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(Quatorze heures onze minutes)
Le Président: Mesdames, messieurs les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence du ministre des Finances, du Budget,
de la Fonction publique
et des Affaires extérieures de la région
Bruxelles-Capitale
J'ai le grand plaisir de souligner la présence dans la tribune du
ministre des Finances, du Budget, de la Fonction publique et des Affaires
extérieures de la région Bruxelles-Capitale, M. Jozef
Chabert.
Présence du consul général de la
république de Corée à Montréal
Également, j'ai le plaisir de souligner la présence du
consul général de la république de la Corée
à Montréal, M. Sung Hong Choi.
Nous allons dès maintenant procéder aux affaires
courantes:
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article b du feuilleton.
Projet de loi 32
Le Président: À l'article b du feuilleton, M.
lé ministre de la Santé et des Services sociaux présente
le projet de loi 32, Loi modifiant la Loi sur la protection de la santé
publique.
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Le projet de loi a pour objet de modifier la
définition de "laboratoire" pour y inclure "imagerie médicale."
Il y réaménage certains articles concernant l'obligation de
détenir un permis pour l'exploitation d'un laboratoire.
Enfin, le projet de loi précise que pour une certaine
période, aucun examen au moyen d'un appareil de résonance
magnétique ne pourra être fait dans un laboratoire.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Toujours à la présentation de projets de loi, M. le leader
du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article c du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 42
Le Président: À l'article c, M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux présente le projet de loi 42, Loi
modifiant la Loi sur l'as-surance-maladie et la Loi sur la Régie de
l'as-surance-maladie du Québec. M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
projet de loi prévoit la communication de certains renseignements au
responsable de l'application d'un régime d'assurance-maladie dans les
autres provinces pour leur permettre d'identifier les personnes ayant
quitté leur province. Il permet également la communication au
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle de certains renseignements à l'égard de
prestataires d'un programme d'aide de dernier recours en vertu de la Loi sur la
sécurité du revenu relatif aux ordonnances de médicaments
prescrites et exécutées. Enfin, ce projet de loi comporte
certaines dispositions de concordance ou de conformité.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Dépôt de
documents. Mme la ministre des Communications.
Rapport annuel de la Régie des
télécommunications
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, il me fait
plaisir de déposer ces documents.
Le Président: Donc, vous déposez, Mme la
ministre?
Mme Frulla-Hébert: C'est un avis triennal, le rapport
annuel de la Régie des télécommunications du
Québec.
Le Président: Très bien. Donc, ce document est
déposé.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel.
Intervention sur un fait personnel Propos sur les
Témoins de Jéhovah
J'ai reçu de M. le ministre des Affaires municipales et ministre
responsable de l'habitation la lettre suivante dont je vous donne lecture.
À l'ordre, s'il vous plaît!
La lettre est datée du 26 avril 1990. "M. le Président,
conformément à l'article 71 du règlement de
l'Assemblée nationale, je vous informe que j'ai l'intention de fournir
des explications sur les propos que j'ai tenus sur les ondes de la station
radiophonique CJTR à Trois-Rivières le 23 avril dernier et dont
les grandes lignes ont été rapportées dans le journal
Le Soleil du 24 avril. Je vous prie d'agréer, M. le
Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs." Et c'est
signé: M. Yvon Picotte.
Avant de vous donner la parole, M. le ministre, je vous rappelle que
conformément à l'article 71 du règlement, vos explications
doivent être brèves et formulées de façon à
ne susciter aucun débat. Vous avez la parole, M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Concernant les propos
que j'ai tenus sur les ondes de la station radiophonique CJTR à
Trois-Rivières, le 23 avril, et dont les grandes lignes ont
été rapportées dans le journal Le Soleil le
lendemain, j'aimerais préciser qu'en aucune façon, je n'ai voulu
offenser quelque groupe que ce soit. Si tel est le cas, je m'en excuse.
Le Président: Maintenant, avant de passer à la
période de questions...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Avant la période de questions, je
voudrais vous informer qu'après la période de questions, il y
aura un vote reporté sur la motion sans préavis
présentée par Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine et à la Famille. Nous allons donc
maintenant procéder à la période régulière
de questions. Pour la première question principale, je vais
reconnaître M. le député de Laviolette.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
La politique du gouvernement au sujet des usines de
désencrage
M. Jolivet: M. le Président, l'on sait que quatre groupes
ont présenté au ministre délégué aux
Forêts des propositions dans le but de construire au Québec des
usines de désencrage. On sait également que le Québec,
compte tenu de la capacité d'approvisionnement ne pourrait pouvoir
obtenir que trois ou quatre usines au maximum. D'un autre côté, on
sait également que, parmi ces groupes, le groupe Cascades, n'a pas
écarté la possibilité de construire une usine aux
États-Unis si une politique n'est pas bientôt adoptée par
le gouvernement du Québec.
Alors, j'aimerais poser au ministre délégué aux
Forêts la question suivante. S'il est en mesure de nous indiquer à
quel moment il entend rendre publique la politique de son gouvernement à
ce sujet et, sinon, puisque, depuis un bout de temps, on a des rapports de
cette politique, quelles sont les raisons pour lesquelles des délais de
jour en jour, de mois en mois, se font sentir dans cette politique.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je remercie le député de Laviolette pour sa
question. De par son expérience, il sait fort bien qu'un dossier
semblable est un dossier compliqué et qu'il faut faire toutes les
études et prendre toutes les précautions nécessaires pour
le mener à bon port. On sait qu'au Québec, on consomme environ
275 000 tonnes de papier et, selon les données du ministère de
l'Environnement, lorsqu'on pourra en récupérer 40 % à 50
%, ça pourra se comparer aux pays qui font le plus de
récupération, c'est-à-dire le Japon et l'Allemagne. Je
compte bien, M. le Président, soumettre un mémoire au Conseil des
ministres la semaine prochaine et le député de Laviolette aura sa
réponse à partir des décisions du Conseil des
ministres.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, le ministre ne croit-il pas
qu'il est urgent, au moment où on se parle, compte tenu des
impératifs auxquels doivent faire face les papetières du
Québec pour écouler leurs produits, même aux
États-Unis, qu'elles connaissent immédiatement - ça fait
des mois que le ministre recule - la position du gouvernement? Attend-il qu'une
entreprise québécoise décide de prendre la décision
d'aller créer des emplois à l'extérieur plutôt
qu'ici au Québec?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'aurais souhaité que le député de
Laviolette écoute ma réponse, à savoir que je soumettrai
au Conseil des ministres un mémoire, la semaine prochaine, et le
gouvernement fera connaître sa décision. C'est évident, je
suis entièrement d'accord avec lui, je pense que c'est urgent qu'on
arrive à une proposition qui pourra être évaluée par
les promoteurs.
Le Président: En question additionnelle, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
va regarder de façon très particulière la demande de
Kruger de Brompton-ville qui a présenté son dossier au mois de
juin, l'année dernière, et qui rencontre, comme vous l'avez dit
d'ailleurs, tous les critères auxquels vous vous attendiez?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il est évident que nous allons regarder les
propositions de tous les promoteurs de façon particulière. Et Mme
la députée de Johnson a raison, Kruger a soumis une proposition
en juin dernier. Le groupe Orford a soumis également une proposition au
sommet économique de sa région, le groupe Cascades vient de
soumettre une proposition pour Cap-de-la-Madeleine et MacLaren et Donohue ont
également des propositions, mais chacune des propositions sera
examinée avec beaucoup d'attention, M. le Président.
Le Président: Toujours en additionnelle, M. le
député de Laviolette. (14 h 20)
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Le ministre, dans sa
politique, peut-il nous indiquer maintenant quel rôle il donnera aux
groupes communautaires dont il connaît le travail qu'ils ont fait en
récupération? J'aimerais qu'il nous indique s'il a l'intention de
considérer les groupes communautaires comme étant un lieu
privilégié pour la récupération du papier au
Québec, pour les usines de desencrage.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, on tiendra certainement compte de l'implication des groupes
communautaires. Je crois que le groupe Orford a l'appui des
récupérateurs de toute sa région et ceci est un atout pour
un promoteur qui est endossé par des groupes semblables, M. le
Président. '-?
Le Président: En question principale, maintenant, M. le
député d'Arthabaska.
Situation de l'industrie de la production du
boeuf
M. Baril: Oui, M. le Président. Le secteur de la
production du b?uf au Québec vit, depuis quelque temps, une
situation très difficile. La production de bovins, depuis
l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, a diminué de 16 000
têtes au Québec, comparativement à une augmentation, durant
le deuxième mandat du Parti québécois, de 78 %. Cette
même production subit une baisse de 23 % maintenant. De plus, la
moitié des veaux du Québec sont actuellement vendus à des
producteurs ontariens qui les engraissent pour, ensuite, nous les revendre et
profitent ainsi de la valeur ajoutée. Les abattoirs du Québec
connaissent des difficultés, comme en témoigne la fermeture de
l'abattoir Bouvillons Canada, dans la Beauce.
Dans une lettre que le ministre adressait personnellement au
président de la Fédération des producteurs de boeuf le 17
juillet 1989, le ministre Pagé s'engageait à mettre en place un
programme intégré de développement du secteur du boeuf
dans le mois à venir; c'était au mois de juillet 1989. On est
rendu neuf mois plus tard et rien ne s'est encore produit et les producteurs de
boeuf attendent toujours. Comment le ministre peut-il expliquer l'inertie,
l'inaction de son gouvernement devant la situation déplorable de
l'industrie du boeuf au Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
20e anniversaire de l'accession de M. Bourassa au
poste de premier ministre
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je remercie le
député d'Arthabaska de la question qu'il me formule aujourd'hui.
Vous me permettrez cependant d'exprimer ma surprise, j'aurais cru que mon
honorable collègue, le leader de l'Opposition, se serait levé, en
début de séance, pour féliciter le premier ministre du
Québec, M. Bourassa, qui célébrera son 20e anniversaire le
29 avril; ça fera 20 ans qu'il aura agi et aura été
désigné comme premier ministre du Québec, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: Un instant, M. le leader du gouvernement. Un
instant, un instant! S'il vous plaît! Alors, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je réservais une
surprise au premier ministre. Je voulais en faire une motion non
annoncée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Étant donné qu'on vient de le faire,
je joins ma voix, au nom de notre formation politique, à cette motion
d'anniversaire, ce 20e anniversaire. Quant au qualificatif du 20e, si on en
fait une motion non annoncée, je le qualifierai.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors nous revenons à la question du
député d'Arthabaska. M. le ministre.
M. Pagé: J'apprécie, M. le Président, la
délicatesse du leader de l'Opposition.
Situation de l'industrie de la production du boeuf
(suite)
M. le Président, je remercie le député de sa
question. C'est une question qui est importante. Elle réfère
à un segment de notre production agricole qui est en
développement au Québec depuis près de, quoi? 17 ans, 18
ans, près d'une vingtaine d'années, somme toute; 4700
exploitations dans les vaches-veaux, au-delà de 900 exploitations dans
l'engraissement, valeur de la production évaluée à 125 000
000 $, valeur ajoutée d'environ 90 000 000 $ et 2200 emplois qui sont
directement reliés au Québec à la production du boeuf.
Cependant, on est confronté, dans cette industrie, à un
problème très épineux, très délicat. On
s'est lancé au Québec dans cette production avec la conviction
qu'on serait capable de performer, en termes de rentabilité,
d'efficacité, de productivité, de prolrficité, dans cette
production-là, comme on a produit et on a performé dans la
production laitière. Or, l'expérience nous a enseigné que
nous sommes allés, possiblement, trop vite. Mais là n'est pas la
question. Il ne s'agit pas pour notre gouvernement de remettre en cause le
bien-fondé, la pertinence du développement de cette production.
Ce qu'on a fait, effectivement, à la fin de l'année 1988, au
ministère, on s'est assis avec la Fédération des
producteurs de bovins du Québec, on a élaboré ensemble un
plan d'intervention intégré. Un plan d'intervention
intégré, pour le bénéfice de ceux qui ne savent pas
exactement ce que c'est, c'est une action à laquelle souscrivent et
participent l'ensemble des intervenants, que ce soit en amont de la production
au niveau de la recherche, l'insémination, la santé animale etc.,
ou la production, la transformation, le conditionnement et la mise en
marché du boeuf au Québec.
Partant de là, je leur ai effectivement confirmé, dans une
lettre en juillet 1989, mon intention de rendre public, de déposer le
plan d'intervention assez rapidement. Or, la Fédération, M. le
Président - et je terminerai parce que je suis persuadé que je
vais avoir des additionnelles - la Fédération des producteurs de
bovins a demandé de me rencontrer après que je leur eus fait
parvenir cette missive. Je les ai effectivement rencontrés. Si ma
mémoire est fidèle, c'était le 26 juillet, à
Saint-Hyacinthe et là on a décidé ensemble d'apporter des
modifications majeures au plan qui avait été
précédemment proposé au Conseil du trésor. Le plan
a été effectivement modifié...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Pagé: ...on s'est présentés au
Trésor et je peux vous indiquer, M. le député, qu'on
devrait être en mesure d'annoncer de bonnes nouvelles bientôt, vous
savez neuf mois, c'est passé, on arrive bientôt.
M. Chevrette: M. le Président, règlement.
Le Président: Évidemment, M. le leader de
l'Opposition, la réponse était un peu longue. J'ai avisé
le ministre à deux reprises de bien vouloir conclure, que je trouvais sa
réponse trop longue, il concluait.
M. Chevrette: Non, non. M. le Président, s'il y en
a un dans cette Chambre qui doit respecter l'article 79, c'est bien le leader
du gouvernement. Il se lève à tout moment pour intervenir sur
l'article 71 relativement aux questions. Il devrait apprendre l'article 79.
Ça n'a pas de bon sens. Le fait de dire que la présidence dit
à deux reprises: Concluez! Concluez! Quand ça ne conclut pas, il
y a un moyen de faire conclure, c'est de se lever debout, au plus vite.
Le Président: Très bien. J'ai demandé au
ministre de conclure. La présidence coupe très rarement la parole
à un député. On l'avise à quelques reprises qu'on
veut une conclusion rapide. S'il n'y a pas de conclusion rapide, à ce
moment-là, le président pourrait interrompre carrément la
question, mais vous conviendrez avec moi qu'il n'est pas coutume d'agir de
cette façon dans la Chambre. On demande la collaboration des
parlementaires et des ministres pour que, quand on demande la conclusion, on
donne une conclusion rapide. D'accord? Alors votre question additionnelle.
M. Baril: Oui, M. le Président. Pourquoi le
ministre n'était-il pas au courant, en date du 17 juillet 1989,
lorsqu'il a écrit au président de la Fédération des
producteurs de bovins - et avec ce qu'il vient de nous dire - il nous disait
cela: Je peux vous assurer que j'endosse pleinement ces recommandations et que,
dès le mois prochain, j'interviendrai. Quelle explication le ministre
peut-il nous fournir aujourd'hui alors qu'on se retrouve bientôt 10 mois
plus tard et
qu'on n'a rien? Pourquoi le ministre ne profi-te-t-il pas de l'occasion
aujourd'hui du 20e anniversaire du premier ministre pour montrer que le Parti
libéral fait quelque chose dans l'agriculture au moins pour une fois?
Pourquoi ne profite-t-il pas de l'occasion?
Une voix: pas juste aux élections. Une voix: bravo!
bravo!
Le Président: M. le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: M. le Président, le député
n'a certainement pas suscité de débat par sa question, donc
ça ne suscitera certainement pas de débat par ma réponse.
Seule province au Canada à avoir un revenu net positif en 1989, c'est le
Québec, M. le député, 5,5; baisse partout au Canada.
.Alors, c'est très simple, la réponse très
spécifiquement, c'est que le 26 juillet, la Fédération des
producteurs de bovins m'a convaincu d'ajouter un élément dans le
plan de développement intégré qui s'adresse au
problème du sous-financement des parcs d'engraissement au
Québec.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, je ne doute pas de
l'honnêteté et de la sincérité du ministre, mais
dans son plan lui-même d'intégration...
Des voix: Bravo!
M. Baril: ...dans son plan lui-même qu'il proposait en date
du 17 juillet 1989, il en était mention de ce qu'il vient de nous dire
là. Qu'il ne vienne pas nous dire que c'est la fédération
qui a ajouté des demandes nouvelles. Comment explique-t-il ça que
ce sont des demandes nouvelles, qu'il y avait huit "items" ici et que c'en
était un de ceux-là?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je prends acte et
je remercie le député des bons propos à mon endroit,
lesquels s'ajoutent d'ailleurs à des propos très élogieux
qu'il m'a adressés dans son propre comté où on a
inauguré en sa compagnie, mardi, un investissement de 2 000 000 $ avec
une contribution du gouvernement du Québec de 600 000 $.
Des voix: Bravo! Bravo! (14 h 30)
M. Pagé: M. le Président, pour revenir à la
lettre, il avait été question effectivement avant le mois de
juillet 1989 que le programme ça va de soi parce que si on fait
davantage de semi-finition au Québec comme c'est notre objectif
plutôt que le "short-keep" aller se faire engraisser en Ontario et
revenir par la suite dans nos parcs d'engraissement avant le 17 juillet 1989,
il avait été entendu qu'on se dirigeait vers davantage de
semi-finition... Je vous invite à communiquer avec M. Gilles Laurent,
président de la Fédération des producteurs de bovins,
lequel va vous confirmer que c'est lors de la rencontre de juillet à
Saint-Hyacinthe que, comme ministre au nom du gouvernement, j'ai indiqué
non seulement notre réceptivité mais notre accord pour ajouter un
volet additionnel au plan comme quoi le gouvernement s'engagerait de
façon à supporter un certain nombre de parcs d'engraissement au
Québec et ça s'est effectivement décidé lors de la
réunion de la fin du mois de juillet, premièrement.
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Pagé: Deuxièmement, ça s'en vient. C'est
pour bientôt et j'espère que vous allez vous lever et nous
féliciter.
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Une dernière question
additionnelle, M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, comment peut-on croire le
ministre? Ça fait plusieurs fois qu'il annonce en cette Chambre et qu'il
annonce en dehors de la Chambre qu'il va annoncer bientôt un programme
qui va aider les producteurs de bovins. Comment peut-on le croire aujourd'hui?
Le ministre peut-il nous assurer que le jour où il trouvera les sommes
d'argent pour répondre à cette demande-là, il n'ira pas
les prendre dans un programme pour couper d'autres producteurs agricoles et que
ce sera des sommes ajoutées?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, je retiens que le
député ne doutait pas de ma sincérité. C'est vrai
que ça a été long. C'est vrai qu'on a dû y apporter
des modifications. Je vous dis ceci, parole de ministre de l'Agriculture.
Des voix: Oh!
M. Pagé: Oui, oui. C'a pris du temps. C'a pris du temps,
mais la patience est un art dont les racines sont amères, mais les
fruits délectables. Ça s'en vient.
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo!
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Désengagement massif des avocats de l'aide
juridique
Mme Harel: M. le Président, en matière d'aide
juridique, les ententes avec les avocats de pratique privée sont
terminées depuis 1984 et 1986. Nous sommes en 1990 et ces avocats en ont
assez. 80 % d'entre eux, de Québec, de Richelieu, du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'Arthabaska, de Hull, de Trois-Rivières, de la
Côte-Nord, de la Gaspésie, de Montréal et de Longueuil, ont
décidé de se désengager massivement jusqu'à ce que
le gouvernement révise à la hausse ses offres de tarifs.
Malgré la loi, les justiciables à faible revenu n'ont
maintenant plus le libre choix de leur avocat et le bâtonnier du
Québec craint d'ailleurs même les usines à dossiers dans
lesquelles les justiciables seront mal servis. Le 5 avril, le ministre de la
Justice, en réponse aux questions de l'Opposition, déclarait:
Mardi prochain, je devrais avoir la réponse du Conseil du trésor
sur un renouvellement de mandat en fonction de certaines offres que nous
voulons faire. Faut-il comprendre, M. le Président, que le ministre de
la Justice n'a toujours pas obtenu le mandat de bonifier ses offres?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, quand la
députée m'a posé cette question, j'avais mentionné
que ce désengagement de la part des avocats était
prématuré, puisque nous sommes encore en négociation, et
que je crois qu'il y a possibilité de se parler d'une façon
intelligente pour trouver des moyens pour en arriver à ce que les
avocats reçoivent, de fait, des honoraires qui sont légitimes et
qui doivent être accordés pour le travail qu'ils font, en
fonction, bien sûr, de ce que pourrait payer un citoyen moyen qui va voir
un avocat. Il ne faut pas en arriver à une situation aussi où on
donnerait à un avocat qui travaille pour quelqu'un qui n'a pas les
moyens de se payer un avocat, donc qui est sur l'aide juridique, des honoraires
qui seraient plus importants que ce que pourrait se payer un citoyen moyen.
Cependant, ce que je peux dire à ce moment-ci, c'est que
j'attends toujours les conclusions du Conseil du trésor. J'ai eu
l'occasion de rencontrer mon collègue, le ministre responsable et
président du Conseil du trésor, à deux reprises dans les
derniers jours. Nous en avons discuté et nous continuons en à
discuter, et j'espère bien pouvoir en arriver à faire une offre,
qui pourrait être intéressante, dans un avenir prochain.
Le Président: En question complémentaire, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le ministre reconnaît-il
que l'écart qui sépare son offre des demandes des avocats de
pratique privée est d'à peu près 2 500 000 $ qui pourrait
être payé en partie par le fédéral? pourquoi
néglige-t-il de rapatrier les sommes d'argent qui peuvent venir du
gouvernement fédéral et qui serviraient à financer des
services juridiques convenables pour les citoyens du québec?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: On peut discuter sur le montant exact que
ça peut signifier comme écart entre ce que demandent les avocats
et ce que nous pouvons offrir. Je ne me prononcerai pas sur un chiffre d'une
façon exacte, mais ce que je peux vous dire, c'est que, finalement, la
marge de manoeuvre que nous pouvons avoir en fonction quand même de la
compréhension des balises que j'ai fixées tout à l'heure
dans ma première réponse et en fonction de ce que le gouvernement
peut payer aussi dans le contexte actuel, cette marge de manoeuvre, oui, elle
existe en fonction aussi de la possibilité d'avoir la moitié des
sommes qui viennent du gouvernement fédéral. Il reste quand
même qu'il y a une moitié qu'il faut payer. Il faut le trouver
quelque part, cet argent-là.
Le Président: En complémentaire, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, comme il semble qu'il s'agisse
pour le Québec d'une contribution d'un peu plus de 1 000 000 $,
entend-il déposer prochainement des offres aux tables de
négociation puisque maintenant tous les échanges sont interrompus
avec les avocats de pratique privée? Entend-il reprendre les
négociations et entend-il déposer de nouvelles offres?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Je dois rencontrer mon collègue du
Conseil du trésor dans les prochaines minutes, les prochaines heures
pour en discuter une autre fois. On verra ce qu'on peut faire en fonction des
possibilités que nous avons. Oui, une heure de plus dans les Maritimes,
ce qui veut dire que, le 23 juin, comme vous mentionnez le lac Meech, bien,
ça nous donnera une heure de plus pour Terre-Neuve, M. Wells.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question principale, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais tout d'abord féliciter
la ministre du Développement régional, en ce jour du 20e
anniversaire du premier ministre, de porter les couleurs de l'avenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Centre de ski dans le comté de
Bonaventure
M. Garon: Lors du Sommet socio-économique de la
Gaspésie et des îles-de-la-Madeleine tenu en septembre 1988, le
gouvernement s'était engagé à accorder un montant de 3 000
000 $ à un centre de ski dans le comté de Bonaventure, soit au
projet de Carleton ou à celui de New Richmond, selon l'entente à
intervenir entre les promoteurs et les gens de la région. On retrouve
cet engagement aux pages 123 et 124 de l'en-tente-cadre, à la suite
d'une entente entre les différents intervenants, y compris les deux
promoteurs. Après le Sommet de la Gaspésie, une étude a
été confiée à la firme Leblond, Tremblay, Bouchard
afin de sélectionner le site qui avait les caractéristiques les
plus favorables pour l'implantation d'un centre de ski et l'étude
conclut que le site de Carleton représente un meilleur endroit que New
Richmond pour l'aménagement d'un centre de ski.
Lors d'une conférence de presse tenue en mars dernier, M. Raymond
Malenfant, promoteur du centre de ski de New Richmond, a
réitéré son intention d'investir 3 500 000 $ à New
Richmond si le gouvernement injectait les 3 000 000 $ promis au Sommet de la
Gaspésie.
Je demanderais à la ministre du Développement
régional si elle entend s'appuyer sur les conclusions de l'étude
Leblond, Tremblay, Bouchard pour concrétier l'engagement d'accorder une
aide gouvernementale de 3 000 000 $ à un centre de ski dans le
comté de Bonaventure, encore une fois, engagement inscrit aux pages 123
et 124 de l'entente-cadre de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine.
Le Président: Mme la ministre du Développement
régional.
Mme Bacon: Vous comprendrez, M. le Président, qu'avec les
nombreux dossiers de sommets, c'est un des dossiers de sommets et un dossier
fort important pour la région, j'en conviens. Quand on a des dossiers
semblables, M. le Président, on tient compte d'abord des
décisions du Sommet, s'il y a eu un promoteur qui a continué,
après le Sommet, à travailler au même dossier et qui est
resté porteur du dossier, s'il y a des changements de promoteurs. On
sait qu'il y a des biennales après les sommets, au bout de deux ans, qui
sont une suite logique des sommets et le travail se fait au niveau de la
région, et avec les gens de l'OPDQ de la région et de l'OPDQ
central.
Nous allons regarder le dossier. L'argent qui est accordé est
l'argent du Sommet. On va regarder ensemble la possibilité de le faire
pour répondre aux désirs de la population, mais, en même
temps, il faut tenir compte qu'il doit y avoir des porteurs de dossier et on va
l'analyser pour faire en sorte de répondre et aux besoins de la
population et aussi à l'argent dont on peut disposer. (14 h 40)
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la ministre est au courant que M. Malenfant
s'est engagé publiquement dans une conférence de presse, est-ce
qu'elle est au courant que le bureau du député de Bonaventure lui
aussi a dit que même s'il y avait eu une étude qui favorisait
peut-être un autre centre... Et quand le gouvernement ou la ministre
entend-elle informer la population du comté de Bonaventure,
représenté depuis 35 ans par l'actuel ministre des Finances et
où le taux de chômage représente plus de 25 % des
travailleurs, quant au site qu'il entend subventionner?
Le Président: Mme la ministre responsable du
Développement régional.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais dire au
député de Lévis que je lis les journaux comme lui, j'ai
des téléphones, nous avons certainement été en
mesure de comprendre l'intérêt du député de
Bonaventure, comme il en a toujours eu pour les dossiers de son comté et
de sa région, M. le Président, de même que de son
personnel. Mais nous allons analyser le dossier dans son ensemble. Nous allons
regarder globalement ce dossier et on ne fera pas de cadeau à qui que ce
soit. Je pense que, ce dossier-là, on va l'analyser d'une façon
très rationnelle, comme j'ai l'habitude de le faire, et lui donner tout
l'intérêt qu'on doit lui donner, mais, en même temps aussi,
bien l'analyser, sans avoir à faire de cadeaux à qui que ce
soit.
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la ministre a reçu l'avis du
ministère ou du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
concernant l'aménagement d'un centre de ski à Carleton ou
à New Richmond, et si oui, peut-elle nous informer du contenu de cet
avis? Est-ce que la ministre est aussi rapide que pour le centre de ski de sa
région?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Écoutez, dans ce dossier, qui est une suite du
sommet, c'est un dossier de sommet, M. le Président, nous le traitons
comme tel. Et nous allons voir. Le dossier n'est pas terminé, loin de
là. Je pense qu'on doit le
regarder encore une fois avec beaucoup d'intérêt et
beaucoup de sérieux. Et nous allons voir les gestes que nous devrons
poser. Encore une fois, M. le Président, je ne veux pas que le
député de Lévis parte une ligne démagogique
à ce sujet-là. Nous n'avons pas l'intention de faire de cadeau
à qui que ce soit. Nous avons l'intention de regarder qui sera le
porteur d'un dossier, si ce dossier répond aux besoins de la population,
aux désirs de la population. Et c'est comme ça qu'on traite les
dossiers, M. le Président, des sommets, et des dossiers qui sont des
dossiers ad hoc qui nous arrivent à l'OPDQ entre les sommets et entre
les biennales.
Ce dossier est une résultante d'un sommet. Il va être
traité comme tel et répondra aux besoins de la population, M. le
Président.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Suite à tout ce qui s'est passé depuis le
sommet, est-ce que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
peut nous confirmer que l'avis produit par son ministère dans ce dossier
- s'il y en a un, ça fait quand même un grand bout de temps
maintenant - reconnaît la validité et les conclusions de
l'étude de Leblond, Tremblay et Bouchard, ou s'il privilégie un
autre site?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: Je suis très heureux, M. le
Président, que le député de Lévis reconnaisse qu'il
y a beaucoup d'actions qui sont fartes par le gouvernement et qui, des fois,
sont faites très rapidement. Pour ce qui est de ce cas, avant de faire
une production d'une telle recommandation, nous devons d'abord avoir une
demande du ministère concerné. Par la suite, nous faisons
l'analyse du dossier et nous faisons les recommandations
appropriées.
Politique du 1 % pour les milieux culturels
Le Président: question principale, m. le
député de sainte-marie-saint-jacques. à l'ordre, s'il vous
plaît! alors, m. le député de sainte-marie-saint-jacques,
en question principale.
M. Boulerice: M. le Président, la semaine dernière,
la ministre des Affaires culturelles associait les gens du milieu de la culture
à des parasites en annonçant qu'elle voulait les sortir - et je
cite son communiqué - du cercle vicieux de dépendance envers
l'État. Par ailleurs, M. le Président, depuis 1985, le
gouvernement libéral renie systématiquement sa parole en ne
respectant pas sa promesse électorale de 1985 qui consistait à
allouer 1 % du budget total de l'État à la culture au cours de
son premier mandat.
Alors, ma question, M. le Président, Mme la ministre des Affaires
culturelles, devant la mobilisation sans précédent au
Québec des artistes qui s'apprêtent d'ailleurs à
débrayer pour manifester leur vif mécontentement, est-ce que la
ministre peut aujourd'hui s'engager à respecter la promesse du 1 %
dès 1990-1991 ?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Robillard: M. le Président, le développement
culturel au Québec a toujours été et est toujours
considéré comme une priorité pour notre gouvernement. Nous
considérons d'ailleurs que ce secteur est vital chez nous et que notre
rôle est vraiment de protéger, de conserver notre patrimoine, de
soutenir la création et de soutenir les milieux culturels. À cet
égard, nous sommes capables de faire des prévisions pour l'avenir
et de voir que ce secteur est tellement dynamique, que les besoins sont
tellement grands qu'il est important de voir à long terme les besoins de
financement, ce qui ne met absolument pas en question la responsabilité
du gouvernement qui continue de vouloir atteindre le 1 % et de vouloir investir
dans le domaine des milieux culturels.
Quant à l'état de dépendance dont parie le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, M. le Président, je
ne peux pas croire que mon collègue député ne serait pas
d'accord pour que les créateurs et les artistes deviennent plus
indépendants au Québec.
Une voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, en additionnelle, est-ce
que la ministre des Affaires culturelles pourrait reconnaître que son
gouvernement s'était engagé non pas uniquement à vouloir,
mais à faire et que, dans le cas du 1 %, il n'est pas fait et que le 1 %
est un minimum? La ministre va-t-elle donc donner en 1990-1991 ce minimum
prescrit par l'UNESCO qui est 1 %? Une réponse claire, s'il vous
plaît, pour une fois.
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Robillard: M. le Président, nous allons continuer
à faire tous les efforts maximums pour atteindre ce 1 % au niveau du
développement culturel au Québec et je pense que nous n'avons
aucune leçon à recevoir de l'Opposition. En l'espace de neuf ans,
ils ont augmenté le budget des affaires culturelles de 0,16 % et nous
avons fait de même en l'espace de quatre ans.
Des voix: Oh!
Le Président: En question principale, M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
Gratuité d'un nouveau médicament contre
l'insuffisance rénale
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Au Québec, il
y a quelque 3000 personnes qui sont atteintes d'insuffisance rénale
chronique. Leur qualité de vie s'en trouve extrêmement
détério-riée puisqu'elles doivent recevoir très
régulièrement des transfusions sanguines à
répétition pour contrer une anémie constante. Depuis
quelque temps, on se rappellera qu'une compagnie a mis sur le marché un
médicament qui accroît considérablement la qualité
de vie de ces personnes. Après l'avoir distribué gratuitement,
cette même compagnie a subitement cessé cette pratique, ce qui a
pour effet, ne nous le cachons pas ici, de prendre d'une certaine façon
l'État, le gouvernement en otage, puisqu'on s'en remet maintenant
à l'État, à cause du prix extrêmement coûteux.
Le 17 avril 1990, la Fondation de la maladie du rein a lancé un cri
d'alarme au ministre et lui a demandé des rencontres depuis ce
temps-là à plusieurs reprises.
Ma question est fort simple. J'aimerais que le ministre me dise
carrément quand il entend rencontrer cette Fondation et peut-être
qu'il nous dise aussi s'il entend rendre ce médicament assurable?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a dans le réseau une pratique qui met effectivement le ministère
et le gouvernement très souvent dans l'embarras, et c'est une pratique
que l'on doit dénoncer des compagnies pharmaceutiques avec la
complicité de certains médecins dans des centres hospitaliers qui
font que pendant six mois on va se servir d'individus pour vérifier la
validité de médicaments avant même qu'ils puissent
être reconnus par le gouvernement fédéral et, par la suite,
être inclus sur la liste des médicaments reconnus par le
gouvernement et, donc, payables par le gouvernement. (14 h 50)
C'est un cas patent où je suis moi-même intervenu en
novembre 1989 pour rappeler à la compagnie son niveau de
responsabilité, puisque, dès novembre 1989, la compagnie
arrêtait de payer pour 64 personnes qui bénéficiaient de ce
traitement à travers le Québec et qui avaient bien servi la
compagnie sur les expériences cliniques qu'elle devait faire.
Il est évident que le médicament a passé tous les
tests et qu'il est très salutaire pour les patients qui en
bénéficient. Le gouvernement fédéral vient à
peine de breveter, de reconnaître le médicament. Quant à
nous, il est de notre intention effectivement de reconnaître et de payer
ce médicament dans les 24 centres appropriés à travers le
Québec, puisqu'il y a 24 centres, et c'est par là que ça
devra passer. C'est d'abord et avant tout sur prescription médicale que
ce médicament-là pourra être dispensé dans les 24
centres à travers le Québec.
Alors, nous sommes effectivement sensibilisés et ce sont des
coûts extrêmement importants. Je suis actuellement en
démarche pour trouver les sommes d'argent nécessaires pour
assurer un mieux-être à ces individus qui attendent, depuis un
certain temps, un soulagement, et ce soulagement viendra. J'espère que
d'ici à deux ou trois semaines au maximum nous pourrons rendre une
décision finale et ça me fera plaisir, à ce
moment-là, de rencontrer les gens de la Fondation - d'ici à deux
ou trois semaines - et de leur indiquer dans quel sens nous irons. Mais c'est
définitivement un sens positif.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Johnson.
L'aide gouvernementale aux organismes de
loisir
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Les
organismes de loisir qui n'ont pas connu d'augmentation de budget depuis trois
ans ont été assommés hier en apprenant du ministre que
d'ici à trois ans, 19 de ces 60 organismes ne pourront plus
bénéficier de subventions au fonctionnement. Le ministre veut
maintenant subventionner les projets spécifiques et secouer les puces
aux organismes du loisir, a-t-il dit.
La question est la suivante: Faut-il comprendre de l'argumentation du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qu'il abolit l'aide aux
organismes de loisir parce qu'il les croit improductifs ou carrément
pour camoufler son manque de courage à défendre les budgets qui
reviennent aux organismes de loisir?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: M. le Président, j'apprécie le ton
serein de la députée de Johnson, surtout quand elle termine. Je
tiens à vous dire qu'hier, effectivement, j'ai eu une rencontre
extrêmement importante avec les organismes de loisir et nous leur avons
fait part... Et je pense qu'elle le sait, il y a au-delà d'une centaine
d'organismes de loisir et de sport qui sont subventionnés par le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le budget de
transfert est d'environ 65 000 000 $. La majorité de ces organismes le
sont depuis 20 ans. Les structures de fonctionnement existent donc depuis
longtemps; elles sont solides. Les fédérations sont donc pour la
plupart
arrivées à maturité. Ça veut dire que nous
pouvons maintenant leur demander de participer à un changement
d'orientation qui est absolument essentiel. Ce que le gouvernement fait et ce
que j'ai annoncé hier, c'est que nous ne financerons plus et de moins en
moins, pour les trois prochaines années, des structures, mais nous
allons financer des projets qui, eux, répondront véritablement
aux besoins des clientèles. Donc, plus d'argent pour les gens qui ont
des besoins et, de cette façon, nous allons satisfaire cet ensemble de
la population du Québec qui bénéficie des activités
de loisir à travers le Québec.
Le Président: En question complémentaire,
maintenant, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: De quelle façon le ministre va-t-il intervenir
pour que ces organismes de loisir puissent continuer à oeuvrer dans le
monde du loisir, puisque, aujourd'hui même, ils ont de la
difficulté à joindre les deux bouts? Vous ne comprenez pas
ça qu'ils ont de la difficulté à joindre les deux bouts?
Puis, le contraire, vous leur coupez leur subvention. De quelle
façon?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: Ce que Mme la députée de Johnson ne
semble pas comprendre, c'est que nous ne diminuons pas l'enveloppe
budgétaire de transfert aux organismes de loisir. Au contraire, nous y
ajoutons même une enveloppe de 2 500 000 $ pour les parcs et les
organismes de loisir. ce que l'on fait, c'est un changement de mode de
financement qui va nous permettre, parce que, déjà, nous
finançons actuellement 40 % des projets et 60 % étaient
accordés au niveau de la structure... ce que nous ferons au cours des
prochaines années, c'est que nous disons: les 60 % vont devenir de plus
en plus diminués pour faire en sorte que les 40 % deviennent 100 %,
donc, moins d'argent dans les structures et plus d'argent pour les projets. les
organismes vont pouvoir présenter des projets et ce qu'il ne faut pas
oublier, c'est que le gouvernement continue de financer le regroupement loisir
québec pour 3 500 000 $ et de ces 3 500 000 $ qui vont à environ
100 organismes, parce que c'est pour des services qui sont donnés
à ces organismes, ce qui signifie qu'environ 35 000 $ sont
accordés par organisme pour du fonctionnement, mais d'une façon
différente.
Le Président: Toujours en complémentaire, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que le lumineux ministre pourrait nous
expliquer de quelle façon...
Des voix: Oh!
Le Président: S'il vous plaît! Alors, votre
question, madame, sans commentaire pour susciter des réactions. Question
de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, mais je
voudrais demander à cette Chambre d'avoir le même poids et la
même mesure. Quand un ministre se lève et qu'il qualifie les
propos de sereins, personne ne s'offusque. Là, on qualifie un lumineux
ministre, faudrait-il parler d'un ministre éteint pour se faire
applaudir? Voyons!
Le Président: Sur la même question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, la faiblesse de la
plaidoirie du leader de l'Opposition me commande de ne faire aucun
commentaire.
Le Président: Votre question, madame, s'il vous
plaît. Il est évident, quand on donne une réponse, il y a
certains commentaires...
M. Chevrette: Ce n'est pas deux poids, deux mesures?
Le Président: Un instant, M. le leader de l'Opposition. Un
instant!
M. Chevrette: Deux poids, deux mesures!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous rappelle à l'ordre, s'il vous plaît. Vous avez une question
de règlement à faire, levez-vous et faites votre question de
règlement en temps et lieu. Vous l'avez fait; j'y réponds. Je
peux déplorer, comme président, que certaines personnes fassent
des commentaires. Parfois il y a des réactions, des fois il n'y en a pas
de réaction. Tout simplement, ce que je dis a l'ensemble des
députés: Évitez de faire des commentaires de toute
façon, en tout lieu, en tout moment et il n'y aura pas de
réaction, c'est évident. Je devrai me lever très,
très souvent... Je peux me lever très souvent pour éviter
que des gens fassent des commentaires, mais j'agis avec une certaine
discrétion pour permettre aux débats de se poursuivre de la
façon la plus normale possible. Alors, votre question, Mme la
députée. Votre question de règlement.
M. Chevrette: La question de règlement, elle est claire.
Je pense, comme formation politique, qu'on est en droit d'obtenir et d'exiger
le même traitement quant aux attitudes de la présidence, que ce
soit pour un ministériel ou que ce soit pour un membre de
l'Opposition.
Des voix: Ho!
M. Chevrette: Quand un ternie est utilisé
par un membre ministériel, on voudrait que les mêmes
remarques soient transmises au ministériel que celles que vous
transmettez à l'Opposition quand il s'agit de nous, quand on en fait des
remarques.
Le Président: Tout ce que je peux vous dire
là-dessus, relevez les débats antérieurs. Quand ça
a été le temps de rappeler à l'ordre un
ministériel, je l'ai fait. Je le fais aux gens de l'Opposition. Ce que
j'ai demandé à Mme la députée, c'est
d'éviter d'employer des qualificatifs. Souventefois, on emploie des
qualificatifs; il serait préférable qu'on n'en emploie pas.
Alors, allez-y en question complémentaire.
Mme Juneau: Est-ce que le ministre pourrait expliquer à
cette Chambre de quelle façon les organismes qui n'existeront plus
présenteront des projets spécifiques?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: Je répète à Mme la
députée de Johnson que j'apprécie son qualificatif de
"lumineux". Pour moi, je n'ai pas de problème avec ça. Tout a
permis, dans cette opération, de dégager 2 500 000 $ qui vont
demeurer aux loisirs en plus de l'enveloppe qui était déjà
disponible. Je vous invite donc, Mme la députée, à suivre
attentivement les annonces que je ferai dans les prochaines semaines. Nous
allons faire en sorte... Et je suis convaincu, d'ailleurs, que Mme la
députée sera très sensible, car elle est très
sensible aux besoins des clientèles prioritaires. J'en suis convaincu
quand je regarde la réaction que j'ai eue des organismes, hier, qui a
été un accueil très ouvert et très positif aux
annonces que je leur ai faites.
Le Président: En question principale, M. le
député de D'Arcy-McGee.
L'attribution des logements à loyer
modique
M. Libman: Merci, M. le Président. Le 7 mars dernier, le
président-directeur général de la Société
d'habitation du Québec publiait un avis de règlement afin de
modifier les règles d'attribution des logements à loyer modique.
Le règlement prévoit diverses modifications dont la plus
importante est de diminuer le seuil des revenus de la famille ou de la personne
seule pour être admissible à l'attribution de logements à
loyer modique. Alors, ma question: Le ministre entend-il, au nom du
gouvernement, accepter ce règlement? (15 heures)
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Picotte: M. le Président, je remercie le
député de D'Arcy-McGee de sa question, d'autant plus que
ça me donne l'occasion de lui préciser qu'en ce qui concerne ces
règlements, il y a eu, depuis 1984, des discussions face à
l'adoption d'un tel règlement, depuis 1984 à nos jours. Il y a eu
un comité de députés qui s'est penché sur le sujet
et qui a questionné des groupes dans le but de présenter un
règlement qui collerait vraiment à la réalité.
En plus, M. le Président, nous avons, à la
Société d'habitation du Québec, avec la collaboration
d'au-delà d'une quinzaine d'offices municipaux d'habitation,
testé s'il y avait possibilité que ce genre de règlement
colle à la réalité. Nous avons présenté
dernièrement dans la Gazette officielle le règlement, pour
faire en sorte que les gens qui ont des commentaires à nous faire nous
en fassent. Nous avons reçu ces commentaires jusqu'à la semaine
dernière. Et je peux assurer le député de D'Arcy-McGee que
je tiendrai compte des commentaires qui sont faits par les gens à cet
effet-là. Et s'il y a des choses à bonifier, il me fera plaisir
de le faire, tel que notre consultation nous le permet.
Le Président: C'est la fin de la période de
questions.
Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
passer au vote reporté sur la motion de Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
À l'ordre, s'il vous plaît, Mmes et MM. les
députés!
Mise aux voix de la motion proposant de
commémorer le 50e anniversaire de l'obtention
du droit de vote des Québécoises
Je vais maintenant mettre aux voix la motion sans préavis
présentée par Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine et ministre responsable de la Famille.
Cette motion se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du
Québec s'associe à toutes les citoyennes et tous les citoyens
pour commémorer le 50e anniversaire de l'obtention du droit de vote des
Québécoises."
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veulent bien se
lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argen-teuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Vallières (Richmond), M. Savoie
(Abitibi-Est), M. Séguin (Montmorency), M. Rémillard
(Jean-Talon), M. Cherry (Sainte-Anne), Mme Robic (Bourassa), M. Dutil
(Beauce-Sud), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Lefebvre (Frontenac), M. Johnson (vaudreuil), M. Cusano
(Viau), M. Pi-
cotte (Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme Robillard
(Chambly), M. Blackburn (Rober-val), M. Cannon (La Pelt rie), Mme Bleau
(Groulx), M. Houde (Berthier), M. Maciocia (Vi-ger), M. Maltais (Saguenay), Mme
Trépanier (Do-rion), M. Middlemiss (Pontiac), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond),
M. Paradis (Matapédia), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau),
M. Thérien (Rousseau), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M.
Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), M. Larouche (Anjou), M.
Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFon-taine), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Aca-die), M. Parent
(Sauvé), Mme Bélanger (Mégan-tic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouil-lette (Champlain), M. Després (Limoilou),
M. Forget (Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. La-france
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Parizeau (L'Assomption), M. Chevrette (Joliette), Mme Blackburn
(Chicoutimi), M. Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M.
Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Paré (Shefford), M.
Claveau (Ungava), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc),
Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles),
Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever, s'il vous plaît. Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 88 contre: 0
Le Président: La motion est adoptée. Motions sans
préavis. Aux motions sans préavis, M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Je demande le
consentement de cette Chambre pour que cette Assemblée condamne tous
ceux et celles qui, en ce moment de forte tension nationale, s'infligent des
propos et des gestes injurieux, irrespectueux et qui poussent vers la
désunion.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement...
M. Pagé:... consentement, M. le Président.
Le Président:... à débattre de cette
motion?
M. Chevrette: Consentement.
Le Président: Consentement également?
M. Pagé: II n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Le Président: II n'y a pas de consentement. Est-ce qu'il y
a d'autres...
Des voix: Voyons! Une voix: Quoi?
M. Pagé: M. le Président, le leader de
l'Opposition...
Le Président: Non, non, il n'y a pas de consentement. M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: J'ai indiqué au leader de l'Opposition,
pendant la période de questions, que compte tenu, évidemment,
d'une motion très importante qui doit être adoptée
aujourd'hui, aucune motion ne sera adoptée.
Des voix:...
Le Président: Non, non, il n'y a pas... M. le leader... Il
n'y a pas de consentement, donc la motion n'est pas débattue.
Des voix:...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
S'il vous plaît! Messieurs et Mesdames les députés.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Avis touchant les travaux des commissions. (15 h 10)
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: On est toujours à la période des
motions non annoncées.
Le Président: Oui, oui. J'ai demandé s'il y avait
d'autres motions.
M. Chevrette: Je voudrais dire à vous, M. le
Président, que j'avais une motion non annoncée et qu'à la
demande du premier ministre, je ne la présenterai pas, mais qu'elle
était bel et bien rédigée: "Que cette Assemblée
souhaite un chaleureux 20e anniversaire au premier ministre du Québec. "
Comme on me demande de ne pas la présenter, je ne la présenterai
pas, mais je suis surpris que le leader du gouvernement, M. le
Président, s'objecte à des motions non annoncées
alors que lui prend des moyens détournés pour arriver
à ses fins.
M. Pagé: Ah! Ah!
M. Chevrette: Oui, oui.
Le Président: II n'y a pas d'autres motions sans
préavis. Très bien. Maintenant..
Une voix:...
Le Président: Motion sans préavis, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Chambre pour que l'on puisse discuter de la motion
suivante: "Que cette Assemblée réclame du gouvernement du
Québec l'instauration de véritables congés de
maternité et congés parentaux ainsi que la création d'une
caisse de financement de ces congés et ce, conformément à
la proposition soumise par le Conseil du statut de la femme qui fait l'objet
d'un large consensus dans tous les milieux associés aux membres du
travail."
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Y a-t-il
consentement à ce que nous débattions de cette motion?
Des voix: Bravo!
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le leader
du gouvernement?
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous ai
indiqué précédemment que, compte tenu de l'agenda
d'aujourd'hui, il était impossible d'accueillir quelque motion. Donc,
j'invite l'Opposition et tous les députés qui ont des motions
sans préavis à présenter à le faire mardi prochain,
ça va nous faire plaisir. Et, M. le Président, vous me
permettrez...
Une voix:...
Le Président: Non, non, d'accord. Pas de commentaires, M.
le leader de l'Opposition. Oui, oui, très bien, j'ai compris. Il n'y a
pas de consentement, donc, très bien. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, pour une motion sans préavis.
M. Boulerice: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Chambre pour l'adoption d'une motion qui se lit comme
suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec, compte tenu des
mesures...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, allez-y, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le Président. Alors,
comme je le disais, je sollicite le consentement de cette Chambre pour
l'adoption de la motion qui se lit comme suit: "Que l'Assemblée
nationale du Québec, compte tenu des mesures discriminatoires
posées par les autorités de l'Immigration des États-Unis
quant à l'entrée en territoire américain des personnes
atteintes du virus VIH exigent que le gouvernement du Québec à
l'instar de l'Organisation mondiale de la santé de la France, de la
Grande-Bretagne et de très nombreux et éminents chercheurs et
chercheuses, médecins, s'abstiennent de participer à la 6e
Conférence internationale sur le SIDA qui sera tenue à la fin de
juin à San Francisco, État de Californie aux
États-Unis."
Le Président: Alors, je demande la collaboration des
députés s'il vous plaît. Y a-t-il consentement à ce
que nous débattions de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
M. Pagé: Pas de consentement, M. le Président.
Le Président: Pas de consentement. Pour une autre motion
sans préavis, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Chambre pour déposer une motion sans
préavis qui se lirait comme suit: "Que l'Assemblée nationale du
Québec dénonce l'attitude du gouvernement fédéral
dans l'actuelle négociation avec le gouvernement du Québec dans
le secteur des télécommunications."
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions de cette motion? Il n'y a pas consentement.
Nous allons maintenant procéder aux avis touchant les travaux des
commissions. M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: Merci, M. le Président. Alors, M. le
Président, j'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de l'aménagement et des
équipements procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 39, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. J'avise également cette
Assemblée que demain, vendredi le 27 avril 1990, de 10 heures à
12 h 30 à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de
l'économie et du travail se réunira, une fois adoptée la
motion du leader du gouvernement inscrite à l'article 29 du feuilleton
du jeudi 26 avril 1990.
Question de règlement M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, une question
précise. Comment peut-on faire un avis tant et aussi longtemps... Ma
question, c'est une question de règlement. Comment pouvons-nous
procéder à un avis pour envoyer une commission siéger
alors que la motion n'est pas encore adoptée en cette Chambre? On ne
peut pas présumer des travaux de l'Assemblée nationale. Je
reprends la question de règlement que j'ai faite hier sur un autre
sujet. Mais, M. le Président, ce gouvernement a pris la fâcheuse
habitude de présumer des travaux de cette Chambre.
Au moment où le leader du gouvernement lui-même se
lève en cette Chambre, M. le Président, il dit: Nous allons
envoyer la commission de l'économie et du travail étudier lorsque
la motion sera adoptée.
C'est ce genre d'attitude qu'on réprime depuis plusieurs jours,
plusieurs semaines et plusieurs mois parce que tant et aussi longtemps que
l'Assemblée nationale ne se sera pas prononcée sur ladite motion,
aucun membre de cette Chambre ne peut présumer que cette commission se
tiendra. Qu'est-ce qui vous dit qu'on ne convaincra pas le ministre du Travail
dans les circonstances de ne pas tenir ladite commission? Qu'est-ce qui vous
dit tantôt que cette commission ou que cette motion sera même
recevable? Vous ne le savez pas. Comment le leader du gouvernement à ce
stade-ci peut-il se lever en cette Chambre et dire: Je vous avise tout de suite
que demain de 10 heures à 12 h 30 se tiendra une commission sur une
motion qui n'est même pas adoptée ici?
On veut bien faire rire de nous autres, M. le Président, mais
c'était exactement hier le but de la motion que je faisais sur les
présomptions d'adoption d'une législation que faisait le ministre
des Terres et Forêts et député de Rivière-du-Loup.
On ne récidive même pas 24 heures après. On présume
encore que l'Assemblée nationale du Québec va adopter une motion.
Ça, c'est l'arrogance du poids du nombre qui fait, M. le
Président, que ce gouvernement a sans cesse le réflexe de dire:
On va vous écraser et on va passer le rouleau compresseur. Mais, des
petites nouvelles pour vous, cette motion devra être refaite dans les
normes et dans les règles, M. le Président, parce que je vous
soumets bien humblement cette question de règlement et je vous demande
carrément de dire que cet avis ne peut tenir et qu'il ne peut lier en
plus - c'est cette dimension que je voudrais souligner, M. le Président
- aucun membre de l'Assemblée nationale parce qu'on ne peut pas faire a
priori des avis de tenue parce que ça devient un ordre de la Chambre. Et
ce n'est pas vrai qu'on peut donner un ordre de la Chambre, alors qu'une motion
n'est pas adoptée. J'ai beau lire et relire ce règlement, M. le
Président, s'il faut en déchirer quelques pages, vous nous en
aviserez, il est épais. Mais ce n'est pas vrai qu'on va continuer... Il
est volumineux, oui. Si on le lisait, on serait moins épais dans nos
propos probablement. Il est volumineux, M. le Président, parce qu'il y a
toujours des limites...
M. Pagé: Est-ce que vous parlez pour vous?
M. Chevrette: Non, je parle pour vous justement. M. le
Président, je parle pour le leader du gouvernement qui présume
toujours, avec son arrogance continuelle et perpétuelle, que le poids du
nombre va avoir raison de cette Chambre. Non.
Je vous soumets donc, M. le Président, que cet avis est
irrecevable pour trois raisons fondamentales. La première, c'est que le
leader du gouvernement ne peut pas faire un avis en présumant d'abord
que cette Chambre va adopter la motion qu'il appellera tantôt, au moment
où il le jugera opportun. Ça, c'est une première raison.
La deuxième raison, M. le Président, c'est que poser le geste
qu'il vient de faire suppose également qu'il lierait, parce que
ça devient un ordre de la Chambre, ça voudrait donc dire qu'il y
a des députés qui sont liés d'aller à un endroit,
alors même qu'une motion n'est pas adoptée. On ne peut pas
présumer en droit qu'une chose va être adoptée quand le
pouvoir n'appartient même pas à l'Exécutif cette fois-ci.
Le pouvoir appartient à l'Assemblée nationale, au
législateur et aux députés. Donc comment une
Assemblée nationale pourrait-elle lier des députés qui
auront à poser un geste tantôt? C'est un non-sens. Je ne comprends
pas comment le leader du gouvernement peut s'enfarger autant. (15 h 20)
II devra faire son avis, M. le Président, parce qu'il ne peut
même pas présumer qu'à 18 heures ce soir, cette motion sera
adoptée. Il ne peut même pas le présumer. Je ne pense pas
qu'en droit on puisse procéder par présomption. En droit,
ça doit être par certitude. La preuve, c'est que quotidiennement
on se fait servir de la jurisprudence. Quand ce n'est pas Erskine May, vous
vous rappellerez que c'est Beauchesne, et là, on nous dit
continuellement, M. le Président: Le président de
l'Assemblée nationale ne peut pas marcher sur des suppositions, sur des
hypothèses. On pose des questions d'interprétation et vous nous
refusez le droit de poser une question de privilège sur une motion qui
suppose ou qui demande une interprétation.
Mais là, ce n'est pas une interprétation, c'est un fait,
une réalité. La motion n'est pas appelée. Peut-on
présumer qu'elle sera adoptée? Peut-on envoyer des gens
étudier une motion qui peut être refusée, qui peut
être reportée, dont le débat pourrait être
ramené mardi prochain ou à 20 heures ce soir? Je ne le sais pas.
Il y a une série de données...
M. Boulerice: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, n'y a-t-il pas à
notre règlement l'article 32, j'aimerais vous le lire: "Les
députés doivent observer le règlement et contribuer au
maintien du décorum de l'Assemblée nationale. "Ils occupent la
place qui leur a été assignée par le président, y
demeurent assis et gardent le silence à moins d'avoir obtenu la parole.
"Ils doivent s'abstenir de tout ce qui peut nuire à l'expression
d'autrui ou au bon fonctionnement de l'Assemblée."
Je remarque, M. le Président, qu'il y a bien des personnes qui,
malheureusement, ne connaissent pas l'article 32 et je vous inviterais à
le faire appliquer.
Le Président: Évidemment, on peut soulever la
question. On peut demander aux députés qui ne sont pas à
leur place d'y aller. Vous savez quand même qu'il y a une coutume
à l'Assemblée. On voit fréquemment des
députés, tant ministériels que de l'Opposition, aller
consulter un collègue, un ministre. Le président laisse faire les
gens pour autant que ça ne dérange pas ceux qui parlent.
Si on me demande d'appliquer le règlement, je dois l'appliquer
strictement. Donc, que tous les députés gagnent la place qui leur
est assignée. Pour ceux qui veulent discuter, je vous invite à le
faire dans les salons réservés à cette fin.
Le décorum demande aussi qu'on ne prenne pas la parole tant qu'on
ne l'a pas demandée. Donc, je demanderais à l'ensemble des
députés de garder le silence. Je demande aux
députés de rejoindre leur place. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques me demandait que les députés soient
à leur place et gardent le silence.
Vous pouvez poursuivre, M. le leader de l'Opposition.
Je demanderais à tous les députés de gagner leur
place, s'il vous plaît. Mme la députée... Je demanderais
à tous les députés, s'il vous plaît, de gagner leur
place à ma droite ici. À la demande du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, je fais appliquer strictement l'article 35... 32,
je m'excuse.
M. le leader de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, j'étais
à vous dire que vous ne pouviez pas fonctionner sur des
présomptions, que la jurisprudence est abondante, que le leader du
gouvernement lui- même s'est levé à plusieurs reprises
cette semaine pour dire: Vous n'avez pas le droit de demander de
l'interprétation quand les faits ne sont pas là. Vous ne pouvez
pas demander d'opinion. On doit se prononcer sur des faits. Notre
règlement est axé essentiellement sur la jurisprudence qui s'est
développée en particulier depuis 1984 quant aux questions de
privilège. Il faut quasiment qu'on ait le fait à la
portée, à la minute près. On n'a à peu près
pas de droit là-dessus. Notre règlement a des trous
béants. Je ne voudrais pas qu'on en fasse fi jusqu'à aller
présumer, parce qu'on plaiderait notre propre turpitude comme
Assemblée. On ne garderait même pas le pouvoir de s'amender ou de
reporter. On se donnerait des ordres d'aller quelque part sans savoir ce qu'on
irait faire là. Il me semble que ça ne peut pas fonctionner. Il
me semble qu'on envoie en commission pour étudier quelque chose. Quand
on étudie un principe d'une loi, on l'envoie à la commission
après que le principe est terminé. Mais, à ce stade-ci, on
ne peut même pas présumer que ce sera accepté ou pas, cette
motion. Ça pourrait être rejeté, ça pourrait
être reporté pour plusieurs semaines, pour plusieurs mois. On
pourrait décider que, demain matin, la commission de l'économie
et du travail non seulement ne siège pas, mais qu'on envisage
plutôt de donner au ministre du Travail la possibilité de
rencontrer les parties, de discuter avec elles d'une trêve, de faire une
négociation intensive pendant 15 jours, pendant un mois. On pourrait
suggérer au ministre du Travail d'amender sa propre motion et de faire
en sorte que cette motion se transforme en un voeu de l'Assemblée
nationale sans qu'on ait à en discuter sur la forme et sur le fond.
Qu'est-ce qui nous dit qu'on n'est pas capable de faire ça?
C'est le rôle de l'Assemblée nationale, M. le
Président, d'étudier des motions. Alors que le leader du
gouvernement se lève et nous envoie, M. le Président, à 10
heures, demain matin, jusqu'à 12 h 30, en commission pour
étudier, pour entendre des parties, il n'a même pas l'aval de la
présidence sur la recevabilité de la motion, M. le
Président. Et j'entends bien m'en prévaloir personnellement
à part ça, de cette possibilité de plaider sur la
recevabilité de cette motion, dans quelques minutes à part
ça. Donc, M. le Président, je demanderais au leader de demander
même à ses collègues ministres - et j'en profite pour lui
lancer un message - de respecter un peu l'Assemblée nationale. La
réforme parlementaire de 1984 a voulu que les députés ici
aient un plus grand rôle à jouer. Et c'est le contraire depuis
cinq à six mois, M. le Président. On se foute éperdument
des députés. On présume des décisions qui sont
prises. On ne nous laisse même pas l'opportunité d'amender. On
applique des législations avant qu'elles soient votées. On fait
de la publicité. Prenez la CSST, on fait de la publicité sur des
changements de tarifs alors
qu'ils ne sont même pas adoptés.
M. Brassard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Question de règlement, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je m'excuse, mais je pense que vous devez
vérifier le quorum. Nous ne l'avons pas.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Si vous voulez prendre place, s'il vous plaît! Je demanderais
à tous les députés de prendre place à leur
siège, s'il vous plaît! Nous avons quorum maintenant. Nous avons
maintenant quorum. Vous pouvez poursuivre, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je demandais au leader du
gouvernement de transmettre à ses collègues le message clair qui
est le suivant. M. le Président, te ministre du Travail se le
rappellera, on n'a pas à douter de sa bonne foi, on a dit: La CSST,
c'est inconcevable. Aux fêtes, on vous avait soumis une formule,
exactement une demande dans ce sens: Ne présumez donc pas de ce que le
Parlement peut faire. On annonçait des hausses de tarifs, M. le
Président, et, personnellement, je vous avais posé une question.
Vous êtes allé quasi jusqu'à répondre, M. le
Président, que l'administratif - et je vous rappelle vos propres mots -
ne peut pas guider le législatif. C'est ça, ce sont vos propres
mots, de la bouche même de la présidence de l'Assemblée
nationale: Nous ne pouvons pas être assujettis au pouvoir
administratif.
M. le Président, à peine quelques mois après, c'est
au tour du ministre des Terres et Forêts qui, de bonne foi, sans doute,
mais il s'est excusé à la commission parlementaire en disant: On
n'aurait sans doute pas dû faire ça, commencer à appliquer
une législation qui n'est pas votée, ou a peu près. Il
s'est excusé lui-même en commission auprès du
député de Lavio-lette. M. le Président, c'est le leader
aujourd'hui qui, lui, vient présumer encore des travaux de cette
Chambre. M. le Président, vous le prendrez comme vous voudrez, mais mon
opinion franche là-dessus, c'est que le pouvoir exécutif se foute
des députés de cette Chambre. C'est comme si on n'avait pas de
pouvoirs ou de droits. Et c'est ça. On appelle ça l'arrogance du
pouvoir quand on se foute éperdument de ceux qui ont à voter. (15
h 30)
Je comprends que pour plusieurs députés
d'arrière-ban qui en sont à leurs premières armes en cette
Chambre, ça peut paraître drôle de voir un leader de
l'Opposition plaider pour les droits fondamentaux d'une formation politique,
puis de plaider les droits fondamentaux d'un député.
Mais, renseignez-vous un tant soit peu, pourtant la réforme
parlementaire voulait précisément que l'Assemblée
nationale ne se fasse pas charrier ou par un ministre ou par l'Exécutif.
Le sacro-saint lieu des décisions ultimes, c'est par les
députés élus par le peuple et ça c'est
fondamental.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: Un instant! Sur une question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Seulement une question de procédure ou
d'information, pourriez-vous m'indiquer quelle est la limite de temps impartie
au leader de l'Opposition dans sa plaidoirie, à l'effet que la motion
que je propose, c'est-à-dire les avis à la Chambre... M. le
Président, j'ai l'intention de plaider. Tout a été dit et
j'ai l'intention de démontrer très clairement que je ne me veux
pas irrespectueux envers les députés. J'ai un profond respect
pour les députés, plus particulièrement pour l'Opposition
officielle. Vous avez une tâche qui n'est pas facile à remplir,
j'en conviens. Et j'ai l'intention de démontrer très clairement
que de tels avis sont fréquemment donnés. Quand je dis: Et le
projet de loi sera étudié en deuxième lecture et par la
suite, il sera en commission parlementaire de telle heure à telle heure.
J'ai l'intention d'y référer, mais encore faudrait-il que je sois
reconnu dans mon droit de plaider sur le bien-fondé de l'avis qui est
donné.
Le Président: J'ai une question de règlement qui
est soulevée par le leader de l'Opposition. Ça concerne
l'à-propos d'un avis. Je dois entendre ses arguments.
Généralement, c'est à la discrétion de la
présidence. La présidence entend les arguments que les leaders
veulent bien lui soumettre, en autant qu'on reste pertinent à la
question concernée. J'invite donc le leader à poursuivre le plus
rapidement. Il a tout le temps qui lui convient pour l'expliquer.
Évidemment, ça ne doit pas être répétitif.
Jusqu'à maintenant, j'écoute attentivement ses propos.
M. Chevrette: II me reste des éléments neufs, M. le
Président, et il m'en reste passablement parce que vous avez fait la
distinction vous-même hier entre ce qui constitue un privilège et
ce qui constitue un outrage et un mépris. Ça, j'ai l'intention de
le ramener aujourd'hui. J'ai l'intention de vous démontrer que si je ne
peux pas faire à ce moment-ci une question de privilège pour dire
que ça n'a pas d'allure qu'un leader du gouvernement se lève sans
savoir si la motion sera adoptée. Il va falloir regarder l'article 51 de
la Loi sur la construction tantôt. Vous allez me dire: On ne
présume pas. Je vais vous dire que c'est un mépris à ce
moment-là. Je vais me servir de vos propres paroles, M. le
Président de l'Assemblée
nationale.
C'est un non-sens qu'on puisse présumer d'une décision.
Ça constitue donc un mépris pour l'Assemblée nationale,
parce que, obligatoirement, un avis du leader devient quoi, M. le
Président? Ça devient un ordre de la Chambre. Comment peut-on
constituer un ordre de la Chambre et nous envoyer siéger si on ne
méprise pas les députés qui auront à prendre des
décisions? C'est présumer, dans le sens qu'on prendrait d'une
décision, qu'il n'y aura peut-être même pas de vote. Je vous
annonce tout de suite qu'il va y avoir un vote, certain. Je vous annonce tout
de suite que vous allez avoir à vous prononcer, non seulement sur le
fond, mais sur la forme de la question, à part ça.
Puis l'attitude du leader du gouvernement dans les circonstances, la
façon dont il procède, M. le Président, constitue un
mépris pour le Parlement, un mépris pour les
députés, un outrage à l'Assemblée nationale, et sur
cet aspect bien précis, je voudrais, M. le Président, faire la
distinction maintenant. Un autre élément, parce que vous m'avez
demandé d'arriver avec des éléments neufs; je vous en
amène un autre. Le leader du gouvernement vous dira sans doute qu'il
fait fréquemment des propositions, des avis, dans ce sens. M. le
Président, il y a des automatismes. Quand il envoie des gens pour les
crédits, il fait souvent des avis, bien sûr, et on le sait
d'avance: il a 15 heures d'études en crédits, 19 heures en
santé, il peut faire des avis. Quand il a un consentement, qu'il s'est
entendu avec l'Opposition et qu'il dit: Nous allons étudier tel projet
de loi. Nous avons deux intervenants, vous en avez deux, et on vous transmet
cette information. Quand il y a consentement dans ces cas-là...
M. Boulerice: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, j'ai apprécié
votre fermeté tantôt, mais j'ai bien peur que vous soyez
obligé de revenir à cette fermeté quant à l'article
32 de notre règlement.
Le Président: Alors, je demande à tous les
députés d'occuper les sièges qui leur sont
réservés. Je demande à tous les députés,
s'il vous plaît, d'occuper les bancs qui leur sont réservés
conformément au règlement.
M. Garon: Moi, j'aime ça, le décorum.
Le Président: Encore faut-il ne pas contrevenir au
décorum en toute autre occasion non plus, M. le député de
Lévis. Alors, vous pouvez poursuivre, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'étais à
vous amener un élément neuf qui est le suivant. Le leader du
gouvernement dit: Ça arrive souvent que je donne des motions du genre,
des avis de même. M. le Président, il faudrait que le leader se
rappelle. Quand il rencontre l'Opposition préablement, puis qu'on
s'entend qu'il y a deux intervenants de chaque côté, et qu'on lui
dit par la suite: On ira en commission parlementaire, c'est bien sûr
qu'on lui permet de faire un avis, parce qu'il y a eu consentement, parce qu'il
y a eu entente préalable. Mais depuis quand peut-on envoyer du monde
étudier quelque chose qui n'est même pas encore adopté?
Ça n'a pas de bon sens.
L'Assemblée nationale ne s'est même pas encore
prononcée sur la recevabilité de la motion, encore moins sur le
fond. Puis vous voulez nous envoyer siéger demain matin. S'il vous
plaît, respectez-nous un petit peu. Je comprends qu'on n'a pas le nombre,
mais on a le droit, par exemple, d'exiger le respect des procédures et
des règles. On a le droit fondamental de faire respecter le
règlement de l'Assemblée nationale. Et si on a fait des motions
du genre, puis si on les a laissé passer, c'est parce qu'on n'avait pas
d'objection fondamentale.
Mais le jour où on a des objections fondamentales, le
règlement existe et il nous permet d'intervenir à ce
moment-là, il nous permet de le faire respecter. On en a eu la preuve.
Equality, à un moment donné, un député
indépendant d'Equality a dit: Je comprends qu'il y a des traditions, je
comprends qu'il y a des normes. Et vous-même, M. le Président,
vous avez donné raison sur ie fond du règlement. Vous
étiez inquiet, par exemple. C'est bien sûr, ça donnait deux
heures de règlement pour un temps qui est très limité par
rapport à ce que le règlement donnait.
Il y a des trous de même dans le règlement. Mais ce qu'on
demande au gouvernement, même si on est minoritaire, c'est:
Respectez-nous, respectez le règlement. Ne commettez pas de
mépris envers l'Assemblée nationale. Arrêtez de
considérer qu'on n'a pas de rôle à jouer. Dans l'espace de
deux jours, vous vous foutez éperdu-ment du Parlement. Et depuis les
fêtes, ça fait trois fois. De grâce, attendez un petit
peu.
Un dernier élément, M. le Président, que je
voudrais également vous rappeler, c'est le suivant. M. le
Président, comment pourrions-nous, si vous acceptiez une telle motion,
même conditionnelle, présumer de la bonne foi dans les
discussions, puisque, nous, on ne cachera pas nos intentions, on va vous les
dire tout de suite. Nos intentions, c'est d'arriver à ce qu'il n'y en
ait pas de commission parlementaire demain. Notre but, notre objectif, c'est
qu'il y ait de la négociation et non pas une commission. À partir
de là, comment pouvons-nous présumer de la bonne foi du ministre,
de la bonne foi de ce
gouvernement si, avant même de discuter de cette motion, vous,
vous voulez nous envoyer siéger? Vous ne pensez pas que ça a
l'air fou un petit peu. Comme parlementaires, peut-on avoir le droit de jouer
au moins notre rôle, même si on sait d'avance que vous pouvez nous
écraser à cause de votre nombre? (15 h 40)
Ça, c'est aléatoire. On y a été de l'autre
bord, puis on est passés de ce bord-ci. Attendez-vous à
ça. Continuez à faire ce que vous faites et vous allez revenir de
ce bord-ci puis on va retourner l'autre bord. Ce que je dois vous dire, M. le
Président, c'est qu'on veut être respectés. On veut que les
règlements soient respectés. On ne veut pas que le leader du
gouvernement ni le gouvernement présument de l'acceptation de la motion.
On veut purement et simplement avoir l'occasion de faire notre travail de
législateurs. On veut avoir l'occasion de démontrer dans les
normes, dans les règles, selon le règlement de l'Assemblée
nationale et aussi, dernier argument, la Loi de l'Assemblée nationale...
M. le Président, vous êtes le gardien des droits des
députés de l'Opposition en cette Chambre. Et la Loi de
l'Assemblée nationale, au-dessus même de ces
règlements-là, doit vous obliger, M. le Président,
à nous assurer à nous, de l'Opposition qui sommes minoritaires,
qui n'avons pas le poids du nombre, c'est la force de notre argumentation,
nous, et c'est cette loi de l'Assemblée nationale qui vous dit: Faites
respecter intégralement ces règlements. Ça, c'est un
devoir qui vous est imparti en vertu de l'article 2 de la loi, si ma
mémoire est fidèle, qui dit que chaque député en
cette Chambre, et plus particulièrement ceux des minorités
appartenant a des groupes minoritaires, c'est à la présidence de
l'Assemblée nationale que revient le droit de faire respecter les droits
les plus fondamentaux. Et un des droits les plus fondamentaux, un des droits
fondamentaux... Un droit fondamental pour un député de
l'Opposition, c'est de pouvoir s'exprimer en toute quiétude dans cette
Chambre - même un gars en marketing comprend ça - M. le
Président, c'est de s'exprimer en cette Chambre tant et aussi longtemps
que le lui permet le règlement et je ne suis pas de ceux qui vont plier
l'échiné parce que vous riez et parce que vous grognez. Je vais
m'exprimer tout le temps que me permettra le règlement. "C'est-u" clair?
Vous aurez beau entonner en choeur les chansons que vous voudrez, le choeur de
l'Armée rouge, je vais parler quand je vais vouloir, selon les
règlements, M. le Président. "C'est-u" clair?
M. le Président, je termine en faisant appel à votre sens
de l'équité, mais aussi à votre sens du respect
fondamental des règlements et de la Loi sur l'Assemblée
nationale. Je ne voudrais pas, parce qu'on a consenti, parce qu'on a
donné des consentements antérieurement, que vous preniez ces
consentements-là comme de la jurisprudence vis-à-vis d'une
situation où on exige le respect.
Ça, c'est un point fondamental que je voudrais vous souligner, M.
le Président, avant même que le leader du gouvernement se
lève parce que lui-même a bien dit tantôt, et il m'en a
fourni l'indice, qu'il vous prouverait noir sur blanc qu'il en a fait des
motions.
Si tel était le cas, si on reconnaissait comme des cas de
jurisprudence les consentements qu'on a donnés pour que des avis soient
donnés, je peux vous dire que ça, c'est des diètes qui
peuvent s'installer facilement. Si, parce qu'on donne des consentements dans ce
Parlement, pour un fonctionnement des plus harmonieux quand ça l'exige,
ça devenait des cas de jurisprudence contre nous, préparez-vous
parce qu'on peut avoir quelques livres à perdre en termes de
consentement, M. le Président. C'est la chose la plus facile à
dire, ça, non à des consentements. Et ce n'est pas du chantage
que je fais, c'est purement et simplement un avertissement clair qu'on ne doit
pas se servir de cas de jurisprudence quand ça a fait l'objet de
consensus de part et d'autre. C'est différent d'exiger le respect d'un
règlement et d'une loi claire et c'est différent de consentir
à déroger à une règle normale. Ce qu'on vous
demande dans le présent cas, c'est de respecter intégralement
l'esprit et la lettre du règlement.
Le Président: Avant de céder la parole au leader du
gouvernement, je veux simplement informer l'Assemblée, dire au leader de
l'Opposition qu'en aucun temps la présidence n'a considéré
qu'un consentement que les deux leaders avaient donné, que l'ensemble
des parlementaires avait donné pour déroger à une
règle faisait en sorte que, usuellement, ultérieurement, on
pourrait suivre la même procédure. Je n'ai jamais... En aucun
temps, la présidence ne va appliquer ces choses-là. Donc,
ça ne constitue pas une jurisprudence et un précédent,
c'est évident. Ça, c'est le droit parlementaire qui le veut et,
là-dessus, la présidence a toujours appliqué strictement
le règlement en ce sens-là. Non, je vous dis simplement... Parce
qu'il y a eu un avis, qu'il y a eu des consentements, vous dites à la
présidence que ça ne constitue pas un précédent. Je
reconnais ce fait et je vous dis que la présidence a toujours
appliqué cette chose-là, c'est évident.
Vous disiez... Je vous dis simplement, M. le leader de l'Opposition...
Un instant! Je dis simplement que vous mentionniez, tantôt, que quand
vous avez un consentement donné au leader du gouvernement et que
l'ensemble des parlementaires concoure au consentement pour aller, pour
contrevenir à une disposition du règlement, ce consentement ne
fait pas jurisprudence, c'est évident. La présidence ne peut pas
être liée dans une décision parce que, dans un autre cas
précédent, il y a eu un consentement. C'est évident
ça et la présidence n'a jamais appliqué une jurisprudence
de ce genre-là à ma
connaissance. D'accord? Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Permettez-moi, M. le Président, d'ajouter un
élément. Je reconnais que vous me donnez raison, mais ce n'est
pas une charge contre la présidence que j'ai faite. C'est une mise en
garde quant aux plaidoiries que pourra faire le... Comme je plaide le
premier...
Le Président: Oui, oui.
M. Chevrette: ...à un moment donné, vous pouvez
vous déclarer suffisamment renseigné que je ne puisse me relever,
mais vous me donnez l'occasion de dire ceci aussi. M. le Président: il y
a au-delà des consentements. Je peux, une journée donnée,
ne pas me prévaloir d'un règlement, à l'Assemblée
nationale, même si j'en avais le pouvoir, et ça ne constitue pas
pour autant un précédent, ça, non plus. Il aurait pu faire
sa motion et, si ça avait fait mon affaire, ne pas dire un mot. Et
ça ne constitue pas pour autant un précédent en cette
Chambre que d'accorder une motion qui ne devrait pas se faire normalement dans
les formes, mais qui s'est faite parce que ça nous plaisait. Donc, je ne
voudrais pas, non plus, que cette partie-là constitue un
précédent.
Le Président: Très bien. C'est ça. Je
voulais simplement faire la mise au point parce que les propos que vous teniez
semblaient dire que la présidence pouvait suivre un consentement
antérieur pour décider autre chose. J'ai dit: Non, c'est
évident, ça ne tient pas. Donc, sur la même question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Je vous remercie, M. le Président. C'est
avec beaucoup d'attention et beaucoup d'intérêt que j'ai pris
connaissance de la représentation du député de Joliette et
leader de l'Opposition. Si on se réfère à l'article 85,
l'article est très clair: "Le leader du gouvernement communique à
l'Assemblée les avis concernant les travaux des commissions
siégeant en vertu d'un mandat de l'Assemblée. "Le
président communique à l'Assemblée les avis concernant les
travaux des commissions siégeant en vertu d'un mandat qu'elles se sont
donné."
Et aussi: "Les motions touchant les travaux de l'Assemblée et ne
requérant pas de préavis sont prévues par la loi et le
présent règlement."
Ceci étant dit, M. le Président, nos travaux quotidiens
s'appuient sur un règlement qu'on se doit de suivre et qui
prévoit l'ensemble des dispositions régissant les
différentes activités autant ici, à l'Assemblée
nationale, la durée des débats, les périodes, les
commissions parlemen- taires, etc.. Notre système parlementaire fait et
prévoit que la majorité initie les procédures, les projets
de loi, les motions. L'Opposition a des droits. Chaque membre a des droits, des
droits d'intervention. L'Opposition a des droits, plus particulièrement
à certaines motions dont celles qui, traditionnellement, sont
débattues le mercredi ou encore les interpellations du vendredi.
Or, la fonction de leader de la Chambre ou de leader de l'Opposition se
réfère à des responsabilités et aussi à des
droits inhérents à celui qui vous parle, dont celui,
évidemment, de donner les avis des différentes commissions qui
doivent siéger. Dans le cas qui nous occupe, lorsque vous avez
appelé les avis à la Chambre, je me suis levé et je vous
ai donné un avis pour une commission parlementaire qui doit
siéger effectivement cet après-midi. Et je vous ai aussi
donné un avis comme quoi, au moment où l'Assemblée aura
disposé d'une procédure, d'un débat qui aura cours pendant
une heure, à ce moment-là et par la suite, la question sera
déférée en commission parlementaire. C'est ce qu'on fait,
M. le Président, et c'est accepté et -ça ne prend pas de
consentement, c'est ce qu'on fait ici presque quotidiennement, à
l'Assemblée nationale.
C'est d'ailleurs ce qui explique ma surprise de voir le leader de
l'Opposition dénoncer ma proposition, même m'imputer des motifs
comme quoi je n'aurais pas de respect envers les députés. J'ai
siégé pendant neuf ans dans l'Opposition, je suis bien conscient
du rôle particulièrement difficile, très limité des
députés de l'Opposition qui doivent s'inscrire uniquement en
réaction. Je suis bien conscient de tout ça et je n'ai pas
l'intention d'insulter quiconque. Sauf que j'ai le droit, en vertu du
règlement, de donner un avis, m'appuyant sur des travaux soit en cours,
soit immédiatement appelés devant l'Assemblée pour
être ensuite déférés à la commission
parlementaire. Je le fais régulièrement, comme leader du
gouvernement, lorsque j'indique, par exemple: M. le Président, je donne
un avis comme quoi nous allons étudier cet après-midi tel projet
de loi, tel numéro, en deuxième lecture et, une fois que
l'Assemblée en aura disposé - nous en remettant toujours à
l'Assemblée - la commission, par exemple, la commission de
l'aménagement et des équipements siégera ce soir, de 20
heures à 22 heures, et demain, de 10 heures à 12 heures, pour
étudier le projet de loi article par article. (15 h 50)
Ça s'est passé même cette semaine. M. le
Président, je réfère au procès-verbal de cette
semaine, le mardi, 24 avril, au moment des avis touchant les travaux des
commissions. Écoutez-moi bien. M. Lefebvre, leader adjoint du
gouvernement convoque, premièrement, et, deuxièmement, la
commission de l'aménagement et des équipements afin
d'étudier en détail les projets de loi suivants, soit le projet
de loi 29, la Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal, le
projet de loi 30, Loi modifiant la Loi sur l'organisation territoriale
municipale et d'autres dispositions législatives et le projet de loi 39,
Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Page 314 du
procès-verbal en date du 24 avril 1990.
Aux affaires du jour, par la suite, projet de loi présenté
par le gouvernement ici en deuxième lecture, adoption de principe,
l'Assemblée reprend le débat sur la motion de M. Picotte,
ministre des Affaires municipales, proposant que le projet de loi 30, Loi
modifiant la Loi sur l'organisation territoriale municipale et d'autres
dispositions législatives, soit maintenant adopté. Le
débat terminé, la motion est adoptée. En
conséquence, le principe du projet de loi 30 est adopté. Sur la
motion de M. Lefebvre, leader adjoint du gouvernement, le projet de loi 30 est
renvoyé pour étude détaillée à la commission
de l'aménagement et des équipements.
Alors, concrètement, ce que ça veut dire, M. le
Président, c'est un droit, c'est une coutume d'ailleurs, comme quoi le
leader du gouvernement donne des avis pour que des travaux qui seront
appelés et dont l'Assemblée est susceptible de disposer au cours
de la séance, de les déférer en commission parlementaire.
Et, ça ne prend pas de consentement. Ça ne nécessite pas
de consentement puisque si ça avait nécessité un
consentement, ça apparaîtrait au procès-verbal, M. le
Président. Et on pourrait en faire l'inventaire. Mais ça
prendrait un certain temps à faire l'inventaire et ça serait
jouer le jeu de l'Opposition. L'Opposition... D'ailleurs, j'apprécie la
franchise du leader de l'Opposition qui nous indique: Nous, notre but
aujourd'hui, ce n'est pas compliqué, c'est de faire en sorte que
ça ne siège pas. Donc, c'est de retarder les travaux. Et vous
aurez compris, M. le Président, que c'est pour ce motif-là... Mon
expérience m'enseigne qu'il s'en venait quelque chose. C'est ce
pourquoi, d'ailleurs, j'ai refusé de débattre quelque motion non
annoncée que ce soit aujourd'hui, même celles pour lesquelles on
aurait été vivement intéressés à discuter.
On ne l'a pas fait. Pourquoi? Parce que je savais pertinemment que notre
calendrier horaire prévoyait une limite dans le temps. Le leader de
l'Opposition a fait sa plaidoirie. Je vous indique très clairement que
c'est tout à fait conforme au règlement, que le leader du
gouvernement... Il y a des centaines, sinon des milliers de cas depuis qu'on a
un Journal des débats qui rapporte ce qui se passe à
l'Assemblée et d'ailleurs dans les procès-verbaux, des centaines
et des centaines de cas comme quoi j'ai le droit, comme leader du gouvernement,
de convoquer la commission à laquelle nous référons dans
le cas qui nous occupe pour demain après-midi; pour demain matin,
c'est-à-dire. Dans les avis touchant les travaux, que vendredi, le 27
avril à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de
l'économie et du travail se réunisse, une fois adoptée la
motion que je présenterai tout à l'heure inscrite à
l'article 29 du feuilleton. Ça ne nécessite pas de consentement
parce que ça devait être au feuilleton.
Autre élément, le député de Joliette et
leader de l'Opposition nous dit: C'est une présomption. C'est
définitif que c'est une présomption. Le leader du gouvernement
lui-même, lorsqu'il donne de tels avis, M. le Président, et qu'il
doit revenir par la suite... Exemple concret, il donne l'avis qu'une commission
va siéger pour étudier un projet de loi donné en
commission parlementaire à une journée donnée, suite au
débat qui aura cours à l'Assemblée. Si, à
l'Assemblée, le vote n'est pas appelé, si on n'a pas
terminé le débat, M. le Président, c'est de commune
renommée que la commission ne siégera pas. Voyons, vous le savez
pertinemment. C'est donc une présomption. Et, en droit, c'est une
présomption - et on s'en rappellera, ceux qui ont leur droit ici - c'est
une présomption juris tantum. Donc, c'est une présomption qui est
révisable, qui est "renversable". Ce n'est pas une présomption
juris et de jure, c'est une présomption juris tantum qui est un
élément bien particulier en droit. Je suis persuadé que
les conseillers juridiques vont abonder dans le même sens que moi pour
indiquer au leader de l'Opposition que la présomption sur laquelle le
leader du gouvernement se réfère pour convoquer cette
deuxième commission peut être révisée purement et
simplement. Pour ces motifs, M. le Président, je vous invite à
recevoir cet avis. Et je vais appeler immédiatement l'article 29 du
feuilleton d'aujourd'hui.
Le Président: Oui, sur la même question, M. le
leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je voudrais souligner que le seul cas de
jurisprudence amené par le leader du gouvernement est le fruit
précisément d'un échange entre les deux partis. Il
souligne que le projet de loi de M. Picotte, ministère des Affaires
municipales, a été envoyé en commission. Je comprends, on
s'était rencontrés préalablement, M. le Président,
et on avait dit qu'il restait un intervenant chaque bord, de chaque
côté de la Chambre. Il savait pertinemment alors que ça
finirait dans les délais prescrits et il l'a envoyé en
commission, après étude, parce qu'il savait qu'il y avait entente
entre les partis pour dire qu'il y avait un représentant de chaque
côté. Il y a donc, M. le Président, sur la table de
l'Assemblée nationale, un cas très différent de celui
soulevé par le leader du gouvernement. C'est vrai sur le menu
législatif. Je suis même prêt à lui dire que, dans 98
% des cas, sur le menu législatif, on s'annonce d'avance le nombre
d'intervenants qu'on a quand on est d'accord. Il
n'y a pas de cachettes dans ça. Sur certains projets de loi, on
dit: II y en a deux. Sur tel autre projet de loi, on dit: II y en a trois. Mais
aujourd'hui, on dit qu'on en aurait beaucoup et, plus que ça, on lui dit
qu'on n'est pas d'accord. Donc, on veut voir le règlement
appliqué, c'est simple, aussi simple que ça. C'est
là-dessus que je vous demanderais, M. le Président, de faire
appliquer le règlement.
Le Président: Ayant entendu ces arguments, je vais
maintenant suspendre les travaux pour quelques instants pour
délibérer sur les arguments qui m'ont été
soumis.
(Suspension de la séance à 15 h 57)
(Reprise à 16 h 20)
Décision du président
Le Président: Veuillez prendre place, s'il vous
plaît. Alors, sur la question de règlement soulevée sur le
deuxième avis donné par le leader du gouvernement concernant la
commission de l'économie et du travail, je vais appliquer à ce
moment-ci strictement l'article 85 du règlement, article qui dit ce qui
suit: "Le leader du gouvernement communique à l'Assemblée les
avis concernant les travaux des commissions siégeant en vertu d'un
mandat de l'Assemblée." Or, actuellement, n'ayant aucun mandat de
l'Assemblée relativement à l'objet de l'avis, je considère
donc cet avis prématuré. Donc, l'avis est considéré
en fait inexistant.
Toujours au niveau des avis touchant... Un instant! Nous sommes à
ce moment-ci... Il y a déjà un avis que le leader du gouvernement
a donné qui est maintenu. Au niveau des avis touchant les travaux des
commissions, j'ai moi-même un avis à donner qui est le suivant: Je
vous avise que cet après-midi, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures, la commission des institutions se réunira en
séance de travail à la salle RC-171 de l'Hôtel du Parlement
afin de statuer sur diverses affaires courantes.
Maintenant, aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée,
est-ce qu'il y a des questions?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Chevrette: J'aurais quelques questions à poser au
leader du gouvernement sur les travaux de la Chambre. Étant donné
que le budget est ce soir, est-ce qu'il entend toujours maintenir le
consentement qui a été donné pour la motion du 9 mai
prochain?
M. Pagé: Quel consentement?
M. Chevrette: La motion du mercredi. C'est parce que j'ai
ouï-dire tantôt, je pourrais peut-être l'expliquer au leader
pour le situer à cause des événements qui se
déroulent présentement à l'Assemblée nationale,
qu'on aurait changé d'idée quant au fait de nous octroyer une
motion du mercredi, le 9 mai, ce qui avait été
négociée. Est-ce que c'est une erreur?
M. Pagé: M. le Président, première nouvelle
que j'entends.
M. Chevrette: Tant mieux! Deuxième question.
Le Président: Une autre question, M. leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
que le budget aura lieu toujours à 20 heures, selon la coutume, ou
à 20 h 45, je ne sais pas, ou à 22 heures, dépendant de
l'intérêt du gouvernement à finaliser la motion
présentement qui sera appelée dans quelques minutes, est-ce qu'il
est de l'intention du gouvernement de commencer... Est-ce qu'il peut nous
indiquer la date du début, selon le calendrier ou
l'échéancier, de l'étude des crédits?
Le Président: M. leader du gouvernement.
M. Pagé: L'étude des crédits sera
amorcée immédiatement après la fin des heures
prévues à la commission du budget et de l'administration.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez une idée, un
indice?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je comprends que le
leader de l'Opposition est particulièrement intéressé cet
après-midi par les questions...
M. Chevrette: ...budgétaires.
M. Pagé: ...de fonctionnement qui vont bien au-delà
du travail immédiat de l'Assemblée. Je me ferai un plaisir, dans
le cadre d'une rencontre ou même d'une conférence des leaders,
d'indiquer mes intentions en référence au calendrier d'ici la fin
de l'étude des crédits, donc, par conséquent, la fin de
l'étude du budget, etc.
M. Chevrette: Bien, M. le Président.
Le Président: Pas d'autres questions?
Au niveau des avis touchant les travaux des
commissions ou plutôt aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, j'ai une information à donner. J'informe les
députés que l'interpellation prévue pour le vendredi 4 mai
1990 portera sur le sujet suivant: Les politiques du gouvernement du
Québec en matière d'habitation. M. le député de
Shefford s'adressera alors à M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation. Je vous rappelle que l'interpellation
prévue pour demain le vendredi 27 avril 1990 portera sur le sujet
suivant: Le financement des arts au Québec. M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques s'adressera à Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Cela étant dit, nous allons maintenant passer aux affaires du
jour. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 29 du feuilleton d'aujourd'hui.
Motion proposant que la commission de
l'économie et du travail entende
l'Association
des entrepreneurs en construction et la
Coalition syndicale sur les raisons de
l'impossibilité de parvenir à une
entente
relativement aux modifications à
apporter
au décret de la construction
Le Président: À l'article 29 du feuilleton, il
s'agit d'une motion inscrite par le leader du gouvernement en vertu de
l'article 146 du règlement, motion qui se lit comme suit: "Que,
conformément au 4° alinéa de l'article 51 de la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'?uvre dans l'industrie de la construction (L.R.Q, chapitre R-20) la
commission de l'économie et du travail entende l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec et la Coalition syndicale quant
aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une entente
relativement aux modifications à apporter au décret de la
construction (172-87), vendredi le 27 avril 1990, de 10 heures à 12 h
30, à la salle Louis-Hip-polyte-Lafontaine, en procédant, de 10
heures à 10 h 15, aux remarques préliminaires du ministre du
Travail, de 10 h 15 à 10 h 30, aux remarques préliminaires du
porte-parole de l'Opposition officielle, de 10 h 30 à 11 h 30, à
l'audition de l'Association des entrepreneurs en construction du Québec
et, de 11 h 30 à 12 h 30, à l'audition de la Coalition syndicale,
l'exposé de chaque organisme précédemment
énuméré étant d'une durée maximale de 20
minutes, l'échange avec les membres de la commission, pour chaque
audition, étant d'une durée maximale de 40 minutes
partagées conformément à l'article 173 du règlement
de l'Assemblée nationale et le ministre du Travail étant membre
de la commission pour la durée du mandat."
Donc, cette motion, en vertu de notre règlement, à
l'article 146, donne lieu à un débat restreint d'une heure.
M. Chevrette: M. le Président. Le Président: M.
le leader de l'Opposition. Déliât sur la
recevabilité de la motion M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Question de règlement. Je veux plaider
l'irrecevabilité de cette motion, M. le Président. Je vais
essayer de vous démontrer, dans les minutes qui suivront, que cette
motion est irrecevable. Elle est irrecevable parce qu'elle est même
illégale, M. le Président, et non conforme, en plus, à nos
règlements.
Vous me permettrez, dans un premier temps, M. le Président, de
vous rappeler qu'hier, lors d'une des décisions du président de
l'Assemblée nationale, vous avez pris la peine d'aller vérifier
l'article 19 de la loi 44 pour bien vous assurer que la question de
privilège et de règlement que je posais avait une incidence sur
un article d'une loi et d'une loi qui n'était même pas
votée à l'Assemblée nationale, une loi qui était
à l'étude, un projet de loi, donc, qui était à
l'étude en commission parlementaire. Donc, ce que j'ai à vous
démontrer aujourd'hui, c'est que la motion présentée par
le leader du gouvernement pour et au nom du ministre du Travail, d'ailleurs,
qui ne veut pas porter l'odieux de la présente motion et qui le fait
porter par le leader, je voudrais donc vous dire, M. le Président, que
cette motion est irrecevable en vertu de la loi tout d'abord.
Il y a une loi qui existe dans l'industrie de la construction et qui
régit les relations du travail dans l'industrie de la construction. Je
vous réfère particulièrement à l'article 51 que je
vais vous lire au complet dans un premier temps, M. le Président. Il
s'agit là d'un article qui se lit comme suit: "Le gouvernement peut
aussi..." Je vais vous lire tout l'article et je relirai d'une façon
plus particulière le chapitre qui nous regarde.
L'article 51 de la Loi sur les relations du travail se lit comme suit:
"Le gouvernement peut prolonger ou abroger le décret - de la
construction - avec le consentement de l'association d'employeurs et celui des
associations de salariés représentatives à un degré
de plus de 50 %. "Il peut aussi, sur la recommandation du ministre, modifier le
décret avec le consentement de l'association d'employeurs et celui des
associations de salariés représentatives à un degré
de plus de 50 % et après publication d'un avis à cet effet dans
la Gazette officielle du Québec. "Les dispositions de l'article
50 s'appliquent au décret d'abrogation ou de modification, mais non au
décret de prolongation, lequel entre en vigueur à compter de son
adoption, mais doit être publié sans délai dans la
Gazette officielle du Québec.
"Le gouvernement peut aussi, sur la recommandation du ministre,
prolonger, abroger ou modifier le décret sans le consentement de
l'association d'employeurs ou des associations de salariés quand il est
d'avis que, dans l'intérêt public, cette solution est la seule qui
puisse remédier à la situation existante; il peut toutefois
modifier aussi le décret, sans que ces associations ne soient
invitées à être entendues devant le... Excusez. 'Il ne peut
toutefois - j'ai oublié le "ne", c'est très important - modifier
ainsi le décret, sans que ces associations ne soient invitées
à être entendues devant la commission parlementaire du travail, de
la main-d'oeuvre et de l'immigration, quant aux raisons motivant
l'impossibilité de parvenir à une entente relativement aux
modifications à apporter au décret.
Toute décision adoptée en vertu de l'alinéa
précédent est exécutoire pour tous les employeurs et pour
tous les salariés à compter de la date qui y est indiquée
et elle doit être publiée sans délai dans la Gazette
officielle du Québec."
Il est bien évident, M. le Président, que cet article ne
s'applique pas en totalité parce que le gouvernement, dans les
circonstances, n'a pas l'appui des entrepreneurs, ni des syndicats. Donc, la
première partie de l'article 51 ne s'applique pas. Ce n'est pas à
ça que je réfère. S'il y avait eu consentement entre
l'AECQ et les associations représentatives, là, il aurait pu y
avoir modification, mais on n'en serait pas avec une motion à
l'Assemblée nationale pour prolonger le délai. Donc, ce n'est pas
le premier paragraphe qui s'applique.
Ce n'est pas non plus le ministre qui peut modifier avec le consentement
de qui que ce soit puisqu'il n'y a pas de consentement. Donc, la partie qui
nous intéresse, M. le Président, est la partie suivante: "Le
gouvernement peut aussi, sur la recommandation du ministre, prolonger, abroger
ou modifier le décret sans le consentement de l'association d'employeurs
ou des associations de salariés quand il est d'avis que dans
l'intérêt public, cette solution est la seule qui puisse
remédier à la situation existante." (16 h 30)
Sur cette partie-là, M. le Président, je sais que ce n'est
pas le temps de plaider. C'est le fond. Je démontrerai dans un temps
ultérieur, quand on arrivera sur le fond, que les preuves ne sont pas
faites qu'il n'y a pas d'autre moyen de régler que celui de prolonger.
Mais je n'ai pas le droit, pour le moment, de l'utiliser. Donc, je m'en
abstiendrai mais je vous souligne que j'ai hâte de traiter du fond.
Cependant, avant d'y arriver, au fond, je vous ai dit que je vous
parlerais de la forme et le prochain bout a une importance capitale. Il ne peut
toutefois - il ne peut toutefois, ça veut dire qu'il ne peut pas -
modifier ainsi le décret sans que ces associations ne soient
invitées à être entendues devant la commission
parlementaire - celle du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
n'existe plus - de l'économie et du travail. Mais, quant aux raisons
motivant l'impossibilité de parvenir à une entente relativement
aux modifications à apporter au décret.
Je pourrais vous parler des dix heures de médiation et des 40
heures de négociations mais ce n'est pas le temps. C'est sur le fond.
Parlons de la forme. Par la motion que le ministre a présentée au
feuilleton d'aujourd'hui, il convoque une coalition de trois centrales: CSN,
FTQ-Construction et Conseil provincial des métiers de la construction.
Il convoque donc une coalition. Nulle part dans la loi, à l'article 51,
il n'est dit qu'on doit convoquer une coalition. On doit convoquer des
associations. Et la preuve, M. le Président, c'est qu'hier le leader du
gouvernement nous a fait venir, nous de l'Opposition, et nous a dit: Nous
allons entendre une coalition de la construction. On a dit non. On a dit: Nous
autres, on veut entendre chaque association. C'est la loi qui dit ça.
C'est l'article 51 qui dit ça. C'est ça qu'on a dit au ministre.
On ne s'entendait pas sur le nombre d'heures non plus. Donc, on va lui en
donner des nombres d'heures tantôt, qui ont eu lieu en 1979, en 1982, en
1984. On va en parler des nombres d'heures.
Mais nulle part dans la loi il est dit et il est autorisé... Et,
là, cette fois-ci, ce n'est pas une loi qui est en étude article
par article, ce n'est pas un projet de loi qu'on étudie en commission
parlementaire. C'est une loi dûment votée par le Parlement qui dit
que, lorsqu'il y a impasse et que le gouvernement, à tort ou à
raison, veut prolonger un décret, veut briser le rapport de force entre
les parties unilatéralement comme gouvernement, il est dit qu'il doit se
subordonner à l'article 51. Et l'article 51 dit quoi? Il dit: As-tu fait
un "melting pot" pour que je vous écoute 20 minutes. Il dit non. Il dit:
Je dois convoquer 16 associations. Et 16 associations, si je poussais plus
loin, je dirais qu'il y en a 5 parce qu'il n'est pas dit représentatives
ou non. 16 associations. Les associations qui oeuvrent dans le secteur de la
construction.
Mais si on allait plus spécifiquement aux associations les plus
représentatives, on dirait: Vous allez convoquer le Conseil provincial
des métiers de la construction, on va leur demander
spécifiquement ce qu'ils pensent. On va convoquer la FTQ-Construction et
on va leur demander ce que vous en pensez. On va convoquer la CSN-Construction,
et on va leur demander ce que vous en pensez. C'est ça,
fondamentalement, que dit la législation, que dit l'article 51 de la loi
sur les relations du travail dans la construction. Le mot "coalition", c'est un
hasard s'il y en a un, si ça peut vous intéresser. Il n'y a pas
une loi qui force une coalition. Il n'y a pas une loi qui dit aux syndicats:
Regroupez-vous pour négocier. C'est la conjoncture qui a voulu
qu'ils
se sont regroupés pour négocier.
Mais prenez-les individuellement. Demandez-leur s'ils veulent
témoigner individuellement. Ils pourraient témoigner
individuellement. On n'a pas le droit à l'Assemblée nationale de
présumer que chaque groupe ne peut pas être entendu ou ne veut pas
être entendu. On doit appliquer la législation
intégralement. Et, M. le Président, je vous réfère
aux libellés, je vous les relis pour être sûr que tout le
monde va bien les comprendre. Il ne peut - le gouvernement ne peut pas -
toutefois modifier ainsi le décret sans que ces associations ne soient
invitées à être entendues devant la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre. Il y a donc, M. le
Président, une coalition qui, juridiquement, n'existe même pas.
Juridiquement, ça n'existe pas la coalition dans la construction.
Est-ce qu'il y a un article de loi qui dit qu'ils doivent
négocier en coalition? Pas du tout. S'il y avait une centrale, suite
à un maraudage, s'il y avait 51 %, il faudrait négocier tout
seul. Ça a été le cas déjà dans la
construction. Et la loi pourtant a été modifiée il y a
quelques années. Et elle disait quoi? On doit entendre ces associations
précisément pour permettre aux groupes qui oeuvrent dans le
secteur de venir se faire entendre. Ils n'ont pas dit que c'était une
coalition. S'il n'y en avait pas eu de coalition, le ministre aurait dit quoi?
Il aurait écrit quoi dans sa motion, M. le Président? C'est un
corps né de la spontanéité et de la solidarité. Il
y a une coalition dans les faits. C'est vrai. C'est un corps de 100 000
personnes sur 110 000 qui se sont regroupées pour une fin commune. Mais
ce n'est pas une entité juridique. Est-ce que le ministre a reçu
une demande de fusion des trois centrales? Ça me surprendrait
énormément.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ça me surprendrait
énormément.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je pense avoir
démontré beaucoup de tolérance, si je puis utiliser le
terme, au moment de la plaidoirie précédente du leader de
l'Opposition. Cependant, je l'inviterais à conclure parce que vous devez
comprendre, M. le Président, que la stratégie est purement et
simplement celle de vouloir gagner du temps. C'est dilatoire. Le point
soulevé par le député de Joliette a été
formulé. Je suis prêt à démontrer exactement le
contraire de l'argumentation du député, M. le Président,
parce que cette motion, elle est recevable et elle doit être reçue
malgré la volonté de l'Opposition officielle de barrer
systématiquement nos travaux.
Le Président: Sur la question de règlement,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. Le
règlement me permet de faire une plaidoirie de recevabilité et,
tant et aussi longtemps, M. le Président, que j'aurai la
responsabilité, de notre côté, de faire appliquer la
réglementation à l'Assemblée nationale, tant et aussi
longtemps que le règlement me permet de présenter une plaidoirie
totale et complète, je suis à démontrer, M. le
Président, hors de tout doute, que le mot "coalition" n'existe pas en
termes d'obligation dans la législation de la construction, mais que
c'est le mot "association". Ma question de règlement, M. le
Président, je m'excuse, mais j'ai le droit, tant et aussi longtemps que
j'ai besoin de le faire, d'exprimer ma pjnsée, de l'expliciter, de la
démontrer par de la jurisprudence, de la démontrer par des
exemples que ça ne tient pas debout et que ça doit être
refusé légalement parce que vous avez procédé en
méconnaissance de votre législation et ce n'est pas ma
faute...
M. Pagé: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Je référerai très
brièvement. L'objection à ce que chacune des associations ne soit
pas entendue séparément ne tient pas. Que le leader de
l'Opposition se réfère au quatrième alinéa de
l'article 51, M. le Président.
Le Président: Oui, mais... Un instant! Vous ne pouvez
pas... Disons qu'actuellement, j'ai une question de règlement qui est
soulevée par le leader de l'Opposition qui a droit de parole. Les
articles 39 et 40 s'appliquent. "Un député peut, à tout
moment, signaler une violation du règlement. Il doit le faire avec
diligence, en mentionnant l'article du règlement qu'il invoque et en
limitant son exposé strictement au point soulevé." "Le
Président peut autoriser quelques remarques à l'occasion d'un
rappel au règlement. Elles doivent se limiter à l'article
invoqué et au point soulevé." Donc, évidemment, il y a une
discrétion de la présidence d'entendre les propos d'un
côté ou de l'autre. Le leader peut s'exprimer mais en autant que
ses remarques soient sur le point soulevé et soient faites de
façon la plus brève possible, compte tenu de l'article 40 du
règlement qui dit: "Le Président peut autoriser quelques
remarques à l'occasion..." Donc, je vous laisse le choix d'exposer vos
remarques. Simplement, on ne veut évidemment pas voir
répéter les mêmes remarques. Ce n'est pas ce que vous
faites actuellement, mais je veux entendre vos arguments le plus rapidement
possible, comme le prévoit le règlement.
M. Chevrette: D'ailleurs, M. le Président,
tant et aussi longtemps que le leader va m'inter-rompre, ça va
prendre plus de temps. C'est évident. C'est à son choix. Moi,
ça ne me dérange pas.
M. le Président, j'étais à vous démontrer
que l'article... Je m'excuse d'avoir été interrompu, j'ai perdu
le fil; je vais le reprendre, je vais le retrouver. J'étais à
démontrer que l'article 51 crée l'obligation au gouvernement et
au ministre de convoquer non pas une coalition qui n'existe pas, une coalition
qui n'est que le fruit d'une solidarité syndicale au moment d'une
négociation, qui n'est le fruit d'aucune structure, ni permanente, ni en
puissance, qui n'est le fruit que d'une fusion pour une fin précise,
pour un objectif précis, pour un travail précis pour et au nom
des travailleurs^ de la construction. Donc, une coalition qui peut exister
sporadiquement sur des sujets donnés, comme la sécurité du
revenu par exemple, qui pourrait exister sur d'autres thèmes mais qui
n'existe pas comme structure juridique. Le gouvernement n'a pas le droit de se
faire justice lui-même et c'est un autre principe de droit que je veux
soulever, M. le Président. (16 h 40)
Le gouvernement ne peut pas imposer du jour au lendemain qui il convoque
et pourquoi il convoque. Si c'était ça, le gouvernement n'aurait
pas mis dans l'article 51, c'est-à-dire que l'Assemblée nationale
n'aurait pas voté, à l'article 51, qu'elle se devait de convoquer
les parties. La preuve, c'est qu'on a mis des pourcentages à des parties
représentatives. Il y a une foule de mécanismes dans la loi. Je
ne vous référerai pas à l'ensemble des articles de loi, le
leader du gouvernement va trouver ça trop long, mais l'article 51, il
est clair. Il est clair. Il y a des associations syndicales, il y a une
association patronale. Comment se fait-il que le gouvernement, dans sa motion,
parle de l'association patronale? C'est parce qu'il y en a rien qu'une. Il se
conforme à la loi pour la partie de l'association patronale. Mais quand
il arrive au monde syndical, aurait-il écrit le mot "coalition" si,
spontanément, ces gens-là ne s'étaient pas
regroupés? Il aurait été obligé de recevoir les
associations, comme il l'a fait dans les années antérieures.
M. le Président, je voudrais vous citer des dates parce que, pour
une décision, il vous faut des cas de jurisprudence. Vous comprendrez,
M. le Président, que j'ai fait relever ce qui s'était
passé antérieurement. Les groupes entendus en 1982, le 27 mai,
c'était qui? Il y avait la CSD qui avait été entendue, la
CSN qui avait été entendue, (e Conseil provincial des
métiers de la construction, la FTQ et l'AECQ. En 1982, tous ces groupes
avaient été entendus, c'étaient les associations. En 1982,
on s'était conformé à l'article 51 de la loi. M. le
Président, allons donc voir plus loin s'il y a eu des convocations pour
des prolongations de délai. Oui, M. le Président. Les 28 et 29
août 1984, qu'est-ce qu'il y avait eu? L'AECQ avait décidé
de ne pas se présenter, mais elle avait été
convoquée, conformément à l'article 51. La CSD, la CSN, le
Conseil provincial des métiers de la construction et la FTQ-Construction
avaient été entendus. Chaque groupe avait obtenu 20 minutes et
chaque parti politique représenté à l'Assemblée
nationale avait obtenu 20 minutes. Donc, M. le Président, deux
précédents: 1982 et 1984. Vous voyez que la Chambre, à
l'époque, c'était un autre gouvernement, mais la Chambre avait
respecté l'article 51 du projet de loi que vous avez entre les
mains.
Aujourd'hui, le leader du gouvernement, au nom du ministre du Travail,
je le répète - ça devrait être lui qui la
présente, sa motion - soumet que, là, ce ne sont plus les
associations, c'est la coalition: 20 minutes pour tout le groupe, quelles que
soient les divergences ou les nuances qu'ils peuvent avoir. Non. Là, on
marque: "coalition". M. le Président, je vous soumets, sur ce point
précis de l'article 51, que ça m'apparaît être
d'abord, sur ce point précis, une illégalité.
Deuxièmement, maintenant. M. le Président, mon
argumentation ne se veut pas exclusivement sur l'article 51, mais sur
l'irrecevabilité. Quant à l'irrecevabilité, M. le
Président, je voudrais en appeler au délai de convocation. C'est
rendu abusif, ce serait abusif, un délai de moins de 24 heures, d'abord,
et qui plus est, je vais vous référer à l'article 168 de
nos règlements. L'article 168 de nos règlements dit ceci: "Le
secrétaire de la commission convoque au moins sept jours à
l'avance - sept jours à l'avance, sept, s-e-p-t, sept - les personnes ou
organismes qu'elle a choisi d'entendre." Encore là, si vous deviez leur
donner raison sur le mot "coalition", vous ne pourriez pas leur donner raison
quant à l'irrecevabilité selon l'article 168. Le
secrétaire de la commission doit leur donner un avis de sept jours pour
qu'ils se préparent en bonne et due forme et qu'ils viennent
témoigner. Ce n'est pas une consultation particulière où
on choisit les groupes qui veulent venir témoigner. C'est une
consultation obligatoire, faite en vertu de la loi, en plus, et il y aurait un
délai abusif de même pas 24 heures.
Au moment où on se parle, et elle n'est pas adoptée et
elle ne le sera pas tout de suite, il est 16 h 45, si c'est adopté
à 9 h 30, 10 heures, ce soir, après le budget ou avant le budget,
M. le Président, vous savez très bien, pertinemment, que
ça ne donne même pas un délai de 24 heures. Ça
devient, entre vous et moi, abusif, comme délai, pour convoquer des
parties. Ça devient abusif, d'autant plus que l'article 168 de notre
règlement et l'article 40 des règles de fonctionnement nous
précisent carrément que l'on doit donner des délais
raisonnables de convocation aux parties. Deuxième point, donc, à
mon point de vue, M. le Président, fondamental. Un point de droit. Et,
entre vous et moi, sur ce deuxième point, je voudrais faire appel au
président de l'Assemblée nationale. On est rendu, M. le
Président, avec ce gouvernement - et je le dis comme je le pense - qu'on
"bulldoze" littéralement les groupes. On "bulldoze" les groupes. On
décide, n'importe comment. On va vous convoquer demain matin.
Préparez-vous, préparez-vous pas, nous autres on a une job
à faire. C'est comme si, M. le Président-La décision
d'aller à rencontre de ces délais-là, M. le
Président - je ne veux pas le présumer - mais ça a l'air
comme si tout était paqueté davance. On "convoque-t-u" pour le
plaisir de convoquer du monde ou si on le convoque pour réaliser
l'esprit d'une législation? L'esprit d'une législation c'est de
comprendre les pourquoi d'un échec de négociation. C'est
ça l'esprit de la négo. C'est de demander aux parties: Dites-nous
donc ce qui ne va pas. On pourrait peut-être faire des suggestions pour
que ça marche. Ce n'est pas d'écouter 20 minutes et dire:
Écoutez une minute, dites ce que vous avez à dire. Moi, je
prolonge par un décret. "C'est-u" juste pour vous acquitter d'une
tâche légale ou si vous ne devez pas donner l'esprit et
l'apparence...
Le Président: Un instant, sur une question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'ensemble des questions
soulevées par le député de Joliette pourront être
soulevées dans le cadre du débat restreint d'une heure et
ça ne réfère pas à la recevabilité de la
motion.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Sur la question de règlement.
M. Chevrette: Non, sur cette question de règlement
précise.
Le Président: Sur la question de règlement.
M. Chevrette: Je suis content qu'elle soit soulevée.
D'ailleurs, j'en remercie le leader du gouvernement profondément et
très sérieusement. Parce que c'est relié à la
convocation et c'est relié à l'esprit de la loi, qu'est-ce que je
dis là. Ce n'est pas du tout sur le fond de votre motion. Sur le fond de
votre motion, soyez sans crainte, j'en ai sept pages. Ce n'est pas sur le fond
de la motion. C'est sur l'apparence du respect de l'esprit des lois que j'en
ai, M. le Président, dans ma question de règlement. Ça n'a
pas d'allure d'appliquer une législation en disant qu'on a... On a mis
dans une loi un texte qui nous dit: Vous entendez les parties pour savoir ce
qui ne va pas. Et vous les regroupez pour ne pas en entendre trop. De un. Et,
de deux, vous leur donnez 20 minutes pour qu'elles vous en disent le moins
possible. Et, de trois, vous, vous feriez justice en prolongeant un
décret. Ça n'a pas de maudit bon sens sur l'application d'une
législation!
Et ma question de règlement, M. le Président, c'est de
faire respecter l'esprit de cet article-là. Il y a des limites à
charrier des citoyens. On ne légifère pas, M. le
Président, en cette Chambre pour le plaisir de légiférer.
On ne s'est pas mis des clauses pour se donner bonne conscience. Ce genre de
clause, en droit, ou d'article de loi, c'est précisément parce
que le législateur à l'époque, avait dans la tête,
M. le Président, de créer un lieu où les parties pouvaient
venir éclairer le législateur et où le législateur
pouvait apporter des amendements et peut-être dénouer l'impasse.
C'est ça l'esprit de l'article 51. Et je plaide sur le fond de la loi 51
et non pas sur le fond de la motion du leader, M. le Président. Je
comprends que vous allez m'expliquer... Je sais que vous allez me dire: C'est
sur la frontière, M. Chevrette. Bien oui, c'est sur la frontière.
Mais je suis bien obligé de vous dire que l'esprit de la loi, je le
connais, j'étais là quand on l'a votée.
Le Président: Sur la question de règlement du
leader du gouvernement relativement... Vous êtes évidemment
à la limite de la possibilité d'intervention. Je vous dirai
qu'à l'article 40, le président peut autoriser quelques remarques
à l'occasion d'un rappel au règlement. En principe, il n'y a pas
un temps de parole d'une heure ou de 20 minutes. Nos règlements
prévoient des temps de parole. Généralement, dans le cas
de plaidoiries de ce genre-là, c'est limité dans le temps. C'est
beaucoup plus restreint. Ce n'est pas une heure de temps. Je comprends que vous
voulez faire valoir vos points, mais je vous dirai relativement... Vous avez
fait valoir un point relativement au délai de convocation. Je suis bien
d'accord. Sauf que quant à plaider sur la nécessité du
temps de la convocation, à ce moment-ci, ce n'est pas au niveau de votre
question de recevabilité de cette motion. Ça sera une question de
fond parce que... On y reviendra. Ça sera une motion de
l'Assemblée. Et le temps sera contenu dans la motion même, la
question de temps. Donc, en ce sens-là, c'est une question de fond. Je
considère ça une question de fond et non pas une question de
forme.
M. Chevrette: M. le Président, je vais vous poser une
question d'abord. Une directive, parce que je ne voudrais pas aller à
rencontre de vos sages décisions. Mais, où est-ce que je peux
plaider le fait qu'un délai déraisonnable peut devenir abusif si
ce n'est pas au niveau d'une question de règlement et
d'irrecevabilité? Ce n'est pas sur le fond d'une motion.
Le Président: La motion...
M. Chevrette:....
(16 h 50)
Le Président: oui, évidemment, mais la question que
vous pourrez plaider là-dessus de suffisance ou pas, la motion qui est
une motion de l'assemblée, pas une motion du gouvernement, une motion de
l'assemblée, cette motion-là confie un certain délai,
donne un certain délai. à ce moment-là, ça devient
manifestement une question de fond. vous pouvez donner un argument, vous, sur
la recevabilité comme quoi, actuellement, vous considérez qu'en
vertu de l'article 168 du règlement, ce n'est pas suffisant, ce n'est
pas sept jours, d'accord. mais, une fois que vous donnez votre point et c'est
ça, la présidence décidera si, oui ou non, c'est
receva-ble ou pas en vertu de cet argument-là. mais quant à
déterminer si c'est suffisant sept jours ou pas, ou si ça devrait
être plus ou moins, ça devient une question de fond manifestement.
je vous invite à poursuivre vos arguments conformément à
l'article 40 de la loi.
M. Chevrette: Pour moi, vous avez hâte que je finisse,
mais...
Le Président: Ce n'est pas parce que j'ai hâte que
vous finissiez...
M. Chevrette: ...il m'apparaît important...
Le Président: Je m'excuse. Ce n'est pas parce que j'ai
hâte que vous finissiez, c'est que je suis quand même pris avec une
disposition au règlement qui dit que vous pouvez soulever une question
de règlement, mais que le président peut autoriser quelques
remarques - on n'a pas déterminé un nombre infini de temps -
à l'occasion d'un rappel au règlement. Et on dit
spécifiquement qu'"elles doivent se limiter à l'article
invoqué" au sens du règlement et non pas aux lois. On ne peut pas
discuter d'une loi globale. Ce n'est pas le président, c'est
l'Assemblée qui vote les lois. Ça se fait à
l'Assemblée ici par des étapes prévues et,
également, en commission parlementaire. Donc, vos remarques doivent se
limiter à l'article invoqué et au point soulevé.
M. Chevrette: Mais M. le Président, à date, ma
question de règlement et de privilège...
Une voix: ...de règlement.
M. Chevrette: ...de règlement face à
l'irrecevabilité, c'est précisément pour le respect d'une
loi votée par cette Assemblée. Que je sache, toute mon
argumentation sur l'article 51 était très logique, très
plausible. Il y a deux précédents, en 1982 et en 1984, que je
vous ai soulignés, que je vous ai rappelés.
Quant à l'article 168 qui parle d'un délai de sept jours,
je veux vous démontrer comment c'est important de l'appliquer. Je veux
vous démontrer comment c'est tellement important d'appliquer cet
article-là, M. le Président, que ça deviendrait abusif. Et
ça deviendrait abusif, et j'explique pourquoi. Ça deviendrait
abusif parce que vous permettriez - et ce n'est pas le rôle de
l'Assemblée nationale ni d'un gouvernement ni d'un président - de
rendre inopérante l'application de l'esprit d'une loi. L'esprit de la
loi, je le répète, c'est relié à l'article 168. Je
voudrais rester dans le cadre de la plaidoirie sur la recevabilité.
Recevoir un tel avis de motion dans un délai aussi restrictif, à
mon point de vue, devient abusif quant à l'application de la loi
elle-même, parce qu'on n'a pas voté une loi dans l'industrie de la
construction sur les relations du travail, on n'a pas voté une loi pour
la "frime", on a voté une loi pour permettre aux parties, aux
associations, je le répète, aux associations, pas à une
coalition, il n'y en avait pas à la dernière, mais aux
associations de venir dire au gouvernement ce qui accroche. Et pour permettre
aux législateurs, d'une façon éclairée, de dire: Je
prolonge ou je ne prolonge pas un décret, il faut permettre aux
individus un délai raisonnable.
Donc, vous voyez, M. le Président, que toute mon argumentation
n'est pas sur le fond, elle est sur l'importance du respect du règlement
quant au délai minimum à accorder aux parties et quant au respect
fondamental de l'application de l'article de la loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction. À date, je vous ai donc
donné deux points majeurs, M. le Président, sur lesquels,
à mon point de vue, vous en avez déjà assez pour rendre
une décision d'irrecevabilité. mais je me permettrai d'en ajouter
un dernier. m. le président, il m'apparaît, dans les
circonstances, que de permettre au gouvernement d'apporter une motion voulant
entendre dans un délai aussi déraisonnable, contrairement
à l'esprit de la loi 51 et contrairement à l'esprit de l'article
168 de nos règlements, le tout maintenant vient créer un
préjudice. et le législateur n'a pas le droit, l'assemblée
nationale n'a pas le droit de créer de préjudice. ça, m.
le président, il m'apparaît qu'aucune assemblée nationale,
encore moins un gouvernement, n'a le droit en vertu des chartes des droits et
libertés, en vertu du respect du droit aux relations du travail, du
droit international auquel le canada a adhéré d'ailleurs, la
seule charte internationale à laquelle a adhéré le canada,
c'est la charte des relations du travail, du droit d'association, du droit de
représentation.
À mon point de vue, M. le Président, quand on se dissocie
des encadrements qu'on s'est donnés à une législation, on
contrevient également à ces dispositions d'une charte du droit
international, parce qu'on ne permet pas à ceux dûment
autorisés... Et ici, on peut en rire, mais, M. le Président,
c'est très sérieux. Si un travailleur salarié a voulu
adhérer à la CSN-Construc-tion, c'était son droit le plus
fondamental. Si un salarié a voulu librement, c'est une
liberté
syndicale reconnue dans toutes les législations sinon on n'aurait
pas permis qu'il y ait quatre ou cinq groupes dans l'industrie de la
construction. On n'aurait pas permis que les gens adhèrent à la
FTQ-Construction, au Conseil provincial des métiers de la construction.
On aurait dit: II y a une association majoritaire, vous vous ralliez. Salut,
bonjour Luc! Ce n'est pas ça qu'on a voulu dans l'industrie de la
construction. S'il y en a un qui le sait, c'est bien moi. Je me souviens
très bien qu'on a maintenu le pluralisme syndical dans l'industrie de la
construction. M. le Président, si on a maintenu le pluralisme syndical,
si les chartes de droit international en relations du travail reconnaissent ce
droit inaliénable de la liberté d'affiliation, je ne comprends
pas que l'on puisse, par une motion à l'Assemblée nationale,
enlever ce droit d'être représenté directement par celui
qu'on a choisi. Ça ne veut pas dire que je ne favorise pas de
regroupement, mais ça veut dire qu'on va respecter intégralement
par exemple nos législations. Et ça, ça m'apparart
être un troisième point fondamental pour lequel le
président de l'Assemblée nationale devrait rejeter cette motion,
M. le Président.
Le Président: Alors, merci. Sur la même question de
règlement, M. le leader du gouvernement, sur la recevabilité de
la motion.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Je vais être bref, M. le Président,
vous comprendrez pourquoi. Afin d'assumer en toutes circonstances les
responsabilités dans le secteur de la construction, le gouvernement
dispose de la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Plus
particulièrement, le quatrième alinéa de l'article 51 de
la loi précise... Et là, je pourrais le lire, sauf que vu qu'il a
été lu longuement et à deux reprises même par le
leader de l'Opposition, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de vous le
relire.
Pour recourir à ce mécanisme, l'obligation impartie au
gouvernement est donc claire et précise. Les parties concernées
doivent être invitées à être entendues en commission
parlementaire, c'est bien clair. Elles doivent être invitées
à être entendues non pas convoquées par, mais être
invitées en commission parlementaire. Comment le gouvernement se doit-il
ou doit-il s'acquitter de cette obligation? Une seule voie est prévue
à notre règlement. C'est l'article 146 qui est très clair
sur la question et qui dit: "L'Assemblée peut envoyer en commission
l'étude de toute matière. Elle le fait sort sur une motion du
leader du gouvernement, qui ne peut être amendée mais peut faire
l'objet d'un débat restreint d'au plus une heure, soit sur motion d'un
député de l'Opposition, le mercredi après la
période des affaires courantes. Le mandat confié par
l'Assemblée est prioritaire."
Sur la base de la loi et de notre règlement, nous voulons par
cette motion assurer la mise en oeuvre du mécanisme dont nous disposons
pour assumer les responsabilités qui nous incombent. On a donc inscrit
cette motion en vertu de l'article 146 du règlement. L'article dit:
"L'Assemblée peut renvoyer en commission l'étude de toute
matière. Elle le fait soit sur une motion du leader du gouvernement, qui
ne peut être amendée mais peut faire l'objet d'un débat
restreint d'au plus d'une heure." Deux éléments donc doivent
retenir notre attention. C'est le leader du gouvernement qui inscrit la motion
et celle-ci ne peut être amendée. D'ailleurs, les
expériences antérieures démontrent que c'était M.
Bertrand, député de Vanier, qui, à un moment donné,
dans le temps, en 1984, si ma mémoire est fidèle, a dû
inscrire cette motion. Et elle ne peut être amendée; c'est
restreint à une heure.
Si, au plan de la procédure, on se base sur l'article 146 du
règlement sur le fond, c'est le quatrième alinéa de
l'article 51 de la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre qui nous guide. Il
prévoit: "Le gouvernement peut aussi, sur la recommandation du ministre,
prolonger, abroger ou modifier le décret sans le consentement de
l'association d'employeurs ou des associations de salariés quand il est
d'avis que dans l'intérêt public, cette solution est la seule qui
puisse remédier à la situation existante; il ne peut toutefois
modifier ainsi le décret, sans que ces associations ne soient
invitées à être entendues devant la commission
parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration, quant aux
raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une entente
relativement aux modifications à apporter au décret."
Deux remarques s'imposent, M. le Président. Depuis l'adoption de
l'actuel règlement de l'Assemblée nationale, c'est la commission
de l'économie et du travail qui est compétente dans le dossier
qui nous occupe. Je pense que c'est reconnu. Deuxièmement, il est
extrêmement important de noter que le quatrième alinéa de
l'article 51 de la loi précise clairement que les associations
d'employeurs et de salariés sont invitées à être
entendues devant la commission parlementaire. Le législateur n'a pas dit
que les associations sont invitées par la commission. C'est important,
ça! Le texte du quatrième alinéa de l'article 51 ne donne
aucune alternative procédurale. Cet alinéa, qui est
demeuré le même depuis les lois refondues d'ailleurs de 1977, a
conduit les gouvernements qui nous ont précédés à
utiliser la même procédure, notamment le 27 mai, alors que M.
Jean-François Bertrand était le leader du gouvernement. (17
heures)
Maintenant que le contexte est établi, comment les choses
doivent-elles se dérouler? La
procédure à suivre est celle qui touche les consultations
particulières puisque le mandat donné à la commission de
l'économie et du travail interpelle des groupes précis. Pour
souligner cette nuance, rappelons la toute récente consultation
générale sur l'avant-projet de loi sur les services de
santé et les services sociaux. Notre règlement prévoit des
règles différentes - et ça, le leader de l'Opposition ne
l'a pas compris - notre règlement prévoit des règles
différentes selon qu'il s'agit d'une consultation générale
ou d'une consultation particulière. Ainsi en est-il des délais de
convocation des personnes ou des organismes. Lorsqu'il s'agit d'une
consultation générale, c'est l'article 168 du règlement
qui s'applique et, là, c'est le cas que le secrétaire doit donner
un avis de sept jours. Cependant, en matière de consultation
particulière, le délai de sept jours ne s'applique pas, M. le
Président. C'est l'article 172 du règlement qui s'applique
à ce moment-là, et le leader de l'Opposition le savait.
L'article 172 est très clair: "Le secrétaire de la
commission convoque les personnes ou organismes qu'elle a choisi d'entendre. La
convocation précise la date, l'heure, l'endroit et la durée
totale de leur audition ainsi que le temps dont ils disposeront pour leur
exposé." D'ailleurs, cette absence de délai, M.^ te
Président, se manifeste fréquemment; entre autres, lors de
l'étude d'un projet de loi, la commission parlementaire
compétente décide sur-le-champ d'entendre les
représentations de groupes ou d'organismes qui sont alors
présents dans la salle où siège cette commission. On l'a
vu encore récemment, le 11 avril dernier, alors que la commission de
l'économie et du travail a agi ainsi lors de l'étude du projet de
loi 44.
Enfin, M. le Président, à l'objection formulée par
le leader de l'Opposition qui nous dit que chacune des associations aurait
dû être convoquée séparément, il a
référé au pluralisme syndical. Bon! Que de verbe! M. le
Président, c'est très clair. Le quatrième alinéa de
l'article 51 de la loi fait obligation d'entendre 16 associations et non pas
chacune des associations et, en aucun moment, l'article ne définit ni le
cadre ni la formule, premièrement. Deuxièmement, le leader de
l'Opposition devrait savoir que la commission est souveraine. La commission
parlementaire, lorsqu'elle sera appelée, pourrait décider
d'entendre chacun des groupes séparément. D'ailleurs, comme je ne
veux pas abuser du temps, M. le Président, on pourrait
référer aux trois heures et vingt minutes qui ont
été nécessaires le lundi 31 mai 1982, alors que le mandat
était de cinq heures. La commission est maîtresse de ses travaux.
La commission peut décider de changer et de les entendre
séparément, et il n'y a aucune disposition dans l'article 51 de
la loi qui y réfère et qui donne le cadre de l'audition.
M. le Président, je rappellerai quelques points en terminant.
J'ai agi à bon droit en inscrivant cette motion au feuilleton. La
procédure choisie respecte rigoureusement le quatrième
alinéa de l'article 51 de la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction. En vertu de l'article 146, notre motion ne peut être
amendée. Le cadre procédural qui doit guider les travaux de la
commission parlementaire de l'économie et du travail est celui qui
s'applique aux consultations particulières. En cette matière,
l'article 172 du règlement n'impose aucun délai de convocation
des groupes ou d'organismes. Notre motion est donc, en tout point,
recevable.
Le Président: Alors, je vais me retirer quelques minutes
pour délibérer sur cette question et je reviendrai. J'avise
immédiatement que je sonnerai, comme tantôt, les cloches pendant
quelques minutes pour reprendre les travaux lorsque je serai prêt.
(Suspension de la séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 43)
Décision du président
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez prendre place, s'il vous plaît.
Je suis saisi d'une question concernant la recevabilité d'une
motion présentée par le leader du gouvernement en vertu de
('article 146 de notre règlement. Dans une telle situation, le
président doit s'assurer que la motion rencontre les exigences de
l'article 146 et des autres dispositions réglementaires concernant les
motions en général.
Suivant nos dispositions réglementaires, la motion est en tout
point conforme. Relativement à l'argument du leader de l'Opposition
quant à l'irrégularité de la motion, suivant l'article 51
de la loi sur les relations du travail dans la construction, je rappelle que,
comme la doctrine et la jurisprudence parlementaires l'ont toujours reconnu, le
président de l'Assemblée n'interprète pas le droit. Par
conséquent, si l'on fait valoir que ce que l'Assemblée
s'apprête à faire pourrait aller à rencontre de quelque loi
que ce soit, il s'agit d'un domaine qui relève du droit et des
tribunaux. Par conséquent, je déclare la motion
présentée par le leader du gouvernement rece-vable.
Puisque cette motion, suivant l'article 146 du règlement, fait
l'objet d'un débat restreint d'une durée d'une heure, je vais
immédiatement convoquer les deux leaders en vertu de l'article 2 du
règlement pour fixer le partage du temps pour ce débat restreint.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais
demander au leader du gouvernement s'il a toujours l'intention de
présenter la motion puisque, en vertu de l'article 147 de notre
règlement, il est dit ceci à la toute dernière ligue: "La
commission qui a reçu un mandat de l'Assemblée est
convoquée par son président, sur avis du leader du gouvernement.
L'avis, dont copie est adressée au président de
l'Assemblée, indique l'objet, la date, l'heure et l'endroit de la
réunion. Si l'Assemblée tient séance, le leader du
gouvernement convoque la commission au moment prévu de la période
des affaires courantes."
Étant donné que les affaires courantes, c'est fini, qu'il
ne peut plus convoquer de commission, est-ce qu'il y tient toujours?
Le Président: Au sens du règlement, une telle
question, actuellement, n'est pas recevable. Vous me demandez
d'interpréter strictement le règlement, mais il n'y a pas de
renseignement au niveau de l'Assemblée. Nous sommes à une affaire
particulière à ce moment-là.
Un instant! Un instant, s'il vous plaît! C'est le président
qui peut autoriser une question à quelque moment que ce soit. On a vu
que dans certaines circonstances il y a des questions qui peuvent être
posées. Si vous voulez poser une ___ question et que le leader accepte,
il me fait signe qu'il accepte de vous répondre, je suis bien d'accord
pour lui donner la parole, en autant qu'il y ait consentement en ce sens. Je ne
sais pas si le leader du gouvernement veut répondre à la
question. C'est son choix. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, la réponse
à la question formulée par le député de Joliette va
venir de la réponse que vous allez nous donner parce que, en vertu du
règlement, c'est très clair qu'un projet de loi, une motion, un
sujet peut traverser deux étapes dans la même séance. Oui.
C'est très clair. Or, M. le Président, compte tenu que l'avis n'a
pu être donné parce que vous avez jugé irrecevable de le
donner au début lorsque j'ai donné les avis pour les travaux de
la journée, ça veut donc dire, M. le Président, que vous
nous indiquerez à ce moment-là... À la fin du
débat, j'indiquerai que la commission va siéger à telle
heure. C'est aussi simple que ça.
Le Président: Écoutez... Un instant! Une question
de règlement?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: En vertu de quel article, M. le leader de
l'Opposition?
M. Chevrette: Pour vous permettre de me permettre...
Le Président: En vertu de quel article?
M. Chevrette: M. le Président, c'est en vertu de l'article
147 précisément et de l'interprétation que le leader du
gouvernement vient de donner. Comme leader de l'Opposition, j'ai le droit, je
pense, de vous expliquer que l'interprétation donnée par le
leader du gouvernement à l'article 147, avec toute la
déférence que j'ai pour lui parce qu'il est avocat, je voudrais
vous dire ceci. Quand il y a des "items" spécifiques au feuilleton, il y
a des endroits spécifiques pour donner des avis. Quand on a passé
cet "item" du feuilleton, il faut fonctionner par consentement pour revenir en
arrière. C'est de tout temps. Le leader du gouvernement, qui est avocat,
nous dit qu'on peut passer deux étapes. Mais, pour passer à la
deuxième étape, il va falloir qu'il passe la première. La
première, c'est moi qui doit donner le consentement pour revenir en
arrière et il n'en est pas question.
Le Président: C'était exactement... Écoutez.
Bon, c'est ça. Un instant! Un instant, s'il vous plaît! M. le
leader du gouvernement, un instant!
De la même façon que vous me dites que s'il veut revenir...
De la même façon que vous me dites que s'il veut revenir en
arrière, ça lui prendra un consentement, vous me disiez vouloir
poser une question aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. On
a passé cette étape. Donc, la question dont je suis saisi, ce que
le leader me demande d'appeler, c'est un article précis du
règlement. Je l'appelle. On en discute. Ultérieurement,
dépendant du résultat de la motion, adoptée ou pas, on
verra ce qu'il adviendra à ce moment-là. Je ne peux pas en
présumer moi-même comme président. Alors, à ce
moment-ci, puisque nous devons débattre une question qu'on a
appelée, nous allons procéder au débat là-dessus.
Et pour faire le débat en question, puisque c'est un débat
restreint, le président doit organiser les débats restreints,
donc, je convoque immédiatement les leaders pour une brève
réunion de cinq minutes, et nous reprendrons nos travaux dans un maximum
de cinq minutes. La séance est suspendue pour cinq minutes au
maximum.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 17 h 53)
Le Président: Veuillez prendre place, s'il vous
plaît. Relativement au débat restreint qui aura cours maintenant,
relativement à la motion du leader du gouvernement, il a
été convenu de ce qui suit au niveau du partage du temps: quatre
minutes seront réservées pour la réplique au gouvernement,
c'est-à-dire au leader du gouvernement - c'est la motion du leader du
gouvernement - et le reste du temps sera partagé également entre
les deux formations politiques, sans limite d'intervention à
l'intérieur
des enveloppes et tout temps qui ne sera pas pris par l'une des
formations politiques accroîtra à l'autre formation politique.
Je suis maintenant prêt à reconnaître le premier
intervenant. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Je vous inviterais à reconnaître M.
le ministre du Travail.
Débat sur la motion
Le Président: Je reconnais donc, comme premier
intervenant, M. le ministre du Travail.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Comme, je pense,
qu'on comprend assez bien la présentation de l'objet de la motion qui
porte sur l'appel d'une commission parlementaire en vertu de la loi, la loi sur
les relations du travail dans la construction, je dois indiquer à ce
stade-ci que cette mesure et, comme j'ai eu l'occasion de le préciser
à mon collègue, le député de Pointeaux-Trembles,
lors d'une question cette semaine, c'est une procédure qui est
prévue à la loi dans l'optique où, à la fin de la
période de validité de l'actuel décret, le gouvernement se
proposerait, je dis bien se proposerait, de prolonger, de modifier ou
d'apporter des correctifs ou, à tout le moins, de prolonger ledit
décret. Donc, il est nécessaire de procéder avec un
minimum de règles que l'on connaît et qui ont été
suffisamment débattues cet après-midi pour ne pas que je les
répète.
Mon propos n'est pas celui-là et je dois dire qu'à ce
stade-ci, même si cette procédure est devant nous, cela n'indique
pas que nécessairement les discussions, que la réflexion ou que
les négociations ne sont pas encore possibles. Effectivement, nous
sommes dans un processus de discussions, de négociations actuellement
et, jusqu'au dernier moment, il est toujours possible que des choses se
produisent ou que des orientations se dessinent, mais on conviendra que, compte
tenu de ces procédures-là et pour ne pas les négliger ou
les abdiquer, si, éventuellement, la décision apparaissait dans
ce sens-là et qu'on voulait, effectivement, poursuivre dans ces
orientations-là, donc, il fallait assurer le minimum de ces
procédures. Aujourd'hui et demain, il y aura d'autres discussions et on
verra les résultats. J'ai déjà indiqué, de toute
façon, que s'il advenait, je dis bien que s'il advenait, que ça
soit le sens de l'orientation en conclusion des discussions, de toute
façon, le ministère du Travail, le conciliateur et
moi-même, serons tout à fait disponibles et on se fait un devoir
de maintenir des négociations, de toute façon, parce que,
effectivement, je pense que ce que tout le monde désire, c'est qu'il y
ait des négociations, qu'il y ait une entente négociée
entre less parties et je n'ai pas de conclusion finale en ce moment-ci à
croire qu'il n'y a plus aucune possibilité. Donc, j'ose croire, j'ose
espérer encore, même si, j'en conviens, ça paraît
difficile, même si les délais sont restreints, que c'est encore
possible; il ne faut jamais perdre espoir.
À tout événement, le débat de cet
après-midi et l'actuelle motion... Et pour expliquer ou, en fait,
annoncer cette commission qui sert à entendre les organismes, je suis
tout à fait disposé à être extrêmement
flexible sur des arrangements qui pourraient le mieux convenir, soit aux
associations, soit à nos collègues de l'Opposition, sur le
déroulement de ces travaux. Je suis tout à fait disposé
soit... Demain, on pourra en discuter, parce que j'imagine qu'on pourra
procéder aux travaux de la commission. Et, sous réserve des
discussions que les leaders pourront convenir ou que mon vis-à-vis, le
député de Pointe-aux-Trembles, voudra acquiescer, moi, j'offre
comme tel, comme partie intéressée, évidemment, à
regarder tout ce qui pourra convenir le mieux à ce déroulement
qui est prévu dans la loi, s'il fallait, évidemment, que nous le
fassions. je rappelle que cette loi est assez particulière. c'est vrai
qu'il y a beaucoup de réflexions qui entourent cette loi. on peut se
poser des questions à savoir si les mécanismes de cette loi sont
appropriés, c'est une loi qui date maintenant de 1969, qui a fait
l'objet d'énormément de soubresauts, de décrets, de
prolongations, d'abandons de décret pour des périodes, ce qu'on
appelle le vide juridique. et, pour me permettre d'expliquer pourquoi il y a un
vide juridique, c'est que, tout simplement, on le sait, la loi prévoit
que l'ensemble de tous les travailleurs de la construction
représentés par leur entité syndicale respective et, de
l'autre côté, l'ensemble des entreprises de la construction
représentées par l'association des entrepreneurs en construction
forment, au sens de la loi, les deux parties. et la loi prévoit que ces
deux parties-là ou que l'une des associations... et le leader de
l'opposition, de façon très exacte, a mentionné qu'une
seule association pourrait, théoriquement, dans certains cas, et
ça s'est déjà produit dans l'histoire de cette loi, si
elle a le pourcentage requis pouvait et peut conclure une convention et cette
convention pourrait "s'exten-sionner" aux autres. le point que je veux
soulever, c'est que lorsqu'il y a une entente avec une partie syndicale et
l'association des entrepreneurs en construction, ça ne forme qu'une
convention qui ne s'applique pas aux autres. pourriez-vous, m. le
président, m'indiquer le temps...
Le Président: Nous arrivons à 18 heures. Je tiens
à rappeler que cet après-midi le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qui est présent a souligné l'article
32 du règlement. J'espère que
tout le monde l'a compris et va accepter ça. Le
président... Vous avez une montre. J'en ai une. C'est l'heure du
président. Je regarde l'heure ici. Il est actuellement 18 heures,
à moins d'un consentement, je dois suspendre le débat. Est-ce
qu'il y a consentement?
Une voix: II n'y a pas de consentement.
Le Président: II n'y a pas de consentement. M. le leader
du gouvernement.
M. Pagé: ...M. le Président, et de suspendre nos
travaux jusqu'à...
Le Président: Je m'excuse, M. le leader du gouvernement.
Je n'ai pas compris. Vous m'avez demandé de...
M. Pagé: M. le Président, je vous demande
d'ajourner le débat sur cette question et de suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures.
Le Président: D'accord. J'ai une demande d'ajournement du
débat à ce moment-ci présentée par M. le leader du
gouvernement. Un instant... Si je comprends bien j'ai une demande d'ajournement
du débat. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais soulever une question de
règlement.
Le Président: Oui.
M. Chevrette: ii est dit à l'article 103 du
règlement que c'est le président qui ajourne automatiquement. si
le leader propose une motion d'ajournement, ça ne peut être fait
qu'une fois et c'est débattable pendant 15 minutes. je
préfère, m. le président, qu'on vous confie la tâche
de lever les travaux, autrement on va parler 15 minutes.
Des voix: Ha, ha, ha! le président: le problème qui
arrive actuellement... évidemment, quand on demande l'ajournement du
débat, le président peut demander: est-ce que la motion
d'ajournement est adoptée? on peut exiger un débat. le
règlement prévoit à l'article 101: l'auteur de la motion -
en l'occurrence le leader du gouvernement actuellement - aurait un droit de 10
minutes. un représentant de chaque groupe parlementaire aurait un droit
de 10 minutes et il y aurait une réplique de 5 minutes sur cette motion
d'ajournement là. si on veut faire une discussion sur l'ajournement.
sinon, si on ne fait pas de discussion sur la motion d'ajournement, je veux
juste savoir, effectivement, s'il y a une motion d'ajournement du débat
qui est présentée ou pas. il n'y a pas de motion d'ajournement.
en conséquence, nous suspendons 1&c travaux qui repren-
dront à 20 heures. Très bien, nos travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 2)
Le Président: Mmes et MM. les députés,
veuillez prendre place, s'il vous plaît. Veuillez vous asseoir. Au moment
de la suspension de nos travaux à 18 heures, nous en étions au
débat sur la motion présentée par le leader du
gouvernement en vertu de l'article 146 du règlement. Je cède donc
la parole à M. le ministre du Travail.
M. Séguin: M. le Président, je vais demander
l'ajournement du débat.
Le Président: Est-ce que cette motion d'ajournement du
débat est adoptée? Adopté. M. le leader du
gouvernement
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
reconnaître l'honorable ministre des Finances pour la lecture du
budget.
Le Président: Je cède, en conséquence, la
parole à M. le ministre des Finances.
Discours sur le budget M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, le 25 septembre dernier, la
population du Québec renouvelait sa confiance a l'endroit de notre
gouvernement. Nous nous sommes alors engagés à assurer l'avenir
des Québécois et des Québécoises sur la base d'un
programme qu'il nous incombe maintenant de mener à terme.
Notre gouvernement considère que la politique fiscale et
budgétaire peut jouer un rôle déterminant pour
concrétiser les orientations que nous avons présentées
à la population. Nous nous devons en effet d'aménager la
fiscalité et de dégager les ressources financières
appropriées, de manière à répondre aux attentes qui
nous ont été exprimées. C'est donc avec un sentiment de
légitime fierté que j'exposerai aujourd'hui les politiques
adoptées par notre gouvernement pour atteindre des objectifs qui
correspondent étroitement aux aspirations de nos concitoyens.
Notre programme politique vise à développer le plein
potentiel de l'économie, à former une main-d'oeuvre
qualifiée, à relever le défi de l'environnement et
à favoriser l'épanouissement du Québec comme
collectivité. Mais, devant le ralentissement économique que nous
observons maintenant, un autre objectif s'impose, celui de soutenir
l'économie au moment où elle est moins vigoureuse.
Enfin, nous croyons qu'un gouvernement ne
peut pleinement jouer son rôle que si les finances publiques sont
en bonne santé. C'est pourquoi nous avons, dès notre
arrivée au pouvoir, entrepris un redressement à cet égard
et les résultats obtenus jusqu'à maintenant sont - je le dis bien
humblement - exceptionnels. Nous avons aujourd'hui à maintenir les
acquis. En effet, pour que l'économie québécoise continue
de prendre une place grandissante sur les marchés mondiaux, elle doit
pouvoir compter sur un secteur public qui soit lui-même un exemple
d'efficacité. Telles sont les orientations de la politique fiscale et
budgétaire que je soumets aujourd'hui à la population du
Québec et à cette Assemblée.
Une conjoncture particulièrement difficile nous oblige cette
année à adopter une approche plus serrée dans
l'élaboration des mesures fiscales et budgétaires. Sur le plan
économique, le Canada et le Québec sont entrés dans une
période de croissance lente, nettement inférieure à leur
potentiel d'expansion. L'impact de ce ralentissement est aggravé par les
politiques monétaire, fiscale et budgétaire du gouvernement
fédéral. À cela s'ajoute la stagnation des transferts aux
provinces, provoquée principalement par le désengagement
fédéral à l'égard du financement de la santé
et de l'enseignement postsecondaire. Ces politiques sont d'autant plus
inacceptables qu'elles affectent plus sévèrement les provinces
qui, comme le Québec, n'ont pas encore atteint le plein emploi. Bien que
le gouvernement du Québec continue de manifester son désaccord
quant à ces politiques, il doit quand même faire face à
cette situation sans en escamoter les effets sur ses équilibres
financiers. C'est la seule façon vraiment responsable de répondre
aux attentes de la population québécoise.
Le ralentissement économique compte donc parmi les
problèmes les plus immédiats auxquels nous devons nous
attaquer.
L'économie en 1989 a été moins forte que ce nous
avions anticipé. Pour l'année 1990, on ne peut malheureusement
pas entrevoir d'amélioration sensible. Au contraire, la croissance sera
inférieure à celle de l'an dernier. Avec une augmentation de 2 %
en 1989 et de 1,3 % cette année, l'économie
québécoise n'est cependant pas en récession et nous sommes
loin des reculs affichés en 1982. En fait, le taux de chômage se
situe présentement à 9,2 %, un niveau légèrement
Inférieur à celui de l'an dernier.
Toutefois, à moins d'un relâchement de la politique
monétaire, l'éventualité d'un ralentissement plus
marqué ne peut être écartée. C'est pourquoi
l'évolution des taux d'intérêt et du taux de change du
dollar canadien demeure très préoccupante. Malheureusement, la
Banque du Canada ne semble pas sensible aux coûts jngendrés par sa
politique, aussi bien sur le déficit fédéral
lui-même que sur l'économie des égions moins
favorisées. Je tiens à assurer la Dopulation que je continuerai,
comme le premier ministre l'a fait jusqu'ici, à insister pour que la
Banque du Canada adopte une politique monétaire plus conforme aux
intérêts du Québec et plus compatible avec la poursuite de
l'expansion économique.
Pour sa part, notre gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir
pour soutenir adéquatement l'économie du Québec au cours
de la présente période de ralentissement. À cette fin, il
procédera tout d'abord à une importante révision de la
planification des investissements publics.
J'ai donc le plaisir d'annoncer aujourd'hui un plan
d'accélération des immobilisations du secteur public qui totalise
279 000 000 $, dont l'essentiel sera investi en 1990-1991. Ces investissements
additionnels seront réalisés dans plusieurs secteurs
névralgiques.
Dans le secteur de l'éducation et de l'enseignement
supérieur, ce sont 131 000 000 $ de plus qui serviront à
construire, agrandir et réparer des établissements
d'enseignement. Des travaux majeurs de réparation et de
réaménagement seront également effectués dans le
domaine de fa santé et des services sociaux pour un montant de 76 000
000 $. En outre, une somme additionnelle de 72 000 000 $ sera investie dans le
secteur des affaires culturelles, en collaboration avec les
municipalités et certains promoteurs privés, notamment dans la
construction de bibliothèques publiques ainsi que dans la restauration
et la rénovation du patrimoine.
Tel que conçu, le plan d'accélération des
investissements gouvernementaux que je viens d'annoncer apportera une
contribution significative à l'économie du Québec. En
effet, ce plan se traduira par la création d'environ 5000 emplois dans
l'industrie de la construction et les industries connexes.
Le gouvernement du Québec a consacré au cours des
dernières années des sommes substantielles à la
construction et à la réfection du réseau routier. Il faut
cependant poursuivre et même accentuer les investissements dans ce
secteur. Afin de rendre possible le maintien d'un niveau d'activité
aussi élevé, un plan d'intervention dans le domaine de
l'entretien et de la construction des routes a été
préparé.
J'ai donc le plaisir aujourd'hui d'annoncer la mise en place d'un plan
quinquennal d'investissement dans le réseau routier
québécois. Ce plan comporte les investissements additionnels de 1
700 000 000 $ au budget de base normalement accordé à cette
fonction. Le ministre des Transports et de la Sécurité publique
et le ministre délégué aux Transports feront
connaître sous peu la nature des travaux concernés. Je dois
cependant préciser qu'un effort particulier a été fait
pour que ce plan contribue au développement économique de
l'ensemble des régions du Québec.
La performance administrative et financière de la Régie de
l'assurance-automobile n'est plus à démontrer, ce qui lui a
permis d'accumuler des
surplus financiers importants. Puisqu'une part importante des
investissements visera à accroître la sécurité
routière, une partie des sommes requises, soit 625 000 000 $ au cours
des cinq prochaines années, proviendra de cet organisme.
Pour assurer un développement soutenu de l'économie, il
faut protéger les acquis. Le dynamisme et le leadership des
entrepreneurs québécois ont contribué de façon
significative à la croissance de la production et à la
création d'emplois au cours des dernières années.
Toutefois, malgré ces succès grandissants, certaines entreprises
connaissent des difficultés financières importantes en raison du
ralentissement économique et des taux d'intérêt très
élevés.
Parmi ces dernières, plusieurs ont un fort potentiel de
croissance et ce serait nuire à l'économie du Québec
à long terme que de ne pas leur venir en aide. Afin de surmonter le
ralentissement conjoncturel actuel, elles ont besoin d'un soutien financier
adéquat.
Le gouvernement a donc décidé d'ajouter un nouveau volet
au programme d'aide au financement des entreprises administré par la
Société de développement industriel du Québec.
D'une durée maximale de deux ans, cette mesure permettra d'octroyer
jusqu'à 30 000 000 $ de prêts participatifs de dernier recours aux
entreprises qui se qualifieront.
De plus, dans le contexte actuel de globalisation des marchés, de
diversification et de lutte serrée sur le plan de la
compétitivité, il est impérieux que les PME adoptent des
stratégies pour profiter non seulement des économies
d'échelle liées à la taille des usines mais aussi de
celles liées à la taille des organisations. Si les grandes
entreprises peuvent généralement disposer du capital de risque
nécessaire à ces regroupements, il en est autrement pour les PME.
J'annonce donc que la SDI administrera un nouveau programme offrant des
prêts participatifs pour favoriser le regroupement d'entreprises. Ce
programme, doté d'une enveloppe spécifique de 15 000 000 $
disponible dès l'année 1990-1991, répondra aux objectifs
gouvernementaux de développement industriel et de conquête des
marchés extérieurs.
Mon collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, qui est responsable de la SDI, annoncera sous peu les diverses
modalités reliées à ces deux mesures.
Il faut aussi rappeler que le gouvernement n'a pas attendu que le
ralentissement se manifeste pour agir; son action est en fait beaucoup plus
large. Au cours des dernières années, il a pris une série
de moyens pour rétablir la confiance des entreprises dans
l'économie du Québec. Les intentions d'investissements pour 1990,
qui comportent des hausses significatives dans plusieurs industries, illustrent
bien la justesse de notre approche.
Notre gouvernement s'est donné comme objectif de maximiser les
retombées économiques du potentiel hydroélectrique de la
province. Ce n'est pas d'hier que les gouvernements du Québec ont voulu
se servir de cette importante richesse naturelle pour accélérer
le développement de l'économie. Depuis la nationalisation de
l'électricité au cours des années soixante jusqu'à
son utilisation dans les industries spécialisées aujourd'hui, une
même vision du caractère stratégique des forces
hydrauliques du Québec a été véhiculée. Le
premier ministre du Québec, dont nous célébrerons en fin
de semaine le vingtième anniversaire de son accession à cette
éminente fonction, a lui-même contribué largement à
ces développements, en lançant avec détermination le
projet de mise en valeur de la Baie James au début des années
soixante-dix. Depuis quatre ans, notre gouvernement a déployé des
efforts soutenus, qui portent fruit aujourd'hui. En 1990, les immobilisations
d'Hydro-Québec connaîtront une expansion marquée, soit 1
015 000 000 $ de plus que l'an dernier. Ainsi, elles atteindront 3 480 000 000
$ cette année, ce qui permettra de soutenir plus de 29 000 emplois dans
l'économie. Cette expansion du potentiel de production
d'Hydro-Québec ainsi que l'amélioration de son réseau
permettront de mieux répondre aux besoins en électricité
des consommateurs québécois, à des tarifs qui demeureront
parmi les plus bas en Amérique du Nord.
En outre, les efforts du gouvernement ont permis d'annoncer
l'année dernière le démarrage de la construction de
nouvelles unités de production dans l'industrie de l'aluminium.
Grâce aux divers projets actuellement en voie de réalisation,
notamment à Bécancour, à Baie-Comeau, à
Deschambault et à Sept-îles, les immobilisations dans le secteur
de l'aluminium connaissent un essor sans précédent et
dépasseront, en 1990, 1 600 000 000 $, soit 60 % de plus qu'en 1989.
L'ensemble de ces interventions majeures arrivent ainsi à un
moment propice pour l'économie et contribuent de façon directe
à la vigueur des investissements. À la lumière des
initiatives que le gouvernement a prises au cours des dernières
années et qu'il vient de renforcer par les importantes mesures
annoncées aujourd'hui, on comprend mieux les raisons de la performance
supérieure que connaîtra le Québec au plan des
investissements non résidentiels. En 1990, ceux-ci s'accroîtront
de près de 13 %, soit un rythme supérieur à la moyenne
nationale et deux fois plus élevé que celui qui est
anticipé en Ontario.
Non seulement faut-il relancer l'économie de l'ensemble du
Québec, mais il faut également porter une attention
particulière à certaines régions éloignées
où le taux de chômage est plus élevé.
Notre gouvernement a dans ce but déposé un plan d'action
en matière de développement régional, qui guide
présentement nos politiques en ce domaine. La vice-première
ministre responsable de l'Office de planification et de développement du
Québec, l'OPDQ, est chargée de
mettre en oeuvre ce plan d'action. Afin qu'elle puisse disposer des
sommes nécessaires à cette fin, je voudrais tout d'abord indiquer
que des dispositions seront prises par le président du Conseil du
trésor pour que l'OPDQ puisse prendre en cours d'année des
engagements additionnels jusqu'à concurrence de 10 000 000 $.
Le développement de l'industrie minière joue un rôle
stratégique dans plusieurs régions éloignées du
Québec. Malheureusement, le gouvernement fédéral vient de
mettre fin à son programme de stimulation de l'exploration
minière au Canada. Dans ces conditions, le programme
québécois d'aide fiscale à l'exploration minière
devient encore plus nécessaire. J'annonce donc la reconduction en 1991
des déductions additionnelles qui permettent aux investisseurs de
déduire jusqu'à 166 2/3 % des frais d'exploration minière
engagés au Québec. La poursuite de ce programme fiscal donnera
aux entrepreneurs et aux investisseurs québécois dans ce domaine
un avantage comparatif important; je suis persuadé que cela continuera
de favoriser cette importante industrie régionale
particulièrement dans la région de
i'Abitibi-Témiscamingue. (20 h 20)
Toutefois, il existe dans la région de Chibougamau-Chapais une
situation particulièrement difficile en raison de l'épuisement
des sites miniers actuellement en exploitation. La meilleure façon
d'aider cette région est, à notre avis, de faciliter le
démarrage de nouveaux projets miniers. J'ai donc le plaisir d'annoncer
qu'une somme de 4 000 000 $ sera utilisée au cours des deux prochaines
années pour mettre en place de nouvelles infrastructures. Le ministre
délégué aux Mines et au Développement
régional veillera à ce que ces nouvelles infrastructures
favorisent l'ouverture et le développement de nouveaux sites miniers. Il
est, d'autre part, dans notre intention de négocier la reconduction de
l'entente fédérale-provinciale sur l'exploration minière
en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, qui arrive à
échéance le 31 mars 1991.
Le secteur forestier contribue également de façon
significative à l'économie des régions du Québec,
puisqu'il soutient des milliers d'emplois. De plus, la forêt est une de
nos ressources les plus importantes qu'il importe de préserver. En ce
sens, à l'occasion du dernier discours sur le budget, j'annonçais
l'octroi d'une somme de 14 000 000 $ sur quatre ans pour le
bénéfice du programme expérimental d'emplois en
forêt dans la région de la
Gaspésie-îles-de-la-Madeleine et dans celle du
Bas-Saint-Laurent.
Notre politique d'aide au secteur forestier doit cependant être
poursuivie. C'est pourquoi j'annonce que des montants additionnels de 5 000 000
$ seront accordés au ministère de l'Énergie et des
Ressources pour l'aménagement des forêts publiques et
privées. De plus, afin de favoriser davantage la création
d'emplois, cette enveloppe budgétaire sera utilisée en
privilégiant les travaux qui nécessitent le plus de
main-d'oeuvre.
Par ailleurs, l'industrie touristique est capitale pour
l'économie du Québec; en effet, elle procure de l'emploi à
quelque 270 000 personnes. Pour la région de Montréal, notamment,
la promotion du tourisme constitue un excellent moyen de contribuer à
son développement économique. Dans certaines régions, le
tourisme constitue même la principale source d'activité
économique. Toutefois, pour attirer les étrangers ou pour
conserver son marché domestique, le Québec fait face à une
concurrence internationale des plus vives. C'est pourquoi, afin de
développer encore davantage ce secteur, des crédits additionnels
de 6 000 000 $ par année seront octroyés au ministère du
Tourisme dans le but d'accentuer les efforts de promotion touristique entrepris
par ce dernier. Cela permettra d'augmenter le budget de cette fonction de
près de 50 %. Le ministre du Tourisme annoncera sous peu les
modalités d'attribution de cette somme.
La production agricole ainsi que l'industrie de la transformation et de
la distribution des produits alimentaires sont en pleine croissance au
Québec. Toutefois, face aux nouveaux défis commerciaux et aux
exigences de plus en plus élevées des consommateurs, un
réaménagement des politiques s'avère nécessaire.
C'est pourquoi des ressources seront dégagées afin de mettre en
place une stratégie de protection phytosanitaire permettant de
réduire de moitié d'ici l'an 2000 l'utilisation des pesticides en
agriculture. De plus, afin de mieux protéger les consommateurs, un
processus de certification des appellations alimentaires sera implanté.
Nos interventions devraient permettre aux agriculteurs de voir le revenu net se
maintenir comme il l'a fait en 1989. Toutefois, dans le cas particulier des
producteurs de boeuf, des ressources additionnelles devront être
dégagées afin de leur offrir les conditions nécessaires
pour atteindre un niveau de rentabilité et de viabilité
adéquat. Ces mesures, ainsi que d'autres à être
précisées par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, devraient assurer un développement solide et
continu à ce secteur vital pour plusieurs régions du
Québec.
De son côté, dans un contexte où la ressource se
fait rare, l'industrie des pêches fait actuellement face à des
problèmes sérieux, difficilement surmontables sans l'aide du
gouvernement. Au cours des deux dernières années, les pertes
d'emplois ont été nombreuses dans ce secteur au Québec
alors que la valeur des débarquements, comme celle des produits
transformés, a chuté considérablement. Cette situation est
très préoccupante puisqu'il s'agit d'une industrie qui occupe une
place déterminante dans l'économie des régions maritimes
du Québec.
Reflétant l'importance accordée à ce secteur, je
suis heureux d'annoncer que le gouvernement mettra en place un plan
quinquen-
nal de restructuration de l'industrie des pêches au Québec.
Les détails de ce programme, auquel 50 000 000 $ devraient être
consacrés au cours des cinq prochaines années, sous forme de
subventions, de garanties de prêt et de prises de participation, seront
présentés prochainement par mon collègue, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Une première
tranche de 10 000 000 $ y sera allouée dès la présente
année financière. Je suis confiant que la politique
intégrée qui sera mise en place saura apporter des solutions
durables aux difficultés conjoncturelles et structurelles que
connaît le secteur des pêches au Québec et assurer son
développement au profit de nos régions maritimes. Je compte aussi
que le gouvernement fédéral, comme il l'a fait pour d'autres
régions de l'Atlantique, pourra faire sa part et partager avec nous le
coût de ce programme.
Enfin, parmi les régions qui ont le plus besoin de soutien de
l'État, la Gaspésie et les îles-de-la-Madeleine
méritent certes une attention particulière. Il s'agit, en effet,
de la région où le taux de chômage est le plus
élevé du Québec. Depuis quelques années, nous avons
mis en place un programme d'emplois saisonniers destiné aux travailleurs
de cette région. Ce programme a produit des résultats
extrêmement bénéfiques et j'annonce que des crédits
de 6 000 000 $ lui seront accordés de nouveau cette année.
Des voix: Bravo!
M. Levesque: Les mesures que je viens d'annoncer vont
atténuer les effets du ralentissement de l'économie sur l'emploi
et permettra aux entreprises de surmonter plus facilement les
difficultés créées par la hausse des taux
d'intérêt. Toutefois, ce ralentissement que nous souhaitons tous
de courte durée ne doit pas nous faire oublier l'importance de
poursuivre nos efforts pour raffermir la croissance économique à
long terme et ainsi réduire le chômage sur une base
permanente.
Depuis 1985, notre gouvernement s'est attaqué résolument
à cette tâche. La stratégie a été
orientée en priorité vers le relèvement de la
compétitivité des entreprises afin que celles-ci soient en mesure
d'affronter les défis posés par la globalisation des
marchés, la libéralisation des échanges et le
développement technologique.
À l'occasion de chacun des énoncés
budgétaires depuis décembre 1985, des mesures ont donc
été prises à cette fin. Mais il faut maintenant franchir
une nouvelle étape.
J'ai indiqué dans le discours sur le budget de l'an dernier
l'importance capitale pour une économie de pouvoir compter sur une
main-d'oeuvre qualifiée et j'ai fait part de mes préoccupations
à ce sujet.
Au Québec, les efforts des entreprises pour développer des
travailleurs qualifiés sont nette- ment insuffisants, surtout au niveau
des PME. Quant aux interventions gouvernementales en matière de
main-d'oeuvre, elles ont surtout été dirigées vers les
programmes destinés aux chômeurs plutôt que vers la
promotion des qualifications des employés.
J'ai aussi indiqué l'an dernier l'intention du gouvernement
d'intervenir pour corriger cette situation par la mise en place d'une mesure
fiscale incitative. En continuité avec l'ensemble de la stratégie
de développement économique dont j'ai fait état
précédemment, j'ai le plaisir d'annoncer que les entreprises
incorporées pourront bénéficier d'un crédit
d'impôt remboursable à l'égard des dépenses de
formation qu'elles effectueront pour le bénéfice de leurs
employés. Il s'agit de leur donner un outil de plus pour répondre
aux exigences de la concurrence et ainsi de les aider à relever le
défi des années quatre-vingt-dix.
Les dépenses admissibles au nouveau crédit d'impôt
remboursable comprendront les éléments suivants: les
dépenses d'élaboration d'un plan de développement des
ressources humaines, les frais de formation encourus auprès
d'institutions reconnues et, enfin, les salaires des employés en
formation, lorsque cette formation a lieu durant une période de travail,
ainsi que leur frais de déplacement, s'il y a lieu. (20 h 30)
De façon générale, la formation admissible au
crédit d'impôt sera celle qui est dispensée, soit par les
établissements d'enseignement reconnus par le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science et par le ministère de
l'Éducation, soit par des sociétés privées qui
devront toutefois satisfaire au préalable à des règles
d'enregistrement. Mon collègue, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, rendra
publique sous peu la procédure d'inscription et d'enregistrement de ces
sociétés, avec la collaboration des ministères de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la Science. Le
tout sera complété pour le début de septembre. À
compter de ce moment, la formation fournie par ces sociétés
privées deviendra admissible au crédit d'impôt, tandis que
celle fournie par les établissements d'enseignement le sera dès
maintenant.
Il est important que, dès son démarrage, cette mesure
favorise une augmentation rapide des activités de formation. C'est
pourquoi, pour les trois premières années, le crédit
d'impôt sera 40 % pour les petites et moyennes entreprises et de 20 %
pour les grandes.
Pour favoriser une plus grande planification en ce domaine, les
dépenses reliées à l'élaboration de plans de
développement des ressources humaines donneront droit à un
crédit d'impôt encore plus élevé,
c'est-à-dire égal à 50 % ou à 30 %, selon le cas,
au cours des trois premières années. Le détail de cette
mesure est présenté à l'annexe sur les mesures fiscales et
budgétaires,
qui fait partie intégrante du présent discours.
Selon nos évaluations, cette nouvelle mesure pourrait
représenter un montant de 100 000 000 $ par année pour le
bénéfice des travailleurs du Québec.
De plus, afin d'aider les entreprises et plus particulièrement
les PME à se financer en attendant le remboursement de leurs
crédits d'impôt, la valeur de ces derniers pourra être
déduite des acomptes provisionnels d'impôt sur le revenu et de
taxe sur le capital. Elle sera de plus admissible à un programme de
garantie de prêts de la SDI, dans le cas de celles qui n'ont pas
d'impôt à payer dans une année.
Par ailleurs, il arrive que le financement sort difficile à
obtenir auprès des institutions financières lorsque les
investissements comportent une part importante de dépenses en capital
humain. Cette situation s'explique par le fait que cette partie des
investissements ne peut être offerte en garantie. Le gouvernement du
Québec, par l'entremise de la SDI, dispose d'un instrument pour pallier
cette déficience du marché du capital. C'est pourquoi nous avons
décidé de rendre désormais admissibles aux prêts
participatifs de la SDI les dépenses de formation reliées
à la réalisation d'un tel investissement. Les modalités
d'application de cette nouvelle disposition seront dévoilées
prochainement par le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie.
La mise en place de ces mesures pour une formation accrue de la
main-d'oeuvre marque ainsi une étape décisive vers l'atteinte
d'un objectif qui est au coeur même de l'action de notre gouvernement,
soit la réduction du chômage et plus particulièrement celui
des jeunes qui, comme on le sait, a connu une diminution substantielle depuis
1985.
Compte tenu de l'ampleur du problème à résoudre et
de l'importance pour le Québec de disposer d'une main-d'oeuvre
compétente, il faudra cependant faire plus. En effet, les besoins de
formation des travailleurs québécois ne pourront être
entièrement comblés par les démarches financées par
les entreprises. C'est le cas lorsque les décisions de perfectionnement
s'inscrivent dans le cadre d'initiatives individuelles visant l'accroissement
de la mobilité géographique ou professionnelle. Dans ces cas, les
travailleurs sont souvent confrontés à des obstacles de nature
financière que l'actuel régime de prêts et bourses aux
étudiants ne peut lever.
Ces contraintes devront être allégées pour
répondre à la demande croissante de travailleurs
qualifiés. Au cours de la prochaine année, le ministère
des Finances, de concert avec les ministères concernés,
étudiera les divers aspects de ce dossier dans le but de préciser
la meilleure façon de lever les contraintes financières qui
s'opposent aux démarches individuelles de formation.
Un autre défi à relever à moyen terme est celui
d'adapter le régime fiscal à l'économie
québécoise des années quatre-vingt-dix. Au cours des
dernières années, non seulement avons-nous réduit
significativement les impôts et les taxes des particuliers, mais nous
avons aussi remanié la fiscalité des entreprises afin de les
soutenir adéquatement dans leur effort pour assurer le plein
développement de l'économie québécoise. Nous aurons
dans l'avenir à améliorer encore le régime mis en
place.
Mais le défi le plus grand consistera à trouver des
solutions aux problèmes posés par la réforme de la taxe de
vente aux manufacturiers que le gouvernement fédéral entend
mettre en place à compter du 1 er janvier prochain.
On se rappellera que le Québec et les autres provinces ont
sévèrement critiqué le projet de taxe
fédérale sur les produits et services, mieux connue sous le nom
de TPS. Quatre raisons fondamentales nous ont conduits à adopter une
telle attitude. D'abord, au taux de 9 %, la TPS menaçait
sérieusement la situation économique par les effets
néfastes qu'elle aurait eus sur l'inflation et sur les taux
d'intérêt. Deuxièmement, certaines dispositions du projet
se traduisaient par une détérioration de la situation
financière des provinces. Par ailleurs, la TPS représentait une
intrusion massive dans le champ fiscal de la vente au détail et elle
nous causait, par conséquent, des inquiétudes quant à
l'équilibre fiscal de la fédération. Enfin, en venant
ajouter une nouvelle forme de taxation aux taxes de vente provinciales
existantes, la TPS représentait un accroissement considérable de
la complexité du régime fiscal.
Face à ces problèmes, nous avons multiplié les
représentations auprès du gouvernement fédéral,
soit conjointement avec les autres provinces, sort de façon
bilatérale. Ces discussions ont commencé à porter fruit.
Ainsi, la réduction de 9 % à 7 % du taux de la TPS permettra de
corriger les problèmes soulevés par la taxe actuelle aux
manufacturiers tout en minimisant l'impact de la réforme sur
l'économie. De même, la réduction du taux atténuera
les risques de rupture de l'équilibre fiscal actuel entre le
gouvernement fédéral et les provinces et entre les régions
du pays; toutefois, à cet égard, des garanties plus fermes
seraient souhaitables. Les discussions avec le gouvernement
fédéral ont aussi progressé sur la question de l'impact de
la TPS sur la situation financière des provinces, notamment au chapitre
du maintien du fardeau fiscal actuel de nos municipalités, commissions
scolaires, universités et hôpitaux. Malgré ces
progrès, la TPS n'en demeure pas moins une taxe très impopulaire
dont le Québec aurait préféré se passer.
Quant au problème sérieux de complexité
administrative posé par la TPS, il demeure entier. En effet, la
perspective d'une coexistence de deux régimes de taxes à la
consommation, à savoir la TPS fédérale et la taxe de vente
provinciale, pose des problèmes majeurs aux
consommateurs et aux entreprises québécoises. Très
peu de mandataires doivent présentement administrer la taxe
fédérale aux manufacturiers en même temps que la taxe
provinciale de vente. Le projet de TPS porte le nombre d'entreprises
mandataires du gouvernement fédéral au Québec de 25 000
à plus de 400 000. La majorité de ces dernières auraient
désormais à connaître et à appliquer deux
régimes qui ne taxent pas les mêmes biens de la même
façon, à appliquer la taxe à des moments
différents, à effectuer des remises à des dates
différentes, à traiter avec deux administrations, et quoi encore?
J'ai reçu de nombreuses représentations à l'effet que
cette duplication représenterait un véritable cauchemar
administratif et constituerait une dépense improductive que ni les
contribuables ni les deux niveaux de gouvernement n'auraient les moyens de se
permettre.
Malgré ces problèmes majeurs, le gouvernement
fédéral semble tout à fait déterminé
à aller de l'avant avec son projet. C'est pourquoi il nous faut explorer
avec lui toutes les solutions qui seraient de nature à atténuer
ces difficultés. Notre objectif est de réduire les
possibilités de confusion administrative en ce domaine et tout
simplement de protéger les intérêts du Québec et de
ses contribuables.
J'aurai l'occasion, au cours des prochains mois, de revenir sur
l'évolution de la situation, afin d'indiquer le plus tôt possible
aux entreprises québécoises dans quel cadre administratif elles
devront fonctionner le 1er janvier prochain. Il va de soi, cependant, que,
conformément à la pratique actuelle à l'égard de la
taxe aux manufacturiers, la nouvelle taxe fédérale sur les
produits et services sera incluse dans le calcul des taxes provinciales
à la consommation, lorsqu'elle aura été mise en vigueur.
Nous pourrons ainsi simplifier la tâche administrative des
commerçants qui, autrement, serait grandement compliquée par
l'impossibilité d'utiliser les méthodes comptables
abrégées prévues au projet de TPS. (20 h 40)
Depuis son arrivée au pouvoir, notre gouvernement a
instauré tout un ensemble de mesures fiscales pour appuyer le
développement de l'économie québécoise. Il s'est
efforcé, en même temps, de réduire le fardeau fiscal de
l'entreprise québécoise et de favoriser chez elle la mise en
place d'investissements innovateurs et rentables ainsi que la recherche et
l'adoption des technologies les plus efficaces. De plus, un ensemble de
dispositions ont été prises pour favoriser la levée de
capital de risque et ainsi mieux appuyer l'entrepreneurship
québécois. Comme le montre une étude
réalisée avec une firme spécialisée, étude
rendue publique l'an dernier, le régime fiscal du Québec est
aujourd'hui nettement avantageux pour les entreprises rentables et dynamiques
qui investissent dans l'accroissement de leur capacité productive et
dans l'amélioration de leur technologie.
Afin de rendre ce régime encore plus efficace, le présent
budget y apportera de nouvelles améliorations.
La première de ces améliorations concerne les fonds
d'investissement REA, qui permettent aux contribuables d'obtenir une
déduction fiscale pour leurs achats d'actions de corporations
admissibles au REA. Les règles actuelles font en sorte que les fonds
recueillis par le FIR dans une année doivent être investis dans
des titres REA dès la même année. Ce manque de
flexibilité a eu pour effet d'empêcher une participation plus
importante des FIR aux émissions de capital-actions des corporations en
développement. C'est pourquoi j'annonce un délai
supplémentaire de douze mois à ceux qui accepteront d'investir au
moins la moitié de leurs fonds dans les PME
québécoises.
Cette mesure favorisera la mise en commun des placements des
investisseurs institutionnels et de ceux des particuliers et permettra de
canaliser vers les PME québécoises plus de capital de risque.
Les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, les SPEQ, constituent un autre moyen pour faciliter
la levée de capital de risque. Depuis leur création en 1985, plus
de 300 SPEQ ont été formées et leurs investissements dans
les entreprises québécoises ont atteint près de 55 000 000
$. Lors du discours sur le budget de 1988-1989, j'annonçais la mise sur
pied d'un programme d'aide au démarrage de SPEQ. Ce programme,
administré par la SDI, offre une subvention non imposable pouvant
atteindre le moindre de 5000 $ et 50 % de l'ensemble des coûts de
démarrage, des frais d'incorporation et de premier placement d'une
SPEQ.
Afin de favoriser encore davantage l'utilisation de cet instrument
financier, j'ai le plaisir d'annoncer que ce programme de subvention sera
reconduit au cours des deux prochaines années. De plus, dans le cas de
toute SPEQ qui procédera à un appel public à
l'épargne par voie de prospectus ou de notice d'offre, le plafond de la
subvention sera porté de 5000 $ à 10 000 $ à partir du 1er
mai 1990.
Je désire aussi apporter des améliorations au
régime mis en place l'an dernier pour favoriser la capitalisation des
caisses populaires. Le régime d'épargne parts permanentes des
caisses populaires permet aux individus de bénéficier d'une
déduction fiscale de 1000 $ par année pour leurs achats de parts
permanentes émises par ces institutions jusqu'à concurrence de
3000 $. J'ai reçu des représentations à l'effet que
plusieurs particuliers souhaiteraient en acheter davantage.
Je suis donc heureux d'annoncer que le plafond annuel des
déductions pour ce régime sera porté de 1000 $ à
2000 $ et que le plafond global sera porté de 3000 $ à 5000 $. De
plus, afin que ces achats puissent facilement être
transférés dans des REER, j'annonce qu'un délai
de 60 jours après la fin de chacune des années 1990 et
1991 sera accordé aux acheteurs de parts permanentes des caisses
populaires. Étant donné que le montant total de capital
émis est limité à 250 000 000 $, cette mesure n'affectera
pas les équilibres financiers du gouvernement.
Enfin, lors du discours sur le budget de l'an dernier, j'autorisais
l'utilisation des montants accumulés dans les régimes
d'épargne-logement pour l'achat de meubles. J'ai le plaisir d'annoncer
que cette mesure bénéfique à l'industrie du meuble sera
prolongée d'un an. Nous faciliterons ainsi l'écoulement des
sommes qui sont détenues dans de tels régimes.
La population du Québec, M. le Président, comme celle de
toutes les sociétés avancées, aspire aujourd'hui à
une plus grande qualité de vie. C'est pourquoi l'environnement dans
lequel nous vivons est devenu une préoccupation majeure de nos
concitoyens.
C'est dans cette optique que notre gouvernement s'est engagé
à privilégier une démarche de développement durable
et à y associer le plus grand nombre possible des agents
économiques oeuvrant au Québec. La stratégie que nous
préconisons vise à intensifier la vigilance en matière de
respect de l'environnement, à soutenir la recherche de technologies plus
efficaces sur le plan environnemental, à établir un forum
permanent de concertation avec les différents intervenants en la
matière et à intégrer la préoccupation
environnementale dans l'ensemble des politiques économiques du
gouvernement.
Les impacts financiers de cette politique touchent à la fois le
volet de la prévention et celui de la recherche environnementale; c'est
pourquoi, le gouvernement injectera des ressources importantes à ces
deux niveaux.
Les budgets accordés au ministère de l'Environnement
témoignent de la préoccupation de notre gouvernement pour les
activités de prévention. À notre arrivée au
pouvoir, en 1985-1986, les dépenses de ce ministère
étaient de 190 000 000 $. Pour l'année 1990-1991, les
crédits déposés sont de 470 000 000 $, ce qui
représente une croissance annuelle moyenne de près de 20 % depuis
1985-1986.
La plus grande partie de ces dépenses a été
consacrée au programme d'assainissement des eaux du Québec. Mais
les budgets d'opération du ministère ont eux aussi connu une
expansion très rapide. Ils sont passés de 79 000 000 $ à
142 000 000 $, pour une croissance annuelle de l'ordre de 12 %, soit plus du
double de la croissance des autres dépenses du gouvernement.
Cette année, un effort particulier a été consenti,
malgré la conjoncture plus difficile. Le budget du ministère de
l'Environnement a été augmenté de plus de 55 000 000 $ par
rapport aux dépenses probables de l'an dernier. Outre les sommes
additionnelles consacrées au programme d'assainissement des eaux,
l'augmentation s'explique par l'ajout d'un montant additionnel de 15 000 000 $
au budget d'opération du ministère. Cette somme servira à
intensifier les activités de prévention, à accroître
la surveillance sur l'ensemble du territoire québécois et
à renforcer l'application des lois et règlements visant la
protection de l'environnement.
La poursuite de cet objectif comporte d'autres éléments,
dont la réduction à la source, la récupération et
le recyclage des déchets solides, de même que le
développement de marchés pour les produits recyclés. Le
gouvernement mettra donc sur pied un organisme dont la mission sera
spécifiquement orientée à ces fins. Mon collègue,
le ministre de l'Environnement, annoncera sous peu la constitution de cet
organisme, le détail de son mandat et les modalités de son
financement.
Nous devons aussi intensifier la recherche dans le domaine de
l'environnement. L'investissement dans la recherche et le développement
en environnement est essentiel pour assurer l'émergence d'innovations
technologiques nécessaires à l'intégration des
préoccupations environnementales au sein de l'ensemble des
activités économiques du Québec. J'annonce donc l'ajout de
50 000 000 $ sur cinq ans au Fonds de développement technologique pour
la création d'un volet "Recherche et développement technologique
en environnement".
Des voix: Bravo!
M. Levesque: Cette somme sera utilisée pour appuyer des
projets de recherche réalisés par les entreprises dans le but de
développer des technologies de production ainsi que des produits qui
respectent les besoins de l'environnement. Cette somme servira également
à financer des études réalisées par les milieux de
la recherche dans le but de solutionner certains des problèmes
environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Nous demandons aux entreprises québécoises des efforts
considérables pour améliorer la qualité de vie des
Québécois et pour leur procurer un environnement de
qualité. Avec les sommes que nous mettons à leur disposition,
nous aiderons les entreprises et les milieux de la recherche à trouver
les solutions les plus intéressantes pour assurer notre
développement économique en même temps que
l'amélioration de notre milieu de vie.
Mes collègues, le ministre de l'Environnement et celui de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, rendront publiques sous peu les
modalités de cette nouvelle initiative en matière de recherche en
environnement.
Au cours de notre premier mandat, nous avons de façon très
décisive réorienté la fiscalité des particuliers
pour la rendre plus concurrentielle, pour qu'elle entraîne une plus
grande incitation au travail, pour venir en aide aux personnes les plus
démunies et pour mieux
appuyer les familles québécoises. Le défi qui se
présente à nous est non seulement de maintenir ces acquis
malgré le contexte budgétaire plus difficile, mais de chercher
à aller encore plus loin. (20 h 50)
En ce qui a trait aux personnes les plus démunies de notre
société, notre gouvernement a procédé à une
réforme en profondeur du régime québécois de
sécurité du revenu. Cette réforme visait à assurer
une plus grande équité entre les diverses catégories de
ménages, en garantissant à chacun les ressources
nécessaires pour satisfaire ses besoins les plus essentiels, et à
ouvrir aux bénéficiaires de plus grandes possibilités de
réinsertion au travail.
Sur le plan fiscal, cela s'est traduit par une majoration substantielle
des niveaux de revenu à partir desquels le gouvernement du Québec
commence à prélever des impôts. L'amélioration la
plus spectaculaire, M. le Président, a été celle
apportée aux familles. Par exemple, un couple avec deux enfants, qui, en
1985, commençait à payer de l'impôt à 10 015 $ de
revenu, n'est aujourd'hui imposé qu'à partir de 23 234 $.
Mais, comme nous le savons tous, l'inflation vient chaque année
ronger le pouvoir d'achat des consommateurs et il en coûte ainsi de plus
en plus cher aux ménages défavorisés pour satisfaire leurs
besoins essentiels. Afin d'éviter un tel appauvrissement aux personnes
les plus démunies de notre société, nous avons l'intention
de les compenser entièrement pour cette perte de pouvoir d'achat.
Nous estimons que l'indice des prix à la consommation augmentera
de 4,8 % pour l'année 1990. Il me fait donc plaisir d'annoncer pour le
1er janvier 1991 un relèvement de 4,8 % des barèmes de la
sécurité du revenu au Québec. Cette indexation touchera en
premier lieu les personnes défavorisées qui sont aptes au
travail. Quant aux personnes inaptes au travail, l'indexation de leurs
prestations, comme on le sait, se fait automatiquement, en parallèle
avec celles du Régime de rentes du Québec. Ce relèvement
de 4,8 % touchera en deuxième lieu les prestations du programme APPORT
qui favorise l'entrée sur le marché du travail et qui procure des
montants substantiels aux familles de travailleurs à faibles revenus.
Pour un couple avec deux enfants gagnant un revenu de 15 000 $ et
bénéficiant du programme APPORT, cette mesure représente
une augmentation de revenu de 428 $ par année. Au total, c'est une somme
de 63 000 000 $ qui sera ajoutée annuellement à nos
dépenses de sécurité du revenu.
L'inflation gruge aussi le pouvoir d'achat de tous les individus et de
toutes les familles. La fiscalité doit tenir compte du fait que leurs
besoins essentiels deviennent plus coûteux et plus difficiles à
satisfaire. C'est pourquoi il faut veiller à ce que les
éléments de la fiscalité destinés à
protéger les besoins essentiels soient modifiés en
conséquence. L'ajustement permet en outre d'éviter que la
fiscalité québécoise ne devienne de moins en moins
compétitive.
Afin, justement, de maintenir le caractère équitable et
concurrentiel de la fiscalité des particuliers, j'annonce donc
l'indexation au taux de 4,8 % en 1991 des crédits d'impôt
personnels suivants, à savoir le crédit de base et celui de
personne mariée, les crédits pour enfants à charge, le
crédit pour famille monoparentale, le crédit pour personne vivant
seule, le crédit pour autres personnes à charge. J'annonce aussi
l'indexation des allocations familiales et des allocations pour jeunes enfants,
ainsi que l'indexation des plafonds de la déduction pour garde
d'enfants. Cette indexation va ainsi augmenter le niveau de revenu à
partir duquel les ménages commencent à payer des
impôts.
Le coût de cette indexation de la fiscalité est de 312 000
000 $ par année. La plus grande partie de cette réduction
d'impôt bénéficiera aux familles et aux personnes à
plus faibles revenus puisque c'est pour elles que les crédits
d'impôt représentent la plus grande proportion de leurs
revenus.
Nous voulons de plus améliorer la fiscalité par un autre
moyen et nous désirons apporter une aide encore plus substantielle aux
familles québécoises. Au cours de notre premier mandat, nous
avons mis en place des mesures très importantes afin de procurer aux
parents un appui concret dans leur rôle auprès des enfants. Notre
gouvernement considère en effet que, pour assurer l'avenir de la
collectivité québécoise, il est important de se
préoccuper de son avenir démographique.
Il est possible de redresser la croissance de la population par
l'immigration et, en conséquence, des efforts considérables
doivent être réalisés pour assurer l'intégration des
immigrants à la collectivité québécoise. C'est
pourquoi les budgets octroyés au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration augmenteront cette année de 20 %
après avoir augmenté l'an dernier de 19 %.
Cependant, on ne peut agir sur la croissance démographique sans
soutenir adéquatement la présence des enfants dans les familles
québécoises. Notre gouvernement a, dans ce domaine, adopté
au cours des dernières années des politiques tout à fait
déterminantes: en effet, le soutien financier du Québec - M. le
Président, j'attire votre attention là-dessus - à
l'égard des enfants s'est accru de près de 1 000 000 000 $ de
1985 à 1990.
Des voix: Bravo!
M. Levesque: Je suis heureux de constater aujourd'hui que cette
préoccupation de notre gouvernement pour l'avenir de notre
collectivité est aussi celle des familles québécoises. Les
naissances ont augmenté en 1989 de 5,7 % au
québec par rapport à 1988, ce qui porte l'indice de
fécondité de 1,41 à 1,52. dans le cas des naissances de
troisième rang, l'augmentation a même dépassé 13 %.
nous aurions bien tort, cependant, de considérer que nos objectifs sont
atteints. c'est pourquoi, malgré la conjoncture difficile, nous sommes
déterminés à maintenir les acquis des dernières
années. de plus, le présent budget apportera de nouvelles
améliorations au régime que nous avons mis en place.
Notre gouvernement s'est engagé, lors de la dernière
campagne électorale, à prendre des mesures pour faciliter la
conciliation entre vie parentale et vie professionnelle. Cela implique d'abord
l'accès à des services de garde de qualité. Notre
gouvernement a donc instauré un programme destiné à
créer 60 000 nouvelles places de garde et à mieux financer les
places existantes. Je suis particulièrement fier de souligner que les
crédits octroyés à l'Office des services de garde à
l'enfance atteindront cette année 152 000 000 $, soit une augmentation
de plus de 20 % par rapport à 1989-1990. Ce montant représente
plus du double de ce qui avait été dépensé à
ce chapitre en 1985-1986.
Mais concilier vie parentale et vie professionnelle implique aussi la
possibilité pour les parents de prendre congé et d'assurer une
présence plus soutenue au moment de la naissance de leurs enfants. Il
nous faut donc agir à la fois du côté des normes minimales
du travail et du côté des allocations de remplacement du revenu
pendant le congé de naissance.
Un projet de réforme des normes minimales du travail fait
déjà l'objet de consultations auprès du monde du travail.
Sur le plan monétaire, on sait que, si le projet de loi
fédéral est adopté, le programme d'assurance-chômage
versera bientôt une allocation égale à 60 % du salaire sur
une période qui pourra atteindre 25 semaines à partir de la
troisième semaine d'un congé parental. De son côté,
le gouvernement du Québec verse un montant de 240 $ pour la perte de
revenu qui n'est pas compensée par l'assurance-chômage au cours
des deux premières semaines.
Afin de soutenir plus adéquatement le revenu des femmes pendant
un congé de maternité, j'annonce qu'à compter de minuit ce
soir les allocations du Québec seront portées de 240 $ à
360 $ pendant les deux semaines de carence de l'assurance-chômage.
Des voix: Bravo!
M. Levesque: Cette nouvelle mesure représente une aide
annuelle supplémentaire de 6 000 000 $. (21 heures)
Nous devons aussi améliorer les mesures de soutien aux parents
pour les aider à subvenir aux besoins de leurs enfants. Afin de tenir
compte du caractère limité de nos ressources, nous concen-
trerons l'effort là où les besoins sont les plus grands, à
savoir les familles nombreuses.
J'annonce donc que l'allocation à la naissance versée
à l'égard du troisième enfant et des suivants, qui est
présentement de 4500 $, sera portée à 6000 $.
Des voix: Bravo!
M. Levesque: Dans les faits, cette allocation est versée
par tranches de 375 $ à chaque trimestre pendant trois ans. Elle le sera
dorénavant pendant quatre ans, ce qui représente un
déboursé additionnel de 19 000 000 $ par année.
Enfin, le développement harmonieux et la stabilité du
milieu familial passent par l'accès à un logement de
qualité. À cet égard, le programme d'accès à
la propriété, mis sur pied il y a deux ans et bonifié
l'année dernière afin de le rendre plus accessible aux familles
québécoises, fonctionne de façon extrêmement
satisfaisante. En effet, au 12 avril dernier, plus de 21 000 familles avaient
déjà bénéficié du programme pour
acquérir une première résidence. Afin que le programme
puisse profiter au plus grand nombre de familles possible, j'annonce que le
prix de la résidence admissible, incluant le terrain, passera de 100 000
$ à 110 000 $ pour les contrats de vente conclus à compter de
minuit ce soir. Cette disposition représente un gain
supplémentaire de 2 000 000 $ pour les familles du Québec.
En incluant l'indexation, les mesures du présent budget pour
améliorer la fiscalité des particuliers et venir en aide aux
familles représentent des ressources additionnelles de 408 000 000 $
pour une pleine année. Encore une fois, il m'aura été
permis de présenter un budget - j'attire votre attention
là-dessus, M. le Président, encore une fois - sans aucune hausse
de l'impôt sur le revenu des particuliers.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
M. Levesque: M. le Président, j'attire votre attention, ma
phrase n'était pas finie: sans aucune hausse de l'impôt sur le
revenu des particuliers et qui comporte même des réductions
substantielles à ce chapitre.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Levesque: Je suis fier de souligner que ce sont les familles
qui seront les plus grandes bénéficiaires de ces mesures puisque
c'est une somme de 243 000 000 $ qui leur est accordée.
Un objectif absolument essentiel que nous devrons atteindre au cours des
années qui viennent sera de maintenir les acquis au niveau de la
situation des finances publiques. Notre gouvernement a pu relever avec
succès le défi du redressement qu'il avait identifié en ce
domaine à l'aube de son premier mandat. Il doit aujourd'hui faire en
sorte que le secteur public, en
étant lui-même plus efficace, contribue positivement au
développement de l'économie québécoise.
Le secteur public représente un acteur de premier plan sur la
scène économique québécoise. De sa performance
dépend une bonne partie des succès que nous espérons tous.
Un secteur public efficace impose un fardeau fiscal minimum et bien
réparti, ce qui améliore la compétitivité de
l'économie. Du côté des dépenses, il permet de
mettre à la disposition des citoyens un niveau élevé de
services, parce que les dépenses peu utiles sont
éliminées. En troisième lieu, un secteur public efficace
minimise l'endettement et assure ainsi un meilleur sort aux
générations futures. Enfin, pour atteindre ces objectifs, il faut
aussi s'assurer que le gouvernement fédéral assume pleinement ses
responsabilités dans les domaines couverts par les transferts aux
provinces.
J'ai expliqué précédemment quel était notre
plan d'action à l'égard de la fiscalité; je voudrais
maintenant aborder trois autres éléments, soit la situation
financière, les transferts fédéraux et les
dépenses.
Les progrès accomplis depuis quatre ans du côté de
l'assainissement de la situation financière sont bien connus. Nous avons
réduit le déficit et les besoins financiers nets de plus de la
moitié. Nous avons ralenti la progression de la dette de manière
à ce qu'elle cesse d'augmenter plus vite que notre capacité de la
rembourser. Et nous consacrons au service de la dette une proportion moins
grande de nos revenus.
Comme le montre le document sur les finances publiques du Québec
présenté en annexe au présent discours, ces
résultats absolument remarquables ne doivent pas nous faire oublier
qu'il reste encore certaines étapes à franchir. Le solde des
opérations courantes, qui mesure la partie des dépenses courantes
financées par emprunts, représente en quelque sorte la valeur des
obligations transférées aux générations futures. Au
moment où nous avons pris le pouvoir, en 1985-1986, il était -
là, je parle des dépenses d'épicerie - déficitaire
de plus de 2 000 000 000 $. En abaissant le déficit du compte courant de
270 000 000 $ l'an dernier, nous avons évidemment effectué un
redressement spectaculaire, 2 200 000 000 $. Mais le solde n'est toujours pas
en équilibre et nous n'avons pas encore commencé à
liquider les déficits accumulés dans le passé.
Nous pourrions, bien sûr, reporter aux années 2000 la
liquidation nécessaire des déficits accumulés au compte
courant depuis l'année 1976-1977. Une telle perspective n'apparaît
ni souhaitable ni équitable dans la mesure où elle
entraînerait une augmentation substantielle du service de la dette, alors
même qu'il faudra défrayer simultanément l'augmentation des
coûts dans des secteurs comme ceux de la santé, de l'environnement
et de la formation de la main-d'oeuvre.
Notre gouvernement n'entend pas laisser un héritage aussi lourd
à la génération montante. Nous devons, au cours des
années qui viennent, compléter l'assainissement de la situation
financière. La première étape consistera à
équilibrer le solde des opérations courantes aussitôt
terminé le présent ralentissement économique. Dans une
seconde étape, il sera nécessaire de réaliser des surplus
de manière à amorcer la liquidation des déficits
accumulés dans le passé. Le rythme auquel il faudra
procéder dépendra du degré d'expansion de
l'économie; il dépendra en outre de l'impact des interventions
fédérales sur l'économie et sur les finances publiques du
Québec.
J'ai dénoncé, à l'occasion du discours sur le
budget de l'an dernier, l'impact négatif des politiques
fédérales sur les équilibres financiers des provinces et
sur ceux du Québec en particulier. Il n'est pas nécessaire de
reprendre aujourd'hui ce bilan puisque, pour l'essentiel, il n'a pas
changé. Le discours sur le budget fédéral de
février dernier est même venu accentuer les tendances
déplorables que j'avais alors identifiées.
Le gouvernement fédéral est aux prises avec un
problème financier extrêmement sérieux, qui l'amène
à se tourner vers les gouvernements provinciaux pour y trouver des
solutions. On le voit donc se désengager davantage à chaque
année des programmes dont il partage la responsabilité
financière avec les provinces, même quand c'est lui qui les a
incitées à s'y engager. La procédure est inadmissible;
elle devient même intolérable quand le gouvernement
fédéral oblige malgré tout les provinces à
respecter des standards, dits nationaux, dans l'administration de ces
programmes.
La dernière coupure dans le financement des programmes
établis représente une perte de 221 000 000 $ pour l'exercice
financier 1990-1991. Mais elle s'ajoute à toutes les coupures
effectuées dans ce programme au cours des dernières années
pour porter le manque à gagner total à 1 300 000 000 $ pour la
seule année 1990-1991. Elle s'ajoute aussi à toute une
série de coupures effectuées à l'égard du
développement régional, de l'aide juridique, de l'aide aux jeunes
contrevenants, des services de garde à l'enfance et de bien d'autres
programmes. Pour comprendre l'ampleur du problème, il suffit d'observer
l'évolution des transferts financiers reçus par le Québec.
Sur une base d'exercice, ces derniers ont augmenté à un taux
annuel moyen de seulement 1,8 % au cours des cinq dernières
années, ce qui est bien inférieur à la moyenne du taux
d'inflation qui a été de 4,3 %. Après avoir dû
assumer les conséquences de l'endettement du précédent
gouvernement - oui, j'attire votre attention sur cette phrase, M. le
Président - après avoir dû assumer les conséquences
de l'endettement du précédent gouvernement devrons-nous
maintenant, M. le Président, payer
pour l'incapacité des gouvernements qui se sont
succédé à Ottawa à contrôler le
déficit fédéral. (21 h 10)
Les transferts financiers en provenance du gouvernement
fédéral pourraient même connaître une diminution en
valeur absolue au cours des deux prochaines années. Or, s'ils
augmentaient seulement au rythme de l'inflation prévue, nous pourrions
bénéficier de revenus additionnels de quelque 370 000 000 $ en
1990-1991 et 800 000 000 $ en 1991-1992. Devant un problème de cette
ampleur, nous sommes obligés de recourir à la fiscalité
pour combler une partie du manque à gagner.
En examinant les sources de revenu qui pourraient servir à cette
fin, il est d'abord apparu clairement que l'impôt sur le revenu des
particuliers ne devait pas être touché; son niveau me paraît
suffisamment élevé et une majoration pourrait affecter
négativement le caractère concurrentiel de l'économie
québécoise. Le taux de la taxe de vente apparaît lui aussi
assez élevé. Par contre, il est difficile de ne pas se tourner
vers des biens moins nécessaires où les taux sont relativement
bas. En effet, certaines taxes spécifiques n'ont pas été
touchées depuis longtemps et leur niveau est devenu inférieur
à celui de la majorité des autres provinces; il s'agit des taxes
sur les tabacs et les boissons alcooliques. En outre, si le relèvement
des taxes sur ces produits devait diminuer une partie des abus en ce domaine,
la santé des Québécois ne s'en porterait d'ailleurs que
mieux.
C'est pourquoi j'annonce que la taxe sur les cigarettes sera
augmentée de 25 cents le paquet de 25 cigarettes à compter de
minuit ce soir et de 15 cents additionnels le 1er janvier 1991. D'autre part,
une taxation additionnelle sera introduite sur les boissons alcooliques
à compter de minuit ce soir. Elle représentera 15 cents le litre
de bière et 30 cents le litre de vin ou de spiritueux, ce qui constitue
une hausse de l'ordre de 5 cents par bouteille de bière et de 25 cents
par bouteille de vin de format standard. Les marchands qui, à minuit ce
soir, auront en main des inventaires de boissons alcooliques ou de tabac
devront effectuer une remise de taxe sur ces inventaires, en utilisant le
formulaire mis à leur disposition par le ministère du Revenu. Ces
mesures augmenteront les revenus de 236 000 000 $ en 1990-1991.
Malgré les hausses, le niveau de ces taxes demeurera
inférieur à ceux des autres provinces. Par exemple, la taxe sur
les cigarettes continuera d'être la plus faible au Canada - ceux qui ont
un texte voient "sauf en Ontario" ce n'est plus vrai depuis mardi - incluant
l'Ontario. Par exemple - je répète - la taxe sur les cigarettes
continuera d'être la plus faible au Canada dans toutes les provinces sans
exception. De plus, les taux effectifs de taxation de la bière vont
demeurer largement inférieurs au Québec à ce qui est
observé dans toutes les autres provinces sans exception.
Les entreprises devront également faire leur part, d'autant plus
qu'avec les modifications apportées depuis notre arrivée au
pouvoir, le régime fiscal de ces dernières est devenu plus
avantageux. Ainsi, la surtaxe de 12 % sur les impôts et taxes applicables
aux entreprises sera portée à 15 % à compter de minuit ce
soir. Pour une pleine année d'imposition, la contribution additionnelle
ainsi exigée représente une hausse de fardeau fiscal de 86 000
000 $.
L'intervention fédérale affecte nos équilibres
financiers d'une autre façon. J'ai maintes fois souligné l'impact
négatif de la politique monétaire sur l'économie
québécoise. Je continue de maintenir que les taux
d'intérêt sont inutilement élevés, qu'ils menacent
la croissance économique et qu'ils contribuent à maintenir le
taux de change du dollar canadien à un niveau qui mine la
capacité concurrentielle de nos entreprises. Cet impact devrait à
tout le moins être corrigé par les politiques fiscale et
budgétaire du gouvernement fédéral dans les provinces qui,
comme le Québec, n'ont pas encore atteint le plein emploi. Ce n'est
malheureusement pas le cas actuellement comme en fait foi l'évolution
des transferts fédéraux qui, depuis quelques années,
favorise les provinces mieux nanties. De plus, la méthode de
réduction du déficit fédéral vient confirmer ce
manque de préoccupation pour les disparités régionales au
Canada. En effet, les coupures générales dans les transferts
fédéraux affectent plus sévèrement
l'économie des provinces moins bien nanties dans la mesure où
elles doivent augmenter leurs impôts plus fortement que les autres pour
absorber les coupures fédérales. On en arrive à cette
situation plutôt paradoxale où, pour contrer la croissance trop
élevée des paiements de transferts dans les provinces les plus
riches du pays, le gouvernement fédéral coupe sans distinction, y
compris dans les provinces les moins bien nanties.
Le gouvernement fédéral a la difficile
responsabilité de faire participer l'ensemble des régions de ce
pays à la croissance économique. Devant la
nécessité où il se trouve maintenant de réduire son
intervention dans l'économie, le danger est grand qu'il réduise
en même temps son effort de redistribution, comme il le fait depuis
quelques années.
Le défi auquel nous sommes aujourd'hui confrontés, c'est
de créer de nouveaux instruments de redistribution à
l'intérieur de la fédération canadienne. En fait,
l'ensemble des interventions fédérales doit incorporer cette
dimension régionale pour éviter que les programmes
fédéraux traitent toutes les provinces sur un même pied et
les incitent à dépenser au-delà de leurs moyens pour
obtenir des fonds fédéraux ou pour respecter des normes trop
rigides.
En ne relevant pas ce défi, le fédéralisme canadien
s'expose ou bien à perpétuer l'impasse où se trouvent les
finances publiques fédérales
ou bien à un élargissement inacceptable des
disparités régionales. Si rien ne change, en effet, les provinces
moins favorisées se retrouveront enlisées encore plus
profondément dans le cercle vicieux des impôts
élevés et du dépérissement économique.
C'est pourquoi j'ai l'intention de soumettre à mes
collègues des autres provinces et du gouvernement fédéral
des propositions concrètes pour que le gouvernement
fédéral assume vraiment son rôle de redistribution au
Canada. La renégociation des arrangements fiscaux, qui s'ouvrira sous
peu, doit être l'occasion de renouveler le fédéralisme
économique au Canada, pour qu'il soit encore possible d'atteindre les
objectifs que nous poursuivons. Pour le Québec, si un tel renouvellement
s'avérait impossible à réaliser, le maintien des acquis au
niveau des finances publiques deviendrait encore plus difficile.
La nécessité de poursuivre l'assainissement de la
situation financière ainsi que les politiques suivies jusqu'à
maintenant par le gouvernement fédéral nous obligent à
adopter une approche nouvelle en matière de gestion des dépenses
publiques.
Cette approche est fondée sur l'obligation de contraindre le
niveau global des dépenses publiques. En effet, une fois prise en compte
la stagnation des transferts fédéraux, la hausse des revenus
budgétaires qui découle de la croissance économique ne
permet pas de faire face à toute l'augmentation automatique des
dépenses sans devoir recourir à l'endettement ou à la
hausse continuelle du fardeau fiscal.
Compte tenu de la ferme volonté du gouvernement de donner
à la population québécoise des services publics de
qualité, cette approche implique donc une redéfinition du
rôle du secteur public au Québec. Elle implique aussi une
meilleure allocation des responsabilités budgétaires et fiscales
entre les paliers provincial et local de gouvernement.
Il est tout à fait légitime que les
Québécois aspirent à des services publics de la plus haute
qualité. Présent dans une multitude de secteurs, le gouvernement
a la responsabilité d'identifier ceux qui sont prioritaires. C'est
notamment le cas des domaines de la santé et des services sociaux, de
l'éducation et de l'enseignement supérieur. Ceux-ci accaparent
plus de 50 % des dépenses gouvernementales, ce qui illustre bien la
préoccupation sociale de notre gouvernement. Ainsi, des crédits
supérieurs de 780 000 000 $ aux dépenses probables de l'an
dernier ont été accordés cette année au
ministère de la Santé et des Services sociaux et à la
Régie de l'assurance-maladie. L'ajout le plus important, avec 74 000 000
$, a été consenti aux hôpitaux et aux centres d'accueil et
d'hébergement pour faire face au vieillissement de la population et au
développement de la technologie médicale, ainsi qu'aux CLSC pour
offrir des services améliorés de maintien à domicile. Des
ressources ont aussi été dégagées pour venir en
aide aux personnes victimes de toxicomanie. Les politiques gouvernementales en
ce domaine pourront d'ailleurs être améliorées à la
lumière du rapport que le groupe de travail sur la lutte contre la
drogue déposera bientôt.
Pour les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et de la Science, les crédits représentent une
augmentation de 669 000 000 $. La réforme du régime d'aide
financière aux étudiants entraînera pour sa part une hausse
de 47 000 000 $ de l'aide accordée sous forme de prêts et de
bourses, ce qui permettra à un plus grand nombre de jeunes d'avoir
accès à une formation postsecondaire dans de meilleures
conditions. (21 h 20)
D'autres secteurs font également l'objet d'une attention
particulière dont la culture québécoise. Avec des
crédits budgétaires de 262 000 000 $ en 1990-1991, les
dépenses du ministère des Affaires culturelles auront
augmenté de 7 %, en moyenne, par année, depuis 1985-1986. De
plus, l'industrie cinématographique et télévisuelle
québécoise est fortement appuyée sur le plan fiscal avec
la déduction de 166 2/3 % accordée aux productions
québécoises. En collaboration avec mes collègues, la
ministre des Affaires culturelles et la ministre des Communications, je
continuerai à suivre de près les résultats de cet outil
fiscal. Notre objectif est de créer les meilleures conditions possibles
pour que cette industrie puisse continuer à avoir accès au
capital nécessaire pour assurer son expansion tout en se
renforçant pour être en mesure d'élargir son
marché.
Les besoins prioritaires de la société
québécoise coûtent extrêmement cher. Afin de
dégager la marge de manoeuvre nécessaire pour les satisfaire, il
devient absolument essentiel de réévaluer partout le rôle
que le secteur public s'est donné. Étant donné la
gratuité généralisée des services publics, les
choix que doit effectuer le gouvernement représentent un exercice
extrêmement difficile, où il lui faut arbitrer entre des pressions
qui lui arrivent de toutes parts. Dans un pareil contexte, il peut facilement
arriver que des activités ou des services drainent trop de ressources
pour l'utilité qu'ils procurent, limitant ainsi ce qui peut être
disponible pour les autres secteurs.
Redéfinir le rôle du secteur public, c'est d'abord et avant
tout identifier ce phénomène et remettre en question les services
dont l'utilité est trop faible. Cette redéfinition passe par
plusieurs moyens d'action. La réévaluation des services ou des
subventions à offrir, le resserrement des critères
d'admissibilité pour ne répondre qu'aux besoins les plus
essentiels, la restructuration de la façon avec laquelle un service est
produit pour le rendre moins coûteux tout en maintenant son
efficacité, la tarification plus
intensive des services publics, voilà autant de méthodes
qui devront foire l'objet d'examens sérieux au cours des prochaines
années. Je suis persuadé que le président du Conseil du
trésor saura mener cette tâche à bien avec l'appui de nos
collègues du Conseil des ministres.
Cette redéfinition du rôle du secteur public ne
représente en aucune façon une négation des besoins de la
population dans les domaines où elle s'effectuera, mais elle
représente de nouveaux choix de société quant à la
façon de les combler. Notre gouvernement entend assumer pleinement ses
responsabilités dans l'exécution de ces choix: éliminer
les dépenses les moins utiles constitue le meilleur moyen de donner aux
Québécois tous les services dont ils ont vraiment besoin.
Maximiser l'efficacité du secteur public impliquera pour l'avenir
une opération encore plus fondamentale. C'est celle qui consiste
à attribuer les responsabilités aux niveaux de gouvernement les
plus aptes à les assumer en conformité avec les besoins de la
population.
Il y a eu, au cours des 25 dernières années, une forte
tendance à centraliser des pouvoirs à Québec. Avec la
réforme de la fiscalité locale, un premier pas a
été franchi en 1980 pour renverser la tendance. Le gouvernement
du Québec a alors mis en oeuvre un certain nombre de mesures dans le but
de revaloriser et de renforcer le pouvoir municipal. Un champ fiscal
amélioré et élargi a donc été accordé
aux municipalités afin de leur assurer une très large autonomie
à l'égard des paliers supérieurs de gouvernement.
Mais la question du partage des responsabilités entre les deux
ordres de gouvernement ne fut presque pas abordée à
l'époque. Nous devons aujourd'hui pousser plus loin l'exercice et nous
demander quelles responsabilités seraient mieux assumées par les
municipalités, par les commissions scolaires ou par d'autres organismes,
en fait, par les instances les plus capables de percevoir les besoins
spécifiques de chaque collectivité et d'y répondre de la
façon la plus efficace.
Deux principes doivent nous guider dans une telle démarche. Le
premier est que tout transfert de responsabilité doit être
accompagné d'un accès à des ressources
équivalentes. Le second est que les modalités de ce transfert
doivent faire l'objet de consultations avec les autorités
concernées.
En ce qui a trait à l'accroissement récent des
responsabilités confiées aux commissions scolaires, j'ai
déjà expliqué le contexte particulièrement
difficile dans lequel ce budget a été préparé,
situation que le dernier budget fédéral est venu soudainement
aggraver. Il ne nous a pas été possible en conséquence de
consulter le monde municipal aussi rigoureusement que nous l'aurions
souhaité.
Notre intention est certes d'établir avec le monde municipal un
dialogue approfondi dans la poursuite de cette démarche. Le ministre des
Affaires municipales a donc reçu le mandat de diriger les discussions
à tenir à cet effet.
Un premier projet de décentralisation concerne l'entretien des
équipements scolaires. Ainsi que l'a annoncé le ministre de
l'Éducation, le mode de financement des commissions scolaires sera
modifié pour leur donner une complète autonomie dans la gestion
de leurs immeubles et équipements; leur pouvoir d'imposition sera
augmenté pour les rendre responsables de leur gestion budgétaire
auprès des contribuables scolaires plutôt qu'auprès du
gouvernement.
Le champ de l'impôt foncier a été choisi à
cette fin parce qu'il est beaucoup moins utilisé au Québec que
dans les provinces voisines. Un déplacement du fardeau fiscal des
impôts généraux vers ce champ particulier se justifie donc
à la fois parce qu'il améliore la répartition du fardeau
fiscal entre les diverses sources de revenus et à la fois parce qu'il
favorise une plus grande efficacité du secteur public.
Le transfert de responsabilité ainsi effectué aux
commissions scolaires implique une hausse moyenne de l'impôt foncier
d'environ 90 $ par ménage. Pour les ménages à faibles et
à moyens revenus, cependant, l'impact de la hausse sera
atténué, voire même annulé, grâce à
l'existence de plusieurs mesures gouvernementales dont l'objectif est
précisément de les aider à défrayer leurs
coûts de logement. En premier lieu, l'al-location-logement que nous avons
introduite cette année pour les bénéficiaires de la
sécurité du revenu leur rembourse jusqu'à 75 % de leurs
coûts de logement; celle-ci leur accordera donc 3 000 000 $ pour absorber
l'impact de la hausse de l'impôt foncier scolaire. Pour les personnes
âgées, le programme LOGIRENTE joue un rôle équivalent
et il les compensera pour une somme additionnelle de 1 000 000 $. Par ailleurs,
le programme concernant les logements à loyer modique évitera
toute hausse de loyer aux 77 000 locataires qui les habitent; une hausse
d'impôt foncier scolaire de 5 000 000 $ sera ainsi absorbée au
niveau gouvernemental.
C'est toutefois le programme de remboursement d'impôts fonciers
qui absorbera la plus grande partie de la hausse. Pour ce faire, j'annonce que,
dès l'année d'imposition 1990, le plafond des taxes
foncières admissibles au remboursement d'impôts fonciers sera
porté de 1050 $ à 1150 $. Pour l'année d'imposition 1991,
ce plafond sera de nouveau augmenté à 1205 $. Ainsi
ajusté, le programme permettra qu'une partie importante de la hausse des
taxes scolaires supportées par les ménages à faibles et
moyens revenus soit absorbée par le gouvernement, c'est-à-dire 22
000 000 $. Cette somme s'ajoute au montant de 120 000 000 $ qui est
déjà versée au titre du remboursement d'impôts
fonciers afin de réduire la régressivité des taxes
foncières. Grâce au remboursement d'impôts fonciers, pour
un
couple avec deux enfants dont le revenu familial est inférieur
à 45 000 $, l'augmentation qu'il aura à supporter ne sera
finalement que de 60 % de la hausse, soit de 54 $ en moyenne.
Pour ce qui est des agriculteurs et des propriétaires de
boisés, le programme actuellement en vigueur rembourse les taxes
municipales et scolaires jusqu'à 70 % ou 85 % selon le cas. Il s'ensuit
que le gouvernement assumera la plus grande partie de la hausse qui pourrait
les affecter, avec une aide de 7 000 000 $. Je suis donc heureux de souligner
qu'au total, le gouvernement du Québec compensera 38 000 000 $ de la
hausse de l'impôt foncier scolaire. (21 h 30)
En ce qui a trait aux municipalités, le gouvernement a
l'intention de soumettre au cours des prochains mois, pour consultation, un
projet visant à modifier le financement du transport en commun. En vertu
de ce projet, le gouvernement mettrait de nouvelles sources de financement
à la disposition des municipalités situées sur le
territoire d'un organisme public de transport en commun. En contrepartie, elles
assumeraient la responsabilité des dépenses de fonctionnement de
ces organismes et le gouvernement continuerait à supporter le
financement de leurs immobilisations.
Ce transfert de responsabilités au secteur local,
accompagné d'une ouverture équivalente de champs fiscaux, nous
apparaît éminemment souhaitable dans la mesure où le
transport en commun est une fonction essentiellement locale. Le niveau de
service, les conditions de travail et la tarification sont déjà
déterminés localement. Il apparaît donc normal et logique
que le secteur local assume une plus grande responsabilité à leur
égard et qu'il en devienne redevable auprès de ses
électeurs et de ceux qui en bénéficient.
Le gouvernement, par la voix du ministre des Affaires municipales,
présentera sous peu un programme de discussions avec les
municipalités sur ce projet particulier et sur un ensemble de questions
qui les intéressent.
Eh bien, M. le Président, j'exposerai maintenant comment les
orientations que je viens de présenter et les mesures que je viens
d'annoncer vont affecter les équilibres financiers du gouvernement.
Mais, pour mieux les comprendre, il faut d'abord examiner quels sont les
résultats préliminaires de l'exercice financier 1989-1990.
Pour ces résultats préliminaires, en 1989-1990, le
rendement de l'impôt sur le revenu des particuliers a été
légèrement supérieur à celui anticipé.
D'autre part, des ajustements importants à l'égard
d'années antérieures ont été encaissés au
titre de la péréquation. Ces rajustements positifs ont plus que
compensé la chute des bénéfices nets des
sociétés d'État. Les revenus budgétaires ont
finalement dépassé les prévisions de 133 000 000 $.
D'autre part, les dépenses régulières ont
été plus élevées que prévu de 50 000 000 $.
Toute- fois, afin que les bénéficiaires de la
sécurité di revenu disposent sans retard de leurs prestations,
nous avons décidé de verser à la fin de mars certaines
allocations sociales qui, autrement, auraient été versées
dimanche le 1er avril. Cette mesure a ajouté 183 000 000 $ aux
dépenses pour porter leur augmentation totale à 233 000 000
$.
En conséquence, il est prévu maintenant que le
déficit budgétaire pour 1989-1990 sera de 1 600 000 000 $, soit
13 000 000 $ de moins qu'en 1988-1989. Et, avec votre permission, M. le
Président, je dépose le tableau suivant qui présente les
résultats préliminaires des opérations financières
du gouvernement pour l'année 1989-1990. (Voir annexe).
Maintenant, les équilibres financiers 1990-1991. La
prévision de dépenses présentée par le
président du Conseil du trésor s'établissait à 35
331 000 000 $ lors du dépôt des crédits devant
l'Assemblée nationale le 27 mars dernier. En tenant compte de l'impact
net des mesures fiscales et budgétaires annoncées aujourd'hui,
les dépenses budgétaires devraient atteindre 35 351 000 000
$.
Sur une base comparable, c'est-à-dire en faisant abstraction des
anticipations de dépenses effectuées, l'augmentation
prévue des dépenses par rapport à l'an dernier est de 6,3
%. L'objectif de dépenses a donc été relevé de 470
000 000 $ par rapport à ce qui avait été prévu l'an
dernier. L'inflation plus élevée et le règlement des
conventions collectives sont les principales causes de cette
révision.
Du côté des revenus, cependant, nous faisions face à
deux problèmes au moment de la préparation du présent
budget. Le premier a déjà été mis en
lumière, il s'agit de l'impact du budget fédéral sur les
équilibres financiers du gouvernement et plus particulièrement
sur les transferts fédéraux. Le deuxième facteur provient
des difficultés conjoncturelles affectant les bénéfices
des sociétés d'État.
Avant le budget présenté aujourd'hui, le manque à
gagner total du côté des revenus atteignait 338 000 000 $ en
1990-1991 par rapport à nos prévisions du dernier discours sur le
budget. Avec le relèvement des dépenses, nous faisions donc face
à une impasse budgétaire totale de 808 000 000 $. Le paiement en
mars d'allocations sociales, normalement versées le 1er avril, aura
réduit cette impasse de 183 000 000 $. D'autre part, l'ensemble des
mesures fiscales et budgétaires que je viens d'annoncer impliquent des
revenus supplémentaires de 350 000 000 $.
Compte tenu de la conjoncture nord-américaine et de l'ampleur de
la contrainte imposée à l'économie par les politiques
fédérales, le gouvernement a adopté une orientation
fiscale et budgétaire visant à stabiliser l'économie
à court ternie sans remettre en cause ses objectifs financiers à
moyen terme. Le déficit budgétaire sera donc augmenté de 1
600 000 000 $ en 1989-1990 à 1 750 000 000 $ en 1990-1991.
Étant
donné que les revenus budgétaires augmenteront tout de
même de 7,9 %, il n'aurait pas été approprié
d'effectuer des prélèvements supplémentaires dans
l'économie et de contrecarrer ainsi l'impact de nos mesures de relance.
En 1991-1992, il sera possible de ramener le déficit à 1 600 000
000 $ et il devrait continuer de diminuer par la suite de manière
à ce qu'il devienne inférieur au niveau des immobilisations.
Je considère, M. le Président, qu'il s'agit là
d'une façon appropriée d'atténuer l'impact négatif
des taux d'intérêt sur la production et la création
d'emplois, tout en rendant possibles les mesures fiscales importantes
annoncées aujourd'hui pour la croissance de l'économie et pour le
bénéfice des travailleurs, des particuliers et des familles.
Du côté des besoins financiers nets, l'évolution
sera sensiblement la même. En effet, après avoir été
réduits à 765 000 000 $ en 1989-1990, ils connaîtront une
légère augmentation en 1990- 1991 pour s'établir non pas
à 765 000 000 $, mais à 775 000 000 $. toutefois, la
réduction amorcée ces dernières années se
poursuivra dès 1991-1992. l'année suivante, ils ne devraient plus
représenter que 500 000 000 $, soit une proportion de seulement 0,3 % du
produit intérieur brut, la proportion la plus faible des 20
dernières années.
M. le Président, avec votre permission, je désire
déposer ces tableaux qui présentent les prévisions des
équilibres financiers du gouvernement pour 1990-1991. (Voir annexe).
Au cours des années qui viennent, l'effort de gestion
serrée des finances publiques devra être accentué de
manière à ce que nous puissions commencer à rembourser les
hypothèques accumulées dans le passé. Il s'agit par ce
moyen d'assurer l'avenir de la prochaine génération. Cette
intensification des efforts devra cependant être effectuée au
rythme de la reprise de l'économie. "
Compte tenu de la croissance modérée de l'économie
anticipée au cours des prochaines années et compte tenu de la
stagnation des transferts fédéraux, la croissance des
dépenses devra être encore davantage restreinte. L'objectif est
d'en limiter l'augmentation à 5,6 % en 1991- 1992et à 5 % en
1992-1993.
L'objectif s'avère contraignant et exigera la même rigueur
dans la gestion que cette année. Il sera donc nécessaire de
réévaluer la pertinence et le mode de financement de plusieurs
des fonctions assumées par le secteur public. Et, comme je l'ai
déjà mentionné, le caractère souhaitable du partage
actuel des responsabilités entre les paliers local et provincial de
gouvernement fera l'objet de discussions avec les autorités
concernées.
C'est à cette seule condition qu'il -nous sera possible de
respecter notre engagement de maintenir le caractère compétitif
de la fiscalité québécoise, une condition
déterminante pour maximiser la croissance économique et la
créa- tion d'emplois au cours de la décennie qui commence. Un tel
scénario permettra aussi, sans compromettre la reprise souhaitée
de l'économie, de préserver le redressement de la situation
financière que nous avons réalisé.
M. le Président, en conclusion, le budget que je dépose ce
soir a été préparé dans le contexte
économique et financier le plus contraignant des dernières
années. L'économie nord-américaine traverse une
période de croissance plus modérée alors que la politique
de taux d'intérêt élevés de la Banque du Canada
ainsi que la lutte au déficit fédéral se conjuguent pour
ralentir la croissance économique du Canada et du Québec. (21 h
40)
On peut se féliciter de la justesse des politiques
budgétaires que le Québec a suivies depuis 1985. Elles nous
permettent aujourd'hui d'absorber le double choc des politiques
économiques et budgétaires fédérales sans devoir
céder à la panique. Qu'aurait fait dans ce contexte un
gouvernement qui n'aurait pas, au cours des quatre dernières
années, amélioré sa situation financière,
réduit son déficit de plus de la moitié, diminué
encore plus ses besoins financiers nets et abaissé le fardeau fiscal des
Québécois?
Au lieu d'un budget de crise, c'est plutôt un ensemble de mesures
favorables qu'il nous a été possible de présenter à
la population ce soir. Les mesures de ce budget visent à soutenir
l'économie et à investir dans le développement des
régions. Nous avons pu aussi répondre à deux
préoccupations essentielles d'une société plus
évoluée, à savoir la formation de la main-d'oeuvre et la
qualité de l'environnement. Il a aussi été possible de
poursuivre l'effort de soutien aux familles et aux personnes les plus
démunies.
Je demeure convaincu, M. le Président, que notre gestion
serrée des finances publiques est amplement justifiée. Non
seulement les objectifs poursuivis nous ont permis de passer le test d'une
situation économique moins vigoureuse, mais nous pouvons de plus
continuer d'investir dans notre avenir.
De formidables défis se présentent à notre
collectivité. Dans un monde de plus en plus ouvert, dominé par
des blocs industriels, commerciaux et financiers de plus en plus puissants,
nous nous devons d'imprimer à notre économie des orientations qui
lui permettent de devenir plus prospère. Notre habileté à
tirer notre épingle du jeu sur le marché international
déterminera l'ampleur de cette prospérité. Or, celle-ci
demeurera toujours la meilleure garantie que le secteur public puisse
satisfaire les besoins légitimes des citoyens.
Vient ensuite le défi de faire du Canada un pays qui regroupe
tous les citoyens dans la fierté et l'harmonie. Ce pays a beaucoup de
potentiel, les Québécois sont prêts à y jouer
pleinement leur rôle. Il est primordial pour nos partenaires de dire oui
à l'entrée du Québec dans la cons-
titution pour qu'ensemble nous puissions nous attaquer aux
problèmes qui confrontent le pays tout entier.
Nous devrons aussi consacrer de plus en plus d'énergies à
améliorer la qualité de vie des Québécois. Ceux-ci,
à juste titre, recherchent des milieux de vie, des milieux de travail,
bref une collectivité, qui leur permettent de se développer et de
s'épanouir.
Je n'ai aucun doute, M. le Président, quant à la
capacité du Québec d'atteindre tous ces objectifs. Disposant de
vastes richesses naturelles, maîtrisant des ressources financières
abondantes, mieux formés et confiants en eux-mêmes, les
Québécois sont ambitieux, créatifs et travailleurs. Non
seulement ont-ils des aspirations élevées, mais, de plus en plus,
ils ont les moyens de les réaliser.
Notre gouvernement entend participer à fond à cet
élan. La politique fiscale et budgétaire que je soumets
aujourd'hui à la population s'insère, en fait, dans un programme
de gouvernement qui est, lui aussi, à la mesure des ambitions de notre
collectivité. Elle ne vise rien de moins que de permettre aux
Québécois et aux Québécoises de se retrouver
à l'avant-garde du progrès économique et social dans le
monde d'aujourd'hui, dans le monde de demain.
Motion proposant que l'Assemblée nationale
approuve la politique budgétaire du gouvernement
je propose donc que l'assemblée nationale approuve, et
j'espère à l'unanimité, la politique budgétaire du
gouvernement, et je vous remercie, m. le président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Labelle. À l'ordre, s'il vous plaît!
Je cède la parole à M. le député de Labelle,
critique financier de l'Opposition officielle, lequel, conformément
à notre règlement, a droit à des commentaires de 10
minutes. M. le député de Labelle.
Commentaires de l'Opposition M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, le 20 février
dernier, à propos de 221 000 000 $, un certain ministre du gouvernement
du Québec déclarait: Un trompe-l'oeil et une injustice
coûteuse pour le Québec. Et y s'agissait du budget
fédéral. Passe encore, M. le Président, sur la technique
qui consiste à présenter des "mesurettes" sur cinq ans parce que,
face à des besoins aigus, il convient d'enfler ces grenouilles.
Je voudrais simplement parler de ces taxes. Il a dit qu'il n'avait pas
augmenté l'impôt sur le revenu des particuliers. Le budget de ce
soir,
M. le Président, c'est le budget de la hausse des taxes
régressives au Québec dont au moins la moitié frappe
l'habitation. Je vais vous en dresser la liste avant le discours sur le budget,
pendant le discours sur le budget et après le discours sur le
budget.
Avant le discours sur le budget, pour bien préserver le spectacle
de ce soir, le gouvernement a permis à Hydro-Québec de monter ses
tarifs de 100 000 000 $ au-delà de l'inflation, ce qui veut dire 718 000
000 $ sur trois ans. Le gouvernement a augmenté ou permis aux
universités d'augmenter les frais de scolarité pour les
étudiants de 42 000 000 $, 185 000 000 $ sur trois ans. Le gouvernement
a permis aux commissions scolaires d'entrer ou de revenir dans le champ de
l'impôt foncier en force au-delà des 6 % au maximum qui leur
étaient permis sur leurs revenus, sur leur budget de fonctionnement, 191
000 000 $ cette année, 831 000 000 $ sur les trois prochaines
années. C'étaient les taxes d'avant le budget.
Les taxes de ce soir. Les cigarettes, 133 000 000 $, 529 000 000 $ sur
trois ans. Les boissons alcooliques, 103 000 000 $, 317 000 000 $ sur trois
ans. Les entreprises, la surtaxe applicable aux entreprises qui passe de 12 %
à 15 %, 104 000 000 $ cette année, M. le Président, 351
000 000 $ sur trois ans. Total de ces taxes quantifiées, avant et
pendant le budget, 676 000 000 $ cette année, 2 931 000 000 $ sur trois
ans.
M. le Président, ce n'est pas fini parce qu'à deux
endroits dans le discours sur le budget on fait mention que le gouvernement ira
chercher des revenus additionnels. Premièrement, la RAAQ, la
Régie de l'assurance automobile du Québec, sera amenée
à contribuer aux investissements dans le réseau routier pour une
somme de 625 000 000 $ sur cinq ans, soit 125 000 000 $ par année.
Ça, c'est la réalité, M. le Président. Les permis
de conduire augmenteront, l'assurance automobile augmentera et les coûts
d'immatriculation augmenteront pour 125 000 000 $ par année.
De plus, mesure extraordinaire, exceptionnelle, qui n'a pas
été quantifiée par le ministre des Finances, c'est le
retrait du gouvernement du coût de fonctionnement des
sociétés de transport au Québec. Considérable, 240
000 000 $ selon nos informations cette année, 240 000 000 $ par
année. M. le Président, les municipalités membres de ces
sociétés de transport seront appelées à remplacer
ces subventions du gouvernement par des sources non identifiées de
taxes. Quelles seront-elles? Cela signifie que la carte d'abonnement mensuelle
au réseau de transport augmentera, que les impôts fonciers
augmenteront ou que d'autres dispositions seront prises pour financer. Mais
c'est une augmentation de taxes pour les Québécois, M. le
Président, décrétée par le gouvernement. Je
comprends qu'on offre le café au bureau du
premier ministre pour en discuter, mais la décision, elle est
dans le discours sur le budget de ce soir. (21 h 50)
M. le Président, les conséquences de ces gestes seront
très importantes, parce que tout cela va remettre en cause les
politiques qui visaient à consolider les tissus urbains, notamment dans
les centres importants du Québec, comme Montréal et comme la
ville de Québec, et comme la CRO, et d'autres grandes villes comme
Sherbrooke, Trois-Rivières, Chicoutimi; toutes les grandes villes du
Québec seront affectées par une telle disposition.
Et, M. le Président, l'an dernier, le même ministre des
Finances prévoyait que son déficit cette année serait de 1
450 000 000 $. Or, il le porte à 1 750 000 000 $, 300 000 000 $ de
différence par rapport à ses prévisions de l'an dernier.
C'est ça, M. le Président, la réalité. Ses
dépenses courantes, il les avait financées sur des emprunts
à 270 000 000 $ l'an dernier. Cette année, ce sera 395 000 000 $,
M. le Président, et, de plus, comme on dit dans le langage, il y a des
crédits périmés, ce que les comptables appellent une
"plug", de 440 000 000 $ dans le livre des crédits, tel que
déposé avant le 31 mars.
Alors, je vois mal que le ministre des Finances se bombe le torse ce
soir parce que le résultat de sa gestion, à mon sens, ne devrait
pas le lui permettre. On nous présente une indexation des crédits
d'impôt comme étant une réduction des impôts. On nous
présente toutes sortes de dispositifs de cette nature, comme
l'indexation de l'assistance sociale, comme étant, évidemment, un
cadeau du gouvernement, alors que c'était prévu, jusqu'à
l'an dernier, dans les lois du gouvernement. Les 312 000 000 $, il s'agit
simplement d'une indexation des crédits. m. le président, m. le
ministre des finances nous parle d'un plan d'accélération des
investissements du secteur public. je voudrais simplement vous donner des
chiffres des investissements du secteur public dans les trois derniers budgets:
1988-1989, 1 303 000 000 $; 1989-1990, 1 330 000 000 $; 1990-1991, 1 355 000
000 $ et, en dollars constants, il s'agit d'une diminution de 60 000 000 $. m.
le président, ceci inclut les annonces qu'il a faites ce soir qui sont
incluses aux crédits à raison de 207 000 000 $. alors, rien de
neuf et rien de plus.
Il n'y a rien pour protéger les agriculteurs que l'Ontario a
protégés avant-hier avec 48 000 000 $. Il n'y a rien aussi,
pratiquement, pour les entreprises qui auront à faire face à des
taux d'intérêt élevés, sauf un programme de
prêt participatif de dernier recours qui ressemble, il me semble, pour
une partie très défavorisée de notre société
à Montréal, à un type de plan pour les
itinérants.
Secteurs particuliers. L'environnement - je me demande à quand la
démission du ministre de l'Environnement qu'il nous avait
annoncée - qui reste avec un manque de 35 000 000 $.
La formation profestionnelle, timide, trop timide. Le gouvernement fait
fausse route, il va gaspiller le peu qu'il met et il ne règle pas le
problème du maraudage entre les employeurs dans ce secteur.
Développement technologique, pas un mot; ils sont
gênés d'en parier; leurs 60 000 000 $ sont restés dans les
coffres cette année. Alors, l'an prochain, difficile d'en parler.
Coûteux, peu efficace.
Rien de plus pour le culturel qui reste à 0,7 dans son
budget.
M. le Président, j'attire l'attention de la Chambre, H faudra que
tous lisent bien attentivement le chapitre 6 qui indique les intentions du
gouvernement à moyen terme, ce qu'a appelle la décentralisation,
et je pense que les pouvoirs locaux au Québec auront à payer.
C'est le fond même du discours sur le budget qu'on commence à
appliquer. Et toutes les réflexions que le ministre des Finances s'est
faites et nous a faites sur les services de santé nous conduisent
à nous poser la question sur la privatisation d'un bon nombre de
services de santé et sur toute espèce de restriction que ce
gouvernement entend apporter à l'administration de ses programmes
sociaux. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: m. le président, je vous prierais,
après d'aussi bonnes nouvelles de la part du ministre des finances,
d'ajourner nos travaux au mardi 1er mai, à 14 heures.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté. En conséquence, nos travaux sont ajournés au mardi
1er mai prochain, à 14 heures.
(Fin de la séance à 21 h 56)