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(Quatorze heures huit minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Alors, l'Assemblée entreprend ses travaux en ce jeudi 31 mai
1990.
Aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet de loi 77
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre délégué aux Mines et au Développement
régional présente le projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur
les mines et la Loi concernant les droits sur les mines. M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. M. le Président,
ce projet de loi propose diverses modifications à la Loi sur les mines
en vue notamment d'en faciliter l'application.
Ainsi, ce projet de loi propose d'abord que l'on puisse appliquer
à leur pleine valeur, et non plus à la moitié de celle-ci,
certains travaux effectués au titre d'un claim et exigés par
règlement.
Au chapitre du bail d'exportation, M. le Président, de substances
minérales de surface, le projet de loi permet au ministre de
déterminer, à l'intérieur des limites actuellement
prévues, la superficie du terrain qui fera l'objet d'un bail exclusif
ainsi que la durée d'un tel bail.
Ce projet de loi vient, en outre, élargir l'application de la
procédure de tirage au sort en vue d'établir l'ordre de
réception de certaines demandes, lorsque celles-ci sont reçues le
même jour et visent un même terrain. La participation à un
tel tirage sera toutefois sujette à l'acquittement préalable des
droits fixés par règlement.
Enfin, ce projet de loi prévoit d'autres dispositions de nature
plus technique et de concordance, dont une modification à la Loi
concernant les droits sur les mines.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté? Adopté.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Projet de loi 15 réimprimé
M. Pagé: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer une version réimprimée du projet de loi 15, la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche, et j'ai obtenu le consentement des collègues de
l'Opposition officielle et du Parti Égalité.
Le Président: Oui, alors, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Agriculture, qui nous avait avisé qu'il y aurait réimpression
du projet de loi, a introduit, au niveau des principes, des
éléments nouveaux de principe?
Le Président: M. le ministre. M. Pagé:
Non.
Le Président: Alors, document déposé. M. le
ministre de la Sécurité publique.
Rapport annuel de la Sûreté du
Québec
M. Elkas: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport d'activités de la Sûreté du
Québec pour l'année 1989.
Le Président: Alors, document déposé.
Dépôt de rapports de commission.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous arrivons donc à la période de questions et
réponses orales des députés. Je vais reconnaître en
première question principale, M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nomination de M. Guy Savard
au Conseil d'administration
de la Caisse de dépôt et
placement
M. Parizeau: M. le Président, le premier ministre a
finalement, hier soir, décidé de modifier ses intentions
concernant la Caisse de dépôt et placement du Québec. La
nomination de M. Guy Savard au poste de premier vice-président
responsable des opérations s'est transformée en nomination au
conseil d'administration. Selon les dispositions de la Loi sur la Caisse de
dépôt, trois postes sont disponibles pour ce genre de nomination;
les autres sont réservés à des catégories de
représentants, par exemple le
président de la Régie des rentes, par exemple, un
représentant syndical, par exemple, un représentant des
associations coopératives, etc. Il y a trois postes qui sont, au fond,
ouverts pour des nominations comme celles-là. Et nous constatons que le
poste au conseil d'administration, qui a été ainsi confié
à M. Savard hier, avait été, le 29 novembre dernier,
comblé par la nomination de M. Serge Saucier. Ce siège-là,
c'était à M. Serge Saucier qu'on l'avait confié le 29
novembre dernier. M. Serge Saucier avait refusé de l'occuper pour des
raisons qui tenaient essentiellement à des considérations
d'éthique professionnelle. En effet, disait-on, M. Serge Saucier, que
nous reconnaissons tous et pour lequel nous avons tous le plus grand respect,
c'est un grand Québécois, disait: Je ne peux pas faire la
vérification de compagnies dans lesquelles la Caisse de
dépôt a beaucoup d'actions, je me trouverais en un certain sens en
conflit d'intérêts; donc je n'occuperai pas ce poste. Pour ceux
qui ne le savent pas, M. le Président, M. Serge Saucier est
président de Raymond, Chabot, Martin, Paré, RCMP.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Votre question, M. le chef de l'Opposition,
s'il vous plaît.
M. Parizeau: M. Savard, lui, est un des vice-présidents de
Raymond, Chabot, Martin, Paré. Les considérations
d'éthique du président, qui l'ont empêché de
siéger au conseil d'administration, s'appliquent-elles...
Le Président: un instant, m. le chef de l'opposition. m.
le chef de l'opposition, s'il vous plaît. m. le leader du gouvernement
sur un rappel de règlement.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, pourriez-vous demander au chef de l'Opposition
d'abréger son préambule et de poser la question?
Le Président: S'il vous plaît! Effectivement, vous
étiez un peu long en préambule, mais vous arriviez à votre
question, alors nous écoutons votre question, M. le chef de
l'Opposition.
M. Parizeau: m. le président, si vous permettez, on
n'écoute pas ma question, elle était engagée ma question.
d'abord, depuis hier, on cherche a m'empêcher...
Le Président: non, non. un instant, s'il vous plaît!
je vous demande simplement de poser votre question, m. le chef de l'opposition.
s'il vous plaît!
M. Parizeau: Les règles d'éthique que reconnaissait
le président de Raymond Chabot s'appliquent-elles a un des
vice-présidents de
Raymond Chabot? M. Savard a-t-il démissionné comme
vice-président de Raymond Chabot?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je suis obligé de constater que le chef de
l'Opposition, dans ce dossier, multiplie les contradictions. Hier, il me
reprochait d'envisager la nomination de M. Savard - et c'est encore l'intention
du gouvernement - à un des postes de vice-président, il me
reprochait de politiser la Caisse de dépôt, comme s'il n'y avait
pas trois ex-chefs de cabinet d'un ancien gouvernement ou chefs de cabinet
adjoints qui se trouvent dans la haute administration de la Caisse de
dépôt. Je n'en fait pas de reproche. Je dis simplement... Je n'ai
pas compris ce qu'a dit le chef de l'Opposition. Je dis simplement, M. le
Président...
Le Président: S'il vous plaît! Un instant! Je
demande à tous les députés des deux côtés de
l'Assemblée, s'il vous plaît... Je demande aux deux
côtés de collaborer et d'écouter les questions et les
réponses. Si quelqu'un veut faire une intervention, je le prierais de
soulever une question de règlement ou de poser une question. Et
ça s'applique pour tout le monde. M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je dois signaler que le chef
de l'Opposition a fait, hier - il continue aujourd'hui - une violente sortie
contre le gouvernement parce qu'il politiserait la Caisse de
dépôt. J'ai le droit de lui dire qu'il y a des
précédents et que je ne crois pas que quelqu'un devient
inéligible pour occuper des fonctions à la Caisse de
dépôt parce qu'il a travaillé au sein d'un parti politique.
Alors, aujourd'hui, il dit que j'ai changé d'idée et que je n'ai
pas l'intention, que le gouvernement n'a pas l'intention de nommer M. Savard
comme vice-président. Alors, assumant que j'ai changé
d'idée, il conclut qu'il ne peut pas accepter, pour les mêmes
raisons que M. Saucier, le poste de membre du conseil d'administration. Sa
dialectique m'est incompréhensible. Parce que, si j'ai changé
d'idée, ce qui n'est pas le cas, je comprendrais la question du chef de
l'Opposition mais comme le gouvernement a procédé dans une
première étape, avec l'intention de nommer M. Savard comme
vice-président, la question du chef de l'Opposition n'est pas
pertinente. Elle est académique.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Je pose au premier ministre une question simple.
Pour respecter les considérations d'éthique que son
président a, lui, appliquées, M. Savard a-t-il
démissionné comme vice-président de Raymond, Chabot,
Martin et
Paré?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai communiqué avec M. Savard. Il a
l'intention d'accéder au poste que je lui ai offert, mais avec la
collaboration, évidemment, des dirigeants de la Caisse de
dépôt. Je demande au chef de l'Opposition de lire les articles 15
et 18 de la Loi sur la Caisse de dépôt. Il va comprendre le
processus qui va nous permettre, en assumant la collaboration de la Caisse de
dépôt, de nommer M. Savard et que, à ce moment-là,
tous les règlements, les lois et les règles d'éthique
seront respectés.
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, il est interdit aux
employés et aux dirigeants de la Caisse de dépôt de
participer à quelque campagne électorale que ce soit. M. Savard
a-t-il démissionné de son poste de financier, de trésorier
au fonds de la campagne électorale de M. Martin?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'espère bien que le chef de l'Opposition
présume que M. Savard a l'intention de respecter la tradition de la
Caisse de dépôt, des règlements de la Caisse de
dépôt et de la loi. La loi, M. le Président, je demanderais
au chef de l'Opposition - puisque nous parlons de la loi 2 - de voir si
lui-même l'a respectée, cette loi 2, pour ce qui a trait à
l'article 115. Je vois le député de Joliette, leader
parlementaire, qui paraît un peu songeur. Je lui demande à lui
aussi s'ils ont respecté l'article 115 de la Loi électorale sur
la transparence des contributions électorales. (14 h 20)
Avant de couper les cheveux en quatre, essayez donc d'examiner ce que
vous avez fait vous-mêmes, la loi 2, qui semble une loi perverse pour le
Parti québécois dans la mesure où ceux qui travaillent
pour son application deviennent des délinquants. Il me semble qu'on
devrait être unanimes là-dessus, sur le caractère
bienfaisant de cette loi 2, mais commencez donc par la respecter
vous-mêmes.
Le Président: Question complémentaire.
M. Parizeau: Les règlements de la Caisse prévoient
la non-participation à des campagnes électorales, M. le
Président, sous peine de destitution. Le premier ministre pourrait
peut-être y penser un peu et ne pas répondre de façon
frivole à la question que je lui pose. Est-ce que M. Savard s'est
retiré des opérations de financement de la campagne
électorale fédérale à la chefferie du Parti
libéral puisqu'il a été nommé à ce poste
hier? C'est oui ou c'est non?
Le Président: M. le premier ministre. Une voix:
...c'est dans sa tradition.
M. Bourassa: Je ne réponds pas d'une façon frivole,
je pense bien, à la question du chef de l'Opposition. C'est écrit
dans l'article 115, au 6e paragraphe: "Les renseignements visés au
paragraphe 3e du premier alinéa doivent être
présentés selon l'ordre alphabétique du nom de
l'électeur." Bon, d'accord, je ne dis pas que c'est une entrave ou que
c'est un manquement grave.
M. Chevrette: Question de règlement, maudit!
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Sur une question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas le contenu de
la réponse. Il y a bien des façons d'être frivole, c'est
quand on pose une question: Est-ce que, M. Savard... Le sens de la question en
vertu de l'article 79, la question est: Est-ce que M. Savard a
démissionné de son poste, oui ou non? Ce n'est pas par la
réponse, ayant l'article 115 de la loi 2... Ça ne regarde
même pas le sens de la question. C'est complètement contraire
à l'article 79. Je comprends qu'on l'a piqué avant et on lui a
dit: Réponds ça, et la cassette se met à rouler. Mais ce
n'est pas ça, la question. Ce n'est pas ça, la question.
Des voix: Bravo! Des voix: Wo!
M. Chevrette: Là, il y en a qui vont le trouver fin, fin.
Il a réussi à passer sa cassette, mais le monde aimerait savoir
exactement c'est quoi la réponse à une question précise et
intelligente.
Le Président: Évidemment... Un instant, M. le
premier ministre. Alors, l'article 79 dit que la question doit être
brève, se limiter au point qu'elle touche et ne comporter ni une
expression d'opinion ni argumentation. La présidence va écouter
effectivement la question mais je vais laisser répondre le premier
ministre. Quand même, je ne peux pas lui mettre les mots dans la bouche.
Il est libre de sa réponse. Et je vous rappelle également
qu'aucun rappel au règlement ne peut être fondé-
Une voix: 81.
Le Président: L'article 81 dit effectivement qu'aucun
rappel au règlement ne peut être fondé
sur l'opinion que la réponse à une question posée
est insatisfaisante. Je dois laisser la latitude au premier ministre. Je ne
peux lui mettre des paroles dans la bouche. Donc, je reporte le premier
ministre simplement à la question posée et lui demande d'y
répondre rapidement.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît.
M. Bourassa: m. le président, je dirai au leader
parlementaire de l'opposition que j'ai d'autres cassettes en réserve,
notamment pour ce qu'il a fait pour l'ingénieur piette.
Des voix: Ah!
Le Président: M. le premier ministre... Donc, je vais
rappeler l'article 32. On l'a déjà cité là, mais je
le rappelle à tous les parlementaires. Chaque député doit
être à sa place et, s'il veut la parole, il doit la demander et ne
pas s'approprier la parole inutilement. Donc, M. le premier ministre à
la question, s'il vous plaît.
M. Bourassa: M. Savard a démissionné lundi de la
campagne de M. Paul Martin et mercredi de sa firme comptable.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Parizeau: Enfin, je remercie le premier ministre d'avoir
cessé de lire le bottin du téléphone et d'arriver avec des
réponses un peu précises.
M. le Président, est-il exact, ainsi que certains journaux le
rapportent ce matin, que depuis ce matin M. Savard est à l'emploi de la
Caisse de dépôt?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai signé un arrêté en conseil
nommant M. Savard comme membre du conseil d'administration de la Caisse de
dépôt. Le chef de l'Opposition vient de mentionner qu'il prenait
la place, à toutes fins pratiques, de M. Saucier. Alors, il avait
l'information. Je ne comprends pas le sens de sa question. C'est la...
Le Président: Alors, une dernière question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse,
I mes questions sont très courtes comme vous le voyez... Une
voix: ...les préambules sont longs.
M. Parizeau: Mes questions sont très courtes.
M. Chevrette: Si c'était nous autres, tu serais
debout.
M. Parizeau: Je tire de ce que le premier ministre vient de dire
que M. Savard est donc, depuis ce matin, à l'emploi de la Caisse de
dépôt. Puisqu'il est assez inusité que quelqu'un soit
nommé membre d'un conseil d'administration et devienne employé le
lendemain - c'est tout à fait inusité - je voudrais demander au
premier ministre qui a embauché M. Savard? Est-ce le président de
la Caisse de dépôt? Est-ce le conseil d'administration de la
Caisse de dépôt? Qui a embauché M. Savard depuis ce matin?
Le rapport employeur-employé, comment joue-t-il? Qui a nommé M.
Savard employé de la Caisse ce matin?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Encore une autre contradiction du chef de
l'Opposition! Hier, il faisait un vibrant plaidoyer sur l'autonomie et
l'indépendance de la Caisse de dépôt. Je lui annonce
aujourd'hui - je l'ai annoncé d'ailleurs hier soir - parce que ça
relève du gouvernement, ça relève du Conseil des
ministres, qu'il a été nommé membre du conseil
d'administration de la Caisse de dépôt.
Il peut s'adresser, comme tout citoyen et davantage comme chef de
l'Opposition... D'ailleurs il peut être informé par des gens avec
qui il a travaillé, qui sont très compétents à la
Caisse de dépôt, sur les autres aspects de sa question. Moi, je
lui donne des réponses comme chef du gouvernement. Et, comme chef du
gouvernement, j'ai signé un arrêté en conseil selon lequel
il serait membre du conseil d'administration de la Caisse de
dépôt.
Le Président: Vous voulez une question additionnelle
à nouveau?
M. Parizeau: Oui, M. le Président.
Le Président: Alors, je vous en reconnais une
dernière, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Je m'excuse, c'a une certaine importance. C'est
simplement la plus grande institution qui gère nos épargnes au
Québec. Puis-je demander au premier ministre, puisque le conseil
d'administration de la Caisse n'est pas au courant, puisque, justement,
à la Caisse, on cherche à se renseigner et on ne sait pas qui a
embauché M. Savard... C'est normalement le ministre des Finances qui
doit répondre à ces questions et qui répond en Chambre,
mais il est en convalescence, alors je dois demander au premier ministre qui a
embauché M. Savard ce
matin. Mais qu'on nous le dise! On doit être capable de savoir qui
l'a embauché, quel mandat il a reçu et d'où ce mandat
vient
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je demande encore une fois au chef de l'Opposition,
je ne sais pas où il prend ses informations. Je reconnais quand
même, et j'en suis heureux, que maintenant il ne met plus en doute la
compétence de MM. Delorme et Savard parce que c'est quand même
ça qui est le principal critère. (14 h 30)
M. le Président, le chef de l'Opposition reconnaissait hier qu'il
était un excellent gestionnaire comme vice-président de la plus
importante firme francophone de comptables agréés au
Québec. Donc, au moins là-dessus nous sommes rassurés de
part et d'autre. Je lui répète - je ne sais pas où il
prend ses informations - que, comme chef de gouvernement, je peux lui dire
qu'il a été nommé comme membre du conseil d'administration
de la Caisse de dépôt. Pour les autres affirmations qu'il porte
cet après-midi, il peut s'informer comme n'importe quel citoyen.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, je peux vous
reconnaître une deuxième question principale. Je la
considère comme une deuxième question principale puisque je vous
ai reconnu six questions additionnelles là-dessus. Je comprends que
c'est un sujet important, mais nous avons déjà près de 19
minutes d'écoulées.
Donc, en deuxième question principale.
Ingérence politique à la Caisse de
dépôt et placement
M. Parizeau: Oui, M. le Président. Et ça me
permettra de faire un préambule.
M. le Président, l'ingérence politique à la Caisse
de dépôt, on a cherché et on a réussi à
l'éviter pendant 25 ans sous des gouvernements libéraux, d'Union
Nationale et du Parti québécois. La Caisse de dépôt
a eu des succès tout à fart remarquables, à la fois sur le
plan du rendement sur son actif au nom de tous les pensionnés du
Québec et sur le plan du développement économique du
Québec. Jusqu'à maintenant, jamais on n'avait politisé la
Caisse. Je demande alors au premier ministre s'il est conscient que ce qu'il a
fait avec la nomination de M. Savard est une ingérence politique
flagrante dans le fonctionnement de la Caisse?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je répondrai au chef de l'Opposition que son
affirmation est complètement sans fondement, fausse et on ne peut plus
partisane.
M. le Président, je ne vois pas en quoi, parce que si on a des
gens compétents, qui ont servi dans l'application de la loi 2, loi que
nous allons reconnaître en hommage à la mémoire de M.
Lévesque dans quelques instants, où au lieu d'être face
à face nous serons côte à côte, je ne vois pas en
quoi ceux qui contribuent à l'application de cette loi, qui est l'une
des lois dont on peut être le plus fiers au Québec, deviennent
inéligibles pour occuper des postes de responsabilité.
Je vois, M. le Président, dans l'attitude du chef de
l'Opposition, des affirmations qui frôlent le scandale.
Des voix: Oh, oh!
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, je pense que le premier
ministre a tout à fait raison. Mes affirmations ne frôlent pas,
cependant, le scandale, elles le dénoncent.
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo!
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le premier
ministre est conscient qu'après avoir hautement contribué
à démolir la réputation d'une de nos grandes institutions,
c'est-à-dire Hydro-Québec, il se prépare à faire la
même chose avec la Caisse de dépôt?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Si c'est un scandale de nommer à la Caisse de
dépôt un militant libéral qui a travaillé à
l'application d'une loi qui, comme je le disais tantôt, est l'une des
meilleures lois de l'histoire du Québec, pourquoi ce ne serait pas un
scandale d'avoir nommé l'ancien chef de cabinet de l'ancien ministre des
Finances? Pourquoi ce ne serait pas un scandale de nommer l'ancien chef de
cabinet du ministre de la Justice...
Des voix: Marc-André.
M. Bourassa: Marc-André Bédard? Pourquoi ce ne
serait pas un scandale de nommer l'ancien chef de cabinet de l'ancien chef de
l'Opposition?
Alors, on doit constater, M. le Président, que s'il y a scandale,
c'est bien partagé dans cette Assemblée nationale.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le, Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: m. le président, j'ai pensé
peut-être faire une question de privilège, mais on m'a dit: elle
ne sera pas acceptée. alors donc, j'y vais en complémentaire.
est-ce que le premier ministre est conscient que toutes les nominations dont il
vient de parler, c'est de lui comme premier ministre et sous son règne
qu'elles ont été faites?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Vous ne les avez pas dénoncées.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: II a pu y avoir des promotions qui ont
été faites sous le règne de mon administration, mais il ne
peut pas affirmer que ces gens-là n'ont pas été
nommés par son propre gouvernement à la Caisse de
dépôt, M. le Président.
Des voix: Oh!
Une voix: Assoyez-vous.
M. Bourassa: M. le Président...
Une voix: Calmez-vous un peu.
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président: S'il vous plaît!
Une voix: On va vous donner un exemple...
M. Bourassa: Oui, j'admets, dans le cas de M. Daniel
Paillée qu'il a été nommé par mon gouvernement.
Mais pourquoi - c'est la question que je pose au chef de l'Opposition - lorsque
nous nommons un membre qui a servi le chef de l'Opposition, ce n'est pas un
scandale et, quand on nomme un membre, un militant libéral qui a servi
une loi émérite, ça devient un scandale? C'est dans ce
sens-là, M. le Président, que j'ai répondu au chef de
l'Opposition.
Des voix:...
Le Président: Je vais vous inviter à aller
poursuivre votre discussion à l'extérieur. S'il vous plaît!
Si vous voulez faire une discussion justement, je vous invite à le faire
à l'extérieur. S'il vous plaît!
Alors, question additionnelle, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre est conscient que tous les
gens dont il vient de parler et à qui il a accordé ces promotions
étaient tous devenus des fonctionnaires et qu'aucun d'entre eux n'avait
jamais été responsable de ramasser des fonds pour leur
parti...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: ...auprès d'hommes d'affaires...
Des voix: Oh!
M. Parizeau: ...à qui ils auront maintenant à
consentir du financement?
Des voix: Oh!
M. Parizeau: II y a quand même une différence.
Le Président: Alors, sur une question de règlement,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. J'apprécierais
que la spontanéité soit égale. En ce sens que, lorsqu'on
entend des huées, à toutes fins pratiques, des genres de chaos
comme on en retrouve, peu normaux, absolument anormaux dans ce Parlement... Des
gens qui n'ont même pas le courage de leurs opinions en Chambre pour se
lever quand c'est le temps, se permettent de déranger sur des questions
de fond. Quand on parie d'intégrité à l'Assemblée
nationale, qu'on ait au moins le courage d'écouter si on n'a pas le
courage de s'ouvrir les yeux.
Des voix: Bravo!
Le Président: Effectivement, je rappelle l'article 32,
comme tantôt, à l'ensemble des députés et je demande
à tout le monde de contribuer au maintien du décorum et de
respecter la parole de tout député en cette Chambre. Alors, M. le
chef de l'Opposition, pour votre question, s'il vous plaît.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! Alors, à la
question du chef de l'Opposition. C'était terminé? Donc, M. le
premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, donc, le débat est
ramené à un point bien clair. Il s'agit de savoir s'il est
reprehensible de nommer des militants qui ont travaillé à
l'application de la loi 2 et s'il n'est pas reprehensible de nommer des gens
qui ont travaillé comme chefs de cabinets politiques et qui ont
contribué aussi à l'application de la loi 2, puisqu'on leur
demandait 1 %, si mon souvenir est bon.
Des voix: Ah! Ah!
(14 h 40)
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition sait
fort bien, et je vois que le leader parlementaire a une mémoire plus
fraîche à cet égard, qu'il y avait des directives du Parti
québécois pour que ces chefs de cabinets contribuent 1 % à
la caisse du Parti québécois.
Des voix:...
M. Bourassa: Alors, d'un côté, M. le
Président, c'est un scandale parce qu'on a travaillé à
l'application de la loi, mais ce n'est plus un scandale si on a
contribué directement, comme membre politique d'un cabinet. Est-ce que
le chef de l'Opposition se rend compte des contradictions? Est-ce que le chef
de l'Opposition se rend compte que, dans sa soif de gains partisans sur cette
question, il ternit la réputation de l'une de nos plus grandes
institutions? C'est ça, le but de ses questions, M. le
Président?
Le Président: Alors, en question principale, M. le leader
de l'Opposition.
Candidats recommandés par une firme
spécialisée
M. Chevrette: M. le Président, le premier ministre du
Québec est en train de nous expliquer que cette grande loi, cette noble
loi contre laquelle ils ont voté eux, les libéraux, en cette
Chambre-
Une voix: Oui! Oui!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II est en train de faire reconnaître tout le
bienfait de cette loi. Et le premier ministre pousse le culot jusqu'à
comparer une demande à nos chefs de cabinets politiques de donner selon
leur capacité. Il compare ça à des directives que Tommy
D'Errico donnait: Dans ton bureau d'ingénieur, c'est 3000 $ chaque. Il
essaie de comparer deux choses incomparables, M. le Président. Mais ma
question est la suivante. Le premier ministre hier, dans cette Chambre, disait:
Ça a été nommé à partir de leur
compétence à la suite de suggestions qui ont été
faites par des firmes spécialisées à cet égard. Ma
question est la suivante. Est-il exact que c'est le groupe Woods Gordon qui a
fait les recommandations et que M. Gareau vous a remis un rapport écrit?
Et est-il exact que le nom de M. Savard n'était même pas
recommandé?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je dis d'abord que M. Savard a été
nommé membre du conseil d'administration. Il n'est pas employé de
la Caisse de dépôt. Il est rémunéré à
titre de membre du conseil d'administration. Alors, ce que je dis au leader
par- lementaire, c'est que nous avons communiqué avec des firmes
spécialisées et nous avons examiné toute une liste de
noms. La décision qui a été prise de faire des
propositions à M. Savard a été prise en accord, notamment,
avec M. Gareau auquel se réfère le leader parlementaire de
l'Opposition. Alors, je lui dis que la décision n'a pas
été prise sans consulter cette firme spécialisée.
Je ne vois pas pourquoi l'Opposition essaie... Ça me rappelle les
efforts de l'Opposition, quelques jours avant l'élection, quand le
leader parlementaire avait convoqué deux journalistes, journalistes de
bonne foi, compétents, un de La Presse, l'autre de Radio-Canada.
D'ailleurs ce sont eux qui ont mentionné la nomination de M. Savard, il
y a deux jours. Ça me rappelle exactement ses efforts pour ternir la
réputation du Parti libéral, ternir la réputation de
militants libéraux. Mais ce qui est plus grave, M. le
Président...
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: ...en l'occurrence, c'est qu'il ternisse la
réputation de l'une de nos grandes institutions...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je vais demander la collaboration de l'Assemblée à
nouveau. Le président n'est pas un préfet de discipline. Le
règlement s'applique à tous les parlementaires. Je vous
rappellerai que le règlement a été voté par
l'ensemble des parlementaires de façon unanime. L'article 32 demande que
vous respectiez le décorum et respectiez le droit de parole de chacun de
ceux qui se lèvent et qui parlent quand ils ont reçu la parole du
président. Donc, prochaine question, y a-t-il une question
complémentaire, M. le leader de l'Oppostion.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Toujours dans le souci
de lui permettre de dire toute la vérité. Hier, à la
période de questions, le premier ministre, à la question que je
lui posais... Je lui demandais: Avait-il des avis légaux, oui ou non, en
sa possession? Le premier ministre a alors répondu: Nous ferons tout
ça dans la légalité. N'est-il pas exact que le premier
ministre a changé d'idée, M. le Président? Qu'il devait
nommer un vice-président aux opérations en scindant les
responsabilités?
Une voix:...
Le Président: C'est exactement le genre de remarque que je
réprouve. Je ne sais pas qui a fait ces remarques-là, mais je
vous assure que... S'il vous plaît! Je vous demande de respecter
l'article 32. M. le député de Laval-des-Rapides, s'il vous
plaît. Votre question, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Ma question est la suivante, M. le
Président: Vu que le premier ministre a changé d'idée hier
et qu'au lieu de procéder à la nomination du
vice-président aux opérations, il a dû, dans la
légalité - parce qu'il avait les avis légaux, d'autant
plus qu'il l'avait dit au chef de l'Opposition qu'il avait des avis
légaux ne lui permettant pas de faire et qu'il le ferait par
après... La décision qu'il a prise, hier, d'annoncer qu'il
était exclusivement membre du conseil d'administration, mais que dans
les faits, M. Savard est à l'ouvrage ce matin, M. le Président,
et que ça sera légalisé plus tard, n'est-ce pas exact
qu'on avait raison de lui dire qu'il avait des avis légaux, M. le
Président, comme il l'avait dit au chef de l'Opposition?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit hier au chef de
l'Opposition que tout serait fait dans le respect de la loi et des
règles de l'administration publique. Et c'est ce qui a été
fait. Nous commençons par la première étape. D'autres
étapes seront poursuivies. Tout ce qui a été dit hier,
toutes les accusations du chef de l'Opposition se révèlent
aujourd'hui sans fondement. Il a fait tout un tintamarre comme quoi M. Savard
s'occupait de la campagne de Paul Martin. Il avait démissionné.
Il a fait tout un tintamarre-Non, M. le Président... Je dis au chef de
l'Opposition... Il fait son travail de chef de l'Opposition avec une
élégance un peu discutable puisque l'intégrité de
personnes est mise en cause très injustement. Ce n'est pas nouveau de la
part du Parti québécois de salir gratuitement des
réputations. Ce n'est pas nouveau. Nous sommes habitués.
Ça ne nous a pas empêchés de gagner avec les trois quarts
des députés. Alors, ce que je dis au leader parlementaire, c'est
que nous avons suivi la procédure qui devait être suivie. Je
défie le leader parlementaire de l'Opposition de démontrer que
notre procédure est attaquable de quelque façon que ce soit.
C'est ça qui est l'enjeu actuellement du débat. Est-ce que, oui
ou non, nous avons respecté les lois et les règlements? Je le
défie de mettre son siège en jeu que nous ne l'avons pas
fait.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président...
M. Chevrette: En additionnelle, M. le Président. Ils en
veulent une.
Le Président: Non, non. J'ai reconnu... S'il vous
plaît. J'ai reconnu, en question principale, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
Engagement du premier ministre à ne rien signer
qui puisse affaiblir la portée de l'accord du lac Meech
M. Brassard: M. le Président, j'espère prendre
moins de temps pour obtenir des réponses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: M. le Président, à la suite d'un long
échange-Le Président: Un instant, un instant, je vais
parler moi aussi là-dessus. Je vais citer une dernière fois
l'article 32. Je vais le citer au long. Vous voulez prendre le temps de le
prendre, on va le prendre. "Les députés doivent observer le
règlement et contribuer au maintien du décorum de
l'Assemblée. "Ils occupent la place qui leur a été
assignée par le président, y demeurent assis et gardent le
silence à moins d'avoir obtenu la parole. "Ils doivent s'abstenir de
tout ce qui peut nuire à l'expression d'autrui ou au bon fonctionnement
de l'Assemblée." Ça s'applique à tous les parlementaires.
Si j'ai une remarque qui est irrégulière, ce n'est pas en y
répondant également de façon irrégulière
qu'on peut la corriger. Le point est fait et je demande à tout le monde,
s'il vous plaît, de respecter l'article 32 intégralement. Sinon,
j'aviserai, suivant l'article 42, les députés, chacun par leur
nom. En question principale.
M. Brassard: M. le Président, à la suite d'un long
échange ce matin avec le ministre des Affaires intergouvernementales
canadiennes, nous avons appris qu'au moins deux documents
fédéraux ont été étudiés et nous
avons surtout été étonnés d'apprendre qu'on avait
établi une espèce de cordon de sécurité autour du
premier ministre, une agence de tamisage, puisque ce dernier n'a jamais eu ces
documents entre les mains. C'est ce qu'affirmait le ministre ce matin, ce qui
est aberrant, d'ailleurs. Ce qui est aberrant puisqu'il s'agissait de
traductions juridiques du rapport Charest. Ce qui indique aussi jusqu'à
quel point le gouvernement fédéral a littéralement
lâché le Québec. (14 h 50)
Quant à une éventuelle déclaration politique, le
ministre, ce matin, a limité son contenu à l'établissement
d'un ordre du jour d'une deuxième ronde de négociations. Est-ce
que le premier ministre, à l'instar de son ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes, peut s'engager, avant d'aller à
Ottawa en fin de semaine à une conférence des premiers ministres,
à ce que le Québec ne signera pas une déclaration
politique qui, sans comporter d'amendement à l'accord lui-même,
aurait pour effet d'affaiblir
la portée de l'accord, notamment à l'égard de la
société distincte?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis heureux de
répondre au député de Lac-Saint-Jean et je suis heureux
que sa question vienne après que le leader parlementaire ne se soit pas
levé quand je l'ai défié de mettre son siège en
jeu.
Des voix: Ha, ha, ha!
Des voix: Ne dort pas susciter de débat.
Le Président: Sur un rappel au règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, l'article 79
s'applique-t-il au premier ministre? Oui ou non?
Le Président: L'article 79 s'applique à tous les
parlementaires qui doivent prendre la parole. En conséquence, l'article
79 dit très bien: La réponse doit être brève, se
limiter au point qu'elle touche et ne contenir ni expression d'opinion ni
argumentation et ne dort susciter aucun débat. Donc, M. le premier
ministre, je vous demande de répondre à la question posée
par le député de Lac-Saint-Jean.
M. Bourassa: M. le Président, je pensais que j'avais le
droit d'exprimer ma joie sur l'accord du leader parlementaire avec mon point de
vue.
Je réponds au député de Lac-Saint-Jean que j'ai
toujours dit que nous n'avions pas l'intention d'accepter quelque amendement
que ce soit qui puisse atténuer l'accord ou l'intégrité de
l'accord du lac Meech. Je comprends qu'à l'approche, possiblement, d'une
conférence fédérale-provinciale, c'est la dernière
fois très probablement, ou possiblement à tout le moins, que nous
discutons de cette question-là avant une telle conférence, si
elle a lieu. Je comprends très bien que l'Opposition peut jouer son
rôle de vigilance, mais je lui répète, pour la 100e fois,
qu'on n'a pas l'intention d'accepter quelque amendement qui pourrait
réduire la portée de l'accord du lac Meech. C'est ce que nous
disons constamment depuis plusieurs mois et ce sera la position
inébranlable du gouvernement du Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Je le savais déjà, mais ce n'est pas
ça que j'ai demandé. Ce n'est pas ça que je lui ai
demandé. Je lui ai demandé si, à l'instar de son ministre
ce matin, il était prêt à s'engager devant cette Chambre,
si on signait une déclaration politique à l'occasion d'une
conférence des premiers ministres, à ce que cette
déclaration politique ne comporte pas autre chose que l'ordre du jour
d'une deuxième ronde et, donc, qu'elle ne comporte pas non plus, pas des
amendements à Meech, mais simplement un texte qui, sans être un
amendement, aurait pour effet d'affaiblir la portée de l'accord du lac
Meech. Ce matin, le ministre a été clair: Pas d'amendement -
c'est bien évident; ça, on le savait depuis longtemps - mais,
également, pas de texte, pas de déclaration qui pourrait
être interprétée, sans être un amendement, comme
affaiblissant, amoindrissant la portée de l'accord du lac Meech.
M. Bourassa: M. le Président.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: C'est toujours ce que nous avons dit. Il y a des
documents de travail qui ont circulé entre les fonctionnaires. Certains
ont été examinés par les ministres responsables dans les
différentes provinces, mais il n'y a pas eu de texte officiel qui a
été formellement remis, dans mon cas à tout le moins, au
premier ministre du Québec. Je ne sais pas si ça a
été ainsi dans le cas d'autres premiers ministres.
Ce que je dis au député de Lac-Saint-Jean, nous n'avons
pas l'intention - et ça a toujours été l'attitude du
gouvernement - d'accepter quoi que ce soit, que ce soit un amendement ou non,
un texte qui aurait un effet équivalent à un amendement - je
pense que le député de Lac-Saint-Jean me suit; c'est ce que j'ai
dit, je crois, hier, à un groupe de journalistes - d'accepter des textes
qui auraient le même effet qu'un amendement. J'espère que,
là, j'aurai rassuré d'une façon définitive - je
vois que le chef de l'Opposition est rassuré-Une voix: Non, ce n'est pas
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Non. Ah! Ce n'est pas là-dessus.
J'espère que j'aurai au moins rassuré son collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, qui, malgré son amitié
renouvelée pour M. Lucien Bouchard, n'oublie pas sa
fidélité vis-à-vis du chef de l'Opposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, en complémentaire, M. le...
Alors, en question complémentaire, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, est-ce que le premier
ministre pourrait nous dire bien simplement qu'il ne sera prêt à
signer une déclaration politique que si elle ne comporte qu'un ordre du
jour d'une deuxième ronde? Pas autre chose, point à la ligne.
C'est ce que le ministre nous a dit ce matin. Est-ce que c'est ça aussi
la position du gouvernement, une déclaration politique, oui, mais
à la condition express qu'elle ne
comporte qu'un simple ordre du jour d'une deuxième ronde, pas
autre chose?
Le Président: Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu à cette
question-là à de très nombreuses reprises. Quand le
député de Lac-Saint-Jean ou le chef de l'Opposition plutôt
se posait des questions sur la définition du terme "paramètre",
je me souviens que le chef de l'Opposition était intrigué par
l'utilisation de ce terme de nature mathématique. Nous avons, de part et
d'autre, donné une définition qui, tout en se retrouvant dans le
même texte, ne semblait pas coïncider d'une façon absolue.
J'ai dit, à ce moment-là, qu'il était important pour nous,
par exemple, si on discute de la réforme du Sénat, parce qu'il
semble bien que la réforme du Sénat soit le sujet qui,
actuellement, paraît le plus diviser les provinces, que nous voulions
savoir ou être rassurés sur la capacité de fonctionner du
gouvernement fédéral. C'est quand même assez paradoxal
maintenant qu'il soit dans l'intérêt du gouvernement du
Québec de voir à ce que le gouvernement fédéral
puisse fonctionner efficacement. Je crois que le chef de l'Opposition est
d'accord avec cette approche. Il a toujours dit qu'il fallait que le
gouvernement fédéral soit en mesure de prendre des
décisions. Donc, c'est l'approche que j'avais mentionnée au
député de Lac-Saint-Jean. Mais cela étant dit, ni
directement ni indirectement, M. le Président, nous n'avons l'intention
et nous n'allons accepter quoi que ce soit, texte politique ou amendement, qui
affaiblirait l'accord du lac Meech tel que nous l'avons endossé le 23
juin 1987.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, c'est la fin de la période des
questions. Il n'y a pas de vote reporté. Est-ce qu'il y a consentement
à ce que nous procédions immédiatement aux avis touchant
les travaux des commissions? Il y a consentement. J'invite tous les
députés s'il vous plaît à écouter
attentivement. Exactement, M. le leader du gouvernement, ça concerne
tous les députés. Alors, je cède la parole au leader du
gouvernement pour les avis touchant les travaux des commissions.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: Alors, merci, M. le Président. J'avise
cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 15 h 30 à 18 heures et de 19
heures à 20 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission
de l'aménagement et des équipements complétera
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Environnement. De 15 h 30 à 18 heures et de 20 heures à 22
heures, à la salle Louis-Hippo-lyte-Lafontaine, la commission de
l'éducation complétera l'étude des programmes 1, 2, 3, 5
et 6 des crédits budgétaires du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
J'avise, de plus, que de 15 heures à 18 heures, à la salle
du Conseil législatif, la commission de l'économie et du travail
complétera sa consultation générale sur la situation et
les perspectives de l'énergie électrique au Québec. De 15
heures à 16 h 40, à la salle 1.38 de l'édifice
pamphile-lemay, la sous-commission de l'aménagement et des
équipements complétera l'étude des crédits
budgétaires du ministre délégué aux transports,
soit les programmes 3 et 4 du ministère des transports. de 20 heures
à 23 heures, à la salle du conseil législatif, la
commission de l'économie et du travail procédera à
l'étude des crédits budgétaires du ministre
délégué aux mines, sort le programme 10 du
ministère de l'énergie et des ressources.
J'avise également cette Assemblée que, vendredi le 1er
juin 1990, de 9 heures à 13 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements procédera à l'étude des programmes 1 et
5 des crédits budgétaires du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Demain toujours, vendredi le 1er juin, de 10
heures à 12 heures, à la salle 1.38 de l'édifice
Pamphile-LeMay la commission de l'éducation procédera à
l'étude de l'élément 1 du programme 2 ainsi que des
programmes 4 et 7 des crédits budgétaires du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. (15 heures)
De 10 heures à 12 h 30, à la salle du Conseil
législatif, la commission de l'économie et du travail
procédera, toujours demain, à l'étude des programmes 5
à 9 des crédits budgétaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources.
De 10 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 16 h 30, à
la salle louis-hippolyte-lafontaine, la commission des institutions
procédera à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de la justice.
De 13 heures à 17 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de la culture procédera à
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Communications; et, enfin, toujours demain, de 13 h 30 à 17 h 30,
à la salle du Conseil législatif, la commission de
l'économie et du travail procédera à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Travail.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il a
consentement pour déroger aux articles 145 et 143? Consentement?
Une voix: Pourquoi?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est parce que c'est
pendant les affaires courantes tout simplement que les commissions vont
commencer à siéger, M. le député. Est-ce qu'il y a
consentement, M. le leader? Consentement.
Aux motions sans préavis, Mme la ministre
des Affaires culturelles.
Félicitations à ceux qui oeuvrent
à la diffusion de la chanson française d'ici
Mme Robillard: M. le Président, je sollicite le
consentement de l'Assemblée nationale sur la motion suivante: "Que les
membres de cette Assemblée adoptent une motion de félicitations
pour tous ceux et celles qui oeuvrent dans le domaine de la chanson et de sa
diffusion et qui soulignent présentement, dans tout le Québec, la
fête de la chanson française d'ici."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Je
demanderais aux collègues qui doivent se rendre dans les commissions
parlementaires de s'y rendre très rapidement parce que nous sommes
actuellement à étudier une motion très importante. Je
cède la parole à la ministre des Affaires culturelles sur sa
motion. Mme la ministre.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: M. le Président, la Semaine de
sensibilisation à la chanson française d'ici qui se
déroule présentement dans tout le Québec est un moment
privilégié pour saluer les efforts de tous les artistes et
intervenants de ce secteur d'activité, l'un des plus dynamiques de notre
vie culturelle. Depuis le 27 mai, et ce, jusqu'au 3 juin prochain, les
célébrations de la fête de la chanson française
d'ici sont l'occasion de rendre hommage à ceux et celles qui, tout au
long de l'année, investissent leurs talents et leurs moyens pour faire
de notre chanson française l'une des manifestations artistiques qui
expriment le mieux l'affirmation de notre spécificité culturelle.
La diversité et la richesse de cet art...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Chers collègues, je vous demanderais votre
attention. Pour ceux qui ont des discussions, il y a des salons qui sont ici
pour ça. Je m'excuse de vous avoir dérangée, Mme la
ministre, et je vous cède la parole, s'il vous plaît.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Je disais donc que
la diversité et la richesse de cet art qu'est la chanson sont en grande
partie tributaires de ceux qui, à la source même, la
créent: les musiciens, les paroliers et les auteurs. Son rayonnement est
rendu possible par ceux qui la communiquent et la diffusent: les artistes, les
producteurs, les réalisateurs, les techniciens, les agents de
représentation, les disquaires et les diffuseurs. Ces intervenants
jouent un rôle clé à l'effervescence et au
développement de ce qu'il est convenu d'appeler, à juste titre,
l'industrie du disque et du spectacle.
La raison d'être de la chanson française d'ici, c'est le
large public québécois qui le lui rend, ce public qui la soutient
jour après jour, ce public fortement sollicité par des musiques
et des paroles d'expression étrangère. À l'heure actuelle,
des opérations sans précédent pour encourager la
participation du public, des gens d'affaires et du monde étudiant sont
présentement réalisées à travers tout le
Québec, dans le cadre de cet événement qu'est la
fête de la chanson française d'ici.
Participer à la célébration de la force et de la
vitalité de notre chanson fait appel à ce que nous nous
efforcions tous et chacun à reconnaître cette forme d'expression
artistique comme un des maillons importants de notre identité collective
et de son développement culturel. Plus de 9500 cadres et dirigeants
d'entreprises ont été sollicités afin qu'ils puissent, au
sein de leur milieu respectif, souligner et promouvoir la qualité de la
musique et de la parole d'ici. Plus de 45 radios étudiantes et autant de
médias de la presse écrite de ce milieu assurent, au moment
où l'on se parle, à plus de 163 000 de ces étudiants de
tout âge d'exprimer leur appui à la chanson française
d'ici.
À un moment de notre histoire particulièrement
révélateur de notre spécificité culturelle, il
importe d'affirmer et de promouvoir ce qui caractérise et nous
distingue. Cette semaine de conscientisation à la chanson
française d'ici y contribue. Elle permet de mieux sensibiliser le public
au produit québécois, d'encourager la consommation de disques et
de spectacles et de créer une attitude positive face à la
production d'ici au Québec.
L'expression de la chanson française d'ici nous
différencie dans notre quête d'identité culturelle. Nos
artistes, M. le Président, agissent un peu à la manière de
phares, nous devançant et nous éclairant sur la route à
venir. Il importe de le reconnaître et de leur rendre hommage en cette
Semaine de la chanson française d'ici.
Nos intérêts rejoignent notre conviction de l'importance de
promouvoir cet élément majeur de notre culture qu'est la chanson
française d'ici, de la soutenir comme moyen d'expression populaire et
médiatique en s'associant à des manifestations telles que la
semaine de sensibilisation initiée par l'Association de la radio et de
la télévision de langue française.
Le ministère que je représente veut donc confirmer
l'intérêt qu'il porte à ce secteur d'activité
important de notre vie culturelle. Nous avons participé, à l'aide
de notre programme d'aide aux arts de la scène et aux industries
culturelles, à la production et à la réalisation, en
1989-1990, de plus de 60 albums, disques et
cassettes et 45 vidéoclips. Nous souhaitons donc que les
activités de promotion de la Semaine de la chanson française
d'ici soient l'occasion de nombreuses découvertes et d'enrichissement
personnel et culturel pour le plus large public possible.
M. le Président, je demande donc que soit adoptée cette
motion de félicitations pour tous les artistes, intervenants,
travailleurs et travailleuses du secteur de la chanson, du disque et du
spectacle et pour tous ceux et celles qui favorisent le rayonnement de la
chanson française d'ici dans le cadre de la semaine de sensibilisation,
y compris le large public qui la supporte si bien. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): merci, mme la
ministre. je reconnais maintenant le prochain intervenant, m. le
député de sainte-marie-saint-jacques.
M. Boulerice: Oui. Mais, avant, une question de privilège,
M. le Président. Je suis désolé qu'il n'y ait pas eu
quorum pour écouter Mme la ministre. Vous pouviez le
vérifier.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une demande de
vérification du quorum. Je vais vérifier, M. le
député. Qu'on appelle les députés, s'il vous
plaît.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous pouvez
poursuivre.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je vous remercie. C'est
effectivement avec beaucoup de joie que je m'associe à ma
collègue, députée de Chambly et ministre en titre des
Affaires culturelles, pour célébrer cette Semaine de la chanson
française, mais chanson française d'ici, il va de soi,
organisée par l'Association canadienne de la radio et de la
télévision de langue française, en collaboration,
forcément, avec le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral canadien et ceci, pour sa quatrième
édition.
Cette année, c'est sous le signe de la grenouille - et
j'espère que c'était sans mauvaise intention, puisque dans bien
des provinces on a invoqué les "frogs" - cette année, c'est sous
le signe de la grenouille que la semaine destinée à la promotion
de la chanson française se déroule. Les organisateurs tentent, et
avec un succès certain, M. le Président, par différentes
activités et surtout par la diffusion plus abondante de chansons
françaises d'ici, de sensibiliser les partenaires des milieux culturels,
ceux du monde des affaires, ainsi que la population générale
à l'importance du développement et de l'épanouissement de
la chanson française. (15 h 10)
On sait fort bien que notre chanson française d'ici a une
audience qui est très large, autant sur notre territoire national que la
chanson française d'ici peut en avoir à l'intérieur des
pays de la francophonie. La France ne découvre-t-elle pas, et surtout
les jeunes Françaises, Roch Voisine? Ne découvre-t-elle pas,
cette France, bien d'autres jeunes chanteurs québécois qui
s'illustrent, comme Luc de La Rochelière, et je ne citerai que
ceux-là? Je m'en voudrais, pour ce qui est de la radiodiffusion de la
chanson française, M. le Président, de ne pas souligner un
événement marquant survenu il y a quelques jours à peine,
à Montréal, qui a été, finalement, l'installation
sur le toit du Stade olympique de l'antenne de CIBL-FM qui est la seule station
à Montréal entièrement de langue française et qui,
pour le bénéfice de ceux qui l'écoutent et qui aimeraient
nous capter, a, comme numéro sur la bande MF, le numéro
merveilleux de 101,5.
Il va de soi, M. le Président, que notre collectivité doit
faire un effort qui est particulier pour assurer la plénitude de notre
chanson. En effet, et Mme la ministre avait raison, la géographie nous
met en relation avec un marché anglophone toujours plus puissant qui
tente de s'imposer davantage, mais qui ne le fait pas d'une façon
impérialiste dans un sens parce qu'ils ont, eux, d'abord et avant tout,
développé des habitudes de consommation domestique. C'est
ça qui fait leur force et c'est malheureusement l'absence d'une telle
volonté chez nous qui fait notre faiblesse.
La décision prise par le conseil de la radio et
télévision canadienne il y a quelques mois d'imposer aux radios
francophones du Québec le retour à 65 % de contenu francophone
dès septembre prochain est donc très raisonnable à mon
point de vue. De tels règlements sont nécessaires et
indispensables dans le contexte pour assurer le développement de la
chanson québécoise. Il va de soi, M. le Président, qu'un
Québec avec la plénitude de ses pouvoirs n'aura plus à
quémander à un organisme étranger de telles mesures. Je
crois qu'une haute autorité québécoise de l'audiovisuel y
verrait de façon très attentive.
Toutefois, M. le Président, les règlements ne pourront
jamais à eux seuls contribuer à assurer la qualité du
produit québécois. Pour cela, il faut surtout compter sur
l'injection de crédits suffisants destinés à encourager la
production de disques et tout le monde sait que la production de disques, la
vente et la promotion ne sont pas réalistes si elles ne sont pas
assorties maintenant de ce qu'on appelle le "clip vidéo" et de
spectacles, les véhicules, donc, par excellence, de la chanson
française.
M. le Président, une députée du parti
ministériel me disait tantôt qu'une motion de félicitations
ne devait pas être l'objet de reproches. Je ne partage pas son propos. Il
est beau et bon, M. le Président, de célébrer nos
artistes, de leur donner cette amicale claque dans le dos,
pour ne pas dire tape, mais ça ne doit pas nous empêcher,
M. le Président, de voir la réalité en face.
M. le Président, tout en empruntant à La Fontaine que la
cigale libérale ayant chanté durant cinq étés
consécutifs, à l'automne se retrouva fort dépourvue
puisque le 1 % ne fut point obtenu, le gouvernement du Québec doit donc,
M. le Président, au-delà de s'impliquer à coups de quelque
70 000 $ par année pour la fête de la chanson française
d'ici, ce qui est bon, mais insignifiant dans un budget, aller de l'avant avec
sa promesse du 1 %. Tous les artistes, tous les auteurs, tous les producteurs,
M. le Président, attendent impatiemment que le gouvernement
libéral se mette à l'oeuvre et non pas continue le chant de la
cigale.
M. le Président, à tous ces chanteurs et chanteuses, ces
compositeurs et compositrices, producteurs et productrices que l'on trouve,
d'ailleurs pour une très grande partie, à l'intérieur de
l'ADISQ, j'offre, effectivement, les meilleurs voeux de l'Opposition à
l'occasion de cette semaine. J'offre également des voeux particuliers
à ces artistes, non pas de la relève puisque notre grand barde
national, Gilles Vigneault, n'aime pas le mot "relève". Vigneault
répond toujours: La relève, mais est-ce qu'il y a quelqu'un qui
est tombé? Et non! Personne n'est tombé puisque c'est la chanson
française d'ici, et je me le faisais avouer par des amis
européens, c'est la chanson française d'ici qui a
revalorisé la chanson francophone dans son ensemble.
Donc, j'offrirais aussi des voeux particuliers non pas à la
relève, parce que au Québec on n'est pas tombé, mais
surtout à la continuité, à ces jeunes femmes et ces jeunes
hommes qui cherchent à embrasser cette carrière merveilleuse.
À ceux-là, je dis: Patience et persévérance,
puisque vous allez vers un beau métier pas tellement facile, semé
d'embûches, mais qui vous permettra, effectivement, d'exprimer les
réalités, de souligner la vie quotidienne des
Québécois et des Québécoises à travers ces
mélodies merveilleuses que vous composerez, que d'autres mettront en
musique, qu'un producteur va produire - si vous me permettez le
pléonasme - qu'un distributeur va distribuer, qu'un acheteur va acheter,
qu'un radiodiffuseur va diffuser. Et finalement, cette chanson française
d'ici, partie intégrante de notre culture et surtout un des
éléments moteurs de cette industrie culturelle qui est la
nôtre avec des retombées importantes, va continuer de
s'enrichir.
M. le Président, je vous remercie et, de nouveau, bonne chance
pour cette Semaine de la chanson française qui se termine dans quelques
jours, mais en espérant que nous n'ayons plus à
célébrer une semaine de la chanson française, mais que ce
soient 52 semaines de la chanson française au Québec qui soient
la réalité de demain. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je reconnais maintenant M.
le député de D'Arcy-McGee. M. le député.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. La chanson
française d'ici est précisément le genre de concept qui
nous permet non pas de créer une polémique linguistique, mais bel
et bien de réaliser et de souligner la beauté et la richesse de
la chanson française. Un bon nombre de chansonniers et d'artistes connus
internationalement viennent de chez nous. La France n'a aucunement le monopole
de la chanson française. Mais je dois rappeler à cette Chambre
que notre belle province n'a pas, elle non plus, le monopole de la chanson
française au Canada. Lorsqu'on parle de la chanson française
d'ici, il y a une tendance à tenir pour acquis que le terme "d'ici" se
réfère nécessairement au Québec. Mais j'aimerais
ponctuer ce moment de mon intervention en disant que la chanson
française d'ici est en très bonne santé dans presque
toutes les régions de notre pays.
Je ne peux pas nommer tous les artistes qui oeuvrent dans le domaine de
la chanson française, cependant j'aimerais en nommer quelques-uns qui
jouissent d'une réputation internationale. Roch Voisine et Edith Butler,
bien qu'ils aient un style et un auditoire différents, sont des artistes
très bien connus, ayant leurs racines dans l'Est du pays. Daniel Lavoie,
le "rocker" fransaskois en est un autre qui nous rend fiers et qui continue
à faire des ravages sur la scène internationale. Le groupe Hart
Rouge est l'expression même de la fierté des Franco-Manitobains.
Ce groupe, composé de trois soeurs et un frère,
possède une réputation qui dépasse les
frontières de notre pays. Aussi, la Franco-Albertaine Josée
Lajoie, qui a récemment gagné le concours du Festival de la
chanson de Granby.
Ce ne sont que quelques-uns parmi tant d'autres qui nous
démontrent que, dans notre pays, les deux cultures ne sont pas seulement
possibles, mais deviennent de plus en plus le souhait d'une population qui,
au-delà du grabuge des négociations constitutionnelles et de
l'hystérie médiatique, est désireuse de maintenir la
dualité qui fait de ce pays l'envie véritable de toute la
communauté internationale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Alors, est-ce que la motion proposée par la
ministre des Affaires culturelles, intitulée comme suit: "Que les
membres de cette Assemblée adoptent une motion de félicitations
pour tous ceux et celles qui oeuvrent dans le domaine de la chanson et de sa
diffusion et qu'ils soulignent présentement dans tout le Québec
la Fête de la chanson française d'ici" est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce
qu'il y a des renseignements sur les travaux de l'Assemblée? M. leader
adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Alors, M. le
Président, ceci met fin à nos travaux pour cette semaine.
Étant donné que la semaine prochaine, on sera déjà
rendu en juin, on entreprendra donc les travaux dès lundi. Je fais
motion dans ce sens-là, M. le Président, d'ajourner nos travaux
au lundi 4 juin, à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion du
leader adjoint du gouvernement pour ajourner les travaux de cette
Assemblée au lundi 4 juin à 14 heures est adoptée? Est-ce
qu'il y a consentement.
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors la
motion est adoptée. Les travaux de cette Assemblée sont donc
ajournés au lundi 4 juin, à 14 heures.
(Fin de la séance à 15 h 21)