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(Dix heures treize minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Aux affaires courantes: déclarations ministérielles. M. le
ministre des Finances.
Déduction supplémentaire de 33 1/3 %
à l'égard des frais d'exploration des ressources engagés
au Québec et autres mesures fiscales
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, lors de ma
déclaration ministérielle du 18 décembre 1987,
j'annonçais la création d'une déduction additionnelle de
33 1/3 % à l'égard des frais d'exploration de ressources
engagés au Québec et dont le financement s'effectue notamment par
le biais d'actions accréditives.
Convaincu que cet incitatif fiscal contribue à soutenir le
développement économique de plusieurs régions du
Québec, particulièrement le nord-ouest, j'ai continué avec
mon collègue, le ministre délégué aux Mines,
député d'Abitibi-Est, à suivre de près
l'évolution du marché du financement de l'exploration
minière. C'est ainsi que des précisions importantes ont
été apportées dans le discours sur le budget du 12 mai
1988 ainsi que dans le communiqué du 30 juin dernier.
Dans ce contexte, compte tenu de l'évolution au cours de la
dernière année et du fait que les avantages fiscaux reliés
à l'exploration minière ont été sensiblement
réduits dans le régime d'imposition fédéral, il
m'apparaît que la fiscalité à l'égard de
l'exploration minière devrait mieux refléter le risque plus
élevé du premier stade d'exploration. J'annonce donc
l'introduction, pour l'année d'imposition en 1989, d'une
déduction supplémentaire de 33 1/3 % à l'égard des
frais d'exploration minière, à l'égard, dis-je, des frais
d'exploration minière de surface engagés au Québec, dont
le détail des modalités d'application apparaît en annexe
à la présente déclaration, qui en fait d'ailleurs partie
intégrante (voir annexe). Associée à la déduction
additionnelle pour frais d'exploration, cette nouvelle déduction portera
à 166 2/3 % le montant total de déduction dont pourra
bénéficier un particulier à l'égard de tels
frais.
En outre, M. le Président, cette déduction
supplémentaire ne sera pas prise en compte aux fins de la
détermination de la perte nette cumulative sur placement, comme c'est
d'ailleurs déjà le cas pour la déduction additionnelle de
33 1/3 % et pour la moitié de la dépense de base pour frais
d'exploration. Je suis persuadé, M. le Président, que le
dynamisme des agents économiques oeuvrant dans le secteur de
l'exploration minière permettra aux entreprises de s'appuyer sur ces
mesures leur facilitant la levée de capitaux auprès des
particuliers intéressés à investir dans ce secteur et
ainsi assurer un meilleur développement de l'économie des
régions minières du Québec.
Par ailleurs, M. le Président, à l'occasion du discours
sur le budget du 12 mai dernier, j'introduisais la notion d'organisme
charnière afin de favoriser la création de liens entre les
entreprises et les universités. Une entreprise qui a recours à un
organisme charnière pour la gestion et la réalisation de ses
projets de recherche en milieu universitaire, peut profiter du même
crédit d'impôt remboursable de 40 % des dépenses de
recherche que si elle faisait elle-même les démarches
auprès des entités universitaires admissibles.
Devant l'intérêt manifesté à cet égard
par certaines entreprises, j'annonce aujourd'hui la reconnaissance de deux
nouveaux organismes charnières, soit le Centre québécois
de valorisation de la biomasse et le Centre francophone de recherche en
informatisation des organisations. J'annonce également que l'Institut de
recherche en exploration minérale, l'IREM, est maintenant reconnu
à titre d'entité universitaire admissible pouvant ainsi donner
droit au crédit d'impôt remboursable de 40 % sur la
totalité des dépenses de recherche et de développement que
l'institut effectue en vertu d'un contrat de recherche universitaire.
De plus, M. le Président, d'autres mesures apparaissent à
l'annexe de la présente déclaration. L'une d'entre elles concerne
les centres financiers internationaux. Les mesures fiscales spécifiques
à ces institutions ont d'ailleurs déjà permis
l'établissement à Montréal de quatorze de ces centres qui
contribuent à rehausser la place qu'occupe le Québec sur les
marchés financiers internationaux. À cet égard, un
assouplissement sera apporté à l'assouplissement de l'exemption
d'impôt pour un employé étranger d'un centre financier
international.
Par ailleurs, sont également prévues à l'annexe des
précisions additionnelles à l'égard de l'harmonisation
à certaines modifications introduites dans la législation donnant
suite à la réforme fiscale fédérale.
Finalement, en ce qui a trait aux mesures concernant la réforme
de l'aide fiscale à l'épar-gne-retraite et le communiqué
fédéral du 18 août dernier, je suis d'accord sur les
objectifs poursuivis par cette réforme qui visent à assurer plus
d'équité entre les différents modes d'épargne en
vue de la retraite. Je dois cependant indiquer que le Québec ne peut
souscrire à plusieurs des modalités d'application
proposées par le gouvernement fédéral qui pourraient
conduire au désenregistrement de régimes de retraite dont le
coût fiscal est pourtant inférieur au maximum envisagé par
le gouvernement fédéral et dont les prestations sont conformes
aux lois régissant les régimes supplémentaires de
retraite.
À la suite des représentations du Québec et
de celles des milieux concernés, cette réforme très
complexe a été différée à plusieurs
reprises. Le Québec ne peut que s'harmoniser au dernier report d'un an
annoncé en août 1988 par le gouvernement fédéral. Il
poursuivra toutefois ses représentations auprès dudit
gouvernement fédéral afin d'en arriver à une solution plus
satisfaisante pour le Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président: Merci, M. le ministre. Auriez-vous
l'amabilité de déposer l'annexe à laquelle vous avez fait
allusion durant votre déclaration ministérielle?
M. Levesque: M. le Président, c'est avec plaisir que je me
rends à votre voeu qui, j'espère, est partagé par
l'ensemble de l'Assemblée.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Bertrand en réponse à la
déclaration ministérielle de M. le ministre des Finances.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. On a lieu de
se réjouir ce matin de voir le ministre des Finances nous annoncer ses
nouvelles mesures pour porter finalement à 166 2/3 % les
déductions fiscales concernant les actions accréditives.
On se souviendra cependant, M. le Président, qu'en 1986 le niveau
de déduction était de 166 2/3 % et on se souviendra qu'alors,
l'Opposition avait rappelé au gouvernement que le fait de baisser
à 133 % et à 100 %, et de l'avoir ramené au cours de
l'année 1987 à 133 1/3 %... Ce matin, ce qu'on reconnaît
finalement dans les faits par cette nouvelle déduction de 33 1/3 % pour
la porter à 166 2/3 %, c'est de revenir à la case de
départ mais, malheureusement, au cours des deux dernières
années, l'effet net combiné des actions du gouvernement
fédéral en matière incitative concernant toute
l'exploration minière ont été très
négatives. On sait qu'au cours de 1987 environ 565 000 000 $
étaient accrédités pour le financement de l'exploration
minière tandis que, pour l'année présente, 1988, on
s'attend à environ 125 000 000 $ ou 150 000 000 $, ce qui est au moins
quatre fois moins que l'année précédente.
Le Nord-Ouest québécois, l'Abitibi et toutes les
régions ont subi un recul important et je pense que les mesures
apportées ce matin, même si on les salue avec beaucoup
d'enthousiasme... On trouve quand même déplorable, d'une part, que
le gouvernement du Québec ait fait un recul ces deux dernières
années pour le reconnaître finalement ce matin. Aussi, l'ensemble
des mesures qui ont été entreprises ces dernières
années par le gouvernement fédéral, y compris le nouveau
programme mis de l'avant, semblent être des pas faits dans des directions
quelque peu différentes du gouvernement du Québec.
Même si le gouvernement du Québec nous annonce ce matin ces
nouvelles mesures, je reste quelque peu perplexe quant à l'action du
gouvernement fédéral et, dans ce sens, laissez-moi vous citer le
ministre délégué aux Mines qui, en commission
parlementaire, en réponse à une question du député
d'Ungava quant au nouveau programme d'aide fédérale en cette
matière, disait, pas plus tard que le 15 décembre dernier: "J'ai
fait moi-même l'évaluation à partir des données qui
ont été présentées et, à première
vue, le programme se veut un élément positif dans l'exploration,
mais je crois que les restrictions administratives et budgétaires feront
en sorte que cela risque de causer beaucoup plus de problèmes qu'autre
chose".
Le ministre délégué aux Mines disait: Cela va
demander des interventions additionnelles de la part du gouvernement
fédéral. Les courtiers avec lesquels j'ai eu l'occasion de
discuter, non pas sur une base scientifique, mais sur une base d'échange
de vues officieux, lors des rencontres, ont indiqué que ceci semblait
présenter plusieurs difficultés. Tout cela pour vous dire, M. le
Président, que, même si le ministre des Finances annonce des
mesures, si elles ne sont pas coercitives vis-à-vis d'Ottawa, je pense
qu'on risque de se ramasser dans un effet net qui ne sera pas celui voulu par
le gouvernement du Québec.
D'autre part, concernant les organismes charnières qui sont
reconnus par le gouvernement ce matin, on souhaite, en plus des deux qui
viennent de se joindre - soit la reconnaissance du Centre
québécois de valorisation de la biomasse et aussi du Centre
francophone de recherche en informatisation des organisations - que d'autres
organismes puissent venir s'ajouter, au cours de la prochaine année,
pour permettre aux dirigeants d'entreprises, les dirigeants de PME, d'avoir,
sur le plan fiscal, davantage d'aide au niveau de la recherche et du
développement. Je ne pourrais m'empêcher de souligner, M. le
Président, que si, d'une part, on semble vouloir faire poser des gestes
dans le bon sens au niveau de la recherche et du développement, je
m'inquiète, d'autre part, que, dans le cas particulier qui nous
préoccupe et qui fart l'objet de l'actualité actuellement, soit
l'institut Armand-Frappier, on ait, d'un côté, un ministre
responsable, le ministre de l'Éducation, qui semble vouloir laisser
porter un organisme aussi important que l'institut Armand-Frappier pendant
qu'on a besoin ici au Québec de garder et de conserver l'entité
de nos centres de recherche et surtout dans le cas de l'institut
Armand-Frappier.
D'autre part, à la suite du Sommet québécois de la
technologie, plusieurs mesures auraient dû être annoncées.
C'est un peu avec déception ce matin qu'on ne retrouve pas, dans la
déclaration ministérielle, de ces mesures qui ont fait l'objet de
recommandations lors du sommet
québécois de la technologie, puisqu'on sait à quel
point le Québec accuse un recul en matière de recherche et
développement et que les mesures actuellement appliquées par le
gouvernement du Québec, soit des mesures fiscales, ne sont pas
suffisantes si on veut être capable d'atteindre l'objectif que
s'était fixé le gouvernement pour 1992, c'est-à-dire 2 %
de notre PIB. Dans ce sens-là, on aurait été en droit de
s'attendre ce matin à l'annonce de nouvelles mesures en matière
de recherche et de développement. Dans ce sens-là, je trouve
ça déplorable, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président: Je remercie M. le député de
Bertrand. M. le ministre des Finances, pour votre droit de réplique.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, je remercie le
député de Bertrand de se joindre à nous tous en cette
veille du début de la période des fêtes, pour se
réjouir également du contenu de cette déclaration
ministérielle. Je suis heureux moi-même, M. le Président,
d'avoir pu, avec mes collègues responsables des divers dossiers
concernés, en particulier le ministre délégué aux
Mines et député d'Abitibi-Est, et avec mes collègues
responsables d'autres dossiers, par exemple le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, qui ont évidemment tous
contribué à faire en sorte que nous puissions arriver à la
conclusion que j'ai eu l'honneur d'annoncer ce matin.
Lorsque l'honorable député de Bertrand mentionne que,
depuis 1966, il y a eu certaines variations qu'il attribue à certaines
mesures fiscales, je tiendrais à lui rappeler deux choses.
Premièrement, s'il y a eu une diminution du côté de
l'exploration minière, sociétés en commandite, actions
accréditives, il ne faut pas s'en surprendre parce que cela a
été le même cas dans les REA. Cela a été le
même cas d'ailleurs dans l'ensemble des émissions d'actions. (10 h
30)
Je lisais récemment un rapport de l'ACCOVAM qui mentionnait
justement qu'au Canada, dans les huit premiers mois de l'année par
rapport aux huit premiers mois de l'année précédente, il y
avait une diminution de 86 % dans les émissions d'actions ordinaires.
Comme chiffres pour ces huit premiers mois au Canada, on mentionnait qu'il y
avait eu, en 1988, moins de 1 000 000 000 $ d'émissions d'actions
ordinaires par rapport à plus de 6 500 000 000 $ pour les huit premiers
mois correspondant à l'année antérieure. C'est un
phénomène canadien, c'est un phénomène
nord-américain et c'est un phénomène international. Alors,
il ne faudrait pas, M. le Président - et je prie le député
de Bertrand de faire preuve de la plus grande objectivité - arriver
à des conclusions basées uniquement sur un secteur sans tenir
compte de l'ensemble de la situation.
Deuxièmement, je voudrais lui faire part de ceci. Il a
parlé de l'année 1987. En effet, l'année 1987 a vu un
total relativement aux accréditives, aux sociétés en
commandite, de 532 000 000 $ au Québec; l'année
précédente, de 288 000 000 $. Mais en 1985 le
député criait presque à la catastrophe. Lorsqu'il parle de
150 000 000 $ pour 1988, c'est le chiffre de 1985. En 1984, le chiffre
était de 64 000 000 $; en 1983, il était de 42 000 000 $, en
1982, de 12 000 000 $, en 1981, de 8 000 000 $, et ainsi de suite. Alors, il ne
faudrait pas arriver à prendre une seule année pour faire la
comparaison parce que, justement, dans cette année 1987, il y a eu un 19
octobre dont on se rappellera. Le 19 octobre 1987 a fait en sorte justement
d'éroder d'une façon considérable la confiance des
investisseurs dans le marché boursier. Il faut aussi se rappeler
ça. C'est pourquoi nous avons suivi la situation de très
près et, avec mon collègue le ministre
délégué aux Mines, nous avons fait un cheminement qui nous
a amenés à la conclusion que j'ai le plaisir d'annoncer
aujourd'hui, un plaisir partagé d'ailleurs, et je m'en réjouis,
par le critique même de l'Opposition officielle. Merci.
Le Président: Je remercie M. le ministre des Finances.
Nous allons maintenant continuer les affaires courantes.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui. M. le Président, si vous voulez appeler
l'article a du feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 108
Le Président: Ce matin, à l'article a du
feuilleton, Mme la ministre de l'Environnement présente le projet de loi
portant le numéro 108, Loi sur les espèces menacées ou
vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune. Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de protéger et de gérer certaines espèces fauniques et
floristiques et leurs habitats. À cette fin, il prévoit un
processus de désignation des espèces menacées ou
vulnérables et d'identification de leurs habitats.
Ce projet de loi prévoit aussi que les espèces fauniques
désignées comme menacées ou vulnérables et leurs
habitats sont régis par la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune.
En matière de flore, ce projet de loi prévoit les
activités qui ne peuvent être exercées à
l'égard des espèces floristiques menacées ou
vulnérables ou dans leurs habitats. Il prévoit, toutefois,
que certaines de ces activités peuvent être exercées en
vertu d'une autorisation du gouvernement ou du ministre de l'Environnement ou
conformément à des normes ou conditions d'interventions
déterminées par règlement du gouvernement. Il
prévoit également des pouvoirs d'inspection, de saisie, de
confiscation et d'arrestation ainsi que des sanctions pénales.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi portant le numéro 108? M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article b, M. le Président.
Projet de loi 112
Le Président: À l'article b, au feuilleton, M. le
ministre des Transports présente le projet de loi portant le
numéro 112, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives. M. le ministre des Transports.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Ce projet de loi a pour effet de réviser
entièrement la Loi sur la voirie. Il confie au ministre des Transports
la gestion des routes qui font partie du domaine public de l'État.
À cette fin, le ministre en assume la construction et l'entretien. Le
projet de loi prévoit que les routes appartenant aux
municipalités mais qui sont entretenues par le ministère, seront
transférées au domaine public de l'État, à la date
de la sanction.
Le projet prévoit également un mécanisme d'entente
entre le ministère des Transports et les municipalités concernant
notamment la construction et l'entretien des routes du domaine public de
l'État et du domaine public municipal, ainsi que le transfert de la
propriété de ces routes.
En outre, il reconduit certaines dispositions de la loi actuelle,
notamment celles concernant les pouvoirs d'acquisition et de disposition du
ministre, la construction et l'entretien des routes, y compris les droits et
obligations des propriétaires riverains, certaines clauses
d'exonération de responsabilité civile et les subventions
accordées aux municipalités.
Les dispositions relatives aux dépotoirs ont également
été reconduites et des pouvoirs d'inspection ont
été ajoutés.
De plus, les dispositions portant sur les haltes routières et les
pouvoirs de remisage de biens, prévues dans la Loi sur le
ministère des Transports ont été incorporées au
projet de loi.
Enfin, le projet de loi vise à assurer la concordance avec la
législation existante et à abroger diverses dispositions
législatives qui relèvent du champ d'application de ce projet de
loi.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 112?
M. Gendron: Oui, adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du gouvernement,
y a-t-il d'autres présentations de projets de loi?
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président: Dépôt de documents. Mme la
ministre des Affaires culturelles.
Rapport annuel du Musée du
Québec
Mme Bacon: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport pour 1987-1988 du Musée du Québec.
Le Président: Mme la ministre, votre rapport est
maintenant déposé. M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Rapport annuel du CSE
M. Ryan: II me fait plaisir de déposer le rapport annuel
du Conseil supérieur de l'éducation pour l'année
1987-1988.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, votre
rapport est maintenant déposé.
M. le ministre des Transports, toujours à l'étape de
dépôt de documents.
Rapport annuel du ministère des
Transports
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport annuel 1987-1988 du ministère des
Transports.
Le Président: Document déposé. Mme la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Rapport annuel du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration
Mme Robic: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration pour l'année 1987-1988.
Le Président: Dépôt de rapports de
commissions. M. le président de la commission de l'éducation, et
député de Sauvé. Excusez-moi. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui. J'aurais, moi aussi, un dépôt de
document à effectuer.
Le Président: Je vais vous reconnaître, M. le leader
du gouvernement.
Organismes invités dans le cadre des
consultations particulières sur le transport
dans la région de Montréal
M. Gratton: M. le Président, je dépose la liste des
organismes invités dans le cadre des consultations particulières
de la commission de l'aménagement et des équipements qui doit
examiner les volets "développement du réseau autoroutier" et
"Projets de développement du réseau de transport collectif du
plan d'action 1988-1998 intitulé "Le transport dans la région de
Montréal", rendu public par le ministre des Transports le 10 août
1988. J'avise également cette Assemblée que les mémoires
devront être reçus au Secrétariat des commissions, le 16
janvier, plutôt que le 9 janvier 1989 comme j'en avais déjà
donné avis. Je rappelle que la commission doit se réunir les 23,
24 et 25 janvier prochain.
Le Président: M. le leader du gouvernement, votre document
est maintenant déposé. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de documents?
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission de l'éducation et député de
Sauvé.
Étude détaillée du projet de loi
58
M. Parent (Sauvé): M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission permanente de l'éducation
qui a siégé le 21 décembre 1988 afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 58, Loi
modifiant la Loi sur le ministère de l'Éducation. Le projet de
loi a été adopté, M. le Président.
Le Président: Votre rapport de commission est maintenant
déposé, M. le député de Sauvé.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Jon-quière.
Confirmer l'usage exclusif de la langue
française tant à l'intérieur
qu'à
l'extérieur des commerces
M. Dufour: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
151 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec. Les faits
invoqués sont les suivants: "Qu'il faut restaurer la loi 101."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale confirme dans leur intégrité les
articles de la Charte de la langue française relatifs à
l'affichage commercial et aux raisons sociales afin de confirmer l'usage
exclusif de la langue française tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur des commerces." Je certifie que cet extrait est
conforme au règlement et à l'original de la pétition.
Le Président: M. le député de
Jonquière, votre pétition est maintenant
déposée.
Je vais reconnaître M. le député de Bertrand pour
autant qu'il y ait consentement. Est-ce qu'il y a consentement, M. leader du
gouvernement?
M. Gratton: Oui.
Le Président: M. le député de Bertrand, vous
avez la parole.
M. Parent (Bertrand): Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale par 812
pétitionnaires de la polyvalente De Mortagne, à Boucherville. Les
faits invoqués sont les suivants: "Non au jugement de la Cour
suprême, non à l'affichage bilingue, non à la domination
d'une majorité par une minorité, non à la perte de notre
identité culturelle, non à la perte progressive de notre langue
française." L'intervention réclamée se résume
ainsi: "Oui à l'application de la clause dérogatoire, oui
à l'affichage unilingue, oui à la sauvegarde de notre patrimoine
culturel et linguistique, oui à l'avenir du français au
Québec, oui à la loi 101."
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition, M. le Président. (10 h 40)
Le Président: M. le député de Bertrand,
votre pétition est déposée. Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée par 774
pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec. L'intervention
réclamée se résume ainsi: "Que le gouvernement applique la
clause nonobstant; qu'il rétablisse la Charte de la langue
française comme elle a été adoptée initialement;
qu'il étende les mesures de francisation aux entreprises de dix
employés et plus; qu'il retire le permis de commercialisation aux
entreprises qui ne respectent pas la Charte de la langue française."
Le Président: Mme la députée de
Maison-neuve, votre pétition est déposée. M. le
député de Mercier, toujours avec le consentement de
l'Assemblée.
M. Godin: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
460 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec qui
demandent: "Que le gouvernement rétablisse la clause nonobstant; qu'il
rétablisse la Charte de la langue française comme elle a
été adoptée initialement...
Une voix:...
M. Godin: M. le Président, s'il vous plaît, est-ce
que je peux...
Le Président: Oui, continuez, M. le député
de Mercier.
M. Godin: ...que le gouvernement rétablisse la clause
"nonobstant"; qu'il rétablisse la Charte de la langue française
comme elle a été adoptée initialement." Merci
beaucoup.
Le Président: M. le député de Mercier, votre
pétition est déposée. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de pétitions?
Ce matin, il n'y aura pas d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège ou sur un fait personnel. Je suis prêt
à reconnaître le premier intervenant en principale, M. le
député de Taillon.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Affichage à l'intérieur des
commerces
M. Filion: M. le Président, conçue sans conviction
et sans véritable politique, la loi 178, telle qu'amendée et
adoptée, restera sans doute un chef-d'oeuvre d'ambiguïté et
de confusion en matière linguistique. À cause de ce cafouillis,
de cette improvisation, le gouvernement libéral vient sûrement de
créer une nouvelle catégorie d'emploi au Québec: les
spécialistes en droit linguistique, secteur de l'affichage. Ce qui est
moins drôle, M. le Président, c'est que cette loi entrera en
vigueur le jour de sa sanction, probablement demain. Or, les règlements
d'application dont la responsabilité, on le sait, a été
enlevée à l'Office de la langue française pour revenir au
gouvernement, ces règlements sont toujours inconnus. Il s'agit
sûrement là de la deuxième partie du secret de Fatima. Il
demeure clair cependant qu'à partir de demain, l'affichage bilingue
intérieur sera permis dans tous les commerces de 1 à 50
employés, à l'exception des chaînes. De plus, le ministre a
évoqué le nombre d'affiches comme critère de
prépondérance et de prédominance.
Ma question au ministre délégué et autrefois
responsable de la loi 101: Attendu qu'il a évoqué le nombre
d'affiches comme critère de prédominance, est-ce que le ministre
peut simplement nous confirmer qu'il y aura légalement des affiches
unilingues anglaises à l'intérieur des commerces, oui ou non?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles. M. le ministre.
M. Rivard: II faut comprendre, M. le Président, et j'avoue
que j'ai parfois de la difficulté à le faire comprendre au
député de Taillon, l'économie générale de
cette loi que nous venons d'adopter. L'économie générale,
encore une fois, il faut le répéter à la population,
c'est: à l'extérieur du commerce, uniquement du français;
à l'intérieur des commerces, du français obligatoire
partout, et, à l'intérieur des commerces, la possibilité
d'utiliser une autre langue quand cela a du sens. C'est l'économie
générale de la loi. Ce n'est pas autre chose que cela.
M. le Président, le député de Taillon veut que je
précise la notion de prédominance. M. le député de
Taillon, la prédominance est une question d'impact visuel. Le bon sens
voudrait qu'on ne soit pas obligé de le préciser. Le bon sens
voudrait cela. Je vous donne deux exemples. Je vous ramène l'exemple
d'hier. Si vous me regardez ce matin, je pense que vous savez
généralement dans quel genre de ton se situent mes
vêtements.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre. Allez, M. le ministre. M. le ministre.
M. Rivard: Si vous regardez ce lieu où nous sommes, on dit
que c'est le salon bleu. Si on passe de l'autre côté, c'est le
salon rouge. Vous êtes d'accord avec cela, M. le député de
Taillon? Ce n'est pas la nette prédominance, ce n'est pas la grosseur
des lettres, ce n'est pas la couleur des lettres, ce n'est pas la disposition
en haut, en bas, à gauche ou à droite du français par
rapport à l'anglais, ce n'est pas la grosseur des affiches, ce n'est pas
le nombre d'affiches, c'est tout cela.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: Une fois que le ministre responsable de la loi nous
confirme, ce qu'il vient de faire il y a quelques secondes, que le nombre
d'affiches peut être un critère, est-ce qu'il peut passer à
l'étape suivante et nous confirmer que, à partir de ce
moment-là, il peut y avoir, à l'intérieur des commerces au
Québec, deux ou trois affiches unilingues françaises et une ou
deux affiches unilingues anglaises? C'est cela, ma question.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles.
M. Rivard: C'est la même réponse, M. le
Président. J'ai dit au député de Taillon, et je ne veux
quand même pas répéter la réponse que je viens de
donner... Il faudrait que le député de Taillon et moi allions
ensemble dans un commerce où, ayant franchi une porte - je pense que
tous les deux, on serait capables de savoir qu'on est à
l'intérieur - on s'aperçoit que l'impact visuel total, c'est du
français. C'est tout, ce n'est pas plus compliqué que ça.
C'est ce que tout homme raisonnable peut percevoir sans instrument de mesure.
C'est simplement cela.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle.
M. Filion: Est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi,
à ce moment-là, il a besoin d'un pouvoir de
réglementation?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre délégué aux Affaires culturelles, vous avez la
parole.
M. Rivard: Vous savez, M. le Président, l'humour est
utile, en politique comme ailleurs, ça fait comprendre les concepts. Je
suis très heureux de voir que le député de Taillon, ce
matin, est aussi détendu que je le suis. Vous faites allusion, M. le
député de Taillon, à cet amendement que nous avons
examiné ensemble, hier, en commission plénière, de la
façon la plus juridique possible. Je vous concède un avantage
là-dessus, vous êtes plus habile dans les termes de loi que je ne
le suis, peut-être, mais j'essaie de comprendre le fond des choses. Et
cet amendement... Il faut que le député de Taillon
m'écoute...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Allez, M. le ministre.
M. Rivard: ...autrement, le député de Taillon n'est
intéressé qu'à la question, il n'est pas
intéressé à la réponse, il ne peut pas comprendre
les explications.
Le Président: Allez, M. le ministre.
M. Rivard: Cet amendement touche l'intérieur des
commerces, pas de tout le monde, ça touche l'intérieur des
grandes surfaces, les grands commerces de 50 employés et plus, ça
touche les franchises. L'économie générale de la loi veut
qu'on fasse la promotion du français au Québec. Ce qu'a fait le
premier ministre, le chef du gouvernement, c'est qu'il a arbitré du
côté des droits de la collectivité, de la majorité
francophone. L'économie générale, c'est du
français, et le pouvoir de réglementation auquel vous faites
allusion, c'est à l'égard des franchises et à
l'égard des commerces de 50 employés et plus.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, pour permettre au
ministre de sortir de son cadre humoristique, parce qu'il m'a fait tellement
rire, je voudrais lui demander si, à l'intérieur de tout
ça, la couleur, la grosseur des lettres, est-ce que, par exemple,
j'aurais raison de dire que s'il y a huit affiches unilingues anglaises et neuf
affiches unilingues françaises, de même dimension de lettres et de
même couleur, ce serait légal, en fonction de sa loi? (10 h
50)
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires culturelles.
M. Rivard: Franchement! C'est ça qu'on va regarder
ensemble et peut-être même avec vous. Ce qu'on vient de mettre au
monde, c'est un nouveau régime d'aménagement linguistique. Ce
n'est pas le régime intolérant du gouvernement
précédent. C'est un régime qui est conforme, qui est
adapté à la réalité québécoise. Et,
à l'intérieur de la réglementation qui ne concerne, encore
une fois - parce que là, le député de Taillon a compris
que j'avais rectifié un peu le sens de sa question - que les grands
commerces, que les franchises qui jouissent de moyens extraordinaires pour
faire des affiches de toutes sortes de couleurs, de toutes sortes de contenus
en termes de messages... Ce que nous faisons actuellement, c'est que nous
allons travailler à une réglementation...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivard: ...mais pendant ce temps-là, ils ne peuvent pas
utiliser le concept de nette prédominance parce qu'ils sont en
régime d'uni-linguisme français tant qu'on ne l'a pas
défini. Avez-vous compris ça?
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, je comprends avec le
ministre que la tour de Babel ne s'est jamais terminée. Mais je voudrais
bien aussi qu'on regarde, M. le Président... La loi est quelque chose,
quelque part entre le salon rouge et le salon bleu, comme le disait mon ami de
Terrebonne. Je voudrais vous demander très sérieusement... Demain
matin, ce sera légal, pour une certaine catégorie. Qu'est-ce que
vous faites pour poursuivre un individu qui serait non conforme à
l'esprit de votre loi quelque part entre la couleur, la dimension, le fond de
teint, appelez-ça comme vous voudrez?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rivard: Qu'est-ce que vous avez fait, en 1977, quand vous avez
introduit dans la loi le concept de prédominance? Je pense qu'il va
falloir s'asseoir tous les deux ensemble. Vous allez me dire ce que vous avez
fait et vous allez essayer de me persuader que ce que nous faisons n'est pas
meilleur.
Le Président: Je vais reconnaître...
M. Godin: M. le Président...
Le Président: M. le député de Mercier, en
principale.
Les plaintes pour affichage illégal qui avaient
déjà été portées
M. Godin: M. le Président, des centaines de citoyens
soucieux du visage français du Québec ont porté plainte
contre des affiches illégales depuis quelques années. Qu'est-ce
que le ministre de la Justice va faire avec ces plaintes-là? Va-t-il les
mettre à la poubelle ou va-t-il leur donner suite?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, il est reconnu qu'un
jugement concernant la constitution-nalité d'une loi - lorsqu'on
déclare qu'une loi est inconstitutionnelle - n'a pas d'effet
rétroactif. Cependant, dans le cas qui nous occupe, nous allons
étudier les plaintes... Chaque plainte méritera une étude
particulière et on prendra les décisions qui s'imposent en
fonction des différents éléments qui ont été
retenus pour ces plaintes.
Le Président: M. le député de Mercier, en
additionnelle.
M. Godin: M. le Président, est-ce que le ministre peut
s'engager à déposer devant cette Chambre le résultat de
ces études sur ces plaintes-là en vertu des articles 58 et 69 de
la loi 101? Le bilan de ces plaintes-là en vertu des lois qui sont
changées ou pas changées par la Cour suprême.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, il n'est quand
même pas coutume en cette Chambre de discuter des plaintes. Je pense que
je ne...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rémillard: ...viendrai pas faire le bilan ici, comme
ministre de la Justice, des plaintes que nous recevons et de la façon
dont nous les traitons. Comme Procureur général, je n'ai pas, je
crois, à répondre en cette Chambre de cette façon. Je suis
prêt à répondre aux questions du député de
Mercier. Je dis et répète à sa question que nous allons
étudier les plaintes qui sont toujours pendantes en fonction
d'éléments qui ont été déclarés
inconstitutionnels, inopérants par la Cour suprême du Canada.
C'est ce que nous faisons actuellement. Chaque plainte sera
étudiée et nous allons voir ce que nous devons faire de ces
plaintes.
Le Président: M. le député de Mercier, en
additionnelle.
M. Godin: Je ne demande pas au ministre le nom des plaignants,
mais je demande les chiffres comme l'Office de la langue française les
dépose chaque année dans son rapport, sans violer aucun secret de
la justice. Est-ce que les chiffres seront déposés devant cette
Chambre tôt ou tard, les plaintes qui sont encore valides et les plaintes
qui ne le sont plus à la suite du jugement de la Cour suprême?
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: II me semble qu'il s'agit là d'une question
dont la nature relève beaucoup plus d'une question qui s'inscrit au
feuilleton qu'une question qu'on pose ici à la période de
questions orales.
Le Président: Vous avez posé votre question.
M. le ministre de la Justice, avez-vous autre chose à
ajouter?
M. Rémillard: M. le Président, comme Procureur
général, je pense que cette Chambre reconnaît qu'il y a des
limites aux réponses que je peux apporter. Ce que je peux dire au
député de Mercier, c'est que toutes les plaintes qui sont
pendantes seront étudiées cas par cas en fonction de la
décision que la Cour suprême vient de rendre et que nous allons
prendre les décisions qui s'imposent, soit de continuer les poursuites,
soit de les laisser tomber.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Je voudrais savoir du ministre de la Justice si,
dans son analyse des plaintes qu'il a mentionnées, il va s'appuyer sur
la loi 101 telle qu'elle existait avant le jugement de la Cour suprême ou
s'il va s'appuyer sur la loi 176 qui a été adoptée hier
pour décider s'il continue ou s'il retire la plainte.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Tout d'abord, un fait très important:
la loi 178 n'a pas d'effet rétroactif. Il faut bien comprendre qu'en
droit, H y a une loi qui existait, c'est la loi 101, qui existe encore toujours
dans sa grande partie, et c'est cette loi qui doit nous guider dans la
décision qui a été rendue par la Cour suprême et, en
fonction de cette décision, en fonction de la loi 101, chaque plainte
sera étudiée. Nous allons voir les chefs d'accusation qui sont en
fonction de chacune des plaintes, et des décisions seront prises en
fonction de ces chefs d'accusation et de la
décision de la Cour suprême.
Le Président: En principale, M. le député de
Verchères.
Incendî? au dépotoir de pneus usés
de Franklin
M. Charbonneau: M. le Président, ma question s'adresse
à la vice-première ministre et nouvelle ministre de
l'Environnement, que je voudrais d'ailleurs féliciter pour sa
nomination, en déplorant que le premier ministre ait choisi de lui
confier ce portefeuille à temps partiel et en lui souhaitant bonne
chance, d'autant plus que je dois rendre hommage au député de
Nelligan qui, je dois le reconnaître, a fait un travail important pour la
cause de l'environnement...
Des voix: Ah! Ah! Bravo!
M. Charbonneau: ...malgré le fait qu'à bien des
égards on ait dû croiser le fer, parce que c'était
important et surtout justifié de le faire.
Cela dit, M. le Président, au cours des dernières heures,
on apprenait qu'il y a eu un incident au dépotoir de pneus de Franklin,
dont on a parié abondamment au cours des dernières semaines
à l'Assemblée nationale, dépotoir qui avait obtenu un
certificat d'autorisation du ministère, qui avait perdu son certificat
d'autorisation et qui avait obtenu de nouveau son certificat d'autorisation.
Est-ce que les services du ministère de l'Environnement ont
informé la ministre de la situation? Est-ce qu'elle est en mesure,
à ce moment-ci, de nous faire un rapport de la situation? Est-ce qu'elle
peut, à ce moment-ci, nous indiquer les causes de l'incendie, la
gravité et les mesures qui ont été prises pour faire face
à cet incendie?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
le député de Verchères pour l'élégance de
ses propos. Je dois dire que j'ai été réveillée ce
matin par les nouvelles de 6 heures qui nous annonçaient cet incendie
à un site d'entreposage de pneus. Dès que les bureaux ont
été ouverts au ministère, j'ai immédiatement
téléphoné pour avoir de l'information. C'est vrai que le
site avait été rouvert le 15 décembre 1988. L'incendie
aurait débuté à minuit trente et, dès 3 h 30, il y
avait un représentant du ministère de l'Environnement sur place
pour faire en sorte que ce soit réglé le plus rapidement
possible. L'incendie s'est terminé vers 8 heures ce matin. C'est un
incendie qui a été relativement court grâce à
l'intervention rapide du ministère, un Incendie qui est
considéré comme mineur et qui n'a pas de conséquence sur
l'environnement de ce site. On me dit qu'il y a une enquête de la
Sûreté du Québec qui est en cours et qu'il faut tout de
même trouver une solution permanente à ce problème de
l'entreposage des pneus. Un dossier a été préparé
par le ministère et a été acheminé ou sera
acheminé au Conseil exécutif rapidement pour que des
décisions soient prises. Cela ne règle pas le problème de
Franklin, mais je pense que ça peut en régler d'autres qui
pourraient être possibles.
Le Président: M. le député de
Verchères, en additionnelle. (11 heures)
M. Charbonneau: Puisque la ministre ignore à ce moment-ci
les causes exactes de l'incendie, est-ce qu'elle pourrait s'engager à
faire le nécessaire pour que des mesures de sécurité
soient prises à l'égard de ces Immenses dépotoirs, compte
tenu du fait que le ministère a en main, depuis quelques semaines, un
rapport indiquant la dangerosité de ces immenses dépotoirs?
Est-ce qu'elle pourrait s'engager à prendre les mesures qui s'imposent
non seulement parce qu'on l'avait fait, dans le cas de Saint-Amable, deux ans
trop tard, mais pour l'ensemble des dépotoirs qu'on pourrait appeler de
grande surface - puisque l'expression commence à être
consacrée depuis quelques jours - qui créent des problèmes
importants? Est-ce qu'elle pourrait s'engager à prendre des mesures,
d'une part, et à vérifier l'information voulant qu'il existe
actuellement une guerre, si on peut utiliser cette expression, entre les
différents propriétaires de dépotoirs, qui se font de la
concurrence: à mesure que le ministère en ferme un, l'autre
profite de la situation et vice versa? Est-ce qu'on pourrait se demander si
l'incendie, qui pourrait peut-être être d'origine criminelle - je
ne le sais pas et la ministre, non plus - pourrait être relié
à cette situation?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, j'hésiterais à
me prononcer sur le degré de sérieux et la cause de cet incendie,
puisque la Sûreté du Québec est en train de faire une
vérification et que cette enquête-là est encore en cours.
Je dois dire que j'ai déjà discuté hier, lors de ma
première rencontre avec le sous-ministre du ministère, de ce
dossier des sites d'entreposage de pneus, parce qu'il me préoccupe
personnellement. J'ai l'intention qu'on en arrive à des conclusions le
plus rapidement possible dans les dossiers qui sont préparés au
ministère pour qu'il y ait des prises de décision par le Conseil
exécutif rapidement.
Le Président: Je reconnais une quatrième principale
ce matin à M. le leader de l'Opposition.
Vente des actifs de l'institut Armand-Frappler
M. Gendron: M. le Président, l'institut Armand-Frappier,
un des fleurons du patrimoine scientifique québécois, traverse
une grave crise et voit sa vocation remise en question. Le conseil
d'administration de l'institut a décidé de procéder sous
peu à la vente ou à la fermeture des opérations de
production de vaccins et de sa filiale Frappier Diagnostic. On sait que le
ministre de l'Éducation a rejeté les demandes des chercheurs de
l'institut pour que soit suspendue toute action reliée à la vente
des biens en attendant une enquête sur sa situation
financière.
La question que je pose au ministre est la suivante. Ne
conskjère-t-il pas que la vente éventuelle des activités
de production à des intérêts ontariens constituerait un
grave recul pour le Québec, un retour en arrière, puisque la mise
en place de l'institut il y a 50 ans avait précisément pour but
de faire en sorte que le Québec ne soit plus à la remorque de
l'Ontario dans le domaine des vaccins?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, je remercie le
député d'Abitibf-Ouest de son intérêt plutôt
tardif, mais quand même louable pour les problèmes de l'institut
Armand-Frappier qui sont l'objet d'une attention constante de la part du
gouvernement et des autorités de l'Université du Québec
depuis au-delà d'un an.
Comme vous le savez, M. le Président, l'institut Armand-Frappier
est un institut spécialisé qui relève de l'autorité
de l'Université du Québec et non pas directement de
l'autorité du ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Alors, je veux établir clairement dans cette Chambre que les
autorités de l'Université du Québec, après avoir
examiné toutes les possibilités de mettre fin à des
difficultés très aiguës qui ont surgi ces dernières
années à l'institut Armand-Frappier à cause de la
coexistence dans le même organisme d'activités de recherche et
d'activités de production et d'exploitation à caractère
commercial, en sont venues à la conclusion qu'il n'y avait pas d'autre
moyen de mettre fin à un déficit accumulé de plus de 12
000 000 $ au cours des dernières années que de procéder
à une séparation de ces deux types d'activités de
manière que les activités commerciales puissent fonctionner
suivant les exigences et les lois du genre commercial et que les
activités de recherche puissent se développer, continuer à
s'épanouir suivant les exigences de ce type d'activités.
Alors, les décisions qui ont été prises non pas par
le ministre, mais par l'assemblée des gouverneurs de l'Université
du Québec, après qu'elle eut reçu des recommandations en
ce sens de la part du conseil d'administration de l'institut Armand-Frappier,
visent à favoriser le transfert dans le secteur privé de
certaines sections de l'activité de l'institut qui étaient
à caractère commercial. Je vous donne un exemple. Il y a l'agence
qui s'appelle Frappier Diagnostic qui fabrique et vend des trousses de
diagnostics. Dans ce domaine, on n'a pas de spécialité
spéciale et il n'y a pas énormément d'originalité
scientifique qui s'attache à ça. C'est une affaire
déficitaire qui peut très bien passer dans le secteur commercial
sans que la qualité des travaux de recherche de l'institut en souffre en
aucune manière sérieuse.
Le Président: Conclusion, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis complètement
soumis à votre discipline, mais c'est une question très
importante. Je voudrais simplement rappeler, du côté des vaccins,
que nous n'opérons pas en climat de monopole, loin de là. Plus de
80 % des vaccins produits par l'institut Armand-Frappier à l'heure
actuelle sont produits à même des brevets détenus par des
compagnies commerciales autres que l'institut Armand-Frappier. Par
conséquent, en fait de complète autosuffisance en matière
de vaccins, allons peut-être prendre l'heure exacte avant de parler.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître le
leader de l'Opposition, en additionnelle.
M. Gendron: Oui, un commentaire rapide. Intérêt
peut-être tardif, mais sûrement pas une attitude cavalière
comme celle du ministre dans ce dossier, qui n'avait pas du tout l'intention de
faire quoi que ce soit pour arrêter la vente des actifs
d'exploitation.
La question qui nous intéresse est la suivante: N'estimez-vous
pas qu'il est dangereux de procéder avec précipitation dans ce
dossier, compte tenu des répercussions graves pour l'avenir de
l'institut et pour les chercheurs en poste qui sont menacés de perdre
leur emploi? L'institut Armand-Frappier représente quelque chose de
significatif et d'important pour la recherche dans le domaine des produits
pharmaceutiques. En conséquence, procéder rapidement et vendre
ça à l'étranger, cela ne vous inquiète pas comme
ministre?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Franchement, M. le Président, je suis un peu
étonné parce que je pensais me faire accuser de lenteur ce matin
et non pas de précipitation.
J'ai pris une année pour examiner le dossier avec les
autorités de l'institut Armand-Frappier et de l'Université du
Québec. Je suis allé visiter l'institut moi-même. J'ai
rencontré le conseil d'administration. J'ai causé à
plusieurs reprises avec la direction. J'ai été en contact
constant
avec les autorités de l'Université du Québec. Nous
avons fini par en arriver à ces conclusions. Les conclusions avaient
été faites par les organismes réguliers de
l'Université du Québec dès l'été dernier. Je
les ai entérinées au cours des dernières semaines. Je
pense que, s'il y a un élément qui fut absent de ma
démarche, c'est la précipitation. J'aurais accepté un
certain reproche de lenteur, mais pas de précipitation.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Le ministre nous dit qu'il a regardé ça
pendant longtemps. Je suis d'accord pour dire que c'est davantage cet aspect
qui est l'habitude du ministre, soit de prendre énormément de
temps. Regardez le financement universitaire, ça fait trois ans qu'on en
parle et rien n'a bougé.
La question importante, c'est celle-ci: Est-ce que les
vérifications ont été faites par vous, M. le ministre,
concernant les allégations à savoir qu'il y aurait lieu de
procéder à une enquête interne, selon les professeurs de
l'institution, pour examiner la nombreuse liste d'interrogations qu'ils ont
soulevées concernant les problèmes de gestion, ce qui aurait
créé des difficultés financières? Est-ce que le
ministre est parfaitement au fait de cette situation et sait pourquoi il y
avait des difficultés financières?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Lorsqu'un des groupes de représentants des
professeurs et des personnels est venu me rencontrer, il y a à peu
près deux ou trois semaines, il m'a fait part de ces
préoccupations dont vous parlez. Comme vous le savez, je leur ai
adressé la semaine suivante une réponse écrite. Vous en
avez eu copie parce que je l'ai fait distribuer publiquement.
Je leur disais dans cette lettre qu'au cours des deux dernières
années trois firmes de comptables experts différentes se sont
penchées sur les données financières relatives à
l'institut Armand-Frappier. Il y a eu la firme Maheu Noiseux, la firme Samson
Bélair, et la firme RCMP, comme on l'appelle, Raymond Chabot Martin
Paré. Il y a certains professeurs qui trouvent encore que ce n'est pas
assez. Je trouve que oui. Si ces trois firmes n'étaient pas capables de
nous apporter une lumière convenable, je dételle et je demande
qu'on réorganise toute la profession des comptables agréés
au Québec. Je souligne que c'est l'une des mieux organisées que
nous ayons au Québec, une de celles qui commandent le plus le respect
à travers tout le Canada.
Ces trois firmes nous ont donné les causes véritables de
la situation financière actuelle de l'institut. Ces causes sont des
décisions contestables de nature commerciale qui ont
entraîné des déficits d'opération que nous
connaissons. On pourrait bien se demander: Est-ce que c'est M. Untel qui a pris
la mauvaise décision? On peut bien remonter trois, quatre, cinq ans en
arrière, mais je pense que les études qui ont été
faites sont complètes et très éclairantes quant à
la ligne de conduite qui doit en ressortir.
Je souligne que l'une de ces études, faites par la firme Raymond
Chabot Martin Paré, a conclu, justement, à la
nécessité inéluctable de procéder aux orientations
que nous avons retenues. (11 h 10)
Le Président: Je vais reconnaître une
cinquième principale à la formation ministérielle. M. le
député de Nicolet.
Indexation des prestations d'aide sociale
M. Richard: Ma question s'adresse au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu. Le ministre annonçait
récemment d'importantes modifications améliorant de façon
significative la situation financière des bénéficiaires de
l'aide sociale au Québec. Ma question: Le ministre entend-il indexer les
prestations des 336 000 ménages de l'aide sociale au Québec et,
surtout, quand les prestations seront-elles majorées?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Bourbeau: M. le Président, je sais gré au
député de Nicolet de sa préoccupation envers les plus
démunis et envers les clients de l'aide sociale. Il me fait plaisir
d'annoncer que les prestations d'aide sociale seront pleinement indexées
au taux de 4,1 % à compter du 1er janvier 1989 et que cette augmentation
vaut pour toute la clientèle de l'aide sociale, bien sûr.
Étant donné que le 1er janvier tombera un dimanche, M. le
Président, en vertu de la nouvelle politique annoncée
récemment, les chèques seront disponibles dès le jeudi 29
décembre.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, en additionnelle. Je vais vous reconnaître en
additionnelle après, madame.
M. Messier: Merci, M. le Président. À la suite de
l'adoption de la loi 37, loi qui améliore d'une façon
substantielle la situation des personnes jugées inaptes au travail et
qui, par surcroît, abolit la distinction quant à l'âge pour
les jeunes de moins de 30 ans, le ministre peut-il nous informer des
principales étapes d'implantation des mesures et politiques qu'il vient
d'annoncer?
Le Président: M. le ministre de la Main-
d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Gendron: Très simplement, je pense... Je vais attendre
les perrons de porte.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, votre question
de règlement.
M. Gendron: Très simplement, il est évident que ce
n'est pas une question additionnelle. La question principale portait sur
l'indexation, oui ou non et, en additionnelle, on demanderait: Comment
ça va dans votre réforme dont personne ne veut? 1000 organismes
ont dit qu'ils ne voulaient rien savoir. Ce n'est pas une question
additionnelle. La question principale était très claire:
Indexation et quand. En additionnelle, on ne peut pas demander comment le
ministre se sent ce matin.
Le Président: Je vais reconnaître Mme la
députée de... M. le leader du gouvernement, sur la même
question de règlement. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Dois-je comprendre, M. le Président, que vous
donnez raison au leader de l'Opposition?
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
Mme la députée de Maisonneuve, en additionnelle.
M. le député de Duplessis, en principale. Un instant. Si
c'est la même question, je ne l'accepte pas. Je reconnais M. le
député de Duplessis, en principale. En principale. A l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Duplessis, en principale.
M. Perron: Oui, M. le Président.
La Président: M. le député de Duplessis, en
principale.
Fichier des fournisseurs de services ouvert aux
compagnlaa ontarlennes
M. Perron: Hier, le journal Le Soleil titrait un de ses articles
de la façon suivante: "Le fichier des fournisseurs de services sera
ouvert aux compagnies ontariennes." Le gouvernement précédent
avait institué ce fichier central pour donner une chance égale
aux entreprises québécoises d'obtenir des contrats auprès
du gouvernement du Québec. On apprend maintenant que ce sont toutes les
entreprises, autant celles de l'intérieur que de l'extérieur
du
Québec, qui auront accès à ce fichier. Ma question
au ministre des Approvisionnements et Services: Le ministre peut-il nous
confirmer la véracité de cette nouvelle parue dans le journal Le
Soleil?
Le Président: M. le ministre des Approvisionnements et
Services.
M. Vallerand: M. le Président, dans les circonstances que
vous connaissez, vous me permettrez de prendre avis de la question.
Le Président: M. le député de Duplessis, en
additionnelle.
M. Perron: Oui. M. le Président, compte tenu de la
réponse du ministre...
Le Président: M. le député de Duplessis.
M. Perron: Compte tenu de la réponse du ministre,
pourrait-il prendre avis d'autres questions que je vais lui poser? M. le
Président, ce que nous voudrions savoir du ministre, c'est quelles sont
les garanties formelles du gouvernement afin que les marchés des autres
provinces soient aussi ouverts à nos entreprises
québécoises, si tel est le cas. Est-ce qu'il en prend avis en
bloc ou quoi?
Une voix: Tout en même temps.
Le Président: M. le ministre des Approvisionnements et
Services.
M. Perron: II y a aussi une autre question se rapportant au
facteur linguistique.
Le Président: Allez!
M. Perron: Je sais qu'il va en prendre avis, M. le
Président. Compte tenu du facteur linguistique du Québec, les
entreprises des autres provinces seront-elles exemptées de certaines
obligations que doivent suivre nos propres entreprises
québécoises dans leurs communications avec les services
gouvernementaux? Je vais laisser tomber le reste, M. le Président, parce
qu'il ne peut pas répondre.
La Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je pense que le
député de Duplessis reconnaîtra qu'effectivement les
circonstances sont telles qu'on puisse comprendre que le ministre prenne avis.
Je suis sûr que, si nous siégeons demain, le député
aura sa réponse. Si, par hasard, nous ne siégions pas, il l'aura
au mois de mars.
Le Président: Mme la députée de Johnson, en
principale.
Statut de l'équipe québécoise aux
Jeux de la francophonie
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Dans un
article de La Presse du 14 décembre, le ministre d'État
fédéral à la Condition physique et au Sport amateur a
déclaré qu'il tenait absolument à ce qu'une seule
délégation représente le Canada aux Jeux de la
francophonie de 1989. Le fédéral refuse au Québec le droit
d'avoir son équipe. Il refuse aussi au Québec le même
statut de gouvernement participant qu'il a dans certaines organisations
internationales francophones. Est-ce que le ministre considère que la
décision du gouvernement fédéral est acceptable pour le
Québec à qui on refuse le statut de gouvernement participant aux
Jeux de la francophonie, statut qui lui est conféré au sein de
l'Agence de coopération culturelle et technique et de l'Institut de
l'énergie?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Picotte: M. le Président, j'anticipais une question de
l'Opposition depuis déjà un certain temps. J'aurais cru que Mme
la députée de Johnson m'aurait interrogé sur le rapport du
Vérificateur général pour parler du pont Chevrette et du
stationnement Brassard.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Mais, compte tenu du fait que Mme la
députée fait référence à un article de
journal du 14 décembre dernier concernant les Jeux de la francophonie,
je lui dirai qu'au moment même où nous nous parlons mon
collègue, le ministre des Affaires internationales, est en train de
discuter avec Mme Landry, de même qu'avec des gens du bureau de M. Joe
Clark, de la possibilité d'obtenir une équipe
québécoise aux Jeux de la francophonie. Donc, tant et aussi
longtemps que les discussions ne seront pas terminées, il est trop
tôt pour être déçu d'une décision qui n'est
pas encore rendue.
Le Président: Mme la députée de Johnson, en
additionnelle.
Mme Juneau: M. le Président, les jeux auront lieu en mars
1989. Est-ce que le ministre va me faire accroire et faire accroire à
tout le monde qu'ils vont discuter jusqu'à la veille? C'est bien
écrit qu'il va y avoir une seule équipe Canada-Québec et
on ne l'aura pas, notre équipe. Tenez-vous donc debout et dites-le
donc!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Picotte: M. le Président, je veux bien me tenir debout,
mais je me demande pourquoi la députée de Johnson se tire en
l'air ce matin.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II n'y a pas de raison.
M. Picotte: D'abord, elle devrait savoir que nous avons inscrit
une équipe, conformément au règlement.
Deuxièmement, elle devrait savoir que c'est jusqu'au 19 janvier,
à la réunion des ministres au Tchad, que la décision peut
être prise au sujet d'une équipe. Donc, la veille, c'est
sûrement rendu à ce moment-là, pas avant la mi-janvier. Mme
la députée peut bien se tirer en l'air si elle veut, mais,
à partir du 20 janvier, on lui donnera exactement les décisions
finales.
Le Président: Mme la députée de Johnson, en
additionnelle.
Mme Juneau: M. le Président, c'est regrettable que le
ministre ne soit pas capable de prendre les mesures qu'il faut et qu'il ne soit
pas en mesure, aujourd'hui, trois jours avant Noël, de confirmer que le
Québec aura son équipe...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît, Mme
la députée.
Mme Juneau: ...aux Jeux de la francophonie.
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. (11 h 20)
M. Picotte: M. le Président, Mme la députée
de Johnson trouve dommage que, trois jours avant Noël on ne soit pas
capable d'annoncer une telle décision. Ce qu'il faut que Mme la
députée de Johnson comprenne et qu'elle n'a peut-être pas
tout à fait compris depuis le début, c'est que la décision
relève du fédéral et devrait être annoncée
par le gouvernement fédéral. Quand bien même vous poseriez
la question à celui qui vous parle, les fédérations, le
gouvernement du Québec ont fait toutes les démarches
nécessaires pour obtenir cette réponse. On a eu quelques
réponses contradictoires. Si Mme la députée de Johnson
sait lire, et je sais qu'elle le sait, elle va constater qu'on a eu quelques
réponses qui étaient quand même complètement
différentes, selon les déclarations du moment. À partir de
ce moment-là, qu'elle nous donne jusqu'à la date finale du 19
janvier 1989 pour obtenir la réponse. Je lui dirai que c'est toujours le
désir de celui qui vous parie d'obtenir, avec les
fédérations québécoises concernées, une
équipe de 120 athlètes pour participer aux Jeux de la
francophonie.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, une
huitième question principale.
Subventions du fédéral pour promouvoir
l'anglais dans les établissements de santé et les
municipalités du Québec
M. Brassard: M. le Président, la nouvelle loi
fédérale sur les langues officielles, la loi C-72, on s'en
souviendra - je pense qu'il est important, cette semaine, de se le rappeler -
comporte des empiétements majeurs et des dangers reconnus par le
ministre lui-même, dans une lettre qu'il adressait au Secrétaire
d'État fédéral, dans des domaines de juridiction
québécoise puisqu'en vertu de cette loi le gouvernement
fédéral peut intervenir directement pour subventionner les
municipalités, les établissements de santé, les
entreprises et les organismes sans but lucratif qui s'engagent à
promouvoir la langue de la minorité, donc, au Québec, l'anglais.
Plutôt que d'exiger, comme on le lui demandait à l'époque,
le retrait des dispositions jugées dangereuses du projet de loi
fédéral, le ministre a opté pour la négociation
d'un protocole d'entente avec Ottawa sur les modalités d'application de
la loi fédérale sur les langues officielles.
Ma question s'adresse au ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes. Est-ce que le ministre, dans le
cadre des négociations et des pourparlers avec le gouvernement
fédéral sur cette question, peut nous indiquer s'il entend
accepter que le gouvernement fédéral verse aux
établissements de santé du Québec, de même qu'aux
municipalités des subventions qui contribueront à promouvoir
l'anglais, le bilinguisme au Québec?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais
remercier le député de Lac-Saint-Jean pour sa question qui est
très pertinente. Je pense qu'au lendemain de la décision de la
Cour suprême il est intéressant de s'interroger à nouveau
sur cette loi C-72 du gouvernement fédéral sur les langues
officielles. Il est intéressant de noter que, dans sa décision,
la Cour suprême a bien mentionné que le Québec avait
compétence sur la langue; c'est un aspect qu'il faut retenir. Je sais
que, lorsqu'on a discuté de cette loi C-72 dans cette Assemblée,
on a beaucoup discuté de la compétence sur la langue. Au moins,
nous le savons maintenant avec cette décision de la Cour suprême,
le Québec a compétence sur la langue dans les domaines de sa
juridiction. Deuxième élément, le député de
Lac-Saint-Jean a bien mentionné les aspects dangereux.
Évidemment, il y a bien des lois fédérales qui peuvent
comporter des aspects qu'on peut qualifier de dangereux face au respect des
compétences législatives des provinces.
Mais, en ce qui regarde ce domaine en particulier, je peux dire, et je
le répète, que nous avons été extrêmement
vigilants. A la suite des contacts que nous avons eus avec le Secré-
taire d'État au niveau fédéral, avec ses fonctionnaires et
les fonctionnaires du Québec, nous sommes arrivés à la
conclusion que le projet de loi, qui est maintenant la loi C-72, sera
exercé dans les champs de compétence du gouvernement
fédéral. Il n'est pas question pour le gouvernement
fédéral, par cette loi, de venir s'immiscer dans les champs de
compétence de la province.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Je reprends la question sous une autre forme. Est-ce
que le protocole que vous avez accepté de conclure avec le gouvernement
fédéral sur cette question va comporter, premièrement, des
subventions en provenance du fédéral aux établissements de
santé pour promouvoir le bilinguisme? C'est maintenant une nouvelle
position du gouvernement du Québec, le bilinguisme. Deuxièmement,
est-ce que vous allez demander au gouvernement fédéral de
s'engager à ce qu'il n'intervienne pas dans les entreprises, ce qui
aurait pour effet de contrecarrer le programme de francisation des entreprises
du gouvernement du Québec?
Deux points: votre protocole, est-ce qu'H va comporter des subventions
aux établissements de santé et aux municipalités pour
promouvoir le bilinguisme et, deuxièmement, est-ce que vous allez tenir
à ce que le gouvernement s'engage à ne pas intervenir
auprès des entreprises pour contrecarrer le programme de francisation du
gouvernement québécois?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvemementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean sait qu'il existe depuis cinq ou six
ans, je pense, une entente entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec sur la possibilité d'avoir des sommes
d'argent pour développer l'anglais, langue seconde, au Québec
dans le domaine de l'enseignement. Ce sont des sommes considérables, 76
000 000 $, 78 000 000 $, qui sont données. C'est une entente qui prend
fin dans les prochains jours, les prochaines semaines, à la fin mars, et
nous allons revoir cette entente pour une application nouvelle.
Maintenant, en ce qui regarde le domaine de la santé, je suppose
que le député de Lac-Saint-Jean se réfère à
la loi 142 sur le droit des minorités anglophones d'avoir des services
de santé dans leur langue. Dans ce cas-là, je dois dire au
député de Lac-Saint-Jean que nous sommes à discuter avec
le gouvernement fédéral. Nous voulons, de fait, avoir des sommes
d'argent qui viennent du gouvernement fédéral, mais elles seront
versées au gouvernement du Québec qui, lui, en disposera en
fonction de l'application de sa loi. Il n'y aura jamais d'argent qui viendra du
fédéral et qui sera donné directement aux
institutions de santé ou encore moins aux municipalités.
Jamais.
Le Président: Fin de la période
régulière de questions et de réponses orales.
Ce matin, il n'y a pas de votes reportés.
À l'étape des motions sans préavis, je voudrais
reconnaître M. le ministre des Communications.
Condoléances à la famille de M. Alphonse
Ouimet
M. Dutil: M. le Président, je désire
présenter une motion sans préavis afin que l'Assemblée
nationale offre ses condoléances à la famille de M. Alphonse
Ouimet, décrit comme le père de la télévision
canadienne, décédé subitement mardi soir dernier, à
l'âge de 80 ans.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de ladite motion? Il y a consentement. Je vais
reconnaître M. le ministre des Communications. J'aimerais que vous
déposiez copie de votre motion. Cela va? Parfait, vous pouvez y aller,
M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, nous voulons aujourd'hui rendre
hommage à un homme qui a consacré sa vie au développement
d'un outil de communication des plus fascinants. M. Ouimet a commencé sa
carrière à Radio-Canada en 1934 à titre d'ingénieur
à la recherche.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Si
vous me le permettez, j'aimerais maintenant reconnaître M. le ministre
des Communications, sur sa motion. M. le ministre.
M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, nous voulons aujourd'hui rendre
hommage à un homme qui a consacré sa vie au développement
d'un outil de communication des plus fascinants. M. Ouimet a commencé sa
carrière à Radio-Canada en 1934 à titre d'ingénieur
à la recherche. Ayant étudié l'implantation de la
télévision aux États-Unis et en Europe pendant les
années quarante, il deviendra l'un des principaux responsables de
l'introduction de ce nouveau médium au Canada, à titre de
coordonnateur de la télévision. Son enthousiasme, son dynamisme
et sa persévérance lui ont mérité l'honneur de se
voir confier des responsabilités de plus en plus grandes, dont celle de
directeur général de la Société Radio-Canada en
1953 et celle de président en 1958. (11 h 30)
Par la suite, Alphonse Ouimet a continué ses efforts pour
promouvoir le développement de la télévision à
titre de président de la conférence de l'Unesco sur l'utilisation
de satellites dans le domaine de la radiodiffusion en 1968 et comme
président du conseil de Télésat Canada de 1969 à
1980.
De nombreuses distinctions, doctorats honorifiques et autres
récompenses ont marqué sa carrière. Mentionnons entre
autres l'Ordre du Canada, la médaille d'or du Conseil canadien des
ingénieurs, le titre de Grand Montréalais et le prix
Communication Québec pour le secteur télévision. Alphonse
Ouimet a consacré sa vie au service de la radiotélévision
publique au Canada, un service qui génère d'importantes
retombées économiques et culturelles. M. Ouimet a accompli un
travail de pionnier et c'est pourquoi, au nom de cette Assemblée,
j'offre à sa famille et à ses proches nos plus sincères
condoléances.
Le Président: Je remercie M. le ministre des
Communications. J'aimerais reconnaître maintenant le représentant
de la formation de l'Opposition, M. le député de Terrebonne.
M. Yves Biais
M. Biais: Merci beaucoup, M. le Président. Je m'associe
à la motion non prévue du nouveau ministre des Communications
pour offrir nos condoléances les plus sincères à la
famille éprouvée et à tous les amis de M. Ouimet.
Nous savons pertinemment que M. Ouimet était un ingénieur
d'une extrême compétence et que ses talents ont été
reconnus dans tout le Québec surtout, mais aussi dans tout le continent.
Il a inventé, au début des années trente, un poste
récepteur de télévision et ce n'est pas la technique qu'il
avait qui a été mise en cause pour que le succès ne soit
pas assuré, c'est parce qu'il n'avait pas de fonds. Mais tout le monde a
reconnu que, si les fonds avaient été disponibles à ce
moment-là, c'est lui qui aurait été le grand initiateur de
la fabrication des téléviseurs sur le territoire
québécois. C'était donc un type d'une extrême
compétence.
Malgré ses compétences énormes dans le domaine de
l'ingénierie, cet homme était d'une simplicité facilement
citable à tout le monde ici, surtout ceux qui reçoivent de
nouveaux postes. Je tiens à dire que cet homme, malgré une grande
compétence et un jugement à toute épreuve, a gardé
une très grande simplicité et a toujours été un
homme très humble. Il a été président de
Radio-Canada pendant plusieurs années. Et, à chaque fois, ceux
qui ont eu affaire aux médias et à Radio-Canada, surtout
lorsqu'il était à une table pour discussion, ont eu affaire
à un homme qui, malgré son poste, gardait toujours une position
très humble. C'est à nous, qui que nous soyons, quand nous avons
tendance à nous auréoler lorsque nous avons un poste quel qu'il
soit, à faire attention d'être modérés et à
penser que ce qui compte aujourd'hui, c'est sûrement la compétence
mais que la simplicité et l'humilité sont excessivement
nécessaires pour réussir sa vie.
Ce n'est pas nécessairement une réussite économique
totale qui fait qu'un homme a réussi
sa vie. C'est un homme qui a laissé derrière lui des
signes tangibles de simplicité, d'humilité et de
compétence, les trois réunies. Alors, je me joins à la
famille pour lui offrir des condoléances les plus sincères et je
sais que cet homme laisse une innombrable quantité d'amis. Merci, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que vous désirez utiliser
votre droit de réplique, M. le ministre? Alors, est-ce que la motion
présentée par M. le ministre des Communications est
adoptée?
M. Gratton: Adopté.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres motions sans
préavis? Alors, nous passons aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
Modification du nom de certains parrains de projets de
loi
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, avant de procéder aux
avis, j'aimerais requérir le consentement unanime pour présenter
une motion sans préavis pour modifier le nom de certains parrains de
projets de loi pour tenir compte du remaniement d'hier.
Je fais motion pour que le nom de M. Robert Dutil soit substitué
à celui de M. Richard French comme parrain du projet de loi 69, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Communications; pour que le nom de
M. André Vallerand soit substitué à celui de M. Richard
French comme parrain du projet de loi 105, Loi modifiant la Loi sur la
Régie des installations olympiques; que le nom de M. Gil
Rémillard soit substituté à celui de M. Herbert Marx comme
parrain du projet de loi 86, Loi sur l'organisation policière et
modifiant la Loi sur la police et diverses dispositions
législatives.
Le Président: Est-ce que j'ai consentement à la
demande de M. le leader du gouvernement, étant donné qu'à
cette étape-ci...
M. Chevrette: Revenir en arrière dans l'ordre du jour?
Le Président: Oui. Est-ce que j'ai le consentement de
l'Opposition?
M. Chevrette: Oui, il était rendu aux avis touchant les
travaux.
Le Président: Non, non, ce sont des changements qui ont
été apportés aux titres de certains projets de loi
étant donné que les ministres titulaires ont changé.
M. Chevrette: M. le Président, j'avais compris...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: ...que le leader s'était levé sur une
motion sans préavis pour changer des noms de parrains de projets de loi
alors que vous, vous aviez dit de votre siège qu'on était rendus
aux avis touchant les travaux. C'est un petit peu différent dans l'ordre
du jour.
Le Président: Je suis entièrement d'accord.
M. Chevrette: Et il m'apparaît qu'avec la décision
que vous avez rendue vous devriez demander le consentement pour revenir aux
motions sans préavis. On va vous l'accorder et vous allez fonctionner
selon les règles.
Le Président: M. le leader du gouvernement, je ne suis pas
certain, mais je pense que vous l'aviez demandé au tout
début.
M. Gratton: C'est évident. Le président, n'ayant
pas été averti que j'avais une motion sans préavis, a
demandé si nous étions rendus à l'étape des avis
touchant les travaux des commissions. Je me suis levé pour dire: Non,
j'ai encore une motion sans préavis. Le seul consentement unanime dont
j'avais besoin, c'était celui de pouvoir présenter la motion. Le
leader de l'Opposition semble avoir tout compris, du moins, je le pense.
Le Président: M. le leader de l'Opposition. Une voix:
Ha, ha, ha!
M. Gendron: Le leader de l'Opposition a tout compris, sauf que le
point du chef de l'Opposition officielle est valable, parce que le
président de la Chambre a effectivement prétendu que nous en
étions aux avis concernant les travaux de la Chambre. Or, l'étape
des motions sans préavis n'est pas celle des avis concernant les travaux
de la Chambre. Puisque, moi, je vous ai entendu, comme leader du gouvernement,
présenter les motions sans préavis, je reconnais qu'on va revenir
à cette étape-là avant de passer aux avis concernant les
travaux de la Chambre. Mais vous avez notre consentement, M. le leader du
gouvernement, pour faire l'étape où nous en sommes, les motions
sans préavis.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: Je vous remercie de votre intervention,
parce que j'aurai aussi un consentement à demander dans quelques
secondes à la Chambre. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, oui, de toute
façon.
Des voix: Ha, ha, ha!
Formation d'une sous-commission pour l'étude du
projet de loi 77
M. Michel Gratton
M. Gratton: Cela m'aurait surpris que le leader de l'Opposition
ne soit pas d'accord avec le chef de l'Opposition. Alors, comme nous sommes
tous d'accord, j'aurais une autre motion à faire aux motions sans
préavis et je parie que j'obtiendrai, peut-être, le consentement
unanime pour y procéder. Elle se lit comme suit. Je fais motion afin de
former une sous-commission de l'aménagement et des équipements
qui aura le mandat de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 77, Loi modifiant le Code de la
sécurité routière.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour cette
deuxième motion sans préavis?
Des voix: Oui.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président: Oui, il y a consentement. Vous avez le
consentement.
M. Gratton: La motion est adoptée.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Gratton: Adopté.
Le Président: Motion adoptée.
M. Gratton: Je puis maintenant, si vous voulez m'y autoriser,
donner les avis concernant les travaux des commissions.
Décision du président
déposée
Le Président: Non, je vais demander un consentement de
cette Assemblée, M. le leader du gouvernement, pour déposer,
comme convenu lundi dernier, une décision privée que j'ai rendue.
J'aimerais déposer la décision que j'ai rendue à mon
bureau en présence du leader de l'Opposition et du leader du
gouvernement, lundi matin. Tel que promis, je la dépose. Si vous me le
permettez, c'est un retour en arrière sur les dépôts de
documents. Est-ce que j'ai le consentement?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président: Merci. M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: J'avoue, M. le Président, que vous aviez
besoin d'un consentement pour revenir en arrière, ce qui n'était
pas le cas dans mon cas à moi, tantôt.
Cela dit, M. le Président, je suis prêt à donner les
avis touchant les travaux des commissions. J'avise donc l'Assemblée
qu'après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures
à 18 heures et de 20 heures à minuit, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements entendra les intéressés et procédera
à l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé suivants, et ce, dans l'ordre
indiqué: le projet de loi 255, Loi modifiant la Charte de la ville de
Montréal, le projet de loi 207, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal, et le projet de loi 256, Loi sur la Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal.
De même, après les affaires courantes jusqu'à 13
heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à minuit,
à la salle Louis-Hip-polyte-Lafontaine, la commission du budget et de
l'administration procédera à l'étude
détaillée des projets de loi suivants, et ce dans l'ordre
indiqué: le projet de loi 70, Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit, le projet de loi 103, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les régimes de retraite des secteurs
public et parapublic et modifiant la Loi sur l'assurance-maladie, finalement,
le projet de loi 192, Loi concernant le régime de rentes pour le
personnel non enseignant de la Commission des écoles catholiques de
Montréal.
J'avise également cette Assemblée qu'aussitôt que la
commission du budget et de l'administration aura terminé l'étude
détaillée du projet de loi 70 la sous-commission de
l'aménagement et des équipements que nous venons d'accepter de
former siégera à la salle du Conseil législatif pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 77, Loi modifiant le Code de la sécurité routière.
Le Président: Est-ce qu'il y a des questions concernant
les avis touchant les travaux des commissions, M. le leader de
l'Opposition?
M. Gendron: II n'y a pas de questions concernant les avis
touchant les travaux des commissions.
Le Président: Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. M. le député de Lévis.
Une voix: Concernant les élus municipaux, il faudrait se
parler.
Une voix: C'est moi qui ai le dossier. (11 h 40)
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Garon: On sait que le Vérificateur
général vient de déposer son rapport annuel et que
normalement on devrait entendre le Vérificateur général
qui s'est plaint, et cela a été reproduit dans presque tous les
journaux, que son rapport annuel est déposé, mais qu'il n'arrive
rien. Est-ce qu'on pourrait avoir l'assurance de la part du leader du
gouvernement que la commission du budget et de l'administration pourra
entendre, au cours du mois de janvier, le Vérificateur
général et les fonctionnaires qui sont accusés de mauvaise
gestion dans son rapport pour qu'ils puissent présenter leur version des
faits concernant les accusations, les remarques faites par le
Vérificateur général dans son rapport annuel?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Oui, M. le Président, on sait que le
gouvernement actuel a été le premier à organiser une
commission parlementaire pour entendre le Vérificateur
général l'an dernier et que, effectivement, il y aura à
nouveau, pour une deuxième fois seulement, audition du
Vérificateur général pour faire l'étude de son
rapport au cours de l'intersession. Aujourd'hui ou demain, après
consultation avec l'Opposition officielle, j'aviserai l'Assemblée des
dates pour la tenue de cette commission.
Affaires prioritaires
Le Président: Cela va, M. le député de
Lévis? S'il n'y a pas d'autres questions, nous allons procéder
aux affaires du jour.
Motion de censure proposant que
l'Assemblée blâme le gouvernement
pour la solution dangereuse qu'il a
adoptée en matière d'affichage
commercial
Aux affaires du jour, aujourd'hui, apparaît, sous la rubrique
affaires prioritaires, l'article 1 au feuilleton. Il s'agit d'une motion de
censure présentée par M. le chef de l'Opposition officielle en
vertu de l'article 304 de notre règlement. Cette motion de censure se
lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral pour la solution
dangereuse qu'il a adoptée en matière d'affichage commercial
à la suite du jugement rendu par la Cour suprême du Canada." Sur
ce débat, je suis prêt à reconnaître le premier
intervenant, M. le chef de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Nous avons inclus
cette motion de blâme à l'ordre du jour parce que nous croyons
essentiel de rappeler à nos concitoyens québécois ce qui
s'est produit cette semaine en cette Assemblée et les gestes qui ont
été posés cette semaine par le gouvernement de M. Robert
Bourassa. Comme Opposition officielle en cette Chambre, nous ne pouvons
accepter que seul le poids du nombre prévale dans un dossier qui touche
les droits collectifs de l'ensemble des Québécois.
Je disais hier soir, Mme la Présidente, à la clôture
de nos travaux, que nous tournions la dernière page d'un bien triste
chapitre de cette administration libérale, parce que, hier soir, on a
voté en faveur d'une loi - dans notre cas, on a voté contre -
mais ce Parlement a voté une loi qui, à toutes fins utiles, vient
de donner à tous nos futurs concitoyens qui arriveront par la voie de
l'immigration le signal qu'il ne sera plus nécessaire au Québec
d'apprendre et de vivre en français. Ils pourront tout aussi bien vivre
en anglais et s'intégrer à la minorité anglophone sans
aucune obligation parce que le message qu'ils reçoivent, c'est que,
dorénavant, à l'intérieur des commerces, une autre langue
que le français est acceptée, d'où le message sans
équivoque, à ce moment-là, à tous les allophones
qui viendront grossir les rangs des Québécois, de la
non-nécessité d'apprendre le français. À mon point
de vue, c'est une erreur magistrale, Mme la Présidente.
Je sais aussi que ce projet de loi a été un compromis
entre deux droits. On a parlé de droits collectifs et de droits
individuels tout au cours de ce débat. Les droits collectifs des
Québécois ne se retrouvent-ils que dans l'affichage externe?
C'est la question fondamentale qu'il fallait se poser. Le "nonobstant", la
fameuse formule dérogatoire, pourquoi ne pas l'avoir appliqué
autant à l'intérieur qu'à l'extérieur si,
conformément à ce que disait le jugement de la Cour
suprême, la langue française est en danger au Québec?
Est-ce que la langue française est en danger exclusivement à
l'extérieur ou si elle demeure en danger à l'extérieur
comme à l'intérieur? Cela aurait dû être une question
de base pour fins d'analyse de la part du gouvernement. J'arrive devant un
commerce sur la rue Sainte-Catherine, c'est écrit Marché
Bonsecours. J'entre à l'intérieur et j'y fais ma commande.
Là, je suis intoxiqué par l'image visuelle anglophone. Où
est-ce que je m'anglicise? Où est-ce que je passe le plus de temps, Mme
la Présidente? Il me semble que ça fait partie des analyses
à poser. L'immigrant qui rentre ici ne sera pas différent de
nous. Il va faire son épicerie à l'intérieur et quand il
verra que la langue de commerce à l'échelon nord-américain
est l'anglais, qu'on a maintenant l'affichage bilingue permis à
l'intérieur, eh bien! quel message recevra-t-il concrètement? Le
message de la permissivité d'une autre langue. À mon point de
vue, c'est le début de l'anglicisation formelle, officielle et, en plus,
légalisée. Cela va à rencontre d'un droit collectif.
Le droit collectif, s'il existe, et je ne voudrais pas donner un cours
de droit à cette
Assemblée nationale, mais je voudrais dire à mes
concitoyens et concitoyennes du Québec, par exemple, qui nous
écoutent, si j'ai un droit collectif de décréter que
l'affichage est unilingue français à l'extérieur, n'ai-je
pas ce droit collectif de dire que l'affichage unilingue français doit
aussi exister à l'intérieur pour assurer de A à Z que je
demeurerai un peuple francophone exempt de l'anglicisation, à l'abri de
l'anglicisation? Mme la Présidente, je ne comprends vraiment pas encore,
avec beaucoup d'efforts d'analyse et de réflexion, comment on peut
être en danger par le visage extérieur et ne pas être en
danger par le visage intérieur. Je ne comprends pas. Cela ne
résiste pas à l'analyse.
Je comprends que pour le ministre délégué à
la langue ça se comprend. Vous l'avez vu expliquer ce qu'était la
prépondérance, ce matin. Il est le seul à avoir compris.
Ce n'est pas visuel, ce n'est pas la grosseur des lettres. Il vous a fait toute
une ribambelle et vous verrez comment ça sera caricaturé dans
l'histoire québécoise, un ministre responsable,
délégué aux affaires linguistiques, qui fait, à
toutes fins utiles, le bouffon devant les caméras pour décrire ce
que sera la prépondérance.
On vient d'adopter une loi et il ne sait même pas dans quel
corridor on va aller concernant la réglementation pour la faire
appliquer. Tout sera subjectif. On retrouvera dorénavant et ce,
légalement, des affiches unilingues anglaises dans des magasins,
à l'intérieur. Il pourra y en avoir sept, puis il y en aura huit
et il dira: Ah! le français est prépondérant, ils en ont
huit, mais il y a sept affiches unilingues anglaises. C'est brillant comme
raisonnement! Il disait qu'il faisait de l'humour. En passant, c'est de
l'humour noir. C'est de la grande naïveté, pour ne pas dire de la
grande incompétence dans la gestion de notre avenir collectif dans le
domaine du français.
Mme la Présidente, j'ai regardé ces députés
libéraux tout au cours de cette semaine se sentir
déchirés. Ah! Il en avait les larmes aux yeux, et je ne charrie
pas. Il a dit: Je suis déchiré entre les valeurs individuelles et
les valeurs collectives. Je regarde le ministre de l'Éducation. Lui au
moins est capable d'analyse. La preuve, c'est son discours, en tout cas;
personnellement, chapeau devant quelqu'un qui est capable de s'arrêter
pour réfléchir. Je le dis en toute sincérité.
D'ailleurs, c'est comme ça que le ministre de l'Éducation me
connaît. Je sais qu'il est capable d'analyse. Cela ne veut pas dire que
je la partage entièrement mais je sais au moins qu'il est capable
d'analyse. Mais j'ai vu certains nationalistes de corridor faire du "forcing",
comme on dit en anglais, pour établir une stratégie, et ils n'ont
même pas d'éléments dans leur portefeuille d'arguments pour
dire que ça du bon sens. (11 h 50)
Je leur ai demandé: Est-ce qu'on peut à la fois constater
unanimement que le français est en danger et travailler pour
l'affaiblir? Est-ce qu'on peut décemment, sans commettre de l'aberration
mentale, faire le constat que la langue française est ' en danger et
choisir la formule pour l'affaiblir davantage? Personne ne dirait oui à
ça. Je me rappelle la députée de Vachon: Je suis
déchirée, je suis tiraillée. Le député de
Vanier: Mes électeurs me disent de reconduire la loi 101
intégralement. Le député de Mille-Îles, le
député de Laval-des-Rapides, le député d'Iberville
et je pourrais vous en nommer une bonne kirielle qui disaient: On va se tenir
debout face aux droits collectifs, oui. Droits collectifs dehors, mais droits
individuels en dedans. Je respecte ceux et celles qui ont des valeurs et qui
les défendent. Je respecte donc un gars comme M. Lincoln, ex-ministre de
l'Environnement, qui s'est battu avec ses tripes pour les valeurs
individuelles. Je ne le partage pas, moi. Je prétends que la sauvegarde
de sa langue, c'est un droit collectif de la majorité francophone
québécoise. Mais je respecte drôlement quelqu'un qui se
lève et qui dit: Moi, je n'ai pas la même valeur que vous, M.
Chevrette.
Je regrette, vous êtes pour une valeur collective, je suis pour
une valeur individuelle. Je respecte un homme ou une femme qui défend ce
type, qui fait ce genre de discours avec lequel je ne suis pas d'accord, mais
au moins je me dis: Lui, il se bat pour une valeur. Mais certains et certaines
parmi vos députés ont dit: Nous sommes pour le français.
Il y a toujours des limites, on va faire comprendre à la minorité
anglophone du Québec qu'on a des droits collectifs nous autres aussi les
francophones. Ils voulaient se payer une petite victoire sur les Anglais. Ce
n'était pas une petite victoire sur les Anglais qu'on voulait se payer,
nous, Mme la Présidente. C'était une victoire pour la
majorité francophone, mais au détriment de personne, pour la
survie de quelque chose.
C'est nettement différent. Quand j'ai vu les
députés nationalistes de corridor applaudir au discours de M.
Lincoln, applaudir à tout rompre le discours de M. Lincoln et avoir des
larmes qui coulaient, je leur ai dit: Devenez donc comme lui. Battez-vous donc
pour des valeurs, vous autres aussi. Si vous croyez aux valeurs individuelles,
entrez dans son camp. Si vous croyez aux valeurs collectives, entrez dans le
nôtre. Mais tenez-vous debout, vous autres aussi, comme lui. C'est un peu
ça qu'on vous disait comme message et que vous n'avez pas compris. C'est
un peu ça. Moi, Mme la Présidente, je respecterai toujours
quelqu'un qui se tient debout à cause de principes, de valeurs et parce
qu'il fait une analyse dans ce sens. Je respecte beaucoup ceux qui, avant les
élections, ont un discours, mais qui, après, ont le même
discours.
Ces gens ne seraient pas déchirés aujourd'hui. La
députée de Vachon qui avait des trémolos dans la voix pour
dire qu'elle était déchirée, si elle s'était
présentée en politique en disant qu'elle voulait sauvegarder les
droits de la
majorité francophone, elle ne aérait pas
déchirée de voter contre une situation ni chair, ni poisson,
comme celle que nous a présentée M. le premier ministre. Le
député de Vanier n'aurait pas à se sentir mal de
défendre les droits collectifs des francophones si, avant les
élections, il s'était présenté devant son
électorat avec ces objectifs. Je pourrais continuer et vous en nommer
une bonne série qui ont essayé d'afficher des airs de
nationalistes qui se portaient à la défense des droits collectifs
de la majorité et qui n'ont pas été capables de se tenir
debout et de dire: Le gouvernement nous présente une solution à
moitié pro-droits collectifs, à moitié pro-droits
individuels, je ne le partage pas.
Je suis pour les droits collectifs sur cette question, parce qu'il y va
de la survie du fait français au Québec. C'est cela que je
voudrais respecter. C'est comme cela que vous auriez gagné le respect de
votre électorat. Je suis convaincu que ceux qui se battent pour des
valeurs fondamentales et des principes, mais qui se tiennent debout... Est-ce
qu'on doit aller jusqu'à la compromission, madame, pour des droits
collectifs? C'est une question fondamentale qu'il fallait se poser. Vous savez,
quand c'est rendu que c'est le nombre potentiel de démissions qui dicte
une conduite d'un gouvernement en matière de survie collective, il n'ira
pas loin. On ne réglera jamais rien sur le plan linguistique de cette
façon. Plus que ça, on est en train de se comporter,
littéralement, comme une minorité au Québec alors qu'on
doit représenter, qu'on est redevable devant une majorité de
francophones. C'est ça qu'on n'accepte pas. C'est ça que je
n'accepte pas, personnellement.
Je n'accepte pas qu'au Québec on ait un gouvernement qui essaie
de faire plaisir à tout le monde, comme le disait si bien Desbiens. Il
gagne le pouvoir semaine après semaine, mois après mois.
L'objectif fondamental, quand il s'agit de la survie de l'identité
collective, est-ce que c'est de faire des compromis? Est-ce que c'est de
s'organiser pour que les francophones perdent, pour faire plaisir à une
minorité anglophone qui est déjà très bien servie
comme minorité, mieux que partout au monde? Est-ce que c'est cela se
battre? Est-ce que c'est cela le devoir qu'on a face à la
majorité francophone? Moi, je prétends que non, Mme la
Présidente.
D'autre part, je comprends que la minorité anglophone du
Québec n'en a pas encore assez. C'est clair. Eux, dans cette mer
anglophone, disent: C'est seulement au Québec qu'on n'a pas l'affichage
anglais. Pourquoi ne pas l'avoir? Après tout, ce n'est qu'un
dixième du Canada. Ces gens-là ont un réflexe normal, mais
que je n'accepte pas, bien sûr. Même si c'est normal qu'eux pensent
comme cela, nous, les francophones ne devrions pas avoir le réflexe de
chien battu, comme j'en ai vu.
Nous sommes les seuls en Amérique du Nord sur ce petit coin de
terre où nous détenons une majorité. Ce n'est pas clair,
cela? Nous sommes les seuls en Amérique du Nord sur un coin de terre
où les francophones ont la majorité. Est-ce que nous voulons le
demeurer? La réponse est oui ou non. Nous, nous disons oui. Nous avons
reçu un héritage de nos ancêtres, nous sommes fiers de
notre langue et, déjà, c'est tellement difficile sur le continent
nord-américain de se battre pour conserver cette langue, au moins, sur
ce petit coin de pays, sur ce petit coin de terre, n'avons-nous pas le droit
légitime d'aller chercher tous les outils, de nous donner tous les
instruments que nous offre... Le lieu ultime pour se donner des instruments,
c'est le Parlement de Québec, cette Assemblée nationale du
Québec. Nous sommes ici 122 députés qui
représentons au-delà de 5 500 000 francophones et nous nous
disons tiraillés de ne pas accorder le pouvoir à ces 5 500 000
francophones d'assurer leur survie? Si l'Assemblée nationale du
Québec ne le fait pas, qui va le faire? Est-ce qu'on serait
blâmés, par exemple, par la Belgique, par la France ou par
n'importe quel pays d'indiquer à la face du monde entier que
l'Assemblée nationale du Québec, là où un
gouvernement répond devant une majorité francophone, dit à
tous ceux qui veulent venir ici: Vous avez une obligation, apprendre le
français, vivre en français, faire toutes vos transactions en
français? Est-ce qu'on serait blâmés? Tous les peuples au
monde font cela, mais, Ici, on serait rendu comme Assemblée nationale
à avoir le réflexe colonisé au point de dire: On est
majoritaire, mais on doit se comporter comme une minorité parce que le
Canada anglais n'est pas content des pouvoirs qu'on se donne, le Canada anglais
n'est pas content de nous voir voter des lois qui nous dotent d'instruments
pour nous défendre? Moi, je ne suis pas d'accord. C'est le prix qu'a
à payer un immigrant qui veut venir au Québec: apprendre le
français et vivre en français. Il me semble que ce n'est pas un
gros prix. (12 heures)
Moi, si je m'en allais aux États-Unis demain matin, est-ce que
j'irais brailler - parce qu'il y en a qui pleurent ici - à
l'intérieur du parlement américain et dire: Écoutez, je
suis francophone. On est en Louisiane, nous autres, et on voudrait avoir la
liberté individuelle de parler français. Ils diraient: Hé,
Ti-pit, rentre chez vous, tu n'es pas fier. C'est cela qu'ils nous diraient.
Ils nous diraient: Comme peuple américain, nous avons la sauvegarde de
notre langue. Et ils le prouvent. Il y a des États américains qui
se sont protégés contre l'envahissement de langues
étrangères. Il est temps qu'on fasse quelque chose
là-dessus.
Ce n'est pas cela que vous avez fait. Vous avez fait des calculs. Le
premier ministre doit s'en mordre les doigts aujourd'hui. Je vais dire ce que
je pense. Je suis convaincu que le premier ministre doit dire: Ma "gang" de
francophones qui ont concédé jusqu'à la moitié, si
j'avais forcé un peu plus, ils auraient concédé tout.
II va se reprendre dans les règlements. Il a commencé
dès hier à dire que, maintenant, il étudie le bilinguisme
pour l'extérieur. Ce ne sont pas des farces. Et notre fameux ministre
délégué à la langue, celui qui se dandinait devant
les caméras ce matin - if faisait de l'humour -de la manière dont
il a défini la prépondérance, entre vous et moi, avec ce
qu'il nous a dit ce matin, quelle cour de justice, quel génie va pouvoir
décider de l'application de cette loi? Ce sera la tour de Babel, Mme la
Présidente. Un inspecteur va dire: Cela, à l'oeil, c'est trop
petit. À l'oeil, la couleur n'est pas prédominante. À
l'oeil, les pancartes sont trop visibles les unes par rapport aux autres. C'est
épouvantable, cela manque de sérieux.
Au lendemain même du jour où le Parlement a bafoué
les droits de la majorité, on voit un ministre jello, gélatineux,
qui ne se tient pas, qui n'a aucune colonne et qui se permet de faire de
l'humour sur les droits collectifs des Québécois francophones. Je
ne l'accepte pas et je suis persuadé que c'est un chapitre sombre, un
chapitre bien triste dans la défense des droits collectifs des
Québécois.
Je l'ai dit, hier, nous devrions organiser une résistance sans
pareille, démocratique et pacifique, mais une résistance de tous
les instants. Personnellement, c'est fini qu'on me bafoue dans la langue de
service quand j'irai à Montréal. Quand je suis allé
à NDG, dans Notre-Dame-de-Grâce, durant la campagne
électorale où le sieur Thuringer a été élu,
je n'ai même pas été capable d'avoir un café en
français et j'ai eu toute la peine du monde à avoir mon addition
pour sortir d'un petit restaurant tout près du local que le Parti
québécois avait loué. Et c'était dans
Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, dans un coin de terre
où on est majoritaires, comme francophones.
Je demande à tous les citoyens d'exiger le respect le plus
fondamental dans leurs transactions, c'est le premier geste qu'un citoyen seul
peut poser, et l'exiger avec de la fermeté et de la dénonciation
publique, à part cela. Nous allons favoriser l'orchestration de ce genre
de lutte de tous les instants. Nous allons l'orchestrer, avec tous les groupes
organisés au Québec, avec les syndicats, la CSN, la FTQ, la CSD,
la CEQ, avec tous les mouvements nationaux, le Mouvement Québec
français, les SNQ, les sociétés nationales des
Québécois, les sociétés Saint-Jean-Baptiste et avec
les jeunes du Québec. On disait toujours que les jeunes
Québécois n'étaient plus soucieux de leur langue. Et
contrairement à ce qu'on était en droit de s'attendre, c'est
spontanément qu'hier, à Sainte-Agathe, 300 jeunes
déambulaient dans les rues. Ils déambulaient dans les rues
à Chicoutimi. Dans la ville de Brossard et un peu partout au
Québec, il y avait des jeunes qui disaient: Nous allons vivre en
français chez nous et ce n'est pas vrai que le Parlement va nous imposer
des structures et nous aligner dans des corridors où notre langue est en
voie de disparition. C'est la jeunesse québécoise qui dit cela.
Et je fais appel à cette jeunesse pour qu'elle continue de lutter et
qu'elle prenne la relève, à part cela.
Je trouve cela fondamental. Je tiens à féliciter la
jeunesse québécoise qui montre du cran, de la
détermination. Et si vous avez cru pendant un instant, les nationalistes
de fin de semaine, que les jeunes Québécois se laisseraient
avoir, vous vous êtes trompés.
Je fais aussi appel à l'UPA qui est un mouvement agissant dans
tout le Québec, qui est structuré dans chacune des régions
par des syndicats de base. Je fais appel aux artistes québécois,
aux écrivains québécois pour qu'ils clament bien haut leur
fierté d'être francophones, qu'ils dénoncent
également avec vigueur le manque d'énergie de ce gouvernement
face au souci, au respect des droits collectifs, du droit de se défendre
comme peuple, de se donner les outils, de se donner les instruments.
Je ne voudrais pas oublier la foule de travailleurs non
structurés, non représentés nécessairement par des
centrales syndicales. On a à peine 35 % des salariés, des
travailleurs québécois qui sont syndiqués. Je fais
également appel à tous ceux-là. Je fais appel aux femmes
au foyer pour qu'elles se souviennent que ce même gouvernement leur avait
promis le Régime de rentes et qu'après trois ans et quelques
mois, on ne leur a rien donné. Je fais appel à tous les
Québécois et à toutes les Québécoises pour
qu'ensemble, avec cette résistance de tous les instants, on amène
ce gouvernement à avoir un principe fondamental, à respecter et
à avoir le désir, à incruster dans cette équipe qui
ne l'a pas, à incruster dans la tête de ses députés
un peu de fierté, un peu de goût de se battre pour ce droit
collectif fondamental qui est la survie du français au
Québec.
Mme la Présidente, je voudrais dire que oui, nous blâmons
aujourd'hui ce gouvernement. J'aimerais voir entendre la députée
de Vachon venir brailler, un peu comme elle l'a fait, de son siège,
déchirée entre les valeurs individuelles et les droits
collectifs. Si elle s'était branchée avant les élections
sur des droits fondamentaux, elle n'aurait pas été
déchirée après. On n'est pas tiraillé quand on est
soi-même avant, pendant et après, parce qu'on a une ligne de
conduite. On est venus en politique pour quelque chose, on est venus en
politique avec des convictions, on est venus en politique parce qu'on voulait
défendre du monde. C'est ainsi qu'on s'est fait connaître, c'est
ainsi qu'on est allés chercher des votes, c'est ainsi qu'on est
allés dire aux citoyens: Vote pour moi, je vais te représenter
dans tel sens. Mais quand on dit à un citoyen de langue anglaise: Je
suis avec toi pour tes valeurs individuelles, et que tu vas voir le francophone
et tu lui dis: Je suis avec toi pour tes valeurs collectives, tu arrives dans
des culs-de-sac comme celui dans lequel vous nous avez menés. Là,
vous êtes déchirés, vous êtes en sueurs. De
grâce, Mme la Présidente!
On a beaucoup de fierté, de ce côté-ci de la
Chambre, parce qu'on peut aller voir les anglophones du Québec et leur
dire: On ne vous a pas leurrés, on vous respecte, on respecte les
valeurs individuelles que vous défendez, mais vous admettrez qu'on n'a
pas de double langage avec vous, on ne parle pas des deux côtés de
la bouche quand on vous rencontre; on vous a dit qu'on était pour les
droits collectifs dans le domaine linguistique, et vous le savez. Alliance
Québec l'a dit, d'ailleurs, M. Lincoln l'a dit à plusieurs
reprises, il nous a répété à plusieurs reprises:
J'aurais préféré fondamentalement, disait-il, qu'on
maintienne la situation telle qu'elle était avec la loi 101, le statu
quo, plutôt que d'arriver avec une formule bâtarde, une formule
tronquée, une formule qui ne donne absolument aucune satisfaction
à aucune communauté et, qui plus est, une formule qui ne gagne
pas le respect fondamental. (12 h 10)
En politique, le respect fondamental, ça se gagne. Comment est-ce
que ça se gagne, Mme la Présidente? Cela se gagne de la
façon la plus simple au monde: c'est d'être soi-même,
d'être franc, d'être clair, d'être limpide, Mme la
Présidente. En politique, quand on est déchiré, c'est
parce qu'on a quelque chose à se reprocher. Il y en a certains, parmi
leur groupe... Avec deux discours, l'un à gauche et l'autre à
droite, c'est évident que tu ne peux pas faire autrement que
d'être déchiré. Quand tu dis à un anglophone: Si tu
m'élis, si tu votes pour moi, je te garantis que tu auras le bilinguisme
partout dans l'affichage. Et que tu dis aux francophones: Faites-vous-en pas,
on va garder les effets de la loi 101. Le jour où le masque doit tomber
publiquement en cette Chambre c'est clair qu'on est déchiré.
C'est évident. On est tiraillé. Et là on ne sait pas trop,
trop quoi dire et pour certains, on espère parler assez tard dans la
nuit pour que nos électeurs ne nous voient pas. C'est ça que j'ai
compris.
Vous avez vu certains petits nationalistes qui couraient les
caméras avant le vote dans cette Chambre. Vous ne les avez pas vu
intervenir sur le fond des choses en Chambre et donner ce qu'ils ressentaient
au fond d'eux-mêmes. Pas du tout. Us se sont faufilés. Et quand M.
Bourassa a décidé que c'était ce compromis, mi-chair
mi-poisson, boiteux comme disaient les anglophones, eh bien! là vous
avez vu rentrer tous les petits ministres potentiels qui voulaient avoir leur
job dans quelques mois. Quand ils ont vu que les trois, quatre, cinq Anglais
pouvaient partir, eh monsieur! les ténors de coulisses, les
nationalistes de coulisses qui ont vu leur chance, peut-être de monter au
cabinet... Eh! monsieur le ministre, oui! Leurs convictions sont toutes
tombées. Il se sont faits les défenseurs, tout à coup, de
ce compromis qui n'a pas de sens, qui n'est pas respecté ni par la
majorité francophone ni par la minorité anglo- phone. C'est
ça, Mme la Présidente. C'est exactement la situation.
Donc, Mme la Présidente, nous ne nous sommes pas associés
à ce compromis partisan, à ce compromis calculé. Nous
avons eu des principes. Nous avons eu des convictions. Nous les avons toujours
et nous les défendrons toujours. Et, là-dessus, je dois vous dire
que nous avons la conviction qu'à court, à moyen et à long
termes, ça sert une formation politique, ça sert des individus
parce que jamais on ne déroge de nos principes pour fin de calculs
politiques. C'est ça fondamentalement qu'on a donné comme
portrait. Et moi aussi, Mme la Présidente, je féliciterai tous
mes collègues de l'Assemblée nationale, les 20 qui sont
intervenus, qui n'ont pas eu peur d'afficher leurs convictions, qui ne se sont
pas cachés pour affirmer leurs principes, sans calcul politique, sans
aucun calcul politique. Je ne vous dis pas qu'on a gagné des votes mais
je vous dirai qu'on a gagné le respect, par exemple. Je suis convaincu
que nous avons gagné le respect, autant des anglophones
québécois que des allophones qui avaient un penchant
peut-être naturel à cause de toute la conjoncture, de toute la
politique de ce gouvernement vers la minorité anglophone.
Nous allons continuer à lutter, Mme la Présidente, et nous
demandons à cette Assemblée nationale, tout en ne s'illusionnant
pas bien sûr, le pouvoir du nombre va parler encore mais les
règlements nous permettent au moins, Mme la Présidente,
d'exprimer hautement à 20 ce qu'un fort pourcentage de
Québécois pensent ce matin, ce qu'un fort pourcentage de
Québécois ont dans la tête. Et je suis sûr
qu'à moyen terme les Québécois comprendront que
l'opportunisme politique, le calcul, le désir, le goût de
détenir le pouvoir, semaine après semaine, sans conviction, sans
principe, mois après mois, ça ne mène nulle part. Et
l'homme à la tête de cette équipe qui s'est fait sortir
d'une façon plutôt cavalière en 1976 prépare une
sortie identique à celle qu'il a connue. Merci, Mme la
Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le chef de l'Opposition.
Avant de vous reconnaître, M. le ministre, j'aimerais faire
connaître à la Chambre le partage du temps. Le temps imparti au
débat sera partagé également entre les deux formations
politiques et, à 13 heures, je reconnaîtrai à M. le chef de
l'Opposition, une réplique de quinze minutes. Là-dessus, je suis
prête à vous reconnaître, M. le ministre
délégué aux Affaires culturelles et responsable de
l'application de la Charte de la langue française.
M. Guy Rivard
M. Rivard: Mme la Présidente, ce que comprennent de plus
en plus les Québécois ce matin, c'est que le gouvernement du
Parti libéral
a trouvé une solution qui repose sur le bon sens de tous les
Québécois. Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Effectivement. À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le ministre.
M. Rivard: C'est une solution, disais-je, qui rallie de plus en
plus l'ensemble des Québécois, l'ensemble des leaders d'opinions,
l'ensemble des éditorialistes. Cela fait chaud au coeur que nous ayons
pu, comme ça, trouver une solution qui, ma foi, correspond à la
réalité québécoise de 1988. Il était
important de le faire. C'était important, et je l'ai vu, Mme la
Présidente, parce que depuis des mois, depuis la fin de mars, j'ai
rencontré tous ces Québécois qui travaillent dans toutes
sortes de secteurs d'activité. Les uns ont des ancêtres qui sont
arrivés ici, venant de France, au milieu du XVIIe siècle, comme
les miens. Les autres ont des ancêtres qui sont arrivés un peu
plus tard ou même peut-être en même temps qui faisaient
partie de ces régiments qui sont venus défendre la
Nouvelle-France.
D'autres sont venus un peu plus tard d'Italie ou de Grèce. Toute
sorte de monde, toutes sortes de gens venus de toutes sortes de pays sont venus
bâtir ici un Québec et un Québec qui, en 1988, est
confiant, optimiste et fort, et ce sont tous les Québécois qui
construisent ce Québec. Au cours de mes consultations, j'ai
trouvé qu'il y avait des consensus. Il y avait, d'une part, cette
reconnaissance du fait qu'au Québec, le désir était
très grand, la détermination était très grande
à vivre en français. D'ailleurs - je sais que le chef de
l'Opposition ne me croit pas - cette idée, cette détermination
à vivre en français au Québec, la majorité des
Québécois qui n'ont pas le français comme langue
maternelle sont d'accord avec cette idée-là, et c'est très
fort, je l'ai vu. C'est parce que c'est fort aussi que tout à l'heure -
là, nous sortons d'une période de rédaction de textes de
loi, nous arrivons à la vraie vie - nous allons nous asseoir ensemble
comme Québécois de toute origine, de toute langue maternelle,
désireux de vivre en harmonie ici au Québec, et le Québec
dans le Canada.
Parfois, je me demande pourquoi le chef de l'Opposition et le
député de Taillon s'expriment comme ils le font. Pourquoi ne
peuvent-ils pas comprendre ces choses que je dis ou que d'autres disent? C'est
très simple. Ils poursuivent encore et depuis vingt ans une seule
idée: séparer le Québec du reste du Canada. Et pour
ça, ils ont une seule arme. C'est d'essayer de persuader les
Québécois, surtout parce que c'est leur clientèle
particulière, leur cible favorite en termes de message, de persuader les
Québécois francophones qu'au Québec on est malheureux,
qu'au Québec on est déprimés, qu'au Québec on est
miteux, qu'au Québec on a peur. Ce n'est pas ça, la
réalité, Mme la Présidente. Ce n'est pas ça du
tout. Regardez ce qui s'est passé à l'occasion du débat
sur le libre-échange. Les commentateurs venant d'autres provinces
canadiennes se demandaient: Mais pourquoi les Québécois sont-ils
plus pour le libre-échange que les autres Canadiens? C'est très
simple. C'est parce qu'on pense qu'on n'a pas le choix. On pense que c'est
vital pour nous, nous qui avons besoin de nos marchés extérieurs
pour continuer à assurer la vigueur, la vitalité, non pas la
survie - je n'aime pas ce terme-là - la vigueur, la vitalité de
notre économie québécoise, le dynamisme de
l'économie québécoise. On a besoin de ça. On n'a
pas peur. C'est ça, le problème. Vous, du Parti
québécois, vivez dans la peur. Vous voulez nous communiquer la
peur. Vous parlez de survie. Nous parlons de croissance et de
développement. Vous êtes pessimistes. Nous parions d'optimisme. Il
y a une énorme différence entre la vision que vous avez du
Québec, la vision que j'ai du Québec et celle que notre
gouvernement a du Québec. Les Québécois doivent être
d'accord avec ça. Vous qui suivez nos débats ce matin à la
télévision, devez être d'accord avec ça. 70 %
d'entre vous, sept Québécois sur dix... (12 h 20)
Une voix: Six...
M. Rivard: ...six Québécois sur dix. Six à
sept nous disent: Nous sommes satisfaits. C'est vous qui nous dites: Nous
sommes satisfaits de la façon dont le gouvernement
québécois administre la province. Vous nous faites confiance.
Vous nous dites: Nous serions prêts à vous réélire
et la crainte que nous avons, franchement, serait que vous vous retrouviez avec
plus d'une centaine de députés. Vous nous dites cela.
Dans le dossier linguistique, nous injectons, nous instillons les
mêmes valeurs que dans les autres dossiers. Ce que nous avons
trouvé, en recherchant cette solution avec l'ensemble des
Québécois, c'est une solution qui a du bon sens. C'est tout
simplement ce que nous avons trouvé: une solution en accord avec la
réalité québécoise d'aujourd'hui. C'est un
aménagement linguistique, une façon de concevoir les choses dans
l'affichage commercial qui correspond à la réalité
québécoise d'aujourd'hui. C'est beaucoup plus en
continuité avec le passé qu'on ne le pense. J'entendais
récemment - hier, je pense - des membres du Parti
québécois, l'Opposition officielle en cette Chambre, parler de
districts bilingues, d'enclaves ou de je ne sais quoi. Oui, mais il faut
regarder la loi que vous avez écrite en 1977. Je ne parie même pas
des amendements que vous avez fabriqués en 1983 parce que la
réalité québécoise vous rattrapait.
Qu'avez-vous fait en 1977? Vous avez reconnu qu'il y avait des coins du
territoire québécois où il pouvait y avoir des
problèmes avec la façon dont vous conceviez la promotion et la
protection du français. Vous avez, d'une certaine façon, reconnu
qu'il fallait aménager la loi 101. Vous avez rédigé
l'article 24 et il faut que je lise: "Les organismes municipaux ou scolaires -
ce sont eux qui m'intéressent davan-
tage - mais aussi les services de santé et les services sociaux
et les autres services reconnus en vertu du paragraphe f de l'article 113 -
l'article 113 stipule que c'est l'Office de la langue française qui
reconnaît ces organismes municipaux, ces services de santé ou ces
services sociaux - peuvent afficher à la fois en français et dans
une autre langue avec prédominance du français." Vous avez
reconnu 92 municipalités officiellement bilingues dans l'affichage
municipal, bilingues dans les communications du gouvernement municipal avec la
population.
Le problème avec la dialectique du Parti québécois,
avec la façon dont il exprime ses opinions et ses convictions eu
égard à la loi 101, c'est qu'il oublie trop facilement ce qu'il a
écrit. Je l'ai rappelé l'autre jour en cette Chambre au
député de Taillon, et je ne veux pas répéter la
même chose aujourd'hui, cela n'aurait pas de sens et je pense qu'il a
déjà compris. D'ailleurs le député de Taillon
comprend beaucoup de choses. Je vais citer juste un exemple. L'article 51 est
un article de loi qui n'est pas touché par le jugement de la Cour
suprême, donc par le projet de loi 178, et, à cet article, vous
parlez des menus dans les restaurants. S'il y a un document avec lequel on
travaille assez souvent, merci, parce qu'on va assez souvent dans les
restaurants, c'est bien un menu. Alors, vous dites: Toute inscription sur un
produit, sur son contenant ou son emballage, sur un document ou objet
accompagnant ce produit, y compris le mode d'emploi et les certificats de
garantie, doit être rédigée en français. Cette
règle s'applique également aux menus et aux cartes des vins.
Très bien. Alors, nous suivons la même règle que vous avez
inventée. C'est vous qui l'avez inventée. Donc, c'est en
français. Article 51.
Il faut lire le deuxième alinéa du même article.
Très intéressant. Le texte français peut être
assorti d'une ou plusieurs traductions mais aucune inscription
rédigée dans une autre langue ne doit l'emporter sur celle qui
est rédigée en français. Il y a une notion de
prédominance. C'est ça que vous avez fait.
Donc, dans tous les restaurants, ce que vous avez permis, il faut que ce
soit clair dans votre esprit, il faut que vous compreniez en 1988 ce que vous
avez fait en 1977. Vous, du Parti québécois, avez permis que l'on
mette sur les tables de chacun des restaurants du Québec des menus
bilingues français-anglais. C'est ça que vous avez permis sauf
que vous ne l'avez pas dit.
Je prétends, Mme la Présidente, et je sens que le temps
s'écoule, que si nous nous étions rendus à cette position
extrémiste qui était celle du Parti québécois... Il
ne faut pas oublier qu'à un moment donné il y a l'Opposition, il
y a la position du Parti québécois en Chambre mais il y a l'autre
position dans les congrès nationaux. Là, c'est assez
tranché, merci. Si nous nous étions rendus à votre
désir qui s'appuie sur un nationalisme qui n'est pas
nécessairement celui qui s'applique au Québec de 1988; si nous
nous étions rendus à votre désir souventefois
exprimé d'invoquer un "nonobstant" pur et dur et de mettre toute la loi
101 sous l'empire de ce "nonobstant" et de reconduire les articles 58 et 69
tels qu'ils étaient, je suis d'avis qu'il aurait fallu, de ce
côté-ci de la Chambre, persuader les Québécois que
les nombreuses exceptions que vous avez mises dans la loi 101 n'étaient
pas dues à nous. C'est ça la réalité. Nous faisons
de l'aménagement linguistique comme vous l'avez fait, l'intention
première. M. Bourassa a été très clair
là-dessus. Il a dit: J'ai arbitré du côté des droits
des francophones. Il a aussi dit: J'ai une responsabilité. S'il y a une
minorité linguistique qui mérite d'être
protégée en Amérique du Nord, a-t-il dit, c'est la
minorité francophone et j'arbitre de ce côté. C'est clair
comme ça.
En terminant, Mme la Présidente, je voudrais rappeler une autre
chose et c'est très important. M. Chevrette, ce matin... Pardon, Mme la
Présidente, le chef de l'Opposition a donné un exemple
montréalais parce que Dieu sait que le dossier se vit avec une certaine
acuité à Montréal. Il a donné l'exemple d'un
dossier montréalais. Il a parlé de cet immigrant qui entre au
Marché Bonsecours et qui voit qu'il a la possibilité, à la
suite de l'adoption de cette loi, d'afficher, si les consommateurs le
désirent - parce que c'est ça le sens de la loi - non seulement
en français mais dans une autre langue, pour autant que le
français soit prédominant. (12 h 30)
Dans un article du journal Le Devoir de ce matin dû à la
plume de Bernard Descôteaux, M. Bourassa, eu égard à la
situation montréalaise, est cité d'une façon très
claire, et je le cite à mon tour: "II n'est pas question que
Montréal soit bilinguisée a assuré de la façon la
plus solennelle M. Bourassa à M. Chevrette. Nous aurons avec la
réglementation tous les moyens nécessaires pour faire de
Montréal une ville française, une ville francophone. Je le
répète, a dit M. Bourassa, de la façon la plus claire, la
plus ferme et la plus solennelle." Notre engagement est très simple. Le
choix a été difficile, mais ce que nous faisons, c'est que nous
travaillons avec fierté parce que, oui, M. le chef de l'Opposition, de
ce côté-ci de la Chambre nous sommes aussi fiers de notre langue.
Nous sommes fiers aussi si notre langue maternelle n'est pas la langue
française. Nous sommes fiers de vivre au Québec. Nous acceptons
qu'un tel aménagement soit fait.
Nous travaillons à la promotion du français, mais nous
essayons de le faire aussi dans le respect le plus complet possible de tous les
Québécois. Les droits d'expression, MM. de l'Opposition,
ça n'appartient pas seulement aux Québécois anglophones ou
allophones, ça m'appartient aussi à moi. La Charte des droits et
libertés de la personne, ça appartient à tous les
Québécois, et comme je vous disais hier, maintenant, la Charte de
la langue française n'appar-
tient plus seulement à vous seuls, elle appartient à tous
les Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Affaires culturelles et responsable de
l'application de la Charte de la langue française. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Taillon, vous rappelant, M. le
député, qu'il reste huit minutes à votre formation.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, Mme la Présidente. Rapidement, je
voudrais quand même relever, du discours du ministre responsable de la
loi 178, les éléments suivants. Lui rappeler très
amicalement que, lorsque la loi 101 a été adoptée, par la
suite la loi 57 a été adoptée. Le gouvernement du Parti
québécois a fait en sorte de bâtir un consensus. Le chef de
gouvernement du Parti québécois et le gouvernement du Parti
québécois avaient fait preuve de leadership. Le gouvernement du
Parti québécois, à l'occasion de ces deux lois, avait
également pris le temps: dix mois de commission parlementaire pour la
loi 101, un mois pour la loi 57. Et, également, il y avait, à
l'époque, une volonté politique claire. Autant
d'éléments qu'on ne retrouve pas dans la loi 178. Aucun consensus
dans la société québécoise. Au contraire. Aucun
leadership du premier ministre qui pendant trois ans s'est assis sur sa
solution sans convaincre personne qu'elle était la bonne.
Aucun temps n'a été donné pour étudier ce
nouvel aménagement linguistique, comme dit le ministre. On
procède à la hâte, à toute vapeur, à la
veille des fêtes, sans commission parlementaire, sans entendre les
intervenants et en bâillonnant l'Opposition. Une solution
également, le projet de loi 178, qui découle d'une absence de
volonté politique alors qu'autant la loi 101 que la loi 57 contenaient
une volonté politique claire de vivre au Québec en
français. Surtout, Mme la Présidente, autant la loi 101 que la
loi 57 étaient empreintes de bon sens, autant la loi 178 n'a pas de
sens. Fondée sur des concepts artificiels - extérieur,
intérieur, prédominant -ça veut dire quoi? On crée
trois catégories d'entreprises, donc, absence de volonté
politique, ce qui donne un projet de loi tout à fait indigeste.
La Cour suprême s'était prononcée, Mme la
Présidente, on disait souvent et on l'a répété
souvent en cette Chambre, comme une tour de Pise, qui penche toujours du
même côté. Maintenant, on se retrouve, comme l'a bien
signalé ce matin un journaliste que je lis souvent, on se retrouve
maintenant à partir d'une tour de Pise dans une tour de Babel. Mais
justement, c'est ça le problème, les lois ne peuvent pas
être conçues dans des tours. Les lois sont vécues par le
vrai monde, dans la vraie vie. Mais on arrive à cette tour de Babel,
parce que, et je tiens à le signaler dans les quelques minutes qui me
restent, le gouvernement libéral a accordé trop d'importance au
discours commercial. Je vais vous donner deux exemples rapidement.
Vous savez, toutes les municipalités ou à peu près
ont des pouvoirs réglementaires en matière d'affichage pour
limiter la grosseur des affiches, limiter les néons, limiter même
les styles, c'est-à-dire si ce sont des lumières clignotantes,
etc. Je me souviens même d'une entreprise de Montréal qui voulait
afficher en jaune et on le lui avait interdit. Donc, il existe
déjà au niveau des municipalités un pouvoir
réglementaire qui limite considérablement le discours commercial.
C'est normal et il n'y a pas d'émeute dans les hôtels de ville ni
d'échevin qui se lève pour dire: Je suis déchiré
entre la liberté d'expression de mes concitoyens et l'aménagement
du chemin Chambly, à Longueuil. Non, il n'y a pas d'émeute dans
les hôtels de ville parce qu'on met les choses à leur place. On
prend les concepts, on les analyse, on réfléchit et on prend une
décision de fond sur ces concepts.
Autre exemple: le ministre des Transports, a déposé, l'an
dernier, à l'Assemblée nationale, un projet de loi qui contenait
une limitation dans le droit d'afficher sur des propriétés
privées le long des autoroutes. C'est normal qu'on veuille assurer ici
une certaine qualité, une certaine sérénité aux
voyageurs qui circulent le long des autoroutes. Est-ce qu'il y a eu une
émeute ou des déchirements au sein du Parti libéral parce
que le ministre des Transports limitait non seulement la liberté
d'expression, mais aussi le droit de propriété? C'est
fondamental.
Donc, il est clair maintenant que le gouvernement libéral a mal
évalué la portée du discours commercial qui fait partie de
la liberté d'expression, nous dit la Cour suprême, qui le fait
entrer de plain-pied au chapitre de la liberté d'expression. Mais en
même temps, la Cour suprême laisse au législateur, aux
élus politiques le soin de prendre des décisions. Il faut d'abord
apprécier le jugement de la Cour suprême et il faut ensuite
prendre une décision. Cette décision nous plonge maintenant en
pleine tour de Babel, encore une fois en introduisant des concepts
artificiels.
Je vais vous en donner rapidement un exemple en ce qui concerne trois
nouvelles catégories d'entreprises: cela veut dire que, pour la
même chaîne, par exemple Discus, selon qu'il y a 55, 25 ou 5
employés, il y aura trois régimes d'affichage différents.
Cela n'a aucun sens. Je tiens à dire au ministre responsable de la loi
101 que, pour qu'une loi soit appliquée, il faut qu'elle soit
applicable. Tout votre concept de prédominance
extérieur-intérieur n'est pas applicable parce que devant... Vous
savez, la Charte de la langue française contient des dispositions
pénales et c'est interprété restrictivement par les
tribunaux parce qu'il faut que les tribunaux imposent des sanctions de nature
pénale. Donc, les tribunaux ont besoin de lois claires, de preuves
claires.
Imaginez comment on pourrait faire la
preuve devant les tribunaux de ce que le ministre responsable de la loi
101 nous a un peu défini ce matin comme étant le "concept de
l'honnête homme", concept de Jean-Jacques Rousseau. Moi, cela me fait
plutôt penser aux "Rêveries du promeneur solitaire". Comment faire
la preuve devant les tribunaux de ce concept dont le ministre nous parle ce
matin? Cela n'a absolument aucun sens, finalement, c'est une farce plate. C'est
sans conséquence, n'eût été du fait que,
premièrement, cela touche un secteur extrêmement fondamental, la
langue, et que, deuxièmement, cette loi va devoir être
vécue par le vrai monde dans la vraie vie, par les consommateurs qui
vont exiger qu'on respecte leurs droits, par les commerçants qui vont
vouloir respecter la loi, par les inspecteurs de la langue française.
Imaginez seulement quelques secondes le travail de l'inspecteur de la
Commission de protection de la langue française qui va aller chez un
commerçant pour commencer à comparer leurs perceptions sur le
caractère de prédominance, leurs perceptions sur le
caractère extérieur-intérieur. Juste le fait de le
mentionner dévoile bien à quel point cette loi n'est pas
applicable, n'est pas vivable pour les consommateurs, les commerçants,
les inspecteurs de la Commmission de protection de la langue française.
La Charte de la langue française, justement parce qu'elle appartient
à tout le monde, devrait être claire pour être
applicable.
En terminant, puisque vous m'indiquez qu'il ne me reste qu'une minute,
Mme la Présidente, je dirais que ce projet de loi est bien sûr le
fruit d'un calcul partisan de nature stratégique, mais que pour le vrai
monde qui dort vivre avec le projet de loi 178, ça n'a absolument aucun
sens. C'est pour cela qu'il est important que la population écoute
l'appel qu'a lancé le chef de l'Opposition pour faire en sorte que la
loi 178 aille rejoindre la loi 22 dans la triste mémoire des lois
linguistiques au Québec. Je vous remercie. (12 h 40)
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Vimont.
M. Jean-Paul Théorêt
M. Théorêt: Mme la Présidente, cela fait un
peu plus de trois ans que je siège à cette Assemblée
nationale et jamais je n'ai entendu autant de démagogie et de charriage
de la part des gens de l'Opposition. Selon eux, la loi 101 a été
massacrée. La survie du peuple québécois est en danger.
C'est l'anglicisation des Québécois dans les années
à venir. La loi 101 n'est plus qu'un squelette. Le peuple francophone
est un petit peuple sans défense et faible. Mais la pire
démagogie, la pire attaque personnelle et la plus dégueulasse, a
été celle du député de Lac-Saint-Jean. Le
député de Lac-Saint-Jean a osé essayer de tourner en
dérision le fait que des députés libéraux
pleuraient la démission d'un ministre comme Clifford Lincoln, un homme
honnête, sincère et loyal, un homme qui ne comptait pas ses
heures, un travailleur acharné. Il a également essayé de
tourner en dérision le fait que nous applaudissions le ministre Lincoln
après son discours. C'est vrai que nous pleurions le départ du
cabinet d'un grand homme comme Clrfford Lincoln. Et c'est vrai que nous
l'applaudissions, parce que nous voulions le remercier pour l'immense travail
et la compétence qu'il a mise au service non seulement des
Québécois anglophones, mais de tous les Québécois.
C'est pour cela que nous applaudissions à tout rompre, c'est pour dire:
Merci, M. Lincoln.
Mme la Présidente, il faut demander à tous les
représentants de l'Opposition et en particulier au chef de l'Opposition
de cesser de nous dire que nous sommes un petit peuple. Le peuple
québécois francophone est un grand peuple. C'est un peuple
moderne, dynamique et fier de sa langue et de son patrimoine. C'est un peuple
fort économiquement et intellectuellement. Alors, je vous dis, messieurs
de l'Opposition, de cesser de dire qu'on est un petit peuple. Arrêtez le
Bonhomme Sept Heures, on n'a pas peur de ce que vous dites. Fartes attention
à vous, il y a 250 000 000 de méchants anglophones qui vont
manger votre langue et qui vont vous écraser. Je vous dis qu'on n'a pas
peur, on est capables de se défendre. On a toujours défendu notre
langue et notre patrimoine au Québec.
J'ai été élevé, j'ai vécu et j'ai
grandi dans un quartier francophone pauvre du centre-ville de Montréal.
Et ceux de ma génération vont se rappeler que, dans les
années cinquante, pour être livreur de commandes, il fallait
parler anglais. Ils vont se rappeler également que c'était le
temps où, sur la rue Sainte-Catherine, il n'y avait pas seulement des
affiches bilingues, mais des affiches unilingues anglaises en très
grande majorité. C'était le temps où lorsque vous alliez
chez Eaton et Simpson, on vous répondait à 80 % en anglais.
C'était l'époque où l'économie
québécoise était contrôlée en très
grande majorité par tous les groupes autres que les francophones.
C'était le temps où les Québécois francophones qui
avaient la chance d'aller à l'université, parce que ce
n'était pas gratuit dans ce temps-là, se dirigeaient vers des
professions libérales: médecin, notaire, avocat. C'était
le temps où les Québécois francophones avaient peur de
démarrer en affaires. L'économie, pour nous, c'était pour
les autres.
Mais le Québec francophone de 1988, ce n'est plus ça. Le
Québec francophone de 1988, ce sont des francophones qui
contrôlent de plus en plus leur économie, ce sont des jeunes qui
se lancent en affaires. Jamais on n'a eu autant de petites et moyennes
entreprises créées par des femmes et hommes francophones au
Québec. Le Québec francophone de 1988, c'est de voir des hommes
et des femmes maintenant à la tête des grandes entreprises du
Québec.
Mme la Présidente, s'il fut un temps où la
langue française aurait pu être en danger au Québec,
c'est lorsqu'on ne contrôlait pas notre économie, c'est quand les
Québécois francophones n'osaient pas se lancer en affaires. Mais
les Québécois, francophones en 1988, ce sont eux qui ont dit oui
au libre-échange, ce sont eux qui ont dit: Oui, on est les meilleurs.
Laissez-les venir, on est capable de faire affaires et d'entrer en
compétition avec n'importe qui. C'est ça le Québec
francophone de 1988.
Mme la Présidente, à la suite du jugement de la Cour
suprême, le gouvernement du Québec avait à prendre une
décision rapide et la plus juste possible. Cette décision devait
être claire et devait également correspondre aux buts et aux
objectifs de la Charte de la langue française. Or, c'est exactement la
solution que préconisent le premier ministre du Québec et la loi
qui a été déposée par mon collègue, le
ministre délégué aux Affaires culturelles.
Que dit cette Charte de la langue française? Je vais vous lire
seulement quelques lignes du préambule: "L'Assemblée nationale
entend poursuivre cet objectif - de faire du Québec un État
français - dans un esprit de justice et d'ouverture, dans le respect des
institutions de la communauté québécoise d'expression
anglaise et celui des minorités ethniques, dont elle reconnaît
l'apport précieux au développement du Québec." C'est ce
que dit la Charte de la langue française adoptée en 1977 et c'est
ce que le projet de loi 178 respecte dans un esprit de justice et
d'ouverture.
Mme la Présidente, le député de Taillon nous disait
l'autre jour, dans son intervention, que la région de Montréal
était la région la plus sensible à l'anglicisation. Il a
absolument raison, mais si, aujourd'hui, on retrouve autant d'affiches dans
deux langues à Montréal, c'est parce que le Parti
québécois n'a jamais osé utiliser la clause "nonobstant",
parce que c'est également le Parti québécois qui a permis
à 3500 entreprises de moins de quatre employés d'avoir le droit
d'afficher en deux langues, non seulement à l'intérieur, mais
à l'extérieur également.
Ce sont ces gens, Mme la Présidente, qui ont permis ce
bilinguisme. Alors quand on vient nous dire que, nous, avec le nouveau projet
de loi, nous reculons, c'est faux. C'est absolument faux. Les
commerçants qui ont présentement le droit d'afficher bilingue
à l'extérieur viennent de perdre ce droit-là, Mme la
Présidente. Les affiches extérieures et les enseignes
extérieures au Québec, que ce soit au Lac-Saint-Jean, à
Québec, à Sherbrooke ou à Longueuil, ne seront qu'en
français. Comment peuvent-ils appeler ça un recul alors qu'ils
permettaient à tous les commerçants de moins de quatre
employés d'afficher dans une autre langue à
l'extérieur?
Bien sûr, Mme la Présidente, ce ne sont pas tous les 33 500
commerçants qui avaient le droit d'afficher dans deux langues à
l'extérieur qui l'ont fait. Et ce n'est pas parce qu'on permet à
15 000 autres commerces, non pas d'afficher en deux langues à
l'extérieur mais à l'intérieur, que ça veut dire
qu'ils vont automatiquement l'utiliser.
Vous savez, non seulement, enlevons-nous le droit d'afficher à
l'extérieur en deux langues, mais, à l'intérieur, nous
exigeons une nette prépondérance du français. Et on va
venir nous faire croire que c'est un recul sur l'ancienne loi 101, sur la
Charte de la langue française. (12 h 50)
Laissez-moi vous lire, Mme la Présidente, l'article où on
permettait d'utiliser une deuxième langue dans les commerces de moins de
quatre employés. L'article 60 de la Charte de la langue française
dit ceci: "Les entreprises employant au plus quatre personnes, y compris le
patron, peuvent afficher à la fois en français et dans une autre
langue dans leurs établissements. Toutefois, le français doit
apparaître d'une manière au moins aussi évidente que
l'autre langue." Nous venons dire à tous ces
commerçants-là que l'affichage dans deux langues est permis
à l'intérieur seulement, mais le français doit être
nettement prédominant. Et on vient nous dire que c'est un recul? La
population ne croira pas ces... J'allais dire ces menteries-là,
excusez-moi, Mme la Présidente, je n'ai pas le droit d'utiliser ce terme
ici. Mais c'est absolument faux, Mme la Présidente. Absolument faux que
ça va être un recul, comme vient de nous le dire le
député de Taillon que de permettre aux 35 000 commerces qui ont
déjà le droit d'afficher dans les deux langues non seulement
à l'intérieur mais également à l'extérieur,
quand il vient nous dire que parce que nous leur enlevons le droit, nous les
obligeons à afficher strictement en français à
l'extérieur et qu'à l'intérieur sur leurs affiches, s'ils
utilisent une deuxième langue, le français doit être
nettement prédominant et que, ces gens, tout ce qu'ils exigeaient,
c'était aussi évident. Ils vont essayer de faire croire à
la population du Québec que c'est un recul. Je suis très
confiant, Mme la Présidente, en laissant à la population du
Québec le soin de juger quelle position est la plus forte, quelle
position protège le plus le fait français au Québec, Mme
la Présidente.
On vient nous dire, et c'est peut-être l'argument le plus ridicule
de tous qu'avec l'affichage à l'intérieur en deux langues, les
immigrants qui vont arriver au Québec vont se diriger automatiquement
vers l'anglais. Imaginez-vous, Mme la Présidente, un immigrant qui
arrive au Québec, qui va dans un commerce et voit sur un étalage
de pamplemousses: Pamplemousse - en gros - en français, et "grapefruit",
pensez-vous qu'il va être porté à parler anglais le
lendemain matin? S'il voit sur un étalage de cravates: Cravate en soie,
"silk tie", pensez-vous que c'est ça qui va le motiver à
apprendre l'anglais et non pas le français au Québec? Quand on
sait que les gens passent environ deux heures par semaine dans les commerces et
qu'ils passent à peu près 30 heures par semaine a écouter
la télévision à
la maison, est-ce qu'on va bannir... S'ils voient un lettrage anglais
dans un commerce, sur un étalage de produits, est-ce qu'on va les
empêcher... Ne serait-il pas plus dangereux pour qu'ils s'anglicisent
qu'ils passent 30 heures par semaine à regarder CFCF à la
télévision, à regarder les programmes américains
s'ils ont le câble? 30 heures par semaine, Mme la Présidente.
Est-ce qu'on va nous demander, pour protéger le peuple francophone ou
pour empêcher les immigrants de s'angliciser, de fermer nos
téléviseurs? Est-ce qu'on va bannir le canal 12 et le canal 6,
Mme la Présidente? Cet argument ne tient absolument pas. C'est d'un
ridicule incroyable, à savoir que, parce qu'ils vont avoir sur des
étalages, dans des magasins, un nom de produit en anglais, avec le nom
en français qui prédomine, ça va Inciter nos immigrants
à s'angliciser. Il ne faut quand même pas charrier. Qui va croire
ça? Dans le quartier chinois, avec la loi, ils auraient le droit
maintenant, ils sont obligés d'afficher en français, mais s'ils
utilisaient leur langue, le chinois, est-ce que ça va angliciser le
peuple québécois? Dans le quartier grec, sur Park Avenue, si les
restaurateurs ou les commerçants annoncent en français et dans
une deuxième langue, le grec, est-ce que ça va angliciser les
Québécois? À Saint-Léonard, si les Italiens
annoncent leurs produits en français et annoncent le même produit
en italien, est-ce que ça va angliciser le Québec? Arrêtez
donc de charrier et vous allez voir que la population croit en notre message,
croit au fait qu'on veut vraiment promouvoir, défendre notre langue et
notre patrimoine français au Québec. Mme la Présidente, ce
projet de loi promeut et voit à l'épanouissement du
français, et j'en suis fier. Je félicite le premier ministre et
le ministre délégué aux Affaires culturelles pour avoir
donné un projet de loi juste, raisonnable et qui tient compte de la
communauté collective. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Vimont. Est-ce que d'autres représentants du côté... Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux, tout en vous rappelant,
Mme la ministre, qu'il reste sept minutes à votre formation.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la Présidente. Vous
comprendrez que, pour discuter d'un sujet aussi important que celui-là,
sept minutes, ce n'est pas très long. Néanmoins, je tenais, avant
que le débat ne se termine sur cette motion, à intervenir pour
replacer peut-être certains faits qui ont été
avancés dans cette Assemblée.
Je voudrais d'abord dire, contrairement à ce que certains
prétendent, qu'il ne s'agit pas d'un compromis, mais d'une recherche
d'équilibre entre, d'une part, les droits fondamentaux auxquels tous
croient en cette Chambre, j'en suis convaincue, et, d'autre part, l'obligation
historique et politique du Québec de protéger la langue
française au Québec. Beaucoup de choses ont été
dites et on a surtout brandi la menace d'une bilinguisation du Québec si
nous procédions avec la proposition mise de l'avant par le premier
ministre qui, d'ailleurs, a été adoptée hier dans le
projet de loi 178 présenté par le ministre
délégué aux Affaires culturelles.
Mme la Présidente, j'ai été une témoin
attentive des débats linguistiques depuis vingt ans. Qu'on se rappelle
la loi 63, qu'on se rappelle la loi 22, qu'on se rappelle la loi 101, je suis
probablement, dans cette Chambre, une de celles qui a été
associée de plus près au débat linguistique du
Québec. J'ai toujours démontré mon attachement à la
langue française et fait valoir que nous étions dans une
situation socio-géographique ou politicogéographique qui
nécessitait que le Québec prenne des mesures particulières
pour protéger la langue française. Je ne veux pas revenir sur le
jugement de la Cour suprême qui a été largement
développé, mais je voudrais quand même, une dernière
fois, dire à la population quelle est cette proposition ou cette loi qui
a été adoptée et quelles en seront les
répercussions.
D'abord, je voudrais corriger, et je ne crois pas que ça a
été fait, je ne soupçonne personne de mauvaises
intentions, mais je voudrais corriger l'impression qu'on a créée
que, par la loi 178, on allait, à toutes fins utiles, abolir la loi
101.
Mme la Présidente, la loi 101 n'est pas modifiée, sauf
sous un aspect particulier qui est celui de la langue d'affichage. Mais,
même eu égard à la langue d'affichage, il faut bien
comprendre que le gouvernement, très sensible à prendre une
décision qui puisse respecter le plus possible le jugement de la Cour
suprême, qu'on peut bien traiter de tour de Pise, mais qui est quand
même Ici, dans notre pays, l'arbitre ultime des droits fondamentaux.
Il faut bien aussi rappeler que le jugement qui a été
donné par la Cour suprême est un jugement qui a été
rendu par deux autres cours, la Cour d'appel et la Cour supérieure, qui
sont des cours du Québec. Alors, ça n'est pas la fantaisie de la
Cour suprême. Mais, quoi qu'il en soit, nous sommes au Canada et nous
sommes heureux d'avoir la Cour suprême pour justement servir d'arbitre
ultime des droits fondamentaux des individus. Probablement qu'en une autre
occasion, nous nous désolerions tout autant de penser que ce recours
ultime n'existe pas quand il s'agit de déterminer les droits
individuels. (13 heures)
Mme la Présidente, que dit la loi 178? Elle dit: Partout,
à l'extérieur, l'affichage doit être en français
uniquement. Je veux que ceci soit bien compris. Partout à
l'extérieur, l'affichage doit être en français uniquement.
Ce qui nous oblige évidemment à utiliser une clause
dérogatoire, compte tenu du jugement de la Cour
suprême, puisque sans elle, la loi 78 irait à rencontre des
chartes des droits et libertés, tant celle du Québec que celle du
Canada.
Quant à l'intérieur, encore une fois, l'affichage
français est obligatoire, mais il y a possibilité d'utiliser une
autre langue. Encore une fois, cette langue d'affichage française
à l'intérieur des commerces doit être nettement
prédominante, c'est-à-dire qu'elle doit être la plus
visible, celle qui, évidemment, peut attirer davantage les regards,
etc.
Il s'agit là d'un geste d'ouverture, non seulement à la
communauté anglophone, mais également à nos
communautés culturelles. Il faut bien rappeler que le Québec
n'est pas une société homogène, que nous vivons et que
nous sommes heureux de vivre avec des minorités qui viennent
l'enrichir.
Je veux rappeler encore une fois que la loi 78 n'est pas l'abolition de
la loi 101, mais une modification au chapitre de la langue d'affichage. Quand
on parle de la nécessité d'assurer une sécurité
à la langue française, il faudrait quand même être
réaliste. Le principal domaine où, soit la loi 22, soit la loi
101, ont agi en ce qui concerne la protection de la langue française,
c'est le domaine de l'enseignement. On sait le virage incroyable que nous avons
pris maintenant. Alors que les immigrants s'intégraient à 80 %
dans les écoles anglophones, aujourd'hui, l'école anglophone est
réservée aux Anglais de souche, nés au Québec et au
Canada.
Également, la langue de travail, si vous me le permettez,
à mes yeux la langue de travail, et depuis toujours, m'est apparue comme
l'élément le plus important de francisation des nouveaux
arrivés au Québec et aussi l'élément le plus
important pour assurer la sécurité linguistique. Je dois vous
dire qu'à ce chapitre la loi qui a proclamé le français,
langue de travail, qu'il s'agisse de la loi 22, disposition
réitérée au moment de la loi 101, je pense qu'aujourd'hui
nous devons réitérer ou réaffirmer cette disposition. Tous
les efforts qui auraient dû être faits dans ce domaine ne l'ont pas
été. Je pense que nous devons maintenant mettre nos
énergies à réaliser nos objectifs.
Mme la Présidente, en terminant, je dirai que la solution
adoptée par le gouvernement est une position courageuse et la plus juste
possible dans les circonstances parce qu'elle tient compte des valeurs de la
société québécoise, elle réitère la
reconnaissance et la fierté du peuple québécois de
s'exprimer en français et de conserver à la face du monde son
visage français. Également, elle est une manifestation de cette
ouverture, de cette maturité des Québécois de tendre la
main aux autres et de ne pas prohiber des droits, qu'on aime ça ou non,
qui sont considérés par le tribunal suprême de notre pays
comme des droits fondamentaux.
Mme la Présidente, je pense que c'était la meilleure
solution dans les circonstances. Je suis heureuse de l'appuyer et je suis
convaincue que nos concitoyens de toutes origines acceptent la
réalité linguistique du Québec...
La Vice-Présidente: En conclusion, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: D'autre part, nous devons également
accepter que les non-francophones sont des citoyens à part
entière avec les mêmes droits fondamentaux que les nôtres.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Chevrette: Mme la Présidente, vous me permettrez...
La Vice-Présidente: C'est votre réplique de quinze
minutes.
M. Guy Chevrette (réplique)
M. Chevrette: Merci. Vous me permettrez, dans un premier temps,
Mme la Présidente, de commenter les discours surtout des deux derniers
intervenants. Je vous avoue très honnêtement qu'après avoir
entendu le député de Vimont je comprends maintenant pourquoi il a
adhéré spontanément à ce compromis qui ne
résiste pas à l'analyse face aux droits collectifs et aux droits
individuels. Je vais essayer de lui expliquer quand même, pendant
quelques minutes, parce que peut-être que de ses électeurs qui
l'aiment beaucoup ont pensé que ce qu'il disait avait bien de
l'allure.
Je pense que le député de Vimont ne comprend pas l'effet
que peut avoir une image. Pour lui expliquer ça, quand on fait de
l'enseignement, on dit qu'une image vaut mille mots. Bon! Prenez un immigrant
qui arrive au Québec - et je suis sûr qu'il va faire un effort
pour essayer de comprendre - et devant lequel on met deux images, une image
francophone et une image anglophone. Ce type, qui sait qu'il est dans un
continent nord-américain où il y a seulement au Québec
qu'il y a du français, parce que le reste, en Ontario, à
côté des frontières américaines, c'est de l'anglais,
et qui voit les deux images, quelle obligation psychologique créez-vous
auprès de cet immigrant d'aller étudier le français,
puisque vous le rendez maintenant permissif, vous rendez les deux langues
permissives? Quelle obligation morale lui faites-vous de s'intégrer
à la majorité francophone du Québec? Il y a un effet
d'entraînement.
Si on lui dit: Si tu rentres au Québec, tu devras
nécessairement apprendre le français parce que les transactions
commerciales, parce que l'affichage, parce que tout se fait en français.
Là, il n'a pas le choix, il va l'apprendre. Je peux vous dire que s'il
choisit le Québec, terre d'accueil, c'est parce qu'il sait que c'est
le
français. Or, si on lui dit que ce n'est plus nécessaire,
à quelle communauté, d'après vous, va-t-il adhérer?
Spontanément à l'anglais. Et, avec le taux de
dénatalité qui inquiète le premier ministre d'une
façon épouvantable, bien, si ça l'inquiétait
tellement, il se soucierait précisément - parce qu'il le sait, il
doit le savoir en tout cas - du fait que moins on fait d'enfants, plus on a
besoin d'immigrants si on a besoin de main-d'oeuvre. Automatiquement, s'ils ne
s'intègrent pas à la majorité francophone, ils viennent
grossir la minorité anglophone du Québec et, de facto, on devient
lentement mais sûrement d'abord un Nouveau-Brunswick et après
ça un Manitoba. Au Manitoba, vous irez voir, ils sont au
cimetière, les francophones, et ils ont déjà
été majoritaires.
C'est clair comme de l'eau de roche, ça, et le
député de Vimont ne semble pas comprendre l'effet psychologique
de ça. L'intoxication massive, par exemple, à l'intérieur
d'un affichage bilingue a un effet d'entraînement, et
l'entraînement n'ira pas dans le sens de la majorité francophone
québécoise, il va aller dans le sens de la minorité
anglophone. C'est clair et le député semble scandalisé du
fait qu'on ne fasse pas confiance. Les jeunes s'en occupent des affaires. Quand
on a adopté la loi 101, est-ce que le député sait que,
après cela, M. le Président, les compagnies multinationales en
particulier n'ont pas hésité? Elles n'avaient plus le choix.
Qu'est-ce qu'elles ont fait? Elles ont engagé 4000 à 5000 jeunes
cadres francophones qui ont accédé à des postes
supérieurs, parce que, avant la loi 101, les francophones
arrêtaient. Après le titre de contremaître, tu ne les voyais
plus. C'est grâce à quoi que le Québec s'est sorti de ce
guêpier où on n'était pas capable d'accéder à
des postes supérieurs? C'est grâce à la loi 101 que nous
avons votée ici comme équipe gouvernementale.
M. le Président, nous avons inculqué cette notion de
fierté et de capacité car en étant fiers, on pouvait
afficher nos convictions et, de facto, on pouvait démontrer qu'on
était capables de faire quelque chose. C'est ça,
fondamentalement, l'effet psychologique d'une loi sur le monde. Le jour
où vous venez par laxisme autoriser autre chose, vous ouvrez les portes
carrément à la réintroduction d'un nouveau système,
d'un nouveau mécanisme, d'une nouvelle mentalité. C'est cela,
fondamentalement, que le député de Vimont ne comprend pas, mais
qui pourtant est d'une importance capitale quand on veut la survie d'un fait
français et d'une langue française. Ce n'est pas par le
laisser-aller, par le laxisme, par la diminution des instruments qu'on
défend quelque chose. J'espère que le député de
Vimont va se rendre compte de ça. Plus on veut protéger... Les
Romains disaient: Si vis pacem, para bellum. Si tu veux la paix, prépare
la guerre. C'est ça qu'ils disaient. En d'autres mots, donne-moi les
instruments pour faire face à tout. Si tu m'enlèves les
instruments et que j'ai une offensive contre ma langue, qu'est-ce que j'aurai
pour me défendre? C'est psychologique. (13 h 10)
Je reviens aux immigrants. Je viens de voir entrer la ministre. Sur les
26 000 immigrants qu'elle a autorisés l'an dernier, 26 000 immigrants ou
à peu près qui sont entrés l'an dernier, 18 000 ne
pariaient pas un mot français. On peut bien leur donner des cours, mais
il faut leur démontrer la nécessité d'apprendre le
français pour vivre au Québec. C'est ça qu'il faut leur
dire, sans aucune ambiguïté, avec une clarté, une
limpidité sans pareilles. Ce n'est pas faire fi des droits individuels.
Qu'une personne vienne de la Chine, du Japon, de l'Australie, je ne le sais
pas, c'est normal qu'on lui dise: Si tu viens au Québec, tu devras
transiger, parler, vivre en français et être
intégrée à la majorité francophone du
Québec. Mais si on lui dit: Viens, ce n'est pas sûr que tu aies
besoin du français, regarde un peu partout...
C'est ça, Mme la Présidente, fondamentalement, qu'ils
n'ont pas compris. C'est ça qu'ils n'ont pas compris, ces
gens-là. J'écoutais Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux, à qui on a demandé d'intervenir probablement
à la sauvette, mais je vous avoue... Elle a dit: Écoutez-moi
bien... Je pense qu'elle est de bonne foi. Elle s'est levée et elle a
dit: Cela va être l'affichage en français partout au
Québec, sauf... Elle a dit: Sauf. Et là, j'ai senti un peu un
mouvement dans l'Assemblée. Bien sûr que c'est "sauf. Hier, on
n'avait pas terminé d'étudier le projet de loi qui affaiblissait
le français à l'intérieur que, déjà, le
gouvernement ouvrait pour commencer à justifier un éventuel recul
pour le français à l'extérieur. C'est ça qu'on
dénonce ce matin. C'est ça qu'on blâme,
fondamentalement.
Mme la Présidente, j'apprécierais... Nous avons
écouté sérieusement les discours des autres.
La Vice-Présidente: S'il vous plaît! Je demanderais
la participation de cette Chambre. Le débat n'est pas terminé.
Nous avons encore la réplique du chef de l'Opposition et je voudrais
bien l'entendre. M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je disais donc que
le visage français à l'intérieur est déjà
amoché par la loi. Je ne parlerai pas avec du murmure comme
ça.
La Vice-Présidente: S'il vous plaît! Les caucus se
tiennent à l'extérieur. Nous sommes présentement à
la réplique et je demanderais la participation de cette Chambre. Vous
pouvez y aller, M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je disais donc que
le message, l'image qui vaut mille mots a une importance capitale quand on veut
assurer la survie du fait français et cela, il y a
des députés qui ne l'ont pas compris. On a voulu
présenter aux Québécois - à la vapeur, dans une fin
de session - un compromis, compromis qui laissait croire à la
majorité francophone qu'on respectait ses droits collectifs, compromis
qui respectait les droits collectifs exclusivement à la moitié du
chemin: l'affichage extérieur, mais une proposition qui nie ce
même droit collectif pour l'intérieur.
On a voulu faire croire à la majorité anglophone du
Québec qu'on respectait les droits individuels, mais les droits
individuels étaient mis de côté pour l'extérieur; on
respectait les droits individuels à l'intérieur et, là, le
seul gagnant, c'était qui? C'était au moins la minorité
anglophone qui héritait la moitié de sa demande,
c'est-à-dire la moitié de l'engagement libéral de novembre
1985, parce qu'en novembre et décembre 1985, vous avez dit aux
anglophones du Québec, d'une façon tout à fait
irresponsable... Je suis convaincu que le ministre de l'Éducation
n'était pas derrière cet engagement. Vous avez dit à
l'électorat anglophone: On va vous donner le bilinguisme intégral
en matière d'affichage. On n'acceptera pas la prohibition. Ce sera la
prépondérance. Ils ont utilisé la notion de prohibition
pour que ça fasse peur aux personnes âgées, parce qu'elles
ont vécu ça, la notion de prohibition dans les années...
Tout était machiavélique.
Des voix:...
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le chef de l'Opposition...
Des voix:...
M. Chevrette: Non, je ne parlais pas de Bolivar.
Des voix:...
La Vice-Présidente: À l'ordre!
M. Chevrette: Et ces jeunes tourtereaux...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...haut-parleurs se sont mis à pleurer quand
le ministre Lincoln s'est levé et leur a dit: Ce sont mes droits
individuels que je défends. Ils ont dit: Bravo! Il défend ses
droits individuels, est-ce assez beau? Est-ce assez beau, défendre ses
droits individuels? Bravo! C'est ça que vous faisiez. Des larmes de
crocodile! Parce que vous ne vous étiez pas branchés sur les
droits, ni sur les droits collectifs ni sur les droits individuels, vous
bafouiez automatiquement les droits collectifs de la majorité
francophone et les droits individuels de la minorité anglophone. C'est
ça que vous avez fait hypocritement, essayer de passer un sapin à
l'époque des fêtes aux citoyens du Québec. C'est ça
que vous avez fait, un compromis visant à faire plaisir aux deux. Le
député de Louis-Hébert aura beau crier n'importe quoi, je
vous avoue très honnêtement, Mme la Présidente, que je
comprends qu'il le cache sur ce sujet.
Mme la Présidente, je suis convaincu que le gouvernement a fait
une erreur monumentale parce qu'il n'a pas voulu choisir entre des valeurs. Il
a préféré diminuer les deux valeurs. Cela, c'est malsain.
On ne diminue pas deux valeurs, on en choisit une. La valeur qu'on a choisie,
nous, du clan de l'Opposition, c'est la valeur des droits collectifs. Vous avez
préféré jouer sur les deux tableaux et, à jouer sur
les deux tableaux, vous vous êtes embrouillés. Vous avez
embrouillé la population. À moyen et long termes, je vous
certifie que cela vous desservira.
Entre-temps, Mme la Présidente, je le répète, parce
qu'il me reste deux ou trois minutes, j'invite tous mes con citoyens
francophones à exiger le respect le plus complet, le plus
intégral de leur langue partout au Québec, exiger
qu'Hydro-Québec nous réponde en français, exiger que les
multinationales nous répondent en français, exiger dans les
commer ces, dans les édifices qu'on nous réponde en
français. Cela, c'est le premier pas d'abord de la résistance
individuelle.
Quant à la résistance collective, je répète
ce que j'ai dit tantôt, Mme la Présidente, je répète
que j'invite toute la jeunesse québécoise à venir contrer
cet élément de faiblesse, ce geste de faiblesse posé par
le gouvernement. J'invite les artistes, les syndicats, les travailleurs,
j'invite l'ensemble des Québécois qui sont organisés, qui
sont structurés, qui ont des porte-parole à participer à
cette grande résistance nationale. On n'a pas le choix. On peut nous
passer sur le dos une couple de fois, mais on est capables de rebondir comme
société. Le désir de survivre comme peuple, il n'y a pas
un gouvernement qui va réussir à nous l'enlever, ce désir
fondamental. Vous pouvez bâillonner une Opposition, vous pouvez nous
faire taire en suspendant les règles démocratiques d'un
Parlement, mais vous ne serez jamais capables d'empêcher un peuple de
s'exprimer. C'est clair? Jamais vous n'en serez capables. Vous aurez beau
adopter les procédures que vous voudrez.
Mme la Présidente, je vous dis en terminant que, personnellement,
j'ai confiance en la fierté des Québécois...
La Vice-Présidente: À l'ordre!
M. Gendron: Cela va faire, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Effectivement, je le constate, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je demanderais la participation de cette
Chambre. M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Mme la Présidente, c'est la
troisième fois qu'on m'arrête en l'espace de cinq minutes.
On n'a pas eu le respect du Parlement sur un débat aussi fondamental que
l'avenir du français au Québec, on va au moins laisser s'exprimer
ceux qui ont la fierté de leur langue et qui ont le goût de le
crier.
S'ils se sont sentis déchirés, Mme la Présidente,
depuis quelques jours et qu'entendre crier hautement la fierté
d'être Québécois francophone fait mal à leurs
plaies, qu'ils aillent les panser en dehors de ce Parlement, Mme la
Présidente, c'est clair. Mme la Présidente, la fierté,
ça s'exprime. Cela s'exprime par la conviction. Cela s'exprime à
la suite d'une analyse basée sur des principes fondamentaux. Quand on
n'a pas de principes fondamentaux, Mme la Présidente, quand on n'a pas
de convictions profondes, quand on n'a pas de fierté, c'est parce qu'on
n'a pas d'amour envers quelque chose. Nous, nous aimons notre langue, nous
voulons la défendre envers et contre tous, c'est ce que ça veut
dire, envers le gouvernement libéral de Robert Bourassa, Mme la
Présidente, et c'est pour ça que nous le blâmons pour avoir
agi avec autant de faiblesse, autant de lâcheté dans la
défense des intérêts collectifs des
Québécois.
Des voix: Bravo!
Mise aux voix
La Vice-Présidente: Merci, M. le chef de l'Opposition. Je
demanderais le silence avant de mettre aux voix. Cette réplique termine
le débat, je mets donc aux voix. À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
Nous allons donc mettre aux voix la motion de censure
présentée par M. le chef de l'Opposition et cela, en vertu de
l'article 304 de notre règlement. Cette motion se lit ainsi: "Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral pour la solution
dangereuse qu'il a adoptée en matière d'affichage commercial,
suite au jugement rendu par la Cour suprême du Canada".
Est-ce que cette motion est adoptée? On demande le vote?
M. Chevrette: On peut voter. Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Donc, vote enregistré. Que ceux
et celles qui sont favorables à cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Chevrette (Jo-liette), Gendron
(Abitibi-Ouest), Perron (Duples-sis), Mme Blackburn (Chicoutimi), MM. Biais
(Terrebonne), Garon (Lévis), Charbonneau (Ver-chères)...
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement.
Le Secrétaire adjoint: Mme Juneau (Johnson), MM. Jolivet
(Laviolette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Desbiens (Dubuc),
Godin (Mercier), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré (Shefford),
Boulerice (Saint-Jacques), Claveau (Ungava), Dufour (Jonquière), Parent
(Bertrand), Mme Harel (Maisonneuve), M. Roche-fort (Gouin).
La Vice-Présidente: Que ceux et celles qui sont contre
cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton (Gati-neau), Saintonge
(Laprairie), Pagé (Portneuf), Le-vesque (Bonaventure), Mme Bacon
(Chomedey), MM. Ryan (Argenteuil), Bourbeau (Laporte), Ri-vard (Rosemont),
Côté (Rivière-du-Loup), Mmes Gagnon-Tremblay
(Saint-François), Robic (Bourassa), MM. MacDonald (Robert-Baldwin),
Vallerand (Crémazie), Côté (Charlesbourg), Vallières
(Rich-mond), Picotte (Maskinongé), Fortier (Outremont), Paradis
(Brome-Missisquoi), Cusano (Viau), Dauphin (Marquette), Maltais (Saguenay),
Philibert (Trois-Rivières), Blackburn (Roberval), Le-febvre (Frontenac),
Doyon (Louis-Hébert), Mme Trépanier (Dorion), MM. Maciocia
(Viger), Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Cannon (La Peltrie),
Chagnon (Saint-Louis), Lemire (Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Mme
Pel-chat (Vachon), MM. Polak (Sainte-Anne), Trudel (Bourget), Kehoe (Chapleau),
Gervais (L'Assomption), Bélanger (Laval-des-Rapides), Bélisle
(Mille-Îles), Thérien (Rousseau), Tremblay (Iber-ville),
Théorêt (Vimont), Hamel (Sherbrooke), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Parent (Sauvé), Mme Bleau (Groulx), MM.
Bradet (Char-levoix), Brouillette (Champlain), Camden (Lotbi-nière), Mme
Cardinal (Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscoua-ta), MM. Farrah (îles-de-la-Madeleine),
Forget (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gauvin (Mont-magny-L'Islet),
Gobé (Lafontaine), Larouche (Anjou), Laporte (Sainte-Marie), Dubois
(Hunting-don), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), Houde (Berthier),
Audet (Beauce-Nord), Leclerc (Taschereau), Hétu (Labelle), Joly
(Fa-bre), Khelfa (Richelieu), Lemieux (Vanier), Marcil (Beauharnois), Richard
(Nicolet), Tremblay (Ri-mouski), Latulippe (Chambly), Saint-Roch (Drum-mond),
Mme Hovington (Matane).
La Vice-Présidente: Que ceux et celles qui veulent
s'abstenir veuillent bien se lever!
Le Secrétaire: Pour: 21
Contre: 76
Abstentions: 0
La Vice-Présidente: Motion rejetée. À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Alors, Mme la Présidente, je voudrais modifier
un avis qui a été donné ce
matin et aviser l'Assemblée que l'avis concernant l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
256, Loi sur la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec, est annulé. Je crois avoir dit ce matin qu'il s'agissait
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. C'est plutôt la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec. De toute façon, de
Montréal ou de Québec, c'est annulé. Je propose la
suspension de nos travaux à cet après-midi 15 heures.
La Vice-Présidente: Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 28)
(Reprise à 15 h 14)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Vous pouvez vous asseoir.
Nous allons reprendre nos travaux. Là-dessus, je vais
reconnaître M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. On sait qu'il y aura
une série' de projets de loi qui seront appelés au cours de la
présente séance. Est-ce que je pourrais obtenir de l'Opposition
le consentement suivant, à savoir qu'on puisse franchir toutes les
étapes de chacun des projets de loi qui seront appelés sans que
la présidence ait à vérifier, à chaque
étape, s'il y a consentement pour qu'on puisse procéder à
l'étape qui suit? Autrement dit, il s'agit d'un consentement global pour
le franchissement de toutes les étapes pour chacun des projets qui sera
appelé et que les écritures du secrétariat soient faites
en conséquence.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion du leader
adjoint du gouvernement est adoptée? M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Mme la Présidente, je n'ai pas d'objection,
mais il faudrait que ce soit clair et je pense que c'est à ce moment-ci
qu'il faut le dire, cela ne présume pas du consentement qu'on doit
donner pour faire les étapes en même temps sur chacun des projets
de loi. C'est strictement une question d'écritures pour les gens de
l'administration, tel que cela m'a été expliqué. Dans ce
sens-là, oui, nous consentons.
La Vice-Présidente: Donc, consentement. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 38 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 78
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 38 du feuilleton,
la ministre des Affaires culturelles propose l'adoption du rapport de la
commission de la culture qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 78, Loi sur le statut professionnel
des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs. Là-dessus,
je vais reconnaître Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Alors, Mme la Présidente, le projet de loi 78 a
été déposé à l'Assemblée nationale le
10 novembre dernier et son adoption de principe a eu lieu le 22 novembre 1988.
Lors de ses séances des 29 et 30 novembre et du 1er décembre, la
commission de la culture a également tenu des audiences publiques au
cours desquelles seize associations professionnelles d'artistes et de
diffuseurs ont eu l'occasion de présenter leur point de vue. Celui-ci et
les discussions qui ont suivi se sont révélés fort
éclairants pour les travaux ultérieurs de la commission et ont
été aussi une source d'enrichissement pour le gouvernement et je
n'en doute point, compte tenu de leurs propos, pour les membres de l'Opposition
officielle.
Plusieurs articles du projet de loi ont fait l'objet d'amendements sur
le plan technique ou de la concordance, mais certaines modifications sont
beaucoup plus substantielles. Elles ne remettent pas en cause, cependant, les
orientations que nous avions définies pour guider la préparation
de ce projet de loi. Comme solution à la problématique
générale du statut de l'artiste que les premiers
intéressés nous ont exposée depuis la commission
parlementaire de mai 1986 sur ce sujet, le projet de loi 78 établit un
cadre juridique de reconnaissance de l'artiste professionnel des arts visuels,
des métiers d'art et de la littérature. Il définit les
mécanismes par lesquels une association ou un regroupement
d'associations pourra être reconnu dans chacun des domaines. Il propose
également un cadre ou contrat entre les artistes et les diffuseurs de
manière à offrir une meilleure protection aux créateurs
et, pour les associations ou les regroupements d'associations d'artistes, la
possibilité de négocier des ententes minimales avec des
associations de diffuseurs.
Parmi tous ces amendements, je voudrais en souligner quelques-uns
d'importance qui devraient rassurer les organismes et les personnes qui ont
exprimé des craintes quant à la non-reconnaissance des
responsabilités assumées jusqu'à ce jour par diverses
associations professionnelles intervenant dans des multiples pratiques
artistiques. Ainsi, la définition de la littérature a
été
reprise de manière à supprimer les
références subjectives de qualification de l'oeuvre et à
en préciser le champ d'application. Le rôle assumé par les
associations existantes dans les diverses disciplines des domaines visés
par le projet de loi a été affirmé avec plus de vigueur en
maintenant, cependant, la nécessité d'un rassemblement des
forces, par domaine, pour l'exercice de fonctions spécifiques convenues
entre elles.
De plus, lorsque nécessaire pour une meilleure
compréhension, les notions d'association et de regroupement ont
été dissociées. Il appartiendra aux associations faisant
partie d'un regroupement reconnu de voir à ce que les fonctions et
pouvoirs de chaque partie soient clairement délimités.
Un des principaux amendements porte sur l'article 29 et il a pour but
d'étendre les dispositions relatives aux contrats individuels à
tout contrat ayant pour objet la publication d'un livre. Ces mêmes
dispositions du chapitre III ont été aussi substantiellement
renforcées afin de rendre obligatoire le contrat entre un artiste et un
diffuseur, d'entacher de nullité l'entente non conforme aux articles 30
et 32 du projet de loi et d'en faire aussi des dispositions d'ordre public,
à l'exception des articles 30 et 36, et de les adapter à
certaines pratiques commerciales.
Enfin, des dispositions diverses ont été ajoutées
et amèneront d'autres amendements à la loi sur le statut
professionnel et les conditions d'engagement des artistes de la scène,
du disque et du cinéma, il s'agit des nouveaux articles 48.1, 48.2 48.3,
49.1 et 49.2 qui ont pour objet, soit de nuancer certaines dispositions qui se
sont avérées difficiles d'application par la commission de
reconnaissance, soit de les compléter en établissant le quorum de
la commission et aussi en accordant à cette commission le pouvoir de
suspendre le délai de négociation, certains délais lorsque
des situations déterminées se présentent. La loi entrera
en vigueur le 1er avril 1989, à l'exception des articles 7, 9 à
28, 41 à 43 et 46 à 49 qui entreront en vigueur
ultérieurement aux dates fixées par le gouvernement.
Je ne pourrais conclure sans remercier l'Opposition de sa
précieuse participation et, je dois le dire, de la
célérité apportée aux travaux de cette commission.
Ceci a permis une amélioration sensible de ce projet de loi qui est un
projet innovateur. Et, au risque de choquer encore le député de
Saint-Jacques, je dirais que c'est un droit nouveau que nous avons fait. Mais
cela met à la disposition des artistes un outil qui les protégera
mieux et aussi plus vigoureusement.
La commission de la culture a donc étudié le projet de loi
78 article par article, a donné son accord aux modifications
proposées malgré une division sur les articles 9 et 10. Et, par
conséquent, je recommande que soit accepté le rapport de la
commission de la culture sur le projet de loi 78, Loi sur le statut
professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre des Affaires
culturelles. M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Mme la Présidente, je dois remercier la
ministre d'avoir l'honnêteté de dire qu'effectivement
l'Opposition, au moment de la présentation du projet de loi 78, Loi sur
le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art
et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs, avait
offert sa pleine et entière collaboration. Par les propos que vient de
tenir la ministre, elle reconnaît effectivement que nous avons
travaillé dans cet esprit de collaboration que j'ai manifesté
dès les tout premiers instants de cette commission. Je n'ai pas peur de
le dire, cette commission s'est même conclue par des entretiens avec la
ministre, de façon à envisager encore là la meilleure
bonification de la loi après les études en commission et bien des
recommandations qui nous ont été soumises par les intervenants et
les remarques que l'Opposition a formulées, se retrouve pour une
très large partie dans cette loi. Je me félicite, Mme la
Présidente, de cet esprit qui a prévalu à cette
commission, très heureux d'avoir manifesté au nom de l'Opposition
cet esprit de collaboration, d'avoir exercé, si vous me permettez le
terme, ce jeu parlementaire avec la conviction que l'on contribuait à
bien servir les gens du milieu de la culture. Mais je ne pourrai quand
même pas m'empêcher, Mme la Présidente, de glisser dans ce
discours une phrase qui est celle que j'ai été bien
récompensé de ma collaboration pour le projet de loi 78 quand je
regarde le bâillon qu'on m'a imposé. Et le député de
Notre-Dame-de-Grâce d'ailleurs, M. Thuringer, me fait signe effectivement
que, lui aussi, il a été bâillonné dans ce discours.
J'ai été malheureusement bâillonné dans mes droits
de parlementaire au regard de cette loi 178 qui passera à l'histoire
comme la nuit des longs couteaux envers le visage francophone du
Québec.
Et cela dit, Mme la Présidente, ce projet de loi 78, de l'avis
des intervenants qui se sont présentés, répond à
plusieurs des attentes. Au moment de l'adoption finale du projet de loi,
puisque nous en sommes uniquement à la prise en considération,
j'irai beaucoup plus sur le fond en apportant certaines nuances et certaines
précisions qui s'adressent normalement au monde de la littérature
et notamment pour ce qui est des sculpteurs qui, mon Dieu, il y a à
peine dix minutes me faisaient part encore là de certaines
insatisfactions face aux nouveaux amendements. Mais ça ne
m'empêche pas, Mme la Présidente, de dire que, pour ce qui est de
sa globalité, ce projet de loi, eh bien, a subi toutes les
étapes
en commission parlementaire. Il y a eu effectivement ce dialogue - enfin
je pourrais peut-être dire "trialogue", je sais que j'invente le mot mais
si on fait du droit nouveau, je peux peut-être faire du français
nouveau - ce "trialogue" entre la partie gouvernementale, l'Opposition et les
intervenants du monde de la culture, qui sont venus de façon très
spontanée exprimer leurs préoccupations et faire valoir leur
point de vue. Et je pense que cela a été bien reçu, de
part et d'autre, des membres de la commission.
Alors, Mme la Présidente, sur ces mots, je vous demanderais de
bien vouloir considérer comme adoptée la prise en
considération du rapport concernant le projet de loi 78, Loi sur le
statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et
de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs, en se
disant que ce milieu-là est une des forces vives de la nation, et nous
l'avons vu hier soir dans les galeries ici. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Jacques.
Il n'y a pas d'autres interventions?
Une voix: Cela n'a pas l'air.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la
commission...
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: ...de la culture qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 78 est adopté?
M. Gendron: Adopté. Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 53 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 84 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 53 de notre
feuilleton, le ministre délégué aux Forêts propose
l'adoption du projet de loi 84, Loi modifiant la Loi sur les forêts et
d'autres dispositions législatives. M. le ministre
délégué aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je n'ai pas d'intervention pour le moment et j'aimerais bien
entendre le critique, le député de Laviolette, à ce sujet
avant de répliquer.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Forêts.
Une voix: ...privilège...
La Vice-Présidente: M. te député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Mme la Présidente, je vous remercie beaucoup.
Je m'attendais que le ministre fasse une intervention sur ce projet de loi. Par
rapport à tout ce qui a été dit sur ce projet de loi, j'ai
fait mention que, pour des raisons qui ont été évidentes
lors de la discussion du projet de loi article par article, nous avions des
réticences majeures sur des points, que nous n'avions pas la même
façon de voir les choses, le ministre et moi. J'ai ajouté, lors
de la prise en considération du rapport hier soir, en fait je devrais
dire dans la nuit, que le ministre avait cédé à des
lobbies, d'abord des lobbies des grosses compagnies forestières, et il a
aménagé son projet de loi en conséquence, celui que nous
avons eu l'occasion d'adopter il y a maintenant près de deux ans et
trois jours, comme je l'expliquais dans la nuit, cette nuit même. Alors,
cela n'a pas changé. C'est le 19 décembre 1986 que nous avions eu
avec émotion la possibilité d'adopter un projet de loi qu'au
moment où on se parle, on vient de changer. Donc, pour l'accommoder dans
la mise en place de ce projet de loi qui aura sa pleine capacité
légale le 1er avril 1990, le ministre vient faire des
aménagements majeurs sur certains points de vue faisant en sorte de
céder à des demandes venant des grosses compagnies
forestières.
Le deuxième lobby auquel le ministre a cédé, et je
l'ai aussi mentionné, c'est celui de son groupe - si on peut l'appeler
ainsi, puisqu'il est ingénieur forestier - de sa corporation qui lui a
demandé que, dans certains articles du projet de loi, on oblige
explicitement à ce que les plans soient préparés par des
ingénieurs forestiers. J'ai également mentionné, lors de
cette discussion de la nuit dernière, que le ministre n'avait
malheureusement pas cédé à un lobby que je jugeais
important, celui des producteurs de boisés privés. Jusqu'à
maintenant, le ministre nous a dit: Écoutez, nous prenons ça en
bonne considération. (15 h 30)
Dans sa réplique de cinq minutes d'hier, qui était un peu
plus longue parce qu'on était vers la fin à 1 h 20 cette nuit, le
ministre a dit: Oui, cependant je considère que le député
de Laviolette a apporté de bons arguments; nous avons l'intention d'agir
dans ce dossier et nous aurons l'occasion de le faire lors d'une
décision que je prendrai, avec l'aide du Conseil des ministres, pour
donner aux producteurs de boisés privés un principe important de
rendement soutenu. C'est un principe important pour la survie des forêts
privées au Québec, important pour éviter que des gens qui
sont actuellement soumis à des plans
conjoints, à des principes de rendement soutenu lorsqu'on parie
de billes à pâtes ne le soient malheureusement pas pour les billes
à déroulage, les billes à sciage. Aujourd'hui, il y a un
danger latent que le ministre devra corriger le plus rapidement possible en
instaurant chez les producteurs de boisés privés le principe de
rendement soutenu, d'autant plus, Mme la Présidente, qu'un article du
projet de loi est venu diminuer le nombre d'hectares d'un seul tenant que devra
posséder une personne pour être admise comme producteur forestier.
Donc, aujourd'hui, alors que cette personne était tenue à dix
hectares d'un seul tenant pour avoir droit à ce bout de papier qui lui
permettait d'accéder aux programmes gouvernementaux d'aide au chapitre
des plans, des travaux forestiers, des travaux sylvicoles, au chapitre de
l'ensemble de tous les autres programmes que le ministre peut mettre sur pied,
ces gens voient maintenant baisser le nombre d'hectares à quatre d'un
seul tenant. Nous ne sommes pas en désaccord, nous croyons que c'est une
bonne chose puisqu'on va aller chercher de façon plus précise, de
façon plus contrôlée, une capacité de production de
ce bois pour les usines qui sont proches des boisés privés qui,
étant donné qu'ils se trouvent au sud du Québec, se
reproduisent plus facilement, plus rapidement.
Mme la Présidente, vous étiez présente lors de ces
discussions la nuit dernière, donc vous avez eu l'occasion d'entendre ce
que j'ai dit. Ce que j'ai à redire aujourd'hui au ministre, c'est que,
malheureusement, il ne va pas assez loin et, dans d'autres cas, il va trop
loin. C'est pour cela que nous serons obligés, en dernière
décision, de voter contre l'adoption de ce projet de loi parce que, sur
certains points, le ministre se donne trop de pouvoirs, le ministre augmente
encore ses pouvoirs. Alors que la vice-première ministre, ministre de
l'Environnement par intérim et ministre des Affaires culturelles, nous a
dit ici que le gouvernement légiférerait moins, qu'il
légiférerait mieux et elle a même ajouté, avec
l'aide de ses collègues, que la réglementation tel qu'on la
connaissait disparaîtrait, qu'on déréglementerait, on se
retrouve aujourd'hui, avec des pouvoirs additionnels prévus dans le
projet de loi, avec des pouvoirs réglementaires additionnels dans le
projet de loi. Nous ne pouvons pas accepter, comme Opposition, que le ministre
se donne trop de pouvoirs.
J'ai eu l'occasion, lors de l'étude du principe de ce projet de
loi, de dire au ministre qu'il agissait aussi de façon un peu trop
visible pour son comté. Le ministre m'a dit: Écoutez, M. le
député, je suis d'abord député. Je le sais, je le
conçois. Ce n'est pas de cela que je parie. Ce que je dis, c'est que,
comme ministre, il doit penser à la province aussi, il doit penser
à l'ensemble du territoire. Il y a des amendements dans le projet de loi
que l'on sent comme étant des choses lui permettant de régler des
problèmes de son comté mais qui peuvent, au bout de la course,
nuire à l'ensemble du Québec. C'est dans ce sens que nous ne
pouvons accepter ces choses. Mme la Présidente, dans le cahier B,
à la page 1 du journal Le Soleil du jeudi 22 décembre
1988, donc ce matin, on parie justement de ce que l'on a dit au ministre du
bois qui est disponible dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, dans
sa région à lui, pour des dossiers. On lui a posé des
questions pendant la commission parlementaire et il n'a pas répondu.
Aujourd'hui, Mme la Présidente, le chat sort du sac. Qu'est-ce qu'on y
lit? On lit: F. F. Soucy est invité à aller chercher son bois en
Gaspésie. On a demandé au ministre quelles seraient les
décisions qu'il prendrait, parce qu'il y a des gens qui dans son milieu
ont fait aussi demande de bois. Le syndicat du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie a demandé a avoir du bois pour un
projet dans son milieu. Le ministre a dit: Non, écoutez, le bois est
réservé à d'autres et, deuxièmement, ce qu'ils
veulent faire, c'est des choses qui malheureusement ne sont pas dans un bon
marché. Le ministre peut le regarder comme tel, mais ce qu'on dit dans
cet article: La compagnie pape-tière F.F. Soucy de
Rivière-du-Loup, donc, dans le comté du ministre, devrait se
tourner vers la péninsule gaspésienne pour obtenir les 40 000
mètres cubes de bois nécessaires à son projet de
modernisation.
Pourtant, le ministre ne nous a pas dit que ça marchait, et il ne
nous a même pas répondu lors de l'étude en disant: Cela
fait partie de l'ensemble et je n'ai pas de décision prise. Pourtant on
dit: "C'est la suggestion faite le 8 décembre par M. Albert
Côté, député-ministre de Rivière-du-Loup,
à l'entreprise qui termine un projet pour augmenter le rendement de ces
deux machines à papier." Mme la Présidente, aux questions qu'on
lui posait à l'époque, il a dit: Non, non, je n'ai pas de
nouvelles. Et pourtant, on lit dans l'article que c'est le 8 décembre.
C'est au moment où on lui posait des questions en commission
parlementaire, au moment où il nous refusait de nous donner ses
amendements en liasse, de nous donner ses projets de règlements, en
liasse. Pourtant, on le lit. C'est dans la même semaine. "M.
Côté - dit le journal - a indiqué à F.F. Soucy qu'il
n'y a plus de matières ligneuses disponibles sur les terres publiques
des secteurs de Rivière-du-Loup et du Grand-Portage, a rapporté
M. Christian Coutlée, attaché de presse du ministre. Si elle veut
s'approvisionner sur des terres gouvernementales, la compagnie devra s'entendre
avec les détenteurs de droits sur les parterres de coupe en
Gaspésie. Le porte-parole a expliqué qu'un récent
inventaire de la forêt a montré qu'il y a plus de bois disponible
que prévu sur les unités de gestion qui correspondent au
territoire de la péninsule. Il n'y aura donc plus de copeaux à
vendre. F.F. Souucy, ne sera pas en compétition avec la future usine
à pâte de Matane puisque cette dernière a
déjà des garanties d'approvisionnement, a précisé
M.
Coutlée, son attaché de presse."
Donc, on dit: "Pour son projet d'accélérer la cadence de
ses machines, la compagnie a aussi l'option de conclure des ententes avec des
propriétaires de bois privé de RMère-du-Loup ou du
Grand-Portage ou encore d'importer du bois des États-Unis, a
confirmé M. Coutlée."
C'est là que je dis au ministre que la pression additionnelle que
son attaché de presse, donc, que le ministre place sur les
épaules des gens des forêts privées est dangereuse. Il y a
des gens qui disent: Bon, bien, aïe! c'est le temps, on va aller couper
notre bois parce que, là, le bois va être utilisé, va
être demandé par un projet de modernisation dans le comté
du ministre. Et on va se retrouver avec des gens qui avec les
difficultés que ça va comporter vont peut-être
décider de faire des coupes qui seront dangereuses pour la survie, pour
le principe de rendement soutenu du bois prévu dans la forêt
privée.
Nous disons donc au ministre qu'il faut qu'il agisse rapidement.
Après les journées de vacances qu'il a le droit de prendre comme
tout le monde, qu'il pense à mettre en place les articles
nécessaires dans un projet de loi, nous donnant la capacité au
printemps le plus rapidement possible de rencontrer toutes les personnes, les
groupes, les instances intéressées, dans un avant-projet de loi
sur les forêts privées, s'il le veut, ou un projet de loi sur les
forêts privées ou encore lors d'une consultation sur les
forêts privées. Je ferais avec lui ce travail, Mme la
Présidente, dans des délais convenables, comme on l'a fait pour
l'étude du projet de loi, dans la mesure où le ministre et moi
continuons à faire le travail sans être dérangés par
personne, comme malheureusement on a eu l'occasion de l'être à la
commission parlementaire lors de l'étude article par article.
Je lui dis que nous sommes prêts à travailler pour trouver
des solutions à ce problème de rendement soutenu dans les
forêts privées, tout en sachant qu'il y a du droit privé,
qu'il y a des difficultés que le ministre pourra rencontrer, mais
qu'elles ne sont pas insolubles dans la mesure où il a entre les mains
tous les instruments nécessaires pour prendre sa décision, le
rapport Lortie de 1984, le rapport de son propre député de
Beauce-Nord qui a fait un travail avec les fonctionnaires du ministère
et une firme privée pour nous donner le résultat du document que
nous avons consulté et dont nous avons discuté en partie durant
la commission parlementaire. Tout ça pour vous dire que le ministre doit
avoir une envergure de pensée qui soit celle du Québec en entier,
qu'il ne doit pas oublier que s'il a des devoirs envers ses commettants, ses
électeurs, il en a aussi en vertu du mandat qui lui a été
donné par le premier ministre de servir l'ensemble du Québec, et
de ne pas oublier qu'au Québec on est en attente de décisions
concernant les forêts privées. (15 h 40)
Le ministre pourrait dire: Écoutez, M. le député,
pourquoi ne l'avez-vous pas fait pendant que vous étiez ministre ou
pourquoi votre gouvernement ne l'a-t-il pas fait? Justement, je pourrais lui
répondre immédiatement, je ne lui donne même pas la chance
de se préparer à me répondre à ça parce
qu'il connaît très bien la réponse à la question que
je pose. Pourquoi? Parce que la loi qui existait à l'époque
n'avait pas la même pression de la forêt publique sur la
forêt privée, qu'il y avait dans les discussions, des
négociations entre les gens qui sont les propriétaires de
boisés privés beaucoup plus avec le secteur des pâtes et
que c'est nouveau, que la pression que le ministre a ajouté sur les
forêts privées provienne de son projet de loi 150, le projet de
loi sur les forêts qui est devenu une loi le 19 décembre 1986.
C'est ça qui a ajouté de la pression sur les forêts
privées. Le ministre, dans la responsabilité de ministre, dans sa
décision qu'il a prise, que j'appuyais et que je continue d'appuyer, de
mettre dans la forêt publique le principe de rendement soutenu, de rendre
résiduaire la forêt publique par rapport à la forêt
privée, aux copeaux, aux sciures, aux planures, le ministre sait
très bien que nous sommes d'accord avec le principe. Mais ce n'est pas
du principe dont nous discutons ici, dans le secteur des forêts
publiques, c'est du principe installé maintenant dans les discussions
qu'auront les scieurs avec les personnes qui vont faire de la production de
bois dans les forêts privées. C'est de ça que nous parlons,
d'un principe de rendement soutenu pour éviter que l'appât du gain
rapide se faisant, des personnes mettent en péril ce qui va coûter
plus cher après la forêt privée au Québec.
Je sais que le ministre est conscient de ces problèmes. Je sais
qu'il va me répondre encore une fois et c'est la dernière
occasion que j'ai, comme un vieux pédagogue, de le lui rappeler pour
qu'il s'en souvienne, qu'il dise si le député de Laviolette dans
son rôle, dans son travail de député d'Opposition,
porte-parole de l'Opposition en matière de forêts qui m'a
asticoté, comme on dit chez nous, au point que j'ai l'obligation de lui
répondre. À ce moment-là, j'aurai fait mon travail comme
membre de l'Opposition. C'est la dernière occasion que j'ai de le faire,
aujourd'hui, et je sais que le ministre en prendra bonne note, qu'il nous
reviendra aux premiers jours du printemps avec une demande d'auditions en
commission parlementaire sur le sujet, justement pour préparer la
décision qu'il aura à présenter dans un projet de loi.
Si nous sommes d'accord avec les principes, si nous sommes d'accord sur
la façon dont la loi a été votée eh 1986, nous
sommes, et nous l'avons dit, en désaccord avec les modalités
d'application, modalités que le ministre vient changer très
profondément aujourd'hui sur certains points. Nous sommes en
désaccord et nous en avons fait mention au ministre lors de
l'étude détaillée du projet de loi. Dans ces
circonstances, je me vois forcé de dire au ministre que nous ne
pouvons accepter qu'il se donne des pouvoirs additionnels, qu'il ajoute
à son pouvoir réglementaire, qu'il ait cédé
à des lobbyistes. Mais il n'a malheureusement pas cédé
comme il aurait dû le faire... Je l'ai dit au cours de la nuit, pour moi,
le mot "lobby" n'est pas négatif. Les lobbyistes sont des gens qui ont
le droit de faire des pressions pour faire changer les lois selon ce qu'ils
pensent, tout en sachant que le ministre a des décisions à
prendre pour l'ensemble des besoins des Québécois et le
bien-être de la population du Québec.
Là-dessus, à mon avis, le ministre a malheureusement
manqué à son devoir d'inclure dans le projet de loi des principes
au sujet des forêts privées, non seulement sur la question du
rendement soutenu, mais aussi sur l'ensemble de ce que les rapports qu'il a
reçus jusqu'à maintenant lui disent de faire. Compte tenu de ces
choses, Mme la Présidente, je me verrai donc, lors de l'appel de
l'adoption de ce projet de loi, dans l'obligation de vous indiquer qu'il sera
adopté sur division. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Laviolette. Je vais maintenant reconnaître en réplique M. le
ministre délégué aux Forêts.
M. Albert Côté (réplique)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, lors de mon intervention à la commission
parlementaire du 1er décembre dernier et, ce matin, lors de mon
intervention visant à présenter le projet de loi modifiant la Loi
sur les forêts, j'ai mentionné aux membres de cette
Assemblée que les modifications proposées par ce projet de loi
n'ont pas pour but de modifier les principes et les objectifs de la loi,
malgré les prétentions du député de Laviolette,
mais bien d'assurer une plus grande souplesse dans son application et de faire
en sorte que les objectifs de développement et d'aménagement
rationnel des ressources du milieu forestier puissent être atteints. Je
prends bonne note...
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le discours du
député de Laviolette qui m'asticote un peu, comme il dit. Il
frappe sur le clou. C'est vrai que le rendement soutenu est un principe
universellement reconnu qu'on n'a malheureusement pas appliqué au
Québec pour les forêts publiques. Aujourd'hui, on voudrait que le
gouvernement intervienne pour l'appliquer sur les forêts privées
du Québec. C'est une question compliquée, une question qu'on doit
examiner avec beaucoup de soin. Évidemment, je le ferai au cours de la
saison. Mes fonctionnaires me disaient ce matin qu'ils avaient fini d'analyser
le rapport Audet et qu'en janvier, nous devrions revoir toutes les implications
des recommandations du rapport du député de Beauce-Nord. Et, si
on peut s'assurer et garantir notre avenir en appliquant le rendement soutenu
autant en forêt publique qu'en forêt privée, c'est avec
plaisir qu'on le fera, mais tout en respectant les droits de chacun.
Le député de Laviolette parle beaucoup du comté de
Rivière-du-Loup dont je suis très fier. Je suis fier de
représenter cette population active et généreuse. Je
voudrais demander au député de Laviolette de m'indiquer à
quel endroit au Québec j'aurais manqué a mon devoir de ministre
pour favoriser indûment le comté de Rivière-du-Loup, comme
il le laisse entendre. Je me souviens des interventions du député
de Laviolette concernant son comté et la compagnie CIP de La Tuque,
maintenant Les Produits forestiers Canadien Pacifique limitée. Le
député de Laviolette s'inquiétait fort de la
possibilité de la construction d'une usine de pâtes et papiers en
Abitibi qui pourrait mettre en danger une usine de son comté.
Évidemment, c'est le propre et c'est le devoir de chaque
député de bien représenter son comté et,
là-dessus, je reconnais ses interventions. Et qu'on indique dans la loi
que les ingénieurs forestiers doivent approuver et signer les rapports
quinquennaux et les rapports généraux concernant les plans
d'aménagement et d'approvisionnement, c'est tout à fait normal.
Encore une fois, je suis très fier d'être ingénieur
forestier et ce n'est pas pour cette raison que c'est indiqué dans la
loi. C'est pour faire en sorte que ces rapports soient rédigés de
façon professionnelle et que personne n'ait de surprise malheureuse
lorsque les gens soumettront leurs plans pour approbation. (15 h 50)
Ces principes ont balisé tout au long de l'étude du projet
de loi en commission parlementaire, en collaboration et en discussions
très positives avec le député de Laviolette sur les
questions forestières... Je puis vous assurer, Mme la Présidente,
que les amendements au projet de loi qui, finalement, ont été
adoptés par les membres de la commission parlementaire, l'ont
été en vertu de principes équitables pour tout le
Québec. Et, lors de l'adoption du règlement sur les normes
d'intervention dans les forêts du domaine public, le principal souci du
gouvernement était de s'assurer que l'aménagement de la
forêt à des fins de production de matières ligneuses se
fasse dans le respect des fonctions de production de l'ensemble des ressources
du milieu. Les modifications que nous avons apportées à la Loi
sur les forêts élargissent le champ d'application de ces normes en
collaborant et en s'associant avec les autres ministères et organismes
à cette loi et en englobant certaines activités qui
n'étaient pas visées par ce règlement.
Comme je le disais plus tôt aux membres de cette Assemblée,
la révision de la Loi sur les forêts visait à introduire
plus de souplesse dans son application. Et ce principe, vous en conviendrez
avec moi, prend toute sa signification lorsqu'il s'agit de s'entendre sur la
signature et la réalisation d'un contrat d'aménagement et
d'approvisionnement forestier. À ce titre, les règles
d'attribution des bois ont été modifiées pour couvrir des
situations particulières où la structure de la forêt et le
nombre des intervenants ayant droit à un contrat d'aménagement et
d'approvisionnement sur des essences identiques empêchent que l'on puisse
attribuer à chacun un territoire exclusif tout en respectant la
possibilité à rendement soutenu, si chère à tous
les forestiers et à nous tous.
Aussi, lorsque plusieurs contrats s'exécutent sur une même
aire forestière, les bénéficiaires devront autoriser l'un
d'eux à recevoir de ma part ou à me communiquer en leur nom tout
renseignement ou document utile pour l'application de la présente loi.
Cette nouvelle disposition aura un impact positif sur le plan administratif en
réduisant considérablement le nombre d'intervenants. J'ai
également introduit, Mme la Présidente, une nouvelle disposition
qui permettra à une coopérative forestière d'agir à
titre d'intermédiaire entre mon ministère et les
bénéficiaires, lorsque ces derniers lui auront confié
l'exécution d'activités d'aménagement dans une aire
commune. Et, si nous l'avons fait, c'est aussi à cause du lobby des
coopératives autant chez nous que chez le député de
Laviolette.
Finalement, à force de discussions, nous avons réussi
à trouver une formule acceptable aux coopératives, acceptable
selon les recommandations du député de Laviolette et chez nous
également. Et, par cette disposition, nous avons voulu reconnaître
la place qu'occupent les coopératives forestières dans
l'exploitation et l'aménagement de la forêt et le rôle
important qu'elles jouent dans certaines régions où la vocation
économique de la forêt n'est plus à démontrer. Nous
avons voulu confirmer le rôle de partenaire que ces organismes occupent
vis-à-vis de l'industrie forestière.
Un des mandats importants qui m'est confié, Mme la
Présidente, est de m'assurer que les objectifs d'aménagement
seront effectivement atteints par les bénéficiaires de contrats
et que la qualité des réalisations sera telle que le rendement de
la forêt sera soutenu à perpétuité.
Enfin, Mme la Présidente, la Loi sur les forêts permettait
déjà d'autoriser le titulaire d'un permis d'exploitation d'usine
de transformation du bois à récolter, à la place du
bénéficiaire d'un contrat, dans son unité
d'aménagement, le volume de bois requis pour produire les copeaux, les
sciures, les planures, lorsque ce dernier fait défaut de le lui fournir
malgré qu'il soit lié par une convention.
Toutes ces modifications visent donc à faire en sorte que la
forêt publique soit exploitée et aménagée, à
la fois selon des règles souples et qui permettent de couvrir un maximum
de cas particuliers, et des mécanismes suffisamment efficaces qui
permettent de s'assurer que les objectifs que nous nous sommes fixés
seront effectivement atteints.
Et, quant à la mise en valeur de la forêt privée,
les amendements qui ont été apportés étendent en
premier lieu les dispositions actuelles de la loi en matière de mise en
valeur des forêts privées aux forêts situées sur des
terres détenues à titre de propriétaire par une
corporation foncière autochtone. Enfin, ces amendements visent à
permettre l'aménagement des boisés privés d'au moins
quatre hectares d'un seul tenant plutôt que dix hectares comme
c'était le cas dans la Loi sur les forêts. Cela permettra à
plus de 20 000 propriétaires supplémentaires de se
prévaloir d'un remboursement de taxes foncières et de demander
une aide pour aménager leur forêt.
Également, dans un souci de transparence, Mme la
Présidente, et pour faire en sorte de maintenir les bonnes relations
avec toutes les personnes intéressées à la forêt -
et plusieurs personnes du Québec sont intéressées à
la forêt - je rendrai accessibles au public pour information, avant
qu'ils soient approuvés et pendant une période de 45 jours, tous
les plans généraux et quinquennaux qui seront produits par les
industriels forestiers. Cette mesure fait partie de notre souci d'impliquer la
population du Québec à la gestion forestière par le biais
d'un processus d'information touchant toutes les interventions en forêt
publique. Enfin, pour terminer, des modifications ont dû être
apportées pour assurer la concordance avec certaines lois qui
influencent les activités forestières.
En conclusion, les modifications que nous avons apportées visent
à solutionner des problèmes survenus depuis l'entrée en
vigueur de la loi. Ces modifications sont, d'abord et avant tout, d'ordre
technique et ne changent pas les fondements ou principes qui sous-tendent la
Loi sur les forêts, il en est ainsi du chapitre des saisies et des
perquisitions. Comme les amendements suggérés aujourd'hui, Mme la
Présidente, loin de changer les fondements de la Loi sur les
forêts, ne font que permettre de mieux en atteindre les objectifs, je ne
peux que recommander à tous mes collègues de l'Assemblée
nationale d'adopter ce projet de loi modifiant la Loi sur les forêts.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Forêts.
Cette réplique termine le débat. Est-ce que le projet de
loi 84, Loi modifiant la Loi sur les forêts et d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 40 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 85
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 40 de notre
feuilleton, le ministre de la Justice propose l'adoption du rapport de la
commission des institutions qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 85, Loi sur certains aspects du statut
des juges municipaux. M. le ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, Mme la Présidente. Nous en
sommes à l'avant-dernière étape du projet de loi 85 sur
certains aspects du statut des juges municipaux. Ce projet de loi revêt
une importance primordiale pour assurer la stabilité de la justice
municipale. Je voudrais tracer les grandes lignes de ce projet de loi. Il
s'agit d'un projet de loi qui est très attendu par le milieu municipal
ainsi que par toute la communauté juridique puisque c'est un projet de
loi qui vise à parfaire le statut des juges municipaux de façon
à renforcer leur indépendance judiciaire. C'est un projet de loi
qui, sous certains aspects, vient confirmer par leur nomination, entre autres,
que les juges municipaux sont indépendants et peuvent exercer en toute
indépendance leurs fonctions judiciaires. C'est un projet de loi qui a
reçu un accueil favorable de l'Opposition et je tiens à remercier
l'Opposition, en particulier le député de Taillon, pour sa
très grande collaboration dans la démarche qui nous a
amenés à ce projet de loi.
Mme la Présidente, je voudrais aussi remercier d'une façon
toute spéciale le député de Marquette et adjoint
parlementaire au ministre de la Justice qui a assuré la
présidence, lors de l'étude détaillée du projet de
loi, de même que le député de Roberval, Mme la
députée de Groulx, M. le député de Champlain et M.
le député de Chapleau, qui ont participé d'une
façon active à la commission parlementaire et qui ont
apporté leur expertise à la bonification de ce projet de loi.
Voilà, Mme la Présidente, les quelques commentaires que
j'avais à faire à cette étape.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de la
Justice.
Il n'y a pas d'autres interventions?
Est-ce que le rapport de la commission des institutions qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 85, Loi sur certains aspects du statut des juges municipaux, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je vous demanderais d'appeler l'article 33, Mme la
Présidente, s'il vous plaît!
Projet de loi 33
Prise en considération du rapport de la commission qui en a
fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 33 de notre
feuilleton, le ministre de la Justice propose l'adoption du rapport de la
commission des institutions qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 33, Loi modifiant le Code de
procédure civile concernant le recouvrement de pensions alimentaires. Je
vais reconnaître M. le ministre de la Justice. (16 heures)
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Mme la Présidente, je m'excuse.
Quelques amendements ont été apportés à ce projet
de loi, mais il s'agit strictement d'amendements de forme: un amendement
à l'article 3 pour corriger l'orthographe, un amendement pour la
suppression des mots "le cas échéant" à l'article 3b et
tous les autres articles ont été adoptés sans
amendement.
Ce projet de loi n'est pas volumineux puisqu'il contient treize
articles. Il vise à modifier les dispositions du Code de
procédure civile relatives au rôle du percepteur des pensions
alimentaires. Essentiellement, Mme la Présidente, l'article 1 de ce
projet de loi prévoit l'ajout, après l'article 553.2 du Code de
procédure civile, des articles 553.3 à 553.10. Nous ajoutons des
éléments nouveaux pour favoriser une perception plus efficace des
pensions alimentaires et, deuxièmement, pour donner une certaine
extension au rôle de percepteur des pensions alimentaires qui, de simple
saisissant pour les sommes dues, devient un responsable de la perception des
arrérages et des sommes à échoir. En cas de défaut
de payer, le débiteur devra faire ses paiements directement au
percepteur plutôt qu'au créancier de la pension et ce, pour une
période d'un an à partir du paiement des derniers
arrérages. Ce principe s'appliquera également tant que le
créancier est bénéficiaire de l'aide sociale.
En conclusion, Mme la Présidente, je voudrais mentionner que ce
projet de loi est une mesure d'aide pour les personnes qui éprouvent de
la difficulté à percevoir leur pension alimentaire. Il s'agit
d'une nette amélioration de la situation vécue par les
créanciers de pensions alimentaires et un puissant incitatif pour forcer
les débiteurs en défaut à changer leur attitude et
à payer sans retard volontaire ou négligence, les pensions qu'ils
doivent verser. Je voudrais remercier les membres de la commission des
institutions qui ont siégé le 17 novembre dernier et qui ont
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 33 qui modifie donc le Code de procédure concernant le
recouvrement des pensions alimen-
taires. Je voudrais remercier, en particulier, M. le
député de Taillon qui a su apporter le concours de l'Opposition
par ses commentaires et je voudrais remercier tous les députés
qui ont participé à cette commission parlementaire. Voilà,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de la
Justice.
Il n'y a pas d'autres interventions?
Je déclare le débat terminé. Est-ce que le rapport
de la commission des institutions qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 33, Loi modifiant le
Code de procédure civile concernant le recouvrement de pensions
alimentaires, est adopté?
Des voix: Adopté. M. Brassard: Yes.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 36, Mme la Présidente.
Projet de loi 72
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 36 de notre
feuilleton, le ministre de la Justice propose l'adoption du rapport de la
commission des institutions qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 72, Loi modifiant la Loi sur les
jurés. M. le ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, Mme la Présidente. Toutes ces
modifications au projet de loi sur les jurés ont été
adoptées sans amendement. Les principales modifications que nous
apportons à la Loi sur les jurés sont les suivantes. Concernant
le choix des jurés, le shérif ne procédera qu'à un
seul tirage judiciaire par année plutôt que de le faire avant
chaque session. Dorénavant, les jurés ne seront assignés
que pour la journée du procès plutôt que lors du jour de
l'ouverture de la session. Lorsqu'un individu est appelé à agir
comme juré et qu'il lui est impossible de le faire au moment
fixé, il pourra formuler au juge une demande de renvoi à une
session ultérieure.
Après que la commission se soit penchée sur chacun des
articles proposés au projet de loi, elle a jugé bon de les
adopter sans aucun amendement.
En terminant, je voudrais rappeler que les mesures prévues au
projet de loi sont en vue d'une gestion plus efficace de l'institution du jury,
tout en permettant un meilleur respect de l'individu appelé à
être juré. Je veux remercier encore l'Opposition, Mme la
Présidente, pour sa bonne collaboration, de même que je voudrais
remercier les députés qui ont participé à la
commission, en particulier le député de Roberval, Mme la
députée de Groulx, M. le député de Champlain, M. le
député de Marquette, qui est adjoint parlementaire au ministre de
la Justice et qui a joué un rôle tout à fait
spécial, et M. le député de Louis-Hébert.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de la Justice.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il n'y a pas d'autres interventions.
Le débat est terminé. Est-ce que le rapport de la commission des
institutions qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 72, Loi modifiant la Loi sur les
jurés, est adopté?
M. Brassard: Oui, madame.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 43 du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente: À l'article 43 de notre
feuilleton, le ministre de l'Agriculture...
Une voix: Appelez-le.
Projet de loi 98
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: Le ministre de l'Agriculture propose
l'adoption du rapport de la commision de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 98, Loi modifiant la Loi sur les
courses de chevaux.
M. Lefebvre: II n'y a pas d'intervention de notre
côté, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'intervention. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'ai droit à 20 minutes ou une demi-heure,
Mme la Présidente?
La Vice-Présidente: Une prise en considération,
c'est 30 minutes.
M. Brassard: 30 minutes. Eh bien... Je pense que la course est
terminée et nous allons procéder à l'adoption.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'autres interventions?
Je déclare le débat terminé. Est-ce que le rapport de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 98, Loi modifiant la Loi sur les courses de chevaux, est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 55 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 93 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 55 de notre
feuilleton, le ministre délégué aux Mines propose
l'adoption du rapport de la commission de l'économie et du travail qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 93, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière. Est-ce qu'il y a des
interventions? C'est l'adoption?
M. Jolivet: Adopté.
La Vice-Présidente: Je m'excuse, il s'agissait non pas de
l'étape de prise en considération du rapport...
M. Jolivet: C'est l'adoption.
La Vice-Présidente: ...mais de l'adoption du projet de
loi. Est-ce que le projet de loi 93, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'exploration minière,
est adopté?
M. Brassard: Oui, madame.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 56 du feuilleton, projet de loi 95, Mme la
Présidente.
Projet de loi 95
La Vice-Présidente: À l'article 56 de notre
feuilleton, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu propose l'adoption du projet de loi 95, Loi modifiant la Loi sur les
régimes supplémentaires de rentes. M. le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, j'ai discuté cematin avec le porte-parole de l'Opposition. Il y a deux amendements
relatifs au projet de loi 95 que nous aimerions déposer. Alors,
j'aimerais en faire le dépôt et, je présume, lire les
amendements. Le premier amendement est pour remplacer l'article 4 par le
suivant: "La présente loi entre en vigueur - on va indiquer le jour de
la date de la sanction de la loi - et a effet depuis le 15 novembre 1988."
Le deuxième amendement affecte l'article 3 du projet de loi.
C'est pour, après le mot "period" de l'article 43.3 dans la version
anglaise du projet de loi, supprimer la virgule et insérer le mot
"that". Voilà, Mme la Présidente, vous aurez compris que c'est un
amendement de concordance dans la version anglaise. Quant au premier des deux
amendements, c'est pour s'assurer que la rétroactivité du projet
de loi au 15 novembre va bien pouvoir entrer en vigueur.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
Maisonneuve. (16 h 10)
Mme Harel: Si je comprends bien, Mme la Présidente, nous
sommes finalement à l'étape finale. C'est simplement... Non, on a
fait la prise en considération hier, alors nous en sommes à
l'adoption en troisième lecture. J'avais déjà
informé l'Assemblée que j'avais l'intention d'intervenir à
ce stade-ci, vu que nous avons l'intention de voter contre le projet de loi en
troisième lecture, compte tenu des amendements que le ministre a
introduits à l'étude article par article du projet de loi en
commission parlementaire.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je m'excuse. Pour
éviter qu'il y ait de la confusion, même si, tout à
l'heure, il y a eu une entente entre les partis quant aux écritures du
secrétariat, pour éviter qu'il y ait confusion, je vais faire
motion, comme il y a eu des amendements déposés, pour que
l'Assemblée se transforme, à partir de maintenant, en commission
plénière de sorte qu'on puisse étudier les amendements
déposés par le ministre.
La Vice-Présidente: Je comprends bien que j'ai une motion
pour se transformer en commission plénière...
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: ...pour procéder à
l'étude détaillée des deux amendements qui viennent
d'être déposés par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Y a-t-il consentement?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: II y a consentement. Compte tenu de ce
fait, l'Assemblée va donc se transformer en commission
plénière.
M. Brassard: Mme la Présidente, en attendant, II faudrait
quand même permettre à la députée de Maisonneuve de
prendre connaissance des amendements. Il me semble qu'on pourrait laisser un
certain délai entre ce moment-ci et le moment où
l'Assemblée va se transformer en plénière pour permettre
à la députée de prendre connaissance des amendements. Une
dizaine de
minutes.
La Vice-Présidente: Compte tenu de ce fait que vous venez
d'apporter, nous allons donc suspendre pour une dizaine de minutes pour
permettre à Mme la députée de Maisonneuve de prendre
connaissance desdits amendements, et, au bout de ces dix minutes, nous allons
nous transformer en commission plénière. Je suspends donc pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 23)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous en sommes à l'article 56, la motion d'adoption du projet de
loi 95, Loi modifiant la Loi sur les régimes supplémentaires de
rentes.
Je comprends qu'il y a accord pour que nous fassions les
écritures pour deux amendements proposés par le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Est-ce bien ça?
M. le whip de l'Opposition.
M. Brassard: M. le Président, oui, il y a consentement. Je
voudrais quand même faire remarquer qu'il serait coutumier en cette
Chambre... Lorsqu'on a des amendements à introduire dans un projet de
loi à l'étape de l'adoption ou avant l'adoption, passé
l'étape de la prise en considération du rapport, il me semble
qu'on devrait normalement en aviser l'Opposition dans des délais
normaux, ce qui n'a pas été le cas présentement. C'est un
avertissement, en quelque sorte, que je fais, M. le Président, de
respecter... Ce n'est pas écrit nulle part dans le règlement,
mais la coutume veut que, dans des délais raisonnables, on avise
l'Opposition lorsqu'on a des amendements à introduire dans un projet de
loi, une fois passé l'étape de la prise en considération
du rapport.
Le Vice-Président: Très bien. Donc, cette remarque
étant faite à M. le ministre sur ce point, je cède la
parole au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
Commission plénière
M. Bourbeau: M. le Président, je prends note des conseils
du whip de l'Opposition, tout en lui soulignant que ces conseils, je les ai
déjà observés ou je m'en suis déjà
inspiré puisque, ce matin même, j'avais l'occasion d'avertir la
critique de l'Opposition, la députée de Maison-neuve, de ces deux
amendements et même d'en discuter avec elle. D'une certaine façon,
je peux dire que oui, j'ai mis en pratique ces règles d'éthique
que je pratique toujours autant que possible. Je reconnais, cependant, que je
n'avais pas exhibé la copie des amendements à la
députée de Maisonneuve, mais je lui en avais communiqué la
teneur, d'une façon générale.
M. le Président, comme vous l'avez dit, le premier des deux
amendements que j'ai proposés vise à modifier la version anglaise
du projet de loi qui est, comme on s'en souvient, la Loi modifiant la Loi sur
les régimes supplémentaires de rentes, afin d'insérer le
mot "that" en anglais après le mot "period" de l'article 43.3.
Le deuxième amendement vise à modifier l'article 4 du
projet de loi. Là, je vous rappelle, M. le Président, ce que vous
savez sans doute par coeur, que l'article 4 du projet de loi se lit comme suit:
"La présente loi entre en vigueur le 15 novembre 1988." On se souvient
que c'est une loi qui a un effet rétroactif afin de créer un
moratoire pour geler les surplus dans les fonds de pension privés. Or,
les légistes du gouvernement, le comité de législation,
sous la présidence de mon honorable collègue, le ministre de la
Justice, nous ont fait la suggestion de remplacer le texte qui dit que "la
présente loi entre en vigueur le 15 novembre 1988" par le texte suivant
que j'ai proposé "la présente loi entre en vigueur - là on
indiquera ici le jour de la sanction du projet de loi - et a effet depuis le 15
novembre 1988." C'est une nuance que certains pourraient qualifier de non
nécessaire, mais je partage l'avis de ceux qui estiment que c'est une
bien meilleure façon de libeller le projet de loi, en indiquant, d'une
façon très claire, que la loi entre en vigueur à une date
qui ne peut pas être antérieure à la date d'aujourd'hui,
mais qui aura un effet rétroactif.
Si on ne faisait pas cela, il pourrait se trouver des gens, des avocats
ou des avocates comme la députée de Maisonneuve, pour
prétendre qu'une loi ne peut entrer en vigueur à une date qui
précède la date de sa sanction, de son adoption et que c'est un
non-sens de dire que la présente loi entre en vigueur à une date
antérieure. Donc, je pense que c'est de bonne logique de
référer au nouveau texte qui stipule que la présente loi
entrera en vigueur, par exemple, le 23 décembre 1988 mais avec prise
d'effet, avec effet rétroactif au 15 novembre 1988. M. le
Président, ce sont là les deux amendements que j'ai
proposés.
Pour ce qui est du reste du projet de loi lui-même, cette loi,
comme vous le savez, vise à faire en sorte de créer un moratoire
ou un gel des surplus dans les fonds de retraite privés pour s'assurer
que personne, en tout cas certainement pas l'employeur, ne pourra accaparer les
surplus des fonds de retraite tant que nous n'aurons pas réformé
la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes. J'ai
indiqué mon intention ferme de déposer un projet de loi pour
adoption avec le concours de l'Opposition, bien sûr, au printemps
prochain. Nous aurons certainement une commission parlementaire pour entendre
les représentations de ceux qui voudront en faire sur le sujet.
Entre-temps, ce moratoire visera à prolonger le statu quo à tous
autres égards, y compris la possibilité qu'ont déjà
dans la loi actuelle, tant
les employeurs que les employés, de faire en sorte que leurs
cotisations puissent être défrayées à même la
partie du surplus qui leur appartient.
Nous avons également prévu dans le projet de loi la
possibilité que le gouvernement puisse, dans des circonstances tout
à fait exceptionnelles où la survie de l'entreprise est en cause
et afin de sauvegarder des emplois, permettre dans certains cas exceptionnels,
comme je viens de l'indiquer, que les surplus qui appartiennent à
l'employeur puissent être utilisés pour être
réinvestis dans l'entreprise, réinvestis pour sauver
l'entreprise, bien sûr, et à la condition que ces fonds soient
justement réinvestis dans l'entreprise. Le gouvernement procédera
alors par décrets et ces décrets feront en sorte de confier les
fonds à un fiduciaire pour s'assurer que les fonds en question seront
vraiment réinvestis dans l'entreprise dans le but de sauver des emplois.
(16 h 30)
La députée de Maisonneuve est au courant: il y a
certainement un cas qui a été porté à notre
attention où une entente a été faite entre l'employeur,
les employés et même des retraités, entente qui a
été faite dans une très large mesure... Je ne
prétends pas que 100 % des employés ont adhéré
à tous les termes de l'entente, mais d'une façon
générale cette entente a entraîné l'adhésion
de la très grande majorité des employés. Il a
été porté à notre attention que, sans ce geste, la
survie de l'entreprise serait compromise. Donc, le gouvernement, dans des cas
très précis, après étude du dossier, après
avoir pris les garanties dont je viens de parler, pourrait permettre des
exceptions. Essentiellement, c'est le projet de loi. Quant à nous, nous
serions disposés a procéder à l'adoption
immédiatement.
Le Vice-Président: Avant d'aller plus loin, si vous le
permettez, Mme la députée de Maison-neuve, je comprends qu'il y a
consentement pour que nous adoptions les amendements en faisant les
écritures. C'est bien cela?
Une voix: C'est bien cela.
Le Vice-Président: En conséquence, nous allons
faire les écritures. Je comprends que la motion présentée
par le ministre pour déférer le projet de loi à la
commission plénière est adoptée. Les amendements aux
articles 3 et 4 proposés par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu sont-ils adoptés en commission
plénière?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Le rapport de la commission
plénière est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président: Adopté. Nous revenons au stade
de l'adoption, formellement, à cette
Assemblée. Donc, je vous cède la parole, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Comme vous avez pu le
constater, nous n'avons pas d'objection sur les deux amendements introduits
à la dernière minute par le ministre. Par ailleurs, comme
parlementaires, nous considérons qu'il est absolument fondamental de
voir, de lire et de connaître la teneur exacte, le libellé des
amendements avant de les adopter. Au fil des années, on apprend, en
cette Chambre, que les paroles s'envolent, mais que les écrits restent,
bien que, encore là, les paroles, ici, soient écrites. Et elles
ont beau l'être dans un journal qui s'appelle le Journal des
débats, ce n'est pas pour autant certain que les paroles qui sont
prononcées et que les engagements qui sont pris, même quand ils
sont écrits, sont pour autant respectés.
Le meilleur exemple que j'en ai, c'est bien dans le domaine des
régimes supplémentaires de rentes, des régimes
privés de retraite, puisque le prédécesseur du ministre
actuel, qui est maintenant ministre responsable de l'Habitation et ministre des
Affaires municipales, s'était engagé à déposer un
vrai projet de loi en matière de régime privé de retraite.
Et il avait pris cet engagement non pas il y a quelques semaines ou quelques
mois, mais au printemps 1987. Il avait pris l'engagement de déposer le
projet de loi pour Noël, l'an passé. Vous comprendrez que nous en
sommes maintenant à un statu quo, tel que formulé dans le projet
de loi 95 initial qui nous convenait.
Je ne reviendrai pas là-dessus, mais au moment du débat
sur le rapport de la commission parlementaire, j'ai eu l'occasion d'indiquer,
en le regrettant, pourquoi nous allions être obligés de voter
contre le projet de loi 95 en troisième lecture. Mais nous sommes
obligés de faire ainsi à cause des amendements que le ministre a
introduits lors de l'étude article par article du projet de loi. Nous
l'avions dit - je ne le répète pas, M. le Président - ce
moratoire était indispensable. Ce statu quo sur l'usage des surplus dans
les régimes privés est indispensable, compte tenu du fart que
depuis trois ans maintenant, rien n'a été fait en matière
de réforme des régimes privés de retraite qui en ont
besoin. Je ne reviens pas là-dessus.
Malheureusement, le ministre a décidé d'introduire des
exceptions au moratoire prévu dans le projet de loi 95. Et il nous
semble que ces exceptions sont dangereuses. Hier, j'ai eu l'occasion d'insister
particulièrement sur le fait que, parmi les amendements, ceux qui
consistent à permettre aux employeurs, même si le régime ne
le prévoit pas expressément, en vertu de la
loi, de prendre des congés de cotisation... Et le ministre sait
très bien qu'il ne s'agit pas simplement des congés de cotisation
prescrits par les lois fiscales puisque, si tant est que la fiscalité
l'exige évidemment, tout ça est dans les règles. Mais
là, il s'agit de congés de cotisations qui pourraient être
utilisés par des employeurs pour réduire des surplus qui,
jusqu'à maintenant, ne l'avaient pas été, pour payer les
contributions à même les surplus. Alors, nous ne pensons pas que
cet amendement était souhaitable, étant donné qu'il va
sans doute formaliser cette pratique qu'ont des employeurs de payer leurs
cotisations à même les surplus. Et je rappelle que pour tout de
suite rien n'est encore vraiment décidé en matière de
l'utlisation de ces surplus. On le sait très bien, ces surplus sont
finalement la composante de plusieurs facteurs, le résultat à la
fois de rendements meilleurs sur des investissements, mais aussi du fait que
souvent les régimes privés ne prévoient pas une indexation
raisonnable pour les fonds de retraite. Plusieurs travailleurs n'ont même
pas ce qu'ils auraient eu en mettant l'argent tout simplement dans un compte de
caisse populaire. Et plusieurs régimes ne prévoient pas non plus,
par exemple, une pension pour le conjoint survivant en cas de
décès du participant. Alors, ce sont donc finalement ces surplus
que des employeurs vont pouvoir utiliser pour prendre des congés de
cotisations.
Nous avions dit au ministre: Au moins ne permettez pas ces congés
de cotisations des employeurs que dans les cas où les régimes le
prévoient déjà. Le ministre en a fait fi et il a
rejeté ces amendements. Mais aujourd'hui, M. le Président, je
voudrais surtout insister sur une exception que le ministre a introduite au
projet de loi 95, qui nous apparaît dangereuse comme
précédent. Cette exception, c'est celle qui va permettre à
un employeur qui prétend que le surplus lui appartient... Mais là
il n'y a rien de nouveau là-dedans. C'est à peu près la
majorité des employeurs qui prétendent, qui revendiquent que le
surplus leur appartient. Et, à moins que le régime n'ait
expressément conclu autre chose, les employeurs - plusieurs d'entre eux,
le ministre le sait très bien - ont fait main basse sur ces surplus, et
tout ça se retrouve devant les tribunaux qui auront à trancher si
tant est que les surplus leur appartenaient ou non. Mais il n'en reste pas
moins que, dans l'exception qu'il introduit, le ministre se substitue à
son collègue de l'Industrie et du Commerce. Les entreprises qui sont en
difficulté, celles dont la survie pourrait être menacée et
celles pour qui les emplois seraient en péril, devraient pouvoir compter
sur le soutien, la collaboration du ministre de l'Industrie et du Commerce. Et
il est inimaginable que - parce que le ministre a nommé l'entreprise,
alors, je peux bien le faire à mon tour - on légifère pour
le général avec une exception qui s'appelle Forano... Le
gouvernement a vendu Forano à des intérêts privés
qui ren- contrent - il ne faut pas s'en réjouir, bien au contraire - des
difficultés présentement. Et il serait souhaitable qu'il y ait de
la part du ministre de l'Industrie et du Commerce une attention plus grande qui
soit portée sur ce cas. Mais comment, M. le Président, accepter
que dans un projet qui traite des régimes privés de retraite,
sans que le consentement des travailleurs soit requis, l'employeur puisse
utiliser le surplus de fonds de retraite qui ne viendront pas bonifier la rente
de retraite des travailleurs?
Le ministre va prétendre qu'il ajoute et multiplie les
protections. Évidemment parce que le ministre sait que ce décret
pourrait avoir des effets néfastes. Alors, croyez-le ou non, il a
même introduit un amendement à son premier amendement selon lequel
il pourrait y avoir des poursuites dans les cas où des administrateurs
qui auraient obtenu un tel décret leur permettant de mettre la main sur
des surplus pour réinvestir dans l'entreprise... Alors, donc, il
pourrait y avoir la possibilité de poursuites à l'égard de
ces administrateurs qui auraient posé des gestes en violation des
articles de la loi. (16 h 40)
Imaginez-vous, dans la loi, le ministre, qui s'autorise d'exceptions,
autorise déjà la possibilité de poursuite si les
exceptions qu'il autorise ont des effets néfastes. M. le
Président, cela n'a pas de bon sens. J'ai communiqué avec le
syndicat des travailleurs de Forano qui me dit ne pas être capable de
souscrire, sans qu'il y ait entente entre les employés et leur
employeur, à un tel geste posé unilatéralement par le
gouvernement, par décret, sur une simple demande de l'employeur. Je dis,
M. le Président, que, lorsqu'il y a des emplois qui sont menacés,
lorsque la survie de l'entreprise l'est également, je suis sensible au
fait que les gouvernements ont une responsabilité, mais n'allons pas
permettre au gouvernement de transférer sa responsabilité sur la
caisse de retraite des travailleurs sans leur consentement. Ce sont eux qui
sont concernés au premier chef. Je ne vois pas comment le gouvernement
pourrait se substituer et unilatéralement, par décret, permettre
à l'employeur de réinvestir ainsi les surplus.
M. le Président, je vais conclure là-dessus. Je crois que
nous devons reconnaître explicitement que les régimes de retraite
sont du salaire différé. C'est finalement, en matière de
rémunération globale des travailleurs et des travailleuses, une
façon de différer pour pouvoir se protéger du risque de la
vieillesse, finalement, un salaire qu'ils pourraient réclamer et mettre
dans un régime privé d'épargne-retraite au moment
où ils le touchent. Mais il y a cet aspect collectif qui apporte, qui
est profitable pour l'ensemble des travailleurs, mais dans la mesure où
on considère que c'est de la rémunération et que c'est
là, donc, une partie du salaire différé, c'est
évident qu'on ne peut pas accepter que le ministre vienne jouer dans
cette rémunération, vienne jouer par décret, même
pour des bons
motifs. Ce sont peut-être des bons motifs, mais ce n'est pas la
bonne façon.
Le ministre va sans cloute répéter à nouveau les
arguments qu'il me tenait hier lors de l'étude du rapport de la
commission et je l'écoutais reprocher au gouvernement
précédent de ne pas avoir prévu dans la loi qu'il avait
déposée, dans le cadre du projet de loi 58, une
législation exemplaire qui a d'ailleurs été copiée
par l'Ontario. En grande partie, l'Ontario s'est inspirée du projet de
loi 58 que le gouvernement libéral a mis sur les tablettes en arrivant
il y a trois ans. Le ministre reproche au gouvernement précédent
de ne pas avoir prévu ce problème des surplus. Je lui rappelle
que les personnes ressources qui l'assistent présentement, tant dans
l'élaboration du projet de loi 95 que dans l'élaboration de la
réforme qu'il nous promet pour le printemps, sont les mêmes qui
ont également assisté le gouvernement précédent
dans la rédaction du projet de loi 58.
Je veux que lui-même, parce que je suis vraiment
désespérée de lui faire comprendre... De toute
façon, je ne pense pas y arriver. Honnêtement, je pense qu'il
induit délibérément la Chambre en erreur quand il
répète cette question, quand il répète que le
gouvernement précédent a fait fi de régler le
problème des surplus, et je vous explique pourquoi. Il sait très
bien, parce que lui-même l'a dit en cette Chambre lors de
l'interpellation, il l'a dit devant la commission parlementaire, que
c'était là un problème, ce problème des surplus,
qui s'était aggravé durant les derniers mois. Entre autres, ce
problème avait trouvé une sorte de résurgence du fait
justement de la crise économique qui avait amené un haut taux
d'intérêt et qui, par une sorte de retour des choses, avait permis
aux investissements des fonds de retraite d'obtenir un très fort taux de
rendement et, souvent, des régimes de retraite qui avaient connu des
déficits ont pu enregistrer des surplus. Et ce n'est pas un
phénomène des années 1982-1983, M. le Président,
c'est un phénomène qui s'est amplifié évidemment
durant ces années, mais qui a eu un effet réel qu'on a pu
connaître au moment où on s'est sortis de la crise.
Je voudrais simplement rappeler au ministre que la meilleure
façon, celle que le gouvernement précédent avait retenue
et celle que je souhaite, et je le lui dis en toute sincérité -
parce que je considère que le rôle de l'Opposition est aussi celui
de bonifier des législations et d'être content quand ça va
bien et non pas simplement quand ça va mal, bien au contraire - c'est
que le ministre puisse convaincre ses collègues de faire le même
choix que celui que le gouvernement précédent avait fait,
à savoir celui d'une gestion paritaire des régimes privés
de retraite. C'est la meilleure façon de s'assurer que les
problèmes se résolvent au fur et à mesure qu'ils se
présentent, parce que c'est évolutif, évidemment, toutes
ces questions et parce que, compte tenu des conditions de vie, de ce qu'on
considère être la rémunération globale, de ce qu'on
considère être les protections que l'on ajoute aux risques que
l'on rencontre dans une société, je souhaite que le ministre
retienne cette gestion paritaire des fonds de pension.
Je ne veux pas reprendre ici - on a déjà eu l'occasion de
le lui exprimer - l'ensemble de ce que l'on souhaite voir dans cette
réforme du printemps prochain, mais, au moins, qu'il y ait une gestion
paritaire qui permette, au fur et à mesure, comme l'aurait fait le
projet de loi 58 si le gouvernement avait eu la modestie de le reprendre en le
faisant discuter en commission parlementaire et en le faisant adopter et
bonifier par l'étude qu'on peut en faire en commission parlementaire...
J'espère qu'il ne nous bâillonnera pas après sept jours de
commission parlementaire cette fois-ci, mais je souhaite cette gestion
paritaire, M. le Président. Autant elle aurait pu permettre de
trouver... C'est souhaitable qu'en matière de régimes
privés il y ait des ententes entres les employeurs et les
employés. Il est souhaitable que, dans ces matières, on puisse le
plus possible espérer des ententes contractuelles. Il serait souhaitable
que, en matière de surplus comme dans bien d'autres domaines qui
relèvent des régimes privés, on assure une gestion
paritaire et on reconnaisse que les travailleurs et les travailleuses ont un
rôle à y jouer.
M. le Président, nous allons malheureusement, compte tenu des
exceptions que le ministre a introduites au gel des surplus, devoir voter
contre le projet de loi 95 en troisième lecture. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Je vais céder la parole à
M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour sa réplique.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: M. le Président, j'aime toujours entendre la
députée de Maisonneuve s'exprimer comme elle le fait. Je
considère que c'est une façon très constructtve
d'entrevoir la législation et je peux l'assurer que je reçois
avec beaucoup de plaisir ses suggestions pour tenter d'améliorer les
projets de loi, quels qu'ils soient. Je peux lui répéter ce que
je lui ai déjà dit, que je suis tout à fait
disposé, en tout temps, à accueillir toute suggestion qui
viendrait de l'Opposition ou de quelque autre source, visant à
améliorer les projets de loi que j'ai l'honneur de déposer devant
cette Assemblée. Je l'ai fait dans le passé et je le ferai
certainement encore dans l'avenir.
En ce qui concerne la réforme de la loi sur les régimes
supplémentaires de rentes, mon objectif est, bien sûr, de
déposer, aussitôt que possible dans l'année, soit un
avant-projet, soit un livre blanc, en tout cas un document qui nous permettra
d'amorcer la discussion. J'espère bien pouvoir tenir une commission
parlementaire avec des auditions publiques aussitôt que possible dans
l'année, au printemps en tout cas, et là nous aurons
l'occasion de discuter de tous les sujets dont vient de parler la
députée de Maisonneuve, y compris la possibilité
d'introduire des formes de gestion nouvelles.
Je reconnais que le contexte est évolutif, il est tellement
évolutif que, si nous avons maintenant pris un certain retard, selon la
députée de Maisonneuve, parmi le concert des provinces
canadiennes dans la refonte de cette loi, cela nous permettra d'avoir une
meilleure loi que les autres provinces en ce sens que nous pourrons prendre
comme exemple ce qu'il y a de bon dans les lois des autres provinces et de
corriger les erreurs qu'elles ont pu faire et qu'on connaît d'ailleurs.
(16 h 50)
Le projet de loi que le Parti québécois avait
déposé et qu'il n'avait pas fait adopter - je ne lui en veux pas
mais je constate simplement que l'ancien gouvernement n'avait pas fait adopter
ce projet de loi pour toutes sortes de raisons que je ne connais pas - c'est un
projet de loi qui contenait des éléments très valables et
que nous reprendrons certainement. Bien sûr, je le signalais, ce projet
de loi ne réglait pas la question fondamentale des surplus des fonds de
retraite, de l'excédent des actifs dans le fonds de retraite.
Est-ce que c'était parce que le problème ne se posait pas?
J'ai admis que le problème s'était aggravé au cours des
derniers mois, mais ça ne veut pas dire que le problème
n'existait pas dans le temps. Il existait et on aurait pu tenter de le
régler, mais on avait choisi la voie plus facile du silence.
Aujourd'hui, le problème s'est aggravé et nous avons certainement
l'intention de régler ce problème.
Comme le traitement de ce dossier, comme le règlement de cette
affaire ne peut pas se faire comme ça du jour au lendemain, nous avons
décidé de procéder en deux temps, le premier temps
étant la loi que nous avons devant nous qui est un gel, à toutes
fins utiles, des excédents ou des surplus d'actifs dans les fonds de
retraite, le deuxième volet devant être au printemps la
réforme fondamentale de la loi.
M. le Président, j'ai parlé un peu plus tôt et hier
soir aussi du projet de loi. Manifestement, il y a quelques divergences entre
notre façon de voir les choses et ce que peut en penser la
députée de Maisonneuve. Je pense que nous avons là une loi
qui est raisonnable, qui tient compte du contexte dans lequel nous sommes, qui
va nous permettre de venir en aide à certaines entreprises - et le cas
de Forano n'est pas unique - en difficulté. Je ne voudrais pas que, par
notre loi, en imposant ce gel d'une façon absolue, nous provoquions la
faillite d'entreprises québécoises. Nous ne sommes pas là
pour faciliter la faillite et la mise à pied de travailleurs. Il y a des
cas concrets qui se posent devant nous et qui font en sorte que nous ne
pourrions pas facilement les laisser tomber, laisser ces compagnies
disparaître et ces travailleurs perdre leur emploi.
Nous avons donc prévu, dans des cas exceptionnels, une
procédure exceptionnelle mais qui est quand même balisée.
Le gouvernement n'aura pas un chèque en blanc et la
députée de Maisonneuve le sait très bien. J'ai fait le
maximum d'efforts pour tenter de baliser ce pouvoir que le gouvernement se
donne de venir en aide, dans certains cas précis et sujet à des
contraintes précises, à des entreprises qui réinvestiront
les surplus qui appartiennent à l'employeur dans l'entreprise
même.
Donc, il ne s'agira pas de cas où l'employeur pourra se sauver
avec la caisse comme on l'a prétendu. Ce sont des cas où
l'employeur pourra, sujet à des conditions bien précises,
après entente avec les travailleurs, - c'est ce que nous avons
l'intention de faire, - réinvestir la partie du surplus qui lui
appartient, tel que certifié par des experts, des actuaires dans
l'entreprise, dans le but de sauver les emplois.
Je pense que c'est très balisé. De toute façon,
comme nous avons l'intention de régler le problème d'ici quelques
mois, - notre intention étant de faire adopter la réforme pour le
mois de juin, - cette situation ne durera pas très longtemps. Je
déplore que l'Opposition se permette de voter contre un projet de loi
dont les objectifs sont si nobles et je me pose des questions sur la nouvelle
stratégie de l'Opposition qui est de voter contre un projet de loi
semblable.
M. le Président, j'aurais presque l'intention de proposer
à mon leader de retirer le projet de loi puisque l'Opposition semble
vouloir parler contre. Mais je vous assure que si je faisais ça, c'est
la députée de Maisonneuve qui viendrait me supplier à
genoux de ne pas retirer le projet de loi parce que je sais que l'Opposition
est favo-rale au projet de loi. L'Opposition a réclamé le projet
de loi, elle a applaudi quand nous avons annoncé notre intention de
protéger les travailleurs en gelant les excès des fonds de
retraite.
Le Vice-Président: M. le ministre, Mme la
députée de Maisonneuve a une question de règlement.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre a le
droit de mentir en cette Chambre?
Le Vice-Président: Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je sais que je peux compter
sur votre bienveillance en matière de directive. Je pense que c'est plus
juste d'invoquer le règlement pour demander au ministre de retirer ses
paroles ou tout au moins les intentions qu'il me prête.
Le Vice-Président: Cela, c'est préférable
parce que le terme précédent que vous avez
employé était lui-même antiparlementaire, non
reconnu par le règlement. M. le ministre, Mme la députée
de Maisonneuve dit que vous lui prêtez des intentions, ce qui serait
contraire au règlement. C'est vrai. Donc, je vous demanderais de retirer
ces propos puisque Mme la députée le réclame.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas quel propos
exactement je dois retirer. Ce que j'ai dit - vous me direz si c'est cela que
vous voulez que je retire - c'est que la députée de Maisonneuve a
annoncé ses intentions de voter contre. Alors, ce sont les propos.
Maintenant, si elle n'a pas l'intention de voter contre, je retire ce que j'ai
dit, M. le Président, mais c'est elle-même qui l'a dit à
deux reprises, hier soir, qu'elle voterait contre le projet de loi. Je crois
qu'elle l'a répété aussi cet après-midi. Je ne lui
prête pas d'intention. Je confirme, je répète les
intentions qu'elle nous a exprimées. On verra tout à l'heure si,
oui ou non, j'avais raison de lui prêter ces intentions.
M. le Président, quant à nous, je pense que le
débat est clos. Nous sommes prêts à passer au vote sur la
question. Merci.
Le Vice-Président: Bon. Cela étant dit, le
débat étant terminé, la motion d'adoption du projet de loi
95, Loi modifiant la Loi sur les régimes supplémentaires de
rentes, est-eile adoptée?
Des voix: Adopté sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Article 47 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 59 Adoption
Le Vice-Président: A l'article 47 du feuilleton, M. le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu propose
l'adoption du projet de loi 59, Loi modifiant la Loi sur la
sécurité du revenu des chasseurs et pié-geurs cris
bénéficiaires de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois. Y a-t-il des interventions?
M. Lefebvre: Non.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'intervention. Est-ce que
cette motion d'adoption du projet de loi 59 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 41 du feuilleton.
Projet de loi 86
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président: À l'article 41 du feuilleton,
nous allons maintenant passer à la prise en considération du
rapport de la commission des institutions qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 86, Loi sur
l'organisation policière et modifiant la Loi de police et diverses
dispositions législatives. Y a-t-il des interventions à cette
étape-ci du projet de loi? Il n'y a pas d'intervention?
Une voix: Oui, oui.
Le Vice-Président: Oui. Excusez-moi. M. le ministre de la
Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, nous en sommes
à l'avant-dernière étape du projet de loi 86 qui
revêt une importance primordiale sur plusieurs aspects, dont la garantie
d'une meilleure accessibilité à la justice. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements significatifs qui ont
permis de le bonifier, d'en faire un projet de loi plus complet, plus solide.
J'aimerais, M. le Président, vous faire part des principaux aspects qui
ont été touchés par ces amendements.
Premièrement, les constabfes spéciaux devront respecter le
code de déontologie des policiers du Québec. Deuxièmement,
le commissaire à la déontologie policière devra être
avocat admis au Barreau depuis au moins dix ans. Troisièmement,
plutôt que d'être simple dépositaire d'un règlement
à l'amiable, le commissaire à la déontologie
policière tentera de concilier les parties. Quatrièmement, le
plaignant n'aura pas à se substituer au commissaire à la
déontologie policière qui a refusé de porter une citation.
En effet, la décision du commissaire de refuser de porter une citation
pourra faire l'objet d'une révision sur ce dossier par un comité
de déontologie. Cinquièmement, les règles de preuves
seront les mêmes que celles qui existent au code des professions avec la
précision qu'au moment de l'enquête du commissaire à la
déontologie policière, le policier ne sera pas forcé de
répondre aux questions du commissaire.
Sixièmement, le nombre de membres des comités de
déontologie ne pourra pas être inférieur à quinze.
Une formation est composée de trois membres. Septièmement, un
comité de déontologie ne pourra pas tenir une séance dans
un immeuble qu'occupe un corps de police ou le commissaire à la
déontologie policière. Huitième amendement, le commissaire
à la déontologie
policière et la personne faisant l'objet d'une plainte seront les
seules parties au débat. Le directeur du corps de police
concerné, le ministre ou un groupe de personnes ne pourront pas
intervenir. Neuvième amendement, au comité de déontologie,
une personne aura le droit d'être assistée ou
représentée par un avocat ou par la personne de son choix. (17
heures)
Dixièmement, si une personne était relevée
provisoirement de ses fonctions pendant l'instance, elle aura droit, le cas
échéant, à un remboursement du traitement dont elle a
été privée et qui excède la sanction qui lui aura
été déposée.
Onzièmement, le directeur d'un corps de police faisant l'objet
d'une destitution, d'une suspension ou d'une réduction de traitement par
la municipalité pourra interjeter appel de cette décision de la
municipalité devant trois juges de la Cour du Québec.
Douzièmement, la responsabilité première du
ministre à l'égard de l'inspection et de l'enquête sur un
corps de police a été précisée.
Treizièmement, des dispositions ont été introduites
afin de préciser le pouvoir du gouvernement de réglementer les
caractéristiques et les normes d'identification des véhicules de
police.
Finalement, quatorzièmement, les mesures transitoires ont
été modifiées de façon à fixer, dès
la date d'entrée en vigueur de la loi, la fin des activités de la
Commission de police du Québec. Ainsi, les dossiers en cours à
cette date seront terminés par le Tribunal de la déontologie
policière, de façon à éviter que la Commission de
police du Québec continue ses opérations après
l'entrée en vigueur de cette loi.
En terminant, on peut dire qu'il s'agit d'un projet de loi qui est
souhaité par l'ensemble des intervenants qui ont été
consultés par mon prédécesseur, le député de
D'Arcy McGee. Toute la population bénéficiera des garanties
offertes par ce projet de loi. Dans l'ensemble, ce projet de loi a reçu
un accueil favorable de l'Opposition et je tiens à l'en remercier. Je
voudrais souligner l'excellent travail qu'a fait le député de
D'Arcy McGee qui était mon prédécesseur comme Solliciteur
général, comme ministre de la Sécurité publique.
J'aimerais souligner l'excellent travail qu'il a fait pour mener à bien
ce projet de loi qui n'était pas facile, qui impliquait beaucoup
d'aspects très importants, beaucoup d'intervenants impliqués au
premier degré, mais qui a su, avec beaucoup de détermination,
mener à bien ce dossier. Je voudrais lui exprimer toute mon admiration
pour le travail qu'il a fait. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Merci bien, M. le ministre de la
Justice et ministre de la Sécurité publique, c'était
à ce titre-là, effectivement, que vous preniez la parole. Donc,
je cède la parole à M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Au début de mon
allocution, je voudrais bien rappeler que ce projet de loi fait suite à
de nombreuses représentations de plusieurs intervenants, ceci afin d'en
arriver à ce projet de loi.
Au début, les intervenants qu'on peut nommer, bien sûr, ce
sont les policiers eux-mêmes, mais la plus grande partie de ceux-ci, ce
sont certainement la population en général, les groupes ethniques
et les municipalités. Ils se plaignaient de la façon dont la
Commission de police, en général, pouvait oeuvrer sur le
territoire du Québec.
Il faut bien constater que la Commission de police du Québec,
bien qu'elle ait fait un travail excellent sur le territoire, avait un handicap
majeur puisqu'elle n'a jamais eu de pouvoirs d'exécution. Ses seuls
pouvoirs étaient des pouvoirs de recommandation. Donc, il ne faut pas se
surprendre que cette Commission de police ait été
critiquée à maintes et maintes reprises avec raison, parce
qu'elle n'avait pas de pouvoirs, mais à tort, puisqu'elle ne pouvait pas
faire plus.
On a constaté, au fur et à mesure que cette Commission de
police a agi sur le territoire du Québec, que lorsque venait le temps de
faire des enquêtes sur les corps policiers ou sur des plaintes des
citoyens, les pouvoirs qu'elle n'avait ' pas ont fait que, d'abord, peu de ses
recommandations ont été suivies par les municipalités ou
par la Sûreté du Québec. Si elles avaient presque le
malheur de suivre ses recommandations, à tout coup, elles étaient
presque déboutées puisque soit la Cour d'appel ou les conventions
collectives leur donnaient tort. C'est ce qui s'est produit et cela nous a
amenés à ce début ou à ce projet de loi sur
l'organisation policière modifiant la Loi de police et diverses
dispositions législatives.
Donc, ces problèmes que nous avons vus lorsque ce projet de loi a
été déposé, c'est que l'Opposition a
dénoncé le projet comme tel, elle a voté contre le projet,
puisqu'il y avait à l'intérieur de ce projet de loi beaucoup
d'éléments qui ne répondaient pas aux attentes de
différents intervenants, même s'il était attendu et
désiré par ces différents intervenants. Je pense
qu'à ce moment-là, l'Opposition a fait un travail difficile,
puisque, à première vue, la plupart des intervenants semblaient
satisfaits du projet de loi même s'ils n'en connaissaient pas les tenants
et aboutissants. Nous, on a eu à faire la preuve que ce projet
n'était pas ce qu'il devait être et qu'il était loin de
répondre à toutes les attentes du public en
général. Ce sont les problèmes auxquels on avait à
faire face. Pour nous, c'était plus difficile parce que lorsque des
projets de loi sont présentés en fin de session, cela met
beaucoup de pression.
On n'a qu'à se rappeler ce qui se passe dans les relations entre
les policiers et le public:
il y a un problème d'image, de crédibilité et celui
d'établir de meilleures relations entre les différents
intervenants. On avait à concilier tous ces éléments. En
même temps, d'autres actions auraient pu être prises, parce que non
seulement on pouvait parler du code de déontologie, mais le
problème policier est beaucoup plus grand que ce projet de loi. On parle
de réforme des structures, de réorganisation policière.
Mais cela, c'est à peu près le plus grand irritant qu'on va
régler. En ce qui regarde les demandes très précises du
milieu municipal, entre autres, cela ne répond pas nécessairement
à leurs demandes. On ne parie pas de négociation de conventions
collectives, on ne parie pas de la hiérarchisation qui existe dans le
corps policier, on ne parie que de la façon de contrôler les
plaintes des citoyens contre le système policier et le cheminement de
ces plaintes.
Donc, à première vue, au dépôt du projet de
loi, nous avons été obligés de voter contre et de faire la
preuve que nos demandes ou nos raisons étaient sérieuses. On a
étudié ce projet de loi article par article en commission
parlementaire et je ne vous cache pas que les deux premières
journées ont été extrêmement difficiles. Avec le
temps, cela s'est amélioré et on peut, au moins, ne pas nous
prêter de mauvaises intentions puisque nous avons réussi dans
plusieurs domaines par nos prises de position, par nos amendements et nos
arguments à amener le ministre à de meilleurs sentiments ou
à une bonification du projet de loi. Il faut se rappeler, cependant, un
élément important. Au départ, seuls les citoyens en
général pouvaient porter plainte contre le corps policier ou des
individus oeuvrant dans le milieu policier. On a réussi avec beaucoup de
pressions, tout en considérant aussi qu'un avant-projet de loi avait
été soumis à la consultation par... On est rendu au
troisième ministre dans ce projet de loi. Il faut penser que
l'avant-projet de loi qui avait été soumis à la
consultation pariait d'enquêtes où il y avait plusieurs
intervenants. On se limitait, ensuite, au public en général. On a
réussi par nos démonstrations à faire accepter que le
commissaire à la déontologie puisse, lui aussi, tenir une
enquête. Cet amendement a été accepté et, pour nous,
c'était essentiel pour le bon fonctionnement de nos institutions et eu
égard aux responsabilités du ministre vis-à-vis de la
population et l'Assemblée nationale. Cela donne donc une ouverture un
peu plus grande. Les principaux arguments que nous avons employés
à ce moment précis étaient dans le sens que, même si
des gens se sentaient lésés, ils craindraient de déposer
une plainte parce qu'ils seraient identifiés, ils ne pourraient pas
agir. Donc, cela donne une ouverture un peu plus grande par rapport à
l'imprécision qui existait lors du dépôt du projet de loi.
(17 h 10)
La question de la médiation des plaintes entre les policiers et
les citoyens a également été revue. Les principaux
arguments sont ceux que nous avions apportés lors de l'adoption en
deuxième lecture. Ce qu'on craignait, c'est que la conciliation entre le
plaignant et le commissaire à la déontologie pourrait amener des
accommodements dans la conclusion de plaintes qui ne seraient pas dans les
normes. Et, surtout, cela amène des éléments nouveaux. Qui
dit médiation, dit aussi terrain d'entente. En même temps, cela
dit - je pense que les gens peuvent le comprendre facilement - qu'il pourrait y
avoir des coûts importants à l'intérieur de cette
médiation auxquels la municipalité aurait à faire face.
Pourquoi disons-nous la municipalité? C'est que la plupart du temps les
policiers sont assez bien couverts dans ces questions parce que, s'ils ont un
problème, par la convention collective, la municipalité est
engagée à payer pour ces faits. Donc, il y a eu des amendements
d'apportés et pour le mieux, à mon point de vue. Je pense que ce
sont des éléments importants qu'on a réussi à
introduire dans ce projet de loi. Cela établit aussi des
éléments nouveaux et c'est cela qui est surprenant. Cela
n'existait pas, dans le milieu policier-citoyen, le système de
médiation. Le seul système qu'on connaît, c'est que,
lorsque quelqu'un fait une plainte, une personne est coupable ou ne l'est pas
et on l'amène devant la cour. C'est la façon dont les milieux
policiers sont habitués d'oeuvrer. Et ce projet de loi a introduit cet
élément nouveau qui, je l'espère, ne sera pas de nature
à léser qui que ce soit. En tout cas, comme Opposition, nous
avons essayé d'amener des éléments positifs et des
éléments d'amélioration.
Il y avait aussi d'autres éléments qu'on appelle les
irritants majeurs, à savoir que le citoyen portait sa plainte et,
lorsque la plainte suivait son cours, II était complètement exclu
du processus. Donc, le citoyen n'existait plus. C'était le commissaire
à la déontologie qui était partie prenante du dossier. On
a réussi à obtenir que le citoyen soit tenu informé au fur
et à mesure du cheminement de sa plainte. C'est un élément
important. Je pense que pour la justice comme pour le justiciable, c'est
important d'être tenu au courant. Et aussi, pour le plaignant, c'est
important que les uns et les autres soient tenus au courant de ce qui se passe.
C'est un amendement qui a été apporté par l'Opposition
lors de l'étude article par article.
Il y avait aussi la question de la conservation des documents et des
dossiers. Encore là, on a obtenu des garanties qu'ils seraient
gardés plus longtemps ou selon des normes de conservation d'archives.
Pour le commissaire, il y a une précision. Le nouveau ministre a
donné cette information que le commissaire devra être un avocat
avec dix ans de pratique et cela s'approche... Non seulement cela s'approche,
mais c'est la même exigence que pour un juge. Nous croyons
honnêtement que c'est une responsabilité très importante et
que cette personne devait être un avocat et en même temps avoir les
connais-
sances suffisantes pour exercer cette fonction.
Les mandats de membres des comités qui avaient été
conservés ou donnés étaient de deux ans. On a obtenu que
ce soit prolongé à trois ans et renouvelable, tout cela dans le
but d'avoir une plus grande indépendance des juges par rapport à
l'application de la loi.
Un septième élément, c'est que les fonctions et les
responsabilités du ministre en matière d'inspection des services
de police ont été grandement précisées. Il ne
s'agit pas seulement de donner des responsabilités, mais aussi il faut
s'assurer que ces responsabilités soient bien remplies. Il fallait
surtout s'assurer que ce soit le ministre le responsable. À
l'intérieur du projet de loi qui a été
déposé en cette Chambre, avant l'étude article par
article, cela indiquait qu'il pouvait confier le mandat à d'autres
personnes. Ce n'était pas tellement clair que c'était le ministre
qui était complètement responsable.
Donc, il faut admettre que ce sont les points positifs qu'on a
réussi à introduire dans ce projet de loi et qui ont
été de nature à l'améliorer. Mais le
problème qui demeure, c'est que, même si ce projet de loi
était désiré par un certain nombre d'intervenants, il n'y
a pas eu de consultation. Il n'y a pas eu non plus le dépôt du
code de déontologie. À chaque élément de la
démarche que nous avons poursuivie dans l'étude du projet de loi,
on s'est* rendu compte que, le code de déontologie n'étant pas
déposé, cela complexifiait les décisions ou la
compréhension du projet de loi parce qu'on se prononçait sur des
éléments qu'on peut imaginer, qu'on peut supposer, mais qu'on n'a
pas en main. Donc, ça pouvait être de nature à causer des
problèmes, et, effectivement, on a vécu avec cet
élément-là qu'on considérait et qu'on continue
à considérer excessivement important et que, malheureusement,
nous n'avons pas obtenu.
Cela a l'air qu'il faut accepter que ça se passe comme ça
puisqu'il y a beaucoup de projets de loi qui contiennent beaucoup de
dépôts de règlements qu'on n'a pas en main. Je trouve
ça malheureux. On peut le déplorer parce que c'est un projet de
loi important, c'est un projet de loi qui touche les relations entre les
citoyens, les policiers et la justice. Donc, cela aurait été
important que ces éléments-là aient été
connus avant l'étude article par article. D'ailleurs, le ministre qui
avait présenté l'avant-projet de loi s'était engagé
à le déposer. On ne l'a pas eu et on est obligé... Et je
pense que c'est un point négatif pour l'étude de ce projet de
loi, que nous avons faite en commission.
Il y a aussi la possibilité, puisque le commissaire à la
déontologie se prononce et que c'est sans appel... Donc il y a un point
de vue justice. Le citoyen a toujours, pratiquement dans toutes les cours, il y
a certainement des endroits où il n'avait pas le droit d'appel qu'on a
réintroduit... Dans ce projet de loi spécifique, il n'y a pas de
droit d'appel. Donc, à notre point de vue, c'est une perte pour les
citoyens concernant les plaintes qu'ils pourraient faire contre un corps de
policier ou des policiers.
On avait aussi, et ça découlait de l'expérience
vécue depuis de nombreuses années... Surtout pour la
région de Montréal, acceptons ou constatons clairement qu'il y a
des problèmes avec les groupes ethniques concernant les relations avec
les corps policiers. Donc, on a essayé d'introduire des
éléments d'action positive portant là-dessus. Le ministre
a refusé. Et on voulait aussi en même temps qu'il y ait des cours
donnés portant sur la spécificité des différents
groupes ethniques existant sur le territoire du Québec.
Quant à l'institut de Nicolet, parce qu'il y a aussi cet
élément important qui est à l'intérieur de ce
projet, c'est qu'on n'a pas de garantie que l'institut demeurera à
Nicolet. Je pense bien qu'il devra demeurer là, mais s'il y avait un feu
ou une disparition de l'institut il n'y a aucune garantie qu'elle devrait
demeurer à cet endroit. Donc, on l'a refusé.
Cela démontre, hors de tout doute, que le projet était
perfectible. Cela démontre aussi que les critiques de l'Opposition
n'étaient pas farfelues. On était certainement sur la bonne ligne
ou sur les bons principes puisqu'on a réussi à convaincre le
ministre du bien-fondé de nos arguments. Mais en constatant les
résultats et le dépôt de ce projet de loi pour
étude, rapport et acceptation, on constate qu'il y a eu un cheminement
qui s'est fait, pas suffisamment à notre point de vue. Le projet de loi
aurait pu être plus perfectible. Mais il faut constater que le ministre
de la Sécurité publique a eu une certaine écoute, et je
pourrais même ajouter une bonne écoute. À part la
première journée où il y avait des refus
systématiques, on peut dire que le ministre a fait un travail où
l'Opposition a joué un rôle important. D'ailleurs, j'aurai
à vous livrer tout à l'heure un commentaire de l'ex-Solliciteur
général, du ministre de la Sécurité publique,
concernant le travail de l'Opposition. (17 h 20)
Donc, c'était un projet de loi, bien sûr, qui est encore
à notre point de vue un peu trop policé ou qui, en fait, est dans
les vues du corps policier. Policé dans le sens qu'il faut comprendre
que le système policier est très hiérarchisé,
très structuré, et qu'ils ont des moyens très
précis ou très favorables, des moyens très forts pour
contrer ou pour travailler sur le milieu comme tel. Quand on étudie des
projets de loi qui les concernent, et ça frappe, ça frappe
n'importe quel intervenant, ils s'occupent de leurs affaires. On ne peut pas
les blâmer. C'est un pouvoir réel, la police, sur le territoire du
Québec, un vrai pouvoir. Puis, il faut que les élus soient
décidés pour orienter comme pour réglementer ou faire des
lois. Mais ce n'est pas facile, on l'a constaté et on le constate
régulièrement. On dit que le ministère ou le ministre, de
ce côté-là, n'est peut-être pas
allé assez loin. Ce n'est pas à tous les jours qu'on va
avoir le pouvoir de faire des lois concernant le fonctionnement et
l'organisation policière. C'est ça le problème majeur.
Pour nous qui avons eu l'occasion de vivre dans ce milieu ou dans un milieu
parallèle à ce milieu, qui savons les problèmes
vécus sur le territoire du Québec par les citoyens, comme par les
policiers aussi... Ce n'est pas détaché les uns par rapport aux
autres. C'est un phénomène qui se vit régulièrement
dans la population et qui se vit régulièrement au
Québec.
On aurait souhaité, on aurait désiré que le
ministre aille plus loin, qu'il humanise de plus en plus les rapports entre les
policiers et les citoyens. C'est ça qu'on a visé. On a
réussi à lui faire faire une démarche. D'ailleurs, je veux
simplement vous livrer le communiqué de presse qui a été
émis le 17 décembre par le ministre de la Sécurité
publique, un document officiel du gouvernement du Québec. C'est
titré de cette façon: "Marx donne aux Québécois des
recours plus efficaces en matière policière." Il y a un premier
paragraphe au communiqué de presse; au deuxième paragraphe,
qu'est-ce qu'on lit? "Le ministre Marx tient à souligner l'excellente
collaboration qu'il a obtenue du député de Jonquière, M.
Francis Dufour, qui a proposé des modifications constructh/es qui ont
d'ailleurs été intégrées à ce projet de loi.
Une fois les autres étapes parlementaires franchies, ce projet devra
être sanctionné avant la fin de la présente session."
Il y a eu un phénomène cette semaine où le ministre
de la Sécurité publique a démissionné de son poste
tout en demeurant à l'intérieur du caucus libéral. Je veux
lui rendre, en quelques mots, un certain hommage parce que je crois que ce
projet de loi important, il a réussi à le mener à terme.
Il a réussi, par son attitude, par son sens de l'écoute, à
le faire évoluer, avec l'Opposition, pour en faire un projet de loi plus
potable, plus acceptable par l'Opposition et, j'en suis convaincu, par
l'ensemble des citoyens du Québec. C'est important de le faire. C'est un
sens de l'écoute qui est important. Je voudrais le remercier et lui
souhaiter qu'il aille bien dans la façon qu'il a choisi d'être,
c'est-à-dire de ne plus faire partie de l'exécutif. Mais comme
député, j'espère qu'on aura - et on aura certainement - a
se rencontrer et à se parler. Je pense bien que, de ce
côté-là, il y a une certaine amitié ou une
complicité qui s'est établie au point de vue de son travail. Ce
n'est pas facile pour le critique et ce n'est certainement pas toujours facile
pour les ministres de faire leur travail. Pour nous, c'est d'autant plus
gratifiant lorsqu'on a l'impression, lorsqu'on a la certitude que les ministres
nous écoutent. Ce n'est pas la première fols qu'on en fait la
démonstration et je pense qu'il y a d'autres ministres qui auraient
Intérêt à s'inspirer de ce qui s'est fait dans cette
commission. Ils auront intérêt à s'en inspirer puisque
ça permet de bonifier et d'améliorer. Je pourrais parler d'un
projet de loi dont on a accepté le rapport de la commission hier, le
projet de loi 90 concernant la fiscalité municipale, où le
ministre a accepté un certain nombre d'amendements et, encore là,
des amendements sérieux et des changements majeurs dans ces
amendements-là qui ont permis de bonifier ce projet de loi.
Dans le fond, et c'est important, je l'ai dit hier et je le
répète à ce moment très précis, les lois
qu'on fait, ce n'est pas pour favoriser les uns par rapport à d'autres,
ce n'est pas en faveur d'un groupe au détriment d'un autre. Les lois
qu'on fait sont sûrement pour celui qui est au bout de la piste, au bout
de la course ou au début de la course, pour le citoyen. Quand on fait
une loi, c'est toujours parce qu'un besoin a été exprimé
par le citoyen par rapport au législateur et par le législateur
par rapport au citoyen. Donc, il y a une ligne intéressante et
importante.
Il faut toujours retenir ces éléments-là lors de
l'étude des projets de loi. On doit être aussi près du
citoyen et très près de lui tout au long de l'étude d'un
projet de loi. C'est ce que l'Opposition a tenté de faire. Heureusement,
on a réussi à convaincre le ministre. Au départ, tous les
intervenants disaient à l'Opposition: C'est un bon projet. Il faut
l'accepter. Cela met une très grande pression et une très grande
responsabilité sur l'Opposition. Mais, en réalité, c'est
une fausse pression. Ce n'est pas sur l'Opposition qu'on veut mettre la
pression, mais sur le gouvernement qui a le pouvoir de faire des lois, qui
prend l'initiative des lois et qui doit les mener à terme. Comme
Opposition, on a à monter dans le train quand il passe,
c'est-à-dire à monter quand la loi est appelée et comme
elle nous est présentée. On n'a pas le choix ni les moyens. On
vit avec les lois qui nous sont présentées et on essaie de les
bonifier. Dans ce cas-là, heureusement, mais le gouvernement en prendra
le mérite en grande partie, bien sûr, parce qu'il dira: J'ai une
loi qui me semble intéressante. Mais, si l'Opposition n'avait pas
été aussi vigilante, si elle n'avait pas été aussi
présente... J'ai eu aussi l'aide de mes collègues; je n'ai pas
été tout seul dans ce projet de loi. Je n'essaie pas de retirer
tous les bénéfices de ce travail-là; j'étais le
porte-parole.
Des collègues sont venus m'aider en commission parlementaire pour
convaincre le ministre et on a réussi. On peut se dire bravo pour cela.
C'était dans l'esprit de bonifier et d'améliorer la loi. De ce
côté-là, au départ, nous nous sommes
prononcés contre le projet de loi. Après l'étude article
par article et lors du dépôt du rapport, je peux informer cette
Chambre qu'avec les modifications qui ont été apportées,
qui ne sont pas des bonifications idéales - elles auraient pu être
augmentées et améliorées encore, et facilement -et dans
les circonstances actuelles, le projet de loi s'est sensiblement
amélioré et suffisamment amélioré pour que
l'Opposition soit en accord
avec ce texte législatif, tout en étant consciente qu'on
aurait pu aller plus loin et faire plus. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'autres interventions?
Est-ce que le rapport de la commission des institutions qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 86 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, avec le consentement de
l'Opposition, je voudrais passer à l'étape suivante, l'adoption
du projet de loi.
Adoption
Le Vice-Président: II y a consentement. M. le ministre de
la Sécurité publique propose la motion d'adoption du projet de
loi 86, Loi sur l'organisation policière et modifiant la Loi de police
et diverses dispositions législatives. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 48 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 67 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 48 du feuilleton, M.
le ministre de la Justice propose la motion d'adoption du projet de loi 67, Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le ministre de la Justice.
M. Gil Rémiiiard
M. Rémiiiard: M. le Président, après
l'étude article par article qui a été faite devant cette
Assemblée en commission plénière, nous en sommes
maintenant au stade final de l'adoption de ce projet de loi 67.
Le projet de loi comporte seulement cinq articles, M. le
Président. C'est un projet de loi d'ordre administratif qui concerne,
premièrement, le protonotaire de la Cour supérieure de chaque
district qui n'aura plus l'obligation de tenir un registre des commissaires
à la prestation du serment. Dorénavant, un seul registre sera
tenu par le ministre de la Justice. Deuxièmement, la compétence
territoriale d'un commissaire nommé en raison de sa charge se limitera
au territoire sur lequel il exerce sa charge. Troisièmement, un
commissaire pour la prestation du serment ne pourra pas recevoir le serment de
son conjoint, de ses père et mère, de ses frères et soeurs
ainsi que de ses enfants, mais pourra recevoir celui de ses autres parents et
alliés. (17 h 30)
Enfin, M. le Président, nous actualisons par ce projet de loi le
montant des honoraires que peut recevoir un commissaire, qui passe de 1 $
à 5 $.
M. le Président, toutes ces modifications ont été
adoptées en commission plénière, mais il est à
noter qu'à la demande du secrétaire général de
l'Assemblée nationale, le secrétaire général, les
secrétaires généraux adjoints et les secrétaires
adjoints de l'Assemblée nationale pourront agir comme commissaires pour
la prestation du serment sur tout le territoire du Québec. Il s'agit
là d'un amendement que je dois déposer.
Le Vice-Président: Alors, un amendement est
déposé par M. le ministre de la Justice qui pourra être
étudié ultérieurement ou, j'imagine, si, de consentement,
on fait les écritures comme mentionné
précédemment... Très bien. Votre intervention est-elle
finie, M. le ministre?
M. Rémiiiard: Voilà, j'ai terminé, M. le
Président.
Le Vice-Président: Très bien. Merci.
Alors, nous allons remettre l'amendement au whip de l'Opposition et
député de Lac-Saint-Jean pour qu'U en prenne connaissance et nous
formule son commentaire ou son acceptation.
Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise à 17 h 33)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, M. le whip de l'Opposition, on est d'accord à
l'amendement proposé?
M. Brassard: Oui, d'accord.
Le Vice-Président: D'accord à ce que nous fassions
les écritures?
M. Brassard: Oui.
Le Vice-Président: Alors, c'est un amendement qui est
déposé par M. le ministre de la Justice, amendement qui se lit
comme suit: À l'article 2 du projet de loi, premièrement,
insérer dans l'article 2 proposé après le paragraphe a, le
suivant, un nouveau paragraphe a: Le secrétaire général,
les secrétaires généraux adjoints et les
secrétaires adjoints de l'Assemblée nationale sur
tout le territoire du Québec. Deuxièmement,
renuméroter les paragraphes a, b, c, d, e et f, respectivement comme
suit: b, c, d, e, f et g. Donc, il y a motion du ministre de la Justice pour
que le projet de loi soit déféré en commission
plénière. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
L'amendement proposé par le ministre de la Justice à l'article 2
est-il adopté en commission plénière? Adopté. Le
rapport de la commission plénière est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Maintenant, la motion
d'adoption du projet de loi 67 est-elle adoptée?
M. Lelebvre: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je vous demanderais
maintenant d'appeler l'article 49 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 69 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 49 du feuilleton, M.
le ministre des Communications propose la motion d'adoption du projet de loi
69, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Communications. Je vais
donc reconnaître M. le ministre des Communications.
M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, le ministère des
Communications a été créé en 1969 et sa loi
constituante donne une définition très technique des
communications, ce qui ne laisse aucune souplesse permettant d'introduire
d'autres mandats découlant de la réalité du secteur des
communications. En effet, le domaine des communications a beaucoup
évolué en 19 ans, tant dans le domaine des médias
électroniques que dans le secteur des télécommunications,
de la télématique ou de la publicité, par exemple. La loi
actuelle n'est donc plus en prise directe sur le développement d'avenir
du domaine des communications et n'offre ainsi plus de garanties de
retombées positives en termes d'impacts culturels, sociaux et
économiques. Quatre objectifs à cette loi, des objectifs d'ordre
socioculturel qui sont déjà présents depuis le
début du ministère, ces préoccupations, une fois
sanctionnées dans la loi, stimuleront à la fois la promotion et
la production, et la promotion de l'offre de contenus diversifiés et de
qualité en français.
Objectif d'ordre économique: assumer la responsabilité du
ministère de participer et de collaborer au développement
économique des entreprises de communication et à l'exportation du
savoir-faire québécois dans ce domaine. Objectif d'ordre
technologique: favoriser le développement, la diffusion et l'utilisation
des technologies reliées au secteur des communications, au gouvernement
et dans la société Objectif d'ordre administratif: confirmer le
rôle joué par le ministère des Communications en
matière de renseignements, d'information et de bonnes relations entre le
citoyen et l'État, y compris ce qui a trait à la notion de
sécurité des documents et de l'information.
Alors, M. le Président, ce projet de loi a été
discuté en première et deuxième lecture. Nous en sommes
à l'adoption du projet de loi. Je désire introduire deux
amendements d'ordre technique. Le premier se lirait comme suit: Le paragraphe 8
de l'article 14.3 inséré par l'article 7 du projet de loi 69 est
remplacé par le suivant, coordonner, avec la collaboration du
Secrétariat du Conseil du trésor, les activités du
gouvernement, des ministères et des organismes publics
désignés par le gouvernement en matière de
télécommunications, d'informatique, de publicité et
d'expositions.
Je dépose cet amendement que j'explique brièvement. Alors,
il s'agit d'un ajout, de l'introduction dans la phrase des mots "avec la
collaboration du Secrétariat du Conseil du trésor", collaboration
nécessaire de toute façon. Cela ne vient que préciser le
projet de loi puisque, en matière de télécommunications,
d'informatique, de publicité et d'expositions, le Secrétariat du
Conseil du trésor est amené fréquemment à donner
son opinion sur ces sujets.
Deuxième amendement, M. le Président, qui serait
ajouté et qui se lit comme suit: L'article 14.3, inséré
par l'article 7 du projet de loi 69, est amendé par l'insertion,
après le second alinéa, des suivants: "Avant de proposer un
emblème du Québec, le ministre fait publier un avis dans la
Gazette officielle du Québec. Cet avis indique notamment la date
prévue pour sa présentation et le fait que tout
intéressé peut, avant cette date, transmettre des commentaires
à la personne qui y est désignée. "Un emblème ne
peut être proposé avant l'expiration d'un délai de 45 jours
à compter de la publication à la Gazette officielle du
Québec ou avant l'expiration du délai mentionné dans
l'avis."
Je dépose l'amendement, M. le Président, et je l'explique
rapidement. Il s'agit d'un ajout qui, à la suite de discussions en
commission parlementaire, vient permettre davantage aux gens de s'exprimer sur
les intentions du gouvernement, sur le fait que le gouvernement souhaite
ajouter, dans ses points, un emblème. Je pense que c'est un amendement
qui est satisfaisant, qui ne va pas aussi loin que le souhaitait l'Opposition,
mais qui, à mon point de vue, demeure un amendement relativement
technique.
Alors, M. le Président, je souhaite que l'Assemblée
nationale adopte ce projet de loi qui
est très intéressant pour la population du Québec.
Merci.
Le Vice-Président: Alors, je cède maintenant la
parole à M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Biais: Merci beaucoup, M. le Président. Je souhaite
longue vie au nouveau ministre des Communications, en même temps, je lui
souhaite un bon Noël et une bonne année.
Ce projet de loi, le ministre en a parlé durant quelques minutes,
est là, je tiens à le dire, pour redonner et redéfinir, de
façon totale, les responsabilités entières du
ministère des Communications et, par le fait même, du ministre des
Communications. Une seule chose qui est à regretter là-dedans,
c'est que les interventions que le Québec devait faire avec Ottawa et
les conférences fédérales-provinciales qu'il y a eu depuis
une quinzaine d'années entre les ministres des différentes
provinces et Ottawa n'ont pas porté fruit, encore une fois. La
dernière qui a eu lieu, les dix ministres étaient d'accord, les
dix ministres des dix provinces canadiennes étaient d'accord pour la
rétribution des pouvoirs, c'est-à-dire que sur le territoire de
chacune des provinces, le ministre des Communications était responsable,
de façon totale, des communications sur son territoire. Entre les
provinces, c'était une espèce de partage de pouvoirs entre Ottawa
et les provinces concernées et pour les communications internationales,
le fédéral en était le seul responsable. (17 h 40)
Les ministres des Communications des dix provinces canadiennes
étaient d'accord et il y avait promesse que cela devait se régler
l'an passé, sinon au tout début du printemps cette année.
Nous arrivons à la fin de l'année 1988 et, dans ses attributions,
ses nouvelles fonctions, on voit que le gouvernement actuel du Québec
n'a pas su faire entendre la voix de la raison à Ottawa. Nous avons donc
dû subir encore là un recul dans nos relations
fédérales-provinciales.
Le ministre des Communications du Québec, contrairement aux
ministres de beaucoup de provinces, n'a aucune autorité sur la
téléphonie au Québec tandis que, dans sept des dix
provinces canadiennes, le ministre des Communications a entière
juridiction sur elle. Cependant, le Québec est assujetti au CRTC
plutôt que d'être soumis au ministre des Communications. Nous
déplorons ce fait, nous le disons au nouveau ministre. Je sais que ce
problème reviendra sur le tapis et qu'on en discutera durant
l'année qui vient, à moins qu'il n'y ait des élections
sous peu et qu'il ne soit plus là.
Une autre chose que j'aimerais dire, dans ce projet de loi, il y a un
seul paragraphe auquel nous nous sommes opposés. Nous avons voté
pour le projet de loi sauf à l'article 14,3 paragraphe 11° qui se
lit comme suit: proposer au gouvernement des emblèmes du Québec
ainsi que les normes... Proposer des emblèmes au Québec, nous
nous y sommes opposés de façon totale et entière. Nous
avons voté contre l'adoption de ce paragraphe, parce que nous disons que
le Québec a suffisamment d'emblèmes actuellement pour que, si
société distincte il y avait et que ce soit reconnu, nous ayons
tous les emblèmes qu'il nous faut pour porter bien haut cette
société distincte. Nous avons la fleur de lys, le
fleurdelysé et nous avons, depuis quelque temps, le harfang des neiges.
Nous avons donc trois signes dis-tinctifs, le premier étant le meilleur
avec le drapeau fleurdelysé et fleur de lys et, si nous en ajoutons,
c'est la meilleure façon de ne pas se distinguer. À trop vouloir
en mettre, on se perd dans la nature. Il y en a qui voulaient mettre des
arbres, etc. Je proposais à l'époque de Noël de mettre un
sapin, surtout que, pour les pouvoirs qu'il revendiquait à Ottawa, le
Québec "s'est encore fait passer un sapin" par Ottawa et il n'a pas eu
les pouvoirs qu'il était nécessaire d'avoir pour un Parlement qui
se respecte. Je proposais le sapin, mais apparemment, ils n'ont pas voulu.
Je termine en disant que le premier amendement se lit comme ceci:
coordonner et on ajoute "avec la collaboration du Secrétariat du Conseil
du trésor". C'est presque une risée! Jamais dans un projet de loi
on n'exprime un voeu. On dit ici que le ministre des Communications doit
travailler en collaboration avec le Conseil du trésor. On n'a mis cela
dans aucune de nos lois. En le mettant dans celle-ci, cela voudrait dire que le
ministre des Communications est assujetti de façon totale et
subordonné de façon directe au Conseil du trésor. Cela
pourrait laisser sous-entendre que le Conseil du trésor ne collabore pas
avec les autres ministères, ce que je ne crois pas et ce qui est
impossible. Je croyais cela inutile, mais pour le bien de la cause on le laisse
aller. C'est vous qui allez être pris avec cet énoncé plus
tard.
On avait aussi demandé un amendement et l'ancien ministre des
Communications m'avait dit dans sa réponse en deuxième lecture
qu'il permettrait la tenue d'une commission parlementaire avant que nous
choisissions de nouveaux emblèmes pour le Québec. Apparemment, le
Conseil des ministres a refusé. On apporte cependant un amendement
mineur qui dit simplement qu'on avisera les gens et qu'ils pourront nous dire
s'ils sont d'accord ou non, mais cela ne change absolument rien. Si le ministre
décide de tel emblème, s'il décide par exemple que le
bouleau devient l'arbre symbole du Québec, personne n'aura rien à
dire selon ce projet de loi. Eh! bien, je m'y oppose.
M. le Président, nous allons quand même voter pour ce
projet de loi en disant de façon spécifique qu'à l'article
14.3, paragraphe 11°, le ministre ait le pouvoir de proposer de
nouveaux
emblèmes pour le Québec, nous nous y opposons de
façon catégorique.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Terrebonne. Je comprends que, sur les deux amendements proposés par le
ministre, il y a quand même consentement afin que nous fassions les
écritures pour les adopter.
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement. Donc, M. le ministre des
Communications propose l'envoi de ces amendements en commission
plénière. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Les deux amendements
proposés par M. le ministre, qui les a lus antérieurement,
sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que le rapport de la commission
plénière est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. La motion d'adoption du
projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur le ministère des
Communications, est-elle également adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler maintenant d'appeler l'article 51 du feuilleton.
Projet de loi 79 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 51 du feuilleton, M.
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie propose la motion
d'adoption du projet de loi 79, Loi modifiant la Loi sur rétablissement
par SIDBEC d'un complexe sidérurgique. Est-ce qu'il y a des
interventions? Il n'y a pas d'intervention. Est-ce que cette motion d'adoption
du projet de loi 79 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 57 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 97 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 57 du feuilleton, M.
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie propose la motion
d'adoption du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Il n'y a pas d'intervention? Est-ce que cette motion
d'adoption du projet de loi 97 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 35 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 65
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président: À l'article 35 du feuilleton,
nous allons maintenant procéder à la prise en
considération du rapport de la commission de l'économie et du
travail qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la
santé et la sécurité du travail. Est-ce qu'il y a des
interventions? Il n'y a pas d'intervention. Oui? M. le whip de
l'Opposition.
M. Brassard: Est-ce qu'on pourrait suspendre nos travaux quelques
minutes, s'il vous plaît, pour demander au député de
Laviotette de venir nous rejoindre.
Le Vice-Président: Très bien. Nous allons suspendre
quelques minutes dans l'attente du député de Laviolette.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
(Reprise 17 h 56)
Le Vice-Président: Veuillez prendre place, s'il vous
plaît. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Alors, j'ai
appelé tout à l'heure le projet de loi 65, mais je dois
immédiatement, sans plus de commentaires, ajourner le débat sur
ledit projet de loi 65. On reviendra à 20 heures là-dessus
probablement. Alors, je fais une motion dans ce sens-là, motion
d'ajournement du débat.
Le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat sur la prise en considération du rapport de la commission
qui a étudié le projet
de loi 65 est-elle adoptée? Adopté. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lefebvre: Je fais maintenant motion pour suspendre les travaux
de la Chambre jusqu'à 19 h 30.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement sur cette motion?
Il y a consentement. Alors nos travaux sont donc suspendus et reprendront ce
soir à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 19 h 35)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs et mesdames les députés, nous allons
reprendre nos travaux. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):
Oui, Mme la
Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 18 du
feuilleton.
Projet de loi 109 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À' l'article 18 de notre
feuilleton, le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du principe
du projet de loi 109, Loi sur le régime de retraite des élus
municipaux. Là-dessus, Je vous reconnais, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, Mme la Présidente.
Le projet de loi 109, Loi sur le régime de retraite des élus
municipaux, a pour objet d'établir un nouveau régime de retraite
pour les maires et les conseillers municipaux du Québec. Il est le
résultat des négociations entreprises depuis plus de cinq ans
entre le ministère des Affaires municipales et les représentants
des Unions des municipalités du Québec. Avant de procéder
à l'exposé des principes et des caractéristiques du
régime proposé, je voudrais tout d'abord faire un bref rappel du
régime actuel.
L'actuel régime de retraite des maires et des conseillers
municipaux, Mme la Présidente, est un régime
général qui date de 1975. Avant cette date, une
municipalité ne pouvait accorder une pension à ses élus
que si elle comptait 50 000 habitants ou plus ou si elle détenait, en
vertu de sa charte, un pouvoir spécifique à cet effet. Bien que
le régime actuel soit le seul à partir de 1975 auquel pouvait
adhérer les municipalités qui ne participaient pas à un
autre régime avant 1975, il intéresse plus
particulièrement les élus des municipalités de 20 000
habi- tants et plus. Actuellement, environ 600 élus de quelque 160
municipalités du Québec participent à ce régime. Le
régime actuel est un régime dit "à cotisation
déterminée" ou "à prestation indéterminée".
Les cotisations des participants et les contributions des employeurs sont
préétablies et accumulées jusqu'à la date de la
retraite. À cette date, la somme accumulée sert à l'achat
d'une rente dont la valeur dépend du montant accumulé et du taux
d'intérêt prévalant au moment de la retraite. Ainsi, seules
les cotisations et les contributions sont connues avant la retraite, la
prestation ou le montant exact de la pension n'est connu qu'au moment de la
retraite.
Les élus municipaux ont maintes fois exprimé leur
insatisfaction à l'endroit de ce régime. En effet, le
présent régime soulève de nombreuses critiques. Il ne
constitue pas un plan adéquat de remplacement du revenu à la
retraite. La pension n'est pas déterminée en fonction de la
rémunération mais dépend des aléas du taux
d'intérêt à la date de la retraite. Elle n'est pas
indexée pour tenir compte des hausses du coût de la vie. Elle
n'est pas réversible au conjoint. Les conditions de rachat
prévues par le régime sont trop restrictives. Bref, le
régime actuel est très insatisfaisant sur plusieurs points.
En 1980, lors de l'étude du projet de loi concernant la
démocratie et la rémunération des élus dans les
municipalités, le ministre des Affaires municipales de l'époque
avait promis aux maires et aux conseillers municipaux de réviser ce
régime de retraite. Cette promesse a été renouvelée
en 1983 par le précédent gouvernement à l'occasion du
congrès de l'Union des municipalités du Québec. C'est donc
avec satisfaction que je soumets aujourd'hui à l'Assemblée
nationale le projet de loi sur le nouveau régime de retraite des maires
et des conseillers municipaux. Je tiens à rappeler qu'il est le fruit
d'une consultation soutenue avec le monde municipal.
Le régime proposé. Trois principes nous ont guidé,
Mme la Présidente, dans l'élaboration du projet de loi 109:
premièrement, assurer aux élus municipaux,
particulièrement à ceux qui se consacrent à plein temps
à leur fonction, un plan de remplacement de revenus adéquat pour
la retraite; deuxièmement, respecter les droite acquis des élus
participant au régime actuel, et, troisièmement, respecter
l'autonomie locale dans la mise en oeuvre du régime.
S'inspirant de ces trois principes, le projet de loi 109 établit
les caractéristiques du nouveau régime de retraite des
élus municipaux, ainsi que certaines mesures destinées à
corriger les effets défavorables que le régime actuel aurait pu
faire subir à certains élus dans le passé. Le
régime de retraite proposé pour les élus municipaux est du
même type que celui des membres de l'Assemblée nationale du
Québec. C'est un régime dit "à prestations partiellement
déterminées", car si le montant exact de la pension ne peut
être connu avant la retraite, sa valeur, en pourcentage du traitement,
peut être connue en tout
temps. Il nous apparaît qu'un tel régime correspond aux
besoins des élus municipaux. (19 h 40)
En effet, si l'existence d'un régime de retraite n'est pas
essentiel pour les élus à temps partiel, elle revêt une
très grande importance pour les élus à plein temps. De
même le régime de retraite proposé constitue un incitatif
additionnel à participer à la politique municipale au
Québec. Le gouvernement est d'avis que les élus municipaux ont
droit à un régime de retraite capable de répondre
adéquatement à leurs besoins, leur accordant des prestations
basées sur la rémunération plutôt que sur leur
âge à l'adhésion et sur la performance des gestionnaires de
leur caisse de retraite.
Le projet de loi proposé confirme par ailleurs la décision
du gouvernement de traiter sur le même pied tous les représentants
élus du peuple, sans distinction du niveau de gouvernement ou
d'administration auquel ils appartiennent. Les principales
caractéristiques du régime de retraite proposé par le
projet de loi 109 peuvent être regroupées sous quatre principales
rubriques: premièrement, adhésion de la municipalité et
participation de l'élu; deuxièmement, crédits de pension
et pension; troisièmement, cotisation de l'élu et contribution de
la municipalité; quatrièmement, rachat de service
antérieur et conversion de crédit de pension.
Le projet de loi 109, Mme la Présidente, prévoit que pour
les municipalités, l'adhésion au régime sera facultative
mais irrévocable. Facultative, parce qu'il faut respecter l'autonomie de
la municipalité qui aura à défrayer une partie des
coûts du régime. Irrévocable, parce que, techniquement, un
régime de retraite à prestation partiellement
déterminée a besoin d'une certaine stabilité pour pouvoir
fonctionner convenablement. Si une municipalité décide de
participer au régime, le projet de loi stipule qu'une
municipalité de 20 000 habitants ou plus doit adhérer au
régime pour tous les membres du conseil, alors qu'une
municipalité de moins de 20 000 habitants y adhère soit pour tous
les membres de son conseil, soit pour son maire seulement.
À l'instar de la loi sur le régime de retraite des membres
de l'Assemblée nationale du Québec, le projet de loi 109
prévoit que le membre du conseil municipal qui participe au
régime accumule, pour chaque année de service, un crédit
de pension de 3,5 % du traitement admissible reçu au cours de
l'année, le traitement admissible étant défini comme le
montant comprenant la rémunération comme membre du conseil et
celle que le membre reçoit pour ses fonctions au sein d'un organisme
supramunicipal ou d'un organisme mandataire de la municipalité. Le
crédit de pension sera indexé annuellement à un taux
égal au taux d'augmentation de l'indice des rentes du Québec.
Pour être admissible à une pension, en vertu du
régime, il faut accomplir au moins deux années de service. Si le
membre se retire avant d'accomplir deux années de service, ses
cotisations avec intérêts lui seront remboursées. S'il se
retire après avoir accompli entre deux ans et huit ans de service, il a
le choix entre le remboursement de ses cotisations avec intérêts
ou une pension différée à l'âge de la retraite. La
pension est payable à 60 ans ou à 55 ans avec une
réduction actuarielle de la pension au taux de 6 % par année.
Cette pension est coordonnée avec le Régime de rentes du
Québec, c'est-à-dire qu'elle est réduite d'un montant
équivalant à celui versé aux membres par ce régime.
De plus, elle est indexée annuellement à un taux égal au
taux d'augmentation de l'indice des rentes du Québec moins 3 %. Le
maximum de la pension ne peut dépasser 70 % du traitement admissible
moyen des trois années de service les mieux
rémunérées. Si le membre participant meurt après la
retraite, 60 % de la pension est réversible à la conjointe ou au
conjoint. S'il décède avant la retraite, 100 % de la valeur
actuelle des crédits de pension accumulés à son
crédit sont versés à ses ayants droit.
Comme les députés, les élus municipaux verseront
une cotisation de 10 % de leur traitement admissible pour acquérir leur
crédit de pension. Cette cotisation sera coordonnée annuellement
avec 1e Régime de rentes du Québec, c'est-à-dire qu'elle
sera réduite du montant de cotisation que l'élu verse à la
Régie des rentes du Québec. Les municipalités assumeront
le solde du coût du régime incluant les frais d'administration du
régime. Ce solde sera réparti entre les municipalités
participantes selon les mêmes proportions que celles des cotisations de
leurs élus. Pour corriger les effets défavorables que le
présent régime aurait pu faire subir aux élus actuels
comme aux anciens élus, Mme la Présidente, le projet de loi 109
prévoit que les conseils municipaux pourront, par règlement,
permettre aux élus actuels comme aux anciens élus de racheter les
années de service antérieures jusqu'en 1975 et de convertir les
années de service créditées sous le régime actuel
au nouveau régime. Ce règlement pourra également limiter
le nombre d'années de service assujetties au rachat ou à la
conversion.
Voilà, Mme la Présidente, les grandes lignes du
régime de retraite proposé par le projet de loi 109. Comme je
l'ai indiqué au début, trois projets nous ont guidés tout
au long de son élaboration. Assurer aux élus municipaux un
régime de remplacement du revenu adéquat pour la retraite,
respecter les droits acquis des élus participant au régime actuel
et, troisièmement, Mme la Présidente, respecter l'autonomie
locale dans la mise en oeuvre du régime.
Je crois pouvoir affirmer que le projet de loi proposé
reflète la volonté du gouvernement d'offrir aux élus
municipaux un régime de retraite qui correspond vraiment à leurs
besoins. Désormais, l'élu municipal aura à sa disposition
un régime de retraite qui sera conforme à son statut. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci M. le ministre des Affaires
municipales. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, Mme la Présidente. Moi aussi,
très brièvement, je vais parler sur le projet de loi 109, Loi sur
le régime de retraite des élus municipaux. Parler un peu sur le
principe du projet, mais aussi sur un autre principe qui nous tient à
coeur et qui est important, c'est la démocratie. Quand on parle de
démocratie, on parle des élus municipaux et on parle aussi de la
démocratie à l'Assemblée nationale. Je dois vous dire
qu'on se rend compte depuis quelques semaines que la démocratie est
gravement malade à l'Assemblée nationale. Avec ce qu'on a connu
comme fin de session, alors qu'il y a trois ans et quelques jours, la
vice-première ministre nous avait dit: À l'avenir, nous allons
légiférer moins et nous allons légiférer mieux. Je
dois vous dire que cela n'a presque pas de bon sens comment ces gens n'ont pas
de mémoire ou n'ont pas de parole, ou les deux, quand on voit ce qui
s'est passé depuis quelques semaines à l'Assemblée
nationale du Québec.
On a déposé des dizaines de projets de loi. On a mis le
bâillon deux fois sur des projets de loi qu'on voulait absolument
arracher, mais sur lesquels on ne voulait pas discuter. Donc, on ne l'amenait
pas en commission parlementaire, on retardait les travaux. Au lieu d'en
discuter avant la session ou au lieu d'en discuter à toutes les heures
d'ouverture, on retardait pour être capable de passer le bâillon et
ensuite de cela, adopter la loi de force. C'est ce qu'on a fait à deux
reprises sans compter ce qui s'est passé cette semaine sur quelque chose
d'aussi fondamental que l'avenir culturel francophone au Québec
où on a décidé de faire fi de toutes les règles de
l'Assemblée nationale pour finalement, encore une fois, passer
par-dessus l'Opposition pour adopter une loi.
Mais maintenant, encore une fois, qu'est-ce qui se passe? On nous
dépose un projet de loi, le projet de loi 109 déposé
même pas dans une forme ordinaire, mais sous forme 8 1/2 X 14 en
photocopies - l'autre, on l'a eu aujourd'hui -mais déposé hier
dans la forme non réglementaire. On nous dépose un projet de loi
le 21 décembre pour l'adopter avant Noël. Nous sommes à 48
heures du réveillon de Noël. Les députés sont
à l'Assemblée nationale pour adopter un projet de loi de 103
articles. On nous apporte cela pour en discuter, pas seulement en discuter,
mais pour voter cette loi. C'est antidémocratique. Ce n'est pas correct
et ce n'est pas acceptable cette façon de procéder. Je ne parle
pas sur le fond du projet de loi, je vais y revenir. Je parle de la
présentation de ce projet de loi dans notre système
démocratique.
C'est une session qui ne tient pas debout. On n'a pas
respecté l'engagement pris par la vice-première ministre en 1985.
On légifère plus et on légifère plus mal qu'avant
d'une façon inacceptable. Un projet de loi qu'on nous demande de voter
aujourd'hui quand on l'a déposé hier, un projet de loi de 103
articles et qui est très important, qui concerne, premièrement,
des gens qui sont importants - ce sont les élus municipaux à
travers tout le Québec - des gens qui comprennent ce qu'est le
système démocratique. Heureusement qu'ils ne nous regarderont pas
ce soir comme des gens à imiter parce que, en ce qui concerne la
démocratie, on n'est vraiment pas un exemple à suivre
présentement. Heureusement qu'il y a le Code municipal et que ces gens
sont capables de le suivre, même si je sais qu'ils ont beaucoup de
difficultés, parce que ce gouvernement fait en sorte de retarder un
paquet de décisions de sorte que les élus municipaux ont de plus
en plus de problèmes, sans compter qu'on leur donne de plus en plus de
responsabilités, sans nécessairement, et surtout pas
nécessairement, leur donner, en même temps, les moyens financiers
d'assumer ces nouvelles responsabilités. (19 h 50)
On pourrait prendre un exemple bien simple. On a commencé par
transférer aux municipalités une responsabilité en
matière de loisir, par le biais d'un programme du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, "Le soutien aux loisirs municipaux",
en leur disant: On vous transfère telle responsabilité avec les
moyens financiers de les assumer. Cela reviendra chaque année. Dans la
tête des gens, évidemment, si on a la responsabilité, c'est
pour toujours, et les moyens financiers doivent suivre. C'était
ça qui était dans la tête des gens et avec raison, à
part ça. Qu'est-ce qui est arrivé? Non seulement on n'a pas
indexé, mais on a coupé l'aide et laissé la
responsabilité. Et, de plus en plus, on donne des responsabilités
à ces gens, on demande, effectivement, que les gens y consacrent de plus
en plus de temps, de plus en plus d'énergie, et ceux-ci doivent
être de plus en plus informés et préparés à
assumer ces postes de responsables municipaux, parce que les
responsabilités sont de plus en plus grandes.
Donc, ces gens-là, oui, méritent effectivement d'avoir un
revenu à la hauteur des responsabilités qui leur incombent. Le
projet de loi qui est déposé ici, le ministre l'a dit
tantôt - et là-dessus, je suis d'accord - ce n'est pas nouveau,
ça fait déjà plusieurs années qu'on en discute. On
en a parié au cours des années et, si je me rappelle bien, il y a
même eu une étude conjointe payée et par le
ministère, et par l'Union des municipalités du Québec pour
être capables d'aller au fond des choses là-dessus. Je pense que
même l'Union des municipalités du Québec a fait sa propre
étude pour savoir comment on pouvait améliorer le régime
de retraite des élus municipaux, parce qu'il y a beaucoup de personnes
qui consacrent des années, souvent au détriment de leur
carrière
professionnelle, au service de leurs concitoyens. C'est normal qu'on le
reconnaisse non seulement au chapitre du salaire, mais aussi en matière
de retraite. Si, nous, à l'Assemblée nationale, trouvons que
c'est important pour nous, c'est important aussi pour les élus
municipaux qui ont un boulot de plus en plus complexe à assumer.
Donc, il y a eu des études, mais, s'il y eu de telles
études, comment se fait-il que ce projet de loi nous arrive seulement
maintenant? C'est ça qui n'est pas acceptable en démocratie.
Comment peut-on demander, dans un système démocratique, de voter
une loi déposée la veille? Si nous n'avions que ça
à faire, je pourrais dire à nos concitoyens: On l'a eue hier et
on a passé 24 heures - parce qu'on l'a eue il y a à peu
près 24 heures - à l'étudier. Je vous le dis
honnêtement: Ce n'est pas vrai parce que même si on avait voulu, ce
n'était pas possible. On est dans une fin de session où il y a
trois commissions parlementaires et l'Assemblée nationale qui
siègent en même temps. Il faut être un peu partout en
même temps. Il faut aller à la période de questions et,
quand on a la chance de finir à 2 heures du matin, il faut aussi penser
à aller se coucher un peu. Après l'avoir déposée
hier soir, le ministre nous demande de voter cela aujourd'hui. Je trouve que
c'est indécent et ce n'est pas correct, surtout quand on espère
que l'argument qui va justifier ce vote soit des pressions.
Entendons-nous sur les pressions. Le fait de dire aux gens qui sont
concernés que si on ne peut pas le voter avant les fêtes, ce sera
la faute de l'Opposition je réponds au gouvernement: Mon oeil sur cet
argument, il est inacceptable. C'est inacceptable, cela ne peut pas être
la faute de l'Opposition si un projet de loi n'est pas déposé tel
que le règlement le prescrit, c'est-à-dire avant le 15 novembre.
Si ce n'est pas déposé, qui n'a pas fait sa job? Ce n'est
certainement pas l'Opposition parce que nous sommes encore ici ce soir, en
train de légiférer, en train de prendre connaissance des lois qui
nous sont soumises et de les étudier, mais on voudrait bien être
en mesure de les étudier convenablement.
Quand on dépose une loi à l'Assemblée nationale,
pour quelle raison y a-t-il des délais? Pour quelle raison y a-t-il des
délais? Oui, c'est pour qu'on puisse faire une bonne job en s'as-surant
qu'on a regardé tout ce qu'il y a à l'intérieur de cela,
si c'est correct, parce que quand on légifère, c'est pour
l'avenir aussi. Cela concerne plusieurs personnes, non seulement les personnes
en place présentement - il y a même de la
rétroactivité, des centaines et des milliers de personnes qui ne
sont plus des élus municipaux - mais les autres à venir aussi.
Donc, si cela concerne beaucoup de monde, c'est normal qu'on prenne le temps de
l'étudier sérieusement. C'est tout à fait normal, c'est
même essentiel, mais les délais dans notre système
parlementaire, ce n'est pas seulement pour que les députés
fassent l'ouvrage qui leur est imparti, finalement, d'étudier le projet
de loi article par article correctement en commission parlementaire, mais c'est
aussi pour permettre aux gens qui sont intéressés de pouvoir en
discuter avec le gouvernement et avec l'Opposition pour essayer
d'améliorer le projet de loi. Il y a cela aussi dans notre
système. On doit avoir le temps de s'assurer que les gens sont
satisfaits ou ont des recommandations à nous faire pour améliorer
le projet de loi. Comment cela peut-il être possible en 24 heures, dans
une fin de session où on est déjà tous
débordés?
Il y a autre chose aussi dans notre système démocratique.
Quand on dépose un projet de loi comme le projet de loi 109, qui va
impliquer des coûts pour les municipalités... Qu'est ce que cela
veut dire des coûts pour les municipalités? Cela veut dire des
coûts pour les citoyens et les citoyennes qui élisent ces
mêmes élus municipaux. Qui va pouvoir savoir ce qu'on est en train
de faire? Qui est informé parmi nos concitoyens de ce qu'on est en train
de voter? Qui sait combien cela va coûter au bout du compte? Cela, c'est
un principe fondamental en démocratie, que les gens soient au moins
informés avant coup, pas nécessairement toujours après
coup. C'est pour cela qu'on a légiféré à
l'Assemblée nationale, de façon unanime, pour modifier notre
règlement parlementaire en 1984 en se fixant une date limite pour le
dépôt du projet de loi pour que tous ceux qui sont
intéressés puissent participer et pour que la population en
général soit informée. Est-ce que vous pensez que la
population est informée? Est-ce que la population sait qu'on est en
train de discuter de quelque chose qui pourrait - j'espère qu'on va
pouvoir voir les coûts tantôt quand on va l'étudier article
par article - amener des augmentations dans certaines municipalités?
Qu'on soit pour ou contre, ce n'est pas ça le fond. C'est au moins de le
savoir et d'être informé, mais ce n'est pas cela. Qu'on ne vienne
pas nous mettre sur le dos, à l'Opposition, la pression et la
culpabilité. Cela, c'est inacceptable. Ce n'est pas nous qui n'avons pas
fait notre job quand c'était le temps? C'est le ministre des Affaires
municipales. Et s'H nous dit que ce n'est pas lui, que c'est son
prédécesseur, mais c'est son gouvernement. Je suis capable
d'accepter le fait que cela peut ne pas être de sa faute, sauf que c'est
lui qui le dépose à 24 heures de la fin de la session et 24
heures après le dépôt de la loi.
SI on voulait, et je vous le dis, je serais très ouvert, si on
voulait prendre le temps, parce que, oui, je le pense, il faut faire en sorte
que ce projet de loi ne traîne pas, qu'on en fasse l'étude et
qu'on l'accepte, parce que cela ne serait pas normal que l'incompétence
du gouvernement ait des effets négatifs chez des gens qui n'ont rien
à voir avec le retard gouvernemental. Des citoyens ne doivent pas
être victimes de l'incompétence du gouvernement. On pourrait, si
on voulait, prendre le temps de l'étudier à fond.
Et je vous dis ma disponibilité. On pourrait revenir entre
Noël et le Jour de l'an, et ce ne serait pas un précédent.
Je trouve cela un peu amusant parce qu'on retrouve dans le projet de loi qu'il
pourrait être rétroactif à 1975. On se réfère
à 1975, et c'est pour cela que cela m'a frappé parce qu'ils ne
sont pas nombreux, mais il y en a quelques-uns, mais ceux qui sont très
informés politiquement savent très bien qu'en 1975, le
gouvernement de M. Bourassa, phase 1, avait ramené l'Assemblée
nationale entre Noël et le Jour de l'an pour discuter des augmentations de
salaire des députés, des élus de l'Assemblée
nationale. (20 heures)
Si c'était suffisamment important de ramener à
l'Assemblée nationale entre Noël et le Jour de l'an en 1975
l'ensemble de la députation pour se voter de bonnes augmentations de
salaire à des élus québécois à
l'Assemblée nationale, nous étions, ou on était, parce que
je n'étais pas du groupe en 1975, mais, à ce moment-là,
les élus étaient quand même 110 si je me rappelle bien. Si
cela valait la peine de ramener ces 110 personnes pour se voter un bon salaire,
est-ce que ça ne vaut pas la peine de ramener 122 personnes pour venir
discuter d'augmentation et aussi de conditions à plus de gens que les
députés de l'Assemblée nationale? Je serais prêt. Je
dois vous dire que je préférerais être ici entre Noël
et le Jour de l'an, ainsi que mes collègues - parce que je parle au nom
de l'Opposition - nous serions prêts à revenir ici entre Noël
et le Jour de l'an pour nous assurer que la loi va être faite
correctement et qu'on ne retardera indûment, inutilement ce projet de loi
pour ne pas que des gens soient pris en otage ou soient victimes d'un
gouvernement qui n'a pas pris ses responsabilités lorsque c'était
le temps.
On pourrait adopter le projet de loi 109 à la vapeur. On
pourrait, sans même quitter le salon bleu, en se transformant en
commission plénière, dire: 1, 2, 3, on l'approuve. Je vous le dis
tout de suite, c'est non. il n'est pas question de le faire. On va prendre le
temps qu'il faut. On se couchera tard ou on ne se couchera pas, mais je pense
que ça vaut la peine au moins de le lire et de savoir sur quoi on va
voter parce que je suis sûr qu'il n'y a pas beaucoup de
députés qui l'ont lu. Mais il va falloir le faire. C'est notre
boulot de le faire. C'est notre responsabilité. On ne peut pas voter
n'importe quoi, n'importe comment, spécialement avec ce qu'on a vu dans
la présente session qui, à mon avis, est la pire qu'on n'ait
jamais vue. En tout cas, pour moi qui suis ici depuis 1981, je n'ai jamais vu
légiférer de cette façon.
Un exemple pourquoi je suis inquiet qu'on puisse même penser
pouvoir voter sans lire et sans regarder, c'est ce qu'on a vu comme loi depuis
le 15 novembre de cette année, depuis la date limite du
dépôt normal, réglementaire et légal des projets de
loi. On a vu des lois être chambardées totalement. Cela n'a
pas de bon sens. Je ne veux pas risquer que ce soit la même chose
là-dedans. Je veux m'assurer que ce qu'il y a là-dedans
répond aux études qui ont été faites et aux
attentes du monde municipal québécois. Voici deux exemples
seulement. Le projet de loi 34, concernant les ambulances, qu'on a voté
ici et pour lequel on nous a imposé le bâillon a été
déposé, si je me rappelle bien, avec quelque chose comme 36
articles, 36 articles dans le projet de loi et quelque chose comme 70 ou 80
amendements. Imaginez-vous comment ça peut être pensable qu'un
ministre ose déposer un projet de loi qui nous amène plus
d'amendements que le nombre d'articles qu'il contient. C'est ce qu'on a
vécu cette année. On nous disait: Légiférer moins
et légiférer mieux. C'est incroyable!
Un autre exemple, le projet de loi 107 sur l'instruction publique,
déposé il y a un an, en décembre 1987. On a eu vraiment le
temps de le travailler et de le préparer. Ce projet de loi qui sera
finalement adopté en troisième lecture demain contient 475
articles; on y a apporté, écoutez bien, 1000 amendements.
Heureusement qu'il y a eu une commission parlementaire. On a ajouté, aux
600 amendements déposés par le ministre, quelque chose comme 300
ou 400 amendements en commission parlementaire, parce qu'on s'est assis et
parce qu'on a décidé de prendre nos responsabilités et le
temps nécessaire pour essayer d'avoir une loi qui se tient. C'est
important. Là, on nous apporte un projet de loi - j'ai hâte de
voir si on va avoir les chiffres en commission parlementaire - traitant de
fonds de retraite, tout en reconnaissant la complexité d'une loi
semblable: les liens avec la Régie des rentes du Québec, la CARRA
et la comparaison avec le régime de retraite des députés
de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas facile et ce n'est certainement
pas quelque chose qu'on peut adopter un, deux et trois. J'espère, au
moins, qu'on ne se ramassera pas avec trop d'amendements.
J'ai hâte de voir si le ministre va faire comme beaucoup de ses
collègues l'ont fait depuis le 15 novembre dernier et s'il nous
déposera des amendements en s'assoyant en commission parlementaire. J'ai
hâte de voir si ça va se faire. C'est là qu'on va voir s'il
y a eu une préparation correcte, puisque le projet a été
déposé hier. Si on nous amène des amendements dès
aujourd'hui, je dois vous dire qu'il se peut qu'on se couche tard. Parce que
là, cela va vouloir dire que, déjà, entre hier et
aujourd'hui, on s'est aperçu qu'il y avait quelque chose de pas correct.
J'aime mieux qu'on prenne le temps maintenant, quitte à ce que ce soit
entre Noël et le Jour de l'an, comme je le vous disais tantôt. Je
préfère qu'on fasse maintenant notre travail correctement
plutôt que de se retrouver au printemps avec quelque chose qui ne fera
l'affaire de personne.
Je sais, pour avoir parlé à certains d'entre eux cet
après-midi, que les gens du monde
municipal désirent ce projet de loi, qu'ils
préfèrent aussi quelque chose d'imparfait plutôt que de ne
rien avoir. Sauf que notre boulot, c'est d'essayer de faire en sorte que ce
projet de loi soit le meilleur possible et c'est ce qu'on va faire.
J'espère sincèrement qu'on n'est pas en train de se faire
leurrer. Quand je dis "on", je parle du monde municipal. J'espère qu'on
ne dépose pas ce projet de loi la veille de la fin de la session au cas
où on se retrouverait en période électorale ce printemps
pour pouvoir dire: Regardez, nous avons réglé le problème,
nous avons légiféré. Sauf qu'on sait très bien,
encore une fois comme dans beaucoup de projets de loi, que la
réglementation n'y est pas. Donc, ça ne s'appliquera pas encore
maintenant, mais on pourra dire qu'on a adopté la loi. Regardez, comme
on a fait une bonne job. Si c'est ça, je dois vous dire que ce n'est pas
correct. Ce n'est pas comme ça qu'on doit traiter des lois, ce n'est pas
comme ça qu'on doit traiter d'autres élus municipaux.
J'espère que ce n'est pas seulement pour le "kick" de dire: Regardez,
nous avons adopté la loi que vous attendez depuis tellement
longtemps.
Mais ça m'inquiète parce que quand on regarde beaucoup
d'autres lois, c'est du pelletage par en avant, mais en disant qu'on a fait
quelque chose. Pelletage par en avant, la loi qu'on a adoptée, la loi
178 sur l'anglicisation du Québec. On ne sait pas à quelle
vitesse et comment parce qu'on ne connaît pas la réglementation,
il n'y a rien de clair, mais ça va sortir plus tard, après les
élections. Mais on l'a déposée, on va pouvoir dire qu'on a
pris nos responsabilités. On pourrait modifier, après les
élections, mais on a réussi à légiférer pour
essayer de faire baisser la pression et ne pas vraiment prendre de
décision parce qu'on ne connaît pas la réglementation.
Tantôt, je suis allé étudier ça un peu et en
revenant à mon bureau, j'avais des communiqués sur mon bureau. Je
regarde ça. Je suis sûr que ça intéresse mon
collègue, le ministre des Affaires municipales, parce que c'est son
ancien dossier. On nous parlait de l'aide sociale, la fameuse loi 37. On nous
disait là-dedans: La loi 37 que l'on vient de voter, qu'on a
adoptée par bâillon, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas
pour maintenant parce que ça va entrer en vigueur en août 1989
seulement. Il y avait urgence, imaginez-vous! Il y avait urgence d'adopter
cette loi à l'Assemblée nationale parce que, bon Dieu! le Jour de
l'an s'en vient. On pouvait penser que le 1er janvier, des gens en tireraient
des bénéfices. Le 1er janvier, une seule chose, l'indexation des
prestations comme ça se faisait selon la loi qui existait avant. Rien de
nouveau, mais la parité en août 1989. C'est pour ça,
messieurs et mesdames du monde municipal, que je vous dis j'ai une
inquiétude que ce ne soit qu'un leurre, encore une fois, parce qu'il y a
trop de choses qui sont pelletées par en avant pour l'été
pour nous ouvrir le printemps. Donc, c'est ça qui m'inquiète et
c'est pour ça qu'il faut le dire.
Cela va entrer en vigueur et les autres points sur l'habitation;
ça va entrer en vigueur le 1er janvier 1990, dans une année. Il y
avait urgence de légiférer. Est-ce que l'urgence de nous apporter
ça ici, maintenant, quand on sait qu'à l'intérieur il y a
une clause de rétroactivité - donc, cela veut dire que les gens
ne seraient pas pénalisés - est-ce que c'est une urgence
politique, dans le sens partisan du mot, ou est-ce que c'est vraiment une
urgence dans le but de satisfaire réellement le monde municipal,
répondre à leurs demandes?
Je vous disais tantôt, Mme la Présidente, que j'avais deux
choses à traiter rapidement, qui étaient fondamentales, deux
principes, pour moi, que je viens d'élaborer au niveau
démocratique, et le deuxième, c'est au sujet du projet de loi.
Très rapidement parce qu'on va en reparler dans quelques minutes en
commission parlementaire. Le premier point. C'est quoi exactement - juste pour
le bénéfice des gens qui peuvent nous écouter - le
régime de retraite des élus municipaux. Juste deux ou trois
points sur lesquels je vais revenir, sur lesquels on a des questions à
poser qu'on doit poser. Je suis sûr que les élus municipaux se les
posent. (20 h 10)
La pension des élus municipaux avant ou actuellement, en fonction
de la foi, ou la contribution pour la pension - donc, plus on contribue, plus
on a de pension à notre retraite - est prise sur l'ensemble de la
rémunération des élus municipaux. Cela veut dire le
salaire de base et les dépenses qui sont reconnues légalement,
les frais. C'est le total de ces revenus de l'élu qui sert de base de
cotisation. Mais, dans le projet de loi, ce qu'on amène maintenant, on
dit que la cotisation, la prime pour le fonds de retraite va être prise
seulement et uniquement sur le salaire de base. On doit se poser des questions
en tant qu'élus ici, mais en tant que citoyens et pour les citoyens de
nos municipalités.
Est-ce que ça veut dire que le monde municipal va être
pénalisé parce qu'ils vont être cotisés sur un
montant plus petit, un montant plus bas, donc qu'ils auront un régime
moins élevé? Ou est-ce que ça voudra dire qu'on va
augmenter automatiquement le salaire des élus municipaux? Si c'est
ça, parce que j'espère qu'on ne veut pas pénaliser les
élus municipaux, et qu'on veut être capable d'aller chercher une
cotisation sur au moins l'équivalent de maintenant, il faudra qu'il y
ait une augmentation de salaire des élus municipaux. C'est en même
temps ça qu'on est en train de décider ici à
l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il va falloir que les gens
décident d'augmenter leurs salaires? Aussi, on s'aperçoit que,
pour les élus municipaux, pas les maires et les mairesses, mais les
conseillers et les conseillères, selon le projet de loi, ils seront
cotisés à partir de l'ensemble de leur revenu: salaire de base
plus les fonctions qu'ils
occupent au sein d'autres comités municipaux. Donc, oui, cela
fera une plus grosse cotisation pour une meilleure prime, mais il faut regarder
si c'est exactement ça qu'on veut. En tout cas, selon
l'interprétation que j'en fais.
Je ne parlerai pas de l'admissibilité maintenant parce qu'on va
en parler tantôt en commission parlementaire, ni de la façon de
calculer ou de l'indexation. Il y a des améliorations, je le reconnais,
qui sont importantes et qui sont demandées. Je pense juste à
l'article 43 sur les pensions au conjoint où, finalement, le ou la
conjointe a maintenant droit à 60 % de la pension ou même à
la percevoir à 55 ans avec une déduction, mais ces personnes
doivent absolument le demander. Vous allez me dire: C'est ce qu'on retrouve
dans d'autres projets de loi. Je comprends, je comprends très bien sauf
que si nous étions moins pressés - nous allons certainement
prendre le temps de le regarder un peu - est-ce que ce ne serait pas une
occasion de revoir ce principe qu'on retrouve dans d'autres lois? On a trop de
cas, chaque semaine, dans nos bureaux de comté, de gens qui sont
pénalisés parce qu'ils ne sont pas informés de quelque
chose qui leur est dû. Comme ces personnes ne le demandent pas, elles
perdent des prestations, elles perdent des rentes qui leur sont dues, pour
lesquelles leur conjoint a payé. Ce n'est pas payable tant, que ce n'est
pas demandé et c'est payable seulement au moment de la demande. Donc, il
y a des gens qui perdent pendant des mois et des années. Il faudra un
jour regarder s'il n'y a pas une façon d'éviter ces choses.
Il y a aussi des changements importants quant aux ayants droit, ce sur
quoi nous allons demander des explications. Il n'y a rien qui nous dit, en tout
cas, je n'ai pas trouvé dans le projet de loi de précisions
concernant les garanties quant à la durée du fonds. Il y a une
demande aussi qui est importante, qui vient du monde municipal et qui n'est pas
incluse dans le projet de loi. Je me demande pourquoi le ministre n'en a pas
profité pour l'inclure. Je lui dis maintenant et je vais le lui
redemander en commission parlementaire. Beaucoup de maires, les unions l'ont
demandé chez nous, j'ai eu des maires qui me l'ont demandé lors
de rencontres et même par écrit... Concernant la Régie des
rentes du Québec, pour les gens qui veulent être maires ou qui
sont déjà maires mais qui ont un certain âge, finalement,
qui auraient droit aux rentes de la Régie des rentes du Québec,
ce qui arrive, si ces personnes se présentent comme conseillers ou comme
maires - surtout comme maires - leur salaire se trouve à être plus
bas que le salaire d'avant, celui qu'ils recevaient à leur ancien
emploi, lorsqu'ils travaillaient. Comme les rentes de la Régie des
rentes du Québec sont payées en fonction du salaire des
dernières années, une personne qui veut consacrer quelques
années de sa vie au service de ses concitoyens comme maire se trouve
pénalisée au niveau de ses rentes pour le reste de ses jours
parce qu'elle accepte un poste de maire avec un salaire moins
élevé que celui de son emploi précédent.
Dans ce projet de loi, on ne modifie pas cette clause qui relève
de la Régie des rentes du Québec. Si on la retrouve, il va
falloir qu'on me montre à quel endroit. Si on ne la retrouve pas, il va
falloir qu'on m'explique pourquoi on refuse aux élus municipaux cette
correction qui est demandée et qui permettrait à des gens qui ont
beaucoup d'expérience, qui ont la santé et le goût de
continuer à servir leurs concitoyens... On ne retrouve pas cette clause
et je trouve cela malheureux parce que c'est une demande du milieu municipal.
J'espère qu'on pourra faire un amendement, qu'on prendra le temps
nécessaire en souhaitant réussir à convaincre le ministre
de l'inclure.
Je ne veux pas parler plus longtemps pour laisser la chance a mes
collègues de prendre la parole là-dessus et, surtout, pour garder
le maximum de temps pour pouvoir échanger nos points de vue en
commission parlementaire. Je dirai tout simplement pour conclure qu'on ne fera
pas d'obstruction. On est prêt à étudier
sérieusement ce projet de loi en commission parlementaire, mais le
ministre devra reconnaître publiquement que si on l'adopte, c'est
grâce à la collaboration de l'Opposition, sinon, jamais il
n'aurait pu être adopté. Si on accepte d'adopter, ce soir ou
demain, ce projet de loi déposé hier, c'est parce qu'on refuse
que le gouvernement libéral prenne en otage les élus municipaux,
qu'il les pénalise les élus parce qu'il n'a pas fait sa job quand
c'était le temps en déposant ce projet de loi comme il aurait
dû le faire, avant le 15 novembre. On sait très bien que cela fait
des années que c'est en discussion, que cela fait plus de trois ans que
le gouvernement est en place et qu'il y a eu beaucoup de discussions à
la table Québec-municipalités. Le ministre devra
reconnaître que l'Opposition a accepté d'adopter ce projet de loi
et accepter la tenue d'une commission parlementaire où on pourra
entendre les groupes concernés sur les règlements se rapportant
au projet de loi 109. Je conclus là-dessus en disant qu'on va se
retrouver tantôt en commission parlementaire pour l'étude article
par article. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Shefford. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Je vais prendre quelques minutes pour faire quelques
remarques non pas tellement sur le contenu du projet de loi, mais sur la
manière dont ce projet de loi nous est arrivé à
l'Assemblée nationale. Je vous signale que le projet de loi 109, qui est
pourtant un projet de loi majeur puisqu'il introduit un nouveau régime
de retraite pour les élus munici-
paux, a été déposé le 21 décembre,
c'est-à-dire hier. Et il est à signaler que, s'il n'y avait pas
eu la motion de suspension des règles, hier, c'était le dernier
jour de session. On siège aujourd'hui et on va siéger demain
parce qu'il y a la motion de suspension des règles. Un nouveau
régime de retraite pour les élus municipaux qui remplace l'ancien
et le projet de loi a été déposé hier, le 21
décembre.
Mme la Présidente, comme membre de I Opposition, je voudrais
m'insurger contre cette façon de légiférer. Ce n'est pas
normal, ce n'est pas acceptable, ce n'est pas raisonnable de
légiférer de cette façon. Et ce n'est pas la
première fois que le gouvernement nous présente des projets de
loi ainsi, à la sauvette, à la dernière minute, nous
obligeant à adopter à toute vapeur des projets de loi souvent
majeurs, importants et comportant un grand nombre d'articles. Dans le cas
présent, 103 articles.
Une voix: Manifestation d'arrogance. (20 h 20)
M. Brassard: C'est une façon cavalière de
légiférer qui est en train de devenir une habitude. Et, comme
membres de ce Parlement, on ne peut pas être silencieux devant cette
façon peu coutumière de légiférer, une façon
cavalière qui dénote un manque de respect de l'institution
d'abord, du Parlement, de l'Assemblée nationale qui, dans une
société démocratique comme le Québec, est
l'institution qui a à examiner, à analyser et à adopter
des lois qui régissent l'ensemble des citoyens.
Le Parlement, c'est là que se trouve le pouvoir
législatif. C'est là qu'opère le pouvoir
législatif. Et procéder de la façon dont vient de le faire
le ministre des Affaires municipales, c'est carrément une manifestation
d'irrespect à l'égard de l'institution parlementaire. C'est aussi
un manque de respect à l'égard de l'Opposition officielle...
Une voix: C'est vrai.
M. Brassard: ...parce que nous sommes ici à
l'Assemblée nationale, non pas pour tenir quorum, mais pour examiner les
projets de loi, en déceler les failles, les carences, et tenter
d'améliorer les projets de loi, les critiquer quand c'est
nécessaire, oui. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on donne souvent
le titre de critique officiel en telle matière, en tel domaine, aux
membres de l'Opposition. C'est ça notre boulot. C'est ça notre
besogne.
Et comment peut-on faire notre besogne correctement, de façon
responsable, de façon sérieuse, quand les projets de loi nous
arrivent à la dernière minute - pas des petits projets de loi,
des projets majeurs - et qu'il faut étudier ça en toute vitesse,
parfois la nuit? C'est ça qui va arriver avec ce projet de loi. Mon
collègue de Shefford va probablement être obligé de passer
plusieurs heures de la nuit pour étudier atten- tivement... Parce qu'il
n'aura pas le choix s'il veut faire un travail sérieux, il va être
obligé de passer plusieurs heures en commission parlementaire. Donc, il
va être obligé de passer plusieurs heures de nuit. Ce n'est pas
acceptable. C'est un manque de respect à l'égard de l'Opposition.
On ne lui permet pas, on ne permet pas à l'Opposition de faire un
travail sérieux et un travail responsable. Et cela n'est pas acceptable
et c'est inqualifiable.
Mais c'est aussi un manque de respect à l'égard des
intéressés par le projet de loi. Quand on présente un
projet de loi à la dernière minute comme ça, le 21
décembre quand la session est censée se terminer le même
jour, quand on fait ça, qu'est-ce que ça veut dire? Cela veut
dire qu'on ne juge pas tellement important le projet de loi et qu'on ne juge
pas tellement important de bien traiter les intéressés, ceux qui
sont concernés par ce projet de loi là. C'est un manque de
respect à l'égard des intéressés. Ce n'est pas
sérieux et ce n'est pas responsable.
Je vois le ministre de l'Éducation. Lui, il a fonctionné
sérieusement. Son projet de loi 107 est volumineux. Il l'a
déposé il y a déjà plusieurs mois. Il a tenu une
commission parlementaire. Il l'a étudié, je pense que c'est
pendant cinq ou six semaines, sept semaines de commission parlementaire, jour
après jour. Et mon collègue d'Abitibi-Ouest, je pense que mon
collègue l'admettra, a collaboré étroitement,
sérieusement, à l'étude de ce projet de loi. Il a
apporté beaucoup d'amendements, mais voilà une façon qu'on
peut dire responsable. Même si on n'est pas d'accord avec plusieurs
aspects du projet de loi 107, on peut tout de même admettre que le
ministre de l'Éducation n'a pas manqué de respect à
l'égard de l'institution parlementaire. Il n'a pas manqué de
respect à l'égard de l'Opposition. Il n'a pas manqué de
respect à l'égard des concernés. Je pense qu'il faut
admettre ça. C'est comme ça qu'il faut fonctionner même si
on vote contre le projet de loi 107.
Même si on vote contre le projet de loi 107, la manière...
Oui, oui, même si on vote contre, on n'a rien à dire sur la
façon de procéder. C'est marqué au coin du respect de
l'institution. Mais ce n'est pas le cas du ministre des Affaires municipales
avec le projet de loi 109. Là, c'est nettement un manque de respect de
l'institution, de l'Opposition, des intéressés. Et j'en vois en
haut. Je salue en passant le président de l'Union des
municipalités du Québec, M. Rouillard. C'est un manque de respect
à l'égard des intéressés et ce n'est pas
sérieux. Il est temps qu'au Québec le pouvoir exécutif
cesse de considérer le pouvoir législatif comme une machine
à entériner les projets de loi, comme une machine à voter
les projets de loi, comme une machine à tamponner les projets de loi
sans prendre le temps de les examiner. Pour nous, certainement pas, ce n'est
pas comme ça qu'on va fonctionner. Le pouvoir législatif va
jouer
son rôle, va assumer pleinement sa fonction.
Une voix: C'est lui qui donne les ordres au pouvoir
exécutif.
M. Brassard: Comme ce projet de loi nous est arrivé
à la dernière minute, hier le 21 décembre et que,
normalement, selon nos règles, il aurait fallu qu'il soit
déposé avant le 15 novembre pour pouvoir franchir toutes les
étapes législatives, selon nos règles, il est bien
évident - mon collègue a parfaitement raison de le signaler -
qu'il faut, si on veut l'adopter, si on veut lui faire franchir toutes les
étapes, le consentement de l'Opposition.
Une voix: C'est ça.
M. Brassard: Si on ne consent pas, il ne passera pas. Et ce n'est
pas pour les beaux yeux du ministre qu'il va passer. Ça, il peut le
savoir. Mon collègue et le chef de l'Opposition ont eu des rencontres
avec un certain nombre d'élus municipaux, un certain nombre de maires.
Ces derniers ont exprimé une requête à savoir que, pour
eux, ce projet de loi était d'une importance capitale et qu'il
était important de l'adopter. Nous avons accepté le
bien-fondé de ce projet de loi et nous avons considéré la
démarche des élus comme étant justifiée. C'est pour
ça que les consentements vont être donnés, et c'est
seulement pour ça, c'est seulement pour satisfaire les demandes
légitimes, les doléances légitimes des élus
municipaux. C'est uniquement pour ça. Ce n'est certainement pas pour
faire plaisir au gouvernement ni au ministre.
Mme la Présidente, je pense qu'il était important que
l'Opposition s'exprime sur cette question et que l'on sache, que tout le monde
sache que, si le projet de loi 109 va franchir toutes les étapes, c'est
parce qu'on ne veut pas pénaliser les élus municipaux.
Une voix: C'est ça.
Une voix: Les erreurs du ministre.
M. Brassard: On ne veut pas pénaliser les élus
municipaux.
Une voix: On ne leur fera pas payer les erreurs du ministre.
M. Brassard: Mais ça ne signifie pas qu'on pardonne
l'erreur, l'irresponsabilité du ministre, le manque de respect du
ministre à l'égard de l'institution. Je dis au gouvernement: II
va falloir que ça cesse, cette façon cavalière de
légiférer, sinon les consentements vont être pas mal plus
difficiles à obtenir dans l'avenir. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Je vais maintenant reconnaître M. te ministre des Affaires
municipales, en réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
très brièvement, en réplique aux propos du
député de Shefford ainsi qu'aux propos exprimés par mon
bon ami, le député de Lac-Saint-Jean. Essentiellement, je tiens
à remercier les deux porte-parole de l'Opposition pour l'ensemble des
propos qu'ils ont exprimés. Vous comprendrez qu'il est plus facile de
les remercier pour les propos positifs que pour les propos négatifs,
mais je tiens à le faire quand même, Mme la Présidente,
parce que je pense qu'ils peuvent apprécier dans quel contexte ce projet
de loi est acheminé à travers la procédure prévue
à nos règlements.
Mme la Présidente, je retiens tout d'abord les
éléments positifs. Je retiens que l'Opposition officielle se
rallie aux principes qui sous-tendent le projet de loi 109. Je retiens que
l'Opposition officielle partage cette opinion gouvernementale à savoir
que les élus municipaux sont ceux et celles qui se retrouvent le plus
près de la population, finalement, qui ont à assumer des
responsabilités qui sont difficiles. On sait que, dans le domaine
municipal, les réactions des citoyens viennent rapidement et elles
viennent de façon drue. On sait quels sont les sacrifices qu'ont
à faire ces gens qui s'occupent de politique municipale. Si on veut
maintenir une haute qualité, et même l'augmenter, quant à
la présence d'hommes et de femmes de qualité dans le monde
municipal, il nous faut offrir, sur le plan de la rémunération,
sur le plan d'un régime de retraite, quelque chose qui corresponde aux
besoins des élus municipaux. Donc, sur ce plan, sur les principes de
base du projet de loi, unanimité. (20 h 30)
Là où il pourrait y avoir différences entre
l'Opposition officielle et le parti ministériel, c'est sur la
manière. Je pense que le député de Lac-Saint-Jean y est
allé de façon assez drue en évoquant le projet de loi de
mon collègue, le ministre de l'Éducation, en disant: En ce qui
concerne le projet de loi 107, parrainé par le ministre de
l'Éducation, nous sommes pour la manière, mais contre le projet
de loi. En ce qui concerne le projet de loi 109, je déduis que vous
êtes pour le projet de loi, mais contre la manière. Je vous
demanderais d'apprécier...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon collègue, le ministre
de l'Éducation, a fait une remarque et je pense que je peux la traduire,
Mme la Présidente, ou, plutôt, la citer: De vrais Jésuites,
ces gens de l'Opposition!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que l'Opposition est
quand même en mesure de bien accomplir son travail, de bien scruter
article par article le projet de loi de façon à s'assurer qu'il
ne contient pas d'erreurs. Je sais que l'Opposition compte sur des ressources
expertes dans le domaine, mais pas nécessairement par la voix ou par les
deux porte-parole qui se sont exprimés.
Je dirai au député de Shefford et au député
de Lac-Saint-Jean, s'ils trouvent le défi que leur lance le gouvernement
important et difficile à relever au plan de l'étude article par
article, qu'ils possèdent, dans les rangs de la députation
péquiste, une expertise certaine dans le domaine. Je peux vous
référer à des anciens maires qui siègent de votre
côté. Je pense au député de Bertrand qui a une
expérience comme maire. Je pense au critique en matière
d'affaires municipales, le député de Jonquière, qui a
siégé durant de nombreuses années et qui connaît le
dossier à fond. Si je peux vous rassurer sur le plan technique, je peux
vous inviter à consulter ces deux individus qui sont des vôtres et
qui connaissent très bien chacun des articles du projet de loi; ils
pourront vous aider à en faire une analyse sérieuse et
approfondie.
Ce que le gouvernement recherche, Mme la Présidente, c'est que le
projet de loi soit adopté, mais qu'il le soit après avoir subi
comme l'a mentionné le député de Lac-Saint-Jean, la
critique raisonnable et responsable que tout projet de loi doit subir. Si vous
vous référez à l'expertise que vous possédez, si
nous prenons le temps tantôt, en commission parlementaire, de bien faire
l'étude article par article, non seulement je compte rallier le vote de
l'Opposition sur les principes du projet de loi, mais je souhaite rallier le
vote de l'Opposition sur les modalités du projet de loi parce que
l'Opposition, possédant cette grande expertise, ayant relevé le
défi qu'on lui lance ce soir, aura réussi à souscrire
à chacun des articles. C'est à l'unanimité que je
souhaite, pour le bien du monde municipal, que l'Assemblée nationale du
Québec adopte, en toute sérénité, en prenant le
temps qu'il faut, un projet de loi capital pour le monde municipal. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de règlement,
M. le député de Shefford.
M. Paré: Est-ce que le ministre accepterait de
répondre à une question très courte?
La Vice-Présidente: II y a consentement. Je vais donc
autoriser M. le député de Shefford à poser une question,
tout en rappelant que la question et la réponse doivent être
brèves.
M. Paré: Une question très courte. Mme la
Présidente, merci beaucoup. Est-ce que le ministre est prêt
à prendre l'engagement ce soir qu'il y aura une commission parlementaire
lorsque les règlements relatifs au projet de loi qu'on discute seront
déposés?
La Vice-Présidente: M le ministre des Affaires
municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
étant donné l'importance du projet de loi et comme il est
également important, comme l'ont mentionné les
députés qui ont parlé sur le projet de loi, que cela se
fasse en toute transparence, à la lumière et en toute
connaissance pour la population, c'est avec plaisir que je réponds de
façon positive à la demande du député de
Shefford.
La Vice-Présidente: Cela étant dit, le débat
est terminé. Est-ce que le principe du projet de loi 109, Loi sur le
régime de retraite des élus municipaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 109 à la commission de
l'aménagement et des équipements.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 45 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 14 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 45 au feuilleton,
le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du projet de loi 14,
Loi sur la réorganisation municipale du territoire de la
municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent.
Là-dessus, je vais reconnaître M. le ministre. Est-ce qu'il y a
des interventions? Il n'y a pas d'intervention. Donc, est-ce que le projet de
loi 14 est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 46 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 53 Adoption
La Vice-Présidente: A l'article 46 du feuilleton, le
ministre des Affaires municipales propose l'adoption du projet de loi 53, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Québec concernant
la paroisse de Saint-Dunstan-du-Lac-Beauport. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Pas d'intervention.
La Vice-Présidente: Pas d'intervention. Est-ce que le
projet de loi 53 est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 52 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 83 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 52 du feuilleton,
le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du projet de loi 83,
Loi constituant la municipalité de Cantfey. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Bon. Est-ce que le projet de loi 83
est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 54 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 90 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 54 du feuilleton,
le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du projet de loi 90,
Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les finances
des municipalités et des organismes intermunicipaux. Est-ce qu'il y a
des interventions? M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement, Mme la Présidente, pour souligner la participation
positive du critique de l'Opposition officielle en cette matière. Il
s'agissait d'un projet de loi très technique qui touchait la
fiscalité municipale. L'ensemble de la députation a
participé de façon très constructive. Je tiens à
souligner particulièrement le travail du député de
Jonquière qui, par ses commentaires et ses suggestions issus d'une vaste
expérience pratique, a permis de bonifier l'ensemble des dispositions du
projet de loi.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Affaires
municipales. Il n'y a pas d'autres interventions. Il ne faudrait tout de
même pas aller plus vite que la présidence.
Est-ce que le projet de loi 90, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant les finances des municipalités et des
organismes intermunicipaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 44 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 107
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 44 du feuilleton,
le ministre de l'Éducation propose l'adoption du rapport de la
commission de l'éducation qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 107, Loi sur
l'instruction publique. Là-dessus, je vais reconnaître M. le
ministre de l'Éducation. Il n'y a pas d'intervention, M. le ministre?
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député d'Abitibi-Ouest
et leader de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente. Si le ministre n'a pas
d'intervention, j'en ai une, parce que je pense que c'est un projet de loi trop
important. On ne peut pas avoir consacré au-delà de 100 heures
pour analyser ce projet de loi et ne pas vouloir faire quelques commentaires
sur la prise en considération du rapport.
Ce que je veux vous dire, Mme la Présidente, c'est que le travail
en commission parlementaire a été amorcé dans des
conditions extrêmement difficiles, étant donné le
dépôt par le ministre de centaines d'amendements lors de
l'adoption du principe. On a le nombre exact, M.
le ministre.
Le projet de loi aurait normalement dû subir une
réécriture. Je pense qu'on a l'obligation de le mentionner. Si on
travaillait convenablement, c'est évident que c'est un projet de loi qui
aurait dû être réécrit, étant donné son
ampleur et le nombre considérable d'amendements: 450 articles
modifiés, soit les quatre cinquièmes des articles de la version
initiale, 260 articles remplacés ou réécrits, 20 articles
supprimés, 60 nouveaux articles et 170, si l'on ajoute la centaine de
dispositions de concordance supplémentaires.
Dès le début de l'étude article par article, on a,
d'abord, exigé des consultations particulières, ce qui nous
semblait une exigence minimale vu les changements significatifs entre l'ancien
et le nouveau projet de loi 107. Cinq organismes majeurs du Québec ont
pu se faire entendre. Si on avait eu comme attitude de vouloir étirer,
de perdre notre temps, on aurait pu exiger sur un projet d'une aussi grande
envergure plus d'intervenants en commission parlementaire.
Lors de l'étude détaillée, l'Opposition s'est
acquittée de son rôle de façon rigoureuse, consciencieuse
et constructive en faisant valoir fermement ses critiques sur plusieurs
dispositions à nos yeux inacceptables. On a suggéré une
série de bonifications. On a fait le geste responsable, comme
Opposition, de déposer formellement plusieurs amendements. (20 h 40)
Après 20 jours de séance, une centaine d'heures
consacrées à l'étude du projet de loi 107, on estime avoir
pleinement assumé nos responsabilités comme Opposition
officielle. Bien que nous nourrissions des objections majeures vis-à-vis
du projet de loi 107, nous n'avons pas pris la voie de l'obstruction, comme je
le mentionnais tantôt, préférant tenter de convaincre le
ministre, à force d'arguments et d'insistance, d'apporter les
modifications souhaitées par nous et, bien sûr, ce qui est le plus
important, par de nombreux intervenants du milieu de l'éducation:
commissions scolaires, associations de cadres scolaires, syndicats
d'enseignants, comités d'école, parents, organismes de promotion
de droits des élèves handicapés et en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage.
L'étude attentive et minutieuse du projet de loi en commission a
produit les résultats suivants. Environ 150 articles ont subi des
modifications parfois plutôt mineures ou à caractère
technique, dans d'autres cas, plus substantielles. Une douzaine de nouveaux
articles ont été ajoutés. Il y a eu 80 articles
amendés à la suite de nos représentations. Il ne s'agit
pas de changements de fond. Au moins, on a obtenu des améliorations
tangibles sur plusieurs points: meilleure reconnaissance des droits des
élèves handicapés et en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage; limitation ou atténuation de la portée des
pouvoirs discrétionnaires du ministre; consultation élargie du
conseil d'orientation et du comité d'école; composition,
fonctionnement et pouvoirs du Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
Plusieurs amendements importants, une vingtaine, proposés par
l'Opposition ont cependant été rejetés par le parti
ministériel. J'aurai l'occasion de relever lors de l'étude du
projet de loi en troisième lecture quelques-uns des amendements qu'on a
proposés de bonne foi, auxquels les ministériels ont
décidé de ne pas acquiescer. Au surplus, il faut souligner une
centaine d'articles qui ont été adoptés sur division. En
dépit des innombrables amendements apportés avant et pendant
l'étude en commission, étant donné que certains articles
ont subi plusieurs modifications, qui dépassent sûrement le
millier, le projet de loi 107 comporte encore des lacunes majeures. Nous
aurions souhaité que le ministre aille plus loin, notamment au chapitre
de la reconnaissance des droits de l'élève, de la gratuité
des services éducatifs pour les adultes, de l'intégration des
élèves handicapés et en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. On aurait souhaité aussi que, formellement, un droit de
recours soit instauré dans cette loi. On aurait souhaité que le
ministre de l'Éducation donne suite à une demande légitime
des commissions scolaires d'augmenter leur marge de manoeuvre locale et
régionale afin qu'elles puissent assumer des initiatives qui
correspondent aux particularités des milieux. C'est pourquoi la
Fédération des commissions scolaires avait présenté
une formule modifiant les sommes qui leur sont allouées, étant
donné que le plafond qui leur est imposé de 6 % ou de 0,25 $ des
100 $ d'évaluation de la dépense nette ne correspond plus
à une réalité pédagogique pour leur permettre
d'assumer un peu des responsabilités qui leur conviennent. On aurait
voulu également un certain nombre de diminutions de pouvoirs et l'octroi
d'une marge de manoeuvre accrue aux commissions scolaires. Le ministre a
décidé de ne pas modifier son attitude. On reviendra lors de
l'adoption finale du projet de loi sur les raisons pour lesquelles nous ne
pouvons y souscrire en dépit du fait qu'il a connu des bonifications
indiscutables depuis sa présentation il y a maintenant un an.
Je voulais tout simplement prendre ces quelques minutes, Mme la
Présidente, pour signaler qu'on a la conviction d'avoir fait un travail
de bénédictin, de jésuite, on a travaillé
très sérieusement. Je dois remercier le ministre de la
façon dont il a permis à l'Opposition, d'abord, de recevoir
globalement les amendements déposés. Dieu sait qu'ils
étaient très nombreux. Mais au moins, il ne nous a pas mis dans
des conditions où nous étions incapables de nous acquitter de nos
responsabilités.
Je pense qu'on a pu travailler correctement. On a pris le temps de le
faire. Bien sûr, le résultat ne correspond pas à tous les
efforts qu'on y a mis en ce qui nous concerne, mais, au
moins, on a été placé dans un contexte normal de
parlementaires et, dans ce sens, je suis reconnaissant envers le ministre
d'avoir permis que les travaux de cette commission se déroulent
correctement et convenablement.
J'estime, en conclusion, que c'est vraiment le sens que doit avoir
l'adoption article par article de projets de loi en commission; surtout quand
il s'agit de projets de loi d'envergure, il faut être placé dans
des conditions de travail qui nous permettent de nous acquitter de nos
responsabilités de part et d'autre. C'est le sentiment que j'ai à
ce moment-ci, c'est ce que nous avons pu faire lors de l'étude de ce
projet de loi. Voilà, Mme la Présidente, les remarques que je
voulais faire à cette étape-ci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le leader de l'Opposition et
député d'Abitibi-Ouest. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre de l'Éducation, sur son droit d'intervention de cinq
minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Actuellement, nous en sommes à l'étape de
la prise en considération du rapport. Par conséquent, ce n'est
pas le bon moment de se lancer dans un discours interminable sur le contenu du
projet de loi' qui a fait l'objet de toutes sortes de travaux et dé
discussions publiques depuis déjà un an. Nous avions
déposé le projet de loi avant l'ajournement de décembre
1987. Les organismes concernés, autant les groupes de parents que les
commissions scolaires, les groupes d'enseignants, les groupes
d'étudiants, tous les groupes intéressés à
l'éducation ont eu amplement l'occasion de se documenter sur le projet
de loi et même de faire valoir leurs opinions à l'occasion
d'auditions publiques de la commission parlementaire de l'éducation qui
ont eu lieu le printemps dernier et qui ont duré quatre semaines. En
plus de ces auditions publiques tenues le printemps dernier, la commission
parlementaire a siégé pendant sept semaines depuis le
début de novembre pour l'examen article par article du projet de
loi.
À un moment donné, pendant les travaux de la commission,
j'ai vu que le député d'Abitibi-Ouest, le porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation, donnait l'impression de
compter les amendements dont l'Opposition pouvait revendiquer la
paternité. Je lui ai dit, bien aimablement: Mettez-en le plus possible;
plus il y en a, plus ça parle en faveur du gouvernement; plus ça
témoigne du sens de l'écoute et du respect du gouvernement pour
des points de vue différents du sien.
Alors, nous avons travaillé dans cet esprit et, à mesure
que nous avancions, je pense que l'Opposition pouvait mieux comprendre toutes
les articulations implicites de ce projet de loi qui est très complexe.
Je pense qu'une fois que la compréhension s'établissait il
devenait plus facile souvent de s'entendre et, dans d'autres cas, de ne pas
s'entendre, mais en sachant exactement pourquoi, en délimitant
clairement les zones de désaccord. C'est dans cet esprit que nous avons
cheminé ensemble.
Je veux rendre témoignage à mes collègues, les
députés ministériels faisant partie de la commission, qui
ont été d'une assiduité et d'une attention exemplaires aux
travaux de la commission. Je veux leur rendre hommage parce que ce n'est pas
facile d'accompagner un ministre en commission parlementaire pour l'examen d'un
projet de loi, vu que c'est le ministre qui a la parole; il n'est pas facile
pour les députés du côté ministériel de se
trouver une place. Je veux vous assurer, Mme la Présidente, que mes
collègues du côté ministériel furent très
présents et qu'ils me furent très utiles dans de nombreuses
consultations que j'ai tenues avec eux, en plus des séances de la
commission parlementaire proprement dites.
Je rends hommage aux députés de l'Opposition, en
particulier au député d'Abitibi-Ouest, qui ont accompli un
travail dont le rythme eut pu parfois être plus rapide sans que ça
nuise à l'efficacité des travaux, mais qui, dans l'ensemble, a
été constructif, nous en convenons volontiers. Je pense que nous
avons donné l'exemple d'une expérience de travail parlementaire
qui vaut d'être consignée à nos dossiers. Quelqu'un me
disait que, pour un projet de loi, pendant une session, c'est celui qui a
mobilisé le plus de temps de la part des parlementaires. D'après
ce que j'ai compris, nous aurions siégé en commission
parlementaire environ 118 heures. Nous ne sommes pas morts, mais je pense que
les étapes préalables étaient très importantes.
Nous avons présenté le projet, encore une fois, il y a un
an. Nous avons eu tout le temps voulu. Je suis convaincu - nous pourrons en
parler au stade suivant de nos débats - que la population se verra
donner, comme cadeau des fêtes, une nouvelle législation scolaire
qui permettra à Ta vie de nos écoles de se déployer d'une
manière plus ordonnée, plus propice à la participation
responsable de tous les agents, mieux axée sur les
réalités d'aujourd'hui, et aussi un projet de loi qui lui
permettra de faire évoluer ces écoles dans le sens des
convictions et des attentes de la population, sans que tout continue de venir
toujours d'en haut, comme cela a été le cas peut-être trop
longtemps dans notre système d'enseignement. (20 h 50)
Voilà l'essentiel de l'expérience que nous avons faite,
Mme la Présidente. Encore une fois, je remercie tous les
députés qui se sont prêtés à cet exercice. La
dernière fois, on s'en souvient, cela avait fini par une clôture
que nous estimions prématurée, nous qui étions alors du
côté de l'Opposition. Je pense que nous nous réjouis-
sons tous qu'il n'y ait pas eu de clôture autour de ce projet de
loi. Je pense que, si nous l'appliquons dans le même esprit où il
a été conçu, il est destiné à rendre de
très grands services à la population du Québec.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'autres interventions?
Je clos donc le débat. Est-ce que le rapport de la commission de
l'éducation qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 107, Loi sur l'instruction publique,
est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 21 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 58
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 21 de notre
feuilleton, le ministre de l'Éducation propose l'adoption du rapport de
la commission de l'éducation qui a procédé à
l'étude détaillée du projet de loi 58, Loi modifiant la
Loi sur le ministère de l'Éducation. Je suis prête à
reconnaître le premier intervenant.
M. Lefebvre: II n'y a pas d'interventions, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions? Je
déclare le débat clos. Est-ce que le rapport de la commission de
l'éducation qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 58, Loi modifiant la Loi sur le
ministère de l'Éducation, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, j'appelle le même
projet de loi pour son adoption finale.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour qu'on
procède?
M. Gendron: Consentement.
Adoption
La Vice-Présidente: Le ministre de l'Éducation
propose l'adoption du projet de loi 58, Loi modifiant la Loi sur le
ministère de l'Éducation. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Lefebvre: II n'y a pas d'interventions.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions de part
et d'autre. Je déclare donc le débat clos. Est-ce que le projet
de loi 58, Loi modifiant la Loi sur le ministère de l'Éducation,
est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: Mme la Présidente, avant de passer au
prochain article du feuilleton, j'aimerais donner l'avis suivant. J'avise
l'Assemblée que ce soir, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
commission de l'aménagement et des équipements procédera
à l'étude détaillée du projet de loi 109, Loi sur
le régime de retraite des élus municipaux, et ce, dès que
cette même commission aura terminé l'étude
détaillée des projets de loi privés 255 et 207.
La Vice-Présidente: Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler l'article 38 du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente: L'article 38 de notre feuilleton?
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente, le projet de loi
78.
La Vice-Présidente: La prise en considération ou
l'adoption?
M. Lefebvre: L'adoption. Excusez-moi, Mme la
Présidente.
Projet de loi 78 Adoption
La Vice-Présidente: D'accord. Y a-t-il consentement pour
qu'on procède à l'adoption? Consentement. La ministre des
Affaires culturelles propose l'adoption du projet de loi 78, Loi sur le statut
professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs. Est-ce qu'il y a
des interventions?
M. Lefebvre: Pas de notre côté, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions. Je
déclare donc le débat terminé. Est-ce que le projet de loi
78, Loi sur le statut profes-
sionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 35 du feuilleton, Mme la
Présidente, pour l'étape de l'adoption du projet de loi 65.
Excusez-moi, Mme la Présidente, c'est la prise en
considération.
La Vice-Présidente: Donc, on s'entend sur l'article 35 tel
que libellé au feuilleton?
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente.
Projet de loi 65
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: Le ministre du Travail propose
l'adoption du rapport de la commission de l'économie et du travail qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a
pas d'interventions. Je déclare donc le débat terminé.
Est-ce que le rapport de la commission de l'économie et du travail qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demande d'appeler
le même projet de loi 65 pour l'étape de l'adoption.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour qu'on
procède à l'étape de l'adoption?
M. Jolivet: Consentement. Adoption
La Vice-Présidente: II y a consentement. Le ministre du
Travail propose l'adoption du projet de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la
santé et la sécurité du travail. Est-ce qu'il y a des
interventions? Il n'y a pas d'interventions. Le débat est
terminé. Est-ce que le projet de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 50 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 74 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 50 de notre
feuilleton, le ministre du Travail propose l'adoption du projet de loi 74, Loi
modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles
et la Loi sur les accidents du travail. Est-ce qu'il y a des interventions?
Des voix: Non, madame.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions de part
et d'autre. Le débat est terminé. Est-ce que le projet de loi 74,
Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles et la Loi sur les accidents du travail, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Lefebvre: Article 34 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 40
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 34 de notre
feuilleton, le ministre des Transports propose la prise en considération
du rapport de la commission de l'aménagement et des équipements
qui a procédé à l'étude détaillée du
projet de loi 40, Loi sur la sécurité du transport terrestre
guidé. Est-ce qu'il y a des interventions?
Des voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions. Le
débat est termine. Est-ce que le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 40, Loi sur la
sécurité du transport terrestre guidé, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 37 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 76
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 37 de notre
feuilleton, le ministre des Transports propose l'adoption du rapport de la
commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 76, Loi modifiant la Loi sur les transports. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Pas d'interventions, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'interventions du
côté gouvernemental.
Une voix: Je vous demande une suspension, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: On va suspendre nos travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 20 h 57)
(Reprise à 21 h 2)
La Vice-Présidente: Nous allons reprendre nos travaux
là où nous les avions laissés. Nous les avions
laissés sur l'adoption du rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui avait procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 76. Du
côté de l'Opposition, pas d'interventions? Pas d'interventions de
part et d'autre. Donc, je déclare le débat terminé. Est-ce
que le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 76, Loi modifiant la Loi sur les
transports, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Projet de loi 40 Commission
plénière
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais de
revenir à l'article 34 du feuilleton concernant le projet de loi 40,
pour son étape finale, à savoir son adoption.
La Vice-Présidente: Pas l'article 40 du feuilleton, M. le
leader.
M. Lefebvre: L'article 34 du feuilleton, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Excusez-moi, M. le leader adjoint du
gouvernement. À l'article 34 de notre feuilleton, le ministre de
l'Éducation, au nom du ministre des Transports, propose l'adoption du
projet de loi 40, Loi sur la sécurité du transport terrestre
guidé. Oui, M. le député.
M. Jolivet: Mme la Présidente, il faut avoir un
consentement. On consent à passer à l'étape de
l'adoption.
La Vice-Présidente: Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Laviolette. Et là-dessus, je vais
reconnaître M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Mme la Présidente, avec le consentement
présumé du député de Lévis qui en
revendique, au moins en partie, la paternité, j'ai l'honneur de
déposer deux amendements aux articles 81 et 82 du projet de loi au nom
de mon collègue, le ministre des Transports.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Je comprends bien que le ministre de l'Éducation
fait motion pour que l'Assemblée nationale se transforme en commission
plénière.
Une voix: Oui, madame.
La Vice-Présidente: Et vous désirez qu'on fasse les
écritures pour l'étude détaillée en commission
plénière. Est-ce que les amendements qui ont été
déposés concernant les articles 81 et 82 sont adoptés?
Oui, M. le député.
M. Jolivet: Oui, madame. Pour les besoins de mon collègue
qui va avoir à les étudier lorsqu'on arrivera à
l'étape de l'adoption, j'aimerais que vous en fassiez lecture, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente: Je me conformerai à cette
directive. Donc, est-ce que les amendements qui ont rapport aux articles 81 et
82 sont adoptés?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la commission
plénière... Je vais faire lecture des amendements avant de
demander si le rapport est adopté. Donc, l'amendement qui a trait
à l'article 81 se lit comme suit: Remplacer l'article 81 du projet de
loi par le suivant: "81. Quiconque contrevient à l'une des dispositions
des articles 5, 11, 17, 18, 20, 21, du deuxième alinéa de
l'article 22, des articles 23, 24, 27, 29, 36, 40 à 42, 45, 47 ou 61, du
deuxième alinéa de l'article 48, du premier alinéa de
l'article 68, du deuxième alinéa des articles 76 ou 77, commet
une infraction et est passible d'une amende de 1000 $ à 2000 $ dans le
cas d'une personne physique et de 5000 $ à 10 000 $ dans le cas d'une
personne morale." C'est l'amendement qui est proposé à
l'article 81.
Pour ce qui est de l'article 82, l'amendement est le suivant: Remplacer
l'article 82 du projet de loi par le suivant: "Quiconque contrevient à
l'une des dispositions des articles 25, 26, 37 à 39, 43, 44, 46 ou au
premier alinéa de l'article 48, à une disposition
réglementaire déterminée en vertu du troisième
alinéa de l'article 50 ou du paragraphe 12° de l'article 54,
à une disposition des règles de sécurité dont la
violation constitue une infraction suivant le règlement pris en vertu du
troisième alinéa de l'article 54, ou à l'une des
dispositions de l'article 72, commet une infraction et est passible d'une
amende de 200 $ à 500 $ dans le cas d'une personne physique et de 400 $
à 1000 $ dans le cas d'une personne morale." Est-ce que le rapport de la
commission plénière qui a procédé à
l'étude de ces deux amendements est adopté?
M. Jolivet: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Oui, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, le rapport va être adopté dans la
mesure où les amendements que vous venez de nous lire sont le fruit de
la demande de mon collègue, le député de Lévis, au
ministre des Transports. Il aura l'occasion de le faire valoir lors de
l'adoption du projet de loi.
La Vice-Présidente: J'en déduis donc que le rapport
de la commission est adopté.
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Nous allons maintenant
revenir à l'adoption du projet de loi...
Une voix: II y a consentement.
La Vice-Présidente: ...40, Loi sur la
sécurité du transport terrestre guidé. Là-dessus,
je vais reconnaître le premier intervenant. M. le député de
Lévis.
Adoption M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, brièvement, il s'agit
d'amendements qui sont présentés par le ministre à la
suite des représentations que nous avons faites pour faire un
réaménagement dans les pénalités. Je vais vous
donner un exemple, parce que je n'ai pas l'intention d'énumérer
toutes les infractions qui peuvent être commises, mais quand il s'agit
d'avoir maintenu des clôtures à neige après la date
prévue, il serait anormal d'avoir des amendes jusqu'à 10 000 $
pour, au fond, une infraction qui, somme toute, est mineure. Nous avions
demandé, lors de l'étude en commission parlementaire, que les
pénalités prévues dans le cadre de la loi soient revues
pour qu'il y ait un meilleur équilibre entre des amendes qui peuvent
aller jusqu'à 10 000 $ dans un cas et, dans l'autre cas, jusqu'à
1000 $, pour qu'il y ait une meilleure pondération en fonction
véritablement du niveau des offenses ou des infractions qui peuvent
être commises dans la sécurité du transport terrestre
guidé. Ce sont les propositions qui viennent d'être faites par le
ministre des Transports dans le sens de ce que nous lui avions demandé
et c'est pourquoi nous collaborons à l'adoption de ces amendements et du
projet de loi également.
La Vice-Présidente: Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Le débat est terminé. Est-ce que le projet de loi 40, Loi
sur la sécurité du transport terrestre guidé, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 37 du feuilleton pour l'étape de
l'adoption du projet de loi 76.
Projet de loi 76 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 37 de notre
feuilleton, le ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 76,
Loi modifiant la Loi sur les transports. Avant de reconnaître le premier
intervenant...
M. Jolivet: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: ...est-ce qu'il y a consentement pour
qu'on procède à l'étape de l'adoption à ce
stade-ci?
M. Jolivet: Oui, madame.
La Vice-Présidente: II y a consentement. Je suis
prête à reconnaître le premier intervenant, M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, comme nous avions dit
à l'Association des camionneurs artisans du Québec que nous
collaborerions à l'adoption de ce projet de loi rendu nécessaire
par deux jugements des tribunaux qui ont été rendus en 1986,
c'est-à-dire trois jugements, deux en 1986 et un en 1987, et que, pour
maintenir la légalité du règlement sur le camion-
nage artisan au Québec, il était nécessaire
d'adopter des dispositions légales dans la loi pour faire revivre les
dispositions du règlement qui avaient été
déclarées illégales par le tribunal, parce que le support
de la loi pour permettre ces règlements n'était pas suffisant.
Comme les camionneurs artisans attendaient déjà depuis un an et
demi un nouveau règlement et une nouvelle loi pour que le
règlement puisse fonctionner, nous avions promis de faire en sorte que
ce projet de loi soit adopté avant Noël pour être
appliqué dès la saison prochaine dans le camionnage artisan,
notamment, pour l'application de la règle 75-25 sur les routes, la
construction ou la réparation des routes. C'est pourquoi nous avons
donné les consentements voulus pour que ce projet de loi soit
adopté par l'Assemblée nationale, qu'il reçoive la
sanction avant Noël et qu'il soit en application dès la saison
prochaine. C'est ce que nous avions promis de faire parce que c'était
nécessaire et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. (21 h 10)
La
Vice-Présidente: Merci, M. le
député de Lévis. Il n'y a pas d'autres interventions. Je
déclare donc le débat terminé.
Est-ce que le projet de loi 76, Loi modifiant la Loi sur les transports,
est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
La
Vice-Présidente: Adopté. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Article 42 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 91
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 42 de notre
feuilleton, le ministre des Transports propose l'adoption du rapport de la
commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 91, Loi sur l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les
villes de Montréal et de Rigaud. Est-ce qu'il y a des intervenants? Il
n'y a pas d'intervenants. Donc le débat est terminé.
Est-ce que le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 91, Loi sur l'acquisition de voitures
pour la ligne de trains entre les villes de Montréal et de Rigaud, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La
Vice-Présidente: Adopté. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, avec le consentement de
l'Opposition, je vous demanderais de procéder à l'étape
finale.
Adoption
La Vice-Présidente: Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. J'ai le consentement pour qu'on procède à
l'adoption du projet de loi? Donc, le consentement étant acquis, le
ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 91, Loi sur
l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les villes de
Montréal et de Rigaud. Je suis prête à reconnaître le
premier intervenant, M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, le projet de loi 91 concerne
un contrat qui a été signé entre le ministre des
Transports et la compagnie Bombardier à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puisque la ville de Montréal ne
pouvait signer un contrat directement sans aller en appel d'offres concernant
la construction de trains - 24 voitures en voie de construction actuellement
à La Pocatière - pour desservir éventuellement la ligne
Montréal-Rigaud. Comme la ville de Montréal et le
ministère des Transports souhaitaient qu'on se greffe à un
contrat déjà conclu entre la firme Bombardier et les
États-Unis, pour la construction d'un certain nombre de wagons ou de
voitures, ce contrat a été fait.
Je voudrais m'expliquer clairement. Lors d'un récent voyage,
samedi dernier, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, quelqu'un m'a dit
avoir entendu aux nouvelles à fa radio que l'Opposition était
contre le contrat accordé à Bombardier. Je veux dire exactement,
aujourd'hui, ce qu'il en est. Le débat que nous avons fait en commission
parlementaire n'était pas sur le fait que nous étions contre le
contrat à Bombardier, au contraire. Aujourd'hui, on pourrait faire en
sorte que le projet de loi ne soit pas adopté en refusant les
consentements, puisque les délais ne sont pas réguliers. Au
contraire, nous sommes d'accord. Les contrats sont déjà faits.
Nous avons spécifié, à ce moment-là, en commission
parlementaire, au ministre des Transports, comme il s'agissait d'un contrat de
trains pour les États-Unis, pour la Pennsylvanie, que l'hiver y est
beaucoup moins rigoureux et que, normalement, des voitures de cette nature
doivent durer une quarantaine d'années, que le ministre aurait
dû...
Nous lui avons demandé de produire les contrats qu'il n'a pas
voulu produire pour des fins... Ce contrat, au fond, regarde la ville de
Montréal et une compagnie privée qui ne veut pas montrer tous ses
contrats. Mais cependant, nous avons parlé longuement en commission
parlementaire des garanties qui auraient dû être exigées
contre la rouille, puisqu'on s'est rendu compte, au cours des dernières
années, particulièrement dans l'affaire des autobus avec GM
à Montréal, quelle que soit la renommée de la
firme, qu'il peut arriver que des autobus rouillent plus rapidement qu'ils
auraient dû rouiller et qu'il ne s'agit pas seulement d'avoir confiance
à une entreprise qui fait la construction d'équipements pour
lesquels elle a une certaine renommée. Il est clair que, si on se greffe
à un contrat qui se fait aux États-Unis à un endroit
où il n'y a à peu près pas d'hiver, où la
température est clémente et les dangers de rouille beaucoup moins
considérables qu'au Québec, il faut un devis particulier pour le
Québec pour des wagons qui vont quand même coûter 30 000 000
$ pour 24 wagons, plus de 1 000 000 $ par voiture de transport de chemin de
fer.
Il faut avoir des exigences à ce point de vue. Or, les questions
que nous avons posées en commission parlementaire au ministre n'ont pas
eu de réponses satisfaisantes. C'est pourquoi le débat a
été plus long puisque nous nous sommes rendu compte que les
exigences contre la rouille n'avaient pas eu, à notre avis, le niveau
qu'elles auraient dû avoir.
C'est pourquoi nous avons dit au ministre: C'est beau la confiance, sauf
que le devis contre la rouille de l'ensemble de la voiture, mais
également des parties les plus mobiles doit avoir certaines exigences
particulières au Québec dans un climat plus rigoureux, où
il y a plus d'humidité et où les dangers de rouille sont beaucoup
plus forts. C'est pourquoi nous avons fait valoir ceci au ministre des
Transports et au gouvernement: Que le contrat soit fait à La
Pocatière, il n'y a pas de débat là-dessus parce que nous
pensons que ce contrat doit être réalisé au Québec,
que Bombardier est une entreprise qualifiée pour le faire, mais quand on
se greffe à un contrat fait pour les spécifications de voitures
qui vont aller aux États-Unis dans un endroit où le climat est
beaucoup moins rigoureux que le nôtre, on devrait avoir des
spécifications particulières concernant certaines parties qui
connaîtront des dangers de rouille plus élevés que les
mêmes wagons en Pennsylvanie.
Mme la Présidente, cela a été là le
débat. C'est pour ça que je tenais à ce moment-ci de notre
discussion à rétablir les faits. J'aurai l'occasion de le faire
aussi parce que j'ai demandé de savoir exactement les nouvelles qu'on
avait propagées là-bas pour faire une mise au point. En aucun
temps, le Parti québécois, l'Opposition officielle, ne s'est
opposée au fait que la construction se fasse à La
Pocatière, chez Bombardier, mais elle a dit qu'on aurait dû avoir
un devis plus exigeant pour avoir des garanties plus fortes contre la rouille,
même si ça coûtait un peu plus cher - même si
ça ne coûtait pas plus cher, ça aurait peut-être
fourni plus de travail - mais, pour être certain que les voitures auront
la durée normale dans un climat rigoureux comme le nôtre,
où les conditions climatiques sont véritablement
différentes des conditions climatiques de la Pennsylvanie. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Lévis. Il n'y a pas d'autres interventions sur le projet de loi 91? Je
déclare le débat terminé. Est-ce que le projet de loi 91,
Loi sur l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les villes de
Montréal et de Rigaud, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 39 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 80
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente: À l'article 39 au feuilleton,
la ministre de la Santé et des Services sociaux propose l'adoption du
rapport de la commission des affaires sociales qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 80, Loi
modifiant la Loi sur le ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Est-ce qu'il y a des interventions? Pas d'intervention de part et
d'autre. Je déclare le débat terminé.
Est-ce que le rapport de la commission des affaires sociales qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 80, Loi modifiant la Loi sur le ministère de la Santé et
des Services sociaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous demanderais de
suspendre les travaux pour quelques minutes, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente: En tenant compte de ces faits, nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 20)
(Reprise à 21 h 50)
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Nous allons poursuivre
nos travaux. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article 33 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 33 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 33 du feuilleton, M.
le ministre de la Justice propose maintenant l'adoption du projet de loi 33,
Loi modifiant le Code de procédure civile concernant le recouvrement de
pensions alimentaires. Y a-t-il des interventions?
Des voix: Non.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'interventions. Est-ce
que cette motion d'adoption du projet de loi 33 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 36 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 72 Adoption
Le Vice-Président: L'article 36 du feuilleton,
M. le ministre de la Justice propose l'adoption du projet de loi 72, Loi
modifiant la Loi sur les jurés. Y a-t-il des interventions?
Des voix: Non.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'intervention. Cette
motion d'adoption du projet de loi 72 est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 39 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 80 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 39 du feuilleton,
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux propose la motion
d'adoption du projet de loi 80, Loi modifiant la Loi sur le ministère de
la Santé et des Services sociaux. Y a-t-il des interventions?
M. Jolivet: Toujours sur consentement, vous n'oubliez pas.
Le Vice-Président: Toujours sur consentement. Le
consentement a été confirmé par ordre de
l'Assemblée. Il n'y a pas d'intervention? Cette motion d'adoption du
projet de loi 80 est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 40 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 85 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 40 du feuilleton, M.
le ministre de la Justice propose la motion d'adoption du projet de loi 85, Loi
sur certains aspects du statut des juges municipaux. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 43 du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 98 Adoption
Le Vice-Président: À l'article 43 du feuilleton, M.
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose
la motion d'adoption du projet de loi 98, Loi modifiant la Loi sur les courses
de chevaux. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M, Lefebvre: M. le Président, je fais maintenant motion
pour ajourner nos travaux à demain matin, 10 heures.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
les travaux de l'Assemblée sont ajournés au vendredi 23
décembre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 52)