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(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
MM. les députés, Mmes les députées, à
l'ordre, s'il vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes. À
l'ordre, s'il vous plaît!
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. M. le ministre des Finances.
Crédits pour l'année financière
se terminant le 31 mars 1990
M. Levesque: M. le Président, un message de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur du Québec, message signé de sa main.
Le Président: Que chacun veuille bien se lever.
Si vous me permettez, l'honorable lieutenant-gouverneur de la province
de Québec transmet à l'Assemblée nationale les
crédits pour l'année financière se terminant le 31 mars
1990, conformément aux dispositions de l'article 54 de la Loi
constitutionnelle de 1867 et recommande ces crédits à la
considération de l'Assemblée. C'est signé M. Gilles
Lamontagne. J'aimerais déposer ce document. Veuillez vous asseoir. M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, pour donner suite au voeu de
Son Excellence le lieutenant-gouverneur et avec le concours de mon
collègue, le président du Conseil du trésor, je
désire déposer les crédits pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1990.
Le Président: M. le ministre des Finances, les
crédits sont maintenant déposés. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission
plénière
M. Gratton: M. le Président, pour collaborer avec mes deux
collègues, je voudrais faire motion pour que ces crédits
budgétaires soient déférés à la commission
plénière, afin que l'Assemblée étudie et adopte le
quart, c'est-à-dire 25 % de ces crédits, conformément
à l'article 280 du règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, cette motion
de déférence est-elle adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté.
Toujours à l'étape du dépôt de documents, M.
le ministre des Communications.
Complément au décret sur deux ententes
fédérales-provinciales en matière d'emploi
M. Dutil: M. le Président, en complément du
décret déposé la semaine dernière, j'ai l'honneur
de déposer le décret n° 1881-88, concernant l'approbation de
deux ententes entre le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et la Commission de l'emploi et l'immigration
du Canada.
Le Président: M. le ministre des Communications, votre
document est maintenant déposé.
M. le ministre délégué aux Mines et responsable des
Affaires autochtones.
Rapport annuel de la SNA
M. Savoie: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Société nationale de
l'amiante pour l'année 1987-1988.
Le Président: Votre document est déposé.
Résolution du Bureau de
l'Assemblée
Conformément à l'article 109 de la Loi sur
l'Assemblée nationale, je dépose la résolution n° 315
du Bureau de l'Assemblée nationale.
Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions.
M. le président de la commission des affaires sociales et
député de Laval-des-Rapides.
Étude détaillée du projet de loi
73
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le 8 décembre 1988, ainsi que les 14 et 15 mars
1989, afin de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi 73, c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur les
allocations familiales et d'autres dispositions législatives. Le projet
de loi a été adopté avec des amendements.
Le Président: M. le député de
Laval-des-Rapides, votre rapport de commission est maintenant
déposé.
M. le président de la commission des institutions et
député de Taillon.
Consultation générale et auditions
sur
l'avant-projet de loi portant réforme au
Code
civil du Québec du droit de la preuve et de
la
prescription et du droit international
privé
M. Filion: Oui, M. le Président. Je dépose le
rapport de la commission des institutions qui a siégé les 28
février et 15 mars, afin de procéder à une consultation
générale et tenir des audiences publiques sur l'avant-projet de
loi portant
réforme au Code civil du Québec du droit de la preuve et
de la prescription et du droit international privé.
Le Président: M. le député de Taillon, votre
rapport de commission est déposé.
M. le député de Bertrand, président de la
commission de l'aménagement et des équipements.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 220
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. J'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé le 14 mars 1989, afin d'entendre
les intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi privé 220, Loi concernant la
ville de Roberval. Le projet de loi a été adopté avec un
amendement.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 239
M. le Président, j'ai aussi l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé le 14 mars 1989, afin d'entendre
les intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
239, Loi concernant la municipalité de Lac-Nominingue. Le projet de loi
a été adopté avec un amendement.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 241
J'ai aussi l'honneur de déposer le rapport de la commission
d'aménagement et des équipements qui a siégé le 14
mars 1989, afin d'entendre les intéressés et de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 241, Loi concernant la ville de
Saint-Georges. Le projet de loi a été adopté.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 247
Enfin, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
d'aménagement et des équipements qui a siégé le 14
mars 1989, afin d'entendre les intéressés et de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 247, Loi concernant la cité de
Côte-Saint-Luc. Le projet de loi a été adopté.
Le Président: Est-ce que ces quatre rapports
déposés par M. le député de Bertrand sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Dépôt de pétitions.
M. le député de Saint-Jacques.
Pour un réseau de services de garde sans but
lucratif
M. Boulerice: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 88 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes du Québec, invoquant les faits suivants: "Que rien n'est
prévu dans l'énoncé de politique sur les services de garde
pour établir un réseau de services de garde sans but lucratif
accessible et de qualité".
Et concluant: "Que l'Assemblée nationale suspende l'application
de l'énoncé de politique sur les services de garde tel que
déposé le 24 novembre dernier - je vois que le ministre
m'écoute - de doubler la subvention par place aux permis versés
aux garderies sans but lucratif du Québec pour l'année qui vient
et de concevoir, Mme la ministre, une politique répondant davantage aux
préoccupations et aux besoins des familles en collaboration avec les
organismes du milieu des garderies."
Le Président: Pétition déposée. M. le
député de Shefford, toujours à l'étape de
dépôt de pétitions.
Promotion du sirop d'érable auprès des
Québécois et des visiteurs
M. Paré: Oui, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 766 pétitionnaires principalement du comté de
Shefford. Les faits invoqués sont les suivants: "Que 80 % de la
production mondiale de sirop d'érable est produite au Québec et
que l'érable fait partie de notre patrimoine national; que la plupart
des Québécois ignorent comment se font les produits de
l'érable, leurs composantes et les caractéristiques permettant de
les différencier des succédanés; que la plupart des
nouveaux Québécois ne connaissent pas ce produit de chez nous;
qu'il n'y a pas de produits de l'érable servis dans la plupart des
restaurants du Québec accueillant chaque année des milliers de
touristes; que les producteurs agricoles sont obligés de vendre leurs
produits en deçà du coût de production à cause du
manque de débouchés; que le gouvernement fédéral
s'est déjà impliqué dans la cause du sirop d'érable
en injectant 4 000 000 $ pour la création de la banque du sirop
d'érable qui aide les producteurs à supporter les surplus de
sirop de 1988; que le gouvernement du Québec a contribué pour un
montant de 500 000 $ en 1988 pour l'achat de barils pour le sirop
d'érable."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale intervienne afin que le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation injecte dès ce
printemps, en plus de la publicité conjointe, le montant
nécessaire pour la promotion du sirop d'érable auprès des
consommateurs québécois et des visiteurs et vienne ainsi en aide
aux producteurs agricoles
aux prises avec des surplus et des coûts de production très
élevés."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Pétition déposée.
Toujours à l'étape de dépôt de pétitions, Mme
la députée de Châteauguay.
Légaliser les thérapies
alternatives
Mme Cardinal: Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée au gouvernement du Québec par 15 510
pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec, favorables aux
thérapies alternatives. Les faits invoqués sont les suivants: "Le
droit de soigner et de traiter ne devrait pas être exclusif aux
médecins. La Corporation professionnelle des médecins du
Québec n'a pas le droit d'imposer sa loi et ainsi brimer la
liberté de choix."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Demande
formelle est faite au gouvernement du Québec de briser le monopole de la
Loi médicale et de rendre légales les autres formes de
thérapie offertes par des praticiens et praticiennes
compétents."
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition.
Le Président: Votre pétition est maintenant
déposée, Mme la députée de Châteauguay. Mme
la députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée au gouvernement du Québec par 72
582 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec, favorables
aux thérapies alternatives. Les faits invoqués sont les suivants:
"Le droit de soigner et de traiter ne devrait pas être exclusif aux
médecins. La Corporation professionnelle des médecins du
Québec n'a pas le droit d'imposer sa loi et ainsi brimer la
liberté de choix."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Demande
formelle est faite au gouvernement du Québec de briser le monopole de la
Loi médicale et de rendre légales les autres formes de
thérapie offertes par des praticiens et praticiennes
compétents."
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition.
Le Président: Mme la députée de
Deux-Montagnes votre pétition est maintenant déposée.
Toujours à la même étape, Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président: Est-ce que vous avez consentement,
madame?
Mme Juneau: Semble-t-il!
Le Président: II y a consentement, M. le leader du
gouvernement?
M. Gratton: Oui, oui.
Le Président: Mme la députée de Johnson.
Le dimanche, jour de repos collectif
Mme Juneau: Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale par 955
pétitionnaires, citoyens et citoyennes du comté de Johnson, en ce
qui a trait à l'ouverture des commerces le dimanche. Les faits
invoqués sont les suivants: "Que le dimanche ne doit pas être un
jour comme les autres; qu'il doit être un jour de repos collectif et que
la famille a besoin de ce jour pour se rencontrer et resserrer ses liens
favorisant ainsi une société plus humaine." Merci, M. le
Président.
Le Président: À la suite du consentement, votre
pétition est maintenant déposée. Est-ce qu'il y a d'autres
dépôts de pétitions? Alors, cet après-midi, il n'y a
pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur une question de fait personnel.
Avant de procéder à la période
régulière de questions et de réponses orales, j'avise tous
les membres de cette Assemblée qu'immédiatement après la
période de questions, nous allons procéder au vote sur fa motion
de censure présentée jeudi dernier par le chef de l'Opposition.
Je suis prêt à reconnaître la première principale, M.
le député de Taillon.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nouvelle orientation du gouvernement en matière
d'affichage commercial
M. Filion: Merci, M. le Président. Après le
Mouvement Québec français et le Parti québécois,
voilà maintenant que le leader du gouvernement en vient également
à la conclusion que le gouvernement libéral n'a pas de
crédibilité en matière linguistique. La déclaration
du leader du gouvernement démontre en effet que le Conseil des ministres
n'est pas unanime devant les nouvelles orientations linguistiques du
gouvernement. Compte tenu de la faiblesse de la position gouvernementale, de
l'incertitude créée par une décision provisoire et quasi
personnelle du ministre responsable de la loi 101, je demande au premier
ministre, afin de rassurer ceux et celles qui, au Québec,
défendent la langue avec crédibilité, s'il peut s'engager
à rendre permanente sa nouvelle orientation linguistique en amendant la
loi 178 qui, on le sait, permet l'affichage bilingue dans les grandes
surfaces?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu à cette question,
je crois, la semaine dernière. J'ai dit que le ministre
responsable s'était engagé à ce que, pour une
période indéfinie, il n'y ait pas de changement de politique du
gouvernement et que, comme vous vous étiez engagés dans le cas de
la loi 101, et comme dans l'ensemble des lois, on s'y ongage pour une
période indéfinie, quitte à poser des gestes si des
amendements paraissent justifiés, comme vous l'aviez fait en novembre
1983, alors que le député de Mercier était le ministre
responsable de la langue. Il y a plusieurs articles dans la loi 101 qui
prévoient l'adoption de règlements. Par exemple, le paragraphe 2
de l'article 58 prévoyait l'établissement d'enclaves bilingues.
Cela ne veut pas dire que ce fut dans la politique de l'ancien gouvernement ou
du présent gouvernement de procéder à des enclaves
bilingues, mais c'est prévu par des règlements de la loi 101.
Donc, je ne vois pas pourquoi on agirait différemment dans le cas qui
intéresse le député.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
que le leader du gouvernement a soutenu, au cours de cette même entrevue
à des journalistes ontariens, que le premier ministre lui-même
regrettait probablement de ne pas avoir réalisé son engagement
électoral immédiatement en décembre 1985, à savoir
le bilinguisme intégral dans l'affichage, j'aimerais savoir si ce ne
serait pas le temps, pour le premier ministre, de se bâtir une
crédibilité sur le plan linguistique et de dire,
indépendamment des futures élections ou du résultat des
futures élections: Je vais afficher ma grande ouverture d'esprit et
démontrer à l'ensemble des Québécois, surtout aux
Québécois francophones, que je n'ai pas l'intention de leur
passer un sapin?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: II n'y avait rien de nouveau dans la
déclaration qui a été faite, et qui a été
faite à plusieurs reprises par celui qui vous parle, dans le dossier
linguistique. La réalisation d'une solution qui tient compte de la
majorité francophone, des minorités culturelles n'est jamais
facile, comme elle n'était pas facile pour mes
prédécesseurs ou pour d'autres premiers ministres dans le reste
du Canada. Comme on le sait, tout ce qui a trait aux questions linguistiques se
trouve à Impliquer beaucoup d'exigences. Donc, il n'y a rien de nouveau
dans cette question. Quant à la deuxième partie de la question,
du député de Taillon, je crois que je viens d'y
répondre.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, j'allais presque poser une
question additionnelle au leader du gouvernement pour lui demander sur quoi il
s'appuie, personnellement, pour déclarer que son propre chef n'a aucune
crédibilité sur le plan linguistique ou en matière
linguistique.
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: II y a quand même une question de
règlement. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, peut-être me
permettriez-vous de rappeler que, dans la même entrevue, j'ai aussi fait
état du fait que le chef du Parti québécois, M. Parizeau,
n'entraînait pas nécessairement l'adhésion de tous les
députés, comme en témoignent d'ailleurs des
dépêches de journaux, ce matin, concernant le député
de Verchères.
Des voix: Ah!
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, avez-vous remarqué
que ce n'était pas fort? Essayer de se sortir du trou avec un tel
exemple, cela ne vaut pas cher. M. le Président...
Le Président: Votre question.
M. Chevrette: ...ma question est fort simple. Le premier ministre
est considéré comme n'ayant aucune crédibilité en
matière linguistique...
Une voix: ...son leader!
M. Chevrette: ...et cela, par son propre leader, en Chambre.
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: La question est la suivante: Comment le premier
ministre peut-il vouloir conserver une loi ou un article de loi qui lui
permettrait, dans l'éventualité d'un gain électoral par
exemple, de passer à nouveau un sapin aux Québécois, ce
que la majorité des Québécois lui ont signifié
clairement qu'ils ne voulaient pas?
Le Président: M. le premier ministre.
(14 h 30)
M. Bourassa: L'Opposition est un peu à court de questions
aujourd'hui ou ne veut pas brûler des munitions à cause du
dépôt des crédits. Je pense que le chef de l'Opposition
déforme légèrement les paroles du leader parlementaire du
gouvernement qui dit qu'à toutes fins utiles, dans le domaine
linguistique, le gouvernement a peut-être moins de
crédibilité
que dans le domaine économique pour les raisons que j'ai
expliquées tantôt.
Une voix: C'est cela.
M. Bourassa: II est évident que c'est difficile d'avoir
une crédibilité aussi forte que celle que nous avons dans le
domaine économique quand on annonce actuellement des milliards de
nouveaux investissements dans l'aluminium. Vous ne posez pas de question sur
l'investissement de 500 000 000 $ à Baie-Comeau, sur l'investissement
à Sept-îles. Je crois que dans le secteur de la gestion rigoureuse
des finances publiques, comme on l'a vu dans les crédits qui ont
été déposés, par le président du Conseil du
trésor, il est évident que, dans le domaine économique et
dans celui des finances publiques, la crédibilité du gouvernement
actuel est très forte. Ce n'est pas étonnant que, dans d'autres
secteurs, elle soit peut-être temporairement, un peu moins forte.
Une voix: En panne.
Une voix: Cela ressemble à Hydro.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, quant aux crédits
qui ont été déposés aujourd'hui, lorsque la
population apprendra que dans le secteur de la santé, par exemple, il y
a 95 000 000 $ de nouveaux crédits, ce qui ne correspond même pas
à l'indexation, les gens vont déchanter, on s'en reparlera.
Cela dit...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
Si vous permettez, j'avais accordé la parole à M. le chef
de l'Opposition. M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Quand on pourra expliquer...
Le Président: Non, non. M. le chef de l'Opposition...
M. Chevrette: Quand on se rendra compte qu'en matière de
loisirs...
Le Président: ...en additionnelle.
M. Chevrette: ...on n'a même pas l'indexation des
dépenses, qu'en matière de transports ça fait
pitié, on se reparlera des crédits.
En ce qui regarde le secteur économique, je voudrais passer le
message au premier ministre, c'est lui qui a ouvert la "canne" de vers. Oui, la
"canne" de vers.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: "A can of worms".
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le chef de l'Opposition, en en additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, que je sache, on est
à l'intérieur et on est plus de cinq, j'espère qu'ils ont
compris le message.
Deuxièmement, en matière économique, les seuls
investissements dans l'aluminium qui fonctionne bien, c'est parce que le
gouvernement du Parti québécois a adopté cette
politique.
Des voix: Oh!
Le Président: Votre question.
M. Chevrette: Laissez aller le coeur de l'Armée rouge, M.
le Président, je vais continuer quand même. Je vous ferai
remarquer que la baisse de tarification hydroélectrique dans
l'aluminerie, c'est nous qui l'avons décidée et c'est le seul
secteur qui va bien présentement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Votre question.
M. Chevrette: Cela dit, M. le Président, ma question est
fort simple: Le premier ministre vient d'admettre, pour la première
fois, qu'il n'est pas crédible en matière linguistique. Ce que je
lui demande: Peut-il vouloir se bâtir au moins un tantinet de
crédibilité en amendant la loi qu'il a lui-même
adoptée à coup de bâillon en cette Chambre, au mois de
décembre dernier, et en assurant la population du Québec qu'il
n'a aucunement l'intention de lui passer un sapin électoral? C'est ce
qu'on lui demande clairement, s'il a vraiment la volonté politique, le
courage politique, surtout la transparence politique et la conviction que le
français doit être protégé: pourquoi il n'amende pas
sa loi 178?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, pour l'information du chef
de l'Opposition... Il parlait de 91 000 000 $ de plus pour la santé...
Combien? 95 000 000 $. Et on voit ici dans les chiffres, à la page 26-1
que c'est au moins...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: ...trois fois plus. Je crois que le chef de
l'Opposition pourra certainement revenir là-dessus.
Je le répète pour la troisième fois, je l'ai
déjà dit, mon prédécesseur lui-même avait
délégué la question linguistique à un ministre
d'État, M. Laurin. On se souvient des problèmes qu'avait connus
M. Bertrand avec la question linguistique. On pourrait parier d'autres
provinces
également. On pourrait citer d'autres pays multicultureJs qui ont
des problèmes linguistiques. Le chef de l'Opposition devrait savoir que,
pour le Québec, c'est une question particulièrement exigeante
dans la mesure où, au Parti libéral, on n'a pas
éliminé l'existence politique d'une communauté importante
comme la communauté anglophone, ce que vous aviez fait. Dans un contexte
comme celui-là, c'est vrai que c'est plus exigeant que dans d'autres
secteurs.
Mais ceci étant dit, avec la loi 178, je le lui al dit la semaine
dernière, nous l'avons renforcée de trois façons. On ne
peut pas le nier, M. le Président. On ne peut pas nier qu'on a
renforcé la loi en remplaçant l'équivalence par le nette
prédominance.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: On ne peut pas nier qu'on a renforcé la loi
en adoptant la clause 'nonobstant...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: ...alors, M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: ...que le gouvernement....
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: ...que le précédent gouvernement
n'avait pas adopté la clause "nonobstant" et avait décidé
d'aller en appel. Et on a respecté le jugement de la Cour d'appel. C'est
l'engagement que j'avais pris lors de la campagne électorale de 1985.
Donc, nous l'avons respecté. Il y a eu ensuite appel à la Cour
suprême et nous sommes allés devant la Cour suprême. Donc,
ce que je dis au chef de l'Opposition... Je pourrais lui montrer d'autres
gestes. Par exemple, il n'a pas mentionné l'augmentation des
crédits des organismes responsables de la langue française.
Des voix: Ha!
M. Bourassa: On n'a pas parlé de l'augmentation des
crédits pour les organismes responsables de la langue française.
Je pense que ce sont des gestes concrets comme ceux-là qui vont
permettre à l'Opposition de se rallier de plus en plus à la
population face à la volonté du gouvernement actuel de
défendre et de promouvoir la culture française d'une façon
concrète mais non pas uniquement en parole.
La Président: En deuxième principale cet
après-midi, M. le député de Bertrand.
Demande de commission parlementaire sur les heures
d'affaires
M. Parent (Bertrand): Merci. M. le Président. Dans le
dossier linguistique, le gouvernement prétend, depuis la semaine
dernière, avoir pris l'engagement formel de ne pas permettre l'affichage
bilingue. Or, en décembre dernier, le gouvernement libéral avait
aussi donné sa parole, pris un engagement formel au sujet de la
publication d'un avant-projet de loi sur les heures d'affaires de même
que sur la tenue d'une commission parlementaire à ce sujet. Même
si le ministre responsable, le ministre de l'Industrie, du Commerce, a
affirmé il y a quelques semaines que le dossier est maintenant au bureau
du premier ministre et que, dans les faits, il n'est plus responsable du
dossier, est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui ce qui arrive de son
gouvernement? Est-ce qu'il a fait le point et qu'est-ce qu'on attend pour
convoquer cette fameuse commission parlementaire attendue par tous les
intervenants?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. MacDonald: M. le Président, le dossier des heures
d'affaires, comme on a pu le constater, a, non seulement attiré
l'attention des gens du domaine de l'alimentation, mais également celle
de tous les différents créneaux de commerces. Au cours des
derniers mois effectivement, et peut-être plus intensément au
cours des dernières semaines, plusieurs représentants de ces
créneaux commerciaux nous ont fait savoir qu'ils aimeraient être
entendus et qu'ils souhaiteraient participer au dossier dit des heures
d'ouverture.
Cela élargit considérablement le dossier qui se centrait
au départ, comme vous le savez très bien, comme un
problème dans le domaine de l'alimentation. Alors, les fonctionnaires et
mes collègues sont à faire leur devoir et à recevoir ces
nouvelles représentations. Pour ce qui est des étapes à
suivre, nous aviserons. (14 h 40)
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): Est-ce à dire, M. le
Président...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Est-ce à dire, M. le
Président, que le ministre n'a pas l'intention de tenir une commission
parlementaire et de déposer un avant-projet de loi, tel qu'il
s'était engagé à le faire en cette Chambre en
décembre dernier?
Est-ce que fe ministre peut nous dire aussi s'il a toujours le large
consensus, voire un consensus unanime de la part de son caucus?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. MacDonald: Nous avons déclaré et nous
déclarons encore qu'une commission parlementaire sur un sujet aussi
important est un excellent véhicule d'information où chaque
partie pourra réellement présenter sa position franche et
honnête avec moins de possibilités de changer d'idée en
quittant la salle. Cependant, l'élargissement du dossier et
l'intérêt porté par bien d'autres secteurs
d'activité font que nous parlons d'une commission parlementaire
très élargie, et on regarde la situation pour prendre les
meilleures décisions possible.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas obtenu de réponse, M. le
Président, au deuxième volet de ma question. Est-ce qu'il y a
toujours unanimité au sein du caucus ministériel, à savoir
que tout le monde est derrière le ministre et unanime quant à
la...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je voudrais savoir
de la part du ministre s'il y a toujours ce consensus unanime de la part des
députés ministériels, s'ils sont toujours d'accord sur la
position prise par le ministre pour l'ouverture le dimanche.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. MacDonald: Depuis la dernière fois que nous avons fait
des déclarations à ce sujet, je n'ai reçu aucune
représentation quelconque de la part de collègues qui changeaient
d'opinion.
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais savoir de la part du ministre,
M. le Président, ce qu'il entend faire de l'engagement du premier
ministre de tenir une commission parlementaire, engagement pris devant les
principaux intervenants quand ils l'ont rencontré le mois dernier.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. MacDonald: II y aurait peut-être lieu de le demander au
premier ministre. C'est ce que vous avez fait d'ailleurs.
Le Président: En troisième principale cet
après-midi, je vais reconnaître Mme la députée de
Chicoutimi. Mme la députée de Chicoutimi, en troisième
principale.
La situation à l'hôpital
Louis-Hippolyte-Lafontaine
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. La situation dans
les hôpitaux du Québec frise la catastrophe. S'il y avait
médecine de guerre sous le précédent gouvernement, on a
l'impression que la ministre a déserté le champ de bataille.
À la liste des hôpitaux en difficulté vient s'ajouter celui
de Louis-Hippolyte-Lafontaine qui, mardi dernier, fermait son urgence, faute
d'être en mesure d'offrir un lit aux patients qui, depuis une semaine,
attendaient dans le corridor. Par ailleurs, le président du Conseil des
médecins et dentistes déclare que s'il n'y a pas un ajout de
psychiatres, ça va craquer à l'hôpital. Actuellement, 25 %
des effectifs ont plus de 60 ans et, par ailleurs, ils sont une trentaine pour
2000 patients. M. le Président, je voudrais savoir ce que la ministre
entend faire de façon concrète pour les patients du centre
hospitalier Louis-Hippolyte-Lafontaine. Est-ce qu'elle va, dans ce cas, faire
comme elle a fait pour l'institut Roland-Saucier où elle a laissé
pourrir la situation et ou, un an plus tard, on a toujours deux psychiatres
pour 225 000 personnes au Saguenay?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on ne peut
pas dire que la députée de Chicoutimi pèche par
excès de nuances dans ses commentaires généraux.
Le Président: Allez, allez, Mme la ministre. À
l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait au centre hospitalier
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la situation que la députée de
Chicoutimi décrit est exacte. Il est tout à fait inacceptable que
dans un hôpital de 2000 lits l'on ne retrouve que 25 psychiatres alors
que dans des hôpitaux où vous avez 76 lits, dans la région
de Montréal j'entends, vous retrouvez un plus grand nombre de
psychiatres.
Ce que je veux dire à la députée de Chicoutimi
c'est que nous avons réuni les hôpitaux de la région de
Montréal qui ont un service de psychiatrie important et nous sommes
présentement a travailler sur une solution qui viendra alléger le
fardeau de Louis-Hippolyte-Lafontaine.
Le Président: Mme la députée de Chicouti-mi,
en additionnelle.
Mme Blackburn: Oui, en additionnelle, M. le Président. Si
la députée de Chicoutimi ne pèche pas par excès de
nuances, la ministre ne semble pas pécher par excès
d'efficacité. M. le Président, au-delà des réunions
- on sait qu'elles sont nombreuses - des nombreux comités, commissions,
comités d'étude, la ministre ne reconnaît-elle pas que le
problème en psychiatrie n'est pas seulement un problème de
répartition des effectifs mais un problème d'effectif et qu'il
faudrait qu'il y ait plus de psychiatres?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme La voie-Roux: M. le Président, je pense que mon
ministère, en collaboration avec le ministère de
l'Éducation, ne cesse de déployer des efforts non seulement pour
encourager mais inciter les universités à réserver chaque
année de plus nombreux postes en psychiatrie. Encore, faudrait-il
relativiser le problème. En ce qui a trait à la région de
Montréal, je pense qu'on ne peut pas parler de pénurie de
psychiatres, mais on doit véritablement parler d'une mauvaise
distribution des psychiatres et c'est le problème auquel il faut
s'attaquer.
Le Président: Mme la députée de Chicouti-mi,
en additionnelle.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que la ministre est
en train de nous dire qu'elle n'a pas l'intention de modifier son plan
d'effectif qui prévoit qu'il n'y aura pas d'embauché de
psychiatres dans la région de Montréal? Est-ce qu'elle
prétend toujours que c'est exclusivement un problème de
répartition de l'effectif?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, notre plan d'effectif
médical pour la région de Montréal, comme pour les autres
régions du Québec, va demeurer le même, sauf que nous
invitons ou nous incitons les universités dans les
spécialités en pénurie à accroître le nombre
de postes réservés. Ceci vaut non seulement pour la psychiatrie,
mais également pour la radiologie, l'anesthésie, et quelques
autres.
Le Président: Alors, je vais reconnaître la
quatrième principale cet après-midi à M. le leader de
l'Opposition.
Bureaux régionaux de REXFOR en
Abitibi-Témiscamingue
M. Gendron: Oui, M. le Président, la presse
régionale de l'Abitibi-Témiscamingue du 28 février 1989
commentait une déclaration du ministre délégué aux
Mines et aux Affaires autochtones en affirmant que la société
d'État REXFOR ouvrirait cinq bureaux régionaux à partir du
1er avril 1989 afin de planifier, réaliser et contrôler les
travaux d'arrérages dans les aires d'aménagement forestier. Ma
question est très simple au ministre délégué aux
Forêts. Le ministre peut-il confirmer à cette Chambre que
l'échéancier du 1er avril sera respecté?
Deuxièmement, est-ce que les cinq localités ont été
choisies et retenues? Et, troisièmement, combien d'emplois
créeront ces bureaux permanents excluant les emplois en forêt?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, à la suite d'une demande du député
d'Abitibi-Ouest, la semaine dernière, j'ai fait préparer un
rapport sur cette question. Je lui confirme aujourd'hui, et je lui ai
confirmé par écrit, qu'il y aura cinq bureaux de REXFOR
d'instaurés dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue et
que dans chacun de ces bureaux il y a aura environ trois employés
permanents. Ces travaux sont confiés à REXFOR pour prendre soin
des arrérages, c'est-à-dire regénérer les
superficies déjà exploitées et qui se
regénèrent mal. Je ferai suite par écrit à la
demande du député d'Abitibi-Ouest.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Oui, en additionnelle, deux choses, M. le
Président. Première question: L'échéancier du 1er
avril sera-t-il respecté? Je n'ai pas eu de réponse.
Deuxième question additionnelle. D'après vous, comme ministre
délégué aux Forêts, est-il possible que ces bureaux
de REXFOR aient comme responsabilité également de s'occuper de
l'allocation de la ressource en matières ligneuses?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
L'échéancier pour commencer les travaux ce printemps sera
respecté. Ce ne sera pas exactement le 1er avril, comme le mentionne le
député d'Abitibi-Ouest. Il n'est aucunement question de confier
à REXFOR les travaux d'allocation des bois à chacun des
industriels. Il n'en a jamais été question ni dans mon esprit ni
dans l'esprit de personne.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, M. le ministre délégué aux
Forêts, comment alors concilier cela avec la déclaration du
ministre délégué aux Mines et responsable des Affaires
autochtones qui affirmait en conférence de presse, à
Senneterre.
qu'entre autres, en plus de s'occuper de l'aménagement des aires
de forêts pour ce qui est des travaux d'arrérages dans les
parterres de coupe, où on n'a pas fait le travail qui devait être
fait depuis plusieurs années, ces bureaux auront également la
responsabilité de s'occuper de l'allocation de la matière
ligneuse? (14 h 50)
Le Président: M. le ministre. M. le ministre
délégué aux Mines et responsable des Affaires
autochtones.
M. Savoie: M. le Président, je pense que c'est assez clair
que la question s'adressait à moi. Je ne sais pas pourquoi il pose des
questions à mon collègue qui n'a pas assisté à la
rencontre.
Le Président: A l'ordre! À l'ordre! Allez, M. le
ministre, je vous ai accordé la parole.
M. Gendron: Question de règlement, M. le Président.
Question de règlement.
Le Président: Sur une question de règlement. M. le
leader de l'Opposition. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gendron: La question s'adresse au ministre
délégué aux Forêts parce que je lui ai
demandé comment il concilie la réponse qu'il m'a donnée,
à savoir que d'aucune façon les bureaux de REXFOR n'auront la
responsabilité concernant l'allocation de la matière ligneuse,
alors que le ministre délégué aux Mines, dans une
conférence de presse, lui, affirmait le contraire. Je demande au
ministre délégué...
Le Président: Question.
M. Gendron: ...aux Forêts s'il peut informer le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones des vraies
responsabilités des bureaux régionaux de REXFOR, pour ne pas
qu'il dise des choses erronées dans la région?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, l'intervention de REXFOR en Abitibi ou dans d'autres
régions, soit en Gaspésie ou sur la Côte-Nord, fait suite
au document d'orientation qui a été soumis au Conseil des
ministres. Cette mission qu'on a confiée à REXFOR, de travailler
dans les arrérages ou "backlogs" pour regénérer les
forêts mal regénérées vise à corriger les
erreurs du passé.
Quant à l'autre partie de votre question, M. le
député, je n'ai pas assisté à cette rencontre
donnée par mon collègue, le ministre délégué
aux Mines et je lui demanderais de vous répondre, s'il vous
plaît!
Le Président: Très brièvement, M. le
ministre délégué aux Mines et aux Affaires
autochtones.
M. Savoie: Très brièvement, M. le Président,
il s'agissait d'un souper de la Chambre de commerce de Senneterre où
j'ai dit que REXFOR serait en mesure de faire ses propres annonces en ce qui
concerne l'ouverture des bureaux. Toutefois, j'ai confirmé effectivement
la présence d'un bureau de REXFOR à Senneterre, qu'il y en aurait
quatre autres dans la région, et que tout cela se réaliserait
selon l'échéancier prévu par REXFOR. J'ai également
annoncé les grandes lignes des bureaux de REXFOR. A ma connaissance,
sauf erreur, je n'ai jamais dit que REXFOR serait responsable de
l'administration de la matière ligneuse en Abitibi, sachant fort bien
que cela relève du ministère.
Deuxièmement, je tiens à souligner qu'immédiatement
après ma déclaration, le député d'Abitibi-Ouest
s'est levé et a annoncé à tout le monde que ce
n'était pas vrai, qu'il n'y aurait pas de bureau de REXFOR.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Or, aujourd'hui, c'est confirmé, REXFOR aura
des bureaux. Même si le député n'en veut pas, il y en aura
dans son comté, parce que ce dernier en a besoin.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader de l'Opposition, en additionnelle.
M. Gendron: Ma question additionnelle, M. le Président,
est posée au ministre délégué aux Mines et aux
Affaires autochtones, Ne serait-il pas plutôt exact que ce que j'ai
déclaré, c'est que, puisque le ministre
délégué aux Mines, lui-même, convenait qu'il
appartenait à REXFOR de faire l'annonce et qu'il n'avait rien à
dire quant au nombre d'emplois que cela créerait - la preuve en est que
le ministre l'a dit aujourd'hui - qu'il serait prématuré de faire
une annonce alors que lui-même, comme ministre ne pouvait rien dire sur
le nombre d'emplois et le site des bureaux régionaux?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: M. le Président, ce qu'affirme le
député d'Ungava n'est pas exact.
Une voix: D'abitibi-Ouest.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Savoie: D'abord, malgré l'entente que j'avais avec le
bureau du ministre délégué aux Forêts, j'ai
avisé mon collègue et les officiers de REXFOR que je ne ferais
pas d'annonce, croyant qu'il revenait plutôt à la
responsabilité de REXFOR de faire ses propres annonces en région.
J'ai également dit a une question spécifique concernant les
emplois que je ne m'embarquais pas sur ce sujet, puisque l'annonce appartenait
à REXFOR et non pas à moi. Je croyais qu'il y avait là une
occasion pour REXFOR de faire valoir les efforts considérables qu'elle
fait en région.
Le Président: Je vais reconnaître la
cinquième principale à M. le député d'Anjou.
Agressions commises par des jeunes dans la
région de Montréal
M. Larouche: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Justice et de la Sécurité publique et concerne
certaines manifestations de violence chez les jeunes dans la région de
Montréal. Les médias faisaient dernièrement état
d'une vague d'agressions commises par des jeunes, en particulier dans le
métro et les autobus. D'autre part, de plus en plus de jeunes se
promèneraient avec des couteaux et poseraient des gestes violents.
Est-ce que ie ministre de la Justice et de la Sécurité publique
pourrait nous informer de l'ampleur de la situation?
Le Président: M. le ministre de la Justice et de la
Sécurité publique.
M. Rémillard: M. le Président, je remercie le
député d'Anjou pour sa question très importante. Il se
préoccupe de la sécurité des gens de son comté et
de la région de Montréal, et je le remercie.
M. le Président, j'ai rencontré, hier, au bureau du
ministre de la Justice à Montréal, M. Michel Hamelin, le
président de l'exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal, M. Alain Saint-Germain qui est le directeur
général par intérim du Service de police de la CUM, Mme
Louise Roy, présidente de la CTCUM, M. le maire Décarie,
président du comité de la sécurité, Mme Cousineau
de la ville de Montréal. Le sous-ministre de la Justice et le
sous-ministre de la Sécurité publique y étaient aussi. M.
le Président, il s'agissait de faire le point sur la situation. Je
voudrais dire à cette Chambre qu'il ne faut exagérer la
situtation, bien sûr, bien qu'il y ait problème. On nous a
assuré que la situation était quand même entièrement
sous contrôle.
Il est intéressant de noter, M. le Président, que le taux
de criminalité a progressé de 1,8 % l'an dernier sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal, et que c'est le
plus faible taux de criminalité depuis de nombreuses années.
Cependant, il y a définitivement un problème avec des
groupes de jeunes, des jeunes qui viennent très souvent de milieux
défavorisés. Pour nous, y faut voir ie problème à
sa racine même. Ce sont des jeunes qui ont des difficultés dans
leur milieu, qui ont des problèmes d'alcool, problèmes de drogue
aussi, et, par conséquent, j'ai demandé au ministère de la
Justice de regarder toutes les possibilités que nous pouvons avoir pour
réglementer le port d'armes blanches, de couteaux, dans le métro,
dans les moyens de transport, première des choses.
Deuxièmement, M. le Président, pour terminer, le
ministère de la Sécurité publique va aussi intensifier son
travail avec les différents corps policiers, en particulier en ce qui
regarde la police de la CUM et en ce qui regarde aussi la Sûreté
du Québec, pour qu'on puisse mettre fin à cette situation de la
drogue dans nos écoles. Là aussi, c'est un problème majeur
pour nous et nous mettons tous les effectifs nécessaires, M. le
Président, pour mettre fin à cette situation le plus tôt
possible.
Le Président: Je reconnais la sixième question
principale. En sixième principale cet après-midi, Mme la
députée de Marie-Victo-rin.
La situation de l'adoption internationale
Mme Ver mette: Oui, M. le Président. Après avoir
fait ses devoirs à plus de trois reprises, voilà que, le 27
août 1987, la ministre mettait en vigueur sa nouvelle loi sur l'adoption
internationale. Voilà que, maintenant, un an et demi plus tard, c'est
vraiment un véritable fiasco quant à l'adoption internationale au
Québec. 50 plaintes ont été déposées devant
le Protecteur du citoyen et 46 ont été reconnues comme
étant fondées. Le 1er mars 1989, en conférence de presse,
des parents réclamaient du premier ministre la démission de la
ministre dans ce dossier. La ministre continue toujours à
protéger le Secrétariat à l'adoption. La ministre
peut-elle nous dire si, malgré ces faits et ces allégations et,
aussi, malgré un organisme qui est actuellement devant les tribunaux,
elle continue toujours à maintenir son appui au Secrétariat
à l'adoption ou si elle a l'intention d'apporter les réformes qui
s'imposent?
Le Président: Mme la ministre de la Santé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de souscrire
à l'affirmation de la députée de Ma-rie-Victorin voulant
que le désordre soit plus grand qu'auparavant, au moins le
Secrétariat à l'adoption fonctionne dans un cadre juridique qui
est plus légal que celui dans lequel il fonctionnait sous l'ancien
gouvernement.
Le Président: À l'ordre! A l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Madame.
Mme Lavoie-Roux: Cela étant dit, M. le Président, U
me fait plaisir d'informer la députée de Marie-Victorin qu'un an
après la mise en application de la loi, nous avions, au Québec,
complété environ 260 adoptions. Ceci est le double du nombre de
l'ensemble des adoptions qui sont faites par le bureau canadien de l'adoption.
(15 heures)
En dernier lieu, M. le Président, je voudrais également
informer la députée de Marie-Victorin que, déjà en
novembre, j'avais demandé au secrétariat qu'un comité
consultatif, si l'on veut, composé de représentants des
associations d'adoption internationale, de représentants des parents,
des centres de services sociaux et d'une personne du Secrétariat
à l'adoption se penchent sur l'application de la loi sur l'adoption
internationale et voient s'il y a lieu, en temps et lieu, d'apporter des
correctifs.
M. le Président, en terminant, je voudrais rappeler à la
députée de Marie-Victorin qui ne cesse de décrier la loi
sur l'adoption internationale que cette loi a été adoptée
à l'unanimité par l'Assemblée nationale et qu'elle en
était le porte-parole.
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, en additionnelle.
Mme Vermette: M. le Président, je crois que la ministre a
encore là des pertes de mémoire parce que lorsque nous avions
accepté le projet de loi, c'était parce que la ministre nous
avait donné la garantie d'apporter les réformes qui s'imposaient.
C'est sur la parole de la ministre que nous...
Le Président: Votre question.
Mme Vermette: ...avons accepté le projet de loi.
Le Président: Votre question. Mme la députée
de Marie-Victorin, en additionnelle, votre question.
Mme Vermette: Est-ce que la ministre peut nous dire, depuis sa
réforme, combien d'ententes ont été signées avec
d'autres pays par le secrétariat et combien d'adoptions ont
été accomplies par la voie privée plutôt que par le
secrétariat? On pourrait voir l'efficacité de son
secrétariat à partir de ces chiffres et de ces
données.
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que si j'ai des pertes de
mémoire la députée de Marie-Victorin en a au moins deux
fois plus. Elle me pose une question...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour répondre
à la question précise de la députée de
Marie-Victorin, à savoir combien d'ententes ont été
signées avec d'autres pays, je dois, à regret, lui dire que, au
moment où nous nous parlons, il y en a qui sont sur le point
d'être conclues, mais il n'y a pas de nouvelle entente de signée.
Je voudrais lui rappeler que, justement, la Loi sur l'adoption internationale
prévoyait de ne plus généraliser ou de tenter de conclure
une foule d'ententes parce qu'on sait qu'un bon nombre de pays sont
réticents à signer des ententes et que, au contraire, ce qu'on
demandait aux personnes qui allaient adopter à l'étranger
c'était d'avoir un jugement d'adoption de ce pays, ce qui était
beaucoup moins compliqué que de recourir d'une façon formelle
à des ententes qui sont très difficiles à obtenir parce
que, de plus en plus, les pays sont réticents, d'une façon
officielle, à laisser sortir les enfants pour l'adoption à
l'étranger.
Le Président: Mme la députée de
Marie-Victorin, en additionnelle.
Mme Vermette: Oui, comme il semble que tout va bien finalement
à l'adoption internationale, Mme la ministre, pourquoi les parents
reviennent-ils continuellement à la charge et sont-ils continuellement
sur la place publique? Et qu'entendez-vous faire avec les 35 causes qui ont
été portées devant les tribunaux parce que les gens ont
été lésés par un organisme? Entendez-vous donner
des instructions au secrétariat pour récupérer les
dossiers? Parce que ce dont on parle, c'est d'êtres humains, de
bébés et de parents qui veulent mettre à profit leur
projet d'adoption pour créer une famille au Québec?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
répéter à la députée de Marie-Victorin que
j'ai mis sur pied ce comité consultatif qui doit me faire des
recommandations à savoir si, à la suite de l'examen de
l'application de la loi sur l'adoption internationale, des modifications
doivent être apportées?
Le Président: M. le chef de l'Opposition en
additionnelle.
M. Chevrette: Est-ce que la ministre peut nous dire, M. le
Président, si elle a procédé à une enquête
interne à la suite des allégations publiques concernant
l'exploitation d'une trentaine de couples au Québec?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on sait que les
personnes touchées font présentement l'objet de poursuites.
Alors, je n'interviendrai pas dans cet aspect particulier du problème.
En ce qui a trait aux parents eux-mêmes, je les ai rencontrés il y
a déjà plusieurs mois et nous avons pris les mesures
nécessaires non seulement pour les assister dans les démarches
supplémentaires que ce problème a créées et qui
leur sont imposées, mais également, dans une certaine mesure,
pour prévoir un montant de remboursement pour des dépenses qu'ils
n'avaient évidemment pas prévues.
Le Président: Je vais reconnaître M. le whip de
l'Opposition pour une septième question principale.
L'indemnisation des victimes du tremblement de terre
du 25 novembre 1988
M. Brassard: M. le Président, à la suite du
séisme du 25 novembre, le gouvernement mettait en vigueur un programme
d'indemnisation tellement insignifiant, tellement radin qu'on pouvait
facilement conclure que l'objectif poursuivi était d'écarter la
très grande majorité des réclamations.
Une voix: Sinon la totalité.
M. Brassard: Même si environ 300 municipalités se
sont prévalues du programme, elles ont toutes exprimé leur
profond mécontentement à son égard. À titre
d'exemple, dans la ville d'Alma - c'est dans mon comté - on a
calculé que la moyenne des demandes d'aide se situe à 2708 $,
mais la moyenne de la contribution financière que le gouvernement exige
des sinistrés avant de les indemniser s'établit à 2813 $.
À Chicoutimi, on a estimé qu'à peine 5 % des
réclamations déjà présentées pourraient
être satisfaites. Même chose à la ville de La Baie et ainsi
de suite dans la région la plus affectée au Québec par le
tremblement de terre du 25 novembre. Ma question au ministre responsable de la
Protection civile est la suivante: Le ministre pourrait-il enfin
reconnaître - il serait le dernier à le faire - que son programme
n'est pas bon, qu'il n'a pas d'allure et s'engager à mettre en
application un véritable programme d'indemnité qui comportera des
conditions telles que la majorité des victimes pourront obtenir de
l'aide de la part de l'État?
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je vais probablement
décevoir le député, je vais lui dire que le
règlement qu'on a fait représente des éléments
d'équité extrêmement intéressants. Tout d'abord,
dans un premier temps, il l'a souligné lui-même, 300
municipalités et même près de 400 jusqu'à
présent ont accepté, par résolution, le plan
d'indemnisation que nous proposons. Maintenant, il s'agit de trouver la
formule la plus équitable pour Indemniser les gens qui ont
été victimes d'un séisme. Ce n'est pas facile de dire:
C'est telle formule. La formule que nous avons privilégiée est en
fonction de la valeur de l'immeuble, c'est-à-dire que, tout d'abord,
nous indemnisons pour des dégâts qui ont eu lieu à des
structures, au point de vue immobilier, donc à des
éléments essentiels au point de vue immobilier et nous
indemnisons sur la base de la valeur de la propriété. Il s'agit
pour nous de trouver une formule qui nous permette d'aider un peu plus ceux qui
ont besoin d'être aidés financièrement que ceux qui ont
subi des dommages, mais qui sont capables d'assumer une bonne partie de ces
dommages. Bien sûr, l'État ne peut pas indemniser
complètement, à 100 %, toutes les victimes de ce tremblement de
terre; c'est impensable. Alors, la formule que nous avons trouvé la plus
équitable, c'est celle-là. Et selon les résultats que nous
avons, avec près de 400 municipalités qui ont accepté
notre programme, je pense que la réponse est évidente.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: M. le Président, c'est vrai que plusieurs
municipalités s'en sont prévalues. Elles n'avaient pas le choix,
il y avait une date limite. Mais est-ce qu'il est conscient et est-ce qu'il est
informé du fait que l'application de son programme, avec les seuils et
les conditions qu'il contient, fera en sorte qu'à peu près
personne qui a subi des dommages à sa propriété ne pourra
recevoir de l'aide du gouvernement? S'il n'est pas au courant, qu'il s'informe
aux municipalités touchées dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et il va le savoir. Est-ce qu'il est au courant - il
semble chercher une meilleure formule - que le gouvernement du Parti
québécois avait mis en vigueur une bonne formule qui permettait
d'apporter de laide à la majorité des personnes touchées
par un sinistre?
Une voix: Ah oui?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Rémillard: M. le Président, je dois dire que
j'ai le même but que le député. Il s'agit d'essayer de
trouver la meilleure formule possible pour indemniser les gens de la
façon la plus équitable possible. J'ai rencontré à
plusieurs reprises le député de Roberval, le ministre
délégué à l'Environnement, responsable de la
région. Nous en avons beaucoup discuté et je dois dire que, de la
façon dont nous l'avons conçu, notre système est en
fonction de la
capacité de payer du citoyen. (15 h 10)
Nous avons simplement voulu que ceux qui ont plus de capacité de
payer... On l'a fait sur l'évaluation de la propriété...
Si vous avez une maison évaluée à 100 000 $, vous avez
probablement plus de possibilité de payer les dégâts que
vous avez eus avec ce tremblement de terre que si vous avez une
propriété de 50 000 $. C'est une norme que nous avons retenue.
Peut-être, le député pourra-t-il la critiquer, on peut
toujours trouver des éléments critiquables, M. le
Président, mais contrairement à la solution qu'ils avaient
retenue dans leur temps, où tous étaient indemnisés selon
un même barème, les riches et les pauvres étaient
Indemnisés de la même façon, ce qui créait une
injustice flagrante.
Le Président: Je vais reconnaître une
dernière additionnelle, une très courte question additionnelle.
M. le whip de l'Opposition.
M. Brassard: Oui. M. le Président, je m'étonne que
le ministre délégué à l'Environnement ait
été aussi mal informé par les municipalités
touchées dans la région. Je pose la question au ministre
responsable: Comment peut-il affirmer que son programme et les conditions qu'il
contient ne permettent que d'aider les plus défavorisés, alors
que les évaluations faites par les municipalités, les calculs
faits par celles-ci font en sorte qu'il n'y a personne qui est aidé. Non
seulement les favorisés, les personnes bien nanties, qui ont des
propriétés évaluées à un haut niveau ne
recevront rien, mais les plus défavorisés, également.
Est-il au courant de ça?
Une voix: Oui! Bravo!
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean voudrait qu'on indemnise tout le monde
à 100 %. Écoutez, il ne faut quand même pas
exagérer. Ce n'est pas au gouvernement à indemniser tous les
citoyens pour les conséquences du tremblement de terre. La norme que
nous avons retenue, c'est celle en fonction des immeubles qui sont
touchés et de leurs structures essentielles et en fonction aussi de la
capacité de payer des citoyens. Vous aviez établi vos normes,
dans votre temps. C'était la même chose pour tout le monde. C'est
le citoyen moyen qui en payait les frais. Nous avons justement voulu toucher ce
citoyen moyen. Dans votre temps, le maximum qu'on pouvait recevoir était
de 9500 $ tandis que, pour nous, c'est 50 000 $. Et vous dites que ce n'est pas
meilleur que vous autres, ça!
Le Président: Fin de la période
régulière de questions et de réponses orales.
Tel qu'annoncé, nous allons procéder au vote. MM. les
whips. M. le whip de l'Opposition. M. le whip du gouvernement.
À l'ordre, s'il vous plaît! Que tous et chacun regagnent
leur siège.
Mise aux voix de la motion de censure de
l'Opposition
À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais maintenant mettre aux
voix la motion de censure présentée par M. le chef de
l'Opposition officielle. Cette motion se lit comme suit: "Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral d'abandonner les grands
objectifs de contrôle de notre économie, de tolérer un taux
de chômage démesurément élevé sans
réagir et de contribuer à appauvrir gravement les citoyens et
citoyennes habitant les régions et certains quartiers
défavorisés des grandes villes du Québec, créant
ainsi "deux Québec dans un". Que ceux et celles qui sont en faveur de
ladite motion veuillent bien se lever!
Le
Secrétaire adjoint: MM. Chevrette (Jo-liette),
Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Blackburn (Chicoutimi)...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: ...MM. Biais (Terre-bonne), Garon
(Lévis), Charbonneau (Verchères), Mme Juneau (Johnson), MM.
Jolivet (Laviolette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion (Taillon), Desbiens
(Dubuc), Godin (Mercier), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré
(Shefford), Boulerice (Saint-Jacques), Parent (Bertrand), Rochefort
(Gouin).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ladite
motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa (Saint-Laurent),
Gratton (Gatineau), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François) MM. Pagé
(Portneuf), Levesque (Bonaventure), Ryan (Argenteuil), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), Rivard (Rosemont), Côté
(Rivière-du-Loup), Dutil (Beauce-Sud), Vallerand (Crémazie),
Séguin (Montmorency), MacDonald (Robert Baldwin) Rémillard
(Jean-Talon), Dauphin (Marquette), Blackburn (Roberval), Mme Trépanier
(Dorion), MM. Savoie (Abitibi-Est), Ciaccia (Mont-Royal), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Picotte
(Maskinongé), For-tier (Outremont), Paradis (Brome-Missisquoi), Mme
Bégin (Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt (Orford), Doyon
(Louis-Hébert), Ma-ciocia (Viger), Middlemiss (Pontiac), Sirros
(Laurier), Lefebvre (Frontenac), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Maltais
(Saguenay), Philibert (Trois-Rivières), Beaudin (Gaspé), Cannon
(La Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Lemire (Saint-Maurice), Paradis
(Matapédia)...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: ..Mme Pelchat (Va-chon), MM.
Thérien (Rousseau), Théorêt (vï-mont), Polak
(Sainte-Anne), Trudel (Bourget), Kehoe (Chapieau), Gervais (L'Assomption),
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bélanger
(Laval-des-Rapides), Bélisle (Mille-Iles), Hamel (Sherbrooke), M. Marx
(D'Arcy McGee), French (Westmount), Lincoln (Nelligan), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: ...MM. Fortin
(Mar-guerite-Bourgeoys), Parent (Sauvé), Mme Bleau (Groulx), MM. Bradet
(Charlevoix), Camden (Lot-binière), Mme Cardinal (Châteauguay),
MM. Després (Limoilou), Farrah (îles-de-la-Madeleine), Gardner
(Arthabaska), Gauvin (Montmagny-L'ls-let), Gobé (Lafontaine), Larouche
(Anjou), Dubois (Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri),
Houde (Berthier), Audet (Beauce-Nord), Leclerc (Taschereau), Hétu
(Labelle), Joly (Fabre), Khelfa (Richelieu), Marcil (Beauharnois), Messier
(Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Mme Legault (Deux-Montagnes), MM.
Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce), Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski),
Latulippe (Chambly), Saint-Roch (Drummond), Mme Hovington (Matane).
Le
Secrétaire: Pour: 17
Contre: 87
Abstentions: 0
Le Président: Cette motion de censure est
rejetée.
Nous allons maintenant continuer et procéder aux motions sans
préavis. Si vous me permettez.
Que tous et chacun regagnent leur siège, s'il vous
plaît!
Nous allons procéder aux motions sans préavis.
MM. les députés, je vais maintenant reconnaître Mme
la ministre responsable des Communautés culturelles et de
l'Immigration.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Si on me le permettait, M. le Président, avec
le consentement de l'Assemblée, nous pourrions procéder aux avis
touchant les travaux des commissions avant de passer à l'article
suivant.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le leader
de l'Opposition?
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je rappelle donc aux
membres de l'Assemblée qu'aujourd'hui après les affaires
courantes jusqu'à 18 heures...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! (15
h 20)
M. Gratton: Donc, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et, si nécessaire, de 20 heures à 22
heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des institutions
entendra les intéressés et procédera à
l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé suivants et ce, dans l'ordre
indiqué: d'abord, le projet de loi 244, Loi concernant la succession
Georg Stella ri; deuxièmement, le projet de loi 249, Loi concernant un
immeuble du cadastre de la cité de Montréal (quartier
Saint-Antoine); troisièmement, le projet de loi 250, Loi concernant
certains Immeubles du cadastre de la cité de Montréal (quartier
Sainte-Anne); finalement, le projet de loi 259, Loi concernant le
collège de Saint-Césaire.
J'avise également cette Assemblée que demain, 22 mars,
après les affaires courantes plutôt que de 10 heures à 13
heures tel qu'annoncé le 15 mars dernier, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission du budget et de l'administration entendra
les intéressés et procédera à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
suivants et ce, dans l'ordre indiqué: le projet de loi 246, Loi
concernant Rageot Itée; le projet de loi 251, Loi concernant St. Bernard
Fish and Game Club; finalement, le projet de loi 260, Loi concernant AY Unergie
inc. Je m'excuse auprès de M. AY.
En terminant, j'avise cette Assemblée que les 4 et 5 avril 1989,
à la salle du Consefl législatif, ainsi que le 6 avril, à
la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'éducation
procédera à des consultations particulières dans le cadre
de l'étude détaillée du projet de loi 63, Loi modifiant la
Loi sur l'Université du Québec. À cette fin, je
dépose, M. le Président, l'horaire des auditions.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour le
dépôt de l'horaire?
M. Gendron: Oui, un instant, M. le Président!
Le Président: L'horaire est déposé... Non?
M. Gendron: Un Instant!
Le Président: M. le leader de l'Opposition, sur une
question.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection. Je veux juste savoir... Moi,
selon l'horaire que j'ai, il me semble que vous avez Indiqué que la
commission du budget et de l'administration se tiendrait demain avant-midi,
alors qu'elle était censée avoir lieu durant
l'après-midi.
Des voix: C'est ça. De 15 heures à 18 heures. 21
mars 1989
Débats de l'Assemblée nationale
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Vous aviez Indiqué que ce serait demain
avant-midi?
M. Gendron: Non. C'était censé être de 15
heures à 18 heures; selon l'information et l'entente qu'on avait,
c'était de 15 heures à 18 heures.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: J'avais le contraire mais si c'est ce que souhaite le
leader de l'Opposition, comme toujours, je vais l'accommoder. Je donnerai un
autre avis plus tard, après consultations.
Le Président: On le garde en suspens. Est-ce que j'ai le
consentement, M. le leader de l'Opposition?
M. Gendron: Vous avez le consentement. J'apprécie
l'amabilité du leader du gouvernement sauf que ce n'est pas tellement
pour m'accom-moder que pour donner suite à ce dont on avait
discuté.
Le Président: Si je comprends bien, l'horaire que vous
avez demandé de déposer, M. le leader de l'Opposition, ne l'est
pas. On va attendre la correction, s'il y a lieu, présentée par
M. le leader du gouvernement. C'est bien ça, M. le leader du
gouvernement?
M. Gratton: Oui, je pense que oui, M. le Président.
Le Président: D'accord. Cela va.
J'ai également deux avis. La commission de l'aménagement
et des équipements se réunira cet après-midi, de 15 h 30
à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine pour
vérifier les engagements financiers du ministre responsable de
l'Habitation et, dernier des avis, je vous avise que demain, 22 mars, vers
midi, au cabinet du lieutenant-gouverneur, il y aura sanction de projets de
loi.
Est-ce qu'il y a d'autres avis?
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration à l'étape des
motions sans préavis. Je m'excuse, Mme la ministre. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui. Si on me permet, M. le Président,
après vérification, on me dit qu'il n'y a pas de problème.
J'ai dit: Plutôt que de 10 heures à 13 heures, tel
qu'annoncé le 15 mars dernier, ce sera après les affaires
courantes.
Le Président: D'accord. M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: C'est exact. Ce qui a été dit est
parfaitement conforme à ce qu'on avait discuté et
adopté.
Le Président: D'accord.
Alors, votre document est déposé, l'horaire, tel que vous
l'avez lu, M. le leader du gouvernement.
Enfin, je vais reconnaître, Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration sur une motion sans préavis. Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En cette journée du 21 mars,
consacrée par l'Organisation des Nations unies comme Journée
internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, je
désire témoigner de ma solidarité dans la poursuite de cet
objectif.
Je sollicite, par conséquent, le consentement de cette
Assemblée pour présenter la motion suivante dans le cadre de
cette journée.
La Vice-Présidente: Je m'excuse, Mme la ministre. S'il
vous plaît, je demanderais la collaboration de cette Chambre. On n'entend
pas l'intervention de Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Je demanderais aux personnes qui sont en dehors... S'il vous
plaît! D'accord. Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration.
Motion proposant que l'Assemblée nationale condamne le
racisme et la discrimination raciale
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la Présidente, je sollicite, par
conséquent, le consentement de cette Assemblée pour
présenter la motion suivante: Dans le cadre de la Journée
internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, que
l'Assemblée nationale du Québec réaffirme sa condamnation
sans réserve du racisme et de la discrimination raciale sous toutes
leurs formes.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour
débattre la motion? Il y a consentement.
Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay. Le 21 mars a été
proclamé Journée internationale pour l'élimination de la
discrimination raciale par l'Organisation des Nations unies.
Pour le gouvernement du Québec, cette journée est une
occasion privilégiée de réitérer son engagement
à lutter contre la discrimination raciale.
En 1976, le Québec s'est doté d'une Charte des droits et
libertés de la personne, affirmant
ainsi sa volonté d'édifier une
société égalitaire et non discriminatoire. Plus
récemment, en décembre 1986, soit au début de la
deuxième décennie de lutte contre le racisme et la
discrimination, telle que proclamée par l'Organisation des Nations
unies, le gouvernement du Québec édictait une déclaration
sur les relations interethniques et interraciales, déclaration
adoptée unanimement par cette Assemblée.
La proclamation de cette déclaration, qui condamne
sans réserve le racisme et la discrimination raciale sous toutes leurs
formes, appelait à la solidarité tant les membres des
institutions sociales que l'ensemble de la population
québécoise.
Aujourd'hui encore, le gouvernement du Québec lance
cet appel à la solidarité. Nous souhaitons que cet appel soit
entendu par les organisations politiques, les milieux de l'enseignement, les
services sociaux et de santé, les municipalités, les corps
policiers, les tribunaux, les services publics, le monde du travail.
Nous souhaitons que cet appel soit entendu par les femmes
et les hommes du Québec, par les médias qui véhiculent les
valeurs de notre société, par les parents et les
éducateurs qui transmettent à nos enfants les valeurs
rattachées à la dignité et aux droits des personnes.
Fort de sa tradition de respect des droits individuels, de
recherche de justice sociale et de progrès économique, le
gouvernement du Québec croit fermement à la poursuite de ces
idéaux. Ce projet de société ne peut se réaliser si
toute une partie de la population en est exclue.
Cette vision du Québec doit se traduire d'abord par
la reconnaissance sans réserve de la contribution apportée par
les Québécoises et les Québécois de toutes origines
à son développement.
Cette contribution des Québécois de toutes
origines se manifeste dans toutes les facettes du quotidien. Leur apport aux
secteurs économique, artistique, scientifique, social, politique et
culturel est primordial.
Toutefois, la société
québécoise doit demeurer alerte face au danger de la
discrimination raciale. Je souligne, à cet égard, la
collaboration remarquable d'organismes non gouvernementaux qui demeurent
vigilants et qui nous proposent des lignes d'action.
De leur côté, les institutions
québécoises introduisent de plus en plus des mesures aptes
à éliminer les effets négatifs de la discrimination.
L'élimination des stéréotypes raciaux
et ethniques dans les manuels scolaires du Québec constituent un bon
exemple des actions entreprises dans le milieu de l'éducation.
Dans le domaine de la sécurité publique, les
recommandations du rapport Bellemare sont déjà en voie
d'implantation. Il en est de même pour le rapport Sirros en
matière d'accès aux services sociaux et de santé.
Parallèlement, l'accès à l'emploi
constitue un domaine privilégié où la lutte pour
l'élimination de la discrimination est bien engagée. En effet, en
1986, le gouvernement du Québec a adopté des dispositions
réglementaires requises pour l'application des programmes d'accès
à l'égalité en emploi. Un programme visant, dans un
premier temps, les minorités visibles est actuellement en
préparation dans le cadre d'un programme d'accès à
l'égalité en emploi de la fonction publique. D'autres
Institutions québécoises se sont également mises à
cette tâche d'introduire des programmes d'accès à
l'égalité en emploi pour les nouveaux Québécois des
communautés culturelles. Parmi celles-ci, je me permets de citer en
exemple la Communauté urbaine de Montréal, incluant ses services
de transport et de police, et la ville de Montréal.
Je souhaite, Mme la Présidente, que le prochain
anniversaire de cette Journée internationale pour l'élimination
de la discrimination raciale nous fournisse l'occasion de mesurer le chemin
parcouru. Traçons ensemble la trame d'une société plus
juste et plus égale où diversités et ressemblances
continueront de contribuer à la richesse du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Mercier.
(15 h 30)
M. Gérald Godin
M. Godin: Mme la Présidente, je pense que, depuis quelques
années au Québec, on a marqué des points
considérables dans ce domaine-là, et de voir la ville de
Montréal fonder son propre comité multipartite d'étude de
ces questions-là et conclure avec l'ouverture de la STCUM avec un
programme de discrimination positive, qu'on appelle en anglais "affirmative
action", concret et précis qui va déboucher sur l'entrée
dans cette institution-là de porte-parole et de fonctionnaires
montréalais de toutes les minorités du Québec et des
alentours de Montréal, cela indique la voie à suivre au
gouvernement et aux municipalités importantes du Québec.
Mme la Présidente, quand on voit cela, avec le recul
des années on se rend compte qu'il y a eu un progrès réel
et qu'il y a eu une ouverture des esprits au Québec par rapport à
cela. Nous en sommes redevables en grande partie à l'évolution
des mentalités, mais stimulée par des décisions
gouvernementales: entre autres, la Charte des droits et libertés de la
personne qui existe au Québec depuis 1976, et l'adoption en 1986 d'une
déclaration solennelle du gouvernement du Québec signée
par cinq ministres et qui officialisait, en fait, une volonté politique
du gouvernement de réaliser l'ouverture du Québec à ces
nouveaux citoyens du Québec pour qu'ils restent au Québec.
Un des problèmes que nous avons dans l'immigration,
c'est que les immigrants viennent
au Québec et nous quittent après quelques années
seulement ou après quelques mois. Si nous voulons qu'ils restent ici et
contribuent à améliorer le déficit démographique du
Québec, il faut absolument que nous les gardions ici, qu'ils aient des
emplois et qu'ils aient un statut social et économique qui les incite
à rester chez nous, Mme la Présidente.
Je constate par ailleurs que, si nous faisons le bilan des politiques
gouvernementales d'accès à l'égalité dans la
fonction publique du Québec, on constate que le résultat
frôle le zéro. En effet, en un an, l'an passé, seulement 12
personnes de ces minorités ont été ajoutées dans la
fonction publique du Québec. Donc, on peut dire que cela frôle
l'échec. La présidente du Conseil des communautés
culturelles, Mme Westmoreland-Traoré, disait l'année
dernière au journal The Gazette: II faut qu'il y ait un programme
concret, comme à la STCUM, avec des objectifs spécifiques et un
échéancier précis dans l'entrée à la
fonction publique de ces personnes-là pour qu'elles se sentent chez
elles au Québec et que, surtout, elles y trouvent un lieu où
elles puissent y gagner leur vie honorablement et bâtir leur famille,
leur nouvel environnement et, donc se sentant chez elles, rester chez nous et
devenir des Québécois à part entière.
Je constate encore là que le gouvernement n'a pas fait son
devoir. Le président du Conseil du trésor, M. Daniel Johnson,
disait l'autre jour que, dans un an, on aurait un échéancier
précis. Cela fait trois ans qu'ils sont au pouvoir et on constate qu'ils
en sont encore à des engagements plus ou moins concrets de politiques
qui s'en viennent pour plus tard. Manana, manana, c'est la politique de ce
gouvernement dans ce domaine-là. Donc, si nous voulons que l'objectif
soit atteint, que la discrimination diminue et surtout que ces personnes se
sentent au Québec chez elles, parce que c'est le meilleur moyen que la
discrimination diminue, qu'elles se sentent chez elles ici, il faut qu'il y ait
un échéancier précis et des politiques précises,
palpables et concrètes. Tant qu'on n'aura pas cela, on pourra se poser
des questions sur la valeur et l'importance réelles de la
déclaration officielle et solennelle du gouvernement signée par
cinq ministres.
On peut se demander si, au-delà de ce papier-là de quatre
pages imprimées des deux côtés, il y a autre chose en
tête du gouvernement de concret et de précis. Donc, comme il y a
un nouveau staff ministériel dans ce domaine-là, Mme la
Présidente, je les incite à se battre avec leurs collègues
pour leur ouvrir les yeux et leur faire reconnaître que cette
déclaration n'a débouché sur rien de concret et que, si
nous voulons que cela débouche sur du concret, il faut que les deux
ministres responsables maintenant de ce dossier-là brassent la cage de
leurs collègues ministres et leur disent: Appliquez des politiques
précises et concrètes et venez-en aux solutions adoptées
à Montréal par la STCUM, à défaut de quoi rien ne
bouge et rien ne change, et je pense que ce document reste dans le domaine des
paroles vides de sens et ce qu'on appelle en anglais "jawboning",
c'est-à-dire agitation des mandibules. Et c'est tout.
Mme la Présidente, nous jugerons le gouvernement l'an prochain
sur le résultat concret atteint et surtout sur l'implantation
réelle de la politique de discrimination positive, avec des
échéanciers précis, comme le disait la présidente
du conseil, Mme Westmoreland-Traoré, avec des objectifs
spécifiques et des échéanciers précis.
Mme la Présidente, l'année prochaine, nous
célébrerons aussi cet anniversaire, mais c'est sûr que nous
jugerons le gouvernement sur ses actes et sur ses oeuvres et non pas seulement
sur ses paroles. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de Mercier.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre
déléguée aux Communautés culturelles.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci, Mme la Présidente.
Aujourd'hui, 21 mars, nous célébrons au Québec, avec
d'autres peuples du monde, la Journée internationale des Nations unies
pour l'élimination de la discrimination raciale, instaurée
à la suite des événements tragiques de Sharpeville, en
Afrique du Sud, où plus de 60 personnes ont été
tuées lors d'un rassemblement pacifique contre l'apartheid.
À l'occasion de cette journée, de nombreuses rencontres,
symposiums, conférences de presse et prises de position ont eu lieu afin
de souligner l'importance de la lutte contre toutes les formes de
discrimination raciale et afin de promouvoir des relations harmonieuses entre
toutes les races et toutes les communautés culturelles à
l'intérieur de notre société.
Notre gouvernement a toujours joué un rôle actif dans ce
domaine. Il y a deux ans, le gouvernement du Québec a
présenté sa déclaration sur les relations interethniques
et interraciales, adoptée à l'unanimité à
l'Assemblée nationale le 10 décembre 1986.
Cette déclaration affirme sans équivoque que tous les
Québécois, par la voie de leurs représentants élus,
condamnent sans réserve le racisme et la discrimination raciale sous
toutes leurs formes.
Cette déclaration confirme le droit de toute personne à la
reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des
droits et libertés de la personne sans distinction, exclusion ou
préférence fondée, notamment, sur la race, la couleur, la
religion, l'origine ethnique ou nationale.
Mme la Présidente, considérant le racisme et la
discrimination raciale comme de graves formes d'injustice sociale, le
gouvernement du Québec s'est engagé formellement à faire
tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser la pleine participation au
progrès économique et social de
tous les membres de la société indépendamment de
leur race, de leur couleur, de leur religion, de leur origine ethnique ou
nationale, sociale ou culturelle.
En tant que ministre déléguée aux
Communautés culturelles, j'ai placé l'accès à
l'égalité et à la lutte contre le racisme et la
discrimination raciale parmi mes dossiers prioritaires. Il faut mobiliser les
ressources, les institutions, les organismes communautaires et les individus
pour que soit respecté le droit de toute personne à
l'égalité dans le domaine du travail, du logement, de la
santé, des services sociaux, éducatifs et autres, sans
discrimination basée sur la race, la couleur, la religion et l'origine
ethnique ou nationale. C'est un défi de taille et je suis prête
à le relever. Il faut de l'engagement, de la persévérance,
de la bonne foi, mais aussi il faut du réalisme et de la patience.
Au cours des dernières décennies, le Québec ainsi
que le Canada ont vécu de profondes mutations aux niveaux
économique et démographique. Les relations interculturelles et
interraciales sont devenues des enjeux majeurs sur lesquels reposent l'avenir
de notre société et son développement harmonieux.
L'engagement et la concertation des efforts de tous les partenaires, à
savoir: du gouvernement, des organismes et des communautés culturelles,
des établissements d'enseignement, des municipalités, des
syndicats et du secteur privé, sont vitaux.
Le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration, qui a une sensibilité toute particulière quand il
s'agit des minorités visibles, assume un rôle très actif
dans la coordination de ces efforts. Le ministère reconnaît le
travail et l'apport des groupes et des organismes voués à la
lutte contre le racisme et la discrimination. Nous accordons de l'aide
financière et technique et nous collaborons activement avec les
organismes tels que SOS racisme, le Centre de recherche et d'action sur les
relations raciales, le Conseil de la communauté noire du Québec,
le Centre maghrébin de recherche et d'information, l'Association
nationale des Canadiens d'origine indienne et beaucoup d'autres.
Parmi ces initiatives, il faut rappeler: la création du Bureau
interculturel à Montréal et des tables de concertation des
communautés culturelles par les diverses municipalités; des
efforts importants pour favoriser des relations plus harmonieuses entre les
services de police et les membres des minorités visibles à la
suite du rapport Bellemare; l'engagement de la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal d'instaurer un
programme quantitatif d'accès à l'égalité visant
à intégrer 25 % des membres des communautés culturelles
à son effectif total; la promesse également récente de la
Communauté urbaine de Montréal de mettre sur pied un tel
programme pour l'ensemble de son personnel, y compris la police, ou bien le
rapport Sirros sur l'accès aux services sociaux et de la santé.
(15 h 40)
Mme la Présidente, je travaille en collaboration avec tous mes
collègues et en particulier avec mon collègue, le
président du Conseil du trésor, pour accélérer la
réalisation des programmes d'accès à
l'égalité pour les membres des communautés culturelles
dans la fonction publique du Québec. Ces exemples prouvent que plusieurs
institutions ont compris l'importance des changements d'attitude et de
comportement de la part de la majorité. Ce n'est pas toujours facile. Il
y a encore des obstacles qui découlent souvent de la
méconnaissance d'autres cultures ou bien du manque de ressources. Le
développemenet harmonieux de notre société et la pleine
participation de tous ses membres à la vie politique, culturelle et
économique exigent pourtant une plus grande ouverture et une acceptation
mutuelle.
Le ministère favorise des programmes d'ouverture, de
rapprochement et d'échanges interculturels. En 1987-1988, nous avons
introduit de nouveaux programmes, à savoir le Programme d'aide aux
organismes de rapprochement et le Programme d'aide aux activités
interculturelles. Nous reconnaissons le rôle extrêmement vital du
système d'enseignement quant à l'élimination des
préjugés raciaux et à l'acceptation de la
différence dans une société multi-ethnique. Le
ministère offre son appui aux programmes de sensibilisation et
d'éducation interculturels tels que Québec Multi-Plus, Nous tous
un soleil ou le projet Action-rapprochement de la communauté juive. Nous
croyons sincèrement à l'importance d'une campagne de
sensibilisation et d'information auprès de la population
québécoise concernant les communautés culturelles. Le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration a un
rôle à jouer en tant qu'initiateur et catalyseur des changements
positifs qui rendront notre société plus juste et plus
équitable et dans laquelle diversité et ressemblance continueront
de contribuer à la richesse du Québec.
En terminant, je reprendrai les mots de la déclaration du
gouvernement du Québec sur les relations interethniques et interraciales
en faisant appel à l'ensemble de la population québécoise
pour qu'elle soutienne nos efforts par une attitude de respect de la
dignité et des droits de toutes les personnes et pour qu'elle soit sans
cesse vigilante face à toute manifestation de racisme ou de
discrimination raciale. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre
déléguée aux Communautés culturelles. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Mme la Présidente, je suis toujours
très heureux de m'associer à ce genre de motion qui est
présenté en notre Assemblée nationale. Je suis
évidemment très heureux de
m'associer à mes collègues de part et d'autre de la
Chambre, et notamment à mon collègue, le député de
Mercier, porte-parole du Parti québécois pour les
Communautés culturelles et l'Immigration, qui a été un
titulaire apprécié de ce ministère durant près de
cinq ans. S'il y avait au Québec un ministère de l'Immigration,
c'est le gouvernement du Parti québécois, permettez-moi de vous
le rappeler, qui a créé le ministère des
Communautés culturelles et c'est mon collègue, le
député de Mercier, qui en a fait un ministère important et
innovateur ici, au Québec.
Mme la Présidente, j'ai toujours considéré, comme
notre président, M. Parizeau, qu'un raciste, c'était quelqu'un de
laid à l'intérieur parce que, oui, malheureusement, le racisme
est une laideur. Le racisme est une cicatrice qui défigure la face de
l'humanité. Né de l'ignorance, d'une peur injustifiée et
de préjugés monstrueux que certains exploitent d'ailleurs,
satisfaisant les passions les plus basses, le racisme conduit aux pires effets.
Pensons à l'Afrique du Sud et son ignoble système d'apartheid, de
ségrégation qui était aussi présent chez nos
voisins du Sud et contre laquelle le révérend Martin Luther King
a lutté et, malheureusement, en est mort.
D'autres formes de racisme existent également:
l'antisémitisme qui a conduit aux chambres à gaz, l'image
méprisante que véhiculent quelquefois des préjugés
et certains organes d'information, certaines images méprisantes que l'on
donne à l'Arabe; même l'Asiatique n'en est pas exempté, Mme
la Présidente. Or, certains se donnent bonne conscience par le biais du
"oui, mais j'ai des amis qui sont", la traduction de ce vieil adage
américain "some of my best friends are". Oui! Le racisme, pour employer
une image, c'est de dire, dans une grande accolade à un Noir, à
un Jaune: Tu es mon frère, mais avec comme arrière-pensée:
Tu es peut-être mon frère, mais tu ne seras jamais mon
beau-frère. C'est ça, le racisme. C'est le racisme visible, le
racisme palpable que, malheureusement, l'on voit souvent tous les jours.
Bien d'autres discriminations s'exercent à l'égard
d'autres minorités non visibles, celles-là. Ces discriminations
sont aussi pernicieuses que celles faites à l'égard des
minorités visibles. Je pourrais vous en parler longuement, sans aucun
doute, la ministre déléguée pourrait aussi vous en parler.
Elle aussi pourrait employer dans son vocabulaire, quant aux minorités
non visibles victimes de discrimination: Moi aussi, j'ai des amis qui. Elle
pourrait en parler, j'en suis certain.
L'important Ici, c'est certes de dénoncer, mais c'est
également comment corriger et éviter ce racisme. On pourrait,
chacun d'entre nous, Québécoises et Québécois de
toutes les régions du Québec, appuyer, encourager, financer,
s'impliquer dans des organismes dits non gouvernementaux - SOS racisme, par
exemple, dont le siège social est situé d'ailleurs sur la rue
Saint-Paul à Montréal - aider d'une façon accrue bien
d'autres organismes dont, notamment, la Commission des droits de la personne
qui est malheureusement sous-budgétisée, qui manque de ressources
humaines et pour laquelle, d'ailleurs, il y a eu un projet de réforme de
déposé à la suite de cette grande consultation qu'a faite
la commission des institutions sous la présidence de mon
collègue, le député de Taillon, et pour lequel nous
attendons la réponse du ministre.
Il y a la Ligue des droits et libertés, également, qui
célèbre son 25e anniversaire, qui a joué et qui continue
de jouer un très grand rôle au Québec dans la lutte contre
le racisme et toutes les formes de discrimination, un organisme que chacun
d'entre nous, comme citoyens, nous devons appuyer et aider et envers lequel
l'État également a des responsabilités, notamment d'ordre
financier.
Le mal doit toujours se prendre à la racine. Si on veut que la
plante soit belle, c'est-à-dire qu'elle ne soit plus raciste, qu'elle ne
soit plus discriminatoire, je pense que tout cela devrait commencer à
l'école. L'enfant naît innocent. Il nous suffit d'aller dans les
écoles primaires, dans les garderies, dans les maternelles et voir ces
enfants de toutes les couleurs. Ils sont jaunes, blancs, noirs, verts et
métissés, mais regardez l'harmonie extraordinaire qu'il y a entre
ces enfants. Ils n'ont heureusement pas ces préjugés, ces peurs
inconsidérées que malheureusement, en grandissant,
l'environnement et, quelquefois, nous, les parents, nous leur donnons. C'est
d'ailleurs une grande pédagogue, dont malheureusement le nom
m'échappe aujourd'hui, qui a bien dit: "Donnez-moi tous les enfants du
monde et, dans vingt ans, le monde ne sera plus du tout pareil à ce
qu'il est maintenant." Je pense qu'elle avait drôlement raison. Le gros
de l'accent doit être mis du côté de l'école. (15 h
50)
Mme la Présidente, j'aime bien ces déclarations
ministérielles, ces motions, et j'y souscris toujours avec une
très grande conviction. Mais pourquoi, si on veut éviter le
racisme envers notre communauté noire qui vit ici au Québec avec
nous, si on veut éviter le racisme envers cette communauté,
comment se refuser de condamner les exactions contre les droits les plus
élémentaires en Haïti, comme malheureusement l'a fait
l'actuel gouvernement qui a refusé de souscrire à une motion que
j'ai présentée en cette Chambre? Quand, Mme la Présidente?
Parce que nous pourrions être tous aux mots, faire des discours. Mais je
préfère être aux gestes, Mme la Présidente. Quand le
gouvernement comdamnera-t-il, de façon très claire, très
ferme, très spécifique, ce monstrueux régime d'apartheid
en Afrique du Sud et posera-t-il les gestes concrets qui sont de retirer tout
contrat de l'État québécois avec des compagnies d'ici qui
exploitent là-bas et violent une déclaration que nous nous
targuons d'avoir adoptée il y a un an ou deux ans dans ce Parlement?
Assez de mots, Mme la Présidente, des
gestes! Des gestes concrets, des gestes quotidiens qui s'inscrivent dans
ce que disait la ministre tantôt, mais qu'on ne voit pas traduire dans la
réalité de solidarité envers nos propres concitoyens ici
et tous nos concitoyens du monde. En espérant, Mme la Présidente,
qu'au-delà des paroles, comme je le disais tantôt, nous pourrons,
en cette Chambre, autant les parlementaires et, dans la population, nos
compatriotes, contribuer par des gestes concrets à enlever de la surface
de la terre ces choses aussi hideuses que sont la discrimination et le racisme,
je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Saint-Jacques. Il n'y a pas d'autres interventions? Le débat est clos.
Est-ce que la motion présentée par Mme la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration qui se lit comme suit: "Dans
le cadre de la Journée internationale pour l'élimination de la
discrimination raciale, que l'Assemblée nationale du Québec
réaffirme sa condamnation sans réserve du racisme et de la
discrimination raciale sous toutes leurs formes", est adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le
député de Taillon.
Félicitations au grand maître
international d'échecs M. Kevin Spraggett
M. Filion: Mme la Présidente, j'ai l'honneur de
présenter la motion sans préavis suivante: "Que
l'Assemblée nationale du Québec adresse ses félicitations
à M. Kevin Spraggett, grand maître international d'échecs,
pour sa participation aux quarts de finale du championnat du monde, tenus
à Québec en février dernier."
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre la motion?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. M. le
député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Je voudrais, Mme la Présidente, remercier cette
Assemblée d'accepter de débattre cette motion sans
préavis. Comme le texte de la motion le stipule clairement, il s'agit
d'une motion de félicitations à l'égard d'un
Québécois, un des nôtres, qui a réussi à se
hisser au plus haut niveau parmi les joueurs d'échecs, à savoir
de participer aux quarts de finale du championnat du monde d'échecs, qui
se sont tenus, à la fin de janvier et au début de février
1989, ici même dans la ville de Québec.
Les échecs, Mme la Présidente, ne sont pas un sport. C'est
beaucoup plus qu'un sport, c'est un art, une science, un jeu, mais c'est aussi
un sport qui n'est pas aussi spectaculaire que le hockey. Je me souviens qu'il
y a quelques années, en Chambre, il y a deux ou trois ans - les amateurs
me corrigeront - on avait adressé une motion de félicitations
à l'égard des Nordiques de Québec qui avaient, je pense,
obtenu le championnat de leur division. Dans ce cas-ci, Mme la
Présidente, c'est peut-être moins spectaculaire. Cela remplit
moins de pages dans les journaux. Cela occupe moins les tribunes ouvertes
téléphoniques, mais, si les échecs ne sont pas
spectaculaires, ils n'en sont pas moins un sport, un art et un jeu
extrêmement formateur.
En ce sens-là, il est bon de souligner qu'au Québec nous
avons, quand on regarde l'ensemble de l'Amérique du Nord, la terre la
plus productive en termes d'échecs. D'abord, dans nos écoles, des
dizaines de milliers de Québécois apprennent ce jeu qui demande
d'autres qualités que celles que l'on vend habituellement dans les
médias, qui demande de la rigueur, de l'analyse, de la concentration, de
la persévérance, en somme autant de qualités que,
malheureusement, on ne retrouve pas beaucoup dans les vidéodips ou dans
la vente ou la commercialisation des grandes vedettes que nous offrons
généralement en idoles à une jeunesse prête à
consommer ce qu'on lui présente.
Ce qui est arrivé ici au Québec est tout à fart
extraordinaire. C'est l'histoire d'un Québécois né
à Rosemont qui, à bout de bras, sans aide aucune, a réussi
à développer une expertise telle dans ce jeu d'échecs
qu'il est devenu participant aux quarts de finale du championnat du monde. Il
est bon, je le souligne immédiatement, de remarquer que, par l'aide
apportée à la fois à la Fondation Kevin Spraggett pour les
échecs et également à la tenue même du match de
championnat ici, dans la ville de Québec, le gouvernement du
Québec et en particulier le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ont su reconnaître ainsi l'importance d'offrir à la
population autre chose, encore une fois, que le type de consommation un peu
rapide qu'on offre actuellement à la jeunesse en particulier.
Je tiens également à souligner l'aide du gouvernement
fédéral qui a apporté une contribution remarquée et
significative à la Fondation Kevin Spraggett pour les échecs.
Également la ville de Québec et son maire, M. Pelletier, ont su
comprendre, dès le début, l'importance, l'engouement
également qu'aurait le match auprès de la population
québécoise et les répercussions internationales de cet
événement pour la ville de Québec et pour l'ensemble du
Québec. Il s'agit là de contributions tout à fait
méritoires pour, somme toute, un match d'échecs.
Mme la Présidente, je me souviens d'avoir rencontré
à l'époque plusieurs sceptiques qui me disaient: M. Filion, vous
êtes très engagé dans ce
match, ici à Québec, mais, vous le savez, cela n'a pas
beaucoup d'importance. Mais non! Quand la partie a débuté, on a
pu voir dans les médias que les gens, en général, s'y
intéressent. On m'informe que les ventes de jeux d'échecs ont
triplé au Québec depuis ce match et que les adhésions
à la Fédération québécoise des échecs
ont augmenté de façon significative. Bref, un engouement
remarquable, en particulier de la part d'une jeunesse qui ne demande rien de
mieux que des idoles autres que Madona et Wayne Gretzsky, mais à la
condition qu'on leur donne quand même l'occasion d'admirer et de
s'intéresser à autre chose.
M. Spraggett, à qui cette Assemblée nationale destine des
félicitations aujourd'hui, a eu une carrière tout à fait
remarquable. Sans aide aucune, à bout de bras, comme je l'ai dit
tantôt, et dans des conditions financières des plus
pénibles - je pourrais en témoigner longuement - il a
réussi sans l'aide d'une machine comme, par exemple, on retrouve du
côté soviétique et communiste où les échecs
occupent une part importante. Mais, ici, c'est sans aide aucune qu'il a
développé ce talent que la nature lui a donné pour ce
sport remarquable. Il est le premier nord-américain depuis Bobby Fisher,
on s'en souviendra, en 1972, à atteindre ce niveau des quarts de finale
de championnat du monde. Il s'agit là en soi d'un exploit tout à
fait remarquable.
En terminant, Mme la Présidente, je voudrais souligner que cet
engouement pour les échecs et le match lui-même qui a eu lieu
à Québec a déjà donné des petits. Un jeune
joueur de 13 ans de Longueuil, Alexandre Lesiège, est maintenant
champion de sa catégorie et il sera, espérons-le, bientôt
le premier grand maître à obtenir sa norme. (16 heures)
Mme la Présidente, en terminant, je suis heureux de
présenter cette motion de félicitations à M. Spraggett. Je
suis heureux de voir également que mes collègues de
l'Assemblée nationale savent reconnaître dans cette motion
l'importance d'un enseignement, d'une éducation, d'une pédagogie,
d'un message aux jeunes qui soit parfois autre que ce que l'on retrouve dans
les vidéoclips, passez-moi l'expression, ou dans les autres messages
commerciaux ou, même, dans les messages sportifs en général
qui ont leur mérite mais qui n'ont pas ce mérite
général que peut trouver le jeu d'échecs. Je vous
remercie.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Taillon. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, Mme la Présidente. Au nom du ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, je voudrais m'associer au
député de Tailfon pour souligner la performance tout à
fait digne de mention de M. Kevin Spraggett.
En effet, du 21 janvier au 4 février dernier s'est tenu à
Québec un événement qui mettait en présence deux
joueurs d'échecs qualifiés, le soviétique Arthur Youssopov
et le canadien Kevin Spraggett de Montréal. Ce match quart de finale
pour le championnat du monde a été remporté, comme on le
sait, de justesse à la troisième partie supplémentaire par
Youssopov. Ce dernier, après le match, a déclaré que M.
Spraggett faisait partie des dix meilleurs joueurs d'échecs au
monde.
M. Spraggett est né à Montréal le 10 novembre 1954.
Avant le match quart de finale, il était classé par la
Fédération internationale des échecs 35e au monde. Depuis
1985, il est devenu grand maître international et il a remporté,
depuis 1973 jusqu'à ce jour, de nombreux championnats. C'est en 1988
qu'il s'est qualifié candidat pour le championnat du monde lors de sa
victoire contre André Sokolov, grand maître international.
Le match quart de finale, qui se déroulait dans le comté
de Taschereau, a suscité l'intérêt non seulement de la
presse internationale mais aussi d'un large public québécois
passionné des échecs. Notons que près de 50 000 jeunes de
nos écoles sont inscrits au programme Échec et mat du
ministère de l'Éducation du Québec, 34 000 Canadiens sont
membres de 300 clubs d'échecs et 40 fédérations regroupent
ces clubs à divers paliers: régional, provincial et
international.
Aussi, le ministère du Loisir, de ia Chasse et de la Pêche
a soutenu financièrement le match quart de finale en octroyant à
la Fédération québécoise des échecs un
montant de 10 000 $.
En terminant, je voudrais féliciter M. Kevin Spraggett pour son
implication dans ce loisir culturel pratiqué par des milliers de
Québécois et pour sa performance extraordinaire.
Également, je voudrais remercier les organismes suivants qui, avec la
Fédération internationale des échecs, ont permis cet
événement dans la Vieille Capitale. D'abord, l'Office du tourisme
et des congrès de Québec, le Carnaval de Québec, la ville
de Québec par l'Office municipal de développement
économique et les Galeries de la capitale.
Bonne chance à M. Spraggett dans ses défis futurs! Je vous
remercie.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'autre intervention. Je
clos le débat.
Est-ce que la motion présentée par M. le
député de Taillon, et qui se lit comme suit: Que
l'Assemblée nationale du Québec adresse ses félicitations
à M. Kevin Spraggett, grand maître international d'échecs,
pour sa participation aux quarts de finale du championnat du monde tenu
à Québec en février dernier, est adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Ceci met fin aux motions sans préavis.
Nous allons maintenant passer aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, compte tenu du fait que les avis touchant les travaux ont
été faits antérieurement et ce, de consentement.
Donc, Je vais maintenant reconnaître M. le leader du gouvernement
pour les renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui. On est aux affaires du jours, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gratton: Oui. Alors, peut-être que c'est le moment
idéal pour déposer l'horaire des travaux de la commission
plenière qui poursuivra l'étude des crédits
supplémentaires n° 3 pour l'exercice financier se terminant le 31
mars.
Je le dépose à l'instant même, Mme la
Présidente, en faisant remarquer qu'à compter de maintenant
jusqu'à 17 heures, ce sera le ministre de l'Éducation qui sera en
devoir alors qu'ensuite, de 17 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures, ce sera la ministre de la Santé et des Services
sociaux et que demain matin, de 10 heures à 12 h 15, ce sera la
président du Conseil du trésor.
Mme la Présidente, avec l'accord du leader de l'Opposition, je
voudrais qu'on en fasse un ordre de l'Assemblée.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement,
premièrement, pour déposer l'horaire des travaux?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: II y a consentement. Y a-t-il
consentement également pour qu'on en fasse un ordre de la Chambre?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. Donc, ces renseignements
donnés, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
du gouvernement.
M. Gratton: Oui. Alors, Mme la Présidente, je fais motion
pour que l'Assemblée se transforme en commission plenière
justement pour procéder à l'étude des crédits
supplémentaires dont je viens de parler.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement? Une
voix: Oui.
La Vice-Présidente: Consentement. Donc, nous allons
suspendre nos travaux afin que l'Assemblée puisse se transformer en
commission plenière.
(Suspension de la séance à 16 h 6)
(Reprise à 16 h 11)
Commission plénière
Étude des crédits supplémentaires
n° 3 pour 1988-1989
M. Saintonge (président de la commission plenière):
Nous allons maintenant poursuivre en commission plenière l'étude
des crédits supplémentaires n° 3 pour l'année
1988-1989 et nous accueillons à ce moment-ci M. le ministre de
l'Éducation.
Ministre de l'Éducation
Avez-vous des remarques préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Une brève remarque, M. le Président. Ainsi
qu'on l'aura constaté à l'occasion du dépôt de ce
budget de crédits supplémentaires pour l'année 1988-1989,
il est prévu au programme 4 du ministère de l'Éducation un
versement de 64 995 700 $ au fonds d'amortissement de la dette des commissions
scolaires. Ce versement sera rendu possible grâce à un
excédent des revenus du gouvernement pendant l'année 1988-1989,
en comparaison avec les estimations qui avaient été
établies au début de l'année. Plutôt que de
dépenser cet argent-là à tout vent, le gouvernement a
décidé de verser par anticipation des paiements sur la dette
accumulée des commissions scolaires.
Comme vous le savez, l'un des buts que poursuit le gouvernement, c'est
la réduction du fardeau de la dette qui pèse sur les
contribuables du Québec par suite des années de
libéralisme dépensier que nous avions vécues et de
réduire aussi le fardeau fiscal des Québécois, de
manière que les charges publiques au Québec soient comparables
à celles qui existent dans les sociétés voisines et nous
permettent de concurrencer ces sociétés de la manière la
plus dynamique possible.
Ce geste que fait le gouvernement avant la clôture de l'exercice
financier permet de réduire par anticipation le fardeau de dettes
auxquelles nous devons faire face d'un montant fort respectable de 64 995 700
$.
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de
l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui. Compte tenu du temps qui nous est imparti, je
voudrais faire une remarque d'ordre général. Vous comprendrez
qu'on aura l'occasion de revenir d'une façon plus élaborée
sur les véritables crédits. Ce à quoi on assiste
aujourd'hui, c'est strictement pour la troisième reprise, d'ailleurs, le
mot le dit, les crédits supplémentaires n° 3... La
première remarque avant d'aborder les quelques questions qu'il y a lieu
de poser, c'est qu'encore là, le ministre de l'Éducation vient de
l'avouer bien candidement, et sa candeur nous aidera dans les étapes
ultérieures, ce n'est pas tellement parce que ces gens-là se font
accroire qu'ils sont de bons gestionnaires qu'il est entré plus d'argent
que prévu en termes de revenus anticipés et quand il rentre plus
d'argent en termes de revenus anticipés, il arrive qu'on pose des gestes
comme on vient de le faire, c'est-à-dire d'anticiper également de
l'endettement prévu. Ce qui devrait avoir comme conséquence que,
dans les crédits qu'on a déposés aujourd'hui, on aurait pu
s'attendre à ce qu'il y ait quelques attentes tant dans le
collégial que dans le milieu éducatif qui soient comblées.
Ce n'est pas le cas, on y reviendra.
Je n'ai pas le temps aujourd'hui, en 45 minutes, de faire
également un petit survol des crédits que le ministre des
Finances, au nom du lieutenant-gouverneur, a déposés aujourd'hui.
Mais sur ce que le ministre vient de mentionner, c'est clair, il a parlé
franchement: enseignement primaire et secondaire, paiement anticipé de
64 995 700 $. Mais cela touche la question des immobilisations scolaires. Ces
crédits, M. le Président, me permettent d'aborder toute la
question des immobilisations scolaires. Il faut souligner, pour votre
information, que le ministre ne m'a toujours pas transmis les informations
demandées dans une lettre du 27 septembre 1988. Là, on est en
mars 1989, et je n'ai toujours pas de réponse à cette
question.
Avant d'arriver aux questions précises, il s'agit de rappeler que
les projets présentés par les commissions scolaires, toujours au
chapitre du budget d'immobilisations, totalisaient 350 000 000 $ pour
1988-1989. On fait toujours quelque chose qui est fini, la page va se tourner
prochainement. Lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation, en avril, le ministre révélait qu'il avait
réclamé 85 000 000 $ de demande de crédits
budgétaires pour répondre aux besoins urgents en 1988-1989, ce
montant devant être renouvelé dans des proportions comparables les
deux années subséquentes. On verra, quand on sera rendu là
pour étudier, ce qui va se passer dans les nouveaux crédits.
Mais, en 1987-1988, le ministre avait demandé également 75 000
000 $ et il n'a reçu que 35 000 000 $. Alors, selon une compilation
effectuée à partir des communiqués émis lors de la
tournée du ministre, l'été dernier, les annonces qui ont
été faites par le ministre totalisaient environ 76 000 000 $ dont
46 000 000 $ prévus en 1988-1989. Pour certains projets pour
l'année budgétaire en cours, notamment les nouvelles
écoles, le ministre ne s'engageait à défrayer que les
coûts reliés aux plans, devis et terrains, le gros des coûts
de construction étant reporté ou pelleté sur
l'année suivante.
Il y a de nombreuses demandes pour des constructions d'écoles,
des agrandissements, des ajouts d'espaces. En juin dernier, selon le
ministère - renseignements divulgués par la presse - on
évaluait qu'au moins 31 écoles primaires et secondaires devront
être construites ou agrandies d'ici trois ans pour pallier aux besoins
des commissions scolaires. De plus le parc immobilier des commissions scolaires
souffre de vieillissement. Des centaines de millions seraient
nécessaires pour retaper les écoles. Le ministère devait
entreprendre, l'automne dernier, une vaste étude sur l'état des
bâtiments scolaires.
Immobilisations scolaires
La question que je voudrais poser, parce que cela me permet de le faire
avec cette gratitude, cette gentillesse de payer 64 995 700 $ dans les
crédits supplémentaires n° 3 parce que ces gens ont plus de
revenus qu'eux-mêmes souhaitaient, pas parce qu'ils sont des bons
gestionnaires mais parce que, l'économie allant un peu mieux, les
revenus rentrent davantage. M. le ministre, n'oubliez pas que l'année
budgétaire en cours se termine dans dix jours. Le 1er avril, c'est un
nouvel exercice financier. Par rapport aux 85 000 000 $ demandés au
Conseil du trésor seulement pour répondre aux besoins plus
urgents, à la fin de l'année budgétaire en cours combien
aurez-vous reçu d'argent neuf pour donner suite aux nombreuses demandes
du plan d'immobilisations 1988-1989?
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, avec votre permission, je
voudrais remettre aux membres du comité plénier, une copie d'un
document que j'ai préparé à la suite de la demande qui
avait été formulée par le député
d'Abitibi-Ouest. Si vous voulez je vais la remettre maintenant.
Le Président (M. Saintonge): D'accord, il n'y a pas de
dépôt de documents comme tel mais vous pouvez remettre pour
information...
M. Gendron: II n'y a pas de problème si je
considère par là que c'est en réponse à ma lettre
du mois de septembre? C'est cela?
M. Ryan: Exactement, oui.
M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: J'aime vous écrire, mais j'aime encore mieux vous
parler.
M. Gendron: J'inscrirai là-dessus: Voilà la
réponse, six mois plus tard!
M. Ryan: En gros, l'an dernier, le Conseil du trésor et le
ministère des Finances ont autorisé des engagements pour fins
d'immobilisations scolaires de 85 000 000 $ en réponse à la
demande du même montant qui avait été soumise par le
ministre de l'Éducation. On avait indiqué la précision
suivante. On avait dit que, pour l'année 1988-1989, le ministre pourra
engager des crédits pour une valeur de 55 000 000 $ et pour
l'année 1989-1990, il pourra, dès l'année 1988-1989,
engager des crédits pour une valeur de 30 000 000 $, ce qui donne les 85
000 000 $. Nous avons procédé exactement de cette façon.
Comme les députés pourront s'en rendre compte en examinant le
tableau que j'ai remis tantôt, il y aura, pour l'année 1988-1989
proprement dite, des engagements de l'ordre de 55 000 000 $ ou à peu
près, je n'ai pas le chiffre exact. Dès cette année, nous
avons autorisé pour l'année 1989-1990 des déboursés
additionnels de 30 000 000 $. Là, cela n'épuise pas le budget
dont disposera le ministère pour l'année 1989-1990. Ce budget
sera attribué un peu plus tard. La décision vient
généralement vers le mois de mai. Si mes souvenirs sont exacts,
l'an dernier, nous avons eu la décision vers le début du mois de
juin. (16 h 20)
Le Président (M. Saintonge): M. le leader...
M. Ryan: Je suis heureux de dire que...
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Ryan: ...l'Opposition avait souvent signalé que nous
avions demandé des crédits de 85 000 000 $ pour des fins
d'immobilisations scolaires, en particulier d'ajout de places
d'élèves. Le gouvernement, dans un effort de compréhension
qui me ravit, en ma qualité de ministre de l'Éducation, accorda
l'autorisation d'engager 85 000 000 $ dans ce programme.
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: Je voudrais qu'on se comprenne bien. La demande du
ministre, c'était 85 000 000 $ par année pendant trois ans.
C'était cela. Mais la question que je pose est la suivante: Est-ce que
le ministre de l'Éducation a obtenu ces 85 000 000 $ pour l'année
budgétaire en cours, qui va se terminer dans dix jours?
M. Ryan: Nous avons obtenu l'autorisation d'engager des
crédits de 85 000 000 $ dans l'année 1988-1989. Et, même si
nous avions voulu dépenser tout cet argent cette année, le
député sait très bien que c'aurait été
impossible. Par exemple, pour des constructions d'écoles nouvelles,
même si vous donniez tous les crédits immédiatement, dans
le cas d'une école secondaire, il faut prévoir deux ou trois ans.
Nous avons autorisé la construction d'une école secondaire de
premier cycle à la commission scolaire Blainville-Deux-Montagnes, dans
le secteur de Saint-Eustache. Cela va prendre deux ou trois ans avant que cette
école soit construite, mais déjà, toutes les autorisations
sont données, les engagements sont pris et tout.
M. Gendron: Oui, mais est-ce que le ministre affirme que s'il
avait été en mesure de dépenser 85 000 000 $ sur
l'exercice budgétaire 1988-1989 qui se terminera dans dix jours, il en
avait l'autorisation du Conseil du trésor? C'est cela, ma question.
M. Ryan: L'autorisation qui m'était donnée
était d'engager 55 000 000 $ sur l'exercice 1988- 1989, je le dis pour
la deuxième ou la troisième fois aujourd'hui.
M. Gendron: Oui, sauf que vous avez aussi dit...
M. Ryan: ...et 30 000 000 $...
M. Gendron: ...il y a quelques minutes, que c'était bel et
bien 85 000 000 $ par année pour lesquels vous aviez l'autorisation.
Donc, cela ne marche pas; 55 000 000 $ et 85 000 000 $, ce n'est pas
pareil.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'il faut distinguer
nettement...
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre, votre
réponse.
M. Ryan: J'étais autorisé à prendre les
décisions engageant des crédits de 85 000 000 $, en 1988-1989.
Une partie des engagements que j'ai contractés résultera en des
déboursés ou des dépenses effectives en l'année
1989-1990. C'est toujours comme cela que les choses se passent.
M. Gendron: M. le ministre, je vais prendre rapidement
connaissance du document que j'aurais aimé avoir au préalable.
Mais vous comprendrez que ce n'est pas aujourd'hui que je vais l'interroger
parce que j'aime bien parler de choses que je connais. On va prendre
connaissance en détail du document. Mais au-delà du document
qu'on va analyser, est-ce que vous pourriez nous indiquer succinctement quels
sont les critères que vous avez privilégiés pour la
sélection et la priorisation des projets? Je veux croire qu'il y a la
participation locale au finan-
cement et toute la question des espaces excédentaires sur le
territoire de certaines commissions scolaires, mais est-ce qu'il y aurait eu
d'autres critères sur lesquels vous vous seriez appuyés? Dans la
liste dont on prendra connaissance, sur quoi vous êtes-vous le plus
appuyé pour décider que tel projet serait autorisé
plutôt que tel autre?
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Ryan: Le député d'Abitibi-Ouest se souvient sans
doute de la manière dont ces choses se font. Je ne pense pas avoir
brisé les habitudes du ministère en ces matières. Avant la
fin de l'année civile, les commissions scolaires sont invitées
à soumettre leurs projets de construction ou de
réaménagement d'écoles à la Direction
régionale du ministère à laquelle elles se rattachent. La
Direction régionale fait un premier examen en fonction de toute une
série de critères qui sont énoncés dans tous les
documents du ministère relatifs à ces questions. Elle
établit une priorisation. Par exemple, elle dit: Dans la région
de la Montérégie, tel projet devrait être classé en
premier et tel projet en deuxième. On a des systèmes de pointage
très élaborés pour la hiérarchisation des projets.
On va évidemment tenir compte du mouvement de la population. On va tenir
compte des perspectives de clientèle pour les cinq années
à venir dans le cas des écoles primaires et des dix années
à venir dans le cas des écoles secondaires parce que ça
exige des immobilisations plus considérables. On tient compte du facteur
distance que les élèves pourront être appelés
à parcourir. On tient compte de toute une série de facteurs. Les
systèmes ne sont pas uniformes d'une région à l'autre. On
laisse une marge d'initiatives à chaque région pour
établir sa liste de projets prioritaires. Ensuite, chaque direction
régionale envoie son rapport à la Direction
générale des réseaux au ministère et là, je
siège avec cette Direction générale des réseaux.
Nous apprécions chaque projet soumis par les commissions scolaires en
partant de la liste hiérarchisée qui nous a été
transmise par les directions régionales. Dès que des
problèmes le moindrement complexes se posent dans une région,
nous faisons venir la Direction régionale pour qu'elle siège avec
nous ou nous la rencontrons à Montréal ou dans la région
ou à Québec ou dans la région. Ce n'est qu'après
avoir fait tout ce tour d'horizon considérable qu'il appartient au
ministre d'arrêter la liste des projets qui seront retenus. Je dois vous
dire que, de manière à peu près universelle, les
priorités du ministre convergent très bien avec celles de ses
collaborateurs du ministère.
M. Gendron: Ce que vous me dites, c'est que la façon de
procéder dans le passé, quant aux besoins d'espaces additionnels,
n'a pas été tellement modifiée depuis votre arrivée
au pouvoir et que le point de vue des directions régionales, quant
à la légitimité des demandes les concernant, est encore
important. C'est ce que vous me dites, en gros.
M. Ryan: Oui et je pense bien qu'il y a un changement notable
dont tout le monde s'est aperçu, c'est qu'il y a une attention plus
grande de la part du ministre aux besoins de chaque région, de chaque
localité même qui veut se faire entendre. Nous avons une
très grande ouverture à l'endroit des représentations qui
nous sont faites. Au bout de la ligne, ces choses sont travaillées avec
la collaboration étroite de nos fonctionnaires dans un esprit de
concertation que je considère comme à peu près
exemplaire.
M. Gendron: Alors, ce doit être probablement pour ça
que les gens d'Évain, dans le comté de Rouyn-Noranda, iront
occuper les bureaux de la Direction régionale ou du député
de Rouyn-Noranda. Ils trouvent qu'il n'est pas aussi sensible que vous le dites
aux besoins d'espaces additionnels pour l'école d'Évain, mais je
ne veux pas faire de cas particulier aujourd'hui. C'est juste pour
atténuer un peu votre très grande sensibilité aux besoins
d'espace additionnel. J'ai mon collègue ici, qui pourrait
témoigner que ça fait plusieurs années, que je sache,
qu'il attend que son besoin soit comblé. On pourra y revenir. Yves,
as-tu une question particulière tout de suite?
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Terrebonne. Un instant! M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais peut-être relever un point dont ne
semble pas être au courant le député d'Abitibi-Ouest. Le
sous-ministre adjoint en charge des réseaux me signale que, ces derniers
temps, il est allé faire une visite spéciale à cet endroit
relié à la commission scolaire d'Abitibi, à Évain.
Il est allé faire une visite spéciale pour étudier le
problème qui se posait là et nous l'étudions très
sérieusement en vue de la prochaine programmation.
M. Gendron: ...sa visite, à condition qu'il constate le
réel besoin qu'il y a là.
M. Ryan: Je tiens à assurer cette Chambre que nous ne
fonctionnons pas uniquement de manière bureaucratique, à partir
de rapports écrits. Je tiens beaucoup à ce qu'il y ait des
vérifications sur les lieux, à la fois par les fonctionnaires et
par le personnel politique. Je pense que c'est la convergence des deux
perceptions qui permet de prendre de bonnes décisions. Il est
arrivé, des fois, que des fonctionnaires me soumettent des
recommandations à partir d'impressions qu'ils avaient recueillies dans
des rapports écrits, sans être allés eux-mêmes sur
les lieux pour visiter. J'ai fait recommencer l'exercice, à ce
moment-là. Souvent, en y allant moi-
même, le fonctionnaire était obligé de venir avec
moi, c'est une excellente manière de collaborer.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Terrebonne.
M. Biais: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais
une question à double volets à poser au ministre. Il m'a dit de
faire de la consultation. C'est vrai qu'il fait de la consultation. Sur ce
point, je dois le féliciter. Il a poursuivi la politique qui avait
été établie antérieurement, de rencontrer les
différents agents qui sont là pour dire les besoins en
immoblisations du côté régional et du côté
local. (16 h 30)
II y a une chose qui m'a surpris un peu dans son exposé, le fait
qu'il dise que lorsque les régions décident, la commission
scolaire régionale décide des priorités, eh bien, de
façon générale, on vient au ministère et les
priorités régionales sont conservées,
étudiées et respectées. Je me souviens qu'il y a cinq ans,
une école secondaire à Mascouche avait été
votée régionalement. Elle avait été la
première priorité et avait été retenue par le
ministère de sorte qu'au-delà de 1 000 000 $ avaient
été dépensés par les commissions scolaires pour la
construction de cette école, pour l'achat du terrain, etc. et 1 000 000
$ avaient été dépensés aussi par la ville de
Mascouche pour un tuyau d'alimentation en eau qui a coûté
exactement 997 000 $ à la municipalité parce que l'école
arrivait, sinon la municipalité n'aurait pas fait cette dépense,
elle aurait retardé. Voici qu'avec l'avènement du Parti
libéral au pouvoir, le ministre actuel coupe cette école et
laisse en plan des sommes déjà dépensées et laisse
aussi la ville de Mascouche, qui a 22 000 habitants, dans un
défavoritisme économique pour payer une somme additionnelle de 1
000 000 $ sur un tuyau d'alimentation en eau pour une école qui ne vient
pas.
Ma question est la suivante. Je vais être le plus bref possible
parce que je sais que le temps est très court. Comment se fait-il que,
pour la commission régionale chez nous, la priorité qui avait
été avancée par cette commission scolaire régionale
n'a pas été respectée? Et Dieu sait et le ministre doit
savoir aussi que, pendant au moins deux ans et demi, à peu près
quatre fois par jour, 53 fois par semaine, à peu près 1500 fois
par mois, autant vous que les sous-ministres et ceux qui travaillent avec vous,
avez été des espèces de victimes de mes demandes à
ce sujet pour avoir une réponse positive. Qu'en est-il maintenant
aujourd'hui, le 21 mars 1989, de cette fameuse école secondaire dont
vous êtes venu nous dire qu'elle ne viendra jamais avec un non-respect de
la décision qui avait été prise par la commission
régionale U y a quatre ans?
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Tout d'abord ce n'est pas la commission scolaire
régionale qui prend ces décisions-là, c'est le ministre.
Et je pense que c'était la même chose...
M. Biais: Est-ce que vous pouvez me permettre une demi-minute? Je
me suis peut-être mal exprimé.
Le Président (M. Saintonge): Allez-y M. le
député de Terrebonne.
M. Biais: Vous venez de nous dire que vous consultez et que la
commission régionale établit ses priorités. Et, quand cela
arrive au ministre, vous dites: De façon générale c'est
très respecté, on s'entend et on fait facilement consensus. Eh
bien, il y a quatre ans, la commission régionale de chez nous avait
décidé que l'école secondaire devait se faire. Au moins
pour ce cas-là, le ministère a fait changer la priorité de
la commission scolaire régionale. Je sais que c'est le ministre qui
prend la décision. C'est ce que je vous reproche.
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Ryan: Mais je pense qu'a y avait maldonne parce que vous
parlez de la commission régionale et que vous vouliez parier en fait de
la Direction régionale du ministère. Parce que...
M. Biais: Vous savez je ne suis pas victime de la "structurite".
Je parie...
M. Ryan: Ce n'est pas grave. Mais entendons-nous sur les termes
pour qu'il n'y ait pas de malentendu et on va aller sur le fond. On va aller
sur le fond rapidement.
C'est vrai ce que vous dites, qu'une décision avait
été prise par le ministre du temps à l'effet de construire
une école secondaire nouvelle à Mascouche. Quand nous sommes
arrivés au pouvoir, beaucoup d'engagements avaient été
pris par le gouvernement précédent. Les crédits
n'étaient pas là pour les réaliser. Il a fallu sabrer dans
ces engagements de toute manière parce qu'on avait engagé
l'avenir de manière considérable, il a fallu reporter plusieurs
projets. Et, parmi les projets que nous avons reportés, il y avait celui
de l'école secondaire de Mascouche que nous avons différé
pour la raison suivante, que j'ai exposée à maintes reprises au
député, qu'il y avait une école à
côté. Quand on a fait la commission scolaire de Mascouche, on a
pris un arrangement avec la commission scolaire voisine, la commission scolaire
Les Écores, prenant l'engagement d'envoyer à l'école
Leblanc de la commission scolaire Les Écores les élèves de
niveau secondaire en provenance de Mascouche. C'est à peu près -
je n'ai pas le kilométrage exact - douze à quinze
kilomètres.
M. Biais: Une heure et demie le matin et
une heure et demie le soir pour les étudiants, c'est un
détail.
M. Ryan: Je sais bien. Mais ce qui est arrivé, c'est que
l'école Leblanc, dans l'état actuel des choses, est loin
d'être occupée à capacité. Il aurait fallu la vider
de plusieurs centaines d'étudiants pour bâtir une école
à Mascouche pendant que, dans d'autres régions, il n'y avait pas
du tout d'école pour accommoder des élèves ou encore qu'il
y avait des écoles qui étaient pourries et qu'il fallait
absolument rénover. Il a fallu faire des choix. J'ai examiné la
question avec la Direction régionale. Je peux vous assurer qu'au cours
des deux dernières années, la Direction régionale
était parfaitement d'accord sur le point de vue que j'ai retenu dans ce
dossier. Et l'an dernier, pour votre information, la Direction régionale
m'a recommandé, pour le secteur des Manoirs, la nécessité
de construire deux écoles primaires nouvelles dans un avenir prochain.
Nous en avons annoncé une en 1988-1989 qui sera à Lachenaie. Une
autre doit être arrêtée aussi dans un avenir
rapproché. Nous en avions donné une autre il y a deux ans, vous
vous en rappelez. Cela va faire trois écoles chez vous. C'est pas mal.
Je n'en ai jamais vu tant que cela dans un comté d'Opposition durant les
neuf années du gouvernement péquiste.
Une voix: C'est vrai.
M. Biais: M. le Président.
M. Ryan: Non, non, mais on parle de faits.
M. Biais: Voyons!
M. Ryan: II n'y avait même jamais moyen, dans le temps,
d'avoir tous les renseignements qu'on vous donne aujourd'hui. Je ne les ai
jamais eus, moi, quand j'étais dans l'Opposition.
M. Gendron: On parle de faits, mais on parle surtout
d'élèves.
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: Le mouvement des élèves.
Le Président (M. Saintonge): Un instant! Un instant! S'il
vous plaît, M. le député de Ter-rebonne.
M. Biais: ...école par partisanerie. Je n'ai pas dit que
vous aviez refusé mon école par partisanerie, quand
même!
M. Ryan: Très bien.
M. Biais: De la manière dont vous me répondez, cela
voudrait dire que j'aurais dit ça. Je m'excuse!
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Terrebonne, à l'ordre, s'il vous plaît! Un instant!
M. Ryan: Nos services régionaux m'ont fait rapport que
dans l'état actuel des choses, il y aurait lieu, en priorité, de
refaire une école déjà existante à Mascouche et que
cette école, avec l'autre qui est là, pourrait répondre
aux besoins en matière secondaire pour une période
prévisible. Je suis allé moi-même sur les lieux, en
septembre, à une réunion publique à laquelle était
présent le député de Terrebonne et au cours de laquelle
nous avons exprimé des avis divergents. Mais j'ai dit franchement aux
commissaires et à la population quelle était la ligne de conduite
que je retenais. Je ne pense pas que j'aurais pu être plus franc, plus
net et plus clair. Je suis toujours prêt à examiner le dossier si
on me le présente sous des aspects nouveaux, mais, sous les aspects que
je connais, la décision reste celle que je communiquais en septembre
dernier.
M. Biais: Donc vous n'étiez pas d'accord avec le
régional...
Le Président (M. Saintonge): M. le...
M. Biais: ...vous avez changé la décision du
régional de l'époque. C'est tout. C'est ce que je voulais
savoir.
M. Ryan: Après l'élection, de toute manière,
il fallait changer la programmation parce qu'il y avait des engagements pour
deux fois plus d'argent qu'on en avait.
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de...
M. Ryan: Deux fois plus d'argent qu'on en avait.
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: J'aurais une autre question concernant les
immobilisations en éducation, au primaire et secondaire. Un M. Yves
Bourassa devait faire une étude, M. le ministre, sur l'état des
bâtiments scolaire. Vous aviez évoqué ça et je
voudrais savoir si son étude est complétée. Sinon, quand
le sera-t-elle? Rapidement, en une couple de phrases, quelles en sont les
conclusions quant aux besoins relatifs à tout l'aspect du
vieillissement, de la vétusté des écoles et des budgets
requis pour les dépenses d'immobilisations?
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Est-ce que le député pourrait
répéter la dernière partie de sa question?
M. Gendron: La dernière partie c'est tout simplement pour
savoir si l'étude de M. Bourassa est complétée; si elle
l'est, vous me direz depuis quand, et est-il possible d'avoir rapidement
les quelques conclusions préliminaires qui se dégagent de cette
étude concernant les besoins financiers importants pour pallier à
la vétusté et au vieillissement des diverses écoles du
réseau primaire et secondaire du Québec.
Le Président (M. Sairrtonge): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Oui. Il s'agit ici d'un projet entrepris conjointement
par le ministère et la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec. Est-ce que l'Association des
commissions scolaires protestantes est aussi associée?
Une voix: Oui.
M. Ryan: Participe également l'Association des commissions
scolaires protestantes. Au 1er mars 1989, 200 commissions scolaires avaient
retourné au groupe de travaX les résultats de l'évaluation
de leurs bâtiments qui fut réalisée à l'automne
1988, ce qui veut dire qu'environ 97 % des commissions scolaires auxquelles le
questionnaire fut adressé y ont répondu.
Le groupe de travail a procédé, depuis ce temps-là,
à l'interprétation et à l'analyse des données et on
m'informe que les résultats préliminaires, s'appliquant à
l'ensemble des commissions scolaires, devraient être disponibles en juin
1989. Le groupe de travail compte déposer à l'automne son rapport
au comité directeur sur les systèmes de gestion financière
et des équipements. De ce rapport, il verra à dégager des
propositions concernant la poursuite des travaux et des recommandations
relatives aux projets qui devraient être retenus ou aux orientations qui
devraient être acceptées. (16 h 40)
Évidemment, ceci devra donner lieu à des travaux en vue de
l'année 1990-1991. Il serait absolument impossible d'inclure dans la
programmation de 1989-1990 les résultats de cène étude qui
nous seront communiqués trop tard.
D'ailleurs, J'ai soumis au Conseil du trésor et au
ministère des Finances des demandes précises concernant les
ressources dont le ministère a besoin en matière
d'immobilisations pour l'année 1989-1990. Je devrais recevoir la
réponse du Conseil du trésor à ce sujet en mai ou juin
prochain selon l'habitude.
Le Président (M. Saintonge): M. le député
d'Abitibi-Ouest et leader de l'Opposition.
M. Gendron: Donc, on ne retrouve pas la réponse que vous
souhaitez avoir dans les crédits qui viennent d'être
déposés par le ministre des Finances aujourd'hui. Cela ne vous
dérange pas.
M. Ryan: Ce n'est jamais dans les crédits qui sont
déposés par le ministre des Finances à ce moment-ci de
l'année. Cela vient toujours plus tard. Les crédits
d'immobilisations ne sont pas dans le livre des crédits.
M. Gendron: C'est exact. M. Ryan: Cela va?
M. Gendron: Rapidement, toujours pour des raisons de temps, je
vais interroger un peu la même rubrique, la même raison. Ayant de
l'argent, le ministre des Finances avait engrangé, disait-il, il avait
de l'argent par-dessus les oreilles, même si ça ne paraissait pas
beaucoup dans l'État du Québec au chapitre de plusieurs besoins
importants qui n'étaient pas comblés.
Le même artifice de calcul s'est fait pour les crédits
supplémentaires n° 3 pour ce qui est de l'enseignement
collégial. Là, la somme du service de la dette est un peu moindre
mais c'est exactement la même chose. Pour le collégial, on a
décidé une somme de 28 299 000 $, essentiellement des
crédits qui serviront au remboursement des emprunts obligataires
à long terme contactés pour financer... Financer quoi, M. le
Président? Les immobilisations au niveau collégial.
La situation au niveau collégial
Pourquoi? Parce que la question porte sur les immobilisations du niveau
collégial. Cela me permet d'aborder la question de l'étude, de
l'analyse du parc immobilier mais de niveau collégial.
Avant de poser ma question, j'aimerais attirer l'attention du ministre
sur un récent dossier sur l'évaluation des besoins financiers du
réseau collégial pour 1989-1990. La Fédération des
cégeps avait fait une évaluation des sommes additionnelles qui
devraient être injectées pour le maintien des actifs et le
rajeunissement en ce qui concerne aussi bien le parc immobilier que le parc
d'équipement. À partir d'estimations qui semblent assez
réalistes, la fédération évaluait le manque
à gagner annuel à 17 200 000 $, seulement au chapitre des
immobilisations, de façon à porter le budget actuel de 69 000 000
$ à 87 000 000 $.
Je répète que la Fédération des
collèges estimait que le manque à gagner annuel, pour ce qui est
de la question du maintien des actifs et du rajeunissement, était de 17
200 000 $. Je vous rappelle également que la fédération
avait évalué, dans un document que vous avez sans doute
reçu et que M. Bourassa a également reçu, des besoins non
financés pour une somme de 32 400 000 $, au-delà de la question
du parc immobilier et au-delà de toute la question de la
nécessité de rajeunir des actifs vétustés,
désuets, inadéquats.
C'est sûr que dans les crédits réguliers, M.
le ministre, on aura l'occasion de revenir pour essayer de savoir, non
pas pour le service de la dette, mais si, dans les crédits nouvellement
votés au secteur collégial, au moins ils n'auront pas à
subir la coupure de 9 300 000 $ qu'on leur imposait pour le prochain exercice
budgétaire et également voir si, dans les crédits dont
j'ai pris connaissance et dans lesquels je n'ai pas vu l'argent requis, on peut
donner un tant soit peu suite à leur demande de crédits
additionnels.
La première question n'est pas chiffrée. Ce n'est pas une
question de chiffres. Quand la Direction générale des
collèges faisait l'évaluation que son parc Immobilier aurait
besoin, d'une façon urgente, de rajeunissement, etc. Oui, la
Fédération des cégeps. Est-ce que le ministre de
l'Éducation partage l'analyse de la fédération quant
à l'insuffisance du financement accordé pour le maintien des
actifs et le rajeunissement des équipements et des bâtiments?
Partage-t-il cette évaluation, lui, comme ministre de
l'Éducation? En a-t-il fait une? L'a-t-il chiffrée, cette
évaluation? Et son évaluation à lui, par rapport aux
besoins urgents de rafraîchissement et de rajeunissement du parc
immobilier se situe à quel niveau?
Le Président (M. Saintonge): Je cède la parole
à M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: M. le Président, il ne serait pas mauvais de
signaler que l'objet de notre discussion, c'est la décision que le
gouvernement propose à l'Assemblée nationale d'entériner,
voulant qu'une somme de 28 000 000 $ soit versée, par anticipation, au
fonds d'amortissement de la dette d'immobilisations des collèges, des
cégeps, des quelque 45 collèges que nous comptons au
Québec. Je pense que c'est bon que nos concitoyens le sachent. C'est
beau de bâtir des collèges, c'est beau de faire des
réparations d'envergure dans certains d'entre eux, comme nous sommes en
train d'en faire, par exemple, au cégep du Vieux-Montréal qui en
avait un très grand besoin, mais il faut que tout cela se paie.
Il n'est peut-être pas mauvais de rappeler le montant total de la
dette obligataire des collèges, au moment où nous nous parlons.
Quand nous autorisons une construction ou un agrandissement, nous autorisons la
corporation à contracter un emprunt qui sera entièrement garanti
par le gouvernement, qui lie autant le gouvernement que s'il avait fait
l'emprunt lui-même. Alors, le montant total de cette dette
d'immobilisations était, l'an dernier, au 31 décembre, de 931 468
000 $. C'est de l'argent. Quand on dit que le Québec ploie sous le
fardeau de la dette publique, imaginez les intérêts qu'il faut
payer chaque année là-dessus en plus des remboursements de
capital, c'est énorme. Je n'ai pas le chiffre exact du fardeau de la
dette dans les dépenses de l'État du Québec pour
l'année 1988-1989. Je crois que c'est autour de 5 000 000 000 $.
Sur les 32 000 000 000 $ qu'on aura dépensés, cela veut
dire que c'est entre 4000000000$ et 5000000000$; c'est près de 15 % que
nous n'avons pas pour l'amélioration des services. Le gouvernement s'est
fixé un objectif. Il veut réduire ce fardeau. S'il veut
réduire le fardeau, que pensez-vous qu'il va faire? Il va essayer de
devancer le paiement de sa dette dans la mesure où il en est capable. Il
va essayer d'engranger un peu pour réduire le fardeau fiscal de
manière que peut-être pas la génération de
1989-1990, mais les générations futures puissent disposer d'une
marge de manoeuvre plus grande que la nôtre et puissent être moins
écrasées par le fardeau des dettes pour pouvoir penser plus en
termes de développement. C'est la philosophie du gouvernement.
Je pense que si nous avons réussi à libérer...
Chaque année, nous payons sur la dette des collèges... Pour
l'année 1988 c'était à peu près 102 000 000 $. Si
nous ajoutons ces 28 000 000 $ demandés dans les crédits
spéciaux, ça va faire autant de moins pour les années
à venir. Si on peut faire ça pendant quelques années, on
imagine qu'on va beaucoup améliorer la situation. C'est la philosophie
de fond qui inspire ces grandes décisions. Je ne pense pas qu'il y ait
un homme d'affaires ou un chef de famille qui agirait autrement, s'il est
sérieux.
Le Président (M. Saintonge): M. le chef de
l'Opposition.
M. Gendron: À combien estimez-vous vos besoins
d'immobilisations pour l'exercice budgétaire qui commencera le 1er
avril? D'après vous, comme ministre de l'Éducation, quels sont
vos besoins, l'enveloppe budgétaire nécessaire pour vos
dépenses d'immobilisations sur le point que je discute?
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Ryan: Je ne peux évidemment pas vous communiquer,
à ce moment-ci, les demandes que j'ai présentées au
Conseil du trésor à cette fin. Je recevrai la réponse un
peu plus tard, vers avril ou mai, en ce qui touche le montant des
immobilisations pour fins d'ajout d'espaces qui nous seront accordés.
Maintenant, il me plait de rappeler deux choses qui se relient... (16 h 50)
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Saintonge): Oui.
M. Gendron: M. le Président, je ne demande pas pour ajout
d'espaces. J'étais au chapitre de l'étude ou de l'analyse qui a
été faite par la fédération des collèges,
disant que, pour ce qui est de l'entretien, du rajeunissement du parc
immobilier collégial, pas des ajouts d'espaces.
M. Ryan: J'en venais justement à ce point-là. Nos
pensées se sont croisées une fois de plus. Savez-vous, pour le
budget de maintien des actifs en 1985-1986. on réservait 34 000 000 $
par année. Nous autres, en 1986-1987, nous avons mis 36 000 000 $, en
1987-1988, 37 000 000 $. Savez-vous combien nous avons mis en 1988-1989? 44 380
000 $. C'est un premier pas dans le sens d'une réponse qui devait
être apportée aux constatations que nous a soumises la
fédération des cégeps. Nous ne sommes pas d'accord avec
tous les éléments de l'analyse de la fédération des
cégeps, mais, de manière générale, nous sommes
d'accord avec elle qu'il y a un problème. C'est pourquoi, cette
année, le gouvernement a mis plus d'argent, et là nous avons
présenté des demandes au Conseil du trésor pour
l'année 1989-1990 dont une bonne partie seront, j'imagine,
acceptées.
De plus, nous avons consenti, ces dernières années, des
budgets spéciaux pour le renouvellement des équipements à
haute teneur technologique. Vous vous souvenez de l'an dernier quand nous avons
discuté des crédits, nous avons mis 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ de
plus de ce côté-là. On nous avait fait des
représentations, on avait de très bons équipements qui
étaient en train de se dégrader. On s'est dit: II faut mettre de
l'argent, parce que, autrement, ce qu'on a investi avant sera perdu. On a fait
un effort spécial de ce côté-là et j'ai
présenté de nouveau des demandes à cette fin cette
année.
Le Président (M. Saintonge): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, compte tenu du temps qui nous
est imparti, même s'il reste cinq minutes, je ne veux pas l'utiliser. On
aura l'occasion de revenir d'une façon plus complète et, pour
l'instant, pour quelques questions que je voulais poser au ministre de
l'Éducation, eu égard au seul élément dans les
crédits supplémentaires, tout autant pour l'éducation que
pour le collégial, est de payer un versement par anticipation, je n'ai
pas d'autre commentaire à formuler. Merci.
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, juste un mot très bref en
terminant. Je pense que, lorsqu'une entreprise réussit à terminer
son exercice en déclarant qu'elle a pu verser par anticipation des
paiements sur sa dette accumulée, on est enclin à dire qu'elle a
dû bien gérer ses affaires, parce que quand on gère mal ses
affaires, on tire de l'arrière dans le paiement de sa dette, puis,
généralement, la dette s'accroît.
Alors, les deux gestes que nous commentons aujourd'hui: l'ajout de 65
000 000 $ de crédits pour payer par anticipation une partie de la dette
qui devrait normalement être payée en 1989-1990 pour les
commissions scolaires et l'ajout d'un autre montant de 25 000 000 $ pour
devancer également, anticiper, les paiements sur la dette des
collèges sont deux gestes qui, à mon point de vue,
témoignent de la prudence, du réalisme et de l'efficacité
avec lesquels le gouvernement gère présentement les finances
publiques du Québec.
M. Gendron: M. le Président, compte tenu de la conclusion
du ministre, il a le droit de la faire, mais j'aurais sûrement le droit
de dire que ça devient un choix de ministre ou de gouvernement. Et je
trouve que ça fait très prétentieux de conclure que c'est
une preuve par quatre qu'il s'agit là d'une très bonne situation
dans le domaine qui est nôtre. Je peux vous dire que c'est toujours exact
qu'une entreprise qui réussit à payer son service de la dette par
anticipation, c'est vrai, à condition que les besoins prioritaires aient
été satisfaits.
Que je sache, dans l'éducation primaire, secondaire et
collégiale, je n'ai pas les indications, par le nombre de lettres et de
représentations qu'on me fait, que les besoins sont complètement
comblés, et, en conséquence, on peut avoir cette largesse
d'anticiper sur la prochaine année un paiement d'un certain montant
additionnel du service de la dette. Et je n'ai rien contre le fait de
réduire le service de la dette, mais il faut être conscient qu'il
s'agit là d'un choix de gouvernement et on aura l'occasion de revenir,
lors de l'étude des crédits, pour faire le lien entre ce
choix-là par rapport à des demandes pour les prochains
crédits qui, d'après les concernés, n'auraient pas
reçu toute l'attention que les concernés auraient
souhaité. Et ça, c'est encore un peu normal.
M. Ryan: Nous allons discuter des crédits pour
l'année 1989-1990 dans quelque temps. Je m'abstiens d'autres
commentaires par conséquent, M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): Très bien, ceci met
donc fin à cette partie de nos travaux. Nous allons suspendre quelques
instants pour laisser le temps aux personnes présentes de quitter et
à Mme la ministre des Services sociaux et Mme la députée
de Chicoutimi de venir prendre place avec les gens qui les accompagnent pour
poursuivre l'étude de ces crédits supplémentaires. Nous
suspendons donc quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprisée 17 h21)
Ministre de la Santé et des Services
sociaux
Le Président (M. Saintonge): La commission
plénière va maintenant reprendre ses travaux et poursuivre
l'étude des crédits supplémentaires
n° 3 pour l'année 1988-1989. Nous accueillons maintenant Mme
la ministre de la Santé et des Services sociaux. Mme la ministre, vous
avez la parole pour des remarques préliminaires.
Remarques préliminaires
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord m'excuser auprès de mes collègues. Ce n'est pas souvent
que je suis retardée, mais malheureusement je lai été cet
après-midi. Alors, j'ai été convoquée pour que nous
examinions les crédits supplémentaires qui ont été
versés au poste de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, pour un montant dé 30 000 000 $. La régie, on le
sait, est un organisme indépendant, quoique sous l'autorité du
ministre de la Santé et des Services sociaux. Ces 30 000 000 $, comme le
programme 1 du régime d'assurance-maladie l'indique, sont
répartis ainsi: 15 704 000 $ pour des services médicaux; 4 647
000 $ pour les services dentaires; 4 425 000 $ pour des médicaments et
services aux personnes âgées; 4 461 000 $ pour d'autres services
et, finalement 773 000 $ pour des frais d'administration pour un total de 30
010 000 $. Je voudrais simplement indiquer immédiatement que cet ajout
ou ces crédits supplémentaires sont le résultat - je
pourrai peut-être donner un peu plus de détails, à ce
moment-là, selon les questions que la députée de
Chicoutimi me posera - a totalité ou la quasi totalité, moins,
évidemment, les dépenses pour frais d'administration, sont le
résultat ou les conséquences d'ententes qui ont été
signées avec les divers professionnels de la santé; qu'il
s'agisse des résidents internes, des médecins
spécialistes, des dentistes, des chirurgiens buccaux et, dans le cas des
personnes âgées, des montants qui sont reliés au paiement
des médicaments pour les personnes âgées. Pour le moment,
ce sont mes seuls propos. Je pense que cela couvre bien ce qui est ici devant
nous, les crédits supplémentaires pour la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. J'ai demandé au Dr Mockle,
président de la Régie de l'assurance-maladie du Québec de
m'accompagner pour donner les détails selon les questions qui nous
seront adressées. Je vous remercie.
Le Président (M. Saintonge): Très bien, Mme la
ministre. Je vais céder la parole, à ce moment-ci, à Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. D'abord, je
voudrais saluer les personnes qui accompagnent la ministre et souhaiter qu'on
puisse un peu mieux voir où on s'en va en santé, peut-être
au-delà des questions qui concernent la RAMQ.
Je trouve un peu désolant l'état actuel du réseau.
Évidemment, cela ne laisse pas de m'inquiéter. Cela se
détériore rapidement. Je vais quand même examiner avec vous
ce qui se passe à la RAMQ. SI on faisait des parallèles entre ce
qui explique les écarts ici, ce qui pourrait expliquer des écarts
comparables dans les hôpitaux - je pense plus particulièrement aux
médicaments - et les mesures que vous entendez prendre pour corriger
l'écart qu'il y a entre l'indexation des coûts de système
et les coûts réels du système - je pense plus
particulièrement au poste des médicaments et fournitures
médicales.
RAMQ
Je voudrais comprendre. La RAMQ est cette privilégiée qui
n'a pas de surplus et qui n'a pas de déficit. Dès qu'elle a des
besoins ou que la facture rentre, on s'arrange pour qu'elle paie. Donc, au
poste des médicaments, je voudrais bien comprendre. Entre les
médicaments et les services aux personnes âgées, qu'est-ce
qui explique l'écart? Tantôt, la ministre nous disait que cela
s'expliquait par des ententes qui ont été signées. On
pourra peut-être le voir tantôt dans les soins dentaires. Au poste
des médicaments et services aux personnes âgées, comment
s'explique l'écart ou le manque à gagner qui fait qu'on ajoute 4
425 000 $ à ce moment-ci?
Mme Lavoie-Roux: C'est évidemment par l'augmentation du
nombre de personnes âgées, par l'augmentation du taux de
consommation et, évidemment, relié à ceci, il y a une
partie qui peut être attribuée au prix des médicaments. Si
vous vous souvenez du rapport annuel qui a été
déposé à l'Assemblée nationale au mois de septembre
- est-ce au mois de septembre, M. le Président, peut-être au mois
de décembre, j'ai oublié - dans lequel était clairement
indiqué, dans le coût des médicaments, l'augmentation qui
était impartie à la hausse du nombre de personnes
âgées, à une hausse de consommation et également le
pourcentage qui était attribuable à l'augmentation du coût
des médicaments.
Mme Blackburn: Le rapport qui nous a été remis,
c'est le rapport pour l'année 1987.
Une voix: De janvier à décembre 1987.
Mme Blackburn: D'accord. Entre autres, dans ce rapport, on voyait
qu'une partie de l'explication de l'augmentation des coûts
résidait dans l'augmentation des coûts des médicaments -
traitements spécialisés, si je ne m'abuse, non, c'est dans les
hôpitaux. L'explication de l'augmentation des coûts à la
RAMQ, c'était... En tout cas, je me rappelle un poste: augmentation du
coût des médicaments.
Au tableau comparatif, en page 4, évolution du coût des
principaux programmes administrés par la régie. Aux services
sociaux et services dentaires, on notait que l'augmentation la plus importante
était celle des médicaments, qui passaient de 12,1 % de
l'enveloppe à 17 %. Pour la RAMQ, il n'y a pas de problème parce
que, ce
que cela coûte, on lui donne l'argent pour le payer. Mais comment
cela se passe-t-il dans les hôpitaux où c'est
sous-budgétisé et ils se trouvent contraints de fermer des
services pour payer des médicaments? Les hôpitaux ont exactement
la même situation que celle qui se présente pour la RAMQ,
c'est-à-dire qu'ils ont plus de personnes âgées, il y a un
taux de consommation plus élevé et le coût des
médicaments les affecte aussi. À combien estime-t-on le manque
à gagner, l'écart qui existe entre l'indexation pour les
coûts de système et les coûts réels en matière
de médicaments? (17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne faudrait pas oublier que le
gouvernement actuel - je pense que ceux qui nous écoutent m'ont
certainement déjà entendue mentionner ces choses - quand il est
arrivé, en 1986, d'une part, a pris à son compte - il n'en avait
pas le choix, d'ailleurs - les déficits accumulés depuis trois
ans pour un montant de 285 000 000 $. Comme ces déficits étaient
reliés à une sous-budgétisation - on se rappellera les
coupures radicales qui ont eu lieu dans les années 1982, 1983 et 1984 -
on s'est dit: Si on veut responsabiliser les hôpitaux, il faut quand
même leur permettre ou leur accorder un budget convenable. C'est à
ce moment-là qu'il y a eu un redressement dans l'ensemble des bases
budgétaires des hôpitaux, un ajout de 100 000 000 $.
Également, a été introduite la notion de coût de
système, un pourcentage de 1 % du budget global d'un hôpital est
accordé pour faire face aux obligations qui découlent, d'une
part, du vieillissement de la population et, d'autre part, des coûts
reliés à la technologie et aux médicaments. En 1986, c'est
un montant - au-delà du 100 000 000 $ - de 33 000 000 $ qui a
été ajouté, c'est-à-dire que les hôpitaux se
sont vu accorder, à ce moment-là, 133 000 000 $, de l'argent
absolument neuf. En 1987, ils se sont vu accorder ce même coût de
système pour un montant de 38 000 000 $; en 1988-1989. le montant
accordé était de 42 000 000 $; cette année, ils se verront
accorder un montant supplémentaire neuf de 46 000 000 $.
Il convient d'ajouter, M. le Président, pour l'information de la
députée de Chicoutimi - cela ne s'était pas vu depuis
plusieurs années - que les dépenses, dont les médicaments,
sont aussi indexées au coût de l'inflation. Chaque année,
les dépenses ont été indexées au coût de
l'inflation. Alors, au-delà du coût de système qui,
maintenant, est une chose acquise dans notre système de santé et
de services sociaux, s'ajoute l'inflation qui est versée chaque
année et dont une partie, évidemment, contribue à faire
face à l'augmentation du coût des médicaments.
Mme Blackburn: La question, M. le Président, était
très claire et très simple. Je sais que l'indexation pour le
coût des médicaments a été, en 1985-1986, de
près de 5 % il manque 0,02 %, en 1986-1987, de 7,7 %, en 1987-1988, de
7,22 % et en 1988-1989, de 5,47 %, alors que l'augmentation réelle du
coût des médicaments a été de 13 % dans une
année, donc un manque à gagner annuel là-dessus, ce qui
oblige les hôpitaux à couper dans les services essentiels.
Au-delà du beau discours, on a ramassé le déficit.
Il est rendu, on le sait, au service de la dette, bien je dis bravo. Mais
est-ce que le seul objectif de la ministre est l'équilibre
budgétaire en dépit des services qu'on coupe? Est-ce que son seul
objectif est de gérer les hôpitaux pour que ça rentre dans
les budgets, même de budgets qui ne tiennent pas compte du coût
réel de certains services, les coûts réels des
médicaments, par exemple? Est-ce que votre seul objectif est de boucler?
On peut se péter les bretelles en disant qu'au Québec, ça
va bien dans les hôpitaux. J'en ai 75 %, m'avez-vous dit, l'autre |our,
qui ont des surplus budgétaires. De deux choses l'une: ou ils ont
coupé trop de services ou encore Us sont trop
budgétisés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Mme Blackburn: Ce que je demande à la ministre,
clairement... On voit qu'à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, c'est facile parce qu'elle est vraiment indexée,
automatiquement, selon les coûts des médicaments. Elle n'a pas de
problème, pas de déficit parce qu'elle ne les met pas dans sa
poche, évidemment, ce sont des services qu'on lui réclame, des
notes de frais qu'on lui envoie, donc ça va bien. Mais pour les
hôpitaux qui sont aux prises avec le même système, avec un
accroissement des coûts des médicaments qui se traduit ici, pour
la RAMQ, en ce qui a trait aux personnes âgées, par un montant de
4 425 000 $, qu'est-ce que ça veut dire le manque à gagner et ce,
pour les mêmes raisons: plus de personnes âgées, un taux de
consommation plus élevé et le coût des médicaments?
Alors, cela veut dire combien? Parce que les coûts de système ont
été de 1 % l'an passé, même pas tout à fait,
sur un budget de 4 700 000 000 $ pour les hôpitaux de courte
durée, et vous avez donné 42 000 000 $. C'est moins de 1 %, alors
que la commission Rochon estime qu'on devrait compter au moins 3 % pour les
coûts de système. Est-ce qu'il faut s'étonner, par exemple,
que l'hôpital de Rimouskl soit obligé de fermer ses portes? C'est
le seul hôpital régional. C'est-à-dire qu'il y en a un pour
tout l'Est, Gaspé, les îles-de-la-Madeleine. Cela va
jusqu'à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. C'est le seul hôpital
et I a été obligé de fermer ses portes pendant une
semaine. Je demande à la ministre si c'est normal et pourquoi est-ce
qu'on ne pourrait pas, dans les hôpitaux, au moins s'assurer que, pour
des postes aussi essentiels, qu'ils aient au moins l'argent qu'il leur faut de
manière qu'ils ne soient pas obligés de fermer des lits, de
fermer des services, de fermer des cliniques d'urgence, de fermer des soins
intensifs? Là. je
pourrais allonger la liste, mais vous les connaissez.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que vous me
permettriez? Je comprends que la députée de Chicoutimi, selon son
habitude, en profite pour - vous m'excuserez l'expression - charrier un peu
dans toutes les directions. Elle demande: Votre indexation que vous avez
donnée chaque année est de l'ordre de 4 % et on sait que les
augmentations ont été - là, je reprends ses chiffres - une
année de 6 % et l'autre année de 9 %, peu importent les chiffres
qu'elle a donnés. Oui, oui, c'est ça. Je ne les ai pas devant
moi, alors je les cite d'une façon un peu moins précise que vous
ne l'avez fait. Mais pour reprendre votre même raisonnement, c'est que la
différence entre le coût qui est accordé pour l'inflation
de 4 % ou 4 et quelques dixièmes pour cent, et le coût
réel, est comblée par le coût de système. Vous allez
me dire qu'il n'y en a pas suffisamment dans le coût de système...
Mais, M. le Président, je voudrais quand même avoir le droit de
parole. Je pense que j'ai écouté patiemment la
députée de Chicoutimi. Le coût des médicaments dans
les hôpitaux est de l'ordre de 150 000 000 $. Si vous avez une
différence moyenne de 3 %, ça représente, comme coût
à combler entre l'inflation et le coût réel des
médicaments, 4 500 000 $. Alors, sur un montant, comme cette
année, de 42 000 000 $ de coûts de système que vous avez
eus, je pense que les 4 000 000 $ sont amplement comblés.
Le Président (M. Saintonge): Mme la députée
de Chicoutimi.
Les budgets des hôpitaux
Mme Blackburn: Parce que c'est bien comblé et parce que
les hôpitaux sont bien budgétisés, qu'ils ne sont pas
sous-budgétisés, c'est pour ça qu'il sont obligés
de fermer des services? Je demande à la ministre: Est-ce que c'est parce
qu'ils gèrent mal leurs systèmes? Écoutez, je n'invente
rien. J'ai repris le rapport du Vérificateur général qui
dit ce qui suit, et je lis - je voudrais voir la ministre réagir
à ça, ce qu'elle répond au Vérificateur
général qui dit, en page 244 de son rapport de 1988, parlant de
la planification: "Notre vérification ne nous a permis d'identifier la
politique d'ensemble de santé et de bien-être." Je comprends bien
parce qu'on l'attend toujours. "La planification est effectuée par
secteur d'activité, et ce, de façon inégale. Des secteurs
sont planifiés de façon plus complète comme celui de la
déficience intellectuelle, tandis que d'autres le sont de façon
marginale, comme le secteur des soins de courte durée physiques qui
effectuent des déboursés de l'ordre de 4 700 000 000 $
annuellement. La planification - et j'ajoute, de pompier - dont certains
secteurs ont été l'objet, visait à régler un
problème spécifique survenu à un moment donné. Mais
ce n'était pas l'exemple, ce n'était pas le résultat d'un
exercice s'inscrivant dans une démarche systématique de
planification." Comment voulez-vous que les hôpitaux puissent planifier,
s'il n'y a pas de planification ministérielle? La seule obligation qu'on
leur fait peser sur la tête c'est l'épée de
Damoclès. C'est: Si vous ne bouclez pas, si vous avez des
dépassements budgétaires, ce sont les coûts de
système et de développement que vous n'aurez pas. Et là,
d'ailleurs, je rappelle juste les propos de la ministre en commission
parlementaire qui disait: C'est notre épée de Damoclès. Je
ne le croyais pas vraiment, parce que, dans un hôpital comme Rimouski
où vraiment, pour des raisons de vieillissement de la population, ils
ont des dépassements budgétaires, elle dit: Bien, si vous ne
bouclez pas et que vous ne fermez pas des services pendant une semaine, c'est
bien de valeur, mais vous n'aurez pas les enveloppes de développement,
ni les enveloppes de coût de système. (17 h 40)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Mme Blackburn: Je demande à la ministre si elle trouve
normal qu'on soit en train de fermer des services un peu partout au
Québec et ce qu'elle répond au Vérificateur
général.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais tout de
suite corriger ce que vient de dire la députée, que la ministre
aurait dit à l'hôpital de Rimouski: Si vous ne fermez pas de lits.
Comme si j'avais demandé à l'hôpital de Rimouski de fermer
des lits. Ce que la députée ne semble pas comprendre, ou ne pas
connaître, l'un des deux, c'est qu'il revient aux administrations
hospitalières, à l'intérieur d'un budget global qui leur
est accordé et auquel nous avons apporté évidemment des
bonifications importantes à partir des redressements de bases
budgétaires et du coût du système, il leur revient de
décider par (a suite comment elles vont administrer ce budget. Et quand
la députée de Chicoutimi dit aussi: L'hôpital de Rimouski a
fermé. Je pense que c'est légèrement
exagéré. Ce que l'hôpital de Rimouski a fermé, c'est
certains services, pour une période d'une semaine durant la
relâche scolaire. L'administration de l'hôpital a pris sur elle
cette décision et elle n'avait pas, pour une période de
relâche, à venir demander l'assentiment de la ministre pour fermer
quelques services durant une semaine.
Pour répondre à votre deuxième question, concernant
les remarques du Vérificateur général, il est exact qu'il
n'y a pas, au Québec, de politique de santé et de
bien-être. C'est dans ce
sens-là que nous espérons pouvoir sous peu rendre
publiques les orientations ministérielles à cet égard.
Mais je lui ferai remarquer que cette absence de politique de santé et
de bien-être a existé pendant neuf ans sous le règne de
l'ancien gouvernement. Je pense que nous n'avons ménagé aucun
effort, et le Vérificateur général le mentionne
lui-même, pour que les secteurs où nous avons pu agir,
Indépendamment de ce document d'orientation qui paraîtra... Nous
avons pu agir dans des domaines comme ceux qu'il a mentionnés, dont la
déficience mentale; on pourrait ajouter la santé mentale, on
pourrait ajouter alcoolisme et toxicomanie, qui sont justement des domaines sur
lesquels, comme ministère, nous avons fait des propositions
précises. Je suis d'accord que le Vérificateur
général le souligne, mais je pense qu'il prend soin d'ajouter:
Mais il y en a une en préparation. Je pense qu'il prend soin d'ajouter
ça et je le dis de mémoire parce que je n'ai pas le rapport du
Vérificateur général sous mes yeux. Je n'ai rien d'autre
à ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je suis descendu
précisément pour intervenir sur un point, l'équilibre
budgétaire dans les hôpitaux. J'écoute la ministre depuis
tantôt. La semaine de relâche scolaire a créé une
possibilité de fermeture de lits dans un hôpital, je ne vois pas
le lien du tout.
Deuxièmement, au moment où vous étiez dans
l'Opposition, vous vous scandalisiez du fait que le gouvernement
tolérait dans les hôpitaux montréalais en particulier, mais
cela se faisait un peu dans tout le Québec, qu'il y ait des fermetures
de lits en plein mois de juillet, au moment où les médecins sont
sur les terrains de golf comme tous les autres citoyens. C'était
toléré dans notre société que les médecins
aient, l'été, des horaires opératoires beaucoup plus
courts, plus restreints et qu'on ferme effectivement des lits dans les
hôpitaux.
En février, l'Association des hôpitaux produit un bilan. En
février, il n'y a pas de golf. Ce n'est pas toujours la période
de relâche à toutes les semaines, j'espère. On se ramasse
avec quelque 600 lits fermés pour fins d'équilibre
budgétaire dans Montréal. Il y a des lits fermés pour fins
d'équilibre budgétaire à Rimouski; il y en a à
Joliette, il y en a partout.
Voulez-vous m'expliquer cette nouvelle philosophie, alors que
c'était un scandale au moment où vous étiez critique de
l'Opposition en matière de santé et de services sociaux de fermer
des lits en plein mois de juillet et que c'est devenu monnaie courante et
politique, pour une politique de saine gestion, de fermer des lits en plein
mois de février à Montréal? Je vous avoue que je comprends
mal. Je comprends mal parce que quand vous parlez d'équilibre
budgé- taire, c'était commencé avant que vous
arriviez.
Je vois votre sous-ministre à votre droite. Il va être
obligé de dire que l'analyse des déficits des hôpitaux a
commencé avant que vous soyez là. Il y avait une équipe de
trois personnes qui étaient chargées précisément
d'aller évaluer ce que la méthode MR6B faisait dans le
décor du financement. C'était commencé avant vous. Je
comprends que c'est de bonne guerre que vous vous attribuiez tous les
remèdes, mais vous n'avez fait que continuer la politique qui
était en vigueur à ce moment. Et vous arrivez en disant: Oui,
mais il y avait une semaine de relâche, on ne préconise pas la
fermeture de lits. Mais, pourquoi les tolérez-vous dans ce
cas-là? À supposer que ce n'est pas votre politique, à
supposer que vous ne préconisiez pas cette formule, comment se fait-il
que vous la tolériez puisqu'on n'est plus en juillet? On n'est pas au
mois de juin, on n'est pas au mois d'août, ce n'est pas la semaine de
relâche tous les jours. Comment pouvez-vous tolérer des fermetures
au Québec? Seulement pour la région de Montréal, il y en a
de 600 à 700, à part ceux qui ont été fermés
en permanence. Il y en a 700 en permanence, 637 de façon provisoire et
mettez le reste du Québec avec de 600 à 700 encore Où
allez-vous? Quelle est votre philosophie, quelle est votre politique?
Je vous rappellerai que la commission Rochon n'a pas
écouté pendant deux minutes chaque groupe qui a
déferlé ou défilé devant vous. La commission Rochon
a écouté des gens pendant des heures. Ils sont venus lui dire un
peu ce qu'on pensait de la politique de la santé et des services
sociaux. Je suis inquiet de voir ce que vous qualifiez de médecine de
guerre. La médecine de guerre; c'était grave, les mots que vous
utilisiez. Je suppose que vous étiez responsable au moment où
vous occupiez les banquettes de l'Opposition. Vous parliez de médecine
de guerre et, du jour au lendemain, parce qu'on fermait des lits
l'été, en pleines vacances, c'était inacceptable,
c'était une aberration mentale. Là, on en ferme à tous les
mois, à toutes les semaines et on se targue et on se vante.. Et c'est
là que je trouve très dangereuse votre attitude, Mme la ministre.
Vous vous êtes vantée, à toutes fins utiles, d'être
très heureuse de voir que les centres hospitaliers du Québec
étaient en équilibre budgétaire. Je comprends! Ils sont
même en surplus dans certains cas. Ils ferment jusqu'à 40 ou 50
lits à un moment donné, des lits de courte durée, et les
mêmes médecins, les mêmes directions hospitalières se
plaignent très régulièrement qu'elles ont un
problème avec des lits de courte durée qui sont occupés
par des patients de longue durée. Juste dans la région de
Montréal, il y en a 1000.
Voulez-vous m'expliquer, très concrètement et
correctement, sans rire des citoyens, sans rire des autorités
hospitalières, quelle est votre politique sur ça? D'une
façon claire, précise. Je suis prêt à vous
écouter.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand l'Opposition veut
faire un peu de démagogie, cela lui est toujours assez facile. On le
sait. Le député de Joliette, le chef de l'Opposition disait: Vous
vous scandalisiez quand on fermait des lits durant l'été. Nous
avions raison de nous en scandaliser. Ils étaient fermés dans une
telle proportion qu'on se souviendra que, dans la ville de Québec,
l'été 1985 fut un été invivable. Nous étions
tellement convaincus qu'ils en fermaient trop, M. le Président, que dans
le plan de désengorgement des urgences il a été
prévu plusieurs millions pour augmenter ou, d'une autre façon
pour empêcher une aussi grande fermeture de lits durant
l'été. De fait, nous laissons maintenant ouverts des lits qui,
autrefois, étaient fermés durant la période estivale, au
moins 750 lits, si on considère Montréal et Québec. Je
pourrais vous avoir le chiffre d'une façon précise.
M. Chevrette: C'est un peu moins que les lits permanents que vous
avez fermés à Montréal. (17 h 50)
Mme Lavoie-Roux: À Montréal, M. le
Président, les 750 lits, nous les gardons ouverts l'été
alors qu'ils étaient fermés avant, créant une situation
absolument intenable. Dans le cas de la semaine de relâche scolaire, le
député de Joliette me dit: Expliquez-moi pourquoi vous laissez
ces lits fermés, si vous pensez que ce n'est pas bon, ne les
tolérez pas. Les gens ne jouent pas au golf l'hiver. C'est assez
étonnant, mais il y en a qui jouent au golf. Comme ça
coïncide avec la période de relâche scoiaire, il y a d'abord
du personnel qui demande à prendre des vacances ou des congés et
des effectifs médicaux profitent de la situation pour justement
s'absenter aussi, si bien qu'il y a un ralentissement des activités
à ce moment-là de l'année. Ne vous surprenez donc pas
d'entendre des personnes qui travaillent à l'intérieur de ces
hôpitaux vous dire que le rythme est aussi lent que celui du temps des
fêtes. Cela, c'est pour répondre à la question du
député de Joliette.
Mais je voudrais quand même ajouter que quand il dit: Bon, vous
diminuez les services, etc., je pense que c'est inexact. D'année en
année, il faut considérer l'augmentation du taux d'occupation des
lits. Il faut aussi considérer une augmentation des services
donnés à l'externe. On sait que, dans le plan de
désengorgement des urgences, il y a des hôpitaux de jour ou des
unités de chirurgie d'un jour qui ont été crées
pour justement permettre - c'est un des éléments, ce n'est pas le
seul, cela n'aurait pas été suffisant, mais un des
éléments - d'alléger l'occupation des lits et de donner,
en même temps, les services requis par la population.
M. le Président, je pense qu'on pourrait ajouter
également. Ah oui! Le député de Joliette a dit: Vous
n'avez pas inventé la lune. Nous autres, on avait commencé cela
avant de partir. Tout ce que je voudrais lui dire - je pense qu'il va
l'admettre - c'est que je ne dis pas qu'il n'avait pas commencé à
se pencher sur les problèmes des déficits des hôpitaux, je
n'ai jamais dit cela d'ailleurs, mais nous avons été le premier
gouvernement finalement, ou enfin c'est le gouvernement actuel qui a consenti
à injecter des sommes importantes et à discuter de la situation
comme elle se présentait au moment où vous étiez au
gouvernement en 1982, 1983 et 1984, alors que ce n'était pas uniquement
du redressement budgétaire, mais c'étaient strictement des
coupures directes que vous faisiez dans les services, et non seulement dans les
hôpitaux, mais dans les centres d'accueil et dans les centres de services
sociaux. Je vous assure que la population ne l'a pas encore oublié et
les gens qui y travaillent non plus. On se place maintenant dans une situation.
Est-ce qu'il y a suffisamment de ressources? Est-ce qu'on devrait en ajouter
encore plus? Est-ce que des efforts supplémentaires devraient être
faits?
Là, M. le Président, on se trouve face à face ou
confrontés à la question des ressources gouvernementales. Nous
croyons que l'augmentation que nous avons donnée durant les trois
dernières années est une augmentation moyenne de 7 %, alors que
le taux d'inflation était de 4 %. Est-ce que le gouvernement peut encore
aller au-delà de ces 7 % et augmenter davantage? C'est une question.
Mais je pense qu'il ne faut pas voir la solution des problèmes... Je
lisais un éditorialiste du Devoir hier ou aujourd'hui, M.
Francoeur, qui disait: II faut se poser des questions sérieuses quand on
pense que c'est 1 000 000 000 $ et qu'encore on parle de fermetures de
lits.
M. le Président, je ne veux pas revenir dans une querelle de
chiffres sur les fermetures de lits, mais, au moment où nous nous
parlons, il y a au Québec sur environ 28 000 lits - dans la
région de Montréal, c'est 12 000 lits - à peu près
300 lits qui sont fermés, dont au-delà d'une centaine sont
fermés depuis 1982 et n'ont jamais été rouverts depuis. Un
certain nombre d'autres sont fermés, parce qu'ils sont inutilisables,
mais il reste objectivement environ 250 à 300 lits sur les 12 000 lits
qui sont fermés au moment où nous nous partons. Je pense qu'il
est inutile de le nier. Mais de là à déduire que c'est le
désordre dans les hôpitaux de Québec, c'est une
démagogie trop facile et que je serais gênée de faire si
j'étais dans les souliers de l'Opposition qui a coupé à
bras raccourcis, c'est le cas de le dire, dans les services sociaux et les
services de santé, particulièrement durant son deuxième
mandat.
Le Président (M. Saintonge): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense que la ministre
dit n'importe quoi. Je vais dire comme l'un de ses collègues qu'elle
connaît bien, le député d'Anjou, la vérité a
ses droits. Il faut se rappeler que la fermeture des lits à
l'été 1985 était moins élevée, en nombre,
que la fermeture des lits, uniquement à Montréal en
février 1989. C'est cela la réalité. On ne peut pas dire
n'importe quoi et laisser inscrire cela au Journal des débats
sans relever un peu des choses qui ne sont pas correctes, qui ne sont pas
justes.
La deuxième chose, ce que nous disent les directeurs
généraux des hôpitaux: On ne gère plus des
hôpitaux, on gère des fermetures. On gère des fermetures
aux fêtes, on gère des fermetures en février, pour boucler,
et en mars on gère à la période de relâche pour les
journées pédagogiques. On gère des fermetures à
Pâques, on gère des fermetures à la Toussaint, à
l'été, on gère des fermetures. On gère des pannes
de services dans les hôpitaux de la même façon qu'on
gère des pannes d'électricité actuellement au
Québec, de la même façon. La ministre dit qu'on fait de la
démagogie. On n'en fait pas 10 % de ce qu'ils faisaient à
l'époque, alors qu'ils qualifiaient cela de médecine de guerre
parce que, ici, il y avait des fermetures de lits. Actuellement, à
Montréal, elle nous dit...
Une voix:...
Mme Blackburn: Bien oui, c'était l'Opposition officielle,
alors. Elle nous disait à ce moment-là: Écoutez, vous avez
fermé 100 lits de façon permanente. Il y en a 100 à 150
qui sont inutilisables. Mais si on les a fermés et que ce n'était
pas correct de les fermer, pourquoi ne les avez-vous pas ouverts? Si on a
coupé chez les professionnels et chez les fonctionnaires dans la
fonction publique au Québec et que c'était injuste et
inéquitable, cela fait trois ans que vous êtes là, pourquoi
est-ce que vous leur accordez seulement 4 % par année quand ce n'est pas
moins? Je me dis qu'on ne peut pas dire n'importe quoi comme ça tout le
temps. Moi, je trouve cela tout à fait inacceptable. Si c'était
injuste de couper la fonction publique, pourquoi est-ce que vous n'avez pas
corrigé cette injustice-là? Trois ans en pleine période de
croissance économique! Actuellement, à Montréal, selon les
médecins, il y a 700 lits de fermés en permanence. Il y en a eu
637, si je ne m'abuse, 637 pendant le mois de février. Ajoutez à
cela qu'aux permis dans les 12 000 lits de Montréal, normalement, il est
reconnu qu'il y en a 10 % pour les soins prolongés. Là,
actuellement c'est 18 % et quelque. Cela veut dire que, là, vous avez
encore 1000 lits de moins que ce qui serait nécessaire pour
répondre aux besoins de la population. On ne peut pas dire n'importe
quoi. Elle dit: Ce n'est pas très... Cela ne peut pas nous
émouvoir beaucoup. Rimouski a fermé son hôpital et a
coupé quelques services. J'ai une petite nouvelle pour la ministre. Il a
coupé 80 % des services de chirurgie alors que la liste d'attente est de
900 noms. Il a fermé quatre salles d'opération sur cinq alors
qu'il y a une liste d'attente de 900 noms. C'est cela la réalité.
Il a fermé quatre salles d'opération sur cinq alors qu'il y a une
liste d'attente de 900 noms. C'est cela, la réalité. Il ne
prenait plus de patients pour le tomographe axial. On sait qu'il y en a un pour
toute la région. Cela veut dire que c'est le seul équipement
qu'il y a dans la région. Une semaine qu'il n'est pas accessible aux
gens!
Par ailleurs, elle a dit: Ce n'est pas grave, c'était la
relâche scolaire. C'est précisément à ce
moment-là que les parents choisissent d'aller faire soigner leurs
enfants. C'est quoi, cette histoire-là? Je trouve que, là-dessus,
la ministre dit n'importe quoi. Elle dit n'importe quoi et elle nous accuse de
faire de la démagogie. Pour qui que ce soit qui ouvre un journal le
matin, il n'y a pas un seul matin où on ne voit pas critiquer, regretter
ou déplorer la fermeture de lits, la fermeture de services; un
hôpital, à Valleyfield, a décidé qu'il fermait son
service de soins intensifs. Ce n'est pas rien, cela. Est-ce faire de la
démagogie de dire qu'il est inacceptable qu'on ne trouve plus de service
d'urgence dans le seul hôpital psychiatrique d'envergure sur I'île
de Montréal? Est-ce que c'est faire de la démagogie, cela, M. le
Président? Ce que je dis à la...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Saintonge): Un instant!
Mme Lavoie-Roux: ...question de règlement!
Le Président (M. Saintonge): Oui, madame...
Mme Lavoie-Roux: J'écoute les lamentations de la
députée de Chicoutimi. Les services d'urgence de
Louis-Hippolyte-Lafontaine, le grand hôpital psychiatrique de
Montréal, ne sont pas fermés. Alors, n'affirmez pas des choses
qui sont absolument fausses.
Le Président (M. Saintonge): Nous sommes maintenant rendus
à 18 heures. Pour le moment, nous allons suspendre la séance. Nos
travaux reprendront à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 2)
La Présidente (Mme Bégin): À l'ordre, s'il
vous plaît! Nous poursuivons l'examen des crédits
supplémentaires n° 3, 1988-1989 en ce qui concerne la santé
et les services sociaux. Les débats préliminaires étant
faits, Mme la députée de Chicoutimi, avez-vous des questions?
Mme Blackburn: Oui. Peut-être juste une question de
directive, Mme la Présidente. Je comprends les raisons pour lesquelles
Mme la ministre était en retard, tout à l'heure, cependant, je me
demandais s'il serait possible de reprendre ce temps, ces 25 minutes, a la fin
de la séance. Je suis tout à fait disposée et disponible,
de consentement unanime, je n'ai pas de problème.
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre, sur cette
question.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je pense qu'il va
falloir trouver du temps à un autre moment, parce que j'ai un
rendez-vous à 22 h 15.
La Présidente (Mme Bégin): Cela étant dit,
j'ai ici un ordre de l'Assemblée où on dit que l'étude des
crédits doit se poursuivre jusqu'à 22 heures. Cela a
été accepté par la Chambre, je dois donc respecter cet
ordre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Tout à
l'heure, au moment où on venait tout juste de fermer les micros, la
ministre a prétendu que je mentais et je voudrais savoir à quel
moment j'ai menti. Je vais répéter ce que j'ai dit à la
clôture de la première partie de la séance. Tout d'abord,
j'ai cité un certain nombre de chiffres quant au nombre de fermetures de
lits. Le nombre...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
La Présidente (Mme Bégin): Question de
règlement...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai été
extrêmement large avant le souper, même si nos crédits
portent strictement sur la Régie de l'assurance-maladie du Québec
qui, on le sait, est un organisme indépendant, qui relève d'un
ministre, du ministre de la Santé, mais qui n'est pas partie de
l'ensemble des crédits de la santé et des services sociaux. La
députée de Chicoutimi, au point de départ, a posé
des questions, pertinentes, à savoir comment les crédits
alloués pour les médicaments dont les coûts sont couverts,
comparativement à ce qui se passait dans les établissements
où, peut-être il n'y avait pas de compensation suffisante selon
elle. Alors, Mme la Présidente, je voudrais simplement rappeler la
pertinence du débat.
Mme Blackburn: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bégin): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...écoutez, j'en fais un point de
règlement. Appelez-les comme vous voulez. Je pense que tout à
l'heure, par fatigue, par impatience, la ministre a prétendu que j'avais
menti et je pense que c'est mon droit...
Mme Lavoie-Roux: ...trouver ça au Journal des
débats, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...le plus strict de rappeler les faits tels que
je les ai cités. Et je pense qu'il est important que ce soit fait.
D'abord, j'ai rappelé un certain nombre de chiffres touchant la
fermeture de lits dans la région de Montréal. Et pour
l'information de la ministre, si elle veut s'en donner la peine - probablement
qu'elle l'a déjà fait - qu'elle prenne connaissance du texte qui
a été rendu public ces jours derniers par la Conférence
des hôpitaux de la région de Montréal, dans lequel on cite
les chiffres que j'ai invoqués tout à l'heure.
Deuxième chose, en ce qui concerne la fermeture de la clinique
d'urgence de l'hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine, je me permets, Mme la
Présidente, de lire le communiqué de presse qui émane du
conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l'hôpital
Louis-Hippolyte-Lafontaine et qui se lit comme suit: "Engorgement de l'urgence
à l'hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine. Le président du
conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l'hôpital
Louis-Hippolyte-Lafontaine demande aux malades de ne plus se présenter
à l'urgence de cet établissement tant que celle-ci sera
engorgée. Il les invite à se présenter aux urgences des
autres hôpitaux." Entre parenthèses, si ça ne ressemble pas
à une fermeture d'urgence, j'ai des problèmes de lecture. Et je
poursuis: "L'urgence de l'hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine est
débordée par l'af-fluence des malades. Ceux-ci doivent attendre
en compagnie de 30 à 50 autres - personnes, j'imagine - qu'un lit se
libère, quelquefois près d'une semaine. Jugeant que cette
situation est dangereuse pour la qualité des soins l'assemblée
générale du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens
a demandé que les ambulances soient détournées et a
décidé de ne plus accepter les transfèrements des autres
hôpitaux. Cette mesure n'a pas corrigé la situation. C'est
pourquoi appel est fait à la collaboration du public. La ministre de la
Santé et des Services sociaux a été mise au courant de la
situation. Il a été demandé de l'aide pour des ressources
financières supplémentaires et l'adoption de mesures afin de
faciliter le recrutement des psychiatres."
On ajoute: "Le conseil d'administration de l'hôpital
Louis-Hippolyte-Lafontaine est solidaire de cette position." Et c'est
signé: Dr Claude Vanier. Alors, si ce n'est pas une fermeture d'une
salle d'urgence, j'ai comme des problèmes de lecture. Voilà ce
que je voulais rétablir parce qu'il me semble que la
vérité a ses droits. Il est important que je cite ici mes sources
d'information qui sont également celles de la ministre.
Mme la Présidente, une question et on reviendra au coût des
médicaments. Je voudrais
demander à la ministre, en clair...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, est-ce que je peux
réagir à la mise au point de la députée de
Chicoutimi? Je pense que c'est possible.
La Présidente (Mme Begin): Oui. En vertu de l'article 287, Mme la
ministre, je vais vous reconnaître un droit de réplique.
Mme Blackburn: Elle a été mal citée,
non?
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, ce que j'ai dit
exactement, et on pourrait relever le Journal des débats... La
députée de Chicoutimi a affirmé que l'urgence du plus
grand hôpital psychiatrique - en fait, ce ne sont peut-être pas les
termes exacts - de Montréal était fermée. Même en
écoutant attentivement la lecture que vient de nous faire la
députée de Chicoutimi, il n'y a aucune indication que l'urgence
est fermée. Comme il arrive dans d'autres hôpitaux, dans d'autres
endroits du Québec, l'urgence a un certain nombre de civières et
le Conseil des médecins et dentistes a décidé que, quand
son nombre de civières était rempli, il invitait les autres
personnes à se présenter à d'autres urgences plutôt
que d'arriver à une urgence surchargée en psychiatrie. Mais
l'urgence de l'hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine n'a jamais
été fermée. Une urgence fermée, c'est une urgence
qui n'accueille plus personne. Mais, au moment où des civières se
libèrent, on peut accueillir d'autres personnes. Il ne s'agit pas d'une
urgence fermée. (20 h 10)
Je voudrais profiter de l'occasion pour lui dire qu'elle a
également affirmé que l'urgence de l'hôpital de Rimouski
avait été fermée. Mais les informations que j'ai
vérifiées à l'heure du repas m'indiquent que l'urgence de
l'hôpital de Rimouski a fonctionné normalement, que les cas
électifs avaient été reportés d'une semaine durant
la fermeture des lits pour cinq jours, que les cas urgents pour l'admission
étaient considérés pour admission, que les services de
radiologie et de laboratoire étaient ouverts et que les cliniques
externes, privées évidemment, fonctionnaient également
pour répondre aux besoins de la population. Alors dire que l'urgence de
l'hôpital de Rimouski était fermée est une autre
inexactitude. Je pense qu'il faut rétablir ces faits, Mme la
Présidente.
La Présidente (MmeBegin): Je pense avoir accordé
à chacune des intervenantes le droit de parole sur ce sujet. J'aimerais
maintenant qu'on en revienne à la pertinence du débat qui
concerne les crédits supplémentaires pour l'année
1988-1989 et, là-dessus, je suis prôte à vous
reconnaître, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vous remercie, Mme la Présidente. On
reviendra tout à l'heure sur l'hôpital de Rimouski et le manque
à gagner, tout particulièrement en ce qui touche, et pourquoi
pas? les médicaments et les fournitures médicales.
En ce qui concerne les budgets des hôpitaux et leur
sous-budgétisation en regard des coûts de système, la
commission Rochon estimait qu'il faudrait, pour vraiment tenir compte des
coûts de système: vieillissement de la population, augmentation de
la consommation, coût des médicaments et développement
technologique, qu'on accroisse ces enveloppes, que les coûts de
système soient calculés sur 3 % de l'enveloppe.
Ma question est: La ministre reconnaît-elle que les hôpitaux
sont en manque à gagner là-dessus et que, contrairement à
ce qui se passe pour la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
ils ne peuvent pas aller chercher ce qu'il leur en coûte effectivement
pour les médicaments et le matériel, les fournitures
médicales? C'est ça ma question.
Est-ce qu'il est exact ou si je me trompe ou si j'exagère, comme
le prétend la ministre, en disant que, faute d'avoir les coûts
réels pour ces postes, médicaments et fournitures
médicales, les hôpitaux se voient contraints de fermer des
services? Est-ce exact?
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Le coût des médicaments
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je crois que j'ai
répondu à cette question tout à l'heure. Je peux
reformuler la même réponse. D'abord, pour faire allusion au
rapport de la commission Rochon, il faut bien rappeler à la
députée de Chicoutimi que les études du rapport Rochon
portent jusqu'à la fin de 1985. Tout ce que vous retrouvez de
statistiques porte jusqu'à la fin de 1985 et nous avons pris la
direction du gouvernement en 1986.
Cela dit, pour revenir à la question des médicaments, j'ai
expliqué à la députée de Chicoutimi qu'il y avait
deux sources de financement pour permettre d'assumer les coûts des
médicaments. La première est l'indexation qui a toujours
été pleine et entière depuis 1986... En 1986-1987,
1987-1988...
Mme Blackburn: Non.
Mme Lavoie-Roux: ...1988-1989 et, encore cette année, il y
a Indexation complète. Je suis d'accord pour dire que l'indexation seule
ne suffit pas à couvrir le prix de l'augmentation des
médicaments, mais j'ai expliqué à la députée
de Chicoutimi que, depuis 1986-1987, un coût de système a
été introduit. Pour l'année qui vient, I est de 45 000 000
$. Il existe depuis 1986-1987 et ça totalise un montant d'argent neuf
d'au-delà de 250 000 000 $ qui a été ajouté dans
les hôpitaux.
Cela comprend le redressement des bases budgétaires pour 100 000
000 $ et un ajout d'environ 150 000 000 $, réparti sur quatre ans.
Le coût des médicaments dans les hôpitaux est
d'environ 150 000 000 $ et si on prend, supposons, l'année courante, 45
000 000 $, et si on calcule le pourcentage de 3 %, au-delà des 4 %
d'indexation, vous avez un montant d'environ 4 500 000 $ qui est amplement
couvert par le coût de système. Maintenant, le coût de
système ne couvre pas uniquement les médicaments. Il couvre
aussi, comme je l'ai indiqué, les coûts reliés au
fonctionnement de la technologie et ceux reliés au vieillissement. Mais
il y a aussi une partie du coût de système qui doit aller à
l'augmentation du coût des médicaments en sus de l'indexation qui,
elle aussi, permet de couvrir au moins 4 % de l'augmentation des coûts de
médicaments.
Mme Blackburn: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Begin): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...ces 45 000 000 $, couvrent tous les coûts
de système. L'enveloppe des hôpitaux pour des soins de courte
durée, je pense, est d'environ 4 700 000 000 $. Cela ne donne donc pas
tout à fait le 1 %, mais excluons les 200 000 $, cela donne 2 000 000 $.
Le 45 000 000 $, c'est le coût de système qui comprend les
nouvelles technologies, le vieillissement de la population - depuis 1985, la
population n'a pas rajeuni, la ministre le sait - et l'augmentation des
coûts de médicaments. Alors si c'était vrai en 1985 - selon
le rapport Rochon, ça prendrait 3 % pour vraiment tenir compte des
coûts de système - c'est encore plus vrai aujourd'hui que
ça ne l'était à l'époque. Je pense qu'on peut
convenir de cela.
Un hôpital dont le budget est de l'ordre de 43 500 000 $ consacre
aux médicaments, à ce seul poste, 1 400 000 $. Cela veut dire 3 %
de son enveloppe, un peu plus, et cela veut dire un peu plus de 13 % des autres
coûts, si on exclut la masse salariale. C'est donc dire qu'un manque
à gagner à ce poste a des effets directs sur la capacité
des hôpitaux. Uniquement à ce poste, des coûts de
système, exclusivement à ce poste, affectent la capacité
des hôpitaux à boucler leur budget. Ils sont incapables de boucler
leur budget sans couper dans des services. Ce que je dis à la ministre
et ce que je lui demandais très clairement, c'est s'il est exact que,
pour boucler leur budget, parce qu'ils n'ont pas assez d'argent, ils n'ont pas
assez de budget pour tenir compte des coûts réels à
certains postes, les hôpitaux du Québec se voient contraints de
fermer des services?
La question était simple. Est-ce que c'est exact, oui ou non? Ce
n'était pas compliqué. Est-ce qu'on peut envisager les traiter -
parce que je sais que ce n'est pas par traitement, mais c'est par
règlement, par statut - de la même façon qu'on le fait pour
la RAMQ, c'est-à-dire qu'au moins, pour ces postes, on rajuste les
budgets pour tenir compte des coûts réels de manière a ne
pas être obligé de les égorger et de couper dans des
services essentiels? On pourrra revenir à Rimouski tout à
l'heure. Si la ministre me dit qu'elle est contente que Rimouski ferme ses
portes pendant une semaine, 80 % des salles d'opération, 90 % des
cliniques externes... Les cliniques externes étaient 90 %, hein? Bien,
oui. Cela a l'air que ce n'est pas compliqué. Il ne faut pas s'alarmer.
Cela a juste repoussé d'une semaine la liste d'attente pour les
chirurgies électives. Mais ce n'est pas une semaine. On prétend
qu'une semaine fermée, c'est l'équivalent d'un mois de retard. La
ministre aurait pu vérifier cela aussi. On me l'a donné
facilement. La seule question est: Est-ce qu'il est exact que les
hôpitaux soient sous-budgétisés à ces postes? De
combien le sont-ils? Est-ce qu'il est exact qu'ils se voient ainsi contraints
de couper dans des services, fermeture de lits, fermeture d'hôpital,
fermeture de clinique externe et de certains services? La question est
simple.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je peux simplement
répondre ce que j'ai répondu avant le souper. Je pense que je
peux prendre à témoin M. Francoeur qui disait ce matin:
Après trois ans et 1 000 000 000 $ de plus pour la santé, c'est
là un redressement significatif. (20 h 20)
La Présidente (Mme Bégin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Vous pouvez poursuivre, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est là un redressement significatif des
budgets des centres hospitaliers. La question devient théorique. Est-ce
qu'on pourrait... Mme la Présidente, généralement je
laisse la députée de Chicoutimi parler.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la députée,
vous avez... je vais laisser Mme la ministre continuer dans sa réplique,
par la suite vous pourrez revenir avec une sous-question. Mme la ministre vous
pouvez poursuivre.
Mme Lavoie-Roux: La question devient théorique en ce sens
où la députée de Chicoutimi insiste pour dire que les
hôpitaux sont sous-budgétisés. Elle affirme sans vergogne
que des services essentiels sont fermés, et je voudrais qu'elle me fasse
la démonstration de services essentiels qui sont fermés. Elle l'a
affirmé sans vergogne dans le cas de l'hôpital de Rimouski, alors
que je vous dis que l'urgence a fonctionné normalement, que les cas
urgents étaient considérés, que les services importants
étaient
ouverts, et qu'il y avait aussi une, comment dirais-je? une concertation
avec les polycliniques qui existent aux alentours et qui sont assez nombreuses
- on a le député de Rimouski qui est ici en Chambre - et que,
justement, la population n'a pas été privée des services
essentiels durant les cinq jours où l'hôpital a
décidé de fermer des lits, comme d'autres hôpitaux
décident d'autres mesures, mais sans toucher aux services essentiels.
Quand on va affirmer qu'on coupe les services essentiels, urgence et autres,
alors que ce n'est pas le cas, je pense, Mme la Présidente, que c'est un
petit peu, disons, exagéré, pour ne pas utiliser d'autres
termes.
La question devient théorique dans le sens où est-ce qu'on
pourrait mettre encore davantage dans les hôpitaux? Est-ce qu'au lieu des
250 000 000 $ - et je mets de côté les mesures qui se sont
ajoutées dans le cas de Montréal et de Québec, la rive sud
et la rive nord, dans le cas des urgences des hôpitaux, cela n'a pas
affecté le reste du Québec - est-ce qu'au lieu de ces 250 000 000
$ qu'on a mis, on aurait pu mettre 350 000 000 $, on aurait pu mettre 400 000
000 $? Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le taux annuel d'inflation
du Québec a été de l'ordre de 4 % depuis trois ans.
Peut-être que, cette année, on s'achemine vers quelques
dixièmes de plus, mais enfin il a été de 4 %, et chaque
année la moyenne d'augmentation des dépenses du ministère
de la Santé et des Services sociaux a été de 7 %. Je pense
que c'est là le signe d'un gouvernement responsable qui accorde la
priorité à la santé et qui souhaite continuer de le faire,
comme il le fera d'ailleurs pour l'année qui vient. Relativement aux
bases budgétaires des hôpitaux, il y a peut-être des
explications que la députée de Chicoutimi a de la
difficulté à saisir. Je vais demander au sous-ministre à
la budgétisation et aux finances du ministère d'expliquer la
question de ces bases budgétaires.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je n'ai pas besoin de
ces explications. Je pense que je comprends assez bien le système et
cela demande le consentement...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je peux lui...
Mme Blackburn: ...pour faire intervenir quelqu'un.
La Présidente (Mme Begin): En vertu de l'article 289, Mme
la ministre peut...
Mme Lavoie-Roux: Bien voyons donc!
La Présidente (Mme Begin): ...intervenir si elle juge
nécessaire un complément de réponse.
Mme Lavoie-Roux: Elle ne veut pas entendre les explications.
La Présidente (Mme Begin): Vous pourrez revenir avec des
sous-questions, Mme la députée de Chicoutimi. La ministre peut,
en vertu des règlements de cette Chambre... l'article...
Mme Blackburn: Un instant, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Begin): Oui.
Mme Blackburn: Je pense que cela demande le consentement pour
qu'une autre personne... Je n'y vois pas une autre utilité que celle de
vouloir prolonger indûment et manger un peu de temps. Comme on a
déjà perdu 25 minutes au commencement, cela me pose des
problèmes. Je pense que cela peut aller en ce qui me concerne et c'est
ce que je dis.
Des voix: Elle ne veut pas avoir de bonnes réponses!
La Présidente (Mme Bégin): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Demandez-le vous autres.
La Présidente (Mme Bégin): En vertu de l'article 287... Si
vous me permettez, je vais le lire: "Le président ou le ministre qui
répond de ses crédits en commission peut intervenir aussi souvent
qu'il le désire." Aussi, c'est le privilège de la ministre en
commission, si elle le désire, de demander que quelqu'un de son
ministère puisse compléter la réponse, pourvu qu'il
s'identifie et qu'il parle au nom de la ministre, naturellement.
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au sous-ministre...
La Présidente (Mme Bégin): Pouvez-vous vous identifier,
monsieur?
Mme Lavoie-Roux: II s'agit de M. D'Astous.
M. D'Astous (André): Sous-ministre adjoint au budget et
à l'administration. Comme l'a dit tout à l'heure la ministre de
la Santé et des Services sociaux, il y a deux volets pour financer
l'effet prix: l'inflation et le coût de système. Le coût de
système, on le ventile en deux parties: l'effet volume et l'effet prix.
L'effet volume s'évalue en augmentation jour-présence et pour
l'effet prix, on considère une dizaine d'activités
précises en milieu hospitalier, que ce soit l'hémodynamie ou
l'oncologie laboratoire. Pour une année de référence, on
évalue précisément les coûts et les volumes qui
excèdent la base de l'inflation et c'est pris en compte lorsqu'on
finance ensuite les hôpitaux dans le cadre d'un coût de
système qui équivaut, depuis quelques années, à 1 %
des bases de l'année antérieure. Et
quand vous avez un hôpital qui a déjà 1 400 000 $ de
frais pour les médicaments, l'inflation s'applique sur une base d'autant
plus importante. Donc, en cela, l'établissement n'est pas
pénalisé dans la mesure où sa base, au départ, est
plus forte que les autres.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Mme Blackburn: Si je conclus, selon ce que dit la ministre, c'est
tout à fait théorique de prétendre qu'il y a là un
manque à gagner. Je suis bien heureuse et j'imagine que les directeurs
généraux des hôpitaux du Québec vont être
très heureux d'apprendre que leur problème est
théorique.
L'hôpital de Rimouski
En ce qui concerne l'hôpital de Rimouski, Mme la Présidente
- je poursuis et je termine - la ministre prétend que les services
essentiels ont été maintenus. La ministre sait très
bien... D'ailleurs, un avis a été demandé au Conseil des
services essentiels qui ne s'est pas prononcé sur le fond, mais tout
simplement sur son mandat quant au maintien des services essentiels. Il ne peut
se prononcer que dans la mesure où ça touche des relations du
travail. Alors, il dit: Moi, je ne me prononce pas sur le fond, à savoir
s'il y a, oui ou non, maintien des services essentiels? Nous savons tous que le
maintien des services essentiels, soit à l'occasion d'un lock-out ou
d'une grève, peut représenter jusqu'à 80 % des services
offerts dans les hôpitaux. On sait les problèmes que cela a
posés, à un moment donné, quand il a été
question des services essentiels.
La ministre est-elle en mesure de me dire si 80 % ou 50 % ou 30 % des
services ont été maintenus à la clinique externe, dans les
salles d'urgence, dans l'accès à certains services
spécialisés, par exemple pour les radiographies, le tomographe
axial, etc.? Est-ce qu'elle est en mesure de nous dire si on a maintenu,
à l'hôpital de Rimouski, l'équivalent de ce qu'on aurait
été obligé de maintenir s'il y avait eu une
grève?
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît.
L'urgence fonctionnait à 100 %; les lits étaient ouverts
à 80 %; le bloc opératoire fonctionnait à 50 %, comme je
l'ai expliqué tout à l'heure, compte tenu du fait que les cas
électifs avaient été reportés d'une semaine, avec
l'assentiment du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du
centre hospitalier de Rimouski, ce qui permettait de répondre à
tous les cas urgents durant ces cinq ou six jours. Pour la clinique externe, un
instant, je m'informe.
Mme Blackburn: Dix pour cent.
Mme Lavoie-Roux: Les cliniques externes pour la clientèle
qu'on appelle élective fonctionnaient à 50 %. Je vais demander au
responsable, M. Robitaille, de vous expliquer. (20 h 30)
M. Robitaille (Jacques): En ce qui concerne l'hôpital de
Rimouski, la semaine de relâche a occasionné une fermeture de 63
lits de courte durée sur une capacité de 300; donc, il y avait
environ 240 lits de courte durée qui étaient ouverts. Les
cliniques externes, pour la clientèle élective, comme Mme
Lavoie-Roux vient de le préciser, ont fonctionné à 50 %
durant cette semaine-là. Par ailleurs, la polyclinique privée
était ouverte. D'accord? Il reste que la clientèle
élective pouvait obtenir un rendez-vous dans un cabinet privé.
Des arrangements, des ententes étaient possibles, parce que ce sont les
mêmes médecins. Ensuite, toutes les ententes ont été
prises pour que les services diagnostics considérés comme urgents
soient traités.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a maintenu en pédiatrie -
c'était la question et vous pourriez peut-être aussi me
répondre - l'équivalent de ce qu'on exige qui soit maintenu dans
les cas de conflit?
M. Robitaille: En pédiatrie...
Mme Blackburn: Pour l'ensemble des services, est-ce qu'on a
maintenu...
M. Robitaille: Oui.
Mme Blackburn: ...l'équivalent des services qui sont
exigés comme devant être maintenus en cas de conflit? C'est
ça la question. Ce n'est pas compliqué.
M. Robitaille: Écoutez. Les services essentiels
étaient assurés. C'est ce que je peux vous répondre. Il y
avait du personnel pour garantir l'accessibilité à 80 % des
services. C'est la réponse.
Mme Blackburn: Écoutez, je serai très heureuse
d'apprendre ça à la population de Rimouski. Ce n'est vraiment pas
le rapport qui nous a été fait et par le directeur
régional et par le personnel sur place. Et d'ailleurs on pourrait
déposer, avec le consentement des parties, un texte qu'on pourra aller
chercher et qui était le projet de la planification de cette semaine et
qui comprenait la fermeture de certains services et le consentement des
parties. Alors, cela a été préparé par
l'hôpital de Rimouski. On pourrait déposer le document si vous le
souhaitez. Vous allez pouvoir constater de vous-même qu'il y a certains
équipements qui n'étaient plus - je pense au tomographe axial, je
pense au service d'orthopédagogie, ortho....
Mme Lavoie-Roux: ...orthopédie.
Mme Blackburn: ...orthopédie et pédiatrie.
C'étaient des services qui n'étaient plus accessibles à
quelques pour cent près. Et c'est dans le rapport qui a
été préparé par l'hôpital de Rimouski. Je
termine là-dessus et la question demeure entière pour moi. Est-ce
que, pour des raisons administratives d'équilibre budgétaire, on
est allé au-delà de ce qui serait permis en cas de conflit de
travail? C'était exclusivement ma question et je la réserve parce
qu'un jour, on aura probablement l'occasion de comparer.
Médicaments et services aux personnes
figées
Je voudrais aborder une autre question parce qu'on touche beaucoup les
médicaments et services aux personnes âgées. Comme on sait
que si on vient chercher 4 125 000 $, c'est parce qu'il y a plus de personnes
âgées, qu'il y a une plus grande consommation de ces services, que
les médicaments coûtent plus cher. Cela doit également
être vrai pour les centres d'accueil et d'hébergement et les CLSC.
Et là, ce qu'on nous apprend, c'est que le budget additionnel de 70 000
000 $ doit être réparti entre les CLSC et les centres d'accueil
sur trois ans selon une proportion de 50 000 000 $ pour les centres d'accueil
et de 20 000 000 $ pour (es CLSC. La première année cela s'est
réparti à environ 70 % et 30 % respectivement pour les centres
d'accueil et les CLSC. Cette année la ministre a décidé de
renvoyer la patate chaude aux CRSSS, aux Conseils régionaux de la
santé et des services sociaux, qui doivent décider dans quelle
proportion ils attribueront les crédits de 70 000 000 $ votés sur
trois ans, donc la portion de 1989-1990. Résulat net, ce que nous
disent...
J'écoutais une entrevue à la radio de Radio-Canada,
à "Présent", il y a une semaine environ, et M. Girard,
président de la Conférence des centres d'accueil du Québec
et, je pense, M. Charlebois, directeur général pour les CLSC, en
arrivaient à la conclusion que le problème n'en est pas un de
partage, mais un de manque de ressources. Et là, la ministre renvoie ia
patate chaude aux conseils régionaux de la santé et des services
sociaux. Est-ce qu'elle reconnaît que, dans ce dossier aussi, il y a un
manque flagrant de ressources? Parce que la population ne rajeunit pas. Dans
les centres d'accueil, ils ne sont pas en meilleure santé qu'ils
étaient et je présume que ce qui est vrai pour la RAMQ est
également vrai pour les centres d'accueil. Il y a un accroissement des
coûts relié au vieillissement, à l'alourdissement, à
la consommation. Est-ce que la ministre est consciente de ça et est-ce
qu'elle s'estime satisfaite?
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je pourrais, encore
une fois, rappeler la pertinence du débat. Les montants
supplémentaires consacrés aux centres d'accueil et aux services
de maintien à domicile ne relèvent d'aucune façon des
crédits de la RAMQ. Je voudrais rappeler à la
députée de Chicoutimi que nous sommes ici pour examiner les
crédits supplémentaires consentis à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, c'est Mme la ministre
elle-même qui a invité le sous-ministre à répondre
à une question sur l'allocation des ressources et le budget
consacré au coût du système. Alors, comme elle l'a fait, je
m'estime tout à fait justifiée de poursuivre dans cette voie. La
ministre s'est montrée consentante du moment où elle a fait
intervenir deux membres de son personnel pour donner des explications qui ne
touchent pas nécessairement l'enveloppe. Je pense que c'est tout
à fait dans l'ordre et je rattache ma question, je le rappelle à
la ministre, aux crédits de la RAMQ pour lui demander si, à
l'exemple de ce qui se passe à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, c'est-à-dire qu'on paie pour les coûts réels
du système, elle fait la même chose en ce qui concerne les
coûts reliés à ces activités, à ces postes:
médicaments, alourdissements, ainsi de suite? Est-ce qu'elle fait le
même traitement aux CA, aux centres d'accueil et d'hébergement et
aux CLSC? Et c'est tout à fait pertinent.
La Présidente (Mme Begin): Sur la même Question de
règlement, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, Mme la Présidente, je vous ferai
remarquer que, quand j'ai demandé au sous-ministre de donner des
explications supplémentaires, c'est à la suite d'une question
reliée aux crédits supplémentaires de la RAMQ puisque la
question s'adressait au coût des médicaments et à la
façon dont les hôpitaux pouvaient s'acquitter de leurs
responsabilités vis-à-vis des médicaments puisque la
façon de compenser n'est pas la même selon qu'on relève de
la RAMQ ou d'un hôpital. Nous nous adressions toujours à ce
problème du coût des médicaments et c'est dans ce
sens-là que j'ai demandé au sous-ministre d'intervenir.
Encore une fois, Mme la Présidente, je pourrais répondre
à la question des centres d'accueil, mais je vous ferai remarquer que
ceci n'a aucun lien avec les crédits supplémentaires que nous
examinons relativement à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Il y aura, dans quelques semaines, et j'imagine au plus tard
après le congé de Pâques, une dizaine de jours au cours
desquels nous aurons tout le loisir d'examiner toutes les questions relatives
à l'ensemble du ministère de la Santé et des Services
sociaux, tous les sujets que la députée de Chicoutimi voudra bien
aborder et à qui je
répondrai avec grand plaisir, d'ailleurs. Mais, ce soir, nous
examinons les crédits relatifs à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Mme Blackburn: Ma question est exactement la même en ce qui
concerne les hôpitaux. La ministre tient-elle compte... Est-ce que les
coûts de système pour les centres d'accueil et
d'hébergement tiennent effectivement compte de l'alourdissement des
clientèles - pour les CLSC également - des coûts des
médicaments, de l'alourdissement des clientèles et de la
consommation? Exactement les mêmes raisons qui expliquent les
dépassements à la RAMQ et c'est tout à fait pertinent. Si
c'était pertinent dans le cas des hôpitaux, c'est aussi pertinent
dans le cas des centres d'accueil.
La Présidente (Mme Bégin): Si vous me le permettez, je
vais trancher un petit peu le débat. En vertu de l'article 284 de notre
règlement qui s'applique présentement en commission
plénière, il est bien spécifié que le temps de
parole dont dispose chaque membre d'une commission vaut pour chaque
élément d'un programme et peut être utilisé en une
ou plusieurs interventions. (20 h 40)
Or, présentement, on est en train d'étudier le programme
Régie de l'assurance-maladie et on y retrouve six
éléments. Le débat devrait porter là-dessus.
D'autant plus que j'aimerais peut-être compléter ma
décision en vertu de l'article 211 qu'on peut appliquer mutatis mutandis
en disant que la pertinence du débat s'applique à chaque
intervention.
Donc, cela dit, j'aimerais bien qu'on puisse s'en tenir à
l'article 284 qui est très clair là-dessus.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, Mme la ministre vient
tout juste de reconnaître que la question était pertinente, ce
pourquoi elle a appelé son sous-ministre à donner des
explications. La question est exactement la même. Je ne vois pas pourquoi
c'était pertinent tout à l'heure et, tout à coup,
ça deviendrait impertinent ou non pertinent. C'est peut-être plus
parce que c'est gênant. Je comprends la ministre, c'est gênant, je
la comprends, sauf que ce n'est pas vrai que ça n'est pas pertinent au
débat.
Les services médicaux
Alors, bien, abordons donc une autre question: Les services
médicaux. Il y a six éléments. Services médicaux,
15 704 000 $. Une de8 explications qu'on a retrouvées dans le rapport du
président de la RAMQ à l'augmentation des coûts, ce sont
particulièrement les mesures destinées à encourager les
médecins à s'Installer dans les régions
éloignées. Il dit: II s'agit notamment des sommes
consacrées aux programmes de prothèses - l'imagine
que c'est peut-être vrai pour les hôpitaux aussi - de bourses et
à celui des mesures incitatives à l'établissement des
médecins en régions éloignées.
La ministre peut-elle me dire combien il en a coûté pour
nous offrir des psychiatres à l'institut Roland-Saucier de
Chicoutlmi?
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je voudrais - je
l'avais d'ailleurs fait en préambule - expliquer le montant
associé à la rubrique Services médicaux, qui est un
montant de 15 704 000 $. J'avais d'ailleurs expliqué que, sauf pour
autres services et administration, ce montant de 15 000 000 $ était
surtout relié aux ententes qui avaient été signées
avec les différents professionnels. Du montant de 15 000 000 $, je peux
lui dire qu'il y a environ 10 000 000 $ qui sont le résultat de
l'entente qui a été signée avec les résidents et
internes, entente rétroactive à quatre ans. Alors, du montant de
15 000 000 $, il y a 10 000 000 $ qui vont à cette fin.
Il y a aussi probablement un montant d'environ 5 000 000 $, le montant
restant, qui est le résultat d'ententes spécifiques dont
conviennent, d'une part, les médecins spécialistes et, d'autre
part, le gouvernement. Mais je pense que je vais demander au directeur de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, le Dr Mockle, de
peut-être vous donner plus d'informations sur ces deux
éléments des services médicaux.
M. Mockle (J.-Auguste): Oui, M. le Président. Une entente
qui s'applique rétroactivement . au 1er juillet 1985, c'est le cas des
résidents et internes, ça fait quatre ans. Alors, les 10 000 000
$ couvrent donc une bonne partie des 15 700 000 $.
Du côté des autres médecins, il s'agit ici, en
l'occurrence, des médecins spécialistes. Depuis deux ans, presque
trois maintenant, les médecins spécialistes ont pris une approche
de négociation permanente, ce que faisaient d'ailleurs les
omnipraticiens avant eux. Environ tous les trois mois, et ça ne
dépasse guère six mois, ils apportent des amendements assez
majeurs qui sont dus à des changements apportés soit par la
technologie, soit dans certains services en régions
éloignées, avec, dans plusieurs cas, des effets
rétroactifs à un an ou huit mois ou même plus parfois.
Par conséquent, comme il s'agit d'ajustements
négociés en cours de route et qui n'étaient pas du tout
prévus lorsque les prévisions budgétaires ont
été arrêtées, forcément, il faut ajuster les
crédits en conséquence. Cela explique les 5 700 000 $
d'écart en tenant pour acquis qu'il y en a 10 000 000 $ qui vont aux
résidents et aux internes. Voilà pour les services
médicaux.
Le Président (M. La porte): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je reviens là-dessus parce qu'une partie de
ces explications touchait les mesures incitatives à
l'établissement de médecins en régions
périphériques. Moi, je sais que dans ma région
périphérique, dans le Bas-Saguenay, relativement à
l'institut Roland-Saucier où il reste deux psychiatres dont l'un a 63,
64 ans - l'autre est un peu plus jeune, mais quand môme - 700 000 $ ont
été gelés, périmés dans l'enveloppe du
Conseil régional de la santé et des services sociaux de la
région 02. Ces 700 000 $ étaient prévus
précisément pour les médecins en régions
éloignées. La question que je poserai à la ministre est la
suivante: Dans l'augmentation de ces coûts et plus
particulièrement en ce qui concerne les mesures incitatives pour
l'installation des médecins en régions éloignées,
comment peut-elle expliquer la situation qui est la nôtre alors qu'il
manque d'effectifs dans certaines spécialités au Saguenay et
qu'en même temps on périme 700 000 $ dans l'enveloppe des CRSSS
qu'on a prévu utiliser à ces fins?
Mme Lavoie-Roux: J'avais omis de répondre à la
deuxième partie de la question de la députée de
Chicoutimi. Je m'en excuse. Évidemment, ceci est rattaché
à la rubrique 5, intitulée Autres services, où on peut
parler de prothèses et de mesures incitatives pour l'installation de
médecins en régions éloignées. La question de la
députée de Chicoutimi était de savoir si une partie des
700 000 $ - enfin, on peut comprendre par déduction - aurait pu
être affectée comme mesure incitative pour les psychiatres de la
région de Chicoutimi. Je dois lui dire que la région de
Chicoutimi ne fait pas partie, c'est-à-dire Chicoutimi... Parce que plus
au nord, j'imagine, c'est-à-dire en montant vers la région de
Lac-Saint-Jean, vous avez alors des mesures incitatives qui s'appliquent.
On sait que le Québec est divisé, du point de vue des
effectifs médicaux, en régions ou en sous-régions qui sont
dites désignées et qui font l'objet non seulement de mesures
incitatives d'installation, de ressourcement, etc., mais également de
mesures incitatives quant au mode de rémunération. Dans le cas de
la ville de Chicoutimi, qui n'est pas retenue comme une région
désignée dans cette carte - on peut l'appeler carte
médicale ou carte d'effectifs médicaux - il n'y a pas de mesures
incitatives qui s'appliquent à ses médecins.
Mme Blackburn: Est-ce - et on a déjà eu l'occasion
d'échanger des vues là-dessus - qu'il ne serait pas pertinent
d'en avoir? N'est-ce pas devenu intolérable? J'imagine que la ministre
est aussi sensible à ça. Depuis le 5 mai 1988 - cela fera un an
en mai prochain, dans un peu plus d'un mois - il n'y a plus de services en
pédopsychiatrie à l'institut Roland-Saucier; les enfants sont
hospitalisés à Québec. Ne peut-on pas prendre un certain
nombre de mesures... La ministre peut me croire et faire ses
vérifications Les enfants qui ont à être
hospitalisés pour des soins psychiatriques le sont à
Québec, comme au beau temps où on avait... Au cours des
années cinquante. Cela fait près d'un an que ce service est
fermé. J'imagine qu'on ne peut pas rester insensible. On peut fermer une
partie d'un hôpital. On peut fermer une quantité de lits On peut
laisser des populations à la merci de conflits. Mais est-ce que c'est
normal? Est-ce qu'une partie de ces ressources n'auraient pas pu, plutôt
que d'être périmées, être consacrées à
reconnaître une modulation dans les avantages consentis aux
spécialistes qui, par exemple, comme on l'a suggéré,
travailleraient dans un établissement? (20 h 50)
On connaît le problème. Si on donne des avantages à
ceux qui travaillent en clinique privée, ils risquent tous de s'en aller
en clinique privée. Pourquoi ne pas reconnaître des avantages
particuliers, comme j'ai eu l'occasion de le suggérer à la
ministre, pour ceux qui travailleraient en établissement - j'ai fait
cette proposition en même temps, d'ailleurs, que celle qui vient
d'être faite par le CRSSS - plutôt que de périmer et laisser
une population sans soins? Quand cela va-t-il se terminer? Vous savez, le
centre d'observation, qui avait réussi à faire économiser
des journées d'hospitalisation en nombre important, bien là, ce
centre est fermé. À cet égard, un groupe d'employés
de l'institut Roland-Saucier adressaient à la ministre, le 8 mars
dernier, une lettre lui disant qu'ils déploraient la situation. Ils
parlaient de ce centre-là en ces termes: Écoutez, cela nous a
permis de constater que cela avait des effets de réduire les
hospitalisations. Cela avait également, vu dans leur perspective, la
qualité d'améliorer considérablement la qualité des
soins apportés et de les humaniser. Là, faute de ressources,
faute de moyens, on ferme le centre d'observation, on n'a plus de
pédopsychiatres qui travaillent à l'institut Roland-Saucier et on
périme 700 000 $. Je veux bien croire qu'à la RAMQ, cela nous a
coûté un peu plus cher pour les mesures incitatives, mais cela ne
s'est pas vraimenent fait ressentir chez nous.
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je pense que le
problème de l'institut Roland-Saucier a été discuté
à multiples reprises par la députée de Chicoutimi avec
moi-même. Ce n'est pas une question de ressources budgétaires
à ce moment-là, c'est une question de main-d'oeuvre
médicale. On sait qu'il y avait à l'institut Roland-Saucier, si
ma mémoire est bonne, quatre psychiatres qui ont décidé de
laisser Roland-Saucier et d'aller pratiquer en cabinet privé dans la
ville de Chicoutimi ou, du moins, j'imagine, dans la ville de Chicoutimi, et
qui sont égale-
ment - je ne sais pas si au moment où on se parle, c'est encore
la même chose, mais au moins pour deux d'entre eux - allés fournir
des services à l'hôpital de Chicoutimi. il y a également un
pédopsychiatre qui, je pense, est encore dans la communauté. Non,
if est parti?
Mme Blackburn: II est en clinique privé, oui.
Mme Uvoie-Roux: Oui, il est en clinique privé, mais il est
encore...
Mme Blackburn: Non, il n'est pas à l'hôpital.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'est pas à l'hôpital, il
est à Chicoutimi. Je pense qu'on ne peut pas relier le montant qui est
périmé et qui était prévu pour l'arrivée de
médecins spécialistes dans la sous-région
désignée de Roberval et Lac-Saint-Jean avec les besoins de la
région. J'ai eu l'occasion d'expliquer à plusieurs reprises
à la députée de Chicoutimi que cette carte de
désignation de sous-régions ou de régions où les
médecins spécialistes reçoivent des avantages particuliers
ou des rémunérations particulières parce qu'ils sont
très éloignés ou plus éloignés, cela ne peut
pas s'appliquer et ce n'est même pas sûr qu'on aurait résolu
le problème de cette façon. Je pense qu'à l'heure actuelle
on a acquiescé à la demande que des psychiatres
sélectionnés puissent aller pratiquer à Chicoutimi. On est
dans le processus de les recruter. Il y a également des indications
qu'un résident en psychiatrie irait s'établir aussi dans cette
région. Evidemment, là comme ailleurs, le problème du
recrutement des psychiatres est difficile et doublement difficile dans une
région qui est éloignée de Québec et de
Montréal.
Mme Blackburn: Est-ce à dire, Mme la Présidente,
que la situation va rester telle qu'elle est actuellement et que la ministre a
abandonné l'idée qui lui avait été
suggérée, que je lui ai aussi amenée, avec le consentement
des parties concernées, de moduler les avantages consentis? Je le
rappelle, ce qu'on suggérait, c'était les journées de
perfectionnement. Dans notre région, si Roberval, c'est loin, Aima,
c'est loin, Chicoutimi aussi, c'est loin. Pour vous donner une idée, un
billet d'avion entre Bagotville et Montréal, c'est 305 $. Cela
coûte plus cher que d'aller dans le Sud. Et vous n'avez pas les
taxis.
Mme Lavoie-Roux: Entre Québec et Montréal, c'est
235 $, hein? On sait cela aussi.
Mme Blackburn: Sauf les ministres ont le temps et les moyens de
se promener en avion parce que c'est aux frais de la reine. Moi aussi, quand je
n'avais pas à payer les frais, c'est tel quel. Les médecins et
les autres sont à leurs frais. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de
drôle. Ce que je lui suggérais, c'était de
reconnaître au moins les journées de ressourcement, une
rémunération différenciée pour les psychiatres qui
travaillaient en établissement, et le recrutement de médecins
étrangers et de stagiaires, ou encore ce qu'on appelle les
résidents. Je me dis, si la ministre nous dit qu'au Québec, et
l'hôpital de Chicoutimi n'est pas le seul à avoir des
problèmes, on a des problèmes de radiologistes un peu partout au
Québec, elle les connaît, et on a des problèmes de
psychiatres un peu partout au Québec aussi, parce que, si je ne m'abuse
- et là vous pourriez me le dire parce que je ne suis pas allée
vérifier les derniers... - avec 75 000 ou 80 000 habitants, la
région d'Alma, Roberval et ce coin, le centre psychiatrique qu'il y a
à Roberval a six psychiatres. Avec 225 000 habitants à l'autre
bout, de votre Saguenay, on en a deux en institution. Si on me dit que c'est
normal, et que la situation peut pourrir comme cela et que plutôt que
d'essayer avec les 700 000 $ de voir s'il n'y aurait pas eu moyen d'apporter
quelque chose, mais j'ai des problèmes avec la vision que la ministre se
fait de la nécessité de rendre accessibles les services de
santé au Québec. C'est cela.
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je pense qu'on fait
encore, pour dire le moins, une légère digression eu égard
aux crédits que nous étudions ce soir, mais je suis bien
prête à poursuivre cette discussion. J'ai expliqué à
plusieurs reprises, il me semble que déjà je l'ai fait ce soir,
et c'est d'ailleurs le gouvernement précédent qui l'a fait et
qui, devant la nécessité d'attirer des spécialistes dans
les régions particulièrement éloignées, a
procédé à une division du Québec en régions
éloignées, intermédiaires, universitaires, et on a
prévu, pour chacune de ces régions, des avantages
différents selon qu'on est très éloigné ou moins
éloigné des grands centres comme Montréal et
Québec. Si on allait, et je l'ai expliqué à la
députée de Chicoutimi, donner les mêmes avantages à
l'hôpital de Chicoutimi que l'on donne, par exemple, à
l'hôpital de Roberval ou d'Alma, nous nous retrouverions avec une
sous-région encore plus éloignée que Chicoutimi, qui est
celle de Roberval et d'Alma, avec une insuffisance de médecins
spécialistes, que ce soit en psychiatrie ou autre
spécialité. Je pense que nous avons posé des gestes, et je
pense que la région de Chicoutimi est sur le point de résoudre
son problème. Que ce soit long, je l'admets, mais il y a quand
même dans la ville de Chicoutimi des omnipraticiens qui pratiquent en
psychiatrie. Vous avez aussi des psychiatres et vous avez des psychiatres qui
sont sur le point d'être sélectionnés et qui seront
attachés précisément à l'institut Roland-Saucier.
Comme la députée de Chicoutimi, je souhaiterais
qu'aussitôt le remède mis sur la table les résultats
soient produits, mais la députée de Chicou-tlmi sait tout aussi
bien que moi que ce sont des problèmes qui ne trouvent pas de
réponse immédiatement ou aussi rapidement qu'on le souhaiterait.
Je pense que la situation des ressources en psychiatrie a l'extérieur de
Montréal, de Québec et probablement de Sherbrooke, qui est un
autre centre universitaire, est fort inquiétante. On sait que la rive
sud de Montréal, par exemple, connaît aussi des problèmes
très aigus dans le recrutement de ses psychiatres. Mais je pense que
dans le cas de Chicoutimi, c'est un problème qui n'a pas cessé
d'être l'objet d'attentions particulières de la part de mon
ministère depuis le départ de Roland-Saucier - c'était au
début de juillet je pense - et que dans les circonstances, tout ce qui
pouvait être fait a été fait.
La Présidente (Mme Begin): Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais juste, Mme la Présidente,
corriger une impression que Mme la ministre a pu laisser par rapport à
mes interventions sur cette question. Je n'ai jamais dit et jamais
prétendu qu'il fallait accorder les mêmes conditions aux
psychiatres à Roberval qu'à Chicoutimi. Celé ne prend pas
un très long calcul pour comprendre qu'effectivement, on viderait
Roberval. Je n'ai jamais soutenu une telle idée. La ministre le sait.
Tout ce que je lui ai suggéré, et cela semblait relativement
intéressant et cela semblait aussi lui convenir, c'était de
moduler, pas de couper cela net. (21 heures)
Si vous êtes à Chicoutimi, à Aima c'est cela, vous
êtes 35 kilomètres plus haut et vous avez 120 % de la
rémunération. Le résultat est facile à comprendre.
Vous allez me dire que, sur le plan professionnel, c'est peut-être
discutable comme attitude, mais c'est la situation. Je ne fais que rapporter
l'état de la situation. Pour certains, c'est avantageux d'aller
pratiquer à Aima à 120 % de la rémunération. Ce que
je lui suggère, c'est simple. Nous avons fait un premier pas; ce
n'était pas si pire, le système. En tout cas, c'était
mieux que ce qui existait auparavant et cela a donné des
résultats. Tout ce que je lui demande, c'est de l'améliorer et
d'un peu moduler les avantages. Sur trois ans, il me semble qu'on aurait pu
faire quelque chose.
Médecins dans les régions
éloignées
Mme la Présidente, j'aimerais que la ministre nous ventile
l'élément 5, Autres services. Tout à l'heure, elle nous
disait que les mesures incitatives pour amener les médecins dans les
régions éloignées, cela faisait partie de
l'élément 5. Est-ce que vous pourriez nous ventiler
l'élément 5?
La Présidente (Mme Begin): Mme la minis tre.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas devant moi la ventilation
complète. Peut-être le Dr Mockle pourra-t-ï la donner. Je
voudrais simplement dire que nous dépensons environ 20 000 000 $
à 25 000 000 $ par année en mesures d'incitation pour amener les
médecins dans les régions éloignées. Dans le cas
des médecins spécialistes qui vont s'établir non seulement
dans les régions éloignées, mais également dans les
régions intermédiaires, cela nécessite de nouveaux
équipements et du personnel supplémentaire. Au cours des trois
dernières années, depuis 1986-1987, en budget de fonctionnement,
nous avons ajouté 11 000 000 $ et en budget d'équipement, nous
avons ajouté 12 000 000 $ relativement aux nouveaux spécialistes
qui vont s'installer dans des régions intermédiaires ou des
régions éloignées. Maintenant, eu égard à la
ventilation des différentes mesures incitatives qui sont des mesures de
ressourcement et d'installation, je vais demander au Dr Mockle s'il a plus en
détail la ventilation de ces montants.
La Présidente (Mme Begin): Docteur?
M. Mockle: Oui, Mme la Présidente. Dans le cas
précis que nous avons devant nous, c'est-à-dire
l'élément 5, Autres services, bien que la notion d'autres
services indue toute la série de prothèses, que ce soit
orthopédiques, auditives ou visuelles, cela inclut également les
mesures incitatives de même que les bourses d'études et
l'assurance responsabilité. Mais dans ce cas précis, cela ne
concerne que les programmes de prothèses. Alors, la demande de
crédits de 4 400 000 $ n'est que pour les prothèses. Cela
s'explique de la façon suivante. Lorsqu'on prépare le budget,
comme nous sommes dans un système dynamique, on ne peut prévoir
les ajustements qui peuvent survenir en cours de route alors qu'ils sont en
discussion. Dans le cas de l'année qui nous préoccupe, 1988-1989,
des ajustements ont été apportés au prix des fauteuils
roulants de même qu'aux aides auditives.
D'autre part, lorsque nous avons fait nos prévisions concernant
l'ensemble des programmes de prothèses, il y a eu une
sous-évaluation de ce que pourraient être les coûts en
1988-1989. Par conséquent, les 4 400 000 $ sont destinés à
rajuster la prévision qui était trop basse et à inclure
également les ajustements survenus en cours d'année concernant
les aides auditives, d'une part, et les fauteuils roulants, d'autre part. Donc,
cela ne vaut que pour cela. Il n'y a pas d'autres demandes pour les autres
mesures telles que l'assurance responsabilité, les mesures incitatives
ou encore les bourses d'études.
La Présidente (Mme Begin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je pense que
l'information n'est pas contenue dans le rapport de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. On sait que la consommation des soins de
santé dans une région donnée varie évidemment,
selon la présence plus ou moins grande des spécialistes; elle est
de 11 % si vous êtes au nord tout à fait et à quelque 60 %
si vous êtes sur la Côte-Nord. Au Nouveau-Québec, c'est 11
%.
Est-ce qu'il est exact - je pense que ce n'est pas dans ce rapport que
je l'ai trouvé - qu'en dépit des avantages consentis pour les
médecins en régions éloignées, les personnes, les
habitants en régions éloignées nous coûtent moins
cher, per capita, que ceux des grands centres parce qu'ils consomment
effectivement moins?
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu un rapport dans lequel on avait ces
chiffres...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne sais pas si c'est celui-ci qu'on a.
Mme Blackburn: C'était la "Géographie de la
santé au Québec".
Mme Lavoie-Roux: L'avez-vous?
M. Mockle: Lorsque nous avons publié nos statistiques
annuelles 1987 en décembre dernier, nous avons publié ce qu'on
appelle "le trafic interrégional".
Mme Blackburn: Oui, cela va.
M. Mockle: C'est probablement ce à quoi vous faites
allusion. Dans le trafic interrégional, on parle de pourcentages de
consommation sur place et de consommation dans une région avoisinante.
On sait fort bien, par exemple, que sur la Côte-Nord, comme il n'y a pas
tous les services, les gens viennent alors à Québec et à
Montréal pour consommer des services, si bien que le pourcentage de
consommation sur place est faible. Ils doivent se déplacer pour les
obtenir. Si on prend la Côte-Nord, on n'y a pas toutes les
spécialités et les deux endroits de prédilection sont
Québec et Montréal. Lorsqu'on regarde la consommation totale,
c'est à peu près équivalent. La différence est
beaucoup plus remarquable entre les hommes et les femmes. Les femmes consomment
plus que les hommes, d'une part, et, d'autre part - je m'excuse, je ne veux pas
faire de ségrégation, mais c'est un fait - c'est en fonction des
tranches d'âge. On sait fort bien que les jeunes, les adolescents, les
enfants consomment beaucoup plus. Il y a une légère
dépression vers la vingtaine et la trentaine, ça recommence
à augmenter et ça devient ensuite proportionnel,
c'est-à-dire que plus vous vieillissez, plus vous consommez. Donc, ceci
est un phénomène assez général, peu importent les
régions.
Ce que je crois comprendre de la question, c'est qu'il est
évident que, dans certaines régions, le pourcentage de services
consommés est faible parce que les gens doivent se déplacer
ailleurs. Mais quand vous regardez l'ensemble des services qu'ils
reçoivent, c'est à peu près uniforme.
Mme Blackburn: Pourqoi est-ce que dans la région de
Rimouski, par exemple... Avant qu'on ait le tomographe axial, on sait que
beaucoup moins de gens se déplaçaient pour venir chercher les
services à Québec. On sait également, que sur les 900
nouveaux cas de cancer identifiés en 1985, 200, 199 plus
précisément - j'essaie de faire refonctionner mon... - ont
été traités par des services à l'extérieur,
c'est-à-dire à Québec ou à Montréal, alors
que dans la population courante, si vous êtes à Québec ou
à Montréal, proche d'un tel service, vous allez en chercher dans
l'ordre de 50 %, ces personnes qui vont chercher des traitements en
radiothérapie.
J'imagine que ce qu'on est capable et qu'on est en mesure de dire en ce
qui concerne la radiothérapie pour ceux qui sont atteints de cancer, ce
doit être sensiblement la même chose pour toutes sortes d'autres
infections. On le sait, les gens des régions, avant qu'ils trouvent les
100 $, 200 $ ou 300 $ pour se déplacer et aller chercher les soins
à Québec, Montréal ou Chi-coutimi, en l'occurrence, n'y
vont pas dans une aussi grande proportion. Si on prend cette donnée -
c'est selon des relevés qui ont été faits dans la
région de l'est du Québec - on peut penser que ça peut
s'appliquer dans d'autres secteurs. C'est ce qui m'amène à
conclure - cela apparaît dans la "Géographie de la santé" -
que les jeunes femmes de 15 à 24 ans consomment moins dans les
régions du Bas-du-Fleuve, de la Gaspésie et de la
Côte-Nord. Elles vont moins consulter que celles des grandes
régions de Québec et de Montréal. Ensuite, je voudrais
dire au président de la RAMQ que ce n'est pas grave... Il ne faut pas
penser que c'est discriminatoire ou que c'est sexiste de dire que les femmes
consomment plus de soins de santé. Jusqu'à ce jour, ce sont
encore elles qui accouchent et ce sont encore elles qui sont les plus pauvres,
et la pauvreté entraîne une plus grande consommation des soins de
santé. (21 h 10)
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y.
M. Mockle: Mme la Présidente, le constat fait que les
femmes sont de plus grandes con-
sommatrices que les hommes. Cependant, |e n'ai pas ici avec moi la
ventilation microscopique de la consommation des services dans les villes de la
région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie où se trouve
Rimouski. Ce que nous avons publié, ce sont des données
macroscopiques. Et, dans le cadre de la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, ce qu'on a trouvé en 1967, c'est que
76,5 % des dépenses effectuées par les habitants l'ont
été dans la région même, ce qui veut dire qu'il y en
a 8,9 % qui ont été faites à Québec et 8,4 %
à Montréal. Il va de soi que ce sont des services assez
spécialisés qu'on ne peut pas retrouver dans l'ensemble de la
région. Mais nous n'avons pas publié de données
particulières d'une ville par rapport à l'autre: Mont-Joli,
Rimouski ou même Gaspé. Nous avons fait ce qu'on appelle une
publication macroscopique de l'ensemble de la région.
Mme Blackburn: Dans cet élément des crédits
Autres services, est-ce que cela a également concerné l'ajout de
ressources, par exemple, pour le traitement du SIDA? On sait actuellement qu'il
y a un projet d'un investissement budgétaire de l'ordre de 21 000 000 $
sur trois ans à compter de 1989-1990, qu'il y a eu - et là
j'ouvre la parenthèse - une publication sur le SIDA. Que savez-vousvraiment du SIDA? au coût de 500 000 $, publication qui,
malheureusement est mal écrite, c'est-à-dire en français.
Elle n'est pas en français. C'est une traduction mal faite et qui me
semble être tout simplement une traduction d'un document canadien anglais
ou américain qui a peu ou pas de rapport avec la culture
québécoise et qui n'aborde pas certaines choses, certaines
questions comme les relations protégées. Il a été
largement critiqué par ceux et celles qui sont le plus près de ce
genre de questions et qui, vraisemblablement, n'ont pas été
questionnés.
D'abord, est-ce qu'on peut m'expliquer pourquoi Us n'ont pas
été consultés avant de lancer cela dans la population? Et
je voudrais juste attirer l'attention de la ministre là-dessus. En page
4 de ce document, pour mieux comprendre le SIDA il est dit, et là je
lis: "Quelques idées fausses sur la transmission du SIDA.' Suit une
série d'exemples. "Vous n'attrapez pas le SIDA au contact de la salive,
de la sueur, des larmes, de l'urine et des matières fécales."
Quelques idées fausses... Vous n'attrapez pas... Or, pour quelqu'un qui
pense que, effectivement, cela s'attrape de cette façon-là -
parce que j'imagine que ça s'adresse à des gens moins bien
informés - il faut qu'il le relise quatre ou cinq fois pour comprendre
que cela a été mal traduit.
Je ferme la parenthèse là-dessus. Est-ce que, dans ces
crédits additionnels, N y a une partie de ces coûts qui est
reliée à une augmentation des coûts des médicaments
pour le traitement du SIDA? Et est-ce que la ministre a l'intention de
répondre favorablement à la demande des deux cliniques, la
clinique L'Actuel et la clinique de L'Alternative qui traitent exclusivement
des demandes touchant le dépistage et le traitement des maladies
transmissibles sexuellement? Elles reçoivent mensuellement quelque 5000
patients. Alors est-ce qu'il y a un rapport avec l'ajout de ces postes et les
questions touchant le traitement du SIDA?
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je dois vous dire
qu'on s'écarte quand même encore une fois assez
considérablement de l'objet de l'étude que nous devons faire ce
soir. Alors, ne sachant pas qu'on serait interrogés sur à peu
près tout, je vais quand même répondre à la question
que la députée de Chicoutimi a directement reliée à
la question des autres services, à savoir si les 7 000 000 $ sont inclus
dans les autres services puisque c'est un projet de 21 000 000 $ sur trois ans
pour la prévention et la lutte contre le SIDA. Ces 7 000 000 $ ne sont
pas compris dans les crédits supplémentaires de ce soir
intitulés Autres services.
Très brièvement, relativement au dépliant qui a
été distribué dans toutes les familles du Québec,
je dois vous dire que ce document a été fait en consultation avec
des membres des départements de santé communautaire qui assument
ici au Québec, entre autres, la responsabilité de la lutte au
SIDA en collaboration, évidemment, avec des CLSC, des centres
hospitaliers, etc. Contrairement à ce qu'affirme la
députée, il se peut qu'elle ait entendu des critiques, je ne
saurais le dire, mais ce dépliant sur le SIDA a été
reçu avec beaucoup d'intérêt dans les foyers du
Québec et nous avons reçu énormément,
c'est-à-dire pas moi ou le cabinet, mais les communications du
ministère de la Santé et des Services sociaux ont reçu
énormément de commentaires positifs, non seulement quant au
contenu, mais quant à l'initiative prise par le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je pense que ce document est allé
dans tous les foyers, qu'il a été un sujet de discussion
important à l'intérieur d'un bon nombre de familles et qu'on a pu
rejoindre, par ce moyen-là, l'ensemble des citoyens du
Québec.
Deux plans d'action pour le SIDA ont été adoptés
par le gouvernement actuel, un premier plan d'action que j'avais rendu public
en août 1987, si ma mémoire est bonne, au montant de 6 000 000 $,
et le deuxième plan d'action que j'ai annoncé le 1er
décembre 1988, c'est-à-dire il y a quelques mois, un plan
d'action sur trois ans pour un montant de 21 000 000 $.
Mme Blackburn: ...n'était pas aussi...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Pour vos cliniques L'Actuel et
L'Alternative, j'allais oublier, mais vous avez fait aussi une assez longue
digression sur ce document. Pour les cliniques L'Actuel et L'Alternative, ces
deux demandes ont été soumises à mon ministère et
nous allons
essayer de voir de quelle façon les efforts de ces cliniques
peuvent être coordonnés avec les établissements existants
soit, entre autres, le CLSC Métro et le CLSC centre-ville.
Mme Blackburn: J'ai été informée que ces
deux cliniques menacent de fermer leurs portes d'ici à quelques
semaines.
Mme Lavoie-Roux: Pardon? Je n'ai pas...
Mme Blackburn: Ces deux cliniques menacent de fermer leurs portes
d'ici à quelques semaines et, au moment où on se parle,
lorsqu'elle parle du nombre important de réactions à ce document,
une partie des demandes d'information ont été adressées
à ces cliniques, ce qui a fait augmenter considérablement les
activités, alors qu'on sait qu'elles ont peu de moyens. Est-ce qu'elle
sait qu'elles sont sur le point de fermer et que les CLSC, dans beaucoup de
cas, ne reçoivent même plus les personnes qui demandent d'avoir
soit des tests ou des examens touchant le dépistage. Ils les
réfèrent directement à ces cliniques. (21 h 20)
Je voudrais revenir sur la brochure rendue publique par les bons soins
de la ministre. Je me suis demandé si elle l'avait lue parce qu'en la
lisant, cela saute aux yeux qu'on véhicule là-dedans... Cela fait
exactement l'impression d'avoir été mal traduit. On risque
d'entretenir des préjugés. Par exemple, à la page 6, on
lit: Devriez-vous subir les tests du SIDA? Pourquoi pas "passer" plutôt
que "subir"? Il y a tout plein de choses là-dedans qui ne sont pas en
français dans le sens que c'est mal rédigé et je me suis
demandé combien la ministre avait donné aux professionnels
spécialistes en communications pour faire cette publication qui est,
somme toute, mal foutue. Je pourrais lui envoyer les commentaires qui m'ont
été adressés par des organismes qui travaillent
auprès des personnes qui sont atteintes du syndrome du SIDA. Une de ces
personnes, dont la photo apparaît dans le document, le Dr Morrissette
n'était pas très heureux de la facture du document. Il regrettait
qu'on ne l'ait pas consulté.
Il me semble que ce sont des personnes qui sont aux premières
loges et qui ont l'expertise la plus intéressante, la plus importante,
qui étaient capables de véhiculer l'information dans des termes
qui correspondent davantage à notre culture et peut-être aussi, en
bon français, ce qui n'est pas fait pour gâter la sauce.
Je me demandais si la ministre avait lu ce document qui nous a
coûté 500 000 $, nous dit-elle. J'aimerais savoir ça. Les
spécialistes en communications qui ont travaillé
là-dessus, en tout cas, dites-moi quelle firme vous avez
utilisée, je n'irai pas les voir.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense qu'on est en
démocratie. La députée de Chicoutimi peut avoir ses
réactions. Elle semble nous dire qu'on aurait probablement dû
rester inactifs alors qu'il y a énormément de demandes qui nous
sont adressées constamment. Que quelqu'un se soit montré
insatisfait parce qu'il n'a pas été consulté directement,
ça, c'est son problème. Ce que je peux vous dire, c'est que cette
brochure a été bien reçue. Si on en juge, par exemple, par
le grand nombre de demandes d'informations supplémentaires qui ont
été acheminées, entre autres, à Info-Santé,
je pense qu'on peut en conclure que ceci correspondait à un besoin.
Maintenant, qu'une brochure puisse être améliorée,
qu'elle puisse être meilleure, écoutez, je pense qu'on rentre dans
un débat à savoir si on devrait utiliser le mot "subir" un test
ou "passer" un test. Vous savez, subir c'est aussi pâtir; passer un test,
c'est aussi... Je suis convaincue que n'importe quelle brochure qu'on nous
distribue à l'Assemblée nationale pourrait être aussi '
améliorée, j'en suis convaincue, ou tout rapport qui nous est
remis. D'ailleurs, nous procédons présentement à une
évaluation des retombées de cette brochure, et il me fera plaisir
en temps et lieu d'en faire connaître les résultats à la
députée de Chicoutimi. Je pense que c'était une initiative
qui s'imposait. Je suis contente qu'on l'ait prise tout en reconnaissant
qu'elle puisse fort bien être l'occasion de critiques mais qui restent,
somme toute, des critiques fort mineures. Quand on discute le français
de la brochure, j'aurais souhaité qu'il soit meilleur encore, bravo!
Mais je pense que l'objectif que nous nous fixions était de sensibiliser
la population, de provoquer des discussions et de faire un travail de
prévention. Encore une fois, je pense que les résultats que nous
obtiendrons dans quelque temps nous permettront de confirmer d'une façon
encore plus rigoureuse si les objectifs ont été atteints.
Mme Blackburn: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la
députée.
Mme Blackburn: La ministre a cette espèce de
détestable habitude de me prêter des intentions. Selon elle, je
n'aurais pas voulu qu'ils publient quelque chose. Voyons donc! C'est dire
n'importe quoi. Je pense que l'initiative était heureuse, mais tant
qu'à le faire, on le fait correctement.
Si ça vaut 500 000 $, alors que les principaux
intéressés n'ont pas été consultés, et je le
sais pour avoir vérifié, cela a été fait
rapidement, à la hâte, sans consulter les principaux
concernés et c'est une traduction, mauvaise d'ailleurs, d'un document
américain. Est-ce à dire qu'on n'avait pas l'expertise ici pour
concevoir quelque chose qui nous ressemblait un peu? C'était simplement
la question que je soulevais.
Je comprends qu'il se publie de nombreux dépliants au
ministère de la Santé et des Ser-
vices sociaux. Je demandais simplement à la ministre si elle a
pris le temps de le lire. Elle pourrait constater que ce n'est malheureusement
pas bien fait. L'intention est intéressante, l'intention est heureuse
sauf que ça aurait pu être mieux fait pour 500 000 $.
Si elle le désire, je pourrai lui envoyer une copie
corrigée qui m'a été adressée. Elle verrait que ce
ne sont pas exclusivement des fautes de français et qu'il y a aussi un
manque d'informations. Je rappelle que les personnes les plus
compétentes au Québec pour parler de ces questions ont
reçu, comme tout le monde, ces documents par la poste sans avoir
été consultées Je me dis qu'au Québec c'aurait pu
être intéressant qu'ils le soient.
En ce qui concerne les deux cliniques, est-ce qu'on doit comprendre que
la ministre a l'intention d'acquiescer à leur demande? D'ici combien de
temps? Auront-elles le temps de fermer leurs portes ou...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, dans le cas de ces
deux cliniques, je répète que nous sommes actuellement à
examiner leurs demandes. Dès que possible, la décision sera
connue.
Mme Blackburn: Excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit que dans le cas des deux cliniques,
nous étions actuellement à examiner les demandes et que,
dès que possible, nous leur ferons connaître notre
décision.
Mme Blackburn: Ma question était: Est-ce que vous attendez
deux semaines, le temps qu'elles ferment, ou si on peut penser qu'elles auront
leur réponse avant?
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis que nous leur ferons connaître
notre décision dès que possible.
Mme Blackburn: Si ça prend autant de temps que pour la
politique de la santé et des services sociaux, elles risquent d'avoir le
temps de fermer.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez été là neuf ans
et vous n'avez jamais été capables d'en publier une.
Mme Blackburn: En trois ans, avec un bon rapport en main, vous
n'avez pas encore fait mieux à ma connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Le rapport m'a été remis il y a un
an, Mme la députée de Chicoutimi. Vous avez été
neuf ans au pouvoir et, deux mois avant l'élection, tout à coup,
vous avez pensé que ce serait peut-être intéressant de
faire une étude sur les services de santé et les services
sociaux. Cela vous a pris neuf ans pour vous en rendre compte.
Mme Blackburn: Et 6 000 000 $ et un an après le
dépôt, il n'y a toujours rien de fait. Est-ce à dire qu'on
va avoir votre politique avant les prochaines élections? Avec la
même ministre, j'espère. Il me semble qu'être titulaire du
ministère de la Santé et des Services sociaux, je voudrais
laisser ma marque. Il me semble que ce ne serait pas juste, après avoir
laissé flotter les choses pendant trois ans, de laisser un document
majeur... Moi je demande à la ministre.. Je le dis en toute
simplicité, elle a créé un nombre considérable de
comités, de commissions, de tables de concertation, et on ne voit pas
beaucoup les résultats. Cette étude-là a
coûté 6 000 000 $, cela fait plus d'un an qu'elle est
déposée, quinze mois précisément, il serait donc
normal qu'on voie apparaître un document. Je souhaite que le sort de ces
deux cliniques ne soit pas le même que celui qui a été fait
au rapport Rochon. C'est simplement cela que je disais.
Services dentaires
Je voudrais aborder l'élément 3 et les services dentaires.
On sait qu'il y avait une négociation parce que les dentistes sont
allés en appel d'une décision de la ministre de couper un examen
médical sur deux. Dentaire, je m'excuse. L'examen médical,
c'était pour les femmes enceintes et c'est à peu près les
mêmes résultats, on les a diminués aussi. Mais allons du
côté de l'examen dentaire. C'est de ça dont il est
question. La ministre peut-elle me confirmer l'information à savoir que
sans aucune consultation de la population, sans qu'on l'informe du changement
d'orientation, sans qu'on trouve utile de donner de l'information sur cette
question, elle a décidé, après une entente avec les
dentistes, d'accepter de modifier les règles de telle sorte que,
dorénavant, les jeunes enfants au Québec n'auront droit
qu'à trois examens dentaires en deux ans?
Est-ce que c'est ça un des éléments de la politique
familiale au Québec? Parce que plus ça va, plus ça
coûte cher d'avoir des enfants. On ne peut pas avoir deux discours en
même temps, dire vouloir soutenir les familles, et, en même temps,
couper dans les services. J'imagine que les 4 647 000 $ qui apparaissent ici,
c'est pour l'ajout des examens tel qu'il avait été prévu,
puisqu'elle n'avait pas le droit de prendre cette décision.
C'était une économie d'environ 8 000 000 $. J'imagine que cela se
rapporte à cette décision.
Mme Lavoie-Roux: La rubrique n° 2, Mme la
Présidente...
Mme Blackburn: Services dentaires, c'est 3
Mme Lavoie-Roux: Pardon, 3.
Mme Blackburn: II n'y a pas de 2
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas de 2. Trois. La rubrique n°
3, services dentaires, pour un montant de 4 647 000 $ correspond aux
obligations résultant de l'entente signée avec les
chirurgiens-dentistes pour le renouvellement d'ententes, rétroactif
à juin 1987. C'est également le résultat de l'entente qui
a été signée avec les chirurgiens bucaux qui, elle,
remonte à 1985. Alors, c'est un ajout pour faire face aux obligations
résultant des ententes qui ont été signées, soit
avec les dentistes, soit avec les chirurgiens buccaux. (21 h 30)
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est exact qu'on a changé les
règles et que, dorénavant, les enfants, qui ont accès
gratuitement aux examens dentaires, n'auront plus droit qu'à trois
examens sur deux ans, un par huit mois?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que tous et chacun dans cette Chambre
et dans la population se souviendront qu'un projet de loi prévoyait une
réduction d'un examen dentaire par année au lieu de deux. Le
résultat de la négociation que nous avons eue avec les
chirurgiens-dentistes a été de modifier, je dirais même de
bonifier ce qui avait été prévu dans le projet de loi du
temps. Au lieu d'avoir un examen par douze mois, les enfants auront droit
à un examen par huit mois.
Mme Blackburn: Est-ce que la ministre peut nous dire combien elle
économise?
Mme Lavoie-Roux: 3 000 000 $.
Mme Blackburn: Est-ce qu'elle estime que c'est important
d'économiser ces 3 000 000 $ quand on sait que la population du
Québec demeure un des peuples qui a la plus mauvaise santé
dentaire au monde? C'est un de nos tristes records. Est-ce qu'elle estime que
c'était le meilleur endroit où aller couper? Est-ce que c'est une
façon d'encourager les familles?
Mme Lavoie-Roux: C'est une décision qui a
été prise par le gouvernement il y a maintenant deux ans et demi,
j'imagine. Comme je le disais tout à l'heure, au lieu d'un examen par
année auquel les enfants auraient eu droit selon la décision qui
avait été prise, ils auront maintenant droit à un examen
tous les huit mois, et c'est une décision gouvernementale.
Mme Blackburn: Ce que vous dites, on a fait peur aux gens. On
leur a dit: II va y en avoir juste un tous les ans. Là, ils en ont un
tous les huit mois. Déjà, ils sont chanceux. Je trouve que c'est
un raisonnement... D'ailleurs, c'est le raisonnement de ce gouvernement. Chaque
fois, on présente un budget très serré et, quelques
semaines après, on vient en ajouter. Là, on vient nous dire:
Écoutez, on leur a fait peur comme il le faut. Mais là, vous
n'êtes pas si pires, vous en avez un tous les huit mois. Cela n'a pas de
bon sens. Ce n'est pas comme ça que cela se raisonne. On est en
santé. On est avec des familles qui, à l'âge où ils
sont en train d'élever des enfants, ont le moins de ressources. C'est
connu. Elle dit: C'est bon, un examen aux six mois pour ceux qui vont... Je
pense qu'elle a oublié l'information, mais je pense que je l'ai.
Pour les assistés sociaux, c'est un examen aux six mois. Eux, ils
ont besoin de cela aux six mois. Sauf que celui qui n'est pas assisté
social, mais qui a un revenu en dessous du seuil de la pauvreté, salaire
minimum, cela existe, et il élève des enfants, lui n'y a pas
droit. Cela coupe comme ça. Je ne vois vraiment pas. Je ne comprends pas
comment on peut tenir ce type de raisonnement et être titulaire de votre
ministère. C'est la santé des enfants.
On sait déjà que la population n'est pas très... Le
taux de reproduction, vous le connaissez comme je le connais. On met une
quantité d'embûches qui sont en train de décourager la
population. Après cela, on prétend qu'on est favorable à
la famille. Moi, je voudrais voir cela. Juste en ouvrant la parenthèse,
vous savez quand le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu annonce aux familles jeunes et vieilles, 50
ans et plus, qu'elles vont devoir subvenir aux besoins de leurs enfants
jusqu'à l'âge de 30 ans, cela vous donne l'envie d'en faire encore
des enfants. Je ne comprends pas qu'on prenne ce genre de décision.
C'est comme si on n'était pas conséquent et conscient de ce que
cela veut dire.
Le message est clair. Vos petits, ou ils ne vont pas chez le dentiste,
parce que ce n'est pas vrai que celui qui aura besoin de plus d'un examen aux
huit mois, ou encore, cela va tellement être compliqué, la plupart
des parents, tout le monde va chez le médecin, va chez le dentiste une
fois tous les six mois... Cela veut dire que lui va être aux six mois, le
garçon ou l'enfant va être aux huit mois. Je ne comprends pas.
Quand la ministre me dit: Ils sont bien chanceux, ils devraient en avoir juste
un par année. C'est vrai que cela aurait peut-être arrangé
les rendez-vous chez le dentiste parce que le parent y serait allé deux
fois et l'enfant une fois. Je ne comprends pas la base de votre discours et de
votre raisonnement là-dessus, alors qu'on sait et que la ministre
connaît l'état de la santé dentaire des
Québécois et des jeunes Québécois. Est-ce qu'elle
peut me dire que, vraiment, cela valait la peine, pour 3 000 000 $, de
sacrifier la santé dentaire des jeunes?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je vous ferai d'abord
remarquer, dans un premier temps, que l'Association des chirurgiens-dentistes,
qui s'était fort opposée à ce que nous réduisions
à un seul examen par année l'examen
dentaire des enfants, était d'accord pour qu'un examen à
tous les huit mois soit une mesure satisfaisante. Je vous dirai
également que l'autre montant de 3 000 000 $ que nous devions aller
chercher, puisqu'il s'agissait au point de départ d'un montant de 6 000
000 $, a été le résultat d'une indexation plus faible de
la première année de l'entente pour les dentistes, ce qui a fait
une récupération de 6 000 000 $, qui est quand même un
montant très Important, compte tenu d'autres secteurs prioritaires. Je
voudrais, le plus gentiment possible, rappeler à la
députée de Chicou-timi, qui montre une indignation très
marquée, que son propre gouvernement, à la fin de 1984, j'oublie
l'année 1983 ou 1984, avait coupé dans les services dentaires aux
enfants pour un montant de 30 000 000 $, dont 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ ont
été réinvestis dans l'établissement
d'infirmières hygiénistes ou la création de postes
d'infirmières hygiénistes, et qu'à ce moment-là,
Mme la Présidente, le gouvernement du Parti québécois
avait coupé dans les services de réparation dentaire, en tout
cas, avait coupé, en conclusion, pour 25 000 000 $.
Aujourd'hui, je trouve assez étonnante l'Indignation de la
députée de Chicoutimi, mais je pense que cela fait partie d'un
jeu de l'Opposition qui refuse toujours de voir le comportement qu'elle a pu
avoir et la réalité d'aujourd'hui. Je pense, Mme la
Présidente, je le répète encore une fois, que ceci a
été fait en total accord avec l'Association des
chirurgiens-dentistes qui ne juge pas que la santé dentaire des enfants
a été compromise.
En ce qui a trait aux assistés sociaux, il faut bien comprendre
que le plus grand problème, les problèmes le plus
prononcés de santé dentaire qu'on retrouve chez les enfants se
retrouvent chez les assistés sociaux, pour lesquels, je pense, on ne
devait pas créer de difficultés supplémentaires et que,
malheureusement, ils sont encore très peu nombreux à se
prévaloir des services dentaires.
Mme Blackburn: La ministre, Mme la Présidente, est en
train de nous dire qu'il n'en coûtait pas cher de maintenir cela parce
que de toute façon Us ne les utilisent pas.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, on ne leur crée pas
d'embûches.
Mme Blackburn: Oui, sauf que ceux qui ne gagnent que le salaire
minimum ne doivent pas avoir une meilleure santé dentaire, mais
là Us n'ont pas d'aide. Ce que je dis à la ministre, quand elle
se scandalisait parce qu'on coupait 30 000 000 $, et qu'elle criait, d'accord,
elle est en place depuis trois ans, est-ce qu'elle les a ajoutés, les 30
000 000 $? C'était indécent de les couper. Est-ce qu'elle a
redonné ces services? Elle est là, elle a le pouvoir, elle a le
moyen, on est en pleine prospérité économique. Non, elle
ne l'a pas donné, elle coupe dans des services, alors qu'on est en
pleine prospérité économique, et elle change les
règles du jeu sans aucune consultation. Cela veut dire que la population
apprend qu'on est en train de négocier l'accès aux services
dentaires, qu'on a négocié l'accès à ces services,
sans qu'elle soit ni informée ni consultée. Cela s'est fait entre
les professionnels et le ministère, et on décide, comme cela,
pardessus la tête du monde, de changer les règles du jeu. C'est
cela qui est inacceptable.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente. On n'a pas
discuté par-dessus la tête du monde, puisque le projet de loi qui
a été adopté ici...
Mme Blackburn: Mme la Présidente, je termine, j'ai
laissé parler la ministre tout à l'heure, vous allez me
permettre...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je m'excuse. (21 h 40)
Mme Blackburn: Alors ce que je dis, elle a le pouvoir de
rétablir ou de corriger nos injustices ou nos inéquités.
Elle nous parlait des coupures dans la fonction publique. Il y a trois ans
qu'ils sont là. Est-ce que vous leur avez rendu ce que
supposément ont leur avait enlevé de façon inique? Est-ce
que vous avez rétabli cette injustice qu'on a créée dans
les services dentaires en ajoutant les 25 000 000 $ dont vous parliez tout
à l'heure? Non. Je dis que vous avez coupé et sans consultation.
Je le rappelle, cela s'est fait sans consultation et sans information,
professionnels de la santé et ministère, une négociation
par-dessus la tête des gens. Et on change les règles du jeu comme
cela.
La ministre semble vouloir me dire que c'est avec le consentement je
dirais probablement heureux - c'est un peu ce qu'on entendait - des dentistes.
Est-ce que, tout à coup, de gaieté de coeur, les dentistes
seraient en train d'accepter, sans qu'on ait fait du tordage de bras qui
ressemble à: Si vous n'acceptez pas, ce sera l'indexation qui ne sera
pas plus élevée, de manière que cela ne nous coûtera
pas plus cher, il faut faire des économies quelque part, on va les faire
sur votre dos? Est-ce que ce n'est pas cela, le type de chantage ou de pression
qui s'est fait? Est-ce que la ministre va nous dire aujourd'hui - on pourra
peut-être interroger les médecins tantôt là-dessus -
que c'est de gaieté de coeur, qu'ils estiment que c'est tout à
fait correct et qu'avec cela on est capable de maintenir une bonne
hygiène dentaire des enfants au Québec? Touchant cette question
également, est-U exact que, depuis peu, le ministère ne
défraie plus les coûts de la poudre d'os utilisée pour les
réparations en chirurgie dentaire, dans les hôpitaux?
La Présidente (Mme Begin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord
rétablir certains faits. Il n'y a pas eu de tordage de bras des
chirurgiens-dentistes, je peux vous l'assurer. Ils étaient fort heureux,
comme nous d'ailleurs, que nous en arrivions à une entente qui soit
satisfaisante tant pour le gouvernement que pour l'Association des chirurgiens
dentistes. Dans le cas de la poudre d'os, je peux...
Une voix: Hydroxile apatite.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je ne suis pas au courant,
l'êtes-vous?
M. Mockle: Cela a été désassuré.
Mme Blackburn: Cela représente une économie de
combien?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est un produit extrêmement
coûteux qui sert aux implants dentaires. Il y a d'autres techniques moins
coûteuses pour arriver aux mêmes fins, selon l'information que j'ai
eue. C'est la raison pour laquelle cette poudre - enfin, le nom technique, je
ne le connais pas - a été désas-surée. D'ailleurs,
semble-t-il, cela avait fait l'objet de divergences d'opinions assez grandes
entre les chirurgiens-dentistes de Québec et ceux de Montréal,
les uns voulant la désassurance, les autres non. Mais ce qui
était important, c'est que le service puisse être rendu de toute
façon à partir d'autres techniques qui étaient moins
coûteuses. Je peux demander au Dr Mockle qui est plus familier... Il
s'agit quand même d'une question technique; peut-être qu'il peut
ajouter...
M. Mockle: Mme la Présidente, je ne suis pas un dentiste;
par conséquent je ne voudrais pas m'improviser dentiste. Ce qui arrive,
c'est que le matériau utilisé, l'hydroxyle apatite, est
très coûteux.
Mme Blackburn: C'est combien, pour un traitement?
M. Mockle: Pour faire la réparation dentaire.
Mme Blackburn: Quand vous dites très coûteux, c'est
combien, c'est de quel ordre par traitement?
M. Mockle: Le produit tel quel... Mme Blackburn: Oui.
M. Mockle: ...on me dit que c'est quelque chose comme 500 $.
Mme Blackburn: C'est 250 $, la moitié.
M. Mockle: C'est quand même très cher. Ce qu'on m'a
dit du côté dentaire, c'est qu'il y a plusieurs façons de
procéder; on peut le faire avec des produits moins coûteux. Alors,
cela demeure assuré. Donc, cela veut dire que les gens peuvent recevoir
un tel service, mais fait avec des produits moins chers. Avec l'hydroxyle
apatite, étant donné le coût du produit, du matériau
qui est très cher, cela a été désassuré.
Donc, il s'agit tout simplement pour ie dentiste, pour le spécialiste
d'utiliser un produit différent s'il veut que ce soit payé par la
Régie de i'assurance-maladie, autrement c'est désassuré,
c'est payable par le bénéficiaire lui-même.
Mme Blackburn: Bon! On a fait des économies de
combien?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Blackburn: On les estime à combien?
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une nouvelle technique.
M. Mockle: Oui. Étant donné que le tarif de
l'entente ne couvrait pas... Du côté des dentistes, en
général, les produits sont intégrés dans le tarif
de l'entente. Puisque ce matériau était très
coûteux, les dentistes qui le faisaient ne voulaient plus le faire parce
qu'ils étaient perdants. Par conséquent, dans les cas
extrêmes, ils utilisaient des techniques ordinaires, avec les produits
courants ordinaires. Par conséquent, il n'y a pas nécessairement
une économie puisque, en général, le service
n'était pas rendu, compte tenu du coût du matériau.
Mme Blackburn: La version...
La Présidente (Mme Bégin): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...que j'ai est la suivante; on pourra toujours
les comparer. Le coût du produit est de l'ordre de 250 $; cela variait un
peu selon l'importance du traitement, cela pouvait aller jusqu'à 300
$.
M. Mockle: Nous avons eu des demandes de
bénéficiaires qui ont payé jusqu'à 500 $ à
leur chirurgien buccal; ils nous ont écrit pour être
remboursés pour le coût.
Mme Blackburn: Bien.
M. Mockle: Et ça coûtait 500 $ pour le
matériau. Cela peut varier, évidemment, selon les
dentistes...
Mme Blackburn: Selon l'importance du traitement.
M. Mockle: ...et la source d'approvisionnement.
Mme Blackburn: Oui.
M. Mockle: Mais ce que je veux laisser entendre, Mme la
Présidente, c'est que c'est un matériau qui est très
coûteux. Étant donné que c'était Inclus dans la
tarification, les dentistes étaient perdants.
Mme Blackburn: Ce que j'ai eu comme information, c'est que ces
traitements étaient faits presque exclusivement dans les centres
hospitaliers, c'est-à-dire en chirurgie parce que c'est une chirurgie,
pour la raison que vous invoquez, c'est-à-dire que c'est l'hôpital
qui fournissait le produit. Alors, la pratique était la suivante: on
fait ces chirurgies seulement dans les hôpitaux parce que
précisément le médecin ne pouvait pas fournir ce
produit.
Certains hôpitaux, d'ailleurs, à un moment donné,
ont arrêté de le fournir gratuitement et ils ont fait payer les
patients. D'ailleurs, il y a une poursuite là-dessus, dont je connais un
peu l'origine. Donc, on ne peut pas, comme ça, affirmer qu'il n'y a pas
eu d'économie. S'il n'y avait pas eu d'économie, on n'aurait pas
eu besoin de désassurer. Il me semble que c'est logique. C'est un
geste... D'abord, je m'étonne que la ministre ne soit pas
informée de cette décision... Donc, il y a certainement une
économie. Je sais que la plupart des traitements se faisaient
précisément à l'hôpital parce que celui-ci devait
fournir ce produit. Donc, en dépit de ce que vous pensez, je pense qu'il
y avait effectivement des coûts rattachés à ce service.
Est-ce que je pourrais avoir de M. Mockle les autres services
désassurés au cours des trois dernières années?
M. Mockle: Dans le domaine dentaire? Mme Blackburn: De
façon générale.
La Présidente (Mme Bégin): Si vous me le permettez,
j'aimerais peut-être faire une petite mise au point. Il faudrait que les
questions soient adressées à la ministre. C'est elle qui a la
possibilité de déléguer un de ses fonctionnaires.
Mme Blackburn: Je veux bien l'adresser à la ministre.
La Présidente (Mme Bégin): À la ministre,
Mme Lavoie-Roux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Le seul service qui a été
désassuré durant les trois dernières années, c'est
l'ultrasonographie en cabinet privé, étant assurée en
milieu hospitalier. Du côté dentaire, on vient de le couvrir. On
me dit qu'aucun service n'a été désassuré du
côté des médicaments. Aucun service n'a été
désassuré du côté de l'optométrie.
Mme Blackburn: Du côté des visites médicales
chez les femmes enceintes et les femmes souffrant du cancer du col de
l'utérus?
M. Mockle: II ne s'agit pas de désassurance dans ces
cas-là.
Mme Blackburn: Non, pas de désassurance.
M. Mockle: II s'agit, tout simplement, de plafonnement
d'activités. Ce n'est pas pareil. C'est convenu par négociation,
mais cela reste assuré. Si, par exemple, un médecin veut faire
cinq examens, alors qu'en vertu de l'entente il n'a droit qu'à quatre, N
ne peut pas faire payer un cinquième examen à sa patiente, parce
que ce n'est pas désassuré, d'accord.
Mme Blackburn: Vous avez raison, ce n'est pas
désassuré, mais, c'est-à-dire que, si elle veut avoir un
cinquième examen, elle doit le payer. (21 h 50)
M. Mockle: Non, non.
Mme Blackburn: Non, parce que ce n'est même pas
possible.
M. Mockle: Ce n'est pas désassuré. Cela reste
assuré.
Mme Blackburn: Oui. Cela veut dire qu'en dépit des
besoins, parce que, là, ça serait encore comme plus grave - une
femme qui déciderait... Je pense que ce sont douze examens pour les
femmes enceintes? En dépit des besoins, comme les médecins ne
peuvent pas...
Mme Lavoie-Roux: Elle peut avoir un examen supplémentaire
à partir de ce qu'on appelle les considérations spéciales.
Et, en ce qui a trait au nombre d'examens requis dans le cas de grossesses
ordinaires, c'est neuf ou onze?
M. Mockle: Douze.
Mme Lavoie-Roux: Douze examens qui sont prévus. Je pense
que c'est amplement suffisant durant les neuf mois. Dans le cas des grossesses
à risque, il n'y a pas de limite d'examens. Il n'y a aucune limite aux
examens dans le cas des grossesses à risque. Et, si on parie de quatre
par rapport à cinq, pour des considérations spéciales, il
y a des examens supplémentaires qui peuvent être fournis.
Mme Blackburn: Là, on dit que ce n'est pas
désassuré, c'est toujours assuré, sauf qu'on a
limité ou qu'on a réduit le nombre d'examens autorisés.
Est-ce qu'un enfant qui aurait besoin d'un examen aux six mois pourrait avoir
son
examen? Est-ce qu'il...
M. Mockle: Les enfants?
Mme Blackburn: ...pourrait payer le psychiatre? Je parle d'un
examen dentaire. Revenons aux examens dentaires pour faire un peu un
parallèle. Est-ce qu'un Québécois, parce qu'il y a un
contrat entre le médecin et la RAMQ qui ne permet...
M. Mockle: II n'y a pas de contrat...
La Présidente (Mme Begin): S'il vous plaît, c'est
Mme la ministre qui doit répondre.
Mme Blackburn: D'accord.
La Présidente (Mme Bégin): Si elle juge opportun de
vous déléguer, monsieur...
M. Mockle: ...elfe doit me passer la parole. D'accord.
Mme Blackburn: Ce que je demande: Est-ce qu'il est possible, tant
pour les femmes enceintes qui voudraient plus de douze examens, même si
ce n'est pas qualifié de grossesse à risque, que pour un enfant
dont les parents jugeraient qu'il a besoin d'un examen dentaire à tous
les six mois, même s'il n'est pas assisté social, de se payer
l'examen additionnel?
Mme Lavoie-Roux: L'examen dentaire dont on parle à tous
les huit mois est satisfaisant selon l'opinion que j'ai eue de l'Association
des chirurgiens-dentistes. Il ne faut pas oublier que toutes sortes de
dispositions sont aussi prévues pour des examens dentaires
supplémentaires, par exemple, dans le cas d'une urgence. Il n'y a pas de
limite. Dans le cas de dents incluses, dans le cas d'abcès, enfin, il y
a une série de considérations spéciales où les
examens supplémentaires peuvent être accordés en sus de
l'examen prévu à tous les huit mois.
Mme Blackburn: Mais si un parent - je suis parent et vous
êtes parent - décide que c'est indispensable, en fait une question
de principe et amène son enfant tous les six mois en même temps
qu'il y va, est-ce que le parent peut payer l'examen additionnel?
Mme Lavoie-Roux: Comment...
Mme Blackburn: Non, non, la question est: Est-ce qu'il peut?
Mme Lavoie-Roux: écoutez...
Mme Blackburn: SI le parent en fait un principe?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au Dr
Mockle de vous répondre là-dessus.
La Présidente (Mme Bégin): Docteur, au nom de la
ministre.
M. Mockle: II faut faire une nuance importante. Par essence, les
services sont assurés. Pour que le bénéficiaire puisse les
payer à son professionnel de la santé, il faut les
désassurer. Cela dit, lorsque, par négociation ou par convention
entre la ministre et la fédération ou l'association, on convient
de plafonds ou de fréquences, cela veut dire qu'en dehors des
considérations spéciales où on peut outrepasser la
fréquence établie, de façon générale, la
personne qui recevra un service additionnel ne peut le payer de sa poche parce
que cela demeure un service assuré. Ce ne sont pas des services
désassurés.
Mme Blackburn: C'est ce que j'ai compris.
M. Mockle: D'accord.
Mme Blackburn: J'ai bien compris.
M. Mockle: La nuance est bien importante parce que les gens ont
tendance à mêler les deux aspects.
Mme Blackburn: Non, j'ai bien compris.
M. Mockle: D'accord? Je pourrais ajouter, Mme la
Présidente, que, de tout temps, depuis le début du régime
dans le domaine des services médicaux, il y avait des plafonnements dans
les services.
Par exemple, en milieu hospitalier, les médecins n'avaient pas le
droit d'être remboursés pour plus de trois examens du même
patient par semaine. On sait fort bien qu'il y a des médecins qui
voyaient leur patient quatre, cinq fois la semaine, mais ils n'avaient droit
qu'à un maximum de trois examens. Ils ne pouvaient pas réclamer
les deux examens excédentaires de leur bénéficiaire parce
que ce sont des services assurés. D'accord?
Mme Blackburn: J'ai très bien compris. Je comprends, je le
sais. On avait tous convenu au Québec que ça prenait deux examens
par année. On a fait toute une publicité autour de ça. Les
hygiénistes dentaires, les infirmières qui fréquentent les
écoles, partout au Québec, comme un peu partout d'ailleurs dans
les pays industrialisés, reconnaissaient que ça demandait deux
examens par année.
Le problème, pour les parents qui y croient... Actuellement,
votre dentiste vous rappelle tous les six mois et vous y allez. Le parent qui
dirait: C'est important pour moi que mon enfant passe un examen tous les six
mois; je veux voir s'il est possible de contrôler, par exemple, la carie
dentaire chez les enfants
jusqu'à ce que la dent tombe d'elle-même et soit
remplacée, cela veut dire que, dans notre système actuellement,
il ne peut même pas avoir son examen aux six mois. Cela aussi m'a
été rapporté. Les gens disent: Si on avait la
possibilité d'amener notre enfant avec nous pour lui payer au moins ses
deux examens, pour qu'il ait ses deux examens annuellement. Ils ne le peuvent
pas. Je ne sais pas si vous avez des enfants de cet âge, mais vous ne
pourriez pas le faire.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre, si vous
me le permettez...
Mme Lavoie-Roux: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Avant de vous
reconnaître, Mme la ministre, j'aimerais vous informer qu'il reste
environ trois minutes à cette étude de crédits. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mme la Présidente, Je veux, tout
simplement, dire que, d'abord, lorsque nous avons eu le débat sur la
question du nombre d'examens dentaires pour les enfants, j'ai eu l'occasion,
contrairement à ce qu'affirme la députée de Chicoutimi, de
démontrer, études à l'appui, que dans bien des pays
occidentaux - je pense qu'on avait des études de l'Angleterre, des
études de la Suède - un examen tous les six mois n'était
pas requis pour les enfants et qu'on avait de plus en plus tendance à
espacer ces examens justement pour éviter les risques de rayons X et
tout.
Cela étant dit, nous avons convenu avec l'Association des
chirurgiens-dentistes qu'il y aura un examen possible pour les enfants tous les
huit mois et l'association convient que ceci est satisfaisant pour les
enfants.
Encore une fois, je pense que ceci va permettre, justement, de continuer
d'améliorer l'état dentaire des enfants du Québec et, a
fortiori, dans les années à venir, celui des adultes. Ce
programme d'assurance dentaire, mis en place sous un gouvernement
libéral, est important. Le Québec et la Nouvelle-Ecosse sont les
seules provinces qui ont un programme de soins dentaires aussi
généreux pour les enfants. Il est maintenant reconnu - et,
d'ailleurs, les chirurgiens-dentistes pourront vous le dire - que la
santé dentaire au Québec chez les enfants s'est
améliorée mais il faut encore agir beaucoup à d'autres
niveaux non seulement en allant chez le dentiste, mais par de la
prévention, qu'elle soit alimentaire ou qu'elle soit faite par des
hygiénistes dentaires.
Mme Blackburn: Je voudrais que la ministre réponde. Je
pense qu'elle a oublié...
Mme Lavoie-Roux: J'ai droit à dix minutes.
Mme Blackburn: Je lui demandais combien de services on a
plafonnés à la baisse, le nombre d'examens ou de services.
C'était ça, la question. Je vois qu'elle s'en va
là-dessus.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la ministre, je vous
permets de répondre à cette dernière question et on va
clore là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, j'essayais de
répondre à sa question. Le programme des services dentaires pour
les enfants au Québec et celui de la Nouvelle-Ecosse sont finalement les
seuls programmes qui existent d'une façon aussi généreuse
au Canada. On a pu réaliser des progrès, il reste encore beaucoup
à faire, mais je pense que nous avons enclenché, à partir
de 1972-1973, un programme de soins dentaires extrêmement
intéressant pour les enfants du Québec. À ce programme,
doivent se joindre d'autres choses que les soins dentaires, notamment des
programmes reliés, que ce soit à la prévention, que ce
soit à l'alimentation, que ce soit au milieu scolaire. Je souhaite que
nous puissions continuer de progresser dans ce domaine comme dans d'autres. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Oui.
Mme Blackburn: La question était claire.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais que Mme la ministre nous donne, mais
je vois qu'elle a étiré le temps de manière à ne
pas nous le donner... On trouvera le moyen de le faire autrement. Combien y
a-t-il d'examens ou de services dentaires qui ont été
réduits à la baisse?
La Présidente (Mme Bégin): La commission est maintenant
terminée et je remercie chacun des participants. Je demanderais aux gens
qui ne sont pas membres de cette Assemblée de bien vouloir se retirer
afin que la présidence puisse faire rapport au président de
l'Assemblée nationale.
Je demanderais aux personnes non membres de cette Assemblée de se
retirer afin qu'on puisse faire rapport au président de
l'Assemblée nationale.
La Vice-Présidente: M. le président de la commission
plénière.
M. Laporte (président de la commission
plénière): Mme la Présidente, j'ai l'honneur de vous
aviser que la commission plénière, qui s'était
réunie pour étudier les crédits supplémentaires
n° 3 pour l'année financière se terminant le 31 mars 1989,
n'a pas fini de délibérer.
La Vice-Présidente: Merci, M. le Président
de la commission plénière. En conséquence, les
travaux de la commission plénière sont donc ajournés
à une séance subséquente. Compte tenu de l'heure, nous
allons ajourner nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 4)