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(Dix heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Présence du ministre des Affaires culturelles
du Maroc
Avant de procéder aux affaires courantes, j'ai le grand plaisir
de souligner la présence, dans les galeries, du ministre des Affaires
culturelles du royaume du Maroc, M. Mohamed Benaissa. M. Benaissa.
M. le leader du gouvernement, est-ce que nous procédons
immédiatement aux affaires courantes ou si nous procédons
à la motion... Aux affaires courantes?
M. Gratton: Aux affaires courantes.
Le Président: Déclarations ministérielles.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Moratoire sur tous les décrets de
révision des zones agricoles
M. Michel Page
M. Page: M. le Président, au cours des dernières
semaines, la question de la révision des zones agricoles a fait l'objet
de nombreuses interrogations, autant en ce qui a trait à certains
territoires déjà dézonés qu'à l'égard
de ceux qui pourraient l'être dans l'avenir.
Pour le gouvernement comme pour le premier ministre et le ministre de
l'Agriculture, ces interrogations ne remettent et ne remettront nullement en
question la politique de la protection des sols agricoles, telle que
définie dans la loi 90 adoptée en 1978 et dans la loi 100
adoptée en 1989 et qui, je le réitère aujourd'hui, entrera
en vigueur, tel que prévu, le 1 er juillet prochain.
Le problème qui a été soulevé
récemment est un problème sérieux dans la mesure où
notre détermination commune à protéger les terres
agricoles doit nécessairement, à un moment donné, prendre
en compte la réalité du développement et de
l'aménagement urbain. Un processus de révision a d'ailleurs
été adopté à cette fin par notre Assemblée,
en juin 1985, dont l'objet était de faire passer des territoires
déterminés de la zone verte à la zone blanche.
En juin 1985, en votant ce processus de révision des zones
agricoles et urbaines, le gouvernement aurait dû réfléchir
davantage sur le fait que ces territoires susceptibles d'être
dézonés étaient nécessairement la
propriété d'individus ou de corporations et que le passage de
la zone verte à la zone blanche de tels territoires en accroissait
considérablement la valeur marchande. Oui, il est arrivé et il va
probablement arriver encore que des territoires exclus appartiennent à
des péquistes ou à des libéraux, c'est inévitable.
Nous devons donc nous attacher à compléter le mécanisme de
révision institué en 1985.
J'annonce à cette Assemblée deux décisions que le
gouvernement a prises. Premièrement, nous imposons un moratoire sur tous
les décrets de révision des zones agricoles, non seulement pour
la MRC de la ville de Laval mais également pour toutes les autres MRC
dont la zone agricole n'a pas été révisée. Et les
procureurs du gouvernement interviendront pour solliciter la remise de
l'audition de toute demande individuelle d'autorisation ou d'exclusion
adressée à la Commission de protection du territoire agricole sur
le territoire de la MRC de la ville de Laval et incluse dans le protocole
d'entente intervenu entre la MRC de ville de Laval, l'UPA et la Commission de
protection du territoire agricole. Toutefois, malgré ce moratoire
général et global qui s'applique à l'ensemble des projets
de décrets faisant suite à cette négociation, le
gouvernement se réserve le droit d'agir dans le cas de stricte urgence
et d'intérêt public.
Deuxièmement, nous devons donc ajouter au processus de
révision adopté en juin 1985 des éléments
additionnels et non prévus alors afin de renforcer la neutralité
et la pleine transparence de ce processus. J'ai donc demandé à Me
Jules Brière, qui a été directement associé
à la rédaction des lois 90 et 44, de présider un
comité de travail et d'achever, en quelque sorte, le travail accompli
par l'ancien gouvernement en me soumettant, dans les meilleurs délais,
des voies de solutions pratiques, justes et efficaces pour faire face aux
problèmes.
Et pour accélérer la solution de ce problème, j'ai
demandé à Me Brière d'examiner, entre autres
hypothèses, les hypothèses suivantes: premièrement,
l'ajout d'une phase additionnelle dans le processus de révision actuel
que l'on pourrait qualifier de zone d'affectation transitoire de manière
qu'un territoire ne tombe définitivement dans la zone blanche seulement
si la municipalité locale a décidé de l'affectation du
territoire ainsi visé. Ce qui implique qu'un territoire proposé
par la Commission de protection du territoire agricole du Québec comme
devant être dézoné pourrait, dans le cadre du décret
d'adoption, revenir en fait dans la zone verte.
De plus, comme deuxième hypothèse, qui elle aussi est tout
aussi importante a considérer, l'évaluation du recours à
des mesures fiscales additionnelles en matière immobilière,
lesquelles pourraient s'adresser spécifiquement aux problèmes de
spéculation conséquents au dézonage de telles
propriétés immobilières en tenant compte, cela va de soi,
de la position concurrentielle du Québec.
J'informerai donc l'Assemblée nationale des
recommandations de Me Brière sans exclure la possibilité
d'un examen éventuel à une commission parlementaire de cette
Assemblée.
Le Président: Alors, je remercie, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je vais maintenant
céder la parole, pour ses commentaires, à M. le whip de
l'Opposition et député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, je dirais d'abord
d'entrée de jeu que cette déclaration ministérielle est la
preuve que les interrogations et les remarques nombreuses de l'Opposition
depuis plusieurs semaines sur le dossier du dézonage à la ville
de Laval ne constituent pas un ballon, mais que nous avons mis le doigt et mis
en évidence un problème de taille, un problème majeur. Le
ministre admet que, lundi dernier, il avait fait preuve de panique en
évoquant et en annonçant presque la possibilité que le
gouvernement abdique ses responsabilités en matière de
révision des zones agricoles des MRC. Le gouvernement était
visiblement incapable d'assumer ses responsabilités dans ce domaine. La
solution, ce n'est pas qu'il se départisse de ses reponsabilités.
Il a mentionné hier que s'il n'a pas déposé de projet de
loi en ce sens, c'est parce que l'Opposition s'y serait opposée. C'est
vrai, merci du compliment. Devant un problème de taille, celui de la
ville de Laval, au lieu de faire toute la lumière en mettant en place
une véritable enquête, complète, globale sur toutes les
dimensions du problème, plutôt donc que de faire toute la
lumière, on choisit de recouvrir le tout d'une épaisse couche de
glace. Nous entrons dans une ère de glaciation en matière de
zonage agricole, c'est le moratoire. (10 h 20)
Un moratoire d'abord sur les décisions individuelles à la
ville de Laval. C'est là au moins la reconnaissance que la Commission de
protection du territoire agricole a adopté, dans beaucoup trop de cas
individuels, une conduite aberrante et incohérente par rapport au
passé, qu'elle s'est montrée beaucoup plus souple et beaucoup
plus complaisante à l'égard des demandes individuelles de
dézonage que dans le passé. Décréter un moratoire
sur les décisions individuelles à la ville de Laval c'est
reconnaître ce fait.
Le moratoire sur le décret des révisions de la zone des
MRC, c'est la reconnaissance qu'il y avait - et on l'a maintes fois
évoqué depuis un an - des problèmes majeurs relatifs aux
négociations entre la Commission de protection du territoire agricole et
les MRC quant à la révision de la zone agricole. On a vu,
à maintes reprises, la Commission, non seulement consentir, mais offrir
de son propre chef des territoires qui n'étaient même pas
réclamés par les MRC pour les dé2oner. Cela a provoque
l'indignation l'été dernier et l'opposition de l'UPA un peu
partout sur le territoire.
Mais reconnaître ce phénomène, c'est oublier que le
ministre en est en grande partie responsable. C'est lui qui, en 1986, a
émis une directive à la Commission de protection en
matière de révision des terres. C'est lui qui, par sa directive,
a encouragé la Commission dans la voie du laxisme et du
relâchement en introduisant des notions qui n'existent même pas
dans la loi, par exemple, la notion de territoires déstructurés.
Depuis ce temps-là, à tout bout de champ, dans les
décisions individuelles, dans les projets de décret de
révision, on voit apparaître cette notion pour justifier du
dézonage des territoires déstructurés, dont on voit
l'utilisation systématique par la Commission. C'est devenu presque un
passe-partout. Cela n'existe même pas dans la loi, mais ça existe
dans cette directive, par exemple. C'est de là que vient cette notion de
territoire déstructuré. Répondre aux objectifs de
développement des MRC, ça vient aussi de sa directive, de telle
sorte qu'on a vu la Commission diluer sa vocation de protection du territoire
agricole pour devenir en quelque sorte une commission d'aménagement.
M. le Président, le ministre nous donne ensuite des
hypothèses quant à un projet de loi. C'est vraiment la fuite en
avant. Là, vraiment, 1 a décidé de compliquer encore
davantage le tout. Non seulement on aura la mise en vigueur de la loi 100 avec
la zone vert foncé des secteurs exclusifs et la zone vert pâle,
mais, maintenant, on ajouterait une troisième zone, dans
l'hypothèse du ministre, la zone d'affectation provisoire. Vert
foncé, vert pâle et, maintenant, vert tendre, mais un vert tendre
peint à la gouache, donc lavable en tout temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Le ministre est-il conscient qu'avec sa zone vert
tendre à la gouache, I va vraiment encourager la spéculation?
Là, 1 va véritablement l'encourager parce qu'y va indiquer aux
spéculateurs les territoires où ils pourront maintenant
spéculer. Cela va être le vert tendre, la zone d'affectation
provisoire.
Quant aux mesures fiscales évoquées, Je me serais attendu
ce matin à l'annonce d'une politique de mise en valeur des terres en
friche, tel que promis depuis des années par le ministre. C'est
ça qu'il nous aurait fallu ce matin. Malheureusement, on ne le retrouve
pas dans sa déclaration ministérielle. Visiblement, on est en
face de mesures de diversion, de mesures dilatoires. Le gouvernement s'est dit:
II faut passer à travers la campagne électorale sans
traîner ce problème comme un boulet. Alors, ils ont confié
la mission au ministre de l'Agriculture de refouler le tout dans le placard.
C'est ce qu'y fait ce matin avec sa déclaration ministérielle. Il
refoule le tout dans la garde-robe. Malheureusement, le gouvernement a
visiblement manqué de
courage politique dans cette affaire.
Le Président: Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Pour son droit de réplique, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Michel Page (réplique)
M. Page: M. le Président, en écoutant mon honorable
collègue, je me disais à moi-même: Ça se peut-y!
ça se peut-y, des réactions comme celles-là! Mais, au
fond, j'en viens à la conclusion que l'Opposition doit s'opposer. Le
député du comté de Lac-Saint-Jean, de façon un peu
décousue, tente de ramasser différents arguments qui,
globalement, ne se tiennent pas et ne résistent pas à
l'analyse.
Premièrement, nous sommes devant une situation où la
Commission de protection du territoire agricole, suivant un mandat qu'elle a
reçu en juin 1985 par mon prédécesseur,
député de Lévis et ministre de l'Agriculture à
l'époque, doit renégocier les zones agricoles et urbaines au
Québec. Dans le projet de loi original déposé, cette
renégociation devait se produire à tous les cinq ans. Très
tard, au moment de l'adoption, un amendement a été apporté
pour faire en sorte que cette négociation se tienne une seule fois dans
la vie de la MRC, ce qui a évidemment changé complètement
les règles du jeu.
Partant de cette modification, les MRC se sont dites de façon
tout à fait pertinente: On se doit de demander le dézonage de
superficies très importantes pour combler nos besoins à long
terme parce que, une fois cette négociation complétée,
ça sera terminé. C'est votre gouvernement qui l'a fait, qui a
créé cette situation de fait, de représentation et
d'appétit des MRC, M. le député. Vous devriez rougir ce
matin de formuler des accusations comme celle que vous venez de faire.
Partant de là, M. le Président, le processus...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Page: ...est conduit par un organisme qui a le mandat d'agir
en vertu d'une loi. J'ai dit à plusieurs reprises et je le
répète ce matin: Si, de son propre chef, le ministre de
l'Agriculture avait formulé des recommandations au gouvernement du
Québec, au cabinet, de modifier les décrets qui ont fait l'objet,
non seulement d'une négociation, mais d'une entente entre les parties,
vous m'auriez critiqué et cela aurait été normal de le
faire parce que cela aurait été une décision purement
subjective d'une autorité politique pour modifier un mécanisme
administratif conduit, pas par n'importe qui, par les MRC, l'union des
cités et villes, l'Union des producteurs agricoles et un organisme qui a
une fonction quasi judiciaire et administrative comme la Commission qui a fait
son travail et ce n'était pas au ministre de modifier de tels
décrets.
Partant de là, l'Opposition a succombé à la
tentation purement politique et partisane de tenter d'associer des
décisions de la Commission avec le fait que certaines personnes votaient
libéral, ou avaient déjà voté péquiste, ou
peu importe. Vous avez tenté - et c'est inquiétant, cela va
exactement à l'inverse des beaux principes et des beaux voeux pieux que
vous témoignez et que vous manifestez pour l'agriculture au
Québec - d'entacher cette loi qui est fondamentale dans le
développement de l'agriculture au Québec. Partant de là,
ce qu'on fait, c'est très simple. Je comprends que vous avez eu le texte
une heure avant. Cette hypothèse qui, je présume, devrait
être retenue parce qu'elle est très intéressante,
permettrait de venir valider toutes les demandes formulées par les
municipalités et aussi permettrait de venir valider les propositions
formulées par la Commission de protection du territoire agricole dans de
tels décrets.
Cela veut dire quoi concrètement? Cela veut dire que si la
Commission de protection du territoire agricole en offre plus que la MRC en
demande, avant que ce sol soit dézoné effectivement et devienne
blanc, il faudra que, premièrement, la réglementation pour
établir ce qu'on va faire avec ce sol soit établie, que les
audiences publiques au niveau de la municipalité aient eu cours, aient
eu lieu. Et, avec un processus comme celui-là, on n'aurait pas, par
exemple, des problèmes comme le mont Pinacle dans la région de
l'Estrie et on serait en mesure d'éliminer de nombreux problèmes
qui sont survenus en cours de négociations.
La mise en valeur, les critères, très rapidement. J'ai
indiqué en 1986 les critères sur lesquels le gouvernement du
Québec allait s'appuyer lui-même pour décider.
C'était normal. Encore une fois, vous aviez adopté une loi et
vous n'aviez établi aucun terme de référence en termes de
critères sur lesquels vous alliez vous appuyer. Je comprends qu'à
cette période, mon prédécesseur était davantage
occupé par la course à la chefferie que par
l'intérêt de sa loi ou la mise en oeuvre de sa loi 44. Mise en
valeur des terres, j'annoncerai - je termine là-dessus - bientôt,
à la suite de l'adoption de la loi 100, on s'y est engagés et on
y tient parce que pour nous au gouvernement le zonage agricole ne doit pas
être purement et simplement de peinturer des sols en vert puis de les
regarder pousser en friche pendant un certain nombre d'années... Nous
sommes animés par une volonté et une détermination de
faire en sorte qu'au lendemain de la mise en oeuvre de la loi 100 à
compter de juillet prochain, nous aurons une politique de mise en valeur pour
faire en sorte que les sols zones agricoles soient cultivés. (10 h
30)
La fiscalité c'est une hypothèse sérieusement
étudiée pour s'assurer qu'il n'y ait pas de spéculation.
Ce que j'annonce ce matin donc ce sont des décisions qui viennent
premièrement
freiner, limiter le processus. Le premier ministre du Québec, le
gouvernement, s'est engagé premièrement à une
enquête administrative à la ville de Laval et aussi à
revoir l'ensemble de ses démarches et de ses mécanismes pour que
le tout soit fait en fonction de la loi, qu'il n'y ait pas de
spéculation indue et qu'il n'y ait pas de profit tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas été saisis des résultats de
l'enquête administrative.
En terminant, le tout se fera en transparence et ouverture comme nous en
sommes animés au gouvernement du Québec.
Le Président: Je remercie M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
Nous allons maintenant procéder à la présentation
de projets de loi.
M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, avec le consentement de
l'Opposition dont je me suis assuré, je vous invite à appeler
l'article f du feuilleton.
Le Président: Avec le consentement de cette
Assemblée, est-ce bien ça, M. le leader de l'Opposition?
M. Gendron: Oui.
Le Président: À l'article f au feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 290, Loi modifiant la charte de la ville de Beauport.
M. Gendron: Un instant, M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, c'est exact qu'il y a consentement pour le
dépôt. Cependant, pour s'assurer que l'ensemble des personnes
concernées et visées par les dispositions du projet de loi soient
le mieux informées possible de leurs droits, puisque j'ai l'information
qu'il y a deux avis publics qui ont été omis par le gouvernement,
de même qu'une parution dans la Gazette officielle du
Québec, comment le leader du gouvernement entend-il pallier cette
difficulté concernant l'information du public concerné pour
s'assurer qu'au moins les gens concernés par le projet de loi
privé puissent avoir toute l'information?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: M. le Président, je peux donner l'assurance
que tous les moyens à notre disposition seront mis à contribution
pour assurer que toutes les personnes intéressées seront
avisées de la teneur et de la possibilité de venir s'exprimer en
commission parlementaire.
Le Président: Si je comprends bien, J'ai le consentement
de cette Assemblée pour procéder à la présentation
de l'article f au feuilleton ce matin.
Projet de loi 290
Les avis étant déposés et le rapport du directeur
de la législation étant déposé, étant
conforme, à l'article f au feuilleton, M. le député de
Drummond présente le projet de loi d'intérêt privé
290, Loi modifiant la charte de la ville de Beauport. Est-ce que
l'Assemblée accepte de s'en saisir? Adopté.
M. Gendron: Adopté.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Gratton: M. le Président, je fais motion pour que le
projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements pour consultation et
étude détaillée et pour que le ministre des Affaires
municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Dans les avis, on m'avise qu'il y a certains
avis qui n'étaient pas conformes, tels que mentionnés tout
à l'heure, mais j'ai compris que vous donniez votre consentement quand
même pour la présentation et que l'Assemblée s'en saisisse,
M. le leader de l'Opposition?
M. Gendron: Oui.
Le Président: Parfait. Est-ce qu'il y a d'autres
présentations de projets de loi, M. le leader du gouvernement?
Dépôt de documents. Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Avis de classement de la Commission des biens
culturels
Mme Bacon: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer trois avis de classement de la Commission des biens culturels du
Québec concernant le site archéologique de l'île au Bois,
le site historique de Room's Point et les sites archéologiques de la
rive ouest de la rivière Blanc-Sablon, municipalité de la
Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent.
Le Président: Mme la ministre des Affaires culturelles,
votre document est maintenant
déposé. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources, à l'étape du dépôt de documents. M. le
ministre.
Rapport annuel de SOQUIP
M. Ciaccia: M. le Président, je dépose le rapport
annuel 1988-1989 de SOQUIP, la Société québécoise
d'initiatives pétrolières.
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources, votre document est maintenant déposé. M. le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles.
Rapport annuel de la Commission des valeurs
mobilières
M. Fortier: M. le Président, j'ai l'honneur, d'une part,
de déposer le rapport d'activités pour l'année 1988-1989
de la Commission des valeurs mobilières du Québec et, d'autre
part, de déposer des rapports annuels des corporations professionnelles
suivantes.
Rapports annuels de corporations
professionnelles
Pour l'année 1987-1988, l'Ordre des
arpenteurs-géomètres, optométristes, podiatres, opticiens
d'ordonnances, Barreau du Québec, comptables généraux
licenciés, ergothérapeutes, hygiénistes dentaires,
travailleurs sociaux et urbanistes et, pour l'année 1988-1989,
administrateurs agréés, diététistes et
technologistes médicaux.
Le Président: Alors, tous vos rapports, M. le ministre
responsable de l'application des lois professionnelles, sont maintenant
déposés. Toujours à la même étape du
dépôt de documents, M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Analyse actuarielle générale du
Régime de rentes du Québec
M. Bourbeau: M. le Président, conformément à
la Loi sur le Régime de rentes du Québec, j'ai l'honneur de
déposer la sixième analyse actuarielle générale du
Régime de rentes du Québec.
Le Président: M. le ministre, votre document est
maintenant déposé.
Résultats officiels du scrutin du 29 mai dans
Hull et Papineau
J'ai également un .document. Conformément à
l'article 291 de la Loi électorale, le secrétaire
général de l'Assemblée a reçu du Directeur
général des élections le rapport détaillé
des résultats officiels du scrutin du 29 mai dernier dans (es
circonscriptions électorales de Hull et de Papineau. J'aimerais
déposer ledit rapport.
Dépôt de rapports de commission. M. le président de
la commission des institutions et député de Taillon. M. le
député de Taillon.
Examen du rapport annuel du Protecteur du
citoyen
M. Filion: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le 2 mars 1989 afin d'entendre le Protecteur du citoyen
dans le cadre de l'examen de son rapport annuel 1987-1988. Ce rapport contient
une recommandation de la commission.
Le Président: Votre rapport est maintenant
déposé, M. le député de Taillon. Est-ce qu'il y a
d'autres dépôts de rapports de commission.
Dépôt de pétitions.
Ce matin, il n'y aura pas d'intervention portant sur une violation de
droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Je suis prêt à procéder immédiatement
à la période régulière de questions et de
réponses orales. Je vais reconnaître la première principale
à M. le député de Lac-Saint-Jean.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Demandes individuelles de révision du zonage
agricole
M. Brassard: M. le Président, tout à l'heure, dans
une déclaration ministérielle, le ministre nous annonçait
d'abord qu'il renonçait à son projet de loi pour
transférer les responsabilités du gouvernement à la
Commission en matière de révision des zones agricoles des MRC. En
même temps, il nous annonçait à la fois un moratoire sur
les décrets de révision des zones des MRC, de même qu'un
moratoire sur toute demande individuelle adressée sur le territoire de
Laval pour les terrains visés par le projet de décret. Enfin, il
annonçait aussi un comité de travail pour envisager,
possiblement, des amendements législatifs et un report, je l'ai
signalé, de sa politique de mise en valeur des terres en friche,
annoncée et promise depuis plusieurs années.
J'aimerais poser un certain nombre de questions au ministre pour avoir
des précisions, parce que ce n'est pas toujours clair dans sa
déclaration ministérielle. Quant au moratoire sur les
décisions individuelles à ville de Laval seulement, sur quelles
dispositions de la Loi sur la protection du territoire agricole les procureurs
du gouvernement qui vont intervenir, selon sa déclaration
ministérielle, pour demander la remise de l'audition de toute demande
individuelle à ville de Laval, vont-ils s'appuyer? Et quels sont les
motifs que les procureurs du gouvernement vont invoquer pour obtenir de la
Commission qu'elle décide de reporter toute décision concernant
des demandes individuelles à ville de Laval?
Quelles dispositions de la loi et quels motifs les procureurs du
gouvernement invoqueront-ils?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: M. le Président, quand on réfère
à cet aspect très particulier et très spécifique
qui concerne une demande individuelle adressée par un
propriétaire, une personne ou une entreprise à la Commission de
protection du territoire agricole, il faut bien comprendre qu'on
réfère au mécanisme par lequel la Commission agit à
titre quasi judiciaire, soit en vertu de la loi 90 ou de la loi 100 lorsqu'elle
sera en vigueur. (10 h 40)
En vertu de la loi, le ministre ne peut soustraire à la
Commission de protection du territoire agricole ses droits d'auditionner, de
siéger et de décider. Aucune disposition de la loi ne permet au
ministre de retirer ce droit d'entendre une cause à la suite d'une
demande d'autorisation ou d'utilisation à des fins autres que
l'agriculture. Partant de là, cependant, toute personne, toute
entité intéressée dans une cause peut demander d'y
intervenir. Ce processus vise à faire en sorte que pendant le moratoire
imposé sur le décret de ville de Laval - c'est la suite de
l'application de la décision du gouvernement de demander une
enquête poussée, une vérification des titres par le
sous-ministre de la Justice - la Commission ne puisse, pendant cette
vérification administrative, décider autrement, ne puisse
entendre des causes et prendre des décisions.
C'est ce qu'on fera, ce qui sera fait et ce que J'ai annoncé ce
matin: les procureurs vont s'adresser à la Commission de protection du
territoire agricole, Us vont faire des représentations. Il appartiendra
à la Commission de protection du territoire agricole, un organisme quasi
judiciaire, de prendre la décision.
Le Président: M. le whip de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Brassard: M. le Président, je remercie le ministre de
ses explications. Ne reconnaît-il pas finalement qu'en exposant les
choses comme il vient de le faire, il se trouve à nous dire que s'il y a
un moratoire véritable sur les décrets de révision des
zones agricoles - parce que là c'est une responsabilité du
Conseil des ministres - en réalité, il ne peut pas parler de
moratoire véritablement sur les décisions individuelles de la
Commission? Il va simplement demander à la Commission de surseoir aux
décisions mais en réalité la Commission n'est pas tenue
d'écouter, de suivre et de respecter la demande des procureurs du
gouvernement et peut quand même décider. Donc, c'est tout à
fait faux de penser qu'il y a un moratoire sur les décisions
individuelles à la ville de Laval.
Ma question additionnelle est également ia suivante: Pourquoi le
ministre a t-il décidé de procéder de cette façon
dans le cas des décisions individuelles à la ville de Laval et
pourquoi pas ailleurs qu'à la ville de Laval? Pourquoi pas ailleurs au
Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: Dans un premier temps - je veux que le
député me comprenne bien - pour ce qui est du moratoire, c'est un
moratoire sur l'adoption d'un décret de révision de zones
agricoles et urbaines. Le gouvernement du Québec a pris sa
décision - on l'a réitéré ce matin - non seulement
pour la ville de Laval mais pour l'ensemble des décrets dans le cadre
d'un mécanisme ou d'un processus administratif où le gouvernement
est habilité à prendre une telle décision. Ce à
quoi vous vous référez, c'est au rôle quasi judiciaire de
la Commission de protection du territoire agricole. Et, à
l'intérieur de ce mandat, le gouvernement ne peut pas, en vertu de la
loi.... Et même si j'avais voulu apporter des modifications à la
loi, ça été une fin de non-recevoir de votre part depuis
le début de cette séquence de discussions sur le zonage,
premièrement.
Deuxièmement, partant de là, ce que j'annonce... On ne
dira pas à la Commission: Vous sursoyez. Je n'ai pas le droit, en vertu
de la loi, de donner un ordre à un organisme quasi judiciaire.
Cependant, ce que j'ai annoncé, c'est que les procureurs du gouvernement
vont intervenir et vont formuler des représentations. La Commission en
sera saisie et elle aura à décider dans ce processus où,
il faut en convenir aussi, pour une demande individuelle d'un citoyen ou d'une
citoyenne à la Commission dans le cadre de son processus quasi
judiciaire, il faut généralement un certain nombre de mois avant
que la décision ne soit rendue.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, en additionnelle.
M. Brassard: Dans ce cas-là, M. le ministre, arrêtez
de parler de moratoire sur les décisions individuelles. Ce n'est pas un
moratoire.
Des voix: Question. En additionnelle.
M. Brassard: Vous venez de le dire que ce n'est pas un
moratoire.
M. Page: Bien, moi, je vous dis que c'est un moratoire.
M. Brassard: Oui, mais vous avez oublié le dernier volet
de ma question.
Le Président: À l'ordre! M. le député de
Lac-Saint-Jean, votre question. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Votre question, s'il vous plaît. Une
voix: C'est un moratoire.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, votre question, s'il vous plaît.
M. Brassard: Est-ce que vous avez consulté le Petit
Robert?
Le Président: Non, non. Est-ce que c'était votre
question additionnelle, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Est-ce que...
Une voix: Oui.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
M. Brassard: On pourrait suspendre pour aller consulter le
dictionnaire parce que ce n'est certainement pas le sens du mot
"moratoire".
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Mais vous n'avez pas répondu au dernier volet
de ma question. Vous utilisez cette procédure - c'est-à-dire les
procureurs qui interviennent - qu'on peut qualifier d'exceptionnelle, dans le
cas de la ville de Laval. Pourquoi cette procédure exceptionnelle
uniquement pour la ville de Laval? Pouquoi, autrement dit, avez-vous perdu
confiance dans la Commission pour ce qui concerne la ville de Laval et que vous
continuez d'avoir confiance dans la Commission pour le reste du
Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: M. le Président, c'est la première fois
que je vois cela! Le député s'interroge, il pose des questions et
il se répond. Il peut bien être mêlé. C'est
très simple, c'est très clair vous savez. Dans le cas de la ville
de Laval cette procédure systématique de comparution comme mise
en cause des procureurs du gouvernement vise à faire en sorte, comme on
l'a indiqué très clairement, que l'objet du moratoire c'est quoi?
C'est qu'il n'y ait pas de sols réaffectés tant et aussi
longtemps que l'enquête administrative ne sera pas déposée,
que les résultats ne seront pas connus. Deuxièmement, pendant ce
temps-là on recevra les recommandations du comité de Me Jules
Brière, une personne très crédible et connue, un eminent
juriste qui a été associé à la loi 90 et à
la loi 44. Partant de là, nous prendrons nos responsabilités
comme gouvernement. Et pour répondre au dernier volet de la question du
député, pourquoi la même attitude ou prise de position
gouvernementale ne s'applique-t-elle pas dans les autres MRC? C'est très
simple c'est qu'à l'égard des autres MRC on adresse les
commentaires suivants. Premièrement, l'ensemble du mécanisme de
renégociation et de révision est sujet à être
modifié comme suite des travaux du comité et,
deuxièmement, concernant les demandes de droits individuels, il n'y a
pas d'enquête administrative dans les autres MRC.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean. En additionnelle, M. le député.
M. Brassard: M. le Président, je suis bien obligé
de répondre à mes quêtions, le ministre n'y répond
pas.
Le Président: Non, non, en additionnelle. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, ma question additionnelle
est la suivante: Qu'arrive-t-H aux projets de décrets puisque le
ministre a décrété un moratoire sur tous les
décrets de révision des zones agricoles de l'ensemble du
Québec, de toutes les MRC du Québec? Le ministre convient-il que
c'est bien beau de geler les projets de décrets, de ne pas les adopter,
mais qu'arrive-t-il de leur contenu? Est-ce que le ministre va ordonner
à la Commission de revoir les projets de décrets et de les
corriger ou de les modifier en faisant preuve de plus de rigueur et de plus de
sévérité dans l'application de la loi ou s'il ne fait que
les geler sans y toucher?
Le Président: M. le ministre.
M. Brassard: Parce que dans cinq mois d'ici ou six mois,
après les élections vous allez vous retrouver avec les
mêmes projets de décrets et le même contenu. Vous faites
quoi avec cela?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre.
M. Page: M. le Président, si le député du
comté de Lac-Saint-Jean a le droit de questionner et de se
répondre, moi qui veux répondre, je me permettrai de me
questionner. La question que vous auriez dû poser est la suivante: M. le
ministre de l'Agriculture, il y a quinze dossiers de MRC où la
négociation est terminée et où les parties ont toutes
signé et vous, comme ministre, vous n'avez pas signé, qu'est-ce
que vous allez faire avec cela? Cela, c'est une vraie question.
Des voix: Bravo! Bravo! Une voix: Répondez.
Le Président: À l'ordre, à l'ordre s'il vous
plaît!
M. Page: M. le Président, maintenant je vais
répondre.
Le Président: À la question, M. le ministre.
M. Page: Ce qu'on fait avec cela c'est très simple.
J'attends à cet égard que le comité de Me Jules
Brière, auquel d'autres gens du gouvernement du Québec de
différents ministères dont celui des Affaires municipales, de
l'Agriculture, etc., vont travailler - et j'ai dit dans les meilleurs
délais, pas dans huit mois, dans dix mois, dans un an, dans les
meilleurs délais - de me formuler des recommandations. Si l'une des
recommandations c'est d'aller dans le sens d'une zone d'affectation
transitoire, les ZAT, comme mécanisme additionnel avant que le
gouvernement vienne valider ce qui s'est fait, on verra à ce
moment-là, premièrement, si on peut se convier à un tel
mécanisme additionnel sans modifier la loi. Si on nous dit: II faut
modifier la loi, on va attendre la réouverture de l'Assemblée
nationale, un projet de loi va être déposé par le ministre
de l'Agriculture. C'est donc dire que d'ici là les décrets ne
sont pas adoptés.
Le Président: En additionnelle? M. Gendron: En
principale.
Le Président: En principale, M. leader de
l'Opposition.
(10 h 50)
Le comité de surveillance de la commission scolaire
Davignon
M. Gendron: En rapport avec les nombreuses
irrégularités commises à la commission scolaire Davignon
le ministre de l'Éducation nous indiquait qu'il maintenait sa confiance
dans l'administration actuelle de la commission scolaire pour y remettre de
l'ordre. On sait que la commission scolaire a décidé de se donner
un comité de surveillance interne, un comité composé des
personnes suivantes - ce serait bon d'avoir l'attention du ministre - Mme
Ludegarde Bell, présidente de la commission scolaire, administratrice de
Initiatives de plein air Davignon, une des entreprises ayant d'étroites
relations d'affaires avec la commission scolaire, M. Jean Grenier,
président de l'exécutif de la commission scolaire, qui a
autorisé l'octroi du contrat de transport à D.L et
l'émission de chèques au nom de base de plein air Davignon,
corporation qui n'existe pas, M. André Daigle, avocat d'Acton Vale,
avocat de M. Fernand Barsalou et ex-associé de Me Boisvert,
associé à M. Eugène Bachand, lui-même commissaire
à la commission scolaire Davignon et associé de M. Barsalou dans
la compagnie 24365413, enfin, un avocat de l'extérieur, pour amener un
peu de neutralité, de la firme Maheu et Noiseux, de Granby, mais c'est
l'un des membres seniors qui s'appelle M. Lucien Alain et y est comptable de M.
Barsalou et...
Le Président: Votre question.
M. Gendron: ...comptable aussi pour l'Auberge des carrefours dont
le principal propriétaire est M. Barsalou.
Le Président: Votre question.
M. Gendron: La question est très simple. Le ministre
peut-il honnêtement croire qu'un tel comité offre les garanties
suffisantes d'intégrité et d'impartialité et est-il
satisfait du choix des personnes soi-disant externes à la commission
scolaire Davignon? Avec la permission du leader, M. le Président,
j'aimerais déposer cette belle ramification d'un exemple parfait de
neutralité.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce
que j'ai le consentement? Votre document, M. le leader de l'Opposition, est
déposé. M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut avoir la liste?
Le Président: Est-ce qu'on peut remettre
immédiatement le document à M. le ministre, s'il vous
plaît? A M. le ministre, s'y vous plaît.
M. Ryan: Je vois qu'il y a deux noms que le député
a oublié de nommer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: J'ai des questions additionnelles.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'I vous
plaît!
M. Ryan: II a oublié de les nommer parce que ce sont deux
des personnes qui lui servent de conseillers et au sujet desquelles j'ai
insisté pour qu'elles fassent partie de ce comité. Il y a deux
élus qui représentent un camp majoritaire dans la commission
scolaire et deux élus qui représentent un autre camp,
minoritaire. Les autres sont des personnes de l'extérieur sur lesquelles
je vais maintenant faire un commentaire.
La mesure la plus importante concernant cette commission scolaire
était d'abord la mise en congé du directeur
général. Nous étions d'accord là-dessus. Il a
été mis en congé. La deuxième mesure, c'est la
nomination d'un directeur général intérimaire. J'ai retenu
le nom d'une personne qui sera proposée à la commission scolaire
à sa réunion de lundi soir, une personne
de l'extérieur dont la compétence et
l'intégrité sont au-dessus de toute discussion et de tout
soupçon. Lorsque cette personne sera nommée, je pense que le
rôle de ce comité va être ramené à ses justes
proportions, c'est-à-dire que la commission scolaire reprendra son
rôle de surveillance générale. Et je pense que le directeur
général intérimaire sera la personne clé pour
assurer l'opération de redressement. J'ai vu personnellement à ce
que le choix de cette personne réponde en tout point aux exigences que
j'avais formulées dès le départ.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Comment le ministre peut-il parler de rigueur et de
probité lorsqu'on voit, dans un comité de surveillance interne
qu'il était supposé avoir à l'oeil comme ministre de
l'Éducation, que quatre personnes sur six sont directement
impliquées dans toutes les questions louches, douteuses où, dans
le rapport Davignon, tous les faits laissent manifestement voir des conflits
d'intérêts évidents? Quatre personnes sur six de son
comité sont des personnes impliquées. Comment voulez-vous que
nous ayons confiance en un tel comité et où est votre rigueur
dans ce dossier-là?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: D'abord il est évident que ce ne sont pas des
personnes qui ont le même rang. Il y a quatre commissaires élus
là-dessus, qui ont les responsabilités des commissaires
élus. Même s'ils avaient nommé les deux autres, ce ne sont
pas des élus. S'ils présentent une situation de conflit
d'intérêts, je pense bien qu'on invitera la commission scolaire
à les garder à distance. C'est tout.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Très simplement. Que manque-t-il au ministre
pour prétendre que Me André Daigle pour qui je n'ai aucune... Je
n'ai rien contre Me André Daigle. Tout ce que je sais, et je le
répète, c'est qu'il est l'avocat M. Fernand Barsalou. Il est un
ex-associé de M. Boisvert, associé de M. Eugène Bachand,
lui-même commissaire à la commission scolaire Davignon et, comme
si ce n'était pas assez, associé à M. Barsalou dans la
compagnie 2436-5413. Vous venez de formuler la question, c'est simple. Comment
le ministre peut-il affirmer en cette Chambre qu'il verra s'il y a des liens,
des conflits d'intérêts? Qu'est-ce qui vous manque pour
empêcher que ces personnes soient au conseil de surveillance interne,
à moins que vous ne vouliez pas que ce soit un véritable
comité qui fasse toute la lumière?
Le Président: M. le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je voudrais rappeler une chose à cette Chambre.
Depuis que nous sommes au pouvoir, H s'est présenté, dans des
commissions scolaires, de nombreuses situations comportant des
irrégularités réelles ou apparentes qui avaient
été signalées à mon attention. Dans aucun cas
jusqu'à ce jour, je n'ai recommandé de mise en tutelle de
commission scolaire. J'ai un très grand respect pour la fonction
d'élu démocratique des commissaires d'écoles. On n'a
recours à cette mesure qu'en toute dernière analyse. La prochaine
étape, c'est la nomination du directeur général
intérimaire, qui assurera la conduite quotidienne des affaires de la
commission scolaire. Si cette personne, une fois entrée en fonction - et
j'espère que ce sera dès mardi - allait me faire une
recommandation quant à la nécessité d'aller plus loin,
nous l'étudierons volontiers, mais nous franchirons les étapes
l'une après l'autre. Si nous pouvons éviter la mise en tutelle,
je trouverai cela infiniment préférable dans la perspective de
respect que nous devons conserver pour le système électif des
commissions scolaires que nous avons au Québec.
Le Président: Je vais reconnaître M. le chef de
l'Opposition, en additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, on sait que le ministre de
l'Éducation a eu la réputation d'être rigoureux. Dans le
cas présent, où lui-même est conscient qu'il lui faut une
enquête plus approfondie, comment peut-il décemment, avec sa
grande rigueur intellectuelle, admettre que quatre personnes sur six sont
carrément impliquées dans le dossier? Comment peut-il se
déclarer rigoureux et admettre qu'une telle situation se produise
dès le départ? Quelle crédibilité aura ce rapport
de surveillance? Quelle crédibilité le ministre peut-il conserver
dans le dossier, sinon de passer pour quelqu'un qui veut camoufler les
faits?
Le Président: M. le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Vous faites des affirmations, ce matin - ce n'est pas la
première fois qu'on en entend - qui, par la suite, plus ou moins
fondées. Nous aurons un nouveau directeur général qui
entrera en fonction mardi. S'il devait faire la recommandation, à la
suite des affirmations qu'on entend dans cette Chambre, que ces personnes ne
devraient pas être membres du comité de surveillance, il la fera
à son conseil de commissaires. Le conseil des commissaires se
prononcera. S'il devait refuser de prendre les mesures qui s'imposeraient, la
question va revenir de mon côté. À ce moment-là, on
avisera. Je vous dis: Acceptez que nous respections les étapes.
C'est
infiniment préférable pour l'intégrité du
processus que nous devons suivre de notre côté.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, en
additionnelle.
M. Gendron: Est-ce que le ministre nie et met en cause les liens
que j'établis entre Mme Ludegarde Bell et ce qui est mentionné
dans le rapport Davignon, les liens entre Jean Grenier et ce qui est
mentionné dans le rapport Davignon par rapport à Transport D.L et
base de plein air Davignon qui continue à recevoir des chèques de
la commission scolaire, même si elle n'existe pas et les liens entre M.
André Daigle et l'avocat de Maheu et Noiseux, d'une firme
extérieure. Est-ce que le ministre de l'Éducation nie les liens
que je viens d'établir? Sinon, s'il n'est pas en mesure de les nier,
comment peut-il maintenir ces gens à un comité interne de
vérification?
Le Président: M. le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je ne nie pas l'existence de liens. Je dis que je vais
les vérifier par l'intermédiaire de la personne qui deviendra
directeur général intérimaire au début de la
semaine. Sur la foi des informations qui me seront communiquées, plus
sûres et plus complètes que celles fournies jusqu'à
maintenant en provenance de l'Opposition, nous prendrons les décisions
appropriées. Soyez sans inquiétude.
Le Président: Je vais reconnaître maintenant la
troisième principale ce matin. M. le député de
Shefford.
Lutte contre les contaminants de la lagune de
Mercier
M. Paré: Merci, M. le Président. Dans la
région de ville Mercier et de Sainte-Martine, la situation est devenue
alarmante. Nous n'avons qu'à regarder les journaux. Dans la
région immédiate de Mercier, Québec découvre un
autre problème d'eau près de la nappe contaminée. Des
phénols découverts au sud de Sainte-Martine. Les contaminants de
la lagune de Mercier atteindront les réseaux d'eau potable de
Saint-Paul-de-Châteauguay et peut-être de
Saint-Urbain-de-Châteauguay, de l'autre côté de la
rivière Châteauguay, selon une étude de M. Richard Martel,
du ministère de l'Environnement du Québec. (11 heures)
De plus, l'étude de M. Richard Martel appuie la conviction des
citoyens de la région qui ne croient pas à la solution
proposée par le ministre délégué à
l'Environnement, soit un nouvel aqueduc. Qu'entend faire le ministre
délégué à l'Environnement pour s'attaquer au
véritable problème de la lagune de Mercier et empêcher les
contaminants de s'étendre davan- tage et même pour les
éliminer?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement. M. le ministre.
M. Blackburn: M. le Président, j'ai eu le plaisir, cette
semaine, d'avoir une rencontre très positive avec les maires de
l'ensemble des municipalités de la vallée de Châteauguay.
Comme gouvernement du Québec, nous avons annoncé une subvention
de 2 100 000 $ pour faire en sorte que les gens de ces municipalités
soient approvisionnés en eau potable de qualité et en
quantité suffisante. Par la même occasion, nous avons eu
l'occasion d'informer la population du secteur que l'usine de la ville de
Mercier qui décontamine, qui essaie, qui tente de décontaminer le
site contaminé, effectivement va continuer de fonctionner après
le mois de juin alors qu'y était prévu que l'on abandonnerait
l'opération à partir du mois de juin. À partir de cette
information dont les maires ont été très satisfaits. On
les a en même temps informés que les cultivateurs, producteurs
maraîchers et producteurs laitiers de ces secteurs sont
approvisionnés en totalité en eau potable à partir de
l'usine de Châteauguay.
Donc, aucun problème pour ce qui est des produits laitiers et
produits maraîchers de ces secteurs concernant la contamination. Il reste
que le député de Shefford fait référence, ce matin,
à un article dans le journal Le Devoir, du journaliste Louis
Francoeur qui dit: II y a un rapport qui a été produit par M.
Martel, au mois d'août 1988, qui explorait toutes les avenues possibles
pour que le ministère et le gouvernement puissent prendre les mesures
nécessaires en vue de corriger la situation dans son ensemble. Au 14
juin, lors de la rencontre que nous avons eue cette semaine, nous avons
été à même de donner toutes les informations
nécessaires à l'ensemble de la population et, au stade actuel, je
peux dire que les informations du journaliste Francoeur, malgré sa
grande compétence, sont donc incorrectes, ne sont pas à jour et,
bien sûr, citées hors contexte. Il est très important de
mentionner ce fait, je pense, au stade actuel.
Pour ce qui est de la population du secteur de
Saint-Paul-de-Châteauguay, le gouvernement, le ministère continue
de faire des tests et veut s'assurer que les puits qui sont dits
contaminés, s'ils sont contaminés par la zone contaminée
de la ville de Mercier, on prendra les mesures en conséquence et on
assumera nos responsabilités.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle. M. le député de Shefford, en additionnelle.
M. Paré: Pourquoi ne pas avoir inclus dans la solution
proposée, c'est-à-dire un nouvel aqueduc justement, les 80
familles au sud de
Samte-Martine, c'est-à-dire de Saint-Paul-de-Châteauguay,
alors que ces gens sont privés d'eau depuis un an?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement. M. le ministre.
M. Blackburn: II existe des études, à partir de
tests qui sont faits régulièrement par des spécialistes du
ministère, qui nous démontrent que la contamination des puits des
gens de Saint-Paul-de-Châteauguay ne proviendrait pas de la contamination
du site de la ville de Mercier. C'est la raison pour laquelle nous avons
étendu la recherche, les examens, les échantillonnages pour
s'assurer, pour pouvoir prendre des décisions qui sont cohérentes
en fonction des recherches que nous continuerons de faire. S'il est
démontré très clairement que la contamination de ces puits
provient de l'usine de contamination, c'est-à-dire du site
contaminé de la ville de Mercier, le gouvernement assumera sa
responsabilité dans ce cas au même titre qu'il l'a assumée
actuellement dans le cas des autres municipalités.
Le Président: M. le député de Shefford, en
additionnelle.
M. Paré: Étant donné que cette région
est une des plus riches au Québec en culture et en agriculture, le
ministre peut-il nous affirmer qu'il n'y a aucun danger de contamination et
peut-il nous affirmer qu'aucun agriculteur, au moment où on se parle et
dans les mois à venir, n'utilisera son puits?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement. M. le ministre.
M. Blackburn: M. le Président, au départ, j'ai
déjà répondu à cette question du
député de Shefford, en disant cette semaine, à la suite de
consultations que nous avions eues avec le ministère de l'Agriculture,
que tous les agriculteurs sont informés qu'ils ne doivent pas puiser de
l'eau dans leur puits. Ils sont donc approvisionnés en eau potable
à partir de l'usine de la ville de Mercier. Donc, il n'y a aucun risque
pour ce qui est de l'agriculture, pour les produits maraîchers et pour
les produits laitiers. C'est très important de le mentionner et de
maintenir cette situation très claire.
M. Paré: Dernière additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Shefford,
toujours en additionnelle.
M. Paré: Le ministre a-t-il l'intention de déposer
l'étude de M. Richard Martel, de son ministère ou s'il a
l'intention de faire comme M. Victor Goldbloom et cacher la
vérité aux ci- toyens de cette région?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blackburn: M. le Président, je déplore
l'affirmation du député de Shefford. Le gouvernement, le
ministère de l'Environnement a assumé son entière
responsabilité dans ce dossier. Il a fait part de transparence et
bien sûr qu'on va continuer. J'ai d'ailleurs informé tous les
maires des municipalités que nous allions continuer à faire des
expertises et des tests et qu'ils seront informés continuellement de
toutes les démarches que nous ferons. Bien sûr que s'il y a lieu
de déposer le document de M. Martel, nous le ferons avec grand plaisir
si ça peut éclairer, mais ce qui est encore très
important, bien sûr c'est que nous agissons toujours dans un esprit de
transparence pour rassurer la population dans son ensemble.
Le Président: En quatrième principale.
M. Gendron: Non, pas en quatrième principale.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: Le ministre vient d'indiquer qu'il va le
déposer, alors on veut savoir quand.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement.
M. Blackburn: M. le leader de l'Opposition, je vais le
déposer si nécessaire bien sûr et s'il y a
nécessité de le faire. Il me fera plaisir de le faire.
Le Président: Je vais reconnaître ce matin en
quatrième principale, Mme la députée de Maisonneuve.
Augmentation rapide et féminisation de la
pauvreté au Québec
Mme Harel: M. le Président, la pauvreté s'accentue
à un rythme absolument effarant au Québec. L'étude
publiée hier par le Conseil canadien du développement social
confirme ce que l'Opposition dénonce depuis longtemps, d'abord
l'augmentation plus rapide au Québec que partout ailleurs au Canada du
nombre de familles vivant dans la pauvreté et surtout le
phénomène inquiétant de la fémininisation de plus
en plus grande de la pauvreté.
Pendant que le gouvernement cherche à diluer sa loi sur le
partage entre conjoints, pendant que le gouvernement tergiverse toujours sur sa
politique familiale promise il y a quatre ans, l'augmentation de la
pauvreté de familles dont le chef est une femme est quatre fois
supérieure à celles qui ont un homme à leur
tête:
66 000 familes dont la responsabilité appartient à la
mère, comparativement à 5000 familles ayant à leur
tête un père. Alors, comment le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu explique-t-H cette inquiétante
augmentation de la pauvreté plus grande au Québec que partout
ailleurs, à part l'approche punitive qu'il a déjà
adoptée? Quelles sont les nouvelles mesures qu'il entend proposer pour
enrayer ce fléau et s'occuper du sort des personnes pauvres, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Bourbeau: M. le Président, j'apprécie le ton
serein que la députée de Maisonneuve a ce matin.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre. Cela va aller. M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, j'attends toujours la réponse.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est justement parce que le
gouvernement est conscient des problèmes que vient d'évoquer la
députée de Maisonneuve que nous avons procédé
à ce qu'on a appelé la réforme de l'aide sociale au
Québec. Le Québec est le premier gouvernement au Canada à
s'attaquer à une réforme en profondeur de son régime
d'aide sociale ou de sécurité du revenu et les principes
sous-jacents à cette réforme ont voulu justement faire en sorte
de venir en aide davantage et encore plus à ceux qui étaient les
plus frappés par les questions de pauvreté, entre autres ceux qui
en plus d'être affectés par des problèmes de
pauvreté, ont des problèmes de maladie ou des difficultés
d'insertion à l'emploi à cause de facteurs médicaux. M. le
Président, ceux qu'on appelle les inaptes recevront, c'est bien connu
maintenant, des prestations additionnelles dont le coût pour le
gouvernement sera de l'ordre d'environ 100 000 000 $.
En ce qui concerne la féminisation de la pauvreté dont a
parlé la députée de Maisonneuve, j'aimerais rappeler que
le gouvernement a annoncé un programme d'allocations-logement qui,
justement, va venir en aide aux familles qui ont de sérieux
problèmes de logement et qui, dans une proportion de 70 % des cas, sont
constituées de familles monoparentales dirigées principalement
par des femmes. Ce programme, M. le Président, coûtera au
gouvernement quelque chose comme 25 000 000 $. En résumé, la
réforme de l'aide sociale vient justement tenter d'améliorer ce
problème de la pauvreté, et le gouvernement y consacrera,
dès la première année, une somme qui excédera de
loin 50 000 000 $ de plus que ce que nous dépensons présentement.
(11 h 10)
Le Président: Mme la députée de Maison-
neuve, en additionnelle. Mme la députée de Maisonneuve.
Mm« Harel: M. le Président, le ministre a beau
vouloir seriner des propos rassurants, comment peut-il ignorer la profonde
Inquiétude créée par l'application de sa réforme?
Comment peut-i ignorer la nécessité de lancer une vaste campagne
de scolarisation pour ces personnes qui, majoritairement, n'ont même pas
complété une huitième année? Comment peut-l
Justifier ne pas avoir dépensé les budgets que son
ministère avait à offrir à ces personnes l'an
passé? Comment le ministre peut-il expliquer, justifier qu'aucuns
crédits nouveaux ne se sont ajoutés à ceux qui ne
s'adressaient qu'au moins de 30 ans pour élargir véritablement
des mesures d'employabilité à toutes ces familles?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ça prend un certain
culot pour venir parier de cette façon au gouvernement quand on sait que
c'est le gouvernement précédent qui, pendant les neuf
années où il a été au pouvoir, n'a même pas
osé augmenter les prestations d'aide sociale des gens de moins de 30 ans
qu'on a maintenus dans une pauvreté extrême en ne réalisant
pas qu'avec une subvention de 145 $ ou de 150 $ par mois, on maintenait les
gens dans le dénuement le plus total. Le gouvernement du Parti
libéral a accepté et reconnu qu'il était important de
faire en sorte de donner un traitement aussi égal aux gens de moins de
30 ans que plus de 30 ans, et c'est pourquoi la prestation d'un assisté
social de moins de 30 ans passera de 185 $ à 507 $ par mois à
compter du 1er août prochain. Ça, c'est une mesure qui va venir en
aide de façon concrète à ceux qui sont les plus
frappés par la pauvreté.
Le Président: Mme la députée de
Maison-neuve, en additionnelle. Mme la députée.
Mme Harel: Est-ce que le ministre reconnaît que la
prétendue réforme libérale ne contient même plus des
mesures d'indexation des prestations pour maintenir simplement ces niveaux de
subsistance à ce qu'ils sont présentement et comment son
gouvernement a-t-il pu avoir le culot d'annoncer, comme mesures
budgétaires dans le budget pour l'année qui vient, une indexation
qui était automatiquement prévue dans un règlement?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne
l'indexation des prestations d'aide
sociale, nous avons annoncé en décembre dernier
l'indexation pour l'année 1989 et mon collègue, le ministre des
Finances, a annoncé, dans le budget, l'indexation pour l'année
1990. En ce qui concerne le programme Soutien financier, la
députée sait qu'il est indexé automatiquement en vertu de
la loi à partir de 1991, et, pour ce qui est de l'année 1990, il
y a quatre augmentations successives de prévues pour le programme
Soutien financier qui s'adresse à ceux qu'on appelle les inaptes,
c'est-à-dire ceux qui ont de sévères contraintes à
l'emploi. Première augmentation le 1er août prochain,
deuxième le 1er janvier 1990, troisième augmentation le 1er avril
1990 et quatrième augmentation le 1er août 1990. Je ne vois pas,
M. le Président, ce qu'on pourrait faire de plus.
Le Président: Je vais reconnaître la
cinquième principale, ce matin. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
La complémentarité entre
l'économie et l'environnement
M. Messier: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à Mme la ministre de l'Environnement. M. le Président, dans le
cadre des tables rondes sur l'environnement auxquelles la ministre participe,
on discute également d'économie. Il est clair que la
société québécoise estime que l'accent doit
être mis sur la qualité de l'environnement, ce qui ne doit pas
empêcher pour autant le développement économique. À
cet égard, la ministre participe, fait même mention et fait des
allusions concernant la complémentarité entre l'économie
et l'environnement. J'aimerais donc savoir de la ministre de l'Environnement
les réalisations de son ministère pour concrétiser cet
objectif ambitieux d'allier l'économie à l'environnement.
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, j'aurais aimé que cette
question vienne du député de Shefford, mais évidemment,
quand c'est positif, il n'est pas pour demander ce qu'a fait le
ministère de l'Environnement.
Cela me permet, ce matin - j'en remercie le député
de...
Le Président: À l'ordre!
Mme Bacon: ...Saint-Hyacinthe - de souligner que, sous
l'initiative du ministère de l'Environnement, nous avons
créé récemment un fonds québécois
d'implantation de la collecte sélective et de réduction des
déchets solides, qu'on appelle le fonds mixte. Le mercredi 7 juin
dernier, j'ai présidé l'assemblée de création
officielle de ce fonds mixte qui regroupe plus de 400 entreprises, petites,
moyennes et grandes; on compte bénéficier d'un montant de 100 000
000 $ sur une période de sept ans.
D'ailleurs, je profite de l'occasion pour demander, pour encourager les
entreprises qui ne l'ont pas déjà fait à adhérer
à ce fonds mixte. Nous espérons qu'au-delà de 1000
entreprises le feront dans les prochaines semaines. Ces entreprises y mettront
en commun des sommes importantes pour favoriser, sur l'ensemble du territoire
québécois, la récupération des ressources
secondaires. Grâce à cette expérience
québécoise, une expérience unique en son genre, on le voit
par cette implication du secteur privé, le Québec est maintenant
résolument engagé dans l'importante démarche de
réduction des déchets solides et ce, avec des partenaires de
l'entreprise privée.
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, en additionnelle.
M. Messier: Oui. J'aimerais savoir de la ministre ce qui va
être fait concrètement avec ce fonds de 100 000 000 $.
Une voix: Ah oui, une autre bonne question!
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: Encore une excellente question, M. le
Président, du député de Saint-Hyacinthe.
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: D'ici dix ans, grâce à l'appui financier
de ce fonds, près de 35 % - c'est sérieux, M. le Président
- du volume des déchets pourront être recyclés pour en
faire de nouvelles matières de qualité. C'est très
important pour les Québécois. Il faut bien se rendre compte que
cette diminution de volume des déchets permettra de prolonger la
durée des lieux d'enfouissement au Québec.
Concrètement, le fonds mixte prendra la forme de soutien
financier au coût de démarrage de la collecte sélective, de
soutien à la recherche et au développement de nouvelles
technologies de récupération, de tri et de conditionnement.
Grâce aux sommes importantes investies dans ce fonds, on évalue
à près de 80 % le nombre de résidences du Québec
qui, en 1996, seront desservies par la collecte sélective. Voilà,
M. le Président, encore une fois, un exemple concret et probant
d'harmonisation entre l'économie et l'environnement. C'est un exemple
manifeste d'un concept de développement durable de l'environnement.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Shefford,
en
additionnelle.
M. Paré: Merci, M. le Président.
Le Président: En principale ou en additionnelle?
M. Paré: En additionnelle. Le Président: En
additionnelle.
M. Paré: Comment la ministre peut-elle être
crédible ce matin quand, en commission parlementaire,
dernièrement, lors de l'étude des crédits, elle disait que
son prédécesseur n'avait rien fait, qu'il n'avait fait que de
beaux discours concernant ce dossier et qu'on ne pouvait rien faire tant qu'il
n'y aurait pas une politique de gestion intégrée des
déchets? Là, vous nous parlez d'un fonds de 100 000 000 $, mais
il ne peut s'appliquer puisqu'il n'y a toujours pas de politique.
En plus, dans le discours que vous venez de faire, il y a un recul par
rapport au temps fixé par votre prédécesseur parce qu'on
parle maintenant de dix ans...
Le Président: M. le député. M.
Paré: ...au lieu de sept.
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, je disais tantôt que
nous espérions bénéficier d'un montant de 100 000 000 $
d'ici sept ans, et non d'ici dix ans. Pour les 100 000 000 $, c'est d'ici sept
ans.
Je suis très heureuse de la question du député
puisque ça me permet de dire que le dossier, le mémoire sur la
gestion intégrée des déchets a déjà franchi
l'étape du comité ministériel de développement
régional. Nous allons continuer à franchir ces dédales
administratifs - nous le savons, il y en a quelques-uns - pour pouvoir donner
à la population cette politique de gestion intégrée des
déchets qui complète et qui ferme ce dossier avec le fonds mixte
et la gestion intégrée des déchets. Je suis très
heureuse que ce soit le député de Shefford qui me permette de le
dire, nous allons retrouver ensemble, dans ce dossier, et la politique de
gestion intégrée des déchets et le fonds mixte. (11 h
20)
Le Président: Je vais reconnaître la dernière
question principale, ce matin, à M. le député de
Bertrand.
Politique de gestion des pneus usés
M. Parent (Bertrand): M. le Président, la ministre de
l'Environnement va avoir la chance, encore une fois, de nous annoncer des
bonnes nouvelles. On sait que le cas des pneus de Saint-Amable n'est toujours
pas réglé et qu'un nouveau dépotoir s'ouvre. Mme la
ministre, où est rendue votre excellente politique sur la gestion des
vieux pneus au Québec qui devait être annoncée en
décembre dernier?
Une voix: Elle est bien heureuse.
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement et
vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Bacon: ...il faudrait rappeler au député de
Bertrand que je suis ministre de l'Environnement depuis le 21 décembre.
Quant à la gestion des pneus de Saint-Amable, il faudrait
peut-être qu'on remette les choses dans leur propre contexte, M. le
Président. On entend bien éviter, au ministère de
l'Environnement, qu'il y ait d'autres dépotoirs comme celui de
Saint-Amable où il y a des millions de pneus hors d'usage et le
ministère est très vigilant comme le prouvent les avis que nous
avons donnés le 13 juin dernier.
Le contentieux du ministère étudie en ce moment - et d'une
façon très intensive - le dossier que l'on a mentionné
dans les journaux. Et, s'il y a lieu d'intenter des poursuites, nous
étudions la possibilité de le faire. Nous avons l'intention de
poursuivre si nous avons le dossier. Le dossier a aussi été
référé au service d'enquête, qu'on appelle notre
police verte, les enquêtes spéciales du ministère, pour
clarifier certains éléments de ce dossier. Et, contrairement au
premier site de M. Mireault, dans le cas présent il n'y a pas de droits
acquis et, selon la Commission de protection du territoire agricole, M. le
Président, ce terrain est zone agricole.
Le Président: Une dernière très brève
question additionnelle à M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Elle aura deux volets, M. le
Président. Où est rendue la politique sur la gestion des pneus
que la ministre elle-même a promise en cette Chambre pour avant la fin de
la session? Et où est rendu le dossier de Animât qui devait, en
février 1989, débarrasser Saint-Amable de 3 000 000 de vieux
pneus?
Le Président: Mme la ministre de l'Environnement.
Mme Bacon: Je suis très heureuse que le
député de Bertrand me permette de dire que le Conseil du
trésor a accepté notre dossier qui fait en sorte que près
de 5 000 000 $ seront accordés pour détruire les pneus hors
d'usage qui sont à
Saint-Amable...
Des voix: Bravo!
Mme Bacon: Merci beaucoup.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Bacon: Mais c'est déjà un pas en avant, M. le
Président, pour le règlement de ce dossier. Nous explorons en ce
moment différentes facettes de ce dossier pour que nous puissions
régler... Parce qu'il y a d'autres endroits. Je suis très
consciente de ça. Il n'y a pas que Saint-Amable. Il y en a d'autres au
Québec. On n'a qu'à penser à Franklin, M. le
Président, où il y a encore des millions de pneus hors d'usage.
Ils étaient là pendant le règne du Parti
québécois qui n'a jamais rien fait pour régler le
problème des pneus hors d'usage. Nous travaillons rapidement sur ce
dossier pour trouver un règlement au dossier des pneus hors d'usage pour
couvrir l'ensemble du Québec.
Le Président: Fin de la période
régulière des questions et réponses orales.
À l'étape des motions sans préavis et, à
l'occasion tout à fait exceptionnelle du décès de M.
Maurice Bellemare, j'aimerais céder la parole immédiatement
à M. le premier ministre.
Hommage à M. Maurice Bellemare et
condoléances à sa famille
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: M. le Président, le Québec a perdu
hier matin un ami fidèle, M. Maurice Bellemare, qui a assumé avec
dignité les fonctions de député de Champlain et de Johnson
ainsi que celles de ministre du Travail et de l'Industrie et du Commerce. Il
s'est en effet avéré l'un des grands serviteurs du Québec
dont il a défendu les intérêts avec acharnement et
constance.
Que ce soit à titre de whip adjoint, de leader parlementaire, de
chef intérimaire de l'Union Nationale, M. Bellemare était un
jouteur redoutable qui aimait passionnément la politique. Même
après sa retraite officielle de cette Assemblée, il avait repris
du service à titre de conseiller municipal de Saint-Jean-des-Piles.
De fait, M. Bellemare avait réussi plusieurs exploits politiques.
Depuis 1970, M. le Président, le Parti libéral n'a perdu qu'une
seule élection partielle sur près de 40. Et c'est
évidemment M. Bellemare qui avait remporté cette élection.
Si, pour notre humilité, il était nécessaire que nous
en perdions une, M. Bellemare était évidemment un
excellent choix.
En incarnant de façon admirable et exemplaire la loyauté
à son chef, la fidélité à son parti, le
dévouement envers ses concitoyens et le respect des Institutions, et
plus particuliè- rement de cette l'Assemblée nationale qu'il
aimait profondément, M. Bellemare fut sans doute l'un des plus
prestigieux parlementaires du Québec. Le lion franc et sincère
que j'ai eu le plaisir de côtoyer n'est plus, mais je conserverai de lui
le souvenir chaleureux d'un homme de coeur attachant et magnanime, d'un
travailleur infatigable qui a su, même dans les moments les plus
difficiles d'une carrière fort exigeante, garder bien vivante la flamme
des valeurs et des principes auxquels il croyait.
À sa famille, à ses amis et à tous ceux et celles
qui furent ses collaborateurs tout au long de sa carrière, j'adresse au
nom du gouvernement du Québec mes plus sincères
condoléances. Merci, M. le Président.
Le Président: Je remercie M. le premier ministre. Si j'ai
bien compris l'intervention de M. le premier ministre il y a consentement pour
débattre de cette motion.
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: Je vais reconnaître maintenant M. le
chef de l'Opposition sur la même motion sans préavis
présentée par le premier ministre.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Il va de soi que
nous appuierons cette motion. Vous me permettrez, dès le départ,
d'offrir mes plus sincères condoléances au nom de ma formation
politique et moi-même à Mme Bellemare et à toute sa
famille. Je voudrais souligner quelques faits puisque j'ai eu la chance de
connaître M. Bellemare en cette Chambre et j'ai eu la chance aussi de le
suivre au moment où il était ministre du Travail; à ce
moment-là, j'étais travailleur syndiqué. C'est le seul
ministre du Travail, je crois, qui a déjà été
syndiqué, soit dit en passant. Je pense que c'est tout à son
honneur. Ce qui m'a frappé chez cet homme et ce que je veux dire ici,
c'est qu'avec M. Barrette M. Bellemare est l'un des premiers à
être entrés dans cette Chambre n'appartenant pas à l'une
des professions dites libérales. Rappelez-vous, le Parlement,
anciennement, était réservé soit à des
médecins, à des avocats, à des dentistes ou à des
notaires. Peu d'ouvriers avaient accès à ce Parlement. Et ce sont
ces gens-là qui se sont fait valoir. Ils sont entrés au
Parlement. C'est avec fierté qu'il criait qu'il était "breakman",
serre-frein. C'est avec fierté qu'il disait qu'il venait de la base.
C'est avec fierté qu'il criait bien haut ses convictions. Je pense que,
comme orateur en cette Chambre, il n'avait aucune leçon à retirer
de tous ceux qui avaient suivi des cours. Il avait développé un
don naturel et un ton convaincant. Je crois que ce bonhomme-là vivait
véritablement ce qu'il disait. Il défendait ses citoyens avec
acharnement, quel que soit le comté qu'il a représenté. Il
faisait primer d'abord
et avant tout les intérêts de ses citoyens et même
quelquefois, il nous le disait, sur la ligne de parti. Il n'hésitait pas
à se lever pour défendre ses concitoyens et cela m'apparaît
fondamental. Cela pourrait peut-être nous servir de moment de
réflexion à nous, les parlementaires ici, de voir que ce qui
devrait d'abord nous hanter et nous préoccuper quotidiennement ce sont
les intérêts de ceux et celles qui nous permettent de
siéger ici en cette Chambre.
Je voudrais dire à M. Bellemare que je suis content de voir que
d'un humble travailleur on peut arriver à jouer un rôle
fantastique en cette Chambre. Il a gravi les échelons à
l'intérieur des gouvernements. Il a commencé comme whip, comme
responsabilité. C'est donc dire qu'il avait un leadership naturel sur
l'équipe. On lui a confié un rôle de rassembleur, qu'il a
bien joué d'ailleurs, pour arriver à être ministre du
Travail. Leader de l'Opposition en cette Chambre, il l'a été. Je
pense que c'est une leçon qu'on doit tirer et peut-être encourager
nos concitoyens à ce stade-ci, ceux qui ont peut-être horreur de
la politique, ceux qui pensent qu'on ne peut pas arriver à la politique
sans avoir des préparations intellectuelles majeures, non! Je pense que
M. Bellemare, comme Antonio Barrette dans Joliette, ont su démontrer
à la population qu'on pouvait se faire élire, qu'on pouvait
représenter adéquatement, dignement et être très
représentatif de son milieu.
Sans doute que le Québec perd un bagarreur hors pair en cette
Chambre. Je me souviens encore de ses façons habiles, il avait
même développé des habiletés en brandissant des
feuilles blanches et en disant: N'avez-vous pas écrit, M. le
ministre...? Et le ministre, qui signe beaucoup de lettres, n'était pas
sûr de lui. Il avait donc même développé une
habileté à aller ébranler ses adversaires et à leur
faire dire: Bien, peut-être, et à nuancer des propos. Moi, je
baisse mon chapeau devant quelqu'un qui a accédé à des
postes d'envergure, à celui de représentant de citoyens et qui
l'a fait aussi adéquatement. Je m'unis au premier ministre du
Québec et à tous les parlementaires pour souhaiter nos plus
sincères condoléances à toute sa famille. (11 h 30)
Le Président: Alors, je remercie, M. le chef de
l'Opposition. Maintenant, toujours sur la même motion sans préavis
présentée par M. le premier ministre, je vais reconnaître
M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. M. le
ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, la Mauricie et le
Québec viennent de perdre l'un de leurs citoyens les plus
dévoués. Comme homme politique, Maurice Bellemare s'est
bâti lui-même et s'est façonné au contact de ceux et
celles qu'il estimait le plus, c'est-à-dire ses électeurs d'abord
et les Québécois et les Québécoises.
Son dévouement, sa ténacité et son habileté
parlementaire sont des qualités qui ont caractérisé cet
homme politique tout au long de sa carrière. Il fut une source
d'inspiration pour de nombreux parlementaires, principalement ceux et celles
qui ont eu l'honneur de siéger à ses côtés, et je
suis heureux d'avoir eu ce privilège de 1974 à 1979, M. le
Président.
C'est dans l'arène politique qu'il a su se battre, se
défendre et réaliser ses rêves et ses désirs. Au nom
des Québécois, merci à Maurice Bellemare, cet homme
d'idées et d'action. Merci à Maurice Bellemare, cet homme de
parole respecté et respectable. Avec son départ, un chapitre de
l'histoire du Québec est écrit. À titre de
député de Maskinongé et de ministre de cette belle et
grande région et au nom de tous mes concitoyens et concitoyennes, je
voudrais exprimer mes sentiments de tristesse et de regret à Mme Blanche
Bellemare et à toute sa famille, qui ont su si bien l'appuyer au cours
de sa longue carrière.
Le Vice-Président: M. le député de
Lavio-lette et leader adjoint de l'Opposition.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Né à
Grand-Mère, Maurice Bellemare a vécu presque toute sa vie sur la
presqu'île, à Saint-Jean-des-Piles, ce lieu qu'il aimait voir et
revoir, où il allait chercher la tranquillité dont tout homme
politique a besoin. Je revois Maurice Bellemare dans la région de
Saint-Jean-des-Piles comme une personne qui a non seulement
façonné l'ensemble de notre vie régionale, mais aussi
celle de Saint-Jean-des-Piles. Lorsque les gens se rendaient à la messe
le dimanche à la petite chapelle de l'église de
Saint-Jean-des-Piles, ils allaient tous le voir pour lui demander des
renseignements, et Maurice était toujours là en train de jaser
avec eux.
À part son épouse, il y a une autre personne qui aura de
très profonds regrets à la suite de son départ. Cette
personne qui l'a suivi et avec laquelle j'ai eu l'occasion à plusieurs
reprises de m'entretenir, c'est M. Hilarion Doucet, qui était le
secrétaire-trésorier de la commission scolaire alors que
j'étais président du syndicat d'enseignants, qui était
secrétaire-trésorier de la municipalité alors que
j'étais député. C'est une personne qui a suivi Maurice
Beilemare durant toute sa vie et qui, j'en suis assuré, aura des regrets
très profonds à la suite de la perte d'un homme que j'ai eu
l'occasion de côtoyer non seulement quand j'étais jeune alors
qu'il faisait des discours sur les estrades, à l'époque, à
l'extérieur, dans les écoles où, parce que les moyens de
communication étant différents de ceux d'aujourd'hui, on
rassemblait énormément de gens. On allait écouter Maurice
Bellemare et on disait: Voilà un homme coloré, et, ce soir, quand
on va l'entendre parler, on va
avoir du plaisir. La disparition de Maurice Beliemare ferme un feuillet
de la vie mauricienne. Ce personnage ne laissait personne indifférent.
On pouvait aimer Maurice Beliemare et lui en vouloir à certains moments.
J'aurais même pu lui en vouloir lorsqu'il a eu des rencontres en 1985
dans mon comté avec le premier ministre pour demander de voter
libéral. Mais, malgré tout, Maurice Beliemare disait dans le
milieu que j'étais un député disponible pour ses
paroissiens et ses gens, et cela a donné le résultat qu'on
connaît. Je suis encore là pour louanger son travail et lui dire
qu'on n'était pas toujours sur la même longueur d'onde, mais, en
fin de compte, on doit respecter un homme qui avait des idées et qui les
défendait comme il le faisait.
J'aurai donc l'occasion d'être à l'église Saint-Paul
demain pour rendre un dernier hommage à M. Maurice Beliemare et offrir
à son épouse, à toute sa famille et à sa grande
famille politique les voeux de circonstance. Merci.
Le Vice-Président: Sur la même motion, je
cède la parole à M. le député de Richmond et whip
du gouvernement.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, ce n'est pas sans
émotion que je me joins à cette motion du premier ministre
voulant souligner le décès de M. Maurice Beliemare, un des
acteurs importants de la vie politique québécoise. Perdre un
ancien membre de l'Assemblée nationale constitue toujours un douloureux
événement. Dans le cas de M. Beliemare, notre consternation est
encore plus grande lorsqu'on fait un survol de ses réalisations et de
son action politique. Pour sa famille et ses amis, il n'y a pas de doute que la
peine est ressentie avec une très forte intensité. C'est donc
à eux, en premier lieu, que s'adressent mes condoléances les plus
sincères, au nom de tous mes collègues de l'Assemblée
nationale du Québec.
Au cours de sa vie politique, M. Beliemare a été au centre
de l'action, notamment par son rôle au sein du Conseil des ministres. On
connaît tout le respect qu'il éprouvait à l'égard de
la philosophie et des fondements défendus par l'Union Nationale. Au sein
du gouvernement, comme ministre du Travail, M. Beliemare énonçait
ses opinions avec franchise et fermeté. En même temps, il savait
faire en sorte de rallier les opinions parfois contraires lorsque le temps des
décisions importantes était venu.
En 1944, il devenait député de l'Union Nationale dans la
circonscription de Champlain. Il fut réélu à maintes
reprises. Il occupa, comme vous le savez, le poste de whip adjoint, de
même que le poste de whip à l'Assemblée nationale. Quand on
sait le travail que cela nécessite d'harmoniser des rapports humains,
pas souvent faciles à concilier dans le contexte d'une vie politique, on
doit lui en rendre hommage.
Il ne laissait personne indifférent, ce Maurice Beliemare.
Évidemment, le premier ministre y faisait allusion tantôt, on a
goûté à sa médecine. En particulier dans
l'élection partielle de Johnson où, on s'en souviendra, il avait
inventé le slogan "II faut battre les rouges". Je me souviens, parce que
j'ai pu avoir le privilège de siéger avec M. Beliemare en cette
Chambre, qu'il avait aussi inventé cette célèbre phrase
qu'il servait aux gens d'en face en les appelant, non pas le Parti
québécois, mais les gens du PQuiou. C'est maintenant passé
dans notre vocabulaire et c'est dû, en grande partie, à M. Maurice
Beliemare.
Maurice Beliemare, donc, une institution, une légende, une
bête politique, comme le disait si bien Normand Girard, hier encore, dans
un article. Fougueux et coloré, bourreau de travail, d'un
dévouement exemplaire à ses électeurs, qui le lui ont bien
rendu d'ailleurs, par un support indéfectible tout au long de sa
carrière politique. Un homme d'abord attaché à la
défense des intérêts des petites gens, un nationaliste
convaincu, M. Beliemare défendait avec beaucoup de précision et
d'acharnement les intérêts des Québécois.
D'ailleurs, tel a été l'enjeu de son implication en politique
active, comme député et ministre.
Lorsqu'il se retira de la vie politique, Maurice Beliemare cernait
l'actualité politique en mettant toujours l'accent sur le besoin d'une
plus grande autonomie du Québec au sein de la
Confédération. Sur le strict plan humain, M. Beliemare a toujours
été un homme foncièrement bon et généreux,
qui n'entretenait aucune amertume à l'égard de ses ennemis
politiques les plus acharnés. C'est d'ailleurs ce qui faisait le charme
de ce politicien à la carapace que tous savaient vulnérable.
Même au coeur de la bataille politique, M. Beliemare ne faisait aucun
quartier.
Oui, M. le Président, M. Beliemare peut être
qualifié de grand Québécois qui adorait sa province.
Doté d'une grande intelligence et d'un sens humain reconnu partout au
Québec et ailleurs au Canada, M. Beliemare aimait tout autant son pays
pourvu que le Québec y soit reconnu, disons-le, de façon
distincte.
Maurice Beliemare nous quitte en laissant derrière lui un travail
colossal et un souvenir impérissable pour l'ensemble des
Québécois. Nous offrons donc nos condoléances les plus
sincères aux membres de sa famille et aux amis qui l'ont
côtoyé tout au long d'une vie bien remplie. M. le
Président, le peuple québécois perd un de ses
défenseurs farouches et un de ses serviteurs émérites et
exemplaires.
Le Vice-Président: Je reconnais maintenant M. le leader de
l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, je voudrais tout simplement
joindre ma voix, comme leader
de l'Opposition officielle, à la proposition du premier ministre
pour rendre hommage à un grand Québécois disparu. M.
Bellemare a marqué sans aucun doute l'histoire politique du
Québec et celle de sa formation qui, malheureusement, n'est plus dans le
paysage politique du Québec. M. Bellemare a été un homme
d'action, simple et de conviction, un vieux parlementaire aguerri, bon jouteur,
député de Champlain et de Johnson. Il a rempli de multiples
fonctions parlementaires. Mais ce qui l'a toujours caractérisé -
et c'est ce qui est important aujourd'hui et qu'on doit rappeler à notre
mémoire - c'est que M. Bellemare a toujours représenté les
citoyens les plus démunis, ayant besoin de parlementaires qui se
préoccupent de leurs difficultés dans cette
société. (11 h 40)
M. Bellemare a toujours rendu les choses complexes d'une façon
très simple, au niveau de la population. Il parlait pour se faire
comprendre. Il parlait le langage de la population. Je pense qu'ici il a
donné à plusieurs jeunes parlementaires une bonne
expérience par sa fougue, sa détermination et, comme il le disait
lui-même, il a souvent prêché l'apostolat de la
présence parce qu'il prétendait qu'un bon parlementaire doit
d'abord et avant tout s'acquitter d'une de ses premières
responsabilités, participer activement aux travaux de l'Assemblée
nationale. J'ai eu l'occasion, dans le temps que la commission de
l'Assemblée nationale était sérieuse en cette
Assemblée - ce n'est plus le cas depuis plusieurs années, mais il
y a quelques années, la commission de l'Assemblée nationale
était une commission majeure et importante - comme jeune whip, en 1976,
j'ai eu l'occasion de travailler avec M. Bellemare et j'ai toujours
admiré sa détermination, son courage et sa façon, encore
là, d'exprimer simplement des choses qui pouvaient paraître
complexes.
Aujourd'hui, l'Assemblée nationale du Québec doit rendre
hommage à ce qu'il a fait et au bon souvenir qu'il laisse à
l'ensemble des Québécois. Je voudrais également profiter
de l'occasion pour offrir, au nom de l'Opposition officielle, nos sympathies et
nos condoléances à son épouse ainsi qu'à l'ensemble
de la famille immédiate de M. Bellemare, de même qu'à tous
les Québécois et les Québécoises qui avaient vu
là un très grand parlementaire. Merci.
Le Vice-Président: Je cède la parole à M. le
député de Champlain.
M. Pierre A. Brouillette
M. Brouillette: M. le Président, c'est pour moi
aujourd'hui un moment bien particulier que de pouvoir rendre un hommage
à un pionnier de la scène politique québécoise. M.
Maurice Bellemare nous a quittés. Homme politique respecté et
déterminé, homme de bataille et de convictions, M. Beliemare a de
tout temps lutté pour ceux et celles qui lui ont accordé leur
confiance.
Il a représenté la circonscription de Champlain en
cette Chambre, de 1944 à 1970, circonscription dont j'ai l'honneur
d'être le représentant depuis plus de trois ans. De 1974 à
1979, il a été député de Johnson. Il a
également été leader parlementaire de l'Opposition
officielle, leader du gouvernement, chef intérimaire de l'Union
Nationale, ministre de l'Industrie et du Commerce et ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre. De 1970 à 1972, il a été
président de la Commission des accidents du travail. Il fut aussi
ministre responsable d'Expo 67 et premier ministre par intérim à
plusieurs reprises.
M. le Président, est-il besoin de mentionner que cet homme, la
population le voyait comme un bâtisseur, un homme simple, engagé
et un communicateur extraordinaire? M. Bellemare, par ses nombreuses
connaissances et, doit-on ajouter, avec une forte stature et une voix on ne
peut plus imposante, a fait la preuve que, dans l'adversité comme dans
les moments de grandes joies, il n'y a rien de tel que de maintenir le flambeau
de nos croyances.
Son parti a traversé de grandes tempêtes comme, en d'autres
temps, il a vu briller le soleil. M. Bellemare, lui, a vaincu la tempête
puisqu'il a laissé la marque indélébile d'un homme fier de
ses convictions, d'un homme qui, même au coeur de l'affrontement,
orientait son action sur le respect dû à ceux et celles qu'il
représentait.
Je m'associe à la population de Champlain pour offrir à
son épouse et à toute sa famille mes condoléances les plus
sincères. C'est avec consternation que mes concitoyens et concitoyennes
de Champlain ont appris le décès de celui qui a été
leur représentant à cette Assemblée. Il fut et demeurera
pour nous de Champlain un symbole de réussite, de détermination,
de ténacité, un homme de coeur, un homme de tête. Il a
été un grand Québécois, qui a élevé
la fierté des gens de ma région au rang des bâtisseurs du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède la parole à M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, vous
me permettrez quelques mots pour exprimer ma sympathie à l'égard
de la famille de M. Bellemare et des nombreux amis qu'il laisse dans le deuil.
C'est tout le Québec qui lui rend témoignage aujourd'hui. Il est
décédé hier. C'était le 15 juin.
Cela me rappelait qu'il y a exactement une année, le 15 juin
1988, il avait réuni à Montréal tous les anciens ministres
du Travail, parce qu'en plus de son rôle de député, en plus
de son rôle de parlementaire, c'est peut-être le poste qu'il a le
plus apprécié comme membre d'un
gouvernement du Québec. Il a réussi à attirer
autour de lui tous ses prédécesseurs de quelque couleur politique
qu'ils étaient. On retrouvait parmi ses prédécesseurs
l'honorable juge Carrier Fortin. On retrouvait un ex-premier ministre du
Québec, Pierre Marc Johnson, un actuel juge de la Cour
supérieure, Raynald Frechette, et un animateur de
télévision et de radio, Jean Cour-noyer, aussi Pierre Marois et
Gérald Harvey. C'était pour nous tous qui avons assumé
cette fonction de ministre du Travail une source d'inspiration.
Quelqu'un a mentionné qu'il a été le seul ministre
du Travail - et je pense que c'est le chef de l'Opposition - à
être un ancien syndiqué. Il avait ce respect des travailleurs
qu'il a réussi à communiquer à tous ses successeurs. Il a
toujours travaillé dans le but de bien représenter ses
électeurs et, de façon plus globale, dans le but de bien
représenter les plus démunis de l'ensemble de la
société. Il est arrivé en cette Chambre avec très
peu de formation sur le plan académique. Il s'est immédiatement
attaqué à bien connaître le règlement de
l'Assemblée nationale et je pense que ceux qui ont eu l'occasion de
siéger avec M. Bellemare, de même que vos
prédécesseurs, M. le Président, sur ce trône vous
témoigneront qu'il était devenu un des plus habiles
parlementaires dans cette enceinte.
M. le Président, l'Union Nationale a eu des heures de gloire,
Maurice Bellemare y a participé. Aujourd'hui cette formation politique
connaît des difficultés et elle vient de perdre peut-être
celui qui incarnait encore de son vivant les derniers relents de cette
formation politique. Pour tout le travail que cet homme a accompli pour ses
électeurs, pour tout le travail qu'il a accompli pour l'ensemble des
Québécois et Québécoises, au nom des
électeurs de Brome-Missisquoi, au nom de mes prédécesseurs
comme ministre du Travail, au nom de l'actuel ministre du Travail, je tiens
encore une fois à offrir mes sympathies à sa famille
éprouvée, ainsi qu'à tous les amis que laisse Maurice
Bellemare. Merci.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé, est-ce que cette motion de condoléances
présentée par M. le premier ministre à l'occasion du
décès de M. Maurice Bellemare est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Il n'y a pas d'autres
motions sans préavis?
Nous allons maintenant passer aux avis touchant les travaux des
commissions.
Je cède donc la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: Merci, M. le Président. J'avise
l'Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission des institutions procédera a l'étude
détaillée des projets de loi suivants, dans l'ordre
ci-après indiqué: le projet de loi 140, Loi modifiant la Charte
des droits et libertés de la personne concernant la Commission et
instituant le Tribunal des droits de la personne; le projet de loi 137, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant l'application du
Code de procédure pénale.
Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et, si
nécessaire, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission des affaires
sociales poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
150, Loi modifiant la Loi sur les services de garde à l'enfance.
M. le Président, je rappelle également à
l'Assemblée qu'après les affaires courantes, jusqu'à 13
heures et, si nécessaire, de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude du projet de loi
d'intérêt privé 252, Loi concernant la ville de LaSalle.
Par ailleurs, j'avise l'Assemblée qu'en dérogation aux
règles de fonctionnement du règlement de l'Assemblée
nationale quant au délai de convocation des intéressés
dans le cadre de l'étude des projets de loi d'intérêt
privé, le mardi 20 juin 1989, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
la commission de l'aménagement et des équipements entendra les
intéressés et procédera à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
suivants et ce, immédiatement après l'étude du projet de
loi 248, Loi concernant l'École nationale de théâtre du
Canada, le projet de loi 265, Loi concernant la Régie intermunicipale de
gestion des déchets sur l'île de Montréal, et le projet de
loi 290, Loi modifiant la charte de la ville de Beauport. (11 h 50)
M. le Président, j'informe aussi l'Assemblée que le
mercredi 21 juin 1989, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission
de l'aménagement et des équipements poursuivra l'étude du
projet de loi d'intérêt privé 235, Loi modifiant la charte
de la ville de Saint-Hyacinthe, et ce, immédiatement après
l'étude du projet de loi 264, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal.
Le Vice-Président: Aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, est-ce qu'il y a des informations ou des questions? Ceci
met donc fin à la période des affaires courantes. Oui. M. le
leader de l'Opposition.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gendron: Au sujet des renseignements des travaux de
l'Assemblée, c'est le même renseignement qu'hier, quand on fait
l'appréciation des engagements financiers, on est toujours
étonnés que les engagements financiers ne soient pas
appelés. Je donne l'exemple des engagements financiers concernant les
Mines, 16 mois de retard, les Forêts, 16 mois de retard, Énergie
et Ressources, 17 mois de retard. C'est toujours le même retard
inacceptable. On dirait que le gouvernement ne veut pas que l'Opposition fasse
sa job de questionner sur les engagements qu'il prend, et ce sont des milliers
d'engagements du gouvernement qui n'ont pas été
étudiés par l'Opposition officielle. Donc, on se demande
pourquoi; quand le gouvernement entend-il convoquer les commissions
parlementaires pour étuder les engagements financiers?
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Je fais au leader de l'Opposition la même
réponse qu'on lui a faite hier. Il appartient aux commissions
d'évaluer les activités des ministères auxquels il a fait
référence et de déterminer quand viendra l'étude
des crédits dont nous parle le leader de l'Opposition. Ce n'est pas au
leader du gouvernement de déterminer ce matin, ni non plus la semaine
prochaine, quand on procédera à l'étude des crédits
en question. C'est une responsabilité qui appartient aux
commissions.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gendron: De tout temps, je l'ai indiqué hier et je vais
l'indiquer aux jours subséquents, le gouvernement a toujours eu
l'initiative d'indiquer aux présidents de commission, qui sont à
95 % tous des ministériels, donc membres du gouvernement, à la
suite d'informations du leader de s'acquitter de leurs
responsabilités... Si le leader du gouvernement ne dit pas au ministre:
II serait quasiment temps que tu fasses des engagements financiers, on en
pariera dans deux ans. C'est là-dessus que j'en ai.
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: II y a certaines commissions qui sont
présidées par des membres de l'Opposition. Contrairement aux
informations que vient de nous transmettre le leader de l'Opposition, les
commissions ne sont pas présidées à 95 % par des
députés ministériels. Ce n'est pas vrai. Il y a des
commissions qui sont dirigées par des membres de l'Opposition. De
là l'information que je donnais qu'y appartient aux commissions de
décider quand on procédera à l'étude des
engagements. Je prends quand même note des remarques quant au rôle
que le leader peut jouer quant aux influences à apporter à ces
commissions-là.
Le Vice-Président: Je ne veux pas faire de débat
là-dessus. Je veux simplement rappeler le règlement, l'article
293, aux engagements financiers. Chaque commission consacre au moins une
séance par trimestre à la vérification des engagements
financiers qui sont de sa compétence. L'article 120 stipule que, de leur
propre initiative, les commissions étudient les engagements financiers.
Donc, je pense que c'est de la compétence des commissions. Je ne
voudrais pas permettre un débat chaque fois qu'on donne des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée. D'ailleurs, les
informations pour que les commissions siègent sur l'étude des
engagements financiers sont données par la présidence, sur
information des présidents de commission, et non du leader du
gouvernement.
Cela clôt cette question. Je voudrais maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 85 du feuilleton, s'y vous plaît.
Le Vice-Président: À l'article 85 du feuilleton,
nous allons maintenant poursuivre l'étude des crédits
budgétaires supplémentaires no 1 pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1990, déposés par le
ministre des Finances et renvoyés pour étude en commission
plénière le 7 juin 1989. M. le leader adjoint du gouvernement,
pour le programme des travaux de la commission plénière.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, je fais donc motion
pour que l'Assemblée se constitue en commission plénière
à partir de maintenant, en indiquant que pour l'étude des
crédits on procédera ce matin, pour une période d'une
heure trente, à l'étude des crédits du ministère de
l'Environnement, sous la responsabilité de Mme la ministre de
l'Environnement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Nous en faisons donc un ordre de
l'Assemblée.
Une voix: Oui.
Le Vice-Président: Très bien. Donc, la commission
plénière devra se réunir pour une durée maximum
d'une heure et trente, pour procéder à l'étude des
crédits supplémentaires no 1 avec, comme invitée, Mme la
ministre de l'Environnement. Est-ce que la motion pour constituer
l'Assemblée nationale en plénière est adoptée?
M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président: En conséquence,
l'Assemblée nationale se transforme donc en commission
plénière.
Commission plénière
Étude des crédits supplémentaires
n° 1 pour l'année financière 1989-1990 (suite)
M. Saintonge (président de la commission
plénière): À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission plénière se réunit pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires supplémentaires no
1 pour l'année financière se terminant le 31 mars 1990.
Conformément à l'ordre de l'Assemblée, nous accueillons
maintenant, pour une période maximum d'une heure et trente minutes, Mme
la ministre de l'Environnement. Je cède donc la parole à Mme la
ministre de l'Environnement pour ses remarques préliminaires.
Ministre de l'Environnement
Remarques générales
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Dans son discours sur
le budget du 16 mai dernier, le ministre des Finances réaffirmait
l'intention du gouvernement d'accentuer ses efforts en matière de
protection de l'environnement et il ajoutait une somme de plus de 10 000 000 $
aux crédits budgétaires du ministère. Ces crédits
s'élèvent maintenant à quelque 426 000 000 $, ce qui
représente une hausse de plus de 63 000 000 $ par rapport aux
crédits de l'année financière 1988-1989.
Ces crédits supplémentaires ont été
prioritairement affectés a la réduction des rejets industriels,
à l'élimination de déchets dangereux entreposés
à Saint-Basile-le-Grand et à Shawini-gan-Sud, à
l'évaluation des bénéfices environnementaux
engendrés par la mise en place du programme d'assainissement des eaux,
à la gestion des déchets solides, à la réfection de
nos ouvrages hydrauliques, aux contrôles et suivis de la
réglementation existante, ainsi qu'au mandat qui a été
confié à la commission d'enquête sur les déchets
dangereux. (12 heures)
Comme vous le savez, le programme de réduction de rejets
industriels vise à diminuer de 75 %, sur une période de dix ans,
la pollution de source industrielle et ce, en resserrant les exigences
environnementales ainsi que les contrôles dans ce domaine. Ainsi, outre
les 2 000 000 $ accordés au cours de l'exercice financier 1988-1989 pour
mettre en oeuvre ce programme d'envergure, nous avons ajouté aux sommes
déjà prévues dans l'enveloppe budgétaire du
ministère, pour l'exercice financier 1989-1990 une somme
récurrente de quelque 2 000 000 $. Le champ d'action global qu'est celui
de la réduction coordonnée du traitement des rejets industriels
se verra attribuer des crédits globaux de Tordre de 26 700
000 $ et plus de 200 personnes y travailleront.
Afin de réduire les risques de catastrophes environnementales, il
y a lieu de procéder à l'élimination des déchets
dangereux qui sont entreposés sur l'ensemble du territoire
québécois. Nous sommes à la recherche de solutions pour
les diminuer. Certains de ces déchets doivent être
transportés et traités à l'extérieur du territoire
québécois. Ainsi, le ministère investira une somme de 5
090 000 $ dans le transport et l'élimination des BPC et autres
déchets dangereux entreposés sur les sites de
Saint-Basile-le-Grand et de Shawinigan-Sud. De plus, au cours du présent
exercice financier, le ministère révisera le règlement sur
les déchets dangereux.
Le programme d'assainissement des eaux du Québec existe depuis
dix ans environ et ce programme est bien enclenché dans plusieurs
régions du Québec. Il importe, à ce stade-ci, de
vérifier si les objectifs environnementaux visés initialement
sont atteints. Le ministère entend donc consacrer plus de 400 000 $
à la mise en place d'un réseau de stations
d'échantillonnage sur la qualité physique ou chimique et
bactériologique des cours d'eau pour suivre l'évolution de la
qualité de l'eau des rivières qui sont visées par le
programme d'assainissement des eaux. Celui-ci vise présentement les
rivières L'Assomption, Yamaska, Saint-François, Chaudière,
du Nord, Richelieu, Nicolet et Bécancour et s'étendra
dorénavant aux huit rivières suivantes, soit des Outaouais, des
Mille-Îles, Saint-Maurice, Matapédia, Etchemin, Châteauguay,
Saint-Charles ici a Québec et Sainte-Anne dans Portneuf. Ce
réseau d'échantillonnage de la qualité des eaux permettra
au ministère d'évaluer le degré de
récupération des cours d'eau.
Chaque année, le Québec produit quelque 6 000 000 de
tonnes métriques de déchets solides et, mis à part les 900
000 tonnes de ressources secondaires qu'il est possible de
récupérer, il reste encore 5 600 000 tonnes métriques
à traiter et à éliminer dans les quelque 72 lieux
régionaux d'enfouissement sanitaire. Ces lieux d'enfouissement
deviendront, à brève échéance, insuffisants et nous
devons mettre en place une politique intégrée de gestion des
déchets solides et, dans ce contexte, le ministère consacrera 1
000 000 $ à des ententes avec les industries et un programme d'aide
technique afin de réduire le volume des déchets à enfouir,
de concert avec les industries et de concert aussi les municipalités et
les entreprises de récupération.
Ces crédits serviront également à développer
des mécanismes de concertation avec les différents intervenants
et aussi à resserrer le contrôle des lieux d'enfouissement et
d'élimination des déchets solides. La politique de gestion
intégrée des déchets solides repose sur des engagements de
principe qui sont pris entre le ministère de l'Environnement et quelque
400 entreprises pour la constitution d'un Fonds d'implantation de la collecte
sélective et de réduction des déchets. Il y a lieu de se
réjouir,
M. le Président, que le secteur privé et le secteur public
se soient associés dans cette entreprise de protection et
d'assainissement de l'environnement.
Vous savez que le ministère de l'Environnement gère
environ 200 ouvrages hydrauliques ayant pour fonction de régulariser le
débit de l'eau des rivières, tout en répondant à
d'autres besoins tels que les besoins hydroélectriques, la pêche,
la baignade et autres activités nautiques. Afin de maintenir ces
ouvrages en bon état, le ministère de l'Environnement
négocie avec la Société immobilière du
Québec la mise en oeuvre de travaux de réfection afin de trouver
un mécanisme administratif qui régisse leur financement. Ce
programme entraînera des investissements de plus de 37 000 000 $ au cours
des dix prochaines années financières dont 24 000 000 $ d'ici la
fin de celle de 1991-1992. Et, toujours à ce chapitre, le
ministère de l'Environnement affectera au service de la dette ainsi
engendré des crédits se répartissant ainsi: 200 000 $ au
cours du présent exercice financier, 700 000 $ et 1 900 000 $ au cours
des deux années subséquentes. Et mon collègue, le ministre
délégué à l'Environnement, pourra répondre
aux questions du député de Shefford sur ce dossier des ouvrages
hydrauliques.
Tous les efforts mentionnés seraient vains si nous ne pouvions
nous assurer du contrôle et du suivi de la réglementation
existante. À cette fin, on ajoutera, au cours de l'exercice financier
1988-1989, quelque 63 personnes aux inspections et aux enquêtes dans le
cadre du plan d'action pour assurer la sécurité environnementale
au Québec. Le ministère ajoutera donc quelque 17
personnes-années à son personnel en régions pour faire
respecter ses lois et ses règlements et ce, dans plusieurs domaines dont
le suivi de la qualité des eaux potables, le contrôle aussi des
installations septiques et le traitement des eaux usées hors
réseau.
Le ministère de l'Environnement a octroyé au Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement des crédits de 660 000 $ pour
les fins de la Commission d'enquête sur les déchets dangereux. Je
me permets de vous rappeler, M. le Président, le mandat que j'ai
confié à cette Commission et qui est le suivant: d'abord
procéder à une revue exhaustive des technologies
d'élimination qui seraient immédiatement réalisables et
acceptables sur le plan social, environnemental et économique; aussi,
évaluer les rôles respectifs et le partage des
responsabilités entre les secteurs public et privé et faire une
recommandation quant au processus de sélection des lieux
d'élimination et aux critères de localisation à
respecter.
Cette enquête aura l'avantage de donner lieu à un
débat public majeur sur toutes les questions qui sont reliées
à la gestion, à l'élimination des déchets dangereux
dans un contexte faisant ressortir l'information la plus complète et la
plus objective possible. Elle permettra aussi d'associer la population à
la recherche, à la mise en place et à des solutions qui
s'avéreront plus avantageuses sur le plan de l'environnement et de
l'économie.
Ce sont les remarques que je voulais faire tout de suite au début
de cette commission.
La Président (M. Salntonge): Merci, Mme la ministre de
l'Environnement. Je cède la parole à M. le député
de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, alors, merci, M. le Président Je dois
dire que je suis moins satisfait que la ministre. Je ne prendrai pas grand
temps je vais surtout garder du temps pour poser des questions. C'est à
la lumière des chiffres et des gestes posés, qu'on
s'aperçoit de la volonté et de la détermination de faire
ou non de l'environnement une priorité. Quand la ministre disait de son
prédécesseur que c'était un grand penseur mais un petit
faiseur, on est obligés de constater que c'est la vérité
mais l'inquiétude que nous avons c'est que cela se poursuive. Nous
aurions espérer que cela ne se poursuive pas et que cela change mais je
dois dire qu'il n'y a rien dans les chiffres élaborés
présentement qui me prouve qu'au-delà des beaux mots on a
l'intention de poser des gestes concrets plus rapidement que le
prédécesseur de la ministre actuelle.
Très rapidement, quand on parle globalement des montants
investis, on s'aperçoit qu'en dollars constants avec ce qu'on ajoute la
cela va faire à peu près quelque chose comme 20 000 000 $ ou 21
000 000 $ de plus par rapport au budget de 1985-1986. Si on regarde cela sur la
base du nombre d'années concernées, cela ne fait pas beaucoup par
année pour ce qu'on veut être une priorité. Cela, c'est
quand on enlève évidemment ce qu'est le service de la dette pour
le programme d'assainissement des eaux usées. C'est comme cela qu'on
doit comptabiliser parce que c'est un programme à part, spécial
qui prend beaucoup d'argent, qui a été mis sur pied par le Parti
québécois, qui a juste été ralenti et qui se
poursuit. Mais quand on regarde en dollars sur lesquels on veut investir pour
des nouvelles missions ou de nouvelles priorités du ministère, je
dois vous dire qu'on n'y va pas à grand coup. Si je veux maintenant
revenir plus près de ce qui nous concerne aujourd'hui, on est ici pour
ce qu'on appelle les crédits supplémentaires 1989-1990. Nous
étions en droit de nous attendre aujourd'hui, à tout le moins,
à ce que nous soyons assis pour discuter de quelque chose qui soit
l'équivalent et qui nous dise que c'est 12 700 000 $.
Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas longtemps dans le discours sur le budget
du ministre des Finances on nous disait: La qualité de l'environnement,
un besoin prioritaire de la société québécoise, on
va ajouter des crédits additionnels de 12 700 000 $. On pouvait
s'attendre à cela, on
pouvait le décortiquer. On nous disait où on le
plaçait finalement. Tout ce qu'on pouvait dire là-dessus, nous
autres, c'est un peu ce que les écologistes ont dit dans le journal du
18 mal: Des écologistes qualifient de mirage vert les millions de
dollars de plus accordés à l'Environnement. Un mirage, c'est ce
que nous disions effectivement nous aussi. Ce n'est pas avec un ajout de 12 700
000 $ qu'on va vraiment régler les problèmes persistants, les
nouveaux problèmes qui s'ajoutent et qui croissent dans la
société québécoise un peu partout, cela s'allume
comme des feux de paille. Je ne dis pas cela parce que je suis content. Je
trouve cela malheureux et je voudrais qu'on y aille plus rapidement et plus
efficacement pour régler ces problèmes. Mais on était,
à tout le moins, en droit de nous attendre aujourd'hui à
être assis ici pour discuter des 12 700 000 $ que le ministre des
Finances a promis d'ajouter. Mais non, quand on fait le calcul de ce qui nous
est soumis dans le cahier, on se retrouve avec 10 390 000 $. Donc, il y a
encore un manque à gagner de plus de 2 000 000 $ par rapport à ce
qu'on nous avait dit. (12 h 10)
Déjà, en l'espace d'un mois, on se retrouve avec une
baisse de plus. C'est 2 000 000 $ de moins que ce à quoi on s'attendait,
même si c'était déjà presque inacceptable tellement
c'était bas. On aura l'occasion, je l'espère, dans l'heure et
demie qui va suivre, d'aller plus à fond dans des dossiers
spécifiques. Je suis heureux qu'on puisse le faire parce que la ministre
a même parlé, dans ses quelques commentaires préliminaires,
entre autres des BPC, des déchets solides, des sites d'enfouissement et
du Bureau d'audiences publiques en environnement.
Ce sont des sujets préoccupants qu'on n'a malheureusement pas le
temps d'approfondir suffisamment habituellement, et surtout pas à la
période de questions, mais là, on va avoir un peu plus de temps.
De ce côté-là aussi, j'ai une très grande
inquiétude quand je vois que, dans le discours sur le budget, M.
Levesque, le ministre des Finances, nous disait qu'il injecterait 8 100 000 $
au cours du présent exercice financier pour débarrasser
Saint-Basile-le-Grand et Shawinigan-Sud des BPC. Dernièrement, dans les
journaux - je vais le retrouver tantôt - on lisait qu'on était en
négociation, que les soumissions devraient être ouvertes
aujourd'hui et qu'on essaierait de procéder rapidement pour transporter
les BPC des deux endroits que je viens de mentionner. Je vais ressortir
tantôt également ce que disait la ministre lors de l'étude
des crédits, à savoir que tout était réglé,
attaché, sûr, et que ça ne pouvait pas aller ailleurs qu'en
Alberta, même si on avait envisagé d'aller ailleurs parce que
ça coûterait trop cher d'aller en Angleterre.
Maintenant, on a pris une autre décision qui va nous amener
ailleurs et qui va nous coûter quelque chose comme 3 000 000 $ à 4
000 000 $ de plus, au dire même de la ministre. Pourtant, ce matin, on a
une demande de crédits supplémentaires qui nous ramène
à 5 969 000 $. Ce n'est donc déjà pas suffisant pour ce
qu'on avait. Ce n'est déjà pas suffisant pour qu'on les
transfère cette année et c'est moins que ce que le ministre des
Finances nous a promis il y a un mois. On est déjà avec des
sommes moindres que ce qui nous avait été promis H y a presque un
an comme priorité. Je dois vous dire que c'est encore plus
inquiétant quand on regarde les chiffres de ce matin, et ce
l'était déjà passablement dans le discours sur le budget
du ministre des Finances. On tiendra encore de beaux discours, mais je ne suis
pas sûr qu'on va réaliser grand-chose.
Je poserai certainement des questions très précises
concernant les BPC. Il faut qu'on soit clair là-dedans, qu'on soit clair
quant à ce qu'on a l'intention de faire pour les BPC de
Saint-Basile-le-Grand et pour les BPC de Shawinigan-Sud, ce qu'on a l'intention
de faire de Sen-neterre. Les gens sont en droit d'être informés
là-dessus, et sur ce qu'on a l'intention de faire aussi avec les lieux
d'enfouissement sanitaire et avec le BAPE.
À ce sujet, je l'ai cité en commission parlementaire et je
vais certainement le réutiliser, on a un document confidentiel qui dit
que le ministère n'a même pas fait la demande pour les 1 300 000 $
nécessaires pour permettre au BAPE de faire une enquête correcte
concernant l'élimination des déchets toxiques. On ne retrouvait
rien ou, en tout cas, ce n'était pas du tout dit de façon claire
et explicite dans le discours sur le budget du ministre des Finances, mais on
retrouve aujourd'hui 660 000 $ pour le BAPE, dans le document qui nous est
soumis. Je dois vous dire que c'est heureux de le retrouver là.
Même si ce n'est pas suffisant, cela répond au moins à ce
qu'on a demandé, après qu'on ait critiqué le fait que ce
n'était pas là. Mais ce n'est même pas suffisant pour les
travaux normaux du BAPE. Cela permet encore moins l'enquête
spéciale urgente pour l'élimination des déchets toxiques
et, en plus, il serait urgent qu'on entreprenne cette fameuse commission, en
modifiant même... Et vous y avez un peu fait allusion tantôt dans
vos commentaires préliminaires en disant que, si on veut que cette
enquête soit correcte et juste et qu'on tienne compte de tous les dangers
des déchets toxiques et dangereux, il faudrait inclure les
déchets en provenance des États-Unis, sinon au minimum 70 000
tonnes de déchets toxiques vont entrer et on n'aura pas suffisamment de
droit de recours. Il faut s'en donner, si on n'a pas le courage politique
d'aller au-delà de ça et d'empêcher l'entrée des
déchets toxiques des États-Unis.
Le BAPE devrait en plus entreprendre très rapidement une autre
enquête, celle sur les lieux d'enfouissement sanitaire. Partout au
Québec, on a des problèmes avec ça. Vous me parlerez de
votre fameuse politique intégrée des déchets
solides par laquelle on veut en éliminer 30 %, d'ici à dix
ans, avec le fameux fonds mixte de 400 000 000 $ sur lequel on va revenir plus
tard. Il va toujours nous rester 70 % du contenu de nos petits sacs verts
actuels qu'il faudra envoyer dans les sites d'enfouissement sanitaire. Quand on
sait qu'en 1993, Melocheville et Miron à Montréal seront pleins,
H faudra aller ailleurs. C'est comme ça dans bien d'autres sites
d'enfouissement qu'on connaît aujourd'hui, où H y a saturation
à court ou à moyen terme. À long terme, il faudra en
trouver d'autres. Tout le monde comprend ça. Tout le monde accepte qu'on
doive enfouir, mais personne ne veut avoir les ordures dans sa cour. La
façon de le faire accepter aux gens ou de les faire participer à
trouver la solution serait une enquête publique du BAPE. Le
problème est rendu suffisamment gros, suffisamment important,
suffisamment d'actualité pour qu'on aille consulter les gens, pour qu'on
ait des études d'impact et qu'on finisse par rationaliser ce secteur si
important de l'environnement.
Encore hier soir, en commission parlementaire, aux affaires municipales,
il était question d'un agrandissement pour l'amélioration d'un
site d'enfouissement dans le comté d'Argenteuil. Je comprends les gens.
Ils sont pris avec des problèmes. Même les sites d'enfouissement
actuels ont des problèmes de pollution, de drainage par rapport à
l'environnement, à l'agriculture et à la culture. On veut en
implanter ailleurs. Certaines municipalités veulent en avoir, parce que
c'est payant; les citoyens ne veulent pas. D'autres ne veulent pas et risquent
de se le faire imposer. Ce n'est pas normal qu'on s'en aille dans cette voie et
qu'on parle de récupération, de recyclage, de cueillette
sélective sans, en même temps, avoir une vision très large
en ce qui concerne les sites d'enfouissement sanitaire.
Pour les déchets solides, on reviendra tantôt plus
spécifiquement sur le fonds mixte en regardant la contribution que
l'État a l'intention d'y faire. Comment se fait-il qu'au moment
où on se parle, la politique ne soit pas encore déposée?
Elle devrait l'être. J'ai rencontré dernièrement des gens
intéressés qui ont été sollicités. Ils sont
parmi les 400 dont vous avez traité tantôt, Mme la ministre. Ils
me disaient: J'ai eu un premier contact tout dernièrement, mais je ne
sais plus ce qui arrive avec ça. Je ne sais plus ce qui arrive avec le
fonds mixte. On m'a dit: Tu devrais embarquer là-dedans. Ton entreprise
va devoir fonctionner avec cela - il s'agissait d'une entreprise du secteur
alimentaire - mais je n'ai jamais eu d'autres nouvelles.
Qu'est-ce qui va arriver avec le fonds mixte? Je vais repéter ce
que vous avez dit en commission parlementaire: On pourra le gérer,
planifier, aller chercher des fonds et décider ensuite de la
façon dont on va les dépenser quand la politique sera
déposée. En attendant, on n'a pas de structures. C'est bien
sûr qu'on n'est pas ici seulement pour faire des structures, mais cela en
prend pour fonctionner.
Dans le cas de la cueillette sélective, on a créé
beaucoup d'espoir. Beaucoup de villes sont en train de mettre sur pied ou
d'élaborer des projets de cueillette sélective, de recyclage ou
de récupération. Mais, en même temps, des documents de
votre ministère, des documents sortis dernièrement... Je pourrais
vous en citer un. On en retrouve beaucoup d'autres ailleurs aussi. Ainsi, le
journal Franc Nord, citant des groupes écologiques du
Québec, dit que le problème de marché doit être
réglé. SI ce problème n'est pas réglé, on va
créer de fausses espérances, des illusions et on risque... On y
dit qu'à ne faudrait pas que se termine ainsi le rêve
écologique de la récupération et du recyclage. Le
problème de marché doit être réglé, sinon
tout ce qui est récupéré religieusement pourrait finir
dans un site d'enfouissement. C'est exactement ça parce qu'on n'a pas,
au moment où on se parle, d'usine de désencrage au Québec
pour le papier. Les gens de bonne foi récupèrent en voulant
protéger nos forêts mais on envoie ça en Europe ou aux
États-Unis, on subventionne les surplus de papier journal qu'on
récupère. D'autres récupèrent des plastiques et des
bouteilles qui traînent en attendant des entrepôts parce qu'on ne
sait pas quoi en faire.
On a un problème majeur, comme société. On a des
urgences en matière d'environnement. À preuve, on n'a qu'à
regarder le document du Parti libéral du Québec pour les
prochaines élections. On en fait un des points majeurs. Mais
au-delà des beaux discours, comment va-t-on régler maintenant? Je
ne pense pas que cela devienne seulement un sujet de société pour
l'avenir.
Il faut qu'on pose des gestes maintenant, parce qu'il y a des choses
graves qui sont en train de se passer. Je conclus là-dessus. On n'a
qu'à penser à ville Mercier, à Sainte-Martine, à
Saint-Jude de Châteauguay, à toute cette région. Il ne faut
pas l'oublier, le sud-ouest de Montréal, ce qu'on appelle le jardin du
Québec, c'est là même où on a une "cannerie",
où on va chercher à peu près les meilleurs légumes
du Québec pour les mettre en boîte. Et on s'aperçoit qu'il
y a là du danger pour la santé et la sécurité des
citoyens. Déjà, les gens n'ont pas le droit de consommer l'eau de
leur puits. Imaginez-vous, comme société, on est rendus où
il faut subventionner à coups de millions, à cause de la
négligence passée, des aqueducs publics pour faire abreuver les
vaches et pour faire arroser nos champs. C'est quelque chose. Cela coûte
bien moins cher de prévenir aujourd'hui, de prendre nos
responsabilités, de mettre nos culottes longues et de nous assurer que
l'eau va être en quantité et en qualité suffisantes partout
dans nos rivières, nos lacs et nos champs.
Quand les nappes phréatiques sont attaquées comme elles le
sont présentement, je dois vous dire que, comme société,
pour les générations qui vont nous suivre, c'est
inquiétant. Comme
disent les Indiens, et je pense que ça vaut la peine de le citer:
On n'a pas hérité du territoire et de l'environnement qu'on
utilise présentement. On l'emprunte seulement aux
générations qui nous suivent. Merci, M. le Président. (12
h 20)
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre de
l'Environnement.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, M. le député de
Shefford a fait un long plaidoyer, un long discours. Je vais essayer de
répondre - j'ai pris quelques notes - à ce qu'il vient d'avancer.
D'abord, j'aimerais dire au député de Shefford qu'il y a tout de
même un effort financier du gouvernement qui est fait et qui est
considérable. Face aux contribuables qui ne veulent pas payer plus de
taxes, je pense que le député de Shefford va être d'accord
avec moi: II faut trouver les sommes nécessaires à
l'intérieur du budget pour l'environnement parce qu'on croit à la
protection de l'environnement. Si on se reporte à 1987-1988, on voit que
le budget qui avait été voté était de 308 210 000 $
et en 1988-1989, de presque 355 000 000 $, pour arriver en 1989-1990 à
426 615 000 $. Je pense qu'il y a quand même une progression qui est
faite et qui est considérable, avec laquelle on améliore la
qualité de l'environnement et on améliore aussi le traitement des
dossiers qui sont en cours au ministère de l'Environnement.
En fin de compte, ce sont les contribuables qui paient la note, et je
peux dire qu'à l'intérieur des budgets, où on ne veut pas
augmenter les taxes au Québec parce que les Québécois, on
le sait, sont bien taxés, nous essayons de faire cet effort financier
par rapport à l'environnement. On parle de 10 000 000 $, on parle de 12
000 000 $. C'est vrai qu'il reste 2 000 000 $ au fonds de suppléance du
ministre des Finances qui est mis à la disposition du ministère
de l'Environnement. Ce qu'oublie de dire le député, c'est que
c'est évident que dans le dossier des BPC, au moment où nous
sommes en pleine demande de soumissions publiques, cela aurait
déclencher un signal aux gens qui font ces soumissions, que de donner un
montant exact au public sur les montants qui sont réservés pour
Saint-Basile.
Le député de Shefford' serait le premier à nous en
vouloir de faire une surchauffe et de faire en sorte qu'il y ait plus d'argent
que nécessaire qui soit dépensé. Si on avait mis un
montant exact directement sur la place publique pour ce dossier, M. le
Président, et je peux mentionner que ces 2 000 000 $ sont aujourd'hui au
fonds de suppléance pour le même dossier parce que les soumissions
seront ouvertes cet après-midi et qu'il est trop tard pour que les gens
présentent des soumissions... Il faut quand même avoir cette
sagesse de gouverner et d'être capable de respecter certaines normes de
décence quand on gouverne.
Ce dossier est en cours, est enclenché. Les soumissions seront
ouvertes cet après-midi, il y aura clarification de ces soumissions qui
sera faite lundi. Le 27, le Conseil du trésor sera saisi du dossier et
le 28, le Conseil des ministres. C'est un dossier qui continue de se
régler. J'espère que le député ne nous fait pas
objection à ce que nous ayons procédé par des soumissions
publiques, en parlant de l'Alberta. Nous avons travaillé dans le dossier
de l'Alberta ensemble sur la place publique, avec la plus grande ouverture
possible. Nous avons poursuivi nos démarches dans le dossier avec un
échéancier précis. Nous devions faire partir les BPC de
Saint-Basile le plus rapidement possible.
En cours de route, l'Alberta nous annonçait récemment
qu'elle était prête à accepter les BPC liquides, mais nous
imposait comme condition, quant aux BPC solides et aux transformateurs, de les
envoyer seulement à partir de janvier 1990. Donc, cela ne veut pas dire
qu'ils auraient tous quittés Saint-Basile en janvier 1990, mais à
partir de janvier 1990, ce qui nous amenait au printemps de 1990 pour
l'ensemble des BPC de Saint-Basile. M. le Président, on a pris des
engagements envers cette population, on va les respecter. Nous voulons que les
BPC quittent Saint-Basile le plus rapidement possible. Nous avons gardé
des contacts, des lignes de communications ouvertes avec le maire de
Saint-Basile, nous l'avons mis en connaissance de cause chaque fois que nous
avons pris des décisions. Il connaît bien le dossier, donc il peut
relayer l'information à sa population et c'est pour ça que nous
avons voulu trouver des alternatives. Et même en cours de route, M. le
Président, pendant que nous négociions avec l'Alberta, nous avons
regardé les alternatives qui étaient devant nous et nous avons
trouvé dans ces alternatives la possibilité de faire des
soumissions publiques et ces soumissions qui seront ouvertes cet
après-midi nous diront le coût global de ce dossier.
Ce qui est important, c'est de libérer la population de
Saint-Basile des BPC et le député de Shefford aurait
été le premier à nous reprocher de ne pas avoir
cherché des solutions alternatives. Il aurait été le
premier à nous le dire et j'espère qu'il ne veut pas que la
population de Saint-Basile garde ses BPC longtemps, encore une année, M.
le Président. Je pense que je ne dois pas lire la pensée du
député quand je pense qu'il voudrait que les gens les gardent
encore un an. Il nous fait des remarques négatives par rapport au geste
qu'on a posé d'aller chercher en soumissions publiques la
possibilité de régler ce dossier rapidement et non attendre, de
remettre à janvier 1990 le départ du premier container de
déchets BPC solides, M. le Président.
On a tenté de négocier et d'envoyer les 26 containers qui
contiennent des solides et des liquides dans un premier convoi qui aurait
quitté par voie ferrée Saint-Basile pour se rendre en
Alberta. Cela n'a pas été possible cette
négociation que nous avons eue avec l'AIberta qui refuse d'entreposer
parce qu'elle veut absolument, au moment où elle reçoit les BPC,
pouvoir les détruire. Donc, ça veut dire qu'il fallait se
retourner rapidement, aller en soumissions publiques, garder des sommes chez le
ministre des Finances, comme nous en avons eues avec le Conseil du
trésor pour pouvoir, une fois que les soumissions seront ouvertes, avoir
les sommes nécessaires qui répondent au besoin de ce projet
d'éliminer rapidement les BPC de la carte de Saint-Basile.
Alors nous allons continuer à procéder et nous
espérons rapidement. Dans le devis nous avons demandé que
ça se fasse à l'intérieur de 18 semaines, ce départ
des BPC. Nous espérons que, dès que ce sera accepté par le
Conseil du trésor et le Conseil des ministres, nous aurons rapidement la
possibilité d'éliminer ces BPC du paysage de Saint-Basile.
Par la suite, M. le Président, et puisqu'on en est au sujet des
BPC, nous reviendrons en soumissions publiques pour les BPC de Shawini-gan-Sud,
parce qu'on sait que c'est quand même considérable les deux
ensemble et nous ne voulions pas mettre en cause et mettre en péril le
dossier de Saint-Basile par rapport au dossier de Shawinigan-Sud. Nous
procéderons par la suite et on doit dire à la population de
Shawinigan-Sud qui nous regarde, M. le Président, que ce sera le
prochain dossier et que nous allons faire rapidement pour aller chercher des
soumissions publiques pour régler le dossier de Shawinigan-Sud.
Quant au dossier du BAPE, et je sais que je dois sûrement oublier
certaines des remarques que nous a faites le député de Shefford,
mais on peut revenir tantôt à l'occasion de la discussion que nous
aurons, j'ai rencontré M. Charbonneau qui nous a remis un dossier sur
lequel il indiquait qu'il veut sensibiliser la population. Je pense que
ça rejoint la préoccupation du député de Shefford
et la mienne de sensibiliser davantage la population au dossier des
déchets dangereux, d'abord pour savoir ce qu'on peut en faire,
deuxièmement, pour trouver les meilleures solutions de règlement
de ces déchets dangereux et pour aussi sensibiliser la population du
fameux syndrome "pas dans ma cour". À un moment donné, il faudra
qu'au Québec on ait une vision globale du dossier des déchets
dangereux et non une vision paroissiale ou sectorielle ou de région. Il
faut faire en ce sens la promotion de certaines idées et je pense que
ça aussi c'est une préoccupation du président du
comité qui a été mis sur pied sur les déchets
dangereux de faire une sensibilisation de la population à ce dossier des
déchets dangereux pour trouver, en fin de compte, les meilleures
recommandations à faire au ministère de l'Environnement et au
gouvernement. (12 h 30)
M. le Président, ce dossier est important pour nous. Je sais
qu'il y a déjà 660 000 $ qui étaient prévus pour la
Commission sur les déchets dangereux. Ce ne sera peut-être pas
suffisant pour la Commission et pour le programme que nous a
présenté le nouveau président. Nous l'avons exhorté
à se présenter au Conseil du trésor, ce qu'il a fait. J'ai
signé les formulaires de CT en conséquence, pour qu'if puisse
trouver au Conseil du trésor les sommes nécessaires pour faire de
cette commission une commission qui réponde, non seulement aux
aspirations, aux inquiétudes, mais à cette sensibilisation que
nous voulons faire de la population par rapport aux déchets dangereux,
par rapport aussi aux responsabilités de chacun et chacune comme
citoyens et citoyennes du Québec. Donc, j'ai parlé encore ce
matin au ministre responsable du Conseil du trésor, qui est en train
d'étuder ces documents et qui est en train d'étudier aussi un
document qui a été fourni, que j'ai signé, comme demande
de fonds supplémentaires au BAPE pour pouvoir poursuivre, après
l'épuisement de son présent budget, ses audiences publiques, ses
travaux suivant les mandats que je lui donne et les mandats qu'il reçoit
du ministère de l'Environnement. Cela, ça fait aussi partie d'une
étude qui est faite présentement par le Conseil du trésor
et qui sera étudiée rapidement, tel que je l'ai demandé
à mon collègue responsable du Conseil du trésor.
Je crois aussi qu'il faut faire des priorités quant aux sujets
qui sont étudiés par la Commission sur les déchets
dangereux. Les déchets dangereux ont été une des
priorités, et nous pourrions voir s'il y a possibilité de
poursuivre les travaux de la Commission sur les déchets dangereux, par
rapport aux sites d'enfouissement, comme en pariait le député. On
pourrait aussi voir si c'est un mandat qu'on peut donner au BAPE comme tel,
sans que ça fasse partie de la Commission sur les déchets
dangereux. Je pense qu'il y a quand même certains changements qui s'en
viennent et qu'on peut revoir avec la possibilité ou de l'un ou de
l'autre de faire ces études qui sont nécessaires et qui
pourraient apporter au ministère de l'Environnement des informations
additionnelles à celles que vous avons déjà.
Quant au fonds mixte, j'ai eu l'occasion, à la période de
questions, de répondre au député de Saint-Hyacinthe qui
nous posait des questions là-dessus et qui voulait savoir le lien qu'on
peut faire entre l'économie et l'environnement. Je me permets de
souligner, M. le Président, que nous avons récemment mis sur pied
- ça va beaucoup plus loin que ce qu'en dit le député de
Shefford - nous avons créé de toutes pièces, et ça
sur l'initiative du ministère de l'Environnement, un fonds
québécois d'implantation de la collecte sélective et de
réduction des déchets solides qu'on appelle le fonds mixte. Il y
a une charte qui a été acceptée, qui existe. Le nouveau
conseil d'administration a été formé, avec un nouveau
président qui est M. André Martel, qui
doit se réunir bientôt avec ses gens, où
siègent quelques membres du ministère de l'Environnement, mais
c'est foncièrement une responsabilité du domaine privé. Et
je pense que c'est important que ce message soit transmis aux industries qui
voudraient se joindre à nous en surplus des 400 qui ont
déjà accepté d'adhérer à ce fonds. Nous
espérons aller jusqu'au nombre de 1000 entreprises, et je dois dire que
la première rencontre qui a eu lieu avec quelques centaines de personnes
le 7 juin dernier est fort prometteuse quant à l'avenir de ce fonds
mixte, et je dois dire l'enthousiasme qui régnait, M. le
Président, à cette première expérience qui est
unique en son genre.
On ne voit pas beaucoup, dans d'autres pays, une implication aussi
importante du secteur privé. On est maintenant résolument
engagés dans l'importante démarche de réduction des
déchets solides, et ça, avec des partenaires importants de
l'entreprise privée, et nous cherchons comme ministère de
l'Environnement, de plus en plus, des partenaires qui peuvent travailler avec
nous pour régler ces problèmes de protection de l'environnement.
Nous voulons qu'ils le fassent avec nous. Je pense qu'on harmonise, d'une
façon probante, l'économie et l'environnement. C'est un exemple
qui est manifeste de l'application du concept de développement durable
dont on va entendre parler au cours des semaines et des mois qui viennent, M.
le Président, et, en particulier, lors d'un forum que nous aurons
à l'automne prochain, au mois de novembre, sur le développement
durable, forum qui nous permettra de mettre de l'avant et de mettre sur la
table des projets concrets qui nous viendront de tous les milieux que nous
avons rencontrés; nous avons rencontré plus de 250 personnes
à cette table ronde du développement durable de l'environnement,
M. le Président. Dès janvier 1990, le gouvernement pourra alors
mettre de l'avant ces projets concrets, tant du secteur privé que du
secteur public et parapublic. On a lancé un appel à tous nos
ministères, à tous nos Organismes publics et parapublics pour
qu'ils nous soumettent des projets concrets de développement durable de
l'environnement.
Je pense que, maintenant, ça fait partie de notre vocabulaire.
C'est important qu'on le garde avec nous, qu'on puisse justement
concrétiser par ces projets qui seront mis de l'avant en 1990... Je dois
dire aussi, pour l'information du député de Shefford, que le
Québec est la première province à avoir terminé
cette table ronde et ces rencontres avec les différents secteurs
d'activité du Québec par rapport aux autres provinces et par
rapport au gouvernement fédéral. J'avais le plaisir, lors du
Sommet de la francophonie, d'informer mes collègues des autres pays que
nous étions les premiers à avoir réussi ces tables rondes.
Je pense que le député de Shefford va reconnaître que tout
n'est pas si noir que ça dans l'environnement au Québec, qu'il y
a un ministère de l'Environnement qui agit, qui pose des gestes, qui
adopte des politiques, qui met des programmes de l'avant, ainsi que les lois
qui sont nécessaires pour le protéger davantage.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Shefford.
Élimination des BPC
M. Paré: Merci, M. le Président. Je ne reprendrai
pas tout parce que je veux que, maintenant, on aille par secteurs, donc avec
les BPC, mais je dois vous dire que ce qu'on ne veut surtout pas faire, c'est
de retarder. Quand c'est une urgence, je me dis qu'on doit aller chercher le
peu qu'on a et non pas en laisser au fonds de suppléance, connaissant
les besoins qu'on a au plan financier, ne serait-ce que pour
l'élimination des BPC ou pour permettre au BAPE de fonctionner.
Je reviens là-dessus. Vous disiez tantôt: il faut aller en
appel d'offres, on ne peut pas parler de chiffres, il faut toujours bien
attendre.
Mais les chiffres que je donne, je ne les ai pas inventés; ce ne
sont pas des chiffres que j'ai décidé de lancer en l'air, ils
viennent de vous. S'ils ne viennent pas de votre ministère, alors c'est
qu'ils viennent du ministre des Finances. Les 8 100 000 $ dont on a
parlé, on les retrouve dans le discours sur le budget. On retrouve
textuellement dans le discours sur le budget que 8 100 000 $ iront à
l'élimination des BPC et des autres déchets entreposés
à Saint-Basile-le-Grand et à Shawinigan-Sud. Donc, ce n'est pas
un chiffre que j'ai pris au hasard, c'est un chiffre que j'ai trouvé
dans le discours sur le budget; c'est le discours de l'année à
l'Assemblée nationale, celui du ministre des Finances.
Pourquoi sommes-nous inquiets en ce qui concerne les BPC? Nous ne
voulons pas retarder, nous voulons pousser pour que ça aille plus vite
parce que cela n'a pas de bon sens. Votre prédécesseur avait dit
qu'il n'y aurait plus, à la fin de 1988, de barils de BPC à
Saint-Basile-le-Grand. On est rendu à la fin juin 1989. Vous aviez dit
qu'ils commenceraient à partir en juin 1989, là, on
s'apprête à ouvrir les soumissions et ça devra passer - je
regardais les dates tantôt - au Conseil du trésor le 27 et au
Conseil des ministres le 28 et, ensuite, le temps... C'est sûr que
ça ne commencera pas en juin de cette année. J'espère que
ça va commencer dans les jours qui vont suivre, mais on n'a pas de
garantie. Je suis convaincu d'une chose, juste d'après les chiffres que
vous nous avez donnés vous-même en commission parlementaire, vous
n'avez pas les moyens. C'est pour ça que je vais vous relire très
rapidement quelques passages concernant ces BPC de Saint-Basile-le-Grand. On
les a entendus lors de la commission de l'aménagement et des
équipements du 26 avril 1989, cela ne fait pas longtemps, ça ne
fait pas un mois.
Ce qu'on dit de cela, ce qu'on constate, malheureusement - et on est
très déçu de
ça - c'est qu'il y a négligence et contradiction avec ce
que vous avez dit lors de la commission parlementaire qui a
étudié les crédits concernant les BPC, et je vous cite:
'Le 13 décembre 1988, mon prédécesseur envoyait une
demande officielle au ministre de l'Environnement de l'Alberta pour obtenir la
permission d'expédier les BPC de Saint-Basile-le-Grand à
l'incinérateur de Swan Hill pour y être détruits. Le 9
janvier 1989, une copie des listes préliminaires d'inventaires qui
précisaient le contenu - écoutez bien, on a refusé
quelques mois après - de chacun des conteneurs et des caissons a
été envoyée au gouvernement de l'Alberta. Le 13 janvier
1989, j'ai écrit au ministre de l'Alberta l'informant que je mandatais
le sous-ministre adjoint du ministère pour discuter et pour fixer les
termes et les conditions de l'entente. Le 27 février, M. Reid, alors
ministre de l'Environnement, m'a écrit me confirmant que l'Alberta avait
complété la révision des aspects techniques et logistiques
du traitement des déchets de BPC de Saint-Basile-le-Grand et que tout
lui paraissait en ordre." Imaginez-vous comment nous pouvons réagir,
ainsi que les gens de la région, quand on se fait dire ça de
façon officielle. (12 h 40) "Le 12 avril, j'ai écrit à M.
Reid, pour lui confirmer que nous acceptions les termes et les conditions du
contrat que l'Alberta nous avait soumis." Toujours un peu plus loin, et
toujours en vous citant. "J'ai fait tout ce qui était humainement
possible depuis mon arrivée au ministère, pour
accélérer le dossier pour qu'on soit capable de les envoyer le
plus rapidement possible. Mais il faut trouver de la place pour les solides
à Swan Hill et c'est ça qui est à étudier pour mon
collègue de l'Alberta. Nous allons voir ensemble les dates les plus
rapides. Mais H y a quand même une entente de principe sur le contrat qui
a été préparé par nos deux sous-ministres.
"L'alternative - parce que là il fallait regarder ailleurs au cas
où - de l'envoi en Angleterre nous aurait obligés à
enlever les BPC des conteneurs et à les remettre dans d'autres
conteneurs pour être envoyés par mer en Angleterre." Je trouve
qu'il manque de prévoyance quelque part. "Ce qui aurait voulu dire,
d'abord, manipulation de ces BPC à plusieurs reprises et,
deuxièmement, un coût additionnel qui est toujours payé par
l'ensemble des citoyens. Je crois qu'il faut penser aussi, quand on pense en
termes de gestion, aux coûts additionnels que ça aurait
amenés. Et le dossier se continue avec l'Alberta. J'ai ravivé le
dossier en arrivant au ministère - je dois vous dire que rien que de se
faire dire ça, c'est inquiétant pour votre
prédécesseur - pour que nous puissions le faire rapidement en
discutant, soit avec le ministre Reid ou mon directeur de cabinet. "Avoir
changé les conteneurs et les avoir mis dans des conteneurs pour les
envoyer en Angleterre, je le redis, aurait amené une manipu- lation
excessive et, deuxièmement, un coût, excessif aussi, qui aurait pu
en venir à 1 000 000 $, ce qu'on avait calculé pour ce transfert
de conteneurs." Donc, et un peu plus loin je vous demande... Parce que
là j'ai cité des paragraphes '...qu'on ait choisi ou, en tout
cas, qu'on dise maintenant qu'il faut que ça aille en Alberta parce que
des conteneurs..." et là vous me coupez 4 000 000 $. 'Il y aurait une
différence d'à peu près 4 000 000 $". C'est ce que vous me
disiez le 26 avril 1989, en commission parlementaire. Une différence de
4 000 000 $ Et vous continuez: "II y aurait une différence d'à
peu près 4 000 000 $ entre l'Alberta et l'Angleterre. Si on avait
dû changer, si l'Alberta avait fermé ses portes, ce qu'ils n'ont
pas fait, de l'Alberta en Angleterre, I y aurait eu un coût additionnel
considérable pour l'envoi et, deuxièmement, iI y a un coût
aussi du transfert des conteneurs." Et je vous parlais de l'accord de principe.
Parce que c'est ce que vous avez dit auparavant. "L'accord de principe est pour
un contrat d'environ - selon ce que vous dites - 10 000 000 $." Et vous me
répondez: "Oui".
Donc, il y a 10 000 000 $ pour l'envoyer en Angleterre. Il y a 4 000 000
$ de plus, ce que vous me disiez il y a moins d'un mois pour l'envoyer... Il y
a 10 000 000 $ pour l'Alberta. Il y a un surplus de 4 000 000 $ si on doit
l'envoyer en Angleterre, ce qui fait 14 000 000 $ seulement pour
l'élimination des BPC de Saint-Basile-le-Grand, selon vos dires
officiels qu'on peut déposer n'importe quand. C'est le Journal des
débats de la commission parlementaire de l'aménagement et des
équipements du 26 avril 1989. Et, depuis, on apprend qu'effectivement
l'Alberta va recevoir des conteneurs de liquides mais pas les conteneurs de
solides parce que ça irait trop loin. Donc, on envisage maintenant
l'Angleterre. On nous avait dit dans le discours sur le budget - ce
n'était pas refusé à ce moment-là - qu'on
consacrait 8 100 000 $ mais pas juste pour Saint-Basile-le-Grand mais aussi
pour Shawinigan-Sud. C'est déjà pas assez pour
Saint-Basile-le-Grand et on rajoute Shawinigan. Et là maintenant, ce
matin, on apprend que c'est 5 900 000 $ qu'on veut consacrer pour cela; le
reste on le laisse au fonds de suppléance. On a diminué à
5 900 000 $ alors qu'on sait que pour Saint-Basile-le-Grand, selon ce que vous
avez dit I y a moins d'un mois, ce n'est même plus 10 000 000 $ mais 14
000 000 $ ou entre 10 000 000 $ et 14 000 000 $, tout dépendra si on en
envoie une partie en Alberta. On a raison d'être inquiets, de se
questionner et de savoir si vraiment il y a une volonté de l'autre
côté de régler ce problème ou si on veut juste
retarder après les élections. En tout cas il n'y a rien qui nous
garantit que cela va se faire vite. Vous dites: Les soumissions vont être
ouvertes mais on n'aura pas l'argent. On va le faire en partie. Tout ce que
j'ai fait aujourd'hui, vous voyez, j'ai cité pour confirmer que nous
n'avons sorti aucun
chiffre au hasard. Nous n'avons pensé à aucun chiffre,
nous ne faisons que citer ce que vous dites et ce que le ministre des Finances
a dit dans son discours sur le budget et on s'aperçoit que ce n'est pas
suffisant.
Qu'est-ce que vous prévoyez faire cette année avec les BPC
et les déchets dangereux avec un montant de 5 900 000 $ et un fonds de
suppléance qui serait peut-être d'environ 2 000 000 $? Qu'est-ce
que vous pensez être en mesure de faire dû au fait maintenant que
cela va coûter plus cher parce qu'on va devoir aller à
l'extérieur des frontières du Canada, aller probablement en
Angleterre ou même d'autres pays qui sont considérés?
Qu'est-ce que vous pensez qu'on peut faire dû au fait - là c'est
une autre chose qui est inquiétante, c'est le fait de manquer de
clarté. Peut-être que ce n'est pas votre faute parce qu'il y a
bien des choses qui arrivent, mais le fait de changer d'idée de temps en
temps fait en sorte que les gens ne savent plus bien bien où ils
vont.
On dit: Premièrement, ils n'ont pas été
éliminés en 1988. C'est votre prédécesseur, je ne
vous accuserai pas là-dessus. On devait commencer en juin, on n'a pas
commencé. On n'a pas les moyens de tout transférer même si
on dit qu'on veut le faire le plus rapidement possible. Mais, en même
temps, oui il y a Saint-Basile-le-Grand, oui il y a Shawinigan-Sud, mais il y a
Senneterre. Le premier ministre avait pris un engagement formel, je l'ai ici:
Les gens de l'Abitibi gagnent la première manche, l'entrepôt de
Saint-Basile-le-Grand. Il n'y aura pas de BPC qui vont être
envoyés des autres régions du Québec à Senneterre.
Les gens se sont dit rassurés sauf qu'hier vous avez dit: II n'y en aura
pas. En priorité, Senneterre va recevoir les BPC de l'Abitibi. En
priorité. Donc, cela laisse la porte ouverte finalement à
recevoir des BPC. On ne peut pas déduire autre chose. Si on dit en
priorité, cela veut dire que la porte est ouverte à ce qu'il y en
ait d'ailleurs. Mais qu'il y en ait ou qu'il n'y en ait pas qui aillent
à Senneterre, ce qu'on sait c'est qu'à Shawinigan-Sud on avait
dit aux gens: Les BPC chez vous vont s'en aller à Senneterre. Les BPC ne
s'en iront pas à Senneterre si on se fie à ce que dit le premier
ministre. Donc, s'ils ne s'en vont pas à Senneterre... On a seulement 5
900 000 $ pour les BPC et on doit donner priorité à
Saint-Basile-le-Grand - en tout cas, c'est ce que je crois comprendre - donc,
on n'aura pas les moyens d'envoyer les BPC de Shawinigan-Sud ailleurs.
Quand on parle d'ailleurs - c'est cela qui est inquiétant - la
ministre doit se rappeler l'inspection tenue à l'automne 1988
auprès des entrepôts de plus de deux tonnes de BPC. Il y a eu une
inspection de tous les sites connus et inventoriés de plus de deux
tonnes de BPC; sur les 52 qui ont été examinés par les
inspecteurs, 50 ne se conformaient pas aux normes réglementaires. C'est
presque incroyable. Il n'y a même pas un an, à l'automne, 50 sur
52 ne se confor- maient pas aux normes réglementaires. On apprend ici,
lors d'une autre commission parlementaire qu'Hydro-Québec précise
qu'elle envoie des déchets et des BPC dans une centaine de lieux
d'enfouissement quand on sait que déjà il y en a 52 qui sont
inventoriés et 50 qui ne sont pas conformes.
C'est un gros problème, les BPC. Je sais que vous ne pouvez pas
régler ça du jour au lendemain et que ça prend du temps,
mais ça prend aussi de l'argent. Et il y a des priorités, comme
Saint-Basile-le-Grand, mais là-dessus, étant donné qu'on a
seulement 5 900 000 $ sur les 10 000 000 $ à 14 000 000 $
nécessaires pour Saint-Basile-le-Grand, plus le reste à
Shawinigan-Sud, quand peut-on prévoir que vont commencer les
départs de Saint-Basile-le-Grand? Quand vont-ils finir? Et quand
vont-ils commencer à Shawinigan-Sud pour aller où et quand
vont-ils finir?
Le Président (M. Saintonge): Mme fa ministre de
l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai envie de faire
l'historique du dossier de Saint-Basile-le-Grand parce qu'il y a des
faussetés qui sont avancées par le député de
Shefford et qu'il faut quand même corriger. On va corriger son tir ce
matin. Ce n'est pas le temps d'alerter et d'énerver tout le monde en
disant des sottises, M. le Président. On va commencer par dire
exactement ce qu'est la problématique, ce qu'étaient les
objectifs qu'on s'était fixés et comment on arrive à
donner une allocation de crédits et, en même temps, comment on va
faire le transport, l'élimination et tout ça. On va faire le
point ce matin parce que ça fait trop de choses que j'entends qui ne
sont pas dans la ligne droite de la vérité. (12 h 50)
Alors, à la suite de l'accident survenu en août dernier
à Saint-Basile, le ministère de l'Environnement, en collaboration
avec d'autres intervenants gouvernementaux, a pris des mesures d'urgence pour
assurer d'abord la santé et la sécurité des populations
concernées et aussi pour restaurer le site contaminé aux BPC. On
a alors donné un contrat de service au groupe MacLaren Tech inc. et
Sanexen International inc. pour permettre d'emballer et d'entreposer, dans des
conteneurs sécuritaires et des caissons, les objets et les
déchets contaminés aux BPC situés sur le site. Le
ministère en est rendu à l'étape du transport et de
l'élimination des déchets et des sols contaminés aux BPC
et de la finalisation des opérations de fermeture du site. Ce n'est pas
tout de sortir les BPC du site, il va falloir fermer le site, le restaurer et
restaurer les lieux environnants qui ont été utilisés
depuis le 23 août dernier. Les crédits additionnels reçus
sont en partie utilisés à ces fins-là.
À la suite des événements que je viens de
mentionner, le ministère a pris les mesures appropriées pour
renforcer la sécurité environ-
nementale d'un autre site d'entreposage de BPC situé à
Shawinigan-Sud et appartenant au même propriétaire que celui de
Saint-Basile-le-Grand. Nous prévoyons allouer une partie des
crédits obtenus pour assurer l'emballage, le transport,
l'élimination des déchets qui se trouvent à Shawinigan-Sud
et aussi la sécurité des lieux.
Dans le cadre du discours sur le budget, le ministère s'est vu
octroyer 8 100 000 $ pour l'exercice 1989-1990 et 2 000 000 $ pour 1990-1991
afin de compléter les opérations sur le site de
Saint-Basile-le-Grand et de libérer le site d'entreposage de
Shawinigan-Sud. De ce montant-là, 660 000 $ ont été
alloués à la Commission sur les déchets dangereux, afin de
lui permettre d'amorcer des travaux le plus rapidement possible. Un montant de
2 350 000 $ a également été versé au fonds de
suppléance du ministère des Finances et devra faire l'objet de
demandes formelles de notre ministère pour être utilisé aux
fins que je viens de mentionner. Le montant dont dispose actuellement le
ministère est donc de 5 090 000 $ et il devrait permettre de financer
partiellement les opérations que je vais énumérer, M. le
Président.
D'abord, transport, élimination des déchets
entreposés dans les conteneurs, les caissons à
Saint-Basile-le-Grand. Il y a 120 conteneurs et 62 caissons étanches qui
ont été utilisés pour l'entreposage des barils, des
transformateurs et des condensateurs. La province de Québec,
étant dans l'impossibilité d'assurer en toute
sécurité l'élimination des déchets
contaminés aux BPC, avait d'abord choisi de négocier avec le
gouvernement de l'Alberta pour l'utilisation de son centre
d'élimination. Le coût global de l'opération était
alors estimé à 7 808 000 $. Quand je disais 8 000 000 $, on
était près de ce chiffre.
Cependant, le ministère et les intervenants de la province de
l'Alberta n'ont pu en arriver à un accord satisfaisant pour les deux
parties. Je reviendrai là-dessus tantôt. Le ministère a
entrepris des démarches pour confier le transport et
l'élimination des déchets contaminés à une firme
québécoise, laquelle devra contracter avec un ou des
incinérateurs dont les normes sont comparables aux normes
québécoises.
Vous parlez beaucoup de l'Angleterre. Ce n'est pas nécessairement
l'Angleterre. On le verra quand on ouvrira les soumissions publiques. Le
ministère a lancé cet appel d'offres le 6 juin dernier. Nous
ouvrons les soumissions aujourd'hui. C'était fixé au 16 juin. On
estime que les travaux devraient être exécutés pour la fin
d'octobre 1989. Un tel transport ne se fait pas en une journée.
Quant aux sols et matériaux contaminés lors de l'incendie,
il y a eu des cendres et de la suie contaminées qui ont
été dispersées autour de l'entrepôt,
entraînant ainsi une contamination du terrain avoisinant. Les eaux
d'arrosage ont ruisselé sur le plancher de béton de
l'entrepôt et autour, contaminant aussi la dalle de béton et la
fondation de même que les sols environnants. Il y a des discussions
présentement en cours, M. le Président, pour acheminer ces
matériaux contaminés dans une cellule à
sécurité maximale de la ville de LaSalle. Les coûts
estimés sont de l'ordre de 329 000 $. Si cette alternative
n'était pas réalisée, les coûts pourraient
être supérieurs. On regardera ailleurs si la ville de LaSalle
refuse entièrement. En ce moment, il y a de bonnes interventions qui
sont faites entre le ministère et la ville de LaSalle. J'ai écrit
à quelques reprises au maire. On a échangé de la
correspondance. On s'est même rencontrés. Nos fonctionnaires sont
en communication avec (a ville de LaSalle pour essayer de trouver un
règlement à ce dossier.
Si on parlait maintenant de transport et d'élimination de la boue
contaminée de Saint-Basile-le-Grand. Il y a 130 barils de boues
contaminées aux BPC qui ont été
récupérées à la suite du traitement de l'eau
accumulée dans un bassin de collecte. Ces boues devront être
décontaminées. Ces boues devront aussi être
éliminées. Le ministère prévoit inclure à
même le contrat qui sera donné pour les déchets
contaminés de Shawinigan-Sud, et le coût est estimé
à environ 400 000 $ pour ces boues.
On pense aussi à l'emballage, au transport et à
l'élimination des matières contaminées de Shawinigan-Sud.
Le ministère prévoit lancer sous peu un appel d'offres public
pour confier l'emballage, le transport et l'élimination des
matières contaminées qui se trouvent à l'entrepôt de
Shawinigan-Sud. Nous voulons, nous espérons qu'une firme
québécoise qui devra faire affaire avec un ou des
incinérateurs dont les normes, parce c'est important, sont comparables
aux normes québécoises... Et nous voulons que ces appels d'offres
se fassent rapidement pour que les travaux puissent se compléter.
Les travaux sur les deux sites concernés, la compilation des
opérations de Saint-Basile-le-Grand, engendreront évidemment
divers coûts comme le pompage, la décontamination de l'eau qui
s'accumule dans un bassin de collecte des eaux contaminées, on pense
à environ 750 000 $. Il y a le nettoyage des bâtiments municipaux,
20 000 $. Le droit d'utilisation des passages à niveau et
présence d'un signaleur de 70 000 $. Il y a du gardiennage pour 100 000
$. Donc, si on fait un bilan de 1988-1989 - ce qui est passé - il y a
quand même les opérations reliées à l'incendie,
à la restauration du site qui auront coûté quelque 11 600
000 $ en 1988-1989. Et on pourrait faire la nomenclature de ces montants qui
comprennent un contrat d'urgence, comme je le mentionnais tantôt,
à Sanexen pour assurer le confinement des eaux ou la mise en place du
périmètre sécuritaire, de sécurité, pompage,
nettoyage, analyse et j'en passe qui sont de 1 131 900 $; opération
nettoyage des zones évacuées et adjacentes, 1 399 100 $;
restauration du site à 6 809 000 $; érection d'un abri pour
éviter que des poussières toxiques soient soulevées par le
vent, 712 500 $; pompage, décon-
tamination de l'eau, 400 000 $; autres dépenses reliées
aux salaires qui excluent le traitement régulier des permanents,
évidemment, frais de déplacement et coûts
d'opération du site, 1 147 500 $ pour un total de 11 600 000 $.
Je reviens encore, M. le Président, vous me permettrez, aux BPC
de Saint-Basile. Le 13 décembre dernier, en 1988, il y a eu une
première demande par mon prédécesseur au ministre de
l'Alberta. Le 9 janvier 1989, le ministère de l'Environnement a fourni
à l'Alberta une liste préliminaire des conteneurs avec leur
contenu. Il fallait quand même avant de négocier un contrat avec
l'Alberta faire connaître à l'Alberta un inventaire global de ce
que nous avions comme containers, ce que nous avions comme BPC à
Saint-Basile-le-Grand. Alors, le 13 janvier l'inventaire final a
été fourni à l'Alberta et c'est à peu près
un inventaire de 200 pages. Il fallait que l'Alberta commence par l'examiner et
le 3 mars il y a eu une proposition de contrat par l'Alberta avec un
échéancier d'expédition qui spécifiait alors les
numéros de containers, dont les containers avec BPC liquides, mais aussi
les containers avec BPC solides et liquides qui étaient contenus
là-dedans. Le 7 avril j'ai envoyé une lettre à mon
collègue de l'Alberta pour lui signifier que le Québec
était prêt à régler le dossier. Le 28 avril, un
nouveau ministre de l'Environnement, M. Klein, a écrit une lettre qui
constituait la première mention pour nous des BPC solides. Le 10 mai,
l'Alberta émettait un communiqué de presse mentionnant un
délai d'une année pour l'opération, nouvelle pour nous que
nous n'avions pas auparavant, et le 11 mai nous avions une nouvelle proposition
de contrat par l'Alberta avec un nouvel échéancier
d'expédition: premier convoi en juin, donc quand je disais juin je ne
mentais pas à la population; deuxième convoi, fin juillet;
troisième convoi, et c'est là que nous ne sommes pas d'accord
avec l'Alberta, fin janvier 1990; quatrième convoi, fin février
1990; cinquième convoi, fin mars 1990 et dernier convoi, avril 1990.
Alors, le 12 mai le sous-ministre adjoint, M. Gagnon, demande à
l'Alberta si elle prend oui ou non les containers qui comprennent les solides
et les liquides. L'Alberta nous répond, le 31 mai, non. (13 heures)
M. le Président, nous ne sommes pas en retard dans les
négociations que nous avons faites. Les soumissions ont
été demandées. Nous avons lancé rapidement les
soumissions sur la place publique; nous les ouvrons aujourd'hui. Nous ne
voulions pas que la population de Saint-Basile attende jusqu'au mois d'avril
1990 pour se débarrasser de ses BPC. C'est important qu'on règle
le dossier le plus rapidement possible et, dans ce dossier, le ministère
de l'Environnement a agi avec la plus grande célérité
possible, compte tenu des événements que je viens de
mentionner.
M. le Président, l'Alberta savait qu'il y avait et solides et
liquides. L'échéancier de juin pour l'expédition de
l'Alberta, c'était le ministre Klein qui en avait parlé à
la suite d'une entente verbale que nous avions conclue en avril. Donc, nous
disions exactement la vérité à la population.
L'échéancier qui nous a été soumis au mois de mai
nous amène au mois d'avril 1990 pour terminer l'envoi, ce qui est
inacceptable pour le Québec, pour le ministère de l'Environnement
et pour celle qui vous parle. Nous avons donc été en soumissions
publiques pour arriver avec la possibilité de faire parvenir à
quelque pays que ce soit, à quelque endroit que ce soit, suivant les
soumissions que nous aurons aujourd'hui, les BPC de Saint-Basile pour ensuite
procéder rapidement à un appel d'offres pour les BPC de
Shawinigan-Sud.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, bien l'historique finalement, je suivais pas
mal en grande partie ce que j'avais dit sur ce que vous aviez rappelé en
donnant les dates exactement. Si on regarde les galées de ce matin, on
va s'apercevoir qu'on a repris à peu près la même chose,
sauf qu'à une page, vous donnez en détail les coûts
indirects par rapport aux containers ou aux barils, le sol, et tout ça.
Je l'ai ici aussi. Sauf que, dans les montants qu'on donne, c'est vrai que
l'année passée, on peut retrouver, quand on regarde les chiffres,
les budgets et tout ça, on s'aperçoit qu'il y a eu quelque 11 000
000 $ consacrés, l'an passé, mais on sait, d'après ce que
vous avez dit et répété, que ça va coûter
encore bien des sous cette année pour être capable de se
départir des BPC de Saint-Basile-le-Grand et de Shawinigan-Sud. Cela va
coûter cher. On le sait, et ce sont des chiffres qui sont reconnus. Vous
dites qu'on ne peut pas attendre à avril 1990. Tant mieux qu'on aille
plus vite. Je suis tout à fait d'accord. Je vous dis même que je
suis prêt à me battre avec vous et à aller avec vous au
Conseil du trésor ou au Conseil des ministres pour avoir plus d'argent
parce que, ça, c'est de l'investissement. Il faut s'en
débarrasser. On ne peut pas continuer à vivre sur un baril de
poudre. Il y en a trop, et là-dessus, les gens ont même dit dans
un sondage qu'ils étaient prêts à avoir des augmentations
de taxes et d'impôts si c'était pour être consacré
à l'environnement. Je suis convaincu que les gens le pensent pour vrai
et ils ont raison parce qu'il faut penser à la qualité de vie, H
faut être capable de vivre. Qu'on arrête de
détériorer. Qu'on aille plus vite qu'avril 1990, tant mieux...
Sauf que si ça a coûté 11 000 000 $ point quelque chose
l'an passé et que cette année, on se ramasse avec les chiffres
qu'on retrouve ici, soit 5 900 000 $ en sachant que ça va coûter
plus cher que ça, où on va prendre l'argent? Comment on va
s'organiser? Parce que, quand on parle de 5 900 000 $, c'est peut-être
entre la moitié et le tiers de ce dont on a besoin pour Saint-Basile, et
on parle
en même temps de Shawinigan, parce que les gens de Shawinigan,
c'est un dossier qui est aussi urgent. Il n'y a pas eu de catastrophe, mais les
gens sont aussi inquiets. C'est le même propriétaire, ce qui est
encore aussi inquiétant. Et on a déjà entrepris des
travaux et les gens espèrent que ça va partir aussi vite et
très rapidement. Est-ce qu'on peut avoir la garantie - c'est pour
ça qu'on étudie des crédits supplémentaires -
qu'avec le petit montant qu'on vient d'injecter, parce qu'on parle de 5 900 000
$ ce matin, on sait que ce n'est pas suffisant même pour
Saint-Basile-le-Grand, et on parle de Shawinigan-Sud... Est-ce qu'on peut avoir
l'assurance qu'en n'ayant pas les moyens, on va être capable, avant avril
1990, de s'en départir?
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, je reviens là-dessus.
J'ai dit tantôt au député de Shefford que nous n'aurions
pas été de bons gestionnaires, si nous avions mis sur la place
publique exactement le montant que nous avions pour débarrasser la
population de Saint-Basile de ses BPC, parce que n'importe quel soumissionnaire
aurait soumissionné pour le montant que nous avions. Aujourd'hui, je le
dis, je peux le faire facilement, puisque les soumissions sont fermées,
que nous avons en réserve au fonds de suppléance 2 500 000 $ en
plus du montant de 5 000 000 $ que nous avons devant nous. Je rappelle au
député de Shefford qu'on a fait, tantôt, la nomenciature
tantôt des coûts de 11 600 000 $ qui étaient dans le bilan
de 1988-1989. Mais le député de Shefford s'énerve pour
rien, M. le Président.
L'année dernière, le montant de 11 600 000 $
n'était pas au budget du ministère de l'Environnement. Il a
été accordé au ministère de l'Environnement par le
gouvernement, par le ministre des Finances, et ce sera la même chose
cette année. Je pense que c'est déjà garant de ce que nous
pouvons aller chercher cette année dans les différents... non
seulement pour Saint-Basile-le-Grand mais pour Shawinigan-Sud. Les pressions
que j'ai faites auprès du ministre des Finances et du président
du Conseil du trésor sont destinées à aller chercher des
sommes. Ils vont étudier ces demandes avec beaucoup de
célérité et beaucoup d'ouverture, comme ils l'ont fait
l'an dernier quand ils ont accordé 11 600 000 $ au ministère de
l'Environnement pour régler le dossier de Saint-Basile-le-Grand. Ce
montant de 11 600 000 $ n'existait pas au budget du ministère de
l'Environnement. Il a été ajouté au budget du
ministère de l'Environnement. On fera la même chose cette
année, M. le Président.
Donc, le député n'a pas à craindre que nous ne
trouvions pas les sommes nécessaires. Il faut libérer, et celle
qui vous parle s'y engage, (es terrains de Saint-Basile-le-Grand des BPC et il
faut libérer aussi Shawinigan-Sud. Ce sont deux sites orphelins. Quand
on regarde les dossiers de celui qui possédait ces sites et qui les a
complètement abandonnés, on peut les considérer comme
des sites orphelins. L'État prend à sa charge le règlement
de ces sites, M. le Président, en libérant aussi la population
des déchets dangereux, en l'occurrence des BPC.
Si je reviens à la situation de Saint-Basile, il y avait un
conteneur de BPC liquides, ce qui explique le problème avec l'Alberta.
Un conteneur de BPC liquides, 25 conteneurs de BPC liquides et solides, 94
conteneurs de BPC solides seulement et 62 caissons de BPC solides. Quand on dit
qu'on avait un inventaire de 200 pages, ce n'est pas pour rien, M. le
Président. Quand on a essayé, au moins, d'envoyer les 26 premiers
conteneurs - un contenait seulement des liquides, les 25 autres des liquides et
solides - ils ont été refusés par l'Alberta, il fallait se
retourner vite. C'est ce qu'on a fait et je pense qu'on a agi en bon
gestionnaire dans ce dossier.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Shefford.
Le BAPE
M. Paré: Je suis prêt à reconnaître
votre bonne volonté, sauf qu'il y en a d'autres qui ont manifesté
aussi de la bonne volonté. Mais au-delà de ça, ce sont les
gestes qui comptent. Que vous nous disiez ce matin qu'on va pouvoir trouver
l'argent, je le souhaite, sauf que le passé ne nous confirme pas
ça nécessairement. Je vais juste vous donner un exemple, le BAPE.
On a dit être obligé de retarder les audiences sur l'enquête
spéciale, parce qu'il n'y avait pas de fonds, il n'y avait pas
d'argent.
Comme le temps avance vite, je voudrais bien qu'on fasse un petit tour
sur deux autres sujets dont le BAPE. J'en arrive au BAPE maintenant. Le BAPE,
on sait comment c'est important qu'il fasse des études. Je l'ai dit et
je le répète. Tant et aussi longtemps que la fameuse
enquête spéciale sur les déchets dangereux, les BPC et les
autres déchets dangereux, n'aura pas été faite, qu'il n'y
aura pas eu de consultations, on risque de se ramasser avec d'autres
catastrophes comme celle de Saint-Basile-le-Grand et on n'ira pas régler
tous les problèmes qu'il y a au Québec. C'est urgent de les
régler, à mon avis. On ne peut plus attendre d'autres
catastrophes. Celle de la ville de Mercier fait peut-être moins de
problèmes au moment où on se parle parce qu'on ne voit pas la
boucane. Je dois vous dire, des gens qui sont privés d'eau, c'est une
autre affaire. Il est urgent que le BAPE entreprenne cette enquête
spéciale concernant tous les déchets dangereux. On n'a pas
commencé. On a été obligés de changer le
président. On l'a remplacé. Maintenant, on pourrait essayer ou on
devrait fonctionner le plus rapidement possible,
je l'espère.
On ne retrouvait pas dans les crédits déposés
l'argent nécessaire pour répondre aux besoins du BAPE. À
ce moment, ça ne semblait pas important. Dans le discours du ministre
des Finances, on n'a pas retrouvé non plus de montant qui était
alloué à ça. Ce matin, heureusement, dans les
crédits qui nous sont déposés, on retrouve un montant de
650 000 $ qui est consacré au BAPE. Seulement un commentaire
là-dessus: on ne le retrouvait pas dans le discours du ministre des
Finances et on le retrouve aujourd'hui. Je dois vous dire que ça fait un
petit peu spécial qu'il y ait autant ou si peu de constance, de
concordance avec les budgets qu'on est en train de discuter ce matin par
rapport à ce qu'on retrouvait comme point précis, clair. (13 h
10)
J'ai apporté des copies du discours et je pourrais vous les
déposer si vous ne l'avez pas devant vous. Quand on prenait le discours
du ministre des Finances d'il y a un mois avec l'annexe rattachée, on
pouvait savoir exactement où allaient les 12 700 000 $. Je m'attendais
ce matin à venir m'asseoir et discuter des 12 700 000 $ avec l'annonce
qui nous avait été faite par le ministre des Finances qui disait:
Un montant de 8 100 000 $ va à l'élimination des BPC, tant va
là, tant va là. On pouvait savoir exactement comment était
dépensé l'argent qui nous amène ici à discuter ce
matin sur des crédits supplémentaires. Pourtant, ce n'est pas
ça, ça a été changé. Mais, au moins,
ça nous permet - je l'ai dit et je le répète - d'arriver
avec un certain montant en ce qui concerne le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, ce qu'on ne retrouvait pas dans le discours du ministre des
Finances. Maintenant, on le retrouve. Cela devrait lui permettre de fonctionner
mais pas nécessairement suffisamment pour être capable
d'enclencher et de faire toute l'enquête.
Celai ce n'est pas moi qui le dis non plus. Tous les chiffres que je
vous ai cités tantôt, ce ne sont pas des chiffres que j'ai
inventés, je vous l'ai dit, ce sont des chiffres que j'ai repris dans
votre discours. Les chiffres que je vais prendre, là encore, ce ne sont
pas des chiffres que j'invente du tout, mais ce sont des chiffres qu'on
retrouve dans un document confidentiel du Conseil du trésor du 14 mars
1989 qui est aussi récent et qui disait à ce sujet, parce qu'il
fallait procéder au BAPE... Je me rappelle des discussions et des
échanges de points de vue qu'on a eus ici où on disait: Cela
prend de l'argent pour que le BAPE puisse commencer. À un moment
donné, on a dit que c'était M. Goldbloom qui ne faisait pas les
pressions où il devait les faire au Conseil du trésor et
ça lui a même coûté son poste. Dans ce document, on
retrouve toujours la demande d'un budget de 1 300 000 $. C'est ce que dit le
document.
Concernant l'enquête, ça dit: Par ailleurs, les
prévisions de dépenses pour l'exercice 1989-1990
s'établissent à 1 300 000 $, ce qui repré- sente
l'équivalent du budget total pour le BAPE l'an prochain et qui aurait
donc pour effet de faire doubler celui-ci à la suite de la demande d'en
enquête spéciale. À ce sujet, il faut noter que le
ministère n'a véhiculé aucune demande en vue du programme
concernant les crédits du BAPE bien qu'il était au fait de cette
problématique. Et on conclut, je dois vous dire que c'est
inquiétant parce que je demande que le BAPE en fasse plus et non moins:
À procéder également à un ralentissement de ses
autres activités pour être en mesure d'autofinancer le coût
de ce mandat. Au lieu de leur donner plus, on dit: Ralentissez vos autres
activités. Alors, moi je vous dis qu'il ne faut pas ralentir ses
activités, il faut augmenter ses budgets pour lui permettre,
premièrement, de tenir l'enquête spéciale au plus tôt
parce qu'on ne peut plus jouer avec les déchets dangereux. On ne peut
plus attendre. En commission parlementaire, je l'ai dit tout à l'heure,
je le répète, j'étais avec des gens, hier, de la
région d'Argenteuil et des comtés avoisi-nants. Les gens sont
inquiets. Cela prend même une loi spéciale pour venir
régler le cas d'un site d'enfouissement. Va-t-il falloir attendre encore
bien longtemps et les régler cas par cas ou catastrophe par catastrophe?
Je pense que non. Le BAPE doit entreprendre le plus vite possible cette
enquête et il faut lui donner les montants.
On disait que ça coûte 1 300 000 $, pourtant on lui donne
juste 660 000 $, pas selon des chiffres que j'ai inventés, selon des
chiffres qui viennent de votre ministère et du Conseil du trésor.
C'est un document que je n'ai pas inventé. C'est un document que j'ai
cité. Je vous dis: II faudrait en même temps, non seulement donner
de l'argent supplémentaire au BAPE pour cette enquête, il faudrait
lui en donner pour qu'il ne ralentisse pas ses autres activités mais
qu'il les augmente. Je vous l'ai dit tantôt, les lieux d'enfouissement
sanitaires demandent qu'il y ait une enquête au plus tôt. Ce
dossier est suffisamment important et ça va aider à régler
l'autre dossier de collecte sélective, récupération et
recyclage. Il faut se donner les moyens si on veut aller au-delà des
discours. C'est ce qu'on ne fait pas, je pense, et ça m'inquiète.
Est-ce que vous pensez effectivement qu'avec les 660 000 $... À moins
que vous ne veniez me dire tantôt encore une fois: S'il en manque on ira
le chercher. Sauf que je pense que ce n'est pas comme ça qu'on planifie
un budget. En sachant que ça prend 1 300 000 $, on devrait lui donner le
montant nécessaire.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre de
l'Environnement.
Mme Bacon: M. le Président, le député est
encore mêlé. Les 1 300 000 $, c'est le budget régulier de
base du BAPE. Bon. La commission a été formée après
cette demande de 1 300 000 $. Même sur ce budget régulier de 1 300
000 $ qui
revient chaque année, à peu près, depuis quelques
années - ce sont des crédits qui fluctuent, les crédits du
BAPE - l'an dernier, le BAPE nous a remis 200 000 $, dont 135 000 $ en
traitements. Cela dépend des travaux qu'ils font dans le courant de
l'année. Je suis comme le député de Shefford, j'aurais
voulu que dès le mois de décembre on entreprenne cette Commission
d'enquête sur les déchets dangereux. C'est pour ça que des
changements se font. C'est pour ça qu'on a rencontré M.
Charbonneau qui nous a parlé de ses grands objectifs, la
stratégie, son plan de travail et des besoins de sommes, même s'il
y a déjà, en plus des 1 300 000 $... C'est ça que le
député ne dit pas, il y a 1 300 000 $ pour les crédits
réguliers du BAPE, il y a 660 000 $ déjà pour la
commission sur les déchets dangereux. Si les 660 000 $ ne sont pas
suffisants, le président de la commission va aller au Conseil du
trésor chercher les sommes additionnelles dont il a besoin. Puisque
ça ne couvre pas, il nous a demandé d'avoir une année
entière - puisque les travaux n'étaient pas entamés - au
lieu de terminer en décembre il veut teminer au printemps prochain. Donc
il a besoin d'un budget supplémentaire aux 660 000 $ qui ont
été mis de côte pour cette commission sur les
déchets dangereux.
M. le Président, je pense qu'on n'utilise pas les 1 300 000 $ de
budget régulier du BAPE pour faire la commission sur les déchets
dangereux. Il y a un budget spécial pour cette commission et si ce n'est
pas suffisant le président va aller défendre ses demandes au
Conseil du trésor. C'est ce qu'il va faire, on lui a demandé de
le faire suivant sa stratégie, son plan de travail qu'il nous a remis
dernièrement et il va le faire. Si le BAPE lui-même n'a pas
suffisamment de crédits à cause des mandats qui lui sont
confiés dans les mois qui viennent, il va faire la même chose. Il
va aller demander des crédits supplémentaires au Conseil du
trésor. Mais il ne manquera pas d'argent au BAPE, M. le
Président. C'est ce que j'ai essayé de dire au cours des
réponses que j'ai données en cette Chambre à la
période de questions au député de Shefford. Alors, le
montant de 1 300 000 $ sert pour le BAPE, Encore une fois, l'an dernier le BAPE
nous a retourné 200 000 $ dont 137 000 $ en traitements. Et le montant
de 660 000 $ qui a été pris à même le dossier des
déchets dangereux sera donné à la Commission
d'enquête sur les déchets dangereux. Et si nécessaire, pour
les montants qui seront nécessaires pour combler le budget qui est
requis par le nouveau président de cette Commission d'enquête sur
les déchets dangereux, il ira rencontrer le Conseil du trésor
pour faire en sorte d'avoir le montant nécessaire pour conduire ses
audiences publiques, sensibiliser davantage la population et terminer cette
enquête le 31 juillet 1990 d'après son dossier, M. le
Président.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, très rapidement là-dessus. Je
sais que le BAPE va entreprendre des études s'il a le mandat qui vient
du ministère pour entreprendre des études. Sachant tout ce qui
passe qui est inquiétant, on parle des déchets dangereux, on
parle des lieux d'enfouissement sanitaire, on parle de l'entrée des
déchets toxiques des États-Unis, ce n'est vraiment pas les sujets
qui manquent, il s'agirait de donner le mandat au lieu de laisser
périmer de l'argent. Il faudrait avoir la volonté de le faire.
Parmi ça, je voudrais savoir s'il est dans votre intention, à un
moment donné, si vous y avez réfléchi, il pourrait
être envisageable, pas pour le plaisir de se donner de l'ouvrage, mais
à cause des conséquences possibles... La preuve, c'est que si on
l'a mis dans la loi, c'est qu'on a jugé que ça méritait
d'être dans la loi. Quand on regarde la Loi sur la qualité de
l'environnement, y y a l'article 19 entré en vigueur qui dit que les
paragraphes g, n, p et le deuxième alinéa du paragraphe j, du
premier alinéa de l'article 2, entreront en vigueur en tout ou en partie
à une date déterminée par règlement du gouvernement
adopté en vertu de la loi. Quand on prend le paragraphe n, ça
dit: "Les études d'impact concernant - je pense que ça vaut la
peine de les citer - la construction d'une usine d'eau lourde ou de pâtes
et papiers, de fabrication de pâtes, de papiers ou de cartons, d'une
usine pétrochimique, d'une cimenterie, d'une raffinerie de
pétrole, d'une aciérie, d'une aluminerie, d'une usine de
boulettage, d'une usine de traitement de minerai, d'une usine de raffinage de
métaux, d'une usine de ferro-alliage, d'une fonderie de première
fusion de métaux non ferreux ou d'une usine d'équarrissage
fondoir." On voit ici toute une série d'implantation, de construction
d'usine qui pourrait justifier qu'il y ait une étude d'impact et qui
permettrait au BAPE d'intervenir là-dedans, pour prévoir, pour
prévenir plutôt que de guérir par la suite. On voit juste
l'implantation d'aluminerie, ce que ça amène présentement
comme réaction chez certains individus. Mais là, on construit -
entre autres, je parle d'alumine-rie - sans ces études d'impact. De
toute façon, la loi ne le permet pas maintenant parce que
l'entrée en vigueur de l'article n n'est pas là. Est-ce qui
pourrait être envisageable, concernant les conséquences de gestes
qu'on a posés dans le passé pour s'assurer que la qualité
de vie devient vraiment notre priorité et qu'au-delà de parler de
pollueur payeur, c'est-à-dire venir par la suite en réaction,
est-ce qu'on ne pourrait pas commencer comme société à
penser à y aller en termes de prévention pour le futur? Quand I y
a l'implantation d'usines aussi majeures au Québec, on ne devrait pas se
permettre, on ne devrait même pas s'obliger à ce qu'il y ait des
études d'impact qui soient fartes.
Le Président (M. Saintonge): Mme la
ministre de l'Environnement. (13 h 20)
Mme Bacon: Je vais revenir au BAPE, M. le Président, pour
fermer cette boucle qui a été suffisamment étirée.
Jusqu'à présent, le BAPE a reçu trois mandats d'audiences
publiques. Quand on sait ce que ça donne comme travail, trois mandats
d'audiences publiques, les gens sont suffisamment occupés. En plus, ils
ont reçu un mandat de médiation. En ce moment, le BAPE
fonctionne, parce qu'il a énormément de travail, de pain sur la
planche avec ces trois mandats d'audiences publiques et un mandat de
médiation.
Encore une fois, on ne peut pas constamment donner des mandats au BAPE
qu'il ne peut avoir le temps de remplir. Il faut tout de même être
réaliste. On ne peut pas surcharger le BAPE, même si le ministre
voudrait passer pour quelqu'un qui veut tout sauver en même temps, et
chambarder l'horaire du BAPE et lui donner dix mandats à la fois. C'est
impossible. Le député de Shefford lui-même serait le
premier à me le reprocher. C'est impossible de penser que le BAPE peut
arriver à mener de front dix audiences publiques et deux ou trois
médiations. Ce n'est pas possible.
Déjà, avec trois mandats d'audiences publiques et un
mandat de médiation, je dois dire que le BAPE est suffisamment
occupé et très occupé, parce que ce sont des mandats
d'audiences publiques de grande importance, des grands projets. On n'a
qu'à penser à Laterrière, par exemple, qui est un mandat
important.
Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, d'un
côté, la Commission d'enquête sur les déchets
dangereux, de l'autre, je pense que ça va sensibiliser la population aux
problèmes environnementaux. Il y a un autre dossier aussi important
auquel on consacre temps, énergie et argent, c'est le dossier de ce
forum sur le développement durable de l'environnement. Cela est
important, aussi. Que le Québec ait tenu sa table ronde, que la table
ronde ait fonctionné parfaitement ici, au Québec, ait
terminé ses travaux, que le Québec ait terminé ses travaux
de consultation auprès de groupes comme les milieux financiers, les
milieux des médias, les milieux associatifs, les gens du secteur
parapu-blic, du secteur public, des milieux de syndicats, par exemple, les
syndicalistes qui sont venus nous rencontrer, au-delà de 250 personnes
que nous avons rencontrées: les municipalités, les
municipalités régionales de comté et j'en passe, les
groupes d'écologistes et d'autres, on a quand même réussi
à avoir une sensibilisation accrue de tous ces milieux au
développement durable.
Mais on ne réussira pas cette politique de développement
durable si on ne change pas notre méthode et nos manières de
consommer au Québec. La meilleure prévention, c'est de changer
nos habitudes de consommation. Ce dossier de la table ronde va faire en sorte
de sensibiliser davantage la population. Il y a un code sur le
développement durable qui va être adopté. Il y aura des
dossiers précis en ce qui concerne l'éducation, en ce qui
concerne l'information qui vont être mis de l'avant et personnellement,
j'ai énormément d'espoir que ce forum de novembre sera le
début d'une ère nouvelle, parce qu'on aura vraiment
sensibilisé la population à changer ses méthodes et ses
manières de consommer. Si on ne change pas la consommation, on ne fera
pas de prévention, M. le Président, il ne sert à rien d'y
penser. La meilleure prévention possible, c'est de changer les habitudes
des consommateurs.
Je pense que ce sont déjà des gestes qui sont posés
par ce ministère et ce gouvernement pour faire en sorte
d'améliorer la situation de l'environnement au Québec. Les
méthodes préventives et les méthodes curatives sont mises
de l'avant dans les différentes politiques, dans les différents
programmes que nous avons en ce moment et avec les budgets qui sont mis
à notre disposition.
Le Président (M. Saintonge): Je vais céder la
parole à M. le député de Shefford, en lui disant
que...
Mme Bacon: II a peut-être des questions pour mon
collègue, le ministre délégué qui est là et
qui est prêt à répondre.
Le Président (M. Saintonge): Oui, mais je vais
céder la parole à M. le député de Shefford en lui
disant que ce sera probablement sa dernière intervention, puisqu'il nous
reste trois minutes.
M. Paré: Le ministre délégué pourra
toujours répondre s'il le veut. Mais j'ai un commentaire, en concluant,
étant donné qu'il ne me reste plus grand temps, et je vous dis:
Oui, je suis d'accord avec vous. C'est de d'abord changer les mentalités
et c'est de donner de l'information. Mais il faut se donner les moyens de faire
ça. Oui, je suis d'accord avec la table ronde. C'est un excellent moyen.
Mais c'en est un parmi les autres. Que le forum soit un succès, je
l'espère de tout mon coeur, parce que c'est une démarche
importante. Il faut que tout le monde embarque. Cela ne peut pas être
juste l'affaire du gouvernement, ça doit être l'affaire de tout le
monde.
Là-dessus, j'en suis. Mais ça ne peut pas juste être
l'affaire de tout le monde, c'est aussi l'affaire du gouvernement. Je ne suis
pas sûr qu'on prouve notre intérêt suffisamment avec le
budget qu'on se donne. Dans le fonds mixte, qu'il y ait des millions et des
millions de dollars, qu'il y ait 100 000 000 $, je trouve ça le "fun".
Mais quand on se donne comme budget 1 000 000 $, comme gouvernement, sur un
budget de 100 000 000 $, comme préoccupation, et qu'on diminue ensuite
le budget de PARFAIR, je ne suis pas sûr qu'on soit en train d'allumer
suffisamment l'étincelle pour que cela intéresse les
gens. Ce qui allume l'étincelle actuellement, ce sont des
catastrophes et cela est dommage, cela ne devrait pas aller de cette
façon.
Je dois vous dire que si on veut faire plus, oui, il faut mettre plus
d'argent, on n'a pas le choix, c'est comme cela que ça fonctionne. Si le
BAPE est déjà débordé, il n'y a rien qui nous
empêche de faire en sorte que le BAPE devienne une institution, un
instrument plus important en termes de spécialistes, de professionnels
qui vont y travailler si on a plus d'urgences.
Je conclus là-dessus. Si vous ne le savez pas, je vous en informe
parce que vous aurez probablement à y répondre d'ici quelques
minutes. Je n'aime pas que ça nous arrive comme cela, sauf que cela
arrive plus souvent qu'autrement comme cela. Je ne sais pas si vous avez vu ie
dernier telbec qui vient de sortir il y a quelques minutes: "Nuage de chlore
à Varennes". Le vendredi 16 juin 1989 - c'est aujourd'hui: "Une fuite de
chlore s'est produite ce matin à 8 h 45 à l'usine NL Chem Canada
inc. située à Varennes à quelque quinze kilomètres
de Montréal. La direction de l'usine a déclaré que la
fuite est sous contrôle et que le nuage est stable au-dessus de l'usine.
Le service de protection contre les incendies, de concert avec la police, les
autorités municipales et la compagnie NL Chem ont établi un
périmètre de sécurité interdit à la
circulation sur le chemin de la Côte-d'en-Bas. Pour l'instant, il est
recommandé à la population de rester à l'intérieur,
portes et fenêtres fermées. Les vents se dirigent
vraisemblablement vers ie fleuve Saint-Laurent et il n'y a pas lieu
d'évacuer la population. Le ministère de l'Environnement de
même que la Protection civile sont sur place et suivent la
situation."
C'est pour dire qu'on ne peut pas prévoir tous les cas, mais je
trouve que les cas arrivent tellement souvent depuis un certain temps - et ce
n'est pas moi qui les sors... Vous recevez comme moi, chaque jour, la copie de
presse qui concerne seulement l'environnement. Je dois vous dire que c'est
inquiétant et cela nous prend plus que 2 000 000 $ pour être
capables de prévenir et de guérir seulement les urgences qu'on
connaît au moment où on se parle.
Le Président (M. Saintonge): Mme la ministre, pour vos
remarques de conclusion.
Conclusion Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Je suis complètement étonnée de
l'attitude du député de Shefford qui semble dire que c'est la
faute du gouvernement s'il y a du chlore qui circule ou s'il y a eu le
problème de Saint-Basile, M. le Président. Je suis
complètement étonnée de voir... Ils étaient
là avant. À Saint-Basile, cela n'a pas commencé en 1985,
cela a commencé avant. Je suis complètement étonnée
de l'entendre parier comme cela. Dans la société industrielle
dans laquelle on vit, on n'est pas à l'abri de cela. Chaque jour, M. le
Président, on se demande ce qui va arriver. C'est d'abord un dossier qui
touche non seulement le gouvernement, mais les industries aussi, M. le
Président. Et à mesure que des industries nouvelles vont
s'installer au Québec, le problème environnemental sera
diminué, parce que les industries sont maintenant
préoccupées par cette question environnementale, se donnent les
équipements nécessaires pour que de tels incidents ne se
produisent pas et vont faire en sorte de protéger l'environnement de
cette façon-là.
On a quand même au Québec des industries qui ont
créé des emplois pour plusieurs Québécoises et
Québécois, qui ont donné une période de temps
considérable, je pense, au développement industriel. Il y a aussi
des industries à certains endroits qui sont désuètes et
qui devront aussi, pour respecter l'environnement, faire ou apporter les
correctifs nécessaires. Ce n'est pas que la responsabilité
gouvernementale, c'est aussi la responsabilité des industries, la
responsabilité du secteur privé. C'est pour cela que nous allons
chercher, dans la récupération et le recyclage, des partenaires
dans l'entreprise privée pour les sensibiliser davantage, pour les faire
participer sur le plan financier aux correctifs nécessaires à
apporter et pour travailler ensemble. Le ministère de l'Environnement ne
peut pas tout régler quel que soit son budget. Il devra constamment
aller se chercher des partenaires qui sont sensibles à la protection de
l'environnement. Dans plusieurs dossiers, c'est ce que j'essaie de faire
actuellement, aller chercher des partenaires. Le ministère peut donner
le coup de pouce, le coup d'envoi, le coup de démarrage et assumer ces
frais-là, mais les autres partenaires devront aussi travailler avec nous
dans un plan d'ensemble, un plan global de protection de l'environnement et de
correction aussi des situations actuelles.
On cherche en ce moment, M. le Président, à
l'intérieur de deux décennies, à corriger les
problèmes environnementaux qui ont été causés par
des centaines d'années de déversement, de pollution de toutes
sortes. On cherche les correctifs, à l'intérieur d'une ou de deux
décennies, à des centaines d'années de pollution, M. le
Président.
Je reviens encore une fois pour dire que la population devra changer ses
méthodes de consommation. Les industries devront adopter des
équipements, avoir des équipements adéquats pour la
préoccupation que nous avons pour la protection de l'environnement. (13
h 30)
On a aussi, au gouvernement, un comité de protection civile qui a
été mis sur pied et qui doit siéger. On compte dans ce
comité des membres de différents ministères qui sont
préoccupés par la protection de l'environnement et par la
protection des citoyens et c'est ce comité de protection civile qui
assumera cer-
taines responsabilités d'engagement auprès de certains
ministères concernés.
Encore une fois, je suis d'accord avec le député, jamais
on n'aura suffisamment d'argent au ministère de l'Environnement pour
tout régler. Il faut aller en chercher le plus possible chaque
année.
Le Président (M. Saintonge): Merci, Mme la ministre. Cela
met fin à cette partie de nos travaux où nous avons accueilli Mme
la ministre de l'Environnement.
Afin que la commission s'acquitte entièrement de son mandat, je
dois maintenant mettre aux voix les crédits supplémentaires
n° 1 pour l'année financière se terminant le 31 mars 1990 et
déposés le 7 juin 1989 par M. le ministre des Finances.
Adoption de tous les crédits
supplémentaires
Est-ce que les crédits du ministère des Affaires
culturelles sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère des Affaires internationales sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère des Affaires municipales sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de l'Environnement sont adoptés?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère des Finances sont adoptés?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie sont adoptés? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère du Revenu sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère de la Santé et des Services sociaux
sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que les
crédits du ministère des Transports sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits supplémentaires n° 1 pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1990 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. En
conséquence, la commission plénière met fin à ses
travaux et je demanderais aux personnes-ressources qui accompagnent les
ministres et les députés de bien vouloir quitter l'enceinte de
l'Assemblée afin que nous puissions faire un rapport final à la
présidence de l'Assemblée.
Le Vice-Président: M. le président de la commission
plénière.
M. Baril (président de la commission plénière):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a étudié les crédits
supplémentaires no 1 pour l'année financière se terminant
le 31 mars 1990, déposés le 7 juin 1989 par M. le ministre des
Finances, et qu'elle les a adoptés.
Le Vice-Président: Merci, M. le Président. Est-ce
que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Projet de loi 152 Adoption du principe et
adoption
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
M. le ministre délégué à l'Environnement, au nom de
M. le ministre des Finances, propose que l'Assemblée soit saisie du
projet de loi 152, Loi no 3 sur les crédits, 1989-1990, qu'elle en
adopte te principe et qu'elle adopte le projet de loi proprement dit. Est-ce
que cette motion est adoptée? Adopté.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: En conséquence, le projet de loi
152, Loi no 3 sur les crédits, 1989- 1990, est adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, avant d'appeler le
prochain article du feuilleton, j'ai déjà le consentement de
l'Opposition pour que je puisse donner d'autres avis touchant les travaux des
commissions, particulièrement quant à la journée de lundi
prochain.
M. le Président, j'avise l'Assemblée qu'effectivement, le
lundi 19 juin, de 10 heures à 12 h 30, à ta salle du Conseil
législatif, la commission des institutions procédera à
l'étude détaillée des projets de loi suivants, dans
l'ordre ci-après indiqué: le projet de loi 140, Loi modifiant la
Charte des droits et libertés de la personne concernant la Commission et
instituant le Tribunal des droits de la personne, et le projet de loi 137, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant l'application du
Code de procédure pénale.
M. le Président, à la salle 101 de l'édifice
Pamphile-Le May, la commission des affaires sociales procédera à
l'étude détaillée des projets de loi suivants, dans
l'ordre d-après indiqué: le projet de loi 116, Loi sur les
régimes complémentaires de retraite, et le projet de loi 124, Loi
modifiant la Loi sur le Régime de rentes du Québec.
À la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission du budget et
de l'administration entendra les intéressés et procédera
à l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé suivants, dans l'ordre ci-après
indiqué: le projet de loi 262, Loi concernant Les Développements
nouveaux de Lorette Itée, le projet de loi 263, Loi concernant Gamma
Lambda Foundation of Sigma Chi Fraternity Incorporated, le projet de loi 270,
Loi concernant l'Association athlétique et sociale Hull Volant Inc., le
projet de loi 277, Loi concernant club de golf La Pruchière inc., le
projet de loi 283, Loi concernant Groupe André Perry inc., et le projet
de loi 285, Loi concernant Domaine Lafontaine Itée.
M. le Président, quant à l'étude du projet de loi
d'intérêt privé 230, Loi modifiant la Loi constituant en
corporation la compagnie de chemin de fer Roberval-Saguenay, ladite
étude se poursuivra après les affaires courantes. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Très bien. Donc, il y avait
consentement de l'Opposition pour la réception de ces avis. Ces avis
sont donc reçus. Je comprends, M. le leader adjoint du gouvernement, que
les affaires courantes ne seront pas à 10 heures, lundi matin, à
ce moment-là.
M. Lefebvre: Non.
Le Vice-Président: Très bien, nous y reviendrons
ultérieurement.
M. Lefebvre: Pour les affaires courantes, effectivement, M. le
Président, lorsqu'on ajournera les travaux tout à l'heure,
j'indiquerai que les travaux reprendront à 14 heures, lundi
après-midi.
Le Vice-Président: Très bien. Si vous voulez
m'indiquer l'article du feuilleton que je dois appeler pour la poursuite de nos
travaux.
M. Lefebvre: Je vous demande d'appeler maintenant, M. le
Président, l'article 24 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 108
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président: L'article 24 du feuilleton. Nous allons
maintenant procéder à la prise en considération du rapport
de la commission de l'aménagement et des équipements qui a
procédé à l'étude détaillée du projet
de loi 108, Loi sur les espèces menacées ou vulnérables et
modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Je
cède, à ce moment-ci, la parole à M. le ministre
délégué à l'Environnement.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: M. le Président, depuis le
dépôt à l'Assemblée nationale du projet de loi 108
sur les espèces menacées ou vulnérables, en
décembre dernier, tant le gouvernement que l'Opposition ont
souligné l'importance de cette loi. À cette étape-ci du
débat, il est certainement très utile de rappeler de nouveau
certains éléments qui justifient l'adoption de ce projet de loi.
(13 h 40)
On constate d'abord qu'au Québec il existe réellement des
espèces de faune et de flore menacées. Le nombre exact de ces
espèces sera, bien sûr, précisé au fur et à
mesure que les
études en cours se finaliseront. Cependant, à partir des
expertises actuelles, on parle déjà d'une centaine
d'espèces. On sait qu'au moins 300 à 400 autres espèces de
faune et de flore ont des problèmes plus ou moins graves de survie, ce
sont les espèces que l'on qualifie de vulnérables. Par ailleurs,
les informations relatives aux espèces menacées ou
vulnérables au Québec nous indiquent que la sauvegarde de leurs
habitats constitue certainement un des éléments fondamentaux de
la problématique qu'il faut à tout prix corriger. C'est donc en
tenant compte de cet état, de cette situation que le projet de loi sur
les espèces menacées ou vulnérables a été
proposé en cette Chambre. Ainsi, ce projet de loi vise à
préserver d'abord les espèces menacées. Il s'agit la d'une
mesure essentielle à laquelle il faut s'attaquer de façon
prioritaire. Ce sont d'ailleurs ces espèces que la majorité des
États dans le monde qui se sont dotés d'une loi protègent
actuellement.
Toutefois, au Québec, M. le Président, nous avons voulu
faire plus en matière de préservation de la diversité
biologique. C'est pour cette raison que le projet de loi 108 touche aussi les
espèces vulnérables. Les espèces vulnérables sont
celles qui, sans être en danger de disparition, risquent de le devenir si
aucune mesure n'est prise pour corriger les pressions qui s'exercent
actuellement sur elles.
Le projet de loi 108 associe aussi, à la protection des
espèces de faune et de flore menacées ou vulnérables, une
possibilité de sauvegarder leurs habitats en tout ou en partie.
Là encore, le Québec innove - je le souligne, M. le
Président - car très peu de lois dans le monde sur les
espèces menacées couvrent en même temps la protection des
espèces et leurs milieux de vie. Nous croyons fortement que ces deux
aspects doivent chez nous être indissociables.
Par ailleurs, ce projet de loi sur les espèces menacées ou
vulnérables donnera aux ministres responsables des moyens modernes de
corriger les quatre grandes causes qui peuvent expliquer chez nous l'existence
d'espèces menacées. Celles-ci sont: 1° la modification et la
destruction des habitats naturels; 2° la surexploitation; 3°
l'introduction d'espèces non indigènes; 4° la pollution des
écosystèmes.
C'est ainsi que des interdictions sévères
d'activités ont été prévues dans le projet de loi
108 pour permettre réellement de tenir compte des causes responsables de
la diminution des effectifs de certaines espèces et de la
dégradation de leurs habitats.
Le projet de loi sur les espèces menacées et
vulnérables qui est présentement en discussion fera donc appel
à beaucoup de concertation et de collaboration. Cette concertation et
cet appel à la collaboration sont absolument essentiels tant sur le plan
des ministères gestionnaires des ressources et du territoire que des
MRC, des municipalités et de toute la population. Cette concertation, M.
le Président, est aussi inévitable car on ne peut compartimenter
la faune et la flore menacées ou vulnérables et leurs habitats.
Souvent, tout cela constitue des touts indissociables qu'il faut traiter comme
tels. Or, ceci est une particularité de ce projet de loi en ce sens que
la désignation des espèces et leurs habitats,
rétablissement de politiques de sauvegarde et de gestion ainsi que la
réalisation des programmes de survie devront se faire conjointement avec
le ministère de l'Environnement et le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. M. le Président, cette concertation, loin
d'être la source de retards, permettra plus de cohérence et de
cohésion dans les actions gouvernementales et, bien sûr, plus de
poids dans les revendications de protection qui parviendront au
gouvernement.
Également, M. le Président, au cours des différents
débats qui ont eu lieu sur le projet de loi, on a souvent
souligné la nécessité d'impliquer davantage les
municipalités régionales de comté et les
municipalités dans la gestion des espèces menacées ou
vulnérables. Sensibles aux différents points de vue qui furent
exprimés sur le sujet, nous avons donc apporté, lors du
débat en deuxième lecture, des amendements appropriés
à cet effet. C'est ainsi que dorénavant le ministère de
l'Environnement pourra, par protocole d'entente, confier à des MRC ou
à des municipalités des pouvoirs d'autorisation
d'activités dans les habitats d'une espèce floristique
désignée menacée ou vulnérable. Par ailleurs,
l'organisme municipal visé par ce protocole pourra lui-même
intenter, en cas d'infractions, des poursuites et se voir verser le montant des
amendes imposées.
Ces amendements reliés aux dispositions déjà
prévues à l'article 7, qui permettent de déléguer
à toute personne l'établissement ou la réalisation de
programmes favorisant la survie des espèces menacées ou
vulnérables ainsi que de conclure avec toute personne une entente en vue
de réaliser les objectifs de la présente loi, constituent pour
les MRC et les municipalités du Québec une assurance de leur
implication dans la gestion de ce projet de loi. D'ailleurs, je tiens à
le souligner, l'application de la future loi sur les espèces
menacées ou vulnérables se fera dans le respect de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
De plus, certaines modifications ont été introduites en
deuxième lecture pour protéger les droits des
propriétaires privés. C'est ainsi, M. le Président, que
tout habitat d'espèces floristiques menacées ou
vulnérables déterminé par un plan devra être
signalé sur le terrain. Or, le propriétaire visé ne pourra
être déclaré coupable d'une infraction si, au
préalable, il n'a pas été averti de l'existence de cet
habitat floristique.
Cette obligation du ministère de l'Environnement envers un
propriétaire privé amènera inévitablement les deux
parties à convenir, au préalable, de mesures de protection, de
moyens
d'aide ou de mesures de compensation et à favoriser une
adhésion volontaire des citoyens et citoyennes du Québec à
la sauvegarde des habitats et des espèces menacées ou
vulnérables. D'ailleurs, lors de la deuxième lecture, nous avons
longuement insisté sur l'importance d'amener de plus en plus la
population à participer, comme c'est le cas en Ontario ou bien sûr
dans le Maine, à s'impliquer personnellement dans la sauvegarde de la
diversité biologique au Québec. À cet égard, des
programmes adéquats d'éducation et d'information seront
intimement intégrés à tout le processus de gestion du
présent projet de loi.
Par ailleurs, nous avons aussi été amenés à
proposer certains amendements à caractère technique visant, d'une
pan", à spécifier après l'utilisation de l'expression
"espèces floristiques" les mots "menacées ou vulnérables"
pour bien préciser que les dispositions légales du projet de loi
108 ne visaient pas toutes les espèces de plantes, mais seulement celles
désignées menacées ou vulnérables. D'autre part, il
nous a fallu modifier l'article traitant de l'accès de la population
à des copies de plans d'habitats floristiques désignés.
Cette modification portait sur les coûts associés à ces
plans. L'amendement adopté permet d'être conforme avec les
dispositions de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels.
Dans le cas des dispositions de protection des espèces
floristiques menacées ou vulnérables, il nous est apparu
nécessaire de prévoir qu'une interdiction fixée pour une
espèce désignée pourrait ne pas s'appliquer dans les cas
où une activité serait requise pour réparer un dommage
causé lors d'une catastrophe ou pour prévenir un dommage qui
pourrait être engendré par une catastrophe
appréhendée. Cet amendement assure une plus grande souplesse
à la loi dans les cas spécifiques d'événements
naturels imprévisibles et qui risqueraient d'entraîner la
disparition de l'espèce que l'on veut précisément
protéger.
Nous croyons, M. le Président, que ces amendements permettront
à la future loi sur les espèces menacées ou
vulnérables de s'appliquer avec encore beaucoup plus de
précision, de souplesse et sera ainsi conforme aux volontés de la
population.
À cet égard, j'aimerais rappeler à cette Chambre
jusqu'à quel point ce projet de loi était attendu depuis de
nombreuses années. C'est ainsi qu'au cours des huit dernières
années la nécessité pour le Québec de s"e doter
d'un cadre législatif particulier favorisant une sauvegarde
véritable des espèces menacées n'a cessé de
progresser. À titre d'exemple, en 1982 et en 1983, lors des commissions
parlementaires relatives aux modifications à apporter à la Loi
sur la qualité de l'environnement, le projet de loi 59, et à la
Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, de très
nombreux participants formulèrent au gouvernement des propositions
concrètes recommandant une loi en ce sens.
Rappelons qu'en 1982 l'Association des biologistes du Québec
remettait au ministre de l'Environnement une pétition de 11 000
signatures exigeant la sauvegarde de l'ail des bois et l'adoption d'une loi
spécifique sur les espèces menacées. En 1985, l'Union
québécoise pour la conservation de la nature remettait au premier
ministre du Québec une autre pétition de 8000 noms allant dans le
même sens. Lors des congrès annuels de la Société
botanique du Québec et de l'Association des biologistes du
Québec, en 1984, les membres de ces organismes ont voté des
résolutions statuant sur la nécessité pour le
Québec d'adopter une loi sur cette question. (13 h 50)
Des résolutions semblables ont de nouveau été
votées et des revendications ont été reformulées en
1985, en 1986 et en 1987 auprès du ministre de l'Environnement et du
premier ministre. À la fin de septembre 1988, il y a eu la tenue au
Québec d'un forum international sur la survie du béluga du
Saint-Laurent. Les participants à ce forum international ont unanimement
réclamé que le Québec adopte une loi spécifique sur
les espèces menacées.
M. le Président, la formation de groupements et d'organismes non
gouvernementaux tels la Fondation Béluga, la Fondation pour la
sauvegarde des espèces menacées, les Amis de l'ail des bois, le
Comité sur le statut des espèces menacées au
Québec, etc., est venue concrétiser l'opinion
généralisée de la nécessité de faire
davantage pour les espèces fauniques et floristiques dont la survie est
en péril au Québec. Actuellement, l'Union
québécoise pour la conservation de la nature et le World Wildlife
Fund ont mis à la disposition des écoles du Québec une
trousse pédagogique sur les espèces menacées. Plusieurs
enseignants et enseignantes utilisent déjà celle-ci pour que le
message de la conservation en faveur des espèces menacées puisse
atteindre la jeunesse. Régulièrement des revues et des journaux
traitent de ce sujet qui nous concerne tous. La Société
linnéenne du Québec travaille également à (a mise
sur pied de trousses éducatives concernant la faune du Québec et
ça, en étroite collaboration avec le ministère de
l'Éducation et le soutien du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche.
Par ailleurs, au cours des dernières années, le
Québec a été largement pris à partie, au
Québec et à travers le Canada, par des organismes comme la
Fédération canadienne de la nature pour son inaction à
l'égard des espèces menacées. Dans le cas de la protection
du béluga du Saint-Laurent, l'organisme Greenpeace a même
souligné, à l'échelle nord-américaine, le manque
d'outils législatifs du Québec en faveur de la protection des
espèces menacées.
Enfin, M. le Président, j'aimerais préciser que 26
organismes représentant le monde municipal, le monde agricole, le
secteur forestier, les organismes de conservation, les autochtones, les
associations d'exploitation et de protection de la faune, les organismes
de plein air et de loisir se sont entendus, lors du sommet sur la faune en
avril 1988, sur un consensus visant à ce que soient prises les mesures
nécessaires pour s'assurer qu'une loi spécifique sur les
espèces menacées ou vulnérables, fauniques et floristiques
soit adoptée. Par conséquent, M. le Président, nous sommes
heureux de donner suite à toutes ces revendications et à ces
voeux exprimés par toutes les couches de la population.
En conclusion, M. le Président, le projet de loi 108 constitue
une excellente police d'assurance dont on ne peut se passer afin
d'éviter qu'on ait des espèces en danger et risquer que certaines
d'entre elles disparaissent. Aussi, ce projet de loi nous permet
dorénavant de nous préoccuper de toute notre diversité
biologique et pas seulement d'une partie de celle-ci. Il introduit dans la
gestion des espèces en général des comportements nouveaux
de conservation, dont celui de la gestion de la rareté et de la
fragilité.
Par conséquent, en plus d'avoir un effet immédiat sur les
espèces en danger, ce que l'on cherche en priorité, le projet de
loi 108 aura d'autres retombées considérables. Je voudrais, en
terminant, en citer quelques unes: amélioration de nos connaissances sur
la flore et la faune; augmentation des sites naturels protégés au
Québec; réduction de la pollution; sensibilisation, prise de
conscience et implication plus grande de la population aux problèmes et
aux activités de conservation; meilleure gestion des ressources
renouvelables et notamment celles abondantes.
Je souhaite donc que l'on puisse adopter à l'unanimité,
dans les meilleurs délais, le projet de loi 108 pour le
bénéfice des générations actuelles et aussi celles
qui nous suivront qui, comme nous, souhaiteraient profiter de toutes les
ressources vivantes du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Très
rapidement, nous allons voter en faveur du projet de loi 108, parce que le
projet de loi 108 est un pas dans la bonne direction. En termes très
clairs et très courts, ce que contient le projet de loi 108, Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables et modifiant la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, c'est qu'il permet de
protéger et de gérer certaines espèces fauniques et
floristiques, donc les fleurs et leur habitat. Je pense que c'est un minimum
comme société, quand on sait combien d'espèces sont
menacées, de se garantir de préserver ce qu'on a encore. Donc
ça va permettre un processus de désignation et d'identification
des habitats et des espèces. Cela permet au ministère de
déterminer certaines activités qui peuvent ou non se tenir
à l'intérieur des habitats qu'on décide de
protéger. À ce sujet, vous vous rappellerez que l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec avait
demandé une multitude de modifications. Heureusement, à
l'intérieur du projet de loi, on a consenti à amener
énormément de ces modifications qui étaient
demandées. On peut juste être heureux là-dessus. Mais je
dois dire que ça ne me surprend pas. C'est presque courant. On voit
ça aux projets de loi qui sont déposés
présentement. On nous propose un projet de loi qui est
déposé. On s'en vient en deuxième lecture ici à
l'Assemblée nationale et on dénonce le contenu des projets de loi
qui sont excessifs, qui sont arbitraires ou qui ne respectent pas la
volonté des groupes qui sont concernés. On arrive en commission
parlementaire, et là, effectivement, on en vient à
énormément de modifications.
Je ne les ai pas comptés, mais je peux vous dire qu'il y a eu
beaucoup d'amendements à ce projet de loi. Je ne sais pas si c'est une
question de préparation ou une question de tactique, mais ça
arrive régulièrement, et là, on se rend compte qu'on
accepte des amendements, des modifications qui sont proposés par
l'Opposition, qui sont proposés par d'autres groupes de la
société ou qui sont amenés directement par la personne
responsable, donc le ministre en titre, pour venir corriger à la suite
d'interventions qui sont faites de différentes façons par
différents groupes entre la deuxième lecture et l'étude
article par article en commission parlementaire. Je dois dire que je pense que
ce n'est pas la bonne façon de légiférer. Ce n'est pas en
montrant qu'on écoute les gens. On devrait les écouter avant
d'amener le projet de loi, et ça exempterait une foule de modifications
comme celles qu'on a amenées.
Sur ce projet de loi, je dois vous dire qu'on est d'accord, mais le
ministre responsable de l'Environnement, de l'autre côté, aurait
dû agir il y a déjà trois ans. Donc, on ne sera pas contre
certain. Ce qu'on dit, c'est que c'est un retard. Parce qu'à son
arrivée aux affaires, en décembre 1985, si le ministre titulaire
de l'Environnement à ce moment-là avait regardé, H se
serait aperçu qu'à son ministère, il y avait la
préparation d'un projet de législation sur les espèces
menacées. Donc, le projet était déjà en
préparation. Il y avait déjà eu aussi au ministère
de l'Environnement une consultation avec le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche sur un projet de mémoire qui devait
être adressé au Conseil des ministres. De plus, il y avait eu un
examen des implications administratives et budgétaires. Donc, tout
était prêt en 1985 pour déposer une législation.
Donc, de l'autre côté, si on avait été plus
intéressés, au lieu du discours seulement écologique et
environnemental, probablement qu'on aurait agi avant.
Mais il y avait une autre façon d'agir plus rapidement aussi si
on avait été vraiment sincères. L'autre façon,
c'aurait été tout simplement
d'amener quelques modifications au projet de loi 15 qui a
été voté en cette Chambre en juin 1988, donc il y a une
année, en fin de session comme présentement, où on est
venu légiférer par la loi 15, la Loi sur la conservation et la
mise en valeur de la faune. On aurait pu, si on avait voulu, tout simplement
amener dans ce projet de loi des articles concernant la protection des habitats
et de la flore, les espèces fioristiques. Avec les pouvoirs que voulait
se donner la ministre, ce qui était beaucoup plus grand cette
année dans le projet de loi que par rapport au projet de loi 15 de l'an
passé... Heureusement, en commission parlementaire, à la suite
des pressions et des demandes qui ont été faites par des groupes
dont l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec, heureusement, on est revenus sur plusieurs articles dont, entre
autres, les pouvoirs qu'on accepte de partager, de déléguer aux
municipalités et les municipalités régionales de
comté. Donc, finalement, on s'est encore davantage rapproché du
contenu de la loi 15 de juin 1988. Donc, à plus forte raison, on aurait
pu aller beaucoup plus vite à ce sujet et déjà, l'an
passé, inclure les espèces fioristiques et leurs habitats dans le
projet de loi 15 ce qui ferait que cette année, au lieu d'être en
train de légiférer aujourd'hui sur un projet de loi concernant
les espèces menacées ou vulnérables de la faune et de la
flore, on l'aurait voté, y y a une année, en l'incluant dans le
projet de loi 15, ce qui veut dire que la loi serait en application depuis une
année. (14 heures)
Ce que je dois dire là-dessus aussi, c'est qu'il y a une chose -
le ministre l'a dit dans son intervention tantôt - j'espère que
ça va être vraiment appliqué parce qu'il y a un point sur
lequel on n'a pas amené une clarification qui était
demandée par l'Union des municipalités régionales de
comté, c'est que le pouvoir risque d'être un pouvoir
discrétionnaire et arbitraire de la ministre de décider des
activités sur un territoire protégé, ce qui fait en sorte
que ça pourrait aller à rencontre de ce qu'on appelle le respect
des schémas d'aménagement décidés par les
municipalités régionales de comté. Les
municipalités ont établi, ont élaboré leur
schéma d'aménagement, ce qui veut dire qu'elles décident
des actvités et du développement qui va se faire sur le
territoire délimité par les municipalités
régionales de comté. Les municipalités décident,
mais par ce projet de loi, la ministre peut décider des activités
qui vont se tenir dans certains habitats. Ensuite, elle les donne aux
municipalités régionales de comté qui, elles, doivent les
inclure à l'intérieur de leur schéma
d'aménagement.
Est-ce qu'il ne s'agit pas d'une façon détournée de
s'ingérer et d'imposer, à rencontre du schéma
d'aménagement, des décisions qui seraient prises à
Québec? J'espère que non. La ministre a dit que non. La ministre
avait dit la même chose en commission parlementaire, sauf que, vous
savez, dans la loi, ce qui compte, c'est ce qui est écrit.
J'espère qu'à ce titre, on va respecter les schémas
d'aménagement et les élus locaux qui ont décidé de
leurs schémas d'aménagement.
Qu'on en vienne avec un projet de loi semblable, je vais vous dire: Oui,
on ne peut pas faire autrement qu'être d'accord pour qu'on en vienne,
enfin, à protéger les espèces menacées et
vulnérables dans le domaine de la flore. Il y a suffisamment
d'espèces que l'homme a détruites sur la terre, y compris ici,
pour qu'on continue de le faire. Donc, on a des responsabilités, il faut
les prendre. On a un outil de plus à partir de maintenant, même
s'il n'est pas tout à fait parfait. On avait demandé d'autres
modifications qui ont été refusées. C'est quand même
un pas dans la bonne direction. Donc, on va y adhérer. Mais il faudra
vraiment qu'on l'applique, qu'on l'applique de façon rigoureuse, de
façon sérieuse, parce qu'il y a trop de lois, de
règlements et de normes au gouvernement du Québec qu'on
n'applique pas, qui nous amènent dans toutes sortes de catastrophes
écologiques.
Il faut aller au-delà des beaux discours. On peut tenir des beaux
discours en cette Chambre. Mais quand la loi est votée, H faut se donner
les moyens, comme société, de faire en sorte que ça
s'applique, sinon, on va se ramasser, comme on l'a vu dans d'autres secteurs,
avec des catastrophes. Dernièrement, H y en a eu, c'était
inacceptable et dangereux. Je citais un cas ce matin. À Varennes, des
gens sont enfermés, portes et fenêtres fermées, parce qu'il
y a une fuite de chlore. C'est huit mois après ce qu'on a connu à
Saint-Basile-le-Grand avec l'incendie de BPC. C'est ce qu'on connaît
présentement à ville Mercier, à Sainte-Martine et dans
toute la région avoisinante où, malheureusement, par
négligence des gouvernements entre 1968 et 1972, on a laissé
entreposer des déchets dangereux. Aujourd'hui, on en voit les
conséquences. C'est en train d'attaquer l'eau souterraine. Quand c'est
attaqué, on ne sait pas dans quelle direction ça va, mais on sait
que ça se promène et que cela a des effets sur la culture, sur
l'agriculture, sur la santé des gens, sur la faune et la flore.
Au-delà des discours, y faut protéger dès
maintenant. Il faut avoir le courage, comme société,
d'émettre des règlements, de les faire appliquer.
Saint-Basile-le-Grand a eu lieu parce qu'on n'a pas fait appliquer un
règlement en vigueur, par économie sur le nombre d'inspecteurs.
Cela, c'est impardonnable. Comme société, il faut qu'à
partir de maintenant, pour que ça s'applique, on puisse vraiment
protéger nos habitats de faune et de flore, mais aussi la santé
et la sécurité des citoyens. Il va falloir que nos
règlements soient appliqués, qu'on se donne les moyens d'avoir
plus d'inspecteurs, qu'on exige qu'ils fassent appliquer les règlements
très sévèrement, qu'on fasse en sorte que nos usines
polluantes soient identifiées, soient suivies de près et qu'on
raccourcisse les échéances qu'on
leur a données pour qu'elles le soient moins, pour qu'elles
soient moins contaminantes et qu'il ne se produise plus ce qui vient de se
produire à Varennes où des nuages de chlore qui s'attaquent aux
citoyens. Cela va probablement s'attaquer aussi évidemment... En tout
cas, ces nuages risquent de s'attaquer aux territoires et aux habitats qu'on
veut protéger par ce projet de loi, puisque Varennes est sur les bords
du fleuve Saint-Laurent.
N'oublions pas que le fleuve Saint-Laurent, c'est une des plus grandes
richesses québécoises. Les Québécois se sont
développés de chaque côté de ce grand fleuve, une
des richesses majeures du Québec. Il faut arrêter de le polluer.
Cela n'a pas de bon sens tout ce qu'on jette chaque année comme
déchets polluants dans ce grand réservoir d'eau non salée
dans lequel on peut même s'abreuver. N'oublions pas qu'entre 40 % et 50 %
des Québécois retirent l'eau de consommation quotidienne du
fleuve Saint-Laurent. Comment, comme société, peut-on s'abreuver
à même le fleuve et, en même temps, accepter que des villes
et des entreprises continuent à le polluer avec des tonnes et des tonnes
de déchets dangereux, de déchets solides chaque année?
C'est inacceptable, et c'est pour ça que je dis qu'il ne faut
plus se contenter de parler. Il faut agir. Il s'agit aussi de se donner les
moyens financiers, de se donner des politiques de déchets. On en a
parlé aussi à quelques occasions depuis un an ou deux. On annonce
ces fameuses politiques, mais elles ne viennent pas. Les discours viennent, les
politiques ne viennent pas et c'est toujours dangereux. Il va falloir se
décider à investir dans le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement pour être capable de faire toutes les études
d'impact nécessaires à l'implantation de grandes entreprises,
à l'aménagement du territoire. Qu'on arrête de maganer, de
massacrer le territoire et de dire en même temps qu'on va protéger
les habitats et leur contenu en termes de flore et de faune.
Il y a trop d'exemples de l'autre côté prouvant que, depuis
décembre 1985, on tient un beau discours sur la protection, mais en
même temps on abandonne nos responsabilités. On investit moins et
on laisse faire. J'ai donné l'exemple de Saint-Basile-le-Grand, je vais
vous donner un exemple... On parle de territoire, d'aménagement du
territoire, de protection de zones et d'habitats. Pourtant, un programme
existait et faisait en sorte d'aider nos parcs régionaux. Les parcs
régionaux, c'est important parce qu'ils nous appartiennent. On peut les
développer soit pour des activités de loisirs, soit pour la
protection de la faune et de la flore. Pourtant, de 1985 à 1991,
qu'est-ce qui s'est passé? Pour les subventions combinées du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et de l'Office de
planification et de développement du Québec - ce sont les deux
institutions, les deux Instances gouvernementales qui subven- tionnent ce genre
d'activités ou de préservation de nos habitats - en 1985-1986,
les budgets pour les parcs régionaux étaient de 5 150 000 $.
Dès l'année suivante, avec la venue du Parti libéral, en
1986-1987, on est tombé à 2 600 000 $; en 1987-1988: 1 137 000 $;
en 1988-1989: 2 000 000 $; 1989-1990: 213 000 $. Là, on parle de
protéger nos parcs et nos habitats, mais en même temps les autres
ministères font passer le budget de développement et de
préservation de nos territoires de 5 151 000 $ en 1985-1986 sous
l'ancien gouvernement du Parti québécois à 213 000 $ en
1989-1990. Je trouve que ce n'est pas une preuve tangible de la volonté
expresse et déterminée de protéger.
Deux autres exemples en concluant, M. le Président. Il s'agit de
la réserve forestière de Duchesnay. Je dois vous dire que cela
est inquiétant. Quand ici, en cette Chambre, on tient ce beau discours,
c'est pour cela que je vous dis: Finis les beaux discours! Et passons donc
à l'action! Pendant qu'en cette Chambre, on dépose le projet de
loi 108 et qu'on en discute, on dit qu'il faut protéger la faune et la
flore et leur habitat, lès espèces menacées ou
vulnérables et c'est essentiel... On a - comme société,
comme gouvernement, cela nous appartient - une réserve forestière
qui s'appelle la réserve faunique de Duchesnay. C'est
délimité, c'est protégé. En tout cas, dans la
tête des gens, cela a toujours été protégé.
Et pourtant, au moment où on se parle, le ministre de l'Énergie
et des Ressources du même gouvernement accepte de se départir
d'une bonne partie de ce territoire pour faire du développement
résidentiel. Alors qu'on sait que le lac au Chien qui est touché
par cela est à la tête d'autres lacs, il y a une dizaine de lacs
dans cette région qui fournissent de l'eau potable et de qualité
à des municipalités, à des résidents, à des
citoyens qui sont en bas de ces lacs-là.
On accepte, nous, comme gouvernement, de se départir d'une
réserve forestière pour faire du développement
résidentiel quand il y a tellement d'espaces encore au Québec
où on peut bâtir sans toucher nos réserves. Est-ce qu'on
est sérieux, comme gouvernement, quand on dit qu'on veut protéger
les habitats - les habitats qui ne nous appartiennent pas, c'est
peut-être plus facile - mais qu'on ne protège même pas les
réserves qui nous appartiennent? Je demandais en commission
parlementaire au ministre responsable s'il avait l'intention d'intervenir parce
qu'il venait de faire un beau discours sur la préservation des habitats
et des réserves. Au-delà du discours, avez-vous l'intention
d'intervenir là-dedans? Et il semble que non. On accepte cela. On va
laisser faire parce qu'on a fait des études et cela ne vient pas menacer
la qualité de l'eau. Si cela ne menace pas, on n'a plus besoin de
préserver. C'est au-delà de cela, quand on veut exprimer une
volonté de préserver des espaces. (14 h 10)
Un autre beau cas, il s'agit de la fameuse
rivière Moisie. La rivière Moisie, pour sa production de
saumons, il ne faut pas oublier que c'est un patrimoine faunique mondial, c'est
là qu'il y en a le plus, c'est là qu'on peut développer et
on développe déjà parce qu'il y a des millions chaque
année qui se dépensent en activités de loisir, de chasse
et de pêche. Les réserves, les ZEC, les pourvoies et tout ce qu'il
y a autour, c'est un secteur important, c'est un patrimoine mondial. Quand on a
un patrimoine mondial, comme société on doit faire en sorte de le
protéger. Encore une fois, c'est menacé. Pourquoi? Ce n'est pas
menacé par les spéculateurs et par les sociétés
étrangères, c'est menacé par une autre
société d'État qui s'appelle HydroQuébec.
De l'autre côté, on a le beau discours
énergétique. Mais il y a tellement d'autres endroits dans le Nord
où on peut produire de l'énergie, il y a tellement de
façons d'économiser l'énergie. Au Québec, on est
à peu près les plus grands consommateurs, donc les plus grands
gaspilleurs d'énergie au monde. On devrait commencer par
s'éduquer, on devrait lancer des campagnes d'économie
d'énergie et on devrait planifier davantage. Le BAPE - j'y reviens
encore - le bureau d'audiences publiques devrait aller voir, avant qu'on prenne
des décisions majeures, avant qu'on fasse ces grands chantiers, si on
protège ou non les espèces menacées, si on protège
un secteur économique. Sinon, ce qu'on est en train de faire n'est pas
correct. Et là, ça dépend juste de nous; ça ne
dépend de personne d'autre. C'est nous, dans cette Chambre, qui allons
décider si la rivière Moisie continuera d'être cette
richesse faunique mondiale car nous pouvons dire à Hydro-Québec,
qui nous appartient aussi même si, de temps en temps, ça ne
paraît pas: Vous ne toucherez pas à ce territoire. C'est à
nous de décider si on va laisser un barrage se construire là pour
quelques centaines de kilowatts... Je ne me souviens plus du terme qu'on
utilise, mais on en a besoin de milliers ailleurs au Québec. Cela
n'aurait pas de bon sens que, pour quelque 280 mégawatts, je crois, on
vienne compromettre cette réserve faunique unique au monde où il
y a tant de saumons qui viennent frayer après être allés
dans la mer. On n'a pas le droit d'accepter ça et on n'a qu'une
décision à prendre parce que ça nous appartient. Le sol
nous appartient, c'est nous les législateurs et Hydro-Québec nous
appartient.
Si, de l'autre côté, vous laissez faire ça, si vous
laissez les travaux s'exécuter pour seulement 280 mégawatts,
alors qu'on pourrait le faire n'importe où ailleurs, je viendrai
probablement dire, à ce moment-là, que la loi 108,
c'étaient des beaux discours, mais sans la volonté politique, en
fin de compte, de la faire respecter. On sait qu'il y a tellement
d'espèces menacées sur la terre, on connaît l'état
lamentable de plusieurs coins du Québec. Dans le sud-ouest de la
Montérégie, à Mercier, on ne sait pas à quel point
notre culture sera affectée parce que la nappe phréatique est
affectée par un dépotoir de produits dangereux. Cela peut
même aller dans la rivière Châteauguay pour aller ensuite
dans le fleuve Saint-Laurent. Il va falloir prendre les moyens pour
réparer ça. Dans les cas que je viens de vous mentionner, sort la
réserve forestière Duchesnay et la rivière Moisie, il ne
s'agit pas de réparer, y s'agit de prévenir, de préserver.
Si on n'a pas la volonté de le faire, de l'autre côté,
qu'on le dise plutôt que de nous faire de beaux discours sur la loi 108
à l'Assemblée nationale.
Je conclus là-dessus, M. le Président en disant: Oui, on
va voter pour la loi 108 parce que, comme je le disais au début, c'est
un pas dans la bonne direction. Mais y faut que ça s'applique au plus
tôt, qu'on se donne les moyens financiers et les moyens humains de la
faire appliquer, de la faire respecter. En même temps, il ne faut pas que
ce soit juste de belles paroles parce qu'on a trop d'exemples depuis deux ou
trois ans où on a de belles paroles, où on annonce des choses,
mais on ne les met pas à exécution. On ne fait pas appliquer les
règlements concernant les déchets dangereux entre autres.
Pourquoi? Parce qu'il fallait réduire le nombre d'inspecteurs à
cause du budget. On a peut-être économisé 1 000 000 $ ou 2
000 000 $ en réduisant le nombre d'inspecteurs, mais ça va nous
coûter 50 000 000 $ de réparation à Saint-Basile-le-Grand.
C'est ça, la réalité. On les trouve, les 50 000 000 $
quand c'est pour réparer. Comment se fait-il qu'on ne les trouve pas
quand c'est le temps de prévenir?
C'est là-dessus que je conclus, en vous disant que les Indiens
ont raison. C'est bon de les écouter parce qu'ils ont su pendant des
générations, même s'ils n'ont pas développé
d'entreprises, préserver l'environnement. Il y a une chose que les
Indiens disent et qu'il faut retenir parce que c'est une bonne leçon.
Ils disent: Nous, dans la situation actuelle, on n'a pas hérité
de nos ancêtres du sol sur lequel on est et de la nature. Ce n'est pas un
héritage qui nous appartient, c'est un emprunt qu'on est en train de
faire aux générations futures. Cela ne nous appartient pas. Il
faut penser aux générations qui vont suivre. Là-dessus,
les Indiens ont raison. Ce n'est pas un héritage, c'est un emprunt, et
on doit être responsables de la nature afin de la préserver. On va
voter pour la loi 108, mais on vous dit: Faites-la appliquer et prouvez-le par
les cas précis et concrets que je vous ai identifiés, sur
lesquels vous pouvez intervenir. Maintenant, vous avez le pouvoir. Merci.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Avec le consentement du député de
Shefford, j'aimerais que vous permettiez au ministre
délégué à l'Environnement de faire sa
réplique de cinq minutes. On sait que la
réplique, normalement, devrait être faite par la ministre
de l'Environnement. Je solliciterais le consentement du député de
Shefford.
M. Paré: Oui, il n'y a aucun problème, M. le
Président. J'avais, d'ailleurs, déjà donné mon
consentement à la ministre responsable en titre.
Le Vice-Président: Très bien. Donc, pour une
intervention maximale de cinq minutes qui est possible après
l'intervention de chacun des députés, je cède la parole
à M. le ministre délégué à
l'Environnement.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux, au départ, de souligner l'appui de l'Opposition à ce
projet de loi. Je tiens à rappeler que, quand on parle du gouvernement
qui n'avance pas, ce projet de loi et le projet de loi 15, dont il parlait tout
à l'heure, ont été discutés et
étudiés par le précédent gouvernement à
partir de 1981. Je pense que c'est important de préciser au stade actuel
que c'est le présent gouvernement qui, en 1987, a fait adopter le projet
de loi sur la protection de la faune et qui est actuellement en train de faire
adopter le présent projet de loi 108 qui va, lui, assurer la protection
des espèces menacées et vulnérables tant au niveau
floristique que faunique.
Le critique de l'Opposition demande que l'on consulte avant de
légiférer. Il cite l'exemple des MRC. S'il avait
écouté attentivement le discours que je faisais il y a quelques
minutes, il aurait compris que consulter plus que ce qu'on a fait pour le
présent projet de loi, ce serait très difficile. Une quinzaine
d'organismes ont été consultés, dont les MRC, et on a tenu
compte de leurs revendications faites lors de la consultation. Quand
j'écoutais le député tout à l'heure qui se posait
des questions sur le fait qu'on avait adopté des amendements, je pense
que c'est démontrer l'ouverture d'un bon gouvernement que d'être
à l'écoute et d'apporter les correctifs qui, lors de ces
consultations, sont jugés nécessaires à
l'amélioration d'un projet de loi.
Pour ce qui est de la loi 15, vous pouvez reprendre le paragraphe 2 dans
lequel je disais tout à l'heure que 26 organismes représentant le
monde municipal, le monde agricole, le secteur forestier, les organismes de
conservation, les autochtones, les associations d'exploitation et de protection
de la faune et les organismes de plein air et de loisir sont arrivés,
lors du sommet sur la faune, en avril 1988, à un consensus visant
à ce que soient prises les mesures nécessaires pour s'assurer
qu'une loi spécifique - et je le répète, M. le
Président: une loi spécifique - sur les espèces
menacées ou vulnérables fauniques ou floristiques soit
adoptée. On a été très largement dans le sens de la
consultation et c'est dans ce sens-là qu'on a pris nos
responsabilités pour faire adopter une loi spécifique qui va
protéger la flore et la faune en voie de disparition ou
menacée.
Je pense, M. le Président, que nous avons démontré
que ce projet de loi - et je suis encore très heureux de mentionner le
fait que l'Opposition va se rallier pour que ce se soit adopté
unanimement - était très attendu. Je vous citais le nombre
d'organismes qui en avaient fait la demande de façon très
importante. Je suis très heureux de faire partie d'un gouvernement qui
participe de façon très active, de plus en plus, à
l'élaboration de projets de loi qui font avancer les choses.
Quand, tout à l'heure, le député de Shefford
faisait référence au fameux dossier de la réserve faunique
de Duchesnay, bien sûr, je voudrais lui rappeler que ce n'est pas une
réserve faunique, c'est une réserve forestière. Dans ce
cas-là, au lendemain de l'annonce du projet par les promoteurs, j'ai
immédiatement avisé mon collègue de l'Énergie et
des Ressources, lui demandant de s'assurer que des études de sols soient
faites afin que, s'il y a des installations de fosses septiques, les sols
soient capables de les accepter. C'est une autre démarche dans le sens
de la concertation, dans le sens d'assumer nos responsabilités.
Quand on parle, bien sûr, de la protection de l'environnement, il
ne faut pas oublier aussi le développement de notre économie. Au
Québec, nous avons de grands défis à relever. Je pense que
le ministère de l'Environnement assume pleinement sa
responsabilité et que le gouvernement du Québec va continuer de
faire en sorte qu'il y ait des projets très intéressants pour
l'ensemble de la population du Québec, des projets qui vont créer
des emplois chez nous, qui vont permettre à notre jeunesse de demeurer
dans nos murs au lieu de s'expatrier à l'extérieur et, en
même temps qu'on va faire en sorte que ces projets économiques
extrêmement majeurs et importants se développent, bien sûr,
on va s'assurer que la protection de l'environnement soit respectée.
J'aimerais revenir sur un point en terminant. Le partenariat est un
outil majeur et très essentiel. Par ce projet de loi, nous avons vu que
nous allons faire appel à tous les propriétaires de terrains
où il y aura, bien sûr, des espèces floristiques
menacées pour que leur partenariat soit vraiment consenti de
façon bénévole. Je pense que c'est très important
de le mentionner. De cette façon, la protection de l'environnement, la
promotion de l'environnement continuera d'être une chose accessible.
C'est pour ça, M. le Président, que je suis très heureux
de participer aujourd'hui à l'adoption de cette étape importante
du projet de loi 108. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Le débat étant
terminé à cette étape de l'étude du projet de loi,
est-ce
que le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 108, Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, ceci met fin à nos
travaux pour aujourd'hui. Je fais donc motion pour ajourner les travaux de
l'Assemblée à lundi, 14 heures.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion d'ajournement
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. En conséquence,
les travaux de l'Assemblée sont ajournés au lundi 19 juin
courant, à 14 heures.
(Fin de la séance à 14 h 22)