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(Dix heures dix minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît. Merci.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. le
Président, je vous demanderais la suspension des travaux quelques
minutes, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, suite à
votre demande et de consentement avec le leader de l'Opposition officielle, je
suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 11)
(Reprise à 10 h 16)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir, s'il vous plaît. Merci. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vous prierais
d'appeler l'article 28 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 40
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 28,
M. le ministre responsable de l'application des lois professionnelles propose
l'adoption du projet de loi 40, Loi modifiant la Loi sur les
audioprothésistes. M. le ministre.
Adoption M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Comme on a eu
l'occasion d'en discuter à plusieurs reprises à
l'Assemblée nationale, ce projet de loi vise surtout à modifier
la loi qui, en quelque sorte, régit l'Ordre des audioprothésistes
au Québec pour faire en sorte que les étudiants qui ont
terminé leur cégep et qui veulent faire partie de l'Ordre ne
seront plus soumis à l'examen, mais seraient plutôt soumis
à un processus qui peut aussi être un examen, mais en vertu des
règlements et non pas en vertu de la loi constitutive des
audioprothésistes, le tout de façon à la rendre conforme
à l'ensemble des pratiques, des us et coutumes, comme on dit, avec les
autres professions au Québec.
Alors, il s'agit, finalement, d'une modification technique qui fait en
sorte qu'au niveau de la Loi sur les audioprothésistes on enlève
une disposition spécifique en ce qui concerne les examens d'admission et
on accorde quand même aux audioprothésistes le droit de maintenir
leur examen, mais en vertu d'une procédure réglementaire et non
pas en vertu de la loi, ce qui fait en sorte que le tout est conforme à
l'ensemble des orientations et de la culture, si vous vouiez, de l'Office des
professions du Québec. On a échangé avec les
audioprothésistes et il y a eu au début une certaine
réticence de leur part de voir leur projet de loi modifié, mais
ils ont vite compris que ça prenait la forme, finalement, de l'ensemble
des professions au Québec. Alors, finalement, c'est purement
mécanique. Les audioprothésistes vont être capables de
continuer à jouer leur rôle en ce qui concerne l'administration de
l'Ordre vis-à-vis des candidats qui veulent y entrer. Ça va
permettre, évidemment, le maintien d'un examen, parce que ça va
se faire en vertu d'un règlement au lieu de la loi. Et, en
conséquence, ça me semble être, je pense que ça
constitue, finalement, une bonification de l'Ordre des audioprothésistes
et une certaine homogénéité vis-à-vis de l'ensemble
de l'Office des professions du Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais le prochain intervenant, M. le député
d'Abitibi-Ouest. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, très rapidement, M. le Président.
Le ministre vient d'expliquer succinctement, mais c'est normal, nous en sommes
à la dernière étape de l'adoption de ce projet de loi, et
il est exact qu'il s'agit d'une modification que moi, je dirais plutôt
mineure que mécanique, parce que ce n'est pas juste mécanique. La
preuve, c'est que les audioprothésistes avaient des réticences.
Donc, il ne s'agissait pas que d'un aspect strictement mécanique, mais
c'est une modification très mineure qui ne modifie pas du tout ce que
j'appellerais, moi, la préoccupation professionnelle des
audioprothésistes. Et c'est dans ce sens-là que nous, on devait
s'assurer qu'il n'y a pas d'inconvénient pour les usagers consommateurs.
Je pense que la bonification, pour les étudiants concernés, sera
heureuse, satisfaisante. Mais ce n'est pas un projet de loi qui est, sur le
fond, majeur. C'est plutôt une modification mineure qui ne change pas le
fond des choses et n'offre pas d'inconvénient ou de trou concernant la
sécurité des usagers, au niveau du public. Et c'est toujours
l'objectif qu'on doit avoir dans les lois professionnelles de s'assurer, bien
sûr, que tout l'aspect déontologie de la profession... Mais il y a
également le pendant qui est de s'assurer que les usagers, ceux qui ont
recours aux services de ces profes-
sionnels-là, aient un minimum de garanties de services
professionnels. Et dans le présent cas, il n'y a pas d'objection, nous
sommes d'accord pour finaliser l'adoption de ce projet de loi là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le projet de
loi 40 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vous demande
d'appeler l'article 29 de notre feuilleton.
Projet de loi 41
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 29,
M. le ministre responsable de l'application des lois professionnelles propose
l'adoption du projet de loi 41, Loi modifiant la Loi sur les opticiens
d'ordonnances. M. le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles.
Adoption M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci beaucoup, M. le Président. Comme je le
mentionnais tout à l'heure au sujet des audioprothésistes, je
disais qu'effectivement il y avait un ensemble de projets de loi qui
nécessitaient une intervention assez rapide, qui étaient en
attente depuis plus d'un an. Alors, la loi que nous avons actuellement sous
étude en est une semblable. Il s'agit évidemment du cas des
opticiens d'ordonnances.
Depuis fort longtemps, au Québec, et particulièrement
depuis 1973, on avait établi le principe que les opticiens s'appellent
non pas seulement opticiens, mais opticiens d'ordonnances et cela va à
rencontre, en quelque sorte, de l'ensemble de l'orientation des
règlements, en ce qui concerne les opticiens en Amérique du Nord.
De façon générale, les opticiens, en Amérique du
Nord, aux États-Unis, en Ontario, dans les autres provinces, s'appellent
évidemment "opticians" ou "dispensing opticians", mais ils ont le choix
de s'appeler seulement "opticians" ou "dispensing opticians". Et au
Québec, à cause du contexte nord-américain, les opticiens
d'ordonnances avaient tendance à s'appeler uniquement "opticiens", ce
qui faisait en sorte que, de temps à autre, étant donné
qu'ils s'appelaient "opticiens" et qu'en vertu de la loi ils ne pouvaient pas
s'appeler seulement "opticiens", ils devaient s'appeler également
"opticiens d'ordonnances", il y a eu des poursuites d'intentées contre
des opticiens, en disant: Vous devez modifier votre pancarte pour qu'on puisse
lire "opticien d'ordonnances". Vous devez modifier, par exemple, vos cartes
d'affaires pour qu'on puisse lire "opticien d'ordonnances" et non pas seulement
"opticien". Alors, il y avait là, évidemment, de part et d'autre,
une espèce d'abus de l'utilisation de la loi, puisque l'intention du
législateur, à ce moment-là, c'était bien de
souligner l'aspect ordonnances mais c'était pour bien cadrer la
distinction qui pouvait exister entre l'ophtalmologue, l'optométriste et
l'opticien. Or, le mot "ordonnances" n'étant pas une
nécessité absolue pour l'ensemble des citoyens du Québec -
je pense que la majorité des citoyens du Québec connaissent bien
la différence qui doit exister entre, par exemple, un
optométriste et un opticien - je pense qu'il n'est pas nécessaire
de maintenir le mot "ordonnances" on peut le laisser tomber et ça,
à la demande des opticiens.
Alors, nous avons présenté un projet de loi qui fait en
sorte qu'à compter d'aujourd'hui, si c'est adopté ici à
l'Assemblée nationale, les opticiens pourront s'appeler opticiens
uniquement ou maintenir leur titre d'opticiens d'ordonnances. Le choix va
être identique à ce qui se fait ailleurs en Amérique du
Nord. Alors ça permet une certaine homogénéité.
J'aimerais rappeler, finalement, aux membres de l'Assemblée nationale
que nos objectifs en ce qui concerne l'Office des professions est de respecter
en gros trois principes. Premièrement, assurer la sécurité
du public; deuxièmement, que l'ensemble des lois et des orientations
favorise la protection du public dans le sens où le public va être
mieux desservi et, troisièmement, assurer une certaine uniformité
avec ce qui se fait ailleurs en Amérique du Nord, dans la mesure du
possible, de façon à ce que, finalement, nos professionnels ici
au Québec puissent entreprendre commerce en Ontario et échanger
facilement avec leurs homologues ailleurs. Alors, ça rentre un petit peu
dans ce contexte-là, ce projet de loi que nous avons aujourd'hui en
disant: Bon, les opticiens d'ordonnances peuvent maintenant compter, dès
l'adoption du projet de loi, s'appeler uniquement opticiens ou, s'ils le
désirent, maintenir leur titre d'opticiens d'ordonnances.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ntinistre.
Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le leader adjoint de
l'Opposition officielle et député d'Abitibi-Ouest. M. le
leader.
M. François Gendron
M. Gendron: Je n'ai pas d'autres remarques, au nom de ma
formation politique, à faire valoir d'une façon plus
spécifique puisque les principales étapes de ce projet de loi ont
eu lieu. Et, pour ce qui est des opticiens d'ordonnances, à partir du
moment où le ministre prétend qu'il faut enlever la prescription
"ordonnances", nous, on n'a pas d'objection et on ne s'étaient pas
objectés d'ailleurs lors de l'étude du projet de loi. Et, en
conséquence, on en recommande l'adoption.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le projet de
loi 41 est adopté? Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vais vous demander
la suspension des travaux pour quelques moments.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement?
M. Gendron: Consentement.
Le Vice-Président (m.
bissonnet): alors je suspends
les travaux à la demande du leader adjoint du gouvernement. je suspends
les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 25)
(Reprisée 10 h 33)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir, s'il vous plaît. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 23 dans notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 57
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 23,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'éducation sur le projet de loi 57, Loi modifiant la Loi sur le
Barreau. Je reconnais maintenant M. le ministre responsable de l'application
des lois professionnelles. M. le ministre.
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Effectivement, M. le
Président, le projet de loi 57 vient apporter des modifications à
la Loi sur le Barreau. Il s'agit tout d'abord, M. le Président, d'une
refonte administrative, c'est-à-dire... Ce qu'on fait, c'est qu'on prend
le projet de loi sur le Barreau et on en révise plusieurs des
éléments, sans toutefois s'attaquer à des structures de
base ou à des modifications très substantielles. Il s'agit, M. le
Président - il faut bien se rappeler la première refonte à
ce projet de loi depuis 1973 - d'une mise à jour pour tenir compte de
l'évolution récente du Québec, de la pratique
récente au niveau de l'administration du Barreau du Québec en
tenant compte là encore du contexte nord-américain toujours et de
l'évolution récente de la jurisprudence, en augmentant les
responsabilités de la corporation professionnelle, en imposant plus de
responsabilités vis-à-vis de certains membres du Barreau, ceux
qui sont en pratique, particulièrement en ce qui concerne
l'administration de leurs comptes en fidéicommis, en ce qui concerne
l'administration et la gestion vis-à-vis des comités de
discipline. Donc, une refonte administrative globale, une mise à jour,
une introduction qui va permettre, par exemple, la mise en application d'une
nouvelle division de l'ordre du Barreau - on pense, par exemple, au secteur de
Laval - tous ces éléments-là pour faire en sorte
qu'effectivement la loi reflète exactement la situation qui existe en
1990 et, on l'espère, pour les 20 prochaines années.
La préparation, la rédaction et les échanges que
nous avons eus avec le Barreau ont été des plus structurants. Ils
nous ont présenté évidemment un ensemble de propositions
qui ont été étudiées avec l'Office des professions
qui travaille sur ce dossier, M. le Président, depuis bientôt
trois ans. Les échanges ont été très nombreux. On a
eu l'occasion de vérifier plusieurs des éléments et,
finalement, nous sommes arrivés à une entente ferme avec le
Barreau sur les modifications qui doivent être déposées.
Les modifications qui ont été déposées,
c'est-à-dire la loi que nous examinons ensemble, reflètent, je
pense, exactement les besoins du Barreau pour bien fonctionner à
l'intérieur de la structure judiciaire du Québec,
représentent également l'attente des membres et
représentent aussi l'attente de l'Office des professions qui maintient
le cap sur, évidemment, la protection du public et les services rendus
au public. Il faut que ces services-là soient dans
l'intérêt, M. le Président, comme vous le savez fort bien,
de l'ensemble de la société québécoise. Donc, une
responsabilisation accrue.
À ce moment-ci, je ne voudrais pas élaborer sur les
quelque 200 articles qui constituent le projet de loi en question puisqu'ils
sont, somme toute, un ajustement au niveau du traitement administratif, mais
nous aurons l'occasion dans les étapes à venir d'élaborer
sur chacun des éléments, lesquels, je pense, vont susciter
beaucoup d'intérêt non seulement de la structure judiciaire au
Québec, mais pour l'ensemble des citoyens car, de plus en plus, le
citoyen est en contact direct et immédiat avec l'ensemble des
professions juridiques au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
M. le leader adjoint de l'Opposition officielle et député
d'Abitibi-Ouest. M. le leader adjoint.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Tel que vient de
l'expliquer le ministre responsable des
professionnels, je pense qu'effectivement c'est le projet de loi sur
lequel il y a eu le plus de modifications importantes. Il faut
reconnaître qu'il s'agissait là... La Loi sur le Barreau, c'est
quand même une loi assez importante, assez volumineuse par le nombre
d'articles, et il s'agit effectivement, et ça a été
constaté par l'Opposition officielle, d'une longue négociation;
c'est le fruit d'une longue négociation et de très longs
échanges qui donnent suite à ce qu'on peut appeler
sincèrement une réforme significative. Nous sommes à
l'étape de la prise en considération du rapport. Donc, ma
collègue aura l'occasion de revenir probablement en troisième
lecture puisque c'est elle qui est responsable et critique en ces
matières pour ce qui est de l'Opposition officielle.
Je voudrais quand même à cette étape-ci, et je suis
un peu étonné que le ministre ne l'ait pas rappelé, lui
rappeler deux éléments sur lesquels nous allons insister. Nous
avons insisté en commission et nous allons le faire également
à la dernière étape. Lors de l'étude article par
article de ce projet de loi en commission, le ministre responsable de l'Office
des professions avait quand même fait promesse formelle devant les
intervenants qu'il s'engageait formellement, comme membre de ce gouvernement et
comme ministre responsable, d'examiner en profondeur, dès l'automne, le
fonctionnement des comités de discipline et toute la question de la
transparence de cesdits comités. Nous, ça nous apparaît
deux points majeurs. C'est deux points fondamentaux. Le ministre avait l'air
d'en convenir puisqu'il a pris un engagement formel et je voudrais, au nom de
son gouvernement et au nom des échanges qui ont eu lieu en commission
que, s'il n'en tient pas compte à ce moment-ci, qu'il rappelle, lors de
la troisième lecture, pour le bénéfice des auditeurs et
pour le bénéfice du travail qu'on a à faire, que, bien
sûr, il maintient ces engagements-là parce qu'ils sont majeurs en
ce qui nous concerne.
Lorsqu'on touche une réforme d'un projet de loi professionnel
comme celui-là et qu'on aborde toute la question des comités de
discipline, il y a des aspects spécifiques qui, le ministre en a
convenu, avaient été touchés; il y a des aspects
précis sur lesquels il s'est engagé à travailler
dès cet automne. Donc, on ne veut pas que, parce que c'est une
réforme quand même assez significative, ces
éléments-là restent lettre morte. Il faut qu'il se passe
quelque chose. Le ministre en a convenu et, à ce moment-là, il
nous apparaît qu'il est de sa responsabilité et de celle de son
gouvernement de prendre les dispositions pour qu'effectivement il se passe des
choses concernant les comités de discipline, la transparence des
comités et toute la question des frais de déplacement pour les
membres du comité de discipline des régions. Moi, je me rappelle
que certains porte-parole du Barreau en région m'ont fait valoir que
c'est toujours la même probléma- tique; on ne peut pas avoir des
politiques strictement mur-à-mur qui ne tiennent pas compte de cette
réalité du québec qu'on doit connaître
complètement dans sa géographie naturelle, et le québec,
dans sa géographie naturelle, ce n'est pas uniquement un grand centre,
c'est le québec de base, c'est les régions, et, si on veut avoir
des comités de discipline qui font un travail efficace, mais qui
permettent également une représentativité des avocats du
barreau des régions, eh bien, il faut permettre que les membres qui
siègent aux comités de discipline puissent avoir des frais
rémunérés, selon ce que ça coûte.
Il y a également l'autre aspect, et je termine là-dessus,
l'exercice du droit de porter plainte doit être possible pour les gens
des régions. Ce n'est pas parce que moi, je suis à Dupuy, en
Abitibi, ou dans une région de la Gaspésie, dans un village de
l'Outaouais ou du fin fond de la Mauricie - et ce n'est pas péjoratif,
c'est géographique - ce n'est pas parce que je suis dans ces
régions-là que je ne dois pas avoir les mêmes droits de
porter plainte, mais que ça ne devienne pas un droit théorique.
L'important dans ces affaires-là, c'est que ça devienne un droit
concret et pratique pour s'assurer que des citoyens puissent avoir un petit peu
plus de capacité que les beaux grands principes qu'on énonce
partout, d'égalité de la justice, et que ce soit une
réalité, une vraie réalité concrète pour les
gens qui habitent ce Québec, qui vivent au Québec, qui sont aussi
payeurs de taxes, quel que soit le lieu où ils vivent.
Alors, ces deux aspects là ont été importants pour
nous et nous pensons qu'il faut effectivement rappeler à cette
étape-ci ces deux éléments sur lesquels le ministre s'est
engagé, mais on espère que ça sera véritablement
à l'automne, comme il s'y était engagé, et que ce ne sera
pas trop reporté dans le temps pour s'assurer que ces deux aspects sont
pris en considération.
Voilà les considérations que nous voulions faire à
cette étape-ci. Nous sommes cependant d'accord pour procéder
à l'adoption du rapport de la commission concernant le projet de loi 57
qui modifie effectivement, d'une façon assez importante, la Loi sur le
Barreau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Est-ce que la motion proposant l'adoption
du rapport de la commission de l'éducation sur le projet de loi 57 est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je vous demanderais, M. le Président,
d'appeler l'article 30 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 67
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 30,
M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 67, Loi sur
le Conseil métropolitain de transport en commun et modifiant diverses
dispositions législatives. M. le ministre des Transports.
Adoption M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. Le projet de loi qui
crée le Conseil métropolitain de transport en commun a
été amplement discuté. Le CMTC est une
nécessité pour l'ensemble des intervenants de la grande
région métropolitaine de Montréal. Après plusieurs
mois de discussions sur ce sujet, j'en propose aujourd'hui l'adoption.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je dois reconnaître M. le député de Pointe-aux-Trembles. M.
le député.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, l'Opposition
officielle va voter en faveur de cette loi créant le Conseil
métropolitain de transport parce qu'on pense qu'elle constitue une
amélioration importante pour les 3 000 000 de personnes qui vivent soit
sur l'île de Montréal où on compte 1 800 000 de population,
soit à Laval, soit sur la rive sud. Nous pensons que le Conseil va
permettre de mieux planifier à la fois l'opération du transport
d'une société de transport à l'autre - on sait qu'il y a
trois sociétés, une à Laval, une sur la rive sud et une
à Montréal - en permettant aux usagers de se déplacer
d'une façon plus économique.
En effet, la carte interrégionale ou régionale, peu
importe comment on l'appelle, qui est en vigueur depuis janvier, réduit
à 42 $ la carte autobus-métro qui permet d'aller d'une
société de transport à l'autre alors que, sans ça,
ça coûterait au-delà de 70 $. La directrice
générale de la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal a déjà fait savoir
que l'introduction de cette carte a augmenté l'achalandage dans le
transport en commun, notamment sur l'île de Montréal. C'est
important, M. le Président, parce que sans ce Conseil
métropolitain de transport et sans la carte permettant d'aller d'un
organisme de transport à l'autre à un coût raisonnable,
l'achalandage du transport en commun avait tendance, depuis bon nombre
d'années, à diminuer.
Je voudrais souligner, M. le Président, que le transport en
commun public dans la région métropolitaine de Montréal
est un phénomène relativement récent. Jusqu'en 1950, le
transport en commun n'était assuré que dans la ville de
Montréal et par la compagnie privée, la Compagnie des tramways de
Montréal que, dans mon enfance, on appelait plutôt la Montreal
Tramway puisque, à l'époque, tout ce qui avait une certaine
valeur économique avait tendance à ne pas être dans notre
langue.
Donc, en 1950, la Compagnie des tramways de Montréal est acquise
par la Commission de transport de Montréal et là commence le
transport en commun géré par le secteur public. Je voudrais
souligner que l'étape d'après a été
évidemment la construction du métro sur l'île de
Montréal, métro qui a été inauguré en 1967,
ce qui veut dire qu'alors que des grandes villes comme Paris ont un
métro depuis le début du siècle, dans le cas de
Montréal et du Québec, on a un métro depuis 1967, soit
à peine 23 ans.
Jusqu'en 1971, M. le Président, la Commission de transport de
Montréal réussissait à s'autofinancer assez
aisément. Mais au début des années soixante-dix, cet
autofinancement-là est devenu très difficile pour deux raisons:
la première, c'est que dans les années soixante les gouvernements
- que ce soit le gouvernement de l'Union Nationale ou le gouvernement
libéral - ont favorisé la construction massive d'autoroutes sur
l'île de Montréal. Je pense à l'autoroute est-ouest qui est
venue au début des années soixante-dix, à l'autoroute
Décarie, ce qui a favorisé l'étalement urbain en plus de
démolir quelque 20 000 logements sur l'île de Montréal.
La Commission de transport s'est retrouvée dans une situation
où, en plus de cet étalement urbain par la voie des autoroutes
qui diminuaient la fréquentation du transport en commun, il y a eu les
coûts extrêmement considérables de la dette du métro
parce que, évidemment, un métro, comparé à d'autres
modes de transport, il s'agit d'immobilisations très
considérables et, à ce moment-là, la Commission de
transport ne pouvait plus suffire à la tâche.
Au début de 1970 aussi, M. le Président, la Commission de
transport de Montréal est devenue la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, communauté, comme on le
sait, qui regroupe la ville de Montréal et son million d'habitants, avec
les villes de banlieue de l'île de Montréal avec leurs 800 000
habitants.
Et de 1970 à 1976, le gouvernement du Québec, étant
donné les déficits croissants de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, a commencé à
financer les déficits, mais d'une façon non statutaire, autrement
dit, c'était bona fide, chaque année, des discussions sur un mode
de financement.
En 1976, M. le Président, le gouvernement du Parti
québécois a décidé de verser une contribution
régulière au déficit d'opération de la
CTCUM, qui est devenue plus récemment la STCUM, la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, et ça, c'a fonctionné jusqu'en 1986. Depuis que
le gouvernement actuel est au pouvoir, ce qui a été
annoncé, c'est la diminution progressive des contributions du
gouvernement du Québec au financement du transport en commun dans la
région de Montréal. (10 h 50)
M. le Président, il est important de le souligner, le transport
en commun doit recevoir une priorité dans la région
métropolitaine de Montréal pour plusieurs raisons. La
première, c'est que c'est un mode de transport qui est mieux
accordé aux préoccupations croissantes de la population à
l'égard de la pollution. Le métro ne pollue pas et la
qualité de vie s'en trouve accrue quand il y a moins d'embouteillages
dans les rues. Et le gouvernement de l'Ontario l'a compris, lui qui a
décidé de consacrer, dans les 10 prochaines années, 5 000
000 000 $ à l'amélioration du transport en commun à
Toronto.
Alors, on se retrouve dans une situation où les priorités
de notre gouvernement, à Québec, sont contraires aux tendances,
notamment en Ontario, puisque le dernier budget du gouvernement du
Québec annonçait que le gouvernement entend se retirer du
financement de ce qu'on appelle les immobilisations en matière de
transport en commun. Les immobilisations, c'est essentiel, puisque c'est
ça qui finançait, jusqu'à la décision du
gouvernement qui s'en vient, à 75 % la construction de lignes de
métro, avec le matériel roulant qui va dedans, ou l'achat
d'autobus pour transporter les personnes. Donc, le gain que nous faisons par
l'adoption de la loi 67 sur le Conseil métropolitain de transport, qui
permettra de voyager à un coût raisonnable d'une commission de
transport à l'autre et de financer, d'une façon juste, entre la
rive sud, Laval et Montréal les dépenses nécessaires pour
avoir des infrastructures régionales de transport, va être comme
annulé si le gouvernement donne suite à son projet d'abandonner
progressivement sa participation financière au transport en commun dans
la région métropolitaine de Montréal.
Il y a également la politique du gouvernement actuel de favoriser
l'étalement urbain qui a sa conséquence en matière de
transport. En effet, beaucoup d'urbanistes ont analysé ce qu'on appelle,
dans nos grandes villes, l'effet de beigne, c'est-à-dire que le centre
se dépeuple au profit de la périphérie, et le gouvernement
l'encourage, notamment en favorisant l'étalement urbain, en piochant
dans la loi sur le zonage agricole au gré des intérêts de
ceux qui ont des terrains, que ce soit dans la partie ouest de Laval, on en a
parlé abondamment dans cette Chambre, ou dans la partie est, et des
spéculateurs qui font pression maintenant pour obtenir un pont aans
l'axe de l'autoroute 25. Donc, le financement du transport en commun est
important parce qu'il offre une meilleure solution au transport des personnes,
plutôt que de s'embouteiller chaque matin, chaque soir sur un certain
nombre d'autoroutes.
À cet égard, il faudrait souligner qu'un certain nombre de
promesses du gouvernement sont aussi comme en l'air en matière de
transport en commun. En 1985, le parti qui a pris le pouvoir s'engageait
à prolonger le métro dans l'est de Montréal. En 1989, le
même parti s'engageait à le prolonger vers la ville de Laval. Et
une amie me disait, pendant la campagne de 1989: Ils ont promis de prolonger le
métro dans l'est en 1985, ils ne l'ont pas fait et ils ne le promettent
même plus. Et elle ajoutait: Ils promettent de prolonger le métro
également vers la ville de Laval en 1989, ils ne le feront sans doute
pas et on peut s'attendre à ce qu'à la prochaine campagne ils ne
le promettent même plus.
Donc, il faudrait, en matière de transport en commun, que le
gouvernement, au lieu de diminuer ses investissements, les accroisse et qu'il
donne suite à ses promesses de 1985 de doter l'est de Montréal
d'un réseau de transport en commun qui puisse se comparer à celui
de l'ouest de Montréal qui est infiniment mieux structuré;
n'importe qui qui se promène dans le métro de la région
métropolitaine peut s'en rendre compte. Et à cet égard, je
trouve un peu particulier qu'un journal comme la Gazette, par exemple,
dise que, maintenant que l'ouest est bien desservi par le métro, c'est
une solution trop coûteuse pour l'est de Montréal parce que,
charité bien ordonnée commençant par soi-même, cela
étant fait, bien là, pour l'est, il y en aura toujours trop.
J'ajoute, M. le Président, que les députés
ministériels de 111e de Montréal qui vivent à l'est de
Saint-Laurent devraient assumer cette question-là et se pencher aussi
sur le fait qu'alors qu'à l'ouest il y a deux lignes de train de
banlieue qui desservent l'ouest de 111e de Montréal et jusqu'à
Deux-Montagnes et Vaudreuil respectivement, il n'y a aucun équivalent
dans l'est de Montréal. Et quand on regarde l'investissement de 175 000
000 $ qui est fait pour moderniser la ligne de chemin de fer de train de
banlieue de Deux-Montagnes au centre-ville - et on est parfaitement d'accord
que ça soit fait - il y a là une densité de population qui
n'est pas plus considérable que celle de l'est de Montréal qui
doit se contenter de très peu en matière de transport.
Donc, M. le Président, il est heureux que cette loi crée
le Conseil métropolitain de transport, qu'elle fixe un équilibre
entre la représentation de Montréal et des banlieues de 111e, de
même que les banlieues de Laval et de la rive sud. En effet, M. le
Président, Montréal aura six sièges dans ce nouveau
Conseil, la banlieue de IHe de Montréal, deux, Laval, deux et la rive
sud de Montréal deux. Ce qui veut dire que les parties se concertent et
se condamnent à se concerter puisque, pour prendre les décisions,
il
devra y avoir une double majorité de Montréal et de la
banlieue de Montréal de même que de la couronne de Montréal
pour financer et distribuer le fruit de la carte régionale qui sert
à circuler, mais pour répartir aussi les dépenses des
infrastructures régionales de transport.
Et, M. le Président, c'est heureux que le Conseil
métropolitain de transport voie son financement garanti jusqu'à
la fin de 1994, soit pour une période de cinq ans. Mais la grande
inconnue pour ce Conseil demeure celle-ci: Pourra-t-il améliorer les
infrastructures et les équipements de transport? Autrement dit,
pourra-t-il financer le prolongement du métro promis depuis 1985 et
1989, financer un meilleur matériel roulant, notamment par
l'introduction, à certains endroits, d'autobus articulés qui
permettent de transporter les gens plus confortablement, si le gouvernement
donne suite à son projet de couper le financement des immobilisations du
transport à Montréal, ce qui, pour la seule Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
représenterait une baisse de l'ordre d'au moins 150 000 000 $ dans le
financement? Il y a donc là, M. le Président, un problème
dans ce sens qu'il est bon que le gouvernement, par la loi 67, crée le
Conseil métropolitain de transport, mais il faut ajouter à
ça les investissements nécessaires.
M. le Président, donner au Conseil métropolitain de
transport la capacité de financer un meilleur transport en commun dans
la situation actuelle, parce qu'on vient d'entrer en récession, c'est
aussi un des moyens que le gouvernement devrait utiliser pour relancer l'emploi
dans la région de Montréal. Au seul niveau de la construction, M.
le Président, la construction résidentielle a chuté de 55
% à Montréal au mois de septembre de cette année. Donc,
prolonger le métro tel que promis dans l'est de Montréal, c'est
une façon de relancer l'emploi dans le secteur de la construction et
c'est une façon aussi d'améliorer les transports en commun. Donc,
l'objectif de lutte au chômage se joindrait à l'objectif
d'améliorer la qualité de la vie dans la métropole et sa
couronne.
M. le Président, en terminant, je voudrais dire que le Conseil
métropolitain de transport avait été proposé, cet
organisme, en 1982, par le gouvernement du Parti québécois. Je
dis ça parce qu'il y a un député ministériel qui
laissait entendre hier qu'en matière de transport en commun, avant que
le premier ministre actuel revienne aux affaires en 1985, il ne s'était
rien fait. Or, l'idée d'un organisme régional de transport a
été émise par le gouvernement du Parti
québécois en 1982 dans un document intitulé "Le transport
en commun, un choix régional". Et je réfère le
député de Mille-Îles à ce document aux pages 9 et 10
et 44 à 50, notamment la section 7.4 qui s'intitule "Un nouvel organisme
décisionnel". (11 heures)
Donc, le monde n'a pas commencé en 1976 quand le Parti
québécois a été élu au gouvernement du
Québec et il n'a pas commencé non plus en 1985, quand le premier
ministre actuel est revenu aux affaires, après être allé en
Europe perfectionner sa connaissance des superstructures des gouvernements des
États souverains. Il s'était fait des choses avant. Ce qui est
heureux, M. le Président, c'est que, dans les mois récents, les
autorités municipales et de transport de la rive sud de Montréal,
de Laval et de la métropole elle-même se sont entendues pour se
concerter en matière de transport public. Il reste maintenant à
leur consentir le financement nécessaire pour faire d'autres travaux
pour améliorer le transport public, et à adopter une mesure qui
prévienne l'étalement urbain qui touche la ville de
Montréal, mais qui risque de toucher Laval aussi. Si, après avoir
dézoné les zones agricoles de la partie ouest de l'île
Jésus, on s'en va faire un pont dans la partie est pour favoriser les
spéculateurs sur les terrains, ce sera de l'étalement urbain
à l'égard de Montréal, mais à l'égard de
Laval aussi. Le centre et l'ouest de l'île Jésus ont encore
beaucoup d'espace à viabiliser et à habiter avant de
s'étendre toujours plus loin.
Il s'agit, M. le Président, d'empêcher qu'en 25 ou 30 ans,
de Québec à Montréal, le long du Saint-Laurent sur la rive
nord, il n'y ait qu'une seule ville à peu près ingouvernable. Il
faut voyager aux États-Unis pour voir ce que des concentrations et un
étalement urbain non contrôlé ont fait pour s'en
convaincre. À cet égard, M. le Président, je voudrais dire
que le Parti québécois n'est pas seul dans sa lutte contre le
laisser-faire et l'étalement urbain puisque, la semaine dernière,
le quotidien montréalais The Gazette, qui n'est pas
soupçonné d'entretenir une grande connivence avec le Parti
québécois, nous donnait raison aux députés de
l'île de Montréal et disait que l'étalement urbain
était un problème majeur.
À cet égard, M. le Président, je voudrais ajouter
que le député de Mille-Îles, quand il parlait hier
d'étalement urbain, en termes de Charte des droits qui consacre le droit
des personnes de se déplacer à leur gré, je pense qu'il
allait très très loin dans ses conclusions.
L'étalement urbain, M. le Président, est dû à
un manque grave d'aménagement du territoire. Il ne s'agit pas de
recréer le modèle des pays de l'Est où des gens avaient
besoin d'un visa pour se déplacer de Moscou à Leningrad. Il
s'agit d'avoir un gouvernement qui a le bon sens et le courage de dire qu'on
doit développer les périmètres urbains qui sont
déjà desservis et à développer avant de faire le
dézonage agricole pour permettre aux vendeurs de terrains de
réaliser des affaires lucratives et de créer à
l'État des obligations très considérables à
desservir.
M. le Président, si on s'installe au centre d'un bois au nom de
la Charte des droits, parce qu'on a bien le droit d'aller où on
veut...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous
êtes le porte-parole, ce matin...
M. Bourdon: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Pariait. Alors, vous
pouvez poursuive, vous avez droit à une heure. Je me demandais si...
M. Bourdon: C'est ça.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va.
M. Bourdon: Donc, si je m'installe au milieu d'un bois et que je
réclame une autoroute, plus des lignes électriques, plus le
transport urbain et le transport scolaire, plus des aqueducs et des
égouts, c'est sûr qu'on me le refusera et ce n'est pas la Charte
des droits qui est en cause. J'ai le droit de me déplacer où je
veux, mais la collectivité a une responsabilité et un devoir de -
faire un aménagement du territoire qui soit conséquent. À
cet égard, je ne peux que déplorer que le gouvernement aille
toujours dans le sens de l'étalement urbain tant à Laval que sur
la rive sud et à Montréal. Il devrait favoriser l'érection
de bâtiments sur ce que nous avons déjà.
Je ne donnerai qu'un exemple, M. le Président. Le comté de
Pointe-aux-Trembles inclut une partie substantielle du quartier de
Pointe-aux-Trembles vers le bout de l'île de Montréal et, dans ce
quartier où il y a une population d'à peu près 50 000
habitants, on pourrait aisément presque doubler la population. Alors,
autant développer ça plutôt que d'ambitionner, de se rendre
jusqu'à Trois-Rivières en attendant que la ville se rende
jusqu'à Québec et qu'il n'y ait au Québec, de
Québec à Montréal, qu'une ville et des banlieues
successives, ce que certaines politiques du gouvernement peuvent nous faire
craindre.
Et en matière de transport, au plan du transport routier, il y a
à Montréal, sur l'île de Montréal deux urgences. La
première, c'est le boulevard Ville-Marie à partir du pont-tunnel
Louis-Hippolyte-LaFontaine où, à un coût relativement
faible - on parle de 15 000 000 $ ou 20 000 000 $ - on pourrait commencer
à désengorger les rues Notre-Dame et Hochelaga: Notre-Dame qui
est le boulevard Ville-Marie en l'élargissant quelque peu, notamment
pour utiliser un viaduc d'accès au pont-tunnel qui est
déjà construit depuis 10 ans et qui est au milieu de rien.
À cet égard, le fait qu'on retrouve à un moment
donné un viaduc qui n'est pas relié à une rue ni d'un bord
ni de l'autre, ça me rappelle un peu les années de Maurice
Duplessis où l'Opposition libérale du temps avait produit des
photos d'un pont sur une rivière dans un comté rural et le pont
n'était pas relié à une route. Le premier ministre avait
dit: Voilà ce qui est une politique prévoyante! On a le pont, si
jamais on décide de faire la route, eh bien, le pont sera
déjà fait. Alors, dans le cas du pont-tunnel
Louis-Hippolyte-LaFontaine, le gouvernement permet que perdure une situation
où l'accès au pont-tunnel est déjà fait, notamment
par un viaduc; il suffirait d'élargir la rue Notre-Dame, de
désengorger la rue Hochelaga et d'avoir un meilleur transport qui
touche, entre autres, les industries qui sont dans ce coin parce que ce n'est
pas facile pour une entreprise de circuler à certaines heures sur la rue
Notre-Dame. Il y a également l'engagement très formel du
député de LaFontaine d'élargir et de finir le boulevard
Henri-Bourassa vers l'est de Montréal. Je suis sûr, M. le
Président, que vous avez déjà eu comme moi la
mésaventure de vous engager - et c'est pire le soir sur le boulevard
Henri-Bourassa - vers le bout de l'île. On s'imagine rendu dans un des
plus mauvais chemins de campagne qu'on puisse trouver alors qu'on est en pleine
ville et qu'une entreprise comme Métro-Richelieu qui opère un
entrepôt très considérable vers le bout de l'île et
de celles des entreprises, il y en a d'autres aussi qui se plaignent qu'il
faudrait finir le boulevard Henri-Bourassa. donc, à cet égard, en
matière de transport, pour assurer un équilibre, on doit investir
dans les infrastructures de transport en commun; on doit aussi, en
matière d'infrastructures routières, privilégier des
projets qui contribuent au développement industriel de l'est de
montréal entre autres, avant de faire un pont dans le prolongement de la
route 25. ceux qui ont des terrains de l'autre côté de la
rivière et qui ont de l'appétit peuvent attendre; leur
intérêt particulier ne doit pas passer avant
l'intérêt général qui serait d'avoir un accès
plus aisé au pont-tunnel louis-hippolyte-lafontaine tant pour les
automobilistes que pour les camions des entreprises et d'avoir un accès
plus facile au boulevard henri-bourassa, qu'il devienne un vrai boulevard au
lieu d'être dans la partie qui va vers le bout de ffle au nord-est de
louis-hippolyte-lafontaine et d'avoir un chemin qui est vraiment très
insuffisant. à cet égard, il faut souligner que c'est
réclamé par de nombreux intervenants, la construction de
henri-bourassa, y compris certains députés libéraux qui
ont à coeur le développement de l'est de ihe de montréal,
notamment le député parent, et qu'il faut faire ces travaux qui
sont réclamés notamment par montréal-est, ville d'anjou,
montréal-nord et montréal. un nouvel exemple de concertation
entre municipalités, c'est que ces municipalités-là se
sont mises d'accord pour contribuer financièrement aux travaux qui sont
nécessaires. tout ce qui manque, c'est l'accord de québec et
j'espère que ça va venir bientôt. (11 h 10)
Donc, M. le Président, le Conseil métropoli-
tain de transport est un pas en avant. Il est un résultat de la
concertation nécessaire entre la métropole et la couronne de la
métropole que sont Laval et la rive sud pour développer des
moyens de transport public, en commun efficaces, le moins cher possible et qui
permettent une grande qualité de vie. Dans ce sens-là,
l'Opposition officielle est heureuse de voter en faveur de cette loi qui
constitue un bon pas en avant et faisons le voeu que la table
Québec-municipalités n'amènera pas d'autres mesures qui
nous feront reculer en matière de transport en commun. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais le prochain intervenant, M. le
député de LaFontaine. M. le député.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Merci beaucoup. M.
le Président, ii est des choses qui se disent en cette Chambre qui,
à l'occasion, pourraient faire dresser les cheveux sur la tête
à un grand nombre de personnes, surtout lorsqu'elles connaissent et sont
au fait de tous ces dossiers qui concernent la région de
Montréal, particulièrement en ce qui concerne le métro, le
transport routier et la voie de ceinture autour de Montréal. Je pense
qu'on est rendu à un stade et à un niveau du débat qui,
à cause de la par-tisanerie peut-être, comme on vient de le voir,
du député de Pointe-aux-Trembles, ne peut pas contribuer à
l'avancement et au progrès de cette région qui comprend
l'île de Montréal, la rive sud et Laval.
Est-ce que le député de Pointe-aux-Trembles, M. le
Président, lorsqu'il dit que des gens à Laval ou ailleurs veulent
construire un pont ou faire un pont pour dézoner des terrains afin de
faire de la spéculation, est au courant qu'il y a des dizaines de
milliers de Montréalais qui, tous les jours, sur le boulevard
Métropolitain, sont bloqués à cause du transport, des
camions et des voitures? Est-ce qu'il est au courant que, du fait que cette
voie de ceinture ne soit pas faite, des centaines de camions transportant des
matières toxiques et dangereuses traversent le centre de
Montréal? Est-ce qu'il est au courant, M. le Président, que tous
les quartiers de Rivière-des-Prairies, de Montréal-Nord et de
ville d'Anjou sont affectés par ce manque de voies d'accès qui
est dû à l'arrêt de cette autoroute 25 qui devrait
contourner Montréal et aller vers Oorval, Laval et Mirabel, ce qui nuit
considérablement au développement des parcs industriels? Vous
n'êtes pas sans savoir, M. le Président, qu'un parc industriel,
c'est important que ce soit près d'un aéroport ou à
proximité d'une voie de communication et de circulation.
Aussi, M. le Président, lorsque j'entends cela, je pense qu'il y
a des gens qui ont plus intérêt à faire des discours
partisans qu'à vraiment participer au débat d'une manière
constructive et positive et je le déplore grandement car moi, je sais
que la population du nord et de l'est de Montréal, des citoyens de
Pointe-aux-Trembles, de Rivière-des-Prairies, de Montréal-Nord,
de ville d'Anjou et d'une grande partie de l'est de Montréal, des
citoyens qui sont concernés par ça, sont en accord avec les
grandes lignes du plan de transport qui a été émis par
l'ancien ministre, M. Marc-Yvan Côté, et qui fut
dégagé lors des audiences publiques qui se sont tenues à
Montréal et à Québec, et que le ministre des Transports
actuel, le député Sam Elkas, essaie de mettre de l'avant.
M. le Président, je crois que le député de
Pointe-aux-Trembles essaie de faire un psychodrame, encore une fois, sur le dos
des citoyens, mais sur le dos des citoyens qui paient des taxes et qui
supportent les inconvénients de son discours. Il est sûr que, dans
certains milieux - on préférerait, le disait-il lui-même
d'ailleurs, ne pas faire comme à Leningrad et Moscou - on
préférerait peut-être que, pour aller à Laval, il
faille un visa, un passeport ou un péage, mais moi, je dois dire qu'il
faut désenclaver la région de Montréal, qu'il faut
désenclaver l'est de Montréal et faire en sorte que ce ne soit
plus le terminus d'une région, mais que cela fasse partie du centre
d'une région, du centre économique d'une région, et que
cette infrastructure routière et le métro permettent le
développement de toute cette région. Et on voit qu'actuellement
un grand nombre de projets pourraient venir dans le nord-est et l'est de
Montréal et ne viennent pas ou hésitent à venir à
cause du manque de voies de transport, routières en particulier.
Là, je parle de l'Hôtel-Dieu en particulier, où on voit des
médecins qui ont des réserves quant à
l'éventualité ou à la probabilité d'une
relocalisation de l'Hôtel-Dieu à Rivière-des-Prairies car,
disent-ils, les voies de transport ne sont pas assez bonnes, les voies
d'accès routières.
Je vois le député de Pointe-aux-Trembles qui dit: N'en
mettez pas, c'est suffisant comme ça. Un autre point, M. le
Président, lorsqu'il parlait du métro. Il est évident que
le métro dans l'est de Montréal, c'est une discussion depuis 15
ou 20 ans. Je me souviens d'avoir vu mon prédécesseur, et le sien
aussi, un mandat avant, dans l'est de Montréal, faire trois ou quatre
élections avec le train de banlieue ou le métro dans l'est de
Montréal. M. le Président, pourquoi ne l'ont-ils pas fait?
Pourquoi, aujourd'hui, sommes-nous encore en train de discuter d'amener un
métro dans le nord de Montréal? Il dit que nous l'avons promis
aux élections de 1985. C'est faux, M. le Président. Jamais, dans
aucun document...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je voudrais que vous retiriez vos dernières
paroles "c'est faux". Je voudrais que vous
les retiriez. C'est non parlementaire. Si vous voulez retirer vos
paroles, s'il vous plaît, M. le député.
M. Gobé: Certainement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci. Vous pouvez
poursuivre.
M. Gobé: Je voulais dire par là, M. le
Président, que c'est là une interprétation erronée
de la réalité car, M. le Président, jamais il n'a
été question, dans aucun document électoral de
l'élection de 1985 des députés de l'est de
Montréal, de promettre le métro pour l'est de Montréal.
Nous avions, par exemple, un objectif qui était d'amener le métro
vers Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies en passant par
Saint-Léonard. Cet engagement-là, M. le Président, a
été respecté vu qu'à la dernière
élection le ministre des Transports et le député de
Sauvé ainsi que les députés de l'est de Montréal,
nous avons annoncé la continuation de la ligne de métro vers ces
régions.
Je dois dire, M. le Président, que, de notre côté,
jamais nous n'avons vendu à la population du rêve ou des espoirs
en ce qui concerne le transport en commun car nous savons très bien les
coûts importants que cela représente et nous connaissons les
capacités de payer actuelles de l'État
québécois.
Je crois qu'il faut arrêter de charrier, M. le Président,
et regarder les choses d'une manière positive, d'une manière qui
va permettre de faire développer les infrastructures et de rendre
service à tous les citoyens et les citoyennes, les entreprises qui
veulent aller s'installer dans l'est de Montréal.
Il y a, bien sûr, d'autres dossiers dont j'entendais parler, dont
les gens parient. Il y a, M. le Président, l'autoroute Ville-Marie.
C'est sûr qu'il y a longtemps que cette autoroute serait faite si, lors
de l'arrivée au pouvoir du Parti québécois en 1976,
l'autoroute Ville-Marie n'avait pas été bloquée. On en
parle aujourd'hui. C'est facile d'en parier. Vous avez retardé le
développement de Montréal pendant 10 ans. C'est vous qui
étiez là pendant ces 10 années-là. Et aujourd'hui,
il dit: II faut faire l'autoroute Ville-Marie. Bien, c'est évident qu'il
faut la faire, M. le Président. On le disait en 1972, 1973, 1974, 1975.
En 1976, on a dit: Non, on n'en fait plus, c'est fini, terminé, il n'y a
plus d'autoroute Ville-Marie. C'est la même chose pour l'autoroute 25, M.
le Président. Ils ont mis des moratoires et ils ont bloqué.
Soyons sérieux encore une fois. Il est évident qu'il y a
un gâchis de 10 ans, M. le Président, 10 ans de rêves,
d'égarements, d'expériences qui ont été faits par
ce gouvernement qui nous a précédés. Et là,
aujourd'hui, on voudrait faire porter le chapeau à notre gouvernement
alors qu'on connaît une situation finan- cière hors de comparable
par rapport à ce que nous leur avions laissé.
M. le Président, c'est sûr qu'il y a un gâchis
à réparer et nous travaillons à le réparer. Le
député de l'est de Montréal, le caucus de l'est de
Montréal, les ministres travaillent à réparer ça,
M. le Président, mais on ne refera pas en quelques années ce
qu'ils ont défait ou empêché de faire en une
décennie.
M. le Président, je crois que cet ORT qui va naître est un
pas en avant, un bon pas dans la bonne direction, vers une meilleure
concertation des énergies, des dépenses et des moyens financiers
qui sont, hélas, assez restreints maintenant pour essayer de
développer, de concerter et d'harmoniser le transport en commun dans la
grande région de Montréal.
Je crois, M. le Président, que la concertation a cruellement
manqué dans cette région de Montréal depuis de nombreuses
années. Cette fois-ci, peut-être, grâce au projet de loi du
ministre des Transports, nous allons enfin voir la lumière en ce qui
concerne la concertation, le travail et la mise en commun de toutes les
énergies et je souhaite que ce projet de loi soit le point de
départ de vastes concertations et d'une meilleure utilisation de tout le
potentiel de la région de Montréal. Je crois qu'on peut là
regarder d'autres projets à long terme, à moyen terme aussi, des
trains de banlieue, des voies routières, des ponts pour rejoindre les
parties d'une autre partie de la grande région de Montréal, des
métros, mais tout ça, bien entendu, en tenant compte des besoins
financiers et des pressions financières que connaît notre province
depuis quelques années et pour les prochaines années.
Aussi, M. le Président, c'est avec plaisir que je voterai pour ce
projet de loi, un projet de loi qui est positif, qui demande de tous les
intervenants de la région de Montréal une attitude positive et
non pas une attitude pleurnicharde, revancharde et critiqueuse, M. le
Président, car il en va de l'avenir de nos concitoyens. Merci. (11 h
20)
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: M. le Président, je suis tout à fait
heureuse de prendre la parole, d'autant plus que je sais qu'il faut, quand on
est au gouvernement, pour certains ministres ou députés,
défendre les positions de leur gouvernement. Mais de là à
en mettre à un point tel que ça dépasse même toute
vraisemblance, c'est assez difficile à accepter de ce
côté-ci de la Chambre. On a entendu toutes sortes d'affirmations.
On mélange, en fin de compte, toutes sortes de
situations. C'est à peine si on connaît le plan de
développement du réseau interurbain dans la région de
Montréal et je pense qu'on n'est même pas au courant des promesses
que le gouvernement libéral a faites durant les dernières
campagnes électorales.
Je pense que c'est beaucoup, dans un même discours, en fait. Il
faudrait rectifier certains faits, certaines anomalies à l'heure
actuelle et c'est ce que je vais m'appliquer à faire.
La première chose, c'est que j'ai l'impression que le
député de LaFontaine qui est dans l'est de Montréal a des
problèmes auditifs parce que lorsque mon collègue, qui a pris la
parole, lui aussi d'un comté voisin de celui de LaFontaine, disait qu'il
fallait développer et prolonger le métro dans l'est, il n'a pas
dit uniquement dans la région de l'est de Montréal. Vers le nord.
Ça incluait aussi le nord-est de Montréal. Peut-être qu'ils
ont une vision plus limitée. On s'aperçoit vraiment que, pour eux
autres, c'est difficile d'avoir un esprit d'envergure. C'est toujours dans le
même corridor, leur façon de voir et de penser. Et là on en
fait la preuve.
En fart, ce sont leurs paroles. C'est leur façon de voir, c'est
leur vision des choses qui est transpirée par des discours. Et c'est une
très belle démonstration qui vient d'être faite. Et
lorsqu'on parlait aussi d'une autre artère très importante dans
le centre-ville de Montréal, c'est-à-dire l'autoroute
Ville-Marie, eh bien, elle est terminée. On pourrait parler du boulevard
maintenant. Il y a des nuances à apporter. C'est important. Il faut dire
aussi toutes ces choses-là. Et en fait, on s'aperçoit bien que le
député parlait sans trop bien savoir de qui et de quoi... Il
fallait apporter des différences...
Alors, moi, j'inviterais ces députés à reprendre
leur devoir, leur exercice et à regarder attentivement, ce dont nous
parlons, surtout le plan de développement du réseau routier de
Montréal et tout le plan de Côté. M. le Président,
j'aimerais qu'on en parle justement de l'incohérence, jusqu'à un
certain point, du gouvernement en matière de transport en commun
à Montréal. On l'a vu au moment de la campagne électorale
de 1989, on a un petit peu chambardé, si vous voulez, tout ce plan de
développement de transport qui avait été mis de
l'avant.
On l'a vu, en fait, en janvier 1989, le ministre Côté avait
donné son accord au prolongement de la ligne 5 du métro vers
Anjou et à la construction de la ligne 7 et de la ligne 1 à
Montréal-Nord. Le développement de ces infrastructures devait se
réaliser sur un échancier de 13 ans et, simultanément, la
modernisation du train vers Deux-Montagnes. Ce compromis, si on se souvient
bien, permettait de concilier les volontés du gouvernement
exprimées dans le plan et les demandes de la Communauté urbaine
de Montréal. Eh bien, la campagne électorale est venue chambarder
tout ça.
En août 1989, quatre ententes ont été conclues entre
le gouvernement du Québec, les autorités municipales et celles du
transport en commun de la région de Montréal. Ces ententes
portaient sur le prolongement du métro à Laval, sur la rive sud
de Montréal et dans l'est de Montréal, sur la modernisation du
train de banlieue vers Deux-Montagnes et sur la création de l'organisme
régional de transport dont nous discutons aujourd'hui. Nous allons voter
oui parce que nous sommes en faveur de la concertation, bien sûr.
Je vois que le ministre s'en réjouit beaucoup, mais je pourrais
lui dire que nous, du Parti québécois, lorsque nous étions
au gouvernement, nous avons toujours favorisé la concertation et
même, quelquefois, on s'est fait reprocher d'aller trop loin dans la
concertation. Nos lois étaient, semble-t-il, vraiment trop lourdes
à administrer parce que justement, en fait, favoriser le rapprochement
des parties était, pour nous, un objectif valable et qu'il fallait
vraiment orienter la façon de faire les choses dans cet esprit de
concertation parce qu'il y avait, d'une part, des économies
considérables à fonctionner dans un tel esprit et que ça
obligeait les gens à s'asseoir à une même table et à
discuter le même langage parce qu'il y allait de l'intérêt
de nos contribuables. Et si on regarde une bonne partie des lois que nous avons
mises de l'avant, toutes étaient empreintes de cette
réalité de la concertation. Je me souviens, en 1976, à
quel point le terme, le concept de concertation était non pas à
la mode, mais était une réalité, un vécu. Je pense
que c'est toujours dans ce même esprit que nous abordons ce projet de loi
et c'est pour ça que nous sommes heureux de pouvoir voter la
création de ce Conseil métropolitain de transport en commun qui
permettra aux usagers de bénéficier de tous les avantages d'un
tel consensus entre les différentes sociétés de
transport.
Alors, tout ça pour dire qu'il y a eu des chambardements au
niveau de la campagne électorale de 1989. Et si des gens ont de la
difficulté à réaliser leurs promesses, bien, M. le
Président, il faudrait peut-être dire au député de
LaFontaine qu'ils sont un petit peu pris là-dedans. J'ai juste à
regarder. La rive sud de Montréal, on a fait deux campagnes
électorales avec les mêmes promesses et on est toujours encore en
attente de l'autoroute 30. Dernièrement, je lisais que même si on
a donné le consentement, ce n'est pas nécessairement ce qui avait
été décidé au mois de juin, lors de la crise. On
est encore en train de regarder comment on va finalement permettre le
prolongement. On commence à mettre en doute la première... On
revient encore, en fait, sur des décisions qu'on a prises en juin, lors
de la commission parlementaire spéciale sur le prolongement de
l'autoroute 30.
Alors, ça, ce sont des réalités, là, dans
l'immédiat. Ce ne sont même plus des promesses
électorales, mais, en fait, ce sont des situations pour
éteindre des feux. On arrive à des prises de position rapides et
puis on voit bien les résultats. En fin de compte, on est toujours
encore en attente. Alors, quant à moi, j'ai de la difficulté
à accepter tous les propos qui ont été dits ce matin de la
part du député de LaFon-taine. En tout cas, je me demande
vraiment s'il suit l'actualité, si, tout simplement, il n'a pas pris la
voie de service plutôt que les grands boulevards. C'est ce que je me pose
actuellement, ce matin-Alors, moi, j'aimerais bien savoir, M. le
Président. Le gouvernement se désengage, en fait, du transport en
commun; c'est du moins ce qui ressort, dans les grandes lignes. C'est, du
moins, ce qu'on peut regarder, retenir à l'heure actuelle. Le
gouvernement a versé une contribution de 207 000 000 $ pour les
dépenses d'opération de la Société de transport de
la Communauté urbaine de Montréal. Cette contribution
représente près de 29 % des dépenses totales de la
Société qui se sont élevées, la même
année, à 26 000 000 $. Donc, je pense qu'il reste encore des
efforts substantiels de la part du gouvernement au niveau du transport en
commun. Et ce n'est pas vrai que la compagnie de transport de Montréal
peut à elle seule budgétiser l'ensemble des opérations et
des infrastructures qui, actuellement, doivent faire face à la
Société transport en commun de Montréal.
Le projet du gouvernement de transférer aux municipalités
l'entière responsabilité financière du fonctionnement des
systèmes de transport en commun, tel qu'annoncé lors du dernier
discours sur le budget, aura des conséquences très graves sur
l'avenir du transport en commun à Montréal et au Québec en
général, aussi. En effet, selon des projections du coût de
transport de fa Société de transport en commun de la
Communauté urbaine de Montréal, de 1990 à 1993, cette
dernière prévoit un manque à gagner de 49 000 000 $ pour
1990, de 64 000 000 $ en 1991, de 76 000 000 $ en 1992 et de 93 000 000 $ en
1993. Donc, je crois qu'il y a un effort encore substantiel, de la part de ce
gouvernement, à faire en matière de transport en commun et nous
n'avons aucune garantie, en fait, au-delà des bonnes volontés des
parties en présence, c'est-à-dire des sociétés de
transport, que le gouvernement répondra au cri d'alarme de ces
sociétés. Je vous remercie, M. le Président. (11 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant M. le leader adjoint du
gouvernement et député de Mille-Îles. M. le
député.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. le
Président, je n'avais pas l'intention d'intervenir à cette
étape de l'adoption du projet de loi, mais je ne peux pas faire
autrement après ce que je viens d'entendre, la cacophonie de
l'Opposition en matière d'une vision de transport en commun dans la
région de Montréal, je ne peux pas ne pas relever les propos de
la députée de Marie-Victorin qui vient de s'exprimer sur
l'autoroute 30. Et le député de Pointe-aux-Trembles qui, lui, est
contre l'étalement urbain et la députée de Marie-Victorin,
sa collègue qui est juste devant lui à l'Assemblée - deux
députés du Parti québécois - qui, elle, est pour
l'autoroute 30. Accordez vos violons; faites quelque chose; ne parlez pas des
deux côtés de la bouche au même moment. Et c'est ce que je
disais, M. le Président, il n'y a pas d'unité de pensée en
matière de transport pour la grande région de Montréal du
côté du Parti québécois. Je vous l'accorde, M. le
Président, ils ont été les champions de la concertation.
L'expression populaire, ce sont des "concerteux". La différence, c'est
que nous, on est des "agisseux", des gens qui agissent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélisle: des plans de concertation, m. le
président, il y en a eu à grand renfort. des plans d'action, il
n'y en a eu qu'un, celui que le ministre côté a
déposé au mois d'août 1988. le député de
pointe-aux-trembles ne peut pas être plus déconnecté de la
réalité de l'est de montréal. j'écoutais mon
collègue de lafontaine qui a bien souligné la
réalité des choses. je vais vous exhiber, m. le président,
le communiqué de presse du comité des voies d'accès de
rivière-des-prairies, qui est ici: rivière-des-prairies, 29 mars
1990, parade de 750 véhicules réclamant le boulevard
henri-bourassa, l'élargissement, un élargissement pas
chromé, un élargissement standard pour lequel le gouvernement du
québec est prêt à mettre 8 000 000 $ - à la ville de
montréal de mettre les autres 8 000 000 $; on pense que c'est normal -
et, en plus, demandant que la vraie voie d'accès, c'est-à-dire
que l'autoroute 25 soit prolongée avec la construction du pont dans
l'est. c'est une grosse partie de l'est de montréal,
rivière-des-prairies. pointe-aux-trembles est juste contiguë.
est-ce qu'on peut imaginer un court moment que, d'un côté à
l'autre des divisions des deux circonscriptions électorales, entre
rivière-des-prairies et le comté de pointe-aux-trembles, les gens
vont changer d'idée, l'un ne le veut pas et l'un veut avoir des voies
d'accès et l'autre n'en veut pas? voyons donc! ce n'est pas
réaliste deux minutes. alors, je suggérerais au
député de pointe-aux-trembles, en cette matière, d'aller
voir son milieu et de parler à ses gens.
Je vais lui poser une colle au député de
Pointe-aux-Trembles. Si Montréal doit être une grande
région de 3 000 000 d'habitants et si tout l'est de Montréal,
incluant les citoyens du comté de Pointe-aux-Trembles, de
Rivière-des-Prairies, d'Anjou, de Montréal-Nord, avait un
besoin
important en hydroélectricité, c'est-à-dire qu'on
aurait besoin d'un ajout de puissance important et d'une ligne
supplémentaire, et que la seule façon de transporter cette
énergie supplémentaire serait l'utilisation du corridor de
transport de l'autoroute 25 - on parle d'une ligne de 315 kV et ce n'est pas
petit, M. le Président, c'est assez immense comme ligne - est-ce que le
député de Pointe-aux-Trembles serait prêt à
considérer qu'on pourrait peut-être faire un projet
conjugué de transport de personnes, c'est-à-dire l'autoroute 25,
le pont dans l'est, et de transport d'énergie pour les fins d'alimenter
l'est de l'île de Montréal? Ce que j'essaie de faire comprendre,
M. le Président, c'est que toutes les parties de la grande région
de Montréal, l'est de Montréal, Rivière-des-Prairies,
Pointe-aux-Trembles, Anjou, Laval, la rive sud, ça fait partie d'un
grand tout. Et nous, cette vision-là, nous l'avons. Nous l'avons.
L'Opposition ne l'a pas. Et quand je vois le projet de loi 67 qui est
déposé, c'est sûr que c'est une première en
matière de transport au niveau de la concertation, au niveau de la
mécanique. J'ai dit que c'était un projet de loi qui nous
projetait peut-être 50 ans en avant en matière...
On va prolonger le métro à Laval; sur la rive sud,
peut-être une ligne supplémentaire. Oui, c'est très bien,
mais c'est l'une des trois ou quatre facettes du plan d'action que le
gouvernement du Parti libéral s'est donné en matière de
transport. Premièrement, cette année, M. le Président,
nous avons procédé à la réparation urgente du
boulevard Métropolitain, seule artère importante rapide au centre
du coeur de Montréal. Nous avons procédé à ces
travaux parce qu'il était urgent de le faire et il faut souligner, M. le
Président, que de 1976 à 1985, pas un traître sou n'a
été investi sur la seule artère qui existait dans la
région de Montréal, le boulevard Métropolitain, par le
Parti québécois. Alors, ça, c'est une facette:
réparer Métropolitain. Deuxième facette: le projet de loi
67; on est logique. Transport en commun maintenant, on donne un outil à
tous les intervenants de la région de Montréal:
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, Société de transport de Laval,
Société de transport de la Rive-Sud de Montréal, et on
leur dit: Vous allez faire le partage des coûts, vous allez vous entendre
entre vous, comme des partenaires, comme ça doit être dans un
grand ensemble qui est la grande région de Montréal.
Et, enfin, M. le Président, si on se réfère
à notre plan de transport, il y a l'ensemble des autres voies
d'accès et tout ça fait un tout: la voie de ceinture sud, comme
le souhaite la députée de Marie-Victorin qui vient de s'exprimer,
mais comme ne le veut pas le député de Pointe-aux-Trembles. C'est
ce qui explique peut-être, M. le Président, pourquoi le critique
officiel en matière de transport du Parti québécois n'est
pas avec nous depuis l'étude du projet de loi. Il n'est pas d'accord. Je
comprends. Il n'est pas d'accord, le député de Lévis.
M. le Président, ce que je veux dire avant de terminer, c'est
ceci: Non! Le monde n'a pas commencé le 2 décembre 1985; non, je
n'ai pas cette prétention-là. Mais il y a une chose qui a
commencé le 2 décembre 1985, c'est que la vision moderne en
matière de transport dans la grande région de Montréal,
pour non seulement les gens qui vivent dans la ville de Montréal ou sur
l'île de Montréal, mais pour les 3 000 000 d'habitants qui vivent
dans la grande région de Montréal, oui, M. le Président,
cette vision moderne qui va projeter la région de Montréal vers
l'an 2000, au grand déplaisir des députés de l'Opposition,
elle a commencé à s'appliquer et à se réaliser
à compter du 2 décembre 1985, avec l'élection du Parti
libéral du Québec. C'est pour cette raison, parce que je sais,
pour avoir parlé à plusieurs citoyens sur le terrain, des gens de
votre comté, M. le Président, des gens de toutes les
régions constituantes de l'ensemble de la grande région de
Montréal, que les gens attendent que non seulement on passe
l'étape du projet de loi 67, qu'on améliore le transport en
commun, avec une vision pour les 3 000 000 d'habitants, mais qu'on
procède également aux autres étapes. Tout le monde est
anxieux, tout le monde a hâte que ça se réalise. Ce n'est
pas seulement avec une seule mesure qu'on va pouvoir donner cette
dimension-là. Toutes les grandes villes nord-américaines, M. le
Président, toutes, à l'exception de Montréal, ont cette
vision-là de trois ou quatre moyens différents. Prenez Boston,
prenez Philadelphie, prenez New York, prenez Toronto, on parle du Toronto
métropolitain. Il faut parler du Montréal
métropolitain.
Quand je vais me promener dans le parc industriel de ville d'Anjou et
que je vois la 25 qui se termine dans le champ, là, et qu'il y a des
entreprises qui sont situées de chaque côté de la 25 et
qu'on ne peut même pas passer de l'est à l'ouest parce qu'il faut
prendre une petite rue par en arrière pour avoir accès aux
entreprises, je me dis, M. le Président, que c'est absolument
impensable, en termes de développement de l'est. Alors, sortir l'est de
Montréal, l'est de Laval du cul-du-sac où on est enfermé
depuis x temps, donner des services égaux en matière
d'accès au transport en commun, routier, ça fait partie, M. le
Président, de notre grand plan de transport. Il était grand temps
qu'un gouvernement... Et je le répète encore une fois, parce que
c'est une distinction fondamentale par rapport au parti de l'Opposition, au
Parti québécois, nous, en matière de transport et en
commun et autoroutier, le transport général des personnes, des
biens et des services, nous avons une vision unifiée pour les 3 000 000
de personnes qui demeurent dans la grande région de Montréal.
Merci, M. le Président. (11 h 40)
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. M. le député de Bertrand.
M. Gobé: S'il vous plaît, est-ce que je pourrais
demander au député de Mille-Îles...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de LaFontaine, en vertu de l'article 213, est-ce que M. le
député lui permet une question?
M. Bélisle: Oui, certainement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je dois vous informer
que la question doit être brève et également que la
réponse doit être brève.
M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le
député, pourriez-vous m'indiquer ou indiquer à cette
Chambre l'impact qu'aurait la construction de cette voie de ceinture autour de
Montréal sur la circulation du boulevard Métropolitain vers
Montréal, vers l'est et l'ouest, et si vous aviez les détails sur
les...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, une question de
règlement de Mme la députée. Une question de
règlement, Mme la députée de...
Mme Juneau: La question de mon collègue de LaFontaine
n'est pas du tout en rapport avec... Je pense que c'est le ministre qui a
à donner son plan d'intervention et ce n'est pas au député
de répondre à une question comme celle-là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je vais permettre
la question en autant qu'elle soit très brève, mais je tiens
à vous dire qu'un député peut poser une question en vertu
de l'article 213 et la question doit être brève et la
réponse doit être brève. Évidemment, ça ne
veut pas dire que le député peut y répondre. M. le
député. Une question de règlement Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le député de Mille-Îles
est l'adjoint parlementaire du ministre des Transports ou entend-il devenir
lui-même ministre?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vais vous lire l'article 213.
L'article 213:" Tout député peut demander la permission de poser
une question au député qui vient de terminer une intervention".
Alors, le député de LaFontaine a demandé la permission de
poser une question au député qui a terminé son
intervention. La question et la réponse doivent être
brèves. Alors, la question a été... C'est une
question générale. Elle a été brève quand
même alors la réponse doit être brève mais,
évidemment, c'est au député à qui on a posé
la question de bien y répondre, s'il le peut. S'il vous plaît, M.
le député, ça va! La question était
terminée, M. le député. La question était
terminée. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Tout simplement, M. le Président, c'est
que toutes les études ont démontré à date que la
seule voie d'accès au centre-ville pour les poids lourds et les camions,
c'est de passer par l'autoroute Décarie. Ça nous prend une voie
de contoumement de Montréal et je pense qu'il y aurait une grande
amélioration, une diminution importante de la circulation du trafic
lourd et sur Métropolitain et sur Décarie si on avait une voie du
côté est. Je comprends la réaction des
députés de l'Opposition qui ne veulent pas entendre raison sur ce
sujet.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Mme la députée sur une question de règlement. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je n'accepte pas que le
député fasse des remarques comme celles-là. C'est
inacceptable qu'il donne son opinion personnelle en ce qui a trait aux
interventions qui se passent de ce côté-ci de la Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
s'il vous plaît! M. le député de Bertrand, je vais vous
reconnaître comme prochain intervenant.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Je suis heureux
d'intervenir pour la seconde fois sur le projet de loi 67 créant le
Conseil métropolitain de transport, d'autant plus que ce projet de loi
s'insère dans le prolongement de ce qui avait déjà
été conçu et prévu par le Parti
québécois en 1984 lorsque le ministre des Transports de
l'époque, Michel Clair, avait énoncé un plan d'ensemble en
matière de transport en commun pour la grande région
métropolitaine de Montréal.
Vous me permettrez, cependant, M. le Président, de
déplorer les interventions précédentes du
député de Mille-Îles, mais surtout de celles du
député de LaFontaine qui sont venues politiser et polariser une
discussion qui, jusqu'ici, s'était déroulée à
l'extérieur de toute partisane-rie. Je vous rappellerai que c'est la
responsabilité du gouvernement d'avoir introduit dans cette Chambre le
projet de loi, à la dernière minute,
quelques jours à peine avant l'ajournement de l'Assemblée
et que, grâce à la collaboration de l'Opposition, nous avons
accepté qu'une commission se réunisse spécialement
au-delà de l'ajournement de l'Assemblée nationale pour pouvoir
expédier ce projet de loi qui comptait au-delà de 100 articles.
Nous avons montré notre bonne foi. Nous avons collaboré en toute
sincérité avec l'adoption rapide de ce projet de loi en
dépit des délais qui nous avaient été impartis et
je ne peux que déplorer les interventions qui ont été
faites, ce matin, de l'autre côté de la Chambre.
Le député de LaFontaine a parlé de gâchis.
Bien, laissez-moi vous dire, M. le député, que le gâchis,
c'est votre gouvernement du Parti libéral qui en est responsable. Que
dire du prolongement de l'autoroute 30 pour laquelle il a fallu un mort et pour
laquelle il a fallu la crise d'Oka? Et que dire des fausses promesses et des
promesses vides de tout suivi quant à la construction et au prolongement
de l'autoroute 50 dans l'Outaouais? Vous avez parié de gâchis.
Vous avez voulu polariser et politiser ce débat, eh bien, maintenant,
souffrez-en les conséquences et, au moins, écoutez ce qu'on a,
nous aussi, à vous reprocher.
Cela dit, M. le Président, j'aimerais revenir à mes propos
principaux qui étaient non pas de polariser ce débat, mais
essentiellement de souligner le bien-fondé de ce projet de loi qui vient
instaurer et indiquer de façon concrète la direction que devrait
prendre le développement complémentaire de la région de
Montréal et des villes avoisinantes. J'ai eu l'occasion hier d'en
glisser quelques mots, mais j'aimerais, dans les quelques minutes qui me sont
allouées, abonder dans le même sens. Depuis un certain temps, nous
n'avons pas d'étude pour nous démontrer que Montréal est
en train de s'affaiblir. Elle est en train de s'affaiblir sur le plan
économique, avec des taux de chômage qui dépassent la
moyenne des villes avoisinantes. Elle est en train de s'affaiblir en raison de
la détérioration de la qualité de vie, l'augmentation de
la violence, la ghettoïsation de certaines parties de la ville, le
phénomène des gangs, le phénomène de la
délinquance, enfin l'ensemble des problèmes sociaux que vous
connaissez et qui ont été très bien décrits par
plusieurs de mes collègues à l'occasion de discussions sur
d'autres projets de loi.
Nous connaissons également la détérioration de
Montréal au niveau de l'environnement, la détérioration de
la qualité de l'air qu'entraînent, entre autres, l'engorgement de
la circulation et l'affluence d'autobus et de voitures au centre-ville de
Montréal. Toute cette détérioration se résume dans
ce qu'on a appelé communément le phénomène de
l'étalement urbain. Je suis d'accord avec mes collègues qu'il
faille mettre une fin à ce phénomène de l'étalement
urbain, mais, pour y pallier, il faut procéder par un ensemble de
mesures coordonnées et non pas par des mesures unilatérales.
À ce sujet, permettez-moi de signaler que l'initiative de la
Communauté urbaine de Montréal de vouloir augmenter le prix du
stationnement au centre-ville de Montréal est une mesure dissuasive qui
se comprend bien dans un ensemble de mesures, mais qui, prise
unilatéralement, sans incitation vers le transport en commun et sans
amélioration du transport en commun, risque non pas de freiner le
phénomène de l'étalement urbain, mais de l'accentuer, de
l'accentuer de la façon suivante, un peu de la façon dont
ça s'est passé à New York à la fin des
années soixante, début des années soixante-dix et surtout
vers le milieu des années soixante-dix, où les cadres, les
professionnels, les ressources humaines qui provenaient des grandes
régions de la banlieue de New York ont insisté de plus en plus
pour que les sièges sociaux de leur compagnie se déplacent vers
la banlieue de façon à éviter les encombrements et
l'ensemble des mesures dissuasives que la ville de New York elle-même
avait prises.
Il y a là un risque, de la part de Montréal, d'agir
unilatéralement sans prendre en considération les
intérêts également de ceux qui habitent à
l'extérieur et qui viennent y travailler. Et, dans ce sens, je pense que
la conception, la construction et le développement d'un système
de transport en commun bien articulé est la première
réponse à un frein de cet étalement urbain. Il ne s'agit
pas ici, dans le contexte de cette discussion, de parler de construction
d'autoroutes, de voies de ceinture ou de quoi que ce soit; il s'agit de parler
de transport en commun et de se limiter à l'objet de notre discussion
qui porte sur la création de la loi créant le Conseil
métropolitain de transport en commun de Montréal. Dans ce sens,
le processus que nous avons suivi pour l'adoption de ce projet de loi
reflète un consensus qui avait été lui-même
établi par les intervenants et je pense que nous devons tirer une
leçon de ce projet de loi dans le sens que, lorsque des intervenants
locaux s'entendent entre eux sur des modalités de fonctionnement, il
est, à mon avis, de la responsabilité de l'Assemblée
nationale d'entériner ce consensus et de le changer si les pressions
viennent du milieu et des intervenants, mais non pas de se superposer ou
même de se substituer à ces intervenants locaux. (11 h 50)
J'aimerais également souligner que le processus d'adoption de ce
projet de loi respecte le consensus local qui a été
établi, il vient non seulement l'entériner, mais il le respecte
également. Et, dans ce sens, c'est un pas dans la bonne direction et je
pense que, dans les projets de loi qui toucheront à des domaines
semblables à l'avenir, nous pourrons prendre modèle sur ce qui a
été conçu ici.
En conclusion, M. le Président, même si j'applaudis
à l'initiative du gouvernement, initiative d'ailleurs qui aurait
dû venir bien avant
de présenter le projet de loi 67, j'ose espérer que le
Conseil que nous venons de créer par la loi 67 aura et jouira de tous
les appuis financiers nécessaires à son succès.
Je souligne cet aspect parce que le gouvernement a annoncé ses
intentions de transférer aux municipalités une bonne partie de
responsabilités dont nous ignorons encore l'ampleur. Mais il ne faudrait
pas que le Conseil métropolitain de transport devienne une des victimes
de ce transfert de responsabilités aux municipalités et c'est
pour cette raison que j'insiste sur l'engagement, que cette Assemblée
devrait prendre, à faire en sorte que, du moins sur le plan financier,
le Conseil ait à sa disposition les ressources qui lui permettront de
remplir ses objectifs de la façon la plus efficace. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Bertrand. Je reconnais maintenant la prochaine
intervenante, Mme la présidente de la commission de l'éducation
et députée de Hochela-ga-Maisonneuve. Mme la
députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le Président,
nous allons entériner, avec l'adoption du projet de loi 67, non pas une
initiative du gouvernement, mais, d'abord et avant tout, une initiative des
intervenants du milieu montréalais, du Grand Montréal, donc une
initiative qui aura permis, et aux sociétés de transport et aux
élus municipaux, de prendre le leadership, un leadership qui
était vacillant à Québec, pour régler cette
question litigieuse depuis longtemps qu'on appelle les effets de
débordement et qui est due tout simplement à la constatation que
le transport en commun sert aux non-résidents, mais n'était pas
payé par eux. C'est parce que Robert Perreault, vice-président du
Conseil exécutif de la ville de Montréal et président de
la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, a relancé le cri d'alarme en rappelant au gouvernement
qu'il y avait un manque à gagner de 22 000 000 $ dû à
l'effet de débordement, donc à l'utilisation par des
non-résidents qui n'avaient pas assumé, ni sur leur compte de
taxes municipales, les coûts que l'ensemble des contribuables de la CUM
assume quant au financement du transport en commun.
M. le Président, s'il y a un consensus de ce côté-ci
de la Chambre, mais là, un consensus à toute épreuve,
c'est bien le suivant: Nous sommes contre l'étalement urbain et nous
sommes en faveur d'une option préférable d'aménagement sur
l'île de Montréal, et nous l'avons mis, évidemment, sur la
table depuis très longtemps. C'est nous qui avons fait adopter l'option
préférable d'aménagement, c'est nous, oui, qui avons
gelé en quelque sorte, c'est-à-dire installé un moratoire
sur les dépenses en matière d'autoroute pour réexaminer
tout ça à la lumière du bien-être de la
collectivité entière.
Ce matin, M. le Président, j'insiste pour vous dire que ce qui
est aberrant, c'est d'entendre le député de LaFontaine. Ça
peut toujours s'expliquer quand c'est un député de
Mille-Îles, comme celui qui est devant moi, mais, imaginez-vous, le
député de LaFontaine, celui qui a les deux pieds dans un quartier
qui s'appelle Rivière-des-Prairies où, au printemps, le boulevard
Henri-Bourassa, c'est pire que bien des chemins de traverse dans les
régions rurales du Québec. Je ne comprends pas qu'il n'ait pas
déjà parlé au directeur général de
Métro-Richelieu, installé sur Henri-Bourassa, qui s'arrache les
cheveux de voir que c'est une rue de boue. Imaginez-vous! Puis, il s'en vient
nous faire l'éloge d'aller de l'autre côté pour faire le
développement, de l'autre côté de son propre quartier et de
l'autre côté de la rivière des Prairies. Mais c'est
complètement aberrant, M. le Président, c'est incroyable, au
moment où la priorité... c'est de ça dont il faut parler
parce que vous essayez de l'éviter, vous essayez d'éviter, pas le
consensus, l'unanimité pour que la priorité soit donnée
à la réfection du boulevard henri-bourassa. encore
dernièrement, ça ne s'est pas encore assez dit, le
président du comité ministériel du grand montréal
est encore allé reconsulter, un par un, tous les maires des
municipalités, en commençant par le maire de montréal, le
maire d'anjou, le maire de montréal-est, le maire de
saint-léonard, pour essayer de trouver une différence qui
permettrait d'annuler leur priorité qui est celle de la réfection
d'henri-bourassa. savez-vous ce qu'ils ont fait? ils ont répondu au
ministre responsable du grand montréal et au ministre des transports par
une lettre commune, en disant: notre priorité, c'est la réfection
d'henri-bourassa. et on est prêts à mettre 36 000 000 $, mais
vous, qu'est-ce que c'est, votre contribution? et c'est ça la
priorité. la priorité là, ce n'est pas le pont du
député de mille-îles pour aller dézoner de l'autre
côté et aller déménager le développement
industriel et résidentiel de l'autre côté. oui, c'est
aberrant de penser que la liberté, c'est \e laisser-faire, parce que
pour le député de mille-îles là, la confusion, c'est
que n'importe qui peut s'installer n'importe où peut-être, mais la
collectivité n'est pas obligée d'aller payer des aqueducs et des
égouts, ni des écoles neuves, ni le transport des
élèves.
Et ça, c'est aberrant dans une société où il
n'y a pas d'augmentation de la population. Je ne tiendrais pas les propos que
je tiens si, à chaque année, on augmentait d'un pourcentage
raisonnable, mais ce n'est pas le cas. Alors, tout ce qu'on fait là,
c'est qu'on déplace des populations et on laisse celles qui
étaient déjà là vivre avec des équipements
détériorés, parce qu'on est obligé de mettre de
l'argent pour en construire d'autres.
M. le Président, c'est un début, ce qu'on va
voter, dû à l'initiative des gens du milieu. Et c'est un
début qui est prometteur parce qu'il y a une vision commune qui commence
à se développer et ça n'est que dans la solidarité
régionale, celle de Laval, de la Montérégie et celle de
Montréal.
J'entendais le député de Mille-Îles dire: Si
Montréal doit être une grande région... Non,
Montréal est une grande région. Je relisais tout récemment
quelques chiffres qui prouvent qu'il n'y a qu'un seul marché du travail.
Il n'y a pas le marché du travail de la rive sud et le marché du
travail de Montréal et le marché du travail de Laval, là.
Et il n'y a pas Laval, capitale des Basses-Laurentides, Longueuil, capitale de
la Montérégie, et Montréal, capitale de Montréal,
et les trois capitales qui se concurrencent entre elles. Il n'y a qu'un seul
marché du travail et la preuve de ça, la voulez-vous? Savez-vous
combien, chaque jour, il y a des non-résidents, des gens de Laval, de la
Montérégie et des couronnes autour, qui viennent travailler
à Montréal? Il y en a 400 000. 400 000! C'est 35 % des emplois de
l'île qui sont occupés par des gens qui viennent, des
non-résidents qui viennent sur l'île. Et savez-vous combien il y
en a, parce que vous allez me dire que oui, il y a de la mobilité...
Combien y en a-t-il, vous pensez, de Montréal qui vont travailler tout
autour? Il y en a 100 000.
Eh bien, la différence, ça fait quand même 300 000
et ça, c'est un défi qu'on a à relever ensemble parce
qu'à Montréal, depuis six ans, sur l'île comme telle de la
Communauté urbaine, il y a eu 110 000 nouveaux emplois et
là-dessus, sur ces 110 000 nouveaux emplois qui ont été
créés sur Itie, il y en a 44 000 qui ont été
occupés par des non-résidents. Alors, oui, il y en a un
va-et-vient. Et la question, M. le Président, c'est qu'on leur souhaite
la bienvenue aux non-résidents, mais le moins possible avec leurs chars,
le moins possible parce que leurs chars, ça nous dérange
beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, et ça coûte cher aussi
beaucoup en termes de développement. On est contents qu'ils viennent
chez nous, mais on voudrait qu'ils viennent le plus possible en transport en
commun, et non seulement qu'ils viennent en transport en commun, mais qu'on ne
soit pas les seuls à le payer, et puis qu'on s'arrange ensemble pour
mieux vivre en société. Et c'est à ça que conduit
l'initiative des élus de Laval, de la rive sud et de Montréal. Et
puis, M. le Président, il faut rappeler que c'est depuis 1982 qu'il
était question d'un organisme régional décisionnel. C'est
Michel Clair qui en avait parlé. (12 heures)
Je veux aussi vous dire un mot ou deux, rapidement, M. le
Président. Le premier, c'est que si tout ce transport par camion dont
parle le député de Mille-Îles ne veut pas emprunter la
Métropolitaine, s'il vient de Repentigny, de Drummondville ou
d'ailleurs, il peut aussi emprunter l'autoroute 640. Il va complètement
éviter, à ce moment-là, de venir sur me et il va pouvoir
facilement aller approvisionner les entreprises de Laval.
Un dernier mot, en terminant, M. le Président. Dans mon quartier,
encore hier justement, il était question des effets pervers de la
démolition des 1600 logements faite par le gouvernement libéral
en 1972 pour construire une autoroute qui ne l'est pas et qui, je le souhaite,
ne le sera pas dans mon quartier. Elle ne le sera pas parce que ce dont il est
question et ce dont parle le député de Pointe-aux-Trembles, c'est
à l'est de Louis-Hippolyte-LaFontaine. Voyez-vous l'aberration,
là? C'est que, quand bien même on ferait des autoroutes sur
l'île, ce n'est pas pour tourner en rond; c'est qu'il faut en sortir
à un moment donné, n'est-ce pas? Et il faut en sortir par
Louis-Hippolyte-LaFontaine ou il faut en sortir par des voies qui, finalement,
ne viennent qu'augmenter les effets négatifs, l'augmentation du
trafic.
Au moment où on parle dé transport en commun,
imaginez-vous que les députés de Mille-Îles et de
LaFontaine trouvent le moyen, eux, de parler de transport autoroutier. Mais
moi, je peux vous dire une chose, vous nous aviez laissé un grand trou
béant. On a été obligés d'en mettre de l'argent
dans l'autoroute, pour faire sortir, justement, l'autoroute est-ouest à
Delori-mier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
s'il vous plaît.
Mme Harel: ...parce que ça sortait comme d'un grand trou
béant. C'était comme des champs dévastés de
bombardements. Vous n'avez pas idée de ce qu'ont vécu les
populations du bas de la ville...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
Mme la députée.
Mme Harel: ...pendant 15 ans, avec ce que vous aviez fait comme
charcutage, dans les années soixante-dix.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Harel: En conclusion, M. le Président, je vous dis que
c'est une bonne initiative. Et il va falloir que les gens de Montréal,
de Laval et de la Montérégie sachent toute la solidarité
pour venir à bout de ces obsessions d'autoroutes du gouvernement. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Est-ce que le projet de loi 67 présenté
par le ministre des Transports, proposant l'adoption du projet de loi 67, Loi
sur le Conseil métropolitain de transport en commun et modifiant
diverses dispositions législatives, est
adopté? Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je vous prierais
d'appeler l'article 26 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 26
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 26,
le ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 26, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Transports. M. le ministre.
Adoption M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, lors de la dernière
session, j'ai présenté à l'Assemblée nationale le
projet de loi 26 qui a pour but d'instituer le Fonds du service aérien
gouvernemental dont l'objet est le financement du coût des biens et des
services de transport aérien fournis par le ministre. Lors des
étapes précédentes, M. le Président, tant en
Chambre qu'à l'étude détaillée du projet de loi,
nous avons amplement discuté du bien-fondé des applications de ce
projet de loi pour que je vous en propose aujourd'hui l'adoption. Je vous
remercie beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement?
Mme Juneau: Simplement, quelques minutes. Voilà, mon
collègue était à l'arrière de votre
siège.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, madame, de votre
intervention. Je reconnais le prochain intervenant, M. le député
de Lévis. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, comme il s'agit d'un projet de
loi sur lequel j'ai déjà eu l'occasion, lors de la
deuxième lecture, de dire qu'il me semblait que le ministre devrait
consacrer son temps à d'autres sujets... C'est un projet de loi à
peu près inutile. Le service aérien marche et marche depuis des
années. Le ministre juge opportun de changer la structure
administrative. Mais, essentiellement - si je lui disais - il y a tellement de
choses qui ne vont pas dans les transports, il me semble qu'il devrait mettre
son temps sur des choses utiles plutôt que de s'amuser à changer
les structures administratives de son ministère. J'avais eu l'occasion
de le dire en deuxième lecture. Maintenant - qu'est-ce que vous voulez -
il y a des gens qui s'occupent de la marque de l'automobile, d'autres
s'occupent des queues de renard après les antennes. Si le ministre
choisit de se préoccuper des queues de renard, bien, je trouve qu'il
n'est pas dans l'essentiel. Moi, j'aime mieux savoir si le véhicule
marche, si le moteur marche, si le véhicule est en bon état,
alors qu'actuellement, au Québec, on est dans des routes qui sont un
désastre: des ornières dans les routes, le budget de la voirie
régionale diminué de 40 %. Il n'y a rien qui marche.
Je vois la députée de Mégantic-Compton. Je pense
que, si elle prenait la parole, elle dirait qu'elle est
découragée de voir qu'il y a aussi peu d'argent à
dépenser dans son comté, comme tous les gens de comtés
ruraux. Actuellement, on dit: Oui, mais on concentre. On concentre comme si le
monde en dehors des régions, en dehors de Montréal... Je ne dis
pas qu'on ne doit pas dépenser d'argent à Montréal. Il y a
besoin d'argent à Montréal, excepté qu'il doit demander
une augmentation de son budget, et ne pas faire des investissements à
Montréal au détriment du budget des régions. Alors, ce
qu'il devrait avoir, c'est un budget plus considérable, d'autant plus
que les automobilistes payent de l'argent. Cette année, ils vont payer
à peu près 3 $ par rapport à 1 $ que le gouvernement va
dépenser dans le domaine, soit en construction ou en entretien routier.
Et il y a 2 $ sur 3 $ qui vont aller dans la caisse du ministre des Finances,
qui vont servir pour n'importe quoi. Les automobilistes payent, sauf qu'ils
n'ont pas de retour d'argent. Et quand on voit aujourd'hui, les gens se
plaignent... Dans tout le domaine des transports actuellement, c'est une
plainte généralisée. C'est une plainte
généralisée, qu'il s'agisse des routes, qu'il s'agisse du
transport en commun. Les plaintes sont généralisées. Or,
je veux dire au ministre: Ne mettez pas votre temps dans des projets de loi qui
changent quatre trente sous pour une piastre ou qui, encore, changent des
structures et ne vont rien donner comme résultat additionnel au bout de
la course.
Je trouve que le ministre a l'air heureux. Il n'a pas l'air de constater
qu'on est dans une période de crise économique. On est en
période de récession économique. Là, les gens qui
nous disaient qu'on n'y était pas rendus se rendent compte qu'on y est
rendus depuis plusieurs mois, en période de récession
économique. Je voyais le rapport de la Banque Royale qui dit que la
récession économique va durer encore six ou neuf mois. Les
banques ne sont pas là pour faire peur au monde, elles sont là
pour diminuer les effets d'une crise pour essayer que les gens utilisent
davantage leurs services. Alors, dans trois mois ou six mois, on nous dira:
Parce que
le gouvernement n'a rien fait, la crise va durer encore plus longtemps
qu'on n'avait prévu. Et un des secteurs qui peut contribuer à
alléger cette crise économique en faisant des travaux, c'est le
ministère des Transports. Que le ministère des Transports ne nous
dise pas: Je n'ai pas d'argent.. Les gens payent. Il est déjà
payé, l'argent. Il a doublé les tarifs pour les permis de
conduire, cette année. Vous savez, dans le discours sur le budget, il a
fallu le découvrir dans le fond d'une annexe, souvenez-vous, en voyant
que les chiffres collectés augmentaient. On nous a dit, après: On
va annoncer ça dans 15 jours. Sauf que les 15 jours, ça s'est
retrouvé trois mois plus tard, deux mois et demi plus tard, un vendredi
à 17 h 10 précédant la fin de semaine de la
Confédération, pour être bien certain qu'il n'y avait plus
un journaliste en place et qu'il n'y avait plus personne au parlement pour
commenter. Un petit communiqué, à 17 h 10, un vendredi, le
dernier vendredi de juin, avant la fin de semaine de la
Confédération, pour ne pas qu'il y ait de débat en cette
Chambre, pour ne pas qu'il y ait de débat lors du discours sur le
budget. On nous dit qu'on est dans un système démocratique
où la principale responsabilité du gouvernement est de voter les
dépenses du gouvernement, est de voter les taxes. Là, on a
voté un budget alors que personne ne savait ce qu'il y avait dedans
parce qu'on a l'insigne honneur d'avoir un gouvernement où, après
le budget tellement présenté de façon camouflée, un
peu comme ce qu'ont vécu les Indiens, qu'ont vécu les gens du
gouvernement avec du camouflage pendant l'été, les habits
camouflés, bien, c'était le ministre des Finances qui
était camouflé. Il s'était déguisé en
courant d'air et, le lendemain, les journalistes avaient annoncé le
budget sans augmentation de taxes alors qu'il n'y avait jamais eu un budget
avec autant d'augmentations de taxes. Exemples: les permis de conduire ont
doublé; les immatriculations d'automobile doublent également; les
taxes scolaires augmentent entre deux fois et deux fois et demie plus.
La TPS, dans le domaine, il n'y a rien dans le discours sur le budget.
La TPS qui vient nous tomber sur la tête. Le gouvernement ne veut pas
dire qu'en même temps on prend une beurrée. On va retaxer les
souliers, les vêtements, les meubles, les appareils ménagers. Dans
tous les secteurs, au fond, le gouvernement taxe. Tantôt, on ne dira pas
que le premier ministre, c'est Robert Bourassa, c'est "Robert la taxe". Il
taxe. Il taxe au maximum les citoyens en période de récession
économique où les consommateurs qui sont déjà
égorgés par une période difficile, alors que les ventes au
détail diminuent, on est en train d'avoir comme principal ennemi, dans
cette période de récession économique, les deux
gouvernements, tant à Ottawa qu'à Québec. Et vous avez le
directeur général de la Banque du Canada, lui, qui dit: II faut
combattre l'inflation.
Il n'a pas réalisé que le principal ennemi de l'inflation
actuellement, le principal promoteur de l'inflation, c'est le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec qui, avec leurs
taxes, avec des taux d'intérêt élevés qui se
retrouvent dans le prix vont...
M. Bélisle: question de règlement, m. le
président. m. le président, je comprends qu'on doive laisser
quand même la liberté à... m. le président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui, M. le leader
adjoint du gouvernement, je vous écoute. (12 h 10)
M. Bélisle: Je comprends qu'on doive laisser la
liberté à tout intervenant de bien s'exprimer en cette Chambre,
mais nous sommes à l'étape de l'adoption d'un projet de loi et
l'article 256 se lit de la façon suivante: "Le débat sur la
motion d'adoption d'un projet de loi est restreint à son contenu." Le
député de Lévis nous parie de la politique
monétaire, de la politique fiscale, de la politique de la Banque du
Canada, c'est très intéressant comme développement
d'idées, mais ça n'a aucun rapport avec le contenu du projet de
loi que nous avons devant nous et qui est relié au transport. Je vous
demanderais de le rappeler, en vertu de l'article 211, non seulement à
la pertinence, mais également à ce qui nous préoccupe en
ce moment, le contenu du projet de loi modifiant la Loi sur le ministère
des Transports, en vertu de l'article 256.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Lévis, vous connaissez autant que moi les
règles de la pertinence qu'on retrouve à l'article 211 du
règlement. Alors, je vous inviterais à vous en tenir au contenu
du projet de loi 26. Jusqu'à date, je pense que c'est tolerable, mais je
vous invite à la prudence.
M. Garon: M. le Président, je me doutais que le
député de Mille-Îles essaierait de m'em-pêcher de
parier, mais j'ai remarqué tout à l'heure qu'il était l'un
de ceux qui demandaient des travaux, il était l'un de ceux qui
demandaient au gouvernement de faire des travaux dans son coin. J'ai vu des
députés de Montréal qui disaient: Est-ce qu'on va faire de
l'étalement urbain, etc. alors qu'ils demandaient d'avoir de l'argent
dépensé dans le domaine du transport en commun. C'est exactement
de ça que je parie. Ce que je dis, au fond, au ministre: Pourquoi
faites-vous des projets de loi pour changer les points-virgules, pour changer
les bureaux de place - c'est ça, le projet de loi - alors qu'il y a des
problèmes importants à régler, alors qu'on est dans une
période de crise économique? C'est ça que je dis, alors
qu'on est dans une période difficile. Je dis au ministre: Arrêtez
de vous amuser avec les queues de renard après les
antennes. Essayer de savoir s'il n'y a pas des queues de renard
après les antennes, ce n'est pas important, ça, actuellement. Ce
qui est important, c'est de savoir si on va s'occuper des problèmes
économiques qui assaillent la population. La population est
inquiète comme jamais actuellement. Ça me fait penser un peu,
à un moment donné... C'est un peu comme Néron qui chante
pendant que Rome brûle. Imaginez-vous que les gens sont inquiets et ils
voient le ministre des Transports, qui est l'un des secteurs qui peut faire des
travaux, qui s'amuse avec les fleurs du tapis. Ils disent: Le ministre n'a pas
l'air connecté, il est déconnecté;' nous, on aimerait
qu'il contribue à créer de l'ouvrage à ce moment-ci,
à faire des travaux. Ce que je dis, c'est pour ça, M. le
Président, que je pense à la pertinence. La pertinence et ses
corollaires; ce qui découle de la pertinence, au fond, ce sont les
travaux du ministère des Transports.
Je dis au ministre: Affectez donc votre temps, vos ressources, votre
ministère pour répondre aux préoccupations et aux besoins
des gens. Combien y a-t-il eu de demandes? Je suis persuadé qu'il n'y a
pas une foule au bureau du ministère pour dire: Aïe! le projet de
loi 26 est-il adopté? Je suis persuadé qu'il n'y a pas eu un chat
qui est venu dans l'année lui demander le projet de loi 26. Je suis
persuadé qu'il n'y a personne dans les autobus actuellement qui se
bouscule pour savoir si, ce soir, on aura adopté le projet de loi 26. Le
projet de loi 26, l'avez-vous regardé? C'est un projet de loi tout
simplement qui ne sert à rien. Il n'y aura rien qui sera changé.
Tout va marcher au gouvernement comme avant. Rien ne sera changé
à cause de ce projet de loi. Je me dis que, dans une période
aussi difficile que celle qu'on connaît actuellement, les efforts du
ministre devraient être consacrés à soulager la
misère des gens et à faire en sorte que le monde travaille, que
les entreprises fonctionnent pour faire en sorte que le moins de personnes
possible ne souffrent de la période dans laquelle on vit.
Vous savez, M. le Président, je vais vous conter une petite
expérience. L'autre jour, je m'en venais de mon comté vers le
parlement. À un moment donné, je m'aperçois qu'un lacet de
mon soulier est cassé. Comme je suis déjà rendu sur le
pont de Québec, je me suis dit: Je ne suis pas pour retourner à
Lévis me chercher un lacet, je vais arrêter au centre d'achats en
passant pour m'acheter un lacet, une paire de lacets - on ne peut pas les
acheter un par un. Alors, j'arrête au centre d'achats Place Laurier, je
vais dans un magasin, je ne nommerai pas lequel, mais... C'est un vendredi
à 14 h 30 de l'après-midi. Là, le monsieur qui est le
commis du magasin qui me vend ma paire de lacets - j'étais un peu
gêné, j'en ai acheté deux pour ne pas...
Une voix:...
M. Garon: Non, c'était par deux. Alors, le commis du
magasin me dit: M. Garon, réalisez-vous à quel point les affaires
ne marchent pas? J'ai dit: Comment ça? Bien, il dit: Dans le centre
d'achats, il y a beaucoup de monde qui se promène, mais il n'y a pas
beaucoup de monde qui achète. Il dit: Dans mon magasin, on est deux
commis aujourd'hui; il est 14 h 30 de l'après-midi, un vendredi, qui est
une bonne journée normalement; savez-vous que c'est ma première
vente de la journée? deux paires de lacets; et on est inquiets. Il dit:
C'est supposé être avant la TPS, où il y a un boum dans les
achats. Il dit: II n'y a pas de boum, mais, aujourd'hui, en tout cas, deux
paires de lacets. Alors, pourquoi? Que veut dire essentiellement,
actuellement... On est dans une période difficile. On est
supposés être dans la période pré-TPS actuellement
où les gens se dépêchent d'acheter pour éviter la
TPS et, malgré ça, les ventes sont plus faibles que jamais.
Imaginez-vous ce que ça va être en janvier? Je le dis dans le sens
que le gouvernement doit prévoir, doit prévenir, doit aider les
gens. Alors, elle a dit au gouvernement: Qu'est-ce que vous allez faire? Et je
dis au ministre des Transports: Consacrez donc votre temps à des choses
importantes pour faire en sorte que les travaux partent à ce moment-ci
ou le plus rapidement possible pour combattre la période de
récession.
Le gouvernement est là pour aider les citoyens, il n'est pas
là pour être leur ennemi. Actuellement, quand on regarde au point
de vue des taxes, le gouvernement va donner une piqûre de
pénicilline à la récession, non pas dans le sens de
l'amortir, dans le sens de la rendre plus forte avec des mesures qui ne
conviennent pas à cette période-ci dans le temps. C'est pour
ça que je dis au gouvernement, au ministre des Transports: Consacrez
donc votre temps à des choses importantes. Arrêtez de vous amuser
avec des projets de loi qui ne sont pas nécessaires. On fera ça
à un autre moment. Là, j'ai dit au ministre, lorsqu'il est
arrivé avec ce projet de loi, et je lui dis encore, dans ce
cas-là, je pense bien que ça ne redonnera pas grand-chose parce
qu'il a aimé mieux s'amuser avec ça... Je pense bien qu'il a dit:
Je vais me pratiquer, comme ministre, sur un projet de loi qui ne sert à
rien, mais maintenant qu'il a pratiqué, est-ce qu'il y a moyen de
demander au ministre des Transports de s'occuper des choses importantes?
Je vous vois, M. le Président, dans un comté qui a des
besoins, le comté de Frontenac; un comté qui a des besoins dans
le domaine des transports. Des centres de ski, chez vous comme chez nous,
marcheraient mieux si on avait des bonnes routes pour y aller. Quand on fait
quasiment de la montagne russe en y allant, quand on arrive et qu'on a
sauté tout le long, comme si on était sur un tapecul parce que
nos routes sont pleines de bosses, pleines de trous, pleines d'ornières,
à ce moment-là, on dit que le
monde ne va pas en ski; ils n'ont pas besoin d'y aller, une fois rendus,
tellement ils se sont fait brasser dans leur automobile. On a besoin, au fond,
de routes pour y aller. Il faut faire du développement
économique. On va faire du développement économique
à la condition que les ministres responsables de ministères
à vocation économique fassent quelque chose, s'intéressent
à quelque chose, aient des projets, non pas des souvenirs, des projets!
Vous savez, moi, je regarde le Parlement et j'ai l'impression d'être dans
un musée. Un Conseil des ministres de musée où il y a plus
de souvenirs que de projets, plus de souvenirs que de projets! Je regarde,
qu'il s'agisse du ministre des Finances, on ne voit pas beaucoup de projets. On
regarde le ministre des Transports, pas de projets! Ça joue à la
chaise musicale. On change de ministres d'une place à l'autre sauf que,
dans le développement régional, on n'a pas répondu aux
questions, aux engagements financiers depuis 1986. Depuis ce temps-là,
1987, 1988, 1989 et 1990 quasiment fini, et on se bat simplement pourquoi? Je
comprends, le gouvernement a peur de rendre des comptes dans des secteurs qui
ne fonctionnent pas.
Essentiellement, je ne veux pas être plus long, M. le
Président, parce que je sais que j'ai passé sur des aspects
particuliers du projet de loi, mais simplement pour demander au ministre de
s'occuper des choses importantes et d'arrêter de s'amuser dans des
projets de loi qui ne servent à rien. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Alors, si je comprends bien, ça
clôt le débat relativement à l'adoption du projet de loi
26. Est-ce que le projet de loi 26 est adopté?
M. Bélisle: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Bélisle: Adopté. Une voix:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. Je vous
demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): est-ce que cette motion
est adoptée? alors, je suspens les travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous allons dès maintenant procéder aux affaires
courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
Modifications au règlement de
l'Assemblée nationale
Le Président
Je vais déposer certaines modifications proposées au
règlement de l'Assemblée nationale. Suite à des
consultations avec les leaders des groupes parlementaires, il a
été convenu d'apporter certaines modifications à certains
articles du règlement de l'Assemblée nationale concernant
l'horaire de nos travaux. Des discussions sur le sujet ont également eu
lieu avec les représentants des députés
indépendants.
Les modifications apportées par le projet visent principalement
à modifier l'horaire de l'Assemblée afin qu'en session
régulière il n'y ait plus de séance en soirée. Je
me permets de vous donner lecture des modifications apportées aux
articles 20 et 21 de notre règlement.
L'article 20 se lirait dorénavant comme suit: "Les heures de
séance de l'Assemblée sont les suivantes: le mardi, de 14 heures
à 18 h 30, les mercredi et jeudi, de 10 heures à 18 h 30 avec
suspension de 12 h 30 à 14 heures. L'Assemblée peut
également décider sans débat, sur motion sans
préavis du leader du gouvernement, de se réunir le lundi, de 14
heures à 18 h 30. À la demande du leader du gouvernement
adressée au président de l'Assemblée, une séance
peut être prolongée à compter de 20 heures pour permettre
l'application des articles 271 ou 278. Ces articles réfèrent au
budget et à la déclaration complémentaire sur le budget.
Le président en informe l'Assemblée dans les meilleurs
délais et la séance est suspendue en conséquence de 18 h
30 à 20 heures".
Également l'article 21 est remplacé par le suivant, et je
lis le nouvel article 21: "En juin et décembre, les heures de
séance de l'Assemblée sont les suivantes: le lundi, de 14 heures
jusqu'à ce qu'elle décide d'ajourner ses travaux, avec suspension
de 18 h 30 à 20 heures. Les mardi, mercredi, jeudi et vendredi, de 10
heures jusqu'à ce qu'elle décide d'ajourner ses travaux, avec
suspension de 12 h 30 à 14 heures et de 18 h 30 à 20 heures.
Également, les heures de séance des commissions sont
modifiées pour qu'elles leur soient particulières. En juin et
décembre, les horaires de l'Assemblée et des commissions sont
également
légèrement modifiés, tel que je l'ai
expliqué tantôt. Ces modifications permettront toutefois à
l'Assemblée et aux commissions de siéger un peu plus longtemps
sur une base hebdomadaire.
En outre, l'Assemblée procédera dorénavant aux
affaires courantes à 14 heures tous les jours. Certaines dispositions
modifient également les règles applicables aux débats
d'urgence, aux affaires inscrites par les députés de
l'Opposition. Les débats d'urgence donneront lieu à un
débat restreint tandis que les affaires de l'Opposition se tiendront
maintenant le mercredi matin au lieu de l'après-midi. Les autres
modifications apportées par le projet sont de concordance.
Donc, je vais maintenant déposer les documents en question et,
à ce moment-ci, je vais reconnaître M. le leader du gouvernement
pour quelques brefs commentaires.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Effectivement, le
22 juin dernier, comme leader du gouvernement et de consentement avec le leader
de l'Opposition, je vous faisais parvenir une lettre, ainsi qu'au whip en chef
du gouvernement et aux représentants de nos collègues
siégeant dans l'Opposition ici, pour que nous puissions voir dans la
période intersessionnelle à l'application d'un nouvel horaire des
séances de l'Assemblée nationale. je voudrais donc remercier
très sincèrement les parlementaires, les députés de
notre groupe parlementaire, et plus particulièrement le whip en chef du
gouvernement et député de viau, m. cusano, pour tous les efforts
qui ont été déployés de contacts,
d'échanges, d'analyses auprès de nos parlementaires et remercier,
évidemment, les députés de l'opposition qui ont souscrit
à cette démarche de réflexion et d'analyse, qui ont
participé pleinement et, même, les députés
indépendants de cette chambre qui ont ajouté, évidemment,
leur consentement.
Nous sommes donc arrivés à un résultat concret qui
était recherché et ça veut donc dire que,
concrètement, en session régulière, l'Assemblée
nationale ne siégera plus en soirée le mardi et le jeudi soir.
Elle siégera, par ailleurs, le jeudi en matinée. Nous atteignons
ainsi l'objectif d'humaniser davantage le caractère, la fonction que
nous occupons ici à l'Assemblée nationale, pour faire en sorte
que nos travaux soient sur une base un peu plus humaine. Cependant, en ce
faisant, nous ajoutons au temps de présence des députés en
séance à l'Assemblée nationale du Québec davantage
de temps investi pour légiférer, pour formuler les
représentations de nos électrices et de nos électeurs.
De plus, en déplaçant l'horaire des commissions - en
commission parlementaire, on siégera un peu plus longtemps aussi, avec
le nouvel horaire - en déplaçant les horaires ou les
journées ou les périodes de séances de ces commissions
parlementaires, nous atteignons un autre objectif, à savoir qu'en ne
siégeant pas le jeudi soir on peut en conclure que nous permettons ainsi
à un plus grand nombre de députés de rejoindre leurs
circonscriptions électorales en fin de soirée, le jeudi, pour
être plus présents, et je pense que c'est le voeu unanime de
chacun des membres de cette Assemblée de concilier à la fois le
travail ici en Chambre et le travail aussi dans nos comtés respectifs.
C'est donc dire que nos députés pourront être plus
accessibles, pourront consacrer plus de temps auprès de celles et ceux
qui les ont mandatés pour ce faire.
Période de session intensive: La période de questions sera
tous les jours à 14 heures, incluant le vendredi, ça va de soi,
mais ça veut donc dire qu'en période de session intensive les
membres de l'Assemblée nationale du Québec seront appelés
à siéger pendant 52 heures et demie à l'Assemblée
éventuellement. Somme toute, c'est le résultat. En fait,
ça démontre qu'il y a certainement moyen, malgré nos
dualités occasionnelles, de travailler ensemble pour faire en sorte de
bonifier le cadre donné à nos travaux et c'en est une preuve
éloquente aujourd'hui.
M. le Président, je vous remercie. Vous avez dû travailler
avec vos adjoints de façon peut-être un peu
accélérée pour les modifications appropriées au
règlement. Je vous remercie, et je remercie chacun des membres de
l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président: Je cède la parole à M. le
leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. D'entrée de
jeu, je dirai, M. le Président, qu'on ne modifie pas l'horaire pour
alléger la tâche, même qu'on l'accroît, mais dans un
cadre plus acceptable. En effet, la semaine hebdomadaire... Vous allez me dire:
Une demi-heure, est-ce qu'il vaut la peine d'en parler? C'est quand même
une demi-heure de plus qu'on siège en Chambre avec le nouvel horaire et
presque 2 heures et demie de plus en commissions à des moments
précis. de sorte que, m. le président, l'amendement au
règlement ne vient pas alléger, mais vient, par exemple, fixer un
nouveau cadre. et je me dois, m. le président, d'insister sur un point.
beaucoup de députés sont à 2 heures et demie, 3 heures, 2
heures, c'est courant, de distance en automobile du parlement et souvent,
à 22 heures, 22 h 30, ils doivent quitter pour retourner dans leurs
circonscriptions électorales pour faire du bureau de comté
à 8 heures, le lendemain matin. il nous apparaît que tout en ne
réduisant pas la tâche, mais en permettant des départs plus
tôt, ça permet purement et simplement aux députés de
pouvoir se présenter dans leurs circonscriptions électorales dans
un état de fatigue moindre parce qu'on aura à voyager moins
tard
le soir.
Donc, M. le Président, cet horaire-là, nous y avons
souscrit dans un contexte décrit par le leader du gouvernement, celui
qui se veut purement et simplement, de siéger aux heures normales du
monde, en passant. Les gens, c'est de jour qu'ils travaillent et je pense que
le fait de travailler le jeudi matin au lieu du jeudi soir, à mon point
de vue, ça permet purement et simplement de faire de l'horaire de
l'Assemblée nationale un horaire qui se compare à d'autres
travailleurs dans ce sens que le cadre horaire se situe dans des heures de jour
et non de soirée. Et, de notre côté, je remercie tous les
députés qui ont consenti et je pense que ce sera...
Peut-être pour la presse, devrais-je dire, on leur permettra, à
eux aussi, de rédiger des articles entre 18 h 30 et 22 heures au lieu
d'entre 22 heures et minuit.
Donc, même pour les gens de la presse, je me fais leur
porte-parole pour remercier tous les parlementaires, bien sûr, parce que
je suis convaincu qu'on aura encore quelque chose de plus étoffé.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Westmount.
M. Richard Holden
M. Holden: Merci, M. le Président. Nous apprécions
le fait qu'on nous ait consultés tout au long de cette procédure,
pas toujours avec des délais énormes mais, quand même, on a
eu des copies de lettres et on a discuté avec les leaders et même
avec vous, M. le Président. Nous aussi, nous sommes contents de quitter
le jeudi soir à 18 h 30. Je dois vous dire, M. le Président, que
je regrette un peu le fait que, pendant la session intensive, quand tout le
monde a veillé jusqu'à 4 heures le matin et que l'Opposition
officielle était un peu fatiguée, on avait deux questions des
fois au lieu d'une. Mais là, c'est peut-être mieux d'avoir une
norme à 14 heures chaque jour et peut-être même - on va voir
- qu'ils vont être plus éveillés à 14 heures
qu'à 22 heures. Merci, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Puisque c'est le voeu de l'ensemble des
parlementaires que le nouvel horaire soit adopté et entre en vigueur
dès demain, nous devons maintenant formaliser la chose par une
résolution que le vice-président pourra présenter. Il est
convenu également que ce nouvel horaire aura cours jusqu'au 23 juin
prochain à titre d'essai et il pourra être confirmé de
façon permanente à notre règlement ultérieurement.
Donc, je reconnais M. le vice-président et député de
Jeanne-Mance pour la proposition.
M. Bissonnet: M. le Président, je propose que soient
adoptées ces modifications au règlement et qu'elles soient en
vigueur du 25 octobre 1990 au 23 juin 1991 et qu'elles soient rapportées
au procès-verbal comme faisant partie de la présente motion.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté
Le Président: Adopté. Toujours au
dépôt de documents, M. le ministère des Transports.
Rapport annuel de la Société des
traversiers du Québec
M. Elkas: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 de la Société des
traversiers du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. Au
dépôt de documents, M. le ministre de la Sécurité
publique.
Lettre du ministre des Affaires
internationales et ministre
délégué
aux Affaires autochtones au ministre
de la Sécurité publique
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le texte d'une lettre que le ministre des Affaires
internationales et ministre délégué aux Affaires
autochtones adressait, le 24 novembre 1989, à son collègue, le
ministre de la Sécurité publique.
Le Président: alors, ce document est également
déposé. dépôt de rapports de commissions. m. le
président de la commission du budget et de l'administration et
député de vanier. alors, m. le député de
vanier.
Consultation générale sur le document
intitulé "Le courtage immobilier"
M. Lemieux: M.le président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 26 septembre, les 2, 16, 17 et 18 octobre 1990 afin de
procéder à une consultation générale et tenir des
auditions publiques sur le document de consultation intitulé "le
courtage immobilier".
Le Président: Alors, ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nous arrivons donc à la période des questions et
réponses orales des députés. Je vais reconnaître en
première question principale, M. le chef de l'Opposition.
Juridiction quant à la charte des droits et aux
lois linguistiques
M. Parizeau: M. le Président, depuis que le premier
ministre, vendredi dernier, s'est déclaré canadien et
fédéraliste sans ambiguïté, nous commençons
à explorer, en cette Chambre, le contenu des propositions qu'il a
présentées. Aujourd'hui, je voudrais en venir à la
question des chartes des droits et des lois linguistiques. J'ai vu, en effet,
que le premier ministre tenait à ce que les Canadiens et les
Québécois aient le même passeport, dans sa
déclaration de vendredi. Donc, ce sont des citoyens canadiens tous
ensemble. Alors, j'aimerais lui poser la question suivante. Est-ce que la
Charte des droits et les lois linguistiques vont relever, d'une part, du
Québec et, d'autre part, de ce Parlement fédéral qui
s'appliquera aux neuf autres provinces, le gouvernement économique,
au-dessus, n'ayant rien à voir avec ça, ou bien est-ce que le
gouvernement économique, le Parlement économique et, si ça
se présente, la Cour suprême économique auront aussi le
contrôle de la Charte des droits et des lois linguistiques? À quel
niveau ça va-t-il se discuter maintenant? (15 h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
revient encore avec la question. D'ailleurs, très souvent il avait
cité ma déclaration du 10 juin hors contexte. C'est
évident que j'avais dit à ce moment-là que, si l'accord du
lac Meech était ratifié, le Canada deviendrait pour les
Québécois, étant donné que les demandes du
Québec avaient été acceptées, un pays, un
même pays, et il continue à le citer hors contexte, comme il cite
mes paroles hors contexte. J'ai toujours dit la même chose. Je lui
demande de relire mon discours du 12 août 1990 devant le congrès
des jeunes libéraux, de relire le discours que j'ai fait le 4 septembre
à l'Assemblée nationale sur la loi formant la Commission sur
l'avenir constitutionnel et de relire les propos que j'ai tenus en fin de
semaine à l'occasion de différentes rencontres avec les
journalistes. Il va constater une convergence de ces différents propos,
convergence que l'on peut résumer en quelques secondes, sur le fait que
nous, du Parti libéral et du gouvernement, ne voulons pas que, dans les
discussions qui s'annoncent dans quelques semaines et quelques jours, les
résultats de ces discussions puissent d'aucune façon com-
promettre la stabilité économique du Québec et des
Québécois. Ça, c'est notre priorité, le
progrès économique des Québécois, et nous ne
voulons pas que la réforme constitutionnelle puisse compromettre
ça.
Quant au reste, si je comprends bien, M. le Président, nous
aurons une discussion sur la réforme constitutionnelle et je ne vois pas
pourquoi le chef de l'Opposition me demande aujourd'hui toutes les
réponses aux discussions qui seront traitées à l'occasion
des rencontres qui commencent publiquement le 6 novembre prochain et avec une
commission qui est sur le point d'être complétée, dont le
nombre de personnes est sur le point d'être complété, avec
un minimum de collaboration de l'Opposition. Un minimum, on n'en demande pas
beaucoup.
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Nous voulons pouvoir nommer M. D'Anjou et M.
Turgeon, de manière à compléter cette commission. Alors,
ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que nous aurons l'occasion de
discuter de toutes ces questions dans les prochaines semaines.
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le premier
ministre ne trouve pas paradoxal qu'il ne se passe pas 15 jours, et
déjà depuis un bon bout de temps, il ne se passe jamais 15 jours,
sans qu'un article soit publié dans un journal ou dans une revue, pour
dire que le premier ministre réfléchit à ces choses depuis
14 ans, 16 ans, 17 ans, 18 ans. Il a réfléchi à tout
ça, nous disent les journalistes. S'il a à ce point
réfléchi, il ne peut pas nous répondre aujourd'hui
à quel niveau il voit les lois linguistiques et les chartes des droits?
Parce que, d'autre part, M. le premier ministre, puisqu'on a discuté de
ça pendant presque trois ans, sur le lac Meech, vous savez, au sujet de
la définition d'une société distincte et des
conséquences que ça pourrait avoir... Est-ce que le premier
ministre, qui propose aux Québécois une formule, et il l'a
proposée, peut nous dire, sur quelque chose d'aussi
élémentaire ou d'aussi fondamental, à quel niveau est-ce
qu'on va discuter et fixer la Charte des droits et les lois linguistiques? En
haut, au niveau du Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'admets, avec le chef de l'Opposition, qu'il y a
une certaine continuité dans ma pensée, que je ne retrouve pas
toujours d'ailleurs - je dois le dire avec un peu de réticence,
étant donné l'élégance avec laquelle le chef de
l'Opposition pose les questions - de son côté. Les
référendums sectoriels, comme je le
disais hier, il a laissé tomber ça. Non, mais c'est vrai.
C'est vrai, quand même. Il devait y avoir des référendums
sectoriels. Sur la question des autochtones, là, il semble
également qu'il change d'idée. Ça varie selon les
semaines, si les autochtones devraient faire partie de la commission, oui ou
non.
Des voix:...
Le Président: Alors, M. le premier ministre, s'il vous
plaît, à la question.
Des voix: À la question, à la question.
M. Bourassa: M. le Président, je réfère le
chef de l'Opposition à l'accord du lac Meech, pour ce qui a trait aux
pouvoirs du Québec dans les questions linguistiques. Je crois que nous
en avons fait une priorité. Même chose dans le cas de
l'immigration, je crois que j'ai été le premier, parmi les chefs
politiques québécois, à parler de souveraineté
culturelle. D'ailleurs, on s'y référait tantôt. C'est vrai,
M. le Président. En février 1971, déjà, je parlais
de souveraineté culturelle. Et l'accord du lac Meech reflète
cette ferme détermination du gouvernement du Québec et du Parti
libéral d'accorder la plus grande priorité aux pouvoirs du
Québec dans les questions linguistiques. Est-ce que c'est en cas ou en
haut? Il me semble que ça me paraît plus être en haut,
puisque c'est une priorité fondamentale.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, puisqu'on vient de refuser
au Québec le caractère de société distincte comme
clause interprétative de la charte des droits, seulement comme clause
interprétative, est-ce que le premier ministre croit vraiment que le
reste du Canada, les neuf autres provinces du Canada accepteraient maintenant
que le Québec, tout en restant dans le Canada, définisse sa
propre charte des droits, ses propres lois linguistiques sans que, d'aucune
façon, ils puissent, ces autres provinces canadiennes et ce gouvernement
fédéral, refuser cela ou intervenir dans le processus? Puisque le
premier ministre n'a pas eu la société distincte comme clause
interprétative, quelle chance se donne-t-il d'obtenir du reste du Canada
qu'il reconnaisse au Québec une totale autonomie quant à la
définition de la charte des droits et des lois linguistiques?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Nuançons un peu une affirmation du chef de
l'Opposition. Ce n'est pas l'ensemble du Canada, c'est le processus
constitutionnel qui a fait qu'une province ne permette pas au Québec
d'être reconnu comme société distincte. Il me semble que
c'est... Je veux nuancer un peu les propos du chef de l'Opposition. Je veux
rappeler également au chef de l'Opposition que nous possédons
quand même, dans la constitution actuelle - je ne dis pas qu'elle est
satisfaisante pour le Québec, c'est pourquoi nous avons formé une
commission - avec la clause "nonobstant", un certain pouvoir de protection pour
la culture et nous avons cinq ans renouvelables. Alors nous possédons,
avec la clause "nonobstant", un certain pouvoir pour protéger les droits
linguistiques du Québec.
Ceci étant dit, nous nous entendons sur la très nette
priorité de cette question pour l'avenir culturel des
Québécois sans oublier, évidemment, comme je le disais
tantôt, la priorité qu'on doit accorder aux questions
économiques et également la pertinence d'en discuter dans les
débats de la prochaine commission parlementaire.
Le Président: En question principale, M. le
député de La Prairie.
Poursuites contre les papetières qui ne
respectent pas les normes environnementales
M. Lazure: M. le Président, il y a deux semaines, les
journaux nous apprenaient que le ministre de l'Environnement ainsi que son
homologue fédéral étaient très satisfaits des
résultats du programme de réhabilitation des rejets industriels
du Saint-Laurent. Ils nous disaient que dès la première phase,
c'est-à-dire depuis 1988, les rejets industriels des 50 plus grands
pollueurs du Saint-Laurent avaient été réduits de 30 %.
Cependant, on sait que les 15 papetières sur la liste des 50 industries
les plus polluantes du Saint-Laurent, déversent quotidiennement, pas
mensuellement, mais tous les jours, sept jours par semaine, 1 146 000 kilos de
matières contaminantes de toutes sortes, y compris des BPC. 1 000 000
par jour, 15 papetières. On sait aussi que 7 de ces papetières
ont violé les lois et règlements du Québec, à
plusieurs reprises, en excédant jusqu'à 126 % les normes
environnementales de rejets liquides. Seulement 2 ont été
poursuivies, seulement 2. La question principale, la question toute simple, au
ministre de l'Environnement: Pourquoi les cinq autres entreprises, que je nomme
rapidement: CP à Trois-Rivières, Donohue à Clermont,
Cascades à Jonquière, Perkins à Candiac, Daishowa à
Québec, pourquoi ces cinq papetières délinquantes
n'ont-elles pas été poursuivies, alors que les deux autres l'ont
été? (15 h 40)
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vais tenter d'être le plus bref
possible, même si le député de La Prairie, dans son
préambule, a fait état d'une annonce conjointe
fédérale-provinciale, quant aux résultats obtenus suite
à la deuxième année d'opération du plan d'action
Saint-Laurent et de laisser ce côté, pour une fois, ce qui n'est
pas mon habitude, M. le Président, le préambule du
député de La Prairie pour tomber directement dans les cas des
papetières qu'il a mentionnées.
Vous me permettrez, M. le Président, de souligner au
député de La Prairie que la question des poursuites contre les
entreprises québécoises a fait l'objet d'une accentuation au
cours de la dernière année. Je rappellerais au
député de La Prairie que ce ne sont pas simplement 2
papetières au Québec qui ont été poursuivies,
contrairement à ce qu'il vient d'affirmer, au cours de l'année
passée, mais plutôt 6 ou 7. Le 10 mai 1989, Belgo Consolidated
Bathurst de Shawinigan, un chef d'accusation: déversement dans la
Saint-Maurice, reconnue coupable le 10 août, condamnée à
une amende de 30 000 $, plus les frais le 23 novembre. Le 8 août 1989,
Domtar de Dolbeau, un chef d'accusation. Le 26 septembre 1989, pfcp, la
compagnie produits forestiers canadien pacifique à gatineau. le 11
janvier 1990, la compagnie de papier québec et ontario de baie-comeau,
27 chefs d'accusation. le 6 mars 1990, pfcp de la tuque. le 29 mars 1990,
consolidated bathurst de trois-rivières, 42 chefs d'accusation relatifs
aux normes des matières en suspension, communication de la preuve
prévue pour le 30 novembre 1990.
Le Président: Rapidement, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a actuellement sous
étude, au contentieux, le cas de quatre autres papetières. M. le
Président, je pourrais continuer et répondre encore plus
précisément au député de La Prairie, s'il insiste,
dans le cas de...
Le Président: En conclusion, M. le ministre. En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Je répondrai en
additionnelle, M. le Président, dans les circonstances.
Le Président: Très bien. Question additionnelle, M.
le député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, je suis bien conscient qu'il y
a d'autres papetières qui ont été poursuivies. Les deux
seules qui ont été poursuivies, c'était dans la liste des
50 entreprises les plus polluantes dans le programme du Saint-Laurent. Ma
question portait sur ça et non pas sur d'autres papetières qui
sont en dehors de cette liste de 50 entreprises. Le ministre n'a pas
répondu à la question. Son attachée de presse a
répondu, elle...
Le Président: ...question.
M. Lazure: ...elle a répondu hier dans les journaux. Mme
Danielle Paré a dit...
Le Président: Votre question s'il vous plaît.
M. Lazure: Est-ce que le ministre est conscient que son
attachée de presse a répondu hier que s'il n'y a pas eu de
poursuite dans le cas dés cinq autres compagnies que je viens de nommer,
c'est parce que le Québec n'a toujours pas de règlement
interdisant le rejet de contaminants à l'eau. Est-ce qu'elle dit vrai ou
est-ce qu'elle dit faux?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi)-' Oui, M. le Président. Il
me fait plaisir, pour le bénéfice du député de La
Prairie de clarifier la situation: Et l'attachée de presse et le
ministre disent vrai. C'est le député qui dit faux.
En ce qui concerne les papetières qu'il a identifiées dans
sa première question principale, et à laquelle il ne m'a pas
laissé le temps de répondre en question principale...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en ce qui concerne Produits
forestiers Canadien Pacifique de Trois-Rivières, il n'y a pas eu de
poursuite, parce que, comme le député de La Prairie le sait,
lorsqu'il y a protocole d'entente entre le ministère de l'Environnement
et l'industrie quant à une réduction des rejets, tant et aussi
longtemps que la compagnie suit le plan de réduction des rejets, tel que
convenu avec le ministère de l'Environnement, elle est à l'abri
des poursuites. Je sais que je n'apprends rien au député de La
Prairie qui a dû, dans le cas de ces cinq papetières
identifiées, oublier cet aspect de la législation
québécoise en matière environnementale.
En ce qui concerne la Stone Consolidated, de Trois-Rivières, il y
a effectivement des poursuites d'entreprises, tel que je l'ai souligné.
En ce qui concerne Cascades, de Jonquière, il y a des travaux
correcteurs qui sont en cours au moment où nous nous parlons. La
Perkins, à Candiac, les notes que j'ai me dénotent un très
faible dépassement - le traitement municipal depuis janvier 1990, c'est
quand même assez récent - et la Daishowa à Québec
les matières en suspension, c'est conforme à la
réglementation. En ce qui concerne les DBO5, l'échéancier
date de décembre 1989, c'est conforme au moment où nous nous
parions.
Donc, et je conclus là-dessus, M. le Président, là
où il y avait matière à poursuite, il y a eu des
poursuites contrairement à ce qui se
passait sous le gouvernement du Parti québécois. Des
voix: Bravo! Bravo! Le Président: En question
complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que le ministre va me
permettre, étant donné qu'il dit que son attachée de
presse a raison, de le citer lui-même? Il y a quelques jours, en
commission parlementaire où on étudiait les engagements
financiers, sur l'absence de règlement, il dit, en réponse
à une question que je lui pose: Ils ont fait l'objet - les
règlements - d'une prépublication dans la Gazette il y a
à peu près un an, si ma mémoire est fidèle, et ce
n'est toujours pas accepté par le Conseil des ministres. Est-ce que le
ministre de l'Environnement peut nous dire quand ce règlement-là
va être adopté ou s'il y a encore une bataille interminable avec
son collègue de l'Industrie et du Commerce?
Le Président: Alors, M. le ministre de
l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je sais qu'on est
peut-être en troisième additionnelle. Je vais tenter de clarifier
la situation pour le bénéfice du député de La
Prairie.
S'il y a déjà eu des poursuites d'entreprises, s'il y a
même eu dans certains cas des condamnations d'obtenues contre des
entreprises qui ont pollué, c'est parce que vous avez, dans la Loi sur
la qualité de l'environnement, un article 20 qui interdit globalement
à quiconque des rejets polluants dans l'environnement et, lorsque nous
pouvons effectuer une preuve, nous obtenons contre ces entreprises des
condamnations.
En ce qui concerne des normes qui touchent des aspects
spécifiques des rejets des papetières, ce qu'on appelle le
règlement sur les papetières, il en existe un au Québec.
Maintenant, nous sommes en train de l'actualiser, ce règlement-ià
et, pour l'actualiser, il y a deux façons de procéder. Se retirer
en catimini dans les bureaux du ministère de l'Environnement et tenter,
à partir d'un éclairage interne, de rédiger un
règlement qu'on tente d'appliquer un peu bêtement. Il y a une
autre façon et c'est la façon que le ministère de
l'Environnement préconise présentement, c'est de s'asseoir avec
l'industrie, de mettre sur la table nos propositions, de vérifier de
quelle façon on peut les appliquer et de comparer ces normes-là
avec ce qu'il y a de plus sévère en Amérique du Nord, ce
qu'il y a de plus sévère dans les autres provinces où on
compte beaucoup de papetières: en Ontario, en Colombie-Britannique, dans
l'État du Wisconsin, et c'est ce que nous sommes en train de faire
présentement. Mais pendant que nous faisons cela, nous ne faisons pas ce
que vous avez fait au moment où vous étiez au gouvernement:
strictement vous croiser les bras. Nous appliquons quand même l'article
20 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Le Président: En question principale, M. le leader de
l'Opposition.
Accumulation d'armements à Kahnawake
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Hier, le ministre de
la Sécurité publique a tenté de nous convaincre que son
gouvernement n'était absolument pas au courant du détail des
armes détenues par la Société des Warriors et il
déclarait même qu'il en avait pris connaissance, à toutes
fins pratiques, en même temps que les citoyens et les citoyennes
après que l'armée eut pris des photos et il aurait appris
ça le ou vers le 28 août 1990 par le Téléjournal. M.
le Président, comment le ministre peut-il concilier ça avec le
fait que son collègue, le député d'Abiti-bi-Est et
ministre délégué aux Affaires autochtones du temps, au
mois de juin 1988, déclarait à la presse: II y a trop d'armes
à Kahnawake? Comment peut-il concilier ça avec le fait qu'ils ont
appris ça en 1989? Comment peut-il concilier ça avec le fait
aussi que l'ex-commissaire adjoint à la GRC, M. Jensen, déclarait
qu'il y avait un paquet de rapports confidentiels qui avaient suivi le cours
normal, qu'on avait informé tout le monde et que l'armement était
connu par toutes les sociétés et tous les ministères
impliqués? Et comment peut-il concilier ça également avec
le fait que depuis 1987, le 18 août 1987, la Société des
Warriors faisait circuler allègrement à Kahnawake des directives
sur: comment utiliser les armes, quelle profusion d'armements ou de munitions,
quel type de munitions il fallait garder, combien de munitions il fallait
garder, et que ça circulait dans les débits clandestins? Je
voudrais déposer le document de ces directives de la
Société des Warriors, M. ie Président, avec le
consentement de la Chambre. (15 h 50)
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a...
M. Chevrette: Comment concilie-t-il ça?
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
Une voix: Oui.
Le Président: Consentement. Donc, le document est
déposé. À la question maintenant. Alors, à la
question, M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Ryan: Si le député de Joliette voulait me le
permettre, je répondrais peut-être tout de suite à la
question ce que nous avions laissé en suspens hier. Ça servira
d'introduction à la réponse que je donnerai à sa question
d'aujour-
d'hui.
Il m'interrogeait sur des événements survenus en juin 1988
qui entraînèrent le blocage du pont Mercier. Il voulait savoir si
les arrestations avaient été faites à la suite de ces
événements. Ce qui est arrivé, la journée avait
commencé par une descente de la GRC qui avait procédé
à ce moment-là à 17 arrestations. Les personnes
arrêtées furent traduites devant la Cour provinciale, à
Longueuil, furent sommées de se présenter de nouveau à la
fin du même mois et, sur les 17, 11 se présentèrent et
virent leur cas traité selon les voies ordinaires par la justice et six
ne se présentèrent point et figurent encore dans le fichier de
renseignements de la Sûreté du Québec. Après le
déblocage du pont, il n'y eut pas d'arrestation ni de perquisition dans
le village d'Oka, pour des raisons qui furent expliquées en cette
Chambre, le 6 juin 1988, par le ministre délégué aux
Affaires autochtones du temps.
Maintenant, j'en viens à la question d'aujourd'hui. Comme je l'ai
dit à maintes reprises, il était de notoriété
publique depuis déjà quelques années que des amies
étaient accumulées en quantité inquiétante, en
particulier dans la réserve de Kahnawake. C'était de
notoriété publique, c'est admis et il n'y a pas de débat
là-dessus. Sur la nature exacte, sur la puissance des armes
concernées, nous n'avions que des renseignements imprécis et
indistincts, et les renseignements précis, nous les avons eus, comme je
l'ai dit l'autre jour, après que les Forces armées canadiennes,
ayant entrepris leur mission de soutien à l'autorité publique
québécoise, eurent procédé, par des
mécanismes de photographie aérienne très avancés,
pour être en mesure de faire des identifications plus précises.
Mais, avant ça et au moment même du 11 juillet, la
Sûreté du Québec ne possédait pas d'information
précise sur la nature exacte des armes qui étaient
accumulées de l'autre côté.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: N'est-il pas exact, M. le Président, que le
Service canadien du renseignement de sécurité communique
régulièrement les informations à la Sûreté du
Québec, indépendamment du fait qu'il n'y ait pas d'entente
écrite, mais que, dans les faits, il y a cet échange continuel
entre les agents de la GRC et les agents de la Sûreté du
Québec, entre les représentants du Service canadien du
renseignement de sécurité et la Sûreté du
Québec? N'est-il pas exact que ces renseignements circulent?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: II existe diverses formes de collaboration dont je ne
nie point l'existence, mais, sur ce point précis, la Sûreté
du Québec n'avait pas, selon mes renseignements, reçu
d'indications qui lui eussent permis de disposer d'informations vraiment
précises, circonstanciées et complètes sur la nature et
l'importance des armements accumulés à Kahnawake et, ensuite,
à Kanesatake.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: En complémentaire.
M. Chevrette: Le Service de renseignement spécial n'a pas
fait parvenir à la Sûreté du Québec
précisément le document que j'ai déposé
tantôt qui indique la nature des armes, la façon de s'en servir et
de les utiliser, les méthodes d'utilisation et toute la procédure
à suivre advenant un assaut ou quoi que ce soit?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: De quelle année date ce document dont vient de
parler le leader?
M. Chevrette: De 1987.
M. Ryan: Alors, je regrette, mais j'étais à peine
au monde, en matière policière, à ce moment-là.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: Je regrette...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Ryan: Non, non, je vais continuer. M. Chevrette:
Question de règlement. M. Ryan: Je vais continuer, M. le
Président. M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président: un instant! alors, sur une question de
règlement, m. le leader de l'opposition.
M. Chevrette: M. le Président, si le ministre ne se
rappelle pas la réponse du premier ministre, vous êtes
censé, si vous ne le savez pas, vous devez venir au monde pour
ça, assumer la continuité.
Le Président: Alors, sur la question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je crois que le ministre
de la Sécurité publique a répondu à toutes les
questions. Il se fait d'ailleurs un devoir de répondre à chacun
des volets des
questions tout à fait pertinentes ou non que vous formulez.
Cependant, ce serait mal connaître le ministre de la
Sécurité publique que de ne pas lui reconnaître parfois un
sens qui est tout à fait acceptable, qui est le sens de l'humour.
Le Président: Alors, à la question, M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que les armements dont on
disposait en juin 1990 étaient les mêmes qui figuraient sur la
liste du Service du renseignement fédéral en 1987? Je ne le sais
pas et je ne pense pas que ce soit de première importance.
Le Président: En question complémentaire toujours,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce qu'il
n'apparaît pas surprenant au ministre que la Sûreté du
Québec, qui partage le boulot à St Regis, à Akwesasne,
avec la Sûreté de l'Ontario et avec la police de New York, n'ait
pas ces informations quant à l'approvisionnement d'armes quand la police
de la Sûreté de l'Ontario, elle, qui rencontrait le Syndicat des
douaniers, le 22 octobre 1986, savait tous ces renseignements-là, a
prévenu les douaniers des dangers? Elle travaillait de pair sur ce
territoire avec la Sûreté du Québec et avec la police de
New York. Est-ce qu'on est encore en train de nous en passer une petite
vite?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Encore une fois, M. le Président, pour
résumer clairement, il était de notoriété publique
en 1987 - c'est la période qui semble intéresser davantage le
député - qu'il y avait des armes accumulées à
Akwesasne et à Kahnawake. Il n'y en avait pas encore, à ma
connaissance, à Kanesatake à ce moment-là. Mais les
autorités avaient choisi d'emprunter, pour régler ce
problème, la voie de la recherche d'une solution pacifique et
négociée. Elles avaient envisagé à d'innombrables
reprises la possibilité de raids policiers directs. Elles abordaient
cette question avec une infinie circonspection. C'est pour ça qu'il n'y
a pas eu...
Des voix:...
M. Ryan: Oui, mais autant les autorités, même du
temps du Parti québécois... Rappelez-vous qu'à un moment
donné, du côté de Res-tigouche, il y avait eu des
événements et le premier ministre lui-même à
l'époque avait dit: Je ne veux pas qu'il y ait de raid policier, c'est
dangereux.
C'était un jugement politique qui était porté par
les autorités à cette époque-là. Nous avons appris
des choses depuis. Je ne sais pas quel sera le comportement des gouvernements
à l'avenir, mais je pense qu'on pourrait bien essayer de revivre ces
événements et de changer les décisions, mais
c'était la ligne généralement suivie, autant par la police
fédérale que par la Sûreté du Québec et les
gouvernements aux deux niveaux. On a eu une expérience à
Akwesasne, il y a eu un raid qui a été fait. L'ordre a
été rétabli sur ce territoire. On est en train de le
rétablir du côté de Kahnawake. Vous savez ce que nous avons
fait la semaine dernière. Nous sommes en train de... Nous avons
rétabli l'ordre sur les routes qui bordent le territoire de
Châteauguay et de Kahnawake et nous avons engagé des conversations
sérieuses avec les représentants des Mohawks pour assurer que
l'ordre sera maintenu également à l'intérieur du village
dans l'avenir.
Le Président: En complémentaire, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je demande le consentement, M. le Président,
pour déposer un document prouvant que la Sûreté de
l'Ontario, elle, sait ce qui se passe. Merci, M. le Président.
Le Président: Donc, on demande la permission de
déposer un document. Est-ce qu'il y a consentement au dépôt
d'un document?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Alors, ce document est
également déposé.
M. Chevrette: Question additionnelle. Comment le ministre de la
Sécurité publique peut-il continuer à s'objecter à
la tenue d'une enquête publique alors qu'au gouvernement
fédéral il a été voté à
l'unanimité de la Chambre des communes de tenir une commission publique?
Ici au Québec, c'est sur le territoire québécois que
ça s'est passé, M. le Président, et on essaie de mettre le
couvercle sur la marmite alors qu'on sera beurrés ailleurs. Est-ce que
le ministre a peur de quelque chose, lui qui, jeudi soir dernier, disait toute
sa fierté de la manière dont il a géré la crise? Sa
fierté veut s'étouffer de la non-tenue d'une commission; il
pourra la crier très haut, très fort devant cette commission, sa
fierté. Pourquoi a-t-il peur et craint-il de tenir une commission
publique ici, au Québec, pour des actes qui se sont passés sur le
territoire québécois?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique. (16 heures)
M. Ryan: D'abord, M. le Président, je ne me
souviens pas d'avoir jamais dit qu'il n'y aurait jamais d'enquête.
J'ai dit qu'à ce stade-ci de la prise en charge du mandat que m'a
confié le premier ministre, ça ne me semble pas être la
voie la plus appropriée pour recueillir rapidement les renseignements
dont j'estime avoir besoin pour m'acquitter efficacement et honorablement de ma
charge. Et selon les renseignements que je continuerai de recueillir au cours
des jours et des semaines à venir, je jugerai à mesure de
l'opportunité de présenter des recommandations au premier
ministre et au gouvernement sur la façon d'assurer la suite du
cheminement de ce dossier. C'est ça que j'ai dit.
Le Président: Une question complémentaire, M. le
député d'Anjou.
M. Larouche: M. le Président, à la lecture de la
première lettre qui a été déposée par le
ministre de la Sécurité publique, celle qu'il vient tout juste de
déposer, alors en page 2, je lis: "La tradition mohawk, celle-là
même à laquelle s'identifient les Warriors, me laisse croire que
les discussions menées dans un climat calme et serein peuvent aboutir."
C'est la lettre du ministre délégué aux Affaires
autochtones au ministre de la Sécurité publique. Alors, c'est
à ce niveau-là qu'on voit une certaine confusion sur...
Le Président: Votre question, monsieur...
M. Larouche: ...la philosophie ou la façon d'agir des
Warriors. Ça devrait être examiné, à mon point de
vue. La question, c'est un commentaire si c'est... Il me semble que la question
va de soi. Il y a une confusion entre la lettre... Y a-t-il confusion entre la
lettre que le ministre de la Sécurité publique vient de
déposer et la lettre qui a été déposée par
le leader de l'Opposition, parce que je ne comprends pas?
Le Président: Alors, M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Ryan: Ce sont évidemment deux facettes
différentes d'un problème extrêmement complexe et je
reconnais que pour le bien comprendre et le bien résoudre, il faudrait
tenir compte des deux.
Le Président: Est-ce que c'est une demande de question
principale, M. le député? Donc, comme question principale, je
vais reconnaître M. le député de Labelle. En question
principale, plutôt, M. le député de Labelle.
Rendement de la TPS fédérale
M. Léonard: M. le Président, hier, dans une lettre
publiée dans le journal Le Soleil, l'ancien ministre du Revenu du
gouvernement du Québec accuse le gouvernement fédéral de
sous-estimer le rendement de la TPS. Selon lui, ce n'est pas 18 000 000 000 $
qu'ira chercher Ottawa, mais 30 000 000 000 $. Et si tel est le cas, on
comprendra que l'effet négatif qu'entraîne la TPS sur
l'économie sera beaucoup plus important que ce qu'on laisse croire
à l'heure actuelle.
Ma question s'adresse au ministre des Finances. Partage-t-il l'opinion
de son ancien collègue du Revenu quant au véritable rendement de
la TPS?
Le Président: Sur un rappel au règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, c'est un exemple on ne
peut plus clair des dispositions relatives à l'article 77 où le
député de Labelle demande purement et simplement une opinion au
ministre des Finances, sur un écrit rédigé et signé
par un ex-collègue. Je pense que le député va avoir lu
dans le même sens que moi.
Le Président: Oui, sur la même question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, clarifions la situation.
L'ex-collègue écrit 18 000 000 000 $, alors qu'on sait que des
calculs ont été faits et qu'on parle de 30 000 000 000 $. Ce
n'est pas une opinion, c'est de savoir si lui a des chiffres différents
et les a-t-il révisés, ces chiffres? Arrive-t-il aux
mêmes conclusions que le fédéral? Ce n'est pas une question
d'opinion. C'est une question purement et simplement comptable, M. le
Président, de fait. Et si on est rendu qu'on n'a pas... M. le
Président, si on se base sur le fait qu'on dit: Est-ce que le ministre
croit que les chiffres sont bons ou pas, c'est bien sûr qu'on va demander
une opinion. On va dire purement et simplement: Ces chiffres sont-ils
réalistes, sont-ils concrets?
M. le Président, le leader a-t-il peur qu'un ministre puisse
répondre de son dossier? S'il le connaît, il va répondre,
s'il ne le connaît pas, il va faire comme d'habitude, il ne
répondra pas.
M. Pagé: Votre dernier volet, comme vous le savez...
Le Président: M. le leader du gouvernement...
M. Pagé: ...n'était pas acceptable.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Cela étant dit, je conviens que si la
question avait été présentée comme le leader de
l'Opposition vient de la formuler, elle aurait été recevable.
Mais ce n'est pas comme ça qu'elle a été posée,
elle se formulait, s'appuyait sur une demande d'opinion. Et,
deuxièmement, elle se référait à la
fiscalité fédérale, vous en
conviendrez.
Le Président: Alors, sur la question de règlement,
je veux simplement rappeler...
Une voix: Ce n'est pas le leader de l'Opposition qui pose les
questions.
Le Président: bon, je vais rappeler l'article 77 à
l'alinéa no 3. "les questions ne peuvent viser à obtenir un avis
professionnel ou personnel." la question, telle que formulée, semblait
une demande d'avis. je vous demanderais de la reformuler, s'il vous
plaît. si vous voulez reformuler votre question.
M. Léonard: Ma question: Est-ce que le ministre des
Finances confirme et peut confirmer que ses fonctionnaires en sont
arrivés, ou les fonctionnaires du Revenu en sont arrivés au
chiffre de 30 000 000 000 $ quant aux estimés de rendement de la TPS au
fédéral?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai et je n'aurais
aucune objection à répondre à une question qui touche les
revenus du Québec. Mais je me demande pourquoi c'est le
député de l'Opposition, ici, à l'Assemblée
nationale qui pose une question qui, normalement, pourrait être
posée, par exemple, par M. Lucien Bouchard, à la Chambre des
communes, au ministre des Finances du gouvernement fédéral. C'est
cette responsabilité-là qui est celle du gouvernement
fédéral qui doit, à ce moment-là, répondre
aux interrogations du député de Labelle qui pourrait les formuler
auprès de son collègue à Ottawa, étant donné
les relations très cordiales qui existent entre le chef de l'Opposition
et M. Bouchard.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Compte tenu que le Québec a
dorénavant la même assiette que le gouvernement
fédéral en termes de taxation, le ministre des Finances peut-il
confirmer qu'à Ottawa le rendement sera de 30 000 000 000 $ plutôt
que de 18 000 000 000 $?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je ne blâme pas mon
ex-collègue de s'intéresser à la fiscalité du
côté d'Ottawa. Il est bien libre de le faire et je le
félicite de cette recherche. Mais, quant à moi, M. le
Président, je réponds ici, à l'Assemblée nationale,
des revenus qui sont prévus pour le gouvernement du Québec. Or,
à partir du 1er janvier 1991, et je tiens à rappeler à
l'hono- rable député de Labelle que, quand on parle, au
Québec, de taxe de vente, on parle de la taxe de vente du Québec,
la TVQ... Et, à ce propos, j'ai donné tous les renseignements
dans le discours sur le budget de ce que rapportait, ou ce que rapporterait ou
ce que nous prévoyons que la TVQ rapportera dans les coffres du
gouvernement du Québec. Je pense que nous avons été d'une
transparence telle que le député de Labelle ne peut plus poser de
questions relativement à la taxe payable au gouvernement du
Québec et il doit se replier sur une confusion qui est quelque part
ailleurs.
Le Président: Toujours en complémentaire, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, doit-on comprendre des
propos du ministre des Finances que l'évaluation de son
ex-collègue n'est pas celle du gouvernement, n'a jamais
été celle du gouvernement et qu'en conséquence,
malgré l'esprit de collégialité qui est supposé
animer le gouvernement libéral et le fait que le député de
Montmorency pariait au nom du gouvernement, tel que nous l'indiquait le premier
ministre le 15 mars dernier, il le faisait en parlant à travers son
chapeau?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, il me semble que c'est bien
clair. Le député de Labelle me pose une question sur les revenus
qui seraient dans les prévisions du ministre fédéral des
Finances. Bien, je dois vous dire, sans vouloir jeter la pierre à qui
que ce soit, je pense que les prévisions que nous avons faites dans le
passé sont telles que nous n'avons pas eu tellement à les
corriger. Quant au fédéral, là, c'est autre chose, et je
ne peux pas me rendre garant de l'exactitude des prévisions du ministre
fédéral des Finances.
Le Président: M. le député de Labelle, en
additionnelle.
M. Léonard: M. le Président, compte tenu des
relations qu'il y a entre la TPS fédérale et la taxe de vente
réformée du Québec, telle que nous la connaîtrons,
et compte tenu de l'effet inflationniste important, surtout en période
de récession que nous connaissons, est-ce que le ministre des Finances
va consentir à reporter l'application de la taxe de vente
réformée à partir du 1er janvier et à ne pas
l'appliquer sur les livres, les meubles, les vêtements, les
chaussures?
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Alors, M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je soutiens tout
simplement que ça devrait faire l'objet d'une question principale
et non pas d'une question additionnelle, tout simplement.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! C'est une question
relative à la taxation, évidemment, sauf que je pense que vous
débordez de votre première question. Ce pourrait être une
question principale, évidemment. La question est posée, je vais
laisser le ministre des Finances répondre.
M. Levesque: M. le Président, le leader du gouvernement a
parfaitement raison, mais j'ai tellement le goût d'y répondre
à cette question-là, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha! (16 h 10)
M. Levesque: le député de labelle fait une erreur
et ça me fait de la peine d'être obligé de la lui rappeler.
il fait une erreur fondamentale. il parle du 1er janvier 1991 et il entre
là-dedans des considérants qui ne concordent pas avec la
réalité. lorsqu'il y a des prévisions faites par le
gouvernement fédéral, cela touche non pas seulement les biens,
mais les services qui seront taxés dès le 1er janvier 1991. quant
au québec, les services ne sont pas taxés. il ne peut pas partir
d'une prémisse pour arriver à des conclusions ou à poser
des questions du genre de celle qu'il a posée. je lui rappelle qu'ici
nous avons à administrer la tvq, pas la tps, premièrement.
Deuxièmement, la TVQ ne comprend pas la taxation des services
à partir du 1er janvier 1991. Et comment peut-il, maintenant, poser une
question qui relie des choses qui ne peuvent pas concorder, de la façon
que la réalité est faite?
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Mandat du président de l'Université du
Québec concernant l'affaire Durand à l'UQTR
M. Gendron: Le 21 septembre dernier, M. Fernand Sanfaçon,
directeur des finances et des études au siège social de
l'Université du Québec, déposait ce qu'on appelle dans la
région de Trois-Rivières et pour tout le Québec, l'affaire
Durand. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit encore d'un cas de fraude,
d'un cas de falsification de factures, de détournement de chèques
pour une jolie somme de 600 000 $. M. Durand est toujours au large, au Costa
Rica, et on ne peut pas mettre la main dessus.
Récemment, la nouvelle ministre de l'Enseignement
supérieur, devant cette situation et le dépôt du rapport
Sanfaçon, avait déclaré qu'elle était insatisfaite
du rapport, qui ne donnait à peu près suite à aucune des
réponses fondamentales pour faire la lumière sur ce cas de
malversation ou de détournement de fonds publics et elle a
rencontré le président du réseau de l'Université du
Québec, M. Hamel. La question que je lui pose aujourd'hui: Est-ce que la
ministre peut indiquer clairement à cette Chambre le mandat qu'elle a
confié au président de l'Université du Québec,
siège social, et nous indiquer de quelle manière le mandat de M.
Hamel sera effectué?
Le Président: Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Mme Robillard: M. le Président, de fait, le rapport
Sanfaçon a été déposé auprès du
président de l'Université du Québec et c'est d'ailleurs
lui-même qui avait demandé à M. Sanfaçon de
conseiller l'Université du Québec à Trois-Rivières,
suite à la fraude qui avait eu lieu. Le rapport lui-même a
été porté à ma connaissance et M. Sanfaçon,
au-delà de son rapport de vérification, a soulevé
lui-même des questions auxquelles il n'y a pas de réponse. Alors,
dans ce sens, j'ai demandé à M. Hamel, le président de
l'Université, de m'apporter un éclairage additionnel suite au
rapport Sanfaçon de sorte qu'il y ait des réponses très
précises qui soient apportées à l'ensemble de la
population, je pense, et aussi aux autorités compétentes
concernant toute cette affaire Durand. Alors, M. Hamel était tout
à fait d'accord et c'est suite à ma demande qu'il va faire appel
à des consultants externes pour apporter un éclairage
additionnel, M. le Président.
Le Président: Une courte additionnelle, M. le leader
adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: oui. une courte additionnelle mais que
j'espère très fondamentale. comment la ministre peut-elle me
donner une telle réponse alors que m. hamel lui-même a
déclaré ceci: le président du conseil d'administration et
le recteur, m. jacques parent, ont toute notre confiance, ont notre pleine et
entière confiance? comment confier à quelqu'un qui dit à
des subordonnés: vous avez fait une bonne job, vous avez toute ma
confiance, quelqu'un est parti avec la caisse de l'université du
québec à trois-rivières, et demander un éclairage
additionnel? quel genre d'éclairage pensez-vous qu'elle va recevoir de
la part de m. hamel? alors, je pose la question à la ministre: pourquoi
ne pas confier une enquête à l'externe pour avoir toute la
lumière et non pas laisser ça dans les mains de quelqu'un qui
dit: j'ai confiance en ceux qui nous ont volés?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je rappel-
lerais aux membres de cette Chambre que M. Hamel remplit très
bien ses responsabilités comme président de l'Université
du Québec et que suite à ma demande, lui-même, pour
apporter toute la crédibilité sur l'éclairage additionnel,
fait appel à des consultants externes. Alors, je pense, M. le
Président, que c'est une mesure qui satisfait vraiment la ministre de
l'Enseignement supérieur, que quelqu'un de l'externe apporte
l'éclairage additionnel.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Il n'y a pas de votes reportés. Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Avis touchant les travaux des commissions. Alors, j'ai des avis à
transmettre. Je vous avise que, s'il y a consentement, cet après-midi,
de 16 heures à 20 heures, ainsi que demain matin, le jeudi 25 octobre
1990, de 10 heures à 13 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission du budget et de l'administration se
réunira afin de procéder à une consultation
générale et à des consultations particulières dans
le cadre de l'étude de l'opportunité de maintenir en vigueur ou,
le cas échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique.
Également, demain, le jeudi 25 octobre 1990, de 10 heures
à 13 heures, s'il y a consentement également, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, la commission de l'économie et du travail
se réunira afin de procéder à la vérification des
engagements financiers du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, pour les mois de décembre 1989 à juillet 1990
inclusivement.
Il y a consentement pour déroger à l'article 143 du
règlement concernant les heures des travaux? Il y a consentement.
Très bien.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce qu'il y a
des questions? Il n'y a pas de question.
Ceci met donc fin à la période des affaires courantes.
Maintenant, nous allons procéder aux affaires du jour. Et je
requiers à ce moment-ci la collaboration de tous les
députés, s'il vous plaît. Alors, Mmes et MM. les
députés.
Reprise du débat sur la motion
proposant
que l'Assemblée exige du gouvernement
qu'il
sorte de sa torpeur et de son
indifférence
en prenant immédiatement des mesures
budgétaires et économiques
énergiques
de manière à stimuler l'économie
et
à protéger et créer des
emplois
Aux affaires du jour, nous allons maintenant procéder aux
affaires inscrites par les députés de l'Opposition et, plus
particulièrement, nous allons reprendre le débat sur la motion
présentée par M. le chef de l'Opposition officielle, le mercredi
17 octobre dernier, motion qui se lit comme suit: "Que cette cette
Assemblée exige du gouvernement libéral qu'il sorte de sa torpeur
et de son indifférence vis-à-vis des milliers de
Québécoises et de Québécois victimes de la
récession économique en prenant immédiatement des mesures
budgétaires et économiques énergiques, de manière
à stimuler l'économie et à protéger et créer
les emplois nécessaires afin de réduire les mises à pied
annoncées ou appréhendées dans toutes les régions
du Québec." Alors, je suis prêt à reconnaître comme
premier intervenant maintenant Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, je vous remercie, M. le Président, de
m'accorder la parole à ce moment-ci, de telle sorte que je puisse
à mon tour intervenir sur une situation qui devrait, autant de l'autre
côté que de ce côté-ci de la Chambre, nous
préoccuper, en tout cas davantage, sûrement, que ça ne
semble préoccuper actuellement. M. le Président...
Le Président: Je dois vous interrompre, Mme la
députée. Je ne voudrais pas déranger les
députés ici, s'il vous plaît. Je suis convaincu que Mme la
députée de Taillon a le même objectif que moi. La
décence élémentaire demande... J'ai requis la
collaboration des gens. Si vous avez des discussions à faire
après les affaires courantes, il y a des salons réservés
des deux côtés de la Chambre à cet effet-là, je vous
prierais d'y aller et d'utiliser ces salons-là. Autrement, nous ne
pouvons procéder avec ordre dans cette Assemblée. Alors, Mme la
députée, vous avez la parole.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, je disais que
je souhaiterais que les gens du gouvernement soient aussi sensibles à la
situation pénible que vivent des milliers de nos concitoyens et de nos
concitoyennes actuellement, à cause de cette récession qui frappe
de plein fouet l'économie du Québec, mais qui, surtout, frappe de
plein fouet des personnes qui tentent de gagner honorablement leur vie et donc
d'être actifs dans cette société et, surtout, de contribuer
à l'amélioration de leur situation de vie.
Alors, j'ai écouté avec attention la réplique du
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie aux propos qu'a tenus
le chef de l'Opposition, venant appuyer sa motion et demandant
particulièrement au gouvernement de sortir de sa torpeur et de son
indifférence - ce sont, et vous le rappeliez, M. le Président,
les termes mêmes de la motion présentée par le chef de
l'Opposition officielle. J'ai eu l'impression, en entendant, la semaine
dernière, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, qu'il vivait sur une
autre planète. D'ailleurs, j'ai eu l'impression que c'était un
peu à l'image de son chef qui ne croit pas qu'il y a une
récession. La semaine dernière, le chef du Parti
québécois, le président du parti, le chef de l'Opposition
officielle lui a demandé s'il y avait récession. Non, M. Bourassa
nous a affirmé ici, dans cette Chambre... Et encore là, je
rapporte les propos cités par des journalistes qui font très
correctement leur travail: "Bourassa ne croit pas à la récession
économique." Mais non seulement le premier ministre, mais le ministre
lui-même, dans son intervention, et je pourrais le citer textuellement,
nous dit: "II n'y a pas, M. le Président, de récession
économique." Peut-être devrait-il écouter le ministre des
Finances du gouvernement d'Ottawa, M. Wilson qui, au début de la
semaine, affirmait clairement, nettement, qu'il y avait effectivement
récession. Il y a un certain nombre de critères qui s'appliquent
pour l'évaluation d'une récession. Or, nous sommes,
malheureusement, et ce n'est pas à souhaiter pour aucune
économie, mais nous sommes, malheureusement, M. le Président, en
récession. (16 h 20)
Le ministre nous disait: Vous savez, nous, on fait ça beaucoup
mieux que le parti qui nous a précédés au pouvoir, que le
Parti québécois. Nous, on est bien meilleurs qu'eux. Alors,
là, il nous présentait les principes sur lesquels s'appuie
l'action du gouvernement du Parti libéral. Il nous disait: "Gouverner
c'est prévoir." J'oserais évidemment lui suggérer, M. le
Président, que gouverner c'est aussi décider. Il pourrait
d'ailleurs en parler à son chef, ça l'aiderait peut-être,
mais enfin. Il nous dit donc: "Gouverner c'est prévoir, c'est
créer des conditions économiques favorables au
développement économique, c'est s'assurer d'une saine
collaboration avec nos principaux partenaires, avoir donc une politique de
partenariat. Ainsi, nous créerons des emplois de qualité et
permanents." bon, alors là, on va les reprendre, m. le président,
les affirmations du ministre. il accusait d'ailleurs le gouvernement du parti
québécois d'avoir contribué à hausser le
déficit en s'adres-sant aux mesures que nous avions implantées au
moment où on a vécu la pire crise après celle des
années trente, au moment où, en 1981-1982, nous avions
implanté des mesures d'urgence pour permettre de mieux passer à
travers cette récession qui a été si pénible pour
l'ensemble de nos concitoyens et de nos concitoyennes. il nous reprochait
d'avoir contribué au déficit. il a la mémoire bien courte,
le ministre de l'industrie, du commerce et de la technologie puisque son
gouvernement vit, depuis le début de son premier mandat, sur le fait que
nous avons assaini les finances publiques du québec et, donc, que nous
sommes actuellement dans une situation où nous contrôlons les
besoins financiers du gouvernement. et cela, il doit l'attribuer au
gouvernement du Parti québécois et non pas - il
référera d'ailleurs à l'éditorialiste de La Presse,
M. Dubuc, qui le rappelait - nécessairement aux gestes que son
gouvernement a posés.
Évidemment, il est nouveau dans ce gouvernement et, comme
plusieurs autres membres de son gouvernement, il a malheureusement la
mémoire bien courte. Alors il prône le fait que le gouvernement du
Parti libéral a associé ses partenaires à l'implantation
de nouvelles mesures pour faire progresser et améliorer le
développement de l'économie québécoise. Je lui
poserais la question: Qui a développé le modèle des
sommets socio-économiques, M. le Président? Est-ce que ce n'est
pas le gouvernement du Parti québécois? Mais qui en a fait, M. le
Président, un simulacre de consultation en le transformant en
faire-valoir pour les ministres du gouvernement? Est-ce que ce n'est pas le
gouvernement du Parti libéral, M. le Président? Qui a
contribué, avec ses partenaires, à la mise en place du programme
Corvée-habitation, M. le Président? Est-ce que c'est le
gouvernement du Parti libéral ou le gouvernement du Parti
québécois? C'est ce qui a permis de préserver et de
soutenir l'économie défaillante à l'époque
où nous avons participé à ce projet avec des partenaires.
Qui a soutenu, retenu, même, la proposition de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec sur
la création du Fonds de solidarité? Qui a permis de mettre en
place une société à capital de risque qui, maintenant,
peut investir dans le sauvetage d'emplois et dans la création d'emplois?
Qui a mis en place, M. le Président, le plan Biron, si ce n'est le
gouvernement du Parti québécois et le ministre de
l'époque, M. Biron? D'ailleurs, c'est amusant, parce que le ministre se
moquait dans son intervention de ce plan que nous avions adopté et de ce
qu'il avait permis de faire à l'endroit des entreprises
québécoises petites, moyennes et même grandes. Il s'en
moquait en disant que c'était une idée complètement
dépassée. Bon, alors ça va fort bien, M. le
Président, mais disons que si elle est si dépassée que
cela, comment se fait-il que l'un des partenaires importants de
l'économie québécoise demande actuellement que l'on mette
en place un projet de corvée PME? C'est l'ex-président de la
Chambre de commerce de Montréal qui demande cela et il se
réfère dans son intervention à ce que l'on avait connu
lorsque le ministre, M. Rodrigue Biron, avait mis en place le plan de sauvetage
des entreprises en situation difficile. Mais, évidemment, le ministre
actuel de l'Industrie et du Commerce trouve que c'était un peu ridicule,
le plan Biron. Alors, H ira dire ça aussi à ses partenaires qu'il
dit pourtant si bien consulter et dont il retient les propositions;
peut-être pourrait-il retenir la proposition faite par M. Godin quant
à cette idée de corvée PME qui n'est pas si bête,
tout compte fait, quand on y pense.
Tous ces gestes-là, M. le Président, que
nous avions posés pour aider le Québec à mieux
passer à travers la crise, parce qu'elle était très dure,
très pénible, très difficile, est-ce que c'était le
lot d'un gouvernement insensible à ses partenaires? Est-ce que
c'était le lot d'un gouvernement qui avait une vision
dépassée du rôle de l'État, M. le Président?
J'ose en douter. C'est pourtant ce qu'a voulu laisser croire le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie lorsqu'il a prétendu que
nos mesures étaient des mesures d'État-providence qui n'aidaient
pas réellement à la capitalisation des entreprises au moment
où nous avons mis en place ces outils et ces instruments qui,. pourtant,
durent encore et sont fort appréciés des entreprises.
Alors là, le ministre nous dit: Nous sommes, nous, un
gouvernement qui n'a pas eu à mettre en place des mesures urgentes,
comme ce qu'a fait le gouvernement du Parti québécois, puisque
nous sommes un gouvernement qui prévient. Alors, regardons ce que cela
donne, M. le Président, un gouvernement qui prévient. C'est
intéressant. Un gouvernement qui prévient devrait faire en sorte
que les entreprises ne vivent pas les sommets catastrophiques en termes de
faillite que l'on connaît maintenant. Est-ce que c'est ça, M. le
Président, un gouvernement qui prévient? Un gouvernement qui
prévient: 1000 faillites dans le deuxième trimestre de 1990, 1000
faillites, M. le Président. Ah oui! Un gouvernement qui prévient,
bien sûr, c'est cela. J'imagine que s'il avait prévenu, nous ne
nous serions pas retrouvés avec la situation dans laquelle se retrouvent
ces propriétaires d'entreprises, mais surtout - et ne l'oublions jamais,
M. le Président - les travailleurs et les travailleuses qui gagnaient,
je le répète, honnêtement leur vie dans ces entreprises.
Alors, le gouvernement du Parti libéral a prévenu des sommets
dans les taux de faillite jamais atteints au Québec, ceux que nous avons
atteints au plus creux de la récession de 1981-1982, M. le
Président. Un gouvernement qui prévient.
Combien avons-nous perdu d'emplois manufacturiers dans la
dernière période? 46 000 emplois manufacturiers perdus. Le chef
de l'Opposition le rappelait dans son intervention, nous sommes actuellement,
en 1990, au même niveau d'emplois manufacturiers que nous étions
au début des années quatre-vingt, M. le Président. Ah!
Évidemment, nous avons devant nous un gouvernement qui prévient,
un gouvernement qui sait de quoi il parle au plan économique, qui fait
en sorte que lui contrôle bien ses outils, fait les bons choix. Alors
là, M. le Président, le ministre s'était moqué - je
l'ai rappelé tout à l'heure - du programme que nous avions mis en
place et qui s'appelait Corvée-habitation en disant: C'était si
peu ce que vous avez fait.
M. le Président, que ça plaise ou non au ministre,
actuellement, la construction résidentielle s'effondre. Nous atteignons
un niveau annuel de 25 000, soit le plus bas niveau depuis août 1983.
Plusieurs intervenants réclament actuellement la mise en place d'un
programme conjoint. Si vous êtes gênés de l'appeler
Corvée-habitation, donnez-lui un autre nom. Oe toute façon, vous
avez l'art du maquillage, vous connaissez ça, hein? Vous le savez, vous
l'avez fait avec les programmes qui s'adressent aux jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale. Vous les avez juste
resserrés un peu, vous en avez changé les noms, mais ce sont
toujours les mêmes programmes que nous avions mis en place. S'il y a
quelque chose, vous en avez réduit l'ampleur. (16 h 30)
Donc, à ce moment-ci, peut-être que le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait se tourner vers le projet qui était
bâti avec les partenaires, vers le projet Corvée-habitation, s'en
inspirer, lui donner un autre nom? On ne dira mot s'il lui trouve un autre
titre, mais peut-être, cependant, viendra-t-il ainsi aider l'emploi dans
ce secteur qui est pourtant un secteur majeur, on le sait, à cause de
son effet de levier sur l'emploi, le secteur de la construction tant
résidentielle qu'industrielle, d'ailleurs. Évidemment, ce ne
serait pas le même ordre de programme qui pourrait s'appliquer à
la question industrielle, mais on voit aussi, quand on regarde le nombre de
faillites qui a augmenté, quand on regarde la baisse des emplois
manufacturiers, on se rend compte aussi qu'il y a un problème majeur du
côté des investissements, à cet égard-là,
dans la construction industrielle et commerciale.
Le ministre nous a rappelé la SGF et ses grands projets
d'investissements dans les alumi-neries. Il a, là encore, la
mémoire bien courte, le ministre. Il devrait se souvenir que, s'il peut
contribuer à mettre en place des projets aussi importants que ceux que
l'on connaît actuellement, s'il peut faire ça, c'est parce qu'un
gouvernement du Parti québécois a mis en place l'encadrement
nécessaire, c'est parce qu'un gouvernement du Parti
québécois a développé une politique de taux
préférentiels en termes d'hydroélectricité. C'est
donc à cause de l'action du gouvernement si le ministre peut maintenant
vanter les gestes posés par la Société
générale de financement, en ce qui a trait aux alumine-ries, M.
le Président. Tant mieux, j'en conviens. Je ne critique pas le fait que
l'on puisse continuer à attirer chez nous des grands projets, mais qu'il
se souvienne, cependant, M. le Président, que s'il peut le faire, c'est
grâce à l'encadrement que nous avions donné au moment
où nous étions au pouvoir.
Je vais terminer, M. le Président, puisque le temps file et que,
malheureusement, il nous est imparti peu de temps pour ce débat. Ce sont
les règles desquelles on a convenu, bien sûr, mais ça donne
quand même peu de temps. Le ministre nous rappelait qu'il faisait partie
d'un gouverne-
ment prévoyant, je le disais tout à l'heure, mais surtout
il nous disait: Nous avons tout un tas de programmes pour aider au
développement régional, au développement dans les villes
plus touchées par les phénomènes de chômage et on
pensait, entre autres, à Montréal.
Alors, là, j'ai fait un relevé d'un certain nombre de
mesures, de projets, de programmes, de projets d'investissements qui ont
été faits par le gouvernement du Québec pendant les
derniers mois. Ce qu'on constate en fait, c'est que tous les programmes qui
sont proposés, que ce soit celui de la restructuration de l'industrie
des pêches, de la relance du sud-ouest de Montréal, du Fonds de
développement technologique, etc., ce sont des programmes
réguliers qui vont s'étaler sur une période de cinq ans
à compter de maintenant. Est-ce que l'on peut parler à ce
moment-là d'un véritable programme d'urgence pour répondre
aux besoins réels que vivent nos concitoyens et nos concitoyennes?
Il ira expliquer ça, le ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, aux milliers de chômeurs qu'il y a en Gaspésie,
qu'il y a dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui, pourtant, est
une région industrielle habituellement en très bonne
santé. Il ira expliquer ça aux gens de l'Abitibi pour savoir si,
effectivement, il a proposé des mesures qui répondent vraiment
à la situation économique dans laquelle s'enfonce le
Québec et surtout s'enfoncent des milliers d'hommes et de femmes qui
doivent, malheureusement, la subir plutôt que de participer au
progrès du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Taillon. Je reconnais maintenant M. le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle et député de Laporte. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Dans ce qu'il est
convenu d'appeler la motion du mercredi, l'Opposition officielle propose des
débats sur la gestion du gouvernement et sur les problèmes de
l'heure ou appréhendés de la société
québécoise. La semaine dernière, le chef de l'Opposition
nous révélait que nous voilà, semblait-il, plongés
en pleine récession, que le gouvernement, malgré ses
avertissements répétés, ne s'y est pas
préparé, semble-t-il, et qu'il doit prendre immédiatement
des mesures budgétaires et économiques énergiques pour
stimuler l'économie et préserver les emplois. Il souhaite, en
somme, la mise sur pied d'une sorte de plan de relance, comme on le disait
naguère, du temps du Parti québécois. Un cynique, M. le
Président, dirait qu'il n'y a rien comme un bon ralentissement
économique ou, encore mieux, une récession pour revigorer une
Opposition officielle. Il est vrai que l'économie du Québec,
après sept années ininterrompues de croissance de l'emploi,
manifeste, en particulier depuis quelques mois, des signes nettement
perceptibles d'un ralentissement. Je ne veux aucunement minimiser l'importance
de cette pause et de ses effets sur l'emploi ainsi que sur le chômage. Il
est indéniable que l'économie du Québec ne réussit
pas présentement à créer suffisamment d'emplois pour
absorber le contingent des milliers de personnes à la recherche
d'emplois que viennent grossir les personnes nouvellement actives sur le
marché du travail.
Mais ce n'est ni la débandade économique ni le
désarroi, comme d'aucuns l'affirment avec un manque flagrant de nuance.
Aussi convient-il, M. le Président, de faire aujourd'hui la part des
choses. On assiste depuis un certain temps à une diminution de la
croissance de l'emploi. La création nette d'emplois en 1989 fut de 30
500 emplois, alors qu'elle s'était établie à 83 000 en
1988 et à 93 000 nouveaux emplois en 1987. Pour les huit premiers mois
de l'année 1990, le Québec a enregistré une croissance de
l'emploi de 1,4 %, ce qui se traduit par 43 500 postes de plus par rapport
à la période correspondante de 1989, donc 43 500 postes de plus
en huit mois en 1990, contre 30 500 pour toute l'année 1989. cette
performance, m. le président, est à peu près quatre fois
supérieure à celle de l'ontario où l'augmentation du
nombre d'emplois fut de 0,4 % seulement. voilà pourquoi, me semble-t-il,
il ne faut plus dramatiser à outrance.
Oui, l'économie ralentit. Oui, la persistance des taux
élevés d'intérêt nuit considérablement aux
entreprises, mais nous n'avons pas sombré dans une crise
économique comme celle de 1982. Je reconnais avec le chef de
l'Opposition qu'au cours des deux derniers mois le taux de chômage au
Québec est passé de 8,9 % à 10,5 %. Cette hausse du taux
de chômage résulte principalement de l'augmentation du nombre de
personnes qui se disent à la recherche d'un emploi, lorsqu'elles
répondent aux enquêteurs de Statistique Canada. Dans le seul mois
de septembre, 15 000 hommes et 21 000 femmes de plus se sont joints à ce
qu'on appelle ainsi la main-d'oeuvre active, c'est-à-dire à la
recherche active d'un emploi.
Cela dit, aucun gouvernement ne saurait se satisfaire d'un taux de
chômage de 10,5 %. C'est la raison pour laquelle il faut combattre avec
vigueur la mesure la plus préjudiciable à notre économie,
c'est-à-dire la politique monétaire du gouverneur de la Banque du
Canada. En luttant contre une inflation qui, soit dit entre nous, n'est
aucunement galopante, la Banque du Canada maintient les taux
élevés d'intérêt et le taux de change du dollar
canadien élevé également et à des niveaux
anormalement élevés, créant ainsi du chômage de
toute pièce.
Dans sa motion, le chef de l'Opposition déplore que le
gouvernement n'ait mis aucun programme de l'avant pour faire face à ce
qu'il surnomme la récession. Mon collègue, le ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, s'est fait fort de
rétablir les faits dans sa sphère d'activités. Pour ma
part, je me rends compte qu'en rendant ce jugement lapidaire et un peu court,
le chef de l'Opposition officielle a passé un peu vite sur le dossier de
la formation professionnelle, et l'on comprend pourquoi, M. le
Président. (16 h 40)
En effet, de l'autre côté de cette Assemblée, on
glisse rapidement sur ce qui s'avéra sans doute la plus importante
décision que le gouvernement du Québec aura prise au cours des 20
dernières années, en matière de formation professionnelle,
soit celle d'instaurer un crédit d'impôt remboursable pour inciter
les entreprises à former leur personnel.
Cette initiative présente pourtant toutes les
caractéristiques des mesures actives que réclame le chef de
l'Opposition en cette période de ralentissement économique.
D'abord, il s'agit là d'un investissement majeur du gouvernement dans
des activités qui intéressent un très grand nombre
d'entreprises. Le gouvernement consent, en effet, un effort de 100 000 000 $
par année afin de déclencher chez les dirigeants d'entreprises le
réflexe de recycler, perfectionner et former la main-d'oeuvre en emploi.
Ce n'est pas rien, M. le Président, 100 000 000 $. D'un coup, le
gouvernement du Québec vient presque de doubler les crédits
budgétaires annuels qu'il consacre traditionnellement à ses
programmes de main-d'oeuvre.
En deuxième lieu, parce que cet investissement se présente
sous la forme d'un crédit d'impôt, il demeure pour ainsi dire
à l'abri des rationalisations budgétaires du gouvernement. On ne
peut pas exercer des coupures en cours d'année sur des crédits
d'impôt. Cela devrait réjouir le chef de l'Opposition. Par
ailleurs, le crédit d'impôt est précisément
remboursable. J'insiste, M. le Président, sur le terme "remboursable".
Il signifie que même si les entreprises ne font pas de profit ou ne
paient pas d'impôt une année donnée, elles peuvent se
prévaloir quand même des incitatifs fiscaux à la formation
professionnelle et recevoir le remboursement d'une partie importante des
dépenses engagées à des fins de formation.
On va même plus loin. Une entreprise qui, en ces temps
plutôt difficiles, éprouve des problèmes de
liquidités peut déduire le montant du crédit d'impôt
remboursable auquel elle a droit des versements d'acomptes provisionnels
qu'elle doit effectuer chaque mois au ministère du Revenu. Elle peut
même obtenir, s'il le faut, de la Société de
développement industriel, la SDI, une garantie de prêt afin de
financer les fonds nécessaires à la formation de son personnel.
Elle peut emprunter, M. le Président, et voir son emprunt garanti par la
SDI. L'entreprise peut donc ménager ses propres ressources, ses propres
fonds, pour surmonter la période de ralentisse- ment tout en faisant
bénéficier les travailleurs à son emploi
d'activités de perfectionnement.
Comme vous le voyez, le gouvernement a conçu le crédit
d'impôt remboursable à la formation professionnelle de
manière qu'il puisse répondre adéquatement à des
conjonctures économiques moins favorables, comme celle que nous
traversons depuis quelques mois.
Nous savons tous que les PME sont plus réticentes à
engager des dépenses dans la formation que les grandes entreprises.
C'est pourquoi le crédit d'impôt présente beaucoup plus
d'avantages pour les entreprises de petite taille que pour les grandes
corporations. De plus, nous avons limité au strict minimum les
procédures administratives par lesquelles une entreprise peut se rendre
admissible au crédit d'impôt. Il lui suffit d'avoir recours
à un formateur privé accrédité auprès d'une
commission de formation professionnelle ou encore, de faire affaire avec une
institution d'enseignement ou de formation reconnue.
Voilà, M. le Président, une initiative adaptée aux
temps d'aujourd'hui: une mesure souple, efficace, collée à la
réalité des entreprises et comportant un budget significatif, 100
000 000 $.
Je m'empresse de préciser que le crédit d'impôt
remboursable constitue un incitatif qui s'ajoute aux programmes
réguliers du gouvernement du Québec et du gouvernement
fédéral dans le domaine de la main-d'oeuvre. Je sais bien que le
chef de l'Opposition ne voue pas un grand respect aux programmes de
main-d'oeuvre. Il en dénonce la complexité, la lourdeur,
l'accessibilité réduite et surtout les interférences
fédérales-provinciales avec leur lot de dédoublement,
d'incompatibilité et de manque de cohérence.
Bien que j'utilise un langage quelque peu différent, je suis
enclin, moi aussi, à questionner certains aspects des programmes actuels
de main-d'oeuvre. Nous sommes précisément en train de
procéder à une importante opération de simplification des
programmes québécois dans ce domaine. Nous allons
également gérer ces programmes d'une manière
différente, c'est-à-dire sous le mode d'un guichet
spécialisé afin de simplifier réellement la vie des
personnes et des entreprises qui s'intéressent à ces programmes
et qui en ont besoin.
Quant à nos rapports avec le gouvernement fédéral,
conformément aux propos qu'a tenus le premier ministre du Québec
à la fin du mois de juin, nous avons mis fin à la ronde des
discussions multilatérales, c'est-à-dire aux négociations
à 11 dans le domaine de la main-d'?uvre et de la formation
professionnelle.
Dans un proche avenir, le gouvernement du Québec rendra publique
la position qu'il défendra lors des négociations qu'il entend
engager en ces matières avec le gouvernement fédéral.
Cette prise de position sera précédée d'une consultation
de nos partenaires patronaux, syndicaux et
des représentants du secteur coopératif. Nous aussi, nous
savons tirer des leçons de l'expérience de nombreuses
années de rapports fédéraux-provinciaux dans le domaine de
la main-d'oeuvre.
Lorsque l'économie manifeste certains signes d'essoufflement, les
problèmes d'intégration en emploi deviennent plus aigus pour les
clients de la sécurité du revenu aptes au travail. Ces personnes
ne doivent cependant pas devenir les laissées-pour-compte des
interventions du gouvernement en période de ralentissement.
En mai dernier, j'ai donc lancé à la grandeur du
Québec le programme d'aide à l'intégration en emploi, le
programme PAIE. Je rappelle simplement, M. le Président, que par le
programme PAIE le ministère offre aux employeurs privés,
municipaux et communautaires des subventions couvrant une partie importante du
salaire des prestataires de la sécurité du revenu, qu'on appelait
autrefois les clients de l'aide sociale, pendant une période maximum de
six mois. Cette personne quitte alors la sécurité du revenu ou
l'aide sociale et devient un salarié de l'entreprise ou de l'organisme
qui l'embauche, sujet aux mêmes conditions de travail et de
rémunération que les autres travailleurs de la boîte.
Le chef de l'Opposition s'est livré à de
déplorables gorges chaudes à l'égard de ce programme. Il a
affirmé que les entreprises demanderaient des assistés sociaux
à la douzaine, comme on réclamait des enfants en masse,
semble-t-il, aux temps peu glorieux des orphelinats. Le programme d'aide
à l'intégration en emploi vaut beaucoup mieux que ces railleries,
M. le Président. Entre le 1er avril et le 21 septembre derniers, 4557
clients de l'aide sociale ont accédé à un emploi
véritable grâce au programme PAIE. Plus de 60 % de ces emplois ont
été décrochés dans des entreprises privées,
celles-là mêmes qui peuvent convertir ces emplois
subventionnés temporairement en emplois plus durables ou même
permanents.
Le programme étant récent, il faut se garder, bien
sûr, d'en tirer des conclusions hâtives. À ce jour, 259
personnes ont bénéficié du programme PAIE pendant toute la
période de subvention salariale, c'est-à-dire pendant six mois.
M. le Président, 53 % d'entre elles ont subséquemment
continué de travailler pour le même employeur ou ont
accédé par elles-mêmes à un nouvel emploi
après que nous eûmes cessé de subventionner leur employeur.
Cela témoigne de la volonté et de la capacité des clients
de la sécurité du revenu ou de l'aide sociale à recouvrer
leur autonomie par le travail, pour peu qu'on veuille les aider à
reconquérir, bien sûr, le marché du travail. (16 h 50)
Nous reconnaissons, par ailleurs, que la région de
Montréal, en raison de l'importance des restructurations industrielles
qui ont cours présentement, a besoin d'aide particulière pour
s'adapter à l'environnement économique changeant. Dans l'est de
Montréal, le gouvernement s'est associé aux municipalités,
aux organismes communautaires du milieu, aux promoteurs du développement
économique et au gouvernement fédéral pour relancer
l'économie et recycler la main-d'oeuvre dans la perspective de nouveaux
emplois.
Il a fallu un certain temps avant que cette concertation produise des
résultats tangibles, ce qui a alimenté le scepticisme, bien
sûr, et les critiques de l'Opposition officielle. Mais, entre avril 1988
et avril 1990, les actions du gouvernement du Québec et de la Commission
de formation professionnelle du Montréal métropolitain se sont
traduites par des dépenses et des engagements de 19 000 000 $, ce qui a
permis plus de 35 000 inscriptions dans des activités de formation, de
recyclage, d'adaptation, d'aide à l'emploi et d'orientation
professionnelle.
À ce soutien concret à la main-d'oeuvre s'ajoutent des
investissements de la Société de développement industriel
pour un montant de 15 700 000 $ dans des entreprises de l'est de
Montréal, au cours des deux dernières années.
Nous avons adopté la même attitude de concertation dans le
sud-ouest de Montréal, région confrontée aux mêmes
problèmes d'adaptation de la main-d'oeuvre. Le gouvernement a
engagé un budget spécial de 5 400 000 $. Il s'agit, comme dans le
cas du plan de relance de l'économie et de l'emploi de l'est de
Montréal, d'argent neuf destiné à soutenir des
activités spécifiquement adaptées aux arrondissements
défavorisés de Montréal. Voilà, M. le
Président, d'autres actions en réponse à une conjoncture
moins favorable dans la région de Montréal.
Mais en dehors de la région métropolitaine, nous avons
soutenu, par des mesures spéciales d'aide à la formation de la
main-d'oeuvre, des projets majeurs d'implantation ou d'expansion industrielle.
À Matane, dans l'entreprise Donohue, dans la région de
Québec, en appui au projet de la compagnie Glaverbec, à
Trois-Rivières, chez la papetière Kruger et à
Saint-Janvier, dans l'entreprise Dowtyrotol le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle stimule la création d'emplois en assumant une partie des
dépenses à la formation de la main-d'oeuvre.
M. le Président, nous avons pris une autre initiative importante
pour mieux nous adapter à la réalité changeante des
années quatre-vingt-dix. J'ai annoncé, le 1er octobre dernier -
le 1er octobre de ce mois-ci - la mise sur pied de la Conférence
permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre. Il s'agit là d'un
mécanisme structuré de concertation entre le gouvernement, le
patronat, les syndicats et le secteur coopératif sur les questions
relatives à l'adaptation de la main-d'oeuvre.
Les présidents des grandes associations
patronales, des centrales syndicales et du Mouvement Desjardins
comprennent parfaitement les enjeux de l'adaptation de la main-d'oeuvre et ils
ont accepté avec joie de venir rechercher avec nous les mesures qu'il
faut mettre de l'avant, tant au gouvernement que dans les milieux de travail,
pour que le Québec tire avantageusement son épingle du jeu dans
une économie en pleine mutation.
Bien sûr, cette Conférence permanente sur l'adaptation de
la main-d'oeuvre se présente dans un horizon beaucoup plus large que
celui de l'actuel ralentissement économique. Le gouvernement
reconnaît que les politiques de main-d'oeuvre doivent être
élaborées en collaboration étroite avec les patrons, les
syndicats et le secteur coopératif.
Investir dans les ressources humaines, c'est aussi se préparer,
comme société, à se lancer à la conquête des
nouveaux marchés devenus plus accessibles que jamais, à saisir
les opportunités de richesse et de développement que procure le
nouvel ordre économique mondial, par-delà certaines incertitudes
que ces changements profonds peuvent laisser planer.
La libéralisation des échanges, l'ouverture au monde et
l'intensification du commerce international ne présentent pas uniquement
des avatars que le Québec doit combattre, elles comportent aussi leur
part de défis, d'occasions inespérées de faire des bonds
en avant, de chances réelles de nous épanouir aux plans
économique, culturel et social.
Il faut cependant prendre conscience des enjeux de cette mondialisation
inévitable. Désormais, nous devons nous mesurer aux meilleurs au
monde. Nous ne compétionnons plus simplement avec le village voisin ou
même la province d'à côté, mais bien, comme aux
olympiades, avec tout le monde. Cette compétition requiert pardessus
tout une main-d'oeuvre qualifiée.
À une époque où les matériaux et les
capitaux voyagent avec une facilité croissante, la décision des
entreprises d'implanter à tel endroit plutôt qu'à un autre
leurs unités de production s'appuie de plus en plus sur des
critères relatifs à la main-d'oeuvre. Une main-d'oeuvre
qualifiée, c'est aussi celle qui sait gérer avec
efficacité et imagination. Les impératifs de la
productivité dans les entreprises passent en effet par une souplesse
accrue des moyens de gestion et de production. Les milieux de travail devront
tenir compte de cette réalité, ce qui nécessite au
préalable l'instauration d'un dialogue plus soutenu entre les patrons et
les représentants des salariés. La main-d'?uvre bien
formée constitue . également le point de départ de
Tentrepreneur-8hip". Le Québec, plus que toute autre
société industrielle, peut-être, doit miser sur ses
entrepreneurs parce qu'ils contribuent, plus que tout autre groupe, à la
création d'emplois chez nous. Au cours de la décennie 1978-1988,
les entreprises de moins de 50 employés au Québec ont
été responsables de la création nette de 399 000 emplois
alors que les entreprises de 500 employés et plus affichaient une perte
nette de 113 000 emplois.
M. le Président, il y a, dans les propos du chef de l'Opposition
officielle, des inquiétudes que nous partageons. Personne n'affiche
d'ailleurs, par les temps qui courent, une parfaite
sérénité. Le monde change à un rythme
étourdissant et ces bouleversements traînent, bien sûr, leur
lot d'incertitudes. Les gouvernements doivent donc garder leur sang-froid et
écouter, avec beaucoup de prudence, les apprentis sorciers qui ont
remède à tout. De par les actions qu'il a prises au cours des
derniers mois, le gouvernement a déjà signifié à la
population québécoise qu'il demeure attentif aux besoins de
l'économie. Il leur indique clairement aussi qu'il est prêt
à mettre de l'avant des mesures exceptionnelles si le ralentissement de
l'économie devait se prolonger. M. le Président, je vous
remercie.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je reconnais maintenant,
M. le député de Jacques-Cartier, en vous rappelant, M. le
député, que vous disposez d'une période maximale de 10
minutes pour votre intervention.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. In speaking to this
motion, I will first summarize the present economic situation in Québec
and existing government policy, then comment on the ideas advocated in this
motion by the Opposition, then make clear my own position and that of the
Equality Party.
Québec is now entering a period of economic difficulty that has
four distinct causes: a long-anticipated general recession, American as well as
Canadian, that follows a long run, seven years of continuous economic growth;
an especially grim version arriving in Canada linked to federal difficulties
with inflation, debt and interest rates; additional economic uncertainty
arising from our present constitutional difficulties and Internal weaknesses in
the Québec economy that are related to the long-term effects of the
language laws. The first two are entirely outside our control, so I will
confine my comments to the latter two. (17 heures)
M. le Président, it will be recalled by many that
there were widespread predictions, in the last days of the Meech Lake
negotiations, that failure to produce an agreement would lead to immediate
strong negative effects on the Canadian and Québec economies. However,
when failure did happen, it at first appeared that these predictions were
mistaken, and nothing very dramatic happened.
The breathing space that followed, however, was not a cause for real
optimism. Inflation stayed at relatively high levels, despite punishing
interest rates; the agonizing summer crisis with the Native communities
undermined confidence in both the Federal and Québec Governments; and
the Canadian Prime Minister and his administration dropped to the lowest level
of popularity ever recorded by the public opinion polls. All of these factors,
when piled on top of the long-term economic pressures already mentioned,
increased the likelihood that investor confidence in Canada will be weak. for
some time, making a recession that might have happened anyway a great deal
worse in its effects than it otherwise would be.
If we consider these misfortunes alone, and then review the general
policies that have been followed by the present Government of Québec,
our main complaint is not with these policies. The Finance Minister and
Treasury Board President have attempted to gradually but steadily reduce the
overall level of provincial debt and accompanying interest charges to restrain
public expenditure, even at the cost of some political popularity, to reduce
the taxation burden built up over previous years and to avoid any new increases
in taxes and to encourage business investment and development. There is now
scarcely any disagreement among the economically literate that these are the
best policies for prosperous times, but the evidence of the last two decades
also suggests that for the most part they remain a matter of necessity even in
hard times.
Goverments are simply not capable of spending their way out of
recessions, especially when they are all so deeply in debt. And even the money
required for temporary stopgap measures can only be provided from increased
borrowing or taxation, both of which can actually increase the length and
severity of the recession itself.
For this reason, it is difficult to regard the motion from the Official
Opposition as being more than an empty and traditional gesture, a pretense of
compassion and concern that is less about bringing real help to the unemployed
and potentially unemployed than it is about scoring points against the
Government. We are not tempted to add our voices to this ritualistic protest,
because it was the accumulated effects of this kind of rhetoric in many
democratic debating assemblies in this . century that made possible the
disastrous government over-spending of the last two decades, producing the
horrendous debts and economic problems of the present. If it is impossible to
make this rhetoric disappear, we can . at least say we dit nothing to encourage
it.
However, the skepticism we hold about the palliative measures suggested
by the Official Opposition should not be taken to mean that we think that
nothing can be done to improve the workings of the Québec economy by the
present Government, or if not by them immediately, by a future one that listens
to what we have to say. It was recently reported in the press that in the
mainly prosperous years of 1979 to 1987, average Québec household income
actually dropped by 5 %; by comparison, in the same period in Ontario, it
increased by 12 %. It seems reasonable to conclude that the major factor
explaining this difference was the restrictive language legislation of the
1970's and the exodus of scores of thousands of Quebeckers following its
imposition. It seems equally likely that, with the continued existence of this
legislation apparently regarded as a settled question by both major parties in
the Assembly - save that the Opposition would like to go even further - the
process of hemorrhage will continue.
The Premier of Québec has recently recalled his own bitter
memories of the effects the 1981-1982 recession had in driving young Quebeckers
out of the province in the search for work. To add a personal note, I know very
well what he means, since my own son was one of them. The Premier expressed the
wish that alt his constitutional and economic policies will avoid a repetition
of this loss, but nowhere in his reflections did he refer to its single most
important cause.
I wish to emphasize that it is not my contention, or that of my Party,
that the Québec economy can only function at full steam if it allows
some kind of new triumph for English. It is entirely conceivable, and even
likely, that French will continue to play a predominant role in the economic
and social life of the province, whatever the future disposition of the
language laws. The much more important point is that both new business
development and job creation, in Québec as elsewhere, now mainly come
from the introduction and growth of small business. And while the Government
may struggle heroically to make as many other aspects of the environment as
friendly to small business as possible, in terms of such factors as taxation,
technical assistance and the like, all of these can be more than
counterbalanced by language requirements, especially for immigrant
entrepreneurs. It is not that the latter expect not to use French; it is rather
that they read the language legislation as a potential barrier to themselves
and their offspring from the full-range of advantages that immigration to North
America was supposed to bring about in the first place. It has been said in
defence of Bill 178 that its central purpose was to "send a message" about the
character of Québec to new arrivals. It does, but it is not the message
that the Government and its supporters intended to send.
I also recognize that this declaration is unlikely to sway the
Government in its course at present, and is certainly even less likely to
be
heard with much enthusiasm by the Official Opposition. But I also
suspect that this recession may be a grimmer and longer affair than even the
very serious one of 1981-1982, and at a certain point, even if the argument
that the language laws were necessary for cultural preservation had some
validity, it must also become evident that an immense continuing economic
disability is as bad for cultural survival as it is for economic growth. So, it
is time that someone started making this argument; it will probably have to be
made again and again. S'il est nécessaire, nous ferons cela la prochaine
fois en français.
In the meantime, for the reasons I have already made clear, we will give
our conditional support to the economic policies of the present Government,
which would have to be a great deal worse than they are at present to represent
anything like the economic threat to Québec that would appear with
another Parti québécois Government, for all the distinguished
economic credentials of the present leader of that party. For that reason, we
will vote against this motion, and with the Government. Merci, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Je vous reconnais maintenant, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, en vous rappelant que votre
formation politique dispose d'une période de 14 minutes avant la fin du
présent débat.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, en écoutant le
député de Jacques-Cartier, je pensais l'inviter à venir
rencontrer les chômeurs qui ont été mis à pied de la
compagnie J. & P. Coats installée depuis 115 ans à
Montréal sur la rue Notre-Dame, qui fabriquait des petites bobines de
fil et qui a décidé de déménager à Kingston.
J'aimerais l'inviter à rencontrer les chômeurs qui, pourtant,
avaient été invités à suivre la compagnie à
Kingston et à qui on avait offert des emplois à Kingston, mais
qui les ont tous refusés parce que ça signifiait immigrer. S'il y
a une raison qui milite en faveur du fait que le Québec détienne
tous les pouvoirs en matière de formation professionnelle et de
main-d'oeuvre, c'est justement que le Québec ne peut pas compter, comme
les autres provinces, sur la mobilité de la main-d'oeuvre,
c'est-à-dire le fait de perdre son emploi dans une ville et de
déménager dans une autre pour aller occuper un autre emploi qui
vient d'ouvrir. Québec ne peut pas compter sur cette mobilité. La
preuve en est que les Québécois cherchent d'abord de l'emploi
ici, parce que c'est leur patrie et qu'ils vont y rester même si l'emploi
qu'ils occupaient est perdu et qu'ils attendent de pouvoir en occuper un qui va
se créer.
(17 h 10)
M. le Président, je me suis posé la question, au moment
où la motion était déposée: Comment se fait-il
qu'en 1983 le Québec avait réussi à se sortir le premier,
trois mois avant les autres provinces, dé la pire crise
économique que l'ensemble de l'économie mondiale avait connue
depuis 1929? Ce n'était pas simplement une récession,
c'était encore plus qu'une récession; c'était une
véritable dépression comme celle que l'on avait en mémoire
et que nos grands-parents nous racontaient. Comment se fait-il que le
Québec ait réussi à se sortir de cette période
sombre qui l'avait affecté plus que d'autres à cause, entre
autres, de sa base industrielle qui repose beaucoup sur les petites et moyennes
entreprises? Et, M. le Président, comment se fait-il aussi que
Montréal ait été la première grande ville à
se sortir de la récession en 1983, avant toutes les autres? Eh bien, je
pense que la réponse est maintenant connue. C'est parce qu'il y a eu un
plan de relance à ce moment-là et que le gouvernement de 1983
avait décidé de se donner les moyens et de donner aux
Québécois surtout les moyens de faire face à la
situation.
La grande inquiétude, M. le Président, c'est que le
gouvernement actuel se contente de regarder du côté de ce qui l'a
toujours fasciné: la privatisation, la déréglementation et
l'abandon des responsabilités de l'État, pour faire face
finalement à la situation économique actuelle et à la
situation du chômage surtout, en n'ayant à coeur que les finances
de l'État et pas du tout la situation de nos concitoyennes et de nos
concitoyens. La preuve de ça, M. le Président, c'est que, depuis
qu'on siège dans cette Assemblée, depuis le début de la
présente session, tout ce dont il a été question, c'est
d'un comité mis sur pied par le président du Conseil du
trésor, avec différents ministres qui y siègent, pour
couper, non pas pour stimuler l'investissement public. C'est à ça
que sert un gouvernement dans une période de récession où
il y a la chute des investissements privés; ce à quoi sert un
gouvernement, c'est à relancer l'investissement public, à tout
mettre en oeuvre pour atténuer justement les effets de la
récession sur nos concitoyens, pas simplement sur ses colonnes
comptables.
M. le Président, évidemment, l'inquiétude que l'on
a, surtout après avoir entendu le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, c'est que
non seulement rien ne va se faire, mais qu'il n'est même pas conscient
qu'il devrait faire quelque chose. Quand il nous a parlé de la formation
professionnelle, les cheveux m'en dressaient sur la tête parce que vous
n'avez pas idée dans quel état d'aggravation, de
détérioration se trouve actuellement le dossier de la formation
professionnelle au Québec. Pourtant,
s'il y a une leçon à tirer de la récession de
1982-1983, c'est que, justement, la restructuration industrielle qui se fait,
les abandons, on le sait très bien, on a assisté encore la
semaine passée, à une litanie d'annonces de débauche
d'employés dans des grandes compagnies... Et ces travailleurs, ces
hommes et ces femmes, ces employés qui sont mis à pied ont bien
des chances - des malchances, malheureusement - de ne pas avoir à se
replacer facilement parce que les exigences pour occuper les nouveaux emplois
sont beaucoup plus élevées qu'elles ne l'étaient au moment
où ils avaient été engagés à l'emploi qui
vient maintenant de disparaître sous leurs pieds. C'est ça, le
grand défi des périodes de récession. C'est que les hommes
et les femmes qui sont mis à pied, ce n'est pas peu rien au
Québec, M. le Président.
Le gouvernement commence à peine à parier de
récession et il y a déjà 360 000 hommes et femmes inscrits
à l'assurance-chômage plus 240 000 hommes et femmes qui sont en
demande d'emploi sur l'aide sociale, officiellement là, sur des listes
officielles - on ne parle pas des gens découragés qui ne
s'inscrivent même plus. Officiellement, c'est 600 000 adultes, et on ne
parle pas de leurs enfants et des personnes qui sont a leur charge, au
Québec, où on compte 6 500 000 habitants. Et, malheureusement, M.
le Président, le principal défi auquel ces hommes et ces femmes
ont à faire face, c'est justement de remplir les exigences des nouveaux
emplois. Croyez-le, l'an passé, il y a eu une chute de 53 000, ce n'est
pas peu rien, ça, 53 000 élèves ad&Ttes de moins
inscrits en formation professionnelle au Québec. Les chiffres sont
complètement renversants.
Dans les écoles secondaires, à cause des exigences
académiques du ministre de l'Éducation, député
d'Argenteuil - je ne le nommerai pas, mais il est devenu ministre de la
Sécurité publique depuis peu - ces exigences font que ce n'est
plus possible d'aller chercher un cours pour aller travailler en usine sans
avoir la physique, la chimie, un secondaire IV et ce n'est pas possible de
suivre un cours d'auxiliaire familial sans avoir les mathématiques, un
secondaire IV, ce n'est plus possible avec ces exigences nouvelles qui sont les
mêmes que pour les élèves adolescents.
Alors, ces hommes et ces femmes qui perdent leur emploi à 35, 40,
45 ans, et certains qui sont chanceux, qui ont une onzième année,
ne peuvent même plus se replacer dans une usine parce qu'une
onzième année, ce n'est plus suffisant maintenant. Sans avoir la
physique, la chimie, les mathématiques, il n'y a à peu
près rien qui puisse vous être offert maintenant. Et ça, M.
le Président, c'est extrêmement inquiétant parce qu'on ne
part pas de la compétence réelle. Ce sont des gens qui,
très souvent, occupaient des emplois spécialisés et qui
ont une compétence avec une sixième, septième
année, une compétence qui leur permettait de bien gagner leur vie
et celle de leur famille mais qui, du jour au lendemain, parce qu'ils n'ont pas
le papier académique - le papier académique, pas la connaissance
- ne pourront même pas aller chercher le cours spécialisé
qui leur permettrait de se faire embaucher. c'est inquiétant, m. le
président, doublement, parce que, en plus de ça, il y a une
baisse constante d'argent investi dans la formation professionnelle. le
ministre peut parler. c'est le champion de ce qu'on appelle les crédits
périmés, c'est-à-dire de l'argent qui est
budgété sur papier et qui n'est pas dépensé.
imaginez simplement la situation de montréal et je vais vous parler un
peu de la situation du reste du québec, mais à montréal,
il a réussi, il y a deux ans, en formation professionnelle, à ne
pas dépenser 4 500 000 $ en 1988-1989 et puis, l'année
passée, il a doublé ça. il a réussi à ne pas
dépenser 10 000 000 $ du budget qui avait été
alloué, 23 % d'argent qui n'est pas dépensé.
Puis, M. le Président, c'est, au niveau du Québec, une
situation qui est complètement alarmante. Imaginez-vous qu'il y a deux
ans, les crédits qui ont été annoncés à
grand renfort de publicité et qui n'ont pas été
dépensés en formation professionnelle, c'est presque 20 000 000
$. C'était il y a deux ans. Et l'an dernier, il réussit le record
d'augmenter ça à 32 000 000 $. En deux ans, 52 000 000 $ d'argent
pas dépensé pour relever la qualification professionnelle pour
mieux armer les hommes et les femmes qui, maintenant, quand ils se font
embaucher pour être caissiers dans une épicerie, se font demander
s'ils connaissent l'ordinateur suffisamment parce que la caisse enregistreuse,
ça fait "beep-beep" et que c'est bien plus compliqué que
ça ne l'était auparavant.
C'est extrêmement inquiétant, ce qui se passe en
matière de formation professionnelle au Québec. La chute est
absolument dramatique. Dans le dossier fourni par le ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu dans son rapport
annuel, on parie littéralement de la disparition de l'enseignement
à temps partiel en formation professionnelle. Du jour au lendemain, en
un an, les politiques du gouvernement libéral ont réussi à
faire que des 40 000 élèves adultes qui étaient inscrits,
il n'en reste plus un. Plus un seul. La disparition. Et puis, à temps
plein, c'est la moitié, 50 % de diminution. Des 20 000 qui
étaient inscrits à temps plein pour faire de la formation
professionnelle, il en reste 10 000. (17 h 20)
C'est d'autant plus inquiétant, M. le Président, que le
ministre et son gouvernement se sont paralysés, pieds et poings, en
matière de soutien à la réintégration à
l'emploi. Pensez que le premier geste posé par le ministre de la
Main-d'oeuvre, lors de l'élection de son gouvernement en 1986, ça
a été d'abolir les services de placement du gouvernement du
Québec. Ces services
existaient depuis 75 ans, mais la première chose qu'il a faite,
et il en était bien content parce qu'il disait qu'il y avait double
emploi... Il y avait ceux de Québec et d'Ottawa. Alors, pour pouvoir
économiser, il a décidé d'abolir les services de placement
de Québec.
Le malheur, M. le Président, c'est qu'un an et demi après
Ottawa aussi abolissait ses services de placement dans ses bureaux d'Emploi et
Immigration et que maintenant, à part les placards sur lesquels sont
affichés des emplois, il n'y a plus de soutien à la
réintégration. Il n'y a plus de placement, comme il s'en
était toujours fait avant. Et le danger, M. le Président, c'est
qu'on abandonne les sans-emploi au Québec. Les 100 000 000 $ sur papier,
j'ai bien hâte de voir combien il va en dépenser, le ministre de
la Main-d'oeuvre. Les 100 000 000 $ dont il nous a parlé, il fallait le
faire, mais est-ce qu'il fallait le faire de cette façon-là?
Là, ce qu'il va faire, c'est qu'il va donner à des
entreprises qui faisaient déjà de la formation, dans le fond, une
sorte d'encouragement, de récompense en leur permettant de
déduire ça sur les impôts qu'ils ont à payer sur
leurs profits. Mais ces entreprises, qui faisaient déjà de la
formation, la font à des travailleurs qui sont déjà en
emploi. Il ne nous a pas dit un mot sur la formation professionnelle pour
permettre à ces 600 000 hommes et femmes, qui sont des sans-emploi au
Québec, d'aller chercher ce qu'il faut pour pouvoir, je le
répète, relever les exigences des nouveaux emplois.
La restructuration industrielle, la mondialisation, le
libre-échange et les nouvelles technologies, ça se fait sur le
dos des plus petits dans notre société, sur le dos des gens qui
n'ont pas les moyens de se payer ces grandes restructurations qui vont profiter
au bout de la ligne à toute la société, mais dont ils
sont, eux, les perdants. Et ça, M. le Président, c'est
extrêmement inquiétant parce que la récession actuelle va
aussi faire de nouvelles victimes.
Un taux de chômage comme celui que l'on connaît, qui est un
taux officiel, un taux qui depuis six ans n'a jamais atteint ce sommet, c'est
un taux qui va malheureusement, M. le Président, faire en sorte que bien
des hommes et des femmes...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous voulez conclure,
Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Harel: ...vont par découragement, parce que c'est le
cas à l'aide sociale. Je vous rappelle que 45 % des demandeurs d'emploi
qui sont à l'aide sociale sont des hommes et des femmes qui ont
été mis à pied, qui ont perdu leur emploi suite à
une fermeture. Ceux que l'on prétend être des fainéants et
des paresseux, ce sont d'abord des gens qui ont été les perdants
dans la restructuration industrielle actuelle. M. le Président, oui,
oui, nous attendons de ce gouverne- ment un plan de relance en matière
d'emploi, et oui nous exigeons que ce gouvernement prenne ses
responsabilités et nous entendons voter en faveur de cette motion.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le député de
Taschereau, en vous rappelant qu'il reste à votre formation un maximum
de 20 minutes puisqu'on doit reconnaître au parrain de la motion, le chef
de l'Opposition, les dernières 15 minutes, c'est-à-dire de 17 h
45 à 18 heures. Alors, je vous reconnais, M. le député de
Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: M. le Président, il en restait 24, on en a
perdu 4 en chemin. Merci, M. le Président. Je trouve important comme
député de la région de Québec, député
du comté de Taschereau, de prendre la parole sur cette motion de
l'Opposition. On convient tous que l'économie québécoise
et l'économie canadienne font face à un léger
ralentissement économique. Ce que l'on convient moins avec l'Opposition,
et vous comprendrez pourquoi, c'est qu'on n'est absolument pas d'accord pour
dire que le gouvernement du Québec ne s'est pas préparé,
que le gouvernement du Québec ne fait rien pour faire en sorte que les
dommages que peut causer ce ralentissement économique soient les plus
faibles possible sur les citoyens et les citoyennes du Québec.
Évidemment, vous me permettrez de reprendre quelques mots de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve qui m'a
précédé, qui a dit à la population du Québec
que les seuls remèdes que l'on proposait devant ce ralentissement
économique, c'était la privatisation. Vous savez très bien
qu'il y a belle lurette que l'on n'a rien privatisé au Québec.
Elle nous disait également que tout ce qu'on avait trouvé
d'ingénieux à faire, c'était de faire un comité de
ministres présidé par le président du Conseil du
trésor, qui avait pour mandat de sabrer dans les budgets des
ministères. Bien qu'en effet nous étudiions à la loupe les
budgets des ministères afin de s'assurer qu'il n'y a pas de
dépenses inutiles de faites, je vous rappellerai qu'eux, ce n'est pas un
comité qu'ils ont fait en 1983-1984, mais c'est une loi pour couper tous
les employés de l'État. Ça a fait bien plus mal à
l'économie à cette époque-là que de couper dans les
budgets des ministères. Je comprends donc qu'on n'a pas de leçon
à recevoir de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, encore
moins du Parti québécois, à cet
égard-là.
Quant au service de placement, les bureaux de Travail-Québec,
tout le monde a convenu à l'époque et tout le monde convient
encore que c'était un exemple flagrant de duplication inutile où
les gens allaient s'inscrire le matin au bureau de Travail-Québec,
l'après-midi au Centre d'em-
ploi du Canada, le lendemain, ils retournaient voir au bureau de
Travail-Québec et, le lendemain après-midi, au bureau du
gouvernement fédéral. C'était une perte d'énergies
tant pour ceux qui étaient à la recherche d'emplois que pour ceux
- et je pense qu'ils sont nombreux au Québec, bien que moins nombreux de
l'autre côté de la Chambre - qui veulent que leurs deniers soient
bien dépensés. Que ce soient des impôts qu'ils paient au
fédéral ou au provincial, ils ne veulent pas que leur argent soit
dépensé deux fois pour la même chose.
Cela dit, là où je partage davantage, cependant, les
inquiétudes de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, c'est
quant aux exigences d'emploi. Effectivement, au cours des dernières
années, les employeurs, qu'ils soient publics ou privés, ont
énormément augmenté les exigences d'emploi, ce qui fait
que des gens de son comté comme du mien, qui sont compétents,
expérimentés, bienveillants, travaillants, ont du mal à se
qualifier pour pouvoir appliquer sur des postes. Et je me suis attardé,
il n'y a pas si longtemps, à un phénomène qui est
même à l'intérieur du gouvernement du Québec, alors
que, voulant fournir du personnel à ce qu'on appelle maintenant la
police verte du ministère de l'Environnement, nous avons exigé,
des candidats et des candidates, 10 ans d'expérience pour pouvoir
postuler ce poste-là. Alors, imaginez combien de gens au Québec,
qui avaient la compétence, qui avaient la formation pour appliquer sur
ce genre de travail là, n'ont pu le faire parce que nous exigions, comme
gouvernement, les gestionnaires responsables de ce concours-là, 10 ans
d'expérience. Qu'est-ce qu'on a eu comme résultat, M. le
Président? Sur 28 postes, nous avons eu 18 agents de la
Sûreté du Québec, 18 agents à la retraite. Au lieu
d'avoir créé des postes pour les techniciens et les techniciennes
en sciences policières qui sortent de nos cégeps, qui ont des
familles, qui sont sur le chômage, qui sont sur l'aide sociale, nous
avons réembauché des gens que nous payons déjà et
qui ont pleine pension.
M. le Président, ce sont des gestes que l'on pose et il faut
avoir l'humilité d'admettre, je crois, que l'on se trompe. Et ce sont
des gestes que nous devrons regarder de très près pour faire en
sorte que les étudiants, les étudiantes, les gens qui ont moins
d'expérience puissent postuler des emplois gouvernementaux. Parce qu'on
en arrive à des situations où, alors que je vous dis que 18
personnes touchant pleine pension, soit de la police provinciale ou de corps
policiers municipaux, ont retrouvé un deuxième emploi au
gouvernement après une première étape bien chargée
de leur vie, après 25 ans de service, on se retrouve avec des gens qui
ont deux morceaux de tarte alors que des gens n'en ont pas du tout, n'ont
même pas de graines de tarte. Donc, je pense qu'il va falloir s'affairer
à ça et faire en sorte que les emplois puissent être
ouverts à des gens qui ont l'expérience et la compétence.
Mais qu'on ne demande pas des exigences telles que l'on se retrouve avec des
gens qui avaient déjà pleine pension.
M. le Président, je voudrais prendre quelques minutes, bien qu'il
m'en reste déjà peu, pour vous parler de ce qui s'est fait
concrètement dans le comté de Taschereau, pour faire en sorte que
les citoyens et les citoyennes ressentent le moins possible ce ralentissement
économique. D'abord, il y a quelques années déjà,
et ça continue à porter des fruits, le gouvernement du
Québec, avec l'aide du gouvernement fédéral, a mis sur
pied un incubateur d'entreprises dans le parc Saint-Malo, sur la rue
Sainte-Thérèse, dans la basse-ville de Québec, pour
permettre aux jeunes entrepreneurs de la région, de toute la grande
région de Québec, d'être aidés lorsqu'ils avaient
des projets d'investissement dans une nouvelle entreprise. Et
déjà, des dizaines et des dizaines d'entreprises, des dizaines et
des dizaines de jeunes entrepreneurs ont pu bénéficier de ce
service qui n'est pas un service gouvernemental, bien qu'ils soient
aidés par le gouvernement, mais ce service aide les jeunes à
démarrer en affaires. (17 h 30)
Également - et c'est un dossier que l'on travaille de très
près, mon collègue de Limoilou et moi-même - nous voulons,
pour la grande région de Québec, implanter un comité
d'adaptation de la main-d'oeuvre, un CAMO, comme on dit dans le jargon, et
c'est ce genre d'organisme qui a fait ses preuves dans le sud-ouest de
Montréal, qui a fait ses preuves dans l'est de Montréal
également, qui va faire en sorte de regrouper toutes les forces vives du
centre-ville de Québec, que ce sort le patronat, le syndicat, les
organismes communautaires, les caisses populaires, bref, les trois paliers de
gouvernement évidemment, bref, tous ceux et toutes celles qui ont
à coeur d'aider le centre-ville de Québec pour faire en sorte que
nous ayons des projets novateurs pour le centre-ville de Québec, que
nous allions chercher le maximum de l'argent gouvernemental disponible pour
faire en sorte que, d'une part, nous créions de nouveaux emplois, mais
que, surtout, ces emplois-là puissent être occupés par des
gens de notre secteur. Parce que, trop souvent, il se crée des emplois
dans un secteur donné, mais ce sont des gens plus qualifiés
d'ailleurs qui viennent les chercher. Donc, il faut s'assurer non seulement de
créer des emplois dans le secteur du centre-ville de Québec, dans
les comtés de Vanier, Limoilou et Taschereau, mais il faut s'assurer que
nous formions assez la main-d'oeuvre de ces comtés-là pour que
cette main-d'oeuvre puisse postuler et obtenir ces fameux emplois.
Cela dit, M. le Président, je vous assure que nous travaillons
très fort avec la ville de Québec, avec le gouvernement
fédéral et, évidemment, avec les organismes du milieu afin
que
ce projet de CAMO, de comité d'adaptation de la main-d'oeuvre,
puisse se concrétiser dans les meilleurs et donner d'aussi bons
résultats qu'il a pu en donner dans la région de Montréal
et dans la région du sud-ouest de Montréal.
M. le Président, le Parti québécois veut
blâmer le gouvernement du Québec et c'est son droit. Mais il faut
mettre les choses dans leur perspective. Et ce qui ralentit l'économie,
au moment où nous nous parlons, c'est l'endettement
exagéré du gouvernement fédéral, endettement
exagéré qui a fait augmenter les taux d'intérêt,
augmenter le dollar canadien par rapport au dollar américain. Et quand
on sait combien l'économie du Québec est tributaire des
États-Unis, combien nous dépendons de nos ventes aux
États-Unis pour créer des emplois et pour soutenir l'emploi au
Québec, on comprend que nous sommes de moins en moins compétitifs
sur le marché américain. Donc, M. le Président, il faut
mettre les torts où ils sont et l'endettement du fédéral
est grave, au moment où nous nous parlons, et c'est la cause principale,
je crois, des problèmes que nous avons actuellement.
Ce qu'il faut dire - et j'en parlais justement avec le président
de la Banque Nationale que je rencontrais tout à l'heure - c'est
qu'à cet égard-là le gouvernement du Québec a fait
ses devoirs. Le gouvernement du Québec a resserré sa gestion au
cours des cinq dernières années, ce qui fait que nous avons un
endettement maintenant d'à peu près la moitié de ce que
c'était au moment où nous sommes arrivés au pouvoir. Et ce
n'est pas pour rien que M. Bérard, qui est le président de la
Banque Nationale, a donné une bonne note au gouvernement du
Québec. M. Bérard a dit que le gouvernement du Québec
avait fait son travail dans la réduction du déficit et c'est
comme ça qu'à moyen et à long terme l'économie du
Québec sera plus forte, c'est comme ça que nous serons en mesure
de faire face aux défis des années qui s'en viennent.
M. le Président, ce qui va permettre au Québec de s'en
sortir, c'est que nous avons, heureusement, depuis des années
formé et produit une génération d'entrepreneurs. Les
Québécois et les Québécoises sont entrepreneurs
comme ils ne l'ont jamais été et ce sont les PME du Québec
qui vont permettre aux Québécois de se trouver des nouveaux
emplois au cours des prochaines années. Mais ce qu'il ne faut pas
oublier, M. le Président, c'est qu'il va falloir commencer à
s'encourager entre nous plus qu'on ne le fait. Il va falloir que les
consommateurs et les consommatrices, lorsqu'ils vont faire leurs emplettes,
lorsqu'ils vont acheter des biens de consommation, prennent le temps de
regarder sur l'étiquette si, par hasard, il n'y aurait pas de
disponibles sur les tablettes des produits fabriqués au Québec.
Il va falloir que nous, également, comme gouvernement, par nos
sociétés d'État, par nos achats, on donne l'exemple.
Et, juste en terminant, M. le Président, je ne peux
m'empêcher de vous donner un exemple. Vous connaissez le mont Sainte-Anne
dans la région de Québec. Cette année, le mont Sainte-Anne
va introduire un nouveau système de cartes pour payer les
remontées mécaniques. Et je connais des gens qui sont dans ce
secteur de la billeterie à Québec et je leur ai demandé
si, par hasard, la SEPAQ qui gère le mont Sainte-Anne leur avait
demandé une soumission pour faire en sorte que, si possible, ces
produits-là soient fabriqués au Québec, soient
conçus au Québec, ces programmes informatiques soient
développés au Québec. M. le Président, non, on est
allé directement en Autriche et on a acheté des systèmes
autrichiens. Je trouve ça malheureux que même nos
sociétés d'État oublient parfois de faire appel aux
entrepreneurs locaux, de faire appel a nos informaticiens locaux, à nos
ingénieurs locaux, parce que ces gens-là sont capables de
développer ce type de produits qui sont achetés actuellement
à l'étranger.
M. le Président, je termine là-dessus en vous disant que
je suis confiant que le Québec va sortir fort de ce ralentissement
économique et je peux vous assurer que le gouvernement du Québec,
que le député de Taschereau, que tous mes collègues
libéraux de . l'Assemblée nationale vont veiller à ce que
leurs citoyens et leurs citoyennes soient le moins affectés possible par
la période que nous traversons. Je vous remercie.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Taschereau. Je reconnais maintenant M. le
député de Limoilou, en vous rappelant qu'il vous reste 10
minutes, M. le député.
M. Michel Després
M. Després: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir de prendre la parole sur la motion du chef de l'Opposition. Il faut se
rappeler que le chef de l'Opposition est l'ancien ministre des Finances et
ça, c'est important, surtout lorsqu'on dépose une motion, M. le
Président, qui nous dit qu'à la fois... Ça fait longtemps
qu'on veut nous dire qu'on est en récession, bien, on va la comparer, la
récession d'aujourd'hui, avec la récession qu'ils ont
gérée durant le temps qu'ils étaient là, M. le
Président, en tant que ministre des Finances. On va vous parler aussi de
la façon dont le gouvernement du Québec a pris ses
responsabilités et cela, depuis le dernier budget qu'on a
déposé en avril 1990. j'aimerais peut-être, en
commençant, prendre quelques points que le chef de l'opposition a faits
lors du dépôt de sa motion. d'abord, en ce qui concerne les
emplois, il nous dit que le québec a connu 9 % de chômage et cela,
même durant les années de prospérité. m. le
président, effectivement, le chômage est à 9,6 % en moyenne
depuis les neuf premiers mois de l'année, mais
si on veut le comparer à l'année 1982, il était,
à cette époque-là, de 13,6 %. M. Parizeau accuse le
gouvernement de laisser s'effondrer l'industrie manufacturière depuis
plus d'un an. Il dit que c'est la politique du laisser-faire, M. le
Président. moi, j'aimerais dire au chef de l'opposition que,
contrairement à ce qu'il affirme, le québec n'est pas en perte de
vitesse, la croissance des immobilisations manufacturières du
québec, de 1987 à 1989, a connu une augmentation de 42 %
comparativement à 5,8 % pour l'ontario. les projets d'investissements
pour 1989-1990 totalisent, avec les investissements de la pme et de la grande
entreprise, un total de 13 877 000 000 $, m. le président, une
augmentation des emplois de 12 %, alors qu'en ontario, une légère
diminution de 0,3 %.
On veut faire des comparaisons? On va continuer. La construction au
niveau du logement a connu une baisse de 50 % dans les quatre derniers mois.
C'est vrai qu'effectivement, si on compare avec les dernières
années, il y a eu, M. le Président, une diminution. On veut
comparer, on parle de récession, on va continuer à comparer.
1982: 24 000 mises en chantier. Les neuf premiers mois de l'année de
1990, nous sommes maintenant à 48 000 mises en chantier, M. le
Président.
Le chef de l'Opposition disait: Une augmentation d'impôt, une
réduction des programmes et une augmentation des taux
d'intérêt, ça mène à une récession. Le
gouvernement provincial augmente ses taxes en même temps que le
fédéral et réduit ses programmes en même temps que
le fédéral. Dans le temps qu'il était ministre des
Finances, M. le Président, il disait: On ne peut plus continuer les
compressions "at large". Dans La Presse du 1er novembre 1982 - il est
ministre des Finances - : "II faut maintenant songer à
l'élimination de certains programmes dans la préparation du
budget 1983-1984. Comme le gouvernement cherche à éviter toute
hausse d'impôt, on n'a pas le choix, il faut envisager
l'élimination de certains programmes du gouvernement." C'était la
gestion des gens qui étaient au pouvoir à cette
époque-là, M. le Président. on continue. le chef de
l'opposition nous dit, vitement: "pour l'année 1991-1992, une
augmentation des taxes et d'impôt, de tarification de 1 820 000 000 $. on
a taxé la consommation, le tabac, l'alcool, la taxe de vente, le permis
d'immatriculation, le tarif de l'électricité. cela affecte
l'indice du coût de la vie.
M. le Président, il n'est plus ministre des Finances, il attend
son entrée à l'Assemblée nationale du Québec. Il
déclare, dans Le Devoir du 26 avril 1986: "Les taxes à la
consommation demeurent le seul échappatoire possible pour maintenir les
équilibres budgétaires, affirme l'ancien ministre des Finances,
M. Jacques Parizeau." (17 h 40)
M. le Président, le chef de l'Opposition, l'ancien ministre des
Finances, n'a sûrement pas de leçon à nous faire. S'il veut
prendre la période où il était lui-même ministre des
Finances alors que nous étions en période de récession
économique, il a fait, durant tout le temps qu'il a été
là, augmenter les taxes, augmenter les impôts, diminuer le
déficit, augmenter le chômage, diminuer le nombre d'emplois
créés au Québec. On voudrait continuer à comparer -
je sais que je n'ai pas grand temps, M. le Président - l'année
1981, on peut continuer. On a augmenté la taxe sur les carburants de 20
% à 40 %; on a augmenté la taxe de vente de 8 % à 9 %; on
a suspendu la réduction des impôts des particuliers de 2 %; on a
atteint 1 100 000 000 $ de taxes à part le fardeau fiscal des
entreprises; on a augmenté de 230 000 000 $ et, au début de
l'année 1982, on a réussi à aller chercher de l'argent
directement dans la masse salariale des employés de l'État pour
un montant de 500 000 000 $. On n'a pas de leçon à recevoir de
ces gens-là qui, pendant neuf ans, ont réussi à
détériorer la gestion des finances publiques au Québec, M.
le Président!
J'aimerais prendre les quelques minutes qu'il me reste pour vous dire
que le chef de l'Opposition qui nous dit et qui accuse encore là le
gouvernement de ne pas mettre au point un programme de relance
économique... Le gouvernement n'a pas le droit de refuser d'intervenir
quand ça va mal! Le premier mois du premier trimestre, avril 1990, il y
a eu une baisse du PIB. Qu'est-ce qu'on a fait, M. le Président?
Dépôt du budget du gouvernement du Québec. On a mis en
place un budget qui a augmenté et accéléré les
investissements. Qu'on pense au secteur de l'éducation à 93 000
000 $, au secteur des équipements culturels, 72 000 000 $, au secteur de
la santé et des services sociaux, 76 000 000 $ et à
l'enseignement supérieur, 38 000 000 $. M. le Président,
ça se reflète dans des projets très précis parce
que déjà, alors qu'on a annoncé dans le dernier budget ces
montants-là, des projets précis dans le comté de Limoilou
comme dans bien d'autres comtés du Québec, des projets ont
été annoncés dans chacun de ces secteurs
d'activités. Au niveau de l'aide aux entreprises, 30 000 000 $ avant
même que le premier mois d'un ralentissement soit annoncé. Cet
argent permettra de combler les besoins de liquidités à court
terme des entreprises. 15 000 000 $ afin de favoriser les regroupements
d'entreprises. On parle d'alliance stratégique pour leur permettre de
passer à travers un contexte qui est justement difficile.
Et qu'on pense aux autres mesures, M. le Président, lorsqu'on
parle de l'économie régionale: 50 000 000 $ pour l'industrie de
la pêche, 6 000 000 $ pour les programmes d'emplois saisonniers, 5 000
000 $ pour l'augmentation des crédits à l'aménagement, 4
000 000 $ pour le démarrage des projets miniers, 6 000 000 $ pour
les crédits touristiques, 6 000 000 $ pour les infrastructures.
En concertation avec le milieu, un programme de 29 000 000 $ pour les
programmes et les difficultés que peut connaître l'emploi dans le
sud-ouest de Montréal. Hydro-Québec, 1 000 000 000 $
d'investissements de plus qu'en 1989. M. le Président, des mesures
concrètes avant même qu'on reconnaisse au bout de deux trimestres
la baisse du PIB.
Donc, en début de récession, le gouvernement a pris ses
responsabilités et va continuer à les prendre, M. le
Président. Tout cela dans un objectif qui est celui de poursuivre une
gestion rigoureuse et efficace des finances publiques, assurer une meilleure
détermination des priorités, consolider la
compétitivité de notre fiscalité, privilégier une
augmentation des investissements publics, accroître certains
investissements - et je le disais tout à l'heure - santé,
culture, environnement, pour pouvoir compter aussi sur l'apport des capitaux
internationaux. Voilà de quelle façon le gouvernement veut
administrer les fonds publics et saura bien gérer les finances du
Québec durant le prochain mandat. Voilà un gouvernement qui est
réaliste, M. le Président, efficace et conscient de ses
capacités et de son développement. Merci, M. le
Président.
Une voix: Bravo! Bravo, Michel!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le
député de limoilou. je reconnais maintenant m. le chef de
l'opposition officielle pour son droit de réplique sur sa motion.
M. Jacques Parizeau (réplique)
M. Parizeau: M. le Président, en terminant ce débat
sur la motion qui blâme le gouvernement, au fond, de ne pas réagir
à la hausse du chômage et à la récession comme il le
devrait, je suis très conscient du fait que ce gouvernement cherche,
alors que tout le monde commence à s'énerver passablement dans
notre société, à montrer une belle image. À partir
de principes qu'il suit depuis quatre ou cinq ans, principes souvent
d'équilibre comptable, de gestion et de resserrement à la petite
semaine, il lui faut montrer qu'il fait quelque chose à l'heure
actuelle, et celui qui m'a précédé, le
député de Limoilou, je pense, nous donne une excellente
expression de cette tentative d'utiliser l'image. Je l'entendais, avant que je
me mette à parler, dire: Et pour favoriser l'expansion puisque nous
reconnaissons qu'il y a une récession, on a donné 4 000 000 $
ici, 10 000 000 $ là et 50 000 000 $ sur cinq ans pour telle autre
chose. M. le Président, le budget de dépenses du gouvernement du
Québec est de 35 000 000 000 $.
Les problèmes économiques auxquels nous faisons face
périodiquement - on a des problèmes comme tout le monde -
impliquent de poser des gestes un peu significatifs. Mais oui, le gouver-
nement a monté toutes espèces de sommets socio-économiques
à travers le Québec. Extraordinaires, les montants qui sont en
cause. Ce n'est pas tout le monde qui se rend compte que ces exercices, dans
certaines régions en particulier, ont donné lieu à,
j'allais dire presque à des pourboires. Le gouvernement, en somme, nous
dit qu'il nous présente des "posters". Ce ne sont pas des "posters", ce
sont des étiquettes. Ça ne fait pas une politique
économique, M. le Président. Ça ne peut pas changer
grand-chose à ce qui se passe au Québec sur le plan
économique.
Voulez-vous que je fasse peut-être miroiter un peu certaines
images? Pendant la dernière campagne électorale, nous avons
suggéré un effort majeur du côté de la formation
professionnelle - quand je dis "majeur", alimenté, on s'en souviendra,
par une augmentation de la contribution de l'employeur - pour, à l'heure
actuelle, les services de santé, mais qui aurait injecté dans la
formation professionnelle des centaines de millions sans que ça ait le
moindre impact sur le déficit budgétaire du gouvernement, pas le
moindre. Si c'avait été adopté, vous rendez-vous compte,
M. le Président, qu'un an plus tard, 13 mois plus tard, nous aurions, au
moment où le chômage augmente de façon importante au
Québec, probablement déjà des dizaines de milliers de
travailleurs dans des programmes de formation, dans des programmes de
recyclage? Nous aurions pu ouvrir, pour un grand nombre de
Québécois, une sorte de condition d'amélioration de leurs
compétences techniques au moment même où leurs emplois sont
menacés.
Rien de tout ça! De quoi s'agit-il 13 mois plus tard? On n'a pas
un grand plan comme ça où on aurait mobilisé tout ce qu'on
peut trouver comme écoles, comme écoles privées, comme
institutions de tout genre pour accélérer la formation et le
recyclage d'un bon nombre de travailleurs du Québec. Nous avons la
poursuite de la malheureuse bagarre fédérale-provinciale: Est-ce
que je te contrôle les entreprises de 195 employés et plus, alors
que tu t'occuperas des entreprises de 170 employés et moins? Est-ce que
le gouvernement fédéral bougera ou si ce sera le gouvernement du
Québec qui bougera ou si les deux bougeront ou, ce qui se produit, aucun
des deux ne bougera? 13 mois plus tard.
M. le Président, il y a un problème sérieux
à l'heure actuelle dans la capitalisation des entreprises du
Québec. Il y a trop de dettes dans les entreprises du Québec et
pas assez d'équité. On avait, pendant un bout de temps, tant que
ça a marché, par le RÉA, aidé
considérablement à améliorer la situation. Là, le
problème est revenu. Le président de CGI, M. Serge Godin,
à la Chambre de commerce de Montréal, hier, proposait un
programme qu'il appelle corvée PME qui permettrait de ramasser des
centaines de millions de dollars d'équité, de capital-actions
pour les PME.
Ce que j'en ai lu dans les journaux - j'attends de pouvoir lire le texte
- ça n'a pas l'air d'être sans intérêt. Au contraire.
En tout cas, ça correspond à un problème. Quelle a
été la réponse du gouvernement au fait que les entreprises
manquent d'équité? Ils ont ajouté dans le dernier budget
30 000 000 $ à la Société de développement
industriel. Mais, 30 000 000 $ pour les entreprises du Québec à
la SDI, mais c'est un pourboire, M. le Président. Ça ne
réglera jamais rien. C'est juste pour être capable de faire des
discours en cette Chambre et dire: Voyez, on fait quelque chose pour la PME. 30
000 000 $! Les programmes Biron 1 et Biron 2 de garantie de prêts pour
les entreprises pendant la récession de 1982 ont mobilisé
au-delà de 1 000 000 000 $. 30 000 000 $ pour les entreprises du
Québec! Non, mais vraiment, des étiquettes... Ce dont parie M.
Godin, c'est un fonds qui pourrait assez rapidement atteindre plusieurs
centaines de millions. Là, on commence à parler. M. Garneau,
président de l'Industrielle-Alliance, lui, cherche à augmenter
les fonds mis à la disposition des entreprises mutuelles d'assurances au
Québec. Et, dans un rapport qu'il a présenté à la
ministre des Institutions financières, il présente un projet -
ça, j'aurais besoin de le regarder davantage, je ne suis pas certain que
j'irais avec lui jusqu'au bout de ses idées - là encore,
susceptible de mobiliser plusieurs centaines de millions de dollars pour
faciliter la capitalisation et l'expansion des mutuelles.
Là, on parle, M. le Président! Je ne veux pas dire
nécessairement que je suis d'accord avec l'ensemble de ces propositions
et certaines, j'aurais à les examiner davantage, mais on commence
à parier, on commence à sortir de cette optique frileuse
où on se dit: Oui, le déficit est de 1 600 000 000 $. Si je
l'augmente juste un peu en annonçant certaines petites
accélérations de choses, eh bien, je donnerai l'impression
d'aider l'économie beaucoup.
M. le Président, l'accélération des investissements
annoncée par le gouvernement, des investissements scolaires, des
investissements d'hôpitaux, des choses comme ça qui sont apparues
dans le budget, mais à qui fait-on illusion? On annonce des petites
choses comme ça dans le budget, qui ne sont pas sans
intérêt - l'accélération pour certains
investissements dans l'éducation - ou la santé, ce n'est pas sans
intérêt - et là, tout à coup, au milieu de
l'année, une fois qu'on a annoncé ça et qu'on a
cherché à en faire un petit peu de crédit politique, on
annonce des coupures de plusieurs centaines de millions de dollars dans les
crédits de l'année. Qu'est-ce que ça veut dire, des
coupures de quelques centaines de millions de dollars? Ça veut dire que
des tas de choses qui avaient été mises dans le budget sont
reportées à l'année suivante. Et l'année suivante,
on recommence le même coup et on a des coupures dans le budget et c'est
reporté à l'année suivante.
Dans des cas comme ceux-là, M. le Président, d'abord on
colle l'étiquette et ensuite on l'enlève.
Ce gouvernement se révèle jusqu'à maintenant
incapable d'exercer sur l'économie l'action qu'un gouvernement moderne,
à notre égard, doit exercer sur l'économie et qu'il exerce
partout. Il peut l'exercer bien, il peut l'exercer mal. Ici, au Québec,
il a choisi de l'exercer dans la plus grande modération à partir
d'un principe fondamental qui, pour eux, semble être: moins on gouverne,
mieux on gouverne. principe commode, principe qui fait qu'au moment où
l'économie est faible, au moment où il y a des risques - je pense
en particulier sur le plan international - qui sont assez sérieux, nous
nous trouvons devant un gouvernement muet sur les choses importantes. un
gouvernement qui se sent un peu stérilisé. un gouvernement qui a
peur de bouger au cas où on s'imaginerait qu'il a contredit ses
attitudes antérieures. un gouvernement, malheureusement, m. le
président, qui voit monter un certain nombre de problèmes
sérieux et qui semble être complètement démuni.
Au-delà des images, au-delà des étiquettes, je
souhaite, malgré tout, peut-être contre tout espoir, mais je
souhaite malgré tout que ce gouvernement puisse faire face à la
réalité des choses et poser des gestes qui sont
inévitables, si on veut, dans le Québec de maintenant, dans le
Québec de 1990, faire en sorte qu'il n'y ait pas trop de gens, le moins
possible dans notre société, qui paient les pots cassés,
c'est-à-dire qui paient les conséquences de la récession
que nous connaissons. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ceci met fin au
débat sur la motion présentée par M. le chef de
l'Opposition officielle. Est-ce que ladite motion est adoptée? Oui, M.
le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Je souhaiterais qu'il y ait un vote nominal sur cette
motion pour permettre à quelques collègues libéraux
d'appuyer notre motion.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le leader
adjoint de l'Opposition, vous demandez le vote nominal?
M. Bélisle: ...votre nominal, mais, m. le
président, en vertu de l'article 223, je vous demande de reporter le
vote à la prochaine séance de l'assemblée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je reporte le vote
à la séance de demain, jeudi.
Il est 18 heures. Ceci met donc fin aux travaux de l'Assemblée
que j'ajourne à demain matin, 10 heures. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 57)