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(Dix heures trois minutes)
Le Président: Mesdames et messieurs les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence du consul général de la
république de Colombie
J'ai le grand plaisir de souligner la présence dans la tribune du
consul général de la république de Colombie à
Montréal, M. Alfredo Ortega Caicedo.
Nous allons dès maintenant entreprendre les affaires
courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article c du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 13
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique et président du Conseil du trésor
présente le projet de loi 13, Loi modifiant diverses dispositions
législatives concernant certains régimes de retraite des secteurs
public et parapublic. M. le président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ce projet de loi
prévoit que le gouvernement doit, à l'égard de certains
employeurs, verser à la Commission administrative des régimes de
retraite et d'assurances la contribution de l'employeur pour les
employés auxquels s'applique un accord de partage de coûts entre
le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec.
Le ministre des Finances peut appliquer cette mesure, avec effet au 1er
avril 1984, dans le cas des contributions au régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics pour lesquels
s'applique un accord de partage de coûts entre le gouvernement du Canada
et le gouvernement du Québec relativement à la Loi sur les jeunes
contrevenants et, au 1er avril 1976, dans le cas des contributions au
régime de retraite des fonctionnaires.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi? Adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article f du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 11
Le Président: à l'article f du feuilleton, m. le
ministre de l'industrie, du commerce et de la technologie présente le
projet de loi 11, loi modifiant la loi sur les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise. m. le ministre de
l'industrie, du commerce et de la technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, ce projet de loi
modifie la Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, pour donner suite au discours sur le budget du 16 mai
1989.
Il prévoit la hausse de la limite de placements à 2 500
000 $. Ce projet prévoit également que la conversion d'une
debenture convertible ou d'une action privilégiée convertible
peut, à certaines conditions, constituer un placement admissible.
Il prévoit des modifications afin d'inciter les investissements
en région ainsi que l'élargissement des règles relatives
au régime d'actionnariat.
Ce projet de loi prévoit enfin certaines modifications afin
d'assurer l'intégrité du programme ainsi que d'autres
dispositions techniques afin de faciliter l'application de la loi.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi?
M. Chevrette: Accepte, oui.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Je vous inviterais à appeler l'article e,
M. le Président.
Projet de loi 14
Le Président: À l'article e, M. le leader du
gouvernement, au nom du ministre du Travail, présente le projet de loi
14, Loi modifiant la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. M. le leader du gouvernement.
M. Michel Pagé M. Pagé: Alors, M. le
Président, ce projet
de loi vise principalement à instaurer en matière
d'accidents du travail et de maladies professionnelles une nouvelle structure
de classification des employeurs et un nouveau code de tarification de
ceux-ci.
Il permet également à la Commission de la santé et
de la sécurité du travail d'ajouter à la cotisation des
employeurs un montant fixe déterminé annuellement pour
défrayer les dépenses qu'elle encourt dans la gestion de leurs
dossiers financiers.
Il établit de plus qu'un avis d'imputation a effet
immédiatement, malgré une demande de révision ou un appel
et cela, à compter de la mise en vigueur de la Loi sur les accidents du
travail et les maladies professionnelles.
Ce projet confère en outre de nouveaux pouvoirs
réglementaires à la Commission en matière de financement
et prévoit par ailleurs que les règlements adoptés avant
le 1er juillet 1990 en vertu de ces nouveaux pouvoirs réglementaires
auront effet à compter de Tannée de cotisation 1990.
Enfin, ce projet prévoit des mesures transitoires
nécessaires à l'implantation d'un nouveau mode de
tarification.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, vous vous rappellerez, M. le Président,
que j'avais fait une intervention au moment de votre élection concernant
précisément l'annonce de ce projet de loi que l'on retrouvait au
feuilleton hier et qu'on retrouve aujourd'hui comme menu en première
lecture.
M. le Président, je voudrais déposer, avec le consentement
du leader du gouvernement, les brochures, les dépliants qui
présumaient à toutes fins pratiques, qui encarcanaient d'une
certaine façon, contrairement à l'esprit du règlement,
à l'esprit dans lequel doivent travailler les membres de
l'Assemblée nationale. On a la preuve avec ce projet de loi qui est
déposé aujourd'hui... On change la date de janvier 1990 à
juillet 1990, rendant caduque toute cette impression de documents qui a
été faite et qui représente des dizaines, des centaines de
milliers de dollars.
Je voudrais, M. le Président, vous demander par la même
occasion de vous prononcer sur un tel geste, tel que je l'ai fait avant
même que vous ne montiez sur le trône. Et, avec le consentement du
leader du gouvernement, je voudrais déposer cette documentation.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, on donne notre
consentement pour que le document soit déposé. Cependant je
retiens du propos de mon collègue, le leader de l'Opposition, qu'il
dénonce une situation de fait où un document aurait
été imprimé en présumant, non pas en affirmant,
mais en présumant qu'une loi pourrait être adoptée. Si j'ai
bonne mémoire, il se référait, lorsqu'il a soulevé
cette question ici, à l'ouverture de l'Assemblée la semaine
dernière, au fait que le document prévoyait une application de la
loi pour janvier 1990, alors qu'aujourd'hui, il dénonce le fait que,
dans le projet de loi, le projet de loi serait le 1er juillet 1990 en termes
d'application. Il vous a demandé de prendre en considération son
propos, sa requête, sauf qu'encore faudrait-il savoir quelle est la
requête.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, c'est fort simple. Une
société d'État qui se permet l'impression de documents en
présumant de l'adoption d'une législation, à mon point de
vue, c'est complètement à rencontre de la loi de
l'Assemblée nationale qui dit que tout député doit
être en mesure de légiférer sans aucune contrainte.
Imaginez trente secondes un député qui se lèverait pour
changer une date précisément. Il se placerait dans une situation
où il se rendrait lui-même vulnérable vis-à-vis de
toutes les dépenses, par rapport aux dépenses qui ont
été faites. Je pense, pour en avoir parlé avec le ministre
du Travail lui-même, que c'est inacceptable.
Mais aujourd'hui, M. le Président, c'est doublement fondé,
la requête que je faisais, parce que par le fait que le gouvernement
lui-même arrive aujourd'hui et change la date dans son projet de loi, il
crée automatiquement, vient de décider automatiquement que toute
cette documentation devient nulle, caduque. Ce n'est plus le 1er janvier, c'est
le 1er juillet. Qu'est-ce qui nous dit maintenant qu'on n'aura pas le temps, ou
la chance, ou la volonté de modifier certains points, parce qu'on a des
revendications de la part de l'entreprise? À ce moment-là, toute
cette documentation aura été une dépense futile
auprès des contribuables québécois.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que je demande
à la présidence de l'Assemblée nationale de se servir de
la jurisprudence du Parlement d'Ottawa pour ramener à l'ordre une
société d'État qui se doit d'oeuvrer dans le cadre de
normes normales et acceptables.
Le Président: À ce moment-ci, je prendrai
connaissance des documents et j'aviserai si je considère que j'ai
à me prononcer ou non. Je dois quand même faire remarquer à
l'Assemblée que je n'ai pas de question de privilège de
soulevée non plus au moment où on se parle. Très bien.
Est-ce que l'Assemblée accepte maintenant de se saisir de ce
projet de loi numéro 14?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant, au niveau du
dépôt de documents, M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux. M. le leader du gouvernement?
M. Pagé: Au dépôt de documents.
Le Président: Au dépôt de documents, oui.
M. Pagé: Au dépôt de documents...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Avant-projet de loi sur les services de santé
et les services sociaux
M. Pagé: ...j'apprécierais si vous pouviez inviter
le ministre de la Santé et des Services sociaux à déposer
l'avant-projet de loi intitulé la Loi sur les services de santé
et services sociaux. -
Le Président: Alors, M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): C'est fait, M. le
Président.
Le Président: Alors, ce document, soit l'avant-projet de
loi intitulé Loi sur les services de santé et des services
sociaux est déposé. M. le leader du gouvernement.
Consultation générale
M. Pagé: Alors, M. le Président, je fais motion
pour que la commission des affaires sociales procède à une
consultation générale et tienne des auditions publiques à
compter du 23 janvier 1990 dans le cadre de l'étude de l'avant-projet de
loi, Loi sur les services de santé et les services sociaux, que les
mémoires soient reçus au Secrétariat des commissions au
plus tard le 15 janvier 1990 et que le ministre de la Santé et des
Services sociaux soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. Toujours au niveau de
dépôt de documents, à nouveau, M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Rapports annuels de centres de services
sociaux et de centres régionaux de
la santé et des services sociaux
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer un certain nombre de rapports annuels de
différents organismes relevant de la juridiction du ministère de
la Santé et des Services sociaux, notamment les rapports annuels
1988-1989 du CSS de la région Montréal métropolitain, du
CSS de la région de Québec, du CSS de Lanaudière et des
Laurentides, du CSS de la Montérégie, du CSS cri de la
Baie-James, du CRSSS de l'Outaouais, du CRSSS de
l'Abitibi-Témiscamingue, du CRSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du CRSSS
de l'Estrie.
Les rapports d'activité 1988-1989 du CSS du Bas-Saint-Laurent, de
la Gaspésie et des îles-de-la-Madeleine, du CSS de la
région de Trais-Rivières, du CSS de la région de
Montréal métropolitain et du CRSSS de la région de la
Côte-Nord.
Le Président: Alors, tous ces documents sont
déposés. M. le ministre des Transports.
Rapports annuels de la Société
québécoise
des transports et de la Société
des
traversiers du Québec
M. Elkas: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de 1987 de la Société
québécoise des transports et le rapport d'activité
1988-1989 de la Société des traversiers du Québec.
Le Président: Alors, ces deux rapports sont
déposés.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous arrivons donc maintenant à la période de questions et
réponses orales des députés. Je reconnais M. le chef de
l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
La fiabilité du réseau de distribution
d'électricité au Québec
M. Parizeau: M. le Président, le ministre de
l'Énergie et des Ressources, hier, exprimait ses inquiétudes sur
la fiabilité du réseau de distribution
d'électricité au Québec. En mars dernier, le premier
ministre faisait le geste tout à fait inédit, inusité,
comme il le reconnaissait lui-même, de demander des rapports mensuels
à Hydro-Québec sur l'amélioration des réseaux de
transport et de distribution. Les pannes qui avaient eu lieu l'hiver
précédent expliquaient ce geste.
Hier, en cette Chambre, le premier ministre était - c'est le
moins qu'on puisse dire - assez évasif à propos de ces rapports.
Vérification faite, peut-il nous dire aujourd'hui combien de rapports
mensuels il a reçus d'Hydro-Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: La ministre responsable pourrait compléter ma
réponse. Elle a communiqué, hier, avec Hydro-Québec et
nous allons, étant donné que ces rapports sont de nature
technique, faire un résumé de ces rapports d'ici quelques
semaines pour le soumettre à l'opinion publique le mois prochain.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, j'aimerais cependant que le
premier ministre nous dise combien il y en a eu de ces rapports.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: II y en a un qui nous est parvenu à la fin
septembre. On vient de me remettre une note, mais je ne suis pas en mesure de
donner le nombre de rapports. Je ne crois pas, pour répondre
précisément à la question du chef de l'Opposition, qu'il y
ait eu un rapport tous les mois. Il y a eu un rapport qui a été
soumis à la fin de mai; un autre, au début de septembre. Donc,
nous allons résumer ces rapports et nous en soumettrons une
synthèse dans les prochaines semaines.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Bon. Alors, si je comprends bien, M. le
Président, le premier ministre nous dit qu'il y a eu deux rapports.
Étant donné que, contrairement à ce qui avait
été entendu, ces rapports n'ont pas été
déposés mensuellement, mais qu'il n'y en a que deux, est-ce que
je pourrais demander au premier ministre quelles objections il pourrait y avoir
à nous présenter ces deux rapports intégralement
plutôt que, comment dire? sous forme de résumé? Il est
toujours intéressant, pour se faire une idée du point de la
situation, d'avoir les textes eux-mêmes.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu au chef de l'Opposition hier,
que, comme l'avait dit le ministre du temps, le député de
Mont-Royal, il était préférable de ne pas publier les
rapports dans leur totalité puisque, selon les informations qui nous ont
été soumises par Hydro-Québec, il pourrait arriver que
ceci puisse affecter la concurrence entre des entreprises qui font des
soumissions pour obtenir des contrats. Donc, c'est pourquoi nous avons cru que
la meilleure formule serait de faire une synthèse de tous ces rapports,
de manière à pouvoir pleinement informer l'opinion publique sans
affecter des éléments de concurrence qui pourraient être
impliqués.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Je voudrais demander au premier ministre s'il ne
croit pas qu'il devrait accélérer le processus. Si nous ne devons
avoir que des résumés, pourquoi ne pas nous les fournir
rapidement, compte tenu de l'inquiétude qu'il y a dans la population
à l'heure actuelle, plutôt qu'en quelques semaines? On sait
à quel point une expression comme celle-là peut déborder
rapidement en quelques mois. Je souhaiterais, et je le demande au premier
ministre, que l'on fasse diligence pour que, et l'opinion publique et nous en
cette Chambre, soyons mis au courant le plus rapidement possible de
l'état de la situation.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je crois que la question du chef de l'Opposition est
compréhensible. Tout ce que je lui dis, c'est que nous sommes
prêts à accélérer au maximum le dépôt
de cette synthèse, mais, en attendant, tous les matins, il est loisible
au chef de l'Opposition ou à ses collègues de poser des questions
sur la fiabilité du réseau, de poser des questions
précises à cet égard-là. Je ne crois pas qu'il ait
besoin d'obtenir le dépôt de la synthèse
immédiatement. Je ne crois pas que ça l'empêche de poser
des questions. Avec tous les services de recherche qu'il possède et les
informations qu'il peut obtenir, il n'a pas besoin de ça d'une
façon absolument nécessaire pour poser des questions pertinentes,
dépendant de l'évolution des événements. (10 h
20)
Alors, je l'invite à poser toutes les questions qui lui
paraissent nécessaires pour l'intérêt public. Nous sommes
ici pour y répondre.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Lévis.
L'entente fédérale-provinciale sur le
développement régional
M. Garon: Au cours du mois de novembre, M. le Président,
le ministre fédéral des Transports, M. Benoît Bouchard, a
dénoncé et déploré pour la deuxième fois en
moins de dix mois la lenteur de la mise en oeuvre de l'entente
fédérale-provinciale sur le développement régional.
À cette occasion, M. Bouchard a également précisé
que les sommes qui ne seront pas dépensées devront être
retournées au fonds consolidé du trésor
fédéral. Le ministre a aussi indiqué que le gouvernement
du Québec est responsable des retards qui paralysent l'entente
fédérale-provin-
ciale. C'est dans le journal. Je vois la ministre qui fait signe non de
la tête. C'est dans le journal Le Quotidien en janvier 1989 et en
novembre 1989.
Comment la ministre peut-elle expliquer ces retards de mise en oeuvre de
l'entente fédérale-provinciale de cinq ans sur le
développement régional, plus de un an et demi après sa
signature en juin 1988?
Le Président: Mme la ministre responsable du
Développement régional.
Mme Bacon: M. le Président, comme c'est une entente
particulière sur le développement économique des
régions, le gouvernement du Québec devait mettre sur pied des
programmes qui sont différents de ses programmes réguliers, ce
qui s'est fait au cours des derniers mois. Il fallait que chacun des
ministères mette sur pied ces programmes qui collent aux
réalités des régions du Québec et aussi à
leurs besoins.
Un tel exercice, je pense qu'il faut lui donner le temps et on a pris ce
temps pour faire des priorités. Je dois informer aussi que les
programmes sectoriels, la partie québécoise de l'entente, sont
tous en phase finale. En ce moment, ils sont en phase finale d'approbation par
les dirigeants concernés des ministères et sont fournis pour que
nous puissions recevoir l'argent nécessaire qui nous revient.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la ministre peut nous dire quelles mesures
elle entend prendre auprès du président du Conseil du
trésor qui semble dur à réveiller? On a l'impression un
peu de revivre les frégates puisque, dans les journaux, on voit
que...
Le Président: Votre question, M. le député,
s'il vous plaît!
M. Garon: ii semble que ce soit lui qui retarde les approbations.
alors, quelles mesures entend-elle prendre pour que le trésor
débloque à un moment donné?
Le Président: Mme la ministre responsable du
Développement régional.
Mme Bacon: Sans rejoindre la ligue navale du député
de Lévis, M. le Président, j'estime que l'exercice de
création des programmes qui a été faite par la partie
québécoise suit son cours normal et ça devrait nous
permettre d'aller chercher, dans cette gestion de l'entente, les sommes
nécessaires qui seront mises à la disposition des projets qui
sont soumis par les ministères. Déjà, il y a plusieurs
ministères qui ont préparé leurs programmes et il en reste
encore quelques autres. Mais ça suit son cours normal.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la ministre peut nous confirmer
l'affirmation voulant que le plan pour le développement des
régions périphériques a été
réévalué depuis sa nomination ou qu'elle est en train de
réévaluer le plan pour les régions
périphériques? Ça a été indiqué dans
les journaux, ça aussi.
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Je pense qu'il ne faut pas tout croire ce qui est
écrit dans les journaux et celle qui vous parie en sait quelque
chose.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: M. le Président, ça ne nous a pas
empêchés de faire Sept-îles. Le dossier de Sept-îles a
fonctionné quand même. Le dossier de Matane a fonctionné
quand même. Et je dois dire que nous allons continuer les sommets
économiques tels que nous les avions commencés, que nous avons
faits depuis quatre ans, et nous allons fermer la boucle, faire la
tournée de la province dans les différentes régions.
Nous allons continuer aussi à regarder les dossiers ad hoc qui
nous sont soumis. Donc, là non plus, pas de changement, M. le
Président. Après, on verra. J'ai déjà
rencontré les gens de l'Union des municipalités du Québec,
les municipalités régionales de comté. On en a
discuté ensemble. Ils doivent me soumettre des propositions quant
à ce qu'on pourrait faire dans l'avenir, mais nous allons continuer.
Nous progressons dans notre dossier et nous allons voir ce qui sera fait. Mais
pour le moment, il n'est pas question qu'on fasse des changements. Nous allons
surtout continuer - et ça, c'est important de le dire parce qu'on entend
toutes sortes de choses de l'autre côté de cette Chambre -
à prendre soin des régions, comme elles doivent être
regardées, et faire en sorte... Cela vous amuse? Vous êtes les
premiers à venir nous demander...
Le Président: À l'ordre!
Mme Bacon: ...d'en avoir fait. Nous allons le faire.
Le Président: Un instant! Une dernière
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la ministre peut nous
dire combien de projets et combien d'argent ont été
autorisés en vertu de l'entente signée en juin 1988? Est-ce
qu'elle peut nous dire quelle mesure concrète elle entend prendre pour
s'assurer de la mise en oeuvre de l'entente fédérale-provinciale
et qu'on va combler les retards qui ont été pris jusqu'à
maintenant? Parce que c'est une entente qui a été signée
en juin 1988. Ça fait un an et demi.
Le Président: Mme la ministre responsable du
Développement régional.
Mme Bacon: M. le Président, je prends avis de la
question.
Le Président: Très bien. En question principale, M.
le leader de l'Opposition.
L'application de la loi 160
M. Chevrette: M. le Président, on pouvait lire, en fin de
semaine, que le ministre de la Santé avait fait une certaine ouverture
quant à la reconsidération de l'application de la loi 160.
J'espère que c'était un journaliste qui avait une excellente
conscience professionnelle qui a émis cette directive. Ma question est
la suivante, M. le Président: Entre-temps, est-ce que le ministre, face
à des accusations précises, face à des aberrations
très précises qui se produisent, face au fait, par exemple, que
ça touche le droit même au travail d'une personne, d'une
infirmière, est-ce que le ministre est prêt, immédiatement,
à considérer des abus dans l'application?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il
est clair, l'article de fin de semaine faisait exactement le point sur ce que
nous avions discuté la semaine dernière devant cette
Assemblée relativement à l'application de la loi 160. On a dit:
La loi 160 est là pour être appliquée dans tout le
réseau et elle sera appliquée dans tout le réseau,
à moins que les tribunaux n'en décident autrement et que le
gouvernement n'en décide autrement. Ce sont les deux moyens. Comme nous
sommes dans un système où il y a une autonomie sur le plan de la
gestion, c'est clair, et ce n'est pas au député de Joliette,
ex-ministre de la Santé et des Services sociaux, que je vais apprendre
toute l'autonomie du réseau. Comme il y a une autonomie, on fait appel
aux directeurs généraux de tous les établissements afin
qu'ils appliquent avec parcimonie la loi 160 de manière équitable
dans tous les établissements.
Le Président: En question complémentaire, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: m. le président, dois-je comprendre que le
ministre me répond que, dorénavant, il y a marge à
interprétation pour un directeur général, face au
décret sur la coupure de l'ancienneté? si tel est le cas, comment
expliquerait-il qu'il force délibérément chaque
institution à appliquer intégralement son décret?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): La loi, c'est la loi pour
tout le monde. Les décrets sont les mêmes décrets pour tout
le monde sur le plan de l'application. De ce que j'ai compris, c'était
suffisamment clair pour que les différentes associations, que ce soient
des centres hospitaliers ou des centres d'accueil et d'hébergement,
viennent rencontrer, en mon absence pour des vacances, le président du
Conseil du trésor pour savoir si, effectivement, le gouvernement du
Québec maintenait ses intentions de faire appliquer la loi 160 telle
quelle. Il n'y a pas deux cadres d'application, il n'y a pas deux règles
d'application. Il y a une loi qui découle des décrets, et les
décrets sont là, très clairs, à être
appliqués par toutes les institutions.
Le Président: En question complémentaire, M. le
leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Justement, au nom
de cette autonomie des institutions hospitalières, est-ce que ça
signifie que le ministre ne réprimandera pas et ne fera pas ce qu'il a
fait dans le cas de Hochelaga-Maison-neuve...
Une voix: Du CLSC.
M. Gendron: ...du CLSC Hochelaga-Maison-neuve, pour ce qui est de
l'hôpital psychiatrique de Malartic qui a refusé, en vous
indiquant que c'était complètement aberrant et inapplicable, les
mesures relatives à la question de l'ancienneté? Est-ce à
dire qu'au nom de l'autonomie vous allez les laisser tranquilles?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, il n'y aura pas
une règle pour le CLSC de Hochelaga-Maisonneuve et une règle
différente pour Malartic, fût-il en Abitibi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II y a une règle,
c'est celle-là. J'ai vu la lettre du conseil d'administration de
Malartic et, déjà, les autorités du
ministère ont été sensibilisées à des
gestes à poser et des actions à entreprendre vis-à-vis de
Marlartic.
Le Président: En question complémentaire, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: En vertu de quelle assise légale le ministre
peut-il mettre une institution en tutelle quand la loi 160 ne prévoit
aucune pénalité pour l'employeur?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux. (10 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, je ne
cacherai pas au député de Joliette que, lui comme moi, on n'est
pas avocats et que, très souvent, on se réfère a nos
contentieux sur le plan des actions à entreprendre. Lorsque je me suis
référé au contentieux du ministère pour savoir ce
que j'avais comme marge de manoeuvre sur le plan de la réaction, on m'a
proposé d'intervenir sur le plan de la tutelle et c'est ce que j'ai
fait.
Des voix: Voilà! C'est ça!
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Maisonneuve.
Congé de maternité et
assurance-chômage
Mme Harel: La passivité du gouvernement du Québec
à l'égard de l'empiétement fédéral en
matière de congé de maternité inquiète.
Malgré les récentes améliorations apportées, Ottawa
continue d'associer la maternité a la maladie et au chômage. En
mai dernier, dans son programme politique, le Parti libéral
annonçait son intention de valoriser la maternité, et je cite,
"en établissant un régime d'assurance-maternité en
remplacement des mesures donnant droit à l'assurance-chômage
pendant le congé de maternité."
Comment expliquer le silence de l'avant-projet de loi sur les normes
minimales de travail à l'égard de ce congé, de cette
importante question qu'est le congé de maternité? Faut-il
comprendre que le gouvernement du Québec a déjà
abandonné son intention de négocier avec le gouvernement
fédéral le transfert des allocations de maternité
versées par l'assurance-chômage?
M. le Président, la question s'adresse au ministre responsable du
dossier des normes minimales de travail, le ministre de la Main-d'oeuvre et de
la Sécurité du revenu.
Le Président: M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. La question aurait pu
également s'adresser à ma collègue, la ministre
responsable de la Condition féminine. M. le Président, la
députée de Maison-neuve a bien signalé qu'il s'agit
là d'un avant-projet de loi; ce n'est donc pas un projet
définitif. Le leader du gouvernement a annoncé une commission
parlementaire au mois de février, où les groupes
intéressés, les personnes intéressées auront
l'occasion de faire valoir au gouvernement leur point de vue sur la
question.
En ce qui concerne le congé de maternité dont parle la
députée de Maisonneuve, si ma mémoire est fidèle,
la loi actuelle, non plus, ne prévoit pas ce congé. Le
congé en question découle de la réglementation qui est
sous-jacente à la loi, de sorte qu'il n'est pas question, à mon
avis et selon les conseils que j'ai reçus, d'inclure dans le projet de
loi le programme PRALMA, lequel découle plutôt d'une
réglementation qui, elle, viendra lorsque la loi aura été
adoptée.
Le Président: En question complémentaire, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, faut-il comprendre que le
gouvernement étudie la possibilité d'offrir aux
Québécoises un vrai congé de maternité, notamment
en exigeant le transfert des sommes actuellement versées par
l'assurance-chômage?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce sujet-là a fait
l'objet d'engagements lors de la campagne électorale et nul doute que le
gouvernement, au cours de son mandat, verra à remplir ses engagements,
comme il l'a fait d'ailleurs dans l'ancien mandat.
Le Président: En complémentaire toujours, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, l'engagement durant la
campagne électorale ne portait que sur les deux premières
semaines de congé de maternité et on se rappelle qu'une grossesse
dure, en moyenne, au moins 36 semaines. Alors, est-ce que le gouvernement
entend, pour les autres semaines, offrir un vrai congé de
maternité aux Québécoises?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, toute cette
question-là est présentement à l'étude au
gouvernement. J'ai dit, tout à l'heure, que nous avions pris un certain
nombre d'engagements électoraux que nous respecterons, et l'ensemble du
dossier fera l'objet de discussions au cours des prochaines semaines, des
prochains mois, qui sait, peut-être de la prochaine année. Et,
en
temps et lieu, certainement avant la fin du mandat, puisque c'est un
engagement électoral, nous verrons à présenter à la
population nos propositions.
Le Président: En question principale, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
Protection des acquis des agriculteurs
québécois
M. Messier: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Affaires internationales. M. le Président, c'est
aujourd'hui l'ouverture du congrès de l'UPA, à Québec. Nos
agriculteurs sont inquiets de la position du gouvernement fédéral
concernant la protection du système de gestion de l'offre dans les
négociations du GATT. Le ministre, pourrait-il nous dire ce que le
gouvernement du Québec a fait et compte faire pour protéger les
acquis des agriculteurs du Québec?
Le Président: M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Mon collègue,
le ministre de l'Agriculture, et moi avons préparé une position
au nom du gouvernement du Québec, avec un mémoire au Conseil des
ministres à l'appui. On s'est entendus sur une position pour
protéger les agriculteurs. En prévision de la conférence
fédérale-provinciale du 27 novembre, j'ai écrit, le 16,
à mon homologue fédéral, une lettre
réitérant la position que le Québec entendait
défendre à cette occasion. Pour le bénéfice des
membres de cette Assemblée, M. le Président, et avec votre
permission, je désire déposer cette lettre
immédiatement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ce document?
M. Ciaccia: Consentement. Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Donc, le document est
déposé.
M. Ciaccia: J'ai obtenu, depuis cette lettre, à plusieurs
reprises et publiquement, l'assurance du ministre Crosbie de clarifier et de
renforcer l'article 11.2c qui est l'article qui protège l'agriculture au
Québec. Cet article est un engagement formel que le Québec a
obtenu et qu'il continuera d'exiger du gouvernement canadien jusqu'à la
fin des négociations.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui, en complémentaire. Si le ministre a
reçu des assurances du gouvernement fédéral, comment
peut-il expliquer que le gouvernement fédéral souscrit à
la position du groupe de Cairns qui plaide en faveur d'une plus grande
libéralisation du commerce des produits agricoles?
Le Président: M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Le texte du groupe de Cairns qui est un groupe
volontaire... Ce n'est pas le groupe de Cairns qui va aller négocier au
GATT. Et ce texte-là représente les points d'entente entre les
quatorze pays membres. Les points où il y a divergence, en particulier
l'article 11.2c du GATT, ne sont pas présents et ont donné lieu
à un communiqué du ministre Crosbie en marge de ce texte
spécifiant la position canadienne sur la question. Et il y a eu une
position publique qui a été émise par le ministre Crosbie,
le 23 novembre, suite à la lettre et nos représentations, qui
spécifie clairement qu'il va prendre comme position de renforcer
l'article 11.2c. Alors le texte de Cairns constitue un accord entre les
quatorze pays alors que l'engagement du ministre Crosbie complète la
position canadienne. Avec l'avancement des négociations, le Canada aura
à présenter sa position au GATT sur les points, comme l'article
11, qui ne font pas l'objet d'un accord au sein de Cairns. Et M. Crosbie a
d'ailleurs confirmé, encore hier, comme on peut le voir dans les
journaux ce matin, qu'il appuie la position que j'ai défendue, que mon
collègue, le ministre de l'Agriculture a défendue et que j'ai
défendue à la conférence
fédérale-provinciale. De plus, hier, j'ai vu le ministre Crosbie
et j'ai abordé avec lui la possibilité d'avoir un observateur du
Québec durant les négociations du GATT. Il n'a pas dit non et je
vais poursuivre ces discussions avec le ministre Crosbie.
Une voix: Très bien.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Une brève complémentaire. Sur quoi le
ministre des Affaires internationales se base-t-il pour dire qu'il a eu des
assurances du gouvernement fédéral comme quoi il
protégerait notre système de contingentement au Canada?
Le Président: M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Si je comprends bien la question, vous me demandez
pourquoi je...
Une voix: Sur quoi.
Le Président: Oui, M. le député
d'Arthabas-
ka, si vous voulez répéter votre question.
M. Baril: Sur quoi le ministre des Affaires internationales se
base-t-il pour dire qu'il a l'assurance du gouvernement canadien comme quoi les
intérêts du gouvernement du Québec sont
protégés?
Le Président: M. le ministre des Affaires
internationales.
M. Ciaccia: Écoutez, le ministre Crosbie l'a dit à
la conférence fédérale-provinciale. Il a émis...
Écoutez, il l'a dit publiquement et il l'a confirmé dans un
communiqué de presse qu'il défendait la position que nous
prenions. Franchement! Si vous n'êtes pas satisfait des assurances que
donne publiquement à plusieurs reprises, le gouvernement
fédéral, avec le consentement, l'accord .et la collaboration du
gouvernement du Québec, je ne sais pas si c'est ça que vous
demandez le plus... En plus de ça, il n'a même pas exclu la
possibilité qu'on ait un représentant...
Le Président: Un instant. Vous avez terminé?
Brièvement, M. le ministre.
M. Ciaccia: Est-ce que je dois supposer, comprendre de la
question du député de l'Opposition que quand les ministres du
gouvernement du Parti québécois faisaient des
déclarations, ils mentaient?
M. Chevrette: Question de règlement. (10 h 40)
Le Président: Question de règlement, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je pense que je n'ai
même pas besoin de vous la soulever. Vous le savez, vous étiez
pour vous lever.
Le Président: Oui.
M. Chevrette: Faites-le donc.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Effectivement. Vous savez que certains
propos sont non parlementaires dont le dernier que vous avez employé. Je
vous demanderais simplement de le retirer, M. le ministre.
M. Ciaccia: Je vais le retirer. Le Président:
Très bien.
M. Ciaccia: Je le retire volontairement, M. le Président.
Mais peut-être, je voudrais dire, est-ce que... Lui, il a une
expérience que les déclarations de ses...
Le Président: D'accord. En question principale, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Contrats octroyés par le ministère de la
Santé et des Services sociaux
M. Bourdon: M. le Président, tranquillement, les
pièces du casse-tête se placent. Nous avons appris que des
ingénieurs en mal de contrat se rendaient à la permanence du
Parti libéral du Québec. Nous avons appris que dans au moins
trois contrats où des proches du Parti libéral ont
été choisis, le fonctionnaire responsable au comité de
sélection était M. Vincent Rochette que connaît, au plan
partisan, le ministre de la Santé et des Services sociaux. Au ministre
de la Santé: Le ministre pourrait-il nous dire, comme il s'y est
engagé hier, s'il est exact que ce fonctionnaire s'est rendu à la
permanence du Parti libéral pour rencontrer l'adjoint de Tommy D'Errico,
M. Guy Bacon?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
évidemment, cela fait déjà un certain temps qu'on attend
le député de Pointe-aux-Trembles. Il s'est annoncé dans
les journaux et on connaît son verbe très proverbial et sa
facilité d'annoncer toutes ces choses, vous savez.
J'ai fouillé dans ma mémoire et aussi, comme je
n'étais pas au ministère de la Santé et des Services
sociaux, j'ai fait faire un certain nombre de recherches pour être
capable de lui fournir le plus d'informations possible avec le plus de
transparence possible. Mais cela m'a aussi rappelé une période
que j'ai vécue comme député, assis à
l'arrière, 1973-1976, où six de leurs confrères -
d'ailleurs, il n'y en a plus un dans ce Parlement, ils sont tous disparus -
avaient, de la même manière que le fait le député de
Pointe-aux-Trembles, évoqué des noms ou tenté d'associer
des noms, comme les Tardif, les Desjardins, les Shanks, les Malouin, les Leduc
et d'autres, à toute une série de choses qui, sur le plan public,
ne se sont avérées d'aucune véracité. Si c'est
l'objectif que poursuit le député de Pointe-aux-Trembles, on aura
beaucoup de plaisir au cours des prochains mois.
Évidemment, la question qu'il pose aujourd'hui est la même
qu'il a posée hier. Vous comprendrez que ça prend un certain
temps avant de faire ces vérifications. J'ai demandé à mon
sous-ministre de me fournir l'état de la situation et, dès que je
l'aurai, je la transmettrai à cette Chambre.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre
pourrait-il nous dire s'il est exact que le même fonctionnaire, M.
Vincent Rochette, a préparé un document précieux qui
contient tous les contrats donnés par le ministère de la
Santé et qu'il a remis ce document-là au ministre de la
Santé à l'époque où le ministre de la Santé
était ministre des Transports?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
qui est intéressant d'apprendre dans ce genre de situation, c'est que le
fonctionnaire dont fait état le député de
Pointe-aux-Trembles est un fonctionnaire qui est secrétaire de tous les
comités de sélection depuis 1978.
Des voix: Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Oui, secrétaire
depuis 1978, donc à la naissance même de Rosalie, et qui a
été en place et donc nommé par le gouvernement du Parti
québécois et, possiblement, pour ses compétences et son
honnêteté, j'imagine, et qui, pendant toute cette période,
a agi comme secrétaire de ce comité.
Donc, ce que me demande le député de Pointe-aux-Trembles:
Est-ce que ce fonctionnaire a rédigé des documents qu'il aurait
pu transmettre à un certain nombre de personnes dans le gouvernement,
j'imagine que oui, il a dû rédiger un certain nombre de documents
et, au premier titre, pour les transmettre à ses supérieurs
immédiats, y compris ses supérieurs, j'imagine, dont le ministre
responsable de l'époque, et, à ce niveau-là, est-ce qu'il
a pu le transmettre à d'autres personnes? Je vais vérifier. Dans
ces circonstances et, comme il dit: Le ministre actuel qui était
ministre des Transports à l'époque, je vais vérifier si
dans les documents, j'ai reçu des choses au ministère, parce que
mes documents personnels sont encore avec moi et, dans la mesure où j'en
ai, je vous en déposerai même une copie.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: S'il y a consentement, M. le Président,
j'aimerais déposer le document dont je viens de parler.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ce document?
Est-ce qu'il y a consentement au dépôt du document que M.
le député de Pointe-aux-Trembles demande? Donc, consentement. Ce
document est donc déposé.
Vous avez une question complémentaire, M. le député
de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui. Elle s'adresse au premier ministre, M. le
Président. Le premier ministre trouve-t-il normal qu'un fonctionnaire du
ministère de la Santé et des Services sociaux ait remis au
ministre des Transports de l'époque et organisateur électoral de
son parti, un relevé des contrats octroyés par le
ministère de la Santé et des Services sociaux, à des
professsion-nels?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Depuis une semaine, le député de
Pointe-aux-Trembles lance toutes sortes d'insinuations ou d'allégations
sans fondement comme ça avait été fait au cours de la
campagne électorale. Il y a eu aussi des éléments de
réponses qui ont été donnés, au cours de la
campagne électorale, réfutant clairement les allégations
du Parti québécois. Il y a même eu des allégations
impliquant le député de Joliette, leader parlementaire. Il devait
soulever une question de privilège, il ne l'a pas fait. Il a
oublié, je suppose!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Mais lui-même avait été, M. le
Président, impliqué dans des rencontres qui avaient donné
des résultats très concrets pour le professionnel en cause. Il
s'est expliqué. M. le Président, je ne peux pas accepter qu'on
salisse des réputations gratuitement, sans fondement, comme on l'a fait
et je ne peux pas prendre au sérieux les questions du
député de Pointe-aux-Trembles.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Au ministre de la Santé et des Services
sociaux. J'aimerais savoir s'il avait en sa possession le document que j'ai
déposé et, quand il aura terminé son effort de
mémoire, qu'il nous dise quelle utilisation il en a faite?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr, M. le
Président, comme il est déposé à cette
Assemblée, je vais en prendre connaissance et demain, je reviendrai pour
vous donner la réponse.
En même temps, vous me permettrez de solliciter le consentement de
l'Opposition pour déposer un certain nombre de choses.
Premièrement, M. le Président, toutes les procédures,
parce que je pense que ça peut être utile au député
de Pointe-aux-Trembles qui en a vu d'autres dans les années soixante:
Arrêté en conseil 332272 du 8 novembre 1972; CT-148183 daté
du 10 janvier 1984 pour la bonne corn-
préhension de ce qui va venir ultérieurement; le
cheminement des appels d'offres, présentation et grille
d'évaluation. Je pense que pour les parlementaires c'est une chose
très importante.
Le Président: Consentement au dépôt de ces
documents?
M. Pagé: Consentement.
Le Président: Documents déposés.
M. Côté (Charlesbourg): Deuxième série
de documents, M. le Président, puisqu'il semble y avoir une parfaite
harmonie entre le leader de l'Opposition et le député de
Pointe-aux-Trembles qui, lui, m'expédiait une lettre par l'entremise de
son directeur de cabinet, sollicitant un certain nombre de documents
relativement au choix des comités qui ont siégé au cours
d'un certain nombre d'années. Je dépose donc le rapport des
comités de sélection pour les 21 cas auxquels se
référait le député de Joliette.
M. Ryan: Très bien! Très bien!
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ces documents? Consentement. Les documents sont
déposés.
M. Côté (Charlesbourg): Je me permets même, M.
le Président, parce qu'il y avait une deuxième partie à la
lettre du député de Joliette, de lui déposer tous les
documents tels que me les ont transmis les fonctionnaires du ministère
pour être bien sûr qu'on a toute l'information et carrément
l'information.
Le Président: Consentement au dépôt de ces
documents? Consentement?
M. Pagé: Oui, consentement.
Le Président: Les documents sont
déposés.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais même plus loin que ça.
Le Président: Rapidement.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux déposer,
parce qu'il vous en manquait dans votre demande...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je veux déposer cinq
dossiers dont vous ignoriez l'importance et l'existence pour lesquels a
siégé M. Vincent Rochette. Donc, en plus de ce que vous aviez
demandé. Ce n'est pas fini...
Le Président: Consentement au dépôt de ces
documents? Consentement. Documents déposés.
Une voix: II est généreux. Il en donne plus que le
client en demande.
Une voix:...
(10 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas
nécessairement dans le but de vous influencer sur le jugement que vous
aurez à porter parce qu'il est déjà porté, votre
jugement.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. le Président,
déposer le tableau de toutes les informations sur un seul tableau pour
vous faciliter la tâche - vous pourrez vérifier si les
informations sont bonnes - dans tous les cas qui ont été
préparés. Je vous les dépose avec grand plaisir, pour la
plus grande satisfaction des membres de cette Assemblée.
Voilà!
Des voix: Bravo!
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ces documents?
M. Chevrette: Oui, M. le Président, d'autant plus
que...
Le Président: Consentement. Le document est
déposé. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...les 21 cas demandés étaient
précisément ceux que m. rochette avait transmis à m. le
ministre des transports de l'époque.
Une voix: Vous les lirez. Vous les lirez.
M. Chevrette: M. le Président, je demande le consentement
pour déposer également la lettre que j'ai fait parvenir au
premier ministre Bou-rassa sur tout le dossier de Joliette.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ce document?
Une voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Le document est donc
déposé.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais expliquer ce
qu'il y a dans mon document.
Des voix: Ah!
Le Président: Un instant! Un instant! Sur
une question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Pagé: J'ai donné le consentement pour le
dépôt du document, mais, à ma connaissance, personne n'a
posé une question au député de Joliette.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, sur une
question de règlement?
M. Chevrette: M. le Président, dans cette Chambre, vous
représentez l'équilibre dans la balance. M. le Président,
je voudrais dire que c'est une lettre qui permettra au...
Le Président: Un instant! M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Cette lettre
permettra au premier ministre, M. le Président, de démontrer de
la rigueur et...
Le Président: Un instant! Bon. Sur une question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je veux bien qu'on se
comprenne ce matin. À une question du député de
Pointe-aux-Trembles, le ministre de la Santé et des Services sociaux
dépose toute une série de documents auxquels d'ailleurs avait
référé le député de Joliette dans une lettre
qu'il lui avait transmise. Donc la réponse est donnée.
Comme ça, le député de Joliette se lève et
dit: Moi aussi, je veux déposer un document, une lettre que j'ai
acheminée au premier ministre. On a donné le consentement pour
qu'il la dépose. Et maintenant, il veut justifier je ne sais trop quoi,
quel était l'objet de la lettre, quelle a été la
réponse. Si je comprends bien, il veut se questionner et se
répondre lui-même, alors qu'il n'y a aucune disposition du
règlement qui le prévoit.
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo!
Le Président: Sur la même... Une minute! Une
minute!
Sur la même question de règlement.
M. Chevrette: ...le téléphone. Je ne partirai pas
d'enquête sur l'écoute électronique au parlement. Ceci dit,
M. le Président, si vous avez permis au ministre des Transports de
répondre à une question, à ce que je sache, jamais, dans
la question du député de Pointeaux-Trembles, il n'a
été question d'une lettre que j'ai fait parvenir au ministre.
Vous l'avez laissé répondre, vous l'avez laissé
déposer un document et vous l'avez laissé expliquer le
dépôt d'un document à une lettre que je lui ai
envoyée, alors que ça ne faisait pas partie du tout de la
question du député de Pointe-aux-Trembles.
Je vous demande d'appliquer la loi équitable dans cette Chambre,
c'est-à-dire que, quand on permet quelque chose à une partie, on
le permet à une autre, M. le Président.
Le Président: II y a une réponse qui est
donnée. Il y a certains documents que le ministre demande de
déposer à l'intérieur d'une réponse, avec une
principale et quelques complémentaires. On me demande de déposer
ces documents-là. J'accepte le dépôt de documents. Je n'en
ai aucune connaissance personnelle, vous en conviendrez. J'ai demandé
s'il y avait consentement et il y a eu consentement. Vous demandez à
votre tour de déposer un document; j'accepte que vous déposiez le
document en demandant s'il y a consentement, et c'est fait.
La période de questions a pour but de demander des renseignements
au gouvernement qui doit répondre. C'est l'objectif de la période
de questions et je pense que, dans ce sens-là, je respecte les droits de
chacun des parlementaires. Vous m'avez demandé de déposer un
document qui pourrait peut-être servir d'information. Je l'ai
accepté et il y a eu consentement. Si vous avez une question à
poser relativement au document, je peux toujours l'accepter, mais je ne peux
pas en préjuger. Donc vous m'avez demandé de déposer un
document. J'ai demandé le consentement et le document est
déposé.
M. Chevrette: m. le président, je prends donc acte que,
dorénavant, il y a un seul côté qui pourra expliquer ce
qu'il y a dans ses dépôts de documents.
Des voix: Ah! Le Président: Non. M. Chevrette:... Une
voix: Calme-toi là. Des voix: Oh!
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Nous
allons poursuivre la période de questions.
M. Bourdon: Question additionnelle.
Le Président: Une dernière additionnelle, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, comme le ministre de la
Santé est en veine de déposer des documents, pourrait-il
déposer en cette Chambre tous les documents dont Tommy D'Errico se sert
dans son travail?
Des voix: Oh!
Le Président: En question principale, M. le
député de Westmount.
Poursuites relatives au bingo de Kahnawake
M. Holden: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre délégué aux Affaires autochtones. Sans doute,
M. le Président, tout le monde est au courant des protestations de ceux
et celles qui ont été poursuivis, des simples citoyennes et
citoyens qui veulent aller jouer en toute sincérité au bingo
à Kahnawake.
Vu aussi les questions juridiques qui sont soulevées quand il
s'agit des autochtones et de leur droit de faire jouer au bingo sans permission
de qui que ce soit, est-ce que le ministre approuve les actions du
ministère de la Justice, les poursuites qui ont été
faites? Est-ce que le ministre ou son collègue, le ministre de la
Justice, serait prêt à faire une trêve envers les
autochtones jusqu'à ce que ces questions soient décidées
par les tribunaux?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires autochtones.
M. Ciaccia: Oui. Je suis le ministre délégué
aux Affaires autochtones, pas le ministre délégué à
ceux qui vont jouer au bingo.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Bon. Très bien. Alors, allez-y, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Seulement pour dire que même un editorial de
La Gazette a félicité le gouvernement, le ministre de la
Sécurité publique, de sa position.
La seule chose que je peux vous dire, comme ministre
délégué aux Affaires autochtones, c'est que j'ai eu une
réunion avec la nation de Kahnawake et c'était une réunion
positive. Je me suis engagé avec eux de ne faire aucun commentaire
durant les discussions entre le gouvernement du Québec et la nation de
Kahnawake.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Westmount.
M. Holden: En complémentaire au ministre de la Justice, M.
le Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire jusqu'où
les procédures et les actions policières peuvent aller quant
à ce problème? Est-ce que le ministre a déjà
donné des instructions pour augmenter les procédures ou
intensifier les actions policières?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, mon rôle comme
ministre de la Justice, c'est de faire respecter la loi et, lorsqu'on m'apporte
des faits, des éléments de preuve démontrant qu'on n'a pas
respecté la loi, c'est mon devoir de faire en sorte que ces personnes
puissent être poursuivies. Dans le cas que le député
mentionne, je ne pourrais pas lui donner de réponse précise dans
la mesure où la justice doit s'appliquer et on doit faire respecter la
loi.
Le Président: Une dernière additionnelle, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Une dernière, M. le Président. Est-ce
que ça va aller jusqu'à employer la force sur les limites du
territoire de la nation de Kahnawake, M. le ministre?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: La force que nous pouvons utiliser, M. le
député, c'est la force des tribunaux. Nous sommes dans un
État démocratique.
Le Président: En question principale, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: En principale. Le Président: En
principale.
Les propos du ministre de la Santé sur le
rôle de la presse
M. Boisclair: En principale, M. le Président, ma question
s'adresse à la ministre des Communications. Est-ce que la ministre est
d'accord avec les propos du ministre de la Santé et des Services sociaux
qui, en réponse au discours inaugural, disait qu'il rejetait
l'explication de l'autonomie journalistique? Est-ce que la ministre ne convient
pas que ces propos étaient déplacés et qu'il
mériterait d'y avoir correction sur ce dossier?
Le Président: Mme la ministre des Communications.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président,
premièrement, j'aimerais prendre un petit moment pour vous dire que
c'est un honneur pour moi d'être avec vous dans cette Assemblée -
j'en remercie mes électeurs - et pour féliciter aussi de son
élection le député de Gouin.
Quant à fa question du député, je tiens à
dire deux choses. Premièrement, c'est une opinion personnelle et nous
sommes dans un monde démocratique, donc, nous avons droit à nos
opinions. Deuxièmement, par expérience de ma vie professionnelle
antérieure, on sait très bien que les médias, souvent,
quand ils sentent
qu'il n'y a pas d'opposition, se placent eux-mêmes dans le
rôle d'opposition et se substituent au rôle de l'Opposition. (11
heures)
Alors, M. le Président, peut-être que les médias se
sont sentis, à un moment donné, emportés par ce
rôle. Cela dit, comme ministre des Communications, c'est difficile pour
moi, puisque la liberté de presse est d'abord et avant tout un droit
fondamental de cette démocratie.
Le Président: Fin de la période des questions.
Messieurs... Un instant! On m'avise... Donc, il n'y a pas de consentement.
Demain. Donc, fin de la période des questions.
Il n'y a pas de vote reporté.
Aux motions sans préavis. M. le leader du gouvernement, aux
motions sans préavis.
Réponse différée
M. Pagé: M. le Président, avant, si possible, je
vous indiquerais que le premier ministre est prêt à fournir un
complément de réponse comme suite de la question posée par
l'honorable chef de l'Opposition et se référant à
HydroQuébec.
M. Bourassa: M. le Président... le président:
o.k., avant de... simplement. est-ce qu'il y a consentement à ce
moment-ci? il y a consentement. donc, un complément de réponse de
m. le premier ministre.
Dates des rapports d'Hydro-Québec
M. Bourassa: M. le Président, j'ai reçu les dates
exactes de transmission des rapports d'Hydro-Québec. Ils ont
été transmis le 1er mai, le 8 juin, le 6 juillet, le 3
août, le 12 octobre, le 10 novembre. Le dernier a été
transmis, hier, le 4 décembre. Donc, sept rapports.
Le Président: Sur une question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Alors, M. le Président, dans ces conditions,
je remercie le premier ministre de son complément de réponse. Si
je comprends bien, alors, nous sommes en mesure de suivre Hydro-Québec,
dans l'amélioration de ses travaux quant au réseau de
distribution, littéralement à la piste, mois par mois, à
travers tous ces mois d'été. Je pense, M. le Président,
qu'il faut dire au premier ministre à quel point, dans ces conditions,
il est important que nous puissions avoir ces rapports ou des
résumés explicites de ces rapports le plus rapidement possible.
Enfin, on va pouvoir faire le point.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: La question du chef de l'Opposition, comme je le lui
ai dit à plusieurs reprises, est légitime. Nous allons... Nous
avons un groupe de travail qui, actuellement, s'efforce de faire cette
synthèse dont j'ai parlé au cours de la période des
questions.
Le Président: Alors, très bien. Cela met fin
à cette information complémentaire.
Nous revenons aux motions sans préavis et je reconnais M. le
leader du gouvernement.
Condoléances à la famille du Dr Robert
Quenneville
M. Pagé: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de proposer la motion suivante:
Qu'à la suite du décès du Dr Robert Quenneville,
l'Assemblée nationale exprime ses plus sincères
condoléances à la famille de l'ex-ministre et
député libéral de Joliette.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion? Consentement. M. le leader du
gouvernement.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, mais quand même avec beaucoup de respect, je voudrais
porter à la connaissance de l'Assemblée, de mes collègues,
le fait que nous regrettons très sincèrement le départ
d'un ex-député. Comme on le sait, Robert Quenneville est
entré en politique en 1970. On se rappellera qu'il était
député de Joliette. On se rappellera qu'il a bien défendu
la population de ce beau et grand comté pendant six ans. On retiendra de
lui qu'il avait le sens de l'engagement professionnel. On se rappellera de lui
qu'il aura été d'une contribution très importante, plus
particulièrement au ministère de la Santé, au niveau des
services sociaux aussi, parce qu'il avait pratiqué la médecine au
niveau de sa région. Il avait bien servi professionnellement sa
population avant de la représenter avec dignité, ici à
l'Assemblée nationale du Québec, où il a eu à
assumer non seulement la fonction de député de Joliette, mais
aussi de ministre d'État à la santé, de ministre
d'État aux Affaires sociales et de ministre d'État au
Développement régional et à l'OPDQ pour le
développement de l'Est du Québec. Et, enfin, il a agi comme
ministre du Revenu du Québec.
Nous gardons un souvenir indéfectible du Dr Quenneville. Il avait
non seulement le sens de l'engagement, mais il avait aussi un sens de l'humour
qui était très raffiné et qui était bien
apprécié de ses collègues et c'est avec tristesse que nous
avons été avisés de son décès. Alors, nous
voudrions, M. le Président, par cette
motion, que l'Assemblée nationale lui adresse un dernier salut et
transmette ses vives condoléances à son épouse et à
ses cinq enfants.
Le Président: Merci, M. le leader du gouvernement. M. le
leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous me permettrez de me
joindre au leader du gouvernement pour offrir à la famille Quenneville
mes plus sincères condoléances au nom de notre formation
politique.
J'ai personnellement connu le Dr Quenneville pendant de longues
années, y compris au moment où il pratiquait la médecine
à Joliette, et c'est à ce niveau que le Dr Quenneville s'est fait
connaître, le plus, parce qu'il avait conservé ce sens
profondément humain de la médecine, en ce sens que, tout
dernièrement encore, il était un des rares médecins
à faire des visites à domicile, à se déplacer pour
ses patients qu'il chérissait au plus haut point. Donc, c'est dans ce
sens-là par la suite que j'ai pu collaborer avec lui dans son
implication dans le domaine social, en particulier dans le monde du loisir dans
la région de Joliette où il acceptait diverses fonctions de
présidence d'honneur pour s'impliquer davantage dans la formation des
jeunes.
Je voudrais lui dire que, comme ministre, il a sans doute
été à l'origine de la construction du CHRDL, le Centre
hospitalier régional de Lanaudière, qui est un hôpital
régional qui regroupe toutes les vocations, à savoir
psychiatriques, maladies aiguës, maladies de soins chroniques, maladies de
longue durée. Sur ce point, je pense que le Dr Quenneville va laisser
dans la tête de tous les Joliettains un agréable souvenir d'un
homme impliqué qui, au-delà des allégeances et des
divergences de vues sur le plan politique, était un homme que les gens
appréciaient beaucoup. Mes plus sincères condoléances
à sa femme et à ses cinq garçons.
Le Président: Est-ce que cette motion
présentée par M. le leader du gouvernement offrant des
condoléances à la famille du Dr Robert Quenneville est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Toujours aux motions sans préavis, M. le chef de
l'Opposition.
Exprimer sa solidarité et ses voeux aux peuples
de l'Europe de l'Est
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais
présenter, comme motion sans préavis, que l'Assemblée
nationale exprime, au nom du peuple québécois, sa profonde
solidarité et ses meilleurs voeux aux peuples de l'Europe de l'Est
désormais engagés dans un effort historique de
démocratisation de leur mode de gouvernement et de leurs
institutions.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Alors, M. le chef de
l'Opposition.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: m. le président, je reconnais volontiers que
dans les bouleversements que nous voyons à l'heure actuelle, dans tout
ce qu'on appelle l'europe de l'est, le québec ne peut pas vraiment
aspirer à jouer un rôle. nous n'avons pas le poids international
politique qui nous permettrait de chercher à donner un coup de main
véritable. néanmoins, ce n'est pas, je pense, sans une profonde
émotion que les québécois suivent à peu près
tous les soirs ce qui se passe dans ces pays où des gens sont en train
de se débarrasser de régimes totalitaires qui leur avaient
été imposés depuis un demi-siècle. remarquable
exercice, m. le président, qui, pour tous les démocrates à
travers le monde, je pense, doit faire réfléchir à la
puissance de l'opinion, à la puissance du peuple, à la puissance
de l'expression démocratique. y a-t-il quelque chose de plus
étonnant, en effet, que de voir dans ces pays marqués depuis
longtemps par la violence l'ensemble de la population, non pas se soulever, non
pas lutter contre la violence par la violence, mais, par le simple poids de
l'expression de l'opinion, faire reculer des gouvernements totalitaires et
même, dans certains cas, les faire disparaître?
À cet égard, la disparition du mur de Berlin est un
symbole, mais, à peu près dans tous les pays de l'Europe de l'Est
à l'heure actuelle, on voit la recherche du pluralisme qui est
après tout à la base même de la démocratie. On
cherche à éviter le pouvoir entre les mains d'un seul parti et,
à plus forte raison, du Parti communiste. On voit la recherche de la
confrontation d'opinions, la recherche, au fond, à la fois de l'esprit
et de l'essence même de la démocratie.
Nos concitoyens québécois qui viennent de ces pays
éprouvent évidemment une émotion encore plus forte que la
nôtre devant cette transformation prodigieuse des pays d'où ils
viennent, dont, parfois, ils ont été chassés, dont, dans
d'autres cas, ils se sont échappés. (11 h 10)
Dans ce sens, M. le Président, puisque nous ne pouvons pas
ambitionner un rôle de quelque
importance que ce soit dans ces événements, nous pouvons,
cependant, exprimer notre solidarité et nos meilleurs voeux à ces
peuples qui, après tant de temps, retrouvent le chemin de la
liberté et le chemin de la démocratie. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le chef de
l'Opposition. M. le ministre des Affaires internationales.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le gouvernement du
Québec est heureux d'exprimer publiquement sa solidarité avec les
peuples d'Europe de l'Est qui connaissent dans leurs pays une évolution
démocratique sans précédent que personne n'aurait pu
envisager il y a seulement quelques années. Le Québec repose sur
des valeurs démocratiques de liberté et de droits humains et ces
valeurs doivent être véhiculées à la mesure de nos
moyens dans notre politique internationale. Le chef de l'Opposition a
mentionné que nous n'avons peut-être pas le poids politique
international pour faire plus que nous faisons, mais le fait demeure que nous
devons véhiculer ces valeurs. L'homme ne vit pas seulement de pain, il
vit de valeurs de traditions et de libertés.
Et nous devons, dans nos politiques, dans nos expressions, avoir
l'opportunité d'exprimer et d'appuyer ceux qui cherchent la
liberté et qui vont à travers les bouleversements que l'on voit
aujourd'hui. Nous souhaitons que tous les peuples d'Europe de l'Est puissent
rapidement jouir des libertés démocratiques qui sont
indispensables à l'épanouissement de l'individu. Cet élan
irrésistible vers la démocratie démontre bien la force et
l'importance de la liberté pour les peuples du monde.
Nous avons tous encore en mémoire les événements
douleureux qui ont jalonné l'histoire de ces peuples au cours des 40
dernières années. Je revois encore l'écrasement de la
révolte hongroise, en 1956, l'érection du mur de la honte
à Berlin, en 1961, et la déclaration pleine d'émotion du
président Kennedy, "Ich bin ein Berliner", "Je suis un Berlinois", pour
exprimer sa solidarité avec les Berlinois.
Je pense aussi, alors que les Tchécoslovaques se battent pour la
liberté, à la fin abrupte du printemps de Prague, en 1968, et
à la mort des espoirs de tout un peuple. Qui d'entre nous n'a pas suivi
la lutte âpre et constante du mouvement Solidarité en Pologne?
J'étais, d'ailleurs, à Mirabel avec le chef de l'Opposition lors
de l'arrivée de Lech Walesa, le 13 novembre dernier, et j'ai pu assister
aux retrouvailles émouvantes entre le leader de Solidarité et un
grand nombre de représentants de la communauté polonaise. Devant
cette histoire lourde d'émotion d'une lutte pathétique de peuples
pour leur libération, nul ne peut rester indifférent. Mais nous
devons écouter les appels lancés à l'Ouest par les peuples
d'Europe de l'Est. Le message de Lech Walesa était, d'ailleurs, sans
équivoque: Si l'homme ne vit pas seulement de pain, il a besoin aussi de
pain pour vivre. Et la Pologne, comme les autres pays d'Europe de l'Est, a un
pressant besoin d'investissements pour reconstruire son économie, car la
liberté a besoin de la prospérité pour s'épanouir
et se répandre. Ces pays font face à des défis de
reconstruction économique gigantesques et le passage d'une
économie planifiée à une économie de marché
ne se fera pas sans difficultés.
Sur ce plan, nous avons un devoir d'aide et de soutien concret aux
peuples des pays d'Europe de l'Est. Nous devons, au Québec, favoriser
les échanges et sensibiliser les milieux d'affaires à ce message
qui nous vient de l'Est. Nous devons également appuyer les
communautés culturelles nombreuses et actives issues de ces pays et
présentes au Québec dans les efforts qu'elles font pour venir en
aide à leurs pays d'origine.
Je veux donc vous assurer, M. le Président, de la volonté
du gouvernement du Québec de soutenir, par des gestes concrets,
l'extraordinaire vent de liberté qui souffle sur l'Europe de l'Est et je
désire, au nom du gouvernement, joindre ma voix à celles des
membres de l'Assemblée nationale et du chef de l'Opposition pour
exprimer notre profonde solidarité avec ces peuples.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre des
Affaires internationales. Je reconnais le prochain intervenant, M. le
député de Westmount.
M. Richard Holden
M. Holden: Merci, M. le Président. Je m'associe volontiers
avec tous ceux et celles qui se veulent démocrates en me joignant,
aujourd'hui, au chef de l'Opposition et au ministre des Affaires
internationales pour approuver le courant démocratique qui semble couler
en Europe de l'Est. Les développements en Pologne, en
Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Allemagne de l'Est constituent, je
l'espère, un pas vers la démocratie. Il reste à voir si
cette vague va continuer et si elle va continuer jusqu'à l'Albanie,
à la Roumanie et à l'Union soviétique elle-même.
We also hope, Mr. Speaker, that with time they will develop within these
nations an acceptance of the individual rights and freedoms which we have here
in Canada and which we take for granted and which are set out so clearly in our
Québec and Canadian Charters of rights and freedoms. We hope that the
people of these countries will know about the freedom of
assembly, the freedom of expression, and the presumption of innocence,
and the freedom that we have, the freedom from discrimination of all sorts.
Quand on réalise que M. Gorbatchev a rencontré Sa
Sainteté le pape la semaine dernière et qu'on envisage la
légalisation de la religion catholique en Union soviétique, on ne
peut pas hésiter à voir un encouragement et à approuver
ces changements d'attitudes.
We also note with approval, Mr. Speaker, the general feeling of goodwill
and understanding which seemed to prevail at last week's Summit in Malte
between president Bush and Mr. Gorbatchev. While we support Canada's continued
participation in the North Atlantic Treaty Organization, we also urge continued
disarmament negotiations and, with the direction that all peace loving peoples
wish, complete disarmament at sometime for our children and our
grandchildren.
M. le Président, je me joins volontiers à cette motion et
je remercie le chef de l'Opposition de l'avoir proposée.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Westmount. Puisqu'il n'y a aucun autre intervenant,
est-ce que cette motion est adoptée?
M. Chevrette: Adopté. M. Parizeau:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Cannon): Adopté.
Nous sommes maintenant rendus à l'étape des avis touchant
les travaux de la Chambre. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, avant de passer aux avis
à la Chambre, je crois comprendre que le leader de l'Opposition a un
sujet à porter à votre attention.
M. Chevrette: C'est correct. C'est après, d'abord.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article du feuilleton qui commande la poursuite de la
réplique au discours inaugural.
Le Vice-Président (M. Cannon): Possiblement, M. le leader
du gouvernement, aussitôt que nous aurons touché les avis touchant
les travaux des commissions et les renseignements. Nous sommes maintenant,
donc, aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce qu'il y
a des renseignements à ce sujet?
M. Chevrette: Oui, moi, j'en aurais un.
Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le leader.
M. Chevrette: Je voudrais vous demander dans ce cas-là -
je pensais qu'il y avait des avis de la part du leader - l'autorisation, M. le
Président, de plaider pendant quelques minutes en ce qui regarde la
décision que vous aurez à rendre quant au libellé d'une
motion de censure à la suite d'un discours prononcé sur le
discours inaugural.
Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le leader de
l'Opposition. Aussitôt que nous serons arrivés à
l'étape des affaires du jour, je serai bien disposé à
écouter votre plaidoirie. (11 h 20)
Nous en sommes maintenant aux affaires du jour. J'appelle l'article 1,
M. le leader du gouvernement.
Reprise du débat sur le discours d'ouverture et
sur les neuf motions de censure
II s'agit de la reprise du débat ajourné le 4
décembre 1989 par le leader adjoint de l'Opposition officielle sur le
discours d'ouverture prononcé par le premier ministre le 28 novembre
1989 et sur les motions de censure du chef de l'Opposition officielle, du whip
de l'Opposition officielle, du député de
Rouyn-Noranda-Témis-camingue, du député de D'Arcy-McGee,
du député d'Abitibi-Ouest, du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, du député de Lévis, de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve et de la députée
de Taillon.
M. le leader de l'Opposition.
Argumentation sur la recevabilité
de la motion de censure du
député
de Pointe-aux-Trembles
M. Chevrette: M. le Président, on se rappellera que, hier,
le député de Pointe-aux-Trembles a déposé une
motion de censure, comme il en a le droit en vertu de nos règlements,
à la suite de son discours en réplique au discours inaugural.
Vous avez pris en délibéré...
Le Vice-Président (M. Cannon): Si vous me le permettez, M.
le leader de l'Opposition, simplement pour que nous nous comprenions bien, la
présidence reconnaît, évidemment, cette intervention, mais
d'une façon exceptionnelle, compte tenu du fait que, hier, vous
n'étiez pas ici. Nous comprenons, tout le monde, les raisons qui ont
fait que vous étiez à l'extérieur de la Chambre. C'est la
raison pour laquelle nous écoutons votre plaidoirie.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: D'ailleurs, M. le Président, la motion sans
préavis du leader du gouvernement, tantôt, expliquait mes motifs
d'absence, hier. Je
voudrais, tout d'abord, M. le Président, vous dire qu'il est
loisible à tout député, à la fin, de quelque
côté de la Chambre que ce soit, théoriquement, de
déposer une motion de censure, suite à un discours qui se veut
d'une largesse parce que la présidence... M. le Président, vous
vous rappellerez qu'on ne peut même pas faire appel à la
pertinence quand on discute du discours inaugural. On peut parler sur tout ce
qui nous intéresse. Aucun député de cette Chambre ne peut
se lever et faire appel à vous pour dire: M. le Président, ce
monsieur est hors d'ordre, cette dame est hors d'ordre, ce député
ne parle pas sur le bon sujet. Il peut déborder même, et c'est
admis, le cadre même du discours inaugural et parler d'un fait bien
spécifique. On en a eu la preuve hier, le ministre de la Santé
qui a parlé des journalistes. Donc, aucun encadrement formel quant au
débat. Premier point.
On peut conclure par une motion de censure. Il est de tradition, M. le
Président, qu'une motion de censure qui n'est pas amendable,
contrairement à toutes les autres motions dans cette Chambre où
on peut proposer des amendements... On peut même sous-amender une motion.
Mais une motion de censure, au sens de notre règlement, n'est pas
amendable. L'argument du leader adjoint, hier, ça a été de
vous dire: Ça n'a pas d'allure, c'est trop sévère et c'est
inacceptable dans notre Parlement.
Tout d'abord, M. le Président, on n'a pas le droit de dire que
quelqu'un ment. La preuve, ce matin encore, vous l'avez vu en cette Chambre, le
ministre des relations internationales a dû retirer ses paroles parce
qu'il a dit que quelqu'un mentait s'il disait ça. Vous avez dit:
Inacceptable, en fonction des règlements. C'était le
président de l'Assemblée nationale qui était sur le banc.
Tromper, mentir, ce sont des mots inacceptables, conformément à
nos règlements. Mais dans les motions de censure, M. le
Président, la motion n'est pas amendable et elle est admissible.
Je voudrais vous donner une jurisprudence très claire. Et ce
n'est pas n'importe qui. Le cas de jurisprudence que je veux vous souligner, M.
le Président, c'est celui-là même qui incarne
l'autorité et qui vient d'être élu unanimement par cette
Chambre. C'est M. Jean-Pierre Sain-tonge, député de
Lapinière, qui est lui-même en cause.
Et je vous réfère, M. le Président, d'abord,
à l'article 274 du règlement, parce que c'est là-dessus
que je voudrais partir: "Chaque député peut prononcer un seul
discours, dans lequel il peut aborder tous les sujets." Ça résume
ce que j'ai dit tantôt. "Il peut, à l'occasion de son
intervention, présenter une motion de censure. Cette motion ne requiert
pas de préavis et ne peut être amendée." C'est clair,
clair, clair, M. le Président, dans nos règlements.
Dans le volume d'interprétation qui relève toute la
jurisprudence de nos débats, je vous réfère à
l'article 274, précisément, de ce recueil de jurisprudence,
où vous retrouverez la sentence de M. Jean-Pierre Saintonge,
député de Lapinière et président de
l'Assemblée nationale, actuellement. Vous pourrez lire ça, M. le
Président: Le 6 mai 1986, aux pages 1270, 1271 et 1283 de notre
Journal des débats. Le contexte est le suivant: "Le leader du
gouvernement s'oppose à la recevabilité d'une motion de censure
qui, selon lui, contient un exposé de motif et de l'argumentation, ce
qu'interdit l'article 191."
La motion de censure se lisait comme suit, à l'époque, M.
le Président: "Que cette Assemblée nationale blâme
sévèrement le gouvernement du Parti libéral pour avoir
trompé la population en mettant en place des politiques contraires
à ses engagements électoraux, par la multiplication des taxes
à la consommation, notamment les taxes sur l'essence, l'huile à
chauffage, etc., pour avoir élaboré un budget antifamilial au
détriment de la famille moyenne, des plus démunis, des
mères de famille et de leurs enfants, des jeunes et des femmes, pour
avoir camouflé des compressions budgétaires et des tarifications
de services et avoir manipulé les chiffres à son avantage, au
détriment des renseignements auxquels le peuple du Québec a
droit." C'était la motion de censure, M. le Président, qui
était présentée.
Qu'a répondu le président de l'Assemblée nationale
actuel, qui était vice-président à l'époque? Il
répondait ceci: "Cette motion de censure est recevable. Les
critères de recevabilité d'une motion de censure sont plus larges
et moins restrictifs que ceux des autres motions. Une motion de censure doit
exposer un minimum de contenu et exprimer une ou plusieurs raisons pour
blâmer le gouvernement. Depuis l'adoption du nouveau règlement, la
motion de censure peut porter sur plusieurs sujets."
Clarté, M. le Président, réponse claire,
précise. Et encore, à la rigueur, ce ne serait pas à un
député de faire amender; il ne peut pas amender le
règlement. S'il y avait un mot que vous jugiez inacceptable, c'est le
président, en vertu de l'article 193 de nos règlements - que je
veux vous lire, M. le Président - qui aurait le pouvoir de le changer
puisque la motion de censure elle-même ne peut pas être
amendée, en aucun temps. "Le Président doit refuser tout
préavis ou toute motion contraire au règlement. Il peut en
corriger la forme pour les rendre recevables."
Si jamais, sur la forme, vous jugiez qu'elle n'est pas acceptable ou
qu'elle n'est pas recevable, c'est vous qui auriez le pouvoir, même sans
intervention de quelque leader que ce soit, de quelque formation politique que
ce soit, de dire: J'ai lu votre motion de censure et je la corrige dans tel
sens. Cela a déjà été fait, d'ailleurs.
Mais, dans le présent cas, M. le Président, je soutiens
que la motion du député de Pointeaux-Trembles, qui se lit comme
suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec blâme
sévèrement le gouvernement libéral pour avoir fait preuve
de favoritisme - c'est moins fort que "d'avoir trompé la population",
qui avait été accepté alors par le président actuel
de l'Assemblée nationale - dans la gestion des fonds publics, ainsi que
dans le processus d'octroi des contrats gouvernementaux, également pour
son refus systématique à prendre toutes les mesures
nécessaires pour redonner confiance à la population envers
l'intégrité et l'impartialité de l'action
gouvernementale."
À toutes fins pratiques, quand on lit cette motion de censure, M.
le Président, elle s'inscrit dans la lignée des douces par
rapport à ce que la jurisprudence reconnaît en cette Chambre. Je
vous rappelle seulement les trois mots qui étaient soulevés, les
trois mots les plus importants qui avaient fait l'objet alors d'une question de
règlement. C'était "tromper la population", c'était
"manipuler", M. le Président, et c'était "de faire en sorte de
retourner à son avantage", trois expressions extrêmement fortes
qui avaient été utilisées à l'époque et
jugées complètement recevables par la présidence de
l'Assemblée nationale.
Donc, je vous soumets très humblement, M. le Président,
qu'à partir de la jurisprudence que nous avons, qui est en
continuité directe avec la présidence actuelle de
l'Assemblée nationale, on devrait, dans les plus brefs délais,
juger receva-ble cette motion de censure.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le leader de
l'Opposition. M. le leader du gouvernement, sur le même sujet.
M. Michel Pagé
M. Pagé: sur le même sujet, m. le président,
en vous rappelant, toutefois, que je ne voudrais pas que ça crée
un précédent, ce matin, qu'une question soulevée à
l'attention du président puisse faire l'objet de plaidoiries au moment
où elle est soulevée et aussi le lendemain. je comprends que,
compte tenu du caractère particulier du sujet, d'une part, et, d'autre
part, compte tenu aussi, il faut en convenir, de l'absence de mon
collègue et moi à la séance d'hier après-midi, nous
sommes justifiés d'intervenir à ce moment-ci.
Essentiellement, à quoi on réfère? On
réfère, M. le Président, dans un premier temps, à
l'article 50. Je conviens avec le député de Joliette, le leader
de l'Opposition, qu'en vertu des dispositions de l'article 50: "Chaque
député - et c'est le cas, chaque député de
l'Assemblée nationale - peut prononcer un seul discours où il
peut aborder tous les sujets. Il peut, à l'occasion de son intervention,
présenter une motion de censure. Cette motion ne requiert pas de
préavis et ne peut être amendée."
Ça, c'est très clair dans notre règlement. C'est le
droit pour chacun des parlementaires, des députés et même,
en principe, en droit, chaque député pourrait présenter
une motion de blâme au gouvernement, une motion de censure.
(11 h 30)
Cependant, il faut bien avoir à l'esprit que, sur cette motion,
l'application de cet article doit être interprétée en
fonction des autres dispositions de notre règlement. Ce n'est pas parce
qu'un député peut présenter une motion de censure, ce
n'est parce qu'il peut parler de tout sujet... Et c'est le cas, c'est vrai
qu'il peut parler de tout sujet. Il peut parler de son comté. Il peut
parler de ses expériences personnelles d'affaires. Il peut parler de ce
qu'il veut, sauf que cet article doit constamment être
interprété en fonction des autres dispositions de notre
règlement et, plus particulièrement, de l'article 35 de notre
règlement qui prévoit très clairement qu'un
député, le député qui a la parole - et ça,
on ne dit pas dans le cadre d'un débat ou d'un autre. "Le
député - et c'est fondamental ici dans cette Chambre - qui a la
parole ne peut désigner le président, etc., parler d'une affaire
qui est devant les tribunaux, s'adresser directement à un autre
député et aussi, à 7°, 8°, 9° et 10° - et
c'est là que c'est important - le député qui a la parole,
dans toute occasion, "ne peut se servir d'un langage violent, injurieux ou
blessant à l'adresse de qui que ce soit; employer un langage grossier ou
irrespectueux envers l'Assemblée; adresser des menaces; tenir des
propos, etc."
Je suis un peu surpris des représentations qui me sont faites par
mon honorable collègue. Je m'attendais ce matin qu'il allait plaider sur
le fait que, pour lui, le terme "favoritisme" n'est pas antiparlementaire. Or,
je retiens qu'il concède et il confirme le fait que le mot "favoritisme"
est antiparlementaire. Il n'y a pas touché. Il n'y a pas
référé ce matin. Il s'en remet particulièrement
à l'article 274. L'article 274, l'interprétation qu'on doit lui
donner et les décisions qui ont été rendues pour mettre de
la chair autour de cet article-là... C'est vrai qu'une motion de censure
ne peut être amendée; c'est vrai. Et l'objectif de la
requête du leader adjoint du gouvernement, hier, ce n'était pas
d'amender "la motion déposée par le député de
Pointe-aux-Trembles; c'était de la faire déclarer purement et
simplement irrecevable.
Et pourquoi est-ce qu'elle est irrecevable, M. le Président? Si
on la lit, c'est très clair. Le député de
Pointe-aux-Trembles tente, par sa motion, de faire indirectement ce qu'il lui
est interdit de faire directement par les dispositions de l'article 35 de notre
règlement qui établissent très clairement... Et,
d'ailleurs, mon adjoint, l'honorable député de Frontenac, a
déposé ici
toute une série de termes qui sont antiparlementaires. Donc, la
motion de censure qu'il a déposée contient à sa face
même des propos antiparlementaires, rendant ainsi la motion de censure
complètement irrecevable en ce qui nous concerne. "Favoritisme",
"patronage", référez-vous au Larousse, référez-vous
au dictionnaire, référez-vous à l'interprétation
qui en a été donnée, cela a la même signification,
M. le Président, et cela a été jugé
antiparlementaire par le président de l'Assemblée nationale.
Donc, le mot "favoritisme" utilisé dans ce contexte signifie "patronage
politique", expression qui a été déclarée non
parlementaire dans une décision rendue par le président Pierre
Lorrain, le 2 décembre 1986, et rapportée aux pages 4622 à
4625 du Journal des débats. J'ajouterai qu'il est
irrégulier et non parlementaire de dire ou de laisser entendre que le
gouvernement a pratiqué le favoritisme - et je vous réfère
à l'interprétation, d'ailleurs, qui est donnée au
paragraphe 20 de l'article 285 de l'auteur du règlement, M.
Geoffrion.
Pour ces motifs, M. le Président, compte tenu... On ne demande
pas de la modifier. On ne demande pas de l'amender. On vous demande, M. le
Président, de la déclarer purement et simplement irrecevable en
raison de son libellé où le député de
Pointe-aux-Trembles tente de faire indirectement ce qu'il ne peut pas faire
directement par les dispositions de l'article 35, c'est-à-dire utiliser
un langage antiparlementaire dans la motion qu'il dépose ici. Pour ces
motifs, on vous demande de la déclarer irrecevable.
Le Vice-Président (m. cannon): merci, m. le leader du
gouvernement. donc, je serai prêt à rendre ma décision
à la reprise des travaux, à 15 heures, cet après-midi. je
suis maintenant en mesure de reconnaître le premier orateur sur la motion
ou, enfin, sur le débat. je crois qu'il s'agit du député
de la prairie. m. le député.
Reprise du débat M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, à l'occasion de ce
premier discours, vous me permettrez de remercier la population du comté
de La Prairie, qui m'a exprimé sa confiance de façon claire le 25
septembre, et plus précisément à ceux et à celles
qui ont travaillé à l'intérieur de mon parti avec beaucoup
de détermination et de dévouement.
Si je suis de retour en politique, M. le Président, c'est
essentiellement parce que je crois pouvoir apporter une certaine contribution
à l'avancement de la cause indépendantiste. Avec notre chef
énergique et redoutable, je crois que nous pourrons, dans les quelques
mois ou quelques années qui viennent, marquer des points et ramener
à l'intérieur de notre formation tous ceux et toutes celles qui,
déjà, nous avaient fait confiance au moment du
référendum en 1980.
Dans le comté de La Prairie, quatre municipalités,
Saint-Constant, Sainte-Catherine, Saint-Mathieu et Delson, se trouvaient
auparavant dans le comté de Châteauguay et trois, Saint-Philippe,
Candiac et La Prairie, appartenaient au comté de La Prairie. Il s'agit
donc d'une nouvelle circonscription. C'est avec enthousiasme que je compte me
dévouer au bien-être de cette population. D'autant plus, M. le
Président, que c'est un comté où j'ai retrouvé mes
racines familiales et ancestrales. C'est même le comté où
j'ai eu mes premières activités politiques, alors que
j'étais étudiant et que ce comté s'appelait le
comté de Napierville-La Prairie. Plusieurs personnalités
importantes ont représenté cette circonscription à
l'Assemblée, notamment notre président actuel, le
député de Lapinière, mais aussi, si on retourne loin en
arrière, le député Joseph-Narcisse Ducharme, notaire de 24
ans, élu à l'Assemblée en 1834, qui participa ensuite aux
troubles de 1838 et qui a subi les foudres du pouvoir abusif et cruel de
l'époque, et qui a été l'un des douze pendus au Pied du
courant en 1838.
De nos jours, la population du comté de La Prairie compte un
très grand nombre de jeunes personnes, population plus jeune que la
moyenne du Québec, population qui s'implique beaucoup dans des groupes
de bénévoles, des groupes d'action communautaire, mais qui aussi
demande que le gouvernement du Québec fasse sa part pour appuyer ces
groupes communautaires.
Ce gouvernement, que nous connaissons depuis 1985, a
négligé les groupes d'action communautaire. Notre parti, M. le
Président, vous le savez, s'était engagé au cours de la
campagne à consacrer 1 % du budget total du Québec, s'il
était porté au pouvoir. Il est grandement temps que les groupes
bénévoles dans l'ensemble du Québec soient mieux
financés, soient mieux supportés par ce gouvernement-ci.
Durant la campagne électorale, mon adversaire libéral,
à un moment donné, a sonné le cri d'alarme, a lancé
un S.O.S., et nous avons vu apparaître le premier ministre; nous avons vu
apparaître celui qui était le ministre des Transports à
l'époque, nous avons vu apparaître le ministre de
l'Éducation déguisé, pour les circonstances, en
Père Noël même si c'était un peu
prématuré dans la saison. Ces gens-là sont venus faire des
promesses, notamment des promesses accompagnées de la phrase
célèbre du ministre des Transports qu'il avait prononcée
en Gaspésie, un soupçon de menace: Si vous ne votez pas du bon
bord, attention, vous n'aurez pas de subventions. Or, les électeurs de
La Prairie n'ont pas voté du bon bord, selon l'actuel ministre de la
Santé et des Services sociaux. Mais, M. le Président, je vais
faire en sorte que les promes-
ses qui ont été formulées par mon adversaire
libéral au nom du Parti libéral seront bien respectées. En
particulier, le parachèvement de l'autoroute 30 promis en 1985 et
repromis en 1989 et, évidemment, pas encore débuté, la
dépollution du bassin de La Prairie, la construction d'écoles
à Candiac et à Saint-Constant, l'aménagement de l'aqueduc
à Saint-Philippe, le financement des maisons de jeunes, l'agrandissement
au centre d'accueil de La Prairie et j'en passe. Je verrai donc à ce que
ces promesses électorales ne demeurent pas que des promesses
électorales et à ce qu'on n'y revienne pas en 1992 ou 1993 encore
pour les promettre une troisième fois. (11 h 40)
Le discours inaugural rempli de vagues intentions touchant une multitude
de sujets est particulièrement muet quant aux conditions de vie des 500
000 personnes handicapées du Québec. ? Trois lignes, M. le
Président. Trois lignes, pour 500 000 personnes. On y dit simplement que
le gouvernement va former un comité pour étudier la mise sur pied
éventuelle d'un fonds d'indemnisation. Ce silence quasi complet quant
aux personnes handicapées est assez caractéristique d'un certain
mépris à l'égard des personnes handicapées de la
part de ce gouvernement. C'est ainsi que, de décembre 1985 à
novembre 1989, la responsabilité de l'Office des personnes
handicapées a changé de titulaire à six reprises, M. le
Président. Six reprises, en quatre ans, alors que, de 1976 à
1984, le gouvernement du Parti québécois avait maintenu le
même titulaire.
Quand il a annoncé la composition de son Conseil des ministres,
le premier ministre n'a même pas jugé cette fonction assez
importante pour l'inclure dans la liste des responsabilités
confiées à ses ministres. Et encore, à ce jour - La
Presse, 1er décembre 1989 - la confédération des
organismes de personnes handicapées du Québec attend toujours du
premier ministre qu'il réponde à sa lettre du 6 octobre et qu'il
rende public le nom du ou de la ministre responsable de l'Office. La
confédération des personnes handicapées, qui regroupe
au-delà de 500 000 personnes handicapées au Québec, M. le
Président, a droit à un minimum de respect de la part du premier
ministre et elle exige, cette confédération, que le premier
ministre réponde à la lettre qu'il a reçue le 6 octobre
dernier.
M. le Président, les personnes handicapées du
Québec sont bafouées depuis 1985 par ce gouvernement sans
leadership et sans compassion. Le gouvernement du Parti québécois
avait fait adopter la loi 9, avait créé l'Office des personnes
handicapées et avait contribué largement avec l'aide des groupes
bénévoles à ce que les personnes handicapées
sortent de l'oubli. Sans leadership politique, victime de ce mépris du
premier ministre, notamment, l'Office s'en va à la dérive. Par
exemple, au plan du travail pour les personnes handicapées, l'Office n'a
pas exercé le leadership nécessaire pour faire en sorte que les
entreprises de 50 employés et plus respectent leur plan
d'embauché auprès des personnes handicapées. De plus, de
38 centres de travail adapté que nous avions en 1985, aujourd'hui, non
seulement le gouvernement Bourassa n'en a pas créé de nouveaux,
mais il en a même fermé deux, M. le Président.
L'assistance financière pour l'aide matérielle, pour
l'aide à domicile, pour les services éducatifs d'appoint est
toujours insuffisante. Les listes d'attente imposent toujours un délai
qui, dans certains cas, va jusqu'à trois ans.
Le transfert des programmes a été enclenché de
façon trop subite et mal préparé, et ce, à tel
point que, durant la campagne électorale, la ministre, titulaire de
l'Office, à l'époque, a cru bon de promettre que ce transfert
serait retardé et qu'en plus l'Office recevrait une somme de 8 000 000 $
pour répondre à des besoins pressants en matière d'aide
matérielle et de services éducatifs d'appoint. M. le
Président, à ce jour, à ce qu'on sache, cette somme de 8
000 000 $ est restée une promesse creuse puisqu'à l'Office les
familles de personnes handicapées se font encore répondre: Nous
n'avons pas d'argent. Nous plaçons votre nom sur la liste d'attente et
nous verrons dans quelques années.
En quantité, l'environnement, avec les cinq pages qu'on lui a
consacrées, se voit décerner une place plus importante dans le
discours inaugural. Mais ce gouvernement-ci doit être jugé non pas
sur ses belles paroles, mais sur des actions concrètes, et voilà
où sa performance est lamentable.
Le 22 avril 1989 - je cite La Presse - celle qui venait
d'être nommée ministre de l'Environnement et qui m'honore de sa
présence ici aujourd'hui, succédant à son ex-ami, Cliff,
comme elle l'appelait, déclarait: "Quand je suis arrivée au
ministère, beaucoup de dossiers étaient à peu près
dans le même état que lorsque je les ai laissés quand
j'étais critique de l'Opposition". Je ferme les guillemets, M. le
Président. Et, plus près de nous, l'actuel ministre de
l'Environnement qui, lui aussi, m'honore de sa présence, affirmait ces
jours derniers: "Fini le temps des discours. Nous passerons à l'action",
en somme, faisant au sujet de son prédécesseur la même
remarque désobligeante que celle-ci avait faite à l'endroit de
son prédécesseur. Diagnostic sévère, M. le
Président. Diagnostic sévère.
Une voix: Belle équipe! Une belle équipe!
M. Lazure: L'action en matière d'environnement, c'est le
gouvernement du Parti québécois qui en était le
spécialiste. C'est lui qui a créé le ministère de
l'Environnement. C'est lui qui a
créé le Bureau d'audiences publiques. C'est lui qui a mis
sur pied le programme d'assainissement des eaux, volet urbain, impliquant 900
municipalités, pour une dépense totale de 6 000 000 000 $, quand
le programme sera venu à expiration, très bientôt.
De 1970 à 1976, le gouvernement Bourassa avait fait des discours,
à cette époque-là, aussi sur l'environnement, mais bien
peu d'action, surtout en matière d'assainissement des eaux. Depuis 1985,
nous assistons à un ralentissement de ce programme, quand il ne s'agit
pas d'une paralysie.
Deuxième exemple d'action de la part de ce gouvernement-ci: le
programme d'assainissement industriel. Il avait été initié
par le gouvernement du Parti québécois, ce programme, en 1978,
et, à l'époque, il impliquait 40 % des 2300 entreprises
jugées polluantes, la plupart ayant terminé leurs travaux en
1987-1988. Mais, sous ce gouvernement libéral, seulement 20 entreprises
ont conclu des ententes en 1987-1988 et seulement 14 en 1988-1989. Triste
bilan, M. le Président.
En matière d'assainissement agricole, le gouvernement actuel a
rendu public en février 1988 son programme d'aide à la gestion
des fumiers qui prévoit corriger la situation d'ici dix ans. Mais, sur
la base des investissements en 1988-1989, c'est-à-dire 12 000 000 $, ce
n'est pas 10 ans qu'il faudra, mais bien 23 ans pour remplir ce programme
décennal.
Le gouvernement du Parti québécois avait
légué au gouvernement actuel un règlement sur les
déchets dangereux en vigueur depuis octobre 1985, visant à
assurer un contrôle sur l'entreposage, le transport et
l'élimination de ces matières. Cependant, ce gouvernement s'en
est peu ou pas servi. Par exemple, le ministère n'a jamais
appliqué ce règlement qui assujettit les entrepôts de
déchets dangereux à des normes de gestion; les entrepôts de
BPC de Saint-Basile et de Shawinigan accumulaient les infractions au
règlement, fonctionnant sans permis, ne faisant l'objet d'aucune
inspection systématique. Quand on décide enfin d'inspecter les
entrepôts de moins de deux tonnes de BPC, en octobre 1988, on constate
que 50 sur 52 de ces entrepôts sont contraires au règlement.
En décembre 1987, le ministre de l'Environnement disait dans
cette Assemblée que les déchets biomédicaux feraient
l'objet d'un règlement au plus tard en 1988. Nous arrivons maintenant en
1990 et toujours pas de règlement concernant les déchets
biomédicaux. Toujours pas.
La gestion des déchets solides. Ce n'est que le 11 septembre, en
pleine campagne électorale, que le gouvernement libéral rend
publique une certaine politique où le gouvernement se défile de
ses responsabilités et se fie naïvement à l'entreprise
privée pour que celle-ci accumule durant les sept années qui
viendront un capital de 100 000 000 $. Les industriels eux-mêmes ont
dénoncé, lors du forum récemment à Montréal
sur l'environnement et le développement, le manque de leadership de ce
gouvernement-ci quant à ce supposé programme. (11 h 50)
À cet égard, M. le Président, le refus du
gouvernement de financer convenablement les groupes communautaires en
matière de recyclage et de récupération de déchets
domestiques, ce refus fait reculer actuellement les quelques pas qui avaient
été franchis depuis quelques années et, M. le
Président, nous devons affirmer bien haut, bien fort, que ce
gouvernement-ci traîne la patte. Il est loin en arrière du
dynamisme des groupes communautaires que nous retrouvons dans toutes les
régions du Québec en matière de recyclage des
déchets domestiques.
En somme, le gouvernement Bourassa, en matière d'environnement,
est devenu le spécialiste des belles paroles, mais il suffit d'examiner
les budgets accordés à ce ministère depuis 1985 pour
constater son manque de sérieux.
Mis à part le service de la dette, M. le Président, le
budget de ce ministère, qui était de 101 000 000 $ en 1985-1986,
n'a augmenté que de 24 000 000 $ en quatre ans pour un domaine
où, soi-disant, ce gouvernement-ci veut mettre la priorité. Ce
n'est pas sérieux, M. le Président.
Ce dont le ministère de l'Environnement a besoin, c'est du
leadership politique et d'une injection massive de fonds et non pas d'une
restructuration administrative, telle que préconisée par l'actuel
ministre, cette restructuration ne devenant, malheureusement, qu'un
prétexte facile à une paralysie encore plus grande et le tout
ayant pour effet de miner la crédibilité de ce ministère,
qui est déjà assez basse.
En environnement comme en santé, M. le Président, comme en
immigration, notre appartenance au système fédéral nous
place dans une situation confuse et souvent contradictoire: lois du
Québec, lois d'Ottawa, normes du Québec, normes d'Ottawa. Double
dépense pour le "payeur de taxes": ministère à
Québec, ministère à Ottawa.
M. le Président, il apparaît de plus en plus clair que la
véritable éclosion de la société distincte que
constitue depuis 450 ans le peuple du Québec ne pourra se faire que dans
le cadre d'un Québec souverain. Plus de 40 % des adultes du
Québec sont de cet avis et l'interminable humiliation qui nous est
infligée par ce débat autour de l'accord du lac Meech ne peut
faire autrement que d'amener de nouveaux appuis à la cause de
l'émancipation du peuple québécois et à la
réalisation de sa souveraineté politique.
Motion de censure
En concluant, M. le Président, vous me permettrez de
déposer la motion suivante: "Que
cette Assemblée blâme sévèrement le
gouvernement du Parti libéral pour son incapacité chronique
à gérer les problèmes environnementaux, notamment pour son
insouciance à assurer la restauration de terrains contaminés au
plomb ou de toutes autres matières toxiques, pour son
inefficacité et son retard à élaborer une véritable
politique de gestion des déchets domestiques, pour son laxisme à
l'égard de la dissémination des déchets dangereux dont les
déchets biomédicaux, pour son refus à assurer une
véritable coopération avec la Commission d'enquête sur les
déchets dangereux, pour son ralentissement imprimé aux programmes
d'assainissement des eaux urbaines, industrielles et agricoles et, enfin, pour
les crédits trop peu élevés accordés au
ministère de l'Environnement." Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
député de La Prairie. Votre motion est déposée. Je
reconnais maintenant le ministre de l'Environnement. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président. Le
gouvernement entend faire de l'environnement une des grandes priorités
de ce mandat. Le discours inaugural, comme l'a souligné le critique de
l'Opposition en cette matière, en témoigne de façon
éloquente. Conscient de l'acuité des problèmes
environnementaux et du rôle que jouera le Québec dans la recherche
de solutions à y apporter, tant sur le plan local que national et
international, n'en déplaise à certains, le gouvernement propose
aux Québécois et aux Québécoises le projet
ambitieux de concilier le respect de notre environnement et notre
développement économique.
Comme ministre de l'Environnement, je suis heureux d'être
associé à cet audacieux défi qui témoigne des
changements majeurs qui se sont opérés dans la
société québécoise au cours des dernières
années.
J'aimerais profiter de l'occasion, M. le Président, pour vous
faire part des actions concrètes que j'entends réaliser dans le
cadre du mandat qui m'est confié. Dès le départ, je tiens
à mentionner que je ne pourrai mener à bien ma tâche en
tant que ministre de l'Environnement que grâce à la
coopération et au travail d'équipe sur lequel nous devrons sans
cesse miser. Des engagements reliés à la protection de
l'environnement ont déjà été pris par le
gouvernement. Je pense à l'aide gouvernementale aux entreprises qui ne
sera désormais accordée qu'à condition que les projets
aient reçu une attestation de conformité environnementale. La
mise en valeur des forêts, que le gouvernement entend appuyer, ainsi que
leur reboisement, fera l'objet d'une plus grande concertation entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources et celui de
l'Environnement.
Mentionnons aussi que le gouvernement appuie déjà
l'initiative du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
d'appliquer une gestion intégrée des ressources dans les
réserves fauniques, projet auquel le ministère de l'Environnement
entend bien participer. Le partenariat existe donc déjà, mais
à l'état embryonnaire. Il se doit d'être accru. Il fera
l'objet d'une préoccupation constante dans l'avancement du dossier
environnemental. Les mesures que j'ai l'intention de mettre en place supposent,
d'ailleurs, une collaboration assidue. Ainsi, je compte, au cours des prochains
mois, susciter la collaboration de tous les intervenants déjà
impliqués dans la protection de notre environnement.
C'est en établissant un partenariat solide avec, notamment, les
agents de conservation de la faune et les inspecteurs municipaux que nous
pourrons assurer un contrôle plus adéquat de notre
réglementation. D'ailleurs, les nouvelles ressources qui seront
accordées au ministère permettront particulièrement de
renforcer la prévention, la surveillance et le contrôle. Cela
constitue, à notre avis, l'action la plus importante et la plus urgente
à réaliser puisqu'elle fournira au gouvernement les moyens
nécessaires pour assurer le respect des lois et des règlements en
matière d'environnement.
D'autre part, il nous apparaît prioritaire d'apporter des
modifications à l'actuel organigramme du ministère. Une nouvelle
structure administrative sera présentée aux fonctionnaires du
ministère dès demain. Elle comprendra de nombreux changements
dont la création d'un nouveau sous-ministériat au
développement durable. En même temps que se réaliseront ces
interventions, le ministère prendra les mesures appropriées pour
permettre la réhabilitation des sites contaminés par les
déchets dangereux. D'ailleurs, les conclusions de la commission
Charbonneau sur les déchets dangereux permettront d'identifier les
solutions les plus appropriées quant à leur élimination
à la source.
La gestion des déchets solides constitue une problématique
bien connue, maintenant. Le Québec génère annuellement
plus de 6 300 000 tonnes de déchets solides, dont, 5 300 000 tonnes sont
directement acheminées aux sites d'enfouissement sanitaire, soit plus de
80 % des déchets solides. C'est ce qui a amené le gouvernement du
Québec et celle qui m'a précédé comme titulaire du
ministère de l'Environnement à annoncer, le 8 septembre dernier,
une politique de gestion intégrée des déchets solides,
résultat de nombreuses consultations avec l'ensemble des intervenants
concernés. La politique gouvernementale repose sur deux objectifs:
d'abord, assurer à l'ensemble des citoyens et citoyennes du
Québec que, d'ici deux ans, les lieux d'élimination seront
adéquats et sécuritaires; deuxième-
ment, réduire de 50 %, d'ici l'an 2000, le volume des
déchets à éliminer.
Le Conseil des ministres a également approuvé, dans le
cadre de la nouvelle politique de gestion intégrée des
déchets solides, un plan d'action pour assurer les marchés de
recyclage pour les ressources récupérées. Le
ministère de l'Environnement travaille déjà en
étroite collaboration avec le ministère de l'Énergie et
des Ressources, secteur forêts, de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie pour assurer ces marchés. Avec le ministre des
Approvisionnements et Services, nous sommes à élaborer une
modification de l'ensemble des règles d'achat gouvernementales pour
intégrer la préoccupation environnementale. (12 heures)
En matière de gestion des déchets solides, nous
proposerons, au cours des prochains mois, des mesures qui viseront la
réduction à la source des déchets, le remploi des
contenants, le recyclage des produits, la valorisation des déchets et
leur élimination sécuritaire pour la santé et pour
l'environnement.
Un autre problème, M. le Président, auquel le
ministère doit faire face est celui de la gestion des pneus hors
d'usage. On sait que ces derniers sont générés au rythme
de 5 000 000 par année au Québec. Un inventaire effectué
l'automne dernier nous apprend qu'il y a 127 sites d'entreposage connus
regroupant environ 12 000 000 de pneus usés. Un règlement portant
sur l'entreposage des pneus est actuellement en préparation. Les normes
d'entreposage imposées et les dispositifs de sécurité
prévus dans le cadre de ce règlement auront pour effet de
réduire considérablement les risques d'incendie constituant le
principal risque environnemental à éliminer pour ce déchet
solide.
Simultanément, des efforts seront déployés pour
mettre en place une structure de gestion des pneus hors d'usage qui nous
mènera vers une solution définitive à ce problème.
D'autre part, M. le Président, on estime à près de 65 % de
la pollution des cours d'eau en azote, phosphore et DBC-5 que ces 65 % sont
attribuables au monde agricole.
Dans le but d'améliorer et de corriger les modes actuels de
gestion des fumiers, un programme a été mis en oeuvre, comme l'a
souligné le député de La Prairie en juillet 1988. De
façon qu'il mette à jour ses statistiques, je le prie
d'être attentif aux propos suivants. À la fin de la
présente année budgétaire, quelque 1200 producteurs
agricoles auront bénéficié d'une aide financière
totalisant quelque 24 000 000 $ pour réaliser principalement les travaux
de construction, de nouvelles structures d'entreposage de fumier, de même
que pour l'agrandissement, la modification et la réparation de
structures existantes.
Un entreposage adéquat de fumier constitue une mesure incitative
importante pour amener les agriculteurs à concentrer les
épandages durant le printemps et une partie de l'été
réduisant ainsi les épandages d'automne identifiés comme
source de pollution importante au milieu aquatique.
Le ministère de l'Environnement entend aussi consacrer des
efforts plus importants à la résolution des problèmes
reliés à la pollution diffuse. La stratégie d'Intervention
adoptée pour diminuer les polluants d'origine agricole devra tenir
compte de cette réalité. Un projet de règlement qui
intégrera l'eau, l'air et le sol en milieu agricole est actuellement en
préparation.
En ce qui concerne les pesticides, le ministère va
présenter un projet de règlement sur leur gestion. Ce
règlement préparé dans le cadre de la mise en application
de la Loi sur les pesticides visera à en régir et contrôler
l'usage. Par ailleurs, M. le Président, comme on le sait, les ministres
de l'Environnement et de la Santé et des Services sociaux ont
présenté conjointement, en septembre dernier, une politique de
gestion des déchets biomédicaux infectieux.
La préparation et la mise en vigueur d'un règlement issu
de cette politique constitue une priorité absolue. La nouvelle
réglementation permettra de protéger tant l'environnement que la
santé de la population. Le gouvernement poursuivra aussi, M. le
Président, la mise en oeuvre de son programme de réduction des
rejets industriels dont l'objectif est de réduire de 75 %, d'ici dix
ans, l'ensemble des rejets industriels, en accordant une attention
particulière aux substances toxiques.
Par ce programme, le ministère se propose de concentrer son
action sur six secteurs industriels prioritaires. Ces secteurs ont
été sélectionnés en considérant l'importance
de leurs rejets de polluants conventionnels et leur capacité de
générer des polluants toxiques. Pour cinq de ces secteurs, soit
les pâtes et papiers, les mines, la métallurgie, le pétrole
et la chimie, le ministère envisage une intervention à court
terme sur un premier groupe d'environ 220 entreprises.
L'utilisation de l'approche intégrée eau-air-sol permettra
d'établir les véritables priorités de réduction de
l'ensemble des rejets d'un établissement, en tenant compte des
bénéfices escomptés sur la protection et
l'amélioration des milieux récepteurs.
D'autre part, dans le cadre du programme d'assainissement des eaux,
environ 210 stations d'épuration des eaux sont présentement en
opération. Ce nombre devrait doubler au cours de l'actuel mandat du
présent gouvernement. Le prochain défi de l'assainissement des
eaux municipales sera de s'assurer d'une bonne exploitation des stations
d'épuration des eaux afin, d'une part, de protéger des
investissements publics majeurs et, d'autre part, d'obtenir des
résultats escomptés, en matière de protection des
cours d'eau. Au cours de la prochaine année, un projet en ce sens sera
élaboré afin de contrôler et assurer un suivi
d'exploitation de ces stations.
Dans le dossier de l'eau potable, le gouvernement se montre
particulièrement préoccupé de la situation existante dans
certaines municipalités. Des actions de contrôle seront
intensifiées afin de garantir le bien-être de la population.
L'application de normes de qualité plus sévères, notamment
en ce qui a trait aux micropolluants, sera assurée et une nouvelle
réglementation viendra appuyer cette démarche. Cette nouvelle
réglementation et les autres que nous entendons présenter dans
les prochains mois, ainsi que notre volonté ferme de contrôler
davantage le respect des lois et règlements actuels contribueront, nous
l'espérons, à relever le défi ultime que nous avons, soit
la protection et la sauvegarde de notre environnement.
De plus, le gouvernement est fermement résolu à
concrétiser l'application rigoureuse du principe pollueur payeur. Dans
ce sens, des propositions soumises par différents participants au
récent forum sur le développement durable - par exemple,
l'intégration des coûts environnementaux aux coûts de
production - seront analysées et seront prises en compte lors de
l'élaboration finale du plan d'action.
Le défi environnemental se dessine certainement comme le
défi de cette fin de siècle. Au cours des dernières
années, partout à travers le monde, on assiste à
l'éveil des consciences face aux catastrophes écologiques qui ne
respectent plus les frontières. Devant certains progrès
réalisés par l'humanité au cours des siècles, on
pourrait croire que tout va pour le mieux. Au même moment et, parfois, en
raison même de ces réussites, nous avons à faire face
à des situations que notre planète et ses citoyens ne peuvent
continuer de tolérer. Nous avons eu tendance à gaspiller notre
capital environnemental. La nature, nos sols, nos forêts, nos lacs, l'air
que nous respirons ne cessent de nous envoyer des signaux d'alarme. Les
catastrophes auxquelles nous devons réagir sans cesse nous confrontent
à la réalité. L'équilibre de nos
écosystèmes est menacé et, avec eux, notre qualité
de vie et notre économie.
Afin de rétablir et de sauvegarder cet ¦ équilibre,
il nous faut travailler dans le sens d'une approche nouvelle, si nous voulons
continuer à nous développer de façon viable. Il nous faut
allier les notions de prospérité économique et de
pérennité des ressources. Les choix de développement, tant
au niveau des individus que des entreprises, doit désormais se faire de
façon concertée et intégrée, à la fois pour
mieux prévenir les problèmes dans l'avenir et maximiser les
retombées des efforts consentis.
Nous nous devons de dégager un partenariat efficace, avec tous
les agents de conservation et de développement, dans le but de
réconcilier l'environnement qui nous permet de subsister et
l'économie qui nous procure notre bien-être. Il nous faut
désormais penser en termes de développement durable. Le
Québec, je le souligne, a été le premier au pays à
mettre sur pied, en 1988, sa table ronde sur l'environnement et
l'économie. Le principal mandat de cène table est
d'établir un plan d'action destiné à assurer un
développement durable au Québec et de le soumettre au
gouvernement dès 1990.
Afin d'assurer une continuité de la réflexion et des
travaux dans le sens d'un développement durable et s'intégrant
à la dimension nationale, le Québec s'engage à
conférer un caractère permanent à la table ronde
québécoise sur l'environnement et l'économie qui
comprendra un plus grand nombre de représentants provenant d'autres
secteurs de la société québécoise. (12 h 10)
L'ensemble de ces orientations et de ces actions n'aura un impact
réel que dans la mesure où chaque citoyen et citoyenne du
Québec réinterrogera sa propre façon de vivre,
réinterrogera ses valeurs, ses comportements qui impliquent des choix de
consommation et envisagera sérieusement de les réajuster en vue
d'un plus grand respect de la nature. Il devient de plus en plus urgent
d'intégrer, d'une part, le respect de l'environnement à nos
prises de décision quotidiennes et ce, dans le but d'éviter, de
prévenir les dommages à notre milieu de vie. Il nous faut,
d'autre part, utiliser de façon judicieuse les ressources naturelles,
renouvelables ou non, maintenir leur capacité à satisfaire les
besoins et des individus et de la collectivité.
Comme je le mentionnais précédemment, M. le
Président, le défi environnemental constitue une priorité
pour le gouvernement du Québec. Je peux vous assurer que nous entendons
prendre nos responsabilités dans ce domaine en instaurant toujours
davantage l'approche du développement durable. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant la prochaine intervenante, Mme la députée
de Chicoutimi. Mme la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. À l'occasion
de ce premier discours en Chambre après les élections du 25
septembre dernier, vous allez me permettre d'abord de remercier les gens de mon
comté d'avoir bien voulu me faire confiance pour un second mandat. C'est
pour moi un honneur et un plaisir de représenter le comté de
Chicoutimi. C'est un comté dynamique. Les gens y sont audacieux. Les
gens sont fiers. Et j'ajouterais que la population de Chicoutimi,
comme celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ne s'est pas laissé
intimider à l'occasion de la campagne électorale, n'a pas
cédé au chantage lorsqu'on est venu dire pendant cette campagne -
certains ministres - qu'il fallait voter du bon bord, entendant: Si vous ne
votez pas du bon bord - s'entend du côté libéral - vous
n'aurez pas droit au développement comme tout le Québec. On
avait, à cette occasion, découvert ou redécouvert un
discours qui datait des années cinquante: vous êtes du bon bord ou
vous n'avez rien.
Heureusement, il y a des gens - et particulièrement ceux de la
région - qui ont compris qu'en démocratie, ce n'est pas ainsi que
ça se passe, ce n'est pas souhaitable que ça se passe ainsi et
que, avec un gouvernement libéral, toutes les régions sont
à l'Opposition. Toutes les régions sont à l'Opposition. On
n'a qu'à observer ce qui se passe en Gaspésie où tous les
députés sont supposément du bon bord et ils souffrent
également de sous-développement. Alors la population de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et plus particulièrement celle
du comté de Chicoutimi, a compris qu'il ne s'agissait pas de voter rouge
pour avoir du développement, il s'agissait de savoir défendre ses
intérêts et de se solidariser à l'occasion pour
défendre certains dossiers.
Je voudrais rassurer la population et lui dire que je mettrai toutes mes
énergies à la défense des intérêts du
comté et de la région. Nous avons, à Chicoutimi et
à Jonquière, un problème criant en matière de place
dans les centres d'hébergement pour les personnes en perte d'autonomie.
On doit les hospitaliser, au grand désarroi des familles, à 25,
30, 40 et 80 milles de Chicoutimi. Les familles ne peuvent plus aller les voir,
peut-être une fois par mois, à l'occasion, une fois par semaine,
quand le conjoint est encore capable de conduire sa voiture. C'est
indécent et inacceptable.
Même problème à la DPJ, où des jeunes sont en
attente. Alors que des familles se sacrifient pour recevoir ces jeunes, on
prend une partie de la subvention qui serait accordée aux familles
d'accueil pour équilibrer les budgets du Conseil régional de la
santé et des services sociaux.
On doit, dans la région, travailler à réduire le
chômage, à rendre nos entreprises plus compétitives. On
doit prendre les moyens pour garder les jeunes chez nous. Après quatre
ans de régime libéral, malheureusement, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean est en train de -ejoin-dre les régions en
difficulté.
On connaît, pour la première fois, un déclin
démographique. La population du Saguenay, qui représentait 4,7 %
de la population du Québec, ne représente plus que 4,6 %. La
croissance de la démographie au Québec a été de
l'ordre, entre 1981 et 1986, de 1,6 % et au Saguenay-Lac-
Saint-Jean, c'est moins, c'est 0,3 % de moins.
Il y a un déclin également au niveau de l'emploi. Nous
avons 4,6 % de la population, mais seulement 4,1 % des emplois. Il y a
également un déclin au niveau de l'emploi dans l'industrie
secondaire. On avait tout près de 29 %, 28,9 % de l'emploi, nous n'en
avons plus que 21,3 %. Le secteur secondaire est en train de s'affaisser au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. La seule façon de relever l'économie des
régions, c'est de soutenir le secteur de la transformation. Toutes les
régions, sans exception, sont des régions qu'on appelle
ressources. Le problème, c'est qu'elles envoient dans les grands centres
leurs matières premières sans transformation ou sans
transformation suffisante. C'est vrai pour les pâtes et papiers, c'est
vrai pour le bois et c'est vrai également pour l'aluminium en ce qui
nous concerne.
En campagne électorale, le premier ministre est venu dans la
région pour nous dire qu'il soutiendrait la candidature de la
région en ce qui concerne l'implantantion de l'institut de recherche sur
la transformation de l'aluminium, en se disant qu'il ne pouvait pas prendre
position fermement, que la décision serait prise par les alumineries.
Voulez-vous me dire comment il se fait qu'on puisse dire une telle chose quand
on connaît le niveau de subventions qui est accordé à ces
entreprises? Selon deux chercheurs d'université, les emplois dans les
alumineries du Québec, si on exclut l'Alcan parce qu'il a d'autres
avantages - mais l'analyse des deux chercheurs portait sur les autres
alumineries - chaque emploi au Québec en aluminerie coûterait
quelque 220 000 $ annuellement en raison évidemment - vous aurez compris
- des avantages qu'on leur consent sur les tarifs d'électricité.
Alors, lorsqu'on subventionne autant une entreprise, voulez-vous me dire en
vertu de quel principe on n'aurait pas le droit et la responsabilité de
leur dire: Si vous avez du développement à faire, c'est là
qu'il devrait se faire?
Par ailleurs, que nous dit le discours inaugural sur la stratégie
du gouvernement libéral pour soutenir le développement
économique, surtout dans un contexte de ralentissement de
l'économie? Est-ce qu'on parie de création d'emplois? Est-ce
qu'on parle de favoriser le développement des régions, de relever
le niveau de compétence de la main-d'oeuvre, de renforcer la
compétitivité des entreprises? En fait, on a eu droit à un
discours creux, des voeux pieux, des lieux communs, mais aucune politique
structurée, cohérente et concertée de développement
économique.
En ce qui concerne le développement des régions, le
gouvernement nous dit - et il faut l'écouter parce que je trouve que
cela explique un peu dans quel état d'esprit on se retrouve - le
gouvernement nous dit: Le gouvernement
ne peut pas se substituer à l'esprit créateur de
l'individu et des groupes en régions, mais plutôt l'encourager
à créer des conditions favorables à son
développement. Avez-vous vu phrase plus creuse? C'est cela la politique
de développement régional.
Par ailleurs, qu'est-ce que le gouvernement libéral nous propose
pour soutenir le développement économique? Alors que tous les
intervenants économiques de tous les pays industrialisés
reconnaissent l'importance de la recherche-développement pour soutenir
le développement économique, surtout dans une économie de
libre-échange, faut-il le dire, qu'est-ce que propose, quelle est la
stratégie du gouvernement libéral en matière de
recherche-développement? Parce qu'il faut le reconnaître, vous
savez, la recherche-développement, c'est à l'économie ce
que l'oxygène est à la vie; c'est aussi essentiel et
indispensable. Le développement économique passe dé plus
en plus par la compétence des ressources de la main-d'oeuvre et par la
recherche-développement.
Quelle est sa stratégie? Le gouvernement entend axer son action
sur deux volets: le fonds de recherche en développement technologique et
les incitatifs fiscaux.
Voyons d'abord quand on parle de fonds de développement
technologique. En octobre 1988, le premier ministre, à grand renfort de
publicité, annonçait la création d'un fonds de
développement technologique, auquel fonds le gouvernement s'engageait
à consacrer 60 000 000 $ par année sur cinq ans,
c'est-à-dire 300 000 000 $. Exactement quatorze mois plus tard, qu'en
est-il de ce fonds? Combien y a-t-il de sous qui ont été
dépensés dans le fonds de développement technologique? Le
gouvernement vient tout juste d'annoncer la création du comité
d'évaluation des projets. Ce comité, après quatorze mois,
a tenu sa première réunion mercredi de la semaine
dernière. Alors, les projets structurants, les projets mobilisateurs
qu'on nous annonçait avec toute la pompe qu'il faut, son et
lumière, il y a déjà quatorze mois, il n'y a rien de
dépensé là-dedans. Et cela, c'est le premier acte de
développement en matière de recherche-développement. (12 h
20)
Par rapport aux incitatifs fiscaux, que faut-il penser des
crédits d'impôt comme moteur du développement de la
recherche-développement dans les entreprises? Le premier ministre
était fort éloquent là-dessus. Il nous dit, et je le cite:
Le Québec est l'un des meilleurs endroits en ce qui a trait aux
avantages fiscaux en matière de recherche-développement
dépassant - tenez-vous bien - l'Ontario, l'État de New York,
d'autres États américains. C'est juste, ce que le premier
ministre nous dit mais il faut se demander pourquoi. Parce que tous ces
États, sans exception, et y compris le gouvernement canadien, ont
rejeté les mesures d'incitation fiscale parce que étant
inefficaces. Ce n'est pas compliqué. Si on a plus d'évasions
fiscales ou d'incitatifs fiscaux pour favoriser la recherche et le
développement, c'est parce que ces mesures ont été
rejetées par les autres États américains comme par le
gouvernement canadien parce que insuffisamment efficaces. On n'a pas de
contrôle là-dessus. D'ailleurs, il faut voir une étude qui
a été réalisée par le Dr Zwitzer, de
l'Université Concordia qui concluait: II est passablement clair que les
dépenses gouvernementales directes par rapport aux crédits
d'impôt sont une méthode plus efficace en termes de coûts
pour stimuler la recherche et le développement industriel.
Il semble que la position du gouvernement du Québec en ce qui a
trait aux crédits d'impôt soit quelque peu optimiste quant
à leur efficacité. Le gouvernement devrait savoir, le
gouvernement du Québec devrait savoir que chaque dollar
dépensé sous forme de crédits d'impôt n'augmenterait
l'investissement en recherche-développement que de 0,29 $ alors que les
dépenses directes, qu'il s'agisse de subventions à la recherche
ou de commandites, produisent des investissements se situant entre 0,70 $ et
2,31 $.
D'ailleurs, Andre Harvie, le ministre fédéral de la
Science et de la Technologie déclarait à la presse le 30 novembre
dernier qu'il ne croyait pas que de nouveaux avantages fiscaux puissent
augmenter la recherche-développement. Mais qui plus est, cette
décision du gouvernement libéral de créer des incitatifs
fiscaux pour favoriser la recherche-développement fait en sorte que le
gouvernement canadien investit seulement 23 % en matière de
recherche-développement au Québec contre 39 % en Ontario parce
que le gouvernement canadien vient compléter le programme du
Québec alors que l'Ontario n'a pas un tel programme. Évidemment,
le gouvernement fédéral subventionne 39 % de la
recherche-développement en Ontario contre 23 % au Québec. C'est
ça la réalité. Les incitatifs fiscaux nous coûtent
cher et n'ont pas les retombées qu'on devrait en attendre.
Vous allez me dire: Comment se fait-il que le gouvernement
libéral, qui est pragmatique, comment se fait-il que le gouvernement
libéral ait choisi cette voie? Du pragmatisme? Je dis non. De
l'idéologie, parce qu'on estime que seules les entreprises
privées sont en mesure de faire de la recherche-développement.
Pourtant, partout autour de nous on ne laisse pas ça à
l'entreprise privée. Mais ici, par idéologie, on confie ça
aux entreprises privées avec les résultats que l'on
connaît. Pragmatisme, non, idéologie qui fait que nous, au
Québec, contrairement à nos voisins, on estime que si on donne
des avantages fiscaux aux entreprises, sans contrôle réel sur les
retombées, on peut leur faire confiance, elles vont travailler dans
l'intérêt de la population. C'est lourdement
se leurrer et au Québec, ça nous coûte cher.
Le Québec, avec un gouvernement libéral, est en train de
rater le virage technologique. Vous allez dire que c'est encore un discours de
l'Opposition qui voit les choses en noir. Rappelons un avis du CRIQ, le Centre
de recherche industrielle du Québec qui nous révélait que
65 % des entreprises québécoises n'utilisent aucune des
technologies d'informatisation de la production. Cela veut dire que nos
entreprises sont lourdement, dans 65 % des cas, dépassées, ne
sont absolument pas concurrentielles. Et on passe à côté du
virage technologique.
L'enquête qui a été effectuée par le CRIQ
auprès de 440 entreprises oeuvrant dans huit secteurs industriels
stratégiques pour le Québec: le plastique, le textile, le
vêtement, le meuble, le bois, le matériel de transport,
révèle que 65 % de nos entreprises ne feront pas de la production
informatisée. Et on est, je le rappelle, en économie de
libre-échange.
Par ailleurs, comme on donne des incitatifs fiscaux, on réduit
les subventions directes à la recherche et le Québec a
diminué de 10,3 % ses investissements à la recherche au cours de
la dernière année. Comme si ce n'était pas suffisant, on
ne réussit pas à aller chercher notre part des subventions
fédérales. En 1985, le gouvernement du Québec allait
chercher 20,9 %, tout près de 21 %, des subventions de recherche du
gouvernement fédéral. Actuellement, c'est 10 % que le
Québec reçoit des subventions d'Ottawa. C'est notre argent. C'est
notre argent qui va payer les subventions de recherche en Ontario. L'Ontario va
chercher 58 % des fonds de recherche canadiens et nous, nous allons chercher 10
%. 10 %, vous allez me dire: On sait bien, peut-être que le gouvernement
fédéral et ceux qui attribuent les contrats de recherche ne sont
pas très favorables au Québec. Ce n'est plus le gouvernement
péquiste qui est au pouvoir, mais il doit y avoir quelque chose. Une
part de la responsabilité incombe au gouvernement du Parti
libéral.
Quand le gouvernement fédéral a lancé son programme
de création de centres spécialisés, le gouvernement
ontarien, dès janvier 1988, dégageait plus de 1 000 000 $ pour
aider les entreprises, les centres de recherche et les universités
à préparer des projets pour s'intégrer dans ce programme
de centres d'excellence. Je dis donc qu'en janvier 1988, le gouvernement
ontarien consacrait plus de 1 000 000 $ pour aider à la
préparation des projets de recherche. Qu'est-ce qu'a fait le
gouvernement du Québec à la même occasion? Neuf mois plus
tard, il a aussi décidé que ce serait peut-être
intéressant d'examiner ça et il a dégagé 250 000 $.
Résultat net: des quatorze centres d'excellence octroyés, le
Québec a la portion congrue et n'eût été de la
performance de l'Université McGill, nous aurions eu un seul centre
spécialisé. C'est ça, la réalité, parce que
ce gouvernement fait, en matière de recherche-développement, de
l'improvisation, du désengagement et du laisser-faire.
L'Agence spatiale, dont le premier ministre nous disait: Du moment
où elle est au Québec, nous allons devenir les leaders en
matière de recherche en aérospatiale au Canada. Les centres,
c'est drôle, très curieusement, toutes les subventions qui ont
trait à l'aérospatiale ont été accordées
à, et je le rappelle, trois universités et cinq entreprises de
l'Ouest canadien, deux universités, deux entreprises de l'Ontario et
deux centres de recherche du gouvernement fédéral, en Ontario
évidemment. Certains des éléments de ce programme auraient
dû relever de l'Agence spatiale, mais l'agence n'était pas dans la
course. Le Québec était, encore une fois, absent.
Dans un autre domaine où le Québec pourrait, en vertu de
sa capacité d'achat, de son pouvoir d'achat, influencer la
recherche-développement, il s'agit des achats publics. Vous le savez,
les achats publics, c'est un pouvoir énorme qu'a le Québec s'il
savait l'utiliser pour favoriser le développement technologique. Les
achats du Québec, les achats publics représentent 7 700 000 000 $
par année; vous savez, c'est énorme, le pouvoir d'achat du
Québec. Alors que tous les Etats voisins, les provinces voisines
utilisent le pouvoir d'achat qu'ils ont pour favoriser le développement
économique, le gouvernement libéral n'a pas réussi
à réexaminer la politique qui a déjà douze ans et
à s'assurer à tout le moins - et cet avis vient du Conseil de la
science et de la technologie - que les achats qu'ils font ne
défavorisent pas le développement technologique. Ainsi, selon le
Conseil de la science et de la technologie, le gouvernement libéral a
tendance à acheter, parce que, à première vue, c'est moins
cher, des produits qui sont déjà dépassés, dont
l'espérance de vie est limitée et dont les coûts
d'entretien sont très élevés. (12 h 30)
Donc, finalement, les achats du Québec coûtent plus cher,
à terme, si on prend en compte les différents postes de
dépenses et, en plus, ils défavorisent ce que pourrait être
une politique de développement technologique.
Le gouvernement libéral, en matière de recherche et
développement, en matière de recherche scientifique, fait preuve
d'improvisation, de laisser-faire, de désengagement. Il faut rappeler
brièvement que la première décision qui a
été prise en 1986, début 1986, à ce sujet, en
décembre 1985, a été de scinder la science et la
technologie et de confier - tenez-vous bien - la technologie au ministre du
Commerce extérieur. L'explication, c'était: On va faire du
transfert technologique, on va adopter et adapter les technologies
extérieures chez nous. C'était comme quelque chose... Personne
n'a compris
cette décision.
Alors, M. le Président, ce gouvernement, à l'endroit
duquel la population a souvent un préjugé favorable - elle le
voit comme étant plus capable de faire du développement
économique - en cette matière, il est incompétent et,
malheureusement, je pense qu'avec le ralentissement économique les
résultats ne tarderont pas à se faire sentir, le Québec
prend du retard. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant Mme la
vice-première ministre, ministre de l'Énergie et des Ressources
et ministre du Développement régional. Mme la
vice-première ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, je voudrais d'abord ajouter ma
voix à ceux qui vous ont offert des félicitations pour votre
élection à la vice-présidence et, du même coup,
féliciter aussi vos collègues, le président et le
vice-président, de cette confiance que vous ont accordée les
différents membres de l'Assemblée nationale.
Je voudrais, en même temps, profiter de cette occasion pour
remercier - et faire comme tout le monde, je pense - mes électeurs de
Chomedey pour la confiance qu'il m'ont à nouveau témoignée
pour une troisième fois dans le comté. Je voudrais leur dire
aussi cette reconnaissance que j'ai pour eux du courage qu'ils ont toujours
manifesté - et peut-être que la députée de
Chicoutimi pourra entendre ça - surtout dans les moments où nous
étions dans l'Opposition et où les dossiers de Chomedey ne
recevaient pas une oreille attentive de la part des ministres péquistes,
M. le Président. Alors, je pense que la députée de
Chicoutimi devrait être prudente dans les accusations qu'elle porte au
gouvernement actuel.
Je passerai aussi sous silence les remarques racistes que je recevais de
la part de certains ministres péquistes et vous comprendrez, M. le
Président, vous connaissez le comté de Chomedey qui est une
mosaïque de la société québécoise, que ces
remarques qui s'adressaient aux gens de mon comté étaient tout
à fait déplacées. Je dois dire que le comté,
courageusement, a continué à m'appuyer jusqu'à ce que nous
arrivions au pouvoir et que nous puissions rétablir
l'équité dans les différents dossiers que nous avions.
M. le Président, le gouvernement s'est clairement engagé,
en 1988, à présenter rapidement les objectifs d'une politique
énergétique pour les années à venir. Vous le savez,
cet engagement a été pleinement respecté. En septembre
1988, le gouvernement rendait publique sa politique énergétique
pour les années quatre-vingt-dix, intitulée "L'énergie,
force motrice du développement."
J'aimerais vous rappeler brièvement la logique de cette politique
- personnellement, j'assume pleinement cette logique - en l'illustrant des
premiers résultats qui sont fort encourageants et qui sont
déjà obtenus. Je souhaiterais ensuite vous faire part de mes
préoccupations et vous informer des dossiers sur lesquels je compte
faire porter un effort particulier au cours des prochains mois. la politique
énergétique gouvernementale présentée
l'année dernière s'appuyait sur un certain nombre de
constatations. pour ce qui est de la demande d'énergie, le québec
avait connu, depuis le début des années soixante-dix, des
bouleversements considérables sur le plan de son bilan
énergétique. en une quinzaine d'années, la part du
pétrole dans la satisfaction des besoins énergétiques des
québécois avait considérablement diminué, passant
de près de 75 % à moins de 45 %. à l'inverse, on avait
assisté à une pénétration extrêmement rapide
de l'électricité et du gaz naturel, ces deux formes
d'énergie représentant respectivement actuellement 40 % et 15 %
du bilan énergétique, comparativement à 20 % et 5 %, il y
a de ça quinze ans.
Toujours au plan de la demande, on avait assisté à la
parution au Québec de marchés de l'énergie de plus en plus
concurrentiels et, dans le marché du chauffage, en particulier, la
plupart des Québécois ont maintenant accès à trois
ou quatre formes d'énergie. Ce phénomène explique,
d'ailleurs, la modification du bilan énergétique que je
soulignais précédemment.
Enfin, également, pour ce qui est de la demande, le Québec
avait réussi à améliorer significativement, en un laps de
temps relativement court, l'efficacité avec laquelle il utilise
l'énergie. À la fin des années quatre-vingt, le
Québec utilise une quantité d'énergie équivalente
à celle qu'il consommait au début des années soixante-dix
pour une production de richesse de moitié plus élevée.
Le document de politique énergétique soulignait
également avec force les acquis détenus au pian de l'offre
d'énergie. Le Québec a la chance d'avoir accès à de
grandes quantités de ressources énergétiques disponibles
à bas prix. La première de ces ressources, c'est, bien sûr,
l'hydroélectricité. Le document de l'année dernière
rappelait ainsi l'importance des richesses hydroélectriques
québécoises. Le Québec est actuellement le
quatrième producteur d'hydroélectricité au monde. Il
dispose de 8 % de la production mondiale d'hydroélectricité.
Constatation peut-être encore plus importante, le potentiel
économiquement aménageable est considérable. Il est
estimé à 18 000 mégawatts, ce qui équivaut au
potentiel hydroélectrique aménageable de l'ensemble des 18 pays
européens de l'OCDE.
Mais, le Québec ne dispose pas que de ressources
hydroélectriques. Il a également accès
aux ressources canadiennes des hydrocarbures et, là aussi, la
situation s'est grandement modifiée au cours des quinze dernières
années. Grâce à l'extension de l'oléoduc
Sarnia-Montréal, grâce à la prolongation du réseau
de transport de gaz naturel acheminant le gaz depuis l'Ouest, les consommateurs
québécois disposent maintenant d'un accès direct aux
hydrocarbures canadiens. Il est évident que cette modification des
infrastructures a profondément transformé la situation
énergétique du Québec permettant d'améliorer
significativement la sécurité et la diversification de nos
approvisionnements.
Dans ce contexte, la politique énergétique est avant tout
une politique économique grâce à laquelle il est possible
de renforcer, de solidifier notre développement et notre croissance.
Toute la stratégie du gouvernement dans ce secteur d'activité
vise donc à tirer pleinement partie des atouts dont nous disposons et,
plus généralement, à s'assurer que l'économie
québécoise dispose au plan de l'énergie des conditions
nécessaires à son développement.
Le document de 1988 énonce aussi une grille d'objectifs que j'ai
personnellement bien l'intention de respecter et aussi d'appliquer. Ces
objectifs sont d'abord d'ordre économique. Ils visent la mise en valeur
de nos richesses hydroélectriques, dans les conditions optimales, la
maximisation des retombées économiques des investissements
énergétiques, notamment, au plan régional, et le
renforcement de la sécurité des approvisionnements.
Je voudrais immédiatement signaler que, dans ses objectifs
énergétiques, le gouvernement du Québec a, pour la
première fois, intégré ses préoccupations
environnementales, ce dont une ancienne ministre de l'Environnement ne peut,
bien sûr, que se féliciter. Je reviendrai dans quelques minutes
sur cette nécessaire intégration de l'environnement à
notre politique énergétique.
Dans le secteur énergétique, le premier mandat de ce
gouvernement a ainsi été consacré à
l'identification du cadre de l'action des pouvoirs publics et à de
premières actions pour réaliser ses objectifs. Le deuxième
mandat du gouvernement dans le secteur énergétique visera
à prolonger et à renforcer ces interventions. Il s'agira de mener
à terme les actions entreprises et, d'une façon plus globale, de
concrétiser la stratégie publiée l'an dernier. (12 h
40)
Je ne parlerai pas en détail des moyens d'action retenus par le
gouvernement dans le secteur énergétique et des dossiers sur
lesquels nous aurons à intervenir au cours des prochains mois. Je
voudrais simplement donner trois illustrations des premiers résultats
déjà obtenus ou de développements qui devraient survenir
à très court terme.
D'abord, l'an prochain, Hydro-Québec procédera à
une relance significative de ses travaux de construction. Après une
période de fort ralentissement, on va ainsi assister à une
reprise très importante des travaux d'aménagement de nos
richesses hydroélectriques. Et comme vous le savez, les travaux auxquels
je fais référence sont ceux de La Grande 1, de La Forge et de
Brisay constituant tous trois la deuxième phase du complexe La Grande.
Comme le gouvernement le souhaitait, la collectivité
québécoise reprend ainsi la mise en valeur de ses ressources
hydroélectrique, ce dont nous ne pouvons que nous féliciter.
Un autre dossier ayant connu des développements très
spectaculaires au cours des dernières semaines est, comme vous le savez,
celui de l'implantation d'industries grandes consommatrices d'énergie au
Québec.
L'une des stratégies retenues par le gouvernement dans le secteur
énergétique consiste à utiliser nos atouts
énergétiques comme effet d'appel, afin d'attirer sur le sol
québécois des investissements créateurs de richesse. Le
début des travaux de construction de deux nouvelles alumineries à
Saint-Augustin et à Sept-îles est l'illustration la plus
spectaculaire de cette politique. Grâce à notre
disponibilité d'électricité, nous allons ainsi renforcer
le rôle majeur joué par le Québec sur le marché
mondial de l'alumi-nerie, et cela, pour le meilleur intérêt des
régions concernées.
Il existe un troisième dossier qui nous tient
particulièrement à coeur, et je veux parler du dossier Soligaz
dans lequel le gouvernement du Québec s'est engagé par une
intervention majeure à assurer les approvisionnements en matières
premières du secteur de la pétrochimie. Sur ce dossier,
j'espère être en mesure de bientôt vous faire part de
nouveaux développements.
J'ai surtout insisté jusqu'ici sur l'action que poursuivra le
gouvernement dans le secteur énergétique dans le prolongement
direct de la politique rendue publique l'année dernière.
J'aimerais maintenant faire valoir les points sur lesquels j'entends porter un
intérêt particulier. Comme je le mentionnais, M. le
Président, la politique énergétique accorde une place
toute particulière aux considérations environnementales. En
effet, elle fait de la protection de l'environnement un objectif à part
entière et lui consacre l'un de ses chapitres. Le mieux-être
collectif ne peut s'interpréter uniquement en fonction de
critères économiques et quantitatifs de consommation et de
production de biens et services. Il doit s'évaluer également par
des indices de qualité de vie et de qualité de
l'environnement.
La production et la consommation d'énergie sont sûrement
reliées très étroitement à la protection de
l'environnement. En effet, la combustion des hydrocarbures aux fins
énergétiques est une des grandes sources d'émission de
polluants et contribue à l'effet de réchauffement de
l'atmosphère par l'émission de gaz à effets de
serre.
En ce qui concerne le Québec, on peut tout de suite noter que
l'évolution du bilan énergétique, au cours des
dernières années, a eu très certainement des effets
positifs sur l'environnement. En effet, grâce à la
pénétration de l'électricité et du gaz naturel et,
aussi à l'accroissement de l'efficacité
énergétique, le Québec a pu réduire
substantiellement sa consommation de produits pétroliers. Ceci s'est
traduit par une réduction significative des émissions de CO2, de
même que de la plupart des autres gaz associés à la
combustion d'essence et de mazout. Le Québec ne produit que 54
mégatonnes de CO2, soit trois fois moins que l'Ontario.
Le Québec se doit cependant de continuer dans cette voie et de
rechercher les moyens qui permettent de mieux concilier encore le
développement économique et la protection de l'environnement.
À cet égard, trois moyens m'apparaissent particulièrement
importants. Je veux parler de l'accroissement de l'efficacité
énergétique, du développement des énergies
alternatives et de la recherche et du développement de nouvelles
technologies.
L'accroissement de l'efficacité énergétique
constitue certainement le moyen privilégié pour concilier la
protection de l'environnement et du développement économique. Au
cours des dernières années, des progrès importants ont
été accomplis, particulièrement dans les secteurs
industriel et du transport. Comme je le soulignais tout à l'heure, nous
avons en effet réussi à satisfaire des besoins croissants avec la
même quantité d'énergie.
Des progrès importants peuvent encore être accomplis.
L'économie québécoise demeure grande consommatrice
d'énergie. Lorsqu'on la compare aux autres économies
occidentales, particulièrement à celle de l'Europe, le secteur
industriel, en particulier, peut réduire encore de beaucoup sa
consommation par l'amélioration de ces procédés.
Cette amélioration de l'efficacité
énergétique est d'ailleurs un élément avantageux,
dans un contexte de concurrence accrue, en ce qu'elle permet non seulement la
protection de l'environnement, mais aussi la réduction du coût de
production et, très souvent, l'amélioration des conditions de
travail. Une action concertée des différents niveaux de
gouvernement pourrait permettre, dans le secteur du transport en particulier,
d'obtenir des rendements qui sont encore plus importants.
À cet égard, une partie des leviers d'intervention nous
échappent. Des raisons de concurrence internationale empêchent
chacun des pays occidentaux d'imposer unilatéralement
l'amélioration de l'efficacité des véhicules
automobiles.
Le développement des énergies alternatives, telle la
valorisation des déchets urbains ou forestiers, offre aussi une avenue
de réconcilia- tion entre le développement économique et
la protection de l'environnement. Un potentiel énergétique
important pourrait être ainsi mis à la disposition des
Québécois, tout en permettant d'apporter de meilleures solutions
au problème environnemental que constitue la gestion de ces
déchets à des coûts plus acceptables pour la
société.
Le développement technologique représente certainement la
solution ultime pour cette nécessaire conciliation des enjeux
environnementaux et économiques. C'est en effet par le
développement des hydrotechnologies et des gazotechnologies que nous
pourrons accentuer la pénétration de ces sources d'énergie
moins polluantes dans tous les secteurs de l'économie. De même, la
mise au point des carburants alternatifs pourrait résoudre, en partie,
certains des problèmes de pollution que nous rencontrons.
Globalement, c'est donc dans la maîtrise de l'énergie, de
l'efficacité énergétique, de la recherche de nouvelles
technologies ou du développement des énergies nouvelles que
réside l'avenir énergétique du Québec. Le
gouvernement du Québec entend donc, au cours des prochaines
années, promouvoir, via l'action du ministère de l'Énergie
et des Ressources ou celle d'Hydro-Québec, la promotion de ces
différentes filières. C'est ainsi que la politique
énergétique deviendra véritablement le moteur du
développement économique québécois, d'un
développement économique qui soit durable.
M. le Président, le développement économique du
Québec, tant souhaité par notre gouvernement, doit se faire
d'abord et avant tout sur une base régionale. C'est dans cet esprit
qu'en 1988 le gouvernement du Québec adoptait un plan d'action en
matière de développement régional. Ce plan, une
première au Québec, devait orienter l'ensemble des actions
gouvernementales vouées au développement de chacune des
régions du Québec. Il est essentiellement basé sur
l'affirmation que le développement régional repose sur
l'initiative des individus et sur leur "entrepre-neurship" et, par
conséquent, sur le dynamisme propre à chaque région. Les
régions constituent des entités différentes, ayant une
spécificité propre et des potentiels particuliers.
Je pense, M. le Président, que vous me faites signe que le temps
se termine. Je regrette que vous me coupiez au moment où je vous parle
"de développement régional, mais je vous parlerai surtout des
réalisations à ce jour, parce que chacun des volets du plan
d'action que nous avons mis en place compte déjà à son
actif des réalisations intéressantes dans le cadre du travail que
nous avons accompli.
M. le Président, je conclurai, puisque vous me faites signe. Pour
résumer je dirais que le Québec dispose de ressources naturelles
exceptionnelles, de ressources humaines non moins exceptionnelles et, les unes
comme les autres,
sont réparties sur un territoire qu'il importe de
développer dans un souci constant de justice et aussi
d'équité. (12 h 50)
On ne peut parler de développement social sans d'abord s'assurer
du développement économique pour supporter le premier. Pour se
payer des services de santé, d'éducation, un secteur culturel
vivant et le plus progressiste en Amérique du Nord, la
société québécoise doit s'assurer d'un
développement économique en constante progression... et pas une
progression "sauvage"!
Nous vivons dans une économie ouverte où la libre
entreprise est le moteur de notre économie, mais nous vivons aussi dans
une société où le souci de protection de notre
environnement constitue une préoccupation constante, tant de la part des
citoyens que du gouvernement. La qualité de vie que les
Québécois et Québécoises ont choisie commande un
développement économique exigeant, un développement
économique qui s'assure de la durabilité de nos grandes
ressources naturelles, M. le Président.
Le gouvernement auquel j'appartiens a la réputation d'être
pragmatique. Il privilégiera toujours une action concrète
à une idée floue; une décision difficile et
nécessaire, à un beau discours en guise de fuite en avant.
Au début de ce second mandat, je peux affirmer, pour ma part, que
l'agenda au chapitre de l'énergie et des ressources naturelles et du
développement régional est déjà chargé de
réalisations en cours, comme de projets dans lesquels nous devrons nous
engager, comme je vous l'ai décrit précédemment.
Le 25 septembre dernier, la population a choisi, je dirais même,
la population a tranché. La population veut un gouvernement qui gouverne
pour elle et non pour lui; un gouvernement qui choisit de bâtir l'avenir
sur le présent, sur les acquis; un gouvernement qui sait choisir ses
priorités. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
vice-première ministre. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: En vertu, M. le Président, de l'article 213,
je peux demander la permission de poser une question à la
députée, enfin à la ministre, pardon, qui vient de
terminer son intervention.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
Mme Marois: On nous dit que la question et la réponse
doivent être brèves.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est ça, Mme la
députée. Est-ce que Mme la vice-première ministre accepte
une question? Évidemment la question doit être brève et
sans commentaires. Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Elle va l'être très certainement, M. le
Président. La ministre, au début de son intervention, a tenu des
propos dont la portée peut être grave, en disant que des membres
du gouvernement avaient tenu des propos racistes à l'endroit de
personnes de son comté. Alors, ou elle étaye ses propos par des
exemples ou elle les retire, puisque le leader adjoint va sûrement
convenir que ce sont des propos dont la portée peut être
très grave.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
vice-première ministre.
Mme Bacon: Je n'ai pas à les retirer, M. le
Président: l'ancien ministre de la culture qui ne voulait pas donner
à la communauté juive de mon comté, et l'ancien ministre
de l'habitation qui ne voulait pas non plus donner quoi que ce soit à la
communauté juive de mon comté. J'ai corrigé ces
iniquités, M. le Président, depuis que je suis au pouvoir.
Une voix: Et voilà.
Mme Marois: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Oui. Mme la députée. S'il vous plaît, à l'ordre! Mme
la députée de Taillon, je vous cède la parole.
Mme Marois: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
à l'ordre!
Mme Marois: Merci, M. le Président. Elle a
mentionné qu'il y avait eu des propos racistes, à moins que je
n'aie mal entendu, qui avaient été tenus; elle mentionne que des
projets n'ont pas été retenus, c'est différent, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II ne s'agit pas d'un
débat. Malheureusement, ce n'est pas... Avec consentement, non? S'il
vous plaît! Je m'excuse. Question de règlement? Vous avez
posé une question en vertu de l'article 213 et madame a répondu
à votre question.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de cette séance
à 15 heures et je souhaite bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 2)
Le Vice-Président (M. Cannon): Mesdames
et messieurs, veuillez vous asseoir!
Décision du vice-président
déclarant
irrecevable la motion de censure du
député de Pointe-aux-Trembles
À la séance d'hier, j'ai pris en
délibéré une question de règlement, soulevée
par le leader adjoint du gouvernement, ayant trait à la
recevabilité de la motion de censure présentée par le
député de Pointe-aux-Trembles dans le cadre du débat sur
le discours d'ouverture de la session. Je suis maintenant prêt à
rendre ma décision.
La motion de censure dont la recevabilité est contestée se
lit: "Nous demandons que l'Assemblée nationale du Québec
blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
fait preuve de favoritisme dans la gestion des fonds publics ainsi que dans le
processus d'octroi des contrats gouvernementaux, également pour son
refus systématique à prendre toutes les mesures
nécessaires pour redonner confiance à la population envers
l'intégrité et l'impartialité de l'action
gouvernementale."
Tel que l'indique Geoffrion en annotation à l'article 150 qui
traite du contenu des motions, c'est à la Chambre et non à
l'Orateur qu'il appartient de décider si les assertions qu'une motion
contient sont exactes ou non. Si la présidence n'a pas à
évaluer la véracité, l'exactitude des propos, il lui
revient cependant de se prononcer sur les appels au règlement et de
refuser tout préavis ou toute motion qui lui est contraire.
L'argumentation du leader adjoint du gouvernement reposait sur un
argument principal, à savoir qu'une motion ne peut contrevenir au
septième paragraphe de l'article 35 qui énonce qu'un
député qui a la parole ne peut se servir d'un langage violent,
injurieux ou blessant à l'adresse de qui que ce soit. J'ai
analysé la question sous cet angle et aussi sous l'angle de l'article
191 de notre règlement.
Sur le dernier point, soit l'application de l'article 191, je me permets
de vous citer des extraits d'une décision rendue le 6 mai 1986 par
l'actuel président. Il s'exprimait alors en ces termes. "Comme l'a
précisé le leader du gouvernement, il est vrai que l'article 191
du règlement de l'Assemblée nationale est à l'effet que
les motifs ne doivent contenir ni exposé de motifs, ni argumentation.
Cependant, en ce qui concerne les motions de censure, après avoir fait
le relevé de nombreuses motions de ce genre présentées au
> cours des années précédentes, il appert que, pour ce
type de motion, les critères de recevabilité soient plus larges
et moins restrictifs que pour les autres motions. L'on retrouve au Journal
des débats de nombreuses motions de censure qui, à
première vue, semblent aller à rencontre des dispositions de
l'article 191. Toutefois, il faut reconnaître qu'une motion de censure
doit exposer un minimum de contenu et exprimer une ou plusieurs raisons pour
blâmer le gouvernement, en l'occurrence." sur le point soulevé par
le leader adjoint du gouvernement, on doit se demander si l'application des
critères de recevabilité plus larges a pour effet
d'écarter l'application de l'article 35. en d'autres termes, cette
souplesse va-t-elle jusqu'à permettre que la motion puisse contenir des
paroles, des propos qui pourraient, en d'autres circonstances être
jugés non parlementaires? si on s'en remet uniquement au libellé
de l'article 35, la réponse devrait être négative.
cependant, comme le règlement semble manquer de précision, il
m'apparaît justifié d'avoir recours aux règlements
antérieurs de l'assemblée.
Tant l'article 62 du règlement en vigueur entre 1972 et 1984 que
l'article 150 du règlement Geoffrion prévoyaient qu'une motion ne
devait pas contenir d'expressions dont il était interdit de se servir au
cours des débats. Aucune disposition de notre règlement n'indique
une intention d'écarter ce principe. J'en conclus qu'il est toujours
applicable. Il m'apparaît toutefois opportun de vérifier si les
précédents ou les usages de l'Assemblée peuvent nous
indiquer l'interprétation qui en est donnée dans le cadre d'une
motion de censure. Je n'ai retracé aucune décision sur ce point
précis, la décision précitée ne statuant pas sur
l'application de l'article 35.
Un examen des motifs présentés depuis 1981 m'a cependant
permis de constater que, règle générale, les motions
qualifient les actions du gouvernement, tendant ainsi à démontrer
son incapacité ou son incompétence. Un certain nombre d'entre
elles contiennent des expressions qui font sourciller, je l'avoue. À
l'instar du président, j'ajouterai qu'elles semblent contrevenir
jusqu'à un certain point aux dispositions de l'article 191. Cependant,
il ne me revient pas de porter un jugement aujourd'hui sur des motions
proposées antérieurement en y ajoutant un élément
d'analyse, soit l'application de l'article 35. J'entends me prévaloir
d'un principe fort bien exprimé par Pettifer selon lequel "the Chair's
judgment depends on the nature of the word and the context in which it is
used." J'entends donc considérer la motion comme un cas d'espèce,
conformément à la doctrine.
Dans ce cas précis qui nous occupe, soit la motion de censure
présentée par le député de Pointe-aux-Trembles,
l'emploi du mot "favoritisme" peut-il être considéré comme
contrevenant à l'article 35 et justifier que la motion soit
déclarée irrecevable? L'article 35.7° se lit comme suit: "Le
député qui a la parole ne peut se servir d'un langage violent,
injurieux ou blessant à l'adresse de qui que ce soit;" II faut examiner
la question sous deux angles: d'abord, les propos doivent-ils s'adresser
à un seul député ou
peuvent-ils viser un groupe d'entre eux? Et, deuxièmement,
l'expression "favoritisme" est-elle objectivement injurieuse?
Sur le premier point, une réponse nous est fournie à la
page 431 de la vingtième édition de May où l'on peut lire:
"Expressions which are unparliamentary when applied to individuals are not
always so considered when applied to a whole party".
Pettifer ajoute, à la page 461 de son ouvrage: "This did not
mean, however, that there were no limits to remarks which could be made
reflecting on unidentified members. For example, a statement that it would be
unwise to entrust certain unnamed members with classified information has been
required to be withdrawn, and Speaker Aston stated that exception would be
taken to certain charges the more obvious of which were those of sedition,
treason, corruption or deliberate dishonesty."
J'ajouterai une annotation sous l'article 285 du règlement
Geoffrion selon laquelle il est irrégulier et non parlementaire de dire
ou de laisser entendre que les procédés du gouvernement sont
indignes et que sa conduite est voisine de la fourberie.
J'en conclus que, dans certains cas, des propos s'adressant à un
groupe de députés, des membres du gouvernement dans le
présent cas, pourraient être jugés non parlementaires.
L'expression "favoritisme" doit-elle être jugée comme non
parlementaire? Si l'on s'en réfère à la définition
qu'en donne le dictionnaire, je crois que la réponse doit être
affirmative puisqu'elle fait appel à une notion
d'illégalité, ce qui déborde nettement la notion de simple
exposé de motifs d'appréciation des actions dans le but de les
condamner, de les blâmer.
Le Petit Robert définit le mot "favoritisme" comme la
tendance à accorder des faveurs injustes ou illégales et le
Petit Larousse illustré, comme l'attribution des situations, des
avantages par faveur et non selon la justice ou le mérite. De plus, le
Dictionnaire des synonymes Robert donne les synonymes suivants au mot
"favoritisme": combine, népotisme, partialité,
préférence. Dorénavant, dans notre vocabulaire
parlementaire, le terme "favoritisme" ne sera donc pas acceptable.
Compte tenu de l'annotation 5 sous l'article 150 de l'ancien
règlement Geoffrion à l'effet que "toute motion contenant des
expressions offensantes pour l'une ou l'autre Chambre ou un de leurs membres
peut être rayée du procès-verbal et du journal" et de
l'article 157 de ce même règlement qui prescrivait que "toute
irrégularité dans une des parties d'une motion vicie la motion
dans son entier";
Pour ces motifs et conformément aux pouvoirs qui me sont
conférés par le premier paragraphe de l'article 193 du
règlement, je déclare la motion de censure
présentée par le député de Pointe-aux-Trembles
irrecevable.
Je suis donc maintenant prêt à reconnaître le premier
intervenant au niveau de notre discussion. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. L'ajournement avait
été demandé, ou la suspension, par l'Opposition ou de
notre côté, M. le... Je suis prêt, M. le Président,
je serai le premier intervenant.
Reprise du débat
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement, je vous cède la parole.
M. Roger Lefebvre
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Le dernier intervenant
avant la suspension des travaux était un membre de ce
côté-ci de l'Assemblée. J'avais pris pour acquis que...
M. le Président, mes premiers mots seront également, moi
aussi, pour remercier les électeurs de Frontenac de m'avoir à
nouveau renouvelé leur confiance, de m'avoir réélu le 25
septembre dernier avec une majorité triplée par rapport à
celle du 2 décembre 1985, reconnaissant par là le bon travail du
député, mais également l'ensemble des mesures positives
qui ont été mises en place au Québec tout comme dans le
comté de Frontenac par le gouvernement libéral. Oui, M. le
Président, le 25 septembre 1989, massivement, sans équivoque, la
population du Québec a renouvelé au Parti libéral la
confiance accordée le 2 décembre 1985. Ce jugement populaire
indique clairement que les Québécois préfèrent de
loin l'administration libérale, rigoureuse et articulée des
années 1985 à 1989, à l'administration péquiste
confuse et désastreuse de la période 1976 à 1985.
Lors de la dernière élection, M. le Président, on
se souviendra que le chef de l'Opposition officielle, ex-ministre des Finances
du gouvernement péquiste, a tenté de ramener le Québec en
arrière. La population a dit non. Les Québécois ont
sagement choisi la voix de la raison et du pragmatisme, plutôt que celle
de l'émotion et de l'aventure, M. le Président. Comment expliquer
cette victoire écrasante du Parti libéral du Québec? Je
l'expliquerai, M. le Président, en deux parties que j'entends
développer au cours des 20 prochaines minutes. D'abord,
évidemment, on a été jugés sur ce qu'on a fait.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, comme vient de le dire
votre prédécesseur, aucun orateur ne
peut tenir des propos offensants pour l'une ou l'autre des parties de
cette Chambre. Je vous demanderais donc de faire appliquer votre
dernière décision.
M. Lefebvre: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Cannon): Sur la question de
règlement, M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: Je comprends que le leader de l'Opposition s'est
senti un peu vexé d'avoir été bafoué dans la
décision...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président. Ce n'est pas vrai.
M. Lefebvre: ...du vice-président de
l'Assemblée...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition. S'il vous plaît, à l'ordre! S'il vous plaît,
à l'ordre! S'il vous plaît!
M. le leader de l'Opposition, je vous écoute.
M. Chevrette: M. le Président, on ne plaide pas sur une
question de réaction, on plaide sur le fond du règlement. La
présidence de l'Assemblée nationale vient de rendre une sentence
en disant... ou une décision, appelez ça comme vous voudrez!
Écoutez, c'est un avocat qui rit, qui se bidonne, la duchesse de
Laval.
M. le Président, est-ce qu'on pourrait...?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Question de règlement, M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition a soulevé une
question de règlement en ce sens que j'aurais tenu, dans les deux
premières minutes de mon intervention, des propos probablement
offensants ou antiparlementaires. Alors, ma question de règlement, M. le
Président, c'est que je demande immédiatement au leader de
l'Opposition de qualifier ces propos-là. Quels sont les propos que j'ai
tenus précisément qui seraient, selon lui,
antiparlementaires?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Écoutez. Je vais
regarder les galées. Je vais suspendre pour cinq minutes pour voir les
galées, et quels sont les propos que le leader adjoint du gouvernement a
tenus.
Alors, suspension de la séance pour cinq minutes ou plus.
(Suspension de la séance à 15 h 16)
(Reprise à 15 h 28)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir.
M. le leader parlementaire de l'Opposition, j'ai visionné le film
et je crois que vous devez faire référence aux termes
utilisés par le leader adjoint du gouvernement, dans ses mots
"administration confuse et désastreuse". Est-ce que c'est exact?
Une voix: II y a plus que ça. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition, est-ce que les mots que je vous demande... Est-ce que, dans son
intervention, ce sont les mots "administration confuse et
désastreuse"...?
M. Chevrette: Ce n'est pas ça. Je n'ai pas le droit de
réplique?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, je vous le laisse.
Vous pouvez... M. le leader... Oui.
M. Chevrette: Bon, M. le Président, c'est l'ensemble des
propos...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...et je vais m'expliquer. Non, non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le leader parlementaire de l'Opposition, s'il vous plaît! S'il vous
plaît, je vous demanderais de l'ordre dans cette Chambre! S'il vous
plaît! Je vous écoute, M. le leader parlementaire.
M. Chevrette: La présidence a rendu une sentence, il y a
quelques minutes, disant hors de tout doute que vous ne pouvez pas, en cette
Chambre, tenir des propos blessants, ou des propos insultants, ou des propos
injurieux et on est allé jusqu'à dire qu'on n'avait pas le droit
de prêter d'intentions ou de prêter des mauvaises intentions
à qui que ce soit, des propos désobligeants; on n'avait pas le
droit. Et le leader se lève immédiatement après la
sentence de votre prédécesseur, attaque carrément le chef
de l'Opposition et parle d'une administration épouvantable.
C'est l'ensemble des propos. On n'a pas le droit de tenir des propos
malveillants...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition, voici, j'ai visionné le film et, évidemment, il y a
eu la décision, tantôt, du vice-président, mais des propos
qui ont été utilisés - vous vérifierez le film vous
aussi - j'ai retenu que ça pourrait être "l'administration confuse
et désastreuse". Et c'est une opinion qui a été
exprimée par le leader adjoint du gouvernement en termes
énergiques, mais ce n'est pas rattaché à une notion
d'illégalité, tel que dans la décision qui a
été rendue tantôt par le vice-président. Vous la
relirez, la décision du vice-président. Et, moi, je ne pense pas
que ce soit relié à des actes illégaux, ce qui a
été dit; c'est une question de point de vue du leader
parlementaire adjoint du gouvernement. Selon moi, ce sont des propos qui
étaient parlementaires. Je vous cède la parole pour...
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais vous demander, M. le Président,
si c'est... Vous venez de faire référence à la notion
d'illégalité. Est-ce à dire que la notion de
fausseté, maintenant, sera admissible, dans ce cas-là?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, M. le leader de
l'Opposition, mais dans la décision qui vous a été
transmise, on a relié le mot "favoritisme" à une notion
d'illégalité. Alors, dans ce cas-ci, c'est une opinion à
savoir que c'est une administration confuse et désastreuse. Ce sont des
propos énergiques, mais ce sont des propos que j'accepte, qui sont
parlementaires.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Tout en rappelant au
leader de l'Opposition que dans le jeu parlementaire, comme dans tout autre
jeu, l'important, ce n'est pas toujours de gagner, mais de participer. Il est
également essentiel et important, et c'est tout ce qui compte ici
à l'Assemblée nationale, que la vérité triomphe.
Que l'on perde ou que l'on gagne sur une décision débattue devant
l'Assemblée, ça devient relativement secondaire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint,
s'il vous plaît! J'attire votre attention sur le fait que le leader de
l'Opposition n'a pas critiqué la décision qui a été
rendue par le vice-président.
M. Lefebvre: Sauf qu'il l'a mal comprise.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je dois vous informer
que je n'ai pas entendu de critique sur cette décision-là.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
ce n'est pas moi qui ai mis en cause votre décision,
premièrement. Deuxièmement, si l'importance est de participer ici
et que la vérité triomphe, qu'est-ce que les libéraux
attendent pour faire une commission d'enquête sur le favoritisme?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader
parlementaire du gouvernement, si vous voulez poursuivre votre
intervention.
M. Lefebvre: M. le Président, avant la suspension, pour
que vous décidiez ce que vous venez de décider et de nous
révéler, je disais que les Québécois, le 25
septembre, ont sagement choisi entre la voie de la raison et du pragmatisme,
plutôt que de celle de l'émotion et de l'aventure. J'allais
enchaîner en disant: Comment expliquer la victoire du 25 septembre 1989?
Je l'explique de la façon suivante, en deux volets très
précis, à savoir ce que le gouvernement libéral a fait de
1985 à 1989 et aussi ce qu'il fera à partir de maintenant.
Ça a été dit et ça a été
répété à plusieurs reprises, on a livré la
marchandise de 1985 à 1989. On s'est engagés, on s'en souviendra,
en novembre 1985, lors de la campagne électorale, dans un premier temps,
à assainir les finances publiques et à contrôler les
dépenses gouvernementales. C'était un de nos engagements
fondamentaux. Nous avions également pris l'engagement de relancer
l'économie partout au Québec et de mettre en place, de
créer des emplois permanents et durables et nous avions également
insisté, comme troisième point, sur l'amélioration des
relations du travail, particulièrement avec notre secteur public et
parapublic. M. le Président, un des derniers points sur lesquels la
campagne électorale avait porté en novembre 1985 avait
été évidemment, on s'en souviendra, l'ajustement de la
fiscalité québécoise.
Oui, M. le Président, on a livré la marchandise, lorsqu'on
pense au premier engagement qu'on avait pris, à savoir l'assainissement
des finances publiques. Quelle était la situation du Québec en
1976, lorsque le chef de l'Opposition officielle est devenu ministre des
Finances du gouvernement péquiste? En 1976 - c'a été dit,
c'a été répété, mais c'est important qu'on y
revienne, il ne faut pas que les Québécois l'oublient -
l'endettement collectif, à l'époque, la dette publique, elle
était de 5 000 000 000 $.
Lorsque nous sommes arrivés en 1985, lorsque le PQ a
été sorti du Québec, dans quelle situation avons-nous
retrouvé... Et je vois le... Oui, sorti du pouvoir, madame.
Je vois le député de Shefford qui sait avec quoi je m'en
viens. Ce chiffre-là lui fait mal, comme à tous ses
collègues. On s'est retrouvés, à notre arrivée en
décembre 1985, avec un endettement collectif de 28 000 000 000 $; 5 000
000 000 $ en 1976 gonflés à 28 000 000 000 $ neuf années
plus tard. 28 000 000 000 $, M. le Président, dont 14 000 000 000 $...
Ce sont des chiffres qui n'ont jamais été contredits. Des 28 000
000 000 $, 14 000 000 000 $ ont été empruntés pour des
dépenses courantes. Ce n'est pas nouveau, vous le savez, on vous l'a
répété, mais c'est important que ceux qui nous
écoutent s'en souviennent et s'en souviennent toujours, d'autant plus
que celui qui est le responsable de cette faillite est aujourd'hui le chef de
l'Opposition présent en cette Chambre.
Vous savez, M. le Président, 14 000 000 000 $ empruntés
à long terme pour des finances courantes, c'est l'équivalent ou
à peu près, pour un individu, d'emprunter sur hypothèque,
de nantir sa résidence, d'emprunter sur sa résidence pour acheter
de l'épicerie, de l'habillement, se payer des voyages, acheter une
automobile. C'est ce que vous avez fait, l'Opposition officielle, de 1976
à 1985. le québec, en 1975, payait une note de 308 000 000 $
d'intérêt sur sa dette collective, c'est-à-dire 4,2 % de
ses revenus budgétaires. lorsqu'en 1985 le parti québécois
a laissé l'administration du québec après qu'on l'a
rossé le 2 décembre, à peu près comme on vient de
le faire il y a deux mois, cette somme d'argent consacrée au paiement
des intérêts sur la dette collective était passée de
308 000 000 $ à 3 300 000 000 $, c'est-à-dire que 14,5 % des
revenus de l'état, en 1985, à notre arrivée au pouvoir,
servaient à payer l'intérêt sur la dette; 14,5 % du revenu.
m. le président, ce qu'on a dit en novembre 1985? ça ne peut
continuer, il faut revenir à une saine gestion, à une rigueur
administrative nécessaire lorsqu'on a la responsabilité des
finances publiques. on avait dit: s'il faut le faire, on le fera - compression,
oui - et on l'a fait dans certains cas.
Le gouvernement libéral l'a fait, il a posé des gestes
pour assainir les finances publiques. Et le résultat concret, non
contredit, est le suivant: En 1985-1986, le déficit annuel, le dernier
déficit péquiste était de 3 500 000 000 $. Graduellement,
on a diminué ce déficit à 1 600 000 000 $. Plus de la
moitié du déficit a été jugulée depuis
l'arrivée des libéraux, en 1985. Oui, M. le Président, on
a livré la marchandise.
On s'était engagés à créer des emplois
permanents. Ce qu'on a fait, M. le Président? 233 000 emplois en trois
ans, dont 211 000 emplois permanents créés entre les
années 1986 à 1989.
M. le Président, on connaît une croissance
économique exceptionnelle au Québec, depuis l'arrivée de
Robert Bourassa et de son équipe.
Des voix: Bravo! M. Lefebvre: Oui, oui! Des voix:
Bravo!
M. Lefebvre: Attendez! Vous savez, ça pourrait sembler
être des phrases creuses si elles n'étaient appuyées de
statistiques qui ne sont pas celles du Parti libéral. En 1986-1987, le
taux de croissance, le produit intérieur brut, au Québec,
était de 3,3 %. En 1988-1989, dernier exercice financier, ces 3,3 % ont
été portés à 4,8 %, alors qu'au Canada le
même taux de croissance est de 4,2 %. C'est donc dire que la performance
du Québec, au cours des années 1987-1988 et 1988-1989, est
supérieure à tout ce qui s'est passé ailleurs au Canada.
Partout au Canada, on a fait moins bien qu'au Québec sous la gouverne du
premier ministre actuel et de son équipe.
Quelle est la conséquence directe de tout ça par rapport
au chômage? C'est le critère fondamental auquel il faut se
référer pour vérifier si la performance, si la mise en
place de tous les gestes du gouvernement, finalement, ont donné des
résultats. En 1985-1986, le chômage était de 11,8 %, sous
la responsabilité du gouvernement péquiste. Malgré
l'augmentation du taux de participation - je vois des députés, de
l'autre côté, qui savent ce que ça veut dire - au
marché du travail, il y a eu un retour en force sur les marchés
du travail parce que, maintenant, on sait qu'on a une possibilité de
trouver un emploi, avec une administration comme la nôtre. Le
chômage, qui était de 11,8 %, a été diminué
à 9,4 %. (15 h 40)
Les jeunes. Je m'adresse à des jeunes députés qui
se retrouvent en cette Chambre, d'un côté comme de l'autre, M. le
Président, entre autres, au jeune député de Gouin, jeune
député de l'Opposition qui n'est pas bête, qui, un peu
comme ses collègues plus âgés de l'Opposition, fait un peu
preuve de naïveté, mais il faut le comprendre; il faut le
comprendre, M. le Président. Je dis à ces jeunes que le
chômage, qui était de 18,1 % en 1985, est aujourd'hui
diminué à 13,4 %, performance exceptionnelle du gouvernement
libéral, de 1985 à 1989.
Oui, M. le Président, on a livré la marchandise; on
s'était engagés à ramener la fiscalité à un
niveau plus concurrentiel avec notre voisin, l'Ontario. On sait qu'en 1985
l'écart était de 9,6 %, on l'a ramené, en 1989, à 1
%, de sorte qu'on se retrouve maintenant dans une situation
où, à ce niveau ou dans ce secteur névralgique
qu'est la fiscalité, on est en concurrence, à toutes fins
pratiques, avec l'Ontario.
On a été réélus pour ce qu'on a fait, mais
on a été réélus également pour ce qu'on a
dit qu'on ferait. On a dit, M. le Président, qu'on continuerait à
travailler de la même façon. On a pris des engagements qui sont
sobres, qui sont réalistes, sans dentelle, c'est la continuité
dans l'action. Les engagements qu'on a pris sont évidemment de maintenir
les mêmes efforts. Quant à l'assainissement des finances
publiques, ce n'est pas partie gagnée, on traîne encore
évidemment l'héritage du Parti québécois; et les
générations futures, de toute façon, devront payer la note
qu'a laissée le Parti québécois en 1985, sauf qu'on
continuera à s'attaquer au déficit en question.
On a également pris l'engagement d'amener le Québec sur le
marché des grands courants de la concurrence internationale et on peut
le faire. On peut avoir confiance en l'avenir du' Québec parce qu'on a
chez nous - je pense que, là-dessus, tout le monde s'entend - des
ressources naturelles exceptionnelles: les forêts, les mines,
l'hydroélectricité. Les investissements massifs, parce qu'on fait
confiance à l'équipe qui est en place, sont déjà en
marche. Je n'ai qu'à faire référence à
l'implantation d'alumineries à Sept-îles, à Deschambault.
D'autres atouts majeurs nous permettront à nous, les
Québécois, de nous engager dans cette concurrence
économique internationale. Je fais référence
particulièrement à notre main-d'oeuvre, main-d'oeuvre
compétente qui, au cours des deux dernières années au
niveau de sa productivité, M. le Président, a mieux
performé que sur l'ensemble du territoire canadien et,
particulièrement, mieux performé qu'en Ontario.
La protection de l'environnement et l'amélioration de la
qualité de vie sera une autre préoccupation constante de ce
nouveau gouvernement. Et j'entendais, ce matin, le ministre responsable de
l'Environnement qui a fait connaître, de façon quand même
assez résumée, les grands enjeux des prochaines années au
niveau de l'environnement. Le gouvernement libéral est et sera un
gouvernement d'action contre la théorie, différent de ce qu'on a
connu dans le passé, particulièrement de 1976 à 1985.
Vous savez, M. le Président, je ne voudrais pas passer sous
silence la réaction qu'on a connue de la mise en place de toute cette
action gouvernementale, chez nous, dans Frontenac. Je veux rappeler très
rapidement qu'en 1976, lorsque le PQ est arrivé dans Frontenac - vous
savez, on a été au pouvoir pendant neuf ans sous le gouvernement
péquiste, mais on a reculé plus que partout ailleurs au
Québec - lorsque le Parti québécois a pris le pouvoir, en
1976, dans Frontenac, le chômage était à 8,5 %. Lorsque
vous avez laissé le pouvoir en 1985, le chômage était de 15
%. Et aujourd'hui, suite à toutes sortes de démarches, d'actions
positives qu'on a posées dans le comté de Frontenac comme
ailleurs au Québec, on se retrouve avec un taux de chômage de 9 %.
On a ramené l'équilibre, on a ramené la raison chez nous.
Momentanément, on s'est fait un petit peu enfirouaper comme ailleurs au
Québec.
M. le Président, vous m'indiquez qu'il me reste une minute.
Alors, vous me permettrez de conclure de la façon suivante. M. le
Président, si le règlement le prévoyait - ce n'est pas le
cas, je le sais - mais je peux quand même conclure en imaginant la motion
de censure suivante: Que l'Assemblée nationale blâme
sévèrement l'Opposition officielle et particulièrement son
chef pour la suggestion faite au gouvernement libéral actuel d'augmenter
le déficit budgétaire et d'emprunter à long terme pour
régler les dettes courantes et que l'Assemblée nationale rappelle
au chef de l'Opposition actuel et ex-ministre des Finances du gouvernement
péquiste que jamais les Québécois n'oublieront que, de
1976 à 1985, il a placé les finances publiques du Québec
dans une situation désastreuse, hypothéquant ainsi pour des
années à venir la marge de manoeuvre de ceux qui allaient lui
succéder. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader
parlementaire adjoint du gouvernement. Mme la députée de
Maisonneuve, je vous écoute.
Mme Harel: M. le Président, en vertu de l'article 213 de
notre règlement, est-ce que le député et adjoint
parlementaire accepterait une question à la fin de son intervention?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader
parlementaire adjoint du gouvernement, vous acceptez une question de Mme la
députée de Maisonneuve? Oui. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question très
brève et...
Mme Harel: Très brève, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est ça.
Mme Harel: ...comme nous l'indique notre règlement.
Puisque cela va si bien, comment est-ce que cela peut aller si mal pour les 450
000 personnes qui habitent dans l'est de Montréal et pour 38 000 d'entre
elles, hommes et femmes sans emploi, qui étaient 33 000 il y a cinq ans?
Comment se fait-il qu'à la fin de la pire crise
économique que le Québec ait connue le taux de
chômage dans l'est de Montréal était de 9,5 % et qu'il est
de 13 % maintenant, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je rappelle, M. le
leader... S'il vous plaît! Je vous rappelle, M. le leader parlementaire
adjoint, que votre réponse doit être très brève et
non engager un débat.
M. Lefebvre: M. le Président, j'ai bien dit qu'on avait
fait beaucoup, mais qu'il restait beaucoup à faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lefebvre: Mais sur la question précise de la
députée, je lui rappellerai ceci: n'eût été
du déficit auquel j'ai fait référence tout à
l'heure, que vous avez gonflé de 5 000 000 000 $ à 28 000 000 000
$, on pourrait consacrer ces 23 000 000 000 $ au Québec à
l'ensemble des activités et particulièrement celles auxquelles
vous faites référence, madame.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je reconnais donc
maintenant le député de Dubuc et je lui souhaite la bienvenue
à l'Assemblée nationale lors de cette première
intervention. M. le député de Dubuc.
Des voix:...
Le Vice-Président (m. bissonnet): s'il vous plaît!
à l'ordre, s'il vous plaît! nous avons le député de
dubuc qui vient d'être élu et je lui souhaite bonne chance dans
cette première intervention. m. le député de dubuc. la
parole est à vous.
Des voix: Bravo!
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, M. le Président. D'après ce que je
viens d'entendre, ça va prendre beaucoup de chance.
Mes premiers propos, bien sûr. seront de saluer celui qui a
représenté la circonscription de Dubuc pendant treize ans
à l'Assemblée nationale, soit M. Hubert Desbiens, et lui rendre
hommage, bien sûr, pour sa grande fidélité envers le Parti
québécois et son option de souveraineté. Aussi, je pense
que je me dois de rendre hommage à M. Desbiens pour son
efficacité discrète envers tout, sur le suivi de tous les
dossiers qu'il a eus en main et aussi sa constante présence dans le
milieu qui a fait en sorte qu'à son départ M. Desbiens a
laissé un très bon souvenir auprès de ses électeurs
de
Dubuc. (15 h 50)
Et je profiterai, bien sûr, de l'occasion pour adresser mes plus
sincères remerciements aux électeurs de Dubuc qui ont bien voulu
me témoigner leur confiance. Aussi, un gros merci à toute
l'équipe de travailleurs et de travailleuses qui n'ont rien
négligé en effort, énergie, argent pour assurer le
comté de Dubuc de la représentation du Parti
québécois.
Le comté de Dubuc constitue par lui-même un grand
défi de par sa composition, si vous me permettez de rappeler que le
comté de Dubuc est composé de quinze municipalités rurales
et d'une municipalité urbaine. Donc, à toute la population de
Dubuc, j'offre bien sûr mon dévouement, ma disponibilité.
Et comme nous en avons pris l'engagement pendant la dernière campagne
électorale, comme la totalité de mes collègues, j'en suis
convaincu, tout ce que je ferai pendant ce mandat devra servir l'avancement de
la souveraineté du Québec, d'une part, et aussi avec un
intérêt marqué pour le développement
régional.
Ah! Il est très facile de parler de souveraineté
aujourd'hui car, contrairement aux dernières années où
l'option a semblé souffrir peut-être un peu de fatigue, pour des
raisons que l'on connaît, nous possédons aujourd'hui une foule de
sources de motivation qui font en sorte que le gouvernement souffrira sans
doute d'impatience devant notre persévérance.
L'une des premières sources de motivation, c'est bien sûr
le fameux lac Meech ou le marécage Meech parce que - on en conviendra -
plus on en parle, plus on s'aperçoit qu'il y a peu de choses ou,
autrement dit, la population réalise de plus en plus que les seuls
poissons à y être péchés risquent d'être les
Québécois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Nous avons aussi une autre source de motivation qui est
la présence dans cette Chambre du parti ou de l'Equality Party ou enfin
nous aurons les véritables porte-parole de la minorité anglophone
parce que - il faut le reconnaître - nous avons été
habitués à entendre et voir les premiers ministres du Canada et
du Québec se faire les porte-parole de la minorité anglophone du
Québec. Aujourd'hui, nous aurons les véritables porte-parole de
la minorité anglophone et c'est la que la population verra,
connaîtra leur vision du Canada, leur vision du Québec et cela,
bien sûr, à travers leur suffisance pour ne pas dire leur
arrogance.
Une dernière source de motivation, c'est bien sûr les
propos du premier ministre lui-même qui, en grand gestionnaire de
l'État, semble nous faire la leçon. J'ai lu et relu son discours
pour retrouver à peu près toujours les mêmes indications
qui veulent tout dire, mais qui ne
nous indiquent rien sur ce que pourrait être ce grand gestionnaire
de l'État pendant le prochain mandat. Il nous répète
à satiété qu'il faut gérer rigoureusement les
finances publiques, qu'il faut renforcer notre économie, qu'il faut
limiter la croissance des dépenses et éviter l'empilage
improductif des programmes, selon son expression. Et il prend bien soin de nous
rappeler que les recettes miracles n'existent pas. Évidemment, on
pourrait convenir assez facilement sur tous ces soi-disant principes. Mais
comment peut-il tenir ce discours d'un grand gestionnaire d'État et
afficher en même temps tant d'attachement au fédéralisme
canadien qui, lui, est un échec sur le plan économique, en autant
que les intérêts du Québec sont concernés?
Évidemment que vingt minutes ne nous permettent pas de faire
toute la démonstration, si ce n'est peut-être un exemple. Je
rappellerai au président que le chef de l'Opposition m'a
désigné critique du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et particulièrement pour la section
parcs-réserves, chasse et pêche. C'est dans ce domaine que je
donnerai justement l'exemple pour démontrer que le Québec, d'une
main, fait des efforts financiers énormes pour voir tout se compromettre
justement à cause de la cupidité de nos liens canadiens.
Autrement dit, comment le gouvernement fédéral peut
réussir à compromettre ou torpiller les efforts du Québec
en matière de restauration et de mise en valeur de ia ressource saumon.
C'est l'exemple que je veux donner. Vous savez, les saumons de l'Atlantique qui
se reproduisent dans les rivières du Québec subissent de
multiples efforts de pêche à partir du Groenland de la part des
pêcheurs de cet endroit, au large de Terre-Neuve de la part des
pêcheurs commerciaux de cette province, des pêcheurs sportifs et
commerciaux du Québec et enfin, de la part des autochtones. On estime
ainsi que plus de 60 % du potentiel du saumon récoltable se reproduisant
au Québec est capturé hors de ces limites.
Donc, dans le but de restaurer et de mettre en valeur cette ressource,
le gouvernement du Québec s'est engagé depuis de nombreuses
années dans ce vaste programme comprenant le développement du
potentiel de production des rivières, le repeuplement, la salmoniculture
et aussi un plan de reconversion des pêcheurs commerciaux via le rachat
de leur permis. Or, ces efforts, M. le Président, qui ont
nécessité d'importants investissements, sont compromis par le
refus ou l'incapacité du gouvernement fédéral de se rendre
aux légitimes requêtes du Québec pour l'aider à
compléter l'opération. Et, même le titulaire du MLCP
accusait dernièrement le titulaire fédéral de Pêches
et Océans d'user de discrimination envers le Québec dans ce
dossier. Ainsi dans les récentes années, Ottawa aurait
versé 12 000 000 $ par année dans les Provinces atlantiques et un
total de 200 000 000 $ en
Colombie britannique pour des études et aménagement sur
les rivières à saumon et cela en termes de compensations, de
mesures compensatoires.
Voilà un bel exemple, M. le Président, d'une gestion
soi-disant vigoureuse et, pour employer l'expression du premier ministre
lorsqu'il nous recommande d'éviter l'empilage improductif des
programmes... Je pense que là nous retrouvons une belle contradiction
d'un grand gestionnaire de l'État.
Maintenant, pour ce qui est du développement régional, on
ne peut pas en discuter longtemps parce que nous sommes devant un gouvernement
qui n'y croit pas et lorsque je parle, bien sûr, du développement
régional, je parle des régions périphériques.
Peut-être y croit-il un peu pendant les campagnes électorales,
ça c'est de mise. Et pas plus tard que ce matin, le député
de Lévis posait une question sur les fameuses ententes
fédérales-provinciales sur le développement
économique des régions périphériques. Et tout ce
qu'on a réussi à dire, c'est qu'on était à
l'étape des ajustements quand on sait qu'avant la signature qui date
maintenant d'un an et demi il y a quand même eu une période de
consultations avec les intervenants dans le milieu. Et, quand on connaît
le taux de chômage aujourd'hui, comment se contenter d'une réponse
à l'effet qu'un an et demi après on est au stade des ajustements.
Je pense que c'est la plus belle illustration d'un gouvernement qui ne croit
pas au développement des régions. Et, un exemple encore des plus
flagrants, c'est d'avoir vu le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, le soi-disant représentant de la région
Saguenay-Lac-Saint-Jean se faire rabrouer par son gouvernement et je parle ici,
bien sûr, de la Route du Nord qui avait fait l'objet d'une entente
signée par les ministres des deux paliers de gouvernement.
Enfin, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous voudrions parler de
développement régional autant que le réseau routier est
concerné, mais nous sommes presque gênés de le faire
tellement le réseau routier est désuet, tellement nous devons
nous contenter d'en parier en termes de normes de sécurité. C'est
là. Et j'espère que nous pourrons compter non pas uniquement sur
les députés de l'Opposition mais aussi sur les
députés ministériels des régions
périphériques pour faire en sorte que le ministre des Transports
saura inscrire dans son prochain budget évidemment l'argent
nécessaire pour la restauration de nos routes. (16 heures)
Je mentionnais, tout à l'heure, M. le Président, que le
chef de l'Opposition, notre chef, m'avait désigné la
responsabilité de la critique des parcs et réserves, de la chasse
et de la pêche. Je voudrais, bien sûr, profiter de l'occasion pour
saluer et féliciter un fils de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le député de
Roberval, pour sa nomination en tant que ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. Je pense que c'est un choix judicieux, d'autant plus que la
région est bien connue par le nombre d'adeptes de chasse, de
pêche, de villégiature, enfin de plein air, et aussi par le
dynamisme des organismes de ce secteur d'activité. Toutefois, M. le
Président, cette satisfaction, cette courte réjouissance est vite
mêlée à des sentiments quelque peu... que je qualifierais
d'inquiétude, justement à cause d'une situation ou de discours
contradictoires. Le discours du premier ministre, bien sûr, qui n'est
qu'un discours ne parlant que d'austérité, avec les
éléments que j'ai mentionnés tout à l'heure, et les
engagements multiples du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
qui nous dit se faire le défenseur de la conservation de nos ressources.
Il nous répète que nous sommes les gardiens, mais il semble
croire que tout ça va se faire avec des prières. Il semble
oublier que le budget d'immobilisation dans les parcs et réserves est
parti de 15 000 000 $ en 1985-1986 pour se retrouver aujourd'hui à 7 000
000 $. Est-ce qu'il aura le courage ou l'influence d'opérer le
redressement pour assurer, bien sûr, cette protection ou cette
conservation de nos ressources?
Je voudrais aussi rappeler au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, qui en est encore au stade des études, qu'en 1986, une
entente sur le développement récréotouristique de la zone
périphérique du parc du Saguenay a été
signée, entente qui comprenait une enveloppe de 10 000 000 $.
Après près de quatre ans, à peine 4 000 000 $ ont
été dépensés. Aujourd'hui, un projet d'implantation
d'un centre de ski dans le Bas-Saguenay a obtenu l'adhésion de toute la
population de la région, et tout ce que le ministre trouve à nous
répondre, c'est qu'il faudra qu'il vérifie l'impact en termes
touristiques de ce dossier, comme s'il ne savait pas qu'avant l'implantation du
parc du Saguenay, des audiences publiques avaient été tenues,
qu'après, un comité interministériel pour établir
ou se donner un plan d'action concertée du développement de cette
zone périphérique avait été fait, où on
trouve quand même toutes les orientations. Mais le ministre ne semble pas
être rendu à cette étape.
Un autre exemple, M. le Président, c'est concernant l'entente
fédérale-provinciale pour l'Est du Canada sur la protection de la
sauvagine, ou une enveloppe de 50 000 000 $. Est-ce encore là une
entente bidon? Est-ce que le ministre aura la capacité d'aller plus loin
que la signature d'une entente? Il parie avec beaucoup d'engouement de la
négociation qui est en cours avec le gouvernement fédéral
pour l'implantation d'un parc marin au Saguenay. Le fédéral a
déjà dit qu'il avait prévu un montant de 7 000 000 $.
Est-ce que le ministre aura la force, le caractère pour convaincre son
gouvernement de pourvoir les sommes nécessaires ou faudra-t-il
s'attendre à une deuxième route du nord?
En conclusion, M. le Président, je voudrais émettre le
souhait suivant à l'effet que le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche saura exercer le leadership dont lui-même nous entretenait
hier pour amener le gouvernement à atteindre, à respecter ou
à donner suite à ces grands principes qu'il défend
lui-même, soit les grands principes de conservation de nos ressources
naturelles et aussi les principes d'accessibilité pour les adeptes de la
chasse, de la pêche, de la villégiature et du plein air, et
qu'à travers ces grands principes, il soit en mesure de soutenir les
projets dont j'ai fait mention tout à l'heure à travers les
ententes fédérales-provinciales. Si le ministre fait en sorte que
ces souhaits que j'émets soient exaucés et qu'il trouve le moyen
d'exercer ce leadership, je lui garantis mon entière collaboration.
Mais, si toutefois - il ne faudrait pas dire bravo tout de suite - il devait
sacrifier ses grands principes et ses grands projets de développement
régional, s'il devait les sacrifier à la mesquinerie politique
partisane, eh bien! veuillez croire, M. le Président, que cette
collaboration fera vite place à toute la dénonciation qu'il se
sera méritée.
Je vous remercie de me faire signe qu'il reste deux minutes. J'avais
compris "victoire". Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Dorénavant,
j'informerai les membres qu'il reste trois minutes. Merci, M. le
député de Dubuc. Je reconnais maintenant la prochaine
intervenante et je lui souhaite la bienvenue à l'Assemblée
nationale. Mme la ministre des Communications. Mme la ministre.
Mme Liza Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, en ce
début de la 34e Législature du Québec, c'est pour moi un
privilège et un honneur de m'adresser à l'Assemblée
nationale à titre de députée de Marguerite-Bourgeoys et
nouvelle ministre des Communications du Québec.
C'est la deuxième fois que je prends la parole dans cette
enceinte, et ce n'est pas sans émotion que je pense à tous les
parlementaires qui se sont succédé ici en donnant un sens
réel au mot "démocratie". Je pense aux premiers élus qui
ont contribué à bâtir notre système parlementaire
québécois dont nous avons raison d'être fiers.
En cette année du cinquantième anniversaire de l'octroi du
droit de vote aux femmes, je pense en particulier à ces
pionnières qui ont su briser les barrières et s'engager à
titre de députées. Ici, j'aimerais rendre hommage à celle
qui fut la première femme élue à l'Assemblée
nationale, le 14 décembre 1961, une libérale bien
sûr, Mme Claire Kirkland-Casgrain, ex-députée de
Jacques-Cartier, comté qui, à l'époque, englobait mon
comté, celui de Marguerite-Bourgeoys.
M. le Président, j'aimerais prendre quelques instants pour
exprimer ma profonde reconnaissance et mes plus sincères remerciements
aux électeurs et électrices du comté de
Marguerite-Bourgeoys qui m'ont signifié leur confiance en me choisissant
pour siéger à l'Assemblée nationale. C'est avec
fierté et dignité que je représenterai tous les citoyens
et citoyennes de ma circonscription afin de défendre et promouvoir leurs
intérêts et leurs aspirations les plus légitimes. Qu'ils ou
qu'elles soient francophones, anglophones ou allophones, jeunes ou vieux, je
peux les assurer de mon entier dévouement.
Je tiens également à remercier le premier ministre du
Québec qui m'a manifesté sa confiance en me donnant le titre de
ministre des Communications. C'est avec ardeur et loyauté envers tous
les Québécoises et Québécois que j'ai entrepris
cette tâche en y mettant toute mon expérience et toutes mes
énergies.
M. le Président, au cours des quelques minutes qui vont suivre,
je m'attarderai à commenter quelques-uns des grands enjeux auxquels le
Québec fera face au cours de cette 34e Législature.
Parmi ces enjeux, vous serez d'accord que le défi
économique et le défi constitutionnel figurent en tête de
liste de l'agenda du gouvernement. Notre position constitutionnelle est claire
et l'Assemblée nationale a le devoir de supporter le gouvernement dans
sa défense des intérêts du Québec. Toute autre
attitude serait irresponsable dans les circonstances et jugée
sévèrement par la population.
J'insisterais, M. le Président, sur le défi
économique en y considérant les aspects de la gestion des fonds
publics et du respect de la capacité de payer des
Québécois et Québécoises dans la perspective de la
mondialisation du commerce et de l'économie.
Au plan de la gestion, le gouvernement s'est toujours
démarqué de l'Opposition en favorisant un contrôle
réaliste des dépenses et en freinant l'usage abusif des
déficits budgétaires. Par ailleurs, ce leadership s'exprimera
aussi en soutenant les entreprises québécoises dans le
développement de leur capacité de s'ouvrir au grand défi
de la mondialisation.
C'est d'ailleurs un communicateur qui a annoncé les couleurs de
cette planète. En effet, Marshall McLuhan nous avait prévenus que
nous habitions un village global que les communications rendaient possible. Le
Québec est capable d'habiter ce village global et d'y faire sa marque
avec succès dans un nombre grandissant de secteurs
d'activité.
J'arrive de Paris où j'ai eu à participer à la
consolidation du premier réseau de télévision francophone
sans frontière, c'est-à-dire TV5. L'expertise
québécoise, encore une fois, propulse le Québec au premier
rang de la télédiffusion par câble. Nous avons souvent
l'impression d'habiter un tout petit coin du monde et, pourtant, nous sommes
capables de rayonner dans tous les coins du monde. La mondialisation du
commerce est un rendez-vous auquel nous sommes aussi conviés. Nous avons
des idées et de plus en plus aussi les capitaux. (16 h 10)
Nous sommes créatifs et nous pouvons occuper sur la scène
mondiale des créneaux qui correspondent à nos talents et à
nos capacités. Le ministère des Communications jouera un
rôle d'éclaireur et d'avant-poste pour que le monde
perçoive le Québec cinq sur cinq. Dans ce contexte, les
communications et l'information deviennent des secteurs d'activité
névralgiques. C'est pourquoi il faut développer l'expertise
québécoise dans le secteur des technologies de pointe, notamment
dans l'informatique, les télécommunications et les médias.
Il faut également défendre et promouvoir nos
caractéristiques culturelles, en particulier, l'usage du
français.
Bref, le Québec peut avoir un leadership en communications et ce
secteur de pointe doit se développer en français. L'un des
rôles premiers d'un organisme comme le ministère des
Communications est de diffuser l'information gouvernementale à
l'ensemble des citoyens et, d'autre part, fournir différents services en
télécommunications et en informatique aux autres
ministères et organismes publics.
Dans l'exercice de cette double mission, le ministère des
Communications a été amené à privilégier des
activités et des façons de faire qui ont permis de
réaliser des économies d'échelle significatives. Ces
économies ont constitué un frein naturel à la hausse des
dépenses gouvernementales et ont contribué à la gestion
rationnelle des dépenses publiques, l'une des priorités de notre
gouvernement. Mais il y a davantage. Le ministère, de par son mandat de
planificateur des besoins gouvernementaux s'est fixé comme objectif
d'exercer un effet de levier économique et technologique auprès
des entreprises québécoises qui oeuvrent dans les secteurs
visés par ces activités.
Le Conseil québécois de la science et de la technologie,
dans un avis qu'il rendait public en août 1989, insistait justement sur
la nécessité pour les pays industrialisés de se servir des
marchés publics comme moteurs de développement pour leurs
entreprises. C'est là une des grandes priorités du
ministère que je dirige.
Notre gouvernement entend donc capitaliser sur les outils que le
Québec s'est donnés depuis vingt ans et, en particulier, durant
les quatre dernières années. Parmi ces outils, figure en premier
lieu la nouvelle Loi sur le ministère des Communications qui, j'aimerais
le souligner,
fêtera son 20e anniversaire dans quelques jours. Cette nouvelle
loi, adoptée le 23 décembre dernier, attribue au ministère
des Communications des mandats stratégiques. C'est donc à la
lumière de ces mandats et de ces responsabilités que le
ministère des Communications entreprendra diverses actions au cours de
cette 34e Législature.
Pour ceux qui ne seraient pas conscients de l'importance de ce secteur
d'activité, j'aimerais rappeler que les communications au Québec
représentent 7 000 000 000 $, 70 000 emplois et 1700 entreprises. La
masse salariale impliquée est supérieure à celle des
secteurs des pâtes et papiers ou même de
l'hydroélectricité. À cela, il faut ajouter le fait que
les communications constituent l'infrastructure de base de notre
économie moderne.
Dans ce contexte, le gouvernement s'est donné les
priorités d'intervention suivantes: d'abord, favoriser le
développement et le renforcement de nos entreprises de communications de
façon qu'elles puissent affronter la concurrence internationale;
stimuler la recherche et le développement en mettant de l'avant des
projets gouvernementaux majeurs, en partenariat avec l'entreprise
privée; promouvoir l'utilisation du français dans les
technologies de l'information et renforcer l'industrie québécoise
de la production audiovisuelle francophone; conserver au Québec ses
responsabilités actuelles dans le domaine des
télécommunications et renforcer sa capacité d'influencer
les actions dans ce domaine; accroître l'accessibilité à
l'information et aux services gouvernementaux pour le public; apporter des
bonifications à la loi d'accès à l'information afin d'en
faciliter l'application et mieux protéger les renseignements personnels;
enfin, analyser les conditions nécessaires à la
réalisation de la mission de Radio-Québec.
Face à ces priorités, le ministère des
Communications se doit d'être le leader en matière d'expertises et
communications. Il se doit aussi d'être un rassembleur de façon
à créer une synergie entre les divers intervenants tels les
organismes publics, les universités, les entreprises privées,
favorisant ainsi le développement des communications et maximisant les
retombées.
Afin de jouer adéquatement son rôle de catalyseur, le
ministère des Communications, outre l'expertise qu'il possède et
qu'il entend développer, dispose aussi d'un certain nombre de moyens
d'intervention, notamment, l'élaboration d'orientations et de
politiques, l'utilisation judicieuse du pouvoir d'achat gouvernemental, l'aide
financière et le soutien aux intervenants du secteur des communications.
Voilà, en résumé, M. le Président, des
priorités en matière de communication que le gouvernement du
Québec poursuivra au cours de cette 34e Législature et les
actions qu'il entend prendre pour réaliser ces objectifs. avant de
terminer, m. le président, j'aimerais ajouter quelques mots sur deux
dossiers d'actualité. le premier est celui de la présence de la
musique vocale francophone sur les ondes de la radio. au cours du mois
d'octobre dernier, le crtc a tenu des audiences publiques afin de recueillir
des avis en vue de déterminer d'ici peu de temps la
réglementation quant au pourcentage de musique vocale francophone qui
sera appliqué sur les ondes de la radio au québec. j'aimerais
préciser que le phénomène du transfert d'écoute des
stations francophones vers les stations anglophones, spécialement dans
la région de montréal, est un sujet qui nous préoccupe au
plus haut point et fait l'objet de rigoureuses analyses.
À titre d'exemple, je me réjouis, par contre, de constater
qu'en télévision ce phénomène est en constante
diminution depuis 1985, passant de 19 % à 13 % en 1988. Ces
résultats témoignent d'une meilleure offre
télévisuelle francophone, notamment, par l'ajout des cinq canaux
spécialisés francophones. Ils témoignent aussi d'une
augmentation du nombre et de l'amélioration de la qualité des
productions québécoises. Nous avons gagné le difficile
pari, et il faut encore se battre; déposer un médium à
notre image et qui est devenu un outil essentiel de promotion de notre
culture.
Selon les dernières statistiques, par exemple, nous produisons
plus de 500 heures d'émissions québécoises de fiction par
année, des émissions fort appréciées des
téléspectateurs, et, selon les sondages, ceux-ci les
préfèrent massivement aux émissions américaines
traduites en français et accessibles sur nos réseaux, telles que
les Dallas, Dynastie et compagnie. En contrepartie, comme l'auditeur TV est
très différent de l'auditeur radio, puisque l'auditeur TV fait
appel à deux sens, c'est-à-dire à son sens auditif et
visuel qui fait que la proximité est très importante et que la
proximité se crée entre l'auditeur TV et ce qui se passe sur
l'écran, l'auditeur radio réagit différemment puisqu'il
réagit au rythme, donc, le phénomène du transfert
d'écoute des francophones vers les stations de radio anglophones
n'accuse pas, malheureusement, la même diminution, ce
phénomène étant davantage amplifié pour les
stations ayant une programmation musicale élevée telles que les
stations MF.
Le ministère des Communications est .conscient de la
portée de cette évolution. C'est pourquoi, dans son
mémoire sur la musique vocale francophone soumis conjointement avec le
ministère des Affaires culturelles aux audiences du CRTC, la position y
est clairement identifiée. Il s'agit de maintenir un objectif minimal de
65 % de musique vocale francophone, notamment, et c'est ce qui est le plus
important, aux heures de grande écoute - parce que si c'est
diffusé la nuit, ça ne nous donne rien - tout en tenant compte
des contraintes imposées aux radiodif-
fuseurs qui exploitent des canaux spécialisés de musique,
tels les canaux de musique rock.
La capacité d'approvisionnement, par exemple, est un exemple de
contraintes dont on parle. À ce sujet, je profite de l'occasion pour
rappeler à l'Opposition que cet objectif figurait en toutes lettres dans
la décision du CRTC de mars 1986. Notre position était donc
claire, bien avant que l'Opposition se prononce sur ce sujet. Je rappellerai
ici que la presse a d'ailleurs apporté des correctifs qui s'imposaient
après avoir lu le mémoire qu'on lui a envoyé.
Notre point de vue est responsable et fait appel au gros bon sens. Nous
affirmons sans hésiter que la priorité va au développement
de la culture de la langue française. Cependant, on dit, en même
temps, que la radio doit bénéficier des meilleures conditions
d'exploitation possible. Il est important de préciser que la diffusion
de la chanson n'est pas la seule responsabilité de la radio. Elle
produit également des émissions d'information, de service et de
divertissement. Or, ces émissions coûtent cher et on peut de moins
en moins se les payer. C'est pourquoi il faut aussi consolider l'industrie de
la radio afin de s'assurer une base solide pour la promotion de toutes les
composantes de la culture québécoise. (16 h 20)
Autre sujet d'actualité que j'aimerais commenter, c'est
l'intention du fédéral de déposer un projet de loi sur les
télécommunications. J'aimerais, tout d'abord, rappeler ici que
c'est sous un gouvernement libéral que le Québec s'était
donné, en 1972, une réglementation dans le domaine de la
câblodistribution. À l'inverse, malheureusement, c'est sous un
gouvernement du Parti québécois, en 1978, qu'il a perdu sa
juridiction dans ce domaine.
En 1989, le fédéral n'a posé, jusqu'à
présent, qu'un geste concret: un projet de loi C-41, qui lui permet de
donner plein effet au dernier jugement de la Cour suprême,
c'est-à-dire de permettre au CRTC de rendre des décisions dans
son champ de compétence applicables aux sociétés
d'État qui administrent des services téléphoniques, comme
c'est le cas dans l'Ouest canadien. Le Québec, présentement,
n'est pas touché par cette action. Cependant, le gouvernement
fédéral a annoncé simultanément ses orientations
relativement à la refonte de la Loi canadienne sur les
télécommunications. Ses orientations montrent une volonté
de doter le Canada d'une véritable politique des
télécommunications, ce dont nous sommes très heurpux. Nous
l'attendions depuis longtemps. Il faut, par exemple, des mesures nationales qui
fassent en sorte que tous les services de télécommunications
modernes soient disponibles d'est en ouest, quelles que soient les compagnies
qui les véhiculent, à un prix équitable pour le
consommateur.
Rappelons ici que nous avons la réputation d'avoir, globalement,
l'un des meilleurs systèmes téléphoniques au monde. Ce que
nous ne pouvons accepter, toutefois, dans les orientations
fédérales, c'est la centralisation complète que
sous-entend le discours du ministre fédéral des Communications.
La politique des télécommunications, ce n'est pas seulement une
question de téléphonie et de service public, c'est aussi et
surtout une question de développement économique qui tienne
compte des régionalismes. Les télécommunications
constituent une des infrastructures majeures de nos sociétés et
de notre économie moderne. Le rythme et le sens de leur
développement peuvent avoir un impact important sur la capacité
concurrentielle de nos entreprises. Elles sont aussi le moyen de transport
privilégié de notre culture. Tous ces éléments
déterminent la nécessité d'une décentralisation du
pouvoir réglementaire sur les télécommunications. Nous
voulons profiter de la refonte de la Loi canadienne sur les
télécommunications pour renforcer la capacité du
Québec d'influencer le développement de cet important levier
économique, social et culturel. Nous ne pensons pas qu'un organisme
réglementaire centralisé pourra être suffisamment sensible
aux particularités régionales pour rendre des décisions
efficaces. C'est notre position sur le dossier et je ne doute pas un seul
instant que le ministre fédéral des Communications, M. Marcel
Masse... Celui-ci ne pourra décemment négliger cette conviction
québécoise en tant que représentant lui-même de
Québécois et Québécoises à la Chambre des
communes.
Comme vous le voyez, M. le Président, notre cachier de charges
est bien rempli. Le 20e anniversaire du ministère des Communications,
que nous allons souligner d'ici quelques jours et où nous allons vous
inviter, cher critique, constituera le point de départ d'une autre
décennie d'actions prometteuses pour les communications au
Québec, juste à l'aube du XXIe siècle. Avec les outils que
l'on s'est donnés et avec les priorités que l'on s'est
fixées, nous sommes bien positionnés pour relever les
défis des années quatre-vingt-dix. Le gouvernement du
Québec, lui, franchira cette étape avec le plus
d'efficacité et d'audace possible.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous transmettre
l'assurance de mon entière collaboration aux travaux de
l'Assemblée nationale à laquelle je suis fière
d'appartenir. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre.
Je reconnais...
M. Boisclair: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question.
M. Boisclair: ...en vertu de l'article 213, j'aimerais poser une
question à la ministre.
/
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que Mme la
ministre des Communications accepte une question du député de
Gouin?
M. Boisclair: Est-ce que la ministre peut nous expliquer comment
elle fait pour être si enthousiaste quant au projet que le
ministère entend mettre de l'avant, alors que l'on sait que les
crédits totaux de son ministère, en 1989, sont passés de
117 000 000 $, en 1988-1989, à 118 000 000 $ en 1989-1990, soit une
augmentation de 0,6 %, ce qui n'équivaut même pas à
l'inflation?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la ministre des
Communications.
Mme Frulla-Hébert: En réponse au
député de Gouin, si on analyse le budget, parce que vous parlez
du budget global, si j'ai bien compris, si jon analyse le budget, vous allez
voir qu'il y a diminution au niveau de la gestion interne, mais qu'il y a
augmentation au niveau des programmes. Alors il y a une diminution de 14 % au
niveau de la gestion interne, donc gestion serrée, bonne administration,
tel que nous le prônons au niveau du gouvernement...
Des voix: Bravo!
Mme Frulla-Hébert: ...et 5 % au niveau de l'aide que nous
donnons. Évidemment, nous .allons continuer maintenant, comme on dit,
à travailler conjointement avec les industries et à former des
partenariats de telle sorte que, oui, nous allons développer nos
industries de communication.
Une voix: Très bien!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je reconnais le prochain
orateur et lui souhaite la bienvenue à son retour à
l'Assemblée nationale, M. le député d'Arthabaska. M. le
député.
M. Jacques Baril
M. Baril: Merci, M. le Président, de ces bonnes paroles
à mon endroit. C'est vrai qu'après un retrait volontaire de la
politique, en 1985, me voilà, quatre ans plus tard, de retour dans cette
Chambre. Et il me fait plaisir de vous faire part de mes constatations. Le
déroulement des débats en cette Chambre n'a pas beaucoup
changé en quatre ans. On dit que c'est ça, la démocratie.
J'essaierai de prendre ça, durant ce mandat-ci, de façon plus
philosophique que je l'ai pris lors de mes deux premiers mandats.
Peut-être que c'est ce qui nous aidera à vivre une vie meil- leure
et à compter les cheveux blancs moins vite.
Je ferai, comme d'autres l'ont fait en cette Chambre, lors de cette
première intervention - et, en passant, c'est toujours un peu
énervant de parler en cette Chambre - je ferai comme beaucoup d'autres
ont fait. D'abord, je voudrais remercier les électeurs, les
électrices du comté d'Arthabaska qui m'ont fait confiance en
m'accordant un troisième mandat comme représentant du
comté d'Arthabaska, tout en reconnaissant que cette fois-ci, j'ai un
gros défi à relever également puisque le
député d'Arthabaska est actuellement dans l'Opposition et, pour
les hommes et les femmes qui forment le comté d'Arthabaska, c'est un
phénomène tout à fait nouveau. Ils ne savent pas c'est
quoi "être dans l'Opposition" parce que ça fait, selon les
statistiques, 75 ou 80 années que le comté d'Arthabaska a
toujours été au pouvoir. Mais je dis à toutes ces
personnes-là que j'essaierai de relever le défi qu'on m'a
confié pour leur démontrer que lorsqu'un projet, lorsqu'un
dossier est voulu, demandé et désiré par la population du
milieu, peu importent les gouvernements, ils sont obligés d'en tenir
compte. Et avant aujourd'hui, il y a eu d'autres comtés au Québec
qui ont été dans l'Opposition et ils se sont
développés tout aussi bien que des comtés au pouvoir. Il
s'agit, pour leurs représentants, de ne pas faire en sorte que ce soit
leur dossier à eux, mais que ce soit plutôt un dossier voulu,
demandé par la population.
Il faut également comprendre qu'actuellement tous les orateurs,
les oratrices prennent la parole en réplique sur le discours inaugural.
Il ne faut pas oublier ça. Comme bien d'autres, je m'attendais que le
premier ministre convierait la Chambre beaucoup plus tôt que le 28
novembre puisqu'il avait été... Depuis le mois de juin que la
session était terminée, les élections ont eu lieu le 25
septembre et c'est seulement deux mois plus tard que le premier ministre a
décidé, a bien voulu convier les parlementaires pour faire les
débats en cette Assemblée, puisque c'est le lieu où la
démocratie se pratique. Et il me semble qu'avec tous les thèmes,
les discussions, les difficultés économiques, sociales qu'il y
avait depuis X temps, le premier ministre aurait dû convier les Chambres
avant aujourd'hui. (16 h 30)
Tout le débat sur l'accord du lac Meech, il me semble qu'au lieu
que ce soit discuté dans les journaux, ça aurait
été ici l'endroit, la place où, autant l'Opposition qui
représente un fort pourcentage de la population aurait eu, aurait
aimé, aurait préféré discuter, poser des questions
au gouvernement sur ce qu'il entend faire pour corriger l'impression que de
plus en plus de Québécoises et de Québécois ont
actuellement de se faire passer un sapin au niveau de ce fameux lac Meech.
Puisqu'on a dû attendre au 28 novembre pour l'ouverture de ces travaux,
je
dois vous dire que ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que le
gouvernement rouvre cette Législature en se donnant comme mandat de
baser l'avenir sur la continuité, de continuer ce qu'il y a de
commencé. C'est ce qui est un peu beaucoup inquiétant, puisque
depuis un certain nombre d'années le Parti libéral se vante de
vivre, d'avoir amené le Québec à une croissance
économique un peu extraordinaire, un peu phénoménale.
Pourtant, quand on regarde les statistiques, quand on regarde les gens chez
nous, on se demande qui a bien pu bénéficier de cette croissance
économique. Il y a plus de pauvres, H y a plus de jeunes sans abri, il y
a plus de femmes seules dans la misère, il y a plus de chômeurs
qu'il n'y en avait lors des années de la crise, il y a plus de gens sur
le bien-être social, il y a plus de faillites en entreprises. Et le
gouvernement ne semble rien faire pour essayer de corriger cette situation.
Dans les projets de loi qu'on nous a amenés pour discussion d'ici les
fêtes, il n'y a, à mon avis, absolument rien qui pourrait faire en
sorte que le Québec de demain s'en portera mieux.
La politique du gouvernement libéral depuis les quatre
dernières années semble être celle-ci: c'est de taper sur
la tête des pauvres. On l'a vu, entre autres, au niveau de la
réforme de l'aide sociale. On le voit au niveau du
désintéressement du gouvernement du Québec à aider
le secteur communautaire: dans les trois dernières années, une
diminution du budget au secteur communautaire de 24 000 000 $. On force les
pauvres à s'organiser pour combattre les politiques du gouvernement. Au
lieu d'avoir un gouvernement au service de la population... On est en train de
monter une structure et ce sera le gouvernement qui sera au service de la
population, parce que dans nos communautés, il y a de plus en plus de
groupes de jeunes, de femmes, qui sont obligés d'unir leurs efforts
entre eux bénévolement pour essayer de combattre toutes sortes de
programmes qui ne sont pas adaptés aux besoins de la région.
Au niveau du comté d'Arthabaska, qui est basé sur de
nombreuses petites et moyennes entreprises depuis la venue du Parti
libéral au pouvoir, plusieurs de ces chefs d'entreprises, essaient de
bénéficier de différents programmes pour s'adapter au
libre-échange et plus ils fouillent, plus ils font venir les
fonctionnaires pour essayer de les conseiller, plus ils s'aperçoivent
qu'ils ne sont pas capables de cadrer dans aucun de ces programmes-là,
puisqu'on a renforcé les critères
d'éligibilité.
Actuellement, il n'y a aucune politique, aucune stratégie, aucune
orientation au niveau du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie qui peut orienter l'industrie, qui peut orienter l'économie.
Plusieurs PME vivent uniquement de sous-traitance des grosses compagnies comme
Bombardier, IBM, Bell Canada et bien d'autres. Ces compagnies, elles, ont pris
le virage technologique et nos PME, en ayant un manque de ressources, tout
à l'heure, ne seront même pas capables de soumissionner pour
obtenir des contrats de ces grosses compagnies-là. Le gouvernement se
targue en disant que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, que
l'économie se porte bien quand on considère que le chômage
est actuellement plus élevé qu'il ne l'était durant la
crise économique de 1982-1983.
À mon arrivée, ou à mon retour, je dois dire, comme
vous l'avez mentionné, M. le Président, le chef du Parti
québécois m'a confié la responsabilité de
représenter l'Opposition au niveau du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est un honneur pour moi d'essayer
de remplir ces fonctions, puisque si je suis de retour en politique, entre
autres, c'est pour aider ces hommes et ces femmes qui veulent vivre de
l'agriculture et qui veulent également nourrir le monde. Depuis ces
quatre dernières années, ce qui est un peu extraordinaire, c'est
de constater que tout le débat en matière agricole a
été tourné vers Ottawa. Comme si, au Québec, il y
avait seulement un gouvernement canadien et que le gouvernement du
Québec, le gouvernement des Québécois et des
Québécoises n'était pas là. Cela a permis à
ce même gouvernement du Québec, ce gouvernement du Parti
libéral, de totalement ignorer l'agriculture.
J'apprécie le virage que l'Union des producteurs agricoles fait
aujourd'hui, à son congrès, de tourner ses efforts, de tourner sa
démarche vers son gouvernement celui du Québec. On a trop mis,
selon moi, l'accent, durant les quatre dernières années, vers les
politiques du gouvernement canadien et cela a empêché le
gouvernement du Québec de répondre aux besoins des agriculteurs
et des agricultrices.
Avec les réformes que . le Parti libéral a faites, on a
diminué l'intérêt chez les jeunes, à venir en
agriculture. D'abord, on a diminué l'aide à la production. On a
beau dire qu'on a tout fait en agriculture, mais à l'époque du
Parti québécois au pouvoir, il y avait 70 programmes d'aide
à la production. Dans un esprit de concentration, le ministre de
l'Agriculture actuel a réduit ces programmes à 7 et il a
ajouté 30 volets. Mais ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il a fermé
des volets. Donc, il n'y a personne qui est capable de bénéficier
des programmes d'aide du ministère de l'Agriculture.
On a parlé souvent de la ferme familiale, on continue à en
parler de la ferme familiale, et pourtant le ministre de l'Agriculture a
augmenté, a haussé les minimums de terres ou d'acérage
nécessaire pour bénéficier des programmes
d'assurance-stabiiisation et il a fait sauter les maximums.
Au chapitre du zonage agricole, on est en train de vider de son sens, de
son objectif premier, la loi de protection du territoire
agricole.
Quant au financement agricole, c'est vrai qu'on avait et qu'on a encore
le meilleur financement en Amérique du Nord, mais pourtant le ministre,
en augmentant l'aide à l'établissement de 8000 $ à 15 000
$, c'est un peu comme le morceau de fromage sur la trappe à rat: tu
aides des gens à s'établir en agriculture et, après
ça, tu les laisses tomber. Dans la même loi, on a établi un
critère à savoir que, maintenant, ce sont les agriculteurs et les
agricultrices qui devront supporter les faillites potentielles en agriculture
dans le futur. C'est ici, selon moi, le virage, le dangereux virage du Parti
libéral. C'est là tout son désintéressement - et il
vient d'en faire la preuve - à supporter la classe agricole. À
l'avenir, lorsque l'Office aura à accorder un prêt à un
groupe ou à un individu, un particulier, il devra toujours tenir compte
que, dans un secteur défini, c'est un secteur plus difficile dans les
productions nouvelles pour nous. Si la rentabilité prend plus de temps
à être atteinte; l'Office pourra toujours dire non parce que les
autres productions sont plus rentables. Les autres producteurs dont la
production sera plus rentable pourront dire: C'est le gouvernement qui a
embarqué ce type-là dans cette production et on sait que ce n'est
pas rentable.
C'est un virage très, très dangereux. Quand on veut
atteindre, si on y croit bien entendu, la politique d'autosuffisance et
commencer par se nourrir avant de nourrir les autres, ici, on vient de mettre
la hache dans cette orientation-là parce que c'est évident que
des petites productions, if faut que ce soit l'ensemble de la
société qui soit en mesure de les aider.
Au Québec, on s'est donné des politiques, des assurances
collectives, des moyens collectifs de s'en sortir. Que ce soit par des
régimes de retraite, l'aide sociale, que ce soit
l'assurance-santé, l'assurance automobile, tous ensemble, on s'est
donné ces moyens collectifs de s'entraider. Il va falloir de plus en
plus penser que la responsabilité de nourrir le monde ne doit pas
retomber uniquement sur le dos des agriculteurs et des agricultrices. C'est un
devoir collectif que nous devons nous donner de nourrir le monde, surtout quand
on sait qu'en agriculture le taux de rendement de tout ton argent investi est
d'à peu près 2,5 %, alors que, dans l'industrie, ça varie
entre 11 % et 11,5 %. Donc, il faut que ce soit l'ensemble de la
société qui aide à supporter l'agriculture. (16 h 40)
Le congrès de l'UPA qui se tient présentement a comme
thème "Nourrir le Québec et en vivre". Chose curieuse,
près de dix ans plus tôt, le gouvernement du Québec avait
donné sa politique, son orientation politique qui était "Nourrir
le Québec". Le Parti québécois avait orienté tous
ses programmes en fonction de "Nourrir le Québec" puisqu'on voulait et
on veut encore devenir un pays souverain; on veut que le Québec
s'autosuffise, soit capable, soit en mesure de se nourrir lui-même. Les
programmes et les politiques étaient orientés en fonction
d'être capables de se nourrir nous-mêmes. En quatre années
de pouvoir du Parti libéral, on s'aperçoit que toute cette
orientation-là est à reprendre à zéro.
En 1976, lorsque nous avons pris le pouvoir, le pourcentage
d'autosuffisance était d'environ 47 % et, en 1985, lorsque nous avons
laissé le pouvoir, on était rendus aux environs de 74 %. On n'est
pas capables de savoir à quel degré d'autosuffisance nous sommes
actuellement parce que, depuis deux ans, le ministère de l'Agriculture a
arrêté de comptabiliser le degré d'autosuffisance au
Québec. Actuellement aussi, avec un gouvernement du Parti libéral
au pouvoir qui croit en ce fédéralisme rentable, qui s'agenouille
devant Ottawa afin qu'on signe une fameuse entente qui ne donnera rien de plus
au Québec... Et c'est le premier ministre lui-même qui a dit que
ça ne donnerait rien de plus au Québec de signer cette entente.
Il a même dit que le Québec était perdant dans la
Confédération en suppliant les autres de nous accepter pareil
parce qu'on ne leur coûtait pas cher. Et ça a permis, M. le
Président, au ministre de l'Agriculture actuel de ne pas intervenir
assez fortement auprès d'Ottawa pour être en mesure de retirer
notre part des budgets que le gouvernement fédéral alloue
à l'agriculture.
Je vais vous donner juste quelques chiffres en passant. En 1987-1988,
dans les Prairies, le gouvernement fédéral a alloué pour
le programme spécifique canadien pour les grains 1 367 000 000 $ et pour
le programme de stabilisation de revenus des céréales de l'Ouest,
1 365 000 000 $, encore une fois. Quand on sait que tous les versements que le
gouvernement fédéral fait au Québec juste pour les
subsides laitiers, c'est à peu près 135 000 000 $! Imaginez-vous,
pour une année, dans deux provinces, tu as 2 700 000 000 $ et il ne faut
jamais oublier que nous, en tant que Québécois, on a 25 %
à 28 % de cette somme d'argent à payer. Imaginez-vous! Prenez 2
700 000 000 $, divisez-le par quatre, prenez le quart et c'est ce que nous
aurions pour investir chez nous, dans notre agriculture, ici au Québec,
pour se diversifier davantage. Est-ce que c'est ça, le
fédéralisme rentable?
J'aimerais ça qu'à un moment donné, le gouvernement
libéral se lève et qu'il nous explique comment le lac Meech
pourra corriger une situation semblable. J'aimerais ça qu'on essaie de
nous faire comprendre, en tout cas, ce qui peut avantager le Québec dans
les transferts fédéraux qui sont tout à fait
inéquitables. J'ai ici un tableau de l'évolution des
dépenses fédérales dans l'agro-alimentaire par province,
les variations de 1980 à 1988: Au Québec, c'est 36,6 %;
à
l'île-du-Prince-Édouard, 102 %; au Manitoba, 291 %;
à la Saskatchewan, 285 %; à l'Alberta, 339 %. Quand on vient nous
parler d'équité, quand on vient nous parler que c'est important
de vivre dans cette Confédération et qu'on vient essayer de
chambarder notre système de contingentement et de protection des
marchés, M. le Président, c'est à en perdre son latin.
Motion de censure
J'aurais d'autres choses à dire, mais puisque le temps m'en
empêche, j'aimerais finir en déposant cette motion: "Que
l'Assemblée nationale blâme énergiquement le gouvernement
libéral pour son impuissance à maintenir les acquis du
Québec en matière agricole, pour son désengagement depuis
1985 de ce secteur essentiel à la santé et à l'avenir
économique du Québec et pour son incapacité à
défendre les intérêts de l'agriculture
québécoise auprès du gouvernement fédéral,
en particulier dans le cadre des négociations du GATT.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Votre motion est déposée. Je
reconnais maintenant le prochain orateur, le ministre de la Justice, ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et
ministre responsable de la Protection du consommateur. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. M. le
Président, je voudrais tout d'abord vous dire à quel point il me
fait plaisir d'intervenir en cette Chambre sous votre présidence. J'ai
eu l'occasion, depuis les quatre dernières années, de travailler
avec vous comme député et j'ai pu constater votre sens profond de
la démocratie et votre respect des institutions. Je veux donc vous
féliciter pour votre nomination. Je sais que l'honneur qui vous
échoit est directement, bien sûr, reçu par vos commettants
de votre comté de Jeanne-Mance. Il me fait un très grand plaisir,
donc, d'intervenir en cette Chambre sous votre présidence.
M. le Président, j'ai eu l'occasion d'intervenir, à
plusieurs reprises, en cette Chambre concernant l'entente du lac Meech et de
relever tout d'abord le fait que l'entente du lac Meech est une entente
historique. Dans le discours inaugural et le discours d'ouverture, le premier
ministre a aussi souligné que cette entente s'inscrivait dans l'histoire
de ce pays, dans l'histoire du Québec. Un accord historique, M. le
Président, parce que, pour la première fois dans l'histoire
politique de ce pays, dix premiers ministres des provinces et le premier
ministre du Canada se sont entendus sur une réforme constitutionnelle
majeure. En ce qui regarde l'autre réforme constitutionnelle
d'importance, c'est-à-dire le rapatriement de la constitution en
1981-1982, on se souvient très bien de ce qui s'est passé. Le
Québec, malheureusement, n'a pas été partie à ce
rapatriement de la constitution, à cette réforme majeure de notre
constitution et, il faut le dire, peu importe le parti qui aurait
été au pouvoir et qui aurait formé le gouvernement du
Québec, il aurait été inacceptable d'accepter cette
entente constitutionnelle qui privait le Québec, et qui le prive donc
encore puisqu'il s'applique, entre autres, de son droit historique, de son
droit de veto.
Ça ne veut pas dire, M. le Président, que tout
était mauvais dans ce rapatriement de 1982. Il y a la charte des droits,
il y a le principe de cette régionalisation et du fait qu'on doit
partager, toutes les régions doivent partager la richesse nationale de
la Fédération. Il y a des amendements au partage des
compétences législatives concernant les richesses naturelles.
Bref, il y a, dans le rapatriement de 1982, de bonnes choses, mais c'est un
compromis qui est inachevé parce qu'il ne respecte pas les droits
historiques du Québec, entre autres, ce droit de veto qui a
été perdu.
L'entente du lac Meech récupère ce droit de veto.
L'entente du lac Meech, c'est la réponse positive du reste du Canada au
Québec en fonction des cinq conditions du Québec pour
récupérer ses droits historiques, pour constituer cette assise
qui va nous permettre ensuite de devenir comme partenaires majeurs de cette
fédération, partenaires à part entière, nous
permettre d'être des intervenants de plein droit à la
réforme de la constitution qui s'impose.
M. le Président, on discute maintenant de l'entente du lac Meech
depuis près de deux ans et demi. Il faut comprendre que l'entente du lac
Meech ne s'est pas négociée dans quelques heures au lac Meech
même. L'entente du lac Meech est l'aboutissement d'un long processus qui
a commencé à la campagne électorale de 1985 lorsque, dans
notre programme électoral, nous avons inscrit ces cinq conditions,
lorsque nous nous sommes promenés partout au Québec pour faire
campagne disant aux Québécois que nous voulions
récupérer ces droits historiques du Québec en fonction de
ces cinq conditions. Ensuite, dès que nous avons été
élus et avons formé ce gouvernement, j'ai reçu cette
responsabilité de la part du premier ministre, comme ministre de
discuter de ces cinq conditions partout au Canada. (16 h 50)
Je suis allé visiter les premiers ministres, les ministres
responsables, et tant à leur niveau qu'au niveau des hauts
fonctionnaires, une discussion parfois, je dois l'avouer, difficile s'est faite
au niveau de ces cinq conditions, de sorte qu'en 1986, au mois d'août
1986, à la conférence d'Edmonton, conférence des premiers
ministres,
une résolution était votée, qui a marqué le
début de tout ce processus qui a abouti à l'entente du lac Meech.
Dans cette résolution, les premiers ministres des provinces canadiennes
disaient: Tout d'abord, réglons le cas du Québec en fonction de
ses cinq demandes et, ensuite, procédons à la réforme de
la constitution.
À partir de ça, nous avons donc travaillé à
faire en sorte que ces cinq conditions soient bien comprises et, finalement,
l'entente du lac Meech. Il y a eu cette entente historique qui a
été confirmée ensuite, le 3 juin 1987 à Ottawa,
à l'édifice Langevin. Et devant le peuple canadien, par la
télévision, les dix premiers ministres et le premier ministre du
Canada ont signé l'entente du lac Meech. C'est donc une entente
historique.
M. le Président, malheureusement, on a fait beaucoup de
démagogie et on continue de faire beaucoup de démagogie
concernant cette entente. On utilise, en particulier, cet article de l'entente
du lac Meech qui va consacrer le fait que le Québec est une
société distincte pour faire toutes sortes de conclusions qui, en
droit, ne se justifient absolument pas. Je parle, par exemple, de cette
relation entre le critère de la société distincte et la
Charte des droits et libertés. Ce que nous entendons le plus souvent, M.
le Président, c'est que le critère de la société
distincte va à rencontre de la Charte des droits et libertés. Et,
M. le Président, je voudrais être clair. C'est faux, c'est faux de
dire que le critère de la société distincte, qui est une
règle d'interprétation constitutionnelle, va à rencontre
de la Charte des droits et des libertés.
M. le Président, nous avons donc, depuis le rapatriement de 1982,
une Charte des droits et des libertés. Cette charte est le
résultat de discussions difficiles et c'est un compromis, que je dois
dire très acceptable, parce que lorsqu'on vit dans une
société qui se veut démocratique, juste, on doit,
premièrement, s'assurer que des droits, que des libertés sont
garantis pour les citoyens et les citoyennes qui décident, qui acceptent
de vivre ensemble et de former une société. Nous, nous avons,
dans notre constitution, une charte dont nous pouvons être fiers, mais
une charte qui ne débute pas par un droit, qui ne débute pas par
une liberté, une charte qui débute par une possibilité de
limiter la portée des droits et des libertés qui sont inscrits
dans la charte, c'est-à-dire qu'un gouvernement fédéral ou
provincial peut, par une règle de droit, c'est-à-dire une loi, un
règlement, limiter la portée d'un droit, d'une liberté
dans la mesure où c'est raisonnable et acceptable dans une
société libre et démocratique. C'est exactement ce qui est
inscrit à l'article 1 de la Charte des droits et libertés dans
notre constitution.
Ce que l'entente du lac Meech permettra, c'est que cette charte puisse
avoir son application la plus complète parce que le critère de
société distincte, comme celui, d'ailleurs, de la dualité
canadienne - puisque l'entente du lac Meech vient consacrer aussi le fait qu'il
y a dans ce pays deux communautés linguistiques nationales: des
anglophones et des francophones - c'est donc dire que ces deux principes de la
dualité et de la société distincte, pour le Québec,
vont servir aux tribunaux pour interpréter cet article 1 de la charte,
entre autres, pour déterminer quand une limite peut être
raisonnable dans le contexte d'une société libre et
démocratique.
M. le Président, c'est faux, c'est faux de dire que la Charte des
droits sera amoindrie par le critère de la société
distincte ou de la dualité. C'est faux de dire que ces critères,
qui sont des règles d'interprétation, vont à l'encontre de
la charte. Au contraire, M. le Président, la société
distincte, cette règle d'interprétation que nous avons dans
l'entente du lac Meech, va permettre à la charte d'avoir toute sa
signification, toute son application en fonction de la réalité
québécoise. Comme en ce qui regarde la dualité canadienne,
elle permettra aussi à la charte d'avoir son application en fonction de
la réalité canadienne.
M. le Président, lorsqu'on a inscrit, dans la Charte des droits
et libertés, l'article 27 qui dit que toute interprétation de la
présente charte doit concorder avec l'objectif de promouvoir le maintien
et la valorisation du patrimoine multicultural des Canadiens, le
multiculturalisme... Promouvoir le multiculturalisme canadien. Le Canada a ce
caractère multicultural. Et il est intéressant d'avoir des
Canadiens et des Canadiennes qui ont pour origine des gens qui venaient de
partout au monde, de tous les continents, de toutes les régions et qui
ont choisi le Canada pour venir partager avec nous le bien commun de notre
société. M. le Président, lorsqu'on a ajouté cet
article dans la Charte des droits et libertés, en 1981, on n'a pas fait
tous ces grands discours alarmistes que nous entendons en ce qui regarde la
dualité ou en ce qui regarde la société distincte. Le mot
"promouvoir", nous l'avons, dans cet article 27, en fonction du
multiculturalisme et c'est une bonne chose.
M. le Président, le critère de la société
distincte est une règle d'interprétation qui viendra confirmer en
droit une situation qui existe de fait pour le Québec dans notre
histoire .constitutionnelle. On peut remonter jusqu'en 1774, par l'Acte de
Québec, où on reconnaît la distinction du Québec en
fonction de son droit en particulier, et 1867, où les Pères de la
Confédération canadienne ont reconnu que le Québec avait
une situation particulière et on peut le voir dans plusieurs articles de
notre constitution en ce qui regarde les institutions parlementaires et le
bilinguisme qui s'impose, en ce qui regarde certains comtés qui
étaient protégés, etc. On pourrait donner plusieurs
exemples. Et même cette spécificité
québécoise est reconnue dans le rapatriement de 1982, lorsqu'on a
inscrit, par exemple, à l'article 23, le critère de la langue
maternelle pour l'enseignement aux enfants de la minorité et qu'on a
bien précisé qu'en ce qui regarde le Québec ce
critère de la langue maternelle ne s'appliquera qu'avec le consentement
du gouvernement ou de l'Assemblée nationale du Québec, situation
particulière pour le Québec. Alors que ce critère
s'applique pour toutes les autres provinces canadiennes, ce critère ne
s'applique pas au Québec parce que le gouvernement du Québec et
l'Assemblée nationale n'ont pas encore donné leur
consentement.
De même, en ce qui regarde la formule d'amendement
constitutionnel, lorsqu'on a ajouté, dans les débats qui ont
suivi cette fameuse nuit du 4 au 5 novembre 1981, lorsque le Parlement canadien
a ajouté qu'il y aurait compensation financière lorsqu'une
province se retirerait d'un amendement qui serait relatif à une
matière de culture et d'éducation, pour qui on faisait ça,
en matière de culture et d'éducation? Pour qui on faisait
ça? C'est évident qu'on le faisait pour le Québec. Alors,
on vient maintenant dire qu'il est inacceptable qu'on donne un statut
particulier à une province en reconnaissant le critère de
société distincte dans la constitution, alors que ça
existe depuis 1774, alors qu'on l'a fait en 1982 alors que le Québec
n'était même pas partie à cette négociation qui a
abouti au rapatriement de la constitution. Mais à quoi fait-on allusion?
Il y a une réalité qui existe. Pourquoi refuser de mettre dans
notre constitution cette réalité? (17 heures)
Ce supposé statut particulier qu'on évoque lorsqu'on parle
de la société distincte, il vient, de fait, de cette formule
d'amendement qui a été imposée par les provinces, et il
faut le dire à M. Trudeau, M. Trudeau qui aurait
préféré la formule de Victoria qui donnait un droit de
veto au Québec et les autres provinces ont dit non. On va faire une
formule d'amendement basée sur sept provinces totalisant 50 % de la
population du Canada et avec la possibilité de se retirer d'un
amendement si l'amendement ne fait pas notre affaire. S'il y avait un
amendement, par exemple, M. le Président, sur l'éducation, en
matière universitaire, l'éducation supérieure, et que les
autres provinces disaient: Bien nous, ça nous coûte trop cher et
on aimerait mieux que ce soit Ottawa qui ait cette juridiction... On sait que
c'est le Québec, ce sont les provinces qui ont juridiction, selon la
constitution de 1867, l'article 93 sur l'éducation, que ce soit au
niveau supérieur, au niveau élémentaire ou secondaire.
Mais si les provinces voulaient changer ça et dire: Maintenant, ce sera
Ottawa qui aura cette juridiction, le Québec pourrait dire non. Nous, on
va se retirer de cet amendement; donc, nous, nous conservons notre juridiction
en matière d'éducation et nous allons recevoir, en contrepartie,
une compensation financière pour exercer cette compétence que
nous conservons. Cela peut être considéré comme un statut
particulier, M. le Président, mais ce statut particulier, il a donc
été négocié en 1981-1982. Il a été
mis dans la constitution, dans la formule d'amendement, il a été
consacré.
M. le Président, on a donc fait ces relations qui, en droit, ne
se justifient pas en ce qui regarde l'application de la société
distincte, comme on a dit que, parce qu'on reconnaîtrait le Québec
comme une société distincte, on pourrait mettre en danger
l'égalité entre les hommes et les femmes, aller à
rencontre des droits des femmes. M. le Président, c'est inacceptable
d'entendre une telle remarque. Comment peut-on croire que, parce que nous
sommes distincts, nous pourrions aller à l'encontre de
l'égalité entre les hommes et les femmes, que nous pourrions,
nous, comme Québécois, comme Québécoises, nous
pourrions aller à rencontre des droits qui nous sont reconnus? Et c'est
nous, comme provînce, M. le Président, qui l'avons reconnu, pour
la première fois, dans une charte dont nous pouvons être fiers, la
Charte québécoise des droits et libertés de la
personne.
M. le Président, il n'y a pas une province canadienne qui peut
venir nous faire des leçons en ce qui regarde le respect des droits et
des libertés et nous pouvons en être fiers comme
Québécois et Québécoises. Je suis fier de le dire
dans cette Assemblée.
M. le Président, lorsqu'on nous dit que les
Québécois ne sont pas en faveur de l'entente du lac Meech, je
peux vous dire que des témoignages, nous en recevons de partout. Des
gens les plus modestes, à tous les niveaux de la société,
nous envoient leur témoignage, nous font parvenir leur témoignage
et nous disent que l'entente du lac Meech, pour eux, représente les
conditions pour que nous puissions redevenir des partenaires à part
entière dans cette Fédération canadienne.
M. le Président, nous croyons dans ce pays et des gens me disent:
Est-ce qu'on peut être optimistes? Oui, oui, M. le Président, je
suis convaincu que nous allons, finalement, en arriver à ce consensus
qui nous permettra d'avoir l'entente du lac Meech dans notre constitution
canadienne. Je suis convaincu parce que je suis convaincu, que ce soit M.
Filmon, M. Doer, Mme Carstairs, du Manitoba, M. McKenna, du Nou-veau-Brunswick,
M. Wells, de Terre-Neuve, que tous ces gens, tous ces hommes et ces femmes sont
animés du même sentiment en fonction de ce Canada et du
Québec qui fait partie de ce Canada dont nous pouvons être fiers.
M. le Président, c'est un même sentiment qui animait, il y a 125
ans, les Pères de la Confédération qui sont venus se
réunir ici, à Québec, et qui ont mis ensemble au point ce
compromis qui a donné
lieu à la constitution de 1867 et qui a formé ce beau, ce
grand pays qu'est le Canada et auquel nous sommes profondément
attachés. Il est possible que le Québec puisse vivre sa
spécificité, puisse vivre son identité comme
société distincte en étant un partenaire majeur de cette
fédération. M. le Président, je suis convaincu que,
finalement - et ça ne sera pas facile - on va réaliser que
l'entente du lac Meech est la base pour la réforme constitutionnelle
dont nous avons besoin. J'entendais tout à l'heure le
député d'Arthabaska nous dire: Mais qu'est-ce que l'entente du
lac Meech apporte pour l'agriculture? Nous avons des problèmes en
matière d'agriculture. Oui c'est vrai qu'on a des problèmes en
matière d'agriculture, M. le Président, et c'est vrai que c'est
important l'agriculture pour le Québec, pour le Canada d'une
façon générale. Mais l'entente du lac Meech n'est pas
là pour régler tous les problèmes constitutionnels.
L'entente du lac Meech est là pour former le fondement, construire le
solage. Ensuite, nous pourrons construire la maison ensemble. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je reconnais la
prochaine oratrice. Je lui souhaite la bienvenue. C'est sa première
intervention. Mme la députée de Les
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. En tant que
première députée du ' nouveau comté Les
Chutes-de-la-Chaudière, vous comprendrez facilement que mes premiers
mots en cette enceinte s'adressent à mes électeurs et à
mes électrices. Je suis très émue et très
fière de la confiance qu'ils m'ont accordée le 25 septembre
dernier. J'en remercie la population du comté Les
Chutes-de-la-Chaudière. Je tiens à les assurer que je ferai de
mon mieux pour bien les représenter à l'Assemblée
nationale, que je demeurerai à leur écoute en tant
qu'intermédiaire entre eux et le gouvernement et que je ferai cheminer
avec tous les moyens mis à ma disposition les différents dossiers
qui nous tiennent à coeur et qui sont nécessaires à la
qualité de vie de notre comté.
Dans un premier temps, M. le Président, j'aimerais
présenter à l'Assemblée ce comté qui m'est cher.
Situé sur la rive sud de Québec, ce comté est
composé de neuf municipalités. Cinq d'entre elles faisaient
antérieurement partie du comté de Lévis. Il s'agit de
Bemières, Charny, Saint-Nicolas, Saint-Rédempteur et
Saint-Ro-muald. Les quatre autres, soit, Breakeyville, Saint-Étienne,
Saint-Jean-Chrysostome et Saint-Lambert appartenaient au comté de
Beauce-Nord. Ces neuf municipalités forment également la MRC des
Chutes-de-la-Chaudière.
Bien qu'étant un comté principalement urbain, il est
à souligner que la population agricole y joue un rôle important
pour le développement économique régional et que j'ai
l'intention d'appuyer les différentes démarches des agriculteurs
et de suivre de près le travail du gouvernement à cet
égard.
La plus grande particularité du comté Les
Chutes-de-la-Chaudière est sûrement la croissance
démographique fulgurante, connue durant les dernières
années. En effet, entre 1976 et 1981, pour chaque augmentation de 100
habitants dans la région métropolitaine de Québec, plus de
40 se retrouvaient dans la mrc des chutes-de-la-chaudière. en outre, si
on compare l'évolution de la population pour la période de 1961
à 1986, alors que pour la même période la population de la
communauté urbaine connaissait une hausse de 41 %, chez nous,
l'augmentation était de 204,9 %. pour terminer la présentation de
mon comté, m. le président, j'aimerais ajouter que près de
70 % de la population est âgée de moins de 40 ans et que, de ce
groupe, 35 % ont moins de 14 ans.
Une expansion démographique de cette ampleur comporte des aspects
positifs, emballants et dynamiques, mais seulement dans la mesure où les
services mis en place correspondent à cette expansion. Or, actuellement,
nous constatons un manque évident de services à plusieurs
niveaux. Je voudrais donc profiter de l'occasion qui m'est donnée pour
réitérer mes engagements électoraux à l'endroit de
mes électeurs, mais également pour porter à l'attention
des ministres concernés les messages qui s'imposent.
En premier lieu, M. le Président, j'aimerais m'adresser au
ministre de l'Éducation. Il y a quelques secondes à peine, je
faisais état de certaines des caractéristiques de la population
que je représente. De ce profil quelque peu grossier, vous pouvez tirer
des conclusions élémentaires. En ce qui concerne
l'éducation, des besoins urgents se font sentir. Pendant que d'autres
commissions scolaires font face à une baisse de clientèle, la
commission scolaire des Chutes-de-la-Chaudière affiche, pour sa part,
une croissance exceptionnelle avec 10 700 élèves en 1989. Chaque
année, de 200 à 300 élèves viennent grossir les
rangs. Partout au Québec, on ferme des écoles; dans mon
comté, il faut en ouvrir. (17 h 10)
En septembre 1990, une école de 800 places de niveau premier
cycle du secondaire ouvrira ses portes à Saint-Nicolas. En attendant cet
événement, les écoliers de mon comté sont
transportés vers une autre commission scolaire. Cette école ne
comble pas tous les besoins du comté puisque, dès avant son
ouverture, elle était déjà remplie. Il manque encore 510
places-élèves en 1991 sur le territoire jusqu'à ce que
l'école de Saint-Jean-Chrysostome soit disponible pour la
clientèle. On se souviendra que la décision de l'implantation de
cette nouvelle école a été prise environ trois jours avant
les
élections.
Malgré tout cela, le nombre de places est insuffisant pour
desservir les enfants de mon comté. La municipalité de
Saint-Étienne, municipalité faisant partie du comté mais
comprise dans la commission scolaire de Lotbinière, a connu au cours des
25 dernières années le plus haut taux d'accroissement de sa
population: 566,47 %. Aucune école secondaire ne dessert encore cette
municipalité. La commission scolaire de Lotbinière a
déposé une demande au ministre de l'Éducation. Je souhaite
donc, M. le Président, que le ministre de l'Éducation
considère comme prioritaire de doter les enfants de cette
municipalité et de la commission scolaire de services adéquats.
Je suis persuadée que mon collègue de votre parti, du Parti
libéral, pourra m'appuyer dans ce sens.
Je désire également, M. le Président, attirer
l'attention du ministre de l'Éducation sur la carte des options
professionnelles. Il existe actuellement un déséquilibre entre ce
qui est accordé du côté de Québec et le peu permis
sur la rive sud. Sur 21 options autorisées par la direction
régionale pour 1989-1990, deux seulement ont été
accordées au côté sud.
L'expansion démographique semble être incomprise par la
Direction de la formation professionnelle et il y aurait peut-être lieu
de réviser les critères qui régissent la distribution des
options.
Par rapport à la santé, j'aurais aussi un message pour le
ministre de la Santé et des Services sociaux. Actuellement, mon
comté possède très peu de ressources en matière de
santé. Le CLSC des Chutes-de-la-Chaudière-Des-jardins constitue
donc une de ces ressources. Initialement, ce CLSC devait desservir uniquement
la MRC des Chutes-de-la-Chaudière. Or, en 1987, le gouvernement
libéral a décidé de regouper les MRC des
Chutes-de-la-Chaudière et Desjardins dans un même CLSC. Ce
regroupement a eu pour effet que le CLSC des
Chutes-de-la-Chaudière-Desjardins doit maintenant desservir une
population de 105 000 habitants alors que dans l'ensemble du Québec, la
moyenne est de 39 000 habitants par CLSC. De plus, ce CLSC souffre d'un
sous-financement chronique à cause d'un écart injuste, puisqu'il
est financé à 32,34 $ per capita par rapport à 62 $ per
capita pour la moyenne provinciale. Il n'est pas étonnant que ce centre
de santé anticipe un déficit de 100 000 $ pour l'année en
cours. Enfin, ce qu'il y a de plus inquiétant, M. le Président,
c'est qu'avec cet écart inéquitable et ce déficit
anticipé, le CLSC ne peut présentement offrir la gamme des
services auxquels la population est en droit de s'attendre.
Mon troisième message, M. le Président, je l'adresse au
ministre des Transports. Les gens de mon comté vivent quotidiennement
une situation qui est pour le moins inacceptable. Le ministre n'est
sûrement pas sans savoir que l'accès au pont Laporte et au pont de
Québec est un cauchemar pour les gens qui ont à se rendre
à leur travail puisque les centres d'emploi et les centres de services
sont encore majoritairement situés sur la rive nord.
J'ai devant moi un rapport synthèse de la maison Roche-Deluc que
le ministre des Transports a publié en juin 1989 et dans lequel on peut
constater ce qui suit: La stratégie no 1 retenue dans le rapport, c'est
évidemment l'exploitation du pont de Québec à sens unique
aux heures d'affluence. C'est un essai d'ailleurs qui a été fait
par les étudiants de l'université Laval un certain jour de
décembre de l'an dernier. La gestion du pont de Québec à
sens unique est la seule stratégie qui apporte une réponse
efficace à la congestion récurrente. Elle permet d'ajouter une
voie de circulation dans la direction de la pointe à un coût bien
moindre que la construction d'un nouveau pont ou l'implantation d'une telle
voie sur le pont Pierre-Laporte. "Ainsi, cette stratégie
présente, de plus, moins de problèmes opérationnels et
moins de difficulté au niveau de la sécurité. Elle offre
également une capacité horaire additionnelle tout en reposant sur
une technologie connue et à faible risque. Cette stratégie est
donc recommandée" etc. Je cite le rapport.
Je crois effectivement que cette stratégie est une solution
louable à court terme et je presse le ministre d'appliquer cette mesure
le plus rapidement possible.
Parallèlement à cette solution, il en existe une autre qui
touche cette fois le développement régional. Il s'agit de
favoriser le développement économique en décentralisant
les services et en créant des centres d'emploi et de services sur la
rive sud.
M. le Président, j'aimerais aborder maintenant le second volet de
mon rôle de députée à l'Assemblée nationale.
Ayant été désignée porte-parole officielle des
dossiers relatifs à la condition féminine et devant donner suite
au discours inaugural, vous conviendrez de ma difficulté de
réplique puisque le sujet n'y a pas été abordé.
J'ai d'abord cru à une omission involontaire, mais après
réflexion et considérant l'inertie du gouvernement à ce
chapitre, je serais portée à croire qu'il s'agit plutôt
d'une résultante d'un manque de compréhension ou alors d'une
évaluation incorrecte des problèmes sous-jacents à la
condition féminine. Je dis bien sous-jacents, car la condition
féminine en soi ne m'apparaît guère un problème.
Ainsi, le seul point du discours que je puisse alléguer, c'est
lorsqu'il y est affirmé que la démocratie s'appuie sur des
valeurs fondamentales telles l'égalité et la liberté des
citoyens. Et, vous le savez comme moi, la démocratie opère
à différents niveaux. Elle n'est pas exclusivement parlementaire.
C'est dans cette
optique que je voudrais porter à votre attention ce dossier qui
me tient à coeur. J'en parle aisément et le parallèle qui
suit vous permettra de comprendre pourquoi.
Nulle autre cause n'est comparable à la marche vers la
souveraineté du Québec que celle des femmes. D'une part, le
Québec, tout comme les Québécoises, recherche l'autonomie,
la liberté d'action et l'indépendance. D'autre part et
malgré les difficultés rencontrées, l'objectif fondamental
demeure en vue.
La mainmise d'Ottawa sur des dossiers chers aux
Québécoises est un des obstacles majeurs à la mise en
place de politiques adéquates correspondant aux besoins
différents. Prenons deux exemples très concrets: les services de
garde à l'enfance et les congés de maternité.
En 1986-1987, le gouvernement libéral inscrivait à son
plan d'action en matière de condition féminine qu'il doterait le
Québec d'une politique sur les services de garde à l'enfance. Le
5 décembre 1986, la ministre déléguée à la
Condition féminine mettait sur pied un comité consultatif sur les
services de garde au Québec. Le 29 juin 1987, soit six mois plus tard,
le comité déposait son rapport à la ministre. Entretemps,
et à plusieurs reprises, la ministre déléguée
à la Condition féminine promettait de produire un
énoncé de politique sur les services de garde à
l'enfance.
Enfin, pour faire une histoire brève, le fameux
énoncé était rendu public, après de nombreux
retards, il y a exactement un an de ça. Au grand malheur des
intervenants du milieu des services de garde à l'enfance, cet
énoncé ne répondait pas aux besoins urgents de
consolidation des services existants et de développement des places.
L'année dernière a d'ailleurs été marquée
par de nombreuses manifestations réunissant des milliers de
Québécoises et de Québécois dans les rues de
Québec et de Montréal.
Ironie du sort, cette politique déjà insuffisante
était mise en lambeaux par le retrait du gouvernement
fédéral en avril dernier. En annonçant qu'il se retirait
de sa politique nationale sur les services de garde, le gouvernement d'Ottawa
détruisait la politique québécoise avant même
qu'elle ait pu être mise en application.
Qu'est-ce qui a produit cet échec? C'est simple. Au lieu de
mettre en place une véritable politique québécoise,
Québec s'est appuyé sur les priorités de
développement et de financement d'Ottawa. Le gouvernement
libéral, plutôt que d'adapter sa politique à la
réalité québécoise, a choisi d'adhérer au
plan fédéral et de dépenser les dollars promis par Ottawa.
C'était plus facile à faire que de délier les cordons de
sa bourse pour mettre en place une politique efficace répondant aux
besoins distincts de notre société. Résultat: En quelques
mois, et suivant l'intérêt d'Ottawa dans ce dossier, la politique
de développement des places a été modifiée à
la baisse. Il n'est désormais plus question de 60 000 places en cinq
ans, mais seulement de 60 000 places en sept ans. Cela signifie, pour
1989-1990, 6208 places par rapport aux 8676 pourtant promises et
annoncées avec tambours et trompettes il y a de cela un an. (17 h
20)
Par rapport au congé de maternité, Québec, c'est
bien connu, est la province canadienne qui a le plus bas indice
synthétique de fécondité. Donc, Québec doit
évidemment s'attaquer, plus que toute autre province canadienne, au
problème de la dénatalité. Pourtant, des mesures aussi
importantes que celle du congé de maternité sont pensées
et décidées à Ottawa. Elles sont faites pour
répondre à un besoin canadien et non à un besoin
spécifique de la société québécoise. Cela
donne donc lieu à un système inadéquat entraînant
plusieurs incongruités dont voici quelques exemples. Le congé de
maternité étant lié à la caisse de
l'assurance-chômage, cela le situe dans un système qui a pour
objectif de restreindre à la longue le nombre de
bénéficiaires. Pourtant le congé de maternité et
l'assurance-chômage sont deux réalités distinctes. Pour le
premier, on souhaite augmenter le nombre de bénéficiaires, tandis
que, pour l'assurance-chômage, c'est plutôt le contraire que l'on
vise. De plus, les travailleuses enceintes sont soumises aux mêmes
règles que les chômeurs et chômeuses pour ce qui est de la
pénalité de deux semaines, même si le motif d'arrêt
de travail s'avère totalement différent. Elles ont droit
seulement à une mince compensation de 240 $ pour ces deux semaines.
Enfin, M. le Président, les femmes qui reçoivent des
prestations de maternité équivalentes à 60 % du salaire
assurable jusqu'à un maximum de 363 $ doivent indiscutablement accepter
une coupure importante de revenu. Cela va à rencontre d'un objectif de
notre société qui consiste à encourager la
maternité et non à la pénaliser. De toute évidence,
le congé de maternité canadien ne répond pas aux besoins
des Québécoises. Québec doit donc agir et mettre en place
un véritable congé de maternité d'au moins vingt semaines,
compensé à 90 %, ou, comme nous le proposons au Parti
québécois, un congé de six mois compensé à
90 %. Pour ce faire, Québec doit se retirer du programme
fédéral, récupérer les sommes versées par
Ottawa et administrer son propre programme d'allocations de maternité.
Québec doit être le seul maître de ses décisions. Ses
dossiers sont trop importants.
Et encore, ce gouvernement ne parvient pas à réaliser ses
propres promesses dans des secteurs dont il est pourtant le seul responsable.
Le plus bel exemple est celui de la participation des femmes au foyer au
Régime de rentes du Québec. Même après avoir
déclaré en
novembre 1985: "Impossible pour les péquistes, certes, mais pas
pour les libéraux", voilà que, lors de la dernière
campagne électorale et après avoir entretenu des espoirs pendant
près de quatre années, le gouvernement libéral se
désiste. Il n'est désormais plus question de la participation des
femmes au foyer au Régime de rentes du Québec. "Ce n'est pas
applicable", apprenait-on de la bouche même de la ministre responsable,
lors de son bilan en matière de condition féminine, le 24
août dernier.
Je terminerai, M. le Président, en assurant à mes
électeurs et à mes électrices que je serai vigilante,
déterminée et engagée souverainement face aux dossiers de
l'éducation, de la santé et des transports pour leur fournir une
qualité de vie à la hauteur de leurs aspirations. De plus, je
constate que le gouvernement libéral exprime encore et toujours de bons
voeux pieux quant à la condition féminine qui touche, ne
l'oublions pas, plus de 52 % de l'électorat. Je désire
également dire aux femmes du Québec que je serai alerte,
attentive et à l'écoute de leurs préoccupations.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, mme la
députée. je reconnais maintenant le prochain orateur, m. le
député de hull. m. le député.
M. Robert LeSage
M. LeSage: Merci, M. le Président. Je veux en tout premier
lieu remercier les électeurs et les électrices du comté de
Hull de m'avoir fait confiance en m'élisant à deux reprises en
l'espace de quelques mois. Je voudrais aussi, M. le Président,
féliciter M. le premier ministre pour le contenu du discours du
trône nous informant des principaux projets de loi que nous serons
appelés à étudier au cours de la session qui
débutait la semaine dernière et des priorités qu'entend se
donner notre gouvernement dans l'amélioration de la qualité de
vie des Québécois, la démographie et le
développement économique de notre province.
Je voudrais renchérir sur l'aspect du développement
économique de mon comté en insistant auprès de mes
collègues sur l'urgence du parachèvement du réseau routier
dans l'Outaouais. Même si la première entente entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral date de
1972, force est de constater qu'après 27 ans l'Outaouais n'est toujours
pas relié à Montréal par une autoroute propice au
développement économique et touristique de notre région.
Nous demeurons toujours isolés du reste de la province et c'est toujours
par des routes de l'Ontario que les Québécois viennent nous
visiter.
Les principaux travaux routiers qui me préoccupent sont, dans un
ordre de priorité: l'autoroute 50, entre Masson et Mirabel, lac
Saint-Laurent-Laramée-McConnell dans Hull et Aylmer, le boulevard
Cité des jeunes à Hull et l'autoroute 5 vers Maniwaki.
Le parachèvement de l'autoroute 50 représente la grande
priorité pour assurer le développement économique et
touristique de l'Outaouais québécois. La plupart des
municipalités de notre région ont choisi d'implanter leur parc
industriel aux abords ou à proximité de l'autoroute 50, comptant
sur le parachèvement de cette autoroute vers Montréal pour en
assurer le développement.
Pourtant, ce parachèvement se fait trop attendre et les
industries évitent ou retardent de venir s'installer dans l'Outaouais
devant l'absence d'un réseau routier adéquat reliant notre
région à celle de Montréal. Cette autoroute ne mène
nulle part en dehors de l'Outaouais québécois et ce ne sont pas
les infrastructures routières que constitue la route 148 qui viendront
assurer le lien économique et touristique direct avec Montréal
souhaité par la population de l'Ouest québécois. Cette
dernière est sûrement en droit de s'attendre à un
réseau routier comparable à celui d'autres régions du
Québec qui sont déjà assurées de ce lien direct
avec les villes de Montréal et de Québec. Le gouvernement aurait
tout avantage à renforcer l'axe économique
Québec-Montréal-Hull afin de faire bénéficier la
province de Québec des retombées du marché de la haute
technologie que constituent la capitale nationale et les services du
gouvernement fédéral.
On se rappellera qu'au cours de la dernière campagne
électorale, les cinq députés libéraux de
l'Outaouais, les chambres de commerce, les villes et les MRC du corridor
Hull-Montréal ont fait l'unanimité pour exiger la construction de
l'autoroute 50 entre Masson et Mirabel, de même que le prolongement de
l'autoroute 13 vers le nord jusqu'à Mirabel, de façon à
compléter le réseau routier nécessaire à relier
Hull à Montréal.
La région de l'Outaouais constitue, au point de vue
démographique, la troisième plus importante région de la
province après Montréal et Québec. La construction de
l'autoroute 50 apporterait d'importantes retombées économiques
pour toute la région, mais aussi pour le gouvernement, via le champ de
taxation.
Plusieurs entreprises demeurent intéressées à venir
s'établir du côté québécois de l'Outaouais
mais, pour qu'elles s'implantent chez nous, il faudrait que leur liaison avec
Montréal puisse se faire par nos autoroutes québécoises et
non par la route 417 du côté ontarien.
Du côté touristique, l'Outaouais a besoin de l'autoroute 50
pour attirer et garder ses touristes. Là, j'aimerais vous faire mention,
M. le
Président, que la ville de Hull vient de se doter du plus beau
musée au monde, le Musée canadien des civilisations, qui attirera
des milliers de visiteurs et visiteuses dans notre belle ville de Hull. Nos
Québécois et Québécoises qui viennent visiter ce
magnifique musée continuent de nous arriver par l'Ontario puisque c'est
encore là qu'ils retrouvent la seule route convenable pour venir nous
voir. Ils se logent du côté ontarien et ils fréquentent les
restaurants, privant ainsi l'Outaouais québécois d'un
développement économique que nous voulons légitimement
attirer et conserver chez nous. Ces mêmes Québécois,
après une courte visite à Hull, doivent retourner chez eux en
empruntant encore les facilités ontarien-nes.
Il en est de même pour les nombreux Ontariens, Américains
et Européens qui préféreraient sûrement se rendre
à Montréal par l'autoroute 50 si elle était
parachevée, participant ainsi au développement économique
et touristique de tout le corridor Hull-Montréal.
Il est donc important pour l'industrie touristique de la province de
Québec de créer sur son territoire un lien direct avec la
capitale nationale sans obliger les touristes à passer par la province
de l'Ontario.
Dans un deuxième temps, je voudrais réaffirmer mon appui
à la construction de l'axe Saint-Laurent-Laramée-McConnell devant
joindre les centres-villes de Hull et d'Aylmer et ce, en dépression,
conformément aux plans préparés par le ministère
des Transports. (17 h 30)
Un rapport préparé par le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement suggère de ramener cette artère en surface. Le
conseil municipal de Hull rejetait cette recommandation du BAPE par une
résolution adoptée le 16 mai 1989. Je continue de croire que
l'axe Saint-Laurent-Laramée-McConnell tel que conçu par le
ministère des Transports constitue la meilleure solution pour assurer un
lien rapide entre les municipalités de Hull, Aylmer et Gatineau et ainsi
décongestionner les artères actuelles et futures, favorisant
ainsi le développement résidentiel et industriel de la
région.
En ce qui a trait à la réfection du boulevard Cité
des Jeunes à Hull, je m'assurerai personnellement que les
échéanciers soient respectés. Je laisserai à mes
collègues concernés le soin de faire valoir les arguments
favorables au parachèvement des autoroutes 5 et 13.
Le deuxième volet de mon intervention, M. le Président,
concerne la récupération de la clientèle
québécoise qui se dirige vers des hôpitaux ontariens, au
détriment de nos hôpitaux de l'Outaouais québécois.
Il faut reconnaître que la situation s'est grandement
améliorée au cours de la présente décennie. En
1982-1983, seulement 57,5 % des résidents de l'Outaouais avaient recours
aux hôpitaux de l'Outaouais québécois pour les services
hospitaliers. Les autres résidents se dirigeaient vers les
hôpitaux de l'Ontario.
Cinq ans plus tard, soit en 1987, 77 % des résidents de
l'Outaouais québécois consommaient des services hospitaliers au
Québec, résultat de l'ouverture du Centre hospitalier de Gatineau
et de la mise en place d'un plan de rapatriement de la clientèle qui
consommait des services en Ontario. Même si les crédits obtenus en
1987 se traduiront par une amélioration certaine des services rendus
à la population de l'Outaouais et, par extension, le rapatriement d'un
volume de clients qui consommaient antérieurement en Ontario, il n'en
demeure pas moins que cette première phase ne représente qu'une
étape dans un plan d'action global développé par le
Conseil régional de la santé et des services sociaux de
l'Outaouais, qui a été présenté à la
ministre de la Santé et des Services sociaux à l'automne de 1986.
Compte tenu des montants alloués, cette première phase n'a
touché qu'à certains aspects de la problématique et il est
essentiel qu'elle soit suivie d'une deuxième phase qui devra avoir pour
objectif la consolidation de certaines mesures provenant de la phase I, ainsi
que la création de nouveaux services qui ne sont présentement
disponibles qu'en Ontario ou à Montréal.
Cette phase II visera à desservir 85 % de la clientèle de
l'Outaouais québécois. Pour atteindre cet objectif, le
gouvernement devra consentir à débloquer des sommes d'argent
additionnelles pour permettre à nos hôpitaux de desservir une
clientèle sans cesse grandissante. Il s'agira également de
consolider davantage l'infrastructure des services dans l'Outaouais qui
contribue indirectement au processus de rapatriement, soit en dégageant
les ressources hospitalières qui assurent la récupération
de clients qui se rendaient en Ontario pour obtenir les soins de santé,
soit en assurant le soutien de l'ensemble des opérations.
Afin de pouvoir poursuivre l'opération rapatriement des
clientèles, la région doit recruter à court terme 29
nouveaux médecins spécialistes et ces spécialistes
recherchés appartiendront à 16 spécialités
différentes dont 5 ne comptent actuellement qu'un ou aucun effectif. Ce
sont l'endocrinologie, la médecine interne, la psychiatrie, la chirurgie
thoracique et la médecine nucléaire. À cet égard,
j'espère avoir très "prochainement l'occasion de m'entretenir
avec mon collègue, le ministre de la Santé et des Services
sociaux, M. Marc-Yvan Côté, pour scruter avec lui le rapport sur
le rapatriement des clientèles outaouaises qui consomment des soins de
santé en Ontario, rapport préparé et
présenté par le Conseil régional de la santé et des
services sociaux de l'Outaouais, le 25 août 1988, afin de franchir dans
les plus brefs délais la phase II de ce plan d'action.
M. le Président, je ne pourrais terminer cette intervention sans
souligner l'importance d'un réseau routier moderne qui assume un
dynamisme certain et constitue la base essentielle d'une société
bien organisée, non seulement dans la région de l'Outaouais, mais
dans l'ensemble du Québec. Souvenons-nous, d'abord, que les
gouvernements libéraux qui se sont succédé depuis les 25
dernières années ont mis l'accent sur la construction et
l'entretien d'un réseau d'autoroutes modernes au Québec. La
société québécoise avait un retard important
à rattraper par rapport à d'autres provinces à ce
chapitre. Les ministres des Transports qui se sont succédé ont
maintes fois insisté sur cette nécessité d'établir
des liens de communication modernes et efficaces qui relieraient les
régions les unes aux autres et dont les effets sur les plans
économique, culturel et social sont énormes. Nous avons donc,
comme société, accompli des miracles en investissant des
ressources importantes pour l'édification d'un tel réseau.
Un peu plus tard, soit au cours de la crise qui a frappé
l'Amérique du Nord dans son ensemble et dont les effets se sont fait
sentir au Québec, le gouvernement québécois a
négligé l'entretien du réseau d'autoroutes actuel sur
l'ensemble du territoire québécois. Là encore, les
sacrifices furent énormes en vue d'effectuer un autre rattrapage en
raison de l'inertie de l'ancien gouvernement sur cette question. C'est ainsi
que, dès 1986-1987, le gouvernement québécois a
augmenté les crédits de 10 000 000 $ pour des rénovations
municipales au chapitre de son réseau routier. En 1987-1988, on doit
parler d'une somme de 200 000 000 $ qui fut investie pour les deux
années financières subséquentes, aux fins
d'immobilisations en sécurité routière. Pour
l'année 1988-1989, une somme de 70 000 000 $ fut allouée pour
poursuivre l'amélioration de la sécurité routière
par la construction d'infrastructures et une autre somme de 30 000 000 $ le fut
pour la réfection du réseau régional.
Le nouveau ministre délégué responsable de ce
secteur et député de Richmond affirmait il y a quelques jours
qu'il faudrait investir des dizaines de millions de dollars additionnels pour
éviter la détérioration du réseau routier. Le
ministre délégué a aussi souligné qu'il entendait
accorder la priorité à la restauration des routes existantes,
plutôt que d'en construire de nouvelles. Ainsi, il est plus avantageux et
moins coûteux de consolider les acquis que de rebâtir à
grands frais tout ce réseau.
Enfin, dans le discours inaugural prononcé par le
lieutenant-gouverneur, le présent gouvernement exprime clairement sa
volonté de mettre l'accent sur le développement régional.
Il croit, avec raison d'ailleurs, que les différents leviers de
l'État québécois sont suffisamment consolidés,
modernes et efficaces pour aider un développe- ment cohérent sur
l'ensemble du territoire québécois. Nous pouvons donc affirmer
sans nous tromper que l'implantation d'un réseau routier moderne et
efficace encourage les intervenants dans les régions. Ce dynamisme
aidera à freiner l'exode de nos jeunes et à maximiser le
potentiel des ressources humaines compétentes.
Sur toute cette question touchant le réseau routier et le
développement régional, il faut rappeler l'approche pragmatique
du gouvernement québécois qui consiste à ne pas
standardiser le développement régional. En effet, chacune des
régions a sa personnalité propre. Et ce qui est vrai en
matière de développement régional, l'est tout autant en
matière de réseau d'autoroutes et de réseau routier, comme
je l'ai souligné dans la première partie de mon allocution en ce
qui a trait à la région de l'Outaouais. De plus, le gouvernement
québécois indique clairement qu'à l'égard du
développement régional, il n'a pas l'intention d'adopter une
attitude passive. Bien au contraire, il entend encourager les initiatives du
milieu dans la mesure où elles seront précédées
d'une concertation et d'une discussion de fond entre les différents
intervenants.
On me permettra enfin d'aborder brièvement la question du
réseau de services sociaux et de santé au Québec. Ce point
me paraît particulièrement important dans la mesure où la
société québécoise aura à relever un
défi de taille pour les prochaines années, soit celui de la
démographie et des soins de santé destinés aux personnes
âgées. Là encore, il faut se référer un peu
à l'histoire du Québec moderne pour bien s'y retrouver. Depuis
les 25 dernières années, la société
québécoise a énormément investi dans un
réseau de santé moderne et accessible à tous et toutes,
qui puisse améliorer de façon absolue la qualité de ses
citoyens et citoyennes. Le présent gouvernement a, au cours de son
premier mandat, alloué des ressources importantes en vue
d'améliorer ce réseau pour le rendre efficace. (17 h 40)
Le temps me manque ici pour dresser un bilan complet du gouvernement en
ce qui trait aux mesures qu'il a adoptées dans ce secteur
d'activité. Toutefois, j'insisterai sur un dossier en particulier, soit
celui des orientations gouvernementales en matière de santé et
de. services sociaux. On se souviendra que, le 10 avril dernier, le
gouvernement a rendu publiques les orientations qui marquaient l'aboutissement
d'un long exercice de réflexion auquel les usagers et les artisans du
système québécois de la santé et des services
sociaux furent eux-mêmes étroitement associés. Il s'agit du
rapport de la commission d'enquête qui fut le fruit d'une large
consultation dans toutes les régions du Québec, où plus de
2000 personnes et une centaine d'organismes, d'associations, de corporations
professionnelles, de syndicats et d'organismes communautaires ont eu l'occasion
de faire valoir
leurs points de vue. Ces orientations reflétaient
également le souci exprimé depuis le début de
l'application de ce vaste projet de société qu'est
l'assurance-maladie. Et, plus exactement, il s'agit, au cours des années
quatre-vingt-dix, de solutionner le problème ou les problèmes
actuels du système et de lui permettre de s'adapter, avec plus de
souplesse, aux défis de l'avenir. Le gouvernement vise d'abord, à
orienter les planifications, l'allocation de ressources, la gestion, la
prestation et l'évaluation des services. Il vise, ensuite,
l'égalité d'accès aux conditions de santé et de
bien-être, notamment par l'intervention auprès de groupes plus
vulnérables. Il vise enfin à favoriser l'ouverture de services
sur les autres secteurs de la vie collective pour mieux agir sur les divers
déterminants de la santé et du bien-être. Le gouvernement
du Québec avait alors posé les premiers jalons d'une politique
globale de la santé et du bien-être en précisant les
objectifs prioritaires que le système devait poursuivre.
Dans le discours inaugural qui a été prononcé la
semaine dernière, le gouvernement a également indiqué
d'autres orientations pour le présent mandat. C'est ainsi qu'il a
énoncé ses intentions de poursuivre ses efforts pour assurer aux
Québécois et aux Québécoises un réseau de
santé de qualité en apportant les modifications au système
actuel, lesquelles ont pour but d'assouplir la procédure permettant, par
exemple, à des parents québécois d'adopter des enfants
étrangers.
À l'égard des personnes âgées,
l'Assemblée nationale sera appelée à étudier la
création d'un conseil des aînés susceptible
d'améliorer nos programmes d'aide aux personnes âgées. Le
gouvernement verra aussi à ce que soit créée une
commission chargée d'étudier la mise sur pied éventuelle
d'un fonds de compensation pour les personnes handicapées dans le but de
favoriser une meilleure intégration sociale. D'autre part, le
gouvernement du Québec a déjà proposé une politique
en matière de maladie mentale et l'Assemblée nationale sera
appelée à étudier la loi actuelle pour la rendre conforme
aux orientations ministérielles énoncées en janvier
dernier.
Enfin, M. le Président, la qualité de vie des
Québécois et des Québécoises ne passe-t-elle pas
par l'assurance qu'ils soient bien logés? À titre d'exemple, je
vous citerai l'annonce faite le 22 novembre 1988 par le ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu en ce qui a trait
à l'allocation-logement qui est venue en aide à 51 000 familles.
Le gouvernement avait décidé que cette aide serait
destinée à des familles dépendantes de la
sécurité du revenu et aux familles de travailleurs à
faible revenu qui pourraient recevoir une allocation-logement d'un montant
pouvant atteindre 52 $ par mois. J'ai choisi cet exemple, M. le
Président, pour illustrer concrètement l'esprit dans lequel
travaille le présent gouvernement, à savoir une ouverture
à l'égard des personnes les plus démunies de notre
société. Toujours dans cette perspective d'améliorer leur
qualité de vie, les personnes bénéficiaires d'un tel
programme ne se considèrent pas moins valorisées parce qu'elles
reçoivent une aide de l'État. Bien au contraire, elles doivent
être fières de bénéficier d'un programme concret,
mis sur pied par leur gouvernement qui a le mandat de voir à ce que
disparaissent les inéquités dans une société aussi
moderne que la nôtre.
Personnellement, je suis fier d'appartenir à une formation
politique et à un gouvernement qui a à coeur les
véritables intérêts de la population
québécoise. En relisant le discours inaugural, j'éprouvais
une certaine fierté, M. le Président, de pouvoir travailler au
sein d'un groupe ministériel qui propose des idées
concrètes et réalisables destinées à toutes les
catégories de citoyens de notre société, sans égard
à leur âge ou à leur situation socio-économique. Je
vous remercie de l'attention portée à mes remarques et soyez
assurés que je continue à travailler dans cette idée de
mieux maîtriser notre avenir. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant M. le député de
Jonquière. M. le député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Mes premiers mots, bien
sûr, sont pour manifester la joie que j'ai de me retrouver ici, à
l'Assemblée nationale, puisque, depuis 27 ans... J'entreprends cette
année ma 27e année d'élu, soit à un palier ou
à un autre, soit le palier municipal pour 22 ans et le palier
provincial, de l'Assemblée nationale, pour la cinquième
année. Donc, je pense qu'entre Jonquière et celui qui vous
parle...
Des voix: Bravo!
M. Dufour: ...c'est un pacte indéfectible qu'on a
scellé ensemble la première fois que j'ai eu l'honneur de me
présenter, et je voudrais, pour ce faire, les remercier. Pas parce que
j'ai réussi tout ce que j'ai entrepris, mais personne chez nous ne peut
me reprocher de ne pas avoir essayé de régler et d'avoir
affronté les défis qui nous ont confrontés dans toutes ces
années que nous avons vécu ensemble.
Le but de mon propos n'était pas, bien sûr, de parler de
l'entente du lac Meech. Comme on a eu l'occasion d'écouter les propos -
je ne dirais pas mensongers, parce que ce n'est pas parlementaire - mais les
propos enthousiastes, mais sûrement erronés du ministre de la
Justice concernant l'entente du lac Meech, j'aimerais lui
rappeler que, nonobstant sa compétence et ses croyances, il y a
d'autres personnes que lui qui manifestent des désaccords certains
vis-à-vis la valeur de l'entente du lac Meech. Je veux juste vous citer,
à titre d'exemple, sans vouloir m'étendre longtemps sur le sujet,
M. Roy McMurtry qui a été Solliciteur général de
l'Ontario, qui a été Haut-Commissaire du Canada à Londres,
qui a été un artisan majeur du rapatriement de la constitution,
qui est aussi pour l'accord, mais avec raison, parce qu'il dit - et là
je vois vraiment tout ce qu'il peut penser à travers ça - "cette
clause interprétative sera d'une importance mineure" et, là, il
parle de la société distincte. Et un peu plus loin, il dit qu'en
introduisant cet article, la minorité anglaise au Québec - on lit
ça dans cette entente -ça constitue un élément
fondamental du Canada, la présence de cette minorité.
Donc, en donnant peu... Oui, c'est ça. On donne peu et on dit,
après ça: II y en a qui viennent prétendre ici dans cette
Chambre que c'est bon, mais on a d'autres compétences, et ceux-là
vont peut-être plus loin dans leurs pensées parce que, là,
ils ont peur de tout perdre. Ils ont peur d'être démasqués.
Ils disent: II n'y a rien; cela a été concocté dans un
bout de cuisine, cette affaire-là. Je me demande: Ils mangeaient quoi?
Ils buvaient quoi? Je pense qu'on pourrait se poser n'importe quelle question,
mais on continue à prétendre que l'entente du lac Meech, c'est
que le Québec se fait flouer magistralement et radicalement. Et on le
fait volontairement et c'est ça qu'on va déplorer. Mais,
accepté ou pas, faites-vous-en pas, je pense qu'on peut vivre pareil,
parce qu'on a toujours dit qu'il n'y a rien là-dedans et le jour
où on parle de tribunaux, on va régler tout ça avec les
tribunaux, on se promet des beaux lendemains.
Là-dessus, je voudrais, bien . sûr, revenir au but de mon
propos qui est de parler du discours inaugural qui ressemble, par certaines
parties, au discours que nous avons entendu en 1985 où il y avait une
"pressitude" extraordinaire pour rassembler le monde ici, à
l'Assemblée nationale, parce qu'il y avait des problèmes majeurs
au Québec. Mais, comme ce gouvernement est la continuité du
précédent, là, il n'y a pas trop de problèmes mais
cela a pris un temps de fou à réunir les députés
ici, en cette Chambre, pour qu'on puisse travailler.
Je me rends compte qu'il y a des députés libéraux
actuellement qui se sont ennuyés de parier, qui seraient contents de
prendre la parole et je pense, en les écoutant, qu'ils se croient dans
l'Opposition parce qu'ils commencent à parier des réseaux
routiers, ils parlent de la santé, de l'environnement, comme si ce
n'était pas leur fait, quatre ans de pouvoir, de voir ce qu'on vit
actuellement. Je pense que de ce côté-là, l'habitude de la
Chambre va nous remettre à un propos beaucoup plus compréhensible
vis-à-vis... Et ils vont comprendre que c'est eux qui sont le pouvoir et
ils vont être obligés de défendre leur propre gouvernement.
Moi, je ne suis pas habitué d'entendre des gens au pouvoir dire à
leur gouvernement: Vous n'avez rien fait. Mais il faut décoder au moins,
il faut constater que ce qui est dit, c'est vraiment: On n'a rien fait.
Quand on a deux ministres dans une région, plus trois
députés du même parti et qu'il ne se fait rien, alors
cherchez l'erreur et cherchez le "trouble".
À Jonquière, par rapport au discours qui nous a
été présenté, où on dit que la situation
était catastrophique en 1985, parce qu'on prenait la suite du Parti
québécois, en 1988, on dit: Cela va mal, mais la faute n'est pas
à personne, pas à nous autres, surtout, c'est une constatation.
Là, on est des spectateurs, on suit le courant. On vient de se dire
cela. Mais à Jonquière, par rapport à ce que contient le
discours du trône, où on va? Des problèmes chez nous... On
vient de sortir d'une campagne électorale, qu'est-ce qu'on a dit? Il y a
du chômage chez nous. Comment ce chômage est-il causé? Le
chômage est certainement plus élevé qu'en 1985, à
Jonquière. Et comment c'est causé? Causé par fermeture,
c'est-à-dire par la modernisation et les rationalisations qu'on
opère à l'usine Alcan. Donc, on prend ces usines-là, on en
transporte ailleurs, on les bâtit ailleurs, mais il n'y a rien pour
remplacer. (17 h 50)
Rappelons-nous il y a deux ans, un certain ministre de la Technologie
est venu faire un tour à Jonquière en spectateur, en acteur. Il
n'avait rien à dire quand il est revenu et il n'a encore rien dit et,
que je sache, M. Bourassa ne connaît pas ce qui se passe chez nous,
à Jonquière. Il est bien content qu'on bâtisse des usines,
mais il ne sait même pas comment cela crée de chômage dans
le coin par exemple. Cela, il a oublié cela.
Le deuxième élément qui se passe à
Jonquière, comme perte d'emploi et qui crée du chômage
supplémentaire: Abitibi-Price, qui est une compagnie de papier a aussi,
bien sûr, à subir la concurrence, la hausse du dollar, les taux
d'intérêt et le reste et le reste. Encore là, Abitibi-Price
a décidé de diminuer le nombre d'employés sans diminuer
nécessairement la capacité de production pour encore amener une
rationalisation de ses profits ou de ses rendements, ce qui fait que, au bout
de la course, ce n'est pas juste à Grand Falls, à Terre-Neuve,
qu'il se pose des problèmes, il y en a à Jonquière. Il y a
du monde qui sacre le camp dehors.
Cascades, qui est une autre entreprise manufacturière ou
industrielle chez nous, parce que la faiblesse des marchés est aussi,
pour la première fois depuis les quatre dernières
années... a arrêté sa production pour quinze jours,
actuellement, et possiblement qu'il y aura d'autres arrêts avec le temps,
ce qui fait qu'il y a un chômage qui commence à s'installer chez
nous. La valeur ou la qualité de ce comté, qui était de la
production industrielle, qui était la plus grande source d'emplois
industriels dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, souffre
actuellement d'une carence et d'une maladie et, à ce moment-ci, on ne
peut pas se fier sur le discours qui nous a été
présenté, ni sur le gouvernement actuel pour pallier le
problème qu'on a. C'est tout ce que je vois dans ce discours qui nous a
été présenté au début. C'est à
l'effet qu'il faudrait peut-être favoriser la formation de la
main-d'oeuvre et faciliter l'intégration professionnelle mais pas en
fonction du chômage qui est créé actuellement par
l'industrie, en fonction du BS pour diminuer les coûts que le
gouvernement a a payer pour les gens qui sont sur le bien-être social; ce
n'est pas en fonction d'une reprise en main de son économie et de venir
à aider et à développer l'industrie chez nous. La
réponse c'est non. Il n'y a rien dans ce discours-là. On parle
des aptes et des inaptes. Mais il n'y a rien qui nous dit comment on pourrait
faire pour reformer la main-d'oeuvre, comment on pourrait la recycler et
comment on pourrait lui donner cette formation.
Qu'est-ce qu'on ferait pour ramener par exemple dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean un megaprojet qui permettrait... Ils augmentent partout
la production industrielle et la seule région qui a été
oubliée c'est la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Est-ce que
cela vous confirme ce que le ministre de la Santé et des Services
sociaux a été dire dans d'autres régions: Vous
n'êtes pas du bon bord. On va vous faire crever. C'est ça, la
démocratie? C'est ça, l'ambition qu'un gouvernement peut avoir de
venir écraser les régions qui ne pensent pas comme eux autres,
qui ne sont pas du bord du gouvernement? C'est quoi cette folie-là? Moi,
j'appelle ça de la folie furieuse. On est pire que dans le temps de
Duplessis. On est dans l'ère "bouras-sienne". Bourassa est pire que
Duplessis de ce côté-là. Il ne faut pas se le cacher. C'est
honteux! Il n'a pas été remis à l'ordre. Le premier
ministre a sûrement acquiescé parce qu'il n'a pas défendu
ce dossier-là. Il semble que c'était .correct que ça se
dise comme ça: Si vous ne votez pas pour nous autres, vous n'aurez pas
votre pont. Folie, folie furieuse. On accepte ça en 1989. Les
Québécois vont venir à en avoir ras-le-bol de se faire
botter le derrière sans réagir. Ce que je souhaite, c'est le jour
où ils vont se lever debout, ils vont se défendre et ils vont
dire aux gens: Ce n'est pas de même qu'on va développer le
Québec et un pays.
Ce qui se passe dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
ça se passe ailleurs, mais chez nous c'est dramatique. Il n'y a pas
beaucoup de tribunes pour le dire parce que c'est un gouvernement qui
écoute et qui ne comprend rien. Ce n'est pas compliqué. On va
leur répéter. Il y a des manques d'emploi. Qu'on arrête de
se péter les bretelles et de se flatter la bedaine en disant: Ça
va bien au Québec. Ça va bien, il y a trois fois plus de
chômage à Montréal qu'à Toronto. Et le chômage
a été augmenté et chez nous il est certainement à
12 ou à 14% dans la région de Jonquière et il ne se fait
rien. C'est indifférent. Toute la structure qui est faite pour recevoir
ce monde-là. La population est en train de se vider. Cela ne
dérange pas. On a de l'argent. Quand on fait des contrats et qu'on fait
du développement, ça favorise des "churns". Il y a du monde qui
travaille. Il y a d'autre monde, mais tout ce qui est laissé pour compte
c'est inacceptable. On dit: On est des bons administrateurs. J'en reviens bien
de ces administrateurs-là. Je peux vous dire et je peux vous donner
quelques petits conseils pour vous montrer comment ça s'administre des
biens publics. Je l'ai dit au début de mon propos, ça fait 27 ans
que je sers ma population. Je ne les ai pas organisés comme il y en a
qui sont en train de se faire organiser. Chez nous, c'était une
administration transparente et ouverte. Le monde savait ce qui se passait.
Parlons de la santé astheure parce que le fait d'avoir des
industries chez nous, il y a quelques petits problèmes aussi qui sont
soulevés. Il y a des études qui ont été faites.
Statistiquement parlant, ICOBES a fait une étude où il
décèle qu'il y a 2 fois plus de monde qui meurt actuellement
à Jonquière que n'importe où ailleurs dans la
région, et même au Québec. Belle constatation! Il ne
faudrait pas le dire. Ça n'a pas de bon sens, il meurt plus de monde
à Jonquière. On avait de l'industrie chez nous. Est-ce que
ça dépend des causes industrielles? Je ne cherche pas des causes
nécessairement, mais je vous dis que c'est une constatation. Pour
pallier à ce problème qu'on a, on a un CLSC de troisième
génération, c'est-à-dire les moins subventionnés,
donc des services moindres. C'est ça que ça veut dire. Le monde
meurt durant ce temps-là. Une population vieillissante, trois centres
d'accueil dont deux... Il y en a un que je ne qualifierai pas. Je ne voudrais
pas qu'il arrive un accident parce que je vais vous tenir responsable, le
gouvernement, d'avoir enduré ça. Ça fait cinq ans que je
dénonce cet état-là et personne ne s'en occupe ou si peu,
ou tellement peu.
Deux centres d'accueil qui auraient besoin de rénovations. On est
traités à peu près pareil comme l'ensemble du
Québec. Il ne s'est rien fait dans les quatre dernières
années, ce n'est pas compliqué. Mais disons-nous qu'on pourrait,
on aurait pu et on devrait pallier à ça. On est en train
actuellement de privatiser tous les centres d'accueil. Ça pousse comme
des petits
pains chauds. On est rendus actuellement que, dans tout le
Québec... Regardez les centres d'accueil privés qui s'ouvrent un
peu partout. Tous les centres d'accueil reçoivent des gens à peu
près autonomes. Il n'y a pas beaucoup de contrôle qui se fait de
la part du gouvernement. Mais on se ferme les yeux, il n'y a rien là.
Mais des centres d'accueil où on aurait besoin de soigner le monde et de
le servir, on n'en a pas.
Parlons donc des centres de soins prolongés chez nous aussi
où il y a un autre problème, parce que c'est tout relié
à la santé. Il y a 100 personnes de Jonquière et de
Chicoutimi qui sont à Métabetchouan ou à
Saint-Jérôme, 25 à Rober-val; il y a 40 demandes par
année et 29 qui ne sont pas comblées parce qu'il en meurt
seulement onze. On n'est donc pas chanceux! Mais il y a un déficit
global. On transplante les gens d'une place à l'autre en les
séparant de leur famille. On appelle ça un gouvernement humain.
La réponse à ça: On fait un Conseil des
aînés. Ça fait deux années qu'on fait des
élections et qu'on dit: On va vous faire un Conseil des
aînés. C'est comme ça qu'on répond aux besoins des
personnes âgées, des personnes du troisième âge.
Ça, c'est un gouvernement qui est fin. Une poignée dans le dos,
crevez. C'est ça qu'on leur dit carrément. Il n'y a rien de
prévu. Il faudrait peut-être que les gens commencent à
constater et il faut dénoncer cette attitude, ce laxisme d'un
gouvernement qui est indifférent devant la misère, qui ne s'en
occupe pas.
Le troisième élément que je voulais soulever dans
mon propos... Je pourrais parler de l'environnement qui est très
important, mais je voudrais vous parler, bien sûr, du transport parce que
je pense que j'aurais eu du matériel pour parler durant plusieurs
minutes, plusieurs dizaines de minutes pour vous expliquer quels sont les
problèmes dans lesquels on vit.
Parlons du transport. On parlait tout à l'heure du réseau
routier. On a une entente qui va finir en 1991, qui a été
signée entre le Québec et le fédéral concernant
l'autoroute Alma-La Baie. Durant les quatre dernières années,
malgré qu'il n'y avait aucun problème d'entente entre les
parties, le gouvernement du Québec, sur 25 000 000 $, a réussi
à dépenser ou va réussir, avec cette année, en
forçant, à peu près 7 000 000 $, ce qui fait qu'il y a 18
000 000 $ qu'on est en danger de perdre. Le gouvernement fédéral
et le ministre des Transports fédéral l'ont bien dit: Si vous
n'engagez pas et ne dépensez pas d'argent, il y a des chances que vous
n'en ayez pas.
Donc, il y a un bout Alma-La Baie. On a un bout de route actuellement;
on a réussi de peine et de misère, en poussant à tour de
bras, à faire un petit bout, un viaduc, en une année. En trois
ans, on a fait un viaduc sur un boulevard et, pour l'année qui vient, on
a à peu près trois kilomètres en plein champ, où il
n'y a aucun obstacle. C'est ça qu'on a fait et c'est dangereux qu'on
perde à ce moment ces montants d'argent.
Il y a, bien sûr, l'autoroute des Laurentides. Il y a un mouvement
qui s'appelle: Accès Bleuets...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je m'excuse de vous interrompre, mais, compte tenu de
l'heure - il est 18 heures - les travaux doivent être suspendus
jusqu'à 20 heures, à moins qu'il n'y ait un consentement pour
quatre ou cinq minutes.
M. Gendron: M. le Président, je pense que, effectivement,
pour ne pas couper l'inspiration de mon collègue, vu qu'il ne reste que
cinq minutes pour épuiser son temps de parole de vingt minutes, je
solliciterais un consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement. Alors, M. le député, je vous
écoute jusqu'à 18 h 5 et, à 18 h 5, je suspendrai.
M. Dufour: Merci, M. le Président, de votre
compréhension. Je parlais de la route des Laurentides où il y a
effectivement des besoins immenses. Il y a un mouvement qui s'appelle
Accès Bleuets et qui insiste pour obtenir une route à quatre
voies, mais, en attendant, comme c'est un gouvernement cassé, comme il y
a eu une administration du Parti québécois qui les a
cassés, bien là, il faudrait peut-être être
com-préhensif, mais exiger qu'on fasse des améliorations au plus
sacrant et le plus possible pour qu'on puisse circuler en
sécurité. Sur dix promesses qui ont été faites par
l'ex-ministre des Transports, l'an passé, il en a rempli une, il a mis
des cisailles pour dégager les gens qui se font tuer sur la route. C'est
ça. Des grosses promesses, mais le système
téléphonique n'existe pas et les études de
rentabilité, ça n'existe pas. Il n'y a rien de fait. Donc,
promesses, promesses, promesses! Tout n'est que chimères; ça
n'arrive à nulle part, on ne va nulle part.
Un troisième élément, bien sûr, c'est le
réseau routier, c'est la voirie municipale, mais ce n'est pas seulement
dans la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est dans l'ensemble du
Québec où il y une négligence extrême. Ne cherchons
pas. Le ministre délégué aux Transports est celui qui, en
1985, avait promis, au nom de son gouvernement, à la condition qu'il
prenne le pouvoir, qu'il investirait 2 000 000 000 $ pour améliorer et
pour refaire le réseau routier. En 1989, lorsqu'il s'est
présenté à sa convention, là il a compris. Il a
fini par comprendre que c'était trop gros, la province. Il a
décidé de revenir à son comté et il a dit: La
priorité première que j'aurai à remplir lorsqu'on
reprendra le pouvoir, c'est de m'occuper du réseau routier de mon
comté. Il faudra faire
attention, les députés qui sont dans cette Chambre pour
que tout l'argent n'aille pas dans le comté de Richmond parce qu'il y en
a qui vont être laissés pour compte.
Et bien sûr, on est obligé, vu le temps, de tenir un propos
très rapide. Mais je voudrais vous rappeler, comme porte-parole de
l'Opposition en matière d'affaires municipales, qu'il n'y a pas
grand-chose qui nous concerne dans le discours sur le budget. Je voudrais vous
rappeler que ce gouvernement manque d'imagination. J'ai dénoncé
le programme AIDA, symphonie inachevée, pièce musicale qui a
été mal concoctée et qui va donner, susciter beaucoup
d'appétit, mais qui en fait va donner un orchestre très
"désharmonieux". Je veux vous donner comme exemple - et ça ce
sont les chiffres gouvernementaux - qu'il y a actuellement 385 projets en
demande pour un montant de 331 600 000 $ environ. Ce programme ne contient
comme aide gouvernementale que 75 000 000 $ répartis sur cinq ans.
Si ce n'est pas ça de créer des appétits, de les
laisser tomber en chemin, moi, je vous accuse à ce moment-ci, j'accuse
le gouvernement actuel de ne pas remplir son devoir et surtout de n'être
pas complètement honnête avec les gens.
Un autre élément qui est surprenant, c'est la
revitalisation des centres-villes où il y a eu 87 municipalités
sur 150 qui ont joui de ce programme. Le gouvernement du Québec a
investi 73 000 000 $, les gouvernements municipaux, les entités
municipales, 85 000 000 $. Et il y a eu des retombées directes et
indirectes de 388 000 000 $, ce qui fait qu'il y a un programme qui a permis au
Québec des investissements, d'une façon ou de l'autre, de 546 000
000 $. En salaires, 268 000 000 $. J'appelle ça un gouvernement qui a de
l'imagination. Je dis, en conclusion sur ce sujet, que les impôts
perçus des travailleurs ont fait plus, ont ramassé plus d'argent
que le gouvernement n'a investi.
Malheureusement, M. le Président, le discours d'ouverture est
muet sur ce qui se passe. Encore là, j'ai ouï-dire et j'entends
parler que la réforme fiscale qui a eu lieu en 1979 est en frais de
sacrer le camp et de prendre le bord. Actuellement, au moment où on se
parle, il y a des gens à Québec, dans le gouvernement, qui
remettent en cause toute la question de la fiscalité municipale et qui
veulent réembarquer ou réintroduire le monde scolaire dans le
champ de l'impôt foncier. Je pense que je me dois de le . dénoncer
et vous dire que de ce côté-là, on ne le tolérera
pas.
Vous me faites signe, bien sûr, que mon temps est
écoulé. Je ne voudrais pas retarder les gens qui ont certainement
bien de l'appétit. J'espère qu'ils pourront digérer ce que
je leur ai dit en si peu de mots. J'aurai l'occasion, bien sûr, de
rappeler à ce gouvernement qu'on doit... D'abord, il y a un temps pour
penser aux régions. Il y a un temps aussi pour penser aux
municipalités. Et si on veut se faire un gouvernement à
l'écoute, comme un pays, un jour, il faudra bien qu'on finisse par
prendre nos responsabilités. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Sur ce, compte tenu de l'heure - 18 h 5 - je suspends les
travaux jusqu'à 20 heures. Bon appétit à tous!
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Cannon): Mesdames et messieurs,
veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Alors, nous en sommes à la reprise du débat portant sur le
discours d'ouverture prononcé par le premier ministre. Je suis
prêt à reconnaître le premier intervenant, Mme la
députée de Bellechasse.
Mme Louise Begin
Mme Begin: Merci, M. le Président. Si vous me permettez,
j'aimerais vous féliciter de votre nomination et vous assurer de mon
entière collaboration dans les travaux de cette Chambre.
Si vous me permettez, également, M. le Président,
j'aimerais adresser mes premiers mots aux électeurs de mon comté,
pour les remercier de la confiance qu'ils m'ont témoignée, le 25
septembre dernier, en renouvelant mon mandat de députée de
Bellechasse. Cette élection aura permis au Parti libéral de
mettre fin à une tradition voulant que, dans Bellechasse, un
député ne fasse qu'un mandat.
Des voix: Bravo!
Mme Begin: Bellechasse est un comté rural groupant 34
municipalités, dont les principales sont Lac-Etchemin, Saint-Damien,
Saint-Anselme, Sainte-Claire, Saint-Charles et Sainte-Justine. Ce comté
de 30 000 électeurs trouve ses moyens de subsistance principalement dans
les secteurs agricole, forestier, dans le tourisme, dans les entreprises et le
commerce. Sept dixièmes de nos emplois manufacturiers dans la MRC de
Bel-» léchasse se trouvent dans le secteur des plastiques. En
effet, Bellechasse est en tête de file dans ce domaine et ça, au
niveau canadien. Voilà donc un honneur dont je suis fière,
d'autant plus qu'au cours de mon premier mandat, mon gouvernement reconnaissait
cet état de fait en créant un centre des plastiques et en
octroyant un montant de 2 500 000 $. Ce centre comprendra trois volets: celui
de la formation, un laboratoire ainsi qu'un incubateur d'entreprises. Ce n'est
pas
tout puisque, dans Bellechasse, on peut aussi s'enorgueillir d'avoir sur
son territoire le troisième plus gros employeur de l'est du
Québec, et je veux parler de Prévost Car qui est connu
internationalement pour la fabrication de ses autobus.
Bellechasse est aussi une région renommée pour ses
activités de chasse et de pêche et j'ai été
très fière, au cours de mon premier mandat, de participer
à la mise en place d'un poste satellite de conservation à
Saint-Camille, tout cela, naturellement, allant dans les grands objectifs du
MLCP, à savoir la protection de la faune et des habitats fauniques. De
plus, l'association HO-FAU est sur le point d'être
accréditée comme partenaire dans l'exploitation faunique.
Dans le domaine de la santé, Bellechasse peut se réjouir
de posséder deux CLSC, un centre hospitalier, deux centres hospitaliers
de soins longue durée ainsi que plusieurs CAH. J'ai été
heureuse, au cours de mon mandat, de contribuer à l'amélioration
de la qualité des soins des gens de mon comté en
débloquant, entre autres, environ 300 000 $ pour la mise sur pied d'une
buanderie régionale au sanatorium Bégin et d'augmenter les
budgets de fonctionnement de plusieurs CAH de mon comté. Je voudrais, M.
le Président, à ce stade-ci, assurer mes électeurs que je
continuerai d'être à leur écoute afin de bien les
servir.
Voilà un peu ce que j'avais à vous dire sur mon
comté. En me reportant au pouvoir, les électeurs de Bellechasse
ont manifesté leur appui aux quatre grands objectifs de notre parti,
à savoir: travailler au développement économique du
Québec, améliorer l'éducation et la formation
professionnelle, améliorer la qualité de l'environnement et
assurer le redressement démographique et l'avenir du fait
français.
Vous allez me permettre, M. le Président, au cours de cette
allocution, de n'aborder qu'un seul thème, soit le redressement
démographique et l'avenir du fait français, laissant ainsi
à mes collègues de ma formation politique tout le loisir
d'aborder les autres thèmes.
Présentement, le Québec est, parmi les
sociétés occidentales, celle qui a connu les chutes les plus
rapides de son indice de fécondité. Si l'on maintient un taux de
1,4 % enfant par femme, combiné au vieillissement de notre population,
on risque de freiner à court terme notre développement
économique et ainsi de mettre en péril notre identité.
L'avenir mpme de certains programmes sociaux est menacé si on ne change
pas de manière déterminante les données fondamentales de
la réalité démographique du Québec.
Dans le domaine de la santé, l'impasse budgétaire est
prévisible. En effet, les hausses des coûts projetées
découlent en bonne partie des personnes âgées de plus de 65
ans. En 1987, celles-ci se prévalaient de 35 % à 40 % des soins
de santé bien qu'elles ne représentent que 9 % de la population.
Le vieillissement de la population exerce une pression accrue sur la demande en
services de santé, alors que la diminution du nombre de jeunes viendra
réduire le bassin de contribuables en mesure de les financer.
À l'instar du domaine de la santé, les études
actuarielles de la Régie des rentes du Québec démontrent
qu'il faudra augmenter les entrées de fonds si on veut pouvoir faire
face aux obligations envers les cotisants. Alors qu'en 1981, le régime
comptait sept cotisants pour un retraité, cette proportion diminuera
à cinq pour un dès l'an 2000.
De plus, la diminution des naissances jette une ombre sur l'avenir de
notre société française d'Amérique. Le
Québec risque de connaître un déclin de son dynamisme
culturel et un affaissement de sa force d'attraction auprès de ceux et
celles qui ont choisi d'y immigrer. Pour freiner la tendance au déclin
démographique, le Parti libéral entend agir sur deux plans, soit:
1. en créant un cadre favorable aux parents et aux enfants par un
soutien à la famille; 2. en maintenant un sol migratoire positif tout en
s'assu-rant de l'intégration des immigrants à la majorité
francophone.
Je ne vous surprendrai pas, M. le Président, en vous disant que
le Parti libéral reconnaît la famille comme la base de notre
société et que la politique familiale que l'on a
développée au cours de notre premier mandat le prouve. N'a-ton
pas réduit les impôts pour les familles à faible et
à moyen revenu, éliminant ainsi complètement les
impôts des particuliers pour 45 000 familles à faible revenu et
baissant substantiellement les impôts pour 300 000 autres familles
à revenu moyen? N'a-t-on pas non plus aboli la
récupération des allocations familiales? N'a-t-on pas
créé un nouveau programme d'aide aux parents pour le revenu de
travail? N'a-t-on pas développé 19 000 places en garderie et
adopté l'énoncé de politique des services de garde qui
créera 60 000 places au cours des prochaines années et, cela,
nonobstant le retrait du fédéral?
Ce ne sont là, M. le Président, que quelques-unes des
mesures les plus connues qui se sont traduites par un apport pécuniaire
de près de 1 000 000 000 $ pour le soutien aux familles depuis 1985.
Bien que ces réalisations soient substantielles et tangibles, on se doit
de continuer. C'est pourquoi, au cours d'un second mandat, le gouvernement
libéral mettra toutes ses énergies pour modifier les normes
minimales de travail afin d'y introduire une plus grande flexibilité
dans les conditions et cela, pour permettre aux parents de s'acquitter de leurs
obligations.
Les modifications seront les suivantes: Premièrement, ajouter au
congé de maternité actuel de 18 semaines un congé de
naissance de
34 semaines accessible soit au père, soit à la
mère, portant ainsi le congé total à un an.
Deuxièmement, on accordera aux personnes salariées ayant des
obligations parentales le droit de refuser d'effectuer du travail en temps
supplémentaire si l'employeur a omis de les aviser au moins douze heures
à l'avance que leurs services sont requis après leur
journée de travail. On renforcera également la présomption
de congédiement illégal des parents qui se prévalent d'un
congé parental en précisant qu'il continue de s'appliquer au
moins 20 semaines après le retour au travail. Et, enfin, M. le
Président, on accordera à chaque parent une réserve
annuelle de cinq jours de congé sans traitement afin de satisfaire
à des besoins ponctuels de garde, de santé ou d'éducation
d'un enfant. Le gouvernement libéral désire que ces
améliorations soient en vigueur avant le 1er juin 1991.
Vous vous souviendrez, M. le Président, qu'en décembre
1988, le Parti libéral a décidé de maintenir
intégralement ses objectifs en matière de développement
des services de garde. Mais afin de mieux répondre à une gamme de
besoins variés, il croit nécessaire d'enrichir certains volets de
cette politique, à savoir le développement des services de garde
de soir, de nuit, de fin de semaine et de période estivale. Ainsi, nous
pourrons remédier à une situation dont les parents
concernés se plaignent depuis longtemps.
Ce sont là, M. le Président, les solutions que notre
gouvernement préconise pour son deuxième mandat, afin de
favoriser une remontée démographique au Québec. Cependant,
à court terme, l'immigration peut retarder de plusieurs années la
décroissance appréhendée de la population
québécoise. Et cela, selon des études, l'entrée de
40 000 immigrants à partir de 1990 pourrait contribuer à retarder
de 22 ans la décroissance de la population québécoise si
le taux de fécondité se maintient à 1,4 enfant par femme.
Le gouvernement doit donc favoriser une hausse progressive et réaliste
du volume d'immigrants afin d'éviter une décroissance de la
population et de ralentir ainsi son vieillissement. La sélection des
immigrants ne peut cependant être discriminatoire et aller à
rencontre de tel ou tel groupe d'immigrants. Elle doit tenir compte de la
réunification des familles et faire place à des
considérations humanitaires et des possibilités
d'employabilité. Naturellement, il faudra aussi accroître la venue
d'immigrants investisseurs ou disposant de compétences professionnelles
particulières et d'intérêt pour le Québec.
L'immigrant qui viendra au Québec devra absolument
s'intégrer à la majorité francophone. C'est ainsi que tout
au long du processus d'immigration le Québec doit penser et agir en
fonction de cette intégration et, pour ce faire, nous allons
améliorer la formation linguistique de base dispensée aux
immigrants non francophones par l'accès, entre autres, à des
cours de français, la mise sur pied d'allocations de dépenses et
de frais de garde nécessaires à la fréquentation de ces
cours, la négociation avec le gouvernement fédéral de
programmes de formation linguistique afin que tous les immigrants qui ne
parient pas le français et qui se préparent à l'emploi
puissent être admis aux programmes financés par le gouvernement
fédéral et cela naturellement, M. le Président, c'est en
attendant la conclusion de l'accord du lac Meech. De plus, on mettra sur pied
des cours adaptés de francisation pour les immigrants
analphabètes.
L'intensification des efforts de francisation des immigrants avant
même leur arrivée au Québec. Le Québec entend
assurer et développer son caractère de société
distincte. Notre gouvernement prend donc les moyens pratiques de cette
affirmation par des orientations économiques et budgétaires
responsables et aussi par une politique de l'immigration à la fois
généreuse et soucieuse de notre avenir collectif. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, Mme la
députée de Bellechasse.
Je cède maintenant la parole au député de
Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir et avec beaucoup d'intérêt que j'entreprends en cette
enceinte, à cette Assemblée nationale, mon quatrième
mandat pour défendre les intérêts de l'ensemble du peuple
québécois ainsi que les intérêts des
électeurs et des électrices du comté de Duplessis.
M. le Président, je voudrais vous rappeler en passant, avant de
passer directement au contenu du discours inaugural qui a été
énoncé par le premier ministre du Québec, des paroles qui
avaient été prononcées par l'ancien premier ministre du
Québec, M. René Lévesque, en date du 25 novembre 1976,
suite aux élections du 15 novembre. Ce dernier avait
déclaré ceci aux membres du Conseil des députés du
Parti québécois, et c'étaient les paroles suivantes: "Vous
êtes maintenant des élus de cette Assemblée nationale du
Québec. Certains et certaines d'entre vous ont obtenu des postes clefs
au sein de mon gouvernement, mais votre premier devoir est d'abord et avant
tout de défendre les électeurs et les électrices de vos
comtés respectifs et ce, sans égard aux allégeances
politiques". Ce que je peux vous dire, M. le Président, c'est qu'au
cours de ces treize années où j'ai été
député à l'Assemblée nationale, c'est cette
consigne de M. Lévesque que j'ai respectée tout au cours de mes
trois premiers mandats, et j'entends faire exactement la même chose
au
cours de ce quatrième mandat.
Le discours inaugural qui a été prononcé par le
premier ministre du Québec donnait un état de situation sur
l'ensemble d'à peu près quarante dossiers qu'il travaillait
lui-même, en tant que premier ministre, et aussi avec son propre
gouvernement au cours des quatre dernières années et où la
grande majorité de ces quarante dossiers n'ont pas vu le jour
d'être réglés au cours de ces quatre premières
années de mandat. À l'intérieur du discours inaugural,
?n peut remarquer aussi qu'il n'a été proposé aucune
solution de rechange face à l'attitude gouvernementale. Il n'a
même pas proposé quelque solution que ce soit pour en arriver au
règlement de certains dossiers.
Quant à moi, et quant à mes collègues de
'Opposition, j'en suis assuré, ce discours inaugural ressemble beaucoup
plus aux autres qui furent prononcés en cette Assemblée nationale
depuis le 2 décembre 1985: un paquet de voeux pieux, un paquet de
grandes hypothèses sans solution. On sait très bien que ce
gouvernement agit lorsqu'il y a du feu, lorsqu'il y a des pressions populaires,
lorsqu'il y a trop d'opposition dans la population. Mais, pour le restant, il
pellette la neige en avant. On l'a vu dans différents dossiers, dont les
heures d'ouverture. On l'a vu dans le cas des frégates. On l'a vu aussi
dans le domaine des pêches. Et ça lui permet pendant ce temps de
ne pas décider, donc de ne pas gouverner. (20 h 20)
M. le Président, du discours du représentant de la reine
d'Angleterre, parce que, pour le Parti ibéral du Québec, c'est
important, la reine d'Angleterre, j'ai pris la peine de relever deux sxtraits.
Premièrement, en page 17 du discours du représentant de la reine,
il était mentionné ceci: "Par ailleurs, le gouvernement entend
accroître ses efforts de négociation avec les autochtones afin de
faciliter le développement économique et social de leur
communauté et de poursuivre l'harmonisation de ses relations avec
chacune des nations concernées."
Et, plus loin, à la page 34, parlant des pêcheries: "Pour
le Québec, le secteur des pêches maritimes et de l'aquiculture
constitue un outil de développement régional à fort
potentiel. En raison des fluctuations des prix du marché et de la
ressource au cours des dernières années, cette industrie fait
face à des difficultés qui l'empêchent de relever
efficacement les défis auxquels elle est conviée. Le gouvernement
informera donc cette Assemblée des efforts qu'il entend déployer
dans ce secteur afin de doter l'industrie des moyens lui permettant de
rationaliser et de consolider ses assises et d'améliorer sa position
économique dans l'Est canadien."
M. le Président, je voudrais vous dire que, au sujet des
pêcheries... Je vais revenir à la question des autochtones parce
que c'est surtout sur cette question des communautés autochtones que va
porter l'ensemble de mon allocution. Dans le domaine des pêcheries, je
voudrais bien savoir de la part de ce gouvernement libéral pourquoi, au
cours des quatre dernières années, nous avons perdu plus de 2000
emplois, directement et indirectement, dans le domaine des pêches dans
l'Est du Québec. Je voudrais bien savoir pourquoi.
Je voudrais bien savoir pourquoi aussi, M. le Président, sept ou
huit usines qui comptaient des travailleurs et des travailleuses qui
travaillaient à la transformation des produits de la mer, peu importe
dans quelle espèce, sont actuellement fermées, et ce, depuis
maintenant plus de deux ans.
Et, lorsque ce gouvernement se targue de dire qu'il règle les
problèmes dans l'ensemble du domaine des pêches au Québec,
je peux vous dire, M. le Président, que ce gouvernement se trompe
royalement, et on le sent dans les régions de pêche comme la
mienne. On le sent aussi en Gaspésie, on le sent aux
îles-de-la-Madeleine, que ce gouvernement ne fait pratiquement rien dans
le domaine des pêches.
Quant au premier ministre, lui-même, il a laissé la reine
parler, il a laissé le représentant de la reine parler. Mais,
quant au premier ministre lui-même, en aucun temps dans son allocution,
il n'est intervenu sur la question des communautés autochtones du
Québec ou, encore, il n'est intervenu sur la question des pêches
au Québec.
M. le Président, mon allocution va porter surtout sur les
communautés autochtones, et vous comprendrez très bien pourquoi.
Dans l'ensemble du discours inaugural qui était prononcé soit par
le représentant de la reine ou par le premier ministre du Québec,
sur la question des communautés autochtones, quatre lignes plus un mot.
Écoutez bien. Quatre lignes plus un mot pour couvrir l'ensemble des dix
nations autochtones du Québec, pour couvrir l'ensemble de tous les
dossiers autochtones du Québec. Et ça me fait rire d'entendre le
premier ministre du Québec et certains des membres de cette
Assemblée nationale du Québec, du côté
libéral, se targuer de régler tous les problèmes et de
faire avancer tous les dossiers.
Donc, un petit paragraphe, quatre lignes seulement plus un mot qui
s'ajoute à ces quatre lignes. Et les résultats sont
extrêmement désolants pour l'Opposition, pour les
communautés autochtones et pour les Québécois et les
Québécoises. En passant, ce gouvernement libéral n'a
traité le dossier des communautés autochtones, des nations
autochtones du Québec que pendant quelques heures au cours de ses quatre
premières années de mandat, soit ici même au salon bleu de
l'Assemblée nationale ou encore en commission parlementaire sur des
projets de loi et, en plus, sur les engagements financiers et les
crédits.
Ça démontre son peu d'intérêt, son peu de
transparence et son peu de vouloir dans un dossier aussi important, se
rapportant aux questions suivantes: Question territoriale. La question des
négociations Conseil attikamek-montagnais. La question des droits des
autochtones relativement à la chasse, la pêche et le
piégeage. Et, bien sûr, tous les faits divers qui se passent
depuis quatre ans au Québec, se rapportant aux conseils de bande et au
peuple et aux nations concernées, à Kahnawake par rapport aux
Mohawks, à Kanesatake par rapport aux Mohawks, et au lac Barrière
par rapport aux Algonquins. Ce sont des dossiers chauds actuellement et tout ce
qu'on entend de ce gouvernement et en particulier du ministre
délégué aux Affaires autochtones. Il ne faut pas parler,
il ne faut pas brouiller les cartes, je suis en négociation avec eux. Je
parle avec eux, mais ça se fait toujours en catimini. Mais, en bout de
ligne, il n'y a jamais de problèmes qui se règlent.
M. le Président, quant aux problèmes vécus dans ces
dossiers chauds, quant aux problèmes vécus par les
communautés autochtones, ces hommes et ces femmes, ces familles
autochtones, j'en passe, ce n'est pas en 20 minutes sûrement que je
pourrai faire le point sur l'ensemble de la situation.
D'autre part, je parlerai plus à fond de certains dossiers pour
faire comprendre à tous et à toutes, c'est-à-dire à
tous les membres de cette Assemblée nationale et à toutes les
personnes qui nous écoutent, l'importance que devrait porter
l'Assemblée nationale et le gouvernement aux nations autochtones du
Québec.
Premièrement, les vols à basse altitude dans le
comté de Duplessis et au Labrador. Pour l'Opposition du Parti
québécois, il n'est pas question que le comté de Duplessis
et le Labrador deviennent une zone de bombardement pour les F-18 de l'OTAN.
Nous sommes solidaires des nations montagnaise et attikamek en
réagissant à la publication d'une étude
réalisée par le ministère de la Défense nationale
portant sur les incidences environnementales d'activités
aériennes au Labrador. Remarquez bien, M. le Président, portant
seulement sur les incidences environnementales et non pas sur les peuples inuit
et montagnais de cet ensemble du territoire.
L'étude en question en arrive à la conclusion que le
projet d'une base militaire de l'OTAN, n'aura que des effets mineurs sur
l'environnement. Rien n'est moins certain. D'abord, il est curieux que
l'étude d'impact ait été produite par le promoteur
même de la base, en l'occurrence le ministère de la Défense
nationale du Canada. Deuxièmement, nous, comme Opposition, nous
déclarons solidaires des milliers d'Amérindiens et
d'Amérindiennes du Nord-Est québécois et du Labrador qui
risquent grandement d'être perturbés par les vols à basse
altitude des F-18 et de tout autre avion de combat utilisé par
l'OTAN.
À mon point de vue, tous les Québécois et toutes
les Québécoises doivent appuyer les nations montagnaise et
attikamek pour défendre l'intégrité et l'environnement du
Nord-Est québécois. Ce territoire n'est pas seulement celui des
milliers d'Amérindiens qui y vivent encore des activités
traditionnelles telles la chasse, la pêche et le piégeage, mais il
est aussi le territoire de l'ensemble du peuple québécois. Et
qu'on se rappelle, sur la question du Labrador, que jamais aucun gouvernement
du Québec qui a suivi depuis le 2 mai 1927, nous n'avons reconnu, comme
gouvernement, que le territoire du Labrador passe au gouvernement de
Terre-Neuve, en aucun temps. Par contre, si on regarde ce qui s'est
passé depuis l'automne dernier, soit depuis septembre dernier, on sent
que ce gouvernement est prêt à lâcher du lest par rapport au
Labrador.
Qu'on se rappelle ce qui s'est passé dans le cas des cinq
chasseurs qui ont été arrêtés sur une
frontière pointillée entre le Québec et le Labrador
lui-même. Qu'on se le rappelle. Qu'on se rappelle combien ça a
coûté à ce gouvernement pour financer un libéral
reconnu, président de l'Association libérale de Duplessis, pour
le financer, pour le payer pour travailler au nom des chasseurs et, en
même temps, au nom du gouvernement, pour un montant - croyez-le ou non -
d'à peu près 7500 $ par chasseur. Pour arriver à quoi?
Pour arriver à faire en sorte que les cinq chasseurs en question
plaident coupables, parce que le libéral en question, l'avocat en
question n'a même pas eu le devoir, n'a même pas senti le besoin de
se rendre dans une cour de justice, à Terre-Neuve, pour défendre
les intérêts... Donc, les chasseurs ont perdu par défaut
et, aujourd'hui, ils sont condamnés. C'est le gouvernement qui, par la
bande, a payé la note concernant les quatre chasseurs parce que les
chasseurs ont aussi été payés pour leur contribution
à l'État québécois, une certaine contribution
à l'État québécois. Ce que je trouve
déplorable dans tout ça, M. le Président, c'est que
ça remet en question la frontière du Labrador elle-même
qu'on n'a jamais reconnue.
Je vois, de l'autre côté, il y a des gens qui rient et qui
font les gorges chaudes, incluant le président du Conseil du
trésor. Ce que je peux vous dire, M. le Président, c'est que
c'est lui-même, le président du Conseil du trésor, qui a
endossé la position gouvernementale pour qu'on engage le libéral
en question, d'une part, et qu'on paie aussi pour la question des
chasseurs.
Des voix:...
M. Perron: Ça fait mal, M. le Président. Ils
n'aiment pas ça, entendre ça.
Le Vice-Président (M. Cannon): Je m'excuse,
M. le député. M. le leader du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, la vérité a ses
droits. Ce n'est pas à titre de leader adjoint que je me lève
ici, c'est simplement pour indiquer au député, qui est toujours
debout pour une raison que j'ignore...
M. Perron: J'attends que vous vous assoyiez. Des voix:
Bien, voyons donc!
M. Johnson: M. le Président... (20 h 30)
Le Vice-Président (M. Cannon): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député, veuillez vous asseoir, on va
écouter l'intervention du leader du gouvernement, du leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: m. le président, fidèle à sa
réputation, le député charge dans toutes les directions
à la fois, sans regarder où il met les pieds.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, M. le
député de Duplessis, veuillez donc continuer votre intervention,
s'il vous plaît!
M. Perron: Merci, M. le Président. Tout le monde vient de
réaliser que le représentant du gouvernement qui vient de se
lever n'avait rien à dire, sinon de m'empêcher de parler.
Une voix: C'est ça.
M. Perron: Alors, M. le Président, je voudrais maintenant
toucher la question de la réserve de La Vérendrye et nous disons
que Québec doit respecter les premières nations autochtones du
Québec. Nous trouvons que c'est de façon cavalière et en
faisant fi des droits des autochtones, du respect de leurs traditions et de la
nécessaire protection d'un environnement particulier que le ministre
délégué aux Forêts a soumis, en octobre dernier, des
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier à
diverses compagnies forestières dans la réserve faunique de La
Vérendrye pendant que les Algonquins du Lac Barrière - entre
parenthèses, le Lac-Rapide - lui demandaient, avec raison depuis
longtemps, d'instituer un moratoire de 18 mois sur de telles subventions.
C'est l'amère constatation que je fais comme porte-parole de
l'Opposition en matière d'affaires autochtones et comme
député de Duplessis en même temps. Je déplore que le
ministre délégué aux Forêts se soit ainsi
enferré dans une procédure irréversible en vertu de
laquelle seront délivrés des permis d'intervention d'une
durée de 25 ans, rendant ainsi, sur le champ, caduques les
légitimes revendications des
Algonquins de la réserve indienne du Lac Barrière. Cette
nation autochtone et algonquine prétend, à juste titre, que ses
moeurs traditionnelles relatives à la chasse, à la pêche et
au piégeage sont mises en péril par les pratiques de coupe
forestière dans la réserve de La Vérendrye. Elle
réclame ainsi, depuis août dernier, que le ministre
délégué aux Forêts sursoie à l'octroi de ces
CAAF pour une durée de 18 mois afin que soit, au préalable,
élaborée, par Québec, par Ottawa et les Algonquins
eux-mêmes, une stratégie précise de conservation de la
faune et de ses habitats dans le secteur concerné.
Je dis aux membres de cette Chambre que le ministre
délégué aux Forêts a agi en roitelet, passant outre
à d'importants consensus et certaines concessions de
représentants du gouvernement libéral eux-mêmes. Ainsi, en
septembre dernier, l'ancien ministre délégué aux Affaires
autochtones appuyait l'application d'un processus par lequel les gouvernements
du Québec et d'Ottawa auraient développé, conjointement
avec la communauté algonquine du Lac Barrière, un plan de
conservation pour la réserve de La Vérendrye.
La compagnie Produits forestiers Canadien Pacifique et la
société d'État REXFOR avaient même accepté
trois accords de principe, en septembre dernier, relativement à une
suspension provisoire de la signature des CAAF, à des moratoires
sélectifs pour les habitats fauniques et les territoires de chasse, en
plus de l'établissement d'un processus continu de négociation et
de discussion entre les parties sur les activités forestières et
leurs conséquences potentielles sur les territoires
concernés.
Je m'indigne du comportement inadmissible du ministre
délégué aux Forêts et de son gouvernement qui, en
plus de soumettre récemment des propositions de CAAF et de
court-circuiter toute entente négociée, a eu la triste attitude
de s'emporter et de claquer la porte aux représentants des Algonquins du
Lac Barrière lors d'une rencontre tenue à Québec le 29
septembre dernier. Par son exploit de soumettre des CAAF contre la
volonté de tous et de toutes, le ministre délégué
aux Forêts a même réussi à désavouer ses
propres fonctionnaires qui, lors de la rencontre du 29 septembre, après
qu'il eut quitté, avaient trouvé certains terrains d'entente avec
les Algonquins, incluant la suspension temporaire d'attribution de CAAF pour
une période de trois mois.
M. le Président, je vous rappelle que pour soutenir leurs
revendications, les Algonquins du Lac Barrière avaient tenu un barrage
sur la route forestière menant aux territoires de coupe de la
réserve La Vérendrye durant plusieurs semaines et qu'ils ont, de
plus, défié une injonction provisoire interdisant ce blocus, en
obtenant l'appui des chefs et leaders de plusieurs membres des premières
nations du Québec. Sur ce sujet
précis, l'Opposition condamne unanimement le geste du ministre
délégué aux Forêts et de son gouvernement qui
bafouent les droits des autochtones et du Lac Barrière et, à
cela, s'ajoute que son gouvernement n'est guère mieux puisque qui ne dit
rien, "qui ne dit mot consent".
M. le Président, je profite de l'occasion pour informer les
membres de cette Chambre des faits suivants dans le cadre des affaires
autochtones. Premièrement, la reconnaissance, par l'Assemblée
nationale du Québec, de certains droits. C'est le 20 mars 1983 que, sous
la tutelle du regretté M. René Lévesque, cette
Assemblée nationale reconnaissait officiellement l'existence au
Québec des nations abénaquise, algonquine, attikamek, crie,
huronne, micmacque, mohawk, montagnaise, naskapi et inuit. Cette reconnaissance
s'accompagnait d'un engagement à conclure avec les nations autochtones
qui le désirent des ententes leur assurant l'exercice du droit à
l'autonomie au sein du Québec, du droit à leur culture, à
leur langue et à leurs traditions, du droit de posséder et de
contrôler des terres, du droit de chasser, de pêcher, de
piéger, de récolter et de participer à la gestion des
ressources fauniques, du droit de participer au développement
économique du Québec et d'en bénéficier.
Malgré l'importance des engagements pris à l'égard
des premiers habitants de ce pays du Québec, l'Assemblée
nationale n'accorde que peu de place dans ses travaux aux affaires autochtones.
Les élus ne se penchent sur ces dossiers que très rarement, se
limitant à n'aborder ces questions qu'à l'étude des
crédits dévolus au Secrétariat des affaires autochtones.
Ce n'est pas mon intention de permettre que ça continue comme ça,
M. le Président. Ce peu de temps consacré aux affaires
autochtones s'explique en partie parce qu'en ces matières la juridiction
appartient principalement au gouvernement fédéral, que les
développements sont peu spectaculaires et aussi, en partie par
l'indifférence.
M. le Président, en conclusion, je demande à toutes les
nations autochtones du Québec de bien vouloir regarder attentivement la
position des partis politiques de l'ensemble pancanadien. Il n'en existe qu'un
seul, soit celui du Parti québécois qui, lui, est très
clair dans ses options sur la souveraineté du Québec et sur la
social-démocratie, un parti qui croit, travaille et bouge pour que le
Québec soit un jour un pays souverain, un Parti québécois
qui croit en l'autonomie politique du Québec hier, aujourd'hui et
demain, un gouvernement du Parti québécois qui, en 1983, a fait\
endosser unanimement par l'Assemblée nationale du Québec
l'existence réelle des nations abénaquise, algonquine, attikamek,
crie, huronne, micmaque, mohawk, montagnaise, naskapi et inuit en plus de
prendre le ferme engagement de conclure des ententes avec les nations
autochtones qui le désirent...
Le Vice-Président (M. Cannon): Je m'excuse, M. le
député, votre temps...
M. Perron: Je termine, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Quelques secondes.
M. Perron: Je termine, M. le Président. Ce parti
mérite qu'on l'écoute et qu'on oriente le Québec vers la
souveraineté politique. En ce sens, il faut bien garder en tête
que cette indépendance sera pour toutes les nations établies au
Québec, incluant les premières nations autochtones, et qu'il sera
beaucoup plus facile de négocier entre elles sans la présence des
autres provinces et d'un gouvernement fédéral qui, de jour en
jour, ne cesse de rapatrier des pouvoirs. Par le fait même, comme
gouvernement souverainiste du Québec, ou pourrait regarder les droits
réels de chacune des nations autochtones et, de plus, concentrer ces
efforts à maximiser et à rationaliser l'ensemble des
opérations du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci beaucoup, M. le
député de Duplessis. Je reconnais maintenant le prochain orateur,
M. le député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin M. Gautrin: Merci, M. le
Président... Des voix: Bravo! Bravo! Une voix: Bienvenue
dans cette Chambre.
M. Gautrin: Merci, M. le Président, les premiers mots que
j'aurai à dire seront certainement pour remercier les électeurs
et les élec-trices du comté de Verdun pour la confiance qu'ils
m'ont faite et les assurer que je vais travailler avec acharnement et
détermination à améliorer le réseau de
santé, à la relance économique du sud-ouest. Quel que soit
le choix politique que les électeurs ont fait, je serai à leur
service. (20 h 40)
M. le Président, je siège depuis peu dans cette Chambre.
J'ai écouté le débat sur le .discours du trône -
non, le discours d'ouverture - et la réponse qui a été
faite par le leader de l'Opposition, le chef de l'Opposition. Je dois dire que
j'ai été un peu déçu du discours du chef de
l'Opposition et d'un certain manque de rigueur scientifique. De sa part, je me
serais attendu à un peu plus de rigueur scientifique. Je l'ai vu, dans
la réponse qu'il faisait au discours inaugural, rire sur des questions,
en parlant même d'une théorie hydrométrique de
l'impôt, comme s'il ne savait pas que les facteurs clima-
tiques, de tout temps, ont été des facteurs lourds pour la
détermination du produit intérieur brut, comme s'il ne savait pas
que s'il pleut et que si les récoltes sont plus ou moins bonnes, ceci a
une influence directe sur le produit intérieur brut et une influence
directe, bien sûr, éventuellement sur la fiscalité. Comme
si, aussi, même sur les équilibres budgétaires, il ne
savait pas que s'il fait plus ou moins chaud ou plus ou moins froid, s'il faut
chauffer plus ou moins, s'il neige plus ou moins, ceci a un effet sur les
équilibres budgétaires parce qu'on va dépenser plus ou
moins pour le chauffage ou pour le déneigement. Donc, il n'y a rien de
nouveau, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Sur une question de
règlement, M. le député.
M. Bourdon: II me semble que le député de Verdun
est en train de résumer un editorial d'Alain Dubuc, dans La Presse
d'aujourd'hui. On est capable de lire les journaux.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement, écoutez, je ne crois pas que ce soit nécessaire.
Effectivement, il ne s'agit pas d'une question de règlement. Le
député est tout à fait dans son droit de continuer son
discours. M. le député de Verdun, je vous invite à
poursuivre.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Je vais prendre un
deuxième point, si vous voulez, sur les points où j'ai
été déçu par le chef de l'Opposition. Cela a
touché la question où mis bout à bout... Je reviendrai sur
la question qui touchait à la fois les déficits
budgétaires et les déficits actuariels ou dans... Et je vais
citer, si vous voyez: C'est peu de choses - et on parlait du déficit
budgétaire par rapport, par exemple, au déficit actuariel de la
Régie des rentes. M. le Président, ce sont deux concepts
totalement différents, totalement différents! Un déficit
actuariel ne peut pas être comparé à un déficit
budgétaire. Un déficit actuariel, parce qu'il est projeté
sur une longue période, peut avoir une amplitude beaucoup plus grande et
n'avoir rien à voir avec un déficit budgétaire. J'aurais
aimé, si vous me permettez, compte tenu des connaissances du chef de
l'Opposition, qu'on fasse les distinctions, qu'on n'essaie pas de
mélanger déficit actuariel et déficit budgétaire;
ce sont deux concepts complètement différents.
Le troisième point. Je vais vous dire à quel point
l'absence de rigueur scientifique m'a un peu déçu de la part du
chef de l'Opposition. C'est lorsqu'il a parlé des taux
d'intérêt, en disant: C'est vrai, la situation dans laquelle nous
nous trouvions - et il parlait de la période où il a
été le ministre des Finances - les taux d'in- térêt
étaient beaucoup plus importants. Et c'est vrai. Par contre, j'aurais
aimé de sa part qu'il signale que ce qui est principalement important
dans les questions économiques, ce n'est pas, quoique cela ait une
influence, le quantum du taux d'intérêt, mais le véritable
loyer de l'argent, c'est-à-dire la différence entre le taux
d'intérêt et le niveau d'inflation qui mesure le véritable
loyer de l'argent. Or, la situation est à peu près la même
actuellement qu'elle l'était en 1982, une différence de l'ordre
de 10 %, la différence entre le taux d'emprunt, le taux
d'intérêt et le loyer de l'argent. J'aurais aimé, M. le
Président, de la part d'un spécialiste comme lui qu'on touche ces
questions importantes et qu'on les touche avec une pleine rigueur
scientifique.
M. le Président, j'ai écouté aussi les
interventions du député de D'Arcy-McGee. Quant à lui, il a
fait porter le débat au niveau des valeurs. Je voudrais profiter ici de
la chance que j'ai d'intervenir en cette Chambre pour mettre de l'avant ou
rappeler quelles sont les grandes valeurs de notre formation politique. Je
pense qu'il y en a trois. Et on l'a répété dans chacun de
nos documents: la protection de la liberté individuelle, c'est quelque
chose que le Parti libéral a toujours mis de l'avant et a toujours
défendu, et c'est l'une de nos grandes valeurs que nous mettons de
l'avant. Deuxième valeur, c'est la promotion de la justice sociale.
Être du côté des plus démunis, c'est cela, le Parti
libéral. J'aurais aimé, parce qu'il avait cité beaucoup de
nos textes dans son intervention, qu'il rappelle aussi cette variable du Parti
libéral.
La troisième valeur, c'est le respect de la -différence.
Nous, du Parti libéral, on est en mesure de respecter les
différences. Je dois lui dire en terminant, M. le Président, que,
pour nous, la communauté anglophone a été partie du
passé du Québec et sera partie du futur du Québec. C'est
une composante essentielle de notre devenir et nous allons travailler pour
qu'elle puisse occuper toute la place qui lui revient.
M. le Président, il y a parfois eu, et on doit dire, dans
l'élection certains de nos messages qui n'ont peut-être pas
réussi à être communiqués aux membres de cette
communauté. Néanmoins, nous croyons profondément qu'elle a
un rôle majeur à jouer dans le futur du Québec et nous
sommes prêts à défendre tant son épanouissement sur
le plan culturel, sans implication majeure au niveau de la fonction publique,
qui n'est peut-être pas assez grand et le droit fondamental qu'elle a de
gérer ses propres institutions.
M. le Président, ceci étant dit, ça me permet de
faire le lien et de rappeler aussi que notre parti est fondamentalement
résolu à assurer et à maintenir la défense du fait
français au Québec. Mais pour nous, la menace principale
du fait français se trouve au niveau des questions de
démographie. Là, la députée de Bel-lechasse, dans
son intervention précédente, a très bien situé la
question, a très bien positionné le débat. Avec un taux,
un indice synthétique de fécondité de l'ordre de 1,4, 1,5,
parce qu'il a remonté récemment, on risque, s'il n'y a pas une
action énergique qui est prise, d'assister dans les années
2005-2007 à une baisse de la population au Québec. On risque
d'assister à un vieillissement accéléré de notre
population. On risque d'assister à une diminution du poids relatif du
Québec dans la fédération canadienne. Et, à ce
niveau-là, des actions ont déjà été
entreprises par le gouvernement dans son premier mandat.
Des actions doivent être entreprises dans le deuxième
mandat et ont été annoncées dans le discours du premier
ministre, et c'est bien facile de comprendre l'action du gouvernement.
Premièrement, il s'agit de défendre et de mettre de l'avant une
véritable politique familiale, être en mesure de prendre en
considération, dans chacune des actions du gouvernement, les valeurs et
les dimensions familiales. Je dois dire que j'ai été
profondément satisfait de l'intervention de la députée de
Dorion, ministre déléguée à la Condition
féminine et à la Famille, sur la manière dont elle a pu
présenter ce qu'elle voulait faire pour tenir compte, dans chacune des
actions du gouvernement, de cette réalité familiale et des
valeurs familiales qu'il faut mettre de l'avant. Et plus spécifiquement,
il y a un certain nombre de domaines dans lesquels on doit et on peut
intervenir et ce n'est pas tellement difficile de les trouver. Il y a le
domaine du travail, du monde du travail où on peut avoir une influence
directe pour faciliter à ceux qui veulent avoir des enfants de pouvoir
les avoir, il y a le domaine des services de garde et il y a le soutien aux
familles. Dans chacun de ces trois domaines, comme l'a rappelé tout
à l'heure la députée de Bellechasse, le gouvernement a
pris des mesures qui ont déjà commencé à donner des
effets et le gouvernement s'est engagé à continuer son action. Je
toucherai légèrement chacun de ces trois points-là.
Dans le domaine du travail, on a eu le dépôt d'un projet de
loi qui modifie les normes minimales du travail et qui vont permettre de tenir
un peu plus compte des réalités parentales dans le monde du
travail. Beaucoup reste à faire, beaucoup devra être fait, mais,
déjà, il y a là un premier pas significatif. (20 h 50)
Dans le domaine des garderies, je rappellerai que le gouvernement,
malgré l'action du gouvernement fédéral qui avait
diminué les subventions aux garderies dans son budget, le gouvernement
est allé de l'avant pour maintenir cet objectif de 60 000 places sur une
période de sept ans. Il a trouvé, le gouvernement, la formule de
financement 30-30, c'est-à-dire 30 000 $ pour le fonctionnement des
garderies et 30 % des coûts que peut générer une garderie,
une manière originale pour aider et améliorer le financement des
garderies. Il s'est préoccupé aussi des différents
services de garde et particulièrement des services de garde en milieu
familial, des services de garde en milieu scolaire. Je serais
intéressé de signaler ici l'accord qui a été
passé entre le ministère de l'Éducation et l'Office des
services de garde pour faciliter le développement des services de garde
en milieu scolaire. Une action a été entreprise, dans le dernier
mandat par le gouvernement. Une action doit être entreprise et a
été annoncée par le gouvernement dans le mandat qui vient
de manière à assurer et à maximiser l'implantation des
services de garde, en particulier en ce qui touche la garde en saison estivale
et la garde le soir.
En dernier lieu, un effort particulier par les bonis qui ont
été donnés pour la naissance du premier enfant et du
troisième enfant, par les dégrèvements d'impôt, par
l'importance du programme APPORT. Il y a un effort majeur qui a
été fait par le gouvernement et qui va être fait
encore pour soutenir financièrement les familles dans ce qu'elles ont
sur le plan de leurs besoins.
Ceci, M. le Président, est le premier élément d'une
politique pour redresser et corriger la chute démographique. Mais on
ne peut pas agir uniquement au niveau de la politique familiale. Il va
être important d'agir, cela pourrait être un des défis du
gouvernement dans ce mandat-ci, d'être en mesure d'agir aussi sur la
diminution de l'immigration. J'ai appris avec plaisir, dans le discours
inaugural, qu'il y avait une volonté de la part du gouvernement de
procéder à une réflexion sur toute la question de
l'immigration et toute l'intégration des nouveaux arrivants à la
majorité francophone. C'est un défi majeur que cette
Législature va avoir à faire et j'ai été heureux,
M. le Président, de voir, dans l'intervention du discours inaugural, que
le gouvernement s'est préoccupé de cette question. Donc deux
points pour corriger la chute démographique: une action au niveau de la
politique familiale, une action au niveau de la question de l'immigration.
M. le Président, en terminant, brièvement, je voudrais
rappeler à quel point la survie du fait français, la survie de
notre communauté est liée à la correction de la chute
démographique et à la volonté, du moins de ce
côté-ci de la Chambre, de lutter, d'améliorer et de faire
en sorte que le fait français devienne et s'épanouisse au
Québec. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Verdun. Je suis maintenant prêt à
reconnaître la députée de Verchères. Mme
Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, à l'ouverture de cette
34e Législature de l'Assemblée nationale, vous me permettrez de
saluer d'abord et avant tout les gens du comté de Verchères qui
m'ont confié le mandat de les représenter ici. Consciente de la
lourde responsabilité qu'ils m'ont confiée, consciente aussi des
enjeux majeurs auxquels doit faire face le Québec, je tiens à
dire aux gens du comté de Verchères que je ferai tout ce qui est
en mon pouvoir de faire pour les représenter dignement et efficacement
et pour continuer de justifier à leurs yeux la confiance qu'ils
accordent, depuis 1976, à la formation politique dont je me
réclame avec fierté.
Depuis la récente campagne électorale et mon
élection, les hommes et les femmes du comté de Verchères
me font part des préoccupations qui les animent concernant le maintien
et l'amélioration d'une qualité de vie qu'ils ont
travaillé très fort à créer et dont ils veulent
faire profiter les générations à venir. Dans ce coin de
pays qui regroupe tout ce que le Québec a de meilleur: paysages
enchanteurs, artistes et créateurs en grand nombre, terres agricoles de
haute qualité, industries lourdes et PME essentielles à notre
santé économique, on retrouve nécessairement aussi la
gamme complète des problèmes qui affligent notre
société en cette fin de siècle: dégradation de
l'environnement aquatique, terrestre et atmosphérique, inquiétude
quant à la gestion de nos ressources agricoles et à l'avenir
réservé à la ferme familiale, interrogations quant
à la volonté réelle du gouvernement d'appuyer par des
mesures appropriées l'avenir démographique et culturel du
Québec.
Je compte faire tout ce qui s'impose pour amener le gouvernement
à répondre concrètement aux attentes des gens de mon
comté sur tous les dossiers qui les préoccupent.
À ce titre, ils ont bien raison de s'interroger sur ce que leur
réserve la présente Législature de l'Assemblée.
À ce sujet, le discours du premier ministre leur aura peut-être
fait la même impression qu'à moi, celle du menu qu'on se fait
offrir dans certains restaurants: on y trouve de tout. Mais, au moment de
placer sa commande, on se fait dire que ce plat-ci n'est pas disponible
aujourd'hui, que celui-là n'est pas prêt, qu'il n'en reste plus ou
que cet autre mets est offert en saison seulement. En d'autres mots, il y a de
tout, à condition de ne rien commander. Cette impression se confirme
quand on consulte le menu législatif. Alors, là, nous frisons
l'anorexie, M. le Président.
Mes collègues on déjà relevé certains
exemples de cette absence de vision dont fait preuve le parti au pouvoir. Il y
en a encore bien d'autres à signaler. Je m'arrêterai, pour ma
part, à sa politique en matière de tourisme. À l'ouverture
de cette Législature, le premier ministre nous apprend ce qui suit en ce
qui concerne ses intentions en ce domaine, et je cite textuellement: "Nous
ferons des efforts afin de soutenir ce secteur de première importance.",
M. le Président, alors que les emplois reliés au tourisme
représentent 9,4 % de l'ensemble des secteurs de l'économie du
Québec en procurant 61 000 emplois directs. Voilà qui nous en
apprend beaucoup!
Il ne suffit pas de dire d'un secteur qu'il est de première
importance. Dans le cas du tourisme, c'est une évidence pour tout le
monde. Il ne suffit pas de promettre de "faire des efforts." Il faut surtout
nous dire de quels efforts il s'agira, en fonction de quelles
stratégies, en faisant appel à quel bassin de ressources humaines
et physiques. Sur tout cela, M. le Président, le premier ministre est
parfaitement silencieux.
Il nous faut donc regarder ce qui se fait présentement dans ce
ministère et se demander si ce sont là les efforts que le premier
ministre entend soutenir.
Nouvellement entrée à l'Assemblée nationale, je
suis aussi une néophyte dans le dossier du tourisme. Je considère
ce fait comme un avantage puisqu'il me permet de faire des découvertes
parfois assez étonnantes, je dois le dire.
Entre 1980 et 1986, il y a eu une baisse marquée des voyages
touristiques des Québécois chez eux. Il y aurait donc lieu de se
questionner sur le pourquoi de cette désertion de nos touristes
québécois vers l'étranger et de voir à mettre en
place des mesures pour retenir cette clientèle. (21 heures)
Par ailleurs, ai-je appris que nos voisins du Sud, qui sont nos
principaux visiteurs depuis toujours, ne cessent de répeter depuis un
certain temps qu'ils viennent ici d'abord et avant tout parce que nous sommes
différents. La différence dont il est question, c'est
évidemment cette civilisation de souche et d'expression française
enracinée ici et qui, en résistant à tous les vents de
l'histoire, a su créer la culture unique, inimitable,
irremplaçable qui est la nôtre.
Puisque nos visiteurs sont les premiers à affirmer que ce qui les
attire chez nous, c'est nous, il m'a semblé évident que la
politique du tourisme au Québec devait s'inspirer
généreusement d'une politique plus large de promotion culturelle.
Je me suis rapidement aperçue que c'était en demander beaucoup
trop d'un gouvernement qui a cédé à la confusion et
à la panique sur une question aussi simple que celle du respect de
l'affichage en français, d'un gouvernement qui vient de
reconnaître qu'en matière d'immigration, il n'avait pas
considéré le facteur
de connaissance du français comme un élément
important de sélection, d'un gouvernement tellement braqué sur la
reconnaissance sur papier de la notion de société distincte qu'il
n'a pas le temps de se préoccuper de la promotion de cette
réalité dans les faits.
Il ne faut pas espérer de ce gouvernement qu'il fasse en
matière de tourisme, M. le Président, ce qu'il se montre
incapable de faire ailleurs. Peut-être est-ce à cause de mon
expérience personnelle et de mes engagements professionnels
antérieurs dans ce domaine, mais il m'apparaissait évident que
tourisme et culture étaient intimement liés, puisque
l'étranger qui nous visite cherche à saisir et à
apprécier nos manières propres d'être, de penser et d'agir
à travers nos réalisations les plus authentiques, nos arts, nos
styles de vie. Je suis désagréablement surprise de
découvrir à quel point une telle évidence tarde à
être reconnue au ministère du Tourisme.
Pourtant, je suis convaincue qu'on y sait depuis un bon moment ce qu'il
faudrait faire pour intéresser et satisfaire les touristes qui nous
visitent. Le problème majeur se situe bien plus dans la mise en oeuvre
des moyens qui rendraient possibles des actions conjointes des milieux du
tourisme et de la culture et ça, M. le Président, ça
relève d'une vision et d'une volonté politique qui font
malheureusement preuve des mêmes déficiences et ratées dans
ce secteur que dans les autres domaines qui relèvent de la
responsabilité de ceux d'en face.
Il nous faudrait, je pense, des plans concertés qui permettraient
des interventions fructueuses des milieux touristiques et culturels. Les
risques sont grands et il ne peut s'agir en aucun cas de faire servir la
culture à des fins que les intervenants du milieu culturel jugeront
toujours, et à juste titre, irrecevables. Il faut reconnaître
aussi que le monde culturel vit des années difficiles depuis la
privatisation tous azimuts qui l'oblige à se plier aux logiques de la
rentabilité financière et à se transformer en industrie
culturelle. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que les
intervenants du milieu culturel éprouvent une grande méfiance
face à ceux du monde touristique. Autant de raisons de faire preuve
d'imagination et d'ouverture d'esprit afin d'élargir l'éventail
des interventions en tourisme et de procéder à un solide
entraînement au partenariat entre tourisme et culture. Il me semble. que
c'est à ces conditions qu'on peut espérer développer une
industrie touristique fructueuse, offrant une expérience
mémorable aux visiteurs et permettant le développement de nos
meilleures ressources.
Les chiffres prouvent que depuis quatre ans, le gouvernement
libéral a consenti moins d'efforts à l'industrie touristique que
ce qu'avait déployé le gouvernement précédent. En
1985-1986, les dépenses du ministère s'élevaient à
75 800 000 $, alors qu'en 1988-1989 on y dépensait 74 500 000 $,
exprimés en dollars constants, donc une diminution de crédits
d'au-delà de 10 600 000 $, une baisse de 12,2 % par rapport aux
dépenses de 1985-1986. En quatre années de pouvoir, à la
fin de 1989-1990, le gouvernement libéral aura donc
dépensé 42 000 000 $ de moins par rapport au niveau de
dépenses du précédent gouvernement.
J'avoue que, face à cette conception des choses, j'ai
été extrêmement déçue de découvrir la
réalité telle qu'elle s'exprime dans les réorientations
récentes de l'action du ministère du Tourisme. Après
presque une décennie d'efforts et d'investissements pour favoriser la
naissance de projets, de produits et de services touristiques exprimant nos
particularités régionales, voilà qu'on balance le tout du
revers de la main pour se lancer dans une nième stratégie de
marketing. Celle-ci, déjà en vigueur, porte sur des produits
touristiques aussi originaux que les grandes villes, les circuits, les
séjours et le ski alpin. Quelques manitous de la publicité auront
donc réussi à persuader le ministère du Tourisme que tout
est question d'image, qu'il faut changer celles qui sont diffusées
à l'étranger concernant nos atouts et nos richesses. Mais
suffira-t-il de changer les emballages pour que l'expérience touristique
vécue par les visiteurs, chez nous, en soit une qui les incite à
revenir et à faire eux-mêmes la promotion du Québec chez
eux?
Nous sommes d'avis, quant à nous, que l'essentiel est dans la
qualité et la valeur d'authenticité des produits à offrir.
C'est là que les efforts doivent porter et non sur un renouvellement
plus ou moins inspiré de la publicité qui en est faite. En bref,
une expérience touristique de qualité est fondée sur la
mise en valeur des meilleurs éléments de notre
société distincte. Mais, bien sûr, cela demande qu'on voie
dans cette expression autre chose qu'une simple phrase, une vague
étiquette ou une image à moduler, selon les besoins de la
publicité. Je suis bien consciente du fait que le ministère du
Tourisme n'est pas dirigé présentement en fonction d'une telle
conception de ce qu'est le Québec et de ce qu'il peut offrir aux
visiteurs. Et, malheureusement, si le nouveau responsable de ce
ministère s'apprête à y effectuer une performance aussi
mémorable que dans les autres dossiers qui lui ont été
confiés par le passé, il est peu probable que ce secteur de
première importance reçoive vraiment l'attention soutenue qu'il
mérite et à laquelle le premier ministre a fait allusion en
début de session, une allusion d'une telle discrétion d'ailleurs
que nous serions sans doute fort peu à l'avoir saisie au vol. Il est
inconcevable que, dans ce lien entre l'utilisation des particularités
culturelles du Québec et le développement de notre produit
touristique, le gouvernement libéral ne soit pas plus vigilant. Il est
passif et silencieux devant l'élaboration de
politiques touristiques mises sur pied par un gouvernement
fédéral plus préoccupé à faire venir les
touristes japonais, à nos frais, pour visiter les montagnes Rocheuses
que de développer une politique touristique au Québec
appuyée sur une culture qui lui est propre. Autant de motifs
additionnels à la vigilance de l'Opposition, vigilance que j'entends
exercer en exigeant du ministre qu'il nous fasse, si une telle chose est
possible, la démonstration de l'efficacité des plus
récentes stratégies d'intervention de son ministère. Au
moment où certains indicateurs laissent prévoir un ralentissement
de l'économie, il serait plus que jamais impardonnable que les sommes
engagées par le ministère du Tourisme le soient en fonction de
priorités mal identifiées ou de fausses solutions. M. le
Président, je vous remercie. (21 h 10)
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, Mme la
députée de Verchères. Je suis maintenant prêt
à reconnaître le prochain intervenant, le député de
Saint-Louis et adjoint parlementaire au ministre délégué
à l'Administration et à la Fonction publique. M. le
député.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Mes premiers mots dans
cette 34e Législature seront, vous le comprendrez bien, d'abord, pour
remercier mes électeurs et électrices du comté de
Saint-Louis. J'en profite, évidemment, puisque c'est la première
occasion qui m'est donnée de le faire ici, publiquement, à
l'Assemblée nationale, de faire état de tous ces gens, toutes ces
personnes qui, pour la deuxième fois, m'ont réitéré
leur appui et leur confiance au cours de la dernière
élection.
M. le Président, le comté de Saint-Louis est un
comté du centre-ville de Montréal. C'est un comté
où vivent près de 40 000 personnes de toutes origines, de toutes
les nationalités, de toutes les couleurs et, finalement, c'est un
comté qui est très organisé sur le plan institutionnel.
Simplement pour vous donner une indication, dans le comté de
Saint-Louis, on retrouve quatorze hôpitaux - je regarde mes
collègues ici, à l'Assemblée; pensez-y quelques minutes,
quatorze hôpitaux dans votre comté - trois universités:
l'UQAM, l'Université Concordia et l'Université McGill. Le
creuset, le noyau, le noyau dur, la masse critique de l'enseignement
supérieur au Québec se trouve dans le centre-ville de
Montréal, dans le comté de Saint-Louis.
C'est aussi un comté où, le jour, vous pouvez retrouver
500 000 Québécoises et Québécois qui viennent y
travailler. On retrouve le milieu des affaires, le milieu de la culture et,
bref, un microcosme du Québec le plus vivant, le plus articulé
que l'on puisse trouver.
On retrouve, effectivement, des groupes culturels, M. le
Président. La majorité étant francophone, nous avons une
minorité anglophone importante, tout près de 22 %, 23 % des gens
qui y habitent, et aussi une minorité portugaise, une minorité
chinoise et, en plus, près de 45 groupes ethniques différents
constituent les gens qui habitent et vivent quotidiennement dans le
comté de Saint-Louis.
Vous me permettrez, M. le Président, d'une part,
évidemment, de saluer l'élection de mes 124 collègues ici,
à l'Assemblée nationale, de vous féliciter, M. le
Président, député de La Peltrie, comme notre nouveau
vice-président à l'Assemblée nationale. Vous
réitérerez mes sal ut ions et mes remerciements, et mes
félicitations surtout, à votre collègue du comté de
Jeanne-Mance et à notre président du comté
Lapinière.
M. le Président, un événement malheureux est
survenu depuis notre élection dans le comté, pour une partie des
citoyennes et des citoyens du comté de Saint-Louis. C'a
été le décès d'un membre, d'un ancien membre de
l'Assemblée nationale, que je désire saluer ce soir,
peut-être pour une dernière fois publiquement. Il s'agit du
député de Sainte-Marie ici, en cette Chambre, entre 1973 et 1976,
M. Jean-Claude Malépart. M. Malépart a été une
inspiration pour tous les parlementaires de cette Chambre et aussi pour tous
les parlementaires du Canada. M. Malépart a été
probablement, à mon humble avis, le meilleur député de
régions moins favorisées, non seulement dans la région
métropolitaine, non seulement au Québec, mais dans l'ensemble du
Canada. Et ce soir, il me fait plaisir de le saluer une dernière fois,
ici, à l'Assemblée nationale et de souligner le courage de son
épouse et de ses enfants qui ont manifestement et normalement
vécu cette épreuve on ne peut plus pénible.
M. le Président, en cette 34e Législature, nous aurons
à faire face au rôle de l'État, à regarder encore
une fois, nous qui, un peu comme des fiduciaires, avons le mandat de nos
électeurs, de nos électrices, de voir à la bonne
administration des choses de cet État pour les quatre prochaines
années. Nous avons aussi à réfléchir sur ce que
nous croyons être le meilleur chemin et le destin le plus sûr pour
l'ensemble de la collectivité.
J'ai souvent dit, M. le Président, depuis la dernière
Législature, que si la révolution culturelle, la
révolution tranquille qu'a connue le Québec depuis le
début des années soixante avait été une des pages
glorieuses écrites ici même à l'Assemblée nationale
par tous ceux et celles qui y ont travaillé, nous avons quand même
- aujourd'hui, nous le savons mieux - un prix à payer pour notre
modèle d'opération avec lequel nous fonctionnons depuis le
début des années soixante. Je crois fermement que notre
organisation et notre réorganisation sociale, qui datent du début
des années soixante, ont manifestement amené chez nous une
"déresponsabili-
sation" des citoyens face à la chose publique et aussi de leurs
institutions. Je pense, entre autres, et j'estime que nous aurons, dans les
années à venir, à regarder davantage de plus près
la façon de faire et notre relation comme gouvernement avec les
organismes qui sont des organismes du milieu. Je pense, entre autres, aux trois
grands réseaux qui font que le Québec est le Québec
moderne.
Pensons tout d'abord au réseau municipal, un réseau qui
couvre évidemment l'ensemble du territoire, un réseau dans lequel
on retrouve des élus, un réseau dans lequel on retrouve des gens
qui ont une forme de fiscalité, un pouvoir de taxation, un moyen d'agir
sur leur propre collectivité. Je pense que le réseau municipal
est un réseau pour lequel on se doit d'être fier et qu'on doit non
seulement conserver intact, mais dont on doit assurer la
prééminence dans les années à venir.
On pourrait moins bien qualifier, M. le Président, le rôle
et la responsabilité du réseau scolaire et aussi du réseau
de la santé et des services sociaux. Ces établissements, M. le
Président, ont un peu payé le prix d'une centralisation accrue de
l'État depuis au-delà de 25 ans. Ce dernier, l'État, a
manifestement, pour des raisons qu'on peut comprendre, non seulement de
réorganisation du régime pédagogique au début des
années soixante, mais aussi de réorganisation de l'ensemble du
niveau de la scolarisation sur le territoire québécois, fait en
sorte de s'associer à des gens qui sont aussi élus dans le monde
scolaire pour orienter les destinées de l'éducation de l'ensemble
de notre jeunesse, M. le Président.
Il m'apparaît important de voir, et de concevoir aussi, avec les
années à venir, l'espace plus grand, l'autonomie plus grande que
ce réseau devra avoir si on veut qu'il joue son rôle pleinement
à l'égard de l'ensemble de notre société. (21 h
20)
Le dernier réseau, le réseau de la santé et des
services sociaux, n'a malheureusement pas passé la rampe, n'a pas
réussi à conserver cette autonomie qui pourrait faire de lui un
plus grand réseau, un réseau plus près des citoyens, un
réseau qui serait à même de répondre plus rapidement
à des besoins qui sont sans cesse nouveaux dans tous les secteurs
d'activité sociale, mais aussi dans toutes les régions du
Québec.
Je souhaite que l'étude du projet de loi qui avait
été déposé à l'ancienne Législature
permette au ministre de la Santé et des Services sociaux et à
tous ceux qui s'intéressent à l'avenir de la santé et des
services sociaux de regarder sous l'angle d'une responsabilisation accrue des
conseils d'administration, de trouver peut-être une forme de revenu plus
autonome sur une base, peut-être celle du revenu ou autre de nos
concitoyens et faire en sorte de créer une responsabilité
basée sur l'autonomie, si possible fiscale, dans ce réseau de
façon à responsabiliser non seulement les administrateurs tant du
réseau de la santé et des services sociaux que du réseau
de l'éducation, mais aussi l'ensemble de notre population.
J'entendais la dernière intervenante, M. le Président,
nous dire: II y a eu un peu moins d'argent dépensé dans le
tourisme aujourd'hui qu'il n'y en a eu peut-être il y a cinq ans. Il y a
cinq ans, rappelez-vous, M. le Président, nous vivions, à
l'époque, avec un déficit d'au-delà de 3 500 000 000 $.
Entre 1976 et 1985, nous avons vu le déficit accumulé pour
l'ensemble du Québec passer de 5 000 000 000 $ à 27 000 000 000
$. On a quintuplé le niveau de déficit en moins de neuf ans. Il
était temps, - cela a été le cas depuis 1986, depuis
l'élection du gouvernement libéral - de faire en sorte de voir
l'État vivre selon ses moyens et les moyens de l'État ne peuvent
pas être plus grands que ceux de l'ensemble de ses citoyens
contribuables. C'est cela, M. le Président, qui a fait en sorte - j'en
suis profondément convaincu - de nous permettre d'avoir la confiance,
encore une fois, de nos concitoyens et concitoyennes du Québec, à
savoir la qualité de l'administration que nous avons pu offrir au cours
de la dernière Législature.
Mais tout n'est pas rose et nous savons que nous vivons probablement la
fin d'un cycle économique qui aura été manifestement
extrêmement salutaire pour le développement économique du
Québec.
En cette période de ralentissement économique
prévu, anticipé, appréhendé, dont on sent les
premiers signes, les premiers paramètres qui nous indiquent qu'on peut
avoir quelque difficulté dans l'année qui vient, il est
important, comme l'a souligné, entre autres, le discours du trône,
le discours du premier ministre, de faire en sorte de voir à ce que le
rôle de l'État vienne suppléer à cette carence en
termes d'investissements privés, que le rôle de l'État
vienne accélérer la reprise économique que nous devons
tout de suite commencer à bâtir.
Tous les milieux de Montréal voient et s'attendent du
gouvernement qu'il soit et qu'il joue un rôle pilier en matière de
développement culturel, en matière d'aide aux jeunes, à la
relève dans le monde de la culture, en matière
d'équipements culturels, en matière d'organisation "et de
réorganisation et d'aide aux universités, d'aide aussi à
notre système de santé. Mais cela, le gouvernement, en
période de ralentissement économique, se devra davantage d'y
suppléer, compte tenu d'une faiblesse appréhendée de nos
investissements privés.
M. le Président, dans le discours du trône, on remarquait
et on notait l'importance que le gouvernement, que le cabinet voulait donner
à ce qui, pour nous, est le capital le plus impor-
tant, la matière grise de chacune et chacun de l'ensemble de nos
concitoyens. On voulait et on veut faire en sorte de pouvoir faire la promotion
d'un enseignement dans le secteur de la formation professionnelle qui puisse
permettre tout d'abord à des jeunes qui sont aujourd'hui au début
de leur secondaire, au début de leur collégial, de pouvoir
prendre le cheminement d'une technique, apprendre une technique
professionnelle, devenir non seulement des gens bien qualifiés, mais des
gens qu'on recherchera pour la qualité de leur compétence.
L'enseignement professionnel est un des plus grands défis que le
Québec des années quatre-vingt-dix aura à vivre, M. le
Président. Et c'est, à mon sens, pour les jeunes et aussi pour
ceux qui auront à se recycler, qui auront à changer d'emplois
dans les années à venir, leur donner la possibilité de
pouvoir par l'accès à la formation professionnelle, à
l'enseignement professionnel, avoir la chance, dis-je, de modifier leur statut,
d'acquérir de nouvelles compétences, de rafraîchir une
expertise, de faire en sorte de devenir les personnels, les gens les plus
qualifiés dans un État compétitif moderne. Le
Québec, comme vous le savez, est en compétition, d'une part, avec
les États nord-américains, mais aussi avec, entre autres,
l'Ontario et les autres provinces canadiennes. Mais notre vrai défi ne
se limite pas à l'Amérique du Nord; inévitablement nous
aurons à compétitionner avec des économies qui sont en
train de se restructurer tant en Europe qu'en Asie.
M. le Président, je crois donc que le discours du trône,
particulièrement au chapitre de la formation professionnelle, au
chapitre de cette volonté de continuer à gérer
l'État comme et selon notre capacité de payer, selon nos moyens,
ce sont les lignes les plus sages que nous pouvions nous attendre du
cabinet.
Mais permettez-moi en finissant, en terminant - je m'excuse, M. le
Président - de nous rappeler à tous que cette Législature
dans deux ans, presque deux ans, aura deux cents ans. Avec celle de l'Ontario,
c'est l'une des plus vieilles Législatures au monde. Deux cents ans que
cette institution fonctionne. Deux cents ans de liberté, deux cents ans
de démocratie, M. le Président, au moment où dans ces
jours mêmes où on voit des peuples entiers en Europe de l'Est
briser les murs, sortir, demander la résiliation de leur gouvernement,
exiger des modifications qui entraîneront inévitablement la
démocratie dans ces pays, deux cents ans de liberté, deux uents
ans de démocratie, il nous faudra... M. le Président, je vous en
fais le message, je souhaite que vous le portiez au président, que le
Bureau de l'Assemblée y réfléchisse. Je souhaite que nous
fêtions ensemble cet événement en 1992 qui sera
certainement, pour l'ensemble de la population du Québec, un
événement réjouissant, savoir qu'il y a une Chambre dans
laquelle nous pouvons émettre des opinions, nous pouvons émettre
nos vues, faire avancer l'état de notre société et cela,
dans deux ans, nous pourrons dire: Maintenant, depuis deux cents ans,
voilà l'objectif, voilà la situation que nous avons bâtie,
nous du Québec, depuis quelques années.
Ce parlementarisme de tradition britannique qui découle
inévitablement, sûrement, du parlementarisme de Westminster, a
été dans les traditions, a été dans l'apport que la
culture anglophone a pu apporter au Québec probablement le fleuron le
plus important et le plus précieux. Et je souhaite, M. le
Président, que nous puissions, en 1992, faire en sorte de fêter,
fêter ces deux cents ans de démocratie et fêter ces deux
cents ans de liberté au nom de tous les citoyens et citoyennes du
Québec, peu importe leur religion, peu importe leur langue maternelle,
peu importe leur nationalité. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Je suis maintenant prêt à
reconnaître le député de Mercier. M. le
député.
M. Gerald Godin
M. Godin: M. le Président, la tradition veut que nos
premiers mots à une nouvelle Législature s'adressent à nos
électeurs. C'est ce que je fais. Après treize ans dans cette
Chambre, mes premiers mots s'adressent à ceux qui ont voté pour
moi lors de la campagne de l'automne dernier pour les remercier et pour leur
dire que je suis à leur service encore une fois et qu'ils pourront
compter, après treize ans, comme au tout début de ma
carrière comme politicien dans le comté de Mercier, sur un
service dévoué, complet et qui vise à améliorer
leur sort dans le Plateau-Mont-Royal. (21 h 30)
M. le Président, le discours inaugural est un
élément important dans la vie d'un Parlement. Tellement
important, en fait, qu'on l'appelait à l'époque le discours du
trône, un titre auquel je suis sûr que mes collègues du
Parti Égalité sont sensibles encore aujourd'hui. Est-ce que le
discours du trône de 1989 est un grand cru, M. le Président? Je
dois dire que non. Nous sommes à l'époque des fours à
micro-ondes et ça paraît. Nous sommes à l'époque du
réchauffé, M. le Président, et le discours de cette
année, c'est du réchauffé.
J'ai dégagé d'ailleurs de ce discours-là douze
principes qui peuvent s'appliquer à tous les discours du trône
présentés par ce gouvernement depuis que je siège ici. Les
nouveaux, évidemment, sont impressionnés peut-être par
l'ampleur des projets abordés, une quarantaine, M. le Président,
mais les vétérans ou les anciens,
comme moi, sont déçus du peu de consistance que les
solutions contiennent, M. le Président, les solutions aux quarante
problèmes déjà abordés. Je pense qu'on peut
dégager des règles applicables à tous les discours du
trône du Parti libéral.
M. le Président, si vous le permettez, je vais vous
énoncer les règles: De la famille du t'occuperas, règle
première. Deuxième règle: L'environnement, tu
protégeras. Troisième règle: Des prêts et bourses,
tu bonifieras. Quatrième règle: Pour le libre-échange, tu
te prépareras. Cinquième règle: Une immigration, tu
développeras, entre parenthèses, en français - quoique
l'expérience démontre qu'ils n'en font rien, mais, en tout cas,
c'est une autre histoire. Sixième règle, M. le Président:
Le déficit, tu juguleras. Septième règle: De l'âge
d'or, tu t'occuperas. Huitième règle: Hydro-Québec, tu
entretiendras - en tout cas verbalement. Neuvième règle: Les
sages-femmes, tu reconnaîtras. Ça fait deux fois qu'on voit passer
un projet de loi sur ce sujet-là, on attend toujours que le contenu
accompagne les belles paroles, les beaux propos prononcés par des
ministres qui se succèdent, mais dont aucun n'accouche vraiment - sans
jeu de mots, M. le Président - d'une loi permettant aux sages-femmes de
pratiquer leur métier au Québec honorablement,
c'est-à-dire sans être clandestines et sans être
menacées en tout temps de se voir privées de pratiquer leur
métier comme elles peuvent le faire. Dixième règle, M. le
Président: Les services de santé, tu amélioreras.
Onzième règle - elle est importante, M. le Président,
parce qu'elle revient depuis de nombreuses années: Les garderies, tu
encourageras. Ça, c'est une règle sacrée, incontournable,
comme on dit maintenant. Douzième règle propre au Parti
libéral, M. le Président: Avec le fédéral, tu
t'entendras.
M. le Président, je vais envoyer une copie de ça à
nos rédacteurs de discours inauguraux, discours du trône, pour
l'avenir. Je suis sûr que les libéraux vont engager quelqu'un en
permanence pour appliquer ces règles-là dans chaque discours
inaugural qu'ils prononceront d'ici la fin de leur triste régime.
M. le Président, je déplore donc que, des quarante sujets
abordés, tous importants, intéressants et vitaux au
Québec, dans aucun de ces domaines-là, on n'ait de solutions
concrètes à proposer. Dans aucun de ces douze domaines-là,
M. le Président, il n'y a de contenu réel qui est soumis aux gens
qui travaillent ici depuis, dans certains cas, treize ans. Donc, pas de
nouveau; du réchauffé, de la cuisine micro-ondes, du
surgelé, M. le Président, qui ne dégèlera
peut-être même pas cet hiver, avec le temps qu'on a, avec le climat
que nous avons cette année.
En tout cas, M. le Président, je déplore qu'il y ait si
peu de contenu pratique et utile pour les gens du Québec qui vivent,
comme on le sait, de plus en plus, dans toutes les régions du
Québec, des problèmes économiques considérables. Le
Plateau-Mont-Royal, en tout cas, est devenu aujourd'hui un quartier comparable
à Bombay ou à Calcutta, aux Indes. Les mendiants abondent dans
les rues de Montréal. Les sans-abri couchent dans la neige ou dans les
entrées des guichets automatiques de la caisse populaire et le
gouvernement n'annonce rien par rapport aux sans-abri, n'annonce rien pour
résoudre la crise de ceux qui n'ont rien, n'annonce rien de concret pour
venir en aide à ceux qui sont mal pris et qui couchent, M. le
Président, dans des entrées de ruelles, à Montréal.
Je suis sûr qu'on en trouvera quelques-uns, sinon plusieurs au cours de
l'hiver, morts gelés en pleine rue de Montréal. Et de ces
questions importantes et graves qui révèlent, au fond,
l'état de civilisation d'une société, rien de concret
n'est mentionné dans le discours du trône de cette
année.
Donc, c'est un mauvais cru, M. le Président, et, en plus, je
dirais, un discours qui jette de la poudre aux yeux, mais qui ne contient
nullement de solutions concrètes pour ceux qui souffrent au
Québec, ceux qui ont froid ce soir, cette nuit, ceux qui n'ont rien,
ceux qui quêtent leurs repas quotidiens au coin des rues, M. le
Président, ceux qui sont démunis. On cherche en vain, encore une
fois, de la part de ce gouvernement, s'il y a quelque part une certaine
sensibilité à la souffrance humaine, à la dignité
humaine, et on ne trouve rien. On trouve un désert, M. le
Président. Face à un tel désert, je dis qu'il
appartiendra, tôt ou tard, à un autre gouvernement de s'en
occuper. Ne comptons pas sur eux ni sur le président du Conseil du
trésor pour manifester quelque sensibilité. En tout cas,
jusqu'à preuve du contraire, c'est le vide total. Le discours du
trône de 1989 n'est pas un grand cru; c'est un cru vide, qui a
été éventé très tôt et qui ne donne
rien de concret comme solution aux problèmes nombreux que j'ai
mentionnés tout à l'heure dans le domaine de l'environnement
aussi bien que dans le domaine de la pauvreté, dans le domaine des
sans-abri. Rien. Comme on dit en espagnol, "nada" et, en italien, "niente", M.
le Président.
Donc, face à un tel vide, il ne me reste qu'à souhaiter
que les pressions viennent des gens eux-mêmes, que ce gouvernement
s'ouvre enfin les yeux et aboutisse avec des solutions concrètes pour
résoudre les problèmes des gens qui sont dans la misère au
Québec présentement. M. le Président, je vous remercie
beaucoup de votre attention.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Mercier. Je suis maintenant disposé à
reconnaître un intervenant, le député de N.-D.-G.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: Merci, M. le Président. Je profite de cette
occasion pour remercier les citoyens de Notre-Dame-de-Grâce pour leur
appui lors de la dernière campagne électorale. Je ferai tout en
mon possible pour respecter les promesses faites pendant la campagne.
Aujourd'hui, je représente une diversité de l'idéologie
politique de l'ouest de Montréal. Je servirai tous, sans distinction de
race, de couleur, de croyances ou d'orientation politique.
The riding of Notre-Dame-de-Grâce is unique. It is a bedroom
community of the city of Montreal, whose citizens, for the most part, were
born, went to school, married, raised their families and retired all within the
same geographical region. It is a community of people whose concern for their
neighbours is reflected in the plethora of community-oriented organizations,
all inter-supportive. It is also a community that has a high ratio of elderly
citizens. The Bureau de la statistique du Québec, in its most recent
report, said, quote: "N.D.G. has a percentage of senior citizens, 65 years of
age and older, that is almost twice as much as the already high Québec
figure and the needs of the senior citizens are particularly acute in the area
of health and social services."
For many of the senior citizens of Notre-Dame-de-Grâce, there is
an isolation from the other communities that form the alliance of communities
within the geographical region of Greater Montreal for in all too many cases
the elderly of this community have seen their children and grandchildren leave
Québec and are now scattered across Canada, the United States and in
foreign lands.
The homogeneous nature of the family has been shattered and this has
resulted in a negative impact upon the elderly. The only contact with their
grandchildren and, in some cases, their great-grandchildren, is through
Polaroid pictures air-mailed from distant lands.
The traditional family compact no longer exists for far too many senior
citizens, not only in Notre-Dame-de-Grâce but in other Montreal urban
communities.
To grow old is an aspect of life; to grow old and feel isolated is a
problem that must be addressed as the greying of Québec advances at a
rapid rate. Some demographers in Québec predict that by the start of the
21st century, only a decade hence, the senior population will represent
something in excess of 25 % of our total population. The time is now to plan
for that future.
The process of aging will not hold in a state of suspended animation but
will eventually reach all, in some cases, before we are prepared to accept the
nomenclature of being called senior citizens.
Many seniors, thanks to the realism of the Government, are continuing to
be gainfully employed in challenging rewarding jobs. Others like many of the
seniors in Notre-Dame-de-Grâce throw themselves wholeheartedly into
community endeavours. (21 h 40)
This however does not address the question of the isolation of the
generational gap that grows more steadily with each day. The isolation of which
I speak is both physical and metaphysical.
Many of the seniors live in segregated housing units where the sounds of
a child at play are foreign to the ear, with the result being the young no
longer understand the elderly and the elderly become fearful of the antics of
the young.
A boisterous group of young students running down the metro station
platform becomes a threat to the elderly who in many cases are also the frail
of our society.
We must reach out one generation to another and extend the hand of
understanding. But this is an almost impossible task if the current system of
warehousing the elderly in isolated monolithic concrete complexes remains the
governmental solution to the questions of an inter-generational relationship
between our generations.
A community must have the interplay of the diversity of the community in
which all people of all linguistic, racial, cultural and age groups have as
their common goal a respect and compassion for each other.
Notre-Dame-de-Grâce has in many ways accomplished this
inter-generational acceptance. But there is still a longing in many quarters
for a community that does not pigeon-hole the elderly, but rather lives within
an inter-generational concept in what I shall refer to as affordable housing
which by definition denies the present buzzword public housing program of
low-cost housing which only further isolates a community from itself.
My concern within not only Notre-Dame-de-Grâce, but the whole of
Québec is that isolation will become the normal state of affairs, that
the elderly are being regarded as a collectivity and not respected for what
they really are, individuals who have grown old each at their own pace.
The erosion of the fixed-income pension is in many cases placing a
burden of hardship upon the elderly. However, through a housing program of
enlightened legislation, low-cost housing can and must be replaced by
affordable housing in which all strata of our society may coexist restoring a
sense of community, a system of public housing in which a percentage of income
is paid towards housing and the basic necessities of life rather than a
rapacious steadily increas-
ing cost of housing to a great number of people who cannot, because of
the fixed-income pension, afford these escalating costs.
For most of the elderly who live within the region of Greater Montreal,
they were the contributors to the growth and development of the various
services provided by all levels of our governments.
Their tax dollars financed the building of the cultural icons and our
current metro system. However, in their advanced age, they cannot in many cases
take advantage of the services for which they contributed. The Montreal metro
system is, for example, for all practical purposes, unavailable to those who
are now both elderly and frail or those who are handicapped and required to
live their lives in wheelchairs. These people are part of our Québec.
They are the very motor power that helped build Québec in the latter
part of the 20th Century, but are now denied the simple expediency of
travelling by one of the world's most efficient metro systems, all because of
frailty or Physical incapacity.
The solution is simple: we must install an elevator system that will
take the frail, the handicapped and, yes, the young mothers with babies in
strollers into and out of that metro system. Surely, within the budget of the
Montreal Transit Corporation funds may be allocated to service what are now the
dis-enfranchised elderly handicapped and others who cannot negotiate the
stairways and escalators.
We, Mr. President, as legislators, must also seriously address the
question of the environment. We are all too familiar with the priorities of the
planet earth and the depletion of the ozone layer, but in a more practical way
we can begin by addressing ourselves to the small environmental concerns within
our neighbourhoods of Québec.
Our daily mass accumulation of garbage in this a throw-away society is
astronomical and unacceptable. We will, if we do not address this problem, live
in the garbage-dump of our own making. An educational program for the recycling
of what we now casually throw-away must be introduced on a home-by-home basis.
It is not enough to hector the industrial giants of Québec without
concerning ourselves with our own backyard garbage cans. A clean, safe, healthy
environment begins at home, your home, my home, our home.
We cannot either place commercial concern over the rights of the
individuals within our communities to enjoy the natural wonders of nature. We
must protect our green spaces and weigh carefully any possible intrusion upon
these verdant fields and the impact they will have upon our community in the
generations that will follow us.
The world must be a better place for our having been part of this world.
The legacy we leave behind will determine the future of not only Québec,
but the entire world.
Je crois que l'avenir de la planète est à la merci d'une
plus grande compassion et compréhension humaine face à notre
environnement. Nous pouvons et devons dès maintenant, ici même
à l'Assemblée nationale, être plus conscients de ce
problème. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je reconnais le prochain
intervenant, M. le député de Saint-Jean.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: C'est avec beaucoup d'émotion que je
prends la parole pour la première fois à l'Assemblée
nationale. Il est tout à fait normal que mes premières paroles
soient pour les électeurs et électrices de Saint-Jean. Je m'en
voudrais de ne pas les remercier de la confiance qu'ils m'ont
témoignée et du support qu'ils m'ont apporté tout au long
de la campagne pour, finalement, avoir une belle victoire avec une
majorité d'au-delà de 5200 voix.
Également, M. le Président, je m'en voudrais de ne pas
souligner le travail, en cette Chambre, de mon prédécesseur qui
fut président de l'Assemblée nationale de 1985 à 1989, et
j'ai nommé M. Pierre Lorrain.
Avant d'aller plus loin, M. le Président, j'aimerais dire
quelques mots sur mon comté qui a une population de 65 000 habitants.
Deux MRC recoupent le comté, la MRC du Haut-Richelieu et la MRC des
Jardins-de-Napierville. Parmi ces municipalités, la plus populeuse est,
évidemment, Saint-Jean-sur-Richelieu, suivie de Saint-Luc et de
L'Acadie. D'ailleurs, Saint-Jean-sur-Richelieu s'est fait connaître
grâce à son festival des montgolfières qui se tient
annuellement au mois d'août, auquel, d'ailleurs, je vous convie tous.
Notre économie est basée essentiellement sur le secteur
manufacturier et sur l'agriculture, laquelle est orientée vers
l'industrie laitière et la culture céréalière. La
production manufacturière surtout concentrée à Saint-Jean
est à la fois importante et diversifiée. Ainsi, on regroupe le
vêtement, le textile. Une diversité de PME forment le tissu
économique de notre région. Ainsi, on trouve des
établissements spécialisés dans la fabrication du
béton, des matières plastiques, des matières chimiques.
(21 h 50)
Également, je m'en voudrais de passer sous silence la venue, chez
nous, de la compagnie Oerlikon qui est un moteur économique et qui
emploie, actuellement, au-delà de 600 personnes. Tous ces gens qui
travaillent dans différents domaines ont à coeur la
réussite et je veux leur dire ici, aujourd'hui, que je ne
ménagerai pas mes efforts pour leur venir en aide et ce, du mieux que je
le pourrai.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais vous parler d'un sujet
qui me tient particulièrement à coeur, car je trouve qu'il
revêt une importance qui croît avec les années. En effet,
l'environnement préoccupe de plus en plus nos citoyens. Une prise de
conscience s'est opérée il y a quelque temps et les gens sont de
moins en moins tolérants vis-à-vis des torts souvent
irréparables qui peuvent être faits à notre
environnement.
La protection de notre environnement fait désormais partie des
préoccupations majeures. Auparavant, on ne se souciait guère des
déchets qu'on étalait un peu partout, mais, aujourd'hui, les
choses ont bien changé. Heureusement, en plus de se soucier de la
protection de l'environnement, on en fait la promotion. En effet, depuis
quelques années, des actions gouvernementales concrètes ont
été posées pour améliorer la qualité de
l'environnement. On a présenté une Loi sur la protection des
non-fumeurs dans certains lieux publics, ainsi qu'un rapport du groupe de
travail sur le programme d'assainissement des eaux du Québec. Un
programme de surveillance de la qualité des eaux de baignade des plages
publiques a été élaboré, de même qu'une
entente entre le Québec et les États du Vermont et de New York
sur la dépollution frontalière qui touche, d'ailleurs, mon
comté.
Je m'en voudrais également de passer sous silence la signature
d'une entente fédérale-provinciale sur la dépollution du
Saint-Laurent, l'injection d'une somme de 50 000 000 $ dans les réseaux
d'aqueduc et d'égout dont certaines municipalités de mon
comté bénéficient, les ententes intergouvernementales sur
la lutte contre les pluies acides et l'annonce d'une politique de protection
des berges. Ceci ne constitue, évidemment, qu'une partie des
réalisations du gouvernement du Québec en matière
d'environnement. Étant donné qu'il faut continuellement
travailler à l'amélioration de notre qualité de vie,
à l'amélioration de l'environnement qui nous entoure, le
gouvernement continuera de relever le défi environnemental, un
défi qui se dessine certainement comme celui de cette fin de
siècle.
En matière d'environnement, M. le Président, le Parti
libéral du Québec a développé une vision claire et
cohérente des enjeux. En conséquence, il s'est fixé deux
objectifs prioritaires: assurer la sécurité environnementale de
notre population et assurer le développement durable du Québec.
Le Parti libéral du Québec rejette la conception selon laquelle
les préoccupations environnementales sont secondaires par rapport
à la croissance économique. Il adhère au principe voulant
que la conservation de l'environnement est une condition nécessaire au
développement économique du Québec à long terme. Le
gouvernement entend donc orienter ses interventions de façon à
engager l'économie québécoise dans une démarche de
développement durable. Pour atteindre cet objectif, il faudra assurer le
remplacement graduel des activités économiques non respectueuses
de l'environnement par d'autres qui le sont. On vise ainsi, d'une part, la
diminution des rejets de toute nature et la consommation des ressources non
renouvelables et, d'autre part, l'augmentation du recyclage.
Concrètement, notre gouvernement entend, au cours du
présent mandat, assurer la sécurité environnementale de la
population, entre autres, en l'informant adéquatement de l'état
de l'environnement et en prévoyant des mesures d'urgence qui pourront
être prises lors d'accidents écologiques. Aussi, il favorisera la
mise en valeur du patrimoine naturel par sa protection et sa promotion. Il
prévoit ainsi augmenter de 50 000 000 $ le budget du
ministère.
De plus, notre gouvernement entend procéder à une
importante révision de la structure du ministère de
l'Environnement en vue de former de nouvelles priorités, comme les
programmes d'assainissement industriel et agricole.
La gestion de la qualité de l'eau potable et celle des
matières et déchets dangereux feront l'objet de mesures
spécifiques, dans les années à venir, dont celle du
renforcement des mécanismes de contrôle ef de prévention.
Également, des mesures pour nettoyer les sites à risque seront
appliquées pour éviter leur prolifération et
prévoir une capacité d'intervention efficace en cas
d'accident.
Du côté des entreprises, M. le Président - et c'est
très important - on exigera d'elles une plus grande implication en leur
demandant de réduire à la source les risques environnementaux. Il
leur sera aussi demandé de corriger les procédés de
production trop polluants ou provoquant un gaspillage de ressources
renouvelables. Le gouvernement entend ainsi privilégier une approche
globale en matière environnementale et concrétiser l'application
rigoureuse du principe du pollueur payeur, c'est-à-dire de rendre le
pollueur responsable des coûts environnementaux découlant de ses
actions.
M. le Président, comme chacun de nous est en mesure de le
constater, nous sommes tous responsables de notre environnement et c'est en
agissant de façon lucide et conséquente que nous pourrons en
améliorer la qualité. Si chacun en prend conscience et fait les
efforts nécessaires pour atteindre un meilleur équilibre
écologique, ce ne sera pas seulement nous, mais aussi les
générations futures qui vont en profiter.
Également, M. le Président, le comté de Saint-Jean
a u;ie vocation agricole; 25 % de sa population demeurent en milieu rural. Il
m'importe maintenant de m'exprimer sur le milieu agricole. Notre industrie est
une force économique majeure: plus de 400 000 personnes y travaillent et
elle génère un chiffre annuel de 16 000 000 000 $. Avec une
petite surface
destinée à l'agriculture, le Québec doit être
attentif à la conservation des sols et, à ce titre, notre
gouvernement a injecté, depuis 1985, 95 000 000 $ dans la conservation
et l'amélioration des ressources sol-eau: 42 000 000 $ auront permis le
drainage souterrain sur 50 000 000 de mètres; 29 000 000 $ pour
l'aménagement de cours d'eau municipaux et 22 000 000 $ ont
été versés afin d'améliorer la productivité
des terres agricoles.
Le développement et la prospérité du secteur
agricole vont de pair avec la protection de notre territoire et le respect de
notre environnement. Le rôle de soutien de notre gouvernement a
été primordial jusqu'à présent. À cette fin,
diverses mesures ont été mises de l'avant pour répondre
aux besoins d'un environnement en constant changement. La protection du
territoire agricole constitue l'un des fondements de notre politique agricole
et la loi 100, adoptée par l'Assemblée nationale, confirme
l'objectif de préserver notre sol agricole. Également, un
programme de subvention pour l'assainissement des eaux en milieu agricole a
été mis en place. Par ce programme, le gouvernement encourage la
gestion et l'entreposage des fumiers, lisiers ou purins ou autres
déjections animales, aidant ainsi près de 20 000 producteurs.
Notre gouvernement a toujours pratiqué une attitude ouverte et
attentive à l'égard des agriculteurs. Ce passé indique
bien que nos producteurs agricoles trouveront en notre gouvernement un
interlocuteur soucieux de leurs intérêts et du
développement de l'agriculture.
Permettez-moi, M. le Président, de terminer. Avant de terminer
mon intervention en cette Chambre, je me dois également de dire quelques
mots d'un secteur qui représente un pilier essentiel au
développement économique de nos régions, soit celui de
notre réseau routier. Comme dans les autres régions, le
réseau routier constitue également un instrument fondamental du
développement économique dans ma circonscription. (22 heures)
On se rappellera, M. le Président, que lorsqu'il est
arrivé au pouvoir, en décembre 1985, le Parti libéral du
Québec avait un défi de taille à relever en raison de
l'insuffisance des budgets que l'ancien gouvernement avait consacrés
à la voirie et qui avait progressivement engendré la
détérioration de notre réseau routier. en effet, la
période de 1976 à 1985 avait été
caractérisée par une diminution importante des budgets
alloués tant au niveau de la construction qu'à celui de
l'entretien de notre réseau routier. ainsi, de 1976 à 1985, la
part du budget global du gouvernement consacrée à la construction
de routes et autoroutes est passée de 5,25 % à 1,43 % et la
proportion des budgets accordée à l'entretien de 2,3 % à
1,6 %. c'est pourquoi, au moment de notre accession au pouvoir en 1985, un
vaste plan de rattrapage s'imposait afin de rétablir l'état de
nos routes et de relancer le développement économique
régional sur des bases solides.
Il est important de rappeler qu'en raison de la conjoncture
budgétaire particulièrement difficile dont le Parti
libéral avait hérité du gouvernement
précédent, des priorités d'intervention s'imposaient.
Ainsi, au cours de son premier mandat, notre gouvernement a davantage
orienté ses priorités budgétaires vers l'entretien du
réseau existant plutôt que vers la construction de nouvelles
routes. En effet, M. le Président, il devenait ainsi plus avantageux et
moins coûteux de consolider les acquis que de rebâtir à
grands frais.
Le gouvernement libéral a mis en oeuvre un programme impliquant
des investissements de l'ordre de 400 000 000 $ échelonné sur
cinq ans. Une partie de cette somme a été affectée
d'ailleurs à l'amélioration des rangs et des chemins
intermunicipaux.
Outre ces réalisations sur le plan de la réfection et de
l'entretien des infrastructures existantes, notre gouvernement a
également respecté ses engagements au niveau de la
décentralisation des régions de voirie. En effet, au cours de la
période de 1985 à février 1988, six nouvelles
régions administratives ont été créées tout
en respectant le territoire des MRC.
M. le Président, en ce qui concerne les priorités d'action
pour le prochain mandat, je concède amicalement cette tâche
à mon collègue, le député de Richmond et ministre
délégué aux Transports, M. Yvon Vallières.
En terminant, permettez-moi ce bref compte rendu de nos
réalisations gouvernementales en matière de voirie au cours des
quatre dernières années qui nous permet de constater le
cheminement important qui a été réalisé et
témoigne ainsi de la ferme volonté de notre gouvernement de
s'acquitter de ses engagements.
En conclusion, les voies de notre développement sont multiples.
Nous souhaitons la prospérité, mais une prospérité
durable doit passer par le respect de l'environnement. De plus, une telle
prospérité ne saurait être réservée à
quelques grands centres urbains. Elle doit s'étendre à toutes nos
régions et inclure une activité première, comme
l'agriculture.
M. le Président, je m'engage à représenter la
circonscription de Saint-Jean au meilleur de moi-même et je veux dire
à la population de "Saint-Jean que je la servirai avec
honnêteté et dévouement tout au long du mandat et que je
suis très fier d'appartenir à l'équipe libérale
dirigée par M. Robert Bourassa. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Saint-Jean. Je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant, M. le député de
Ri-
mouski et adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation et
à l'Enseignement supérieur. M. le député.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, vous me
permettrez en premier lieu de remercier les électeurs et les
électrices de mon comté, celui de Rimouski, de m'avoir
reporté au pouvoir avec une aussi confortable majorité. En effet,
cette dernière est passée de 280 voix en décembre 1985
à 3600 en septembre 1989.
Des voix: Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): Voilà une performance remarquable
pour un deuxième mandat où nous devons, comme
représentants du peuple, nous faire juger par nos commettants. Conscient
des problèmes et du potentiel du comté de Rimouski, mon travail
en collégialité avec les deux villes et les 21
municipalités qui le composent, j'ai pu apporter un support soutenu
à des partenaires locaux intéressés par le
développement et le maintien d'activités économiques de
leur ville ou village.
Mon travail en collaboration avec la Chambre de commerce de Rimouski, le
Conseil économique et tous les intervenants socio-économiques de
ma région m'a rapporté les dividendes de la satisfaction du
travail accompli.
Ville institutionnelle par excellence, Rimouski, métropole du
Bas-Saint-Laurent, capitale du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie,
Rimouski, dis-je, est en mesure d'affronter l'avenir avec optimisme et
confiance grâce au taux élevé de scolarisation de sa
population, un des taux les plus élevés au Canada.
Nos infrastructures éducationnelles, Centre de recherche en
océanographie et en pêcheries, Université du Québec
à Rimouski, Collège d'enseignement général et
professionnel, Institut maritime du Québec à Rimouski, commission
scolaire La Neigette avec ses 10 000 élèves, écoles
privées etc., sont autant d'institutions qui font la fierté des
Rimouskois. Inutile de vous dire tout l'intérêt que j'apporte
à ces institutions pour que leur développement soit des plus
harmonieux possible et que des ressources financières suffisantes leur
soient accordées.
Mon travail assidu à la commission de l'éducation et mon
apport à la commission durant mon premier mandat ne sont pas
étrangers « ma récente nomination comme adjoint
parlementaire au ministre de l'Éducation et ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Des voix: Bravo! Bravo! On exagère, on exagère!
M. Tremblay (Rimouski): J'assure le ministre de ma
disponibilité et de mon dévouement pour que la cause de
l'éducation soit bien défendue en cette Chambre et partout au
Québec.
Une voix: II n'est pas ici, là.
M. Tremblay (Rimouski): Aussi, j'ai été heureux de
constater dans le discours inaugural de la première session de la 34e
Législature l'importance que l'on faisait à l'éducation en
reconnaissant ce secteur comme le moteur premier de la croissance
économique d'une société moderne.
Ainsi des propositions seront soumises au cours de cette session pour
améliorer la formation de base et les apprentissages. Déjà
des modifications ont été apportées pour renforcer
l'enseignement du français aux niveaux élémentaire et
secondaire. Les résultats sont probants. Des modifications seront
proposées à la grille-horaire pour renforcer également les
sciences et les mathématiques du deuxième cycle du secondaire
ainsi que l'anglais langue seconde au deuxième cycle de
l'élémentaire.
Toutes ces modifications se feront après consultation et avec les
avis du Conseil supérieur de l'éducation. Ainsi les enseignements
de base sur lesquels repose l'éducation de nos jeunes au Québec
reçoivent, comme vous pouvez le constater, une attention spéciale
de la part du ministre pour que ces enseignements fondamentaux soient de
qualité valable, durable pour atteindre des niveaux supérieurs ou
encore assurer au plus grand nombre possible de citoyens une éducation
de base utile.
Ces modifications proposées rejoignent les préoccupations
politiques du Parti libéral du Québec, exprimées dans
notre programme politique de l'élection de septembre 1989. Vous me
permettrez d'y faire référence. En effet, si vous avez
consulté le programme du Parti libéral, à la page 7, il
est dit ceci et je cite: "Formation de base. Du côté des
matières enseignées, il importe de veiller à ce que les
disciplines dites de base soient pleinement maîtrisées. La
société de demain, plus encore que celle d'aujourd'hui, exigera
de ses citoyens de bonnes connaissances générales.
L'habileté avec laquelle un individu pourra faire face à des
situations variées et contrastées deviendra un facteur majeur
d'épanouissement personnel. Seule une bonne formation de base offrira la
souplesse et la flexibilité nécessaires à une vie d'adulte
réussie." Voilà un premier objectif qui sera atteint par notre
volonté de modifier le régime d'enseignement.
Deuxième modification: "En ce sens, le Parti libéral du
Québec s'est engagé à renforcer l'enseignement des
mathématiques et des sciences au deuxième cycle du secondaire
étant donné que la maîtrise de ces matières est de
plus en plus nécessaire dans l'univers hautement complexe de la
technologie, laquelle envahit un nombre sans
cesse croissant de secteurs d'activité humaine." Voilà une
autre promesse ou un autre engagement électoral qui sera tenu. (22 h
10)
Troisième engagement électoral que nous maintiendrons:
"Après avoir mis l'accent, au cours de son mandat, sur le renforcement
de l'apprentissage du français langue maternelle, le gouvernement
libéral consacrera aussi une attention particulière, au cours
d'un second mandat, à l'apprentissage de l'anglais langue seconde. Il ne
fait aucun doute que la connaissance de l'anglais sera de plus en plus
indispensable pour tout travailleur appelé à se mesurer au
défi technologique." Voila trois engagements électoraux qui
seront tenus au cours de ce mandat.
Formation professionnelle. Je m'en voudrais de ne pas parler de la
formation professionnelle au secondaire, domaine que je connais bien pour y
avoir oeuvré pendant sept ans, de 1971 à 1978, à titre de
coordonnateur régional de ces enseignements au ministère de
l'Éducation à Rimouski. J'ai vécu la période
difficile de l'intégration des enseignements professionnels au
secondaire et surtout de la polyvalence des enseignements, le credo du temps,
et ses conséquences. Le régime aurait mérité bien
des ajustements de parcours, mais le gouvernement précédent, de
1976 à 1985, n'a jamais voulu apporter les correctifs nécessaires
pourtant réclamés par les différents intervenants du
temps.
C'est le ministre actuel, M. Ryan, qui a annoncé la
réforme de l'enseignement professionnel au secondaire à partir de
septembre 1987. Cette réforme importante redonnait à ce secteur,
hélas trop souventefois repoussé, ses lettres de noblesse en
augmentant les seuils d'accueil aux cours de formation professionnelle au
secondaire et en mettant à leur disposition des équipements
modernes. Au-delà de 35 000 000 $ ont été injectés
dans le système pour satisfaire les exigences des programmes
actualisés. Évidemment, M. le Président, la
clientèle de ce secteur est tombée en chute libre depuis la
dernière décennie. Cette baisse de clientèle est le
résultat net d'un manque de soutien et de volonté gouvernementale
du gouvernement antérieur d'agir en ce domaine et surtout d'y injecter
les sommes importantes d'argent qu'il fallait lui consacrer. Voilà
maintenant que la réforme est enclenchée depuis deux ans. Nous
constatons, en premier lieu... Depuis cette réforme, nous constatons une
augmentation de l'intérêt de la clientèle scolaire vers ce
secteur, qui est passée de 20 000 à 25 000 élèves
au cours de la présente année. La hausse de la qualilté de
l'enseignement y est également signalée.
Troisièmement, le besoin de main-d'oeuvre
spécialisée se fait de plus en plus sentir dans ce secteur et
nous enregistrons en bien des endroits dans la province un taux de placement
qui est de 100 %. Voilà les résultats nets d'une réforme
de l'enseignement professionnel au Québec.
M. le Président, la réforme de l'enseignement
professionnel au secondaire est bel et bien enclenchée et nous pouvons
espérer une amélioration encore plus grande de ce secteur, compte
tenu de l'intérêt suscité par le gouvernement, notre
gouvernement, en ce domaine et qui redonne aux enseignants, au personnel de
direction et à nos partenaires de l'éducation, les commissions
scolaires, le goût d'offrir à leurs clientèles des
enseignements professionnels de qualité répondant aux exigences
de l'élève et répondant également aux besoins de
l'industrie. Ensemble, gouvernement, commissions scolaires, personnel de
direction, enseignants et enseignantes, ensemble, dis-je, nous allons
répondre aux attentes des jeunes en leur offrant une formation de base
solide, augmentée d'une formation professionnelle adéquate et
reconnue.
Carte des options professionnelles. Afin de ne pas perdre nos
énergies et surtout pour satisfaire à un minimum de planification
que requiert un tel réseau des enseignements professionnels, nous allons
continuer à travailler notre carte des options professionnelles pour,
d'une part, identifier correctement notre clientèle et lui offrir un
milieu plus approprié à la formation recherchée.
Trois critères doivent guider l'attribution d'une option
professionnelle dans une commission scolaire. Le premier critère, c'est
fondamental, c'est la clientèle, deuxièmement, le corps
professoral et troisièmement, les équipements. Lorsque ces trois
critères sont réunis et satisfaisants, la dispensation de cet
enseignement est assurée.
Nous avons développé au cours des dernières
années des centres d'excellence, cette initiative mise de l'avant par
des tables de concertation régionales et qui, encouragés en cela
par le ministère, avaient pour but de développer dans
différentes commissions scolaires du Québec, et surtout en
région périphérique, des options professionnelles dont les
enseignements se dispenseraient en lieux uniques. Cette solution avait le
mérite de polariser et de développer des enseignements de
meilleure qualité en mettant à leur disposition du
matériel pédagogique et didactique de première
qualité. Cette initiative doit être maintenue et soutenue de
façon à développer davantage ces centres d'excellence.
Un mot sur les apprentissages. En formation professionnelle, nous avons
fait appel dans le passé à l'industrie pour compléter la
formation professionnelle dispensée dans notre réseau
d'écoles spécialisées. Cette formule a toujours
répondu à un besoin évident de
complémentarité. Les stages ont été nettement
sous-utilisés et c'est pourquoi nous avons l'intention d'augmenter le
nombre de stages en milieu de travail de façon à compléter
et à actualiser la formation professionnelle. Cet objectif vise deux
buts bien
précis. D'une part, offrir aux élèves en formation
professionnelle la possibilité d'avoir accès à des
équipements et à des techniques modernes et, d'autre part, de
permettre à ces élèves de faire leur première
expérience en milieu de travail.
J'assistais dernièrement à Rimouski à un colloque
régional sur la formation professionnelle dont le thème
était "École-entreprise, un mail-lage essentiel". Je n'ai pas
encore reçu les recommandations faisant suite à ce colloque.
Cependant, lors de mon passage à une partie de ces assises, j'ai pu
constater combien était favorable l'idée de ce maillage, tant de
la part des professionnels de la formation au secondaire que des industriels
présents. Ces derniers sont désireux de recevoir et d'avoir
accès à une main-d'oeuvre spécialisée et
compétente et si une partie de cette compétence s'acquiert chez
l'industriel, c'est tout à son avantage.
Donc, l'accent sera mis, dans les années à venir, sur des
stages en industrie et je suis d'avis que l'organisation, le contrôle et
l'évaluation se fassent par l'école qui demeure le maître
d'oeuvre de la formation et de la sanction des études.
En vertu de la nouvelle Loi sur l'instruction publique, des centres
d'éducation des adultes ont été et seront mis en place un
peu partout au Québec. Ainsi, les besoins propres à ces groupes
seront explicitement reconnus, de façon à répondre plus
adéquatement aux aspirations de cette clientèle. Bien plus, nous
voulons soutenir les efforts déployés par ceux et celles qui
oeuvrent à ce niveau d'enseignement et leur apporter tout l'encadrement
nécessaire. Aussi, il est de l'intention du gouvernement d'implanter
dans les meilleurs délais un régime pédagogique distinct
pour les étudiants adultes. Le gouvernement reconnaît
qu'au-delà des besoins reliés à leur rôle
économique et professionnel, les adultes continueront à
éprouver des besoins de formation accrue en relation avec leur vie
professionnelle, familiale, sociale, civique et morale.
D'autre part, le processus d'harmonisation des jeunes et des adultes en
formation professionnelle est bien enclenché et, déjà, des
expériences heureuses se vivent un peu partout dans le
réseau.
M. le Président, un mot sur le régime des prêts et
bourses. Nous serons appelés, au cours de cette session, à nous
prononcer sur le document "orientation du ministre déposé en
avril 1989 quant aux modifications substantielles qui seront apportées
au régime des prêts et bourses, un projet de loi qui sera
déposé en ce sens dès la présente session. (22 h
20)
Notre régime actuel de prêts et bourses est l'un des plus
généreux en Amérique du Nord. Nous n'attendrons pas qu'il
soit dépassé par l'usage pour le rendre encore plus conforme
à la réalité des années quatre-vingt-dix et surtout
de l'améliorer en fonction des besoins nouveaux et réels de la
population étudiante. Ainsi, dans le document d'orientation du ministre,
j'ai été heureux de constater que des correctifs ont
été apportés suite à l'expérience et
à l'application des présentes règles qui régissent
les prêts et bourses. Ainsi, la contribution parentale sera
diminuée. Deuxièmement, l'actif net déclaré des
parents sera porté de 50 000 $ à 90 000 $. La contribution du
conjoint sera plus raisonnable. Les allocations familiales et tout autre
régime, régime de rentes, etc., ne seront pas compris dans le
calcul de la bourse. Le service de garde de 10 $ par jour, par enfant, sera
ajouté. Un comité d'appel sera instauré en cas de litige.
Les étudiants a temps partiel auront droit au régime. Les
élèves de deuxième et de troisième cycle
universitaire verront leur remboursement du quatrième trimestre
réduit de 25 %, et ainsi de suite. Voilà des propositions au
régime qui devraient satisfaire les plus exigeants.
En terminant, M. le Président, je m'en voudrais de ne pas parler
du financement des universités et tout particulièrement des
universités en régions. L'Opposition prend un malin plaisir
à décrire la situation plus dramatique qu'elle ne l'est en
réalité. Il est bien évident que les ressources sont
limitées et nous en convenons. Mais quand on se compare, on se console.
Je suis heureux de constater que depuis notre entrée au pouvoir,
à la fin de 1985, nous avons dès notre premier budget
indexé les enveloppes de fonctionnement des universités. Pour les
universités en régions, nous avons maintenu un financement
spécifique qui est passé de 2 000 000 $ en 1985, à 2 800
000 $ en 1989-1990.
Bien plus, une autre réserve de 2 200 000 $ est
présentement disponible à même les sommes
supplémentaires consenties aux universités lors de notre dernier
budget et ces 2 200 000 $ seront bientôt distribués par le
siège social de l'Université du Québec selon des
critères qu'ils sont à établir. Nos universités en
régions, M. le Président, reçoivent donc un financement
juste et équitable qui correspond à leur mission de dispenser des
enseignements universitaires de qualité dans toutes les régions
du Québec. M. le Président, je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Rimouski. Je reconnais maintenant le
député de Mille-Îles et adjoint parlementaire au ministre
des Finances. M. le député.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Mes premiers
mots en cette Assemblée, M. le Président, seront avant tout
destinés à mes concitoyens et concitoyennes du comté de
Mille-Îles pour les remercier chaleureusement de la con-
fiance qu'ils m'ont renouvelée pour mon second mandat à
l'Assemblée nationale.
Le discours inaugural est un événement très
important dans une Législature, mais encore plus dans le cas actuel, ce
qui a été mis de l'avant et gonflé par la presse et par
les médias comme étant l'événement important, ce
n'est pas le discours inaugural, mais bien, M. le Président, la
réponse au discours inaugural du chef de l'Opposition, du
député de L'Assomption.
Ayant écouté religieusement le chef de l'Opposition, lors
de sa réponse au discours inaugural, je n'ai pas pu m'empêcher, M.
le Président, de voir se dérouler dans ma tête comme dans
une sorte de vision rétro, "flashback" monumental, des
événements passés qui préparaient la rentrée
qu'on disait magistrale, voire même théâtrale du chef de
l'Opposition. En l'écoutant parler, je me suis souvenu de toute la
campagne électorale que nous avons vécue au mois d'août, au
mois de septembre 1989, où le principal acteur, l'unique acteur du
côté du parti de l'Opposition, du Parti québécois,
était le chef de l'Opposition, le député de L'Assomption.
Première reprise de ce même rôle, réponse au discours
inaugural par le député de L'Assomption, le chef de
l'Opposition!
Toute la publicité était centrée sur un seul homme
pendant la campagne électorale, comme le ballon gonflé de la
réponse au discours inaugural du chef de l'Opposition. Et, au fur et
à mesure que j'écoutais discourir le chef de l'Opposition en
réponse au discours inaugural, une autre image me passait en tête.
C'était, avant tout, que cette personne avait concouru, par son
arrivée à la tête du Parti québécois,
à l'élimination de députés très valables -
je fais référence à Claude Filion,
l'ex-député de Taillon, à Jean-Guy Parent,
l'ex-député de Bertrand, à Jacques Rochefort,
l'ex-député de Gouin, à Jean-Pierre Charbonneau,
l'ex-député de Verchères - parce que quand le chef de
l'Opposition, le député de L'Assomption, parle, il n'y a de place
pour personne d'autre. Et ces gens-là ont compris qu'ils devaient
quitter leur parti.
C'est ce même homme qui, dans un autre rôle, a
éliminé non seulement la relève forte de ce parti, mais
qui a voulu éliminer l'embryon de commission jeunesse du Parti
québécois qui se voulait être un pendant de notre
commission jeunesse forte du Parti libéral du Québec. Ce
même chef de l'Opposition, après lui, avec lui, en lui, la
vérité suprême! La république, elle est avec lui; en
lui; elle est pour lui!
Je vous cite, M. le Président, et ce n'est pas uniquement ma
perception, Daniel Latouche, qui n'est pas reconnu comme étant un
libéral haut de gamme, dans Le Devoir du vendredi, 6 octobre
1989, qui disait: "Le doute, connaît pas, il est ce qu'il est - je cite
au texte et je continue - En fait, Parizeau ne représente rien d'autre
que lui-même." Plus j'écoutais la réponse au discours
inaugural, plus d'autres images me revenaient en tête.
Comme la devise de la province, M. le Président: "je me
souviens". Oui, malheureusement, c'est un défaut, je m'en confesse, un
péché capital chez moi, j'ai une mémoire
d'éléphant. Je me souviens du budget de l'An 1 et de
l'improvisation générale du chef de l'Opposition à cette
époque, en matière de finances. Je me souviens qu'alors qu'il
était ministre des Finances du gouvernement du Parti
québécois, de 1976 à 1985, le déficit, comme
plusieurs de mes collègues l'ont rappelé, a quintuplé: 5
000 000 000 $, à 25 000 000 000 $. Vous vous souvenez de ces paroles,
lors du discours inaugural: "29 000 000 000 $ maintenant, c'est peu de chose en
fin de compte", c'est même insignifiant, ça n'a aucune
espèce de conséquence. C'est ce qu'il nous a dit. C'est
très logique et cohérent avec ce qu'il faisait à
l'époque, lorsqu'il était ministre des Finances.
Vous vous souvenez également de l'autre grand rôle qu'il a
tenu lorsqu'il découvrait, par hasard, en 1978, un trou de 500 000 000 $
à l'éducation. C'était cette même personne qui
découvrait par miracle ce trou. N'était-ce pas également
la même personne qui avait été responsable de l'offre faite
aux employés du secteur public en 1979, de 12 % et 14 % d'augmentation?
Tout ça dans un seul but: obtenir le vote référendaire des
syndiqués du secteur public. Le 11 mars 1986, dans Le Journal de
Québec, le député de Lévis déclarait:
"On pourrait dire que c'était à des fins
référendaires." Et oui, c'était uniquement à des
fins référendaires qu'on avait donné sciemment aux
employés du secteur public des augmentations qu'on savait à
l'avance ne pas pouvoir être capable de payer. Gagner le
référendum à tout prix. Je me suis dit: Voilà, le
danger personnifié! (22 h 30)
C'est cette même personne, le chef de l'Opposition, le
député de L'Assomption, qui, comme dans le rôle d'un
chirurgien radical, avec la loi 105, a sauvagement coupé 20 % partout
dans le secteur public. Lui qui avait été le conseiller des Jean
Lesage, des Daniel Johnson père, il ne respectait plus sa signature.
C'est cette même personne, M. le Président c'est
également - étrange coïncidence par les temps qui courent et
avec le discours que tient le chef de l'Opposition - celui qui avait fait la
passe d'Hydro-Québec, le 19 décembre 1981, avec le projet de loi
18 dans cette Assemblée. J'ai le projet de loi 18 devant moi, ici. Il
lui manquait la bagatelle somme à cette époque, pour combler ses
équilibres financiers, c'est-à-dire pour laisser un
déficit acceptable de 3 000 000 000 $, de 4 374 000 000$. Il ne l'avait
pas. Savez-vous ce qu'il a fait? C'était tout simple. Il a fait passer
un projet de loi, il s'est fait déclarer, comme gouvernement du
Québec, propriétaire
du capital-actions d'Hydro-Québec en émettant 5 000 000
000 $ de capital autorisé et il a pris le fonds accumulé depuis
la création d'Hydro-Québec en 1962 pour le renouvellement du
réseau. Il se l'est viré comme propriétaire, en se
déclarant propriétaire.
Je vous lis l'article 3.4 de la loi 18: "Le total des réserves
pour le renouvellement du réseau pour éventualités et pour
stabilisation de taux de la Société, au 31 décembre 1980,
au montant de 4 374 109 000 $, est imputé au paiement total de 43 000
000 actions de la société." C'est cette même personne qui,
hier, M. le Président, vint devant nous, dans cette Assemblée, et
qui nous dit: Vous n'avez pas prévu la gestion à moyen et
à long terme du réseau d'alimentation hydroélectrique au
Québec. Mais, nom de Dieu, lorsqu'on a vidé la caisse en 1981, on
a vidé la caisse pour payer les dépenses d'épicerie du
gouvernement du Parti québécois. Il n'y en avait plus, de
réserve, pour améliorer le réseau; on ne pouvait pas
améliorer le réseau. C'est ce même personnage, et
totalement incohérent.
Des voix: Bravo!
M. Bélisle: L'autre image, M. le Président.
Une voix: Encore.
M. Bélisle: Pendant qu'il parlait, je pensais à ce
grand financier qui voulait acquérir les biens de la famille Gagnon par
la création de Quebecair. Nous savons tous qu'il y a eu des pertes de 1
500 000 $, minimum, par mois. Minimum! On a eu le courage, nous,
d'arrêter... C'est cette personne, ce ministre des Finances, cette
même personne qui est chef de l'Opposition.
Mais la plus belle, M. le Président, si vous vous souvenez de la
dernière Législature, du projet de loi 201 du 6 juin 1988, vous
vous souvenez que nous avons été obligés de voter une loi
pour légaliser la vente de Quebecair et l'achat, par le gouvernement du
Québec du Parti québécois en 1981, des parts, des biens
qu'il avait acquis de la famille Gagnon, parce qu'à cette époque,
le ministre des Finances, le gouvernement de l'époque avait
acheté des titres qui étaient totalement incorrects. Il y avait
182 irrégularités dans l'achat des titres. On a acheté
sans aucune vérification, sans rien.
M. le Président, quand on parle de flux monétaire, de flux
d'investissements... J'écoutais le chef de l'Opposition, dans son
discours inaugural, nous parler de Stone container. Il nous disait que le
premier ministre du Québec tenait compte seulement de Stone container
comme entrée de fonds. Non! Les flux d'investissements, ça
fonctionne à deux sens, ce n'est pas à sens unique. Il faut aussi
penser à Asbestos. Il y a des sorties de fonds, il n'y a pas juste des
entrées de fonds, ça se fait des deux côtés. Qui a
été la personne qui a acheté à fort prix, sans
tenir compte du marché de l'amiante? Le chef de l'Opposition. Et, si
vous vous souvenez des coupures de journaux de l'époque, on disait -
j'en ai une devant moi, du 10 novembre 1981, première page de La
Presse: "Québec paiera le gros prix pour la société
Asbestos." C'est cette même personne. C'est cette même personne qui
refusait d'accepter les recommandations du Vérificateur du
Québec. Soit dit en passant, le Vérificateur
général du Québec emploie 225 fonctionnaires, à
même les fonds publics, nommés impartialement par les deux
côtés de la Chambre. Il refusait de modifier la Loi sur
l'administration financière pour inclure à chaque année
tous les comptes à payer du gouvernement du Québec pour les trois
mois qui suivaient l'exercice financier. On arrêtait de calculer
après les 30 jours qui suivaient. Or, ce qui se passait, messieurs,
c'est tout simple, M. le Président. Quand les comptes entraient au mois
de mai et au mois de juin, on ne les calculait pas. Ils n'étaient nulle
part. On ne rendait pas compte de la gestion. Nous avons été
obligés de corriger, par le projet de loi 130 du 11 mars 1987, cet
état de fait. Et nous avons trouvé, suite à sa gestion -
pas la gestion de quelqu'un d'autre - à sa gestion, 1 300 000 000 $ de
comptes non comptabilisés. Et nous avons été
obligés, M. le Président, en plus, de les reporter à la
dette publique.
Au fur et à mesure que je voyais se défiler leurs
réponses au discours inaugural, je me suis souvenu que c'est cette
même personne qui refusait systématiquement, à chaque
année, de recevoir le Vérificateur général du
Québec en commission parlementaire pour venir donner des explications
sur son rapport qu'il déposait à l'Assemblée. De quoi
avait-il peur, M. le Président? Nous, dès que nous avons
accédé au pouvoir en 1985, nous nous sommes soumis à
l'audition du rapport du Vérificateur général et ce,
systématiquement, quels que soient les commentaires inclus dans le
rapport. Où était le degré de transparence sous
l'administration de cette personne comme ministre des Finances?
Vous savez, la perle de la réponse du discours inaugural, c'est
le ballon gonflé sur les 130 000 000 000 $ de la Régie des rentes
du Québec. Cela n'a pas de sens. Cela n'a pas de sens, ce qui a
été dit. Cela n'a pas de sens. Cela n'a aucun fondement. Non
seulement il est vrai qu'il y a un surplus d'environ 13 000 000 000 $, mais je
vais vous lire ce passage, M. le Président, tiré directement du
texte du rapport annuel 1988-1989 de la Régie, page 81: "Ces taux - on
parle de l'augmentation des taux de cotisation - plus que suffisants pour
couvrir les prestations versées et les frais d'administration depuis le
début du régime ont entraîné l'ac-
cumulation d'un solde de 13 400 000 000 $ au compte du régime de
rentes au 31 mars 1989." C'est clair, il me semble, quand on lit les documents.
Comment se fait-il que le chef de l'Opposition, l'ex-ministre des Finances, ne
pouvait pas tout simplement lire le document officiel et public de la
Régie des rentes du Québec? Et bien plus, à la page
suivante, il y a un gentil petit tableau qui indique les cotisations
reçues, l'actif net accumulé, les revenus sur dépôt.
Comment se fait-il que c'est en 1979 et en 1980, M. le Président, que
les revenus sur les dépôts à la Régie des rentes du
Québec sont devenus inférieurs aux prestations? C'était la
première année où c'était inférieur aux
prestations. Comment se fait-il qu'en bon gestionnaire, en gestionnaire
prudent, le ministre des Finances de l'époque, le chef de l'Opposition
actuel, n'a pas immédiatement corrigé ce tir? Moi, je pense que
c'est parce qu'il ne lisait pas les documents déposés à
l'Assemblée, comme il n'a jamais possiblement voulu lire le rapport du
Vérificateur général. J'en ai la preuve, M. le
Président. Rapport à l'Assemblée nationale, le
Vérificateur général du Québec, 31 mars 1983,
Régie des rentes du Québec - intéressant - pages 149 et
150. Allons faire un petit tour à la page 150. Je vous cite le texte:
"Lorsqu'il est fait mention que la réserve est relativement moins
importante aujourd'hui, il ne faut pas en conclure que la capacité de
payer les prestations soit mise en jeu. Il faut plutôt comprendre qu'il y
a lieu de revoir, comme cela était d'ailleurs prévu lors de
l'implantation du régime en 1965, les mécanismes de financement
du régime de façon à rééquilibrer l'effort
de chaque génération." (22 h 40)
C'est tout simple. Cela signifie que lorsqu'on a constitué le
régime, en 1965, il était prévu que l'on révisait
à des dates périodiques. C'est inclus dans la loi. Un rapport
sera déposé sous peu par la Régie des rentes, en
décembre de cette année, pour la révision des taux.
Pourquoi agiter, monter de toutes pièces de tels épouvan-tails?
Pour faire peur aux gens? Je ne comprends pas.
M. le Président, je veux, en terminant... De cet
événement qui a été surgonflé, la
réponse du chef de l'Opposition au discours inaugural a
été dramatisée même par les journaux. Je pense que
c'est assez éloquent ce que je viens de souligner. Je pense que sa
rhétorique ne résiste aucunement à l'analyse et que son
analyse est mal faite, elle est bâclée et elle est primitive. La
logique est mal ficelée. Ce que je veux dire, M. le Président, en
terminant, c'est que la crédibilité d'un homme politique ne
s'acquiert certainement pas en jouant des rôles auxquels il ne croit pas.
Dans ce contexte, M. le Président, l'enjeu principal du mandat que nous
avons commencé à assumer à l'Assemblée nationale,
le Parti libéral du Québec, après l'élection du
mois de septembre 1989, oui, il y a des idées, il y a des programmes, il
y aura des objectifs gouvernementaux. C'est important, je vous l'accorde. Mais,
M. le Président, ce n'est pas de cela qu'il a été question
à l'élection du 25 septembre 1989, cela a été une
seule question. Et ce qui sera en cause, c'est la crédibilité des
hommes et des femmes qui sont dans cette Assemblée. Et je suis
convaincu, M. le Président, que le choix des Québécois et
des Québécoises, le soir du 25 septembre 1989, a porté au
pouvoir la seule équipe, la seule personne capable, comme premier
ministre, avec une crédibilité, de gérer ce Québec
moderne que nous construirons au cours des prochaines années. Je vous
remercie.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Deux-Montagnes.
M. Jean-Guy Bergeron
M. Bergeron: M. le Président, en premier lieu, je voudrais
m'adresser à tous les citoyens et citoyennes de mon comté pour
les remercier de la confiance qu'ils m'ont manifestée lors de la
dernière campagne électorale. Maintenant que la bataille est
terminée, je voudrais faire un appel à tous les citoyens et
citoyennes qui m'ont donné leur confiance et à ceux et celles qui
ne partageaient pas mes options pour leur dire qu'aujourd'hui, nous ne faisons
qu'un et que nous devons travailler tous ensemble au mieux-être de notre
comté et de notre province. Nous avions des idéologies
différentes mais nous visions le même but: le bien-être de
la population du comté de Deux-Montagnes.
Une fois l'élection terminée, le député
n'est plus le représentant d'une majorité, mais le
représentant d'une communauté. C'est dans ce sens que je fais
appel à toute la population de mon comté: Travaillons la main
dans la main durant les quatre prochaines années. C'est ça qui
est important. C'est le jeu de la démocratie et il faut le jouer
à plein.
Je veux profiter de la première occasion qui m'est faite en cette
Assemblée nationale. Je suis très orgueilleux du comté de
Deux-Montagnes et je voudrais vous faire un bref historique du comté.
Lorsque je regarde la liste de tous ceux qui m'ont précédé
depuis 1867, il y en a eu seulement onze. Le premier sentiment qui me "Vient
à l'esprit est celui de suivre leurs traces et de continuer le travail
et le dévouement inlassable qu'ils ont manifestés durant 122 ans.
Je voudrais donc, ce soir, leur rendre hommage. Permettez-moi de faire une
brève rétrospective.
Le premier député de Deux-Montagnes fut
Gédéon Ouimet et il occupa son siège durant onze ans. M.
Charles Champagne lui succéda de 1876 à 1882. Ensuite, ce fut M.
Benjamin Beau-champ durant quinze ans, soit de 1882 à 1897. Le
successeur de Benjamin Beauchamp fut M. Hector Champagne, de 1897
à 1908. De 1908 - je ne vois pas ce qu'il y a de comique, mais c'est
l'historique que je fais dans le moment - de 1908 jusqu'en 1960 ce fut
l'ère de la famille Sauvé durant 52 ans dans le comté de
Deux-Montagnes, sauf en 1935 où Jean-Léo Rochon a défait
Paul Sauvé. Paul Sauvé reprenait son siège en 1936. De
1960 à 1970 Gaston Binette est élu député de
Deux-Montagnes. Je pourrais vous dire qu'en 1966, je faisais partie d'un autre
parti politique et j'étais l'adversaire de M. Gaston Binette, qui
m'avait battu, en 1966, dans le comté de Deux-Montagnes. Après M.
Binette, ce fut Jean-Paul L'Allier, de 1970 à 1976. L'élection -
je vais faire plaisir à quelques personnes de la salle - de 1976 marque
l'arrivée de Pierre de Bel-lefeuille jusqu'en 1985 alors que Mme Legault
lui succède jusqu'en 1989.
À cette enumeration des onze députés qui m'ont
précédé dans le comté de Deux-Montagnes, il y a
deux points que j'aimerais souligner, deux points dont tous les citoyens et
citoyennes de Deux-Montagnes ne peuvent pas faire autrement qu'être
très orgueilleux. Nous avons eu deux premiers ministres sur les onze
députés qui ont représenté le comté de
Deux-Montagnes, soit M. Gédéon Ouimet de 1873 à 1874 et,
comme vous le savez, Paul Sauvé, en 1959, au décès de
Maurice Duplessis. Malheureusement, M. Paul Sauvé ne fut premier
ministre que durant cent jours, décédant subitement le 1er
janvier 1960. Même si M. Sauvé n'a été à la
gouverne de notre province que durant cent jours seulement, tous se
souviendront de son fameux "désormais" de 1959, au mois d'octobre.
Durant ces jours malheureusement trop courts, Paul Sauvé avait ouvert
les portes pour des relations plus étroites avec le gouvernement
d'Ottawa, alors dirigé par M. John Diefenbaker.
Je suis donc fier d'avoir pris quelques instants pour rappeler aux gens
de mon comté et aux gens ici, aux députés de
l'Assemblée nationale, que nous avons eu l'honneur émérite
d'avoir de valeureux députés dans le comté de
Deux-Montagnes. Durant les quatre années que je serai ici, mon ambition
est de suivre leurs traces et de faire aussi bien qu'ils ont fait durant leur
"terme".
Durant la dernière campagne électorale, j'ai appris
énormément. Comme toutes mes consoeurs et confrères, j'ai
rencontré des milliers de gens, des gens dont les besoins, les demandes,
étaient différents selon leur milieu de vie. Les espoirs, les
besoins de la classe agricole qui couvre près de 60 % du territoire de
Deux-Montagnes ne sont pas les mêmes que pour ceux qui vivent en milieu
urbain. Mais une campagne électorale a l'immense avantage de nous faire
mieux connaître les besoins, les appréhensions et les espoirs de
chacun. Cela est très important et ne peut être que
bénéfique durant mon 'terme". Il me faut, durant les quatre
prochaines années, livrer la marchandise. Durant les quatre prochaines
années, ma porte est donc ouverte à tous et à toutes et il
me faut répondre à leurs attentes. (22 h 50)
J'aimerais maintenant parler des orientations du gouvernement du
Québec pour les quatre prochaines années. À ce
début de mandat, il importe d'établir clairement les
priorités politiques pour les quatre prochaines années.
Après quatre ans de pouvoir, il est important pour le Parti
libéral de continuer à faire preuve d'innovation et de
démontrer sa détermination et l'énergie à laquelle
la population a été habituée depuis 1985. Le style du
gouvernement libéral pour les quatre prochaines années sera
basé sur les éléments suivants: Premièrement, un
gouvernement qui sait où il va. Établir notre programme de
gouvernement en nous inspirant de notre vision des principaux défis de
la société québécoise tels qu'énoncés
durant la campagne électorale. Le développement,
l'économique, la formation, l'environnement et la démographie.
Deuxièmement, un gouvernement compétent et intègre.
Assurer la saine gestion des finances publiques et de l'appareil de
l'État. Assurer la cohérence des politiques des divers agents
gouvernementaux et la coordination de leur action. Faire preuve, oui, faire
preuve et ne pas craindre de faire preuve de transparence dans la gestion de
l'État; respecter le contrat moral entre l'électorat et les
élus. Troisièmement, un gouvernement résolument
engagé à défendre les intérêts du
Québec: affirmer et promouvoir notre spécificité
culturelle distincte, affirmer le rôle du gouvernement du Québec
comme fiduciaire des intérêts collectifs des
Québécois, reconnaître le caractère pluraliste de la
société québécoise comme atout du Québec et
positionner l'équipe libérale comme la seule formation politique
qui soit représentative de toutes les composantes de la
société québécoise. Quatrièmement, un
gouvernement humain: démontrer une préoccupation pour les plus
démunis et rechercher une plus grande justice sociale.
Le premier ministre, lors du discours d'ouverture, a clairement
indiqué les quatre objectifs prioritaires de notre parti: 1. Travailler
au développement économique; 2. améliorer la
qualité de l'environnement; 3. assurer le redressement
démographique et l'avenir du fait français; 4. améliorer
la qualité de vie.
Le premier, travailler au développement économique,
consistera surtout à renforcer les secteurs économiques porteurs
d'avenir en maximisant les retombées économiques, à
faciliter l'adaptation des entreprises et de la main-d'oeuvre à la
mondialisation de l'économie et à un environnement technologique
changeant, à inciter l'investissement dans le capital humain, à
provoquer une transformation de l'économie en vertu du principe du
développement durable. Le
deuxième, améliorer la qualité de l'environnement.
Pour améliorer la qualité de l'environnement, assurer la
sécurité environnementale de la population et mettre en valeur le
patrimoine naturel. Le troisième, assurer le redressement
démographique et l'avenir du fait français, affirmer et
promouvoir notre identité culturelle et assurer l'avenir constitutionnel
du Québec. Et, en dernier lieu, améliorer la qualité de
vie en réduisant les risques sociaux et de santé auxquels font
face les Québécois; atteindre par tous les moyens une plus grande
justice sociale, notamment en améliorant le soutien aux plus
démunis et aux personnes en difficulté. Troisièmement,
favoriser l'épanouissement individuel des Québécois,
notamment à travers l'éducation et la formation à
l'emploi. On me dira que c'est un menu, mais c'est un menu qui deviendra une
réalité. Nous avons quatre ans pour réaliser nos objectifs
et je suis convaincu que nous les réaliserons.
Siégeant dans cette enceinte de l'Assemblée nationale
depuis quelques jours, j'ai écouté religieusement, M. le
Président, tout ce qui s'est dit autant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition et, parfois, je me
demandais si je ne rêvais pas, tellement les opinions étaient
opposées. J'admets que tout n'est pas parfait sur cette terre, mais se
pouvait-il, à ce point, que le Parti libéral soit aussi mauvais
que ce que l'Opposition voulait laisser croire? Le discours d'ouverture du
premier ministre ne contenait rien de concret, selon eux. Rien n'a
grouillé, depuis quatre ans, que ce soit dans le domaine social, de la
santé, du transport, de l'éducation et mettez-en, il en reste
encore.
La question que je me posais: Mais, pardieu, comment se fait-il que j'ai
été élu? Comment se fait-il que 91 de mes consoeurs et
confrères ont été élus? À les entendre
parler, il n'y a pas un chrétien de libéral qui aurait dû
être élu. J'ai vite compris que la politique, la soif du pouvoir,
les moyens pour y arriver étaient le seul credo qui existait pour
l'Opposition. Si le Parti libéral a été
réélu et facilement réélu, c'est que la
vérité est à l'opposé de toutes les sornettes que
nous avons entendues depuis une semaine. Le Parti libéral a
été réélu parce qu'il a répondu aux attentes
et aux espoirs des Québécois et des Québécoises
depuis son retour en 1985. C'est parce que le Parti libéral a fait ses
devoirs et les a bien faits. Et ça, c'est fâchant, c'est
décevant pour une Opposition. Si le Parti libéral a
été réélu, c'est que notre toute première
priorité a été - et continuera de l'être pendant les
quatre prochaines années - le développement économique du
Québec. Les ressources naturelles que nous possédons, que ce
soient les forêts, les mines, l'hydroélectricité,
confèrent au Québec des avantages concurrentiels importants pour
attirer les industries.
Grâce au Parti libéral, nous avons connu, durant les quatre
dernières années, un climat stable et sain. Il faut continuer
à gérer rigoureusement nos dépenses publiques, continuer
d'améliorer nos relations du travail, consolider notre climat social. Et
pour garder cette confiance de l'électorat, cette sécurité
que nous désirons tous, il faut vivre selon nos moyens,
c'est-à-dire dans une saine administration et selon nos moyens de payer.
Il ne faut pas compromettre nos équilibres financiers. Il faut faire une
étude du choix de nos priorités d'intervention. Cela ne s'appelle
pas de la stagnation. Cela ne s'appelle pas de l'immobilisme, mais au contraire
une meilleure utilisation de nos moyens financiers en regard des besoins
primordiaux de la population. C'est ça, le Parti libéral.
En terminant, j'aimerais vous parler brièvement, en tant que
député du comté de Deux-Montagnes, de mes objectifs et des
besoins du comté de Deux-Montagnes. Durant les quatre prochaines
années, j'essaierai de garder l'économie au niveau où elle
est actuellement grâce au Parti libéral qui est là depuis
1985. Il est important que l'économie continue à être ce
qu'elle est dans notre comté. (23 heures)
L'éducation, dans le comté de Deux-Montagnes. La
démographie augmente et terriblement vite. On a besoin d'écoles.
Durant les quatre prochaines années, je ferai tous les efforts
nécessaires pour améliorer la situation de nos jeunes.
Un point très important, l'agrandissement du centre hospitalier
de Saint-Eustache, hôpital qui a été construit en 1962 et
qui est peut-être l'un des plus désuets, je pense, de la province
de Québec. Il faut mettre tous les efforts pour obtenir cet
agrandissement. C'est un besoin pour la population, d'autant plus, comme je le
disais tout à l'heure...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député,
je rappelle simplement aux membres de cette Chambre qu'il est interdit de
passer entre le trône et la masse. C'est une convenance et une coutume
qui a été établie. Il y a une jurisprudence.
Une voix: ...couper la reine.
Une voix: II ne faut pas couper la reine en deux.
Le Vice-Président (M. Cannon): J'espère que
ça ne se reproduira plus. M. le député, s'il vous
plaît, voulez-vous poursuivre?
M. Bergeron: Merci, M. le Président. Alors, j'ai
parlé d'économie, j'ai parlé d'éducation, j'ai
parlé du centre hospitalier de Saint-Eustache. En terminant,
j'espère voir la réalisation du trans-
port en commun, ce qu'on appelle communément chez nous les trains
de banlieue. Je pense qu'il faut dire à ce moment-ci un merci à
l'ancien ministre des Transports, M. Marc-Yvan Côté. Le projet de
modernisation des trains de banlieue de la ligne Montréal-Deux-Montagnes
va dans la bonne direction. S'il nous reste quelques problèmes à
régler, c'est de faire des ententes avec l'ORT, l'organisme
régional de transport. J'invite à ce moment-ci les maires de la
MRC et toutes les associations du comté de Deux-Montagnes à faire
des pressions pour que, le plus rapidement possible, la ligne
Montréal-Deux-Montagnes puisse être intégrée
à l'ORT.
En terminant, M. le Président, je vous offre ma plus grande
collaboration durant les quatre prochaines années. J'offre ma
collaboration à mes consoeurs et confrères de la région
des Laurentides et de la région des Laurentides-Lanaudière. Je
suis prêt. Je suis un vieux politicien, j'ai été maire de
la ville de Deux-Montagnes pendant sept ans, conseiller municipal pendant
quatorze ans. La nouvelle expérience que j'ai comme
député, l'expérience que j'ai pu obtenir durant ces
années au niveau municipal, je désire la mettre au profit des
gens du comté de Deux-Montagnes pendant les quatre prochaines
années. Je vous remercie.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Je reconnais maintenant le
député d'Iberville.
Des voix: Bravo!
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: M. le Président, j'aimerais tout d'abord vous
dire combien il est émouvant pour moi d'adresser la parole dans cette
illustre Chambre où se forge le destin de tous les
Québécois que nous représentons. On ne peut certes rester
indifférent aux 200 années d'histoire que gardent
précieusement les murs de cette enceinte, endroit où tant
d'illustres Québécois ont siégé, ont
légiféré et ont ainsi guidé nos aspirations de
Québécois. C'est donc, M. le Président, avec beaucoup
d'émotion, de sens des responsabilités, de fierté et
d'honneur que j'adresse ainsi la parole pour la première fois en tant
qu'élu représentant la circonscription électorale
d'Iberville. Qu'il me soit permis de féliciter tous mes collègues
de l'Assemblée nationale, cela indépendamment des
allégeances politiques. Je leur dis: Félicitations, parce que,
s'ils ont été élus, c'est que, dans chacune des
circonscriptions qu'ils représentent, ils ont été
perçus par la population comme étant ceux ou celles pouvant le
mieux les représenter. C'est un choix démocratique et libre et
nous pouvons tous, je pense, être très honorés de la
confiance que nos électeurs nous accordent.
Je m'en voudrais, M. le Président, de ne pas profiter de
l'occasion pour féliciter le député de Lapinière
pour sa nomination comme président de notre Assemblée nationale,
et les vice-présidents, le député de Jeanne-Mance et le
député de La Peltrie. J'aimerais vous assurer de ma collaboration
entière afin que les débats dans cette Chambre soient efficaces
et surtout fructueux, dans l'intérêt de tous les
Québécois et Québécoises.
Avant d'en venir au but de mon intervention, soit de commenter le
discours inaugural, j'aimerais, vous comprendrez, M. le Président,
adresser quelques mots à tous les citoyens et citoyennes du beau et
grand comté d'Iberville que je représente. Je leur adresse tout
d'abord mes remerciements sincères pour le vote de confiance qu'ils
m'ont accordé le 25 septembre dernier. Je réalise qu'ils m'ont
accordé cet appui, satisfaits qu'ils sont du mandat de notre
gouvernement depuis 1985. Je réalise aussi que ce vote fut un signe de
confiance pour les prochaines années. Comme je l'ai dit un peu plus
tôt, rien, à mes yeux, n'est plus beau et plus valorisant que
d'être ainsi démocratiquement choisi par nos semblables pour les
représenter. En retour, chers citoyens et citoyennes du comté
d'Iberville, chers résidents des 29 municipalités que je
représente, j'aimerais vous réitérer ma
disponibilité entière et complète à protéger
et promouvoir vos intérêts.
Je suis donc très fier de représenter un des plus beaux
comtés de la province, s'étendant, à l'est, le long de
notre majestueuse rivière Richelieu, ce Richelieu qui fut l'une des
voies d'exploration et de découverte pour nos ancêtres. Comme on
le sait, cette voie naturelle devint, par la suite, une voie d'invasion pour
les troupes américaines. C'est pourquoi on y retrouve de nombreuses
fortifications militaires défensives et on peut aussi constater un
esprit d'appartenance, d'identité et de fierté des gens de la
région qui est tout à fait exceptionnel.
Le comté d'Iberville a donc, dans le passé,
contribué beaucoup à forger l'histoire de notre province et de
notre pays. Parmi les personnages les plus célèbres, mentionnons
Honoré Mercier, avocat, journaliste, homme politique, grand orateur,
député du comté de Rouville et premier ministre du
Québec en 1887. chef du Parti libéral qu'il appelait, à
l'époque, national. Robert Rumilly, auteur bien connu, résume sa
vie en disant qu'il avait l'instinct canadien-français, la passion
canadienne-française; fils d'agriculteur, il était natif de
Sabrevois, près d'Iberville. Mentionnons aussi l'abbé
Elphège P. Filiatreault, natif de Saint-Athanase d'Iberville; patriote
convaincu, il suggéra la bannière de Carillon comme drapeau
québécois, ceci dès 1902. Son idée fit son chemin
durant quatre décennies.
J'aimerais, si vous me le permettez, M. le Président, citer ici
un cahier de la Société d'histoire du Haut-Richelieu qui dit et
je cite: "Après les années quarante, un fort mouvement se
maintint, demandant que le drapeau suggéré par l'abbé
Filiatreault soit adopté officiellement par le gouvernement du
Québec. Le 21 janvier 1948, l'honorable J.-Paul Beaulieu, ministre de
l'Industrie et du Commerce dans le cabinet du premier ministre Maurice
Duplessis et député du comté de Saint-Jean à
Québec, proposa un arrêté en conseil en ces termes: "Que le
drapeau généralement connu sous le nom de drapeau
fleurdelisé, c'est-à-dire drapeau à croix blanche sur
champ d'azur et avec le lys, soit adopté comme drapeau officiel de la
province de Québec et arboré sur la tour centrale des
édifices parlementaires à Québec et cela avec la
modification ci-après, savoir que les lys qui figurent sur le drapeau
soit placés en position verticale." À trois heures quinze
minutes, ce jour-là même, le fleurdelisé était
hissé sur l'édifice du parlement de Québec. Fin de la
citation. Fait historique, ici, à souligner. Pourquoi l'honorable
Beaulieu a-t-il posé ce geste? C'est qu'il se rendait ainsi à la
demande des nombreux citoyens et citoyennes et organismes de la région
que je représente ainsi que des démarches entreprises 40 ans plus
tôt par l'abbé Filiatreault. (23 h 10)
Qu'il me soit également permis de mentionner les noms d'illustres
résidents bien que non natifs d'Iberville, des résidents qui
habitèrent Iberville durant plusieurs années, laissant leur
marque dans notre communauté. Charles-Eugène Boucher de
Boucherville fut premier ministre du Québec à deux reprises et
président du Conseil législatif, homme incarnant la
dignité et la probité politique. Henri Bourassa, qui habita et
participa à plusieurs assemblées politiques dans Iberville,
architecte, peintre, écrivain, journaliste, homme politique qui
exerça toute sa vie une grande influence sur les
événements québécois et canadiens. Il fonda, comme
on le sait, le journal Le Devoir. Je pourrais continuer, M. le
Président, en nommant de nombreuses personnalités du comté
d'Iberville qui se signalèrent sur le plan provincial ou national, des
juges, des ministres et des ecclésiastiques qui, restant près de
la population qu'ils représentaient, contribuèrent grandement
à façonner notre Québec.
Vous comprendrez donc, M. le Président, quels sentiments peuvent
m'animer ce soir, moi qui représente cette population si fière de
son patrimoine et de son identité, moi qu'ils ont choisi, moi qui leur
adresse la parole dans le même lieu que ces illustres
Québécois ont fréquenté.
M. le Président, lorsque j'ai accepté, voilà
quelques mois, de réorienter ma vie vers la politique, plusieurs m'ont
évidemment demandé les raisons entourant cette importante
décision.
Sur le plan personnel, c'est évidemment parce que j'ai, avant
tout, le goût de relever ce défi qui, je le sais à
l'avance, sera très difficile. J'ai le goût de m'impliquer
pleinement afin d'apporter toute ma contribution et d'aider à
améliorer notre qualité de vie à nous toutes et à
nous tous du comté d'Iberville et du Québec.
Sur le plan politique ou si vous préférez,
idéologique, fondamentalement, j'ai toujours souscrit entièrement
aux principes de base qui gouvernent le Parti libéral du Québec,
parti politique très démocratique et ouvert qui, depuis plus de
100 ans, est voué au progrès de notre belle province.
Permettez-moi donc, M. le Président, de rappeler ici, ce soir,
les cinq grands axes de la pensée libérale qui, d'ailleurs,
reflétaient très bien du discours inaugural de notre premier
ministre: Tout d'abord l'importance de disposer d'une économie forte, le
souci de la justice et de l'équité sociale, le caractère
fondamental des libertés individuelles, l'avancement constant de la
démocratisation des institutions politiques et finalement, et non le
moindre, la stabilité essentielle que procure la promotion d'une option
constitutionnelle sans ambiguïté.
M. le Président, je suis donc très fier de me joindre
à cette équipe ministérielle de députés et
de ministres qui ont réalisé autant en seulement quatre
années. En 1985, à l'échelle provinciale, notre parti
s'était engagé à redonner aux Québécois et
Québécoises la prospérité économique,
élément essentiel sur lequel est fondée
l'amélioration sous toutes ses formes de notre qualité de vie.
Quatre années plus tard, le Québec a connu une croissance
économique supérieure à l'ensemble des états
industrialisés ainsi qu'une création annuelle moyenne de 80 000
emplois. Le gouvernement libéral a par ailleurs été en
mesure d'assainir les finances publiques et de réduire
considérablement notre déficit, lequel constitue, il faut bien le
rappeler, un triste héritage du gouvernement péquiste.
M. le Président, nos collègues péquistes et en
particulier le chef de l'Opposition ne semblent pas réaliser dans la
vie, autant sur le plan personnel que collectif, qu'il faut se donner les
moyens de nos ambitions. Et c'est précisément ce que le Parti
libéral du Québec a prouvé qu'il pouvait faire.
L'excellente gestion pratiquée par les autorités gouvernementales
aura également permis d'abaisser les impôts de près de 1
800 000 000 $ sur deux années, ce qui constitue une économie
annuelle et moyenne d'environ 800 $ par famille québécoise.
Dans le comté d'Iberville, beaucoup a été accompli
par l'entremise de mon prédécesseur, le député
libéral, Jacques Tremblay, que j'aimerais saluer ce soir et remercier au
nom de tous les résidents et résidentes du comté
d'Iberville. Certains problèmes qui dataient de plus de quinze
années et qui s'avéraient de sérieuses contraintes
au développement de notre région furent
réglés. Qu'il me soit permis de mentionner les infrastructures
d'aqueduc et d'égout pour plusieurs municipalités, dont
Saint-Sébastien et Venise-en-Québec. Mentionnons aussi le
règlement de l'important problème juridique, associé au
dézonage des terres agricoles, dans lequel était embourbée
la municipalité de Saint-Césaire relativement à un projet
de terrain de golf. Les implications financières pour cette
municipalité étaient sérieuses pour tous les
résidents. C'est maintenant chose réglée. Que dire
également de l'accélération importante du programme
d'assainissement des eaux dans tout le comté d'Iber-ville, du
déblocage de 100 000 000 $ pour l'assainissement de la rivière
Richelieu à la hauteur d'Iberville, de Saint-Jean et de Saint-Luc, de la
relocalisation du CLSC de La Pommeraie à Farnham, de l'accroissement des
budgets consacrés à nos centres d'accueil, du dynamisme
économique qui fut réalisé dans tout le comté?
Enfin, que dire du support accordé à nos agriculteurs et à
nos industries agro-alimentaires?
M. le Président, forts des quatre années de
prospérité, nous nous devons de continuer à regarder vers
l'avenir. C'est pourquoi, comme je l'ai publiquement dit à maintes
reprises durant la campagne électorale, je me perçois, dans
Iber-ville, comme la continuité dans l'action. Je désire
ardemment que le Québec et le comté d'Iberville que je
représente, où je suis né, continuent à s'affirmer
et à évoluer dans la prospérité.
Sur le plan national, je souscris entièrement aux engagements mis
de l'avant par notre formation politique, c'est-à-dire le
développement et la consolidation du dynamisme économique actuel,
la protection et la mise en valeur de notre environnement, ainsi que le
défi démographique. Il est important de planifier longtemps
à l'avance afin que les jeunes d'aujourd'hui n'aient pas à
souffrir des lourdes conséquences d'une mauvaise gestion.
Sur la scène locale, j'aimerais réitérer à
tous mes électeurs et électrices que j'ai déjà
commencé, depuis plusieurs semaines, à rencontrer mes engagements
électoraux. Ces engagements ont, d'ailleurs, été pris
connaissant les orientations de notre gouvernement, lesquelles furent
confirmées lors du discours inaugural du lieutenant-gouverneur, ainsi
que de M. le premier ministre.
Le développement régional, facteur désormais
reconnu comme étant le facteur-clé d'une économie
vigoureuse, devra être maximisé en fonction de nos secteurs
distinctifs dans le comté d'Iberville que sont l'agriculture,
l'industrie et le tourisme. À cet égard, je suis très
heureux d'annoncer à tous mes électeurs et électrices ma
nomination sur la commission de l'agriculture, de l'alimentation et des
pêcheries. J'ai été nommé, à ma demande,
conscient de l'importance de l'agriculture dans le comté d'Iberville. On
y retrouve 1400 fermes parmi les plus belles au Québec. L'industrie de
l'agriculture représente chez nous 186 000 000 $ de chiffre d'affaire
annuel et près de 4000 emplois, en incluant les industries
agro-alimentaires. Je commencerai, d'ailleurs, en janvier des tournées
de consultation auprès des agriculteurs et des organismes agricoles afin
de mieux percevoir leurs préoccupations et leurs besoins. (23 h 20)
De même, dans le domaine de la protection de l'environnement, bien
que beaucoup de travail ait été effectué dans le
comté d'Iberville jusqu'à présent, nous devrons
malgré tout relever de nouveaux défis et veiller à ce que
notre qualité de vie, enviée par plusieurs régions
québécoises, soit préservée. À cet
égard, de concert avec mon collègue, le député de
Saint-Jean, je rencontrerai les municipalités régionales de
comté afin de trouver solution à nos problèmes
associés à la "disposition" des déchets domestiques. Toute
l'importance que le gouvernement entend accorder à cette question fut,
d'ailleurs, confirmée ce matin par M. le ministre de
l'Environnement.
Enfin, en raison des transformations sociales en cours, dont les
modifications relatives à notre pyramide démographique, le
gouvernement libéral continuera à favoriser le renforcement de
nos institutions dans le but que des soins et des services adéquats
soient offerts en regard des besoins nouveaux de notre communauté.
À cet égard, je peux, ce soir, assurer mes électeurs et
électrices de toute l'importance que revêt pour moi la
relocalisation du CLSC Vallée des Forts.
En terminant, M. le Président, j'aimerais signifier à tous
les immigrants et groupes ethniques du comté d'Iberville qu'ils peuvent
compter sur mon appui entier afin de les aider. J'ai vécu de nombreuses
années à l'étranger. Je sais combien il est difficile de
s'implanter et de s'affirmer dans un nouveau milieu. Je connais de nombreuses
familles d'immigrés dans le comté d'Iberville. Je leur dis
bienvenue et réitère le fait que je serai toujours très
heureux de les rencontrer, voire de les aider si besoin il y a.
To the anglophone community of my riding, Mr. Speaker, I would like to
confirm my availability and my willingness to meet them in order to discuss
their preoccupation and concerns. I say: Thank you for your support and I am
looking forward to meet with them on a regular basis.
En conclusion, M. le Président, c'est donc avec une immense
fierté que je représenterai durant les prochaines années
le beau et grand comté d'Iberville, si riche en histoire. C'est
avec diligence et constance que je me ferai le porte-parole ici des fiers
résidents qui y vivent. C'est avec admiration pour le travail fait par
l'équipe libérale depuis quatre ans, afin de relancer
l'économie de notre province tout en assainissant nos finances, que je
me joins à l'équipe minis-
térielle.
Enfin, c'est avec enthousiasme que je souscris aux grandes lignes du
discours inaugural de notre premier ministre afin de contribuer à leur
réalisation et afin aussi d'appliquer ses orientations au comté
d'Iberville. Je vous remercie.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député d'Iberville. Je suis maintenant prêt à
reconnaître le député de Limoilou.
Une voix: Bravo!
M. Michel Després
M. Després: M. le Président, je vais, tout d'abord,
commencer par vous féliciter de votre nomination à la
vice-présidence et de la façon dont vous appliquez les
règlements en cettt Chambre, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Després: Vous appliquez les règlements comme il
se doit et d'une façon apolitique, M. le Président.
Je voudrais, tout d'abord, féliciter tous les nouveaux
collègues ici, en cette Chambre. Je vois le député de
Saint-Henri, le député de Bourget, le député de
Beauharnois-Huntingdon, Verdun et plusieurs autres comtés, sans tous les
nommer, qui sont de nouveaux collègues ici, à l'Assemblée
nationale. La députée et ministre de Marguerite-Bourgeoys,
ministre des Communications. Félicitations, bienvenue ici, parmi
nous.
Une voix: Le député de Sainte-Anne.
M. Després: Le député de Sainte-Anne,
ministre délégué aux Communautés culturelles. On ne
peut pas tous les nommer, que voulez-vous, on est tellement, 92
députés.
Mais, M. le Président, je félicite aussi, du
côté de l'Opposition, tous les nouveaux collègues de leur
venue à l'Assemblée nationale du Québec. Vous savez, M. le
Président, la plus belle nomination en politique, c'est probablement le
titre de député. Le titre de député, parce qu'on a
le droit et le privilège de représenter toute la population du
Québec, la population de notre comté: des travailleurs, des gens
d'affaires, des professionnels, des gens plus démunis, des gens
âgés, de refléter par nos lois et nos règlements...,
d'appliquer des législations qui vont faire que l'on va améliorer
la situation des Québécois et des Québécoises.
Donc, un merci particulier aux électeurs et électrices du
comté de Limoilou qui m'ont permis, pour la deuxième fois,
d'être ici parmi vous et d'avoir la chance de les représenter pour
une deuxième fois consécutive et d'avoir obtenu, m. le
président, je m'en flatterai un peu, pour la deuxième fois la
meilleure majorité de l'histoire du comté de limoilou.
Des voix: Bravo!
M. Després: Je ne suis probablement pas le seul, mais que
voulez-vous? Suite à cette campagne électorale, au début
de cette 34e Législature, M. le Président, on arrive,
après avoir réalisé un mandat, au discours du trône
qui reflète un peu et beaucoup, je vous dirais, les engagements que nous
avons pris en tant que parti politique lors de cette dernière campagne
électorale dans différents secteurs d'activité, que ce
soit dans les secteurs de l'éducation, de l'environnement, de la
culture, de la démographie, du développement régional, des
finances, de l'économie.
Je commencerai par ce qui est d'abord, M. le Président, un peu
l'essentiel de la crédibilité d'un gouvernement,
c'est-à-dire la saine gestion des finances publiques, parce qu'en cette
matière je vous dirais que le chef de l'Opposition a la critique un peu
vite, la gâchette très facile et c'est un peu sa marque de
commerce. C'est probablement une déformation professionnelle comme
professeur d'économie, ce grand professeur des Hautes Études
commerciales.
On lisait dans le Le Devoir du jeudi 30 novembre 1989, Gilles
Lesage: "Parizeau dans "son" Assemblée. Le professeur est brillant,
l'ancien ministre est vulnérable." Vulnérable? Sûrement, M.
le Président, très vulnérable. Comme le disait si bien mon
collègue, président du Conseil du trésor, ce grand
magicien des finances publiques, celui qui pendant huit ans a
géré vos impôts, mes impôts, nos impôts et qui
a su de façon constante, apparemment en toute transparence, comme le
disait mon collègue, député de Mille-Îles,
Jean-Pierre Bel isle tout à l'heure, ne jamais vouloir recevoir le
Vérificateur général du Québec pour être
capable d'expliquer ou de donner des justifications suite aux commentaires du
Vérificateur général.
Un autre article M. le Président: La république... Oui,
sûrement, avec le chef de l'Opposition. "La réplique de
l'Opposition au discours inaugural. Parizeau prédit une augmentation
d'impôt." C'est une phobie, M. le Président. Premier paragraphe,
article de Bernard Descôteaux, "citation: "Prisonnier de ses
stratégies politiques, économiques et financières, le
gouvernement Bou-rassa n'aura tout probablement pas d'autre choix que
d'augmenter les impôts du Québec en pleine période de
ralentissement économique." Je vais vous dire une chose, M. le
Président: C'est toute une nouvelle. J'ai l'impression que l'ancien
ministre des Finances a la mémoire courte. On va essayer de rappeler
peut-être un peu les faits de notre histoire. Remarquez bien qu'en
1976
j'étais un peu jeune; je n'avais pas encore quitté la fin
de mon secondaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Després: Même pas. Que voulez-vous? Mais assez
prêt pour suivre et pour savoir que, si je ne payais pas d'impôts,
mes parents en payaient sûrement et qu'il a commencé à nous
taxer, parce qu'eux, la taxation, ils connaissent ça. On va en parler un
peu, parce que, de 1976 à 1985, ils ont réussi à
quintupler le déficit du gouvernement: de 5 000 000 000 $, on est
passé, en 1985, à 27 000 000 000 $. On l'a juste
quintuplé, M. le Président, et ça, ne vous en faites pas,
de façon annuelle. On va commencer en 1977: on a fait quoi? On a
haussé le coût de l'immatriculation des véhicules
automobiles; on a haussé les coûts des permis de conduire; on a
appliqué une taxe de vente de 8 % sur les vêtements et sur les
chaussures destinées aux enfants; on a augmenté la taxe sur les
repas d'hôtellerie de 8 % à 10 %. On connaît ça, les
taxes, M. le Président. On commence. On est en 1977. J'en
énumère seulement, on va vous dire, une couple par année,
parce que ce serait probablement trop long. (23 h 30)
M. Johnson: Qui a fait ça?
M. Després: Ah, vous avez raison, de poser la question, M.
le président du Conseil du trésor C'est votre collègue
d'en face, le chef de l'Opposition, le ministre des Finances...
Des voix: Ah! Ah!
M. Després: ...à cette époque, M. Parizeau.
Prenez le parti du Québec! Hein? C'est ça qu'on appelle en pleine
campagne électorale: Prenez le parti du Québec! On va prendre
l'argent dans vos poches, ce ne sera pas long, on va continuer! 1978-1979, on a
augmenté la taxe sur le tabac. Ça a donné 48 000 000 $ au
gouvernement du Québec. Toujours la même année
1978-1979...
Une voix: Encore? M. Després: Ah! Des voix: Ha, ha.
ha!
M. Després: Déjà, un de mes collègues
est abasourdi par la taxation de M. Parizeau. On a aboli certaines
déductions d'impôt. En 1979-1980, bien, là, on a
commencé à taxer les entreprises. On a dit: On va aller fouiller
ailleurs que chez les individus. On va aller fouiller dans les entreprises. On
a augmenté la taxe sur le capital et ça a donné 40 000 000
$ au gouvernement. On a augmenté les redevances versées par
Hydro-
Québec. En 1980-1981, on a dit: On va retourner dans le tabac. On
a augmenté encore la taxe: 30 %. On a introduit le début de la
taxe ascenseur sur les carburants.
Oh, ça commence! 1980-1981, 20 %. On a augmenté de 20 % la
taxe sur les primes d'assurance pour dommages matériels. Belle taxation!
En 1981-1982 - on continue, M. le Président, parce qu'il y en a à
toutes les années - nouvelle hausse de taxes de 35 %, encore sur le
tabac. Whoop! On abolit les déductions pour garde d'enfants - politique
familiale très efficace, ça, M. le Président - dans le cas
des enfants moins de six ans. Là, on se ramasse en campagne
électorale en 1981. On revient en Chambre. On a un problème. On a
fait des promesses électorales. Il nous manque de l'argent. On va
recommencer à taxer le monde un peu. Il n'y a rien là, on l'a
déjà taxé, on va recommencer! Whoop! La taxe ascenseur sur
le carburant est à 20 %. On s'est dit: On va l'augmenter encore, on va
juste la doubler, il n'y a rien là! On va l'augmenter à 40 %. On
va hausser et, là, on va taxer. Le tabac, ça fait
déjà quelques années qu'on a la taxe, on va taxer la
bière.
Une voix: C'est un bon gouvernement.
M. Després: 22 000 000 $. On augmente le tarif
d'immatriculation sur les véhicules de promenade. On l'augmente juste de
60 % la même année, M. le Président.
M.Johnson:60 %?
M. Després: 60 %, M. le président du Conseil du
trésor. Vous n'avez probablement pas vu ça dans votre mandat,
vous.
Budget 1982-1983, on continue à augmenter ou bien on revient sur
le tabac. Les cigarettes, ça a l'air d'être une phobie: 30 000 000
$. Le taux effectif de la taxe ascenseur, 20 % à 40 %. On va donner un
autre petit coup: 47 %.
En 1983-1984, ça a été une bonne année. Il y
a juste une taxe cette année-là. Je vais avoir de la
misère à en nommer une couple. La taxe additionnelle. On a dit:
On va charger un petit 2 $ sur les vidéocassettes, un petit 2 $.
En 1984-1985, on a dit: Là, on va relever la taxe encore sur le
tabac. On va donner un petit coup. On est rendu à 50 %, on va
l'augmenter à 55 %. Il n'y a rien là. Ça va juste donner
un autre petit 38 000 000 $ qu'on va aller chercher dans les poches des
contribuables.
Cet intendant, spécialiste de la taxation, M. Parizeau, nous a
permis, effectivement, à cette période...
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le
député de Laviolette, question de règlement.
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais que vous
appliquiez le règlement. Surtout d'une personne qui est ici depuis
quatre ans, on ne nomme jamais une personne par son nom; on la nomme par son
titre ou par son comté.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: On assiste à un recul historique, alors que le
député de L'Assomption était ministre des Finances. On
peut y référer sous ce nom-là. Il a longtemps
été M. Parizeau - je vous le ferai remarquer - de novembre 1984
à nos jours. Et il est maintenant le député de
L'Assomption et chef de l'Opposition. C'est ce dont parlait le
député.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Sur cette même question de
règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Sur la même
question.
M. Jolivet: M. le Président, je veux simplement faire
remarquer que, comme président, vous avez bien entendu les mots. Ce ne
sont pas des citations. Deuxièmement, vous savez très bien que,
pour l'exemple à donner aux nouveaux arrivants ici, dans cette
Assemblée, il faut appeler la personne par son titre ou par le nom de
son comté.
Le Vice-Président (M. Cannon): Effectivement, à
l'article 35.1, "le député qui a la parole ne peut
désigner le président ou un député autrement que
par son titre." Alors, j'inviterais le député de Limoilou, qui a
la parole, à s'adresser à la Chambre avec la convenance
habituelle qu'on peut lui reconnaître. Merci.
M. Després: Je vous remercie, M. le Président,
d'appliquer les règlements comme vous le faites si bien ce soir! On
parlera du député de L'Assomption, chef de l'Opposition, M.
Parizeau. J'espère que ça va à mon collègue.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Non.
M. Després: Ça ne vous va pas, non plus?
Le Vice-Président (M. Cannon): Écoutez, M. le
député de Limoilou, je vous invite à vous soumettre au
règlement. Il y a un certain décorum ici dans la Chambre, il y
a une contenance. Vous le savez très bien, vous êtes
député dans cette Assemblée depuis les quatre
dernières années. Alors, je vous invite à respecter le
règlement.
M. Johnson: M. le Président, afin d'appuyer vos
dires...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: ...on pourrait peut-être tous se
remémorer le décorum avec lequel vous-même, comme
député de la peltrie, vous vous êtes toujours
comporté.
M. Després: M. le Président, le
député de L'Assomption, chef de l'Opposition, on s'en rappellera,
nous a permis, au Québec, de porter à cette époque,
probablement, le titre de la province la plus taxée en Amérique
du Nord. Pour finir cette période de taxation de l'ancien chef de
l'Opposition - pas de l'ancien, on va dire que c'est toujours l'actuel chef de
l'Opposition - de l'ancien ministre des Finances plutôt, il y a cette
fameuse coupure qu'il avait faite en 1982 au personnel des secteurs public et
parapu-blic, apparemment, probablement, par manque de fonds dans les finances,
celle d'aller chercher directement chez les travailleurs des secteurs public et
parapublic. Lui qui a brimé constamment les négociations, qui a
brimé son contrat, qui a, comme il l'avait fait en campagne
électorale... Il est revenu taxer les citoyens alors qu'il avait fait
des promesses, alors qu'il avait signé une convention collective et,
après l'élection, il revient, il coupe directement de 20 % les
salaires des employés de l'État.
Une voix: C'est terrible!
M. Després: Donc, tout ça, M. le Président,
pour vous dire que, si on fait la rétrospective du chef de l'Opposition,
ancien ministre des Finances, qui vient à nous, gouvernement
libéral, nous faire cette morale des finances publiques, alors qu'il a,
lui, pendant huit ans, géré ces finances, passé de 5 000
000 000 S à 25 000 000 000 $, qu'il a passé aux dépenses
de l'État... Alors que les intérêts sur la dette, ça
représentait 5 % du budget de l'État, on est passé, en
1985, à 14 %. Comme le disait un de mes collègues, le
député d'Argenteuil. ministre de l'Éducation: Entre 5 % et
14 %, il vous reste 9 %. Ces 9 %, par rapport au budget d'aujourd'hui, un
budget de 30 000 000 000 $, c'est 3 000 000 000 $. Donc, si on avait
contrôlé les finances publiques à cette
époque-là, on aurait aujourd'hui une marge de manoeuvre
supplémentaire de 3 000 000 000 $ et ça, pour tous les secteurs
d'activité, que ce soit
la santé, l'éducation, le développement
régional, peu importe, M. le Président.
Peut-être pour terminer, parce qu'on a beau interpréter les
chiffres, les pommes sont des pommes, les bananes sont des bananes, M. le
Président. Création d'emplois - juste pour finir avec quelques
indicateurs économiques - 1976-1985: 35 000 emplois créés
durant notre premier mandat, une moyenne de 78 000. on se plaint, du
côté de l'opposition, du taux de chômage, m. le
président: on était à 11,8 %. on est à 9,4 %. chez
les 15-24 ans, une clientèle jeune, une clientèle importante, la
clientèle de l'avenir, on était en 1985 à 18 %. chez nous,
à la fin de 1988, au début de 1989: 13,3 %. ça ne veut pas
dire qu'il ne reste pas de place à l'amélioration. on en est
conscient, sauf que des efforts ont été faits. ce grand
fiscaliste, le chef de l'opposition, ancien ministre des finances pour ne pas
le nommer... l'écart fiscal entre le québec et l'ontario à
la fin du mandat du parti québécois: 10,5 %. avec nous: 1,5 %.
l'écart des entreprises - très important - la concurrence, les
emplois, les jobs, les gens de mon comté, de votre comté, 9,6 %
à la fin de leur mandat: 1,3 %, monsieur.
On va parler un petit peu de la famille, vous savez, parce que ces
gens-là, accordent beaucoup d'importance à la politique
familiale. En 1985, à partir de 10 000 $, on payait de l'impôt, un
couple, deux enfants. Aujourd'hui, M. le Président, on commence à
payer de l'impôt à 22 000 $. (23 h 40)
Au niveau de la santé, les dépenses, en 1985, qui
représentaient 28% du budget de l'État, reflètent
aujourd'hui près de 32 %. Donc, augmentation du budget des
dépenses, au niveau de la santé, de 4 %.
Salaire minimum, on va en parler. Eux qui défendent la politique
de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, le petit
travailleur, je vais vous en parler, M. le Président, parce que le
comté de Limoilou, ce n'est pas un comté riche, c'est un
comté de petits travailleurs au salaire minimum. Ces gens ont
"gelé" pendant des années sans augmenter, durant des
périodes difficiles; pendant quatre ans, ils n'ont jamais
augmenté le salaire minimum. Nous, on l'a augmenté. Le
député de Taschereau, un de mes collègues, connaît
très bien, lui aussi, le salaire minimum à cause du type de
clientèle qu'il représente, les travailleurs. On l'a
augmenté de 0,25 $ par année, chaque année depuis que nous
sommes au gouvernement, au pouvoir.
Développement économique dans la région de
Québec, au niveau de la province, des projets, en voulez-vous? Cascades,
à Port-Cartier; Pétromont; General Motors à Boisbriand;
Mur-dochville la réouverture; Donohue-REXFOR, à Matane; Glaverbel
pour la région de Québec; le parc technologique pour la
région de Québec;
Alumax, pour la région de Québec; Soligaz. M. le
Président, seulement quelques projets que le gouvernement libéral
a pu réaliser dans le cadre de son mandat. La formule est fort simple
avec l'ancien ministre des Finances, avec M. Parizeau, celui qui prend le parti
du Québec, constamment celui qui, durant huit ans au pouvoir, cet ancien
ministre des Finances, a constamment augmenté les taxes, augmenté
les impôts, augmenté le déficit, augmenté le taux de
chômage, diminué le nombre d'emplois créés.
Voilà un parti qui prend le parti des Québécois, M. le
Président.
La différence est fort simple entre le gouvernement
libéral et le grand magicien qu'était le ministre des Finances.
Chez nous, pendant quatre ans, on a diminué le déficit qui
était de 3 300 000 000 $ à 1 600 000 000 $, on a diminué
le taux de chômage, on a augmenté le nombre d'emplois
créés, on a diminué les impôts, on n'a émis
aucune nouvelle taxe pendant quatre ans. Voilà, M. le Président,
un gouvernement responsable, un gouvernement qui est crédible dans les
finances du Québec. Voilà pourquoi la population du Québec
nous a réélus le 25 septembre dernier.
Des voix: Bravo!
M. Després: Peut-être juste en terminant, parce
qu'on a fait la rétrospective de l'ancien gouvernement, de notre
gouvernement, on est conscient qu'il y a présentement un ralentissement
économique, que les taux d'intérêt qu'on dénonce, du
gouvernement fédéral, qui sont trop élevés, de
l'impact que pourra avoir la TPS sur l'économie de la province. Le
premier ministre du Québec nous a bien saisis de ce qu'il veut mettre de
l'avant pour permettre qu'on ait toujours une gestion rigoureuse des finances
publiques, pour assurer une meilleure détermination de nos
priorités, et cela en accroissant certains investissements - je conclus
là-dessus, M. le Président, avant que vous vous leviez pour le
règlement - dans certains secteurs de la santé, des services
sociaux...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député
de Limoilou, justement, conformément au règlement, il ne vous
reste que quelques secondes. Alors, je vous prierais de bien conclure, s'il
vous plaît.
M. Després: M. le Président, en terminant, je vous
disais que le premier ministre nous a dit qu'il ferait des investissements, que
nous ferions des investissements dans les services sociaux, l'éducation,
l'environnement, les affaires culturelles. Voilà de quelle façon
le gouvernement a su administrer les finances publiques au cours des quatre
dernières années, comment il saura administrer les finances au
cours des quatre prochaines années et, cela, c'est dû à un
gouver-
nement qui est réaliste, efficace et conscient de ses
capacités et de son développement, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Limoilou. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, afin de permettre un repos
mérité pour tout le monde, je proposerais l'ajournement de notre
débat, ou une suspension, mais, d'une façon ou d'une autre, il y
aura d'autres personnes qui supposeront d'autre chose.
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que l'ajournement du
débat est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président, avec votre permission,
trois remarques dont deux motions. La première remarque, je veux dire
ici très clairement, suite à mes propos de tout à l'heure,
que je n'ai pas souvenance, depuis que vous siégez ici, que vous ayez
été jamais rappelé à l'ordre pendant l'un de vos
discours. Je peux en témoigner à l'adresse des nouveaux
députés qui sont ici. Deuxièmement, je demanderais
l'ajournement de nos travaux à demain dix heures. Et
troisièmement, je fais remarquer que ce sera votre anniversaire demain
lorsque nous reviendrons, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Donc, l'ajournement est
appelé. Il y a consentement. Alors, on ajourne à demain, 10
heures, le 6 décembre.
(Fin de la séance à 23 h 46)