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(Dix heures sept minutes)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît, Mmes et MM. les députés. Nous allons nous recueillir
quelques instants.
Veuillez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente. Je vous demanderais
d'appeler l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 127 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente: À l'article 15 de notre
feuilleton, il s'agit de la reprise du débat concernant l'adoption du
principe du projet de loi 127, Loi sur le Mérite forestier. Je suis
prête à reconnaître le premier intervenant, M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, Mme la Présidente. Ce ne sont pas les
applaudissements de l'autre côté, qui se veulent peut-être
euphoriques ce matin qui vont m'empêcher de faire mon discours tel que
j'avais entendu de le faire. Je me permettrai, avant d'entreprendre
l'étude de ce projet de loi 127, Loi sur le Mérite forestier, et
je pense que vous ne m'en voudrez pas, Mme la Présidente, de commencer
par des félicitations, d'abord à une personne de mon
comté, M. Bernard Arseneault, qui a reçu, vendredi dernier, au
concours du Mérite forestier, le titre de grand sylviculteur de l'Ordre
du mérite forestier du Québec. M. Arseneault avait obtenu dans
notre région la médaille d'or au moment de ce choix en
région. M. Arseneault, qui travaille pour la compagnie Consolidated
Bathurst, dit toujours, à propos de l'aménagement de sa
propriété, qu'il n'est jamais terminé, qu'il faut toujours
y faire du travail et, dans ses temps libres et même quand il prend un
peu de repos, parce que c'est un secteur qu'il aime beaucoup. M. Arseneault est
une personne qui mérite nos plus sincères
félicitations.
Une autre personne de mon comté s'est aussi vu octroyer une
médaille de bronze parmi les lauréats. Il s'agit de M.
Adélard Langlais. Malheureusement, c'est son épouse
Hélène et son fils Stéphane qui sont allés chercher
cette médaille puisque Adélard nous a quittés dans un
accident tragique dans la région de la Haute-Mauricie. A
l'époque, le ministre avait été mis au courant de ce
malencontreux accident qui s'était produit dans notre région
quelques semaines après qu'il ait reçu cette médaille.
Donc, c'est à titre posthume que son épouse,
Hélène, et son fils Stéphane, sont venus chercher un
laurier sur le plan national.
Je voudrais aussi féliciter d'autres personnes de ma
région et qui sont connues du ministre. Ce sont les
propriétaires, l'homme et la femme, de la fameuse cabane à sucre
Angelo Trépanier de Sainte-Thècle qui se sont vu décerner,
il y a quelques jours, une médaille pour le sirop d'érable qu'ils
ont fabriqué cette année. Cet honneur leur a été
donné dans notre région, à Plessisville. Ce sont des
personnes qui, par leur travail, ont fait en sorte que la forêt
québécoise soit mieux utilisée et le mieux
préparée possible dans un contexte où on parle justement
de forêts privées.
Le dossier qui nous intéresse a trait à un mérite
pour des gens qui travaillent dans le secteur des forêts privées.
Différentes personnes, Mme la Présidente, y consacrent des heures
et en arrivent finalement à faire en sorte que la forêt
québécoise soit plus propice à différentes
activités, que ce soit pour les besoins des compagnies de sciage, ceux
des compagnies papetières ou, dans certains cas, des usines de
déroulage.
Si j'ai commencé par ces félicitations, Mme la
Présidente, c'est parce que, malheureusement, dans le contexte que l'on
connaît actuellement, je ne peux en aucune façon décerner
des félicitations ni quelque médaille que ce soit ou quelque
mérite forestier que ce soit à l'actuel ministre
délégué aux Forêts. Le ministre nous présente
un projet de loi qui ne comble d'aucune façon l'ensemble des demandes
faites par le secteur des forêts privées, encore moins quand on
considère ce que lui-même a demandé à un de ses
collègues, le député de Beauce-Nord, de faire dans un
rapport qui a été dévoilé au mois de novembre
dernier par le député de Beauce-Nord, rapport connu sous le nom
de rapport Audet.
Il convient, essentiellement, Mme la Présidente, avant toute
chose de camper le contexte dans lequel s'inscrit l'exercice auquel nous convie
aujourd'hui le ministre délégué aux Forêts. Cet
exercice demeure méritoire, nous en conviendrons, eu égard
à son objectif visant à souligner l'excellence des
activités de divers intervenants du milieu forestier, mais aussi il se
révèle illusoire, sinon dérisoire, eu égard cette
fois aux difficultés particulières en bonne partie imputables au
ministre délégué aux Forêts que connaît
actuellement le milieu forestier. Le ministre pourrait nous regarder et dire:
Écoutez, il en met un peu trop.
J'aurai l'occasion de démontrer par des points précis
choisis aussi bien en forêt publique qu'en forêt privée,
dans le contexte de discussion actuellement à l'intérieur de
l'ensemble du Québec, des contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier... C'est dans ce sens que je dis que le contexte
forestier, actuellement, est en pleine mutation. Le ministre le sait
très bien. La politique qu'il a déposée concernant la
forêt, il y a quelques années maintenant, qu'il a amendée
l'an dernier, nous indique que cette
mutation se fait actuellement avec certaines difficultés et, dans
certains cas, j'en rends le ministre responsable.
Méritoire, je le répète, car nous croyons qu'il
convient de distribuer à bon escient des prix et mentions diverses
destinés à encourager la poursuite d'activités visant
à protéger et améliorer notre patrimoine forestier.
Illusoire et dérisoire, par contre, parce que d'une part le processus
aurait pu se poursuivre sous l'actuel régime de la Loi sur le
Mérite forestier adoptée en 1959, parce que je ne pense pas me
tromper en disant qu'elle donnait satisfaction. Je ne vois pas, au moment
où on se parle, qu'il y ait insatisfaction, que les gens soient sur les
barricades pour dire qu'il fallait absolument changer cette Loi sur le
Mérite forestier.
D'autre part, cette refonte sert à la fois à donner une
tribune au ministre et à masquer ce que je pourrais appeler son
incapacité - sinon son irresponsabilité - à s'attaquer aux
problèmes réels du secteur forestier. Illusoire et
dérisoire aussi, d'autre part, parce qu'il conviendrait avant toute
chose d'adopter une loi ou de modifier la Loi sur les forêts afin d'y
inclure le principe du respect du rendement soutenu en forêt
privée. Pourtant, et j'insiste sur ce point, c'est un
élément primordial, essentiel qui a été
donné par le rapport Audet. Deuxièmement, avant toute chose,
d'assurer aux propriétaires de boisés privés les sommes
nécessaires aux fins d'aménagement et de mise en valeur.
Troisièmement, d'assurer, au sein du ministère - je ne
devrais pas dire du ministère car il n'existe pas - au sein du secteur
forêts du ministère de l'Énergie et des Ressources, un
véritable leadership pour éviter que ne pourrissent inutilement
ou ne dégénèrent en conflit d'importants dossiers parce
que le ministre refuse ou est incapable d'intervenir. Ici, deux exemples
seraient éloquents, l'histoire des copeaux et l'approvisionnement de
deux scieries dans la MRC de Denis-Riverain. J'ajouterais un autre dossier -
j'aurai l'occasion d'en faire mention - le dossier du comité
d'économie et de forêt du secteur Antoine-Labelle. Le
député de Mont-Laurier en est saisi et j'aurai l'occasion d'y
revenir.
D'abord, en ce qui a trait à cette incapacité pour le
ministre, je devrais dire, au lieu d'incapacité, de son non-désir
d'instaurer un principe auquel il croit. Lorsqu'on parle de forêt
publique, l'un des principes primordiaux, c'est le rendement soutenu. Il faut
s'assurer que la forêt génère à
perpétuité, par différentes interventions en milieu
forestier, que ce soient des travaux sylvicoles ou des méthodes de coupe
et de récolte différentes qui permettent à un arbre
d'être là dans 30, 40 ou 50 ans, selon les besoins. Cet arbre dont
l'ensemble des usines du Québec ont besoin, que ce soient des usines de
sciage, de déroulage ou de papier afin que, par un rendement soutenu,
tel que défini dans la loi sur les forêts publiques, et par
différents moyens d'intervention, on maintienne le principe qu'on avait
très bien compris à l'époque et que La Presse du 12
juin 1985 avait, à mon avis, bien décrit, qui était le
suivant: Tout arbre coupé dort être remplacé. Or, le mot
"remplacé", dans ce principe de rendement soutenu, cela veut dire que
l'arbre qui est coupé, par différents moyens, doit être
là dans 30, 40 ou 50 ans, à perpétuité. Donc,
pérennité de la forêt publique et de la forêt
privée. (10 h 20)
Cela veut donc dire que le principe est le suivant: II y aura plantation
d'arbres si nécessaire, mais pas nécessairement plantation. Il
faut poser des gestes avant ceux-là; il faut changer nos méthodes
de coupe, nos méthodes de récolte et les moyens que l'on a pour
permettre à la repousse de grandir d'elle-même d'abord et,
ensuite, si nécessaire, parce que c'est le moyen le plus dispendieux,
arriver à une autre activité qui, elle, doit être faite si
nécessaire, c'est-à-dire la plantation.
Donc, ce rendement soutenu dans les forêts publiques, H existe. Et
le ministre aurait dû, à mon avis, amener un projet de loi,
modifier la loi actuelle ou en amener un autre permettant le principe du
rendement soutenu dans la forêt privée. C'est la forêt qui
est la plus près des usines. C'est la forêt qui se trouve dans le
sud du Québec, donc dans un climat propice à une reproduction
rapide. Je vois le député d'Orford là-bas qui
connaît très bien ce principe de rendement soutenu pour ses sapins
de Noël. Il sait très bien ce que ça veut dire. S'il n'y
avait pas ce principe chez lui, il est évident qu'il ne pourrait pas
vendre dans huit, dix ou douze ans, de nouveaux sapins aux États-Unis.
Donc, il y aurait des pertes économiques. Il connaît très
bien ce principe de rendement soutenu. Alors, pourquoi le ministre ne veut-il
pas le mettre dans un projet de loi?
On nous amène un projet de loi qui vient modifier le
Mérite forestier, mais, au bout de la course, on oublie les gens qui
travaillent continuellement dans ce secteur. Le ministre va nous dire:
Écoutez, M. le député, vous charriez un peu parce qu'on
vient de déposer un budget hier soir et que, dans ce budget, on ajoute 5
000 000 $ dans les forêts privées. Bien, allons-y voir et voyons
si cela a des effets sur des gens qui, demain matin, auront à se
présenter pour obtenir du Mérite forestier une de ses
médailles d'or, de bronze ou d'argent. Allons voir si les 5 000 000 $
sont suffisants actuellement. Il y a eu des coupures dans le budget, car
simplement maintenir le budget actuellement sans indexation représente
déjà des pertes pour ces gens-là. On vient leur dire:
Écoutez, on vous ajoute 5 000 000 $. On doit considérer, Mme la
Présidente, que l'ensemble des responsables de l'aménagement de
ces forêts privées demandaient 20 000 000 $. Le ministre dit:
Écoutez, on n'est pas pour répondre à toutes ces demandes,
20 000 000 $, c'est beaucoup trop, les capacités
de payer... Le ministre pourrait en ajouter. Mme la Présidente,
est-ce que le ministre est conscient qu'il hypothèque par le fait
même l'ensemble de tout ce secteur pour les années à venir?
Je pense qu'il faut se poser la question.
Le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie a fait mention des
problèmes qui vont exister. Encore, lundi après-midi, à
mon bureau de Saint-Tite, j'ai rencontré une personne qui est venue me
voir parce que, justement, elle avait déjà 24 hectares de
travaillés et elle était prête à faire des travaux
sur l'ensemble. Tout le plan de gestion était fait. On lui a dit:
Écoutez, l'année passée, on en a fait douze, il en reste
donc douze à faire, mais cette année on n'a pas les budgets pour
le faire et on ne sait pas quand on les aura. Ce n'est pas avec les 5 000 000 $
qu'on vient d'ajouter qu'on va régler le problème de ces gens a
qui on demande de travailler la forêt pour les besoins de la ressource
à venir qui est un besoin pour l'usine de sciage et de déroulage,
d'abord, à mon avis, avant d'être celui de l'étape
suivante, celle de la pâte et du papier.
Dans ce contexte donc, arrive le deuxième problème dont je
faisais mention tout à l'heure, celui des copeaux. Qu'on regarde, Mme la
Présidente, le ministre est responsable de la situation dans laquelle
nous nous trouvons actuellement au chapitre des copeaux. Le ministre, dans son
discours devant l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec - auquel j'ai assisté - mardi dernier, a dit à ce
sujet: Écoutez, je pense qu'en nommant un conciliateur dans le dossier,
M. Untel, M. Vézina, qui était, on s'en souviendra, Mme la
Présidente, candidat libéral au fédéral
appuyé par le député de Chariesbourg... Cette personne est
nommée dans un contexte de deux compagnies. Daishowa, l'ancienne Reed
Paper, ici à Québec et Mebec une compagnie de sciage. Là,
on va voir, une fois qu'on aura regardé ça, si c'est exportable
sur tous les autres. J'en suis moins sûr, je souhaite qu'on trouve une
solution, mais entretemps, je n'en suis pas sûr. Donc, le problème
des copeaux, Mme la Présidente, il faut le situer tel qu'il est dans un
contexte où le ministre n'a pas voulu prendre partie dans ce dossier
pour venir à aide à des scieries indépendantes au
Québec.
Sur la question de l'approvisionnement des usines, vous avez entendu
parler comme moi de gens de la Gaspésie qui vont venir sur la colline
parlementaire cet après-midi. Ce sont des gens en colère et on
titrait ceci dans certains journaux ce matin: Quelque 300 Gaspésiens en
colère s'en viennent manifester à Québec! Québec
veut rétablir le climat social à Cap-Chat! Reprise des
négociations avec la Donohue! Il y a des Gaspésiens qui ont faim
et qui finalement viennent simplement dire: M. le ministre, nous avons des gens
qui sont prêts à investir chez nous. On parle de l'agrandissement
et de la modernisation de la scierie de la municipalité de La Martre, un
investissement de 2 000 000 $ et la création de 40 emplois directs et
d'un autre de 6 000 000 $ avec, cette fois, la création de 150 emplois
pour approvisionner ces deux scieries. Il faut donc 200 000 mètres de
bois.
J'ai eu l'occasion de parler avec l'un des promoteurs, Langis Blanchet,
et aussi avec des gens de la Corporation municipale de La Martre, dont le
maire, M. Jean-Yves Gagnon, et M. André Langlois, du Conseil
économique Des Berges. Avec ces gens, nous avions regardé les
possibilités et les demandes. Nous avions dit: II faudrait que le
ministre réponde à ces demandes. Le ministre, pour le moment,
dit: Écoutez, on n'a pas le bois nécessaire. Mais il reste tout
de même que ce sont des gens qui sont prêts à investir,
à donner de l'ouvrage, à ne pas fermer des villages en
Gaspésie. Est-ce qu'on veut revenir à ce système qu'on a
connu au cours des années soixante où le Parti libéral au
pouvoir avait décidé de fermer, on s'en souviendra, des villages
complets en Gaspésie. Les opérations qui ont suivi,
c'est-à-dire, opérations Dignité 1 et Dignité 2 ont
donné les résultats où finalement des villages qui ont
été fermés ont été rouverts à la
civilisation et ils sont maintenant considérés comme des coins
viables. Est-ce qu'on veut prendre l'image de la rencontre sur le Mérite
forestier tenue à Val-Jalbert, vendredi dernier, le 12, pour indiquer
que c'est ce qu'on veut dans certaines parties du Québec, en
Gaspésie en particulier, de sorte qu'on se retrouve finalement avec des
Val-Jalbert un peu partout au Québec où des scieries
indépendantes ont été obligées de fermer leurs
portes parce qu'elles ont été intégrées et qu'elles
sont disparues. Est-ce ce qu'on veut? Est-ce ce que le ministre recherche?
Le ministre me dira: Écoutez, le député oublie une
chose: il y a eu un budget hier. Une somme de 14 000 000 $ a justement
été allouée pour créer de l'emploi dans les
régions de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et des
îles-de-la-Madeleine. Là, j'arrêterai le ministre en lui
disant: Un instant! et j'empêcherais les applaudissements que je
commencerais à entendre de la part de certains de ses collègues.
Mais je leur dis ceci: L'année passée, on a investi 7 000 000 $
avec REXFOR dans un programme non récurrent, c'est-à-dire qui ne
se reproduit pas cette année. 7 000 000 $ et, cette année, 14 000
000 $ pendant quatre ans; cela signifie, si vous faites le calcul, 3 500 000 $.
On vient nous dire qu'on a fait un beau saut. De 7 000 000 $ on a baissé
à 3 500 000 $. C'est beau à voir! Et c'est ce qu'on applaudissait
tout à l'heure. C'est peut-être parce que les gens qui
applaudissaient tout à l'heure n'étaient pas au courant de ce qui
se passe. C'est la moitié de ce qu'on a investi l'année
passée. (10 h 30)
Quant aux 5 000 000 $ qu'on a dans le budget actuel, il faudra que le
ministre nous indique si cette somme, c'est du budget récurrent. Selon
ce que je sais, ce n'est pas un
budget récurrent, donc c'est un budget d'une année pour
répondre justement aux élections, à l'heure
électorale, pour faire accroire au monde qu'on va mettre ça. Mais
c'est la réalité. Le ministre donnera les réponses. Les
gens auront beau crier, mais c'est ça la réalité. 7 000
000 $ l'an passé, Mme la Présidente, 3 500 000 $ cette
année et 3 500 000 $ pour chacune des autres années, donc moins
d'argent que ce qu'on a mis l'année passée. Il ne faut pas
oublier que les conditions de travail de ces gens-là, chez REXFOR - je
les ai connues chez nous et ailleurs - ne sont pas les meilleures, Mme la
Présidente. Je pense que le ministre le sait très bien. Il refuse
actuellement de faire une enquête à ce sujet chez les travailleurs
forestiers. C'est un problème important.
Un autre problème à mentionner est, je devrais dire, ce
désir du ministre de plaire aux papetières plutôt qu'aux
populations qui demandent que le bois apte au sciage aille d'abord au sciage et
que celui apte au déroulage aille d'abord au déroulage avant
d'être dirigé vers les usines de pâtes et papiers. Je vous
donne l'exemple de ce que la MRC Antoine-Labelle est en train de
préparer. Devant le nouveau régime forestier, un comité
d'action voit le jour. Les enjeux de l'implantation du nouveau régime
forestier. Ah! Je vais vous lire un article: "Damien Hétu appuie les
revendications régionales. Il a toutefois été
ajouté que cet approvisionnement doit se faire en s'assurant le plus
possible d'une répartition équitable de la ressource sans mettre
aucune barrière dans les unités de gestion." Et on dit: "Les
libéraux du comté invitent également le gouvernement
à reconnaître la spécificité de notre forêt.
De plus, dans le cas des feuillus, on demande de faire en sorte qu'un seuil
minimal d'approvisionnement profite aux usines installées sur le
territoire de la MRC Antoine-Labelle. L'avenir de notre économie est en
danger, selon le comité économie et forêt. Les prochains
jours sont donc pour le comité économie et forêt de la MRC
Antoine-Labelle d'une importance capitale."
Et là, on voit dans l'ensemble des revendications qui sont
faites. Je pense que ça vaut la peine de le montrer, Mme la
Présidente. C'est écrit: "Le comité économie et
forêt demande des arbres pour nos scieries. Il est appuyé par
toutes les municipalités de la MRC Antoine-Labelle. Il sera
appuyé par la population en entier qui descendra dans la rue, s'il le
faut. Il doit être appuyé - je dis bien "il doit être
appuyé" - par le député de Labelle, Damien Hétu,
mais, en ce moment, le député est-il vraiment avec nous? Le
député saisit-il que l'heure est grave pour nous? M. Hétu,
le comité économie et forêt vous demande de passer aux
actes pour nos scieries."
Mme la Présidente, ce sont des questions que se posent les gens.
Ce sont des questions importantes, d'autant plus, et là je fais mention
d'un secteur qui est très bon quant à la forte dimension des bois
qui sont dans le coin, ce que l'on appelle les 2x8. Vous connaissez les 2x4,
mais H y a des 2 x 8 et il y a des 2 x 10 Les arbres qui sont là sont
propices à faire d'abord au sciage des 2 x 10 qui, actuellement, pour
l'importation au Québec, est de 44 % venant de l'Ouest et de l'Ontario.
Pour les 2 x 10, vous avez 97 % qui viennent de l'Ouest ou de l'Ontario.
Pourtant, ces bois de 2 x 10 secs et 2 x 8 secs pourraient être faits
chez nous. Ce que les gens disent c'est qu'il y a une faiblesse et que la
faiblesse vient du député de la région. Les gens disent
qu'il faut reconnaître la présence historique de MacLaren dans le
milieu avant d'aller dans d'autres papetières où, en même
temps, on parle aussi de la capacité d'approvisionner nos scieries et on
parie de l'autre problème qui est Bellerive-Ka'N'Enda.
Dans ce sens, Mme la Présidente, les demandes de ces gens doivent
être entendues par le ministre. Elles ont été
données dans un mémoire que le ministre a reçu, j'en suis
assuré. On dit: L'implantation du nouveau régime forestier en
dirigeant d'abord vers une transformation sur le territoire de la MRC
Antoine-Labelle le résineux de fort diamètre, 20
centimètres et plus au fin bout, permettrait premièrement de
consolider les entreprises de transformation de la région selon leurs
demandes et, deuxièmement, de réaliser un projet majeur et de
spécialiser la région dans un créneau de production qui
leur serait spécifique. Quand on parte d'autres parties, qu'on parle des
feuillus, cèdres, pruches et pins, on dit que cette orientation de
gestion permettrait d'assurer l'approvisionnement historique des
papetières à partir du territoire de l'unité de gestion 64
tout en y garantissant la pérennité de production des arbres de
qualité, feuillus et résineux.
On parle aussi en même temps du problème pour les produits
forestiers Bellerive-Ka'N'Enda et on évalue son seuil à 10 000
mètres cubes. On dit pour terminer qu'il serait essentiel que votre
ministère, M. le ministre, reconnaisse et appuie ces efforts de prise en
charge, d'autant plus qu'il existe des contradictions de votre gouvernement
dans ses engagements pris lors des sommets socio-économiques des
Laurentides et de l'Outaouais. D'une part, dans les Laurentides, le
ministère de l'Éducation reconnaît nos institutions
à titre de centre d'excellence en foresterie et en environnement et,
d'autre part, dans l'Outaouais, l'OPDQ annonce la création d'un institut
d'aménagement de la forêt feuillue. Il faudra que le ministre soit
conscient des problèmes qui confrontent l'ensemble des régions du
Québec. J'en ai nommé deux parce que ce sont deux
problèmes qui, actuellement, font l'objet de demandes précises
auprès du ministre.
Dans un cas, le ministre doit donner le nombre de mètres cubes
nécessaires à la mise en place de scieries qui ont besoin de ces
bois pour fonctionner. D'autre part, dans Laurentides-Labelle, dans la MRC de
Labelle, nous avons, en ce moment, avant que l'ensemble des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier soient
signés, besoin des garanties du ministre. Il doit introduire ce principe
à savoir que le bois apte au sciage doit d'abord aller au sciage,
toujours dans une perspective de valeur économique supérieure
à celle engendrée par les papetières dans le coin. Enfin,
par ce phénomène, on doit en arriver à ce que,
contrairement à ce que disent les papetières, le copeau produit
par le sciage ne soit pas un résidu dans un contexte d'utilisation
maximum et essentiel de la fibre.
Le ministre le sait très bien. Je suis asssuré que le
ministre est d'accord avec moi. Le bois apte au sciage et au déroulage
doit d'abord aller à ce secteur d'activité avant d'aller à
la papetière. On ne doit pas voir - d'ailleurs, on ne devrait plus en
voir à long terme, cinq, dix ans maximum - de flottage sur les
rivières du Québec. On ne devrait pas voir, actuellement, dans
des camions, dans des trains ou sur les rivières du bois coupé en
2 x 4 qui flotte et qui aurait dû être envoyé d'abord au
sciage et au déroulage.
Or, que fait le ministre dans tout ça? Il nous présente
une refonte de la Loi sur le Mérite forestier, qui est
nécessaire, il faut le dire, mais il ne doit pas, en aucune façon
cacher la forêt qui se profile derrière cet arbre. Le ministre
est-il en train de nous dire: Écoutez, pour vous amuser pendant un bout
de temps, on va corriger, on va changer, selon certaines façons de voir
que j'ai actuellement, le mérite forestier, tout en vous cachant par cet
arbre l'ensemble de tout ce qui se passe en arrière, en forêt
privée comme en forêt publique. À mon avis, c'est la
deuxième fois, en moins de six mois, que le ministre
délégué aux Forêts rate une occasion, rate son coup,
lui qui, l'automne dernier, présentait le projet de loi 84, Loi
modifiant la Loi sur les forêts, que l'on jugeait et que l'on Juge encore
largement incomplète, insatisfaisante dans les circonstances. Les
circonstances demeurent identiques et même, devrais-je dire, elles se
sont détériorées.
Le ministre a fait état dans son discours des principales
modifications apportées à l'actuelle Loi sur le Mérite
forestier, qui, pour l'essentiel, tiennent de trois ordres. Un changement
d'appellation des prix attribués aux producteurs forestiers qui fait que
les médailles d'or, d'argent et de bronze, ainsi que le titulaire de
grand producteur forestier remplacent les appellations d'officier, de
commandeur et de chevalier. Deuxièmement, l'éligibilité
aux prix accordés tout autant aux individus qu'aux corporations ou
personnes morales. (10 h 40)
Je veux juste dire que ce qu'on est en train d'introduire, c'est que des
compagnies comme Domtar... Madame, cela ne vous touche peut-être pas,
dans votre région, mais les gens de l'Estrie, en particulier les
députés de Mégantic-Compton, de Brome-Missisquoi,
d'Orford, de Sherbrooke et de Saint-François, doivent savoir de quoi je
parle quand je dis que, dans l'ensemble de ce secteur, les forêts
privées ont commencé à être - ce n'est pas anormal,
mais il faut cependant éviter que ce soit la règle commune -
achetées par les grosses compagnies papetières pour
préserver leur approvisionnement. Dans ce sens, on vient d'introduire
les corporations ou personnes morales.
Troisièmement, la fin de l'exclusivité des prix aux seuls
intervenants de l'aménagement des forêts privées. Je dois
dire que cette modernisation, comme l'a lui-même qualifiée le
ministre, nous convient. Nous n'avons pas d'objection quant à cette
modernisation. Toutefois, nous maintenons de courtes réserves dont nous
aurons le loisir de discuter lorsque nous serons rendus à l'étude
détaillée de ce projet de loi en commission parlementaire.
Quelles sont ces réserves? Premièrement, la multiplicité
des conditions réglementaires qui ne seront pas faciles à
établir; deuxièmement, l'absence explicite, au titre des mentions
attribuées en vertu de l'article 6, de certaines catégories de
personnes admissibles; troisièmement, la possibilité
accordée au ministre, en vertu de l'article 8, de donner toute autre
récompense - "toute autre récompense", c'est large - aux
concurrents aux concours des producteurs forestiers ou aux autres mentions. La
multiplication des récompenses risque, d'après nous, de banaliser
ceiles-ci ou encore de dévaluer celles qui sont instituées en
vertu de la loi. En fait, ce que l'on craint - nous aurons l'occasion de le
dire au ministre - c'est qu'en donnant d'autres récompenses, d'autres
mentions, cela devienne la règle commune, la règle majeure et
qu'on banalise les autres. Il ne faudrait pas faire en sorte que ces autres
récompenses ou mentions deviennent plus importantes que la remise de la
médaille d'or, d'argent ou de bronze.
Outre ces réserves, nous disons au ministre que nous acceptons
l'invitation qu'il a faite à l'Opposition, hier, de donner son
assentiment à l'adoption du projet de loi. Notre dissidence s'appliquera
à un autre niveau, comme nous le verrons bientôt. J'ai
déjà commencé à en faire mention, j'en ai largement
fait mention, mais je veux le répéter pour que le ministre
comprenne très bien. Je faisais, au départ, une semonce que je
crois méritée par le ministre délégué aux
Forêts. Je tiens à lui souligner l'importance que j'accorde au
principe même de l'Ordre du mérite forestier. Tant la
fragilité et la complexité que la nécessité de
notre patrimoine forestier demandent que soient soulignés les services
qui sont rendus.
Je voudrais faire un ajout à mes félicitations de tout
à l'heure. Je les faisais d'abord à titre de député
d'une région qui avait été visitée. Je voudrais
profiter de la circonstance pour féliciter M. Roger Baulu ainsi que les
27 autres lauréats régionaux des trophées d'or, d'argent
et de bronze. Dans ce dernier cas, vous me permettrez de saluer les 634
producteurs forestiers qui
se sont inscrits aux concours et leur dire que leur travail est
essentiel, qu'ils sont avec tous ceux qui, au Québec, travaillent la
forêt privée et qui ne s'inscrivent pas nécessairement au
concours parce qu'il y a des gens qui le feront plus tard, d'autres qui l'ont
fait avant et d'autres qui ont eu des mérites dans le passé. Il
faut leur dire que leur travail est essentiel et mérite qu'on s'y
attarde, soit en leur donnant des mentions pour le mérite qu'ils ont de
faire en sorte que la forêt privée au Québec soit la
meilleure pour l'ensemble des besoins de la collectivité.
Avec les projets de loi qui nous ont été
présentés, je pense que nous avons une gestion des forêts
qui devrait être vérifiée de façon plus
précise de la part du ministre délégué aux
Forêts. Conscient que le dernier énoncé de politique
forestière de 1972 ne convenait plus à la conjoncture des
années quatre-vingt-dix, ni aux perspectives du siècle prochain,
le gouvernement du Parti québécois amorçait, en 1984, une
importante réforme ou refonte du mode de gestion de nos forêts en
publiant, d'abord, un document situant la problématique du secteur
Forêts. En tenant compte des consultations qui ont suivi ce document,
nous avons rendu public - à ce moment-là, j'étais ministre
délégué aux Forêts - le 11 juin 1985, un livre blanc
qui indiquait de façon explicite la direction dans laquelle nous devions
nous diriger, c'est-à-dire celle de bâtir une forêt pour
l'avenir.
S'inspirant en bonne partie des principes énoncés dans ce
livre blanc, le gouvernement libéral et l'actuel ministre
délégué aux Forêts déposaient, en juin 1986,
un avant-projet de loi sur les forêts. Une pièce
législative toutefois que nous trouvions farcie de faiblesses et de
lacunes importantes et qui avait été suivie d'une consultation en
commission parlementaire, puis de la présentation du projet de loi sur
les forêts. Il a été adopté en décembre de la
même année avec, on s'en souviendra, le concours de l'Opposition
officielle.
Cette loi de 250 articles en vigueur depuis avril 1987 et devant
être pleinement opérationnelle au 1er avril 1990, lorsque
l'ensemble de tous les contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier auront été acceptés, s'est vue soumise,
l'automne dernier, à une série d'amendements. Ainsi, le projet de
loi 84 modifiant la Loi sur les forêts comportait des dispositions visant
soit des points d'ordre strictement techniques, soit des modifications tenant
compte d'une certaine conjoncture ou encore l'introduction de nouvelles
conditions à l'exercice de la gestion des forêts. J'ai alors
répété au ministre que cet exercice était incomplet
et qu'à défaut d'introduire au projet de loi 84 des dispositions
relatives au rendement soutenu en forêt privée, il se livrait,
quant à moi, à ce que je pourrais appeler une dilapidation de
certaines énergies que nous avions dû mettre pour l'étude
de ce projet de loi.
Malheureusement, nous n'avons pas été
écouté. À ce moment-là, le ministre a
décidé d'agir autrement. Bien que nos convictions trouvaient
alors et trouvent encore toujours écho chez des intervenants de ce
secteur, je devrais même dire chez tous les intervenants de ce secteur,
nous rappelons aussi à la mémoire du ministre que le rapport
Audet avait fait sien ce principe. L'omission était alors impardonnable
et injustifiable dans la mesure où le ministre détenait et
détient toujours trois outils majeurs qui l'obligeraient et qui lui
permettraient d'intervenir dès maintenant. Je vais les citer de
façon chronologique: premièrement, le rapport Lortie de juin 1984
sur l'avenir de la forêt privée; deuxièmement, l'exercice
de la Loi sur les forêts depuis plus de 18 mois, qui aura permis de
confirmer la nécessité d'assurer la gestion de la forêt
privée; troisièmement, le rapport du comité Audet, fruit
de consultations d'un groupe de travail sur la forêt privée. Il y
a donc urgence à laquelle le ministre ne répond pas encore, alors
que se poursuit la surexploitation de la forêt privée. (10 h
50)
Je trouve malheureux que le ministre ne profite pas de la circonstance
puisqu'il donne des mérites à du monde, mais il ne leur donne pas
les outils. Il y a, Mme la Présidente, une surexploitation
éhontée de profits rapides de gens, ou bien parce qu'ils ne
voient pas l'utilité de mettre ce principe de rendement soutenu dans
leurs principes de base ou parce qu'il y a, je pense, un appétit vorace
de certaines scieries, intégrées ou pas, à aller chercher
du bois là où il se trouve le plus près possible. Il faut
considérer, Mme la Présidente, que la surexploitation de la
forêt privée au Québec est un danger majeur qu'il faut
régler. On ne peut pas laisser aller les choses telles qu'elles sont
actuellement. Donc, une loi sur la forêt privée, c'est essentiel.
"Considérant que la forêt privée constitue un apport
important dans le développement du domaine forestier, le nouveau
régime ne pouvait négliger la mise en valeur de ces territoires.
Cependant, l'État - et j'en conviens - n'étant pas
propriétaire de ces terrains, seules des mesures incitatives et
généreuses peuvent être utilisées pour favoriser
leur aménagement." Les mots que je viens de citer, Mme la
Présidente, je les répète. Je pense que ça vaut la
peine. Une nécessaire loi sur la forêt privée... Je vais
vous mettre entre guillemets les mots suivants: 'Considérant que la
forêt privée constitue un apport important dans le
développement du domaine forestier, le nouveau régime ne pouvait
négliger la mise en valeur de ces territoires. Cependant, l'État
n'étant pas propriétaire de ces terrains, seules des mesures
incitatives et généreuses peuvent être utilisées
pour favoriser leur aménagement." Donc, c'est la citation de quelqu'un.
Ce n'est pas la mienne. C'est le ministre délégué aux
Forêts qui, le 18 décembre 1986, s'exprimait ainsi, lors de la
prise en considération à l'Assemblée nationale du rapport
de la
commission de l'économie et du travail qui avait
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 150.
Or, Mme la Présidente, le ministre le sait pertinemment, il n'y a
pas de mesure incitative qui puisse favoriser le développement de
l'aménagement des forêts privées. Il en manque. Il y a des
choses qui doivent être faites et le rapport Audet, rendu public le 2
novembre, contient une recommandation charnière, essentielle, qui a su
faire l'unanimité chez les responsables de la forêt privée,
à savoir que le ministre s'assure du respect du rendement soutenu dans
les forêts privées au même titre qu'il est reconnu en
forêts publiques là où la baisse des approvisionnements,
à la suite de l'application du nouveau régime forestier, fait en
sorte de créer une forte pression sur le stock résineux en
forêt privée.
Je vais faire deux distinctions, Mme la Présidente, pour bien
indiquer ce qui en est. Vous avez des gens qui font des contrats avec les
papetières pour l'approvisionnement de celles-ci. Donc, ces contrats
sont négociés avec les syndicats producteurs de bois en vertu de
la loi qui les oblige - c'est-à-dire la Régie des marchés
agricoles du Québec - à déterminer des volumes à
être vendus par le syndicat et des prix. Alors, nous avons devant nous
des gens qui, dans la forêt privée, se sont regroupés dans
les syndicats producteurs de bois, dans des organismes de gestion en commun,
des OGC comme on les appelle, ou des regroupements qu'on appelle les RESAM -
vous les connaissez dans votre région, Mme la Présidente, j'en
suis assuré. Ces gens-là se sont regroupés et ont
négocié pour les papetières, en vertu de cette loi, les
bois ronds.
On peut donc, au moment où on se parle, dire qu'avec les
papetières, il y a, par la bande, un rendement soutenu. Là
où on n'a pas ce rendement soutenu, c'est quand nous arrivons au sciage.
Il n'y a rien qui empêche de couper à blanc une forêt
privée, d'envoyer tout le bois au sciage, tout le bois au
déroulage, pour celui qui est nécessaire au déroulage et,
demain matin, dire: J'ai fait un beau profit, j'empoche cela et je vis avec
cela.
Ce n'est pas ainsi qu'on va sauver la forêt, Mme la
Présidente. Ce n'est pas en mettant des pressions sur les forêts
privées, en prétextant qu'il y a une réduction sur la
forêt publique, qu'on va régler le problème. Il faut
essentiellement - le député de Beauce-Nord en conviendra avec moi
et le ministre aussi - avoir un principe de rendement soutenu. Il s'agit donc
que le ministre en décide. Le rapport Audet s'est montré
explicite à ce chapitre. Il recommandait que le ministre - c'est dans le
rapport Audet, le député de Beauce-Nord l'a signé, il doit
être encore conscient que c'est bien cela qu'il veut - amende la Loi sur
les forêts pour y insérer l'obligation d'assurer en forêt
privée le respect du rendement soutenu. Je ne me fais que l'écho
pour appuyer le travail fait par le député de Beauce-Nord en
espérant qu'il sera écouté par un de ses collègues
du côté ministériel, si moi je ne le suis pas comme membre
de l'Opposition.
Il n'est pas difficile pour le ministre de nous amener un projet de loi
qui soit convenable dans son principe. Nous allons faire le travail qui
s'impose ici à l'Assemblée nationale avec diligence. Le ministre
le sait très bien, je n'ai jamais, en aucune occasion, bloqué un
projet de loi pour le plaisir de le faire. J'ai travaillé avec lui pour
améliorer des projets de loi. Je sais que le ministre est
entêté, qu'il ne change pas d'idée très très
souvent, mais, au moins, j'ai réussi à quelques occasions
à lui faire changer d'idée et à améliorer un projet
de loi. Aujourd'hui, on vit avec sa loi 150. On avait dit au ministre que cela
n'avait pas de bon sens, qu'il faudrait faire telle ou telle chose. Quand il a
fait des changements en 1984, on lui a dit: M. le ministre, vous devriez faire
telle chose. Il ne l'a pas faite. Vous connaissez l'entêtement qu'il a.
Aujourd'hui, on se retrouve avec un projet de loi qui ne comble pas la demande
dans le secteur privé.
Ce même rapport Audet souhaitait aussi dans l'une de ses
recommandations - et, comme la première, elle a fait l'unanimité
chez les syndicats et l'Office des producteurs de bois et continue à le
faire - obliger chacune des usines de transformation à posséder
un volume de consommation autorisée maximale en provenance des terrains
privés. Alors, je ne peux pas faire autrement ce matin que de
m'interroger sur la lenteur du ministre. Qu'est-ce qui l'empêche d'agir?
Qu'est-ce qui le retient? Ce faisant, est-ce qu'il se sent un peu coincé
par les grandes compagnies par rapport aux petits producteurs ou aux petites
scieries indépendantes? Je ne le sais pas mais je constate par exemple
qu'il est lent à réagir.
L'aménagement de la forêt privée. Au moment
où rien ne justifie l'absence de mesures législatives propres
à assurer le respect de rendement soutenu en forêt privée,
rien n'autorise le ministre délégué aux Forêts
à hypothéquer la regénération et la mise en valeur
de ce même patrimoine forestier. Pourtant les activités de mise en
valeur de la forêt privée ont vu de façon inadmissible les
crédits qui leur sont dévolus subir une perte sèche de 500
000 $, hypothéquant ainsi, tout autant, les travaux préalables de
préparation de terrain et la mise en terre, l'entretien de la
regénération, le nettoyage, le drainage et la voirie. Là,
le ministre va me dire: Écoutez, vous avez des chiffres? Je lis ce que
j'avais écrit avant le budget d'hier soir. Ce qui est là, c'est
la réalité des crédits budgétaires. C'est ce que le
ministre nous a déposé en Chambre, c'est ce que nous avons
critiqué lors de la commission parlementaire sur les crédits
budgétaires. Mais, au moment où on se parle il y a 5 000 000 $ de
plus et pourtant les gens en demandaient 20 000 000 $. Voyez ce que cela a pour
effet, ces communiqués d'un ministre qui sont envoyés dans le
paysage sans autre formule que de dire qu'on augmente.
Vous savez, la publicité faite par un communiqué de presse
quand on le lit et qu'on l'écrit, on a l'impression qu'il y a des
augmentations. On dit: Aide à l'aménagement de la forêt
privée. C'est un communiqué de presse qui avait été
envoyé pour diffusion immédiate, le 13 avril 1989. Donc, cela
fait déjà près d'un mois. On y disait: "Le ministre
délégué aux Forêts, M. Albert Côté a
rendu public le programme d'aide à la mise en valeur de la forêt
privée pour l'année 1989-1990. Cette année, le
gouvernement hausse les subventions relatives à la préparation de
terrain, la mise en terre de plants à racines nues, la coupe
précommerciale, l'entretien de plantations, et des subventions sont
ajoutées pour la fertilisation des érablières." Là,
on énumère toutes les augmentations. (11 heures)
Mme la Présidente, qu'est-ce qu'on est en train de faire?
Hé bien, quand ce sera dans le journal, on lira: "Aide à
l'aménagement de la forêt privée. Programme d'aide rendu
public. Le ministre délégué aux Forêts, Albert
Côté, a rendu public le programme d'aide à la mise en
valeur de la forêt privée pour l'année 1989-1990. Il en
ressort une hausse des subventions accordées." C'est ce que comprend le
journaliste qui le reçoit: Aïe! Il y a une hausse. C'est beau.
Pendant ce temps-là, les syndicats qui vivent avec ça disent: Ce
n'est pas une hausse, c'est une baisse. D'abord, on n'a pas augmenté;
deuxièmement, il manque 500 000 $. On demandait 20 000 000 $ de plus et
on ne les a pas. Le ministre va nous dire: Écoutez, M. le
député, arrêtez! On en a mis beaucoup depuis nombre
d'années et, depuis trois ans, cela a augmenté de façon
phénoménale. Ce n'est pas la question qu'on lui pose. On le sait.
Il n'avait pas le choix. La politique qui s'en venait sous notre règne
allait dans ce sens, Mme la Présidente. Le ministre n'a fait que
continuer le travail que nous avions amorcé en le réduisant
cependant.
Je vous donne juste un exemple. En forêt publique, on avait
prévu 300 000 000 de plants par année. Le ministre a
réduit ce nombre à 250 000 000, une baisse à ce chapitre.
Pendant ce temps-là, Mme la Présidente, avec un budget de 500 000
$ de moins, auquel on ajoute les 5 000 000 $ d'hier, cela fait 4 500 000 $ de
plus que l'année passée. Qu'est-ce qu'on a fait avec 4 500 000 $
de plus? On a haussé à l'hectare le prix de telle
activité. On a haussé les plants. Je vous donne un exemple. Ce
sera plus simple et plus compréhensible. On dit:
Débroussaillement: 300 $ l'hectare; donc on a augmenté. Dans
certains cas, on a augmenté la mise en terre de plants de reboisement,
manuels en résineux, plants en récipients. On dit: 250 $
l'hectare ou 0,10 $ le plant. On a donc fait des augmentations. Je pourrais
vous en donner d'autres, madame. Juste un exemple. On a augmenté, dans
certains cas - on en a laissé certains autres au même niveau -
chacune des activités qu'on va faire, mais on n'a pas augmenté le
budget. Quel résultat est-ce que cela donne, Mme la Présidente?
Vous le savez autant que moi. Cela donne ceci: On dit qu'on a augmenté,
donc, dans le journal, cela paraît comme une hausse et les gens ont
l'Impression qu'il y a plus d'argent pour faire plus d'activités. Ce
n'est pas ça. Il y a moins d'argent parce que, pour le même
montant, en haussant les activités une à une, on en fait moins.
On ne peut pas... Si on donnait autrefois 0,08 $ le plant à racines nues
pour mettre en terre et que là on en donne 0,10 $, mais qu'on a le
même budget, avec 0,08 $, avec le même budget, j'en faisais plus
qu'avec 0,10 $ maintenant. Dans ce sens-là, Mme la Présidente, je
dois vous dire que le ministre n'a pas agi comme il aurait dû le faire
dans ce sens-là.
Le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie - le
député de Saint-Maurice, qui est là, a certainement
reçu ces gens-là - à titre d'exemple et tel que j'en ai
fait part le 2 mai, à l'étude des crédits, évalue
ainsi qu'il ne procédera cette année à la
préparation de terrains que sur 200 hectares par rapport à 450
l'an dernier, qu'il devra couper de moitié le niveau de reboisement
atteint en 1988 et refuser toutes les demandes de propriétaires pour des
travaux autres que ceux reliés au reboisement. Donc, le ministre devrait
être appuyé par mon collègue de Saint-Maurice qui
m'écoute avec beaucoup d'attention pour aider le Syndicat des
producteurs de bois de la Mauricie à obtenir ce qu'l demande. Les
crédits de l'an dernier de 36 400 000 $ étaient
déjà largement insuffisants. Que l'on pense, à titre
d'exemple, au Syndicat des producteurs de Beauce, là où 65
demandes de subventions pour travaux de drainage ont été
acceptées parmi les 525 présentées, là où 40
des 355 demandes pour travaux de voirie ont été acceptées
et où seulement 10 des 210 demandes pour éclaircies commerciales
et précommerciales ont été acceptées.
Les crédits pour l'aménagement des forêts qui sont,
cette année, de l'ordre de 35 900 000 $ sont de 20 000 000 $
inférieurs aux besoins clairement manifestés et
démontrés par tous les intervenants du secteur, qu'il s'agisse
entre autres du Syndicat des producteurs de bois du Québec ou du RESAM,
comme je le mentionnais, le réseau qui devait rencontrer à cet
effet le caucus des députés libéraux le 5 avril dernier.
Avec l'augmentation, on passe donc de 35 900 000 $, plus 5 000 000 $, cela fait
40 900 000 $; c'est déjà 15 000 000 $ de moins que les demandes.
Rien ne justifie un tel écart. Non seulement le ministre doit-il
être conscient, espérons-le, des conséquences
désastreuses de son inaction à l'égard des forêts
privées, mais aussi doit-il se rendre à l'évidence qu'il
va à l'encontre des recommandations formulées dans un rapport
qu'il a lui-même commandé, le rapport Audet rendu public en
novembre dernier, selon lequel l'État doit consentir à des
investissements massifs en forêt privée.
Quant aux efforts du gouvernement en
aménagement des forêts publiques, on ne peut que
déplorer de façon inadmissible la stagnation des crédits
afférents doublée de la non-reproduction du programme de
création d'emplois de 7 000 000 $ qui a été changé
hier par un programme, pour une région en particulier, de 3 500 000 $.
Ce qui veut donc dire que des régions comme la mienne qui avaient
profité de ce programme non récurrent ne verront en aucune
façon leur acceptation. Donc, nous croyons qu'il y a un important coup
de barre qui doit être donné pour la mise en valeur de nos
forêts publiques.
Je dois dire, Mme la Présidente, pour terminer, parce que
j'aurais beaucoup de choses à dire et vous me faites signe qu'il me
reste peu de temps, que nous aurions beaucoup à dire. Il me reste un
autre dossier que j'aurais aimé traiter de façon plus
précise, c'est toute la question des copeaux qui, à mon avis,
amène le ministre à donner des arguments sur une conjoncture
économique, dit-il, défavorable à l'industrie du sciage en
raison de la fluctuation des taux d'intérêt, de la baisse des
mises en chantier, du ralentissement des activités dans l'industrie des
pâtes et papiers, de la surtaxe de 15 % qu'il a lui-même
acceptée à l'époque et qu'il a ramenée à 8 %
alors que les gens, les manufacturiers disent que ça devrait être
3 % et au plus 6 %. Il va falloir que le ministre se branche parce que c'est un
coût de 10 000 000 $ par année à l'ensemble des scieries au
Québec.
Pour ce faire, le ministre s'est réfugié derrière
un avis juridique de son contentieux pour refuser de faire sienne la
requête des scieries de cesser de délivrer des permis
d'intervention et des contrats d'approvisionnement en faveur des
papetières. Cet avis prête toutefois à
interprétation et vaut ce qu'un seul avis juridique vaut, dans le
fond.
Dans ce sens, Mme la Présidente, l'Opposition
réitère donc sa demande de modifier la Loi sur les forêts
afin d'y inclure le principe du rendement soutenu en forêt privée,
appliqué déjà en forêt publique, et qui fait en
sorte que les prélèvements admissibles ne peuvent excéder
la capacité de régénération de la forêt.
Faisant encore aujourd'hui défaut, il en résulte une
surexploitation de la forêt privée. Outre la menace imminente de
la rupture de stock cette situation fait en sorte de négliger, par la
force des choses, la deuxième source d'approvisionnement prescrite
à la loi lorsque s'épuise la première en forêt
privée, soit les copeaux.
Mme la Présidente, nous allons donner notre acquiescement
à ce projet de loi mais nous disons qu'il ne va pas assez loin, que le
ministre aurait dû aller davantage vers une protection de la forêt
privée et, en conséquence, nous aurons l'occasion en commission
parlementaire de faire valoir nos points de vue. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Laviolette. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Beauce-Nord.
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, Mme la Présidente. Dans un premier temps,
je voudrais remercier le député de Laviolette pour les bons mots
qu'il a eu à l'égard de mon rapport. Je pense qu'il est
peut-être même un peu jaloux quand on l'entend parler parce que,
à toutes les fois qu'on parle de la forêt, on parle du rapport
Audet. C'est une raison de plus pour moi d'en être fier.
Deuxièmement, vous avez probablement entendu le discours du
député de Laviolette. Comme on dit chez nous ou par chez nous,
son discours m'a fait un peu penser à un vieux bûché. Je ne
sais pas si vous avez déjà eu l'occasion, Mme la
Présidente, de vous promener dans un vieux bûché. C'est
triste, n'est-ce pas? Les arbres sont morts, de temps en temps une petite
touffe de bois sain, des vieilles telles d'aulnes qui ne servent à rien.
Le député de Laviolette a fait son discours un peu comme
ça. Il a commencé par le vif du sujet, la pertinence exactement,
par dire qu'il était plus ou moins d'accord avec la loi dont on discute
ce matin. Avec le discours que le député de Laviolette a tenu, je
suis venu pour prendre la parole et je me demandais exactement sur quoi je
devais parler si ce n'était pas sur les copeaux, sur REXFOR, les
approvisionnements de bois dans certaines régions, de tel
député dans tel autre coin du pays, etc. Quand on regarde
ça, c'est triste. (11 h 10)
J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus loin parce que le
député de Laviolette a souvent souligné le rapport Audet.
Il y a des choses là-dedans qui demandent à être
clarifiées, sur l'essence même du débat de ce matin sur le
projet de loi 127, Loi sur le Mérite forestier. Mes collègues
députés ruraux, ceux qui ont la chance et l'occasion de
participer à ces événements lorsque le ministère
organise les concours du Mérite forestier, c'est de toute beauté
de voir ça, Mme la Présidente. C'est pour ça que j'ai
été un peu déçu du discours du député
de Laviolette parce que ce projet de loi, qui remplace l'autre Loi sur le
Mérite forestier, c'est quelque chose de positif, à mon sens, qui
est stimulant, qui est bonifiant, je pense, pour le monde forestier de la
province de Québec.
On apporte certains changements, d'abord, parce que l'ancienne loi,
elle, ne reconnaissait que les personnes physiques. Ça veut dire que
seul un individu, un producteur forestier, entre autres, pouvait avoir une
décoration du Mérite forestier. Alors, avec la nouvelle loi, on
vient changer ça de sorte que des organismes, des personnes morales, des
ouvriers sylvicoles, entre autres, parce que bien souvent ce sont des gens qui
font de gros travaux dans le champ, dont on n'a jamais eu l'occasion, parce que
l'ancienne loi ne nous le permettait pas, de reconnaître le
magnifique travail. Vous savez, je n'ai pas besoin de vous parler de
l'importance de la forêt, Mme la Présidente, de l'importance de
nos boisés dans nos régions, tout l'emploi que ça
crée et tout ce que ça apporte à notre qualité
d'environnement, notre qualité de vie, et tout ça.
Alors, avec cette nouvelle loi, on vient élargir. Le
député de Laviolette disait tantôt: On va banaliser
ça. Voyons donc! S'il a lu le rapport Audet comme il faut, à la
page 62, on le dit exactement. C'est écrit noir sur blanc. Il faudrait
peut-être élargir ça pour reconnaître d'autres
individus, d'autres groupes, d'autres corporations, d'autres organismes qui se
dévouent à la cause de la forêt privée, à la
cause de la forêt publique aussi, qui améliorent la qualité
de nos bois, de nos essences et tout ça. C'est écrit
intégralement à la page 62, au milieu de la page, pour situer le
député de Laviolette exactement, pour ne pas qu'il cherche, parce
que je pense qu'il n'a pas cherché longtemps. Il a cité le
rapport souvent. Il l'a mal cité. Je veux corriger ça.
À la page 62, c'est ce qu'on dit. Ce n'est pas le
député de Beauce-Nord, le député Audet qui dit
ça. C'est un paquet d'organismes qu'on a rencontrés en
tournée, à deux occasions. Tournée provinciale qui s'est
tenue l'automne dernier et des rencontres qui se sont tenues ici à
Québec. On a fait une espèce de commission parlementaire, si on
veut, de consultation. Ces gens sont venus exprimer les points de vue, les
choses qui les préoccupaient davantage, et, le Mérite forestier
étant un des éléments des programmes qu'on retrouve au
ministère des Forêts, c'est ce que ces gens souhaitaient. Quand le
député de Laviolette dit que ce n'est pas ça, que le
rapport Audet n'est pas appliqué, on a un autre bel exemple ici. Avant,
ça s'adressait strictement à des producteurs forestiers.
Aujourd'hui, on élargit ça.
Cela ne veut pas dire qu'ils n'auront plus de médailles. Ce n'est
pas ça du tout. Cela veut dire qu'on va pouvoir honorer d'autres
individus que des gens qui sont strictement producteurs forestiers. Je parlais
tantôt des ouvriers sylvi-coles, mais il peut y avoir des scieries.
Pourquoi pas? Il y a des scieries dans nos comtés qui font un magnifique
travail à toutes sortes de niveaux, en matière d'intervention
forestière ou du débitage du bois, et tout ça. On sait
qu'il y a de nouvelles technologies. Pourquoi ne pas reconnaître ces gens
qui font des efforts surhumains des fois pour éviter le gaspillage de
notre bois? Eh bien, on va avoir l'occasion de les reconnaître.
Le député de Laviolette mentionnait aussi: On ne donne pas
de nom aux décorations qu'on donne. Qu'est-ce que cela a d'important? On
vient justement clarifier ça parce que avant ça, il y avait un
paquet de titres que les gens avaient de la misère à comprendre.
C'était quoi l'ordre d'importance des titres. Et cela nous a
été dit dans le cadre de notre tournée. On parlait de
grand chevalier du mérite. On parlait d'officier. On parlait de
commandeur. Je ne sais pas s'il y a un collègue ici ou s'il y a beaucoup
de producteurs forestiers au Québec qui peuvent me dire lequel est le
plus haut, si on veut, dans l'ordre du mérite, dans les titres que je
viens de vous mentionner. On change ça. Ça va être la
médaille d'or, la médaille d'argent et la médaille de
bronze. Est-ce que ce n'est pas plus simple comme ça? Est-ce que
ça vient enlever du stimulant aux producteurs forestiers qui sont
là? Aux gens qui travaillent dans la forêt? Je ne pense pas
moi.
Quand on va dans ces soirées et qu'on regarde toute
l'effervescence qu'il y a pendant ces soirées, toute la fierté
que ces gens ont d'être présents là, d'être
invités par le ministère... On a toujours l'occasion, lors de ces
soirées, de voir justement des vidéos, des montages où on
voit justement ce que ces gens ont fait pour la collectivité, ont fait
sur leurs lots boisés pour la collectivité, et tout ça.
Quelle importance cela a que ce sort changé pour médaille
d'argent ou grand chevalier ou médaille de bronze ou grand commandeur?
Je ne vois pas l'importance de ça. C'est du fla-fla. Je vous ai dit que
ça ressemblait à un vieux bûché tantôt, eh
bien, c'est ça.
Le vieux bûché, on marche dedans et bien souvent on est
enfargé. Il y a toutes sortes d'affaires comme ça. Le
député de Laviolette, c'est ce qu'il a fait. Il s'est
enfargé tout le temps durant l'heure qu'il a parlé. Un peu du
Mérite forestier, un peu des copeaux, un peu du Mérite forestier,
un peu d'autre chose, un peu de toutes sortes de choses. Des petites talles ici
et là.
Je ne voulais pas oublier - mes collègues qui sont intervenus
l'ont fait - de féliciter les gens qui ont été reconnus
par le ministère. Chez nous, dans mon comté, j'ai eu la chance
d'avoir M. Jean-Thomas Fecteau, de Saint-Séverin. qui fait un magnifique
travail. Il y a quelques années, M. Fecteau a laissé son emploi
pour se consacrer davantage à la forêt. Je peux vous dire que les
expériences qu'il a tentées et le travail qu'il fait ont
donné de magnifiques résultats. D'ailleurs, si vous avez
l'occasion de passer dans le beau comté de Beauce-Nord, je vous invite -
M. Fecteau me le dit souvent - à aller y faire un tour pour voir ce qui
se fait là. Vous savez, à certains endroits, on a
développé des technologies et un aménagement qui
permettent aux arbres de grandir beaucoup plus vite que la pousse naturelle. Ce
sont de tels exercices qui vont améliorer la qualité de nos
essences et de notre bois. C'est bon pour la création d'emplois. C'est
bon pour toutes sortes de choses Je voudrais féliciter ces Elzéar
Bouffier, ces hommes qui plantent des arbres dans nos régions, dans nos
comtés Je suis convaincu que ce n'est pas le fait de changer le nom des
médailles qui va empêcher ces gens de continuer leur magnifique
travail dans nos régions. Ils sont convaincus de l'importance de ce
patrimoine et
de l'héritage qu'on devra laisser à nos descendants.
Je voulais aussi aborder un point qui m'a touché. Tantôt,
le critique de l'Opposition a dit que le ministre a raté son coup. Je ne
le sais pas. J'ai eu l'occasion de travailler dans ce secteur et aussi
d'entendre parler les gens des syndicats, des groupements du temps où le
député de Laviolette était ministre des Forêts. Avec
le ministre actuel, si notre gouvernement a raté son coup... Je ne
voudrais pas être méchant avec le député de
Laviolette, mais sa performance au bâton n'était pas forte. Un
livre blanc, je pense que c'est à peu près tout ce qu'on en
retient. Pas de grandes orientations, rien de bien clair.
De notre côté, qu'est-ce qu'on a? Une loi 150 qui
était attendue depuis longtemps et les contrôles de
l'aménagement forestier qui vont se faire bientôt. Avec cela, on a
un guide des modalités d'intervention qui touche les loisirs, etc. On
sait que la forêt touche beaucoup de gens, la chasse, la pêche, les
loisirs, un paquet de choses. Quand on a constaté que la loi 150 causait
peut-être certaines petites difficultés et qu'il fallait faire
certains changements, on a apporté des amendements quasiment
l'année suivante ou peut-être un peu plus tard, pour ne vexer
personne. Quand même, après trois ans et demi, quatre ans de
mandat, on a déjà fait cela. Le programme de fertilisation de nos
érablières, combien cela fait-il de temps qu'on en entendait
parler? Rien ne se faisait. L'an passé, cela a été
annoncé. Si on a raté notre coup? Je ne le sais, mais en tout
cas...
Regardons le budget. Oui, si cela avait continué à ce
rythme... C'est certain que d'augmenter le budget de 1 000 000 $ à 2 000
000 $, on peut dire qu'on l'a doublé, mais l'effort n'est
peut-être pas aussi grand que si on part de 30 000 000 $ pour atteindre
65 000 000 $. C'est ce qui s'est passé avec notre gouvernement. Hier, il
s'est fait un ajout dans le budget. Bien oui, ce n'est peut-être pas
suffisant. Je serais tenté de dire que ce n'est peut-être pas
suffisant, si on regarde tout ce que les gens demandent. Mais ce n'est
peut-être pas suffisant dans la santé, dans les transports et dans
les loisirs non plus. Mais n'est-ce pas notre rôle, en tant que
gouvernement, en tant que gestionnaires, en tant que députés de
voir à ce que ces sommes soient dépensées
adéquatement? Si le député de Laviolette a lu comme il
faut le rapport Audet qu'il citait tantôt à tour de bras, à
la page 77, dans les recommandations finales, on dit que le ministère va
devoir songer à se doter de ressources suffisantes pour vérifier
la qualité de ces travaux, pour ne pas que, d'année en
année, des gens nous jouent des tours, non pas par
méchanceté, mais par opportunité, en faisant subventionner
les mêmes travaux deux, trois fois. N'est-ce pas notre rôle, en
tant que gouvernement, de faire cela? À la page 77, c'est
expliqué en noir sur blanc: Le ministère devra songer à se
doter de ressources suffisantes dans les régions pour vérifier
ces choses. Les OGC, les organismes de gestion en commun font un magnifique
travail, mais ne devrait-t-on pas instituer des mécanismes
d'accréditation pour ces groupements? On en parle dans le rapport Audet.
Il y a des gens qui l'ont soulevé. Des deniers publics sont en jeu
là-dedans et pas seulement des deniers publics. Il y a des deniers
d'individus, de gens qui vont céder leurs travaux à des
groupements forestiers, etc. N'est-ce pas notre rôle, en tant que
gestionnaires de l'administration publique, de vérifier ces choses? Il
est peut-être temps d'y aller un peu plus avec la pédale douce, de
continuer quand même une certaine progression. Le rapport Audet est sorti
le 2 novembre. On est au mois de mai, cela ne fait pas dix ans que cette
affaire est sortie. Il faut laisser le temps au ministre et au gouvernement de
mettre en place des mécanismes qui vont permettre de mettre en
application ces recommandations. Le ministre n'a pas dit qu'il ne les
appliquerait pas. (11 h 20)
Tantôt, on a parlé du rendement soutenu, disant que ce
n'est pas drôle que cela prend une loi sur les forêts
privées. Bien oui, quand on est arrivé au mois de juin, quand on
a tenu nos audiences, H y avait 57 % des intervenants représentant les
plus gros organismes, les organismes les plus représentatifs de la
forêt privée qui étaient d'accord avec une loi sur la
forêt privée. Ils étaient tous pour ça. On leur a
dit: On est au mois de juin; à la fin d'août ou au début de
septembre, on va aller vous rencontrer dans vos régions. Vérifiez
donc avec vos membres pour voir s'ils sont prêts à avoir une loi
sur la forêt privée concernant le rendement soutenu.
Vérifiez-le avec vos membres et on en reparlera au mois d'août ou
à la fin de septembre. On va aller vous voir chez vous, on en discutera
ensemble.
Quand on est retourné, ce n'était plus ça du tout,
c'était rendu pas tout à fait à 10 %. Est-ce que ce n'est
pas notre rôle, en tant que gestionnaires, en tant que
représentants de ces gens, de les écouter et de leur donner ce
qu'ils souhaitent, ce qu'ils demandent? Quand on dit... Bien oui, les gens, les
syndicats, les producteurs, dans l'ensemble, ils sont d'accord avec ça.
Vous allez dire: Peut-être, oui, tout le monde est pour la vertu, mais je
pense que c'est un peu plus loin que ça. Notre comité avait pour
but de les sensibiliser davantage à l'importance du rendement soutenu
dans nos régions. Je pense que c'est l'an passé qu'on a
rétabli un certain équilibre. C'est sûr qu'il y a certaines
régions qui vont couper un peu plus, mais il y a des raisons à
ça. Il y a eu la tordeuse des bourgeons de l'épinette et toutes
sortes de choses. Je pense qu'on serait malvenu, demain matin, d'arriver dans
les régions et de dire: On présente un projet de loi pour que
tout le monde respecte le rendement soutenu. Que ce soit du côté
des industriels du sciage, de la pâte... On sait que,
présentement, les usines de pâte, avec les syndicats et les
offices, dans la plupart des régions, avec la régie des marches,
peuvent s'entendre ensemble, fixer des prix, etc. Ce qui est difficilement
applicable pour le secteur du sciage, parce qu'on sait que, l'an passé,
il y a justement eu une cause qui a été entendue à la
régie et qui a été rejetée pour toutes sortes de
raisons.. Les gens sont conscients de ça. C'est à eux, je pense,
en tant qu'intervenants dans les milieux... Ce n'est pas au gouvernement
d'aller fouiller dans leurs affaires, d'aller se mettre le nez là et de
s'immiscer et dire: Toi, ce matin, tu vas faire ceci, ceci et cela. Ce n'est
pas ça, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, je
regrette.
On l'a fait pendant tellement d'années et on a vu le chiard que
ça a fait. Il y a des régions qui ont complètement
dérapé quand le gouvernement a pris un autre virage. On dit aux
gens: Vous êtes conscients de ce problème. Le Syndicat des
producteurs de bois de la Beauce nous l'a dit - c'est expliqué
là-dedans à la page 9 - c'est qu'il n'appartient pas aux
syndicats de jouer à la police dans ce secteur, mais ils vont être
vigilants et ils sont intéressés à travailler avec le
ministère et les entreprises afin de sensibiliser davantage les
propriétaires et les producteurs de bois, les propriétaires de
lots boisés privés à l'importance du respect du rendement
soutenu.
Alors, en gros, Mme la Présidente, c'est l'intervention que je
voulais faire là-dessus. J'aurais aimé m'attarder davantage sur
le projet de loi 127 sur le Mérite forestier. Je pense qu'il y avait
certains éclaircissements qui devaient être apportés.
Enfin, en terminant, je voudrais souligner, sans partisanerie aucune,
que si, demain matin, il y avait un grand prix à décerner -
j'espère qu'il aura l'occasion de recevoir cette médaille un jour
- ce serait à notre ministre délégué aux
Forêts. Je pense que c'est un gars qui a une bonne expérience dans
le secteur de la forêt. Les gens, les producteurs et les industriels lui
font confiance. C'est un homme qui sait de quoi il parle quand il parle de la
forêt. Il y a eu des actions concrètes de posées.
J'espère qu'un jour on aura l'occasion de reconnaître tout le
travail, tout l'héritage que le ministre délégué
aux Forêts nous a laissé. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Beauce-Nord. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre
délégué aux Forêts, en réplique.
M. Albert Côté (réplique)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, Mme la
Présidente, juste quelques mots. J'ai écouté, avec
beaucoup d'attention, le discours de M. le député de Laviolette
ainsi que celui du député de
Beauce-Nord. Comme le mentionnait le député de
Beauce-Nord, le député de Laviolette s'est promené du coq
à l'âne. Il en profite, chaque fois qu'y a une occasion, pour
faire un survol de tous les problèmes qu'il peut trouver parce que dans
l'Opposition, N est bon de trouver des problèmes. Évidemment, le
secteur forestier est tellement important au Québec qu'il est
évident qu'ici et là il y a des petits accrocs, des petits
incidents. On en vit actuellement, on en vivra toujours, étant
donné l'importance de ce secteur, secteur qui touche la plupart des
Québécois. Je dirais que c'est un secteur qui touche un
Québécois sur deux, directement ou indirectement. C'est un
secteur qui touche aussi l'économie de façon importante, qui
touche notre environnement, notre qualité de vie.
La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de faire la
tournée du Québec dans le cadre de la Semaine de l'arbre et des
forêts. C'est une semaine qui est enrichissante. Vous avez l'occasion,
Mme la Présidente, de constater avec quel dévouement certaines
personnes sensibilisent notre jeunesse dans tout le Québec. Les
professeurs, les commissions scolaires et les municipalités collaborent
à sensibiliser la jeunesse du Québec à être prudente
en ce qui concerne notre environnement et à être respectueuse
envers la nature. Quand on est respectueux envers la nature, c'est
évident qu'on respecte ses voisins, qu'on respecte ses semblables et
qu'on respecte les humains. Moi aussi, évidemment, j'ai
félicité, vendredi soir, à Val-Jalbert dans le
comté de Roberval, tous les récipiendaires du concours du
Mérite forestier. On avait également le grand honneur d'avoir
avec nous Roger Baulu, qui a été un des premiers animateurs
à sensibiliser les Québécois et les
Québécoises à respecter la nature. Vous avez dû
rencontrer M. Baulu et constater avec quelle ardeur H parle de ce respect de la
nature.
Évidemment, ces récipiendaires, tous ceux qu'on a
décorés vendredi dernier, étaient les lauréats de
chacune des régions, des médailles d'or, de bronze et d'argent,
au nombre de 27, comme on l'a souligné. Ces lauréats travaillent
dans leur boisé. C'est une contribution à la cause
forestière, une contribution à la cause environnementale qui est
importante et qui est un exemple pour le reste du Québec. Ils font ces
travaux-là avec beaucoup d'amour et beaucoup de
générosité parce que la plupart font ça pour leurs
enfants ou les enfants de leurs enfants. Ils le font pour les
générations futures. Ils le font également pour leurs
voisins. Et c'est là qu'on réalise avec quelle
générosité ces gens-là se donnent à ce
travail-là.
Et pour répondre à quelques allusions du
député de Laviolette concernant les problèmes qu'on
rencontre dans le secteur, je vous dirai que je suis très heureux
d'avoir 5 000 000 $ de plus à remettre dans les forêts
privées. Dès demain, nous essaierons d'en faire une
redistribution équitable dans tout le Québec. Je pense
qu'avec ces 5 000 000 $, on pourra se tirer d'affaire. Comme l'a
signalé le député de Beauce-Nord, on pourrait en mettre
davantage dans tous les ministères. Ce n'est peut-être pas
suffisant comme l'a signalé mon collègue, mais le déficit,
par exemple, est suffisant. On tente de diminuer le déficit. Une chance
qu'on a réussi à contrôler nos dépenses et à
administrer correctement le Québec parce que de la façon dont on
était partis en 1985, on serait dans le pétrin aujourd'hui.
Grâce à cette administration, on peut aujourd'hui mettre 5 000 000
$ en forêts privées, 10 000 000 $ en forêts publiques et
augmenter un peu le budget de cette année. Cet argent est un
investissement pour le futur et je remercie le ministre des Finances d'avoir
accédé à cette demande.
Quand on parle de création d'emplois, c'est une autre somme de 3
500 000 $ que nous allons investir en forêts dans le Bas-Saint-Laurent et
la Gaspésie, cette année. Bien, 3 500 000 $, ce n'est pas
à dédaigner. Cela crée des emplois dans une région
particulièrement affectée par le chômage. Et encore une
fois, merci au ministre des Finances et merci à mes collègues qui
administrent si bien les deniers publics.
On parle beaucoup de rendement soutenu en forêts privées.
C'est évident qu'à force d'en parler... Le Syndicat des
producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent a tenu un colloque sur cette question.
Et comme l'a signalé mon collègue, le député de
Beauce-Nord, ce principe n'est pas entièrement accepté par tous
les propriétaires privés. Je vous signalerai, Mme la
Présidente, qu'on a affaire à un secteur de nature privée.
C'est plus facile d'intervenir de cette façon-là dans la
forêt publique, mais lorsqu'on intervient dans la propriété
privée, il faut faire attention à moins de changer de
système. Notre système est un système de libre entreprise.
À force d'en parler, je suis convaincu - j'en parlais avec les gens
à Val-d'Irène il y a une couple de semaines, lors du
congrès de l'Association forestière du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie - que tous les propriétaires
privés, avec notre collaboration, trouveront la façon d'y arriver
pour protéger ou exploiter cette forêt privée sur une base
de rendement soutenu tel qu'on le fait en forêts publiques depuis la loi
150. (11 h 30)
Cette loi adoptée en 1986 remplaçait évidemment les
modes d'attribution des bois à des fins commerciales par des permis
d'intervention, mais des permis d'intervention basés sur la
possibilité forestière à rendement soutenu. En
remplaçant cette loi de cette façon-là, nous avions
l'obligation légale d'attribuer des bois à ceux qui avaient
exploité la forêt publique au cours des cinq dernières
années suivant la moyenne des cinq dernières années. C'est
ce que nous avons fait. La loi oblige le ministre à le faire, et ce
n'est plus la discrétion du ministre comme cela l'a été
dans le passé. M. le député de Laviolette a parié
longuement des copeaux.
J'ai eu le plaisir de souper samedi dernier à La Sarre entre
Michel Perron et Paid Bienvenue. Je vous dirai, Mme la Présidente, que
Paul Bienvenue m'a entretenu longuement de cette question. C'est une question
délicate et j'ai nommé un conciliateur, Me Paul Vézina,
qui rencontre des gens de deux entreprises pour faire en sorte qu'ils trouvent
une façon imaginative de régler le problème. Je sais
qu'actuellement, certaines compagnies papetières offrent 6 % ou 7 %
d'augmentation, ce qui est supérieur au coût de la vie, mais par
contre, chacune des parties tente d'atteindre son objectif. L'objectif des
scieries indépendantes, c'est d'obtenir 120 $ la tonne métrique
anhydre fob scieries et d'obtenir également une régie des
copeaux. Le comité que j'ai mis sur pied pour étudier cette
question ne recommande pas d'établir une régie des copeaux. Je
vous dirai qu'une régie des copeaux ne force pas la transaction,
n'oblige pas un acheteur à acheter et n'oblige pas quelqu'un à
vendre. Cela serait difficile, je pense bien, si l'on se compare aux autres
provinces canadiennes.
On pariait également de la valeur du bois de sciage. M. le
député de Laviolette disait que le bois devrait passer en premier
à la scierie avant d'aller à la pulperie. Théoriquement,
c'est très recommandable, mais, avec cette théorie qui a
été mise de l'avant par l'ancien gouvernement, on s'est
dirigé dans le secteur de bois à pâte avec lequel on essaie
de faire du bois de sciage. C'est une partie des problèmes que l'on
rencontre aujourd'hui, et la valeur des fibres à l'intérieur
d'une partie d'un arbre n'a pas la même valeur partout dans toutes les
parties. Je posais cette question à M. Bienvenue, samedi soir: Un 2 x
10, douze pieds, au mille pieds se vend environ 495 $ le mille pieds tandis
qu'un 2 x 3, douze pieds, se vend environ 240 $ à 260 $ le mille pieds.
C'est pour vous montrer que la fibre n'a pas la même valeur partout dans
toutes les parties de l'arbre. C'est un peu le cas des copeaux. C'est
évident que les membres du comité mis sur pied dans
Antoine-Labelle, je les ai rencontrés et je les ai informés que,
lorsque nous aurions les données forestières adéquates du
deuxième inventaire décennal et que nous aurions calculé
toute la possibilité forestière sur une base de rendement
soutenu, et à la suite aussi de l'intervention du député
de Labelle qui suit ce dossier de très près, je tiendrais compte
de leurs recommandations lorsque nous discuterions des contrats avec chacun des
industriels qui sont en droit de recevoir un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier.
Quant aux conditions de travail, le député de Laviolette
s'en plaint. Moi aussi, je me suis plaint, Mme la Présidente, des
conditions de travail en forêt. J'ai donné des instructions que,
malgré qu'on l'avait inscrit dans les contrats, les entrepreneurs
devaient respecter des conditions de travail adéquates et conformes aux
exigences de la CSST. J'ai donné des instructions à mes
employés afin que, lorsqu'ils verraient que
certains ouvriers en forêt ne sont pas traités correctement
et qu'ils ont des conditions de travail inacceptables, de les rapporter
directement à la CSST pour que celle-ci intervienne suivant sa fonction
et son mandat.
C'est à peu près ce que le député de
Laviolette a dit dans l'essentiel. Il a parlé très peu de la
nouvelle Loi sur le Mérite forestier. Cette nouvelle Loi sur le
Mérite forestier a la qualité de reconnaître d'autres
personnes que des propriétaires privés, quoique ces derniers
continueront d'être reconnus et qu'ils continueront aussi de recevoir des
médailles et des récompenses, mais de reconnaître d'autres
personnes qui contribuent d'une façon tout à fait spéciale
à l'aménagement forestier, à la recherche et au
développement dans ce secteur. Je crois que tout le monde ensemble, les
propriétaires de forêts privées, les exploitants de la
forêt publique, les chercheurs et tout ce monde-là sur la
même scène fera en sorte qu'on pourra continuer à
travailler dans la bonne direction, c'est-à-dire, comme l'a
signalé le député de Laviolette, à rebâtir la
forêt du Québec qui a été surexploitée en
raison de pressions de toutes sortes, des épidémies d'insectes,
de la tordeuse des bourgeons d'épinette qui nous a obligés
à récupérer davantage de bois coupé. Ensemble, avec
une telle loi et avec la collaboration que nous recevons de l'industrie, des
particuliers et des députés de cette Assemblée, nous
réussirons à rebâtir cette forêt pour assurer notre
avenir et celui des générations qui nous suivront. Merci.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué aux Forêts. Cette réplique termine le
débat. Est-ce que le principe du projet de loi 127, Loi sur le
Mérite forestier, est adopté.
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 127 à la commission de
l'économie et du travail pour son étude
détaillée.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Article 10 du feuilleton, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: À l'article 10 de notre
feuilleton...
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, on m'indique qu'on
voudrait plutôt procéder à l'adoption du principe du projet
de loi 130 qu'on retrouve à l'article 17.
La Vice-Présidente: J'espère que, cette fois-ci,
c'est le bon.
Projet de loi 130 Adoption du principe
À l'article 17 de notre feuilleton, le ministre des Affaires
municipales propose l'adoption du principe du projet de loi 130, Loi modifiant
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives. Là-dessus, je vais vous reconnaître, M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, Mme la Présidente.
Nous abordons ce matin, en cette Assemblée, le débat, comme vous
l'avez indiqué, sur l'adoption du principe du projet de loi 130, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres
dispositions législatives.
En vertu de la loi actuelle, comme vous le savez, Mme la
Présidente, la mise en application du plan d'urbanisme d'une
municipalité et le contrôle du développement urbain
reposent sur l'énumération de normes dans les règlements
d'urbanisme. La municipalité doit donc tenter de tout prévoir
dans sa réglementation de telle sorte que la personne chargée de
délivrer un permis de construction, soit en mesure de déterminer
objectivement si la construction projetée est conforme aux normes.
Cependant, certains domaines se prêtent mal à cette
façon de faire, notamment l'architecture des constructions et
l'aménagement des terrains. Il s'agit là, tous en conviendront,
de matières propices à l'innovation qui sont difficiles à
régir à l'avance par des nonnes trop strictes. Il n'existe pas
dans la législation québécoise de mécanismes
intermédiaires, comme il en existe dans d'autres provinces et dans les
États américains. Ici, les municipalités sont contraintes
d'adopter l'une ou l'autre des deux positions diamétralement
opposées, mais également insatisfaisantes. Elles peuvent renoncer
à l'idée d'édic-ter des normes a ce sujet, ce qui a pour
effet de permettre la construction d'immeubles dont l'architecture et ou
l'aménagement, tout en étant conformes à la
réglementation, peut causer un préjudice esthétique
sérieux au milieu. À l'oppo-
se, les municipalités peuvent multiplier les normes pour tenter
de tout prévoir, ce qui a pour effet d'empêcher la construction
d'immeubles reflétant de nouvelles tendances architecturales tout
à fait harmonieuses, mais non conformes aux règles existantes.
(11 h 40)
II s'avère donc important, Mme la Présidente,
d'établir un mécanisme intermédiaire par lequel la
municipalité peut examiner, à son mérite, chaque projet de
construction à la lumière de critères
d'appréciation qu'elle s'est donnés au préalable quant
à la qualité de l'architecture, quant à
l'aménagement ainsi que quant aux autres caractéristiques de
l'immeuble projeté.
Ce projet de loi propose donc, et c'est le point majeur, de modifier la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme pour permettre à une
municipalité dotée d'un comité consultatif d'urbanisme
d'adopter un règlement assujettissant la délivrance d'un permis
de construction ou de lotissement ou d'un certificat d'autorisation ou
d'occupation à l'approbation des plans relatifs à l'implantation
et à l'architecture de constructions, à l'aménagement de
terrains et aux travaux qui y sont reliés.
Ce projet de loi propose également des modifications quant
à la consultation des citoyens. Les règlements traditionnels
d'urbanisme doivent faire l'objet d'une consultation des citoyens avant leur
adoption. Cette consultation peut se faire soit en même temps que celle
qui porte sur le plan d'urbanisme si les règlements sont
préparés en même temps que le plan, soit à une autre
époque dans les autres cas.
Depuis 1985, le législateur a permis aux municipalités
d'édicter deux genres de règlements qui complètent les
règlements traditionnels d'urbanisme que sont les règlements de
zonage, de lotissement et de construction. Il s'agit d'abord du
règlement permettant à la municipalité d'autoriser des
dérogations mineures aux normes de zonage et de lotissement et, ensuite,
du règlement permettant à la municipalité d'exiger d'une
personne qui demande la modification d'un règlement d'urbanisme pour une
zone la production d'un plan d'aménagement de cette zone.
La consultation des citoyens sur les deux nouveaux genres de
règlements ne fait pas l'objet de règles uniformes. Quant
à celui qui porte sur les dérogations mineures, la loi laisse
entendre, mais sans le dire clairement, qu'il peut faire l'objet d'une
consultation en même temps que le plan d'urbanisme. Quant à celui
qui traite des plans d'aménagement, la loi semble exclure totalement
qu'il puisse faire l'objet d'une telle consultation concomitante.
Donc, afin de clarifier et unifier la procédure de consultation
des citoyens sur certains règlements, les modifications
nécessaires sont prévues au présent projet de loi.
De plus, Mme la Présidente, ce projet de loi apporte une
précision essentielle quant aux mesures favorisant
l'établissement de parcs ou de terrains de jeux lors d'une
opération cadastrale. En vertu de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, une municipalité peut, dans son règlement de
lotissement, exiger d'une personne qui lui présente un projet
d'opération cadastrale en vue d'obtenir un permis de lotissement qu'elle
pose un acte visant à favoriser l'établissement de parcs ou de
terrains de jeux. Cet acte peut être soit la cession à la
municipalité d'un terrain, soit le versement à celle-ci d'une
somme d'argent, soit les deux à la fois.
Cependant, trois genres d'opération cadastrale ne peuvent donner
lieu à une telle mesure: l'annulation, la correction et le remplacement
de numéros de lot. Cela s'explique parce que, du moins jusqu'à
récemment, ces trois opérations n'entraînent pas la
création de nouveaux terrains susceptibles de loger de nouveaux
bâtiments. Or, la mesure d'aide à l'établissement de parcs
ou de terrains de jeux existe pour faire face aux nouveaux besoins
générés par l'arrivée de nouveaux
résidents.
Toutefois, depuis le 1er octobre 1985, date de l'entrée en
vigueur de certains articles de la Loi favorisant la réforme du cadastre
québécois, il est possible d'effectuer le morcellement d'un lot
au moyen d'un remplacement de numéro de lot. Il s'avère donc
nécessaire dans les circonstances de modifier la loi pour
préciser la notion de remplacement de numéro de lot afin
d'éviter qu'un tel remplacement créant de nouveaux lots
susceptibles d'être bâtis soit exempté des mesures
favorisant l'établissement de parcs ou de terrains de jeux.
D'autre part, ce projet de loi modifie les articles relatifs au
traitement des membres du conseil d'une municipalité régionale de
comté puisque, à la suite de l'entrée en vigueur, le 17
juin dernier, de la Loi sur le traitement des élus municipaux, le
régime du traitement des membres du conseil d'une municipalité
locale présente de nouvelles caractéristiques. Le régime
de traitement des membres du conseil d'une municipalité régionale
de comté, lui, n'a pas fait l'objet de modifications. Actuellement, les
mêmes personnes, les mêmes individus sont soumis à des
règles différentes, selon qu'ils agissent au palier local ou au
palier régional. Les modifications proposées ont pour effet de
rectifier cette situation.
Enfin, Mme la Présidente, ce projet de loi prévoit que la
Commission municipale du Québec pourra demander au ministre des Affaires
municipales de lui accorder un nouveau délai pour se prononcer sur la
conformité entre deux instruments d'urbanisme lorsque le premier
délai est expiré. Actuellement, contrairement aux
municipalités régionales de comté et aux
municipalités locales, la commission ne peut demander au ministre de lui
donner un nouveau délai lorsque le premier est expiré.
En terminant, je mentionnerai que le projet de loi 130, dont les
modifications concernent
principalement le contrôle de l'implantation et de l'architecture
des constructions et des mesures d'aide à l'établissement des
parcs et des terrains de jeux, fait suite à des demandes expresses du
monde municipal. Les autres modifications, quant à elles, sont apparues
nécessaires afin d'apporter des précisions, des clarifications
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Je sollicite donc,
dans les circonstances, la collaboration de tous les membres de cette
Assemblée afin d'adopter le principe du projet de loi 130. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Affaires
municipales. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. En intervenant, ce
matin, sur le projet de loi 130 qui traite d'un sujet important, il me semble
d'abord et avant tout qu'il y a des points qu'on cherche à
connaître et à savoir. Je pense aussi que les
éléments qu'on a introduits sont des éléments
nouveaux et qui existent dans d'autres chartes municipales, et qu'ils peuvent
ou auraient pu faire l'objet de certaines consultations spécifiques.
Je veux faire référence à la question qui traite
des pouvoirs qui seront conférés aux municipalités par
règlement, à condition qu'elles adoptent un règlement
concernant l'architecture, l'aménagement des terrains et les travaux qui
y sont reliés. Je pense que la ville de Québec, par sa charte
spéciale la régissant, a ce pouvoir d'intervenir sur
l'architecture. Il faut comprendre aussi que ce sont des besoins nouveaux qui
sont apparus beaucoup plus fortement lors des revitalisations du centre-ville
puisqu'on avait à marier le passé et le présent et aussi
à conserver une certaine uniformité des bâtiments les uns
par rapport aux autres. En fait, c'est ce qui touche le patrimoine.
Ce qui pourrait sembler inquiétant dans ce projet de loi c'est
effectivement ces pouvoirs qui sont conférés à la
municipalité parce que qui dit pouvoir dit aussi la possibilité
ou l'obligation de faire respecter ces pouvoirs. De quelle façon, par
exemple, les municipalités pourront-elles appliquer ces nouveaux
règlements concernant l'architecture, l'aménagement des terrains,
si elles n'ont pas à leur service les ressources humaines suffisantes
pour pouvoir se prononcer? Quand on parle de ressources humaines en urbanisme,
il y a de grandes chances qu'on parle d'urbanistes. Est-ce que ce seront des
urbanistes au service de la municipalité de façon exclusive ou
est-ce que ce seront des urbanistes à fonction ou à
caractère privé? À ce moment-là, on peut
éprouver des difficultés. Comment un urbaniste à
caractère privé pourra-t-il se prononcer sur le concept d'un
autre architecte? Et comment pourra-t-il, selon sa décision, faire
accepter facilement son point de vue? Cela me semble une certaine
difficulté qu'on peut éprouver. Actuellement, dans le monde
municipal, on est habitué à ce que la municipalité exerce
ses fonctions non pas en donnant des contrats, mais plutôt en ayant des
personnes exclusivement à son service qui lui permettent d'exercer ces
mêmes fonctions. C'est un élément important. (11 h 50)
De quelle façon le critère de bon goût ou de
beauté pourra-t-il être accepté ou comparé? S'il y a
une chose sur laquelle il est difficile de se prononcer, c'est sur ces
critères de bon goût, de durabilité ou sur tout autre
critère. Si on parle d'architecture, N ne s'agit pas seulement de
l'apparence extérieure, mais aussi des matériaux utilisés
et de la façon dont cela va se marier, d'un aspect par rapport à
l'autre. Ce sont tous ces éléments. C'est l'un des
problèmes qu'on aura à rencontrer sûrement dans
l'application du règlement, à savoir si les municipalités
auxquelles ces nouvelles responsabilités seront dévolues pourront
les exercer et comment. On peut bien accepter des règlements, si on n'a
pas les moyens de les faire observer, comment cela pourrait-il être
accepté ou perçu par la population?
Il y a d'autres critères, s'il y a un règlement, la
municipalité qui refusera un permis concernant l'architecture ou
l'aménagement de terrains devra donner des explications par
écrit, les motifs pour lesquels elle refuse l'émission d'un
permis. Cela laisse présumer que contre la municipalité qui
refuse ce permis - d'abord, il faut qu'elle ait un comité d'urbanisme -
un individu pourra avoir des recours. Le fait que la municipalité soit
obligée d'expliquer par écrit les raisons de son refus permettra
au promoteur ou à l'investisseur de pouvoir poursuivre sur les
allégations contenues dans le refus de délivrance du permis de la
municipalité. Cela veut dire que, tout en ayant un pouvoir, cela oblige
la municipalité à être bien outillée, bien
organisée pour expliquer en long et en large de quoi est fait ce refus
et quelles sont les raisons qui militent en sa faveur. Cela pourrait encore
là occasionner des frais importants et aussi limiter la preuve.
Règle générale, quand on va à la cour, les
éléments de contestation se font toujours sur les
éléments de preuve qui existent. Le fait que ces
éléments de preuve seront confirmés par des écrits
obligera les municipalités, même en refusant, à des
défenses extraordinaires si elles ne veulent pas être
contestées. Cela pourrait être de nature à augmenter les
coûts, et les municipalités auront à en faire les frais.
C'est un point important. Il est évident que, quand on parle de zonage,
d'urbanisme, d'aménagement, les municipalités qui auront à
se servir de ce projet de loi pourraient, par certaines démarches,
augmenter les coûts d'une façon assez importante. Cela pourrait
mettre en danger certaines actions qui se passent sur le territoire municipal.
La municipalité qui refusera ou qui ne désirera
pas adopter un règlement pour appliquer certaines règles
d'urbanisme, même si ces règles ne peuvent être
appliquées que dans des secteurs restreints de la municipalité,
là où il n'y en aura pas et quand il y aura un problème
contre le bon goût, je me demande comment elle va résister. En
tout cas, il y a certainement un problème de ce
côté-là.
Par exemple, dans certaines municipalités, on permet des
bâtisses à un, deux ou deux étages et demi. Effectivement,
dans certains endroits, vous rencontrez un certain nombre de caractère
uniforme, en ce qui a trait à la hauteur aussi, respectant un certain
nombre de critères et de qualités de la bâtisse. Il peut
arriver, pour une raison ou pour une autre, qu'un propriétaire ou qu'un
nouvel entrepreneur change la règle. À l'instant où une
bâtisse changera quelque peu le paysage, je dis que les conseils
municipaux devront répondre de leurs actes, et rapidement. Donc, c'est
un pouvoir important que ce projet de loi va conférer aux
municipalités et qui pourrait changer la nature de ce qui se passe
actuellement.
Il ne faut pas se le cacher, lorsqu'on parle des règlements de
zonage... J'avais l'occasion, avant-hier, d'écouter la réponse du
ministre concernant un terrain, dans un parc industriel, qui aurait
été acheté, selon les renseignements que nous
possédons, sous des représentations qui, à tout le moins,
nous semblent erronées. Le ministre, après une enquête
sommaire d'un officier du ministère, conclut rapidement qu'il n'y a pas
lieu de poursuivre. Pourtant, si on regarde la revue Municipalités de ce
mois-ci, la revue publiée par le ministère, on y trouve:
"Règlement de zonage, attention aux procédures d'adoption
imperatives." Est-ce que ça veut dire qu'on adopte des lois et qu'on ne
s'en occupe pas? Est-ce que ça veut dire que les lois qu'on
présente, c'est pour épater les gens dans la tribune, pour dire
qu'on fait de belles et bonnes choses?
Si c'est vrai que ce projet de loi est important, si c'est vrai qu'on
confère aux municipalités des droits qui leur permettront de
légiférer concernant l'architecture, l'apparence, ainsi que la
qualité des matériaux, on les oblige, par contre, à
consigner par écrit les motifs de refus, ce qui veut dire qu'on peut
accepter ou non. C'est de nature à augmenter les coûts. Donc, il y
a une action très concrète qu'on pose. Par contre, si dans
d'autres lois on laisse passer en disant que ce n'est pas tellement grave,
même s'il y a de petits accrocs, même si toutes les
procédures n'ont pas été observées et qu'il n'y a
pas matière à enquête. Je vous dis qu'il y a souvent dans
le secteur du zonage... La revue Municipalités est claire de ce
côté-là. On nous donne des faits qui ont été
entendus en cour et où les municipalités ont été
déboutées. Je veux juste prendre pour exemple le jugement rendu
le 5 octobre 1988 par le juge André Biron. On a annulé un
règlement de zonage pour irrégulari- té-ce n'était
pas grand-chose - d'une procédure d'adoption qu'il a qualifiée
d'impérative. Autrement dit, dans son jugement, le juge fait rapport sur
toutes les procédures qui ont été suivies et, à la
minute où ça ne répondait pas aux critères suivant
lesquels la loi avait été écrite et adoptée, le
juge a dit: On annule ce règlement. Cela, c'est prima facie, c'est
à la vue même que ça s'est fait et assez rapidement.
Cela veut dire qu'il faut attacher de l'importance à ces
règlements, mais il faudrait qu'on ait toujours le même langage ou
la même façon d'agir. On donne un pouvoir, on oblige les
municipalités à se tenir dans une espèce de carcan. Quand
on parle d'un règlement, cela veut dire qu'on oblige la
municipalité à retenir à l'intérieur de balises
très précises, balises qu'on peut contester, qui sont soumises
à la population et qui permettent d'agir. Je pense aussi que si c'est
vrai... C'est le ministre qui nous propose ces règlements; il faudrait
que ceux-ci soient vrais parce que si cela va ailleurs... Si le ministre a
l'autorité pour faire adopter ses propres règlements, il a aussi
la responsabilité de veiller à ce que les municipalités se
comportent correctement envers les contribuables. Il faut que toutes ces
mesures, quand elles découlent de sa responsabilité, le ministre
les applique indépendamment des personnes concernées, et que les
municipalités fassent de même. C'est donner un bon exemple de ce
qui se passe par rapport à la réalité. (12 heures)
En parlant d'architecture, on parle aussi d'avoir le droit de
s'ingérer ou de donner le pouvoir aux municipalités d'exiger
certains aménagements sur les terrains en relation avec l'implantation
de la propriété et la qualité de la
propriété. C'est évident que ce pouvoir qu'on donne... On
ne l'avait pas auparavant. Il fallait tenir compte des hauteurs, et ça,
Dieu sait pourquoi. C'était la question de la hauteur, la question des
services, de l'infrastructure en dessous des rues. Il fallait tenir compte de
ça et je pense que tout le monde s'y conformait. Mais là on va
beaucoup plus loin. On parle de l'aménagement du terrain. Quelle sera la
volonté des municipalités qui vont tenir compte ou qui voudront
aller dans l'aménagement des terrains? Cela aussi ouvre une porte
suffisamment grande qui pourrait avoir des influences suffisamment importantes
sur les coûts pour les contribuables. De quelle façon pourra-t-on
le faire? Jusqu'où pourront aller ces demandes ou ces émissions
de permis? Encore là, ça ouvre ces portes-là et ça
permet ou ça va permettre à des municipalités d'aller
suffisamment loin, ce qui sera de nature à augmenter les coûts,
mais, encore là, il y aura certainement une période de flottement
entre l'adoption des règlements et l'application de ces mêmes
règlements pour savoir jusqu'où les municipalités pourront
aller par rapport à ce nouveau pouvoir qui leur sera accordé.
Il y a le règlement qui peut prévoir, en
vertu de l'article 145.20, que le propriétaire prenne à sa
charge le coût des infrastructures ou des équipements et qu'il
réalise son projet dans un délai fixé. Je sais
qu'actuellement certaines municipalités ont appliqué des
règlements qui leur permettent, dans un temps donné... Et H y a
même des compagnies que je connais à qui ils ont accepté de
vendre des terrains conditionnel-lement à ce que l'implantation se fasse
dans un temps déterminé. Sinon, il y a reprise des terrains. Les
parcs industriels sont de bons exemples, je pense, où s'il n'y a pas de
construction - c'est exigé par le ministère de l'Industrie et du
Commerce - c'est repris par les municipalités parce que ce sont elles
qui exercent le pouvoir. S'il n'y a pas d'implantation dans un temps
déterminé, à ce moment-là, le terrain redevient la
propriété de la municipalité. Et ce qu'on dit par rapport
à ça, c'est qu'on va un peu plus loin. On veut que le
propriétaire prenne à sa charge les coûts des
infrastructures. Encore là, il y a des chances d'avoir rapidement des
abus. La pratique nous dira jusqu'à quel point ce pouvoir-là
devrait être donné ou déterminé dans les faits.
On pourrait dire aux propriétaires ou aux promoteurs qu'on
pourrait charger des coûts et que ces coûts-là pourraient
englober plus que les lots qui seraient desservis par l'infrastructure, ce qui
fait qu'on diminuerait le coût aux autres en chargeant plus pour un
projet déterminé. J'imagine que le bon sens va réglementer
les lignes de pensée ou les lignes de décision des conseils
municipaux concernant ces implantations ou ce pouvoir qui leur est
donné.
Je ne sais pas, concernant l'architecture ou le pouvoir d'intervenir sur
les terrains, si l'Ordre des architectes a été consulté.
Est-ce que les municipalités ont réagi par rapport à
ça? Actuellement, je n'ai pas d'indications que les municipalités
vont refuser ce pouvoir. Est-ce qu'elles vont l'utiliser? Cela aussi, c'est une
question qu'on doit se poser. J'imagine qu'à l'étude article par
article du projet de loi on pourra nous donner ces informations. Il y aura
certainement, en tout cas, de notre part, certains éléments qu'on
voudrait tester ou examiner par rapport à ce projet de loi ou ces
nouveaux pouvoirs qui vont être donnés.
Je pense que les questions fondamentales sont: Est-ce que les
municipalités auront les ressources financières et humaines
suffisantes pour que ces règlements-là soient valables et
puissent donner des bons résultats? Est-ce que les municipalités
couvriront tout le territoire ou est-ce qu'elles iront par section seulement,
ce qui pourrait être de nature à créer certaines
iniquités ou certains problèmes dans les municipalités?
Est-ce que les exigences des municipalités seront trop grandes par
rapport aux bénéfices escomptés? Tout cela, ce pouvoir qui
est donné est en fonction de l'amélioration visuelle et d'une
meilleure conservation du patrimoine. C'est effectivement un problème
soulevé par la proposition de ce projet de loi.
Il y a un autre élément qu'on retrouve dans ce projet de
loi, il s'agit de la question des dérogations mineures. Il faut se
rappeler que vers 1984, si ma mémoire est exacte, le gouvernement du
Québec avait accordé, selon le principe que ça existait
ailleurs, par exemple, en Ontario et dans d'autres provinces canadiennes,
l'élément des dérogations mineures. À ce
moment-là, étant I ex-président de l'Union des
municipalités, je me souviens avoir mis en question le bien-fondé
de cette mesure en disant que ça ouvrait des portes assez grandes
à des dérogations qui pourraient être fartes dans les
municipalités. Il faut bien penser que ce qui est mineur pour un
individu peut être majeur pour un autre. C'est évident que, si
vous prenez un terrain de 100 pieds de façade, un pied pourrait
être mineur, 2 pieds ça pourrait être mineur, mais en haut
de ça c'est quoi qui est petit par rapport à grand?
Effectivement, c'est ce que nous avons vu dans la réalité. Bien
sûr, j'avais discuté du projet avec l'Union des
municipalités, dans le temps. Le président s'était
compromis. Il faut comprendre que, dans des grandes municipalités ou
dans des grandes villes comme Montréal ou Québec, la question de
la propriété des terrains et la question du droit de vue, c'est
complexe. Il faut bien accepter qu'ils n'avaient pas toujours l'arpenteur
à côté d'eux pour tracer les plans, pour établir
l'implantation de la bâtisse. Il y a beaucoup d'éléments
qui se sont produits et qui ont fait que les municipalités sont prises
avec des problèmes presque insolubles, dans certains cas. Il faudrait
défaire des bâtisses au complet, il faudrait les resituer. Je
pense que le droit de propriété, à ce moment-là,
causait des problèmes sérieux. Chaque fois qu'on faisait des
changements au zonage, c'était toute la procédure prévue,
c'est-à-dire la publication, la prépublication, des
avertissements aux contribuables situés dans la zone et autour de la
zone, ce qui fait que des coûts importants sont en cause. Aussi, la
période de temps impliquée est aussi importante. Cela peut se
concrétiser à environ sept semaines pour un changement de zonage
et ce, à la condition que ça aille bien.
Pour adoucir, le gouvernement, dans le temps, avait accepté qu'on
introduise la notion de dérogations mineures et de consultations
publiques, et là le conseil pouvait y aller assez rapidement. On s'est
bien rendu compte tout de même qu'il y a eu quelques abus. Je peux citer
des cas de mémoire, des arrière-cours, par exemple, où on
n'avait pas le droit de construire sur une longueur ou une largeur de 9
mètres, donc 27 pieds. La bâtisse devait être à 27
pieds de la ligne arrière du lot. On a presque réussi à
effacer cette notion en disant que c'est une dérogation mineure. Cela
s'est fait dans des commerces, pour être bien précis. Ce qui fait
que 20 pieds de profondeur sur un terrain où on donne la permission de
construire, la municipalité a considéré que ce
n'était pas une dérogation
majeure; c'était une dérogation mineure. Il y a d'autres
endroits où il y a eu de l'empiétement sur 10 pieds de longueur
sur environ 200 pieds de la ligne à côté du lot; la
municipalité a considéré que c'était mineur. Moi,
à mes yeux, ça semblait majeur comme élément et
comme décision. (12 h 10)
II y a plusieurs endroits au Québec où, si on cherchait un
peu, il ne faudrait pas être un grand spécialiste de la question
pour se rendre facilement à l'évidence que ces
empiétements ou ces changements, de mineurs, sont devenus des cas
majeurs. Cela s'est fait régulièrement. Pour trouver les raisons,
on pourrait sûrement se pencher sérieusement sur les dossiers, sur
les promoteurs, sur les conseils municipaux. Sans les accuser, on pourrait se
rendre compte assez rapidement que cela a passé comme du beurre dans la
poêle, rapidement. Ce sont des actions qui, à la longue, mettent
en danger des règlements d'urbanisme et qui font, à la longue
aussi, que les règlements ne veulent plus rien dire, et en même
temps, disent clairement aux gens: Même si vous vous trompez un petit peu
et même s'il y a des problèmes, ne vous cassez pas la tête,
le conseil municipal va vous arranger ça. Vous savez bien qu'on ne vous
fera pas débâtir quelque chose qui a coûté de
l'argent parce qu'on peut l'arranger différemment. Je pense que, de ce
côté-là, le projet de loi ressert quelque peu la notion de
dérogation mineure puisqu'on exige de plus en plus qu'on aille par
règlement, de sorte que, du fait que la municipalité soit tenue
de le faire par règlement, cela devrait, à mes yeux, être
une certaine amélioration par rapport à ce qui existe
actuellement.
Un autre élément est soulevé dans ce projet de loi,
c'est la Loi sur la rémunération des élus municipaux.
Adoptée en 1988, elle a ouvert un certain nombre de portes, de
permissions et d'améliorations quant à la
rémunération des élus municipaux, mais elle couvrait
essentiellement les élus municipaux élus directement par leurs
contribuables. Dans le cas qui nous préoccupe actuellement, ce sont
évidemment des élus par les municipalités, mais qui
exercent un pouvoir délégué et qui ne reçoivent
donc pas, de la part des contribuables, le pouvoir direct d'agir à la
municipalité régionale de comté, ce qui, à mes
yeux, est quelque peu différent. C'est différent d'avoir un
mandat de ses électeurs que d'avoir un mandat d'un conseil municipal;
cela n'a pas la même saveur ni les mêmes responsabilités. Et
ce qui se passe dans la municipalité régionale de comté,
c'est que l'électeur local n'a pas beaucoup de pouvoir. Le seul pouvoir
qu'il peut avoir et qu'il aura, lorsque viendra le temps des élections,
sera celui de dire, à ce moment-là: Considérant que tu as
été un bon conseiller ou un bon maire dans ma
municipalité, mais que tu as agi contrairement à ce qu'on aurait
voulu à la municipalité régionale de comté... Il
n'a pas grand-chose à dire. Il pourra peut-être dire: Je vais
voter contre toi. Mais il n'y a pas non plus de budgets votés
directement. Ce qui se passe à la municipalité régionale
de comté, il n'y a pas beaucoup de citoyens qui peuvent changer
grand-chose par rapport à ça. Elle peut marcher par pression,
mais la municipalité régionale de comté n'est pas
redevable aux citoyens des actions qu'elle pose. Elle leur est redevable
moralement de ses actes, elle est moralement responsable des décisions
qu'elle prend, mais elle n'est pas redevable directement aux
municipalités ou aux contribuables, contrairement à ce qui existe
en France, par exemple, où les organismes à caractère
régional sont effectivement élus par la population et ont donc un
pouvoir direct de taxer.
À mes yeux, il y a certainement une zone grise pour ce qui est
des décisions ou de la rémunération qu'on veut accorder
à ces gens-là. D'abord, ils auront droit, pour leurs fonctions,
à des montants spéciaux ou à des
rémunérations supplémentaires. Règle
générale, au Québec, actuellement, le préfet de la
municipalité régionale de comté reçoit 150 $ par
séance et les autres membres 100 $. C'est à la séance.
Règle générale, c'est ce qui se passe. Avec ce projet de
loi, on pourra le garder à la séance, mais on peut
l'élargir suivant la notion de travail annuel, donc payer soit à
la semaine, à la quinzaine ou au mois. Cela pourrait même aller
jusqu'à l'année, à condition qu'on décide de le
faire. C'est dire que la loi est assez large à ce sujet.
Ces paiements seront faits par les municipalités participantes.
Mais le problème que je soulève... Le pouvoir de la
municipalité, qui va l'exercer? Ce sont les gens qui sont à
l'intérieur de la municipalité, mais tous ne sont pas à
l'intérieur de la municipalité régionale de comté.
En principe, tout le monde en fait partie, mais qui siège à la
municipalité régionale de comté? Ce sont avant tout des
maires de municipalité. Cela peut être un représentant si
le maire refuse et ça peut être, dans certains cas, quelques
conseillers, avec le maire qui s'ajoute, qui peuvent y siéger.
Ces personnes pourraient prendre des décisions, exiger des
montants supplémentaires de la municipalité. Comme la
municipalité fait partie de la municipalité régionale de
comté, et c'est là l'essence de la loi, elle est obligée
de payer. S'il y a 75 % des membres représentant 75 % de la population,
elle va être obligée de payer. Cela veut dire que les
décisions des gens à l'intérieur de la municipalité
régionale de comté, c'est-à-dire les maires - quelquefois,
mais très rarement, dans les grosses municipalités
régionales de comté, ce sont quelques conseillers - peuvent
exiger des municipalités des montants supplémentaires.
On n'a pas le choix. La municipalité régionale de
comté fera ses règlements. A la suite de ces règlements,
la municipalité locale sera obligée de subvenir à ces
besoins, donc des coûts supplémentaires possibles.
J'avais soulevé un autre danger relativement à la question
de la rémunération des élus. Je
pense que ce danger existe toujours. On permet au conseil de la
municipalité locale ou au conseil de la municipalité
régionale d'octroyer des sommes ou des rémunérations
à des conseillers ou à des maires qui siègent davantage
à certains organismes qu'à leurs propres organismes de la
municipalité. Ils peuvent donc recevoir des montants parce qu'ils sont
président ou vice-président d'un comité. Cela peut
entraîner des coûts supplémentaires. Je prends juste comme
exemple une municipalité régionale de comté qui a une
commission sur l'urbanisme; cette commission pourrait être
présidée par un ou deux membres, un président et un
vice-président, et les cinq ou six membres pourraient recevoir des
montants supplémentaires octroyés à cause de ces
fonctions. On a voulu protéger deux fonctions. On dit que ceux qui sont
membres de l'Office municipal d'habitation ne peuvent pas être
payés pour ça. Il y a aussi un autre endroit où il n'y a
pas de rémunération. Par contre, il faut bien comprendre que ces
gens, qui sont des élus, sont déjà
rémunérés pour une partie de leurs fonctions ou pour leurs
fonctions. Ils siégeront avec des bénévoles dans d'autres
endroits, parce que ça arrive, et ils pourront être
rémunérés parce qu'ils représentent leur
municipalité ou la municipalité régionale de
comté.
Cela pourrait même mettre en cause les bénévoles qui
travaillent à des comités. Comment expliquer qu'un élu qui
reçoit déjà une rémunération pour ses
fonctions, à chaque fois qu'il occupe une fonction
supplémentaire, reçoive de la municipalité des montants
encore plus substantiels, tandis que l'individu qui est sur le terrain, un
bénévole qui travaille pour l'organisme, siège
bénévolement? Un vrai bénévole.
Je pense que c'est une question qu'on doit se poser. Peut-on accepter
indéfiniment que l'élu... On paie l'élu comme il faut pour
ses fonctions, je pense qu'on l'a fait, il y a eu des améliorations
sensibles, mais doit-on le rémunérer pour toutes sortes de
fonctions qu'il pourrait exercer à l'extérieur du conseil? (12 h
20)
Je prends un exemple plausible. Un organisme à fonction
économique. La municipalité régionale de comté va
décider que tel ou tel autre va aller siéger à la
corporation de développement économique de la municipalité
régionale de comté. Parce que ces gens représentent la
municipalité, ils peuvent, par ce projet de loi concernant les
élus municipaux, recevoir des rémunérations
additionnelles. Regardons le principe. Oui, ils sont déjà
payés pour leur fonction directe comme élu local ou à la
municipalité régionale de comté. Ces gens vont
siéger a un autre comité qui s'appelle le comité
régional. Ils sont payés et les autres qui sont avec eux ne sont
pas payés. C'est une interrogation importante, c'est une interrogation
sérieuse. Je pense que c'est de nature soit à décourager
le bénévolat, soit à donner comme message aux
bénévoles qu'eux aussi ont le droit d'être payés. Je
pense qu'i faut qu'il y ait parmi les élus... C'est vrai même pour
les députés de l'Assemblée nationale, ï y a une
certaine forme de bénévolat dans le travail qu'on fait. Si,
chaque fois qu'on pose un geste qui dépasse un peu le travail
régulier, on exige une rémunération, je pense qu'on n'est
pas correct. L'Assemblée nationale doit payer ses députés
correctement. Quant aux élus municipaux, on a décidé
qu'ils pouvaient se faire payer directement et correctement sans que les
contribuables - ils peuvent s'opposer, mais on sait qu'à toutes fins
utiles le règlement est adopté d'une façon ou d'une autre
au conseil qui en a la volonté. On a ouvert suffisamment de portes. Il
faut qu'à partir de maintenant on sache que c'est pour cette fonction
qu'ils sont payés. Pour les autres fonctions, je pense que c'est un
engagement de bénévole, c'est un engagement d'élu envers
la population.
C'est mauvais, ce n'est pas correct de dire aux élus que, chaque
fois qu'Us vont poser un geste, qu'ils vont avoir un peu plus d'engagements...
Il y a déjà des fonctions qui sont reconnues par la loi qui
permet à des élus municipaux, parce que le législateur l'a
accepté, on l'a décidé... On dit: C'est comme ça
que ça va se passer. Par exemple, les gens qui exercent des fonctions,
des élus qui acceptent d'être intervenants à la Commission
des transports, I y a une rémunération, pas seulement pour ceux
de la région de Québec et de Montréal. Même en
région les élus municipaux qui siègent à
l'intérieur de la Commission des transports reçoivent des
rémunérations pour les actions qu'ils posent. Ce sont tous des
élus municipaux. Ils sont tous payés. Donc, il n'est pas question
de bénévolat dans ça.
Le deuxième endroit où les élus municipaux
reçoivent une rémunération, c'est lorsqu'ils agissent dans
les municipalités régionales de comté. Les
municipalités régionales de comté, ce n'est pas une action
bénévole. Le législateur a reconnu dans deux endroits
précis que ces gens devaient être payés. Là, on
parle de n'importe quel organisme, dès qu'il est supramunicipal,
à l'intérieur, à l'extérieur, n'importe où.
À l'intérieur de la région, à ce moment, le conseil
pourrait le payer. Il faut penser que quelqu'un qui irait au conseil
régional de la culture pourrait bien dire: Vu que je représente
la municipalité, j'aurais droit à une certaine
rémunération. Pourquoi pas? Il a le droit. C'est marqué
dans la loi. Il le peut, 1 va travailler dans des comités.
Mais les autres qui font déjà partie du conseil
régional de la culture, ils n'ont pas d'argent. Ils ne sont pas
payés. Ce sont tous des bénévoles. Pourquoi ces gens
devraient-ils plus à la société que les gens qui sont
élus? C'est une question de fond. C'est une question importante.
Pourquoi les bénévoles n'auraient-ils pas droit à une
rémunération autant que des élus qui ont
déjà une rémunération reconnue et qu'ils peuvent se
voter? Ils s'en votent pour le travail qu'ils
font. S'ils ne veulent pas aller ailleurs que ça, je me pose des
questions. Je vous dis que, dans cette question de la
rémunération des élus, on avait fait beaucoup de
représentations lors de l'adoption en première lecture.
On a réussi à resserrer quelque peu ces actions.
J'espère que le nouveau ministre des Affaires municipales, parce que je
parle de son prédécesseur, va être ouvert à
certaines suggestions ou à un certain resserrement par rapport à
cela. Je pense qu'il ne faut jamais oublier qu'on s'adresse à des
élus qui ont des pouvoirs délégués, et non pas
à l'élection directement. Il ne faudrait pas non plus que ce soit
la course aux dollars. Je ne voudrais pas que tous ceux qui s'occupent des
municipalités, ce ne soit qu'une question de piastres et de cennes,
celui qui va en avoir le plus, celui qui va être le mieux traité,
et mettons-en. Il y a la question de l'indexation.
Les élus de l'Assemblée nationale n'ont pas d'indexation
automatique. Ils ont une indexation que l'Assemblée nationale
décide chaque année. Ils n'ont pas d'indexation automatique. Chez
les élus municipaux, c'est automatique. S'ils adoptent un
règlement, c'est fini, on n'en entend plus parler. C'est vrai qu'ils
sont obligés de publier à un certain endroit ou dans les journaux
leurs salaires. Cela ne fait pas trop de vagues et ça passe assez
rapidement.
Voilà, en fait, les questions que je me posais concernant trois
éléments majeurs. Premièrement, le nouveau pouvoir qu'on
accorde à une municipalité d'adopter des règlements
concernant l'architecture et l'aménagement des terrains.
Deuxièmement, concernant les dérogations mineures, cela resserre
un peu et cela devient un peu plus intéressant, un peu plus pratique ou
un peu plus logique avec un règlement norme. C'est cela, un
règlement de zonage, ce sont des normes. Et, est-ce que nous sommes
d'accord avec la rémunération des élus? Il faut faire
attention. De la façon dont on est partis, cela peut avoir deux effets,
soit qu'il n'y ait plus de bénévoles, donc ils demanderont
à être payés et est-ce que ce seront les élus
municipaux qui vont trouver toutes sortes de façons d'augmenter leur
salaire? Je pense que de ce côté-là il faut commencer
à se poser des questions. Dans l'ensemble, c'est possiblement une loi ou
un règlement qui répond à un certain desiderata, à
un certain besoin des municipalités.
Avant de terminer, on pourrait peut-être se poser un certain
nombre de questions. Quand les vraies lois municipales qui touchent les
municipalités vont-elles venir? Depuis des années, on parle de
police municipale; rien n'est réglé et rien ne se règle.
On a fait un code de déontologie au ministère de la
Sécurité publique. Les municipalités continuent à
demander à cor et à cri au ministre des Affaires municipales de
répondre à certains besoins, à certaines
nécessités qu'elles ont dans le fonctionnement des corps
policiers. Que je sache, il n'y pas de réforme en vue. On a
adopté le code de déontologie, on a enlevé le maximum
d'irritants et les autres affaires, vous vivrez avec. Je pense que c'est le
message qu'on donne aux municipalités. Mais c'est le temps de demander
au ministre des Affaires municipales de chercher peut-être des projets de
loi parce que ce sont des petits projets de loi qu'on a devant nous. Aura-t-il
le courage un jour de répondre aux besoins des municipalités
concernant la police municipale? Sur la question de la fiscalité
municipale, est-ce qu'à l'article 65.1, qui traite de la taxation des
industries, on aura une réponse un jour? Le ministre des Affaires
municipales, l'an passé, lors de l'étude des crédits
budgétaires pour l'année 1988-1989, avait admis que ies seuls au
Québec qui payaient leurs taxes d'une façon correcte et exacte
étaient les petits contribuables et les gens qui ont des
propriétés. Il admettait, par le fait même, que les
industries payaient leurs taxes au Québec et au fédéral,
mais qu'elles les contestaient tellement qu'elles étaient devenues de
mauvais contribuables. Est-ce qu'on aura une réponse un jour à
cette question?
Concernant les assurances, H y a des problèmes à la
municipalité de Beauport. Est-ce que le ministre a commencé
à se pencher sur ce problème de
l'assurance-responsabilité? C'est de nature à changer le
vécu des municipalités. C'est la première fois que la Cour
suprême reconnaît la responsabilité des municipalités
concernant ies incendies. Si c'est vrai pour les municipalités, est-ce
que cela ne pourrait pas être vrai pour les corps policiers? Est-ce que
cela ne pourrait pas être vrai concernant l'urbanisme quand on
émet des permis de construction? Jusqu'à maintenant, une
municipalité n'a jamais été tenue responsable envers le
contribuable des permis émis par ses officiers. À n'importe quel
moment, un citoyen pouvait être déclaré coupable,
même s'il avait un permis en bonne et due forme de sa municipalité
pour une construction. La municipalité aurait pu arriver et dire: Votre
construction n'est pas conforme. Même si l'inspecteur avait émis
un permis de bonne foi et avec tous les critères, la
responsabilité de la municipalité n'a jamais été
engagée. Donc, il y a des demandes précises de la part de l'Union
des municipalités du Québec à savoir ce qu'on fait pour
les assurances des municipalités. Est-ce qu'on aura une mutuelle
d'assurance-incendie? Les coûts, à partir de 1984, ont
augmenté d'une façon effarante, désordonnée et
scandaleuse pour les municipalités. Cela a triplé, cela a
quadruplé d'année en année. Chaque année, c'est
récurrent. Là où elles payaient environ 100 000 $, 125 000
$, les municipalités sont rendues à 400 000 $ et 500 000 $ pour
se protéger. Il y a des études qui ont été faites
et cela fait des années que cela dure. Le nouveau ministre des Affaires
municipales pourrait peut-être être l'ombudsman. (12 h 30)
Donc, il y a un certain nombre de lois qui, actuellement, ne sont pas
devant nous. Il faut traiter de celles que l'on a, de celles qui nous sont
présentées. Nous, on n'est pas le conducteur. C'est bien
sûr qu'on est obligés de faire porter nos critiques, en
règle générale, sur l'ensemble de la législation
qui nous est apportée. Comme elle est mince et que,
régulièrement, elle est mal faite, on est obligés d'en
parler plus longtemps. Tant mieux s'ils n'en font pas beaucoup; si c'est pour
être mal fait, on est mieux de ne pas en avoir beaucoup, de ne pas en
avoir du tout. Mais là, on en a quelques-unes, en fait.
Pour cette loi-là, on peut dire, en conclusion, que
sûrement ça répond à des désirs des
municipalités. Dans les faits, on verra ce que ça peut donner,
mais j'ai certaines restrictions, tout de même, concernant les points que
j'ai soulevés. On aura probablement, en commission parlementaire,
à discuter. Je souhaite que le ministre fasse preuve d'ouverture
d'esprit. Dans le passé, on peut dire que oui, jusqu'à un certain
point, il a accepté des représentations de l'Opposition. Dans ce
cas-là, il y a surtout des interrogations et je pense qu'on pourra
tester sur le terrain même ce que le ministre des Affaires municipales a
dans le corps. Je pense que les municipalités ont besoin d'une certaine
réglementation, mais elles ont surtout besoin d'un message clair,
précis qui fasse en sorte que les gens sachent à quoi s'en
tenir.
Tout à l'heure, je vais y revenir sur l'autre projet de loi
où je pourrai dénoncer, de façon assez virulente et assez
précise, des cas où le fait qu'on ne prend pas de
décision, qu'on laisse pourrir des dossiers, fait que, dans le paysage
du Québec, il y a des choses qui se passent et qui pourraient être
corrigées. C'est une question de message, d'image et de transparence. On
verra, lors de l'étude du projet de loi, ce qu'il adviendra. Quant
à nous, c'étaient nos remarques préliminaires, Mme la
Présidente, concernant ce projet de loi. Je vous remercie beaucoup.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Jonquière. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre des
Affaires municipales, en réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
Très brièvement, je tiens à assurer le
député de Jonquière que je prends bonne note de ses
commentaires, que nous aurons l'occasion de répondre à ses
quelques questions au moment de l'étude article par article en
commission parlementaire et que, globalement, je le remercie pour l'appui qu'il
accorde à l'adoption du principe de ce projet de loi. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. ministre des Affaires
municipales. Cette réplique termine le débat. Est-ce que le
principe du projet de loi 130, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et d'autres dispositions législatives, est
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 130 à la commission de
l'aménagement et des équipements pour son étude
détaillée.
La "Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: L'article 10 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi 121 Adoption du principe
La Vice-Présidente: A l'article 10 de notre feuilleton, le
ministre des Affaires municipales propose l'adoption du principe du projet de
loi 121, Loi modifiant la Loi sur la Commission municipale. Là-dessus,
je vais vous reconnaître, M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, Mme la Présidente.
Nous abordons maintenant l'adoption du principe du projet de loi 121, Loi
modifiant la Loi sur la Commission municipale. Les pouvoirs et les
règles de fonctionnement de la Commission municipale sont
déterminés par la Loi sur la Commission municipale. Ces pouvoirs,
comme vous le savez, sont multiples. Ils permettent, entre autres, à la
Commission de mener des enquêtes, d'arbitrer des différends,
d'entendre des appels en matière de congédiement dans la fonction
publique municipale et de contrôler l'administration des
municipalités en défaut au sens de cette loi.
Toutefois, la diversité de ces pouvoirs nécessite des
interventions d'appoint du législateur afin de les adapter, le mieux
possible, à la réalité quotidienne. C'est là le but
visé par le projet de loi 121. Ainsi, la Commission municipale du
Québec exerce certaines responsabilités en matière de
fiscalité municipale, par exemple, lorsqu'elle doit reconnaître
l'existence de certains faits juridiques qui donnent droit à des
exemptions de taxe foncière ou de taxe d'affaires. Lorsqu'elle
procède à des auditions relatives à des exemptions de taxe
foncière, sa loi constitutive permet à la Commission de
désigner un seul commissaire pour entendre la cause. Par contre, lorsque
cette même Commission entend une demande d'exemption de taxe d'affaires
en vertu de l'article 236.1 de cette loi, la règle du quorum de deux
membres doit s'appliquer. Une des modifications apportées par le
présent projet de loi vise donc à corriger cette dichotomie qui
n'est pas justifiée et à permettre ainsi
d'accélérer la mise au rôle des causes en matière
d'exemption de taxe d'affaires.
Dans un autre ordre d'idées, Mme la Présidente, la
Commission municipale du Québec peut exercer le contrôle, tel que
prévu par la loi, sur une municipalité, lorsque celle-ci est
déclarée en défaut par la Cour supérieure ou
lorsque la Commission mène à son égard une enquête
demandée par le gouvernement. Toutefois, cet assujettissement au
contrôle de la Commission, automatiquement imposé par la loi
lorsqu'une enquête est demandée par le gouvernement, ne se
justifie pas toujours et peut même parfois nuire à la bonne marche
générale de l'administration municipale qui fait l'objet de
l'enquête. Afin de permettre plus de souplesse dans les actions de la
Commission, il sera désormais possible, si le projet de loi est
adopté, de permettre au gouvernement, lorsqu'il demande à la
Commission municipale du Québec de faire enquête sur un aspect de
l'administration d'une municipalité, de ne pas assujettir cette
municipalité au contrôle de la Commission.
De plus, j'annonce immédiatement, Mme la Présidente, qu'un
papillon sera déposé lors de l'étude
détaillée du projet de loi afin de permettre au gouvernement
d'assujettir une municipalité au contrôle de la Commission, sans
qu'il y ait nécessairement enquête. Avec une telle mesure, le
gouvernement pourra ainsi intervenir dans une administration municipale
incapable dans les faits de fonctionner normalement, en confiant le
contrôle de cette administration à la Commission. Ce type
d'intervention était jusqu'ici réservé à
l'initiative de la Commission et ne pouvait aboutir qu'après un long
processus qui, dans les faits, était difficilement applicable et loin
d'être approprié en cas d'urgence.
Le projet de loi 121 abrogera également une disposition
législative devenue vétusté depuis l'arrivée de
directives du Conseil du trésor relativement à la
rémunération et aux dépenses des employés
occasionnels.
Enfin, il cristallisera législativement une pratique à
laquelle s'est d'elle-même soumise la Commission depuis toujours,
à savoir le dépôt d'un rapport annuel de ses
activités.
Je suis certain, Mme la Présidente, que tous sauront
reconnaître le bien-fondé de ce projet' de loi et donner leur
assentiment pour l'adoption du principe de ce projet de loi. Merci, Mme la
Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Affaires
municipales. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Je ne suis pas trop
surpris, ce matin, de voir le dépôt d'un projet de loi qui
concerne la Commission municipale. À quelques reprises dans les trois
dernières années, l'Opposition s'est rendu compte de la crainte
que le gouvernement avait d'exercer le pouvoir qui lui est accordé dans
la loi de mettre des municipalités en tutelle ou de lever des tutelles
aussi parce que tout ça est relié. Normalement, lorsqu'une
municipalité est en faute, le gouvernement ou le ministre des Affaires
municipales ou la Commission municipale peuvent mettre la municipalité
sous tutelle et procéder à des enquêtes à
caractère administratif ou judiciaire ou, en fait, criminelles. Cela va
aussi loin que ça. On peut aller assez loin dans cette
démarche-là.
Le problème qui se soulève, c'est que, lorsque la
Commission met une municipalité sous tutelle, c'est évident qu'on
vient en principe, de faire un accroc à la démocratie, puisque
les élus sont là pour administrer les biens des contribuables,
pour appliquer aussi des règlements concernant la municipalité.
La mise en tutelle écarte toute cette prise de décisions que les
élus exercent dans leur municipalité, avec des contrôles.
C'est sûr qu'il y a des nuances par rapport à ce que je dis
là et je ne pense pas que le temps me permette d'expliquer quelles sont
ces nuances qu'on pourrait apporter. Mais, en gros, les gens qui nous
écoutent peuvent comprendre facilement que la mise en tutelle, c'est
toujours dans des cas extrêmes. (12 h 40)
Donc, concernant ce projet de loi, ce qu'on dit essentiellement, c'est
qu'à l'avenir on n'est pas obligé de mettre en tutelle la
municipalité pour pouvoir faire enquête. Jusqu'à un certain
point, cela peut être une bonification de la loi parce que c'est
ça, le problème. Si le gouvernement avait décidé
qu'il pouvait faire respecter la loi ou les lois municipales, s'il avait
répondu aux attentes de nombreux citoyens depuis les dernières
années, possiblement qu'on ne serait pas obligés d'adopter ce
projet de loi. La loi de mise en tutelle, le pouvoir d'enquête que
possédait la Commission municipale et le pouvoir d'enquête que
possédait le ministre normalement étaient suffisants pour pouvoir
agir au point de vue des municipalités.
Mais Dieu sait si dans les dernières années ces
problèmes n'ont pas trouvé de réponse; ni au niveau
gouvernemental, ni au niveau du ministre des Affaires municipales. Dans les
faits, quelques municipalités - je ne peux pas dire les
municipalités en général, il faut que je sois assez
précis
dans les propos que je tiens - malheureusement, ont pris certaines
tangentes et elles auraient pu être l'objet d'enquêtes
sérieuses de la part de la Commission municipale, mais, comme on ne
voulait pas les mettre en tutelle, à ce moment-là, on ne l'a pas
fait.
Je veux juste souligner le cas d'une municipalité dans le
comté du ministre des Affaires municipales qui était, à ce
moment-là ministre du Travail et ministre de la Main-d 'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. La municipalité de Bromont
était en tutelle et on a levé la tutelle. Cela a pris deux ans,
deux enquêtes ou deux études pour pouvoir lever la tutelle.
Je disais et je continue à prétendre que, lorsqu'on a
levé la tutelle, c'était une erreur au point de vue des
municipalités. C'est facile à comprendre et je vais essayer de
m'expliquer. La municipalité était en difficulté
financière. On a mis la tutelle pendant un certain temps. Entre-temps,
il y a eu l'annonce d'une industrie importante, Hyundai, qui devait s'installer
à Bromont, qui avait été, justement, attrapée ou
amenée par le Parti québécois. Cela a fait que les
entrées d'argent au point de vue municipal ont augmenté
rapidement et, même, juste l'annonce de la venue de l'industrie a fait
que la municipalité s'est développée un peu plus
rapidement. En escomptant que cette industrie s'installerait, ça
permettait des entrées d'argent supplémentaires, ce qui
permettait à la municipalité de mieux s'administrer ou de
s'administrer plus facilement.
C'était à venir. Ce n'étaient pas des faits
précis. Quand on annonce une industrie et des investissements de 4 000
000 000 $ dans une industrie de l'aluminium, ce sont des annonces! Moi, je
crois quand je vois. Ce n'est pas être saint Thomas. En administration
municipale, il n'y a pas de miracle. Ce n'est pas une loto. Une
municipalité s'administre sur des faits précis. Tant qu'on ne
voit pas la première pelletée de terre et monter les murs, il ne
faut pas crier trop vite. On ne peut pas escompter l'argent qu'on n'a pas. Ce
n'est pas la Bourse, ça! Une municipalité, ce n'est pas comme
ça que ça fonctionne.
On l'a fait dans ce cas. C'est évident que la Commission
municipale aurait aimé continuer à pouvoir jeter un coup d'oeil
sur l'administration de Bromont. Heureusement, ça s'est
concrétisé. L'industrie s'est installée et je pense que
Bromont, depuis ce temps-là, va mieux. Elle ne dort pas être en
excellente santé, mais elle va mieux, heureusement et tant mieux.
Je prends d'autres exemples où des compagnies aussi
sérieuses qu'Hyundai ont annoncé, trois ans à l'avance,
qu'elles s'installeraient à des endroits, mais s'y sont
installées trois ans après pour certaines raisons. Si la
municipalité était partie en peur en disant: Aïe! Telle
compagnie... Je peux la nommer: la compagnie Alcan qui avait annoncé son
implantation à Laterrière en 1985. C'est en train de se
concrétiser et on est en 1989. Donc, de 1985 à 1989, quatre ans
se sont écoulés. Si la ville de Chicoutimi avait commencé
à dépenser l'argent avant de l'avoir, je ne trouverais pas
ça correct et pas très sérieux. Pourtant, les finances de
l'Alcan sont en aussi bonne santé financière que celles
d'Hyundai, à mes yeux. C'est une industrie avec laquelle on est
habitués à travailler. On sait qu'elle respecte habituellement ce
qu'elle dit. Mais la municipalité ne pouvait pas compter sur ça.
Dans le cas d'Hyundai, cela aurait pu arriver, quand même, à
Bromont, mais sous quel principe a-t-on levé la tutelle? J'ai toujours
prétendu qu'il y avait des "mais" cachés dans ça; il
paraît qu'il ne faut pas dire ça, mais, en tout cas, j'ai
pensé à ce moment-là qu'il y avait eu des pressions
très fortes pour que la tutelle soit levée.
Un dernier exemple frappant, dans le comté du premier ministre,
la ville de Saint-Laurent. C'est quelque chose, ce qui se passe là
depuis un an. On peut dire qu'il y a eu de la spéculation et que
c'était - appelons les choses par leur nom - le bordel dans
l'administration municipale. Il n'y avait rien à comprendre. Le parti au
pouvoir, le parti de l'opposition, le maire n'est plus maire, mettons-en. Il
s'est passé toutes sortes de choses. Une personne s'est même fait
tuer, malheureusement. L'enquête est en cours; on n'a rien trouvé,
on ne sait pas encore. Mais on sait qu'il y a eu des échanges de
terrains, des problèmes incommensurables, incalculables concernant les
réserves foncières et que la spéculation continue. Il y a
eu des démissions et des accusations entre les conseillers municipaux
disant que ces gens-là ne sont pas éligibles; en principe et en
fait, ils ont été destitués. Il y a eu des
problèmes majeurs.
Cela fait plus d'un an que l'Opposition officielle, ici à
Québec, l'opposition et les citoyens de la ville de Saint-Laurent
demandent des enquêtes, des mises en tutelle, qu'ils dénoncent des
faits qui se produisent, des situations où le conseil municipal ne
pouvait pas siéger n'ayant pas quorum. Il y a des brefs de mandamus, des
poursuites. C'est quelque chose d'inacceptable à mes yeux.
La ville de Saint-Laurent est probablement, per capita, la ville la plus
riche et la plus industrialisée au Canada. Quand on dit que, se sont
installées à Saint-Laurent - pas à cause du premier
ministre actuel, cela a commencé bien avant lui - 273 industries en un
an! Il fallait presque qu'ils se cachent pour les terrains. Plus du tiers de la
municipalité est en terrains industriels. Avec les industries
pharmaceutiques, la compagnie Canadair, selon mes dernières
informations, il y a 78 000 emplois industriels pour 62 000 ou 64 000
habitants. Ce n'est pas une ville pauvre, c'est une ville riche.
Il y a deux sortes de problèmes dans la vie: quand on a de
l'argent et quand on n'en a pas. Dans la moyenne, on se fait plumer. On n'a pas
de problème de ce côté-là. C'est ce qui arrive
et, malheureusement, à la ville de Saint-laurent on a
laissé, depuis un an et demi, pourrir cette situation-là. Je ne
sais pas sous quel principe; si c'est celui de la démocratie, je n'y
comprends plus rien. Mais, sous le principe que les contribuables
n'étaient pas corrects ou qu'ils étaient en train de se chicaner,
on a créé des inimitiés, on a créé des
problèmes parce qu'on n'a pas pris d'action, on n'a pas donné ce
message qu'on aurait dû donner. On n'a pas pris ces décisions
immédiates à savoir que, quand ça ne fait plus, quand
ça ne va plus dans une maison, on met de l'ordre. C'est important de le
faire. On n'attend pas que la maison soit à terre avant de commencer a
la rénover. On regarde, on examine, on suit son bien. C'est comme
ça qu'on doit faire. Le ministre des Affaires municipales a la
même responsabilité. Il doit suivre les municipalités de
très près. Il doit regarder ce qui se passe.
Bien sûr qu'on doit leur donner des pouvoirs, bien sûr qu'on
doit les aider. Il faut aussi regarder ce qui se passe. Le ministre, c'est le
défenseur des municipalités, mais sa responsabilité, c'est
aussi de s'assurer que l'institution municipale soit en bonne santé et
qu'elle aille bien; sans ça, ce qui se passe à Saint-Laurent va
se passer ailleurs. Cela va se passer dans d'autres municipalités sous
prétexte que plus rien ne va. On pourrait soulever d'autres cas. La
ville de Saint-Laurent est le cas le plus frappant, le plus probant. Je vous
ai, justement, apporté un petit dossier. Il est pas mal plus
épais que ça, le dossier de Saint-Laurent, il est pas mal plus
compliqué. Il y a des éditoriaux qui sont sortis. C'est un peu ce
qu'on vit dans nos régions actuellement, un problème qui se situe
des fois au Saguenay ne vient pas nécessairement à Québec
comme le problème de Québec ne va pas nécessairement
à Montréal, pas plus que le problème de Montréal ne
vient ici à Québec. Les problèmes des gens de Gatineau,
qui sont surreprésentés au point de vue du gouvernement et qui
sont mal traités régulièrement, ne viennent pas
nécessairement ici dans la région de Québec. C'est un peu
malheureux parce que ce serait de nature, si tout le monde le savait... (12 h
50)
Je ne sais pas si c'est parce que la presse n'a pas suffisamment de
ressources, il n'y a pas assez d'analyses ou de recherches. On pourra se poser
les questions qu'on voudra, mais on peut dire qu'à toutes fins utiles
les problèmes des municipalités restent, malheureusement, assez
souvent dans leur petit coin. Cela ne sort pas. Ce n'est pas correct que ces
problèmes se soient passés à Saint-Laurent. À La
Bostonnais dans le coin de Trois-Rivières, dans la région de
Lavio-lette, il y a eu des problèmes, des démissions, mais les
problèmes ne se sont pas réglés nécessairement. Il
y a des problèmes qui ont existé dans le coin de la Gatineau et
qui ne sont pas venus ici. il y a des problèmes en Abitibi qui sont
causés par des problèmes entre les élus municipaux et les
citoyens. Il y a eu des deman- des d'enquête, mais il n'y a pas eu de
suite à ça.
Avec ça, c'est clair que le ministre va pouvoir se laver les
mains en disant: La Commission municipale a le pouvoir de faire son
enquête. On n'est pas obligé de la mettre en tutelle. Si c'est
pour améliorer les municipalités, oui. Cela décharge le
ministre drôlement, par exemple, de la responsabilité qu'il avait
déjà avant que le projet de loi soit déposé. Il
avait cette responsabilité de faire respecter la moralité et le
bon fonctionnement des municipalités. Il ne l'a pas fait. On se donne
d'autres mesures, mais pour faire moins de vagues. Donc, la Commission
municipale va avoir ce pouvoir d'aller à l'intérieur des
municipalités pour faire enquête, même sans imposer la
tutelle. Souhaitons que ça donne des bons résultats. Souhaitons
aussi que la Commission municipale aura toute la latitude pour le faire et
souhaitons qu'elle le fera aussi effectivement.
Il ne faut pas oublier qu'à la Commission municipale ce ne sont
pas des gens nommés à vie. Encore là, il y a un certains
nombre d'interrogations qu'on pourrait se poser. Si c'étaient des gens
nommés à vie, peut-être que ça pourrait être
différent, mais ce ne sont pas des gens nommés à vie et,
que je sache, ils sont toujours composés d'os et de chair et ils ont une
tête avec des bras et des jambes, donc un cerveau, ils peuvent penser.
Aussi, du fait qu'ils ne soient pas nommés à vie, il pourrait se
produire des choses, sans exagérer parce que je comprends que la
Commission municipale, c'est quasi judiciaire. En fait, c'est judiciaire,
effectivement, dans leur travail. Souhaitons que les outils qu'on va lui donner
servent à améliorer, ce que le ministre des Affaires municipales
n'a pas fait jusqu'à maintenant; je parle de son
prédécesseur plus que de celui qui est en place, quoiqu'il n'a
pas bougé trop fort à cet égard. Espérons que la
Commission municipale aura le courage de le faire après qu'on lui aura
accordé ces pouvoirs.
Quand le ministre dit que le gouvernement pourra assujettir - c'est
l'amendement dont il nous a parlé, je suis obligé de
réagir très rapidement - au contrôle de la Commission sans
qu'il y ait enquête, il faudra peut-être creuser un peu plus ce
dossier. Si on permet d'assujettir sans qu'il y ait nécessairement
enquête, on peut bien partir d'un côté et aller à
l'autre bout entièrement. N'y a-t-il pas une place quelque part
où la marge pourrait se faire, où on pourrait
rétrécir ce nouveau pouvoir que le ministre propose d'accorder
par l'amendement? Je pense qu'on va aller trop loin. Trop, c'est trop. On ne
peut pas donner ce qu'on n'a pas, mais il ne faut pas aller plus vite ou plus
loin que ce que le besoin exige. Il ne faut pas se leurrer, vouloir tout faire
d'un coup sec et régler tout ça. Ce qu'on n'a pas fait au cours
des trois dernières années, il ne faudrait pas penser qu'on va
faire tout ça dans un ou deux mois par un projet de loi ou par trois
petits articles dans un projet de loi. Je vous dis d'avance que, de ce
côté, on va
certainement questionner. Je pense qu'à première vue on
s'octroie un pouvoir trop grand et qu'on veut aller trop loin.
Le dernier point que je veux souligner, c'est l'article 19 par lequel on
enlève à la Commission municipale le pouvoir de payer des
personnes nommées ou supplémentaires. Comment cela va-t-il
s'établir en réalité? Est-ce d'autres sortes de
nominations qu'on veut faire? Est-ce que ce pouvoir qu'on enlève va
apporter des éléments Importants? Comment va-ton les
rémunérer? De ce côté encore, c'est au cours de la
commission parlementaire qu'on pourra trouver des réponses, des bonnes
explications.
Mme la Présidente, en conclusion, les points que je
soulève, que j'ai voulu soulever me semblent importants. Bien sûr,
ça répond toujours à des besoins réels,
précis dont nous nous sommes rendu compte au cours des trois
dernières années en étudiant des projets de loi. Mais, si
le projet de loi n'est pas important quant au nombre d'articles, il a
certainement son importance. Le ministre a trouvé une façon
élégante de s'enlever une épine du pied, un pouvoir qu'il
n'a pas exercé efficacement à mes yeux depuis les trois
dernières années. Ce nouveau pouvoir qu'on veut bien accorder
à la Commission municipale, souhaitons-le, pourra permettre à la
Commission municipale de faire face à ce que le ministre des Affaires
municipales n'a pas réussi à faire pour que les
municipalités continuent à être vraiment les yeux et la
conscience de leurs propres contribuables dans les faits et dans leurs actions.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de
Joliette. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre des
Affaires...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Jonquière.
La Vice-Présidente: Le député de
Jonquière, excusez-moi. Je vais maintenant reconnaître M. le
ministre des Affaires municipales, en réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, j'ai
pris bonne note des nombreux commentaires du député de
Jonquière. Quant à ses quelques questions, nous y
répondrons de façon précise, comme d'habitude, au moment
de la commission parlementaire à l'occasion de l'étude article
par article. En terminant, je tiens à remercier l'Opposition et le
député de Jonquière de consentir, de façon unanime,
à l'adoption en deuxième lecture du principe du présent
projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre des Affaires
municipales. Cette réplique termine le débat. Est-ce que le
principe du projet de loi 121, Loi modifiant la Loi sur la Commission
municipale, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
déférer le projet de loi 121 à la commission de
l'aménagement et des équipements pour son étude
détaillée.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté. M. Lefebvre: Bravo!
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais motion pour
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Bravo! Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Nous allons donc
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, à l'ordre, s'il vous
plaît!
Présence du consul général de la
République portugaise à Montréal
J'ai le grand plaisir de souligner la présence dans la tribune du
consul général de la République portugaise à
Montréal et doyen du corps consulaire, Monsieur Carlos Maria de Calder.
M. de Calder.
Si vous me permettez, nous allons maintenant procéder aux
affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux, M. le leader du
gouvernement en son nom.
Rapport annuel du ministère de la Santé
et des Services sociaux
M. Gratton: M. le Président, je dépose le rapport
annuel 1987-1988 du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Le Président: Document déposé.
Toujours à l'étape du dépôt de documents, M.
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Rapport annuel de Sidbec-Dosco
M. MacDonald: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel, pour l'année 1988, de la
société Sidbec-Dosco.
Le Président: Document déposé.
Est-ce qu'il y a d'autres dépôts de documents.
Dépôt de rapports de commissions. M. le
député de Sauvé.
Étude détaillée du projet de loi
63
M. Parent (Sauvé): M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé le 9 mai afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 63, Loi modifiant la Loi sur
l'Université du Québec. Le projet de loi a été
adopté, avec amendements.
Le Président: Votre rapport de commission, M. le
député de Sauvé, est maintenant déposé.
Est-ce qu'il y a d'autres dépôts de rapports de
commissions?
Dépôt de pétitions. M. le député de
Terre-bonne.
M. Biais: Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce que vous avez consentement, M. le
député de Terrebonne?
Une voix: Oui, oui.
Le Président: M. le leader du gouvernement?
M. Biais: La pétition n'étant pas conforme, j'ai
besoin du consentement.
Une voix: Oui, oui, c'est fait.
Le Président: Vous avez le consentement, M. le
député de Terrebonne.
Nouvelles écoles réclamées
à la commission scolaire des Manoirs
M. Biais: Merci beaucoup. Je dépose l'extrait d'une
pétition signée par 1013 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes de la région de Mascouche-centre. Les faits invoqués
sont les suivants: "Qu'if y a un surplus d'élèves à la
commission scolaire des Manoirs; que des cours doivent être
dispensés dans des maisons louées; qu'il y a une croissance
constante de notre population." L'intervention réclamée se
résume ainsi: "Qu'il est urgent que notre région soit
dotée de nouvelles écoles."
Le Président: Votre première pétition est
maintenant déposée, M. le député de Terrebonne.
M. Biais: J'en ai deux autres, M. le Président.
Je dépose l'extrait d'une pétition signée par 2282
pétitionnaires membres de comités de différentes
écoles du comté de Terrebonne. Les faits invoqués sont les
suivants: "Qu'il y a de plus en plus d'élèves dans le secteur de
Saint-Louis qui doivent fréquenter le niveau primaire; qu'il y a
présentement 2495 élèves qui fréquentent les
écoles du secteur de Saint-Louis-de-Terrebonne; que la
disponibilité en locaux de classe pour ces écoliers est de 73;
que les besoins réels en locaux de classe sont de 93 locaux et que
l'étude de croissance démographique faite par la firme Lavalin
confirme que notre secteur détient le plus haut pourcentage de
croissance de population." Et l'intervention réclamée se
résume ainsi: "Que les autorités de la commission scolaire des
Manoirs entreprennent immédiatement toutes les démarches utiles
en vue d'obtenir une école primaire dans le secteur de
Saint-Louis-de-Terrebonne."
Le Président: Votre pétition est
déposée.
M. Biais: Troisième. Je dépose l'extrait d'une
pétition de 929 personnes, parents de Mascouche. Les faits
invoqués sont les suivants: "Que six locaux sont actuellement
loués par l'école Sacré-Coeur jusqu'en septembre 1990 et
que la ville a informé la commission scolaire des Manoirs qu'elle
reprenait possession de ces locaux en septembre 1990; que trois maisons sont
actuellement louées par l'école Aux-Quatre-Vents et qu'il est
prévu l'ajout d'une quatrième maison pour septembre 1989; que
l'école de La Source fonctionne actuellement a pleine capacité;
que la construction prévue de 500 unités familiales dans
Mascouche-centre d'ici la fin de l'année 1990 représentera un
manque de 19 locaux de classe." Et l'intervention réclamée est
toujours la même: "Que le ministre de l'Éducation autorise la
construction d'une école primaire opérationnelle pour septembre
1990...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Biais: ...dans le secteur de Mascouche-centre.
Le Président: Votre troisième pétition est
maintenant déposée, M. le député de Terrebonne.
Est-ce qu'il y a d'autres dépôts de pétitions?
Cet après-midi, il n'y aura pas d'intervention portant sur une
violation de droit ou de privilège ou sur une question de fait
personnel.
Avant de procéder à la période
régulière de questions et de réponses orales, j'avise les
membres de cette Assemblée qu'il y aura deux compléments de
réponse cet après-midi apportés par Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Dans un premier temps, Mme la ministre
apportera un complément à une question posée par Mme la
députée de Marie-Victorin concernant la protection de la
jeunesse.
Dans un deuxième temps, Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux apportera un complément de réponse à Mme
la députée de Chicoutimi au sujet du centre jeunesse de
Tilly.
Je suis prêt à reconnaître cet après-midi la
première principale à M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
L'envahissement du champ de taxation provincial par le
gouvernement fédéral
M. Chevrette: Merci, M. le Président. On se rappellera que
j'ai questionné le premier ministre à plusieurs reprises en ce
qui regarde toute la question de l'attitude du fédéral dans
l'envahissement du champ de taxation des produits et services. On se rappellera
également que je me suis toujours mal expliqué que le
gouvernement soit surpris, deux jours avant le budget Wilson, et qu'encore une
semaine après ledit budget, le premier ministre ignorait toujours que la
taxe était de 9 % sur les produits et services. Le premier ministre
m'avait alors répondu - je vais le citer parce que le premier ministre
aime ça les précisions - à 17 h 35 le mercredi de la
fameuse étude des crédits, à la page 2859: "C'est la
position du gouvernement du Québec là-dessus et elle sera
explicitée dans le discours sur le budget." Donc, le discours sur le
budget a rendu très explicites les positions gouvernementales hier. Ma
question est la suivante: À quelle page du budget peut-on retrouver
"rexplicitation" de toute la position du gouvernement qui, sans doute, pendant
deux ans, a travaillé très fort à défendre le
Québec concernant l'envahissement des champs de taxation par le
fédéral?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais d'abord signaler
le courage du député de me poser une question sur le budget du
ministre des Finances quand l'ensemble des commentateurs et des analystes ont
accueilli ce budget avec des éloges presque unanimes.
Une voix: Bravo!
M. Bourassa: On est obligé de constater, et c'est le cas
de l'Opposition, que la politique a des moments de dureté et de
cruauté qui nous rendent très sympathiques ceux qui en sont
victimes. Alors, je signale quand même le courage du chef de l'Opposition
à cet égard. Je veux lui dire qu'à l'occasion de
l'étude de mes crédits, des estimés budgétaires,
j'avais explicité la position générale du gouvernement du
Québec sur la question de la taxe de vente. Nous ne voulons pas en
même temps -il n'y a rien de nouveau, on admet que le gouvernement
fédéral a un énorme déficit qui n'est pas dû
uniquement à l'administration fédérale actuelle, qu'il
résulte de l'accumulation de déficits depuis une vingtaine
d'années - que ce déficit ou cette impasse financière soit
transféré aux provinces. Cest un peu le point de vue qu'a fait
valoir le ministre des Finances hier. D'ailleurs, on sait fort bien que s'il
n'y avait pas eu le budget Wilson, à toutes fins utiles, d'ici trois
ans, on aurait eu un budget équilibré. On s'aperçoit que
dans trois ans le déficit prévu est de 1 400 000 000 $ alors que
cela va coûter 1 300 000 000 $. Donc, pour la première fois depuis
M. Maurice Duplessis, on aurait eu un budget équilibré, mais
l'intervention du gouvernement fédéral, à cause de son
déficit accumulé depuis vingt ans, nous empêche de
réaliser cet objectif.
Pour terminer et pour permettre une question additionnelle au chef de
l'Opposition, ce que je dis...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Gratton: Est-ce qu'il a le droit de dire ça?
M. Bourassa: Ce que je dis, c'est que nous considérons
qu'on doit avoir une discussion. C'est pourquoi le ministre des Finances a
proposé que ce soit discuté à la conférence sur
l'économie afin que, d'un côté, on ne nous refile pas des
dépenses et que, en même temps, on occupe l'espace fiscal pour
assumer ces nouvelles dépenses.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais remercier le
premier ministre de constater que j'ai du courage, mais la plus grande dose de
courage qu'il me faut, c'est de lui poser une question, sachant d'ores et
déjà que je n'aurai jamais de réponse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, je vais
répéter ma question. À quelle page, à quel endroit
dans le budget répondez-vous aux questions qu'on vous a posées
lors de l'étude des
crédits? À quel endroit, à part nous dire:
L'intention du gouvernement fédéral d'occuper à compter de
1991 le champ de la taxe de vente au détail constitue une entrave
à la capacité des provinces. Cela va. C'est un constat. Mais
comment y répondez-vous concrètement dans le budget, par exemple,
pour ce qui est du champ de taxation? Je pourrais prendre un autre exemple: la
coupure dans les garderies. Par quoi l'avez-vous remplacée, si ce n'est
qu'en enlevant complètement la part du fédéral et en
n'ajoutant rien.
Je pourrais continuer. La taxe de vente. Sachant que la taxe de vente
sera à 9 %, non seulement celle de 11 % sur les matériaux comme
c'était le cas, mais elle est remplacée par une taxe de 9 %, M.
le premier ministre, du premier sou au dernier sou, y compris la marge de
profit des entrepreneurs, est-ce que vous avez proposé quelque chose
dans le budget? Est-ce qu'on ne sait pas lire ou si on comprend mal ce budget?
À quel endroit répondez-vous concrètement, dans le
discours sur le budget, à ces problèmes de fond que je vous ai
soulevés. (15 h 20)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je ne suis pas obligé
de répondre d'une façon qui va nécessairement plaire au
chef de l'Opposition. Le stoïcisme fait partie des caractéristiques
d'une Opposition réaliste. C'est ce que je dis au chef de
l'Opposition.
Ce que je veux lui dire, c'est que, dans le cas des garderies, nous
avons augmenté de 27 % et le taux de croissance des dépenses est
de 5,9 %. Nous avons augmenté et nous faisons des efforts énormes
pour garder le taux de croissance à 5,9 %. Qu'on regarde, par exemple,
l'Ontario, qui déposera son budget dans quelques minutes, on va voir le
taux de croissance de l'Ontario par rapport à celui du Québec, et
c'est encore plus élevé que ce que proposait le
député de Bertrand le 1er mars dernier, quand il disait que
l'augmentation des dépenses devait être de 3 %. Vous
n'arrêtez pas de demander des dépenses additionnelles et vous avez
le critique financier qui dit: Vous dépensez deux fois plus que vous ne
devriez. C'est la logique. C'était le 1er mars. Vous lirez, dans le
Journal de Québec, les déclarations du critique financier,
à la page 8.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, à la page 27,
cinquième paragraphe, il est écrit: "Le dernier budget
fédéral est particulièrement évasrf en
matière de développement régional." Comme le premier
ministre avait dit qu'il répondrait à ces lacunes à
l'intérieur du budget, peut-il nous dire s'il y a quelque chose pour le
développement régional ailleurs qu'à la page 27,
cinquième paragraphe?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: C'est un budget dont la responsabilité est de
faire face aux revenus, de financer les revenus. On a vu qu'il n'y a pas
d'augmentation de taxes, pas d'augmentation d'impôt. Il y a des
dépenses qui sont ajoutées. Il y a des mesures spécifiques
pour le développement régional. Qu'on pense aux mines, qu'on
pense aux forêts, qu'on pense aux programmes spécifiques pour la
Gaspésie, les îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent, qu'on
pense aux SPEQ. On a assoupli les règles du SPEQ. Je vous donne
immédiatement, comme ça, presque une demi-douzaine de cas
où on favorise le développement régional sans compter tout
ce qui a déjà été annoncé dans les
estimations déposées par le président du Conseil du
trésor.
Je crois que le chef de l'Opposition devrait quand même admettre
que si on additionne ce qui a été proposé par les
crédits déposés le 23 mars, plus ce qui a
été annoncé hier par le ministre des Finances, on a
touché tous les aspects. Il y a le vin de bleuets. C'est quand
même sans précédent. M. le Président, je vois le
député de Lac-Saint-Jean. Des mesures fiscales pour encourager le
vin de bleuets. Vous n'y aviez pas pensé durant neuf ans, vous. Je ne
vois pas comment le chef de l'Opposition peut nous reprocher d'avoir
négligé les régions.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Chevrette: Je m'aperçois donc que le premier ministre,
aujourd'hui, n'a pas le goût de répondre encore une fois aux
questions très sérieuses qu'on lui pose, alors que lui-même
a dit, lors de l'étude des crédits, M. Je Président, que
ce serait à la lecture du budget qu'on verrait un fonds de
développement régional engraisser, qu'on verrait
précisément ce à quoi on pallierait parce que le
fédéral se retirait. Il n'y a pas un mot sur l'ensemble des
sujets que je lui ai donnés: la taxe pour la construction, la taxe dans
les champs de taxation des produits et services, le fonds de
développement régional. Il n'y avait pas un sou hier soir,
même pas aux pages. Il se contente de regarder passer le train.
Le fédéral nous met dans l'embarras. Mais qu'est-ce qu'on
fait pour s'en sortir? C'est ça que je lui pose comme question. S'il n'a
pas la page, il pourrait au moins nous dire qu'il y a absence de page ou qu'il
y a absence de connaissance du budget parce qu'il n'y a pas une traître
réponse dans ce qu'il a dit. M. le Président, ma question est
simple. Le premier ministre reconnaît-il que le budget est tout aussi
muet que l'attitude du gouvernement du Québec durant toutes les
négociations avec le fédéral en ce qui regarde les champs
de taxation propres au Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il y a plusieurs
éléments dans la question du chef de l'Opposition. Je vais
essayer de les cerner un à un de la façon la plus concise
possible. Des ententes régionales, on le sait, ça vient à
échéance pour l'an prochain. La prise de position a
été très nette là-dessus. J'ai parlé
tantôt des différentes mesures. Je voudrais que le chef de
l'Opposition - c'est la même chose dans le cas de la culture dont on
parlait hier, il y aura une question probablement du député de
Saint-Jacques là-dessus - sache qu'il faut tenir compte non seulement
des dépenses budgétaires, mais des dépenses fiscales. Je
pense à la culture parce qu'on doit ajouter aux dépenses
budgétaires les 30 000 000 $ de dépenses fiscales pour les films
qui donnent de l'emploi à des centaines d'artistes ou des gens du milieu
artistique, des jeunes surtout.
Donc, dans le cas du développement régional, c'est la
même chose. Il y a les dépenses budgétaires, mais il y a
les dépenses fiscales. Toutes les mesures fiscales qui ont
été annoncées pour favoriser le développement
régional, dans le domaine de la construction. C'est vrai qu'on parle de
la taxe de vente, mais on sait fort bien qu'elle n'est pas prévue avant
le 1er janvier 1991. On ne connaît même pas les modalités
complètes de cette taxe. Comment le chef de l'Opposition veut-il qu'on
ait une position définitive, détaillée, alors que la taxe
n'est pas prévue avant le 1er janvier 1991? On a amorcé des
discussions. J'en ai parlé avec le premier ministre ontarien, M.
Peterson, hier soir. On doit se voir au mois de juin. Il y a une rencontre
interprovinciale au mois d'août. Il y a la rencontre qui est
prévue sur l'économie à l'automne. Alors, il y a
certainement à ces occasions-là la possibilité de
compléter notre point de vue, mais dans le domaine de la construction,
globalement parlant, il faut quand même dire au chef de l'Opposition que
nous avons une situation avantageuse.
Je le répète, parce que c'est plus pertinent que jamais:
16 % d'augmentation des investissements au Québec en 1989; 10 % de la
moyenne canadienne; on a 60 % de plus que la moyenne canadienne. Alors, je
pense, M. le Président, quand on dit qu'il faut faire des grands travaux
qu'on devrait tenir compte de ces chiffres-là. Et en terminant,
même si le chef de l'Opposition ou le président du Parti
québécois dit, contrairement au critique financier le 1er mars
dernier, qu'il faut augmenter les déficits, quand allez-vous comprendre
qu'en augmentant les déficits, on transfère le fardeau aux jeunes
générations? Déjà, nous avons un problème
pour équilibrer, pour ne pas emprunter à long terme pour financer
des dépenses courantes. On sait actuellement que les régimes de
retraite sont sous-capitalisés. On sait qu'il y aura un
rétrécissement de la population active. Mais oui, mais, M. le
Président, c'est important de le signaler. Il y a des limites à
augmenter les déficits, comme M y a des limites à
l'égoïsme d'une génération de transporter aux jeunes
d'aujourd'hui des dépenses courantes. C'est ça que devrait
considérer le chef de l'Opposition.
Le Président: Je vais accorder la deuxième
principale cet après-midi à M. le député de
Bertrand.
Discours sur le budget et création
d'emplois
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Hier soir le
ministre des Finances nous a livré un budget sans perspective d'avenir,
un budget vide de tout sens, dénudé de grandes orientations
tangibles et de mesures concrètes. On était en droit de
s'attendre tout au moins, M. le Président, à un budget axé
sur des mesures concrètes, sur la création d'emplois. Or, ce
gouvernement, supposé champion de l'économie et de la
création d'emplois, nous confirme avec candeur pour cette année
une création d'à peine 60 000 emplois, et ce, en période
de vaches grasses, comme se permet de nous le dire depuis trois ans le ministre
des Finances.
Comment le ministre des Finances peut-il nous expliquer qu'en cette
période de croissance économique, après six années
de reprise économique, il peut nous confirmer, avec toutes les mesures
que le premier ministre vient encore de reconfirmer supposément dans le
budget d'hier soir, que cette année, en 1989, on aura 60 000 emplois,
pendant que dans les seules années de 1984 et 1985, le gouvernement du
Parti québécois en a créés 80 000 par année,
et ce, au lendemain d'une crise, d'une récession économique?
(15 h 30)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je veux d'abord me
référer au préambule du député de Bertrand.
Je veux le remercier des propos qui sont une répétition de ceux
qu'il a tenus hier soir et que je comprends très bien, ayant
passé moi-même 17 ans dans l'Opposition. Je sais combien c'est
difficile. C'était plus facile pour nous, avec le gouvernement que nous
avions en face, mais encore là, à certains moments, il y avait
peut-être des bons coups auxquels on devait également faire
face.
M. Bourassa: Pas souvent
M. Levesque: Pas souvent, non, comme dit le premier ministre!
Quant à la création d'emplois à laquelle se
réfère le député de Bertrand, c'était une
époque où il n'était pas ici. Cela lui a peut-être
échappé. Il ne s'agissait pas de création d'emplois au
cours des années 1984 et 1985 qu'il mentionne. C'était simplement
une récupération des emplois qu'il avait perdus et
dont son gouvernement avait été témoin de la perte,
des pertes d'emplois considérables qui ont eu lieu en 1981, 1982, etc.
Deuxièmement, ces emplois dont il parle, c'étaient des emplois
presque entièrement à temps partiel. Il a oublié de dire
ça.
Finalement, je suis heureux de constater que le député de
Bertrand me permet de rappeler que le premier ministre du Québec avait
mentionné, au cours de la campagne électorale - vous vous en
rappelez, M. le Président, vous étiez moins neutre à ce
moment-là, forcément - et vous vous rappellerez que l'honorable
premier ministre avait eu comme objectif, mentionné bien clairement,
qu'il fallait absolument, pour faire face à la situation -
l'héritage de l'ancien gouvernement - créer 400 000 nouveaux
emplois, c'est-à-dire 80 000 par année.
Ah, quel bonheur ce fut pour moi, hier soir, que de rappeler que ces
objectifs avaient été atteints à 100 % et même un
peu plus!
Des voix: Bravo!
M. Levesque: En terminant, M. le Président, la prudence
qui nous caractérise nous amène à indiquer que cette
croissance pourrait peut-être diminuer légèrement, mais pas
simplement par caprice, pas parce qu'il y a telle ou telle politique qui n'est
pas là ou qui devrait être là. C'est simplement que je
retourne vers une conjoncture que je ne peux pas ne pas voir. Je regarde les
États-Unis, je regarde les pronostics que nous avons de ce
côté, je regarde du côté du Marché commun,
mais je regarde surtout du côté du Québec et nous allons
créer ces 60 000 emplois et plus, parce que nous avons un gouvernement
et un premier ministre qui ont pris des dispositions, afin de pouvoir soutenir
la création d'emplois par des investissements dont parlait le premier
ministre du Québec, il y a un instant.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Bertrand, en
additionnelle.
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Bertrand, en additionnelle.
M. Parent (Bertrand): À la suite du discours sur le
budget, M. le Président, je pense que j'ai droit à dix
minutes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parent (Bertrand): J'aimerais seulement demander au ministre
des Finances, lorsqu'il nous sert des réponses comme il vient de nous
servir et qu'il se vante de créer 60 000 nouveaux emplois et de dire que
les emplois de 1989 ne sont pas les mêmes que ceux de 1984,
peut-être devrait-il faire référence à son annexe
D21 tiré de Statistique Canada qui donne les chiffres sur une même
base comparative. Les chiffres que j'ai donnés sont sur une même
base comparative. Si, en 1984, on en a créé 80 000,
c'étaient 80 000 nouveaux emplois et, aujourd'hui, en pleine
période de croissance économique, vous en créez 60 000.
C'est cela la différence.
Ma question en ce qui regarde aussi cette question du taux de
chômage, c'est: Aujourd'hui, après le libellé du discours
sur le budget en page 7 où il y a constatation concernant cette
formation professionnelle, comment le ministre ou son gouvernement peut-il
prétendre vouloir réduire le taux de chômage alors
qu'aucune politique cohérente en matière de formation
professionnelle n'a été annoncée hier soir?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je dois dire, comme je l'ai
dit hier soir, que nous attachons justement à la formation
professionnelle la plus grande importance. D'ailleurs, les gestes que nous
avons posés du côté budgétaire sont une indication
claire de notre intérêt dans ce domaine. Ce que j'ai dit hier
soir, c'est qu'à ces mesures budgétaires qui sont très
nombreuses... On nous a même reproché d'avoir une trop grande
panoplie de ces mesures. On a même demandé un guichet unique
tellement il y avait de ces programmes. Ce que j'ai dit hier soir, c'est qu'en
plus de ces mesures budgétaires, nous songions à ajouter des
incitatifs fiscaux. Autrement dit nous allons en ajouter, mais nous tenons
compte également de l'intérêt et de l'intention
manifestés par le gouvernement fédéral dans le même
domaine. Nous avons dit que, pour réussir, il était beaucoup
mieux de faire une concertation et cela, justement, dans le but d'arriver
à ses fins.
Je tiens encore une fois, M. le Président, à rappeler
à l'honorable député de Bertrand, lorsqu'il mentionne
qu'à tel endroit, dans l'annexe, il se trouve telle chose relativement
à la création d'emplois, que je l'invite à examiner de
près ces chiffres et il trouvera également des statistiques quant
à la qualité des emplois. Il verra là qu'il y a une
récupération, dans les années qu'il a mentionnées,
formée en très grande majorité par des emplois à
temps partiel.
Ce que je dis encore au député, c'est que, non seulement
nous nous sommes intéressés à la formation de la
main-d'oeuvre et non seulement nous allons continuer de le faire
concrètement, mais en plus de cela, nous voyons à ce qu'il y ait
immédiatement des investissements concrets qui soient mis là de
l'avant...
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: ...pour répondre aux besoins d'emplois de la
population. C'est cela que nous avons fait, des mesures concrètes, des
mesures...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Levesque: ...comme celles, par exemple, qui sont
reliées aux alumineries annoncées par le premier ministre, 4 000
000 000 $ d'investissements au Québec au moment où nous en avons
besoin. Voilà de la vision...
Des voix: Bravol
Le Président: Monsieur...
M. Levesque: ...voilà un moment où nous pouvons,
aujourd'hui, donner des réponses concrètes à la population
qui attend de son gouvernement des réponses concrètes et non pas
des réponses éthérées...
Le Président: Monsieur le...
M. Levesque: ...comme celles que pourraient donner l'honorable
député de Bertrand.
Le Président: M. le député de Lévis,
en principale.
Des voix: Bravol
Le Président: M. le député de Lévis,
en principale.
M. Garon: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports qui était ici il y a quelques secondes...
Une voix: The show must go on.
M. Garon: ...mais en l'attendant, je pourrais faire remarquer
que, quand je regarde le ministre des Finances, je me demande si quelqu'un qui
a le choix achèterait une automobile usagée de ce ministre des
Finances.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ma question s'adresse au ministre des Transports. Il
est allé faire un tour...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Gratton: Je constate que le ministre des Transports est absent
et, si je ne m'abuse, H a dû quitter d'urgence, avec le ministre
délégué aux Forêts, pour la région de
Cap-Chat.
Une voix: Non, non, dehors!
M. Gratton: Dehors, ici, oui, pour rencontrer les gens de
Cap-Chat.
Le Président: Alors, M. le député de
Lévis.
Budget consacré à la réfection et
l'entretien des routes
M. Garon: M. le Président, comme le ministre des
Transports n'est pas là, je vais poser ma question au ministre des
Finances, ou peut-être au premier ministre qui ne veut pas faire payer
les générations futures. Le ministre des Finances a
annoncé hier des crédits additionnels de 30 000 000 $ pour le
budget des routes, ce qui veut dire un budget de 931 000 000 $, soit une
augmentation de 3,3 %, alors que le niveau de l'inflation est de 4,5 %, ce qui
veut dire un budget diminué, en chiffres réels, par rapport
à l'an dernier.
Pourtant, depuis des mois, le ministre des Transports dit qu'il aurait
besoin d'au moins 100 000 000 $ par année pendant cinq ans, 70 000 000 $
pour les routes, 35 000 000 $ pour les ponts dont une étude du
ministère dit qu'il y en a 800 qui ont besoin d'un entretien assez
important. Le ministre des Transports a déclaré que ce montant -
100 000 000 $ par année pendant cinq ans au moins - représentait
les montants nécessaires pour pallier aux besoins les plus pressants du
réseau routier, alors qu'H a seulement 30 000 000 $.
J'aimerais savoir comment le ministre des Finances pense que le ministre
des Transports va être capable d'agir avec 30 000 000 $ additionnels dans
le budget, alors qu'il a déclaré qu'il avait besoin d'au moins
100 000 000 $ - quand K spécifiait un peu, il disait 105 000 000 $ -
pendant cinq ans afin d'éviter une facture - je voudrais demander au
ministre d'écouter - qui pourra s'élever à 2 000 000 000 $
dans quelques années? Cela, ce sont les propos du ministre des
Transports. (15 h 40)
Le Président: M. le ministre des Finances.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque: M. le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion
de répondre à cette question parce que le député de
Lévis peut imaginer l'intérêt que j'y porte, justement,
venant d'une région éloignée où les transports et
la construction routière sont tellement importants. Je suis heureux de
m'associer au député de Lévis pour regarder un peu cette
question. Je suis heureux de dire que l'une des choses qui m'ont fait le plus
plaisir dans ce budget a été justement d'apporter un ajout
important, 30 000 000 $ de plus que les crédits qui étaient
déjà prévus. C'est considérable. Je suis
d'accord avec le député de Lévis et avec le ministre
des Transports pour dire qu'on pourrait faire plus encore. Mais vous savez,
nous avons des demandes de partout, c'est clair, et nous essayons de faire des
arbitrages, tout en tenant compte, évidemment, de nos moyens,
c'est-à-dire ceux de
la société québécoise. Je puis vous assurer
que nous allons continuer d'appuyer les efforts du ministre des Transports
justement pour répondre à ces besoins réels.
Le Président: M. le député de Lévis,
en additionnelle.
M. Garon: M. le Président, comment le ministre des
Transports - je pose la question au ministre des Finances - pourra-t-il
entretenir les routes avec 30 000 000 $ de plus, alors qu'il a dit sur tous les
toits, depuis des semaines, qu'il aurait besoin de 105 000 000 $? Il
arrondissait en disant: 100 000 000 $ par année pendant cinq ans.
Autrement, d'ici quelques années, ça va coûter 2 000 000
000 $ parce qu'il y aura détérioration. Même le premier
ministre, quand il a fait un petit bout en automobile dans la région de
l'Outaouais, a été obligé de dire: Je vais avertir le
ministre des Transports, c'est vrai que cela n'a pas de bon sens d'avoir des
routes dans un tel état. Comment le ministre pense-t-il être
capable...
Des voix: C'est vrai, c'est vrai!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Si on compare les quatre dernières années
du gouvernement du Parti québécois avec les quatre années
du Parti libéral, jusqu'au 23 mars, c'était 477 000 000 $ de
moins, en dollars constants, alors qu'avec les 30 000 000 $...
Le Président: Votre question!
M. Garon: ...maintenant, cela fait 447 000 000 $ de moins en
dollars constants sous les quatre années du Parti libéral par
rapport aux quatre années antérieures du Parti
québécois qui, lui, mettait les sommes d'argent
nécessaires...
Le Président: Votre question, M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...pour faire l'entretien des routes du
Québec.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je ne voulais pas donner une
note partisane à cet échange...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...mais le député de Lévis m'y
force un peu.
Le Président: M. le ministre des Finances, s'il vous
plaît! M. le ministre des Finances.
M. Levesque: En effet, M. le Président, j'ai passé
quelques années de l'autre côté et je suis revenu
régulièrement à la charge. Nous avions devant nous un
gouvernement qui avait, à ce moment-là, et cela pendant neuf ans,
d'autres préoccupations que celles du réseau routier, quelque
chose qui, pour eux, ces gens qui vivaient dans un autre monde, était
simplement de la "garnotte" et de l'asphalte.
M. Gendron: Question de règlement!
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, on a été on ne
peut plus tolérants à deux reprises, comme s'il existait deux
types de règlements en cette Chambre et deux premiers ministres. Que je
sache, il n'y a qu'un premier ministre. Une chose est certaine, le ministre a
le droit de répondre ce qu'il veut à la question, je n'en
disconviens pas...
Des voix: Bon, c'est ça... laissez-le...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gendron: ...mais il y a aussi une autre règle qui dit
qu'à une question posée...
Une voix: La pertinence.
M. Gendron: ...il faut qu'il y ait un élément de
pertinence. Que je sache, la question portait sur le budget du réseau
routier et non sur les préoccupations que nous sommes capables de porter
et d'assumer, à savoir un Québec plus autonome et moins soumis
devant Ottawa.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement, sur la
même question de règlement.
M. Johnson: M. le Président, sur la question de
règlement. J'ai, moi aussi, entendu le député de
Lévis faire un long historique des réalisations ou de l'absence
de réalisations du gouvernement précédent, comme le
démontrait le ministre des Finances.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: II était parfaitement dans les normes que le
ministre des Finances réplique au préambule
échevelé du député de Lévis.
Le Président: M. le ministre des Finances, à la
question, brièvement.
M. Levesque: M. le Président, très
briève-
ment.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque: Ce que je voulais dire tout simplement était
parfaitement dans l'ordre, je le ferai remarquer à mon bon ami, le
leader parlementaire de l'Opposition, et je suis heureux de le saluer tout
particulièrement comme député d'une région à
laquelle nous nous sommes adressés d'une façon
particulière. Nous avons pensé à l'exploration
minière. Merci!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: M. le Président, je voulais simplement
rappeler à l'honorable député de Lévis que, pendant
ces neuf années, H y avait très peu de préoccupations pour
maintenir et améliorer le réseau routier. Regardez les budgets de
1976 à 1985. Regardez les budgets de voirie. Regardez ce qui a
été fart en réalité par ces gens, vous verrez que
la cause réelle de ce que dénonçait le ministre des
Transports d'aujourd'hui, c'est l'incurie, l'indifférence, le
négligence de ce gouvernement qui, pendant neuf ans, ne s'est pas
occupé de ses responsabilités vis-à-vis du réseau
routier québécois. C'est pourquoi nous essayons de corriger
cela.
C'est pourquoi hier, dans le discours sur le budget, il y avait des
sommes additionnelles...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Levesque: ...importantes, de 30 000 000 $, justement pour ces
fins.
Des voix: Bravo!
Le Président: Mme la députée de Chicouti-mi,
en principale.
Problèmes à Sainte-Justine et dans
d'autres hôpitaux du Québec
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Les hôpitaux
du Québec sont en crise...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: ...et, pour n'en citer que quelques-uns, parlons
de l'hôpital Sainte-Justine...
Le Président: Madame...
M. Garon: ...qu'il se fasse opérer par le ministre des
Finances, il faut être...
Le Président: Mme la députée de Chicouti-mi,
en principale.
Mme Blackburn: M. le Président, les hôpitaux du
Québec sont en crise et, pour n'en citer que quelques-uns, parlons de
Sainte-Justine, de
Le Gardeur, de Sorel et de Matane. Pourtant, dans le budget
déposé hier, pas un sou de prévu pour corriger un tant
soit peu le sous-financement chronique des hôpitaux. Selon des
fonctionnaires de la santé, la caisse est à sec. Il faudrait pas
moins de 15 000 000 $ pour contenir les problèmes cruciaux d'une
douzaine d'hôpitaux en région.
Dans ces circonstances et sans budget additionnel, comment la ministre
va-t-elle régler la crise qui sévit actuellement à
l'hôpital Sainte-Justine où les infirmières ont
débrayé pour 24 heures afin de contester des situations de
travail qui sont devenues intenables et qui durent depuis deux ans?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la députée
de Chicoutimi - c'est tout à fait son droit - profite toujours de son
préambule pour mêler tous les dossiers.
Sa question...
Une voix: Elle ne fait pas exprès.
Mme Lavoie-Roux: ...précise portait sur l'hôpital
Sainte-Justine où I y a, aujourd'hui, un débrayage de 24 heures
du personnel infirmier. Cela n'a rien à voir avec le sous-financement de
l'hôpital Sainte-Justine; cet hôpital est en équilibre
budgétaire et M a même un coût de système plus
élevé, puisqu'il s'agit d'un hôpital pédiatrique,
que les autres hôpitaux universitaires. Alors, en ce qui a trait aux
problèmes de sous-financement de l'hôpital Sainte-Justine, je
pense que le préambule de Mme la députée de Chicoutimi ne
s'applique pas.
Le Président: Mme la députée de Chicoutimi,
en additionnelle.
Mme Lavoie-Roux: En additionnelle, M. le Président.
Au-delà de ça, la ministre aurait pu répondre ce qu'elle
entendait faire pour l'hôpital Sainte-Justine.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: Question. Une voix: Oui, oui.
Mme Blackburn: Deuxième question: Comment la ministre
va-t-elle régler le problème de l'hôpital Le Gardeur qui,
pour équilibrer son budget, a fermé 38 lits et cela jusqu'au mois
d'août? Est-ce qu'elle ne trouve pas que ça commence à
faire long comme vacances estivales?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans le cas de
l'hôpital Le Gardeur, il faut bien savoir que c'est un hôpital qui,
depuis un certain nombre d'années, a connu des problèmes
administratifs assez importants. Ce que je peux dire à la
députée de Chicoutimi, c'est que, présentement, la
situation de l'hôpital Le Gardeur, comme celle d'autres centres
hospitaliers dont nous examinons les budgets à l'occasion, fait l'objet
d'un examen. Également, cela a fait l'objet d'une demande au Conseil du
trésor. Nous aurons la réponse en temps et lieu.
Le Président: Mme la députée de Chicoutimi,
toujours en additionnelle. (15 h 50)
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Au-delà de se
pencher sur les problèmes des hôpitaux, qu'est-ce que la ministre
propose de concret pour éviter la fermeture de 38 lits? Est-ce qu'elle
est d'accord avec cette fermeture, comme celle qu'on appréhende à
Matane où on envisage la fermeture de 70 lits? Est-ce qu'elle est
d'accord avec ce type de politique? Est-ce qu'elle est d'accord avec le fait
qu'on coupe dans les services à la population? C'est ça la
question.
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la députée
de Chicoutimi soulève le problème de deux hôpitaux qui,
comme je l'expliquais dans le cas de Le Gardeur, rencontrent des
problèmes budgétaires qui sont présentement sous
examen.
Le Président: Une cinquième principale cet
après-midi à M. le député de Taschereau.
Implantation de la nouvelle politique de la
sécurité du revenu
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de la Main-d'Oeu-vre et de la Sécurité du revenu. Il
y a quelque temps, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a annoncé des mesures qui
amélioreront la qualité de vie de plusieurs milliers de
ménages bénéficiaires de l'aide sociale. En effet, la loi
qui implantera la nouvelle politique sur la sécurité du revenu a
été adoptée à l'Assemblée nationale le 14
décembre dernier. J'aimerais connaître du ministre les
différentes étapes de réalisation de ce virage important
pour près de 336 000 ménages bénéficiant de l'aide
sociale et peut-il nous confirmer si la mise en place de la réforme
débutera comme prévu le 1er août prochain?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la question du
député de Taschereau me permet d'expliquer et de clarifier le
processus d'implantation de la nouvelle politique de la sécurité
du revenu. La hausse des barèmes pour les jeunes de moins de 30 ans sera
appliquée intégralement le 1er août 1989, ainsi que les
dispositions relatives à la contribution parentale alimentaire. Nous
abolissons ainsi la distinction quant à l'âge, tel que promis lors
de la dernière campagne électorale.
La hausse des prestations des personnes jugées inaptes au travail
se réalisera sur une période d'une année en quatre
étapes consécutives. La première augmentation se fera
à compter du 1er août prochain. C'est 100 000 000 $ de plus qui
seront consentis à près de 100 000 ménages ayant des
problèmes de santé et des limitations fonctionnelles importantes.
Quant au partage du logement, il s'appliquera à partir du 1er août
prochain pour les personnes qui ne seront pas protégées par les
droits acquis.
Enfin, le programme Allocations-logement s'adressant à
près de 51 000 ménages, dont 45 000 bénificiaires de
l'aide sociale, sera accessible à compter du 1er janvier 1990. Cette
mesure viendra en aide aux femmes chefs de famille monoparentale dans une
proportion de 70 %.
Le Président: M. le député de Limoilou, en
additionnelle.
M. Després: M. le Président, sur le même
sujet...
Le Président: En additionnelle.
M. Després: ...j'aimerais savoir du ministre, compte tenu
des changements majeurs de cette réforme, si le réseau des
centres Travail-Québec est prêt à réaliser ces
mandats et si tout est mis en place pour que les bénéficiaires de
l'aide sociale soient traités de façon équitable et qu'on
leur accorde toute l'attention voulue?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la nouvelle 101 comporte des
changements d'orientation importants et demandera au réseau
Travail-Québec des efforts d'adaptation. Plus de 2000 agents du
réseau Travail-Québec reçoivent présentement une
formation et sont informés des nouvelles modalités d'application.
Ils auront en main tous les outils, guides, manuels requis pour leur travail.
D'autre part, nous mettrons en place des comités
spécialisés afin que notre clientèle soit bien
évaluée et dirigée vers le programme approprié.
Nous serons prêts, M. le Président, pour gérer le
changement social dans le respect des droits et des libertés de nos
bénéficiaires. Merci.
Le Président: En sixième principale, cet
après-midi, M. le député de Saint-Jacques.
Objectif de consacrer 1 % du budget à la
culture
M. Boulerice: M. le Président, après avoir
littéralement floué les artistes, le premier ministre tente de
jouer avec les chiffres pour masquer son échec, l'échec de
rengagement libéral solennel d'atteindre 1 % clair et net pour la
culture. On est passé, M. le Président, à des coupures
dans un premier temps, et après, avec la formule trompeuse du plan
triennal adoptée au Conseil des ministres. Comment, M. le
Président, le premier ministre explique-t-il qu'il manque cette
année 81 000 000 $ pour atteindre ce 1 % et que l'an prochain il
manquera 105 000 000 $ pour l'atteindre?
Des voix: Oh, oh!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je remercie le député de me poser la
question. J'ai amorcé un début de réponse tantôt. Je
crois que la formule n'est pas pompeuse. Si elle l'est, elle l'est
également pour le Parti québécois parce que le plan
triennal a été amorcé, je crois, sous l'ancien
gouvernement. Je ne vois pas pourquoi ça devient pompeux. Et on n'a pas
le style pompeux de toute façon de ce côté-ci, hein? Pour
compléter ma réponse de tantôt, ce n'est pas jouer avec les
chiffres que d'ajouter une dépense fiscale qui a son impact réel
dans le milieu artistique. On n'a qu'à voir tous ceux qui profitent dans
la production des films, on peut donner des exemples comme ceux qu'on a connus
il y a quelques jours et qui font honneur au Québec: Jésus de
Montréal. Je ne sais pas si c'est lié. Probablement qu'à
ce moment-là, la déduction n'était pas encore
pratiquée, accessible. Il reste que c'est ce genre de déduction
qui permet d'obtenir et de réussir comme nous l'avons fait à
plusieurs reprises dans le secteur du cinéma. Si on ajoute la
dépense fiscale à la dépense budgétaire, je
n'inclus pas les dépenses d'Hydro-Québec. On sait que, dans le
cas d'Hydro-Québec, il y a des activités culturelles, c'est 60
000 000 $. On ne l'inclut pas. Il y a des ministères également
qui ont des activités culturelles... Pardon?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Bourassa: On comprendra le lapsus étant donné
l'importance qu'on accorde à cette question. Si on compte les 60 000 000
$ de Radio-Québec plus les dépenses dans les autres secteurs,
dans les autres ministères comme le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Ce ministère a certaines dépenses de
nature culturelle. Donc, on élimine tout cela dans le calcul. On
élimine tout cela: Radio-Québec, le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Poche, le ministère des Affaires internationales
également et les dépenses dans le secteur de l'éducation.
Pour compléter ma réponse, M. le Président, on ne tient
pas compte de toutes ces dépenses, mais la dépense fiscale pour
la distribution des films, 30 000 000 $, nous croyons qu'on peut en tenir
compte. Je ne suis pas d'accord avec le député de Saint-Jacques
quand I ne veut pas inclure, môme indirectement, la dépense
fiscale à la dépense budgétaire pour se rapprocher de
l'objectif de 1 %.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
en additionnelle. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Est-ce que le premier ministre pourrait faire un
effort de mémoire, relire les engagements électoraux de son
propre parti et d'y lire qu'effectivement, rien de ce qui a été
dit dans ce qu'il vient de nous dire ne devait figurer dans le budget de la
culture? Est-ce que le premier ministre pourrait avoir l'honnêteté
intellectuelle, puisqu'il n'a plus beaucoup de crédibilité
auprès du milieu de la culture, pour dire que son 1 % tel qu'il est en
train de nous l'expliquer ça a été de la poudre aux yeux
à des fins électoralistes comme tous les autres engagements du
Parti libéral en 1985?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il y a des engagements que
nous avons respectés avec plus de rigueur. Que l'on pense à la
création d'emplois, presque 100 %, ta réduction du
déficit, 3 700 000000$ à 1500000000$. Donc, I y a quand
même des engagements qui ont été respectes en
totalité. Dans le cas du 1 %, le député a raison, on
s'était engagés à atteindre 1 % sans compter
Radio-Québec et sans compter les activités culturelles dans les
autres ministères. On ne l'inclut pas également dans la recherche
du 1 %, mais on pense qu'l est logique d'inclure les dépenses fiscales
dans le domaine du film puisqu'elles sont des dépenses de nature
culturelle. Je l'ai dit lorsque j'ai rencontré les gens de la coalition
des artistes à la mi-mars. Je suis d'accord avec vous. On ne l'inclura
pas parce qu'on a dit qu'on ne l'inclurait pas en 1985 comme a dit le
député de Saint-Jacques. Mais là, il y a 30 000 000 $ qui
sont accordés à ce secteur. (16 heures)
Logiquement, je crois qu'aux dépenses budgétaires
strictement aux ministères culturels, malgré une situation
financière extrêmement difficile, malgré des besoins qui
ont été soulevés cet après-midi dans le domaine des
routes et dans le domaine hospitalier, on a ajouté un autre montant de
10 000 000 $. En plus de ça, on se prive de 30 000 000 $ de revenus dans
le domaine de la production de films, activité culturelle
par excellence. Dans ce contexte-là, M. le Président, je
crois - le député me permettra de terminer ma réponse, je
pense bien - dans ce contexte-là, je crois que nous nous rapprochons
beaucoup plus rapidement de l'objectif, compte tenu de la situation qui
prévalait en 1985. Je n'ai pas à rappeler au député
de Saint-Jacques les paroles et les commentaires qui avaient été
faits par les artistes sur l'ancienne administration. Je veux quand même
lui demander d'examiner la progression depuis 1985 et d'y ajouter, en toute
logique, 30 000 000 $ additionnels pour voir que, même si l'objectif
n'est pas atteint comme dans d'autres secteurs, il y a eu un progrès
considérable.
Le Président: M. le député de Saint-Jacques,
je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux étant donné que le temps régulier de la
période de questions est maintenant écoulé.
En complément de réponse à la question posée
par Mme la députée de Chicoutimi, je vais accorder la parole
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux. Mme la
ministre, vous avez la parole.
Réponses différées
Les listes d'attente et le personnel à la
Protection de la jeunesse
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous ai fait parvenir
un avis afin de donner une réponse à la députée de
Marie-Victorin. En fait, c'est une réponse au chef de l'Opposition
concernant des questions additionnelles qu'il m'avait adressées en
relation avec une question principale de la députée de
Marie-Victorin.
Le chef de l'Opposition avait affirmé avec assez de
véhémence, M. le Président, que la ministre ou son
sous-ministre en titre avait envoyé des directives demandant ou exigant
un dégraissage artificiel des listes d'attente en ce qui à trait
à la protection de la jeunesse. Après vérification, je
peux affirmer qu'aucune directive de cette nature n'a été
transmise ni de ma part, comme je l'ai soutenu à ce moment-là, ni
de la part du personnel du ministère. Au contraire, M. le
Président, depuis septembre 1986, nous avons demandé aux
établissements de concentrer leurs énergies sur la diminution de
la liste d'attente et de faire le plus rapidement possible l'implantation du
rapport Harvey qui prévoit des délais d'intervention plus courts
particulièrement dans les cas d'abus sexuels et d'abus physiques.
La deuxième question et peut-être une troisième un
peu de même nature étaient pour savoir si j'avais autorisé
des coupures de personnel à la Protection de la jeunesse,
particulièrement au CSS Laurent ides-Lanaudière ou dans d'autres
CSS. M. le Président, pas plus au CSS Laurentides-Lanaudière que
dans d'autres CSS, il n'y a eu de coupure à la Protection de la
jeunesse. Au contraire, comme j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs
reprises en cette Chambre, nous avons ajouté 7 000 000 $ et, hier soir,
le budget m'a accordé 2 000 000 $ supplémentaires. Je voudrais
dire que des efforts considérables ont quand même
été déployés par l'ensemble des CSS pour la
diminution des listes d'attente, d'accueil, d'évaluation et
d'orientation qui ont diminué de 20 % depuis le moment où je les
ai rencontrés, vers octobre ou novembre, et de 16,5 % en ce qui a trait
à la prise en charge des cas de protection de la jeunesse.
Le Président: En additionnelle, M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai déposé
en cette Chambre une documentation qui démontre que les autorités
du CSS, à la suite de l'interprétation qu'elles ont donnée
à des lettres du sous-ministre, exigeaient une révision des
listes dont l'objectif était une réduction de 65 %. Dans une
lettre que j'ai également déposée en cette Chambre - vous
regarderez, M. le Président - une interprétation en est faite par
le directeur général du CSS pour qu'il y ait une ponction
budgétaire de plusieurs centaines de milliers de dollars, d'où la
résultante: huit personnes ont été remerciées de
leurs services pour fins d'équilibre budgétaire. Plus encore,
j'ai déposé une lettre additionnelle, Mme la ministre - et vous
pourrez venir avec moi rencontrer les autorités du CSS - qui prouve hors
de tout doute que le budget des maisons d'accueil recevant ces jeunes a
été complètement coupé depuis septembre dernier,
pour la fin de l'année budgétaire parce qu'on anticipait un
budget de 2 000 000 $ exclusivement dans Laurentides-Lanaudière.
Imaginez-vous, M. le Président! Ma question est la suivante. Que
fera-t-elle avec ses petits 2 000 000 $ d'hier quand, dans une seule
région du Québec dont la liste d'attente est d'au-delà de
700 en familles d'accueil, exclusivement dans Lanaudière? Est-ce que
ça répond concrètement aux besoins d'une jeunesse à
qui on ne peut pas décemment, moralement couper le robinet en gelant les
budgets parce que ces jeunes ont besoin d'intervention immédiate?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le chef de
l'Opposition fait glisser un peu la question. La question qu'il m'avait
posée en Chambre était: Est-ce que la ministre ou son
sous-ministre avait envoyé une directive pour dégraisser
artificiellement les listes d'attente? Je répète ici que ceci est
tout à fait inexact et faux.
Il m'avait également demandé s'il y avait eu des coupures
dans le personnel de la Protection de la jeunesse dans le CSS
Laurentides-Lanaudière et dans l'autre. Je répète encore
une fois
qu'il n'y a eu aucune coupure de personnel dans ce cas.
En ce qui a trait à sa dernière affirmation, à
savoir qu'on avait demandé un redressement budgétaire au CSS
parce qu'il avait développé sans autorisation un certain nombre
de postes, c'est exact, mais les postes - il s'agit de huit postes, je crois -
n'étaient pas reliés à la protection de la jeunesse. Vous
vous en souviendrez, M. le Président, toute la question était
relative à la protection de la jeunesse.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux en complément
à une question posée par Mme la députée de
Chicoutimi quant au centre jeunesse de Tilly.
Renseignements retirés d'un rapport
d'enquête sur le centre de Tilly
Mme La voie-Roux: M. le Président, on m'avait
demandé comment N se faisait qu'un rapport d'enquête sur le centre
de TUIy n'avait pas été remis dans son entièreté
aux syndiqués qui en avaient fait la demande, de fait, un rapport dont
certains éléments nominatifs, comme j'en avais fait part à
la Chambre, en avaient été retirés. Si bien que le
demandeur, un M. Deslauriers, ait présenté en février
dernier une requête en Cour supérieure pour exiger que la
commission d'accès lui communique l'ensemble du rapport.
Parallèlement, nous avons présenté en mars dernier
une requête en Cour supérieure pour en appeler de la
décision de la Commission d'accès à l'information parce
qu'il ne nous semblait pas dans l'intérêt public que l'ensemble du
rapport soit produit, c'est-à-dire que les éléments qui en
ont été retirés y soient remis. Je peux vous dire à
ce moment-ci que, de part et d'autre, nous sommes devant les tribunaux afin de
déterminer les droits de chacun.
Le Président: Mme la députée de Chicoutimi,
en additionnelle.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Est-ce que la
ministre se rappelle qu'il ne s'agissait pas simplement du syndicat mais
également de journalistes qui souhaitaient avoir l'information? Est-ce
que la ministre est également informée qu'on a soustrait quelque
50 % de l'information contenue dans ce rapport? Est-ce que la ministre a
également été informée qu'y y a eu enquête
policière et saisie de documents à la suite de cette
enquête administrative? Est-elle consciente que son geste, étant
donné qu'il y a une enquête policière, vise à cacher
des informations qui, normalement, sont accessibles à la population? La
question est: Qui veut-elle cacher, qui veut-elle protéger?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce qui est sous
enquête policière doit faire l'objet d'une réponse par la
Sûreté du Québec et non pas par moi. Je pense qu'i s'agit
de deux problèmes différents.
Quand la députée de Chicoutimi avance que 50 % du rapport
a été enlevé, je voudrais bien qu'elle nous en fasse la
démonstration. Mais, quoi qu'il en soit, nous avons agi selon notre
meilleur jugement dans l'intérêt du public. Présentement,
ta question est prise en considération par les tribunaux et nous
attendrons la décision.
Le Président: Fin de la période
régulière de questions et de réponses orales.
Cet après-midi, il n'y a pas de vote reporté.
Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Gratton: Oui, M. le Président. J'avise
l'Assemblée que, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
commission de l'économie et du travail procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 127, Loi sur le
Mérite forestier.
J'avise également l'Assemblée que demain, le 18 mai, de 10
heures à 12 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la
commission des institutions procédera à l'étude
détaillée des projets de loi suivants et ce, dans l'ordre
indiqué: D'abord, le projet de loi 123, Loi modifiant le Code de
procédure civile, et ensuite, le projet de loi 129, Loi modifiant la Loi
sur les tribunaux judiciaires. (16 h 10)
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je voudrais savoir de la
part du leader du gouvernement, le ministre délégué aux
Forêts étant en discussion actuellement avec les gens de Cap-Chat,
s'il ne serait pas plus logique de remettre à plus tard la commission
parlementaire, vu qu'on peut lui donner l'esprit libre pour discuter une
solution au problème des gens de Cap-Chat.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Si ce que tentait de faire le député de
Laviolette était de souligner le fait que le ministre
délégué aux Forêts est avec les gens de Cap-Chat,
bon, soit. Mais, je n'ai pas reçu d'information à savoir que
celui-ci ne pouvait pas procéder tel que je viens d'en aviser
l'Assemblée.
La Vice-Présidente: Bon. Ceci met fin aux avis touchant
les travaux des commissions. Nous allons donc passer aux renseignements sur les
travaux de l'Assemblée. Pas de renseignements? Ceci met fin aux affaires
courantes.
Reprise du débat sur la motion
proposant
que l'Assemblée demande au gouvernement
de cesser de négliger la saine gestion
des déchets dangereux et des
déchets
domestiques sur le territoire
québécois
Nous allons passer aux affaires du jour. Conformément à
nos règlements, nous allons reprendre le débat qui avait
été ajourné mercredi dernier sur la motion
présentée par M. le député de Shefford, et qui se
lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec demande au
gouvernement de cesser de négliger la saine gestion des déchets
dangereux et des déchets domestiques sur le territoire du Québec
et qu'il renonce à annoncer des mesures environnementales qui ne sont
pas suivies d'actions concrètes."
J'aimerais aviser cette Chambre qu'à la suite d'une rencontre des
leaders, le partage du temps sera le suivant: quinze minutes seront
réservées pour la réplique de M. le député
de Shefford, et le reste du temps se partagera également entre les deux
formations politiques, sans limite de temps par intervention. Cela étant
dit, je suis prête à reconnaître le prochain intervenant. M.
le chef de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, madame. D'abord, Mme la Présidente,
vous n'êtes sans doute pas surprise de voir que l'Opposition officielle a
déposé cette motion devant l'Assemblée nationale. Parce
que je n'ai pas l'intention personnellement de vous prouver l'importance de
cette motion, je vais laisser parler celle qui occupe les banquettes du
pouvoir, dans un premier temps. À mon point de vue, Mme la
Présidente, et vous demanderez ça à mes collègues
de Lac-Saint-Jean, mon collègue de Mercier, ma collègue de
Johnson, je pense que la seule personne qui a résumé d'une
façon claire, d'une façon précise, d'une façon
exacte ce qui s'est passé en matière environnementale dans la
gestion des déchets domestiques et toxiques, c'est l'actuelle ministre
de l'Environnement, qui a bien résumé en quelques mots le
piètre bilan de l'équipe de M. Bourassa et du gouvernement
actuel.
Vous vous rappellerez, Mme la Présidente, que le 22 avril
dernier, à peine quelques semaines après son arrivée au
ministère, l'actuelle ministre de l'Environnement traçait le
bilan de son prédécesseur et de facto traçait le bilan de
son gouvernement puisque son prédécesseur était là
depuis le début en matière environnementale. La ministre, avec le
ton décidé qu'on lui connaît, vous connaissez Mme la
ministre de l'Environnement, Mme la Présidente, ne s'est pas
gênée pour dire carrément: Vous savez, Cliff - en pariant
de M. le député de Nelligan qui était ministre de
l'Environnement - annonçait beaucoup de choses, mais la gestion ne
suivait pas toujours. Ce n'est pas moi qui parle. Je suis un péquiste.
Je n'aurais donc sûrement pas de crédibilité en
matière environnementale. Mais, une libérale, actuelle ministre
de l'Environnement qui juge le bilan, qui fait le bilan de l'équipe
libérale depuis le début, ça doit être
crédible. Juger un pair c'est plus valable qu'une Opposition qui juge un
gouvernement, je suppose. Donc, l'actuelle ministre de l'Environnement disait,
et je le répète: Cliff annonçait beaucoup de choses, mais
la gestion ne suivait pas toujours. Ça c'est textuel, ce sont ses mots
textuels. Elle ajoutait dans cette même entrevue, l'actuelle ministre de
l'Environnement, la députée de Chomedey ajoutait: Quand je suis
arrivée au ministère de l'Environnement, beaucoup de dossiers
étaient à peu près dans le même état que je
les avais laissés quand j'étais dans l'Opposition. Donc, Mme la
Présidente, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que la ministre
de l'Environnement actuelle, à la suite du départ du
député de Nelligan, quand elle a pris possession du
ministère, a regardé les dossiers qu'on lui soumettait et
qu'à sa grande surprise, elle a découvert que les dossiers
qu'elle avait laissés au mois de décembre 1985, au moment
où elle était critique de l'Opposition, étaient dans le
même état qu'en décembre 1985. D'où, je pense, le
soin pour l'Opposition officielle de se fier carrément à un
ministre du gouvernement et de constater que nous avions donc raison depuis
trois ans.
Depuis trois ans et cinq mois, qu'est-ce qu'on disait, nous de
l'Opposition? Qu'est-ce que nos critiques successifs ont dit en matière
environnementale? On questionnait le député de Nelligan. On
disait: Que de mots! On sait qu'il courait d'un groupe d'écologistes
à l'autre pour se faire photographier. Il louait même un
hélicoptère pour venir à bout de se déplacer pour
faire prendre une photo, pour ne pas la manquer, pour avoir l'air écolo,
monsieur. Tout d'un coup, on lui disait, à une question: Beaucoup de
mots, mais peu d'actions. Là, on entendait les tollés du
côté du pouvoir. Le choeur de l'armée rouge se
réveillait et nous disait: Ah! Ah! Ah! C'est un bon ministre de
l'Environnement. Et on ne nous croyait pas quand on parlait. Tout d'un coup,
successeur, Mme la ministre de l'Environnement résume d'un seul trait,
fait le bilan que l'Opposition faisait tous les jours comme Opposition, fait le
constat ou vient confirmer tous les avancés, toutes les
allégations de l'Opposition. Oui, le 22 avril dernier, pour nous, c'est
la reconnaissance du travail de l'Opposition par la ministre actuelle de
l'Environnement, à savoir que Cliff annonçait beaucoup de choses,
mais que la gestion ne suivait pas et que les dossiers de l'Environnement, avec
ce gouvernement, n'ont absolument pas évolué, ils sont à
peu près au même point qu'en décembre 1985, au moment
où
l'actuel gouvernement est arrivé au pouvoir.
Mme la Présidente, ce dossier de l'Environnement est quand
même révélateur. Si, après trois ans et quatre mois,
des ministres môme du gouvernement actuel font le constat qu'I ne s'est
rien fait, cela dénote une attitude pour l'ensemble de ce gouvernement.
Dans tous les dossiers, c'est la même chose: beaucoup de maquillage,
beaucoup d'enrobage, beaucoup de papier couleur, de la poudre aux yeux, mais
peu d'actions, et dans tous les secteurs.
Mais le secteur de l'environnement qui nous préoccupe aujourd'hui
par cette motion est un secteur tellement névralgique. Je me souviens,
quand on est arrivés au pouvoir en 1976, 8 n'existait pas de
ministère de l'Environnement. C'était un ministre
délégué qui était rattaché aux Affaires
municipales, mais qui n'avait pas de ministère proprement dit. C'est le
Parti québécois qui a décidé de créer le
ministère de l'Environnement, de s'attaquer à des pans
environnementaux complets. Je me souviens quand on a mis sur pied des
programmes d'assainissement des eaux, quand on a créé la
Société d'assainissement des eaux, quand on a créé
le BAPE pour permettre aux citoyens de s'exprimer, quand on a fait en sorte,
par exemple, que les dépotoirs à ciel ouvert disparaissent du
Québec. Et je me souviens qu'on a créé le conseil
consultatif en matière environnementale. On a créé une
foule d'organismes. On a créé une foule de programmes visant
précisément à inculquer une éducation en
matière environnementale. On savait qu'il fallait donner aux jeunes le
goût de la qualité de vie et de la qualité de
l'environnement. Il y a eu toutes sortes d'événements qui se sont
produits avec les écoles pour tâcher de sensibiliser nos jeunes
à cette dimension importante qu'est la qualité de vie par
l'environnement. (16 h 20)
Aujoud'hui, Mme la Présidente, on se rend compte que ce n'est
plus vrai que les grosses compagnies vont passer des sapins aux citoyens.
Ceux-ci ont maintenant un outil en main pour se faire entendre. Ils demandent
des audiences publiques au BAPE, le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement du Québec. Les citoyens sont en mesure d'exiger des
informations; ils sont en mesure d'exiger des promoteurs industriels ou des
promoteurs de tout genre toutes les informations de base avant de voir un
dossier se concrétiser dans un milieu. Cela est sain, parce qu'on a eu
tendance à plier dans le passé. On acceptait sous prétexte
qu'on voulait créer des emplois, je dis bien sous prétexte de
vouloir créer des emplois. Dans plusieurs milieux, on ne s'est pas
soucié du tout de la qualité de vie, de la qualité de
l'environnement, de la qualité de l'air, de la qualité de l'eau;
on ne s'en souciait pas. Si bien qu'après dix et quinze ans, des
compagnies sont venues extirper la force de travail des salariés du
milieu. Elles ont créé des emplois dans le milieu, mais elles
laissent une facture très lourde en coûts sociaux. Vous savez,
assainir des cours d'eau, ça coûte des mïliers, des centaines
de millions de dollars en impôts Aujourd'hui, on a ce souci. Aujourd'hui,
on a cette préoccupation constante de faire en sorte que notre milieu ne
soit pas pollué.
Mais revenons à ce gouvernement qui, depuis trois ans, non pas
seulement au dire de l'Opposition - personne ne nous aurait crus - mais au dire
même de l'actuelle ministre de l'Environnement: 'quand je suis
arrivée à mon ministère de l'Environnement, beaucoup de
dossiers étaient à peu près dans le même état
que lorsque je les avais laissés quand j'étais dans
l'Opposition..." Cela veut donc dire que des dossiers complets n'ont pas
évolué 30 secondes, il y a des dossiers complets où on n'a
même pas respecté les réglementations. Je pourrais vous en
donner une série.
Je me contenterai de parler de quelques dossiers. Regardons d'abord le
budget d'hier, 13 000 000 $. C'est avec beaucoup de pompe que le jovial
député de Bonaventure, dans des envolées où les
bretelles ne sont pas assez longues pour aller jusqu'au bout de ses doigts,
annonçait qu'il y aurait 13 000 000 $ pour la qualité de
l'environnement. Qu'est-ce qu'i a annoncé, hier soir, Mme la
Présidente? Qu'est-ce que le ministre des Finances a annoncé?
C'est 13 000 000 $. Pourquoi? C'est 13 000 000 $, dont 10 000 000 $ servent
à corriger les bêtises du prédécesseur de l'actuelle
ministre de l'Environnement. C'est 10 000 000 $ pour transporter les BPC de
Saint-Basile en Alberta. C'est 10 000 000 $ pour corriger tout simplement du
laisser-faire, du laisser-aller. Rappelez-vous, quand les
événements de Saint-Basile se sont produits, ce que disait le
sous-ministre de l'Environnement. Que disaient les gens qui ont
enquêté? Oui, nous savions que c'était dangereux. Bien oui,
nous savions que c'était dangereux, lis n'avaient posé aucun
geste. Ces gens ont attendu que ça saute. Ils ont créé une
perturbation sans précédent dans la population de Saint-Basile.
Ces gens ont été marqués, ils ne savaient rien de ce qui
se passait. Une série de gestes, d'actes incohérents se sont
produits les uns après les autres. De l'improvisation! On sentait
véritablement que le gouvernement ne savait absolument pas où il
allait dans ce dossier.
Aujourd'hui, on essaie de dire à la population du Québec -
je le répète - et de lui faire croire, à
l'intérieur d'un budget, que l'actuel gouvernement vient de donner un
grand coup en matière environnementale. Le gouvernement devrait avoir au
moins l'honnêteté intellectuelle, au moins
l'honnêteté tout court de dire: si nous remettons de l'argent dans
l'environnement, c'est tout simplement parce qu'on est obligé de le
faire, on est obligé de payer pour nos bêtises et c'est pour
ça qu'on met 13 000 000 $. Cela leur a tenté de ne mettre que 10
000 000 S, mais Is ont dit: Si on ne met que 10 000 000 $ et que ça
équivaut exactement à nos erreurs de Saint-Basile, on va avoir
l'air fou, «s vont nous le
dire. On va en mettre un peu plus pour montrer qu'on donne un gros coup
en matière environnementale. Il faut le faire. Cela, c'est duper la
population. C'est tromper la population. C'est malhonnête envers la
population qui a développé, je le dis bien... Je suis
personnellement content de voir toute l'évolution des mentalités
au Québec depuis 1976 en matière environnementale. Je suis
content de voir que la création d'un ministère, la
création d'organismes chargés d'écouter les citoyens, la
création du conseil consultatif et la mise sur pied de programmes en
matière environnementale ont permis, Mme la Présidente, d'avoir
aujourd'hui des gens qui s'intéressent à la qualité de
l'environnement, donc à la qualité de vie de leurs concitoyens
québécois.
Maintenant, on ne se laisse plus passer et on ne se laissera plus jamais
passer, dans nos milieux, de gros sapins, des héritages lourds de
conséquences. Et, quant à nous, Mme la Présidente, c'est
en toute transparence que devraient se faire ces discussions en matière
environnementale. Non pas signer des contrats officieux comme on a fait avec
Noranda Mines, par exemple. Est-ce que c'est pour camoufler que vous allez
à l'encontre du principe pollueur-payeur? Rappelez-vous les beaux
discours écolos de Cliff qui annonçait beaucoup de choses, dit
Mme la ministre actuelle. Cliff annonçait beaucoup de choses mais la
gestion ne le suivait pas toujours. Eh bien, Cliff avait annoncé, Mme la
Présidente - le même, celui dont on parle - qu'il y avait un
contrat avec Noranda Mines. C'est lui qui se promenait dans tout le
Québec et qui disait: Le pollueur va payer. Avez-vous remarqué
qu'on n'a jamais eu le contrat? Vous ne savez pas si on a dévié
à ce principe. Loin de là.
Non, Mme la Présidente, à mon point de vue, le
gouvernement a véritablement abandonné, abdiqué devant ses
responsabilités en matière environnementale et, Mme la
Présidente, ça va vous surprendre, mais on voudrait remercier
l'actuelle ministre de l'Environnement qui fait exactement le même
constat que nous faisions depuis trois ans et demi, à savoir qu'il ne
s'est à peu près rien fait en matière
environnementale.
Et plus encore, Mme la Présidente, nous avions
légué à ce gouvernement un règlement sur les
déchets domestiques et sur les déchets toxiques. Rappelez-vous
les publications en mai et la sanction en octobre 1985. Dans le mémoire
de transmission au ministre de l'Environnement en décembre 1985, nous
avions dit l'importance de donner des suites à ce règlement sur
les déchets toxiques. Cela n'a pas été appliqué. Le
gouvernement a encore abdiqué devant ses responsabilités. Le beau
discours écolo mais le geste polluant et le laisser-aller devant les
pollueurs. Si bien, Mme la Présidente, que face à cette
abdication, on sait ce qui est arrivé à Saint-Basile. Mais le
pire de tout ça, c'est qu'on ne sait pas ce qui peut arriver ailleurs et
qu'on ne fait rien encore.
Combien de fois en cette Chambre a-t-on vu le député de
Verchères, le député de Bertrand, la députée
de Marie-Victorin et d'autres députés, la députée
de Johnson, questionner sur des sites extrêmement dangereux? On s'est
interrogés combien de fois, par exemple, sur le dépotoir de pneus
de Saint-Amable? Rappelez-vous. Est-ce qu'on va attendre que le feu prenne dans
ça pour agir? Est-ce qu'on va attendre une autre catastrophe à la
Saint-Basile pour agir? Mme la Présidente, quand c'est rendu que mes
collègues sont obligés de questionner parce que le Québec
deviendrait petit peu par petit peu, lentement mais sûrement, le
dépotoir des États-Unis, c'est pour ça qu'on est
obligés de poser une question. Et là, on ne le savait pas. La
ministre ne le savait pas. Personne ne semblait au courant que des
déchets toxiques pouvaient rentrer, à peu près librement,
sur le territoire québécois. Ah non, cela n'est pas grave!
Mme la Présidente, un autre aspect dont je veux parler. Vous
savez, en précampagne électorale, il y a beaucoup de prudence de
fa part des ministres et du premier ministre. Mais ce qui est formidable, c'est
que pour eux, un discours avant les élections, pendant les
élections et après les élections... Ce n'est pas moi qui
parle cette fois-ci, écoutez le premier ministre du Québec. Qu'a
dit le premier ministre du Québec quand il est allé à
Winnipeg? Il a dit: Moi, les discours avant et les discours après, c'est
tellement différent. (16 h 30)
Le 21 novembre 1988, le premier ministre disait sur les ondes de CKAC:
Vous savez, moi, les discours avant et les discours après, je ne suis
pas sûr. Je connais ça. C'est bien sûr que les gens doivent
se demander quelle confiance on peut avoir aux hommes et aux femmes politiques.
C'est évident que vous pouvez vous poser cette question. Vous avez
raison avec des gens qui discutent exactement comme cela sur la place publique,
c'est évident! Un discours avant et un discours après. On doit
avoir de la constance dans nos propos et de la cohérence. On doit avoir
le respect de nos engagements électoraux. Prenez, par exemple, en
matière environnementale en Abitibi. On a commencé par leur
construire une usine pour mettre des BPC, des BPC d'à peu près
partout au Québec. Mme la ministre de l'Environnement disait aux
Abitibiens: Écoutez, vous autres, soyez donc compréhensifs! Les
gens de l'Abitibi disaient: Oui, Madame, écoutez, on est
compréhensifs, on va mettre au hangar nos propres BPC, mais ce n'est pas
vrai qu'on va devenir le dépotoir du Québec. C'est cela que les
gens de l'Abitibi nous disaient. C'est pour cela que les gens de l'Abitibi ont
manifesté dans les rues pour dire clairement à la ministre
actuelle: Nous, on va garder les nôtres, mais H n'est pas question qu'on
devienne le dépotoir de tout le Québec.
C'était clair comme message. Ah! bien là, ils ne
comprenaient plus rien, ces gens de l'Abitibi! Vous savez ce
gouvernement-là... Rappelez-vous
du ministre de l'Éducation quand les gens du
Saguenay-Lac-Salnt-Jean, lors du référendum et des
élections de 1981, ne votaient pas dans le sens de l'actuel ministre de
l'Éducation. Qu'est-ce qu'il leur a dit? Ah, ils ne savent pas lire! Ils
ont du mépris pour les gens qui s'expriment ces gens-là. Ils ont
déjà le mépris du pouvoir, Mme la Présidente,
l'arrogance du pouvoir, c'est comme si nous étions tous des fous parce
qu'on ne partage pas le point de vue d'un ministre. Je pense qu'en
matière environnementale on se doit d'être à
l'écoute de nos concitoyens. Je suis persuadé qu'il y va
même de l'économie du Québec. Il y a moyen de créer
des emplois au Québec sans accepter la pollution comme forme de
chantage.
Je ne crois pas personnellement qu'on doive accepter la pollution sous
prétexte qu'il n'y aura pas de création d'emplois. Ce n'est pas
vrai qu'on doive accepter cela. Ce sont des coûts sociaux que les
compagnies ne paient pas ensuite. Ce sont les citoyens qui, par la suite,
doivent payer à gros sous, à coup de millions et de centaines de
millions de dollars les dégâts face à l'environnement. Par
exemple, je suis un amateur de pêche. Avec les pluies acides, combien de
lacs au Québec - je regarde le ministre délégué
à l'Environnement, j'ai été ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche - sont actuellement absolument infertiles pour la
reproduction des poissons. Le ministre le sait. Ce sont des centaines et des
milliers de lacs au Québec déjà qui sont devenus, à
toutes fins utiles, des lacs morts à la faune aquatique. Pourquoi? Parce
que pendant des années on n'a pas eu ce souci, cette constance dans la
revendication pour une qualité de l'environnement et pour une
qualité de vie automatiquement.
Pendant neuf ans, et ce dans des périodes économiques
très difficiles, en 1981-1982, on ne nageait pas dans l'argent comme
c'est le cas présentement, pourtant on y a mis le paquet. C'est par
centaines de millions de dollars, même dans les années de crise
économique, qu'on a contribué à dépolluer les cours
d'eau au Québec. C'est nous qui avons mis sur pied
précisément le premier groupe qui s'est soucié des pluies
acides et qui allait revendiquer même à l'extérieur du
Québec parce qu'on sait très bien que les pluies acides ont des
incidences en dehors du territoire québécois. C'est
évident cela. Mais on avait commencé ce travail et, Mme la
Présidente - si je dois conclure - on y a cru. On a inculqué chez
nos jeunes précisément ce souci de la qualité de
l'environnement et ce souci de la qualité de vie.
C'est très décevant de constater, après trois ans
et quatre mois, que l'Opposition officielle - je le dis - a malheureusement
raison. On aurait aimé ne pas avoir raison quand on disait qu'il ne se
faisait rien depuis trois ans et quatre mois en matière
environnementale, qu'on avait un beau discours mais qu'on ne posait pas les
gestes concrets. Mais quand c'est le gouver- nement lui-même par la voix
de sa propre ministre de l'Environnement, qui nous donne raison, oui, Mme la
Présidente, on a de quoi être déçus.
On est déçus qu'l ne se soit fait à peu près
rien et que les dossiers soient à peu près dans le même
état que lorsque Mme la ministre actuelle les avait laissés en
1985. C'est donc dire que, depuis 1985, au dire même de cette ministre,
le gouvernement actuel a abdiqué face à des dossiers importants
en matière environnementale. Peut-on leur demander, Mme la
Présidente... Peut-on faire autrement que de déposer une motion
comme celle qu'on a déposée aujourd'hui, et qu'on leur dise: dans
la gestion des déchets toxiques et la gestion des déchets
domestiques, réveillez-vous, s'il vous plaît! N'attendez pas
d'autres catastrophes ou que d'autres cercles ou lieux de pollution
s'installent. Faisons en sorte qu'on puisse espérer, dans quelques
années, respirer de l'air pur, avoir l'oxygène nécessaire
pour survivre, des cours d'eau et des lacs en parfait état, une
qualité de vie, Mme la Présidente. C'est ce qu'on demande,
à toutes fins utiles, par cette motion. On dit au gouvernement: Faites
en sorte, dans les quelques mois qui vous restent, au moins de
dépoussiérer les dossiers auxquels vous n'avez pas touché
et de dire à votre ministre de l'Environnement qui n'est pas ici: Eh
bien, c'est vrai que votre prédécesseur n'a rien fait, mais ne
vous arrangez pas pour qu'on dise la même chose de vous dans quelques
mois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le chef de l'Opposition. M. le
ministre délégué à l'Environnement.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Il me fait
plaisir, bien sûr, en tant que ministre délégué
à l'Environnement, de prendre aujourd'hui la parole pour répondre
aux critiques du chef de l'Opposition et essayer de dire que justement, au
ministère de l'Environnement, nous faisons des choses importantes et que
nous sommes très conscients de l'importance de la
crédibilité du ministère de l'Environnement.
Une crédibilité se bâtit par différentes
activités et par différents gestes; bien sûr, cela se
bâtit, à tous les niveaux d'un gouvernement. Une
crédibilité se bâtit avec des budgets. Nous avons eu hier
la preuve que le budget présenté par le gouvernement provincial
est en conformité avec une réalité qui est celle des
Québécois et des Québécoises qui veulent avoir, au
Québec, une saine administration et des gens responsables qui font en
sorte que les priorités qui préoccupent l'ensemble de la
population soient considérées. Bien sûr qu'une des
préoccupations que nous avions depuis 1985 était de faire en
sorte que les finances publiques du Québec soient assainies pour qu'on
ait une marge de manoeuvre
qui nous donne cette capacité de répondre aux besoins des
gens dans tous les secteurs de préoccupations importantes, que ce soit
en matière de santé, d'éducation, de transport et surtout
d'environnement. Une crédibilité se bâtit avec des budgets.
Elle se bâtit aussi par des gestes concrets.
Lorsque le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, en 1985,
bien sûr que des choses avaient été faites. Mais il y en
avait encore énormément à faire. On ne peut se permettre,
en quelques semaines ou en quelques mois, de tout corriger. On a des exemples
concrets. Prenons le cas des pneus de Saint-Amable qui ont été
là des années et des années. On a laissé s'empiler
une montagne de pneus où on risquait en tout temps qu'un incendie se
déclare, cause des dommages importants à cet environnement et
soit très difficilement contrôlable. J'ai annoncé
aujourd'hui que nous sommes maintenant au stade de la réalisation de la
solution à ce problème important laissé en place par
l'Opposition durant plusieurs années.
Bien sûr, la situation de Saint-Basile a été
très préoccupante pour le présent gouvernement et pour
toute la population du Québec. Nous sommes maintenant au stade d'une
solution qui va être apportée dans quelques semaines, de sorte que
la population de Saint-Basile va pouvoir respirer mieux, parce que le
gouvernement actuel aura posé des gestes importants pour trouver une
solution à une situation très préoccupante pour l'ensemble
des Québécois et des Québécoises. C'est comme
ça, je pense, que se bâtit une crédibilité. On ne
bâtit pas une crédibilité à partir d'improvisations
constantes. On se doit d'arriver à des gestes concrets, à des
solutions à long terme pour des problèmes qui apparaissent de
façon très fréquente. (16 h 40)
Depuis que je suis au ministère de l'Environnement, j'ai eu
l'occasion de rencontrer des gens de tous les milieux, de tous les âges.
J'ai vraiment vécu à l'intérieur de ce ministère
des relations particulières parce que, effectivement, on
s'aperçoit qu'il y a un degré de sensibilité très
important de la population qui fait en sorte que les gens attendent beaucoup
des personnes responsables de ce ministère.
Que ce soient les ministères, les ministres, que ce soient les
gens qui travaillent à l'intérieur du ministère, les
sous-ministres et tout le personnel, que ce soient les personnes que l'on
rencontre dans toutes les activités du ministère, tous ceux qui
se préoccupent de cette question, les groupes de pressions, les groupes
environ-nementalistes, toutes ces personnes, peu importe l'âge ou le sexe
- la population du Québec - attendent de ce gouvernement une forme
d'assurance, une forme de crédibilité qui doit être
bâtie au fil des jours à partir de gestes concrets. C'est, bien
sûr, la politique des petits pas parce qu'on ne peut pas tout
régler en même temps. Ce qui est important, c'est qu'il y ait des
choses qui se fassent régulièrement, des solutions qui se
trouvent à des situations qui durent depuis longtemps, je dirais
même depuis très longtemps, du temps du gouvernement
précédent.
On parle de coordination, non seulement parce qu'il est important de
trouver des solutions à des situations qui se produisent, mais parce
qu'il nous faut avoir une coordination. C'est là que le ministère
de l'Environnement a un rôle très important à jouer. On se
doit de faire en sorte que cette coordination d'action, cette concertation pour
trouver les solutions se fasse à tous les niveaux. La création
d'organismes, une oeuvre importante à laquelle le présent
gouvernement a collaboré, constitue pour la population un geste
important afin de répondre à cette préoccupation, à
cette crédibilité que nous voulons bâtir et à tous
ces gestes quotidiens que nous faisons pour arriver à trouver des
solutions aux problèmes qui nous touchent.
Nous avons maintenant deux ministres au ministère de
l'Environnement avec des responsabilités très bien
définies à l'intérieur de ce ministère, et ma
collègue et moi les assumons pleinement. C'est de nature à faire
en sorte que je parle de coordination, que je parle de concertation,
considérant notre façon de travailler, pour rassurer cette
population. Les préoccupations qui relèvent de ma
responsabilité et celles qui relèvent de fa responsabilité
de ma collègue sont très bien définies, très bien
partagées, très bien assumées. C'est une autre des
façons que le gouvernement actuel a trouvées, parce que
l'environnement est aussi une préoccupation parmi les plus importantes
pour le gouvernement actuel.
Je pense que, dans sa sagesse, M. Bourassa a eu une bonne idée de
départager. Je pense que ce ministère, étant donné
son importance relative mais de plus en plus grande... De plus en plus, devant
cette préoccupation des citoyens et citoyennes du Québec de faire
en sorte que l'on puisse trouver des solutions de façon plus
concertée, de façon plus crédible, je pense que c'est une
bonne façon de bâtir une crédibilité au
ministère de l'Environnement.
Je sais que la députée de Johnson est parfaitement
d'accord. Elle souhaiterait peut-être que cette situation ait
été corrigée précédemment, sous le
précédent gouvernement. Malheureusement, on a attendu. Alors,
c'est le gouvernement actuel qui a trouvé la solution.
En passant, je suis très heureux de participer aux
activités du ministère de l'Environnement car, je le disais tout
à l'heure, on a à l'intérieur de ce ministère des
relations très importantes. Je pense que le degré de
sensibilité de la population du Québec ne se dément pas.
Bien sûr, l'attente de cette population à ces
préoccupations fait en sorte que cette préoccupation que nous
avons de bâtir une crédibilité, on se doit d'y arriver le
plus rapidement possible. C'est ce que nous continuons à faire de
façon très régulière.
La gestion des déchets toxiques est un problème
très global. On ne peut l'effectuer sans considérer ce
problème dans son ensemble. On se doit donc de l'envisager de
façon très globale. Je ramène cette dimension de la
coordination et de la concertation de tous les intervenants, leur importance,
pour faire en sorte que tous ceux qui sont préoccupés à
trouver des solutions à cette situation soient concertés vers le
même objectif: trouver une solution à long terme.
Aussi, en même temps, nous ne pouvons ignorer certains dossiers ou
certains aspects plus délicats, certaines questions plus
délicates dans certaines régions, bien sûr, ou certaines
localités. Chose certaine, la perspective évoquée par le
gouvernement correspond à une réalité telle que nous la
connaissons aujourd'hui et à une invitation, à moyen et long
terme, de trouver une solution à cette situation importante et
préoccupante. Car l'État québécois doit assumer un
leadership sur une question aussi importante. On ne peut pas se fier aux autres
provinces, au Canada seulement ou aux autres pays qui nous entourent pour
trouver une solution. Il faut que le Québec, comme gouvernement, trouve
la solution à cette préoccupation.
D'un autre côté, sans accuser qui que ce soit, on doit
analyser cette situation, ce dossier dans une perspective et dans son ensemble.
Pendant neuf ans, le dossier des déchets dangereux ne préoccupait
que très rarement les ministres de l'Environnement du gouvernement
précédent. Les ministres de l'Environnement de l'époque
n'arrivaient même pas à allouer les ressources suffisantes pour
assumer deux volets importants de la politique de l'environnement, que l'on
parle du volet de la protection de cet environnement, que l'on parle du volet
de la préservation de cet environnement et de celui aussi de la
promotion de la qualité de vie. Elle est très importante cette
préoccupation pour l'ensemble de la population du Québec, des
Québécois et des Québécoises.
À ce stade-ci de l'évolution environnementale au
Québec, l'État québécois assume son rôle en
matière d'environnement plus que tout autre gouvernement
précédent. Les régions les plus affectées sur cette
question des déchets dangereux croient que ce dossier doit être
considéré de façon prioritaire. Le gouvernement cherche
par tous les moyens à assumer son rôle dans une perspective
très globale. Tout comme ma collègue la semaine dernière,
je tiens à réfuter les allégations du député
de l'Opposition, le député de Shefford, quant à l'inaction
du ministère dans le dossier de la gestion des déchets solides et
des déchets dangereux. Je vous rappelle les principaux points que ma
collègue avait d'abord traités.
D'abord, sur la saine gestion des déchets domestiques, deux
grands objectifs généraux soutiennent la politique
québécoise de gestion intégrée des déchets
solides. Premièrement, afin de prolonger la vie utile des lieux
d'élimination et parce qu'il est plus logique de réutiliser les
ressources que de les gaspiller - on parle de conservation, on parle de
préservation, c'est beaucoup plus important que de gaspiller ces
ressources - II importe de réduire le plus possible les quantités
de déchets à éliminer. Ainsi, le ministère de
l'Environnement s'est donné comme objectif de réduire de 35 % le
poids des déchets domestiques à éliminer d'ici l'an 2000
dont 20 % au cours des sept prochaines années par la mise en place d'un
système intégré de récupération, de
recyclage et de réduction des déchets.
Deuxièmement, de façon à assurer à
l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec un environnement de
qualité, il importe de garantir que les moyens d'élimination que
nous proposerons soient adéquats et sécuritaires pour
l'environnement. Ma collègue vous a également entretenus du plan
d'action préparé à la suite de l'incendie de
l'entrepôt de BPC à Saint-Basile-le-Grand et ce, afin
d'améliorer la sécurité environnementale au Québec.
Elle vous a, entre autres, mentionné que le ministère a
alloué un budget de 1 500 000 $ pour faire l'inventaire et l'inspection
des lieux d'entreposage de BPC et de déchets dangereux ainsi que pour
réaliser la mise à jour de ces inventaires. Dès septembre
1988, l'inspection de tous les lieux d'entreposage de BPC hors d'usage a
débuté.
La première phase de ces inspections a d'ailleurs
été rendue publique le 4 novembre 1988. Quant à moi, je
poursuis en vous parlant d'abord des inspections et des enquêtes, mais je
voudrais aussi vous préciser que bientôt cette liste d'inventaire
sera rendue publique très prochainement. Cela va dans l'esprit du
gouvernement actuel, de cette transparence, de cette information publique. Afin
de renforcer cette protection de l'environnement, il nous fallait aussi nous
donner des moyens. Ce n'est pas tout de voter des lois, de voter des
règlements. Il nous faut aussi avoir les moyens pour que cette
protection soit assurée. Quant au respect de la réglementation
environnementale, le ministère avait aussi indiqué qu'il allait
créer une Direction générale des inspections et des
enquêtes. C'est chose faite.
La création de la Direction générale des
inspections et des enquêtes est directement reliée à la
nouvelle politique de conformité aux exigences environnementales du
ministère. Elle concrétise aussi les orientations
formulées dans la politique d'action générale dans le
domaine de l'environnement, "Un nouveau cap environnemental". (16 h 50)
La politique de conformité aux exigences environnementales
s'appuie sur trois éléments principaux: premièrement,
l'autosurveillance; deuxièmement, des contrôles plus stricts par
le ministère de l'Environnement et, troisièmement, une
répression plus rigoureuse des infractions. On a beau avoir les lois et
les règlements que
tout gouvernement peut avoir, si on n'a pas les instruments pour les
faire respecter, que ce soit par les policiers, bien sûr, mais aussi par
des amendes rigoureuses et des peines de prison pour les gens qui y
contreviennent et qui font en sorte que notre environnement se
détériore... On se doit de trouver des solutions et de faire ce
qu'il faut pour pénaliser ceux qui y contreviendront.
Le respect des exigences environnementales doit être une
préoccupation constante de ceux qui obtiennent des certificats
d'autorisation ou qui mènent des activités
réglementées par le ministère. Ainsi, des entreprises
devront fournir au ministère un rapport sur la réalisation d'un
projet, notamment si celui-ci a été soumis à une
étude d'impact sur l'environnement. Les entreprises de gestion de
déchets dangereux, les usines de pâtes et papiers, les
raffineries, les fonderies et les alumineries devront aussi préparer
chaque année un rapport annuel sur le rejet dans l'environnement. Cette
surveillance obligatoire sera d'ailleurs généralisée
à d'autres secteurs. En plus de cette surveillance, le ministère
incite les intervenants à mettre sur pied tous les mécanismes
internes leur permettant d'avoir une meilleure idée de leur performance
environnementale et de leur conformité aux exigences du
ministère.
Bien sûr, il est important qu'il y ait un suivi de tout ce qui est
mis en place pour la protection de cet environnement et de toutes les mesures
que l'on fait à l'intérieur de chacune des entreprises. Il faut
qu'il y ait une révision constante pour voir si les mécanismes
mis en place fonctionnent. Dans cette perspective, le ministère invite
les entreprises à faire produire des rapports de vérification de
conformité environnementale par leurs propres experts ou par des experts
indépendants. De tels rapports pourront les amener à faire des
ajustements préventifs, à apporter les correctifs
nécessaires et à limiter par le fait même les risques
d'infraction.
Parallèlement à ces mesures d'autosurveil-lance, le
ministère de l'Environnement utilisera de manière plus stricte et
plus fréquente les moyens de contrôle qui sont à sa
disposition. Ainsi, il analysera les rapports obligatoires de surveillance
environnementale soumis par les intervenants de façon à
détecter toute infraction ou à susciter des mesures
préventives. Un rapport rendu public annuellement fera d'ailleurs
état de la performance environnementale des entreprises dans le secteur
d'intervention prioritaire du ministère. Comme par le passé, les
directions régionales effectueront des vérifications sur le
terrain, dans les secteurs d'activité soumis à des autorisations.
De plus, des vérifications additionnelles seront effectuées par
la Direction des inspections du ministère de l'Environnement. Celle-ci
entreprendra des visites de contrôle sur le terrain, de manière
systématique, mais à des périodes
irrégulières et non prévisi- bles pour les intervenants.
Ces inspections à l'improviste pourront comporter des
prélèvements d'échantillons.
Un programme annuel d'inspection est en voie d'être mis sur pied
et des secteurs prioritaires y sont identifiés. Les premiers efforts
porteront sur les lieux présentant les risques les plus
élevés pour la qualité de vie et les autres secteurs
soumis à des autorisations environnementales. Lorsque le rappport
d'inspection démontrera une situation problématique et que la
preuve sera plus complexe à établir, la Direction des
enquêtes poursuivra les investigations. Des enquêteurs
possédant une formation et une compétence particulières
notamment pour la préparation des dossiers, la collecte des preuves et
pour la procédure à suivre pour s'assurer cette
préservation des preuves... Toutes ces procédures très
strictes seront utiles dans les dossiers où N est nécessaire de
bien détailler les preuves. L'expertise des enquêteurs se
révélera aussi très profitable, notamment pour notre
service juridique, entre autres, lorsque la preuve d'infraction sera difficile
à établir.
Le ministère de l'Environnement dispose maintenant de moyens plus
sévères pour réprimer les infractions. Ainsi, lorsque les
rapports d'inspection ou d'enquête démontreront qu'il y a eu une
infraction non sanctionnée par un constat d'infraction, on pourra
recommander aux services juridiques d'entreprendre d'autres poursuites
pénales contre le contrevenant, en vertu des lois et des
règlements en vigueur. Les procédures entreprises et les
jugements seront rendus publics de façon très
systématique, car la publicité entourant une poursuite constitue
en elle-même un élément non négligeable de
dissuasion.
En outre, les récentes modifications à la Loi sur la
qualité de l'environnement ont augmenté de façon
considérable les amendes minimales et maximales, ce qui permettra de
mieux harmoniser les demandes de sentence à la gravité de
l'infraction commise. Lorsque l'inspecteur ou l'enquêteur constatera une
infraction entraînant une atteinte grave à l'environnement, le
ministère demandera immédiatement une injonction. Quelque 67
personnes composent actuellement la nouvelle Direction générale
des inspections et des enquêtes. Elles sont réparties de la
façon suivante: 27 personnes à la Direction des inspections, 30
personnes à la Direction des enquêtes et une dizaine de personnes
assument l'encadrement et le soutien de la direction
générale.
Vous constaterez, M. le Président, que notre ministère
pose des actions concrètes qui tendent à régler le
problème des déchets dangereux au Québec. De plus, je vous
annonce qu'il élaborera un règlement pour assurer une saine
gestion des matières premières dangereuses. Dans les prochains
mois, nous présenterons une politique de gestion des déchets
biomédico-infectieux.
Nous sommes conscients qu'il reste encore beaucoup à faire afin
d'assurer une gestion efficace des déchets dangereux et des
déchets domestiques, bien sûr. Le ministère ne peut agir
seul. C'est pourquoi y privilégie la concertation et le partenariat avec
les intervenants. Par ce mécanisme, nous visons des actions à
long terme établies sur une base solide et durable.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion, parce que, ce matin, il y a eu
une émission de radio, dans mon comté, où le
député de Lac-Saint-Jean intervenait. Quand je parle de
crédibilité en matière d'environnement, je parle aussi de
crédibilité en matière administrative. Le
député de Lac-Saint-Jean, sur les ondes de cette radio, en
parlant du budget d'hier soir, parce que le journaliste lui disait: 'sauf si on
le compare au budget fédéral", M. Brassard disait: "Ce n'est pas
comparable. Le fédéral était carrément, excusez
l'expression, dans le trou et c'est quasiment la faillite ou la banqueroute au
fédéral. Alors, c'est évident que le budget Wilson est dur
et cruel à l'égard des contribuables. Au Québec, la
gestion a toujours été meilleure, bien sûr surtout depuis
quelques années, mais pas uniquement avec le gouvernement
libéral."
C'est le député de Lac-Saint-Jean qui disait cela ce
matin, et je pense qu'y est important de le mentionner. Une
crédibilité, ça se bâtit à tous les niveaux.
Le gouvernement libéral actuel a démontré, par sa saine
gestion, par sa façon d'administrer le Québec, qu'il était
capable de gérer, de façon administrative, de façon
correcte, les finances publiques du Québec, des Québécois
et des Québécoises. Cela donne aussi cette confiance en ce
gouvernement. D'ailleurs, dans tous les sondages qui ont été
faits dernièrement, ça donne cette confiance de la population du
Québec en ce gouvernement.
Cette crédibilité que nous sommes à continuer de
bâtir, parce qu'il est évident que c'est un dossier majeur en
matière d'environnement, se doit d'être faite de façon
cohérente et de façon concertée. C'est pour ça que
je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour intervenir sur cette motion
de l'Opposition. Je vous remercie, Mme la Présidente, de m'avoir
donné l'occasion de faire valoir que le ministère de
l'Environnement pose des gestes concrets parce qu'il se préoccupe
grandement d'assurer une saine gestion de tous les types de déchets sur
le territoire québécois. Merci, Mme la Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre
délégué à l'Environnement. Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Johnson, en vous rappelant
qu'il reste à votre formation 21 minutes.
Mme Juneau: II nous reste 21 minutes? La Vice-Présidente:
À part la réplique.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais, si vous
me le permettez, reprendre un peu ce que vient de dire le ministre. Il a
parlé durant 25 minutes, et, pendant au moins dix minutes, au
début de son intervention, il a parlé de toutes les affaires qui
finissent en 'on' et en "ion": coordination, concertation, diapason, solution,
préservation, élimination. Et H a fini par dire: Nous avons
trouvé la solution: le premier ministre a nommé deux ministres et
on va s'entraider. Il a joué un peu de violon, pour continuer dans les
"ion". (17 heures)
À la suite de ça, il a parlé de se bâtir une
crédibilité. Il faut le faire, se bâtir une
crédibilité. Si on discute de cette motion aujourd'hui, c'est
justement pour ça, parce qu'il n'y en a pas de
crédibilité. Est-ce qu'il y aurait quelqu'un quelque part, qui
pourrait le lui dire? Il n'y en a pas de crédibilité. C'est
ça, le problème. Cela fait trois ans et demi que vous êtes
là... Mme la Présidente, s'il veut intervenir, H y a encore du
temps de prévu pour sa formation politique, qu'il me laisse faire mon
intervention. Merci.
C'est la raison pour laquelle, Mme la Présidente, l'Opposition
officielle est intervenue en présentant cette motion et j'aimerais qu'on
la relise parce que cela n'a pas été mentionné
aujourd'hui. J'aimerais qu'on la relise et vous allez voir que ça
correspond bien à ce qui se passe. Je vais vous le démontrer
pendant les 21 minutes que vous m'avez accordées, Mme la
Présidente. "Que l'Assemblée nationale du Québec demande
au gouvernement de cesser de négliger la saine gestion des
déchets dangereux et des déchets domestiques sur le territoire du
Québec et qu'il renonce à annoncer des mesures environnementales
qui ne sont pas suivies d'actions concrètes."
Et voilà! Je m'explique, Mme la Présidente. On aurait
dû demander au nouveau ministre de l'Environnement de faire une petite
lecture rapide du rapport annuel 1987-1988 du ministère de
l'Environnement. Il se serait rendu compte en le lisant qu'en 1983 un groupe
d'étude et de restauration des lieux d'élimination des
déchets dangereux avait été mis sur pied. Ce
comité, ce groupe d'étude qui avait été
créé avait pour mandat de produire une liste exhaustive de tous
les lieux qui avaient potentiellement reçu des déchets dangereux
et de réaliser une classification préliminaire de tous les lieux
inventoriés sur l'ensemble du territoire du Québec.
Mme la Présidente, ce groupe ou ce comité de travail a
remis son rapport en 1984-1985. Je l'ai lu dans le rapport. Il avait, à
l'époque, inventorié 314 lieux qui avaient potentiellement
reçu des déchets dangereux. C'était classé 1, 2 ou
3, selon la toxicité des lieux d'entreposage. Voilà l'action
concrète dont on parle dans notre motion. En 1988-1989, le 17 mai, on en
est encore à définir les actions concrètes que ce
gouvernement était sensé avoir mises de l'avant
après cet inventaire qui était très clair. Par contre, en
1987-1988 on compte 333 lieux de déchets dont 66 de catégorie 1,
102 de catégorie 2 et 165 de catégorie 3. Ces catégories
indiquent le degré, comme je vous l'expliquais, de toxicité des
lieux d'entreposage.
Comment se fait-il qu'encore, en 1987-1988 - le ministre vient de nous
chanter ou de nous jouer du violon à propos des actions concrètes
- on est rendu à 333 lieux, si en 1984-1985, il y en avait 314, et qu'on
n'ait encore rien trouvé et qu'on en soit encore à définir
les mandats des uns et des autres? Mme la Présidente, je m'explique
très mal, si le gouvernement qui est là depuis trois ans et
quatre ou cinq mois a vraiment accompli des actions concrètes, que nous
soyons encore, en 1989, obligés de présenter des motions,
obligés de revenir ici, sur le parquet de l'Assemblée nationale,
pour en discuter.
Mme la Présidente, c'est faux de dire que des actions
concrètes ont été faites. Regardez bien. En novembre 1988,
je questionnais le ministre. Nous, en Estrie - je pense que ce n'est un secret
pour personne - nous sommes aux portes des frontières
américaines. Et l'année dernière, si vous vous souvenez
bien, au mois de novembre, le 23 novembre, je précise, je questionnais
le ministre parce que les gens de chez nous étaient inquiets de voir
à quel point rentraient chez nous, en Estrie, sans aucune espèce
d'inspection des déchets domestiques qui pouvaient être
déversés, sans que personne ne s'inquiète de rien. Est-ce
cela des actions positives? Est-ce cela des actions concrètes? Mme la
Présidente, j'ai été obligée de poser des questions
au député de Nelligan, qui était alors ministre de
l'Environnement qui m'a dit: On est au courant. Il y a des lois au
Québec et ils vont observer les lois au Québec.
Savez-vous ce qui s'est passé entre le 23 novembre... Le 6
décembre, je suis revenue encore une fois parce que même s'il y
avait des lois au Québec, rien encore n'avait été fait et
les camions de déchets américains continuaient d'affluer en
Estrie et de déverser sans aucune inspection. Est-ce cela des actions
concrètes? Je suis revenue, deux jours après, le 8
décembre. Il n'y avait rien eu de fait encore parce qu'à 5 heures
et quart le matin, en Estrie, il y avait six fardiers remplis à craquer
qui s'en venaient encore déverser des déchets toxiques chez nous
en Estrie.
Il ne faut pas rire du monde à ce point-là. Les gens ne
sont pas dupes. Ils se rendent compte de ce qui se passe. Ils savent bien que
la crédibilité dont parlait le ministre tout à l'heure
n'existe pas. C'est cela le problème. Il dit: La
crédibilité est une chose qui se bâtit. C'est vrai.
Là-dessus, je suis tout à fait d'accord avec lui. La
crédibilité, ça se gagne chaque jour. C'est comme la
réputation d'une personne, cela prend toute une vie pour se la
bâtir et ça ne prend qu'un instant pour la perdre. C'est cela la
crédibilité. On se la bâtit jour après jour et ce
n'est pas ce qui s'est fait à ce jour, au moment où on se parle,
puisque, après les événements du mois de décembre,
encore chez nous en Estrie, des environnementalistes tout à fait
impliqués dans notre région...
Je peux vous dire que je suis très fière qu'il y ait chez
nous des Pierre Morency, des Pierre Morin et d'autres qui leur ressemblent et
qui font un excellent travail de surveillance, de chien de garde et qui, chaque
fois qu'il se passe des choses, nous en avertissent. Par contre, dans les
actions concrètes, qu'est-ce qui est arrivé? Encore
dernièrement, en Estrie, le 2 mai, ça ne fait pas longtemps, s'il
y a eu tant d'actions de faites de la part de ce gouvernement, comment se
fait-il que le 2 mai, il y avait un comité régional sur
l'environnement qui était formé en Estrie? Ils avaient
été obligés non seulement de se battre par rapport aux
frontières pour arrêter ce qui se passait, les gens étaient
prêts à sortir dans les rues pour se battre. Ce n'est pas le
ministère de l'Environnement actuel qui a pris des décisions. Ce
sont les gens de chez nous qui l'ont forcé à réagir parce
qu'on ne voulait pas devenir la poubelle des États-Unis. Est-ce que vous
croyez qu'on n'a pas raison de défendre l'air de chez nous, le sol,
l'eau comme n'importe qui au Québec?
Je pense que les actions concrètes qui ont pu se tenir au
ministère de l'Environnement depuis trois ans et demi, s'il y en a eu,
n'ont pas eu l'effet souhaité ou souhaitable puisque, encore
aujourd'hui, quatre ans après le rapport du comité de travail, on
est encore à définir la gestion des déchets dangereux. Le
19 octobre 1988 - ça ne fait pas longtemps, ça fait quelques mois
- le député de Nelligan, alors ministre de l'Environnement, avait
défini que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le BAPE,
devait avoir un mandat très précis qu'il a défini comme
suit: 1° les technologies d'élimination des déchets
dangereux; 2° les rôles et responsabilités des secteurs
privés et publics dans l'élimination des déchets
dangereux; 3° le processus de sélection des sites et les
critères de localisation pour tout projet d'élimination ou
centres d'entreposage. C'est la même chose qu'il y a dans le rapport sur
l'environnement. C'est le même mandat qui avait été
confié au comité créé à l'époque.
Est-ce que ce sont des actions concrètes? (17 h 10)
Notre formation politique voudrait, de surcroît, concernant le
mandat du BAPE, le Bureau d'audiences publiques, ajouter un volet. Nous croyons
qu'il serait important d'ajouter un volet et je pense que personne ici ne le
discutera. Un volet fondamental devrait être ajouté, Mme la
Présidente, celui de l'importation des déchets dangereux en
provenance des États-Unis, à défaut de quoi toute
politique de gestion de ces déchets se révélera illusoire,
sinon dérisoire. Je suis bien placée pour vous en parier, Mme
la
Présidente, parce que nous avons vécu des choses qu'il est
important de décrier. Je suis bien placée pour vous parler compte
tenu des inquiétudes de la population face à l'achat de
Sani-Paré par Waste Management. Mon collègue le
député de Shefford, qui est responsable du dossier, a
décrié maintes et maintes fois cet achat et
l'irresponsabilité du ministère de l'Environnement de ne pas
être Intervenu dans cette transaction pour l'empêcher, par le fait
même, ou de ne pas avoir mis de l'avant une politique qui a des dents
pour empêcher que les déchets américains traversent nos
frontières et prennent les portes de l'Estrie pour être
déversés ici, au Québec.
Mme la Présidente, si on compare les déchets toxiques que
le Québec envoie aux États-Unis, l'année dernière,
on a envoyé 3600 tonnes de déchets dangereux aux
États-Unis, pendant qu'eux nous en ont envoyé cinq fois plus,
soit 17 190 tonnes. Vous comprendrez que c'est un cheval et un lapin, Mme la
Présidente, et que nous ne sommes pas prêts à accepter une
décision comme celle-là. Nous souhaitons, bien sûr, puisque
ce n'est pas nous qui sommes au pouvoir dans le moment, que le ministre
délégué à l'Environnement, la ministre de
l'Environnement, ou les deux ministres - puisqu'ils s'encensent - de
l'Environnement soient au moins en mesure de prendre des décisions et de
faire des politiques qui vont empêcher que le sol québécois
soit complètement contaminé.
Mme la Présidente, comme tout le monde chez nous, je me pose des
questions et je me demande qui a peur des déchets toxiques. Le Devoir
titrait: Qui a peur des déchets toxiques? Je pense que j'ai peur des
déchets toxiques. Il n'y a pas une personne ici qui ne soit pas assez
consciente pour dire qu'elle n'a pas peur des déchets toxiques qui
peuvent arrêter la vie complètement, gaspiller l'air, gaspiller le
soi et gaspiller l'eau. Il y a des produits tellement toxiques qu'on ne sait
pas à quel point ils peuvent contaminer la nappe phréatique, et
voilà, après ça, tout est fini et tout le monde s'en
ressent. Nous sommes très conscients des dangers et j'espère que
chacun et chacune de nous ici sommes aussi conscients des dangers qui peuvent
survenir avec cette importation massive de déchets
américains.
La catastrophe de Saint-Basile nous a donné une leçon
très importante, je pense. On n'était pas préparés.
Je pense que personne ne peut dire que le ministère de l'Environnement
était préparé pour une catastrophe semblable. On a vu
l'importance d'une politique qui puisse être mise de l'avant tout de
suite quand une catastrophe comme celle-là se produit. En termes de
crédibilité, Mme la Présidente, je me rends compte
aussi... On peut lire aujourd'hui même, dans Le Soleil, concernant les
gens qui vivent à Saint-Basile, qu'un colloque s'est tenu et on disait,
par exemple, que le gouvernement Bourassa, qui a, en quelque sorte,
donné carte blanche à l'époque au gestionnaire de la
catastrophe, n'a plus de volonté pour faire le suivi psychosocial qui
s'impose dans la population touchée par le désastre.
Mme la Présidente, quand on parte de se bâtir une
crédibilité, voilà une sentence qui suscite de
sérieuses questions. Les gens de Saint-Basile se rendent compte
aujourd'hui que, lorsque la catastrophe est arrivée, môme si on ne
savait pas quoi faire, on essayait de boucher des trous. Aujourd'hui,
après quelques mois, parce que je vous rappelle que la catastrophe est
arrivée au mois d'août 1988, après quelques mois seulement,
déjà le gouvernement n'est plus intéressé à
faire un suivi dans les problèmes qu'a vécus toute une population
et qu'elle vit encore aujourd'hui. Il y a des inquiétudes. Les gens ont
peur, puisqu'on a parlé de cancer, on a parlé de toutes sortes de
choses qui pouvaient survenir à la suite d'une catastrophe semblable. On
dit même: Le gouvernement se fait tirer l'oreille pour assurer le suivi
médical des gens de Saint-Basile.
Mme la Présidente, comme le ministre le disait tout à
l'heure, la crédibilité, ça se bâtit, ça se
gagne, comme je l'ai dit tout à l'heure. Et nous devons, nous, faire en
sorte que si le gouvernement d'en face ne met pas de l'avant des politiques et
non seulement sur papier, non seulement pour la galerie, non seulement pour en
faire accroire aux gens, si le gouvernement qui est en face de nous ne prend
pas ses responsabilités, le rôle de l'Opposition est de le
décrier, le rôle de la population est d'être vigilante, le
rôle de la population est de nous avertir quand il y a des choses qui
nous ont peut-être échappé. C'est ce que la population fait
en général, et l'Estrie n'y a pas échappé, Mme ta
Présidente, l'Estrie a été très vigilante.
Comme vous me faites signe que mon temps tire à sa fin, je
voudrais simplement dire qu'en tant qu'Estrienne je suis très
fière de ma région. C'est beau chez nous, en Estrie. Comme mes
concitoyens, je ne voudrais pas qu'l y arrive une catastrophe aussi importante
que celle que les concitoyens de Saint-Basile ont dû vivre. Je ne
voudrais pas que, par les portes de la frontière américaine,
passent des camions et qu'un accident se produise et que toute la population de
l'Estrie soit en danger. Je suis fière de ma région et je veux le
rester, et je veux que le gouvernement et le ministère de
l'Environnement prennent leurs responsabilités et non seulement
étalent sur du papier ce qu'ils souhaiteraient devoir être fart,
mais qu'ils fassent des actions concrètes, tel que l'Opposition le
réclame depuis que nous sommes de ce côté-ci de la Chambre.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, Mme la députée de
Johnson. M. le député de Pontiac, en vous rappelant, M. ie
député, qu'il reste 24 minutes à votre formation.
M. Robert Middlemiss M. Middlemiss: Merci, Mme la
Présidente. Il
me fait plaisir d'intervenir aujourd'hui sur la motion
présentée par le député de Shefford qui se lit
comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec demande au
gouvernement de cesser de négliger la saine gestion des déchets
dangereux et des déchets domestiques sur le territoire du Québec
et qu'il renonce à annoncer des mesures environnementales qui ne sont
pas suivies d'actions concrètes."
Mme la Présidente, ma première réaction est que le
gouvernement qui nous a précédés a pratiqué
exactement ce que le député de Shefford nous accuse de faire ou
nous demande de cesser. Avant d'aborder directement le sujet des déchets
dangereux et des déchets solides domestiques, je voudrais vous donner un
peu ce que le gouvernement du Québec, par le truchement du
ministère de l'Environnement, a réussi, le bilan depuis son
élection. (17 h 20)
Si on retourne à l'année 1986, il y a eu la
présentation de la Loi sur la protection des non-fumeurs dans certains
lieux publics, la publication du rapport du groupe de travail sur le programme
d'assainissement des eaux du Québec. Si vous vous souvenez bien, Mme la
Présidente, durant le règne du Parti québécois et
surtout dans la dernière année, on parlait beaucoup de l'argent
qui se dépensait dans le domaine de l'assainissement des eaux.
Malheureusement, on procédait à donner des contrats et à
faire des travaux sans réellement avoir un bilan en soi, l'état
de la situation.
Je dois vous dire qu'avec le rapport Dage-nais on a réussi
à mettre de l'ordre et à se donner une direction dans
l'assainissement des eaux: l'assainissement des dépenses dans les
programmes prioritaires comme l'environnement, l'élaboration d'un
programme de surveillance de la qualité des eaux de baignade des plages
publiques, l'adoption d'une politique de protection des rives et du littoral,
l'assainissement des eaux, le maintien d'un rythme d'investissement
significatif, la poursuite et la bonification de la prime aux
municipalités.
Déchets toxiques: la décontamination de l'ancien
dépotoir de la ville de LaSalle, la révision de la
réglementation sur les déchets dangereux, la préparation
de la politique de gestion des sols contaminés, la formation de 63
inspecteurs au ministère sur les techniques d'enquête, l'entente
avec la société Alcan sur la stabilisation des berges du lac
Saint-Jean, la participation au programme de récupération en
milieu scolaire, la proposition d'un code international d'éthique,
l'entente avec l'État de New York sur la pollution
transfrontalière, l'élaboration de la charte de la qualité
de vie par le Conseil consultatif de l'environnement. Tout ça, Mme la
Présidente, c'est seulement pour l'année 1986.
Pour l'année 1987, l'essence avec plomb assujettie à une
taxe équivalente à celle applicable au carburant sans plomb, une
somme de 1 000 000 $ au fonds de suppléance du ministère des
Finances pour contrer le dépérissement des érables
affectés par les pluies acides et par les pesticides utilisés en
agriculture, une somme équivalente aux producteurs de tabac pour qu'ils
s'orientent vers d'autres types de production.
Bilan 1988. L'année 1988 aura été marquée de
plusieurs rebondissements en matière d'environnement et le gouvernement
québécois aura consolidé des actions conséquentes
aux engagements électoraux: injection d'une somme de 400 000 000 $
annuellement pour poursuivre la réalisation du programme
d'assainissement des eaux entrepris dans toutes les régions, injection
d'une somme de 400 000 000 $ échelonnée sur dix ans pour
combattre et prévenir les pollutions agricoles, injection de 50 000 000
$ pour les réseaux d'aqueduc et d'égout, signature d'une entente
fédérale-provinciale sur la dépollution du fleuve
Saint-Laurent, entente intergouvernementale sur la lutte contre les pluies
acides, annonce d'une politique de protection des berges, d'une politique des
neiges usées, la loi 99 sur la surveillance de l'environnement et la
police verte.
Mme la Présidente, est-ce qu'avec un bilan de ce genre on peut se
demander si le ministère de l'Environnement ne procède pas
à l'exécution et que c'est seulement des discours? Prenons un
exemple. La nouvelle gestion intégrée des déchets solides
qui va être acceptée par le gouvernement du Québec dans un
futur rapproché résulte d'un colloque qui a eu lieu au mois de
décembre 1987 sur la gestion des déchets au Québec. Ce
colloque ou cette conférence résultait de deux autres
conférences qui avaient eu lieu sous le régime du Parti
québécois, soit en 1979 et en 1983. Mme la Présidente,
dès le début de cette conférence, nous avons eu un message
très clair des participants, que ce soit les gens des
municipalités, que ce soit les gens des organismes qui défendent
l'environnement, que ce soit des experts dans les problèmes
environnementaux et des professionnels dans ce domaine. Une chose a
été très claire. On nous a dit: Regardez, c'est la
troisième conférence que vous avez sur les déchets
solides, nous voulons que vous accouchiez, finalement. Cela fait trop longtemps
qu'on en parle et qu'on en parle. C'est bien beau des discours, mais il faut
accoucher, il faut y arriver. Ce qui résulte de cette conférence,
c'est cette gestion intégrée des déchets. On en parle.
Oui, on en parle, Mme la Présidente, parce que c'est un gros projet.
C'est un projet de société qu'on est en train de se donner car,
parallèlement à la gestion intégrée des
déchets, on a le fonds mixte pour la réduction des déchets
et la collecte sélective.
Ce fonds mixte a pour but, dans une premier temps, d'aller chercher les
sommes d'argent nécessaires pour mettre en place cette gestion
intégrée des déchets et, deuxièmement, de
sensibiliser les entreprises, les fabricants
d'emballages et de contenants au fait que, si on veut réellement
réussir à bien gérer les déchets solides, il va
falloir, dans un premier temps, réduire ces emballages et ces contenants
et, dans un deuxième temps, qu'ils soient de matière recyclable
pour réduire le volume et le poids des déchets sur nos sites
d'enfouissement.
La semaine passée, vous avez entendu Mme la ministre de
l'Environnement indiquer que les Québécois produisent 6 500 000
tonnes de déchets par année et que seulement 19 % de ces
déchets sont récupérés et recyclés. On se
donne comme objectif, d'ici à l'an 2000, de réduire le volume de
50 %. Comment va-t-on y arriver, Mme la Présidente? Comme je le disais,
dans un premier temps, par la réduction, dans un deuxième temps,
par le réemploi - par exemple, pour les boissons gazeuses et la
bière, on utilise des bouteilles réutilisables; cela
réduit d'à peu près 500 000 tonnes par année le
poids du verre sur les sites d'enfouissement - et, dans un troisième
temps, par le recyclage. Avec cette politique, on est en train de discuter avec
les entreprises. Ce sera leur devoir de prévoir de nouveaux contenants
pour le marché. Dans un premier temps, où vont finir ces
contenants, ces emballages? Est-ce que ces emballages pourront être
recyclés? Est-ce qu'on pourra les réutiliser?
Un autre aspect, Mme la Présidente. Il y a certainement des
choses dans les déchets solides qu'on ne peut pas recycler, qu'on ne
peut pas réutiliser, mais qu'on pourrait peut-être valoriser en
les utilisant pour produire de la vapeur qui pourrait produire de
l'électricité. Dans ce domaine, il y a des experts qui
travaillent à trouver des moyens pour valoriser les déchets.
En dernier lieu, c'est l'élimination. Même avec tous les
efforts qu'on peut faire dans ce domaine, il ne faut pas se leurrer, on aura
toujours besoin d'un endroit pour éliminer ce qui reste, ce que nous ne
pouvons pas recycler, réutiliser, brûler ou utiliser pour le
compostage.
Mme la Présidente, oui, on aura une gestion
intégrée des déchets. C'est vrai qu'on en parle depuis
longtemps, mais c'est parce qu'on cherchait une solution à long terme,
un projet de société, un projet où on pourra
réellement appliquer le principe du pollueur-payeur. Pour la population,
pour les gens, le pollueur, c'est toujours le fabricant, c'est toujours
l'industrie. Sauf qu'il y a aussi l'individu qui produit et qui jette des
déchets. Donc, il faut réussir à donner au citoyen ce
choix. Si le citoyen a un choix au moment d'acheter quelque chose, si on lui
indique: Ce produit est dans un emballage réutilisable ou recyclable,
à ce moment-là, il est conscient de ce qui existe, il a le choix
de prendre ce qu'il veut. (17 h 30)
Dans un deuxième temps, si les déchets qu'il produit
peuvent être recyclés, si en amont et en aval le citoyen peut
choisir ce qui va produire le moins de déchets, à ce
moment-là, on pourra arriver et lui dire: Regarde, M. le ci- toyen, tu
as le choix d'utiliser des contenants, des emballages qui sont
réutilisables ou recyda-bles et tu as choisi de ne pas le faire. Dans ce
contexte-là, on pourra lui exiger un peu plus cher pour
l'élimination de ses déchets. Cela fait partie de
l'éducation qu'il faut faire, mais I faut donner à la population
les moyens de choisir l'emballage et le contenant qu'elle utilisera.
Comme je le disais, Mme la Présidente, à la suite du
discours sur le budget... Il est certain que tout le monde crie "les montants
accordés au ministère de l'Environnement sont tellement petits",
mais comme je le disais tout à l'heure, dans le fonds mixte pour la
réduction des déchets et la collecte sélective, je parlais
de 100 000 000 $. Ces 100 000 000 $ vont venir des entreprises et ce, sur une
période de sept ans. Il s'agit de s'assurer que le programme de collecte
sélective et de réduction des déchets soit instauré
dans tout le Québec. On espère rejoindre 80 % des domiciles du
Québec avec cette politique. Cela va prendre du temps pour
éduquer les gens et pour s'assurer qu'on a un marché pour les
ressources récupérées. Ces marchés ne se
développent pas du jour au lendemain. Il faut s'assurer, dès le
départ, de la qualité des ressources récupérables,
lorsqu'on reçoit ces matières recyclables, qu'elles soient
propres parce que la qualité est très importante. Donc, ça
prend cette collecte sélective à la maison pour y arriver.
Les 100 000 000 $, on va les utiliser, dans un premier temps, pour
éduquer et sensibiliser la population au besoin de réduire les
déchets ainsi qu'à la collecte sélective. Dans un
deuxième temps, dans les municipalités, pour acheter les bacs
dans lesquels on sépare... Dans notre cas, on voudrait bien avoir le
papier, les métaux, le verre et le plastique. Aussi, pour s'assurer que
ces matériaux ne sont pas mélangés à d'autres, i va
falloir apporter des ajustements aux camions qui font la cueillette des ordures
ménagères. Une partie du fonds servira à s'assurer que les
camions sont transformés spécifiquement pour cette fin. Dans un
troisième temps, ces matériaux recyclables doivent être
livrés à un endroit où une sélection se fera et
l'argent nécessaire pour avoir l'équipement de ces centres de tri
proviendra des 100 000 000 $ qui seront récupérés sur une
période de sept ans.
Un des problèmes qu'on connaît dans notre
société concerne les sites d'enfouissement. Tout le monde dit
"oui, on en a besoin et on produit tous des déchets", mais tout le monde
dit "pas dans ma cour arrière". Une des raisons c'est que,
malheureusement, dans le passé, on n'a peut-être pas bien
géré ces sites d'enfouissement. Une partie du fonds et une partie
de la gestion intégrée des déchets serviront à
s'assurer que, dans l'avenir, les sites d'enfouissement existants rencontreront
toutes les normes et que toutes les corrections seront faites pour
éviter des problèmes de contamination de l'eau, de la terre ou de
l'air. Ensuite, y faut s'assurer que, dans l'avenir,
une fois qu'on aura établi la collecte sélective, qu'on
aura réduit les déchets, et aussi il y a tout un autre volet de
la gestion intégrée des déchets, de s'assurer qu'on puisse
éliminer les déchets toxiques domestiques d'une autre
façon et qu'ils ne finissent pas nécessairement dans les sites
d'enfouissement. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, on va toujours avoir
besoin d'un site d'élimination des déchets. Donc, en
contrôlant mieux ce qui va aller dans un site d'enfouissement, je crois
qu'une fois qu'on aura sensibilisé la population à cette nouvelle
orientation, à ce nouveau contrôle sur les sites d'enfouissement,
il sera peut-être plus facile d'avoir l'assentiment des gens pour avoir
des sites d'enfouissement.
Parce que qu'est-ce qu'on va faire avec nos déchets? Il ne
faudrait pas penser les envoyer au tiers monde comme les gens aux
États-Unis ont tenté de le faire. Je ne pense pas que ce soit le
but. Ici au Québec, on a tellement de respect pour la démocratie
qu'il ne faudrait certainement pas, d'un côté, dire qu'on est
heureux de voir les pays du tiers monde devenir plus démocratiques, mais
qu'on utilise ces gens-là pour leur envoyer nos déchets parce que
ici, comme société, on ne veut pas prendre nos
responsabilités.
Mme la Présidente, le problème est le même au point
de vue des déchets dangereux et toxiques, et c'est pour ça que le
gouvernement du Québec a donné un mandat au BAPE. C'est que tout
le monde veut qu'on se débarrasse des déchets dangereux. Comme le
disait la députée de Johnson tout à l'heure: Tout le monde
a peur des conséquences. Mais oui, il y a des moyens de s'en
débarrasser, de les éliminer, les envoyer en Alberta comme on va
faire avec les BPC de Saint-Basile. On peut toujours les envoyer en Angleterre
comme y a fait référence le député de Shefford dans
son discours la semaine dernière. Mais, Mme la Présidente, dans
l'intérêt du Québec, dans l'intérêt de toute
la société québécoise, est-ce qu'on ne devrait pas
trouver un moyen sécuritaire pour éliminer ces BPC et d'autres
déchets dangereux? En même temps, c'est une technologie qu'on va
se donner, et il y aura aussi des retombées économiques parce
qu'on va le faire chez nous.
C'est pour ça, Mme la Présidente, qu'à la suite de
l'accident écologique de Saint-Basile-le-Grand... Et, soit dit en
passant, Saint-Basile-le-Grand n'est pas né le 2 décembre 1985.
L'entrepôt existait depuis nombre d'années. Donc, nous avons
seulement hérité de l'entrepôt de Saint-Basile-le-Grand du
Parti québécois. On nous dit: Oui, on avait passé un
règlement sur les déchets dangereux. On l'a passé au mois
d'octobre 1985. Mais il y avait des règlements qui, en soi,
n'étaient pas tellement applicables. Il y avait des choses qui
clochaient. Et pour vous montrer que ce n'est pas un accident de parcours et
que ce n'est pas seulement après Saint-Basile que cela a
été mentionné, le 28 avril 1988, au moment des
crédits de l'Environnement, M. Lincoln, le ministre du temps, disait
à M. Charbonneau: "Ce qui est arrivé, c'est qu'au départ,
lorsque la réglementation a été mise en vigueur en 1985,
on n'avait jamais fait un Inventaire systématique au Québec. On
aurait dû commencer par l'inventaire avant de faire le règlement.
Après avoir fait le règlement, il a fallu laisser cela aux
données de l'entreprise."
Et dans un deuxième temps, il disait: "Par rapport à ce
qu'on est en train de faire - ici, M. Lincoln félicitait le gouvernement
précédent pour avoir mis en place un règlement - mais
lorsqu'on fait toutes ces choses pour la première fois, on
réalise en cours de route qu'H y a certaines choses qui ont
été faites à un moment où on n'avait pas de
réponse au départ. On est en train de réviser le
règlement sur les déchets dangereux, et il faut absolument le
réviser." Donc, oui, il y avait un outil, mais l'outil ne couvrait
peut-être pas tous les éléments qu'il aurait dû
couvrir à ce moment-là. (17 h 40)
Donc, Mme la Présidente, je disais que le BAPE a eu le mandat de
trouver un moyen d'éliminer les déchets dangereux et toxiques, et
je crois que c'est un débat qui doit se faire au Québec. Il faut
qu'il se fasse. Il faut que les gens réalisent qu'on est peut-être
mieux de trouver un moyen sécuritaire pour se débarasser de ces
déchets dangereux plutôt que de les laisser dans des
entrepôts non sécuritaires, où on ne rencontre
peut-être pas la sécurité qu'il devrait y avoir. Le BAPE va
certainement consulter et discuter de cette décision avec tous les gens
au Québec afin de trouver une solution. Il y a une chose aussi dont il
faudra se souvenir, Mme la Présidente, savoir que si on commence, il va
falloir trouver des endroits pour se débarasser des déchets
dangereux par un procédé reconnu et sécuritaire et aussi,
peut-être, d'une façon encore plus générale. Un peu
partout au Québec et dans la région de l'Outaouais où je
demeure, les sites d'enfouissement constituent un problème. Lorsque les
sites d'enfouissement deviennent pleins maintenant il n'y a plus personne qui
veut en accepter la responsabilité. Donc, comme société il
va falloir qu'on regarde toutes ces choses. On produit des déchets, mais
s'il n'y a personne pour s'occuper de leur élimination sur leur
territoire, je regrette, mais qu'est-ce qu'on va faire? J'espère que,
dans ce contexte, on pourra arriver, à la suite des audiences du BAPE,
à trouver un consensus pour qu'on puisse, sur le territoire du
Québec, bénéficier de la technologie,
bénéficier des retombées et trouver un moyen
d'éliminer les déchets dangereux de façon
sécuritaire. Espérons que la société
québécoise va faire face à ses responsabilités
quant aux déchets solides, que dans l'avenir, avec la nouvelle gestion
intégrée des déchets, l'on pourra réellement
rassurer la population du Québec qui est inquiète au sujet des
sites d'enfouissement et qu'avec les nouvelles techniques et les
vérifications qui se feront à ce moment-là, les sites
d'enfouissement seront plus sécuritaires.
Vous me faites signe, Mme la Présidente, que mon temps est
terminé. Je dois dire que nous ne sommes certainement pas d'accord avec
cette motion présentée par le député de Shef-ford.
Il me semble plutôt que ça s'appliquait au gouvernement qui nous a
précédé. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Merci, M. le député de Pontiac
Je vais maintenant reconnaître M. le député de Shefford, en
réplique.
M. Roger Paré (réplique)
M. Paré: Oui, Mme la Présidente. Vous allez
m'excuser si je parle vite, mais j'en ai beaucoup à dire en très
peu de temps. Je tiens à venir confirmer que cette motion est faite sur
mesure pour le gouvernement actuel, et je la lis: 'Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de cesser de négliger la saine gestion
des déchets dangereux et des déchets domestiques sur le
territoire du Québec et qu'y renonce à annoncer des mesures
environnementales qui ne sont pas suivies d'actions concrètes."
Je vais vous démontrer comment c'est vrai et comment cela
s'adapte, mais auparavant, à cause de la façon dont a
commencé le député avant moi et de la façon dont il
a conclu, je vais être obligé de faire un court historique. Juste
pour lui rappeler que ce n'est pas à l'ancien gouvernement que ça
s'adapte mais au gouvernement actuel. Je veux lui rappeler que lorsque le Parti
québécois a pris le pouvoir en 1976, tout ce qu'il y avait,
c'était un service de protection de l'environnement qui relevait du
ministère des Affaires municipales. Même pas de ministère!
Qu'a fait le gouvernement du Parti québécois? Lui, il a
posé des gestes. Je vais vous en rappeler quelques-uns très
rapidement. Premièrement, la création d'un véritable
ministère de l'Environnement avec ouverture de bureaux dans chacune des
régions administratives du Québec; deuxièmement, la mise
sur pied du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement; un programme
d'assainissement des eaux dont il a parlé tantôt - c'est le
gouvernement du Parti québécois qui l'a mis sur pied et qui lui a
donné sa vitesse de croisière - ; deux usines pilotes pour le
traitement du lisier de porc, le règlement sur la qualité de
l'air, la fermeture graduelle de 155 dépotoirs à ciel ouvert pour
les remplacer par 100 dépotoirs régionaux - c'est l'ancien
gouvernement du Parti québécois qui a fait ça - le
programme d'aide à la recherche, à la formation et à
l'amélioration de l'industrie de la récupération - le
programme PARFAIR pour la récupération et le recyclage -
programme mis en place par le gouvernement du Parti québécois, le
fonds québécois de récupération, le réseau
de réserve écologique, la création
d'Urgence-environnement, le programme Berges neuves et le fameux
règlement sur les déchets dangereux élaboré en
octobre 1985.
Qu'a fait le gouvernement du Parti libéral depuis son accession
au pouvoir? Je pense qu'l vaut la peine de rappeler quelques points
précis. Durant les deux premières années, une diminution
du budget du ministère de l'Environnement, et on vient nous faire
accroire qu'on avait une préoccupation environnementale. Une diminution
du budget. On a coupé le programme Berges neuves, baissé les
crédits au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement,
abandonné la construction de l'usine pilote de l'Assomption concernant
le lisier de porc et le programme PARFAIR, dont le député a
tellement parlé avant moi, diminué les budgets du programme sur
la récupération.
On peut tenir de beaux discours de l'autre côté, mais la
réalité fait que les gestes ne suivent pas. Ils ne suivent
tellement pas que ce n'est pas seulement nous qui le disons; la ministre de
l'Environnement elle-même déclarait à La Presse, le 22
avril dernier, et ça vaut la peine de le rappeler pour montrer que, de
ce côté-là, on a tenu de beaux discours et qu'on en tient
encore. Mais la réalité fait qu'on se limite aux beaux discours.
Mme la ministre actuelle, à propos de son prédécesseur, le
député de Net-ligan qui était ministre de l'Environnement
sous le gouvernement libéral au cours des dernières
années, disait, en l'appelant pas son prénom. Cliff
annonçait beaucoup de choses, mais la gestion ne suivait pas toujours.
Elle va beaucoup plus loin en disant: Quand je suis arrivée au
ministère de l'Environnement - donc, tout dernièrement, il y a
quelques mois - beaucoup de dossiers étaient à peu près
dans le même état que lorsque je les avais laissés quand
j'étais dans l'Opposition. Autrement dit, le député de
Nelligan a placoté, a parlé comme vous le faites actuellement,
mais N n'a rien fait. C'est exactement la même chose concernant la
récupération et le recyclage; K a placoté, il a
créé des espoirs, mais il n'y a toujours pas de politique de
déchets intégrés au Québec, au moment où Ion
se parle. On a placoté, mais on n'a rien fait bien que tout était
prêt.
Je vais aller un peu plus loin évidemment pour montrer à
quel point il va falloir cesser de tenir de beaux discours et passer aux actes.
C'est rendu tellement grave que, tout dernièrement, des groupes se sont
sentis obligés de prendre la responsabilité du gouvernement parce
qu'ils n'ont pas confiance, les groupes écologiques. C'était une
manchette la semaine passée On disait: "Stratégie Saint-Laurent:
une coalition de groupes écologiques pour sauver le fleuve. Les groupes
écologiques se sentent obligés de s'impliquer pour
protéger le fleuve qui est, en soi, une richesse incroyable pour le
Québec, une voie navigable qui réussit à alimenter en eau
potable une grande partie de la population du Québec." Pourtant, des
groupes écologiques sont obligés de former une coalition parce
que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités.
Dernièrement, en Estrie, des gens de plusieurs
municipalités ont décidé de s'impliquer
dans \a protection de l'environnement parce que ce gouvernement ne prend
pas ses responsabilités et il est en train de laisser faire. Ce n'est
pas nouveau parce que ce gouvernement, depuis 1985, et on en a eu la preuve
hier encore lors du dépôt du budget, applique la politique du
laisser-faire, de s'en aller sur la vague, de ne pas bousculer les gens et de
répondre aux sondages. Donc, on ne fait rien, on laisse aller et dans
l'environnement cela fait en sorte qu'on a de plus en plus de catastrophes
écologiques, d'incidents écologiques. On en voit presque tous les
jours dans les journaux. Ce n'est plus acceptable. C'est surtout dans les
déchets dangereux et dans les déchets domestiques.
Comme je n'ai pas grand temps, je vais tout de suite passer au dossier
des déchets dangereux. Ce dossier est dangereux en soi parce qu'on a un
gouvernement qui ne prend pas ses responsabilités. On en parle. Vous
avez entendu les gens de l'autre côté en parler cet
après-midi. Mais qu'est-ce qu'on fait? Rien. On laisse entrer les
déchets dangereux des Américains au Québec à pleine
porte. L'entente actuelle canado-américai-ne - donc pas le
Québec, canado-américai-ne - dit qu'on peut laisser entrer tous
les déchets toxiques dangereux qu'on veut bien laisser rentrer au
Québec à condition d'en aviser le gouvernement
fédéral une fois par année. En gros, c'est à peu
près ça. Il s'agit d'informer le gouvernement qu'on a l'intention
d'entrer telle quantité approximative à tel rythme. Ensuite, les
camions rentrent. Eh bien! là, il n'y a pas de contrôle. Bien non,
il n'y a pas de contrôle. On laisse entrer les camions. Au moment
où on se parte, on peut prouver qu'il rentre à peu près -
écoutez bien ça, c'est l'équivalent de je ne sais pas
combien de montagnes - 70 000 tonnes de déchets toxiques dangereux au
Québec chaque année, soit cinq fois plus que ce qui sort du
Québec pour s'en aller aux États-Unis; 70 000 tonnes. (17 h
50)
II y a quelques semaines, je rencontrais des gens de Greenpeace, de
Washington, qui sont venus nous dire la perception des pollueurs
américains par rapport au Québec. Ils nous disaient: Vous
êtes tellement ouverts, tellement permissifs pour les déchets
dangereux que dans la tête des entreprises américaines vous
êtes la poubelle des États-Unis, la poubelle du territoire
nord-américain. Cela n'a pas de bon sens. Cela va être pire que
ça tantôt parce que, en janvier 1990, une nouvelle
réglementation va être en vigueur aux États-Unis et elle
est plus sévère. Elle est déjà très
sévère sauf qu'elle va l'être encore plus. Donc, qu'est-ce
que les gens vont chercher à faire? Envoyer davantage de déchets
toxiques dangereux au Québec. Et nous tolérons ça!
Ce que je demande officiellement cet après-midi au gouvernement
d'en face, s'il est sérieux quand il dit qu'il veut protéger les
Québécoises et les Québécois, s'il est
sincère, s'il veut faire autre chose que des discours et poser des
gestes, c'est d'interdire l'entrée des déchets dangereux au
Québec en provenance des États-Unis. Il en est capable s'il le
veut. La preuve, c'est qu'il a interdit tout dernièrement
l'entrée au Québec de déchets domestiques venant des
États-Unis. Imaginez-vous comment V ne faut pas être trop
brillant. On interdit l'entrée de déchets domestiques au
Québec en provenance des États-Unis, de déchets non
dangereux sous prétexte que ça peut être dangereux, qu'il y
en a trop et qu'il faut préserver l'environnement. On empêche
l'entrée de déchets domestiques, mais on permet l'entrée
de déchets dangereux. Il ne faut pas être brillant. Je n'ai pas
entendu les gens d'en face parler non plus de cette possibilité des
Américains d'entrer par dizaines de milliers de tonnes chaque
année les déchets dangereux. Cela n'a pas de bon sens et c'est
inacceptable.
Je demande officiellement au nom de la sécurité même
des Québécoises et des Québécois, au nom de tous
les groupes écologiques qui l'exigent, je demande qu'à partir de
maintenant on interdise l'entrée des déchets en provenance des
États-Unis, de tous les déchets en provenance des
États-Unis. On a déjà dit que c'était
défendu pour les déchets domestiques. À partir de
maintenant, il faut interdire les déchets toxiques, les déchets
dangereux. À partir de ce moment-là, ce sera facile de
contrôler parce qu'il ne passera plus de camions de déchets.
Présentement, il en rentre 70 000 tonnes par année, et on ne va
même pas voir.
Tous les jours, H en rentre des dizaines et des dizaines de camions, et
où ça s'en va? Je ne sais même pas si on le sait. Mais,
nous, on est considéré comme la poubelle pour les déchets
américains, au moment où on se parle. Il faut que ça
change. Il faut passer aux actes. Ne pas attendre qu'il y ait une catastrophe
comme à Saint-Basile-le-Grand. Contrairement à ce que disait mon
collègue de Pontiac, c'est faux, on aurait pu empêcher
Saint-Basile-le-Grand, premièrement, si on avait dit la
vérité en cette Chambre. Parce que quand on a posé la
question à l'ancien ministre qui ne faisait rien, et c'est sa
collègue qui le dit, H nous a confirmé qu'à
Saint-Basile-le-Grand, comme à Shawinigan, le règlement d'octobre
1985 était respecté et qu'il n'y avait pas de danger.
Au lendemain de la catastrophe, il a admis qu'on n'avait pas
appliqué le règlement. Aujourd'hui, on paie pour. On n'avait pas
les moyens de payer 2 000 000 $ d'inspecteurs, mais là on a les moyens
de payer 50 000 000 $ à 60 000 000 $ pour réparer la catastrophe
de Saint-Basile-le-Grand. En y venant, encore une fois, imaginez-vous, cela a
eu lieu en août 1988. Là, il fallait absolument prendre des
mesures pour savoir comment on va faire pour se débarasser de ces
produits dangereux comme société. Cela a pris jusqu'au mois de
décembre 1988 avant que l'ex-ministre incompétent décide
de donner un mandat au BAPE d'entreprendre l'étude pour trouver une
solution pour l'élimination des produits dangereux. Cela a pris
d'août à décembre avant que le mandat soit
donné.
On apprenait, au mois de mars cette année, que l'étude
n'était pas commencée parce qu'on n'a pas donné les moyens
au Bureau d'audiences publiques. Ils n'avaient pas les moyens. Là, au
cours des dernières semaines, parce qu'on a insisté, on a
réussi à changer le président. M. Goldbloom a
sauté. Pourquoi? Parce qu'il voulait cacher la vérité.
Mais là, on se ramasse avec un nouveau responsable de l'enquête du
BAPE sur les déchets dangereux. Va-t-il pouvoir commencer son boulot? On
espérait que oui parce que ça coûte 1 300 000 $ pour faire
cette enquête, si on veut consulter la population, informer la population
et trouver de bonnes solutions.
On espérait que, dans le budget d'hier, il y ait des sommes
consacrées à cette enquête. Pas un sou! On ne retrouve pas
dans le budget d'hier l'argent nécessaire pour entreprendre cette
enquête. Je dois vous dire que ce n'est pas très rassurant. Vous
tiendrez tous les discours que vous voulez de l'autre côté.
Même la ministre actuelle n'a pas fait sa job là-dedans. Pour vous
le prouver, je vais vous citer un document confidentiel de la séance du
Conseil du trésor du 14 mars 1989. Dans ce document, on disait,
écoutez bien cela: "À ce sujet - concernant l'argent
nécessaire pour le Bureau d'audiences publiques - il faut noter que le
ministre n'a véhiculé aucune demande en revue de programme
concernant les crédits du BAPE, malgré qu'il était au fait
de cette problématique." Imaginez-vous, on n'a pas fait la demande! Et
maintenant, on sait qu'il est utile et nécessaire de faire cette
enquête au plus sacrant pour trouver des solutions.
Le Conseil du trésor, donc le gouvernement dit: Au lieu d'avoir
de l'argent, vous allez couper dans les autres enquêtes. Arrêtez de
faire votre job. Est-ce que cela a du bon sens de demander des affaires comme
celle-là? On dit au BAPE: Vous faites l'enquête sur les produits
dangereux, tel que nécessaire, et comme on ne vous donne pas d'argent,
coupez sur le reste des enquêtes que vous devez faire pour
protéger le reste de la population. C'est inadmissible.
Le gouvernement doit immédiatement donner au Bureau d'audiences
publiques non seulement les montants nécessaires pour faire correctement
l'enquête sur les produits dangereux afin qu'il n'y ait pas d'autres
catastrophes au Québec, mais les sommes nécessaires pour
fonctionner comme un véritable Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement. Cela prend des sous et non plus des discours de la part des
gens de l'autre côté. Si vous ne donnez pas au BAPE les moyens
pour faire cette enquête le plus rapidement possible, si jamais il y a
une autre catastrophe écologique au Québec, vous ferez des mea
culpa parce que vous serez coupables. Vous n'aurez pas pris les mesures
nécessaires pour protéger la population.
Pour les déchets domestiques, c'est la même chose,
même si le député de Nelligan nous parie depuis un an du
fameux fonds de 100 000 000 $. Je rencontrais encore dernièrement des
hommes d'affaires qui me disaient: J'ai été approché pour
le fonds de 100 000 000 $, mais cela va marcher comment? À qui va-ton
donner cela? Cela va être distribué comment? On leur en a
parlé, mais maintenant ils ne savent pas où cela va. Et la
ministre nous disait dernièrement, en commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits qu'une loi devrait venir à l'automne
qui nous dira où l'on va. Pendant un an, on a laissé croire aux
groupes et aux municipalités que c'était urgent, qu'il fallait
s'impliquer. Au moment où l'on se parle, les gens ne savent pas
où donner les 100 000 000 $. Les citoyens ne sont pas capables de
commencer la cueillette sélective. On ne sait même pas, au moment
où l'on se parle, comment on va faire pour utiliser les produits qui
seront récupérés. On sait, parce qu'on n'a pas d'usine de
désencrage au Québec que 50 % du papier journal
récupéré est exporté à l'extérieur du
Québec avec des subventions de ce même gouvernement
québécois. Ce sont des situations qui sont inacceptables. Il va
falloir corriger cela. C'est pourquoi notre motion est justifiée. Je
suis content de l'amener et j'espère qu'on va avoir
réveillé un peu le gouvernement d'en face afin qu'il arrête
de faire des discours et qu'il commence à agir pour protéger les
citoyens et les citoyennes du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente: Merci, M. le
député de Shefford. Cette réplique termine le
débat. Oui, M. le ministre délégué à
l'Environnement et leader adjoint du gouvernement.
M. Blackburn: Mme la Présidente, je vous demande de
reporter le vote sur cette motion au jeudi 18 mai, à l'étape
prévue à la période des affaires courantes.
Une voix: Adopté.
La
Vice-Présidente: Nous allons donc reporter le
vote. Oui, M. le ministre délégué à
l'Environnement.
M. Blackburn: Je fais motion pour que les travaux de
l'Assemblée nationale soient ajournés à demain, 14
heures.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
La
Vice-Présidente: Adopté. Donc, nous
allons ajourner nos travaux à demain, 14 heures.
(Fin de la séance à 17 h 59)