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(Dix heures douze minutes)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mmes et MM. les députés, veuillez regagner vos
sièges.
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Vous pouvez vous asseoir. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, tout en vous souhaitant une
bonne journée en cette journée de grisaille, je vous prierais
d'appeler l'article 25 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 43
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 25 de notre
feuilleton, la ministre des Affaires culturelles propose l'adoption du rapport
de la commission de la culture qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 43, Loi sur la
Bibliothèque nationale du Québec. Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Mme la Présidente, le projet de loi 43 a
été déposé à l'Assemblée nationale le
16 juin dernier. L'adoption du principe du projet de loi a eu lieu le 18
octobre. La commission de la culture, lors de ses séances des 18 et 20
octobre 1988, a eu l'occasion d'étudier le projet de loi article par
article. Le projet de loi a été adopté avec quelques
modifications à la version initiale.
On se souviendra que ce projet de loi a pour objet de constituer en
corporation la Bibliothèque nationale du Québec. Ce projet de loi
prévoit que la bibliothèque sera un mandataire du gouvernement et
qu'elle sera administrée par un conseil d'administration dont les
membres seront nommés par le gouvernement. Avec sa transformation en
corporation, la Bibliothèque nationale aura alors pour principale
fonction de rassembler, de conserver, de diffuser le patrimoine documentaire
québécois qui est publié et aussi les documents qui s'y
rattachent et les documents relatifs au Québec, publiés à
l'extérieur du Québec et qui présentent un
intérêt culturel. Elle aura aussi pour fonction de recevoir le
dépôt de tous les documents qui sont publiés par un
éditeur ou par une personne ou aussi par un organisme qui assume la
responsabilité de la production d'un document publié, et ce,
conformément aux règlements établis par le gouvernement.
En bref, les mandats de la nouvelle corporation s'inscrivent dans une
continuité avec ceux qui sont déjà en vigueur dans la loi
actuelle.
Aujourd'hui, nous prenons en considération le rapport de la
commission de la culture sur le projet de loi 43. Les modifications
apportées au projet de loi et qui ont permis de le bonifier se situent
à l'article 5 du projet de loi où le nombre de membres
nommés à la suite de la consultation faite dans et avec les
milieux concernés passe de trois à cinq. De plus, toujours
à l'article 5 du projet de loi, une précision importante a
été apportée afin que l'un des membres nommés
après consultation du milieu des bibliothèques soit
lui-même un bibliothécaire.
L'objectif de ces deux amendements est de s'assurer que le plus grand
nombre possible de membres du conseil d'administration soient nommés,
après consultation, par le milieu des bibliothèques et qu'au
moins une bibliothécaire ou un bibliothécaire fasse partie des
personnes nommées.
La commission de la culture a étudié le projet de loi 43
article par article et l'Opposition a donné son accord aux modifications
qui étaient proposées. J'aimerais remercier l'Opposition pour sa
collaboration dans l'étude article par article de ce projet de loi. En
conséquence, Mme la Présidente, j'aimerais recommander que le
rapport de la commission de la culture sur le projet de loi 43, Loi sur la
Bibliothèque nationale du Québec, soit adopté.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre des Affaires
culturelles. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Mme la Présidente, je pense que Mme la
ministre va sans doute m'excuser, j'ai une royale excuse, Mme le gouverneur
général sortait de la Citadelle donc il était difficile de
dépasser le convoi.
Je pense qu'on l'a dit il y a quelques jours lorsqu'il a
été présenté en Chambre, on est d'accord sur le
principe du projet de loi 43. L'Opposition est favorable à la
création d'une corporation autonome. Je crois qu'elle va permettre
à la Bibliothèque nationale de se rapprocher des milieux
intéressés et, souhaitons-le, de mieux accomplir sa mission de
conservation et de diffusion du patrimoine documentaire
québécois.
Sur le contenu, nous avions émis quelques réserves et
proposé des amendements. On avait proposé l'augmentation de trois
à cinq quant au nombre de membres du conseil d'administration
nommés en consultation avec le milieu de l'édition, des
bibliothèques, des associations d'écrivains et des
universités. Cet amendement de l'Opposition a été retenu
par la commission et par la ministre. Nous avons donc obtenu satisfaction sur
ce point pour le plus grand bien d'ailleurs du conseil d'administration qui
n'en sera
que plus représentatif. On avait demandé que le
délai pour le dépôt légal soit porté de sept
à quinze jours, contrairement aux 30 jours qui sont prévus dans
la loi actuelle. Cela nous apparaissait un petit peu plus respectueux des
contraintes que les maisons d'édition pouvaient avoir. On nous a
donné comme réponse qu'il y avait harmonisation avec la Loi de la
Bibliothèque nationale du Canada et que, dans l'ensemble, les maisons
d'édition ne rencontraient pas trop de difficulté. Elle n'a pas
été retenue et je dois vous dire, Mme la Présidente, que
nous ne ferons quand même pas une bataille là-dessus.
Des dispositions relatives au pouvoir d'enquête et de tutelle du
ministre nous semblent - et ça, je pense que je me dois de le dire -
toujours abusives et empreintes de méfiance. Elles constituent
d'après nous un précédent dangereux, et je sais quel
projet de loi on étudiait ici, hier soir. Cela n'existe dans aucune des
lois des organismes parapublics du même type. Mais ceci dit, là
encore...
Un nouveau statut est souhaitable mais insuffisant si la
Bibliothèque nationale ne se voit pas accorder, maintenant, les
ressources nécessaires à son importante mission et ce, autant en
ressources humaines que financières. Je crois donc que le gouvernement
et la ministre ne doivent pas se soustraire à cette
obligation-là. Et nous aurions, c'est bien entendu, souhaité que
la ministre annonce une décision concernant la relocalisation tant
attendue des services de la Bibliothèque nationale qui sont
disséminés actuellement dans quatre bâtiments. (10 h
20)
Ce sont les commentaires que nous avions émis lors de la
présentation du projet de loi, ceux que nous avons apportés en
commission parlementaire qui, soit dit en passant, a été une
commission parlementaire où il s'est fait un travail
considérable, dans un très bon climat et avec la présence
d'ailleurs du directeur général de la Bibliothèque
nationale qui, justement, nous apportait son expertise. Alors, Mme la
Présidente, nous adopterons le projet de loi tel qu'amendé.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Jacques. Mme la ministre des Affaires culturelles, sur votre droit
d'intervention de cinq minutes.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: Une courte réplique, Mme la Présidente,
concernant les articles 33 et 34. Le député vient de mentionner
le droit d'enquête. Je pense que l'Opposition semble quand même
favorable à ce que je proposais lors de la commission parlementaire. Je
signalais d'autres cas où, s'il y avait eu possibilité
d'intervention de la part du ministre, on aurait peut-être eu moins de
problèmes. J'espère que personne, ni moi ni d'autres, Mme la
Présidente, dans l'avenir, n'aura besoin d'utiliser un article de la loi
qui permettait au gouvernement d'intervenir d'autorité dans une
administration, l'administration de la Bibliothèque nationale.
Cependant, un gouvernement responsable doit s'assurer qu'il a les moyens
d'intervenir, s'il doit faire face à des problèmes importants, et
cette institution se doit, va devoir gérer des fonds publics, en plus
d'assumer la responsabilité d'une partie importante de notre
patrimoine.
On pourrait donner un exemple. Si, un jour, la Bibliothèque
nationale, pour quelque raison que ce soit, vendait des ouvrages rares ou des
ouvrages anciens - elle a quand même des trésors à ce
niveau-là - et si la Bibliothèque nationale avait une gestion qui
n'était pas conforme à l'article 22 qui est une obligation de
procéder par soumissions publiques, Mme la Présidente, ou si la
Bibliothèque nationale manquait, de façon continue, à ses
mandats qui sont énumérés a l'article 18, je pense qu'on
se doit d'adopter ces articles à titre préventif. Nous voulons
être responsables, nous voulons quand même prévoir, et c'est
un nouveau statut que nous donnons à la Bibliothèque nationale.
Nous voulons quand même travailler avec elle de la meilleure façon
possible, en étroite relation. Je dois dire que le directeur
général, qui était justement présent, comme l'a dit
le député de Saint-Jacques, peut très bien vivre, il nous
l'a d'ailleurs indiqué, avec une telle intervention, si une intervention
était nécessaire.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Il n'y a pas d'autres interventions.
Je déclare le débat terminé.
Est-ce que le rapport de la commission de la culture qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 43, Loi sur la Bibliothèque nationale du Québec, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, avant que vous n'appeliez
l'article 17 du feuilleton, puis-je suggérer que nous suspendions nos
travaux quelques minutes seulement, histoire de donner le temps au ministre de
l'Éducation de venir nous retrouver.
La Vice-Présidente: Nous allons donc suspendre pendant
quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 24)
(Reprise à 10 h 27)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre nos travaux. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, si vous voulez bien appeler
l'article 17 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 106 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 17 de notre
feuilleton, le ministre de l'Éducation propose l'adoption du principe du
projet de loi 106, Loi sur les élections scolaires. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
présenter le projet de loi 106 qui est le frère jumeau du projet
de loi 107 dont nous avons discuté au cours des derniers jours. Le
projet de loi 107 traite de l'organisation générale de notre
système scolaire au niveau primaire et secondaire, tandis que le projet
de loi 106 regroupe les dispositions de l'actuelle Loi sur l'instruction
publique, passablement retouchée et modifiée, qui traite plus
particulièrement des élections scolaires. Ce sont les deux volets
d'un même projet d'ensemble qui vise à mieux définir et
à harmoniser les structures de notre système d'enseignement de
manière qu'il soit à la fois fonctionnel et conforme aux
meilleures normes démocratiques.
Comme on le sait, le Parti libéral du Québec a toujours
été favorable au maintien de commissions scolaires formées
de membres élus au suffrage universel par la population. Ce
système démocratique de conduite des affaires scolaires sur le
plan local et régional existe au Québec depuis un siècle
et demi. Ce n'est pas une création de la dernière saison ni un
caprice de gouvernant, c'est une structure fondamentale de la
société québécoise qui fait partie de notre tissu
original d'institutions, une structure à laquelle tous les partis
politiques, je pense, tiennent beaucoup. Quoique certains aient pu être
tentés, à diverses étapes, de passer par dessus, ils se
sont vite rendu compte que la population n'aurait pas toléré
qu'on abolisse purement et simplement les structures démocratiques de
représentation que sont les commissions scolaires.
Évidemment, les responsabilités des commissions scolaires
ne sont pas les mêmes aujourd'hui qu'elles étaient au XIXe
siècle. Au XIXe siècle, il n'y avait pas de ministre de
l'Éducation. Les structures de direction du système
d'enseignement à Québec étaient infiniment
réduites. Comme on le sait tous, le clergé jouait un rôle
très important dans la conduite de l'éducation, et, à
toutes fins utiles, les écoles locales étaient dirigées
par des commissaires locaux qui avaient même le pouvoir de définir
les programmes d'études et de prendre presque toutes les
décisions relatives à la conduite des écoles. Depuis ce
temps, on s'est rendu compte qu'il y avait, dans le système
d'enseignement, une dimension qui intéresse tout le Québec et
qu'il y en a une autre qui doit rester de responsabilité locale, et on
en est arrivé au nouveau partage de responsabilités entre les
commissions scolaires et le gouvernement qui est défini dans le projet
de loi 107. (10 h 30)
Cela étant dit, nous maintenons le principe de commissions
scolaires formées de membres élus au suffrage
démocratique. Nous introduisions dans le projet de loi 107 une nouvelle
proposition visant à donner aux parents qui représentent les
comités d'école au sein du bureau des commissaires un droit de
vote. Actuellement, nous avons deux parents au sein d'une commission scolaire,
un qui représente le niveau primaire, un qui représente le niveau
secondaire. Ils participent à toutes les réunions. Ils font
partie de l'exécutif de la commission scolaire mais n'ont pas le droit
de vote. Nous leur donnions le droit de vote dans la version originelle du
projet de loi 107 mais des objections nombreuses se sont élevées,
autant en provenance des commissions scolaires qu'en provenance de la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec. Nous avons écouté ces représentations et
dans les modifications qui seront proposées aux deux projets de loi
cette disposition et les autres qui l'accompagnaient sont appelées
à disparaître. Nous reviendrons au système fondamental en
vertu duquel tous les commissaires qui participent de plein droit aux
décisions seront des personnes qui détiennent leur
légitimité du suffrage populaire.
Maintenant, avant qu'on aille plus loin, il est important de se demander
ce qu'il en est de notre démocratie scolaire au Québec. J'ai
entendu de nombreuses représentations depuis quelque temps en
particulier de personnes qui nous disent: C'est bien beau votre système
d'élections démocratiques mais ça ne marche pas
très fort. La participation à vos élections scolaires est
infiniment réduite et à moins qu'on ne réussisse à
revivifier le processus de participation aux élections scolaires, il
faut se rendre compte que nous avons une structure qui tourne peut-être
à vide.
Il ne faut pas renvoyer ces objections du revers de la main. Je pense
qu'il y a du sérieux dans ces objections. Si nous voulons que notre
système démocratique de commissions scolaires continue, il faudra
qu'on mette plus de vie dans les commissions scolaires, plus de dynamisme et
qu'on ouvre encore plus grande la porte à la participation.
Comme vous le savez, le gouvernement actuel a pris différentes
mesures depuis son avènement au pouvoir afin de favoriser la
participation aux élections scolaires. Dans la
région de Montréal en particulier, il se posait un
problème très sérieux concernant l'inscription sur les
listes électorales d'électeurs qui ne sont ni de foi catholique
ni de foi protestante. Nous avons modifié la loi de manière que
ces électeurs puissent choisir librement la liste électorale sur
laquelle leur nom sera inscrit. Nous avons fait disparaître de la loi un
biais, une sorte de discrimination qui s'y était introduite dans un
moment de distraction ou d'inadvertance du législateur. Autrefois, vous
vous en souvenez, les élections scolaires se faisaient à tous les
ans, par tranches. On renouvelait le bureau des commissaires par tranches d'un
tiers à chaque année de manière qu'il y avait des
élections à chaque année, mais c'était toujours
pour une partie très limitée des commissaires dans la grande
majorité des commissions scolaires de la province de Québec. Il y
a deux ans, nous avons modifié cette disposition de la loi de
manière que tous les commissaires doivent être élus en
même temps dans tout le territoire du Québec et de manière
que les élections scolaires n'aient plus lieu dorénavant
qu'à tous les trois ans.
Nous avons fait l'expérience de ce nouveau système pour la
première fois le troisième dimanche de novembre 1987. J'y
reviendrai tantôt. Dans des modifications précédentes, nous
avons également prolongé la période électorale. La
période électorale, pour le domaine scolaire, était d'une
semaine tandis que pour les élections au plan municipal ou au plan
provincial, elle est officiellement de deux semaines à partir de la mise
en candidature des personnes qui postulent des fonctions à
l'élection. Nous avons allongé la période
électorale pour le monde scolaire de manière qu'elle soit
maintenant à deux semaines au lieu d'une.
Également, nous avons révisé tout
l'échéancier du processus électoral de manière
à permettre qu'à chaque étape les choses puissent se faire
suivant un modèle qui correspond davantage à ce qui est fait dans
les autres ordres d'intervention électorales, c'est-à-dire au
plan municipal et au plan provincial. Encore là, nous n'avions fait que
des retouches partielles. Nous avons fait une première expérience
du nouveau système en novembre 1987 et je pense qu'avant d'aborder les
autres dispositions du projet de loi, il ne sera pas inutile de rappeler ce qui
s'est produit.
Tout d'abord, il fallait élire en tout 1795 plus 657, ça
veut dire au-delà de 2400 commissaires d'écoles dans les quelque
213 commissions scolaires que nous avons au Québec. De ce nombre, les
deux tiers furent élus par acclamation, c'est-à-dire 1795. Il y
en a 657 qui furent élus au suffrage démocratique,
c'est-à-dire le tiers. Et là, il est intéressant de se
demander ce qui s'est produit au point de vue de la participation. En 1985,
dernière année pour laquelle nous détenons des
statistiques avant le scrutin de 1987, il y avait seulement un tiers des
commissaires qui étaient éligibles pour l'ensemble du
Québec et on ne votait pas à Montréal, cette
année-là, ni à Québec. Par conséquent, il
faut se méfier des comparaisons. On avait eu un taux de participation de
21,8 %. Comme cette année-là, un plus grand nombre de
commissaires avaient été élus par acclamation, le nombre
de personnes sur le grand total des électeurs du Québec qui
avaient été appelées à intervenir, qui avaient
décidé d'intervenir par scrutin démocratique, a
été de 4 %, en tenant compte de ceux qui ont été
élus par acclamation. Ces gens-là n'ont pas voté,
évidemment, dans les circonscriptions où l'élection s'est
faite par acclamation. Si on prend le grand total des électeurs,
ça donnait 4 %. Si on prend seulement le nombre total des
électeurs dans les circonscriptions où il y eut vote,
c'était 21,8 %.
À la dernière élection, le total de participation a
été de 18,5 %, en novembre 1987, c'est-à-dire, à
l'oeil nu, une diminution. Si vous regardez les chiffres attentivement, vous
constatez qu'y n'y a pas eu diminution parce qu'à la dernière
élection scolaire générale - là, il y avait les
élections à Montréal et à Québec tandis
qu'ï n'y en avait pas en 1985, nous savons tous que le taux de
participation, à Montréal en particulier, est
considérablement inférieur à celui de l'ensemble du
Québec - si nous soustrayons les statistiques de 1987, les
données relatives au territoire de Montréal, nous arrivons - je
le souligne avec une certaine fierté, Mme la Présidente -
à un taux de participation de 22 %.
Maintenant, si on va plus loin et qu'on examine les régions
particulières, on constate qu'l y a eu des données très
intéressantes. Dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, un taux
de participation de 36 % - il y a bien des municipalités qui n'ont pas
eu 36 % de participation - Saguenay-Lac-Saint-Jean, 40 %,
Trois-Rivières, 25,5 %, région de l'Outaouais - je le dis pour
attirer l'attention du leader du gouvernement sur notre débat! - 23 %.
Cela veut dire que dans plusieurs régions,
Laval-Lauren-tides-Lanaudière, c'est une région de paix, comme le
sait la députée de Chomedey, 16 %, il n'y avait pas trop de
chicane de ce côté-là. Comme vous le constatez en regardant
les statistiques, on a plusieurs régions où le taux de
participation a été supérieur à 25 %. Je crois
devoir rappeler - ceci est très intéressant -qu'il y avait
plusieurs endroits au Québec où H y avait de l'insatisfaction
à l'endroit de la manière dont les choses scolaires
étaient dirigées. Je pense qu'on peut prendre l'exemple de Hull,
par exemple, qui est un exemple très intéressant. Il y avait
beaucoup de contestation quant à la manière dont la direction des
affaires scolaires s'était exercée au cours des années
précédentes. L'élection a donné lieu à un
changement à peu près complet. Il y a eu une équipe
nouvelle qui a pris les affaires en main. Je pense que, sans porter de jugement
sur l'équipe précédente, cela a été
très bon pour la santé de la démocratie
scolaire.
Dans la région de Sherbrooke, il y a eu des élections
scolaires très importantes. Nous avons constaté qu'il y a eu un
changement presque total dans la composition du conseil des commissaires. J'ai
eu connaissance d'un grand nombre d'endroits, surtout les endroits où il
y avait eu des choses qui laissaient à désirer dans la gouverne
des affaires scolaires, où les électeurs ont pris leur affaire en
main et ont procédé à un changement radical dans
l'équipe qui était chargée de la direction des affaires
scolaires. (10 h 40)
Je pense bien que nous conviendrons tous que la direction des affaires
scolaires ne prête pas autant à la contestation que la direction
des affaires municipales ou la direction des affaires au niveau provincial. Au
niveau provincial, nous risquons chaque jour, à maintes reprises, de
heurter la susceptibilité ou les intérêts des
électeurs, parce que nous touchons une infinité de sujets. De
même, au niveau municipal, les autorités ont des
responsabilités très diversifiées qui les exposent
à mécontenter continuellement une partie plus ou moins grande du
corps électoral.
La fonction des commissions scolaires est beaucoup plus limitée.
Il s'agit de faire en sorte que les services éducatifs fonctionnent de
manière efficace pour le bien de la population. On n'est pas
obligé de s'occuper de tous les autres problèmes qui
relèvent de la compétence d'un gouvernement ordinaire. C'est
pourquoi je rappelle souvent aux commissions scolaires que, nonobstant les
responsabilités importantes dont elles sont investies, elles ne peuvent
pas se définir comme des gouvernements au sens fort du terme.
Très souvent, les porte-parole des commissions scolaires viennent
me voir en disant: Nous sommes de véritables gouvernements locaux. Un
gouvernement, par définition, c'est un organisme qui a la
responsabilité de l'ensemble de la vie collective sur son territoire,
pas seulement d'un secteur particulier. Alors, comme les commissions scolaires,
malgré tout leur mérite et toute leur dignité, sont
responsables d'un secteur particulier, elles ne peuvent pas prétendre au
titre de gouvernement au sens normal du terme. Encore une fois, elles sont des
organismes très importants. Mais, en contrepartie, on comprend que la
gestion des affaires scolaires ne donne pas nécessairement lieu au
même type de contestation sans cesse recommencée, sans cesse
renouvelée, qui est la caractéristique du processus
démocratique dans les affaires municipales, provinciales ou
fédérales. C'est pourquoi le fait qu'un nombre plus important de
commissaires d'écoles soient élus par acclamation n'est pas, pour
moi, une source d'inquiétude profonde, à la condition que l'eau
de la démocratie circule toujours sous le pont de, manière que,
s'il y a des problèmes, on puisse emporter les scories avec le courant
et faire en sorte que de l'eau nouvelle vienne s'installer à la place de
l'eau qui commençait à être corrompue.
De ce point de vue, je pense que nous avons un système
intéressant. Les résultats que nous avons obtenus la
dernière fois invitent à faire mieux. Je pense que nous aurons
lieu de n'être pas satisfaits tant que le taux de participation aux
élections scolaires, là où il doit y avoir des
élections, n'atteindra pas le niveau de 50 %. Je pense que c'est
l'objectif que nous devrions fixer aux commissions scolaires du Québec,
de viser à atteindre, par le processus électoral, un taux minimum
de participation de 50 %. Et nous devons tous être conscients que, si la
démocratie scolaire ne devait pas, à la faveur des changements
que nous apportons avec les projets de loi 106 et 107, connaître un
regain de vitalité au cours des prochaines années, les
générations qui nous suivront s'interrogeront sur le
bien-fondé des commissions scolaires elles-mêmes. Nous devons
être conscients de ce péril qui se profile à l'horizon,
s'il n'y a pas cette revitalisation qui est commandée par la nature
même du processus démocratique.
Le gouvernement, par le projet de loi 106, veut contribuer
précisément à la revitalisation, à la dynamisation
du processus électoral dans les affaires scolaires. Et voici les
principaux éléments que nous avons songé à mettre
en oeuvre à cette fin.
Tout d'abord, si l'on veut avoir une bonne démocratie scolaire,
des élections qui permettent une participation active et intensive et le
choix de représentants légitimes, il faut qu'on divise le
territoire en circonscriptions électorales. C'est la première
chose qu'on doit faire. Il faut d'abord procéder à une division
du territoire en circonscriptions électorales. Ceci est prévu
dans le projet de loi. La responsabilité en est confiée aux
commissions scolaires elles-mêmes. Comme les commissions scolaires sont
responsables de leurs affaires, il leur incombe, aux fins électorales,
de diviser leur territoire en circonscriptions qui seront
représentatives et qui permettront à tous les secteurs de la
population du territoire de se donner une représentation au sein de la
commission scolaire. Alors, nous donnons essentiellement à la commission
scolaire cette responsabilité.
Deuxièmement, nous disons que la définition des
circonscriptions électorales sera fondée sur le nombre
d'élèves inscrits pour chaque district dans les écoles de
la commission scolaire. Ici on peut discuter. Est-ce que ce serait mieux de
prendre la population? En principe, je crois que ce serait mieux de prendre la
population, parce que c'est elle qui va voter ce ne sont pas les
élèves.
Maintenant, nous avons mis les élèves pour des fins
pratiques. C'est plus facile d'établir les territoires en comptant les
élèves. Autrement, il faut procéder à un
recensement pour établir les circonscriptions et ensuite il faut faire
un autre recensement en vue des élections. Cela obligerait
à faire deux recensements, ce qui est une opération
inutilement coûteuse. Nous croyons qu'avec le système
proposé, il n'y aucune entorse aux normes essentielles de la
représentation démocratique et il y a, en contrepartie, avantage
pratique et économie d'argent. Mais si, en commission parlementaire, on
nous présentait des arguments sérieux justifiant plutôt le
recours à la norme de la population, nous sommes prêts à
écouter les représentations qu'on nous fera là-dessus.
Nous sommes prêts à changer cette disposition du projet de loi.
Nous n'y tenons pas comme un principe absolu, loin de là.
Nous prévoyons également dans le projet de loi la
possibilité pour le gouvernement d'autoriser une commission scolaire
à créer un nombre additionnel de circonscriptions en vue
d'assurer une représentation plus équilibrée de toutes les
parties d'un territoire. Il arrive, par exemple, que dans un territoire
donné, les commissaires divisent le territoire en districts
électoraux d'une manière telle que des municipalités
entières sont privées de représentation à la
commission scolaire. Il est arrivé très souvent que des
municipalités rurales en particulier s'adressent au ministre de
l'Éducation pour l'informer que, sous le système de
circonscriptions électorales qui existe dans le territoire de leur
commission scolaire, elles sont privées de toute représentation
à la commission scolaire pendant qu'une municipalité voisine peut
se faire donner deux représentants. Alors dans le projet de loi, nous
avons prévu une disposition permettant à une commission scolaire
de demander l'autorisation d'ajouter une, deux ou trois circonscriptions au
nombre qui serait permis suivant les normes indiquées dans le projet de
loi pour faire en sorte que certaines municipalités soient
assurées d'une représentation directe à la commission
scolaire.
Nous comprendrons tous, je pense que les citoyens d'une
municipalité donnée ne se sentent pas aussi bien
représentés par un commissaire qui vient de la
municipalité d'à côté et que, dans certains cas,
étant donné l'importance de leur population, ils tiennent
à avoir un représentant venant de chez eux. Nous comprenons cela.
C'est l'essence même de la démocratie et cette disposition du
projet de loi à laquelle je fais allusion permettra de réaliser
cet objectif. Mais encore une fois, ça ne sera pas imposé par le
gouvernement. La commission scolaire pourra faire une démarche en ce
sens et le gouvernement pourra l'autoriser à créer des districts
additionnels lorsque la preuve aura été faite qu'une telle mesure
répondrait à des besoins véritables.
Il fallait ajuster les normes d'admissibilité au vote à
celles qui ont cours dans notre législation électorale. Nous
avons des dispositions dans la loi qui prévoient que pour être
admis à voter aux élections scolaires, tout citoyen doit d'abord
être détenteur de la citoyenneté canadienne, être
d'âge majeur, avoir son domicile au Québec depuis au moins douze
mois et n'être frappé d'aucune incapacité de voter
prévue à la Loi électorale. Ici, des changements sont
envisagés à la Loi électorale. Nous ajusterons les
dispositions de notre projet de loi de manière qu'elles puissent
s'harmoniser avec celles de la Loi électorale qui vaut pour l'ensemble
du Québec. Des consultations sont en cours là-dessus et nous
avons tout intérêt à harmoniser les procédures
prévues dans la Loi électorale pour fins scolaires avec celles
qui seront prévues dans la Loi électorale générale
du Québec. Et j'ajoute tout de suite une modification que nous
envisageons. La période de résidence, pour avoir droit de voter
à une élection scolaire, sera probablement ramenée
à six mois au lieu d'un an comme c'est le cas actuellement. Cela donnera
plus de chance de participation.
La période de déménagement est maintenant en
juillet, comme vous le savez. Il y a beaucoup de gens qui
déménagent au mois de juillet et si on allait mettre la
période de résidence antérieure à un an, ils
n'auraient pas le droit de participer aux élections scolaires au mois de
novembre. Nous verrons à ce que ces personnes puissent être
admises à voter dans le quartier où elles résideront et
dans le quartier où leurs enfants seront appelés à
fréquenter l'école. De ce point de vue-là, je pense qu'il
n'y aura pas de débat entre nous. Ce sont des normes minimales qui ont
cours dans l'ensemble de notre société. (10 h 50)
Un troisième point très important: la possibilité
de former des équipes en vue des élections scolaires. J'aime
à rappeler, Mme la Présidente, un incident dont je fus le
témoin direct à l'occasion des dernières élections
municipales à Montréal. J'arrivais de mon comté et je me
suis présenté au bureau de votation à
Côte-des-Neiges. Je me suis trouvé en présence d'une liste
de candidats. Là, je me demandais: Lesquels sont de tel groupement,
lesquels sont de tel autre groupement et lesquels sont de tel autre groupement?
Je n'avais aucune indication sur la liste. Je vous dirai franchement que je ne
les connaissais pas tous personnellement. Heureusement qu'il y avait à
la porte une personne d'un des partis en présence qui m'a dit: En tout
cas, dans mon cas, vous n'aurez pas de problème; je représente
tel parti. Je lui ai demandé: Mais qui représente l'autre parti?
Elle m'a dit: Ce n'est pas ma tâche de vous le dire. Je la comprenais
très bien. Comme mon choix était fait du côté de
cette personne-là, je n'avais pas de problème. La personne que
j'ai rencontrée de son groupement n'avait pas de problème. Mais
ce n'est pas normal. Il me semble que lorsqu'on forme une équipe en vue
de se présenter aux élections, on a le droit d'être
identifié devant les électeurs comme faisant partie de cette
équipe-là.
Il y a des commissaires qui s'opposent à cette mesure. La
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
ne l'aime pas. Lorsqu'on dit, non sans vraisemblance: Ah, le
monde scolaire, c'est un monde de paix, ce n'est pas une place de
chicane, il n'y a pas de place pour les partis politiques là-dedans, il
ne faut pas mettre de division dans les affaires scolaires. Je respecte cette
façon de voir, mais je ne la partage point. Je pense que, de plus en
plus, nous aimons les choses claires, nous aimons les gens qui s'identifient
nettement. Nous n'imposons pas l'obligation pour les candidats de former des
équipes, nous voulons simplement qu'ils aient la possibilité de
le faire. Et c'est bien prévu dans le projet de loi que les candidats
peuvent être regroupés en équipes par le président
d'élection.
Évidemment, ce n'est pas le président qui décide de
ça. Il faut qu'on fasse des démarches auprès de lui en
bonne et due forme et la procédure est bien décrite dans le
projet de loi. Si un groupe de citoyens décide de présenter des
candidats pour au moins les deux tiers des postes qui sont en contestation, il
aura le droit d'être reconnu par le directeur des élections, par
le président d'élection. Sur le bulletin de vote - nous avons une
disposition précise à cette fin un peu plus loin dans le texte du
projet de loi, je pense que je n'ai pas à nommer la disposition ici - il
sera indiqué clairement que le bulletin de vote devra permettre
d'identifier chaque candidat et devra contenir au recto le nom de chaque
candidat ainsi que le nom de l'équipe reconnue à laquelle
appartient chaque candidat, le cas échéant, sous la mention de
son nom. Alors, le problème auquel j'avais dû faire face à
l'élection de 1985, de même que des milliers d'autres
électeurs à Montréal, ne se présentera plus avec
une disposition comme celle-ci. Encore une fois, il ne sera pas obligatoire que
des équipes de candidats soient constituées. Là où
les candidats préféreront se présenter sur une base
individuelle, sans regroupement officiel et reconnu, ils pourront le faire en
toute liberté, mais là où les candidats voudront se
regrouper, ils pourront également le faire. Je pense que c'est beaucoup
plus démocratique ainsi.
Nous savons très bien que la démocratie ne se pratique pas
sur une base strictement individuelle. Le processus démocratique, par sa
nature même, appelle un regroupement des énergies, une mise en
commun des énergies des citoyens. Celui qui veut faire une action
politique seul, aujourd'hui, est voué à l'échec et
à la stérilité, s'il veut agir politiquement. Le mot
"politique", ça vient d'un beau mot grec, "polis" qui voulait dire "la
cité". Cela ne veut pas dire "personne". Cela ne veut pas dire
"individu". C'est "la cité". Quand on agit politiquement, on agit dans,
pour et sur la cité. On agit comme membre d'une cité, pas comme
individu isolé. Le regroupement est le corollaire le plus normal de
cette réalité élémentaire. Nous permettons
ça avec le projet de loi. Je pense que c'est un immense progrès
et je suis assuré que nos concitoyens, avec le sens des
responsabilités et l'équilibre que nous leur connaissons, se
prévaudront de ces dispositions avec toute la modération et le
réalisme souhaitables.
Une autre disposition non moins importante du projet de loi a trait au
remboursement des dépenses électorales. Il y a longtemps que l'on
nous disait: Vous autorisez le remboursement des dépenses
électorales au plan provincial; il est autorisé désormais
au plan municipal; au plan scolaire, qu'attendez-vous? Nous attendions
l'occasion de présenter ce projet de loi. Dans le projet de loi, vous
constaterez qu'il est prévu que tous les candidats ayant obtenu au
minimum 20 % des suffrages auront droit... 20 %, c'est une erreur dans la
présentation. Dans la présentation, c'est écrit 15 %, mais
c'est une erreur. Si vous allez au texte du projet de loi, M. le
député de Rimouski, vous verrez que c'est 20 %. Il faudra faire
cette correction dans la note liminaire. C'est 20 %.
Tous les candidats qui auront obtenu un minimum de 20 % seront par
conséquent admissibles à un remboursement partiel des
dépenses qu'ils auront encourues pour leur participation au scrutin. Je
pense qu'il est normal qu'il en soit ainsi. Cela ne coûte pas une fortune
de se porter candidat à une élection scolaire. En dehors de
Montréal, on peut très bien le faire avec quelques centaines de
dollars. À Montréal, cela coûte un peu plus cher. La seule
impression d'un petit dépliant décrivant la personnalité
et les objectifs politiques du candidat entraîne des
déboursés qui dépassent rapidement 1000 $. La distribution
peut se faire de manière volontaire mais elle entraîne parfois des
dépenses également. Par conséquent, ce n'est pas une
fortune ici et je pense que les commissions scolaires seront appelées
à assumer ces dépenses à même les ressources
générales que leur attribue le gouvernement. Nous avons fait des
calculs de ce que peut représenter cette disposition et, dans
l'ensemble, les dépenses qui en découleront ne seront pas
très importantes. Mais je pense que c'est une chose nécessaire
pour encourager la participation des citoyens au processus électoral
scolaire, pour les inviter à se porter davantage candidats et à
s'inscrire dans des formations qui voudront solliciter la confiance des
citoyens. Dans la mesure où les énergies se regrouperont, comme
le facilitera le projet de loi 106, je pense que nous pourrons entrevoir une
meilleure participation des citoyens à la gouverne des affaires
scolaires.
Il y a d'autres dispositions qui sont des dispositions de concordance
avec nos dispositions législatives générales en
matière électorale. Par exemple, le droit à un
congé sans rémunération et sans perte d'aucun de ces
avantages pour une personne qui se porte candidate. Nous n'avons pas ça
dans la loi actuelle. Nous l'avons au niveau provincial, mais si une personne
se porte candidate à une élection scolaire et qu'elle veut
demander un congé sans traitement à son employeur pour une
période d'une semaine ou deux, il ne faut pas que ce soit un motif
de
sanction, de rétrogradation, de congédiement
ou de punition quelconque. Il y aura une garantie formellement écrite
dans la loi. De môme, lorsqu'un commissaire démissionne ou
décède, son remplacement se fait actuellement comme ceci: les
commissaires ont une période de 30 jours pour le remplacer par
cooptation et, s'ils n'ont pas procédé au remplacement, le
ministre est habilité à agir de son propre chef. Sous les
nouvelles dispositions que nous proposons, toute vacance survenant dans les
douze mois qui précèdent le prochain scrutin devra être
comblée par le recours au scrutin. Il devra y avoir une élection
et les petites cooptations élitistes auxquelles donne lieu la loi
actuelle prendront fin. Le droit d'ingérence du ministre dans ce
processus sera également aboli, sauf en cas de circonstances très
graves empêchant la tenue d'une élection - il faut toujours une
circonstance catastrophique comme celle-là - mais il ne s'en est jamais
produit depuis 40 ans, à ma connaissance. Ici, on retourne le processus
démocratique à ses sources les plus simples et, en même
temps, les plus authentiques.
Il y a une autre disposition dans le projet de loi dont je
voudrais traiter plus explicitement. Nous avions prévu des
mécanismes spéciaux en vue d'assurer la représentation des
minorités linguistiques au sein des commissions scolaires
confessionnelles, aussi longtemps que celles-ci dureront. Je parlerai des
commissions scolaires linguistiques ensuite. Nous prévoyions que
là où I y a un certain nombre d'élèves de la langue
du groupe minoritaire, il se formerait un, deux ou trois districts
électoraux spéciaux pour les parents de ces élèves.
En somme, disons que vous avez une commission scolaire protestante où la
majorité des électeurs est de langue anglaise, il arrive
très généralement, sous le régime actuel, que, dans
les commissions scolaires catholiques, les catholiques de langue anglaise se
voient privés, à toutes fins utiles, de toute
représentation. Ils ne sont pas assez nombreux dans aucun endroit pour
élire leur propre commissaire. Ils sont donc dirigés par des gens
uniquement de langue française. Du côté protestant, les
francophones de plus en plus nombreux ne sont pas assez nombreux nulle part
pour élire des commissaires au suffrage démocratique. (11
heures)
II y a deux éléments qui doivent
requérir notre attention. Et, pour corriger cette anomalie, nous
prévoyons l'élection d'un ou deux commissaires de la
minorité linguistique dans les commissions scolaires confessionnelles.
Dans les commissions scolaires linguistiques, par définition, ça
ne se posera pas parce que ça va être français ou anglais.
Mais, dans les commissions scolaires confessionnelles, aussi longtemps qu'elles
dureront, et dans celles qui pourraient rester en vertu de dispositions
constitutionnelles que nous connaissons, après les jugements que nous
demanderons auprès des tribunaux, il y aurait cette obligation d'avoir
une représentation de la minorité linguistique.
Maintenant, on nous a fait valoir que ce processus est bien
compliqué parce qu'il équivaut à superposer une ou deux
circonscriptions linguistiques par-dessus des circonscriptions de base qui
existeraient déjà. On se trouve à morceler, à
fragmenter le processus électoral. C'est là une disposition
éminemment contestable à la lumière de la conception que
nous nous faisons de la démocratie qui est une conception très
simple: un électeur, un vote; un district, un vote; un territoire, un
représentant. Alors, nous aurions le même territoire avec deux
modes de représentation.
Nous avons considéré que ces
représentations étaient très sérieuses et qu'avant
de pousser plus loin l'exploration dans cette voie il fallait chercher d'autres
solutions. Et la solution que nous préférons retenir est beaucoup
plus simple. Dans les amendements que nous déposerons probablement
demain en grande partie, nous prévoyons l'addition d'un troisième
parent commissaire pour représenter la minorité linguistique dans
une commission scolaire où il y a un nombre d'enfants suffisant en
provenance de la minorité linguistique. Cela veut dire qu'en plus des
deux parents qui seront là, un pour représenter les
comités d'école du primaire, un pour représenter les
comités d'école du secondaire, i y aura également un
parent, peut-être deux dans certaines situations, pour représenter
les parents de la minorité linguistique. Et je suis heureux de signaler
que cette modification à notre projet originel obtient l'adhésion
de tous les milieux concernés. Autant les commissions scolaires
protestantes que les commissions scolaires pour catholiques et les groupes de
parents sont très heureux de cette modification qui ramène le
processus électoral à des dispositions simples et transparentes,
et qui assure en même temps la représentation des parents de la
minorité linguistique au sein du conseil des commissaires.
Autre question. Lorsque nous irons vers les commissions
scolaires linguistiques, c'est-à-dire après que nous aurons
obtenu des tribunaux les précisions souhaitées quant à la
validité constitutionnelle de certaines dispositions du projet de loi,
comment se fera le processus électoral, nous a-t-on demandé
à maintes reprises? Nous aurons des commissions scolaires de langue
française, des commissions scolaires de langue anglaise. Comment seront
confectionnées les listes électorales dans chaque cas? Qui va
décider, et sur la base de quels critères, des personnes qui
seront sur la liste de la commission scolaire française et des personnes
qui seront sur la liste de la commission scolaire anglophone?
Dans le projet de loi 107, nous prévoyons que seront
seuls habilités à fréquenter les écoles d'une
commission scolaire anglophone les enfants qui ont le droit de
fréquenter ces écoles en vertu des dispositions de la loi 101. Je
pense que ça va de soi. C'est une disposition claire que
tout le monde va comprendre. Mais fallait-il étendre ces
exigences de la loi 101 à l'inscription des adultes sur la liste
électorale? Fallait-il dire que seront habilités à porter
leur nom sur la liste électorale seulement les personnes adultes qui ont
fréquenté l'école primaire dans leur jeunesse en langue
anglaise? A mon humble point de vue, c'aurait été pousser le
ridicule un peu loin.
Nous avons examiné notre législation actuelle. Dans la
législation actuelle, chaque électeur indique la liste
électorale sur laquelle il veut être, catholique ou protestante.
Si on l'inscrit sur une mauvaise liste, il a le droit de faire les
représentations nécessaires et d'exiger que son nom soit sur
l'autre liste.
Je causais avec ma collègue, la députée de
Jacques-Cartier, hier. Au point de vue logique, ce n'est pas d'une perfection
absolue. Je lui disais: Nos gens sont assez remplis de bon sens qu'en
général le protestant ne va pas s'inscrire sur la liste
catholique et très rares sont les catholiques qui vont s'inscrire sur la
liste protestante. Le système fonctionne très bien. Et là,
c'est quand même à des fins qui restent importantes, mais qui
n'emportent pas l'avenir de la nation chaque fois qu'on pose un geste. Comme
nous ne voulons pas créer de complications inutiles, comme nous voulons
en rester à des choses simples et nous reposer le plus possible sur le
discernement, le bon sens et l'esprit d'équilibre de nos concitoyens, il
appartiendra à chaque citoyen d'indiquer la liste à laquelle il
voudra appartenir pour fins scolaires en vue des élections qui devront
avoir lieu. Cela entraîne beaucoup moins de dépenses, beaucoup
moins de complications. Il ne faut pas qu'on fasse la liste électorale
en ayant dans sa poche toutes sortes de loupes de vérification et en
obligeant les gens à sortir leurs papiers et voir à quelle
école ils sont allés 25 ans plus tôt. Ce serait
parfaitement impossible en pratique.
Alors nous avons opté pour la solution beaucoup plus simple,
beaucoup plus pratique, qui est déjà inscrite dans nos lois en ce
qui touche l'inscription sur les listes catholiques ou protestantes. Je suis
convaincu que ce système pourra fonctionner très bien. Là
où il y aura des commissions scolaires dissidentes, les citoyens
indiqueront qu'ifs voudront être sur la liste de la commission scolaire
dissidente. Il faudra qu'ils se déclarent comme étant de la
confession religieuse pour laquelle cette commission scolaire existe. Les
autres citoyens devront s'inscrire sur les listes communes qui seront une liste
française et une liste anglaise. J'espère que ce point est clair.
C'est un des éléments les plus importants du projet de loi
106.
On avait introduit une autre disposition dans le projet de loi 106. On
l'a fait de bonne foi. On l'a dit à l'intention du leader de
l'Opposition, on en a mis un peu plus que moins dans les deux projets de loi
parce qu'on se disait: II y a des gens sérieux du côté de
l'Opposition qui vont nous dire si nous allons trop loin. Les commissions
scolaires vont surveiller leurs intérêts, les enseignants vont
faire de même, les cadres scolaires, etc. Nous allions souvent au bout de
la logique sachant très bien que le processus politique est rarement
d'une logique à toute épreuve. Il faut en venir à des
compromis qui permettent aux gens de continuer à vivre ensemble.
Nous avions mis une disposition qui est bonne en soi. Nous disions: II
arrive dans bien des cas... Les catholiques de langue anglaise, par exemple, je
prends la région des Laurentides que je représente à
l'Assemblée nationale, les catholiques de langue anglaise de Lachute,
où pensez-vous que leurs enfants sont inscrits à l'école?
Sont-ils inscrits aux écoles de la commission scolaire du Long-Sault, la
commission scolaire de Saint-Jérôme pour ceux de
Saint-Jérôme, la commission scolaire de
Sainte-Thérèse pour ceux de Sainte-Thérèse? Non.
Ces commissions scolaires n'ont pas assez d'enfants catholiques de langue
anglaise pour être capables de leur offrir les services éducatifs
dans des écoles catholiques. Elles signent une entente avec la
commission scolaire protestante en vertu de laquelle les enfants catholiques de
langue anglaise, moyennant certaines conditions qui sont définies dans
le protocole, vont fréquenter les écoles de la commission
scolaire protestante. Nous sommes au courant de cette situation. Il y a des
milliers d'enfants qui reçoivent leur scolarisation sous l'empire
d'ententes comme celle-là. C'est malheureux. Ça pose un
problème pour les parents de ces enfants. En général, ils
ne sont pas appelés à se prononcer démocratiquement sur
l'entente. Une fois que leurs enfants sont inscrits dans les écoles de
la commission scolaire protestante, ils n'ont pas droit de voter aux
élections de la commission scolaire protestante. Ils continuent
d'être obligés de voter aux élections de la commission
scolaire catholique. Alors là nous prévoyions une disposition
dans le projet de loi 106 qui eût permis aux parents d'un enfant
scolarisé par entente de voter et d'être élu dans la
commission scolaire où est scolarisé leur enfant. Cela posait des
problèmes de logique démocratique encore et, comme je l'ai dit
tantôt, il faut toucher le moins possible aux éléments
essentiels, aux éléments fondamentaux du système.
Là nous revenons à la disposition que nous avons
déjà dans nos lois. L'élection se fera sur la base
territoriale. Si vous résidez dans un territoire, vous voterez dans ce
territoire, mais ces parents - en vertu de ce que j'ai dit tantôt -
auront le droit de s'inscrire sur la liste d'une commission scolaire autre,
s'ils le veulent, il n'y a rien qui les empêchera de le faire. C'est
comme ça qu'on peut corriger la situation. S'ils veulent être
inscrits sur la liste de la commission scolaire disons catholique, si leurs
enfants sont à la commission scolaire protestante, ils pourront le
faire. Mais le principe de base reste celui que
j'ai mentionné tantôt, il appartiendra à chaque
citoyen de décider de la liste électorale sur laquelle son nom
sera inscrit.
Mme la Présidente, je pense avoir fait le tour des principales
dispositions que comporte le projet de loi 106. Il y a beaucoup de dispositions
techniques dont je pense pouvoir vous faire grâce à ce stade-ci de
nos débats. Nous aurons l'occasion de revenir amplement sur
différentes dispositions du projet de loi en commission parlementaire.
Je pense que dans sa teneur actuelle le projet de loi est de nature à
promouvoir une démocratie plus satisfaisante, plus proche de la
perfection, laquelle n'est jamais complètement atteinte en
matière de démocratie scolaire. Nous devrions être en
mesure d'obtenir au cours des prochaines années, à l'aide d'un
instrument comme celui-ci, une participation encore plus forte des citoyens au
processus scolaire. (11 h 10)
Je vous assure que le but que nous poursuivons, c'est de faire en sorte
que le système d'enseignement du Québec fonctionne sur la base
d'une solide et continue participation des citoyens à tous les
échelons. Dans le projet de loi 107, nous avons beaucoup d'autres
dispositions qui visent à favoriser, par exemple, la participation des
parents dans le fonctionnement et la vie concrète des écoles et
des commissions scolaires, mais dans le projet de loi 106 nous visons
essentiellement le processus électoral. Je crois avoir raison de
souhaiter que l'Opposition comprenne le bien-fondé de ce projet de loi
et veuille nous appuyer dans les démarches que nous entreprenons
à compter d'aujourd'hui afin d'obtenir son adoption. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Je vais maintenant reconnaître M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Mme la Présidente, il me fait plaisir, au nom
de ma formation politique, en mon nom personnel et comme critique de
l'Opposition en matière d'éducation, d'exprimer mes principales
préoccupations, mes points de vue, de même que ceux de la
formation que je représente sur un projet de loi qui, comme il a bien
été campé, je pense, n'a pas l'importance du projet de loi
107. Le projet de loi 107 est celui qui, effectivement, reprend cette
soi-disant modernisation de la Loi sur l'instruction publique devenue
nécessaire. En conséquence, c'est un projet de loi - je parle du
projet de loi 107 - qui est assurément majeur; c'est probablement le
premier de ce gouvernement qui a un peu d'amplitude, parce que ce n'est pas ce
gouvernement qui s'occupe de légiférer trop trop, même s'il
y a des choses importantes à modifier par voie législative.
Aujourd'hui, on a le projet de loi 106. C'est un projet de loi, comme le
ministre de l'Éducation l'a expliqué, qui vise essentiellement
à moderniser toute la mécanique électorale concernant les
élections scolaires et, bien sûr, à corriger un des
principaux problèmes que nous vivons: comment faire pour s'assurer que
les citoyennes et les citoyens du Québec soient plus enclins à
participer véritablement aux élections scolaires au
Québec. C'est important, je pense, à partir du moment où
on a fait le débat une fois pour toutes - peut-être pas une fois
pour toutes, on ne peut jamais dire cela d'une société qui
avance, j'espère; on fait le débat à un moment
donné. Oui, l'institution scolaire se devait de demeurer. Si on est
logique comme Québécoises et Québécois et si elle
se doit de rester là, H faut lui donner des mécanismes pour
qu'elle puisse agir sur le milieu éducatif dans sa globalité. La
participation des parents aux élections scolaires, c'est une question
que notre société n'a pas réussi à régler
jusqu'à présent. Depuis plusieurs années, on a toujours un
taux de participation très décevant. Quand un gouvernement, quel
qu'il soit, nous présente une modification pour, en tout cas, à
prime abord, faciliter, stimuler, organiser différemment la
participation des parents, on ne peut que souscrire à cette
légitimité démocratique. Je pense que c'est un exercice
auquel il faut concourir.
Le projet de loi 106, parce que j'aime bien parler de ce qu'on a
à faire... Alors, ce qu'on a à faire aujourd'hui, c'est
d'apprécier un projet de loi concernant les modifications
proposées à la vieille Loi sur l'instruction publique, mais cette
fois concernant le volet des élections scolaires. Le gouvernement a pris
la décision d'en faire un tiré à part, si vous me
permettez l'expression. On est complètement d'accord là-dessus,
c'est légitime d'avoir une loi concernant les élections
scolaires.
Le projet de loi - d'ailleurs, le ministre l'a dit, je ne veux pas
être très long là-dessus -reprend plusieurs dispositions
existantes de la loi actuelle. Cela ne vient pas de la planète Mars.
Cependant, c'est un projet de loi qui comporte des amendements ou des
modifications - je ne parle pas des amendements qu'i va faire encore, I
travaille de cette façon, H perfectionne ses devoirs au rythme de
l'évolution de nos travaux - à la loi actuelle. L'actuelle Loi
sur l'instruction publique comporte des dispositions concernant les
élections scolaires et le projet de loi 106 les a ramassées dans
un seul projet de loi.
Le projet de loi 106 assure également une meilleure harmonisation
des procédures électorales dans le milieu scolaire avec des
règles applicables à la loi générale sur les
élections provinciales, en vertu de la Loi électorale du
Québec, qui, elle aussi, je le souhaite ardemment, sera modifiée
parce qu'elle requiert certains amendements majeurs.
Commentaires généraux avant de regarder tout cela dans le
détail. Adopter le principe d'un
projet de loi, c'est bien beau, mais il faut quand même regarder
des éléments particuliers et concrets. Comme le projet de loi
107, le projet de loi 106 a fait l'objet d'une importante consultation
générale, il faut le rappeler. Quand 118 organismes
présentent un mémoire et qu'à peu près une centaine
participent à des audiences publiques on ne peut pas dire que cela ne
touche personne et que cela n'intéresse personne. Je pense que le
ministre a eu raison, en ce qui concerne le projet de loi 106, de faire des
consultations auprès des intervenants intéressés. En tout
cas, personnellement, je l'aurais fait en deux temps. En le faisant en
même temps, il y a comme un problème parce que vous avez un peu
l'éléphant et la souris, avec des nuances,
l'éléphant étant le projet de loi 107 et la souris, le
projet de loi 106. Il est sûr qu'on a peut-être amenuisé et
atténué la validité de la consultation à partir du
moment où plusieurs personnes - d'ailleurs, il s'agirait tout simplement
de consulter les mémoires pour s'en rendre compte - organismes et
intervenants ont dit: Écoutez, nous avons fouillé à mort
le projet de loi 107 - c'est une expression - on a eu moins de temps pour
examiner le projet de loi 106 comme on l'aurait souhaité; en
conséquence, le projet de loi 106 n'a peut-être pas permis que
nous ayons autant d'éclairage que nous en avons eu pour le projet de loi
107. Cependant, on a eu assez d'éclairage pour savoir qu'il faut le
regarder sérieusement car il y a des gens qui avaient des choses
sérieuses à nous dire sur le projet de loi 106, et c'est dans ce
sens qu'on va travailler et poursuivre notre réflexion.
Le projet de loi 106 est évidemment de moindre envergure que le
projet de loi 107 puisqu'il s'agit, dans ce dernier cas, de la pierre d'assise
d'un édifice scolaire - je parle du projet de loi 107 - de la loi qui
présidera à l'organisation des structures scolaires et qui
délimitera les pouvoirs, les fonctions et les responsabilités des
divers intervenants. Le projet de loi 106, je l'ai dit tantôt et je
conclus là-dessus, n'en constitue pas moins une pièce
législative majeure qui mérite un examen sérieux et
approfondi puisqu'il y va du caractère démocratique de notre
système scolaire et, par conséquent, de la
représentativité de ceux qui se voient confier la
responsabilité cruciale d'administrer la chose scolaire au niveau local.
Administrer la chose scolaire au niveau local, pour des gens qui
s'intéressent aux questions éducatives, ce n'est pas une mince
affaire. Ce n'est pas parce que l'essentiel du budget vient de Québec -
cela, il ne faut pas le cacher - que cela atténue
considérablement ou complètement la responsabilité
d'infléchir ou de donner un sens plus particulier à des
préoccupations éducatives qu'une commission scolaire peut avoir.
C'est fondamental, ce n'est pas mince, comme responsabilité, de dire: On
a un système au Québec qui permet à des. intervenants que
cela intéresse d'être en mesure de donner des
particularités d'orientation à un système
éducatif.
Je le disais à l'un de mes collègues, je connais un peu
moins les grandes villes, mais, pour ce qui est du monde rural, je sais un peu
de quoi je parle, au Québec, je suis le député qui a le
plus de municipalités. De toutes les circonscriptions du Québec,
c'est la mienne qui a le plus de municipalités. Même si la
députée de Mégantic-Compton veut essayer de faire croire
qu'elle en a plus, c'est faux. D'ailleurs, je connais très bien
Mégantic-Compton. Il y a exactement 52 municipalités dans le
comté d'Abitibi-Ouest. La députée en a 48 ou 49; donc,
j'en ai plus. Pourquoi cela ne figure-t-il pas ainsi dans leur
catéchisme, au gouvernement? C'est toujours pour la même raison,
il y a des territoires non organisés. Pour moi, un territoire non
organisé, quand j'ai à rencontrer les gens, ce n'est pas une
municipalité au sens électoral, mais c'est... Guyenne, même
si ce n'est pas municipalisé, pour moi, c'est une municipalité.
Il y a un comité de citoyens qui remplace le conseil municipal, parce
qu'il n'y en a pas vraiment. J'arrête là, mais je veux seulement
illustrer que, quand on a 52 ou 50 municipalités, cela fait du monde.
Dans les petites collectivités, les représentants scolaires,
règle générale, ce sont des gens reconnus et connus. Le
président d'une commission scolaire locale, dans le temps, chez nous,
dans le monde rural, avait une signification, avait de l'importance et, si l'on
décide de maintenir les structures scolaires, il faut qu'il continue d'y
en avoir. Autrement, je pense que nos institutions n'ont pas beaucoup de sens,
n'ont pas une grande valeur. Si l'on maintient des institutions et des pouvoirs
décentralisés et qu'on veut que les administrés dans ces
milieux-là aient un certain rayonnement, il faut leur donner des outils
de rayonnement. Il faut leur donner des institutions par lesquelles ils peuvent
se répandre. (11 h 20)
Donc, le projet de loi 106 a été
généralement bien accueilli. Je dis généralement.
Et je ne me rappelle pas que des intervenants aient réclamé
formellement le retrait du projet de loi 106. Ce n'est pas le cas du projet de
loi 107. Je me rappelle, il y en a plusieurs qui en ont carrément
réclamé le retrait. Quand on n'avance pas, on recule. C'est un
projet de loi qui est plein de trous, on le verra d'ailleurs par le nombre
d'amendements absolument faramineux. Et je suis un peu étonné
d'entendre les répondeurs automatiques qui ont toujours la commande de
flatter le ministre. Ils ont à peu près tous fait un discours qui
va complètement à rencontre de ce qu'ils entendent dans leur
milieu...
Une voix: C'est pas grave!
M. Gendron:... qui va complètement à rencontre des
représentations qu'on leur a faites, mais ce n'est pas grave. Et on est
habitués d'entendre ça. Je n'en revenais pas. Je
regardais tantôt quelques exemples. Et je disais d'avance: Je suis
sûr qu'il va avoir la logique de présenter un amendement en
commission sur, par exemple, l'article 6, l'article 7. J'arrête là
pour tout de suite, mais je connais le résultat d'avance. Ces
gens-là sont complètement bouchés. Ils vont être en
commission comme je les connais, et quoi que nous disions, sur la base de ce
sur quoi nous nous appuyons, peu importe ce sur quoi nous nous appuyons...
Parce que j'entendais des gens qui disaient: Contrairement à ce que
l'Opposition a dit, contrairement à ce que le critique de l'Opposition
vous a dit.... Le critique de l'Opposition ne vous a rien dit d'autre sur le
projet de loi 107 que ce qu'il a entendu partout dans le Québec et les
multiples représentations qu'on lui a faites en disant: M. Gendron,
ça n'a pas de bon sens, c'est le projet de loi le plus centralisateur
qu'on ait jamais vu. Pourtant, les répondeurs n'ont pas dit cela. Ils
ont dit: Le critique de l'Opposition a été dur envers le
ministre, il a manqué de discernement, il a fait telle affirmation
gratuite. Je répète que je n'ai rien dit d'autre sur le projet de
loi 107 que ce qu'on m'a fait valoir. Mais moi, au moins, j'ai
écouté les gens qui sont venus me rencontrer. Je ne donnerai pas
l'exemple du discours de mon ami, le député de Rouyn-Noranda.
J'enverrais ça aux commissions scolaires et elles n'en reviendraient
pas. Elles diraient: Cela ne se peut pas qu'il ait dit des affaires de
même. Mais oui, effectivement, il a dit des affaires de même.
Effectivement, il a dit...
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, je
demanderais...
La Vice-Présidente: Question de règlement.
M. Tremblay (Rimouski): ...question de règlement, s'il
vous plaît. Je demanderais la pertinence du débat. Le
député d'Abitibi-Ouest est en train de discuter du projet de loi
107, tandis qu'on est au projet de loi 106. Alors, qu'on discute du projet de
loi 106, Mme la Présidente, et je serai d'accord avec ça.
La Vice-Présidente: Cela étant dit, M. le
député d'Abitibi-Ouest, je reconnais que vous avez droit dans
votre intervention de parler d'un autre sujet, mais il faudrait revenir au
sujet qui est à l'ordre du jour, à savoir l'adoption du principe
du projet de loi 106. Là-dessus, je vous demanderais M. le
député d'Abitibi...
M. Jolivet: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ... sur la même question de règlement.
Je n'en reviens pas. Le député d'Abitibi-Ouest a le droit de
prendre les exemples qu'il désire prendre pour argumenter sur le projet
de loi devant nous en faisant mention de ce qu'on a vécu ici dans cette
Chambre pendant de nombreuses heures. Et je ne comprends pas pourquoi vous
dites que ce n'est pas pertinent, alors que l'exemple qu'il donnait est en
rapport au sujet qu'on va discuter. Il disait: Ils vont dire les mêmes
choses de la même façon, sur le projet de loi 106, qu'ils ont
dites sur le projet de loi 107. Ce n'est pas anormal, Mme la Présidente,
de le dire comme tel. C'est vrai. C'est la réalité.
La Vice-Présidente: Pas d'autres interventions? Si vous me
permettez, à l'article 239, adoption du principe, il est
spécifié que le débat porte exclusivement sur
l'opportunité du projet de loi, sur sa valeur intrinsèque, sur
tout moyen d'atteindre les mêmes fins. Or, le projet de loi qui est
présentement à l'étude est le projet de loi 106. Je vous
ai dit, M. le député de Laviolette et M. le député
d'Abibiti-Ouest, que je peux reconnaître à certaines occasions
qu'on peut bifurquer du sujet, mais il faudrait y revenir. Là-dessus,
j'inviterais M. le député d'Abitibi-Ouest à revenir au
sujet.
M. Gendron: Écoutez, je veux bien que vous vouliez marquer
un temps d'arrêt et une récréation de trois minutes. Mais
ce n'est pas à celui qui vous parle, Mme la Présidente, qui sait
que, sur une heure de débat... Écoutez, j'ai droit à une
heure de réplique et j'ai fait une digression de trois minutes. Vous
dites: II faudrait qu'il revienne. Justement, au lieu de faire une question de
règlement qui n'en était pas une, s'il y a quelqu'un qui sait
qu'il va revenir sur la loi 106, c'est bien celui qui vous parle. Et ce n'est
pas pour rien que j'ai une heure pour le faire. Surtout après douze ans
de vie parlementaire. Donc, je vous indique que je vais faire le discours que
j'ai l'intention de faire, et ce n'est pas parce qu'il y en a un qui s'est
décidé de suivre que ça va me déranger.
Je disais que c'est évident, quand on regarde le projet de loi
106 par un survol un peu rapide, qu'on se rend compte qu'il a reçu
globalement une appréciation valable. Mais, quand on regarde en
détail les mémoires qui ont été produits - je l'ai
mentionné tantôt, il y a plus de 100 organismes qui ont
présenté un mémoire - il y a quand même près
de 90 articles sur les 215 du projet de loi, donc près de la
moitié, qui font l'objet de propositions d'amendement. C'est là,
je pense, que le ministre devrait être très attentif à ce
qu'on va lui proposer en commission parlementaire. Le projet de loi 106, quand
on le regarde comme il faut, comporte 260 articles à peu près.
Quand un projet de loi compte 260 articles et qu'il y en a à peu
près une centaine pour lesquels les intervenants souhaitent
présenter des amendements, on ne peut pas le traiter distraitement. Cela
veut dire qu'il y a la moitié des articles pour lesquels les gens
veulent présenter des choses différentes.
Dans ce sens-là, ça devient un élément
majeur. C'est pourquoi ce n'est pas négligeable. Certains des
amendements suggérés ou des commentaires émis sont, bien
entendu, d'ordre mineur ou plutôt technique, mais il y a des amendements
suggérés lors des audiences sur le projet de loi 106 qui
relèvent de questions fondamentales.
Je ne riais pas, parce que le ministre était sérieux
tantôt, mais, quand on va au bout d'une logique très fine,
ça n'a pas un brin d'allure. C'est un peu ça que certains sont
venus dire. Écoutez, il a une grande expérience, lui aussi, le
ministre de l'Éducation. Essayer de nous faire accroire, Mme la
Présidente, que c'était pour tester l'Opposition pour voir si on
était bien éveillés et que probablement en commission il
nous dirait... Écoutez, on ne fait pas des lois pour ce que
j'appellerais un principe au mérite pur quand on sait que, dans le
vécu concret, ça ne pourra jamais s'articuler. Moi aussi, dans
mon Abitibi, il y a quelques anglophones qui sont probablement protestants et
il y a quelques anglophones qui sont probablement catholiques. Et, par
définition, c'est évident que ce n'est pas la commission scolaire
qui dispense l'enseignement sur ce territoire qui représente leurs
convictions religieuses, parce qu'il y aurait des petites commissions scolaires
de 25, 30, 40 ou 50 élèves. Le ministre sait bien que ça
n'a pas d'allure. Il nous dit: Écoutez, j'ai poussé la logique
dans le projet de loi jusqu'à leur permettre éventuellement, par
des territoires superposés, d'avoir un droit de
représentativité. Cela n'a pas de bon sens d'essayer d'instaurer
un régime pour les quelques cas spécifiques qu'on peut essayer de
trouver dans le territoire. Il n'y aura aucune application sur les trois quarts
du territoire québécois. Encore là, c'est un projet de loi
où, de temps en temps, on se force les méninges pour appliquer un
régime à tout le Québec alors que le problème est
très connu. Il est - comment dit-on cela - délimité
très clairement. Dans ce sens-là, il me semble qu'il faut avoir
véritablement des vues sur des problèmes qui ont une application
dans tout le Québec.
Tout cela pour vous dire qu'il y a quand même dans le projet de
loi 106 des éléments fondamentaux. Pensons, par exemple, à
la date du scrutin. On va avoir des choses à dire sur la date du
scrutin. Pensons aux critères de délimitation des
circonscriptions. J'aurai quelque chose à dire sur les critères
de délimitation des circonscriptions. Cela ne m'apparait pas, Mme la
Présidente, des éléments mineurs. La superposition de
circonscriptions réservées pour les minorités
linguistiques. Combien, encore là, on sent que ce gouvernement a du
souci pour le respect des minorités.
Une voix: C'est bien.
M. Gendron: Là, j'entends: Que c'est bien! S'il y en avait
autant pour la majorité, je serais d'accord, mais c'est constamment la
petite particularité, leur monde qui, effectivement, a parfois des
capacités d'inflexion inquiétantes. On l'a dit en ce qui concerne
la langue; on sent, encore là, que les ardents défenseurs de la
minorité anglophone ont beaucoup de place dans ce gouvernement. On sent
ça partout et on le voit encore dans ce projet de loi. Y a-t-il moyen
d'avoir des dispositions très spécifiques pour s'assurer que les
minorités soient favorisées, protégées et
surprotégées? Parfois, ça dépasse les bornes, Mme
la Présidente. Ça, on va le dire. C'est clair qu'on va le dire
parce que nous, ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne. Concernant la
superposition des circonscriptions réservées aux minorités
linguistiques à l'intérieur des commissions scolaires
confessionnelles, tous les intervenants sont venus dire que c'était une
espèce de boite qui n'a pas de sens. C'est clair qu'on ne marchera pas
là-dedans et qu'on va être contre cette disposition. (11 h 30)
Cependant, pour sa part, globalement - parce que j'en suis aux
commentaires généraux avant les particularités -
l'Opposition est prête, M. le ministre, à appuyer votre projet de
loi dans ses grandes lignes. On sera globalement d'accord avec le projet de loi
106. Plusieurs dispositions reprennent ce qu'on retrouve dans l'actuelle Loi
sur l'instruction publique et elles ne nous posent pas de problème, ni
à nous, ni aux intervenants qu'on a rencontrés. On n'est pas ici
uniquement pour refléter notre petite personne, on est ici normalement
pour refléter des courants d'idées, des courants
d'idéologies de groupes et, dans ce sens-là, les gens que j'ai
rencontrés ont dit globalement, concernant le projet de loi 106: On est
capables de vivre avec ça, M. Gendron, mais vous ferez attention
à telle, telle ou telle affaire. On reviendra à ce sur quoi ils
ont attiré notre attention.
L'intention de regrouper dans une même loi distincte les mesures
concernant les élections scolaires, je vous l'ai dit tantôt, c'est
une heureuse disposition à laquelle on agrée sans aucun
problème; les harmoniser le plus possible avec les dispositions
concernant les élections provinciales rejoint également nos
préoccupations. Au-delà de cet accord de fond, nous avons
plusieurs réserves à formuler, par exemple, sur divers articles
du projet de loi. Dans certains cas, il s'agira d'exiger des précisions
et, dans d'autres, de clarifications, tout compte fait, pas tellement majeures.
Mais, dans d'autres cas, il s'agit d'objections majeures qui rejoignent celles
qui ont été exprimées par les intervenants et c'est sur
celles-là que je m'appuierai, parce que je prétends, encore
là, que, lorsqu'il y a des objections majeures, il s'agit que les
différents intervenants s'appuient dessus. On a l'intention de faire une
job sérieuse, comme on l'a toujours fait, ici, à
l'Assemblée nationale. On va examiner le projet de loi 106 très
attentivement, de façon minutieuse car il faudra, pour plusieurs
articles, revenir sur des questions majeures.
En effet, il faut rappeler que c'est le troisième projet de loi
concernant les élections scolaires déposé par l'actuel
ministre de l'Éducation. Il y a, d'abord eu, le projet de loi 24, au
printemps 1986, qui reportait la tenue d'élections en novembre 1987 et
qui avait modifié presque tout l'échéancier
électoral en conséquence. Moins d'un an plus tard, on avait le
projet de loi 13, dont plusieurs dispositions venaient combler des trous de la
loi 24 et remédier à des oublis importants concernant, notamment,
le report de la date d'inscription des neutres sur la liste électorale.
Il venait, de plus, amender les dispositions, à peine adoptées un
an auparavant, au sujet du calendrier des élections scolaires.
Nous ne demandons pas au ministre d'être infaillible, même
si on a l'impression que c'est acquis en ce qui le concerne. Mais trois projets
de loi sur le même sujet en trois ans, vous conviendrez que c'est
beaucoup. Qu'un ministre soit obligé de faire trois projets de loi sur
un même sujet, c'est beaucoup. La première fois, il nous dit:
Écoutez, j'ai oublié ça. Un an plus tard, parce qu'il y a
un paquet de trous et d'oublis dans sa loi, il revient et dit: II faut que je
corrige ça. La dernière fois, il a oublié un
élément fondamental, il s'agissait de la capacité
d'inscription d'une catégorie de citoyens, toujours dans le domaine des
lois électorales existantes, c'est-à-dire les dissidents ou les
neutres. On avait oublié ça.
On espère que cette fois-ci, c'est la bonne. On pense que ses
devoirs sont pas mal faits. Ça commence à être le temps.
C'est la quatrième fois qu'on modifie la Loi sur les élections
scolaires et on va l'étudier attentivement, Mme la Présidente,
parce qu'il faudra au moins s'assurer que, cette fois-là, c'est la
bonne; il faudra au moins s'assurer que, cette fois-là, les devoirs
soient faits convenablement et qu'on profite de cette réécriture
ou de cette réouverture pour s'assurer qu'on tient compte des
revendications et des commentaires faits par les différents
intervenants.
Le projet de loi, Mme la Présidente, sur quel critère
central doit-il être analysé dans sa quintessence? Il doit
être jugé à l'aune d'une critère central. Je suis
convaincu que le ministre va être d'accord avec moi là-dessus. Ce
projet de loi, dans ses principales recommandations ou dispositions, est-il,
oui ou non, susceptible de favoriser la participation la plus large possible
des citoyens et des citoyennes à l'élection scolaire?
Je disais, M. le ministre, parce que je trouve que c'est essentiel,
qu'il faut apprécier ce projet de loi avec le critère central
suivant: est-ce que, oui ou non, les dispositions qui sont comprises dans ce
projet de loi y sont dans une perspective de faciliter et de favoriser la plus
large participation possible des citoyens et des citoyennes a l'élection
des commissaires d'écoles, donc, par voie indirecte, des parents qui
veulent avoir des mandataires pour s'assurer qu'on offre le meilleur
régime d'éducation possible, avec ses modalités
concrètes qui sont... Je ne veux pas embarquer dans les détails
parce que c'est le ministre qui va continuer à avoir la main haute sur
la plupart des grands éléments et c'est normal. On ne peut pas
avoir 25 systèmes d'éducation au Québec par région,
par localité. Je pense qu'on doit avoir un système
d'éducation au Québec, mais largement démocratique,
où des intervenants intéressés aux questions
éducatives peuvent les infléchir, les modifier, peuvent avoir
leur place. Donc, c'est ça qui va me guider. Cette préoccupation
guidera toutes les interventions de mes collègues et de l'Opposition
officielle sur ce projet de loi.
Comme chacun le sait, la participation aux élections scolaires
demeure très faible. Ce n'est pas parce que le ministre nous citait
tantôt certains chiffres et qu'enfin il y a eu une petite
amélioration importante la dernière fois qu'y faut se satisfaire
de taux ou de niveaux de participation aux alentours de 12 %, 13 % ou 14 %. Le
ministre, c'est sûr qu'il a plus d'outils que je ne puis en avoir,
quoique j'aie gardé encore quelques dossiers de ce ministère. Il
n'en demeure pas moins que, selon les chiffres qu'il nous citait - je les avais
pas loin, je les ai ici - globalement, la participation des parents lors des
élections scolaires demeure, quand même, déplorable.
Je voudrais juste y revenir un peu. Quand on sait, par exemple, qu'en
1987, ce qu'on a retrouvé globalement, ce sont, quand même, des
taux de participation de 12 %. La commission scolaire des écoles
protestantes du Grand Montréal, 8 %, la commission scolaire
Jérôme-Le Royer, ça c'est plus spécifique, 20 %, la
commission scolaire Sainte-Croix, 14 %, la commission scolaire Baldwin-Cartier,
15 %, la commission scolaire de Lakeshore, 10 %. C'est un tableau qui parlait
davantage du Montréal métropolitain. C'est pour ça que ce
sont plutôt des chiffres concernant ces régions.
Mais j'avais également dans d'autres dossiers les chiffres de
l'ensemble du Québec. D'ailleurs, le ministre en a donné quelques
exemples. Heureusement, dans certains cas, ça donnait une participation
aux alentours de 20 % et, dans certains cas, de 25 %. Dans certains cas, oui,
pour de très petites commissions scolaires, j'ai vu 38 %, j'ai vu 40 %.
Mais, globalement, M. le Président, on conviendra que ça ne donne
jamais un taux de participation aussi significatif qu'on le souhaiterait. La
preuve que le ministre partage mon point de vue; il ne présenterait pas
un projet de loi pour améliorer la situation s'iI était convaincu
que les taux sont satisfaisants. Ce sont là des chiffres qu'on ne peut
pas nier. Ils viennent de son ministère. Les trois quarts des
commissaires ont été élus par acclamation et, dans le cas
de sièges à pourvoir, c'est un pourcentage de 25 % des
électeurs en moyenne qui se sont rendus aux urnes et de moins de 15 %
sur l'île de Montréal. Ce sont là les
chiffres officiels pour l'élection de 1987. Il y a donc tout un
travail à faire pour sensibiliser la population à l'importance de
s'impliquer dans ce domaine.
Si les gens avaient la perception que tout n'est pas
décidé par le ministre et ses officines, que les commissaires
disposent d'un pouvoir réel d'infléchir et d'influencer
l'activité éducative, peut-être manifesteraient-ils
davantage d'intérêt. Il faut, néanmoins, s'assurer que les
conditions qui président au déroulement de ces élections
soient rigoureusement démocratiques et propices à une
participation maximale.
Je pense que c'est là la question de fond. C'est qu'à
partir du moment où on convient qu'il y aura des règles pour
faciliter la participation des citoyens et des citoyennes à une
élection scolaire, il faut s'assurer que ces règles soient les
plus facilitantes, les plus démocratiques et, bien sûr, il faut
avoir l'autre objectif aussi, qui est la question un peu connexe à un
niveau de participation accrue, à savoir: Si le ministre continue
à être aussi centralisateur, facilite-t-il la participation des
parents? La réponse, bien sûr qu'il l'a: c'est non. (11 h 40)
C'est probablement ce qu'on va lui dire encore très longuement
lors de l'étude du projet de loi 107, même si Mme la
vice-présidente me reprochera peut-être de dire une phrase sur le
projet de loi 107. Il est évident que, quand on va faire l'analyse de ce
projet de loi, il y a un lien entre le 107 et le 106. Si le ministre ne
comprend pas que tes gens veulent avoir un pouvoir plus sérieux, plus
concret, plus réel de participation directe, comment voulez-vous, de
l'autre côté, inciter les gens à venir participer
activement aux élections scolaires? Je le répète: On ne
peut pas parler des deux côtés de la bouche. C'est le
problème qu'on vit constamment avec les gens de l'autre
côté. D'un côté, ils nous font accroire qu'ils sont
pour telle affaire, exemple le beau discours qu'on peut entendre sur les
garderies.
Le ministre a eu le culot hier de nous faire accroire - et là, il
fallait vraiment avoir du culot et je pense qu'il a eu un problème
d'intégrité intellectuelle - qu'entre le projet de loi 107 et la
loi 3, les dispositions qu'il y a sur les services de garde, c'était la
même chose. Il a dit ça intégralement. Il a dit: Tout
compte fait, c'est exactement la même chose qu'il y a dans l'ancien
projet de loi 3 et le projet de loi 107 - il a dit ça hier soir -
concernant les services de garde, parce que, pour lui, il n'y aurait pas de
distinction entre "peut" et "organise". Là, je veux juste
résumer. Dans la loi 3, c'était très clairement inscrit:
"organise", donc, doit organiser, alors que, dans le projet de loi 107, c'est
"peut". La distinction que vous avez faite a porté sur le coût
comme si c'était sur ça qu'on avait essayé de la faire
porter. De tout temps, y compris dans 'ancienne loi 3, il n'y a jamais un
chrétien sur la terre qui a pensé et je ne parle pas de celui qui
essaie de changer la carte électorale... Toute personne du Québec
a toujours pensé que, si les commissions scolaires avaient l'obligation
d'organiser des services de garde, immanquablement on leur demanderait une
participation financière. C'est clair.
On n'a jamais dit que ce serait un réseau de garde gratuit,
systématiquement. C'était marqué: La commission scolaire
pourra réclamer une participation aux coûts de cela. Mais, au
moins, il y avait l'obligation d'en faire, d'en organiser. Là, c'est
fini, c'est disparu. En conséquence, faire accroire que ce qui
était prévu à la loi 3 et ce qui est prévu dans le
projet de loi 107, c'est de même nature, ça dépasse les
limites de l'entendement. On aura l'occasion de revenir là-dessus avec
les textes et de les faire apprécier par des gens peut-être un peu
plus neutres, qui sont moins concernés par l'adoption du projet de loi
107.
Je reviens à des commentaires spécifiques au projet de loi
106, car c'est le moment de les faire. Le ministre en a fait de très
pertinents par rapport à des choses qu'il y aurait lieu de modifier. Le
projet de loi 106 comporte un nombre d'innovations intéressantes - je
l'ai mentionné - qui dérivent en bonne partie de l'objectif
d'harmonisation des règles entourant la tenue des élections
scolaires avec celles qui régissent les scrutins municipaux et
provinciaux. Mentionnons, notamment, la question du vote par anticipation,
l'obligation faite à l'employeur d'octroyer quatre heures pour aller
voter, la possibilité de congé sans rémunération
pour tout candidat, pour tout employé faisant partie du personnel
électoral. C'est évident que ce sont des dispositions en faveur
desquelles nous serons.
La procédure établie en cas d'égalité des
voix apparaît plus démocratique, bien que plus lourde, mais on
trouve que c'est une disposition intéressante. Plutôt que de
donner une voix prépondérante au président
d'élection, il y aura recomptage judiciaire et, si c'est
nécessaire, une nouvelle élection. Autre nouveauté, parce
que c'est ça dont je parle présentement, la possibilité
pour les candidats de se regrouper en équipes et d'être reconnus
à cette fin par le président d'élection. L'équipe
ainsi reconnue peut avoir des releveurs de listes dans les bureaux de vote et,
bien entendu, voir son nom identifié sous le nom des candidats qui en
font partie sur le bulletin de vote. Ceci répond à une demande du
milieu scolaire.
La reconnaissance d'équipes, cependant, le ministre le sait, ne
recueille pas l'unanimité. Certains craignent qu'il n'en découle
une politisation excessive au sein même du conseil des commissaires et un
climat d'affrontement qui serait préjudiciable à la gestion des
affaires scolaires. Nous, nous ne partageons pas ce point de vue. On n'a pas
peur d'envisager la possibilité d'avoir des représentations
d'équipes. Comme Opposition officielle, nous, on pense que la
constitution d'équipes peut, au contraire, favo-
riser une clarification de certains enjeux importants, en incitant, par
exemple, les candidats à se doter de programmes, de propositions
concrètes plus élaborées, plus significatives, et à
avoir la conviction qu'ils vont aller défendre des lignes de force
à l'intérieur de leur mandat. Dans les cas où la formation
de partis scolaires heurte les traditions du milieu, rien ne force les gens
à emprunter cette voie. Autrement dit, nous, on respecte ce que les gens
voudront bien faire. On ne dit pas: Vous avez l'obligation de vous
présenter sous forme d'équipes, autrement vous n'aurez pas voix
au chapitre. On dit tout simplement: Pour ceux qui voudront le faire, nous, on
prétend que c'est une initiative plus moderne, une initiative qui permet
de clarifier, dès le départ, des orientations d'équipe
avec un programme établi, pas un programme sur lequel on va travailler
pendant quinze ans. On ne veut pas arriver avec des créneaux de
fonctionnement qui sont tellement exigeants qu'ils vont faire peur aux gens. On
leur dit tout simplement que c'est une nouvelle loi qui nous apparaît
intéressante.
Toutefois, il y a un point qui devra être discuté avec le
ministre lors de l'étude détaillée, c'est le nombre de
candidats requis pour obtenir la reconnaissance. Le projet fixe le seuil aux
deux tiers des sièges à pourvoir. Certains intervenants ont
souhaité qu'il soit ramené à la moitié ou au tiers.
Il faudrait peut-être prévoir un délai pour le
dépôt de la demande de reconnaissance. Là-dessus, nous
allons continuer à vouloir discuter mais personnellement, n'importe quoi
qui serait aux alentours de 50 % serait privilégie, et même le
tiers, parce que c'est par définition. Si tu es pour le principe de se
présenter sous forme d'équipe, il est clair que cela ne prend pas
une analyse à n'en plus finir, comme le ministre est en train de faire
sur le dossier des prêts et bourses, avant d'accoucher. La logique nous
commande de déduire que si on est moins exigeant sur les critères
de base, règle générale, ceux qui voudront se
présenter sous l'étiquette d'une équipe, si les seuils
sont moins importants en termes d'exigences, par définition, il y a plus
de gens qui pourront choisir cette voie s'ils décident de le faire.
Un autre élément qui répond à des demandes
répétées du milieu scolaire, c'est le remboursement des
dépenses électorales des candidats ayant obtenu 20 % ou plus des
votes ou ayant été élus par acclamation, parce que ce
n'est pas leur faute. Soulignons que la loi 3 comportait une telle disposition;
le seuil était fixé à 15 %. Sur le seuil, on peut
discuter, mais sur le principe d'instaurer dans le projet de loi 106 un
remboursement de dépenses électorales, je pense que, comme
société, si on veut faciliter la participation et l'engagement
des intervenants dans le monde scolaire, nous en sommes rendus là. C'est
un élément qui répond à une demande qui a
été répétée constamment. N'eut
été de l'invalidation pour des motifs qui sont toujours
étrangers à ce que nous sommes, parce que c'est venu d'ailleurs
et que cela n'avait rien à voir avec cette disposition, le remboursement
aurait pu s'appliquer dès la dernière élection.
Il en aurait aussi été de même si le ministre avait
profité des amendements soumis à deux reprises à la Loi
sur l'instruction publique pour introduire cette clause concernant le
remboursement des dépenses électorales. À deux reprises,
on vous a donné l'occasion d'aller dans ce sens-là. Vous avez
rejeté cela du revers de la main. Nous sommes favorables dans la mesure
où cela permet une démocratisation des élections et que
cela peut inciter un plus grand nombre de personnes à se
présenter, à se porter candidats et candidates.
Encore là, on ne peut pas avoir deux discours. On ne peut pas,
d'une main, dire' On est favorable à mort à ce qu'il y ait de
plus en plus de gens qui participent, mais à chaque fois qu'il y aura un
moyen que tout le monde reconnaît comme étant de nature à
faciliter votre participation, on le "discute" parce que le ministre ne l'a pas
dans la tête. On élimine ça parce que le ministre n'est pas
d'accord là-dessus. Là, on va avoir un problème en fin de
course, parce que si votre objectif est d'améliorer la participation, de
temps en temps, il va falloir que vous reteniez des moyens qui, selon la
lecture collective qui est faite par les intervenants éducatifs, ont
comme conséquence de faciliter la participation.
On regrette, par ailleurs, que le gouvernement ne soit pas allé
plus loin dans la démocratisation des élections scolaires et ce
conformément à la volonté d'harmonisation avec la Loi
électorale du collègue qui est à côté de
vous. Pourquoi ne prévoit-on pas certaines règles au chapitre des
contributions privées au financement des candidats, notamment un
plafond? Pourquoi n'introduit-on pas des règles pour limiter les
dépenses électorales? Le gouvernement s'est arrêté
en chemin. Il a fait un bout et H s'est arrêté en chemin.
D'ailleurs, ce n'est pas seulement ma prétention, dans quelques
éditoriaux, à un moment donné, on a retrouvé cela:
Élections fantômes. Il y avait certains titres de journaux assez
durs: M. le ministre a constaté lui-même des lacunes importantes
mais, dans la plupart des cas, il n'a pas décidé d'y donner
suite. Donc, c'est comme si on avait fait un bout de chemin et, à un
moment donné, on s'arrête.
D'ailleurs, Jean-Pierre Proulx dans Le Devoir avait eu l'occasion
d'écrire: "On doit à l'incurie du présent gouvernement -
en parlant du vôtre, s'il vous plaît - et du ministre de
l'Éducation, M. Claude Ryan, de ne pas avoir repris cette
réforme. Le ministre a pourtant fait reporter les élections de
juin à novembre; H a allongé la période électorale
d'une à deux semaines, mais il s'est arrêté à
mi-chemin. On commence un petit bout de réforme et, à un moment
donné, on arrête et on n'explique pas pourquoi." Et là,
bien sûr, il pariait de toute la question du remboursement des
dépenses élec-
torales. (11 h 50)
Quelques objets majeurs de désaccord. L'aspect qui a
probablement suscité le plus de commentaires de la part des intervenants
dans leurs mémoires sur le projet de loi 106, c'est la création
de circonscriptions réservées aux minorités linguistiques
dans les commissions scolaires confessionnelles; c'est ta bebelle que tout le
monde a dénoncée, qui est très complexe, mais qui
permettrait effectivement de protéger les intérêts de ces
gens-là dans quelques circonscriptions anglophones, avec toute la
question de la connotation linguistique. Encore là, contrairement
à ce que les répondants ont dit: Nous sommes contents, M. le
ministre, enfin, vous donnez suite à une revendication de tout le monde,
vous allez dorénavant avoir des commissions scolaires qui seront
créées sur la base linguistique plutôt que sur la base
constitutionnelle... Complètement faux! Encore là, dans tout le
Québec on va continuer à vivre la même aberration parce que
ces gens ont décidé de se conformer à une disposition qui
ne nous regarde pas, qui n'a rien à voir avec nous, qui n'a rien
à voir avec notre passé, le fameux article 93 de la Constitution
canadienne. Ils vont continuer à conserver cette situation
complètement ambiguë dans certaines commissions scolaires ou dans
certaines régions. Ma collègue de Maisonneuve le rapportait, on
vivra avec cinq régimes scolaires différents. Imaginez! Cela
"décomplexifie" l'affaire pour les gens qui veulent envisager d'aller
travailler dans ces structures. C'est plutôt l'inverse, vous le savez
bien, et c'est un peu par dérision que j'ai dit cela. Cela se
complexifie au maximum. Là-dessus, nous sommes fondamentalement
opposés.
D'ailleurs, une vingtaine d'organismes ont abordé le
sujet pour dire la même chose que nous: Où allez-vous avec ces
folies-là, cela n'a pas de bon sens? Ils se sont opposés à
cette disposition et on va faire la même chose. Comme on le sait, cette
clause, l'article 9, est présentée comme ayant un
caractère transitoire - Imaginez! - en attendant la création des
commissions scolaires linguistiques. Ils ont toujours la prétention
qu'ils sont d'accord avec les commissions scolaires. Ils disent:
Dorénavant, ce ne seront plus des commissions scolaires
confessionnelles, mais entre-temps, il faut conserver ce qui existe. Je suis
convaincu que le ministre, à un moment donné, va au moins nous
entendre; je ne suis pas sûr qu'il va nous écouter, mais il va
nous entendre. Dans les faits, la transition peut s'avérer bien plus
longue que prévu, compte tenu des démarches devant les tribunaux.
Mais, surtout, le projet de loi 107 ne touche absolument pas aux commissions
scolaires confessionnelles de Montréal et de Québec.
Montréal et Québec ne sont pas touchées, parce qu'elles
sont protégées en vertu de la Constitution canadienne qu'ils
aiment bien même si elle ne répond pas du tout à ce que
nous sommes. Donc, la question est majeure et importante. On ne me fera pas
prendre une vessie pour une lanterne et, en conséquence, me faire
accroire qu'il s'agit là d'une disposition transitoire. C'est leurrer
les gens. Ce ne sera pas une disposition transitoire.
La mesure ne procédait pas d'une mauvaise intention,
je le reconnais. Je n'ai jamais prêté de mauvaises intentions au
ministre. Nous connaissons les problèmes de représentation
auxquels font face les minorités linguistiques dans certaines
commissions scolaires. Encore là, il a probablement déjà
fait dire par quelqu'un: Dis donc au critique de l'Opposition que cela n'a pas
de bon sens, qu'il est contre les minorités linguistiques au
Québec, qu'il est contre le fait qu'elles aient une
représentation. Je n'ai jamais dit cela. Je dis seulement que c'est
essayer d'organiser un système pour faire croire qu'on va leur donner
voix au chapitre alors que, dans les faits, cela ne pourra jamais se traduire
ainsi.
Le ministre lui-même reconnaît que c'est
pousser à l'ultime limite la logique pure d'un système.
Trouvez-moi un système qui, dans son fonctionnement, traduit la logique
pure qui, elle, n'est que théorique! Il n'y en a pas, c'est le monde
céleste. Or, le monde céleste, moi, je ne le connais pas. J'y
aspire, mais je ne le connais pas. Et je ne vois pas comment certains auraient
des avantages sur nous pour avoir fait un bout dans ce monde, un certain temps,
afin d'essayer de nous convaincre que cela a du bon sens. Ici, la mesure aura
ces conséquences.
Le cas du PSBGM qui a refait surface tout récemment
est le plus flagrant: aucun commissaire francophone élu. Je le
répète: aucun commissaire francophone élu, c'est cela, la
réalité, alors que le tiers de la clientèle de la
commission scolaire fréquente maintenant le secteur francophone. C'est
inacceptable, je l'ai dénoncé dans un communiqué. Ma
collègue l'a fait. On l'a dit. Mais des fois il y a des choses qu'on
dénonce comme étant inacceptables. Est-ce que, par
conséquent, la situation va être modifiée? Est-ce que c'est
parce qu'on mettrait une disposition pour faire accroire que ces gens-là
ont le souci de la représentation des minorités linguistiques
que, demain matin, quand je regarderai des listes de commissaires élus
dans différentes commissions scolaires, je vais y trouver des
collègues, des ethnies, des Portugais, des Grecs, des Vietnamiens, des
Italiens, des Suisses? Voyons! Je n'ai rien contre ces gens-là. Je leur
souhaite la bienvenue. Je suis content qu'ils s'intègrent le plus
rapidement possible à notre communauté québécoise
francophone, j'espère, mais, dans les faits, est-ce qu'il y a une longue
liste de commissaires des autres ethnies? Il n'y en a même pas pour nous
représenter à l'intérieur d'une structure où on est
le tiers. On a le tiers des élèves qui sont francophones. Aucun,
zéro commissaire francophone élu au PSBGM, Protestant School
Board of Great Montreal! Greater, I am sorry.
Toutefois, la façon choisie pour contourner
ce problème ne nous semble pas plus appropriée qu'aux
intervenants. Tous les intervenants qui sont venus nous voir ont dit que ce
n'était pas une mesure appropriée. Il y a d'abord le principe
même d'octroyer des sièges réservés à un
groupe en particulier. C'est là-dedans qu'on tombe. Dans un contexte de
suffrage universel, comment justifier une catégorisation entre les
électeurs selon leur appartenance linguistique? Comment fait-on pour
expliquer cela? La minorité anglophone du Québec ne dispose pas
de sièges réservés à l'Assemblée nationale.
Elle y est pourtant largement représentée dans ce
gouvernement-là. Je répète pour ceux qui, de temps en
temps, écoutent ce qu'on dit mais ne s'en occupent plus par la suite. La
minorité anglophone de Québec ne dispose pas de sièges
réservés à l'Assemblée nationale et elle y est
pourtant fort représentée par ce gouvernement-là.
Au niveau scolaire, le problème découle du fait que les
citoyens ne manifestent pas beaucoup d'intérêt lors des
élections scolaires et surtout de l'archaïsme des structures
confessionnelles actuelles. Faute de prendre les moyens de créer des
commissions scolaires linguistiques sur tout le territoire
québécois, le gouvernement concocte des aménagements
alambiqués comme cette superposition de circonscriptions
électorales. Je vous le dis. C'est une échelle où personne
ne veut monter. Elle est incompréhensible. Cela n'a pas un brin
d'allure. Est-ce clair?
Au lieu de corriger le problème, on a essayé d'inventer
quelque chose qui - vous avez beau le regarder dans tous les sens - ne donnera
pas les effets prévus et va faire accroire d'une façon
artificielle qu'on a beaucoup de soucis pour ces gens-là. Et on ne sera
pas plus avancés quant à l'objectif poursuivi par le ministre qui
était d'accroître la participation des gens concernés.
Donc, nous ne marcherons pas là-dedans, dans la superposition,
l'échelle dans tous les sens.
Le simple sens pratique fournit un autre motif d'opposition à
cette disposition. Le système électoral est déjà
suffisamment complexe notamment au chapitre de la préparation des listes
électorales. Pour exercer son droit de vote, l'électeur qui ne
fréquente pas une commission scolaire ou qui n'a pas d'enfant à
l'école devra choisir entre deux commissions scolaires, catholique ou
protestante. Il devra, dorénavant, au surplus choisir, selon sa langue,
la circonscription où voter. Je vous dis que si vous appelez ça
de la simplification, je ne sais pas à quelle enseigne on loge. Premier
niveau de décision: catholique, protestant, après ça, on
ajoute un autre choix. Est-ce que je me présente dans une commission
scolaire confessionnelle ou non confessionnelle? Après ça, il
faudrait probablement en ajouter encore. Il faudrait ajouter les commissions
scolaires dissidentes en vertu de la vieille constitution canadienne qui n'a
pas d'allure mais qui leur a donné des prérogatives par rapport
à un système dans le passé. Alors il semble que le
ministre a été sensible aux arguments invoqués et a
accepté d'amender son projet pour retirer cette disposition. C'est ce
qu'on a entendu dire parce que je n'ai pas encore pris connaissance des
amendements. Si c'était vrai, M. le Président, tant mieux! Mais i
faudrait surtout régler le problème. Parce que je prétends
que lorsqu'il va faire ça, il fait juste nous donner raison sur notre
argument. D'accord? Il fait juste nous donner raison sur notre argument majeur
de ne jamais régler le problème majeur.
Tout le monde, à cause du problème majeur, lui laisse voir
que ces arrangements n'ont pas de bon sens. Il retraite - c'est ce qu'il semble
qu'il va faire sur cette échelle superposée - et 8 ne corrige
jamais ou lui et son gouvernement ne font jamais aucun effort pour attaquer le
problème de fond, toujours le même, l'article 93. C'est ça
le problème de fond. Tant qu'on ne s'y attaquera pas, on va toujours
faire accroire qu'on est sérieux et que ça ne correspond pas
à ce que nous sommes, mais le problème va rester entier. (12
heures)
Un autre point particulièrement contesté, c'est la
possibilité pour un électeur de voter et d'être candidat
dans la circonscription de la commission scolaire où est située
l'école que lui ou son enfant fréquente même s'il n'y a pas
son domicile. Cela a été contesté par beaucoup
d'intervenants. Ceci pose problème dans la mesure où il n'est
spécifié nulle part dans le projet de loi 106 qu'une personne ne
peut voter ou être candidate dans deux commissions scolaires,
c'est-à-dire, premièrement, là où elle a son
domicile et, deuxièmement, là où son enfant est
scolarisé. Je ne suis pas capable de comprendre un principe de
même, à savoir que quelqu'un pourrait se présenter à
deux places: là où mon enfant va à l'école et
également là où j'ai élu domicile. C'est un
système de bivalence que j'ai bien de la difficulté à
comprendre.
Plus fondamentalement, c'est le principe même de la
représentativité et de la qualité requise pour être
électeur ou candidat qui est en cause. Le projet introduit ici, à
côté du suffrage universel qui s'exprime en principe sur une base
territoriale, le droit de vote des usagers. Il y a deux principes qui
cohabitent difficilement. Qu'un parent puisse être membre du
comité d'école ou du comité de parents de la commission
scolaire que fréquente son enfant, je trouve ça logique. C'est
légitime. Mais qu'il puisse être élu - écoutez bien
ça - comme commissaire d'un territoire qu'il n'habite pas, où il
ne paie pas ses taxes, c'est difficilement acceptable. Le projet de loi 106,
actuellement, permet cette incongruité. Je répète: Je veux
me présenter commissaire, je n'habite pas le territoire dans lequel on
me donne une voix pour aller siéger à la commission scolaire, je
n'y paie pas mes taxes et je peux être élu commissaire de cette
commission scolaire. Je ne sais pas où ils ont pris ça. C'en
est
encore, M. le Président, des vertus du mérite pur
où on essaie, à un moment donné, d'y voir une application
d'une autre planète parce que, sur la terre, chez nous, on n'est pas
capables de voir comment ça peut se vivre et s'articuler.
Cette question trouve son prolongement dans le mode de
délimitation des circonscriptions électorales. Alors que le
projet de loi 106 retient comme critère le nombre d'élèves
de la commission scolaire, plusieurs organismes recommandent plutôt
d'établir le nombre de quartiers en fonction du nombre
d'électeurs. Les deux options se défendent, mais il faut se
brancher. Moi, je vais défendre l'option du nombre d'électeurs.
C'est clair, ça. Moi, je vais défendre l'option du nombre
d'électeurs, qui est plus universelle, qui est une notion plus facile.
Parce que, normalement, un commissaire ne représente pas des
élèves. Un commissaire représente des parents qui veulent
mandater quelqu'un pour s'occuper des élèves et de la question
scolaire. Il n'y a pas de lien direct entre un commissaire et les
élèves. Un commissaire, c'est un mandataire de parents qui
veulent que lui ou quelqu'un d'autre aille s'occuper à une table
spécifique où on discute de questions concernant
l'éducation de ses enfants... C'est ça le sens de la
responsabilité d'un commissaire. En conséquence, le commissaire
doit représenter des électeurs, mais des électeurs avec la
notion de parents qui ont des enfants dont ils veulent qu'un système
scolaire se préoccupe.
Il y a également des divergences de vues quant au nombre de
circonscriptions. Je trouvais drôle que, dans le projet de loi -
très brièvement, parce que mon temps s'écoule - à
l'article 6, je pense, on grossisse indûment le nombre de
circonscriptions. Et la plupart de ceux qui ont parlé là-dessus
ont dit: Y a-t-il moyen de réduire le nombre? Dans le fond, la
représentation, quand on grossit le nombre, c'est qu'on essaie de faire
accroire qu'il y a une meilleure représentation par le nombre. Je
prétends que ce n'est pas le critère qui doit nous guider. Le
critère qui doit nous guider, c'est bien plus qualitativement que
quantitativement. Ce doit être un critère de qualité
plutôt que de "quantitativité". Je sais que c'est plus difficile
à obtenir, mais, pour ce faire, je souhaite qu'il y ait plus de rigueur
des intéressés. Et nous, là-dessus, en tout cas
personnellement, je vais probablement suggérer qu'on réduise un
peu les tranches et qu'on s'arrête alentour de seize circonscriptions.
J'aimerais bien mieux de 8 à 16 que de 9 à 19. Qu'il y ait
également un peu de souplesse pour des circonscriptions additionnelles
pour des questions particulières. Je suis un tenant de ces orientations
parce que c'est toujours légitime de permettre à des milieux
d'avoir des mécanismes leur permettant de s'adapter par rapport à
ce qu'ils sont.
De très nombreux ajustements et amendements seront
suggérés dans les divers mémoires concernant les
étapes de l'échéancier scolaire, la délimitation
des circonscriptions, la proclamation des résultats. Ce sont des choses
importantes, mais mineures par rapport aux deux ou trois autres dispositions
majeures qu'il reste, et je vais conclure là-dessus.
Une autre disposition additionnelle concerne toute la question de la
date des élections scolaires. Le projet de loi fixe cette date au
troisième dimanche de novembre et aux trois ans. Il confirme ce qui se
trouve déjà dans la Loi sur l'instruction publique depuis les
amendements apportés par la loi 24 qui portait sur les élections
scolaires. Les dernières élections scolaires ont
été organisées en fonction de ce nouveau régime.
Elles se tenaient auparavant en juin, pour le tiers des sièges chaque
année en rotation. Cette question a été abordée par
plusieurs organismes lors de la consultation. Si quelques-uns souhaitent qu'on
les ramène à juin, la grande majorité est favorable
à l'automne. Certains préfèrent octobre, d'autres, assez
nombreux, souhaitent qu'elles se tiennent en même temps que les
élections municipales et aux quatre ans. C'est un peu cette disposition
qu'il y aura lieu de regarder parce que, pour justifier le choix de ceux qui le
font, on allègue que les élections scolaires seraient ainsi
susceptibles de susciter une plus large participation, qu'une liste
électorale conjointe pourrait être préparée. Les
opposants voient là un risque de confusion, que les élections
scolaires passent encore plus inaperçues et, là-dessus, il va
falloir réfléchir un peu plus longuement et regarder un petit peu
plus attentivement ce que les intervenants nous ont dit exactement. N'oubliez
pas que l'objectif que je poursuis et que poursuit le ministre est toujours le
même: s'assurer que la plupart des modifications qu'on apporte aient
comme conséquence de faciliter davantage l'expression des intervenants
qui veulent jouer un plus grand rôle dans les questions scolaires.
En conséquence, on ne peut pas, encore là, maintenir les
structures, être conscients que certains gestes auraient comme
conséquence de faciliter, et ne pas les poser pour d'autres motifs. Si
vraiment, et là-dessus je crois que le ministre est sincère, son
objectif est de faciliter une plus grande participation, de s'assurer qu'il y
ait dorénavant une plus grande accessibilité et de s'assurer que
l'État ait, comme législateur, la responsabilité
d'établir des mécanismes concrets qui, objectivement, selon les
intervenants qui ont regardé et analysé ces questions, ont
toujours oui comme réponse: Oui, les intervenants scolaires seront dans
un cadre qui facilitera leur participation, nous en sommes. Mais si, chaque
fois qu'on aura retenu que si elles étaient appliquées des
dispositions auraient comme conséquence de faciliter, on se retient, on
trouve des motifs artificiels ou autres pour ne pas y donner suite, alors on
aura des problèmes à aller plus loin dans ce projet de loi. Je
pense que toute la question du moment des élections doit être
appréciée et qu'on doit absolument regarder
davantage ce qui nous a été indiqué lors des
consultations, parce qu'il y avait quand même un courant qui se
manifestait d'une façon assez claire pour la période automnale.
Il restera à débattre la question de trois ans ou de quatre
ans.
Il y a d'autres dispositions que je vais examiner, comme la question,
par exemple, de l'examen par le conseil des commissaires des demandes en
inscription, radiation et correction. Il y a la remise des listes
électorales aux équipes et candidats. Il y a la demande
d'inscription, de radiation et de correction. Les gens veulent des
délais plus longs. Ce sont des modalités qui ne sont pas
majeures, qui sont importantes, mais qui ne sont pas majeures sur le principe,
mais ce sont des choses dont je vais discuter. La déclaration de
candidatures; on aura des choses à proposer. Le recensement du vote; le
projet de loi prévoit qu'il commence à 9 heures le lendemain du
scrutin. Pourquoi? La Loi sur l'instruction publique prévoit qu'il se
fasse après la clôture du scrutin. Ce sont des modalités
qu'on va regarder. La proclamation d'élection, compte tenu du
délai pour les demandes de nouveaux dépouillements, les candidats
ne seraient proclamés élus que cinq jours après le
scrutin. Là, j'ai un problème parce que, règle
générale, il n'y a rien de plus légitime, après
avoir participé à une élection, que d'apprendre dans les
meilleurs délais qu'on est élu ou battu, même si ça
peut soit réjouir ou décevoir. Mais on ne peut pas partir deux ou
trois semaines en vacances et dire: Là je vais revenir et je vais
apprendre si j'ai été élu ou battu. Là on est rendu
à un délai de cinq jours à des places. C'est quoi cette
histoire d'apprendre, cinq jours après que vous avez participé
à une élection, que vous êtes élu ou battu
véritablement? Cela n'a pas de bon sens. Il va falloir voir à
ça. Il y a également d'autres critiques concernant certaines
responsabilités. (12 h 10)
En conclusion - il me reste quelques minutes - notre appui au principe
du projet de loi 106 est acquis. C'est une loi qui distingue... Oui, on donne
notre appui au projet de loi 106. On va cependant être exigeants sur des
modifications précises, parce que nous considérons qu'il y en a
plusieurs qui sont des amendements majeurs et d'autres que nous
considérons plus secondaires. Donc, on va faire notre travail
sérieusement.
M. le Président, l'objectif que nous recherchons est d'assurer un
cadre rigoureusement démocratique à l'organisation
d'élections scolaires et de fournir les meilleures conditions possibles
aux participants intéressés pour que le résultat des
élections scolaires nous permette de dire, dans l'avenir, que les
citoyens du Québec sont intéressés et que la preuve en est
qu'à la dernière élection le taux de participation a
été de l'ordre de 70 % à 80 %. Là, on pourra dire
qu'on a commencé à faire notre job si on atteint des niveaux de
participation aussi significatifs. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Nous poursuivons ce débat avec
l'intervention de Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. En toute
honnêteté, je dois remercier le député de Rimouski
de m'avoir cédé sa place parce que j'avais des engagements.
Normalement, ce devait être un porte-parole du gouvernement et un de
l'Opposition. Je voudrais le remercier encore une fois.
M. le Président, le projet de loi 106 qui fait actuellement
l'objet d'un examen en deuxième lecture n'a pas soulevé les
passions et les objections qu'a connues le projet de loi 107 qui traite des
pouvoirs des commissions scolaires et des différentes parties. Le projet
de loi 106 traite essentiellement des élections scolaires. Ce projet de
loi, dans le fond, vient donner certaines assises qui devraient viser comme
objectif une plus grande participation des citoyens aux élections
scolaires, une plus grande démocratisation du système
scolaire.
Le député d'Abitibi-Ouest et porte-parole en
matière d'éducation a fart un certain nombre de remarques
générales, à la fois sur les articles avec lesquels nous
étions d'accord et sur ceux qui nécessitaient un examen
sérieux aux fins de modifications. Là-dessus, j'aimerais vous
faire la réflexion suivante: À quoi sert-il de se donner une Loi
sur les élections scolaires susceptible de favoriser une plus grande
participation des citoyens à la chose scolaire alors, qu'en même
temps on se donne une loi qui vient vider les commissions scolaires de tous
leurs pouvoirs réels? Les commisaires élus en vertu du projet de
loi 106 n'auront même plus, en vertu du projet de loi 107, l'obligation
de rendre compte de leur administration. Vous allez me dire: Qu'est-ce que
ça vient faire dans cette loi? Je vous dis, M. le Président,
pourquoi faut-il améliorer les élections scolaires alors que ceux
qui seront élus au suffrage universel n'auront même plus
l'obligation de rendre compte de leur administration en vertu de la loi 107?
Cela veut simplement dire que ce gouvernement est assez cohérent. Comme
les commissaires n'auront plus de pouvoirs, pourquoi faudrait-il qu'ils soient
encore tenus de rendre compte de leur administration?
Le projet de loi 106 qu'on a sur la table vient essentiellement faire
des commissions scolaires de gros comités de parents. Je m'explique.
Dans aucun système où on fait appel au suffrage universel, il
n'est prévu que l'établissement des circonscriptions soit
établi selon les usagers et non pas selon les contribuables. L'effet net
de ça, c'est que la structure scolaire est fondée non pas sur le
droit d'un citoyen de
se donner un système scolaire qui tienne compte... M. le
Président...
Le Vice-Président: Madame... Mme Blackburn: Une
manifestation?
Le Vice-Président: Non, non. C'est le bruit à cause
du grand vent que nous avons. Ce sont nos fenêtres du haut qui font ce
bruit. C'est hors de notre contrôle.
Mme Blackburn: Bien, merci, M. le Président. J'avais
l'impression que c'était une manifestation à l'extérieur.
Cela arrive à l'occasion. On en a vu quelques-unes. En fait le projet de
loi 106 en fait des commissions scolaires de gros comités de parents
parce que l'établissement des circonscriptions scolaires se fait sur le
nombre d'élèves et non pas sur le nombre de contribuables
votants. Évidemment, pour être cohérent, le gouvernement
dit: Ces commissions scolaires, ces commissaires n'auront plus à rendre
compte de leur administration. C'est dans cette perspective qu'il faut examiner
les deux projets de loi en même temps. Comment justifier qu'un parent
dont l'enfant fréquente une école qui n'est pas sur son
territoire de commission scolaire ou de résidence scolaire, comment
comprendre que ce parent puisse être élu dans une autre commission
scolaire et voter dans une autre commission scolaire? Pour citer un exemple que
je connais bien, un parent qui réside et qui a des enfants à la
commission scolaire de Chicoutimi, mais dont l'aîné
fréquente une école professionnelle dans la commission scolaire
Valin, comment pourrions-nous justifier que ce parent puisse être
élu dans les deux commissions scolaires et siéger dans les deux
commissions scolaires sous le simple prétexte qu'il a un enfant qui est
dans la commission scolaire voisine? On comprend que ce parent puisse
participer au comité d'école, au comité de parents, au
comité consultatif de la commission scolaire qui est
fréquentée par son enfant. On comprendrait difficilement que ce
parent puisse être élu dans la commission scolaire voisine sous le
simple prétexte que son enfant fréquente l'autre commission
scolaire.
M. le Président, la question plus fondamentale qui se pose par
rapport au projet de loi 106, qui est dans certaines de ses dispositions
intéressant, qui est dans certaines de ses dispositions modifiable,
améliorable: À quoi sert, à quoi servira
d'améliorer le processus démocratique en matière
d'élection scolaire si ce niveau de gouvernement est, somme toute,
vidé de tous ses pouvoirs et de toutes ses responsabilités,
puisque l'essentiel des pouvoirs sera dorénavant dans les mains du
ministre de l'Éducation? Ce n'est pas nous qui le disons. Tous les
intervenants, je le rappelle, signalent que ce projet de loi 106 est le plus
centralisateur jamais vu. Alors, à quoi sert-il d'améliorer les
élections scolaires, de favoriser une plus grande démocratisation
du système scolaire si c'est pour amener un autre projet de loi qui
vient vider ses élus, qui vient vider ces commissions scolaires de tout
pouvoir de décision? Comment peut-on être assuré -
même avec les bonifications apportées au projet de loi 106 - qu'il
y aura une plus large participation? Comment faire croire aux gens qui vont
s'incrire dans une démarche relativement lourde pour être
élus commissaires, comment faire croire à ces personnes qu'elles
pourront décider de la qualité, de la quantité des
services offerts dans cette commission scolaire quand le ministre s'est
arrogé une telle gamme de pouvoirs? Comment être assuré que
l'amélioration de la Loi sur les élections scolaires
amènera une plus grande participation? Comment, à moins de mentir
aux gens en leur disant qu'ils vont faire quelque chose, penser qu'ils seront
intéressés à venir participer à un niveau de
gouvernement qui n'en est plus un? (12 h 20)
Les intervenants qui connaissent la question nous disent qu'avec le
projet de loi qui est sur la table les commissions scolaires, les commissaires
élus au suffrage universel se retrouveront avec moins de pouvoirs que
n'en détiennent actuellement les membres d'un conseil d'administration
dans un hôpital au Québec. Un conseil d'administration dans un
hôpital au Québec, on n'a pas à aller au suffrage universel
pour les élire, c'est fait en collégialité ou encore ils
sont nommés par le gouvernement.
Pourquoi se pencher aussi longuement sur le projet de loi 106 qui va
faire des commissions scolaires de gros comités de parents? Le
gouvernement précédent avait tranché la question suivante:
Faut-il, oui ou non, maintenir les commissions scolaires? Il avait
répondu dans l'affirmative. En conséquence, il avait pris un
certain nombre de décisions pour renforcer le pouvoir des commissions
scolaires et, en même temps, assurer une plus grande participation aux
élections scolaires. Le gouvernement actuel, avec son projet de loi, n'a
pas voulu trancher la question de savoir s'il fallait ou non maintenir les
commissions scolaires. Mais, tel que présenté, les projets de loi
106 et 107... Le projet de loi 106, c'est de la comédie, c'est une
sinistre farce, parce que bientôt, la prochaine étape - et les
commissions scolaires le savent très bien - lorsqu'on constatera que les
commissions scolaires et les commissaires élus au suffrage universel
sont sans pouvoir et que, somme toute, toutes les décisions importantes
relèvent directement du ministre de l'Éducation, quel que soit le
gouvernement - j'espère bien que, d'ici là, on aura changé
de gouvernement - d'ici quelque dix ans, la prochaine question sera: Est-il
utile et nécessaire d'avoir des commissions scolaires? Et ce sera non.
Parce que, si ces commissaires élus n'ont pas plus de
responsabilités et de pouvoirs que les simples membres d'un conseil
d'administration d'un hôpital, à quoi serviraient-ils, en quoi
serait-il utile de maintenir, ne serait-ce que
pour une farce, pour un semblant de démocratie, une
élection scolaire à ce niveau?
C'est pourquoi il faut examiner le projet de loi 106 en
interrelation très intime avec ce que nous avons dans le projet de loi
107. Le projet de loi sur les élections scolaires, cela ne vient que
donner une structure pour gérer l'autre loi. En ce sens-là, on ne
peut pas les dissocier. C'est habile de la part du ministre de les avoir
dissociés. C'est très habile de la part du ministre de les avoir
dissociés parce que, tout à l'heure, la présidente disait
à mon collègue: Revenez donc sur la question du projet de loi 106
parce que c'est cela dont on dispose. Cependant, ces deux projets sont
intimement reliés. On ne peut pas, d'une part, discuter de la structure
qui va porter le système scolaire sans parler des pouvoirs qui vont
être conférés à cette structure.
Concernant le projet de loi 106, le ministre aurait
reculé devant l'intention qu'il avait de réserver des
sièges aux minorités. Réserver des sièges aux
minorités dans la région de Montréal, l'idée n'est
pas complètement dénuée d'intérêt quand on
connaît la situation actuelle. La situation actuelle est la suivante.
Tous les candidats commissaires qui se sont présentés au PSBGM
ont été évincés. Le seul argument que le PSBGM a eu
pour expliquer qu'on n'ait pas fait place à un candidat francophone au
moment où il y avait un poste vacant, cela a été de dire:
On a pris le plus compétent et il s'adonnait que le plus
compétent était unilingue anglais. Le tiers des
élèves au PSBGM sont francophones. C'est ça qui est
inacceptable.
Cependant, sa solution était socialement acceptable:
ça créait un précédent jamais vu, et tantôt
il aurait fallu trouver des sièges, que sais-je, pour les Juifs, les
Arabes, les Grecs et tantôt pour les handicapés, les femmes, etc.
! Je pense qu'on ne peut pas tomber dans ce piège. Le ministre l'a
compris. La solution qu'il envisage, quoique moins efficace, la présence
de représentants de parents anglophones, par exemple, ou francophones au
sein du PSBGM, au conseil des commissaires, je pense qu'elle est
intéressante, bien que, dorénavant, il faut le savoir, les
parents commissaires n'auront pas le droit de vote. Cela constitue, à
notre avis, un net recul quant à cette question du droit de vote des
parents commissaires au sein des commissions scolaires.
M. le Président, je vais m'attarder un peu
là-dessus. C'est un net recul et le ministre a cédé aux
pressions des commissions scolaires qui ne voulaient pas voir un commissaire
parent traité sur le même pied qu'un élu. Le droit de vote
du parent commissaire aurait donné à ce poste un peu plus de
prestige. Il faut peut-être dire que la Fédération des
associations de parents du Québec s'est dite peu
intéressée au droit de vote des parents commissaires, ce qu'a
fait dire avec beaucoup de cynisme au ministre de l'Éducation...
À la suite d'une question que je posais, m'étonnant que les
parents commisssaires ne veuillent pas voter au sein des commissions scolaires,
le ministre a eu cette remarque peu élégante à l'endroit
des parents commissaires, I a dit: On peut mener l'âne à la
fontaine - et non pas le cheval - mais on ne peut pas le forcer à boire.
Le proverbe, c'est: On peut mener le cheval à la fontaine, mais on ne
peut pas le forcer à boire. Je pense qu'avec cette remarque peu
élégante à l'endroit des parents commissaires le ministre
leur a bien fait comprendre qu'il accepterait de retirer ce droit de vote mais,
franchement, il allait peut-être assez loin en demandant qu'on retire le
droit de vote.
Le projet de loi 106 devra vraiment être
examiné une fois qu'on aura disposé du projet de loi 107. Et je
pense que, si le ministre n'introduit pas des modifications majeures qui vont
dans le sens de modifier l'esprit du projet de loi 107 pour redonner aux
commissions scolaires de réels pouvoirs, il faudra s'interroger sur la
pertinence d'adopter un projet de loi sur les élections scolaires et sur
les commissions scolaires. Le ministre devra avoir l'honnêteté,
comme l'avait fait le précédent gouvernement, de s'interroger sur
la pertinence de maintenir un gouvernement scolaire alors qu'a n'aura plus
aucun pouvoir, l'essentiel des pouvoirs étant dans les mains du
ministre. Le ministre, par son projet de loi 107, s'est fait l'espèce de
gérant des quelque 2000 écoles du Québec. En ce sens, le
ministre devra avoir l'honnêteté de s'interroger sur la pertinence
de maintenir un niveau de gouvernement scolaire.
Je le rappelle, et je le sais, le ministre a en main les
études comparatives qui lui permettent d'évaluer les pouvoirs qui
sont dans les mains d'un conseil d'administration d'un hôpital du
Québec, au moment où l'on se parle, et les pouvoirs qui seront
donnés aux commissions scolaires, en vertu du projet de loi 107. Au
moment où l'on se parle, il est clair qu'en vertu du projet de loi 107
tel qu'on le connaît les pouvoirs des commissions scolaires seront
moindres que les pouvoirs d'un conseil d'administration d'hôpital. Je le
rappelle, les membres d'un conseil d'administration d'hôpital ne sont pas
élus. On n'a pas cru nécessaire de les élire au suffrage
universel. Ils sont soit élus en collégialité ou
délégués comme représentants des différentes
instances: CLSC, CSS, etc. S'ajoutent à cela quelques personnes
nommées par le gouvernement. Le ministre n'a pas osé aller aussi
loin, mais je pense qu'en toute honnêteté I devra le faire parce
que, d'ici dix ans, si les commissions scolaires n'arrivent pas à faire
reculer le ministre sur les projets de loi 106 et 107, il se lèvera
quelqu'un au Québec pour contester, et avec raison, la pertinence de
maintenir au Québec des commissions scolaires élues au suffrage
universel. Je vous remercie, M. le Président. (12 h 30)
Une voix: C'est beau!
Le Vice-Président: Nous allons poursuivre ce débat
avec l'intervention de M. le député de Rimouski.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, vous me
permettrez, tout de suite d'intervenir sur l'adoption du principe du projet de
loi 106 en corrigeant quelque peu les affirmations gratuites faites par la
députée de Chicoutimi au cours de ce débat.
Lorsqu'elle dit que les commissions scolaires seront vidées de
leurs pouvoirs, je pense qu'elle a mal lu le projet de loi 107. Bien au
contraire, celui-ci vient préciser les pouvoirs des commissions
scolaires et, en même temps, parallèlement à ça,
vient préciser aussi les pouvoirs du ministre. Elle oublie un facteur
très important dans le projet de loi ou encore dans les pouvoirs des
commissions scolaires, celui de la taxation. Le pouvoir de taxation des
commissions scolaires n'est pas enlevé. Il est confirmé dans le
projet de loi 107, il est soutenu et nous avons l'intention de l'ouvrir
peut-être un jour pour donner davantage un champ de taxation aux
commissions scolaires. Lorsqu'une commission scolaire a un pouvoir de taxation,
je pense que c'est un pouvoir considérable et, en même temps,
c'est le pouvoir d'avoir des représentants élus
démocratiquement par ceux et celles qui paient des taxes. Je pense que
la députée de Chicoutimi a mal lu le projet de loi 107, qu'elle
l'a nécessairement mal interprété ou qu'elle n'en comprend
pas les dispositions.
Quant au député d'Abitibi-Ouest, que je considère
comme beaucoup plus modéré, comme un homme de bon sens, un homme
intègre et d'une indépendance d'esprit remarquable, il a fait une
analyse tout à fait remarquable du projet de loi 106. Il reconnaît
la qualité de ce projet de loi. Il y souscrit, à mon sens. Bien
plus que cela, il dit que le gouvernement a bien agi dans ce projet de loi
là puisqu'il a fait une consultation générale, une
très grande consultation. Au-delà de 118 organismes ont
été consultés, 95 se sont présentés en
commission parlementaire et ont fait valoir leur point de vue sur le projet de
loi 106. Nécessairement, si nous avons soumis le projet de loi à
la consultation d'une commission parlementaire, c'est que nous pensions qu'il
n'était pas pariait et qu'il méritait des améliorations.
Les représentants des différents groupes se sont
présentés et ont soumis des amendements au projet de loi ou
encore des corrections à y apporter et le ministre, dans un grand souci
de consultation et d'harmonisation de ses lois, a bien voulu et voudra encore
apporter des correctifs.
J'ai été un peu surpris, par contre, du propos du
député d'Abitibi-Ouest qui semblait vouloir remettre en cause la
reconnaissance des minorités en disant: Nous avons deux grandes
collectivités, les communautés anglophone et francophone, qui
sont représentées dans les commissions scolaires catholiques et
protestantes. Il semblait un peu mettre en doute la volonté du projet de
loi et, en même temps, celle du ministre d'avoir une
représentation pour les minorités. Je dois vous dire que, sur la
formule proposée dans le projet de loi 106, on peut peut-être se
questionner. Un district électoral superposé à un district
électoral déjà existant, ça peut peut-être
poser des problèmes. Nous n'avons pas une position arrêtée.
Je pense que ça pourrait être discuté au cours de
l'étude article par article lorsque le principe du projet de loi aura
été adopté.
D'autre part, le député d'Abitibi-Ouest semblait remettre
en cause l'amélioration importante de la participation aux
élections scolaires. C'est évident. Nous avons eu des
élections scolaires en novembre 1987 et les résultats ont
démontré une participation moyenne de 22 %. Ce n'est pas
nécessairement la participation que nous visons ou encore la
participation que nous aimerions avoir. Tous, nous sommes pour la vertu. Le
problème, c'est la pratique de la vertu. Nous aimerions bien comme
gouvernement avoir une participation aux élections scolaires
supérieure à 22 %. L'idéal, à mon sens, ce serait
une participation de 50 %, mais encore faut-il se donner les moyens d'atteindre
cet objectif, à savoir 50 %, à une élection scolaire. Le
projet de loi 106 nous donnera peut-être cette possibilité compte
tenu du fait qu'il va faciliter les élections scolaires et, en
même temps, donner la chance à tous ceux et celles qui voudront se
présenter à un poste de commissaire de pouvoir le faire dans un
encadrement défini à l'intérieur d'une loi, lequel
encadrement donnera toute la possibilité voulue à des individus,
pères de famille, de se présenter comme commissaires
d'écoles.
Le critique de l'Opposition, M. le député d'Abitibi-Ouest,
semblait dire que la réglementation relative à la Loi sur les
élections scolaires ou ce qui est proposé dans le projet de loi
106 n'était pas le total de la Loi électorale du Québec.
Il faut bien comprendre que nous n'avons pas l'intention d'avoir toutes les
dispositions que la Loi électorale permet au Québec à
l'heure actuelle et de les appliquer à l'élection scolaire. C'est
une question de coûts et aussi une question de représentation
beaucoup plus restreinte pour une commission scolaire que pour un district
électoral. Pour ces motifs, nous n'avons pas l'intention d'appliquer la
totalité de la Loi électorale en vigueur au Québec dans le
cadre de l'élection scolaire.
Un dernier élément que le député
d'Abitibi-Ouest a soulevé, c'est l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. Il semble dire qu'on n'a pas
corrigé véritablement le problème en n'attaquant pas cet
article de la loi qui protège les commissions scolaires linguistiques de
Québec et de Montréal. Je vais simplement lui rappeler ceci.
L'Opposition a été au pouvoir
pendant neuf ans. Ils avaient la chance, à mon sens, de modifier
la loi. Ils ne l'ont pas fait. Ils ont seulement pelleté ça vers
le nouveau gouvernement et nous avons aujourd'hui l'obligation d'agir et
d'essayer de corriger ce que le temps, l'expérience ou le vécu
nous ont apporté au cours des années. Nous avons l'obligation de
moderniser nos lois et c'est ce que nous essayons de faire avec le projet de
loi 106 présentement devant nous.
Je dois vous dire aussi que les différents
organismes que nous avons entendus en commission parlementaire ont pratiquement
tous reconnu le bien-fondé du projet de loi 106. Donc,
l'unanimité se faisait concernant ce projet de loi. Évidemment,
quelques organismes ont voulu des corrections et nous n'avons pas d'objection
à corriger quelque peu les articles du projet de loi qui font
problème à certains endroits.
Une des préoccupations qui nous ont
été soumises lors des représentations en commission
parlementaire, c'était d'avoir un meilleur équilibre entre la
densité d'une population donnée et le territoire. Il est bien
évident que, si nous voulons recouper par districts électoraux le
territoire d'une commission scolaire, H nous faut tenir compte de deux choses:
d'une part, de la densité de la population. S'il y a plus de citoyens
dans un district donné, à mon sens, I doit y avoir plus de
représentation au conseil des commissaires. Aussi, H faut tenir compte
de l'immensité du territoire parce que, la province de Québec
étant ce qu'elle est, un immense territoire, nous devons donner la
chance à tous les citoyens du Québec de pouvoir avoir un droit de
représentation à un conseil scolaire donné. Cependant,
compte tenu du fait que beaucoup de mémoires nous ont été
présentés dans ce sens-là, nous allons essayer, lorsque
nous passerons à l'étude article par article, de corriger quelque
peu, s'il le faut, l'article qui traite de cet équilibre entre la
densité scolaire et le territoire. (12 h 40)
Plusieurs nous ont fait la suggestion en commission
parlementaire de tenir des élections scolaires tous les quatre ans
plutôt que tous les trois ans. Nous avons statué dans le projet de
loi que trois ans était une situation moyenne qui tenait compte aussi
d'un laps de temps convenable pour la tenue des élections scolaires. Je
ne pense pas que cet argument de prolonger de trois à quatre ans la
tenue des élections scolaires soit retenu; cependant, les discussions ne
sont peut-être pas terminées encore, vu que nous allons revenir en
commission parlementaire pour l'étude article par article.
D'autre part, on nous a signalé en commission
parlementaire que l'information les élections scolaires ne devrait pas
être située seulement aux bureaux des commissions scolaires, ce
à quoi nous devons apporter une attention spéciale parce que,
lorsqu'on regarde un peu le vécu ou le déroulement des
élections scolaires, lorsque l'information est située seulement
aux bureaux de la commission scolaire, cela ne tient pas compte, à mon
sens, du désir des citoyens qui sont quelque peu éloignés
du siège social de la commission scolaire d'avoir accès à
toute l'information désirée pour se présenter comme
commissaires d'écoles. Des suggestions ont été faites
d'étaler un peu plus en dehors des bureaux des commissions scolaires
toutes les informations pertinentes à un poste de commission scolaire,
ce à quoi nous n'aurons probablement pas d'objection. Il y aura
peut-être moyen de trouver dans la réglementation des
accommodements pour permettre à tous les citoyens d'avoir accès
à l'information pour se présenter comme commissaires
d'écoles.
La liste électorale ne sera pas
nécessairement confessionnelle, comme le ' disait M. le ministre, au
départ, dans son propos. Lorsque les commissions scolaires linguistiques
seront constituées, nous pourrons avoir des/ listes électorales
soit anglophones ou francophones. Nous aurons comme des listes
électorales confessionnelles, soit catholiques et protestantes, et nous
aurons également une liste pour inscrire les dissidents. Je pense que,
si nous voulons avoir un système démocratique, nous devons tenir
compte de toutes les communautés culturelles et, en même temps,
des communautés confessionnelles. Le citoyen pourra se présenter
ou s'inscrire sur une liste électorale selon, dans un premier temps, une
confessionnalité donnée, soit catholique ou protestante, ou
encore, parmi les dissidents, de façon qu'on puisse respecter son
choix.
Un autre argument très important dans le projet de
loi est celui de tenir les élections scolaires en même temps, dans
une année donnée. Au lieu de les étaler, un tiers
rempiaçabie toutes les années comme c'est le cas
présentement, nous allons avoir le remplacement des commissaires
d'écoles tous les trois ans lors d'une seule élection scolaire
qui se tiendra dans la province de Québec en même temps;
l'élection de tous les commissaires d'écoles se fera
nécessairement le même jour. La tenue de l'élection
scolaire est prévue dans le projet de loi pour le troisième
dimanche de novembre. Plusieurs nous ont fait des représentations selon
lesquelles le troisième dimanche de novembre était un peu tard
dans l'année et certains nous ont suggéré le
troisième dimanche d'octobre. Personnellement, je dois vous dire que je
serais plutôt favorable à ce que l'élection scolaire se
tienne le troisième dimanche d'octobre compte tenu de
l'expérience que nous avons eue dans les années
antérieures et compte tenu aussi du désir de la population ou des
intervenants de vouloir tenir ces élections le troisième dimanche
d'octobre.
Ce sera discuté comme amendement en commission
parlementaire lorsque le projet de loi sera étudié article par
article. Il est loin d'être exclu que cette disposition ou cette
recommandation soit retenue. Cependant, si elle est retenue, il faudra aussi
tenir compte du recensement qui devra nécessairement être
reculé un peu dans le
temps s'il y a changement de date.
M. le Président, l'Association des cadres scolaires a
présenté un mémoire. Ils avaient, entre autres, une
préoccupation au sujet du projet de loi 106; ils étaient d'accord
avec les dispositions de la loi 106 sauf en ce qui concerne les droits
accordés aux minorités. Encore là, comme je vous le disais
tout à l'heure, comme gouvernement et tout particulièrement au
gouvernement libéral du Québec, nous avons le souci de donner
voix au chapitre à toutes les communautés culturelles et à
toutes les confessionnal it es. Nécessairement, le projet de loi 106
prévoit qu'il y aura une place pour les minorités. Nous n'avons
pas l'intention de ne pas donner ce droit de représentation aux
minorités.
Cependant, tout sera dans la manière d'avoir voix au chapitre. Le
projet de loi propose des commissions scolaires superposées. Comme je le
disais tout à l'heure et comme l'a si bien dit le ministre, ça
pose peut-être des problèmes d'avoir des commissions scolaires
superposées. Nous allons étudier un autre mode de
représentation qui consisterait peut-être à avoir un parent
à la commission scolaire pour représenter les minorités
comme il y a un parent à l'heure actuelle qui représente
l'élémentaire et le secondaire. À mon sens, cette
modification apporterait une correction à ce qui est
présenté dans le projet de loi.
M. le Président, dans l'ensemble, le projet de loi est bon, comme
le disait si bien le critique officiel de l'Opposition, le député
d'Abi-tibi-Ouest. La députée de Chicoutimi endosse
également le principe du projet de loi, sauf qu'elle fait allusion au
principe de la perte de pouvoir des commissions scolaires. Je dois vous
répéter que les commissions scolaires ne perdent pas de pouvoir.
Au contraire, le pouvoir des commissions scolaires est confirmé dans le
projet de loi. Je suis tout à fait d'accord avec les principes
défendus dans le projet de loi 107 qui viennent nécessairement
confirmer un droit exceptionnel aux commissions scolaires et en même
temps des droits particuliers au ministre.
M. le Président, si je reprends un peu les dispositions de la loi
106 en ce qui regarde le financement des élections scolaires, c'est un
élément nouveau qui, à mon sens, donne un peu plus
d'avantages à celui qui veut se présenter comme commissaire
d'écoles en lui reconnaissant des frais inhérents à sa
fonction. C'est un élément nouveau qui va peut-être inciter
les citoyens et les citoyennes du Québec à se présenter
comme commissaires d'écoles, puisque les dépenses
électorales qu'ils devront supporter pour se présenter seront
absorbées pour autant qu'ils obtiennent 20 % du vote. D'autre part, il
est indiqué dans le projet de loi qu'il est loin d'être exclu
qu'un parti politique ou encore une formation quelconque puisse se
présenter sous une bannière. Nécessairement, il faudra
qu'elle soit identifiée et que ses représentants puissent avoir
la possibilité de s'identifier comme groupe, en se présentant
comme formation politique dans une commission scolaire.
Le projet de loi donne aussi la possibilité à tout
candidat d'avoir droit à un congé sans rémunération
et sans aucune perte d'avantages. Cela vient confirmer un peu ce qui existe
présentement dans la Loi électorale du Québec, sauf que,
dans le projet de loi, présentement, nous confirmons cet avantage,
à savoir que tout citoyen qui se présente comme commissaire
d'écoles pourra bénéficier d'un congé sans solde ou
sans rémunération pour pouvoir accéder à ce poste
et ce, sans perte d'avantages.
M. le Président, le principe du projet de loi 106, tel qu'il est
présenté présentement, devrait passer l'étape de
son adoption. Je suis convaincu que c'est un bon projet de loi et je suis
agréablement surpris de voir que l'Opposition officielle n'y mettra pas
d'objection, qu'elle y souscrira volontiers. Personnellement, je me fais un
plaisir et un devoir d'y souscrire et je vous remercie.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui. M. le Président, compte tenu de l'heure
et du fait que le prochain intervenant est retenu en commission, je proposerais
que nous ajournions ici le débat et que, si cela agrée aux
membres de l'Assemblée, nous suspendions nos travaux jusqu'à cet
après-midi 15 heures.
Le Vice-Président: Très bien. Cette motion
d'ajournement du débat est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: En conséquence, le débat
est ajourné et, puisque, suivant la demande présentée,
nous approchons de 13 heures, nous allons suspendre nos travaux qui reprendront
cet après-midi, à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M
mes et MM. les députés, veuillez vous asseoir.
Présence du président de la
région du Molise
Si vous me permettez, avant de procéder aux affaires courantes,
j'ai le plaisir de souligner la présence dans la tribune du
président de la région du Molise, en Italie, M. Fernando Di Laura
Frattura. M. Frattura. M. le président, vous êtes le bienvenu.
Aux affaires courantes, cet après-midi... Si vous me
permettez!
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je vous saurais gré
d'appeler l'article c du feuilleton d'aujourd'hui, s'il vous plaît.
Projet de loi 53
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 53, Loi
modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Québec concernant la paroisse de
Saint-Dunstan-du-Lac-Beauport. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, ce projet
de loi exclut, à compter du 1er janvier 1989, la paroisse de
Saint-Dunstan-du-Lac-Beauport du territoire de la Communauté urbaine de
Québec dont elle fait partie actuellement aux seules fins de
l'assainissement des eaux usées. En contrepartie, il prévoit que
la communauté et la municipalité doivent conclure un contrat sur
ce sujet. Si elles ne l'ont pas fait avant le 1er juillet 1989, la Commission
municipale du Québec pourra alors, sur demande, déterminer les
droits et obligations des deux parties.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi 53? M. le leader de l'Opposition.
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Est-ce qu'il y a d'autres
présentations de projets de loi, M. le leader du gouvernement?
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président: Nous allons maintenant procéder au
dépôt de documents. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je suis informé qu'en
réponse à une question qui est inscrite au feuilleton à
l'article 2, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est
prêt à répondre.
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche...
M. Picotte: Oui, M. le Président. Le Président:
...à l'étape du dépôt...
Réponse à une question inscrite au
feuilleton
M. Picotte: J'aimerais apporter la réponse à une
question posée par Mme la députée de
Johnson au mois d'avril 1988. Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, votre réponse est maintenant
déposée, M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Est-ce qu'8 y a d'autres dépôts de documents?
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Mme la députée de Chicoutimi.
Soutien au groupe Les Relevailles
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer une pétition adressée par 321
pétitionnaires membres du groupe Les Relevailles. Les faits
invoqués sont les suivants: "Que l'action du groupe Les Relevailles
permet aux familles une adaptation plus harmonieuse à l'arrivée
d'un nouvel enfant, le développement de la capacité parentale et
la prévention de situations familiales problématiques; Qu'il est
le seul organisme à offrir des services intégrés aux
familles ayant un nouvel enfant et qu'il est la seule ressource alternative
disposant d'un personnel spécialement formé et accessible peu
importe le lieu ou la capacité financière; Que ce service
répond à un besoin pressant des familles d'aujourd'hui qui ont
encore le désir d'avoir des enfants."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que la
ministre de la Santé et des Services sociaux prenne les dispositions
nécessaires pour que le groupe Les Relevailles puisse maintenir, dans
l'immédiat et dans le futur, son service d'aide familiale et poursuive
ses activités auprès des familles."
Le Président: Alors, Mme la députée de
Chicoutimi votre pétition est maintenant dépo-
M. le député d'Ungava, toujours à l'étape de
dépôt de pétitions.
Permettre aux citoyens de Chibougamau d'utiliser la
pharmacie de l'hôpital
M. Claveau: Oui, M. le Président. Permettez-moi de
déposer l'extrait d'une pétition signée par 1251
pétitionnaires du comté d'Ungava.
Les faits invoqués sont les suivants: "Que la population de
Chibougamau et des environs se plaint du coût beaucoup trop
élevé des médicaments. Qu'il n'y a aucune concurrence,
étant donné que la ville la plus proche pouvant offrir ce service
à un taux concurrentiel est à 480 kilomètres aller-retour
et que ce coût peut aller jusqu'à 50 % de plus qu'ailleurs."
L'intervention réclamée est donc la suK/an-
te: "Que la ministre de la Santé et des Services sociaux permette
à la population de Chibougamau et des environs de se prévaloir
des services de la pharmacie de l'hôpital de Chibougamau."
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Claveau: Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président: M. le député d'Ungava, votre
pétition est maintenant déposée. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de pétitions cet après-midi?
Il n'y aura pas d'intervention portant sur une violation de droit de
privilège ou sur une question de fait personnel.
Avant de procéder à la période de questions et de
réponses orales, j'avise les membres de cette Assemblée
qu'immédiatement après la période de questions, il y aura
un vote qui a été reporté sur la motion
présentée par M. le ministre de l'Éducation sur l'adoption
du principe du projet de loi 107, immédiatement après la
période de questions.
Je vais reconnaître une première principale à M. le
leader de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le mouvement de grève dans les cégeps et
les universités
M. Gendron: Oui, M. le Président. Ma question
s'adresserait normalement au premier ministre, mais compte tenu de sa
neutralité proverbiale dans la présente élection, on
comprend qu'il soit en voyage à l'étranger. L'autre raison, c'est
que puisque, selon les étudiants, le ministre de l'Éducation ou
de l'Enseignement supérieur n'est plus l'interlocuteur valable dans le
dossier de la réforme de l'aide financière, tout comme
d'ailleurs, Marie Gendron, la présidente de la commission jeunesse l'a
déploré en fin de semaine lors du conseil national du Parti
libéral, je vais quand même poser ma question à l'adjoint
du premier ministre pour les questions éducatives, le ministre de
l'Éducation.
Le conflit perdure dans les cégeps et dans les universités
au sujet de la réforme des prêts et bourses. Une vingtaine
d'institutions sont aujourd'hui touchées par la grève qui risque
de devenir générale et illimitée à partir de demain
si le ministre de l'Éducation continue à s'entêter à
ne pas vouloir discuter avec les étudiants. La question très
simple que je lui pose: Est-ce que le ministre de l'Éducation croit
qu'il crée un climat favorable à la reprise d'un dialogue propre
à apporter une solution à la crise actuelle en continuant de
maintenir des positions rigides et intransigeantes?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, vous me permettrez tout d'abord
de préciser la situation. Suivant les renseignements que j'obtenais
avant de venir à l'Assemblée nationale tantôt, seize
établissements ont voté contre une grève
générale illimitée au cours des derniers jours. Ces seize
établissements représentent environ 44 000 étudiants. Il y
en a seize qui ont voté en faveur d'une grève, dont cinq sont des
sous-centres d'établissements déjà établis, par
exemple, le sous-centre des Îles-de-la-Madeleine qui est un sous-centre
du cégep de Gaspé et pour les fins de l'ANEQ c'est compté
pour deux: seize moins cinq cela fait onze dans mes calculs. J'ai
calculé le nombre total d'étudiants que représentent ces
établissements, c'est à peu près 28 000. Il y en a
d'autres qui ne se sont pas prononcés encore et qui doivent le faire au
cours des deux ou trois prochains jours. Je pense qu'on doit respecter la
liberté qu'ils ont de se prononcer sur les propositions qui leur sont
faites avant de conclure à la conflagration générale. Le
député d'Abitibi-Ouest pourrait compter les têtes de pipe
comme moi et ne pas partir de panique trop tôt.
Nous avons établi clairement... Le député dit que
nous ne voulons pas discuter, c'est absolument faux, c'est une véritable
calomnie!
Des voix: Ha, ha, ha! Le Président: M. le ministre.
À l'ordre! M. Ryan: Nous sommes toujours prêts... Le
Président: M. le ministre, à la question.
M. Ryan: Nous sommes toujours prêts... Je pense que le
député de Joliette va être plus prudent pour jouer avec ces
réflexes-là à l'avenir et je pense que vous auriez profit
à l'imiter, à supposer qu'il ait compris le message d'hier. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, ils ne me laissent pas parler!
Nous sommes toujours disposés à discuter. Si c'est cela, la
question du député d'Abitibi-Ouest, la réponse est oui.
Maintenant, nous avons un travail en préparation. Tant que ce travail
n'est pas terminé et n'a pas été soumis au Conseil des
ministres, je ne peux pas en dévoiler la teneur à
l'extérieur.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: M. le Président, oui, en additionnelle, mais
après commentaires. Je pense qu'il n'est pas question d'alarmer, sauf
qu'il y a une situation qui est réelle actuellement. Il y a
beaucoup d'étudiants qui s'apprêtent à prendre un
vote pour une grève générale illimitée, alors qu'il
y en a plusieurs qui sont déjà en grève. Voici la question
additionnelle que je voudrais poser au ministre: Est-ce que vous
considérez, M. le ministre de l'Éducation, qu'en tenant des
propos accusateurs et prématurés comme remettre en question la
représentativité des associations étudiantes et en
adressant des ultimatums sur la reprise des jours, avant même qu'ils
soient en grève générale illimitée, cela
crée des conditions propices à l'ouverture d'un dialogue qui
déboucherait sur le règlement de ce conflit? (15 h 20)
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Ce que j'ai voulu signaler à l'attention des
députés, c'est que lorsque vous avez des effectifs
équivalence temps complet d'environ 130 000 dans les cégeps et
qu'il y en a 28 000 qui se déclarent en grève, je n'ai pas de
raison de penser que c'est un phénomène général.
Nous attendons les développements et nous ne faisons aucune
espèce d'ingérence. C'est cela la situation. Le reste, c'est mon
devoir strict, comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, de prévenir ceux qui prennent la décision de ne pas se
présenter aux cours qu'il y a des conséquences à ces actes
qu'ils posent.
J'ai dit tout simplement que nous avons un régime des
études collégiales qui prévoit un nombre minimum de jours
d'activités éducatives pendant un semestre et un nombre minimum
de jours d'enseignement et qu'à compter du moment où ce nombre
minimum ne pourra plus être atteint à cause de la grève, il
devrait être atteint après la grève et, au besoin, à
l'expiration du semestre. C'est aussi clair que ça et je pense que je ne
fais pas de chantage en disant ces choses. Je dis la vérité comme
elle doit être dite au moment où elle l'est.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Croyez-vous, M. le ministre de l'Éducation,
que c'est dire la vérité que de laisser croire aux
étudiants que votre réforme proposée, d'abord, il serait
impossible de la mettre en application en septembre 1989? Croyez-vous que c'est
dire la vérité que de dire qu'il faut attendre 1990 avant de la
mettre en vigueur?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: Dans le temps de l'ancien gouvernement, avec
l'espèce de capharnaum administratif qu'il nous a légué,
il aurait fallu dire trois ans.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: En étant honnête et réaliste, j'ai
toujours dit aux étudiants, bien avant aujourd'hui, il y a
déjà six mois et un an, que nous ne pourrions pas implanter une
réforme complète avant 1990-1991. Regardez la correspondance que
j'ai adressée à l'ANEQ au cours de la dernière
année et vous en verrez la preuve maintes fois exprimée. Mais
cela n'exclut point la possibilité de certaines améliorations
ponctuelles qui pourraient être implantées à compter de
l'année prochaine. Nous en avons institué quatre ou cinq
améliorations ponctuelles au cours de la présente année.
On veut le faire l'année prochaine aussi. J'ai dit aux étudiants
là-dessus: Si vous avez des propositions à faire, soumettez-les.
Ces choses seront étudiées au gouvernement au début de
l'année, quand on préparera les crédits de la prochaine
année. Là, on verra s'il y a des choses à faire, mais ce
n'est pas la même chose que la réforme qu'ils
réclament.
S'il est question, comme le réclame l'ANEQ, de faire
disparaître complètement le statut de dépendant pour celui
qui ne réside pas avec ses parents, je leur dis que c'est hors
d'atteinte dans l'avenir prévisible parce que c'est un coût
minimum - et on ne sait pas quelles seraient les conséquences de cela,
cela serait probablement bien supérieur à cela - de 300 000 000
$. Le gouvernement a d'autres priorités que celle-là dans
l'immédiat, à ma connaissance.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Pourquoi le ministre de l'Éducation n'est-il
pas prêt, dès aujourd'hui, à s'engager formellement, pour
dénouer l'impasse actuelle - à moins qu'on ne veuille que cela
continue - à déposer sa réforme prévue pour
laquelle il a pris des engagements depuis des mois et des années? Cela
fait trois ans bientôt, au cas où vous ne le sauriez pas, que vous
êtes au gouvernement. Le ministre serait-il prêt justement, compte
tenu de cela, à déposer sa réforme en décembre
1988, à tenir une commission parlementaire en janvier ou février
et à promettre dès aujourd'hui aux étudiants que la
réforme sera en vigueur le 1er septembre 1989? Sinon, donnez les raisons
pour lesquelles elle ne doit pas être en vigueur le 1er septembre
1989.
Le Président: Monsieur...
M. Gendron: Vous savez bien qu'il n'y en a pas de raison.
Le Président: M. le ministre.
M. Gendron: Je n'ai pas dit que vous n'aviez pas dit ce que vous
avez dit.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Lorsque nous irons en commission parlementaire à
ce sujet, avec le consentement des députés, j'inviterai le
sous-ministre adjoint chargé de l'aide financière à
témoigner. Il va vous montrer qu'au point de vue technique, c'est
impossible, cela fait deux ans qu'il m'en fait la démonstration. Vous
dites: Pourquoi ne prenez-vous pas l'engagement aujourd'hui de publier avant la
fin de l'année le document d'orientation dont vous parlez? Je vais vous
donner la même raison que j'ai toujours donnée à l'ANEQ
depuis deux ans. C'est que, lorsque le document est terminé, je dois le
soumettre au cabinet, et ensuite il passera par le tamisage des comités
ministériels que vous connaissez très bien. Et supposez qu'il
passe par là et que la réponse soit négative, vous n'aurez
pas de document à publier ensuite. Si j'ai promis de le publier,
là, j'aurai l'air fin. Mais je n'ai jamais fait cette promesse parce que
je connais trop la manière dont le gouvernement fonctionne. J'ai dit, et
je le répète aujourd'hui avec la même fermeté que,
de mon côté, je fais tout ce qui est humainement possible pour que
nous puissions avoir un document d'orientation à publier avant la fin de
1988. Je ne peux pas dire davantage à ce moment-ci sans anticiper sur
les décisions que devra prendre le gouvernement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Comment le ministre de l'Éducation peut-il
affirmer en cette Chambre aujourd'hui qu'il ne peut pas le déposer dans
un délai qu'il voudrait bien en faisant accroire cela aux
étudiants? Il dit: Vous connaissez le cheminement difficile que cela
prend avant d'en arriver à la décision qu'un gouvernement...
Est-ce que vous ne le saviez pas? Quand vous avez pris l'engagement de
présenter une réforme aux étudiants, vous connaissiez le
cheminement gouvernemental. En conséquence, pourquoi aujourd'hui
faites-vous accroire que vous n'êtes pas prêt à
déposer vos hypothèses et vos propositions concernant les
modifications que vous avez laissé voir qu'il y aurait?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: Je ne pense pas que le député veuille
tromper la Chambre. Je pense que c'est parce qu'il est récent dans
l'examen du dossier qu'il ne connaît pas toutes les étapes. Je
n'ai jamais pris l'engagement dont il parle. Je me rappelle, il y a quelques
mois, j'ai écrit à l'ANEQ. Elle m'avait demandé de prendre
l'engagement de publier un document à l'été de 1988. Je
lui ai dit: C'est un objectif qui paraît souhaitable et raisonnable, mais
je ne peux pas l'épou- ser mathématiquement parce qu'il y a des
facteurs que je ne contrôle pas là-dedans. Je ne les
contrôlais pas il y a six mois, je ne les contrôle pas aujourd'hui.
Mais l'expérience que nous avons du gouvernement m'enseigne que, si le
document est bon, si nous travaillons bien, nous atteindrons cet objectif qui
reste éminemment désirable et que je vise de toute mon
énergie.
Le Président: Je vais reconnaître M. le
député de Jonquière pour une deuxième question
principale.
Demande d'enquête sur la violence
policière à Montréal
M. Dufour: Merci, M. le Président. La
télévision nous a rapporté des images d'une violence
policière étonnante et démesurée de l'escouade anti
émeute de la Communauté urbaine de Montréal envers des
étudiants et des assistés sociaux manifestant contre l'absence de
politique ou contre des politiques gouvernementales à l'occasion du
conseil général du Parti libéral du Québec tenu
samedi dernier au complexe Desjardins, à Montréal. Le
résultat: six personnes arrêtées. Motif d'inculpation:
refus de circuler. Le Solliciteur général a-t-il l'intention de
demander à la Commission de police de tenir une enquête sur ces
cas de violence policière?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Marx: M. le Président, on m'a informé que
c'était l'hôtel qui avait demandé l'intervention des forces
policières.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
J'avais reconnu M. le ministre de la Sécurité publique. M. le
ministre.
M. Marx: M. le Président, on m'a informé que ce
sont les services de sécurité de l'établissement qui ont
demandé l'intervention des forces policières et je n'ai pas
l'intention de demander quelque enquête que ce soit. Et chaque citoyen,
bien sûr, est libre de déposer une plainte au comité des
plaintes à la Commission de police ou même d'aller devant les
tribunaux s'il se pense lésé par l'action des policiers.
Le Président: M. le député de
Jonquière, en additionnelle.
M. Dufour: Puisqu'il s'agit d'une action publique, le Solliciteur
général étant responsable du service policier ou de la
police dans l'ensemble du Québec, comment peut-il en venir à fa
conclusion qu'il n'y a pas besoin d'enquête, puisqu'il est Solliciteur
général, et militant libéral? Ne pense-t-il pas que la
Commission de police serait mieux placée que lui pour décider
de l'opportunité d'une enquête et comment la tenir?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique et responsable de la Protection du consommateur. M. le ministre.
M. Marx: M. le Président, il est manifeste que le
député ne connaît pas son dossier. Qu'il lise la loi. Il
peut lui-même déposer une plainte à la Commission de police
s'il pense justifié de déposer une telle plainte.
Le Président: M. le député de
Jonquière, en additionnelle. À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: Puisque ces événements sont survenus
à la suite d'une activité partisane - on ne peut pas le nier - le
ministre a-t-il l'intention de demander à son propre parti
d'éviter à l'avenir de recourir à l'intervention de
l'escouade antiémeute pour contrôler des situations, somme toute,
sans gravité? Il y a quelqu'un qui est responsable de la police!
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Marx: M. le Président, le service de police de la
Communauté urbaine de Montréal a agi cette fois comme il agit
dans toutes les situations semblables. Si quelqu'un veut déposer une
plainte, il est bienvenu de le faire, soit à la Commission de police,
soit au Comité des plaintes de la SPCUM. Il n'y a pas de
problème. Quelqu'un pourrait même intenter une action contre un
policier s'il se croit lésé. Je pense que cela a toujours
été comme ça et ça continue de l'être. (15 h
30)
Le Président: M. le député de
Jonquière, en additionnelle.
M. Dufour: Le ministre, qui demande régulièrement
la confiance du public envers le corps policier, a-t-il lui-même vu,
parce qu'il n'a pas beaucoup de travail de ce temps-ci, ce qui s'est
passé à la télévision, est-ce qu'il a
assisté à ces faits-là?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique et responsable de la Protection du consommateur.
M. Marx: M. le Président, je n'étais pas dans les
corridors. J'ai assisté à la commission plénière et
aux ateliers. Je n'étais pas dans les couloirs et je n'ai pas vu ce qui
s'est passé.
Le Président: Je vais reconnaître, cet
après-midi, une troisième principale à M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Prési- dent. Le
supposé consensus ou le consensus artificiel du ministre de l'Industrie
et du...
Le Président: M. le député de Bertrand, en
principale.
L'ouverture des commerces d'alimentation le
dimanche
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Le
supposé consensus, le consensus artificiel du ministre de l'Industrie,
du Commerce sur les heures d'affaires semble aujourd'hui moins vrai qu'hier.
Les consommateurs sont très majoritairement contre, selon la position
prise par la Fédération nationale des associations de
consommateurs et par la Fédération des ACEF dans leur
communiqué du 6 octobre dernier. D'un autre côté, les
travailleurs, autant ceux de la FTQ que de la CSN, ce qui représente
quelque 60 000 travailleurs, sont contre. Les nouveaux regroupements de
détaillants indépendants en alimentation qui représentent
actuellement près de 1500 détaillants, l'Association des
marchands détaillants de l'Est du Québec qui représente
575 marchands Hudon et Daudelin, de IGA, qui en représente un grand
nombre, sont contre. Si les consommateurs, M. le ministre, si les travailleurs
et la grande majorité des marchands sont contre, pouvez-vous me dire
exactement qui vous défendez?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie. À l'ordre! À l'ordre!
M. MacDonald: La liste donnée par le député
de Bertrand représente, dans plusieurs cas, des affirmations gratuites.
Si je ne prends, par exemple, que la question des consommateurs, vous savez
comme moi, et vous l'avez vu ce matin, qu'environ 320 000 ou 330 000 se sont
prononcés par l'entremise ou le véhicule des pharmacies Jean
Coutu. Si vous voulez regarder l'Association des consommateurs du
Québec, vous verrez qu'elle s'est déclarée favorable
à la solution à moyen terme.
Si vous me le permettiez, M. le Président, je pourrais
peut-être vous lire assez rapidement la liste des gens qui sont pour par
rapport à ceux qui sont contre, les intervenants. Vous savez,
l'Association des détaillants en alimentation, le Regroupement des
épiciers pour l'équité - ceux qui étaient sortis et
avaient fait ouvrir environ 400 magasins, à un moment donné, pour
signifier qu'ils ne voulaient pas de positions extrêmes - l'Association
des marchés publics, l'Association des fruiteries du Québec,
Métro-Richelieu corporatif, Provigo, Steinberg, les marchés aux
puces, le Comité de défense des commerçants artisans, les
Piscines Citadelle, l'Association des consommateurs du Canada, l'Association
des consommateurs du Québec, l'Ordre des pharmaciens, Jean Coutu, et
j'en
laisse pour aller voir qui est contre. Fondamentalement, les TUAC et la
CSN. Vous avez dit 60 000 employés. Le chiffre qu'on m'a donné
est de 35 000 employés du côté de la FTQ et de environ 6300
du côté de la CSN. L'Association des marchands de l'Est du
Québec, vous l'avez mentionné et Hudon et Daudelin, filiale de
Oshawa Wholesale, de l'Ontario.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Bertrand, en additionnelle.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, est-ce que le
ministre est conscient qu'il ne s'agit pas juste de dresser des listes mais
voir exactement qui représente qui? Le ministre est-il conscient que
pour l'ensemble des consommateurs, la très grande majorité des
consommateurs, lorsqu'on leur pose la vraie question à savoir s'ils
veulent ou non l'ouverture le dimanche, la réponse est non? Le ministre
est-il conscient que...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre! Allez.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, est-ce que je peux
m'adresser...
Le Président: Vous êtes en additionnelle. Votre
question, s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le ministre est conscient que
l'Association des détaillants en alimentation qui a changé de
nom, comme on le sait, au cours des dernières semaines, et qui est
maintenant sous la tutelle de Métro et de Provigo, représente
maintenant les grandes chaînes et que les petits ne sont plus
représentés à l'ADA? Est-ce que le ministre est conscient
de ce qui se passe actuellement chez les marchands Métro et Provigo?
Est-ce que le ministre est conscient qu'à la haute direction de
Métro-Richelieu, on est en train de prendre un vote contre
actuellement?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. MacDonald: Je pense que je me dois de dire non, je ne suis pas
conscient d'une foule de déclarations que je mets fortement en doute de
la part du député de Bertrand. Il y a une chose dont je suis
très conscient et que j'aimerais mettre de l'avant, je l'ai
déjà mentionné, je pense que ça vaut la peine de le
souligner. Nous ne sommes pas en voie de favoriser quelque parti par rapport
aux autres. Nous avons dit dès le départ qu'il fallait prendre en
considération l'ensemble des intervenants, sachant très bien
qu'on ne pourrait satisfaire tout le monde.
Lorsque j'ai regardé la question, et la question primordiale des
travailleurs, il est sorti, de toute évidence - et on n'en parte pas
souvent - qu'il existe pour environ 30 000 des 35 000 travailleurs
affiliés à la FTQ des lettres d'entente signées en bonne
et due forme par ceux qui, à l'heure actuelle, parlent de monter sur les
barricades, dans lesquelles on s'est entendu, pas simplement pour dire advenant
que le gouvernement change la formulation, la réglementation et qu'on
pourrait permettre l'ouverture des magasins d'alimentation le dimanche, on
négociera. Non. On ne s'est pas arrêté là. On a dit
également que l'arbitrage serait acceptable aux parties, advenant qu'on
ne puisse pas s'entendre sur les termes et conditions qui régiraient la
convention collective. Ce sont 30 000 des 35 000 travailleurs de la FTQ. Si
ça n'avait pas existé, si additionné à ceci les
propriétaires des magasins ne m'avaient pas dit qu'il n'est pas question
de gens travaillant sept jours par semaine, qu'il n'est pas question de gens
travaillant tous les dimanches, qu'il est même question de 80 %...
Le Président: En conclusion, M. le minstre.
M. MacDonald: ...des gens qui travaillent les journées
autres que le dimanche, qui sont des employés à temps partiel qui
choisissent volontairement leurs heures. Ce sont là des
considérations dont on a tenu compte pour ceux qui, à l'heure
actuelle...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. MacDonald: Je termine, M. le Président. ...pour les
vrais travailleurs, les 30 000 sur 35 000 et les 5000 autres inclus qui
devraient avoir les mêmes avantages. Ce sont les considérations
qu'on a prises pour les travailleurs du Québec.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle. En additionnelle, M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Le ministre est-il conscient que, par le
fait qu'il ait imposé une position d'ouverture de six heures le dimanche
parce que c'est ce qu'il a fait, il a amené l'association, l'ADA, autant
que Métro-Richelieu et d'autres grandes chaînes, à dire
exactement ce qui est dit aujourd'hui dans le journal: Si le ministre
décidait de fermer tous les commerces le dimanche, nous l'appuierons
à fond de train. Le directeur général de l'ADA. Et
Métro-Richelieu pense exactement la même chose?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce.
M. le ministre de l'Industrie, du Commerce.
M. MacDonald: Dans les nombreuses rencontres que nous avons eues,
et ça inclut IGA et
leurs représentants, il y avait unanimité dans le secteur
pour savoir ou bien vous fermez tout, ou bien vous ouvrez tout. Je peux prendre
des personnes justement qui se sont déclarées, il y a quelques
jours, qui se sont présentées sur la place en disant: On a
toujours été totalement contre tout semblant d'ouverture. Ces
gens étaient présents à cette réunion de tout,
tout. Nous leur avons expliqué qu'on ne pouvait pas revenir 25 ans ou 30
ans en arrière, mais que la province n'était également pas
prête à une ouverture libéralisée totalement des
commerces d'alimentation sans aucune balise et que, quelque part, il y avait un
moyen terme. C'est dans cet esprit qu'on a proposé le moyen terme.
Le Président: M. le député de Bertrand,
toujours en additionnelle?
M. Parent (Bertrand): Oui. Le ministre est-il conscient...
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...qu'actuellement, les grandes
chaînes comme Provigo et Métro envoient des lettres à leurs
membres pour leur demander de ne pas se prononcer parce qu'ils ont peur de
savoir ce que réellement les membres demandent? Le ministre est-il
conscient de ce qui est en train de se passer actuellement et a-t-il pris
connaissance au cours des dernières 24 heures de ce qu'ont
déclaré les dirigeants des grandes chaînes et les gens de
I'ADA, supposé-ment par rapport à l'appui qu'ils vous ont
donné?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce.
M. MacDonald: Hier, j'ai rencontré les
représentants des grandes chaînes et de l'ADA, et je pourrais
conclure très facilement en disant: Qu'est-ce qu'on peut faire pour
vous, M. le ministre, pour amener un règlement acceptable et convenable
pour le Québec, les consommateurs, les travailleurs et les
commerçants? Je pense que c'est un genre d'offre de coopération
de toute évidence.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: En additionnelle, M. le Président. (15 h
40)
Le Président: En additionnelle, M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais demander au ministre s'il a fait faire
une étude d'impact sur d'éventuelles élévations de
coûts, par exemple, pour le consommateur - pour bien me faire comprendre
- qui a 100 $ pour la consommation et qu'on lui offre une possibilité
sur sept jours. N'est-il pas exact qu'une telle formule risque de faire
disparaître les petits et la concurrence au profit des gros et que de
facto ce sera le consommateur qui paiera la facture dans tout ça?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce.
M. MacDonald: On me permettra peut-être de rappeler des
déclarations de M. Alain Bouchard, président d'Alimentation
Couche-Tard qui regroupe 132 dépanneurs. Ce n'est pas un cas
isolé, je crois que 132 dépanneurs. Il affirme que l'impact de
l'ouverture des supermarchés d'alimentation le dimanche sera inexistant
ou très faible. Ce n'est pas moi qui dis ça. M. Bouchard ajoute:
Les dépanneurs réalisent 17,5 % de leurs ventes le dimanche et 18
% le samedi. Et il dit: Les marchés d'alimentation sont pourtant ouverts
le samedi et ça n'empêche pas nos dépanneurs de
réaliser des bonnes affaires. Sur le plan des prix, je crois qu'il est
également évident que, si on prend une moyenne des prix, entre
les marchés d'accommodation et les grandes surfaces ou les moyennes ou
les petites surfaces, je crois qu'une plus grande disponibilité de choix
peut représenter assurément une moyenne de prix meilleure.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître la
quatrième principale, cet après-midi, à M. le whip de
l'Opposition et député de Lac-Saint-Jean. M. le whip.
L'aide fédérale aux garderies
québécoises
M. Brassard: M. le Président, dans la foulée de la
stratégie fédérale sur la garde des enfants
annoncée en décembre dernier, le gouvernement
fédéral a mis en vigueur un programme visant à
subventionner des projets de service de garde au Québec par le biais de
la caisse d'aide de 100 000 000 $ destiné aux projets spéciaux,
qui est un des volets de cette stratégie, et ce sans consultation, sans
accord, sans entente avec le Québec. Actuellement, il y a
déjà une dizaine de projets à l'étude et une
centaine d'autres en préparation.
Comme le ministre responsable du dossier des relations
fédérales-provinciales a déjà reconnu, en cette
Chambre, que la stratégie d'Ottawa en matière de service de garde
constituait une intrusion très nette du gouvernement
fédéral dans un secteur de juridiction qu'il qualifiait
d'exclusive, par le biais du pouvoir de dépenser, dans le cas
précis de ce programme actuellement en vigueur, est-ce que le ministre a
exigé ou entend-il exiger, s'il ne l'a pas déjà fait, pour
le Québec un véritable droit de regard quant aux projets
québécois pouvant faire l'objet de subventions en vertu de ce
programme?
Le Président: M. le ministre de la Justice et
délégué aux Affaires intergouvemementales cana-
diennes. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, ce que j'ai
déjà dit en cette Chambre, et je le répète, la
garde des enfants est une juridiction exclusive du Québec. C'est
à nous qu'appartient cette juridiction. Jusqu'à présent,
nous l'avons exercée pleinement. Il y a eu ce projet de loi qui a
été discuté par le gouvernement fédéral.
Nous avons discuté à plusieurs reprises avec les autorités
fédérales pour la préparation de ce projet de loi en ce
qui regarde la façon dont elles voulaient coordonner l'action des
provinces et du gouvernement fédéral pour qu'on puisse faire en
sorte que nos services de garderie soient les plus effectifs possible. À
plusieurs reprises, j'ai mentionné en cette Chambre que nous
étions prêts à collaborer avec le gouvernement
fédéral, avec les autres provinces pour améliorer le
service des garderies un peu partout au Canada et en particulier, nous, nous
avons un service de garderie qui est particulièrement bien fait, on peut
même servir de modèle à bien des égards.
Alors, dans ce contexte, ce que je peux répondre au
député de Lac-Saint-Jean, c'est simplement de lui dire que dans
la mesure où on respecte nos normes, nos qualités, dans la mesure
où nous avons notre politique à établir, bien sûr,
s'il y a de l'argent à aller chercher à Ottawa, on va aller le
chercher.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle. M. le whip de l'Opposition.
M. Brassard: M. le Président, ma question au ministre ne
porte pas sur C-144, qui est actuellement devant le Sénat, mais elle
porte sur un des volets de la stratégie fédérale en
matière de services de garde qui concerne la caisse d'aide aux projets
en matière de garde des enfants et qui porte, évidemment, sur les
secteurs prioritaires avec des critères, des normes; c'est un programme
fédéral actuellement en vigueur. Sans entente, sans accord avec
le fédéral...
Le Président: Question.
M. Brassard: ...cela constitue, par conséquent, une
intrusion. Est-ce que vous en avez discuté avec le gouvernement
fédéral? Avez-vous exigé un droit de regard sur les
projets subventionnés sur la base de ce programme?
Le Président: M. le ministre de la Justice et
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes. M.
le ministre.
M. Rémillard: Tout d'abord, M. le Président, je
voudrais dire au député de Lac-Saint-Jean que le projet de loi
C-144 n'est pas devant le Sénat, il est mort au feuilleton. Il y a des
élections au gouvernement fédéral, alors il est mort au
feuilleton, c'est terminé. Qu'est-ce que vous voulez? Il est mort au
champ d'honneur. Ensuite, on reviendra avec un autre gouvernement et ce sera
autre chose. Vous savez, les gouvernements, cela se suit et des fois, c'est
différent. Alors, on va attendre et voir ce qui va se passer avec un
autre gouvernement. Maintenant, en ce qui regarde ce projet de politique, je
voudrais informer le député de Lac-Saint-Jean que, de fait, ma
collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine, qui est responsable de ce dossier a écrit
à son homologue fédéral pour lui dire que nous serions
prêts à participer à ce projet mais dans la mesure
où tous ces projets puissent passer par le ministère, par
elle-même pour que, comme je le répète, M. le
Président, en terminant, s'il y a de l'argent du gouvernement
fédéral nous puissions en bénéficier, mais toujours
dans la mesure où on respecte la compétence exclusive du
Québec sur les garderies.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Le ministre qui, manifestement, ne connaît pas
ce dont je parie, pourrait-il convenir ou en tout cas s'informer pour apprendre
que ce n'est pas un projet fédéral. C'est un programme en vigueur
qui s'applique présentement avec des normes et des critères et
aucun droit de regard de la part du Québec sur cela?
Le Président: M. le ministre de la Justice et responsable
des Affaires intergouvernementales canadiennes. M. le ministre. À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean m'a posé une question. Je lui ai
répondu en ce sens. Face à cette politique, ma collègue a
justement répondu. Elle a communiqué avec son homologue
fédéral pour lui mentionner certains points. Je vais demander
simplement à ma collègue, responsable du dossier, de
compléter ma réponse.
Le Président: Très brièvement, Mme la
ministre déléguée à la Condition féminine.
Il s'agissait d'une additionnelle. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, c'est un dossier qui
me préoccupe énormément. Effectivement, j'ai
contacté mon homologue fédéral et je lui ai indiqué
qu'aucun dossier ne serait accepté sans qu'il ait été vu
par l'Office des services de garde et sans qu'il ait été
accepté par la ministre concernée. On a l'intention de conserver
notre privilège sur ces dossiers. Il n'est pas question de permettre
à certains secteurs de fonctionner alors que, pour nous, ce secteur ne
serait peut-être pas l'une de nos priorités. Je dois vous dire que
nos fonctionnaires respectifs continuent à travailler aussi sur
une façon quelconque d'accepter ces nombreux projets.
Le Président: Mme la députée de
Maison-neuve, en additionnelle.
Mme Harel: Oui, M. le Président. La ministre responsable
de l'Office des services de garde sait-elle que, malgré les lettres
qu'elle a écrites, la Caisse fédérale limite son
rôle à mettre uniquement et exclusivement au courant le
Québec en ne s'engageant nullement à tenir compte des
réactions ou des recommandations? Tous les projets actuellement à
l'étude ont eu cette information à savoir que le Québec
serait mis au courant mais que c'était à la Caisse
fédérale de le décider.
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, ce n'est pas
finalement ce que moi, j'en ai bien compris. Cette question de l'acceptation
des projets est venue en discussion à la toute fin, lorsque le
gouvernement fédéral a été dissous. Il a
été bien identifié qu'aucun des dossiers ne serait
accepté sans que l'Office des services de garde l'ait vu et sans que le
ministre l'ait accepté. Vous pouvez être certains que nous allons
jouer notre rôle dans ce dossier et que nous ne laisserons aucunement le
gouvernement fédéral décider pour le Québec. (15 h
50)
Le Président: Mme la députée de
Maison-neuve, en additionnelle.
Mme Harel: M. le Président, Mme la ministre pourrait-elle
faire voir à faire modifier les informations contenues dans la caisse
d'aide au projet en matière de garde d'enfants qui vient d'être
distribuée et qui contient une note indiquant que la
responsabilité d'assurer les services de garde relevant des
gouvernements provinciaux... Le projet s'engage à mettre au courant les
demandes de fonds et lorsqu'on communique avec la caisse
fédérale, on nous indique qu'il s'agit simplement d'une
transmission d'informations mais que la caisse se réserve
l'entière juridiction sur ces décisions.
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la brochure dont
fait mention la députée de Mai-sonneuve, c'est une brochure qui a
été publiée lors de la dernière rencontre des
ministres de la Condition féminine, rencontre qui a été
tenue ici en juin dernier à Québec. À ce moment-là,
tous les ministres ont réagi d'une façon très ferme face
à la position justement parce que nous avons constaté que dans
cette brochure, effectivement, l'information était erronée. C'est
justement la raison pour laquelle nous sommes intervenus, tous les ministres
concernés par les services de garde, pour faire modifier l'intervention
du ministre concerné parce que même le ministre concerné au
gouvernement fédéral n'était pas au courant de ce qui
était inscrit dans cette petite brochure.
Le Président: Je vais reconnaître, en additionnelle,
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, très rapidement pour
vous dire que la même information erronée m'a été
transmise hier par la caisse d'aide au projet. Est-ce que la ministre entend
faire rectifier cette information erronée qui est transmise
actuellement?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Tout ce que je peux dire, M. le
Président, c'est. Que la députée de Maisonneuve me
fournisse une preuve qu'l y a un projet actuellement qui a été
accepté au Québec.
Le Président: Je vais reconnaître cet
après-midi la cinquième question principale à un
député de la formation ministérielle, M. le
député de Saint-Louis.
Augmentation des plaintes à
la Commission de protection
de la langue française
M. Chagnon: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française. Dans un rapport que nous a fourni le ministre hier, nous y
apprenons que 15 992 plaintes ont été officiellement
portées à la Commission de protection de la langue
française dans l'année 1987-1988. M. le Président, 15 992
plaintes, cela représente à peu près 400 % de la moyenne
de 1986-1987. M. le Président, j'aimerais savoir de la part du
député de Rosemont et ministre responsable de l'application de la
Charte de la langue française comment il se fait qu'il y ait eu une
augmentation aussi importante pour l'année 1987-1988?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles et responsable de l'application de la Charte de la
langue française. M. le ministre.
M. Rivard: M. le Président, vous conviendrez avec moi que
la question posée par le député de Saint-Louis souligne
une fois de plus l'intérêt que nous avons de ce
côté-ci de la Chambre à la situation linguistique du
Québec et elle souligne aussi qu'on ne peut pas laisser passer des
articles ou des affirmations comme celles qu'on a pu lire dans les journaux ce
matin
sans vouloir rectifier les faits. Il y a eu, M. le Président,
effectivement une augmentation de 400 % des plaintes reçues à la
Commission de protection de la langue française l'an passé, mais
il s'agit d'une augmentation qui est, en majeure partie, artificielle. En
effet, dans le rapport qui a été produit par la Commission de
protection de la langue française, hier, la présidente fait
état d'une opération concertée d'acheminement de plaintes.
La commission, durant l'été 1987, a reçu en vrac dans des
caisses un total de 10 000 plaintes qui ont été faites par
seulement 200 requérants et avec quelques champions, je dois l'avouer.
Dans un cas, par exemple, un même établissement a fait l'objet de
60 plaintes signées par des citoyens québécois,
différentes certes, mais des plaintes photocopiées.
Une voix: Une pétition.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivard: Dans un autre cas, un même requérant a
acheminé à la Commission de protection de la langue
française un nombre phénoménal de plaintes à
l'égard d'établissements différents. Ces 10 000 plaintes,
M. le Président, se résument à l'ouverture de 1215
dossiers différents que la commission s'est attachée par la suite
à traiter d'une façon normale et avec succès.
Le Président: Mme la députée de Johnson, en
principale. Excusez-moi, Mme la députée. M. le
député de Saint-Louis, en additionnelle.
M. Chagnon: M. le Président, la réponse du ministre
responsable de l'application de la Charte de la langue française nous
laisse un peu perplexe. Est-ce qu'il ne serait pas possible de la part du
ministre de demander à la Commission de protection de la langue
française de modifier la méthodologie de présentation de
son rapport de façon que nous puissions comprendre mieux, que ce soit
plus clair et que ce soit moins... On entend mal, M. le Président.
Le Président: Allez! Votre question. À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Votre question, brièvement.
M. Chagnon: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait faire en sorte de demander à la Commission de protection de la
langue française qu'à l'avenir, ses rapports soient moins
équivoques, donc plus transparents?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles et responsable de l'application de la Charte de la
langue française. M. le ministre.
M. Rivard: Je ne crois pas que le rapport déposé
hier prête à équivoque, mais il est certain que de tels
chiffres pourraient être présentés de manière qu'ils
soient Interprétés de la meilleure façon possible.
Une voix: En additionnelle.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: Est-ce que le ministre responsable de la loi 101
pourrait peut-être cesser de créer une pression artificielle sur
les citoyens qui ont jugé bon de dénoncer les situations
d'illégalité à la loi 101? Sans la connivence du
député de Saint-Louis, est-ce que le ministre responsable de la
loi 101 ne pourrait pas bien simplement admettre dans cette Chambre le
chiffre...
Des voix: Question!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Il
l'a posée.
Des voix:...
Le Président: La question est posée. Continuez, M.
le député de Taillon, vous avez la parole.
M. Filion: Est-ce que... Des voix: Elle est posée.
Le Président: Allez, allez!
M. Filion: M. le Président, quand on cherche à
parler de langue, on nous coupe la parole en cette Chambre.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Taillon, je
veux bien que vous posiez votre question. Vous étiez en additionnelle.
Brièvement, s'il vous plaît, en additionnelle. Ce n'est pas une
question principale que je vous ai accordée.
Des voix:...
M. Filion: M. le Président, cela les fatigue qu'on parle
de la langue.
Le Président: Allez, allez! Votre question.
M. Filion: Est-ce que le ministre responsable de la loi 101 ne
pourrait pas reconnaître le chiffre indiscutable suivant? Dans les deux
années de gouvernement du Parti libéral, le nombre de dossiers
ouverts - ce ne sont pas des répétitions d'infractions - par la
Commission de protection de la langue française a augmenté de 120
% par rapport aux trois dernières années du
Parti québécois.
Le Président: M. le ministre...
M. Filion: Ce sont des réalités, M. le
ministre.
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française. M. le ministre.
M. Rivard: Cène augmentation est tout à fait
normale. C'est une augmentation qui témoigne de la vigilance normale des
citoyens québécois. Le mécanisme existe dans la loi. Il
n'est pas question... Nous ne créons pas de pressions sur les citoyens
pour qu'ils ne portent pas plainte. Mais est-ce que le député de
Taillon se souvient de cette époque de 1983 où d'autres que les
membres de ce gouvernement étaient chargés de la province? Est-ce
que le député de Taillon se souvient d'une remarque qui avait
été faite par mon prédécesseur à la
défense des crédits de 1987 et au cours de laquelle elle avait
rappelé ces 1800 dossiers datant de 1979, 1980 et 1981 qui avaient
été, comme ça, découverts par hasard à la
Commission de protection de la langue française quand nous avons pris le
pouvoir? Est-ce que le député de Taillon s'en souvient?
Le Président: M. le député de Taillon, je
vais...
Une voix: On est moins bavard!
Le Président: M. le député de Taillon. Je
vais reconnaître une dernière question additionnelle cet
après-midi à M. le député de Taillon et j'aimerais
bien l'entendre. M. le député de Taillon. (16 heures)
M. Filion: Remarquez que le ministre a pris l'habitude de nous
adresser des questions...
Le Président: En additionnelle!
M. Filion: Je veux bien mais malheureusement... Est-ce que le
ministre qui m'adresse des questions auxquelles je voudrais bien
répondre sait que, malheureusement, la responsabilité de la loi
101 n'est pas de ce côté-ci de la Chambre mais de l'autre
côté depuis trois ans? C'est ça le problème.
Le Président: Monsieur...
Des voix: Bravo!
M. Filion: Ma question...
Le Président: M. le député de Taillon. Non,
non, c'est à vous que je m'adresse. Je vous avais reconnu en
additionnelle. Je vais vous recon- naître en additionnelle, mais
respectez le règlement. En additionnelle sans remarque!
M. Filion: Est-ce que le ministre responsable de la loi 101
pourrait nous expliquer pourquoi le dernier rapport de la Commission de
protection de la langue française contient à peu près cinq
fois moins de tableaux, cinq fois moins de données et cinq fois moins
d'informations que tous les autres rapports déposés par la
Commission de protection de la langue française depuis le début
de l'existence de la Commission de protection de la langue
française?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles et responsable de l'application de la Charte de la
langue française. Brièvement, M. le ministre.
M. Rivard: M. le Président, je suis prêt à
fournir à l'ensemble de cette Chambre, à la suite des demandes du
député de Taillon ou d'autres députés, toutes les
informations sur la commission de protection qu'on voudra bien me faire
parvenir.
Le Président: Fin de la période
régulière de questions et de réponses orales. Nous allons
maintenant procéder au vote reporté tel qu'annoncé cet
après-midi avant la période de questions.
MM. les députés, est-ce que vous êtes prêts
à procéder au vote? M. le whip du gouvernement? M. le whip de
l'Opposition? Cela va, M. le whip du gouvernement? M. le whip de
l'Opposition?
Mise aux voix de la motion
proposant l'adoption du principe
du projet de loi 107
Alors si vous me permettez, Mmes et MM. les députés, je
vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le ministre de
l'Éducation proposant que le principe du projet de loi portant le
numéro 107, Loi sur l'instruction publique, soit maintenant
adopté.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton (Gati-neau), Saintonge
(Laprairie), Marx (D'Ar-cy McGee), Pagé (Portneuf), Levesque
(Bonaven-ture), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argen-teuil), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Bour-beau (Laporte), Rivard (Rosemont), Séguin
(Montmorency), Côté (Rivière-du-Loup), Dutil (Beauce-Sud),
Mmes Gagnon-Tremblay (Saint-François), Robic (Bourassa), MM. MacDonald
(Robert-Baldwin), Rémillard (Jean-Talon), Savoie (Abitibi-Est),
Vallerand (Crémazie), Lincoln (Nelligan), French (Westmount),
Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), GobeH (Verdun), Picotte
(Maskinon-
gé), Fortier (Outremont), Paradis (Brome-Missisquoi), Mme
Bégin (Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford), Dauphin
(Marquette), Maltais (Saguenay), Philibert (Trois-Rivières), Blackburn
(Roberval), Lefebvre (Frontenac), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), M. Doyon
(Louis-Hébert), Mme Trépanier (Dorion), MM. Maciocia (Viger),
Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Cannon (La Peltrie), Chagnon
(Saint-Louis), Lemire (Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Polak
(Sainte-Anne), Trudel (Bour-get), Gervais (L'Assomption), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bélanger (Laval-des-Rapides),
Bélisle (Mille-Îles), Thérien (Rousseau), Tremblay
(Iberville), Théorêt (Vimont), Hamel (Sherbrooke), Mmes
Bélanger (Mégantic-Compton), Bleau (Groulx), MM. Bradet
(Charlevoix), Brouillette (Champlain), Camden (Lotbinière), Forget
(Prévost), Gardner (Arthabaska), Gobé (Lafontaine), Larouche
(Anjou), Laporte (Sainte-Marie), Dubois (Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance),
Hains (Saint-Henri), Audet (Beauce-Nord), Leclerc (Taschereau), Hétu
(Labelle), Joly (Fabre), Khelfa (Richelieu), Marcil (Beauharnois), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Mme Legault (Deux-Montagnes), MM.
Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Saint-Roch (Drummond), Mme Hovington (Matane).
Le Président: Que les députés qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Chevrette (Joliette), Gendron
(Abitibi-Ouest), Perron (Duples-sis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Garon
(Lévis), Mme Juneau (Johnson), MM. Jolivet (Laviolette), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Boulerice (Saint-Jacques), Claveau
(Ungava), Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Rochefort (Gouin).
Le Secrétaire: Pour: 84
Contre: 15
Abstentions: 0
Le Président: La motion présentée par le
ministre de l'Éducation est donc adoptée. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi du projet de loi à la commission de
l'éducation
M. Gratton: Oui, M. le Président, je voudrais faire motion
pour que ce projet de loi 107 dont nous venons d'adopter le principe soit
déféré à la commission parlementaire de
l'éducation pour étude détaillée.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, est-ce que
cette motion de renvoi est acceptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. Nous allons continuer les
affaires courantes, si j'ai la collaboration de tous.
Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Oui. M. le Président, j'avise
l'Assemblée que demain, le 3 novembre 1988, de 9 h 30 à 12 h 30,
à la salle du Conseil législatif, la sous-commission des
institutions poursuivra sa consultation générale sur
l'avant-projet de loi intitulé Loi portant réforme au Code civil
du Québec du droit des obligations.
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux
personnes qui doivent sortir de bien le faire afin de permettre à cette
Chambre de continuer ses travaux.
Pour faire suite à l'avis que vient d'annoncer M. le leader du
gouvernement, est-ce qu'il y a consentement pour que ladite commission
siège à 9 h 30?
Des voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Si vous me permettez, pour faire suite
à l'avis de M. le leader du gouvernement, est-ce qu'il y a consentement
pour que la sous-commission des institutions siège à partir de 9
h 30?
M. Gendron: Consentement. (16 h 10)
La Vice-Présidente: Consentement. À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais aux personnes qui désirent sortir de
bien vouloir le faire afin qu'on puisse poursuivre nos travaux.
Si vous me permettez, je vous avise que la commission du budget et de
l'administration se réunira demain matin, de 10 heures à 12 h 30,
à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, afin de vérifier les
engagements financiers du ministère des Approvisionnements et
Services.
Ceci met fin aux avis touchant les travaux des commissions. Nous allons
donc passer à l'étape des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. M. le leader de l'Opposition.
Donc, pas de renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Reprise du débat sur la motion
proposant
que l'Assemblée exige la mise sur pied
d'une commission d'enquête sur le
sinistre survenu à Saint-Basile et
sur la gestion des déchets dangereux
Nous allons donc passer aux affaires du jour. Aux affaires du jour, nous
avons au feuilleton la reprise du débat qui avait été
ajourné le 26 octobre dernier par le leader du
gouvernement sur une motion présentée par le
député de Verchères et qui se lisait comme suit... S'il
vous plaît! À l'ordre!
La motion se lisait comme suit: "Que cette Assemblée exige que le
gouvernement du Québec mette sur pied une commission d'enquête
dont le mandat serait premièrement d'examiner les circonstances ayant
permis qu'une catastrophe comme celle de Saint-Basile-le-Grand ait pu survenir,
deuxièmement d'examiner toute la problématique de la gestion des
déchets dangereux au Québec et finalement de proposer les
solutions qui permettraient au gouvernement de tenir ses promesses à
l'égard du virage écologique. "
Là-dessus, je suis prête à reconnaître le
premier intervenant. M. le député de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. Pour
débuter, j'aimerais bien, moi aussi, relire la motion. Cette motion nous
dit: "Que cette Assemblée exige que le gouvernement du Québec
mette sur pied une commission d'enquête dont le mandat serait,
premièrement d'examiner les circonstances ayant permis qu'une
catastrophe comme celle de Saint-Basile-le-Grand ait pu survenir,
deuxièmement d'examiner toute la problématique de la gestion des
déchets dangereux au Québec et finalement de proposer les
solutions qui permettraient au gouvernement de tenir ses promesses à
l'égard du virage écologique. "
En réponse au premier élément de cette motion, soit
la demande d'un mandat d'enquête, Mme la Présidente, il n'y a pas
seulement une enquête qui se fait présentement, il y en a trois.
Une première enquête celle du commissaire aux incendies a
été décrétée par le gouvernement du
Québec, par le Solliciteur général qui mandatait quelques
jours après le commissaire aux incendies pour faire une
enquête.
Ensuite, il y a eu une enquête de la Sûreté du
Québec sur la responsabilité criminelle parce qu'on
allègue qu'il y a eu responsabilité criminelle dans l'incendie.
Troisièmement, le sous-ministre de l'Environnement lui-même a
demandé au Solliciteur général de faire enquête sur
tous les faits et gestes depuis le premier permis donné à
l'entreprise jusqu'à ce jour. Le deuxième élément,
lui, va être comblé par le mandat qui a été
donné au BAPE par le ministre de l'Environnement, soit celui d'une
enquête sur les problèmes et les solutions de l'élimination
des déchets dangereux. Le BAPE devrait faire des recommandations au
ministre sur trois points. D'abord, là où les technologies
d'élimination des différentes catégories de déchets
dangereux seraient immédiatement réalisables et les plus
acceptables sur le plan social, environnemental et économique.
Deuxièmement, les rôles respectifs et, s'il y a lieu, les
responsabilités entre le secteur public et le secteur privé dans
l'élimination des déchets dangereux. Troisièmement, le
processus de sélection et les critères de localisation que
devrait respecter tout projet particulier d'élimination des
déchets dangereux incluant les centres d'entreposage.
Pour y arriver, Mme la Présidente, il y aura consultation
publique dans les principales agglomérations où sont produits des
déchets dangereux. On devra aussi informer le public sur les endroits
où se trouvent les déchets toxiques au Québec, sur la
nature de ces produits dangereux, sur les risques environnementaux, sur les
solutions visant à les éliminer, et sur les expériences
conduites dans d'autres provinces et d'autres pays en cette matière.
Donc, Mme la Présidente, on répond jusqu'ici aux deux
premiers éléments de la motion. Le troisième
élément, c'est le virage écologique. J'aimerais y revenir
un peu plus tard. Jusqu'à présent, on a eu l'occasion d'entendre
deux de nos collègues de l'Opposition parler sur la motion. Que nous
ont-ils dit? Le député de Bertrand a tenté de nous faire
accroire que lorsqu'on est arrivé au gouvernement, le 2 décembre
1985, le gouvernement qui nous avait précédé, le
gouvernement qui a permis l'entreposage des BPC à Saint-Basile-le-Grand,
nous avait laissé un projet de loi. Il nous disait: II nous a
laissé les outils nécessaires pour une fois, les outils pour nous
assurer d'être capables d'éliminer le problème des
déchets dangereux. Il nous a laissé, peut-être pas des
outils mais un coffre d'outils. Quelle surprise avons-nous eue lorsqu'on a
ouvert le coffre? On s'est aperçu qu'il y avait des outils, mais des
outils pour d'autres sites d'entreposage qui viendraient dans l'avenir, mais ne
s'appliquant pas, malheureusement, aux sites existants.
Sur cela, je vais lire le rapport du ministère de l'Environnement
1986-1987, je cite: 'Le règlement sur les déchets dangereux, dont
les principales composantes sont en vigueur depuis octobre 1985, s'applique
à tous les types de déchets dangereux et vise le contrôle
de leur circulation et la sécurité de leur entreposage. Plus
particulièrement, il permet au ministère de connaître les
propriétaires de ces résidus et de suivre le circuit des
déchets, de leur production à l'usine jusqu'à leur
élimination. Le règlement vise également à
resserrer les normes et les délais d'entreposage, à rendre les
producteurs responsables de la gestion de leurs déchets et ce,
jusqu'à la reprise en charge par un éliminateur, un recycleur ou
un entreposeur autorisé. " "Au cours des premiers mois qui ont suivi son
entrée en vigueur, le règlement a posé certaines
difficultés d'application. Puisqu'il s'agissait du premier
règlement du genre au Québec, on avait prévu une phase
d'ajustement. La Direction des substances dangereuses a donc entrepris la
démarche requise pour apporter les modifications qui seront
nécessaires. "
C'est pour cela, Mme la Présidente, que je disais oui, on nous a
donné un coffre d'outils
avec des outils dedans. Malheureusement, on avait oublié que
l'outillage nécessaire pour les sites d'entreposage qu'on avait au
moment même de l'adoption de cette réglementation ne s'appliquait
pas. Donc, on a hérité du site de Saint-Basile tel qu'il
était.
Malheureusement, on s'aperçoit que la réglementation ne
s'appliquait pas. Quels gestes ont été posés par le
gouvernement en place? On a tenté de s'assurer, d'ici à ce qu'on
trouve un moyen d'éliminer les BPC de façon sécuritaire,
d'avoir au moins un entrepôt sécuritaire. On a questionné
à maintes reprises le ministre de l'Environnement à savoir
pourquoi on procédait à la construction d'un entrepôt
à Senneterre. Le ministre a répondu maintes et maintes fois: Le
site de l'entreposage ne nécessite pas une étude d'impact. Cela
va être construit et lorsque viendra le besoin de l'usine
d'élimination, il y aura l'étude d'impact. On est rendu à
ce stade, Mme la Présidente. (16 h 20)
On a réussi au moins à améliorer les conditions
d'entreposage au Québec, mais il y a un problème au sein de la
population du Québec. Tout le monde est d'accord qu'il faut se
débarrasser des BPC et d'autres déchets dangereux, d'autres
déchets toxiques. Tout le monde voudrait qu'on puisse les
éliminer. Tout le monde voudrait qu'on puisse, entre temps, les
entreposer dans des lieux sécuritaires. Mais, malheureusement, on dit
tous: Pas chez nous; on ne veut pas les entreposer chez nous; on ne veut pas
les éliminer chez nous. C'est pour cela, comme nous le disait M. le
ministre de l'Environnement, que le mandat donné au BAPE va permettre
à la population du Québec d'avoir un grand débat sur la
présence des déchets toxiques et sur la façon de
procéder pour nous assurer que nous allons les éliminer. On ne
peut certainement pas seulement construire des entrepôts et on ne peut
certainement pas dépendre de quelqu'un de l'extérieur pour vous
débarrasser des déchets dangereux pour nous. Donc, le BAPE pourra
certainement nous apporter une réponse. Il pourra aussi sensibiliser la
population à l'existence de ces déchets et,
éventuellement, à la nécessité de s'en
débarrasser.
Le virage écologique ne se mesure pas nécessairement par
les dollars dépensés, le nombre d'inspecteurs que nous avons pour
faire les vérifications, mais cela se mesure aussi par les attitudes,
les gestes et les actions posés. Dans ce domaine, Mme la
Présidente, ce n'est peut-être pas tellement apparent, mais on
peut donner comme exemple les amendements qu'il y a eu aux règles de la
SDI et qui permettent maintenant l'assistance à des projets de gestion
de déchets, quelque chose qui n'était pas possible avant. Un
autre exemple concret, l'OPDQ qui participe - je veux donner l'exemple des
Îles-de-la-Madeleine - à l'élimination des déchets
dans une usine d'incinération pour un montant de 5 000 000 $. Un autre
exemple auquel tout le monde n'est peut-être pas sensibilisé.
Depuis novembre 1987 - je vais vous lire un communiqué de presse
- 30 % des enveloppes utilisées par le gouvernement du Québec
seront fabriquées à partir du papier recyclé. "À
compter du 1er décembre et pour toute la prochaine année, 5 700
000 enveloppes utilisées par le gouvernement du Québec sont
fabriquées à partir du papier contenant 60 % de fibres
récupérées et recyclées. Cela représente 30
% de toutes les enveloppes utilisées par le gouvernement et un
coût d'achat de 194 000 $ sur un budget total de 611 000 $. Non seulement
ce papier contribue-t-il à la conservation de nos forêts, mais il
est par surcroît moins dispendieux, son utilisation permettant des
économies de près de 10 %. Cette décision a
été prise par le ministère des Approvisionnements et
Services à la suite des représentations faites depuis quelques
mois par le ministère de l'Environnement. Cette première
expérience va permettre au ministère de s'engager
véritablement dans une politique qui favorise l'utilisation du papier
recyclé et recyclable et contribuer à la conservation des
ressources environnementales." Oui, Mme la Présidente, il y a plusieurs
gestes qui ont été posés par ce gouvernement qui
démontrent que le virage écologique est déjà bien
en marche.
Il y a aussi, Mme la Présidente, HydroQuébec qui verse 1 %
du coût de ses projets de lignes de transmission ou de travaux aux
municipalités pour des projets environnementaux. Encore plus
récemment, la SAQ s'est engagée à contribuer 500 000 $ par
année à un fonds, le fonds mixte, pour la
récupération et la réduction des déchets. Ce fonds
est absolument nécessaire pour réussir à mettre en place
cette nouvelle politique de la gestion intégrée des
déchets dont le ministre a fait état, la semaine dernière,
lorsqu'il a pris la parole sur cette motion en disant qu'on est en train de
convaincre l'industrie de nous donner 100 000 000 $ sur une période de
sept ans pour assurer que, dorénavant, on va faire de la
récupération, on va réduire la production de
déchets, et ceci pour encore démontrer notre virage
écologique.
Mme la Présidente, en terminant, je dois dire que le gouvernement
présent, à la suite de l'accident écologique de
Saint-Basile, doit trouver une solution à un problème dont nous
avons hérité, dont nous sommes tous responsables, en tant que
société, et ce n'est pas facile. Je crois que c'est dans un tel
cas que l'Opposition, au lieu de chercher des sorcières et des
méchants, devrait plutôt apporter son appui. C'est un
problème de société que nous avons. C'est un
problème auquel on cherche une solution qui va nous assurer que ces
déchets dangereux, que ce soit des BPC ou d'autres, lorsqu'on doit les
entreposer seront entreposés dans des endroits sécuritaires. Mais
le plus important, c'est de trouver un moyen de les éliminer de
façon sécuritaire et, pour cela, il faut convaincre la
population.
À ce jour, il y a deux façons d'éliminer des
déchets. Pour les déchets toxiques non organiques, nous avons
Stablex qui fait bien les choses, et Tricil qui fait l'élimination
sécuritaire des déchets organiques, mais non chlorés.
Maintenant, pour s'assurer de se débarrasser de ces déchets, il
faut trouver un moyen sécuritaire - et il y en a, la technologie est
présente - de sensibiliser et de rassurer la population. S'il y a une
chose qu'on peut retirer de l'incident de Saint-Basile, c'est qu'il y a un
potentiel de dangers dans notre environnement et qu'il faut trouver un moyen
sécuritaire d'éliminer ces dangers. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Pontiac. J'aimerais informer cette Chambre qu'à la suite d'une rencontre
qui a eu lieu entre les leaders des deux côtés de cette Chambre,
le partage du temps sera le suivant. Il y aura quinze minutes pour la
réplique et le reste du temps se partagera également entre les
deux formations et cela, sans limite de temps par intervention. M. le leader du
gouvernement, je crois qu'il y a consentement pour que la réplique soit
faite par le député de Bertrand au lieu du député
de Verchères. Il y a consentement? Là-dessus, je suis prête
à reconnaître le prochain intervenant. M. le député
de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. C'est avec beaucoup
de plaisir que j'interviens sur cette motion demandant que le gouvernement
mette sur pied une commission d'enquête dont le mandat serait
premièrement d'examiner les circonstances qui ont entouré
l'accident écologique de Saint-Basile-le-Grand. C'est beau d'entendre le
député ministériel qui m'a précédé
demander la collaboration de l'Opposition pour qu'on essaie de convaincre le
public d'embarquer dans cette question environnementale, demander de mettre la
pédale douce et de trouver de la compréhension. Malheureusement,
il est difficile pour l'Opposition de concourir à la demande du
député de Pontiac et c'est facile à comprendre.
J'écoute régulièrement et religieusement le
ministre de l'Environnement parler des réalisations du gouvernement
précédent et c'est toujours dans (e but de le diminuer, de le
ratatiner et de le faire oublier, comme si la terre avait commencé
à tourner le 2 décembre 1985. De la folie furieuse! On n'a pas
souvent le temps de reprendre ce cher ministre de l'Environnement. Je suis
obligé de remettre les choses au point quand je regarde tout ce qui
s'est fait entre 1976 et 1985. Jamais, je l'affirme, le ministre de
l'Environnement ne fera ce que le gouvernement du Parti québécois
a fait pour l'environnement à partir d'à peu près rien. Il
faudrait que le ministre de l'Environnement accepte avec nous et comme tout le
monde que, même après qu'il aura pensé avoir tout fait, il
restera des choses à faire. Ce n'est pas comme cela qu'il aura la
collaboration du parti de l'Opposition. (16 h 30)
Au fond, il fait seulement de la démagogie, puisque, quand il est
mal pris et qu'il n'a plus de réponse, il passe à l'attaque en
disant: Vous n'avez rien fait vous autres! Et là il pleure. Il faudrait
que le ministre de l'Environnement arrête de pleurer et qu'il fasse sa
job. Même s'il a une bonne crédibilité, je peux vous
rappeler ce qu'il a fait là-dedans. Pourquoi je parte de l'environnement
et pourquoi je viens parier de Saint-Basile-le-Grand? C'est parce qu'il n'y a
pas seulement qu'à Saint-Basile-le-Grand qu'l y a des
éléments qui pourraient causer des accidents écologiques
de même nature.
Pour celui qui vous parie, dans le comté de Jonquière, il
y a une usine qui s'appelle l'Aluminerie de Jonquière et qui est, encore
aujourd'hui, le plus grand complexe industriel au monde. Donc, des produits
dangereux, on connaît ça! Et je peux vous dire que même les
BPC, j'ai eu l'occasion, au cours de mon travail de laboratoire, de travailler
avec ces éléments-là. Il y a 50 tonnes de BPC à
l'intérieur de l'usine et même si la compagnie a des permis pour
exploiter son entrepôt, il reste un fait, et là, je cite le
ministre qui nous a dit quelque part, dans une réponse à une
question: II pourrait toujours arriver quelque chose qui n'est pas
prévisible, un accident est un accident, "act of God", même si
l'entrepôt est bien surveillé.
Donc, le ministre a donné ordre à Alcan de ne pas
transporter ses BPC en Angleterre, même si tout était
réglé. Pas de transport! Donc, on n'a pas transporté et,
depuis ce temps, les 50 tonnes de BPC - c'est plus gros que
Saint-Basile-le-Grand - sont à l'intérieur de l'usine dans la
ville de Jonquière. Cela chevauche à peu près
Jonquière et Chicoutimi. Ce n'est pas grave. Il y a à peu
près 125 000 personnes. Il n'y a rien là. Et on garde les BPC
dans le milieu, ce qui pourrait occasionner de très grands
problèmes. En tout cas, je ne souhaite absolument rien. J'espère
qu'il ne se produira absolument rien. Mais, comme c'est imprévisible, il
pourrait arriver quelque chose. Et, à ce moment-là, par son
action de refuser que l'Alcan transporte ses BPC en Angleterre pour les
détruire, R prend la population de Jonquière et de Chicoutimi en
otage, puisqu'on garde ces éléments-là à
l'intérieur.
Quand on demande une enquête pour étudier l'accident
écotoqique de SaInt-Basile, on parle des BPC, mais il y a autre chose.
Parce que vous savez bien qu'une enquête va déboucher sur d'autres
éléments. Je me souviens, lorsque j'étais maire de
Jonquière et avant d'Arvida, nous avions à ce moment-là
étudié les causes probables et possibles, en fonction de la
protection civile, de ce qui pourrait arriver dans le mlieu, quels
étaient les événements les plus plausibles, susceptibles
d'arriver dans notre milieu. Et on était arrivés justement
à toute la question des
gaz toxiques et tous les entreprosages qui se faisaient à
Jonquière. Il y a beaucoup de wagons de chlore aussi qui sont à
l'intérieur de l'usine. Il y a de l'acide sulfurique. Il y a du gaz
propane. Il y a beaucoup d'éléments, de sels, qui pourraient
causer des réactions chimiques assez importantes parce que ce sont des
grands laboratoires qui existent dans ce milieu. Tous ces
éléments-là font qu'à l'intérieur d'une
enquête pour Saint-Basile-le-Grand, on pourrait arriver à d'autres
conclusions. Et ça pourrait permettre d'améliorer les conditions
de vie et de sensibiliser le milieu à ces dangers qui nous guettent.
On est malheureusement restés indifférents, de plusieurs
façons, à ce qui se passe dans les milieux industriels. Il ne
faut pas se le cacher, toutes les industries ont un certain nombre de
problèmes. Une industrie primaire ou secondaire a des
éléments de danger à l'intérieur parce qu'on y
manipule justement des composés qui font qu'on peut transformer,
améliorer ou fabriquer des choses. Et ce sont toujours des
éléments de danger. On peut donc se demander pourquoi le
gouvernement ne veut pas aller au fond des choses.
Je veux vous rappeler un autre fait que j'ai vécu, soit les
glissements de terrain à Saint-Jean-Vianney. À ce
moment-là, ces événements qui se sont produits ont permis,
dans le temps, d'établir toute une stratégie sur les terres
inondables et sur les glissements de terrain. C'est arrivé en 1972
à Saint-Jean-Vianney et cela a justement permis d'adopter des politiques
qui servent pour l'ensemble du Québec. Et je suis convaincu que
ça dépasse le Québec et que c'est même dans
l'ensemble du Canada. Donc, un événement est arrivé et a
permis d'adopter des correctifs dans le temps. Pourquoi l'enquête sur
l'entrepôt de BPC à Saint-Basile n'apporterait-elle pas les
mêmes éléments de solution?
Il y a malheureusement, lors de ces événements, un certain
nombre de questions, beaucoup de questions auxquelles on n'a pas
répondu. On parle de protection du public. On parle d'un virage
écologique. On parle de responsabilisation gouvernementale, de
responsabilisation du public. Il faut absolument qu'on y attache une
importance, pas seulement avec des paroles disant: J'ai tout fait, en me
confessant et en se confessant en public, en battant sa coulpe et disant: Moi,
vous savez, ce qui s'est passé, je m'accuse, je trouve que c'est bien
malheureux; ça n'arrivera plus. Il faut savoir ce qui se passe. Je ne
pense pas que ce soit la bonne méthode et ce n'est pas de cette
façon qu'on va effacer. Je veux bien accepter qu'il y ait un certain
pardon pour des gens qui font des erreurs mais, de temps en temps, il faut
qu'il y ait des suites à ça. Si c'est juste faire son mea culpa
en disant: J'ai fait quelque chose qui n'était pas correct; j'ai une
grande langue... Ce sont des choses que je ne répéterai
même pas.
S'il y a des choses comme ça qui ont été faites, il
y a une bonne façon de savoir la vérité. Pourquoi le
ministre se cache-t-il en arrière en disant: Je ne peux faire
d'enquête? Ce serait tellement facile par un organisme indépendant
qui va aller au coeur de la question. Il s'est passé des choses depuis
ce temps-là. Il y a des gens qui ont été
déplacés. Il y a des gens qui ont subi des chocs. Il y a des
coûts. Il y a des coûts sociaux. Il y a des coûts
économiques. Il y a un danger. Cela peut arriver ailleurs. C'est quoi
cette crainte d'aller au fond des choses? Ce qu'on demande, ce n'est pas
nécessairement... Ce qui s'est passé, on ne le corrigera pas. On
ne changera pas la nature de l'accident mais on pourrait, à la suite
d'une enquête sérieuse, empêcher que d'autres accidents
arrivent.
Quand je vous dis qu'il y a 50 tonnes de BPC dans la ville de
Jonquière, je pense que ce sont des éléments auxquels le
ministre devrait réfléchir. S'il refuse ça, je pense qu'il
refuse une bonne occasion de prouver qu'il ne fait pas juste parler mais que,
de temps en temps, il agit. Je vais vous donner des exemples où j'ai
été franchement déçu. Le virage écologique,
ce n'est pas juste pour l'environnement. Il faut en même temps que
ça tienne compte de ce qui se passe dans nos milieux. Je voudrais bien
parler sûrement de ce qui s'est passé à
Saint-Basile-le-Grand. Je pense, à part cela, que des inspections n'ont
pas été faites. Pourquoi des inspections n'ont pas
été faites? Est-ce qu'il manque de monde? En tout cas, je pense
que l'attitude gouvernementale actuellement, et je déduis rapidement,
c'est que le ministre n'a pas l'appui, en fin de compte, de son parti. Il n'a
pas l'appui gouvernemental. On s'est découvert tout d'un coup une
vocation écologique en milieu de mandat pour faire oublier tout ce qu'on
n'avait pas fait auparavant. On vient de découvrir cette vocation. Mais
il n'y a pas de volonté sérieuse de la part du gouvernement
d'aller au fond des choses.
Si le ministre avait l'appui de son parti, pourquoi ne donnerait-on pas
la chance à cette enquête de découvrir des choses qui
auraient dû se faire et qui ne se sont pas faites, mais aussi comment
pourrait-on empêcher qu'un événement semblable arrive?
Saint-Basile-le-Grand, c'est un accident grave, mais je vous souligne qu'il y a
d'autres endroits où ça pourrait se produire. Ce n'est pas pour
rien qu'on fait des enquêtes un peu partout. Dans les écoles, il y
en a des BPC. Il y a déjà des enquêtes qui se font. Il y en
a dans les hôpitaux. Il y en a à l'intérieur des centres
commerciaux. Je pense bien que ce sont des éléments importants.
On ne se fait pas de peurs. On ne se conte pas d'histoires. Ce sont des
éléments ou des accidents qui pourraient arriver dans tout le
Québec, et on refuse - je demande au nom de quoi et au nom de qui
-d'aller au fond des choses.
Ce qu'on dit, dans le fond, c'est que le gouvernement, s'il avait
été entièrement responsable, serait lui-même
allé au fond des choses. Il
n'aurait pas attendu que l'Opposition le demande. Au lieu de
s'énerver, de s'exciter et de parler pour dire n'importe quoi, il aurait
dû aller au fond des choses dans l'immédiat, pas juste s'asseoir
avec les gens et essayer de les apaiser et dire: II y a rien là, et
essayer de couper les montants d'argent un peu partout. Il aurait dû
aller au fond des choses. Il ne veut pas. L'Opposition lui donne une chance en
or de se racheter. On lui demande pourquoi il n'accepte pas. Le
député de Pontiac demandait tout à l'heure la
collaboration de l'Opposition. L'Opposition vous demande de faire votre job,
d'aller au fond des choses et d'aller au devant, avec l'Opposition. On va vous
appuyer de ce côté-là; on va aller au bout du
système pour voir ce qui se passe. (16 h 40)
Des accidents comme celui de Saint-Basile-le-Grand, il n'y en aura
peut-être plus. Pourquoi? Parce que là, le ministre n'aura pas le
droit de dire qu'il a fait quelque chose. Vous pourrez peut-être
continuer de dire au monde: Vous savez, on a fait un virage écologique,
on est devenus des petits bonshommes verts. Des petits bonshommes verts, c'est
ce que vous êtes, des petits. Je ne parle pas des grands, mais des petits
parce que vous n'allez pas au fond des choses, vous avez peur qu'on vous dise
que vous n'avez pas fait votre travail. C'est ça que l'enquête va
démontrer.
Il y a un paquet d'éléments sur lesquels on n'a pas de
réponse. On parle de l'élimination des BPC. Comment va-t-on faire
l'élimination des BPC? Par l'enquête, on pourrait peut-être
trouver des éléments intéressants et importants qui
permettent de s'assurer qu'il n'y aura plus jamais de Saint-Basile-le-Grand. Le
ministre refuse la collaboration, la perche que lui tend l'Opposition. Pourquoi
la refuse-t-il? Parce qu'il n'a pas l'appui de son parti. Vous savez bien, Mme
la Présidente, que, si le ministre de l'Environnement avait l'appui de
son parti, il sauterait là-dessus à deux pieds. Il ne se fierait
pas sur l'Opposition pour faire son travail. Le ministre accuse à tout
bout de champ le gouvernement précédent de n'avoir rien fait.
J'aurais le goût, et j'en aurais probablement pour plus que le temps de
mon discours, de vous rappeler tous les éléments que le
gouvernement précédent a mis en place à propos de la
question environnementale.
Cela a commencé par le Service de protection de l'environnement.
Il y a eu la mise en place d'un ministère de l'Environnement. Regardons
toutes les mesures qui ont été prises. Cela prend du culot de la
part d'un ministre au pouvoir pour venir dire et affirmer
régulièrement devant l'Assemblée nationale et devant
l'ensemble du Québec que le précédent gouvernement n'a
rien fait. Je le répète, jamais, dans toute sa vie, il ne fera 50
% de ce que le précédent gouvernement a fait. Parlons de la
charte des Grands Lacs. Le ministre va se pavaner en disant: On fait des
ententes. Il n'a rien inventé, le précédent gouvernement
en a signé des ententes avec l'État de New York, en 1982. C'est
le gouvernement précédent qui a signé l'entente sur les
huit grands lacs avec l'Ontario et les États-Unis. Le
député de Pontiac m'écoute religieusement. Je sais qu'il a
profité de cette entente. Il a pu aller voir ce qui se passait et il a
probablement apporté sa collaboration pour tenter d'améliorer
l'état des eaux de nos lacs qui affecte le Québec.
Il y a tout le programme de disposition des déchets. Il n'est pas
tombé du ciel, ce ministre-là. L'augmentation des budgets.
Contrairement à ce qu'on a fait alors qu'ils ont été en
augmentant, «s sont stagnants depuis 1985-1986. Peut-être
qu'à Saint-Basile-le-Grand, pour se donner bonne conscience - cela
devient gênant - on va ajouter quelques piastres. On avait
décidé qu'il n'y aurait plus d'épandage un peu partout.
Cela avait été décidé en 1985. Le bacilus
thuringiensis ou la tordeuse de bourgeons, la tordeuse d'épi-nette. Je
peux en parler, j'ai bien connu celui qui a, non pas créé, mais
découvert l'instrument biologique pour la combattre... Quand vous avez
pris le pouvoir, cela s'est arrêté. On arrose n'importe comment.
On reçoit des gens en commission parlementaire, on les fait parler et on
leur dit qu'on va régler leur problème. Faites attention! Qui
crache en l'air, ça lui retombe sur le nez. Vous en avez trop dit.
À mes yeux, vous avez agi de façon légère. Vous
n'avez pas tenu compte de la réalité et, surtout, vous avez
mésestimé... Vous n'avez ni les forces, ni la volonté
suffisantes pour faire avancer les dossiers.
Le dossier de Saint-Basile-le-Grand, c'est un dossier important. Vous
allez en entendre parler et vous allez en suer. Vous allez voir que les gens se
sont impliqués dans ce dossier-là. Ils ont signé des
requêtes, ils se sont prononcés et ils ont dit: On ne veut plus
vivre cela; vous avez affecté notre milieu. Il y aura possiblement,
malheureusement, des suites; j'espère aussi qu'l n'y en aura pas.
L'enquête pourrait permettre de conscientiser le milieu quant au danger
que ces événements représentent. Il y a toute la
problématique des déchets dangereux, la façon dont on va
en disposer. Une enquête, dans le fond, 1 s'en est fait ailleurs.
Souvent, on se demande pourquoi on va faire des enquêtes. Cela ne donne
rien. Je vous dis que oui, ça donne quelque chose. Ce n'est pas toujours
spectaculaire. Il n'y a pas toujours des résultats à la minute et
à la seconde où ça se produit. Mais, dans le temps, 1
reste des choses importantes et c'est vrai dans n'importe quel domaine.
D'autres enquêtes ont été faites dans d'autres milieux et
pour d'autres raisons. À la longue, ces enquêtes ont fini par
produire des résultats. Là, il s'agit de la vie des gens. Il
s'agit de l'ensemble du Québec. Je dis et je répète qu'il
n'y a pas que Saint-Basile-le-Grand. Il y a eu un accident écologique
à Saint-Basile-le-Grand, mais il n'y a pas seulement un
Saint-Basile-le-Grand dans tout le Québec.
On parle de vouloir traiter les déchets ailleurs. Personne ne
veut les avoir dans sa cour. Il faudrait peut-être aussi qu'on allume et
que les gens sachent ce que sont les BPC, ce que ça fait, quel en est le
danger, comment on va en disposer. Mais non. Le gouvernement dit: On ne peut
pas bouger là-dessus, on ne veut pas vous dire pourquoi il n'y a pas de
clôture, pourquoi on n'a pas fait d'inspection, sous quel principe... On
dit qu'on va en disposer. C'est tellement vrai qu'on ne sait pas où on
va dans cette question et le gouvernement est hésitant. Quand ça
été le temps, on a entouré ça d'une toile. La toile
s'est déchirée à quelques reprises. Un autre stade
olympique. Ce n'est pas surprenant. On a de l'expérience dans les
déchirures de toiles. On connaît ça. Mais là, il
s'agit de la vie des gens. Ce n'est pas n'importe quoi. Ce n'est pas pour une
partie de baseball, ce n'est pas pour une partie de boules. C'est la vie des
gens.
Il faudrait peut-être que le ministre s'assoie et commence
à réfléchir là-dessus. On lui tend une perche. On
lui demande d'aller plus loin. N'oubliez pas que le stade olympique, ne vous en
faites pas, a été commencé sous votre règne. C'est
vous qui n'avez pas eu le courage d'aller jusqu'au bout et ensuite le
gouvernement a été obligé de le continuer. Mais on n'a
rien inventé. La toile était décidée bien avant que
le Parti québécois prenne le pouvoir. Cela a été
décidé par vous autres, par manque de vision ou manque de
responsabilités ou certainement sans aucun... C'est un manque de
décision. C'est de l'indécision. Vous faites pareil. Vous jouez
au ping-pong avec les gens. Est-ce qu'on va ici, est-ce qu'on va là?
Est-ce qu'on va faire une enquête ou non? Je vais vous dire, sautez donc
sur l'occasion qu'on vous donne.
Je vais vous prouver encore une fois que le ministre dit à peu
près n'importe quoi. Vous vous souvenez, la semaine passée, j'ai
posé des questions sur la question de Jonquière. Il a dit:
Jamais. Il n'est pas question que l'usine continue à fonctionner quand
l'usine de Laterrière va fonctionner. Usine non polluante. Le ministre
de l'Environnement n'a jamais travaillé dans l'industrie. Il n'y a pas
d'usines non polluantes. Il aurait pu dire moins polluante. Non polluante,
c'est faux.
Je me suis informé parce que, c'est rendu qu'à force
d'affirmer n'importe quoi, il nous met dans le doute. Pour moi qui ai
passé 27 ans de ma vie à l'intérieur de l'usine Alcan, je
suis obligé de vous dire qu'il est à me mêler. Cela n'a pas
de bon sens encore cette histoire. Il va falloir qu'il se réveille un
peu. Quand on dit à l'intérieur de l'usine qu'elle va fermer
complètement, c'est complètement faux. Ce n'est pas vrai. L'usine
va continuer à fonctionner, en moins grande quantité, mais elle
va continuer à fonctionner. Il nous affirme carrément qu'elle va
arrêter et fermer. Savez-vous pourquoi il a fait ça?
C'était pour avoir un applaudissement des écologistes à
Tadoussac. C'était bien plaisant. Mais il a mêlé et
inquiété tout le monde. Un président de syndicat lui a
envoyé une lettre de 17 pages pour lui demander des explications parce
qu'il a épousé la cause des écolos. Je ne suis pas contre
ça, mais qu'il aille au bout de son idée. C'est bien beau de
pleurer sur les bélugas, mais il faudrait qu'il tienne compte aussi des
gens parce que l'écologique et l'économie, ça va ensemble.
On peut le faire ensemble. La preuve, c'est que lorsque l'ex-gouvernement a
parlé de l'assainissement des eaux, il a tenu compte du fait que
ça pouvait créer des emplois. Mais non. Jamais. Il paraît
que ce gouvernement s'occupe des jobs. Voyons! Cela n'a pas de bon sens. Vous
ne vous en occupez pas. Vous êtes sur le pilote automatique. Tout ce qui
se passe n'est pas votre faute. C'est drôle à dire, vous n'avez
rien fait pour créer de l'emploi. (16 h 50)
Quand vous parlez de l'écologie et de l'environnement, vous voyez
ça comme si c'était une invention de la nature. Cela sort
spontanément. Donc, il n'y a pas de création d'ouvrage par
rapport à ça et vous êtes un peu indifférent par
rapport à ce qui se passe dans le milieu. Je vous reconnais comme il
faut. Vous êtes pragmatiques. Pas de vision d'ensemble. Des visions
très morcelées, très particulières, sans voir ce
qui se passe exactement dans toute la nature. Toujours par des petits points.
On va régler telle chose. C'est la politique des petits "sauts". Il faut
bien le dire, Mme la Présidente, moi je suis réellement
désappointé. Je pense qu'il a encore le temps de se reprendre. Il
faut que le ministre de l'Environnement...
Je ne sais pas si le ministre de l'Environnement aura assez de force
pour le faire, mais il faut que le parti gouvernemental accepte de faire face
à ses responsabilités. Sans être prophète de
malheur, s'il fallait qu'il se produise un autre événement comme
ça dans le Québec, comment pensez-vous que ces gens d'en face
pourraient se comporter ou pourraient se disculper? Pourraient-ils revenir et
nous répéter encore le coup. On avait le coup de la Brink's,
là on a le coup du mea culpa. On vient dire publiquement: On s'excuse,
on a fait une erreur et puis bon... Mais on fait quoi pour se racheter?
L'Opposition demande et insiste fortement pour que le gouvernement
accepte de faire une enquête sur l'incident écologique de
Saint-Basile-le-Grand. Ce n'est pas par caprice. Je pense que si le ministre
veut faire face à ses obligations, il a une chance en or de convaincre
son gouvernement d'aller dans ce sens, non pas par caprice, -mais en fonction
des besoins de l'ensemble de la population du Québec et aussi pour qu'il
n'y ait plus jamais, jamais, de Saint-Basile-le-Grand au Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente: Merci, M. le député de
Jonquière. M. le député de Chambly.
M. Gérard Latulippe
M. Latulippe: L'accident écologique de
Saint-Basile-le-Grand, j'ai eu l'occasion de le subir et de le vivre jour
après jour. Non seulement Saint-Basile-le-Grand, c'est dans mon
comté, mais j'ai, moi aussi, été évacué avec
ma famille durant la nuit. Je suis en mesure, je crois, mieux que quiconque de
témoigner de l'expérience dramatique qu'ont vécue
près de 4000 de mes concitoyens. Je suis en mesure aussi, avec eux, de
tenter de tirer les leçons qu'il faut, pour l'avenir de la
société québécoise, de ce drame important.
Mme la Présidente, personne, je crois, aucun citoyen qui a
vécu cette expérience ne souhaite que l'on fasse une chasse aux
sorcières à la suite de ces événements. Vous savez,
je crois que l'Opposition aurait bien voulu faire avec cet accident un immense
"happening" politique. Je pense qu'il n'est pas souhaitable qu'il en soit
ainsi. Je crois tout d'abord que l'Opposition est bien mal placée pour
lancer la pierre à qui que ce soit et d'abord pour la lancer au ministre
de l'Environnement. Mal placée, l'Opposition, parce qu'en 1979, c'est le
ministre de l'Environnement de l'époque, M. Marcel Léger, qui
était ministre au moment où son ministère autorisait
l'entreposage à Saint-Basile-le-Grand de 1000 gallons de BPC.
En 1980, c'est encore Marcel Léger qui, comme ministre de
l'Environnement, était présent au moment où son
ministère autorisait l'accroissement de la capacité d'entreposage
à 20 000 gallons de BPC, solution qu'on qualifiait alors de temporaire.
Et je voudrais, pour vous illustrer la façon dont on pensait sous
l'ancien gouvernement, vous citer cette déclaration du 8 décembre
1981 du ministre Léger à une question du député de
Nelligan, M. Clifford Lincoln, à propos de l'entrepôt de BPC de
Saint-Basile-le-Grand. Le député Lincoln disait et demandait que
l'entrepôt soit rendu plus sécuritaire. Voilà ce qu'a
répondu le ministre de l'Environnement de l'époque: "Dans le cas
des BPC, ce ne sont pas des matières explosives ou radioactives, c'est
simplement que c'est poison si cela entre dans la chaîne alimentaire.
C'est donc dire qu'il ne faut pas en boire ni en manger. " C'était
l'opinion du ministre de l'Environnement du gouvernement péquiste au
sujet des BPC en 1981. Vous voyez comme on part de loin!
Avec une telle compréhension des risques que comportent les BPC,
comment voulez-vous que le ministre de l'époque ait accordé une
priorité à la sécurité de l'entreposage et à
l'élimination des BPC? C'était carrément impossible. Le
ministres péquistes qui ont suivi ont été tout aussi
insensibles aux appels des citoyens. Je voudrais vous référer
à une lettre que j'avais envoyée le 6 juin 1985 au ministre de
l'époque, M. Adrien Ouellette. Je voudrais vous référer
à diverses résolutions des conseils municipaux de la
région, y compris des conseils municipaux du comté du
député de Verchères qui est porte-parole, aujourd'hui, en
matière d'environnement. Je voudrais vous référer à
une série de lettres qui avaient été envoyées en
septembre 1985 au ministre de l'époque demandant, par les organismes
sociaux communautaires de la région, que des travaux soient faits pour
que l'entrepôt de BPC de Saint-Basile soit plus sécuritaire.
Réponse à toutes ces demandes: Rien! Pas même une lettre,
pas même un appel, pas même une réponse. Cela,
c'était à l'automne 1985.
Comme l'a dit le ministre Lincoln au moment de cette motion, depuis
1985, il a reçu à son bureau deux lettres: une du Cercle des
fermières et l'autre de mon propre bureau, sans compter les nombreuses
rencontres et les nombreuses communications qu'il y eut entre mon bureau et
celui du ministre de l'Environnement de décembre 1985 jusqu'au printemps
1988. Pendant tout ce temps, je n'ai pas eu connaissance que le
député responsable du dossier de l'environnement depuis 1985 ait
posé une seule question sur l'entrepôt de BPC de
Saint-Basile-le-Grand, pas une question, et l'entrepôt de Saint-Basile
est situé à une distance plus courte des limites de son
comté que de ma propre résidence. Comment pouvons-nous donc dire
que l'Opposition peut être crédible en matière
d'environnement lorsqu'elle parie de l'entrepôt de
Saint-Basile-le-Grand?
Depuis 1985, à la suite des rencontres, des pressions, des
communications entre mon bureau et celui du ministre, je peux dire et je peux
témoigner que c'est la première fois qu'un ministre de
l'Environnement est intervenu pour tenter de rendre l'entrepôt de
Saint-Basile plus sécuritaire, au point où en octobre 1986, plus
précisément le 28 octobre, huit conditions avaient
été imposées au propriétaire pour rendre cet
entrepôt plus sécuritaire. Mais voilà, l'entrepôt a
brûlé. Peut-être, probablement qu'il y a eu des fautes de la
part des fonctionnaires du ministère de l'Environnement, mais
voilà que l'entrepôt a brûlé. Pensez-vous que les
circonstances auraient été changées si cet entrepôt
avait brûlé en octobre 1985 plutôt qu'au mois d'août
1988? Que devons-nous faire? Nous assurer que cela ne se reproduira plus
jamais. (17 heures)
Je pense que les citoyens de mon comté souhaitent et souhaitaient
qu'une enquête soit faite sur les circonstances de l'incendie mais
voilà, cette enquête existe. La question est de savoir qui est
plus en mesure de faire et de procéder à une enquête sur
les circonstances de l'incendie de Saint-Basile-le-Grand, une commission
d'enquête ou une enquête menée par le Commissaire aux
incendies dont c'est le mandat légal de la faire? Je suis
personnellement satisfait quant à cet aspect de la demande. Il y a eu
dernièrement une demande conjointe du ministre de la
Sécurité publique et du Procureur général au
Commissaire aux incendies afin qu'il poursuive son enquête sur les
circonstances de l'incendie
et, comme il est spécifiquement dit dans ce mandat, afin de faire
toute la lumière sur les circonstances de l'accident et afin de faire
toutes suggestions utiles pour assurer la protection de la
société. Voilà pour le premier point de la motion du Parti
québécois.
Deuxièmement, l'Opposition demande une enquête publique
pour examiner toute la problématique de la gestion des déchets
dangereux. Les citoyens de ma région veulent et souhaitent que les
événements qu'ils ont vécus servent pour que, à
l'avenir, on accorde une priorité réelle à
l'élimination des déchets dangereux. Ce souhait, je pense que
tout le monde le veut: le gouvernement, l'Opposition et les citoyens de ma
région; ceux du comté de Chambly comme ceux du comté de
Bertrand. Au Québec, on génère plusieurs centaines de
milliers de tonnes de déchets dangereux, organiques et inorganiques et
ce, depuis de nombreuses années, mais ce n'est qu'en 1985, vers la fin
du régime précédent, à la suite de l'accident de
Kenora, en Ontario, que le gouvernement péquiste adopta un
règlement sur les déchets dangereux.
L'accident de Saint-Basile-le-Grand nous démontre qu'il faut
être intraitable quant à la sécurité des sites
d'entreposage. Récemment, le ministre de l'Environnement a fait part de
ses intentions. Il a déjà entrepris la rédaction d'un
nouveau règlement sur les déchets dangereux - le règlement
a été récemment amendé - pour renforcer les
exigences relatives à l'entreposage, les amendes, le nombre additionnel
d'enquêteurs et d'inspecteurs et un plan de contrôle de tous les
lieux où sont entreposés les déchets dangereux. Le
règlement a été adopté. Mais l'objectif
véritable, celui que l'on doit atteindre, c'est le contrôle
à la source des déchets dangereux et leur élimination au
fur et à mesure qu'ils sont produits. C'est cet objectif qui
génère un véritable débat de société.
Pouvons-nous accepter qu'une nouvelle entreprise puisse entreprendre la
fabrication de produits impliquant la production de déchets toxiques
sans qu'elle soit en mesure de les contrôler à toutes les
étapes de la production, de l'utilisation, du transport et de leur
élimination? Non, Mme la Présidente. Ne devrait-on pas obliger
légalement toute entreprise à utiliser la technologie la plus
appropriée pour disposer des déchets toxiques? Les entreprises ne
devraient-elles pas être responsables des déchets toxiques
qu'elles produisent tant et aussi longtemps qu'ils ne sont pas détruits
ou recyclés? Ne croyez-vous pas que si Hydro-Québec avait eu
cette obligation légale, les BPC ne se seraient pas retrouvés
dans un entrepôt à Saint-Basile-le-Grand entre les mains d'un
propriétaire irresponsable, si Hydro-Québec en avait
été responsable tant qu'ils n'avaient pas été
éliminés de notre environnement? C'est, dans le fond, un
véritable débat de société que nous devons
entreprendre car nous faisons face au syndrome du "pas dans ma cour" et si on
veut "québéciser" ce syndrome, on pourrait dire: Tout le monde
veut aller au ciel mais personne ne veut mourir. On le vit avec
l'entrepôt de Sen-neterre qui est pourtant beaucoup plus
sécuritaire que celui de Saint-Basile.
Il faut donc développer un consensus social sur les solutions
d'entreposage et d'élimination des déchets dangereux. Les
technologies existent, mais elles doivent être acceptées
socialement. Pour faire ce débat, à mon avis, aucune institution
n'est mieux placée que le BAPE. Je vous avoue que lorsque j'ai vu ce
projet du ministre de l'Environnement, - à un moment donné, je
favorisais moi-même une commission parlementaire - j'ai été
surpris, mais agréablement surpris. Une enquête sur les
problèmes et les solutions de l'élimination des déchets
dangereux au Québec va nous permettre de progresser socialement et de
tirer de l'accident de Saint-Basile-le-Grand les leçons qu'il faut pour
l'avenir.
À mon avis, le BAPE est une instance mieux appropriée
qu'une commission d'enquête pour procéder à une telle
analyse. C'est d'abord une institution qui a déjà une
crédibilité en matière environnementale. C'est une
institution à qui on accorde un mandat de nouveau type. Le BAPE est
habitué à tenir des consultations publiques relativement à
l'impact sur l'environnement de divers projets spécifiques comme une
construction, un ouvrage, une exploitation, une activité. On lui donne
un mandat plus large. Je pense qu'un tel mandat ouvrira des horizons nouveaux
pour le BAPE. Il permettra au BAPE d'avoir, à l'avenir, un impact accru
sur la qualité de l'environnement québécois. Et les
recommandations du BAPE seront, à mon avis, très difficiles
à écarter par qui que ce soit.
Quant au troisième aspect de la motion de l'Opposition, ce qu'on
appelle le virage environnemental, je le qualifierais plutôt de virage en
faveur de la qualité de la vie. Mon gouvernement l'a entrepris. En 1987,
le ministère de l'Environnement a publié un document
intitulé Un nouveau cap environnemental. On y apprend que,
pendant longtemps, la dépollution était le principal objectif de
la protection de notre environnement. De là, on peut dire la croissance
des budgets importants en matière d'assainissement des eaux. Mais le
nouveau cap environnemental nous dit que la dépollution ne doit pas
être considérée comme une fin en soi, mais comme l'un des
moyens pour atteindre un objectif plus général, la conservation
des ressources, et ceci passe d'abord et avant tout par la
prévention.
Auparavant, on considérait l'environnement comme une contrainte
nécessaire. Le nouveau cap environnemental nous permet d'entreprendre
une noilVGllG phase où l'environnement doit être vu comme un
allié naturel. La conservation est indispensable à un
développement durable. Depuis l'arrivée au pouvoir du
gouvernement libéral, le ministre de l'Environnement a piloté
plusieurs dossiers importants: programme d'assainissement
agricole, Loi sur les pesticides, Loi sur les non-fumeurs, amendements
à la Loi sur la qualité de l'environnement, des étapes
importantes dans l'orientation d'un nouveau cap environnemental.
Le virage écologique, je pense qu'on peut dire que mon parti l'a
pris, l'a entrepris de façon claire au congrès de février
dernier par des résolutions comme l'imposition d'amendes importantes et
même des peines d'emprisonnement contre les pollueurs et par la
création d'un fonds de conservation alimenté par des cotisations
prélevées auprès des agents pollueurs pour défrayer
les coûts de toutes les interventions du gouvernement en matière
de conservation et de dépollution. Mais, je dois dire que plusieurs
d'entre nous sont pressés d'aller encore plus vite. Il y a urgence, et
tout le monde s'entend là-dessus, y compris le conseil
général de la semaine dernière, pour accroître les
crédits et les budgets pour les autres missions du ministère de
l'Environnement, missions autres que l'assainissement des eaux. (17 h 10)
Sur un budget d'environ 355 000 000 $, 261 000 000 $ sont actuellement
du service de la dette du programme d'assainissement des eaux. Il faut
accroître substantiellement les crédits pour les autres missions,
comme la gestion des déchets, le recyclage, l'application de la
réglementation. Il y a aussi urgence pour concevoir un rôle plus
horizontal au ministère et au ministre de l'Environnement. Je vous
souligne que le conseil général de la fin de semaine
dernière a suggéré qu'il faudrait pour que toutes les
législations, politiques gouvernementales, tous les projets
gouvenementaux soient approuvés, que l'on évalue, pour chacun de
ces projets, lois ou politiques, son impact sur l'environnement. Cela pourrait
même impliquer un rôle au ministre de l'Environnement qui pourrait
être semblable à celui que l'on donne au président du
Conseil du trésor. Je pense que l'on doit aller plus loin, plus
vite.
Je voudrais, en terminant, vous dire qu'il ne faut pas oublier un autre
aspect de l'accident de Saint-Basile-le-Grand, un aspect que peu de personnes
ont traité jusqu'à maintenant et que l'Opposition a
complètement oublié. C'est l'aspect des mesures d'urgence en cas
de catastrophe ou d'accident écologique comme celui que l'on a
vécu à Saint-Basile-le-Grand. Quand on évacue 4000
personnes... Et on a été chanceux parce que personne n'a
été sérieusement affecté, sérieusement
blessé, personne n'en est mort. Mais imaginez-vous seulement si la
catastrophe avait été plus importante et qu'il y avait eu des
centaines pour ne pas dire des milliers de morts! C'était la
première fois au Québec que l'on avait à faire face
à ce type d'événement. Il faut que l'on révise nos
mesures d'urgence. J'entends par là l'information essentielle à
donner aux personnes qui vivent un drame, aux personnes qui, humainement, sont
aux prises avec un problème et qui, du jour au lendemain, se retrouvent
évacuées de leur domicile, ce qui leur arrive, les dangers
qu'elles courent. Il faut que l'on puisse immédiatement leur donner les
soins appropriés si nécessaire. Il faut que l'on puisse
immédiatement prendre le contrôle des problèmes
environnementaux et il faut que les mesures de sécurité soient
propres à donner confiance aux citoyens. C'est la première fois
que l'on vivait ça à Québec. Et je pense qu'il va falloir
que l'on s'attaque à ce problème.
M. le Président, en terminant, je dirais que l'écologie
est un projet de société emballant. C'est aussi une question de
vie pour les générations qui nous suivront. Une question de vie
sur notre planète que Chateaubriand avait déjà compris
lorsqu'il a écrit: "Comment trouver place sur une terre agrandie par la
puissance d'ubiquité et rétrécie par les petites
proportions d'un "globe souillé partout? Il ne nous resterait
qu'à demander à la science le moyen de changer de planète.
" Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Comme le prochain intervenant sera le
chef de l'Opposition et qu'on m'informe qu'il s'en vient dans les prochains
instants, je vais suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à 17 h 16)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons poursuivre le débat sur la motion
présentée aux affaires du mercredi.
Je vais maintenant reconnaître M. le chef de l'Opposition et
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je participe
à ce débat parce que je considère que cette motion aurait
été pour le gouvernement une façon transparente de se
tirer de ce fameux dossier de Saint-Basile. Je considère d'ailleurs que
la position prise par l'actuel ministre de l'Environnement, c'est une
façon de camoufler les faits. Les Anglais diraient: C'est du "cover-up"
qu'on fait avec un organisme qui se veut un organisme d'études d'impact,
le BAPE, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, qui est
chargé ordinairement d'analyser chaque cas avant que les
événements se produisent. On dit: Pour l'avenir, je ne nie pas la
compétence du BAPE à pouvoir analyser la situation pour l'avenir,
mais le problème de Saint-Basile, devant toute catastrophe du genre,
ça revêt à mon point de vue une connotation non seulement
criminelle, comme on semble vouloir le laisser croire de l'autre
côté: une enquête policière qui se fait pour
détecter s'ils ont trouvé un coupable, si un individu aurait mis
le feu, le commissaire aux incendies...
Une enquête publique, il faut savoir ce que c'est. Ce qu'on
demande, ce que l'Opposition demande, ce que d'ailleurs le député
de Chambly lui-même demandait durant les événements de
Saint-Basile, le député de Chambly disait: Mais il serait temps
de promettre à la population une enquête publique
véritable, une enquête publique par des gens compétents -
on peut nommer un homme de loi, un homme qualifié en matière
environnementale, un administrateur - chargés de faire la lumière
non seulement sur les faits à connotation criminelle, mais sur la
responsabilité administrative. Qui est responsable de quoi?
Rappelez-vous, et je vais vous en parler pendant quelques minutes, la
Baie James. C'est une catastrophe. Qu'est-ce que le gouvernement Bourassa
d'alors avait fait? Il avait dit: C'est un événement d'envergure
et il faut faire la lumière, il faut découvrir les vrais
coupables; il faut analyser les comportements des individus. Mais là, je
comprends pourquoi le gouvernement Bourassa n'agit pas de la même
façon. Mais non! C'est une responsabilité politique directe
qu'avait le ministre de l'Environnement.
Dans ce dossier, M. le Président, une véritable commission
d'enquête permettrait d'abord d'étaler au grand jour que le
ministre a dit le contraire de la vérité en cette Chambre
d'abord. Rappelez-vous, M. le Président, quand on demandait si toutes
les mesures étaient prises à Saint-Basile, il nous disait:
Contrairement au gouvernement précédent, nous avons pris toutes
les mesures sécuritaires dans le cas de Saint-Basile. Deux jours
après l'événement, il disait: Je m'attendais à
ça. Son sous-ministre disait: Nous n'avons pas pris toutes les mesures
sécuritaires. Il y a quelqu'un qui a menti à quelqu'un dans ce
dossier. Il y a quelqu'un qui n'a pas donné l'heure juste. Il y a
quelqu'un qui n'a pas dit la vérité. C'est ça qu'une
commission d'enquête pourrait analyser et étaler au grand jour.
Quel a été le rôle des fonctionnaires? Quel aura
été le rôle des autorités municipales? Quel aura
été le rôle du gouvernement et du ministre responsable de
l'Environnement dans ce dossier? C'est ça l'avantage d'une commission
d'enquête, pas seulement de découvrir qu'il y en a un qui a
allumé le feu. On aurait pu découvrir, dans une commission
d'enquête - je sais que le pouvoir du nombre battra cette motion - par
exemple, qu'une simple subvention au gardiennage dans le cas de Saint-Basile
aurait pu éviter précisément que des individus
s'introduisent pour poser des gestes aussi catastrophiques que ceux qui l'ont
été. (17 h 20)
C'est ça, M. le Président, une commission d'enquête.
Cela permet d'étudier les comportements et les responsabilités de
chacun à tous les niveaux. C'est bien évident qu'avec une
étude qui se projette exclusivement dans l'avenir, nous ne pourrons pas
savoir, dans le cas présent, qui est responsable de quoi et quels moyens
auraient pu être pris et ne l'ont pas été dans le cadre de
la réglementation existante. Est-ce que le BAPE pourra dire, par
exemple, au ministre de l'Environnement et au gouvernement Bourassa: M.
Lincoln, l'actuel ministre de l'Environnement, a laissé opérer un
centre de déchets dangereux sans permis, durant deux ans? Est-ce que le
BAPE pourra dire ça? Non. Son mandat est de dire ce qu'on devra faire
à l'avenir avec les déchets dangereux.
Est-ce que le BAPE pourra dire, par exemple: Si vous aviez payé
du gardiennage qui ne vous aurait coûté que 100 000 $ ou 200 000 $
par année ou par trois ans, ça aurait pu éviter que des
gens s'infiltrent et mettent le feu à cette usine? Non, le BAPE ne
pourra pas dire ça. Son mandat est limité à faire des
projections dans l'avenir. Est-ce que le BAPE pourra dire que certains hauts
fonctionnaires qui avaient le pouvoir d'exiger des choses concrètes
chaque semaine, chaque mois, chaque jour même, ne l'ont pas fait? Est-ce
qu'on saura ça avec l'enquête du BAPE? Non. Dans l'enquête
du BAPE, il sera peut-être écrit qu'il faudra du gardiennage, que
le gouvernement devra être responsable de subventionner le gardiennage.
On pourra lire: À l'avenir, le gouvernement devra-Mais il ne pourra pas
faire l'analyse et juger précisément qui a été
responsable de quoi. Comment aurions-nous pu précisément
éviter ces catastrophes? Non, M. le Président, on l'en
empêche sous prétexte qu'il y a une commission d'enquête qui
va se garrocher sur le futur et qui va ignorer les faits.
M. le Président, moi j'appelle ça, selon un terme anglais,
du "cover-up". C'est une façon de camoufler exactement son
irresponsabilité. C'est une façon de camoufler les
défaillances, l'inertie du présent ministre de l'Environnement et
du gouvernement. Ce serait également une façon de camoufler le
manque de vigueur de l'actuel ministre devant le Conseil du trésor et
son incapacité d'aller chercher les crédits qui s'imposent pour
assurer précisément une sécurité totale aux
citoyens. Sous toutes sortes de prétextes, on a refusé de
subventionner. Pourtant, on disait aux gens: Toutes les mesures sont
sécuritaires. C'est là, M. le Président, la
différence fondamentale d'une commission d'enquête dotée de
tous les pouvoirs d'une commission d'enquête, avec un mandat aussi large
que celui d'étudier tous les comportements et toutes les
responsabilités, de voir où sont les manquements parmi ceux qui
avaient à prendre des décisions et parmi ceux qui ne les ont pas
prises et de le dire publiquement. Ce n'est pas gênant. C'est le
rôle fondamental d'une commission d'enquête, alors qu'on a
restreint, qu'on a limité le mandat à une simple projection dans
le futur, M. le Président. Je pense que c'est là une façon
de camoufler les faits, c'est là une façon de faire du
"cover-up", de refuser à la population le droit de savoir qui
était responsable de quoi et qui a manqué à ses
responsabilités. C'est ça le sens d'une commission
d'enquête.
M. le Président, cela fait trois ans qu'on entend quotidiennement
dans cette Chambre: Le gâchis qu'on nous a laissé, le fouillis
administratif qu'on nous a laissé, le capharnaum administratif...
J'écoutais le ministre de l'Éducation cet après-midi: Le
capharnaum - il a beaucoup de termes bibliques dans ses discours -
administratif qu'on nous a laissé... Si le PQ avait été au
pouvoir, cela aurait pris deux ans avant de réaliser quelque chose...
Hé bien, ça fait trois ans que vous êtes là! Il va
falloir que vous appreniez que c'est vous, les responsables depuis trois ans
dans ce gouvernement. Il va falloir que vous appreniez que, depuis trois ans,
c'est vous qui avez la responsabilité en matière d'environnement,
en matière d'affaires municipales et en matière de respect de la
langue. Dans tous les secteurs. Vous êtes au pouvoir, pour votre
information, depuis trois ans. Et vous vous contentez continuellement de
pelleter en avant. À un moment donné, le tas va être assez
gros que vous ne serez même pas capables de le déplacer.
D'ailleurs, en parlant de tas, vous avez un problème devant le Parlement
au moment où on se parle. Je ne sais pas combien de centaines de
camions-remorques sont devant. Et on dort. C'est le cas de le dire. On dort sur
la "switch". On ne règle rien. On se contente de faire des grandes
déclarations, de se donner des images d'écologistes,
d'écolos comme on dit, des images de petits bonshommes et de petites
bonnes femmes vertes qui s'agitent quand ils voient une place pour se faire
photographier, mais, dans les faits, il ne se fait absolument rien. Il est
temps qu'on le dise.
Vous avez fait en environnement ce que vous avez fait face aux jeunes.
Vous avez promis la lune aux jeunes et vous avez manqué à votre
parole; 25 000 000 $ de prêts et bourses améliorés. Rien.
Les frais afférents ont été haussés. Un endettement
additionnel pour les jeunes du Québec de 70 000 000 $. Ce n'est pas
grave. Cela paraît bien. On a promis. Cela a été la
même chose en écologie, en matière environnementale. Nous
allons prendre le virage écologique, pollueur payeur, celui qui pollue
paiera, Vous n'êtes même pas capables de rendre public le contrat
de Noranda Mines. Vous refusez de le rendre public.
Au moment où on se parle, on ne sait pas si Noranda n'a pas
été subventionné pour corriger sa pollution, ce qui
mettrait complètement en péril votre principe pollueur payeur.
Mais il n'y a pas de danger que vous le rendiez public. Voyons! L'image
écologique. Ce sont des écolos. Imaginez-vous! Avec 50 000 $, ils
auraient pu assurer un gardiennage à Saint-Basile. Non. Tout est
sécuritaire. Pas de problème. L'image écologique. Tout est
sécuritaire. Tout saute, par exemple. Mais cela n'est pas grave. On a
l'image écologique. J'ai fait mon possible. Je m'attendais à une
catastrophe. Tout était sécuritaire. Tout un paquet de
contradictions. Le sous-ministre qui se prononce dans ça en disant qu'il
n'avait pas pris toutes les mesures. Le ministre dit: Je les ai toutes prises,
je ne les ai pas toutes prises. Cela dépend de la journée, cela
dépend de l'auditoire. C'est ça que vous faites. Et il y a un
proverbe qui dit que vous pouvez tromper un certain nombre de personnes un
certain temps, mais que vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le
temps.
Il y a un éveil qui commence. Il y a un éveil
véritable, votre pelletage en avant. Les femmes du Québec, par
exemple, à qui vous avez promis la rente et qui n'ont pas encore un
petit bout de papier, un semblant de début de politique de rente.
Qu'est-ce qu'elles vous disent? Elles vous disent la même chose que
certains gens de Saint-Basile justement. Ils vous disent: Vous avez promis que
tout était sécuritaire, vous ne l'avez pas fait. Vous nous avez
promis la lune, vous ne nous la donnez pas. Vous ne nous donnez même pas
un quartier.
Je pourrais continuer. Vous avez promis de régler tous les cas
dans les hôpitaux. Oui. Exactement comme à Saint-Basile. Tout est
sécuritaire dans les hôpitaux. Allez voir les gens de l'ACAQ,
l'Association des centres d'accueil du Québec, qui se promènent
à travers le Québec et qui parlent d'alourdissement de
clientèle au moment où on se parle. Allez leur demander si
l'état général ne se détériore pas à
cause du vieillissement et de l'alourdissement de la clientèle. Vous
aviez promis de tout régler comme à Saint-Basile, mais vous ne
faites rien. Vous ne faites absolument rien.
Vous dites que vous avez injecté des sous, par exemple, dans les
centres d'accueil. Cela me faisait rire aujourd'hui. Je lisais un article. Vous
avez injecté 1,25 $ par année par client, par
bénéficiaire dans les centres d'accueil pour trois ans. Cela ne
paie même pas un ordre de "toasts" et un café. C'est toute une
somme que vous avez injectée. Cela me fait penser exactement à
Saint-Basile. Des mots, des paroles, un paquet de promesses, mais rien dans les
faits. Vous êtes chanceux qu'on traverse temporairement au Québec
une période d'apathie généralisée parce que vous
verriez qu'il ne ferait pas chaud.
Commencez à regarder ce qui se passe dans les cégeps. Il y
a des jeunes qui commencent à réclamer ce que vous leur avez
promis. Cela fait trois ans. C'est un capharnaum qui dure plus longtemps que
celui du PQ parce que vous parliez de deux ans, celui du PQ. Trois ans. Les
jeunes commencent à réclamer. Vous allez aussi avoir des
réclamations des femmes dans les garderies. Une politique familiale. De
grâce, arrêtez de piauler et faites quelque chose. Arrêtez de
vous faire photographier avec des images fausses que vous projetez. Montrez
votre vrai visage. Ce qui vous intéresse, c'est de garrocher de la
poudre aux yeux pour masquer auprès des citoyens ce que vous êtes
réellement. C'est ça que vous faites. (17 h 30)
En matière environnementale, M. le Président, je n'en
reviens tout simplement pas. Je n'en reviens tout simplement pas que, pour une
première fois, c'est le gouvernement fédéral qui a fourni
à la presse, il faut le faire, l'inventaire des sites dangereux au
Québec. Faut-y le faire? Du monde qui sont sensés défendre
en premier lieu, au premier chef, les intérêts des
Québécois. Les intérêts, ça va aussi dans les
intérêts de sécurité et d'environnement.
Savez-vous qui a fourni à la presse? Les fédéraux.
Le Québec incapable de fournir à sa population un inventaire
correct des sites dangereux. Moi, j'aurais honte. Des gens qui devaient prendre
le tournage écolo, il y a trois ans. Des gens qui avaient recette
à tous les maux, il y a trois ans. Des gens qui disaient que ça
allait tout changer en matière environnementale. C'est effrayant. Cela a
tellement changé qu'ils ne savent même plus où sont les
sites. Ce n'est pas des farces. Ils ne savent même pas où sont les
sites dangereux au Québec, et ça dit aux gens: Tout est
sécuritaire, voyons, il y en a peut-être à Joliette, mais
je ne le sais pas, c'est sécuritaire, cela prendrait peut-être du
gardiennage, non, non, on ne subventionne pas ça, mais c'est
sécuritaire. Quand la catastrophe arrive, vous voyez des larmes de
crocodile dans le visage du ministre de l'Environnement qui essaie de tirer les
larmes de tout le monde dans sa grande capacité d'être responsable
en matière environnementale.
Quand on lui pose une question: Avez-vous fait des tests, par exemple,
sur les liqueurs noires qu'on étend comme l'abat-poussière? Il va
dire: Je ne l'ai pas fait, mais ce n'est pas grave, ce n'est pas dangereux. Ce
n'est pas dangereux jusqu'à temps qu'il y ait une catastrophe. C'est
ça leur réaction. Il sécurise les gens, et les gens sont
assis bien souvent sur de fa dynamite en matière environnementale. Vous
le savez que les déchets toxiques... Vous aviez un règlement, et
ce règlement il était du PQ pour votre information. En octobre
1985, vous aviez un règlement vous permettant de vous asseoir sur du
solide. Vous n'avez même pas exigé les permis. Vous n'avez
même pas exigé les normes. Dans la note de transmission du
prédécesseur de M. Lincoln, M. Ouellette, c'était
marqué exactement où devaient être les priorités
face aux déchets toxiques. Rien de fait après trois ans! Et
chaque fois qu'on vous pose une question, votre seul élément de
réponse, c'est de dire: C'est la faute de l'ancien gouvernement, ils
n'ont pas fait ci, ils n'ont pas fait ça. Mais quand avez-vous fait
quelque chose? C'est vrai qu'on ne peut pas vous reprocher grand-chose, vous ne
faites rien. Mais là, on est au moins en mesure de vous reprocher de ne
rien faire. En matière environnementale, réveillez-vous, il est
temps. Il est plus que temps que vous vous réveilliez. Il est plus que
temps que vous preniez vos responsabilités et que vous arrêtiez de
dire que vous êtes des écolos. Vous êtes des
sépulcres blanchis en matière environ- nementale comme vous
l'avez été face aux jeunes du Québec, comme vous
l'êtes face aux femmes du Québec, comme vous l'êtes face
à la politique des garderies au Québec, comme vous l'êtes
face à la politique familiale au Québec. Vous avez promis la lune
et vous n'êtes même pas capables de livrer l'ombre d'un quartier.
C'est ça qu'est votre problème.
Il est temps, M. le Président, qu'on démasque cette
formation politique, qui ne fait qu'une chose: Lancer de la poudre aux yeux,
chercher à camoufler leur vrai visage derrière des discours.
Mais, dans les faits, il ne se fait rien. C'est d'un comité à
l'autre, d'un comité de travail à l'autre, d'un comité
d'étude à l'autre. Jamais de politique concrète. Jamais de
geste concret. M. le Président, après trois ans, s'ils ont
hâte... J'espère que vous commencez à avoir hâte
d'être capables de commencer à gouverner. Et, si vous n'êtes
pas capables, faites comme votre chef a l'habitude après trois ans de
mandat, déclenchez des élections.
Le Vice-Président: Comme prochain intervenant, je vais
reconnaître le leader adjoint du gouvernement et député de
Frontenac.
M. Roger Lefebvre
M. Lefebvre: Vous savez, M. le Président, la
première raison pour laquelle on considère de notre
côté que la -commission d'enquête exigée par
l'Opposition serait inutile, on vient d'en avoir la démonstration dans
l'énoncé du chef de l'Opposition qui, pendant 15 ou 20 minutes, a
continuellement tenu un langage grossier, irrespectueux, violent, incendiaire,
comme on le connaît d'ailleurs. Il ne changera pas de style, même
s'il réalise - et j'imagine qu'on lui dit de son côté - que
cela tombe dans le vide parce que la population, d'aucune façon et sur
aucun sujet, ne le suit. Ni dans le dossier de Saint-Basile, ni dans d'autres
dossiers qui sont discutés actuellement au Québec, le chef de
l'Opposition n'a aucune "pogne". Les gens ne l'écoutent plus et ne le
croient plus parce que ses propos sont incendiaires, agressifs et jamais ils ne
collent aux faits.
C'est vrai que l'événement de Saint-Basile est
désolant. C'est vrai aussi qu'il faut trouver les raisons pour
lesquelles cet événement s'est produit. Fondamentalement, la
demande de l'Opposition n'est pas déraisonnable, de vérifier ce
qui s'est passé. C'est justement ce qu'on ' fait, pas par une commission
d'enquête qui deviendrait, strictement pour l'Opposition, la
possibilité de faire un spectacle politique, mais la
vérité. C'est ce qu'on veut. C'est pour cela que dans les jours
qui ont suivi l'événement, le gouvernement du Québec a
d'abord... Et les mécanismes sont automatiques, il y a eu une
première enquête par le commissaire aux incendies. On a
considéré, de notre côté, que ce n'était pas
suffisant. Et voici que le ministre de
l'Environnement a suggéré lui-même au Solliciteur
général de vérifier - c'est assez exceptionnel - ce qui
s'est passé à l'intérieur de son propre ministère.
Que demander de plus, M. le Président? J'espère que le chef de
l'Opposition a compris qu'il y a aussi une enquête policière parce
qu'il pourrait - il faut être prudent là-dessus - y avoir incendie
criminel. Je pense que tout est en place pour répondre à la
première partie de ce qui est suggéré dans la motion de
l'Opposition, à savoir ce qui s'est passé à
Saint-Basile-le-Grand. Évidemment, on ne vous donnera pas droit au
spectacle que vous souhaiteriez avoir. Vous le ferez ailleurs votre petit
spectacle, mais vous ne le ferez pas ici à l'intérieur du
parlement parce que ce n'est pas la place. Il y a d'autres instruments
d'enquête qui sont là et on va s'en servir.
Quant à la deuxième partie de la motion de l'Opposition,
à savoir ce qu'on fera dans l'avenir, la vraie question, c'est cela. On
l'admet, de notre côté et le ministre de l'Environnement l'a dit
à plusieurs reprises: Ce qui est fait est fait, malheureusement, et on
indemnisera les victimes en partant de critères très
précis, mais on ne peut pas revenir sur le passé. On aura
peut-être l'occasion de vérifier, par les trois enquêtes
auxquelles j'ai fait référence, et de constater que si, de notre
côté, on peut avoir été peut-être
négligents, on n'est sûrement pas les seuls, parce que
l'entrepôt de Saint-Basile-le-Grand, sauf erreur, le 2 décembre
1985, était là. Il y aura peut-être lieu de vérifier
ce qui s'était passé avant le 2 décembre 1985.
L'important, c'est l'avenir. Qu'est-ce qu'il faut faire, M. le
Président, pour éviter des événements semblables?
C'est ce que le ministère de l'Environnement a décidé de
faire, d'une façon intelligente et pondérée.
Là-dessus, je suis content de voir que l'Opposition, pour la
deuxième partie de sa motion - c'est quand même assez exceptionnel
- a suggéré ce que le gouvernement a déjà
décidé de faire. À peu près tous les intervenants
de l'Opposition nous disent que c'est bien d'avoir mandaté le Bureau
d'audiences publiques accroché au ministère de l'Environnement
pour vérifier ce qu'on doit faire pour éviter un désastre
semblable dans l'avenir.
M. le Président, en deux mots, c'est encore et à peu
près toujours comme cela que ça se passe. Les motions du mercredi
de l'Opposition ne sont pas sérieuses; elles sont presque tout le temps
incendiaires. On soulève de faux débats. On suggère au
gouvernement de poser des gestes qui sont déjà posés. Je
n'ai pas à insister et je n'ai pas à expliquer très
longuement que de notre côté, évidemment, on votera contre
cette motion et sans aucune réserve. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Nous en arrivons maintenant à
l'exercice du droit de réplique sur cette motion présentée
au nom de M. le député de Verchères. Tel que convenu et de
consentement entre les parties, ce droit de réplique sera exercé
par M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent (réplique)
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. D'abord, je
dois mentionner que si le député de Verchères n'est pas
là en personne, c'est qu'il a perdu sa mère il y a quelques
heures ou quelques jours. Je profite de l'occasion pour lui offrir toutes mes
condoléances et celles de mes collègues. (17 h 40)
M. le Président, conclure au cours des prochaines minutes sur la
motion que nous avons présentée concernant les incidents de
Saint-Basile-le-Grand, me semble fort important, surtout après ce que
j'ai entendu mercredi dernier et ce que j'ai entendu aujourd'hui. J'ai du mal
à m'expliquer pourquoi le ministre de l'Environnement lui-même, la
semaine dernière, dans sa réplique aux propos que j'ai tenus en
cette Chambre, n'a pas donné les explications auxquelles on était
en droit de s'attendre, pourquoi le ministre de l'Environnement n'a pas
répondu aux questions qu'on lui posait et ne veut pas donner suite
à la commission d'enquête que nous lui demandons? On mentionnait
précédemment, M. le Président, que ce qui est important,
c'est le futur. Je veux bien. D'ailleurs, il y a le troisième
élément de notre motion. Le passé et le présent
sont aussi très importants et c'est de cela que je vais vous entretenir
dans les prochaines minutes.
D'abord, le ministre de l'Environnement a su se faire une image, ici au
Québec, ces dernières années et particulièrement
ces derniers mois, une image d'un gars charmant, d'un excellent beau-parleur,
d'un bonhomme très sympathique. Mais au-delà de cela, est-ce que
le ministre de l'Environnement, qui répond au nom du gouvernement, est
une personne capable de prendre ses responsabilités? Là, je
pense, M. le Président, que le ministre de l'Environnement ne les a pas
prises. Si nous errons, si l'Opposition est dans l'erreur face au dossier de
Saint-Basile-le-Grand, s'il n'y a aucun blâme à porter de la part
du gouvernement, on tirera notre chapeau, mais il faudrait qu'il y ait une
enquête, une enquête faite de la façon dont elle doit
être faite.
Bien sûr, le ministre s'est trouvé une porte de sortie. Il
confie son enquête au Bureau des audiences publiques, le BAPE. D'abord,
c'est la première fois, que je sache - et cela a été dit
par d'autres dans cette Chambre dont le député de Chambly - que
le Bureau des audiences publiques aura ce genre d'enquête à faire.
Est-ce qu'a est habilité? Est-ce qu'y est neutre? Est-ce qu'il a tout le
mandat pour être capable d'aller faire la lumière sur le
passé? Vous me permettrez d'en douter M. le Président. C'est dans
cette lignée, avec cette pensée que nous demandons une commission
d'enquête pour faire toute
la lumière. Ce n'est pas compliqué de faire toute la
lumière. Si le gouvernement, si le ministre de l'Environnement n'a
absolument rien à cacher dans les événements qui se sont
passés le 23 août dernier, pourquoi refuse-t-on? Pourquoi prend-on
la porte d'à-côté qui est celle de dire: On va faire faire
une enquête autant par l'enquêteur aux incendies que par le Bureau
des audiences publiques? Pourquoi, M. le Président, ne donne-t-on pas
suite? C'est clair dans mon esprit. Le ministre de l'Environnement ne veut pas
avoir de procès. Il nous disait d'ailleurs la semaine dernière:
Écoutez, il faut tourner la page, le passé c'est le passé
et on n'est pas pour faire tout un plat avec cette histoire-là.
Je comprends mal comment il se fait que les députés dans
cette Chambre, les députés ministériels, embarquent dans
ce jeu-là. C'est bien beau de vouloir garder une excellente image, mais
il y a des comptes à rendre et je pense que lorsqu'on gouverne,
lorsqu'on est responsable d'un dossier à la tête d'un
ministère, on doit répondre de faits aussi graves que ceux qui se
sont passés. D'ailleurs, le député de Chambly mentionnait
dans son allocution tantôt, M. le Président, qu'il est possible
qu'il y ait des fonctionnaires au ministère de l'Environnement qui n'ont
pas fait leur job. Et oui, justement! On n'est quand même pas pour aller
accuser les fonctionnaires, c'est le bout! Il y a quelqu'un qui est responsable
dans ce ministère-là et il avait les outils...
Le 2 décembre 1985, quand il est entré en fonction, il y
avait des outils depuis tout récemment, des nouveaux règlements
qui avaient été adoptés et qui étaient
entrés en vigueur le 15 octobre 1985. Il avait ces outils pour
être capable d'intervenir dans le dossier de Saint-Basile. Et la plus
belle preuve de cela, c'est que 24 heures après les
événements de Saint-Basile, immédiatement, le ministre
s'est servi de ces règlements. En 24 heures, il a rendu
sécuritaire le site de Shawinigan. C'est parce qu'il les avait, les
moyens. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait dans le cas de Saint-Basile?
Le député de Chambly dit qu'il a vécu les
événements. Je les ai vécus, les événements,
plus de 50 % des gens qui ont été évacués
étaient de mon comté. Je les ai vécus, non pas en tant
qu'évacué, mais près des évacués. Je
comprends très bien les propos du député de Chambly qui
dit qu'il ne voudrait pas revivre cela. Est-ce normal que deux mois et demi
après les événements on n'ait même pas encore
réglé le litige concernant la réclamation que les gens ont
faite auprès du ministère? Est-ce normal que deux mois et demi
après les événements... On a mis une toile qui a
coûté 570 000 $ pour protéger le site, la toile s'est
effondrée, on a mis plus de 500 000 $ et rien ne se passe. Est-ce
normal? À la fin de décembre 1988, au 1er janvier 1989, j'en suis
persuadé, on n'aura pas encore déplacé les barils de BPC.
C'est une bombe à retardement, disait le député de
Chambly. Oui, je l'approuve dans ce sens. Mais qu'est-ce qui se passe? Le
ministre parle. Le gouvernement dit: Nous avons pris le virage. Le ministre
nous dit: Dans le dossier, tout était sous contrôle, tout
était sécuritaire. Mais entre les paroles et les gestes, il y a
une marge.
Dans un autre dossier, celui des pneus de Saint-Amable, le ministre, je
le reconnais, s'est déplacé. Il est venu à la suite de ma
demande. Il y a là 5 000 000 à 10 000 000 de pneus. Si le feu
prenait, cela brûlerait pendant un an, disent les experts. Le ministre
est venu voir cela. Il a dit: M. le député, je suis
estomaqué de voir de telles montagnes de pneus, des dangers comme
celui-là. C'était en 1986. Il nous avait promis d'agir. On est en
1988 et il n'a pas agi. Il a agi en septembre dernier pour mettre du
gardiennage. Là, il voit le danger. M. le Président, j'aurai
l'occasion demain, en cette Chambre, de déposer une importante
pétition de la part des gens du comté de Bertrand concernant
l'action demandée dans le cas du dossier des pneus. C'est exactement le
même scénario que le ministre de l'Environnement a suivi. Il dit
toujours: Oui, il n'y a pas de problème, sauf qu'il n'agit pas.
Dans le cas de Saint-Basile, on veut avoir une enquête pour savoir
qui n'a pas agi correctement afin qu'au moins cela ne se reproduise pas. Si ce
sont des fonctionnaires qui n'ont pas fait leur job... Est-ce le ministre qui
leur a dit de ne pas le faire? Est-ce le sous-ministre? Est-ce carrément
de la négligence? Il faut le savoir. Je pense que les citoyens du
Québec, sans faire un plat politique... Si le ministre dit qu'il n'a
rien à cacher et que les gens sont satisfaits, bravo! qu'il fasse faire
l'enquête comme on le demande. Il sera blanchi et on lui dira: Bravo!
Mais ce n'est pas le cas. Il a réussi à trouver un moyen en
passant par le BAPE, conme je l'ai mentionné tantôt.
Concernant le présent, nous mentionnons que nous voulons examiner
toute la problématique avec cette commission d'enquête sur la
gestion des déchets dangereux. Le chef de l'Opposition le mentionnait
tantôt, c'est le fédéral qui nous a appris où
étaient nos sites, au Québec. M. le Président, on a appris
que ce même M. Levy, qui est propriétaire du fameux site de
Saint-Basile, a un autre site de BPC à Saint-Lazare. On l'a appris par
la voie des journaux. Et le ministre, pour ne pas répondre à
cette question en Chambre, a refusé catégoriquement, sous
prétexte que c'était sous enquête. On ne répond pas.
Bien, on va avoir des petites surprises dans le cas de Saint-Lazare et j'en
avise les membres de cette Assemblée. Il y a d'autres sites, au cours
des prochains mois, des prochaines semaines et possiblement des prochains
jours, qui seront portés au grand jour. Qu'est-ce que le ministre de
l'Environnement attend? Qu'est-ce que le gouvernement attend?
Je comprends mal qu'on s'amuse à dire: Oui, ça va bien. On
regarde les sondages. Attendez! Riez! Rira bien qui rira le dernier! Mais je
peux
vous dire qu'en matière d'environnement, tu ne joues pas parce
que c'est avec la sécurité du public que tu joues, tu joues avec
la sécurité de la population. Et, quand le ministre de
l'Environnement, dans un élan de son coeur, s'est livré à
la presse le matin du 27 août, pour dire: Écoutez, je
prévoyais cet accident-là dans ma tête, je n'en dormais
pas, je pensais que ça pouvait arriver. Après ça, ses
avocats lui ont dit d'arrêter d'en dire parce qu'il en avait trop
dit.
On est en droit de se poser des questions à cause des
déclarations du ministre, à cause des déclarations de son
sous-ministre. Son sous-ministre a déclaré dans les
médias, parce que les médias ont beaucoup couvert les
événements: Écoutez, c'est vrai que le ministre aurait pu
appliquer un article du règlement, l'article 115. 1. Effectivement, le
sous-ministre nous dit que l'article 115. 1 était là et que le
ministre aurait pu... Il laisse sous-entendre qu'il ne l'a pas fait, mais on
sait qu'il ne l'a pas fait.
M. le Président, je trouve inconcevable l'attitude irresponsable
actuellement du gouvernement et du ministre de l'Environnement. Je trouve que
l'inertie dans ce dossier, le fait qu'on ne veuille pas faire toute la
lumière, avoir toute la transparence sur les événements de
Saint-Basile est carrément inacceptable. Je trouve ça d'autant
plus irresponsable qu'actuellement, après qu'on aura fini ce
débat-là, on n'en entendra plus parler à moins que nous,
encore une fois, nous ne réussissions à faire la lumière
sur d'autres événements. (17 h 50)
Est-ce qu'il va falloir attendre un autre incendie de BPC, un autre
Saint-Basile? Est-ce qu'il va falloir attendre un incendie à
Saint-Amable? Est-ce qu'il va falloir attendre des événements
catastrophiques au Québec pour que le ministre vienne encore pleurer et
nous dire: J'ai fait mon possible? Bien oui, le ministre dit qu'il a fait son
possible, mais si son possible n'est pas assez, je pense qu'il est à peu
près temps que les membres de cette Assemblée, pas seulement
l'Opposition parce que c'est notre rôle de crier de ce bord-ci quand
ça ne marche pas, mais je pense que c'est notre rôle de
sensibiliser l'ensemble de la population pour voir vraiment ce qui se passe
dans ces événements-là.
Concernant le futur, M. le Président, je pense que les mesures
qui sont demandées dans la motion qui a été bien faite et
bien structurée concernant les événements du passé,
présent et futur, à part des belles paroles qui ont
été dites, à part les beaux engagements qui ont
été pris, quand le ministre de l'Environnement, quand le
gouvernement va-t-il concrètement passer à l'action? Dans le cas
des BPC, on n'a pas encore vu l'ombre du début d'un plan d'action pour
savoir exactement où ça va aller. Le ministre de l'Environnement,
toutes les fois qu'on le rencontre et qu'on l'interroge, est en train de
travailler très fort là-dessus. Il travaille fort, mais
l'important, ce n'est pas qu'il nous dise qu'il travaille fort, l'important,
c'est qu'il nous dise quand il va agir. Dans le cas du dossier des pneus de
Saint-Amable, quand le ministre va-t-il agir? Avant, il nous disait qu'il n'y
avait pas de solution. Il y en a des solutions de trouvées. Qu'est-ce
que le ministre attend? Qu'est-ce que le gouvernement attend? M. le
Président, comment est-ce possible que le 2 novembre 1988 on en soit
à parler des événements de Saint-Basile qui se sont
passés le 23 août et que, dans les faits, on ne soit pas
passé à l'action et que rien, dans les faits, à part des
paroles, n'a porté fruit, puisque le ministre de l'Environnement
continue, d'une part, à refuser une vraie enquête comme on la
réclame, d'autre part, qu'il n'a pas encore trouvé de solution
définitive concernant les BPC au Québec et, enfin, qu'il ne nous
a pas fait connaître l'ensemble de ces mesures concernant la gestion des
déchets dangereux?
Le CAP environnemental qui a été publié,
c'était beau. C'était un excellent volume. C'était un
excellent énoncé. Mais comme le disait le chef de l'Opposition
tantôt, il va falloir arrêter de parier. Je comprendrais les
discours qui ont été tenus en cette Chambre si ces
événements-là s'étaient passés dans les
semaines ou dans les quelques mois qui ont suivi le 2 décembre. Je
pourrais comprendre qu'on dise: Écoutez, on vient d'arriver; il y a des
choses dont on n'était pas au courant et on ne pouvait pas tout faire.
Le député de Chambly nous disait tantôt: Écoutez, le
ministre a fait son possible il est venu dans le comté de Chambly.
Effectivement, en octobre 1986. Dix mois après qu'il a été
en place, il y est allé et a fait des déclarations. On
blâmait tantôt l'Opposition de ne pas faire sa job. En octobre
1987, en cette Chambre, à la période de questions, le
député de Verchères, mon collègue, demandait au
ministre de l'Environnement ce qui arrivait à propos de la
sécurité sur le site de Saint-Basile. On était au courant
qu'il y avait des normes qui n'étaient pas respectées. La
réponse du ministre à ce moment-là: Écoutez, tout
est sécuritaire. Dormez tranquilles, nous, on est efficaces. Tout est
sécuritaire.
Imaginez-vous que quelques mois plus tard, dix ou onze mois plus tard,
ça lui saute à la figure. Je comprends qu'il ne dormait pas et
qu'il pouvait y penser. Il y avait des problèmes de clôtures
à faire poser et des règlements. Il avait les moyens. La loi, le
règlement adopté en octobre 1985 lui donnait les moyens d'agir.
Il ne peut pas se cacher derrière ça. Il ne peut pas dire: Je
n'avais pas les outils. Et il ose venir dire aujourd'hui que le Parti
québécois n'a rien fait? Un instant. Même s'il avait fait
juste ça, ce serait extraordinaire de donner des outils pour être
capable d'intervenir. Mais vous le savez qu'il a fait pas mal plus que
ça, et ça, c'est inadmissible de la part d'un ministre de
l'Environnement.
C'est sûr que le ministre de l'Environnement a eu peur de jouer sa
tête, mais, vous
savez, en politique, il ne s'agit pas seulement d'essayer d'avoir la
tête des autres. Même si on avait la tête du ministre, le
problème ne serait pas réglé; cela ne réglerait
rien. Ma préoccupation, celle de l'Opposition, est de savoir exactement
ce qui est arrivé dans cette affaire-là. S'il y a des coupables,
on les blâmera. Le premier ministre prendra ses responsabilités.
S'il n'y en a pas, bravo!
Deuxièmement, il est important de savoir ce qu'on fait à
partir de maintenant pour que ça ne se reproduise pas.
Troisièmement, comment est-ce qu'on planifie l'avenir concernant toute
cette gestion des déchets dangereux? C'est sûr que le parti qui a
précédé et qui a gouverné avant n'a pas pu tout
régler. S'il avait tout réglé dans ce domaine-là et
dans d'autres domaines, ce serait la solution idéale. Mais que vous
n'ayez pas, en trois ans, été capables de commencer à voir
le bout de l'ombre d'un début de règlement, c'est
carrément inadmissible.
Prenez le dossier des heures d'affaires, M. le Président. C'est
un autre dossier qui a traîné. On l'a dit au ministre de
l'Industrie et du Commerce il y a un an dans cette Chambre. On l'a averti que
ça se gâterait. Non, non. On a attendu et là, on fait face
à une situation. Attendez de voir comment la population est satisfaite
de ça. Attendez de voir. Même chose pour les étudiants. On
peut rire de l'autre côté, M. le Président, mais on verra
bien ce qui va se produire.
La motion présentée concernant la disposition des
déchets dangereux, concernant les événements de
Saint-Basile est excessivement importante. On pensait, avec elfe, être
capable de convaincre le ministre de l'Environnement de faire face à ses
responsabilités et de nous dire, au moins une fois pour toutes, pourquoi
il refuse cette avenue-là. Le ministre de l'Environnement nous dit: Vous
voulez faire tout un plat avec ça. Quand un ministre a peur de faire
face à ses responsabilités parce qu'il se sait fautif, ça
commence à ne pas sentir bon. Si on ne l'a pas par cette voie-là,
on l'aura, parce que la vérité va sortir dans le dossier de
Saint-Basile. On saura exactement ce qu'il en est. Le jour où les pots
devront être payés, j'espère qu'il n'y aura pas d'autres
citoyens et d'autres citoyennes du Québec qui auront eu à vivre
les événements. Je ne souhaite à aucun
député en cette Chambre, dans son comté, dans son
environnement, dans sa famille ou dans sa vie tout proche, que de semblables
événements arrivent, parce que, M. le Président, et je
termine là-dessus, je trouve ça excessivement déplorable,
surtout lorsqu'on sait que cela aurait pu être évité, si
seulement il y avait eu du gardiennage, si seulement il y avait eu une
clôture. M. le Président, il n'y en avait pas et il y a quelqu'un
de fautif quelque part. La motion que j'ai dû présenter au nom de
mon collègue, le député de Verchères, est une
motion pour laquelle nous allons certainement voter. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, nous devons maintenant procéder à la mise aux
voix de la motion présentée au nom de M. le député
de Verchères. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Quant au vote, on
s'entend pour le reporter à demain aux affaires courantes.
Le Vice-Président: Le vote est donc reporté
à la prochaine période des affaires courantes.
Puisque nous arrivons à 18 heures, nous allons maintenant
ajourner nos travaux qui reprendront demain, le jeudi 3 novembre, à 14
heures.
(Fin de la séance à 17 h 59)