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(Quatorze heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Nous allons procéder aux affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Plus tard. M. le Président.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre des Approvisionnements et Services.
Rapport annuel de la RIO
M. Vallerand: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Régie des installations
olympiques pour l'année 1988.
Le Président: M. le ministre, votre rapport est maintenant
déposé.
Dépôt de rapports de commission.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Bertrand. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
357 pétitionnaires, sympathisants et parents utilisateurs des garderies
a but non lucratif.
Les faits invoqués sont les suivants: "Que le bien-être
d'enfants en milieu de garde exige de développer un réseau de
services de garde sans but lucratif; qu'il y ait un nombre suffisant de places
pour tous les enfants d'âge préscolaire et d'âge scolaire
sur toute l'année; qu'il y ait des services à un coût
abordable, dont un programme d'aide financière grandement bonifié
pour tous les parents, et particulièrement pour les familles se situant
sous le seuil de la pauvreté; que la contribution des parents puisse
être diminuée par un financement direct accru, incluant la
formation et le perfectionnement du personnel."
L'intervention réclamée se résume ainsi...
J'aimerais avoir le silence, M. le Président, pour que les
députés libéraux comprennent. Cela s'adresse à
eux.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre! Allez.
Doubler l'aide aux garderies sans but lucratif
M. Garon: L'intervention réclamée se résume
ainsi: "Que l'Assemblée nationale suspende l'application de
l'énoncé de politique sur les services de garde tel que
déposé le 24 novembre dernier; qu'elle double la subvention par
place au permis versée aux garderies sans but lucratif du Québec
pour l'année qui vient et conçoive une politique répondant
davantage aux préoccupations et aux besoins des familles en
collaboration avec les organismes du milieu des garderies."
Le Président: M. le député de Lévis,
votre première pétition est déposée.
M. Garon: Bien, j'en ai une deuxième.
Le Président: Avez-vous le consentement pour
déposer votre deuxième pétition?
M. Garon: J'aurais besoin d'un consentement...
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le leader
du gouvernement pour une deuxième pétition, qui est non
conforme?
M. Gratton: Oui, M. le Président.
Le Président: M. le député de Lévis,
allez, procédez.
M. Garon: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée par 50 pétitionnaires, parents
utilisateurs et employés de la Chiffonnelle, garderie coopérative
de Lévis. Les faits invoqués sont les suivants: "Nous manifestons
notre désaccord avec les mesures proposées dans
l'énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance du Québec déposé le 24 novembre dernier."
Le Président: M. le député de Lévis,
votre deuxième pétition est maintenant déposée.
Mme la députée de Marie-Victorin, toujours à
l'étape du dépôt de pétitions.
Demande de financement équitable pour les
maisons d'hébergement des jeunes
Mme Vermette: Oui. Je dépose une pétition
adressée à l'Assemblée nationale par 33 658
pétitionnaires membres du Regroupement des maisons d'hébergement
jeunesse du Québec. Les faits invoqués sont les suivants: "La
pauvreté et l'isolement social de milliers de jeunes sans-abri de 12
à 30 ans constituent une situation inacceptable pour le Québec en
1989; bien avant l'Année internationale du logement des sans-abri, des
initiatives concrètes ont été prises localement; les
maisons d'hébergement ont été créées pour
permettre à ces jeunes sans-abri de se reprendre en main; les maisons
d'hébergement jeunesse du Québec, malgré leur effort
important d'autofinancement, vivent dans une situation financière
précaire qui ne rend pas justice au travail qu'elles font pour aider les
jeunes sans-abri."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'ampleur des besoins
d'hébergement temporaire pour les
jeunes sans-abri de 12 à 30 ans, qu'elle reconnaisse l'action
communautaire en matière d'hébergement jeunesse comme...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Vermette: ...alternative valable à cette situation
dramatique; d'accorder aux maisons d'hébergement jeunesse un financement
récurrent, adéquat et équitable leur permettant à
long terme un développement normal qui éviterait à court
terme la fermeture totale ou partielle de leurs services, essentiels aux jeunes
sans-abri."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Votre première pétition est
déposée, Mme la députée de Marie-vïctorin.
Avez-vous une deuxième pétition, Mme la députée de
Marie-Victorin? Avez-vous le consentement de cette Assemblée? M. le
leader du gouvernement, y a-t-il consentement pour une deuxième
pétition...
M. Gratton: Oui, M. le Président.
Le Président: ...non conforme? Mme la
députée.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres dépôts de pétitions
cet après-midi?
Cet après-midi, il n'y aura pas d'intervention portant sur une
violation de droit ou de privilège ou sur une question de fait
personnel.
Je suis prêt à procéder à la période
régulière de questions et de réponses orales. En
première principale, cet après-midi, je vais accorder la parole
à M. le député d'Ungava. M. le député
d'Ungava.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le contrat signé entre Hydro-Québec et
Central Maine Power
M. Claveau: Merci, M. le Président. À une question
que je lui posais en cette Chambre mardi dernier, après s'être
montré carrément incapable de ventiler les affirmations de 25 de
ses députés et ministres quant à la valeur des contrats
d'exportation d'électricité, le premier ministre nous a
affirmé, en se référant aux contrats eux-mêmes, et
je cite: "On sait qu'à cause de la concurrence qui peut exister entre
les différentes régions, il peut y avoir des
éléments confidentiels dans ces contrats". Il reprenait ainsi
l'argument qu'il nous a servi par le ministre de l'Energie et des Ressources du
Québec pour justifier son refus de rendre publics lesdits contrats.
M. le Président, je demande au ministre comment il se fait que le
premier ministre puisse refuser de rendre public le contrat avec le Maine alors
que sur simple appel téléphonique il est possible de se procurer
au Maine le contrat signé entre Hydro-Québec et Central Maine
Power? Sur ce, M. le Président, si vous permettez, je demande
l'autorisation de déposer le document déposé par Central
Maine Power devant la commission d'utilité publique du Maine...
Des voix: Bravo!
M. Claveau: ...et qui est copie du contrat signé entre
Central Maine Power et HydroQuébec.
Une voix:...
Le Président: M. le député d'Ungava, avec
consentement, votre document est maintenant déposé. Je vais
maintenant céder la parole à M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis toujours un peu
étonné par les questions du député d'Ungava. Je ne
veux pas lui faire de leçon, loin de là. Je pense qu'il devrait
faire une distinction entre une entente de principe et un contrat qui est
ratifié, qui a été signé. Je pense qu'il y a
différentes étapes dans la négociation. Je veux dire tout
simplement que quand le contrat est signé, qu'il est discuté,
qu'il doit être soumis à des commissions d'utilité
publique, que ce soit de l'environnement ou que ce soit sur les tarifs ou sur
les sources alternatives, c'est évident que ce contrat devient un
document public. (14 h 20)
Mais pour l'entente de principe, ce n'est pas nouveau. Moi-même
quand j'étais chef de l'Opposition, les quelques mois où j'ai
été chef de l'Opposition... Je n'ai pas eu ce privilège
tellement longtemps. J'ai siégé une semaine comme chef de
l'Opposition en 1970 et une semaine comme chef de l'Opposition à mon
retour. Mais, quand même, quand j'étais chef de l'Opposition, il y
avait des rencontres avec les dirigeants d'Hydro-Québec pour examiner
certains de ces contrats. Si ma mémoire est bonne, le
prédécesseur du député de Joliette, M. Pierre Marc
Johnson, avait également rencontré, je crois, les dirigeants
d'Hydro-Québec, il y a quelques années, pour discuter de ces
questions. Alors, ce que je lui dis, c'est de faire une distinction entre la
nature des différents documents.
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: M. le Président, le premier ministre
nierait-il que, ici-même en cette Chambre, son ministre de
l'Énergie et des Ressources a refusé d'informer la population du
Québec quant à la teneur du contrat signé entre
HydroQuébec et Central Maine Power et irait-il jusqu'à nier la
valeur d'un document déposé par M. Woodruss, qui était le
porte-parole de Central
Maine Power devant la commission d'utilité publique du Maine,
déposant lui-même le contrat signé entre sa compagnie et
Hydro-Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je viens de répondre. Je comprends que le
député a peut-être été pris de court par ma
réponse. Je viens de lui dire qu'il faut faire une distinction. Je vois
le député de
Taillon qui semble d'accord, avec ses talents de juriste qui lui
promettent un grand avenir. Il faut faire une distinction...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre.
M. Bourassa: ...entre une entente de principe et un contrat qui
est ratifié comme cela avait été le cas lorsque vous
étiez au pouvoir. Vous avez signé une entente de principe et par
la suite, nous avons ratifié le contrat.
Le Président: M. le député d'Ungava en
additionnelle.
M. Claveau: Malgré ses prétentions, M. le
Président, comment le premier ministre peut-il expliquer que lui et son
gouvernement continuent à maintenir la population du Québec dans
l'ignorance en refusant de dévoiler les termes d'un contrat qui est de
notoriété publique aux États-Unis, au Maine en
particulier, et qui a fait là l'objet d'audiences publiques et de
débats mur à mur, j'oserais dire? Comment le premier ministre
peut-il avoir l'indécence, pour ne pas employer un terme plus
fort...
Le Président: M. le député d'Ungava.
M. Claveau: ...de se lever en cette Chambre et de dire: Nous
avons rendu public le contrat, alors que son ministre a refusé de le
faire mais qu'en contrepartie, en même temps, au Maine, on peut se le
procurer ou n'importe qui peut se le procurer sur un simple coup de
téléphone?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je demanderais au député d'Ungava de
garder le ton mesuré qu'il avait au début de la période de
questions. Ce que je lui dis encore une fois, c'est de faire cette distinction.
Pourquoi le gouvernement ne serait-il pas d'accord pour rendre publics des
contrats ou des éléments du contrat qui sont très
avantageux pour l'économie du Québec? On a répondu,
à ce qu'on m'a dit, durant des heures et des heures à toutes les
questions là-dessus. Nous n'avons rien à cacher, sauf que nous
voulons suivre une tradition administrative vis-à-vis des
éléments qui peuvent jouer sur la concurrence dans la
négociation de ces contrats. Alors, c'est ce que je veux dire au
député d'Ungava. Ce sont des contrats qui renforcent
l'économie du Québec. C'est à cause de ce genre de
contrats qu'on peut garder confiance dans l'avenir, qu'on attire des
investissements et qu'on réduit les impôts. Au cours des trois
prochains mois, on va rembourser aux Québécois 1 098 000 000 $ en
bonne partie à cause des réductions annoncées l'an
dernier.
Des voix: Bravo!
Une voix: Un bon budget!
M. Bourassa: 456 000 000 $ au mois d'avril, 387 000 000 $ au mois
de mai, 256 000 000 $ au mois de juin, c'est cela que les
Québécois vont recevoir. Des centaines de milliers de
Québécois vont recevoir des chèques de remboursement
d'impôt en partie à cause des réductions du
gouvernement.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Oui, une question additionnelle, M. le
Président. Si le premier ministre et son gouvernement sont aussi
transparents et, comme il vient de le dire, s'ils n'ont rien à cacher,
est-ce qu'il pourrait expliquer, sans autant de palabres inutiles connus de la
population, pourquoi il refuse le débat public qui a été
demandé à la radio de CKAC, entre autres, sur toute la question
troublante, douteuse, difficile d'Hydro-Québec et pourquoi il a
également refusé la commission parlementaire qu'on a
demandée? Expliquez-nous pourquoi vous refusez?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le leader de l'Opposition devrait savoir que je ne
suis pas celui qui craint le plus les débats, en cette Assemblée.
J'ai offert au président du Parti québécois de
siéger en cette Chambre. J'ai posé le geste sans
précédent de lui offrir un comté sans opposition, un
comté que nous avons remporté par la suite avec un excellent
candidat qui fait un excellent député. Nous étions
prêts à lui offrir, d'une façon bienveillante, ouverte, de
venir siéger à cette Assemblée pour rehausser les
débats.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Bourassa: M. le Président, au cours des prochains mois,
au plus tard au printemps 1990, nous aurons l'occasion d'avoir tous ces
débats qui vont permettre à la population de consolider sa
confiance vis-à-vis du gouvernement.
Des voix: Et voilà!
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: M. le Président, ma question était
très simple, je demandais au premier ministre pourquoi, en s'appuyant
sur quoi, H a refusé il y a quelques heures la demande de participation
à un débat avec le président du Parti
québécois concernant la situation d'Hydro-Québec,
aujourd'hui, sur le plan de la tarification et les nombreuses
difficultés vécues par HydroQuébec et pourquoi
également persister à refuser la tenue d'une commission
parlementaire pour faire le tour de cette question avec les parlementaires et
l'Opposition, si vous n'avez rien à cacher?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je n'ai pas refusé de faire des débats
le moment venu, le moment opportun, quand même. Vous savez comment, lors
de la dernière campagne électorale, j'ai insisté pour
avoir des débats. Pendant des semaines et des semaines, on parlait d'une
campagne électorale qui portait sur le débat sur un débat.
Pendant des semaines, j'ai défié le premier ministre du temps
d'avoir un débat...
Une voix: Vous avez perdu dans votre comté.
M. Bourassa: ...et, finalement, on a accepté, dans les
derniers jours, de faire ce débat. Donc, on ne peut certainement pas
m'accuser de craindre les débats.
Maintenant, vous voulez référer à la commission
parlementaire. J'ai répondu au chef de l'Opposition, la semaine
dernière, que la demande était prématurée. J'avais
demandé au président d'Hydro-Québec, au chef des
opérations et au président responsable de l'administration, MM.
Drouin et BoK/in, de soumettre un rapport mensuel au gouvernement du
Québec sur les gestes qui sont posés, sur l'amélioration
du réseau de transport. Ce rapport sera soumis d'ici quelques semaines,
d'ici la fin du mois. Je pense que, logiquement, il serait normal d'attendre
que nous puissions avoir ce premier rapport avant d'en discuter à une
commission parlementaire. En attendant, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, dans quelques jours, pourra discuter de ses crédits avec
l'Opposition. Il y aura neuf ou dix heures - trois heures l'an dernier, on vous
a accordé neuf heures cette année - pour discuter des questions
d'énergie ayant trait à HydroQuébec. Donc, en attendant,
d'ici quelques semaines...
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: ...d'avoir ce rapport mensuel...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: ...vous aurez près d'une dizaine d'heures
pour discuter avec le ministre de l'Énergie et des Ressources et pour
poser toutes les questions que vous voudrez, de la façon responsable et
mesurée qui vous caractérise. Vous pourrez poser toutes les
questions.
Le Président: En conclusion... Une voix: ...que ce soit
télédiffusé.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en...
M. Gendron: Vous acceptez que l'étude des crédits,
d'une durée de dix heures, soit télédiffusée?
Des voix: Oui.
Le Président: M. le premier ministre.
Des voix: Oui ou non?
Une voix: Yes or no?
Le Président: À l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa: On n'a pas besoin d'affaiblir davantage l'Opposition
parlementaire en permettant ces débats télévisés.
(14 h 30)
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député d'Ungava, en
additionnelle.
M. Claveau: Merci. Je comprends que le premier ministre est
prêt à revenir en débat sur les 12 000 mégawatts
dont H nous partait en campagne électorale. Mais après deux jours
de réflexion, est-ce que le premier ministre est aujourd'hui en mesure
de nous expliquer comment 25 de ses députés et ministres ont fini
par arriver à un total de 41 100 000 000 $ comme montant pouvant
être récolté de la vente de contrats d'exportation
d'électricité alors que le seul rejet du contrat dont il est
question aujourd'hui avec Central Maine Power lui fait perdre 15 000 000 000 $
de ces 41 100 000 000 $? Et si le premier ministre n'est pas capable
aujourd'hui, en ce moment, de nous ventiler correctement les 41 100 000 000 $
dont H est question, est-ce qu'il exigera que ses députés et
ministres se rétractent publiquement ou s'H accepte qu'ils continuent a
induire la population en erreur en utilisant les fonds de l'Assemblée
nationale du Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
Des voix: Bravo!
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit la semaine
dernière qu'il y avait eu un contrat de 5 000 000 000 $ qui avait
été signé avec la société Central Maine qui,
à cause de questions principalement environnementales... J'ai dit que ce
n'était quand même pas une surprise totale pour nous, étant
donné que ça supposait la construction sur une distance de
quelque 200 milles, que le contrat n'avait pas été
ratifié, mais qu'en retour, nous avions pu conclure entre-temps une
entente de principe qui reste à être signée avec la NYPA de
New York pour une somme supérieure aux 5 000 000 000 $, soit 8 500 000
000 $. Alors, M. le Président, je dis au député d'Ungava
que c'est vrai qu'on a perdu un contrat de 5 000 000 000 $, mais nous avons
obtenu, entre-temps, un autre contrat de 8 500 000 000 $. Ce que je veux lui
dire c'est que, même si ce contrat avait été
ratifié, on aurait fait face à la situation. Mais devant
l'explosion de la demande d'électricité à cause des
alumineries que nous avons annoncées, grâce à la politique
du gouvernement et notamment des décisions sur
l'hydroélectricité, en 1970, le Québec est devenu le point
de mire sur l'ensemble de la planète dans le secteur clé des
alumineries pour l'économie du Québec.
Des voix: Bravo!
M. Bourassa: Je sais que ça vous fait mal d'entendre
ça et ça vous fera encore plus mal le moment venu.
Une voix: C'est quand, le moment venu?
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le moment venu, M. le Président, n'est pas
encore précisé. Mais ce que je veux dire au député
d'Ungava, c'est que nous avons quand même pu remplacer ce contrat et, en
même temps, parce que le contrat du Maine se trouvait à exiger des
livraisons d'électricité en 1992, alors qu'à cause de la
multiplication des alumineries, la pression sur la demande est très
forte, finalement, comme je le disais en terminant, la Providence étant
toujours du côté du Parti libéral, on pourra respecter nos
engagements vis-à-vis de nos alumineries et remplacer...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le premier ministre, brièvement, en conclusion.
M. Bourassa: Alors ce que je dis, c'est que, d'un
côté, le fait que le contrat du Maine ne soit pas conclu nous
permet de satisfaire toutes ces demandes de centaines et de centaines de
mégawatts pour les alumineries qui vont relancer et maintenir la
prospérité au Québec, qui vont faire que le Québec
sera peut-être le seul endroit en Amérique du Nord qui traversera
la période de ralentissement économique à cause de ces
milliards d'investissements dans les alumineries. Et, au surplus, M. le
Président, on a remplacé ce contrat de 5 000 000 000 $ par un
contrat de 8 500 000 000 $ dont la livraison commencera en 1998. Je pense, M.
le Président, que ce sont des félicitations chaleureuses qu'on
devrait recevoir aujourd'hui de la part de l'Opposition.
Des voix: Bravo!
Le Président: En deuxième principale cet
après-midi, M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de
l'Opposition.
M. Boulerice: Ils calculent comme Hydro facture!
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Lac-Saint-Jean.
Emplois et investissements dans la production
agricole
M. Brassard: M. le Président, le ministre de
l'Agriculture, probablement atteint par une poussée de fièvre
préélectorale, s'emballe lorsqu'il fait état de la
situation du secteur agricole. Or, l'agriculture québécoise
connaît présentement une situation difficile, susceptible de se
détériorer encore davantage si la tendance à la hausse des
taux d'intérêt se poursuit.
En effet, le secteur de la production agricole connaît, depuis
1985, une diminution importante des emplois et des investissements. Les emplois
sont en chute libre dans ce secteur-là, passant de 85 000 en 1985
à 69 388 et, selon les dernières données du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
cela pourrait être encore pire en 1989, les estimations étant
à 48 000, soit une perte de plus de 16 000 emplois depuis 1985 dans ce
secteur. Les investissements, indice du degré de confiance des
producteurs agricoles, sont passés de 525 000 000 $ en 1985 à
seulement 430 000 000 $ en 1988.
Face à cette situation et en invitant le ministre à ne pas
confondre le secteur de la production agricole, secteur primaire, et le secteur
de la transformation, ma question porte évidemment sur le secteur de la
production agricole. Devant cette situation qui se dégrade
d'année en année, est-ce que le ministre, d'abord,
reconnaît l'importance et l'urgence d'un coup de barre vigoureux, d'un
virage majeur dans ce domaine de façon à améliorer la
situation du secteur de la production agricole en matière
d'emploi et en matière d'investissements?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Page: M. le Président, je constate que l'honorable
député du comté de Lac-Saint-Jean profite de la belle
visite ici à l'Assemblée nationale du Québec, aujourd'hui,
pour soulever une question sur l'agriculture et je l'apprécie, ça
va de soi. Vous me permettrez très certainement, M. le Président,
en guise de préambule, de profiter de cette opportunité pour
saluer de distingués visiteurs dans nos galeries aujourd'hui, des
médaillés de l'Ordre du mérite agricole du
Québec.
Le Président: À la question, M. le ministre.
M. Page: ..ainsi, M. le Président, que des anciens
ministres de l'Agriculture, MM. Toupin et Vincent qui sont...
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Gendron: Sur une question de règlement.
Des voix: Ah! c'est "cheap".
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Oui. Je veux simplement indiquer aux visiteurs qui
est le plus "cheap" dans cette Assemblée. C'est loin d'être
fair-play. Vous savez que c'est la période de questions et que, tout de
suite après, il y aura une motion de félicitations; ces gens
méritent des félicitations, mais pas le gouvernement. La
période de questions existe pour permettre à l'Opposition de
poser des questions au gouvernement. Ce qui n'est pas fair-play, c'est de
prétendre qu'on peut brûler la période de questions pour
faire des félicitations à des gens qui en méritent, alors
qu'il y a une motion de prévue immédiatement après la
période de questions pour le faire.
Le Président: M. le ministre, à la question, s'il
vous plaît.
M. Page: Certainement, M. le Président... Le
Président: À la question, et brièvement.
M. Page: M. le Président, vous savez que je fais toujours
preuve de beaucoup de discipline à votre égard. Cela dit, j'en
reviens donc strictement à la question.
La performance agricole au Québec réfère à
des revenus améliorés, à des volumes d'affaires
améliorés, à une production plus particulièrement
dans les secteurs contingentés, qui connaît des performances
remarquables, notamment dans votre propre région, M. le
député. Vous dites vouloir limiter vos questions uniquement
à la production parce que la performance du gouvernement est largement
reconnue dans la commercialisation. Je vous comprends parce que, quand je suis
arrivé au ministère de l'Agriculture, en 1985, exemple concret,
dans une production aussi importante que la production laitière, 8 y
avait 22 000 000 de litres de lait par année dans votre région,
M. le député, qui étaient transformés et
conditionnés à l'extérieur de votre région. C'est
par des programmes de développement industriel, comme ceux
d'Innovactions, qu'on aura réussi à transformer davantage de lait
en régions, comme on l'a fait chez vous avec Nutrinor, comme on l'a fait
ici avec Agrinove, comme on l'a fait avec les usines de transformation au
Québec. C'est par des politiques comme celles-là. Si on prend un
exemple concret... Vous voulez parler de revenus et de sécurité
pour les producteurs? En 1985, on produisait 37,7 % du fromage fin au Canada
alors qu'on est la province laitière au Canada. Par nos politiques de
développement industriel et commercial, nous en sommes aujourd'hui
à près de 50 %. Nous avons augmenté notre production au
Québec...
Le Président: En conclusion, M. le ministre. En
conclusion. Vous allez avoir d'autres questions. En conclusion. En conclusion.
Vous allez avoir d'autres questions. (14 h 40)
M. Page: Et je termine là-dessus.
Le Président: En conclusion.
M. Page: Je termine là-dessus, M. le Président, en
conclusion.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'I vous
plaît!
M. Page: Nous avons augmenté notre production à ce
chapitre et qu'est-ce que ça veut dire concrètement? Du fromage
fin, 71 % d'augmentation de notre production, c'est plus payant pour les
producteurs que de faire de la poudre de lait et payer pour l'entreposage. Les
producteurs agricoles du Québec sont satisfaits de la performance du
gouvernement quand Is voient 41 % d'augmentation des investissements
manufacturiers comme ça a été le cas en 1988. Le secteur
le plus dynamique de l'économie du Québec, M. le
député.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Lac-Saint-Jean
et whip de l'Opposition, en additionnelle. M. le whip de l'Opposition.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président: Je pense que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation a eu tout le loisir de répondre
à cette Assemblée. J'ai accordé la parole à M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard:... après la tentative... Le
Président: En additionnelle.
M. Brassard: ...de diversion de la part du ministre...
Une voix: Attendez, on ne comprend rien.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brassard: Après la tentative de diversion de la part du
ministre du côté du Mérite agricole et le discours
euphorique qu'il vient de nous livrer, mais qui ne porte en aucune façon
sur la question que j'ai posée, dois-je comprendre, à partir du
discours euphorique du ministre, qu'il est satisfait que dans le secteur de la
production agricole, il y ait 16 000 emplois de moins maintenant qu'en 1985?
Est-il satisfait que, dans le secteur de la production agricole, il y ait au
moins 100 000 000 $ de moins d'investissements par année? Dois-je
comprendre que cela le satisfait, cette situation, d'après la
réponse qu'il vient de me faire?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: M. le Président, le député du
comté de Lac-Saint-Jean devrait être plus serein aujourd'hui parce
que c'est une journée importante pour le monde agricole et
agro-alimentaire. La baisse des emplois, le vieux disque 78 tours usé du
député de Lévis repris par le député de
Lac-Saint-Jean, ça fait deux ans et demi, trois ans, que vous en parlez.
On y arrive. On a noté, selon nos chiffres à nous, que c'est une
baisse de 76 000 à 69 000 emplois; donc, une baisse de 7000 emplois.
Sauf que quand on y regarde de près, on constate qu'il y a 5000 emplois,
c'est-à-dire 70 % de ces employés, qui auraient été
perdus quelque part, qui font référence à une
réduction du nombre de travailleurs non rémunérés.
Cela veut dire quoi concrètement, ça? Cela veut dire que quand
les gens n'ont pas de travail, les jeunes particulièrement, dans leur
milieu professionnel, dans le milieu pour lequel ils ont été
instruits, dans le milieu dans lequel ils voudraient travailler, Ils retournent
sur les fermes, ils travaillent avec leurs parents - c'est normal, nos
entreprises sont fondamentalement familiales - et sont considérés
comme des travailleurs alors qu'ils ne sont pas
rémunérés.
Comment cette lecture doit-elle se faire? La création de 185 000
emplois au Québec depuis deux ans, cela a eu des répercussions,
et ça veut dire quoi concrètement, ça? Des jeunes du
Québec, en qui notre société, en qui on investit des
espoirs, des capitaux, de l'éducation, au lieu de les convier à
travailler bénévolement avec leurs parents sur les fermes, ont
maintenant trouvé de l'emploi dans leur domaine et c'est ce qui explique
cette baisse, et c'est au très grand avantage de ceux et celles que le
gouvernement du Parti québécois conviait à rien de moins
que des programmes de deux mois, de trois mois, des PIGE, des PAT, des
programmes comme ça, ou des emplois non
rémunérés.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: M. le Président... Des voix:
Bravo!
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre! M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: Dois-je comprendre que la nouvelle théorie du
ministre de l'Agriculture, c'est que les 16 000 emplois perdus, ça
consiste en la disparition du bénévolat dans l'agriculture?
Des voix: Oui.
M. Brassard: Et est-ce que je dois comprendre que la disparition
du bénévolat dans l'agriculture, ça s'est traduit par- la
baisse de 100 000 000 $ d'investissements par année? C'est ça que
je dois comprendre? Parce que le ministre parlait tout à l'heure de
revenus, comment se fait-il - et cela c'est en contradiction totale avec son
discours - que le revenu net total des agriculteurs a baissé depuis
1985, est plus bas depuis 1985? Comment se fait-il que le revenu net diminue?
Le ministre serait-il prêt au moins à reconnaître
honnêtement que si la situation dans le secteur agricole est telle, avec
une diminution des investissements et le déclin de l'emploi, c'est
dû, en grande partie, à sa réforme des programmes d'aide
agricole beaucoup moins généreux qu'auparavant et à sa
réforme du financement agricole également beaucoup moins
généreux qu'auparavant? Au moins, reconnaît-il cela?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: M. le Président, deux éléments de
réponse. Les emplois diminués se réfèrent à
la terminaison de certains programmes, par exemple, le programme d'entreposage
des céréales à la ferme, une fois qu'il a
été complété, les agricul-
trices et les agriculteurs du Québec n'ont pas recommencé
le programme, M. le député. Cela veut dire quoi
concrètement? Cela veut dire qu'on a repris depuis, un rythme de
croisière des investissements qui nous place au premier plan au Canada,
premièrement. Deuxièmement, vous dites: 3,6 % de la diminution
des revenus nets des producteurs agricoles dans la dernière
année. J'avais indiqué, comme ministre de l'Agriculture, au
début de l'année 1988, qu'à cause de l'augmentation du
prix des céréales, la faiblesse des prix dans le porc, on allait
probablement assister, en 1988, a une diminution des revenus nets agricoles de
12 % que j'avais prévue au début de 1988.
Or, la lecture en fin d'année nous indique quoi? Elle nous
indique une augmentation des revenus bruts diminués, perdus totalement,
à cause de l'augmentation du prix des céréales, ce qui
donne - c'est le cas - une diminution des revenus nets agricoles au
Québec de 3,6 %. Or, pour la même période en Ontario, 11,9
%, pour la même période en Ontario, une diminution de 14,6 % et
les agriculteurs canadiens, à cause de cette conjoncture internationale,
la guerre de la Communauté économique européenne avec les
États-Unis, faiblesse des prix, dans l'ensemble canadien, cela a
donné que les agriculteurs ont vu leurs revenus diminuer de 10,8 %. Or,
au Québec, seulement 3,6 %. Pourquoi? Parce qu'on a des femmes et des
hommes qui sont motivés, qui sont déterminés, qui sont
plus productifs et on a un gouvernement qui les supporte, M. le
député.
Des voix: Bravo!
Le Président: En troisième principale, cet
après-midi, M. le député de Shefford.
Le déversement de 6800 litres de BPC dans la rivière
Saint-Maurice
M. Paré: Merci, M. le Président. Le 11 mars 1987,
il y a deux ans, l'ancien ministre de l'Environnement nous disait dans cette
Chambre que tout était sous contrôle à
Saint-Basile-le-Grand. Pourtant, un an et demi plus tard, c'était la
catastrophe. Depuis le début de sa politique de conformité
environnementale en novembre 1988, la ministre actuelle nous dit que tout est
sous contrôle pour les BPC. Pourtant, avant-hier, c'était le
déversement de 6800 litres de BPC dans la rivière Saint-Maurice.
Comment le ministre délégué à l'Environnement,
responsable uniquement du dossier de l'eau et qui est en fusil contre Belgo,
selon ses propres termes de ce matin, peut-il expliquer que lui et la ministre
en titre ne furent avisés que le lendemain de la catastrophe et que le
pompage ait débuté vingt heures après le
déversement?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: Je vais répondre, M. le Président.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Bacon: Je vais répondre. Il n'est pas question du
temps, M. le Président, dans un cas d'urgence-environnement, je suis la
responsable et je vais répondre.
Des voix:...
Mme Bacon: La compagnie a été consciente de
l'événement du déversement à 16 h 30. Elle n'a
malheureusement pas avisé le ministère avant 19 heures, hier
soir. Le ministère a immédiatement informé la Direction
régionale qui est venue sur les lieux et qui a pris les choses en main
avec les gens que la compagnie avait engagés pour faire le nettoyage.
Nous avons été là présents et nous sommes là
présents pour assurer le contrôle de cette situation. (14 h
50)
Si la Direction régionale ne nous a pas informés, c'est
parce qu'elle avait la situation sous contrôle. Elle nous a
informés, hier matin, parce que, là, les médias se sont
emparés de la situation et quand je dis qu'il ne faut pas dramatiser une
situation qui est sérieuse, oui, mais qui n'est pas tragique et qui
n'est pas dramatique, cessons de dramatiser quand M n'y a pas de drame, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: À partir de quelles informations la
ministre pouvait-elle affirmer, hier après-midi, qu'il n'y avait pas de
danger pour ta population de Trois-Rivières et des environs? Est-ce
qu'elle avait un document en main et si oui, peut-elle le déposer?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement et
ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: M. le Président, on voit que le
député n'a jamais été ministre. Quand on est
ministre, on doit être au courant de ce qui se passe à mesure que
les événements évoluent. J'ai été mise au
courant de la situation, j'ai suivi la situation jusqu'à hier soir,
très tard, et encore ce matin et cet après-midi. Dès le
moment où ce problème a surgi, la ville de Trois-Rivières
a commencé à faire des tests, des échantillonnages de son
eau pour savoir s'il y avait danger pour la population, parce que la
première préoccupation que je peux avoir, c'est la santé
de la population. Nous avons eu la preuve, dans l'échantillonnage, qu'il
n'y pas de danger pour la
qualité de l'eau de Trois-RK/ières, qu'il n'y avait pas de
danger pour la santé de la population et cela me rassurait.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: Est-ce que la ministre considère toujours
que la meilleure façon de protéger la population repose sur
l'autosurveillance des entreprises quand on sait que pour la compagnie Belgo,
il s'agit du deuxième accident écologique en moins de trois
mois?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement. Mme la
ministre.
À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Bacon: Attendez que je réponde. Je le sais et je
regrette que ce soit arrivé. Je dois dire que dès hier, notre
équipe de surveillance, d'inspection était sur place pour faire
l'inspection de cette situation. Elle nous remettra un rapport que nous
analyserons et la dépollution de cette situation est payée par la
compagnie en ce moment. Le pollueur est payeur, ce n'est pas le
ministère. Deuxièmement, quand nous aurons le rapport et que nous
l'aurons analysé, il est prévu, dans la Loi sur la protection de
l'environnement, des amendes et nous allons y voir pour que la poursuite se
fasse, si poursuite il y a lieu et si poursuite est nécessaire, suivant
le rapport. Nous nous attendons à avoir le rapport rapidement, ce que
nous avons demandé à nos inspecteurs.
Le Président: Je vais reconnaître la
quatrième principale cet après-midi à M. le
député de Dubuc.
Chasseurs arrêtés par des gardes-chasse
de Terre-Neuve
M. Desbiens: M. le Président, en septembre dernier, quatre
chasseurs québécois de Blanc-Sablon sur la Côte-Nord ont
été arrêtés par la GRC et les gardes-chasse de
Terre-Neuve. Ces chasseurs étaient munis de permis légalement
reçus et achetés du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche du Québec. Ces quatre chasseurs étaient
évidemment à l'intérieur de la zone prescrite par le
permis émis par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Le 26 octobre dernier, en cette Assemblée, le ministre de
la Justice répondait à mon collègue le
député de Taillon et je cite: "On suit cette situation de
très près. Nous faisons des vérifications et je
répète le principe, il est évident que nous ne laisserons
pas de simples citoyens subir les conséquences d'une querelle qui
pourrait avoir lieu."
Est-ce que le ministre de la Justice, je dis bien, en l'absence du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est en mesure d'infirmer
ou de confirmer cet article paru dans La Presse, Côte-Nord, qui dit ceci
et je cite: "Québec aurait décidé d'intervenir non pas en
contestant l'intervention de Terre-Neuve dans une zone neutre mais bien en
demandant aux chasseurs concernés de plaider coupables, ce qui
constituerait un précédent et qui aurait comme conséquence
de reconnaître implicitement ce territoire comme appartenant à la
province de Terre-Neuve." Est-ce que le ministre est en mesure d'infirmer ou de
confirmer cet énoncé?
Le Président: M. le ministre de la Justice et de la
Sécurité publique.
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord, je
dois dire qu'il s'agit de cinq chasseurs, si ma mémoire est bonne,
plutôt que quatre. Dans ce dossier, je répète qu'il n'est
absolument pas question pour le gouvernement du Québec de céder
quoi que ce soit en ce qui regarde le territoire québécois, ce
que nous considérons comme le territoire du Québec. En ce qui
regarde la défense de ces chasseurs, il n'est pas question non plus que
ces gens aient à subir les conséquences de disputes
frontalières et, par conséquent, nous avons décidé
d'assumer financièrement la défense de ces chasseurs. Le Conseil
du trésor a accepté de fait un montant substantiel qui pourra
nous servir à la défense de ces chasseurs, pour faire respecter
les droits du Québec et de respecter aussi ces droits des citoyens de ne
pas être pris dans une situation où on devrait en défrayer
les coûts.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: Est-ce que le ministre confirme que des sommes ont
été versées directement aux chasseurs en question?
Le Président: M. le ministre de la Justice et ministre de
la Sécurité publique.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je veux dire
qu'il y a une approbation du Conseil du trésor pour qu'une somme
substantielle soit mise à notre disposition, en fait, pour qu'il y ait
défense, pour qu'on puisse voir à la défense de ces cinq
chasseurs.
Le Président: M. le député de Dubuc, en
additionnelle.
M. Desbiens: M. le Président, est-ce qu'on doit comprendre
que cet argent, les sommes qui ont été approuvées sont
liées au plaidoyer, à la défense des chasseurs en
cause?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, y s'agit de faire en
sorte que ces chasseurs n'aient pas à défrayer le coût de
leur défense pour une situation qu'ils ont eu à subir
étant donné cette querelle concernant la frontière du
Québec. Je répète que, pour nous, au gouvernement du
Québec, H n'est absolument pas question de céder quoi que ce soit
comme territoire québécois. Dans ce cadre-là, il s'agit de
faire en sorte que des citoyens n'aient pas à subir de préjudice
dans des circonstances pareilles. C'est pour ça qu'on a prévu une
somme substantielle qui pourra nous permettre de voir à la
défense de ces chasseurs.
Le Président: M. le député de Taillon, en
additionnelle ou en principale?
M. Filion: En additionnelle au ministre de la Justice.
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Est-ce que oui ou non - je pense que c'est là
la question de mon collègue - le versement de ces sommes est
relié à un plaidoyer de culpabilité qui a
été ou qui serait déposé par les chasseurs? Oui ou
non?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai dit qu'une
somme d'argent substantielle était allouée pour que ces gens
puissent être représentés adéquatement devant le
tribunal. C'est la première chose. Deuxième chose, j'ai dit qu'il
n'était absolument pas question pour le gouvernement du Québec de
céder quoi que ce soit en ce qui regarde le territoire du Québec.
Là-dessus, je peux vous dire qu'on sera intraitables.
Le Président: M. le député de Taillon,
toujours en additionnelle.
M. Filion: Oui, toujours en additionnelle. Est-ce que le
Procureur général ne considère pas que c'est son devoir
d'intervenir en tant que Procureur général du Québec pour
défendre les préoccupations légitimes du gouvernement du
Québec, prétentions qui peuvent être différentes des
intérêts des chasseurs eux-mêmes dans le dossier
concerné? Est-ce que le Procureur général du Québec
est Intervenu personnellement dans le dossier? Sinon, est-ce qu'y a l'intention
d'intervenir pour protéger notre revendication traditionnelle sur un
territoire qu'a toujours revendiqué le Québec, en quelque
sorte?
Le Président: M; le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, nous avons
l'intention de prendre tous les moyens nécessaires pour faire
reconnaître les droits du Québec et faire respecter aussi les
droits de ces cinq citoyens québécois.
La Président: M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, en principale, la cinquième
principale cet après-midi.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député, votre
question.
Budget de SOQUEM pour la réalisation du plan
quinquennal 1988-1993
M. Baril: M. le Président, la Société
québécoise d'exploration minière, SOQUEM, s'est vue
confier le mandat de faire de l'exploration de propriétés
minières sur presque tout le territoire québécois.
À la suite de la privatisation de plusieurs de ses
éléments d'actifs, SOQUEM s'est donnée une
stratégie d'exploration par le biais d'un premier plan de
développement quinquennal 1986-1991. Par ailleurs, le rôle de
cette société d'État consiste à épauler
l'effort du secteur privé dans l'exploration et le développement
minier.
Ma question s'adresse donc au ministre délégué aux
Mines et ministre délégué aux Affaires autochtones afin
qu'il précise le budget dont dispose la Société
québécoise d'exploration minière pour la
réalisation du plan quinquennal 1988-1993.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Mines et ministre délégué aux Affaires autochtones. M.
le ministre. (15 heures)
M. Savoie: Merci, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Effectivement, comme vous le savez,
après sa privatisation et la création de Cambior, SOQUEM a en
quelque sorte repris le collier et se consacre de nouveau, dans ses
orientations, à l'exploration sur le sol québécois. Pour
réussir à exécuter son mandat, la Société
québécoise d'exploration minière s'est dotée d'un
fonds de 4 000 000 $ pour 1988 et de 5 625 000 $ pour 1989 qui doit se
répéter d'année en année, jusqu'à la fin de
son plan quinquennal se terminant en 1993. Cela fait un total d'à peu
près 28 500 000 $ pour l'exécution de son mandat, ce qui ne
comprend pas, toutefois, un montant additionnel qu'y faut ajouter et qui va
résulter des ententes à intervenir entre SOQUEM et des
sociétés privées pour un montant de 12 000 000 $ et plus,
et ce qui ne comprend pas, non plus, des montants qui ne sont pas prévus
dans l'exécution de mandats spécifiques. Dans un contexte comme
celui-là, si on compare avec les années passées, on voit
que SOQUEM a là un bon montant d'exploration et qu'elle est en pleine
mesure d'exécuter les orientations qu'elle a elle-même
proposées dans la présentation de son plan quinquennal.
Le Président: Je vais accorder une question additionnelle
à M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, le ministre
délégué aux Mines est-il en mesure de confirmer que le
mandat qui a été donné à SOQUEM en 1986, avec les
budgets qui y sont liés, fait abstraction du territoire de l'Abitibi sur
lequel le gouvernement devait obliger Cambior à faire de l'exploration
minière au lieu de SOQUEM? Le ministre peut-il nous dire si Cambior a
réellement rempli ce mandat et si, en utilisant les mêmes sommes
dont il est question actuellement, sans les augmenter, le ministre n'est pas en
voie de redonner à SOQUEM un mandat d'intervention en
Abitibi-Témiscamingue, ce qui se ferait aux dépens des autres
régions où SOQUEM devait intervenir prioritairement, avec son
mandat de 1986, à moins qu'il y ait des sommes supplémentaires
qui soient prévues?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Mines et aux Affaires autochtones.
M. Savoie: M. le Président, on constate très
facilement qu'il ne comprend pas le dossier ni les explications qu'on a
fournies à plusieurs reprises. J'avais expliqué très
clairement au député d'Ungava que SOQUEM a exactement le
même mandat qu'elle avait avant la privatisation, à l'exception de
l'Abitibi, à cause de la privatisation de Cambior. Effectivement, le
président de Cambior et le président actuel de SOQUEM se sont
rencontrés et se sont entendus pour lever cette interdiction sur
l'Abitibi. Il y a donc une possibilité très réelle que
SOQUEM retourne en Abitibi. Mais si c'est le cas, les montants prévus
à même son plan quinquennal, dont 51 % se dépensent dans la
région de Chapais-Chibouga-mau, seront toujours maintenus pour la
région de Chapais-Chibougamau et ne seront transférés en
aucune façon en dehors du comté du député
d'Ungava.
Le Président: Fin de la période
régulière de questions et réponses orales. M. le
député d'Ungava, je vous accorderai la parole sur le même
sujet, si vous voulez, mardi prochain.
Je demanderais la collaboration de tous, nous devons procéder
à un vote.
M. le whip de l'Opposition, vous êtes prêt à
procéder?
M. le whip du gouvernement, vous êtes prêt à
procéder?
Mise aux voix de la motion de l'Opposition
proposant que l'Assemblée demande au
gouvernement de cesser son
désengagement
à l'égard des femmes
québécoises
Alors, je vais maintenant mettre aux voix la motion
présentée, hier, par Mme la députée de Maisonneuve
aux affaires inscrites par les députés de l'Opposition. Cette
motion se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec
demande au gouvernement libéral de ne pas renier ses promesses formelles
relatives à la condition féminine et de cesser son
désengagement inacceptable à l'égard des femmes
québécoises."
Que ceux et celles qui sont favorables à cette motion veuillent
bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme
Blackburn (Chicoutimi), MM. Biais (Terrebonne), Garon (Lévis), Mme
Juneau (Johnson), MM. Jolivet (Laviolette), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion
(Taillon), Desbiens (Dubuc), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré
(Shef-ford), Boulerice (Saint-Jacques), Claveau (Unga-va), Parent (Bertrand),
Mme Harel (Maisonneuve), M. Perron (Duplessis).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton (Gati-neau), Saintonge
(Laprairie), Mme Gagnon-Trem-blay (Saint-François), MM. Page (Portneuf),
Le-vesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), Mme
Lavoie-Roux (L'Aca-die), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bouras-sa), MM.
Côté (Rivière-du-Loup), Dutil (Beauce-Sud), Vallerand
(Crémazie), Séguin (Montmorency), Rémillard (Jean-Talon),
Dauphin (Marquette), Blackburn (Roberval), Mme Trépanier (Dorion), MM.
Savoie (Abitibi-Est), Côté (Charlesbourg), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), Fortier
(Outremont), Mme Bégin (Bellechasse), MM. Cusano (Viau), Vaillancourt
(Orford), Doyon (Louis-Hébert), Middlemiss (Pontiac), Sirros (Laurier),
Lefebvre (Frontenac), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Maltais (Saguenay),
Philibert (Trois-Riviè-res), Beaudin (Gaspé), Cannon (La
Peltrie), Cha-gnon (Saint-Louis), Paradis (Matapédia), Mme Pelchat
(Vachon), MM. Polak (Sainte-Anne), Kehoe (Chapleau), Gervais (L'Assomption),
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Bélanger
(Laval-des-Rapides), Bélisle (Mille-Îles), French (West-mount),
Lincoln (Nelligan), Mmes Bélanger (Mé-gantic-Compton), Bleau
(Groulx), MM. Bradet (Charlevoix), Brouillette (Champlain), Camden
(Lotbinière), Després (Limoilou), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Farrah (îles-de-la-Madeleine),
Forget (Prévost), Gardner (Artha-baska), Gauvin (Montmagny-L'lslet),
Gobé (Lafon-taine), Larouche (Anjou), Laporte (Sainte-Marie), Dubois
(Huntingdon), Bissonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), Houde (Berthier),
Audet (Beauce-Nord), Leclerc (Taschereau), Hétu (La-belle), Khelfa
(Richelieu), Marcil (Beauharnois), Messier (Saint-Hyacinthe), Poulin
(Chauveau), Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce), Richard (Nico-let), Tremblay
(Rimouski), Latuiippe (Chambly).
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 16
Contre: 76
Abstentions: 0
Le Président: La motion est rejetée.
Nous allons maintenant procéder aux motions sans préavis.
M. le député de Nicolet et président de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation. (15 h 10)
Motion proposant que l'Assemblée
souligne
le 100e anniversaire de l'Ordre
du mérite agricole
M. Richard: M. le Président, au nom du ministre de
l'Agriculture du Québec et en mon nom personnel, je voudrais que
l'Assemblée nationale du Québec souligne le 100e anniversaire de
l'Ordre du mérite agricole du Québec.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement de cette
Assemblée pour procéder à cette motion? M. le
député de Nicolet, déposez votre motion. Vous avez
consentement. Vous pouvez procéder.
M. Maurice Richard
M. Richard: M. le Président, au même endroit
où, 100 ans plus tôt, le premier ministre, M. Honoré
Mercier, procédait à la promulgation de la Loi sur le
mérite agricole du Québec, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, M. Michel Pagé, lance
officiellement aujourd'hui, au salon rouge de l'Assemblée nationale, le
programme des festivités du centenaire de l'Ordre du mérite
agricole en présence des ex-ministres québécois de
l'Agriculture, MM. Alcide Courcy, Clément Vincent,
ex-député de Nicolet, Normand Toupin et Jean Garon, et de
plusieurs médaillés de l'ordre et de personnes du secteur
agricole.
Des voix: Bravo!
M. Richard: Eh oui! même vous, M. Garon. Le ministre, M.
Pagé, au nom du gouvernement, a donc tenu à faire de ce
centenaire un événement de prestige.
Il y a des liens très étroits, M. le Président,
entre le concours et l'Assemblée nationale. D'abord, c'est une loi.
Deuxièmement, elle a été créée de toutes
pièces par le législateur et, troisièmement, le premier
lauréat, en 1890, a été désigné ici
même, au parlement, par le premier ministre de l'époque.
D'ailleurs, depuis le début du Mérite agricole, près de
9000 fermes ont bien voulu s'ouvrir à la participation, ont bien voulu
relever ce défi. Oui, ce défi, M. le Président, parce que
ce n'est pas facile. Ce sont des vérifications constantes de la
contribution sociale de la famille, de la comptabilité, de
l'administration, de tout ce qui est environnemental, de la propreté, de
l'entretien, du coup d'oei général de l'entreprise, de la
productivité, de la qualité des animaux, de la fertilisation des
sols, etc. Donc, c'est un défi énorme pour une entreprise
d'être candidate au concours du Mérite agricole.
M. le Président, les objectifs de ce concours sont les suivants:
1e démystifier et repositionner la nature et l'importance de
nos agriculteurs et agricultrices qui offrent une production de haute
qualité au Québec; 2° souligner aux hommes et aux femmes du
milieu agricole l'importance de leur raison d'être essentielle et leur
rôle de toujours mieux nourrir le Québec; 3° souligner la
responsabilité à la qualité de chaque composante de la
chaîne alimentaire entre le producteur et le consommateur; 4°
souligner la responsabilité de soutien aux agriculteurs et agricultrices
de chaque membre de notre personnel du MAPAQ au Québec. C'est donc
revaloriser, renforcer et sensibiliser.
Le Mérite agricole, c'est l'hommage à l'excellence de
l'agriculture québécoise ainsi qu'au courage et à la
compétence des bâtisseurs d'un secteur des plus performants de
l'économie du Québec.
Le centenaire du concours sera donc marqué d'activités qui
prendront place aux quatre coins de la province. Aussi, les expositions
agricoles de Montmagny, du centre du Québec à
Trois-Riviè-res, de Saint-Hyacinthe, de la Faculté d'agriculture
de l'Université McGill, située au collège Macdonald de
Saint-Anne-de-Bellevue, ainsi que le gala annuel en 1989, seront les
hôtes de fêtes régionales.
Et, de façon à témoigner, bien sûr, mais
surtout pour faire connaître à la population le dynamisme et
l'engagement des familles québécoises à l'agriculture, le
Musée de la civilisation tiendra, du 21 septembre au 31 octobre
prochain, une exposition sur l'Ordre du mérite agricole.
On doit se rappeler que le Mérite agricole existe depuis 1890.
Mais jusqu'en 1925, I avait plutôt l'aspect d'un simple concours entre
cultivateurs avec des médailles d'or, d'argent et de bronze et des
diplômes comme récompenses. Or, en 1924, la Législature
adopte un projet de loi qui fait du Mérite agricole un ordre social
avec, en plus des récompenses habituelles, des titres de commandeur,
d'officier et de chevalier. Ces honneurs, ajoutés aux décorations
et aux distinctions, ont pour but de stimuler l'ambition de nos agriculteurs et
de nos agricultrices.
Je me permettrai, M. le Président, de vous citer un passage du
discours de M. Honoré Mercier, le 23 décembre 1890, dans la
grande salle du Conseil législatif de l'époque, aujourd'hui le
salon rouge du parlement, ici à Québec, lors la collation des
diplômes d'honneur et la distribution des médailles de l'Ordre du
mérite agricole. Toute la province y était
représentée, les grands corps de l'État, civils et
religieux, rendirent hommage à l'industrie nourricière des
peuples. C'était l'apothéose de l'agriculture. M.
Honoré Mercier disait ceci: "Votre Honneur - c'était le
lieutenant-gouverneur Angers - Votre Eminence le Cardinal Taschereau, Milord
l'évêque anglican de Québec, mesdames et messieurs, la
réunion d'aujourd'hui - je devrais dire la grande solennité
d'aujourd'hui - est destinée à marquer dans l'histoire de notre
province. Elle y fera époque, non seulement par son cachet de
nouveauté, non seulement par l'importance de l'idée dont elle est
la réalisation, non seulement par la grandeur des résultats
qu'elle nous laisse entrevoir, mais encore par la majestueuse solennité
que lui prête le concours de tout ce que l'Église et l'État
comptent de plus élevé dans leur double hiérarchie.
"Depuis les temps les plus reculés de l'histoire, trois grands symboles
ont rayonné sur le blason des peuples civilisés, dont ils ont
fait l'avenir et la force: ce sont la croix, l'épée et la
charrue. "La croix, signe de rédemption suprême, espoir de toute
vie future; l'épée, emblème de l'autorité civile
empruntant la force physique pour soutenir l'autorité morale, rehausser
la majesté des lois, défendre les intérêts de la
société et, troisièmement, la charrue nourricière
du genre humain, notre mère à tous, qui, arrosée des
sueurs nées de la faute du premier homme, sacre le travail de ses fils
en arrachant aux entrailles de la mère commune les trésors qui
font les peuples riches en engendrent les fortes races. "L'agriculture est non
seulement le premier des arts au point de vue de son utilité et de ses
bienfaits, mais elle est encore le premier des arts par ordre de date, son
institution remontant aux jours reculés où les premières
aurores de la civilisation rayonnèrent sur le monde". Je vous mentionne
bien que ce n'est pas de moi, mais d'Honoré Mercier à
l'époque.
Des voix: Ah!
M. Richard: Non, mais au cas où, chers collègues,
vous penseriez que j'étais aussi habile dans le domaine de
l'écriture. "L'agriculture est la plus vaste conquête de l'homme.
C'est elle qui distingue les peuples civilisés des peuples sauvages. Si
elle disparaissait, l'humanité retomberait dans la barbarie primitive et
serait forcée de recommencer l'ascension de l'échelle fatale dont
elle gravit si lentement et si péniblement les degrés, depuis
l'époque où elle vivait de racines, se couvrait de peaux de
bêtes et n'avait d'autres moyens pour allumer le feu de l'âtre que
de frotter deux branches d'arbre l'une contre l'autre. "Aussi, dans tous les
pays civilisés, les hommes d'État les plus
expérimentés, les plus pratiques, donnent-ils leur attention
constante à tous les problèmes qui se rattachent à ce
grand art". Fin de la citation de l'ancien premier ministre, M. Honoré
Mercier.
Vous me permettrez, M. le Président, de dire ma fierté
d'être député du beau comté de Nicolet-Yamaska et de
représenter des hommes et des femmes qui relèvent quotidiennement
le défi de l'excellence dans un domaine où la
régularité, la persévérance et l'amour de la terre,
de la nature et de cette profession sont essentiels. Une salutation toute
spéciale, M. le Président, à Lise et Michel Lemire, des
professionnels de l'agriculture de mon conté, plus
précisément de Saint-Zéphyrin. D'ailleurs, la ferme de M.
Lemire - ce dernier est président d'Agropur au Québec et premier
vice-président de la Coopérative fédérée -
est un bel exemple d'une ferme familiale, une compagnie entre Lise, Michel et
deux de leurs fils. Voilà un exemple que j'ai le plaisir de souligner
ici, à l'Assemblée nationale. Ils ont d'ailleurs remporté
la médaille d'or du Mérite agricole en 1976, celle de
maître éleveur en 1986 et de chevalier de l'Ordre du mérite
agricole de France en 1986.
M. le Président, je termine. Au nom du ministre de l'Agriculture,
M. Page, et à titre de président de la commission de
l'agriculture du Québec, mais surtout comme député d'un
comté agricole et industriel, merci à ces hommes et à ces
femmes qui nourrissent le Québec.
Le Vice-Président: Sur la même motion, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Je voudrais joindre ma voix, et celle de
l'Opposition officielle, à mon collègue de Nicolet pour appuyer
sans réserve cette motion à l'occasion du 100e anniversaire de
l'Ordre du mérite agricole.
Quand on regarde l'histoire de l'agriculture au Québec, on se
rend évidemment compte qu'au fil des ans l'État
québécois a mis en place un certain nombre d'outils, de
programmes, de politiques, d'instruments visant à assurer et à
soutenir le développement de la production agricole. On n'a qu'à
penser au financement agricole, au système de gestion de l'offre par les
plans conjoints, aux divers programmes d'assurance-stabilisation et
d'assurance-récolte et aux programmes d'aide à la production. Il
faut se rappeler aujourd'hui qu'il y a cent ans, grâce à un grand
premier ministre, Honoré Mercier, un grand patriote, un grand
nationaliste fortement préoccupé par l'avenir et l'importance de
l'agriculture dans l'économie québécoise, on mettait ainsi
en place un outil important visant à encourager et à signaler
l'excellence dans le domaine de l'agriculture. (15 h 20)
L'Ordre du mérite agricole a constitué la première
grande décoration civile au Québec visant à
récompenser l'excellence d'un citoyen dans sa sphère
d'activité. Cent ans plus tard, ces distinctions sont toujours aussi
convoitées en raison, comme le signalait mon collègue de
Nicolet avec à-propos, des standards très
élevés de sélection de ses récipiendaires. C'est
fort heureux. Cela s'est toujours maintenu au cours de ces cent années.
L'Ordre du mérite agricole est donc convoité aussi parce que
c'est une marque de reconnaissance de l'ensemble du cheminement d'une
carrière en agriculture.
Le beau métier d'agriculteur et d'agricultrice, M. le
Président, est sans doute l'un des plus exigeants de notre
société. En effet, au moment où la valeur moyenne d'une
entreprise agricole s'élève à plus de 350 000 $, le
producteur doit composer avec une gestion de plus en plus complexe et
même de plus en plus compliquée qui lui demande d'être
à la fois comptable, agronome, mécanicien,
vétérinaire. Métier à haut risque, le producteur
agricole est soumis aux fluctuations des taux d'intérêt, comme
c'est le cas présentement, aux conditions climatiques changeantes, aux
variations des prix des denrées agro-alimentaires et à bien
d'autres conditions qui peuvent changer en cours d'année.
Quand on regarde tout ça, il s'agit donc d'une véritable
vocation dans la mesure où le rendement sur le capital investi en
agriculture est l'un des plus faibles qui soit parmi les secteurs
d'activité économique. En agriculture, le producteur doit
composer avec un rendement sur le capital investi au maximum de 3 % à 4
%, ce qui est peu. On peut donc parler de véritable vocation à ce
moment-là.
Moi aussi, M. le Président, puisque je suis également, on
le sait sans doute, député d'une circonscription fortement
agricole, pour ce centenaire de l'Ordre du mérite agricole du
Québec, je désire rendre hommage, non seulement, comme cela va de
soi, à l'ensemble des récipiendaires de l'Ordre du mérite
agricole, et j'en profite moi aussi à l'occasion - le
député de Nicolet me le permettra - pour faire mon petit message
local pour accueillir et féliciter les récipiendaires de l'Ordre
du mérite agricole de 1984, M. et Mme Truchon, d'Alma, mais
également à tous ceux et à toutes celles qui ont choisi de
vivre de l'agriculture, l'un des métiers les plus beaux et les plus
exigeants de notre société. Merci.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Kamouraska-Témis-couata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que je m'associe à mon collègue, le député
de Nicolet et président de la commission parlementaire de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation, pour souligner le centenaire de
l'Ordre du mérite agricole du Québec. C'est un
événement d'envergure, M. le Président, puisque c'est le
plus vieux concours du Québec et le plus vieux concours pour un des plus
vieux métiers au monde, c'est-à-dire se nourrir, nourrir sa
famille, nourrir la population. C'est un concours important; cela
l'était ï y a 100 ans et cela l'est encore plus aujourd'hui,
puisque les critères sont très élevés et que ce
concours demande un effort familial constant.
Maintenant, si on regarde l'inscription à la médaille de
bronze, à la médaille d'argent ou à la médaille
d'or, on peut dire que c'est une planification sur 20 ans pour une entreprise
agricole qui décide de s'inscrire à ce concours. Mais le travail
en vaut le prix, je pense, puisque ce concours demande des améliorations
constantes au niveau agricole. On parle des champs, on parle des
récoltes, on parle des bâtiments, on parie du jardin familial et
de bien d'autres aspects de la vie de l'entreprise agricole qui méritent
beaucoup d'attention. Ce concours est intéressant dans toutes les
régions du Québec. Il est même subdivisé en cinq
régions et, bien sûr, dans Kamouraska-Témiscouata, on y a
participé depuis plusieurs années. J'aimerais souligner ici
aujourd'hui que, dès 1952, l'institut Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal y
a participé et a mérité la médaille d'or.
Déjà, la région de Kamouraska-Témiscouata, une
région agricole, se vouait à l'excellence et a réussi des
concours très importants.
On a eu également des commandeurs de l'ordre qui viennent de
Kamouraska-Témiscouata et j'aimerais en souligner quelques-uns. On parle
d'Auguste Dupuis en 1922, M. le Président, qui vient du village des
Aulnaies, de M. J.-C. Chapais, de Saint-Denis de Kamouraska, qui a
mérité la décoration de commandeur. On remarque plusieurs
personnalités du comté. En 1957, on remarque Mgr Joseph Diamant,
qui a été directeur de CITA de la Pocatière, maintenant
curé de Saint-Athanase, âgé de plus de 80 ans, qui se
dévoue à la cause agricole depuis plusieurs années. Je
n'ai qu'une liste d'avant 1972, mais au fil des années, plusieurs
agriculteurs, plusieurs personnalités de la région de
Kamouraska-Témiscouata se sont affirmées dans ce concours
puisqu'elles ont cru au concours, elles ont cru à l'excellence de
l'agriculture.
De plus, j'aimerais vous dire et vous confier de façon toute
spéciale qu'en 1932 mon grand-père, Luc Dionne, a
été médaillé d'argent. Je me permets de souligner
aujourd'hui cet événement puisqu'il me tient beaucoup à
coeur. Je veux souligner aussi que dès 1932, dans la famille Dionne, on
s'intéressait à l'agriculture de façon
particulière. On y croyait, non seulement en tant que
propriétaire d'entreprise, puisque mon grand-père en était
le propriétaire, mais toute la famille y participait. Les femmes, mes
tantes, les filles et les garçons participaient pleinement, du matin au
soir, sept jours par semaine, à l'entreprise familiale agricole. Cela
n'a pas changé depuis 1932 puisque mes seize premières
années sur la ferme ont été de belles années
où mon implication a été la même que celle de mes
frères et de mes soeurs. C'est pour cela que je voulais souligner cette
histoire qui est l'histoire,
à mon avis, de plusieurs familles terriennes et de plusieurs
entreprises agricoles du Québec.
De tous les événements qui auront cours durant
l'année 1989 pour souligner le centenaire du Mérite agricole,
j'aimerais souligner une décoration toute spéciale qui sera
décernée par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, celle dans le cadre des cinq fêtes régionales
et honorera les conjointes vivantes des lauréats des années 1889
à 1979. C'est important puisque ces femmes, ces filles d'agriculteurs
ont toujours été près de la ferme familiale. Je pense que
cela a peut-être été un oubli dans le passé, avant
1979, mais le fait de reconnaître le travail de ces femmes est à
l'honneur de ces dernières. Comme je le disais, avant 1979, on ne les
reconnaissait pas au titre du concours du Mérite agricole; le vainqueur
était l'homme, l'agriculteur et non fa famille.
Comme le disait le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, Michel Page, le centenaire du concours du Mérite
agricole devient un moment privilégié pour remercier les femmes
de leur apport à l'agriculture québécoise, un secteur
important de notre économie. Puisque l'agriculture
québécoise est, depuis ses tout débuts, basée sur
une entreprise de type familial, on ne saurait donc passer sous silence leur
immense contribution au fil des années.
M. le Président, en terminant, je voulais souligner le travail et
la reconnaissance que l'on donnera à ces femmes en agriculture durant
l'année 1989 partout dans les cinq fêtes régionales. Je
pense que c'est mérité et que cela nous rend encore plus fiers de
tout ce travail et des fondements de la société
québécoise qui, on devra se le dire et se le
répéter, sont basés sur l'agriculture en premier lieu. M.
le Président, je termine en rendant hommage à ces hommes et
à ces femmes et je suis très heureuse de pouvoir contribuer par
mon petit discours à cette motion de félicitations. Merci. (15 h
30)
Le Vice-Président: Je reconnais maintenant M. le
député le Lévls.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, il me fait également
plaisir de me joindre à cette motion à l'occasion du centenaire
de l'Ordre du mérite agricole, d'autant plus qu'il n'est pas très
fréquent, dans l'histoire des institutions québécoises,
qu'une institution de cette nature dure aussi longtemps. C'est sans doute
encore plus populaire aujourd'hui que dans le passé. On est
habitué de voir des choses durer quelques années, puis
disparaître. Une institution aussi vigoureuse, qui s'est
élevée au-dessus des partis politiques et qui a duré,
quels que soient les régimes politiques, est une des plus belles
institutions du Québec, et nous devons reconnaître que
Honoré Mercier avait vu loin, avait vu juste en la fondant.
J'ai remarqué que dans sa motion, le député de
Nicolet avait oublié mon prédécesseur au ministère
de l'Agriculture Kevin Drummond, qui a été ministre pendant un
peu plus d'un an. Il avait suivi Normand Toupin. On se rappellera qu'il est
arrivé au ministère de l'Agriculture en 1975 et qu'il y
était demeuré jusqu'en 1976, jusqu'au changement de gouvernement.
Il avait d'ailleurs - à mon avis, si M. Drummond avait été
plus longtemps au ministère... - commencé à amorcer des
choses auxquelles il croyait personnellement, notamment en éliminant, je
dirais en commençant à éliminer, un peu de patronage en
agriculture.
Pourquoi une institution comme le Mérite agricole a-t-elle
duré aussi longtemps? C'est, sans doute, parce qu'elle est une
institution nécessaire. Je me rappelle qu'on en a augmenté les
prix. À un moment donné, après avoir assisté,
pendant un certain nombre d'années, à la remise du Mérite
agricole, quelqu'un m'avait dit: Vous devriez augmenter les prix, parce que le
prix gagné par celui qui est décoré ne paie même pas
les cafés des visiteurs lorsqu'ils viennent visiter sa ferme pendant
l'année. Parce que, essentiellement - et je pense bien que ça
décrit tout le mérite de cet ordre - pour quelqu'un qui est
choisi, qui est décoré de l'Ordre du mérite agricole, je
dirais que la reconnaissance commence, mais que les problèmes commencent
aussi, puisque des centaines de personnes, au cours de l'année, veulent
voir comment fait celui qui est le meilleur, celui qui est reconnu comme le
médaillé d'or, le meilleur dans la région pour
l'année, surtout s'il est dans une production dans laquelle se trouvent
plusieurs autres producteurs agricoles.
Les gens viennent le voir pour lui demander s'il n'est pas possible de
visiter sa ferme. Remarquez bien que celui à qui on demande de visiter
sa ferme est sans doute content, parce qu'il en éprouve une certaine
fierté, mais, en même temps, ça veut dire des centaines,
peut-être des milliers d'heures, et comme les cultivateurs ne
laisseraient pas passer de visiteurs sans leur offrir un verre de lait, une
tasse de café ou une collation, surtout si on a passé une couple
d'heures sur la ferme... Cette remarque m'avait vraiment fait comprendre
rapidement. Je pense bien que c'était très
révélateur de faire remarquer le nombre de personnes
intéressées à aller voir comment ça se passe. C'est
pour ça que, dans le domaine agricole, on remarque l'esprit des concours
qui remonte... qui est une tradition millénaire. On sait qu'aujourd'hui,
les plus grandes villes d'Europe se sont formées à des endroits
où avaient lieu des foires agricoles, où les gens se
rassemblaient pour faire du commerce. Comme ces gens avaient de la
perspicacité, ils se rassemblaient aux lieux les plus faciles pour faire
des rencontres, et c'est à ces endroits que les villes se sont
développées, en Europe, au cours des années.
J'ai bien aimé, aussi, entendre Mme la
députée de Kamouraska parler de la reconnaissance des
femmes. C'est une chose que nous avons établie en 1979. On
s'était rendu compte que chaque agriculteur qui venait recevoir sa
médaille disait: Si ça n'avait pas été de ma femme,
je ne l'aurais pas gagnée. Alors, on s'est dit à ce
moment-là que, les cultivateurs admettant eux-mêmes, lorsqu'ils
sont décorés, que la femme joue un rôle important, on
devrait décorer les deux, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'entreprises
qui sont autant des entreprises conjointes. Quand l'AFEAS, il y a quelques
années, avait parié de partenaires, elle pariait à ce
moment-là, de beaucoup de secteurs, mais elle parlait principalement du
domaine agricole.
Je dirais aussi qu'un autre domaine où on retrouve beaucoup de
femmes, c'est celui de l'épicerie, le domaine alimentaire. Au
Québec, on a eu le génie de garder le contrôle de notre
alimentation par des détaillants en alimentation qui possèdent
des épiceries locales. C'est le seul endroit comme cela, d'ailleurs, en
Amérique du Nord, dans une proportion de 70 %. Encore là, c'est
un couple, une femme et un homme qui travaillent ensemble pour
développer leur entreprise. Dans le domaine agricole, c'est vraiment la
base de l'entreprise. Et quand un couple travaille bien ensemble, l'entreprise
va bien. Il y a une répartition des tâches.
Récemment, un maire de mon comté m'expliquait justement
qu'une femme qu'il connaissait avait eu une discussion énergigue avec
son mari. Elle lui avait dit, il n'y a pas longtemps, il y a quelques
années: À la ferme, je travaille autant que toi; si tu ne mets
pas mon nom dans la ferme pour que j'en aie la moitié, je m'en vais. Et
le mari, de peur que sa femme parte, avait consenti à ce que la ferme
appartienne aux deux. Et H me disait: On n'a jamais vu une ferme
prospérer aussi rapidement après ces années-là; les
activités de la ferme ont été mises sur ordinateur; la
femme s'occupait de la gestion. C'était une entreprise vraiment
dynamique, parce que devenue partenaire, la femme était encore plus
intéressée à travailler avec son mari au
développement de l'entreprise, sachant qu'ils étaient en
société.
Au Québec, on a souvent pensé que les agriculteurs
étaient des gens conservateurs. Mon expérience au
ministère de l'Agriculture, au cours des neuf années où
j'ai été là, a été, au contraire, de
constater que les agriculteurs sont habituellement les gens les plus
progressistes qu'il y ait. Ils ne l'expriment pas de la même
façon. Ce ne sont sûrement pas des progressistes qui ont l'air des
hommes de gauche, mais je dirais que ce sont des progressistes ou des hommes de
gauche avec une personnalité de droite ou des gens qui ont une
personnalité d'entrepreneur, des gens très dynamiques. C'est
pourquoi, sans doute, au Québec, les oeuvres communautaires
d'entreprise, de solidarité, ont été lancées
principalement par des agriculteurs. Je dirais que les premiers qui ont
vraiment développé les coopératives au Québec, cela
a été les agricultures.
Dans le domaine agricole, même avant Desjardins, dans le domaine
des caisses d'épargne et de crédit, qui a établi sa caisse
au début du XXe siècle, déjà, au XIXe
siècle, les agriculteurs avaient commencé à former des
coopératives. Également, dans certaines régions, le
syndicalisme a été principalement l'oeuvre des agriculteurs, les
premiers qui se sont formés en syndicat pour défendre leurs
droits. Ceux qui avaient voulu trouver une formule différente de la
coopération ont formé des syndicats. Je dirais que la
région où on a le mieux marié le coopératisme et le
syndicalisme a été le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ailleurs, les deux
formules se sont souvent affrontées. Faire des ententes, cela n'a pas
toujours été facile. Mais dans toutes les régions, les
deux formules sont demeurées parce que les agriculteurs n'ont pas voulu
mettre tous leurs oeufs dans le même panier au point de vue de la
défense de leurs droits. Mais je dirais qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
on a trouvé des façons encore meilleures qu'ailleurs de
collaborer et de faire travailler ensemble le syndicalisme et le
coopératisme.
Au point de vue de la défense des intérêts
professionnels, de l'organisation de la mise en marché, d'avoir
trouvé des formules complexes sur le plan technique, mais qui ont permis
d'offrir aux agriculteurs des services qu'ils n'auraient pas trouvés si
cela avait été seulement des entreprises individuelles, s'ils
n'avaient pas trouvé un dépassement de l'entreprise individuelle
dans des formules coopératives et syndicales, d'avoir trouvé et
d'avoir réussi à mettre au point ces formules je pense que c'est
tout à leur honneur.
C'est pourquoi je dis que, dans la société
québécoise, les agriculteurs ont joué un rôle de
précurseurs et ont souvent devancé d'autres secteurs. Et pour
ceux qui ont pensé que les modèles venaient des villes,
c'était mal connaître les campagnes et ne pas avoir vu que les
coopératives et le syndicalisme ont commencé d'abord dans des
campagnes au Québec et que c'est sans doute là qu'on a
créé des forces très grandes. Vous savez, dans le monde
agricole, tout le monde fait partie d'un syndicat. Le syndicalisme est
même devenu obligatoire. Les formules de mise en marché doivent
être votées. Mais tout le monde se retrouve dans son syndicat pour
pouvoir faire une force et débattre les questions ensemble. Cela
représente des problèmes, mais cela permet aussi aux gens de se
rencontrer et de faire des consensus entre eux. À ce point de vue, nos
agriculteurs ont été les précurseurs. (15 h 40)
Également, quand on voit le document qui vient de paraître
aux affaires sociales, "le Québec cassé en deux", qu'au
Québec, dans le monde rural et à l'extérieur, H y a des
déséquilibres, je dirais qu'une des raisons, c'est que le
gouvernement ne met pas assez d'emphase sur
le secteur agro-alimentaire et le secteur forestier, qui sont les
principales ressources du monde rural. Le développement
économique, en dehors des grandes villes, pour amener la
prospérité, devra être basé sur un
développement agroalimentaire important. Actuellement, quand on regarde
la plupart des régions du Québec où il y a un taux de
chômage trop élevé, une des raisons principales, c'est
qu'on n'a pas assuré le développement agro-alimentaire autant
qu'on devrait le faire. Aujourd'hui, on se rend compte que même si le
taux d'autosuffisance a augmenté considérablement jusqu'en 1985
puisqu'il était rendu, en 1985, à 75 %... On n'entend plus parler
des chiffres maintenant mais je pense qu'on devrait publier ces chiffres pour
les années 1986, 1987 et 1988 si ceux-ci ont continué à
être faits.
Il est très important de se donner des objectifs en termes de
développement économique. Le développement
économique, dans le monde, dans l'ensemble du Québec, doit
pouvoir compter sur un pilier comme le secteur agroalimentaire, qui a un
rôle moteur à jouer. C'est pour ça qu'il est important que
le gouvernement manifeste qu'il croit à l'agriculture - quels que soient
les gouvernements - qu'il croit aux retombées économiques
qu'amène l'agriculture et qu'il a confiance dans l'agriculture au lieu
de se poser des questions par rapport à ce que vaut l'agriculture. Au
Québec, trop longtemps, on a été amenés à
penser que le verre pouvait être à moitié vide, alors
qu'aujourd'hui on a un des meilleurs climats au monde, contrairement à
ce que plusieurs ont cru dans le passé. On a un groupe d'agriculteurs
dynamiques, mais il ne faut pas que le gouvernement les empêche, par
toutes sortes de mesures, de mettre en oeuvre tout leur dynamisme.
Pendant longtemps, on a essayé de spécialiser le
Québec en disant: Les céréales ce sera dans l'Ouest et au
Québec ce sera seulement le lait. Alors que l'avenir, en agriculture,
est au Québec, ainsi que l'avenir de nos campagnes et de nos petites et
grandes villes. C'est dans la diversification. Il faut développer toutes
les productions qu'on peut développer. Je me rappelle toujours la
parabole des talents: celui qui fait une bonne oeuvre, c'est celui qui
développe tous ses talents. Pas seulement une partie, si on en a dix, il
ne s'agit pas d'en développer un, deux ou trois, mais bien de
développer tous nos talents. À ce moment-là, quand on
regarde les potentiels qu'il y a au Québec... Vous savez, il n'y a pas
beaucoup d'endroits au monde où on dit, actuellement, que l'effet de
serre que pourra connaître la terre, que connaîtra sûrement
la terre au cours des prochaines années, pourra être
bénéfique à certains endroits, alors que nos
spécialistes des effets de serre commencent à dire qu'il y a au
moins un endroit où ça pourra être
bénéfique.
On est sûr qu'il y aura un effet de serre, mais on commence
à dire qu'au Québec, l'effet de serre pourra faire en sorte que
l'agriculture va être possible sur un plus grand territoire. Des
territoires comme ceux de la Gaspésie, par exemple, qui ont un sol de
première qualité, les seules limitations qu'ils ont, ce sont des
limitations climatiques. Si, par l'effet de serre, le degré de
température des différents territoires augmente, il y a des
territoires comme ceux-là qui ont une terre exceptionnelle, l'Abitibi
qui a une terre exceptionnelle, nos territoires nordiques qui ont une terre
exceptionnelle, mais où il y a des restrictions sur le plan
climatique... Comme on dit, actuellement, que l'effet de serre est une chose
certaine, même si on voulait l'empêcher, on n'est pas capable de le
faire dans les prochaines années, ces territoires vont être de
plus en plus propices à l'agriculture et à de plus en plus de
variétés de produits agricoles. À ce moment-là, je
pense qu'il faut regarder l'agriculture, non pas en disant qu'on a des terres
qui ne sont pas très bonnes, et tout ça, alors que de plus en
plus les terres du Québec vont être de mieux en mieux, avec un
réchauffement de la planète.
Actuellement, au lieu de s'en aller vers une ère glaciaire, on
s'en va vers une époque de réchauffement des sols, au lieu de
restreindre l'avenir de l'agriculture, je pense qu'il faut la
développer. Et, actuellement, quand on compare nos agriculteurs à
ceux de différentes productions, de différents secteurs ou qu'on
les compare avec ceux d'ailleurs, on se rend compte par exemple, qu'il s'agisse
du domaine laitier ou du domaine de l'élevage du porc, que nos gens sont
considérés sans doute comme les meilleurs éleveurs en
Amérique du Nord, sur le plan technique, non pas sur le plan des
avantages de la culture mais du côté technique car ils ont
développé des technologies qui sont supérieures, un
produit qui est considéré comme un des meilleurs produits au
monde. Cela s'est fait au cours des dernières années.
Dans le domaine des céréales, alors qu'on avait une
production de 800 000 tonnes au début, au milieu des années
soixante-dix, en 1985, on avait atteint une production de 2 600 000 tonnes,
soit presque trois fois et demie plus. Ce qui aurait été
considéré comme un miracle économique dans n'importe quel
pays au monde.
On se rend compte que la production horticole au Québec est en
plein développement depuis plusieurs années. Mais il y a encore
des secteurs où le gouvernement hésite et il ne devrait pas
hésiter. Dans le secteur de l'élevage du boeuf, il y a des sommes
d'argent considérables et des milliers de personnes pourraient y gagner
leur vie, mais on importe encore de l'Ouest 800 000 000 $ de boeuf alors que
nos territoires sont aussi bons que ceux de l'Ouest.
Mais il faut avoir confiance, confiance dans l'entrepreneur
québécois qu'est l'agriculteur qui est de plus en plus, aussi...
On était habitués à dire que quand quelqu'un n'avait pas
d'instruction, il faisait un agriculteur. On se rend compte
aujourd'hui que l'instruction de nos agriculteurs se compare à
celle d'entrepreneurs de n'importe quel domaine. Que même, de plus en
plus d'agriculteurs ont fait des études universitaires, que de plus en
plus d'agriculteurs sont des techniciens dans leur domaine en plus d'avoir des
qualités, comme le soulignait le député de Lac-Saint-Jean,
d'entrepreneur, de dirigeant d'entreprises. Il y a un certain nombre
d'années, quand on allait dans un village, on regardait les entreprises
prospères; c'étaient le marchand général,
l'hôtelier, le garagiste. Aujourd'hui, quand on regarde quelles sont les
entreprises qui créent de l'emploi, qui participent au
développement économique, qui sont les entreprises importantes
pour le développement économique dans nos villages aujourd'hui,
ce sont des fermes. Maintenant les fermes ont dépassé en valeur
ce qui était, autrefois, les entreprises les plus importantes. Je dis
ça sans méchanceté pour les autres mais, aujourd'hui,
quand on regarde les villages, quand on regarde l'apport économique,
quand on regarde le développement économique, ce sont les fermes
qui rapportent davantage.
Et je pense que si, dans plusieurs régions du Québec, on
décidait de mieux organiser l'agriculture et la forêt ensemble, au
lieu de les voir comme deux rails de chemin de fer qui ne se rencontrent
jamais, à ce moment-là, on pourrait assumer davantage le
développement économique au Québec.
Et aujourd'hui, on souligne le 100e anniversaire du Mérite
agricole. Si cela a été possible au Québec, c'est parce
qu'il y a eu des leaders. Le Mérite agricole a l'avantage de faire
connaître qui sont les leaders dans le secteur. Et le monde agricole est
un des secteurs qui n'est pas jaloux de ses leaders. Il y a tellement de
secteurs où on considère un leader comme un adversaire, dans le
monde agricole, au contraire, tous les gens sont contents de voir l'Ordre du
mérite agricole qui reconnaît les médaillés d'or,
les médaillés d'argent et les médaillés de bronze
comme les meilleurs du secteur, qu'on doit imiter et dont on est fiers. Et
ça, M. le Président, c'est particulier au secteur agricole de
reconnaître les meilleurs d'entre eux ou d'entre elles, de
reconnaître leur rôle et de vouloir les imiter, de vouloir
établir des modèles de ceux qui sont les meilleurs dans le
secteur. Je pense que si ce concours a pu durer pendant 100 ans, c'est
essentiellement parce que les agriculteurs et les agricultrices ont reconnu la
valeur de ce concours, se sont identifiés à ce concours. Et
aujourd'hui on peut dire que Honoré Mercier avait vu juste parce qu'il
avait reconnu les talents des gens du monde agricole québécois
qui ont réussi à faire de ce concours l'une des institutions les
plus vivantes et les plus dynamiques du Québec. Je vous remercie. (15 h
50)
Le Vice-Président: Je cède la parole à M. le
député de Prévost.
M. Paul-André Forget
M. Forget: M. le Président, c'est avec grand
intérêt que j'interviens aujourd'hui à l'occasion du
centième anniversaire de l'Ordre du mérite agricole du
Québec, en tant que député de Prévost, mais aussi
en tant qu'agriculteur. J'ai participé à deux occasions au
Mérite agricole du Québec, soit en 1970 et en 1975. J'ai
vérifié, parce que ma terre date quand même de six
générations, que mon grand-père avait, en 1910,
participé au Mérite agricole. Cent ans, M. le Président,
c'est important pour l'aîné des concours du gouvernement du
Québec et pour l'actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation qui souligne présentement l'événement
par le lancement au salon rouge du programme des festivités du
centenaire du Mérite agricole.
Le gouvernement veut ainsi rendre hommage à l'excellence de
l'agriculture québécoise ainsi qu'au courage et à la
compétence des bâtisseurs dans un des secteurs les plus
performants de l'économie du Québec. M. le Président, les
producteurs et les productrices ont bâti le Québec et non
seulement au plan économique. Depuis toujours, nous avons
été reconnus pour notre générosité, notre
bénévolat, dans les mouvements religieux, aux conseils
d'administration des commissions scolaires ou des municipalités, maires
ou échevins, dans les coopératives agricoles, les syndicats
agricoles, les caisses populaires et dans un paquet de mouvements dans lesquels
les agriculteurs sont toujours impliqués.
M. le Président, il est également vrai qu'en 1989, je
souhaite que, par suite de toutes les promotions entourant le centième
anniversaire, les citoyens et les citoyennes du Québec deviennent plus
sensibles à l'importance de l'agriculture pour ceux et celles qui en
vivent. M. le Président, le centenaire du concours de l'Ordre du
mérite agricole se veut un moment privilégié pour
souligner l'apport du travail des femmes dans l'agriculture
québécoise, un secteur important de notre économie.
L'agriculture québécoise est, depuis ses tout débuts,
basée sur une entreprise de type familial, et c'est encore vrai
aujourd'hui. La production agricole des fermes du Québec
génère aujourd'hui des recettes d'environ 3 600 000 000 $, alors
qu'elles étaient de 50 000 000 $, N y a cent ans. L'Ordre du
mérite agricole, M. le Président, témoigne encore de
l'importance, de la tradition, de la motivation et de la récompense des
défis du concours pour les agriculteurs et les agricultrices. C'est, M.
le Président, la recherche de l'excellence.
Le centenaire du concours sera marqué d'activités qui
auront lieu aux quatre coins de la province. Musée de la civilisation,
les fêtes régionales et le gala du centenaire. Les
médaillés d'or du concours depuis ses débuts, les
commandeurs de l'ordre, afficheront, tout au long de l'année, un
panonceau rappelant l'année où leur établissement a
été honoré, se faisant ainsi les
promoteurs du message du centenaire. Les activités du centenaire
annoncées cet après-midi, par le ministre de l'Agriculture ne
sauraient passer sous silence car elles permettront, M. le Président, de
remercier ceux et celles qui relèvent quotidiennement le défi de
l'excellence dans un domaine où la régularité, la
persévérance et l'amour du métier sont essentiels, comme
le dit le ministre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède la parole à Mme
la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je crois
sincèrement que c'est un privilège de prendre la parole
aujourd'hui, à l'occasion du centième anniversaire de l'Ordre du
mérite agricole. C'est un privilège pour une femme comme moi qui
a environ 1700 producteurs agricoles dans son comté et qui travaille
toujours en étroite collaboration avec eux.
Vous savez, 1700 producteurs agricoles, ça équivaut
à 1700, ou au double, hommes et femmes d'affaires parce que,
aujourd'hui, une ferme, ce n'est plus, comme on l'entendait avant, une petite
ferme familiale. Combien vaut une ferme aujourd'hui si ce n'est dans les 300
000 $, 400 000 $ ou 500 000 $? Donc, c'est une entreprise. Je dois dire avec
fierté que c'est une entreprise très bien menée parce
qu'on sait que l'agriculture au Québec a fait des pas de géant.
On a eu des bons ministres de l'Agriculture, dont mon collègue, le
député de Lévis, à l'époque, ministre de
l'Agriculture pendant neuf ans. Je lui rends hommage parce que les agriculteurs
ont avancé énormément au point de vue de leurs conditions,
dans leur vie, avec tout ce qui a été mis de l'avant pour les
aider.
M. le Président, être reconnu comme producteur agricole par
excellence, je pense que c'est un mérite dont tout le monde doit
s'enorgueillir. Je pense que, quotidiennement, les producteurs sont fiers de ce
qu'ils font. Dans bien des cas, ce sont des fermes de leur père et de
leur grand-père dont ils ont pris la relève. Donc, ils sont
doublement fiers de continuer à cultiver la terre pour la rendre plus
productive.
Puisque ça m'est permis, je voudrais vous raconter une petite
anecdote sur les femmes collaboratrices. Vous savez, il y a quelques
années, il y a huit ans, lorsque je me suis présentée pour
la première fois comme députée d'un comté comme
Johnson, je me suis rendue rencontrer des producteurs agricoles et un
producteur m'a dit: Une femme ne fait pas de la politique; elle doit être
à la maison, avoir soin des enfants, faire la cuisine et ainsi de suite.
J'étais un peu déçue de voir que le producteur en question
me disait une telle chose. En sortant de chez lui, je me rends compte que son
épouse était assise sur le tracteur en train de labourer. J'ai
dit: M. le producteur, qui est assise sur votre tracteur? Il dit: C'est ma
femme; c'est mon meilleur "homme". Bien, j'étais très
fière. C'était son "meilleur" homme sur la ferme. Ce n'est pas
peu dire, M. le Président.
On a fait un sacré bout, les femmes collaboratrices, les femmes
qui ont toujours été des collaboratrices, mais qui n'ont pas
toujours été reconnues en tant que telles. Aujourd'hui, j'ai
juste un petit pincement au coeur. Vous savez, un mémoire a
été présenté par l'Association des femmes
collaboratrices. On a doublé de 8000 $ à 15 000 $ la subvention
à l'établissement et, comme je vous le disais, il y a beaucoup de
femmes qui étaient des collaboratrices non reconnues qui se sont mises
en société ou se sont associées à leur époux
pour travailler sur la ferme. Malheureusement, on limite, à 40 ans,
l'âge où la femme a la possibilité d'obtenir les 15 000 $
de subvention à l'établissement. M. le Président, je
trouve regrettable qu'on limite, dans ce cas, l'âge de la femme à
40 ans. Pourquoi punir les femmes dans ce cas? J'espère que l'an
prochain, alors que le Mérite agricole aura 101 ans, le ministre qui
sera là pourra annoncer qu'il n'y a pas de limite d'âge à
40 ans pour les femmes collaboratrices de leur époux. Je souhaite
ardemment que le ministre prenne des responsabilités dans ce sens et
qu'il puisse rétablir l'injustice faite aux femmes collaboratrices.
Donc, à tous les producteurs agricoles, à ceux qui ont
été honorés durant ces cent ans du Mérite agricole,
bravo! À tous ceux et celles qui, quotidiennement, travaillent d'une
étpile à l'autre pour cultiver la terre, je dis merci au nom de
tous les hommes et de toutes les femmes du Québec puisque, grâce
à eux, on a du pain et du beurre et tout ce qu'il faut sur la table.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: II n'y a pas d'autres interventions?
Est-ce que cette motion présentée par M. le député
de Nicolet soulignant le 100e anniversaire de l'Ordre du mérite agricole
du Québec est adoptée? (16 heures)
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Toujours à
l'étape des motions sans préavis, je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Blackburn: M. le Président, je voudrais faire motion
pour que l'Assemblée nationale du Québec exige du gouvernement du
Québec qu'il présente une solution immédiate qui mettra
fin à la grève de la faim menée depuis maintenant dix
jours par treize médecins étrangers.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion, M. le leader du gouvernement?
M. Gratton: M. le Président, vous comprendrez que... Sans
commentaire, je dirai que
non, N n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président: Donc, il n'y a pas de consentement. Y
a-t-il d'autres motions sans préavis? Il n'y a pas d'autre motion.
Aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Oui, alors, M. le Président, je voudrais
informer l'Assemblée qu'aujourd'hui, à compter de maintenant
jusqu'à 17 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
commission de l'éducation terminera ses consultations
particulières dans le cadre de l'étude du projet de loi 63, Loi
modifiant la Loi sur l'Université du Québec.
J'avise également l'Assemblée que le mardi 11 avril 1989,
de 10 heures à 12 h 30, premièrement, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements entreprendra l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales, programmes 1
à 7, et deuxièmement, à la salle du Conseil
législatif, la commission de l'éducation entreprendra
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Le Vice-Président: Y a-t-il des questions maintenant
concernant les renseignements sur les travaux de l'Assemblée?
M. Gratton: À défaut de question, M. le
Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: ...j'aurais certaines informations. Je voudrais
d'abord indiquer, à la suite d'une question que me posait le
député de Dubuc, hier, concernant le projet de loi 230, Loi
modifiant la Loi constituant en corporation la compagnie de chemin de fer
Roberval-Saguenay, qu'après vérification auprès du
ministère des Transports, effectivement, je suis informé que nous
pourrions procéder et nous entendons le faire dans les meilleurs
délais à l'étude en commission parlementaire de ce projet
de loi d'intérêt privé. Cependant, on sait qu'à
compter de mardi prochain s'enclenchera le processus d'adoption des
crédits budgétaires ce qui fera en sorte que pour les trois
semaines qui suivront, l'Assemblée nationale ne siégera que pour
la période des affaires courantes et que quatre commissions,
normalement, siégeront pour procéder à l'étude des
crédits. Ce qui normalement nous amènerait à
déférer le projet de loi 230 tout au moins le prendre en
considération seulement après cette période de trois
semaines. Cependant, le ministre des Transports m'indique que nous pourrions,
s'il y a entente, et nous en discuterons avec les représentants de
l'Opposition, nous entendre pour que cette commission puisse siéger
pendant cette période de l'étude des crédits
budgétaires; nous verrons à ce que cela se fasse si on est
d'accord de chaque côté. Donc, c'est clair, le gouvernement entend
procéder le plus rapidement possible et à la suite de ces
consultations que nous aurons avec l'Opposition, nous pourrons aviser, dans les
meilleurs délais, du moment précis où le projet de loi 230
sera étudié en commission parlementaire.
Cela dit, M. le Président, je voudrais également informer
la Chambre qu'au moment où on se parte, on le sait, on
célèbre au salon rouge le 100e anniversaire de l'Ordre du
mérite agricole qui vient d'ailleurs de faire l'objet d'une motion non
annoncée et qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale, ce qui évidemment retient le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au salon rouge. Nous
allons donc procéder, à ce moment-ci, à l'adoption de
plusieurs projets de loi touchant les corporations professionnelles, dont le
ministre délégué à la Privatisation et responsable
des corporations professionnelles est responsable, et si nous devions terminer
avec l'adoption de ces divers projets de loi sur les corporations
professionnelles, nous procéderions ensuite à l'adoption du
principe et à l'adoption de certains projets de loi
d'intérêt privé où, semble-t-il, selon les
indications que je possède, ï n'y aurait probablement pas
d'intervention.
Ce qui pourrait signifier qu'après l'adoption de ces projets de
loi d'intérêt privé, si les cérémonies
auxquelles participe le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation n'étaient pas terminées, y se pourrait que nous
proposions la suspension des travaux de l'Assemblée jusqu'à ce
que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soit
disponible pour enfin, lorsque ce sera le cas, procéder à
l'adoption du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole. Je fais état de tous ces détails, M. le
Président, parce que cela a fait l'objet d'une entente avec l'Opposition
à l'effet que si, à 18 heures, nous n'avions pas terminé
l'adoption du projet de loi 100, l'Assemblée ne suspendrait pas ses
travaux et continuerait de siéger jusqu'au plus tard 20 heures. Nous
avons la certitude, grâce à l'entente que nous avons conclue avec
l'Opposition, qu'au plus tard à 20 heures nous aurons terminé le
projet de loi 100, les projets de loi d'intérêt privé, de
même que les projets de loi au nom du ministre responsable des
corporations professionnelles, ce qui nous permettrait de ne pas siéger
de 20 heures à 22 heures comme c'est la coutume.
Le Vice-Président: Je m'enquiers immédiatement s'il
y a consentement à ce que nous procédions de la façon dont
le leader du gouvernement vient de le mentionner. M. le whip de
l'Opposition.
M. Brassard: Oui, je confirme cette entente, M. le
Président.
Le Vice-Président: Très bien. Je prends note
immédiatement du consentement de sorte qu'à 18 heures nous
poursuivrons sans interruption nos travaux. M. le député de Oubuc
pour une question.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Toujours
reliée au projet de loi 230 et selon la réponse du leader du
gouvernement, après entente avec le leader de l'Opposition, sans doute
qu'on pourra fixer un moment. Je pensais qu'il pourrait, en même temps,
donner des informations parce que, reliée à ce projet, il y a
aussi une possibilité que le BAP siège. Le leader n'a-t-il pas
d'information précise là-dessus de la part de la ministre de
l'Environnement?
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Non. M. le Président, je vous vois
hésiter. Effectivement, il ne relève pas de... Ce n'est pas le
moment... Cela ne relève pas de ma compétence non plus de fournir
les réponses aux questions du député.
Le Vice-Président: À cette étape-ci, ce sont
simplement les travaux qui sont au feuilleton de l'Assemblée. J'ai,
moi-même, à ce moment-ci, un avis à vous transmettre. Je
vous avise qu'en fin d'après-midi, vers 18 heures, au cabinet du
lieutenant-gouverneur, II y aura sanction d'un projet de loi. Ceci met donc fin
à la période des affaires courantes.
Nous allons maintenant procéder aux affaires du jour. M. le
leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 4 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 47 Adoption du principe
Le Vice-Président: L'article 4 du feuilleton. M. le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles propose
maintenant la motion d'adoption du principe du projet de loi 47, Loi modifiant
la Loi sur les chimistes professionnels. Il y a des interventions. M. le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. Effectivement,
après avoir été ministre délégué
à la Privatisation et ministre responsable des Institutions
financières, le premier ministre m'a deman- dé récemment
d'assumer une responsabilité additionnelle en ce qui concerne
l'application des lois sur les corporations professionnelles. Comme vous le
savez, cette responsabilité incombait au ministre de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Comme le premier ministre
lui a demandé d'assumer des responsabilités additionnelles en ce
qui concerne l'application de la loi 101, il m'a aussi demandé d'assumer
ces responsabilités pour alléger celles du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Donc, vous comprendrez que
les quelque douze projets de loi que nous allons étudier cet
après-midi ont été préparés alors que le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science et responsable de
l'application des lois professionnelles en était responsable et ont
été déposés, d'après le feuilleton, aux mois
d'octobre et novembre derniers.
M. le Président, c'est une responsabilité importante
puisque les 40 et quelques corporations professionnelles représentent
quelque 400 000 Québécois et tous les Québécois
connaissent, bien sûr, les différents professionnels avec lesquels
ils font affaire. Cet après-midi, l'Assemblée nationale est
appelée à statuer sur douze projets de loi, dont celui dont vous
venez de faire l'appel qui touche les chimistes. Les projets de loi qui
viendront par la suite sont le projet de loi 51, touchant la Loi
médicale, les optomé-tristes par la suite, le projet de loi 52,
les dentistes, les opticiens, les agronomes, les comptables, ies
vétérinaires, les podiatres, les pharmaciens, les
infirmières et le notariat.
Les modifications apportées résultent des consultations
qui ont été tenues par l'Office des professions au cours des
dernières années. Elles proviennent, pour la très grande
part, des demandes formulées par chacune des corporations
professionnelles concernées. Les autres sont rendues nécessaires
à la suite de l'entrée en vigueur, le 17 juin 1988, de la Loi
modifiant le Code des professions. Les 12 corporations professionnelles dont
nous allons discuter les projets de loi, cet après-midi, touchent, dans
l'ensemble, quelque 100 000 membres. Même s'il s'agit de modifications
qui ne sont pas majeures, il n'en reste pas moins que ces 12 projets de loi
touchent quand même un nombre important de professionnels. (16 h 10)
Tout comme l'ensemble des secteurs de l'économie
québécoise, l'exercice des professions a également
été marqué, au cours des dernières années,
par l'arrivée de nouvelles technologies, la spécialisation
accrue, la libéralisation des échanges et une concurrence plus
forte. Des changements deviennent alors nécessaires afin de mieux
adapter les services professionnels aux besoins sans cesse grandissants d'un
public plus averti.
Avant de traiter de chacun des projets de loi au fur et à mesure
qu'ils seront appelés, j'aimerais, M. le Président,
préciser que les modifications apportées visent à assurer
aux
corporations professionnelles une gestion plus efficace de
l'administration de leurs affaires, à permettre plus de souplesse
à l'égard de l'application de certaines règles et à
maintenir la protection adéquate du public. Nous le savons tous, ces
corporations professionnelles assument une responsabilité
extrêmement importante en ce qui concerne la protection du public en leur
permettant, dans un très grand nombre de cas, d'assumer des
responsabilités exclusives vis-à-vis certains actes
professionnels dont ils ont la responsabilité exclusive.
J'aimerais également ajouter que ces lois particulières
contiennent des dispositions spécifiques, touchant notamment la
régie interne propre à chacune d'elle, qui complètent et
qui, parfois, diffèrent de celles énoncées par le Code des
professions. Par ailleurs, le régime général du code
s'applique à ces corporations professionnelles et à leurs
membres, lorsque la loi particulière ne contient pas de dispositions
inconciliables avec le Code des professions.
Ainsi, M. le Président, certains des projets de loi à
l'étude ne visent qu'à assurer une harmonisation avec le
régime général du Code des professions. C'est le cas du
projet de loi 47, Loi modifiant la Loi sur les chimistes profes-sionels, que
vous venez d'appeler, ce sera le cas, également, du projet de loi 51,
Loi modifiant la loi médicale et du projet de loi 52, Loi modifiant la
Loi sur l'optométrie. Des dispositions au même effet se retrouvent
aussi dans les projets de loi 48, 50, 56, 57, 61, 62 et 87, qui modifient
respectivement la Loi sur les comptables agréés, la Loi sur les
médecins vétérinaires, la Loi sur les dentistes, la Loi
sur la podiatrie, la Loi sur la pharmacie, la Loi sur les infirmières et
les infirmiers et la Loi sur le notariat.
Alors, comme vous le savez, M. le Président, comme je viens de
l'indiquer, à ce stade-ci, ce sont donc des remarques
préliminaires, puisqu'il s'agit, dans bien des cas, d'une certaine
harmonisation avec le Code des professions et de certains dispositions qui vont
faciliter l'administration, en particulier en ce qui a trait au projet de loi
47 qui touche les chimistes professionnels. Il en sera de même de deux
projets de loi que vous appellerez bientôt, le projet de loi 51 touchant
la Loi médicale et 52 touchant les optométristes.
À ce moment-ci, M. le Président, ce ne sont que les
quelques remarques que j'avais à formuler.
Le Vice-Président: Je cède la parole à Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme l'a fait
remarquer le tout nouveau ministre responsable de l'application des lois sur
les corporations professionnelles, il s'agit, effec- tivement, de 12 projets de
loi relativement mineurs, techniques pour un certain nombre d'entre eux, et qui
ne viennent souvent qu'apporter des modifications en vue d'assurer une
concordance entre les lois de ces corporations et le Code des professions.
Vous allez me permettre, M. le Président, d'abord de
féliciter et de saluer le nouveau ministre responsable de l'application
de la Loi sur les corporations, et souhaiter qu'y apporte une attention plus
soutenue que ne l'a fait son prédécesseur à toute cette
question fort importante au Québec de l'application des lois
professionnelles. J'aurais cru que le ministre aurait profité de
l'occasion pour faire connaître ses orientations sur un certain nombre de
questions qui ont agité tout ce milieu au cours des dernières
années. Je pense plus particulièrement à la
déréglementation touchant les tarifs et à celle touchant
la publicité pour faire face, selon l'avis émis à
l'occasion du rapport Scowen, à une concurrence accrue, comme le
rappelait le ministre, en raison de la technologie, du libre-échange et
de la spécialisation de plus en plus grande.
Le ministre a en main un certain nombre de rapports qui font état
de cette situation. J'ai parlé du rapport Scowen. On se rappellera que
ce rapport, qui a été déposé à
l'été de 1986 - cela fera bientôt trois ans - proposait,
suggérait, réclamait - je pense que le terme est plus juste - une
déréglementation totale des tarifs et de la publicité. Par
ailleurs, consulté sur la même question, l'Office des professions
suggérait une réglementation partielle en ce qui concerne les
tarifs, à quelques exceptions près, c'est-à-dire quelques
corporations pour lesquelles on maintiendrait des tarifs. Je pense en
particulier aux notaires et aux arpenteurs-géomètres. Pour les
autres corporations, l'office proposait une déréglementation de
même qu'une certaine forme de déréglementation touchant la
publicité.
Il aurait été intéressant que le ministre nous
fasse connaître à cette occasion son intention concernant ces
grandes questions. Sur ces questions de la publicité et de la
tarification, comme les corporations sans doute, j'aurais aimé savoir
s'il fera preuve d'autant d'ouverture ou de souci d'aller dans la direction du
rapport Scowen qui proposait une déréglementation quasi totale ou
totale dans ces secteurs et, en même temps, faut-il le rappeler,
l'abolition de l'Office des professions. Est-ce que le ministre sera davantage
de la tendance à l'autre bout, celle de l'ex-ministre responsable de ce
dossier qui maintenait le statu quo sur toutes ces questions, à la fois
sur l'avenir de l'Office des professions, sur la tarification et sur la
publicité. Par ailleurs, on connaît l'avis de l'office. J'aurais
cru que le ministre aurait profité de cette occasion pour nous faire
part de ses orientations sur ces questions.
Il nous dit que les projets de loi ont été
déposés avant qu'il ne devienne responsable de
ce dossier. Mais concernant certaines lois pour lesquelles il a
répondu, il apporte ainsi une réponse aux demandes des
corporations. On pense que, pour certaines autres, il aurait pu profiter de
l'occasion pour faire des modifications qui deviennent urgentes dans certains
cas - j'aurai l'occasion d'aborder plus particulièrement la Loi
médicale - par exemple, à la Loi sur les comptables
agréés et à un certain nombre d'autres lois.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques
préliminaires que je voulais faire au sujet de ces projets de loi.
En ce qui concerne le projet de loi 47 sur les chimistes professionnels,
il s'agit d'une modification relativement mineure où on dit que,
dorénavant, ce seront les dispositions de la Loi sur les
règlements et celles du Code des professions qui s'appliqueront en
matière de publication des règlements que l'office pourrait
prendre à défaut de l'ordre de le faire. C'est une modification
de concordance, si je ne m'abuse. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, en réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, je remercie la critique de
l'Opposition pour ces mots de bienvenue sur un dossier fort important. Bien
sûr, si je n'ai pas parlé des sujets qu'elle évoque, c'est
que, selon le règlement, il faut parler du principe des projets de loi
qui sont devant nous. Vous permettrez au nouveau ministre responsable des
corporations professionnelles d'être quelque peu prudent avant de statuer
sur des changements considérables qui pourraient être
apportés, comme le suggère la critique de l'Opposition ou comme
le suggérait le rapport Scowen en particulier. Sans aller vers ces
extrêmes qui, semble-t-il, suggéraient l'abolition de l'Office des
professions, je peux vous dire que, sur le plan philosophique, je suis
très porté vers des élargissements certains concernant, en
particulier, la publicité et la tarification. Peut-être que la
députée n'a pas eu l'occasion de suivre le travail que je fais
dans le secteur des institutions financières. J'aurai l'occasion,
très bientôt, je l'espère, de déposer un projet de
loi touchant le décloisonnement des intermédiaires de
marché, en particulier, les assureurs-vie, les coutiers d'assurances,
les courtiers en valeurs mobilières. (16 h 20)
Mais, il est évident que la politique qui m'inspire va dans le
sens d'une certaine ouverture du côté des problèmes qu'elle
a évoqués, touchant la question de la publicité et de la
tarification, en particulier, dans le projet de loi que je déposerai,
qui ne touche pas aux corpora- tions professionnelles, mais qui touche des
secteurs qui, dans le passé, ont évolué en
parallèle avec les corporations professionnelles, avec lesquelles
quelquefois on fait un certain parallèlle; il s'agit quand même,
lorsqu'on parie des assureurs-vie ou des coutiers d'assurances, de gens qui ont
une profession, entre guillemets, même si elle n'émarge pas
à la loi des corporations professionnelles. Il est évident que
dans le projet de loi que je déposerai, nous allons permettre un
élargissement notable en ce qui concerne la publicité et la
tarification et, également, nous allons permettre le partage de
commissions qui est un facteur tout à fait nouveau.
Alors, c'est donc dire, sans évoquer aujourd'hui
précisément les politiques qui seront les miennes et que je
pourrais proposer dans l'avenir, mais simplement pour lui dire qu'en ce qui me
concerne, j'aborde ces dossiers avec une grande ouverture d'esprit. En ce qui
concerne le projet de loi ou les projets de loi sur lesquels nous aurons
à statuer en commission parlementaire, il était nécessaire
de faire certains amendements. Pour ma part, je les examinerai avec beaucoup
d'attention. Je prendrai, bien sûr, conseil de l'Office des professions
puisqu'il s'agit d'un organisme gouvernemental extrêmement important,
dont la tâche est de dialoguer avec chacune de ces corporations
professionnelles. Donc, dans la mesure du possible, nous pourrons faire les
ajustements qui s'imposent.
Lorsque nous aborderons, en commission parlementaire, l'étude de
chacun de ces projets de loi, je ne crois pas qu'il nous sera possible de faire
des changements substantiels puisqu'ils ont été
déposés et qu'il s'agit de modifications techniques, comme la
critique de l'Opposition l'indiquait. Je ne crois pas qu'à ce stade-ci
on puisse parler de réforme majeure, mais quand même, je peux lui
dire d'ores et déjà que j'aborderai ses commentaires et ses
recommandations avec beaucoup d'ouverture. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Cette réplique termine le
débat. Est-ce que le principe du projet de loi 47, Loi modifiant la Loi
sur les chimistes professionnels, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Gratton: Alors, Mme la Présidente, je voudrais faire
motion pour déférer le projet de loi à la commission du
budget et de l'administration pour son étude
détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Gratton: Article 7, Mme la Présidente.
Projet de loi 51 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 7 de notre
feuilleton, le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du principe du projet de loi 51, Loi modifiant la Loi
médicale. Là-dessus, je vais reconnaître M. le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, pour le projet de loi 51,
les commentaires que je viens de faire s'appliquent intégralement. Donc,
je n'en ferai que la proposition et mes commentaires s'arrêtent
là, à ce moment-ci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Mme la Présidente, tout à l'heure,
je faisais la remarque qu'il aurait été intéressant que le
gouvernement et le ministre responsable de l'application de ces lois profite de
l'occasion pour revoir certains textes de loi sur lesquels on aurait
intérêt à apporter un certain nombre de modifications. Le
projet de loi 51, qui vient modifier la Loi médicale, vient simplement
harmoniser la Loi médicale aux dispositions de la loi, aux
règlements et au Code des professions relativement à
l'approbation et à l'entrée en vigueur des règlements. Il
vise aussi à uniformiser un délai d'appel prévu à
la Loi médicale à celui généralement applicable en
vertu de la Loi sur le Code des professions.
Mais le ministre n'est pas sans savoir que la Loi médicale, au
moment où on se parle, pose un problème important en
matière de reconnaissance de différentes autres pratiques
médicales.
La Corporation professionnelle des médecins du Québec
exerce un monopole total, entier, "indéfonçable", si je peux me
permettre l'expression, lorsqu'il s'agit de pratique médicale. Et on a
eu un cas tout à fait récent qui s'appelle la reconnaissance de
la pratique des sages-femmes. En dépit d'une volonté de la
ministre de la Santé et des Services sociaux - il faut l'admettre - de
reconnaître la pratique des sages-femmes de même que de la ministre
déléguée à la Condition féminine, on
connaît la réponse de la Corporation professionnelle des
médecins, cela a été une fin de non-recevoir. Il n'est pas
question que les sages-femmes soient autorisées à pratiquer et
à faire des accouchements. Il est encore moins question qu'on les
autorise à le faire dans un hôpital.
On sait ce qui est advenu à la suite de la décision du Dr
Biais, de l'hôpital Pierre-Boucher, d'assister une sage-femme qui a
procédé à un accouchement. Le Conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens du centre hospitalier Pierre-Boucher ne s'est pas
contenté de faire un reproche au Dr Biais, il lui a demandé sa
démission. Alors qu'on sait pourtant que la pratique des sages-femmes
est reconnue dans la très grande marjorité des pays
industrialisés pour un certain nombre de raisons qui ne sont pas
négligeables. La pratique des sages-femmes permet d'abord un meilleur
suivi prénatal et postnatal et à des coûts beaucoup
moindres. La pratique des sages-femmes permet également un suivi
à des coûts beaucoup moins élevés. C'est aussi, et
cela n'est pas négligeable, une forme de
"démédicalisation" et d'humanisation des soins de santé
à l'occasion de la grossesse et de l'accouchement.
Alors que ce gouvernement était dans l'Opposition, il se faisait
fort de régler cette situation qui, selon l'actuelle ministre, perdurait
et on devait y mettre fin. On devait faire comme tous les pays un peu
évolués à travers le monde et reconnaître la
pratique des sages-femmes. On modifie aujourd'hui la Loi médicale. On
sait ce que les médecins ont décidé en regard de la
pratique des sages-femmes et on sait également qu'il faut une
modification à la loi si on veut d'abord reconnaître la profession
de sage-femme au Québec - et faut-il encore créer une corporation
- et, en plus, reconnaître leur droit de pratiquer des accouchements dans
tes centres hospitaliers, dans les CLSC ou, encore, à domicile.
J'aurais souhaité que le ministre profite de ce projet de loi -
peut-être pourrait-il le retirer momentanément et le revoir - pour
qu'on puisse examiner ensemble les hypothèses ou les moyens d'assurer
aux sages-femmes le droit à la pratique et, par voie de
conséquence, leur reconnaissance.
Il y a également un autre secteur qui aurait mérité
qu'on l'aborde en même temps qu'on a modifié la Loi
médicale, c'est celui des acupuncteurs. Pour la même raison, la
Corporation professionnelle des médecins a un contrôle et un
monopole absolu sur la santé au Québec.
Je ne veux pas minimiser l'importance des médecins au
Québec. Cependant, et je sais que le ministre est conscient de
ça. l'approche de la médecine ou des soins faite par les
médecins est majoritairement une approche de maladie et non pas une
approche de santé. On a eu cette même
approche lorsqu'il s'est agi des accouchements. Et pourtant, s'il y a un
geste aussi naturel qui remonte à la nuit des temps, c'est bien, pour
une femme, de mettre un enfant au monde. On en a fait un acte médical.
Il serait urgent qu'on intervienne pour modifier la Loi médicale,
adopter un certain nombre de règlements et reconnaître
officiellement la pratique des sages-femmes et la corporation des sages-femmes.
Et j'aimerais, là-dessus, si le ministre le souhaite, entendre un peu sa
réaction. Cela termine mes remarques sur ce projet de loi, Mme la
Présidente. (16 h 30)
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, en réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, le projet de loi
déposé ne touche pas les sujets évoqués par la
critique de l'Opposition. J'imagine qu'en commission parlementaire, on aura
l'occasion d'en discuter plus à fond. Je sais que mon
prédécesseur avait posé certains gestes dans ces deux cas,
en collaboration avec la ministre de la Santé. Je sais que la ministre
devrait faire connaître, on me dit dans un avenir prochain, les
orientations gouvernementales en ce qui touche la santé publique au
Québec. Je suis certain qu'après la publication par la ministre
de la Santé du document qui touchera très certainement quelque
peu ces sujets, nous aurons l'occasion d'en rediscuter publiquement. De toute
façon, le débat n'est pas clos. Je prends note des commentaires
de la députée et je suis certain que, dans les mois qui viennent,
nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Cette réplique termine le
débat. Est-ce que le principe du projet de loi 51, Loi modifiant la Loi
médicale, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Gratton: Alors, Mme la Présidente, je voudrais faire
motion pour déférer le projet de loi à la commission du
budget et de l'administration pour son étude
détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Oui?
Mme Blackburn: Est-ce qu'il ne s'agit plus de la commission de
l'éducation, comme ce l'était antérieurement? Est-ce que
des modifications ont été apportées? Il me semble que les
lois sur les corporations professionnelles relevaient de la commission de
l'éducation.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: La coutume, en fait, veut que les lois sur les
corporations professionnelles soient déférées à la
commission parlementaire la plus appropriée. Comme le ministre
responsable des corporations professionnelles est maintenant le ministre
délégué aux Finances, nous avons évidemment cru
opportun de les déférer plutôt à la commission du
budget et de l'administration qu'à la commission de
l'éducation.
Mme la Présidente, je vous prierais d'appeler l'article 8 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 52 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article, 8 de notre
feuilleton, le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du principe du projet de loi 52, Loi modifiant la Loi sur
l'optométrie. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles.
M. Fortier: En ce qui concerne le projet de loi 52, Mme la
Présidente, il s'agit de quelques ajustements techniques. Les
commentaires que j'ai faits concernant le projet de loi 47 touchant les
chimistes professionnels s'appliquent intégralement. Alors, je n'ai pas
de commentaires à formuler à ce moment-ci. Je propose, bien
sûr, que le principe du projet de loi 52 touchant les
optométristes soit adopté.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je n'ai pas de commentaire, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Pas de commentaire. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions de part et d'autres? Il n'y a pas de réplique. Le
débat est terminé.
Est-ce que le principe du projet de loi 52, Loi modifiant la Loi sur
l'optométrie, est adopté? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Gratton: Mme la Présidente, je fats motion pour
déférer le projet de loi à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée? Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Article 9, Mme la Présidente.
Projet de loi 56 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 9, le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles propose l'adoption de
principe du projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur les dentistes. Est-ce
qu'il y a des interventions, M. le ministre?
M. Fortier: Oui.
La Vice-Présidente: M. le ministre. M. Pierre-C.
Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, les deux projets de loi, le
projet de loi 56, et, dans un instant, j'imagine que nous appellerons
également le projet de loi 88 touchant les opticiens, outre les
dispositions dont nous venons de discuter qui étaient des concordances
avec le Code des professions, contiennent des modifications relatives à
la raison sociale.
Le projet de loi 56 modifiant la Loi sur les dentistes ainsi que le
projet de loi 88 touchant la Loi sur les opticiens d'ordonnance favorisent un
assouplissement de l'utilisation d'une raison sociale. Il sera
dorénavant permis de conserver, dans une raison sociale et pour une
période d'au plus trois ans, le nom d'un associé qui a
cessé d'exercer sa profession par suite d'un décès ou
autrement. Ces dispositions permettront notamment d'amortir les coûts
reliés au changement d'une raison sociale.
Comme vous le voyez, Mme la Présidente, il s'agit encore
là de modifications techniques plutôt limitatives, de
modifications d'harmonisation avec le Code des professions et qui, dans ce
cas-ci, permettent des modifications touchant l'utilisation de fa raison
sociale et des dispositions qui y sont reliées. Ce sont les quelques
commentaires que j'ai à formuler.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Mme la députée de
Chicouti-mi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Comme l'a fait
remarquer le ministre responsable de l'application de ces lois, le projet de
loi 56, comme le suivant qu'on verra, le projet de loi 88, apporte
essentiellement un assouplissement dans son application, plus
particulièrement en ce qui touche les raisons sociales au moment
où un des associés quitte, soit parce qu'il s'en va ailleurs ou
qu'il décède. Ces modifications viennent en effet diminuer le
coût relié aux modifications de raisons sociales.
Il aurait été intéressant - peut-être le
ministre a-t-il, là-dessus, une idée de ce qu'il entend faire par
rapport aux autres corporations professionnelles - de connaître la
politique générale du ministre en cette matière. Est-ce
que cette modification pourrait s'appliquer aux autres corporations? Si oui,
pourquoi n'en a-t-on pas profité par la même occasion, pour le
faire pour les autres corporations s'il s'agit à la fois d'un
assouplissement, comme je le reconnais, mais aussi d'un avantage qui vient
réduire les coûts de modifications aux raisons sociales? Je
m'interroge sur la raison pour laquelle on n'a pas touché aux autres
lois ou aux autres corporations qui pouvaient être touchées par de
telles modifications.
Je n'ai pas d'autre commentaire, Mme la Présidente. Nous pourrons
étudier la question en commission parlementaire. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre responsable
de l'application des lois professionnelles, en réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, la question de la critique,
c'est: Pourquoi ne pas avoir fait des modifications dans toutes les lois des
corporations professionnelles? Comme je l'indiquais dans mes remarques au tout
début, lorsque le vice-président a appelé le projet de loi
47, i existe, pour régir les différentes corporations
professionnelles, un Code des professions dont les exigences s'appliquent
intégralement à toutes les corporations professionnelles.
Par ailleurs, pour chacune des professions, il existe une loi
spécifique. Il y a des dispositions particulières. Normalement,
le gouvernement s'entend avec chacune des corporations ou répond aux
appels de chacune des corporations professionnelles avant de faire des
modifications qui pourraient les concerner. Je n'ai pas la réponse
complète à la question qui m'est posée si ce n'est que,
dans ce cas-ci, la demande spécifique nous a été faite.
C'est la raison pour laquelle il y a un amendement au projet de loi sur les
dentistes en particulier. J'imagine qu'au fur et à mesure des demandes
qui nous seront faites à l'avenir, nous pourrions également
adopter des dispositions semblables pour les autres professions, mais je
ne crois pas que ce serait nécessairement une bonne politique d'imposer
des modifications si les autres corporations professionnelles n'en sentent pas
le besoin.
Étant nouveau dans ces responsabilités, je dirais que,
pour le moment, ce sont les seules explications que je peux donner à Mme
la critique de l'Opposition.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Cette dernière réplique
clôt le débat.
Est-ce que le principe du projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur les
dentistes, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 56 à la commission du budget et
de l'administration pour son étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lefebvre: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. Je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 9 du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente: L'article 14.
M. Lefebvre: L'article 14. Je m'excuse, Mme la
Présidente.
Projet de loi 88 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 14 du feuilleton,
le ministre responsable de l'application des lois professionnelles propose
l'adoption du principe du projet de loi 88, Loi modifiant la Loi sur les
opticiens d'ordonnance. M. le ministre. Il n'y a pas d'intervention.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Une brève intervention, Mme la
Présidente. C'est simplement la même remarque que tout à
l'heure et c'est aussi pour rappeler ce que j'avais dit au
prédécesseur de l'actuel ministre.
Il me semble que lorsqu'on se permet d'ouvrir une loi pour la modifier,
il y aurait intérêt à examiner jusqu'à quel point on
ne pourrait pas le faire de façon un peu plus pertinente, j'allais dire
complète, de manière à ne pas obliger l'Assemblée
nationale à revoir périodiquement ses projets de loi. (16 h
40)
La modification que le ministre apporte aux deux projets de loi, celui
qui précède et celui-ci, le projet de loi 88, en fait, il parle
d'élargissement et d'assouplissement, ce avec quoi je suis d'accord.
À ce moment-là, il ne s'agit pas d'imposer une nouvelle
réglementation. Il s'agit simplement d'essayer d'améliorer au
moment où ça passe en Chambre. J'ai toujours été
frappée de cette espèce d'attitude qui n'est probablement pas
nouvelle, mais générale, qui fait qu'on ne s'interroge pas, au
moment où on touche un projet de loi, sur la pertinence d'en modifier
quelques articles de manière à ne pas se voir contraints d'y
revenir périodiquement. C'était, Mme la Présidente pour
l'essentiel, les remarques que je voulais faire au sujet de ces deux projets de
loi. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. Y a-t-il d'autres interventions? Pas de réplique. Donc, le
débat est terminé. Le principe du projet de loi 88, Loi modifiant
la Loi sur les opticiens d'ordonnance est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader ajoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Je fais motion pour déférer le projet
de loi 88 à la commission du budget et de l'administration pour son
étude détaillée.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 3 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 45 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 3 de notre
feuilleton, le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du
principe du projet de loi 45, Loi modifiant la Loi sur les agronomes. M.
le ministre responsable de l'application des lois professionnelles.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, nous abordons maintenant...
Il y avait douze projets de loi, nous en avons adopté douze, donc, 1 en
reste sept et parmi les sept autres projets que nous abordons,, dont, en
particulier, le projet de loi 45 Loi modifiant la Loi sur les agronomes, chacun
de ces projets de loi mérite une attention particulière. Celui-ci
vise à assouplir la procédure applicable au changement de nom
d'une section en pourvoyant à la désignation des sections par un
règlement de l'ordre. Autrement dit, modification qui permettrait, au
lieu de procéder par désignation des différentes sections,
donc, de régie interne dans l'application de la loi, de procéder
par règlement, donc, une plus grande flexibilité.
Aux fins de la représentation électorale, le territoire
est divisé en régions et les régions constituent donc les
sections de l'ordre. Actuellement, la loi désigne le nom des sections en
fonction de la toponymie qui existait en 1973. Depuis, les noms de certaines
régions ont été modifiés par décret du
gouvernement. Il importe ici de prévoir une même souplesse pour la
désignation des sections de l'ordre. Il s'agit d'une modification
plutôt technique pour ajuster l'appellation des différentes
régions utilisée par l'Ordre des agronomes, pour ajuster leur
désignation à celle qui est utilisée par la population et
par le gouvernement, eu égard aux modifications qui sont faites de temps
à autre par le gouvernement dans l'appellation des différentes
régions du Québec.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Sur ce projet de
loi, précisément, la Loi modifiant la Loi sur les agronomes, je
pense qu'on ne peut pas s'opposer à cette disposition qui vient
alléger considérablement la procédure qui était
trop lourde et inutilement embarrassante un peu pour tout le monde. Cependant,
la même question se pose que pour les autres projets de loi, et comme je
ne connais pas bien la question, je n'ai pas eu le temps d'examiner comment
cela pouvait s'appliquer dans le cas des autres corporations professionnelles.
Plusieurs corporations ont aussi des sections régionales. Est-ce que
ça ne touchait pas aussi les autres corporations? Là-dessus, le
ministre ne nous le dit pas. Mais si ça touche d'autres corporations,
encore une fois, je m'interroge à savoir pourquoi on n'a pas
profité de l'occasion pour voir jusqu'à quel point on ne pouvait
pas faire peut-être, un "bill" omnibus, là-dessus?
Je sais que ce gouvernement s'y est toujours refusé, quoiqu'on
l'ait fait une fois, à ma connaissance, mais pour de telles
modifications, I serait intéressant de voir si, une fois pour toutes on
ne pourrait pas examiner la possibilité d'harmoniser ça un peu
entre les différentes corporations professionnelles. Mme la
Présidente, c'est le seul commentaire que j'ai à faire
là-dessus. J'imagine que le ministre aura également des
commentaires à faire sur cette question en commission parlementaire.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. Y a-t-il d'autres interventions? Y a-t-il une réplique? Pas
de réplique. Le débat est terminé. Le principe du projet
de loi 45, Loi modifiant la Loi sur les agronomes, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 45 à la commission du budget et
de l'administration pour son étude détaillée.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 5 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 48 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 5, le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles propose l'adoption du
principe du projet de loi 48, Loi modifiant la loi sur les comptables
agréés. Y a-t-il des interventions? M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, le projet de loi 48, Loi
modifiant la Loi sur les comptables agréés, comporte deux mesures
importantes. La première vise la composition du bureau de l'ordre dont
le nombre d'administrateurs est augmenté de 20 à 24, ce qui
permettra une représentation
beaucoup plus fidèle de la répartition actuelle des
membres entre les différentes régions du Québec au sein de
l'organisme décisionnel de l'ordre. On sait que le bureau est vraiment
l'organisme où les décisions d'orientation sont prises et les
nouvelles réglementations décidées. Donc, il est important
que toutes les régions du Québec y soient
représentées. Le but du projet de loi, en augmentant le nombre de
représentants de 20 à 24 est de permettre une meilleure
représentation.
La seconde mesure concerne les droits et privilèges de
réciprocité accordés aux membres d'autres corporations de
comptables agréés au Canada. Elle assure cette
réciprocité non seulement à l'égard des membres
exerçant dans une autre province canadienne mais aussi à
l'égard de ceux exerçant dans un des territoires du Canada. On le
sait, de plus en plus, nos grands bureaux de comptables agréés
obtiennent des contrats dans d'autres provinces canadiennes. Il peut arriver
également que des firmes de comptables agréés puissent
obtenir des contrats au Québec. Donc, il est important, comme le font
d'autres corporations professionnelles - moi-même étant
ingénieur, j'ai souvent travaillé dans d'autres provinces
canadiennes - de prévoir une clause de réciprocité qui
facilite le travail de nos propres professionnels dans le domaine de la
comptabilité, les comptables agréés. Et si on
désire que nos propres comptables agréés puissent avoir un
droit de pratique dans une autre province, il faut également, bien
sûr, reconnaître que ceux qui ont le droit de pratique dans une
autre province puissent obtenir un droit au Québec même. Donc, ce
sera une seconde modification.
En outre, il est apparu opportun d'affermir les pouvoirs de l'ordre en
matière de formation des candidats à l'exercice de la profession
et de perfectionnement de ses membres. On sait que l'Ordre des comptables
agréés joue un rôle extrêmement important, où
les comptables agréés, de tout temps, se sont donnés des
cours de formation. Donc, il est apparu nécessaire d'affermir ces
pouvoirs puisqu'il est important que les comptables agréés
puissent être assujettis ou qu'ils soient contrôlés par
l'ordre et qu'ils soient incités à continuer le perfectionnement.
À ces fins, l'ordre pourra établir et administrer un fonds
destiné a favoriser la réalisation de projets en ce sens.
Comme vous le voyez, Mme la Présidente, en ce qui concerne le
projet de loi 48, il s'agit donc, dans un premier temps, d'une disposition
touchant surtout la régie interne en ce qui concerne la
représentation régionale; dans un deuxième temps, d'un
pouvoir de réciprocité avec les autres provinces canadiennes et,
dans un troisième temps, de donner des pouvoirs à l'ordre pour
raffermir son autorité en ce qui concerne la formation des candidats
à l'exercice de leur profession afin de lui permettre d'avoir un fonds
spécial lui permettant de jouer pleinement son rôle à cet
effet. Ce sont là, Mme la Présidente, les quelques modifications
importantes qui seront faites à l'Ordre des comptables
agréés.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Je vais maintenant reconnaître
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Le projet de loi
48, Loi modifiant la Loi sur les comptables agréés, vient, comme
le rappelle le ministre, modifier le nombre des administrateurs
habilités à siéger au conseil d'administration. Il les
porte de 20 à 24. Il apporte également des modifications
concernant le secrétaire général. La création d'un
fonds pour l'avancement des sciences comptables et la réciprocité
des titres donnent sûrement suite à la demande de l'ordre. Pour ce
qui est de l'abolition du critère de la citoyenneté canadienne
pour être administrateur, il s'agit, en fait, d'une harmonisation avec le
Code des professions. Mais, enfin, le vrai problème des comptables
agréés, et le ministre le sait, est tout à fait ailleurs.
Il s'agit de l'exclusivité que prétend détenir cette
profession sur l'exercice de la vérification publique en regard des
comptables généraux agréés et ça, en vertu
de leur loi constitutive, articles 19 et 34. (16 h 50)
II aurait été important, au moment où l'on aborde
cette question, un peu comme j'en ai fait la remarque et là, dans un
secteur où le ministre est beaucoup plus compétent qu'il ne
l'était, en tout cas qu'il se dit l'être pour d'autres
corporations professionnelles... Je sais qu'on peut penser qu'il n'a pas eu le
temps de prendre totalement connaissance des dispositions de la Loi
médicale, mais lorsqu'il s'agit de la Loi sur les comptables
agréés, le ministre a déjà pris clairement des
positions qui n'apportent pas un nouvel éclairage par rapport à
la situation qu'on connaît au Québec, c'est-à-dire la
reconnaissance de la profession de comptables généraux
agréés. Le ministre a clairement, à quelques occasions,
affiché ses couleurs, et pour cette corporation, les C.G.A, ce n'est
certainement pas de bon augure.
Il nous semble qu'il se soit assez largement compromis, plus
particulièrement à l'occasion 'de l'étude de la Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit. Alors que l'avant-projet de
loi confirmait la possibilité pour les C.G.A. d'exercer leur profession
auprès des caisses d'épargne et de crédit, la version
déposée en première lecture contenait, ce qu'on n'avait
pas vu depuis fort longtemps, au Québec, un article qui conférait
expressément un monopole aux comptables agréés. Le
ministre a dû reculer et la version finale, heureusement, confère
aux C.G.A. la possibilité de faire des vérifications internes,
à la fois aux caisses d'établissement et de crédit,
à défaut de pouvoir les faire ailleurs, auprès des
fédérations et des confédérations, comme les C.G.A.
l'au-
raient souhaité. En fait, au moment où le ministre a
reculé là-dessus, il a concédé le minimum de ce qui
était permis, en soustrayant à l'exercice des CG.A. des
vérifications plus importantes, plus majeures, celles des
fédérations et celles des confédérations.
Plus récemment, les comptables généraux
agréés ont demandé au ministre
délégué à la Réforme électorale
d'amender le projet de loi 104, à l'étape de la prise en
considération du rapport de la commission parlementaire, afin de
reformuler l'article qui exige des partis politiques des vérifications
de leurs états financiers. En fait, les comptables
généraux agréés ne faisaient que demander la
même formulation juridique que celle contenue dans le projet de loi 107,
Loi sur l'instruction publique, qui traite de vérification des
états financiers des commissions scolaires, et qui a l'avantage de ne
pas donner le monopole de cette vérification à une seule
profession. Et le ministre de l'Éducation était prêt
à le faire, mais, en raison de l'opinion négative émise
par le nouveau ministre responsable de l'application du Code des professions,
il n'a pas modifie la loi 104 pour permettre aux CG.A. de faire des
vérifications comptables au même titre que les comptables
agréés.
Le gouvernement vient de déposer à l'Assemblée
nationale le projet de loi 116, Loi sur les régimes
complémentaires de retraite. La définition de "comptable"
mentionnée à l'article 3 soulève de vives
inquiétudes chez les comptables généraux
agréés. Par cette définition, cette formulation, on
conférera un monopole exclusif sur toute l'activité des
comptables. Les CG.A. seront d'ailleurs, à leur demande, entendus en
consultation particulière, dès le début de mai.
Il aurait été intéressant que le ministre,
au-delà de ses prises de position antérieures, réponde
à la question qui lui a été lancée, d'ailleurs, par
son collègue ministre responsable de l'application de la loi
électorale, et qui disait, dans un relevé des débats de
l'Assemblée nationale du 15 mars 1989, et je le cite: "Ce que j'ai
expliqué à M. le président de la corporation, ce matin,
c'est que s'il doit avoir gain de cause - et il s'agissait, à ce moment,
d'un privilège qu'aurait souhaité voir reconnaître son
collègue - il me semble que sa cause est valable, nous disait-il. Il
doit la plaider auprès de mon collègue, le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, qui est
également ministre responsable des corporations professionnelles,
à qui j'ai dû, comme ministre délégué
à la Réforme électorale demander un avis. Celui-ci m'a
recommandé très fortement ceci", c'est-à-dire
l'exclusivité aux comptables agréés. Je lis textuellement
sa recommandation dans une lettre qu'il m'a fait parvenir le 9 mars 1989: "En
conséquence, la vérification publique est toujours du ressort des
comptables agrées et, par souci d'harmonisation et de concordance avec
l'ensemble des lois du gouvernement, je recommande donc de garder l'article 107
du projet de loi 104 te) quel."
Lorsqu'on parle de concordance, avec toutes les lois du gouvernement, il
me semble qu'on en oublie au moins une, c'est celle de la Loi sur l'instruction
publique qui prévoit qu'effectivement les comptables
généraux agréés peuvent aussi faire des
vérifications dans les commissions scolaires. Et la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit qu'il vient tout juste d'adopter
prévoit que dans les caisses d'épargne et de crédit, les
CG.A. peuvent aussi faire des vérifications.
Le projet de loi que nous avons en main, bien qu'intéressant et
important dans les quelques dispositions qu'on y retrouve, ne règle en
rien cette situation. S'il fait quelque chose, il vient l'envenimer compte tenu
des positions antérieures du ministre. Il serait intéressant et
pertinent que le ministre, à l'occasion de l'étude en commission
parlementaire, nous dise exactement à quelle enseigne il loge et si la
réponse qu'il a faite à son collègue, le ministre
délégué à la Réforme électorale, est
une position définitive et irrévocable. Si telle est la
situation, est-ce qu'il sera nécessaire d'entendre les CG.A. en
commission parlementaire au cours du mois de mai? Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, en réplique.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: Mme la Présidente, le projet de loi 48 sur les
comptables agréés, qui est devant nous présentement, ne
porte pas sur le problème soulevé par la critique de l'Opposition
en ce qui a trait au monopole exercé présentement ou à sa
juridiction sur les comptables agréés, en ce qui concerne la
comptabilité publique.
En ce qui a trait à la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit, finalement, tout ce que nous avons fait, à la suite des
représentations qui nous avaient été faites, c'est de
reconnaître un droit acquis que la confédération Desjardins
avait depuis un certain nombre d'années, à savoir que le service
de la confédération Desjardins, qui était composé
de comptables agréés et de C.G.A., pouvait accomplir un service
de vérification à l'intérieur des différentes
caisses du mouvement Desjardins. Dans la nouvelle loi qui fut adoptée en
décembre dernier et qui fut promulguée i y a trois
semaines, nous avons tout simplement maintenu ce droit acquis des CG.A. qui
existait déjà dans la Loi sur les comptables agréés
et dans celle sur les C.G.A., et auquel on faisait référence dans
Loi sur les caisses d'épargne et de crédit.
Par ailleurs, nous avions une nouvelle disposition dans la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit exigeant que, puisque certaines
des fédérations du mouvement Desjardins sont extrêmement
importantes... On n'a qu'à penser que la Fédération des
caisses populaires de
Montréal a un actif de 15 000 000 000 $ et la
fédération de Québec, un actif de plusieurs milliards de
dollars. On a adopté la pratique, qui est celle de la Loi sur les
banques, de s'assurer, en ce qui concerne les fédérations, la
confédération et des organes de la confédération -
je pense à la caisse centrale - qu'il y ait toujours deux
vérificateurs. Alors, nous avons statué que le premier
vérificateur, ce pourrait être le régime qui existait
antérieurement, c'est-à-dire l'organe du mouvement Desjardins qui
faisait déjà la vérification. Pour ce premier
vérificateur, le droit acquis était qu'un C.A. ou un C.G.A.
pouvait faire le travail. Mais en ce qui concerne le deuxième
vérificateur, c'était tout à fait nouveau, donc il ne
pouvait pas y avoir de droit acquis, puisqu'il s'agissait d'une
nouveauté, d'une innovation pour nous assurer que la santé
financière puisse être confirmée au public, que ce
deuxième vérificateur soit précisément un comptable
agréé, puisque la loi actuelle des comptables
agréés leur donne l'exclusivité de l'acte dans ce
cas-là. (17 heures)
Par ailleurs - ce n'était pas moi le ministre responsable des
corporations professionnelles - je regrette que les efforts qui avaient
été faits l'an dernier pour réunir autour d'une même
table les C.A., les C.G.A. et les C.M.A., les trois corporations
professionnelles qui traitent de la comptabilité, soit publique, soit
privée ou autres... Je regrette que le consensus qui s'était
dégagé n'ait pas eu de suite et que cette entente n'ait pas
été matérialisée. Pour ma part, j'ai l'intention de
rencontrer le représentant des comptables agréés
prochainement et, par la suite, ceux des autres ordres professionnels pour
tenter de reprendre la discussion à ce sujet. Même si l'ordre
public n'en souffre pas, il me semble que ces discussions de chapelle devraient
disparaître. L'entente de principe à laquelle les trois
corporations professionnelles en étaient arrivées me semblait une
entente qui allait dans le meilleur sens pour permettre à chacun de
jouer véritablement son rôle tout en oeuvrant à
l'intérieur d'une même corporation professionnelle.
Je peux assurer Mme la critique de l'Opposition que je vais reprendre le
flambeau à ce sujet pour m'assurer que l'entente de principe, qui avait
été acquise l'an dernier, mais pour laquelle il y a eu un
désistement à un moment donné... Je reprendrai le flambeau
pour tenter de convaincre les trois corporations professionnelles qu'il serait
de leur meilleur intérêt de régler leurs problèmes
entre elles, sinon - bien sûr, si l'ordre public en souffrait, mais je
crois que, présentement, l'ordre public n'en souffre pas -en
dernière analyse, le gouvernement devra trancher le débat. Je
crois que dans ces débats, il serait de beaucoup
préférable que les corporations professionnelles en arrivent
à une entente, qu'elles nous soumettent l'entente et qu'elles
procèdent selon le consensus auquel elles étaient arrivées
l'an dernier. À ce moment-là, il serait extrêmement facile
de donner suite à la recommandation de Mme la critique de l'Opposition,
à savoir que certains C.G.A., qui auraient les qualifications, puissent
faire de la comptabilité publique. En définitive, je crois que la
responsabilité première d'en arriver à une entente est
entre les mains des trois corporations professionnelles oeuvrant dans le
secteur de la comptabilité.
Pour ma part, en tant que ministre responsable des corporations
professionnelles, je verrai à faciliter la discussion et à
pousser les représentants de ces corporations professionnelles à
donner suite au consensus auquel elles étaient arrivées l'an
dernier. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Est-ce que le principe du projet de
loi 48, Loi modifiant la Loi sur les comptables agréés, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. Je fais motion pour
déférer le projet de loi 48 à la commission du budget et
de l'administration pour son étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lefebvre: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 6 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 50 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 6 de notre
feuilleton, le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du principe du projet de loi 50, Loi modifiant la Loi sur
les médecins vétérinaires. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, le projet de loi 50, Loi
modifiant la Loi sur les médecins vétérinaires, contient
deux modifications majeures. À l'opposé de la loi applicable
à d'autres
professions médicales comparables, la Loi sur les médecins
vétérinaires ne renferme aucune disposition permettant de
régir les conditions d'exercice de certains actes
vétérinaires, notamment dans le domaine de la recherche
scientifique, ni aucun pouvoir relatif à la fixation des normes en
matière d'étiquetage et d'emballage des médicaments vendus
par un médecin vétérinaire.
Un souci manifeste de protection du public commande une normalisation
minimale de la présentation des produits ou substances qu'un
médecin vétérinaire peut être appelé à
vendre à l'occasion de l'exercice de sa profession. Le pouvoir
d'établir de telles normes, par règlement, est confié au
bureau de l'ordre.
L'exercice de la médecine vétérinaire
s'étant grandement diversifié au cours des dernières
années, l'utilisation de nouvelles techniques et l'accès à
de nouveaux débouchés rendent nécessaire de
régulariser et de normaliser les rapports entre les divers intervenants
qui oeuvrent dans ce secteur. À cette fin, de nouvelles dispositions
permettront aux médecins vétérinaires de
déterminer, parmi les actes qui sont du ressort exclusif de ceux-ci,
ceux qui pourront être posés par des classes de personnes autres
que des médecins vétérinaires et les conditions suivant
lesquelles de tels actes pourront être posés.
Voilà en substance, Mme la Présidente, le principe ou le
contenu du projet de loi 50 modifiant la Loi sur les médecins
vétérinaires.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Je vais maintenant reconnaître
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Le projet de loi
modifiant la Loi sur les médecins vétérinaires propose
effectivement des normes relatives à l'étiquetage et à
l'emballage des médicaments vétérinaires vendus par un
médecin vétérinaire et les conditions suivant lesquelles
d'autres classes de personnes peuvent effectivement assister le
vétérinaire et être autorisées à poser
certains gestes.
Le projet de loi vise également à harmoniser la Loi sur
les médecins vétérinaires aux dispositions de la Loi sur
les règlements en matière de prépublication et de
publication et du Code des professions relativement à l'approbation et
à l'entrée en vigueur de ces règlements. L'harmonisation
avec la Loi sur les règlements en matière de
prépublication et de publication ne pose évidemment pas de
problème. On peut simplement se demander pourquoi ça n'a pas
été fait au moment où on adoptait le projet de loi 22
modifiant le Code des professions qui a été déposé
et adopté le printemps dernier. Ce projet, en fait, comportait des
dispositions d'harmonisa- tion avec la nouvelle Loi sur les règlements
et les dispositions de concordance avec les lois des diverses corporations
professionnelles auraient pu y être ajoutées.
Et toujours la même remarque en ce qui concerne ces projets de loi
touchant ou concernant les professions. On semble se limiter à l'examen
de ces projets de loi en fonction exclusivement des demandes qui sont faites
par les corporations professionnelles et jamais en se demandant ce que le
gouvernement, comme législateur, pourrait apporter comme modifications
de manière à simplifier la démarche. Et je le rappelle,
ces modifications-là, touchant l'harmonisation avec les
règlements, auraient pu être introduites dans le projet de loi 22
qui a été adopté le printemps dernier.
Quant à l'élargissement des devoirs du bureau de l'ordre
en matière de règlements, ça répond à peu
près aux demandes de la Corporation des médecins
vétérinaires. Cependant, dans la délégation
d'actes, le troisième, il s'agit en fait de régulariser une
situation qui existait déjà. Il est fort probable que beaucoup
d'actes vétérinaires n'étaient pas posés par les
médecins vétérinaires et, dans les grosses cliniques en
particulier, on pense qu'il y avait des techniciens ou un personnel infirmier
qui pouvait poser un certain nombre d'actes. Il nous apparaît donc tout
à fait normal que les médecins vétérinaires,
à l'instar d'autres professions, en médecine en particulier,
puissent faire un certain nombre de délégations d'actes. Mais il
aurait été intéressant - et on pourra voir en commission
parlementaire s'il n'y a pas lieu d'apporter des modifications - que ces actes
soient posés sous supervision d'un médecin
vétérinaire afin d'assurer un certain contrôle. Parce qu'il
faudra se demander, si on élargit la délégation d'actes,
jusqu'où on peut aller sans mettre en cause la qualité des
traitements ou des soins qui sont donnés dans les cliniques par les
médecins vétérinaires et les différents personnels
qui y oeuvrent.
Par ailleurs, la corporation s'est dite déçue du projet de
loi en ce que celui-ci ne contient pas. Elle a fait parvenir une lettre
à l'Office des professions pour se plaindre du fait que ses principales
demandes avaient été complètement escamotées. Par
exemple, la possibilité pour un médecin vétérinaire
de remplir et de vendre des prescriptions faites par un autre médecin
vétérinaire. La loi actuelle prête à
interprétation à ce sujet. Il y a d'ailleurs - et le ministre le
sait, je l'espère - un litige actuellement avec les pharmaciens qui est
présentement en délibéré en cour, ce qui peut
expliquer qu'il n'y ait rien de fait dans le projet de loi actuel. (17 h
10)
En fait, l'obligation qui est faite aux médecins
vétérinaires d'être propriétaires de (a même
façon qu'un pharmacien de l'inventaire des médicaments, le fait
qu'une personne autre qu'un médecin vétérinaire puisse
être propriétaire de
médicaments, pose un problème de contrôle. Par
exemple, des meuneries ont à leur emploi des médecins
vétérinaires. De gros "pet shops", je ne saurais pas... des
boutiques animalières ou d'animaux domestiques ou familiers engagent des
médecins vétérinaires pour faire de la consultation, mais
possèdent l'inventaire. En fait, ce deuxième point
mériterait, selon nous, considération. Au moment où on
examinera le projet de loi en commission parlementaire pour en faire
l'étude détaillée, il y aura lieu de réexaminer les
demandes qui avaient été faites de façon plus formelle et
qui seraient, de l'avis des vétérinaires, souhaitables. Je
rappelle les demandes des médecins vétérinaires, mais
également la nécessité de maintenir un certain
contrôle des actes délégués tant aux techniciens
qu'aux infirmières qui oeuvrent dans certaines grosses cliniques.
Là-dessus, j'ai terminé mes remarques préliminaires, Mme
ia Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Non.
La Vice-Présidente: II n'y a pas de réplique. Donc
le débat est clos. Est-ce que le principe du projet de loi 50, Loi
modifiant la Loi sur les médecins vétérinaires, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 50 à la commission du budget et
de l'administration pour son étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lefebvre: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 10 au feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 57 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 10 de notre
feuilleton, le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du principe du projet de loi 57, Loi modifiant la Loi sur la
podiatrie. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mme la Présidente, les modifications
apportées à la Loi sur la podiatrie par le projet de loi 57
visent à mieux encadrer les pouvoirs dévolus aux podiatres en
matière de prescription et d'administration des médicaments.
Comme vous le savez peut-être, les podiatres peuvent actuellement
utiliser les médicaments dont ils peuvent avoir besoin dans l'exercice
de leur profession, les administrer et les prescrire à leurs patients
pourvu qu'il s'agisse de médicaments visés dans la liste
établie par l'Office des professions. Or, afin d'assurer une protection
adéquate du public, certains médicaments ne doivent être
prescrits qu'à certaines conditions. L'article 12 de la Loi sur la
podiatrie doit être modifié de façon à habiliter
l'office à fixer de telles conditions en établissant ia liste des
médicaments. Puisque l'office avait déjà le pouvoir
d'établir la liste des médicaments, la modification vise donc
à en fixer les conditions d'utilisation.
Il est également nécessaire de conférer un pouvoir
additionnel à l'ordre afin de déterminer par règlement des
normes relatives à la forme et au contenu des ordonnances verbales ou
écrites faites par un podiatre. De tels pouvoirs existent
déjà dans les autres lois professionnelles qui autorisent les
membres à les prescrire. C'est notamment le cas de la Loi sur
l'optométrie, de la Loi médicale, de la Loi sur les dentistes et
de la Loi sur les médecins vétérinaires. Puisqu'il s'agit
d'une harmonisation avec les autres lois, la critique de l'Opposition nous
félicitera peut-être parce que, dans ce cas-ci, on s'harmonise
avec les autres lois des corporations professionnelles. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre responsable de
l'application des lois professionnelles. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Oui, Mme la Présidente, il s'agit bien de
l'adoption de principe du projet de loi 57, Loi sur la podiatrie et j'aurais
quelques commentaires. En fait, l'article 3 concernant les orthèses
soulève des protestations importantes qui nous ont été
communiquées par l'Association des orthésistes et
prothésistes du pied. Il faudrait rappeler... Le ministre n'a
peut-être pas été informé de ces contestations. Je
me permets de faire part au ministre des principales remarques de cette
association touchant le projet de loi qu'on a en main et de l'effet qu'il
pourrait éventuellement avoir sur la pratique des orthésistes.
Selon l'Association des orthésistes et prothésistes du pied... Le
projet de loi 57 qui fait un ajout à la Loi sur la podiatrie se
lit
comme suit: "Aucune disposition de la présente loi ne doit
être interprétée de façon à empêcher un
podiatre de fabriquer, transformer, modifier ou vendre une prothèse ou
orthèse en podia-trie".
Selon cette association, cette disposition est contraire aux principes
fondamentaux de la loi que le législateur avait adoptée en 1973
et contraire également aux actions concertées du ministère
de l'Éducation et du ministère de la Santé et des Services
sociaux qui a créé un programme d'enseignement collégial
qui existe depuis cinq ans et ce, en collaboration avec le milieu, le programme
collégial de techniques d'orthèses et prothèses,
l'orthèse du pied, au cégep de Montmorency, auquel programme
participe activement l'Association nationale des orthésistes et ses
membres.
Le projet de loi, tel que libellé, confère aux podiatres
la possibilité de fabriquer, de transformer, de modifier ou de vendre de
tels appareils, alors qu'au moment où on a reconnu l'Association des
podiatres, on a décidé de la reconnaître comme une
association professionnelle en podiatrie qui n'avait pas de
responsabilité dans la fabrication des orthèses et des
prothèses. C'était, en fait, un peu le prix que cette Association
des podiatres avait accepté de payer pour que la corporation soit
effectivement reconnue comme une corporation professionnelle, et cela
comprenait aussi le pouvoir d'utiliser et de prescrire certains
médicaments.
Si l'Association des podiatres peut également fabriquer, modifier
et vendre des orthèses et prothèses, qu'est-ce à dire par
rapport à toutes les autres professions? Il me semble qu'on ouvre
là une porte. C'est assez exceptionnel dans la loi sur les corporations
qu'on puisse à la fois avoir un niveau de professionnels et un niveau de
fabricants. On verrait mal, par exemple, qu'un dentiste soit autorisé ou
habilité à faire des partiels ou des prothèses
dentaires.
Mme la Présidente, au moment où on examinera ce projet de
loi, j'inviterais le ministre, s'il ne l'a déjà fait, à
s'informer des conséquences de cet article sur l'Association des
orthésistes parce que cette association est reconnue par le
ministère de la Santé et des Services sociaux et par le
ministère de l'Éducation, qui a créé un tel
programme.
Je ne sais pas si on a attiré l'attention du ministre sur cette
question. Cela ne m'a pas semblé être le cas. Je veux bien le
féliciter pour l'harmonisation avec les autres projets de loi pour les
autres corporations à laquelle il a procédé, mais II me
semble qu'on devrait aussi apporter à cette question une attention
particulière. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Chicoutimi. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Pas de réplique, M.
le ministre? Le débat est terminé.
Est-ce que le principe du projet de loi 57,
Loi modifiant la Loi sur la podiatrie, est adopté? M.
Lefebvre: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. Je fais motion pour
déférer le projet de loi 57 à la commission du budget et
de l'administration pour son étude détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. Je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 27 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 100 Adoption
La Vice-Présidente: À l'article 27 du feuilleton,
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec propose l'adoption du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur
la protection du territoire agricole. Je vais vous reconnaître, M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Michel Page
M. Page: Merci, Mme la Présidente. Nous en sommes
maintenant à la phase finale de l'adoption d'un projet de loi qui fait
l'objet de discussions à l'Assemblée nationale depuis l'automne
1988, mais qui est le résultat, finalement, de beaucoup
d'investissements en capital humain de la part de l'équipe que j'ai le
privilège et l'honneur de diriger, soit l'équipe du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec.
Ce projet de loi est aussi le résultat d'échanges de vues
très soutenus et de communications constantes avec les organismes
agricoles du Québec et, plus particulièrement, ça va de
soi, l'Union des producteurs agricoles du Québec. (17 h 20)
Ce projet de loi, et vous conviendrez très certainement, Mme la
Présidente, que je n'ai jamais abusé de l'utilisation du terme
historique, ce projet de loi, je me permets de le qualifier d'historique parce
qu'il était attendu en référence entre autres à
certains chapitres qui
concernent le droit pour le producteur agricole de produire. Cette loi,
qui apporte des modifications à la Loi sur la protection du territoire
agricole, vient non seulement apporter des modifications à la loi
adoptée ici par l'Assemblée nationale en 1978 par le
précédent gouvernement, mais elle vient aussi inclure, par son
libellé, un chapitre entier de droit tout à fait nouveau et qui
fait référence au renforcement du droit fondamental et combien
important pour la productrice et le producteur d'être
protégés dans l'exercice quotidien du travail et de la profession
qu'ils occupent.
Mme la Présidente, le projet de loi 100 nous permettra
d'accroître la protection du territoire agricole et de ses utilisateurs
dans l'ensemble de la zone agricole tout en améliorant la qualité
de vie de l'ensemble des résidents par l'établissement de normes,
de règles du jeu complètement modifiées et susceptibles
non seulement de sécuriser, mais surtout de garantir le droit de
produire en paix pour le producteur ou la productrice qui respectent les lois
et les règlements. C'est en ces termes que je présentais en
novembre dernier le projet de loi 100 Loi modifiant la Loi sur la protection du
territoire agricole. Vous savez, dans un contexte où les sols à
bon potentiel sont rares et souvent situés à proximité des
concentrations de population, notamment dans la région de
Montréal où on a la moitié de la population de la province
avec entre autres un bassin de terres agricoles d'un très haut potentiel
en raison non seulement de leurs qualités biophysiques, mais aussi en
raison du contexte climatique, il faut convenir que nos terres agricoles, en
plus d'être une ressource non renouvelable, sont une ressource dont le
potentiel doit être utilisé au maximum. Celles qui sont à
bon potentiel sont rares et, comme je vous l'indiquais, elles sont
situées près de ces pôles urbains. Ce projet de loi vise
essentiellement à leur accorder une protection accrue tout en s'assurant
que les producteurs et les productrices agricoles pourront y poursuivre leurs
activités.
Ce projet de loi prévoit des modifications à la structure
de la commission. Comme on le sait, dans l'exercice de ses fonctions, la
Commission de protection du territoire agricole devra dorénavant baser
ses décisions sur une série de critères obligatoires et
pourra prendre en considération, donc, c'est une faculté qu'elle
aura en plus, un certain nombre de critères additionnels clairement
identifiés comme complémentaires. Pour moi, comme ministre, la
réforme, la refonte plutôt des critères permettra un
meilleur encadrement des décisions de la commission. Cette refonte des
critères sera susceptible de plus d'en faciliter la compréhension
par les citoyens qui ont à vivre avec cette loi. Tout ça dans une
perspective de donner à ces derniers un cadre objectif pour la
formulation de leur requête.
Vous savez, dans la loi originale, les critères sur lesquels la
commission devait s'appuyer étaient - si je peux utiliser le terme - un
peu éparpillés dans la loi. On a maintenant refondu ces
critères. Il y a des critères qui doivent obligatoirement
être pris en considération par la commission alors que d'autres
critères, eux, peuvent être pris en considération... Le
législateur ici, à l'Assemblée nationale, voulant
être pleinement certain que la commission ne se référerait
pas à certains arguments qui pourraient lui être invoqués,
il y a des éléments auxquels la commission ne peut pas faire
référence pour décider d'une requête qui lui est
présentée.
Selon moi, il devenait important d'établir des règles
très strictes, entre autres, en raison de la localisation des sols
à haut potentiel qui sont situés là où la pression
urbaine est forte notamment dans la région de Montréal et dans la
vallée du Saint-Laurent. Cet amendement, la création d'un
tribunal d'appel qui fait référence à la structure, vise
à remédier à la faiblesse de la loi actuelle, alors que la
Commission de protection du territoire agricole était appelée
à examiner des demandes de révision sur lesquelles elle avait
déjà rendu des décisions. Avec le projet de loi 100, un
tribunal d'appel indépendant de la commission sera créé de
façon à garantir une plus grande impartialité dans
l'étude des dossiers. Ce tribunal disposera de membres et d'analystes
distincts de ceux de la commission afin d'assurer son entière
indépendance et son autonomie en regard de celle-ci. Dans l'exercice de
ses fonctions, le tribunal d'appel pourra confirmer ou infirmer en tout ou en
partie les décisions de la commission et ce, tant au chapitre des refus
que des autorisations formulées par la commission.
Un autre élément important dans ce projet de loi
réfère à cette dualité du monde municipal et du
monde agricole. Les producteurs agricoles qui s'estimeront lésés
par certaine réglementation municipale leur imposant des contraintes
indues dans la poursuite de leurs activités en zone agricole pourront,
dorénavant, s'adresser à un commissaire-conseil afin d'obtenir un
rapport motivé sur ses constatations ou ses recommandations tant sur la
portée du règlement qu'à l'égard de leurs
activités agricoles. Afin d'examiner les plaintes et de formuler ses
conclusions, le commissaire nommé par le gouvernement sera
assisté de deux personnes dont une désignée par le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
l'autre désignée cette fois par le ministre des Affaires
municipales. Les critères utilisés par le commissaire pour rendre
ses avis seront les règles de l'art, la coutume, la façon de
faire en matière d'activité agricole, le respect de la
législation, le respect des réglementations et des ordonnances
régissant ces activités. De plus, le commissaire-conseil devra
prendre en considération les conséquences du règlement
municipal invoqué, non seulement sur les activités agricoles du
plaignant mais aussi sur l'ensemble des producteurs de la zone en question.
L'instauration de ce mandat de commis-
saire-conseH devrait permettre de régler beaucoup de
problèmes en favorisant un dialogue constructif entre les parties que
sont les producteurs agricoles et le monde municipal qui est susceptible
d'adopter des positions par règlement, des positions susceptibles,
dis-je, d'affecter le droit de produire du producteur.
Un autre principe contenu dans ce projet de loi qui est important, nous
pensons, et qui recueille beaucoup de faveur dans l'opinion publique agricole,
c'est le principe de l'immunité. Les producteurs agricoles
exerçant leur profession en respectant la loi, la réglementation
et les ordonnances prises en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement n'encourront pas de responsabilité à
l'égard d'un tiers en raison des odeurs, des bruits et des
poussières résultant de leurs activités agricoles et ne
pourront, de plus, se voir empêcher de poursuivre paisiblement leurs
activités dans le cadre de la loi et des règlements par un voisin
qui se sent dérangé. Je donnais souvent l'exemple de la personne
qui vient s'installer en zone verte et qui, une fois installée, cause
préjudice et problème par des poursuites, des injonctions, etc.
au producteur. En cas de poursuite, il appartiendra au demandeur, dans ce
cas-ci, par cette règle d'immunité et de
réciprocité, de prouver que le producteur agricole a contrevenu
à la réglementation ou aux ordonnances prises en vertu de la Loi
sur la qualité de l'environnement.
Il fallait absolument introduire cet amendement car, depuis quelques
années, les plaintes contre les productrices et les producteurs
agricoles se sont multipliées, même lorsque ces derniers
respectaient les lois intégralement. Or, ce projet de loi vient
clarifier ces situations de dualité et d'affrontement en
sécurisant les productrices et les producteurs qui craignent pour ta
viabilité de leurs entreprises et, par conséquent, de leurs
investissements.
Le principe de réciprocité vise à assurer une
meilleure protection des exploitations agricoles. Les usagers non agricoles
devront respecter les normes de distance et la réciprocité des
normes de toute loi ou de tout règlement en vigueur lors de la
construction. Lorsque cette norme ne sera pas respectée, la corporation
municipale ne pourra émettre de permis de construction sauf si le
propriétaire du lot visé renonce officiellement, formellement et
légalement au recours qu'il aurait pu invoquer s'il avait
respecté les normes en question. En somme, le projet de loi vient
établir clairement que la contrainte de distance ne s'appliquera plus
à sens unique. Antérieurement, les normes s'appliquaient toujours
contre le producteur agricole. Il devait s'éloigner de telle distance.
Il devait répondre à telle norme de distance par rapport à
telle résidence. Maintenant, cela ne sera plus à sens unique, ce
sera à double sens en ce que le producteur qui est installé chez
lui, qui a investi, qui produit et qui respecte les normes, évidemment,
sera protégé.
Ce projet de loi prévoit de plus la création d'un fonds de
défense pour les activités agricoles. Le projet de loi 100
prévoit la création de ce fonds afin d'assurer la défense
des producteurs agricoles ayant à faire face à des poursuites
résultant de leur profession. J'ai Indiqué hier pourquoi ce fonds
de défense. Je vous ai fait part, au moment de la prise en
considération du rapport, que puisque le revenu net sur l'investissement
d'un producteur, d'une famille agricole, d'un couple se limite à 3 % ou
3,5 % par année, ce qui est bien en deçà d'un niveau de
rendement qui normalement se situe à 12 % ou 13 % pour tout
investisseur, compte tenu, donc, de la faiblesse du rendement du capital
investi et du rendement donné, quand un producteur fait l'objet d'une
poursuite devant les tribunaux par un voisin qui se plaint, de façon non
fondée, mais quand même... Le simple fait de déposer une
poursuite, une injonction, ça entraîne généralement
des déboursés très appréciables pour nos
producteurs. Et 6000-7000 $, souven-tefois, pour la famille d'un producteur ou
d'une productrice, c'est tout le revenu net, après le coût de vie
payé, ça va de soi, qui vient d'y passer. (17 h 30)
Comme ça s'applique dans d'autres secteurs, telles certaines lois
des communications, une loi qui a été présentée par
le ministre des Communications, une autre, par le ministre de l'Énergie
et des Ressources, si ma mémoire est fidèle. Partant de
là, on crée maintenant un fonds de défense
professionnelle. Pour avoir droit à cet argent, les producteurs
poursuivis pour avoir émis des poussières, des odeurs, des bruits
incommodants devront, évidemment, avoir respecté la loi, la
réglementation et les ordonnances.
Ce projet de loi prévoit, de plus, une protection accrue pour les
sols à haut potentiel du Québec. Les précédentes
mesures s'inscrivent dans le souci du gouvernement d'assurer aux producteurs le
droit de produire en toute sécurité. Par contre, toujours faut-il
que le territoire agricole du Québec, étant donné son
exiguïté, soit protégé de façon
appropriée. C'est pourquoi le projet de loi 100 prévoit la
création de secteurs exclusivement réservés à
l'agriculture, délimités à même la zone agricole
actuelle. Dans ce secteur, un lot ne pourra dorénavant faire l'objet
d'exclusion par la Commission de protection du territoire agricole. Seul le
gouvernement, après consultation avec les municipalités et les
producteurs agricoles, ça va de soi, pourra en modifier
l'étendue. À toutes fins utiles, l'utBisa-tion d'un lot à
des fins non agricoles ne saurait être autorisée que pour des fins
uniquement et exclusivement compatibles avec l'agriculture. Ce pourra
être aussi des raisons d'utilité publique, mais à certaines
conditions, cependant.
Ainsi, les municipalités présentant de grands ensembles de
sols à bon potentiel agricole pourront se voir visées par ce
principe de protection accrue. Les secteurs exclusivement
réservés à l'agriculture seront principalement
constitués de sols de classes 1, 2 et 3, de même que certains sols
organiques identifiés comme tels dans le cadre de l'Inventaire des
terres du Canada. Aucune utilisation autre qu'agricole, ni enlèvement de
sols arables ne seront permis dans ces zones, à moins qu'il ne soit
démontré qu'il n'y a pas, ailleurs dans la région, ou
encore dans la municipalité, d'espaces appropriés disponibles aux
fins visées par la demande, et que celle-ci est compatible avec
l'agriculture.
Enfin, dans ce secteur exclusivement réservé à
l'agriculture, les autorisations pourront porter uniquement sur ce qui lui est
profitable. J'ai référé à des amendements, dont
j'ai fait parvenir copie au député de Lac-Saint-Jean, et je
pourrai les déposer tout à l'heure. Il y a deux amendements, en
fait, qui seront abordés aujourd'hui, et qui feront l'objet d'examen, au
moment du comité plénier.
Parallèlement à l'identification d'un secteur
exclusivement réservé à l'agriculture et à la
révision des critères de décision et du mécanisme
de fonctionnement de la commission, mon ministère verra à
élaborer, dans les meilleurs délais - et ça, on le
prévoit d'ici à la fin de l'année 1989 - une politique de
mise en valeur des sols structurée et adaptée aux
réalités régionales. Cette politique de mise en valeur des
sols, dont la pierre angulaire reposera, entre autres, sur les avantages
fiscaux s'appliquant aux fermes, créera de véritables incitatifs
à la mise en valeur des sols zones agricoles.
Bref, Mme la Présidente, ce projet de loi vise la protection de
la ressource humaine par diverses dispositions, instaurant, entre autres, le
droit pour le producteur agricole de produire. Ce projet de loi vise aussi une
protection plus forte des sols à fort potentiel, protection qui sera
accompagnée d'une politique de mise en valeur. Avec cette loi, les sols
zones agricoles au Québec seront cultivés.
J'entends, Mme la Présidente, au moment de l'étude dans le
cadre des travaux du comité plénier, faire
référence à l'ensemble des articles qui ont fait l'objet
de modifications en commission parlementaire. Je voudrais, entre-temps,
déposer deux modifications: une modification à l'article 14.1,
qui vient modifier l'article 40 de cette loi et l'article 69.08 introduit par
l'article 21 du projet de loi qui est modifié.
Je vous demanderais peut-être, Mme la Présidente, de
suspendre une minute, pour vous revenir avec un dépôt formel, pour
que les copies soient distribuées. Après cette minute de
suspension, les copies finales pourront être déposées et
nous pourrons aller en comité plénier.
La
Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement
pour qu'on suspende quelques instants?
M. Brassard: Pardon?
M. Pagé: Une minute de suspension pour distribuer les
amendements.
M. Brassard: Oui. D'accord.
La Vice-Présidente: De consentement, nous allons donc
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise 17 h 37)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous le permettez, nous allons reprendre nos travaux. M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avait demandé
s'il y avait consentement au dépôt des documents concernant les
deux amendements. Est-ce qu'il y a consentement au dépôt de ces
deux amendements? Consentement. M. le ministre.
Dépôt d'amendements
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. C'est ce qui
vient compléter mon intervention. Maintenant, j'anticipe
d'écouter mon honorable collègue.
La
Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Mme la Présidente, parvenus au dernier stade
législatif concernant le projet de loi 100, il est bien évident
que je souhaiterais profiter de cette circonstance pour répéter
sans aucun doute un certain nombre de choses et pour réaffirmer notre
position vis-à-vis du projet de loi 100, peu importe qu'il ait
été amendé ou amélioré dans certaines de ses
dispositions.
D'abord, je rappellerais que nous nous devons de critiquer la
manière dont ce projet de loi a cheminé. N'eût
été de l'Opposition, il aurait été adopté
à toute vapeur lors de la fin de la session, en décembre 1988.
C'est nous qui, délibérément, volontairement, en avons
empêché l'adoption. Il nous apparaissait indécent que, pour
un projet de loi de cette importance qui modifie en profondeur une loi
fondamentale du Québec, la Loi sur la protection du territoire agricole,
le gouvernement tente de procéder à son adoption à toute
vapeur, à toute vitesse, sans prendre le temps qu'il fallait pour
permettre aux intervenants de se faire entendre, de s'exprimer sur le projet de
loi et pour que les parlementaires en étudient sérieusement le
contenu, la portée et les orientations.
Ce n'est pas un petit projet de loi. C'est un projet de loi majeur, un
projet de loi substantiel.
C'est un projet de loi qui modifie en profondeur, de façon
radicale, la Loi sur la protection du territoire agricole adoptée en
1978. Il y avait quelque chose d'indécent et d'inacceptable de la part
du gouvernement libéral à tenter de procéder à
l'adoption d'une pareille loi à toute vapeur, à toute vitesse,
dans le brouhaha d'une fin de session. Et, comme Opposition, il nous a fallu
empêcher cela. Je pense que nous avons assumé nos
responsabilités et joué pleinement notre rôle d'Opposition
responsable. C'est ce qui fait qu'on a pu obtenir, finalement, une audience
particulière en janvier, alors qu'en décembre le ministre
était fermé, mais absolument fermé à toute audience
particulière permettant aux intervenants de se faire entendre. Ses
collègues ministériels et lui-même ont refusé toute
motion, toute proposition que nous avions mise de l'avant à cet effet.
Finalement, en janvier, il s'est rendu compte, sans aucun doute, du
caractère tout à fait indécent de sa conduite et du
comportement du gouvernement en cette matière. Il a donc accepté
une audience particulière qui a duré une journée et qui a
permis aux deux unions municipales et à l'UPA de venir témoigner
devant la commission parlementaire et de faire entendre leur point de vue,
grâce à nous. Il faut le dire, c'est grâce à
l'Opposition si on a réussi à obtenir cette audience
particulière d'une journée.
Cela étant dit, notre position demeure, malgré les
améliorations parce que, je le répète de nouveau, la
notion de secteur exclusif nous apparaît être un concept
inacceptable qui crée deux secteurs agricoles à
l'intérieur de la même zone agricole, un secteur exclusif en vert
foncé et un autre en vert pâle. Le vert pâle, nous
anticipons qu'il passera progressivement au blanc sous l'effet javellisant, je
dirais, des demandes répétées d'exclusion à la
pièce qui seront présentées à la Commission de
protection du territoire agricole. Cela aura pour effet aussi, malheureusement,
de créer deux classes de producteurs, les vrais producteurs, à
savoir ceux qui se situent en secteur exclusif et les autres qui sont, en
quelque sorte, en sursis, qui pourraient peut-être avoir des
problèmes avec l'Office du crédit agricole ou le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation lorsque ces derniers
demanderaient de l'aide financière ou voudraient contracter des emprunts
pour leur entreprise agricole.
Nous continuons de nous opposer aussi à la mise en place d'un
commissaire aux plaintes pour entendre les plaintes de producteurs s'estimant
lésés par l'application d'un règlement municipal relatif
aux nuisances dans la poursuite de leurs pratiques agricoles
régulières en zone verte. Le problème n'a pas l'ampleur
qu'on lui attribue de l'autre côté et il n'était pas requis
de créer un tel poste pour tenter de rapprocher les parties.
C'est la même chose pour le fonds d'indemnisation. Nous
réitérons notre position à la mise en place d'un fonds des
activités agricoles visant à assurer la défense des
producteurs exposés à une action ou à une procédure
ou à une ordonnance résultant de poussière, d'odeur ou de
bruit, résultant d'activités en zone agricole. Il s'agit
là de droit nouveau, comme le signalait le ministre tout à
l'heure, mais on ne pense pas qu'on aurait dû introduire un pareil
élément de droit nouveau en matière de protection du
territoire agricole.
Je voudrais faire quelques remarques aussi sur les tractations
multiples, avec des péripéties et des rebondissements, qui ont eu
lieu entre le ministère de l'Agriculture, le ministère des
Affaires municipales, les unions municipales, l'Union des municipalités
du Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec. Ces tractations ont beaucoup
évolué. Les unions ont tenté d'obtenir de l'aide du
ministre des Affaires municipales, qui doit normalement être leur
protecteur attitré, afin d'apporter des amendements au projet de loi 100
et, je dois le reconnaître, sans beaucoup de succès, parce que
l'amendement que vient de déposer le ministre concernant l'article 69.08
n'a finalement pas obtenu l'assentiment de l'Union des municipalités du
Québec. Aux dernières nouvelles... J'ai ici, entre les mains, une
résolution adoptée par l'assemblée générale
annuelle de l'UMQ, qui est actuellement en congrès à
Montréal, concernant le projet de loi 100 où on se rend compte,
après plusieurs attendus concernant les diverses parties du projet de
loi 100, que l'Union des municipalités du Québec maintient son
opposition au projet de loi 100 quant à la création de la
fonction de commissaire-conseil, quant au fonds de défense et quant aux
dispositions relatives aux équipements d'utilité publique et
aussi quant à la négociation des limites des secteurs
exclusifs.
Donc, on avait cru hier que l'UMQ accordait son appui, son soutien
à un amendement négocié, concocté par le ministre
de l'Agriculture avec l'aide du ministre des Affaires municipales. Ce
consentement ou cet assentiment de l'UMQ a été retiré,
puisqu'on a devant nous une résolution du congrès lui-même
qui rejette l'ensemble du projet de loi 100 et, particulièrement, les
amendements proposés par le ministre de l'Agriculture.
Concernant les municipalités - et je voudrais terminer
là-dessus, M. le Président - dans son intervention d'hier, le
ministre rappelait l'opposition de l'UMQ et de l'UMRCQ au projet de loi 100 et
faisait référence à un communiqué dans lequel les
deux unions réitéraient leur opposition au projet de loi 100 sur
la protection du territoire agricole. Et le ministre disait: "Je comprends
qu'ils soient contre. Ils ont toujours été contre le zonage
agricole. Il y a des municipalités au Québec qui n'ont pas fait
leur job et c'est pour cela que le législateur ici a dû adopter
une Loi sur la protection du territoire agricole.' C'est très gros comme
accusation. Le ministre accuse les municipalités et les unions
d'être contre la protection du territoire agricole. C'est une accusation
énorme, considérable et il
accuse aussi les municipalités du Québec de ne pas avoir
fait leur Job en matière de protection du territoire agricole et que
c'est pour cette raison que le gouvernement, en 1978, a dû adopter une
loi très rigoureuse sur la protection du territoire agricole.
Cela m'étonne d'entendre de tels propos dans la bouche du
député de Portneuf parce que, en 1978, à l'occasion du
débat sur le projet de loi 90, le projet de loi sur la protection du
territoire agricole, ce dernier, au contraire, a non seulement parlé
contre la loi 90, a non seulement voté contre, mais en plus, dans son
discours, il invoquait l'argument de permettre aux municipalités du
Québec de s'impliquer, de jouer un rôle déterminant en
matière d'aménagement et de protection du territoire agricole.
(17 h 50)
Je voudrais le citer parce que c'est assez suave de l'entendre
aujourd'hui quand on relit son discours de 1978. Le député de
Portneuf disait ce qui suit: "Le ministre de l'Agriculture, M. le
Président, aurait pu profiter des études qui ont
été faites depuis deux ans, de cette volonté, de ce
désir et des demandes répétées des
municipalités d'avoir voix au chapitre, dans tout ce débat de
l'aménagement du territoire. Pourquoi le ministre de l'Agriculture
n'a-t-il pas jugé plus opportun de s'associer avec les conseils de
comté pour vraiment échanger avec eux, les associer dans sa
structure pour qu'ils participent et qu'ils soient directement, non seulement
consultés, mais concernés par l'aménagement du territoire?
Quelle est l'entité - c'est toujours le député de Portneuf
qui parle - gouvernementale la plus près des citoyens au Québec?
Quelle est l'entité gouvernementale la plus en mesure de saisir la
dimension des besoins de la population, la dimension des besoins de
développement, des orientations, des possibilités de
développement dans nos régions, dans nos comtés? Ce n'est
pas l'entité gouvernementale qu'est le gouvernement du Québec,
c'est l'entité municipale."
C'est extraordinaire de voir qu'à l'époque, pour s'opposer
d'ailleurs à la Loi sur la protection du territoire agricole, à
la loi 90, le député de Portneuf invoquait le rôle des
municipalités en matière d'aménagement et de protection du
territoire, incitait le gouvernement et le ministre de l'Agriculture de
l'époque à recourir aux municipalités, de donner un
rôle aux municipalités parce que c'était le gouvernement le
plus proche des citoyens. Très beau discours! Or, qu'est-ce qu'il nous a
dit pas plus tard qu'hier? Les municipalités ont toujours
été contre le zonage agricole. Elles n'ont pas fait leur job et
c'est pour ça qu'on a dû adopter une loi rigoureuse et fortement
centralisatrice en matière de protection du territoire agricole. Un
discours complètement différent.
Le ministre, à l'époque, en 1978, continuait en disant:
"M. le Président, on met de côté le pouvoir de
décision au niveau local. C'est facile de légiférer
à Québec. C'est facile d'adopter de grandes pièces
législatives avec de belles structures, de nouvelles structures. On met
de côté le droit pour le citoyen, au niveau local, le droit pour
la municipalité, le droit pour le conseil de comté de participer
à l'application de cette loi. C'est ce même gouvernement - il
parlait de nous à l'époque - c'est cette même
équipe, et probablement que l'absurde ira jusqu'à ce que ce soit
le même ministre qui vienne nous parler de s'associer aux entités
locales et régionales." C'est ce qu'on appelle un virage radical, un
changement de cap énorme, considérable, un changement de
vision.
Ce que nous dit le ministre maintenant, c'est qu'il ne faut pas faire
confiance aux municipalités, il ne faut pas leur confier de rôle
en matière de protection. Il faut surtout éviter de les impliquer
parce qu'elles ont toujours été contre le zonage agricole. Mais
lui aussi était contre à l'époque. Il a voté
contre, alors il n'a pas à accuser les municipalités d'être
contre le zonage agricole. C'est d'ailleurs faux. Je ne pense pas que ça
tienne comme accusation. C'est faux de prétendre que les
municipalités étaient contre le zonage agricole. Mais, alors
qu'à l'époque, il valorisait le conseil municipal, le
gouvernement municipal, if incitait le gouvernement à lui confier un
rôle et une tâche, à l'impliquer, à faire en sorte
que le conseil municipal soit concerné, aujourd'hui, c'est tout à
fait différent, c'est la méfiance à l'égard du
monde municipal, c'est le rejet du monde municipal, et c'est évident
aussi, la fin de toute tentative et de tout effort pour s'entendre avec lui et
en arriver à des consensus ou à des compromis qui puissent le
satisfaire.
C'est d'ores et déjà chose faite et il faut
reconnaître que toutes ces tractations n'ont pas réussi, que le
ministre des Affaires municipales, M. Paradis, n'a pas réussi, n'a pas
su défendre avec suffisamment de vigueur et de détermination les
intervenants municipaux et qu'on se retrouve avec un projet de loi
rejeté par l'ensemble du monde municipal. On s'y oppose pour bien des
raisons, mais on peut s'inquiéter quant à l'application de la loi
100 sur la protection du territoire agricole. On peut s'inquiéter de son
application quand le monde municipal, l'ensemble des municipalités du
Québec, qui sont directement concernées par un tel projet de loi,
par des changements à la Loi sur la protection du territoire agricole,
manifestent une opposition farouche, déterminée, une opposition
de fond au projet de loi présenté par le ministre de
l'Agriculture. On peut s'interroger sur la façon dont les choses vont
s'appliquer concrètement sur le terrain, en pratique. On peut s'en
inquiéter, en tout cas s'en préoccuper. Qu'est-ce que ça
va donner comme application sur le terrain, en pratique, quand l'un des
intervenants majeurs concernés par ce projet de loi et son application,
c'est-à-dire le monde municipal, s'y oppose avec fermeté, s'y
oppose de façon farouche et déterminée? Bonne chance!
Bonne chance pour son
application!
Cela dit, M. le Président, il reste que, encore une fois,
à l'occasion de cette dernière phase législative, comme
Opposition nous tenons à manifester de façon claire notre
opposition à ce projet de loi. Nous voterons contre, encore une fois,
lors de l'adoption finale. Il nous reste à souhaiter que nos
inquiétudes ne seront pas fondées. Nous sommes extrêmement
inquiets quant à l'avenir de la protection du territoire agricole au
Québec. Nous espérons que nos inquiétudes ne seront pas
fondées ni justifiées, mais compte tenu du passé, compte
tenu de ce qui s'est passé depuis trois ans, nous pensons que,
malheureusement, le territoire agricole protégé au Québec
va connaître, au fil des années qui viennent, un rapetissement et
un amoindrissement considérables et tout à fait dangereux. C'est
pour toutes ces raisons, M. le Président, que nous voterons contre
à l'occasion de cette dernière étape législative.
Merci.
Le Vice-Président: Très bien, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Je vais maintenant céder la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Le ministre a fait
référence à deux amendements. Dans les circonstances, je
fais donc motion pour que l'Assemblée se transforme en commission
plénière afin de procéder à l'étude des deux
amendements en question.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Brassard: Adopté.
M. Page: Oui, M. le Président...
Le Vice-Président: La motion est adoptée.
M. Page: ...avec une demande de consentement pour qu'on puisse
siéger après 18 heures.
Le Vice-Président: C'est déjà fait, M. le
ministre.
M. Page: C'est déjà fait? Ah!
Le Vice-Président: Oui, c'est déjà fait, de
consentement, cet après-midi.
M. Page: Vous suspendez l'horloge?
Le Vice-Président: Oui, on a suspendu l'horloge,
exactement.
En conséquence, l'Assemblée va maintenant se transformer
en commission plénière pour procéder à
l'étude des deux amendements proposés par M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. (18 heures)
Commission plénière Étude des
amendements
M. Saintonge (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission plénière se réunit pour procéder
à l'étude de deux amendements qui ont été
proposés par M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation dans le cadre de l'étude du projet de loi 100, Loi
modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole. Le premier
amendement proposé est le suivant. C'est un amendement qui va ajouter un
article. Je lis l'amendement déposé. Je déclare
l'amendement en question recevable: "Ce projet de loi est modifié par
l'insertion après l'article 14 du suivant: "14.1 L'article 40 de cette
loi est modifié par l'insertion, après le deuxième
alinéa, du suivant. Une corporation ou une société
d'exploitation agricole peut également construire sur un tel lot une
résidence pour un employé affecté aux activités
agricoles de l'exploitation."
Je cède la parole sur cet amendement à M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Si vous avez des
commentaires, M. le ministre, sur le premier amendement ajoutant l'article 14.1
au projet de loi.
M. Page: M. le Président, cette modification à
l'article 14.1 du projet de loi fait référence à l'article
40, de la loi et vise uniquement à corriger finalement une coquille qui
se serait glissée tant au moment du dépôt qu'au moment de
l'étude du projet de loi article par article dans le sens qu'en vertu de
l'article 40 la personne physique qui est propriétaire d'un lot peut y
construire une résidence pour son employé. Or, en vertu du
libellé, tel que prévu au projet de loi et comme la tendance est
définitivement vers davantage de sociétaires, davantage de
corporations pour la gestion d'entreprises agricoles, il est apparu qu'on avait
omis de permettre à une entreprise, une compagnie ou une
société de faire de même pour son employé. Partant
de là, l'amendement vise purement et simplement à faire en sorte
qu'une corporation, une société d'exploitation agricole peut
également construire sur un tel lot une résidence pour un
employé affecté aux activités agricoles de
l'exploitation.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II s'agit, bien entendu, d'une seule
résidence. Si la corporation avait plusieurs employés, le droit
n'est que pour une seule résidence. Il peut y avoir plusieurs
employés, mais la corporation ne peut construire qu'une seule
résidence pour un employé.
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Page: Cette résidence appartient à la
corporation. On fait référence à une seule
résidence. S'il y avait d'autres résidences, en fait, en droit il
pourrait y avoir plus qu'une résidence. Ce qui est important, c'est que
ce n'est pas un lotissement. Cela n'implique pas un lotissement. Cela
n'implique pas une possibilité d'aliéner cette résidence.
Cette résidence est toujours la propriété de la
corporation et de l'entreprise qui est propriétaire de la ferme. Les
articles 28 à 30 s'appliquent dans ce cas.
M. Brassard: Elle est unique. M. Page: Pardon?
M. Brassard: Elle est unique. La corporation pourrait-elle
construire plus d'une résidence pour ses employés?
M. Page: Si ses besoins étaient plus grands, oui, sauf
qu'elle n'a pas d'intérêt à le faire. Elle n'a pas
intérêt à multiplier un nombre de résidences pour se
retrouver éventuellement dans une situation où elle n'en aurait
pas besoin et que, par surcroît, elle ne pourrait pas en disposer. Cela
ne change rien à l'état du droit parce que l'article 40 est
régi par 28 à 30 qui prévoient... On peut revenir aux
articles 28 à 30 de la loi où c'est bien indiqué qui: "Une
personne ne peut, sans l'autorisation de la commission, effectuer un
lotissement dans une région agricole désignée. Toutefois
une personne peut, sans l'autorisation de la commission, identifier comme lot
distinct par le dépôt d'un plan et libre de renvoi ou
aliéner une partie résiduelle d'un lot si elle ne se conserve pas
un droit d'aliénation sur une autre partie résiduelle du
même lot..." A l'article 29, on indique très clairement: "Dans une
région agricole désignée, une personne ne peut, sans
l'autorisation de la commission, procéder à l'aliénation
d'un lot si elle conserve un droit d'aliénation d'un lot sur un lot
contigu..." L'article 40 fait référence... Quand on dit, à
l'article 40, pas par l'amendement, mais par le projet de loi: "La construction
d'une résidence en vertu du présent article n'a pas pour effet de
soustraire le lot ou la partie du lot sur laquelle elle est construite à
l'application des articles 28 à 30." Alors, en fait, c'est de permettre
à une corporation, ce qui n'était pas permis parce qu'on faisait
référence à une personne physique, de loger ses
employés dans un immeuble qui constitue une résidence
d'habitation pour son ou ses employés. Évidemment, l'entreprise
n'a aucun intérêt à en construire plus que le besoin. Vous
savez, si on se réfère à 1978, et l'honorable
député était là, lui aussi, on se
référait davantage à deux hypothèses. La
première est celle où l'entreprise agricole, la famille qui est
propriétaire d'une ferme a besoin d'une résidence pour loger un
employé qui travaille sur une base permanente ou
régulière. C'est le premier cas. L'autre cas, qu'on voit souvent
aussi, plus particulièrement dans certaines productions
saisonnières, c'est la construction d'une résidence additionnelle
pour loger les employés qui viennent travailler sur la ferme en
période saisonnière et plus particulièrement dans la
production horticole. Cela ne change absolument rien à l'état du
droit tel qu'il était précédemment. Il ne vient
qu'établir une concordance qui répond à une
réalité.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député? Pas d'autre question. Est-ce que
l'amendement proposé, introduisant l'article 14.1 après l'article
14 du projet de loi 100, est adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Nous avons
maintenant un deuxième amendement qui est proposé, un amendement
à l'article 21 du projet de loi. Cet amendement se lit comme suit:
"L'article 69.08 introduit par l'article 21 du projet de loi est
modifié: "1° par l'insertion dans la deuxième ligne du
deuxième alinéa après le mot "public" des mots "tel qu'un
réseau d'aqueduc ou d'égout, une usine de traitement ou
d'épuration des eaux, un site d'enfouissement sanitaire, un lieu de
dépôt des neiges usées ou un chemin municipal"; "2° en
supprimant le dernier alinéa."
Je déclare cet amendement recevable. Est-ce que vous avez des
commentaires? M. le ministre.
M. Page: Certainement. Cet amendement, M. le Président,
est le résultat de discussions nombreuses avec mon collègue, le
ministre des Affaires municipales à la suite des travaux de la
commission parlementaire où, comme on le sait, autant l'Union des
municipalité du Québec que l'Union des MRC du Québec ont
formulé des représentations en référence au droit
pour une municipalité d'implanter ou de mettre en oeuvre une
utilité publique. Cela se réfère notamment au secteur
exclusivement réservé à l'agriculture.
La première modification qui a été apportée
- je vais être très clair par mon propos - l'a été
par un amendement à l'article 69.03 qui a été
déposé dans les délais prévus par le
règlement de l'Assemblée nationale à la suite du
dépôt à l'Assemblée nationale du rapport de la
commission parlementaire qui a siégé pour étudier le
projet de loi. L'amendement à l'article 69.03 a établi ceci. Il
établit que pour la mise en place d'un territoire exclusivement
réservé à l'agriculture dans une municipalité, ce
territoire fera l'objet d'une décision du gouvernement, d'un
décret à la suite du processus suivant.
D'abord, j'ai indiqué en commission parlementaire et on a
même suspendu quelques minutes pour déposer des cartes, pour
montrer visuellement ce que pourrait avoir l'air la cartographie, le zonage de
plusieurs régions du Québec à la suite de la mise en place
de ces
secteurs exclusivement réservés à l'agriculture. Je
vous ai indiqué, à ce moment-là, qu'on entend se guider
sur une superficie minimale de 1000 hectares de terre, à savoir par des
blocs homogènes de territoire, dont la très grande
majorité, cela va de soi, seront de catégories 1, 2 et 3. Mais,
lorsqu'on regarde la cartographie, B est fréquent d'avoir un immense
territoire de sols à très haut potentiel, c'est-à-dire de
catégories 1, 2 et 3, mais avec des poches ou des lots de sols d'une
catégorie différente. Qu'est-ce que cela veut dire
concrètement? Cela veut dire qu'il y aura très certainement, dans
plusieurs des secteurs exclusivement réservés a l'agriculture,
des sols qui ne seront pas nécessairement tous de catégories 1, 2
et 3. Il pourrait y avoir certaines poches, certains Hots pour que le bloc en
question ou ce secteur exclusivement réservé à
l'agriculture soit le plus homogène. (18 h 10)
L'inverse sera aussi vrai en ce qu'il pourra y avoir, dans des
municipalités, de faibles superficies de sol de catégories 1, 2
et 3 qui ne seront pas nécessairement dans le secteur exclusif, pour ne
pas faire ce qu'on appelle et ce qu'on dénonce
régulièrement, soit du "spot zoning". Partant de là,
l'article 69.03 prévoyait et prévoit toujours comment on va
l'établir. Les dispositions originales prévoyaient une
consultation par la Commission de protection du territoire agricole des
diverses instances, l'Union des producteurs agricoles au premier chef, les
municipalités ou la MRC directement concernée. Or, le premier
amendement que j'ai accepté et qui a été
déposé au moment du dépôt du rapport de la
commission par le député de Nicolet, vise à permettre que,
lors de l'établissement de secteurs exclusifs, les intervenants,
plutôt que d'être uniquement et seulement consultés,
pourront négocier. Cela veut dire quoi, concrètement? Cela veut
dire qu'on établit le même processus de négociation pour
l'établissement des secteurs exclusifs que pour celui qui a eu cours
lors de la révision de la zone agricole et urbaine. L'Union des
municipalités, l'Union des municipalités régionales de
comté, l'UMQ, d'un côté, pourront négocier avec la
Commission de protection du territoire agricole et l'Union des producteurs
agricoles du Québec pour voir quelles doivent être les
délimitations finales.
Ce matin ou hier, dans le journal, Je lisais que ça allait
nécessiter, peut-être, des délais de 60 jours, de 180
jours, etc. Dans le projet de loi, les dispositions prévues, dans
l'article en question, sont de 60 jours. Pourquoi? Parce que nous
présumons et nous croyons qu'il faudra moins de temps, en termes de
discussions, pour établir la délimitation finale d'un secteur
exclusif qu'il en aura fallu à la CPTA, dans sa négociation avec
les MRC et l'Union des producteurs agricoles, pour établir l'ensemble de
la zone verte d'une MRC. Cela, il faut bien en tenir compte, aussi. C'est
pourquoi je tenais à parler de 69.03, parce que 69.08 concerne le
dernier amendement qui touche aux utilités publiques, aux réseaux
d'aqueduc et d'égout, aux routes municipales, aux sites d'enfouissement,
etc.
C'est définitif qu'au lendemain de l'adoption de cette loi, la
commission va se donner des règles de pratique, des règles de
fonctionnement. Je présume, pour ne pas dire que j'ai la conviction, que
par cette disposition, à l'article 69.03, on est susceptible
d'éliminer un très grand nombre, s) ce n'est la totalité,
des cas litigieux qui pourraient survenir en vertu de 69.08, et je m'explique.
Imaginons que la loi soit adoptée. La Commission de protection du
territoire agricole dépose, à la Gazette officielle, des avis
comme quoi les cartes ou les configurations exactes ou prévues comme
devant être dans le secteur exclusif seront disponibles, etc. Les cartes
sont rendues disponibles, l'Union des producteurs agricoles va en prendre
connaissance de même que l'Union des municipalités. Ces gens vont
se rencontrer avec la Commission de protection du territoire agricole. J'ai la
conviction que dès les premières séances, l'Union des
producteurs agricoles, à juste titre, de façon pertinente, va
demander aux municipalités: Ici, dans votre région, dans ce petit
village, dans cette municipalité, est-ce que vous avez un projet
d'assainissement des eaux? Est-ce que vous avez des structures d'aqueduc,
d'égout à refaire? Est-ce que dans votre communauté
régionale ou dans un certain nombre de municipalités, vous avez
l'intention de déplacer ailleurs le site d'enfouissement sanitaire que
vous utilisez actuellement, etc.?
Je présume donc qu'à l'étape de cette
négociation, on pourra, sur la base de consensus, de discussions entre
gens adultes et civilisés, qui représentent des
intérêts qui ne sont peut-être pas nécessairement
toujours convergents, mais, par contre, qui vivent sur le même
territoire, solutionner plusieurs des cas, entre guillemets, litigieux ou
délicats, tels les sites d'enfouissement sanitaire, les usines
d'épuration. Ces cas pourront être réglés au moment
de la négociation. Ce sera le temps de voir et de négocier
ensemble la délimitation finale et exacte du secteur exclusif.
D'ailleurs, je peux assurer mes collègues députés que,
dès le lendemain de l'adoption de la loi, j'inviterai autant le monde
municipal que les représentants de l'Union des producteurs agricoles
à se sensibiliser déjà à une forme d'inventaire des
besoins anticipés pour l'aménagement pour que, une fois que le
secteur exclusif sera en application, on y touche le moins possible. Si on y
touche, il faut bien comprendre que ce doit l'être en fonction d'une
mesure dont la pertinence est exceptionnelle et, en principe, non
prévisible.
J'en arrive donc à l'article 69.08 et je vais vous lire... Je
pense que cela a été distribué, Me Cavanagh. M. le
Président, je suis accompagné de Me Robert Cavanagh, avocat au
contentieux de mon ministère. On pourrait le distribuer, M. le
député, et probablement vos adjoints aussi, vous
avez le texte original, le texte modifié et l'amendement au texte
modifié. J'ai donc ici ce que serait le texte final. M. le
Président, pour l'information de mes collègues, je demande
à monsieur de distribuer...
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre, est-ce que
vous en avez plus d'une copie?
M. Page: On ne fait jamais d'abus dans les copies, vous
savez.
Le Président (M. Saintonge): J'aimerais en avoir une copie
également. Nous allons faire une photocopie.
M. Page: On va en faire une copie pour vous, M. le
Président...
Le Président (M. Saintonge): Et pour les gens de...
M. Page: ...avec toute la déférence qu'on a pour la
présidence...
Le Président (M. Saintonge): ...de l'Opposition
également.
M. Page: ...et particulièrement pour la personne qui
occupe le fauteuil.
Le Président (M. Saintonge): Vous êtes trop gentil,
M. le ministre. Ha, ha, ha!
M. Page: Alors, la Chambre est suspendue, on attend la
photocopie.
Le Président (M. Saintonge): Nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 17)
(Reprise à 18 h 19)
Le Président (M. Saintonge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Alors, nous allons maintenant reprendre nos travaux. Le document a
été distribué, j'en ai copie. Le présent document
permet d'avoir, dans une version intégrale, l'article 69.08, tel qu'il
se lira après l'amendement proposé et compte tenu des amendements
antérieurs. Est-ce bien ça?
M. Page: C'est bien ça.
Le Président (M. Saintonge): Je vais lire l'article en
question, l'article 69.08 qui sera introduit dans le projet de loi 100. Cet
article 69.08 est introduit par l'article 21 du projet de loi. L'article 69.08
se lit comme suit: "À compter de l'entrée en vigueur d'un
décret approuvant un plan de zone agricole comprenant un secteur
exclusif, la commission ne peut autoriser, dans ce secteur, l'utilisation
à des fins autres que l'agriculture, le lotissement ou
l'aliénation d'un lot, la coupe des érables ou émettre un
permis d'enlèvement de sol arable, à moins qu'il lui soit
démontré qu'il n'y a pas, ailleurs dans le territoire de la
corporation municipale, d'espace approprié disponible aux fins
visées par la demande et que celle-ci est compatible avec l'agriculture
ou sans effet sur la protection du territoire agricole compte tenu des
dispositions des paragraphes 1 à 8 du deuxième alinéa de
l'article 62. "À compter du même moment, la commission ne peut
accorder dans ce secteur une telle autorisation pour des fins d'utilité
publique telles qu'un réseau d'aqueduc ou d'égout, une usine de
traitement ou d'épuration des eaux, un site d'enfouissement sanitaire,
un lieu de dépôt des neiges usées ou un chemin municipal
à une municipalité régionale de comté, une
corporation municipale, une communauté, un ministère, un
organisme public ou un organisme fournissant des services d'utilité
publique que s'il lui est démontré qu'il n'y a pas, ailleurs dans
le territoire de la corporation municipale, d'espace approprié
disponible ou que l'implantation de ces services n'affecte pas
l'homogénéité des exploitations agricoles et
n'entraîne pas de modifications importantes à l'exercice des
activités agricoles."
Voilà le contenu du nouvel article 69.08 introduit dans le projet
de loi 100 par l'article 21 du projet de loi. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président,. si, cet après-midi,
le ministre était en vedette de l'autre côté, à la
salle du Conseil législatif, à l'occasion du centième
anniversaire de l'Ordre du mérite agricole, presque en même temps
il était également vedette à Montréal, au
congrès de l'Union des municipalités du Québec.
M. Page: Ah oui!
M. Brassard: Vedette absente, cependant...
M. Page: Est-ce qu'ils m'ont décerné un prix?
M. Brassard: ...mais également vedette. Je ne suis pas
sûr que ce soit une médaille. Presque au même moment,
l'Union des municipalités du Québec adoptait une
résolution que j'ai sous les yeux, qui est très claire, qui
comporte plusieurs attendus et une conclusion évidente, c'est que
l'Union des municipalités maintient son opposition au projet de loi 100
à divers titres, y compris celui concernant les équipements
d'utilité publique. Ce qui met ainsi un terme... Parce que je suppose
que le ministre a également entre les mains la résolution que
l'Union des municipalités du Québec vient d'adopter à son
congrès.
M. Page: Je n'ai pas la résolution mais j'ai
leur communiqué et je pense qu'il va dans le même sens.
M. Brassard: Bon. Je suppose que leur communiqué
reflète fidèlement leur résolution et ça met ainsi
un terme à une espèce de pièce de théâtre
plus ou moins burlesque qui durait depuis quelques jours où l'on voyait
le ministre procéder à des tractations avec son collègue
des Affaires municipales, des échanges de vues avec les deux unions,
émettre des communiqués annonçant triomphalement l'accord
des unions sur un certain nombre d'amendements, communiqués
démentis par un autre communiqué émanant de l'Union des
municipalités du Québec disant: Ce n'est pas vrai, on n'a pas
donné notre accord. Puis, finalement, aboutir, hier, à un
amendement qu'on a sous les yeux. Et là le "bunker", comme on dit,
était impliqué. Le secrétaire général du
Conseil exécutif est même intervenu dans le dossier pour
rapprocher les parties. On avait même cru à un moment donné
que l'union des municipalités donnait son accord à cet
amendement-la. J'y ai cru moi-même après avoir eu un entretien
téléphonique avec M. Rouillard, le président de l'UMQ, et
finalement, après analyse, sans aucun doute, de la portée
juridique d'un tel amendement, la dernière prise de position, j'imagine
finale, de l'UMQ concernant l'ensemble du projet de loi mais aussi cet
amendement-là. Alors ça fait un peu curieux comme
évolution ou trajectoire concernant un projet de loi. Cela
démontre une espèce d'improvisation un peu étonnante
concernant un projet de loi de cette importance.
M. Page: De l'improvisation de la part de qui, M. le
député?
M. Brassard: De la part du gouvernement qui...
M. Page: Non, mais ce n'est pas nous qui changeons
d'idée.
M. Brassard: C'est le gouvernement comme tel. Alors que, d'un
côté, le ministre des Affaires municipales veut jouer son
rôle de défenseur des unions et du monde municipal, de l'autre, le
ministre de l'Agriculture tient à son projet de loi, ne veut pas
l'édulcorer, le diluer ou le transformer trop en profondeur. Bref,
toutes sortes de péripéties faites de volte-face, de
dénonciations des divers intervenants et des interlocuteurs qu'on
pourrait dire de haut niveau! Cela veut dire qu'il y avait au gouvernement,
sinon des querelles, sinon des chicanes, des confrontations, à tout le
moins des divergences. Le ministre des Affaires municipales semblait
visiblement à l'écoute du monde municipal et visiblement
favoriser des amendements qui iraient dans le sens de leurs revendications. Le
ministre de l'Agriculture, visiblement aussi, était davantage
branché sur le monde agricole et sur l'UPA, et il était
réticent à apporter des amendements qui auraient pu susciter
opposition et inquiétude du côté du monde agricole.
Quand on regarde tout ça, on se rend compte qu'il y a
improvisation dans le sens où le gouvernement n'était clairement
pas bien branché sur ce que devait contenir le projet de loi. La
meilleure preuve qu'on improvise, c'est qu'on est à un stade où,
normalement, on ne devrait pas se retrouver en commission
plénière. Normalement, on devrait être chez nous; on
devrait avoir quitté les lieux. On est en commission
plénière encore en train d'étudier des amendements. C'est
le signe qu'il y a eu une évidente improvisation quant à
certaines dispositions du projet de loi.
Sur l'amendement, je vous dis tout de suite que nous allons voter
contre, nous y opposer, non pas seulement parce que le monde municipal n'a pas
donné son assentiment à cet amendement ou il l'a retiré -
il l'avait peut-être accordé à un moment donné, mais
il l'a retiré, en tout cas - mais parce qu'on pense, qu'on
préfère, quant à nous, les amendements apportés et
adoptés en janvier. On préfère ces amendements-là
à l'amendement devant nous qui aurait pour effet de supprimer le dernier
alinéa, celui où on exclut les réseaux d'aqueduc et
d'égout et les usines de traitement et d'épuration des eaux. Le
ministre lui-même - je pourrais le citer longuement - quand il a
apporté cet amendement-là en commission parlementaire en janvier,
a exprimé de telles raisons, de tels motifs, de tels arguments, que cela
nous a convaincus qu'on allait voter pour. Quand il disait, et je le cite:
"Pour le reste, l'autre balise introduite par le projet de loi, c'est qu'on se
réfère à un réseau d'aqueduc et d'égout, une
usine de traitement ou d'épuration pour une municipalité;
là, on répond à une demande formulée par la
municipalité. Il faut comprendre aussi que cela pourrait être
très onéreux, très coûteux. Je pense que cela va
dans le sens de l'intérêt public et aussi dans le sens des
demandes formulées par les municipalités et je présume que
mes honorables collègues de l'Opposition vont accepter cet amendement."
C'est ce qu'on a fait. On l'a accepté. On a dit: Cela a du bon sens que,
pour les réseaux d'aqueduc et d'égout, les usines de traitement
et d'épuration des eaux, il y ait une exclusion.
Là, avec l'amendement proposé, ce n'est plus le cas. C'est
vrai qu'on définit plus largement "pour fins d'utilité publique",
mais, on supprime le dernier alinéa qui dit: "Le deuxième
alinéa ne s'applique cependant pas à un réseau d'aqueduc
ou d'égout, à une usine de traitement ou d'épuration des
eaux." Cela saute. Je pense que, pour nous, ce n'est pas acceptable. On pense
qu'on devrait s'en tenir aux amendements proposés et adoptés en
janvier, d'autant plus que l'amendement qu'il nous propose visait à
faire un compromis, à permettre aux unions, au monde municipal de donner
son assentiment, son consentement à ça. Le monde municipal ne le
donne pas, c'est clair. Dans ce cas, le rôle de com-
promis joué par cet amendement n'est plus joué et je ne
vois pas pourquoi le ministre persiste à le maintenir, à le
proposer de nouveau. (18 h 30)
Je le dis très clairement, en conclusion, M. le Président,
nous pensons qu'on devrait tout simplement s'en tenir aux amendements
adoptés en janvier, au texte adopté en janvier. Nous n'acceptons
pas l'amendement proposé. Nous allons voter contre.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre.
M. Page: Très rapidement. D'abord, je m'excuse
auprès du député. Je référais à un
communiqué non pas de l'Union des municipalités, mais de l'Union
des municipalités régionales de comté qui n'est pas
très tendre à l'endroit du ministre. Mon adjoint m'en a fait part
tout à l'heure.
Le député de Lac-Saint-Jean parle de tractations, de
divergence, d'affrontement. Ce sont des termes nettements
exagérés. Il faut plutôt parler d'interaction. Vous savez,
c'est tout à fait normal que le ministre des Affaires municipales, mon
honorable collègue, le député de Brome-Missisquoi,
représente, défende des clientèles et il en a l'obligation
en vertu de la loi. Il a à administrer une loi, des lois qui
réfèrent à des éléments très
importants dans le processus non seulement de la démocratie, mais aussi
de la mise en oeuvre d'une société que sont nos
municipalités, tout comme moi j'ai à défendre en vertu des
pouvoirs de la loi, des gens, des femmes, des hommes, des structures, un
organisme, des organismes qui, eux, représentent des
intérêts agricoles.
Le problème fondamental dans tout ça n'est pas
compliqué. Il est très simple. C'est que la Loi sur la protection
du territoire agricole a primauté sur toute autre loi, sur tout autre
règlement municipal, etc, parce que le législateur en a
décidé ainsi. Si le Parlement a décidé que la Loi
sur la protection du territoire agricole a primauté sur le
règlement municipal de la municipalité Y qui décide
d'intervenir en zone verte, ce n'est pas compliqué, c'est parce que le
Parlement a jugé qu'il était nécessaire d'en arriver
à une uniformité de normes applicables sur l'ensemble du
territoire.
Comme je l'expliquais avant-hier, mardi, au moment de la prise en
considération du rapport, compte tenu du fait qu'en agriculture on
intervient à partir de modèles économiques donnés,
on ne peut pas se permettre... L'agriculture souffrirait ou aurait à
payer un prix énorme, incalculable, s'il fallait que les normes
régissant de telles entreprises soient susceptibles de varier d'une
municipalité à l'autre ou encore d'une MRC à l'autre.
Partant de là, une interaction s'est créée et cette
interaction est saine. C'est à partir d'une forme d'émulsion
d'opinions qu'on en arrive à des consensus. Je peux vous dire qu'il y a
un consensus entre mon collègue et moi sur cette question même si
à certains égards, comme vous l'avez dit de façon
très pertinente, l'amendement que je présente aujourd'hui
s'inscrit un peu en moins pour les municipalités. Si on lit l'article,
à certains égards il s'inscrit en plus aussi.
Voici ce que l'article veut dire. À partir du moment où un
décret, toujours à la suite d'une négociation - il faut
bien l'avoir à l'esprit, c'est important qu'on se ie dise et surtout que
les municipalités en soient conscientes - qui va venir approuver un
secteur exclusif va entrer en vigueur, la commission ne pourra pas l'utiliser
à des fins autres que l'agriculture, le lotissement et
l'aliénation d'un lot, etc, selon le premier alinéa.
La première modification qu'on a apportée en commission
parlementaire - si je rne rappelle bien, vous avez voté pour - c'est que
!a commission peut, parce qu'il est dit ici: À moins qu'il soit
démontré à la commission qu'il n'y a pas ailleurs, dans le
territoire de ia corporation municipale, d'espace approprié disponible
aux fins visées par la demande. Au début, c'était dans la
région. Si on a accepté, on a convenu en commission parlementaire
et j'ai accepté comme ministre parrain de la loi que ce soit
ramené au niveau de la corporation municipale, c'est parce que
c'était susceptible, comme vous le disiez très bien quand vous me
citiez tout à l'heure, d'engendrer des coûts énormes. On ne
demandera pas, par exemple... Si je prends des exemples dans la région
de Québec ici, on ne pourra pas demander à la municipalité
de Saint-Augusr.inJe-Desmaures, près de Neuville, près de
Sainte-Foy, de faire son usine d'épuration à Beauport. Ce serait
totalement impensable et inacceptable. On a pensé et c'est ce pourquoi
on l'a ramené au niveau de la corporation municipale.
L'article tel que modifié en commission parlementaire
prévoyait cependant une forme d'immunité ou d'exception pour une
municipalité dans les cas de réseaux d'aqueduc ou d'égout,
ou dans les cas d'usines de traitement ou d'épuration des eaux, toujours
dans le même esprit, parce que je suis non seulement ministre de
l'Agriculture, je suis député d'un comté rural, je suis
député d'un comté de 28 municipalités. On ne peut
pas demander à une municipalité de faire son usine
d'épuration et d'aller démontrer qu'elle ne peut pas la faire
ailleurs. C'est normal qu'un équipement comme celui-là soit sur
le territoire de la municipalité.
Or, avec la modification qui a fait l'objet d'un consensus, à la
suite d'une interaction dynamique, progressive, intéressante, mais
surtout concluante entre mon collègue le ministre des Affaires
municipales et moi, concluante dans le sens que, évidemment, quand un
ministre parle, il parle au nom du cabinet, le cabinet est d'accord, tout le
monde est d'accord. Partant de là, une municipalité qui, avant,
avait une forme
d'immunité, c'est-à-dire qu'elle n'était pas
obligée d'aller devant la Commission de protection du territoire
agricole et passer par l'article 62, entre autres, qui nous donne ici les
conditions auxquelles la commission peut autoriser l'utilisation à des
fins autres que l'agriculture. Une fois que cet article sera adopté -
l'espère bien qu'il le sera dans les meilleurs délais, soit ce
soir - la municipalité ne bénéficiera plus d'une telle
immunité. Elle devra aussi passer par le mécanisme qui
prévoit d'aller devant la Commission de protection du territoire
agricole et démontrer qu'il est impossible de faire cet
équipement ailleurs.
Concernant les autres éléments d'utilité publique,
on fait référence ici à un site d'enfouissement sanitaire,
un lieu de dépôt de neiges usées ou encore un chemin
municipal. C'est le même mécanisme qui va s'appliquer,
c'est-à-dire obligation pour la municipalité qui veut intervenir
dans ce qu'on appelle le secteur exclusif, par la loi, de présenter une
requête à la commission et de démontrer qu'il lui est
impossible de se doter d'une telle structure ailleurs que dans le secteur
exclusif. C'est un amendement qui a fait l'objet de consensus. C'est un
amendement qui va aussi dans le sens de représentations qui m'ont
été faites. Pas cette semaine, parce que je n'ai pas eu,
personnellement, aucune communication cette semaine ni avec le distingué
président de l'Union des municipalités du Québec, M.
Rouil-lard, ni avec le président de l'UMRCQ, M. Nicolet. Aucune cette
semaine depuis lundi.
Vous avez parlé tantôt d'un communiqué qui avait
été émis par mon bureau. Si un communiqué a
été émis par mon bureau c'est parce que...
L'émission de ce communiqué témoignait et témoigne
de la confiance des relations que j'ai eues la semaine dernière,
cependant, avec le monde municipal. Vous exprimez votre surprise, M. le
député, de voir que l'union des municipalités aurait
changé d'idée depuis hier. J'ai eu des surprises analogues
à la vôtre, M. le député. Cela étant dit,
l'amendement est déposé. Il vise à encadrer et à
établir un cadre qui s'appliquera pour l'ensemble des utilités
publiques où les municipalités devront aller devant la commission
et lorsqu'elles iront devant la commission, la Commission de protection du
territoire agricole devra faire référence à l'article 62
à savoir que: "Sous réserve des articles 69.07 et 69.08, la
commission peut autoriser, aux conditions qu'elle détermine,
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le lotissement,
l'aliénation, l'inclusion et l'exclusion d'un lot ou la coupe des
érables." (18 h 40)
Pour prendre une décision ou émettre un avis ou un permis
dans une affaire qui lui est soumise, la commission doit se baser sur: 1°
le potentiel agricole du lot et des lots avoisinants; 2° l'utilisation
actuelle du lot, mais, plus particulièrement, 5° sur la
disponibilité d'autres emplacements de nature à éliminer
ou réduire les contraintes sur l'agriculture. Tout cela après la
négociation pour l'établissement du secteur exclusif. En plus,
elle devra démontrer qu'il n'y a pas de place ailleurs, que c'est
impossible de se doter de cette infrastructure ailleurs dans la
municipalité, que cela n'affecte pas l'homogénéité
des exploitations agricoles et que cela n'entraîne pas de modification
importante à l'exercice des activités agricoles. C'est l'objet du
consensus entre deux collègues qui se sont retrouvés dans une
situation d'interaction mais, comme je vous le dis, cela a été
dynamique, progressif et, finalement, positif et utile en ce que nous avons un
amendement aujourd'hui.
C'est la fin du commentaire, M. le Président, que j'avais
à faire à l'honorable député du comté de
Lac-Saint-Jean sur cette question.
Le Président (M. Sairrtonge): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, très
brièvement, je souhaiterais - d'ailleurs, c'est pour cette raison qu'on
va clore rapidement le débat - beaucoup que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation se rende rapidement au
congrès de l'UMQ à Montréal pour leur exposer sa nouvelle
théorie sur l'interaction dynamique entre ministres au sein du Consei
des ministres, à moins que ce soit son collègue des Affaires
municipales qui a été mandaté pour ce faire. C'est ce
qu'il va leur expliquer, probablement, dans son discours de clôture.
Cela étant dit, quand 1 parle d'interaction, il faut quand
même aussi bien comprendre qu'l y a un Conseil des ministres et un
comité de législation. J'imagine que les amendements qu'on a
devant nous ne sont pas juste le fruit d'une tractation entre deux ministres;
c'est également la position du Conseil des ministres, du comité
de législation, du gouvernement, je le suppose.
M. Page: M. le Président, je ne voudrais pas que le
député du comté de Lac-Saint-Jean doute de la
légitimité des modifications proposées ici. Cet amendement
fait suite, non seulement à un consensus, à une approbation du
consei, le comité de législation a siégé, il a revu
les textes, tout a été fait conformément aux us et
coutumes de notre système parlementaire.
Le Président (M. Sairrtonge): C'est bien.
M. Brassard: Cela veut dire à ce moment que c'est une
position du gouvernement. Quant à nous, nous maintenons notre position
également et notre préférence très nette va pour ce
qui a été adopté en janvier en commission parlementaire.
Par conséquent, nous allons voter contre l'amendement proposé par
le ministre.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Je vais
mettre formellement l'amendement aux voix. Est-ce que l'amendement
proposé par M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
à l'article 21 du projet de loi, relatif à l'article 69.08 de la
Loi sur la protection du territoire agricole, est adopté?
M. Page: Adopté.
M. Brassard: Je ne sais pas si on peut demander un vote nominal,
M. le Président, non?
Le Président (M. Saintonge): Adopté? M.
Brassard: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): Adopté sur
division.
Ceci met fin aux travaux confiés à la commission
plénière. Je demanderais donc aux personnes qui accompagnent le
ministre et le député de Lac-Saint-Jean, qui ne sont pas membres
de l'Assemblée, de bien vouloir quitter l'enceinte afin que je fasse
rapport à la présidente.
Mme la Présidente, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la
commission plénière a étudié les deux amendements
proposés par M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et qu'elle les a adoptés, dont l'un à la
majorité des voix.
La Vice-Présidente: Est-ce que le rapport de la commission
plénière est adopté?
Des voix: Adopté.
Reprise du débat sur l'adoption
La Vice-Présidente: Adopté. M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, en
réplique.
M. Michel Page (réplique)
M. Page: Mme la Présidente, seulement pour exprimer ma
satisfaction de voir adoptée cette loi qui est le résultat de
beaucoup de travail, de beaucoup d'investissement en capital humain, de
plusieurs commissions parlementaires. Je me limiterai à vous exprimer ma
satisfaction et à remercier le député du comté de
Lac-Saint-Jean et porte-parole officiel de l'Opposition de la qualité
des échanges de propos qu'on a eus dans le cadre de cette
étude.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre.
Cette réplique termine le débat. Est-ce que le projet de
loi 100, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole, est
adopté?
M. Brassard: Adopté sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, à cette
étape-ci de nos travaux, j'entends appeler une série de projets
de loi privés, une dizaine de projets de loi pour lesquels il n'y a
aucune intervention, et j'aimerais, Mme la Présidente, que, dans chacun
des cas, on puisse procéder aux deux étapes de l'adoption du
principe et de l'adoption de la loi elle-même, en même temps.
J'appellerais immédiatement, Mme la Présidente, l'article 44 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 244 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 44, le
député de Frontenac, au nom du député de
Sauvé, propose l'adoption du principe du projet de loi 244, Loi
concernant la succession de Georg Stellari. Est-ce qu'il y a des interventions?
Pas d'intervention. Est-ce que le principe du projet de loi 244, Loi concernant
la succession de Georg Stellari, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 244, Loi
concernant la succession de Georg Stellari, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. L'article 47 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 249 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 47 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Saint-Louis, propose l'adoption du principe du projet de loi 249, Loi
concernant un immeuble du cadastre de la cité de Montréal
(quartier Saint-Antoine). Est-ce qu'il y a des interventions? Pas
d'intervention. Est-ce que le principe du projet de loi 249, Loi concernant un
immeuble du cadastre de la cité de Montréal (quartier
Saint-Antoine), est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 249, Loi
concernant un immeuble du cadastre de la cité de Montréal
(quartier Saint-Antoine), est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. L'article 48 du
feuilleton.
Projet de loi 250 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 48 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Sainte-Anne, propose l'adoption du principe du projet de loi 250, Loi
concernant certains immeubles du cadastre de la cité de Montréal
(quartier Sainte-Anne). Est-ce qu'il y a des interventions? Pas d'intervention.
Donc, est-ce que le principe du projet de loi 250, Loi concernant certains
immeubles du cadastre de la cité de Montréal (quartier
Sainte-Anne), est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 250, Loi
concernant certains immeubles du cadastre de la cité de Montréal
(quartier Sainte-Anne), est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. L'article 50 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 259 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 50 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député
d'Iberville, propose l'adoption du principe du projet de loi 259, Loi
concernant le collège de Saint-Césaire. Est-ce qu'il y a des
interventions? Pas d'intervention. Est-ce que le principe du projet de loi 259,
Loi concernant le collège de Saint-Césafre, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 259, Loi
concernant le collège de Saint-Césaire, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 41 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 220 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 41 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Saguenay, propose l'adoption du principe du projet de loi 220, Loi concernant
la ville de Roberval. Est-ce qu'il y a des interventions?
Une voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Pas d'intervention. Est-ce que le
principe du projet de loi 220, Loi concernant la ville de Roberval, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 220, Loi
concernant la ville de Roberval est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 42 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 239 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 42 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Labelle, propose l'adoption du principe du projet de loi 239, Loi concernant la
municipalité du Lac-Nominingue. Est-ce qu'il y a des interventions? Pas
d'intervention. Est-ce que le principe du projet de loi 239, Loi concernant la
municipalité du Lac-Nominingue, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Est-ce que le projet de loi 239, Loi
concernant la municipalité du Lac-Nominingue, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente,
l'article 43 du feuilleton.
Projet de loi 241 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 43 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Beauce-Nord, propose l'adoption du principe du projet de loi 241, Loi
concernant la ville de Saint-Georges. Est-ce qu'il y a des interventions?
Une voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'intervention. Est-ce
que le principe du projet de loi 241, Loi concernant la ville de Saint-Georges,
est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 241, Loi concernant la ville de Saint-Georges, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 46 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 247 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 46 du feuilleton, le
député de Frontenac, au nom du député de
Sainte-Anne, propose l'adoption du principe du projet de loi 247, Loi
concernant la cité de Côte-Saint-Luc. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Une voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Aucune intervention. Est-ce que le
principe du projet de loi 247, Loi concernant la cité de
Côte-Saint-Luc, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 247, Loi concernant la cité de Côte-Saint-Luc, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 45 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 246 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 45 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Saint-Hyacinthe, propose l'adoption du principe du projet de loi 246, Loi
concernant Rageot Itée. Est-ce qu'il y a des interventions?
Une voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Aucune intervention. Est-ce que le
principe du projet de loi 246, Loi concernant Rageot Itée, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 246, Loi concernant Rageot Itée, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 49, Mme la Présidente.
Projet de loi 251 Adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 49 du feuilleton,
le député de Frontenac, au nom du député de
Nicolet, propose l'adoption du principe du projet de loi 251, Loi concernant
St. Bernard Fish and Game Club. Est-ce qu'il y a des interventions?
Une voix: Non, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: II n'y a pas d'intervention. Est-ce
que le principe du projet de loi 251, Loi concernant St. Bernard Fish and Game
Club, est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 251, Loi concernant St. Bernard Fish and Game Club, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 51 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 260 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 51 du feuilleton, le
député de Frontenac, au nom du député de
Saint-Louis, propose l'adoption du principe du projet de loi 260, Loi
concernant AY
Unergie inc. Est-ce que le principe du projet de loi 260, Loi concernant
AY Unergie inc., est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le projet de
loi 260, Loi concernant AY Unergie Inc., est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, c'est la fin de nos
travaux. Je propose donc l'ajournement des travaux à mardi prochain, 14
heures.
La Vice-Présidente: Nous allons donc ajourner nos travaux
à mardi prochain, 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 53)