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(Dix heures six minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, s'il
vous plaît.
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
En demandant l'attention de tous les députés, nous allons
entreprendre les affaires courantes. Il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. Mme la ministre de l'Énergie et
des Ressources.
Rapport annuel de SOQUIP
Mme Bacon: Oui, M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel 1989-1990 de SOQUIP.
Le Président: Document déposé. Est-ce qu'il
y a d'autres dépôts de documents? M. le leader du gouvernement, au
nom du ministre du Travail.
Rapport annuel de la Régie des entreprises de
construction du Québec
M. Pagé: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport annuel de la Régie des entreprises de
construction du Québec, pour l'année financière 1989 se
terminant le 31 mars dernier.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de
la commission de l'économie et du travail...
M. Pagé: M. le Président.
Le Président: ...et député de Laval...
Excusez-moi. Oui, M. le leader du gouvernement, un autre document, je
m'excuse.
Rapport d'activités de la Commission de la
construction du Québec
M. Pagé: toujours au nom du ministre du travail, qu'il me
soit permis de déposer le rapport d'activités de la commission de
la construction du québec, toujours pour le même exercice
financier.
Le Président: Ce rapport est également
déposé. Je vous remercie.
Au dépôt de rapports de commission, M. le président
de la commission de l'économie et du travail et député de
Laval-des-Rapides.
Étude détaillée du projet de loi
75
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail
qui a siégé les 12, 13 et 14 juin 1990, afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 75,
c'est-à-dire Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux. Le projet de loi n'a pas été
adopté.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions. M. le député de
Gouin.
Surseoir à la fermeture du bureau de
Radio-Québec en Gaspésie
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 724 pétitionnaires, citoyens et citoyennes de la
région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant
l'importance de Radio-Québec en tant que véhicule
privilégié de la réalité culturelle du
Québec; "Considérant que cette réalité culturelle
est constituée de plusieurs composantes culturelles régionales;
"Considérant que la région de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine se doit d'être présente dans l'univers
culturel de l'ensemble des Québécois et
Québécoises; "Considérant que la fermeture du bureau
régional de Radio-Québec, en Gaspésie, attaque directement
la présence de la région de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine dans cet univers culturel et, par conséquent,
risque de déformer la vision des réalités culturelles du
Québec offerte à l'ensemble des Québécois et
Québécoises l'intervention réclamée se
résume ainsi: "Que l'Assemblée nationale intervienne
auprès de la ministre des Communications afin qu'elle demande au conseil
d'administration de Radio-Québec de surseoir à sa décision
de fermer le bureau régional de Radio-Québec en
Gaspésie".
Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, cette pétition est
déposée. M. le député de Drummond.
Maintien intégral des principes
d'égalité entre époux
M. St-Roch: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
3954 pétitionnaires, membres de l'Association féminine
d'éducation et d'action
sociale avec l'appui confirmé de la Confédération
des organismes familiaux du Québec, de l'Association des femmes
collaboratrices et des 30 000 membres de l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale AFEAS".
Les faits invoqués sont les suivants: "Nous réaffirmons
notre appui à la constitution d'un patrimoine familial composé de
biens désignés dont la valeur est partageable à part
égale entre les époux."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous
demandons à l'Assemblée nationale et au gouvernement du
Québec de continuer à soutenir les principes
d'équité et d'équilibre qui ont prévalu lors de
l'adoption de la Loi favorisant l'égalité des époux et
nous réclamons donc le maintien intégral des principes de cette
loi".
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Mme la députée de Chicoutimi.
Réduire les heures d'ouverture des commerces et
assurer la protection du dimanche
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'ai l'honneur de déposer l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale par 472
pétitionnaires, travailleurs et travailleuses, commerçants et
commerçantes des Provi-soir du Québec. "Considérant que
les signataires sont contre l'ouverture des commerces le dimanche, et
l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale du Québec amende le projet de loi 75 sur
les heures d'affaires tel que présenté par le gouvernement en
demandant au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie de
réduire les heures en semaine et de s'assurer dans les faits la
protection du dimanche tel que proposé par la Coalition".
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 275 pétitionnaires, travailleurs et travailleuses,
commerçants et commerçantes du centre-ville de
Saint-Jérôme.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que les
signataires sont contre l'ouverture des commerces le dimanche, et
l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale amende le projet de loi 75 sur les heures
d'affaires tel que présenté par le gouvernement en demandant au
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie de réduire les
heures en semaine et d'assurer, dans les faits, la protection du dimanche, tel
que proposé par la Coalition." Je certifie que cet extrait est conforme
aux règlements et à l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 156 pétitionnaires, travailleurs et travailleuses,
commerçants et commerçantes du Québec. Les faits
invoqués sont les suivants: "Considérant que les signataires sont
contre l'ouverture des commerces le dimanche", l'intervention
réclamée se résume ainsi: "Que l'Assemblée
nationale du Québec amende le projet de loi 75 sur les heures
d'affaires, tel que présenté par le gouvernement, en demandant au
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie de réduire les
heures en semaine et d'assurer, dans les faits, la protection du dimanche, tel
que proposé par la Coalition." Je certifie que cet extrait est conforme
au règlement et à l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Réfection de la route Lagueux
réclamée
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 1533 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes du Québec, dont 314 de Saint-Étienne-de-Lauzon. Les
faits invoqués sont les suivants: "Considérant qu'au cours des
dernières années, la route Lagueux a été le lieu de
plusieurs accidents graves; "Considérant que la route Lagueux a
été identifiée comme l'un des sites dangereux du
réseau routier de la MRC des Chutes-de-la-Chaudière;
"Considérant que la chaussée de cette route est en outre dans un
état déplorable, ce qui est susceptible de créer des
dommages aux véhicules et ajoute aux problèmes de
sécurité; "Considérant que, malgré les
démarches entreprises par la corporation municipale auprès du
ministère des Transports du Québec, les travaux de
réfection tardent à être décrétés",
l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale du Québec accorde au ministère des
Transports du Québec les crédits suffisants pour
l'exécution des travaux de réfection de la route Lagueux." Je
certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Maintenant, Mme la députée de Taillon.
Réduire les heures d'ouverture des commerces et
assurer la protection du dimanche
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 883 pétitionnaires, travailleurs et travailleuses,
commerçants et commerçantes de la région de
Montréal. Les faits invoqués sont les suivants:
"Considérant que les signataires sont contre l'ouverture des commerces
le dimanche", l'intervention réclamée se résume ainsi:
"Que l'Assemblée nationale du Québec amende le projet de loi 75
sur les heures d'affaires, tel que présenté par le gouvernement,
en demandant au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie de
réduire les heures en semaine et d'assurer, dans les faits, la
protection du dimanche, tel que proposé par la Coalition." Je certifie
que cet extrait est conforme au règlement et à l'original de la
pétition, M. le Président.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. M. le député de Bertrand.
Permettre l'ouverture des fruiteries ie
dimanche
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 1000 pétitionnaires, citoyens et citoyennes de
Boucherville.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que
plus de 90 % des revenus des fruiteries proviennent de la vente de produits
périssables; "Considérant que le commerce des fruiteries exige un
approvisionnement quotidien qui peut comporter plusieurs arrivages;
"Considérant que la minutie, la manipulation fréquente et
délicate qu'exigent les produits périssables des fruiteries les
oblige à une flexibilité dans le nombre d'employés requis;
"Considérant que les fruiteries du Québec sont un important
débouché pour les producteurs maraîchers locaux du
Québec; "Considérant que les fruiteries emploient un grande
nombre de jeunes et d'étudiants; "Considérant que l'ouverture des
fruiteries le dimanche ajoute à la qualité de vie des
Québécois et reçoit l'appui de plus de 78 % des
Québécois consultés par IQOP."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale intervienne auprès du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie afin qu'il amende le projet de
loi 75 sur l'ouverture des commerces le dimanche, conformément aux
recommandations formulées par l'Association provinciale des fruiteries
du Québec."
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je vous avise qu'après la période de questions il y aura
deux votes reportés: le premier sur la motion de ministre de la
Santé et des Services sociaux proposant l'adoption du principe du projet
de loi 42, Loi modifiant la Loi sur l'assurance-maladie et la Loi sur la
Régie de l'assurance-maladie du Québec; le deuxième sur la
motion de Mme la ministre déléguée à la Condition
féminine et ministre responsable de la Famille proposant l'adoption du
principe du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
à l'enfance.
Nous allons maintenant passer à la période de questions et
réponses orales des députés. Je vais reconnaître, en
première question principale, M. le député de
Lévis.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Recrutement du personnel occasionnel au
ministère des Transports
M. Garon: M. le Président, le ministre
délégué aux Transports a admis, la semaine
dernière, que les fiches de recrutement et de sélection du
personnel occasionnel au ministère des Transports sont acheminées
et centralisées à son cabinet politique.
Il disait textuellement alors: Cette information est effectivement
colligée à l'intérieur de mon cabinet afin d'en
transmettre l'information auprès de la deputation qui, à juste
titre, comme on le mentionnait tantôt, doit obtenir de l'information sur
l'état du dossier d'un commettant. C'était le travail que M.
Bourassa effectuait.
On voit, dans les journaux de fin de semaine, notamment dans La
Presse de samedi, que le secrétaire de la Commission d'accès
à l'information, Me André Ouimet, conteste ce droit du ministre
des Transports de colliger des renseignements confidentiels à partir des
applications que les individus, les personnes font pour postuler des emplois
et, encore plus, il va sans dire, d'utiliser ces renseignements-là pour
les acheminer au bureau de comté de député où il
voit carrément violation de la loi sur l'accès à
l'information. M. le Président, comment le ministre concilie-t-il ce
fait avec la politique officielle de son ministère relative à
l'embauche du personnel occasionnel, qui oblige une décentralisation
dans la région et les bureaux de districts, là où
devraient se prendre les décisions finales d'embauché? Et,
comment peut-il expliquer qu'il compile toutes ces données-là
dans son cabinet pour demander des renseignements ensuite dans des bureaux de
députés, plutôt que d'attendre que les
députés lui demandent des renseignements concernant des individus
en particulier?
Le Président: M. le ministre délégué
aux
Transports.
M. Vallières: M. le Président, dans son
préambule, le député de Lévis fait parler le
secrétaire de la Commission, M. Ouimet, par l'intermédiaire d'un
article de journal. Je laisse les commentaires du député de
Lévis, je laisserai le député de Lévis vivre avec
son introduction à la question qu'il vient de faire en lui indiquant
que, évidemment je ne partage pas son entrée en
matière.
Pour ce qui est de la question précise du député de
Lévis, j'ai déjà eu l'occasion, la semaine
dernière, de donner toute une série d'informations sur le
processus d'embauché qui est suivi à l'intérieur du
ministère pour les employés occasionnels. Et, M. ie
Président, j'ai été très précis en indiquant
que le processus vise à ce que le gestionnaire local, le gestionnaire en
région prenne la décision sur l'embauche de ses employés
occasionnels. J'ai indiqué également que la procédure qui
est prévue dans la directive 161000 émanant du Conseil du
trésor était intégralement respectée.
J'ai également indiqué au député de
Lévis que pour ce qui est de l'usage qui a été fait d'un
document qui circulait à l'interne dans mon ministère,
l'employé qui en a fait l'usage a été remercié de
ses services. J'espère que c'est suffisamment clair pour informer
adéquatement le député de Lévis sur sa
question.
Le Président: Question complémentaire.
M. Garon: Est-ce que le ministre pense sincèrement que le
public a cru que c'est un documentalisme qui a établi un système
de renseignements... (10 h 20)
Le Président: Un instant, M. le député de
Lévis. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Seulement, M. le Président, pour
prévenir le député de Lévis que le respect
intégral du règlement commande qu'il ne peut demander d'opinion
et il doit se limiter, dans sa question additionnelle, à formuler une
question complémentaire, sans préambule. Faites-le comme
ça, ça va bien aller, vous allez avoir toutes les
réponses.
Le Président: Alors, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Oui, il est évident que la question de mon
collègue de Lévis était très conforme au
règlement puisqu'elle commençait sous forme interrogative et
qu'elle ne laissait place à aucun débat ici. Le débat,
c'est dans l'opinion publique qu'il a lieu en disant que ça ne se peut
pas, se faire conter, ce qu'on est en train de se faire conter. C'est là
qu'est le problème.
Le Président: Évidemment, la dernière
remarque, vous le savez fort bien, n'était pas pertinente à votre
question de règlement. Mais simplement, je vous demanderais, M. le
député de Lévis, de poser une question, mais en vous
mettant en garde que l'article 77 dit bien que les questions ne peuvent viser
à obtenir un avis professionnel ou personnel. Votre question semblait
suggérer une demande au ministre, son avis sur un sujet donné.
Alors, allez à votre question, s'il vous plaît.
Des voix:...
Le Président: Non. Nous allons l'écouter jusqu'au
bout et nous pourrons juger si elle est recevable.
M. Garon: M. le Président, ce que j'ai demandé:
Est-ce que le ministre a vraiment cru que le public a cru qu'un documentaliste
a établi la politique à son ministère, dans son cabinet,
de renseignements concernant les employés qui postulaient des emplois
occasionnels dans les différentes régions? Est-ce que le ministre
peut donner une explication comme quoi la politique d'embauché des
employés occasionnels au ministère des Transports est
décentralisée dans les régions et les districts, mais
qu'en même temps, les fiches des personnes qui postulent des emplois sont
acheminées et centralisées à son cabinet? Peut-il donner
une explication qui est plus plausible que ce qu'il nous a dit jusqu'à
maintenant?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Transports.
M. Vallières: M. le Président, si j'avais plus de
temps, je citerais Machiavel, ce matin, pour parler du député de
Lévis; il parlait de trois sortes de cerveaux. Et j'aurai l'occasion,
peut-être en d'autres circonstances, de le faire. M. le Président,
je veux indiquer qu'à ce jour...
Des voix: ...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Vallières: ...comme premier gestionnaire au sein du
ministère des Transports, je veux indiquer au député de
Lévis que les informations qui me sont transmises sur les
employés occasionnels, je veux le répéter, les postulants
aux postes d'occasionnels, servent à donner quelques indications
à certains députés qui nous demanderaient de l'information
là-dessus. Et j'en prends...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Vallières: ...à témoin les nombreux
députés en cette Chambre, dont les députés de
l'autre côté de la Chambre qui, à l'occasion, ont besoin
d'informations sur l'état de certains dossiers. Je pense que ça
prend un minimum d'instrumentation à l'intérieur d'un cabinet
pour pouvoir y travailler.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Vallières: Si ça vous intéresse, je peux
même indiquer, à l'époque du Parti québécois,
certaines coutumes, certaines pratiques qui étaient utilisées par
des attachés politiques et qui étaient drôlement plus
impliquantes, drôlement plus compromettantes pour un gouvernement.
Des voix: Ah! Des voix: Oh!
Le Président: Alors, évidemment, la période
de questions est pour des demandes d'informations. Ceux qui ont des questions,
je vous prierais, au lieu d'aller directement en interpellant, de vous lever et
de demander une question additionnelle. Je vais reconnaître M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le ministre nous
affirme qu'il bâtit des listes, actuellement, à partir des
personnes qui postulent des emplois dans les différents districts de son
ministère et qu'il compile toutes ces listes-là dans son cabinet
au cas où des députés lui demanderaient des renseignements
concernant tel individu qui a fait application dans tel district, pour savoir
s'il a des chances d'avoir l'emploi?
Deuxièmement, est-ce qu'il pense ou il affirme qu'il a le droit
de bâtir ces listes, contrairement à la Loi d'accès
à l'information qui, justement, interdit cela?
Le Président: M. le ministre.
M. Vallières: M. le Président, j'ai
déjà largement étayé ma réponse la semaine
dernière aux questions du député de Lévis. Je veux
juste, pour sa gouverne, également lui indiquer, même si je ne
partage pas la façon dont le documentaliste s'est servi de documents qui
circulaient à l'interne chez nous, que lorsqu'un employé postule,
fait une offre de services à titre d'occasionnel au ministère des
Transports du Québec, donc au gouvernement du Québec, sous sa
signature apparaît un paragraphe - je veux en faire lecture à
cette Chambre, M. le Président -qui dit: "J'atteste que les
renseignements fournis sont complets et conformes à la
vérité, sachant qu'une fausse déclaration peut
entraîner le rejet de ma candidature et d'autres sanctions prévues
par la loi. De plus, je consens à ce que l'employeur divulgue les
renseignements nominatifs fournis."
Il paraît bien clair que, comme premier gestionnaire du
ministère, je dois permettre aux gens qui sont à mon emploi de
travailler avec un minimum d'instrumentation. Je veux indiquer au
député de Lévis que le sujet qu'il soulève est un
sujet qui pourrait être l'occasion d'un tout autre questionnement que
celui auquel il s'adresse présentement. Je veux l'assurer que la
procédure qui a été établie, tant par le Conseil du
trésor qu'à l'intérieur du ministère, pour la
sélection des employés occasionnels a été
respectée.
Si le député de Lévis veut savoir s'il y a des
listes chez nous, des listes qui seraient pointées, vérifiant les
allégeances politiques des gens, etc., qu'il oublie ça, ça
n'existe pas, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le ministre peut
nous donner une explication comme quoi, quand quelqu'un fait application dans
un district, le cabinet a quelque chose à faire concernant l'emploi des
employés occasionnels et qu'il a besoin d'avoir la compilation des
différents noms des gens qui font application dans les différents
bureaux de district de son ministère, puisqu'il n'a même pas le
droit d'intervenir dans l'engagement? Est-ce qu'il croit, comme gestionnaire,
comme chef du ministère, que ceux qui font application pour un emploi
ont droit à la confidentialité des données, ont droit
à la confidentialité des renseignements qu'ils donnent et qu'ils
ont surtout droit à ce qu'il n'y ait aucune intervention politique,
surtout que leur dossier ne remonte pas au cabinet du ministre s'ils n'en ont
pas fait la demande et qu'ils n'en ont pas donné l'autorisation?
Le Président: Alors, M. le ministre
délégué aux Transports.
M. Vallières: M. le Président, je ne peux pas voir
comment le député de Lévis réussit encore à
parler d'intervention politique dans ce type de dossier. Je lui ai dit et
répété la semaine dernière que tous les dossiers
des occasionnels sont gérés en fonction de la date
d'entrée des postulants aux postes, que tous sont évalués
par le gestionnaire local qui doit tenir compte de ce fait et également
du niveau de compétence vis-à-vis de l'emploi sur lequel le
postulant réclame d'être embauché. Comment le
député de Lévis peut-il voir que c'est le bureau du
ministre qui engage? Je ne peux pas voir comment il peut faire le lien.
Je l'invite également à regarder la fiche sur
laquelle sont indiqués quelques renseignements que vos bureaux
ont eu la gentillesse de soumettre à la presse et aux médias la
semaine dernière, et de voir la nature également des informations
qui y sont. On n'est même pas capable, avec cette liste-là,
d'envoyer une carte d'anniversaire aux personnes que l'on peut signaler sur une
pareille liste. Alors, je ne vois pas en quoi le député de
Lévis veut s'offenser aujourd'hui du fait que le ministre, comme premier
gestionnaire, tient, à l'intérieur de son cabinet, de
l'information que les gens qui répondent de lui, les gens qui
travaillent pour lui pourraient avoir besoin.
J'invite le député de Lévis, encore une fois,
à faire attention quand il dit que le ministre, son cabinet, les
députés n'ont pas d'affaire à certaines informations. Je
lui rappelle, en tout cas... si d'autres députés étaient
en cette Chambre, dont le député de Joliette, je lui rappellerais
certaines interventions qu'il a tenté de faire dans certains dossiers.
Si le député de Lévis insiste, je pourrais lui indiquer
comment, à l'époque, l'attaché politique d'un ministre
sous son gouvernement, alors qu'il faisait partie du Conseil des ministres,
agissait vis-à-vis du Conseil exécutif pour en arriver à
des nominations partisanes, où on demandait de blanchir des listes qui,
à l'époque, étaient jaunes. On indiquait même, par
écrit...
Des voix: Ah! Ah!
(10 h 30)
M. Vallières: ...M. le Président, on priait
même de bien vouloir excuser ces pressions indues. Nous vous remercions
de votre collaboration au nom du ministre Untel. M. le Président, je
trouve que ce type d'action...
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Que le ministre délégué aux
Transports dépose le document qu'il cite et on verra qu'il s'agit
uniquement de renverser la vapeur parce que d'aucune façon les faits
invoqués ne sont exacts.
Le Président: M. le ministre, est-ce que vous voulez
déposer le document dont vous avez fait lecture?
M. Vallières: M. le Président, vous me permettrez
donc de la lire.
Le Président: S'il vous plaît! s'il vous
plaît! Sur la question de règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, je retiens que le leader adjoint de l'Opposition
allègue, affirme que les faits ne sont pas exacts, qu'il tient à
voir le document, mais que, lorsqu'on veut lui lire le document, il refuse
qu'il soit lu. M. le Président, un ministre peut citer un document. Il
peut lire le document et il peut déposer ie document.
Le Président: Écoutez. Le règlement dit
à l'article 214: "Lorsqu'un ministre cite, même en partie, un
document, tout député peut lui demander de le déposer
immédiatement. Le ministre doit s'exécuter, sauf s'il juge que
cela serait contraire à l'intérêt public." Alors, M. le
ministre délégué aux Transports a, je pense, cité
une partie du document et, à ce moment-là, fe leader adjoint de
l'Opposition a demandé le dépôt dudit document. Alors,
est-ce que te ministre consent à déposer le document ou s'il
invoque la prescription de l'article 214? M. le ministre.
M. Vallières: M. le Président, devant l'attitude du
député de Lévis, en particulier, qui joue aux vierges
offensées ce matin...
Le Président: Un instant, un instant! Oui, oui...
Écoutez, s'il vous plaît! L'article est... S'il vous plaît!
L'article 214 est clair: "Lorsque le ministre cite, même en partie, un
document..." Le ministre a cité une partie du document. On demande le
dépôt du document. Est-ce que vous vous exécutez, M. le
ministre, ou si vous invoquez le dernier alinéa, la dernière
phrase de l'article 214? Est-ce que vous déposez le document?
M. Vallières: M. le Président, je vais accepter de
déposer le document. Je vais indiquer à qui il était
expédié. Vous me le permettrez. Je ne l'ai pas indiqué
encore et... Oui, M. le Président, il était expédié
au Conseil exécutif, à M. Jean-Noël Poulin...
Une voix: Question de règlement...
M. Vallières: ...signé...
Le Président: Un instant, un instant! S'il vous
plaît! Le ministre va déposer un document, alors je pense qu'il
est normal qu'il l'identifie rapidement. C'est une lettre. Il informe
l'Assemblée. Comme à tout moment donné, si on veut
demander à une partie consentement au dépôt d'un document,
on demande d'identifier le document. Je demande simplement au ministre, s'il
veut identifier son document, qu'il l'identifie rapidement, non pas d'en faire
lecture complète, mais de nous dire: C'est tel document et je le
dépose. M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: En vertu de l'article du règlement, il est
très clair que, si on demande le dépôt, c'est justement
pour prendre connaissance
de ces faits-là. Et s'il avait voulu le faire, l'indiquer, il
l'aurait fait au préalable. Préalablement, quand il a
commencé sa réponse, il l'aurait indiquée, la nature du
document. Ce n'est pas ça, il veut nous lire une lettre pour lancer des
accusations gratuites. Qu'il dépose le document et on est assez grands
garçons pour en prendre connaissance et on va savoir à qui c'est
adressé et on va savoir c'est quoi le contenu de ce
document-là.
Le Président: Simplement... Je suis d'accord avec vous.
S'il vous plaît! Je suis entièrement d'accord avec vous;
uniquement, le ministre peut identifier son document - et je vous demande de
l'identifier et de le déposer, non pas d'en faire lecture - identifier
son document et le déposer. M. le ministre délégué
aux Transports.
M. Vallières: M. le Président, je veux bien
identifier le document en question, comme vous me l'indiquez. Il s'agit d'un
attaché politique travaillant, à l'époque, pour le
ministre responsable du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, M. (ailles Gosselin. C'est une lettre à M. Jean-Noël
Poulin, du Conseil exécutif, pour des nominations à l'Office de
la protection du consommateur et à la Régie du logement du
Québec.
Le Président: Très bien.
M. Vallières: M. le Président, je voudrais, en
même temps...
Le Président: Oui. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Écoutez, autant des deux côtés de
l'Assemblée, je pense que la période de questions dure 45
minutes. Si vous continuez comme ça, c'est du temps que vous perdez pour
poser des questions. Rapidement, M. le ministre, comment
complétez-vous?
M. Vallières: M. le Président, je veux
déposer un autre document qui...
Le Président: Bon, un instant.
M. Vallières: ...s'est accroché à
celui-là.
Le président: le premier document va être
déposé. le premier document... vous déposez le premier
document. très bien. m. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: Un instant. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas osé
interrompre le leader de l'Opposition tout à l'heure. Il faut
reconnaître qu'il n'a pas précisé le document qu'il voulait
voir déposer. Par conséquent, le ministre est habilité
à déposer les deux documents. Bien oui, vous ne l'avez pas
précisé, vous ne lui avez même pas permis de le lire, vous
avez demandé qu'il soit dépose-Le Président: Alors,
M. le...
M. Pagé: ...or, comme il a référé
à un certain nombre de documents, il est tout à fait
légitime de déposer ceux auxquels il a
référé.
Une voix: C'est ça.
Le Président: M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: À deux reprises, M. le Président, vous
m'avez donné raison; à deux reprises, vous avez dit: II a une
chose à faire: se lever, identifier le document - ce qui a
été fait - et le déposer. Il ne reste que ça
à faire et on vous demande d'appliquer le règlement. Là,
on ne perdra pas de temps.
Le Président: c'est exactement ce que je fais. maintenant,
si le ministre requiert de déposer un deuxième document, il ne
l'a pas cité. est-ce qu'il y a consentement au dépôt d'un
deuxième document?
Des voix:...
Le Président: Pas de consentement. Le premier document, M.
le ministre, veuillez le déposer. Document déposé. Non,
non, vous déposez un premier document; la réponse est
terminée. Je vais aller en question additionnelle maintenant. Un
instant! Un instant! Le document est déposé. Vous avez une
question additionnelle, M. le député de Lévis?
M. Garon: m. le président, est-ce qu'il va falloir que le
premier ministre fasse à son endroit ce qu'il a fait à
l'intention de son documentaliste...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Est-ce qu'il peut nous dire... Est-ce qu'il comprend
tout simplement que la loi de l'accès à l'information lui
interdit, comme ministre, dans son cabinet politique, de compiler les
données confidentielles concernant les gens qui font application
à son ministère? Il n'a pas l'air de comprendre. Est-ce qu'il
comprend ça? Et est-ce qu'il comprend qu'il doit faire une distinction
entre une personne qui va à un bureau de député pour
demander un renseignement concernant son cas et le fait de compiler les noms de
toutes les personnes qui n'ont pas demandé, elles, d'être
compilées, qui n'ont pas demandé d'avoir leur nom envoyé
au bureau du ministre et qui n'ont
pas demandé d'avoir leur nom envoyé dans les bureaux de
députés? Est-ce qu'il comprend qu'il y a une distinction
là-dedans?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Transports.
M. Vallières: M. le Président, j'invite le
député de Lévis à demeurer calme, à
éviter de brasser une soupe dans laquelle il vient d'impliquer certains
de ses collègues. Afin de compléter la réponse que
j'étais en train de lui donner tantôt et sur laquelle j'ai
été interrompu par le député d'Abitibi-Ouest, je
veux déposer, M. le Président, un document à la suite de
celui que j'ai déposé tantôt qui indique, dans ce cas-ci,
un bel exemple d'un "score* parfait pour le Parti québécois
où les cinq personnes recommandées ont toutes été
évidemment retenues aux postes pour lesquels elles avaient, semble-t-il,
postulé. C'est un extrait de la Gazette officielle du 22 mai 1985
qui fait état des nominations dont j'ai déposé le document
tout à l'heure, M. le Président. Alors, ça pourra
compléter le...
Le Président: Un instant! S'il vous plaît, est-ce
qu'il y a consentement au dépôt du document?
Des voix: Oui.
Le Président: Document déposé. Alors,
maintenant, en question principale, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Entente fédérale-provinciale de
développement économique
régional en négociation
M. Brassard: M. le Président...
Une voix: La Gazette officielle!
M. Brassard: ...présumément mauvais
négociateur, le gouvernement du Parti québécois concluait,
en décembre 1984, une entente-cadre avec Ottawa sur le
développement régional, connue sous le nom de EDER et impliquant
une contribution fédérale de l'ordre de 900 000 000 $. En juin
1988, le gouvernement libéral, supposé-ment bon
négociateur en raison de sa foi fédéraliste
inébranlable, signait, il y a deux ans donc, une entente auxiliaire sur
le développement régional impliquant une modeste contribution du
fédéral de 515 000 000 $, ce qui est d'ailleurs un
véritable scandale dans les régions - je vous le signale - parce
que deux ans plus tard les régions attendent toujours tous les
programmes, les programmes d'aide en vertu de cette entente. (10 h 40)
Parallèlement à cela, l'entente sur le
développement régional conclue en décembre 1984 est venue
à échéance le 30 mars dernier. Ottawa n'offre que 247 000
000 $ pour son renouvellement, le renouvellement de l'entente pour la
période 1990-1995, et payables uniquement en 1994 et en 1995, offre
carrément indécente et insultante pour les
Québécois. Un autre beau cas de fédéralisme
rentable!
Ma question au ministre responsable des négociations avec le
gouvernement fédéral: Qu'est-ce qu'il compte faire pour
débloquer les négociations avec Ottawa tout en s'assurant d'un
niveau de contribution fédérale convenable qui se rapproche en
tout cas de celle de 900 000 000 $ consentie en 1984, alors que nous
étions au gouvernement plutôt que les maigres 247 000 000 $
offerts par le fédéral pour le renouvellement de cette entente?
Qu'est-ce qu'il compte faire pour débloquer des négociations qui
sont visiblement bloquées?
Le Président: Alors, M. le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean a raison lorsqu'il dit que les ententes
de l'EDER, qui avaient été signées en 1984 sont venues
à échéance au mois de mars dernier. Nous avions
signé, en juin 1988, une autre entente de 820 000 000 $ dont 150 000 000
$ aussi en rallongement de cette entente de CEDER de 1984 qui s'est donc
terminée au mois de mars. Alors, il y a encore ces 150 000 000 qui sont
en application. J'ai rencontré, M. Benoît Bouchard, le nouveau
représentant, le nouveau responsable du Québec et aussi
responsable des ententes de développement économique
régional. Je l'ai rencontré à deux reprises jusqu'à
présent. On doit se rencontrer dans les prochains jours. Les offres qui
sont faites par le gouvernement fédéral sont nettement
inacceptables, ridicules, 247 000 000 $ payables en 1993-1994 sur deux ans, ce
qui est inacceptable pour nous. Nous avons discuté de différentes
modalités et je crois que M. Bouchard comprend que ce qui nous avait
été offert est totalement inacceptable pour le Québec.
Par conséquent, M. le Président, pendant ce
temps-là, nos fonctionnaires travaillent à différentes
tables sectorielles et j'espère bien que, dans une prochaine
réunion, il y aura plus d'ouverture et plus de possibilité de
discuter fructueusement.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Comment le ministre peut-il prétendre
sérieusement obtenir davantage que les maigres 247 000 000 $ qui sont
sur la table, alors qu'il sait très bien qu'il négocie avec un
gouvernement de cassés - tout le monde le sait, tout le monde
connaît le niveau d'endettement et de déficit du gouvernement
fédéral - et que, par conséquent, il va à
contre-courant d'une volonté déterminée du
fédéral de diminuer ses transferts
au québec, de toute nature, sous toutes les formes qu'on
connaît? comment peut-il sérieusement penser obtenir davantage
dans des circonstances semblables et face à une dynamique
fédérale qui va dans le sens d'une diminution constante de toutes
les contributions fédérales tous azimuts?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: De par mes conversations avec M. Bouchard,
il y a deux aspects que je retiens. Le premier aspect, c'est qu'il semble y
avoir des questions du côté du gouvernement fédéral
sur le principe de l'EDER lui-même. Et ça, j'ai bien
mentionné à M. Bouchard que, pour nous, il est essentiel de
protéger le principe de l'EDER, qu'on n'acceptera jamais qu'on retrouve
des situations où le gouvernement fédéral vient ici
dépenser des sommes d'argent sans coordination et sans concertation avec
le gouvernement provincial et l'EDER a eu cet avantage.
Nous avons, par l'entente de développement économique
régional de juin 1988, bonifie, entre autres, l'entente de l'EDER de
1984. C'est encore mieux. Ça nous permet de travailler en étroite
concertation avec le gouvernement fédéral. Donc, au
départ, il y a cette première question et, pour nous, l'EDER doit
être continuée, telle que bonifiée par les
aménagements que nous avons faits avec l'entente sur le
développement économique régional de 1988.
Deuxièmement, en ce qui regarde le montant, c'est à
négocier. Nous sommes à négocier et j'ai l'impression, M.
le Président, que nous avons reçu, chez M. Bouchard, quand
même une oreille attentive. Il va voir que la situation que nous
présentons est une position qui est très ferme et
coordonnée. On ne va pas là en quê-teux. C'est de l'argent
qui nous revient et cet argent-là doit nous revenir en fonction des
plans de développement dont nous avons ici la maîtrise d'oeuvre au
Québec. Si cette condition-là n'est pas respectée, il n'y
a pas d'entente possible de notre part.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, le ministre pourrait-il
cesser de faire preuve d'un jovialisme euphorique totalement
déplacé dans les circonstances et reconnaître au moins - au
moins, on demande du gouvernement un peu de lucidité -qu'il est
impuissant à changer le cours des choses? La contribution
fédérale, sur dix ans, est en stagnation en matière de
développement régional, alors qu'elle est en hausse, elle a plus
que doublé dans l'Ouest, de 980 000 000 $ à 1 800 000 000 $, et,
dans l'Atlantique, de 1 400 000 000 $à2 100 000 000 $...
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît.
M. Brassard: Bien, ce sont des chiffres, c'est important.
Le Président: Je comprends, mais vous posez une question.
Vous ne pouvez pas faire de préambule. Vous savez fort bien que vous
faites indirectement ce que vous ne pouvez pas faire directement. Si vous
voulez donner tous ces chiffres... Quand même, même le
préambule d'une question doit être court, rapide. On dit qu'une
seule phrase, généralement, devrait suffire. Les
préambules, généralement, s'allongent un peu. Je voudrais
les rétrécir, d'autant plus qu'en question additionnelle, vous
n'avez pas le droit de faire un préambule, vous ne pouvez pas faire
indirectement un préambule, même sous forme interrogative.
Alors, rapidement, votre question.
M. Brassard: Je vais la raccourcir, M. le Président.
Reconnaît-il que le gouvernement fédéral est d'abord
généreux envers l'Ouest et l'Atlantique et radin envers le
Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: C'est une vraie question. Alors,
voilà une vraie question, M. le Président. J'ai eu l'occasion
d'en discuter avec le député de Lac-Saint-Jean lorsque nous avons
discuté des crédits du ministère du Secrétariat aux
Affaires canadiennes. Le député sait très bien les
critiques qu'on peut faire à ce niveau-là, puisque je lui ai
fourni un tableau que nos fonctionnaires ont fait à partir des chiffres
qu'on retrouve dans le budget Wilson.
Je n'ai pas ce tableau devant moi, mais peut-être que le
député de Lac-Saint-Jean l'a devant lui pour me poser la
question. Et là, d'une façon éloquente, il va s'apercevoir
que, dans les dernières années, le Québec a perdu
substantiellement, si on compare, entre autres, à l'Ouest canadien,
c'est évident et que cette situation-là ne peut pas durer. Bien
sûr qu'on nous arrive avec d'autres programmes qui peuvent exister. Il
faut se méfier des chiffres, M. le Président. Il ne faut pas
prendre simplement l'EDER dans son sens brut, mais il faut voir aussi avec les
autres programmes qui peuvent venir compléter l'EDER.
Mais il demeure quand même une chose, c'est qu'essentiellement,
quand on relève les chiffres qui ont été publiés
dans le budget de M. Wilson, le Québec n'a pas sa part en ce qui regarde
le développement économique régional. Nous allons
rencontrer encore M. Bouchard, dans les prochains jours, et j'entends bien
faire valoir ce point-là. C'est de l'argent qui revient au
Québec, pour nous, un élément de politique qui est
fondamental, puisque le développement économique du Québec
passe par les régions essentiellement et que nous avons besoin de cet
argent-là, c'est de l'argent qui nous revient à
nous.
Le Président: Alors, maintenant, M. le
député de Lévis, en question principale.
Commission parlementaire sur la situation des
camionneurs artisans
M. Garon: M. le Président, alors que tout le monde sait
que le budget de la voirie régionale va baisser de 42 % cette
année par rapport à l'an dernier, que les camionneurs sont ici
pour demander l'élargissement de leur secteur de travail et la
reconnaissance de leur association, nous avons suggéré, la
semaine dernière, au ministre d'ajourner ses travaux, à
l'Assemblée nationale, en commission parlementaire pour ces projets de
loi qui ne sont pas d'une urgence nationale, pour qu'il ait des rencontres avec
les camionneurs pour faire le point sur ce conflit.
Voilà que le ministre, presque deux semaines plus tard, propose
de faire une commission parlementaire en la fixant au 11 septembre
prochain.
Le ministre ne reconnaît-il pas que la tenue d'une commission
parlementaire en septembre va seulement envenimer une situation difficile pour
le camionnage en vrac et que le conflit actuel risque de se perpétuer
sur les chantiers de construction cet été? Et pourquoi le
ministre refuse-t-il de trouver une solution immédiate et de convoquer
la commission parlementaire dès cet après-midi a 15 heures? (10 h
50)
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, je trouve les propos du
député de Lévis... Il n'est pas trop consistant dans son
approche. Il me prie d'avoir une commission parlementaire. Vu les
négociations de la semaine dernière, il est très important
qu'on continue les négociations, et de s'assurer que tous, incluant les
autres groupes qui veulent se faire entendre, aient une chance de se faire
entendre. Et nous trouvons que la seule place où on peut le faire, c'est
devant une commission parlementaire. Quant à la date du 11 septembre
qu'on a retenue ou évoquée, il est évident que ces
gens-là aimeraient au moins avoir le temps de se préparer. Ce
n'est pas une solution à court terme qu'on recherche. On cherche une
solution à long terme. C'est pour cette raison-là que j'ai
insisté que ces groupes, le regroupement des entrepreneurs,
l'association des constructeurs, les membres à l'intérieur de
l'ANCAl, qui sont très très préoccupés par la
façon que leur direction les amène... Eux aussi ont
demandé de se faire entendre.
Alors, pour ces raisons-là, nous avons cru bon de leur donner le
temps de se préparer et de convoquer une commission parlementaire pour
le 11 septembre.
Le Président: Question additionnelle.
M. Garon: Est-ce que le ministre veut nous dire que les 2000
à 3000 camionneurs qui sont à Québec ne sont pas
prêts à faire état de leur problème? Ils sont ici
depuis deux semaines rien que pour ça. Est-ce qu'il veut nous faire
croire qu'une commission parlementaire immédiate soit moins bonne qu'une
commission parlementaire en septembre alors qu'ils sont déjà
là et que les problèmes sont actuels? Et est-ce que le ministre
peut comprendre que le refus de régler le conflit avant la fin de la
session va créer une situation intenable et explosive au cours des
prochains mois? Est-ce qu'il est capable de comprendre ça?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, je veux réitérer
le point que j'ai fait. On a eu des rencontres, on a eu des
négociations, on a eu des propositions et on revient toujours à
la même situation. Ces gens-là ne représentent pas
l'ensemble des camionneurs en vrac et nous avons offert une commission
parlementaire. On est flexible quant à la date où on veut la
tenir.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Une dernière question, M. le Président.
Est-ce que le ministre est prêt à faire cette commission
parlementaire immédiatement, dès cet après-midi, et
à inviter les autres groupes, s'il le veut, ils diront qui ils
représentent? Et est-ce qu'il peut nous dire si c'est lui qui est en
charge du budget de son ministère ou si ce sont les entrepreneurs en
construction? Qu'il dise quelle partie du budget de son ministère doit
aller pour les travaux pour les camionneurs artisans, et celle qui doit aller
pour les camionneurs, les entrepreneurs en construction? Est-ce que c'est lui
qui dirige son ministère ou si ce sont les entrepreneurs en construction
avec son sous-ministre?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, sur ce point, je crois que
l'ensemble de cette Chambre croit vraiment à la libre entreprise. C'est
dans cette direction qu'on veut s'enligner. Et puis, nous sommes la seule
province dans tout le Canada à avoir des réglementations. Alors,
quant à nous, on est prêt à répondre à des
demandes que ces gens-là ont faites, mais n'oublions pas une chose. Il y
en a d'autres et c'est difficile de tous les regrouper. Ils sont tous dans les
régions, en plus du fait que ces gens-là se réunissent cet
après-midi à 15 heures pour discuter de la proposition qu'on a
faite.
Le Président: Alors, en question principale,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Le rapport Bertrand sur la lutte contre la
drogue
Mme Vermette: Oui, M. le Président, le groupe de travail
de Mario Bertrand a déposé son rapport jeudi dernier. Le rapport
contient 33 recommandations que devront appliquer 9 ministères ou
organismes, ce qui ne répond pas du tout à la demande des
intervenants du milieu qui, depuis de nombreuses années, demandent
justement un organisme unificateur, catalyseur dans le domaine de la
toxicomanie et ils demandent et réclament un conseil
québécois en toxicomanie.
M. le Président, en l'absence du premier ministre, ma question
s'adressera à la vice-première ministre. Comment
considérez-vous la demande des différents intervenants en
toxicomanie qui réclament depuis de nombreuses années et surtout
depuis les propositions formulées par Mario Bertrand, parce que vous
avez suscité beaucoup d'attentes... Comment allez-vous concilier les
recommandations du rapport Bertrand et les demandes des intervenants dans le
milieu de la toxicomanie?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je suis surprise, M. le Président, de la
question de la députée de Marie-Victorin. On a eu quand
même toute latitude d'en discuter lors de l'étude des
crédits que j'ai eu le plaisir de faire avec elle. Je dois dire que
partout on a reçu avec beaucoup de positivisme, les gens ont
été très positifs face au rapport du dossier Bertrand. Je
dois dire que, sauf la députée de Marie-Victorin, il m'a
semblé, en tout cas, en lisant la satisfaction du milieu des
recommandations qui ont été faites par le comité Bertrand,
que c'étaient des recommandations qu'il était possible
d'appliquer et qui répondaient à des attentes et des besoins du
milieu. J'aurais aimé que la députée de Marie-Victorin
aille déposer devant ce comité, avec son groupe qu'elle a
formé elle-même et, au-dessus de toute partisanerie, se rende
témoigner des besoins et des attentes de son groupe et le fasse devant
le comité qui a rencontré, qui a discuté, qui a eu un
grand nombre de groupes devant lui pour discuter de ce dossier qui est fort
important pour le Québec. J'aurais aimé qu'elle fasse
connaître à ce groupe ses attentes, ses préoccupations, M.
le Président.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Est-ce que la
vice-première ministre peut nous dire, entre les recommandations du
rapport Mario Bertrand et les demandes des intervenants qui réclament un
organisme unificateur et catalyseur, comment elle peut concilier les neuf
organismes qui devront répondre pour faire cette coordination et cette
concertation-là, à travers les recommandations du rapport
Bertrand et les demandes des intervenants d'avoir un orgnisme unificateur et
catalyseur?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, devant le problème de
la drogue, qui est un problème fort important et qu'on est loin de
minimiser, je pense que les gestes que ce gouvernement a posés depuis
son arrivée au pouvoir le disent. Le premier ministre a confié
à son secrétaire général, M. Benoît Morin, la
tâche de coordonner les travaux qui sont faits. J'ai entièrement
confiance au secrétaire général pour faire de cette
coordination un mouvement fort positif qui permettra de régler certains
de ces problèmes, sinon tous les problèmes.
Le Président: Une question complémentaire.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Est-ce que la
vice-première ministre peut nous donner l'assurance qu'elle ira au
Conseil du trésor pour réclamer les budgets nécessaires
pour actualiser les recommandations pour l'année 1990-1991 et quel
montant les sommes représentent-elles pour, justement, faire en sorte
que les victimes de la toxicomanie puissent avoir des services décents
pour cette année?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'espère qu'elles
seront - sûrement - plus importantes que les sommes que l'ancien
gouvernement a accordées à ce dossier, qui sont de 300 000 $
pendant neuf ans. Et je suis certaine que ces sommes-là seront
certainement plus importantes que ce que ce gouvernement a donné.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jonquière.
Demande d'enquête sur la corporation municipale
Anjou '80
M. Dufour: II y a trois semaines, le maire d'Anjou, M. Richard
Quirion, adressait au ministère des Affaires municipales une demande
d'enquête concernant la corporation municipale Anjou' 80. M. Quirion
s'est dit prêt à collaborer de près avec le gouvernement du
Québec afin de faire la lumière sur Anjou' 80. Rappelons que la
corporation a été mise sur pied par l'administration
précédente du maire Corbeil qui disait, qui affirmait par lettre,
le 21 octobre 1987, que "les
contribuables angevins n'auront jamais à éponger de leurs
taxes un déficit de la corporation Anjou' 80, je vous en donne ma
parole." Le déficit s'élève aujourd'hui à 10 300
000 $, auxquels il faut ajouter 7000 $ en intérêts, chaque
jour.
Ma question au ministre des Affaires municipales: Est-ce que le ministre
entend donner suite à la demande d'enquête du maire Qui-rion?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Picotte: M. le Président, à chaque occasion,
chez nous, où une demande d'enquête nous est formulée, le
service de la vérification de mon ministère se présente
sur les lieux, va faire les vérifications d'usage. Et s'il y a lieu, par
la suite, il y a recommandation d'aller plus loin, ce qui veut dire qu'il y a
possibilité d'aller à la Commission municipale du Québec;
mais on n'en est pas rendu là. La demande d'enquête a
été reçue chez nous. Les vérificateurs vont faire
l'essentiel pour aller cueillir les informations. Et par la suite, les
recommandations seront faites à celui qui vous parle. S'il faut aller
plus loin, nous irons.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Devant des faits aussi importants que 10 300 000 $ de
déficit, est-ce que le ministre ne peut pas accélérer le
processus? Et est-ce qu'il pourrait nous informer si les contribuables de la
ville d'Anjou vont être obligés de payer le déficit?
Le Président: Alors, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Picotte: M. le Président, il y a une chose que je ne
fais jamais à mon ministère, c'est d'aller ordonner à des
demandes d'enquêtes de faire des préséances à gauche
ou à droite. Je pense que celui qui me questionne me ferait de
drôles de reproches si je faisais venir mes fonctionnaires du
côté des demandes de vérification et tout simplement leur
dire: Vous devriez passer ce cas-là avant tel autre cas, parce qu'il me
semble plus important. Je ne touche pas à ça, les
vérifications. Je laisse faire le travail du ministère en
conséquence et ce n'est que lorsqu'ils me feront des recommandations que
j'agirai par la suite. Je ne veux pas et je ne ferai pas, sur quelque
insistance de qui que ce soit, une intervention entre la demande de
vérification et les vérificateurs qui vont aller à
l'endroit désigné pour tâcher de s'enquérir des
faits.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Dufour: M. le ministre des Affaires municipales, comme gardien
de la transparence et de l'honnêteté des administrateurs
municipaux, est-ce que vous ne considérez pas que l'ensemble des cas que
j'ai soulevés lors de l'étude des crédits, plus ceux qui
s'accumulent à chaque jour, qu'il y a un certain laxisme qui se passe
actuellement et que le ministre a tous les pouvoirs pour faire les
enquêtes, en temps et lieu, quand il le veut.
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je ne considère pas ce
que le député de Jonquière a dit du côté du
laxisme, parce que, effectivement, nous avons de multiples demandes
d'enquêtes chez nous. Nous les faisons, ces enquêtes-là, et
ça va arriver très souvent qu'il y a des enquêtes qui nous
sont demandées et qui ne touchent pas du tout les Affaires municipales.
Un exemple concret que je pourrais vous donner, c'est: Pourriez-vous
vérifier si, dans telle transaction, il y a eu pot-de-vin de la part de
qui que ce soit? Non. Nous préférons, nous, nous faire dire: M.
Untel ou Mme Unetelle aurait reçu des pots-de-vin. Quand on ne veut pas
préciser ces choses-là, ce n'est pas à nous, aux Affaires
municipales, à faire ça, ce sont des enquêtes d'ordre
criminel. Nous ne vérifions que ce que les municipalités font
dans la légalité des municipalités. Point final à
la ligne. Et, par la suite, nous avisons. Si, évidemment, nous
découvrons qu'il y a lieu d'aller plus loin du côté
criminel, nous déférons ces cas-là à la Justice et,
à ce moment-là, je n'interviens pas davantage auprès de
mon collègue, le ministre de la Justice, qui, lui, évalue la
possibilité de poursuivre ou de ne pas poursuivre. Et, à ce
moment-là, ça ne relève pas de mon domaine comme tel. Mais
moi, je fais exactement ce que je dois faire.
Le Président: C'est la fin de la période de
questions.
Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder aux deux votes reportés. (11 h4 - 11 h6)
Le Président: Mmes, MM. les députés. Si vous
voulez prendre place, s'il vous plaît. Je requiers l'attention de tous
les députés, s'il vous plaît. Mmes, MM. les
députés. Je me demande si tout le monde est prêt. Je
requiers votre attention. Je vous remercie infiniment.
Mise aux voix de l'adoption du principe du projet de
loi 42
Je vais d'abord mettre aux voix la motion présentée par M.
le ministre de la Santé et des Services sociaux proposant que le
principe du projet de loi 42, Loi modifiant la Loi sur l'as-surance-maladie et
la Loi sur la Régie de l'assurance-maladie du Québec, soit
maintenant
adopté. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: m. pagé (portneuf), m.
bissonnet (jeanne-mance), mme gagnon-tremblay (saint-françois), m.
paradis (brome-missisquoi), mme bacon (chomedey), m. ryan (argen-teuil), m.
côté (charlesbourg), m. bourbeau (la-porte), m. vallerand
(crémazie), m. côté (rivière-du-loup), m. sirros
(laurier), m. vallières (richmond), m. savoie (abitibi-est), m.
séguin (montmorency), m. rémillard (jean-talon), m. dutil
(beauce-sud), mme frulla-hébert (margue-rite-bourgeoys), m. elkas
(robert-baldwin), m. lefebvre (frontenac), m. johnson (vaudreuil), m. cusano
(viau), m. picotte (maskinongé), mme robillard (chambly), m. blackburn
(roberval), m. houde (bert hier), m. maltais (saguenay), m. ri-vard (rosemont),
mme trépanier (dorion), m. middlemiss (pontiac), m. chagnon
(saint-louis), mme dionne (kamouraska-témiscouata), m. hamel
(sherbrooke), m. st-roch (drummond), mme pelchat (vachon), m. marcil
(salaberry-soulanges), m. lemire (saint-maurice), m. poulin (chauveau), m.
thérien (rousseau), m. tremblay (rimouski), m. benoit (orford), m.
williams (nelligan), m. kehoe (chapleau), m. doyon (louis-hébert), m.
fradet (vimont), m. lemieux (vanier), m. messier (saint-hyacinthe), m. richard
(nicolet-yamaska), mme bégin (bellechasse), m. bélanger
(laval-des-rapides), m. chenail (beauharnois-huntingdon), m. larouche (anjou),
m. khelfa (richelieu), m. gobé (lafontaine), mme hoving-ton (matane), m.
joly (fabre), m. lesage (hull), m. bergeron (deux-montagnes), mme boucher bacon
(bourget), m. audet (beauce-nord), m. parent (sauvé), mme
bélanger (mégantic-compton), m. camden (lotbinière), m.
brouillette (champlain), m. bradet (charlevoix), mme cardinal
(châteauguay), m. després (limoilou), m. farrah
(îles-de-la-madeleine), mme loiselle (saint-
Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau), M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron
(Jacques-Cartier).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), Mme Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M.
Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Baril (Arthabaska),
Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Claveau (Ungava), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terre-bonne), M.
Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme Dupuis
(Verchères), M. Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions? (11 h
10)
La motion est adoptée. M. le leader du gouvernement.
Le Secrétaire: pour: 73 contre: 22
Le Président: La motion est adoptée. M. le leader
du gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission des
affaires sociales pour étude détaillée.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 61
Le Président: Adopté. Je vais maintenant mettre aux
voix la motion présentée par Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine et ministre
responsable de la Famille, proposant que le principe du projet de loi 61, Loi
modifiant la Loi sur les services de garde à l'enfance, soit maintenant
adopté.
Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se lever
s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argen-teuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (La-porte), M. Vallerand
(Crémazie), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros
(Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Savoie (Abitibi-Est), M.
Séguin (Montmorency), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Dutil
(Beauce-Sud), Mme Frulla-Hébert (Margue-rite-Bourgeoys), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Lefebvre (Frontenac), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano
(Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn
(Roberval), M. Houde (Berthier), M. Maltais (Saguenay), M. Ri-vard (Rosemont),
Mme Trépanier (Dorion), M. Middlemiss (Pontiac), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel
(Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Kehoe (Chapleau), M. Doyon (Louis-Hébert),
M.
Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M.
Richard (Nicolet-Yamaska), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Larouche (Anjou),
M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hoving-ton (Matane), M.
Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Audet
(Beau-ce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M.
Després (Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), Mme
Loi-selle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Parizeau (L'Assomption), M. Chevrette (Joliette), Mme Blackburn
(Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean),
M. Léonard (Labelle), Mme Vermette (Ma-rie-Victorin), M. Claveau
(Ungava), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme
Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme
Dupuis (Verchères), M. Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Président: Est-ce qu'il y a des députés
qui sont contre cette motion? Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 94 contre: aucun
Le Président: Alors, la motion est adoptée. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission des
affaires sociales pour étude détaillée.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté.
Maintenant, aux motions sans préavis. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, j'avais donné dans
les notes un avis comme quoi j'entendais déposer une motion sans
préavis, ce matin. Je vais le faire demain. Vous pouvez
reconnaître le député du comté de Lac-Saint-Jean. Je
voudrais confirmer avec le leader de l'Opposition l'objet d'une entente qui est
intervenue relativement au cadre d'intervention à la suite de cette
motion très importante où on aura un représentant du
Parti québécois, un représentant du Parti
libéral du Québec et un représentant du Parti
Égalité, s'il juge opportun de se prévaloir de son
droit.
Le Président: Alors, M. le député de
Lac-Saint-Jean, pour une motion sans préavis.
Souligner le 50e anniversaire de
l'appel lancé au peuple français
par le général de Gaulle
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, M. le Président. Comme le leader du
gouvernement vient de le mentionner il y a, semble-t-il, consentement unanime
pour qu'on débatte et qu'on adopte la motion suivante: "Que
l'Assemblée nationale souligne le 50e anniversaire de l'appel
lancé le 18 juin 1940 au peuple français par le
général de Gaulle qui devait permettre à la France de
conserver sa dignité au moment de la triste période de
l'occupation, tout en favorisant le regroupement des forces de
libération qui contribuèrent à la victoire de la
démocratie sur le régime nazi".
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Également, nous allons
faire un ordre de l'Assemblée à l'effet que les interventions sur
cette motion seront de cinq minutes pour le député de
Lac-Saint-Jean, de cinq minutes pour un représentant du parti
ministériel et de cinq minutes pour un député
indépendant. Il y a un ordre de l'Assemblée à cet
effet-là? Très bien, donc c'est un ordre de l'Assemblée.
En requérant la collaboration et l'attention de tous les
députés, s'il vous plaît. Alors, MM. les
députés, ceux qui doivent tenir des caucus, veuillez le faire
à l'extérieur. Alors, sur votre motion, maintenant, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, l'année 1990, c'est,
je pense qu'on peut le dire, l'année de Gaulle, puisque c'est le 100e
anniversaire de sa naissance, le 20e anniversaire de sa mort et aussi,
aujourd'hui même, le 50e anniversaire de ce qu'il est convenu d'appeler
l'Appel du 18 juin.
En juin 1940, la France est vaincue. Son armée est en
déroute et le maréchal Pétain va engager la France dans la
voie de la collaboration avec l'ennemi. C'est alors que de Londres nous arrive
un appel à la résistance. Il vient d'un général
récemment nommé sous-secrétaire d'État dans le
dernier gouvernement Reynaud, donc pratiquement inconnu, le
général de Gaulle.
L'Appel du 18 juin est une invitation
solennelle à la poursuite de la lutte. Alors que Pétain se
soumet et collabore, de Gaulle affirme, lui, que rien n'est perdu pour la
France. Il dira: La France a perdu une bataille, mais n'a pas perdu la guerre;
qu'il s'agit, selon lui, d'une guerre mondiale et que, dans ces conditions, la
résistance française ne doit pas s'éteindre. Un jour,
dira-t-il, les forces de l'univers libre écraseront l'ennemi. Il faut
que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire;
alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur! C'est le but qu'il
s'est fixé et ce sera, tout au cours de la guerre, je dirais, son
obsession passionnée.
Le 18 juin, c'est donc un acte de foi dans l'avenir de la France, mais
c'est aussi un acte politique puisque, considérant comme
illégitime le gouvernement issu de la défaite, devenu, selon lui,
un instrument de l'ennemi, l'avenir et le destin de la France sont
désormais représentés par ceux, ceux de la France libre,
qui ont décidé de combattre pour sa survie, son
indépendance et sa grandeur. Grâce à de Gaulle, non
seulement la France est restée dans la guerre, mais elle a aussi, dans
l'honneur, contribué à la libération du territoire
national et à la victoire sur l'ennemi commun. Grâce à de
Gaulle, elle a reconquis sa place, ce qui n'a pas toujours été
facile quand on connaît, par exemple, les relations de de Gaulle avec
Roosevelt, elle a donc repris et reconquis sa place au milieu de ses
alliés, participé à toutes les discussions et à
toutes les responsabilités internationales.
Dans un numéro spécial de L'Express consacré
à de Gaulle, Régis Debray écrit: "Le-clerc est un
héros, de Gaulle est un génie. Pourquoi? Parce qu'il joue les
profondeurs contre les surfaces en faisant, le 18 juin, un coup de nation comme
d'autres font un coup d'État. Il ne choisit pas seulement la
légitimité contre la légalité; il joue la
permanence contre l'accidentel, la longue durée contre la vision courte
qui prévalait en 1940 à Vichy comme chez neuf Français sur
dix." (11 h 20)
M. le Président, c'était donc, comme on le voit, un
visionnaire, donc quelqu'un apte à saisir l'avenir ou à aller au
fond des choses, selon l'expression qu'il utilisait souvent. Il avait à
cet égard des intuitions prophétiques. On se rappellera, M. le
Président, que, le soir de l'attaque japonaise contre Pearl Harbor, il
avait dit à un de ses proches: "Maintenant la guerre est
définitivement gagnée" puisque c'était devenu une guerre
mondiale, les États-Unis étant maintenant partie prenante du camp
des Alliés. Il démontrera plus tard, d'ailleurs, ce sens de la
vision et cette aptitude à saisir l'avenir. La réunification de
l'Allemagne qui est en cours, par exemple, ne le surprendrait pas. Il a
toujours cru, selon André Fontaine, que les nations étaient plus
fortes que les idéologies. Et on peut dire également que son
Europe, de l'Atlantique à J'Oural, est peut-être en train de
naître présen- tement.
Aujourd'hui, donc, M. le Président, nous célébrons
le cinquantenaire de l'Appel du 18 juin. Il convient de se rappeler cet acte de
naissance de la France libre, mais aussi de se souvenir de cette figure de
proue de l'histoire de France qui incarna de façon exemplaire, dans la
tourmente de la Deuxième Guerre mondiale, l'honneur, la dignité
et la liberté de la France.
Le Président: Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Je vais maintenant céder la parole à M. le
ministre délégué à la Francophonie.
M. Guy Rivard
M. Rivard: Merci, M. le Président. À mon tour, je
souhaite que les membres de l'Assemblée nationale s'associent à
la communauté française du Québec pour souligner de
façon particulière un moment de l'histoire moderne. C'est
aujourd'hui le 50e anniversaire de cet Appel du 18 juin 1940 du
général de Gaulle.
Il y a, en effet, un demi-siècle, à Londres, la BBC
diffusait, à l'intention de tous les Français, un message du
général. "La France a perdu une bataille, disait-il, mais la
France n'a pas perdu la guerre. Rien n'est perdu parce que cette guerre est une
guerre mondiale. Voilà pourquoi je convie tous les Français,
où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans
le sacrifice et dans l'espérance." Appelant à l'espoir, ce
message constitue un refus vibrant de l'armistice et de la fin des combats que
demandait aux Français le maréchal Pétain.
Le message qui fut diffusé à plusieurs reprises dans les
jours suivants et reproduit par la presse britannique et certains journaux
français annonçait encore, et je cite: "Quoiqu'il arrive, la
flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre
et ne s'éteindra pas." Fin de la citation.
M. le Président, l'Appel du 18 juin 1940 constitue un
événement historique qui mérite d'être
souligné à plus d'un titre. Il aura d'abord été le
point de départ de ce vaste mouvement que l'on a appelé la France
libre, aussi bien en métropole que dans les territoires et colonies
françaises, voire à l'extérieur de la France. L'exploit du
générai de Gaulle est d'autant plus impressionnant que l'on sait
que, peu après la diffusion de son message sur les ondes de la radio de
Londres, c'est presque seul, avec à peine quelques capitaines inconnus
et journalistes, que le général a commencé son
entreprise.
L'appel de Charles de Gaulle aura permis également de
découvrir un homme, jusque-là peu connu. Michel Debré,
alors ministre, écrira plus tard, et je cite: "Le 18 juin 1940 est
né un chef dont, en 30 ans, le destin a élargi la dimension
jusqu'aux limites de la terre." Lorsqu'il lança son appel, de Gaulle
était alors général à titre temporaire et ne
pouvait compter, comme ex-
périence politique, qu'un bref moment comme membre du cabinet
Reynaud.
Au plus fort de la tempête qui secouait alors l'Europe et le
monde, Charles de Gaulle assuma pleinement et porta seul le poids de la France.
Il se décrira lui-même, dans ses mémoires, comme un homme
au bord de l'océan qu'il prétendait traverser à la nage.
Garant, à ce moment-là, de l'honneur de la France, Charles de
Gaulle met le plus clair de son génie à faire en sorte que l'on
ne profite pas de la faiblesse momentanée de son pays pour
empiéter sur les intérêts et les positions de la France
dans le monde. De Gaulle fait alors ce qu'il croit devoir faire pour assurer
à son pays toute la place qui lui revient.
M. le Président, je demande donc aux membres de cette
Assemblée d'unir leur voix à celles qui se lèvent ici au
Québec, en France, ce pays qui nous est cher, et partout dans le monde,
pour rappeler un événement dont le caractère historique
est indéniable. Je vous remercie.
Le Président: Merci, M. le ministre
délégué à la Francophonie. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. Le
général était, à tous points de vue, un grand
homme, un géant. La motion du député de Lac-Saint-Jean
commémore son appel aux Français le 18 juin 1940.
Si le député de Notre-Dame-de-Grâce avait pu
être ici, il aurait rappelé à la Chambre les faits
suivants: que, le 10 mai 1940, Winston Churchill devint premier ministre de
l'Angleterre; que du 26 mai au 4 juin 1940, il y eut l'évacuation de
Dunkerque. La flotte de 900 bateaux de toutes sortes a évacué 338
266 soldats, dont 26 175 soldats français. Peu de temps après,
ces troupes se sont formées comme armée de la France libre sous
l'enseigne de la Croix de Lorraine. Leur chef, le général de
Gaulle, est devenu la personnification de la France libre. C'est lui et le
général Leclerc qui ont été en tête de file
lors de la libération de Paris, le 25 août 1944.
Nous n'avons pas le temps, M. le Président, de suivre toute la
carrière politique du général. Plus tard, il a
répondu de nouveau à l'appel du peuple français. Il est
devenu président de la Ve République et, entre autres
succès, il a réglé la guerre en Algérie. Le
général est sans doute, avec Winston Churchill, Roosevelt et
Staline, l'un des grands hommes du XXe siècle.
Ici, au Québec, nous ne pouvons pas oublier sa déclaration
du 23 juillet 1967 à l'hôtel de ville de Montréal. Here is
what one author has written about the General's statement, on that date. He
said that "the President of France had uttered the rallying cry of the
Québec independence movement. For the next 24 hours, Montreal,
Québec and most of Canada were charged with the electricity that augurs
a great storm. Some immediately suggested that de Gaulle did not realize the
impact of what he was saying. But over the next few months the General would
make it crystal clear that he did.
English press and politicians reacted as if de Gaulle had shouted "fire"
in a crowd of people who did not know how to handle themselves, as if his
shouting "Vive le Québec libre" would suddenly send the French
population of Québec stampeding toward the separatist option.
In Ottawa, Prime Minister Lester Pearson came out of an emergency
cabinet meeting on the question to say that the Canadian Government regarded de
Gaulle's remarks as an unacceptable intrusion, that "Canadians do not need to
be liberated... Canada will remain united and will reject any attempts to
destroy her unity."
Part of the Canadian Government's statement read as follows: The people
of Canada are free. Each province of Canada is free. Canadians do not need to
be liberated. Indeed many thousands of Canadians gave their lives in two world
wars in the liberation of France and other European countries. "Canada will
continue to remain united and will reject any effort to destroy her unity." Fin
de la citation.
Pauvre M. Pearson. Je suis presque heureux qu'il ne soit pas ici ces
jours-ci pour témoigner du déchirement actuel de notre pays
à ce moment de notre histoire.
Mais passons. Tout homme politique a le droit de faire des
déclarations-chocs de temps à autres:
Alors, c'est pour ça, M. le Président, que notre formation
politique et moi-même nous rallions à la résolution de ce
matin et j'appuie son adoption.
Le Président: Merci, M. le député de
D'Arcy-McGee. Le débat étant terminé, est-ce que la motion
soulignant le 50e anniversaire de l'appel lancé au peuple
français par le général de Gaulle est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Maintenant, aux avis touchant les travaux des commissions.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: M. le Président, j'avise l'Assemblée
qu'aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission des institutions
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 47,
Loi modifiant le Code civil du Québec concernant le partage du
patrimoine familial. Après les affaires courantes jusqu'à 13
heures, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de
l'aménagement et des équipements poursuivra TéTûde
"détaillée dû projet de loi 60, Loi sur la
Société québécoise de récupération et
de recyclage. Après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
à la salle du Conseil législatif, la commission des affaires
sociales poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 70,
Loi concernant l'adoption et modifiant le Code civil du Québec, le Code
de procédure civile et la Loi sur la protection de la jeunesse.
De 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission de l'aménagement et des
équipements procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 51, Loi modifiant la Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités. (11 h 30)
De 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures,
à la salle du Conseil législatif, la commission des affaires
sociales procédera à l'étude détaillée des
projets de loi suivants, et ce dans l'ordre ci-après indiqué: le
projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur les services de garde à
l'enfance, le projet de loi 32, Loi modifiant la Loi sur la protection de la
santé publique et le projet de loi 42, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-maladie et la Loi sur la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
De 20 heures à 24 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission des institutions procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi modifiant la
Loi sur l'organisation policière et modifiant la Loi de police et
diverses dispositions législatives. Merci, M. le Président.
Le Président: merci, m. le leader adjoint du gouvernement.
de mon côté, je vous avise que demain, le mardi 19 juin 1990,
à compter de 8 h 30, la commission des affaires sociales se
réunira en séance de travail à la salle rc-171 de
l'hôtel du parlement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce qu'il y a
des questions? Il n'y a pas de question. Ceci met donc fin à la
période des affaires courantes.
Aux affaires du jour, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article 80 du feuilleton d'aujourd'hui, se
référant à la motion présentée concernant
l'article 251 du règlement et portant sur le projet de loi 50.
Motion de clôture de l'étude
détaillée du projet de loi 50
Le Président: Alors, à l'article 80 du feuilleton,
nous allons maintenant débattre de la motion proposée par M. le
leader adjoint du gouvernement, conformément à l'article 251 du
règlement, motion qui se lit comme suit: "Que la commission de
l'aménagement et des équipements, à qui a
été confiée l'étude détaillée du
projet de loi 50, Loi modifiant la Loi sur la Régie de l'assurance
automobile du Québec et d'autres dispositions législatives, mette
fin à ses travaux quant à ce mandat dès l'adoption de la
présente motion et fasse rapport au moment prévu de la
période des affaires courantes de la séance qui suit celle au
cours de laquelle aura été adoptée la présente
motion."
Je suis donc prêt à reconnaître un premier
intervenant sur cette motion. Alors, M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, nous nous voyons aujourd'hui
obligés de débattre une motion pour clore le débat sur
l'étude en commission parlementaire sur le projet de loi 50. Nous
étions prêts à terminer l'étude de ce projet de loi
et nous avions espoir que les débats se dérouleraient dans un
esprit de collaboration, de recherche et de franche discussion. Les membres de
l'Opposition, cependant, ont préféré continuer d'utiliser
pendant deux jours les mêmes tactiques dilatoires qu'ils ont
utilisées tout au long de la semaine dernière.
Après avoir déposé des motions de scission et de
report, en Chambre, les membres de l'Opposition ont systématiquement
torpillé les travaux en commission, en présentant à
nouveau des motions dilatoires pour entendre des groupes et des personnes qui
n'étaient, pour la plupart, pas concernés par le projet de loi en
question. Nous avons donc dû débattre pendant des heures ces
motions dilatoires dont le seul but réel était de retarder le
plus possible l'étude détaillée du projet de loi 50.
On nous a demandé de convoquer le conseil d'administration de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, des
représentants de la Fédération des femmes du
Québec, des gens de l'association des personnes de l'âge d'or du
Québec, le Vérificateur général, le Protecteur du
citoyen, les membres de l'exécutif de l'ANCAl, l'Association des
camionneurs artisans. Il n'y a personne qu'on n'a pas demandé de venir
siéger chez nous. Si on avait poursuivi les travaux de la commission, on
aurait peut-être demandé d'entendre les Expos ou les
Nordiques.
Il était clair qu'au bout de 14 heures de discours interminables
de la part des membres de l'Opposition il n'y avait aucune volonté de
réaliser l'étude du projet de loi 50. Bien au contraire, on a
tenu, pendant des heures, à discuter des discours de sourds sur le
projet de loi 92 qui, pourtant, avait été longuement
discuté par mon prédécesseur et les membres de
l'Opposition et adopté par cette Chambre en juin
1989. Non, M. le Président, il s'agit tout simplement de nous
faire perdre notre temps. Mais le temps presse, justement. Des milliers de
Québécois attendent avec impatience et ont droit que leur
réseau routier soit amélioré et devienne plus
sécuritaire.
Après un premier mandat pendant lequel le gouvernement a pu
assainir ses finances, il se voit capable maintenant d'injecter 1 700 000 000 $
pour réparer et améliorer un réseau routier que le
gouvernement précédent a laissé se
détériorer pendant des années. Finalement, après
quatre ans de saine gestion financière, le gouvernement s'apprête
à investir sur les routes du Québec pour les rendre plus
sécuritaires. Les membres de l'Opposition ne sont pas d'accord avec
nous. C'est normal, c'est leur rôle de s'opposer. Ils ne sont pas
d'accord sur nos sources de financement. Plutôt que de puiser dans les
économies du gouvernement, les économies des
Québécois, et de les réinvestir pour qu'elles soient plus
rentables à courte et à longue échéance en termes
d'un meilleur bilan routier, en termes d'économie d'argent et de vies
humaines, les membres de l'Opposition, qui ont systématiquement
bloqué les travaux de la commission, préféreraient
augmenter les taxes des Québécois.
Ce gouvernement, M. le Président, ne veut pas taxer davantage les
Québécois. Il veut utiliser judicieusement et de façon
transparente des économies accumulées dans la réserve de
stabilisation de la Régie de l'assurance automobile du Québec,
conformément à la mission de la Régie qui est d'assurer
aux usagers de la route un accès sécuritaire au réseau
routier au Québec.
Le gouvernement du Québec a décidé sagement
d'utiliser ces fonds accumulés de la Régie à des fins
d'immobilisations en matière de sécurité routière
par la voie du projet de loi 50. En retarder indûment l'adoption, c'est
priver des centaines de milliers de Québécois d'un accès
plus sécuritaire aux routes du Québec. Nous ne voulons
ménager aucun effort pour diminuer le nombre de morts et de
blessés graves sur nos routes. Les immobilisations en matière de
sécurité routière, glissières de la signalisation,
construction de lits d'arrêt, meilleur éclairage, correction des
courbes dangereuses, toutes ces améliorations prévues vont
contribuer à ce même objectif. Nous sommes tous d'accord que les
routes du Québec ont besoin de réparations. Les infrastructures
et bien des ponts ont besoin d'être consolidés. Le gouvernement du
Québec a élaboré son plan quinquennal
précisément pour remédier à cette situation.
Les membres de l'Opposition ont tenté systématiquement de
scinder ou de reporter ce projet de loi. Ces motions dilatoires
équivalent non seulement à empêcher de corriger ces
situations dangereuses, mais aussi à ralentir le développement
économique au Québec, puisque l'amélioration du
réseau routier et de ses infrastructures est indispensable au bon
fonctionnement de l'industrie du transport dans toutes les régions. Ce
projet de loi est trop important et trop urgent pour ne pas être mis en
vigueur aussitôt que possible.
Je vous le dis, M. le Président, et je le répète,
comme je l'ai fait à maintes reprises au cours de la commission
parlementaire, si les membres de l'Opposition ne sont pas
intéressés à améliorer les routes du Québec
et à offrir, par le fait même, du travail et des emplois dans leur
région, moi, je le suis. Je me permets d'insister, M. le
Président, afin que mes propos soient bien compris, car ce sont des
emplois pour toutes les régions du Québec, incluant celles des
membres de l'Opposition. 1 700 000 000 $ sur cinq ans représentent un
réel effort de trouver une solution viable à notre situation
routière. C'est aussi 1 700 000 000 $ de travaux auxquels les
camionneurs pourront également participer dans leur région.
Il est temps de clore ces débats qui n'aboutissent à rien
et de passer à l'action pour mettre en marche le plan quinquennal du
ministère des Transports auquel les Québécois ont droit et
qu'ils attendent avec impatience. Merci, M. le Président. (11 h 40)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant, à titre de porte-parole du groupe
parlementaire, M. le député de Joliette et leader de l'Opposition
officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, ce matin, c'est de l'inédit, du jamais vu, de
l'inconcevable. C'est la troisième fois en cinq jours ouvrables, la
troisième fois en cinq jours ouvrables, que ce Parlement impose un
bâillon, la troisième fois en cinq jours ouvrables. Trouvez-moi
ça dans les annales du parlementarisme, M. le Président, et je
vous avoue que je m'excuserai publiquement! C'est la troisième fois dans
l'histoire du parlementarisme qu'un gouvernement, pour des raisons que nous
ignorons, mais dont on peut se douter, impose au Parlement un troisième
bâillon en cinq jours ouvrables, un troisième bâillon, sur
trois lois: l'imposition de taxes scolaires; un rapt, un vol littéral
aux assurés de la Régie de l'assurance automobile, soit deux
mesures fiscales, deux lois fiscales - et jamais, dans l'histoire du Parlement,
on a imposé des bâillons sur des lois fiscales - et la
troisième loi, M. le Président, c'était pour les heures
d'affaires où il n'y a aucune urgence. Ordinairement, pourquoi
utilise-t-on un bâillon à l'Assemblée nationale? Quelle est
la tradition? Quelle est la coutume? Et ça sert à quoi un
bâillon? M. le Président, je vais essayer d'expliquer ça un
peu à la population.
On a un gouvernement qui ne veut surtout
pas entendre parler de quoi que ce soit au cas où on pourrait
informer les citoyens du Québec. On a un gouvernement qui veut cacher
littéralement la vérité au monde ordinaire, aux citoyens
du Québec qui sont en droit d'avoir des informations. Le bâillon,
ordinairement, vient mettre fin à une discussion, M. le
Président, qui a duré des centaines et des centaines d'heures et
où tout a été dit. Mais là ça fait... Dans
le cas présent, savez-vous après combien d'heures arrive le
bâillon, M. le Président? Après treize heures, treize
heures; vingt-trois heures sur le projet de loi 69 et vingt-quatre heures sur
les heures de commerce, le projet de loi 75, puis un troisième
bâillon après treize heures seulement de discussion, M. le
Président. Pourquoi? Parce que ce gouvernement ne veut pas que l'on
explique aux citoyens du Québec quelles sont les cachettes, quelles sont
les passe-passe qu'il fait aux citoyens du Québec. Et je vais vous
l'expliquer, M. le Président. Ils ne veulent pas qu'on dise aux
citoyens: Ils n'ont pas augmenté les taxes officiellement dans le
budget, mais voici comment ils s'y prennent. C'est ça, fondamentalement,
qu'ils ne veulent pas qu'on dise. Ils ne veulent pas qu'on éclaire les
citoyens sur le fait qu'on n'aura jamais vu, au Québec, dans un seul
budget, autant de taxes déguisées, camouflées, de taxes
cachées, M. le Président. C'est ça, fondamentalement. Et
ce que le gouvernement dit c'est: Dorénavant, on n'en veut plus de
travail d'Opposition, M. le Président. On n'en veut plus. On ne veut
plus que vous parliez au monde là-dessus. On impose un
bâillon.
Je me souviens, M. le Président, de lois, de lois bien plus
importantes que celles que nous votons présentement, de lois autrement
plus importantes également pour l'avenir du Québec où
l'Opposition libérale d'alors a parlé deux cent cinquante, trois
cents heures, en plein mois de juillet à 102° de chaleur, M. le
Président. Les libéraux "s'effervesçaient". Mais, pour la
démocratie, pour permettre véritablement aux citoyens du
Québec de comprendre les gestes qui étaient posés, M. le
Président, on les a laissés parler des heures et des heures. Sur
la loi 101, par exemple, on a parié pendant au-delà de deux cent
cinquante heures et ce, en plus des mémoires que nous avions
écoutés. Sur la Loi sur l'assurance automobile, on a passé
au-delà de deux cents à trois cents heures, M. le
Président, à écouter les libéraux, parce que
ça engageait... c'était une mutuelle que l'on créait pour
les assurés du Québec. Sur la loi sur le financement des partis
politiques, que les libéraux ont rejetée par vote de leur
côté - ils ont voté contre - ils ont parlé des
centaines d'heures, M. le Président. Et là on parle de la
Régie de l'assurance automobile où les assurés, qui se
sont créé une mutuelle en vertu de la Loi sur l'assurance
automobile, se font littéralement voler 625 000 000 $ - ils se font
voler littéralement 625 000 000 $ - et, après treize heures, le
gouvernement libéral, M. le Président, est fatigué, il est
tanné d'entendre parler de ça. Si vous voulez pas en entendre
parler, c'est purement et simplement parce que vous ne méritez pas de
gouverner, parce que gouverner, c'est l'art d'assumer la critique et de
l'assurer aussi. Je ne comprends pas que ce gouvernement-là ne soit pas
capable d'écouter la critique. On est fait pour ça, dans ce
Parlement-là, sinon c'est dans la rue que les oppositions se
manifestent, M. le ministre et messieurs du gouvernement. C'est dans la rue et
vous en vivez quelque chose déjà, les camionneurs de l'ANCAl sont
devant le parlement, M. le Président. Ça fait 10 jours... Quelle
efficacité administrative! N'est-ce pas, M. le Président?
Ça fait 10 jours, et vous n'avez pas entendu le gouvernement dire: Bien,
on essaie de régler. Après 13 heures, littéralement, sur
un vol aux assurés de la Régie de l'assurance automobile,
là ils sont fatigués, M. le Président. C'est
épouvantable. L'Opposition... Je vais utiliser les mots qu'ils ont
utilisés, je les ai pris en note, M. le Président: "L'Opposition
a torpillé la commission", M. le Président. Ce n'est pas des
farces! Je ne sais pas si le ministre est conscient du sens des termes qu'il a
utilisés. L'Opposition a torpillé... est-ce que le fait de
vouloir entendre le vérificateur général sur l'utilisation
des sommes de la raaq et lui demander si elles sont véritablement
versées au fonds consolidé ou bien aux travaux de voirie, c'est
torpiller une commission que de vouloir savoir ça pour renseigner les
québécois, m. le président? est-ce que le fait de vouloir
entendre le conseil d'administration de la raaq pour s'enquérir, m. le
président, si le fait de faire une ponction de 625 000 000 $ sur trois
ou quatre ans, ce n'est pas suffisamment inquiétant, et demander au
conseil d'administration si les tarifs des permis de conduire et si les tarifs
d'immatriculation changeront d'ici trois ans, alors que si, on avait
gardé cette réserve qui est dans le fonds de la régie de
l'assurance automobile, on n'aurait pas eu à augmenter les permis de
conduire et les plaques d'immatriculation... est-ce que ce n'est pas
susceptible de renseigner la population, de lui donner véritablement, m.
le président, un éclairage correct? est-ce que c'est torpiller
une commission, ça, m. le président? est-ce que c'est faire
perdre du temps à une commission que de dire ou de faire dire aux
citoyens du québec par le conseil d'administration de la raaq: c'est
dangereux si vous en prenez trop, vous risquez de vous en aller vers une
augmentation de tarifs de permis, une augmentation de l'immatriculation, vous
risquez qu'on ne soit plus capables de maintenir le taux des indemnités
qu'on donne présentement? est-ce que c'est torpiller une commission que
de faire ça, m. le président?
Est-ce que c'est torpiller une commission que de vouloir, M. le
Président, rencontrer l'association des accidentés de la route et
leur dire: Voici, vous avez eu telle tarification depuis
toujours? Est-ce que vous considérez qu'on aurait pu
améliorer? Qu'est-ce qui a fait défaut dans ce que vous avez
vécu et ne considère-t-on pas qu'il serait plutôt temps
d'améliorer la procédure de gestion même de la Régie
de l'assurance automobile plutôt que d'assister à une ponction
fondamentale assez importante de 625 000 000 $ sur un nombre d'années,
M. le Président? Est-ce que c'est torpiller une commission que de faire
ça, M. le Président?
Retarder indûment... Le ministre a dit: L'Opposition voulait
retarder indûment... Mais c'est quoi, pour eux, administrer? C'est quoi,
pour eux, gouverner? Est-ce que c'est comme au Nouveau-Brunswick, sans
opposition? Est-ce que c'est des gouvernements de régime de bananes que
vous voulez, sans qu'il y ait, dans le Parlement, des gens qui aient le droit
de s'exprimer pour et au nom des concitoyens du Québec? Est-ce que
gouverner, ce n'est pas accepter, M. le Président, de se faire
critiquer? Est-ce que gouverner, ce n'est pas précisément de
permettre aux citoyens de s'exprimer et d'aller dans le sens d'un consensus qui
se dégage dans la société? Est-ce que gouverner, c'est
faire du nombrilisme à partir du fait qu'on fait partie du Parti
libéral et que le monde qui parle, ça ne marche pas? Vous ne nous
comprenez pas. On est beaux, on est fins, on a la science infuse, on sait
où on s'en va, nous autres; on a la vérité absolue et vous
n'avez pas un mot à dire. C'est ça, pour vous, gouverner. Quand
vous posez un troisième bâillon, M. le Président, quand on
propose un troisième bâillon en cette Chambre, c'est exactement le
message que vous donnez à l'Opposition et le message que vous donnez
à la population québécoise. Vous dites à la
population: Nous, on a la vérité tranquille et tout ce qui
s'objecte, nous autres, on tasse ça. On tasse ça par une motion
de suspension des règles, quand ça ne va pas assez vite, ou bien
on tasse ça, par une motion de clôture quand on est tannés.
On a hâte d'aller en vacances, là. (11 h 50)
Voyons, M. le Président! Une loi fiscale de ce genre n'a aucune
presse, comme on dit en bon québécois. Ça n'urgeait pas.
Ils peuvent se rendre jusqu'à la fin de mars de l'année
prochaine, de 1991, pour avoir cette loi-là et ça ne change rien,
M. le Président. La preuve que ça ne change rien... Et je mets au
défi le ministre de son siège. La preuve que ça ne change
rien - je défie le ministre - comment ont-ils pu, pendant deux ans,
trois ans, aller faire des ponctions de 45 000 000 $ par année et verser
ça pour la réforme ambulancière? Comment avez-vous pu
faire ça pendant trois ans sans législation et qu'aujourd'hui
vous veniez imposer un bâillon dans ce Parlement-là, M. le
Président, pour vous servir de l'argent des assurés de la
Régie de l'assurance automobile supposément pour
améliorer, supposément pour améliorer le système
routier? Encore là, des faussetés, c'est complètement
contraire à la vérité, M. le Président. Le budget a
été amputé cette année, M. le Président. On
le sait très bien. Le ministre délégué aux
Transports a moins d'argent qu'il n'en avait l'an passé. Donc, contraire
à la vérité! Et le ministre s'en vient nous dire, M. le
Président: Écoutez, là, ils nous ont fait perdre du temps.
Je répète: Je le mets au défi, je le mets au défi;
s'il veut jouer son siège contre le mien, je vais le mettre au
défi de me dire que cette loi-là est urgente. Je le mets au
défi de me prouver qu'il a besoin de la loi avant mars 1991. Je le mets
au défi de me prouver qu'ils n'ont pas agi dans
l'illégalité depuis 1987...
M. Lefebvre: Une question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur une question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Quand est-ce que qu'on met un ministre au
défi, M. le Président? On n'a pas le droit de prétendre
que le ministre ou le gouvernement est dans l'illégalité. C'est
carrément illégal en regard des dispositions de nos
règlements. On ne peut pas prétendre ça, M. le
Président. C'est irrégulier!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Je ne veux pas que ce soit comptabilisé dans
mon temps, M. le Président, parce que c'est une question de
règlement du leader adjoint du gouvernement. Je vais vous prouver, M. le
Président, qu'à partir même du projet de loi - à
partir même du projet de loi, s'il veut le lire, le leader adjoint, c'est
un avocat - l'article 155.5, page 5 du projet de loi, ils légalisent a
posteriori ce qu'ils ont fait depuis trois ans. L'article 155: "La
Société verse aux conseils régionaux de la santé et
des services sociaux, à la Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain, selon la
répartition déterminée par le ministre de la Santé
et des Services sociaux, une contribution au coût du transport
ambulancier établie de la façon suivante: 9 100 000 $ pour
l'exercice financier 1988-1989" - c'est passé, ça? - 37 200 000 $
pour 1989-1990 - ça finit le 31 mars cette année - et 37 500 000
$ pour l'an prochain. Dans le propre projet de loi que nous étudions et
sur lequel vous mettez un bâillon, ils légalisent pour deux ans en
arrière ce qu'ils ont fait et ils viennent nous imposer un
bâillon, M. le Président, sur une loi supposément qui est
importante et urgente.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur les questions de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle, le temps, c'est 30
minutes et c'est
inclut à l'intérieur du temps.
Quant à vos propos, M. le leader de l'Opposition officielle -
s'il vous plaît, M. le leader adjoint du gouvernement - j'estime qu'il
s'agit d'une opinion, mais je voudrais quand même vous notifier qu'il ne
faut pas avoir des propos blessants ou injurieux pour aucun des membres de
cette Assemblée. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas blessant que
de prendre un projet de loi, de le lire et de dire que le gouvernement ne dit
pas la vérité quand il dit qu'il ne légalise pas
rétroactivement, M. le Président. C'est la vérité,
c'est écrit dans leur projet de loi. Vous ne viendrez pas me dire que
c'est des propos blessants, ça. C'est des propos...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous ai simplement
dit, M. le leader de l'Opposition officielle, que c'est une question d'opinion.
Je vous invite à faire attention à vos propos, quant à des
propos qui pourraient blesser ou injurier quelque parlementaire.
M. Chevrette: Une question de règlement, M. le
Président. Je m'excuse, la présidence n'a pas à mettre en
garde. La présidence a à rectifier si j'utilise des mots
blessants. Mais, pour le moment, je m'excuse, avec toute la
déférence que j'ai pour la présidence de
l'Assemblée nationale, ce n'est pas parce que quelqu'un se lève
en cette Chambre et qu'il dit: Faites attention à ce que vous allez
dire... Je suis habitué à faire attention à ce que j'ai
à dire et, si vous avez quelque chose à dire, M. le
Président, au moment où je le dirai, vous le ferez, mais pas pour
le moment.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je ne vous ai pas
demandé à cet effet-ci de retirer vos propos et je vous permets
de poursuivre.
M. Chevrette: Merci. Donc, je peux continuer, M. le
Président, et je vais continuer encore plus dans ma conviction parce
que, par le projet de loi que vous déposez, vous légalisez
après deux ans ce que je vous avais dit de faire au moment où on
avait adopté la loi 34 sur la réforme ambulancière du
Québec. Et, aujourd'hui, on vient devant le Parlement et, à
l'Opposition officielle, qui avait carrément dit à
l'époque: Vous n'avez aucune assise légale, on dit: Le
bâillon après treize heures; après treize heures, ils ont
torpillé. On n'a pas torpillé. Ça nous prendrait 40 heures
pour vous dire que ça n'a pas de bon sens ce que vous faites, ou 50
heures, et c'est dans l'objectif fondamental que la démocratie s'exerce
précisément, qu'on prend ce temps-là. C'est pour
éviter que des citoyens ne se révoltent et qu'ils ne veuillent se
faire eux-mêmes justice. C'est pour ça qu'il existe un Parlement,
au cas où le ministre ne le saurait pas et au cas où le pouvoir
ne le saurait pas.
Il est de tradition dans cette Chambre qu'on laisse s'exprimer sur des
lois non urgentes, mais des lois importantes, l'Opposition, d'une façon
correcte et d'une façon complète, M. le Président. On est
en train carrément de dénaturer le règlement. Le
règlement de l'Assemblée nationale, M. le Président, donne
des pouvoirs à l'Opposition pour qu'elle reflète
précisément les points de vue des citoyens qui ne sont pas assis
ici. On n'est pas au pouvoir, M. le Président, je le sais, mais on
représente plus de 40 %, 46 % de la population si on compte tous les
partis politiques sur lesquels les gens ont exprimé leur vote. C'est 46
% de la population qui, par notre voix, veut s'exprimer et Dieu sait combien il
y a de libéraux qui veulent précisément qu'on s'exprime
là-dessus aussi, M. le Président, qui ont voté
libéral et qui ne sont pas d'accord! Et c'est le rôle du Parlement
de laisser aux élus le soin de dire ce qu'ils pensent d'un projet de
loi.
Rendue à un troisième bâillon en cinq jours
ouvrables, la formation libérale a perdu, M. le Président, toute
notion de ce qu'est la démocratie. On n'a pas besoin d'un
parlementarisme où il y a de l'opposition, si on veut la museler. On n'a
qu'à parler de régime totalitaire, unique. On fait ce qu'on veut
jusqu'au prochain renversement de pouvoir. Ce n'est pas de même que
ça marche, M. le Président.
Le Québec a opté pour un régime démocratique
où il y avait des partis d'opposition, où les parlementaires de
l'opposition pouvaient s'exprimer librement et sans contraintes. Relisez
l'article de la Loi sur l'Assemblée nationale, relisez les articles du
règlement, c'est bien dit que toute notre loi et tous nos
règlements convergent, M. le Président, à l'effet que
l'Opposition, dans un Parlement, a un rôle primordial à jouer,
prépondérant à jouer, M. le Président. Ce qui, aux
yeux du ministre, peut passer pour avoir l'air de torpiller un projet de loi,
c'est peut-être le plus grand bienfait de la démocratie qui
s'exprime. Parce qu'il n'a pas encore compris ça, le sens de la
démocratie où l'Opposition a non seulement le droit de
s'exprimer, M. le Président, et je vais aller plus loin que ça ce
matin, où l'Opposition a même le devoir de s'exprimer, M. le
Président. Quand, en son âme et conscience, l'Opposition sait que
tel projet de loi ou tel autre projet de loi n'est pas partagé par la
population, c'est non seulement son droit, c'est son devoir le plus fondamental
de s'exprimer.
On a assisté au bâillon, M. le Président, sur les
taxes scolaires. Est-ce qu'on avait le droit ou le devoir de s'exprimer? Les
deux, M. le Président. Le droit parce qu'on ne pouvait pas accepter en
ce qui nous concerne et, dans nos règlements, on pouvait parier comme on
voulait, et le devoir parce qu'on a la conviction qu'il n'y a pas un citoyen du
Québec ou très peu de
citoyens au Québec qui veulent voir leur compte de taxes
augmenter de 140 $ par famille en moyenne. C'est notre devoir, donc, de le dire
et de le crier bien haut et bien fort, et tout le temps qu'on veut, M. le
Président, parce que c'est une loi fiscale à part ça et,
par tradition, on n'impose pas de bâillon sur les lois fiscales.
On nous a imposé les heures d'affaires. Est-ce qu'on avait le
devoir de s'exprimer, M. le Président? Il y a un très large
consensus dans la population qui dit: N'ouvrez pas les commerces le dimanche.
N'ouvrez pas les commerces le dimanche. Il y a des centaines de milliers de
travailleurs qui nous disent, M. le Président: On ne veut pas embarquer
dans ce nouveau carcan-là. Qu'on modifie donc dans le sens des
consultations qu'a faites le député de Nicolet-Yamaska. On n'est
pas retournés sur un dix sous, nous autres. On a été
cohérents, on a été constants dans notre évaluation
là-dessus et on a dit: On respecte le consensus qui se dégage et
on va le défendre. C'est ça fondamentalement que l'on dit et on a
le devoir de le faire, M. le Président. Mais c'est inadmissible qu'un
gouvernement, parce que, temporairement, il est supérieur en nombre,
n'accepte pas de se ranger derrière les consensus sociaux qui se
dégagent et impose des bâillons.
Et on nous arrive avec un troisième bâillon. Avons-nous le
droit ou le devoir de nous exprimer contre une loi qui va faire une ponction
chez les assurés, mais qui n'améliorera en rien, à
très court terme, M. le Président, l'état des routes
québécoises? Le budget est plus faible que l'an passé.
Demi-vérités, absence de vérité totale, M. le
Président. Est-ce qu'on a le droit? Oui, on a le droit. Est-ce qu'on a
le devoir? Oui, on a le devoir aussi de s'opposer fondamentalement et c'est
ça, l'esprit du règlement et de la Loi sur l'Assemblée
nationale. C'est quoi ça, en trois jours: Fermez-vous la boîte, on
ne parle plus? C'est quoi, après treize heures, venir dire aux
parlementaires: Vous ne vous exprimez plus là-dessus? (12 heures)
M. le Président, fondamentalement, ils ne veulent pas qu'on parle
de leurs cachettes qu'ils essaient de faire aux citoyens du Québec. Ils
ne veulent pas que l'on révèle aux citoyens du Québec
qu'ils n'ont pas eu le courage politique de faire un budget où
l'ensemble des citoyens du Québec seraient traités
équitablement. Ils préfèrent y aller par taxes
déguisées et ils disent: Bien, tant et aussi longtemps que ces
péquistes-là vont parler, ils vont nous démasquer. Mais
c'est le rôle fondamental d'une Opposition dans un Parlement. Et le jour
où le gouvernement impose un troisième bâillon en cinq
jours, c'est qu'il se fout éperdument du Parlement, qu'il se fout
éperdument du processus normal de la démocratie, qu'il se fout
éperdument des règles édictées qui conduisent
normalement à l'aboutissement d'une sanction légale, M. le
Président. Et ça, on ne le prendra pas. Et vous verrez ces
mêmes personnes, dans quelques jours, dire à la population du
Québec: Ah bien! Tel projet de loi n'est pas passé, c'est la
faute de l'Opposition. C'est-y assez fort pour vous? Ils vont dire ça,
à part de ça.
Ce n'est pas de notre faute, à nous autres, s'ils ont
commencé à légiférer le 6 juin, M. le
Président. Ce n'est pas de notre faute s'ils n'ont pas appelé les
projets de loi, s'ils les ont tous déposés ou à peu
près tous déposés, les projets de loi, à la
dernière journée permise, à savoir le 15 mai. Ce n'est pas
de notre faute, ça. Ce n'est pas nous qui administrons. C'est toujours
la faute du PQ quand ils parlent, eux autres, mais ce n'est pas le PQ qui
dépose les projets de loi. C'est le Parti libéral de Robert
Bourassa, premier ministre du Québec. C'est eux autres qui, le 15 mai,
ont déposé l'avalanche de projets de loi, qui ont fait leur
budget après, qui ont fait l'étude des crédits
après, puis s'il n'y a presque pas de jours pour
légiférer, ce n'est pas la faute du PQ, ça, M. le
Président.
Et ce n'est pas vrai que, parce qu'ils ont attendu à la
dernière minute pour déposer leur législation, on va se
sentir obligés d'écourter nos discours, M. le Président,
surtout quand on a la conviction profonde que, quand on parle contre des
projets de loi tels que les 140 $ par famille pour l'augmentation des taxes
scolaires, on parie au nom de centaines, de milliers de travailleurs, comme les
petits propriétaires de commerces qui nous disent: Non au dimanche. En
tout temps, quatre, s'il vous plaît. Non à une prolongation
même le lundi soir. Ça n'a pas d'allure. Nos petits commerces, on
ne fera pas plus d'argent et on va avoir plus de dépenses et on va
craquer. Ce n'est pas vrai, ça, M. le Président, qu'on va
écourter nos discours sous prétexte que ces messieurs ne veulent
pas qu'on parle. Non, M. le Président. On va continuer à
parler.
Et leur troisième bâillon, M. le Président, tout
comme leur deuxième et leur premier, il passe mal ici, il ne se
digère pas par l'Opposition. Il ne se digère pas par la
population. Et vous allez en entendre parler dans les prochains jours, M. le
Président. Nous allons utiliser les moyens parlementaires pour nous
faire respecter maintenant.
Tout a un prix dans la vie. On ne peut pas vouloir faire taire une
formation politique qui a des droits, et des droits fondamentaux en vertu d'une
loi et en vertu d'un règlement. On ne peut pas faire taire une
Opposition, M. le Président, qui a des droits légitimes, d'autant
plus que tout le débat porte sur des choses très
légitimes. Essayez de me dire qu'il n'y a pas consensus dans la
population, présentement, contre les heures d'affaires, essayez de nous
dire qu'il n'y a pas consensus dans le monde municipal et même dans le
monde scolaire contre les 140 $ de taxes scolaires. On va en parler de
ça. Essayez
de me dire qu'il y a pas des consensus contre ça. Puis, vous
êtes légitimés d'essayer de nous faire taire alors qu'on
parle dans le sens des consensus, alors que ça correspond à ce
que la population attend d'un parlementaire! Est-ce que vous êtes
mandatés pour augmenter les taxes scolaires ou si on ne va pas plus dans
le sens du consensus qui se dégage contre? Est-ce qu'on ne va pas plus
que vous autres dans le sens du consensus qui se dégage sur les heures
d'affaires? On est légitimés, M. le Président, on a le
droit.
Et l'esprit du règlement maintenant. L'esprit du
règlement, M. le Président, c'est que le bâillon, ça
s'utilise à l'ultime limite. C'est la première fois que je vois
un gouvernement aussi désinvolte vis-à-vis des règles
édictées dans notre règlement. C'est la première
fois que je vois un gouvernement utiliser à la va-comme-je-te-pousse
n'importe quand, selon l'humeur, des motions de suspension de règles ou
des motions de clôture. C'est la première fois que je vois
ça. Ça ressemble à un esprit dictatorial, M. le
Président, qui veut imposer ses volontés au-delà de tout
processus normal sur le plan démocratique.
Et ce n'est pas bon, ça, M. le Président. Ce n'est pas bon
pour notre société. Ce n'est pas bon pour la collectivité
d'agir de la sorte. Ne venez pas me dire que c'est bon. Et celui qui me dira
que c'est bon, qu'il se lève et qu'il nous explique pourquoi, qu'il nous
dise pourquoi c'est bon: de hâter les choses, M. le Président,
d'empêcher le processus démocratique de s'exprimer, de
s'expliquer, M. le Président.
Rappelez-vous le passé. Le passé est garant de l'avenir.
Si, dans les lois contestées, vous imposez vos volontés
immédiates, sans discussion, sans que le Parlement s'exprime librement
et longuement, vous créez automatiquement et vous le savez, il y en a au
moins certains de votre côté qui savent ça... Ce n'est
peut-être pas tout le monde qui peut comprendre ça. Mais je suis
sûr que, de votre côté, il y en a quelques-uns qui
comprennent. J'ai la conviction qu'il y en a quelques-uns qui comprennent qu'un
processus démocratique ne peut pas être continuellement
bafoué. C'est extrêmement dangereux comme répercussion
sociale et vous le savez, ça, pour certains.
Vous savez qu'on n'a pas le droit de faire exercer exclusivement et tout
le temps le poids du nombre. C'est une histoire de boomerang, ça. C'est
extrêmement dangereux de ne se fier, M. le Président, qu'au poids
du nombre. C'est exactement pour ça qu'on a des règlements
permettant à ceux qui ont le nombre moindre de s'exprimer dans des
cadres le plus longuement possible. C'est ça, fondamentalement, qui est
bafoué aujourd'hui. C'est ça, fondamentalement, que vous reniez
depuis le début, depuis cinq ans déjà, M. le
Président. Dans l'espace de cinq ans, on aura eu un paquet de motions de
clôture, un paquet de motions de suspension des règles, M. le
Président.
Ah oui, il ne faut pas laisser... C'est fini, on décide!
Après treize heures, c'est assez. Après treize heures, c'est
assez. Vous allez peut-être avoir des heures longues de voir la
population vous faire comprendre que ce n'est pas assez. Vous avez
peut-être besoin de temps pour assouplir vos positions. Il aurait
peut-être été plus brillant, par exemple, dans les heures
d'affaires que le ministre prenne quelques heures pour échafauder un
compromis qui allait dans le sens des gens qui ont à vivre avec ces
lois-là. Ça aurait peut-être été
intéressant pour vous, comme députés ministériels,
de prendre le temps de convaincre un ministre d'y aller avec nuance, d'y aller
avec parcimonie, d'y aller avec un peu plus de doigté, un peu plus
d'étude, un peu plus de compréhension vis-à-vis des
situations, M. le Président.
Ce que vous faites là, vous bafouez complètement le
processus démocratique du Parlement. Et je dois vous avouer, M. le
Président, qu'on va prendre tout notre temps. Je voudrais vous
prévenir de ça, M. le Président. Ils ne diront pas qu'on
n'est pas francs, nous, qu'on n'est pas clairs. On va dire la
vérité. Nous allons prendre tout notre temps sur la motion qu'on
a devant nous, M. le Président. Jusqu'au dernier des parlementaires qui
pourra venir parler, oui, il va parler. C'est-y clair, M. le Président?
Oui. Quand on va arriver au rapport de la loi 69 sur l'augmentation de la taxe
scolaire, on va tous parler, M. le Président. On va tous prendre notre
temps parce que la population du Québec, qui sait ce qui se passe ici,
elle ne l'accepte pas, l'augmentation des taxes scolaires. C'est-y correct?
Elle ne l'accepte pas. Et il faut qu'on reflète, nous, de l'Opposition,
ce sentiment-là de la population. C'est ça, notre rôle.
Vous avez voulu nous enlever à une commission parlementaire,
c'est devant les caméras qu'on va faire comprendre à la
population qu'on est contre, M. le Président, l'augmentation de 140 $
par famille pour les taxes scolaires. C'est devant les caméras de la
télévision qu'on va également, en troisième
lecture, sur le même projet de loi, venir répéter qu'on est
contre, que ça n'a pas d'allure, que ce n'est pas une façon
correcte, que c'est plutôt hypocrite d'agir de la façon dont on
l'a fait par des taxes indirectes. On va dire tout ça aux yeux et au su
de tout le monde, M. le Président. Oui, malgré le fait que,
normalement, un projet de loi subit son étude article par article, oui.
Et c'est aussi en commission parlementaire qu'on a le droit de convoquer des
gens comme on a essayé de le faire et ne venez pas me dire que
c'était torpiller. Ne venez pas me dire que c'est torpiller. Ne venez
pas dire, M. le Président, que c'est retarder indûment.
Ne venez pas dire qu'on n'est pas intéressés à
améliorer les routes. On est intéressés à
améliorer les routes. Mais on n'est pas intéressés
à se faire emplir et on n'est pas intéressés
à ce que le ministre des Transports et le gouvernement du Parti
libéral viennent littéralement emplir les gens, M. le
Président. Parce que qu'est-ce qu'on nous dit? On dit qu'on n'est pas
intéressés à voir améliorer le réseau
routier. On est tellement intéressés qu'on ne veut pas qu'ils
nous disent qu'ils mettent de l'argent alors qu'ils n'en mettent pas. C'est
ça qu'on dit aux citoyens. Je pourrais vous donner des exemples dans ma
région où il y a un petit pont, ça fait trois
élections qu'ils font dessus, il va falloir qu'ils arrêtent, M. le
Président. (12 h 10)
Ce qu'ils font aujourd'hui, en déposant un troisième
bâillon en cinq jours ouvrables, M. le Président, ils vont le
payer jusqu'à la dernière minute de l'utilisation de notre temps
parce que nous avons la conviction profonde, la conviction intime que nous
reflétons dans nos exposés, autant sur la Régie de
l'assurance automobile dont nous discutons présentement que sur la loi
imposant 140 $ de taxes scolaires, comme sur la loi sur les heures de commerce,
et que nous allons parler pour et au nom de la population du Québec.
Le Vice-Président (m. bissonnet): merci, m. le leader de
l'opposition officielle. je reconnais maintenant le prochain intervenant, m. le
député de louis-hébert. m. le député.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Le gouvernement a donc
décidé de passer une loi absolument essentielle,
nécessaire, dont il a besoin pour pouvoir effectuer des travaux
essentiels qui ont trait à la sécurité routière.
L'Opposition, dans le moment, est en train de déchirer son linge et de
se scandaliser de ce que le gouvernement fait. Le gouvernement décide,
après avoir envisagé la balance des inconvénients, parce
qu'il y en a, des inconvénients, M. le Président... Nous avons
regardé les choses la tête froide. Nous ne nous sommes pas
excités; nous avons tout simplement pesé le pour et le contre
pour savoir si la population tirerait plus de bénéfices à
avoir un projet de loi semblable pour assurer la sécurité
routière ou si la population tirerait plus de bénéfices
à continuer d'entendre les discours tels que ceux qu'on vient
d'entendre. C'est quoi, la décision qui doit être prise? Qu'est-ce
que la population veut dans le moment? Entendre des discours tels qu'en a fait
avec grandiloquence le leader de l'Opposition? Est-ce que c'est ça que
la population veut ou si la population veut que le gouvernement dispose des
fonds qui sont nécessaires pour effectuer des travaux que tout le monde
s'entend à demander? A choisir, qu'est-ce que le gouvernement doit
faire? Se rendre aux désirs de la population qui a des besoins, qui les
exprime ou continuer d'écouter l'Opposition heure après heure,
jour après jour, présenter toutes sortes de motions aussi
dilatoires les unes que les autres, des motions qui n'ont pour seul effet que
de bloquer la législation?
On dit: Vous n'avez utilisé que treize heures en commission
parlementaire; treize heures à entendre l'Opposition
répéter ad nauseam la même chose, répéter
sans cesse les mêmes arguments à l'effet que ce projet de loi
là ne faisait pas son affaire, qu'elle n'en voulait pas, que
c'était du vol, que c'était du rapt, que c'était des
hold-up, qu'on vidait la Régie de l'assurance automobile de ses fonds.
On a entendu ça pendant treize heures de temps. Vous pensez qu'on aurait
avancé un petit peu; on n'avait pas encore touché au premier
article, on en était aux motions préliminaires. Et l'Opposition
nous disait ça avec un sourire, avec un grain de malice dans les yeux,
nous laissant entendre très clairement que ça continuerait comme
ça tant et aussi longtemps qu'on se prêterait à ce
jeu-là. On s'est prêté à ce jeu-là pendant
treize heures. M. le Président, vous venez d'entendre un discours qui
vous a peut-être paru long, une demi-heure, mais ce n'était qu'une
demi-heure. Pendant treize heures, on en a eu des semblables. L'Opposition a
parfaitement le droit de les faire. Nous, on est dans l'obligation de les
entendre, de les écouter, mais quand on nous dit ça pendant
treize heures... Au bout de treize heures: motion pour entendre tel
intervenant, motion pour obtenir la comparution de tel autre intervenant.
On leur a fourni les réponses aux questions qu'ils nous posent.
Il y avait des questions sur la Régie, on a fourni ces
réponses-là. La Régie était prête à en
donner d'autres si on avait d'autres questions. On a fourni toutes les
assurances possibles. Et, le sourire en coin, on nous disait: On va continuer;
vous aimez ça, on va vous en donner. On peut parler 20 minutes sur
chaque motion, chacun d'entre nous, et on va faire des motions l'une
après l'autre. Et, une fois qu'on aura envisagé un premier
article, on va recommencer les motions qu'on a faites en remarques
préliminaires. Quand est-ce que ça va finir? Ça va finir,
simplement, quand le gouvernement va dire: C'est assez, c'a assez
duré.
C'est ça qu'on vient de faire. On a le mandat de gouverner, on a
le mandat de prendre des décisions. On n'a pas le mandat de se faire
charrier par l'Opposition. Ce n'est pas ça, notre mandat. Alors, c'est
le mandat qu'on exerce et on va continuer de l'exercer parce qu'il n'y a pas
d'autre moyen d'agir. Si l'Opposition avait envisagé le premier article
et nous avait fait des propositions en disant: Ce n'est pas 150 000 000 $, nous
pensons qu'avec 148 000 000 $ pour telle année, vous en auriez eu assez,
s'ils faisaient une démonstration qu'il y a 2 000 000 $ dont on n'a pas
besoin et qu'ils nous arrivaient avec des chiffres sensés - c'est
un exemple que je donne - en disant: Ces 2 000 000 $ ne vous sont pas
absolument nécessaires, M. le ministre, vous pourriez vous tirer
d'affaire avec simplement 148 000 000 $ au lieu de 150 000 000 $, on pourrait
discuter en hommes sensés, on pourrait discuter entre personnes adultes,
de bonne foi, qui regardent des solutions possibles.
Mais quand, après treize heures, on n'a pas touché au
premier article, c'est quoi la conclusion qu'on doit tirer? C'est qu'avec un
autre treize heures on ne le touchera pas plus et, quand on sera rendu au
premier article, on va encore y passer des heures et des heures, motion
après motion et pendant ce temps-là la population dira au
gouvernement: C'est quoi, ces histoires-là? On en a des gens aussi qui
suivent les débats. On en a des gens qui nous parlent et qui nous
disent: On vous a élus; c'est qui qui décide dans ce
Parlement-là? C'est-y vous autres ou si c'est l'Opposition? Mettez donc
vos culottes, le gouvernement, et, une fois que vous avez expliqué un
projet de loi, que vous en avez défendu le principe, ayez donc le
courage de le passer, ce projet de loi là, et ne vous mettez pas
à la merci de l'Opposition. C'est ça, gouverner. C'est ça,
avoir un mandat. C'est ça qu'on a fait et c'est ça qu'on doit
faire parce qu'il n'y a pas d'alternative. Nous n'avons pas d'autre choix, M.
le Président.
Je vous inviterais, M. le Président, parce que votre fonction
vous retient sur votre siège, à lire les transcriptions, dans le
Journal des débats, de ce qui s'est passé en commission
parlementaire. J'invite la population à le faire, par curiosité,
pour se faire une idée, une fois pour toutes, de la frivolité des
manoeuvres de l'Opposition. Après ça, la population saura
à quoi s'en tenir sur tous les cris qu'elle pourra entendre si jamais le
gouvernement est amené à n'avoir d'autre choix que d'imposer une
telle motion de clôture. Je vous invite, M. le Président, à
prendre connaissance de ces transcriptions-là. Vous verrez qu'aucune des
motions qui ont été présentées n'était
sérieuse, que c'était fait en pure frivolité pour faire
perdre le temps de la commission parlementaire, pour user le ministre qui est
sollicité par toutes sortes d'autres problèmes et qui doit, jour
après jour, heure après heure, s'astreindre à
écouter des discours qui sont tous plus vides les uns que les autres et
qui n'ont qu'un but: retarder les débats, mettre le gouvernement dans
l'embarras, l'obliger à venir à une seule conclusion, la seule
qui s'impose, c'est que jamais l'Opposition n'acceptera ce projet de loi,
qu'elle va faire tout en son pouvoir, par tous les moyens dont elle dispose,
pour empêcher le gouvernement de le passer.
Cette certitude-là, nous l'avons acquise en observant et en
écoutant l'Opposition. Nous n'avions pas d'autre alternative. Nous nous
sommes résolus à invoquer le règlement pour mettre fin aux
travaux de la commission parlementaire parce que c'était le seul moyen
de nous rendre au désir de la population, au désir que le
ministre connaît, qu'il a l'intention de "rencontrer" et, pour ça,
ça lui prend des fonds. C'est ce que ce projet de loi lui assure, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant M. le député de
Labelle. M. le député de Labelle. (12 h 20)
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, le ministre des
Transports nous amène une motion de clôture après treize
heures de débats en commission parlementaire. Et j'entendais le
député de Louis-Hébert, qui a participé pendant une
heure ou deux à la commission, venir nous dire qu'il y avait là
des futilités qui ont été dites. M. le Président,
je voudrais simplement rappeler une chose: c'est que l'Opposition a joué
son rôle, mais que le ministre ne répondait même pas aux
questions, jamais ou pratiquement jamais. La première journée, il
n'a pas ouvert la bouche et, la deuxième, très timidement, il a
commencé à dire quelques phrases par-ci, par-là. m. le
président, j'ai bien souvenir qu'en 1960, quand le parti libéral
a pris le pouvoir, il a promis la démocratie aux
québécois. or, ce qu'il fait aujourd'hui, c'est le contraire.
quand on impose le bâillon, ça veut dire qu'on empêche les
débats. ça veut dire qu'on empêche les débats.
après treize heures, c'est inédit et ça, ça veut
dire qu'on empêche les débats. m. le président, je voudrais
simplement dire aux québécois qui nous écoutent pourquoi
le gouvernement procède comme cela. tout le long de l'hiver, il a
annoncé des mesures fiscales qu'il n'avait pas le courage de
dévoiler, dont il n'avait pas le courage de porter la
responsabilité. il en faisait porter le poids aux commissions scolaires,
aux étudiants, à hydro-québec et puis, maintenant, aux
municipalités dans les régies de transport. c'est ça qu'il
fait. et, maintenant, il arrive avec une loi où lui-même est
obligé de dire, par un projet de loi, qu'il augmente les taxes, ce qu'il
ne veut pas admettre, ce qu'il ne veut pas dire. il augmente les taxes et il
veut aller se chercher 625 000 000 $ à la régie de l'assurance
automobile du québec. m. le président, il veut se cacher dans une
fin de session, en imposant le bâillon après treize heures, juste
avant les vacances, avant que les gens partent, en espérant que la
plupart oublieront la mesure durant l'été. c'est ça qu'il
veut faire.
M. le Président, ce que l'Opposition a cherché à
faire au cours de ces treize heures, c'est entendre des groupes, le
Vérificateur général du Québec, pour leur demander
si le ministre avait le droit de faire cela. Or, les
objets et la mission de la Régie de l'assurance automobile du
Québec n'ont pas été modifiés et, donc, on peut
soupçonner que le gouvernement n'a même pas le droit d'aller
chercher l'argent qu'il veut aller chercher actuellement, parce qu'il ne
modifie pas la mission et les objectifs de la Régie de l'assurance
automobile du Québec. Et, donc, sa propre loi pourrait être
contestée éventuellement à cause de ça.
M. le Président, qu'est-ce qui s'est passé? Finalement,
c'est qu'au cours des dernières années, des toutes
dernières années, à cause des hauts taux
d'intérêt, la Régie a accumulé des surplus - si on
l'admet - mais ces surplus appartiennent aux assurés de la Régie
qui ont payé des primes trop élevées, compte tenu du
rendement des placements de la Régie. Alors, qu'est-ce qu'il veut faire?
Il veut aller mettre la main sur les surplus. Par une loi qu'il passe en
cachette, sur laquelle il impose un bâillon au bout de treize heures
seulement de délibérations, il veut partir avec le sac qui
appartient aux assurés, mais qui n'appartient pas au gouvernement et il
veut aller se chercher ce droit par une loi, en cachette, treize heures en
commission. C'est ça qu'il fait. C'est ça qu'il fait. Il veut
littéralement voler les assurés de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, parce que ces surplus, normalement, devraient
servir, soit à stabiliser les primes, soit à les diminuer, parce
que cela veut dire qu'on est allé en chercher trop par les primes. C'est
là que ça devrait se faire, se jouer et non pas aller piger dans
la caisse pour le gouvernement. Parce que ces surplus appartiennent aux
assurés. Il faut que les gens en soient profondément convaincus;
le gouvernement lui-même en est convaincu et il se cache pour aller voler
le sac. Il se cache pour aller voler le sac. C'est ça qu'il fait.
Donc, le ministre nous arrive ce matin en nous disant qu'il y a eu des
débats interminables, treize heures. Quand la Loi sur l'assurance
automobile a été adoptée, c'est de plus de 200 heures
qu'il s'est agi. Et, aujourd'hui, on est en train de dénaturer la
fonction de la Régie de l'assurance automobile du Québec et puis,
après treize heures qu'on en parle, c'est trop.
M. le Président, je pense que le Vérificateur
général aurait eu son mot à dire et, d'ailleurs, il s'est
réservé pour son rapport annuel, dans ce contexte. M. le
Président, le conseil de la Régie de l'assurance automobile du
Québec aurait dû venir à la barre. Effectivement, le
président était là, assis à côté du
ministre. On lui a demandé de se présenter à la barre pour
répondre lui-même aux questions qu'on aurait à lui poser.
Le ministre a refusé. On lui a demandé de donner la parole au
président de la Régie de l'assurance automobile du Québec.
Le ministre a refusé et lui-même n'a pas répondu aux
questions qu'on lui a posées lorsqu'on a discuté de cette
question. Au fond, ils ne veulent pas en parler. C'est un projet de loi dont
ils ne veulent pas parler, qu'ils veulent passer en cachette, avant les
vacances, dans une fin de session où beaucoup de projets de loi se
bousculent parce qu'ils n'ont rien fait, parce qu'il se sont
traîné les pieds depuis le 13 mars, le jour où ils ont
ouvert la session, le 13 mars. Ils auraient pu l'ouvrir 15 jours avant, la
session, on aurait parié de ce projet de loi, parce qu'ils savaient ce
qui venait, le gouvernement savait ce qui venait. Alors, pourquoi avoir
attendu?
Justement, ils ont attendu, comme pour d'autres projets de loi, comme
pour le projet de loi 69 sur l'impôt foncier dans les commissions
scolaires. Et ils attendent toujours à la dernière minute. Quand
il y a le moindre problème qui se dessine autour d'un projet de loi, ils
vous camouflent ces projets de loi en fin de session parce que les gens s'en
vont en vacances au mois de juillet ou bien s'en vont en vacances à
Noël et là, ils pensent que plus personne ne va en parler. Bien,
nous allons en parler de ce projet de loi, le plus qu'on pourra cette semaine,
même avec le bâillon. Évidemment, ils vont raccourcir, c'est
ce qu'ils tentent de faire, mais je pense que les Québécois ne
l'oublieront pas.
Ce que je dis ici, ce n'est pas de la démagogie, parce que, dans
des projets de loi importants comme celui qui touche la Régie de
l'assurance automobile du Québec, ça mérite un
débat, parce qu'on est en train d'en modifier l'orientation. On est en
train de s'en servir comme d'une caisse pour financer des travaux routiers, ce
qui va à rencontre de l'article 2 de la loi constitutive de la
Régie de l'assurance automobile du Québec. C'est ça que le
gouvernement fait.
Il voudrait que la Régie de l'assurance automobile du
Québec devienne un deuxième ministère du Revenu du
Québec. Il veut financer... Il veut revenir au Moyen Âge, alors
qu'ils avaient mis des péages sur les autoroutes. C'est un nouveau
péage par la Régie de l'assurance automobile du Québec.
C'est ça que le gouvernement fait dans l'actuel projet de loi. Il est en
train de modifier complètement la mission, la fonction, l'orientation de
la Régie de l'assurance automobile du Québec, et tout ça,
sans vouloir en parler, après 13 heures de débat en commission -
13 heures. C'est le temps normal qu'on aurait dû prendre d'ailleurs, si
le ministre avait eu le moindrement d'ouverture pour entendre, justement, des
groupes dont nous parlions. Parce que, s'il les avait entendus, au bout d'une
heure, probablement que nous aurions eu réponse à nos questions.
Mais il a refusé qu'on les entende, de peur qu'il y ait des
réponses qui ne conviennent pas exactement au gouvernement. Or, je
maintiens que le conseil d'administration de la Régie de l'assurance
automobile du Québec doit avoir son autonomie, ou bien, qu'est-ce qu'il
fait là? Justement, il l'empêche de parler, ce conseil.
M. le Président, je pense que nous assistons à une
opération de camouflage qui est la suite de
tout le discours sur le budget où nous avons
démontré que le gouvernement augmentait, cette année, ses
taxes de 1 219 000 000 $, alors qu'il disait, dans une autre phrase à
côté, que l'impôt sur le revenu n'augmentait pas. Même
si le rendement de l'impôt sur le revenu augmentait de 1 442 000 000 $,
de 14 %, il affirmait cela mais il ne payait pas des taxes. Mais, les taxes, il
les a augmentées une par une, systématiquement. Et, dans le cas
ici, c'est un véritable vol des assurés de la Régie de
l'assurance automobile du Québec qui est en train de se faire et ces
messieurs ne veulent pas qu'on en parle. 13 heures pour entendre les principaux
intéressés de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, comme l'Association des victimes d'accidents, comme le
Protecteur du citoyen aussi qui, lui, sait quels sont les problèmes qui
ne se résolvent pas a la Régie de l'assurance automobile du
Québec. Il aurait été bon d'entendre ces gens. Au
contraire, ils n'ont pas le temps et ils veulent tout de suite passer à
l'étude article par article sans éclairer le fond des choses,
pour se camoufler, pour éviter que les Québécois se
rendent compte que leurs taxes augmentent considérablement durant toute
cette année, de toutes sortes de façons. C'est une loi qui est
amenée de façon hypocrite, qu'ils veulent adopter de façon
hypocrite et qui est la caractéristique absolue, je pense, de ce
gouvernement: l'hypocrisie. (12 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Rousseau.
M. Robert Thérien
M. Thérien: Merci beaucoup, M. le Président. C'est
d'abord avec plaisir que je prends la parole sur ce projet de loi pour la
quatrième fois. Une première fois sur la loi elle-même, une
deuxième fois sur la scission, une troisième fois sur la motion
de report et aujourd'hui sur la clôture. Lorsqu'on parle du nombre
d'heures, le peu de nombre d'heures qu'on a pu discuter, je vous mentionne, M.
le Président, toutes les courbettes que le parti de l'Opposition a
dû faire pour bloquer cette loi. C'est l'intention, M. le
Président, qu'il faut percevoir là-dedans. Ils ont utilisé
tout ce qui était possible et donné à l'Opposition pour
bloquer la foi.
Ne me dites pas que ces gens-là ont voulu discuter de la loi, M.
le Président. On a fait d'abord une scission; motion de report. Puis on
a été obligé de mettre le bâillon justement pour
qu'on puisse passer notre loi conformément au budget qu'on a
voté. On ne s'est pas caché de rien, M. le Président.
Quand on parle de cachette, d'hypocrisie. On ne s'est pas caché de rien.
On a fait un budget où c'était indiqué à
l'intérieur du budget et une loi qui vient rendre conforme la
déclaration du ministre des Finances. Où est la cachette, M. le
Président? Où est l'hypocrisie? Mais ne me dites pas... Et quand
le député de Labelle parle, lui qui a été aussi
ministre des Transports - on cherche encore ses réalisations; mais ne
l'a pas été longtemps, on en convient, il ne l'a pas
été longtemps là-dessus. Sauf que, M. le
Président...
Le Vice-Président (m. bissonnet): m. le
député de rousseau, je vous demanderais de ne pas vous adresser
à un autre député mais de vous adresser à la
présidence, s'il vous plaît.
M. Thérien: Merci, M. le Président. Donc, on
parlait des 13 heures. Je pense qu'on a posé un geste tout à fait
responsable comme on a posé une loi qui vise une responsabilité.
La responsabilité, c'est de réparer nos routes. C'est dire:
Où on va prendre l'argent? Le Parti québécois aurait
souhaité peut-être qu'on endette davantage la province, qu'on
impose davantage les Québécois. On n'a pas pris cette
voie-là. C'est nous le gouvernement. On a des responsabilités, on
a des choix à faire. Le choix que... M. le Président, moi, je
pense que j'ai écouté très bien le député de
Labelle, si vous voulez le rappeler à l'ordre. Ça me ferait
plaisir de prendre ses commentaires à l'extérieur de la Chambre.
Donc, M. le Président, on nous parle du nombre d'heures. Moi, je vous
parle de gestes responsables. On a décidé de mettre fin à
une discussion qui n'était pas une discussion, qui était un
monologue tout simplement. Cette loi-là vise tout simplement à
donner aux Québécois un certain budget, à donner une
meilleure qualité dans l'exécution, la réparation et la
rénovation de nos routes. On ne s'est caché de rien
là-dessus. Le budget est clair: 1 700 000 000 $ dans les quatre
prochaines années et l'argent est pris à telle place.
L'Opposition est un peu surprise mais n'est-ce pas l'Opposition
elle-même qui, au début des années quatre-vingt a
utilisé 238 000 000 $ de la Régie justement? Ce ne sont pas eux
autres, eux-mêmes qui ont utilisé cet argent-là? Puis non
pas comme finalité de réparer des routes, M. le Président.
Ça a servi pour stabiliser le budget au Québec. Nous, on dit:
C'est complémentaire. C'est complémentaire. La Régie de
l'assurance automobile du Québec et la qualité de nos routes, M.
le Président, est tout à fait complémentaire à la
Régie de l'assurance automobile du Québec, c'est-à-dire
les routes dans un meilleur état. On a un taux d'accidents qui est
à la baisse, donc, une qualité de vie et surtout une
capacité monétaire au niveau de la Régie qui est
davantage... Donc, si ces gens-là ont pu le faire au début des
années quatre-vingt, ça, c'est possible. Mais que le gouvernement
ou le Parti libéral puisse le faire au début des années
quatre-vingt-dix où on l'a fait aussi dans l'année 1987,
ça, c'est impossible. Ça, c'est un parjure, c'est une
trahison!
M. le Président, je pense que le ministre
des Transports a été très clair. On dit: pour le
bien des Québécois, on utilise l'argent à tel endroit et
on l'applique à tel autre endroit. En 1987, lorsqu'on avait
adopté une loi similaire et sous la recommandation d'un rapport
préalablement - qu'on a appelé le rapport Middlemiss - à
l'effet que c'était essentiel au Québec qu'on intervienne
rapidement dans des endroits dangereux, lequel rapport vise à la
sécurité... Et, à ce moment-là, on a utilisé
200 000 000 $ de la Régie de l'assurance automobile. Là aussi, on
a fait le même discours, de l'autre côté. On a
arraché notre chemise en disant: C'est impossible de prendre l'argent
là. C'est un hold-up! On l'avait fait auparavant, mais là c'est
difficile de le faire. M. le Président, savez-vous c'est quoi, la
crainte du parti de l'Opposition? C'est de voir qu'on va les réparer,
les routes. C'est ça sa crainte. C'est de voir qu'avec cet
argent-là, on va pouvoir justement donner cette qualité que les
petites municipalités ou les municipalités en régions
souhaitent depuis longtemps.
M. le Président, on a utilisé tous les moyens dilatoires
pour arriver à bloquer la loi. Nous, on dit: On veut notre loi, et c'est
une loi responsable. Donc, on a utilisé le bâillon de façon
telle qu'il n'y avait pas de dialogue. Ce n'est pas les 13 heures, les 75
heures ou les 90 heures, M. le Président, qui sont importantes, c'est
dire que le gouvernement pose un geste tout à fait responsable
là-dessus. Les gens pourront en juger par la suite et je pense que c'est
comme ça que les citoyens du Québec font. Ils élisent un
gouvernement pour prendre des décisions. La décision qu'on a
prise, c'est celle-là vis-à-vis des routes, qui a
été, à mon point de vue, si je parle de mon comté,
M. le Président, fort bien accueillie de voir qu'on va mettre autant
d'argent dans les routes du Québec.
Donc, on a reporté les travaux, on a voulu sillonner la loi. On a
voulu étendre, prendre tous les moyens nécessaires pour qu'on ne
puisse pas passer notre loi avant la clôture de la session. C'est
parfait, M. le Président! Ils ont le droit de le faire. Mais, nous
aussi, nous avons le droit de le faire, autant pour des lois aussi responsables
que celle sur la question des commissions scolaires. On a dû,
après un certain temps, poser un geste que les gens jugeront
sûrement comme un geste responsable. M. le Président, c'est le jeu
des parlementaires de faire ce qu'ils font. Il n'y a pas de reproche
là-dessus. Mais le moyen utilisé, de dire qu'on a utilisé
seulement 13 heures, de demander plusieurs groupes... Je regarde le
député de Labelle qui a une expérience parlementaire,
c'est ce qui se fait habituellement, on demande tel groupe; tel groupe est
refusé et on en demande un autre, M. le Président. Ce n'est pas
le Parti libéral, ce n'est pas le gouvernement présent qui fait
en sorte que les choses sont comme ça. C'est de même, c'est le jeu
parlementaire, M. le Président. Le jeu parlementaire, ça se
termine le 22 ou le 23. Le 23, la fin de session. Leur jeu, c'est de faire en
sorte que notre loi ne passe pas et que, face au budget qui a été
déposé ici on n'arrive pas à rencontrer les exigences.
Mais nous, c'est le contraire, M. le Président. Les exigences, c'est
d'être responsables, donc c'est de voter notre loi.
M. le Président, c'est évident que de faire des lois
où on a certaines impositions à faire, ce n'est jamais facile,
mais c'est responsable. Donc, M. le Président, les
Québécois seront sûrement fiers de voir qu'il y a des
travaux qui vont se faire dans la voirie en 1991-1992, des travaux
supplémentaires. On a convenu qu'en 1990, il y avait des travaux qui
étaient faits majoritairement dans la région de Montréal.
Là aussi, M. le Président, c'est un geste responsable. Il faut
réparer la Métropolitaine. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'elle est
négligée, la Métropolitaine. Donc, on ne s'est pas
cachés de ça non plus. On a dit: On fait ces travaux-là
et, malheureusement, en faisant ces travaux-là, il y en a d'autres qui
vont en avoir moins. On a décidé, nous, de ne pas endetter les
Québécois. C'est la décision du gouvernement, M. le
Président. Elle peut être critiquée, sauf qu'on a fait un
budget pour cinq ans, déposé par le ministre des Finances et
député de Bonaventure et le ministre des Transports avait cette
loi à faire pour s'harmoniser au budget. M. le Président, on peut
la critiquer.
Vous me dites qu'il me reste seulement une minute. M. le
Président, c'est donc pour la quatrième fois et toujours avec
plaisir que je vous répète qu'on va appuyer tout au long cette
loi qui fait que c'est une harmonisation avec le budget qui a été
déposé et fort bien accueilli par les Québécois.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
chef de l'Opposition officielle. (12 h 40)
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le gouvernement nous impose
un troisième bâillon en cinq jours. Ça ne s'est jamais vu
en cette Chambre et vous comprendrez que, dans ces conditions, je me sens
forcé d'intervenir dans ce débat et, d'ailleurs, de continuer
d'intervenir dans tous les débats qui vont marquer les prochains jours
à l'occasion de ces trois bâillons. Il s'agit d'un changement
important, je pense, dans les règles de fonctionnement de cette
Assemblée et il faut marquer ce moment-là. Le gouvernement a
décidé de se conduire comme aucun des gouvernements qui l'avaient
précédé ne s'est conduit à cet égard.
Pour le moment, dans les quelques minutes que j'ai, j'aimerais, à
cet égard, M. le Président, parler du rôle de l'Opposition.
À quoi ça sert
une Opposition? J'entendais tout à l'heure le
député de Louis-Hébert qui, manifestement, n'a pas l'air
de se rendre compte très bien de ce que c'est que l'Opposition. Un jour,
il y sera et peut-être qu'il verra mieux. Il a déjà
été dans l'Opposition. Manifestement, il n'a rien appris et n'a
rien compris. Peut-être que la prochaine fois, ça servira.
M. le Président, les trois projets pour lesquels on nous impose
un bâillon ont ceci en commun que nous, comme Opposition, on trouve que
ces trois lois ne devraient pas passer. On est contre les trois lois.
Comprenons-nous bien. Nous sommes absolument contre ces trois lois. D'un autre
côté, nous savons que nous n'avons pas le nombre dans cette
Chambre. Si nous avions le nombre, nous serions au gouvernement et non pas
où nous sommes.
Donc, puisque le gouvernement a l'intention de passer ces trois projets
de loi, nous nous disons: Comment peut-on sauver les meubles? Qu'est-ce qu'on
pourrait faire apparaître comme compromis, comme amendement, de
façon à ce que les aspects, à notre sens, les plus odieux
de ces projets de loi puissent être atténués? C'est
ça, le rôle d'une Opposition responsable. alors, dans le cas de la
loi 69 qui augmente les taxes foncières scolaires au québec de
320 000 000 $, est-ce qu'on s'imagine un instant, m. le président, que
nous n'avons pas aidé substantiellement à faire accepter par le
gouvernement, première étape, les cinq conditions de l'union des
municipalités du québec et de l'umrcq? mais oui, bien sûr,
nous avons été dans ce débat-là. et qu'est-ce
qu'elle implique, la cinquième condition, enfin, une des cinq
conditions? elle implique que le transfert de l'administration des
écoles aux commissions scolaires contre 320 000 000 $ d'augmentation de
taxes sera remis sur la table pour discussion à l'occasion du sommet
québec-municipalités, enfin de la table
québec-municipalités.
Bien, M. le Président, puisque, après s'être fait
beaucoup tirer et pousser, le gouvernement a accepté de remettre sur la
table cet aspect-là de fa question, est-ce qu'il est anormal pour
l'Opposition de dire dans ces conditions: Écoutez, on ne va pas
transférer aux commissions scolaires pour un an seulement
l'administration des immeubles scolaires pour avoir la possibilité
peut-être de tout récupérer à nouveau au
gouvernement dans un an? Vous trouvez ça aberrant, M. le
Président, qu'on soulève cette question-là en commission
parlementaire et qu'on dise au gouvernement: Écoutez, il y a quelque
chose d'incohérent dans votre affaire. Vous ne pouvez pas, d'une part,
faire augmenter les taxes scolaires, faire en sorte que l'administration de
tous les immeubles scolaires soit rendue aux commissions scolaires et que,
d'autre part, on remette à la table Québec-municipalités
toute cette question-là qui pourrait être changée de bout
en bout. On ne transfère pas 317 000 000 $ d'administration d'immeubles
pour un an! Et on croit vraiment que, quand on veut discuter de ça en
Chambre, ce sont des mesures dilatoires et, quand on dit en commission: On
voudrait rencontrer les principaux officiers de l'Union des
municipalités du Québec ou du MRCQ, c'est une demande
frivole?
Mais ce n'est pas une demande frivole, M. le Président. Ce sont
ces gens-là qui ont posé leurs cinq conditions acceptées
par le gouvernement. Et on nous répond: Non, non, nous avons
accepté ça comme une des cinq conditions, on ne vous dit pas
comment on va résoudre ça. De toute façon, ceux qui sont
directement impliqués dans ce conflit, on ne veut pas les voir en
commission parlementaire. Mesure dilatoire, mesure frivole? Bien sûr, si
on nous donnait la possibilité, on pourrait amener le gouvernement
à faire des compromis là-dessus. Alors, comment est-ce que le
gouvernement va éviter de faire des compromis là-dessus? Bien,
que ça se discute le moins longtemps possible et qu'il y ait un
bâillon. Comme ça, l'opinion publique ne sera pas trop
agitée, parce que ça prend toujours un certain temps pour que ces
choses-là soient comprises par tout le monde, les enjeux. Ça
prend quelques jours, ça. On dit: Non, non, non, non. Le risque est trop
grand pour le gouvernement. Bâillon.
Les heures d'affaires. Les heures d'affaires, c'est encore
extrêmement intéressant parce que le ministre impliqué a
finalement, sous la pression, accepté certains compromis,
déposé des amendements qui sont un pas en avant. La
réduction du nombre d'heures d'ouverture pendant la semaine, M. le
Président, ça indique que le ministre est sur la bonne voie. Mais
pensez-vous que ça s'est fait tout seul? Est-ce qu'on croit un instant
que ma collègue, la députée de Taillon, a fait ça
comme ça, là? Vous croyez que ça lui a pris deux, trois
heures pour obtenir ça du ministre, à ma collègue du
comté de Taillon, avec l'aide de toutes espèces de groupes, bien
sûr, qui travaillent dans le même sens qu'elle?
Alors, quelques heures de débat, c'a donné un certain
nombre de compromis déjà fort intéressants. Mais
là, on allait aborder la question du dimanche et des conditions
d'application. Les compromis avaient été faits pour les jours de
la semaine. Là, on était sur le point d'aborder le dimanche. Et
un ministre qui se sent coincé, qui dit: J'ai fait assez de compromis,
je serais peut-être forcé à en faire d'autres, comment
est-ce que je peux arrêter ça? Bâillon.' Comme disait le
député de Louis-Hébert, ces commissions parlementaires,
ça use les ministres. Les pauvres! Eh bien, s'ils se sentent trop
usés, qu'ils cèdent leurs sièges. Nous les prendrons
volontiers. Nous accepterons d'être usés.
Finalement, troisième bâillon. C'est frivole de demander
l'avis du Vérificateur général. Comme le disait tout
à coup le député de Labelle, est-ce que c'est frivole de
demander
l'avis du Vérificateur général? Bien, le
Vérificateur général, il dépend de qui? Il
dépend de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il y a quelque chose
de plus normal que l'Assemblée nationale demande au Vérificateur:
Pourriez-vous venir ici pour nous dire si vous pensez que c'est possible de
faire cette opération-là? Comme le disait le député
de Labelle, c'est loin d'être évident que les surplus de la
Régie n'appartiennent pas aux assurés. Il y a un homme qui peut
nous éclairer là-dessus, c'est celui que nous, à
l'Assemblée nationale, on a nommé pour nous éclairer sur
des choses comme celle-là, c'est-à-dire le Vérificateur
général. Et on demande qu'il vienne témoigner en
commission parlementaire et on nous dit: C'est une demande frivole; si vous
continuez à faire des demandes pareilles, bâillon! Et,
effectivement, le bâillon se produit.
Alors, je ne peux en tirer qu'une conclusion, une seule, c'est que ce
gouvernement ne comprend plus le rôle que l'Opposition doit jouer, a
cessé de comprendre que l'Opposition représente en cette Chambre,
quels que soient les aléas du système de représentation,
40 % de tous les Québécois, qu'à ce titre, une Opposition
responsable qui représente autant de Québécois doit
être capable de poser des questions, doit être capable de
manifester son objection, doit surtout être capable d'amener le
gouvernement à des compromis et à des amendements dans l'espoir
de sauver les meubles, dans l'espoir de faire en sorte, comme disent nos amis
d'en face, sans toujours préciser de quoi il s'agit, qu'ils
relèvent de l'intérêt supérieur des
Québécois. Et quand on dit "l'intérêt
supérieur des Québécois", chez nos amis d'en face et chez
le premier ministre, très souvent, c'est quelque chose d'abstrait. Il ne
va toujours bien pas dire "les intérêts inférieurs des
Québécois". Chez nous, ça se traduit concrètement
par le refus, le rejet, la non-acceptation de ces trois bâillons. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le chef de
l'Opposition. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Jonquière. (12 h 50)
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. C'est, je ne dirai pas
avec plaisir, parce qu'on n'intervient jamais sur une motion semblable qui, en
fait, s'identifie comme à peu près la plus mauvaise mesure qu'un
Parlement puisse adopter... Et, dans les circonstances, on ne peut, par
exemple, passer sous silence la motion que le gouvernement s'apprête
à adopter. Il faut toujours se rappeler que ce débat-là
origine d'une situation importante qui est basée sur des faits
très précis. Quelles que soient les personnes qui ont
participé à l'adoption ou au refus de cette loi, je ne pense pas
que l'on puisse leur faire quelque reproche que ce soit, surtout pour le refus,
puisqu'il faut se rappeler que ce gouvernement-là, qui exerce le pouvoir
depuis cinq ans, a posé des actions sinon ignominieuses, certainement
des actions contestables.
Il faut se rappeler tout d'abord, que, de plus en plus, le temps nous
donne raison. De plus en plus, le temps démontre que le gouvernement
précédent, donc le gouvernement du Parti québécois,
malgré les accusations de mauvaise gestion ou de mauvaise
administration... On est en frais de faire la preuve, dis-je, de plus en plus,
que le gouvernement précédent était un gouvernement
responsable, qu'il a fait face à ses responsabilités et qu'il a
pris de bonnes décisions, des décisions qu'on a pu critiquer,
dans le temps, mais qui s'avèrent aujourd'hui de plus en plus
vraies.
Il faut juste regarder ce qui s'est passé, par exemple, pour le
Régime d'assurance automobile. On l'a décrié. Non
seulement on l'a décrié, le gouvernement libéral du temps
ou le parti de l'Opposition, mais on s'y est opposés et on a fait des
"filibusters" pour essayer de l'empêcher de passer. Et Dieu sait si on a
couvert du terrain, si le Parti libéral, dans le temps, a couvert le
terrain pour décrier la loi et pour susciter des "antilois" ou des gens
contre la loi. Ils ont peut-être réussi à soulever des
passions, à soulever les discussions, mais, heureusement, ils n'ont pas
réussi à empêcher l'approbation de la loi qui
s'avère, après 10 ans, un des plus beaux fleurons ou un des
fleurons du gouvernement du Québec puisqu'elle fait l'envie d'autres
provinces comme d'autres pays. Non seulement elle fait l'envie, mais on a juste
à relever certaines discussions où même les ministres qui
ont exercé la fonction aux Transports ont dit, à trois reprises
dans une période de 15 jours, que c'était une très bonne
loi. Une bonne loi pourquoi? Parce que c'est eux qui l'administrent ou si c'est
une bonne loi parce qu'elle donne de bons services aux citoyens et qu'elle
remplit bien la mission pour laquelle on l'a mise sur pied? Voilà toute
la question.
Mais j'ai des doutes lorsqu'on dit que c'est une belle loi, par exemple,
et qu'on s'en sert de cette façon-ci; j'ai des doutes très forts
qu'on puisse dire, en même temps, que c'est une bonne loi, mais j'ai
l'impression que c'est une bonne loi qui permet d'aller vider, siphonner pour
mettre ailleurs. C'est ça qui s'est produit. Il faut se rappeler qu'en
1987 c'est 200 000 000 $ qu'on était supposé de voir,
j'étais heureux... J'écoutais le député de
Rousseau, tout à l'heure, qui, en fait, a été
véridique en quelque part, car, dans tout son exposé, je vous
mets au défi de regarder ce qu'il a dit, il n'a jamais parlé
d'investissements 1990-1991. Il a toujours parlé des investissements de
1991-1992. Je l'attendais là-dessus parce que j'ai assisté
à la commission parlementaire pour étudier les crédits de
la voirie. À ce moment-là, il a admis, très hon-
nêtement, qu'il n'y avait rien pour les régions, cette
année. Et vous pensez que les régions, que les individus vont
applaudir un projet de loi semblable en voyant qu'on se fait, d'une part,
retirer des montants importants dans la Régie et que les régions
vont continuer à être maltraitées comme elles le sont
depuis cinq ans par ce gouvernement-là?
Il y a des gens qui disent: Bien oui, mais vous devriez applaudir, vous
devriez être avec nous autres. Sous quel motif? Sous le motif d'approuver
des actions qu'on réprouve, qu'on n'a jamais voulu faire? En tout cas,
si on l'avait fait, on l'aurait fait ouvertement, on est responsables de nos
actes.
Mais non. Je comprends le ministre des Transports qui vient d'arriver
là, il est "pogné". Il est pogné avec ce qui se passe.
Moi, j'en ai pitié, dans le fond, c'est un de mes ex-collègues
dans le domaine municipal. Je suis sûr qu'il est de bonne foi, il voulait
aller chercher de l'argent, il voulait faire quelque chose. Mais il a un
ministère qui n'a pas été contrôlé. Pendant
quatre ans, on s'est fait dire toutes sortes de choses: Attendez, vous allez
voir, on va faire plus avec moins et on va vous en faire, des choses. Il ne
s'est rien produit. On se ramasse avec une grève, en avant. On le sait,
ça, une contestation depuis 10 jours. Et, dans nos régions, les
budgets sont en baisse. Mais dans le temps... L'année passée,
dans le temps des élections, disons-nous, l'argent a sorti un peu plus,
un peu plus allègrement. On avait la poche un peu plus
légère.
Quand on regarde 80 000 000 $ qui ont servi à fabriquer des plans
et on n'a pas une cent à mettre dans les routes. On a des plans mais,
comme je disais à mon collègue de Lévis, ça ne
roule pas beaucoup sur des plans. Ça roule, mais sur de l'asphalte, sur
du gravier et il n'y en a pas. 80 000 000 $, et cette année... Vous
savez un manque de caisse qu'il y a actuellement au ministère? On a 250
000 000 $ de promesses qu'il faut payer. C'est ça, la
réalité. Et après 13 heures, les ténors de l'autre
côté viennent nous faire accroire, viennent nous dire: Aie,
ça a duré assez longtemps. Voulez-vous, on va regarder dans le
passé? 264 heures de session ou de commission parlementaire pour la
fusion de Baie-Comeau-Hauterive. Ça, ça touchait - je ne dis pas
que ce n'est pas important - à peu près 20 000 ou 22 000
personnes. Lorsque le gouvernement du temps a imposé, a dit: C'est assez
là, on s'est mis à crier: On n'a pas eu de temps.
Je voudrais bien qu'on regarde ensemble ce qui s'est passé dans
ce temps-là pour savoir si c'étaient des choses extraordinaires
que le Parti libéral ou le parti d'Opposition disait dans le temps. Il
faudrait bien analyser froidement tous les faits et toutes les discussions
qu'il y a eu dans ce temps-là pour savoir s'il s'est dit juste des
choses extraordinairement intelligentes, sen- sées, posées,
raisonnables. Je pense bien que personne ne peut douter que 264 heures, c'est
que le gouvernement reconnaissait que l'Opposition avait un point de vue
à faire valoir. On acceptait démocratiquement de jouer le jeu de
la démocratie qui est de permettre à l'Opposition d'exprimer son
point de vue parce qu'elle défend aussi des intérêts
à l'extérieur. Et ces intérêts-là peuvent
être politiques avec un grand P, et peuvent être avec des petits p.
Et dans ce cas-ci, si on regarde un peu partout et ce qui s'est passé
dans le passé, dans les travaux que vous avez faits ou que le
gouvernement, le parti d'Opposition avant, le Parti libéral, il y avait
beaucoup de petits p, des petits p, beaucoup.
Ça, regardez ce qu'on a fait avec le régime d'assurance,
les taxes sur l'assurance automobile et les baisses du coût de l'essence
et les augmentations ou la question de la taxe-ascenseur, vous allez voir qu'on
a appris quelque chose. On a appris comment faire taxer les autres pour s'en
tirer élégamment. C'est ça qu'on a appris. C'est ça
que ce gouvernement-là nous dit depuis cinq ans. Il y a une
façon: Faites percevoir par les autres, nous autres, on s'en lave les
mains. Des Pilate. C'est ça qu'on appelle des Pilate. Dans le cas qui
nous préoccupe, après 13 heures, si on dit qu'on a suffisamment
discuté, moi, je trouve qu'il y en a qui ont hâte d'avoir des
vacances. Ils ne sont pas habitués de travailler. C'est fatigant,
travailler, parce que ça, c'est difficile, mais ça fait partie de
la vie. Respirer, c'est fatigant pour du monde. On se rend compte qu'il y en a
qui fatiguent vite. S'ils ont trop de travail, on pourrait distribuer le
travail différemment. Ce n'est pas notre rôle, mais on pourrait
peut-être demander de leur donner de l'aide; peut-être
écouter un peu plus l'Opposition et peut-être attendre... Au lieu
de solutionner les problèmes en temps de crise, on pourrait
peut-être les voir venir et les régler avant que la crise arrive.
Mais depuis cinq ans, on attend non seulement que la crise arrive, mais il y a
des fois où on est allé jusqu'à la provoquer, la crise,
pour être bien sûr qu'on va passer pour le sauveur.
Dans le réseau routier, fondamentalement, ce que les gens doivent
savoir, c'est qu'il n'y a pas plus d'argent, cette année, qui sera
investi que l'an passé. C'est ça qu'il faut comprendre. Dans le
montant qu'on siphonne de la caisse du régime de l'assurance automobile,
ce n'est pas beaucoup plus d'argent et ça va se répercuter sur
les coûts tout à l'heure et, tantôt, les coûts sur
l'assurance automobile vont augmenter. Mais on espère toujours que les
gens ne s'en rappelleront plus. Régie des permis et les coûts
d'immatriculation... Voilà pourquoi on doit dénoncer un
gouvernement qui, après si peu d'efforts, si peu de temps
bâillonne l'Opposition et veut toujours garder les bons coups pour lui et
les mauvais coups, sur le dos des autres. C'est à réprouver et
c'est la raison pour laquelle je
m'oppose fermement à cette clôture.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Compte tenu de l'heure, je vais suspendre les travaux de
cette Assemblée jusqu'à 15 heures.
Une voix: Peut-être demander l'ajournement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'ai suspendu les
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 4)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je suis prêt
maintenant à reconnaître le prochain intervenant, Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: M. le Président, dans la nuit de mardi
à mercredi, soit du 12 au 13, à deux heures du matin, je faisais
une intervention sur le premier bâillon, que le gouvernement que nous
avons en face de nous venait de mettre sur la loi 69. On se souviendra que la
loi 69, c'est la loi de la fiscalité des commissions scolaires.
Vendredi, vers tout près de 18 heures, au début de la
soirée, j'intervenais une autre fois sur un deuxième
bâillon - ça c'était quelques jours après - sur la
loi 75, la Loi sur les heures d'affaires.
Aujourd'hui - il y a eu samedi puis dimanche, bien sûr, où
on n'était pas à l'Assemblée nationale - aujourd'hui, un
autre! La loi 50 sur laquelle j'avais l'honneur de travailler en commission
parlementaire avec d'autres collègues sous la responsabilité de
mon collègue de Lévis puisque c'est lui qui est le porteur du
dossier Nous faisions une étude sérieuse du projet de loi 50, un
projet de loi fort important puisqu'il vient chercher dans la poche des
assurés, dans la caisse des assurés, des millions de dollars pour
soi-disant intervenir dans les chemins; mais on a eu une démonstration
très concrète que, pour cette année, il n'y aura pas un
sou noir, sinon une diminution dans les chemins. N'a-t-on pas, pour ce seul
motif, l'obligation, en tant qu'Opposition officielle, de faire des
représentations auprès du gouvernement pour que ce projet de loi
soit reporté à plus tard pour nous donner un peu la chance de
pouvoir faire en sorte de faire comprendre au gouvernement par des moyens que
les parlementaires ont tous le droit d'utiliser selon nos règles?
Nous avons fait notre travail sérieusement dans les deux autres
projets de loi comme dans celui d'aujourd'hui qui est le troisième
bâillon, je le répète. Ça ne s'est jamais vu, M. le
Président, ici a l'Assemblée nationale, trois bâillons pour
faire taire l'Opposition; trois d'affilée. C'est incroyable de gouverner
de cette façon-là, M. le Président! Et je pense que les
gens ne sont pas dupes. Ils ne connaissent peut-être pas nos
règles de procédure à fond, mais ils vont se rendre compte
que de faire fermer, faire taire les députés de l'Opposition
ça ne rapporte jamais.
Je vais vous expliquer pourquoi on a fait demander certains groupes. On
a fait demander, pour commencer, le Vérificateur général.
Pourquoi? Parce que, en date du 25 mai, mon collègue le
député de Lévis avait écrit une lettre au
Vérificateur général lui demandant d'intervenir dans
l'évaluation de la Régie de l'assurance automobile du
Québec. Donc, on avait toutes les possibilités d'entendre le
Vérificateur général en réponse à la lettre
de mon collègue de Lévis. Donc, qu'on ne vienne pas me dire qu'on
n'avait pas de raison de demander le Vérificateur général.
La demande était faite bien avant que notre commission parlementaire
commence ses travaux.
Pour quelle raison a-t-on demandé que le conseil d'administration
de la Régie de l'assurance automobile vienne à notre table
d'invités? Pour répondre à nos questions? M. le
Président, c'est une loi de la Régie. N'a-t-on pas le droit
d'entendre les gens qui travaillent à la Régie? Et le
président était assis à côté du ministre. Il
n'a pas répondu à une question que l'Opposition a posée.
N'avons-nous pas tous les droits de requérir que les membres de la
commission, M. Vézina ou un autre membre... Je l'ai clairement
défini dans une intervention que j'ai faite à la commission
parlementaire, que ce soit M. Vézina ou un autre membre de
l'exécutif, pour autant que nous ayons le privilège de les
questionner sur une loi qui parie d'eux, qui les concerne, de laquelle on va
aller chercher l'argent des assurés, de la caisse des assurés.
Est-ce que l'Opposition n'avait pas le droit d'exiger que les membres du
conseil d'administration de la Régie soient présents avec nous?
Vous voyez, M. le Président, c'était fort logique qu'on demande
que les membres du conseil d'administration soient là.
Ensuite, nous avons demandé la Fédération de
l'âge d'or. Les députés du pouvoir se sont tous mis
à rire. Bon! Qu'est-ce qu'ils vont aller chercher là? Ils
"vont-u" faire venir les Expos? M. le Président, écoutez une
minute là, avec la loi 92, la loi de l'année dernière,
à la Régie de l'assurance automobile, on avait fait en sorte,
dans l'article 83.1, je pense, que les gens âgés de 65 ans,
même s'ils étaient sur le marché du travail, s'ils avaient
un accident d'auto, en conduisant leur auto ou autre, n'avaient plus le droit
de recevoir la compensation - ça s'appelle l'indemnité de
remplacement du revenu. Est-ce que c'est normal que tu paies tes plaques
d'automobile, que tu paies ton permis pour conduire une automobile, que tu sois
assuré avec la Régie de l'assurance automobile et que tu
n'aies pas droit à l'indemnité de remplacement? Bien,
c'est ça que la foi 92 a fait, M. le Président. C'a passé
en douce. On n'en a pas entendu parler. Les personnes âgées non
plus, je ne le crois pas, parce qu'elles n'étaient pas à la
commission parlementaire. Et je suis la responsable du dossier des
aînés.
Est-ce que je n'avais pas le droit, au nom des personnes dont j'ai la
responsabilité ici à l'Assemblée nationale, d'exiger
qu'elles puissent venir se faire entendre pour corriger une situation aberrante
que la loi 92 leur avait imposée? Je n'avais pas le droit de demander
que la Fédération de l'âge d'or vienne s'exprimer au nom de
ses 200 000 membres? M. le Président, s'il vous plaît, on avait le
droit que la Fédération de l'âge d'or soit là pour
nous expliquer comment elle vivait ça, comment elle l'avait
expliqué aux gens qui font partie de l'âge d'or. Que tu sois sur
le marché du travail ou pas, c'est une discrimination par rapport
à l'âge. Est-ce que ça va contre la Charte des droits et
libertés du Québec envers les personnes âgées, M. le
Président? On avait le droit de demander que l'âge d'or, la
Fédération de l'âge d'or soit là pour
représenter ses membres.
Les gens de l'autre côté nous ont dit: Vous n'avez pas de
preuves. Il n'y a personne qui l'a demandé. M. le Président,
j'exhibe fièrement au moins deux télégrammes que j'ai
reçus des conseils régionaux de l'âge d'or, un qui
représente 6000 membres et l'autre, 14 000, que j'aurais pu
déposer à la commission parlementaire, qui étaient une
preuve de plus...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Mme Juneau: ...de gens insatisfaits.
Le Vice-Président (m.
bissonnet): ceux qui ne sont
pas assis à leur place, s'il vous plaît, nous avons la
députée de johnson et j'apprécierais que vous respectiez
son droit de parole. merci.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président, et je ne
voudrais pas qu'on brime mon droit de parole. Je n'ai que 10 minutes. Je ne
veux pas les perdre.
On a demandé, après ça, les gens de l'ANCAI.
Pourquoi les a-t-on demandés? Ça fait deux semaines qu'ils sont
en avant du parlement. Deux semaines a essayer de se faire comprendre de
façon très civilisée. Ils étaient même dans
la salle quand on a demandé qu'ils apparaissent à notre table
d'invités pour répondre à nos questions. Le ministre n'a
pas voulu, n'a pas dit un mot à aucune de nos questions. Est-ce qu'on
n'avait pas le droit d'exiger que ces gens-là viennent s'exprimer sur la
loi 50? Comment ils verraient que l'argent de la caisse des assurés
puisse se retrouver dans les chemins... Oui, ou non, peut-être que oui,
peut-être que non, ou peut-être pour payer la facture du
gouvernement, la facture d'épicerie. On a demandé aussi
l'Association des victimes d'accidents. Il y a plein de copies de presse qui
parlent de gens qui n'ont pas été capables de se faire
écouter à la Régie. Est-ce qu'on n'avait pas tous les
privilèges de demander ces gens-là, M. le Président?
Est-ce qu'on faisait retarder la commission pour des futilités, comme le
ministre le disait ce matin? Non. On voulait avoir le Protecteur du citoyen.
Savez-vous combien le Protecteur du citoyen a réglé de causes
à la Régie de l'assurance automobile? Tout près de 1000
causes, M. le Président. Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une
décence la plus élémentaire qu'on puisse faire une demande
pour que le Protecteur du citoyen nous explique comment il se faisait que ces
gens-là soient obligés de régler des causes qui sont
pendantes devant la Régie de l'assurance automobile? Nous avions tous
les droits. Tous les droits! Nous avons eu aussi une demande de la
Fédération des femmes du Québec. Vous savez, par la loi
92, les femmes qui sont à la maison n'ont pas le droit d'avoir une
indemnité de remplacement, n'ont plus le droit. Ce n'est pas important,
ça. On voulait les entendre et on voulait qu'il y ait une correction
dans le projet de loi 50. On n'a pas retardé, M. le Président. Et
quand j'entendais le député de Louis-Hébert, ce matin,
dire qu'il fallait discuter en adultes, avec des gens civilisés, qu'on
se rappelle la loi 22, M. le Président, quand il nous a fait un discours
de fou...
M. Gendron: Oui.
Mme Juneau: ...debout, en criant et en hurlant, les deux bras
dans les airs.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Mme la députée, en vertu du règlement, je vous demanderais
de retirer vos dernières paroles, s'il vous plaît.
Mme Juneau: M. le Président, je retire le mot "fou". Je
veux dire, un discours qui n'avait pas sa raison d'être parce que, sur la
loi 22, il a crié, il a hurlé contre nous.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
Mme Juneau: Puis la loi 22 a été corrigée
par le ministre responsable. C'est la Loi sur les allocations familiales.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
conclure.
Mme Juneau: M. le Président, en terminant, l'Opposition
officielle n'a fait que son travail et elle l'a fait de façon que tous
les gens qui
veulent se faire entendre puissent le faire. Et c'est une honte qu'on
ait un troisième bâillon sur trois lois, en cinq jours.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, Mme la
députée. Je suis prêt à reconnaître le
prochain intervenant, M. le député de Dubuc. M. le
député, vous avez la parole.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, M. le Président. Honnêtement,
j'espère que le ministre des Transports était à
l'écoute de ma collègue de Johnson parce que je pense,
malgré sa volonté, la volonté du gouvernement de
bâillonner l'Opposition, je suis convaincu qu'il ne pourrait demeurer
insensible aux propos de ma collègue. Alors, M. le Président,
considérant que le gouvernement a décidé de
bâillonner l'Opposition, je ne prendrai pas de chance et je vais profiter
du temps qui m'est donné pour revenir à la charge sur les
principes mêmes de la loi, revenir à des propos qui, semble-t-il,
ont passé par une oreille du ministre pour sortir par l'autre.
Effectivement, la semaine dernière, lors de l'adoption du
principe, je soutenais que le gouvernement, en s'appropriant des sommes
importantes à même la caisse d'assurance automobile ne faisait que
dénaturer la mission de la Régie de l'assurance automobile, parce
qu'il n'a pas eu l'audace de faire face à la situation, lors de
l'adoption du budget, que c'était une autre illustration d'un manque de
courage politique du gouvernement. En effet, par son projet de loi 50, le
gouvernement libéral ne respecte pas les objectifs de la réforme
du Parti québécois de 1977. Car vous savez, M. le
Président, le régime de l'assurance automobile doit offrir aux
assurés les meilleures indemnités aux meilleurs prix possible. Ce
n'est pas ça, avec le projet de loi 50, le gouvernement refuse de faire
bénéficier les assurés des fruits du régime, parce
que ce gouvernement finance ses dépenses courantes à même
les primes d'assurance.
Donc, je le répète, le gouvernement dénature
carrément la mission de la Régie de l'assurance automobile. Avec
son projet de loi, il affecte des surplus, des surplus de la Régie,
à des fins autres que l'indemnisation et la sécurité
routière. En vertu de la mission de la Régie, le gouvernement n'a
pas le droit de siphonner la caisse des assurés pour faire des travaux
de voirie. Et cette situation doit être dénoncée, d'autant
plus qu'il m'apparait moralement inacceptable que le gouvernement puise,
dès cette année, des centaines de millions pour des travaux qui
ne se feront, peut-être, que l'an prochain. Donc, il faut rappeler,
encore une fois, M. le Président, que, lorsque la Loi sur l'assurance
automobile a été adoptée en 1977, l'objectif du
gouvernement n'était pas de créer la Régie pour
prélever des taxes pour la voirie, le transport ou l'assurance-maladie.
La Régie avait pour mandat principal d'administrer l'assurance.
Alors, en partant de ces principes-là, nous avons cru, lors de
notre travail en commission, que le ministre accepterait peut-être
d'entendre des organismes pour apporter des points de vue auxquels il ne se
serait peut-être pas attardé, et de là peut-être la
possibilité d'envisager des amendements importants à ce projet de
loi, sinon son retrait. Alors, pour ce faire, en commission parlementaire, nous
avons proposé au ministre d'entendre des groupes.
En premier lieu, nous avons cru que le ministre serait
intéressé à entendre le conseil d'administration de la
Régie, parce que, comme le disent les notes explicatives du projet de
loi, le projet de loi apporte des modifications importantes de nature
financière. Le fait de puiser tant d'argent n'aurait pas, nous
présumons, des effets majeurs sur le plan actuariel, en plus, bien
sûr, d'attaquer durement la mission de la Régie.
Donc, pour ces trois considérations, je pense que le point de vue
du conseil d'administration sur l'efficacité de l'assurance automobile
à partir des trois éléments que je viens de vous soumettre
aurait été intéressant. Mais le ministre a vu dans nos
motions une mesure dilatoire visant à empêcher, et
c'étaient de loin nos intentions. (15 h 20)
Alors, on a cru, à un moment donné, qu'il y avait un
malentendu. Nous avons proposé au ministre d'entendre l'Association des
victimes d'accidents d'automobile. Nous étions convaincus que le
ministre trouverait moyen de mettre en oeuvre les démarches pour
entendre ces gens dans le plus court laps de temps possible, car, en fait, y
a-t-il des gens mieux placés que les victimes? En plus d'être des
assurés, des gens qui ont payé des primes, soit par la voie de
leur permis de conduire ou par l'immatriculation, ils se voient malheureusement
victimes d'accidents. Alors, s'il y a des gens, à partir de leur
association, qui auraient sensibilisé ou informé tous les membres
de la commission, en fait, sur ce que vivent les victimes d'accidents
d'automobile par rapport aux ratés ou aux difficultés entourant
le service d'indemnisation, si le ministre avait accepté de les
entendre, je suis convaincu qu'avant d'aller chercher un iota dans cette
caisse, il se serait assuré que les problèmes graves ou les
injustices graves que subissent les victimes d'accidents d'automobile soient
d'abord réglés.
Enfin, je pense que c'était la dernière proposition, en
plus des autres, je ne ferai pas l'énumération, nous avons
demandé au ministre d'entendre l'Association nationale des camionneurs
artisans parce que, effectivement, on en avait même dans la salle qui
nous écoutaient, en commission. Alors, la démarche aurait
été courte. On aurait pu leur demander, sur le champ, de venir
nous dire ce qu'ils en pensent parce que,
effectivement, y a-t-il des gens mieux placés que des
camionneurs, des gens qui vivent le tiers de leur temps sur la route, pour
venir nous parler du coût des permis et de toute l'administration
entourant l'immatriculation, venir nous parler de la condition du réseau
routier? Je pense que nous aurions eu là des propos fort
intéressants et peut-être, devant, je pense, les bonnes intentions
du ministre, il y aurait eu lieu de songer, sinon au retrait total du projet de
loi, du moins à des amendements importants.
Mais nous n'avions même pas, M. le Président... Nous ne
nous étions même pas attaqués à l'étude du
projet de loi article par article que la nouvelle nous est parvenue. Le
gouvernement, en plus de dire: Nous connaissons tout, nous savons tout, nous
n'avons pas besoin de plus de consultations et même vous, l'Opposition,
c'est terminé, on vous a suffisamment entendus. Alors, ça, je
considère que c'est le comble, M. le Président, pour un
gouvernement, en plus de ne pas vouloir entendre personne, que de trouver moyen
d'enlever, ni plus ni moins, la parole à l'Opposition. Mais il n'y a
quand même pas lieu de se scandaliser. Il m'apparaît que c'est
l'opération camouflage qui se continue. Que ce soit à partir du
projet de loi 69 qui, à travers une modification de la Loi sur
l'instruction publique, réussit à s'attaquer à ce qu'il y
avait de plus important en termes de lois fiscales, soit la loi 57 sur la
fiscalité municipale... Alors, il tente de passer par le biais de cette
loi-là pour s'attaquer à quelque chose d'important pour les
contribuables au niveau du champ foncier municipal.
Il y a le projet de loi 75. Je n'ai pas eu l'opportunité
d'assister à la commission, mais selon ce qu'on en sait, le ministre
réussira à mécontenter tout le monde, en plus, de
façon astucieuse, de proposer aux municipalités d'en faire
l'application à travers un projet de loi qui me paraît très
confus. Mais le côté le plus intéressant de percevoir les
fruits d'un tel projet de loi, d'une telle loi, eh bien, il le laisse aux
municipalités.
Il me reste seulement une minute, M. le Président, pour
déplorer que nous sommes devant un troisième bâillon. Si ce
n'était que ça, si ce n'était que ça, mais on n'est
pas rendus au bout de nos peines. En plus, nous devons vivre avec des menaces
que le ministre a proférées à l'endroit de plusieurs
membres de la commission à l'effet que devant notre questionnement
envers ce projet de loi, eh bien, malheureusement, il n'y aura pas de travaux
dans nos comtés. Alors, voyez-vous, en plus de se faire couper la
parole, de voir le gouvernement qui dit: Je sais tout, j'entends tout, je n'ai
plus besoin de consulter personne, à vous l'Opposition, c'est
terminé, en plus, ceux qui ont parlé devront payer le prix. Or,
M. le Président, je termine ici. Mais pour une première
expérience, une première session parlementaire comme nouveau
député, vous comprendrez qu'on a beaucoup de difficulté
à comprendre tout ça. J'ai vécu dans des organismes ou
dans d'autres organisations où la place... enfin le système
démocratique semblait beaucoup mieux implanté qu'en cette
Chambre. Je vous remercie, M. le Président, de votre bonne
attention.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant la prochaine intervenante, Mme la
députée de Taillon. Mme la députée.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Effectivement, on se
retrouve, pour la troisième fois en cinq jours, devant le bâillon,
c'est-à-dire que l'on empêche l'Opposition d'assumer ses
fonctions, parce que c'est bien ça dont on parle, et je vais y
revenir.
J'écoutais ce matin l'intervention de notre collègue d'en
face, le député de Louis-Hébert, qui, semble-t-il,
n'aurait participé que quelques heures à peine à la
commission et qui nous dit: On est obligés d'entendre les discours de
l'Opposition, discours de l'Opposition...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Mme Marois: ...qui nous font perdre du temps en pures
frivolités...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, Mme la
députée. Question de règlement, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Il est de coutume, dans
cette Assemblée, de ne pas reprocher à qui que ce soit de ne pas
être ou d'être à une commission. Il y a beaucoup
d'activités qui nous appellent, alors je demanderais à la
députée de tenir compte de ça, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet):Mme la
députée, si vous voulez- poursuivre votre intervention.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Non, je suis
très consciente et j'admets avec le député qu'il pouvait
être impliqué dans une autre commission. Je comprends ça,
ça m'arrive aussi à l'occasion.
Il nous disait, ce matin, qu'il était obligé d'entendre
nos discours qui n'étaient que pures frivolités. Mais vous savez,
dans une démocratie, l'obligation d'entendre l'Opposition, ça
fait partie des règles du jeu. L'Opposition a une lourde
responsabilité de s'assurer, et là, je vais y revenir au cas
où on oublierait c'est quoi le rôle de l'Opposition,
essentiellement, l'Opposition doit s'assurer que, au moins,
premièrement, l'éclairage soit fait sous tous les angles,
lorsqu'un projet de
toi, lorsqu'une mesure fiscale, budgétaire, nous est
présentée ici, que l'ensemble des aspects qui concernent cette
mesure-là soient bien traités, qu'on en parle, qu'on sache de
quoi il s'agit.
Premier rôle d'une Opposition ici, à l'intérieur de
nos institutions. Ce n'est pas de s'opposer pour s'opposer, mais c'est de
s'assurer que l'éclairage soit bien fait. C'est de s'assurer que les
principes sur lesquels les lois s'appuient sont bien respectés et que,
lorsqu'on veut en changer, M. le Président, on prenne le temps de le
faire, qu'on prenne le temps d'en débattre, qu'on prenne le temps d'en
discuter. Et cela, oui, ça peut être long. Et le moyen qu'a
l'Opposition pour le faire, c'est un encadrement qui nous est donné par
notre règlement, ici, à l'Assemblée nationale, qui nous
dit: Pendant une commission parlementaire, vous avez tout le temps qu'il faut,
comme membre de l'Opposition, pour voir des gens, questionner les principaux
intéressés, discuter avec le gouvernement, poser des questions au
ministre. C'est ça, le rôle, M. le Président, d'une
Opposition.
Un troisième rôle d'une Opposition - et c'est probablement
le plus fondamental - c'est de s'assurer que les personnes qui vont être
touchées par la loi et qui sont en désaccord avec ce que cela a
comme impact dans leur vie puissent faire entendre leur point de vue. Et si
nous ne le faisions pas, M. le Président, nous pourrions être
accusés de manquer à notre devoir d'Opposition, à notre
responsabilité de député, qui est de représenter
des points de vue qui n'ont pas été entendus, qui n'ont pas
été défendus ni retenus par le gouvernement. Et, pendant
les travaux de la commission qui ont duré treize heures, on a
refusé de voir les personnes concernées par le projet de loi,
touchées par le projet de loi, on a refusé d'entendre les
gestionnaires de la Régie de l'assurance automobile du Québec. On
a finalement refusé que les personnes concernées soit par
l'action à l'intérieur du projet de loi actuel soit par l'effet
ne puissent venir émettre leur point de vue. M. le Président, on
a rappelé à quelques reprises devant les membres de cette
Assemblée que, lorsque nous étions au gouvernement, nous nous
étions trouvés devant des projets de loi qui soulevaient, oui, de
l'opposition assez importante ou pour lesquels il n'y avait pas
nécessairement consensus. Et nous avons rappelé aux membres de
cette Assemblée comment nous avions pris le temps d'entendre, de
discuter, d'échanger, comment nous avions été patients de
telle sorte que cet éclairage dont je parlais puisse être
apporté. (15 h 30)
Là, M. le Président, la loi qui est devant nous, elle est
en fait un changement majeur du principe même sur lequel s'appuie la
Régie de l'assurance automobile qui se constitue un fonds d'assurances.
Attention! Tout le monde sait à peu près ce que c'est de
l'assurance. Quand je contribue à une assurance, je paie pour un risque
que j'encours quand je conduis. Ainsi je m'achète une police,
finalement, comme on dit dans le langage populaire et lorsque je suis
confrontée au risque, c'est-à-dire j'ai un accident, le fonds
auquel j'ai contribué avec tous les millions de Québécois
aussi qui l'ont fait en même temps que moi, me rembourse, m'aide à
passer à travers un handicap, m'aide à remplacer mon salaire
pendant que je suis en congé de maladie à cause de cet
accident-là. Donc, c'est un fonds que l'on se constitue. Une assurance
c'est un pacte que l'on passe avec des assurés et quand le comportement
des assurés, c'est-à-dire les conducteurs et les conductrices
d'automobiles, est de bonne qualité, quand on a moins d'accidents, le
fonds qu'on a constitué sert dans une assurance à baisser ce que
cela nous coûte de participer au régime. C'est ça le
principe de base d'une assurance. Et la loi dont nous parlons attaque en fait
ce principe-là. Elle dit: Ce ne seront plus les assurés qui ont
payé pour se faire protéger qui vont avoir un retour finalement
si ça va bien, s'ils se comportent correctement, s'ils conduisent mieux,
s'ils sont plus prudents sur la route, mais on va, nous, comme gouvernement,
s'en servir comme d'une taxe que l'on ira chercher sur le dos de ceux qui ont
contribué dans la caisse et on va le répartir sur les routes et
sur l'amélioration d'un certain nombre de systèmes routiers. On
change, on dénature, on modifie la base même du principe sur
lequel s'appuie la loi. Par exemple, vous savez à Hydro-Québec
lorsque nous étions au gouvernement on a modifié les modes de
gestion comptable d'Hydro-Québec et on est allé chercher des
redevances d'Hydro-Québec.
On a débattu de ce projet de loi-là, si ma mémoire
est bonne, pendant près de trois semaines, pas pendant treize heures,
pendant trois semaines parce que, oui, on modifiait une règle du jeu
fondamentale.
C'est actuellement ce qu'on est en train de faire avec la caisse de
l'assurance auto. On en modifie fondamentalement le principe. Quand on fait
ça, M. le Président, on prend le temps qu'il faut pour
réfléchir, pour consulter, pour se demander: Est-ce que c'est la
bonne décision que l'on prend? Qu'est-ce que ça aura ensuite sur
d'autres pactes que l'on voudrait conclure - parce que c'est une loi un peu
particulière dans ce sens-là - avec la population? Est-ce que
ça ne vient pas détruire, une telle approche, la
crédibilité qu'a un gouvernement lorsqu'il veut modifier en
profondeur un fonctionnement, une base de loi? Imaginez si, demain matin, le
gouvernement disait: Je prends à même la réserve des
régimes de rentes du Québec, de la Régie des rentes du
Québec, et je m'en sers pour aider les personnes âgées
parce que la Régie des rentes du Québec, ça va vous servir
quand vous serez plus âgés. Mais ce serait le tollé. Ce
serait le drame total. On dirait: Moi, j'ai contribué pendant toute ma
vie active à un régime et là, on s'en
sert à d'autres fins. Pareil! Pareil! Pareil! Même
comparaison. On a un régime d'assurance, d'un côté, et
là, on est en train de le transformer en une espèce de
réserve pour que le gouvernement se serve et taxe, de façon
déguisée et maquillée, les personnes qui ont
contribué à ce régime. Quand on discute un principe, on
prend le temps de le faire, M. le Président, et, dans ce sens-là,
je vais m'opposer de toutes mes forces à ce qu'on nous impose le
bâillon. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Moi? Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Je comprends un peu
l'hésitation du député de Saguenay à vouloir se
présenter et parler...
Une voix: Oui, oui.
M. Baril: Je suis sûr qu'il aime beaucoup mieux parler
après moi qu'avant. De toute façon, pour un député
au pouvoir, ça ne doit pas être facile de parler pour suspendre
les règles de procédure en cette Chambre, parce que le rôle
de l'Opposition, M. le Président, c'est d'abord de faire
connaître, avec les moyens dont on dispose ici, la portée d'une
loi, les conséquences d'une loi sur une population.
Le rôle que nous avons joué en commission parlementaire, si
nous avons demandé durant treize heures, treize heures et demie ou
quatorze heures, je ne le sais pas, au ministre d'entendre différents
organismes pour connaître leur opinion sur la portée de la loi 50,
c'est parce que, M. le Président, on connaît la gravité du
geste que le gouvernement s'apprête à poser. Là, on suspend
les règles. On se dépêche en toute hâte et, si on a
ouvert la session trop tard et qu'on n'a pas eu le temps de finir, ce n'est pas
à nous à l'expliquer. Mais, actuellement, on a une hâte
folle de terminer ce projet de loi. Imaginez-vous l'importance.
D'abord, il touche trois sujets, ce projet de loi. Le premier, d'une
importance capitale sans doute pour le gouvernement au pouvoir, c'est de
changer le nom de la Régie de l'assurance automobile du Québec en
Société d'assurance automobile du Québec. Imaginez-vous,
M. le Président, c'est effrayant comme ça va être beaucoup
plus profitable. Je ne sais pas quel avantage le gouvernement va aller chercher
là-dedans, autre que d'essayer d'annuler, d'effacer, de faire oublier
aux Québécois et aux Québécoises une loi que le
Parti québécois avait passée en créant la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Et en créant la
Société d'assurance automobile du Québec, on ne voit rien
dans la loi qui va permettre à cette Société de construire
des routes ou bien d'améliorer des routes, de les entretenir. Ce n'est
pas la Société de construction des routes du Québec, c'est
la Société d'assurance automobile du Québec. On change le
premier mot. On change le mot "régie" pour "société".
Qu'est-ce que ça va donner de plus demain matin, ça? Et
là, on se dépêche de passer ça.
Le deuxième sujet, c'est là que c'est grave, M. le
Président. Qu'on change le mot "société" pour
"régie", ça ne me fait pas grand-chose en soi. Si au moins on
nous disait combien ça va coûter aussi aux Québécois
de changer de nom. Parce que sur tous les permis de conduire, sur toutes les
publicités, sur les bâtisses, etc., changer le mot "régie"
pour le mot "société", imaginez-vous, M. le Président, les
coûts que ça va engendrer juste pour faire plaisir à ce
gouvernement-là. La terre n'arrêtera pas de tourner, même si
ça continue de s'appeler la Régie. Mais, d'une façon
obstinée, ce gouvernement-là dit: On va effacer ça, on va
mettre "Société". Peu importe combien ça
coûtera.
Le deuxième rôle qu'on veut faire jouer à la SAAQ -
parce que, maintenant, ça ne s'appellera plus la RAAQ, ça va
s'appeler la SAAQ, hein, voyez-vous? - c'est de prendre les surplus. Là,
il y a environ 253 000 000 $ ou 300 000 000 $ de surplus actuellement en
réserve. On va prendre cet argent-là sur les cinq prochaines
années au moins et on va dire: Là, on va construire des routes et
on va entretenir des routes, question de sécurité au
Québec. On va améliorer ça, on va prendre cet
argent-là.
M. le Président, je ne sais pas si c'est parlementaire, mais, en
tout cas, vous me reprendrez, c'est du vol qu'on va légaliser par cette
loi-là parce que chaque individu au Québec qui paie, qui
achète son permis de conduire, qui paie son immatriculation, se paie une
assurance en cas d'accident de la route. Il ne paie pas une assurance pour
construire des routes ou entretenir des routes. C'est ça qui n'est pas
correct, M. le Président, là-dedans. Maintenant, on va
légaliser un geste que ces gens-là... On leur dit de se payer une
assurance. On va s'emparer de cet argent-là pour construire des routes.
Puis là, on vient nous annoncer un grand programme de
développement de 1 400 000 000 $ ou 1 700 000 000 $ - ils lancent assez
de chiffres qu'à un moment donné on en oublie - pour les cinq
prochaines années. Là, il va s'en construire des routes et
ça ne sera pas des farces comme ça va aller, puis il va y avoir
de la construire en région.
Le ministre nous dit, et ses collègues de ce bord-là: Vous
êtes contre ça, la construction de routes. Voyons, M. le
Président, ce n'est pas parce qu'on est contre la construction de
routes.
On est contre la façon dont le gouvernement va puiser dans les
fonds pour supposément construire des routes parce qu'il ne s'en
construira pas plus. Sur le projet, la grosse annonce de un milliard, quelques
cents millions, d'ici cinq ans, il va y avoir 104 000 000 $
supplémentaires de dépensés pour la construction de routes
dans les régions. 104 000 000 $ seulement quand on vient nous dire que
c'est 1 700 000 000 $ ou 1 400 000 000 $. 104 000 000 $ de
dépensés et ce sera uniquement sur les deux dernières
années. Ça va commencer en 1993. (15 h 40)
Et on justifie d'abolir, de suspendre des procédures dans cette
Chambre pour permettre au gouvernement de changer le nom d'une régie
pour celui de société et aller s'emparer de fonds que les gens,
les citoyens et les citoyennes du Québec se sont donnés pour se
donner une assurance, une garantie en cas d'accident ou d'invalidité et
là, on construit des routes au Québec.
C'est un non-sens, M. le Président. En plus de faire accroire aux
gens qu'on va améliorer la sécurité, en même temps,
le ministère des Transports diminue son budget de base. C'est là
qu'est le hic, c'est là qu'est le problème et que la population
n'est pas rendue au point où elle peut gober n'importe quoi. Ça
ne se peut pas, ce n'est pas de même que ça marche.
On réduit le budget de base du ministère des Transports et
là, on dit: On va aller en chercher dans les fonds d'assurance
automobile et on va construire tant de routes de plus. On n'en construira pas,
sur les quelque 1 000 000 000 $; il n'en construira pas plus. C'est 104 000 000
$, et ça, c'est des chiffres du ministère. Ce que je trouve
déplorable, M. le Président, je l'ai dit au ministre, je le
répète. Ce qu'on a voulu l'empêcher de faire, c'est que son
gouvernement s'empare de ces fonds qui sont créés pour se donner
une assurance, et le ministre des Transports, M. le Président,
actuellement, est un exécutant, il est uniquement un exécutant du
ministre des Finances qui, lui, dans son budget n'a pas su planifier, dans les
années de croissance, supposément, les budgets, les sommes
d'argent pour les construire et les entretenir, ces fameuses
routes-là.
Et là, à cause d'un manque de prévoyance, on parle
d'un début de récession économique, on s'en va piger de
l'argent un peu partout. Le ministre des Transports est uniquement un
exécutant du ministre des Finances parce que, dans son budget, c'est une
mesure que le ministre des Finances a annoncée, d'aller chercher 625 000
000 $ d'ici les cinq prochaines années dans les fonds de l'assurance
automobile.
Le troisième "item", M. le Président, on va aller chercher
encore 83 800 000 $ rétroactivement pour payer un service ambulancier
dans le Montréal métropolitain. Et ça, M. le
Président, les organismes qu'on a voulu faire venir en commission
parlementaire pour les entendre, les écouter et savoir c'était
quoi leur opinion face à ça, je ne suis pas certain, moi, que les
automobilistes du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie ou de la
Côte-Nord soient d'accord pour payer de l'assurance pour répondre
à une loi que ce gouvernement-là a votée en Chambre pour
donner un service ambulancier au Grand Montréal métropolitain, et
pas à n'importe quel coût, M. le Président, à 1500 $
l'accidenté.
Imaginez-vous, c'est ce gouvernement, pour faire plaisir à sa
gang, imaginez-vous, hein, qui a voté ici une loi pour établir un
service ambulancier dans la région de Montréal à 1500 $.
Quand ce sera un accidenté de la route, ça va coûter 1500 $
au gouvernement du Québec. Quand c'est un transport pour un malade
quelconque ou une autre maladie, c'est 70 $. Mais, pour un accidenté de
la route, c'est 1500 $, M. le Président, qu'on vient chercher dans le
fonds de l'assurance automobile, 83 800 000 $ pour toutes les années
à venir. 37 200 000 $ chaque année, uniquement pour payer ce
service-là au Montréal métropolitain pour dispenser un
service d'ambulance pour tous les gens qu'il y a là.
Et c'est ça qu'on voulait savoir de la part de différents
intervenants, ce qu'ils pensent. Est-ce que nous autres, nos demandes de
l'Opposition, c'est farfelu? Est-ce que ça n'a pas de bon sens? On
aurait voulu que ces gens-là viennent nous le dire, M. le
Président. Mais non, on fait la sourde oreille. Le ministre nous a dit
continuellement: Attendez. Il n'a pas répondu à une question. On
lui posait des questions sur différentes affaires. Attendez à
l'étude article par article, je vais vous le dire. On n'a rien su, M. le
Président, et je l'ai dit, le ministre des Transports aurait dû
suivre l'exemple de son collègue de l'Agriculture.
Avant les dernières fêtes, on a retardé l'adoption
d'une loi, la Loi sur les courses de chevaux. On demandait d'entendre trois
organismes, le ministre de l'Agriculture a répondu à notre appel.
La semaine dernière, trois organismes sont venus et, suite au
témoignage de ces gens-là, le ministre de l'Agriculture a
retiré deux articles de sa loi. C'était exactement ce que
l'Opposition demandait ici. Donc, ce n'est pas du temps perdu que l'Opposition
demande d'entendre les organismes pour savoir l'opinion de tout le monde. C'est
une preuve frappante, M. le Président, que, quand ce
gouvernement-là veut écouter la population, on est capable de
bonifier les lois pour que cela n'ait pas un impact négatif sur
l'ensemble de la population.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant M. le député de
Saguenay. M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais M. Maltais: Merci, M. le Président.
Voilà
donc, sur la motion de clôture, mettant fin à la commission
parlementaire, qui avait pour mandat de l'Assemblée nationale
d'étudier article par article le projet de loi 50. Il faudra
peut-être se poser la question, M. le Président, comment se
fait-il que nous en sommes arrivés à une motion de clôture?
J'ai voulu spécifiquement attendre que les intervenants du Parti
québécois, membres de la commission des aménagements et
des équipements, aient pris la parole pour voir s'il y avait quelqu'un
dans le groupe qui aurait osé parler de ce qui s'est passé en
commission parlementaire pendant ces treize heures.
M. le Président, j'ai quand même quelques années
d'expérience en cette Chambre et j'ai vu des choses tout à fait
insolites, alors qu'on débattait d'une motion en cours, on voyait
d'autres motions se préparer et même des députés
inexpérimentés les annoncer pendant qu'on n'avait même pas
débattu les premières. M. le Président, on est en droit de
se poser une question sur la bonne volonté des gens qui sont en face.
Treize heures, on aurait pu quand même ouvrir au moins le projet de loi,
regarder ce que disait l'article 1, l'article 2. Au pis aller, on aurait
passé deux articles. Et, M. le Président, cette mauvaise foi,
elle était connue. Le projet de loi n'est pas arrivé sur la table
comme une soupe. Dans le discours du budget du 4 mai, il avait
été clairement annoncé par le ministre des Finances que le
ministre des Transports devrait, par un projet de loi, se conformer aux
directives du ministre des Finances. M. le Président, je pense que le
ministre des Transports a fait preuve d'une patience angélique tout au
cours de cette commission.
Et je me rappelle, après avoir écouté plusieurs
discours, que les gens d'en face ont peu de mémoire ou ils ont un oubli
permanent. Dire que le bâillon a été inventé
à cette session, ça serait présumer qu'il n'y en pas eu au
cours des dix dernières années. Mme la députée de
Taillon a certainement la mémoire beaucoup plus longue que ça.
Qu'elle se rappelle la loi 38, la loi 111. Je lui laisse le temps de
réfléchir. Il y avait beaucoup de Québécois qui ont
réfléchi à ces lois. C'étaient des lois qui ne
concernaient même pas, à cette époque-là, 38, le
Parlement du Québec. C'était une loi qui empêchait les
municipalités de recevoir des subventions du gouvernement
fédéral. M. le Président, pourtant ces lois-là ont
été débattues sans vergogne ici. Et des motions de
clôture ont eu lieu également. Chaque gouvernement a
été élu pour administrer. Il administre selon ses
politiques et doit vivre avec ses bons coups, comme avec ses mauvais coups.
L'Opposition, comme la députée de Taillon nous l'a bien
expliqué... Elle a tellement bien expliqué, que je suis convaincu
que l'ensemble de la population va lui permettre d'exercer son métier de
députée de l'Opposition pendant plusieurs autres années,
et plusieurs autres mandats. Elle est tellement compétente en la
matière que je suis convaincu que la population québécoise
ne pourra lui enlever ce rôle.
M. le Président, la loi 50 a pour objectif d'aller chercher des
surplus dans la caisse de la Régie de l'assurance automobile, de les
investir sur les routes québécoises. Tous les groupes qu'on
voulait nous faire entendre en commission parlementaire n'avaient qu'une
réponse, ou qu'une demande à faire au gouvernement du
Québec: Réparez les routes, ça urge. Ça fait
presque 15 ans qu'on oublie le réseau routier au Québec. On est
rendu avec un réseau routier qui coûte énormément
cher à entretenir. Et ça prend des sommes d'argent importantes.
Or, le gouvernement du Québec, comme un bon administrateur, avant d'en
emprunter à des taux bancaires fort élevés, a
décidé d'aller dans ses sociétés d'État se
servir des surplus qui appartiennent à l'ensemble des citoyens et
citoyennes du Québec, pour simplement réparer nos routes. (15 h
50)
M. le Président, j'ai le privilège de représenter
une région éloignée du Québec, où le
réseau routier a une importance capitale, où le réseau
routier a été malheureusement souvent ignoré au cours des
10 dernières années. Le développement régional ne
peut se faire sans un réseau routier adéquat. Le réseau
routier fait partie de la vie quotidienne de tous les nord-côtiers. Il
est important que le gouvernement du Québec puisse intervenir
immédiatement et à long terme également. Ce qui nous avait
manqué, au Québec, c'était une planification à long
terme. On a passé beaucoup d'années à faire ce qu'on
appelle du rapiéçage. Il était temps qu'un gouvernement
s'installe, par des lois à l'Assemblée nationale, pour permettre
une intervention soutenue, continue, et ce, pendant de nombreuses
années. C'était la seule façon, je pense, de le faire, et
le ministre des Transports a la volonté de le faire pour permettre que
nos régions puissent se développer à un même rythme
que les grandes villes.
Vous savez, M. le Président, le député de Saguenay
ne demandera pas de tunnel entre Baie Comeau et Matane. C'est utopique de
penser à ça. D'autres députés peuvent en demander,
ils sont connus, ils ont fait connaître leurs couleurs, mais moi je n'en
demanderai pas. Ce que je demande au ministre des Transports, c'est d'avoir des
sommes disponibles pour intervenir sur la route 138, pour qu'elle devienne
carrossable autant pour les routiers que pour les usagers d'automobiles, autant
pour les personnes de l'âge d'or qui circulent en autobus que pour les
jeunes qui circulent en autobus. Le message qu'ils nous font, c'est:
Réparez les routes. Et le gouvernement est élu pour administrer
et, que je sache, ça ne fait pas tellement longtemps qu'il est
élu. Le 25 septembre, la population a redonné un mandat au
gouvernement du Québec pour administrer en bon père de famille,
en bon gestionnaire, et c'est ce que le ministre des
Transports veut faire, et c'est important. Je trouve un petit peu
décevant de la part des gens de l'Opposition qui représentent des
régions, de voir que dès que le ministre des Transports ou le
ministre délégué aux Transports arrive en cette Chambre,
ils courent après derrière le trône pour demander des
subventions additionnelles pour leurs services routiers, et, lorsqu'ils
arrivent en Chambre, ils ont un deuxième langage, leur vrai langage,
celui de faire de l'obstruction systématique, tout simplement pour
bloquer un projet de loi qui a une importance tout à fait capitale pour
nos régions.
M. le Président, je suis convaincu que l'ensemble de mes
collègues du Parti libéral auront le sérieux de mettre fin
à cette mascarade le plus rapidement possible pour pouvoir adopter le
projet de loi 50 qui va permettre, au cours des prochaines années, une
amélioration sensible du réseau routier, qui va permettre
d'accroître le développement régional, parce que dans les
régions éloignées, le réseau routier est d'une
importance première, première. J'arrive, en fin de semaine, de
mon comté, et les gens nous le disent: Quand allez-vous commencer
à faire des réparations majeures sur la 138? On doit leur
répondre: Quand l'Opposition nous permettra d'adopter le projet de loi
50. Je ne suis pas sûr, à ce moment-là, que l'Opposition
joue bien son rôle en retardant un projet de loi qui, lui,
automatiquement, retarde le développement régional. Deux
discours, deux discours, M. le Président, deux discours, et le premier
discours, c'est celui que les gens de nos comtés nous envoient comme
message. Je pense que, à ce niveau-là, on n'a pas de leçon
à recevoir de personne. Les actions, M. le Président, que le
ministre des Transports veut faire par le projet de loi 50, elles sont connues,
elles sont précises, elles sont concrètes, elles vont permettre
aux régions de se développer au rythme du dynamisme des gens des
régions. M. le Président, en concluant, je demande à mes
collègues de voter le plus rapidement possible pour que le projet de loi
50 soit adopté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Mon collègue de
Lévis disait, l'autre soir, que durant ses huit années comme
ministre, et ayant présenté plusieurs projets de loi - neuf
années, excusez-moi - il n'a jamais eu à faire présenter
par son gouvernement, par son leader, de motion de clôture, de motion de
bâillon et je peux en dire autant. Ayant été environ cinq
ans au ministère des Affaires sociales, j'ai eu l'occasion moi aussi de
piloter un grand nombre de projets de loi, un grand nombre de projets de loi,
mais jamais je n'ai eu à demander à mon gouvernement d'invoquer
une motion de clôture. Jamais. Ce gouvernement-ci est en train
d'établir des records. Après à peine treize heures de
débat en commission parlementaire... Treize heures, imaginez-vous! Moi,
j'ai connu une époque, quand nous étions au gouvernement,
où nous avons eu des débats de 200 heures et plus sur la loi,
justement, qui a créé la Régie de l'assurance automobile,
sur la loi de la protection du territoire agricole, sur la loi de la langue
française, entre 200 et 250 heures de débat en commission
parlementaire. Dans ce temps-là, on avait un gouvernement qui
écoutait l'Opposition, premièrement, parce que l'Opposition
ça représente du monde ça. L'Opposition actuelle, M. le
Président, représente 40 % de la population. C'est beaucoup, 40 %
de la population québécoise. Il y a seulement 10 % de
différence entre le pourcentage de la population
représentée par le Parti libéral et de pourcentage de
celle représentée par le Parti québécois. Ce qui
veut dire que par une motion comme celle que nous avons devant nous, on prive
l'Opposition, et par conséquent 40 % de la population, du droit normal
de s'exprimer, de poser des questions.
J'entendais le député de Saguenay tantôt reprocher
à nos collègues de l'Opposition, en commission parlementaire, de
ne pas avoir abordé les articles durant les treize heures. Bien, c'est
normal. Nos règlements prévoient, M. le Président,
qu'avant d'aborder l'étude article par article, nous pouvons demander
d'entendre des groupes, des individus qui vont éclairer l'Opposition,
qui vont éclairer la commission parlementaire. Et, en l'occurrence,
étant donné que c'est un projet de loi majeur qui transforme
complètement la vocation de la Régie de l'assurance automobile,
il était normal que l'Opposition veuille rencontrer les dirigeants de la
Régie de l'assurance automobile, rencontrer le Vérificateur
général, rencontrer le Protecteur du citoyen et rencontrer des
usagers, par exemple des camionneurs. Il y en a beaucoup à Québec
de ce temps-ci et ces gens-là avaient quelque chose à nous
dire.
Pourquoi le Vérificateur général? Parce que, M. le
Président, on n'est pas sûrs que cette loi 50 qui vient amender la
Loi sur la Régie de l'assurance automobile, on n'est pas sûrs
qu'elle soit tout à fait légale. Et on aurait aimé
ça que le Vérificateur général, qui est un peu le
grand surveillant des finances de la machine gouvernementale... Nous aurions
aimé que le Vérificateur général vienne nous dire:
Oui ou non, cette loi est légale, est légitime.
Pourquoi le Protecteur du citoyen? Parce que la Régie de
l'assurance automobile du Québec, c'est une Régie qui doit faire
face à des milliers et des milliers de réclamations. Et le
Protecteur du citoyen a beaucoup de plaintes de citoyens et de citoyennes quant
au fonctionnement de la Régie de l'assurance automobile.
Alors, c'eût été intéressant, instructif
d'entendre le Protecteur du citoyen.
Finalement, M. le Président, quand je vois le ministre des
Transports s'impatienter au bout de treize heures de discussion, là
j'apprécie encore plus que jamais, 100 fois plus qu'auparavant, la
patience angélique de celle qui était ministre lorsque le projet
de loi de l'assurance automobile a été piloté,
c'est-à-dire Mme Lise Payette. Quelle patience cette personne-là
a eue! Quelle patience mon collègue et ami, Camille Laurin, autrefois
député de Bourget et ministre pilote de la loi 101 a eue
lorsqu'il a passé 225 heures en commission parlementaire - 225 heures,
M. le Président. Moi, je suis étonné de voir l'impatience
de ce nouveau ministre des Transports. Je comprends qu'il a beaucoup de
difficultés de ce temps-ci avec les camionneurs artisans.
Peut-être que ça le rend plus impatient. Mais il faudrait que ses
collègues qui ont un peu plus d'expérience - je n'en vois pas
beaucoup dans cette Chambre, cet après-midi - mais il faudrait que ses
collègues qui ont plus d'expérience que lui au Conseil des
ministres lui donnent des conseils. Parce que cette Loi sur l'assurance
automobile, qui a été et qui demeure l'un des fleurons du
gouvernement du Québec, c'est une loi modèle, plusieurs
États s'en sont inspirés. Le Québec, avec le gouvernement
du Parti québécois, quand il a adopté cette loi,
était à l'avant-garde en Amérique du Nord. (16 heures)
Même si les libéraux - avec mes excuses au président
puisque vous faites partie de cette formation, mais je sais que, actuellement,
comme président, vous êtes tout à fait neutre - ont
décrié ce projet de loi, qu'ils ont même voté
contre, ils ont voté contre, mais jamais n'ont-ils eu le courage d'en
demander le retrait ou de l'abolir eux-mêmes, lorsqu'ils sont
arrivés au pouvoir en 1985, parce qu'ils savent très bien que
c'est une loi qui est chère au coeur des Québécoises et
des Québécois. Alors, avant que l'Opposition, au nom des 40 % de
la population, accepte de changer radicalement cette loi-là, il faut
regarder ça à deux reprises, pas à une seule. C'est pour
ça que nous voulions rencontrer des groupements.
Le geste du gouvernement, quand il dit: Non, ce n'est pas de vos
affaires, ça; vous n'avez pas besoin, comme Opposition, même si
vous représentez 40 % de la population, vous n'avez pas à poser
de questions aux dirigeants de la Régie, vous n'avez pas à poser
de questions au Vérificateur général ou au Protecteur du
citoyen... Après treize heures, le bâillon, fermez-la et on passe
le rouleau compresseur.
Mais là, ça devient une habitude, la troisième fois
en cinq jours. Et c'est en même temps des lois qui sont utilisées
par ce gouvernement pour faire indirectement ce qu'il n'a pas le courage de
faire directement, c'est-à-dire que, directement, ce gouvernement
devrait dire à la population: Nous devons hausser les impôts, nous
devons hausser les taxes. Il n'a pas le courage de le faire. Il l'a fait de
façon détournée; il va dans la caisse de la Régie
de l'assurance automobile, il va saisir 250 000 000 $ par année. Il a
fait la même chose avec les municipalités, avec les commissions
scolaires. Ce gouvernement devient l'expert en taxes indirectes, en taxes
camouflées, en impôts camouflés.
M. le Président, en plus de changer, de transformer
complètement le rôle de cette régie d'État, qui est
une société d'assurance, cette loi va pénaliser les
conducteurs qui sont prudents, qui ont été prudents, comme dans
n'importe quelle société d'assurance. Si les utilisateurs qui
paient une prime régulièrement n'ont pas besoin de compensation
parce qu'ils sont de bons citoyens, de bons conducteurs, qu'ils n'ont pas
d'accident, normalement, les primes, au lieu d'augmenter, vont ou bien
être gelées, ou baisser. Mais ce n'est pas ça qui va
arriver, parce que ce gouvernement-ci a décidé que la
Régie de l'assurance automobile était dorénavant un agent
percepteur de taxes, d'impôts. Alors, qu'on conduise bien, qu'on conduise
mal, on n'est pas avantagé, on n'a pas les bénéfices
normaux qu'une société d'assurance donne aux utilisateurs qui
sont des utilisateurs prudents et qui n'ont pas d'accident.
M. le Président, je veux aussi dire deux mots sur cette mesure
exceptionnelle, scandaleuse, que la Régie de l'assurance automobile
prend, que le gouvernement prend, en allant chercher 1500 $ pour chaque voyage
en ambulance; 1500 $, pour un accidenté de la route, seront
versés par la Régie de l'assurance automobile du Québec
à Urgences-santé Montréal ou aux Conseils régionaux
de la santé. Imaginez-vous, pour le prix d'un voyage en ambulance, alors
que le prix normal, on le sait, c'est 70 $. Alors, c'est un autre façon
camouflée d'aller chercher des impôts.
M. le Président, je pense qu'il faut conclure en disant à
ce gouvernement: Vous abusez de votre pouvoir, vous abusez de la marge de 10 %
que vous avez eue: 50 % au lieu de 40 % de notre côté; vous abusez
de cette marge de 10 % pour imposer le silence à l'Opposition, pour
priver les 40 % de la population qui ont voté pour le Parti
québécois de s'exprimer et de poser des questions.
C'est pourquoi, M. le Président, j'enjoins non seulement les
membres de ma formation, mais les députés de l'autre
côté aussi qui ont encore un sens démocratique, je les
enjoins de voter contre cette motion de clôture. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Lévis. M. le député de
Lévis, vous avez la parole.
Motion d'ajournement M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, en vertu des règlements
de l'article 100 du règlement de l'Assemblée nationale, je
voudrais faire motion pour que le débat en cours sur la motion soit
ajourné.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, cette motion est
recevable. Si vous voulez rester à votre place, s'il vous plaît,
M. le député. Merci. En vertu de l'article 100, la motion
d'ajournement du débat est recevable et en vertu de l'article 101,
l'auteur de la motion et le représentant de chaque groupe parlementaire
ont chacun un temps de parole de dix minutes. L'auteur de la motion a un droit
de réplique de cinq minutes. Alors, M. le député, je suis
prêt à vous reconnaître sur votre motion d'ajournement.
M. Garon: M. le Président, cette motion est absolument
importante. C'est le député de Saguenay qui m'en a un peu
donné l'idée, puisqu'il m'a dit qu'il faudrait que les gens
aillent réfléchir. Je pense que c'est vrai qu'il faut que le
gouvernement aille réfléchir. M. le Président, j'ai
été neuf ans ministre. J'ai présenté au-dessus de
60 lois dans le Parlement, des lois complexes. Je n'ai jamais demandé le
bâillon une seule fois. J'ai pris le temps qu'il fallait, et parfois
elles n'ont pas été adoptées; c'est arrivé,
même s'il y avait entente avec la ville de Montréal dans le cas du
Parc de l'exposition agro-alimentaire. Je me rappelle, à ce
moment-là, par stratégie politicienne, les libéraux
avaient empêché qu'un projet de loi sur lequel même le
gouvernement était d'accord et la ville de Montréal était
d'accord sur le Parc de me Notre-Dame pour des investissements de 40 000 000
$... L'Opposition a empêché le projet de loi d'être
adopté, et on ne s'est pas servi du bâillon. Mais aujourd'hui
quand on voit le ministre... Imaginez-vous le ministre: fatigué,
usé comme dit le député de Louis-Hébert. C'est sa
deuxième loi. La première, la loi 26. Une loi de quelques
articles; on n'a même pas passé quelques heures en commission
parlementaire et là aujourd'hui on voit qu'après...
On demande au fond de taxer, d'aller chercher 877 000 000 $ dans la
caisse de la Régie de l'assurance automobile. 877 000 000 $ en 1990,
1991, 1992, 1993, 1994, dans cinq ans. Même d'aller chercher
rétroactivement des sommes d'argent puisque le gouvernement fait des
décrets illégaux. Il n'avait pas pris le temps de
réfléchir encore là. Des décrets illégaux
pour aller chercher des fonds pour les ambulances. Et aujourd'hui il est
obligé d'adopter une loi pour aller chercher de l'argent pour 1988, pour
1989, pour 1990 et en indexant 32 500 000 $ par année après
ça. Le gouvernement n'a pas assez réfléchi, if passe des
décrets illégaux, M. le Président. C'est pour ça
qu'il y a beaucoup de gens qui commencent à penser que dans notre
société, à l'heure de crise qu'on vit actuellement, le
principal danger dans notre société c'est le gouvernement: le
gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa qui vont nous
précipiter une crise d'inflation l'an prochain, parce qu'ils ne font pas
leur travail. Mais aujourd'hui qu'un ministre qui en est à sa
deuxième loi, comme le ministre de l'Industrie, du Commerce qui est
tanné... Il vient d'arriver en Chambre. C'est un bureaucrate;
fatigué d'entendre les débats. Imaginez-vous! Quand on est
fatigué, on prend sa retraite, M. le Président! Moi, ça
fait depuis 1976, 14 ans, que je suis en cette Chambre, je ne suis pas
fatigué d'entendre le monde. Je dis toujours à mon personnel: La
journée où vous serez fatigués d'entendre des gens qui
viennent vous conter leurs problèmes, vous me le direz et je vais vous
donner congé.
Notre rôle ce n'est pas d'entendre les félicitations, ce
n'est pas de recevoir les gens qui sont heureux, c'est de recevoir ceux qui
sont malheureux, ceux qui ont des problèmes, parce que je ne vois pas
souvent des gens qui passent pour me dire: M. Garon, j'arrête vous voir
à votre bureau. Je voulais vous dire que je suis heureux. Ça
arrive, mais pas souvent! Les gens qui viennent me voir ont un problème.
Souvent c'est à la dernière extrémité, c'est en
dernier recours qu'ils viennent me voir. Ils disent: Je suis venu vous voir en
désespoir de cause. Je ne sais plus qui aller voir. Je viens vous voir
pour voir si vous ne pourriez pas me donner un coup de main. Actuellement au
fond, le gouvernement demande une loi fiscale pour aller chercher 877 000 000 $
sur cinq ans et il n'est pas prêt même à en discuter. On a
demandé d'entendre qui, en commission parlementaire? Le
Vérificateur général. On aurait aimé qu'il le fasse
de lui-même, en vertu de l'article 45, mais on ne peut pas demander
à quelqu'un d'avoir du courage quand il n'en a pas. L'article 45 de la
loi lui donne le droit d'intervenir et il dit: Je vais intervenir l'an
prochain. Quand la caisse sera vidée, je suppose. Alors, on pensait
qu'un Vérificateur général, son rôle au mois de juin
ce n'est pas de jouer dans le sable en Espagne mais de voir à donner des
avis à l'Assemblée nationale quand elle lui en demande et, comme
porte-parole de l'Opposition officielle, je calcule que ce n'est pas suffisant.
J'ai dit: Bien, la commission parlementaire peut le convoquer. C'est pour
ça qu'on a demandé à le voir pour qu'il fasse sa job.
À 110 000 $ par année, peut-on avoir un avis de temps en temps?
Peut-on? Est-ce que c'est possible, M. le Président? Pensez-vous qu'on
abuse du Vérificateur général, qu'on l'use, le
Vérificateur général, si on lui demande un avis sur une
loi, si on lui demande si le gouvernement a le droit de faire ça? (16 h
10)
La Régie de l'assurance automobile, on a demandé de
l'entendre aussi. C'est elle qui administre le "pot". C'est elle qui administre
l'argent. Pensez-vous que c'est abuser, de demander de l'entendre pour lui
demander son opinion? D'autant plus que, sur un ensemble de rapports annuels
que j'ai cités en commission parlementaire, la Régie
elle-même se plaint, oh! poliment, élégamment,
diplomatiquement, que, s'il y avait un contrôle routier, ça
coûterait moins cher d'assurance, on éviterait des abus. Et elle
le dit dans son rapport annuel qui a été déposé au
mois de mai 1990. On voulait l'entendre.
On voulait entendre l'Association des victimes d'accidents d'automobile
du Québec. Ce sont les victimes qui sont privées de fonds
actuellement parce qu'on économise des fonds sur leur dos. On voulait
entendre la Fédération des femmes du Québec parce que les
femmes se sont plaintes, avec les amendements du mois de juin de l'an dernier,
qu'aujourd'hui, une mère à la maison, on dit qu'elle n'a pas
d'emploi, qu'elle ne travaille pas à la maison, qu'elle n'a pas de
salaire. Alors elle est pénalisée. On la compense moins,
lorsqu'elle est victime d'un accident d'automobile, qu'on la compensait
auparavant. On a diminué. On a économisé sur le dos des
mères de famille. Le gouvernement a dit: Je veux faire une politique
familiale. On va économiser de l'argent sur le dos des mères de
famille et on n'aura pas le droit d'inviter les femmes à venir nous dire
ce qu'elles en pensent.
On a voulu inviter les clubs de l'âge d'or parce que, eux aussi,
on a économisé sur leur dos. Passé 64 ans, dans la loi du
mois de juin 1989, qu'est-ce qu'on dit qu'on va faire? Passé 64 ans, on
va couper les redevances de 25 % par année. À 68, zéro,
fini, terminé! Hein? Pourquoi? On veut passer et on dit: Vous allez
économiser sur les personnes âgées également. Elles
ont payé leurs assurances. Pourquoi n'auraient-elles pas le droit de
nous dire ce qu'elles en pensent avant que le ministre des Finances parte avec
la caisse? Pensez-vous qu'elles n'ont pas le droit? C'est elles qui ont
payé les assurances.
Le ministre des Transports nous dit: Ce sont des économies. Des
économies qui ne lui appartiennent pas. Est-ce que c'est parce que
j'économise qu'il est obligé de venir mettre la main dans ma
poche en disant: Je vais t'en prendre un peu. Voyons donc! Ce n'est pas
à lui. Le ministre des Finances, ce n'est pas à lui non plus. Il
vole la caisse. Et c'est ça qu'on voulait demander au
Vérificateur général, de venir nous dire s'il avait le
droit de faire ça, légalement. Parce que ce n'est pas possible
qu'on ait fait ces choses-là. Quand je dis "légalement", M. le
Président, rappelez-vous qu'on demande, dans cette loi, de
légaliser un décret du gouvernement qui a été
adopté en 1988, sans droit. Et on essaie de faire verser les fonds
rétroactivement ou de légaliser les fonds qu'on aurait
versés sans droit dans le passé, en 1988 et 1989. Alors, le
gouver- nement, comprenez-vous, quand on dit: Est-ce que c'est légal? On
est en droit de le demander.
Le gouvernement veut faire faire de la promotion de la
sécurité routière, alors que la loi dit que c'est dans tel
cas. Il y a deux cas de sécurité routière où la
Régie peut intervenir: un, pour analyser le comportement des
assurés, des conducteurs, par exemple si vous conduisez sans ceinture.
Il a le droit de dépenser de l'argent pour faire mettre les ceintures.
Il a le droit également pour analyser l'état des automobiles. Si
les automobiles sont trop maganées, qu'il n'y a pas de freins, il a le
droit aussi de faire des inspections. Point. L'article 2d de la loi. Il n'y a
pas autre chose sur laquelle il peut intervenir au plan de la
sécurité routière. Et maintenant, il veut faire payer
l'asphalte, il veut faire payer les barres blanches. On est rendu qu'on a des
ministres qui annoncent des barres blanches. Je n'ai jamais vu ça, moi.
Hein? Et ils nous disent: On est en train de développer le réseau
routier. Ils font des annonces pour annoncer les barres blanches. C'est quelque
chose!
M. le Président, alors, quand on nous dit: On part avec la caisse
et il n'y aura pas une cent de plus dans le réseau routier cette
année. On va aller chercher 363 000 000 $ et pas une cent de plus dans
le réseau routier! On a demandé de faire venir le Protecteur du
citoyen. Le Protecteur du citoyen, pourquoi? Parce que le Protecteur du
citoyen, dans ses rapports annuels, dit à quel point il y a des
délais à la Régie et il se plaint d'un paquet de
circonstances où la Régie n'a pas rendu justice aux
assurés. Est-ce que ce n'est pas normal de le faire venir pour faire le
point avec lui? Avant de voter des lois, on va vider la caisse d'assurance qui
appartient aux assurés. D'autant plus que la Régie de l'assurance
automobile est supposée "collecter" uniquement ce dont elle a besoin
pour administrer l'assurance. Elle n'est pas supposée "collecter" plus
que ce dont elle a besoin. Ce n'est pas un ministère du Revenu. Ce n'est
pas une taxe, l'assurance automobile, c'est une assurance et, en vertu de la
loi, je l'ai dit, je suis allé loin et je l'ai dit. J'ai dit aussi, en
lisant l'article 16 et l'article 16.1, que le conseil d'administration n'est
pas redevable de sa conduite s'il agit de bonne foi, un, et,
deuxièmement, s'il agit légalement. J'ai dit que moi, comme
ministre - parce qu'on va reprendre le pouvoir avant longtemps - je
n'hésiterais pas à prendre des poursuites contre un conseil
d'administration qui aurait enlevé de l'argent de la Régie sans
droit, parce que le conseil d'administration n'est pas exempté des
choses illégales qu'il fait ou des choses qui ne sont pas de bonne foi,
alors qu'on essaie d'avoir des avis juridiques et que personne ne veut en
produire.
M. le Président, c'est un projet de loi sérieux, majeur et
le gouvernement n'a pas réfléchi, c'est clair. Treize heures de
débat pour
un projet de loi de cette ampleur, vous n'aurez pas d'exemple dans
aucune Législature démocratique du monde entier. Peut-être
dans des républiques... En Haïti, peut-être. Dans des
républiques de bananes, peut-être, dans des dictatures,
peut-être. Mais vous ne trouverez aucun exemple où on va aller
chercher 877 000 000 $ en l'espace de cinq ans. Puis, vous dites, après
treize heures d'étude en commission parlementaire: C'est assez, fini, on
coupe tout le monde et c'est fini, on n'étudie plus l'affaire.
Le grand Disraeli qui était un des penseurs du parlementarisme
britannique disait - je vais finir là-dessus - The duty of the
Opposition is to oppose." M. Elkas, le ministre des Transports, me rappelait
que je l'avais cité. Il n'a pas compris que le rôle de
l'Opposition est justement de faire valoir à rencontre d'un projet de
loi les arguments qui sont contre ce projet de loi. On n'est pas là pour
féliciter le gouvernement. On est là pour montrer ce qui ne va
pas dans le projet de loi. C'est pourquoi, M. le Président, et je
termine là-dessus, ma motion d'ajournement, c'est pour permettre au
gouvernement d'aller réfléchir. Merci.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la motion
d'ajournement, M. le député de Chauveau.
M. Rémy Poulin
M. Poulin: Merci, M. le Président. J'écoutais
attentivement le député de Lévis qui, maintenant, est
rendu avec une motion d'ajournement. Comment le gouvernement pourrait-il faire
une motion et accepter une motion d'ajournement quand nous, nous avons
décidé d'aller de l'avant avec ce projet de loi? D'aller de
l'avant avec ce projet de loi-là, M. le Président, justement pour
la réfection du réseau routier.
L'importance de la réfection du réseau routier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît, MM. les députés.
S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le député, vous
pouvez poursuivre.
M. Poulin: Je vous remercie, M. le Président. Je remarque
que de l'autre côté on commence un peu à s'agiter. J'ai
participé aussi à la commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements. Je me rends compte aujourd'hui
que oui, on a besoin de ce montant d'argent là. Oui, on a besoin du
projet de loi 50. Pour une raison. Quand je regarde dans la région de
Québec, le réseau routier oublié de 1976 à 1985;
quand on a mis des moratoires sur l'autoroute 73, sur Du Vallon, sur Henri IV.
C'est ces gens-là qui ont abusé du système aussi. Quand on
regarde que eux, de 5 000 000 000 $ à 25 000 000 000 $... Qu'est-ce
qu'on a fait pour la région de Québec pour le réseau
routier? C'est pour cette raison-là, M. le Président. Nous, on ne
veut pas endetter le Québec. À des déficits comme ces
gens-là sont habitués, de 5 000 000 000 $, dans 10 ans, on n'a
qu'à en mettre encore 5 000 000 000 $ cette année et on va y
aller. Il n'y a pas de problème sur ça. Ça, c'est le
député de Lévis.
Je regarde encore... Tantôt, le député de
Lévis a parlé des gens... Il invitait tout le monde, d'une
façon ou d'une autre, en commission parlementaire, à venir
s'expliquer. Mais, quand je regarde, quand on a invité l'ANCAl,
j'étais là, moi. Les gens étaient là. On se sert du
dossier de l'ANCAl pour venir bloquer un projet de loi, le projet de loi 50,
quand, à un moment donné ou à un autre, d'ici les trois
prochaines années, ils auront de l'emploi parce que le projet de loi 50
aura été bénéfique. Ces gens-là avaient
juste à voter le projet de loi 50 si ça les fatiguait et qu'ils
étaient pour nous battre dans trois ans. Ils n'ont même pas
osé prendre un article dans ce projet de loi-là.
Je regarde quand on a pris l'ANCAl. On va dire oui, on va attendre
l'ANCAl. Ces gens-là ont plus que le problème du projet de loi
50... C'est le député de Lévis qui, en commission
parlementaire, nous disait: Le ministre n'est pas allé en région,
le ministre ne veut pas aller voir dans les régions ce qui se passe. Si
c'est ce que le député de Lévis veut, et d'ailleurs, c'est
ce qu'on lui avait dit au moment de la commission -parlementaire, si ça
prend une commission parlementaire pour aller sur le terrain, nous irons. Mais
il ne s'agit pas de prendre des gens en otage, les amener une heure à
les entendre, comme lui le désirait. Ça prend des gens qui vont
aller voir où est le problème en région parce que le
problème du transport en vrac n'est pas le même à
Montréal qu'à Québec, à Matane, à Rimouski
ou à Sherbrooke, M. le Président.
Quand je regarde ces gens-là faire encore une motion, c'est, oui,
pour retarder le projet de loi. On est prêts, comme gouvernement, c'est
une décision administrative, on l'a prise. Et on vivra avec aux
prochaines élections. On est capables. Mais le député de
Lévis, quand je regarde comment il fonctionne... "Ça prend un
tunnel entre la rive sud et la rive nord". On a vu le maire de Québec
comment il lui a répondu en lui disant: Un instant, un instant! Ce n'est
peut-être pas la priorité dans la région de Québec.
On a des problèmes majeurs. On est capables de prendre nos
responsabilités et on les a prises avec le projet de loi 50, M. le
Président. Et, encore là, la motion d'ajournement du
député de Lévis, c'est encore lui qui la présente
pour tout retarder. Oui, c'est dilatoire. Mais, ça, on comprend le
député de Lévis, on le voit même dans la
région de Québec. C'est le seul homme politique de la
région de Québec qui a raison sur tout, d'une façon ou
d'une autre. Ça, c'est le
député de Lévis. (16 h 20)
Une voix: Ça c'est vrai.
M. Poulin: Mais ça, on vit avec, nous, dans la
région de Québec, parce que ce qu'on aime, c'est qu'on ne voit
pas beaucoup de ses organisateurs autour de lui. C'est lui, l'homme dans la
région de Québec. Donc, on en a juste un à battre.
M. le Président, l'importance de ce projet de loi là, moi,
je la vois par le boulevard Talbot parce que le député de
Lévis, lui, disait en commission parlementaire: II n'y en aura plus de
construction. Fini la construction. Le boulevard Talbot est un bel exemple. Si
ces gens-là, en 1976, n'avaient pas mis le moratoire sur le boulevard
Talbot, on n'aurait pas ce qu'on a aujourd'hui avec les décès
qu'on a eus.
Dix ans de temps que le Parti québécois, dans la
région de Québec, a mis des moratoires sur les autoroutes. Est-ce
que c'est de même qu'on respecte les gens? On verra dans trois ans, sur
le projet de loi 50, les répercussions qu'on aura. Ils sont
outrés. Le Parti québécois est outré. On va vous
battre! Passez-les, les projets de loi, si vous voulez nous battre, vous allez
avoir des raisons. Mais vous avez peur, par exemple. D'ici trois ans, on va
vous le prouver sur le terrain, ce qu'on a fait. C'est ces gens-là, ces
braves... Je vous comprends, les autres députés. Je sais que vous
vivez avec le député de Lévis. Ça ne doit pas
être facile, parce que nous, on le voit les fins de semaine, un peu
partout, là.
Mais c'est un bon homme, par exemple. Un bon homme. Il se promène
seul avec son cheval. Je peux vous dire une chose, aujourd'hui, c'est non
à la motion d'ajournement pour une raison: l'importance de ce projet de
loi là, l'importance pour les régions... La députée
de Johnson peut bien rire, ça l'amuse. D'une façon ou d'une
autre, on le sait, on l'a entendue en commission parlementaire, motion
par-dessus motion. Je vois le député de Dubuc; c'est
celui-là même qui disait: Elle n'est pas finie, mais on en a une
autre motion. Il était prêt, il en avait une tonne. Je vois le
député d'Ungava aussi.
C'est ces gens-là, en commission parlementaire: Oui, pas fini,
mais on en a une autre motion. On va vous garder ici. Si c'est de même,
ils avaient juste à l'ouvrir, le projet de loi, article par article; on
serait peut-être encore là, mais on aurait avancé article
par article. Mais on ne discute pas avec des intraitables, d'une façon
ou d'une autre. Et on est prêts à vivre avec nos décisions,
M. le Président. Je reviens et c'est pour cette raison que je demande
à mes collègues du caucus, du gouvernement, d'appuyer le projet
de loi 50 et de battre cette motion d'ajournement, et on vivra avec nos
décisions, M. le Président.
Une voix: C'est ça.
M. Poulin: Ce matin, j'écoutais le leader du Parti
québécois qui parlait de son petit pont qu'il n'avait pas eu.
Qu'a-t-il fait avec les 13 000 000 $ dans son comté, depuis 1986
jusqu'à aujourd'hui? S'il avait à "prioriser" un petit pont, il
avait juste à le prioriser, mais qu'il ne vienne pas se scandaliser ici
dans cette enceinte qu'il n'a pas eu son petit pont. Nous aussi on en a des
petits ponts qui ne sont pas faits. C'est pour ça qu'on a besoin du
projet de loi 50 pour finaliser ce qu'on a entrepris dans nos comtés.
Merci, M. le Président.
Mme Juneau: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée.
Mme Juneau: En vertu de l'article 213, est-ce que le
député me permettrait une question?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que, M. le
député, vous permettez une question à la
députée de Johnson?
M. Poulin: Non.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non. Je suis prêt
à reconnaître M. le député de Lac-Saint-Jean comme
porte-parole de la formation du groupe parlementaire de l'Opposition
officielle. M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez la
parole.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je pense que c'est
là une motion tout à fait pertinente présentée par
mon collègue de Lévis parce que c'est dans l'intérêt
des ministériels. Les ministériels, au moment où on est
rendus dans le débat sur ce projet de loi, ont vraiment
intérêt à faire une réflexion en profondeur sur le
fonctionnement de la démocratie, sur la façon dont fonctionne une
vraie démocratie - pas une république de bananes, pas une
république d'opérette, une vraie démocratie; et, au
Québec, c'est supposé être le cas - de façon que -
et je vois le ministre des Transports qui m'écoute - les
ministériels se fassent un peu de couenne. Permettez l'expression "se
fassent un peu de couenne". Ils ont l'épiderme extraor-dinairement
sensible. Leur capacité de tolérer les débats
démocratiques est on ne peut plus limitée. C'est pourtant
ça, la démocratie. C'est de permettre le plus largement possible
le débat, la controverse, de faire en sorte que les opinions
s'expriment, se confrontent, qu'on puisse diverger d'opinion et pouvoir
l'exprimer librement. C'est ça, la démocratie.
Et les ministériels ont intérêt à
réfléchir, y
compris le député de Chauveau qui nous quitte à
l'instant. Ils ont intérêt à réfléchir
là-dessus et à se faire un peu de couenne parce que leur
épiderme est extraordinairement sensible. Ils sont incapables de
tolérer les débats. En démocratie, quand on est incapable
de tolérer les débats, on rentre chez soi, on rentre à la
maison parce que c'est ça, essentiellement, dans son essence même,
c'est ça, la démocratie. C'est de permettre aux idées de
s'exprimer, de se confronter, aux opinions de circuler et de s'exprimer. Si on
n'est pas capable de tolérer ça, on retourne chez soi faire autre
chose, ça veut dire qu'on n'a pas ce qu'il faut, qu'on n'a pas la
couenne qu'il faut pour vivre ça et supporter ça. On a
l'épiderme trop sensible, alors on fait autre chose, mais on n'est pas
ici, dans ce Parlement-là. Imaginez-vous, treize heures de débat,
c'est un record, c'est quasiment un championnat. Et avoir droit au
bâillon après treize heures de débat. Je pense que les
recherchistes de la bibliothèque devraient faire une recherche, je suis
convaincu que c'est un record. Je suis convaincu que c'est un championnat.
Treize heures de débat et le ministre est usé! C'est ça
que le brillant député de Louis-Hébert est venu nous dire:
Écoutez, là, l'Opposition, vous usez nos ministres.
Des voix: Ah! Ah!
M. Brassard: C'est grave! Arrêtez ça! Arrêtez
d'user nos ministres! Treize heures de débat et le ministre des
Transports est déjà usé. Bien, moi, je vais vous dire, M.
le Président, quand on a une santé aussi faible, on n'est pas
ici, on fait autre chose, on prend sa retraite, comme disait le
député de Lévis. Quand on est une petite nature comme
ça et qu'après treize heures de débat c'est assez, on est
usé, fatigué, épuisé, vidé, on fait autre
chose.
Une voix: On va en Floride.
Une voix: On s'en va chez Bell Canada.
M. Brassard: On prend des vacances ou on retourne d'où on
vient; dans le cas du ministre des Transports, chez Bell Canada.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Écoutez! Il faut quand même être
sérieux! Treize heures de débat et le ministre est usé! Il
y a des limites. Alors, je pense que les ministériels ont
intérêt à faire une réflexion. Et la motion
d'ajournement du débat va leur permettre de faire une réflexion
sur le fonctionnement d'une démocratie, sur la nature de ce qu'est une
démocratie et aussi d'essayer, en même temps, de trouver un
tonique pour refaire une santé au ministre qu'on use très
rapidement.
Et puis, ils ont besoin aussi d'une profonde réflexion pour
prendre vraiment conscience de ce qu'ils sont en train de faire avec le projet
de loi 50. C'est d'une gravité considérable, ils sont en train de
faire un hold-up sur la caisse des assurés. Le ministre des Transports
s'est transformé, métamorphosé en "pistolero" et il a
organisé un braquage: le braquage de la caisse des assurés de la
Régie de l'assurance automobile. On se croirait dans un western. C'est
un braquage qu'on est en train de faire, c'est un hold-up sur la caisse des
assurés, par un ministre qui s'est transformé en "pistolero". Ce
n'est pas joli, ça, et ça prend du temps pour prendre conscience
de la gravité du geste que vous êtes en train de poser, et cela,
en détournant la Régie de sa vocation et de sa mission. Non
seulement on braque la caisse, on fait un hold-up sur la caisse des
assurés, mais on détourne la Régie de sa véritable
vocation et de sa véritable mission, telle qu'on la retrouve dans sa loi
constitutive.
Vous avez besoin de temps aussi, les ministériels, vous avez
besoin de temps, et la motion d'ajournement va vous le donner, ce
temps-là, pour apprendre vraiment les règles de base de gestion
d'un régime d'assurances. Un régime d'assurances public ou
privé, peu importe, c'est alimenté par des primes d'assurances
des assurés. Et quand il y a un surplus dans la caisse du régime
d'assurances, ça doit servir aux assurés, soit à
améliorer leurs indemnités, soit à baisser leurs primes;
c'est à ça que ça doit servir, c'est à cette
fin-là que ça doit servir - c'est ça, les règles de
base de gestion d'un régime d'assurances - pas à faire un hold-up
sur la caisse et à siphonner près de 900 000 000 $ pour les
envoyer au ministre des Finances, au fonds consolidé du ministre des
Finances, dans le Trésor public. Ce n'est pas à cette
fin-là que sert un régime d'assurances. (16 h 30)
Alors, M. le Président, motion d'ajournement tout à fait
pertinente. J'invite les ministériels à voter cette motion
d'ajournement et à prendre le temps qu'il faut pour prendre conscience,
d'abord, de la façon dont fonctionne une démocratie, et prendre
conscience aussi du fait qu'ils sont en train de poser un geste très
grave. Ils sont en train de faire un "hold-up" qui n'est pas permis, qui est
illégal.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député, whip en chef de l'Opposition. Est-ce que vous voulez
utiliser votre droit de réplique, M. le député? M. le
député de Lévis, sur votre droit de réplique de
cinq minutes, maximum.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président. J'écoutais le
député de Lac-Saint-Jean qui disait au ministre qu'il avait
l'épiderme sensible. Il y a quelqu'un qui me disait ce midi: Ils ont le
poil court
comme des rats. Je pense que c'est un peu ça, au fond. Je vais
vous faire part d'une expérience. Il y deux ou trois ans, le ministre
des Finances avait présenté un projet de loi, la loi 129, Loi sur
l'administration financière. Il était absent, à ce
moment-là, lorsque ça avait été
déposé par le ministre responsable du Conseil du trésor.
Lorsqu'il était revenu en cette Chambre, on avait fait le débat
de deuxième lecture. J'avais fait un discours d'une heure pour lui dire
à quel point c'était une loi qui n'avait pas de bon sens, la Loi
sur l'administration financière, où le gouvernement pouvait, en
cours d'année, dépasser ses engagements financiers, les sommes
votées par le Parlement, à condition de voter une loi
réparatrice avant la fin de l'année. J'ai dit au ministre des
Finances: C'est épouvantable, ce que vous faites là!
Peut-être que vous ne l'avez pas vu, vous étiez absent lorsque
ça a été déposé à l'automne, mais
vous n'avez pas le droit de voter une loi comme ça. Les Parlements se
sont battus pour avoir le droit à l'approbation budgétaire. Ils
se sont battus pour avoir le droit. Les grandes démocraties du monde,
l'Angleterre, la France, tes États-Unis, le pouvoir premier... C'est
d'ailleurs là-dessus que les Américains ont fait leur
indépendance. Ils n'ont pas voulu être taxés sans avoir
leur mot à dire là-dedans. J'ai dit au ministre des Finances:
Vous êtes en train de faire un crime contre le Parlement. Après
mon discours, il est venu me voir en arrière du trône et m'a dit:
J'ai écouté ton discours, et je n'en suis pas revenu de voir
à quel point tu étais scandalisé, mais j'ai demandé
à mes fonctionnaires de regarder ça positivement, ce que tu as
dit.
Savez-vous qu'est-ce que c'a donné comme résultat? La loi
a été changée au complet. Il n'y a pas un article qui n'a
pas été changé. Les notes explicatives ont
été changées. Il n'est resté que le numéro
et le titre. Pourquoi? Parce qu'il avait compris que, comme critique de
l'Opposition, c'était ma tâche de critiquer son projet de loi. Et
je ne le blâme pas, parce qu'à ce moment-là il était
absent. Il avait été absent pendant quelques semaines pour des
raisons personnelles que les gens de cette Chambre connaissent. Il était
absent et ça avait été déposé. Possiblement
que le projet de loi n'avait pas été étudié sur le
plan parlementaire, comme il aurait dû être étudié,
mais il avait compris.
Ça m'est arrivé déjà, en commission
parlementaire, de dire au ministre des Transports, le député de
Charlesbourg, qui voulait se donner un droit d'appel par rapport aux transports
en commun au Québec: Le ministre peut bien se donner ce
pouvoir-là s'il veut, on va voter contre. On ne l'empêchera pas,
on ne peut pas l'empêcher, on va voter contre. Mais, si on était
à votre place, on ne ferait pas ça, parce qu'on n'est pas
convaincu que les municipalités ne peuvent pas faire un meilleur travail
que vous. Et on ne pense pas que, comme ministre des
Transports, vous ayez le droit, vous ayez le temps d'entendre tous les
appels de toutes municipalités où les gens vont demander des
changements de circuits d'autobus, des changements d'arrêts d'autobus. On
ne pense pas que ce soit votre travail. Si vous voulez, vous le voterez.
Lé député de Jonquière, qui était
présent en commission avec moi à ce moment-là, avait dit:
Moi, j'ai été maire pendant 22 ans, président de l'Union
des municipalités pendant 2 ans, échevin pendant tant
d'années. Je pense que vous faites une erreur d'adopter une telle
mesure. On l'a convaincu. On a essayé de le convaincre. Qu'est-ce qu'il
a dit, le ministre des Transports du temps? Tel article à tel article,
suspendus. Le lendemain ou le surlendemain, il a dit: Tel article à tel
article, abrogés. Il s'est aperçu que, dans le fond, il
était en train de faire une erreur. Le rôle de l'Opposition,
c'était de faire représenter que c'était une erreur de
faire ça.
On sait bien qu'à la longue, à la limite, le gouvernement
gouverne, le gouvernement va faire passer les lois qu'il veut faire passer,
sauf que le rôle de l'Opposition, c'est de montrer ce qui ne va pas dans
un projet de loi. Il y a bien des gens qui m'ont dit qu'ils voient l'Opposition
d'une façon différente. Ils me disent: Tu n'aurais pas dû
leur dire, tu aurais dû les laisser s'organiser, se faire embarquer. J'ai
dit: Non, moi, je ne conçois pas ça comme ça. Je
conçois ça comme Disraeli. Le rôle de l'Opposition, c'est
de s'opposer à ce qui n'est pas correct dans les projets de loi qui sont
présentés devant le Parlement et de faire valoir tous les
arguments comme si je représentais les citoyens, comme je
représente les citoyens qui pourraient s'opposer. Mais le rôle du
gouvernement, c'est aussi d'entendre les représentations qui sont
faites.
Que le ministre, qui est un nouveau ministre qui n'a même pas
l'expérience d'analyser les projets de loi, qui n'a pas dit un mot en
commission parlementaire... Je vous défie, M. le Président... La
seule fois où il a pris la parole, c'était pour menacer les
députés de l'Opposition qui s'opposaient à son projet de
loi. À peu près la seule fois où il a pris la parole,
c'était pour dire: Si vous ne votez pas ça, vous n'aurez rien
dans vos comtés. C'est à peu près la seule fois. Dans les
treize heures, il n'y a pas un quart d'heure qui appartient au ministre
là-dedans. Il n'a pas parlé. Il n'a pas expliqué son
projet de loi. Je me demande s'il le comprend, son projet de loi. Et c'est
pourquoi, M. le Président, cette motion d'ajournement est
nécessaire. Parce que le ministre n'a pas l'air de connaître son
projet de loi parce qu'il ne le défend pas et, deuxièmement,
parce que les sommes qu'il annonce dans le domaine des transports, on a fait la
démonstration que ce n'est pas vrai. Il n'y aura pas 1 700 000 000 $
additionnels...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous
voulez conclure.
M. Garon: ...et je conclus là-dessus, m. le
président, si le ministre persiste à dire qu'il y a des sommes
d'argent qu'il prétend avoir pour la voirie, bien, il trompe la
population...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Est-ce que la motion d'ajournement du débat est
adoptée?
Des voix: Vote nominal.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vote nominal. Qu'on
appelle les députés. (16 h 36 - 16 h 44)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir, s'il vous plaît.
Je mets maintenant aux voix la motion d'ajournement du débat du
député de Lévis. Que ceux et celles qui sont pour cette
motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska),
Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard
(Labelle), M. Claveau (Unga-va), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M.
Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme
Dupuis (Vercheres), M. Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Côté
(Charlesbourg), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Lefebvre (Frontenac), M. Cusa-no (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Houde (Berthier), M. Maltais
(Saguenay), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond),
Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Kehoe (Chapleau), M. Doyon (Louis-Hébert), M.
Fradet (Vimont), M. Messier (Saint-Hyacinthe), Mme Bégin (Bellechasse),
M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M.
Larouche (Anjou), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme
Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. Bergeron (Deux-Montagnes), Mme Boucher
Bacon
(Bourget), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M.
Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal
(Château-guay), M. Després (Limoilou), M. Forget (Prévost),
Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
s'abstiennent veuillent bien se lever.
Le secrétaire: pour: 23 contre: 49
Le Vice-Président (M. Bissonnet): La motion est donc
rejetée. Je vais donner quelques instants aux députés pour
qu'ils puissent poursuivre leurs travaux en commission parlementaire, et je
reconnaîtrai immédiatement le député de Lévis
pour poursuivre le débat sur cette motion.
Je vous demande votre collaboration, s'il vous plaît. Merci de
votre collaboration, M. le député de Lévis.
Reprise du débat sur la motion de clôture
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, ce matin, lorsque j'ai entendu
le ministre des Transports faire son discours et qu'il a dit qu'une commission
parlementaire pour entendre du monde, c'était une mesure dilatoire, je
me suis demandé si les camionneurs étaient à
l'écoute et si, justement, faire une commission parlementaire le 11
septembre, alors que les camionneurs sont devant le parlement, ça, ce
n'était pas une mesure dilatoire, parce qu'on ne veut pas la faire pour
entendre les gens, on veut promettre une commission parlementaire pour les
entendre en septembre, en espérant qu'ils vont s'en aller entre-temps
alors que les problèmes ne sont pas réglés. Ça,
c'est une mesure dilatoire, mais faire une commission parlementaire pour
entendre les gens avant de faire un projet de loi, ça, c'est normal.
Je dois vous dire, M. le Président, que, lorsque j'ai fait la Loi
sur la protection du territoire agricole, j'ai entendu plus de 100
mémoires dans les différentes régions. C'était
l'une des premières fois qu'un groupe se promenait comme ça pour
entendre les différentes régions du Québec concernant un
projet de loi, parce que le Conseil des ministres l'avait demandé. Il
avait dit: Allez dans les différentes régions et allez voir ce
que les gens pensent de ces mesures avec un différent nombre de
paramètres, les différents paramètres. Quand le projet de
loi a été déposé, encore là, on a entendu
les gens pour qu'ils viennent donner leur opinion. On ne craignait pas
l'opinion des gens. Au contraire.
Est-ce qu'on fait des lois pour nous-mêmes ou si l'on fait des
lois pour la population?
Mais quand on a honte, quand on a peur de l'opinion des gens, quand on
veut leur siphonner 877 000 000 $, là, on a peur de les voir. On a peur
de voir la Fédération des femmes qui va venir nous dire: Gardez
l'argent dans la caisse parce que c'est les femmes que vous avez coupées
en juin 1990 pour qu'elles n'aient plus droit à des mesures de
remplacement de revenus. On ne veut pas les entendre. On ne veut pas entendre
les personnes âgées parce qu'on les a coupées en juin 1989
dans un projet de loi qui a pour effet de diminuer les montants à payer
aux personnes âgées de 25 % par année, à partir de
64 ans. Là, on ne veut pas les entendre. (16 h 50)
Mais la personne dangereuse, est-ce que c'est la femme qui se fait
siphonner sa pension? Est-ce que c'est la personne âgée qui se
fait couper sa pension? Ou le gouvernement qui lui coupe? M. le
Président, c'est le gouvernement qui est dangereux. Ce n'est pas la
personne âgée, ni la femme qu'on veut entendre, ni le camionneur
qui veut gagner sa vie. Quand le ministre des Transports nous dit: II faut
voter cette loi-là parce qu'on a besoin de cet argent pour faire les
travaux supplémentaires... Or, il n'y a pas une cenne de travaux
supplémentaires cette année, pas une cenne, au contraire. Il y
aura à peu près pour 50 000 000 $ de moins de travaux puisque
c'est le même montant que dans le budget de l'an dernier. Comme il y a
une inflation de 5 %, on sait que l'augmentation des prix, ça ne fait
pas de travaux additionnels. 5 % de 1 020 000 000 $, ça fait 51 000 000
$, si on dit 4,8 % d'inflation, comme le ministre l'a supposé dans son
budget. À ce moment-là, on parle de 49 000 000 $ de travaux de
moins.
Donc, on va aller chercher toutes ces sommes d'argent sans faire une
cenne de travaux de plus, pas une cenne. Le ministre ne peut pas dire n'importe
quoi. Il n'a pas le droit de tromper la population. Il n'a pas le droit de dire
des choses inexistantes. Il a fait la démonstration, et c'est dans le
discours sur le budget, à la page 8 de l'annexe A, où on parle
d'un budget de base et des montants additionnels qu'il va y avoir, et on voit
la colonne à la fin montrant les montants totaux qu'il va y avoir
additionnés au budget de base. On voit, on peut comparer avec
l'année 1989-1990, en supposant une inflation de 5 %. Vous savez
qu'à 5 % l'an prochain, on n'est pas trop dedans, hein? L'an prochain,
j'ai l'impression que ça va être bien plus, 6 %, 7 % ou
peut-être 8 % d'inflation avec la TPS qui va arriver. Alors, quand on dit
là... Je vais vous dire une chose. On a dit que le montant total de 104
000 000 $ de plus arriverait en 1993-1994, après les prochaines
élections, à condition que l'inflation ne dépasse pas 5 %.
Il n'est même pas certain s'il aura une cenne de plus, parce que si
l'inflation dépasse 5 % l'an prochain, ça veut dire, M. le
Président, qu'il n'y aura même pas une cenne de plus dans la
voirie en 1993-1994.
Alors, cette année, pas une cenne de plus que l'an passé
et, l'an prochain, pas une cenne de plus que l'an dernier. Les trois
premières années 1990, 1991 et 1992, la moyenne des trois ne fait
pas une cenne de plus que l'année 1989-1990. Et on nous dit qu'on a
besoin d'aller siphonner ces sommes d'argent? 877 000 000 $? Où va-t-on
aller les chercher, M. le Président? 625 000 000 $ et on dit pour des
fins de voirie, comme si les gens qui avaient pris une police d'assurance,
c'était pour faire payer l'asphalte. Alors qu'on est le gouvernement qui
charge le plus cher pour l'essence et pour les taxes sur l'essence, c'est
ça qui paie pour la voirie. L'assurance doit payer pour de l'assurance.
On veut voler la caisse. On veut partir avec la caisse en faisant accroire au
monde qu'on va mettre plus d'argent, alors qu'on n'en mettra pas plus.
Qu'est-ce qu'on va aller chercher? 625 000 000 $ qu'on va aller chercher par ce
projet de loi. 625 000 000 $ pour la voirie; 9 100 000 $ pour 1988 pour les
ambulances. Pourquoi en 1988-1989? Parce que le Conseil des ministres a
adopté un décret illégal. Illégal. Ou bien ils ont
versé l'argent et ils n'en avaient pas le droit, ou bien ils veulent le
faire verser pareil parce qu'ils savaient qu'ils n'en avaient pas le droit et
que la Régie a refusé. On ne sait pas ce qui s'est passé.
On n'a pas pu interroger la Régie et le ministre n'a pas
parlé.
Le ministre, chaque fois qu'il a parlé, imaginez-vous,
c'était pour menacer la députée de Johnson qui faisait son
travail. Il se sentait menacé par la députée de Johnson.
Un peu plus et il avait besoin d'une mitraillette pour se protéger parce
que la députée de Johnson lui disait: Les femmes et les personnes
âgées, vous les avez maganées l'an passé, vous avez
économisé sur leur dos et, après ça, vous voulez
donner l'argent au ministre des Finances, alors que c'est l'argent des
assurés et des victimes d'accidents d'automobile. Imaginez-vous la
députée de Johnson qui est une femme députée qui
fait son travail et le ministre de l'ouest de Montréal se sentait
menacé. Il se sentait en danger. Il a même été fait
des menaces dans son comté. Il se sentait menacé par rapport
à ses électeurs. C'est quelque chose, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Le député de Lévis revient sur
un propos qui aurait été tenu par le ministre, semble-t-il, en
commission parlementaire. Ce propos-là a fait l'objet d'une question de
privilège. Le ministre a eu l'occasion de s'expliquer sur la question de
privilège. Est-ce que, M. le Président - c'est une question de
règlement et, en même temps, une demande de directive - vous
croyez que le député de Lévis a le droit de
reprendre le propos qu'il vient de tenir, qui dénature un peu tout ce
qui s'est fait ici, à l'Assemblée, depuis l'incident de la
commission parlementaire?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Effectivement, il y a eu
une question de fait personnel qui a été portée à
l'attention des membres de cette Assemblée et chacun des
députés a pu intervenir à ce sujet et donner son opinion
sur la question de fait personnel. Effectivement, M. le député de
Lévis, je crois que le leader adjoint du gouvernement a raison de
soulever cette question de règlement puisqu'elle a déjà
été réglée suite aux faits personnels qui ont
été apportés devant cette Chambre la semaine
dernière. Je vous permets de poursuivre votre intervention.
M. Garon: M. le Président, je fais juste citer la
commission parlementaire. Est-ce qu'on peut dire que le ministre des Transports
n'a pas menacé la députée de Johnson? Qu'il se soit
excusé par la suite parce qu'on lui a demandé de le faire, c'est
une autre affaire, sauf qu'en commission parlementaire il l'a fait. Et la
députée de Johnson faisait son travail d'Opposition, de dire:
Moi, mon rôle dans l'Opposition, c'est de protéger les personnes
âgées que vous avez coupées en 1989, 25 % à partir
de l'âge de 64 ans. Et elle voulait faire venir la
Fédération de l'âge d'or. Est-ce que c'est son droit, M. le
Président? Est-ce que la Fédération de l'âge d'or
menaçait le ministre? Est-ce que le ministre pouvait être en
danger parce que la Fédération de l'âge d'or pouvait
être appelée à venir donner son opinion?
M. le Président, il faut être conscients que le ministre
vide la caisse: 877 000 000 $; 625 000 000 $ qu'il veut envoyer à la
voirie et 9 100 000 pour les ambulances en 1988, 32 500 000 $ pour les
ambulances en 1989. C'est des années passées. Parce que le
gouvernement n'est même pas foutu de faire un décret légal,
parce que le gouvernement, avec toute sa batterie d'experts, est même
capable de faire des règlements illégaux. Gang
d'incompétents! Gang d'incompétents! Imaginez-vous, un Conseil
des ministres, à 28, n'est même pas capable de faire des
décrets légaux. Il est obligé de voter des lois pour aller
chercher de l'argent dans la caisse de la Régie rétroactivement.
C'est quelque chose, M. le Président.
Vous sentez-vous en confiance devant un gouvernement qui n'est
même pas capable de faire des décrets légalement, qui est
capable d'aller vous chercher de l'argent comme ça, 40 000 000 $, plus
de 40 000 000 $ illégalement? Les gens se sentent menacés par ce
gouvernement-là qui va vider la caisse et, après ça,
augmenter les primes des assurés parce que l'argent ne sera plus
là pour payer les indem- nités. Il devra augmenter les primes des
assurés et réduire les prestations des victimes d'accidents
d'automobile. Des gens qui ont été maga-nés, qui sont
victimes d'accidents d'automobile, qui sont handicapés -
handicapés partiels ou totaux - on va couper leurs prestations parce
qu'on veut donner l'argent au ministre des Finances.
M. le Président, c'est un gouvernement sans coeur. C'est une gang
d'incompétents qui votent des lois et des décrets qu'ils n'ont
pas le droit de voter. Et ils n'ont même pas le coeur de faire venir le
Protecteur du citoyen et le Vérificateur général pour
qu'ils donnent leur opinion sur ces projets de loi...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
conclure.
M. Garon: ...sans droit, qu'on n'a pas le droit de faire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
conclure.
M. Garon: M. le Président, vous comprenez que, dans
l'enthousiasme, je serais prêt à parler des heures
là-dessus. C'est parce que je suis limité à 10 minutes -
c'est épouvantable - par le bâillon de ce gouvernement.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je reconnais maintenant la prochaine intervenante, Mme la députée
de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Oui, M. le
Président, notre porte-parole officiel, le député de
Lévis, a parfaitement raison. Nous nous retrouvons devant un
gouvernement tout à fait incapable, mais vraiment incapable de respecter
les règles les plus élémentaires de la démocratie.
Un gouvernement qui suspend les règles. J'entendais le
député de Saguenay tantôt nous parler de la patience
angélique du ministre des Transports. Eh bien! Une patience
angélique qui dure treize heures, M. le Président, permettez-moi
de mettre en doute cette patience.
Au début de l'étude du projet de loi 69, le ministre de
l'Éducation nous parlait de sa patience éternelle. Eh bien! Une
patience angélique, ça dure treize heures et une patience
éternelle, c'est seize heures, M. le Président. Seize heures, une
patience éternelle. Je n'ose même pas qualifier la patience du
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, mais il faut dire
que, lui, il y a eu un élément qui l'a aidé à
être un petit peu plus patient. Alors, c'est peut-être la patience
tout court. Il a tenu vingt-trois heures, mais il avait un grand
auditoire qui le soutenait fortement, M. le
Président.
(17 heures)
Donc, ce gouvernement n'accepte, dans les faits, aucune opposition,
parce qu'un gouvernement qui cesse d'étudier un projet de loi, qui met
le bâillon après aussi peu de temps, c'est un gouvernement qui
n'accepte aucune opposition. Un gouvernement qui se voit obligé
d'imposer trois bâillons en trente-six heures, un gouvernement qui ne
gouverne que depuis neuf mois seulement, quant à moi, c'est un
gouvernement qui a peur. C'est un gouvernement qui craint de l'opposition, qui
n'en accepte aucunement et qui se sent obligé d'appliquer la
manière forte pour passer ses lois.
Il n'accepte aucune discussion, il impose, ce gouvernement. Nous avons
eu certains discours, la semaine dernière, pour nous faire expliquer -
comme si l'Opposition ne connaissait aucunement les règles d'une motion
de clôture - en long et en large que pour un bâillon, M. le
Président, l'élément important, essentiel, c'était
la notion d'urgence. Alors, on doit se la poser, la question: Est-ce qu'il y a
urgence? Est-ce qu'il y a urgence à déposséder les 4 000
000 d'automobilistes québécois par le projet de loi 50 qui
constitue, dans les faits, un véritable détournement de fonds de
877 000 000 $? Est-ce qu'il y a urgence pour ça?
Une voix: Non.
Mme Caron: Pas pour l'Opposition, M. le Président. La
véritable urgence de cette motion de clôture, c'est de
répondre, tout comme avec la loi 69, à la commande du
président du Conseil du trésor qui manque de fonds, M. le
Président. Le Conseil du trésor n'a plus d'argent, on manque de
revenus et on ne veut pas imposer directement les Québécois, donc
on fait porter l'odieux... Et on trouve toutes sortes de tactiques pour aller
chercher des taxes chez les contribuables indirectement.
On ne peut pas étudier le projet de loi 50 sans se demander quel
était le but premier de la réforme de l'assurance automobile en
1977. Cette réforme-là avait été
présentée par Mme Lise Payette, sous le gouvernement du Parti
québécois, et, je veux le rappeler, sous l'égide du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, parce que, dans ce temps-là, M. le Président,
les consommateurs étaient considérés, puisqu'il y en avait
un, ministère des consommateurs. Il n'y en a plus, M. le
Président. Ça n'existe plus, un ministère des
consommateurs. Il y en avait un à ce moment-là.
Et le but de cette loi-là, c'était d'assurer aux
automobilistes québécois une indemnisation meilleure, rapide et
au coût le plus bas possible. Le but, ce n'était pas de faire des
surplus. Si, aujourd'hui, on a des surplus à la Régie de
l'assurance automobile, il y a trois possibilités: ou qu'on
réduise les primes des automobilistes. De toute façon, on les
taxe partout ailleurs. Ça serait peut-être intéressant d'en
avoir une, réduction pour les consommateurs. Ou qu'on augmente les
compensations qui sont versées aux accidentés de la route, parce
que là aussi il y a des plaintes, et très nombreuses. Je suis
convaincu que les députés ministériels aussi en ont, des
plaintes dans leurs bureaux de comté. Et, enfin, on peut augmenter
l'efficacité de ce système bureaucratique à la
Régie de l'assurance automobile, parce qu'il ne gagnerait pas un prix
d'efficacité, M. le Président. Les listes d'attente sont
extrêmement longues et tous les gens qui sont ici devraient au moins
reconnaître cet élément.
Donc, le prétexte qu'on a utilisé pour aller
détourner les fonds, c'est, bien sûr, un sujet dont on entend
parier partout, le réseau routier, bien sûr. On promet aux
Québécois qu'on va réparer le réseau routier, qui
est dans un état déplorable, on l'avoue. Le député
de Saguenay a candidement avoué tantôt, il nous a clairement dit:
Ça fait quinze ans qu'on oublie le réseau routier. Bien, il
faudrait peut-être qu'il se rappelle que sur ces quinze années son
gouvernement est là depuis cinq ans. C'est bien beau de nous rappeler
que ça fait quinze ans, mais ça fait cinq ans qu'ils sont
là. Je pense qu'il l'avait oublié.
Donc, la théorie et la pratique, il serait peut-être temps
de mettre les deux ensemble, M. le Président, parce que, quand on
regarde les investissements additionnels qu'on nous propose pour les cinq
prochaines années, si on les regarde, est-ce qu'on veut utiliser
l'argent qu'on va aller chercher dans la caisse? On peut regarder année
par année. 1990-1991, moins 49 000 000 $ d'investissements additionnels.
Est-ce que c'est pour aller réparer le réseau routier en
1990-1991? Non. 1991-1992, moins 18 000 000 $ d'investissements, M. le
Président. Est-ce que c'est pour réparer le réseau routier
en 1991-1992? Non. 1992-1993, ah! là, 59 000 000 $. 1993-1994, 58 000
000 $. Et 1994-1995, 55 000 000 $. Ça fait 104 000 000 $ et on va
chercher 877 000 000 $. Et on veut tenter de faire croire aux automobilistes
québécois et à tous les consommateurs qu'on va
réparer le réseau routier avec cet argent? La
démonstration, elle est là, sur papier; c'est complètement
faux.
Qui sont les grands perdants? C'est évident que ce sont les
accidentés. Ce sont les accidentés qui avaient clairement
défini qu'ils avaient des besoins. Ils ont dit à quel point les
délais étaient longs, à la Régie de l'assurance
automobile. Lorsque le dossier est en révision, est-ce que vous avez une
petite idée du temps d'attente des contribuables? C'est, minimum, douze
mois. Alors, douze mois, pour une personne qui n'a pas de revenus, je pense que
c'est un peu long et qu'on pourrait peut-être mettre
un peu d'argent pour augmenter cette efficacité.
On avait eu aussi des revendications qui avaient été
faites, comme l'a si bien souligné le député de
Lévis, par la Fédération des femmes du Québec.
Elles l'ont dénoncée, la nouvelle loi. Elle l'ont
dénoncée parce qu'il y a un recul et que les gens qui demeurent
à la maison, donc plutôt une majorité de femmes et les
personnes âgées qui ne travaillent plus, il y a une
discrimination, dans cette loi-là, pour ces gens-là. Est-ce qu'on
ne pourrait pas utiliser les surplus de la Régie pour régler ces
injustices-là? Non, M. le Président, ce n'est pas du tout ce
qu'on fait, absolument pas. Les gens qui sont pénalisés, qui vont
en révision et qui finissent par gagner, est-ce qu'on leur remet les
intérêts de l'argent qu'ils ont perdus? Pas du tout. Par contre,
le gouvernement, lui, en fait, des intérêts.
Il y a eu un rapport qui a été présenté
à la Régie de l'assurance automobile. Il y a eu un bilan de la
réforme, en 1986. Et dans ce bilan-là on disait qu'il n'y avait
pas de doute que, dans le nouveau régime de protection, tant à
l'égard des dommages corporels que des dommages matériels, il y
avait une amélioration remarquable par rapport à ce qui existait
avant. On nous disait qu'on avait fait une évaluation du coût de
l'efficacité de l'assurance automobile pour les
bénéficiaires et que c'était positif. La conclusion de ce
rapport, qui était signé par Claude Fluet et Pierre Lefebvre, du
département de sciences économiques de l'Université du
Québec à Montréal, était très
éclairante: Tant en ce qui concerne l'indemnisation des dommages
matériels que celle des dommages corporels, mais évidemment de
façon plus marquée pour ces derniers, le bilan de la
réforme apparaît comme tout à fait positif. La protection
globale a augmenté, des gains d'efficacité appréciables
ont permis de diminuer les coûts relatifs de l'assurance, les aspects
plus qualitatifs de procédure d'indemnisation ont aussi connu une
amélioration certaine." Qu'est-ce qu'on fait de ce bilan positif,
aujourd'hui? On l'annule complètement, M. le Président. Et au
lieu de continuer à améliorer le système pour les
consommateurs québécois, on vient prendre cet argent pour couper
et pour les empêcher d'améliorer le système.
En conclusion, chaque fois que le gouvernement sent de l'opposition dans
la population, sur un projet de loi - qu'on regarde les projets de loi 69, 75
et 50, trois bons exemples - il se dépêche de suspendre les
règles démocratiques et empêche l'Opposition officielle de
faire son travail. Eh bien, M. le Président, ils devront supporter le
jugement de la population.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le député de
Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition officielle. M. le
député.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je parlais tout
à l'heure, à l'occasion du débat sur la motion
d'ajournement du député de Lévis, de "hold-up". Je
reprends l'expression, je la répète, je voudrais que ça se
répande partout au Québec que ce que le gouvernement est en train
de faire, c'est un "hold-up" sur la caisse des assurés, sur la caisse de
la Régie de l'assurance automobile; 877 000 000 $ vont être ainsi
siphonnés par le gouvernement pour ensuite aller alimenter le fonds
consolidé du ministre des Finances. C'est un "hold-up" et le ministre
des Transports, de concert avec le ministre des Finances, agit en "pistolero".
Et ça, il faut que ça se fasse vite. Un "hold-up", ça doit
se faire vite. On voit ça dans les westerns, un "hold-up", ça se
fait vite. Les braqueurs arrivent rapidement dans la banque, ils remplissent
les sacs vite, sous la menace du pistolet, et ils sacrent le camp, vite aussi,
à cheval, évidemment.
Une voix: II n'est même pas là. Il est parti, le
ministre.
M. Brassard: Et quand ça va bien, il faut que ça se
fasse vite, de sorte que le shérif, quand il s'en aperçoit, il
est trop tard. Et la population aussi, elle s'aperçoit que sa banque a
été vidée. Alors, il faut que ça se fasse vite, un
"hold-up", c'est pour ça qu'après treize heures seulement de
débats en commission parlementaire le bâillon est arrivé.
La clôture est tombée, on a réduit au silence l'Opposition.
(17 h 10)
Dans le cas présent, si je continue mon exemple, M. le
Président, le shérif, en l'occurrence l'Opposition, a fait preuve
de vigilance. On ne dormait pas. On était aux aguets. Et on s'est vite
aperçu que la caisse était en train d'être braquée,
qu'on était en train d'assister à un "hold-up". Alors, vite,
rapidement, l'Opposition a alerté tout le monde, toute la population
pour, à tout le moins, faire en sorte que les intéressés,
c'est-à-dire les millions d'automobilistes au Québec, sachent ce
qui se passe, sachent et connaissent ce qu'on est en train de faire, qu'on est
en train de faire main basse sur ce qui leur appartient, puisque c'est le
produit de leurs primes. C'est pourquoi, d'ailleurs, certains de mes
collègues ont parlé de vol qualifié. Ça appartient
aux assurés, aux automobilistes et le ministre des Finances, aidé
par le ministre des Transports, est en train de faire main basse sur les
surplus de la caisse de la Régie de l'assurance automobile pour payer
ses dépenses courantes. Parce que c'est de ça qu'il s'agit.
Ça va alimenter le fonds consolidé pour permettre au ministre des
Finances de payer les dépenses courantes dans à peu près
tous les ministères.
Les ministériels s'indignent et nous disent:
C'est effrayant, ce que vous faites. Ce qu'on veut faire avec ça,
vous le savez, on veut construire des routes. On veut les restaurer, les
routes, assurer l'entretien du réseau routier qui est dans un
état lamentable, tout le monde le sait. C'est ça qu'on veut faire
avec cet argent. Vous voulez empêcher ça? Dans vos comtés,
nous disent-ils, votre réseau routier se détériore, est
dans un état pitoyable, vous le savez. Il faut investir de l'argent pour
construire et entretenir les routes. Vous n'avez pas honte, nous disent-ils
toujours, d'empêcher l'adoption de cette loi? Vous "devriez cautionner ce
"hold-up". Vous devriez l'approuver, parce que ça va faire en sorte que
dans vos comtés, si vous êtes gentils... Parce que ceux qui ne
sont pas gentils, vous le savez, le ministre des Transports vous l'a dit, vous
n'aurez rien dans vos comtés si vous n'êtes pas gentils. Ceux qui
sont gentils, vous aurez de l'argent pour améliorer votre réseau
routier et construire les routes.
Mais ce n'est pas vrai, M. le Président. Si, au moins,
c'était vrai. Ce n'est pas vrai. Le livre des crédits parle de
lui-même. C'est faux ce qu'on nous dit. C'est faux quand on nous dit: II
faut adopter ça vite pour pouvoir faire des travaux routiers, financer
les travaux routiers. Ce n'est pas vrai. Le livre des crédits que j'ai
entre les mains, M. le Président, est éloquent. En matière
de construction routière, il y avait l'an passé des
crédits de l'ordre de 440 893 600 $. Cette année, il y en a 444
056 000 $. Il n'y a même pas 4 000 000 $ de plus par rapport à
l'an passé. On est loin même de l'indexation ou, disons, la
même chose. Ne nous chicanons pas sur les petites différences,
disons qu'il y a l'équivalent. Les mêmes crédits cette
année que l'an passé, en matière de construction
routière, en matière d'entretien du réseau routier.
Conservation des infrastructures routières de transport. Ça,
c'est l'entretien. L'an passé, il y avait 439 836 700 $. Cette
année, il y a 424 413 800 $. Il y en a moins. Il y a 15 000 000 $ de
moins cette année que l'an passé. Mais, sur des montants aussi
considérables, soyons bon prince, disons que, grosso modo, le budget de
cette année est sensiblement le même que celui de l'an
passé. Ça, c'est dans les crédits.
Après ça, il y a eu le discours sur le budget. Le ministre
des Finances a annoncé le "hold-up", le siphonnage de la caisse, en
disant que ça allait servir à la construction et à
l'entretien du réseau routier. Mais il y avait une petite note qui
disait: Ça ne changera pas les crédits, cependant. Ce que vous
avez dans les crédits, ça ne changera pas cette année;
c'est la même chose. Ça n'ajoute pas un sou de plus aux
crédits. On siphonne. On siphonne, on alimente le fonds consolidé
pour permettre de payer les dépenses courantes, mais ça n'ajoute
rien, en termes de crédits aux budgets de construction et d'entretien du
réseau routier. Alors, l'argument des ministériels qui revient
sans cesse, c'est de nous dire: Vous n'avez pas honte d'empêcher
ça? Vous empêchez le gouvernement de faire de la construction
routière et de l'entretien du réseau routier. Ça ne tient
pas. C'est faux. Ça n'a aucun fondement puisque le livre des
crédits est clair et net: les budgets de construction et d'entretien du
réseau routier sont les mêmes, sensiblement, que ceux de l'an
passé. Il n'y a pas un sou de plus.
Ah! il y a bien l'entourioupette - je vois le ministre
délégué aux Transports - sur le budget de base, mais
ça, vraiment, il n'y a personne qui est dupe. Personne n'a marché
dans ce truc-là, cette entourioupette digne du ministre des Finances,
député de Bonaventure, dont on connaît l'expérience
parlementaire. Ça fait plus de 30 ans qu'il est ici. Alors, il en
connaît bien des trucs. Ça, c'est une entourioupette. Le budget de
base, ça ne veut rien dire, ça. Ce qui compte, c'est les
crédits qui sont votés et inscrits au livre des crédits.
C'est ça qui compte. On aura beau faire toutes les pirouettes qu'on
voudra sur le budget de base et prétendre qu'il s'est ajouté des
sommes considérables à partir du budget de base, ça ne
change rien sur le terrain, ça. Il n'y a pas plus d'argent sur le
terrain. Il n'y a pas plus d'argent dans les routes. Le budget est le
même que l'an passé, sensiblement. Alors, l'argument ne vaut pas
de la part des ministériels. Ce projet de loi là, même s'il
était adopté, n'ajoute rien du tout en termes de budgets, en
termes de crédits, en matière de construction et d'entretien du
réseau routier. Alors, il n'y a pas urgence, il n'y a pas de presse. Il
n'y a pas péril en la demeure. En aucune façon il n'y a lieu de
se presser et d'adopter à toute vapeur ce projet de loi avec, en plus,
une motion de clôture à la clef, un bâillon.
C'est vrai que ça existe dans nos règles parlementaires,
le bâillon et la motion de clôture. C'est évident que le
leader du gouvernement invoque des dispositions du règlement. Mais on
sait tous que ces dispositions-là devraient être utilisées
pour des motifs exceptionnels, dans des circonstances exceptionnelles, quand il
y a véritablement urgence et que l'urgence saute aux yeux. Ce n'est pas
le cas présentement. Malheureusement, avec ce gouvernement, M. le
Président, la motion de clôture, le bâillon est devenu une
mesure banale. C'est devenu monnaie courante et, ce faisant, on brime non
seulement les droits de la population, mais on brime aussi les droits des
citoyens. Merci.
Le Vice-Président (m. bissonnet): merci, m. le
député de lac-saint-jean. je suis prêt à
reconnaître maintenant le prochain intervenant, m. le
député d'ungava. m. le député.
Une voix: Bravo, Christian! Une voix: C'est beau,
Christian!
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. La semaine
dernière, en cette Chambre, vendredi dernier, la dernière
intervention que j'ai eu à faire pour clôturer la semaine,
c'était sur le bâillon sur la loi sur les heures d'affaires.
C'était épouvantable. Avec mes collègues, on a
passé vingt-trois heures à parier de la loi sur les heures
d'affaires et personne n'était d'accord avec cette loi-là. On l'a
démontré autant comme autant. À l'exception de 355
propriétaires de grandes surfaces à travers le Québec,
tous les autres intervenants dans le domaine de l'alimentation et du commerce
au détail étaient, pour l'essentiel, contre ce projet de loi
là. On en a parlé pendant vingt-trois heures. On s'est
retrouvés avec un bâillon en cette Chambre.
M. le Président, on reprend la semaine. Je pensais qu'avec le
répit de la fin de semaine le gouvernement aurait
réfléchi...
Une voix: Bien non!
M. Claveau: ...je pensais que quelques heures de repos auraient
permis aux ministres qui forment ce gouvernement de revenir la tête
rafraîchie, et un peu plus rapprochés des intérêts de
l'ensemble de la population québécoise, qu'ils auraient
oublié, en quelque sorte, ou dilué leur arrogance durant les
quelques heures de répit que nous a permises la fin de semaine. (17 h
20)
Eh bien non, M. le Président, bien au contraire! Tout de suite en
recommençant, en s'empresse d'appeler un nouveau bâillon, le
troisième, parce qu'on en avait eu un autre avant, la semaine
dernière aussi; trois bâillons consécutifs. Et cette
fois-là, M. le Président, pourquoi? Parce que imaginez-vous que
l'Opposition a eu la disgrâce d'amener ce gouvernement à passer
treize heures en commission parlementaire sur une loi aussi fondamentale que la
Loi sur la Régie de l'assurance automobile du Québec.
Certes, M. le Président, ces gens-là ont voté
contre la loi lorsqu'elle a été mise en place par le Parti
québécois; ils ont voté contre le principe; ils ont
passé des centaines d'heures en commission parlementaire à
expliquer que ce n'était pas bon, qu'il ne fallait surtout pas avoir une
loi semblable au Québec, pour protéger les intérêts
de l'ensemble de ceux qui utilisent l'automobile. Ils étaient contre et
ils sont encore contre aujourd'hui. Ils sont contre mais, comme ils n'osent pas
le dire vraiment, parce que la population, elle, elle est pour, eh bien, ils
ont trouvé une façon déviée d'en profiter, de dire:
On est contre mais, en fait, on va faire comme si on était pour et on va
s'en servir à nos fins.
Et quelles sont ces fins-là, M. le Président? Se servir de
la caisse de la Régie de l'assurance automobile du Québec pour
combler le manque à gagner ou l'incapacité de ce gouvernement
d'administrer clairement, ouvertement. M. le Président, après
treize heures de discussion en commission parlementaire, ce gouvernement nous
dit: On n'a plus le temps de discuter, il faut aller vite, ça presse. On
met le bâillon, il n'y a plus personne qui va parler et on passe la
loi.
M. le Président, on l'a déjà dit à ce
gouvernement. Comme on ne peut s'adresser à personne en cette Chambre
directement, sinon en passant par vous, je vous demande, M. le
Président, de faire le message aux membres du gouvernement que, s'ils ne
veulent pas que l'opposition s'exerce à l'intérieur du cadre
législatif, eh bien, que voulez-vous, ce sera à
l'extérieur du parlement que s'exercera l'opposition. Ce sera à
l'extérieur du parlement que les gens feront connaître leur
mécontentement, et ils l'auront bien voulu. Ils ne l'auront pas voie;
s'ils ont volé la caisse, ils n'auront pas volé la rancoeur, la
rogne de ceux qui avaient mis l'argent dans cette caisse-là et qu'ils
iront leur exprimer, M. le Président. Je compte sur vous pour leur
passer le message.
Il est absolument incroyable que ce gouvernement utilise à tout
vent une règle d'exception comme le bâillon, une règle qui
devrait être utilisée avec beaucoup de discernement et qui n'a pas
été instaurée dans le but d'empêcher les
parlementaires de parler, d'empêcher ceux qui ont été
élus pour défendre les intérêts du peuple d'exprimer
ces intérêts-là, en cette Chambre. Ce n'est pas la raison
pour laquelle on a instauré ce principe qui permet à un
gouvernement, lorsque l'on considère qu'il y a eu suffisamment de
débat, que tout à été dit, que tout le monde est
intervenu et que, finalement, on constate un désaccord, qui permet donc
à ce moment-là, au gouvernement d'aller de l'avant quand
même, s'il juge que politiquement il peut le faire.
M. le Président, l'utilisation du bâillon comme l'a fait ce
gouvernement, c'est exactement comme si, à la première
séance de négociation, dans n'importe quoi, on arrivait avec un
conciliateur et on disait: Ah! On ne s'entend pas parce que les positions sont
diamétralement opposées au départ. Alors, dès la
première séance de négociation, on dit: II n'y a pas
consensus; donc, on amène un conciliateur et on règle vite. C'est
de cette façon-là, M. le Président, pour ramener ça
à une image peut-être un peu plus populaire qui va permettre aux
gens de comprendre, c'est de cette façon-là que ce gouvernement
utilise le bâillon.
M. le Président, je vais vous donner juste un exemple. En 1984,
lorsque le gouvernement du Parti québécois a retravaillé
la Loi sur HydroQuébec pour permettre à Hydro-Québec de
verser des dividendes au gouvernement, ce gouvernement, M. le Président,
ces êtres chastes et purs qui, à ce moment-là,
étaient dans l'Opposition, se scandalisaient, se scandalisaient que l'on
puisse demander à Hydro-Québec de verser quelques
sous de dividendes pour aider le gouvernement à passer à
travers la crise économique. Ils se scandalisaient et ils ont
gardé le gouvernement pendant plus de trois semaines en commission
parlementaire, M. le Président, en prônant à qui voulait
les entendre qu'il était tout à fait immoral pour un gouvernement
d'aller chercher de l'argent dans les fonds d'une société
d'État et d'obliger une société d'État comme
Hydro-Québec à verser des dividendes. Ils en étaient
scandalisés et ils trouvaient ça immoral. Pendant trois semaines,
ils ont utilisé tous les tons possibles et imaginables pour se faire
comprendre. En bout de piste, et après trois semaines, non pas
après treize heures, finalement, le projet de loi a été
amené en Chambre pour son vote final. On était en 1984; ces
chastes individus, M. le Président, étaient à ce
moment-là dans l'Opposition. N'ayez crainte, M. le Président,
n'ayez crainte, lorsqu'ils ont pris le pouvoir, ils ont été les
premiers à bénéficier, mais amplement, tant qu'on pouvait
le faire, de cette loi de 1984 qui permettait à Hydro-Québec de
verser des dividendes. Par centaines de millions, en 1986 et en 1987, ils sont
allés ramasser les dividendes d'HydroQuébec. M. le
Président, dans cette loi de 1984 on prévoyait des
paramètres. On fixait des conditions pour que le gouvernement ne puisse
aller piger à sa guise dans les bénéfices nets
d'Hydro-Québec. Et on s'en offusquait.
Alors, où sont ces chastes individus qui, aujourd'hui,
après treize heures de débat veulent carrément et
littéralement dilapider les fonds de la caisse de la Régie de
l'assurance automobile du Québec, veulent s'en emparer comme des
"desperados"? Qui sont ces gens? Où sont-ils, ces chastes individus?
Seraient-ce les mêmes? Seraient-ce les Pilate d'hier? On se le demande
très sérieusement. Et ils ne se contentent pas, M. le
Président, de surtaxer par la bande, de surtaxer d'une façon
cachée les citoyens du Québec en allant piger dans les surplus de
la caisse qui leur sert d'assurance dans le domaine de l'automobile. C'est
ça que l'on fait parce que, lorsqu'on va chercher cet argent-là,
on empêche la Régie de l'assurance automobile de pouvoir diminuer
ses frais ou augmenter ses prestations. On va piger directement dans les poches
du contribuable, mais sans que ça paraisse, M. le Président. On
vole littéralement les contribuables québécois; on les
vole de 877 000 000 $ sur cinq ans et sans paramètre, le seul
paramètre étant les colonnes comptables du ministre des Finances
et du président du Conseil du trésor. Et croyez-vous, M. le
Président, que c'est comme ça, sans rouspéter, sans rien
dire, qu'on va se laisser imposer le bâillon? M. le Président, un
jour ou l'autre, ce gouvernement - et l'heure est peut-être plus proche
qu'il ne le pense - va avoir à répondre de ses actes devant la
population du Québec. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Gouin. M. le député.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. La semaine
dernière j'ai eu l'occasion, tout comme l'ensemble de mes
collègues, de m'exprimer sur le bâillon qui était
proposé par le gouvernement sur le projet de loi modifiant la loi sur
les heures d'affaires. J'avais commencé mon intervention, M. le
Président, vous vous en souviendrez, en vous disant que dix minutes,
c'était bien peu pour parler sur ce genre de motion.
J'aimerais donc aujourd'hui vous redire jusqu'à quel point nous,
de l'Opposition, sommes indignés de l'attitude du gouvernement, parce
qu'il faut bien comprendre... Je pense qu'au-delà du débat de
fond - j'aurai l'occasion d'y revenir sur le projet de loi 50 - il y a une
question de fond qui se pose. Est-ce que nous croyons en nos institutions?
Est-ce que nous croyons en l'efficacité de notre Parlement? Une question
encore plus importante: Pourquoi a-t-on un Parlement? Parce que, dans le fond,
ce que ces gens-là aimeraient, c'est de pouvoir gouverner par
décret, c'est de pouvoir faire fi de toutes les étapes d'adoption
d'un projet de loi. (17 h 30)
Pourquoi présente-t-on des motions de bâillon, si ce n'est
que pour outrepasser notre règlement? Je comprends que l'économie
générale du règlement prévoit des motions de
bâillon semblables à celle-là, qui sont essentiellement
prévues dans le cas de mesures d'urgence, lorsqu'il y a des besoins bien
particuliers, mais où est-elle, l'urgence, M. le Président, sur
le projet de loi 50? Qu'est-ce qui vient justifier la pertinence d'une motion
semblable à celle dont nous discutons? Y a-t-il, comme le disait mon
collègue, péril en la demeure? Eh bien, non, M. le
Président!
Donc, on peut se poser la question: Pourquoi présenter une motion
semblable à celle-là si ce n'est que pour manifester le
mépris que le gouvernement libéral manifeste à
l'égard de nos institutions? Je l'ai dit et je le répète,
M. le Président, moi, j'ai fait le choix de venir et de me
présenter aux élections générales parce que je
croyais en nos institutions, parce que je crois que c'est encore là le
meilleur lieu et le meilleur endroit pour faire valoir les
préoccupations de nos citoyens. C'est une décision
légitime que j'ai décidé de prendre. J'aurais pu
très bien aller m'impliquer dans d'autres organisations communautaires,
dans des organisations syndicales, dans différentes organisations qui
font valoir un certain nombre d'intérêts bien particuliers. Non,
M. le Président, j'ai choisi l'Assemblée nationale parce que je
crois que c'est là l'institution la plus efficace pour faire valoir
notre point de vue. Et ça fait trois fois, M. le Président,
trois
fois en même pas une semaine, que nous avons à
débattre d'une motion qui vient bâillonner l'Opposition. Ce n'est
pas n'importe quoi.
Il faut bien comprendre, et le chef de l'Opposition l'a bien dit dans
son discours, cet avant-midi, jusqu'à quel point l'Opposition a un
rôle important à jouer dans le processus démocratique. Si
notre règlement prévoit un certain nombre de dispositions, un
certain nombre d'étapes pour en arriver à l'adoption d'un projet
de loi, c'est pour permettre aux citoyens de véhiculer leurs
intérêts, de faire valoir leurs points de vue. Ce n'est pas si
simple que ça, l'adoption d'un projet de loi. Ça peut avoir des
retombées importantes qu'on n'a peut-être pas prévues au
moment de l'adoption du principe et au moment du débat qui a mené
à la rédaction du projet de loi.
M. le Président, on se retrouve dans une situation où le
gouvernement manifeste encore une fois son arrogance, son mépris
à l'égard de l'Opposition, à l'égard de
l'institution à laquelle nous appartenons, et moi, si j'étais
à votre place, M. le Président, vous qui avez à faire
respecter l'ordre et le règlement dans cette Chambre, je me
questionnerais aussi sur la pertinence du geste qui est posé par le
gouvernement, parce que c'est là une attitude totalement
méprisante. Et le problème de fond est toujours le même, M.
le Président. Pourquoi est-on si pressé? Pourquoi n'a-t-on pas
commencé le débat sur le projet de loi 50 au mois de mai ou plus
tôt au mois de juin? Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu à la
date limite permise par notre règlement pour déposer l'ensemble
de ses projets de loi? Il y a plus d'une cinquantaine de projets de loi qui
sont, à l'heure actuelle, en attente pour être discutés en
cette Chambre. Comment se fait-il qu'au mois d'avril on ait eu très peu
de législations? Comment se fait-il qu'au mois de mai on n'ait eu
pratiquement pas de législations à discuter en Chambre ou en
commission? Pourquoi attendre à la toute dernière minute pour
nous arriver avec une tonne de projets de loi et maintenant invoquer des
motions de bâillon, venir bâillonner complètement
l'Opposition? Pourquoi attend-on à la toute dernière minute, si
ce n'est peut-être que pour éviter qu'il n'y ait un débat
de fond dans la population, pour peut-être se dépêcher,
à la toute dernière minute, pour adopter ce projet de loi, sans
que les véritables effets de ce projet de loi puissent se faire sentir
dans la population, pour que l'ensemble des gens puissent en prendre
connaissance et puissent être vraiment conscients des conséquences
de l'adoption de ce projet de loi?
M. le Président, il y a eu quoi? Une vingtaine d'heures de
débat en commission. C'est quoi, ça, vingt heures? Au moment de
l'adoption de la loi de la Régie...
Une voix: Treize heures, treize heures.
M. Boisclair: Treize heures, me dit-on. Ce n'est même pas
vingt, c'est treize heures, M. le Président. Au moment de l'adoption de
la loi qui a créé la Régie de l'assurance automobile du
Québec, c'est plus d'une centaine d'heures qu'on a eues et jamais le
gouvernement de l'époque, le gouvernement du Parti
québécois n'a invoqué le bâillon parce que nous y
croyons en ces institutions-là, parce que nous les respectons.
Après treize heures de débat, M. le Président, alors que
l'urgence n'est même pas démontrée, n'est même pas
prouvée...
Je le disais vendredi dernier, l'urgence, si elle est quelque part,
c'est de changer le leader du gouvernement. Parce qu'on les entend parler, les
différents ministres, dans les corridors. Ils viennent même voir
le leader de l'Opposition pour s'assurer que leur projet de loi puisse
être discuté en Chambre. C'est ça, la
réalité, M. le Président. Et les mesures que l'Opposition
a prises en commission parlementaire, ce ne sont pas des mesures farfelues.
Nous avons demandé de bonne foi que soit entendu le Vérificateur
général. Dans la loi du Vérificateur
général, il est très clair, à l'article 45, que le
Vérificateur général, de par sa loi constitutive, peut
soumettre un rapport spécial à l'Assemblée nationale.
C'aurait pu être très pertinent d'entendre le Vérificateur
général, de connaître son avis sur ce transfert de fonds de
la Régie de l'assurance automobile du Québec pour financer le
transport ambulancier à Montréal, pour financer la voirie, les
dépenses de voirie. C'aurait pu être très pertinent de
l'entendre parler. Parce que ce qu'on fait, dans le fond, M. le
Président, par le projet de loi 50 qui est devant nous, on va subtiliser
une somme importante d'argent de la caisse des assurés qui appartient
à ceux et celles qui contribuent à cette caisse-là au
moment de renouveler leur permis de conduire. On prend ces sommes d'argent
là et, au lieu d'augmenter les indemnités qui sont versées
à ceux qui détiennent un permis de conduire, au lieu de diminuer
aussi les primes d'assurance exigées lorsque l'on renouvelle son permis
de conduire, on va prendre cet argent-là et on va le transférer
à des fins qui sont tout autres.
M. le Président, vous comprendrez, comme moi, facilement que ce
qu'on fait, c'est qu'on prend de l'argent qui appartient à la caisse des
assurés sans leur consentement et, possiblement, en ne respectant pas la
Loi actuelle sur la Régie de l'assurance automobile. On prend cet
argent-là et on l'emploie à d'autres fins. Et ce ne sont pas des
petits montants qu'on détournera de la Régie de l'assurance
automobile vers la voirie, vers le financement du transport ambulancier.
Laissez-moi vous donner quelques exemples. De 1986-1987 à 1990-1991, le
gouvernement libéral a détourné de la caisse des
assurés 762 000 000 $. À un moment où la Régie nous
dit ouvertement qu'elle n'a pas les budgets nécessaires dont elle
aimerait disposer pour faire la promotion
d'une plus grande sécurité sur les routes, on prend
déjà 762 000 000 $: 328 000 000 $ sont allés à la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, 350 000 000 $ sont
allés à des fins de voirie, 83 800 000 $ au transport
ambulancier. De 1991-1992 à 1994-1995, 109 000 000 $ indexés, par
année, iront à l'assurance-maladie pour le transport ambulancier
dans la région de Montréal; 475 000 000 $ pour des travaux de
voirie.
M. le Président, la question de fond qui se pose: Pourquoi le
gouvernement, s'il fait une priorité de l'amélioration du
réseau routier, n'a-t-il pas augmenté les crédits
alloués au ministre des Transports? Parce que c'est ça, la
question. On s'est retrouvés dans une situation où le ministre
des Finances, à l'occasion de son budget, a
décrété, de façon unilatérale, que,
dorénavant, au lieu d'augmenter les crédits alloués au
ministère des Transports, on ira chercher cet argent-là
ailleurs.
Et, souvenez-vous, mon collègue, député d'Ungava,
le disait avec pertinence, au moment où on a décidé, en
période de récession économique, qu'Hydro-Québec
verserait des dividendes au gouvernement du Québec: Détournement
de fonds, vous violez les règlements, vous violez les lois. C'est ce que
nous disait l'Opposition à ce moment-là, M. le Président.
Et, je ne sais pas si c'est parce qu'ils sont frappés du syndrome du
deuxième mandat, si c'est parce qu'ils se croient arrogants, s'ils
croient qu'ils détiennent la pure vérité qu'ils agissent
aujourd'hui de façon autre que ce qu'ils disaient au moment où
ils étaient dans l'Opposition.
M. le Président, si tout allait bien à la Régie de
l'assurance automobile du Québec, les choses seraient peut-être
différentes, mais combien de témoignages avons-nous dans nos
bureaux, de façon quotidienne, de gens qui sont aux prises avec la
Régie de l'assurance automobile du Québec? Laissez-moi vous
donner quelques exemples des articles de journaux qu'on m'a remis. Je pourrais
lire juste un extrait de quelques-uns d'entre eux. "Aux prises avec la
Régie de l'assurance automobile du Québec, je suis en train de
crever de faim." Ce n'est pas des membres de l'Opposition qui parlent, c'est
des gens que nous représentons à l'Assemblée nationale.
"Accident. Victime de la bureaucratie". "Accident à Granby, Régie
blâmée". Et on pourrait continuer, M. le Président,
à plusieurs reprises pour illustrer jusqu'à quel point la
situation n'est pas simple et jusqu'à quel point aussi il est important
que l'Opposition prenne tous les moyens nécessaires pour faire valoir
son point de vue.
M. le Président, je conclurai en disant que le mépris que
ces gens-là manifestent à l'égard de l'Opposition,
à l'égard de plus de 40 % des Québécois et des
Québécoises que nous représentons à
l'Assemblée nationale, il y aura un prix à payer et souhaitons
que ce soit rapidement.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant...
M. Boulerice: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le...
M. Boulerice: M. le Président, suspension, bâillon,
mais, au moins, cette Chambre et surtout les députés
ministériels pourraient respecter l'article 32 de notre
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Boulerice: Je vous demanderais de le faire...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je fais très bien
appliquer l'article 32 du règlement. Je n'ai personne à...
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Si vous voulez être plus spécifique, M. le député.
Vous voulez que les députés soient assis à la place que le
président leur a bien assignée. Alors, je demanderais aux
députés de bien vouloir prendre leur siège et je
reconnaîtrai immédiatement Mme la députée de
Chicoutimi. (17 h 40)
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, mépris de l'Assemblée nationale, disait
l'orateur précédent. Mépris. Un troisième
bâillon en fin de session, c'est du jamais vu à l'Assemblée
nationale du Québec. C'est une attitude arrogante et méprisante
à l'endroit de cette Assemblée, M. le Président. Arrogante
et méprisante à l'endroit des parlementaires de cette
Assemblée. Arrogante et méprisante à l'endroit des
députés de l'Opposition, des personnes que nous
représentons et des comtés que nous représentons, M. le
Président. Arrogante et méprisante à l'endroit des
souscripteurs de l'assurance automobile du Québec, et ils sont 4 000
000, M. le Président. Arrogante et méprisante à l'endroit
de la démocratie.
M. le Président, notre régime politique est
démocratique. On est chanceux, on a ce privilège. Il y a
même une loi de l'Assemblée nationale qui vient interpréter
les droits et devoirs des députés. Dans les dépliants que
nous fournissons à tout visiteur qui vient à l'Assemblée
nationale, il est clairement indiqué, d'abord, que le
député
est à la défense de leurs intérêts.
Ça, c'est donné aux électeurs. Et lorsqu'on parle de la
défense des intérêts des citoyens, M. le Président,
voici ce que l'on dit: "II défend les intérêts de ses
électeurs, pose des questions au ministre responsable du dossier et
commente les propositions de ses collègues. Les commissions jouent un
rôle très actif dans le processus législatif. Lorsqu'il y a
consultation générale, le député membre de la
commission concernée doit lire les mémoires, rencontrer les
personnes et se faire le porte-parole des citoyens qui veulent être
entendus."
M. le Président, c'est un mépris de l'Assemblée
nationale et c'est un mépris des principaux intervenants qui
souhaitaient et qui souhaiteraient être entendus sur ces lois-là
comme sur les deux autres sur lesquelles nous avons été
bâillonnés, c'est-à-dire la loi sur les heures d'affaires
et la loi sur la fiscalité scolaire.
M. le Président, toujours dans les mêmes dépliants,
dans le rôle du député à l'Assemblée
nationale, il est dit: "L'exercice de la démocratie. À
l'Assemblée nationale comme en commission parlementaire, le
député a la responsabilité de légiférer, de
contrôler et de représenter ses électeurs." M. le
Président, la responsabilité et le devoir des
députés se trouvent foulés au pied, lorsque le
gouvernement décide de bâillonner l'Opposition dès qu'il
estime qu'un projet de loi est plus ou moins contentieux et qu'il risque
d'être contesté. La seule façon qu'il a trouvée pour
s'assurer que la population ne soit pas suffisamment informée,
c'était encore, M. le Président, d'imposer le bâillon aux
députés de l'Opposition.
M. le Président, la loi 50 constitue un véritable
"hold-up" de l'assurance automobile du Québec. On dévalise les
coffres de la Régie de l'assurance automobile du Québec. La loi
vient siphonner dans la caisse 87V 000 000 $ sur cinq ans. C'est une taxe
déguisée et c'est pour ça qu'on nous bâillonne,
parce qu'on ne veut pas « que la population apprenne ce qu'on est en
train de faire avec la caisse de l'assurance automobile du Québec.
M. le Président, jamais, mais jamais, l'assurance automobile du
Québec n'a été prévue pour réparer les
routes du Québec. C'est comme toute autre assurance. Verriez-vous, M. le
Président, que dans votre assurance-vie ou votre assurance-santé
on prenne les fonds pour construire les hôpitaux? Vous vous y
"objecteriez", et avec raison. Comment se fait-il qu'on puisse prendre le fonds
de la caisse de l'assurance automobile du Québec pour construire des
routes, et pas de l'argent neuf? Et c'est là qu'on trompe la population.
On n'ajoute même pas au budget de construction et de rénovation
des routes, on ne fait qu'une ponction dans l'enveloppe de la RAAQ, la
Régie de l'assurance automobile du Québec, pour maintenir les
budgets de construc- tion de routes au même niveau qu'il l'était;
c'est inacceptable.
La Régie de l'assurance automobile du Québec, lorsqu'elle
a été instituée, avait comme responsabilité
d'appliquer le régime d'indemnisation, d'appliquer le régime de
compensation dans les cas de dommages matériels. Elle devait assurer le
traitement de l'immatriculation des voitures et l'émission des permis,
de même qu'elle devait faire des campagnes de sensibilisation sur les
habitudes des conducteurs automobiles. C'est ça, essentiellement, la
responsabilité de la Régie de l'assurance automobile, qu'elle ne
peut même pas assumer entièrement, faute de budget. On est en
train d'envoyer les budgets pour faire la construction de routes. Mais il n'y a
rien, absolument rien, qui permette au gouvernement de faire ça, en
vertu de cette loi-là. C'est du détournement de fonds. C'est une
nouvelle taxe déguisée de l'ordre de 877 000 000 $.
Pour pouvoir obtenir autant de fonds dans la caisse, qu'est-ce qu'on a
fait au cours des deux autres modifications? On a considéré que
les femmes au foyer, que les personnes âgées de plus de 64 ans et
les étudiants n'auraient plus droit au même traitement que les
autres assurés. Parce qu'il y a deux catégories d'assurés
à la Régie de l'assurance automobile. Curieusement, il y a ces
personnes qui n'ont pas droit à l'indemnisation pour perte de revenus et
il y a les autres. Pourtant, il n'y a pas d'écart dans la prime. Elles
paient, ces personnes, les femmes, les personnes âgées et les
étudiants, les mêmes primes d'assurance automobile, mais elles
n'ont pas droit au même service, et ça, c'est inacceptable. Et
encore une fois, on s'en prend aux plus petits, aux plus démunis,
à ceux qui sont les moins bien protégés de la
société.
Ces deux décisions ont permis que ça coûte moins
cher à la Régie de l'assurance automobile, ce qui fait qu'on est
en train de mettre de l'argent sur les routes. Mais il y en a une aussi qui est
fort méprisable et extrêmement contestable, le fait que le
traitement des dossiers prenne un temps tel que les gens viennent nous dire:
Écoutez, je n'ai plus le choix, je suis sur le bien-être social,
incapable de travailler, on n'a pas réglé mon cas, ça fait
plus de 12 mois. Des fois, même, c'est contesté et ça s'en
va devant la Commission des affaires sociales, et là, vous pouvez y
être trois ans. Et c'est toute la qualité de vie des personnes qui
se trouve ainsi affectée, pas seulement la personne accidentée,
c'est son conjoint, c'est sa conjointe, ce sont ses enfants, c'est son
entourage. Et d'un niveau de vie qui était relativement acceptable, il
tombe sur l'aide sociale aussi longtemps qu'on n'a pas réglé son
cas. On fait des économies sur le dos des gens les plus mal pris pour
faire quoi, M. le Président? Pour faire un détournement, pour
maintenir le budget de construction de nos routes au niveau où il
était les dernières années, c'est-à-
dire à un niveau relativement bas. Il ne s'agit même pas,
comme le prétend le gouvernement, d'ajouter des budgets à
l'enveloppe de la voirie. Il s'agit, en clair et net, d'une ponction pour des
budgets courants de construction et de rénovation des routes.
Cette loi est inéquitable, elle est illégitime.
Bâillonner l'Opposition, l'empêcher de faire son travail,
l'empêcher d'assumer les responsabilités, tel que prévu
dans les lois et les règlements qui le définissent,
empêcher l'Opposition d'informer la population sur le contenu des trois
projets de loi sur lesquels nous avons été
bâillonnés, c'est une atteinte à la démocratie. Et
ce gouvernement pratique dans les faits, aujourd'hui, en bâillonnant, ce
qu'il fait de façon générale. Il n'y a pas une
journée en Chambre où on ne se fait dire, à la
période de questions: Ça ne vous regarde pas. Comme si nous
n'étions pas députés élus par nos gens, M. le
Président. Ça arrive très fréquemment de nous faire
dire: Ça ne vous regarde pas.
J'écoutais le président du Conseil de trésor,
à une question qui était posée par le député
de Gouin, qui lui demandait quand est-ce qu'il déposerait une loi. Il a
dit: Vous le saurez quand on l'appellera. Arrogance, mépris, M. le
Président, et insulte à la démocratie. On ne peut pas
exercer les fonctions qui sont les nôtres. On ne peut pas rendre compte
des attentes de notre population, des gens qui viennent faire des
représentations pour défendre des points de vue à
l'occasion de l'adoption d'un projet de loi, mais, qui plus est, en
bâillonnant l'Opposition, M. le Président, on empêche
l'Opposition d'informer la population sur des projets de loi qui vont affecter
tous les citoyens du Québec. Et ça, M. le Président, en
démocratie, c'est condamnable, on appelle ça de l'autoritarisme
ou de l'autocratie. Et ce n'est pas ça, notre régime politique.
Il faut s'élever contre ce projet de loi. Et j'espère qu'il y
aura d'autres députés gouvernementaux qui en feront autant. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le député de
Bertrand. M. le député de Bertrand.
M. Boulerice: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je suis encore
obligé, et on voit que le mépris se poursuit... Le leader du
gouvernement voulait avoir un entretien privé avec un
député de l'Opposition. Ils ont quitté cette Chambre. Je
les félicite de respecter le décorum... (17 h 50)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Quelle est votre
question de règlement?
M. Boulerice: ...mais l'article 32...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu de l'article
32, si je comprends bien, M. le député, vous demandez que la
présidence vérifie si les députés sont assis
à leur siège. Je demanderai aux députés... C'est
fait. Alors, je demande au député de Bertrand de poursuivre son
intervention. M. le député de Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Mes collègues
ont eu amplement l'occasion d'exposer les raisons pour lesquelles ils sont
indignés par l'utilisation de ce nouveau bâillon concernant
l'adoption du projet de loi 50. Pour ma part, j'aimerais ajouter ma voix
à la leur, mais à partir d'un point de vue un peu
différent. Il me semble que l'utilisation de ce nouveau bâillon,
dans le contexte de ce projet de loi, est difficilement justifiable parce que
ce projet de loi, au fond, introduit deux précédents qui
m'ap-paraissent fort dangereux dans la conduite des affaires publiques du
Québec à l'avenir. D'abord, le projet de loi, au fond,
entérine une initiative du conseil d'administration de la Régie,
qui a été prise sans l'assentiment de l'Assemblée
nationale. Et deuxièmement, il déroge au principe fondamental de
saine gestion qui veut que des sommes recueillies pour des fins
spécifiques soient utilisées à ces fins
spécifiques.
Lors de l'étude des crédits 1990-1991 du ministère
des Transports, le directeur des services juridiques de la Régie a
affirmé que c'est le conseil d'administration de la Régie qui a
transformé la mission de la société en ce qui a trait
à laA- sécurité routière, pour
l'élargir à l'entretien du service routier. Je vous lis les
transcriptions officielles des commentaires du directeur des services
juridiques, M. Gélinas, et je cite: Nqhs, comme je vous le dis, on a
toujours donné une interprétation très large de cet
article, de façon que la mission de la Régie, on puisse
l'appliquer de la façon la plus efficace possible, qui était de
diminuer les risques, les risques inhérents à la route pour
l'ensemble des usagers de la route.
Cette mission-là, la Régie l'a entérinée par
son conseil d'administration il y a plusieurs années. Elle s'est
fixé également toute une série de mesures en
matière de sécurité routière qui sont conformes
à cette mission qui avait été acceptée par son
conseil d'administration. Or, M. le Président, il me semble - et j'ai eu
l'occasion de l'exposer lors de ma première intervention sur le principe
de ce projet de loi - qu'il n'appartient pas au conseil d'administration de la
Régie, ni au conseil d'administration d'aucune autre
société d'État, de modifier la mission que leur
confèrent les
dispositions légales sans que ces amendements-là ou que
ces changements de cap n'aient été entérinés,
acceptés et présentés à l'Assemblée
nationale.
Un examen des rapports annuels de la Régie montre que c'est en
fait en 1986 que le conseil d'administration a modifié substantiellement
sa mission, sans que sa loi constitutive n'ait été amendée
pour changer son mandat. En fait, dans les rapports annuels de la Régie,
de 1978 à 1985, on reprend essentiellement l'article 2 de la loi de la
Régie pour décrire la mission de la Régie. Dans le rapport
de 1986, déposé en mai 1987 à l'Assemblée
nationale, on remarque un changement de cap important. Et ce changement de cap,
on le voit par la référence à la loi de la Régie
qui disparaît pour être substituée par, et je cite: "La
Régie a pour mission de réduire les risques inhérents
à l'usage de la route."
M. le Président, il me semble que c'est établir ici un
précédent dangereux que de ne pas insister de part et d'autre de
cette Chambre pour que les changements d'orientation majeurs dans les lois
constitutives des sociétés d'Etat soient entérinés
par l'Assemblée nationale. Que ce soit le Parti libéral ou le
Parti québécois qui soit au pouvoir, il me semble que c'est une
règle de fonctionnement à laquelle on devrait s'astreindre parce
qu'une loi qui a été votée à l'Assemblée
nationale pour constituer une société d'État, lui
consacrer des objectifs, lui attribuer des ressources et lui attribuer un
mandat spécifique, une loi votée par l'Assemblée nationale
ne peut, il me semble, être modifiée que par la propre
Assemblée qui l'a constituée.
Or, ce que nous faisons par la loi 50, en fait, c'est indirectement
entériner une décision qui a été prise par le
conseil d'administration de la Régie dès 1986 - et nous avons les
déclarations de son directeur juridique pour le confirmer -
décision qui a été prise à l'initiative du conseil
d'administration, probablement avec la bénédiction du ministre
responsable de l'époque, mais qui constitue néanmoins une
dérogation au principe fondamental du respect des droits de
l'Assemblée nationale.
D'autre part, ce projet de loi déroge au principe fondamental de
saine gestion financière. Ceux qui ont oeuvré dans les milieux
financiers savent très bien quel est le principe sous-jacent à ce
qu'on appelle un fonds d'amortissement. Un fonds d'amortissement ou ce qu'on
appelle, en anglais, un "sinking fund" est constitué pour amortir des
dépenses précises en fonction de projets spécifiques. Le
fonds de la Régie de l'assurance automobile du Québec a
été mis sur pied en 1977 pour des buts bien spécifiques.
Or, le fait de nous arriver à l'heure actuelle avec un projet de loi qui
aurait pour effet de détourner les fonds amassés pendant 10 ans
par la Régie vers d'autres fins pour lesquelles elle avait
été conçue constitue, lui aussi, un
précédent dangereux.
J'ai eu l'occasion, ce matin, en fait, de terminer en commission
l'étude d'un excellent projet de loi que nous acceptons, en principe, le
projet de loi 60 mettant sur pied la Société de
récupération et de recyclage du Québec qui, elle aussi, va
devoir administrer des fonds qui vont être perçus, par voie de
consigne, sur une foule de produits. Les fonds qui sont constitués de
cette façon et qui vont l'être dans des domaines qui sont nouveaux
au Québec, en particulier dans le domaine de l'environnement, dans le
secteur de la recherche et du développement, ce sont des fonds qui font
appel, somme toute, à la collaboration du public, à la
collaboration des entreprises et qui font appel, par voie de la politique des
consignes, à une acceptation de ces politiques par ceux qui sont
appelés à y consacrer des énergies et surtout des
ressources.
Je suis un peu inquiet face au précédent qui est introduit
par la loi 50 parce que, dans le cas de projets de loi intéressants
comme le projet de loi 60, dans la mise sur pied de la Société de
recyclage du Québec, il est tout à fait louable et il est tout
à fait important, d'ailleurs, que les Québécois soient
sensibilisés à l'importance du recyclage et que nous mettions sur
pied des structures qui facilitent la recherche dans ce domaine.
Comment voulez-vous convaincre la population d'accepter des politiques
de consigne, par exemple, dans les secteurs visés par la
Société de récupération et de recyclage du
Québec, alors que la population n'aura aucune garantie que d'ici
à trois, cinq, six ou dix ans, selon le bon vouloir de la
majorité et du ministre, le mandat de la Société et plus
particulièrement les fonds qui ont été consacrés et
collectés à des fins spécifiques, dans le cas de la
Société de recyclage en matière d'environnement, ne seront
pas détournés à d'autres fins? Il me semble que, par ce
précédent, on est en train, en quelque sorte, de miner la
crédibilité que le public pourrait avoir dans des fonds qui
seraient constitués pour un but spécifique, que ce soit par votre
gouvernement ou par un autre gouvernement futur. Il y a ici une question de
crédibilité de la part du public qui est en jeu et je pense que
nous devons d'ores et déjà empêcher et, en quelque sorte,
constituer un précédent en empêchant que les fonds de la
Régie de l'assurance automobile du Québec ne soient
utilisés à d'autres fins.
Nous connaissons tous la place que joue le bâillon dans la
stratégie politique parlementaire. Mais je pense que le fait que le
gouvernement, cette fois-ci, ait recours à plusieurs motions de
bâillon, au fond, camoufle la véritable question que nous devrions
nous poser tous comme Québécois, c'est-à-dire: Où
allons-nous puiser les fonds qui vont nous permettre de consolider les acquis,
dans la société québécoise, que nous avons
développés jusqu'ici et où allons-nous aller chercher les
fonds qui nous permettront d'améliorer la qualité de vie qui
semble être une
priorité pour l'ensemble des Québécois? Et je pense
que la question qu'on doit se poser ici, qui est derrière ça,
c'est le recours du gouvernement à la taxation indirecte, faute d'avouer
son impuissance dans le carcan constitutionnel où l'enferme
présentement le fédéralisme canadien, parce qu'il y en a
de l'argent au Québec. Le gouvernement du Québec peut aller
chercher des fonds pour maintenir la qualité de vie des
Québécois mais, à la lumière de l'idéologie
et de la politique du gouvernement, il est impensable de réviser, de
remettre en question les arrangements financiers qui nous lient
présentement au gouvernement fédéral.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
conclure...
M. Beaulne: Le ministre des Finances a ouvert la porte en
admettant qu'il devait réviser ses prévisions en fonction de la
baisse de certains paiements de transferts. Je pense que c'est là la
question que nous allons nous poser avant de procéder à toutes
sortes de manipulations et de révision des fonds qui ont
été constitués à des buts spécifiques.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Compte tenu de l'heure je suspends les travaux de cette
Assemblée jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
Avant de poursuivre le présent débat, je voudrais
simplement vous faire part d'une information. Une motion de censure a
été inscrite au feuilleton et préavis de
l'Assemblée, le vendredi 15 juin 1990, par le député
indépendant de D'Arcy-McGee, en vertu de l'article 304 du
règlement. Cet article prévoit notamment que les
députés d'Opposition peuvent proposer six motions de censure au
cours d'une session et que ces motions sont précédées d'un
avis d'un jour franc.
Décision du président sur la
répartition des
motions de censure entre l'Opposition et
les députés indépendants
Avant que la motion de censure du député de D'Arcy-McGee
soit inscrite aux affaires prioritaires, je crois nécessaire de rendre
une décision concernant la répartition des motions de censure
entre le groupe parlementaire de l'Opposition et les députés
indépendants, en application de l'article 305 du règlement. Cet
article se lit comme suit: "305. Le président répartit les
motions de censure entre les groupes parlementaires d'Opposition, en tenant
compte de la présence des députés indépendants."
Fin de la citation.
Pour effectuer la répartition des motions de censure, le
président doit, pour éviter l'arbitraire, tenir compte de l'usage
et apprécier de façon juste et équitable ce qui revient au
groupe parlementaire de l'Opposition et aux députés
indépendants. À ce chapitre, l'usage reconnaît aux
députés indépendants le droit de proposer une motion de
censure sur les six motions prévues au règlement pour la
durée d'une session.
De plus, tel qu'il a déjà été exprimé
lors d'une décision antérieure, il y a lieu de rechercher un
certain équilibre dans la répartition des motions entre le groupe
parlementaire de l'Opposition et celui des députés
indépendants. Ainsi, une motion de censure n'est pas automatiquement
débattue à partir du moment où elle est inscrite au
feuilleton et il n'y a pas de notion de priorité fondée sur ce
critère. Si c'était le cas, on pourrait assister à une
course à la motion de censure dès le début de la session
et l'article 305 du règlement perdrait sa raison d'être.
Compte tenu qu'il s'agit de la troisième motion de censure de la
présente session et de la première au nom d'un
député indépendant, j'accorde cette motion de censure au
député de D'Arcy-McGee. Cependant, je vous avise que cette motion
de censure sera la seule qui pourra être présentée pour
l'ensemble des députés indépendants pour la session en
cours. Je réserve le droit de présenter toute autre motion de
censure pour la présente session à l'Opposition officielle.
Nous allons maintenant poursuivre les travaux de l'Assemblée. M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 80 du feuilleton, s'il vous plaît.
Reprise du débat sur la motion de clôture
de l'étude du projet de loi 50
Le Président: À l'article 80 du feuilleton, nous
allons maintenant reprendre le débat sur la motion proposée par
le leader adjoint du gouvernement conformément à l'article 251 du
règlement, motion qui se lit comme suit: "Que la commission de
l'aménagement et des équipements, à qui a
été confiée l'étude détaillée du
projet de loi 50, Loi modifiant la Loi sur la Régie de l'assurance
automobile du Québec et d'autres dispositions législatives, mette
fin à ses travaux quant à ce mandat dès l'adoption de la
présente motion et fasse rapport au moment prévu de la
période des affaires courantes de la séance qui suit celle au
cours de laquelle aura été adoptée la présent
motion." Je suis donc prêt à recon-
naître le prochain intervenant, soit M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je viens d'écouter
très attentivement vos propos et je sais que votre rôle est ingrat
quelquefois en cette Chambre, d'être obligé de prononcer des
paroles qui, j'en suis sûr, ne viendraient pas de votre propre bouche,
mais qui vous sont imposées par le régime parlementaire dans
lequel on vit.
M. le Président, si mon collègue, le député
de Gouin, tantôt exprimait avec beaucoup de fierté le fait qu'il
arrivait dans cette Assemblée nationale - très jeune d'ailleurs,
23 ans ou 24 ans - avec un goût immense de vivre la démocratie, eh
bien! moi, je vous dirai, M. le Président, que l'ayant vécu cinq
années avant lui ici dans cette Chambre, sous un gouvernement
libéral, je peux vous dire que nous sommes loin de la
démocratie.
S'il y a trois mots que j'ai entendus malheureusement trop souvent dans
cette Chambre, ça a été "suspension des règles".
Ça, on l'a entendu je ne sais combien de fois. Je pourrais d'ailleurs
vous rappeler des épisodes très importants pour ce qui
était de l'avenir du Québec, la loi 178, loi qui modifiait la
Charte de la langue française. Et voilà, M. le Président,
que nous sommes actuellement dans un bâillon imposé à une
commission, une commission qui n'avait siégé que très
exactement treize heures. Treize heures seulement. Et, quand on regarde les
comptes rendus des travaux, à la fois des commissions et de cette
Chambre, des années 1976 à 1985, on s'aperçoit quel
respect le gouvernement de l'époque, le gouvernement du Parti
québécois, portait, lui, à l'Opposition, parce que
l'Opposition, démocrate comme les péquistes peuvent
l'être... Et j'entends un collègue d'un comté acquiescer
à mon propos; je suis heureux qu'il y en ait au moins un qui ne partage
pas la ligne déviationniste de son parti. Donc, un gouvernement du Parti
québécois, démocrate il va de soi, nous sommes un parti
social-démocrate. Social dans le sens que le sort de la population nous
préoccupe et démocrate parce que nous croyons aux vertus de la
démocratie.
Et je regarde le nombre d'heures qui ont été
passées en commission parlementaire. Rappelons-nous justement la
commission parlementaire qui a étudié le projet de loi
présenté par l'ancienne députée de Dorion, Mme
Payette. Je le rappelle, les heures et les heures, sans compter les
innombrables tournées qu'a faites à travers le Québec
l'ancien député de Bourget, le Dr Laurin, le père de la
loi 101. Respect de l'Opposition, M. le Président. Des heures et des
heures de commission. Des heures même pour l'adoption de la loi, je ne me
souviens plus si c'était 73 ou 78, qui modifiait, et je m'en souviens
fort bien, M. le Président, puisque j'étais venu intervenir... Je
pourrais, d'ailleurs, interpeller, s'il était en Chambre, le ministre de
l'Éducation, qui siégeait à cette commission. Eh bien, le
gouvernement d'alors, M. le Président, écoutait et donnait aux
commissions parlementaires le temps de regarder un projet de loi et surtout
d'inviter des gens qui ont quelque chose à dire au sujet de ce projet de
loi.
Et là, il y en a un, projet de loi, actuellement, pour lequel on
veut nous mettre un bâillon. Et, belle illustration de démocratie,
M. le Président, le député de Laporte, qui est toujours
friand de citations, eh bien, je lui en ai amené une ce soir. Elle vient
d'un parlementaire britannique qui est William Pitt et qui dit: "La
nécessité - parce que c'était l'argument qu'on employait,
M. le Président, pour mettre le bâillon - est l'argument
invoqué lors de toute atteinte à la liberté humaine. C'est
la raison à laquelle recourent les tyrans". Eh bien, M. le
Président, j'espère que la citation convient au
député de Laporte, lui qui en est tellement friand. Il se range
du bord des tyrans, maintenant, quand vient le temps pour l'Opposition de
réclamer le temps nécessaire, M. le Président, à
l'adoption d'une loi.
Ce projet de loi que nous présente le gouvernement, M. le
Président, ce n'est pas compliqué. Le gouvernement est en train
de jouer les Robin Hood à l'envers. Robin Hood, lui, il
dévalisait les riches pour donner l'argent, et le distribuer aux
pauvres. Là, le gouvernement libéral, lui, décide de jouer
au Robin Hood sans Lady Marianne, par exemple, joue Robin Hood, maintenant,
mais à l'inverse. Lui, il va aller voler les pauvres, M. le
Président, et il va aller donner ça aux plus gros. C'est
ça qui est en train de se faire avec la Régie de l'assurance
automobile, M. le Président. Ça va devenir une espèce de
belle vache à lait pour le gouvernement qui va être capable de la
poncer.
Si vous aviez prévu vos actions futures, c'est-à-dire si
vous aviez eu un petit peu de planification, vous auriez peut-être eu la
décence, au moment où le Parti québécois a fait
adopter cette loi qui recueille encore une très grande faveur populaire,
si vous aviez eu le moindrement un petit peu de prévoyance, de voter
avec le gouvernement du Parti québécois, sachant que vous
étiez prêts à y prendre tous les pis, à cette vache,
pour y faire couler l'argent.
Ce n'est pas le mandat, M. le Président, de la Régie de
l'assurance automobile. Son mandat est très clair, c'est d'administrer
un régime universel d'indemnisation pour les personnes victimes de
dommages corporels causés par une automobile. C'est de gérer
l'indemnisation des victimes d'accidents causés par certains
véhicules et qui se produisent hors des chemins publics et dont les
responsables sont inconnus ou insolvables. C'est d'assumer toutes les fonctions
relatives à l'immatriculation des véhicules auto-
mobiles, à la délivrance des permis de conduire et au
contrôle de l'assurance obligatoire pour les dommages matériels
à autrui. Et, finalement, c'est de promouvoir la sécurité
routière en collaboration avec les divers agents sociaux, par
l'élaboration de politiques et de programmes visant à
améliorer le bilan routier du Québec.
Mais les quelque 125 000 000 $ qu'on veut aller chaparder dans la caisse
de la Régie de l'assurance automobile, est-ce qu'ils vont servir aux
quatre énoncés que je viens de donner et qui font partie du
mandat de la Régie? Est-ce qu'ils vont aller là? C'est une
façon très maqui-gnonne de détourner des sommes d'argent
à d'autres fins. Ah! on nous a fait croire que c'était pour
l'amélioration des routes. Et je suis étonné, d'ailleurs,
du silence complice de la députée de Matane, du
député de Saint-Hyacinthe, du député de Nicolet et
je pourrais même parler de M. le député de Hull. Est-ce
qu'ils ont obtenu plus d'argent pour leurs routes rurales? Parce qu'ils ont des
circonscriptions qui ne sont pas urbaines comme la mienne. Moi, c'est la ville
qui s'en occupe. Est-ce qu'ils ont plus d'argent pour les routes? On nous a
fait accroire que c'était pour augmenter le budget du ministère
des Transports, donc pour avoir un meilleur réseau routier au
Québec. Voyons donc! Voyons donc! Cet argent-là s'en va
où? M. le Président, j'aimerais bien que vous me donniez la
réponse. Et ce qu'ils n'ont même pas pensé - je leur ai dit
leur manque de prévoyance - ils sont obligés d'aller poncer de
l'argent qui devait rester là.
Mais comment se fait-il qu'ils ont besoin d'argent? Voyons! Notre
brillant économiste premier ministre qui, entre parenthèses, a
trouvé son diplôme d'économiste dans une bonne vieille
boîte de Cracker Jack... Parce qu'il n'est pas économiste, il a
suivi des cours d'économie politique. C'est bien différent entre
un économiste et quelqu'un qui a suivi un cours d'économie
politique auquel n'importe qui peut aller s'inscrire comme étudiant
libre.
Comment se fait-il qu'ils ont besoin d'argent? Bons
gestionnaires! Le Québec roule sur l'or, M. le Président. Oui,
mais si ce gouvernement-là a géré tellement d'argent, une
reprise économique fulgurante, comment se fait-il qu'ils ont besoin
d'aller dans ce domaine poncer 125 000 000 $ par année? C'est justement
parce qu'il n'y a pas la réponse, qu'on a impose un bâillon
à la commission. Mépris des institutions parlementaires. M. le
Président, depuis six ans, dans la candeur d'un pseudo deuxième
mandat qu'ils ont eu, avec des majorités passablement réduites
pour la plupart d'entre eux, ils s'imaginent toujours détenteurs. Nous
sommes la voie, la vie, et la vérité. Je ne sais pas si c'est le
député d'Argenteuil qui déteint sur eux, mais c'est un peu
leur attitude.
Mais ce mépris face au Parlement, M. le Président... Et je
vais conclure là-dessus, puisque vous me faites signe. Malheureusement,
je n'avais que 10 minutes pour dénoncer ce manque flagrant à la
démocratie. Je leur ai donné une citation tantôt, M. le
Président, je vais les laisser sur un proverbe: Quand on crache en
l'air, ça risque de nous retomber sur le nez. Faites bien attention de
la façon dont vous traitez la démocratie dans ce Parlement, M. le
député de Frontenac. Vos électeurs seraient les premiers
à vous le reprocher et ils le feront aux prochaines élections. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président: Avant le prochain intervenant, je vous
prierais également de vous adresser toujours à la
présidence et non directement à un autre député. Je
vais maintenant reconnaître M. le député de Laviolette.
M. Boulerice: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
député...
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le Président, effectivement
de ne pas m'être adressé à vous, sauf que je vous
demanderais, s'il vous plaît, de faire respecter l'article 32 de notre
règlement. Je vois que, malheureusement, les députés
n'occupent pas les fauteuils que vous leur avez assignés.
Le Président: Évidemment, il y a une coutume
à l'Assemblée qui fait en sorte que les députés
peuvent parfois aller discuter avec quelques collègues mais, si on
demande à la présidence que les députés reprennent
leur place, je vais demander à chacun des députés de
reprendre le siège qu'on leur a assigné.
Nous allons maintenant poursuivre avec l'intervention de M. le
député de Laviolette. (20 h 20)
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Tout comme mes
collègues, je suis un peu peiné de voir que le gouvernement
utilise encore une fois le bâillon, d'autant plus que, comme
vice-président d'une commission parlementaire sur les heures d'ouverture
et de fermeture de magasins et de commerces, j'ai eu l'occasion de faire valoir
mon point de vue.
M. le Président, je l'ai d'ailleurs fait valoir, ce point de vue
là, lorsque nous avons étudié la question - encore une
fois bâillonnés - de toute la taxe scolaire versus la taxe
municipale. C'est le ministre de l'Éducation qui a cette
responsabilité. Alors, je dois vous dire que ça me peine
beaucoup, d'autant plus que c'est la première fois depuis que je suis
dans ce lieu sacré, ce qu'on appelle le lieu du peuple, de cette
démocratie qui, normalement, doit se faire valoir ici plutôt
qu'à l'extérieur, c'est-à-dire
dans les aies... Elle doit plutôt être faite
normalement ici. Je le dis souvent à des gens: J'aime mieux avoir de
bonnes engueulades à l'Assemblée nationale que de les avoir dans
la rue. Elles se terminent toujours par un ordre du président de nous
tenir en ordre et à l'ordre. Mais, à l'extérieur, c'est
plus difficile, des fois, de contenir des foules en colère.
Mais, quand je dis ça, M. le Président, je
pourrais vous faire un très beau discours, vous dire que ça n'a
pas de bon sens. Je le pense autant que mes collègues. Ça n'a pas
d'allure, trois bâillons en trois jours. Parce que ce n'est pas trois
bâillons en deux semaines, c'est l'un après l'autre. Un
bâillon après l'autre a été imposé en
commission parlementaire, nous obligeant à revenir ici à
l'Assemblée nationale. Nous avons eu l'occasion de déposer le
rapport de la commission de l'éducation dont nous ferons la prise en
considération du rapport, ce soir, ici à l'Assemblée
nationale. Nous avons eu l'obligation d'amener à l'Assemblée
nationale le rapport de la commission de l'économie et du travail sur la
loi du ministre de l'Industrie et du Commerce et, maintenant, voilà que
sur la Loi sur la Régie de l'assurance automobile du Québec nous
nous sommes fait bâillonner pour une troisième fois en trois
jours.
M. Le Président, je pense qu'il va falloir que l'on
regarde sérieusement - et vous avez cette responsabilité comme
gardien de la démocratie au québec, m. Le Président. cette
responsabilité comme gardien est peut-être d'amener les groupes
parlementaires à regarder la façon dont les lois sont
passées au québec. quand je suis arrivé, en 1976,
c'était à la dernière minute qu'étaient
présentés des projets de loi. c'était à la vitesse.
on disait "passés à la vapeur". déjà, notre
groupement, qui est le parti québécois, avait proposé
à l'assemblée nationale, à ce moment-là, des
changements parce qu'on trouvait que ça n'avait pas de bon sens. mais,
même avec ces changements-là, m. Le Président, ce n'est pas
suffisant. le gouvernement nous amène des projets de loi à la
dernière minute, se donne des objectifs et promet à du monde
qu'il va faire adopter le projet de loi avant telle date. et, malheureusement,
il n'en est pas capable, compte tenu des circonstances dans lesquelles il est
placé, de vendre la marchandise et de rendre la marchandise à
terme. et, après ça, ça lui permet de dire à tout
le monde: écoutez, c'est la faute de l'opposition. nous autres, on
voudrait bien vous le passer, votre projet de loi, mais ce n'est pas notre
faute, l'opposition nous boycotte; l'opposition utilise des moyens
démocratiques, mais on trouve que, pour nous autres, ce n'est pas
correct, ce n'est pas de même que ça doit être fait, ce
n'est pas de même que ça doit se passer.
J'ai eu l'occasion, à 3 heures du matin, de poser
une question au ministre de l'Éducation qui m'a répondu à
la question suivante: Quand vous étiez, vous, M. le ministre de
l'Éducation, membre de l'Opposition, quand vous étiez chef de
l'Opposition, est-ce que vous n'avez pas utilisé tous les moyens
démocratiques mis à votre disposition? N'avez-vous pas
utilisé tous les moyens prévus par le règlement pour faire
valoir votre point de vue, quand vous considériez, à ce
moment-là, le projet de loi non viable, à votre façon de
voir les choses, et un projet de loi qui ne devait pas passer à
l'Assemblée nationale? La réponse a été claire,
nette et précise de la part du ministre de l'Éducation. Ça
a été: Mais oui, M. le député, c'est ce que j'ai
fait.
Aujourd'hui, on nous reproche d'utiliser les moyens
démocratiques que le règlement nous donne pour faire valoir le
point de vue d'une population qui est en colère, à quelque niveau
que ce soit. Le danger dans lequel nous sommes placés, c'est que des
gens, voyant qu'ils ne peuvent faire valoir leurs points de vue dans
l'institution au sein de laquelle ils ont élu des gens pour les
défendre, vont être obligés de le faire à
l'extérieur.
Je lisais, à travers les activités de la fin
de semaine, M. le Président, que des éditorialistes commencent
à dire que le deuxième mandat du gouvernement actuel ressemble
étrangement à ce mandat de 1973 à 1976 où on a
connu un gouvernement qui utilisait toute la force dont il avait besoin et qui
obligeait les gens à vivre à l'extérieur, ce que,
malheureusement, une poignée d'hommes, à l'époque, ne
pouvaient pas faire à l'intérieur de l'Assemblée
nationale. Ce qu'on ne peut pas faire démocratiquement à
l'intérieur, M. le Président, ces choses risquent de devenir
violentes à l'extérieur. J'aime mieux avoir une évolution
tranquille à l'intérieur qu'une révolution dangereuse
à l'extérieur.
Pour ce faire, M. le Président, on devrait, à
mon avis, changer les moyens que nous avons à notre disposition. Pour
éviter que le gouvernement ne soit pris en otage, comme disent les gens
du gouvernement, par une Opposition qui fait son travail, peut-être
qu'à ce moment-là il faudrait changer notre façon de voir
les choses.
Pourquoi, au Québec, comme cela existe dans des
Parlements démocratiques, on n'en arriverait pas à déposer
des projets de loi pendant une session, mais il serait impossible, à
moins de consentement et d'utilisation qui sont prévus par le
règlement, de les adopter avant l'autre session? Je vous donne un
exemple. Nous sommes à la session du printemps. Le mois de juin se
terminant, nous allons reprendre à la session d'automne, au mois
d'octobre. On pourrait déposer des projets de loi à la session du
printemps, prendre le temps de les examiner, ne pas aller à la vapeur
et, finalement, arriver à l'automne et les adopter comme cela existe,
à ma connaissance, au niveau du gouvernement fédéral
où on ne peut adopter, dans la même session, le projet de loi. Il
faut donner la chance à tout le
monde de s'exprimer. Peut-être qu'à ce moment-là on
n'aurait pas de projets de loi qui seraient amenés à la vapeur.
Et là, je parle pour quelque gouvernement que ce soit, M. le
Président. Je ne veux pas en faire une question partisane. Je veux
simplement faire comprendre à tous les parlementaires dans cette
Assemblée, de quelque côté que ce soit, cette
capacité qu'on a actuellement d'adopter à la vapeur beaucoup de
projets de loi. Il y a des choses qui demandent d'être passées
rapidement et qui n'amènent pas de disputes et de discussions mais, sur
des projets majeurs... Je ne fais pas allusion à tous les projets. Je
sais bien qu'un projet de loi privé, dans certains cas, peut être
adopté rapidement, selon des besoins parce que c'est des petits
dossiers. Mais quand on a un projet de loi de plusieurs articles qui change
énormément la face du Québec, pourquoi sommes-nous
obligés de l'adopter dans la même session? Pourquoi sommes-nous
obligés, au Conseil des ministres, pour que le projet soit
présenté pour le 15 mai, d'arriver dans certains cas pour le mois
de janvier, passer toutes les étapes des comités
ministériels permanents, passer l'étape de la législation,
passer l'étape du Conseil du trésor si cela a des impacts
budgétaires et revenir après ça à
l'Assemblée nationale à la dernière limite, le 15 mai, et
demander à des hommes et à des femmes d'adopter ces projets de
loi à la vapeur, de les adopter en pleine nuit, dans certains cas, de
les voter de façon que, finalement, il arrive des erreurs qui sont
impardonnables, ce qui fait dire à du monde que, comme
législateurs, on n'a pas vu à notre affaire?
Nous ne sommes pas tous connaissant de tous les dossiers, M. le
Président. Et le gouvernement devrait le savoir que trois projets de loi
aussi importants que celui qui implique des changements au niveau de la
taxation scolaire... Je l'expliquais - j'aurai l'occasion d'y revenir, ce soir,
M. le Président - au ministre de l'Éducation en disant que chez
moi, à Grand-Mère, c'est près de trois fois plus de taxes
scolaires que je paierai parce que de 0,13 $ nous allons passer à 0,35
$. La commission scolaire a l'intention de l'utiliser.
Quant à celui de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, M. le Président, celui qui est devant nous, encore
beaucoup d'argent qui est mis en cause et pour lequel nous faisons valoir le
point de vue de la population.
Celui des heures d'ouverture et de fermeture de commerces et de magasins
qui a fait l'unanimité contre lui: ce projet de loi demanderait
d'être amendé de façon à répondre plus
adéquatement aux besoins de la population. Nous sommes pris dans un
système où le gouvernement nous indique que, parce que nous
utilisons les moyens qui sont mis à notre disposition, nous sommes
bâillonnés.
M. le Président, il va falloir qu'on se penche sur la
façon dont les lois sont votées au
Québec, la façon dont on devrait les voter pour en arriver
à faire en sorte que ce soit beaucoup mieux planifié. On ne
serait pas obligés, parce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie a promis que le projet de loi serait adopté avant le
22 juin, d'être amenés en commission parlementaire et, finalement,
d'être obligés par 'a force des choses, par le rouleau compresseur
gouvernemental, à revenir en Chambre.
Or, M. le Président, j'ai voulu donner mon opinion totalement non
partisane pour démontrer qu'au Québec la façon dont les
lois sont votées, avec ce qu'on a connu dans le passé et ce qu'on
devrait connaître dans le futur, des changements importants doivent se
manifester. Je m'adresse à vous comme gardien de nos droits et de nos
privilèges pour peut-être amener des changements aussi importants
que ceux-là à l'Assemblée nationale. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président: Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Pointe-aux-Trembles. (20 h 30)
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le gouvernement est rendu
à trois motions de clôture en une semaine, pour empêcher
l'Opposition de s'exprimer sur des projets de loi qui sont importants. En fait,
M. le Président, je n'hésite pas à dire que le
bâillon est au gouvernement libéral ce que les mineurs sont au
gouvernement roumain: un moyen draconien utilisé pour empêcher
l'Opposition de se faire entendre.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Boulerice: M. le Président, en vertu de l'article
32...
Le Président: Un instant! Un instant! M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, sur un rappel au
règlement.
M. Bouierice: En vertu de l'article 32, M. le Président.
Malheureusement, j'ai l'impression que si on peut contester les propos de mon
collègue on est tenu de les écouter et vous voyez...
Le Président: Votre question de règlement, quelle
est-elle?
M. Boulerice: L'article 32, M. le Président: "Les
députés doivent observer le règlement et contribuer au
maintien du décorum... Ils occupent la place qui leur a
été assignée par le président, y demeurent assis et
gardent le silence à moins d'avoir obtenu la parole." Il m'a
été difficile d'entendre mon collègue, M. le
Président, à cause d'autres députés, quelques
mètres plus loin, qui
parlaient trop fort.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président: Oui, sur la même question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je comprends que les règlements existent pour
être respectés, sauf qu'il ne faudrait pas que ça devienne
une farce. Le député laisse entendre que le discours d'un de ses
collègues aurait provoqué des réactions. J'en ai entendu,
des réactions, d'un côté comme de l'autre, M. le
Président. Badinage!
Le Président: Très bien. Effectivement, tous les
parlementaires savent bien qu'il est d'usage et de coutume à
l'Assemblée que, parfois, les propos d'un parlementaire, d'un
côté ou de l'autre de l'Assemblée, puissent susciter
certaines réactions. C'est peut-être difficile d'empêcher
toute réaction. On demande aux députés, cependant, de ne
pas nuire à celui qui s'exprime et j'espère que j'aurai la
collaboration de l'Assemblée dans ce sens-là. Vous pouvez
poursuivre, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Or, M. le Président, le gouvernement veut
empêcher le débat sur des lois qui ont une portée
considérable. Celle qui amène la motion qui est devant nous,
c'est la loi 50 par laquelle le gouvernement veut aller piger dans la caisse de
la Régie de l'assurance automobile afin de se financer.
Bien sûr, on a parlé d'un plan nébuleux d'investir 1
700 000 000 $ dans la voirie dans les cinq prochaines années, sauf que -
c'est une vieille technique du gouvernement - il s'agit d'argent pas plus
important que l'année passée, mais qu'on présente
autrement en utilisant des artifices de comptabilité. Bref, le
gouvernement s'apprête à piger 125 000 000 $ par année
à la Régie de l'assurance automobile en la détournant des
fins pour lesquelles le gouvernement du Parti québécois l'avait
créée en 1978.
En effet, M. le Président, le parti qui est au pouvoir
actuellement avait voté contre la loi créant la Régie de
l'assurance automobile et il y a une certaine logique maintenant à piger
dans le fonds pour détourner la Régie des fins pour lesquelles
elle a été créée. La Régie de l'assurance
automobile, M. le Président, existe pour indemniser les victimes
d'accidents et elle existe aussi pour favoriser une meilleure
sécurité routière. Or, la construction ou la
réfection de routes n'entre pas là-dedans. C'est le gouvernement
qui vient ajouter ce mandat parce qu'il y a là de l'argent et, au lieu
de prendre cette assurance que le gouvernement du Parti québécois
a donnée à l'ensemble de la population, au lieu de la laisser
remplir ses fonctions, c'est-à-dire indemniser plus vite les victimes,
parce qu'on parle de délais d'un an avant d'avoir une décision
quand on conteste les décisions de la Régie de l'assurance
automobile, au lieu d'accélérer le service, d'améliorer
les prestations aux victimes, le gouvernement veut, par cette loi 50, piger
dans le fonds et s'administrer à même une assurance qui avait des
fins précises: une meilleure sécurité routière et
l'indemnisation des victimes.
M. le Président, je pense que c'est toute la question du
financement par programmes particuliers que le gouvernement met en cause. La
population n'aime pas payer des taxes, c'est bien connu. Mais, quand on
parvient à mettre sur pied une mesure qui se finance pour ses fins
à elle, je pense qu'on avance et qu'on progresse. Sauf que là, le
gouvernement nous fait faire un grand recul puisque les gens vont dire:
À quoi ça sert de conduire plus prudemment pour réduire
les coûts? On ne recevra pas la baisse de primes d'assurance qui devrait
venir, on n'aura pas de meilleurs services parce que le gouvernement va
financer autre chose avec.
C'est ce que nous avons dit en commission parlementaire pendant treize
heures, ce qui est très peu, de l'avis de la plupart des parlementaires,
sauf que le ministre des Transports est mal patient, bourru, marabout, de
mauvaise humeur et a décidé que, non, vraiment, on le soumettait
à une pression indue. Pourtant, en commission parlementaire, M. le
Président, on voulait faire venir le Vérificateur
général pour nous dire ce que c'est, cette idée d'aller
"holduper" les fonds de la Régie de l'assurance automobile. On voulait
faire entendre le conseil d'administration de la Régie de l'assurance
automobile. Les gens qui l'administrent, cette Régie, auraient
été à même de nous donner un éclairage sur ce
projet de piger dans le fonds qui a été créé
à d'autres fins. La Fédération des femmes du
Québec, qu'on voulait faire entendre, la Fédération des
clubs de l'âge d'or, l'Association des accidentés de la route, le
Protecteur du citoyen qui aurait pu nous dire quelles sortes de plaintes
viennent de la part d'usagers de la Régie de l'assurance automobile pour
qu'on voie s'il n'y aurait pas moyen de consacrer cet argent-là à
ça au lieu de le verser dans le fonds consolidé de la
province.
M. le Président, lors du premier mandat du Parti
québécois, il y a trois mesures principales qui ont fait
l'affaire des Québécois: la création d'une vraie assurance
par la Régie de l'assurance automobile pour mettre fin à une
situation où des victimes d'accidents attendaient des procès au
civil et attendaient d'être indemnisées parfois jusqu'à dix
ans; la loi 101 sur la langue française, et le zonage agricole. Et,
force est de constater que ces trois mesures populaires, à bon titre,
sont en train de se faire donner des coups de hache par le gouvernement
libéral. On pige à toutes sortes de fins dans l'assurance
automobile: pour financer les services ambulanciers, pour financer la
Régie de l'assurance-maladie et,
maintenant, pour financer, dit-on, la voirie, mais, en
réalité, pour le mettre dans le fonds. Quant à la loi 101,
bien, le gouvernement a poussé le cynisme jusqu'à financer
Alliance Québec pour contester la loi 101. Et, quant au zonage agricole,
M. le Président, on sait qu'à Laval et ailleurs les Tommy
D'Errico et Alex Kotler demandent leur part et que le zonage agricole aussi est
en danger.
Je crois donc, M. le Président, qu'on devrait permettre à
ce Parlement de faire le tour de l'ensemble des trois projets de loi que le
gouvernement ne veut pas discuter à fond: les heures d'ouverture, projet
de loi qui est fait pour les grands intérêts du commerce et au
détriment des 400 000 personnes qui en tirent leurs revenus; celui sur
les taxes scolaires qui vont doubler, et, dans certains cas, tripler et, enfin,
celui de l'assurance automobile où on se prépare à
"holduper" un fonds, une régie qui a donné de bons
résultats afin de financer les activités du gouvernement.
Je crois, M. le Président, que les parlementaires de l'autre
côté ne devraient pas courir en masse...
Le Président: Un instant. Une question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Le temps de parole du député est
écoulé et je ne crois pas qu'on soit obligés d'en souffrir
plus, M. le Président.
Le Président: non, il reste encore une minute au temps de
parole du député de pointe-aux-trembles.
M. Bourdon: M. le Président, je pense que les
ministériels devraient avoir l'instinct moins grégaire que les
mineurs de Roumanie et ne pas courir au secours du ministre des Transports.
Merci.
Le Président: Nous allons poursuivre maintenant avec
l'intervention de Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Le député
de Pointe-aux-Trembles a raison. Trois bâillons en trois jours. Trois
jours qui ne sont pas consécutifs, mais trois jours de session, les
trois précédents. M. le Président, c'est certainement un
championnat et il faut certainement mettre longtemps pour essayer de retrouver
un précédent semblable dans cette Assemblée.
M. Jolivet: Je n'en connais pas. (20 h 40)
Mme Harel: M. le Président, c'est d'autant plus
inquiétant que, cette fois-ci, la loi 50 qui est devant nous, il n'y
avait pas d'urgence à la faire adopter. C'est une loi fiscale et, comme
toutes les lois fiscales, elle aurait très bien pu être
adoptée l'automne prochain. De toute manière, le gouvernement
avait déjà, en 1986 et en 1987, créé des
précédents en siphonnant la caisse d'assurance automobile et il
sait très bien qu'il avait, d'une certaine façon, abusé de
la situation avec des bons motifs, à l'époque, en 1986. Il
s'agissait d'aller chercher 100 000 000 $ pour compenser les frais encourus par
l'hospitalisation des victimes d'accidents de la route.
Ces 100 000 000 $, M. le Président, en 1986, ils ne couvraient
pas les accidents pour l'année. Le gouvernement avait cru bon d'aller
chercher 40 000 000 $ rétroactifs sans s'expliquer plus amplement. C'est
ce dont il avait besoin comme liquidité et il est allé, en 1986,
chercher 40 000 000 $ pour des années antérieures et 60 000 000 $
pour l'année en cours et l'année à venir. Il
récidivait en 1988 avec 228 000 000 $; ça faisait
déjà un total de 328 000 000 $, tout ça, là.
À ce montant qu'il est allé siphonner dans la caisse d'assurance
automobile, il ajoute maintenant ce qu'il faut pour aller payer de l'asphalte
sur les routes et puis les coûts du transport ambulancier.
Quand je pense à cette caisse d'assurance automobile et quand
j'entendais mon collègue de Lac-Saint-Jean parler d'un "hold-up",
littéralement du "hold-up" que le gouvernement faisait dans cette
caisse, je lui donnais raison et je pensais à Mme Payette, marraine de
cette caisse d'assurance automobile, et à tous les quolibets qu'elle a
dû supporter dans cette Chambre, avec une Opposition qui était
farouchement et obstinément contre la constitution et la création
de cette caisse d'assurance automobile pour les victimes d'accidents
d'automobile, M. le Président, parce que rappelez-vous toute la campagne
d'information pour essayer de contrer la campagne de diffamation qui avait
semé un peu de méfiance dans la population. Cette campagne
disait: "La personne avant toute chose." C'était ça, la campagne
pour créer la Régie de l'assurance automobile et la caisse
d'assurance automobile. "La personne avant toute chose."
Qu'est-ce qui est advenu, M. le Président, de la personne avant
toute chose? Je constatais que la Régie, pour l'an passé, en
1989, avait réalisé un excédent de 336 000 000 $ de ses
revenus sur ses dépenses. La Régie n'a pas le droit de faire des
profits, elle fait des excédents. 336 000 000 $ et, si cet
excédent avait été retourné aux 3 700 000
propriétaires de véhicules automobiles du Québec, cela se
serait traduit par une diminution du coût des plaques de 100 $ pour
chaque véhicule. Vous vous rendez compte, M. le Président, que,
cotisant à une caisse d'assurance, les assurés auraient dû
bénéficier de ses excédents.
En 1988, le rapport indique que la Régie déclarait des
revenus de 900 000 000 $ et des dépenses de 829 000 000 $ et qu'elle
avait
récupéré 265 000 000 $ par redressement de sa
réserve actuarielle. C'est que, dès le départ, dès
sa création, la Régie de l'assurance automobile a
été ainsi conçue qu'elle n'a jamais été,
sauf dans les années 1982-1983, les années de crise
économique les plus difficiles avec les taux d'intérêt de
21 %, 22 % qu'on a connus... Sauf durant ces années 1982-1983, la
Régie a toujours été administrée de façon
à pouvoir faire des excédents qu'elle devait retourner, comme une
caisse d'assurance constituée pour le bénéfice des
assurés doit retourner les avantages aux assurés.
C'est très dangereux, ce que fait le gouvernement, M. le
Président, très dangereux, parce que nos concitoyens avaient
confiance dans leur caisse d'assurance jusqu'à tout récemment.
Vous allez me dire que ce n'est pas qu'à Québec, il y a Ottawa
aussi. La caisse d'assurance-chômage est en train de connaître la
même ponction, le même siphonnage, pour des bons motifs,
prétend le gouvernement, mais le bon motif étant surtout celui de
camoufler un gouvernement qui n'ose pas donner le portrait de la situation
réelle à la population et qui n'ose pas dire clairement que des
hausses de taxes sont nécessaires dans les circonstances, et qu'il le
fait indirectement.
Alors, comment procède-t-on? Nos concitoyens avaient confiance
dans des caisses dans lesquelles ils cotisaient, indépendamment des
impôts qu'ils payaient au fonds consolidé. Parce que les
impôts, les gens pensent souvent que ça s'en va là
où on ne sait pas trop à quoi ça sert; ils ont souvent
l'impression que ça sert surtout à payer des dépenses
"fashionables" et, parfois, ils ont l'impression que ça sert à
bien d'autres choses qu'à ce qui est utile pour la
société, tandis qu'il y a peu de mécontents à
l'égard de ce qui leur est pourtant réclamé pour payer
l'assurance-maladie, pour payer la Régie des rentes ou pour payer des
caisses dont ils savent qu'un jour ils pourront avoir besoin soit pour obtenir
un fonds de pension soit pour payer leur hospitalisation. Ils savent que ce
sont là des caisses sur lesquelles le gouvernement ne devrait pas faire
main basse.
Dans ce sens-là, ce que j'espère toujours, c'est qu'une
fois au gouvernement nous ayons, nous, de ce côté de la Chambre,
la responsabilité, le sens des responsabilités pour mettre sur
pied une caisse de la petite enfance et de la maternité pour offrir aux
Québécoises un vrai congé de maternité. Et je me
dis que c'est une façon de garantir, de sécuriser nos
concitoyens, qu'en mettant de l'argent dans ces caisses, ça retourne
à l'ensemble de ceux et celles qu'on prétend faire
bénéficier de ces caisses, et non pas pour des fins
détournées. Que ça ne soit pas utilisé par le
gouvernement sans qu'on sache trop à quoi ça peut servir. Et
c'est ça l'inquiétude, une inquiétude qui est d'autant
plus importante que le gouvernement se sert d'une caisse d'assurances comme si
c'était une banque, comme s'il pouvait y piger sans que ça ait
des conséquences.
Ça a des conséquences, surtout que ça diminue les
services qui sont offerts aux personnes qui cotisent pourtant et qui,
lorsqu'elles sont victimes de la route, devraient compter sur une Régie
de l'assurance automobile qui soit de leur côté.
Quand vous pensez que, durant la commission parlementaire qui
étudiait les crédits du ministère de la Main-d'?uvre
et de la Sécurité du revenu, le juge Poirier, président de
la Commission des affaires sociales, est venu nous expliquer qu'il fallait au
moins 12 mois pour qu'un accidenté de la route qui fait appel devant la
Commission des affaires sociales soit entendu. Le Protecteur du citoyen non
seulement déplore, mais désapprouve ces délais
jugés déraisonnables, désapprouve cet embourbement. Et le
Protecteur du citoyen disait, d'ailleurs: Comment faire accepter à un
accidenté de la route que son appel ne pourra être entendu avant
au moins un an, sans compter le délai probable additionnel de trois mois
pour que la décision soit rendue et ensuite communiquée? On sait,
d'autre part, que la décision en révision a pu déjà
exiger plusieurs mois d'attente après cette première
décision. Et le Protecteur rappelait qu'en créant des tribunaux
administratifs, comme l'est la Commission des affaires sociales, le
législateur, le Parlement prétendait simplifier la
procédure, réduire les coûts pour la victime et en venir
à une décision plus rapide. Ce n'est pas le cas, M. le
Président.
Vous vous rendez compte? Au moins un an et demi avant d'avoir une
décision! Et pendant ce temps-là, la victime de la route ne peut
obtenir aucune indemnité. Pendant ce temps-là, le gouvernement va
piger dans la caisse constituée par les cotisants, sous prétexte
qu'il y a des excédents, sans donner les ressources suffisantes à
la Commission des affaires sociales pour faire en sorte que les victimes de la
route ne soient pas pénalisées. C'est extrêmement
déplorable. Le gouvernement ne choisit pas, bien évidemment, la
bonne façon pour se faire respecter des citoyens. Et c'est avec toute
l'opposition dont on est capables qu'on va évidemment en appeler
à l'opinion publique du Québec contre des lois semblables. Je
vous remercie.
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à M. le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue. (20
h 50)
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Oui, il est du devoir
impératif de tout député de l'Opposition et j'imagine que,
s'il n'y avait pas cette ligne de parti aussi dure chez la majorité
ministérielle... Il est du devoir d'intervenir sur cette motion, cette
troisième motion sur un troisième projet de loi qui nous
amène à imposer
le bâillon aux parlementaires et à l'Opposition officielle,
parce que l'Opposition a bien analysé, bien regardé ce projet de
loi sur la réforme de la Régie de l'assurance automobile.
Essentiellement, c'est une réforme qui vise à aller piger
dans la caisse. Lorsque, personnellement, j'ai été amené
à regarder ce projet de loi, il m'est immédiatement venu à
l'esprit que jadis, au tournant des années 1987-1988, comme
administrateurs d'une université, nous avions été
amenés à constater que, dans le fonds de pension des
employés de l'Université du Québec, qui est une forme de
mutuelle, nous avions des surplus actuariels, pas des surplus
comptabilisés, mais des surplus actuariels d'une vingtaine de millions.
Alors là, dès le moment où on constate des choses comme
cela, comme on peut le constater à la caisse de la Régie de
l'assurance automobile, il y a bien sûr tout de suite une question qui se
pose, ou une tentation qui nous arrive: Nous pourrions prendre ces quelque 20
000 000 $, dans le cas d'un fonds de pension, et l'affecter à
l'amélioration de telle partie du réseau. Nous pourrions
l'utiliser pour réduire un certain nombre d'endettements qu'avaient des
institutions du réseau. Nous aurions pu l'utiliser, en quelque sorte,
à d'autres fins, mais, après cinq minutes, mais cinq minutes de
réflexion, nous nous sommes bien aperçus qu'une mutuelle qui
crée un fonds de pension, ça appartient à qui? Ça
appartient aux cotisants et, à cet égard, après
consultation, il fallait retourner aux gens qui ont contribué à
ce fonds leur propre argent, leur propre surplus, parce que, en fait, une
compagnie d'assurances, une mutuelle, un fonds collectif que l'on constitue,
c'est toujours à partir d'un certain groupe que l'on couvre, à
qui l'on dit: Si nous nous donnions tel régime de
sécurité, si nous nous donnions tel régime de couverture,
si nous nous donnions tel régime d'avantages pour protéger notre
retraite, pour nous protéger en cas de difficultés, d'accidents
ou de dommages corporels, dans le cas de la Régie de l'assurance
automobile du Québec. On se donne ce service et on se dit: Si nous
sommes, comme dans le cas de la Régie de l'assurance automobile, assez
prudents, si nous prenons un certain nombre de mesures de
sécurité, nous en arriverons à abaisser le prix de ce que
nous allons payer, chacun et chacune, au niveau de ce régime
universel.
C'est un peu ce qu'ont fait les Québécois et les
Québécoises, de façon telle qu'au niveau des primes, au
niveau des cotisations que nous avons accepté de payer, de mettre dans
la caisse, nous sommes arrivés un bon matin avec un surplus dans cette
caisse-là. Là, la tentation est arrivée du
côté du gouvernement. Qu'est-ce qu'on pourrait bien faire avec ce
surplus qui s'est accumulé à la Régie de l'assurance
automobile du Québec? On s'est bien aperçu aussi que le nouveau
gouvernement qu'on avait formé en septembre, avec un nouveau ministre
affecté aux transports... Lui, en examinant ses dossiers, s'est bien
aperçu qu'on l'avait poussé dans un traquenard. On l'avait
affecte à un poste où d'autres auparavant, en période
électorale, où auparavant d'autres ministres responsables de ce
secteur avaient pris plein d'engagements, avaient fait plein de promesses,
avaient dit que l'on compléterait ou qu'on réaliserait un certain
nombre d'améliorations sur le réseau routier, sans
vérifier si l'argent était dans la caisse générale
des revenus du gouvernement du Québec ou bien si nous aurions le
courage, dans le gouvernement, de dire à l'ensemble de la population:
Voyez-vous, nous pensons qu'il faut rénover une bonne partie de notre
réseau routier et, pour cela, nous allons vous proposer un
réaménagement fiscal. Nous allons vous proposer d'augmenter, s'il
le faut, les revenus du fonds consolidé du Québec pour nous
permettre de nous donner un réseau routier qui ait de l'allure.
Non, ce n'est pas cela qui s'est passé. Ce n'est pas cela qui
s'est passé. On est allés du côté de la Régie
de l'assurance automobile et on a mis la main, on a fait main basse sur la
caisse. Cet argent appartient à ceux et celles qui cotisent, et qui
cotisent en vertu d'une loi qui leur dit qu'essentiellement ces cotisations
vont servir à payer des dédommagements à ceux et à
celles qui auraient des accidents, qui auraient des dommages corporels au cours
de leur vie, comme ça peut arriver à tout le monde au niveau de
la circulation automobile. Alors on leur dit: On va faire un
détournement de la caisse. Et c'est ça qui est inacceptable, que
l'on dise à une population: Voyez-vous, l'objet pour lequel nous avons
créé cette caisse est maintenant détourné et on va
faire autre chose avec. Et ce que ça veut dire aussi, c'est qu'au moment
où on aura besoin de ces surplus, qu'on aura besoin de ces sommes que
nous avons amassées dans cette caisse de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, eh bien on augmentera les cotisations, on
augmentera le coût des permis de conduire, on augmentera le coût de
la prime au niveau de l'assurance automobile, ce qui nous permettra, un an plus
tard ou quelques mois plus tard, à l'occasion d'une déclaration
budgétaire, de dire: Voyez comme nous sommes de bons gestionnaires. Nous
vous présentons un budget sans augmentation d'impôts. Comme
ça a été fait cette année par le ministre des
Finances.
L'Opposition a été très rapide à
découvrir et à dénoncer le subterfuge. Nous avions, en
fait, toute une série de taxes déguisées: refiler aux
commissions scolaires une partie des responsabilités jusqu'ici
assumées par le ministère de l'Éducation; refiler par
Hydro-Québec, par la facture d'électricité, un certain
nombre d'augmentations qui font en sorte que ça va coûter plus
cher encore aux consommateurs. Et là on arrive rapidement à
l'assurance automobile en disant: Là-dessus, nous allons aller piger
dans votre caisse pour permettre de rénover les
routes. Et encore, s'il y avait au moins un plan d'amélioration
du réseau routier. Dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, avec mon collègue d'Abitibi-Ouest, nous
sommes en mesure de constater que non seulement on va piger dans notre caisse,
mais qu'il ne se fera pas de travaux. Allez voir les nombreuses voies publiques
des nombreuses communautés rurales de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue et vous arriverez, comme un député
de la majorité ministérielle l'a dit, il y a trois ou quatre
ans... Maintenant, il y a seulement 11 % de notre réseau qui est
pavé et, cette année, aucun travail ne sera réalisé
sur le réseau rural parce que ce gouvernement a décidé
qu'il fallait d'abord payer à même la caisse commune les
arrérages, les promesses qui avaient été faites. Non
seulement, donc, on y va au niveau de la caisse commune, mais on n'a même
pas de travaux à réaliser quant à l'amélioration du
réseau routier dans les régions rurales du Québec.
Détournement, subterfuge, ministre placé dans une
situation de traquenard et, pour faire tout cela, on dit: Finalement, vous
autres, de l'Opposition, vous n'avez pas le droit, en quelque sorte,
d'être les porte-parole d'au-delà de 40 % de la population et de
dénoncer, de dire ouvertement ce qui est en train de se passer au sein
de ce Parlement. Non, la méthode la plus simple, c'est d'invoquer la
mesure du bâillon et de dire: Nous, on n'aime pas entendre ce que vous
êtes en train de dévoiler au public et, là-dessus, nous
allons vous imposer cette mesure. Alors, c'est tellement vrai que les
parlementaires de ce côté-ci vont accepter de travailler bien
au-delà des heures normales et faire en sorte que la population sache le
détournement auquel on est en train de se livrer et que nous n'acceptons
pas de ce côté-ci, M. le Président. (21 heures)
Le Président: Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Verchères, pour la prochaine intervention sur
cette motion présentée par le leader adjoint du gouvernement. Mme
la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Oupuis: M. le Président, le Parti libéral a
combattu avec acharnement la réforme de l'assurance automobile, en 1977.
On se rappelle tous, lorsque Mme Payette l'avait soumise, quelle bataille les
libéraux ont livrée pour empêcher justement l'adoption
d'une loi sur l'assurance automobile.
Aujourd'hui, ce même parti s'autorise le droit d'aller vider les
caisses qui avaient accumulé des surplus. En vidant les caisses, M. le
Président, il dévie, il oublie, il ignore les fonctions
premières pour lesquelles l'assurance automobile avait été
créée: d'appliquer le régime d'indemnisation des victimes
de dommages corporels; d'appliquer le régime de compensation des
dommages matériels; d'appliquer le Code de la sécurité
routière; de promouvoir la sécurité routière. Si on
les prend un à un, M. le Président, indemniser les victimes de
dommages corporels. On a tous vu, dans nos comtés... Depuis un an, j'ai
vu au moins 10 cas de victimes d'accidents d'automobile, M. le
Président, qui ont de la difficulté à se faire payer. Il y
a même un cas, c'est quasiment pathétique. Il est en chaise
roulante, il passe examen par-dessus examen. On dit que ce n'est pas à
cause de ça, mais il reste que cette personne-là, avant d'avoir
un accident d'automobile, était un père de famille, bien
installé, qui avait un maison et qui faisait vivre sa famille. Il a un
accident. Que les médecins disent ce qu'ils voudront, il reste que,
depuis son accident, cet homme-là est en chaise roulante et en
béquilles. Il passe des béquilles à la chaise roulante, en
plus des séances de thérapie.
Une autre des fonctions, c'était la sécurité
routière, justement injecter des fonds pour faire des bonnes
études, amener plus de sécurité sur nos routes du
Québec et promouvoir les moyens de sécurité
routière, dont la ceinture. Je veux bien qu'on mette une amende, mais,
si on avait mis peut-être un petit peu plus d'argent dans la promotion,
pour convaincre, peut-être que ça aurait coûté un
petit peu moins cher en amendes aux assurés, aux conducteurs
d'automobiles, mais ça aurait rempli un peu moins les coffres que le
Parti libéral veut utiliser maintenant.
Donc, on voit que les fonctions pour lesquelles était
destinée l'assurance, c'était à des motifs humanitaires.
On fait fi de ça, comme on le voit aussi dans d'autres projets de loi
qui ont été bâillonnés. Et là, ces motifs
humanitaires ont été changés, M. le Président, pour
construire des routes, si elles sont construites. Lorsqu'on voit les budgets
qui sont alloués pour la réfection des routes, on se demande si
vraiment ça va être utilisé à cette fin.
Première erreur, je pense, la loi en elle-même, et on voit
que c'est une constante des politiques du Parti libéral, M. le
Président, de complètement oublier le côté
humanitaire. On le voit aussi dans les heures d'affaires; il a
complètement oublié la qualité de vie, même si c'est
inscrit dans les trois principes. On voyait, dans les faits, en étudiant
le projet de loi, que le côté humanitaire était
complètement délaissé. Vous allez me dire que c'est
humain, vous, de demander aux femmes de travailler de 8 heures le matin
à 23 heures, sept jours par semaine ou presque? C'est à peu
près l'équivalent de ça. On va me dire que c'est humain de
tout mettre en oeuvre pour faire crever le petit commerçant, avec aucun
respect? On voit que tout a été dirigé pour amener
à une libéralisation totale. On sait très bien que,
là, c'est les gros qui vont bouffer les petits, ça ne sera pas
long. Encore là, côté humanitaire complètement
négligé, M. le
Président.
Et là ça m'amène aux moyens qu'ils ont
utilisé pour voter leur loi après treize heures de débat
seulement; de débat, non pas un débat où on lisait le
Journal de Montréal et des choses comme ça, là. Un
débat, je pense, bien structuré, un débat où on
présentait des motions pour réentendre des gens qui avaient
déjà été entendus, c'est vrai, mais qui n'avaient
pas vu le projet de loi et, lorsqu'ils l'ont vu, n'étaient plus d'accord
avec et on voulait les ramener à réécouter ça pour
que le ministre prenne conscience de l'erreur qu'il faisait. Et là, on
le voit dans les trois projets de loi. Un coup de force! Moi, on m'a toujours
dit, M. le Président, qu'un coup de force pareil, lorsque les gens qui
ont le pouvoir l'exercent avec autant d'autorité, avec autant de force,
dénotait un signe de faiblesse. Lorsqu'on n'arrive pas à
convaincre par des arguments valables et convaincants une population ou des
intervenants du bien-fondé, on l'applique avec force.
Je pense que je n'apprends rien à personne en disant que,
lorsqu'on applique avec autant d'autorité, ça dénote de la
faiblesse, M. le Président. Un manque de respect dans l'Opposition
démocratiquement élue, un manque de respect de la
démocratie. Lorsqu'on ne respecte pas les élus, lorsqu'on ne
respecte pas nos institutions démocratiques, il y a d'autres moyens et,
si la démocratie ne s'exerce pas dans notre Parlement, ce qui va
arriver, M. le Président, tout le monde le sait, c'est dans la rue que
ça va s'exercer. Je pense que là, le gouvernement
réalisera que les moyens qu'il a utilisés pour bâillonner,
ça a été une grave erreur. Mon collègue, le
député de Saint-Jean, disait que, oui, on en a fait, nous aussi,
des erreurs et on a payé pour et on a eu la facture et le public ne
s'est pas gêné pour le dire. Eux aussi, ils vont avoir la facture.
On ne peut pas bafouer la démocratie à ce point. On ne peut pas
bafouer une majorité. On ne peut pas faire fi des opinions d'une
majorité sans qu'un jour ou l'autre on en paie la facture. Mais ce que
je déplore le plus dans cette attitude, dans ces politiques, c'est que
tous les moyens sont bons lorsqu'il s'agit d'argent au détriment,
ça c'est constant, du côté humanitaire, du
côté humain, et on en a la preuve concrète dans la loi qui
s'apprête à être votée, la loi 50 sur l'assurance
automobile; de l'argent qui était destiné à des victimes
de l'assurance automobile est injecté dans les routes. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le
Prési- dent. J'ai entendu mes collègues qui sont venus
témoigner ici, à tour de rôle, leur indignation face
à cette motion de clôture, ce bâillon qui nous est
appliqué, sans pour autant nous avoir démontré qu'il y
avait urgence, car on nous a expliqué, M. le Président, que pour
appliquer une motion de clôture, un bâillon, c'était quelque
chose qui était possible effectivement, mais qu'il fallait qu'il y ait
urgence. C'est le troisième bâillon en une semaine dans la
même session, du jamais vu, semble-t-il! (21 h 10)
Tout ce que notre gouvernement nous démontre, M. le
Président, c'est son arrogance et son mépris envers la population
et envers l'institution démocratique qu'est le Parlement. En agissant
ainsi, le gouvernement nous dit qu'il est le seul à avoir le pas. Il ne
veut pas discuter, ne veut pas consulter. Il ne peut, en fait, se remettre en
question. Il est vraiment le seul à avoir le pas et à
posséder la vérité, alors, il décrète. Ce
n'est pas exactement l'image que j'avais de la démocratie, M. le
Président. À mon avis, ça ressemble beaucoup plus à
de la dictature.
C'est un fait que l'Opposition a essayé, par plusieurs moyens,
par les moyens mis à sa disposition, de faire réfléchir le
gouvernement sur la portée de ce projet de loi. D'abord, il y a eu une
motion de scission parce que notre désaccord et nos inquiétudes
face à ce projet de loi ne portent pas nécessairement sur
l'ensemble du projet de loi, mais sur une partie bien précise et c'est
sur le "hold-up" ou sur ce qu'on a appelé le siphonnage de la caisse des
assurés, la caisse de la Régie de l'assurance automobile. C'est
sur le paragraphe qui nous dit: "De plus, ce projet donne suite au discours sur
le budget en prévoyant que la Société verse au fonds
consolidé du revenu, pour l'exercice financier 1990-1991 du gouvernement
et pour les quatre exercices financiers subséquents, une redevance aux
fins d'immobilisations en matière de sécurité
routière dont le montant et la périodicité des paiements
sont fixés par la loi."
Non seulement on va aller chercher de l'argent pour cette année,
mais on va même aller chercher de l'argent pour les années
subséquentes, M. le Président. Alors, nous avions demandé
ici, en cette Chambre, une motion de scission pour au moins essayer de voter
sur les parties où on était d'accord et pour pouvoir discuter des
parties où notre désaccord portait. Cette motion de scission a
été refusée, comme on le sait. Alors, l'Opposition
officielle a demandé une motion de report. Le gouvernement ayant
refusé la motion de scission, nous avons demandé de le reporter
de six mois, M. le Président, pour que l'on puisse y
réfléchir et consulter davantage. Encore une fois, refus du
gouvernement. J'étais membre, M. le Président, de la commission
de l'aménagement et des équipements où on a essayé
de débattre - je dis bien "essayé de
débattre" parce que, finalement, on n'a pas eu de réponse,
M. le Président. En fait, les seules réponses qu'on a eues, c'est
plutôt dans le genre: Si vous ne voulez pas qu'on passe le projet de loi,
vous n'aurez pas vos routes dans vos comtés. On nous a fait des menaces,
si on veut. On n'a pas vraiment eu de réponse face aux questions et aux
interrogations que l'on se posait.
On a eu beau demander à rencontrer des groupes, on n'a pas
été tellement longtemps non plus parce que, après treize
heures, le gouvernement a décidé de nous appliquer une motion de
clôture et de nous bâillonner. Il ne voulait plus en entendre
parler, il ne voulait pas consulter, alors c'était clair, on n'en
parlait plus et on passait au plus vite le fameux projet de loi.
Bien sûr, on a demandé des consultations
particulières, M. le Président, avec différents groupes,
des groupes qui étaient vraiment concernés, qui auraient pu nous
apporter un éclairage intéressant par rapport à ce projet
de loi, qui auraient pu aussi répondre à certaines de nos
interrogations. On a parlé du Vérificateur général.
On a demandé de parler au Vérificateur général. Le
Vérificateur général est probablement une des personnes
désignées qui aurait pu nous émettre un avis avant de
passer le projet de loi. On m'a appris qu'il valait mieux prévenir que
guérir, alors nous autres, on pensait que faire venir le
Vérificateur général pour avoir un avis de sa part,
c'eût été intéressant. Non! C'a été
refusé, ça aussi.
On a eu beau en appeler, on a appelé pour plusieurs groupes qui
étaient concernés: l'Association des accidentés de la
route. Est-ce qu'il y a un groupe plus concerné que l'Association des
accidentés de la route? On parie bien d'un projet de loi qui vide les
caisses de l'assurance automobile. Alors, les accidentés de la route,
quelque part, sont très concernés. On pensait qu'ils pourraient
nous apporter aussi des détails et nous donner vraiment leur vision des
choses quant à ce projet de loi. Non plus. Un refus total de la part du
gouvernement. On ne veut pas les voir, les accidentés de la route. C'est
bien évident que c'est difficile. Probablement que ça prend du
courage pour recevoir les accidentés de la route. Quand on vient leur
enlever des millions, 877 000 000 $ en cinq ans, c'est vrai que ça prend
un certain courage. Mais le gouvernement n'a pas eu ce courage-là. On a
refusé tout simplement de rencontrer l'Association des accidentés
de la route.
On a demandé de rencontrer le Protecteur du citoyen, M. le
Président. Le Protecteur du citoyen, c'est quelqu'un qui est bien
placé pour nous donner un éclairage. C'est quelqu'un qui
reçoit des plaintes par rapport à l'institution, quelqu'un qui
règle des plaintes aussi, parce qu'on sait que le Protecteur du citoyen
réussit à régler 99 % des plaintes, à peu
près. Ça veut dire qu'il aurait eu quelque chose à dire,
le Protecteur du citoyen. Encore là, pas question.
Le Protecteur du citoyen, comme les autres, pas question qu'on consulte
cette personne avant de passer le projet de loi.
On a demandé aussi de rencontrer l'ANCAl, l'Association des
camionneurs artisans qui est dans les problèmes jusqu'au cou
présentement, si on peut s'exprimer ainsi. Pas du tout. Pas question.
C'est sûr qu'ils ne sont pas de bonne humeur après le gouvernement
et, encore là, j'imagine que ça prend un certain courage pour
recevoir une association qui est déjà plus ou moins bien
disposée. Mais c'eût été intéressant, ces
gens-là paient très cher pour rouler sur les routes.
On a demandé aussi de rencontrer la Fédération des
femmes du Québec et la Fédération de l'âge d'or
parce que la Fédération des femmes du Québec et la
Fédération de l'âge d'or représentent des gens qui
ont été très touchés par la loi 92 qui a
été mise en application en janvier dernier. Pas du tout. On ne
voyait pas, le gouvernement ne voyait pas la pertinence de consulter ces
groupes parce que le gouvernement a raison et il ne peut pas souffrir, il ne
peut pas entendre des gens qui pourraient lui dire: Attention! Le gouvernement
est sûr d'avoir raison.
Enfin, treize heures plus tard, on s'est fait dire que c'était
fini, qu'on ne pariait plus, qu'il y avait une motion de clôture, comme
pour les deux autres projets de loi. Ça fait trois. Ça fait qu'on
ne parle plus, on vient de clore le bec, si on veut, a l'Opposition et, par le
fait même, on vient de clore le bec à la population parce que
l'Opposition ici en cette Chambre représente aussi la population, fait
son travail d'opposition et est supposée être là aussi pour
faire réfléchir le gouvernement avant qu'il n'y ait des erreurs
trop graves qui se produisent.
Je voudrais aussi vous rappeler, M. le Président, un peu pourquoi
l'Opposition s'oppose au projet de loi 50. Il faut se rappeler que la
réforme de l'assurance automobile, en 1977, qui a donné naissance
à la Régie de l'assurance automobile, a été le
résultat de plusieurs années de réflexion au
Québec. C'est le Parti québécois qui a eu le courage,
à l'époque, d'entreprendre cette réforme. On se rappelle
tous que l'Opposition libérale, au projet de loi présenté
par Mme Payette, était tout à fait déchaînée
face à la réforme de l'assurance automobile. Je pense qu'ils sont
encore contre aujourd'hui parce que, à regarder ce que ça va
donner comme résultat, on se demande ce qui pourra rester des caisses de
l'assurance automobile quand tous ces prélèvements ou ces vols -
appelons-les par leur nom - auront été effectués.
Pourtant, le régime d'assurance automobile, M. le
Président, le régime québécois est cité en
exemple dans plusieurs pays du monde. Il est démontré que c'est
une réussite et un des faits marquants du régime du Parti
québécois. Cette réforme avait un objectif, en fait,
visait cinq
objectifs, mais, très clairement, devait permettre aux
assurés d'obtenir de meilleures indemnités au meilleur prix
possible.
Une minute? Ça m'a coupé mon erre d'aller, M. le
Président. En tout cas!
De toute façon, c'était une réforme importante qui
a très bien réussi puisqu'on sait maintenant que la Régie
de l'assurance automobile est non seulement rentable, mais qu'elle a des sous
en caisse. Et le gouvernement libéral, s'étant rendu compte qu'il
y avait des sous à aller chercher, nous fait accroire que c'est pour
faire des routes, alors que c'est bien écrit que c'est pour aller dans
le fonds consolidé et que le porte-parole de l'Opposition officielle a
démontré clairement qu'il n'y avait pas un sou de plus pour les
routes. C'est louable, faire des routes, M. le Président, mais pas avec
l'argent des assurés, pas avec la caisse de la Régie de
l'assurance automobile.
Enfin, M. le Président, je conclurai en vous disant que cette
motion de clôture est une erreur, ce projet de loi est une erreur...
Une voix:...
Mme Carrier-Perreault: bien, le gouvernement aura sûrement
à rendre des comptes à la population et devra vivre avec ses
erreurs. merci, m. le président.
Le Président: Je reconnais maintenant M. le
député de Ouplessis. (21 h 20)
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, encore une fois, depuis
maintenant près de cinq ans, l'Opposition du Parti
québécois est brimée dans ses droits de parlementaires et
de défenseurs de la population du Québec qui ne peut pas
s'exprimer en cette Chambre. Nous avons devant nous, M. le Président,
une motion qui fait en sorte d'empêcher les parlementaires de continuer
à parler de l'assurance automobile, d'empêcher les parlementaires
de le faire en commission parlementaire et de le faire aussi, en quelque sorte,
sur la place publique. On dit - par cette motion, on s'adresse à
l'ensemble des députés de l'Opposition - au député
de Laviolette: Dorénavant, sur la question de la loi 50, sur la question
de l'avenir de cette législation, sur les droits des citoyens et des
citoyennes du Québec face à l'assurance automobile, vous n'avez
plus le droit de parole.
On dit à la députée de Johnson exactement la
même chose, M. le Président. On dit aussi au député
d'Abitibi-Ouest exactement la même chose et à l'ensemble des
députés de cette Chambre: Dorénavant, on vous clôt
le bec, vous n'avez plus voix au chapitre, vous n'avez plus rien à dire
face à ce projet de loi qui concerne l'assurance automobile du
Québec.
M. le Président, c'est vraiment déplorable de voir
l'attitude de ces rouges que nous avons en face de nous. J'ai eu l'occasion,
d'ailleurs, en fin de semaine de vivre la présence, dans le comté
de Duplessis, de deux bons rouges de ce Parlement libéral. Ce que je
peux vous dire, M. le Président, c'est que c'est déplorable de
voir ces personnes faire des promesses, encore une fois, en région, et
ne pas les faire ici, à l'Assemblée nationale, non, pas trop,
trop parce que ce serait écrit dans le Journal des débats,
mais s'en venir faire des promesses comme elles le font ici, devant cette
Assemblée nationale, face à la récupération des
dollars qu'elles vont chercher dans la caisse de l'assurance automobile pour
supposément investir sur les routes du Québec. Je vais vous en
parler, M. le Président, tout à l'heure.
Parce que l'Opposition défend les intérêts de la
population du Québec, des populations régionales du
Québec, on décide de déposer une motion de clôture,
une motion de bâillon. La guillotine, comme on dit dans le jargon. Et ce
n'est pas la première fois que l'on voit ce gouvernement agir de la
sorte.
Une voix: Guillotiné.
M. Perron: M. le Président, je me souviens très
bien - et il ne faut pas oublier que cette devise, c'est la devise du
Québec; j'espère que les citoyens et les citoyennes du
Québec vont se souvenir de ça lors des prochaines
élections - de 1977, quand Mme Payette, qui était la personne en
charge de la loi 67 sur l'assurance automobile, avait comme slogan, avait comme
principal motif, dans ce projet de loi et dans tous les mémoires qui ont
suivi, la personne avant toute chose. Je me rappelle aussi, en commission
parlementaire, puisque je faisais partie de cette commission parlementaire, que
le Parti libéral s'est acharné contre la passation de cette loi
67. Ce n'était pas pour protéger les citoyens et les citoyennes
du Québec, dans le temps. C'était pour protéger les
intérêts des compagnies d'assurances et des ténors des
compagnies d'assurances. C'était pour défendre les
intérêts des mieux nantis de notre société
québécoise.
Je me souviens, M. le Président, des insultes qui ont
été subies par Mme Payette, lors des commissions parlementaires
en particulier, et je dis bien des insultes, qui provenaient du
député de Gatineau, qui n'est plus ici en cette Chambre, M.
Gratton, qui provenaient aussi de M. Fernand Lalonde, l'ancien
député de Mar-guerite-Bourgeoys, qui insultait avec tous les
mots, toutes les épithètes nécessaires, Mme Payette et le
Parti québécois, en commission parlementaire sur ce projet de
loi.
Je me souviens aussi, M. le Président, de l'offre qui avait
été faite par le gouvernement du Parti québécois,
dans le temps, pour faire en sorte qu'on ait une commission parlementaire
itinérante pour écouter l'ensemble des populations de
chacune des régions du Québec. Ça a été un
refus catégorique. Non. C'est à ce moment, M. le
Président, que l'ancien gouvernement du Parti québécois a
décidé de partir et de faire des pèlerinages à
travers le Québec pour écouter toutes les personnes et tous les
groupes qui voulaient se faire entendre sur le projet de loi de l'assurance
automobile, le projet de loi 67.
Je me souviens de tout ça, M. le Président. Je me souviens
aussi de toutes ces insultes, non seulement en commission parlementaire, mais
aussi en coulisses. J'ai même eu le privilège, si je peux
m'exprimer ainsi, de rappeler à l'ordre le député de
Marguerite-Bourgeoys en coulisses, parce qu'il s'était adressé
à Mme Payette d'une façon déshonorante. Cette loi, M. le
Président, qui est actuellement un fleuron de notre législation
québécoise, c'a été créé pour le
peuple québécois et c'a été créé
aussi avec le peuple québécois et, bien sûr, avec la
participation du gouvernement du temps, c'est-à-dire le gouvernement du
Parti québécois.
Aujourd'hui, on se rend compte que le projet de loi 50 vient faire une
ponction énorme dans le fonds d'indemnisation de l'assurance automobile.
Et ce n'est pas la première fois, d'ailleurs, que ce gouvernement agit
de la sorte, ce n'est pas la première fois. Et je présume, de la
façon dont il s'oriente depuis qu'il est au gouvernement, que ce ne sera
pas la dernière fois non plus. Parce qu'on peut s'attendre que, tant et
aussi longtemps qu'il sera là, il va faire des ponctions dans des fonds
d'indemnisation, que ce soit au niveau de l'assurance automobile ou encore
ailleurs, quand ce n'est pas dans les poches des citoyens de façon
directe ou indirecte. Ce gouvernement, on sait de quelle façon il agit.
Comme il ne voulait pas amener des augmentations réelles et directes sur
les taxes du Québec, sur les impôts à payer et sur les
taxes, ce gouvernement s'est servi d'un fonds d'indemnisation que nous avions
pour aller chercher de l'argent pour, supposément, faire autre chose
avec. On piège peut-être aujourd'hui la population du
Québec, mais l'Opposition du Parti québécois, qui est
habituée depuis cinq ans de voir les agissements de ce gouvernement,
n'est pas piégée. Et on va voir réellement jusqu'à
quand et jusqu'à combien ce gouvernement va faire des ponctions à
l'intérieur de notre législation.
Et si c'est actuellement de l'inconnu, quant à l'avenir
concernant les agissements du gouvernement libéral, M. le
Président, ce que je peux vous dire, c'est que ce n'est pas tout
à fait de l'inconnu pour les membres de l'Opposition parce qu'on les
voit venir. Et rien ne dit - je mets ainsi en garde l'ensemble des
parlementaires - je mets aussi en garde l'ensemble des organismes, des
représentants et représentantes d'organismes - rien ne dit que
cette habitude du gouvernement libéral ne se répétera pas
dans l'avenir.
Et rien ne dit que cette habitude ne fera pas en sorte de ramener le
fonds d'indemnisation de l'assurance automobile du Québec, au cours des
prochaines années, au minimum pour justement permettre la privatisation
de ce que nous avons comme législation québécoise en
rapport avec l'assurance automobile. Là aussi, on les voit venir. Et
lorsque le Parti libéral du Québec, par le biais de son ministre
des Transports ou encore de toutes les personnes - et il n'y en a pas gros qui
sont intervenus à date, M. le Président, du côté
libéral, il n'y en a pas gros, il n'y en a pas beaucoup - intervient en
cette Chambre pour dire: Les quelque 300 000 000 $ qu'on va
récupérer, on va les réinvestir dans les routes...
Là non plus, on ne croit pas du tout, et en aucune façon, les
dires de ce gouvernement libéral ou de quelque représentant
libéral que ce soit. Et même si les gens du gouvernement en cette
Chambre nous donnaient des garanties à genoux pour dire que ces quelque
300 000 000 $ vont s'en aller dans les régions du Québec, en
aucun temps je ne les croirai et en aucun temps l'Opposition du Parti
québécois ne croira non plus le gouvernement libéral, en
tout cas pas dans Duplessis, sûrement pas dans Duplessis.
Actuellement, dans le budget et au cours des dernières
années, on a vu ce que le gouvernement libéral a refusé.
Que ce soit dans un dossier qui s'appelle la côte à Vachon, entre
Port-Cartier et Sept-îles, que ce soit dans le dossier de Mingan
jusqu'à Havre-Saint-Pierre où, soit dit en passant, sur une
longueur d'à peu près 20 kilomètres de route on met 500
000 $ en 1990 - 500 000 $, vous imaginez-vous? - lorsqu'on refuse de continuer
la route, une route en gravier d'ailleurs, entre Kégaska et
Pointe-Parent, pas un rond cette année, lorsqu'on refuse de mettre un
sou dans la route qui est déjà commencée, entre
Tête-à-la-Baleine en direction de Chevery, pas un sou cette
année, et lorsqu'on regarde la même chose qui se passe entre
Vieux-Fort et Rivière-Saint-Paul, en Basse-Côte-Nord du golfe
Saint-Laurent, on est en droit de se poser de sérieuses questions.
M. le Président, j'en aurais encore à dire, mais je vais
terminer sur deux points. Le premier point, c'est qu'il est dérisoire de
voir que le ministre délégué aux Transports donne, dans
l'ensemble des municipalités, 41 localités du comté de
Duplessis, pour l'ensemble de ces localités-là, 142 000 $ - 450
milles de territoire québécois dans le comté de Duplessis
- pour le budget de l'amélioration des routes municipales.
Dérisoire! Dégueulasse, même! Et la conclusion
réelle, le deuxième point, c'est qu'en ce qui me concerne, j'ai
toujours gardé ce que disait Mme Payette: "La personne avant toute
chose". Mais on se rend compte aujourd'hui qu'en ce qui a trait à
l'assurance automobile, c'est "le Parti libéral avant toute chose".
Merci, M. le Président. (21 h 30)
Le Président: Je cède maintenant la parole
à M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dois vous dire
que, comme parlementaire dans un système démocratique comme celui
qu'on connaît ici au Québec, je trouve dommage, je trouve
inacceptable qu'on en soit à notre troisième bâillon en
trois jours. C'est inacceptable de suspendre les règlements parce que,
de l'autre côté, on invoque l'urgence. Je dois dire que de l'autre
côté, ce qu'on devrait plutôt invoquer, M. le
Président, c'est plutôt la mauvaise planification des travaux, ou
bien plutôt la volonté de cacher quelque chose à la
population. D'une façon ou d'une autre, c'est inacceptable.
Comment se fait-il qu'en juin nous soyons ici, à 21 h 30, en
train de parler de suspension de règlement, alors que la session a
débuté au mois de mars? Ça veut dire mars, avril, mai,
juin, quatre mois. Et pourtant, dans les mois précédents, mois de
mars, mois d'avril et mois de mai, à plusieurs occasions
l'Assemblée nationale n'a même pas siégé les heures
régulières. Pourquoi? De l'autre côté on
n'était pas prêt à apporter les projets de loi. Nous
n'étions pas prêts à discuter. Nous n'étions pas
prêts à informer la population. On a attendu à la
dernière minute pour nous apporter des projets de loi contestés,
contestables. Et là, maintenant, on nous dit: II y a urgence.
On n'a jamais vu, dans une session aussi courte, autant de
bâillons. Trois dans la même session, ça n'a pas de bon
sens. Et on est en train de faire en sorte que cette mesure d'urgence, qui est
spécifique et qui le dit en soi: c'est pour être utilisé en
cas d'urgence... Danger pour la santé ou la sécurité des
citoyens, par rapport à un sinistre, par rapport à une
grève illégale, par rapport à une menace à la
démocratie. Mais il se passe quoi, ici? Il se passe que le gouvernement
est en train de passer des lois qui ne sont pas populaires. Donc, ifs ne
veulent pas qu'on en parle pour ne pas informer la population. De l'autre
côté, la façon de gérer, c'est plutôt: Ne
faites pas ce que l'on dit, parce que même nous, on ne fait pas ce que
l'on dit.
Je me rappelle ce qu'on avait dit de l'autre côté: Nous
allons légiférer moins, mais nous allons légiférer
mieux. Mais la réalité, qu'est-ce que c'est?
Légiférer moins et légiférer mieux. Et on avait
même dit: II va falloir déréglementer. Les chiffres nous
prouvent maintenant que c'est tout à fait l'inverse qui s'est produit
depuis cinq ans. 50 % de plus de lois. 100 % de plus de règlements.
Imaginez-vous! Le beau discours qu'on a tenu de l'autre côté et la
réalité qu'on est en train de nous faire vivre, ici dans ce
Parlement. On a doublé les règlements, on a augmenté de 50
% les lois. On a tout fait pour judiciariser davantage les lois et, maintenant,
on fait en sorte que la mesure d'urgence, qui est le bâillon, soit
utilisée d'une façon courante, régulière, tout
à fait normale. C'est ça qui n'est pas normal. C'est ça
qui n'est pas acceptable. On doit, nous, parlementaires, avoir le temps
nécessaire pour faire tout l'éclairage sur les projets de loi et
peut-être que ça vous rendrait service, aux gens du gouvernement.
Parce que si vous légiférez plus, contrairement à ce que
vous aviez dit, c'est souvent parce que vous légiférez mal, parce
que vous ne prenez pas le temps de bien légiférer.
Je pourrais vous donner juste quelques exemples. Au moins quatre lois
qui sont discutées présentement dans ce Parlement sont des
correctifs à des lois votées à la session
précédente ou au cours des sessions précédentes. On
est en train de corriger des gestes mal foutus de l'autre côté.
Les lois dont je parle, c'est l'adoption internationale. On l'avait
dénoncée, ça n'avait pas de bon sens. Pourtant, on l'a
votée pareil. Qu'est-ce qu'on est en train de faire? On est en train de
la corriger pour l'amender par rapport à ce que nous avions
demandé.
Le partage du patrimoine familial, loi votée il y a moins d'une
année, ça va faire une année dans quelques jours. On est
en train, maintenant, de légiférer pour amener des corrections
à cette loi l'année suivante. Et, comme on refuse dans cette loi,
entre autres, de répondre aux demandes de beaucoup d'associations,
probablement qu'à l'automne ou au printemps prochain on sera encore
devant une autre loi pour amener des corrections parce que,
présentement, on ne légifère pas bien.
On est en train aussi de regarder une loi sur l'organisation
policière. Et, pourtant, on a fait la même chose il y a quelques
mois, mais on l'a mal fait. On est en train, encore une fois, de recommencer
nos devoirs.
Schefferville est un bon exemple. Une loi pour fermer Schefferville. On
avait dit que ça n'avait pas de bon sens. On fait quoi durant la
présente session? Une loi pour réouvrir Schefferville. Chapeau,
messieurs! Très bonne façon de légiférer. Mon
collègue de Duplessis avait raison tantôt.
Le projet de loi qui nous concerne et sur lequel on nous empêche
de discuter, c'est le projet de loi 50, Loi modifiant la Loi sur la
Régie de l'assurance automobile du Québec et d'autres
dispositions législatives. C'est très inoffensif lorsqu'on lit
ça comme ça, sauf qu'en commission parlementaire, si on avait le
temps d'aller jusqu'au bout, de regarder tous les articles, on verrait que ce
n'est pas si inoffensif que ça. Et il faut se rappeler, comme le disait
mon collègue de Duplessis, la Régie de l'assurance automobile du
Québec, créée de toutes pièces par l'ancien
gouvernement du Parti québécois, afin de faire en sorte de donner
une meilleure protection aux automobilistes, une meilleure garantie de revenu
en cas d'accident et des primes moins élevées spécialement
pour les
jeunes qui voulaient s'assurer. De l'autre côté, on avait
dénoncé ça d'une façon souvent outrageante.
Ça n'avait pas de bon sens. Encore une fois, c'est une
société d'État, et on est contre.
Mais qu'est-ce qu'on est en train de faire avec ce projet de loi
là? On est en train de l'utiliser comme une vache à lait. On est
en train d'aller fouiller dans la caisse. On est en train de vider la caisse.
Et, sous le beau prétexte de nous donner de plus belles routes... Bon
Dieu! Comment nous donner de plus belles routes lorsque les budgets diminuent?
Et c'est notre rôle, M. le Président, comme Opposition, de faire
sortir la vérité, de montrer que de l'autre côté, le
discours et la réalité, ça ne va pas de pair. Ça va
plutôt en sens inverse. On vide la caisse. Ça veut dire qu'on
pénalise directement tous ceux qui détiennent des permis de
conduire, tous ceux qui doivent payer des assurances, l'assurance automobile du
Québec. Parce que si on ne vidait pas la caisse, ça voudrait dire
que ça nous coûterait moins cher pour s'assurer, moins cher pour
les plaques d'immatriculation, moins cher pour les permis de conduire. Le
gouvernement a plutôt décidé de continuer à garder
les taux élevés de cette société d'État et,
ensuite, on entendra probablement de beaux discours de l'autre
côté pour s'en prendre justement aux sociétés
d'État comme n'étant pas rentables, pas efficaces, pas
bénéfiques. Je comprends. Quand on vide la caisse, il risque d'y
avoir des problèmes plus tard.
Mais cette société d'État là a fait ses
preuves au point où, aujourd'hui, on est en train de vider sa caisse. On
dit que c'est pour des plus belles routes au Québec parce que le
réseau est dans un état pitoyable. Mais la réalité,
c'est quoi? La réalité, c'est 41 % de moins dans le budget de la
région du Bas-Saint-Laurent; 40 % dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue; 45 % dans la région de
Drummondville-Yamaska; 39 % de moins dans la région
Chaudière-Appalaches; 42 % de moins au Saguenay-Lac-Saint-Jean; 54 % de
moins en Estrie; 39 % de moins en Mauri-cie-Bois-Francs. On s'aperçoit
que dans toutes les régions du Québec if y a moins d'argent pour
l'entretien de nos routes, alors qu'on nous fait accroire, dans le projet de
loi 50, que l'argent qu'on va aller puiser dans le fonds de la Régie de
l'assurance automobile du Québec qui nous appartient à nous tous
qui y contribuons... On est en train de siphonner l'argent de la Régie,
non pas pour la raison qui est utilisée dans les discours. On utilise de
faux prétextes. On n'aura pas de plus belles routes. On n'aidera pas la
Régie de l'assurance automobile du Québec, mais on va faire payer
les contribuables en leur faisant accroire qu'il va y avoir de plus belles
routes.
Dans l'énumération que je viens de faire, M. le
Président, on est informés - les chiffres, c'est les chiffres du
gouvernement lui-même - que toutes les régions du Québec
vont avoir moins d'argent cette année pour être capables
d'entretenir les routes, de construire de nouvelles routes. Pourtant, tous ceux
qui conduisent, qui doivent s'assurer, qui doivent prendre un permis de
conduire, eux autres ne paieront pas moins cher, alors que la Régie est
très rentable, a fait la preuve que c'était un choix vraiment
formidable du Parti québécois de mettre cette
société d'État au service des automobilistes. Mais,
maintenant, on est en train de vider la caisse sous de faux prétextes,
et c'est ça qui n'est pas acceptable et c'est pour ça que le
bâillon est injustifiable. On aurait dû commencer les discussions
avant, pour faire tout l'éclairage, sinon on va pénaliser des
gens ou on va faire comme on a fait au cours des dernières sessions, on
viendra corriger à l'automne des erreurs faites parce qu'on aura
voté d'urgence des lois ici, à l'Assemblée nationale.
Merci, M. le Président. (21 h 40)
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de
l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, je vous indique tout de suite
que je vais le faire davantage comme leader adjoint, plutôt que sur le
fond, parce que si, après 27 interventions de mes collègues sur
le fond, les gens d'en face ont toujours la conviction qu'après treize
heures ils ont raison, il n'y a rien à faire sur le fond. Donc, moi,
j'abandonne.
Mais, sur la forme, M. le Président, je suis obligé de
dire haut et fort et sincèrement que c'est vraiment inqualifiable,
inadmissible, immoral; c'est du jamais vu. Moi, en quatorze ans, comme leader
adjoint, comme leader un bout, comme membre de ce Parlement qui connaît
les règles un peu du parlementarisme et l'obligation, dans un Parlement
normal, d'avoir des échanges de part et d'autre et de fonctionner un peu
plus sur une base de respect de la démocratie, je n'ai jamais vu un
fonctionnement de bric-à-brac comme celui-là et je pourrais vous
en parler longtemps. À titre d'exemple, et je le disais à un
membre de ce gouvernement-là, un senior de ce gouvernement-là, il
y a 30 secondes, et ça ne me fait rien de dire ça parce que c'est
de même que ça s'est passé, pour la première fois,
M. le Président, vendredi dernier, le leader du gouvernement
décidait de convoquer notre leader pour regarder sur le feuilleton, pour
la première fois, l'immense nombre de projets de loi qui ne sont
même pas encore adoptés au niveau du principe et, normalement,
dans quatre, cinq jours, on devrait finir une session dans la
normalité.
La véritable raison pour laquelle ces gens-là ont dit:
C'est fini, il n'y a plus d'Opposition, nous sommes la voie, la
vérité, nous nous déguisons en exécutif, c'est
l'absence totale de
planification; l'absence de respect, l'absence de responsabilité,
l'absence de compréhension des valeurs du véritable
parlementarisme.
Un Parlement, surtout en fin de session, ça ne peut pas marcher
comme un gouvernement, comme si c'était un exécutif. Nous sommes
à l'Assemblée nationale, c'est long et ça va être
long jusqu'à la fin. Et c'est décevant qu'on soit placés
dans des conditions comme ça. Tous les jours, je rencontre des gens qui
me disent: Vous pensez-vous bien efficaces, à 3 heures du matin et
à 4 heures du matin, comme on va nous obliger à le faire, cette
nuit, probablement la nuit prochaine et les autres nuits? La réponse,
c'est évidemment non. Parce que ce n'est pas vrai, quand on commence
toutes nos journées à 7 h 30 et qu'on fait à peu
près une partie de la nuit - on a fait ça la semaine
passée et on va faire ça encore toute la semaine - que c'est
respecter un Parlement, que c'est respecter les parlementaires. C'est faire une
caricature du Parlement. C'est ces gens-là qui en ont la
responsabilité. En quatorze ans de parlementarisme, je n'ai jamais vu
trois bâillons d'affilée; trois jours d'affilée, on
bâillonne. Est-ce qu'on bâillonne après un abus d'usage des
règles du parlementarisme? Réponse: Non.
Treize heures sur le projet de loi qu'on discute; treize heures, M. le
Président, quand on sait que ces gens-là, les mêmes gens en
face, peut-être pas sur le plan du même corps, mais au moins sur le
plan de la même mentalité du gros club d'intérêts
privés qu'est le Parti libéral, en 1977, ils nous ont fait
siéger tout le mois de juillet, tout le mois d'août, deux mois de
temps, parce que nous, on avait acquis la conviction qu'on ne pouvait pas faire
une loi pour faire du fait français quelque chose de significatif, de
majeur que donnait la loi 101 et le faire uniquement avec notre
vérité. On a dit: On va prendre le temps que ça prendra,
parce que c'est une loi majeure. C'est une loi fondamentale. On a
siégé tout le mois de juillet et tout le mois d'août, je me
rappelle très bien. On est revenus la sanctionner d'une façon
finale le 28 août 1977.
On pourrait multiplier les exemples sur l'assurance auto. On pourrait
multiplier les exemples sur la loi 125, parce que, en gros, M. le
Président, tous ces gens-là, ce sont des gens qui ne bougent pas.
Vous le savez, la seule raison, c'est que ce sont des gens qui ne bougent sur
rien, pas capables de se décider, ayant tellement pratiqué
l'indécision de ce premier ministre là, et c'est ce qui fait que,
pendant quatre ans, la conjoncture étant pas pire, étant
même très bonne, l'économie étant assez performante,
ils ont pu dormir sur cette situation de regarder passer la parade. Mais, sur
à peu près toutes les réformes importantes, sur à
peu près toutes les réformes importantes que nous avons
passées, ce gouvernement-là non seulement a voté les unes
après les autres contre les réformes importantes, mais a
abusé comme ce n'était pas possible du temps prescrit et permis
par le règlement. La différence, c'est qu'on a laissé
à ces gens-là le temps d'abuser du règlement tel que c'est
permis à une Opposition pour respecter le parlementarisme et ne pas
arriver en bousculade, en fin de session, avec des motions de clôture en
disant: On a la voie, la vérité. C'est fini, treize heures. On
amène ça en Chambre. On en finit un, on en recommence un
autre.
Vous allez voir, je suis le dernier intervenant là-dessus. Tout
de suite après, on va recommencer quelque chose qui va avoir exactement
la même signification jusqu'à 3 heures demain matin ou 4 heures
demain matin, pour dénoncer une autre motion de clôture, une autre
motion de bâillon où on a dit à l'Opposition: Nous, on se
fout de vous, c'est-y clair? On s'en fout, c'est nous qui menons. Et on veut
ces lois-là.
J'entendais, et je ne les nommerai même pas parce que ça ne
vaut pas la peine, certains collègues de l'autre côté dire:
On a été élus pour prendre des décisions. Comme si
nous autres, on ne l'avait pas été, élus, comme si moi, je
m'étais amené ici parce que j'ai décidé de prendre
ce siège-là comme ça, là! Je pense que nous aussi,
on a été élus. Et la population a voulu nous donner des
responsabilités comme Opposition, parce que dans un Parlement normal il
y aura toujours une Opposition. Mais c'est pour ça qu'il y a des
règles. C'est pour ça qu'on a un règlement, c'est pour
ça que normalement on doit suivre un peu les règles du
parlementarisme pour permettre à l'Opposition de faire son travail.
Imaginez, treize heures sur une loi qui n'a pas de sens, ça n'a
pas de bon sens, c'est un détournement. C'est un "hold-up". Mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean, l'a très
bien exprimé. "Hold-up"! Criminel! En catimini, rapidement! treize
heures, c'est assez parce qu'on ne veut pas que la population prenne conscience
qu'on détourne des fonds par hypocrisie. On fait accroire dans les
discours du budget qu'il n'est pas question qu'eux augmentent les taxes;
qu'est-ce qu'ils font? Ils prennent l'argent dans une caisse qui a
été constituée par les cotisants, parce qu'ils se sont
comportés correctement sur le plan de la conduite automobile:
réduction du nombre d'accidents, réduction de toutes sortes de
choses. Réduction du prix des permis? Bien non! Réduction du prix
des plaques? Bien non! Donc, les contribuables vont devoir payer, assumer
davantage, alors que c'est contre toute logique.
Quand on demande à des gens de mettre une caisse spéciale
pour une fin spéciale, on ne détourne pas la loi à
d'autres fins. Qu'ils mettent donc leurs culottes et qu'ils assument leurs
responsabilités. Assumer leurs responsabilités, qu'est-ce que
ça voulait dire dans le présent cas? Ça voulait dire: Oui,
on a mal géré, on a fait des mauvais choix et on est
obligés de hausser les taxes ou d'augmenter les revenus dans le fonds
consolidé. Ça, ça aurait été de
l'honnêteté. Mais bien trop hypocrite pour procéder
comme ça comme gouvernement. Alors, comme gouvernement,
détournement de la caisse qui a été constituée, et
après treize heures de débat ces gens-là nous disent: Nous
avons la vérité, c'est assez, il n'y a plus d'Opposition, motion
de clôture. Vous invoquerez les arguments que vous voudrez, nous avons
raison et nous sommes les seuls à avoir raison. Ça va passer par
là parce que c'est ça. Ça serait le nouveau cénacle
du Conseil des ministres.
Que je sache, le Conseil des ministres n'est pas encore composé
de 125 parlementaires. Nous sommes à l'Assemblée nationale, et
à l'Assemblée nationale on est ici pour prendre des
décisions de législation et surtout, surtout, surveiller
l'exécutif. S'il y a un exécutif qui mérite d'être
surveillé, c'est bien celui-là. Il mérite d'être
surveillé parce que je vous dis que, si l'on ne prend pas la peine de
faire tomber les masques et qu'on fait uniquement jouer la parade comme il
essaie de nous la faire jouer, bien, la population se voit tromper
régulièrement, constamment et continuellement parce que c'est des
demi-vérités à peu près dans tout ce que ces gens
font et dans tout ce qu'ils disent.
On en a des exemples sur tous les dossiers. Quand j'entends ces
gens-là: C'est pour faire les routes. Tu vas voir dans le budget, il n'y
a pas une cenne. Ils ne font même pas confiance à ce qu'ils
disent. C'est censé, cette motion de clôture là, permettre
de dégager 1 700 000 000 $ pour faire des routes. On prend leur budget -
pas le nôtre, on n'est pas au pouvoir - on prend leur budget, on l'ouvre
et on s'en va aux crédits: pas un rond, pas une cenne! Pensez-vous qu'on
va se laisser piler sur le corps, comme ça, après treize heures,
comme si de rien n'était? Et là, on vient nous demander: Es-tu
sérieux? Penses-tu que ça va être long? Oui, ça va
être long. Je suis très sérieux. Pas parce que j'aime
ça, ça n'a pas de bon sens. C'est vraiment caricaturer le
Parlement et on est contre la caricature, même si on a une image comme
ça en face, M. le Président.
Le Président: II n'y a pas d'autre intervention? Donc, le
débat étant terminé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix de cette motion de M. le leader
adjoint du gouvernement. M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, vote nominal.
Le Président: En conséquence, le vote est
demandé. Qu'on appelle donc les députés! (21 h 51 - 21 h
58)
Le Président: Veuillez prendre place, s'il vous
plaît.
Alors, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix
de la motion présentée par M. le leader adjoint du gouvernement,
conformément à l'article 251 du règlement, motion qui se
lit comme suit: "Que la commission de l'aménagement et des
équipements à qui a été confiée
l'étude détaillée du projet de loi 50, Loi modifiant la
Loi sur la Régie de l'assurance automobile du Québec et d'autres
dispositions législatives, mette fin à ses travaux quant à
ce mandat dès l'adoption de la présente motion et fasse rapport
au moment prévu de la période des affaires courantes de la
séance qui suit celle au cours de laquelle aura été
adoptée la présente motion."
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: Oui. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: II se peut que la commission de l'environnement
n'ait pas été avisée pour le vote. C'est parce que mes
collègues de l'environnement sont en commission et je m'aperçois
que le ministre n'y est pas non plus et on me dit qu'on a de la
difficulté à entendre les cloches en bas.
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. Nous
allons immédiatement vérifier. Oui, un instant! S'il vous
plaît! Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition fait sûrement
référence à commission de l'aménagement et des
équipements qui ne siège pas présentement, au moment
où on se parle.
Le Président: Alors, toutes les commissions, donc, ont
été rappelées. Alors, ça va? S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Alors, que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent
bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M. Vallerand
(Crémazie), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Lefebvre (Frontenac), M. Cusano (Viau), M. Blackburn
(Roberval), M. Houde (Berthier), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond),
Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M. Kehoe
(Chapleau), M. Doyon (Louis-Hébert), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux
(Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M.
Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), M. Larouche (Anjou), M. Khelfa (Richelieu), M.
Gobé
(LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull),
M. Bergeron (Deux-Montagnes), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbi-nière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M.
Després (Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget
(Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau),
M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau). (22 heures)
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska),
Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M.
Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme
Dupuis (Verchères), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 53 contre: 22
Le Président: La motion est donc adoptée.
Alors, maintenant, M. le leader adjoint du gouvernement, si vous voulez
m'indiquer le prochain objet de nos débats.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler maintenant l'article 50 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 69
Prise en considération du rapport de la
commission
Le Président: À l'article 50 du feuilleton, nous
allons maintenant prendre en considération le rapport de la commission
de l'éducation ainsi que les amendements qui ont été
transmis en vertu de l'article 252 de notre règlement par M. le ministre
de l'Éducation et par M. le leader adjoint de l'Opposition officielle,
le tout relativement au projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé. Je suis
maintenant prêt à reconnaître une première
intervention sur le sujet.
Je prierais les députés qui doivent quitter
l'Assemblée de le faire le plus rapidement possible et en silence.
Alors, je suis donc prêt à reconnaître le premier
intervenant, et ce sera M. le ministre de l'Éducation.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je résumerai très
brièvement ce dont traite le projet de loi 69. Tout d'abord, aucun
principe vraiment nouveau dans ce projet de loi, contrairement à ce que
l'on voudrait laisser entendre à la population. Les commissions
scolaires étaient dans le champ de l'impôt foncier, elles le
demeurent. Les municipalités l'étaient, elles le demeurent. Il y
a un certain changement dans l'équilibre des revenus que chacun des deux
organismes retirera de la taxation foncière, mais il n'y a pas de
changement de principe radical, contrairement à ce qu'on veut laisser
entendre de l'autre côté, encore une fois.
Deuxièmement, le projet de loi n'enlève rien aux
municipalités. Celles-ci conservent tous les revenus auxquels elles ont
accès actuellement. Elles pourraient même les augmenter si elles
voulaient recourir davantage à l'impôt foncier. Rien ne le leur
interdit.
Troisièmement, contrairement à ce que nous avons entendu,
le projet de loi vise à procurer une plus grande égalité
des chances à travers tout le Québec et il entraînera un
déplacement important de ressources des parties les plus riches du
territoire québécois vers les parties les moins
favorisées. Ça, je pense que c'est très important de le
souligner également. L'adoption du projet de loi procurera aux
commissions scolaires une marge de manoeuvre accrue de 40 000 000 $ qui iront,
encore une fois, vers les commissions scolaires moins favorisées, parce
que les commissions scolaires le moindrement confortables n'auront aucun
accès à la péréquation.
Aucune commission scolaire ne sera perdante. Toute commission scolaire
retirera un minimum de 5 % de revenus autonomes de plus qu'actuellement. Il y
en a qui essaient de répandre actuellement dans l'opinion publique que
des commissions scolaires vont se faire jouer un tour avec ce projet-là.
C'est faux. Toute commission scolaire retirera un gain net d'au moins 5 % en
revenus autonomes à partir du projet de loi.
J'ajoute, enfin, qu'il y a urgence parce que, dans ce cas-ci, les
commissions scolaires en ont besoin pour l'année 1990-1991 qui, dans le
cas des commissions scolaires, commence le 1er juillet - pas dans trois mois,
pas dans trois semaines, le 1er juillet. Elles ont besoin de cette source
additionnelle de revenus et le gouvernement a également besoin de la
marge accrue au
point de vue financier qui résultera, pour lui, de l'adoption du
projet de loi. Le gouvernement pourra sauver de cette manière cette
année 191 000 000 $ qui pourront aller pour la santé et pour les
autres objets sur lesquels doit porter l'action du gouvernement.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je pense que
l'Assemblée eût manqué à sa responsabilité
si, par des trucs de procédure interminable, elle avait réussi
à empêcher l'adoption du projet de loi à cette
session-ci.
J'ajoute juste un mot de commentaire sur les amendements que le
gouvernement propose au projet de loi. Nous en avons déposé, en
tout, 13. On fera des gorges chaudes, on dira, sur un projet de loi qui
comprend en tout - je crois que c'est 22 articles - 22 articles, on dira encore
une fois: 13 amendements. Mais il faut être réalistes, il y a deux
sortes d'amendements importants. Il y a des amendements qui portent sur le
Conseil scolaire de Montréal, qui visent à permettre à cet
organisme qui regroupe les commissions scolaires de l'île de
Montréal de percevoir la taxe scolaire, comme le font toutes les
commissions scolaires à travers le Québec. Alors, on applique aux
commissions scolaires de l'île de Montréal un régime qui
est celui de tout le reste du Québec. Il y avait une exception, on la
fait tomber. Ça, ça entraîne 4 ou 5 amendements sur les 13
dont je viens de parler.
Il y a d'autres amendements qui étaient nécessaires pour
assurer que la marge de revenus accrus que les commissions scolaires iront
chercher par l'augmentation de la taxation foncière reste acquise,
même dans l'hypothèse où le montant de base auquel auront
accès toutes les commissions scolaires serait augmenté par le
gouvernement. Si on n'avait pas mis les précisions qu'on met, on aurait
risqué que le fruit de la taxe diminue à mesure que les
années passent pendant un mandat de commission scolaire. Avec ce que
nous faisons, le produit de la taxe sera fixe et viendra s'ajouter au montant
de base. Que celui-ci soit de 500 $, 505 $ ou 510 $, si le produit de la taxe
est de 50 $, c'est 50 $ qui viendront s'ajouter au montant de base. Alors,
voilà, il n'y a pas autre chose que ceci dans les amendements que nous
proposons.
L'Opposition a déposé, de son côté, des
amendements dont l'effet serait de réduire à néant la
portée le moindrement stable de ce projet de loi. L'Opposition voudrait
que le projet de loi n'ait d'effet que pour l'année 1990-1991. Ceci
signifierait qu'il faudrait revenir dans un an, rediscuter encore de
manière interminable ce dont nous avons parlé depuis maintenant
plus de trois semaines, et je pense que ce serait inadmissible pour un
Parlement sérieux. Il se pourrait que des changements interviennent dans
la politique du gouvernement. Des conversations auront lieu avec les
municipalités; on pourra voir. Mais, pour le moment, le gouvernement
institue ce régime, et il n'a jamais dit qu'il l'instituait seulement
pour 1990-1991. Il l'institue pour qu'il soit là de manière
stable, à moins d'avis contraire. Comme je l'ai dit dans mon discours de
l'autre jour, il pourrait arriver que des circonstances se produisent. Mais on
ne veut pas que l'Opposition se voit décerner un droit de veto qui lui
permettrait de recommencer les mêmes discussions souvent
équivalentes à des pertes de temps dont nous avons eu le
spectacle au cours des deux dernières semaines.
Alors, voilà, M. le Président, la portée de ce que
nous faisons ce soir. Je ne reviens pas sur la motion de clôture que nous
avons discutée l'autre jour; nous en avons disposé, la Chambre a
eu l'occasion de s'exprimer à ce sujet. Nous en sommes maintenant au
stade de la prise en considération du rapport de la commission
parlementaire qui a étudié le projet de loi et je veux m'en tenir
strictement à l'objet pour lequel cette phase particulière de
l'examen d'un projet de loi a été prévue dans nos
règlements. Merci. (22 h 10)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant M. le député d'Abitibi-Ouest et leader
adjoint de l'Opposition officielle à titre de porte-parole du groupe
parlementaire de l'Opposition officielle. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, dépendamment qu'on est
de ce côté-ci de la Chambre ou de l'autre côté... Et
je l'ai vécu avec le même homme qui vient de s'exprimer. Je vous
dis que les choses étaient pas mal plus compliquées quand il
était de ce côté-ci que ce qu'il vient de nous dire.
Alors, je vais être obligé, bien sûr, de
rétablir les faits et d'indiquer exactement ce qui s'est passé,
parce que nous sommes à l'étape de la prise en
considération du rapport de la commission. Et la commission n'a pas pu
faire sa "job", alors ça ne peut pas être aussi simple qu'il vient
de l'expliquer. On a essayé de faire notre travail comme du monde. C'est
ça qu'on est censés analyser. On est censés prendre
connaissance du rapport de la commission qui n'a pas pu faire son travail. Et
on voudrait qu'on n'ait rien à dire. On voudrait qu'on passe ça
du revers de la main, comme d'ailleurs il vient de le dire. J'y reviendrai sur
les amendements, en avertissant qu'on ferait les gorges chaudes, parce que,
bien sûr, il faut se rappeler que le projet de loi, il avait 22 articles
au total et 13 amendements. Mais ça, je ne peux pas faire les gorges
chaudes là-dessus, c'est une pratique. C'est une pratique
systématique de ce ministre. Il ne fait jamais un projet de loi
où on n'y trouve pas autant, sinon plus d'amendements que le projet de
loi lui-même. Alors ça montre un peu, des fois, dans quel niveau
de préparation et de respect ces gens-là se situent au niveau du
législatif.
une loi mal foutue, mal faite, ça ne les dérange pas.
parce que, de toute façon, quand ils décident qu'ils en ont assez
de l'opposition, ils s'en viennent en chambre, motion de clôture, c'est
réglé, c'est fini. et on a droit à quatre, cinq minutes de
présentation en disant: écoutez, là-dedans il n'y a rien
là. ça ne change rien pour les municipalités. je pourrais
vous lire, jusqu'à 6 heures demain matin, une série de lettres
très virulentes du monde municipal, tant de l'umrcq que de l'umq qui
nous disent: ça change, d'abord, le pacte de la fiscalité pour
lequel on a mis un an et demi d'échanges avec les concernés.
ça change au moins ça. ça commence à faire. ce
n'est pas une mince affaire. ce n'est pas de la tarte. ça fait dix ans
que ça marche de même. ça fait dix ans qu'on avait un pacte
fiscal qui disait que l'essentiel du champ foncier municipal, il est
occupé par les municipalités. il n'est pas occupé par le
scolaire, parce que le scolaire c'est une responsabilité de
l'état. ce n'est pas dur à comprendre ça.
l'éducation ça devrait appartenir à l'état. ces
gens-là se vantaient en campagne électorale: nous on va faire de
l'éducation une priorité nationale. on est des ardents
défenseurs de l'éducation. quand on est aussi ardent
défenseur de l'éducation que ça, on devrait au moins
comprendre que si la santé est une responsabilité de
l'état, l'éducation est une responsabilité de
l'état. et on ne s'en va pas hypocritement, encore là, leur dire:
on va modifier la fiscalité et on va vous donner des choses que vous ne
voulez pas, en faisant croire que vous allez avoir de l'argent de plus. parce
que moi, je tiens à revenir là-dessus. et tantôt on sera un
peu plus précis sur la façon dont ça s'est
passé.
Mais le fond des choses, comprenons-nous bien, le projet de loi avait
deux objectifs: élargir la marge de manoeuvre du milieu scolaire suite
aux compresssions budgétaires exercées depuis huit, neuf ans. Je
répète: élargir la marge budgétaire, la marge
financière requise. Eux ils appelaient ça la marge de manoeuvre.
Là, je n'ai pas le temps de citer ça, mais je pourrais le
prendre: Pour le président de la Fédération c'est un pas,
mais la marge de manoeuvre que nous avons demandée demeure tout à
fait insuffisante en regard des besoins actuels. Donc, ce n'est pas moi qui
compte des menteries. Ce n'est pas moi qui trompe la population et les
concernés. Le président de la Fédération
lui-même dit: L'objectif de la marge de manoeuvre n'est pas atteint.
C'était l'objectif du projet de loi 69. Un des objectifs.
Deuxième objectif c'était de dire: II faut corriger une formule
pour que, dorénavant, vous ayez plus d'autonomie. La réponse des
commissions scolaires c'est clair: C'est faux. Ce n'est pas un projet de loi
qui leur donne plus d'autonomie. Parce que quand tu tombes sur le
bien-être social de la péréquation, par définition
ce n'est pas de l'autonomie. On le sait, nous on le vit au Québec avec
le régime de fous du fédéral dans lequel on est. on le
sait. oui, on reçoit de la péréquation de ce magnifique
régime de fous, mais on la reçoit en assurance-chômage et
en aide sociale. je te dis que ça fait un peuple en devenir, ça,
ça fait un peuple fort dont l'économie est solide. ce n'est pas
pour rien que le taux de chômage est toujours le double ou le triple de
l'ontario. ce n'est pas pour rien que, ici, montréal par rapport
à toronto... il n'y a pas besoin de chercher pourquoi toronto n'a pas de
chômage et à montréal, il y en a le triple. la raison c'est
simple, c'est que le régime fédéral est un régime
pour tout autre que pour nous autres. et on le corrige comment? on le corrige
par la péréquation. et le ministre, dans son droit de
réplique, si jamais il l'exerçait vers 9 heures demain matin, il
va vous parler de la péréquation. mais la
péréquation, je le répète, c'est une formule, quand
on sait le sens des mots, pour rééquilibrer quelque chose qui ne
marche pas. donc, c'est clair que, dans ce projet de loi là, parce que
je veux insister, il faut insister, est-ce que les deux objectifs sont
atteints? autonomie et marge de manoeuvre? réponse, non. venons-en
à comment ça s'est passé en commission parlementaire. il
faut en parler parce que nous on a essayé de faire notre travail. et
rapidement on a dit: pas question de faire votre travail. c'est nous autres qui
menons. d'ailleurs il vient de le dire. le ministre vient de le dire et de le
répéter en cette chambre, m. le président:
indépendamment, vous auriez fait ce que vous vouliez, nous autres, le
1er juillet s'en vient et il faut que ça marche comme on pense. l'umrcq
est contre, l'upa est contre, l'umq est contre, la moitié des
commissions scolaires sont contre et les commissions scolaires sont
obligées de passer des résolutions disant: on ne veut rien
savoir. et à la commission scolaire la neigette on n'a pas du tout le
goût de fêter. et il y avait un autre article que je n'ai pas le
temps de chercher. les commissions scolaires déchantent. les commissions
scolaires sont déçues. ce n'est pas grave. ce
gouvernement-là se déguise encore une fois en exécutif ici
à l'assemblée nationale, alors que ce n'est pas censé
être l'exécutif et il procède.
En commission, d'abord, M. le Président, j'entendais des
répondeurs automatiques à qui on met des mots dans la bouche et
on dit: tu diras ça. Un des répondeurs a dit: Après plus
de trente heures de commission... Faux, M. le Président, archifaux. J'ai
fait sortir les chiffres. On a fait exactement dix-neuf heures et quelques
minutes. Parce qu'il faut enlever deux heures et quelque chose de perte de
temps, retards du ministre, votes en Chambre, suspension. M. Gendron, je suis
demandé au Conseil des ministres, est-ce que je peux y aller? Oui, M. le
ministre, je comprends ça, vous pouvez y aller. Ça c'est la
vérité. Vous devez y aller. Mais est-ce qu'on a fait trente
heures en commission?
Bien non. La réponse c'est faux, archifaux. Ils ont fait vingt
heures, maximum. Et est-ce qu'on a fait vingt heures pour perdre notre temps?
Non, M. le Président. On a fait vingt heures en disant: On a des
demandes des plus touchés par cette nouvelle loi de fous et les plus
touchés par cette loi-là, c'est l'UMRCQ. Ils voudraient
être entendus. Le ministre a fait accroire. Il a dit: Bien sûr
qu'on était d'accord pour les entendre. Il a dit ça dans son
discours de deuxième lecture sur le principe. C'est drôle, moi
j'ai une lettre qui dit: "On exprime notre déception de ne pas avoir
été entendus." Et c'est normal, ils n'ont pas été
entendus. Parce que quand on en a parlé, à 16 heures, de les
entendre, il a dit: Je suis d'accord, à condition qu'ils soient ici
à 20 heures. Comme si ces gens-là étaient à la
disposition du ministre.
L'Union des municipalités du Québec, qui regroupe
l'ensemble des municipalités du Québec, ce n'est pas grave
ça. Quatre heures d'avis, vous êtes à ma disposition. C'est
de même que ces gens-là gouvernent. Il était à peu
près 16 h 30, 17 heures, quand on a fait l'autre motion sur l'UMRCQ.
Même chose. S'ils sont prêts à venir à soir,
ça va, mais demain, pas question. Et, bien sûr, la convenance
minimum, la convenance minimale aurait exigé qu'on leur donne
l'occasion, au moins, de pouvoir recevoir le coup de téléphone et
prendre la soirée pour se concerter et dire: Bien oui, on va envoyer nos
représentants de l'exécutif le lendemain. Mais ce n'est pas
ça qui est arrivé. C'est que si vous n'êtes pas ici ce
soir, on ne veut pas vous voir. C'est ça qui est arrivé. Et dans
les lettres que, si j'ai le temps tantôt, je lirai, c'est ce qu'on a dit.
(22 h 20)
Déçus, choqués, parce qu'on s'est fait tromper, on
s'est fait rouler sur toute la ligne et, nous, on a essayé. C'est pour
ça qu'on voulait que ces gens-là parlent. Parce qu'on avait
tellement d'éléments pour démontrer que c'était un
changement de cap, c'était un changement de cap qui n'avait pas de bon
sens, pour aller jusqu'à parler de cadeau empoisonné: Cadeau
empoisonné déçoit les commissions scolaires. L'odieux de
la taxe sans la marge de manoeuvre. Le titre est significatif, M. le
Président. Très calmement: L'odieux de la taxe sans la marge de
manoeuvre, parce que c'est ça le résultat, on "clenche" ces
gens-là pour 320 000 000 $; ces gens-là n'auront que 40 000 000 $
d'argent neuf dans leurs poches et on leur impute une responsabilité
qu'ils n'ont jamais demandée. Vous pensez que c'est responsable,
ça? Et là, j'y viens, à la lettre, je donne un exemple.
L'UMRCQ réitère son opposition formelle au projet de loi 69.
Est-ce que c'était légitime, M. le Président, pour nous,
d'entendre l'UMRCQ? Je comprends. C'est la plus touchée par le pacte sur
la fiscalité.
Je continue à lire: "Le maire de Mont-Joli s'est surtout dit
extrêmement surpris et déçu d'apprendre du ministre de
l'Éducation que le gouvernement - et écoutez bien ça,
parce qu'il va arriver d'autre chose tantôt - préconisait de
façon définitive le nouveau principe de financement scolaire.
Soulignons enfin que l'UMQ a demandé à être entendue en
commission parlementaire aujourd'hui sur le sujet et que le ministre a
refusé." Pas celui qui vous parle, pas le critique de l'Opposition
officielle, le ministre a refusé son intervention. Donc, c'est un petit
peu plus compliqué que ce qu'il essayait de vous dire tantôt, M.
le Président. Ce n'est pas juste un petit projet de loi, comme il dit:
Ça ne change rien, il n'y a rien là et, normalement, on ne voit
pas pourquoi l'Opposition est déçue de s'être fait imposer
le bâillon là-dessus, alors que nous, on a voulu entendre une
commission scolaire qui s'opposait. La première intervenante
était ma collègue, députée de Terrebonne et elle
l'avait dit dans son intervention.
Même si on avait une liste de sept, huit et qu'on avait des
amendements prêts pour entendre sept, huit, on a dit: Non, on va se
comporter en gens responsables. On va demander d'entendre une commission
scolaire. Pourquoi n'es-tu pas d'accord? Je l'ai cité tantôt, on
avait la résolution - c'est la commission scolaire des Cascades
l'Achigan - proposée par M. Untel, appuyée par M. Untel et
ça finissait comme ceci: "La commission scolaire des Cascades l'Achigan
n'est pas d'accord - ce n'est pas dur à comprendre ça - avec une
perception d'impôt foncier accrue pour compenser une coupure de
subvention de l'ordre de 1 900 000 $ à notre commission scolaire sans
pouvoir offrir de services supplémentaires à la population."
Ça, c'est la réalité des choses. Donc, on a dit:
Celle-là, on aimerait ça l'entendre et on aimerait ça
discuter un peu avec elle, parce que, quand même, on est membres de la
commission permanente de l'éducation et on voulait se comporter en gens
responsables, faire notre travail comme il faut. Pourquoi êtes-vous
contre? Quel inconvénient ça va vous créer? Est-ce que
vous partagez - type de questions qu'on voulait poser - le point de vue, entre
autres, d'Alain Dubuc, qui disait ceci - et pourtant quand ça leur fait
plaisir, ils le citent, Alain Dubuc: "Les équipements scolaires sont
partie intégrante de la qualité de l'éducation. En se
débarrassant de certaines responsabilités, le gouvernement
québécois fera en sorte que l'environnement scolaire ne sera pas
le même partout et que la qualité de l'éducation variera
selon la richesse."
Le ministre nous a dit: Ils ne comprennent pas, ils sont dans les
patates, comme d'habitude, parce que, chaque fois qu'on est d'opinion
contraire, soit qu'on n'est pas informés - c'est ce qu'ils avaient dit
aux gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean - soit qu'on ne sait pas lire ou soit qu'on
n'a pas eu assez de temps pour comprendre. C'est toujours les trois mêmes
arguments qui
reviennent constamment. Si c'est ça, M. le Président,
êtes-vous capable de nous donner une bonne raison, à savoir
pourquoi vous n'étiez pas capables, pourquoi, M. le Président, le
ministre n'était pas capable de leur dire ça en pleine face?
Pourquoi le ministre de l'Éducation n'était pas capable de leur
dire ça en leur permettant de venir à la commission parlementaire
pour le leur dire: Moi, je suis complètement en désaccord avec
les prétentions d'Alain Dubuc. Ce n'est pas vrai que les
équipements sont liés à l'éducation. Ça n'a
rien à voir avec la qualité de l'éducation. Et c'est pour
ça que, dorénavant, je dis: Ce sont les commissions scolaires qui
auront la responsabilité de taxer les contribuables, taxer dans la poche
des contribuables pour aller chercher le fric requis pour assumer leurs
responsabilités.
Je l'entendais tantôt dans ses quelques phrases, il disait: II n'y
a rien d'autre. Ah non! On ne coupe même pas dans le champ foncier
municipal. Êtes-vous au courant que, depuis que ces gens-là sont
au pouvoir, à toutes les cinq minutes à peu près, il y a
des nouvelles responsabilités données aux municipalités,
mais pas de fric, pas d'argent, et je ne parle pas de la revue Fric, je
parle d'argent.
Alors, donnons des exemples. 150 000 000 $ de fonctionnement des usines
en assainissement des eaux, nouvelle responsabilité. 100 000 000 $ en
disposition des neiges usées: Est-ce que les municipalités sont
financées par le gouvernement pour s'occuper des neiges usées? Il
n'y a pas de saint danger. Déchets domestiques: Qui a fait les
règlements? Vous n'avez plus le droit de disposer des déchets
domestiques sans avoir soit un système de tranchées et
remplissage ou d'autres systèmes qui coûtent des fortunes.
Ça ne veut pas dire que je suis en désaccord là-dessus. Je
suis pour ces affaires-là, mais je veux juste indiquer qu'ils sont
trompeurs de la population, ces gens-là, quand ils lui font accroire que
les municipalités n'ont pas hérité de nouvelles
responsabilités. Elles ont reçu une série de
responsabilités par la tête et pas une cenne pour les assumer. Et
là, le champ foncier, ce qui restait de la place, la réponse,
c'est oui. Qui va occuper la place qui restait pour que les
municipalités puissent s'acquitter de leurs responsabilités, M.
le Président? Ça va être le monde scolaire,
dorénavant, et ça va faire en sorte que c'est toujours Baptiste
le payeur de taxes qui va écoper.
Moi, dorénavant, chez nous, je l'ai expliqué et je vais
revenir parce qu'ils ne comprennent rien, je ne change pas d'avis, M. le
Président, je suis certain que la qualité des équipements
éducatifs dans ma belle région de l'Abitibi n'aura pas la
même allure que sur le mont Royal, dans le quartier Westmount et dans le
West Island. Je peux vous garantir ça. Je ne sais pas ce que je jurerais
là-dessus, M. le Président, j'en ai l'assurance, parce que je les
connais. Vous viendrez voir les pressions que nos contribuables commissaires
vont devoir subir parce qu'ils se connaissent tous, c'est un petit milieu et
ils vont dire: Bien, laisse faire la peinture, laisse faire les fenêtres
qui sont finies et laisse faire la porte qui ne ferme pas, de l'école du
rang 10 à Val-Saint-Gilles; ça ne presse pas parce que c'est le
contribuable, dorénavant, qui va être obligé de payer pour.
Ça, ce serait honnête de dire ça de même parce que
c'est ça qui va arriver. C'est ça qui va arriver. 320 000 000 $
de taxes de plus chez le contribuable québécois et du beurre dans
la poêle. Tout est là. On a la vérité et il n'y a
pas de problème. Qu'est-ce que vous avez, l'Opposition, à vous
énerver? Pourquoi n'êtes-vous pas d'accord avec une motion de
clôture, après 20 heures de débat où on a
essayé de commencer notre travail?
Le projet de loi, je vous l'ai dit tantôt, a 22 articles. Est-ce
qu'on avait commencé? Bien, je comprends. On était rendu au coeur
même, et le ministre l'a dit à trois reprises. Je pourrais sortir
les galées, quand on a commencé l'article 3, il a dit: On est
dans la viande, on est au coeur même du projet de loi. Bien, au moment
où on était au coeur du projet de loi, son leader en Chambre, il
s'en foutait, lui: Motion de blâme; fini, c'est assez! Au moment
où on était au coeur du projet de loi.
Une voix: Bâillon.
M. Gendron: J'y viens un peu aux amendements. Combien
d'amendements sur 22 articles? Je l'ai dit tantôt, 13 amendements. Bon.
C'est sûr que, là-dedans, le ministre a toujours
développé cette habitude-là et il y a des amendements de
concordance, vous dira-t-il. Il y a des amendements d'ajustement, vous
dira-t-il. Il y a des amendements de législation, vous dira-t-il. O.K.
Ça va. Je suis d'accord là-dessus. Mais il y a trois amendements
majeurs, par exemple.
Il y a trois amendements majeurs dont on aurait aimé discuter
comme parlementaires. On avait des choses à dire. On avait reçu
des représentations. Moi, j'avais pris la peine, dans mes
responsabilités de critique, d'aller passer deux jours à
Montréal, il y a à peu près un mois et demi, pour
rencontrer ces intervenants, dont le Conseil de l'île. Le Conseil de
l'île vous a fait des représentations pour modifier des choses du
projet de loi 69 en disant: Ça n'a pas de bon sens parce qu'on a
toujours eu la responsabilité de taxer au nom des commissions scolaires
et de redistribuer le montant que nous percevons pour s'occuper d'une meilleure
équité et ainsi de suite. Je les avais reçues, les
représentations du Conseil de l'île. J'aurais aimé
ça les discuter. Et là, dans les amendements, bien oui, il va
nous déposer ça tantôt, il va en mettre un en disant: Pour
le Conseil scolaire de l'île de Montréal, ça va être
normal qu'il continue à percevoir lui-même la taxe scolaire et
à établir un nouveau mode de répartition de la taxe entre
les commis-
sions scolaires situées sur le territoire de 111e de
Montréal. Ah bon! Ça, c'est normal. Le Conseil de l'île
peut venir à bout de faire comprendre le bon sens au ministre, mais pas
l'Opposition et pas tous les intervenants qui sont en défaveur. (22 h
30)
II va également modifier le libellé de la formule soumise
aux électeurs lors d'un référendum autorisant une
commission scolaire à dépasser l'une ou l'autre des limites de
taxation permises par la loi, soit 0, 35 $ par 100 $ d'évaluation ou un
montant parallèle, 500 $ ou 650 $. Le nouveau libellé
spécifie que, dans le cas où la limite dont on propose le
dépassement est celle du produit maximal de la taxe, le montant soumis
s'ajoute au montant parallèle permis par la loi.
Nos commentaires sur ces amendements, j'ai envie de ne pas en faire. Il
n'a pas voulu qu'on étudie le projet de loi, pourquoi je ferais des
commentaires sur les amendements? Il n'a pas voulu qu'on étudie le
projet de loi. On était rendus à l'article 3, il a dit: Non,
c'est fini. Motion de clôture. Alors, on le fera peut-être bien en
troisième lecture ou je ne sais pas quand. Mais quand même je
dirais que les modifications relatives au Conseil scolaire de l'île font
suite à des pressions et à des revendications du Conseil de
l'île lui-même, je viens de l'indiquer. C'est à pleine page
dans les journaux. "Le Conseil scolaire de l'île de Montréal veut
percevoir lui-même ses taxes. Les commissions scolaires veulent percevoir
elles-mêmes leurs taxes". Il y en avait à pleine page. Il aurait
pu les écouter. Alors, c'est ce qu'il a fait. Il propose un amendement
à la dernière minute, alors que c'est dans le projet de loi qu'on
aurait dû voir ça, pas un amendement. C'est dans le projet de loi
qu'on aurait dû avoir ça. Il savait bien que ça finirait
comme ça.
Il mentionnait tantôt: Est-ce que ça va être un effet
qui va durer un an ou... Parce qu'il dit: L'amendement que l'Opposition nous a
fait à l'article 3, c'est que ce projet de loi n'ait qu'une durée
d'un an. Bien sûr qu'on a fait ça parce que nous, on pensait que
ces gens-là avaient un peu de parole. On pensait que ces gens-là
avaient un peu le sens de l'honneur. Et quand l'Union des municipalités
a envoyé une lettre à M. Bourassa pour rétablir les
relations et ainsi de suite, M. Bourassa a dit: Bien sûr qu'on va
rétablir les relations et on va discuter tous tes points que vous
voulez. La tenue de véritables assises. La publication le plus tôt
possible par le gouvernement de l'ensemble de notre projet de
décentralisation et ainsi de suite. Sauf que, quand ils sont
arrivés: Est-ce à dire qu'on va pouvoir remettre sur la table
l'ouverture dans le champ foncier municipal par le monde scolaire? la
réponse du premier ministre, c'a été: Non, pas question.
Ça, vous ne jouerez pas là-dedans.
Et le ministre avait pris ses précautions en disant, lors de
l'adoption du principe... Et je le cite parce qu'il faut voir comment entre
souvent le beau discours de ces gens-là et ce qu'ils prêchent un
peu partout dans le Québec il y a un méchant écart.
D'ailleurs, pourquoi on a pris quelques heures, M. le Président?
C'était pour dire qu'il y avait un décret du Conseil des
ministres depuis le 6 novembre. Toute la stratégie démentielle,
toute la stratégie teintée d'hypocrisie et de factice
était connue dans le décret depuis le 6 novembre 1989, pas 1990,
et depuis le 6 novembre 1989 on avait dit: On clenche ces gens-là parce
que, dans le deuxième mandat, il faut commencer à clencher du
monde. C'est pour ça qu'il y en a tant dans les galeries, qu'il y en a
tant devant le parlement et il va y en avoir de plus en plus, parce que ces
gens-là sont conscients que, s'ils n'avaient pas l'Opposition, il
resterait le Conseil des ministres parce qu'ils veulent que l'Assemblée
nationale se déguise en Conseil des ministres.
Et là je cite le ministre qui disait ceci: "II faut bien se
rendre compte que les mesures annoncées par le gouvernement n'ont pas
été révoquées et ne sauraient l'être pour
l'exercice budgétaire en cours, c'est-à-dire 1990-1991. Il y a
également lieu de présumer, à moins d'avis contraire, que
le gouvernement qui a voulu instituer des modifications aussi importantes... "
Ah! Tantôt, c'était des niaiseries, tantôt il n'y avait rien
là. Le ministre a parlé cinq minutes et il a dit: Écoutez,
énervez-vous pas, il n'y a rien de majeur là-dedans là. Et
là je le cite. "Que le gouvernement qui a voulu instituer des
modifications aussi importantes - deux discours, ils parlent des deux
côtés de la bouche, ils peuvent bien appuyer quelqu'un - dans le
champ de la fiscalité scolaire, qui a assumé les risques
politiques inhérents à cet exercice, devrait avoir à
l'esprit des changements dont la nature et les effets ne seraient pas seulement
transitoires, mais seraient durables". Et ça, c'est le ministre de
l'Éducation qui a annoncé ça.
Alors, il ne faut pas se surprendre, M. le Président, que nous,
on arrive ici en Chambre et qu'on dise: Écoutez, on ne peut pas
être d'accord avec une façon de légiférer comme
ça. On ne peut pas être d'accord...
M. Boulerice: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous avez une question de
règlement en vertu de quel article?
M. Boulerice: De l'article 32, M. le Président. Vous avez
constaté comme moi, M. le Président. On bafoue les droits des
parlementaires. Mon collègue est bafoué dans sa liberté
d'expression. Je vous demande de faire appliquer l'article 32.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur
la question de règlement, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques voit des choses qu'il est le seul à voir. Le
député d'Abitibi-Ouest faisait une intervention et on
écoutait, et il avait l'air très à l'aise, ça avait
l'air de bien aller. L'article 32, je ne vois pas...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que c'est sur le
décorum, M. le député?
Une voix: Les banquettes.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur les banquettes.
Alors, il y a une tradition, une coutume, en Chambre. Lorsqu'un
député demande à la présidence de demander aux
députés de reprendre leurs sièges, le président
doit demander aux députés de reprendre leurs sièges.
Alors, je demande aux députés de reprendre le siège qui
leur a été assigné.
Une voix: Intolérance! Intolérance!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
MM. les députés, si vous voulez reprendre vos sièges, s'il
vous plaît.
Une voix: Intolérance! Intolérance!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député. M. le leader adjoint, si vous voulez poursuivre,
s'il vous plaît.
M. Gendron: alors, j'en étais à indiquer que
l'opposition nous venait de partout, tant du monde municipal que de l'upa
également, et c'est eux qu'on a voulu entendre en commission, et une
commission scolaire. et on a commencé à vouloir discuter sur le
fond du projet de loi. étant rendus à l'article 3, le leader du
gouvernement décide de mettre fin à nos travaux. et penser que
nous, on serait d'accord là-dessus et qu'on n'assume pas nos
responsabilités d'indiquer à la population que c'est pas mal plus
profond que ce qu'il a indiqué tantôt...
Ce n'est pas pour rien que, dans une lettre, M. Jean-Louis Desrosiers et
M. Nicolet faisaient la même chose: "Dans une telle perspective -
écoutez bien comment ça traduisait toute l'hypocrisie de ce
gouvernement-là - comment justifier une réforme du financement
scolaire qui, à moyen terme, ne pourra que creuser les
inégalités, pénalisera les plus démunis, accumulera
les obstacles au redressement collectif de régions entières.
Aucune forme de péréquation ne réglera des
problèmes de cette ampleur. L'expérience municipale l'a amplement
prouvé - parce qu'eux autres aussi, ils ont vécu un bout avec des
affaires de péréquation - ce sont les institutions, les
structures, les règles fiscales dont se dote l'État qui seules
peuvent d'abord annoncer la générosité des politiques,
puis concrètement garantir l'égalité des chances." Je vous
dis que cette phrase-là, M. le Président, est significative, je
la reprends: "Ce sont les institutions, les structures et les règles
fiscales dont se dote l'État qui seules peuvent d'abord annoncer la
générosité des politiques, puis garantir
l'égalité des chances."
À l'Assemblée nationale, dans le même discours
auquel je me référais précédemment, vous faites
allusion au fait que le gouvernement qui a voulu instituer des modifications
aussi importantes dans le champ de la fiscalité scolaire, qui a
assumé des risques politiques inhérents à cet exercice,
devait avoir à l'esprit des changements dont la nature et les efforts ne
seraient pas seulement transitoires. Et vous pensez, M. le Président,
que ça demeure convenant de se gourmer en Chambre, de faire, encore
là, semblant qu'on va rétablir un climat de confiance au niveau
du monde municipal, des intervenants municipaux, alors que, de toute
évidence, ce ne sera plus négociable. De toute évidence,
il est clair que, dans l'avenir, c'est à long terme. Et c'est pour
ça que nous, on a pris nos responsabilités. On avait
proposé un amendement à l'article 3 en disant: Pas plus qu'un an.
Parce que ça a commencé de même. C'était 75 000 000
$ au début, et ça devait être exceptionnel, uniquement
à cause de la conjoncture.
J'en profite également pour conclure. On voit qu'on aura beau
dire ce qu'on voudra, on a affaire à un ministre pour qui le pouvoir
centralisateur, ça fait partie intégrante de sa perception des
choses et de sa façon de gérer le ministère. C'est soit la
dérogation ou la centralisation. Vous verrez, pour ceux qui en prendront
connaissance. Mais c'est évident qu'ils ne sont même pas au
courant des amendements et ça va voter pour massivement. Je suis
convaincu qu'il n'y a pas un parlementaire qui a pris connaissance des
amendements; je suis convaincu de ça. Oui, M. le Président, je
suis convaincu qu'il n'y a aucun parlementaire, de l'autre côté de
cette Chambre, qui a pris connaissance des amendements. (22 h 40)
Et, à l'article 11, je vous lis juste la finale et je termine
là-dessus, pour vous montrer comment ça n'a pas de bon sens.
"Le ministre statue sur tout différend qui lui est ainsi soumis;
il peut à cette fin modifier le montant que détermine le Conseil
pour ses besoins, les époques de versement ou les règles de
répartition du Conseil" de l'île de Montréal.
Savez-vous après quoi il met ça? Après avoir dit au
Conseil de l'île: Je vous laisse le pouvoir de taxer. C'est vous autres
qui l'avez. Je répète le paragraphe en concluant: Mais c'est moi,
après que vous aurez assumé la responsabilité que je vous
donne, qui me réserve encore une fois...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur une question de
règlement, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Est-ce que vous
pourriez, s'il vous plaît, vérifier le quorum en cette
Chambre?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a quorum. M.
le député, si vous voulez conclure.
M. Gendron: M. le Président, en disant que, lorsqu'un
ministre prétend que constamment il y a lieu de finir ses amendements
par des dispositifs où il doit constamment avoir la mainmise sur tout ce
qui se passe, ça ne peut pas faire autrement que recevoir des lettres de
résolutions de diverses commissions scolaires en disant - je conclus
là-dessus - deux objectifs pas atteints, on n'a pas de marge de
manoeuvre, puis c'est un projet très centralisateur qui ne nous donne
aucune autonomie additionnelle et, en conséquence, c'est clair que c'est
inacceptable, puis on va se battre jusqu'à la dernière once
d'énergie qui nous restera pour dénoncer ce gouvernement
hypocrite.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous poursuivons le
débat maintenant avec M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. Il est clair que
le bâillon qui nous a été imposé par le gouvernement
actuellement nous permet de constater que le débat qui devait avoir lieu
entre les municipalités et le gouvernement du Québec n'a pas eu
lieu. Ça a été un débat escamoté, ce qui a
eu pour effet que nous, comme parlementaires, on est obligés de
reprendre ce débat-là et de le mettre sur la place publique.
À l'intérieur, bien sûr, du cheminement qu'on a
vécu, on a constaté des choses excessivement
intéressantes. D'abord, contrairement à ce qu'on a appris au
cours du mois de mars, de même que les municipalités, concernant
le pacte municipal Québec-municipalités, c'est que la bataille
n'a pas commencé à cette date-là, mais elle a
commencé effectivement lors de l'adoption de principe à un
Conseil de ministres le 6 novembre 1989. C'est comme ça que ça
s'est déroulé et c'est comme ça que la décision a
été prise.
Nous apprenions, par cet arrêté en conseil, que le ministre
des Affaires municipales avait été chargé, en
collaboration avec le président du Conseil du trésor, de trouver
une formule pour couper ou pour chercher des sources de financement pour le
monde scolaire comme des sources de restrictions budgétaires. C'est un
peu tout ça qui a été compris, ce qui fait que ça a
pour effet de fausser le débat et ce débat-là n'a pas eu
lieu.
Ce qui est curieux - et là, je vois presque une vengeance de la
part du ministre de l'Éducation qui, lorsque le pacte municipal a
été signé en 1979, même s'il était dans
l'Opposition, avait assisté non pas indifférent, mais n'avait
jamais accepté le pacte fiscal entre les municipalités et le
gouvernement du Québec - le même ministre décide ou pilote
le projet pour justement défaire ce pacte-là et, en retour, il
fait exactement le même cheminement, la même chose. En 1979, le
monde scolaire était exclu - je pense que c'est loin d'être
prouvé, je pense que, au contraire, le gouvernement avait
été bien respectueux par rapport à ça - en 1990, le
monde municipal est complètement écarté de la discussion,
ce qui fait que, d'une façon ou de l'autre, il y a quelqu'un qui a
été mis hors de combat avant de partir et moi, je pense que, de
ce côté-là, le ministre de l'Éducation a
réussi à mettre knock-out le ministre des Affaires municipales,
parce qu'il n'a pas participé au débat. Il a répondu
à des questions si peu lorsqu'on l'a questionné au cours de
différentes séances de l'Assemblée nationale, il a
répondu si peu que, effectivement, le ministre de l'Éducation a
gagné sa partie de bras de fer avec le ministre des Affaires
municipales. Et c'est de même que la question est en train de se
régler.
Le ministre de l'Éducation dit aussi: Quand on fait ça,
vous savez, ce n'est pas... Parce que les commissions scolaires disaient: On
veut revaloriser notre assiette fiscale, parce que ça ne ressemble pas
à ce qui nous avait été accordé, en 1979, par le
gouvernement du Québec. Donc, elles demandaient une revalorisation
d'environ 75 000 000 $. Le ministre est allé un peu plus loin que
ça et il a dit: Écoutez un peu, il faudrait peut-être vous
donner un peu plus d'autonomie. Quelle est la forme d'autonomie que le ministre
de l'Éducation veut accorder à ses commissions scolaires ou, en
fait, à ses créatures, parce qu'il a la main haute sur les
commissions scolaires, comme sur à peu près tout ce qu'il touche?
Il a dit aux commissions scolaires: Je vais vous donner le pouvoir de taxer
pour 320 000 000 $. Pour ça, il y a là un montant dont vous allez
vous servir pour l'entretien des écoles. Puis, je vais vous accorder 13
000 000 $ de valorisation de l'assiette fiscale. Parce qu'il faut faire
attention. On pense souvent que 40 000 000 $ sur 320 000 000 $... Il y a 27 000
000 $ qui sont une forme de bien-être social pour les commissions
scolaires qui n'ont pas suffisamment de revenus. Donc, pour valoriser les
commissions scolaires, on va leur maintenir le souffle, on va leur donner la
respiration artificielle pour qu'elles demeurent à peu près au
niveau où elles peuvent se tirer d'affaire. Mais il n'y a pas de
richesse excessive et il n'y a pas beaucoup de municipalités dans les
comtés les mieux nantis du Québec. Donc, il y a
27 000 000 $ pour garder une équité artificielle, parce
que, effectivement, il n'y aura pas une assiette fiscale valorisée. Pour
les autres, on va vous donner 13 000 000 $, donc la valorisation de
l'assiette.
Donc, pour "collecter" 320 000 000 $ de taxes, là, ça va
donner à peu près 4 % de commission. C'est ça que
ça donne aux commissions scolaires: 4 % de commission pour faire le
travail d'un gouvernement qui ne veut pas faire son travail. C'est ce qu'on
appelle l'autonomie? Je dis: Loin de là. Non seulement il n'y a pas
d'autonomie, parce que gérer le personnel pour faire l'entretien, ce
n'est pas une grosse autonomie, pour savoir si les écoles sont en bon
état ou pas, mais, en même temps, on leur dit: On va vous fixer
votre assiette. Elles ne peuvent pas "collecter" comme elles le veulent, les
commissions scolaires: 0,35 $, c'est le maximum. Il n'y a rien de
changé. En 1989, les commissions scolaires n'étaient pas plus
autonomes, parce qu'elles taxaient en fonction de ce que le ministre des
Finances décidait. Il n'y a pas plus d'économies après
qu'avant. Ça, je pense qu'il faut le faire ressortir.
Je pense que le ministre de l'Éducation, lorsqu'il parle de
l'autonomie des commissions scolaires, à moins qu'il n'ait autre chose
dans la tête, qu'il ne veuille aller beaucoup plus loin... Parce que, ce
qu'on a appris, c'est que ce n'est pas 320 000 000 $ - ça c'est le
commencement, c'est juste la pointe de l'iceberg - c'est 1 400 000 000 $. Parce
qu'il y a d'autres ministères qui ont les mêmes ambitions et les
mêmes prétentions. Quand on parle du ministre des Transports, lui,
il dit: Je veux avoir de l'argent. Les routes, on va donner ça aux
municipalités. Une autre belle jambe. On traverse ça de l'autre
côté. Vous allez "collecter" les taxes. Ça fait une
deuxième passe rapide. Le ministre de l'Environnement fait la même
chose: Moi, j'ai besoin du concours des municipalités. Je suis
prêt à leur donner un certain nombre d'obligations. Je ne parle
pas d'argent. Vous allez "collecter" des taxes pour le travail que vous allez
donner.
M. le Président, il ne faut pas se surprendre que l'Opposition se
soit faite le défenseur des petits. Parce que, dans ce projet de loi,
c'est sur les contribuables qu'on frappe. On semble défendre les
municipalités, mais, à l'intérieur des
municipalités, ce sont tous les contribuables qu'on défend.
Combien de décisions ou de responsabilités on a données
aux municipalités depuis 10 ans? Je ne vais pas en faire une
enumeration, mais l'assainissement de l'eau, l'enfouissement sanitaire, les
neiges usées, il y a un nombre assez important de responsabilités
qui ont été confiées aux municipalités. Elles l'ont
fait pourquoi? Parce qu'elles avaient une assiette fiscale qui semblait
intéressante. Aujourd'hui, par l'intrusion du scolaire dans le
municipal, il est de plus en plus évident que les gens n'iront pas deux
fois piger dans la même assiette. Et ça fait une contrainte
supplémentaire.
Le gouvernement, dans le même souffle, nous dit: Vous savez, j'ai
sauvé à peu près... J'ai baissé, depuis les quatre
dernières années, 1 300 000 000 $. Je ne sais pas où il
les a baissés, parce que j'ai comme l'impression qu'on en paye toujours
de plus en plus. Et je fais appel au bon sens de l'ensemble de la population
qui suit ce débat, à savoir si les gens ont l'impression que,
depuis cinq ans, ils payent moins de taxes qu'avant. Les 1 300 000 000 $, je ne
sais pas où ils ont passés, mais il y a un court de caisse de 1
300 000 000 $. S'ils avaient été des bons administrateurs comme
ils le prétendent, ils auraient peut-être pu ne pas baisser les
taxes, parce qu'on n'en voit pas tellement le résultat, mais, en faisant
ça, ils auraient pu prendre leurs responsabilités au lieu
d'essayer de les transférer aux autres. Ce n'est jamais fini avec
ça. (22 h 50)
Donc, il y a des taxes qui ont été mises, des taxes
hypocrites, des taxes cachées, des taxes qui vont s'appliquer
après. Mais, dans le fin fond ou dans l'exactitude des faits, c'est 140
$ qu'on transfère sur les petits contribuables. Voilà une
façon de bien les récompenser de vouloir se loger et de ne pas
vouloir être à la charge de l'État. Et ça, c'est
quoi? C'est les familles qui sont attaquées. Ce sont les personnes
âgées. C'est un peu tout ça. Et les seuls arguments qu'on a
pour aller chercher de la taxe là, c'est que la propriété,
c'est une coutume. Ça semble être dans la manière de faire
en Amérique. Il n'y a pas de relation entre l'éducation et la
propriété. Mais c'est la coutume. Donc, la coutume, il faut
respecter ça et notre distinction, c'est d'essayer d'être pareil
à l'Ontario. Et on se compare juste quand ça fait notre affaire.
Si c'est vrai qu'on veut se comparer à l'Ontario, je dis: Qu'on
décide de descendre le chômage à 5 %.
Voilà un certain nombre de raisons et j'en aurais bien d'autres,
M. le Président. J'aimerais ça pouvoir développer ce
sujet-là beaucoup plus, avec beaucoup plus d'argumentation, plus
fortement. Mais il est inacceptable que la position du gouvernement actuel, qui
a pour effet de siphonner... Parce qu'on siphonne dans le régime
d'assurance automobile, mais on siphonne aussi dans les poches du petit
contribuable les montants nécessaires non pas à
l'éducation, mais à l'administration des commissions scolaires.
Ça, c'est une autre paire de manches, et je ne vois pas de quelle
façon le gouvernement peut faire ça les yeux bien ouverts et avec
fierté et élégance. Je dis non à cette
action-là et ce n'est pas après treize heures qu'on clôt un
débat aussi important. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme
la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, nous ne serions pas ce soir en train de discuter de ce projet
de loi si le gouvernement n'avait pas abdiqué ses responsabilités
en matière d'éducation, s'il avait eu le courage, comme il se
doit, comme il aurait été normal qu'il le fasse, d'aller
chercher, par le biais de l'impôt sur les particuliers, les sommes
nécessaires au fonctionnement des commissions scolaires du
Québec. Un projet que nous n'aurions pas à discuter aujourd'hui
s'il avait pris ses responsabilités, s'il avait eu le courage de les
prendre.
M. le Président, le projet de loi que nous avons sur la table
permettra à ce gouvernement d'imposer aux propriétaires fonciers
des taxes nouvelles de 321 000 000 $ pour cette année seulement et on
estime que, d'ici à quelques années, ce sera annuellement 1 400
000 000 $. Le gouvernement, qui s'est vu couper les transferts par le
fédéral, n'a pas pris ses responsabilités. Il s'est
tourné vers les commissions scolaires et il a dit: Moi, je n'ai pas le
courage de prélever des taxes: vous, vous allez le faire à ma
place. C'est ce pourquoi, ce soir, M. le Président, nous sommes en train
de discuter de ce projet de loi.
C'est un projet de loi à ce point contesté que le
gouvernement, après dix-neuf heures de commission parlementaire - et
c'est une atteinte à la démocratie, aux droits des parlementaires
-a bâillonné l'Opposition. Pourquoi pensez-vous que le
gouvernement a bâillonné l'Opposition? Parce que l'Opposition s'en
allait dans toutes les directions? Parce que l'Opposition défendait un
dossier qui n'était pas appuyé par la population? Parce que
c'était un bon projet de loi? C'est pour ça que le gouvernement a
bâillonné l'Opposition? Non, M. le Président. M. le
Président, si le gouvernement a cru bon et utile de bâillonner
l'Opposition, de brimer les droits des parlementaires, d'empêcher qu'on
exerce nos responsabilités fondamentales de représenter les
citoyens et les citoyennes du Québec, c'est parce que ce projet de loi
est fortement contesté. Nous aurions l'air complètement
demeurés si nous étions en train d'essayer d'amener ce
gouvernement à entendre les partenaires sur une bonne loi. Tout le monde
dirait: À quelle place qu'ils s'en vont? Si nous avons pu le faire, si
nous le faisons, c'est parce que nous savons tous - et ils le savent aussi -
que ce projet de loi est contesté et contestable.
Contesté et contestable et on a imposé le bâillon.
Vous savez pourquoi, le bâillon? Parce que le gouvernement sait - et le
ministre s'en est aperçu le premier - que plus on avançait dans
l'examen du projet de loi, plus les partenaires trouvaient que le projet de loi
était mauvais et, M. le Président, y compris les commissions
scolaires qui, au premier abord, se sont laissées impressionner par le
discours du ministre. Vous savez, il a le tour le ministre. Il disait:
Ça va vous donner des nouveaux pouvoirs. Ça va vous donner une
plus grande autonomie. Les commissions scolaires l'ont cru au départ.
Mais plus elles examinaient le projet de loi, plus les commissions scolaires,
les seules qui auraient pu être satisfaites de ce projet de loi,
disaient: On n'en veut pas dans cette formule-là, on n'en veut pas.
Les commissions scolaires, les municipalités et l'UPA l'ont dit
avec beaucoup de vigueur. Le gouvernement a refusé de les entendre parce
qu'il savait pertinemment qu'elles seraient contre le projet de loi. En venant
se faire entendre, elles auraient pu ainsi mobiliser un peu l'opinion publique.
Alors, si le gouvernement a imposé le bâillon, ce n'est
certainement pas parce que c'était un projet de loi qui était bon
et ce n'est certainement pas parce que c'était un projet de loi qui
était apprécié; c'est parce qu'il craignait que les gens
s'aperçoivent qu'il s'agissait d'un mauvais projet de loi où le
gouvernement abdique ses responsabilités.
Vous aurez remarqué également - ce soir, c'était
assez frappant - que le ministre a changé son discours. D'un projet de
loi qui ne modifiait pas sensiblement la capacité des
municipalités à aller chercher des revenus par le biais de la
taxe foncière, dès le départ, le ministre reconnaît
qu'il y a un changement dans l'équilibre, et je le cite: "Un changement
dans l'équilibre du partage de l'assiette fiscale entre les commissions
scolaires et les municipalités." Là, il le reconnaît, ce
soir.
Vous ne l'avez pas non plus entendu parler d'un pouvoir accru pour les
commissions scolaires, parce que là il ne pouvait plus tenir le discours
parce qu'on lui disait, en commission parlementaire: M. le ministre, on ne peut
pas parler de pouvoir, parce qu'ils sont allés chercher notre taxe. Le
pouvoir de taxation. Il existe un véritable pouvoir lorsque vous pouvez
utiliser le fruit de la taxation pour atteindre vos objectifs particuliers, pas
pour aller entretenir des équipements. Les commissions scolaires ne
veulent pas de ça. Les commissions scolaires, les équipements,
les bâtisses, qu'est-ce que vous voulez que ça leur fasse? Ce que
les commissions scolaires veulent comme pouvoir, c'est définir les
objectifs et avoir les budgets nécessaires pour se donner des objectifs,
une pédagogie, des services qui correspondent aux besoins de leur
communauté. C'est ça que les commissions scolaires veulent et il
n'y a rien dans de projet de loi qui va leur permettre ça, M. le
Président.
Curieusement, nous n'avons pas non plus entendu le ministre parler de
pouvoirs additionnels, parce qu'il sait bien qu'il n'en existe pas, pas plus
qu'il n'existe d'autonomie accrue pour les commissions scolaires. La marge de
manoeuvre, par exemple, parlons-en. La marge de
manoeuvre, c'est moins de 1 % pour les commissions scolaires. Il n'y a
pas plus de pouvoirs, pas plus d'autonomie et les marges de manoeuvre, c'est
ridicule. Par exemple, ce projet de loi, M. le Président, va obliger les
propriétaires fonciers des régions à payer le maximum de
la taxe. Vous allez comprendre. Dès que vous êtes dans une grande
municipalité, vous allez payer à peu près 50 % moins
d'impôt foncier que si vous étiez dans une région
éloignée parce que la valeur foncière, dans nos petits
villages, dans nos régions éloignées, est beaucoup moindre
et elle n'est même pas suffisante pour combler les besoins des
commissions scolaires et là, on va avoir recours à la
péréquation.
La péréquation, M. le Président, vous savez ce que
c'est. La péréquation, c'est quand vous avez un système
qui est inéquitable, qui ne permet pas de donner les mêmes
services. Là, on dit: C'est bien, on va faire la
péréquation. Terre-Neuve connaît ça; elle a tout
près de 8000 $ par personne, par citoyen qui lui reviennent en
péréquation parce que c'est une province pauvre, une province
à l'endroit de laquelle on a la même attitude qu'on a à
l'endroit des assistés sociaux. La péréquation, M. le
Président, dans les commissions scolaires: on fait des commissions
scolaires du Québec en région des assistés sociaux du
réseau scolaire parce qu'elles seront toujours obligées d'aller
défendre le maintien des ressources en dépit de la
décroissance, par exemple, des clientèles. On en fait des
assistés sociaux. La responsabilité d'un gouvernement, c'est
d'assumer entièrement les frais de l'éducation pour que les
services soient les mêmes, quelle que soit la région, et qu'une
région, parce que plus pauvre, ne se sente pas à la remorque des
autres commissions scolaires pour subvenir à ses besoins. C'est
méprisant et c'est dévalorisant pour des individus, mais
ça l'est également pour des commissions scolaires, M. le
Président.
Les équipements scolaires ont de bonnes chances de ne pas
être égaux sur le territoire du Québec. Que les
équipements scolaires ne soient pas comparables d'une région
à une autre, M. le Président, ça a un effet direct sur la
qualité de l'éducation. La qualité de l'éducation
dépend des équipements que vous avez en main pour la dispenser.
Et, là, on va introduire une iniquité dans la dispensation des
services éducatifs. On remet en question le droit à
l'éducation, à un service éducatif égal, quel que
soit votre lieu de résidence. C'est ça qui est remis en question
par le biais de ce projet de loi, M. le Président.
L'éducation, c'est une responsabilité de l'État,
tout comme la santé, M. le Président. Il n'est pas permis
d'introduire une disposition qui vient remettre en question ce principe
fondamental. Nous étions convaincus qu'il s'agissait là d'un
acquis de notre société, d'un droit inaliénable qui
reconnaissait que, quel que soit votre lieu de résidence, vous aviez
droit à l'éducation.
C'est intéressant pour une société, pour un
gouvernement, que les gens soient scolarisés, c'est même
extrêmement rentable, c'est prouvé. Alors, d'abord, c'est un
mauvais calcul, c'est inéquitable et c'est un gouvernement qui n'a pas
le sens des responsabilités. (23 heures)
M. le Président, le projet de loi que nous avons sur la table
introduit de l'inéquité, fait des commissions scolaires des
commissions scolaires assistées sociales du réseau scolaire,
appauvrira les régions en matière de services éducatifs,
en matière de qualité des équipements, M. le
Président, mais plus sérieusement, ce qui est tout à fait
inacceptable - je cherche un terme qui soit parlementaire, M. le
Président -c'est ce mépris que ce gouvernement a eu à
l'endroit de son principal partenaire qui s'appelle les
municipalités.
Tout ça s'est fait en cachette, non seulement des
municipalités, mais du ministre des Affaires municipales. Ça
s'est concocté en catimini entre le ministre de l'Éducation et le
président du Conseil du trésor et, quand le ministre des Affaires
municipales s'en est aperçu, il était comme un peu trop tard. Ils
ont un peu trompé tout le monde en disant: D'abord, on va aller chercher
75 000 000 $. Alors, les municipalités se sont dit: 75 000 000 $, de
façon temporaire, ça peut toujours aller. Elles se sont
réveillées le lendemain matin, c'était rendu à
quelque chose comme 190 000 000 $ et, à terme, nous sommes rendus pour
cette année à 321 000 000 $. Et, au total, on estime qu'il en
coûtera 1 400 000 000 $, de 75 000 000 $ à 1 400 000 000 $. Le
gouvernement a trompé ses principaux partenaires que sont les
municipalités et, sans consultation, il a modifié, comme l'a dit
le ministre, d'entrée de jeu, il a apporté un changement dans
l'équilibre du partage de l'assiette fiscale entre les commissions
scolaires et les municipalités, et les partenaires n'étaient pas
dans le coup, M. le Président. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): merci, mme la
députée de chicoutimi. je reconnais maintenant le prochain
intervenant, m. le député de rimouski et adjoint parlementaire au
ministre de l'éducation.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, vous me
permettrez d'ajouter mon propos au sujet de l'adoption du projet de loi 69,
surtout sa prise en considération suite au rapport de la commission de
l'éducation. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les
propos de l'Opposition, surtout de Mme la députée de Chicoutimi
qui a tendance à vouloir traduire dans ses propos des intentions
beaucoup plus grandes ou attribuer au gouvernement des intentions beaucoup
plus
grandes qu'on a là virtuellement. Je qualifierais même ses
propos...
M. Boulerice: Question de règlement, M. le
Président. Je vous demanderais de bien vouloir vérifier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais vérifier
ça, M. le député. Qu'on appelle les députés,
s'il vous plaît!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Une voix: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît, M. le député! S'il vous plaît! Vous
pouvez poursuivre, M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Alors, M. le Président, j'allais
dire que la députée de Chi-coutimi avait tenu des propos
démagogiques à l'effet de laisser entendre que nous avions
l'intention, comme gouvernement, d'aller chercher 1 300 000 000 $ avec la
ponction que nous voulons faire pour la taxe scolaire. Bien au contraire, nous
avons établi bien correctement nos positions et je pense que notre
discours est bien connu, il est bien clair et bien net. La ponction maximum que
nous pouvons aller chercher l'année prochaine est de l'ordre de 312 000
000 $. Alors, bien au contraire de ce que la députée de
Chicoutimi veut laisser entendre, nous n'avons pas l'intention d'aller chercher
des sommes supplémentaires à ce montant de 312 000 000 $ pour
l'année prochaine.
Elle laissait entendre que les commissions scolaires étaient des
assistées sociales du système. Imaginez-vous! Des commissions
scolaires au Québec étaient sous-financées. Nous n'en
disconvenons pas. Les commissions scolaires n'ont peut-être pas la
totalité du financement dont elles auraient besoin. Cependant, nous
devons constater que les commissions scolaires ont des surplus accumulés
de l'ordre d'à peu près 130 000 000 $, ce qui n'est pas une somme
énorme, mais c'est loin d'être une situation désastreuse.
L'opération que nous allons faire pour aller chercher des taxes
scolaires dans l'impôt foncier donnera une marge supplémentaire de
41 000 000 $ aux commissions scolaires, de façon à leur donner un
petit peu plus de marge de manoeuvre et assumer leurs
responsabilités.
Nous avons entendu la députée de Chicoutimi nous faire un
reproche, à savoir d'avoir bâillonné l'Opposition. Bien au
contraire, nous n'avons pas bâillonné l'Opposition. Nous les avons
entendus 23 heures de temps en commission parlementaire pour finalement n'avoir
procédé à l'adoption d'aucun article du projet de loi.
Alors, quand on entend l'Opposition faire de l'opposition systématique
à un projet de loi, la bonne volonté n'étant plus, il nous
faut procéder. Et nous avons procédé comme gouvernement et
nous avons demandé de suspendre les règles et nous les avons
effectivement suspendues de façon à assumer nos
responsabilités comme législateurs et comme gouvernement.
Le critique officiel de l'Opposition nous reproche aussi d'avoir
refusé d'entendre des organismes, entre autres, l'UMQ et l'UMRCQ. Bien
au contraire, nous les avons invités. Nous leur avons donné un
temps d'antenne, une heure chacun, et, nécessairement, ils n'ont pas pu
répondre à notre invitation. Alors, encore là, nous
n'avons pas refusé d'entendre les organismes; au contraire, nous avons
voulu les entendre, mais les organismes n'ont pu se présenter en temps
et lieu et, forcément, nous avons dû procéder à
l'étude article par article du projet de loi. Mais, comme l'Opposition a
fait un refus de collaborer, nous n'avons pu adopter aucun de ces articles et,
par conséquent, il nous a fallu passer à la loi des mesures
exceptionnelles.
Maintenant, le critique officiel de l'Opposition semble laisser entendre
qu'il n'y aura aucun revenu autonome pour les commissions scolaires. Mais je
dois vous dire que toutes les commissions scolaires recevront un revenu
autonome augmenté net de 5 %, ce qui est loin d'être
négligeable. C'est-à-dire que les 41 000 000 $ plus le
système de péréquation feront en sorte que le»
commissions scolaires auront une marge de manoeuvre nette d'environ 5 % pour
les aider à subvenir à leurs besoins.
La péréquation aussi est un excellent système.
C'est un système qui va aider des commissions scolaires plus petites ou
encore qui ont moins d'argent à pouvoir avoir accès à une
source de financement qui viendra équilibrer la taxe scolaire à
travers la province de Québec.
Le projet de loi qui a 22 articles, nécessairement, a eu droit
à des amendements. Sou-ventefois, l'Opposition nous reproche ou reproche
au ministre d'apporter beaucoup d'amendements. Pourquoi apportons-nous des
amendements? Nous apportons des amendements parce que nous sommes à
l'écoute de l'Opposition, nous sommes à l'écoute des
commissions scolaires, nous sommes à l'écoute de la population
et, de ce fait, en cours de route, nous sommes en mesure d'apporter des
amendements plutôt que de laisser partir la loi avec des
règlements qui ne feraient pas l'affaire de la collectivité.
La députée de Chicoutimi a tendance à vouloir
laisser entendre que le ministère de l'Éducation, ou encore le
ministre de l'Éducation ou le gouvernement n'a pas une attention
particulière pour la qualité ou l'aspect pédagogique.
Dois-je vous dire que nous avons une très grande considération
pour l'aspect pédagogique? A preuve, nous avons signé une
convention
collective avec l'ensemble des enseignants au québec et avec
l'ensemble des différents services qui sont offerts dans les commissions
scolaires, offerts par les personnels. alors, tous les personnels des
commissions scolaires ont vu leur convention collective reportée, et
avec des augmentations substantielles et, nécessairement, ça a eu
pour effet d'améliorer le climat à l'intérieur de
l'école. quand j'entends la députée de chicoutimi nous
blâmer de ne pas donner un apport particulier à l'aspect
pédagogique, je pense que quand nos personnels sont heureux à
l'intérieur des commissions scolaires, à ce moment-là, le
climat étant meilleur, je pense qu'on peut s'attendre que les
enseignements seront également meilleurs. (23 h 10)
II faut considérer aussi les enveloppes de fonctionnement des
commissions scolaires qui sont indexées et qui donnent à ce
moment-là un petit peu plus d'argent aux commissions scolaires pour
l'augmentation des services à leur équipement scolaire.
M. le Président, lorsque j'entends l'Opposition nous dire que
nous ne tenons pas compte des lettres de M. Desrosiers ou de M. Nicolet, les
deux présidents des Unions des municipalités et que ces
gens-là nous disent que la péréquation ne règle pas
le sous-financement des commissions scolaires, dois-je vous dire qu'à ce
moment-là, si nous n'en avions pas du tout de péréquation,
je me demande quelle formule magique nous pourrions inventer pour donner un
juste équilibre des ressources financières des commissions
scolaires dans l'ensemble du territoire québécois.
Le député de Jonquière nous a dit que nous avions
à ce moment-là trompé la population parce que nous avions
trompé les municipalités. Bien au contraire, nous avons entendu
les municipalités. Dans un premier temps, celles-ci nous ont
laissé entendre qu'elles étaient prêtes à nous
laisser un champ de taxation de 75 000 000 $. Nécessairement, le
gouvernement en avait besoin d'un peu plus et nous avons profité de la
circonstance pour pouvoir donner au gouvernement un petit peu plus de marge de
manoeuvre et c'est pourquoi le projet de loi que nous avons devant nous
présentement, le projet de loi 69, permettra aux commissions scolaires
d'aller chercher une taxation de 0,35 $ dans la piastre. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous poursuivons
maintenant le débat avec l'intervention de M. le député de
Laviolette. M. le député.
Motion d'ajournement
M. Jolivet: M. le Président, avant de commencer mon
intervention, je voudrais vous faire une motion qui est la suivante: Qu'en
vertu des dispositions de l'article 100 du règlement de
l'Assemblée nationale, le débat en cours soit ajourné.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, votre motion d'ajournement du débat est recevable
et je vous cède la parole.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je suis bien heureux
de savoir que la motion que je présente est une motion recevable,
d'autant plus que la demande d'ajournement que je fais de ce débat est
basée sur beaucoup d'arguments. Je vais vous en donner un comme exemple.
Le ministre va me regarder avec un drôle d'air en disant: Pas encore
celui-là, ça n'a pas de bon sens.
Au début du mandat en 1985, le ministre de l'Éducation est
arrivé en cette Assemblée avec un projet de loi. Le projet de loi
touchait la commission scolaire du Nouveau-Québec. Il avait pour but
d'intégrer l'ensemble des bâtisses de cette commission scolaire
qui avait été mise sur pied, à l'époque, pour
donner des cours à des jeunes à la Baie James. Alors, quand le
gouvernement est arrivé au pouvoir en 1985, il s'est retrouvé
avec une certaine obligation qui avait fait suite aux négociations avec
les gens du Nord pour permettre justement que la commission scolaire ne soit
plus sous la responsabilité de la Société d'énergie
de la Baie James qui avait la responsabilité d'organiser les services
dans le milieu, mais beaucoup plus selon le système normal et
traditionnel des commissions scolaires.
Le projet de loi avait quatre articles et, comme ce projet de loi avait
quatre articles, sur le coup, comme critique de l'Opposition en matière
d'éducation, je me suis dit: Bien, ça ne doit pas être
difficile, un projet de loi de quatre articles, vous avez l'introduction, la
fin puis deux articles à l'intérieur. Ce n'est pas grand-chose.
Ça doit être facile J'ai quand même pris le projet de loi.
J'ai demandé à mon collègue, le député
d'Ungava qui était un nouveau à l'Assemblée à cette
époque, d'examiner avec sa commission scolaire ce qui se passait. La
réponse est venue directe, rapide de la commission scolaire: Ça
n'a pas de bon sens, M. le Président, oh est en train de nous
spolier.
Comme commission scolaire, on nous donne des obligations et on nous
enlève la crème sur le gâteau et, en plus, on nous donne la
crème sûre. Et là, les gens ont dit: Ça n'a pas de
bon sens, il faudrait que le ministre nous entende. Alors, j'ai fait mon
travail d'Opposition. J'ai dit au ministre, en le rencontrant avant qu'on
débute l'étude du principe: M. le ministre, d'après les
renseignements que j'ai, il y a quelque chose qui se passe. Vous devriez
peut-être consulter plus à fond, plus profondément, vous
devriez avoir la chance de regarder avec la commission scolaire et moi, comme
membre de l'Opposition, dans ce qu'on appelle une rencontre
particulière. Donc,
des auditions particulières, entendre ce que la commission
scolaire a à dire. Le ministre me voue depuis ce temps une
sincérité la plus forte du fait que je l'ai aidé à
éviter une erreur. Le ministre sait très bien que, n'eût
été de l'intervention que je lui ai demandée, il se serait
fait passer, comme on dit en bon québécois, un sapin. Ses
fonctionnaires, voyant arriver un nouveau ministre, comme il est normal, il
arrive, disent: On va lui en passer une petite vite. La petite vite, c'est le
ministre qui, je dis bien normalement, parce que ce n'est pas toujours vrai...
Il est considéré comme un homme méticuleux, consciencieux,
qui examine de fond en comble les sujets, mais je vais vous dire que,
n'eût été de mon intervention, cette fois-là il ne
le faisait pas comme ça. Ce n'est pas la seule fois d'ailleurs qu'il
risque et, même dans celui-là, j'ai quelques craintes. Alors, je
me disais: Si je prends cet exemple qui a fait en sorte que le ministre a
été obligé de réimprimer le projet de loi, suite
à l'audition particulière que nous avons eue, suite aux
représentations que nous avons faites, je dois dire que j'ai
utilisé mon pouvoir d'Opposition de devoir donner mon consentement,
parce que le but du ministre était exactement le mien, ce n'était
pas de pénaliser la commission scolaire, mais, vous savez, il n'avait
pas toute la responsabilité comme ministre. Il y avait un ministre
à l'époque qui s'appelait Gobeil, qui était
président du Conseil du trésor et qui avait pour but d'aller
chercher un peu plus d'argent. Il s'est aperçu que le président
du Conseil du trésor était en train de lui jouer un tour avec
l'aide de ses fonctionnaires du ministère. Le ministre a changé
d'idée, mais là ça lui prenait mon opinion et mon accord.
Si le ministre veut le prendre comme tel, mon droit de veto.
Comme membre de l'Opposition, ne voulant pas pénaliser la
commission scolaire, j'ai accepté, avec le ministre, la
réimpression du document: huit nouveaux articles sont apparus et j'ai
profité de la circonstance pour régler un petit problème,
le ministre s'en souvient, celui des professionnels non enseignants
intégrés à la commission scolaire pour leur donner une
justice que le projet de loi ne leur donnait pas.
Alors, si je demande ce soir l'ajournement du débat,
peut-être que pendant cet ajournement de ce débat qui est en
cours, M. le ministre va dire: le député de Laviolette et ses
collègues ont peut-être raison. Il serait peut-être mieux
que je me recule un peu, que je regarde avant d'agir. Je sais que c'est plus
dur pour lui, cependant, M. le Président, parce que le ministre a
été l'initiateur. Des fois j'ai quasiment l'impression, mais je
ne peux pas lui prêter d'intention, mais je peux dire: peut-être
même dans le dos du ministre des Affaires municipales. Le ministre des
Affaires municipales a pris, pour une rare fois, des vacances au mois de
janvier. Même si le ministre des Affaires municipales avait
accepté le décret du mois de novembre, il n'était pas
présent à ce moment-là. C'est quand il est revenu qu'il a
été tout surpris. On a même eu des conversations de
corridor où le ministre des Affaires municipales s'est fait donner des
petites tapes dans le dos par ses employés, par des gens, lui disant:
C'est une mauvaise passade à faire, puis le ministre reste en place.
N'ayez pas peur, on va vous aider. Mais, pendant ce temps-là, le
ministre des Affaires municipales se faisait avoir rondement, pour ne pas dire
directement, par un ministre qui semble être un peu plus fort, qui est
supposé voir ses dossiers davantage, le ministre de
l'Éducation.
Là on a fait accroire à du monde des choses, de telle
sorte, M. le Président, que j'aurai l'occasion de revenir sur le fond,
mais je vous dirai que cette inquiétude demeure dans mon esprit. Comme
elle demeure dans mon esprit, il me semble qu'un ajournement de ce débat
pourrait permettre au ministre de l'Éducation d'aller se coucher, de
nous permettre d'aller nous coucher et de regarder ça et de revoir
demain, peut-être après la période de questions, et dire:
M. le Président, M. le député de Laviolette avait raison.
En conséquence, je vais demander à mon leader de ne point
rappeler le sujet en discussion. On reverra ça à l'automne.
Peut-être qu'entre-temps on aura eu l'occasion de rencontrer les
municipalités. Peut-être qu'on aura compris auprès des
commissions scolaires que le cadeau qu'on est en train de leur donner, c'est un
peu un cheval de Troie, ou, selon le principe, un cadeau de Grecs. Pas parce
qu'on en a contre les Grecs, mais c'était un moyen qu'ils avaient de
pouvoir gagner une bataille en ayant un beau cadeau qui s'appelait le cheval de
Troie, mais, une fois qu'on a ouvert le ventre du cheval de Troie,
l'armée est entrée dans les palissades et a gagné la
bataille. Alors, on pourrait dire que le cadeau qu'on est en train de donner
aux commissions scolaires, c'est un cadeau empoisonné, un cadeau dont
elles verront les effets plus tard. Alors, avant que le ministre n'utilise le
pouvoir qu'il a dans ce début du second mandat de faire comme il a dit
à des jeunes d'un collège quelque part dans la péninsule
gaspésienne, dans le Bas-Saint-Laurent, Gaspésie: Écoutez,
on est mieux de le faire immédiatement que de le faire au moment de
l'élection... (23 h 20)
Alors, le ministre n'est pas plus fou qu'un autre. Il utilise le pouvoir
de faire oublier les choses. Il pense que la mémoire publique n'est que
de six mois. Nous allons lui rappeler que la mémoire de l'Opposition
rafraîchira continuellement la mémoire de la population sur les
gestes qu'ils ont posés aujourd'hui.
Si, par exemple, le ministre s'aperçoit, comme je lui disais
l'autre jour, que c'est environ presque trois fois plus de taxes scolaires
qu'on va prélever dans ma municipalité, chez moi... Le ministre
ne m'a jamais contredit sur le fait que la commission scolaire de
Grand-Mère,
qui a 0,13 $ actuellement, n'aura pas la possibilité de les faire
monter à 0,35 $. C'est presque trois fois, 0,35 $; ce n'est pas trois
fois plus, mais c'est presque trois fois. Disons deux fois et quart, deux fois
et trois quarts, même une fois et demie. C'est pour ça que je vous
dirais qu'il y a des débalancements qui vont se faire dans la
municipalité, selon tel et tel niveau de la valeur
réajustée de la maison, du terrain, etc.
Donc, le ministre réfléchirait peut-être et dirait:
Oup! Le député de Laviolette vient de m'ouvrir un peu une
idée ou l'éclair... Alors, à ce moment-là, je pense
que je serais mieux non pas de reculer... Je ne lui demande pas de reculer; je
lui demande d'attendre pour mieux réfléchir, pour prendre une
décision qui soit convenable dans les circonstances, M. le
Président.
Alors, il me semble que la motion d'ajournement que je présente
est une motion totalement dans l'ordre. Cette motion, c'est pour aider le
ministre. Je ne veux pas lui nuire. Le ministre le sait très bien, il me
connaît. Je veux l'aider. Je veux l'aider pour qu'il prenne la plus
difficile décision de sa vie, mais la meilleure en soi. Alors, M. le
Président, j'aurai l'occasion d'entendre les deux intervenants qui
restent et j'utiliserai mon droit de réplique pour essayer de convaincre
à nouveau - si je ne l'ai pas fait maintenant - le ministre de
l'Éducation. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Laviolette. Je reconnais maintenant M. le ministre de
l'Éducation sur la motion d'ajournement du débat. M. le
ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, l'Opposition continue de
fonctionner au rythme reposant auquel elle nous a habitués depuis une
couple de semaines, un rythme de charrette rurale des anciens temps. Elle
s'imagine qu'à ce rythme on pourra régler les problèmes
énormes et très complexes auxquels fait face l'Assemblée
nationale de 1990. Je regrette infiniment, mais ce n'est pas la manière
d'aborder des problèmes, si l'on veut en venir à des
solutions.
Je rappelle brièvement un point qui a fait l'objet
d'interventions précédentes, mais qui me servira d'introduction
cette fois-ci. On laisse croire que le projet de loi 69 serait
générateur d'iniquités à travers le Québec,
ce qui mettrait en difficulté les commissions scolaires situées
en périphérie ou disposant d'un niveau de développement
économique et social moins avancé que les régions
métropolitaines, par exemple. Je pense que c'est absolument faux et le
projet de loi a été conçu de la manière suivante:
II aura pour objet de procurer à chaque commission scolaire un plancher
de revenus autonomes qui lui fournira des ressources nécessaires pour
prendre en main la gestion de ses bâtisses, de ses écoles et de
ses immeubles scolaires. C'est arrangé de telle manière, par le
jeu combiné de la taxation et de la péréquation, que les
commissions scolaires moins riches se verront garantir un montant de base plus
élevé et les commissions scolaires plus riches, un montant de
base moins élevé.
Si vous prenez les commissions scolaires de l'île de
Montréal et la commission scolaire de Québec, par exemple la
Commission des écoles catholiques de Québec, ces commissions se
verront garantir un montant de base qui va être autour de 502 $ à
505 $ par année par élève, tandis que dans les commissions
scolaires moins riches ça va graviter plus autour de 550 $, 560 $ et 570
$. Pourquoi? Parce que le but du projet de loi, c'est de faire en sorte que
partout à travers le Québec on dispose de ressources qui vont
permettre de garder notre pacte scolaire dans l'état déjà
excellent où il se trouve actuellement.
J'entendais le député d'Abitibi-Ouest nous dire: Oui, mais
l'éducation, c'est la responsabilité de l'État.
L'éducation, c'est la responsabilité de la société
politique, laquelle comprend le gouvernement qui est à Québec,
les gouvernements municipaux et les commissions scolaires aussi, qui sont un
corps politique de plein droit. Et qu'on donne une responsabilité un
petit peu plus large à la commission scolaire en matière de
financement scolaire, il n'y a absolument rien d'hérétique
à ça. Ça ne contredit absolument pas le principe suivant
lequel l'éducation est la responsabilité de la
société politique. On voit un aménagement différent
des responsabilités.
Et je vous dirai, M. le Président, que les ressources totales que
l'État consacre à l'éducation, cette année, sont
supérieures à 9 000 000 000 $ et le montant dont il est question
en ce qui touche la réduction des subventions de l'État aux
commissions scolaires est de 191 000 000 $ pour l'année 1990-1991.
Faites le calcul sur l'ensemble des dépenses que le gouvernement
consacre à l'éducation. Qu'on voie à transférer
cette faible partie à un mode de financement qui relèverait
directement des commissions scolaires par la voie d'un impôt qui
était sous-utilisé au Québec, l'impôt foncier, il
n'y a absolument rien d'hérétique là-dedans et, encore une
fois, je le répète, il n'y a absolument pas de quoi bouleverser
les montants.
Le député de Laviolette a présenté une
motion d'ajournement du débat. Je pense qu'il nous donne un bon exemple
de ce dont nous avons été témoins depuis
déjà plusieurs jours: des tactiques dilatoires pures et simples.
On vient à peine de commencer le débat, M. le
député de Laviolette. Il est de bonne heure, il est 23 h 25. On
est habitués à veiller beaucoup plus tard que ça.
J'apprécie votre sollicitude à mon endroit, mais mes besoins de
sommeil ne sont pas aussi considérables, soyez bien à l'aise.
Vous avez raconté un exemple, tantôt, qui m'a vivement
intéressé. Vous avez parlé de la commission scolaire
à propos de laquelle on avait préparé un petit projet de
loi au sujet duquel votre intervention fut très utile et, je vous l'ai
dit à ce moment-là et je le répète aujourd'hui sans
arrière-pensée, j'en fus reconnaissant, même si elle ne fut
peut-être pas la seule à m'influen-cer dans ce cas-là. Il y
en eut d'autres également, mais la vôtre en fut une et on ne la
diminuera pas ce soir. Mais rappelez-vous une chose, vous n'avez pas fait
d'obstruction cette fois-là. Vous en êtes venu directement au
point. Nous sommes arrivés à la commission parlementaire et, dans
les 10 premières minutes de discussion, on était directement sur
le coeur du sujet. Je vous ai dit de venir au coeur du sujet, ça,
ça nous intéresse, c'est notre préoccupation majeure et,
dans l'espace d'une heure, je pense que nous étions passés
à travers le problème. Nous avions rédigé un
nouveau projet de huit articles dont les bons effets durent encore et qui a
donné satisfaction à tout le monde.
Si les collègues du député de Laviolette
s'étaient comportés de la même façon qu'il le fit
cette fois-là dès le début des travaux de la commission
parlementaire, dans les 22 heures que nous avons eues, nous serions
passés à travers le projet de loi et je connais assez l'esprit
cons-tructif du député d'Abitibi-Ouest pour savoir que, s'il
n'avait pas obéi à une consigne de parti, nous aurions
amélioré ce projet de loi comme nous le faisons toujours en
commission parlementaire, avec l'esprit d'accueil qui caractérise le
gouvernement. Encore une fois, les faits sont là et c'est à vous
d'en offrir la réfutation. Vous dites vous-même: Le ministre de
l'Éducation prend trop d'amendements. C'est parce qu'il écoute
trop, ça. Il ne peut pas arriver qu'il écoute trop à
l'année et qu'une semaine il ait eu, je ne sais pas, un mal de foie
particulier cette semaine. Je n'ai pas mal à la tête, je suis en
très bonne santé, du moins tant que j'évite de voir les
médecins. On est capables de vous écouter cette semaine, comme on
le fait à l'année longue, mais il y a quelque chose, là,
qui n'a pas fonctionné quelque part et j'ai l'impression que c'est de
votre côté. Consentir à la motion d'ajournement qui nous
est proposée, ce serait non pas amoindrir le mal, mais l'aggraver, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant le porte-parole du groupe parlementaire de l'Opposition
officielle, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, parce que c'est
très important. C'est très important de rappeler ce qui n'a pas
fonctionné. Ce n'est pas compliqué, c'est que c'est la
première fois en 14 ans qu'on se fait imposer trois motions de
bâillon, c'est ça le problème, sans permettre que des
discussions aient eu lieu au préalable et sans une planification de ce
gouvernement et du leader du gouvernement. Quand mon collègue
présente la motion d'ajournement, c'est évident que c'est facile,
pour le ministre, de prétendre qu'il ne s'agit que de mesures
dilatoires. Mais on n'a pas le choix. Qu'est-ce qu'il nous reste? Je vous l'ai
dit, M. le Président, on n'a pas autre chose. On n'a pas autre chose que
de prendre les articles du règlement qu'il nous reste puisqu'on doit
vivre une motion de bâillon qui a été imposée sans
aucune règle logique depuis que je suis dans ce Parlement, puisqu'on
commençait à peine notre travail et qu'on l'avait fart
correctement.
C'est évident que s'il y avait eu une planification par ce
gouvernement, si on n'avait pas attendu à la dernière minute pour
appeler les projets de loi importants, majeurs, qui venaient chambouler des
principes de fond... parce que, écoutez... Le ministre, tantôt, a
pris la peine de dire: II n'y a pas de raison de refaire nos devoirs. Pourquoi
disait-il, lui, quand on a adopté le principe... Je ne peux pas parler
des deux côtés de la bouche, il y a toujours un bout. Lui, quand
on a adopté le principe, il disait: Modification majeure et importante
dans le champ de la fiscalité scolaire". Je le cite au texte.
Modification majeure et importante! De deux choses l'une: il n'y a rien
là ou c'est majeur et important. (23 h 30)
Je tiens à dire à la population du Québec, je tiens
à dire aux électeurs, à l'Union des municipalités,
à l'UPA, à tous ceux qui sont contre, que nous, on ne parle pas
pour dire, dans la même soirée, deux choses différentes. Il
y a cinq minutes, il m'a dit: II n'y a rien là, ce n'est pas
significatif, sur un budget de 7 000 000 000 $, ça ne représente
même pas 1 % de déplacement de la masse monétaire. Il a
raison. Ce n'est pas ça le problème, on n'a jamais parlé
de ça. Le problème, c'est des devoirs mal faits, des devoirs
irrespectueux d'un pacte fiscal, c'est du mensonge de a à z. C'est pour
ça qu'on demande l'ajournement.
Si on avait tort, comment se fait-il que, le 14 mai, le premier ministre
du Québec, M. Bourassa, écrit aux deux unions en disant: On est
d'accord sur les conditions que vous posez pour restaurer le climat de
confiance avec ce gouvernement-là, ainsi de suite. Et là, c'est
de la littérature, comme d'habitude c'est des belles phrases qui ne
veulent rien dire. Regardez quand il arrive à l'os: "J'ai pris
connaissance de la vôtre avec intérêt." Mensonge!
Pensez-vous qu'il a pris connaissance de ça avec intérêt?
S'il avait pris ça avec intérêt, il aurait donné
suite à leurs demandes. "Dans un premier temps, il convient de signaler
que, compte tenu des politiques du gouvernement fédéral et de sa
ferme volonté de
poursuivre l'assainissement..." C'est ça qu'il y a de pire, je
reprends, je pensais qu'il avait fait une erreur, mais il n'a même pas
fait une erreur: "Dans un premier temps, il convient de signaler que, compte
tenu des politiques du gouvernement fédéral - gouvernement qu'ils
défendent, qu'ils appuient et à genoux, en plus - et de sa ferme
volonté de poursuivre l'assainissement de sa situation financière
de même que de la tendance à la décentralisation qui est
déjà amorcée - quelle décentralisation qu'il y a
dans le projet de loi? - le gouvernement du Québec doit adopter une
approche nouvelle en matière de gestion des dépenses publiques.
Son choix de continuer à offrir à la population
québécoise des services de qualité l'amène donc
à redéfinir le rôle de notre secteur public. Le ministre
des Affaires municipales, M. Picotte, a largement fait état, lors du
congrès de l'Union... "Dans un second temps, j'ai le plaisir de vous
informer que le gouvernement vient de créer un comité
ministériel sur le partage des responsabilités
Québec-municipalités présidé par le ministre des
Affaires municipales. Ce comité aura comme mandat, d'une part,
d'étudier les impacts d'une révision - regardez ça,
regardez l'hypocrisie - du partage des responsabilités entre le
gouvernement et les municipalités dans le but d'élaborer une
nouvelle entente fiscale." Dans le but d'élaborer une nouvelle entente
fiscale! Son ministre, en Chambre, sur le principe, je l'ai cité
tantôt: "Nous avons fait des changements dont la nature et les effets ne
seraient pas seulement transitoires, mais seraient durables."
Comment voulez-vous qu'on comprenne ce monde-là? Comment
voulez-vous qu'on n'arrive pas avec une motion d'ajournement? C'est toujours un
écart comme, je ne sais pas, moi, la distance entre La Sarre et Dupuis
et le parlement de Québec et, c'est quoi qui est le plus loin dans le
monde? Peu importe! C'est un écart qui n'a pas de bon sens. Regardez
bien ce paragraphe... C'est l'Australie que je voulais dire. "À cet
égard - il arrive à l'os - il convient cependant de vous dire que
la question du financement scolaire pourra être abordée à
l'occasion de ces assises sans cependant remettre en cause l'approche que le
gouvernement a privilégiée dans son dernier budget", parce qu'on
a la vérité.
Est-ce qu'on n'est pas légitimé de demander l'ajournement
du débat et de dire: Recommencez votre travail comme du monde, en
respectant les concernés et en cessant d'écrire des lettres qui
n'ont aucune signification, même si c'est signé par le premier
ministre du Québec par rapport à la demande des deux unions. Il
dit: Écoutez, oui, on va accepter vos conditions, sauf que l'os, le
coeur, l'entrée dans le champ foncier et, dorénavant, de vous
donner une responsabilité que vous n'avez jamais demandée, il
n'est pas question de toucher à ça, c'est réglé.
Par contre, venez vous asseoir, vous êtes les bienvenus, on va discuter.
On va discuter de ce qui s'est passé pendant sept jours, alors qu'on
avait à peu près dix premiers ministres, et n'importe qui qui ne
suit même pas la politique disait: C'est une honte, c'est une
disgrâce, ça n'a pas de bon sens d'assister à une
espèce de magouille comme ça où il y a eu une manipulation
sans précédent de l'information par la presse, par des gens qui,
volontairement, avaient des messages qui étaient complètement
contradictoires aux faits.
Les premiers ministres se succédaient au micro les uns à
la suite des autres pour nous dire: Ça avance; ça avance, on
progresse. On leur demandait: Sur quoi? Bien, on ne le sait pas, on vous le
dira demain. C'est de même qu'on respecte une population? C'est de
même qu'on respecte des élus? Alors, quand on propose
l'ajournement, je comprends qu'on est légitimé de proposer
l'ajournement. On peut bien appeler ça dilatoire et on le sait que, pour
eux autres, c'est dilatoire. Qu'est-ce que vous voulez? Avec une motion de
clôture, tout est dilatoire. On n'a plus le droit de parole. C'est eux
autres qui ont la vérité. Alors, c'est normal que le ministre
pense qu'on fait ça uniquement par mesure dilatoire, mais on ne faisait
pas ça pour ça. On faisait ça volontairement pour leur
indiquer que, quand tu as des partenaires d'impliqués et que tu as un
minimum de respect pour des institutions comme les deux unions, tu ne peux pas
te comporter comme ils se comportent, surtout pas quand tu leur envoies une
lettre, que c'est le premier ministre qui la signe et en disant: Oui, venez
vous asseoir et on va le mettre, le sujet, à l'ordre du jour, mais on ne
bougera pas; on ne bougera pas.
Ce même premier ministre était partenaire du décret
du 6 novembre 1989. Imaginez! Alors, écoutez, je ne peux pas
écrire une lettre le 30 mai 1990 et, le 6 novembre, exiger du ministre
des Affaires municipales de restaurer une nouvelle formule de fiscalité.
Ça ne marche pas ensemble et c'est pourquoi on propose la motion
d'ajournement parce que ce sont des devoirs mal faits. C'est quelque chose
d'irrespectueux et d'irrévérencieux et, dans ce temps-là,
on dit à un gouvernement: Refais donc tes devoirs. Puisque, de toute
façon, ce n'est pas un problème d'argent. Lui-même, le
ministre, vient de dire: Écoutez, c'est insignifiant ce que ça
représente, la marge de manoeuvre. Ce sont ses propos de tantôt,
parce que n'oubliez pas, ne pensez pas que les commissions scolaires vont
obtenir le montant qu'elles pensaient avoir. Le président
lui-même, et je le cite, le président de la
Fédération, même si souvent il félicite le ministre,
il dit: "Cependant, la marge de manoeuvre demeure tout a fait insuffisante en
regard de nos besoins actuels." Parce que, rappelez-vous, à l'origine
ils demandaient quoi? 114 000 000 $. Qu'est-ce qu'ils auront d'argent neuf? 40
000 000 $ et, en plus, ils auront des respon-
sabilités pour 300 000 000 $ et quelques. Ils parlaient de 160
000 000 $ et quelques, 173 000 000 $ ou 183 000 000 $ en année
d'école, mais nous, on ne marche pas en année scolaire parce que
l'année scolaire, il y en a une partie qui est sur l'autre année,
six mois-six mois. Mais, en année normale, en année pour le
contribuable, eux autres vont comprendre ça que ça va leur
coûter 320 000 000 $ de plus et ça, ça veut dire 320 000
000 $ de taxes dans la poche des contribuables.
Alors, c'est pour ça, M. le Président, avec le temps qui
m'est imparti, que je suis complètement d'accord avec la proposition de
mon collègue de proposer une motion d'ajournement parce que ça
n'a pas de bon sens de se foutre d'une population comme ces gens-là le
font.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je reconnais, en vertu de votre droit de
réplique, M. le député de Laviolette et en vous indiquant
qu'il y a un maximum de cinq minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet (réplique)
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je ne suis pas surpris
de l'attitude du ministre. Je suis, cependant, reconnaissant envers mon
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, de m'appuyer dans la
démarche que j'ai entreprise, d'autant plus que le député
d'Abitibi-Ouest a eu l'occasion de discuter avec le ministre de
l'Éducation de l'ensemble de ce projet de loi. Du moins s'il ne l'a pas
fait comme il l'aurait voulu au niveau des articles du projet de loi, article
par article, il l'a fait quant aux principes qui sont les principales pierres
d'achoppement de ce projet de loi. Alors, dans ce contexte, M. le
Président, le ministre, j'aurais pensé qu'il m'aurait, encore une
fois, compris comme il l'avait fait il y a maintenant près de quatre
ans, qu'il m'aurait accordé le bénéfice du doute, comme on
dit dans le métier, mais j'ai l'impression que c'est peine perdue.
Dans ce contexte, M. le Président, pour ne pas retarder
indûment les discussions, je ne prendrai pas mes cinq minutes. Je vous
demanderais simplement, parce que j'ai l'assurance de ne point convaincre le
ministre cette fois-ci, d'appeler les députés pour qu'on passe au
vote.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors comme les
interventions sont terminées, est-ce la motion d'ajournement du
débat est adoptée?
Des voix: Vote nominal.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur vote nominal. Alors,
qu'on appelle les députés.
(23 h 40 - 23 h 46)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je mets aux voix la
motion d'amendement d'ajournement du débat du député de
Laviolette, que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hoche-laga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska),
Mme Juneau (Johnson), M. Dufour (Jonquière), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme
Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veulent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Elkas (Robert-Baldwin), M.
Lefebvre (Frontenac), M. Cusano (Viau), M. Houde (Berthier), M. Maltais
(Saguenay), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. St-Roch (Drummond),
M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nel-ligan), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux
(Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M.
Char-bonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Larouche (Anjou), M.
Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbi-nière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), M.
Després (Limoilou), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget
(Prévost), M. Lafrenière (Gati-neau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Pa-pineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y en a qui
s'abstiennent?
Le Secrétaire: pour: 21 contre: 47
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la motion
d'ajournement du débat est donc rejetée.
Nous poursuivons le débat, avec M. le député de
Laviolette.
Reprise du débat sur la prise en
considération du rapport de la commission
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, je vous remercie de me
redonner le droit de parole, d'autant plus...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Laviolette, nous allons attendre quelques instants pour
permettre aux députés de retourner à leur commission
parlementaire.
S'il vous plaît, je vous demande votre collaboration.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président, de me redonner la
parole, d'autant plus que j'aurais aimé ne pas la prendre. J'aurais
aimé que le ministre accepte l'invitation que je lui avais faite, mais
comme il m'oblige par le vote grégaire de ses moutons...
Des voix: Hé! Wo!
M. Jolivet: Je dois vous dire, M. le Président,...
Une voix: Un instant!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député. S'il vous plaît, si vous voulez retirer votre
dernier propos, M. le député.
S'il vous plaît, M. le député, si vous voulez
retirer votre dernier propos.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, j'ignore pourquoi le leader
du gouvernement est très offusqué. Il ne sait même pas ce
que le député a dit, il n'écoutait même pas. Donc,
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plait! M. le
leader.
M. Chevrette: Un instant!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, je m'excuse, s'il
vous plaît! Oui, je vous écoute.
M. Chevrette: m. le président, que je sache, il n'y a rien
eu de violent. c'est l'article 35. il n'y a rien eu qui pouvait blesser. c'a
déjà été le symbole d'une certaine fête.
voyons donc!
Une voix: Voyons donc! On n'est pas des moutons, les
Québécois.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le leader, je vous écoute et je demande la
collaboration des députés. S'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je...
Le Vice-Président (m. bissonnet): s'il vous plaît!
s'il vous plaît! un seul député à la fois. m. le
leader de l'opposition officielle, s'il vous plaît! je vous
écoute. m. le député, la parole est au leader de
l'opposition officielle. si vous voulez poursuivre sur votre question de
règlement, m. le leader, je vous écoute.
M. Chevrette: M. le Président, si j'étais certain
que ça pourrait permettre au député d'Anjou de faire
entendre le son de sa voix, j'attendrais qu'il ait fini pour lever ma question
de règlement. Parce que l'objectif fondamental de ma question de
règlement c'est simple, c'est que le député de Laviolette,
loin d'avoir utilisé un langage violent, contrairement à
l'article 35, a même utilisé des termes, M. le Président,
avec un air plutôt jovial, en voulant purement et simplement indiquer
qu'il y en avait qui votaient par instinct, par réflexe, plutôt
que par conviction.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: Oui. J'imagine que le leader de l'Opposition serait
d'accord pour ajouter que le député de Laviolette parlait pour
les deux groupes parlementaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député de Laviolette, si vous voulez retirer... Ce
n'était pas un langage violent, mais j'aimerais quand même que
vous retiriez... S'il vous plaît! Ce n'était pas un langage
violent ni injurieux, je comprends, mais j'apprécierais que vous
retiriez ces propos, tout simplement.
M. Jolivet: M. le Président, vous connaissez ce que je
suis. Alors, pour ne pas envenimer ce débat, je n'ai point dit ces mots
pour, surtout, ne pas blesser les bergers.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Je vous dirai, d'abord, "les disciples de Panurge",
d'autant plus, M. le Président, que j'essayais de convaincre le ministre
de l'Éducation du bien-fondé de mon intervention.
Des voix:...
M. Jolivet: M. le Président, il y a des gens qui me
dérangent à ma gauche, m'indiquant qu'il n'y a personne qui nous
écoute. C'est insultant pour les gens qui nous écoutent.
J'aimerais autant que madame puisse se taire et me laisser parler. Donc,
j'étais en train de dire-Une voix:...
M. Boulerice: Je vais invoquer, M. le Président, l'article
32 de notre règlement de nouveau...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
mes chers collègues...
M. Boulerice: ...et surtout le dernier paragraphe.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...je vous demande votre
collaboration et je demanderais, conformément à la demande du
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, que les
députés soient assis à la place que la présidence
leur a indiquée. S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Je demande la collaboration des députés dans l'ordre de
cette Assemblée, et je vous indique, M. le député de
Laviolette, qu'il vous reste cinq minutes.
M. Jolivet: M. le Président, je n'ai pas dit grand-chose
jusqu'à maintenant. Je comprends qu'on a voulu me déranger, mais
je vais essayer de prendre les cinq minutes pour vous dire ceci: Connaissant ce
qui arriverait, peut-être que je n'aurais jamais demandé le vote.
Ça n'a pas de bon sens! M. le Président, j'essaie de convaincre
le ministre du bien-fondé de notre position. Et quand on nous accuse, de
l'autre côté, d'utiliser les moyens qui nous sont permis par le
règlement, je rappellerai au ministre de l'Éducation la question
que je lui posais à 3 heures dans la nuit de jeudi à vendredi, la
semaine passée, et dans laquelle je lui demandais: M. le ministre,
lorsque vous étiez membre de l'Opposition, critique dans une telle
matière, quand vous étiez chef de l'Opposition, n'avez-vous pas
utilisé tous les moyens que vous donnait le règlement pour faire
valoir votre point, pour essayer de convaincre le gouvernement qu'il faisait
fausse route? Il m'a répondu aussi naïvement qu'il pouvait
l'être à l'époque, à certaines occasions, que, mais
oui, le ministre avait utilisé ce que le règlement lui donnait.
Et je peux vous dire que j'ai longuement entendu ses discours lorsque
j'étais président de commission parlementaire, parce que
même à l'époque de ses premières armes, il n'y avait
pas le temps réglementaire qu'on connaît aujourd'hui. Nous avions
d'interminables commissions parlementaires et on lui donnait même la
chance de pouvoir excéder le nombre de minutes prévues.
j'étais président à votre place, m. le président,
et je me souviendrai... parce que le ministre, qui était critique de
l'opposition à ce moment-là en matière de finances, avait
utilisé énormément de temps et même les gens de
l'assistance qui étaient ici avaient dit: oui, on lui donne le temps
voulu.
M. Chevrette: Un instant, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: m. le président, vous savez exactement
pourquoi j'interviens. quand on n'entend pas parler son collègue qui est
à notre gauche immédiate, je pense que...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais demander
à tous les collègues leur collaboration. Il y a un article 32 et
je vais vous le lire. À l'article 32: "Les députés doivent
observer le règlement et contribuer au maintien du décorum de
l'Assemblée. Ils occupent la place qui leur a été
assignée par le président, y demeurent assis et gardent le
silence à moins d'avoir obtenu la parole. Ils doivent s'abstenir de tout
ce qui peut nuire à l'expression d'autrui ou au bon fonctionnement de
l'Assemblée." Alors, je vous demande votre collaboration. M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît.
M. Jolivet: M. le Président, j'étais en train de
dire que le ministre avait utilisé, alors qu'il était dans
l'Opposition, tout le temps nécessaire, selon son besoin, pour expliquer
sa position. D'un autre côté, on lui avait même, dans
certains cas, permis d'excéder le temps voulu. Je veux juste lui
rappeler une chose qui se passe actuellement sur un dossier aussi important que
celui dont on a à discuter ce soir pour des gens qui croient en ce
qu'ils ont à défendre.
Je prends l'exemple de M. Elijah Harper, qui est le député
autochtone du Manitoba, qui dit: "J'utilise tous les artifices de la
procédure parlementaire avec l'appui de 61 chefs autochtones de la
province pour bloquer la ratification de Meech avant la date ultime du 23
juin." Dans un autre document, qui est le journal Le Soleil de samedi,
on dit: "Dans le clan du représentant néo-démocrate, on
assure, de plus, que le répertoire des tactiques dilatoires est loin
d'être épuisé. Trois autres motions relatives au dossier
constitutionnel devraient, notamment, être mises sur la table avant un
vote et sont donc potentiellement susceptibles d'être longuement
débattues."
Pourquoi, dans d'autres Parlements, on accepte la démocratie, on
accepte que les moyens prévus par le règlement soient
utilisés et qu'ici on nous bâillonnerait? On nous
empêcherait, à ce moment-là, de pouvoir utiliser ce que
l'on croit
être utile dans le règlement pour faire valoir une position
de la population. J'aimerais savoir pourquoi il y a deux poids deux mesures.
Pourquoi, ici, un gouvernement, après peu de temps, pourrait nous dire:
Écoutez, si j'ai parlé longuement, c'est parce que moi, j'avais
de la matière, j'étais capable, je connaissais mon dossier et que
nous, parce qu'on utilise le temps, on serait des innocents? Voyons donc, M. le
Président! Vous savez très bien ce que le gouvernement est en
train de faire. C'est qu'il ne nous a même pas laissé la chance de
faire valoir les points de vue. Il n'a pas voulu écouter les gens. Mon
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, qui est le porteur du
dossier pour l'Opposition, en a fait longuement mention dans son droit de
trente minutes pour convaincre le ministre qu'il a fait fausse route et qu'il
continue de faire fausse route, et on voudrait lui éviter qu'il continue
à faire fausse route, (minuit)
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que nous
présentons le dossier comme étant un dossier important pour
l'ensemble de la population. Nous ne voulons pas que les commissions scolaires
soient flouées, pas plus que les municipalités. Nous ne voulons
pas que, par le projet de loi qui est devant nous, on en arrive un jour
à dire: On a mal fait. Il est temps - j'ai présenté une
motion dans ce sens-là - d'arrêter le débat et de
réfléchir davantage avant d'y revenir. Le ministre n'a pas voulu.
Alors, nous allons, comme membres de l'Opposition, essayer de le convaincre de
ne pas passer le projet de loi. Si les gens qui sont de sa formation politique,
parce qu'il dit par le petit doigt: Votez de telle façon, votent de
telle façon, c'est bien leur droit, mais vous ne me ferez pas accroire,
M. le Président, que le ministre n'indique pas de quel côté
le vent souffle. En conséquence, les gens qui le suivent le suivent au
doigt et à l'oeil, à la baguette, comme autrefois dans les
écoles où on suivait à la baguette le directeur, ou la
directrice, ou l'enseignant, ou l'enseignante qui indiquait de quel
côté il fallait pencher. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Vous savez, M. le
Président, je suis intervenue à quelques reprises en commission
parlementaire sur ce projet de loi que nous n'avons malheureusement pas eu le
temps d'étudier complètement. Au tout début de
l'étude, le ministre de l'Éducation nous avait assuré de
sa patience infinie, mais, malgré sa patience infinie, notre commission
s'est limitée a seize heures. Tout de suite après, motion de
clôture, bâillon. J'ai toujours cru, M. le Président, que,
lorsqu'on passait un projet de loi, c'était vraiment pour
répondre à un besoin exprimé par une partie de la
population. Lorsqu'on regarde attentivement le projet de loi 69, on
s'aperçoit que, loin de répondre à un besoin, il a
été dénoncé par plusieurs instances, mais ce soir
je veux vraiment m'attarder sur les revendications des commissions
scolaires.
Vous savez, le but premier de ce projet de loi était la
responsabilisation des commissions scolaires. J'ai toujours entendu, durant ma
jeunesse: Demandez et vous recevrez. Mais je vous avoue que je ne peux vraiment
pas citer la loi 69 comme exemple, parce qu'on va prendre le temps, M. le
Président, de regarder ensemble, durant les minutes qui me sont
attribuées, quelles étaient les demandes exactes des commissions
scolaires et quelle a été la réponse du ministre. Je vais
commencer par cette réponse.
La réponse du ministre pour la responsabilisation, elle est
uniquement liée aux dépenses consacrées au fonctionnement
des équipements; uniquement. En termes clairs, ce que le ministre donne
aux commissions scolaires par la loi 69, c'est l'obligation d'entretenir et de
réparer tout ce qui a trait aux écoles, donc les terrains, les
bâtiments, l'ameublement, le mobilier, l'outillage. Il y a aussi
l'entretien ménager qui est compris dans ça, la consommation
énergétique, et on sait à quel point les commissions
scolaires sont inquiètes sur ce sujet-là, parce que tout
dernièrement en cette Chambre a été votée une
augmentation pour l'électricité. L'augmentation a
été accordée à Hydro-Québec et
déjà on a commencé à recevoir, et je suis
convaincue que les députés ministériels en ont
reçu, que le ministre de l'Éducation en a reçu, des
objections du côté des commissions scolaires qui
s'inquiètent de cette hausse de taxes. On doit assurer aussi la
protection et la sécurité. Donc, c'est ce que le ministre leur
donne comme responsabilité: tout ce qui regarde les bâtisses, ce
qui peut aller, de son aveu même, jusqu'à 312 000 000 $. Mais
qu'est-ce que les commissions scolaires demandaient? On en a, des outils pour
nous le dire.
La Fédération, à l'automne dernier, parce qu'elle
s'inquiétait de son sous-financement, avait passé un
questionnaire aux commissions scolaires catholiques et protestantes. Dans ce
questionnaire, on retrouve les besoins réels et vous allez voir, M. le
Président, que ça ne ressemble aucunement mais aucunement
à ce qu'on leur donne par la loi 69. Moi, je veux bien qu'on permette
aux commissions scolaires d'être plus autonomes et d'être
responsables, mais pour leur accorder ce qu'elles demandent, pas pour aller
à rencontre de leurs demandes. Voici ce qu'elles ont demandé.
D'abord, pour l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire, elles
ont demandé des ressources supplémentaires pour le
perfectionnement, l'encadrement, le support aux enseignants parce que,
présentement, nos commissions scolaires, elles doivent implanter de
nouveaux programmes et, pour ce faire, elles ont besoin d'encadrement,
elles ont besoin de support aux enseignants, elles ont besoin de mesures de
perfectionnement. Est-ce que la loi 69 les leur donne? Non, elle ne les leur
donne pas.
Elles avaient aussi demandé des ressources supplémentaires
pour former des groupes plus petits, pour mieux répondre aux besoins
d'apprentissage des élèves. Elles avaient demandé des
ressources aussi pour acheter des manuels scolaires, du matériel
didactique qui répond mieux aux nouvelles normes des programmes. Elles
en voulaient en quantité suffisante et en qualité suffisante
aussi, M. le Président. Elles avaient également
réclamé des ressources pour l'enseignement professionnel. On sait
à quel point l'enseignement professionnel est important dans notre
société. Donc, on voulait pouvoir acheter de la matière
première, le matériel, pour implanter les nouveaux programmes en
matière d'enseignement professionnel. On voulait aussi aménager
les ateliers, les laboratoires et on voulait, bien sûr, pouvoir donner du
perfectionnement aux enseignants pour qu'ils répondent mieux aux
nouvelles normes du marché parce que, présentement, il ne faut
pas se le cacher, il y a souvent une distorsion entre les besoins des
entreprises et l'enseignement professionnel qui est dispensé dans nos
écoles. Donc, conscientes, les commissions scolaires souhaitaient
pouvoir pallier à ce besoin.
On avait aussi demandé des ressources financières pour des
mesures particulières. On sait à quel point, dans notre
système, nous avons des enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage et, ça, dans toutes les commissions scolaires. Le fait
qu'on évoque le plus souvent, ce sont, bien sûr, les familles
éclatées, mais la réalité est là quand
même. Il y a des besoins extrêmement nombreux dans nos
écoles pour répondre à tous nos jeunes en
difficulté d'apprentissage. Ils sont de plus en plus nombreux. On avait
également besoin de ressources pour les personnes handicapées
parce que l'Office des personnes handicapées ne subventionne plus,
depuis cette année, les nouveaux élèves qui sont admis
dans les écoles et on a calculé que les coûts
d'intégration de 500 élèves, c'est évalué
à peu près à 5 000 000 $. Donc, les commissions scolaires
souhaitaient avoir une partie de budget pour répondre à ces
besoins-là.
On a aussi des besoins nouveaux du côté des immigrants
parce qu'on sait, surtout à la commission scolaire de Montréal,
que, de plus en plus, on a des écoles où les immigrants sont
même en plus grand nombre que les francophones et, automatiquement, c'est
évident que ça demande des sommes d'argent
supplémentaires.
On souhaitait aussi répondre à certains problèmes
qui existent aussi de plus en plus dans nos écoles du côté
de la douance - et je sais que c'est un thème qui est quand même
cher au ministre - et on souhaitait aussi... parce que, du côté de
nos élèves réguliers, il y a également un manque de
psychologues, d'orthophonistes, de travailleurs sociaux, de travailleurs de la
santé et, ça, ce besoin-là, il est là. Il est
là depuis plusieurs années. Il est réclamé autant
par les parents, les comités de parents que par les commissions
scolaires. Est-ce que le projet de loi 69 va leur permettre de répondre
à ça aussi? Non, M. le Président, parce qu'elles devront
répondre à des besoins au niveau de l'immobilier.
Dans notre contexte moderne, il y a aussi un autre sujet qui existe et
qui n'existait pas avant, c'est-à-dire la toxicomanie. Elle est
là, elle est présente, elle est omniprésente dans nos
écoles, principalement dans nos écoles secondaires et ça
commence même dans nos écoles primaires, malheureusement, M. le
Président. Est-ce qu'on a des sommes d'argent pour contrer cette
consommation de drogues qui est de plus en plus évidente dans nos
écoles? Est-ce qu'on a des moyens pour faire de la prévention?
C'est impossible. Les commissions scolaires ne peuvent répondre à
ce besoin-là présentement. (0 h 10)
On souhaitait aussi, du côté des commissions scolaires,
avoir des moyens d'enseignement adéquats et, par là, on
entendait, bien sûr, le problème des bibliothèques qui sont
dans un état lamentable au Québec. Et là aussi, je suis
convaincue, autant les députés du côté
ministériel et le ministre que nous-mêmes, nous avons reçu
des demandes des commissions scolaires. On nous a demandé d'injecter de
l'argent pour répondre aux besoins des bibliothèques. Les besoins
des bibliothèques sont grands: on manque de conseillers en
documentation, de techniciens, de bibliothécaires, et on manque
même de l'outil de base, c'est-à-dire les volumes, pour pouvoir
les renouveler, pour pouvoir offrir une documentation intéressante
à nos étudiants. Et c'est très lié au
problème d'alphabétisation dans nos écoles. Donc, on
voulait relancer les bibliothèques et on a calculé, du
côté des commissions scolaires, que c'est au moins 18 000 000 $
pour relancer les bibliothèques. On a aussi parlé de
l'insuffisance d'équipements micro-informatiques, parce que, ça
aussi, c'est une nouvelle réalité. De plus en plus, dans nos
écoles, on a besoin de matériel moderne, on a besoin des
ordinateurs, et c'est à des coûts très
élevés, M. le Président. Et les commissions scolaires ont
difficilement les moyens de s'offrir des équipements aussi
perfectionnés.
Déjà, les commissions scolaires... Ah, pas seulement une
minute, M. le Président, j'en aurais pour tellement longtemps. Les
commissions scolaires déploraient déjà les exigences
bureaucratiques auxquelles elles devaient répondre et elles en avaient
nommé beaucoup: des déclarations mensuelles de clientèle,
des contrôles de personnel, la dérogation au régime
pédagogique, l'âge d'admission, etc; toutes les exigences
légales, l'application de la loi 107, l'application
de la loi sur les élections scolaires. Là on en a au moins
pour une trentaine de millions. Mais, non contentes de leur laisser toute cette
bureaucratie qui demeure, la loi 69, à l'article 1 qui corrige l'article
219 de la Loi sur l'instruction publique, leur ajoute des demandes de
documents. Donc, elles vont devoir en avoir encore plus que ce qu'elles avaient
déjà à faire, M. le Président.
Donc, en conclusion, puisque mon temps est écoulé, comment
peut-on appuyer un projet de loi qui a été dénoncé
par l'Union des municipalités du Québec, par l'Union des
municipalités régionales de comté, par l'UPA, par les
contribuables - et Dieu sait si les contribuables vont le dénoncer
encore plus l'an prochain - et qui, en plus, va à rencontre des besoins
clairement exprimés par les commissions scolaires? Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. En vertu de l'article 252, M. le ministre
de l'Éducation, vous avez cinq minutes pour intervenir après
chaque discours. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, juste quelques mots, M. le Président, pour
apporter certaines précisions aux interrogations que la
députée de Terrebonne a, de toute évidence,
formulées de bonne foi et en oubliant peut-être de chercher la
réponse là où elle se trouve, c'est-à-dire non pas
dans le projet de loi, mais dans les nombreuses décisions
administratives et budgétaires qu'a déjà prises le
gouvernement. Elle a parlé des coûts énergétiques
des commissions scolaires. Déjà, par le budget de cette
année, nous avons indexé à 4,6 % tous les coûts
autres que les coûts salariaux et, en plus, nous avons ajouté une
somme spéciale qui sera versée aux commissions scolaires pour
leur permettre de faire face aux coûts additionnels d'énergie qui
découleront des politiques arrêtées par Hydro-Québec
au cours de la dernière année. Par conséquent, de ce
côté-là, je pense que c'est bien couvert.
Elle a parlé de la taille des groupes d'élèves.
À l'occasion de la dernière convention collective, nous avons
diminué de deux unités le nombre moyen d'élèves
dans les classes de première année dans les écoles
primaires. Les enseignants eux-mêmes nous avaient indiqué, pendant
la campagne de l'été dernier, que c'était là le
problème majeur auquel il fallait apporter un remède. Nous avons
réduit de deux unités le nombre moyen d'élèves et
le coût de ça, savez-vous combien c'est? C'est 16 000 000 $, 8 000
000 $ par élève qu'on diminuait, 16 000 000 $. Ce serait bon de
le mentionner.
Au point de vue de la formation professionnelle, nous avons eu, ces
trois dernières années, un budget de près de 13 000 000 $
par année pour les équipements, et nous avons modernisé
des équipements en formation professionnelle de manière
formidable. La députée devrait le savoir. Dans son propre
comté, nous avons donné, pour l'année 1989-1990, un budget
de 1 000 000 $ pour moderniser des ateliers. Je pense que c'est à
l'école secondaire Corbeil. Nous l'avons fait dans bien des endroits de
la province, du territoire. Ce serait bon de le mentionner si on affirme
vouloir s'intéresser à ces choses.
Au point de vue de la micro-informatique, nous avons mis sur pied ce
réseau formidable de CEMIS; ce sont des centres d'excellence en
micro-informatique scolaire, des centres régionaux qui ont mission de
rayonner à travers toute une région pour assurer qu'au lieu
d'acheter seulement de la tuyauterie et de la mécanique, comme on
faisait autrefois, on ait l'expertise pour se servir de ces instruments
très coûteux, et tout le monde reconnaît, c'est une des
initiatives les plus intéressantes à travers le monde entier, en
matière d'éducation. Il y a seulement l'Opposition qui ne semble
pas l'avoir remarqué.
Au point de vue des immigrants, là, avec le programme de
promotion du français que nous avons implanté l'an dernier, nous
avons injecté, dans les sommes versées aux commissions scolaires,
des crédits qui sont récurrents, de près de 6 000 000 $,
qui permettent aux commissions scolaires de la région
métropolitaine de fournir un meilleur encadrement pédagogique aux
élèves en provenance de communautés culturelles, fournir
une meilleure assistance pédagogique aux élèves qui
sortent des classes d'accueil pour passer en classes régulières,
pour aider les commissions scolaires et les directions d'école à
établir des meilleurs contacts avec les parents d'enfants de
communautés culturelles. Ce sont seulement quelques exemples que je
mentionne rapidement, mais puisqu'on me pose des questions, j'espère
qu'on voudra bien noter les réponses. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Nous poursuivons le débat. Je reconnais Mme la députée de
Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, beaucoup, M. le Président. Vous savez,
M. le Président, si nous n'étions pas une Opposition responsable,
si nous ne prenions pas très sérieusement le travail que nous
avons a faire ici, si nous n'avions pas le respect que nous avons des gens que
l'on représente et qui souhaitent que nous fassions des interventions
pour les aider à voir clair, si nous n'étions pas cette
Opposition responsable, vous savez ce que l'on ferait? Depuis le
troisième bâillon que nous avons eu aujourd'hui, on aurait
fermé boutique. C'est notre dernière semaine avant la fête
nationale. On aurait dit: Si
le gouvernement veut gouverner tout seul, si on n'a plus rien à
dire, on ferme nos livres et on s'en va chez nous. C'est ça que
mériterait le gouvernement. Mais non, M. le Président, nous
sommes des gens responsables. Nous avons ici un travail de
responsabilité à faire. Et nous avons bien l'intention de le
faire, et c'est pour ça que ce soir on parle sur la prise en
considération du rapport du projet de loi 69. C'est pour ça, M.
le Président, que l'Opposition officielle va faire, jusqu'au bout, et
jour et nuit s'il le faut, le travail qu'elle a à faire pour bien
représenter son monde. Ce serait beaucoup plus facile de s'en aller chez
nous, quand ces gens-là ne respectent pas la population, quand on nous
met trois bâillons de file.
C'est quoi la loi 69? La loi 69 c'est la Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé. Mais en
clair, c'est quoi? En mots clairs, ça veut dire que la loi 69 modifie le
financement des commissions scolaires, du Conseil scolaire de 111e de
Montréal. C'est ainsi que le projet de loi élargit le pouvoir de
taxation des commissions scolaires et du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, en fixant de nouvelles limites, de nouvelles façons
d'intervenir.
Si on faisait un petit peu d'histoire, on se rendrait compte que c'est
depuis 1979, plus précisément le 21 décembre, que la Loi
sur la fiscalité municipale fut adoptée. On n'était pas
là, ni vous ni moi, M. le Président, puisqu'on a
été élus en 1981, avec d'autres collègues. Mais
c'est depuis 1979, et ça découlait de la conférence
Québec-municipalités de 1978. Et après, l'accord s'est
fait en 1979. Ce qui a amené le gouvernement à passer la loi sur
la fiscalité en 1979 sur le pacte gouvernement-municipalités,
c'est que les dépenses des municipalités augmentaient
continuellement, avec de nouvelles responsabilités que le gouvernement
leur donnait, mais leurs revenus n'augmentaient pas en conséquence.
Donc, il fallait que le gouvernement intervienne, de façon ponctuelle,
dans l'un ou l'autre des dossiers. Et souvenez-vous, je suis certaine que vous
vous souvenez de ça, vous qui avez déjà été
maire, je pense, d'une municipalité. (0 h 20)
Donc vous devez vous souvenir que les maires faisaient des processions
ici, au gouvernement. Ils faisaient une petite parade pour venir voir le
ministre, pour venir chercher un peu d'argent et il fallait qu'ils soient
beaux, fins et flattés sur le bon bord pour arriver une journée
que le ministre filait de bonne humeur pour revenir avec les montants d'argent
pour boucher des trous. Alors, en 1979, le gouvernement de l'époque, le
gouvernement du Parti québécois, a fait en sorte qu'il y ait une
loi qui soit adoptée et qui dise que le champ d'impôt foncier,
ça va être réservé aux municipalités, que les
commissions scolaires, elles, ça serait autre chose. Donc,
c'était entendu, à l'époque, pas de problème.
Ça devait se régler, à ce moment-là, comme
ça. C'était une décision, je pense, que le gouvernement de
l'époque a prise et il a bien fait de la prendre puisqu'à partir
de ce temps-là, de 1979 à aller à il y a quelque temps,
pas très longtemps, quand le gouvernement libéral a
décidé de mettre la hache dans cet accord qui fonctionnait
relativement bien, je crois, puisqu'on n'entendait pas les tollés de
protestations qu'on a eus dernièrement, quand le gouvernement du Parti
libéral a mis la hache dans la décision, qu'il a donné une
tape en pleine face à ce partenaire que sont les municipalités du
Québec...
M. le Président, de faire en sorte que le pacte qui avait
été suivi près de 10 ans, au-dessus de 10 ans, faire en
sorte qu'une décision unilatérale soit prise ici par le
gouvernement et, ensuite, on a refilé ça aux municipalités
sans qu'elles, qui sont supposées être des partenaires, ne soient
à la base de cette décision. Unilatéralement, le
gouvernement a décidé de briser le pacte de 1979, M. le
Président, et on sait ce qui en a découlé. Les
municipalités n'étaient pas très heureuses de la
décision gouvernementale puisqu'elles n'avaient pas été
consultées. Elles croyaient que le gouvernement était toujours ce
partenaire qu'il avait dit qu'il était en 1979 et les années qui
ont suivi. Il n'était plus ce partenaire honnête, qui discutait
honnêtement, qui demandait aux municipalités leur impression sur
telle ou telle décision. Il n'était plus ce partenaire sur lequel
on pouvait compter. Il était devenu un étranger qui
décidait tout seul et qui intervenait dans une décision qui
datait de plusieurs années. Les commissions scolaires, bien sûr,
elles avaient une petite marge de manoeuvre de taxation, entre 2 % et 6 %, et
cette petite marge de taxation, M. le Président, c'était pour
donner une couleur locale, une saveur locale à des décisions
qu'elles voulaient prendre.
Par exemple, chez nous, on a eu la construction de la Domtar, l'usine la
plus moderne au monde, avec de la machinerie moderne. Donc, la commission
scolaire chez nous, avec ce petit pourcentage-là, pouvait, si elle avait
eu l'argent nécessaire, engager un professeur pour enseigner à
nos élèves comment faire pour être des spécialistes
pour travailler sur cet équipement-là à haute technologie.
Ça, c'aurait été une saveur locale parce que c'est chez
nous que ça se passe. Chez Bombardier, à Valcourt - c'est encore
chez nous, dans mon comté - on aurait pu, avec ce petit
pourcentage-là, faire en sorte que les étudiants sortent des
écoles avec une saveur locale, c'est-à-dire répondre
à un besoin que Bombardier a dans ses usines et faire en sorte que nos
étudiants soient branchés, soient édu-qués, soient
formés pour travailler chez Bombardier. Mais hélas! le petit
pourcentage qui restait aux commissions scolaires n'était pas suffisant
parce que le gouvernement a manqué à ses engagements et qu'il n'a
pas fait en sorte que les commissions scolaires reçoivent l'argent
nécessaire pour les immobilisations et les dépenses,
l'application des lois. Donc, qu'est-ce que ça fait? Le petit
pourcentage qui devait avoir une saveur locale-
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
Une voix: Je m'excuse auprès de ma collègue.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
Une voix: Ses propos sont intéressants, mais je vous
prierais de vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais vérifier
le quorum, monsieur, à votre demande. Qu'on appelle les
députés. C'est 23. Alors, Mme la députée, si vous
voulez poursuivre.
Mme Juneau: J'étais en train de dire, M. le
Président, que les commissions scolaires n'avaient plus cette
possibilité de donner une couleur locale aux besoins des
municipalités ou des entreprises qu'il y avait dans les
municipalités. Les crédits de mars dernier nous ont
révélé le pot aux roses ou le pot au rouge qui a fait en
sorte que les municipalités auraient une soustraction de 191 000 000 $
dans les revenus que le gouvernement était pour leur donner, ce qui
équivaut à 191 000 000 $ de subventions de fonctionnement et ce
qui équivaut en années scolaires à une baisse de 272 400
000 $, mais elles auront droit au pouvoir de taxation. Mais le pouvoir de
taxation, M. le Président, ça ne fait l'affaire de personne, ni
des commissions scolaires... Je regardais la réaction de la commission
scolaire de l'Estrie. M. Jacques Demers dit: Je suis en désaccord avec
le gouvernement. Le président de l'Union des municipalités, qui
est maire de mon comté, maire de Valcourt: De la "putasserie" politique,
selon l'UMQ. Ça fait trente ans, dit-il, que je suis en politique
municipale et je n'ai jamais rien vu de pareil.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
s'il vous plaît.
Mme Juneau: En terminant, M. le Président, ça ne
fait pas l'affaire de personne. Alors, pourquoi le gouvernement essaie-t-il de
passer à travers tout le monde?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel Mme Harel: Merci, M. le Président.
D'abord, permettez-moi de rendre hommage à mes collègues du
côté de l'Opposition qui ont siégé durant la
commission parlementaire qui a étudié le projet de loi 69. Je
veux dire qu'avec sobriété, ils ont manifesté tous une
connaissance approfondie du dossier et ils ont indiqué au ministre qu'il
faisait fausse route. M. le Président, j'avais le sentiment qu'il y
avait une sorte de coquetterie de la part du ministre à faire croire
qu'un exercice de réécriture de la loi, similaire à celui
effectué conjointement avec le député de Laviolette,
aurait pu être possible. M. le Président, c'est une loi de nature
fiscale à laquelle lui-même, le ministre de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur n'aurait pu déroger. Mes
collègues et le député d'Abitibi-Ouest en tête
n'auraient pas pu amener le ministre à s'asseoir pour justement
procéder à cette réécriture. Parce que le principe
en cause, le ministre lui-même ne pouvait pas y déroger.
Quel est le principe en cause? En caricaturant à peine, M. le
Président, c'est l'équivalent de l'employé qui s'est fait
taper sur la tête à l'ouvrage et qui tape sur la tête des
enfants en rentrant à la maison. C'est essentiellement le principe.
Parce que, pour connaître l'origine de ce projet de loi qui est devant
nous ce soir, il faut se rappeler le budget Wilson et se rappeler la facture
que le gouvernement fédéral a transférée à
Québec et se rendre compte que le gouvernement du Québec a
décidé de faire financer son propre déficit en faisant une
économie nette de subventions à l'éducation. Finalement,
cette décision de faire essuyer - parce que c'est ça,
essentiellement, dont il s'agit - faire essuyer par l'impôt foncier les
problèmes d'équilibre budgétaire du gouvernement du
Québec... Et pour ce faire, le gouvernement a presque faussement, d'une
façon... Et mon collègue d'Abitibi-Ouest a utilisé des
mots très très sévères, peu fréquents
d'ailleurs dans la bouche du député d'Abitibi-Ouest, quand il
parlait d'hypocrisie, quand il parlait de tartuferie. C'est que, M. le
Président, on a faussement, du côté du gouvernement,
utilisé le prétexte - on s'en est servi - de la santé
financière des commissions scolaires. Ça faisait longtemps
déjà que la Fédération des commissions scolaires
dénonçait le sous-financement du réseau scolaire.
Ça faisait donc longtemps qu'il indiquait au gouvernement qu'il y avait
un manque à gagner. Mais le gouvernement a décidé de se
servir, en renvoyant la facture, puisque le transfert des
responsabilités d'entretien, en tout et pour tout, va laisser une bien
maigre pitance aux commissions scolaires en regard de ce qu'elles attendaient.
(0 h 30)
M. le Président, il y avait même eu une entente avec
l'Union des municipalités. Je ne dis pas qu'elle avait été
faite de gaieté de coeur. Mais l'Union des municipalités du
Québec avait même consenti à ce que les commissions
scolaires
puissent aller, dans le champ foncier chercher les 75 000 000 $ qu'elles
considéraient avoir à suppléer, M. le Président. Et
d'où viennent ces 75 000 000 $ dont parlaient les commissions scolaires
et sur lesquels l'Union des municipalités du Québec consentait
à actualiser les revenus des commissions scolaires? Ça vient
essentiellement d'une différence dans les recettes des commissions
scolaires, comparativement aux recettes des villes, et cette différence
vient des politiques de subvention à l'éducation du gouvernement
et vient du fait que la masse des dépenses à l'Éducation
n'a pas suivi le même rythme que le taux d'inflation. Et les commissions
scolaires se retrouvaient dans un manque à gagner évalué
à 75 000 000 $, compte tenu de l'indexation au même rythme que
l'augmentation du total des taxes municipales, considéré à
peu près entre 80 000 000 $ et 90 000 000 $. Et l'Union des
municipalités du Québec consentait à ce que les
commissions scolaires puissent aller chercher ce montant et démontrait
sa bonne foi en permettant ce que tout le monde appelait l'actualisation.
Mais ce n'est pas de ça dont il est question: il ne s'agit pas de
corriger le sous-financement des commissions scolaires, M. le Président.
C'est une hypocrisie, c'est une tartufferie, finalement, ce qui s'est
passé. C'est que le gouvernement a décidé de ne pas
injecter plus d'argent, au contraire, de transférer - et ma
collègue, la députée de Terrebonne, l'a bien décrit
- des responsabilités d'entretien des bâtisses en faisant une
économie de subvention à l'éducation et, ce faisant, le
gouvernement porte une atteinte grave à deux principes largement
appuyés, partagés par l'opinion publique du Québec. Ces
principes, essentiellement, sont les suivants: l'autonomie municipale et la
responsabilité collective de toute la société à
l'endroit de l'Éducation.
D'abord, M. le Président, voyons le principe de l'autonomie
municipale. C'est en 1980 que fut mis en vigueur ce pacte fiscal.
Essentiellement, il s'agissait de convenir que les municipalités avaient
l'exclusivité du champ d'impôt foncier, à la
différence des dépenses non admissibles des commissions scolaires
jusqu'à un maximum de 6 %. Et c'est ces 75 000 000 $ dont il s'agit
maintenant, pour actualiser ce champ dans lequel se trouvaient les commissions
scolaires. Mais, essentiellement, les commissions scolaires, d'un
côté, obtenaient le champ d'impôt foncier et puis, de
l'autre côté, se retiraient complètement des taxes à
la consommation. C'était quand même une concession majeure qui
était faite de la part des municipalités au gouvernement et le
gouvernement promettait de remplir ses obligations comme citoyen corporatif, ce
qui veut dire, concrètement, de payer ses taxes, comme tous les autres
citoyens les paient, de payer les taxes sur les bâtisses dont il est
propriétaire et qui sont situées dans les municipalités,
ce qu'il n'a jamais complètement assumé, une obligation à
laquelle il s'est, en partie, soustrait, et, d'autre part, le gouvernement
consacrait l'exclusivité du champ foncier aux municipalités. Et,
dans ce document qui revalorisait le pouvoir municipal, on pouvait lire: "Les
municipalités doivent donc pouvoir compter sur un champ fiscal qui leur
est propre, qui leur permet de fixer elles-mêmes, avec la participation
des citoyens, le niveau des services municipaux et le niveau des impôts
locaux correspondants." Bien, c'est ça qu'on a saccagé, M. le
Président, et c'est pour ça qu'on a assisté à cette
clameur qui est venue de l'ensemble du Québec, de toutes les
municipalités, les plus petites comme la plus grosse, Montréal,
dont j'espère avoir l'occasion de vous parler ce soir, en particulier.
M. le Président, le gouvernement s'est soustrait à cette
obligation qu'il avait de respecter ce pacte qu'il avait conclu avec les
municipalités...
Mme Caron: Je m'excuse, M. le Président. Mme Harel:
...ou de le renégocier.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Excusez-moi, Mme la
députée.
Mme Caron: Je m'excuse auprès de ma collègue,
question de règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, question de
règlement, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Est-ce que vous voulez vérifier s'il y a
quorum?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, qu'on appelle les
députés.
Si vous voulez poursuivre, Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, je disais donc que le
gouvernement du Québec a décidé de boucler son budget au
mépris des municipalités du Québec et au mépris,
surtout, de l'autonomie municipale qui assurait aux municipalités un
sens des responsabilités et qu'il ne faudra pas que le gouvernement les
blâme maintenant qu'elles remettent en question, qu'il a lui-même
remis en question ce pacte. D'autre part, au mépris également de
ce qui était convenu comme allant de soi, c'est-à-dire la
responsabilité collective de toute la société à
l'endroit de l'éducation.
M. le Président, les contribuables de Montréal vont
souffrir de ce qui va suivre l'adoption du projet de loi 69. Le compte de taxes
scolaires augmentera, selon les responsables municipaux, de 121 %, avec une
perception additionnelle de 35 000 000 $, le taux passant de 0,068 $ à
0,155 $ les 100 $ d'évaluation. Ce sont là des chiffres que m'ont
fournis les responsables de l'administration à la ville de
Montréal, M. le
Président, en rappelant que le paradoxe est évidemment
important quand on pense que les Montréalais et les Montréalaises
vont payer plus du double de taxes scolaires, alors que la population
étudiante, à la CECM est passée de 118 000, en 1980,
à 84 000, en 1990: baisse de la clientèle scolaire et hausse du
double des taxes scolaires.
D'autre part, M. le Président, ça signifie que pour
Montréal, l'augmentation de la taxe scolaire va rendre encore plus
difficile l'accès à la propriété. C'est quand
même étonnant que ce gouvernement ne s'intéresse pas aux
effets pervers des politiques qu'il met en place. Quand on pense que la
politique d'accès à la propriété en matière
d'habitation, dont ont pu bénéficier 26 000 ménages du
Québec, n'a réussi à favoriser que 1380 d'entre eux dans
la ville de Montréal. Imaginez-vous une politique
québécoise qui ne profite qu'à 5 % des Montréalais
qui sont plus de 15 % de la population. Parce que ce sont des politiques qui ne
tiennent pas compte, justement, des coûts a la hausse de la valeur
marchande des propriétés.
C'est évident, M. le Président, je termine en vous disant
que les Montréalais vont certainement avoir à subir plus que
quiconque les contrecoups de ces politiques budgétaires du gouvernement
du Québec. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Je reconnais le prochain
intervenant, M. le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de
l'Opposition officielle. M. le député.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Ce projet de loi 69,
c'est d'abord et avant tout - mes collègues l'ont maintes fois
signalé mais je pense qu'il faut encore une fois le
répéter - une rupture brutale et sauvage du pacte fiscal qui
avait été conclu, il y a un peu plus de 10 ans, entre le monde
municipal et le gouvernement. Ce pacte municipal avait vu le jour à la
suite d'une longue négociation, de discussions laborieuses, mais tout
à fait démocratiques, puisque ça s'était fait
à l'occasion d'assises où les deux parties étaient
largement représentées. Et, à la suite de cette longue
négociation, on en est arrivés à un véritable
pacte, je pense que le terme est tout à fait exact, un véritable
pacte fiscal où les municipalités voyaient leur autonomie
élargie et où l'on acceptait le principe que le champ de
l'impôt foncier était, d'abord et avant tout,
réservé aux municipalités. Donc, les bases de ce pacte
étaient connues et acceptées et c'est comme ça qu'on a
fonctionné pendant plus de dix ans. (Oh 40)
Bien sûr, on pourra nous dire que les municipalités, ce
sont comme, pour employer l'expression courante, des créatures du
gouvernement ou des créatures du Parlement et que, par
conséquent, le gouvernement dispose des pouvoirs requis, des
compétences constitutionnelles requises pour imposer ses vues, pour
imposer les décisions qu'il a prises. J'en conviens, c'est vrai. C'est
vrai que constitutionnellement, légalement, juridiquement, le
gouvernement peut changer le pacte fiscal conclu il y a 10 ans, le modifier, le
chambarder, le bouleverser unilatéralement, sans consultation. C'est
vrai. Sur le plan légal et juridique, c'est sans faille, mais il reste
qu'on avait établi depuis plus d'une dizaine d'années un
véritable partenariat entre le gouvernement et le monde municipal et on
avait convenu, dès le départ, de faire les choses d'un commun
accord, de faire les choses par la voie du consensus. Tout cela est maintenant
rompu, brisé, bouleversé, parce que le gouvernement a
décidé d'aller chercher 320 000 000 $ de plus en taxes
foncières pour financer une partie de ses dépenses. Remarquez que
les intentions sont louables. Quand on regarde les motifs, on est
obligés de constater que ce sont des motifs louables puisque, face
à des problèmes financiers vécus par les commissions
scolaires - et Dieu sait que tout le monde le reconnaît, même les
unions municipales reconnaissaient que les commissions scolaires, le monde
scolaire vivait difficilement des problèmes de caractère
financier et que, donc, par conséquent, il y avait lieu de trouver des
solutions aux problèmes financiers vécus par les commissions
scolaires-Mais quand on regarde la façon dont on s'y est pris, je pense
qu'on est obligés de qualifier de brutale cette façon de
procéder, cette manière de faire. Ça nous indique,
cependant, l'influence du ministre de l'Éducation. Ça, il faut le
reconnaître; le ministre de l'Éducation a manifesté,
à l'occasion de cette affaire, son influence très grande,
déterminante au sein du Conseil des ministres. Il a vraiment
gagné sur toute la ligne. C'est son point de vue qui a prévalu et
son collègue des Affaires municipales s'est retrouvé dans une
position on ne peut plus délicate, sa fierté outragée et
blessée. On sait comment il a réagi et comment, en fait, il s'est
difficilement contenu, il a difficilement contenu ses émotions et ses
positions parce que, vraiment, il s'était fait carrément
écarter, reléguer aux oubliettes, humilier, disons-le, par son
collègue de l'Éducation. Au moins, toute cette affaire
démontre que le ministre de l'Éducation est très puissant
au sein du Conseil des ministres et qu'il peut assez facilement rabrouer ses
collègues. Dans le cas de son collègue des Affaires municipales,
c'est évident, c'est clair qu'il a été carrément
rabroué. On comprend que le ministre des Affaires municipales en soit
sorti blessé, mais il reste que la manière de faire a
été brutale et ça a suscité, évidemment, un
fort mécontentement au sein du monde municipal qui est entré
pratiquement en rébellion pendant un certain nombre de semaines
parce qu'on considérait comme sauvage la façon dont on
avait procédé, et aussi une façon méprisante de
procéder, parce qu'il n'y a eu aucune discussion pour en arriver
à une décision de cet ordre-là, de cette
envergure-là.
Quand ça implique 320 000 000 $ de taxes foncières, ce
n'est pas rien. Ce n'est pas négligeable. Ce n'est pas1
anodin en soi, 320 000 000 $ de taxes foncières, et ça s'est fait
sans aucune discussion, sans; aucune consultation avec le monde municipal et de
façon délibérée. On sait qu'à partir du mois
de décembre 1989, il y a une décision du Conseil des ministres
qui enclenche le processus pour en arriver à une solution concernant les
problèmes financiers des commissions scolaires. C'était donc
planifié à l'avance. Il n'y a rien de spontané
là-dedans; c'était programmé, c'était
planifié et il y avait une volonté de ne pas consulter le monde
municipal, puisqu'il n'a pas été consulté. Et le discours
sur le budget est venu en quelque sorte consacrer ce coup de force
perpétré par le gouvernement à l'égard du monde
municipal.
Et puis, il n'y a pas de retour en arrière possible. C'est
ça qui fait la gravité du geste et de la décision de ce
projet de loi, il n'y a pas de retour en arrière possible.
Écoutez, quand on autorise les commissions scolaires à aller
chercher 320 000 000 $ en taxes foncières, il ne faut pas s'imaginer que
ça va avoir lieu uniquement une année, que c'est temporaire.
C'est évident qu'une décision de cette envergure-là,
ça va durer longtemps. C'est inscrit dans la réalité pour
un bon bout de temps. D'ailleurs, tout le monde l'admet, même si les
municipalités ont réclamé ou réclament dans leurs
cinq conditions une révision de cette décision à
l'occasion d'assises Québec-municipalités réclamées
par les deux unions, à partir du moment où le gouvernement
accepte qu'il y ait des assises Québec-municipalités, il y en
aura. Je ne sais pas quand. D'ici un certain nombre de mois, il y aura des
assises Québec-municipalités où on va aborder un certain
nombre de sujets et le gouvernement dit: Oui, oui, on pourra discuter du
financement scolaire - il n'y a pas de problème - à ces
assises-là, mais, cependant, et je cite le premier ministre dans sa
lettre au président, M. Desrosiers, de l'Union des municipalités
du Québec: "II convient également de mentionner que la question
du financement scolaire pourra être abordée à l'occasion de
ces assises, sans cependant remettre en cause l'approche que le gouvernement a
priviligiée dans son dernier budget." Alors, vous pourrez en discuter;
vous pourrez dire ce que vous en pensez, vous pourrez exprimer votre
insatisfaction, votre mécontentement, mais je vous dis tout de suite
qu'il n'y aura rien de changé. C'est là pour longtemps.
Le ministre d'ailleurs, toujours aussi franc - c'est au moins une de ses
qualités qu'on doit lui reconnaître, sa franchise - l'a
également indiqué lui aussi à l'occasion de ce
débat-là, je pense que c'est en commission parlementaire. "Il y a
également lieu de présumer, à moins d'avis contraire -
c'est le ministre qui parle - que le gouvernement qui a voulu instituer des
modifications aussi importantes dans le champ de la fiscalité scolaire,
qui a assumé les risques politiques inhérents à cet
exercice, devait avoir à l'esprit des changements dont la nature et les
effets ne seraient pas seulement transitoires, mais durables."
Alors, il y aura des assises Québec-municipalités, mais
ces assises vont porter sur je ne sais pas trop quoi, probablement des sujets
sans doute intéressants, mais sur le fond des choses, sur le
problème du financement, sur le problème de la fiscalité,
on pourra en discuter. Seulement, la décision du gouvernement est
irrévocable, on ne reviendra pas là-dessus, il n'y aura pas de
retour en arrière. C'est donc un projet de loi qui, encore une fois, je
le répète et je termine là-dessus, M. le Président,
constitue une rupture sauvage et brutale du pacte fiscal et qui, en plus, nous
a été imposé et est adopté aussi de façon
brutale et sauvage par le bâillon. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Nous faisons encore face
une autre fois avec cette loi, à une imposition supplémentaire au
niveau des contribuables. Ce qui veut dire que le gouvernement, n'ayant pas le
courage de taxer directement les contribuables, comme normalement tous les
gouvernements doivent le faire, agit d'une façon tout à fait
détournée pour faire passer l'odieux et faire prendre toute la
responsabilité à d'autres organismes que lui-même pour
aller chercher de l'argent dans la poche des contribuables. Ce moyen ici pour
permettre aux commissions scolaires de taxer davantage les contribuables - mes
collègues l'ont dit également - c'est un bris du pacte, de
l'entente qu'il y avait eue en 1979 avec le gouvernement du Québec et
les municipalités du Québec. (0 h 50)
Depuis 1979, il y avait une paix entre les commissions scolaires, qui
sont des élues, et les élus municipaux. On avait chacun notre
champ de taxation, notre capacité de revenu, nos moyens, et ça
allait bien. Et, 10 ans plus tard, le gouvernement libéral arrive et
vient, encore une autre fois, anéantir tous les efforts que le Parti
québécois avait faits à l'époque pour essayer de
mettre de l'ordre dans l'administration publique. Et, par cette loi, la loi 69,
le gouvernement, dans son appétit vorace d'aller chercher des revenus
supplémentaires ou taxer, faire taxer davantage d'autres organismes que
lui, a trouvé
ce moyen de permettre aux commissions scolaires de taxer à peu
près le double de ce qu'elles taxaient avant.
Chez nous, dans les Bois-Francs, les commissions scolaires imposaient
à peu près 0,18 $ du 100 $. Ça variait entre 0,16 $ et
0,18 $ du 100 $ d'évaluation. Maintenant, par le biais de cette loi, les
commissions scolaires pourront taxer jusqu'à 0,35 $ du 100 $
d'évaluation. Pourquoi n'allaient-elles pas chercher plus que 0,18 $
avant? C'est parce qu'il y avait aussi un maximum d'imposé en
pourcentage. Elles ne devaient pas dépasser un certain pourcentage.
Et, là, on a fait sauter le pourcentage. Donc, on peut aller
chercher jusqu'à 0,35 $ de plus. Et ce même gouvernement dit: Ce
n'est pas grave! C'est encore moins pire qu'en Ontario. En Ontario, les
contribuables ontariens sont encore plus taxés par les
municipalités qu'ils sont taxés ici au Québec. Et quand on
regarde les choses comme il faut, à chaque fois qu'en Ontario, le
gouvernement a donné plus de pouvoir, a élargi le champ de
taxation des municipalités, lui, il s'est retiré, en partie,
à une part égale, et des fois plus. Tandis qu'ici, au
gouvernement du Québec, on augmente le pouvoir de taxation au niveau des
commissions scolaires et, en même temps, lui, il ne se retire pas. Il
continue à imposer, il continue à taxer de la même
façon.
Et, ça, c'est suite, encore une fois, au discours sur le budget
qu'on a entendu ce printemps. Le gouvernement s'est vanté qu'il n'y
avait pas de hausse de taxes importante, qu'il n'y avait pas de hausse
d'impôt. Mais, quand on prend le temps d'analyser ça comme il
faut, on s'aperçoit que le gouvernement va chercher des milliards de
plus dans la poche des contribuables en autorisant les organismes à les
taxer davantage pendant que lui, il ne bouge pas. Il n'impose pas moins. Il
impose les mêmes choses qu'avant et il permet aux autres d'y aller.
Si on regarde au niveau de cette loi comme d'autres qu'on vient
d'adopter, ce gouvernement est en train de faire l'unanimité - je l'ai
dit - contre lui, parce que même si le gouvernement faisait ça
pour avantager les commissions scolaires, au tout début, plusieurs
commissions scolaires se réjouissaient de voir élargir leur
revenu et, par la suite, quand elles se sont aperçues que le
gouvernement, en même temps, se retirait d'engagements qu'il avait pris
au préalable, entre autres, au niveau de l'entretien des bâtisses,
la transformation à apporter aux immeubles pour les rendre conformes aux
exigences actuelles, et les règles concernant la sécurité,
les exigences aux programmes pédagogiques, les méthodes
d'enseignement et la qualité de vie.
Maintenant, ce seront les commissions scolaires qui auront à
administrer leurs bâtisses. Dans une étude qui a été
faite en 1987 ici sur la gestion des équipements, il est
intéressant de lire qu'un comité composé de
représentants des commissions scolaires de la Direction régionale
du centre du Québec - ça, c'est dans mon coin - dans le but
d'évaluer les besoins de remise à neuf des immeubles de 22
commissions scolaires qui font partie de cette région et de
connaître les transformations apportées aux immeubles pour les
rendre conformes aux exigences actuelles, ce que j'ai dit tout à
l'heure. Les résultats de cette étude sont à l'effet qu'il
faut investir 40 000 000 $ dans cette région d'ici cinq ans pour
remettre les bâtiments à neuf, et 25 000 000 $ pour les rendre
conformes aux exigences actuelles.
C'est de l'argent, ça, M. le Président, dont le
gouvernement se désengage. Il dit: Je vais vous permettre de taxer;
arrangez-vous avec vos problèmes. Les commissions scolaires qui sont
situées dans les régions, c'est elles, encore une fois, qui en
souffriront le plus parce qu'on s'aperçoit que les régions se
vident, M. le Président. Les commissions scolaires sont obligées
de maintenir, heureusement, les structures, les immeubles nécessaires
aux enfants qui restent encore dans la région et il y a de moins en
moins de contribuables pour payer les taxes. Quand on se promène,
aujourd'hui, dans les rangs, dans les régions, c'est triste à
voir. Souvent, dans un rang où jadis il y avait 7, 8 ou 10 fermes, de
grosses entreprises qui pouvaient participer à amener des revenus au
niveau des municipalités, aujourd'hui, ce n'est pas rare de voir qu'il
en reste juste une, deux ou trois. Donc, la municipalité, elle, est
obligée de continuer à entretenir le rang ou le chemin.
Le gouvernement, d'un autre côté, est en train de discuter.
Ça a été dit ce printemps, j'y avais fait allusion dans
les journaux et le ministre délégué à l'Agriculture
ne m'a pas contredit. On a dit: C'est remis à l'automne. Le gouvernement
est en train d'étudier la possibilité de revoir toute la taxation
au niveau de la fiscalité municipale. On sait qu'actuellement le
gouvernement du Québec rembourse 70 % des taxes foncières aux
agriculteurs du Québec. Mais, par contre, les municipalités ont
un maximum. Elles ne peuvent pas évaluer les fermes à plus qu'un
maximum et le gouvernement ferait sauter ce maximum. Maintenant, selon ce qui
est discuté, ce qu'on s'apprête à discuter, c'est que les
municipalités pourraient imposer à 100 % la valeur
foncière et le gouvernement rembourserait, on ne sait pas si ça
va être 70 % ou 80 % de ce montant-là aux agriculteurs. Mais ce
sera aux municipalités de percevoir cette taxe au complet, à 100
%. Ce sera aux contribuables de payer cette taxe à la
municipalité et le contribuable devra réclamer du gouvernement la
partie qu'on lui remboursera. Mais on dit bien dans les discussions que ce sera
uniquement au niveau de la taxe foncière; les immeubles, soit les
bâtisses, la maison, la grange, les remises ne seront plus remboursables
pour la taxation.
En retour, aussi, le ministère des Affaires municipales qui
remboursait aux municipalités une
compensation pour la partie qu'elles ne pouvaient pas évaluer
n'aurait plus à rembourser cette partie-là, puisque ce serait la
municipalité qui irait la chercher à 100 %. Ceci veut dire, M. le
Président, en clair... Je donne des chiffres comme ça pour qu'on
puisse se comprendre. Admettons que le ministère des Affaires
municipales remboursait aux municipalités - je vais dire un chiffre,
là - 20 000 000 $ par année, là, il n'aura plus à
le rembourser. C'est possible que ça coûte 5 000 000 $ ou 10 000
000 $ de plus à l'agriculture pour rembourser la partie en surplus, mais
si on compare ça, le gouvernement va épargner 10 000 000 $.
C'est de cette façon-là, M. le Président, que ce
gouvernement va chercher des taxes, va chercher des revenus
supplémentaires d'une façon tout à fait hypocrite, tout
à fait cachée. Et on vient passer, on essaie de se vendre, on
essaie de passer pour un bon gouvernement, un bon administrateur pendant
qu'à tour de bras ça va avoir été, à cette
session-ci, une session de taxes. Ce gouvernement s'acharne à nous
passer sur le corps, à nous empêcher de parler avec des motions
pour suspendre les règles de toutes sortes de façons pour taxer
davantage les contribuables québécois.
Donc, je suis certain, M. le Président, que sa fin de
règne arrive parce que les contribuables vont finir par être
tannés et, surtout, ils ne seront plus capables de payer les taxes que
le gouvernement impose lui-même et que le gouvernement oblige les
municipalités, les commissions scolaires et d'autres organismes à
taxer davantage. (1 heure)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'écoutais le
député d'Arthabaska et je pensais commencer où il a
terminé. Au fond, quand on regarde les augmentations de taxes que les
gouvernements québécois et fédéral sont en train de
mettre en place pour l'année 1990-1991, dans une période de
récession économique, je pense qu'il y a vraiment une absence de
planification, une absence de prise de conscience de la capacité de
payer des contribuables.
On vit une époque, une période, actuellement, où on
dit qu'on est entrés en récession économique. Le taux de
chômage va s'accroître. On voit qu'il y a des milliers de
camionneurs qui sont devant le parlement. Pourquoi? Essentiellement parce
qu'ils veulent augmenter leur secteur de travail. Ils ont eu des augmentations
de taux d'intérêt sur leur camion, ils paieront donc plus chers de
remboursement d'intérêt, parce que les taux d'intérêt
sont accrus; le gouvernement va affecter moins de travaux que jamais dans les
différentes régions du Québec, donc moins de revenus pour
avoir des dépenses plus élevées, payer des remboursements
plus élevés. On voit que les contribuables qui ont des maisons,
cette année et l'an prochain, vont avoir des renouvellements
d'hypothèques, vont payer des frais beaucoup plus élevés
de prêts pour leur prêt hypothécaire; qu'il va y avoir, avec
cette année et l'an prochain, une augmentation équivalente sur
deux ans de 23 % du compte d'électricité; qu'en 1991 il y aura la
taxe sur les produits et services, qui va augmenter de 7 % en valeur
ajoutée, et qui va, sans doute, accroître l'inflation. Le
gouvernement fédéral admet 1,2 % mais la plupart des gens qui
sont réalistes parlent de 2 % à 3 %. Donc, des frais accrus
considérables. Par dessus ça, le gouvernement va imposer 320 000
000 $ de taxes scolaires aux contribuables du Québec. Les
municipalités vont, sans doute, augmenter aussi leurs taxes, parce que
les taux d'intérêt à payer sont plus élevés.
Il y aura du refinancement de dette municipale, qui amènera des
remboursements plus élevés, et, parce que les
municipalités n'ont pas le droit de faire de déficit, elles
devront donc taxer davantage pour rencontrer leurs obligations. Et il me semble
qu'à ce moment-ci, dans le temps, ce n'est peut-être par le moment
le plus opportun qu'a choisi le gouvernement pour le choix qu'il a fait. Comme
vient de dire le député d'Arthabaska, au fond le gouvernement a
choisi de pelleter sa neige dans la cour du voisin, de sorte que le
contribuable, lui, qui est le même citoyen, "squeeze" par le gouvernement
fédéral, par le gouvernement provincial, par le gouvernement
municipal, par les commissions scolaires, en même temps que par les
banques à cause des taux d'intérêt augmentés par le
taux d'escompte de la Banque du Canada, va dire: Je n'en peux plus dans une
période de récession économique.
Et c'est essentiellement pourquoi je dis qu'il y a des mesures, comme la
TPS par exemple, qui pourraient être, en théorie, une meilleure
taxe que celles qui existent, mais que, dans le temps, c'est une qualification
épouvantable, dans le temps. De la même façon, à mon
avis, qu'on peut discuter, parce qu'il y a deux questions qui se posent: est-ce
qu'on peut faire ce que le gouvernement veut faire, ou non? Deux questions qui
se posent, en réalité, M. le Président. Les
municipalités ont-elles trop de revenus? Et, deuxièmement, est-ce
que le meilleur moyen de financer l'enseignement, au niveau primaire et
secondaire, c'est par le biais de l'impôt foncier? Est-ce que les
municipalités ont trop de revenus? Il y en a qui le pensent. Je voyais
récemment le journal Les Affaires qui indiquait que les cadres
des municipalités ont des salaires qui sont 35 % au-dessus du
marché de l'entreprise privée, qui sont beaucoup plus
élevés, également, que ceux du gouvernement du
Québec. Il y en a qui pensent que si les municipalités ont le
moyen de payer le niveau de salaire qu'elles paient, à
comparer au secteur privé et au gouvernement du québec,
c'est peut-être parce qu'elles ont beaucoup de revenus. il y en a qui le
pensent. et je pense que le débat pourrait se faire en comparant le
gouvernement du québec, les commissions scolaires et les
municipalités. c'est un débat qui peut se faire. mais est-ce que
la meilleure façon de faire le financement scolaire c'est, pour le
gouvernement, d'aller chercher, par l'impôt foncier, des revenus
additionnels? ça, je pense que c'est une erreur, parce que,
essentiellement, au lieu d'avoir une politique familiale, d'aider les familles,
d'aider les territoires qui ont plus d'enfants, au contraire, là, on va
pénaliser les secteurs qui ont des enfants.
Je fais partie d'un territoire où il y a des enfants, sur la rive
sud de Québec, dans les deux comtés représentés...
Dans Chutes-de-la-Chaudière, le taux de natalité est le plus
fort, et aussi dans Desjardins, où il y a beaucoup d'enfants. Qu'est-ce
qui va arriver? Au lieu d'avoir représenté les enfants comme une
charge collective de l'ensemble des citoyens, on en arrive, par le biais de
l'impôt foncier, à faire payer pour les écoles les gens qui
ont des enfants, comme s'il fallait faire un frein aux enfants,
pénaliser davantage les territoires où le taux de natalité
est plus élevé, alors que ces enfants-là, plus tard,
paieront des taxes, autant pour ceux qui n'en ont pas eu que pour ceux qui en
ont eu, des enfants. Le financement scolaire, au niveau primaire ou secondaire,
jusqu'au niveau où la scolarité est obligatoire, ça
devrait être une charge collective de l'ensemble des citoyens, autant de
ceux qui n'ont pas d'enfant, que ceux qui ont des enfants. Parce que, plus
tard, ces enfants-là paieront des taxes pour les citoyens malades, pour
les citoyens âgés, pour les citoyens, indistinctement,
indifféremment, qu'ils aient eu des enfants ou qu'ils n'en n'aient pas
eu. C'est pourquoi l'ensemble de la collectivité doit contribuer pour
l'éducation des enfants qui est une richesse collective. Je dis, au
fond, que, dans une société, le capital humain, c'est une de ses
principales richesses à condition de développer ce capital
humain. La meilleure façon de le développer, c'est par
l'éducation, mais l'éducation ne doit pas être
considérée comme la seule responsabilité des parents pour
assumer eux-mêmes les frais, de la même façon qu'elle ne
doit pas être la seule responsabilité des territoires où il
y a plus d'enfants qu'ailleurs. C'est ça qui va arriver. Les territoires
où il y a plus d'enfants, le niveau d'impôt foncier devra
être plus élevé pour payer une plus grande partie des
écoles qui deviendront de moins en moins une charge collective. C'est
là que je dis qu'est l'erreur, M. le Président, de retourner
à l'impôt foncier pour faire le financement scolaire au niveau
primaire et secondaire. Je pense que c'est là qu'est l'erreur. Le
gouvernement, s'il considérait qu'il y avait trop d'argent dans les
municipalités, avait différentes façons d'aller le
chercher. Mais d'aller imposer le financement scolaire par l'impôt
foncier, à mon avis, ça, c'est une erreur fondamentale. C'est
là-dessus, M. le Président, si on veut avoir une politique
familiale, au fond, qu'il va falloir faire en sorte que l'ensemble des citoyens
contribuent à cette richesse que sont les enfants. Il va falloir que
l'ensemble des citoyens paient pour ces enfants-là parce que ces
enfants-là...
Si on regarde la Régie des rentes du Québec, quand on
regarde la Régie des rentes du Québec, on se rend compte,
actuellement, qu'il y a une personne de plus de 65 ans par rapport à six
qui ont entre 20 et 65 ans, 15 % à 17 % actuellement. En l'an 2030,
d'après les prévisions actuelles, il y aura 47 personnes
au-dessus de 65 ans par rapport à 100 qui auront entre 20 et 65 ans.
Ça veut dire que les enfants qui viennent au monde actuellement devront
assumer des charges sociales considérables à cause du
vieillissement de la population. Il me semble qu'à ce moment-là
c'est à l'ensemble de la société à payer pour
l'éducation de ces enfants-là parce qu'eux, demain, devront
assumer des charges sociales considérables à cause d'un
vieillissement de la population dont ils ne seront pas responsables. C'est pour
ça que je dis: Si on considère qu'il y avait trop d'argent dans
les municipalités... C'est un débat qui peut se faire. Je sais
qu'il y en a qui pensent ça. Je ne me prononcerai pas là-dessus.
J'aimerais ça avoir davantage de données. Mais s'il y a trop
d'argent dans les municipalités, à mon avis, la façon de
le faire, ce n'est pas de transférer l'impôt foncier aux
commissions scolaires, c'aurait été, pour le gouvernement,
possiblement, de faire des transferts moins considérables aux
municipalités, s'il pense qu'elles ont trop d'argent, pour garder ces
montants d'argent là pour lui pour, lui, continuer à payer pour
l'ensemble du système scolaire. Il me semble que c'est une erreur
fondamentale de retourner à l'impôt foncier pour faire le
financement scolaire.
C'est pourquoi, M. le Président, je dis qu'il y a deux questions:
Les municipalités ont-elles trop de revenus? Première question.
Si elles ont trop de revenus, le gouvernement du Québec peut dire,
à ce moment-là, en vertu d'une justice sociale: J'ai le droit
d'en prendre une plus grande part. Mais je pense que la deuxième
question c'est: Est-ce qu'on doit faire le financement scolaire par
l'impôt foncier? Je pense qu'on ne doit pas faire le financement scolaire
par l'impôt foncier jusqu'à l'âge primaire et secondaire
parce que ça doit être une charge à laquelle doit
contribuer l'ensemble des citoyens de la collectivité, non pas
seulement, principalement ceux qui sont dans le territoire où sont les
enfants qui devront payer pour les écoles qui sont bâties dans ces
territoires-là. Ça devrait être une charge répartie
dans l'ensemble de la société et davantage, à mon avis,
par l'impôt sur le revenu où ceux qui ont plus de revenus
contribueront davantage et ceux qui ont en
moins paieront moins pour ces charges scolaires. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député.
M. Boulerice: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le
député, question de règlement.
M. Boulerice: Oui. Puisqu'on nous impose le bâillon, que
les "bâillonneurs" soient présents...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Quelle est votre
question de règlement?
M. Boulerice: Je voudrais vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vérifier le
quorum? Alors, qu'on appelle les députés, s'il vous
plaît.
Alors, M. le ministre de l'Éducation, en vertu de l'article 253,
vous avez un maximum de cinq minutes suite à l'intervention... (1 h
10)
M. Ryan: Merci.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Boulerice: Sauf le respect que j'ai pour le ministre -
j'aimerais bien qu'il puisse m'en-tendre - j'invoquerais l'article 32.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À quel sujet, M.
le député, l'article 32, sur le quorum?
M. Boulerice: Sur le décorum, parce que, dans cette
Chambre, il y a des places assignées.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si les
députés veulent prendre leur place, en vertu de l'article 32,
conformément à la demande du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît. Veuillez prendre vos places,
s'il vous plaît. S'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le
député! Je vous demanderais de respecter le décorum, tous
et chacun d'entre vous. Ce n'est pas parce qu'il est 1 h 10 qu'on est
obligés de ne pas respecter le décorum. M. le ministre de
l'Éducation, en vertu de l'article 253.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. S'il vous
plaît! Quelle est votre question de règlement, M. le
député?
M. Boulerice: Vous connaissez, comme moi, l'article 35,
alinéa 9: "...adresser des menaces à un député".
Sous prétexte que j'ai adressé une question de privilège,
de droit, plutôt, à cette Assemblée, le
député s'est permis de me menacer physiquement. Vous l'avez
entendu comme moi, M. le Président!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le .
député, je m'excuse, je ne l'ai pas entendu. Je ne l'ai pas
entendu. Ecoutez, M. le député, si je l'avais entendu, je
l'aurais dit. M. le leader adjoint, je pense qu'on peut poursuivre. M. le
député.
M. Lefebvre: Je veux juste rappeler au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qu'il existe la troisième disposition de
l'article 32 qui dit ceci: "Ils - les députés - doivent
s'abstenir de tout ce qui peut nuire à l'expression d'autrui". L'abus
des règlements, l'utilisation de l'article 32, M. le Président,
de façon inappropriée, inutile et insignifiante, ça
déroge au paragraphe 3 de l'article 32.
M. Boulerice: M. le Président, en vertu de l'article 35 du
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je m'excuse. M. le député. Écoutez,
je vais en régler une et je vais aller à vous après. En
vertu de l'article 32, tout député peut faire toujours une
question de règlement dans cette Chambre en vertu des articles du
règlement. Et quelle est votre question de règlement maintenant,
M. le député?
M. Boulerice: Bien, justement, M. le Président, le leader
adjoint du gouvernement, selon l'article 35, paragraphe 6, effectivement, a
imputé des motifs indignes à un autre de ses collègues,
c'est-à-dire, moi, M. le Président. Je trouve inapproprié
qu'un gouvernement qui impose un bâillon m'accuse de me servir de la
procédure...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
M. le député, sur la question de règlement, j'ai rendu ma
décision. Sur la question de règlement, en vertu de l'article 32,
du leader adjoint, j'ai rendu ma décision. J'ai dit que tout
député pouvait en tout temps se servir d'une question de
règlement à l'intérieur du règlement. Et, suite
à ceci, je vais maintenant permettre au ministre de l'Éducation
d'intervenir suite au droit de parole du député de Lévis,
eh bien! avec un maximum de cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui. Je ne prendrai pas cinq minutes, M. le
Président. Je ne veux pas prendre le temps de la Chambre inutilement.
J'ai quelques précisions qui s'imposent à la suite des propos
très sérieux que j'ai entendus de la part du
député de Lévis. Je voudrais lui signaler, tout
d'abord, que je suis d'accord avec lui pour reconnaître que la
responsabilité principale dans le financement de l'éducation
à tous ses niveaux doit résider dans l'État provincial,
dans l'État du Québec. Et c'est tellement vrai que, pour la
présente année, le gouvernement consacrera à
l'enseignement primaire, secondaire, collégial et universitaire
au-delà de 9 000 000 000 $. Le montant dont il est question à
l'occasion du projet de loi 69, c'est 191 000 000 $ pour l'année
1990-1991 et - soyons francs - 272 000 000 $ pour l'année 1991-1992,
c'est-à-dire moins de 2 % de l'ensemble. On dit: Ce n'est pas bon non
plus que l'État québécois finance tout, parce que
ça met les commissions scolaires dans une situation de dépendance
excessive. On a dit: II faudrait que les commissions scolaires en financent un
petit peu plus de l'activité de l'éducation, pas
énormément, un montant qui est correspondant à ce qui est
prévu par le projet de loi sur une ponction, évidemment, sur
l'impôt foncier. Pourquoi? Les conseillers économiques
eux-mêmes de l'Union des municipalités du Québec lui
disaient, il y a déjà un an: Si le gouvernement fait le tour des
sources de taxation - ils reconnaissaient les besoins financiers
découlant surtout de l'endettement que le gouvernement
précédent lui avait laissé - s'il y a une source où
le gouvernement pouvait puiser, là, comparativement aux autres
provinces, c'est du côté de l'impôt foncier qui n'est pas
aussi occupé que les autres. C'est tout ce que le gouvernement fait avec
ceci: il va chercher une petite tranche de l'impôt foncier.
Comparé à la valeur totale du pacte foncier au Québec, qui
est à peu près, je pense, de 250 000 000 000 $, ce qui va
être fait là demeure très très modéré.
Je pense que c'est important de le réaliser aussi puis d'éviter,
par conséquent, de verser dans des débats doctrinaires qui n'ont
pas leur place dans ces considérations-là qui doivent être
éminemment pragmatiques. j'ajoute un deuxième point. je causais
récemment avec mon collègue, le ministre de l'éducation de
l'ontario, et je lui disais: comment ça fonctionne, chez vous, la taxe
foncière, la taxe scolaire? savez-vous ce qu'il m'a dit? il m'a dit:
dans le toronto métropolitain, toute l'éducation primaire et
secondaire est financée par la taxe foncière. ils n'en meurent
pas! ils n'ont pas créé un déséquilibre social
comme celui auquel on voudrait nous faire croire. nous autres, on va chercher
une portion infiniment modérée, comparativement à ce qui
est fait dans la province voisine de l'ontario et dans toutes les provinces
situées à l'ouest du québec où l'apport des revenus
des commissions scolaires qui leur provient de l'impôt foncier est au
minimum de 30 %, 35 %, 40 %. alors, par conséquent, nous sommes dans une
situation où nous pouvons nous comparer très avantageusement
à ce qui existe autour de nous et, dans ces matières, je pense
que ce n'est pas mauvais de regarder ce qui se passe autour de nous, et, quand
on peut être dans l'honnête moyenne, on n'est peut-être pas
tellement loin d'une situation qui a du bon sens.
Des voix: Bravo! le vice-président (m.
bissonnet): merci, m. le ministre de l'éducation. nous allons
poursuivre le débat maintenant avec m. le député de
pointe-aux-trembles. m. le député.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, le comté que je
représente ici est formé en grande partie de
propriétaires. Alors qu'à Montréal à peine 25 % des
personnes sont propriétaires de leur domicile, dans le comté de
Pointe-aux-Trembles, on fait presque le double de cette moyenne, avec 45 % de
la population qui est propriétaire de sa résidence. C'est donc
dire, M. le Président, que l'augmentation importante de l'impôt
foncier qui est annoncée au plan scolaire va frapper lourdement les
contribuables du comté de Pointe-aux-Trembles, qui se divisent en deux
grands groupes. D'une part, les familles...
On sait, au plan foncier, que les familles ayant besoin de plus d'espace
occupent des maisons dont l'évaluation est plus considérable que,
disons, un célibataire ou une célibataire. Et, en
conséquence, l'impôt foncier va les frapper lourdement. M. le
Président, je pense qu'ils ne trouveront pas de réconfort, s'ils
nous écoutent cette nuit, à entendre le ministre de
l'Éducation citer l'exemple de l'Ontario, puisqu'il nous dit qu'en
Ontario l'impôt foncier peut se rendre jusqu'à 30 %, 35 % et 40 %
de la facture de l'éducation. Alors, le pli étant pris, M. le
Président, on peut s'attendre à ce que, d'année en
année, le gouvernement force les commissions scolaires à
augmenter l'impôt foncier et que les contribuables écopent.
Ce qui est évident aussi, M. le Président, quand on parie
avec les gens et qu'on fait du porte-à-porte, c'est que les
renouvellements d'hypothèque font très mal. Des personnes qui
avaient emprunté à 10 % renouvellent à 14,75 %, et
ça, pour une famille, c'est un poids très considérable. Il
va s'ajouter à ça l'impôt foncier, et ça, ça
ne tient pas compte de leur capacité de payer. Je voudrais ajouter que,
dans ma circonscription, il y a une population appréciable
d'aînés qui éprouvent déjà de la
difficulté à s'acquitter de leur impôt foncier. À
Montréal, pendant les cinq dernières années, il y a eu une
spéculation assez effrénée sur l'immeuble, ce qui a fait
que la valeur des propriétés a augmenté, mais la valeur de
la propriété ne donne pas de liquidité pour payer, et les
personnes qui ont des retraites qui ne sont pas ou partiellement
indexées éprouvent de la difficulté, déjà,
à
s'acquitter de leur impôt foncier scolaire. (1h20)
II y a l'autre aspect, M. le Président, soit que le pacte fiscal
de 1979 a été déchiré unilatéralement par le
gouvernement et la municipalité de Montréal va se trouver
tassée dans un coin, si on veut. C'est sa marge de manoeuvre qu'on va
aller chercher éventuellement. Parce que la question est complexe. D'une
part, le gouvernement coupe les vivres aux commissions scolaires et les force
à aller chercher en impôts fonciers... Il n'y a pas de cadeau qui
se fait. Il leur pelleté une partie de ses obligations. Ça occupe
le champ de l'impôt foncier. Et parallèlement à ça,
M. le Président, on donne de plus en plus aux municipalités et
aux MRC, les municipalités régionales de comté, des
responsabilités en environnement. Par exemple, on force les
municipalités à s'occuper d'assainissement des eaux, de la
qualité de l'air, de la réhabilitation des terrains
contaminés, des sites d'enfouissement de déchets.
Dans le budget, M. le Président, on a également
annoncé que le gouvernement couperait les subventions à
l'opération des transports en commun, ce qui, pour IHe de
Montréal, est quelque chose de très considérable. J'en
vois, du côté ministériel, qui font signe que non. On a
bien lu, on a bien entendu le ministre des Finances lire le budget, il a
annoncé un désengagement du gouvernement en matière de
financement des opérations de transport en commun.
Pour ce qui est de la fiscalité, le gouvernement n'avait rien
annoncé et en traître, et avec le bâillon maintenant, il
l'impose aux municipalités. Si le gouvernement fait des choses qu'il
n'avait pas annoncées, vous comprenez bien que dans le monde municipal,
on s'attend à ce qu'il fasse ce qu'il a annoncé qu'il ferait. Je
pense que ça, ça va avoir des conséquences
importantes.
Il y a également la question des "en lieu" de taxes qui se pose
toujours. Et cette loi passe complètement à côté. On
sait que du côté du gouvernement du Québec, parce que le
gouvernement fédéral fait de même, il acquitte à peu
près 50 % de la valeur foncière de ses immeubles à
Montréal. À cet égard, il y a toujours quelque chose d'un
peu scandaleux de voir le gouvernement augmenter les taxes foncières des
autres et ne pas s'acquitter des siennes propres. Alors, au plan de
l'équité, je pense qu'à un moment donné cette
question-là devrait se régler.
Finalement, M. le Président, nous maintenons que c'est à
même le budget général du Québec qu'on devrait
financer l'éducation et non pas en fonction d'une taxe foncière
qui, premièrement, ne correspond pas nécessairement à la
capacité de payer des propriétaires, qui, deuxièmement, va
faire fluctuer les revenus de façon considérable d'une commission
scolaire à l'autre. Et, à cet égard, qu'on nous dise que
l'Ontario fonctionne autrement, il faudrait bien qu'en quelque matière
quelque part ça paraisse qu'on est une société distincte.
Je ne suis pas de ceux qui trouvent que l'Ontario détient la pierre
philosophale. Et dans la région de Toronto, par exemple, il y a une
inflation effrénée qu'on ne voudrait pas connaître à
Montréal. Si le gouvernement, par ailleurs, veut absolument imiter
l'Ontario, au lieu de se désengager du transport en commun, qu'il imite
donc le gouvernement de l'Ontario qui vient d'annoncer, pour la région
de Toronto, 5 000 000 000 $ d'investissements dans les transports en commun,
alors que notre gouvernement annonce plutôt son intention de se
désengager.
Finalement, le député de Lévis le soulignait, plus
il y aura d'enfants dans une commission scolaire, dans un lieu quelconque, dans
une municipalité, plus ça va coûter cher et plus les taxes
seront élevées. Ça, on voit déjà ça
sur l'île de Montréal, des jeunes couples qui quittent l'île
pour s'installer en banlieue, notamment parce que les taxes foncières
sont élevées. Alors on va ajouter ce poids-là et ça
va se retrouver sur le dos des familles encore une fois. Alors, une famille de
deux ou trois enfants, qui vient d'apprendre que son hypothèque va
augmenter de 200 $ ou 250 $ par mois, ne peut pas apprendre de gaieté de
coeur que les tarifs d'électricité vont augmenter de 23 % sur 12
mois de par les décisions du gouvernement du Québec et par la TPS
que le fédéral va appliquer à partir du 1er janvier. Elle
va apprendre que son impôt foncier scolaire, dans le cas de
Montréal, va augmenter de 121 %, va apprendre aussi que, pour l'ensemble
de ce qu'elle consomme, la TPS va se fixer bêtement à 7 % de
n'importe quoi parce que le fédéral a décidé cette
taxe tout à fait inique et planifiée pour créer de
l'inflation à un moment où l'économie se ralentit. Alors,
je pense que c'est une très mauvaise nouvelle pour les contribuables.
C'est le gouvernement qui conscrit les commissions scolaires pour les envoyer
percevoir à sa place, le même gouvernement qui pige dans la
Régie de l'assurance automobile. Tout est bon pour se soustraire
à ses responsabilités, y compris d'augmenter un impôt
foncier qui n'est pas juste, qui va empêcher les municipalités de
se développer, qui va mettre fin et qui endommage sérieusement un
pacte fiscal, où les municipalités ont renoncé à
leur part de la taxe de vente entre autres, étant compris qu'elles
garderaient en pratique l'exclusivité de l'impôt foncier. Alors,
pour les propriétaires de mon comté, c'est une très
mauvaise nouvelle, M. le Président, et je pense que le gouvernement
s'acharne sur ceux qui se sont donné une propriété.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Nous poursuivons les interventions avec l'intervention du
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le
député.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Je remercie M.
le député de Limoilou d'appuyer mes paroles avant que je les aie
énoncées, mais je vous en ai déjà entretenu en
privé et je sais que votre ligne de parti vous interdit de voter, mais
je comprends ce que vous vivez dans votre circonscription, M. le
député de Limoilou.
M. le Président, le ministre, tantôt, disait qu'il ne
voulait pas faire perdre inutilement le temps de la Chambre. J'aurais le
goût de lui répondre que c'est une décision qu'il aurait
peut-être pu prendre en 1979. Mais, le mal étant fait, je vais
poursuivre sur son projet de loi. Le ministre nous disait, M. le
Président, tantôt: Ah! Vous semez l'inquiétude et la
panique partout; ce n'est pas 320 000 000 $, c'est juste 191 000 000 $ en
1990-1991 et c'est 270 000 000 $ en 1991-1992. Je sais aussi bien additionner
que le ministre. Ça fait donc 461 000 000 $ qui vont être pris
dans les poches des contribuables durant les deux années fiscales, M. le
ministre, et si je me trompe vous me corrigerez, mais, peu importe, vous allez
quand même "poncer" de l'argent, M. le ministre.
J'étais heureux d'entendre mon collègue, le
député de LaFontaine, M. le Président, parler d'habitation
parce que, s'il y a une circonscription qui, au niveau de l'habitation, a des
difficultés, c'est la circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Il
ne se construit plus du tout de HLM comparativement à ce qu'on a fait,
nous, entre 1976 et 1985. Les coopératives d'habitation, M. le
Président, celles que j'inaugure encore aujourd'hui, sont celles qui ont
été planifiées sous notre régime et, pire encore,
le nombre de groupes, les GRT qu'on appelle en habitation, diminuent; ils n'ont
plus de budget, ils n'ont absolument rien. Alors, M. le Président,
qu'est-ce qu'il va en résulter?
Ah! Bien oui, on va faire un exemple, M. le Président. Le
ministre dit: Je ne vais pas chercher beaucoup, je vais aller chercher juste 1
$. C'est bien entendu que se faire prendre chacun 1 $, ce n'est pas la fin du
monde, mais quand il y en a 40 qui vous siphonnent 1 $, M. le Président,
ça fait 40 $ et, là, ça commence à paraître
dans un budget. Quand vous êtes, M. le Président,
député d'une circonscription où, malheureusement, il y a
le plus fort taux de chômage au Québec... S'il y a beaucoup de
chômage en Gaspésie - et j'espère que le
député de Gaspé va intervenir contre ce projet de loi -
moi, j'aimerais vous informer qu'il y a au-delà de 20 % de chômage
dans la circonscription que je représente et pas de programme de
création d'emplois, entre parenthèses. Alors, le 1 $ que le
ministre va chercher sous forme de taxes scolaires va être
additionné à un autre dollar, pour employer toujours la figure de
style, qui a été imposé par l'augmentation des frais de
scolarité, un autre dollar par la ponction qui a été faite
dans la
Régie de l'assurance automobile du Québec, M. le
Président, donc un autre dollar encore qui va être enlevé.
(1 h 30)
Maintenant, M. le Président, augmentation des tarifs
d'Hydro-Québec, un autre dollar qui va être encore pris
là-dedans. Comme il y a le désengagement progressif dans tous les
ministères vers les municipalités, c'est-à-dire le bon
vieux pelletage de la neige chez le voisin, il y aura encore un autre dollar,
toujours figuratif, ce dollar, qui sera pris parce qu'il y aura une
augmentation des taxes municipales.
Alors, comment pouvez-vous vous imaginer ce que va être la vie
quotidienne d'un citoyen de classe moyenne dans la circonscription de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qui vient de se faire siphonner une piastre par
chacun des ministères concernés? Mais comment les gens vont-ils
arriver? C'est une circonscription où, comme dans la majorité des
circonscriptions urbaines, les gens sont locataires. Qui va assumer les
augmentations subséquentes? Eh bien, ça va être le
locataire, M. le Président.
Mais ce que M. le ministre de l'Éducation semble oublier, c'est
que le ministre des Affaires municipales, responsable du dossier de
l'Habitation - parce qu'on a même aboli le ministère de
l'Habitation - n'a pas proposé de gel des loyers cette année. La
ville de Québec a été courageuse. Elle a adopté une
résolution, 2 % maximum d'augmentation. C'est courageux, ça. Je
pense qu'il faut féliciter le maire L'Allier de Québec d'avoir
voté une telle résolution. Mais le ministre n'a pas
emboîté le pas à ça. Donc, H va y avoir des
augmentations de loyer qui devront être assumées par les
locataires.
Déjà, M. le Président, c'est une circonscription
qui a sans doute été la plus grande victime du "stampede" de la
spéculation qu'a provoqué le député de Laporte,
ancien ministre des Affaires municipales, où c'est maintenant devenu
impossible, dans un comté de centre-ville comme le mien, de
réussir à trouver un logement abordable, parce qu'il y en a de
moins en moins. On ne construit plus de HLM, je vous l'ai dit tantôt. Il
n'y a plus de coopératives d'habitation. L'augmentation des taxes, comme
il n'y a pas de programme de rénovation domiciliaire... Et c'est un parc
de logements parmi les plus vieux de Montréal. Il date des années
1946, en moyenne. À ce moment-là, ça va
dépérir. Les conditions vont être lesquelles?
C'est le cumul de toutes ces actions que le ministre ne veut pas
considérer. Le ministre ne regarde que la taxe déguisée
qu'il impose en disant: Oui, mais comparativement au budget et comparativement
à l'Ontario... Bien oui, mais en Ontario ils ont bien moins de
chômage que nous, M. le ministre. Je pense que c'est une chose, M. le
Président, qu'il devrait savoir. Ils ont une économie qui est
plus florissante que la nôtre. Pourtant, c'est bizarre, ce sont deux
premiers ministres qui sont du Parti libéral. Il faut croire que
le Parti libéral ontarien, économiquement, est plus solide que le
Parti libéral du Québec. Mais, enfin, ce serait une autre analyse
à faire. Il a été élu par la peau des dents.
Une voix:...
M. Boulerice: Oui mais, M. le Président, il y a un
gouvernement conservateur. Pourtant, c'est le bon négociateur;
ça, vous autres, les conservateurs, ça va bien ensemble, vous
négociez bien.
Donc, c'est tout ce cumul dont le ministre fait abstraction. C'est
ça que je trouve inadmissible dans son discours. Je veux dire, le
ministre a toujours célébré et même écrit
partout les libertés, sauf ici, dans cette Chambre. Il le sait fort
bien, il a rompu un pacte qui avait été signé de
gré à gré entre l'État et les municipalités
qui sont sur le territoire de cet État. Le ministre a armé sa
plume durant des années pour défendre ces libertés. Mais
là, aujourd'hui, il se sert de la même plume, mais il a
changé de couleur d'encre. Là, il a une encre rouge - figure de
style, il va de soi - une encre rouge, M. le Président, où
là il est en train de rayer une signature et, après ça,
ça nous fera des petites démonstrations en disant: Vous avez
déjà renié des signatures, vous autres, oui. Ce n'est
rien, à comparer avec ça.
Donc, M. le Président, cette loi que nous présente le
ministre, c'est encore toujours dans la foulée du désengagement
progressif de l'État et d'aller remettre dans la main des autres ce que
lui-même devrait assumer. Ça, c'est l'impact financier. Le
député de Lévis a posé des questions tantôt,
on disait: Oui, mais est-ce que c'est parce que les municipalités
avaient trop d'argent? En tant qu'administrateur scolaire en congé sans
solde pour charges publiques, M. le Président, je pense que je pourrais
poser la question, moi aussi: Comment ça se fait que les commissions
scolaires manquent d'argent? Oui, il y a un sous-financement, mais on pourrait
peut-être regarder attentivement les comptes de certaines commissions
scolaires, ça pourrait être intéressant. Il y a eu des
exemples. À un moment donné, je pense que le porte-parole de
l'Opposition avait posé des questions au ministre et on n'a pas eu
grand-réponse là-dessus.
Donc, M. le Président, si on regarde la loi que nous
présente le ministre de l'Éducation, ce n'est pas
compliqué, c'est tout simplement, là aussi, M. le
Président - et là, vous me faites signe de conclure - c'est comme
dans le cas de la RAAQ, c'est comme dans le cas d'un paquet d'autres lois... Et
je vois M. le député de Pontiac qui me fait signe que ça,
oui, M. le Président, il a bien raison, on tape encore sur la
tête...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, si vous voulez conclure, s'il vous
plaît.
M. Boulerice: ...de la classe moyenne et des petits, M. le
Président, parce que ce sont toutes des augmentations de taxes
déguisées, et je voterai contre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
En vertu de l'article 253, M. le ministre, vous pouvez intervenir, mais
vous avez cinq minutes, au maximum.
M. Ryan: Oui, quelques précisions. Je pense que c'est
important lorsqu'il y a des choses erronées...
Une voix: ...M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
privilège ou question de règlement?
Une voix: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y avait quorum, M. le
député. M. le ministre.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, non, il y a quorum.
M. le député, vous étiez ici quand j'ai compté. Si
vous voulez...
M. Ryan: Je pense que le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques n'a pas bien compris les explications fournies
à maintes reprises au sujet de la réduction des subventions
gouvernementales aux commissions scolaires qui découlera de l'adoption
du projet de loi 69. Pour la première année, la réduction
sera de 191 000 000 $ pour la raison suivante: c'est que l'année des
commissions scolaires commence le 1er juillet et l'année du gouvernement
commence le 1er avril. Par conséquent, il y a un décalage de
trois mois. Pour la première année d'application de la loi, on
n'aura à compter les opérations que pour cette période de
neuf mois. Si vous transposez sur la période de douze mois qui suivra
après, ça fait 272 000 000 $. Ce ne sont pas des montants qui
viennent s'ajouter l'un à l'autre, c'est le montant annuel que procurera
cette taxe, si elle demeure.
On ne le cache pas du tout, c'est une taxe foncière, il n'y a
personne qui a dit que ce n'en était pas une, mais c'est dans les
privilèges et attributions du gouvernement de décider où
il effectuera des ponctions fiscales. Pour les raisons que j'ai maintes fois
énoncées en cette Chambre, il est apparu cette année
qu'une opération pouvait être faite là sans aucun
dommage ni pour l'économie ni pour l'équilibre des
finances municipales et pour l'amélioration des finances des commissions
scolaires. Ça, nous en avons fait la preuve à maintes reprises,
ça n'enlève absolument rien aux municipalités. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Nous poursuivons maintenant le débat avec M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. J'ai eu la
chance d'être assez impliqué, durant quelques années, au
niveau du secteur de l'éducation en commission parlementaire, lorsque
nous avons étudié, entre autres, le livre blanc sur
l'école communautaire et, ensuite, la loi 40. À ce
moment-là, l'actuel ministre de l'Éducation était
porte-parole de l'Opposition en matière d'éducation. Je dois vous
dire qu'on a eu à discuter longtemps tard et souvent. Bravo, parce que
c'est un sujet qui était important et qui mérite encore qu'on y
consacre tout le temps nécessaire. Ce n'est pas ce qu'on est en train de
faire. (1 h 40)
On peut se poser la question: Comment se fait-il, connaissant et la
rigueur et la patience du ministre de l'Éducation, que, sur le projet de
loi 69, on soit si rapide, si pressé, si peu enclin à la
discussion? La réponse est bien simple, c'est que ce n'est absolument
pas une loi en faveur de l'amélioration du secteur scolaire, de
l'éducation comme telle. Il s'agit purement et simplement d'une loi
fiscale. C'est ça, la réalité des choses.
M. Boulerice: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler le quorum s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député. Qu'on appelle les
députés!
Si vous voulez poursuivre, M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Donc, comme
j'étais en train de le dire, il ne s'agit pas d'une loi favorisant
l'amélioration de la qualité de l'éducation, il s'agit
d'une mesure strictement fiscale, soit l'application d'une décision
ministérielle annoncée dans le discours sur le budget.
Je me rappelle aussi des débats qu'on avait à ce
moment-là où on parlait de structure scolaire. Le ministre
actuel, porte-parole de l'Opposition à ce moment-là, nous disait:
Quand allons-nous cesser de parler de structure et commencer à parler de
qualité de l'éducation? Aujourd'hui, on ne parle plus de
structure, on ne parle pas de qualité de l'éducation, on parle de
bâtisse, on parle d'immobilisation. Ça ne répond pas aux
véritables problèmes qu'on vit en éducation
présentement. Ça, je sais que le ministre est bien conscient de
ça. Il y a des problèmes graves en matière
d'éducation.
Quand on parte de la qualité du français, je dois vous
dire, on n'a pas à se glorifier de la situation actuelle. Quand on parle
des décro-cheurs à 38 % au secondaire, là non seulement on
ne doit pas se glorifier, on doit s'inquiéter. Le signal d'alarme est
donné par l'ensemble des intervenants qui se préoccupent non
seulement de l'éducation mais de l'avenir de la jeunesse
québécoise. Ce qui préoccupe les gens du secteur de
l'éducation, les commissions scolaires... Parce qu'ils ont tenu des
forums, des colloques, des symposiums, toutes sortes de rencontres avec un
thème particulier à chaque fois ou même globalement, sur un
ensemble de préoccupations en matière scolaire. On parle de
perfectionnement des professeurs, on parle d'encadrement, on parle de groupes
scolaires, de façon à être capables de donner un suivi
encore plus personnalisé par rapport à chacun de nos jeunes dans
nos écoles primaires et secondaires. On sait à quel point il
manque de manuels dans nos bibliothèques scolaires. C'est incroyable! Et
ça, c'est directement relié à la qualité du
français, à la grammaire, à la façon
d'écrire. Si nos jeunes ne lisent pas suffisamment, eh bien
évidemment, ils vont être moins enclins à être plus
efficaces en termes de français, en termes d'écriture. Mais c'est
tout relié, il ne faut pas l'oublier.
L'enseignement professionnel au Québec, ce n'est pas
adapté à la conjoncture moderne. Alors qu'on parle de
mondialisation de l'économie, de libre-échange, d'ouverture, il
faut se préparer. Mais quand on parle de se préparer, ce n'est
pas seulement les structures, ce n'est pas seulement les institutions
financières, ce n'est pas seulement les entreprises, c'est d'abord et
avant tout la préparation de notre main-d'oeuvre. C'est ça notre
plus grande richesse. C'est la main-d'oeuvre. Et notre main-d'oeuvre va
être compétente, va être prête en autant qu'on va
avoir une bonne école et un bon système d'éducation et de
formation professionnelle.
Tout le monde en parle et pourtant, dans le 69, absolument aucune
mesure, sinon peut-être de faire fuir des gens de l'école. Mais
aucune mesure de formation professionnelle alors qu'on sait qu'on a
périmé, seulement au niveau du ministère de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, 32 000 000 $ en
formation professionnelle l'an dernier. Et probablement que quand on fait le
calcul par rapport aux sommes qui auraient dû être investies,
autant du fédéral que du provincial, c'est 100 000 000 $ qu'on a
périmés parce qu'on n'a pas adapté la formation en
fonction des besoins.
On connaît tous les problèmes d'intégration au
niveau des personnes handicapées. Les gens qui le vivent dans le milieu,
dans les écoles à chaque jour, d'une façon quotidienne,
l'exigent, le demandent. Et pourtant, on ne retrouve de
l'autre côté, rien, aucune mesure pour permettre
d'améliorer ça.
On connaît, spécialement mes collègues qui sont de
la région de Montréal, le problème d'intégration
des immigrants. C'est une nécessité de survie collective au
Québec. Qu'est-ce qu'on y fait? Quel effort y a-t-on mis? Pas
grand-chose, malheureusement. Per capita, c'est moins d'argent qu'il y a
quelques années au niveau de l'enseignement du français par
rapport à nos immigrants. Pour être capable de moderniser nos
écoles, on aurait dû faire en sorte de prévoir, d'augmenter
les montants nécessaires, parce que c'est bien d'argent qu'on parle.
Ça, autant les commissions scolaires, autant la Centrale de
l'enseignement du Québec qui, lors d'un congrès tout
récent, disait qu'il faut s'occuper de formation professionnelle, de
modernisation de notre équipement par rapport à la technologie.
Ça prend des sous. Est-ce qu'on en donne pour parler de qualité
de l'enseignement, de formation? Non, M. le Président. Pourquoi? Parce
que le projet de loi 69 dont on discute présentement fait en sorte tout
simplement d'augmenter les revenus de l'État, en transférant
directement aux contribuables, mais ramassés par les commissions
scolaires, quelque chose comme 272 000 000 $ par année, annuellement.
C'est incroyable et c'est inquiétant pour les Québécois
quand on regarde à quel point, de façon indirecte, le
gouvernement va chercher l'argent dans les poches des contribuables, et on le
fait comme ça présentement en pleine nuit, par un projet de loi
qui parle d'éducation et, pourtant, si on fait juste se rappeler et
reculer de quelques heures, de quoi a-t-on parlé ici? De taxes
déguisées. À la Régie de l'assurance automobile, on
va aller chercher des dizaines et des dizaines de millions, même pas, des
centaines de millions annuellement dans les poches des contribuables. C'est une
loi ici qui s'appelle "modifications à la Régie de l'assurance
automobile du Québec". C'était-u beau au budget? Pas
d'augmentation de taxes, pas d'augmentation d'impôt direct, mais, de
façon indirecte maintenant, chaque ministre est en train de faire ce
qu'on appelle la sale job. La Régie de l'assurance automobile,
augmentation, parce que, finalement, on aurait diminué, n'eût
été seulement la rentabilité de la
société.
Maintenant, on fait la même chose et ça, c'est
inquiétant quand on connaît la situation des petits
propriétaires et des locataires au Québec. C'est
inquiétant, parce que, après avoir annoncé 23 %
d'augmentation sur le compte d'électricité en 12 mois, les 12
mois à venir, on leur a dit aussi: Avec l'assurance automobile on va
chercher de l'argent; il y a l'augmentation du taux d'intérêt.
Ça veut dire des hypothèques renouvelées qui vont faire en
sorte qu'il y a des gens qui vont avoir de la difficulté à
absorber l'augmentation. Pas contents de ça, ils vont devoir absorber la
TPS le 1er janvier prochain. Encore une augmentation qui fait en sorte que
les
Québécois vont avoir encore de plus en plus de
difficultés à joindre les deux bouts et spécialement les
Québécois à salaire modeste, au salaire minimum, avec des
revenus qui frôlent souvent le seuil de la pauvreté pour un grand
pourcentage de travailleurs au Québec, plus tous les autres qui vivent
de prestations. Ils vont devoir absorber ces augmentations-là.
Maintenant, on nous annonce par le projet de loi de ce soir qu'on va augmenter
les taxes scolaires. C'est ça qu'on est en train de dire aux
Québécois et vous pensez qu'on va voter pour ça? Ça
n'augmentera pas la qualité de l'enseignement au Québec.
Ça n'augmentera pas la quantité des sommes investies dans
l'éducation. On va transférer aux commissions scolaires, non pas
de l'argent qu'ils vont aller chercher en taxes scolaires pour
l'amélioration de la qualité de l'enseignement, mais qu'ils vont
aller chercher pour prendre la place du gouvernement pour payer l'entretien, la
réparation des bâtisses, l'entretien ménager et les
coûts d'électricité. C'est incroyable. C'est un transfert,
non pas de responsabilités aux commissions scolaires, mais de
dépenses, et on leur fait faire la collecte d'argent que le gouvernement
ne veut pas faire directement, au vu et au su de tout le monde, d'une
façon claire et directe. Ce n'est pas surprenant, si on ne veut pas
faire ça à la clarté, qu'on soit en train de voter ce
projet de loi ici à la noirceur, cette nuit. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (m. bissonnet): merci, m. le
député de shefford. je reconnais maintenant le prochain
intervenant, m. le député de gouin. m. le
député.
M. Boisclair: M. le Président, avant que je puisse
commencer mon intervention, j'apprécierais que l'article 32 du
règlement puisse être mis en application et qu'on puisse aussi
constater le quorum.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Silence, s'il vous
plaît! M. le député, vous pouvez poursuivre, vous avez le
quorum. M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Il y en a qui
diront...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
(1 h 50)
M. Lefebvre: On a le droit et c'est prévu dans notre
règlement, effectivement, qu'il doit y avoir quorum. Maintenant, les
deux derniers
appels au règlement qui ont été faits par
l'Opposition là-dessus étaient faits carrément dans le
vide. Alors, je rappelais tout à l'heure, M. le Président, les
dispositions de l'article 32, effectivement, et le troisième paragraphe
de l'article 32 qui dit que les députés doivent s'abstenir de
tout ce qui peut nuire à l'expression d'autrui et au bon fonctionnement
de l'Assemblée.
Alors, M. le Président, appeler le quorum à tout bout de
champ alors qu'on sait très bien qu'on est dans l'erreur, on nuit au bon
fonctionnement de l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député a soulevé une question de règlement. J'ai
écouté le leader adjoint du gouvernement. Avant de commencer
votre intervention, vous avez demandé le quorum. Le quorum est
maintenant atteint. Je tiens à dire que tout député peut
demander le quorum à cette Assemblée. Je tiens à vous
informer de ça.
M. Boisclair: Je vous remercie, M. le Président, pour
votre sage décision.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 32 est bien
clair.
M. Boulerice: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
Une voix: Vous avez raison.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît.
M. Lefebvre: Tout député peut demander le quorum,
sauf, M. le Président - et je vous demanderais de m'indiquer si je me
trompe là-dessus - qu'à partir du moment où il est
évident qu'il y a quorum et qu'on soulève des appels au
règlement qui, en fait, n'en sont pas, c'est de l'abus, M. le
Président, et c'est prévu à l'article 32, paragraphe 3.
Lorsque, de toute évidence, autrement dit, il y a quorum dans
l'Assemblée... À deux reprises, au cours des 10 dernières
minutes, et le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques et,
maintenant, le député de Gouin, avant d'entreprendre son
intervention, ont appelé le quorum alors que, de toute évidence,
il y avait quorum.
Je me répète, M. le Président, je pense que j'ai
raison là-dessus, c'est ça, nuire au bon fonctionnement de
l'Assemblée. Le député de Gouin, malheureusement, suit le
mauvais exemple du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais vous lire
l'article 32.
M. Boulerice:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement?
M. Boulerice: Oui. En vertu de l'article 35, M. le
Président-Une voix:... M. Boulerice: Pardon? Le
Vice-Président (M. Bissonnet): Allez-y.
M. Boulerice: "...imputer des motifs indignes à un
député..."
Des voix: Ah!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
M. le député, s'il vous plaît! Pour le moment, vous allez
attendre, on va se calmer, ici, un petit peu. S'il vous plaît. M. le
leader adjoint du gouvernement a cite l'article 32, il a fait une
revendication, et ça n'a pas rapport du tout à l'article 35, M.
le député.
Selon l'article 32, il est évident qu'il ne faut pas abuser du
règlement non plus. Je laisse ça à votre simple jugement,
de ne pas abuser du règlement. Je reconnais maintenant M. le
député...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je demande votre collaboration, il est 1 h 45. J'attends votre question de
règlement, M. le député.
M. Boulerice: À l'article 35, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 35 quoi?
M. Boulerice: 7.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. Expliquez-moi
ça, là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: "...se servir d'un langage violent...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: "...injurieux ou blessant..." Je n'emploierai
pas...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député, avec tout le respect que j'ai pour vous, je n'ai
pas entendu de langage blessant. Je n'en ai pas entendu parce que j'ai eu des
questions de règlement d'un côté et de l'autre et, à
un moment donné, il faut poursuivre le débat. Alors je vous
demanderais, M. le député de Gouin, de commencer votre
intervention. Je tiens à vous dire que nous sommes à
l'Assemblée nationale et qu'il est 1 h 55. Je vous demanderais du
sérieux. M. le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président... Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
En vertu de l'article 38: "Le Président doit immédiatement
signaler toute violation du règlement dont il a connaissance." Je fais
tout mon possible, je vous demanderais votre collaboration, s'il vous
plaît.
M. Boulerice:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
mes chers collègues, M. le député, s'il vous
plaît.
M. Boulerice: ...avez-vous, M. le Président, eu
connaissance qu'en vertu de l'article 32 Mme la députée de
Mégantic-Compton a interrompu le droit de parole de M. le
député de Gouin?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je n'en ai pas eu connaissance. Je vous lis l'article
38.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
je demande votre collaboration. Ça devient très
désagréable. En vertu de l'article 38 - je vais vous le lire -
"Le Président doit immédiatement signaler toute violation du
règlement dont il a connaissance." Je n'en ai pas eu connaissance et je
voulais... attirer votre attention.
M. Boulerice: ...les deux paragraphes?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député!
M. Boulerice: M. le Président, puis-je vous demander de
lire les deux paragraphes précédents?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député! S'il vous plaît!
M. Boulerice: ...M. le Président. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député de Gouin, si vous voulez commencer votre
intervention, s'il vous plaît.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Après cet
intermède, je n'en ferai pas une question de règlement, mais si
vous me permettez de qualifier l'utilisation que les membres de l'Opposition
font du règlement, on pourrait peut-être et il serait aussi
justifié de questionner l'utilisation que fait le leader du gouvernement
et le leader adjoint du gouvernement du règlement quant aux motions de
bâillon, la troisième, M. le Président, que nous avons
étudiée cette semaine, en plus des différentes motions de
censure.
Je n'en ferai pas une question de règlement, M. le
Président. Cependant, si vous permettez de qualifier l'attitude de
l'Opposition, il serait aussi intéressant de voir quels sont vos
commentaires et opinions quant à ce que je pourrais appeler
l'utilisation abusive du règlement et des motions de bâillon et de
suspension des règles aussi qu'on a connues la session
dernière.
Quant au projet de loi 69, il y a été très
clairement explicité par l'ensemble de mes collègues que, d'abord
et avant tout, ce pourquoi l'Opposition s'oppose tant aux différentes
dispositions du projet de loi 69, c'est essentiellement parce qu'on vient
élargir le pouvoir de taxation des commissions scolaires,
particulièrement dans la situation du Conseil scolaire de l'île de
Montréal.
Comme mes collègues l'ont souligné
précédemment, sans consultation, sans avis et en cachette, on a
mis fin au pacte fiscal de 1979, ce qui a causé une colère
justifiée, à notre avis, des municipalités. M. le
Président, ce sont 320 000 000 $ additionnels que les commissions
scolaires iront chercher dans les poches des contribuables en date du 1 juillet
1990. Je croyais qu'il y avait un consensus en cette Chambre. S'il y a une
réforme qui a été réussie par le Parti
québécois, c'est bien celle qui a été menée
en 1979-1980 par feu M. René Lévesque, ancien premier ministre,
par M. Parizeau, actuel chef de l'Opposition officielle, par M. Tardif.
C'est bien cette réforme de la fiscalité municipale qui a
pourtant été applaudie par l'ensemble des intervenants. M. le
Président, rappelez-vous les circonstances au moment de l'adoption de ce
pacte fiscal. Les municipalités avaient manifesté plusieurs
craintes et plusieurs grincements de dents à l'égard de ce
nouveau pacte fiscal qui était proposé. Et les
municipalités, à ce moment-là, avaient
décidé, d'un com-
mun accord, de se départir de la taxe de vente au profit du
gouvernement; en retour, cependant, les municipalités se voyaient
accorder l'exclusivité dans tout le champ de l'impôt foncier.
_____Voilà, cependant, M. le Président, qu'en deux temps trois
mouvements, en raison - il faut se le rappeler - des compressions
fédérales dont le ministre de l'Éducation a fait
état immédiatement après le budget
fédéral...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
Mme la députée! S'il vous plaît! M. le
député. S'il vous plaît!
Une voix: ...M. le Président. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Si vous voulez appeler les députés, s'il vous plaît. On
appelle les députés.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je suis à la veille de suspendre l'Assemblée, là. 1, 2, 3,
4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11. Si vous voulez poursuivre, M. le
député.
Une voix:...
Une voix: C'est quoi, ça? Le député de quoi?
De Chauveau?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Chauveau, s'il vous plaît! Vous n'avez pas la
parole. M. le député de Gouin, si vous voulez poursuivre, s'il
vous plaît.
M. Boisclair: Si M. le député de Chauveau veut
prendre la parole, il me ferait plaisir de la lui céder.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député! M. le député! S'il vous plaît,
M. le député, vous avez la parole. Adressez-vous à la
présidence. Merci.
M. Poulin:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député! M. le député de Chauveau, s'il vous
plaît! Vous n'avez pas la parole. Quand vous voudrez prendre la parole,
vous me ferez signe et je vous reconnaîtrai.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député de Gouin. (2 heures)
M. Boisciair: Merci, M. le Président. S'il fallait qu'on
bâillonne certains membres du gouvernement comme on bâillonne
l'Opposition, je pense qu'il y aurait sans doute beaucoup plus de discipline en
cette Chambre. Ceci étant dit, M. le Président... Si vous
n'êtes pas content, demandez la parole au président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Boisclair: M. le Président, je vous parle-Le
Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! Vous pouvez
poursuivre, M. le député.
M. Boisclair: Je vous remercie, M. le Président. Alors,
comme j'en discutais tout à l'heure, voilà donc qu'en deux temps
et trois mouvements, en raison, bien sûr, des compressions
fédérales - et le ministre de l'Éducation l'a
souligné à juste titre au lendemain du budget
fédéral - en raison aussi d'une mauvaise conjoncture
économique ou d'une conjoncture économique qu'on pourrait dire
plus difficile et aussi de la mauvaise croissance qu'on a connue des
différentes dépenses dans les domaines de la santé, de
l'éducation, le gouvernement libéral a donc décidé
en catastrophe, M. le Président, de partager le champ de l'impôt
foncier entre les municipalités et les commissions scolaires et
d'autoriser celles-ci à utiliser jusqu'à 10 % ou 15 % de cette
forme de taxation limitée jusqu'ici à 6 %.
Au départ, le transfert devait se chiffrer à 75 000 000 $.
En déposant ses prévisions budgétaires, le
président du Conseil du trésor, M. Daniel Johnson, a
mentionné 191 000 000 $. Ensuite, c'est à l'Assemblée
nationale que le ministre de l'Éducation annonçait que le
transfert pourrait atteindre jusqu'à 320 000 000 $. En termes pratiques,
ce que ça veut dire, c'est que le taux moyen de la taxe foncière
scolaire doublera de 12 % à 24 % des 100 $ d'évaluation, ce qui
signifie, pour le contribuable moyen, une augmentation des taxes scolaires
d'environ 100 $ dès cette année.
La décision qui est prise à la vapeur par le gouvernement
Bourassa est toute croche, incohérente, injuste et injustifiée.
Tout le monde reconnaîtra que le gouvernement doit travailler avec un
certain nombre de contraintes budgétaires qui, ces temps-ci, on
l'admettra, ne sont pas faciles, mais d'autres solutions auraient eu avantage
à être examinées. L'Opposition officielle a
manifesté sa bonne volonté à l'occasion de l'étude
des travaux de la commission de l'éducation qui a étudié
le projet de loi 69. Nous avons fait un certain nombre de propositions:
d'entendre l'UMQ, d'entendre l'UMRCQ. Bien sûr, on a accepté, mais
en leur donnant si peu d'avis, si peu de temps pour se préparer que,
bien sûr, ces gens-là n'ont pas eu le temps de se
présenter. C'est un peu l'équivalent de dire qu'on ne les
aurait pas invités. Nous avons demandé d'entendre un
certain nombre de commissions scolaires, M. le Président. Il ne
s'agissait pas là de demandes futiles. Il s'agissait tout simplement...
Nous croyions qu'il était pertinent d'entendre un certain nombre
d'intervenants pour pouvoir connaître leur point de vue et y aller
à fond pour voir, justement, ce qu'il en était de ce nouveau
partage de la fiscalité municipale.
M. le Président, de toute évidence, en plus des besoins
réels de l'État, le gouvernement, il faut le dire, a voulu
profiter de la conjoncture pour redonner aux commissions scolaires une partie
du champ d'impôt foncier. À ce titre, le ministre de
l'Éducation est conséquent. Il avait eu d'aillleurs l'occasion de
le dire dans un discours qu'il a prononcé à l'occasion du Sommet
sur le financement de l'éducation primaire et secondaire où le
ministre Ryan, à ce moment-là, le ministre de l'Éducation,
avait remis en question un certain nombre de principes régissant le
pacte fiscal de 1980. Ce qui est plus intéressant, M. le
Président, c'est en termes politiques, de voir jusqu'à quel point
M. le ministre de l'Éducation a eu gain de cause sur son homologue,
ministre des Affaires municipales.
Toute cette situation nous mène dans un contexte où,
au-delà de l'argent, des orientations fondamentales sont remises en
cause par la décision du gouvernement du Québec. Le gouvernement
- et c'est très clair - se r(Presse, autant et si souvent
cité par le ministre de l'Éducation.
La situation est encore plus difficile lorsque l'on connaît la
réalité à Montréal. Dans un article de La Presse
du jeudi, 12 avril 1990, on apprenait que l'impôt scolaire pourrait
grimper de 128 % à Montréal. Cette facture, donc, d'impôt
scolaire augmenterait de 128 % dans l'île de Montréal si le
gouvernement du Québec maintient, comme il le fait à l'heure
actuelle, son intention d'aller chercher jusqu'à 320 000 000 $ afin
d'élargir son champ d'imposition de la taxe des commissions scolaires.
Cette augmentation annulera totalement - c'est ça qu'il faut comprendre,
dans une situation où la ville de Montréal avait manifesté
un certain nombre d'intentions - l'impact à la baisse du taux
d'imposition foncier annoncé par la ville de Montréal dans son
budget de 1990. Ce sont les conclusions auxquelles arrivait le Service de
planification et de concertation de la ville de Montréal.
M. le Président, le taux de taxation, si ce projet de loi que
nous étudions ce soir devient loi, à Montréal, passera
dès cette année de 0,068 $ à 0,155 $ les 100 $
d'évaluation sur tout le territoire couvert par le Conseil scolaire de
l'île de Montréal. À Montréal, le
propriétaire d'une maison évaluée, par exemple, à
121 000 $ au rôle d'évaluation municipale, qui est
inférieur - le ministre sera d'accord avec moi - au rôle
d'évaluation scolaire, verra sa facture scolaire augmenter d'environ 130
$. Plus précisément, M. le Président, sa commission
scolaire lui enverra cette année une facture de 232,50 $ contre 102 $ en
1989.
M. le Président, je conclurai en disant que l'Opposition a raison
de s'offusquer de cette opération de délestage, comme l'ont fait
les gens de la ville de Montréal, comme l'a fait l'Union des
municipalités, comme l'ont fait plusieurs intervenants dans le dossier.
Je conclurai en disant que encore une fois, si nous n'avons pas
été capables d'aller au fond des choses et de faire valoir
correctement les intérêts des citoyens et des citoyennes que nous
représentons à l'Assemblée nationale, c'est parce que nous
avons été bâillonnés une fois de plus par ce
gouvernement qui nous empêche de faire valoir notre point de vue de
façon légitime. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: M. le Président, il y a une chanson qui dit
qu'à Toronto les nuits sont longues. Je pense qu'on va pouvoir
l'attribuer...
Une voix: À Winnipeg. Mme Dupuis: À
Winnipeg? Une voix: À Winnipeg.
Mme Dupuis: À Toronto aussi, pour moi. Je pense qu'on va
pouvoir attribuer ce qualificatif au Québec aussi, ou à nos fins
de session. Mes savants et distingués collègues ont tour à
tour dénoncé le projet de loi qui permet un transfert de fonds
qui, finalement, est pris dans les poches des contribuables, et ont
démontré aussi qu'ils étaient très respectueux des
quorums.
En ce qui me concerne, les actions et la manière de faire du
gouvernement m'amènent à me questionner. Comment un gouvernement
peut-il arriver à avoir une attitude aussi méprisante envers
autant de personnes, d'organismes et envers les valeurs qui nous sont propres?
Je dis un gouvernement, mais ce serait, je pense, plus exact de dire une petite
poignée d'individus, quatre, six, peut-être dix, au plus, qui sont
les supposés décideurs de ce gouvernement. Quel motif peut amener
cette petite poignée d'in-
divkjus à bafouer de façon aussi indécente autant
les membres de notre société québécoise que nos
institutions québécoises?
J'ai fait une petite liste qui ressemble un peu, peut-être,
à des accusations, mais, je pense, qui donne un aperçu de ce qui
a été bafoué, de ce qui a été
méprisé par ce projet de loi. J'ai pris mes feuilles pour ne pas
en oublier, mais j'en ai sûrement oublié. La rupture du pacte
fiscal conclu en 1979 entre le gouvernement et les municipalités, le
manque de respect des engagements du gouvernement à laisser
l'exclusivité du champ foncier aux municipalités, le retrait de
la marge de manoeuvre garantie aux municipalités afin qu'elles puissent
remplir leurs responsabilités, la ponction dans les transferts acquis
aux municipalités afin de combler le manque à gagner en
matière d'éducation, M. le Président; le transfert au
niveau local des coupures du fédéral. (2 h 10)
Est-ce qu'un gouvernement peut se permettre de ne servir que de courroie
de transmission? C'est ça qui arrive. Le fédéral refile sa
facture au provincial, le provincial refile la facture au municipal et le
municipal, par la force des choses, devra refiler la facture aux contribuables.
Refus de débattre des principes de fond, modification des règles
du jeu en matière de fiscalité municipale et scolaire, manque de
respect des partenaires avec lesquels le gouvernement se doit de travailler en
étroite collaboration, et je parle ici des commissions scolaires et des
municipalités. Le manque de considération des impacts de ces
nouvelles orientations dans le partage des responsabilités, et là
on parle des services éducatifs. Le retrait aux municipalités
d'un espace fiscal adéquat, qui leur était autorisé, qui
leur est maintenant enlevé, puisque les commissions scolaires auront le
droit de venir puiser dans ce fonds fiscal. Le recul du gouvernement devant ses
responsabilités en matière d'éducation. Le
désengagement du gouvernement à garantir l'accessibilité
et l'universalité de l'éducation. Le non-respect des
contribuables. Le manque de franchise, en laissant croire qu'il n'augmente pas
les impôts, et qui, par tous les moyens, trouve le moyen, oui, de taxer
le contribuables. Si, au moins, toutes ces accusations, entre guillemets,
servaient à améliorer notre système d'éducation,
les failles qu'on retrouve dans notre système d'éducation, et
Dieu sait s'il y en a, il faut avoir oeuvré dans l'enseignement pour les
connaître... Et là, je ne les énumérerai pas toutes,
parce que je pense que je n'aurais pas assez de mes dix minutes. Ce n'est pas
pour améliorer notre système d'éducation, mais pour la
maintenance des bâtiments scolaires. À ces questions
posées, le gouvernement peut-il répondre, a-t-il seulement
quelques motifs valables?
Si le gouvernement a trouvé le moyen de museler l'Opposition
parlementaire, il devra cependant répondre de ses actes devant la
population. On peut, oui, museler, par des moyens qui leur sont permis,
l'Opposition en Chambre. Mais comme je disais précédemment, dans
mon intervention, cet après-midi, museler une population c'est un peu
plus difficile. Et lorsqu'on ne permet pas à la démocratie de
s'exercer à l'intérieur de nos institutions, c'est dans la rue
qu'elle s'exerce. Le fait d'avoir été élu majoritairement,
M. le Président, ne donne pas tous les droits à un gouvernement.
J'ai entendu cette réflexion-là à plusieurs reprises: Nous
avons été élus et nous sommes majoritaires. Et là,
je terminerai par une autre question, est-ce que le fait d'avoir
été élu par une forte majorité, donne tous les
droits à un gouvernement, toutes les permissions, dont celle de bafouer
nos institutions, notre population? Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le député de
Dubuc. M. le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, M. le Président. Je vous dirai bien
honnêtement que j'ai beaucoup de peine à reconnaître le
ministre de l'Éducation, ministre parrain de la présente loi, car
on sait que le ministre a la réputation d'un homme de grands principes.
Mais, aujourd'hui, on doit admettre qu'il est presque méconnaissable,
pour avoir accepté de se faire complice de la pire machination qui a
pour effet de tromper, finalement, consciemment ou pas, le monde scolaire et le
monde municipal. La deuxième raison, c'est, bien sûr, de se rendre
complice d'une démarche aveugle, qui aura pour effet de rendre
vulnérable la qualité de l'enseignement parce qu'on la rend
vulnérable à la disparité qui existe entre les
municipalités au niveau de l'indice de richesse. Et enfin, on pourrait
écrire ce soir une page de l'histoire qui pourrait s'intituler: Un grand
démocrate est disparu. Effectivement, le ministre de l'Éducation
s'est toujours fait un grand défenseur de la démocratie.
Pourtant, aujourd'hui, il n'a eu, semble-t-il, aucun scrupule pour souscrire
à la motion qui nous a été imposée et qui a pour
effet d'empêcher l'Opposition d'aller plus au fond des choses et cela,
à peine après vingt-trois heures de discussions en commission
parlementaire.
Ceci dit, M. le Président, dans un autre ordre d'idées, je
ferai référence à ma première expérience
comme député, je pense, au mois de décembre où nous
avons eu à étudier le projet de loi 5 en commission
parlementaire. Ce projet de loi avait pour but de clarifier une situation
à l'effet qu'on ne pourrait, dorénavant, se servir d'une plainte
sur l'évaluation municipale pour justifier le non-paiement des taxes.
Bien que nous n'avions pas, à ce moment-là, mon collègue
de Jonquière et moi-même, contesté la pertinence
parce que, effectivement, il y avait matière à corriger
une situation, j'en avais profité pour questionner le ministre pour
avoir eu des expériences dans le passé au niveau municipal pour
ce qui est de la fiscalité. Je lui avais demandé: Pourquoi, M. le
ministre, ne profitez-vous pas de l'occasion pour finalement apporter un
amendement en profondeur à la Loi sur la fiscalité municipale,
particulièrement sur l'évaluation? On sait qu'on a entendu
beaucoup parler de l'article 65.1 concernant les rôles
d'évaluation, les fameux "en lieu" de taxes qui devaient être
augmentés au cours des années et enfin, ce qui n'est pas
directement collé à la fiscalité mais qui a un impact
majeur sur les finances municipales, c'est tout le domaine des
responsabilités, des nouvelles responsabilités municipales.
À ce moment-là, le ministre m'avait répondu que la Loi sur
la fiscalité était une loi fort complexe et comme elle avait
été adoptée suite à un long processus de
consultation, il ne pouvait en être autrement lors d'un amendement. Or,
à ce moment-là, le ministre s'était engagé
formellement à ne jamais procéder d'aucune façon à
une atteinte à cette Loi sur la fiscalité ou autrement sans
procéder à une longue consultation et obtenir un consensus du
monde municipal. Il avait pris cet engagement. Or, c'est pour ça qu'on
ne peut faire autrement que de conclure que, que ce soit le ministre de
l'Éducation ou le ministre des Affaires municipales, tous les deux
auront... On pourrait les déclarer coupables aujourd'hui de trahison
envers le monde municipal.
Mais si, en cette Chambre, beaucoup de députés, que ce
soit du côté ministériel ou dans la population en
général, on ne voit pas ce qui se passe, c'est peut-être
parce qu'il y a une méconnaissance de cette Loi sur la fiscalité
municipale. Pourtant, ce n'est pas une loi comme les autres. C'est une loi fort
importante, une loi qui avait été précédée
pendant peut-être deux décennies d'une multitude de commissions,
de rapports, d'enquêtes, sort les commissions Tremblay, les commissions
Bélanger, Castonguay, la fameuse conférence
provinciale-municipale de 1975 où on retrouvait le même constat
à l'effet que les municipalités devenaient de plus en plus
dépendantes du gouvernement et, de ce fait, cela constituait un obstacle
majeur à l'autonomie municipale. Alors, rappelons, pour ce qui est de
l'essentiel de cette loi, évidemment, qui était le
résultat d'un consensus, d'un large consensus entre Québec et les
municipalités: évidemment, il y avait transfert de taxes de
vente, tout le domaine des "en lieu" de taxes, des modifications majeures
entourant le rôle d'évaluation et aussi la consécration de
l'exclusivité du champ foncier aux municipalités. (2 h 20)
Ce qui est malheureux et ce qu'on doit admettre aujourd'hui et
déplorer, c'est que la loi 57, avant même ce projet de loi, est
une loi en régression. En régression pour plusieurs raisons,
c'est que les "en lieu" de taxes, qui devaient normalement progresser avec les
années en termes de paiement de taxes de la part du gouvernement sur ces
établissements, sont demeurés tels quels sans compter la
multitude de contestations du gouvernement au niveau de son réseau, que
ce soit des affaires municipales - non pas municipales - des affaires
scolaires, le monde scolaire, ou d'autres établissements du
gouvernement. Et que dire de l'article 65.1 qui, à cause de son manque
de clarté, a fait en sorte que, suite à des contestations,
particulièrement dans l'industrie, les municipalités se sont vues
perdre des évaluations, donc des sources de revenu importantes. Nous ne
parlerons pas des responsabilités qui se sont ajoutées à
travers les années aux municipalités. Et cette loi 69 qui,
finalement, vient s'attaquer au consensus qui avait pour effet de consacrer
l'exclusivité du champ foncier. Et ça, à moyen et long
terme, M. le Président, ça aura des impacts majeurs.
En conclusion, nous ne pouvons arriver à autre chose... conclure
autrement que les effets ne sont pas autre chose que négatifs sur toute
la ligne parce que, d'abord, ils portent atteinte à la fragilité
de la fiscalité municipale. C'est quand même un domaine fragile.
C'est aussi négatif parce que ce projet de loi propose
l'élargissement du champ foncier scolaire. En plus, ce que le ministre
tente de nous faire croire, c'est qu'en élargissant le champ foncier au
monde scolaire, cela a pour effet d'augmenter leur autonomie alors que,
finalement, ça paraît davantage une autonomie très
artificielle, sans considérer qu'à moyen et long terme cette loi
aura un effet négatif sur la qualité de l'enseignement,
même si le ministre semble vouloir minimiser l'impact là-dessus.
Qu'on le veuille ou non, le fait d'assujettir la qualité de
l'enseignement à la disparité que l'on connaît à
travers les municipalités au niveau de l'indice de richesse, ça
ne peut faire autrement qu'avoir des effets négatifs sur la
qualité de l'enseignement à travers le Québec. Donc, pour
toutes ces raisons, M. le Président, nous ne pouvons faire autrement
qu'être contre ce projet de loi et le dénoncer. Mais, finalement,
on reste toujours avec la question: Pourquoi tout ça, tant d'efforts,
tant de détermination, tant d'entêtement de la part du
gouvernement pour passer cette loi sans avoir obtenu le consensus du monde
municipal, avoir été obligé d'imposer le bâillon? Je
pense que la seule raison ou la seule explication, c'est que le ministre a
dû obtempérer à la directive du président du Conseil
du trésor de puiser dans le champ foncier municipal, et cela, bien
sûr, pour combler le manque à gagner du budget qui a
été présenté récemment. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant pour la prochaine intervention
Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Mme la députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Le projet
de loi 69 est ce projet de loi qui apporte diverses modifications à la
Loi sur l'instruction publique relativement aux modalités de financement
des commissions scolaires et du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. C'est ainsi aussi que le projet de loi élargit le
pouvoir de taxation des commissions scolaires en rehaussant les limites
permises par la loi. C'est un projet de loi aussi qui remplace les
règles relatives à la subvention de péréquation que
le ministre de l'Éducation verse aux commissions scolaires.
M. le Président, dans son allocution tout à l'heure, le
ministre nous disait qu'il ne comprenait pas les objections de l'Opposition
officielle, qu'il n'y avait pas de changement de principe radical, que les
commissions scolaires étaient dans le champ d'impôt foncier et
qu'elles le demeuraient, tout comme les municipalités, d'ailleurs. C'est
vrai. Mais le ministre peut-il tout de même admettre que, s'il n'y a pas
de changement de principe, comme il nous le faisait remarquer, il vient quand
même changer les règles du jeu, il vient modifier, il vient rompre
le pacte fiscal de 1979, et tout cela, sans qu'il n'y ait eu aucune entente?
Enfin, il n'y a pas eu d'entente entre les municipalités et le
gouvernement.
Il faut se rappeler que, pour en arriver à ce pacte, en 1979, il
y avait eu de véritables négociations. Bien sûr, moi,
personnellement, je n'étais pas là à l'époque, mais
j'en avais parlé avec notre collègue, ici, de l'Opposition
officielle et porte-parole de l'Opposition en affaires municipales qui, lui,
était très bien renseigné puisqu'il était maire
à l'époque et qu'il était très au courant de ce qui
s'est passé par rapport aux négociations. Alors, à ce
moment-là, il y avait eu des assises entre le gouvernement -
municipalités et il y avait eu aussi une véritable
négociation. Donc, il y avait eu entente, en 1979.
Ce qui me frappe, M. le Président, c'est que ce gouvernement
procède, encore une fois, de façon unilatérale. L'Union
des municipalités du Québec n'est pas d'accord avec le projet de
loi. L'Union des municipalités régionales de comté du
Québec n'est pas d'accord non plus. Plusieurs commissions scolaires
réagissent; elles ne sont pas d'accord, elles non plus. La
Fédération des commissions scolaires nous affirme, elle
l'affirmait dans un communiqué de presse, que la marge de manoeuvre
demeurait insuffisante en regard des besoins actuels. Mais, qu'à cela ne
tienne, le gouvernement a raison. Le gouvernement a la vérité,
c'est lui qui sait ce qui est bon pour la population, qui sait ce qui est bon
pour les municipalités, qui sait ce qui est bon pour les commissions
scolaires. Il a le gros bout du bâton, M. le Président. Il a le
pouvoir de faire ce qu'il veut, il décrète. Ça devient une
manie.
M. le Président, le gouvernement y prend goût, on dirait.
L'Opposition officielle essaie de faire son travail, essaie de discuter,
demande des consultations particulières, essaie de faire entendre la
voix de la majorité des intervenants directement impliqués par ce
projet de loi. Même scénario, M. le Président.
L'Opposition, c'est embarrassant pour le gouvernement. Après seize
heures, seize heures de commission parlementaire, le gouvernement fait adopter
une motion de clôture et bâillonne l'Opposition. Il en a le
pouvoir, pourquoi se priver? On a vu qu'il en a même usé et
abusé, si on veut, puisque ça fait trois motions de clôture
qu'on a à subir dans une semaine.
Avec le projet de loi 69, le gouvernement fait faire aux
municipalités ce qu'il n'a pas eu le courage de faire lui-même,
c'est-à-dire qu'il leur fait collecter des taxes plus
élevées et leur donne, en même temps, l'odieux d'augmenter
les taxes. Il fait exactement ce qu'il reprochait au gouvernement
fédéral lors de la lecture du budget: il est en train de pelleter
dans la cour des municipalités.
M. le Président, il est vrai que les commissions scolaires ont
des besoins importants, et, cela, l'Opposition officielle en convient. On en
est conscients; nous en convenons. Lors du sommet sur le financement, en
février dernier, les commissions scolaires s'étaient
exprimées à ce sujet. Elles avaient fait valoir au ministre
qu'elles avaient besoin de plus d'argent pour financer de nouveaux programmes
afin d'améliorer les services offerts aux élèves. La
Fédération des commissions scolaires du Québec avait
questionné les commissions scolaires et, de façon globale, les
commissions scolaires se disaient insatisfaites des services que leurs
ressources financières leur permettaient d'offrir à leur
clientèle. Elles disaient aussi qu'elles étaient dans
l'incapacité d'investir adéquatement dans des projets de
développement à caractère pédagogique, social,
sportif et culturel. Avec le projet de loi 69, on leur répond qu'elles
pourront, en fait, obtenir un montant de 320 000 000 $ additionnel. Ça
leur permet d'aller chercher 120 000 000 $. Mais, en même temps, on leur
annonce qu'elles devront financer elles-mêmes la gestion et l'entretien
des écoles. Ce qu'on donne d'une main, M. le Président, pour ceux
qui pensent que c'est un cadeau aux commissions scolaires - d'ailleurs, on
voyait ça: "Le cadeau empoisonné déçoit les
commissions scolaires" - ce qu'on donne d'une main, M. le Président, on
va le chercher de l'autre.
On sait qu'en 1987, une étude a été
réalisée dans le but d'évaluer les besoins de remise
à neuf des immeubles de 22 commissions scolaires du centre du
Québec. On a réalisé qu'il faudrait investir 40 000 000 $
d'ici à cinq ans, et, en même temps, par extrapolation, en dollars
de 1988 pour remettre à neuf l'ensemble du parc
immobilier des commissions scolaires du Québec, il faudrait
investir 400 000 000 $, sans parler des sommes requises pour les rendre
conformes aux lois et aux règlements actuels. (2 h 30)
M. le Président, j'entendais, un peu plus tôt en
soirée, mon collègue, le député de Lévis,
qui essayait d'expliquer au ministre à quel point cela deviendrait lourd
pour les contribuables, particulièrement dans certains comtés.
À ce moment-là, il mentionnait le comté des
Chutes-de-la-Chaudière. C'est vrai que le député de
Lévis connaît très bien le comté des
Chutes-de-la-Chaudière puisqu'il en représentait une partie
antérieurement. Maintenant, c'est le comté que, moi, j'ai
l'honneur de représenter ici à l'Assemblée nationale. Je
dois vous dire, M. le Président, que je partage les inquiétudes
du député de Lévis.
Voyez-vous, le comté que je représente, le comté
des Chutes-de-la-Chaudière risque d'être particulièrement
touché par ce projet de loi. C'est un comté banlieusard,
majoritairement composé de propriétaires, donc de gens qui paient
des taxes. C'est un comté aussi qui a une forte expansion
démographique et où les besoins en matière
d'éducation vont en s'accroissant et vont continuer de
s'accroître, si on se fie à l'étude des affaires sociales,
jusqu'à l'an 2006. Le ministre est aussi au courant du comté des
Chutes-de-la-Chaudière, puisqu'il reçoit des demandes assez
régulièrement de chez nous. Il nous a déjà
accordé quelques écoles primaires et secondaires, dont une
récemment à Saint-Étien-ne-de-Lauzon. Mais on en est
encore à faire des demandes. On fait des demandes pour un cégep.
Que voulez-vous, les enfants, ça grandit. C'est évident que les
besoins suivent leur cours et les besoins sont importants dans un comté
comme le nôtre.
Par ailleurs, on sait que c'est beaucoup de résidences
privées. C'est des gens qui vivent dans des résidences
privées. C'est un comté, comme je le disais, banlieusard. Pas
beaucoup d'entreprises importantes qui peuvent aider à venir
générer des fonds, quand on parle d'impôts fonciers. C'est
évident que, pour les contribuables, la facture va être lourde, M.
le Président. C'est des parents qui ont des enfants et, dans un contexte
comme celui où on est, ici au Québec, où on se plaint,
où on trouve que le taux de natalité est trop bas, à ce
moment-là, peut-être qu'on devrait donner des services et
peut-être qu'on devrait aider particulièrement ces comtés
où les gens ont des enfants, où le taux de natalité est
élevé.
Enfin, M. le Président, je terminerai mon intervention en disant
que, oui, effectivement, je suis inquiète pour la population du
comté des Chutes-de-la-Chaudière, la population que je
représente en cette Chambre, mais je suis inquiète aussi par
rapport à la façon dont ce gouvernement, le gouvernement
libéral, gouverne et fait passer ses lois. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le député de
Bertrand. M. le député.
M. François Beauine
M. Beauine: Merci, M. le Président. Ce qui est regrettable
dans l'évolution du processus de discussion que nous avons suivi sur
le^projet de loi 69, c'est, comme l'ont souligné mes collègues
encore une fois, que le gouvernement ait dû avoir recours au
bâillon pour précipiter l'adoption du projet de loi. En fait, ce
qui me pousse ce soir à intervenir à la suite de mes
collègues, c'est deux raisons principales. D'abord, en raison de
l'équilibre fragile qui a été rompu dans ce processus.
Comme l'ont indiqué l'Union des municipalités du Québec et
l'Union des municipalités régionales du Québec, il y a,
dans la façon dont le gouvernement a approché cette question, une
sorte de rouleau compresseur qui s'est exercé sans que, entre autres,
les intervenants du milieu municipal puissent apporter leur contribution et
puisssent faire valoir leur point de vue autrement que par des pressions
auprès du ministre, par des déclarations publiques ou par des
participations à des forums publics. Dans ce sens, il me semble que le
jeu n'en valait pas la chandelle. En quelque sorte, si l'on regarde le montant
global que les commissions scolaires vont chercher sous forme de montants
additionnels, c'est peut-être important pour certaines commissions en
particulier, mais par rapport à l'ensemble, ne réduit
guère l'apport que le ministère de l'Éducation doit
fournir au financement du système scolaire québécois.
Dans ce contexte, embarquer dans un processus aussi radical que celui
qu'a choisi le ministre de rompre un équilibre fragile, qui avait
d'ailleurs été établi il y a plusieurs années, sans
que cela, finalement, change énormément quoi que ce soit à
l'ampleur des responsabilités des commissions scolaires, me semble un
peu déplorable. Si on ajoute à cela la façon dont le
projet de loi a été guidé à travers
l'Assemblée nationale, si on ajoute à cela le fait que nous en
sommes rendus au troisième bâillon, je trouve qu'il y a quelque
chose d'un peu malsain dans la façon dont le gouvernement semble
s'orienter dans son second mandat quant à la gestion des finances
publiques du Québec.
On a invoqué souvent, au cours de ce débat, le principe de
la responsabilisation. J'ai entendu à maintes reprises le ministre ainsi
que les intervenants du côté gouvernemental invoquer la
responsabilisation des commissions scolaires, c'est-à-dire que, en
donnant aux commissions scolaires des responsabilités additionnelles
quant à la gestion des édifices, quant à la gestion de
certains biens, on prétend que cette initiative va avoir comme
conséquence de rendre plus cons-
cients de leur responsabilité les gestionnaires des commissions
scolaires.
J'ai quelques remarques à faire à ce sujet-là. Il
me semble, M. le Président, d'abord, que, lorsqu'on est un bon
gestionnaire et lorsqu'on préconise des procédures de gestion
saine, peu importe le montant impliqué - si vous avez 1000 $ à
gérer comme si vous avez 1 000 000 $ à gérer - peu importe
l'ampleur du montant, le principe de la responsabilité dans la gestion
de ces montants-là est présent en tout temps. La
différence entre les deux, c'est qu'un montant peut susciter de plus
grands maux de tête que l'autre. Mais le principe demeure le même,
de sorte que, si les commissions scolaires ont à administrer un budget
de l'ampleur qu'elles avaient avant la réforme qui est proposée
par rapport au budget qu'elles vont avoir à administrer suite à
cette réforme, le principe de la saine gestion et le principe de la
responsabilité administrative, à mon avis, demeurent les
mêmes. Donc, on n'infériorise pas le concept de
responsabilité ou de responsabilisation simplement en jouant sur
l'ampleur des montants administrés. d'autre part, il y a
également un argument qui a été invoqué à
l'effet que la participation au vote, lors des élections scolaires,
était particulièrement faible et que possiblement ce
réaménagement des responsabilités ça pourrait
entraîner une plus grande participation de la population et un plus grand
intérêt envers la chose scolaire. si on regarde la tendance qui
s'est développée aux élections municipales au cours des 10
ou 15 dernières années, on s'aperçoit qu'il n'y a aucune
tendance en ce sens qui se dégage. en fait, il y a eu, dans des
municipalités qui sont de petite taille, des taux de participation
parfois de loin supérieurs à ceux des grandes
municipalités. c'est donc dire que l'ampleur, encore une fois, des
budgets qui sont administrés par les corps publics élus n'a pas
grande influence sur l'attitude des participants au vote, et ce n'est pas parce
qu'une municipalité administre un budget plus élevé qu'une
autre municipalité qu'il peut en résulter une participation plus
grande au vote. alors, encore une fois, m. le président, je pense que
cet argument est encore fautif dans l'argumentation qui a été
invoquée. l'ampleur des budgets administrés n'incite pas
nécessairement un plus grand nombre de personnes à aller voter
pour le corps qui est concerné par l'administration de ces sommes
d'argent.
Autre point que j'aimerais faire pour peut-être, probablement,
conclure sur ce point-là: on a assisté à trois
bâillons au cours de cette session. Lors de mon intervention sur le
projet de loi concernant la Régie de l'assurance automobile du
Québec et sur d'autres projets de loi qui visent à augmenter
indirectement la contribution des payeurs de taxes, des contribuables aux
finances publiques, il me semble qu'on a escamoté une partie de la
discussion. Je comprends le gouvernement du Québec, dans le contexte
actuel, de vouloir limiter l'augmentation du déficit du gouvernement
provincial et, pour ce faire, d'avoir recours à toutes sortes de
stratagèmes qui sont, d'ailleurs, tout à fait légitimes en
milieu politique et en milieu parlementaire. (2 h 40)
II me semble qu'en voulant procéder de la sorte on évite
de discuter du fond de la question. Le fond de fa question, c'est que le
gouvernement du Québec, quel que soit le parti au pouvoir à
Québec, est en train d'atteindre un plafond, un maximum, en termes de ce
qu'il peut aller chercher dans les poches des contribuables
québécois pour financer les dépenses publiques, les
dépenses budgétaires du gouvernement du Québec, de quelque
nature qu'elles soient. J'ai l'impression que c'est ici que le problème
se pose. Pour le gouvernement qui a une option fédéraliste, il
s'agit de trouver toutes sortes d'aménagements à
l'intérieur de la structure actuelle, sans remettre en question, en
quelque sorte, les arrangements qui ont été conclus quant
à la répartition des sommes fiscales entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial.
Pour nous, de ce côté de la Chambre, nous reconnaissons les
problèmes budgétaires. Nous reconnaissons le dilemme auquel le
gouvernement doit faire face dans la gestion des finances publiques et surtout
au chapitre d'aller chercher ces sommes d'argent. La différence, c'est
que nous disons: Le Québec est un pays riche. Le Québec est un
pays qui possède une base de taxation importante. Mais, malheureusement,
une partie de cette taxation nous échappe. Et si nous avions
accès, comme gouvernement, à une portion plus grande de cette
source de taxation, de ce bassin de taxation, probablement que beaucoup de
projets de loi qui sont introduits, beaucoup de stratagèmes politiques
qui sont invoqués par le gouvernement pourraient être
évités. Nous pourrions financer une bonne partie des programmes
qui ont été mis sur pied jusqu'ici, en particulier dans le
domaine de l'éducation où nous avons des acquis à
préserver. Nous pourrions les conserver à même notre propre
bassin de taxation.
C'est là, il me semble, le problème qu'on n'a pas
discuté suffisamment et qui, probablement, est à la base de
toutes ces frictions et de toutes ces tensions qui sont et seront probablement
le résultat de projets de loi comme celui qui est à
l'étude présentement, d'ailleurs, comme ça a
été le cas pour la Régie de l'assurance automobile du
Québec.
Je terminerai là-dessus, M. le Président, en disant que je
comprends très bien les préoccupations du gouvernement. Mais je
pense qu'il s'est enfermé lui-même dans un carcan administratif,
à cause de l'orientation qu'il a choisie en ce qui concerne les liens
qui devraient régir le Québec et le Canada. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Labelle. M. le député de Labelle, vous
avez la parole.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je pense que la loi
69, qui découle de décisions du gouvernement prises cet hiver qui
augmentaient les taxes foncières parmi d'autres taxes, est une
entrée en matière très probablement à une
modification importante dans le fardeau fiscal du Québec. Je pense que,
ce faisant, le gouvernement n'a pas économisé de sous ni à
lui-même, ni aux contribuables québécois. Ou
peut-être qu'il en a économisé à lui-même,
mais aux contribuables québécois, il n'en a pas
économisé.
Mais, après avoir entendu tous mes collègues expliquer la
logique de cette loi et en critiquer les différentes articulations, je
voudrais simplement ramener ceux qui nous écoutent au discours sur le
budget, aux trois dernières pages de ce discours, à l'annexe E,
pages 42, 43 et 44, lesquelles sont très significatives et, en ce qui me
concerne, je crois, éclairantes pour l'avenir. Vous me permettrez de
lire deux paragraphes et ensuite de commenter le tableau de la toute
dernière page du discours sur le budget. Dans cette annexe, ces deux
paragraphes commencent par un titre "Fardeau fiscal supplémentaire" et
on fait la comparaison entre le fardeau fiscal de l'Ontario et celui du
Québec. "Le ministère des Finances utilise depuis quelques
années une méthode afin d'évaluer le fardeau fiscal
supplémentaire des contribuables du Québec. Cette méthode
consiste à appliquer alternativement aux assiettes fiscales
québécoises deux structures de taxation, celle du Québec
et celle d'une autre juridiction avec laquelle on la compare. On peut ainsi
quantifier l'écart entre le fardeau fiscal que supportent les
contribuables du Québec et celui qu'ils supporteraient sous un autre
régime de taxation. La similitude des économies
québécoise et ontarienne ainsi que les liens commerciaux
très étroits qui les unissent ont incité à retenir
l'Ontario comme base de comparaison." Pour des fédéralistes, je
pense qu'ils ont tendance à se comparer à l'Ontario. Soit,
continuons.
Deuxième paragraphe très indicateur des méthodes
qui vont nous faire réfléchir. "Pour des fins de simplification,
cette méthode d'évaluation du fardeau fiscal
supplémentaire au Québec est basée sur une approche
légale, en ce sens que les taxes sont imputées aux contribuables
qui ont la responsabilité légale de les payer, en vertu des lois
fiscales, et non à ceux qui les supportent en bout de ligne. Or, une
telle façon de procéder peut à l'occasion ne pas tenir
compte de certaines pratiques des agents économiques et elle ne tente
pas de discerner dans quelle mesure les impôts et taxes imposés
légalement aux entreprises sont supportés en définitive
par les particuliers par le biais de prix plus élevés
payés pour les biens et services qu'ils consomment ou encore sous forme
de salaires moins élevés versés par les entreprises."
Mme la Présidente, ces deux paragraphes sont très
éclairants sur les méthodes, parce que, par la suite, nous
pourrons en tirer quelques explications. Or, au tableau de la dernière
page, les taxes provinciales, sous toutes leurs formes, sont de 2 315 000 000 $
plus élevées au Québec et les taxes locales, sous leurs
deux formes, municipales et scolaires, sont de 1 286 000 000 $ de moins au
Québec qu'en Ontario: la différence nette étant qu'au
Québec il y aurait 1 030 000 000 $ de plus de taxes. Première
remarque, Mme la Présidente, c'est que, lorsque nous arrivons aux taxes
municipales où le Québec paie 1 362 000 000 $ de plus qu'en
Ontario, cela est dû essentiellement au fait que les taxes municipales en
Ontario sont moins élevées, parce que les propriétaires
paient leurs taxes, leur bout de rue, leur bout de trottoir, leur bout de
service. Et ça, H est très important de le dire et de le
comptabiliser, et c'est pourquoi j'ai lu les deux premiers paragraphes, de
telle sorte que la comparaison cloche dès ce moment.
Je pense qu'il ne faut pas l'oublier, parce que les propriétaires
paient comptant avec leur maison les services municipaux en Ontario,
règle générale, à moins d'exception, mais on sait
que c'est le cas, par exemple, dans le Toronto métropolitain et,
j'imagine bien, aussi à Ottawa et dans les environs. Cela explique en
grande partie la différence de 1 000 000 000 $ de plus que les
Québécois paient en taxes, parce que les services locaux sont
collectifs, alors qu'en Ontario ils sont individualisés au niveau de la
taxe. Donc, ce que nous disions dans le temps était d'ailleurs vrai,
c'est que l'écart du fardeau fiscal, tel que calculé,
n'était pas nécessairement le même, n'était pas
exactement ce à quoi on en arrivait, à cause des indications de
cette taxe municipale qui était décrite aux deux paragraphes que
j'ai lus.
Or, revenons maintenant à deux autres différences. Nous
payons en impôt sur le revenu des particuliers 2 529 000 000 $ de plus
qu'en Ontario, mais nous payons de moins en taxes scolaires 2 648 000 000 $.
C'est à peu près le même montant, de sorte qu'en Ontario ce
qu'ils paient en moins d'impôt sur le revenu, ils le paient en plus sur
les taxes scolaires. C'est un système, je veux bien, mais je pense que
l'intention du gouvernement, c'est d'en arriver à augmenter de beaucoup
la taxe foncière. C'est l'intention. (2 h 50)
J'ai fait quelques sondages. J'ai eu l'occasion de poser une question
bien anodine au président du Conseil du trésor sur le 1 286 000
000 $ que nous payons de moins en taxes locales et il m'a dit: J'espère
bien que
nous arriverons à augmenter les taxes foncières de ce
montant. Parce que l'objectif, étant fédéralistes, c'est
de se comparer à l'Ontario et, donc, de se rendre le plus semblables
possible pour être concurrentiels, parce que le grand mot que l'on dit,
c'est qu'ils veulent être concurrentiels sur le plan économique.
Donc, pour être concurrentiels, ils veulent être pareils sous tous
les rapports. Je ne pense pas que ça se traduise de façon aussi
stricte, mais je pense que c'est ça, leur conclusion. Et, donc, leur
intention, c'est d'augmenter l'impôt foncier. Cette année, ils ont
commencé par ouvrir la porte: 320 000 000 $ ou 191 000 000 $ d'impact
sur le budget du Québec, mais 320 000 000 $ d'impact chez les
contribuables. Et l'intention, le rêve, c'est d'aller chercher 1 286 000
000 $ de plus. Pourquoi, M. le Président?
Évidemment, il y a le fait que l'on veut uniformiser davantage
les systèmes au Canada. Bien sûr, ça peut être un
objectif. Il y a aussi un autre facteur qu'il ne faut pas oublier dans le
décor général actuel, c'est que le fédéral a
accumulé un déficit de 352 000 000 000 $ que, tôt ou tard,
il nous renverra, pour lequel, tôt ou tard, nous paierons la facture. Il
la fera payer à ses propres contribuables directement, mais il fera
aussi payer la facture aux gouvernements des provinces, au gouvernement du
Québec et ceci se traduira en coupures sur les grands programmes de
péréquation, les programmes à frais partagés, les
programmes de financement de l'enseignement secondaire, postsecondaire et de
santé, etc., les programmes de développement régional; on
l'a vu ce matin à la période de questions, on a commencé
à sabrer largement là-dedans. On va continuer. Et, donc, le
gouvernement qui ne veut pas augmenter l'impôt sur le revenu s'est ouvert
une porte sur l'impôt foncier qu'il va agrandir, élargir et les
contribuables québécois non seulement risquent, mais seront
pénalisés dans le futur.
Je voulais toucher à ce point, parce que mes collègues
vont toucher a bien d'autres points. Mais ce point, je pense, éclaire,
de façon globale, générale, les intentions du
gouvernement. C'est de cela qu'il s'agit: il veut augmenter l'impôt
foncier pour se rendre comparable à l'Ontario. Et quand on regarde
attentivement les structures de taxation, au fond, elles sont pareilles entre
l'Ontario et le Québec. L'écart fiscal n'existe pas,
pratiquement, parce que ce que nous payons de plus en impôt sur le
revenu, nous le payons de moins en taxes scolaires.
Et, quant à nous, simplement sur le plan des principes, nous
considérons que l'éducation relève beaucoup plus du
gouvernement du Québec que des municipalités et je pense qu'on
doit y aller à fond quelles que soient les distinctions que l'on peut
faire sur l'importance du montant. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. M. le ministre,
en vertu de l'article 253 et en vous indiquant que vous avez un maximum de cinq
minutes pour répondre à l'intervention du député de
Labelle. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je voudrais simplement indiquer que, si on suivait
jusqu'à ses conclusions ultimes la logique de la position
défendue par plusieurs porte-parole de l'Opposition, il faudrait
conclure à la nécessité d'évacuer
complètement les commissions scolaires du champ de l'impôt
foncier. Si le principe qu'on affirme est vrai, que l'éducation, c'est
l'affaire de l'État national, à ce moment-là, il faudrait
que l'Opposition ait la franchise de nous dire qu'elle veut aller jusqu'au bout
de sa logique et finir d'éliminer ce restant de taxes foncières
qui a pu rester aux commissions scolaires à la suite des accords de
1979.
Si l'Opposition tient la position contraire, si elle reconnaît
avec nous qu'une partie du champ foncier doit être réservée
aux commissions scolaires, nous lui demandons pourquoi ça devrait
toujours être la limite qui a été fixée à
deux, en 1979, alors qu'il y avait trois partenaires qui auraient dû
être partie à l'entreprise. C'est ça que nous allons
prendre à compter de prochainement: les trois partenaires seront
impliqués et non pas seulement deux, comme ce fut le cas en 1979.
J'ajoute un autre point. Le député de Labelle disait: Je
conclus que c'est de l'intention du gouvernement de puiser davantage dans
l'impôt foncier. Je dois dire, faisant partie du gouvernement, que je
n'en sais rien, qu'aucune décision n'a été
arrêtée de ce côté-là, qu'aucune orientation
n'a été retenue et que ce sont des choses sur lesquelles chacun
est libre de spéculer, en prenant bien soin de mettre un point
d'interrogation à côté des observations qu'il formule et
non pas un signe de certitude. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. Oui, M. le
député.
M. Léonard: Une question en vertu de l'article 213.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): en vertu de
l'article 213, si le ministre le permet, pourvu que la question soit
brève avec une réponse brève.
M. Ryan: M. le Président, je regrette... Étant
donné l'heure...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va, M. le
ministre. Il n'y a pas de problème. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, vous avez la parole.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Même s'il est 3
heures de la nuit, nous avons bien décidé, de ce
côté-ci de la Chambre, que nous allions utiliser tous les moyens
qui sont à la disposition de l'Opposition pour faire en sorte qu'au
moins tous les citoyens et toutes les citoyennes du Québec comprennent
bien ce qu'on est en train de leur faire. Le projet de loi 69, le ministre l'a
bien indiqué il y a quelques secondes, il y a quelques minutes, oui, il
s'agit d'une nouvelle taxe. À ma connaissance, nous n'avions pas entendu
ce langage de façon aussi claire et aussi ferme depuis le discours sur
le budget du ministre des Finances. Alors, là, le chat est sorti du sac.
Oui, il s'agit bien d'une nouvelle taxe.
Il faut se souvenir qu'au niveau de la population, lorsque nous avons
posé les premières questions au ministre responsable, suite
à la publication du budget, nous avons tous très bien entendu le
premier ministre répondre que nous ne pouvions, pour l'éducation
nationale, augmenter le fardeau fiscal parce que nous allions obtenir un
résultat qui créerait une trop grande différence avec la
province d'Ontario, avec d'autres provinces, et qu'on perdrait une certaine
compétitivité avec cette province, avec d'autres provinces au
Canada, au plan de la taxation.
Là, il faudrait bien que quelqu'un explique à la
population, le ministre de l'Éducation en premier, en quoi
l'équilibre n'est pas rompu lorsqu'on dit: Dorénavant, il y aura
pour 320 000 000 $ de dépenses dont le gouvernement du Québec
avait la responsabilité et, pour les années à venir,
ça va être les commissions scolaires qui vont assumer cette
dépense-là dans la partie du MAO, comme on dit communément
dans le langage de l'éducation, dans le mobilier, l'ameublement et
l'outillage; toute cette partie qui était assurée par une
décision que nous avions prise collectivement, tout ça
était assuré par l'État. On avait gardé une petite
marge de manoeuvre pour les commissions scolaires. On dit: Dorénavant,
vous allez avoir à assumer cette responsabilité.
Le ministre a dit, il y a quelques minutes: II s'agit d'une nouvelle
taxe. Alors, en quoi les taxes versées à la commission scolaire,
à la municipalité, au gouvernement du Québec et au
gouvernement fédéral vont faire en sorte, comme répondait
le premier ministre au début du débat, suite au discours sur le
budget... En quoi la situation fiscale des Québécois va-t-elle
être différente de celle de la province d'Ontario? Ça,
à écouter le langage de la majorité ministérielle,
ce serait comme dire: Écoute, moi, lorsque je vais faire mon
épicerie, ça me coûte 50 $ de moins que le voisin. J'ai une
famille comparable, j'ai trois enfants, on est cinq à la maison et,
lorsque je vais faire l'achat des marchandises pour la semaine, ça me
coûte 50 $ de moins. Lorsqu'on l'examine un petit peu, on se rend compte
facilement qu'il y a un détail qu'on a oublié dans la
comparaison. C'est que l'un ne va pas acheter la viande en même temps que
son marché général et il est obligé de la payer
ailleurs. Parce qu'on la paie à la commission scolaire, ce n'est pas une
nouvelle taxe qui entre dans le fardeau financier qu'on doit tous se donner
pour se donner des services d'éducation de qualité. Voilà
pourquoi il faut expliquer, voilà pourquoi il faut demander à ce
gouvernement de rendre des comptes et de donner l'heure juste sur la
véritable situation fiscale. (3 heures)
J'entendais, par ailleurs, le ministre de l'Éducation et ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science, il y a quelques secondes,
en utilisant l'article 213, répondre à un de mes collègues
qu'il n'y a absolument rien qu'on enlève aux municipalités par ce
projet de loi qui va permettre aux commissions scolaires de taxer davantage
pour répondre et pour assumer, au niveau de certaines dépenses,
ses responsabilités en lieu et place du gouvernement. Bien sûr, le
projet de loi ne nous indique pas formellement que les municipalités
seront limitées dans leur champ de taxation. Pour avoir
été, dans une municipalité, élu municipal pendant
tout près de huit ans, je peux dire au ministre... Et on sait
véritablement comment ça se passe. Le matin où vous
préparez généralement, en novembre ou en décembre,
vos prévisions budgétaires pour l'année suivante, vous
faites un peu comme toutes les organisations, les organismes, vous calculez
l'ensemble des revenus qui sont à votre disposition et vous mettez dans
l'autre colonne l'ensemble des besoins et des demandes de la population. On est
tous bien conscients que cette colonne des demandes et des besoins est
généralement très longue. Après de très
longues discussions et des échanges entre les différents
représentants des différents quartiers, on en arrive souvent
à la conclusion de dire: Finalement, ce qu'on va pouvoir se payer, c'est
la somme totale que l'on pourrait imposer à nos concitoyens et à
nos concitoyennes. Pour avoir été témoin d'autres
discussions avec d'autres conseils municipaux, cette discussion consiste
généralement à dire: C'est quoi, le fardeau fiscal de nos
citoyens et de nos citoyennes dans notre municipalité? On va regarder ce
que nous avons au plan scolaire pour cette année, on va regarder ce que
nous-mêmes, au plan municipal, on impose, on va regarder ce que ça
veut dire au plan provincial et on va regarder ce que ça veut dire au
plan fédéral.
Encore un peu plus loin, généralement, la discussion
amène à dire: Comment on impose, nous? On est à quel taux
des 100 $ d'évaluation pour nos citoyens et nos citoyennes et à
combien la commission scolaire, elle, est-elle rendue? Et on fait ensuite une
comparaison, généralement, avec les villages, avec les
municipalités, avec les villes environnantes. Et là, on
s'aperçoit que l'on
peut peut-être ajouter quelques cents à l'effort fiscal
municipal que l'on peut exiger soit pour répondre à de nouveaux
besoins ou donner de meilleurs services, pour répondre à certains
créneaux de besoins qui ont été exprimés aux
membres du conseil municipal.
C'est là qu'entre le problème, c'est là que se pose
la situation problématique pour le monde municipal, c'est-à-dire
que cette situation va se répéter au cours des années et
dès le moment où les commissions scolaires seront obligées
d'utiliser la marge qui serait autorisée en vertu du projet de loi 69,
on va recommencer ce petit jeu et on va vite s'apercevoir qu'au niveau
municipal c'est elles, les municipalités, qui vont être
obligées de faire le travail que ce gouvernement n'a pas voulu faire.
C'est elles qui devront prendre, autour de Noël,
généralement, les décisions les plus difficiles pour dire
aux citoyens et aux citoyennes des municipalités: Voyez-vous, nous
sommes acculées à une coupure de services ou à une
augmentation de la taxe foncière qui va faire en sorte que,
additionnée à la taxe scolaire, eh bien, votre fardeau va
être de tant de dollars, tant de cents du dollar d'évaluation.
C'est dans ce sens-là que les unions de municipalités et
que les municipalités se sont opposées à la
révision de ce pacte qui avait été passé en 1979 et
qui disait: Voilà, il y a une limite qui va être établie
pour les commissions scolaires et pour le restant du champ fiscal de
l'impôt foncier, voilà, vous l'occuperez, les
municipalités. Alors donc, l'effet net de la loi 69, ce que les gens du
Québec doivent comprendre, c'est qu'il y a 320 000 000 $ qu'on leur
passe en taxation ailleurs. Le ministre l'a dit tantôt, oui, c'est une
nouvelle taxe pour vos écoles. Est-ce qu'il y aura plus d'écoles,
plus de services, plus de MAO, plus de mobilier, plus d'aménagement,
plus d'outillage? On ne fait que retirer nos billes, et dire: Payez-les, vos
billes. C'est donc un fardeau financier supplémentaire qui sera
imposé aux commissions scolaires, mais surtout, bien sûr, aux
contribubles, citoyens et citoyennes ordinaires, qui, après
Hydro-Québec, après le transfert qu'on fera au niveau de la
Régie de l'assurance automobile, maintenant c'est sur le front scolaire,
et ça va se répercuter sur les municipalités, et les
citoyens et citoyennes du Québec s'en souviendront, de celle-là.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant la prochaine intervention de M.
le député d'Ungava. M. le député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président, alors en prenant en
considération le rapport sur le projet de loi 69, les travaux de la
commission parlementaire, qui, en fait, n'ont pas eu lieu, vous comprendrez
qu'on est plutôt obligés de parler sur le fond du projet de loi,
dans la mesure où on ne peut pas parler beaucoup de la
considération du rapport des travaux de la commission parlementaire, on
n'a pas eu le temps d'en faire, de travaux. Le projet de loi que l'on a sous
les yeux va dans la lignée de la façon dont ce gouvernement
entend opérer pour se cacher, pour prendre des détours afin de
refiler aux autres ses responsabilités.
Je ne sais pas si c'est le ministre des Transports qui a copié
sur le ministre de l'Éducation, ou vice versa, ou si les
décisions ont été prises conjointement, mais l'approche du
ministre des Transports et l'approche du ministre de l'Éducation ont
énormément de ressemblances. Et c'est de mauvais augure pour les
autres projets de loi qui vont venir des autres ministres, au cours des
prochains mois et des prochaines années. On a vu tout à l'heure,
en discutant du bâillon sur la modification à la Loi sur la
Régie de l'assurance automobile du Québec, que le ministre des
Transports se cherche un faux-fuyant, une façon de faire pour partir
avec la caisse des assurés dans le domaine du transport automobile. Il
essaie de se trouver un moyen de justifier le cambriolage de la caisse de la
Régie de l'assurance automobile du Québec.
Dans ce projet de loi-là sur l'éducation, M. le
Président, le ministre de l'Éducation arrive aussi avec une autre
façon de justifier son emprise sur une autre caisse, sa façon de
mettre la patte sur le champ d'impôt foncier pour payer des
équipements scolaires. Il faut quand même le faire! On a vu le
domaine municipal qui a essayé de faire comprendre au gouvernement qu'en
ce qui le concerne, il se fiait à l'attitude et à la parole du
gouvernement, suite au pacte fiscal de 1979. Ah, certes, le ministre de
l'Éducation a dit: À cette époque, j'étais
responsable de l'Opposition en cette Chambre, et nous avons voté contre.
Vous remarquerez qu'il n'a pas fallu beaucoup de temps après pour que le
ministre de l'Éducation perde sa job de responsable de l'Opposition en
cette Chambre. Peut-être que ça y est pour quelque chose.
Peut-être aurait-il dû mieux réfléchir sur la valeur
du pacte fiscal de 1979, et sur tout ce qu'il représente pour les
municipalités. Bien non, pas assez de dire: J'étais contre en
1979, maintenant qu'il a la chance d'être au pouvoir, il s'acharne
à le démolir, alors que les municipalités disent: II faut
qu'il soit respecté, c'est ça qui nous permet de souffler encore.
(3 h 10)
La même chose que lorsque l'on parlait, tout à l'heure, de
la Régie de l'assurance automobile. Ces gens-là étaient
contre aussi, lorsque c'a été voté, et finalement,
maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils sont encore contre, mais ils ne veulent
pas le dire, alors ils partent avec la caisse et ils font en sorte de la rendre
impossible à gérer. Et, un jour ou l'autre, vous le
verrez, M. le Président, si, par malheur, ce
gouvernement administre les biens du Québec pendant encore quelques
années, il est fort probable qu'ils trouveront bien le moyen de tout
envoyer ça à l'entreprise privée pour faire l'affaire de
quelques-uns de leurs partenaires, de quelques-uns de ceux qui les
financent.
M. le Président, toujours est-il que l'on a sur la
table ici un bel exemple d'iniquité sociale. Oui, M. le
Président, de l'iniquité sociale. L'éducation, par
principe, doit être gratuite et accessible à tout le monde, au
Québec, de la même façon, avec les mêmes
règles. On doit faire en sorte que, d'où que l'on vienne sur le
territoire du Québec, quelles que soient nos origines, quelle que soit
la capacité de payer de nos parents, l'on puisse avoir accès
à l'éducation et que l'on puisse avoir accès aussi, de
toute évidence, à des équipements semblables, des
équipements ayant la même valeur et permettant à tous
d'avoir la même possibilité d'apprendre. C'est justement à
rencontre de ce principe-là que va le ministre de l'Éducation
avec son projet de loi. S'il nous dit qu'il ne l'a pas compris, eh bien! M. le
Président, on se demande quand il va commencer à comprendre
quelque chose. Comment voulez-vous...
Je vois le ministre qui opine du bonnet en
m'écoutant. Comment voulez-vous que, si l'on refile la
responsabilité des équipements, des amortissements de nouveaux
équipements dans les commissions scolaires, le financement de
laboratoire pour les études, le financement d'annexés, le
financement de gymnases, comment voulez-vous qu'on va s'assurer que, dans un
milieu défavorisé, un milieu où les gens peuvent supporter
des fardeaux fiscaux moins importants, on ait le même niveau
d'équipements que dans un milieu plus huppé, dans un milieu
où les gens peuvent s'en permettre plus en termes de fardeau fiscal?
C'est important. Il faut y réfléchir, M. le Président.
Est-ce qu'on va revenir au jour où on vivait, par exemple, dans les
petites villes du Lac-Saint-Jean où on avait un quartier anglophone un
peu isolé qui pouvait tout se permettre, gymnase, court de tennis et
où il y avait un gros quartier francophone, les ouvriers qui
transportaient l'eau et la sciure de bois, les scieurs et les porteurs d'eau
qui, eux, ne pouvaient à peu près rien se permettre et qui, ayant
des revenus plus bas, se contentaient de ce qu'ils pouvaient uniquement
générer comme petites activités dans le milieu? C'est
ça que l'on vivait. Si le ministre ne l'a pas vécu, nous, on l'a
vécu. Je peux vous en dire quelque chose, moi. Je demeurais dans un
petit village, M. le Président, où il y avait quatre ou cinq
familles anglophones qui étaient à trois quarts de mille du
restant des familles francophones. L'école était bâtie chez
eux. C'est tous les francophones qui marchaient trois quarts de mille à
pied pour se rendre à l'école parce qu'on avait bâti
l'école du côté des quatre à cinq familles
anglophones pour ne pas qu'elles aient à se promener, elles. C'est comme
ça que ça se passait. Est-ce que le ministre est en train de nous
dire qu'il veut rétablir ce genre d'équilibre social qui,
évidemment, plaisait sûrement à certains de ses
supporteurs, mais qui déplaisait drôlement à la grande
majorité?
Enfin, M. le Président, ça ne les fatigue pas
de déplaire à la majorité. Remarquez, dans la Loi sur les
heures d'affaires, ça ne les a pas fatigués, ce gouvernement, de
déplaire à la majorité. Dans la loi sur le camionnage, M.
le Président, dans l'application des règlements sur le transport
en vrac, ça ne les fatigue pas, M. le Président, de
déplaire à la majorité des propriétaires de
camions. Et c'est comme ça sur toute la ligne. Alors, peut-être le
ministre est-il dans la même ligne. Mais qu'il nous dise clairement que,
par le Blais du transfert de certaines responsabilités au champ foncier
perçu par les commissions scolaires, il se dégage de ses
responsabilités quant à sa garantie qu'il a d'offrir les
mêmes services à tout le monde sur le territoire du Québec
et qu'il dise aux commissions scolaires: Arrangez-vous et, si vous êtes
capables de vous financer parce que vous êtes dans un milieu plus riche,
plus huppé, plus favorisé, eh bien! soit, tant mieux pour vos
enfants, eux pourront étudier, eux pourront avoir de vrais laboratoires,
eux pourront avoir de vrais gymnases, eux pourront avoir des salles de classe
bien ventilées. Et si, par malheur, vous êtes dans un autre milieu
moins favorisé, moins bien pensant et que votre capacité de payer
est moindre, eh bien, à ce moment-là, vous devrez vous contenter
de ce que vous serez capable de payer quand même, et tant pis pour les
beaux gymnases, tant pis pour les laboratoires, tant pis pour les salles
d'écoles bien ventilées et bien décorées. Est-ce
que c'est vers ça, M. le Président, que l'on s'en va? Est-ce que
c'est ça le genre de système d'éducation que le ministre
de l'Éducation est en train de nous préparer? Moi, M. le
Président, lorsque l'on embarque dans ce genre de projet de loi
là, eh bien, ça me fait peur. Ça me fait peur, parce que
l'on préconise la réouverture de ce genre d'administration
basée sur l'iniquité sociale, sur les différences des
milieux de vie et d'origine des étudiants et des étudiantes.
Alors, M. le Président, permettez-moi de conclure très
brièvement en disant que c'est avec raison que l'Opposition
s'inquiète des véritables intentions du ministre dans ce projet
de loi là. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député.
En vertu de l'article 253, suite à l'intervention du
député d'Ungava, M. le ministre avait quelque chose à
ajouter, en vous indiquant que vous n'avez pas plus que cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, deux minutes de précisions à
l'intention du député d'Ungava. Tout d'abord, s'il a lu la
documentation afférente au projet de loi, il se sera rendu compte qu'il
n'est pas question de transférer la responsabilité des
investissements, ni en bâtisse, ni en équipement du gouvernement
aux commissions scolaires. Le gouvernement continuera d'assumer cette
responsabilité. Et par conséquent, les trois-quarts à peu
près des frayeurs qui ont inspiré le discours du
député d'Ungava sont tout à fait non fondées.
Alors, c'est tout de suite une question qui est réglée,
ça, en partant.
Deuxièmement, il semble indiquer que le projet de loi aura pour
effet d'appauvrir les régions qui auraient le plus besoin d'être
soutenues tandis que celles qui sont plus confortables, en particulier, si
elles avaient par malheur une autre langue que le français, seront
avantagées. C'est absolument faux. Je vais lui donner un exemple. Je
pense qu'il est familier avec la commission scolaire du Nouveau-Québec.
En vertu du projet de loi, elle aura accès à un revenu minimum
pour l'entretien de ses immeubles scolaires de 637 $ par élève
admissible tandis que les commissions scolaires plus populeuses, comme les
commissions scolaires de 111e de Montréal ou la Commission des
écoles catholiques de Montréal, auront accès à un
revenu de base qui sera d'à peu près 505 $ par
élève admissible. Le projet de loi a été
conçu de manière à assurer aux commissions scolaires qui
en ont plus besoin un niveau de ressources de base plus élevé
qu'à celles qui sont mieux placées. Alors, ça, c'est une
autre dimension du projet de loi qui portera le député d'Ungava
à considérer le projet avec beaucoup plus de sympathie quand il
se sera donné la peine de l'étudier davantage.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président.
M. Léonard: M. le Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Léonard: Avant de commencer, est-ce que vous pourriez
vérifier le quorum?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement du député de Labelle qui a démandé
de vérifier le quorum. Oui, appelez les députés. Qu'on
appelle les députés! Nous avons quorum, je reconnais maintenant
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Marois: Non, de Taillon.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de Taillon, excusez-moi.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: II est très tard, effectivement, et je
comprends que vous puissiez confondre mon comté avec celui de ma
voisine. De toute façon, ce sont deux magnifiques comtés qui
représentent la ville de Longueuil. Cela étant dit, j'interviens
évidemment tôt ce matin sur le projet de loi 69, soit la Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement
privé. J'aimerais, M. le Président, revenir sur ce que
mentionnait tout à l'heure le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur où il disait vouloir refaire le pacte,
refaire le pacte municipal et scolaire avec l'ensemble des partenaires, dans un
esprit et un souci de collaboration avec les trois principaux concernés,
évidemment, le gouvernement se prêtant positivement à ce
type d'échanges et de discussions. (3 h 20)
Vous savez, M. le Président, j'ai toujours appris que la
confiance appelle la confiance et que la confiance se bâtit sur le
respect qu'on a des engagements qu'on a pris. Et quand je lis ce que nous
disait le président de l'Union des municipalités
régionales de comté, au moment où il nous parlait de ce
virage que prend actuellement le gouvernement et qu'il veut nous faire
confirmer en nous mettant le bâillon, d'ailleurs - on n'y reviendra pas,
on en a longuement parlé - en fait, je crains un peu, comme le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, qu'il soit difficile de rebâtir la
confiance. Écoutons ce qu'il nous disait, le 27 avril: "Constatant le
virage improvisé de décentralisation de l'État
proposé dans le discours sur le budget, l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec considère maintenant
que ce gouvernement a unilatéralement provoqué une brèche
importante dans ses relations avec les municipalités et
définitivement miné la confiance que lui portaient les
élus municipaux." C'est ça qu'il disait le 27 avril, et il
ajoutait: "En agissant ainsi, le gouvernement démontre son manque de
vision globale et brise le Québec de partenariat, qui est si essentiel
pour le développement de la collectivité
québécoise."
Alors, c'est bien mal engager le processus, M. le Président, si
vous me permettez de l'affirmer ici, que, d'une part, briser une entente dans
laquelle on avait investi tant efforts qu'énergie. Qu'on puisse la
remettre en question, cette entente, cela va de soi: ce n'est pas immuable, les
modes de relation qu'on a établis entre les différents paliers de
gouvernement, mais que, sans impliquer l'un des partenaires, on remette en
question l'entente, sans que le ministre des Affaires municipales ne soit
particulièrement présent non plus au débat. On a
constaté que, tout au long de la discussion qu'on a eue ici en
cette Chambre, le ministre des Affaires municipales, qui pourtant se
préoccupe de l'un des partenaires que sont justement les
municipalités, n'est pas intervenu beaucoup. Alors, c'est bien mal
engager un processus que de commencer par briser un lien de confiance pour
ensuite dire: On va en créer un nouveau. On va en créer un
nouveau et, non seulement, on va mal repartir sur de mauvaises bases, mais on
va ajouter un troisième partenaire, que vous aimiez ou non, que vous
soyez d'accord ou non, il sera là. Alors, à mon point de vue,
c'est vraiment faire fi, je dirais, d'ententes que l'on a établies, de
processus de discussion, de décisions, même, avec lesquels on
avait appris à vivre et à fonctionner, remise en question, donc,
de ce processus, sans que l'un des partenaires ne se sente impliqué par
la remise en question. Et, non seulement il ne se sent pas impliqué,
mais il se sent floué, M. le Président, dans le processus.
Bon!
Deuxièmement, on est intervenu dans le cours de ce débat
pour rappeler que nous souhaitions, nous souhaitions que l'Éducation
reste, certains ont dit une responsabilité de l'État, en fait, ce
qu'on veut dire essentiellement, c'est que l'Éducation, tout comme la
santé, doit être une responsabilité nationale. On ne peut
pas, d'aucune espèce de façon, faire en sorte que des services
à rendre à des citoyens, dans des domaines que l'on juge
essentiels pour le progrès, l'accomplissement de la nation,
l'accomplissement des personnes qui vivent sur le territoire, on ne remet pas
cette préoccupation sur la base de critères qui seraient la
richesse respective des uns et des autres. Donc, on dit - dans le cas
présent, aux municipalités et aux commissions scolaires - c'est
une responsabilité nationale, c'est une responsabilité à
laquelle on participe collectivement, sur la base d'une contribution fiscale
par l'impôt sur nos revenus, ou la taxation en général. Le
gouvernement se charge, s'assure de répartir l'ensemble des fonds ainsi
accumulés ou ramassés, de les répartir d'une façon
équitable sur l'ensemble du territoire pour que jamais on ne puisse
imaginer qu'on brime ou on prive l'un ou l'autre des citoyens ou citoyennes du
Québec de son droit fondamental à la santé et à
l'éducation. Le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, sûrement, viendra en répartie sur ça en
disant: Oui, mais, écoutez, on instaure un processus de
péréquation, c'est-à-dire que les régions qui,
effectivement, ont moins de capacité de ponctionner des fonds, d'aller
chercher des fonds, on fera en sorte qu'on rétablisse un
équilibre entre les régions dont la capacité fiscale sur
la base de l'impôt foncier est moins importante, on la répartira
ou on refera un partage au niveau national, au niveau de l'ensemble.
Vous savez, je n'ai rien contre le principe en soi de la
péréquation, c'est un modèle comme un autre, sauf qu'il
m'apparaissait que nous avions privilégié, pour justement
l'éducation et la santé, qui sont des biens collectifs essentiels
et auxquels il apparaît absolument nécessaire de répondre
d'une façon équitable, en recherchant la perfection de cette
équité... Il ne m'apparaissait pas que le processus nous
permettant d'utiliser la péréquation était celui
nécessairement qu'on devait retenir. Voilà pour ce
deuxième point quant à la responsabilité nationale que
nous avons à l'égard de ces biens fondamentaux que sont la
santé et l'éducation.
Évidemment, l'autre point que l'on peut souligner dans le projet
de loi actuel et qui est absolument, là encore, du camouflage...
D'ailleurs, je me dis que ce gouvernement aura le championnat des camouflages
en fin de session, parce que je pourrais parler longuement, comme je l'ai fait
déjà avec plusieurs de mes collègues, de la Loi sur les
heures d'affaires où on constate que, d'un côté, on annonce
qu'on protège le dimanche et, de l'autre côté, on ne le
fait pas. Maintenant, c'est quoi le camouflage dont on parle avec la loi qui
est devant nous? Essentiellement, on en profite, en modifiant la part
occupée dans le champ d'impôt foncier entre les
municipalités et les commissions scolaires, pour refiler une joyeuse
augmentation de taxes aux contribuables qui, sur une base annuelle, sera de
l'ordre de 320 000 000 $.
J'ai écouté, à l'occasion des débats
précédents concernant cette loi, des collègues de cette
Chambre qui ont dit: Vous savez, en nous accusant, nous, comme gouvernement...
Vous savez, le gouvernement a une certaine limite à sa capacité
de payer. Donc, il ne peut pas toujours assumer cette responsabilité en
grossissant les déficits d'une année à l'autre. Oui, mais
il faudrait peut-être se rappeler que la source de notre argent, ici,
comme gouvernement, ou là, dans une municipalité, ou là,
dans la commission scolaire, c'est toujours la même source, M. le
Président. C'est toujours le contribuable, c'est toujours le payeur de
taxes. Que cette taxe, il la paie sur son revenu ou qu'il la paie finalement
sur la valeur de sa propriété, c'est toujours la même
personne. Ce n'est pas l'État qui a des sous. Ce n'est absolument pas
l'État, c'est le citoyen qui confie à l'État une partie de
ses revenus pour qu'ainsi il retrouve en contrepartie des services. Alors, dans
les faits, on a tout simplement refoulé, renvoyé vers un autre
niveau de gouvernement une hausse de taxe qu'on n'a pas eu le courage d'assumer
soi-même. C'est ça, la loi, M. le Président, qu'on risque
d'adopter, et évidemment pour laquelle je ne voterai absolument pas,
parce que je ne suis absolument pas d'accord avec cette loi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure M. Lazure: Merci, M. le Président. Des
voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de La Prairie, vous pouvez poursuivre. (3 h 30)
M. Lazure: M. le Président, je pense que c'est une
journée absolument triste qui va rester mémorable dans les
annales de la vie parlementaire québécoise. Trois motions de
clôture dans l'espace de moins d'une semaine. Celle que nous
débattons aujourd'hui pour mettre fin au débat, à la
discussion sur le projet de loi 69, projet de loi piloté par le ministre
de l'Éducation, me paraît particulièrement difficile
à accepter parce qu'à date, M. le Président, nous avons eu
à peine une vingtaine d'heures de discussion en commission parlementaire
et, moi, ça me paraît difficile d'accepter cette motion parce que
je croyais que le ministre de l'Éducation, qui est dans cette Chambre,
qui nous écoute religieusement, avait beaucoup de patience. Sa patience
est légendaire. C'est une personne qui a toujours aimé
écouter beaucoup. On l'a souvent consulté dans le passé,
les dirigeants politiques du Québec allaient le consulter et, depuis
qu'il est ministre de l'Éducation, il se fait un point d'orgueil de
recevoir des groupements, des parents, des étudiants. Je dois dire que
la plupart du temps, surtout dans le cas des étudiants, ces groupes
ressortent assez déçus, mais, quand même, le ministre de
l'Éducation est reconnu pour être une personne à
l'écoute, d'où notre surprise, notre grande surprise de voir une
motion de clôture après à peine une vingtaine d'heures de
débat.
Le ministre de l'Éducation sait pourtant que le gouvernement
précédent, le gouvernement du Parti québécois,
pouvait passer des douzaines d'heures et parfois au-delà de 200 heures
en commission parlementaire. Il se souvient sans doute que lors de
l'étude du projet de loi sur la protection du territoire agricole, par
exemple, lors de l'étude du projet de loi sur la langue
française, la loi 101, lors de l'étude du projet de loi sur
l'assurance automobile, il y a eu au-delà de 200 heures de débat,
M. le Président, et voici que le ministre de l'Éducation, au bout
d'une vingtaine d'heures de débat, donc dix fois moins d'heures de
débat, dit: Non, c'est assez, là, je ne veux plus entendre ces
gens-là. Et, en faisant ça, lui et son gouvernement, qu'est-ce
qu'ils font? Bien, ils privent 40 % de la population, les 40 % de la population
qui ont appuyé le Parti québécois au moment de
l'élection. Ces gens-là ont le droit d'être entendus
à travers les 29 députés de l'Opposition et je pense, M.
le Président, que c'est un jour triste dans notre histoire parlementaire
lorsque, dans l'espace de cinq jours, on assiste à trois motions de
clôture.
C'est du jamais vu. Moi, ça fait neuf ans, à peu
près, que je suis dans la vie parlementaire et jamais je n'ai vu
ça, et Dieu sait qu'on en a vu des projets de loi de toutes sortes.
Alors, c'est un gouvernement qui, de moins en moins, porte intérêt
ou porte attention à ce que les députés de l'Opposition
ont à dire, à ce que les groupements à l'extérieur
ont à dire en commission parlementaire.
En plus, M. le Président, il s'agit d'un projet qui, sur le fond,
est absolument inéquitable, injuste. Pourquoi est-il injuste? Parce que,
en remettant aux commissions scolaires, par le biais de taxation,
d'impôts scolaires, le soin de l'entretien des bâtiments scolaires,
on risque - et le risque est très grand - de revenir à deux
poids, deux mesures: les commissions scolaires où la population est
à l'aise et les commissions scolaires où la population est moins
à l'aise. Un taux de chômage de 20 %, 30 %, revenus annuels trois
fois moins élevés que dans l'ensemble du Québec, ça
existe, ça, M. le Président. Alors, des commissions scolaires
qui, devant réparer, entretenir des bâtiments scolaires, doivent
se serrer la ceinture, doivent s'imposer de nouvelles taxes. Elles n'auront pas
les moyens et c'est ainsi qu'au bout de quelques années on va revenir
à l'ancien système où vous aurez dans le Québec des
écoles bien entretenues et des écoles mal entretenues, selon le
revenu annuel de la population. C'est aussi inacceptable que si on disait:
Dorénavant, les hôpitaux devront être entretenus par des
impôts locaux ou régionaux. Ça fait longtemps qu'on a
tourné la page. Et moi, je ne comprends pas le ministre de
l'Éducation de nous présenter un tel projet de loi. C'est un
recul, c'est un retour en arrière. Je sais qu'il a un petit
côté très conservateur, le ministre de l'Éducation,
très conservateur; il est très traditionnaliste. Mais je lui
demanderais, de grâce, de ne pas retourner à des systèmes
qui sont injustes, des systèmes tout à fait injustes. Les
populations qui ont de la difficulté à boucler leur budget, que
ce soit en Gaspésie ou dans le Bas-Saint-Laurent, où on retrouve,
par exemple, actuellement, le taux de chômage le plus élevé
au Canada, malgré leur bonne volonté, ces populations devront
dire: Non, la réparation de l'école, l'entretien de
l'école ou des écoles, ce sera remis à plus tard. M. le
Président, autant ce serait inacceptable s'il s'agissait
d'hôpitaux, autant ça doit être inacceptable quand il s'agit
d'écoles.
Et un autre aspect tout à fait injuste de ce projet de loi, c'est
que, sous le couvert de donner un plus grand champ de taxation aux commissions
scolaires, ce gouvernement, au fond leur soutire des millions de subventions en
leur disant: Allez-y, nous, on va économiser, on va sauver de l'argent,
on vous donne moins de subventions; on n'a pas l'air de gens qui vont taxer, on
n'a pas l'air de gens qui vont ajouter des impôts aux contribuables; vous
autres, vous
atlez le faire, vous autres, les commissions scolaires, vous le faites,
vous autres, les municipalités, vous le faites; et nous autres, le
gouvernement du Parti libéral, on va passer pour un gouvernement qui est
bon pour la population, qui n'augmente pas les impôts, qui n'augmente pas
les taxes. Mais ça, ça s'appelle de l'hypocrisie. C'est de la
taxation indirecte. Ce gouvernement est en train d'établir des records
de taxation indirecte. Il n'a pas le courage d'aller dire à la
population clairement: Nous devons augmenter les impôts de 5 %, de 10 %.
Mais il se sert des commissions scolaires. Il se sert des municipalités.
Il se sert de la Régie de l'assurance automobile, dans un autre projet
de loi, une autre motion qu'on discute ces jours-ci, pour empêcher
l'Opposition de poser des questions aux dirigeants de la Régie de
l'assurance automobile. Alors, c'est un gouvernement qui procède par
détour, un gouvernement qui n'est pas direct, qui n'est pas franc, un
gouvernement qui fait faire son sale travail par d'autres, par les commissions
scolaires, par les conseils municipaux et par la Régie de l'assurance
automobile.
Et en plus, avec une loi comme celle-là, qu'est-ce que le
gouvernement a réussi à faire? Ce gouvernement a réussi
à briser l'harmonie, la bonne entente qui existait entre le gouvernement
du Québec, les municipalités et les commissions scolaires. Depuis
plus de 10 ans, grâce aux démarches que le gouvernement du Parti
québécois avait faites avec les commissions scolaires et les
municipalités, il existait un pacte, et tout le monde était
satisfait de cette entente. Les municipalités avaient leur champ de
taxation, les commissions scolaires avaient un tout petit champ de taxation et
ça fonctionnait bien. Parce que le gouvernement, encore une fois, n'a
pas le courage de relever les impôts parce qu'il a besoin d'argent et
qu'il fait faire ça par les municipalités et les commissions
scolaires, il vient briser cette bonne entente, ce pacte entre le
Québec, les municipalités et les commissions scolaires. (3 h
40)
Alors, M. le Président, en terminant, je pense qu'il faut dire
bien haut et bien fort, malgré cette heure tardive - 3 h 42 - dans cette
nuit de débat, que ce gouvernement est en train d'établir des
records en matière de bâillon pour empêcher les
députés de l'Opposition de faire leur travail. Les
députés de l'Opposition ont le devoir de s'opposer à des
projets de loi qui ne sont pas acceptés par de larges parties de la
population. M. le Président, en conclusion, je déplore que le
ministre de l'Éducation se prête à ce jeu-là. Moi,
je me serais attendu à plus de patience de la part du ministre de
l'Éducation. Je me déclare très déçu,
très désappointé. J'espère que non seulement mes
collègues vont voter contre cette motion de clôture, mais que
même certains de ses collègues à lui - c'est possible -vont
nous appuyer parce que dans leurs régions, surtout dans les
régions éloignées...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
s'il vous plaît.
M. Lazure: ...on va assister à des injustices. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): merci. nous
poursuivons avec le prochain intervenant, m. le député de
joliette et leader de l'opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, 3 h 40, mardi matin. Ce
sera de même, sans doute, demain matin; ce sera sans doute de même
également mercredi matin. Parce que ce n'est pas vrai que le Parlement,
l'Opposition officielle va se laisser bâillonner. Ce n'est pas vrai. Il y
a un prix à payer pour un gouvernement au pouvoir qui a
décidé d'être arrogant et de faire taire un Parlement. Il y
a un prix à payer.
Il y a un prix à payer parce qu'on vit dans un Parlement
où il n'y a pas d'Assemblée législative, où il n'y
a pas de Sénat, où il n'y a pas de structure autre que celle que
nous avons ici pour étudier les projets de loi, pour étudier en
profondeur la législation. On a pris la fâcheuse habitude - je ne
sais pas si ce sont nos règlements qu'il faudra peut-être
réviser - d'attendre à la dernière minute pour
déposer les projets de loi. C'est pratiquement, le 15 novembre, une
avalanche de projets de loi - regardez dans le Journal des débats
- le 15 mai, une avalanche de projets de loi qui sont
déposés. On dirait qu'il n'y a pas cet effort de planification
des travaux à longueur d'année, mais on arrive avec une avalanche
de projets de loi et on voudrait que, du 6 juin au 23 juin, excluant les
samedis et les dimanches, on adopte 55 ou 60 projets de loi. C'est un peu
ça, la réalité Regardez le feuilleton, regardez les dates,
regardez exactement le contenu des projets de loi. Et, en un rien de temps, on
voudrait que ce Parlement-là étudie, à la vapeur,
plusieurs lois.
Vous regarderez dans plusieurs Parlements, souvent, on dépose les
projets à une session et ils ne sont adoptés qu'à l'autre
session. Vous irez voir comment ça marche, par exemple, à la
Chambre des communes, où on siège, en termes de nombre de jours,
plus qu'ici; les projets de loi qui sont déposés à la
Chambre des communes à une session sont souvent adoptés
exclusivement à l'autre session. Et qui plus est, il y a une chambre de
décompression qu'on appelle le Sénat. Je ne vous dis pas que
c'est la meilleure formule, je ne vous dis pas que c'est celle que je favorise,
je n'en veux pas. Je ne vous dis pas que je voterais pour un Sénat
élu, je voterais pour l'abolition du Sénat, en ce qui me regarde,
personnellement, moi. Mais vous avez dans des
systèmes, quand on compare des systèmes, une chambre de
décompression qui s'appelle le Sénat qui peut prendre un temps X
aussi pour étudier les projets de loi. Ici, on est scandalisés
qu'une commission parlementaire prenne quelques heures en commission et on
décide de passer le bâillon. Pensez-y 30 secondes et vous allez
peut-être réfléchir avant d'être empressés
à passer des bâillons comme vous le faites présentement.
Vous allez peut-être réfléchir avant d'aller, d'une
façon très spontanée, à cette fameuse motion de
suspension des règles. Ici, dans ce Parlement, c'est devenu une
banalité que de suspendre les règles. C'est devenu une
banalité que de mettre une motion de clôture.
M. le Président, c'est regrettable, mais c'est
antidémocratique. Ne serait-ce que pour contribuer à ne pas
banaliser la motion de clôture et la motion de suspension des
règles, il y aura un prix à payer pour ce que vous avez fait.
C'est clair! On ne peut pas, comme Opposition responsable, laisser banaliser
des motions aussi importantes et faire en sorte de mettre fin aux discussions
mêmes sur le fond d'un projet de loi. Et des législations, c'est
pas des pinottes. Un gouvernement décide, du jour au lendemain, de dire
aux commissions scolaires: Écoutez, je vous coupe 280 000 000 $ et je
vous en donne 320 000 000 $; donc, tu ne chiales pas, tu en veux plus. Mais, du
même souffle, il dit: Je te donne, par contre, l'entretien des
bâtisses, l'entretien de tout le parc immobilier. Qu'est-ce que vous
allez donner de plus aux commissions scolaires? Plusieurs viennent de se
réveiller. Il y en a un ou deux... Le président de la
Fédération, aveuglément, disait que ça avait de
l'allure, dans les premiers temps, mais il y a de plus en plus de son monde qui
dit: Tu as parlé un peu trop vite, toi. Qui est-ce que t'as
rencontré pour te prononcer de même aussi vite? Qu'est-ce que tu
as fait? Tu vois bien qu'on est plus mal organisés qu'on était.
On a la responsabilité de l'entretien et t'as crié bravo
spontanément et tu n'as pas réfléchi.
Les commissions scolaires ne sont pas heureuses. Les commissions
scolaires sont déçues de voir que... Ce qu'elles demandaient au
ministre ce n'était pas d'avoir l'entretien. Elles demandaient au
ministre d'avoir un pouvoir de taxation un petit peu accru, de modifier les 6 %
ou les 0,25 $, mais pas nécessairement d'avoir des obligations en
retour. Et ça, c'est une situation, je pense, qui est
véridique.
M. le Président, ce n'est pas une petite loi ça, de dire,
au gouvernement, plutôt que de nous verser 280 000 000 $, je vais aller
les chercher dans la poche des contribuables, diminuant d'autant la
possibilité des gouvernements locaux d'aller chercher des augmentations
foncières. C'est l'envahissement du champ de taxes foncières qui
commence. Et on sait que ça n'a pas plus de limite, ça. Je pense
véritablement, M. le Président, que c'est là un projet de
loi d'enver- gure, un projet de loi majeur et qu'on a le droit de discuter
assez longuement parce que les contribuables... D'abord, le monde municipal ne
l'aime pas ce projet de loi là. Le monde municipal est
diamétralement opposé à ce projet de loi là et il
demande, M. le Président, qu'on soit leur prolongement et c'est ce qu'on
fait démocratiquement. Et c'est ce qu'on aurait dû faire sans
avoir de bâillon, M. le Président. Et c'est pas le seul, on en a
deux autres, deux autres sur des lois tout aussi importantes.
La ponction de 625 000 000 $, si c'est pas des pinottes, sur la caisse
de l'assurance collective que se sont donnée les Québécois
en matière d'assurance automobile, c'est pas une petite loi de deux
sous, ça. C'est sérieux. L'autre loi sur les heures de commerce
bouleverse toutes les habitudes de vie chez les consommateurs. Vous irez voir
vos petits dépanneurs chacun. Vous allez voir que c'est un projet de loi
d'envergure qui touche des centaines et des milliers de travailleurs, des
centaines de milliers de travailleurs. C'est sérieux ça, trois
bâillons sur les trois lois les plus importantes, je pense, du menu
législatif, ça je n'en disconviens pas. C'est sans doute les
trois législations les plus importantes de tout le menu
législatif. Mais trois bâillons, ça m'apparait excessif, M.
le Président. Et je vous répète que l'Opposition a bien
l'intention de ne pas laisser banaliser, je le répète, on ne
laissera pas banaliser, comme Opposition, ces motions de clôture, ce type
de motions qui, à toutes fins pratiques, limitent le pouvoir de
l'exercice de la démocratie dans le Parlement.
Donc, M. le Président, on se retrouve ce mardi matin à 3 h
50 ou presque, en Chambre. Demain on procédera sans doute au rapport de
la commission sur les heures de commerce, la loi 75. On se prononcera sans
doute sur le rapport de la commission concernant les ponctions faites à
la Régie de l'assurance automobile et, à la même heure
demain matin, on aura fini, dans la journée de mardi à mercredi,
deux rapports. Et ça sera aussi tard. Je vous le dis d'avance. Et
mercredi, préparez-vous, ce sera l'étape de la troisième
lecture: troisième lecture du projet de loi 69, sur les taxes scolaires,
troisième lecture sur les heures de commerce. Et il faudra attendre
à jeudi pour voir le dernier effet du dernier bâillon. Et on
connaîtra le dénouement, sans doute jeudi soir vers les 11 heures,
du troisième bâillon. Mais, d'ici jeudi soir, M. le
Président, avec la petite équipe que nous sommes, nous allons,
sans pouvoir former des équipes pour qu'on se succède ici, nous
allons démontrer dans ce Parlement que nous sommes capables de lutter
pour les droits démocratiques, que nous sommes capables de lutter face
à des contenus de lois que la population n'accepte pas, que c'est
inconcevable, M. le Président, qu'on n'ait pas su planifier un tant soit
peu pour que ces législations, à mon point de vue très
importantes, que la population d'ailleurs nous demande, parce
qu'on rencontre des gens et ils disent: Oui, battez-vous
là-dessus... Comment de gens nous demandent, des propriétaires de
commerces qui nous disent: Allez-vous vous battre longtemps? Allez-vous vous
battre pour essayer de l'empêcher de passer? Ils nous ont mis le
bâillon. C'est ça qu'on doit répondre. (3 h 50)
Donc, notre devoir, M. le Président, c'est de lutter avec tous
les moyens qu'on a, tous les moyens qu'il nous reste, devrais-je dire, pour
retarder ou empêcher l'adoption de ces projets de loi. C'est ça,
la démocratie, M. le Président. Et, en plus de ça, on a un
double objectif, ce qui nous motive encore davantage comme équipe
d'Opposition, c'est qu'on a l'objectif et je pense qu'on a le devoir, M. le
Président, de faire en sorte que l'utilisation excessive de ces motions
de clôture doit cesser, que l'utilisation excessive de la motion de
clôture, M. le Président, ne doit pas contribuer à
banaliser ces normes d'exception et qu'on se doit, comme parti politique, de
faire en sorte que ce soit utilisé le moins possible. Et ce n'est pas
vrai qu'on va laisser ça d'une façon facile, qu'on va laisser le
gouvernement utiliser cela quand bon lui semble. Oui, M. te
Président.
Je conclus en disant que, si vous êtes heureux de cette nuit,
préparez-vous aux deux autres.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu de l'article
253, M. le ministre, une intervention vous est permise... Non, c'est
après chaque-Non, après chaque intervention, il n'y a pas de
droit de réplique, M. le député, sur une prise en
considération du rapport. M. le leader de l'Opposition officielle, sur
une prise en considération du rapport, il n'y a pas de réplique
à la fin, mais il y a une réplique de cinq minutes après
chaque intervention. M. le ministre de l'Éducation, vous avez la parole,
en vertu de l'article 253, pour un maximum de cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, M. le Président, je serai évidemment
bref. Je voudrais, tout d'abord, signaler qu'il est nécessaire d'adopter
le projet de loi 69 à la présente session, étant
donné ses implications financières autant pour les commissions
scolaires que pour le gouvernement.
Une fois cette prémisse établie clairement, je pense qu'on
peut conclure avec beaucoup de justification que l'Opposition, de son
côté, avait décidé de faire obstacle à
l'adoption du projet de loi. C'est son droit, c'est même son devoir, si
telle est sa conviction. Mais il doit y avoir des limites aux obstacles que
l'on place sur la route de l'adoption d'un projet de loi, lorsque celui-ci est
absolument nécessaire pour l'équilibre de la bonne gestion
publique, tant au niveau du gouvernement qu'au niveau des commissions
scolaires.
J'assure cette Chambre que nous n'en sommes venus à la conclusion
qu'il fallait recourir à ce moyen extraordinaire pour obtenir l'adoption
du projet de loi qu'après que nous eûmes acquis la conviction que
l'Opposition n'était aucunement intéressée à
faciliter l'adoption du projet de loi au cours de la présente session.
Nous conservions le souvenir d'un projet de loi qui avait été
présenté à la session antérieure, qui était
beaucoup moins important, et au sujet duquel l'Opposition nous a dit, vers la
fin: Vous reviendrez l'année prochaine, nous ne sommes pas
intéressés à vous donner ce projet de loi là
maintenant. C'était un projet de loi sur les questions scolaires, on se
rappelle très bien. Alors, le gouvernement n'avait strictement pas le
droit de se laisser dicter sa ligne de conduite dans une question comme
celle-là, par l'Opposition. Il avait le droit de l'entendre et de
l'écouter. Et je pense que ceux qui ont suivi les débats du
début jusqu'à maintenant auront pu se rendre compte qu'on a
entendu à peu près les principaux témoins intervenir une
dizaine de fois jusqu'à maintenant.
N'oublions pas une chose. Les orientations fondamentales de ce projet de
loi ont été connues dès le 28 mars 1990,
c'est-à-dire il y a deux mois et demi, lors du dépôt des
crédits en cette Chambre. Déjà, à ce
moment-là, on avait tout l'essentiel du projet de loi 69, lequel n'est
venu que donner forme juridique à des orientations budgétaires
qui avaient déjà été arrêtées par le
Conseil du trésor et le gouvernement et confirmées dans le
discours sur le budget. Par conséquent, quand on plaide les vierges,
offensées, quand on feint de plaider qu'on est en face d'une affaire de
dernière minute mal planifiée, dans ce cas-ci, il y a un dossier
de deux mois et demi solidement étayé qui plaide pour le
sérieux de la position gouvernementale. J'affirme qu'après deux
mois et demi de débats, parce que le débat a commencé le
28 mars et se termine ces jours-ci, qu'après deux mois et demi de
débats on n'a rien entendu, du côté de l'Opposition, qui
soit de nature à mettre en doute le bien-fondé du projet de loi
et, même, je dois dire les modalités du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Conformément
à l'article 253 du règlement, à la suite d'une
réunion des leaders parlementaires, je vais maintenant procéder
à la mise aux voix des amendements proposés au rapport de la
commission de l'éducation.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Chevrette: ...je demande un vote enregistré si...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous demandez un vote
enregistré. Qu'on appelle les députés!
Veuillez prendre place, s'il vous plaît!
Mise aux voix des amendements
Conformément à l'article 253 du règlement et
à la suite d'une réunion des leaders parlementaires, je vais
maintenant procéder à la mise aux voix des amendements
proposés au rapport de la commission de l'éducation. Je mets aux
voix les amendements proposés par M. le ministre de l'Éducation
à l'article 9, 1°. S'il vous plaît, je vous demande votre
collaboration. J'ai plusieurs amendements à lire et je voudrais votre
collaboration pour m'aider à cet effet. 1° remplacer l'article 434
de la Loi sur l'instruction publique proposé par le suivant: "434. Le
Conseil peut imposer une taxe scolaire sur tout immeuble imposable situé
sur le territoire des commissions scolaires de l'île de Montréal
pour ses besoins et pour assurer le rattrapage en matière
d'éducation dans les milieux défavorisés de ces
commissions scolaires." 2° remplacer l'article 434.3 de la Loi sur
l'instruction publique proposé par le suivant: "434.3 Les articles 302,
310, 311, 313 à 318 et 324 à 344 s'appliquent à la
taxation par le Conseil compte tenu des adaptations nécessaires.
À cette fin, les mots "commission scolaire" désignent le
Conseil." (4 heures)
L'article 9.1: Insérer, après l'article 9, le suivant:
"9.1 L'article 435 de cette loi, modifié par l'article 48 du chapitre
VIII des lois de 1990, est remplacé par le suivant: "435. Le Conseil
fixe le taux de la taxe scolaire après l'approbation du budget des
commissions scolaires de l'île de Montréal. "Le Conseil peut,
malgré le premier alinéa, fixer le taux de la taxe scolaire si
une commission scolaire de l'île de Montréal est autorisée
à effectuer un montant de dépense avant l'approbation de son
budget."
L'article 11: Remplacer l'article 11 par le suivant: "11. L'article 439
de cette loi est remplacé par le suivant: "439. Le Conseil
répartit pour chaque année scolaire le produit de la taxe
scolaire et les revenus de placement de tout ou partie de ce produit selon les
règles suivantes: "1° chaque commission scolaire de lite de
Montréal reçoit, au plus tard le 3 janvier de chaque
année, le montant qu'elle a demandé jusqu'à concurrence
d'un montant équivalent à la moins élevée des
limites déterminées en appliquant l'article 308 comme si la
commission scolaire avait imposé elle-même la taxe scolaire;
"2° le solde, déduction faite au montant que le conseil
détermine par résolution pour ses besoins, est réparti
entre les commissions scolaires pour assurer le rattrapage en matière
d'éducation dans les milieux défavorisés de ces
commissions scolaires, aux époques et selon les règles de
répartition indiquées dans une résolution du Conseil.
"Dans les 60 jours de l'adoption par le conseil d'une résolution
visée au paragraphe 2° du premier alinéa, une commission
scolaire peut, par résolution, soumettre au ministre qu'elle s'oppose
à la résolution du Conseil. Le ministre statue sur tout
différend qui lui est ainsi soumis. Il peut, à cette fin,
modifier le montant que détermine le Conseil pour ses besoins, les
époques de versement ou les règles de répartition du
Conseil."
L'article 19. Remplacer l'article 19 par le suivant: "19. Lorsqu'une
taxe scolaire imposée par une commission scolaire pour l'année
scolaire 1988-1989 ou 1989-1990 a été approuvée par un
référendum: "1° la somme du taux maximal de la taxe scolaire
fixé par l'article 308 de la Loi sur l'instruction publique
édicté par la présente loi et de l'excédent du taux
maximal prévu à l'article 308 tel qu'il se lisait le - entre
parenthèses, inscrire ici le jour précédant celui de la
sanction de la présente loi - constitue le nouveau taux maximal de la
taxe scolaire aux fins de l'article 308 pour l'année scolaire 1990-1991
et si elle a été imposée en 1989-1990 pour l'année
scolaire 1991-1992. "2° la somme du montant obtenu en appliquant la partie
du pourcentage excédant 6 % de sa dépense nette, approuvée
par référendum, à sa dépense nette calculée
pour l'année scolaire 1990-1991 ou, si la taxe a été
imposée en 1989-1990, pour l'année scolaire 1991-1992 et du
produit maximal de la taxe scolaire calculée pour ces mêmes
années conformément à l'article 308 édicté
par la présente loi constitue le nouveau produit maximal de la taxe
scolaire pour les années visées. "L'article 309 de la Loi sur
l'instruction publique tel qu'il se lisait le (inscrire ici le jour
précédant celui de la sanction de la présente loi)
s'applique au calcul de la dépense nette visée au paragraphe
2° du premier alinéa du présent article. "Pour l'application
du premier alinéa de l'article 475 de la Loi sur l'instruction publique
édicté par la présente loi, il n'est pas tenu compte des
majorations prévues au présent article." Ainsi que les autres
amendements aux articles 6, 7, 9.2, 9.3, 12, 13, 15, 21 et 21.1 qu'on me
dispense de lire...
Une voix: Pardon?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Qu'on me dispense de
lire. Il y a eu une entente entre les deux leaders.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez que je
les lise, je vais les lire, mais il y a eu une dispense entre les deux leaders.
C'est l'information que le président, suite à la
conférence des leaders qu'il a tenue en vertu de l'article 253, M. le
leader de l'Opposition officielle...
Alors, vu qu'il y a eu consentement, j'imagine que vous avez
donné le consentement avec le leader adjoint. Non?
M. Chevrette: Ce n'est pas là-dessus que je veux vous
parler.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non? Sur quoi?
M. Chevrette: J'ai hâte que vous vous asseyiez. Je ne peux
plus vous parler.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est parce qu'à
ce moment-ci je dois mettre au vote...
M. Chevrette:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, avant. Je vous
écoute, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est parce que je comprends qu'il y a eu dispense
pour trois articles techniques. C'est ça?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a eu une dispense
pour les articles 6, 7, 9.2, 9.3, 12, 13,15,21 et 21.1.
M. Chevrette: C'est des articles techniques. Les autres articles
se référant à des numéros seulement, pour permettre
un vote intelligent, est-ce qu'on pourrait demander des explications? Parce
qu'il m'apparait qu'on ne doit pas voter sans connaître essentiellement
sur quoi on vote.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader.
M. Chevrette: ...avoir voté des conneries. Je pense que
c'est très important qu'on ait un vote très
éclairé.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je n'ai pas d'objection,
moi, à renoncer à la lecture si c'est ce que souhaite le leader
de l'Opposition. Maintenant...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a un
consentement pour que le ministre... Oui, M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: M. le Président, je veux m'assurer
cependant...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Lefebvre: ...que les amendements qui sont appelés au
vote correspondent aux amendements que le ministre a entre les mains. Je veux
être certain qu'il n'y aura pas d'erreur.
Dans ce sens-là, M. le Président, j'apprécierais,
sans que vous en donniez...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a un consentement
des membres de cette Assemblée pour que le ministre explique
brièvement. Alors, il y a consentement. M. le ministre, s'il vous
plaît, et je mettrai au vote après, les amendements du ministre et
après, je vais passer au vote les amendements de l'Opposition. M. le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'avec les
explications qui seront fournies, tout apparaîtra simple et
justifié. Il y a deux séries d'amendements. Il y en a 13 en tout.
Il y a une série d'amendements qui visent à assurer que,
lorsqu'un référendum est tenu pour autoriser la commission
scolaire à taxer au-delà du plafond prévu dans la loi, le
plafond de 0,35 $ par 100 $ d'évaluation, que le montant obtenu, disons
que c'est 0,40 $, soit toujours garanti, quel que soit le montant de base que
fixera le gouvernement. Ce montant de base sera ajusté année
après année suivant l'inflation ou les autres critères que
retiendra le gouvernement, mais il y aura toujours le produit du surplus de
taxes qui viendra s'ajouter à ça. Tandis que s'il avait
été incorporé au montant de base la première fois
de manière immuable, le rendement de cette taxe supplémentaire
obtenue par référendum aurait connu un effet
décroissant.
Il y a toute une série de dispositions qui portent
là-dessus. Je pense que le député d'Abi-tibi-Ouest a
très bien saisi le sens de ces modifications. Si lui a compris, je suis
sûr qu'il communiquera la bonne nouvelle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader
adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Peu importe l'heure, aucun parlementaire ne peut
imputer des motifs à un autre parlementaire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je
demanderais, M. le ministre, de pouvoir expliquer les règlements
le plus rapidement possible pour qu'on puisse passer au vote.
M. Ryan: M. le Président, j'ai voulu imputer du talent et
non pas des motifs au député d'Abitibi-Ouest. Pour une fois que
je lui faisais un compliment, je regrette de m'être exprimé
gauchement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre, si vous
voulez poursuivre, s'il vous plaît. Merci.
M. Ryan: Les autres amendements portent sur le Conseil scolaire
de l'île de Montréal. Ils confirment le pouvoir du Conseil
scolaire de l'île de Montréal de fixer une taxe pour les
commissions scolaires de l'île de Montréal.
Deuxièmement, ces amendements lui confèrent, au Conseil
scolaire de l'île de Montréal, le pouvoir de percevoir la taxe
scolaire, laquelle était perçue en vertu de la loi jusqu'à
maintenant par les municipalités de l'île de Montréal. Avec
cet amendement, nous donnons au Conseil scolaire de l'île le même
statut qu'aux commissions scolaires du reste du Québec,
c'est-à-dire qu'il sera habilité soit à percevoir la taxe
lui-même, soit à conclure des ententes avec les
municipalités afin que celles-ci la perçoivent en son nom aux
conditions qui donneront lieu à une entente. Et, troisièmement,
il y a des amendements qui prévoient comment...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Avec consentement.
Consentement?
M. Gendron: Le ministre acceptera de donner une explication
additionnelle sur l'article 11 concernant le pouvoir de taxation qui est
laissé au Conseil de l'île. Mais est-ce que vous pourriez lire
uniquement le dernier paragraphe, au bas de la page, où vous vous
réservez un pouvoir discrétionnaire de revoir certaines
dispositions si le Conseil de l'île s'acquiert de la
responsabilité que vous lui confiez? D'ailleurs, je tiens à vous
signaler qu'après avoir consulté le Conseil de l'île et
avoir pris connaissance du libellé de l'amendement tel que vous l'avez
formulé, le Conseil de l'île souhaitait au moins retirer le
dernier paragraphe qui, selon lui, n'a aucune espèce d'utilité et
ne comprend pas vraiment pourquoi le ministre, après lui avoir
laissé le pouvoir, tient à conserver quand même un dernier
droit de regard pour je ne sais trop quel usage il entend en faire. J'aimerais
ça, moi, entendre l'explication que le ministre pourrait fournir
là-dessus parce que, effectivement, il y a des représentations
qui vous ont été faites et qui nous ont été faites;
si on avait fait notre travail en commission, ils nous auraient demandé
de retirer la dernière partie du dernier paragraphe au bas de la page.
(4 h 10)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je tiens à
informer les membres de cette Assemblée que c'est une procédure
très exceptionnelle qu'on fait là. Habituellement...
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): écoutez, M. le
leader de l'Opposition, compte tenu que lorsqu'on lit les amendements,
habituellement, on vote là-dessus, il y a eu consentement. M. le
ministre, si vous voulez répondre.
M. Ryan: On n'a jamais hésité à
répondre aux questions qui étaient bien fondées. Je pense
que la question est légitime. Elle est venue prématurément
parce que je complétais la présentation du deuxième aspect
des amendements concernant le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Le premier, on confirme son pouvoir de percevoir une taxe et
de fixer une taxe. Deuxièmement, on lui donne le pouvoir de la percevoir
et, troisièmement, on définit comment seront répartis le
produit de la taxe et le produit d'autres revenus afférents à la
taxe. Le produit de la taxe elle-même sera réparti entre les
commissions scolaires suivant la part qui revient à chacune en vertu de
ce qui leur est attribué par la loi. Deuxièmement, il y a des
revenus qui vont provenir du fart que le produit de la taxe va être
placé pendant un certain temps. Disons que la taxe est perçue au
mois de septembre; elle devra être versée aux commissions
scolaires au mois de janvier. Entre-temps, elle va rapporter des revenus.
Alors, comment seront répartis ces revenus-là? Il y a une
troisième chose. Il peut arriver que le Conseil scolaire de l'île
ait d'autres placements qui produisent des revenus également. Comment
seront-ils répartis? Ça, c'est un problème.
Alors, jusqu'à maintenant, cette situation s'est
présentée. Il y a eu des conflits qui se révélaient
pratiquement insolubles quand la Commission des écoles catholiques de
Montréal était en conflit avec la majorité au Conseil
scolaire de l'île de Montréal. On avait une situation où la
majorité de la population étudiante représentée par
la CECM était mise en minorité à cause des
mécanismes de décision qui existaient au Conseil scolaire de
l'île de Montréal. Le ministre était obligé de
recevoir les deux parties dans son bureau pendant des heures chaque
année, en leur disant: Bien, retournez, essayez de vous entendre, moi,
je ne peux rien faire. Alors, avec l'amendement qui est apporté ici,
quand il y aura un conflit, qu'une commission scolaire ne pourra pas accepter
la décision qui a été prise au Conseil scolaire de
l'île de Montréal, le litige pourra être tranché par
le ministre dans les termes suivants: "Dans les 60 jours de
l'adoption par le Conseil d'une résolution visée au
paragraphe 2° du premier alinéa, une commission scolaire peut, par
résolution, soumettre au ministre qu'elle s'oppose à la
résolution du Conseil. Le ministre statue sur tout différend qui
lui est ainsi soumis; il peut à cette fin modifier le montant que
détermine le Conseil pour ses besoins, les époques de versement
ou les règles de répartition du Conseil. "
Une voix:...
M. Ryan: Je viens de lire le dernier paragraphe. Il n'y a pas de
cachette.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II n'y a pas d'autres
paragraphes. Merci, M. le ministre. Alors, je mets aux voix les... S'il vous
plaît! Je mets aux voix les amendements proposés par le ministre
de l'Éducation aux articles 9, 9. 1, 11, 19, 6, 7, 9. 2, 9. 3, 12, 13,
15, 21 et 21. 1.
Que ceux et celles qui sont en faveur veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Savoie (Abitibi-Est), M.
Lefebvre (Frontenac), M. Cusano (Viau), M. Houde (Berthier), M. Maltais
(Saguenay), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon),
M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc
(Taschereau), M. Poulin (Chauveau)...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Merci..
Le Secrétaire adjoint: M. Thérien (Rousseau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M. Kehoe
(Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Charbonneau
(Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M.
Larouche (Anjou), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme
Ho-vington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet (Beauce-Nord), M.
Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M.
Després (Limoilou), M. Forget (Prévost), M. Lafrance (Iberville),
M. MacMillan (Papineau).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M.
Paré (Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Morin (Dubuc), Mme Caron
(Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceux qui s'abstiennent?
S'il vous plaît!
Le Secrétaire: pour: 45 contre: 21
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, les amendements
du ministre de l'Éducation sont adoptés.
Je vais maintenant mettre aux voix l'amendement de M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition
officielle à l'article 3. Article 3. L'article 308 de la Loi sur
l'instruction publique remplacé par l'article 3 du projet de loi 69, Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement
privé, est amendé: 1° par l'insertion, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, après le mot
"imposition" des mots "pour l'année scolaire 1990-1991"; 2° par le
remplacement, dans la première ligne du deuxième alinéa
des mots "une année scolaire" par les mots "l'année scolaire
1990-1991"; 3° par le remplacement du troisième alinéa par le
suivant: "Le montant par élève est de 500 $ ou, si le nombre
admissible d'élèves est inférieur à 1000, de 650 $
et le montant de base est de 150 000 $.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cet amendement veuillent bien
se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M.
Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Savoie (Abitibi-Est), M.
Lefebvre (Frontenac), M. Cusano (Viau), M. Houde (Berthier)...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
un petit peu d'ordre pour permettre au
secrétaire de poursuivre. Merci. (4 h 20)
Le Secrétaire adjoint: M. Maltais (Saguenay), M.
Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. St-Roch
(Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Kehoe (Cha-pleau), M. Fradet (Vimont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse),
M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M.
Gautrin (Verdun), M. Larouche (Anjou), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé
(LaFontaine), Mme Ho-vington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M.
Bergeron (Deux-Montagnes), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet (Beauce-Nord),
M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix),
M. Després (Limoilou), M. Forget (Prévost), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
s'abstiennent veuillent bien se lever.
Le Secrétaire: pour: 21 contre: 45
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'amendement est donc
rejeté.
Mise aux voix du rapport
Je mets maintenant aux voix le rapport de la commission de
l'éducation relatif au projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, tel
qu'amendé. Que ceux et celles qui sont en faveur du rapport tel
qu'amendé veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Savoie (Abitibi-Est), M.
Lefebvre (Frontenac), M. Cusano (Viau), M. Houde (Berthier), M. Maltais
(Saguenay), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon),
M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc
(Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay
(Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M. Kehoe (Cha-pleau),
M. Fradet (Vimont), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Larouche (Anjou), M. Khelfa
(Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Ho-vington (Matane), M. Joly
(Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), Mme Boucher Bacon
(Bourget), M. Audet (Beauce-Nord),
M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton),
M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet
(Charlevoix), M. Després (Limoilou), M. Forget (Prévost), M.
Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), Mme Marois (Taillon), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford), M. Claveau (Ungava), M. Morin (Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), M.
Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
s'abstiennent veuillent bien se lever.
Le Secrétaire: pour: 45 contre: 21
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Le rapport tel
qu'amendé est adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 23 du feuilleton.
Projet de loi 77 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 23,
M. le ministre délégué aux Mines et au
Développement régional propose l'adoption du principe du projet
de loi 77, Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits
sur les mines. Avant de vous céder la parole, M. le ministre, je vais
suspendre l'Assemblée pour cinq à dix minutes.
(Suspension de la séance à 4 h 26)
(Repriseà4h 32)
Le Vice-Président (m.
bissonnet):
l'assemblée poursuit ses travaux sur l'adoption du principe du
projet de loi 77. je reconnais maintenant le ministre
délégué aux mines. m. le ministre.
M. Raymond Savoie M. Savoie: Merci, M. le Président.
À cette
heure, il me fait quand même grand plaisir de vous
présenter les modifications à la Loi sur les mines. On se
rappellera que la Loi sur les mines a été adoptée en 1987
et qu'elle est entrée en vigueur le 24 octobre 1988, à la grande
satisfaction de l'ensemble de l'industrie minière. Je voudrais souligner
à mes collègues qui sont ici présents ce matin
qu'effectivement cette loi est maintenant citée en exemple, que la
province de l'Ontario, par exemple, apporte une nouvelle loi sur les mines qui
sera en grande partie calquée sur le projet de loi sur les mines que
nous avons adopté, à l'unanimité de cette
Assemblée, en 1987.
On doit, toutefois, continuer à maintenir notre leadership au
niveau de l'industrie minière au Québec et ça
nécessite de temps à autre des modifications à la loi et
c'est ce que nous faisons ce matin. Nous apportons, nous présentons
à l'Assemblée nationale un ensemble de modifications pour
justement permettre à l'industrie minière de maintenir sa
compétitivité et d'assurer le leadership qu'elle exerce sur
l'ensemble du territoire canadien; pour ne pas dire, non plus, sur l'ensemble
du territoire nord-américain puisque, comme vous le savez
peut-être, quelques États américains ont déjà
pris connaissance de certaines de nos modifications et de nos orientations. Je
pense bien qu'on va voir apparaître des échos de notre projet de
loi ailleurs qu'au Canada.
Donc, après bientôt deux ans d'application de cette
nouvelle loi, il apparaît toutefois que certaines modifications seraient
de nature à simplifier davantage son administration ou encore à
en clarifier certaines dispositions. Ainsi, l'Association des prospecteurs du
Québec et d'autres membres de notre industrie minière ont
exprimé le souhait de voir apporter quelques assouplissements aux
exigences fixées par la loi pour assurer le renouvellement de leurs
daims et plus particulièrement à l'endroit des travaux
d'exploration.
Tel que prévu par la loi, les travaux effectués pendant la
période de validité d'un daim doivent être
rapportés, pour valoir à leur pleine valeur c'est-à-dire
100 %, avant la date de renouvellement du claim. Rapportés après
cette date, c'est-à-dire après la date du renouvellement du daim,
ils ne valent plus que 50 % de leur valeur. Or, cette procédure
complique indûment la planification des travaux d'exploration surtout
pour les titulaires qui possèdent de nombreux daims contigus, mais dont
les dates de renouvellement diffèrent. Alors, nous proposons donc de
reconnaître à leur pleine valeur les travaux d'exploration
rapportés après la date de renouvellement du daim pourvu qu'ils
aient été réalisés pendant la période de
validité antérieure, et ce, rétroactivement au 24 octobre
1988, puisqu'on ne veut, évidemment, qu'aider l'industrie minière
de l'exploration à maintenir les daims qu'elle possède et surtout
dans une époque où le financement ne se fait pas aussi facilement
que la période de 1987. On pense que ça va leur donner un bon
coup de pouce, quoique les indications que nous avons tout dernièrement
reçues nous indiquent que pour 1990, les montants qui seront
levés par la structure des actions accréditives que le ministre
des Finances a annoncée lors de son dernier budget et qui, finalement,
rétroagit sur 1989 et va se maintenir jusqu'à la fin de 1991,
nous indiquent que, pour cette année, des montants de 75 000 000 $
à 80 000 000 $, à ce jour, seront souscrits dans le public. On
peut s'attendre, cette année, à des montants, je pense,
très intéressants au niveau de l'exploration minière,
certainement une amélioration sur l'année 1989 et ce,
malgré un prix de l'or particulièrement bas.
Une autre exigence à l'égard des travaux d'exploration et
la signature du rapport par un professionnel du domaine minier. Certains
prospecteurs qui exercent depuis longtemps ce métier m'ont
exprimé qu'ils aimeraient bien être dispensés de cette
formalité, c'est-à-dire la formalité de recourir à
d'autres pour signer les travaux qu'ils doivent soumettre. Le projet de loi
prévoit donc un assouplissement à cet égard, et certains
travaux dont la valeur n'excédera pas un montant fixé par
règlement seront dispensés de l'approbation du professionnel.
Par ailleurs, le projet de loi propose des modifications à
caractère administratif. Par exemple, il est proposé que les
limites d'un permis de recherche de substances minérales de surface
correspondent, tout comme le daim, à celles du lot existant en
territoire arpenté, puisqu'on a évidemment permis des
modifications au niveau du territoire arpenté dans la loi de 1987. Cela
simplifiera de beaucoup la description technique pour localiser un tel permis
en plus de minimiser les risques de conflit avec des chevauchements de titres,
par exemple. En d'autres circonstances, la loi actuelle exige l'autorisation
préalable du ministre pour jalonner en certains territoires, notamment,
à l'intérieur des municipalités, mais ne prévoit
aucune mesure d'arbitrage lorsque plusieurs demandes d'autorisation nous sont
formulées simultanément la même journée.
Pour pallier à cette situation, le projet de loi propose
d'élargir l'actuelle formule de tirage au sort, qui est très
populaire au sein de l'industrie, lorsqu'il y a plusieurs demandes faites en
même temps. Par la même occasion, je désire corriger une
certaine pratique qui semble vouloir se populariser graduellement. Ainsi, pour
accroître leurs chances lors d'un tirage au sort, il semble bien que
certaines personnes aient tendance à se concerter pour formuler une
demande en grand nombre, abusive, mais non illégale. Une telle pratique
n'a pas intérêt à se développer si l'on veut
maintenir une chance équitable à tous pour obtenir une
propriété minière. Ça avait tendance à
favoriser les gens qui étaient capa-
blés, finalement, d'acheter une certaine coopération et ce
n'est pas dans l'intérêt de l'industrie minière et ce n'est
pas ce qu'on vise là. On veut donner la chance à tous les
intervenants, y compris le prospecteur qui travaille seul.
C'est pourquoi le projet de loi propose d'introduire par voie
réglementaire un ticket modérateur, si vous voulez, en
prévoyant des droits à payer pour toutes les personnes
désireuses de participer à un tirage au sort. Ce qui arrivait,
c'est que, des fois, pour participer à un tirage au sort, lorsqu'un
claim s'ouvrait la même journée, une personne pouvait regrouper
une quinzaine de personnes pour se déclarer intéressée
à être propriétaire, titulaire d'un claim et, en
conséquence, avait plus de chances que son nom soit tiré au sort,
lui ou un de ses amis, lorsqu'on faisait le tirage au sort, lorsque ça
se produisait. Ce n'est pas quelque chose qui se produit d'une façon
régulière. Ça peut arriver une quinzaine, une vingtaine de
fois par année. Mais lorsque ça arrive, on veut favoriser aussi
bien le prospecteur seul que celui qui travaille en groupe ou qui se forme un
groupe pour obtenir un claim. Donc, on veut maintenir une certaine
équité. Nous observons que l'industrie minière, et elle ne
fait pas exception à ce sujet, comporte quelques personnes qui, parfois,
n'hésiteront pas à user des moyens fort peu orthodoxes pour
s'approprier des droits miniers appartenant déjà à
d'autres titulaires.
Le projet de loi propose donc deux mesures particulières pour
contrer ces situations malencontreuses. Tout d'abord, la loi actuelle
prévoit déjà la révocation d'un droit minier
lorsque son titulaire l'a obtenu par fraude ou fausse représentation.
Pour ajouter à cette sanction, le ministre pourra dorénavant
révoquer le permis de prospection de cette personne qui ne pourra
formuler une nouvelle demande de permis qu'après deux ans de la date de
révocation. Cette mesure l'empêchera donc d'acquérir un
claim personnellement et de prospecter, sans pour autant lui interdire
d'acheter des droits miniers déjà existants. Il s'agit de ce
qu'on appelle communément, dans le jargon du prospecteur, des "claim
jumpers", des gens qui font de fausses représentations, se fient sur la
bonne foi des administrateurs du ministère et, finalement, cherchent
à obtenir des droits miniers en faisant ces fausses déclarations.
Non seulement on peut annuler son droit, mais je pense que, justement, pour
protéger l'intégrité de l'industrie et
l'intégrité du prospecteur, pour ces quelques "claim jumpers"
là, on pourra, à ce moment-là, annuler son permis de
prospecteur pour une période de deux ans. Il pourra toujours aller en
appel de la décision du ministre, s'il le désire. Je pense que
c'est recherché par l'ensemble de l'industrie et ça va
créer une pression morale, davantage. Ça existe aussi dans
plusieurs autres professions où, effectivement, lorsqu'il y a fausse
représentation, fausse déclaration, le ministre peut intervenir
et annuler ce droit; on pense, par exemple, à différentes
corporations.
Plus importante encore est la nécessité de consacrer, par
ce projet de loi, l'irrévocabilité de plusieurs milliers de daims
renouvelés ces deux dernières années sous l'application
des mesures transitoires, de l'ancien au nouveau régime. En effet, une
requête en révocation de daims appartenant à un titulaire a
été formulée récemment, mettant en doute une
interprétation administrative qui a eu cours pendant plusieurs
décennies. À noter, en passant, que cette requête n'est pas
touchée par le présent projet de loi, celui-ci visant
plutôt à se prémunir contre de futures requêtes
similaires, le cas échéant. Le problème rencontré
ici est fort simple. Depuis longtemps, je considérais comme recevable
une demande de renouvellement d'un claim déposée à la
poste le dernier jour de sa période de validité.
C'est-à-dire qu'en vertu de l'ancienne Loi sur les postes, il y avait
une disposition qui disait - la Loi sur les postes étant une loi
fédérale - qui stipulait que, lorsqu'on voulait renouveler son
claim et qu'on mettait une lettre à la poste, en vertu de la Loi sur les
postes, la lettre était censée être reçue le jour
où le ministère des Postes apposait une marque de
réception. Alors, c'était dans le but de bien desservir
l'industrie minière. Et une telle pratique a bien servi des milliers de
titulaires pendant plus de 20 ans. Or, voilà qu'une personne
allègue que cette pratique n'était pas conforme au texte prescrit
par la loi et, par conséquent, demande que les daims de
propriétés minières qu'il convoite soient
révoqués en sa faveur, et ça, suite à une
modification de la Loi sur les postes. Ne pouvant présumer du
dénouement de ce litige, il nous apparaît nécessaire de
protéger immédiatement les quelques milliers de daims qui
pourraient se retrouver dans un telle situation litigieuse, par suite de
l'application d'une pratique administrative du ministère qui ne se
voulait à rien de moins qu'à l'avantage de toute la
clientèle minière.
Dans le domaine des sablières, nous avons pu observer, à
un degré moindre toutefois, que la nouvelle loi pouvait comporter
certaines lacunes. Donc, il serait préférable qu'elles ne soient
pas exploitées à mauvais escient. Ainsi, la loi donne
préséance au requérant d'un bail exclusif, même si
celui-ci vise un terrain déjà exploité par d'autres, sur
une base non exclusive. Si le premier doit toujours avoir
préséance parce qu'il importe de lui assurer une garantie
d'approvisionnement pour l'exercice de ses activités industrielles, il
serait tout aussi équitable de l'obliger à verser une
indemnité aux petits exploitants qu'il délogera, même si
ces derniers n'auront généralement pas de difficulté
à se relocaliser. On doit tenir compte du fait qu'ils ont
déjà encouru certaines dépenses, telle la construction
d'une voie d'accès au site de son déboisement. Puisque ces
investissements profiteront également au nouveau venu, il est donc
juste qu'il défraie une partie du coût en versant une
compensation aux premiers occupants.
Enfin, le projet de loi propose également, par souci
d'équité, l'harmonisation des régimes d'imposition pour
ceux qui exploitent des substances minérales de surface, telles la
silice, le granit ou la tourbe. À l'heure actuelle, ceux qui exploitent
des substances en vertu d'un bail minier ou d'une concession minière
délivrée sous les anciennes lois minières sont assujettis
aux dispositions de la Loi concernant les droits sur les mines. Dans ce cas,
les droits à payer sont de 18 % du profit après une exemption de
base de 500 000 $. Par contre, le nouvel exploitant qui, dorénavant, se
verra accorder un bail d'exploitation de substances minérales de
surface, c'est-à-dire depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle
Loi sur les mines, devra s'acquitter d'une redevance volumétrique sur
chaque tonne extraite et vendue.
Ainsi, deux exploitants de tourbe - c'est un exemple qui va certainement
intéresser le député de Rivière-du-Loup - l'un
ancien et l'autre nouveau, seraient assujettis à deux régimes
d'imposition totalement différents dans leur conception. En pratique,
les droits à payer différeront également plus souvent au
désavantage du nouvel exploitant, puisque tous ces exploitants
opèrent dans des conditions comparables, somme toute, et seront souvent
présents sur les mêmes marchés. Il apparaît donc
raisonnable de les assujettir à un seul régime d'imposition, en
l'occurrence celui introduit par la nouvelle Loi sur les mines.
Le régime retenu aux fins de cette harmonisation présente
beaucoup de similitude avec les régimes de droits prescrits par
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick à l'égard de ces mêmes
substances. C'est particulièrement important pour l'industrie de la
tourbe au Québec, puisqu'on sait que le Québec veut
développer une industrie de la tourbe particulièrement
compétitive et veut accaparer une bonne partie du marché
américain. Compte tenu du fait qu'on est en mesure de le faire et compte
tenu aussi des mesures que nous avons introduites, telle une allocation, par
exemple, d'un montant de 270 000 $, justement pour leur permettre de
présenter leurs produits sur les marchés américains et
vendre davantage la tourbe qu'on produit au Québec, c'est un secteur qui
devrait connaître une assez forte expansion au cours des quelques
prochaines années, tout comme le granite, d'ailleurs.
Alors, il y a là un ensemble de mesures que nous avons
présentées dans le projet de loi 77. Je vois que Mme la
présidente est maintenant M. le président, ça me fait
plaisir. En conséquence, je pense que ces modifications-là vont,
comme je vous l'ai mentionné au début, permettre à
l'industrie minière de maintenir, je pense, l'avantage compétitif
qu'elle exerce actuellement sur les marches, assurer finalement des
ajustements, des corrections qui vont permettre aussi à l'industrie de
l'exploration d'être encore plus performante au cours des prochaines
années. Ces modifications apportées à la Loi sur les mines
vont grandement bénéficier à l'ensemble de l'industrie
minière. Elles sont demandées par l'Association des prospecteurs
du Québec, par l'Association des prospecteurs gaspésiens. Les
consultations d'usage - M. le Président, vous connaissez mon habitude de
toujours consulter le milieu avant de présenter un projet de loi
à cette Assemblée - ont été, je pense, fort bien
reçues. C'est suite à ces commentaires et aux échanges ces
avec organismes-là que je propose donc, pour adoption, le projet de loi
77.
Le Vice-Président (m. bissonnet): merci, m. le ministre.
je reconnais donc comme porte-parole du groupe parlementaire de l'opposition
officielle, m. le député d'ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Alors, il me fait plaisir de prendre quelques minutes
pour passer, sommairement, quelques réflexions sur le projet de loi 77
et, en même temps, en profiter peut-être pour se refaire une
idée du panorama général de l'industrie minière,
dans la mesure où on n'a pas eu l'occasion de discuter, de façon
très suivie, de la problématique minière au cours des
dernières semaines. Pourtant, on aurait dû le faire parce que ce
n'est pas le beau fixe dans l'industrie minière. On verra qu'il y a un
certain nombre de problèmes qui mériteraient que l'on s'y attarde
de façon beaucoup plus attentive de la part du gouvernement. Moi, je
veux bien que l'on nous fasse des petits projets de loi de 27 articles pour
régler un certain nombre de petits problèmes, mais il reste qu'il
faudrait, à l'occasion, s'attaquer aux problèmes fondamentaux,
aux problèmes qui sont la substance même de l'industrie et qui
font en sorte que si on ne fait rien, si on laisse les choses aller comme elles
vont actuellement, eh bien, avant longtemps, on n'aura même plus besoin
de Loi sur les mines, au rythme où ça va. Il faudra probablement
arriver avant longtemps, si le gouvernement n'y voit pas, avec une loi pour
abroger carrément la Loi sur les mines. On va voir pourquoi. (4 h
50)
Alors, M. le Président, certes, il y a des éléments
positifs dans le projet de loi 77, mais ce n'est pas là s'attaquer
à l'essentiel. Si on veut que ces projets de loi soient applicables
d'une façon ou d'une autre un jour et donnent vraiment l'effet qu'on
peut attendre d'eux, eh bien, il va falloir regarder les problèmes d'une
façon beaucoup plus attentive et essayer de
trouver des solutions aux vrais problèmes, M. le
Président.
Je dois vous dire qu'au moment de regarder le projet de loi... D'abord,
il faut quand même préciser, pour le bénéfice de
tout le monde, que pour un projet de loi qui a été pensé
depuis si longtemps, semble-t-il, qui a fait l'objet de consultations, nous dit
le ministre, qui, comme il le disait tout à l'heure, est proche de son
milieu, pour un projet de loi donc qui n'est pas une émanation
spontanée, je suis toujours surpris qu'on n'ait pas réussi
à le déposer en dedans des délais permis ou des
délais prévus au règlement de l'Assemblée
nationale.
Je ferais une remarque, M. le Président, que vous pourriez
peut-être transmettre au ministre délégué aux Mines,
à l'effet qu'il serait bon qu'il prenne l'habitude de faire comme ses
collègues et de déposer ses projets de loi avant la date limite
prévue à nos règlements, parce que c'est, chez lui, une
habitude, M. le Président. Je dois avoir en mémoire au moins
trois ou quatre projets de loi semblables qui arrivent rapidement sur la table
à la dernière minute, laissant ainsi très peu de temps
à l'Opposition pour les regarder, où on nous dit: Écoute,
j'ai fait des consulations, il faut que ça passe absolument avant la fin
de la session. Il nous faudrait des consentements. Est-ce que l'Opposition va
être d'accord? Vous savez, c'est fondamental, ça fait partie de la
dynamique. Tout le monde dans le milieu est d'accord. Donc, il faut trouver une
solution pour donner des consentements pour le passer avant la fin de la
session. On s'excuse d'être en retard, mais on ne pouvait pas faire
autrement.
Allez donc, M. le Président, il y a des ministres ici qui
préparent des projets de loi beaucoup plus importants. Je ne dis pas
qu'ils écoutent le monde nécessairement, mais qui
préparent des projets de loi beaucoup plus importants et qui arrivent
à les préparer dans les délais prévus et qui nous
déposent, avant les dates limites du 15 novembre ou du 15 mai, tous
leurs projets de loi. Et il n'en n'ont pas juste un petit durant toute la
session. Ils en ont quand même plusieurs à l'occasion. Certains
ministres, pour le moins, en ont plusieurs. Et ils sont tous
déposés à temps. Le ministre délégué
aux Mines, lui, nous arrive régulièrement, presque à
toutes les sessions, M. le Président, avec un petit projet de loi qui a
fait l'objet d'une longue consultation, mais dont personne n'avait entendu
parler avant, du moins du côté des parlementaires, et qui nous est
présenté comme ça, à la sauvette, en dehors des
délais normaux et avec le consentement de l'Opposition. Vous
comprendrez, qu'étant donné notre intérêt, M. le
Président, pour toute la question minière au Québec et
l'intérêt que l'Opposition a toujours démontré pour
l'industrie minière... D'ailleurs, il en a fait foi en mettant en place,
entre autres, le programme des actions accréditives qui a eu les effets
que l'on connaît et dont on reparlera tout à l'heure. Donc,
connaissant cet intérêt, nous donnons nos consentements. Nous
donnons nos consentements, mais il nous reste toujours quelques réserves
derrière la tête, quelques soupçons que nous n'arrivons pas
à liquider complètement. Nous avons toujours l'impression d'avoir
affaire à quelque chose qui n'est pas clairement élucidé.
Parce que ça arrive à la dernière minute. Ça arrive
en dehors des délais prévus. Il y a des délais pour tout
le monde et il faudrait peut-être que le ministre
délégué aux Mines s'habitue lui aussi à entrer dans
les délais comme l'ensemble de ses collègues réussissent
à le faire d'une façon très régulière.
Donc, M. le Président, petit projet de 27 articles qui nous
arrive en dehors des délais prévus et pour lequel on nous demande
notre consentement. Moi, je veux bien. Connaissant quelque peu l'industrie
minière, je comprends les problèmes qui sont vécus dans
cette industrie et je suis tout attentif à quelque programme ou à
quelque loi que ce soit qui puisse aider l'industrie minière et
minérale en général. Mais, lorsque j'ai pris en main ce
projet de loi, pour la première fois, en dehors des délais
prévus, j'ai été comme surpris, étonné par
l'ampleur des notes explicatives, quoi qu'on en dise, M. le Président,
pour un projet de loi mineur, un projet de loi visant à faire des
ajustements, à simplifier la dynamique administrative, comme le disait
le ministre tout à l'heure, à rendre plus clairs un certain
nombre de points, d'éléments dans l'application de la Loi sur les
mines. J'ai trouvé que les notes explicatives étaient
particulièrement longues et ardues à lire, il faut bien se le
dire, ardues à lire.
J'ai presque envie de vous en faire la lecture intégrale, M. le
Président, pour vous montrer jusqu'à quel point les notes
explicatives ne sont claires que dans la mesure où on s'attarde à
les éclaircir soi-même. Je vais vous en donner un exemple. "Ce
projet de loi propose diverses modifications à la Loi sur les mines en
vue notamment d'en faciliter l'application."
Et, voici: "Ainsi, ce projet de loi propose d'abord que l'on puisse
appliquer à leur pleine valeur, et non plus à la moitié de
celle-ci, certains travaux effectués au titre d'un claim et
exigés par règlement. Il permet également que soient
assouplies certaines normes réglementaires en ce qui a trait, entre
autres, à certains droits ou redevances prévus par
règlement et aux normes que doivent respecter les rapports relatifs
à des travaux effectués sur un claim ainsi que les documents les
accompagnant."
D'une clarté exceptionnelle! Tout est dans l'hypothèse.
Certains droits, sur certains règlements, relatifs à certaines
normes. Tout est dans le flou, tout est dans le vague. Écoutez bien le
chef-d'oeuvre du chapitre suivant: "Au chapitre du bail d'exploitation de
substances minérales de surface, le projet de loi permet au ministre de
déterminer, a l'intérieur des limites
actuellement prévues, la superficie du terrain qui fera l'objet
d'un bail exclusif ainsi que la durée d'un tel bail. Il soumet de plus
à de nouvelles exigences la conclusion d'un bail exclusif et, lorsqu'il
s'agit d'une exploitation de sable, de gravier ou d'argile commune,
l'augmentation de la superficie du terrain visé par un tel bail. Enfin,
il prévoit notamment que certaines obligations applicables à un
titulaire de bail d'exploitation de substances minérales de surface
s'appliqueront également à toute personne qui exploite ou
extrait, à des fins commerciales, des substances minérales de
surface."
Un autre chef-d'oeuvre de limpidité, M. le Président! Cela
fait que, lorsque j'ai eu à prendre connaissance de ce projet de loi
avec mes collègues, nous nous sommes dit que, quoi qu'en dise le
ministre, bien qu'au départ il nous dise: Écoutez, il nous faut
le consentement pour pouvoir discuter de cette loi-là qui, dans le fond
ne change pas grand-chose - ce ne sont que des concordances. Ce n'est que de la
simplication administrative - bien, à la lecture de cela, je me suis
dit: Ça vaut la peine d'aller un peu plus loin et d'essayer de
comprendre ce qu'il peut bien y avoir sous ce projet de loi. Je vous dis, M. le
Président, j'aurais préféré avoir pas mal plus de
temps pour le faire. J'aurais préféré que le ministre
dépose son projet de loi dans les délais normaux pour nous
permettre de pouvoir regarder d'une façon beaucoup plus attentive...
Parce qu'on nous demande, M. le Président, de voter sur des amendements
à la Loi sur les mines, loi qui n'est pas si vieille que ça; une
loi qui, à bien des égards, n'a pas encore fait toutes ses
preuves; une loi qui mériterait peut-être d'être
observée sur un laps de temps un peu plus long avant d'en faire des
modifications parce que, au moment de discuter la Loi sur les mines, il y a
à peine deux ans, le ministre lui-même nous le disait, il y
à peine deux ans, au moment, donc, de la discuter, le ministre nous
disait avec ses fonctionnaires, avec tout son personnel politique, tous les
gens qui étaient spécialisés dans le domaine et qui
avaient travaillé sur cette loi-là, que, dans le fond, on avait
réussi presque un chef-d'oeuvre dans le genre en faisant une loi qui,
enfin, allait pouvoir gérer les mines.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement, M. le député? (5 heures)
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Est-ce que vous pourriez
examiner de visu s'il y a quorum? Sinon, appelez les députés.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais vérifier
le nombre. Qu'on appelle les députés s'il vous plaît! Qu'on
appelle les députés!
Alors, M. le député, si vous voulez pour- suivre votre
intervention.
M. Claveau: Alors, on a fait quorum!
Non, il est important, M. le Président, et j'en conviens avec mon
collègue, d'avoir le quorum lorsqu'on discute de ces projets de loi,
parce que, pour l'essentiel, il y a des députés qui vont se
retrouver en commission parlementaire et qui auront à prendre des votes
aussi en commission parlementaire. S'ils n'ont pas participé au
débat en deuxième lecture, qui leur permet d'économiser un
tant soit peu leur temps pour ne pas avoir à se payer, tout seuls dans
leur bureau, tout le travail ardu de prendre connaissance d'un projet de loi
aussi technique, mais, bien au contraire, de bénéficier de la
discussion en Chambre pour se faire une idée globale, eh bien, à
ce moment-là, il y a risque que nos collègues qui participeront
à la discussion article par article du projet de loi en commission
parlementaire ne puissent pas être mieux informés et, enfin, voter
en leur âme et conscience sur les différents articles du projet de
loi, sans avoir pour autant à se fier exclusivement sur la ligne de
parti ou sur le point de vue de leurs collègues ministres.
À l'occasion - et on l'a vu dans d'autres projets de loi,
d'ailleurs - je pense que plusieurs de nos collègues auraient avantage
à s'informer plus à fond sur des projets de loi et, comme
ça, éventuellement, eh bien, l'Opposition ne se serait pas
trouvée toute seule, par exemple, à se battre avec tout le monde
et contre le ministre et ses collègues dans la loi sur les heures
d'affaires. De la même façon, l'Opposition ne se serait pas
trouvée toute seule en cette Chambre à défendre les
municipalités dans la question de la Loi sur la fiscalité
municipale et scolaire. L'Opposition ne se serait peut-être pas
retrouvée toute seule, dans cette Chambre, à prendre le parti des
assurés de l'assurance automobile pour empêcher le ministre de
mettre la main sur la caisse.
Alors, dans ce cas-là particulièrement, étant
donné que c'est un projet de loi qui nous est arrivé en dehors
des délais prévus, eh bien, je pense que l'ensemble de nos
collègues auraient intérêt à être en cette
Chambre, du moins pour assurer le quorum, et, après, à nous
accompagner à l'étude article par article en commission
parlementaire pour, de cette façon-là, pouvoir comprendre un peu
aussi ce qui se passe dans l'industrie minière. Parce que ce n'est pas
tout de voter sur des articles de loi. Il faut savoir à quoi ça
s'applique, ces articles de loi, qui va en profiter, qui va en être
pénalisé, ce que ça va donner à long terme. Est-ce
qu'on a une vision de gestionnaire à long terme pour régler des
problèmes de société ou si, tout simplement, on a une
vision de gestionnaire à court terme qui vise à faire des petites
modifications ici et là pour accommoder certains ou pour régler
temporairement des problèmes régionaux, ou se préparer
tout simplement pour la prochaine élection? Ça
peut arriver éventuellement qu'un gouvernement ait comme
motivation de faire des projets de loi ou des amendements à certaines
lois dans le but de préparer ses prochaines élections. Eh bien,
là, il faut tirer ça au clair dans ce temps-là, et c'est
le rôle du Parlement de tirer ça au clair, M. le Président,
indépendamment des prétentions d'un ministre qui nous dit que,
pour lui, tout est clair. Parce que, si tel n'était pas le cas, on
n'aurait plus besoin de Parlement. Il faudrait se référer
à des régimes comme ceux qu'on retrouve dans les
républiques de bananes où le ministre décide et tout le
monde se doit de suivre. Et, si on n'est pas content, eh bien, on sait ce qui
nous arrive.
On n'a pas voulu ce genre de régime là, M. le
Président. On a voulu un régime parlementaire. Notre
société s'est donné un régime parlementaire qui
fait en sorte qu'un ministre ne peut, à partir de ses propres
émanations personnelles, de ses idées préconçues
sur un problème, faire des lois qui ne sont pas amendables. Et on a
voulu aussi que l'ensemble des parlementaires, de quelque formation politique
que ce soit, qui se retrouvent en Chambre, ait l'opportunité de voter
librement sur les différents projets de loi. D'où l'importance de
participer aux travaux pour savoir sur quoi on vote, M. le Président;
c'est la moindre des choses si on veut faire un travail sérieux en cette
Chambre.
Je pense que les gens ne nous ont pas élus pour que l'on se fie
d'une façon, je dirais, aveugle au point même presque de demander
la traduction en braille de certains projets de loi, M. le Président,
pour qu'on suive de façon aveugle, donc, une ligne de parti où
une idée qu'un ministre amène est traduite en projet de loi, mais
qui, peut-être, ne correspond pas au vrai problème du milieu. Et
je crois que l'on en a un bel exemple dans la question de la loi sur les heures
d'affaires, M. le Président, qui, de toute évidence, ne fait pas
consensus.
Toujours est-il qu'avec le projet de loi que l'on a sous les yeux, dans
à peine 27 articles, M. le Président, on s'attaque à un
nombre quand même impressionnant de problèmes dans la Loi sur les
mines. D'où ce que je disais tout à l'heure, avant que l'on
demande le quorum: la nécessité de se pencher sérieusement
sur le projet de loi et de prendre le temps de comprendre pourquoi on veut
amender la Loi sur les mines dans autant de secteurs et d'une façon
aussi succincte, aussi, je dirais, superficielle à bien des
égards, sans retoucher fondamentalement la dynamique qui peut
créer le problème auquel on veut s'attaquer. Du moins, c'est
à partir de ce questionnement-là que j'ai regardé le
projet de loi, et je me suis rendu compte - et vous avez dû tous vous en
rendre compte d'ailleurs, vous, le premier, M. le Président - du nombre
impressionnant d'aspects que le ministre nous a élaborés tout
à l'heure, nous a défilés dans son discours de
présentation. Il nous a parlé de la problématique du
renouvellement des daims. Il nous a parlé de la problématique des
travaux statutaires, dont les rapports doivent être faits avant le
renouvellement du claim ou après le renouvellement du claim, ce qui
change le pourcentage des travaux admissibles par rapport aux travaux
réellement réalisés sur ces daims. Il nous a parlé
de la problématique du tirage au sort. Il nous a dit qu'il voulait
empêcher les regroupements d'individus. Il nous a dit qu'il voulait
élargir aussi le tirage au sort à de nouvelles catégories
d'activités dans le domaine. Il nous a parlé de la concordance
des droits miniers. Il nous a parlé de baux de substances
minérales de surface exclusifs, non exclusifs, de la façon dont
on devait transférer ces baux-là à partir d'un territoire
où on aurait un bail exclusif, par exemple, ou des baux non exclusifs
appartenant à différents individus sur un "pit" de gravelle,
comment on peut faire pour...
Je vois, M. le Président, que mes propos sont entendus et je
souhaite qu'ils soient écoutés avec toute la pertinence que cela
demande, M. le Président, ou qui est nécessaire pour la survie de
l'industrie minière. Et je me dois de revenir là-dessus, parce
que l'idée de faire une loi n'est pas de s'autosatisfaire entre nous,
comme parlementaires, ce n'est pas de penser que l'on va régler les
problèmes comme parlementaires, mais bel et bien de s'assurer que les
orientations que l'on prenne, M. le Président, règlent les vrais
problèmes de la société.
Je regarde, par exemple, le ministre délégué aux
Forêts qui nous accompagne et qui est sûrement très attentif
à la discussion, parce que lui-même a vécu un certain
nombre de problèmes semblables dans l'application de sa Loi sur les
forêts. Et, de toute évidence, il y a encore des trous à
combler, il y a encore des problèmes qui ne sont pas
réglés et on attend toujours de savoir comment il va s'y prendre
pour, enfin, s'affirmer politiquement, pour assurer la survie, par exemple, des
scieries indépendantes, pour assurer que les copeaux de ces
scieries-là puissent être écoulés sur les
marchés. Et, d'ailleurs, son collègue, le ministre
délégué aux Mines, devrait applaudir à mes propos,
dans la mesure où, dans son propre comté, il a des
problèmes avec des scieries...
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Claveau: ...dans la mesure où, dans son propre
comté, M. le Président, il a des problèmes avec des
scieries indépendantes ou des scieries qui ont été
incorporées à des entreprises, mais dont on n'a pas réussi
à définir vraiment le rôle et qui, aujourd'hui, ont de la
difficulté, entre autres, à écouler leurs copeaux sur le
marché. C'est un problème. (5 h 10)
Alors, dans ce sens-là, vous voyez, M. le Président,
l'importance de faire des lois en
fonction des problèmes du milieu et non pas en fonction de
s'autosatisfaire comme parlementaires ou en fonction de ne travailler que pour
une minorité de la société ou une minorité
d'intervenants qui défendent des intérêts bien particuliers
et, souvent, aux dépens de la grande majorité, comme a pu le
voir, par exemple, et comme on l'a démontré sans l'ombre d'un
doute dans la question de la loi sur les heures d'affaires.
Donc, pour le bénéfice de tout le monde, pour le
bénéfice de tous les parlementaires surtout qui auront à
voter sur ce projet de loi et qui, probablement, au moment où on se
parle, n'en cernent pas toute la complexité parce que ça fait
beaucoup de points à aborder, ça fait beaucoup de
problèmes que l'on veut régler à travers 27 articles qui,
au départ, semblent anodins, M. le Président...
Mme Juneau: M. le Président, je m'excuse. Je ne voudrais
pas être désagréable. Mon collègue est en train de
faire un bon discours...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Attendez que je vous
reconnaisse, Mme la députée. Vous avez une question de
règlement, Mme la députée.
Mme Juneau: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, Mme la
députée de Johnson, sur une question de règlement.
Mme Juneau: Je considère qu'on n'a pas quorum, M. le
Président. Il faudrait demander...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais vérifier,
madame, s'il y a quorum ou non.
Effectivement, qu'on appelle les députés.
S'il vous plaît! Nous avons quorum. M. le député, je
vous écoute.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Au moment...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! MM. les députés, je vous demande l'ordre.
Je reconnais maintenant M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Donc, M. le Président, pour bien comprendre
toute la problématique, je pense que l'on se doit, en terminant, de
prendre quelques minutes pour regarder la situation minière en
général au Québec, se faire un minimum d'idées du
problème que vivent les gens qui travaillent dans l'industrie
minière, et, après, on sera en mesure de voir s'il y a
concordance entre les amendements que l'on a actuellement à la Loi sur
les mines ou l'importance, par exemple, que l'on veut mettre à la
gestion des "pits* de gravelle ou des minéraux de surface par rapport
à la dynamique globale et à la problématique réelle
que vit l'industrie minière actuellement et dont on a très peu
parlé en cette Chambre, je dirais malheureusement, au cours des derniers
mois.
D'abord, si vous me le permettez, je n'en ferai pas le
dépôt à l'exemple d'un ministre qui, ce matin, s'est permis
de déposer une partie des documents qui sont déjà
très publics, mais je vais le lire. Il y a quelques données qui
sont essentielles et que nous nous devons d'avoir en tête au moment
où on parle de quelque chose d'aussi important que l'industrie
minérale au Québec. Ce sont des données aussi qui sont
vraiment liées à la dynamique décisionnelle d'un
gouvernement.
D'abord, l'emploi, M. le Président. On parle beaucoup d'emploi
dans ce gouvernement. Un de nos collègues de l'aile
ministérielle, en commission parlementaire sur les heures d'affaires,
nous disait: Nous avons une vision d'affaires, de gens d'affaires, nous
regardons les choses comme des gens d'affaires. C'est ce que nous disait un
collègue de l'aile ministérielle, et, à juste titre, je
crois, il devait avoir une préoccupation quant à cette saine
gestion, comme il la voyait à travers une lunette de gens d'affaires qui
veulent articuler l'activité sociale en territoire
québécois.
Eh bien, M. le Président, à travers une lunette semblable,
un gouvernement ne peut se permettre de laisser se détériorer la
situation de l'emploi. C'est presque incroyable qu'un gouvernement laisse se
détériorer la situation de l'emploi. Eh bien, M. le
Président, regardons où nous en sommes dans le domaine minier.
Ça vaut la peine de se le dire. Et je me réfère en cela
à un texte qui nous a été déposé par le
ministère de l'Énergie et des Ressources au moment de
l'étude des crédits, le cahier explicatif des crédits
1990-1991. Ça, ça n'a pas été fait par un
recherchiste du Parti québécois, n'ayez crainte. Ça
relève du cahier des crédits déposé par le
ministère de l'Énergie et des Ressources, cahier explicatif pour
les crédits 1990-1991. qu'est-ce que l'on dit en page m-4? on dit:
"l'emploi dans l'industrie - on est dans le secteur mines, là, vous
comprendrez - était évalué à 21 233
personnes-années, incluant la première transformation des
métaux, sauf l'aluminium, en égard à 22 146 en 1988, soit
un repli de 4 %." on a perdu, en 1989, selon les chiffres mêmes du
ministère, 4 % des emplois dans l'industrie minière, dans
l'industrie minérale en général, incluant la
première transformation des métaux et, là, on exclut
l'aluminium. on sait que, dans le domaine de l'aluminium, avec les nouvelles
techniques d'hydrolyse, bien, encore là, l'emploi diminue terriblement
rapidement, ce qui est dramatique, d'ailleurs, pour des régions comme le
saguenay-lac-saint-jean.
Alors, 4 % de moins d'emplois. Ça, ça représente,
à toutes fins pratiques, 1000 emplois de moins. Juste dans le secteur
minier, on a
perdu 1000 emplois, m. le président. pourquoi on a perdu tant
d'emplois que ça? bien, dans le deuxième paragraphe plus bas, on
nous explique sommairement pourquoi on a perdu tant d'emplois dans l'industrie
minière au cours de 1989. on les a perdus, m. le président, et je
cite au texte: "l'industrie minérale continue donc à jouer un
rôle économique considérable en région, même
si près du tiers des emplois ont disparu depuis 1980."
c'est-à-dire que, depuis 1980, on a perdu près du tiers des
emplois dans l'industrie minière, dont 4 % juste en 1989. je continue:
"les investissements sont demeurés vigoureux dans ce secteur
économique - vigoureux, il faut bien comprendre comment - malgré
la réduction des abris fiscaux et le bas prix de l'or de janvier 1988
à septembre 1989. toutefois, les dépenses d'exploration ont connu
une diminution importante de -42 % dans l'exploration minière en 1989,
partiellement compensée par le résultat des activités
antérieures qui a amené une certaine croissance des
dépenses de mise en valeur, soit une augmentation de 10 %."
Une chance que des projets de mise en valeur ont pu être
réalisables à partir de l'exploration qui a été
faite antérieurement, depuis le début des années
quatre-vingt, avec le programme d'exploration minière dit programme des
actions accréditives; sinon, il n'y aurait pas eu de mise en valeur dans
l'exploration minière ou il y en aurait eu si peu que, finalement, il
n'eût pas valu la peine de les comptabiliser. On le dit bien:
"partiellement compensée par le résultat des activités
antérieures - dans l'exploration, sous-entendu - qui a amené une
certaine croissance des dépenses de mise en valeur."
On dit qu'en 1989 seulement il y a eu une diminution de 42 % dans
l'exploration minière. C'est peut-être ce à quoi on devrait
s'attaquer en priorité au lieu d'essayer de modifier la façon
d'obtenir un bail d'exclusivité, par exemple, sur un "pit" de gravelle
ou un "pit" de sable. On en reparlera, on aura l'occasion d'en rediscuter, de
cette problématique parce que vous savez très bien qu'un bail
d'exclusivité sur un "pit" de gravelle, ça peut modifier
passablement de choses dans le comportement, entre autres, des contrac-teurs
qui vont avoir les contrats de route. Pour ceux qui ne le sauraient pas, un
"pit" de gravelle, c'est à peu près essentiel pour construire des
routes. On m'a dit que c'était un banc, pardon. Je vais parler de bancs
de gravier...
Des voix: Ah!
M. Claveau: ...mais chez nous on appelle encore ça des
"pits" de gravelle. Quand le contracteur se promène ou quand le
camionneur se promène pour savoir où aller faire charger son
camion, il cherche le "pit" de gravelle, en autant qu'il ait du travail, c'est
bien évident.
On se demande s'ils ne sont pas tous venus chercher de la gravelle
à Québec parce qu'ils n'en trouvaient nulle part ailleurs. C'est
peut-être pour ça qu'ils sont tous ici en ville à attendre.
C'est peut-être aussi la modification à la Loi sur les mines
qu'ils attendaient pour retourner chez eux, pour avoir de la gravelle à
transporter. On ne le sait pas, mais j'en doute. Les problèmes sont plus
fondamentaux que ça, semble-t-il, et ils sont plus fondamentaux. (5 h
20)
M. le Président, on ne s'est jamais moqués des artisans,
bien au contraire, et si on me permet une parenthèse pour en discuter,
ça me fera plaisir. Je suis tout à fait disposé à
ouvrir une parenthèse pour finir la journée à parier du
domaine des artisans, si vous voulez. Ça va me faire plaisir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Berthier, sur une question de règlement.
M. Houde: Oui. J'aimerais, avec votre permission, rappeler
à la pertinence le député d'Ungava.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je rappelle au
député d'Ungava que nous en sommes au projet de loi 77, Loi
modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits sur les mines.
Compte tenu de la largesse dans l'adoption du principe, je vous cède la
parole sur le projet de loi 77.
M. Claveau: M. le Président, de toute évidence, si
on veut se mettre à parler de la mine des artisans, on risque d'en
discuter longtemps parce que le ministre ne semble pas être prêt
à la relever.
M. le Président, on m'a accusé de me moquer des artisans.
Eh bien, moi, je voudrais bien savoir qui se moque des artisans, qui fait en
sorte que les artisans en sont à leur troisième semaine,
parqués devant le parlement. On s'en reparlera.
Je reviens donc...
Des voix:...
M. Claveau: II a l'air d'y avoir plein de gérants
d'estrade en cette Chambre. Est-ce qu'on pourrait faire la lumière sur
qui est le véritable capitaine de l'équipe?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, c'est moi. Vous avez la parole, M. le
député. Je vous rappelle qu'il reste a votre temps de parole 28
minutes.
Des voix: Ah! Parfait!
M. Claveau: On va peut-être avoir le temps d'aborder
le...
Des voix:...
M. Claveau: M. le Président!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Claveau: Bon!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je demanderais de la collaboration. Je comprends qu'il est 5 h 20 du matin,
mais le député a le droit de s'exprimer ici, et vous avez le
devoir de l'écouter. Sur l'article 32, M. le député.
M. Claveau: On nous met le bâillon en commission
parlementaire, M. le Président. J'espère que, pour le
moins...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Claveau: ...on va respecter notre droit de parole en
Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, si vous voulez poursuivre...
M. Claveau: si on ne peut pas s'exprimer... après avoir
été bloqués en commission parlementaire, si on n'a plus le
droit de parler en chambre non plus...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Claveau: ...il va nous rester la rue, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député!
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: En effet, le député d'Ungava a le
droit de s'exprimer, d'autant plus, et pour le bénéfice de tous
les parlementaires je tiens à le souligner, que, depuis quelques heures,
le député d'Ungava fête son 38e anniversaire de
naissance.
Des voix: Ah! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Alors, sur ces voeux de bon anniversaire, M. le
député, nous vous écoutons religieusement pour la fin de
votre allocution.
M. Claveau: On essaie de me distraire, M. le Président,
mais ça ne prendra pas. Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Nous devons travailler très
sérieusement sur les problèmes de la société.
Donc, on parlait très brièvement de la question de la
gestion des bancs de gravier. En tout cas, on aura sûrement l'occasion
d'en rediscuter. D'ailleurs, mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qui connaît bien les problèmes
de la gestion des bancs de gravier, va sûrement l'aborder tout à
l'heure parce que, vous savez, ce n'est pas indépendant de tout le
reste. Le gravier, on en a besoin pour certaines activités, et ces
activités-là, généralement, sont l'objet de
contrats qui sont donnés en soumissions. Lorsque l'on a un contrat de
route, lorsque l'on a un contrat de pont, lorsque l'on a un contrat pour
construire un édifice quel qu'il soit, eh bien, il est important d'avoir
du gravier et du sable disponibles. À bien des égards,
finalement, les enjeux liés à la réalisation d'un contrat
se jouent autour d'un banc de gravier ou d'une sablière. Lorsque l'on
met en place des mécaniques qui vont faire en sorte de permettre,
à partir d'une négociation avec ceux qui ont des baux non
exclusifs, d'aller vers l'exclusivité dans l'utilisation des bancs de
gravier, moi, ça me préoccupe. Parce que, vous savez, M. le
Président, lorsque l'on a un bail exclusif sur un banc de gravier, on
peut l'utiliser, à toutes fins pratiques, comme on veut. Et si on
l'utilise comme on veut, eh bien, on n'est pas loin de créer des
obligations supplémentaires à tout contracteur qui ne
détiendrait pas un tel bail et qui voudrait avoir un contrat de route
dans la même région ou qui voudrait avoir un contrat de pont ou un
contrat pour un édifice scolaire, un hôpital, du remplissage de
terrain. Ça fait partie de la dynamique. Moi, je me préoccupe
quant à cette dynamique-là, à l'effet que l'on tende ou
que l'on semble tendre.... On est en droit de se poser des questions puisque le
projet de loi nous a été amené en dehors des délais
normaux et qu'on n'a pas eu le temps d'explorer toutes les pistes qui ont
amené le ministre à écrire ces articles-là. Si on
avait eu plus de temps, peut-être qu'on aurait moins de questions
à poser. Mais comme on n'a pas eu beaucoup de temps, on est encore au
stade du questionnement intensif.
Donc, ça nous préoccupe de voir ou de sentir que l'on veut
aller vers une gestion des bancs de gravier, des minéraux de surface en
général à travers des baux d'exclusivité. Mais,
c'était une parenthèse, M. le Président. Je vais donc
revenir à mon propos quant à la situation de l'industrie
minière: main-d'oeuvre à la baisse, coupure dans l'exploration
minière et des investissements dans l'exploitation qui sont, pour
l'essentiel, liés à du travail d'exploration qui a
été réalisé au moment où les actions
accréditives
marchaient à plein, c'est-à-dire dans la lignée de
ce qui avait été mis en place par un gouvernement du Parti
québécois.
Question d'emplois, c'est très préoccupant. On voit des
chiffres, O.K.? Ça ne coûte rien de regarder des chiffres,
ça ne fait pas mal de regarder des chiffres. On ne voit pas la
misère qu'il y a derrière les chiffres lorsque l'on dit: Ah bien,
on a perdu 4 % des emplois en 1989 dans le domaine minier, à peine 1000
jobs de moins. Je regardais le ministre lui-même qui, en
conférence de presse, le printemps dernier ou l'hiver dernier, nous
disait, au moment de rendre publiques les statistiques pour 1989: Ce n'est
quand même pas si mal, on a perdu à peine 4 % des emplois dans le
domaine minier. Mais il y a de la misère, il y a des problèmes
sociaux en dessous de ça. Je vais vous en donner un exemple, de
là où on en est rendu dans l'exploitation minière.
Ça vaut la peine que l'on s'y attarde. Si jamais les gens pensent que
les choses vont bien, que les négociations, que les relations du travail
sont au beau fixe, eh bien, je vais vous donner la preuve du contraire
immédiatement en lisant ici, textuellement, une lettre qui a
été adressée à tous les travailleurs de Westminer
Canada Itée, Mines Chibougamau, en date du 15 juin 1990...
Une voix: Hein!
M. Claveau: Ça ne date pas de trois
générations en arrière; on ne remonte pas aux calendes
grecques; ça fait quatre jours. Le 15 juin 1990, donc, la direction, le
vice-président aux opérations de Westminer Canada Itée
envoyait la lettre qui suit à tous les travailleurs de Westminer Canada
Itée, à Chibougamau...
Une voix: À Chibougamau.
M. Claveau: À Chibougamau, oui. "Dans le but d'informer
ses employés, Westminer vous communique les renseignements suivants:
À cause de la situation économique prévalant actuellement
et pour les années à venir, la survie des Mines Chibougamau
constitue l'enjeu de la présente négociation." Tiens, tiens,
comme par hasard, on est en négociation de convention collective. "Des
modifications majeures doivent être apportées aux habitudes de
travail afin d'améliorer la productivité des opérations de
façon substantielle. En l'absence de telles modifications, il sera
impossible de justifier les nouveaux investissements requis pour la survie des
opérations et tout développement futur." C'est bien dit, mais
ça dit ce que ça veut dire: Vous négociez à rabais,
tel qu'on l'exige, ou bien on n'investit plus rien et, à la limite, on
ferme nos portes. Je vais reprendre la dernière phrase,
écoutons-la bien, ce qu'elle veut dire; si ce n'est pas du chantage, on
s'en reparlera. "En l'absence de telles modifications - on parle de
modifications à la convention de travail - il sera impossible de
justifier les nouveaux investissements requis pour la survie des
opérations et tout développement futur." (5 h 30)
Ça commence bien la négociation d'un renouvellement de
convention collective. C'est très intéressant pour des
travailleurs. Il y en a au-delà de 300 qui sont impliqués
là-dedans. Et je continue: "Les rumeurs voulant que Westminer souhaite
remplacer tous ses employés par des contracteurs sont
dénuées de tout fondement. Pour des fins d'efficacité et
de diminution de risques financiers considérables, il est essentiel que
la compagnie puisse faire appel à des contracteurs dans certaines
circonstances, précisons-le. Par ailleurs, le travail de production
minière continuera d'être exécuté exclusivement par
nos propres employés." C'est la moindre des choses. "Cette orientation a
clairement été expliquée au comité syndical de
négociation. Les clauses majeures en litige sont l'utilisation de
contracteurs, la répartition des places de travail et
l'absentéisme. Ces clauses sont d'une importance capitale, si l'on veut
parvenir à améliorer le rendement des opérations, et
doivent être résolues de façon satisfaisante avant d'en
arriver à la conclusion d'une entente." Les intentions de la compagnie
sont toujours bien assez claires. On négocie ça ou bien il n'y
aura pas d'entente.
Malheureusement, dans ce cas-là, M. le Président, le
syndicat n'a pas de pouvoir pour fermer la compagnie. Le syndicat ne peut pas
prendre le "bâillon" pour dire: Non, ce n'est pas comme ça que
ça va marcher. Le gouvernement, lui, peut le faire. Les travailleurs
syndiqués, eux autres, ne peuvent pas le faire. Et s'ils ne se plient
pas, on ne sera plus capable de justifier les investissements, nous dit la
compagnie. Et qui plus est, on ne négocie rien d'autre tant qu'on n'a
pas réglé ces problèmes-là.
M. le Président, je continue donc la lecture de la lettre. "En
présence du conciliateur du ministre du Travail - tiens, tiens -
Westminer a participé à cinq rencontres, lesquelles ont
progressé très lentement alors que très peu de
négociation touchant les points litigieux majeurs a été
faite. La dernière séance de conciliation a pris fin, alors que
la partie syndicale signifiait qu'elle n'avait pas le mandat pour
négocier les clauses majeures. Par conséquent, la balle est dans
le camp du syndicat." C'est encore la faute du syndicat, de toute
évidence. "Le manque de sincérité dans les discussions et
la violence ne pourront résoudre ce conflit. Des changements seront
essentiels si nous voulons progresser avec succès au cours des
années quatre-vingt-dix." Imaginez-vous! "Des changements seront
essentiels si nous voulons progresser avec succès au cours des
années quatre-vingt-dix..." C'est signé: Tony Owens,
vice-président aux opérations, Westminer Canada Itée.
C'est comme ça, M. le Président, que l'on
négocie dans l'industrie minière depuis quelque temps. Ce
n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. C'est ça, la libre
négociation. C'est d'envoyer des lettres à tous les travailleurs
en dehors des instances syndicales, des lettres qui sont accessibles à
toute la population d'une région pour faire peur au monde et pour dire:
C'est par là que vous allez passer ou bien on ferme nos portes. C'est
comme ça que ça fonctionne, M. le Président. C'est comme
ça qu'on négocie. Ce n'est, comme je le dis, qu'un exemple de la
façon dont les compagnies minières négocient actuellement.
Par chance, il y en a encore quelques-unes qui font mieux que ça.
M. le Président, ces travailleurs-là étaient
heureux il y a quelques années à peine, quelques mois même,
devrais-je dire, lorsqu'ils ont appris qu'une multinationale australienne
spécialisée dans le domaine minier, Westminer, avait
racheté les opérations d'une compagnie qui allait plutôt
mal. Mais ce dont on se rend compte, c'est que c'est la méthode
australienne. La façon de faire a changé. Les relations du
travail ont changé. Et aujourd'hui on en est au point de parler de
fermeture systématique si on n'accepte pas les conditions de la
compagnie. Et ces conditions-là sont rendues publiques par le biais de
communiqués et de lettres que la compagnie envoie à qui veut bien
les avoir. Ah! c'est sûr, on les distribue aux travailleurs, mais en
sachant très bien que tout le monde va les avoir lues dans le milieu,
que ce soient les commerçants, les enseignants, les politiciens y
compris. Et on les a.
C'est comme ça qu'on travaille dans le milieu des mines
actuellement. C'est ça, la relation harmonieuse de l'industrie
minière. C'est ça que l'on a développé comme
caractéristique de l'industrie minière, la confrontation entre
des intérêts étrangers qui opèrent sur notre
territoire et les travailleurs québécois qui, eux, n'ont pas
d'autre choix que de se plier à ces intérêts
étrangers là. Et on va défendre les intérêts
étrangers? Allez donc! Commençons donc par défendre les
intérêts de nos propres travailleurs québécois avant
de faire des lois qui ne vont faire en sorte que de faciliter les choses pour
des investisseurs étrangers. Je veux bien en avoir des investisseurs
étrangers sur le territoire québécois, je n'ai rien contre
ça, mais que nos lois protègent les travailleurs
québécois, d'abord et avant tout. À quoi bon investir,
à quoi bon aller chercher des investisseurs à travers le monde,
si ce n'est que pour rendre la situation encore plus difficile, plus
misérable, pour nos propres travailleurs québécois? Est-ce
que ça vaut la peine? Posons-nous sérieusement la question. C'est
pourtant ce qui se passe dans le domaine des mines, M. le Président.
M. le Président, dans le seul secteur de Chibougamau-Chapais...
C'est un secteur que je connais bien, j'ai eu à travailler dans ces
mines-là aussi comme mineur. Je sais de quoi je parle quand je parle de
cette région-là, M. le Président. Dans ce seul secteur,
entre les chiffres que l'on retrouve dans le rapport annuel 1989 des
géologues résidents et les chiffres d'hier, 18 juin 1990,
c'est-à-dire entre le 31 décembre 1989, chiffres officiels, et
les chiffres compilés par moi-même pas plus tard qu'hier, 18 juin
1990, nous avons un total de 199 emplois de moins dans le secteur de
Chibougamau-Chapais; 199 emplois directs perdus en moins de six mois. Et
là, on n'a pas parlé de ceux qui ont été perdus
l'automne dernier. Et nous avons, M. le Président, depuis le 14 mai, 365
travailleurs de Westminer qui sont en lock-out de la compagnie, parce que ce
n'est pas tout, cette date-là. Il faut bien comprendre que les gens de
Westminer sont en lock-out depuis le 14 mai. Ils n'ont pas gagné un
rond, ils n'ont pas gagné un sou noir depuis le 14 mai, parce que la
compagnie a décrété un lock-out. 365 travailleurs sont en
lock-out. Et vous pensez que la situation dans l'industrie minière est
rose, M. le Président?
Juste un petit coup d'oeil sur l'exploration minière, à
partir des données mêmes des géologues résidents.
Pour le géologue de la région de Rouyn-Noranda, qu'est-ce qu'il
dit dans l'exploration minière? Je lis un document officiel du
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur mines: "Les
perspectives demeurent particulièrement sombres pour les compagnies
"juniors" qui ont éprouvé beaucoup de difficulté à
effectuer leurs travaux d'exploration, voire même à survivre en
1989. L'année 1990 sera encore plus difficile pour celles qui n'ont pas
de projets de mise en valeur suffisamment sérieux pour attirer les
investisseurs ou qui n'ont pas de propriétés bien placées
susceptibles d'intéresser les compagnies majeures. Ces dernières
devraient poursuivre leur programme d'exploration au même rythme que
celui des dernières années." On parle des majeures, des grosses
compagnies, mais, dans les petites compagnies, ça va mal, ça va
tout leur prendre pour ne pas crever dans l'année qui vient, pour celles
qui n'ont pas encore crevé. que dit maintenant le géologue
résident du secteur de val-d'or? écoutons-le pendant quelques
secondes. "le volume des activités d'exploration a connu une baisse
substantielle en 1989 comme cela avait été le cas en 1988." oh!
ce n'était pas nouveau, ça existait même en 1988.
'toutefois, on signale deux découvertes significatives de métaux
de base." et il dit plus loin: "le nombre de projets d'exploration
recensés est passé de 263 à 181; en 1987, on en avait
compté 387. en 1990, les projets avec des travaux de forage sont au
nombre de 107, soit 59 % de ce qu'ils étaient l'année
dernière. cette proportion était de 61 % l'année
précédente. un peu plus de 60 projets disposaient d'un budget
supérieur à 100 000 $ alors qu'une dizaine seulement ont
dépassé le cap de 1 000 000 $. ce n'est pas beaucoup, 1 000 000
$, dans l'exploration minière.
Que dit maintenant le géologue résident d'une
autre région minière du Québec? Allons voir, toujours dans
le même rapport. On va le trouver, n'ayez crainte. Que dit le
géologue résident du secteur de Chibougamau? Ça vaut la
peine qu'on le lise: "La production minière de la région de
Chibougamau-Chapais s'est établie à 1 594 076 tonnes
comparativement à 1 831 211 tonnes en 1988, pour une baisse de 13 %. La
production a diminué chez tous les producteurs, à l'exception de
ressources du lac Meston et de la division Opémisca de Minova. La
production d'or passe de 7045 kilogrammes en 1988 à 6636 kilogrammes en
1989, soit une diminution de 6 %. La production de cuivre baisse de 15 % entre
1988 et 1989 tandis que la production d'argent, elle, augmente de 7 %." C'est
la seule production qui a augmenté, c'est de l'argent. Tout le reste a
baissé partout. Et on trouve ça normal. On trouve que c'est
correct. On trouve qu'il n'y a pas de problème là. (5 h 40)
Comment voulez-vous, M. le Président, que l'on
prenne au sérieux un gouvernement qui, dans le fond, est en train de
tout mettre en place pour minimiser l'industrie minière au
Québec, sous prétexte de faire de grandes choses, sous
prétexte de nous amener une nouvelle loi sur les mines, d'amender cette
loi-là pour la rendre plus efficace? Il ne reste plus rien en dessous.
Tout tombe, tout dégringole, tout se détériore
continuellement et le ministre va nous dire, pour l'essentiel, qu'il n'a pas le
contrôle sur le prix des métaux. Certes, il n'a peut-être
pas le contrôle sur le prix des métaux, mais il a un minimum de
contrôle sur la façon de faire, par exemple, dans notre industrie.
Il a du contrôle sur des programmes pour inciter les gens à
explorer, pour inciter les investisseurs à mettre de l'argent dans
l'exploration minière. On sait très bien que dans l'exploration
minière les gens n'y vont pas par réflexe spontané. Les
risques sont énormes. Et si on veut amener de l'argent dans
l'exploration, il faut mettre en place des programmes qui permettent un minimum
de sécurité ou des compensations pour ceux qui veulent y
investir. C'est clair, c'est facile à comprendre, ça. Le Parti
québécois l'avait compris, M. le Président. Il avait mis
en place le programme des actions accréditives. Or, certes, le ministre
des Finances va nous dire: J'ai reconduit le programme pour une nouvelle
année! Un an. J'ai reconduit le programme pour une nouvelle
année. Je viens d'entendre un bourdonnement dans le fond de la salle, M.
le Président. J'aimerais bien que la personne qui a bourdonné
nous fasse part de ses explications pour savoir en quoi le programme a
été amélioré.
M. le Président, le programme d'exploration
minière mérite d'être révisé totalement, au
complet, parce que ce n'est pas sur la base d'un an que des investisseurs vont
aller mettre de l'argent dans de l'exploration minière et dans de
nouveaux sites, quand on sait très bien que ça prend une dizaine
d'années avant d'avoir les résultats. Comment voulez-vous, M. le
Président? Vous-même, M. le Président, est-ce que vous
iriez investir 500 000 $ dans un projet d'un an quand vous savez que vous n'en
verrez pas les résultats avant 10 ans? Êtes-vous en train de me
dire, M. le Président, que vous le feriez? Je suis certain que vous ne
le feriez pas, pas plus d'ailleurs que les autres ne le font. C'est pour
ça qu'actuellement, quoi qu'en dise le ministre qui dit: J'ai reconduit
le programme pour un an, il n'en reste pas moins que les investisseurs n'y vont
plus, dans ces programmes, parce qu'un an ça ne donne aucune garantie,
parce qu'un an c'est presque comme dire: Je brûle mon argent
l'année prochaine plutôt que de le brûler cette
année, mais je vais le mettre de coté pendant un an puis,
l'année prochaine, l'hiver prochain, j'allumerai mon foyer avec. On ne
fait que reculer l'échéance d'un an. Mais tant qu'on n'aura pas
de garanties à long terme, comme c'était le cas avant - alors
qu'on savait que, sur plusieurs années, on allait profiter du programme;
eh bien, à ce moment-là, ça valait la peine - tant qu'on
ne reviendra pas à ça, on ne relancera pas l'industrie de
l'exploration minière au Québec, M. le Président.
En terminant, peut-être une dernière citation,
M. le Président, celle du géologue résident du secteur de
Chibougamau quand il parle d'exploration minière. En page 91 du rapport
annuel des géologues résidents, il dit: "Si la tendance des trois
dernières années se poursuit, on devrait assister à une
légère baisse du niveau de l'activité d'exploration dans
la région." Ce n'est pas une hausse, là. On continue à
baisser pour la troisième année consécutive. Ça va
déjà mal, on l'a vu. Il n'y a rien qui marche. "Les
sociétés concentreront leurs activités sur des projets
déjà bien engagés. Les secteurs les plus actifs seront,
encore une fois, les environs immédiats des mines de Chibougamau et de
Cha-pais et, plus au sud, le segment de roches vertes entre les mines Shortt et
Joe Mann." Mais ce qu'on nous dit essentiellement, c'est qu'on va continuer
encore à diminuer dans les programmes d'exploration minière.
C'est ça qu'on nous dit.
Et le ministre nous arrive avec une loi qui va
régler des problèmes, j'en conviens. Oui, il y a des
problèmes qui vont être réglés, mais,
éventuellement, il y a d'autres problèmes qui vont être
créés aussi par cette loi-là, dans d'autres secteurs, dans
d'autres domaines, parce que la loi est beaucoup plus complexe qu'on semble le
voir à première vue. Ce n'est pas parce qu'il y a peu d'articles
dans une loi, M. le Président, que ça ne mérite pas qu'on
s'y attarde très sérieusement pour en étudier tous les
impacts.
Dans ce sens-là, M. le Président, je vous
dirai brièvement, en terminant, puisqu'on me dit que mon temps est
déjà terminé, c'est dommage,
que nous restons suspicieux quant aux véritables intentions du
ministre derrière ce projet de loi, que nous avons toujours des doutes
raisonnables quant aux aspects qui pourraient être dissimulés
derrière l'application de certains articles de ce projet de loi, tout en
étant, d'ailleurs, convaincus qu'en ce qui touche l'exploration
minière, le projet de loi a toute la valeur que l'on doit lui
reconnaître. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Nous poursuivons avec la prochaine intervention, M. le
député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue. M. le
député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Il est tout à
fait normal d'intervenir sur ce projet de loi portant le numéro 77,
modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits sur les mines,
pour le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue qui est
fort intéressé, évidemment, par cette question,
étant donné la situation des collectivités de son
comté qui, pour une bonne part, sont liées à l'industrie
minière et également à certains autres aspects que l'on
retrouve dans ce projet de loi. Peut-être que certains trouveront qu'il
est tard ou qu'il est tôt pour discuter à fond de l'adoption du
principe de la loi 77 proposée par le ministre
délégué aux Mines, mais on saura bien que, du
côté de l'Opposition, il n'est jamais trop tôt et il n'est
jamais trop tard pour discuter à fond de chacun des projets de loi qui
nous sont présentés.
Également, on ne se surprendra pas qu'on soit pris, ce matin,
à 5 h 50, Mme la Présidente, à discuter d'un projet de loi
qui, en apparence, est très technique, mais qui, encore une fois, je le
répète et j'y reviendrai, comporte des modifications à la
loi sur les mines et à la loi sur les droits miniers qui vont avoir des
répercussions importantes. Peut-être qu'on pourrait parler aussi,
à l'occasion de l'adoption du principe de cette loi, de ce qu'il n'y a
pas dans la loi et qui nous amène à des interrogations
très sérieuses. Mais ce n'est pas surprenant, Mme la
Présidente, qu'on se retrouve donc, à 5 h 50, quand on pense
comment ce gouvernement a décidé de mener sa législation
à sa première année de deuxième mandat. (5 h
50)
Les collègues du côté de l'Opposition l'ont
peut-être suffisamment expliqué. Du jamais vu, on n'a jamais
observé, depuis un bon nombre d'années dans ce Parlement, un
gouvernement imposer trois motions de bâillon pour clore des
débats sur des lois extrêmement importantes sur le fardeau fiscal
des Québécois et des Québécoises. Quand on veut
piller la Régie de l'assurance automobile du Québec, quand on
veut céder aux pressions des gros commerçants et des grandes
chaînes de magasins sur la Loi sur les heures d'affaires et quand on veut
absolument imposer un fardeau fiscal supplémentaire aux commissions
scolaires avec le projet de loi 69, eh bien! ça nous amène
à discuter tard ou tôt le matin du projet de loi qui est
présenté ce matin par le ministre délégué
aux Mines.
Bien sûr, le ministre nous a expliqué qu'il s'agit
d'amendements à une excellente loi, dit-il, qui a été
présentée, homologuée le 24 octobre 1988. Elle est
tellement bonne que, deux ans plus tard, il faut l'amender, il faut l'ajuster.
Deux ans et demi plus tard, il faut l'amender. On l'a
répété souvent ici, ce gouvernement disait: Nous allons
légiférer moins, nous allons légiférer mieux, et
tout ce qu'on fait depuis le début, ou à peu près, de
cette nouvelle session du nouveau Parlement, c'est la correction de projets de
loi parce que les devoirs avaient été mal faits et c'est pour
ça qu'il faut prendre le temps, qu'il faut prendre tout le temps
à la disposition de la Chambre, tout le temps nécessaire en vertu
de nos règlements, pour faire en sorte qu'on n'ait plus à revenir
et qu'on puisse plutôt étudier des projets de loi sur le fond, sur
des véritables questions de fond et non pas sur des questions
techniques, sur des questions de corrections parce qu'on a mal fait les
devoirs.
Et le ministre ajoutait dans sa présentation: La loi de 1988
était tellement bonne que beaucoup d'États, beaucoup d'autres
provinces s'en inspirent maintenant pour légiférer, semble-t-il,
à leur tour dans le domaine des droits miniers. Il terminait son
exposé, cependant, en disant que la question de toute la partie qui
concerne les droits miniers, ça, c'est plutôt inspiré de
l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et des autres provinces. Alors, là, il
faudrait qu'il se décide, le ministre: ou c'est les autres provinces qui
regardent sa loi qui est bonne, ou bien on est obligés de regarder ce
qui se passe dans les autres provinces pour corriger ce qu'on a à
corriger. Alors, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas
là-dedans.
Mais on va regarder ça d'un petit peu plus près, au niveau
du principe, quelles sont les corrections qui sont proposées et qui font
encore problème, que nous aurons l'occasion, bien sûr, de discuter
en commission parlementaire. Mais, déjà, au niveau du principe,
il faut regarder ce qui est en cause, ce qui nous est présenté.
Tous ces amendements au niveau de la répartition ou de l'attribution des
daims, des droits miniers, apportent un certain nombre de corrections, quand il
y a plusieurs intervenants qui réclament souvent, très,
très tôt après le début du jour ou très,
très tôt, quelquefois, avant le début du jour, font en
sorte que, maintenant, on irait par un appel au sort, par un tirage au sort ou,
encore, dans le cas d'un bail relatif dans une autre catégorie, soit les
baux relatifs au pétrole, au gaz naturel, à la saumure et aux
réservoirs souterrains, par appel d'offres. C'est le ministre qui se
garderait une marge discrétionnaire pour
établir ça par tirage au sort ou par appel d'offres.
Ce qui doit également nous inquiéter dans ce projet de loi
au niveau de l'adoption du principe, c'est toute la partie qui concerne
l'attribution des baux exclusifs ou non exclusifs sur les gravières. Le
ministre apporte, je pense, d'ailleurs, un certain nombre de corrections
à sa loi suite- à des problèmes que je lui avais
moi-même soumis en regard de l'exploitation d'un certain nombre de bancs
de gravier dans la région de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et
encore là, à l'application pratique de cette loi des mines qui
avait été adoptée en 1988, on s'est bien rendu compte
qu'il y avait des trous. Je pense qu'il y en a encore un bon nombre sous cet
aspect et il peut apparaître, à première vue, que le sort
de la nation n'est pas en jeu lorsqu'on discute de l'attribution de droits
exclusifs ou non exclusifs d'exploitation d'une gravière, mais c'est de
la responsabilité du législateur de prendre bien soin de
légiférer autant pour la grande partie de la population que pour
le moindre petit entrepreneur, le moindre petit exploitant, qui a établi
qu'il va gagner sa vie, qu'il va développer, par exemple, la vie de sa
famille à l'aide du transport, à l'aide des matériaux
qu'il faut fournir pour construire édifices et routes pour le
ministère des Transports, pour le gouvernement lui-même
quelquefois. Et c'est pour ça qu'il faut être très
précautionneux qu'il faut être très attentif, même
à ces petits entrepreneurs, qui obéissent, bien sûr, aux
grands principes de la loi comme n'importe lequel des grands entrepreneurs ou
d'un gouvernement.
Ce n'est pas parce que l'on a des grandes discussions constitutionnelles
derrière des portes closes pendant un bon nombre d'heures sur l'avenir
de la nation qu'il ne faut pas, oui, se préoccuper des plus petits, des
gagne-petit, des gens qui ont établi durement un commerce, qui ont
établi durement une expertise au niveau de leur exploitation, et qui se
voient remettre en question souvent ce type d'exploitation par le projet de loi
qui nous est soumis ici. Je donnerai un exemple, M. le Président, de ce
que ça peut vouloir dire. Le ministre a dit: Je vous présente un
projet de loi qui vise à corriger certaines anomalies, certains
problèmes techniques que j'ai vécus ou qui m'ont
été présentés dans l'attribution de l'exploitation
des substances minérales de surface. Mon collègue du comté
d'Ungava en parlait il y a quelques secondes en disant: Oui, les
sablières, communément appelées, c'a une très
grande importance pour le réseau routier.
Mais c'a surtout une grande importance pour celui qui en a fait son
gagne-pain, celui qui en a fait le moyen par lequel il gagne la vie de sa
famille. Et on nous présente ici une modification en disant: Eh bien,
dans la loi actuelle des mines, quiconque se décide un bon matin de
développer une industrie qui a besoin pour s'approvisionner de
substances minérales de surface peut présenter une demande au
ministre délégué aux Mines pour obtenir, ce que l'on
appelle dans le projet de loi et dans le langage courant de ces exploitants, un
bail exclusif d'exploitation à condition que ce soit pour maintenir une
installation industrielle permanente. Enfin, permanente pour la période
pour laquelle le projet de loi autorise le bail exclusif. Or, il peut arriver,
et c'est nommément mentionné au projet de loi, que, sur ledit
terrain sur lequel on ferait une demande de bail d'exploitation de façon
exclusive pour maintenir ou développer une activité industrielle,
il y a déjà un exploitant qui est là depuis 5 ans, 10 ans,
20 ans, 25 ans - j'ai soumis des cas au ministre - 36 ans dans certains cas
d'exploitants qui ont développé un commerce, qui ont
développé une industrie à partir de tel site et qui sont
reconnus dans le milieu.
La loi permet donc à quelqu'un de venir un bon matin et dire: Moi
je réclame mes droits exclusifs sur ce terrain. Je réclame le
droit d'exploiter les substances minérales de surface. Et au revoir.
Zingo! Je pars avec le matériel et je peux quitter, vous devez quitter
ce terrain, qui vous était accordé par permission, c'est vrai,
par permission annuellement renouvelable, non pas pour maintenir une
installation industrielle sur place, mais tout simplement pour faire le
commerce, pour faire une exploitation de vente des matériaux de surface.
(6 heures)
Le ministre dit: J'ajoute un article dans lequel, maintenant, il y aura
compensation - soit! - pour le détenteur d'un bail non exclusif sur ce
terrain et, au cas où on ne s'entendrait pas au niveau de la
compensation, il y aura une décision par un arbitre,
réclamée par l'une ou l'autre des parties, en vertu des
dispositions du Code civil. Ce qui n'est pas précisé dans le
projet de loi et qui devrait l'être, à notre avis, très
sérieusement, très carrément, c'est que, comme l'a dit le
ministre dans ses explications préliminaires sur l'adoption du principe
de ce projet de loi, il ne s'agit pas de compenser uniquement pour les travaux
qui ont été réalisés sur ledit terrain
réclamé et attribué à une autre personne. Il faut
que le ministre inscrive dans ce projet de loi, comme élément
fondamental de compensation, tout l'élément que nous appellerions
"achalandage". L'achalandage, c'est-à-dire qu'il s'est
développé là une industrie, quelqu'un s'est fait
reconnaître dans son milieu comme étant un commerçant,
comme étant un exploitant d'une gravière et qu'à ce titre,
par rapport au site sur lequel il opère et par rapport également
à la façon dont il opère, quant aux matériaux qu'il
produit, il a développé une expertise, une connaissance, une
reconnaissance. Et ce faisant, tout ça a de la valeur. Il ne s'agit pas
de compenser uniquement pour les travaux de déboisement, pour les
travaux d'aménagement des routes...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: C'est très très évident, ils
sont beaucoup trop pour nous écouter.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous voulez...
M. Chevrette: Quorum!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...que je vérifie
le quorum, M. le leader? Je vais le vérifier. Qu'on appelle les
députés!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député, pas de commentaires!
Bon! Si vous voulez poursuivre, M. le député...
M. Trudel: Merci, M. le Président. Parce que je
répète que c'est important de vérifier le quorum pour
qu'un minimum de députés puissent entendre que, oui, il y a des
problèmes - je le répète - qui ne sont peut-être pas
de la nature de tout l'avenir de la nation, mais qui sont importants aussi pour
un certain nombre de personnes. Même si elles sont situées en
régions périphériques, souvent, dans des milieux moins
densément peuplés ou qu'elles vivent dans des petites
collectivités, on doit - et de ce côté-ci, on le fait -
s'en préoccuper au même titre que les grands projets de loi qui
concernent plus spécifiquement les grands pans de la législation.
Et il faut avoir le souci des gens ordinaires. Il faut avoir le souci des gens
qui ont développé des petits commerces, qui ont
développé à bout de bras de petites organisations
commerciales qui peuvent être mises en danger parce qu'on gère
ça comme si les normes administratives allaient être applicables
de la même façon à travers tout le Québec, de
Chibougamau jusqu'n Aylmer, dans la région de l'Outaouais, ou des
Cantons de l'Est jusqu'à La Tuque.
C'est pourquoi il nous faut regarder, par exemple, l'article 151 qui,
à notre avis, présente des difficultés certaines au niveau
de son application et ne permettra pas de rendre justice à ces petits
commerçants, à ces petits exploitants qui ont honnêtement
développé ce type d'entreprises et qui risquent de se faire damer
le pion parce que quelqu'un, un bon matin, a décidé qu'il allait
s'emparer, en parfaite conformité avec la loi, de ces terrains. Et la
juste compensation pour les éléments pour lesquels on devrait
prendre en considération la compensation à être
donnée à cet entrepreneur, ce n'est absolument pas prévu
au projet de loi.
Il y a aussi, dans ce projet de loi, un certain nombre de pouvoirs que
se donne le ministre au niveau du règlement d'un certain nombre de
différends ou d'attribution à l'un ou à l'autre, soit de
permis, soit de baux exclusifs ou non exclusifs sans qu'il y ait de
mécanisme d'appel. Les gens peuvent avoir d'excellents motifs de nous
présenter un appel sur une décision du ministre qui, ayant bien
fait avec la littérature, avec les documents qu'il possède, a pu
tenter de rendre la meilleure décision possible, mais n'a pu le faire
parce qu'il lui manquait peut-être des informations.
Alors, dans ce sens-là, au nom de l'équité, au nom
d'un certain nombre de choses qui nous semblent absentes dans ce projet de loi,
au nom d'une plus grande justice distributive pour nos petits entrepreneurs,
pour l'État aussi qui fait affaire souvent avec ces entrepreneurs et
pour que personne ne soit lésé, je pense qu'il faudrait
réfléchir encore un moment sur le principe de ce projet de loi,
et que, si ça nous est arrivé bien tard, nous pensons qu'il
faille le regarder avec précaution, avec minutie.
Motion de report
C'est pourquoi, M. le Président, en vertu de l'article 240 de
notre règlement, je proposerai la motion suivante: Que la motion en
discussion soit modifiée en retranchant le mot "maintenant" et en
ajoutant, à la fin, les mots "dans six mois", en vertu de l'article 240
de notre règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre motion est
recevable. Compte tenu de cette motion, en vertu de l'article 210, je vais
faire une réunion avec les leaders et je suspends les travaux de cette
Assemblée pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 6 h 8)
(Reprise à 6 h 23)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
si vous voulez prendre place. Alors, suite à la rencontre avec les
leaders des deux formations politiques, la répartition du temps, selon
l'entente conclue, est comme ceci: il n'y a pas de droit de réplique,
évidemment, sur une motion de report; cinq minutes pour les
députés indépendants, le reste du temps étant
réparti moitié-moitié entre les deux formations
politiques. Le temps non utilisé par une formation politique
accroît à l'autre formation politique, et il n'y a pas de limite
dans les interventions. Et sur ce, je reconnais M. le député
d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
important de préciser des choses
quant à la portée de cette motion de report, parce que je
vois déjà le moment où on va essayer de nous taxer de
formation politique qui veut faire reculer les choses et empêcher le
gouvernement de passer une loi qui pourrait être bien vue par certains
intervenants dans l'industrie minière québécoise.
Si vous le permettez, M. le Président, juste un aparté, en
commençant cette intervention, pour saluer les gens qui se joignent
à nous à partir de leur résidence, et qui se demandent
s'ils sont toujours en direct à l'Assemblée nationale du
Québec. Eh oui, on est toujours en direct à la
télévision. Alors, pour ceux qui nous ont laissés hier
soir, au moment des nouvelles, on était en train de voter sur le
bâillon sur la loi 50, Loi modifiant la Loi sur la Régie de
l'assurance automobile du Québec. On se souviendra, à ce
moment-là, que l'on a parlé, durant la veillée, du
ministre des Transports qui voulait accaparer manu militari la caisse de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, et qui, de cette
façon-là, enfin, pour justifier son acte, sans que ça aie
l'air trop d'un "hold-up", s'est fait voter une loi sur laquelle il nous a
imposé un bâillon, pour ne pas nous laisser le temps d'en discuter
à sa juste valeur, à sa pleine mesure. Alors, nous étions
là-dessus, à 22 heures, hier soir.
Après ça, on est revenus à la prise en
considération d'un rapport sur un projet de loi, suite à un
passage très rapide de la loi 69 en commission parlementaire. En effet,
après à peine quelques heures, encore là, on s'est vu
affligés d'un autre bâillon, nous empêchant de discuter
à fond d'un autre projet de loi de grande importance qui modifie les
relations entre le gouvernement et les municipalités en ce qui a trait
au pacte sur la fiscalité municipale qui liait ces deux
instances-là. Et on sait que par cette mesure, par la loi 69, le
ministre de l'Éducation s'apprête à aller ponctionner
quelque 320 000 000 $ dans le champ foncier de taxation qui était
réservé aux municipalités.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je veux juste rappeler, avec toute la
délicatesse voulue, qu'on est à traiter d'une motion de report
relativement au projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi
concernant les droits sur les mines. Jusqu'à maintenant, le
député d'Ungava, n'a pas dit un traître mot de la loi
77.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député d'Ungava, je vous rappelle que nous sommes sur la motion
de report, pour reporter dans six mois l'adoption du principe de la loi 77 sur
les mines et je vous demanderais de vous en tenir au sujet, si c'est
possible.
M. Claveau: Oui, j'y arrivais, M. le Président. J'y
étais juste. On était rendus à 4 heures du matin,
après avoir parlé de la loi 69. Alors j'y arrivais, et je vois
que l'empressement du leader adjoint du gouvernement n'a d'égal que
celui de ses collègues ministres pour nous bâillonner en
commission parlementaire. Alors, voici donc que nous arrivons au projet de loi
77 sur les mines, projet de loi dont nous discutons, M. le Président,
depuis 4 heures ce matin et qui, à la suite d'un certain nombre de
considérations, eh bien, fait l'objet d'une motion de report. Donc nous
en sommes là pour ceux qui ont eu la chance de bénéficier
dans leur foyer de quelques heures de repos entre 22 heures hier soir et 6 h 30
ce matin. Mais pour le reste, soyez convaincus que nous sommes toujours en
direct et que nous avons passé la nuit à essayer d'amener le
gouvernement à comprendre le bon sens, d'amener le gouvernement à
réfléchir plus à fond avant de prendre des
décisions par le biais de lois qui vont modifier substantiellement le
comportement d'une importante partie de la population québécoise
et qui risquent d'avoir des impacts importants sur le plan fiscal puisqu'on
parle, entre autres, de la Régie de l'assurance automobile du
Québec et du pacte avec les municipalités sur le champ
d'imposition foncier.
Donc, nous en sommes arrivés à la conclusion, étant
donné le très peu de délai qui nous a été
alloué à nous, de l'Opposition, pour regarder le projet de loi
77... Comme j'ai eu l'occasion de le dire et je vais le répéter,
parce qu'il est fort probable que quelques-uns de ceux qui nous écoutent
actuellement ne nous écoutaient pas lorsque j'en ai parlé
à 4 h 30, ce matin, le projet de loi 77 nous a été
déposé en dehors du temps normal prévu aux
règlements pour le faire-Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. Claveau: ...parce qu'on nous est arrivé avec une
demande de consentement après la date limite. Le projet de loi 77, bien
qu'il ne compte que quelques articles, 27 en tout, bien qu'il ne compte que 27
articles, n'en demeure pas moins un projet de loi qui modifie passablement
d'aspects dans la Loi sur les mines, une loi qui est toute neuve, M. le
Président, une loi qui n'a pas encore deux ans, une loi qui avait
été faite, semble-t-il, avec des garanties mur à mur dont
on a discuté en commission parlementaire, qui avait fait l'objet d'une
consultation publique et qui devait, normalement, assurer d'intégrer
à long terme les différents aspects de l'industrie minière
et faire en sorte d'avoir protégé les arrières partout,
nous disait-on. Et lorsque l'Opposition, à ce moment-là, arrivait
avec des
arguments et disait: M. le ministre, vous auriez peut-être
avantage à regarder ça d'un autre angle. M. le ministre,
peut-être que ce que vous avancez là mériterait plus de
réflexion, on nous répondait à peu près toujours la
même chose: On a pensé à tout ça. Nos experts se
sont penchés sur le dossier. La solution que nous apportons est la
meilleure; tout le monde est d'accord dans l'industrie; ça fait
consensus, etc., etc., etc.
Alors, M. le Président, moins de deux ans après la mise en
application de cette loi-là, on n'en est pas à la première
modification. D'ailleurs, on nous arrive, en toute fin de session, en dehors
des délais normaux, avec un projet de loi qui vient modifier des
dispositions diverses. On ne s'attaque pas à un seul petit
problème dans le projet de loi, non, on s'attaque à un certain
nombre de dispositions. On parle de droits ou de baux d'exclusivité sur
les dépôts, les bancs de gravier, les sablières contre des
baux non exclusifs. On est en train d'introduire des mesures pour faire en
sorte de faciliter la négociation entre ceux qui veulent des baux
exclusifs et ceux qui détiennent, au moment où on se parle, des
baux non exclusifs sur des dépôts de gravier et de sable.
Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a derrière tout ça? Nous
voulons, en tant que parlementaires, avoir la chance, le temps, comme on a le
droit de l'exiger, de faire notre propre petite enquête sur le terrain,
d'aller voir pourquoi le ministre se - sent si pressé d'amener une
clause semblable dans un projet de loi, en toute dernière minute, en fin
de session, sans nous laisser le temps d'aller voir ce qu'il y a en
dessous.
M. le Président, je pense qu'étant donné
l'importance de ce projet de loi, nous aurions avantage à avoir quorum
en cette Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous demandez à
la présidence de vérifier s'il y a quorum, si je comprends
bien?
Mme Marois: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, après
vérification rapide, qu'on appelle les députés.
Alors, si vous voulez poursuivre, M. le député.
M. Claveau: Oui, M. le Président. N'ayez crainte, on n'a
pas à se faire enregistrer nos discours avant d'intervenir en cette
Chambre. Il n'y a personne qui écrit nos discours à notre place
et on parle en pleine liberté, en vertu des principes que nous croyons
défendre. Lorsque j'entends, M. le Président, certaines
réflexions un peu douteuses quant à nos intentions, vous me
permettez de douter moi-même de la pertinence de la présence de
certains députés à cette Assemblée nationale.
Il y a une chose...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Excusez-moi, M. le
député. Il y a un député qui siffle, là.
S'il vous plaît, c'est plutôt une place pour parler ici et non pour
siffler. M. le député.
M. Claveau: Avant longtemps, M. le Président, il ne lui
restera que cela à faire, siffler!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, moi, personnellement, comme
parlementaire, ayant été élu démocratiquement en
cette Chambre pour représenter des intérêts et ayant
à voter sur des projets de loi en fonction de ce que je crois être
le meilleur pour l'intérêt public en général, je
comprends que cela puisse développer certaines hilarités chez nos
amis d'en face qui n'ont pas l'habitude d'intervenir en cette Chambre en
fonction de leurs convictions, mais bien plus en vertu de lignes politiques
prédéterminées. Mais en ce qui me concerne, M. le
Président, lorsque je parle sur quelque chose, que je prends position,
c'est parce que j'y crois. C'est en fonction de l'importance que je donne au
dossier, au problème et aussi en m'assurant que c'est là
l'intérêt de la majorité. Je n'ai pas dit des plus riches.
Je n'ai pas dit des plus puissants. Je n'ai pas dit de ceux qui sont le plus en
mesure de s'imposer. Je n'ai pas dit de ceux qui essaient, par des tractations
de toutes sortes, de trouver des moyens pour faire que les lois ressemblent
à leurs intérêts personnels. Non. J'ai parié de
l'intérêt de la majorité. Celle que l'on appelle souvent la
majorité silencieuse, mais qui n'en demeure pas moins avec des droits et
qui doit être respectée même si elle n'a pas l'argent pour
se payer des avocats, même si elle n'a pas la possibilité de se
faire faire des lois à son avantage. C'est pour ces gens-là, M.
le Président, que nous dirigeons, pour ces gens-là que les
gouvernements sont élus. Un gouvernement est élu pour l'ensemble
de la population et non pas pour quelques minorités. Un gouvernement
doit voir à l'intérêt général d'un peuple et
non pas à l'intérêt particulier de quelques individus qui,
de toute façon, dans quelque société que ce soit,
essaieront toujours d'amener le pouvoir à l'image de leurs
intérêts.
M. le Président, dans ce sens-là, je ne peux que me
questionner quant aux intérêts qu'il y a derrière certains
articles. Je n'ai pas dit tous les articles du projet de loi 77, mais
derrière certains articles. Et je pense, M. le Président, qu'il
est tout à fait nécessaire de se donner un peu le temps de
penser, de se donner le temps de bien faire les choses, de se donner le temps
de modifier pour le mieux la Loi sur les mines qui est encore toute jeune, la
nouvelle Loi sur les mines. Non pas modifier parce que, éventuellement,
il y a quelqu'un qui veut avoir un contrat pour faire un bout de chemin quelque
part en Abitibi et qui a besoin de l'exclusivité
sur un banc de gravier. Ce n'est pas ça, là, ce n'est pas
pour ça qu'on fait des lois.
Je ne dis pas, M. le Président, que c'est la situation, mais je
dis que je suis tout à fait en droit de me poser la question au cas
où cela serait la situation, au cas où c'est à partir
d'intérêts semblables que le ministre nous amène les
modifications dans son projet de loi. Il se peut que ce soient de simples
spéculations. Et je le souhaite. Je souhaite qu'il en soit ainsi. Mais
je tiens à avoir le temps de pouvoir le vérifier pour savoir ce
sur quoi je vais voter comme ce sur quoi tous mes collègues vont voter
en cette Chambre. On ne peut pas se moquer continuellement de
l'Assemblée et de ses règlements. On ne peut pas empêcher
l'Opposition de faire son travail en commission parlementaire sans, un jour ou
l'autre, en payer la note. On ne peut pas, M. le Président, nous amener
continuellement, à la dernière minute, demandant le consentement
pour l'intérêt public, des projets de loi sans respecter ce qui
est prévu au règlement. Et, dans ce sens-là, le ministre
délégué aux Mines le savait très bien. Il avait une
date limite pour déposer son projet de loi et s'il s'en était
donné le moindrement la peine ou s'il n'avait pas de raison d'attendre
à la toute dernière minute pour avoir notre consentement, eh
bien, il aurait trouvé le moyen de déposer son projet de loi en
dedans des limites prévues par le règlement. Non pas deux
semaines plus tard. (6 h 40)
II a dit lui-même qu'il avait consulté, que tout le monde
était d'accord, que l'Association des prospecteurs était tout
à fait d'accord avec ce qu'il amenait et que les autres intervenants
dans d'autres domaines étaient d'accord avec les propositions qui sont
dans le projet de loi. Moi, je veux bien le croire, M. le Président,
mais si tel est le cas, ça suppose, ça, que les revendications et
toutes les démarches pour arriver à préparer ce projet de
loi là ont commencé bien avant le 15 mai! Bien avant le 15 mai,
je suppose, et je suis en droit de supposer, si je me fie aux propos du
ministre. Eh bien, si c'est vrai qu'il n'y a pas de cachette, qu'il n'y a pas
de problème, pourquoi le ministre n'a-t-il pas été capable
de nous amener son projet de loi avant la date limite? Pourquoi le ministre ne
nous a-t-il pas donné le temps à nous, de l'Opposition, de faire
notre travail convenablement, d'aller voir les groupes, de les consulter?
J'en profite en même temps, si vous me le permettez, M. le
Président, pour faire un petit message aux groupes qui négocient
avec lé gouvernement sur des projets de loi et qui, sûrement, nous
écoutent avec beaucoup d'intérêt à la
télévision ce soir ou ce matin ou qui, sûrement, liront
avec beaucoup d'intérêt nos interventions en Chambre et,
probablement, cette intervention-là sur la loi 77, celle que je suis en
train de faire actuellement. Eh bien, je leur dis, M. le Président,
qu'un projet de loi, ça ne se négocie pas uniquement avec un
ministre, aussi bien intentionné qu'il soit. Un projet de loi n'est pas
le résultat d'une connivence entre un groupe en particulier et un
ministre isolé du reste de son gouvernement et du reste des membres de
l'Assemblée nationale. Un projet de loi, ça se négocie,
ça se travaille dans une dynamique globale qui doit être
respectueuse de nos institutions, respectueuse du rôle du Parlement, et
un projet de loi, M. le Président, je tiens à le préciser
encore, pour le bien, pour la bonne compréhension de tous ceux qui, dans
le futur, auraient envie de se concocter de petits projets de loi bien à
eux, avec des ministres en secret derrière des portes
capitonnées, un projet de loi, ça doit passer devant
l'Assemblée nationale, devant le vote de l'ensemble des parlementaires
et ça doit être discuté à la lumière du jour
avant d'être voté.
Si, M. le Président, quelqu'un avait quelque pan" l'idée,
la prétention de vouloir nous accuser de retarder l'entrée en
vigueur du projet de loi 77, nuisant ainsi, semble-t-il ou peut-être,
à certains intérêts qui auraient pu en profiter
immédiatement, si nous n'avions pas amené cette motion de report
de six mois, eh bien, je leur dirais, M. le Président, à tous ces
individus, à tous ces groupes que, s'ils voulaient vraiment s'assurer
que le projet de loi passe tel que prévu, avant l'ajournement de juin,
dans le meilleur intérêt des membres de ces associations-là
ou dans le meilleur intérêt des individus impliqués
directement par une clause ou l'autre de ce projet de loi là, eh bien,
c'était à eux à faire autrement que d'en discuter
sournoisement derrière les portes capitonnées du bureau du
ministre. C'était à eux à l'emmener sur la place publique,
c'était à eux à faire connaître leurs intentions
à l'Opposition. C'était à eux à faire en sotte
d'amener le ministre à déposer son projet de loi avant la date
limite, c'était à eux à s'occuper de leurs
intérêts et non pas attendre que le ministre le fasse par
lui-même. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, M. le
Président.
Alors si les associations, les regroupements d'individus qui peuvent
bénéficier de la mise en application immédiate de ce
projet de loi là voulaient à tout prix en arriver à ce
qu'il soit voté sans délai, ils n'avaient qu'à agir en
conséquence et non pas se contenter uniquement d'aller concocter
quelques petits amendements à la Loi sur les mines, dans les secrets les
plus ténébreux, en faisant bien attention que personne ne le
sache avant la date limite du dépôt des projets de loi pour
qu'après, on nous arrive en nous demandant à nous, de
l'Opposition, notre consentement, pour faire les choses rapidement, pour faire
les choses sans avoir le temps d'aller à fond dans le problème.
Lorsqu'on aura voté sur la loi, ce sera peut-être juste dans six
mois, dans un an ou dans deux ans que l'on se rendra compte jusqu'à quel
point il pouvait y avoir des
phrases ou des sous-entendus mesquins dans l'application de certaines
clauses, de certains articles de ce projet de loi là. De cela, je me
méfie, M. le Président. De cela, je me méfie et c'est mon
devoir de m'en méfier. C'est mon devoir de le faire. M. le
Président, si l'on veut travailler honnêtement en vertu du
règlement de l'Assemblée nationale et pour l'ensemble de la
population qui nous a élus, nous nous devons, M. le Président,
d'avoir les délais nécessaires pour faire en sorte que les choses
soient respectées, que les projets de loi à l'avenir soient
déposés dans les délais normaux et pour faire en sorte
aussi que ceux qui ont des intérêts particuliers à
défendre amènent ces intérêts-là sur la place
publique, démontrent au grand jour l'importance de leurs
intérêts pour l'ensemble des activités d'un secteur en
particulier. Nous ne légiférons pas, M. le Président, sur
un bill privé. Nous ne légiférons pas pour régler
un problème ponctuel d'un groupe bien déterminé, bien
spécifique comme c'est souvent le cas lorsqu'on fait des lois pour
régler des problèmes de testament, ou lorsque l'on fait des lois
pour régler un problème de zonage ou pour déterminer la
priorité ou la propriété d'un terrain, enfin, toutes
sortes de lois que l'on peut faire pour régler des problèmes
ponctuels et spécifiques. Ce n'est pas le cas du projet de loi 77, M. le
Président. Le jour où ce projet de loi là sera voté
et intégré en amendement à la Loi sur les mines, il aura
force de loi pour l'ensemble de la population du Québec et pour aussi
longtemps que la Loi sur les mines sera en vigueur, tant qu'il restera des
mines ouvertes au Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une question de
règlement, M. le ministre délégué aux Mines.
M. Savoie: Oui, M. le Président. Je voudrais tout
simplement souligner à cette Assemblée que le projet de loi dont
discute le député d'Ungava, s'il contient des dispositions au
niveau des sablières et des gravières, c'est à la demande
du député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui est un
député du Parti québécois. C'est à sa
demande que j'ai introduit ces mesures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre
délégué, vous aurez l'opportunité lors de votre
intervention, soit en droit de réplique, soit à la motion de
report, de clarifier ces faits-là. M. le député, si vous
voulez poursuivre.
M. Claveau: Vous remarquerez, M. le Président, que c'est
le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue lui-même
qui a demandé le report. Donc, je suis en droit de me demander si
jamais, pour le bénéfice et pour le mieux-être des citoyens
de son comté, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue avait fait une demande au ministre dans le
sens d'apporter quelques amendements à la Loi sur les mines pour la
gestion des sablières et des dépôts de gravier, je suis en
droit de me demander si les amendements qu'on a sur la table correspondent aux
intérêts de l'ensemble des citoyens du comté de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je pense qu'encore là...
M. Savoie: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Une question de règlement, M. le...
M. Claveau: En vertu de quel article?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député, c'est moi qui préside
ici. Je vais faire mon travail. Une question de règlement en vertu de
quel article?
M. Savoie: M. le Président, le député
d'Ungava soulève constamment le fait qu'on a présenté un
projet de loi après les délais autorisés par
l'Assemblée pour adoption à cette session-ci. Je tiendrais
à souligner qu'il y a eu des discussions avec le député
d'Ungava et que j'avais expliqué la motion d'urgence. Il m'avait dit
qu'effectivement une motion d'urgence lui semblait acceptable.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce n'est pas une
question de règlement, M. le ministre délégué aux
Mines. Vous aurez l'opportunité tantôt de vous exprimer dans votre
droit de réplique sur l'adoption du principe et, de plus, si vous voulez
intervenir sur la motion de report, vous pourrez le faire pour votre formation
politique. M. le député, si vous voulez poursuivre votre
intervention.
M. Claveau: M. le Président, effectivement il n'y a pas
beaucoup d'articles au règlement qui permettent ce genre d'intervention
là. D'autre part, j'en suis fort aise, j'en suis fort aise parce que, ce
faisant, le ministre m'amène de l'eau au moulin pour continuer mon
intervention. S'il pense que c'est de cette façon-là qu'il va
abréger mes propos, eh bien, il se trompe et je l'invite à se
lever encore plus souvent pour continuer à alimenter mes propos. (6 h
50)
M. le Président, ce que le ministre a dit va exactement dans le
sens de mon intervention et va exactement dans l'esprit de la justification de
la motion de report. Le ministre nous est arrivé avec un projet de loi
en dehors des délais prévus, un projet de loi qu'il nous a
apporté en disant: Écoutez, pour une question d'harmonisation,
j'ai quelques articles à amener sur la question des prospecteurs pour
légaliser des pratiques et pour régler des choses sur des
pratiques qui se font au niveau des déclarations de
propriété et de travaux statutaires faits sur
les propriétés minières, sur les claims... Mme
Marois: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée. Question de règlement.
Mme Marois: Est-ce qu'on pourrait constater s'il y a quorum, s'il
vous plaît?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de Taillon me demande s'il y a quorum. Je vais
vérifier.
Qu'on appelle les députés!
Alors, M. le député, voulez-vous poursuivre, s'il vous
plaît?
M. Claveau: Oui, M. le Président. Donc, vous comprendrez,
M. le Président, que, sur la base des informations que le ministre
m'avait données et si je voulais avoir l'opportunité de consulter
le projet de loi... En toute bonne foi, j'ai assuré le ministre que
j'interviendrais auprès de mon leader pour donner un consentement sur la
base des informations verbales que j'avais eues du ministre. C'était, il
faut bien en convenir, la seule façon que l'on avait de se saisir du
projet de loi, en tant que membres de ce Parlement, puisqu'il n'avait pas
été déposé dans les délais normaux. Alors,
nous avons consenti à ce que le ministre dépose son projet de loi
après le délai normal du 15 mai, et nous en avons pris
connaissance. C'était la seule façon de faire. Donc, nous avons
consenti à cela, M. le Président.
Mais, alors que je croyais, comme j'ai eu l'occasion de le dire dans mon
intervention, à 4 heures ce matin, que c'était un projet de loi
tout à fait succinct qui allait régler les problèmes
concernant l'éligibilité à réclamer ou à
continuer des activités sur une propriété, sur un claim de
la part d'un prospecteur et, éventuellement, avec une ou deux
dispositions de concordance où on parlerait de la question de la part
des travaux statutaires admissibles après le délai imparti
normalement, eh bien! j'ai eu la grande surprise, M. le Président, de ne
retrouver ces articles-là qu'à la toute fin du projet de loi.
Dans les premières pages, il ne parlait pas de ça du tout. Dans
les premières pages, il parle du gravier, du sable, des avis de
désignation sur une carte, de baux relatifs au pétrole, au gaz
naturel, à la saumure, aux réservoirs souterrains.
Mon Dieu! M. le Président, dans moins de 27 articles, on fait le
tour de l'ensemble de la Loi sur les mines, on touche à peu près
à tout ce qui est touchable dans la Loi sur les mines, on tire sur tout
ce qui bouge dans 27 articles. Ce n'était pas à cela du tout que
je m'attendais lorsque j'ai donné mon consentement parce qu'on m'avait
dit au départ: C'est pour régler, entre autres, le
problème de prospecteurs qui auraient abusé ou, enfin,
appliqué d'une façon très stricte la loi dans un cas en
particulier. C'est sur cette base-là que j'ai donné mon
consentement. Mais, à l'étude de la loi, à la lecture des
articles de loi, après consentement avec mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui est particulièrement
intéressé par toute la question des baux d'exclusivité sur
les dépôts de gravier et de sable dans son comté - c'est
vrai, on en a parlé - eh bien! M. le Président, nous en sommes
arrivés à la conclusion que ce projet de loi est trop important,
que ce projet de loi implique trop de choses. M. le Président, j'y
reviendrai.
Si l'Association des prospecteurs, comme le dit le ministre, est si
intéressée par l'application de ce projet de loi, c'était
à elle de prévoir qu'il y avait une Opposition en cette Chambre.
C'était à elle de prévoir que son projet de loi devait
passer devant l'Assemblée nationale. C'est aussi clair que ça. Il
y a une Opposition et un projet de loi, ça ne se concocte pas
derrière des portes capitonnées avec un ministre en faisant bien
attention pour qu'il n'y ait personne d'autre qui le sache et en faisant bien
attention pour le déposer à la toute dernière minute pour
ne pas que personne puisse y réfléchir pour le faire voter et,
après, on verra les conséquences. Ce n'est pas comme ça
que ça se fait, un projet de loi.
Je le répète, M. le Président, pour le
bénéfice de tous ceux qui veulent l'entendre, puisque le ministre
vient de le prononcer lui-même en cette Chambre, en dehors des micros, de
toute évidence, parce qu'il n'a pas le courage de le faire devant les
micros. Il dit: II s'arrangera lui-même avec l'Association des
prospecteurs. Oui, M. le Président, je vais répondre devant les
micros. Si l'Association des prospecteurs trouve que ce projet de loi là
est tellement important qu'il doit être voté immédiatement,
eh bien! c'était à l'Association des prospecteurs de s'assurer
que ceux qui allaient voter sur ce projet de loi là soient
informés en temps opportun, dans les délais prévus au
règlement et d'obliger le ministre à le déposer avant la
date du 15 mai, tel que c'est prévu. Et si, pour une raison ou une
autre, l'Association des prospecteurs, justement, avait fait une entente avec
le ministre pour l'amener en toute fin, je suis en droit de me poser la
question pourquoi le ministre, qui, semble-t-il, a consulté de longue
date l'Association des prospecteurs sur ce projet de loi là, n'a pas
trouvé le moyen de l'amener en Chambre avant la date limite
prévue au règlement. Je me pose sérieusement la question
sur les intentions qu'il y a derrière tout cela, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
s'il vous plaît! s'il vous plaît, m. le député, je
vous rappelle que vous avez déjà utilisé 36 minutes de
votre temps. si vous voulez poursuivre. (7 heures)
M. Claveau: merci, m. le président. je dirai
au ministre que je n'ai jamais eu besoin de colporteur pour passer mes
messages. Je suis capable de les faire moi-même, comme nous tous de
l'Opposition sommes capables de faire nos messages nous-mêmes. Dans ce
sens-là, je n'ai pas peur de mes propos. Je suis en toute
légitimité, ici, de revendiquer le droit d'avoir le temps
d'étudier les conséquences d'un projet de loi avant de le voter.
Et, si l'Association des prospecteurs n'est pas capable de comprendre ça
tout de suite, elle le comprendra sûrement à l'automne, lorsque
nous reviendrons sur ce projet de loi, après avoir pris six mois pour
regarder attentivement les implications de telles modifications dans la Loi sur
les mines. C'est aussi clair et aussi simple que ça. On fonctionne en
démocratie ou on ne fonctionne pas du tout. Qu'est-ce que ce
gouvernement essaie de nous faire croire? Est-ce que ce gouvernement, M. le
Président, serait en train de vendre l'idée à travers les
différentes associations, comme l'Association des prospecteurs ou
d'autres, que ce n'est qu'en concoctant avec le Conseil des ministres à
guichet fermé, en faisant bien attention qu'il n'y ait personne d'autre
pour voir ce qui se passe, que les problèmes vont se régler?
Est-ce que c'est la façon de faire de ce gouvernement, M. le
Président? Est-ce que c'est comme ça que le ministre
délégué aux Mines a abordé l'Association des
prospecteurs en disant: Surtout, n'ayez garde d'en parler à
l'Opposition, sinon vous ne l'aurez pas votre projet de loi? Est-ce que c'est
de cette façon-là qu'on a traité avec l'Association des
prospecteurs? Est-ce que le ministre ne leur a pas dit, M. le Président:
Écoutez, moi, je suis prêt à travailler vos affaires, mais
ne mettez pas l'Opposition dans le coup? Si tel est le cas, et je souhaite que
non, je souhaite que ce ne soit pas le cas, mais encore là, dans les
circonstances, je crois que je puis en toute légitimité me poser
la question...
Une voix: Et c'est quoi la réponse?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Richelieu, s'il vous plaît!
M. Claveau: ...et nous allons prendre...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député de Richelieu, je vous ai informé qu'il y a un
seul orateur qui parle à la fois.
M. Khelfa:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous n'avez pas la
parole pour le moment, M. le député.
M. Khelfa: Pardon?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je ne vous ai pas encore
cédé la parole.
Une voix: C'est parce qu'il est debout.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je ne vous ai pas encore
cédé la parole. Sur une question de règlement, M. le
député de Richelieu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Khelfa:...oui, M. le président. je demande la
pertinence du débat. le député d'ungava, ça fait un
bout de temps qu'il parle de n'importe quoi...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député! S'il vous plaît, M. le député! M. le
député, si vous voulez poursuivre, vous êtes pertinent sur
l'article 211.
M. Claveau: M. le Président... M. Chevrette: M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader.
M. Chevrette: Question de règlement, et une vraie question
de règlement en vertu de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: ...l'article 32. il n'y a pas eu deux minutes qu'il
n'a pas été achalé, que le député d'ungava a
eu la paix réelle. c'était toujours là, m. le
président, et ça c'est une question en vertu de l'article 32 de
notre règlement. critiquer un député qui veut prendre la
parole...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. J'informe tous les députés que l'article
32 existe pour tout le monde et j'ai informé le député de
Richelieu d'être à l'ordre. M. le député, si vous
voulez poursuivre.
M. Claveau: M. le Président, étant donné que
je ne peux m'adresser personnellement à un député en cette
Chambre, je vous prierais, M. le Président, de faire le message
vous-même au député de Richelieu, à l'effet que, si
le député avait pris le temps d'écouter, il se serait
rendu compte que l'ensemble de mes propos est justement à l'effet de
justifier le report de ce projet de loi, de faire en sorte d'expliquer pourquoi
nous ne pouvons, nous comme Opposition, M. le Président, accepter ces
techniques antiparlementaires non respectueuses de notre fonctionnement
démocratique, M. le Président, et pourquoi, dans les
circonstances, nous croyons qu'il serait
normal que ce gouvernement vote avec l'Opposition pour avoir un
délai pour nous permettre de voir quelles vont être les
implications à long terme des clauses dans ce projet de loi.
Certes, M. le Président, à première vue, je suis
essentiellement d'accord, à première vue, dis-je, avec les
articles concernant l'Association des prospecteurs du Québec. Oui, il
semble, à première vue, que ce soient des mesures
intéressantes. Mais je n'ai aucune indication à l'effet
qu'à long terme ce devrait être comme ça. Je n'ai aucune
indication à l'effet que, si l'on modifie la loi en vertu de ce qui est
présenté là, cela n'aura pas d'effet néfaste sur
certains prospecteurs. Est-ce qu'il est prévu quelque part que, si
jamais un prospecteur pourrait en souffrir, il y aura des mesures
compensatoires pour faire en sorte qu'il ne soit pas mis de côté,
négligé par une modification ou un amendement à la Loi sur
les mines qu'on aurait votée en toute hâte, avant même
d'avoir eu le temps de savoir quels sont les impacts réels sur le
quotidien de la vie des prospecteurs? Ce sont des questions qu'on est en droit
de se poser comme Opposition et ce sont des questions auxquelles on est en
droit, aussi, d'avoir des réponses. C'est clair, c'est pourtant facile
à comprendre.
M. le Président, moi, je veux bien que, dans le contexte actuel,
des prospecteurs aient des problèmes. Ce n'est pas parce que je le veux,
mais je le comprends, en tout cas. Mais ça fait des années que
ça marche comme ça, ça fait des années que les
prospecteurs sont traités de cette façon-là par la loi.
Alors, vous ne me ferez pas accroire, M. le Président, que, pour six
mois, on va ruiner l'industrie.
Une voix: Sûrement pas.
M. Claveau: Donnons-nous le temps d'y réfléchir. Le
principal problème, de toute façon, ce n'est pas que les
prospecteurs puissent déclarer, après les délais
prévus, 100 % des travaux comme étant des travaux statutaires, ce
n'est pas ça le problème. Le problème, c'est qu'il n'y a
plus d'exploration minière au Québec. C'est ça. Si les
prospecteurs étaient capables de vendre leur propriété
à leur pleine valeur, comme c'était le cas il y a quelques
années, il n'y en aurait pas de problème, les travaux
statutaires, on les ferait.
On est en train, encore là, de contourner les véritables
problèmes, de courir après des chimères pour faire oublier
les réalités. Les prospecteurs, aujourd'hui, sont acculés
au pied du mur, c'est vrai. On le voyait tout à l'heure dans les
rapports... Si vous le permettez, je pense que je vais relire quelques notes
concernant les compagnies juniors qui sont membres de l'Association des
prospecteurs du Québec. Qu'est-ce que dit, en page 27, le rapport 1989
des géologues et résidents sur l'activité minière
régionale? Le gouvernement du Québec, ministère, Direction
générale de l'exploration géologique et minérale.
Que dit le géologue résident de Rouyn-Noranda? "Les perspectives
demeurent particulièrement sombres pour les compagnies juniors qui ont
éprouvé beaucoup de difficultés à effectuer leurs
travaux d'exploration, voire même à survivre en 1989."
Ce n'est pas un discours qui émane du programme du Parti
québécois, ça. C'est un document officiel du gouvernement,
de ce gouvernement, avec ce ministre délégué aux Mines
depuis presque cinq ans. C'est ça qu'il dit, c'est ça le
problème des prospecteurs, c'est pour ça que les prospecteurs ont
de la difficulté à vivre aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'il
faut immédiatement changer la Loi sur les mines pour faire en sorte
qu'ils puissent déclarer 100 % de leurs travaux à titre de
travaux statutaires après une telle date. Ça ne changera rien
à la dynamique globale parce que la dynamique globale, M. le
Président, c'est qu'il n'y a plus d'exploration minière.
L'exploration minière a diminué, d'après, même, les
livres des crédits du gouvernement, du ministère de
l'Énergie et des Ressources du Québec. Ministère de
l'Énergie et des Ressources du Québec, budget 1990-1991, cahier
explicatif des crédits. Ce n'est pas encore un discours péquiste,
je n'ai pas trouvé ça en fouillant dans le programme du Parti
québécois. Qu'est-ce qu'on dit? Je vais le relire pour ceux qui
n'étaient pas là lorsque je l'ai lu la première fois,
entre 4 h 15 et 4 h 20, ce matin: Toutefois, les dépenses d'exploration
ont connu une diminution importante, de -42 % en 1989." C'est ça qui est
écrit, on ne l'a pas inventé, c'est les chiffres officiels.
C'est pour ça que les prospecteurs ont de la difficulté
à vivre, c'est pour ça que l'Association des prospecteurs du
Québec ne sait plus à quel saint se vouer et essaie de trouver
des solutions à travers des amendements dans des articles de loi qui
pourraient peut-être leur faire récupérer quelques sous ici
et là. Mais le vrai problème, il est complètement
ailleurs, et le ministre le sait très bien. Le problème n'est pas
dans le fait qu'on va pouvoir déclarer 100 % de 10 000 $ de travaux au
lieu d'en déclarer 50 %; à la limite, ça affecte 5000 $ de
différence de travaux que l'on peut déclarer pour
déduction d'impôt. Ce n'est pas ça qui va faire vivre les
prospecteurs, ce n'est pas ça qui va relancer l'exploration
minière. (7 h 10)
Le ministre aura beau nous faire toutes les peurs qu'il veut, aura beau
nous faire toutes les menaces qu'il veut quant à l'idée que les
prospecteurs vont avoir de l'opposition, moi, je n'ai pas honte de dire devant
les caméras que nous ne faisons que notre boulot, que nous ne faisons
que ce pour quoi nous avons été élus. Dans ce
sens-là, si les choses étaient si importantes que ça, si
c'était la façon de relancer l'exploitation minière au
Québec, eh bien, il est fort probable
que l'Association des prospecteurs québécois aurait pris
contact avec l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Est-ce qu'on peut constater le quorum, s'il vous
plaît, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, qu'on appelle les
députés.
M. le député, si vous voulez poursuivre, je vous rappelle
qu'il reste neuf minutes à votre formation politique.
M. Claveau: À peine neuf minutes, M. le Président.
J'en étais à dire que, si c'était une mesure semblable qui
pouvait relancer l'industrie de l'exploration minière au Québec,
si elle avait toute l'importance que le ministre veut bien y donner, il est
fort probable que l'Association des prospecteurs, les prospecteurs d'une
façon individuelle, les propriétaires de petites entreprises
d'exploration minière, communément appelés les "juniors",
auraient fait les consultations qu'il faut, l'ensemble des contacts qu'il faut,
pour s'assurer que l'Opposition allait voter dans le sens de ce qu'ils veulent,
pour s'assurer que les députés de l'aile ministérielle du
parti ne laissent ' pas leur ministre délégué aux Mines
voguer tout seul à la dérive. Ils auraient fait les consultations
comme ils le font normalement.
Et, s'ils n'ont pas senti que ça valait la peine d'informer, dans
les dates prévues au règlement, l'ensemble des parlementaires de
l'importance de cette loi, alors pourquoi voulez-vous, M. le ministre, que je
doive, moi, me fier uniquement à la parole du ministre? Pourquoi
voulez-vous que l'Opposition doive se plier à ce que le ministre nous
dit? Le ministre ne fait pas la loi pour lui et, souhaitons-le, ne la fait pas
non plus pour quelques-uns de ses amis, mais il la fait pour l'ensemble des
gens qui opèrent dans le milieu. Et, dans ce sens-là, il ne
devrait pas avoir honte de faire en sorte que tout le monde puisse en parler,
que les associations sortent dans la rue pour l'appuyer. Il devrait être
content de faire en sorte qu'il y ait une émanation spontanée de
points de vue à travers le Québec pour dire: Oui, M. le ministre,
vous avez raison, c'est comme ça qu'on va relancer l'exploration
minière.
M. le Président, j'ai plutôt l'impression qu'il s'agit
là d'une petite manoeuvre facile pour que le ministre puisse dire par
après: Vous voyez, je suis attentif aux problèmes de l'industrie
minière, je suis attentif aux revendications des prospecteurs, et j'ai
modifié la Loi sur les mines de façon à pouvoir faciliter
pour les prospecteurs certaines compensations financières pour les
travaux statutaires effectués sur les propriétés, sur les
daims miniers. Le ministre se fait ainsi bonne gueule, M. le Président,
se rafraîchit l'haleine, mais n'a absolument pas réglé le
problème. Parce que le problème est pas mal plus fondamental que
ça. On le retrouve dans ses propres documents pour les crédits du
ministère et on le retrouve dans le rapport des géologues
résidant dans différentes régions du Québec. C'est
ce à quoi le ministre devrait s'attaquer. C'est ça, le vrai
problème.
Pour le reste, M. le Président, dans ce projet de loi, qu'est-ce
qu'on retrouve? Des "technicalités" pour permettre que des entreprises
ou des individus s'approprient des sites de gravier par bail exclusif. M. le
Président, ça sent drôlement les travaux routiers,
ça. Ça sent drôlement une espèce de juxtaposition
avec d'autres points de vue qu'on a vus ailleurs. Et quand je pense, par
exemple, au ministre des Transports qui dit aux camionneurs qui sont ici depuis
près de trois semaines à nous accompagner en ville... Je veux
bien croire qu'ils aiment ça, la ville de Québec, mais ils ont
hâte d'aller travailler eux autres aussi et ils ont hâte d'avoir de
l'ouvrage. Et quand le ministre des Transports dit à ces
camionneurs-là: Écoutez, si vous voulez, vous devrez
négocier avec l'Association...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député.
Une voix: M. le Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre
délégué-Une voix: Question de pertinence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, sur la pertinence,
je vous rappelle que nous sommes toujours sur la motion de report du projet de
loi 77.
M. Claveau: C'est très pertinent, M. le Président.
Vous allez voir pourquoi. Que dit le ministre des Transports? Que dit le
ministre des Transports aux camionneurs artisans qui crèvent avec leurs
camions? Il leur dit: Allez négocier avec les contracteurs de grands
travaux du Québec, ceux qui ont les gros contrats de voirie, ceux qui
ont les gros contrats de construction. C'est avec eux autres que vous
arrangerez vos petits litiges pour déterminer combien de voyages de
"truck" vous allez avoir le droit de faire sur un contrat, au lieu de mettre
ses culottes et de le faire lui-même. Parce que c'est une
responsabilité du gouvernement de s'assurer que les camionneurs puissent
vivre en tant que petits investisseurs.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Là, M. le
député... C'est le projet de loi 77. Je vais vous lire le titre:
Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits sur les
mines. C'est une motion de report et je demanderais de
discuter de cette motion de report, M. le député.
M. Claveau: Alors, M. le Président, voilà où
j'en suis. Article 9 de la loi 77, Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi
concernant les droits sur les mines à l'article 151.1, M. le
Président. Et je vais me permettre de le citer pour convaincre tout le
monde de la pertinence de mes propos: "Un bail exclusif ne peut être
conclu, pour un terrain qui fait l'objet d'un ou de plusieurs baux non
exclusifs au moment de la demande, que si le demandeur du bail exclusif s'est
préalablement entendu avec chacun de ces titulaires de bail non exclusif
sur le montant et les conditions de l'indemnisation à laquelle chacun a
droit." Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce que ça veut dire, ça,
M. le Président? Ou, du moins, qu'est-ce que ça peut vouloir
dire? Ça peut vouloir dire qu'encore une fois, à l'instar du
ministre des Transports, le ministre va dire à tous les constructeurs de
grands travaux, les mêmes entrepreneurs qui sont en litige avec les
camionneurs ici dans la rue, M. le Président, il va leur dire:
Là, hein, ces entreprises-là veulent avoir des baux exclusifs sur
des sablières et des sites de gravier pour pouvoir faire leur contrat,
pour pouvoir faire leur job. Alors, le ministre qu'est-ce qu'il dit par cet
article de loi là? Il dit: Ceux qui ont des baux non exclusifs et qui
opèrent déjà sur ces sites-là, vous devrez vous
entendre avec ces grands contracteurs-là. Vous devrez négocier
avec eux des modalités de rachat de votre bail non exclusif. Et une fois
que ça sera conclu, bien, là, le grand entrepreneur... Parce
qu'il n'y en a pas d'autres qu'eux autres qui peuvent être
intéressés par des baux exclusifs, c'est très clair, c'est
évident, ce n'est pas sorcier...
Une voix: Le quorum, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, Mme la députée.
Une voix: C'est en plein ça, question de règlement.
Le quorum, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je vérifie
le quorum. Qu'on appelle les députés, s'il vous plaît. S'il
vous plaît, M. le député!
Alors, si vous voulez terminer. Je vous informe qu'il vous reste une
minute à votre intervention.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Donc, vous comprenez
la pertinence de mes propos. Dans le fond, ce que le ministre est en train de
faire ou ce qu'il peut vouloir faire par le biais de l'application de l'article
9 de ce projet de loi là, c'est d'obliger les petits
propriétaires de bail non exclusif sur des sites de gravier et de sable
à négocier avec les gros qui veulent avoir des baux
d'exclusivité et qu'après ça, ils seront en mesure de
prendre tous les contrats. Et quand le ministre dit non, j'aimerais qu'il
m'explique le problème de Norascon, par exemple, à
Rouyn-Noranda-Témiscamingue dans le comté de mon collègue
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue qui essaie par tous les moyens de prendre
des exclusivités sur des sites de gravier. J'aimerais qu'il m'en parle
très particulièrement de la situation de Norascon et on pourrait
peut-être se comprendre sur les intentions qu'il y a derrière ce
projet de loi. (7 h 20)
C'est pour ça, M. le Président, et pour des choses
semblables que nous avons de fortes réticences, après avoir pris
connaissance du projet de loi, et que, dans ce sens-là, j'invite
l'ensemble des parlementaires en cette Chambre à voter pour la motion de
report, nous permettant ainsi de nous donner tout le temps nécessaire
pour bien comprendre les implications qu'il y a derrière ces
articles.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le ministre
délégué aux Mines.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Alors, M. le Président, nous sommes à
traiter d'une motion de report demandée par l'Opposition sur un projet
de loi qui vise à venir en aide à l'industrie de l'exploration
minière en apportant des modifications qui sont très importantes
pour l'industrie et qui rétroa-gissent au mois de septembre 1989, M. le
Président.
M. le Président, il faut bien comprendre que ce projet de loi est
déposé de bonne foi à cette Assemblée pour
être traité et, parce que l'Opposition a de la difficulté
avec d'autres législations que nous sommes en voie de traiter, elle a
décidé de faire un "filibuster" sur l'ensemble de la
législation de ce gouvernement, y compris sur la Loi sur les mines.
J'aimerais souligner que ces mesures... Et je comprends bien que l'Opposition
puisse prendre cette position-là; ça fait partie des
règles du jeu, sauf, toutefois, que ça demande un minimum de
discernement. Et ils ne démontrent pas ce discernement; ils agissent, je
pense, dans l'intérêt, finalement, de ceux et celles qui ne
voudraient pas voir une industrie minière forte au Québec. Et
vous pouvez être certain, M. le Président, que je vais aviser
l'Association des prospecteurs, que je vais aviser l'ensemble des intervenants
au niveau de la production de la tourbe, du granit, au Québec, et que je
vais aviser...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement. M. le leader de l'Opposition officielle.
Une voix: On n'a pas peur de nos opinions.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît, M. le député, vous n'avez pas la parole. M.
le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, notre règlement est
clair, à l'article 35. On ne peut pas utiliser le chantage pour
empêcher un député de cette Chambre de faire son travail.
Le ministre est en train de nous dire, là: Je vais aller le dire aux
mineurs et aux prospecteurs que c'est votre faute si, si, si...
M. Lefebvre: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Chevrette: M. le Président, je suis sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Vice-Président (m. bissonnet): m. le
député, je vais écouter la question de règlement et
je vais vous reconnaître. je vais attendre, je n'ai pas terminé
d'écouter m. le leader de l'opposition, mais je vous rejoins
après. je ne peux pas prendre deux questions de règlement en
même temps, m. le député.
Une voix: On peut avoir une question de règlement sur une
question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais attendre de
l'avoir écouté, je ne l'ai pas écouté encore, M. le
député. Si vous voulez, très brièvement, sur votre
question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, il ne peut pas y avoir de
chantage, en vertu de notre règlement, pour empêcher ou intimider,
dans son travail, un député. Si le ministre a du chantage
à faire, qu'il aille chanter en dehors, mais pas en dedans, pas en
Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, votre question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Ce que j'allais dire, c'est qu'il peut y avoir une
question de règlement sur une question de règlement, à
savoir que, si le leader de l'Opposition interprète mal, en soulevant sa
question de règlement, les propos du ministre, il n'est pas correct. Et,
sur la question de règlement comme telle, je ne vois absolument rien
dans les propos qui ont été tenus par le ministre à date,
M. le Président, qui puisse justifier une question de règlement
du leader de l'Opposition, absolument pas.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur la question
de règlement, M. le ministre délégué a eu des
propos. Évidemment, il y a eu des propos aussi de M. le
député...
M. Chevrette: D'Ungava.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...d'Un-gava, dont les
débats sont enregistrés. M. le ministre a tout simplement dit
qu'il indiquerait aux groupes concernés... Évidemment, c'est une
question d'opinion et je ne lui demanderai pas de retirer ses paroles, à
ce moment-là. M. le ministre délégué, si vous
voulez poursuivre.
M. Savoie: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu de l'article
32, je demanderais aux députés de regagner leur place, s'il vous
plaît. Alors, M. le ministre délégué, si vous voulez
poursuivre.
M. Savoie: M. le Président, alors, je reviens. Donc, ce
que je disais, concernant la motion de report, c'est qu'il faut bien comprendre
que, dans le projet de loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant
les droits sur les mines, il y a quelques modifications qui sont
apportées suite à des interventions de la part du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, suite,
également, à l'Association des prospecteurs du Québec et
suite aussi à une intervention de la part d'un intervenant, un
prospecteur, qui a trouvé une faille au niveau de l'administration de la
Loi sur les mines, et on doit absolument protéger l'ensemble des daims
miniers du Québec contre la faille que ce prospecteur-là a mise
à jour et qu'il faut évidemment corriger.
C'est bien sûr après échanges avec l'Opposition que
j'ai présenté ce projet de loi. Le projet de loi vise à
permettre à plusieurs "juniors" au Québec de
bénéficier d'un élément de report quant aux
dépenses d'exploration pour permettre de maintenir leurs daims en leur
nom. Il s'agit donc, je pense, de quelque chose qui est dans
l'intérêt de l'ensemble de l'industrie minière du
Québec, de l'industrie de l'exploration du Québec. Je pense, par
exemple, à l'industrie de la tourbe qui va être maintenant sur un
même pied d'égalité, donc être en mesure de mieux
com-pétitionner les marchés américains. Et il y a d'autres
secteurs de l'industrie minière également qui vont certainement
fortement apprécier ces recommandations. Et il est donc souhaitable,
dans l'intérêt de la communauté québécoise,
que cette mesure soit adoptée le plus rapidement possible.
Et, comme je le disais tout à l'heure, il est de mon devoir
d'expliquer à l'industrie, ce que je vais faire aujourd'hui par
communiqué, que j'ai agi tel que le voulait l'Association des
prospecteurs du Québec, tel que le voulait l'ensemble des prospecteurs
du Québec, tel que le voulaient plusieurs intervenants au niveau de
l'industrie minière. Je pense particulièrement aux travailleurs
de la tourbe, je pense aux travailleurs au niveau du granit, je pense aux
hommes et aux femmes qui travaillent au niveau de la géologie au
Québec et des "juniors". Je vais leur dire
qu'effectivement leurs modifications ont été
présentées, mais qu'essentiellement, à cause d'une
politique de "filibuster" actuellement qui a cours ici à
l'Assemblée nationale, je ne suis pas certain que je vais être en
mesure d'adopter le projet de loi en question et qu'en conséquence ils
devraient diriger toutes leurs attentions sur le leader de l'Opposition, de
même que sur le député d'Ungava pour justement faire valoir
que, bien qu'on respecte cette volonté d'entreprendre ce processus
parlementaire pour de gros projets de loi, il me semble que le bon sens doit
régner, surtout en ce qui concerne des projets de loi qui sont
d'intérêt public et qui sont de nature à encourager
l'activité économique du Québec, et à
protéger aussi plusieurs régions qui sont en difficulté,
comme la région de Chapais-Chibouga-mau.
Vous savez que, tel que la situation se présente au niveau de la
région de Chapais-Chibougamau, on parle de mise à pied d'environ
47 % de la main-d'oeuvre minière, des travailleurs miniers; 47 %, c'est
énorme. Les 47 % doivent être en force à compter de 1991,
avec toutes les mises à pied qui ont eu lieu depuis 1989. Alors, nous
voulons nous assurer que cette région se développe davantage. Ces
mesures-là sont là pour protéger les daims qui sont en
cours. En conséquence, la motion de report ne peut pas être
acceptée. Évidemment, au point de vue de mes collègues, ce
n'est pas acceptable non plus. Je suis certain que les députés
ici présents ne peuvent pas accepter...
M. Chevrette: Je trouve indécent, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, s'il vous plaît. Question de règlement. Je vais
vérifier s'il y a quorum. Qu'on appelle les députés.
S'il vous plaît! M. le député, on est en session
ici.
M. le ministre délégué, si vous voulez poursuivre
votre intervention.
M. Savoie: Très rapidement, M. le Président, on ne
peut pas accepter cette motion de report. Je suis certain que mes
collègues, non plus, ne peuvent pas accepter ce report demandé
à ce projet de loi. Puisqu'il est dans l'intérêt de
l'ensemble de la communauté québécoise, je pense qu'il est
essentiel qu'il soit adopté. En conséquence, je vais demander
à l'Opposition de reconsidérer sa motion et d'agir en
conséquence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Roger Lefebvre
M. Lefebvre: M. le Président, on discute depuis plus ou
moins une heure d'une motion de report qui a été soumise par le
député d'Ungava sur le projet de loi 77. Toutes les raisons et
justifications quant à l'adoption du projet de loi lui-même, M. le
Président, ont été données par le ministre
délégué aux Mines dans son intervention principale lors de
la présentation du projet de loi, et quant à l'adoption du
principe de ce même projet de loi là, et les mêmes
explications avec plus de détails, M. le Président, ont
été reprises dans l'intervention du ministre qu'il vient tout
juste de terminer.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de revenir sur les
différents arguments du ministre. Il s'agit, évidemment, de lire
les notes explicatives qui ont sûrement été lues par le
député d'Ungava, probablement pas par le leader de l'Opposition
parce qu'il n'était pas là. Il y a, au niveau des notes
explicatives, M. le Président, toutes les justifications qui nous
amènent à conclure que ce projet de loi là est important
et qu'il faut l'adopter, pas le reporter à six mois, parce qu'il y a
toutes sortes de bonnes raisons. C'est important pour le monde minier qu'on
procède le plus tôt possible, le plus rapidement possible à
l'adoption du projet de loi 77.
Je comprends, évidemment, l'Opposition de faire de l'obstruction
par une motion de report, c'est une vieille stratégie, c'est une vieille
tactique, sauf, M. le Président, que l'Opposition finit par se
contredire. Le député d'Ungava, dans son intervention principale
en critique au ministre délégué aux Mines, a dit qu'il y
avait, dans le projet de loi 77, plein de dispositions qui étaient
intéressantes, qui étaient avantageuses pour l'industrie et, en
même temps, à la fin de son intervention, il décide de
reporter l'adoption du projet de loi. Alors, moi, je ne comprends pas,
finalement, la contradiction évidente du député d'Ungava
qui, en même temps, est pour le projet de loi et se contredit en
soumettant à l'attention de l'Assemblée une motion de report.
C'est tellement vrai que le député d'Ungava, M. le
Président, est d'accord avec le projet de loi qu'il a consenti - et il a
insiste là-dessus - à ce que le projet de loi soit
déposé après les délais prévus dans nos
règlements, c'est-à-dire après le 15 mai. Et il faut
prendre pour acquis qu'avant de consentir il a pris connaissance du projet de
loi, de son contenu. Il aurait eu, à ce moment-là, toute
l'opportunité de bloquer le projet de loi. Il n'avait qu'à
refuser le dépôt et on n'en serait pas à le débattre
ce soir, cette nuit ou ce matin, M. le Président.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, quand on remarque qu'une
fausseté est dite...
M. Lefebvre: II n'y a pas de question de règlement
là-dessus, M. le Président.
M. Chevrette: ...on doit le souligner immédiatement. Le
leader adjoint qui a la responsabilité d'appliquer ce règlement
sait très bien, M. le Président, que, jusqu'à la
deuxième lecture et même sur le travail en commission, on ne peut
pas bloquer un projet de loi, même s'il était déposé
avant-hier. C'est aussi clair que ça. C'est seulement en
troisième lecture et à l'adoption qu'on peut l'arrêter.
Donc, j'espère que le leader connaît un petit peu son
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la question de
règlement, M. le député.
M. Lefebvre: Non. Vous aurez remarqué, M. le
Président, qu'il ne s'agissait pas là du tout d'une question de
règlement. Le député d'Ungava a insisté en disant
qu'il avait consenti au dépôt du projet de loi 77 après les
délais prévus dans nos règlements et je prends pour acquis
qu'avant de consentir il avait, à tout le moins, pris connaissance du
contenu du projet de loi. À partir du moment, M. le Président,
où il consent après les délais, après la date
limite du 15 mai, il considère le projet de loi comme étant
valable et c'est, d'ailleurs, ce qu'il nous a répété cette
nuit, que le projet de loi 77 contenait des dispositions intéressantes,
souhaitables. Alors, il se contredit 30 minutes après en soumettant,
comme je l'ai mentionné tout à l'heure, la motion de report.
C'est, comme je l'ai mentionné également tout à l'heure,
M. le Président, de la vieille stratégie. Je m'arrête
là-dessus. Les motifs ont été abondamment expliqués
par le ministre délégué aux Mines. Il restera,
évidemment, du temps sur l'enveloppe, parce qu'on sait, M. le
Président, qu'une motion de report, c'est un débat restreint de
deux heures. On n'a pas l'intention, de ce côté-ci, de prendre
tout le temps qui nous est alloué. Alors, M. le Président, je
m'arrête là-dessus.
On invitera les parlementaires, d'un côté comme de l'autre
de l'Assemblée, à voter contre la motion de report et,
après, M. le Président, à régler le plus rapidement
possible le sort du projet de loi 77 qu'on soumet à l'attention de
l'Assemblée, parce que c'est bon pour l'industrie minière, parce
que c'est bon pour les gens d'Ungava, parce que c'est bon pour l'industrie
minière dans son ensemble, partout au Québec, M. le
Président. Alors, si l'Opposition a encore des choses à dire sur
la motion de report, M. le Président, je m'assois et on
l'écoute.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Avant de vous
reconnaître, Mme la députée, je vais suspendre les travaux
de cette Assemblée pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 7 h 36)
(Reprise à 7 h 39)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
si vous voulez bien prendre place. Nous en sommes à une motion de report
sur le projet de loi 77 et je cède la parole à Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'aimerais un peu
intervenir, à ce moment-ci, sur le sens d'une motion de report.
Essentiellement, une motion de report ne dit pas que nous sommes en
désaccord avec le fond d'une loi, absolument pas. Ça ne dit pas
que nous ne partageons pas les objectifs poursuivis pas une loi. Une motion de
report, ça ne dit pas que les notes explicatives du projet de loi ne
sont pas pertinentes. Une motion de report, ça a comme objectif
essentiel de s'assurer qu'on mette le temps nécessaire pour bien
comprendre ce sur quoi nous légiférons, pour qui nous
légiférons, dans quel contexte nous le faisons, quelles
conséquences cela aura sur l'industrie, sur les travailleurs et les
travailleuses qui sont impliqués, quelles conséquences cela aura
quant aux autres lois qui pourraient être concernées. Alors,
essentiellement, on ne débat pas, donc, du fond du projet de loi, mais
on veut s'assurer, en proposant qu'on prenne un peu de temps, qu'on puisse y
apporter un éclairage qui va nous permettre de mieux comprendre la
loi.
Je prenais la peine de lire avec attention les notes explicatives de la
loi et je m'arrêtais à un certain nombre d'articles. Et, dans le
fond, je pensais à quelques-uns d'entre nous qui me houspillaient tout
à l'heure, en trouvant que ce n'était peut-être pas
pertinent qu'on leur demande de venir entendre les débats, alors que
ça m'apparait tout à fait pertinent, M. le Président,
même s'il est 7 h 40, parce que c'est aussi important que n'importe
quelle autre loi, et le ministre nous l'a bien fait valoir, et le critique de
l'Opposition officielle aussi. Il nous a fait valoir l'importance qu'il y avait
de débattre de cette loi-là et combien de personnes allaient
être concernées. À quelques reprises, on a donc
demandé que les députés soient présents en cette
Chambre pour débattre et discuter du projet de loi. Et certains
étaient un peu choqués que l'on fasse ça, qu'on demande le
quorum, alors que ça va de soi que ça fait partie de nos
règles; sinon, à quoi ça sert de siéger ici si on
ne peut pas échanger entre nous. Et j'aimerais ça, moi, poser des
questions à ces députés-là, qu'ils m'expliquent
chacun des articles de la loi qui est devant nous, pour savoir si ça ne
vaudrait pas la peine de prendre quelque temps pour les comprendre.
Alors, je ne sais pas, moi, peu importe, il y a un certain nombre de
députés qui sont dans la Chambre. Évidemment, ils sont au
travail, donc
ils seraient heureux sûrement qu'on les mentionne. Il y a le
député de Berthier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée...
Mme Marois: ...avec le député de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...vous vous adressez
à la présidence. Vous le savez très bien. Vous connaissez
le règlement. Alors, si vous voulez poursuivre sur la motion de report
du projet de loi 77, je vous écoute attentivement.
Mme Marois: Très certainement, M. le Président.
Alors, on pourrait donc se poser tous, comme députés, M. le
Président, la question de la signification de l'article 19. Je ne suis
pas certaine, moi, que ça ne vaudrait pas la peine qu'on aille en
débattre dans un cadre un peu différent qui est celui de
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: M. le Président, quorum.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition, sur une demande de quorum.
Qu'on appelle les députés. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Non, on est en séance actuellement, M. le
député. On est en séance. S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Si vous voulez poursuivre, Mme la députée.
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'allais donc dire
qu'une motion de report, c'est essentiellement pour que l'on puisse prendre le
temps nécessaire pour regarder en profondeur certains
éléments du projet de loi. Probablement qu'un bon nombre d'entre
nous, si je leur lisais, par exemple, l'article 19 du projet de loi où
on dit: "L'article 314 de cette loi, modifié par les articles 575 et 576
du chapitre 4 des Lois de 1990, est de nouveau modifié par la
suppression, dans la deuxième ligne du premier alinéa, du chiffre
", 160". Je ne suis pas certaine que quelqu'un, qu'à peu près
tous les membres de cette Chambre ici pourraient se lever et m'expli-quer -
évidemment, le ministre concerné pourrait le faire d'une
façon très complète - ce que ça signifie, cet
article-là. Alors, je donne un exemple.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mme la députée, si
vous voulez poursuivre.
Mme Marois: Quand on parcourt le projet de loi qui est devant
nous, effectivement, on constate qu'il s'agit d'un projet de loi très
technique qui vient amender d'autres lois. D'ailleurs, le titre le mentionne:
"Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits sur les
mines". Donc, tout au long de ce projet, qui est quand même assez court
malgré tout, de 27 articles, il reste qu'il y a une série
d'amendements et une série d'articles qui sont très techniques.
Donc, la motion de report nous permettrait d'aller un peu plus loin dans la
compréhension de ce texte de loi et surtout dans l'évaluation de
ses impacts, et je suis persuadée qu'il n'y aurait pas que moi dans
cette Assemblée qui serais éclairée. Je suis
persuadée qu'il y en a d'autres pour qui ça viendrait permettre
de mieux comprendre ce qu'on retrouve au projet de loi.
Vous savez, M. le Président, quand on fait une motion de report,
évidemment il y a un sens à toute cette mécanique qui est
dans nos règlements. Je pense que ce que l'on signifie aux membres de
l'Assemblée nationale, c'est que, quand on regarde l'ensemble de nos
projets de loi qui vont débouler pendant une semaine devant nous,
à peine, même pas une semaine, à compter d'aujourd'hui
pendant quatre jours... On va regarder ça. On a devant nous la loi 77.
On a la loi 57 sur le Barreau, la loi 63 qui n'a passé aucune
étape encore. C'est quoi, la loi 63? C'est la Loi modifiant la Loi sur
le Centre de recherche industrielle du Québec. On a une Loi sur la
denturologie, une Loi sur la Société des alcools du Québec
qui vient modifier essentiellement des responsabilités qu'assume
actuellement le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et
qu'il veut transférer vers la Société des alcools du
Québec. On a la loi 65 sur la qualité de l'environnement: toutes
des lois qui, comme la loi 77, M. le Président...
M. Houde: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Oui, M. le député de Berthier.
M. Houde: ...je demanderais à la députée de
Taillon de respecter la pertinence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, alors, on parle du projet de loi 77, c'est une motion
afin de reporter l'étude dans six mois. Alors, si vous voulez intervenir
sur ce projet de loi, sur cette motion de report.
Mme Marois: Certainement, M. le Président, et, sur la
pertinence, vous avez remarqué que je faisais une comparaison avec un
certain nombre d'autres lois. Or, ces autres lois dont je parlais sont aussi,
dans certains cas, assez techniques; dans d'autres cas, un peu plus faciles
à saisir dans le sens commun d'une recherche un peu moins exhaustive
à faire sur chacun des articles. Quand on fait des comparaisons, ce
qu'on constate, M. le Président, c'est que toutes les autres lois ont
été déposées le 15 mai et, pour un bon nombre
d'entre elles, on aurait probablement besoin de temps supplémentaire
pour nous
permettre de creuser certains aspects. (7 h 50) je vous donne un exemple
qui montre bien ce qui se passe avec la loi 77: la loi visant à modifier
la société des alcools du québec, la loi 56. j'ai
reçu des représentations. je les ai reçues la semaine
dernière et, là, j'ai dit: vous m'envoyez des documents, vous
m'envoyez des papiers un peu, vous me dites en quoi consistent les
représentations que vous voulez faire. en même temps que je
reçois cela, je suis aux prises avec des débats sur un tas
d'autres thèmes qui concernent les travaux de l'assemblée
nationale, pour lesquels j'ai à investir du temps, des efforts et de
l'énergie.
Donc, on me présente ces lois-là le 15 mai qui est
déjà la date limite. On se permet de passer le bâillon pour
deux des lois qui ont été déposées depuis le 15 mai
et qui exigeraient que l'on continue les débats pendant un bon moment.
Et le projet de loi 77, malgré que nous partagions, pour l'essentiel,
les points qui s'y trouvent, nous a été déposé, il
y a à peine quelques semaines, en dehors des délais. Je le
répète: Malgré le fait que nous partagions les points de
vue qui s'y trouvent, il m'apparaîtrait pertinent que nous...
Des voix: Bravo!
Mme Marois: M. le Président, il est inhabituel, quand
quelqu'un est en train de prononcer un discours, qu'on se mette à
applaudir comme ça, mais je pense que les gens qui nous écoutent
comprendront que notre vice-président a assumé la fonction de la
présidence pendant un très long moment cette nuit. Nous voulions
donc saluer cette performance du député de Jeanne-Mance et le
remercier par nos applaudissements bien nourris, d'ailleurs, M. le
Président.
On vous souhaite la bienvenue sur le trône ce matin. Alors, nous
étions donc au projet de loi 77 avec une motion de report. J'essayais de
faire des comparaisons avec d'autres projets de loi qui se trouvent devant
nous, M. le Président, qui ont été déposés
dans les délais, mais qui exigeraient qu'on puisse les étudier
beaucoup plus en profondeur, qu'on puisse prendre la peine et le temps de
consulter des gens concernés par le projet de loi.
On se trouve donc avec le projet de loi 77 qui, lui, nous a
été déposé plus tard, qui est très
technique. Je n'ai pas à en refaire la démonstration. Je pense
que la lecture d'un seul article en a convaincu plusieurs dans cette Chambre
à qui, d'ailleurs, j'aurai sûrement l'occasion de poser des
questions pour qu'on nous éclaire davantage. Donc, ce projet de loi
très technique, on nous demande comme ça en quelques jours
à peine, à 8 heures le matin, alors que nous avons
siégé toute la nuit, d'en prendre connaissance, de voter dessus
et de nous prononcer.
Alors, je voudrais bien rassurer le gouvernement et le ministre, la
motion de report n'est pas du tout dans le sens que nous sommes en
désaccord, loin de là. Mais nous souhaiterions avoir une
compréhension plus significative, plus importante de tous les aspects
techniques de ce projet de loi et de ses implications pour l'ensemble du milieu
concerné, comme il serait sûrement fort pertinent aussi que
d'autres projets de loi nous soient davantage expliqués et qu'ils ne
créent pas, comme celui sur les heures d'affaires, par exemple, le
tollé auquel on est confrontés.
Vous savez, j'ai une certaine expérience gouvernementale, enfin,
presque cinq ans comme membre du gouvernement et du cabinet et je peux vous
dire que nous avons adopté, à l'occasion, des projets de loi qui
ont été adoptés un peu rapidement. Nous avons
constaté, lorsque ces lois ont été appliquées,
qu'il y avait des failles. Nous avons dû ramener ces lois devant
l'Assemblée nationale. Je le dis bien humblement et je pense que, de
l'autre côté aussi, on va admettre que c'est arrivé dans
leur cas, à l'occasion. On reprend, d'ailleurs, à cette
session-ci, un certain nombre de lois pour lesquelles on n'avait pas
suffisamment fait le travail d'analyse.
C'est probablement normal, mais c'est justement ça qu'on veut
prévenir, M. le Président. On veut éviter qu'on ne passe
à la vapeur, sans comprendre, pour l'essentiel et pour un bon nombre
d'entre nous, tous les impacts qu'il peut avoir, un projet de loi. C'est dans
ce sens-là, M. le Président, qu'il est évident que je vais
voter pour cette motion de report et que jamais, j'imagine, mon vote ne puisse
être interprété dans le sens d'un désaveu ou d'un
désaccord au projet de loi qui est devant nous. Sans doute, certaines
améliorations pourraient y être apportées, mais ce que je
demande aux membres de cette Assemblée, c'est un éclairage plus
complet pour qu'on en voie tous les impacts. Je vous remercie, M. le
Président, de m'avoir entendue.
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à M. le leader de l'Opposition.
Motion d'ajournement du débat
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais, en vertu de
l'article 100, proposer que le débat soit ajourné.
Des voix: Oh, non! Vote nominal!
Le Président: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je m'attendais à ce
que le leader de l'Opposition fasse cette motion d'ajournement et je me suis
posé la question à savoir si la motion d'ajournement
était recevable dans le sens suivant. C'est que je
considère qu'une motion d'ajournement d'une motion de report, ces deux
motions-là se contredisent l'une et l'autre, M. le Président. On
demande le report de l'adoption du principe du projet de loi 77 ou on ne le
demande pas. Lorsqu'on demande l'ajournement de la motion de report, c'est
qu'on annule ladite motion de report. Dans ce sens-là, M. le
Président, je considère, et je vous le soumets, qu'une motion
d'ajournement lorsqu'on demande l'ajournement d'une motion de report,
techniquement, c'est impossible. Ça se contredit.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: Alors, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, vous remarquerez que la
motion de report, c'est une chose et la motion d'ajournement du débat,
c'est une autre chose. Discuter sur une motion de report, c'est un
débat; discuter sur une motion d'amendement, c'est un débat;
discuter sur une motion de fond, c'est un débat. Ce que la proposition,
en vertu de l'article 100, vient faire, c'est dire: Le présent
débat est ajourné en vertu de l'article 100. C'est une clause
tout à fait automatique et ça suppose 25 minutes de discussion,
10 minutes de chaque côté et 5 minutes de réplique, alors
que la motion de report, elle, il faut qu'elle identifie très clairement
le moment où on veut qu'un projet de loi, par une motion qui,
normalement, fixe une date, soit reporté dans le temps. Vous verrez que
c'est différent parce qu'on a prévu précisément
deux heures à une motion de report, purement et simplement pour
permettre un débat qui touche à la fois la forme et le fond,
parce qu'il faut argumenter sur le fond pour justifier une motion de report,
alors que l'ajournement, c'est purement et simplement temporel, dans le
temps.
Et on va discuter. Pourquoi je propose une motion d'ajournement? Je n'ai
qu'à regarder certains visages, M. le Président, et j'en
justifierai le fond tantôt. Mais, pour le moment, je propose
l'ajournement en vertu de l'article 100, ce qui est complètement
admissible.
Le Président: Là-dessus, il y a une décision
qui a été rendue par la présidence, en l'occurrence par
moi-même, le 2 décembre 1986, qui spécifiait, justement,
que la motion de report est possible pour chacun des débats et la motion
de report constitue un débat. L'adoption du principe constitue
également un débat distinct. Donc, la motion d'ajournement en
vertu de l'article 100, à ce moment-ci, est possible, donc recevable. En
conséquence, ça peut donner lieu à un débat en
vertu de l'article 101. L'auteur de la motion et un représentant de
chaque groupe parlementaire ont chacun un temps de parole de 10 minutes;
l'auteur de la motion a droit à une réplique de 5 minutes. Je
vais donc reconnaître M. le leader, pas le leader adjoint, je m'excuse,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. C'est juste une
clarification pour être bien sûr, comme on a eu d'autres
débats à cette Assemblée sur une motion d'ajournement...
Il y a d'abord la personne qui présente la motion qui a 10 minutes;
ensuite, il y a de chaque côté 10 minutes, ce qui fait 30 minutes,
plus 5 minutes du proposeur de la motion, ça fait 35 minutes au total.
C'est bien ça?
Le Président: Exactement. Donc, tel que l'article 101 le
dit: L'auteur de la motion et un représentant de chacun des groupes ont
une possibilité d'intervention de 10 minutes chacun, donc, trois fois 10
minutes, plus une réplique de 5 minutes. Mais, avant de poursuivre ce
débat, nous allons suspendre simplement quelques minutes.
(Suspension de la séance à 8 heures)
(Reprise à 8 h 2)
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Nous avons
communiqué ensemble, le leader du gouvernement et moi-même. Compte
tenu du temps que prendra la motion de l'ajournement des débats et qu'il
reste également du temps sur la motion report, après entente,
nous voudrions que vous appeliez le vote sur la loi 77 quant au principe. Il y
aurait ajournement après que le leader aura donné les avis -
comment dirais-je - appropriés pour les référer en
commission.
Retrait de la motion d'ajournement
Le Président: là, maintenant, nous en sommes
à la discussion d'une motion d'ajournement. pour la motion
d'ajournement, je comprends que vous retirez votre motion d'ajournement.
M. Chevrette: Oui. Le tout serait réglé par
l'entente que nous venons de faire.
Le Président: Très bien. Oui, un instant. Oui, M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui. Alors, M. le Président, ce que je
comprends de la proposition et de la discussion que nous avons eue, c'est que
la motion d'ajournement, à toutes fins pratiques, tombe. Il restait plus
ou moins 20 ou 25 minutes à débattre sur la motion de report, ce
qui serait
annulé. Et, comme l'a laissé entendre, l'a
suggéré le leader de l'Opposition, il s'agit pour vous d'appeler
le vote sur le principe du projet de loi 77 et je ferai la motion de
déférence qui suivra.
Le Président: Pour être dans les formes, nous avons
actuellement, nous sommes saisis, avant d'arriver au vote sur l'adoption du
principe... Dans un premier temps, je comprends, M. le leader de l'Opposition,
que vous retirez votre motion d'ajournement. Donc, la motion d'ajournement est
retirée. Maintenant, la motion de report qui a été
présentée par le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue est également retirée?
O.K.
Rejet de la motion de report
Très bien. Mettons la motion au vote. À ce
moment-là, est-ce que la motion de report visant à reporter
l'adoption du projet de loi 77 à six mois est adoptée? Elle n'est
pas adoptée. Elle est rejetée. Très bien, rejeté.
Maintenant, nous allons appeler les députés. Mais rejeté,
évidemment, sur division. Oui, disons rejeté, très bien.
Donc, rejeté sur division.
Adoption du principe du projet de loi
Maintenant, nous allons appeler les députés pour le vote
sur l'adoption du principe.
M. Chevrette: Adopté. M. Lefebvre: Mise aux
voix.
Le Président: Mise aux voix. Donc, à ce moment-ci,
est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 77... Je m'excuse. Nous
arrivons. Donc, est-ce que la motion d'adoption du principe du projet de loi
77, Loi modifiant la Loi sur les mines et la Loi concernant les droits sur les
mines présentée par le ministre délégué aux
Mines et au Développement régional est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Lefebvre: Je fais motion, M. le Président, pour
déférer le projet de loi 77 à la commission de
l'économie et du travail pour son étude
détaillée.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. En conséquence, nous
allons maintenant ajourner les travaux qui reprendront ce matin à 10
heures.
(Fin de la séance à 8 h 5)