement, ce que j'ai dit en commission parlementaire, c'est
qu'on ne devrait pas étudier des questions d'une telle ampleur en fin de
session alors que le projet de loi a été déposé
à la fin mai. Nous sommes rendus au 17 juin et I devrait y avoir un vrai
débat.
Par exemple, dans le domaine des caisses populaires, un avant-projet de
loi a été déposé hier, annoncé par le
ministre depuis environ un an et demi. Finalement, à force de pressions
de toutes parts, il est arrivé à déposer le projet de loi
hier. Il y aura des consultations qui n'ont pas encore été
annoncées officiellement mais qui devraient l'être bientôt,
à la fin de l'été ou au début de l'automne. Le
ministre l'a déjà indiqué sans avoir encore proposé
les dates. Comme i s'agit d'un avant-projet de loi, cela veut dire que ce n'est
même pas le projet de toi définitif. C'est un avant-projet de loi
pour consultation avant de présenter le véritable projet de
loi.
Des mutuelles, il en existe un grand nombre au Québec qui
relèvent de la nature coopérative aussi, du principe de la
mutualité dans le domaine coopératif. On aurait dû avoir un
document, livre blanc ou avant-projet de loi, présenté par le
ministre, comme N l'a dit, d'ailleurs, dans son document sur l'avenir des
institutions financières où il avait annoncé un chapitre
sur la démutualisation. Pourquoi? Pour qui y ait un débat public
au Québec sur ce que doivent être les mutuelles dans l'avenir.
Je comprends que les mutuelles ont existé au Québec depuis
plusieurs dizaines d'années
C'est possible, et souhaitable même, qu'un débat se fasse
pour savoir comment doivent fonctionner les mutuelles dans l'avenir. Elles ont
été et sont encore une des forces économiques du
Québec. Mme la Présidente. Il aurait dû y avoir un
véritable régime prévu pour les mutuelles pour l'avenir
mais pas dans un débat escamoté, sans publicité, alors que
le projet de loi est déposé à peine 15 jours avant son
étude.
On a vu que c'est La Laurentienne qui vient de demander de se
démutualiser. On a vu dans les journaux que la SSQ, les Services de
santé du Québec, pensent aussi et ont annoncé leur
intention de se démutualiser. Selon le même principe que La
Laurentienne? On ne le sait pas. Peut-être selon un principe
complètement différent.
Tout ce que le ministre a eu à nous dire, c'est de nous parler
des Clairvoyants, une mutuelle locale ou régionale, une petite mutuelle
qui était en difficultés financières et qui voulait
s'affilier à une compagnie d'assurances. La Survivance, pour continuer
à fonctionner. C'était une question de vie ou de mort. C'est une
toute petite société locale. Nous avons accepté de le
faire. Dans le cas de La Laurentienne, on parle d'environ 15 000 000 000 $
d'actifs. Le ministre comparait La Laurentienne aux Clairvoyants. Le ministre
n'avait sûrement pas sa boule de cristal cette journée-là
puisqu'il n'y a pas de commune mesure, il n'y a même pas de comparaison
possible entre La Laurentienne et les Clairvoyants. C'est un peu comme si le
ministre avait comparé ses mammouths, un terme qu'iI affectionne et
qu'il donne comme exemple, à une souris. On est à peu près
dans le même ordre de comparaison, entre La Laurentienne et les
Clairvoyants qu'entre les mammouths et une souris.
Le ministre essayait de nous faire ses comparaisons boiteuses. J'ai dit
tout simplement en commission parlementaire - et c'est ce qui fait que nous
avons voté sur un grand nombre de dispositions sur division - que nous
ne sommes pas d'accord avec le procédé. Le ministre devrait avoir
le courage de déposer une loi sur la démutualisation et dire dans
quel cadre cela va se faire pour les sociétés mutuelles qui
voudraient se démutualiser. On s'est rendu compte aussi qu'il y avait
des chapitres gris où le partage des surplus - on l'a
étudié hier en commission parlementaire à une heure et
demie ou deux heures du matin - dans la loi actuelle sur les assurances
n'était vraiment pas très prévisible parce qu'il n'y avait
jamais eu démutualisation, ni liquidation de mutuelles au Québec
de sorte que le partage des surplus lors de la liquidation n'est pas
indiqué, n'est pas précis et qu'iI faudrait sans doute le
préciser parce qu'on assiste actuellement, ou on est susceptible
d'assister à des démutualisations ou à une
possibilité de liquidation des surplus. C'est pourquoi, Mme la
Présidente, je dis qu'on ne doit pas procéder de cette
façon, mais qu'iI doit y
avoir un véritable débat au Québec sur la
démutualisation. En quelque sorte, La Lauren-tienne était
pénalisée par la façon de faire du ministre des
Institutions financières puisqu'il n'a pas présenté le
projet de loi, il n'a pas apporté le document qu'il avait annoncé
sur ses intentions quant à l'avenir des institutions financières
peu de temps après avoir été ministre des institutions
financières, sauf que le chapitre sur la démutualisation n'est
jamais arrivé et qu'actuellement, il n'y avait aucun cadre pour
réaliser cette démutualisation.
Actuellement, est-ce que le régime qui a été
prévu dans la loi 206 sur La Laurentienne, projet de loi privé,
qui est privé juste un peu parce qu'il touche quand même 165 000
membres, cela commence à être plus que privé... C'est donc
un projet de loi qui est de nature publique et qui aurait dû être
présenté de façon a permettre un débat public plus
important. L'avenir des mutuelles au Québec, c'est fondamental. Les
mutuelles sont un secteur très important de notre vie économique
au Québec parce que des gens ont choisi ce type d'institution dans le
domaine des assurances pour pouvoir fonctionner de façon
particulière pour les Québécois, de la même
façon que les caisses d'épargne et de crédit et le
Mouvement Desjardins étaient un choix québécois
d'institutions que nous avons développées ici avec notre
génie propre. Aujourd'hui, qu'on commence à faire des
démutualisa-tions sans avoir un débat d'ensemble sur ce que
doivent être les mutuelles dans l'avenir, comment elles doivent
fonctionner... Le ministre et le directeur général des
institutions financières nous ont admis que l'institution prévue
dans le projet de loi privé, corporation mutuelle de gestion, est un
être inexistant, qu'il n'y en a nulle part ailleurs au monde. Cela
n'existe pas ailleurs qu'au Québec, dans aucune institution, cela
n'existe pas au Canada ni aux États-Unis. Cela n'existe nulle part
ailleurs au monde selon les propres mots - c'était l'une de mes
questions - de l'Inspecteur général des institutions
financières.
Est-ce qu'on pense que le fait de parler de l'avenir des institutions
financières et des mutuelles d'assurance au Québec ne
mérite pas un véritable débat et une véritable loi
qui va établir le cadre dans lequel se fera la démutualisation?
Cela touche des centaines de milliers de mutualistes au Québec. Je
n'hésite pas à dire des centaines de milliers de mutualistes au
Québec qui ont adhéré, qui ont donné leur
patronage, leur clientèle, qui sont devenus membres de ces mutuelles
dans un cadre donné. Il est clair qu'il faut se poser la question,
à savoir que, si à un moment donné, une entreprise veut
cesser d'être une mutuelle pour devenir quelque chose d'autre, de quelle
façon cela doit se faire? Quelles sont les options possibles? Dans quel
débat cela doit-il se faire? Dans quelle publicité cela doit-il
se faire? De quelle façon les membres doivent-ils faire le débat
à l'intérieur de leur entreprise?
Rien de cela n'est connu, n'est précisé. C'est pourquoi
nous avons dit qu'on ne peut pas, au Québec, d'une façon
décente faire la démutualisation des entreprises mutuelles, des
compagnies d'assurances mutuelles, des sociétés mutuelles de
cette façon. C'est pourquoi nous avons dit au ministre que nous ne
pouvons pas accepter que le ministre fasse cela de cette façon. Demain,
si la CSSQ arrive avec un projet d'une autre nature, ce sera un autre cadre de
démutualisation? Le surlendemain, une autre entreprise? Finalement, on
aura abattu tous les arbres sans voir la forêt. Ce n'est pas normal, ce
n'est pas une façon de fonctionner. Je pense que pour le bien-être
des Québécois et de la société
québécoise, avec un véhicule aussi important que les
mutuelles et les sociétés mutuelles d'assurance, on devrait
pouvoir faire ce débat public dans l'ensemble de notre population pour
que les gens choisissent, indiquent dans une consultation quelles sont les
voies d'avenir qu'ils voient pour les mutuelles. (17 heures)
Cela ne veut pas dire que le projet de loi sur La Laurentienne est une
option qui pourrait être refusée. Cela pourrait être une des
options, sauf que cela ne peut pas se faire dans un débat de cette
façon. Il faut qu'il y ait une loi-cadre qui établisse les
façons de faire cette démutualisation et quelles sont les avenues
et la procédure possibles pour le faire.
C'est pourquoi dans ce débat nous avons voulu souligner
très vigoureusement au ministre que nous serions favorables à ce
qu'au plus vite il présente un avant-projet de loi pour établir
ce qui arrive dans le cas de démutualisation de mutuelles: si des gens,
qui ont été membres de mutuelles et qui voient la
démutualisation de leurs mutuelles, en réalité, doivent de
force rester dans la mutuelle ou s'ils peuvent se retirer et engager une
certaine liquidation des surplus. La question se pose parce que ce sont leurs
contributions à la société mutuelle qui ont fait que ses
avoirs ont pu devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Quand on parle des avoirs
propres de La Laurentienne, on parle de 125 000 000 $, de 165 000 membres. On
ne parle pas de petites choses, on parle de grandes entreprises avec beaucoup
d'argent: 15 000 000 000 $ d'actifs, 125 000 000 $ d'avoirs propres et 165 000
membres! Je pense qu'on ne peut pas traiter cela de cette
façon-là, d'une façon aussi cavalière. Il faut
qu'il y ait un débat sur l'avenir des mutuelles au Québec,
indiquant quel devrait être le cadre législatif qui va les
régir et comment tout le système doit fonctionner au
Québec.
Je pense que c'est la seule façon de faire. C'est pourquoi nous
avons indiqué, à plusieurs reprises, au cours de l'étude
du projet de loi... Nous avons voté sur division sur un grand nombre
d'articles en disant: Nous pensons que nous ne pouvons pas nous arroger le
droit de choisir quel sera l'avenir des mutuelles au Québec seulement
sur la représentation d'une
entreprise qui dit: Moi, je veux faire cela comme cela. Il faut que ce
cadre soit déterminé par la société
québécoise dans une vaste consultation qui aura fait l'objet d'un
débat public au Québec et qu'ensuite le Parlement
détermine, dans une législation appropriée, le cadre de la
démutuali-sation quand les membres d'une entreprise mutuelle veulent
démutualiser leur entreprise après avoir eu une existence
mutuelle pendant 20, 30, 40, 50 ou 60 ans.
C'est un sujet important, c'est un sujet majeur. Je regrette que le
ministre ait accepté de procéder de cette façon, La
Laurentienne étant un peu forcée, parce qu'elle voulait agir plus
rapidement, de demander de procéder de cette façon parce que le
ministre n'a pas jugé opportun d'arriver avec un projet de loi à
temps. Il va nous dire: Oui, mais dans le cadre du décloisonnement des
institutions financières, le Québec est en avance. Le
Québec est en avance parce qu'il y a eu le ministre des Finances du
temps, M. Jacques Parizeau, qui a présenté un grand nombre de
lois entre 1981 et 1984. Le ministre, qui est en fonctions maintenant, depuis
presque trois ans, a finalement abouti avec un projet de loi sur les fiducies,
qui était déjà prêt depuis plusieurs années.
Là, on vient de voir arriver un projet de loi sur les caisses
d'épargne et de crédit, qui était déjà
presque écrit quand ils sont arrivés au pouvoir. Mais sur la
mutuali-sation des compagnies d'assurances, il n'a rien produit, sauf quelques
lignes dans son document d'orientation sur les institutions financières.
Et je pense que les Québécois vont être
pénalisés si le ministre ne se dépêche pas de
présenter un avant-projet de loi ou un livre blanc de consultation sur
l'avenir des mutuelles au Québec. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. M. le ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, si je reçois
tellement d'applaudissements, ce n'est sûrement pas pour féliciter
le député de Lévis; mes collègues, qui sont
fatigués d'entendre le député de Lévis,
applaudissent parce qu'ils savent que c'est son dernier discours, cet
après-midi.
Le député de Lévis a réussi, cet
après-midi, à parler à peu près sur tous les
projets de loi pour se mettre les pieds dans les plats presque continuellement.
Il a parlé sur le projet de loi 1 du ministre des Transports. Je le
félicite, ce fut exactement, mot à mot, le même discours
qu'il a fait à l'Assemblée nationale hier. Il faut le faire, deux
discours de suite à l'Assemblée nationale. Il aurait pu prendre
la cassette d'hier pour parler sur ce projet de loi 1 et cela aurait fait
exactement la même chose.
Ensuite de cela, il a parlé sur le projet de mon collègue,
le ministre de l'Industrie et du
Commerce, et il s'est fait savonner de la plus belle façon par le
ministre qui lui a dit qu'en fin de compte H n'avait parié à peu
près à personne. Il a réussi à parier sur le projet
de loi du ministre du Revenu pour contester un dégrèvement fiscal
pour ceux qui travaillent en régions éloignées, dont la
Gaspésie. Je vous souhaite bonne chance à la prochaine
élection, à vous et au Parti québécois; on prendra
le discours que vous avez fait cet après-midi, alors que vous avez dit
clairement que vous étiez contre le fait que les gens de la
Gaspésie, où il y a un chômage chronique, puissent avoir,
justement, un dégrèvement fiscal qui puisse alléger leur
fardeau, étant donné le chômage et le peu de
développement économique qui sévissent dans cette
région.
Voilà, Mme la Présidente, que le député de
Lévis nous dit: Nous avons dit un mot de ce projet de loi privé
en commission parlementaire et, malheureusement, nous avons dû travailler
jusqu'à 2 h 30. Un mot, M. le député de Lévis? Le
discours que vous venez de prononcer, vous l'avez prononcé à peu
près 25 fois il y a deux jours. Et c'est un projet de loi privé.
Et vous me dites: Pour quelle raison le ministre responsable des institutions
financières a-t-il procédé de cette façon? Mme la
Présidente, il s'agit d'un projet de loi privé. Ce n'est pas moi
qui ai soumis ce projet de loi ici, à l'Assemblée nationale,
c'est La Laurentienne, mutuelle d'assurance, qui a envoyé un projet de
loi privé à l'Assemblée nationale et qui nous demande de
l'étudier et de l'accepter. Si le député de Lévis
n'a pas compris qu'il ne s'agit pas d'un projet de loi public, mais d'un projet
de loi privé, il faudrait qu'il apprenne, au moins, ses leçons,
qu'il regarde les règlements et qu'il sache qu'il y a une distinction
importante à faire entre les projets de loi privés et les projets
de loi publics. Nous sommes ici en train de discuter d'un projet de loi
privé qui va permettre à La Laurentienne, une firme importante du
Québec, avec 12 000 000 000 $ d'actifs, de se capitaliser davantage et
de rayonner à travers le monde, comme elle a commencé à le
faire, d'ailleurs, depuis plusieurs années.
J'ai cru, Mme la Présidente, que cela nous aiderait, connaissant
les difficultés que tous les ministres ont avec le député
de Lévis, si je disais à La Laurentienne: Auriez-vous
l'obligeance d'aller parier au député de Lévis pour lui
expliquer le projet de loi privé? La Laurentienne m'a indiqué que
son vice-président, M. Drolet, est allé rencontrer le
député de Lévis. M. Caston-guay a rencontré M.
Parizeau pour lui expliquer exactement les tenants et les aboutissants du
projet de loi. Et, malgré tout cela, vous voyez qu'on a eu droit, cet
après-midi, à une autre sortie. On a eu droit aussi à une
commission parlementaire où même M. Castonguay, le
président de La Laurentienne, s'arrachait les cheveux parce qu'il me
disait qu'il ne savait plus quoi dire pour répondre aux questions du
député de
Lévis, pour lui expliquer que les mutualistes ne perdaient
absolument aucun droit et que, dans le fond, nous avons trouvé un moyen
de démutua-liser La Laurentienne d'une certaine façon, en
préservant intégralement les droits des mutualistes. _On a
expliqué cela au député de Lévis. Me Roger
Beaulieu, un avocat extrêmement brillant de Montréal, qui
accompagnait M. Castonguay, a fourni toutes les explications; l'Inspecteur des
institutions financières, avec sa patience légendaire, a
répondu à toutes les questions du député de
Lévis. Malgré cela, je m'aperçois cet après-midi
que le député de Lévis nous dit qu'il n'a absolument rien
compris et il nous parle du partage des surplus de La Laurentienne, alors que,
Mme la Présidente, le projet de loi qui est devant nous ne fait aucune
démutualisation traditionnelle dans le sens que les surplus de La
Laurentienne ne sont pas distribués au moment où l'on se parle et
qu'ils sont préservés intégralement.
Mme la Présidente, le député de Lévis nous
dit: II aurait fallu que les intéressés soient informés
des enjeux. Et je crois que c'est une question tout à fait pertinente.
En commission parlementaire, l'inspecteur lui a expliqué qu'il avait
exigé que La Laurentienne envoie un prospectus aux 180 000 mutualistes
de La Laurentienne - un document de sept pages dont nous avons donné
copie au député de Lévis - pour leur expliquer de quelle
façon la démutualisation partielle devait se faire et de quelle
façon les droits des mutualistes seraient préservés. Il
nous dit: On a fait cela la nuit, alors que les intéressés
n'étaient pas au courant de ce que nous faisions. Il y a une dizaine de
jours, il y a eu une réunion des mutualistes de La Laurentienne qui,
à 95,5 % ont voté pour la démutualisation partielle pour
laquelle nous avons reçu la demande de La Laurentienne d'approuver le
projet de loi privé.
Il faut arrêter de charrier. Le député de
Lévis nous dit qu'on fait cela en pleine nuit et que les
intéressés n'ont pas été informés. Les 180
000 mutualistes ont reçu l'information pertinente. L'Inspecteur
général des institutions financières nous a dit en
commission parlementaire qu'il était extrêmement satisfait de
l'information qui a été donnée aux mutualistes, de la
procédure qui a été suivie. Ces mutualistes ont
approuvé à 95,5 % la façon dont le président de La
Laurentienne, M. Castonguay, nous a proposé de procéder à
la démutualisation partielle de La Laurentienne par un projet de loi
privé.
Mme la Présidente, je m'aperçois que, que ce soit le
projet de loi du ministre des Transports, que ce soit le projet de loi du
ministre de l'Industrie et du Commerce, que ce soit le projet de loi du
ministre du Revenu, que ce soit un de mes projets de loi - mais ici ce n'est
pas nécessairement un de mes projets de loi, il s'agit d'un projet de
loi privé - tous les ministres ont de )a difficulté avec le
député de Lévis. Il nous crée des
embêtements. C'est pour cela qu'il faisait allusion à une lettre
qui a été publiée dans Le Devoir et durant la
commission parlementaire sur le décloisonnement des
intermédiaires, on a eu droit à ses impatiences. On a eu droit
à ses retards. Et je vais vous lire cette lettre-là parce qu'elle
décrit ce que pense une personne qui a assisté, pendant cinq
jours, à la commission parlementaire. M. Simard dit, dans une lettre
qu'il a envoyée au journal Le Devoir le 14 juin: "Lors de la
commission parlementaire du budget et de l'administration le 31 mai et 1er, 2
et 3 juin, je me serais attendu à un peu plus de ponctualité de
votre part." Et la lettre vous était adressée. "Alors que le
ministre Fortier se faisait un point d'honneur d'être à l'heure,
malgré ses devoirs à l'Assemblée nationale et à son
ministère, vous trouviez le moyen d'arriver en retard, avec une
nonchalance insultante pour les délégations qui étaient
à la merci de votre disposition." Et il continue un peu plus loin "Je
comprends qu'une écoute attentive peut être difficile pendant
quatre jours d'affilée, mais j'ai aussi passé ces quatre
journées entières à écouter vos commentaires qui
étaient beaucoup moins intéressants que ce que les participants
avaient à dire."
M. le député de Lévis, si j'ai un conseil à
vous donner, pendant vos vacances allez donc voir un psychologue et essayez
donc de comprendre que vous êtes parfois un emmerdeur professionnel,
qu'il y a des choses qu'on devrait faire d'une façon plus efficace
lorsque vient le temps d'approuver des projets de loi et lorsqu'on les
étudie en commission parlementaire.
Mme la Présidente, il s'agit d'un projet de loi privé qui
va permettre à La Laurentienne d'aller chercher des capitaux importants.
M. Castonguay nous a dit que ce projet de loi va permettre à La
Laurentienne d'aller chercher quelque 50 000 000 $ pour permettre le
développement d'une institution financière du Québec dont
je suis fier et dont tous les membres de cette Chambre sont fiers. Et c'est
avec plaisir que je voterai pour le principe de cette loi privée de
façon à permettre à La Laurentienne d'atteindre les
objectifs qu'elle s'est fixés à travers le monde. Je vous
remercie.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Le débat étant
terminé, est-ce que le principe du projet de loi 206, Loi concernant La
Laurentienne, mutuelle d'assurance, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Garon: Sur division.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté sur division. Nous
allons maintenant passer à l'étape de
l'adoption du projet de loi 206. Il n'y a pas d'autres interventions?
Est-ce que le projet de loi 206, Loi concernant La Laurentienne, mutuelle
d'assurance, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: Alors, Mme la Présidente, ceci termine les
travaux que nous avions préparés pour la journée
d'aujourd'hui. Mais je suggérerais que nous suspendions quelques minutes
de façon que nous puissions vérifier si nous avons bel et bien
adopté tout ce que nous nous proposions d'adopter pour la séance
d'aujourd'hui; après quoi, je proposerai l'ajournement des travaux, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente: Nous allons donc suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 14)
(Reprise 17 h 16)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant reprendre nos travaux. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, tout en rappelant les avis
que j'ai donnés ce matin quant à la commission des affaires
sociales qui doit siéger lundi à compter de 10 heures, de
même que mardi à compter de 10 heures, je propose que
l'Assemblée ajourne ses travaux au mardi, 21 juin, à 15
heures.
La Vice-Présidente: Avant d'ajourner nos travaux,
j'aimerais informer cette Chambre que, vers 18 h 15, il y aura sanction de
certains projets de loi chez le lieutenant-gouverneur.
Cela dit, est-ce que la motion d'ajournement proposée par M. le
leader du gouvernement est adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Nous allons donc
ajourner nos travaux au mardi, 21 juin, 15 heures.
(Fin de la séance à 17 h 17)