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(Dix heures cinq minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît. Nous
entreprenons les travaux de l'Assemblée nationale, en ce 5
décembre, avec l'étape des affaires du jour. M. le leader du
gouvernement, si vous voulez m'indiquer avec quel article du feuilleton nous
allons commencer nos travaux.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je vous
prierais d'appeler l'article 8 de notre feuilleton.
Projet de loi 89 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 8,
l'Assemblée nationale reprend le débat sur l'adoption du principe
du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente
en détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Vous me permettrez de vous donner le renseignement suivant. Je vous rappelle
que, conformément à l'ordre adopté à la
séance du 3 décembre et modifié à la
dernière séance, le débat est limité à une
intervention pour chaque groupe parlementaire. Je suis prêt à
reconnaître le premier intervenant, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, on termine dans quelques minutes le débat sur
l'adoption du principe de la loi 89, loi qui vient sanctionner l'annonce qui a
été faite en cette Chambre en août dernier, à savoir
la taxe de vente du Québec, communément appelée la TVQ,
qui est à peu près l'équivalent de la TPS que le
gouvernement fédéral est en train de discuter. On ne sait pas
encore, M. le Président, si le gouvernement fédéral
adoptera ou non cette TPS. On le saura, nous dit-on, le ou vers le 15
décembre prochain.
M. le Président, l'Opposition a manifesté jusqu'à
maintenant une vive opposition à ce projet de loi parce qu'il nous
apparaît qu'on aurait pu modifier le système de taxe de vente au
Québec et tenir compte d'une modulation qui aurait permis, je pense, de
détaxer des produits essentiels ou de maintenir la non-taxation sur
plusieurs produits, alors que cette loi que nous avons devant nous taxe d'une
façon inconsidérée au même taux tous les produits, y
compris ceux qui n'étaient pas taxés au Québec.
M. le Président, sur le principe d'une TVQ ou d'une TVA ou d'une
TPS, donc taxe sur les produits et services, TPS, taxe de vente du
Québec, TVQ, TVA, taxe sur la valeur ajoutée, tout
ça, pour des concitoyens qui nous écoutent, bien souvent c'est du
chinois. Ceci dit, cependant, on sait qu'au mois de janvier prochain, M. le
Président, il y aura cette nouvelle taxe qui sera appliquée au
Québec et qui, à mon point de vue, est une taxe régressive
sur plusieurs points de vue. Tout d'abord, permettez-moi, M. le
Président, de souligner que plusieurs produits qui n'étaient pas
taxés depuis déjà belle lurette au Québec, depuis
une dizaine d'années au Québec, le seront dorénavant.
C'est là, à mon point de vue, M. le Président,
l'incompréhension du gouvernement qui aurait très bien pu,
c'était très possible, M. le Président... Avec ce style de
taxe ou ce mode de taxe de vente qui existe dans plusieurs pays
industrialisés, il peut y avoir une modulation dans les taux. Par
exemple, on peut très bien décider - et la preuve, ça
l'est - que certains produits alimentaires ne le sont pas. Pourquoi ne pas
avoir maintenu la non-taxation sur des produits, par exemple, qui aidaient le
jeune couple ou la famille à pouvoir bénéficier de la
non-taxation sur certains produits?
M. le Président, il me semble que le Parlement doit être
cohérent. On a entendu dans cette Chambre depuis plusieurs mois, pour ne
pas dire depuis plusieurs années, de très beaux discours
ronflants sur la politique familiale. On a dit: Les jeunes couples ont besoin
de soutien; il nous faut établir, d'une façon cohérente,
une politique familiale, une politique nataliste, une politique qui encourage
les jeunes couples à fonder un foyer. C'était beau,
c'étaient des belles phrases, c'étaient de beaux discours. Mais
il faut qu'on passe du discours aux actes de temps en temps.
Quand on regarde ce qui s'est produit fondamentalement depuis un an dans
cette Chambre suite au discours sur le budget, c'est à se demander si,
fondamentalement, on renie absolument toutes les intentions, tous les
engagements et toutes les promesses qu'on a faits aux citoyens
québécois. Je vais prendre pour exemple une jeune famille
québécoise qui serait propriétaire d'un petit bungalow et
qui, au cours de l'année, a décidé de mettre au monde un
nouvel enfant. Qu'est-ce qui lui est arrivé depuis le mois d'avril
dernier? Qu'est-ce qui leur est arrivé, M. le Président? On a
décidé, dans un premier temps, de faire grimper la facture
d'électricité, sur trois ans, de plusieurs millions au
Québec. Donc, le jeune couple qui a son petit bungalow a vu sa facture
d'électricité grimper et la verra grimper pendant trois ans. Par
un passe-passe assez louvoyant, on a réussi à leur envoyer un
compte de taxe scolaire qui est passé du simple à presque le
triple. Ce même couple-là est donc frappé par la taxe
scolaire et par la facture d'hydroélectricité. S'il a une auto et
deux permis
de conduire, leur deux permis de conduire ont été
augmentés; la plaque d'immatriculation a été
augmentée. Et ce n'était pas assez. En plus de plusieurs taxes
indirectes, là, on vient leur ajouter une TPS sur les
cuisinières, les réfrigérateurs, les bottines d'enfants,
on est allé jusqu'à taxer le suçon pour le petit. M. le
Président, après ça, on se targue d'avoir des politiques
familiales.
Je pense, M. le Président, que c'est inconcevable qu'on continue
à procéder de la sorte. Le système de partage ou le
régime de partage de la richesse dans notre société, c'est
par des impôts progressifs. C'est ça qu'il y a de plus
équitable: plus t'en gagnes, plus t'en paies. Mais ce n'est pas ce qu'on
fait au Québec depuis quelques années. On essaie de faire
accroire aux citoyens que ça ne bouge pas, que les impôts ne
bougent pas. M. le Président, on se targue, on se tire les bretelles
assez loin, merci, pour dire: Voici, on n'a pas augmenté vos
impôts cette année. Mais, quand je reçois un compte de taxe
scolaire triplé, quand je reçois une facture
d'électricité assez bien salée, merci, quand je regarde la
TPS qui s'en vient, M. le Président, et quand je regarde la multitude
des autres taxes qu'on a imposées à nos concitoyens, il faut
arrêter de se targuer de ne pas toucher aux revenus de l'individu. Le
pouvoir d'achat des individus, suite au dernier budget et avec l'ajout de la
TPS, assomme littéralement le salarié moyen au Québec, M.
le Président.
Bien sûr qu'on va rétorquer de l'autre côté et
qu'on va me dire: Oui, mais il y a des retours d'impôt qui vont avoir
lieu pour les pauvres. C'est vrai, il va y avoir un retour d'impôt pour
certaines catégories de citoyens, mais graduellement, M. le
Président, on vient grossir ce nombre de pauvres, on étouffe le
salarié moyen et, de plus en plus, on devient, au Québec, avec
deux groupes: des riches et des pauvres. Et c'est ce qui a fait dire au Conseil
de la famille et des affaires sociales qu'on est dans un "Québec
cassé en deux", M. le Président, où, littéralement,
les pauvres s'appauvrissent et les riches s'enrichissent.
Et, par surcroît, M. le Président, on est dans une
période de récession économique. Je ne peux pas croire
qu'en pleine période de récession, M. le Président, on
vienne taxer davantage. On aurait très bien pu considérer que ce
n'était pas le moment et on aurait pu prendre le temps d'y
réfléchir. Il y aura un autre budget en mai. On verra ce que le
gouvernement pourra faire, mais il me semble que ce n'était pas le temps
d'aller chercher 362 000 000 $ additionnels de taxes dans les poches de nos
contribuables. Il y avait un moyen de faire. C'était facile. Le
gouvernement aurait pu dire: Je percevais x milliards de taxe de vente par
l'ancien régime; je n'irai pas en chercher plus. Pourquoi avoir
été cherché 362 000 000 $ pour le trésor public? On
aurait bien pu dire, M. le Président: Les produits qui ne sont pas
taxés continueront de ne pas être taxés, pour être
cohérents avec notre politique familiale et avec nos politiques
sociales. Mais non, M. le Président! On profite du prétexte qu'il
faut s'harmoniser avec le fédéral pour aller chercher 362 000 000
$ additionnels dans les poches de nos concitoyens.
M. le Président, je pense que c'est un petit peu indécent
qu'on soit même en avance sur le fédéral. On ne sait
même pas s'ils vont la voter leur loi. Mais, ici, on s'empresse de la
passer et je sais que ce qu'ils seront obligés de faire, M. le
Président - et le leader adjoint, sans doute, opinerait dans le
même sens que moi - si elle n'est pas votée au
fédéral, on va être obligé d'écrire une
clause que cette loi entrera en vigueur sur proclamation. Et puis, là,
si elle ne passe pas là-bas, on aura passé quinze jours, trois
semaines, je ne sais pas, un mois à parier d'une TVQ, d'une loi, la loi
89, qui ne sera jamais proclamée, si jamais elle n'est pas votée
là-bas. M. le Président, il me semble qu'on n'est pas
obligés d'être à la remorque d'un autre palier de
gouvernement. Il me semble qu'on aurait pu avoir spécifiquement la
couleur québécoise dans ça, M. le Président. Au
Québec, on ne taxait pas tels produits, on ne taxait pas les
cuisinières, on ne taxait pas les réfrigérateurs, on ne
taxait pas les souliers ou les bottines d'enfants, on ne taxait pas une
série d'objets précisément pour aider la famille, pour
aider les couples, pour aider, si vous voulez, nos Québécois
à moyen revenu, à faible revenu.
Pourquoi, M. le Président, cet empressement? Vous vous
rappellerez que cette TVQ ou cette taxe de vente québécoise, M.
le Président, fut annoncée cet été. On a
convoqué la Chambre, d'une façon extraordinaire, M. le
Président, en plein mois d'août, en pleine crise mohawk, pour
annoncer cette taxe-là. Rappelez-vous! On a dû faire un
débat de cinq, six heures, à l'époque, parler que
c'était prématuré et tout. Mais non, on tenait à
profiter du fait que l'attention du public était tournée vers
autre chose pour lui passer ça.
M. le Président, c'est pour ça que l'Opposition a fait une
bataille rangée sur ce projet de loi. Cette bataille n'est pas
terminée, M. le Président. Nous allons continuer en commission
parlementaire, nous l'avons dit au gouvernement. Il n'y a pas de cachette, il
n'y a pas d'hypocrisie dans notre attitude, dans notre façon de faire.
Nous l'avons annoncé publiquement, que nous ferions tout notre possible,
en vertu du règlement, pour essayer de contrer cette taxation.
Je suis persuadé que le poids du nombre aura raison, M. le
Président. Mais, fondamentalement, dans l'opinion publique
québécoise, je pense que le gouvernement sera taxé de
commettre une erreur fondamentale de taxer des produits qui n'auraient pas
dû l'être. Il me semble qu'en 1990 on n'est pas obligé de
remettre des
taxes au moment où on se plaint qu'il y a une
dénatalité au Québec, par exemple, au moment où on
sait qu'il y a 1,4 enfant par famille et, que comme collectivité, pour
survivre sans avoir à faire appel exclusivement à l'immigration,
il faudrait 2,1 enfants par famille. M. le Président, il me semble que
ça, ça se comprenait par un gouvernement.
Hier, la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration
annonçait dans cette Chambre toute une politique face à
l'immigration future. La même ministre était responsable du
dossier de la famille, M. le Président. La même ministre
était responsable du dossier des garderies, M. le Président, au
Québec. Incohérence totale! On y va à la pièce. On
n'a pas de vision globale du contrat social qu'on doit avoir. On fait un beau
discours sur la famille et on veut l'encourager, on veut avoir des politiques
natalistes et on veut lui venir en aide et, le lendemain matin, on taxe les
bottines d'enfant, on taxe les appareils ménagers, on taxe le linge
d'enfant et on taxe tout. Il faudrait un peu de cohérence entre le
discours et les gestes que l'on pose, M. le Président. Il me semble que
ça n'a pas de bon sens de continuer de la sorte. Ça n'a pas de
bon sens d'avoir le discours à gauche et le geste à droite, M. le
Président. Ça, c'est parler des deux côtés de la
bouche en même temps et ça ne marche plus. Les
Québécois sont de plus en plus sensibles aux décisions
politiques et voient bien. Ils perdent confiance dans le monde politique, M. le
Président, et ils n'ont pas tort. On leur fait accroire, on leur fait
miroiter toutes sortes de belles promesses et, le lendemain, on fait le
contraire. Quelle crédibilité pouvons-nous nous bâtir en
ayant le verbe à gauche et le geste à droite, M. le
Président? On y "croit-u" fondamentalement à une politique
familiale? Si on y croit, nos gestes subséquents doivent s'inscrire dans
ce sens. On "croit-u" au Québec qu'il y a trop de pauvres
présentement et qu'il faut leur venir en aide? Si on y croit, le
lendemain matin, on pose les gestes conséquents à l'acte de foi
qu'on fait vis-à-vis d'un problème, M. le Président. On ne
peut pas continuer à constater des choses et a ne rien faire pour
corriger ces choses. (10 h 20)
Fondamentalement, c'est ce qu'on reproche aux hommes et aux femmes
politiques, M. le Président. On se présente aux élections
avec toutes sortes de belles promesses, de beaux engagements et dans
l'administration courante, par nos décisions politiques, on va tout
à fait à l'encontre de ça. Moi, je pense, M. le
Président, que ça ne peut plus continuer, que ça ne peut
plus continuer. Le Québec est véritablement cassé en deux,
et le rôle fondamental d'un État, le rôle fondamental d'un
gouvernement, M. le Président, c'est quoi? Le rôle premier d'un
État, M. le Président, c'est de répartir la richesse
collective le mieux possible. Et, pour ce faire, ce n'est pas avec des
régimes de taxation, des régimes de taxe de vente qui vont
continuer à appauvrir les gens, c'est avec des régimes
progressifs qui font en sorte que celui qui en gagne plus en paie un petit peu
plus. C'est ça qui est normal dans une société pour
permettre aux gens de ne pas étouffer. Si je gagne 100 000 $ et qu'on
augmente mon compte de taxe scolaire de 80 $, je peux le payer sans trop de
misère. Mais si je gagne 35 000 $ et que je paie un remboursement pour
ma maison de 700 $ par mois - ce qui n'est pas rare aujourd'hui quand on se
fait bâtir une maison, construire une maison - ajoutez à ça
un montant de 100 $ de plus de taxe scolaire, c'est difficile, ajoutez à
ça un montant additionnel pour la facture d'électricité,
c'est encore plus difficile. Si vous ajoutez à ça une hausse de
tarification pour le permis de conduire, une hausse de tarification pour
l'immatriculation, une TPS qui vient taxer le linge d'enfant, les bottines
d'enfant, les cuisinières, les réfrigérateurs, tous les
appareils ménagers, M. le Président, vous venez de "squeezer"
l'individu bien comme il faut. Il ne respire plus. Et, là, vous voyez
les pancartes devant les maisons: maison à vendre. Promenez-vous sur les
rues dans des quartiers résidentiels: maison à vendre. Et en
période de récession où les taux d'intérêt
grimpent, il voit son loyer mensuel encore augmenter et plus de pancartes
apparaissent.
Et bien souvent, M. le Président, les maisons sont revendues pour
l'hypothèque seulement. Alors que des individus ont payé pendant
cinq ans, six ans, huit ans, même dix ans pour leur maison, ils se voient
dans l'obligation de la revendre sans profit dans une période de
récession. Et voilà que le Québec repassera de
l'état de propriétaire qu'il était majoritairement
à l'état de locataire. Et qui va acheter les maisons pour le prix
des hypothèques? Ce sont ceux qui sont en foin, comme on dit en bon
québécois, ceux qui ont de l'argent, c'est clair. Et quand on dit
que les riches s'enrichissent et que les pauvres s'appauvrissent, c'en est une
situation de fait, ça. Je n'invente rien en disant ça. Je ne fais
que le constat, M. le Président. Par tous les régimes de taxation
indirects, de taxation, à mon point de vue, plutôt hypocrite, je
pense qu'on est en train d'appauvrir le Québec, de le casser en deux
littéralement et de faire en sorte qu'un plus grand nombre de gens
seront pauvres et que le nombre de riches va continuer à naviguer
allègrement avec plus de richesse qu'auparavant.
Fondamentalement, c'est pour cette raison que nous nous opposons
à la loi 89, M. le Président. Bien sûr, le gouvernement
aurait très bien pu, il aurait été facile pour le
gouvernement, M. le Président, de dire, par exemple: Je change mon mode
de taxation. S'il ne veut pas attendre une période plus propice, il
aurait pu le changer, mais il aurait pu le changer d'une façon
plus intelligente. Il aurait pu dire, par exemple: Les objets de luxe,
ce sera 9 % ou 10 % et les objets essentiels ou les objets qui aideraient la
famille, on va les mettre à 2 %, à 1 % ou à 0 %.
Pourquoi est-ce possible? On en a eu un exemple dans cette Chambre, M.
le Président, de cette possibilité. Quand les libraires se sont
regroupés et ont demandé à l'Opposition officielle:
Battez-vous, nous sommes derrière vous pour faire casser la taxe sur le
livre, M. le Président, le gouvernement a été
obligé de créer un comité. On ne connaît pas le
rapport, mais on sait une chose, y compris les électeurs de ces
libéraux, M. le Président, tous ont dit au ministre des Finances:
La taxe sur le livre, c'est zéro. Si c'est possible pour le livre,
pourquoi ça ne le serait pas sur les bottines d'enfant? Si c'est
possible pour le livre, pourquoi ça ne le serait pas sur les
imprimés? Si c'est possible pour le livre, pourquoi ça ne le
serait pas sur les appareils ménagers? Pourquoi ça ne le serait
pas sur le linge d'enfant? C'était possible, M. le Président, de
moduler les taux dépendant des produits et de faire en sorte qu'on
puisse présenter aux Québécois un système de
taxation beaucoup plus juste, beaucoup plus équitable.
M. le Président, à partir de cette brève
démonstration, je veux indiquer que l'Opposition officielle votera
contre ce projet de loi en deuxième lecture, que nous ferons la bataille
en commission parlementaire pour entendre de nos concitoyens touchés par
cette taxe, pour entendre de nos concitoyens, M. le Président, qui
viendront dire au ministre que son système n'est pas valable, qu'il peut
le modifier et que nous ferons en sorte, M. le Président, tant qu'il
nous restera du temps et tant que le règlement nous le permettra,
d'empêcher que ce projet de loi soit ratifié. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. Pour la dernière intervention sur l'adoption du
principe du projet de loi 89, je reconnais maintenant M. le ministre du
Revenu.
M. Raymond Savoie (réplique)
M. Savoie: Merci, M. le Président. On vient tout juste,
encore une fois, M. le Président, d'entendre, de la part de
l'Opposition, un ensemble de faits mal présentés, mal foutus dans
un discours purement démagogique, dans le but justement de
désinformer la population, dans le but de désorienter la
population sur un discours qui ne tient pas compte de la réalité,
qui ne tient pas compte de la vraie orientation des Québécois et
des Québécoises. M. le Président, est-ce que le leader de
l'Opposition sait ce que ça veut dire l'Association des consommateurs du
Québec? Est-ce qu'il sait que l'Association des consommateurs du
Québec appuie la réforme, appuie le fait qu'on modifie la TVQ
pour s'enli-gner sur la TPS? Est-ce que le leader de l'Opposition, dans son
discours qui ne tient compte d'aucune réalité, sait, par exemple,
que M. Alain Paquet, vice-président de l'organisme, de l'Association des
consommateurs du Québec, et professeur de sciences comptables à
l'UQAM, dit que le système provincial actuel est inefficace et
inéquitable?
M. le Président, quand j'ai fait ma présentation, à
l'Assemblée nationale, de ce projet de loi, dans mon discours,
dès le début, je vous ai dit, et aux Québécois et
Québécoises qui vont nous écouter: L'Opposition va tout
faire pour bloquer ce projet de loi: ils vont développer une politique
non pas parce qu'ils sont contre sur le fond, mais parce qu'ils sont
déterminés à s'assurer qu'on va produire dans cette
Assemblée nationale, cette session-ci, un minimum de législation;
ils vont tout faire pour tout bloquer. Et, là, immédiatement, le
leader de l'Opposition est revenu en empruntant ses petits pas à la
ballerine, a pris sa place ici, à l'Assemblée nationale, s'est
levé et a dit: M. le Président, point d'ordre, point de
règlement; on ne voudrait pas, M. le Président, que le ministre
du Revenu tienne compte de ce qu'on va faire; il faudrait regarder ce qu'on va
faire.
Et, effectivement, ils ont demandé l'adoption d'une motion de
scission, une motion, évidemment, d'ajournement et, par-dessus tout
ça, une motion de report. Ensuite de ça, ils ont fait des
discours en vous parlant d'hypothèque, de la valeur des maisons, des
choses qui n'ont complètement aucun bon sens dans le discours sur la
réforme actuelle. Ils ont fait un discours, les uns après les
autres, ils étaient plus d'une vingtaine à parier sur des sujets
qui, finalement, n'avaient rien à foutre avec la réforme qu'on
est en train d'introduire, une réforme que, comme je vous le rappelle,
j'ai souligné comme étant historique, d'une part, et,
deuxièmement, essentielle dans le but de s'assurer que les entreprises
québécoises demeurent compétitives avec les autres
provinces.
J'ai dit que l'Opposition dans ce débat-là était de
mauvaise foi, que tout ce qu'ils veulent faire, pour ceux et celles qui nous
écoutent et qui sont peut-être moins familiers avec la
procédure parlementaire, c'est qu'ils vont dire, bien sûr, qu'ils
vont voter contre l'adoption, à ce moment-ci, du projet de loi. On va
aller en commission parlementaire où on va étudier le projet de
loi article par article et ils vont bloquer cette commission parlementaire - on
sait qu'il n'y en a que trois, finalement - avec ce projet de loi là et
ils vont bloquer l'autre commission parlementaire avec un autre projet de loi,
et ils vont bloquer, comme ça, les trois commissions parlementaires. Et
ça s'adonne que ça tombe sur le projet de loi en question qu'on a
sous étude malgré le fait que l'ensemble des institutions
québécoises soit en
faveur de l'harmonisation tout simplement à cause des
coûts. (10 h 30)
J'ai mentionné à l'Assemblée nationale que le fait
qu'on s'harmonise va sauver aux entreprises québécoises entre 400
000 000 $ et 500 000 000 $. J'ai mentionné que cette harmonisation
était nécessaire, était logique et était
recommandée par tout un ensemble, par exemple par la
Fédération des entreprises indépendantes, le Conseil du
patronat, le Conseil canadien du commerce de détail, l'institut CD.
Howe, le Conseil canadien des chefs d'entreprises, la Chambre de commerce du
Québec, l'Association des voyageurs de commerce, l'Association
canadienne de l'industrie du caoutchouc, l'Association canadienne des
producteurs d'acier. Tout le monde demande l'harmonisation, tous les
organismes. L'Association des consommateurs du Québec est d'accord avec
cette réforme en disant que le système actuel, et je la cite:
"est inefficace et inéquitable pour les citoyens canadiens. "
L'Opposition se branche à tenir un discours à la queue leu
leu en disant: Bien oui, bien oui, ça va créer des injustices.
C'est de la folie furieuse, leur discours. Vous le savez et je le sais, elle
fait ça parce que c'est l'Opposition et il faut qu'elle s'oppose. Elle
parle, par exemple, des frigidaires. Il y a déjà une taxe sur les
frigidaires et probablement que cette mesure va réussir à
réduire un peu le coût d'un frigidaire et d'un poêle pour un
ménage, mais ça... Ah non! Ça, elle ne tient pas compte de
ça! Il est vrai, par contre, que ça va introduire une taxe sur le
linge, que le linge va coûter un peu plus cher. Ça, c'est une
mesure et on le reconnaît et, évidemment, ça risque de
pincer un peu. Mais, par contre, l'ensemble des éléments va faire
en sorte que notre système de taxe à la consommation va permettre
plus d'emplois ici au Québec, va permettre que nos entreprises soient
plus compétitives et va aussi assurer pour les gens qui sont moins
fortunés un remboursement pour tenir compte de cette hausse de taxes.
Donc, il y a des mesures compensatoires et, d'ailleurs, on me dit que des
chèques devront être émis sous peu par le gouvernement
fédéral, évidemment le 15 décembre, et que le
Québec, dans ce contexte-là, ne pouvait faire autre chose que de
s'harmoniser.
Finalement, ce que nous avons vu à cette Assemblée
nationale, c'est le Parti québécois se transformer en
sénateur libéral. Alors, ils sont devenus des sénateurs
libéraux et, là, ils vont faire de l'opposition pour de
l'opposition et ils vont dire n'importe quoi à la population
québécoise en se fiant à la fameuse maxime: Mentez,
mentez, il va toujours en rester quelque chose. C'est ce qu'ils font. C'est ce
qu'ils font et c'est exactement ce qu'ils font par leur attitude, en prenant
cette attitude-là, en disant n'importe quoi.
Il faut aller sur la Côte-Nord, il faut aller
particulièrement à Sept-îles où les gens sont
très mécontents de la représentation qu'ils ont à
l'Assemblée nationale, où ils sont très mécontents
également de la position qu'ils prennent au niveau de la taxe de vente
parce qu'ils savent que, pour eux, c'est important...
M. Perron: Démagogue!
M. Savoie:... que cette taxe de vente là existe tout
partout au Québec...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député, s'il vous plaît!
M. Savoie: Ils sont d'accord avec l'orientation.
M. Perron: Démagogue, pareil.
M. Bélisle: M. le Président, question de
règlement.
M. Savoie: Monsieur... Voyons! Voyons! Franchement...
M. Bélisle: M. ie ministre.
M. Perron: C'est un beau démagogue.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Dupiessis, s'il vous plaît!
M. Bélisle: M. le Président, voulez-vous rappeler
à l'ordre ie député de Dupiessis, s'il vous plaît.
Il doit..
Le Vice-Président (M. Lefebvre):...
M. Bélisle: II gesticule et vocifère, contrairement
au règlement de l'Assemblée nationale, le député de
Laviolette. Qu'il se comporte en parlementaire.
M. Jolivet: M. le Président. On ne se pétera pas
les bretelles à matin.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint...
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Il ne se pétera
pas les bretelles à matin. Il ne peut pas m'accuser de vociférer,
je n'ai pas vociféré, premièrement. Deuxièmement,
il ne se pétera pas les bretelles ici, à matin.
M. Bélisle: J'attends votre décision sur la
question de règlement, M. le Président.
M. Perron: Démagogue! M. Jolivet:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Duplessis, s'il vous plaît! M. le
député de Laviolette... Et au député de Duplessis
et au député de Laviolette, je vous rappelle que le ministre du
Revenu est à compléter la dernière intervention sur
l'étape de l'adoption du projet de loi 89. Vous savez très bien
que nos règles prévoient qu'on doit permettre à
l'intervenant de s'exprimer en toute quiétude. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Effectivement, M. le
Président, j'ai relevé les discours qui ont eu lieu du
côté de l'Opposition où on a fait, par exemple,
allégation comme quoi il va y avoir un impact négatif sur le
développement industriel du Québec. C'est faux. C'est reconnu par
tout le monde que c'est faux! C'est un fait incontesté et par
l'industrie et par les spécialistes et par l'ensemble des intervenants
qui connaissent ce dossier-là, mais l'Opposition, pour jouer son
rôle, mais d'une façon déloyale... Normalement,
l'Opposition est censée s'opposer, mais d'une façon loyale en
soulevant des points véridiques, en soulevant des irritants, en
demandant des corrections pour rendre meilleur le projet de loi, mais elle ne
l'a pas fait, parce qu'elle a utilisé des tactiques déloyales,
uniquement dans le but de bloquer le processus législatif de cette
Assemblée nationale. Mais c'est un scandale! C'est un véritable
scandale, l'agisse-ment de l'Opposition dans cette Chambre,
véritablement.
M. Jolivet: M. le Président!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, question de règlement.
Le ministre...
M. Perron: II est menteur...
M. Jolivet: ...n'a pas le droit... Je pense qu'en vertu de notre
règlement il n'a pas le droit de nous accuser de quoi que ce soit, dans
la mesure où nous avons utilisé ce que le règlement nous
permet, c'est-à-dire, lors de l'étude du principe, de faire les
discours que nous voulons.
Si le ministre juge que c'est déloyal, il est antiparlementaire,
M. le Président. C'est vraiment le droit que nous avons et les seuls
moments que nous avons. Quant au reste, nous verrons en commission
parlementaire.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader
adjoint.
M. Bélisle: Brièvement, M. le Président.
J'ai beau lire et relire l'article 35 de notre règlement, il ne s'agit
aucunement d'un langage antiparlementaire que de dire que c'est scandaleux de
voir l'attitude de l'Opposition.
M. le Président, je vous réfère à l'article
35. Il ne s'agit pas d'un langage violent; il ne s'agit pas d'un langage
grossier ou irrespectueux. C'est simplement une constatation que le ministre
fait.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vous rappellerai, M. le Président, la page
95 du document de Geoffrion qui indique qu'il est antiparlementaire de
qualifier une conduite - je donne des exemples - de méprisable, de
déshonorante, de déloyale. Alors, M. le Président, en vous
référant à cet article de Geoffrion, -il me--semble que
c'est tout à fait normal de rappeler le ministre à l'ordre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Voici, d'un
côté comme de l'autre, on attaque les stratégies de la
partie adverse. Qu'on parie de démagogie ou d'attitudes
déloyales, dépendamment des circonstances, ça peut
être considéré comme non parlementaire.
Alors, j'apprécierais, M. le ministre, qu'on s'en tienne au
projet de loi 89 et que, du côté de l'Opposition, tel que je l'ai
mentionné tout à l'heure, on respecte les prescriptions de
l'article 32, particulièrement.
M. le ministre.
M. Savoie: Je vous remercie, M. le Président. Je disais
donc que c'est un scandale, leur comportement, pendant ce débat, les
arguments qu'on utilise pour justement faire valoir un point de vue
strictement, strictement, strictement procédurier. Je vous l'ai
mentionné, M. le Président, on parie d'une motion de report qui a
été présentée, d'une motion d'ajournement et d'une
motion de scission. Tout ça dans le but d'occuper le temps des
parlementaires à faire d'autres choses que ce qu'ils doivent faire,
c'est-à-dire assumer d'une façon responsable leur rôle de
législateurs.
M. le Président, je vous rappellerais, je vous rappelle
plutôt que la taxe sur la valeur ajoutée, qui est une forme de
TPS, est déjà dans le programme du Parti québécois.
Je vous rappelle que le Parti québécois s'est montré
favorable à l'introduction de la TPS par le gouvernement
fédéral. Je vous rappellerai que même leur chef, du haut de
sa chaise, s'est prononcé, monsieur, en faveur de la TPS du gouvernement
fédéral sur le principe tant au niveau du programme du parti
qu'au niveau de l'adoption par le gouvernement fédéral, mais
qu'on a tout simplement utilisé une mesure dilatoire en s'as-
surant que tout le monde allait intervenir, en s'assurant que toutes ces
motions seraient présentées à l'Assemblée
nationale. Et là on va nous envoyer, selon la procédure
parlementaire, en commission parlementaire où l'étude article par
article va commencer et va durer deux semaines, forçant cette
Assemblée à renoncer à son droit de faire adopter les
mesures législatives, sauf par des mesures de report et de
clôture, ce que nous allons faire, parce qu'il va être
adopté, ce projet de loi, malgré les objections malhonnêtes
de la part de l'Opposition.
Une voix: Aïe, aïe, aïe!
M. Savoie: Malhonnêtes, je veux le dire...
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement. M. le Président...
M. Perron: Si tu veux faire de la démagogie, va-t-en dans
Cambior, avec ta gang.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement. M. le Président, tout simplement pour le
bien-être de l'Assemblée nationale, je voudrais que le ministre
cesse de nous insulter comme membres de l'Opposition. Il nous traite de
malhonnêtes, individuellement et collectivement. M. le Président,
vous le savez que c'est antiparlementaire.
Que le ministre s'en tienne à vouloir faire en sorte de passer
son projet de loi, c'est son droit mais, s'il vous plaît, pour le
décorum de cette Assemblée, je lui demande, par votre
intermédiaire, M. le Président, d'être plus convenable et
de faire en sorte d'arrêter de nous insulter.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Laviolette. Alors, M. le ministre, je vais vous
rappeler les prescriptions de l'article 35 et particulièrement du
sous-paragraphe 6 qui dit que le député qui a la parole ne peut
imputer des motifs indignes à un député ou refuser
d'accepter sa parole. (10 h 40)
Alors, M. le ministre, vous pouvez être en désaccord avec
la stratégie de l'Opposition, maintenant vous ne pouvez pas qualifier de
façon non parlementaire leur attitude relativement au débat qui
s'est tenu à date sur le projet de loi 89. Je vous rappelle que, lorsque
vous prétendez que leur stratégie ou leur attitude a
été malhonnête, je considère que ça ne
respecte pas les prescriptions de notre règlement et
particulièrement de l'article 35 dont je viens de vous lire un
paragraphe.
M. Chevrette: M. le Président, une demande de directive,
s'il vous plaît! Il y a un règlement qui existe à
l'Assemblée nationale et je voudrais savoir, M. le Président, si
c'est malhonnête, si c'est incorrect et si c'est antiparlementaire de se
servir d'un règlement.
Fondamentalement, M. le Président, n'est-ce pas qu'il existe un
règlement pour permettre à une minorité en cette Chambre
de faire valoir un point de vue par tous les moyens permis par le
règlement? Et si ça n'avait pas été permis par le
règlement, M. le Président, est-ce que vous auriez jugé
irrecevable de facto la motion de report? Est-ce que vous n'auriez pas
jugé irrecevable la motion de scission? Est-ce que vous n'auriez pas
jugé irrecevables les motions d'ajournement? Est-ce que ce ne sont pas
des outils, M. le Président - et c'est là ma demande de directive
- dans le règlement, qui permettent précisément à
un groupe parlementaire de faire valoir un point de vue discordant, et
précisément que le règlement existe, M. le
Président, pour permettre à une minorité en cette Chambre
de faire valoir son point de vue?
Il y a des limites à entendre ce qu'on entend depuis 10 minutes.
Si le ministre a des argumentations de fond pour vendre son projet de loi, de
grâce, qu'il en profite parce que son temps est presque
écoulé et il n'a pas encore parlé en bien de son projet de
loi.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Le leader de l'Opposition a entièrement
raison, M. le Président. Il y a un règlement dans cette Chambre
pour protéger les droits de la minorité, de l'Opposition
officielle et également du groupe ministériel. De part et
d'autre, M. le Président, pour accélérer les travaux et
garder la bonne atmosphère en cette Chambre, il faudrait que les
députés des deux côtés de la Chambre soient plus
à leur affaire et plus respectueux des propos de l'un et de l'autre des
partis.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'un côté
comme de l'autre, M. le leader adjoint du gouvernement, les prescriptions du
règlement, et particulièrement quant aux propos, doivent
être respectées.
Quant à la question de directive, M. le leader de l'Opposition
officielle, c'est évident que les dispositions de nos règlements
auxquelles on a fait référence tout à l'heure, faisant
état des moyens mis à la disposition de l'Opposition, je pense
aux motions de report, aux motions d'ajournement et aux motions de scission,
sont des moyens qui existent et qui permettent à l'Opposition de
contester un projet de loi, et c'est évident que ce sont des mesures qui
sont réglementaires et que l'Opposition a le droit d'utiliser. Alors, M.
le ministre...
M. Chevrette: ...s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Juste une question. Vous allez lui demander de
retirer le mot "malhonnête" qu'il a utilisé. S'il ne le retire
pas, M. le Président, on ne fonctionne pas. On m'a fait retirer un mot,
moi, qui allait moins loin que ça, en qualifiant des gestes comme
étant de la pure folie, et je les ai retirés en cette Chambre.
Qu'il retire son mot "malhonnêteté", M. le Président, sinon
on va utiliser le règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader de
l'Opposition officielle, j'ai entendu à date, d'un côté
comme de l'autre, des propos que j'ai qualifiés de non parlementaires,
dépen-damment des circonstances. J'ai rappelé au ministre les
prescriptions de l'article 35, paragraphe 6°. Je ne considère pas
qu'à date, d'un côté comme de l'autre, on soit allé
aussi loin de telle sorte que je doive ordonner à l'un ou à
l'autre de retirer ses propos. J'ai invité le ministre à
respecter l'article 35.6°. M. le ministre, je vous le rappelle à
nouveau et je vous demanderais de continuer votre intervention en étant
le plus respectueux possible des droits des autres parlementaires.
M. Chevrette: M. le Président, je reviens à la
charge. Je reconnais que vous pouvez appeler les deux groupes à une
certaine sagesse. Je reconnais ça. Mais j'ai compris moi-même le
mot "malhonnêteté", et je soutiens, M. le Président, que ce
sont les mots du ministre qui sont sortis sur nos appareils de
télévision et qu'il doit retirer ses paroles. Si je ne demandais
pas de le faire, je comprendrais que vous ne soyez pas tenu de le lui demander.
Mais c'est antiparlementaire de juger des stratégies du
règlement, d'utiliser à bon escient le règlement comme
étant des stratégies malhonnêtes. Je m'excuse, je demande
le retrait de ses paroles.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous savez, M. le leader
de l'Opposition, lorsque le ministre utilise la qualification
"malhonnête" relativement à une stratégie de l'Opposition,
ce n'est pas la même chose que s'il qualifiait un membre du Parlement, en
l'occurrence l'Opposition officielle, d'être malhonnête ou
d'être démagogue. Le propos tenu par le ministre à date, et
c'est dans ce sens-là que je l'ai rappelé aux prescriptions de
l'article 35, paragraphe 6°, le propos du ministre, à date, a
parlé de la stratégie du groupe parlementaire de l'Opposition
officielle et vous savez qu'il y a une jurisprudence assez abondante,
relativement claire, qui dit que, lorsque les propos sont attachés
à un groupe parlementaire, ce n'est pas la même chose que si ce
même propos-là vise directement un député d'un
côté comme de l'autre. Or, dans ce sens-là, à date,
M. le leader de l'Opposition officielle, je suis d'opinion qu'il n'y a pas eu
de propos affectant ou impliquant directement un député. Et je ne
vois pas l'obligation pour moi d'insigner au ministre l'obligation de retirer
les propos, sauf les propos auxquels vous feriez référence, sauf
que, d'un côté comme de l'autre, c'est assez proche du propos
non-parlementaire.
Alors, M. le ministre, en continuant votre intervention, mais avec toute
la prudence requise. Oui, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais que vous me
donniez une directive en vertu du règlement Geoffrion qui nous gouverne.
En vertu de l'article 285.20°, il est dit: II est irrégulier et
non-parlementaire de chercher à ridiculiser la Chambre ou quelque
député. Si j'interviens, M. le Président, c'est que vous,
comme président de l'Assemblée nationale, soit vous ou vos
collègues, avez pris une décision et c'est de ça que mon
collègue le leader de l'Opposition vous fait mention. Il y a une
décision qui a été rendue. Cette décision a
été rendue par vous-même. Ce que le ministre est en train
de dire, c'est que les décisions que vous avez rendues, pour nous
permettre, en vertu de règlements, de faire des motions de report, des
motions de scission, c'est quelque chose qui est malhonnête. Non
seulement il met en doute notre position comme collectivité, comme
membres de l'Opposition, mais il met en doute vos propres décisions.
Et c'est ça que l'on veut dire, M. le Président, il
ridiculise la présidence, les membres de l'Opposition, et, par le fait
même, il ridiculise la Chambre. Et c'est ça qu'on demande au
ministre de retirer.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Laviolette, ce que vous soulevez c'est le propos non
parlementaire. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Lorsque
vous reprochez au ministre d'être en dérogation avec l'article 35,
sous-paragraphe 6°, à savoir que, comme d'ailleurs je l'ai
mentionné au ministre tout à l'heure, le député qui
a la parole ne peut imputer des motifs indignes à un
député ou à un groupe parlementaire, ou refuser d'accepter
sa parole... Ça répond aux commentaires que j'ai faits à
votre leader tout à l'heure, relativement à sa question de
directive sur la stratégie qui a été qualifiée par
le ministre de malhonnête, la stratégie que vous avez
utilisée, à savoir présenter des motions de scission, des
motions d'ajournement, et là-dessus je suis d'accord avec vous. Cette
attitude du ministre ne respecte pas les prescriptions de l'article 35, et
particulièrement, du sous-paragraphe 6°, mais ce n'est pas
nécessairement un propos non parlementaire. M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Savoie: Oui, merci, M. le Président. Et,
évidemment, loin de moi de vouloir tenir des propos non
parlementaires. Effectivement, effectivement, loin de moi. Ce n'est
certainement pas mon intention, sauf que vous comprendrez une certaine
frustration, suite aux discours qui sont tenus de l'autre côté,
lorsqu'on connaît les intentions, les orientations qu'ils cherchent
à mettre de l'avant à ce moment-ci du débat. Et ça
fait finalement, tout ça, un peu pitié, lorsqu'on regarde
ça de l'extérieur. Je comprends ça et c'est pour ça
que, finalement, pour résumer en quelque sorte, je vais dire aux
Québécois et Québécoises qui sont à
l'écoute de ces débats ce matin: Ça fait partie finalement
du processus parlementaire. Il faut voir à travers cela un jeu qui,
finalement, est bénéfique pour nos structures
démocratiques et y accorder la plus grande foi possible.
Le Vice-Président (M. Lefebvre):... M. Savoie: Pardon, M.
le Président?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre, votre
temps...
M. Savoie: Oui c'est ça. Oui, c'est ça, je le sais,
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...disponible est
complété.
M. Savoie: Malheureusement, évidemment, le temps s'est
écoulé très rapidement. Je vais terminer en disant que
nous procédons, donc, avec nos mesures d'harmonisation, avec cette
modernisation de la taxe de vente, cette harmonisation que nous faisons avec la
TPS du gouvernement fédéral. Je répéterai encore
que l'ensemble des organismes, tant du côté des entreprises que du
côté des consommateurs qui ont examiné ce projet de loi y
voient du pour et du contre. Finalement, ils arrivent à la conclusion,
en bout de piste, que le système actuel est inefficace,
inéquitable. Ce qui est proposé est une amélioration et
ça par des gens dignes de foi, dignes de confiance et qui ont fait leurs
preuves comme l'Association des consommateurs, et je suis certain que le
jugement sera très lourd sur la leur position qu'ils ont prise dans le
débat actuel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre du
Revenu. Cette dernière intervention met fin au débat sur
l'adoption du principe du projet de loi 89. Et, conformément à
l'ordre adopté par l'Assemblée, la motion d'adoption du principe
de ce projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la
vente en détail et d'autres dispositions législatives d'ordre
fiscal, fera l'objet d'un vote par appel nominal lors des affaires courantes de
cet après-midi.
M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Bélisle: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 23 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 111 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. L'article 23 de
notre feuilleton, M. le ministre délégué aux Forêts
propose l'adoption du principe du projet de loi 111, Loi sur le
ministère des Forêts. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. C'est évidemment, M. le Président, un grand
jour pour le milieu forestier, pour tous ceux et toutes celles qui avaient
l'habitude de transiger avec le ministère des Forêts. Et, M. le
Président, j'en suis très heureux. le 5 octobre dernier, le
premier ministre, m. bourassa, lors du remaniement ministériel,
annonçait en même temps la création du ministère des
forêts. il me fait plaisir aujourd'hui, encore une fois, m. le
président, de présenter aux membres de l'assemblée
nationale le projet de loi créant ce ministère. la forêt
québécoise, m. le président, est importante, d'abord en
termes de superficie. elle occupe 779 000 kilomètres carrés ou 47
% de tout le territoire québécois, dont 550 000 kilomètres
carrés sont commercialement exploitables. la forêt
québécoise est également importante sur le plan
environnemental. elle remplit des fonctions vitales telles la protection des
sols et la conservation de l'eau. elle sert notamment également
d'habitat à la faune et elle influence favorablement le microclimat.
elle absorbe de plus les polluants atmosphériques tels les gaz
carboniques et le bruit. mais la forêt, m. le président, c'est
également une richesse économique; 250 000 travailleurs et
travailleuses, soit plus de un sur dix, au québec, trouvent de l'emploi
dans les secteurs d'activité reliés à la récolte,
à l'aménagement et à la transformation industrielle de la
matière ligneuse. pour plus d'une centaine de municipalités au
québec, la forêt constitue la seule ressource susceptible de
générer une activité économique viable et
essentielle.
Le Québec s'est développé d'abord et avant tout par
la forêt, sa richesse première. À l'aube du XXIe
siècle, le secteur du bois et du papier demeure l'un des premiers
secteurs industriels québécois avec plus de 1200 usines
réparties sur tout le territoire et une production de 9 300 000 tonnes
de pâtes et papiers et de 11 000 000 de mètres cubes de bois
d'oeuvre. La valeur totale de la production et des livraisons s'élevait
en 1987 à plus de 11 500 000 000 $. Par rapport à
la totalité de l'activité manufacturière, le
secteur forestier supporte 15 % des emplois. Il verse 16 % de la masse
salariale et contribue à 16 % de la valeur des livraisons
manufacturières.
Vous pouvez le constater, M. le Président, les forêts sont
importantes pour le Québec et pour les Québécois et
Québécoises. Le gouvernement l'a prouvé en adoptant une
nouvelle loi qui a permis la remise en production de tout le système de
gestion des forêts.
Permettez-moi de rappeler une fois de plus aux membres de cette
Assemblée les grands principes qui ont guidé la rédaction
de cette loi. Le premier grand principe: l'utilisation de la forêt doit
se faire à rendement soutenu, ce qui implique qu'il doit y avoir un
équilibre entre les volumes maximums coupés ou
prélevés par les industries et les volumes produits par les
forêts.
Le deuxième principe: l'utilisation de la forêt à
des fins industrielles dort être faite en assurant la protection de
l'ensemble des ressources de la forêt, ce qui concrétise la
polyvalence du milieu forestier. Troisième principe:
l'aménagement de la forêt pris au sens large devient la
responsabilité de l'industrie forestière par obligation
contractuelle et légale. Ce principe, qui avait été mis de
côté depuis la décision de révoquer les concessions,
permet, entre autres, d'intégrer les activités de récolte,
de protection et de remise en production. C'est, en quelque sorte, une
intégration verticale des activités d'aménagement. Et le
quatrième, le dernier principe, fait de la forêt publique une
source résiduelle d'approvisionnement pour l'industrie
forestière. En créant un ministère des Forêts, le
gouvernement complète ce virage et confirme le rôle important
joué par le secteur forestier dans l'environnement, notre qualité
de vie et dans le développement économique et social du
Québec. Il répond enfin aux demandes des intéressés
qui n'ont cessé de réclamer depuis longtemps la création
d'un tel ministère.
Sur le plan des relations intergouvernementales, la mise sur pied d'un
ministère québécois des Forêts permettra au
Québec de réaffirmer et de consolider sa position à titre
de gestionnaire des ressources forestières face à un
ministère fédéral sur les Forêts. Je vous rappelle,
M. le Président, que, dans la Constitution canadienne,
c'est-à-dire la Loi constitutionnelle de 1867 - et vous retrouverez cela
à l'article 92A.(1) b) que je vous lis - on dit ceci: "La
législature de chaque province a compétence exclusive pour
légiférer dans les domaines suivants: exploitation, conservation
et gestion des ressources naturelles non renouvelables et des ressources
forestières de la province, y compris leur rythme de production
primaire." C'est donc dire que la Constitution canadienne accorde la
compétence exclusive des provinces de légiférer dans les
domaines de l'exploitation, de la conservation et de la gestion des ressources
forestières. Et malgré le discours tenu par le gouvernement
fédéral qui affirme du bout des lèvres ne pas vouloir
s'immiscer dans les domaines de compétence provinciale, plusieurs
indices nous portent malheureusement à croire le contraire. j'en prends
à témoin le tout récent rapport du comité permanent
des forêts et des pêches du parlement canadien sur le rôle du
fédéral dans les forêts. il y a tellement de contradictions
dans ce rapport qu'il faudrait écrire un nouveau volume pour
préciser certaines subtilités qui n'ont pour but que de
s'ingérer sournoisement dans le domaine forestier de juridiction de
chacune des provinces. et j'en prends à témoin une note qui m'a
été transmise par le député de
cochrane-supérieur, m. bélair, qui dit: "nous croyons que cette
mission doit consister à forger des partenariats qui respectent le
pouvoir des gouvernements provinciaux sur la majorité des ressources
forestières tout en permettant au gouvernement fédéral de
participer au développement durable des forêts à titre de
cause nationale et internationale. il s'ensuit qu'il faut adopter la notion
d'intendance des forêts comme principe directeur tout en reconnaissant
qu'aucune partie n'est à elle seule capable de l'assurer avec
efficacité. et fort de ses compétences et de ses connaissances en
matière de foresterie à l'échelle nationale, il incombe au
gouvernement fédéral de jouer le rôle d'un chef de file
innovateur et coopératif. pour y arriver, il se doit de doter le nouveau
ministère d'une stature et d'un pouvoir significatif." et m.
bélair continue en disant: "ii importe que ce mandat soit centré
à ottawa." et il continue aussi en disant que le comité
recommande un genre d'intendance, une intendance nationale pour faire en sorte
d'assurer le développement durable des forêts au canada. et afin
de justifier l'intervention du gouvernement fédéral dans un
domaine de compétence exclusive, ce rapport introduit une nouvelle
notion, et je cite: "en tant que fondement théorique de la mission de
base du nouveau ministère fédéral des forêts, il
s'agit du principe de l'intendance des ressources." et voici la
définition que l'on donne dans le rapport sur les forêts du
canada, sur l'intendance. on dit, m. le président, que l'intendance
signifie la garde et la gestion des forêts de manière à
accroître et non diminuer le caractère durable des forêts.
(11 heures)
Cette nouvelle notion ne peut que rendre encore plus confus, dans
l'esprit des Canadiens, le partage des rôles et qui a la
responsabilité véritable de gérer les ressources
forestières. De plus, ce rapport peut être considéré
comme insultant pour les provinces puisqu'il laisse supposer que celles-ci ne
peuvent gérer efficacement nos forêts et assurer la mise en oeuvre
du principe de développement durable qui, selon les membres du
comité, justifie Forêts Canada.
Je tiens à vous rappeler, M. le Président, que la Loi sur
les forêts, qui a été votée à
l'unanimité par cette Assemblée, a introduit la
notion de possibilités forestières sur une base de
rendement soutenu dans l'allocation des forêts publiques. Et tous les
contrats, les 292 contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, qui ont été signés par le gouvernement au cours
des dernières années avec l'ensemble de l'industrie
forestière du Québec, ont respecté ce principe. Il n'est
donc plus question de rupture de stock sur les forêts publiques du
Québec. On peut donc dire que le Québec a adhéré au
principe de développement durable bien avant la création du
ministère fédéral des Forêts. Et les forestiers du
Québec - et je suis fier d'en être un - le réclamaient, M.
le Président, bien avant le rapport Brundtland qui, pour certains, est
une grande découverte parce qu'il utilise un vocabulaire nouveau qui est
en somme devenu une mode.
Par ailleurs, il ne faudrait pas conclure de mes propos, M. le
Président, que je n'ai pas l'intention de collaborer avec le
ministère fédéral des Forêts, même si le
Québec s'est toujours objecté à sa création. Au
contraire, je reconnais en particulier le rôle que cet organisme a
joué dans le développement de la recherche forestière.
Toutefois, cette collaboration dort se faire dans le respect de nos
responsabilités respectives et en évitant surtout de gaspiller
les fonds publics, qu'ils proviennent du fédéral ou des
provinces, par la duplication ou par le dédoublement des programmes
déjà administrés par le Québec. Mais revenons
à l'objet principal de mon intervention.
Concrètement, M. le Président, le projet de loi qui
crée le ministère des Forêts entend en confier la direction
au ministre des Forêts et pourvoir à son organisation. Les
fonctions et pouvoirs principaux accordés au ministre sont les suivants:
élaborer et soumettre au gouvernement une politique forestière et
s'assurer de sa mise en oeuvre - cette politique doit notamment prôner
l'aménagement forestier selon la possibilité annuelle de coupes
à rendement soutenu et l'utilisation optimale des ressources
forestières; gérer tout ce qui se rattache à
l'aménagement forestier; allouer, pour l'approvisionnement d'usines de
transformation du bois dans la mesure où d'autres sources
d'approvisionnement ne sont pas disponibles, des volumes résiduels de
bois dans les forêts du domaine public; favoriser la mise en valeur des
forêts privées; veiller à la construction et à
l'entretien des chemins forestiers; élaborer et exécuter des
plans, des programmes pour la conservation, l'exploitation et la transformation
au Québec des ressources forestières; élaborer et mettre
en oeuvre des programmes de recherche et développement dans les domaines
de la foresterie et la transformation des ressources forestières;
veiller à la protection des ressources forestières contre les
incendies, les épidémies d'insectes et les maladies des arbres;
contribuer au développement des industries forestières; appliquer
les lois concernant les forêts. Et enfin, le ministre pourra, aux fins de
l'exercice de ses fonctions, accorder de l'aide financière aux
conditions que le gouvernement déterminera par règlement.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, les pouvoirs qui
seront accordés au ministre responsable du ministère des
Forêts sont importants, précis et spécifiques au milieu
forestier. Ils lui permettront, j'en suis sûr, d'atteindre les objectifs
d'ordre environnemental et économique qui sous-tendent la gestion des
forêts. Et quand on retrace l'histoire du Québec, l'histoire
forestière du Québec, on raconte le plus souvent l'histoire de ce
pays, car le pays est d'abord un territoire forestier tel que le disait M.
Marcel Lortie, l'un de mes confrères et également l'un des grands
forestiers québécois qui a été respecté sur
le plan canadien et sur le plan international. Il serait sûrement fier
aujourd'hui de ce retour au ministère des Forêts.
Avec l'assentiment des membres qui composent cette Assemblée, ce
secteur, primordial à plus d'un point de vue, sera reconnu tel qu'il
aurait dû toujours l'être. Nous avons marqué l'histoire en
adoptant la Loi sur les forêts obligeant les utilisateurs à
modifier leur comportement et nous marquerons encore l'histoire en
créant un ministère des Forêts. Je suis convaincu que tous
les membres de cette Assemblée adopteront unanimement cet important
projet de loi qui accordera enfin au secteur forêt toute la valeur qu'il
représente. En terminant, M. le Président, je suis fier
d'être associé au parti que dirige M. Bourassa qui, encore une
fois, nous a démontré son grand respect des instances
démocratiques, tel le parti libéral lui-même, les
différents organismes professionnels, industriels et environnementaux
qui ont reconnu le rôle essentiel de ce patrimoine vital pour notre
qualité de vie et pour celle de tous ceux et de toutes celles qui
habitent cette planète. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Toujours à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi
111, je reconnais maintenant M. le ministre de Laviolette. M. le
député, je m'excuse, M. le député de Laviolette. M.
le député. M. l'ex-ministre.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, c'est un lapsus qui en veut
dire beaucoup. J'en suis heureux pour les citoyens de mon comté. Et,
justement, je voulais débuter par la remémoration du mandat que
M. René Lévesque m'avait confié à l'époque,
d'être responsable de ce qu'on a appelé un ministère... En
fait je ne veux pas appeler ça un ministère, puisque
c'était à titre de ministre délégué.
J'étais comme vous le savez très bien responsable à cette
époque, comme ministre délégué, de deux fonctions.
La première avait été de mettre en place une politique
forestière. Il
fallait débuter par la mise en place d'un livre blanc et, comme
tout le monde le sait, un livre blanc qui faisait suite à un livre vert.
Pour expliquer cela aux gens qui vont nous écouter, le livre vert
était un livre de consultation qui, dans les années quatre-vingt,
avait circulé parmi tous les gens qui, de près ou de loin,
étaient associés à la forêt
québécoise. Il y avait eu aussi un livre concernant une politique
sur les forêts privées, parce que vous le savez, M. le
Président, à cette époque, il n'y avait pas qu'une seule
forêt. Il y avait la forêt publique, la forêt domaniale, il y
avait la forêt privée; de telle sorte qu'il y avait d'autres
livres qui avaient circulé sur une politique et qui avaient pour but
d'être des livres de consultation. Donc, le livre vert. Et, moi, j'avais
comme responsabilité d'établir la position du gouvernement du
Québec à l'époque dans un livre blanc. C'était le
premier mandat qui m'avait été confié. Mon deuxième
mandat était celui d'accélérer la mise en terre d'arbres
au Québec. C'était donc une politique de reboisement massif au
Québec.
Ces deux mandats m'avaient été donnés, et c'est
pour ça qu'on avait créé à ce moment-là le
poste de ministre délégué aux Forêts. Je faisais
bien attention dans mes discours à l'époque, je mettais toujours
et je disais aux gens "aux Forêts" au pluriel, car il y a plusieurs
forêts au Québec. À ce moment-là, j'avais la
capacité comme ministre d'agir pleinement sans tutelle aucune, sauf bien
entendu celle du Conseil des ministres lui-même. (11 h 10)
Donc, j'étais redevable directement au Conseil des ministres et
j'avais les coudées franches comme on disait. C'est une époque de
ma vie qui a été exaltante, enrichissante et, je pense,
auprès de l'ensemble des gens qui travaillent dans la forêt,
j'aurais même pu dire, M. le Président, qui fourmillent dans la
forêt parce que c'est vraiment un travail d'arrache-pied que fait
l'ensemble des travailleurs du secteur privé dans la forêt, mais,
en même temps, tous les membres du secteur forêt du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Ça a donc
été un temps où j'ai été très heureux
de collaborer; même si je n'avais pas le titre d'ingénieur
forestier, je pense que le ministre en conviendra avec tous les gens, le
travail qui a été fait à l'époque a
été un travail important et qui, j'en ai été
très heureux, a été poursuivi par le ministre, à
l'arrivée du gouvernement libéral en 1985, avec l'adoption en
décembre 1986 du projet de loi sur les forêts, projet de loi qui a
pris sa pleine capacité légale le 1er juillet dernier. On s'en
souvient, il y avait une transition de trois ans, du 1er avril 1987 au 1er
avril 1990, mais en sachant qu'au 1er avril 1990, il y avait aussi un laps de
temps qui allait dans les trois mois qui suivent, parce que le 1er avril 1990
étant la date limite pour le ministre de déposer aux compagnies
forestières qui restaient, aux entreprises forestières, mais
usine par usine, des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. Donc, s'il y avait 90 jours de négociation, d'étude du
dossier et de signature du contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, c'est donc le 1er avril 1990 que le ministère a signé
et a mis en vigueur - bien entendu, le ministère de l'Énergie et
des Ressources, mais secteur forêt - la nouvelle politique
forestière.
Ce pourquoi le premier ministre de l'époque ne m'avait pas
donné le mandat de créer un ministère, parce qu'il aurait
pu me donner un troisième mandat, celui de créer un
ministère, c'est qu'il fallait à l'époque, M. le
Président, en arriver à bien mettre en place la nouvelle
politique forestière et à accélérer le processus de
reboisement.
Je peux dire que la politique forestière est en marche
maintenant. Je ne peux pas dire cependant que l'actuel gouvernement a tenu
compte des hypothèses de travail, c'est son droit. Je ne ferai plus
aucune critique, mais simplement je dirai que les 300 000 000 de plants que
nous avions prévus à l'époque, et ça aurait pu
être plus, sont maintenant baissés à un niveau de 250 000
000. Et même le ministre s'en vantait pendant la dernière campagne
électorale indiquant qu'on ferait, sur les quatre prochaines
années, 1 000 000 000 de plants mis en terre. Mais, quand on le regarde,
1 000 000 000 de plants, c'était déjà moins que ce qu'on
prévoyait, c'était 1 200 000 000, en tenant compte qu'ils avaient
baissé de 300 000 000 annuellement à 250 000 000. Le ministre
expliquera les raisons, on aura l'occasion de le requestionner en commission
parlementaire.
Mais je dois vous dire, M. le Président, que ces
hypothèses de travail qui m'avaient été données par
le premier ministre de l'époque, M. René Lévesque,
n'incluaient pas, à ce moment-là donc, la mise en place d'un
ministère des forêts ou d'un ministère des terres et
forêts ou peut-être même d'un ministère des ressources
renouvelables. Il y a différentes hypothèses qui ont
circulé dans l'espace et dans le temps et il y a beaucoup de gens qui
vont critiquer l'une ou l'autre de ces hypothèses. Même le
ministre pourrait dire que j'ai reconnu à l'époque qu'il y avait
peut-être une erreur qui avait été commise,
d'insérer ce qu'on appelait le ministère des Terres et
Forêts dans le ministère de l'Énergie et des Ressources,
mais cette erreur, si c'en est une, j'accepterai volontiers de dire qu'à
l'époque, il y avait aussi différentes tendances. Il y avait
toute la question de l'aménagement, M. le Président. Nous avions,
à ce moment-là, un superministère, vous vous en souvenez;
en 1976, le premier ministre avait nommé des ministres sectoriels, mais
il y avait aussi des ministres qui regroupaient l'ensemble de ces grandes
missions que le gouvernement doit remplir. Il y avait donc, dans une forme de
discussion, toute la question de l'aménagement, la question de la
fiscalité municipale qui rentrait en ligne de compte, toute la
question de savoir ce qu'on va faire avec les terres, ce qu'on va faire avec
les ressources qui sont dessus, ça peut être les ressources
fauniques, ça peut être les ressources minières, ça
peut être les ressources hydroélectriques, ça peut
être les ressources forestières et différentes ressources
que l'on nomme dans certains secteurs, les ressources renouvelables, ressources
qui reviennent à condition qu'on les protège et qu'on leur donne
la chance de grandir convenablement.
Alors, cette discussion avait amené le premier ministre à
dire: Oui, peut-être qu'on serait mieux pour un besoin de ce moment de
ramener tout ce monde-là dans un même giron. Et on a appelé
ça les ressources qui ont été mises dans le
ministère de l'Énergie et des Ressources. On peut le critiquer
aujourd'hui mais je pense que ça a peut-être été
bénéfique à l'époque. Ça a permis d'avoir un
ministre très fort au Conseil des ministres, qui avait les
capacités d'infléchir ses autres collègues dans un dossier
aussi important que l'énergie, mais aussi celui des forêts.
Je dois dire que le ministre, des fois dans des périodes de
questions, on a de la difficulté à saisir ce que l'un ou l'autre
dit, des fois parce qu'il y a des gens qui font un peu de brouhaha en Chambre.
Le ministre a peut-être mal compris ma question l'autre jour quand
j'avais dit que l'ensemble du secteur forestier, je ne parlais pas seulement
des papetières quand il relira le texte de la question, je parlais aussi
des scieries. J'aurais pu ajouter tout le secteur des forêts
privées mais j'ai dit l'ensemble, c'est 250 000 travailleurs et au
niveau économique, c'est du monde. C'est plus fort même que le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui
est pourtant important. C'est plus fort que les industries du textile au
Québec. C'est la première industrie, M. le Président, au
Québec: 250 000 personnes qui travaillent à la forêt
québécoise, forêt privée et forêt publique,
dans les usines de transformation, dans les usines de reboisement, dans les
pépinières, qu'elles soient publiques ou privées, que l'on
regarde ceux qui travaillent en forêt, 250 000, c'est très
important.
Le ministre a raison d'insister en disant que, dans ce qu'on appelle la
monoindustrie de certaines villes et villages, c'est très important.
Dans un village quand la scierie ferme - et nous en avons des exemples dans
l'Abitibi-Témiscamin-gue comme partout ailleurs au Québec
actuellement - c'est le désastre. Quand, en plus, la papetière
ferme sa production pour deux semaines, trois semaines, un mois, dans certains
cas durant une année, c'est quelque chose. Alors, le ministre a raison
de dire que la création du ministère des Forêts est une
chose qui va donner une exposition au ministre responsable.
Cependant, on ne peut pas dire cette chose sans tenir compte non plus du
poids du ministre à l'intérieur du ministère et du Conseil
des ministres. Je pense que le ministre, quand il est question de
décisions au Conseil des ministres, doit amener des arguments frappants,
des arguments importants pour que son poids politique au Conseil des ministres
devienne un atout important pour les industries forestières au
Québec. Le ministre doit en plus avoir une équipe
sous-ministérielle importante avec des gens qui sont déjà
là et que je connais, qui sont des gens de valeur et qui sont
prêts à travailler fort pour que le ministère qui produit
de l'emploi au Québec puisse le faire par ses interventions. Ce n'est
pas tout que de créer un ministère des Forêts si au bout de
la course l'équipe ministérielle ou l'équipe
sous-ministérielle n'a pas le poids important de ce qu'elle amène
comme apport économique au Québec. Alors, je pense qu'il va
falloir non seulement créer le nom du ministère des Forêts
mais aussi en même temps créer le pouvoir du ministère des
Forêts. (11 h 20)
Maintenant est-ce que le ministère des Forêts n'aurait pas
pu s'appeler le ministère des Terres et Forêts, revenir à
l'ancien Terres et Forêts?
Certains employés du ministère, certains ingénieurs
et certaines personnes proches des groupes forestiers disent que,
peut-être, c'aurait dû être ça. D'autres disent
peut-être pas. D'autres, comme je le disais tout à l'heure,
ajoutent: Si on avait regroupé sous un même thème
l'ensemble des ressources renouvelables, peut-être aurions-nous pu, comme
dans certains cas à travers le monde, créer le ministère
des ressources renouvelables. Et là, c'aurait pu regrouper, sous un
même chapeau, la faune, l'énergie au niveau des mines, au niveau
des terres, en fait des choses qui, accouplées au ministère des
Forêts, auraient peut-être un bon sens.
Le gouvernement a décidé d'aller vers la création
du ministère des Forêts. Je pense que le ministre ne sera pas
surpris, nous ne nous objectons pas à la création du
ministère des Forêts. Nous aurions aimé mieux
peut-être que le ministre qualifie d'erreur, en me remettant dans la
bouche les paroles, la décision de créer le ministère de
l'Énergie et des Ressources et d'accoupler à ce moment-là
l'ensemble des mines, des forêts, de l'énergie hydraulique et du
pétrole à ce ministère, soit! mais peut-être qu'il
aurait pu revenir en la corrigeant s'il croyait que c'était une erreur,
en le mettant sous l'appellation Terres et Forêts.
La crainte que j'ai, M. le Président, c'est que nous sommes dans
un temps de récession. Le ministre sait très bien, pour avoir
participé à d'autres organismes, ce que veut dire la
création du ministère des Forêts. Je vous rappelle,
à l'époque, le mandat qui m'avait été donné,
de
créer en même temps la politique forestière, en
même temps l'augmentation de la production de mise en terre des plants au
Québec et, en même temps, la création d'un
ministère. Ce n'est pas la même forme de travail qu'on demande aux
fonctionnaires, et, à ce moment-là, il ne fallait pas disperser
nos forces. Donc, que l'on soit passé par l'étape de la
création de la politique forestière, de l'élaboration et
de la mise en place de cette politique, qu'on ait ajouté à
ça la question de l'augmentation du nombre de plants mis en terre,
même si on n'est pas allé au maximum qu'on prévoyait et
qu'aujourd'hui, une fois tout ça mis en place, on en arrive à la
création du ministère des Forêts, je dis: Bravo! Je pense
que c'est un processus qu'il fallait faire. Le ministre n'a peut-être pas
réussi à le faire aussi rapidement qu'il l'aurait
désiré. Je pense que son désir est connu aussi bien
à travers le Québec, dans son propre comté que c'aurait pu
l'être ailleurs, et j'en entends parier partout.
Je sais que le ministre, à l'assermentation du Conseil des
ministres de 1989, a même pensé mettre sa tête sur le billot
en disant à M. le premier ministre, même s'il le félicitait
tout à l'heure: Écoutez, M. le premier ministre, il me semble que
ce serait le temps, là, d'annoncer que vous voulez créer le
ministère des Forêts. On aurait pensé que le premier
ministre aurait accédé à sa demande, puisque ça
faisait quasiment, semblait-il dans nos rumeurs internes, partie de ses
demandes comme ministre, mais c'a été plus tard. Bon, soit! il
l'a eu plus tard. Peut-être que son poids n'a pas été
suffisant à ce moment-là. Il y a une chose qui est certaine,
c'est que, même après l'élection de 1989, des rumeurs de
démission étaient sur la table. On avait entendu dire que sa
ministre de tutelle avait quelques problèmes sur sa façon de voir
les choses, elle, par rapport à lui. Mais, finalement, il l'a obtenu,
alors soyons bons princes, ce matin.
Je vais pouvoir maintenant, M. le Président, avec la
création du ministère des Forêts, selon des termes bien de
par chez nous, arrêter d'asticoter le ministre. Ça m'a fait
plaisir, de temps en temps, de l'asticoter parce que mon but premier,
c'était qu'un jour, le premier ministre se décide à
pousser ça. Alors, de vieilles tactiques d'ancien représentant
syndical: à force d'asticoter quelqu'un, à un moment
donné, il nous le donne. Alors, moi, en asticotant le ministre, en
asticotant sa ministre et son premier ministre, il a enfin réussi.
J'aurais aimé mieux qu'il réussisse avant, mais il l'a fait.
Alors, à partir de maintenant, M. le ministre va pouvoir rentrer dans
son cabinet - je dois plutôt dire rentrer à son cabinet, pour
parier un bien bon français - puis ne plus être enragé
après ses fonctionnaires. Parce que le député de
Laviolette, en commission parlementaire, l'asticotait tellement que là,
ça le mettait en rogne, et là, il arrivait à son cabinet,
et - le monde m'en pariait - il n'était plus pariable. Bon, soit! Le
ministre, au moment où je vous parie, va, pour la dernière fois,
entendre parier de cette chose. Il va en être content, je le vois
même sourire.
Mais, je disais: En temps de récession, est-il le temps, M. le
Président, non pas de créer le ministère des Forêts,
je pense qu'il est le temps. Ce n'est pas ça ma question. C'est: Est-il
le temps de départager terres et forêts? Les gens qui nous
écoutent et les gens qui sont ici à cette Assemblée, qui
sont des gens du secteur forestier, rural et semi-rural, sauront ce que je veux
dire, sauront, actuellement, ce qui est régionalisé. Le
ministère des Forêts, il doit être proche du monde. Il doit
aller proche de la personne qui fait son travail en forêt. Il doit
permettre à des gens d'avoir des décisions proches de lui et non
pas des décisions prises dans le nouvel édifice où le
ministre se loge, à Charlesbourg, l'Atrium. Ce n'est pas là que
ça va nécessairement se faire, c'est dans le milieu. mais au
moment où on se parie, nous avons, partout au québec, une
régionalisation du ministère de l'énergie et des
ressources, mais ça regroupe, de façon spécifique,
à part les mines, qui se trouvent dans un secteur bien
déterminé au québec, mais à travers le
québec, les forêts. donc, le ministère de l'énergie
et des ressources est décentralisé au niveau régional par
la partie des terres et par la partie des forêts. si je crée un
ministère en excluant les gens des forêts, eh bien là, m.
le président, il faut trouver un trou, une place à ces
gens-là qui sont des terres parce que les terres aussi, c'est proche du
monde. ce sont les bureaux d'enregistrement. ce sont les notaires qui
travaillent autour. ce sont des gens qui ont besoin de réponses rapides
aux besoins de villégiature, même si actuellement il y a un
moratoire entre le ministère des forêts et le ministère du
loisir, de la chasse et de la pêche. il y a une chose certaine, c'est que
les gens demandent encore d'aller en forêt pour avoir un petit camp de
chasse, pour aller faire de la villégiature.
Donc, ça se trouve proche du monde. Mais là, si on
crée le ministère des Forêts, où va aller la petite
équipe des terres? C'est une question que je pose au ministre. Ou il me
répond dans son droit de réplique au courant de cette
discussion-ci de l'adoption du principe, ou il me répond en commission
parlementaire. Mais j'aimerais bien qu'il me réponde
immédiatement. Ça me permettrait de poser des questions plus
étoffées au moment où j'aurai le travail normal à
faire, d'étude article par article de ce projet de loi. M. le
Président, que ferons-nous de ces gens-là? Allons-nous louer de
nouveaux locaux? Allons-nous dépenser de l'argent pour leur trouver des
lieux? Allons-nous les équiper de nouveaux appareils? Et le ministre,
à ce niveau-là, sait aussi ce dont je parie. Est-ce qu'on va les
équiper de nouvelles machines qui actuelle-
ment servent aux deux? Qu'est-ce qu'on va faire?
Et là, je parle de tout l'appareil électronique qui
coûte très cher et dont j'ai l'occasion souvent de décrier
l'utilisation au gouvernement et quasiment le monopole que certaines
entreprises ont parce qu'on dit: Si c'est d'IBM, il faut que ce soit
compatible, sinon ça ne marche pas. En tout cas, je n'entrerai pas dans
ce dossier-là, mais je dirai simplement, M. le Président:
Qu'est-ce qu'on va faire avec les gens des terres? Est-ce qu'ils vont continuer
à être dans les mêmes bureaux avec des contrats
associés parce que les terres vont dépendre de la ministre de
l'Énergie et des Ressources? Et on connaît les contacts entre les
deux ministres. Peut-être que ça occasionnera certaines petites
étincelles, je ne le sais pas.
Est-ce que le ministre pourra nous répondre à ça
parce que ça inquiète à la fois les utilisateurs du
ministère des terres, en fait, je ne devrais pas dire le
ministère, mais la partie des terres du ministère de
l'Énergie et des Ressources, mais aussi les employés. Et c'a
aussi des conséquences sur les employés des forêts. Est-ce
que ça veut dire qu'on aura peut-être tendance à vouloir
privatiser la partie des terres? Comme on a fait au ministère de
l'Énergie et des Ressources, secteur forêts, M. le
Président, où on a confié à une compagnie à
part, qui est une compagnie associée au gouvernement et qui s'appelle
REXFOR, des choses qui étaient faites autrefois par les employés
des forêts. Est-ce qu'on est en train de démanteler - et ça
ça m'inquiète - tranquillement le ministère des
Forêts au point que demain matin, on va se retrouver avec un ministre des
Forêts avec quasiment plus de pouvoirs d'intervention? (11 h 30)
Parce que d'une part, on lui aura enlevé une partie des terres et
qu'il a une certaine forme de responsabilité avec l'utilisation de la
ressource qui se trouve dessus. Et d'un autre côté, on lui aurait
enlevé la mise en terre et les formes de travail sylvicoles qu'on doit
faire dans la forêt québécoise, à une compagnie
associée au gouvernement qui s'appelle REXFOR. Et là, les
employés se retrouveront dans des entreprises privées,
finalement, ou associés au gouvernement, mais sans être à
l'intérieur du ministère des Forêts. Ça
m'inquiète. Je suis bien prêt à donner mon aval au ministre
pour la création d'un ministère, mais j'aimerais bien qu'il me
réponde: Qu'est-ce que va avoir l'air ce ministère dans deux ans,
dans cinq ans, dans dix ans, alors que, dans ces années-là, il ne
sera probablement plus ministre, ce sera un autre qui sera là?
M. le Président, quand je dis ça, c'est parce qu'il est
important, en donnant notre oui à la création d'un tel
ministère, qu'on ne reviendra pas dans trois ans pour dire: On a fait
une erreur. Le ministre, qui est ingénieur forestier, sait très
bien que cette industrie forestière a un impact tellement fort au niveau
du Québec qu'il est important de bien s'assurer que le ministère
qui sera créé sera le bon ministère. Il ne faudra pas que
des chicanes interminables avec le ministère de l'Énergie et des
Ressources, secteur des terres, en arrivent à mettre en
difficulté le ministère des Forêts.
Et là, j'en viendrais, M. le Président, en faisant appel
au ministre et en lui disant qu'il y a des gens qui ont pensé justement
à ça, la question des terres et la question des forêts. Le
ministre, à ce moment-là, en aura-t-il l'occasion, comme le
prévoit l'article 11 du projet de loi: "Le ministre élabore une
politique forestière, la propose au gouvernement et s'assure de sa mise
en oeuvre"? Est-ce que le ministre, s'il n'est pas responsable des terres,
pourra en arriver à permettre des expériences au Québec,
expériences qui ne sont pas demandées juste d'aujourd'hui, M. le
Président?
Dans un témoignage d'un sylviculteur, M. Léonard Otis, qui
dit: "Une forêt pour vivre", et qui a été mis en place, en
fait écrit par M. Otis, mais imprimé par l'Université du
Québec à Rimouski, dans la Collection Témoignages et
Analyses, on dit que ce n'est pas la première fois qu'on le demande. On
disait et vous allez voir votre histoire, M. le Président: "Esdras
Minville préconisait cette forme d'exploitation dans les années
trente. Ça ne date pas d'aujourd'hui. Mais les gouvernements du temps
n'ont pas retenu cette formule. La population l'a de nouveau
réclamée dans les années soixante-dix afin de pouvoir
continuer de vivre chez elle au lieu d'aller chômer. Encore une fois, on
ne l'a pas retenue et on a préféré une autre formule qui
créait de l'emploi à court terme et permettait de faire des
timbres d'assurance-chômage." Ça, c'est ce qu'on a appelé
les fermes forestières, M. le Président. C'est le
témoignage d'une personne qui vit et qui a vécu.
Et même l'UCC, à l'époque, qui était la
confédération des cultivateurs de l'époque,
préconisait l'implantation des fermes forestières et elle avait
présenté un mémoire au Conseil des ministres de la
province de Québec en septembre 1969. Et là, on a dans le texte
de M. Léonard Otis, à la page 89, un extrait de ce mémoire
présenté par l'Union catholique des cultivateurs et le
Comité provincial des offices et syndicats de producteurs de bois au
ministère de l'Agriculture et des Forêts, au ministre responsable
de l'OPDQ, sur l'aménagement des fermes forestières au
Québec, et qui a fait l'objet de demande.
Le ministre aura-t-il le pouvoir de permettre ces
expériences-là? J'ai posé ces questions au ministre lors
de commissions parlementaires sur les engagements financiers ou à
d'autres moments donnés et le ministre m'avait dit à
l'époque que, oui, en Abitibi-Témiscamingue en particulier... On
lui a posé des questions ici, à l'Assemblée nationale, et
mon collègue de l'Abitibi-Témis-camingue, le député
de Rouyn-Noranda-Témis-
camingue, avait Justement posé ces questions-là au
ministre. C'est la même chose pour le député
d'Abitibi-Ouest. Est-ce que le ministre a l'intention d'aller dans des
expériences autres que celles de la loi actuelle? A-t-il l'intention de
regarder ça de façon positive? Or, M. le Président, quand
je dis ces choses, je me retrouve donc à dire: Si le ministre n'a pas la
responsabilité des terres, aura-t-il le pouvoir d'amener des choses
semblables? J'en doute et je le crains.
Le ministre nous a parlé longuement, M. le Président, du
fédéral. Il nous a fait mention de la mise en place, au
gouvernement d'Ottawa, du ministère des Forêts. Il a dit: Nous
nous sommes objectés mais le gouvernement fédéral a quand
même décidé d'y aller. Vous savez, la capacité pour
le ministre d'intervenir rapidement et d'empêcher le
fédéral d'intervenir dans son désir, comme gouvernement
fédéral, au niveau des forêts privées,
m'inquiète. Le ministre aura-t-il le pouvoir d'empêcher le
gouvernement fédéral d'intervenir sur les terres, comme il l'a
dit très bien, en vertu de la Constitution canadienne, dont la
responsabilité au niveau de la forêt est directement incluse dans
la Constitution comme étant du seul ressort du gouvernement du
Québec? Ce qui veut donc dire, M. le Président, que le
fédéral ne peut pas intervenir à moins d'une entente avec
le Québec. Avant son départ pour Bruxelles, puisqu'il participe
aux discussions fédérales... avec le fédéral parce
qu'il est ministre des Forêts fédéral, Frank Oberle... Je
reprends en disant qu'avant son départ pour Bruxelles pour participer
aux négociations du GATT, qui traitent de l'ensemble de l'agriculture,
de l'ensemble du textile, en fait, vous savez, toutes les discussions qui ont
lieu à cette conférence mondiale, d'après les
renseignements que je possède, la ministre a signé une lettre
disant que, parce que le Québec ne veut pas signer l'entente
fédérale-provinciale, il a l'intention d'y aller. Qu'est-ce que
ça veut dire? L'entente fédérale-provinciale comprend
trois parties: l'argent que le fédéral met tout seul, l'argent
que le Québec met tout seul, et l'argent que le fédéral et
le Québec mettent conjointement. Donc, les trois parties, ce que le
fédéral est en train de dire pour forcer la main au
Québec, c'est ceci: J'ai, moi, comme ministre fédéral, une
partie qui m'importe; même si je n'ai pas d'entente avec le
Québec, même si cette entente est finie depuis le mois de mars
1990, même si cette entente pourrait être signée pour 1992,
même si cette entente n'est pas signée, j'ai décidé
d'intervenir dans le secteur de ce qu'on a appelé le plan de l'est, dans
les forêts privées.
J'aimerais, dans son droit de réplique, que le ministre
m'indique, me permettant de me préparer encore et de façon plus
convenable pour la commission parlementaire, ce qu'il fera si le gouvernement
fédéral décide de verser de l'argent à des
producteurs privés, qu'elle soit individuelle ou collective, cette
propriété privée.
Quand je dis individuelle, ça veut dire si c'est une personne qui
est un agriculteur, un producteur forestier qui est reconnu par la loi
québécoise ou si c'est une compagnie qui, elle, a une forêt
privée. Je donne deux exemples. Si, admettons, tel cultivateur dans tel
milieu a une forêt, va-t-il pouvoir recevoir directement l'argent du
fédéral? Et est-ce que la compagnie Domtar, qui possède
dans l'Estrie des terrains privés, aura le droit de recevoir l'argent si
le Québec dit: Non, tant que l'entente n'est pas signée, vous ne
verserez pas un cent. Est-ce que le ministre va accepter que le
fédéral embarque au-delà des compétences juridiques
reconnues par le Québec, dans ce qui est la responsabilité du
Québec? Je pense que c'est important que le ministre nous le dise. Parce
que le ministre fédéral aurait signé cette lettre avant de
partir pour Bruxelles et il a l'intention de faire une conférence de
presse dès son retour pour indiquer que, malgré le Québec,
il a l'intention d'aller de l'avant. (11 h 40)
Est-ce que la création du ministère des Forêts, M.
le Président, va nous garantir contre les assauts incessants du
fédéral? Est-ce que le ministre peut nous dire que la
création du ministère des Forêts aura comme but
d'empêcher le fédéral de faire ce que le ministre
craignait, c'est-à-dire que la création du ministère
fédéral des Forêts avait pour but de mettre au pas les
provinces, Québec compris? Et le ministre pourra-t-il, après
avoir pris les renseignements - je l'espère, depuis que je lui ai
posé la question - m'indiquer que l'entente
fédérale-provinciale sur les forêts est liée
à l'entente fédérale-provinciale avec la
Colombie-Britannique? C'est-à-dire que le gouvernement
fédéral, sachant que c'est les deux plus grosses productrices au
niveau des forêts, a dit: Je ne donnerai pas plus au Québec que ce
que je donne à Vancouver. Est-ce qu'à ce moment-là le
ministre peut m'indiquer que cette chose est vraie ou pas vraie? Est-ce qu'il a
pris les renseignements auprès du fédéral pour
empêcher une telle chose, parce que l'entente avec le Québec
était d'environ 200 000 000 $ au total? Le Québec était
prêt à mettre 100 000 000 $, le fédéral aussi et,
à ce moment-là, le gouvernement de la Colombie-Britannique
était d'accord. Mais il a changé d'idée depuis ce
temps-là, le gouvernement de Vancouver, et il ne serait prêt
à mettre que 75 000 000 $. Est-ce que le Québec va être
soumis à cette tentative du fédéral d'imposer ses vues ou
va-t-il être capable d'aller chercher son dû, comme dirait le
premier ministre de l'époque, Maurice Duplessis?
Alors, M. le Président, ce sont des choses qui
m'inquiètent et je veux savoir de la part du ministre si notre oui que
nous allons lui donner aura pour but d'éviter les assauts du
fédéral. Je sais que des députés
fédéraux appellent les députés du Québec, je
sais que des députés fédéraux indiquent à
des syndicats de produc-
teurs de bois à travers le Québec que le ministre a
l'intention d'y aller de lui-même sans attendre le oui du Québec.
M. le Président, si le ministre, sur ce point, a besoin de notre appui,
il l'aura. Il est important que le fédéral, comme il l'a fait
malheureusement dans la question du bois de sciage au Québec,
n'intervienne pas. Souvenez-vous, M. le Président, nous n'avions pas de
ministère des Forêts, mais nous avions un gouvernement qui se
tenait debout devant le fédéral et qui se tenait aussi debout
devant les compagnies américaines qui faisaient de l'obstruction sur le
transport du bois d'oeuvre aux États-Unis et qui avaient amené,
à cette époque, devant la chambre des
délégués aux États-Unis, une demande pour que le
Québec, la province ontarienne et la Colombie-Britannique paient des
droits de compensation aux États-Unis pour le bois d'oeuvre qui
rentrait. En 1983, notre ministre de l'époque responsable du dossier,
Bernard Landry, avait défendu devant la Chambre des représentants
des États-Unis le point de vue du Québec, à tel point que
nous avions gagné. En 1985, l'assaut de la Chambre des
représentants américains avait été
additionné des représentants du Sénat américain, et
c'est là qu'il y avait un danger majeur.
À ce moment-là, j'étais ministre
délégué aux Forêts et j'avais participé
à une conférence à Vancouver où nous avions
défendu le point de vue du Québec en disant, à
l'époque, au ministre fédéral - qui n'est plus là -
de l'Ontario que nous étions en désaccord avec la position qu'il
tenait et que jamais le Québec n'accepterait de se culpabiliser de la
façon dont il traitait ses forêts québécoises,
d'autant plus que nous étions en préparation d'une nouvelle
politique forestière. Nous avions, à ce moment-là,
réussi à reculer des délais et nous avions commencé
à faire notre travail aux États-Unis.
Le gouvernement, malheureusement, a été battu, un autre
l'a remplacé et le ministre en place a été de ceux qui ont
accepté - comme je l'ai dit à l'époque - de s'accuser de
ne pas charger suffisamment aux compagnies forestières. C'a donné
quoi comme résultat? C'est que le ministre de l'Ontario, au
fédéral - puisqu'il venait de l'Ontario, et qu'il était au
gouvernement de M. Mulroney - avait demandé à ce moment-là
aux provinces de s'accuser, de dire aux États-Unis: Vous avez raison, on
ne charge pas assez cher pour nos droits de coupe, en conséquence, nous
acceptons tout bonnement de mettre des droits compensatoires. Ces droits
compensatoires ont été mis à 15 %. Le
fédéral, pour éviter que l'argent qui était pris
ici soit envoyé aux États-Unis par un droit compensatoire, avait
déclaré au gouvernement: Nous allons prélever une taxe de
15 % et, après ça, on s'entendra et on pourra la diminuer. La
Colombie-Britannique l'a diminuée plus rapidement que le Québec
et le Québec - vous avez vu la dernière fois ce qu'on appelle
dans notre langage parlementaire une question plantée, mal
plantée d'ailleurs, pour ne pas faire de jeu de mots avec la plantation
de nos arbres par le député de Saint-Maurice - a fait en sorte de
donner en questionnant le ministre un croc-en-jambe magistral en disant: M. le
ministre - dans sa question, le député de Saint-Maurice - M. le
ministre, en 1986 nous avons chargé 15 % de taxe pour le bois d'oeuvre
qui s'en allait aux États-Unis et, en conséquence, nous avons
ralenti l'économie. Maintenant, M. le ministre, pouvez-vous nous dire
où s'est rendu parce qu'entre-temps ça a baissé à 8
%? Alors, le ministre se lève debout sous les applaudissements, pour se
faire applaudir, en disant: C'est formidable, nous avons réussi à
passer de 8 % à 6 %, nous allons tomber à 3,1 et à 3 % en
1992 seulement, et là il se félicitait. C'est à peu
près comme si on disait à quelqu'un: En 1986, je t'ai
donné un bon coup de poing sur la gueule, là je te donne juste un
petit soufflet et le ministre se félicite. Ça me fait penser, M.
le Président ça m'a fait rire cette fois-là, juste comme
exemple et identique à celui-là. Nous avions à
Grand-Mère un kiosque touristique. Il y avait une discussion avec
l'Association touristique régionale, l'Association centrale qui
s'appelait l'ATOURCEM, chez nous Centre Mauricie, et la ville de
Grand-Mère. Trois étapes, le régional, le
sous-régional et le local. Le local, de ses propres taxes, M. le
Président, avait payé un kiosque pour informer sa population
à la sortie de l'autoroute. Il n'avait demandé aucune aide au
gouvernement. La seule aide qu'il lui demandait, c'est les documents que vous
envoyez dans les associations touristiques: Pourriez-vous, s'il vous
plaît, nous en envoyer chez nous pour qu'on le donne au monde? Le
ministère avait dit non. Imaginez-vous, il avait dit non. Il avait mis
en péril le kiosque touristique. En arrivant, le ministre
régional, le député de Maskinongé, était
venu dire: II n'en est pas question. Et un an et demi après,
après lui avoir fait comprendre que c'était une erreur qu'il
faisait, que ça n'avait pas de bon sens, que le kiosque touristique
avait le droit d'avoir de la publicité comme tout le monde, il est venu
à la chambre de commerce et il s'est fait applaudir à tout rompre
en disant: Le kiosque touristique de Grand-Mère va vivre, je vais lui
donner les documents. Un an et demi avant il l'avait enlevé, et un an et
demi après, il le donne et se fait applaudir d'avoir enlevé
quelque chose un an et demi avant. C'est la même chose dans le cas du
bois d'oeuvre, M. le Président.
L'exemple que je donne, c'est que dans le bois d'oeuvre, M. le
Président, on a nui à l'ensemble des industries de sciage au
Québec et là on vient se féliciter de leur nuire un peu
moins. C'est ça qu'on est en train de faire, M. le Président.
Alors moi je pense que, dans cette Loi sur les Forêts, est-ce que le
ministre aura l'occasion d'avoir les pouvoirs d'éviter des choses
semblables? Est-ce que le ministre, dans toute la question des copeaux
au Québec, aura l'occasion de regarder d'un oeil différent le
problème des copeaux? Jusqu'à maintenant, le ministre dans toutes
les commissions parlementaires où j'ai eu l'occasion de lui poser des
questions, ici même en Chambre aussi, des questions lors de la
période de questions, le ministre a toujours dit: Je ne veux pas
être celui qui décide de la vie ou de la mort de quelqu'un. Est-ce
que le ministre peut nous dire, que devant les faits de ce qui se produit au
niveau des copeaux au Québec, il n'a pas l'intention d'agir autrement
que de répondre peut-être à la demande de la régie
des copeaux? Le ministre s'est toujours objecté à ça,
c'est son droit. Le ministre a dit à ce moment-là, M. le
Président, que dans l'ensemble de cette... j'allais dire de ce commerce
des copeaux, H ne voulait pas prendre position, il aimait mieux que les gens se
décident. Il aimait mieux former un comité, on a vu ce que le
comité a donné et finalement ça a, en bon
québécois, "floppé." Ça a amené des
fermetures de scieries au Québec, ça a amené des gens
à avoir des difficultés à tel point que ce qui
m'inquiète le plus, et ça c'est une des responsabilités
que la loi lui donne, que la loi va lui donner à lui seul, c'est de
s'assurer que notre richesse collective soit utilisée pour le
mieux-être de la population du Québec. (11 h 50)
II est anormal, M. le Président, que des compagnies
forestières, à cause de la mise en place des contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, viennent dire au
ministre: Là, maintenant, ça ne te regarde plus. Ou le ministre a
des pouvoirs et les exerce ou le ministre n'a pas de pouvoirs. Là, je
veux m'as-surer que le ministre, à ce niveau-là, prendra les
moyens que lui donnera la loi pour s'assurer que le bois qui est apte au sciage
doive d'abord aller au sciage, que le bois apte au déroulage doive
d'abord aller au déroulage avant de se transformer en bûches de
quatre pieds, nos fameux billots, nos pitounes, comme on dit. Cette
bille-là de 4 pieds qui aurait pu être une belle planche de 10
pieds, de 12 pieds, de 14 pieds ou de 8 pieds, il est anormal qu'elle devienne
copeau.
Tout le monde le sait au Québec, M. le Président, je ne
vous apprends rien, je sais que vous êtes un très grand
connaisseur de notre région de la Mauricie. Vous savez que le bois,
quand il passe par l'industrie de sciage, laisse des résidus en bran de
scie ou en copeaux de l'ordre d'environ 50 %. Tout le monde sait ça. Une
fois qu'on sait ça, il s'agit donc que les compagnies forestières
en arrivent à utiliser le mieux possible l'ensemble de la forêt
québécoise. Alors, le bois doit voyager, peut-être
différemment de ce que l'on voit aujourd'hui. Il doit donc y avoir des
ententes avec les différents utilisateurs. Vous allez voir, dans
quelques années, que le virage que le ministre a accepté de
prendre à la suite du livre blanc, est un virage très important,
peut-être pas suffisant à 100 %, c'est évident, M. le
Président, mais important. Ce virage, c'est que ça oblige les
gens à remettre la forêt en production, selon le principe de
rendement soutenu.
Je vous rappellerai, M. le Président... Ça m'avait fait
plaisir à l'époque parce que le journaliste qui avait
titré sur la première page du journal La Presse, le
lendemain de la parution du livre blanc sur la politique forestière
avait trouvé un titre qui était, à mon avis, le summum de
la perfection, il disait: Tout arbre coupé dort être
remplacé." Et là, ça faisait en sorte d'éviter que
les gens comprennent que tout arbre coupé doit être planté.
Je pense que c'est important de bien mettre dans la tête des gens, et je
le disais à l'époque: Plantation nécessaire, mais pas
nécessairement plantation. Qu'est-ce que ça veut dire? Ça
veut dire que ça change les méthodes de coupe, ça change
les méthodes de récolte, ça change les méthodes de
transport de tous ces billots-là, de telle sorte qu'on en arrive
à amener le monde à faire des travaux sylvicoles, à couper
non plus avec de la grosse machinerie, à couper peut-être par des
méthodes différentes, par bande, par damier ou autres ou par
coupe sélective, le bois. C'est là que j'amenais au ministre
à ce moment-là que peut-être les expériences de
fermes forestières pourraient même permettre de produire trois
fois plus de bois qu'on en produit actuellement si on l'utilise
correctement.
M. le Président, je vais vous dire que cette partie-là a
eu pour moi un changement. Je pense que dans la mentalité des usines,
dans la mentalité des gens qui travaillent en forêt, ce qu'on
appelle, dans les compagnies forestières, le secteur des bois,
appelé, pour ceux qui connaissent le terme anglais, le "woodlands", ceux
qui travaillent dans le secteur bois... c'est un changement de mentalité
important qui va être profitable pour la collectivité
québécoise. Il ne faudrait pas transformer ce changement en
désavantage. Ce désavantage, M. le Président, c'est toute
la question de l'utilisation du billot maintenant. Il ne faut pas que le billot
qui est apte à des déroulages ou à du sciage devienne
copeau. Ça serait désastreux. Dans ce sens-là, M. le
Président, j'invite le ministre à apporter une attention
particulière et j'espère que la loi lui donnera le droit
d'intervenir.
Au moment où on se parle, il y a des compagnies qui disent: Un
instant, là. Tu m'as donné un contrat de 25 ans. J'ai cinq ans
pour prouver mon utilisation de ce bois-là. Entre-temps, je dois
déposer à tous les ans des plans d'intervention pour mes coupes
annuelles, etc., mais vous ne me direz pas où je vais envoyer mon bois.
Ça, ça m'inquiète parce qu'il y a des compagnies
papetières - je sais très bien que le ministre en est conscient -
actuellement qui n'auraient pas à couper aucune bille mais
qui seraient quand même approvisionnées. Dans ce
sens-là, peut-être ce qu'on a appelé à
l'époque le vertical de l'industrie forestière
l'intégration verticale aurait pu disparaître au profit d'une
intégration par entente. Autrement dit, un scieur peut désormais
faire entente avec une papetière pour que, d'abord, ça passe chez
lui avant d'aller à la papetière, de telle sorte qu'il peut y
avoir des ententes de cet ordre-là et qui n'impliquent pas que la
compagnie papetière intègre verticalement de la graine de semence
à la pâte ou au papier qui suit.
À ce moment-là, peut-être que le ministre aura moins
de difficultés à mettre en place l'article de la loi qui dit
d'abord que la forêt publique est résiduelle à toutes les
sources d'approvisionnement: premièrement, forêts privées,
deuxièmement, résidus de copeaux et, troisièmement,
l'utilisation pour le désencrage des résidus de papier que l'on a
dans notre société et non pas envoyer directement aux centres
qu'on appelait autrefois les dépotoirs, qui portent aujourd'hui un autre
nom et qui sont des lieux d'enfouissement sanitaire.
Donc, on aurait une meilleure utilisation de la fibre au Québec.
Je pense que le ministre en est conscient et qu'il comprend très bien.
Il faut donc qu'il ait la garantie qu'il puisse intervenir dans certains cas,
jugés d'intérêt public, pour éviter que les
compagnies - si vous me permettez l'expression - l'envoient promener. Ce qui va
peut-être se faire en termes de contentieux parce que, là
où il y a un avocat, il y a toujours moyen de trouver un moyen de
contentieux, il y a toujours moyen de se chicaner à un moment
donné peut-être qu'il faudrait changer ces
méthodes-là. Le ministre pourrait peut-être convenir que,
des fois, ça prend un bon notaire plutôt qu'un avocat parce que le
notaire, dans certains cas, fait de fa prévention bien plus que
l'avocat.
C'est un petit aparté dans mon discours, et j'ai dit à
bien du monde que je le passerais de temps en temps dans certains discours,
parce qu'en réalité il y a contentieux potentiel dans la mesure
où les compagnies forestières vont dire: Écoutez, vous
m'avez donné un contrat; vous m'avez dit que c'était nous qui
déterminerions comment nous procéderions; ne venez pas me dire,
après que vous m'aurez donné tous ces pouvoirs-là, comment
nous allons utiliser notre bois maintenant. Ce qui est important, c'est que
ça s'en aille à la pâte. Là, je ne suis pas
sûr; je pense que le ministre devra intervenir.
Je voudrais qu'il m'Indique, dans son droit de réplique, si dans
la loi j'ai les garanties que je recherche et si je ne les ai pas, lors de
l'étude consciencieuse de ce projet de loi article par article,
j'aimerais en arriver à comprendre de la part du ministre que des
amendements pourraient être apportés si nécessaire.
Après l'étude article par article, si le ministre m'indique qu'il
a tous ces pouvoirs, je lui dirai bravo, je l'applaudirai et je l'encouragerai.
S'il me dit qu'il ne l'a pas dans ce projet de loi, je l'inciterai à le
mettre. S'il ne veut pas le mettre, bien là, je ne l'applaudirai pas. Je
le critiquerai, non pas de façon négative, mais de façon
positive parce que ce projet de loi, il faut que le ministre soit le seul
responsable de la richesse qui s'appelle l'arbre et qu'il indique dans quelle
direction il a l'intention d'aller.
En ce sens, M. le Président, s'il a cette mentalité que je
sais qu'il a envers les compagnies forestières, mais il faut qu'il le
prouve, il aura aussi la même chose au niveau des MRC qui demandent de
plus en plus que le bois soit traité chez eux. Il va y avoir des
pressions immenses, M. le ministre, dans ce sens-là.
Moi je dis que nous devons avoir de façon bien précise les
indications dans le projet de loi en ce sens. Si j'ai quelques
inquiétudes au sujet du poids du ministre maintenant... M. le
Président, je pense qu'il me reste environ cinq minutes pour...
Simplement, il me reste un dernier point à traiter et je voulais
être sûr de bien le traiter. Merci, M. le Président. Donc,
il me reste une bonne dizaine de minutes. Je vais le traiter dans ce
sens-là. Le ministre doit avoir un poids politique important. Je serai
de ceux qui appuieront le ministre pour qu'il obtienne pour la forêt
québécoise, pour l'ensemble des industries, mais aussi pour les
travailleurs en milieu forestier et dans les usines de transformation,
l'assurance, non pas de conserver leur emploi ad vitam aeternam, mais au moins
de faire les efforts pour qu'ils ne le perdent pas. (12 heures)
Quand on regarde l'ensemble de l'évaluation du budget du
ministère de l'Énergie et des Ressources pour les années
1989-1990 et 1990-1991, l'exercice auquel nous serons conviés, est-ce
que le ministre a la capacité d'intervenir de façon à
assurer à cette industrie une bonne performance? M. le Président,
je vous dirai que, si on prend le livre des crédits, le budget du
gouvernement, dans les programmes 1 et 4 des forêts, on s'aperçoit
qu'il y a eu, en deçà de l'inflation annuelle que l'on a connue,
une augmentation, entre 1989-1990 et 1990-1991, de l'ordre de 1,2 %. Au niveau
des terres, nous avons eu une augmentation de 19,5 %. La ministre responsable
des terres, c'est la ministre en titre. Alors, je vous le dis, M. le
Président, vous voyez là juste une crainte que j'ai. Ça,
ce n'est pas des chiffres que j'invente, c'est les chiffres directement des
programmes, et, dans le cas des terres, c'est les programmes 6 et 7.
N'eût été l'épidémie de la tordeuse
des bourgeons de l'épinette qui a amené une augmentation au
budget de l'ordre de 10 000 000 $, le 1,2 %, M. le Président, pour les
forêts aurait été loin. Alors, ce sont des choses qui
m'inquiètent et j'aimerais savoir ce que ça va donner parce que,
en termes de budget en 1989-1990, on avait 322 099 000 $, alors qu'en 1990, on
avait
325 875 000 $, soit une augmentation de plus 1,2 %, et, si on
enlève l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, nous tombons à 316 495 000 $, ce qui veut dire 0 %
d'augmentation. Donc, c'est une situation qui m'inquiète, et je dois
dire, M. le Président, que le ministre devra faire tous les efforts
possibles pour que ce ministère qui donne de l'emploi à 250 000
personnes ait les capacités, les reins assez solides pour nous donner la
garantie que ce n'est pas une vaine chose que nous faisons aujourd'hui que de
créer le ministère des Forêts.
Mes questions au ministre des Forêts ont été bien
claires durant l'intervention que j'ai faite, M. le Président. J'aurais
pu faire l'ensemble du portrait sur d'autres sujets. Je dirai simplement que le
ministre, si je prends deux sujets pour terminer, M. le Président, les
copeaux et la forêt privée, je vous dirai qu'il ne m'a pas
impressionné outre mesure. Il a eu, sur les copeaux, la capacité
de prendre des décisions, qu'il n'a pas prises, ce qui a amené la
perte d'emplois dans certaines industries puisqu'elles ont fermé. J'en
faisais mention l'autre jour, lors de l'interpellation, en parlant de ce qui se
passait en Abitibi-Témiscamingue. Ce n'est pas une réponse que de
me dire: C'est international. Tout le monde sait très bien que la crise
que nous connaissons actuellement, elle est, selon un bon terme
québécois maintenant reconnu par le dictionnaire Larousse,
même en France, made in Québec, made in Canada. À ce
niveau-là, je pourrais dire que toute la crise des copeaux, c'est made
in Québec, c'est une décision que le gouvernement n'a pas voulu
prendre parce qu'il dit, comme ministre, ne pas vouloir influencer de part et
d'autre les décisions, la vie ou la mort de ces industries. Mais le fait
de ne pas prendre position, c'est déjà en prendre une, M. le
Président, c'est laisser au libre marché tout ce secteur.
Quant à la question des forêts privées, bien
là, j'en ai fait mention avec la question du fédéral, M.
le Président, mais je rappellerai que le ministre avait confié
à notre député de Beauce-Nord, le député
Audet, la formation d'un comité de travail qui a produit un document
pour lequel nous l'avons félicité. Mais, malheureusement, ce
projet-là n'est pas en place, n'est pas en vigueur. Mais le
député de Beauce-Nord fera un discours tout à l'heure,
j'en suis assuré, parce qu'il ne peut pas manquer cette occasion de
féliciter son ministre, mais il pourrait aussi, en même temps, le
réprimander et lui dire: M. le ministre, vous m'avez fait travailler en
vain; j'ai passé des heures, des jours, j'ai même
réfléchi à ça pendant des nuits; il a fallu que je
m'endorme avec cette idée-là pour, ensuite, en faire un document
que vous ne regardez même pas, M. le ministre, que vous ne discutez
même plus.
Ça m'inquiète. M. le député de Beauce-Nord,
je vais vous aider. Réprimandez-le, je vous applaudirai. Mais si cela a
pour but d'aider les propriétaires de boisés privés, nous
pourrons ensuite, M. le député, nous serrer la main parce que,
ensemble, on aura convaincu le ministre d'agir. Alors, M. le Président,
s'il ne réussit pas, j'aurai deux personnes à blâmer, le
député de Beauce-Nord et le ministre.
Je vous dirai, M. le Président, en terminant, en voulant
être très positif, parce que, s'il y a un secteur qui me tient
à coeur, c'est bien le secteur des forêts, c'est un secteur que
j'ai apprécié et dirigé, je dis au ministre: Vous avez
l'occasion en or de donner à la forêt québécoise,
maintenant que la Loi sur les forêts est passée et que vous allez
maintenant créer le ministère des Forêts, une occasion en
or de mettre au vu et au su de l'ensemble de la population
québécoise le bienfait d'une forêt en forme, d'une
forêt qui soit productrice et qui garantisse de l'emploi à ceux
qui sont déjà là, je le répète, M. le
Président, 250 000 et plus, et d'autres qui pourront en vivre, en
espérant que, peut-être, le ministre en arrivera à nous
donner, par ses capacités qu'il aura désormais, des
expériences et qu'il soit reconnu comme celui qui a mis en place les
fermes forestières, qu'elles soient dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie ou qu'elles soient en Abitibi, je pense que
ce sont les deux secteurs qui sont actuellement les plus propices et les plus
aptes à recevoir des expériences. Et peut-être que, dans 20
ans, on se pariera d'un changement qui aura eu lieu en cours de route, vers de
nouvelles formules pour préserver la forêt
québécoise, non pas pour les compagnies forestières, mais
pour la population du Québec, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Laviolette. Je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant, M. le député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci beaucoup, M. le Président. Je pense que
l'Assemblée nationale vit aujourd'hui des moments des plus importants
pour le domaine de la foresterie au Québec. Il fallait, de par ce geste
du ministre des Forêts, corriger une erreur épouvantable qui s'est
produite en 1978-1980, redonner à l'ensemble des 250 000 travailleurs au
Québec un ministère, leur redonner toute cette confiance dont ils
avaient tant besoin. M. le Président, dans les minutes qui vont suivre,
j'aimerais, bien sûr...
À écouter le député de Laviolette, je revois
le scénario du dernier empereur chinois, celui qui aurait voulu
être ce qu'il n'a pas été. M. le Président, si on a
écouté pendant cette heure le député de Laviolette,
tout ce qui se passe dans le domaine de la foresterie au Québec, c'est
grâce à lui, grâce à lui. C'est lui qui a dit au
ministre de créer un ministère des Forêts. C'est
lui qui a dit au ministre de passer la loi 150. C'est lui qui a dit au
ministre de faire du reboisement une priorité au Québec. Il a dit
au ministre, également, de recréer le ministère des
Forêts que son gouvernement avait aboli. M. le Président,
d'où sort-il? Je pense que sa mémoire fait grand défaut,
il a un grand trou dans sa mémoire et je vais en profiter pour lui
rafraîchir la mémoire.
M. le Président, le ministère des Terres et Forêts
au Québec était un des plus vieux ministères depuis la
confédération, depuis que la province de Québec existait
juridiquement, même avant. Le Parti québécois, dans sa
foulée des réformes, avait aboli un des ministères les
plus importants. Je suis né, je vis et je représente un
comté, M. le Président, dont le quart des forêts du
Québec sont chez nous. (12 h 10)
À cette époque, des protestations de syndicats de
travailleurs, des coopératives, des sciages, des usines de pâtes
avaient été adressées au gouvernement du Québec,
mais avaient reçu une fin de non-recevoir parce qu'on regroupait deux ou
trois ministères pour finalement reléguer aux oubliettes les
forêts québécoises. Et, M. le Président, l'ancien
gouvernement avait eu des remords de conscience en 1984 sur la fin d'un
régime qui coulait de jour en jour. Le premier ministre du temps avait
eu des remords de conscience en disant: Mais vous savez, les travailleurs du
Québec dans la foresterie, il faudrait peut-être penser leur
redonner un petit peu de valeur, les reconnaître un petit peu. On avait
créé, à ce moment-là, un ministre
délégué.
M. le Président, je ramènerai le député de
Laviolette au programme du Parti libéral de 1985 et de 1989 qui disait
clairement dans son programme: La création d'un ministère des
Forêts autonome. Aujourd'hui, nous assistons à la
concrétisation de cet engagement électoral. Le Parti
libéral, l'ensemble des Québécois et
Québécoises le savent très bien, est un parti qui respecte
ses engagements. Mais avant d'arriver à cette création du
ministère, il était impératif, M. le Président, de
redonner à la forêt québécoise ses valeurs
authentiques. D'abord, M. le Président, et premièrement, il
fallait redonner à l'ensemble de la population du Québec son
héritage qui était les forêts, abolir les droits
ancestraux, abolir les concessions forestières, c'est-à-dire
remettre à l'ensemble de la population cette richesse naturelle qui nous
appartenait. Et je n'ai pas vu dans le livre vert du député de
Laviolette, alors ministre délégué aux Forêts, rien
de semblable. Il n'avait pas osé, de peur de faire une confrontation
avec les compagnies forestières du temps. Ce gouvernement ne marchait
que par la peur, et c'est connu. Ils ont fait un recul. D'abord, ils ont aboli
le ministère. Ensuite, ils ont eu des remords de conscience devant la
protestation de l'ensemble des travail- leurs du monde forestier. Ils ont
créé un ministre délégué sans pouvoir
puisque c'était l'exdéputé de Matane, ministre de
l'Énergie et des Ressources qui contrôlait. C'était un
adjoint parlementaire en limousine et sa force au Conseil des ministres
n'existait pas. Or, M. le Président, il fallait redonner un cadre
à cet ensemble de la foresterie au Québec.
Dès l'arrivée au pouvoir, le premier ministre du
Québec a assermenté d'abord une personne qui connaissait le monde
de la foresterie. C'est une des rares fois au Québec qu'on avait un
ingénieur forestier qui avait passé sa vie comme haut
fonctionnaire et comme président d'une grande société qui
s'appelle REXFOR, président même, M. le Président, d'une
scierie dans mon comté qui s'appelait la Scierie des Outardes. Donc, on
avait la ressource humaine la mieux placée.
Vous savez, M. le Président, entre un
délégué syndical et un ingénieur forestier, non pas
que je dénigre l'une ou l'autre des formations, mais chacun son
métier et les chèvres seront bien gardées. Et dans le cas
précis, c'est la forêt qu'il fallait garder. Or, le premier
ministre avait choisi la bonne personne. Et ça n'a pas pris des
siècles et des siècles avant qu'on se grouille. Le ministre
délégué aux Forêts, en 1980, dès sa prise du
pouvoir, dès sa nomination, a commencé à préparer
la loi 150 qu'il avait déjà d'ailleurs, M. le Président,
pour l'avoir connu sous d'autres régimes, toute tracée dans la
tête à cette époque. C'était le premier pas à
faire. Je dois rendre grâce à l'Opposition puisque cette loi a
été votée unanimement à l'Assemblée
nationale. Mais c'était le premier pas qu'il fallait faire ici pour se
structurer au niveau de la foresterie.
Le deuxième pas, nous le faisons aujourd'hui, M. le
Président, c'est-à-dire donner un ministère des
Forêts autonome à l'ensemble du monde de la foresterie, incluant
les compagnies des travailleurs. Je pense que, par ce geste, le premier
ministre du Québec a décidé de reconnaître l'apport
que les gens de la foresterie font dans l'économie
québécoise. C'est tout à l'honneur du premier ministre de
permettre au ministre des Forêts la création de ce
ministère. Je pense que l'histoire du passage du ministre des
Forêts actuel sera marquée par celui qui aura donné toute
la vitalité à cette industrie dont l'ensemble des
Québécois et des Québécoises ne peut se passer.
Voilà, M. le Président, des gestes concrets, des geste habiles et
aussi des gestes de reconnaissance. Il était impératif de
corriger cette erreur, et je le répète, qui n'aurait jamais
dû exister. Ça a été un recul dans le domaine de la
foresterie, et les coupables, l'avenir le dira, paieront la facture.
M. le Président, bien sûr, lorsqu'on crée un
ministère, il faut aussi donner des pouvoirs au ministre, donner des
pouvoirs importants. Aujourd'hui, les pouvoirs sont bien concrets dans
la loi. Les pouvoirs, ils le sont, ils le seront et demeureront.
J'espère, M. le Président, que, dans le futur, d'autres
gouvernements qui succéderont à celui-ci ne commettront pas les
mêmes erreurs que le gouvernement du Parti québécois.
J'allais dire des pouvoirs. D'abord, c'est d'élaborer et de soumettre au
gouvernement une politique forestière - je pense que le ministre a fait
ses classes là-dedans - de gérer tout ce qui se rattache à
l'aménagement forestier. Ça, c'est important. C'est important,
d'abord, puisque c'est là qu'on va changer la philosophie qui avait
été créée au cours des années: la
forêt, c'était bon juste à couper. La politique
forestière du gouvernement libéral et du ministre des
Forêts est tout à fait autre, parce que la forêt ne contient
pas uniquement la ressource du bois. Elle contient la faune. Elle contient
aussi une réserve écologique nécessaire à
l'ensemble de la population du Québec. Il est évident que le
ministre des Forêts doit fournir des allocations de ressources en
forêt aux industriels, aux coopératives et aux scieries. Il est
important qu'on en ait aujourd'hui, demain et dans le futur.
Bien sûr, je ne toucherai pas le domaine des forêts
privées parce que d'autres collègues auront l'opportunité
de le faire au cours de ce débat. Il est un point important aussi, en
créant ce nouveau ministère des Forêts, celui de ramener la
voirie forestière à l'intérieur d'un ministère bien
cadré, puisqu'elle avait été abandonnée par
l'ancien gouvernement. C'était aussi, bien sûr, d'élaborer,
d'exécuter des plans et des programmes de conservation, de mettre en
application l'essence même de la politique forestière de la loi
150. Donc, reboiser, couper, faire des chemins de pénétration,
s'assurer que demain il y aura encore du bois. Voilà l'essence
même des pouvoirs et des responsabilités du ministère. Il
est évident, M. le Président, que tout cela doit se faire en
collaboration avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. C'est pour ça que le ministre est ici aujourd'hui, pour
s'assurer que, dans le débat, le ministre des Forêts travaillera
conjointement avec le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
responsable de la faune au Québec. Également, travailler en
étroite collaboration avec le ministère de l'Environnement.
M. le Président, je pense que le ministre
délégué aux Forêts a été le premier
à faire intervenir un cadre d'intervention dans le domaine de la
foresterie avec ces trois ministères. Et, en 1987, il y avait un
protocole qui indiquait clairement comment les interventions forestières
allaient se faire en forêt, en respectant ces trois prémisses: la
faune, l'écologie et, bien sûr, s'assurer d'une ressource
nécessaire au fonctionnement des milliers et des centaines de milliers
d'emplois nécessaires à l'économie
québécoise. (12 h 20)
Un rôle aussi très important que le nouveau ministre aura,
c'est de contribuer au développement des industries forestières.
Il y a à peine une semaine, M. le Président, le ministre des
Forêts était dans mon comté, justement pour remplir une de
ces conditions, et, du même coup, il doublait l'allocation de la scierie
Jacques Beaulieu, l'allocation en résineux, il doublait
déjà un contrat d'aménagement avec la scierie
Forest-ville, rajoutait à la compagnie Kruger 125 000 mètres
cubes et permettait bien sûr à la papeterie Reed de continuer
à recevoir les bois nécessaires pour le fonctionnement de son
usine à Québec. Déjà, le ministre mettait en place,
et prêchait par son exemple, immédiatement, des politiques qu'il
aura à administrer comme ministre en titre des Forêts. Bien
sûr, le ministre aura aussi la responsabilité de l'application de
toutes ces lois, des lois qui sont très sévères.
M. le Président, j'en ai une en particulier, que j'aime bien, une
disposition dans la loi 150. Lorsqu'on réserve du bois maintenant dans
les forêts québécoises, on doit en payer le coût. Je
me souviens, en 1985, on avait accordé tellement de contrats
d'approvisionnement à différentes entreprises qu'il aurait fallu
qu'on ait un territoire trois fois plus grand, qu'on ait des ressources trois
fois plus importantes, et pourtant, on n'avait pas créé d'emplois
additionnels ni d'industries additionnelles. Exploiter la forêt d'une
façon rationnelle, c'est faire comme la loi 150, et le ministre
l'applique présentement. M. le Président, c'est évident
que tous et chacun des industriels qui pensent s'agrandir aujourd'hui,
lorsqu'ils sont obligés de payer les droits de coupe un an d'avance, y
pensent à deux fois. De cette façon-là, la totalité
du territoire québécois n'est pas engagée, il y a de la
place pour de nouvelles industries, il y a de la place pour de nouveaux emplois
au Québec, et c'est là une des grandes responsabilités du
nouveau ministre des Forêts.
M. le Président, au cours des prochaines années on verra,
avec la création, la "récréation" de ce ministère -
ça fait un drôle de mot, M. le Président, mais c'est
ça, c'est la résurrection du ministère des Forêts -
un poids beaucoup plus important au Conseil des ministres. On verra
également, M. le Président, d'autres protocoles d'intervention
entre les différents ministères. Je pense particulièrement
à celui de Chasse et Pêche dans une forêt comme celle de la
Côte-Nord où il y a 50 % de ressources forestières et 50 %
de ressources d'apport au niveau du monde de la faune, de la chasse et de la
pêche. C'est très important, c'est-à-dire que l'ensemble
des travailleurs de chez nous peuvent puiser dans un bassin de 100 % de
ressources, 50 % foresterie et 50 % chasse et pêche. Je donnerai en
exemple, M. le Président, l'unité de gestion 91 qui regroupe le
territoire de la rivière Portneuf à la rivière Bersimis
où il se coupe ou se coupera
dans l'avenir environ 600 000 mètres cubes de bois, en rappelant
que 52 pourvoiries, M. le Président, accueillent chaque année
quelque 25 000 pêcheurs, chasseurs et amants de la nature.
Nous avons trop longtemps ignoré ce fait et nous avons trop
longtemps aussi négligé, au cours des 10 dernières
années, l'intervention dans ces secteurs. Et si, en 1980, par exemple,
on avait eu un ministère des Forêts, jamais, jamais, M. le
Président, au grand jamais, un ministre responsable des Forêts au
Québec n'aurait permis l'intervention à la Reed Paper du temps
dans la coupe du bois par des machines Koehring. Et j'invite le
député de Laviolette à venir voir le résultat que
ça a donné dans les années 1983, 1984 et 1985.
Aujourd'hui, on a créé des déserts en pleine forêt,
M. le Président, c'est le cas de le dire. Je l'invite à venir les
voir. S'il y avait eu des protocoles d'intervention comme il y en a eu depuis
1987, on ne vivrait pas ce qu'on doit vivre aujourd'hui. C'est un vrai
désastre, M. le Président, et la responsabilité de ce
désastre ça incombe aux compagnies forestières, parce que
le gouvernement les laissait aller comme elles le voulaient parce qu'il n'y
avait pas de leadership au niveau gouvernemental, parce qu'il n'y avait pas de
ministre responsable. Voilà des conséquences, M. le
Président, qui ont brisé la nature, qui ont brisé le
système écologique de nos forêts. Et, aujourd'hui, on
voudrait, M. le Président, s'accaparer toute la paternité des
correctifs qui ont été apportés depuis trois ou quatre
ans. écoutez, de deux choses l'une, on ne vit pas dans le même
monde. Moi, je les ai vécus les deux mondes, puis je peux vous dire
qu'entre l'autre et celui d'aujourd'hui, il y a tout un monde de
différences, et les travailleurs forestiers sont en mesure, M. le
Président, d'apprécier le geste concret du gouvernement du
Québec. Les entreprises, il fallait le voir dans ma région la
semaine dernière, il fallait voir combien les chefs d'entreprises,
combien les travailleurs sont heureux de s'apercevoir qu'enfin le gouvernement
libéral corrige une erreur historique qui n'aurait jamais dû avoir
lieu. La décence même, M. le Président, commande que le
Parti québécois ne palabre que très peu sur ce projet de
loi et vote unanimement, parce que plus ils vont creuser dans le sable, plus
ils vont trouver des roches qui vont leur faire mal aux pieds. M. le
Président, c'est pour ça que je les invite à une
très grande prudence dans leur discours, afin qu'il n'y ait pas de
grosses roches qui leur tombent sur les pieds.
M. le Président, j'invite mes collègues de
l'Assemblée nationale à voter très rapidement le projet de
loi 111 et j'espère qu'il ne traînera pas des semaines en
commission parlementaire - de toute façon, on va être là
pour s'en charger - parce que c'est urgent qu'au Québec, on ait enfin un
ministre des Forêts qui appar- tient à l'ensemble du monde des
travailleurs et des industriels de la foresterie. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saguenay. Alors, compte tenu de l'heure et
conformément à notre règlement, les travaux de cette
Assemblée sont suspendus jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 14 h 5)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueilir quelques
instants. Veuillez vous asseoir.
Présence d'anciens députés de
l'Assemblée nationale
De façon exceptionnelle, vous me permettrez de saluer dans la
galerie la présence de plusieurs anciens collègues qui ont
siégé dans cette Assemblée.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, un message de son honneur le
lieutenant-gouverneur du Québec, message signé de sa main.
Le Président: Veuillez vous lever s'il vous
plaît!
Alors, un message du lieutenant-gouverneur. "L'honorable
lieutenant-gouverneur de la province de Québec transmet à
l'Assemblée nationale les crédits supplémentaires n° 1
pour l'année financière se terminant le 31 mars 1991,
conformément aux dispositions de l'article 54 de la Loi
constitutionnelle de 1867, et recommande ces crédits à la
considération de l'Assemblée." C'est signé Martial
Asselin.
Alors, c'est déposé.
Je vous remercie, veuillez vous asseoir.
Alors, M. le ministre des Finances.
Crédits supplémentaires no 1 pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1991
M. Levesque: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer les crédits supplémentaires no 1 pour l'exercice
financier se terminant le 31 mars 1991.
Le Président: Ces documents sont déposés. M.
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission
piénière
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Conformément à l'article 289 de notre règlement, je fais
motion pour que l'étude de ces crédits supplémentaires
soit déférée à la commission
piénière.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Alors, la motion est adoptée.
Maintenant, toujours au niveau du dépôt de documents, M. le
ministre du Tourisme.
Rapport annuel de la Société du Palais
des congrès de Montréal
M. Vallerand: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 de la Société du
Palais des congrès de Montréal.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
leader adjoint du gouvernement, au niveau du dépôt de
documents.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Johnson: M. le Président, je dépose la
réponse du premier ministre à la question 54 du feuilleton de ce
jour et inscrite par le député de Shefford.
Je dépose également la réponse du premier ministre
à la question 53 du feuilleton de ce jour et inscrite par le
député de Shefford.
Je dépose également la réponse du ministre des
Approvisionnements et Services à la question 6 du feuilleton de ce jour
et inscrite par ie député de Pointe-aux-Trembles.
Je dépose la réponse du président du Conseil du
trésor à la question 55 du feuilleton de ce jour et inscrite par
le député de Shefford et la réponse du ministre du Revenu
et responsable de l'application des lois professionnelles à la question
91 du feuilleton de ce jour et inscrite par la députée de
Chicoutimi.
Une voix: Merci.
Le Président: Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions. Dépôt de
pétitions, M. le député de Dubuc.
Révision demandée aux
décisions
du ministère de l'Énergie et des
Ressources
concernant les camps de poche
M. Morin: Merci, M. le Président. Alors je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, laquelle est signée par 285 citoyens et citoyennes du
Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que
l'Association de chasse et de pêche du Témiscamingue inc.
s'objecte aux frais d'administration de 200 $ et 100 $ qui sont chargés
par le ministère de l'Énergie et des Ressources aux
propriétaires de camps de chasse; "Considérant que l'Association
de chasse et de pêche du Témiscamingue inc. s'objecte aux frais de
transfert de 35 $ qui sont chargés par ie ministère de
l'Énergie et des Ressources aux propriétaires de camps de chasse;
"Considérant que seul le loyer de 52 $ par année est acceptable;
"Considérant que la distance d'au moins un mille devrait être
respectée pour les nouvelles demandes de camps de chasse; "Pour ces
considérations, il est demandé que l'Assemblée nationale
intervienne auprès du ministère de l'Énergie et des
Ressources afin qu'il révise ses décisions". Évidemment,
je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Toujours au dépôt de pétitions, Mme
la députée de Bourget.
Légaliser d'autres formes de thérapie
que la médecine
Mme Boucher Bacon: M. le Président, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 17 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du
Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Depuis plusieurs
années, un nombre important de personnes compétentes pratiquent
au Québec diverses approches alternatives en matière de
santé. Au cours des années et plus particulièrement depuis
quelques mois, des centaines d'entre elles ont été poursuivies
par la Corporation professionnelle des médecins du Québec pour
l'exercice illégal de la médecine. Le droit de soigner et de
traiter ne devrait pas être exclusif aux médecins. La Corporation
professionnelle des médecins du Québec ne devrait pas avoir le
droit d'imposer sa loi; elle ne devrait pas non plus avoir le droit de
persécuter les personnes engagées dans les approches
alternatives. Nous sommes pour la liberté de choix."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignés, demandons formellement à l'Assemblée nationale
de briser le monopole de la Loi médicale et de rendre légales les
autres formes de thérapie offertes par des praticiens et praticiennes
compétents."
M. ie Président, j'ai une autre pétition.
Le Président: Alors, votre première pétition
est déposée. Allez-y pour la deuxième.
Mme Boucher Bacon: Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale par 86
pétitionnaires, consommateurs et consommatrices en santé.
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignés, demandons formellement à l'Assemblée nationale
que la population ait le droit au respect de l'individu, à toute
l'information requise pour la santé, au libre choix de traitements et de
praticiens en santé; que le droit de soigner et de traiter ne devrait
pas être exclusif aux médecins; que la Corporation professionnelle
des médecins n'ait pas le droit d'imposer sa loi, ni de brimer la
liberté de choix en matière de santé; de mettre en place
des mécanismes de protection contre l'exploitation de la fraude en
santé."
Le Président: Cette pétition est également
déposée. Vous en avez une autre. Allez-y, Mme la
députée.
Mme Boucher Bacon: Je dépose une troisième
pétition, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale par 4200
pétitionnaires, consommateurs et consommatrices.
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que la
population ait le libre choix de traitement et de praticiens en santé;
que la Corporation professionnelle des médecins du Québec ne
puisse imposer sa loi et ainsi brimer le libre choix à l'accès
à l'information en matière de santé; de briser le monopole
de la Loi médicale et de rendre légales les autres formes de
thérapie offertes par des praticiens et praticiennes compétents;
de mettre en place des mécanismes de protection contre l'exploitation de
la fraude en santé, en concertation avec les organismes
représentant les consommateurs et consommatrices du Québec; que
les lois, règlements et mécanismes soient respectueux de la
Charte des droits et libertés; d'instituer dans l'immédiat une
commission parlementaire à ce sujet."
Le Président: Alors, cette pétition est
également déposée. Je vais reconnaître maintenant M.
le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
Révision demandée aux décisions
du
ministère de l'Énergie et des Ressources
concernant les camps de pêche
M. Trudel: Oui, M. le Président. Je désire
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 247 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes du comté de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Les faits évoqués sont les suivants: "Considérant
que l'Association de chasse et pêche du Témiscamingue inc.
s'objecte aux frais d'administration de 200 $ et 100 $ qui sont chargés
par le ministère de l'Énergie et des Ressources aux
propriétaires de camps de chasse;" "Considérant que l'Association
de chasse et pêche du Témiscamingue inc. s'objecte aux frais de
transfert de 35 $ qui sont chargés par le ministère de
l'Énergie et des Ressources aux propriétaires de camps de chasse;
"Considérant que seul le loyer de 52 $ par année est acceptable
pour les pétitionnaires; "Considérant que la distance d'au moins
un mille devrait être respectée pour les nouvelles demandes de
camps de chasse;"
II est réclamé: "Que l'Assemblée nationale
intervienne auprès du ministère de l'Énergie et des
Ressources afin que soient révisées ces décisions
administratives."
Le tout conforme à notre règlement.
Le Président: Cette pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Alors, je voudrais vous aviser qu'après la période des
questions M. le ministre de la Santé et des Services sociaux et ministre
responsable de la Condition des aînés répondra à une
question posée lors d'une séance précédente par M.
le député de Joliette et leader de l'Opposition officielle
concernant les listes d'attente en cardiologie.
Également, je vous avise qu'après la période des
questions il y aura deux votes reportés: le premier, sur la motion de M.
le ministre des Transports proposant l'adoption du principe du projet de loi
108, Loi modifiant le Code de la sécurité routière et
d'autres dispositions législatives; le deuxième, sur la motion de
M. le ministre du Revenu proposant l'adoption du principe du projet de loi 89,
Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ma question s'adresse au
leader adjoint du gouvernement. Compte tenu qu'au niveau des absences
soulignées le ministre Rémillard est censé être ici,
est-ce que vous avez une indication à quel moment ii peut arriver?
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. On m'avise que le
ministre de la Justice pourrait être des nôtres dans quelques
minutes.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le Président: Alors, très bien. Nous allons
maintenant procéder... Oui. Ça va. Alors, nous allons
maintenant procéder à la période des questions et
réponses orales des députés. Je vais reconnaître, en
première question principale, M. le député de Masson.
Coupures de Radio-Canada en région
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. À
l'instar du gouvernement libéral du Québec qui a coupé
joyeusement dans le budget de Radio-Québec dans toutes les
régions, Radio-Canada porte un autre coup dur aux productions locales et
à la couverture des nouvelles régionales en coupant de
façon dramatique dans le budget de Radio-Canada dans toutes les
régions. Ces doubles coupures sont fatales pour l'esprit d'initiative
locale et un éteignoir à l'autonomie des régions. Le
ministre des Communications a-t-il l'intention de réviser sa politique
dans ce domaine afin que Radio-Québec prenne la relève car les
gens des régions sont laissés pour compte à cause des
coupures de Radio-Canada?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: Oui, merci, M. le Président. Dans le
préambule de la question de mon collègue, le député
de Masson, on identifie deux choses. D'abord, dans un premier temps, on parle
de la gestion des opérations de Radio-Québec qui, depuis
maintenant trois ans, opère et fonctionne admirablement bien. Il n'y a
pas de plainte, mais du tout, sur la façon de fonctionner de
Radio-Québec.
Deuxième élément et celui-là beaucoup plus
préoccupant, c'est ce que le gouvernement fédéral a
l'intention, semble-t-il, de faire, quant aux coupures dans les
opérations courantes de Radio-Canada. Et, de ce
côté-là, je déplore, comme mes collègues qui
sont touchés dans toutes les régions du Québec, le geste
du gouvernement fédéral, notamment le geste du ministre
fédéral, M. Masse.
Le Président: En question complémentaire.
M. Blais: Est-ce que vous déplorez à ce point, M.
le ministre, pour demander... Par le fait que les gens des régions sont
abandonnés par leurs deux gouvernements à cause du
dédoublement des pouvoirs, est-ce que vous déplorez au point de
demander que tous les pouvoirs en télécommunications soient
rapatriés au seul gouvernement qui défend les régions,
c'est-à-dire l'Assemblée nationale?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Cannon: Je pense, M. le Président, pour les besoins du
débat et pour les besoins de ce qui est aujourd'hui important,
c'est-à-dire les coupures de Radio-Canada et les coupures que le
gouvernement fédéral se propose de faire, je l'indique à
nouveau: Tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas vu l'ensemble de ces coupures
et les impacts que ça pourrait avoir, parce qu'on sait qu'il va y avoir
des impacts en région, alors une fois qu'on aura pu analyser
adéquatement les coupures et le degré d'effets que ça peut
avoir sur les régions, à ce moment-là, on pourra
décider ce que nous allons faire comme Assemblée nationale, non
seulement comme gouvernement, mais comme Assemblée nationale à
l'égard de ce dossier-là.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Blais: le ministre n'est-ll pas au courant que, depuis 20
minutes, matane, rimouski et sept-îles sont complètement
fermés, ne sont plus qu'un signal de réception de ce qui vient de
la ville de québec? il ne reste sur le territoire, pour toute la
péninsule allant jusqu'aux îles, y compris la côte-nord, que
trois faibles équipes de reportage pour couvrir une région aussi
large. est-ce que ça ne commande pas de sa part une réaction
immédiate?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le ministre des Communications. (14 h
20)
M. Cannon: Je pense, M. le Président, qu'il y a une
exagération de la part du député de Masson. Lorsqu'il dit
que les régions sont coupées, je crois qu'il y a des stations
privées qui, aujourd'hui, sont en mesure de pouvoir fournir, justement,
les services dont il me parie aujourd'hui. Encore une fois, j'invite le
député à analyser le dossier, à vérifier
l'ensemble de l'opération qui a été menée par le
gouvernement fédéral et je sollicite son appui, M. le
Président, quant aux démarches et aux représentations que
nous aurons à faire auprès du gouvernement fédéral.
Pour ce qui est de la force de nos régions au Québec, jamais nos
régions au Québec ne se sont senties aussi appuyées par
notre gouvernement que depuis les cinq dernières années.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Masson.
M. Blais: m. le président, est-ce que le ministre ne
trouve pas surprenant qu'il dise qu'il veuille m'appuyer quand je suis dans
l'opposition, je lui demande d'agir en tant qu'un type au pouvoir.
Le Président: M. le ministre.
M. Cannon: Alors, M. le Président, ce que j'ai
demandé, c'est son appui. C'est ça que j'ai demandé. Et
là, j'espère qu'avec son appui nous allons pouvoir
défendre les intérêts du Québec, justement, à
l'égard du dossier de Radio-Canada, le dossier qu'il vient de mentionner
cet après-midi.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de La Prairie.
Déversements de contaminants à la
sablière Thouin par la compagnie Shell
M. Lazure: Merci, M. le Président. Alors, une question que
je lui posais hier au sujet des activités de la compagnie Shell à
la sablière Thouin à L'Assomption, situation qui ressemble
étrangement à celle de la ville de Mercier, dans le comté
de Châteauguay, un des sites les plus contaminés au Québec.
Le ministre nous affirmait qu'il n'avait rien à cacher, que son
ministère avait le GERLED et le ministre, ou bien n'a pas compris, ou
fait semblant de ne pas comprendre. Parce que ma question portait beaucoup plus
sur le rapport d'enquête - que je vais d'ailleurs déposer
immédiatement en cette Chambre - le rapport...
Le Président: Un instant. Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du rapport que vient de mentionner le député
de La Prairie? Pour dépôt du rapport d'enquête, est-ce qu'il
y a consentement?
Une voix: Je ne l'ai pas vu.
Le Président: Non, mais on me demande s'il y a
consentement? M. le député de La Prairie veut déposer un
rapport.
Une voix: Oui.
Le Président: Consentement, très bien. Ce rapport
est donc déposé. Votre question, M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: II s'agit d'un rapport qui a été
effectué de 1986 à 1988 et dont le journal The Gazette a
obtenu copie grâce à une décision de la Commission
d'accès à l'information parce que le ministère s'opposait
depuis plusieurs mois à lui procurer une copie de ce rapport. Maintenant
que le ministre est bien au fait de la situation, il devra nous préciser
certains faits troublants qui sont contenus dans ce rapport. Je vais lui poser
des questions brèves, la première en deux volets: Est-ce qu'il
était au courant que le 17 décembre 1987 l'enquêteur a
rencontré des représentants de Shell pour les informer que le
ministère était satisfait du rapport de carac-térisation
de la compagnie Foratek et leur demander de procéder rapidement à
la décon- tamination, en 1987? Et le deuxième volet de la
question: Est-ce qu'il est au courant que ceux-ci, les gens de Shell, ont
informé l'enquêteur que le grand patron de Shell voulait voir le
ministre de l'Environnement? Est-ce qu'il peut nous parier des rencontres entre
Shell et le ministre ou son cabinet?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. le Président, je
peux commencer par la fin de la question du député de La Prairie.
Je n'ai jamais été, comme ministre de l'Environnement, saisi du
dossier par les représentants de la compagnie Shell, qu'il s'agisse du
président ou d'autres officiers; à ma connaissance, aucun membre
de mon cabinet ne l'a été. En ce qui concerne les informations
qui ont été demandées, je rappellerai - et je reviens sur
cet élément important de la réponse que j'ai donnée
à l'Assemblée nationale hier - au député de La
Prairie qu'en réponse à une question du député de
Joliette j'avais indiqué que, comme ministre de l'Environnement, j'avais
rendu public l'inventaire des lieux d'élimination des déchets
dangereux au Québec en avril 1990 et que, dans cet inventaire que j'ai
communiqué à chacun des députés de
l'Assemblée nationale du Québec, y inclus les
députés de Joliette et de La Prairie, vous retrouviez, dans un
des volumes, la question de la sablière Thouin. Et si vous voulez que je
vous résume l'information qui y est contenue...
Des voix: Non, non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...elle porte...
Des voix: On le sait.
Le Président: S'il vous plaît!
Des voix: On l'a reçu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! vous l'avez?
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis content...
Des voix:...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je prends
donc acte que le député de La Prairie confirme que je lui avais
déjà expédié le rapport au mois d'avril 1990 et que
ce rapport contient des éléments d'information quant à la
sablière en question. Merci, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, le ministre recommence comme
hier, il fait semblant de ne pas comprendre la question.
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît! Des voix: Oh!
Le Président: S'il vous plaît! Évidemment, en
question complémentaire, vous n'avez aucun commentaire à donner,
vous devez poser une question sans préambule. Donc, je vous invite
à poser une question rapidement.
M. Lazure: Est-ce que le ministre se rend compte que je ne parle
pas du GERLED qui a été créé par le gouvernement du
Parti québécois en 1984, je le rappelle au ministre? Est-ce qu'il
se rend compte qu'il ne s'agit pas de ça? Il s'agit du rapport
d'enquête que je viens de déposer.
Et une autre question que je lui pose... Puisqu'il ne répond pas
à la première, je lui en pose une deuxième: Est-ce qu'il
peut nous expliquer comment il se fait que la compagnie Shell, en
décembre 1987, il y a trois ans, ait pu prendre connaissance du dossier
d'enquête que je viens de rendre public, que je viens de déposer
et que la compagnie Shell, en ayant, de la part des fonctionnaires du
ministère, la copie du rapport d'enquête, ait pu rencontrer tous
les témoins et préparer sa contre-preuve? Est-ce que c'est une
pratique courante à son ministère?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, concernant
la question spécifique du député de La Prairie, je tiens
à l'informer que, comme dans les autres cas où des actions du
ministère de l'Environnement qui, à première vue, peuvent
paraître irrégulières du ministère de
l'Environnement auraient pu être commises, je demande habituellement aux
autorités du ministère de conduire les enquêtes internes
qui s'imposent dans les circonstances et, à mon avis, l'article du
journaliste Louis-Gilles Francoeur a fait état de suffisamment
d'éléments pour qu'une telle enquête interne soit conduite
au ministère de l'Environnement du Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: Le ministre sait-il que l'enquêteur Gilles
Masse, l'ex-président de la Fraternité des policiers de la CUM,
congédié du ministère depuis quelque temps, a
envoyé le 26 avril 1988 une mise à jour de l'enquête sur la
sablière Thouin à son patron et qu'il a terminé en disant
- je cite la page 6 - que toutes les informations contenues dans son rapport
ont été vérifiées et peuvent servir de preuve hors
de tout doute, au cours d'une procédure judiciaire, ajoutant que tous
les témoins, sauf deux, sont prêts à témoigner sous
serment? Et il y avait beaucoup de témoins, M. le Président.
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'ai pris
connaissance des allégations qui étaient contenues dans l'article
du journaliste du Devoir, M. Francoeur, et ce sont sur ces
éléments d'information que le ministère de l'Environnement
du Québec va conduire une enquête interne et il me fera plaisir de
communiquer au député de La Prairie, comme aux membres de
l'Assemblée nationale du Québec, les résultats de
l'enquête interne. Dans l'intervalle, M. le Président, je
sollicite le consentement de l'Opposition officielle et des autres membres de
l'Assemblée nationale pour déposer des documents que j'avais
promis au député de Joliette hier, soit la décision de la
Commission d'accès à l'information dans le cas de la cause devant
nous et, également, la réponse d'un de mes
prédécesseurs, M. Adrien Ouellette, alors ministre de
l'Environnement du Québec, le 19 avril 1983, qui, contrairement à
ce que mentionne le député de La Prairie, répondait, lui,
à cette Chambre que le Parti québécois n'avait pas
l'habitude de rendre publics les documents que le Parti libéral du
Québec a rendus publics.
Une voix: Bravo!
Le Président: II y a consentement au dépôt
des documents? Consentement. Évidemment, mais on me demande de consentir
au dépôt de certains documents. J'ai le consentement, les
documents sont déposés. Une question complémentaire, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que le ministre peut se
rendre compte que ce dont il est question dans le moment, c'est un rapport qui
contient des informations très sérieuses, qu'il ne s'agit pas de
l'article de M. Francoeur, qu'il s'agit d'un rapport qu'il a en main depuis
qu'il est là, depuis plusieurs mois, qu'il a refusé de rendre
public.
Le Président: Votre question.
M. Lazure: Et je lui répète la question à
laquelle il n'a pas répondu hier: Est-ce qu'il sait que, dans une note
de service du 16 août 1989, M. Roger Martel écrit à M.
Léonce Girard - et je cite - qu'un rapport sur le calcul des
quantités d'hydrocarbures déversées dans la
sablière a été rédigé et acheminé au
ministère à l'été 1987, mais que nous ne pouvons
plus retrouver ce rap-
port? Nous poursuivons cependant tes recherches. A-t-il mis la main sur
ce rapport? Oui ou non?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement. (14 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, il s'agit
encore là d'informations contenues dans l'article du journaliste du
Devoir, M. Louis-Gilles Francoeur. J'ai demandé qu'on effectue
une enquête interne sur le sujet. Quant au rapport de
caractérisation comme tel auquel vous faites référence,
non pas le rapport préliminaire de caractérisation, mais le
rapport final de caractérisation, il a été remis au
ministère de l'Environnement du Québec au mois de juin 1990.
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Est-ce que le ministre se rend compte, par la
réponse qu'il vient de nous donner, disant qu'il vient de demander une
enquête, que, depuis un an, il n'a rien fait sur ce rapport
d'enquête? Est-ce qu'il se rend compte de ça? Est-ce qu'il accepte
de rendre publiques les 150 annexes à ce rapport qui sont encore plus
révélatrices que le rapport lui-même? Et est-ce qu'il
accepte de rendre publics les autres rapports du genre du rapport Masse sur la
sablière Thouin?
Le Président: Alors, M. le ministre de
l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'ai
déjà eu l'occasion d'indiquer, hier, dans cette Chambre, que
l'intention du ministre de l'Environnement du Québec était de
faire en sorte que le site soit décontaminé et que, pour ce
faire, nous possédions depuis le mois de juin dernier les outils
légaux qui nous permettent d'intervenir par voie d'ordonnance. Je
préfère toujours la voie de la négociation. Hier, j'ai
indiqué que la négociation a déjà trop
traîné en longueur, qu'elle ne saurait perdurer dans ce cas-ci et
que je n'hésiterais pas à utiliser la loi 65.
Quant aux autres éléments de divulgation et d'information,
depuis que je suis ministre de l'Environnement, les directives sont toujours
les mêmes envers les fonctionnaires du ministère, soit de
communiquer, aux gens qui nous demandent de l'information, toute l'information
que nous sommes autorisés à communiquer en vertu de la loi
d'accès à l'information et c'est ce qui se passe dans la
majorité des cas. Il y a cependant une réserve, et je tiens
à la souligner publiquement pour le bénéfice du
député de La Prairie. Lorsqu'une compagnie ou qu'une cause fait
l'objet d'une enquête de la part du ministère de l'Environnement
du Québec et que cette enquête peut donner ou possiblement donner
suite au dépôt de plaintes pénales, nous ne
dévoilons pas le résultat de l'enquête de façon
à ne pas compromettre nos chances de déposer des plaintes et
d'obtenir des condamnations devant le tribunal. D'ailleurs, cette attitude nous
a valu de tripler le nombre de dépôts de plaintes...
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et de tripler le nombre de
condamnations contre les pollueurs au Québec depuis le début de
l'année, M. le Président.
Le Président: Alors, une toute dernière
additionnelle.
M. Lazure: rapidement, m. le président. pourquoi n'y
a-t-il pas eu de poursuites judiciaires depuis trois ans? pourquoi? une simple
question.
Le Président: Alors, M. le ministre de
l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour autant que j'en sois
informé, dans le cas de la sablière Thouin - j'imagine que c'est
à cet événement que vous faites référence,
parce qu'il y a eu beaucoup de poursuites judiciaires - les premiers arguments
qui ont été portés à mon attention... Je sais que
le député de La Prairie a quand même des connaissances
juridiques sommaires suffisantes pour lui permettre de savoir qu'il y a une
prescription qui est prévue dans la Loi sur la qualité de
l'environnement. Je répète parce qu'il y a un grognement de
l'autre côté comme s'ils l'ignoraient complètement et ne
voulaient pas l'entendre.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le
député de La Prairie dit que le ministre de l'Environnement dit
n'importe quoi.
Le Président: Non, allez-y, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je dis qu'il y a une prescription
qui est contenue à la Loi sur la qualité de l'environnement et,
si le ministre de l'Environnement dit n'importe quoi, c'est parce que la loi
adoptée par le Parti québécois contient n'importe
quoi.
Une voix: C'est ça.
Le Président: Alors, en question principale, M. le leader
de l'Opposition.
Position du gouvernement face aux travaux de la
commission Bélanger-Campeau
M. Chevrette: Merci, M. le Président. La Commission sur
l'avenir politique et constitutionnel du Québec achève sa
cinquième semaine d'audiences publiques. Inutile de vous dire que tous
les membres de la Commission participent avec énergie et ouverture
d'esprit à cet exercice que le ministre de la Justice et leader du
groupe des 10 députés représentant le gouvernement sur la
Commission n'a pas hésité à qualifier de fondamental pour
les Québécoises et les Québécois.
L'esprit n'a donc pas été au négativisme et encore
moins au dénigrement, non seulement par rapport à l'existence
même de la Commission, mais aussi par rapport aux institutions dont le
Québec a pu se doter au cours de son histoire. Et c'est d'ailleurs en
réponse à ce genre d'attaque que le ministre de la Justice
affirmait, tout récemment, que la Charte québécoise des
droits et libertés était tout aussi bonne, sinon
supérieure à la Charte canadienne des droits et libertés.
Or, voilà, M. le Président, que le ministre des Affaires
municipales et de la Sécurité publique et responsable de
l'application de la Charte de la langue française, qui n'a
siégé qu'une heure à venir jusqu'à date à la
Commission, y va, lui aussi, de déclarations spectaculaires dont l'effet
recherché serait de discréditer la Commission et ses
collègues ...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Chevrette: ...qu'il ne s'y prendrait pas autrement.
Grosso modo, le ministre dit qu'il ne s'est pas passé grand-chose
à la Commission...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Chevrette: ...les mémoires sont peu
intéressants, son idée est faite, il est pour le
fédéralisme...
Le Président: Bon. Un instant, s'il vous plaît! J'ai
un rappel au règlement. M. le leader du gouvernement.
Une voix: C'est gênant, hein?
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président, je ne vois pas en quoi une question principale doit
être précédée d'une aussi longue déclaration
contenant autant d'affirmations. M. le leader de l'Opposition, je vous
inviterais à revenir à la question.
Le Président: Alors, j'invite le leader de l'Opposition
à poser immédiatement sa question, s'il vous plaît.
M. Chevrette: M. le Président, en rappelant que le
ministre de la sécurité publique a voté pour la loi 90.
une question principale à mme la vice-première ministre, m. le
président. compte tenu de l'attitude plutôt méprisante du
ministre par rapport à la commission...
Des voix: Ah!
M. Chevrette: ...qui, je le rappelle a été
créée à l'unanimité de cette Chambre...
Des voix: Ah!
Le Président: Un instant!
M. Chevrette: ...à l'unanimité de cette chambre, m.
le président, suite à une collaboration sans
précédent entre le premier ministre et le chef de
l'opposition...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Est-ce qu'en vertu de l'article 5, paragraphe 2 de
la loi 90 - M. le Président, on sait que c'est sur proposition du
premier ministre que les membres sont nommés - la vice-première
ministre a l'intention de remplacer le ministre de la Sécurité
publique?
Des voix: Oh! Ha, ha, ha! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: M. le Président... Des voix: Quand?
Quand?
Le Président: S'il vous plaît!
Mme Bacon: Je vais répondre.
M. le Président, vous me permettrez tout d'abord de saluer des
anciens collègues qui sont ici avec nous, en particulier, et je sais
qu'eux ne m'en voudront pas de saluer la première femme de
l'Assemblée nationale, Mme Casgrain qui est ici parmi vous.
Le Président: Alors, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: M. le Président, la commission
Bélanger-Campeau a été formée, oui, avec
l'Opposition, M. le Président, pour que nous soyons à
l'écoute de la population et non pas pour faire endosser par la
population une option qui est déjà choisie par un parti
politique, M. le Président.
Une voix: C'est ça.
Des voix: Bravo! Bravo! Une voix: Ça, c'est
bien.
Mme Bacon: Et les propos du leader de l'Opposition confirment, M.
le Président, que c'est ce qu'ils font de l'autre côté de
la Chambre. Le seul mot "fédéralisme", ils ne peuvent l'accepter,
M. le Président. La population se prononce. Nous sommes à
l'écoute de la population avec la commission Bélanger-Campeau.
C'est pour ça qu'elle a été formée, la commission
Bélanger-Campeau, et nous devons rester à l'écoute de la
population. Au moment où nous tournons une page d'histoire du
Québec, ne déchirons pas l'autre, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais demander
à la vice-première ministre quelle est la politique du
gouvernement face aux travaux de la Commission? Est-ce la vision du ministre de
la Justice qui déclarait encore ce matin que le travail de la Commission
se fait très bien...
Une voix: Oui.
M. Chevrette: ....ou que c'est un exercice futile, comme le dit
le ministre des Affaires municipales et responsable de la Charte de la
langue.
Une voix: Bravo!
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je sais que le leader de l'Opposition n'ose pas
s'adresser directement au ministre des Affaires municipales. J'aurais
préféré...
Des voix: Oh! Ha, ha, ha! Bravo!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Alors, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: J'aurais préféré, M. le
Président, qu'il le fasse. Je dois dire, M. le Président, encore
une fois, que cette Commission va parcourir la plupart des régions de la
province, sinon toutes les régions de la province, pour être
à l'écoute de la population et, après avoir
été à l'écoute de la population, rédiger son
rapport. J'espère et je souhaite que les gens d'en face fassent autant
que nous, nous faisons, M. le Président, d'être à
l'écoute de la population.
Le Président: En complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que la vice-première ministre qui
nous demande, justement, d'être à l'écoute va demander au
ministre de la Sécurité publique et des Affaires municipales, si
elle ne le remplace pas, de venir écouter, justement, sa population
plutôt que de contredire les propos du ministre de la Justice qui dit que
tous les membres travaillent bien à cette Commission? (14 h 40)
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: Je comprends que le leader fait souffler ses questions
par sa collègue de Maison-neuve, M. le Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Je le connais plus bagarreur que ça, M. le
Président, et qu'il n'a pas l'habitude de laisser sa collègue lui
souffler les questions. M. le Président...
Une voix: L'accuse de consulter une femme.
Le Président: S'il vous plaît!
Mme Bacon: M. le Président, ceux et celles qui
siègent à la Commission vont continuer de le faire, vont
rédiger ensemble et, j'espère, vont trouver la solution
après avoir été, encore une fois, je vais le redire, M. le
Président, à l'écoute de la population.
Le Président: Alors, en complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, je reprends ma question
à la vice-première ministre. Pour écouter, il faut
être là. Il ne faut pas juger de l'extérieur...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Chevrette: ...et avoir l'air d'avoir la science infuse. Ma
question est la suivante, M. le Président. Est-ce que la
vice-première ministre va demander au ministre de siéger, lui qui
annonce, par la voix des médias, qu'il n'a pas l'intention de s'associer
aux travaux? Est-ce qu'il va s'associer aux travaux? Et comme elle s'est fait
souffler la réponse qui vient par le ministre de l'Environnement,
pourrait-elle m'en donner une cette fois-ci?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je vais demander au ministre
des Affaires municipales de répondre lui-même, M. le
Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
Des voix: Oui ou non?
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Il y a
une question qui est posée. Alors, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: M. le Président, d'abord, quelques
rectifications. Je n'ai jamais déclaré hier que j'étais un
partisan du maintien du lien fédéral à tout prix. Tout ce
que j'ai dit, c'est que, dans les choses que j'ai entendues jusqu'à
maintenant, on n'a pas parlé souvent des côtés positifs de
l'expérience fédérale canadienne. Ça me semble une
donnée essentielle du dossier qu'on est en train d'examiner. Je pense
qu'on peut s'entendre là-dessus, mais je sais que je ne pourrai jamais
compter sur les députés de l'Opposition pour faire ce
travail-là. Il faut bien que quelqu'un le fasse.
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Bravo! Bravo!
M. Ryan: Deuxièmement, je n'ai jamais dit que je
n'entendais pas m'associer au travail de la Commission.
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Ryan: Je n'ai jamais dit que je n'entendais pas m'associer au
travail de la Commission. J'ai dit à la presse à maintes
reprises, à mes collègues du gouvernement et de la deputation
que, dans l'état actuel de mes obligations ministérielles, je
n'ai pas été capable d'assister aux séances et que le plus
tôt je pourrai être libre, le plus tôt je serai très
heureux d'apporter mon humble contribution aux travaux de la Commission.
Voilà ce qui en est et, en plus, tout le monde sait qu'un membre de la
Commission est autorisé à se faire remplacer par un
collègue qui a été désigné à cette
fin et les fois où je fus absent, mon collègue, le ministre
délégué aux Affaires autochtones...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Ryan: ...a bien représenté le gouvernement et
les points de vue que j'aurais exprimés moi-même.
M. Chevrette: M. le Président, en additionnelle...
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: ...à celui qui écoute quotidiennement
avec nous les travaux de la Commission. À titre de jurisconsulte du
gouvernement, est-ce que le ministre de la Justice peut confirmer en cette
Chambre que la Charte des droits du Québec est aussi bonne, sinon
supérieure à celle du Canada?
Le Président: Ceci est manifestement une question
d'opinion non admissible au sens de notre règlement. Alors, si vous
avez... Un instant! Un instant! Si vous avez une autre question, je suis
prêt à entendre une autre question, mais cette question est
inadmissible. Vous avez une autre question?
M. Chevrette: m. le président, je m'excuse, le ministre
pourrait y répondre la même chose. il l'a affirmé devant la
commission bélanger-campeau.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, simplement
qu'il est clairement stipulé au règlement que les... S'il vous
plaît! Les questions ne peuvent viser à obtenir un avis
professionnel. Alors, c'est clairement un avis professionnel. Donc, votre
question.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre peut
réitérer les propos qu'il a tenus devant la commission
Bélanger-Campeau, à l'effet que la Charte des droits et
libertés du Québec était aussi bonne, sinon
supérieure à celle canadienne?
Le Président: Alors, M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, je dois dire tout
d'abord que j'arrive tout juste de la Commission qui siège
présentement à Hull. Je l'ai quittée pour venir vous
rejoindre et je voudrais dire au leader de l'Opposition à quel point
nous le manquons à cette réunion. Il est connu pour sa
jovialité, sa bonne humeur. Il n'est pas hautain pour deux sous. Il est
toujours agréable.
Le Président: S'il vous plaît!
M. Rémillard: C'est toujours un grand plaisir de
travailler avec lui. D'ailleurs, je reprends l'avion ce soir et je voudrais
l'inviter à pouvoir partager. En ce qui regarde... Je sais qu'il tient
de très bons propos à mon sujet.
Le Président: Très bien. Un instant! S'il vous
plaît! Alors, M. le ministre, à la question, s'il vous
plaît.
M. Rémillard: M. le Président, de fait, le
Québec a probablement l'une des chartes des droits et libertés de
la personne les plus libérales, les plus progressives au monde. On peut
en être fiers.
Des voix: Bravo!
M. Rémillard: La Charte canadienne fait partie de la
Constitution canadienne et, par conséquent, elle a la force de la
Constitution canadienne. Cependant, elle est beaucoup moins accessible aux
citoyens. Il faut être très pauvre et avoir l'aide juridique ou
très riche pour pouvoir s'en servir. Par conséquent, je dis que
la Charte québécoise, de par les éléments qu'elle
garantit de droits et de libertés, de par son accessibilité -
nous venons de créer un tribunal des droits et des libertés... Le
10 décembre prochain, ce sera l'ouverture de ce tribunal. Nous offrons
aux Québécois et aux Québécoises des garanties
solides d'accessibilité en fonction d'une charte dont nous pouvons
être très fiers.
Des voix: Bravo!
Le Président: en question principale maintenant. s'il vous
plaît! s'il vous plaît! s'il vous plaît! en question
principale, m. le député de duplessis.
Restructuration financière d'Irrtair
M. Perron: Merci, M. le Président. En 1986, nous avons
assisté à la restructuration financière de Quebecair par
Intair avec l'aide du gouvernement du Québec, incluant aussi la vente de
deux Boeing 737. En 1990, nous assistons actuellement à la
restructuration financière d'Intair par Michel Leblanc. Dans le seul
comté de Duplessis, Intair est partie en grande face aux petits
créanciers en payant 0,20 $ du dollar sur un montant global de 353 000 $
de créances. Ce sont encore les petits qui vont payer la note et c'est
Intair qui ne perdra encore une fois rien. Ma question au ministre des
Transports: Est-ce que le ministre des Transports est conscient que la
restructuration d'Intair se fait sur le dos de certains petits
créanciers et pourrait-ii nous dire ce qu'il a fait, lui, en tant que
ministre des Transports, pour les protéger dans les ententes qu'il y a
eu avec Intair?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, comme vous le savez, ma
préoccupation et la préoccupation du gouvernement est de
s'assurer qu'on protège les 1000 emplois, qu'on assure une bonne
desserte de la région, surtout dans la région du
député de Duplessis. À savoir si on a fait des pressions
sur ces gens, c'est sûr qu'on a discuté avec eux de la
restructuration opérationnelle et financière, mais à
savoir quelle sorte d'entente elle va avoir avec les créanciers, il me
semble que c'est un peu trop nous demander que de s'imposer à elle. On a
fait une offre à Intair. L'offre va tenir seulement s'il y a une entente
entre les créanciers et Intair. C'est à peu près la seule
chose qu'on pouvait faire dans le contexte dont on parie.
Le Président: En question complémentaire.
M. Perron: M. le Président, n'est-il pas exact que le
gouvernement, avec en tête le ministre des Transports, en aidant
financièrement Intair protège plutôt les gros
créanciers que les petits créanciers dont je viens de parier et
qui font partie de l'ensemble du Québec et, en particulier, dans le
comté de Duplessis?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, c'est faux de dire que les gros
ne sont pas protégés. Vous n'avez simplement qu'à demander
à la Banque de Montréal combien elle a perdu. Quant aux petits
créanciers, il me semble qu'une offre de 0,20 $ ou de 0,30 $ sur le
dollar, c'est mieux que rien. (14 h 50)
M. Perron: Franchement!
Le Président: En question complémentaire.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre des
Transports trouve normal qu'une entreprise qui vient de recevoir 5 200 000 $ en
subvention, c'est-à-dire de fonds publics, ne versera que 70 000 $ sur
les 353 000 $ de créances qu'il y a dans le comté de
Duplessis?
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, au risque de me
répéter, ce n'est pas une subvention. Le député le
sait fort bien. C'est un renouvellement du contrat existant, une entente sur
les litiges qui étaient pris contre le gouvernement. Ça, vous le
savez.
Le Président: Alors, en additionnelle.
M. Perron: M. le Président, compte tenu que le
gouvernement et, là-dessus, on peut en discuter avec le ministre
concernant la subvention, ce sont des fonds publics qui y servent.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît!
M. Perron: Le ministre a-t-il l'intention d'ouvrir une
enquête interne concernant les subventions, je dis bien les subventions,
qui ont été versées à Intair au cours des cinq
dernières années pour savoir exactement les endroits où
ces subventions-là ont été versées et pour nous
dire exactement si elles ont bel et bien servi aux gens de la
Basse-Côte-Nord et du golfe Saint-Laurent à l'est de
Havre-Saint-Pierre plutôt qu'à Intair et aux actionnaires
d'Intair?
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: M. le Président, le député sait
que la compagnie Intair convertie par Quebecair, si vous voulez, dans le
temps... Quebecair opérait à perte. Si ma mémoire est
bonne, en 1981, on avait injecté, le gouvernement du temps, 15 000 000
$. Entre 1981 et 1986, on a injecté 1 000 000 $ par mois de plus. Si on
fait les calculs assez vite sur l'accumulation, on avait injecté pour 81
000 000 $. On parle de subventions. On a regardé les coûts
d'Intair et de Quebecair dans le temps qu'on a acheté et puis, on les a
traduits en dollars de 1990. C'est sur ça qu'on s'est basé pour
les subventions pour la desserte de la Basse-Côte-Nord.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jacques-Cartier.
Rapport sur la signalisation routière
unilingue
M. Cameron: Merci, M. le Président. Ma question aussi est
pour le ministre des Transports. Le 6 novembre, j'ai demandé au ministre
des Transports s'il était totalement d'accord avec le rapport sur la
signalisation unilingue et bilingue sur les autoroutes, rapport qui rejette
l'idée de les changer. La réponse du ministre, et je le cite: "Je
vous reviendrai dans une couple de semaines après avoir rencontré
le fonctionnaire qui a écrit ce rapport." Four weeks have now passed
since I asked the Minister whether he agreed with this report. Will he now tell
us whether he does or not?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Je m'excuse auprès du député de
Jacques-Cartier. Je trouve un peu bizarre qu'on me pose la question aujourd'hui
parce qu'on se côtoit à tous les jours quasiment et on pourrait me
demander: L'avez-vous rencontré ou non? Malheureusement, je n'ai pas eu
le temps de le rencontrer et je vais le faire dans les plus brefs
délais.
Le Président: En question complémentaire.
M. Cameron: The Minister also said, and I quote, that the
municipalities who are Anglophone, who have a bilingual status, will be able to
keep their signs, such as "Look out for deaf child". Does the Minister mean
that he expects out-of province drivers to restrict themselves entirely to the
West Island of Montréal, or does he mean that the Francophone parents of
deaf children must simply live in fear of such drivers?
Le Président: M. le ministre.
M. Elkas: Really, I think it is a bit of an exaggeration, Mr.
Speaker. This whole question... Toute la question a été
regardée par les fonctionnaires et j'ai l'intention de m'asseoir avec
eux et reprendre toute cette question pour savoir exactement tout ce qu'on peut
faire pour assurer la protection et s'assurer qu'il y ait la
sécurité au nom de tous les gens de la province.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Terrebonne.
Hausse du prix du pétrole
Mme Caron: Au mois de septembre dernier, la ministre de
l'Énergie et des Ressources accusait les pétrolières de
refiler trop rapidement aux consommateurs les hausses du prix du pétrole
brut sur le marché international. On sait que la ministre a
refusé d'utiliser les pouvoirs que lui confère la loi pour
protéger les consommateurs. Aujourd'hui, un règlement
apparaît possible dans le conflit avec l'Irak. Un tel règlement se
traduirait probablement par une baisse du prix international du pétrole,
comme ce fut le cas suite aux propos du président américain. La
ministre s'engage-t-elle à utiliser les pouvoirs que lui confère
la loi afin de s'assurer qu'une baisse éventuelle du prix du brut soit
transmise aussi rapidement aux consommateurs que les hausses, de sorte que
ceux-ci ne sortent pas toujours perdants?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: J'ai l'impression que la députée oublie
que les prix qui sont fixés, les prix du pétrole sont
fixés sur une base internationale, M. le Président. Nous en
faisons partie, qu'elle le veuille ou non. Nous en faisons partie. Je pense que
j'ai posé des gestes au début, quand je me suis aperçue
que les pétrolières haussaient trop rapidement ou étaient
pour hausser trop rapidement les prix du pétrole. Nous avons fait
retarder cette hausse, nous avons sauvé des millions de dollars aux
consommateurs québécois. Mais, M. le Président, la
situation est trop volatile en ce moment. Il faut quand même donner le
temps que la situation se stabilise. Je regrette, je ne peux pas parler
à Saddam Hussein, je ne peux pas parler au président Bush pour
être capable de décider quel est le prix du pétrole, M. le
Président.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Caron: En additionnelle, au ministre de
la Justice responsable de la protection du consommateur, est-ce que le
ministre est au courant que les prix ont effectivement baissé hier et
est-ce qu'il a le temps de s'engager à faire les pressions auprès
de sa collègue pour qu'elle agisse concrètement dans ce dossier
pour assurer la protection des consommateurs?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, c'est très
rare de fait que j'aie une question en cette Chambre en ce qui regarde mes
responsabilités sur la protection du consommateur et je voudrais saluer
tout d'abord, en cette Chambre, la nomination à la présidence,
une nouvelle présidente que nous avons, une femme tout à fait
exceptionnelle, Mme Marie Bédard, qui est la nouvelle présidente
de l'Office de la protection du consommateur. Je sais que c'est un sujet qui
préoccupe beaucoup l'Office comme tel, qu'il y ait une juste
proportion...
Le Président: S'il vous plaît, s'il vous
plaît. M. le député. S'il vous plaît. À la
question, M. le ministre.
M. Rémillard: En matière de services publics, M. le
Président, on sait que les grandes qualités du service public
font, entre autres, qu'il y ait une qualité qui soit rendue et qu'il y
ait une accessibilité, une universalité et qu'en particulier on
puisse établir un juste équilibre entre le coût que
ça peut coûter pour le consommateur et la qualité du
service rendu. Dans cette perspective, en ce qui regarde l'énergie et,
entre autres, en ce qui regarde le pétrole, il y a plusieurs points
qu'on peut étudier, prendre en considération et je ne manquerai
pas d'en discuter avec l'Office de la protection du consommateur si Mme la
députée le juge bon pour voir ce qu'on peut faire. Mais vous
savez qu'il y a des lois du marché qui sont là et que nous sommes
là pour réagir en fonction des droits des consommateurs qui
doivent être protégés.
Le Président: En question principale, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Négociations avec les professionnels du
gouvernement
M. Bourdon: M. le Président, hier, les 10 000 membres du
Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec ont
décidé d'effectuer des arrêts de travail sporadiques qui
pourraient débuter très bientôt. Les professionnels sont
sans convention collective depuis bientôt un an. À cause de la
lenteur du Conseil du trésor, ces grèves risquent de s'ajouter
aux moyens de pression déjà exercés par les avocats, les
notai- res et les ingénieurs de la fonction publique. Ces dossiers
traînent en longueur et ont des conséquences en termes de services
à la population. Ma question au président du Conseil du
trésor comporte deux volets. Le président du Conseil du
trésor a-t-il l'intention de donner de nouveaux mandats à ses
négociateurs afin de relancer la négociation?
Deuxièmement, le président du Conseil du trésor sait-il
que la population est privée de services parce qu'il se traîne les
pieds?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, la question du
député de Pointe-aux-Trembles implicitement accuse les
professionnels du gouvernement de mentir. Ils ont eux-mêmes
indiqué que les moyens de pression qu'ils entendaient prendre ne
visaient pas nos concitoyens ni les services aux concitoyens, mais simplement
à perturber l'administration. Je ne suis pas pour autant d'accord avec
les perturbations de l'administration parce que - je le rappelle aux
professionnels - c'est également l'argent de tous nos impôts qui
est en cause dans toutes les activités gouvernementales. (15 heures)
Mais pour en arriver à la question des mandats et de la
rapidité d'exécution, je ferais simplement remarquer au
député de Pointe-aux-Trembles qu'il précise sa
pensée. S'il veut que nous réglions de façon rapide, de la
façon dont j'ai compris les dernières négociations, il
faudrait donner tout ce que nos employés demandent. C'est exclu que nous
donnions en commençant absolument toutes les demandes de tous les
syndicats qui se dirigent à nos portes. Nous avons à
négocier, nous avons à respecter un cadre financier. Et si nous
avons réglé avec 400 000 de nos concitoyens à
l'intérieur des balises qui sont connues, il n'y a rien qui interdise
qu'on puisse régler dans ces mêmes balises avec 10 000
professionnels.
Le Président: En question additionnelle.
M. Bourdon: M. le Président, le président du
Conseil du trésor va-t-il se décider à négocier
pour vrai ou bien va-t-il tenter d'imposer le règlement au syndicat en
cause? Et attribue-t-il à son arrogance le fait que le dernier sondage
lui donne 5 % à Québec...
Des voix: Ah! Ah!
Une voix: M. le Président. M. le Président.
Le Président: vous comprendrez que la dernière
partie de votre question était une question qui suscitait un
débat, ce qui est inadmissible en cette assemblée.
Des voix:...
Le Président: Alors, je vais laisser le temps au ministre
de répondre aux questions précédentes. M. le
président du Conseil...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: m. le président, à travers toutes les
déclarations échevelées du député de
pointe-aux-trembles, on peut perdre facilement de vue l'essentiel.
Des voix: Oh! Oh!
M. Johnson: L'essentiel étant...
Des voix:...
Le Président: Bon! S'il vous plaît!
Une voix: II a couru après.
Le Président: Vous avez exactement l'exemple qu'une
question irrégulière entraîne une réponse
irrégulière. Si on respecte, des deux côtés, notre
règlement, il n'y aura pas de tels débats. Alors, M. le ministre,
rapidement, à la question posée.
M. Johnson: M. le Président, la question posée vise
à savoir si, oui ou non, nous entendons nous rendre aux demandes des
syndicats du secteur public. J'indique tout de suite que c'est l'objectif que
recherche le député de Pointe-aux-Trembles de me faire dire une
chose pareille qui n'a aucun sens et qui serait irresponsable car ce sont les
deniers des contribuables du Québec qui sont en cause. À partir
de ce moment-là, j'ai toujours continué à manifester
à l'endroit de nos employés toute l'ouverture, à travers
les contraintes et compte tenu des contraintes que nous pouvons
connaître, qui permettrait d'en arriver à un règlement. Je
n'ai jamais saisi qu'on pouvait négocier à une personne. On doit
également rencontrer les parties et négocier face à face;
c'est ce que nous faisons. La négociation est bilatérale, elle
n'est pas unilatérale.
Le Président: C'est la fin de la période
régulière des questions.
Tel qu'annoncé précédemment, il y aura maintenant
un complément de réponse par M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux et responsable de la Condition des aînés
à une question posée lors d'une séance
précédente par M. le député de Joliette concernant
les listes d'attente en cardiologie. M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Réponse différée
Listes d'attente en cardiologie dans les
hôpitaux
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Il faut d'abord se rappeler qu'on peut répondre
à la question sous trois formes. Et pour être capable d'avoir une
comparaison valable, il faut se référer à l'année
antérieure afin de savoir s'il y a eu augmentation sur les listes
d'attente ou diminution. En hémodynamie, alors qu'en juillet 1989 il y
avait 2800 personnes sur les listes d'attente, en juillet 1990 il y en a 3027,
pour une différence en plus de 227 personnes, tout en considérant
qu'il s'en fait presque 16 000 par année. Au niveau de l'angioplastie,
alors qu'il s'en fait 3400 par année, nous étions à 200
sur la liste d'attente en 1989 et à 724 en 1990, pour la même
date, donc un surplus de 524. La chirurgie cardiaque, où il y a 3400
interventions annuelles, nous étions à 809 en 1989 et à
819 en 1990. M. le Président, nous avons donc quand même agi par
des interventions sur le plan financier, en août 1989, par une injection
de 4 200 000 $ et, en mai 1990, de 4 500 000 $, ce qui, normalement, en vitesse
de croisière, pourrait résorber les listes d'attente en
hémodynamie au cours des prochains mois et des prochaines années,
alors qu'au niveau de l'angioplastie et de la chirurgie, qui est un domaine
encore plus névralgique, nous avons récemment accordé des
budgets additionnels de 3 700 000 $ à l'Institut de cardiologie de
Montréal, pour tenter de résorber ces listes d'attente. Il n'en
demeure pas moins quand même un problème assez important pour ceux
qui sont en attente. Et comme je l'ai dit à la réponse en
début de semaine, au mois de janvier nous serons à même de
déposer un plan plus global pour tenter de résorber la
totalité de ces listes d'attente.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
M. le leader de l'Opposition officielle et député de
Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre peut nous confirmer que les
ententes interétablissements pour venir à bout de soulager
certains établissements en périphérie de Montréal,
en particulier, seront finalisées pour janvier?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
lorsque je parlais tantôt d'ajout d'argent additionnel, je n'ai pas dit
que c'était Pierre-Boucher en particulier pour 1000 cas au niveau de
l'hémodynamie, l'Hôtel-Dieu de Québec pour soulager la
région de Québec et 800 autres interventions dans
différents autres centres un peu partout à travers le
Québec. Inévitablement, les experts que nous avons
consultés et qui nous ont fait leur rapport vont nous faire intervenir
de manière mieux ordonnée maintenant, tout en
nous assurant aussi que les personnes qui attendent sur des listes
puissent bénéficier d'un traitement provincial et non pas
uniquement d'un traitement d'établissements, comme c'est le cas
actuellement, et faire en sorte qu'on puisse mieux ordonner ce qui se passe,
mais toujours - et toujours, je tiens à le répéter - sous
la responsabilité de ceux qui ont la formation professionnelle pour
être capable de décider au niveau des médecins.
Le Président: Nous allons maintenant procéder aux
votes reportés et tel qu'annoncé précédemment, nous
en avons deux.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 108
Je mets d'abord aux voix la motion présentée par M. le
ministre des Transports proposant l'adoption du principe du projet de loi 108,
Loi modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions législatives.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bo-naventure), Mme Bacon (Chomedey),
M. Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bour-beau
(Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Vallières (Richmond), M. Vallerand
(Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M.
Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bou-rassa), Mme
Frulla-Hébert (Marguerite-Bour-geoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau),
Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M.
Maltais (Saguenay), M. Savoie (Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M.
Cannon (La Pelt rie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin
(Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Paradis (Matapédia), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M.
Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M.
Lemieux (Vanier), M. Richard (Nicolet-Yamas-ka), M. Charbonneau (Saint-Jean),
M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin
(Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent
(Sauvé), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M.
Bradet (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget
(Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri).
M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce), M. Cameron (Jacques-Cartier),
M. Larouche (Anjou).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuilent bien se lever, s'il vous plaît! (15 h 10)
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Blais (Masson), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet
(Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M. Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson),
M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Léonard
(Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M.
Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron
(Terre-bonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témis-camingue), Mme Dupuis (Verchères),
Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 62 contre: 21 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est adoptée.
Je mets maintenant aux voix la motion présentée par M.
le... Oui, M. le leader du gouvernement, je m'excuse.
M. Pagé: Une seconde. J'étais tellement surpris de
voir que l'Opposition prenait ses responsabilités et qu'elle
votait...
Des voix: Oh!
Le Président: M. le leader du gouvernement, s'il vous
plaît!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Bon. Évidemment, la première
partie de votre... Vous comprenez très bien que c'était
inadmissible comme commentaire.
M. Pagé: C'est vrai. Le Président: Allez-y.
Des voix: Ha, ha, ha!
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: Ceci étant dit, M. le Président, je
fais motion pour que le projet de loi soit déféré à
la commission de l'aménagement et des équipements pour
étude détaillée.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Est-ce que c'est débattable, M. le
Président?
Le Président: Non, ce n'est pas débattable. Est-ce
que cette motion est adoptée? Adopté. Je mets maintenant aux
voix...
Des voix:...
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 89
Le Président: S'il vous plaît! Je mets maintenant
aux voix la motion présentée par M. le ministre des Transports
proposant l'adoption du principe du projet de loi 108, Loi modifiant le Code
de... Je m'excuse.
Je mets aux voix, plutôt, la motion présentée par M.
le ministre du Revenu proposant l'adoption du principe du projet de loi 89, Loi
modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Une voix: Vote enregistré.
Le Président: Nous votons donc... Nous votons. Exactement!
Alors que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bo-naventure), Mme Bacon (Chomedey),
M. Ryan (Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bour-beau
(Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Vallières (Richmond), M. Vallerand
(Crémazie), M. Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont)...
Le Président: bon. un instant, s'il vous plaît! je
vais demander la collaboration des députés. le vote est un des
gestes les plus importants comme parlementaires. alors, je vous demanderais de
respecter le silence, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Rémillard (Jean-Talon),
M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bou-rassa), Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bour-geoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), Mme Robillard
(Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Maltais (Saguenay),
M. Savoie (Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Pelt
rie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé)...
Le Président: un instant, s'il vous plaît, m. le
secrétaire général. je demanderais aux
députés et, particulièrement au député
d'anjou, de bien vouloir regagner leur place. dans un vote, chaque
député doit demeurer à sa place et ne pas la quitter tant
que le résultat du vote n'est pas annoncé.
Le Secrétaire adjoint: M. Chagnon (Saint-Louis), Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. Paradis (Matapédia), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Le-clerc (Taschereau), M.
Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M.
Lemieux (Vanier), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin
(Verdun), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent
(Sauvé), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M.
Bra-det (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget
"(Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrance (Iberville).
M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce), M. Cameron (Jacques-Cartier),
M. Larouche (Anjou).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Blais (Masson), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet
(Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M. Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson),
M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Léonard
(Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M.
Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), Mme Caron
(Terre-bonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noranda-Témis-camingue), Mme Dupuis (Verchères),
Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Une voix: Rémy Poulin!
Le Secrétaire: pour: 63 contre: 21 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est adoptée. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Pagé: je fais motion pour que le projet de loi soit
déféré à la commission du budget et de
l'administration pour étude détaillée.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Nous allons maintenant passer
aux motions sans préavis. M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
Félicitations aux personnes honorées
lors de la soirée du Mérite sportif québécois et du
Gala de l'athlète de la région de Québec
M. Blackburn: Je fais motion pour que cette Assemblée
accepte de débattre la motion sans préavis suivante: "Que cette
Assemblée félicite toutes les personnes qui ont été
honorées lors de la soirée du Mérite sportif
québécois tenue à Montréal le 30 novembre 1990 et
du Gala de l'athlète de la région de Québec tenu à
l'Université Laval le 3 décembre 1990."
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que nous débattions cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement? Alors, consentement.
J'invite les députés qui doivent quitter l'Assemblée
à le faire immédiatement, s'il vous plaît, le plus
rapidement possible.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
à l'ordre! S'il vous plaît, à l'ordre! Merci. M. le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Blackburn: M. le Président...
Le Vice-Président (m.
bissonnet): s'il vous
plaît! mes chers collègues, on vous souhaite de passer une belle
journée, c'est-à-dire mes excollègues. m. le ministre.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: M. le Président, le Québec tout
entier peut exprimer sa fierté et sa reconnaissance à
l'égard de toutes ces personnes, les athlètes, les
entraîneurs, les bénévoles, toutes celles qui ont
été honorées lors de la soirée du Mérite
sportif québécois tenue à Montréal le 30 novembre
1990 et du Gala de l'athlète de la région de Québec qui a
eu lieu à l'Université Laval le 3 décembre 1990.
Vendredi dernier, j'avais l'opportunité d'assister à cette
activité réunissant les nombreux intervenants du sport
québécois. À cette occasion, le comité organisateur
a reconnu le mérite de ceux et celles qui contribuent à
l'épanouissement du sport amateur au Québec, que ce soit à
titre d'athlète, d'entraîneur ou de bénévole.
J'aimerais vous faire part des méritants de cette soirée: M.
Jean-Marc Chouinard a été élu l'athlète par
excellence; M. Michel Giguère élu le dirigeant par excellence; M.
André Lemaire élu l'entraîneur par excellence; M. Philippe
Saint-Cyr élu l'officiel par excellence; M. Sébastien Lareau
élu partenaire par excellence; M. Sébastien Leblanc élu
partenaire par excellence; M. Claude Lefebvre élu bénévole
par excellence; et Mme Caroline Boisclair élue coéquipière
par excellence.
Par ailleurs, les performances de l'équipe de handball Champlain
au cours de la dernière année lui ont valu le titre
d'équipe par excellence. Enfin, M. Gaétan Boucher a
été nommé athlète de la décennie par
Sport-Québec. (15 h 20)
Lundi dernier, j'étais fier de me retrouver au PEPS de
l'Université Laval où se tenait le Gala de l'athlète de la
région de Québec. Les récipiendaires de cette
soirée furent Nathalie Giguère, athlète de l'année,
Benoît Lebrun, entraîneur de l'année, Gino Brousseau,
coéquipier de l'année, Carole Gauthier, bénévole de
l'année, Gerry Breton, pour l'esprit sportif de l'année et
l'équipe masculine de volley-ball du Rouge et Or de l'Université
Laval a été honorée, quant à elle, à titre
d'équipe de l'année.
En terminant, M. le Président, je m'en voudrais de passer sous
silence l'excellent travail accompli par les comités organisateurs de
ces deux événements. Ils reconnaissent ainsi les efforts
qu'investissent nos athlètes québécois dans la poursuite
de l'excellence. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je vais reconnaître Mme la députée de Johnson. Mme la
députée de Johnson, la parole est à vous.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je n'ai pas
eu le plaisir, tel que le ministre le disait, d'assister à ces deux
belles soirées qui honorent nos excellents sportifs et excellentes et
sportives du Québec. Sauf, bien sûr, que nous sommes fiers, de ce
côté-ci de la Chambre, d'approuver les paroles de bienfaisance que
vient de donner le ministre responsable du Loisir envers ceux et celles qui ont
été les premiers. Vous savez, pour être nommé
ici...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, juste une petite minute. Je demanderais au sergent
d'armes, s'il vous plaît, d'aller derrière moi et de demander un
peu le silence pour que nous puissions entendre très bien les propos de
notre collègue, Mme la députée de Johnson. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Juneau: Pour avoir l'honneur d'être cité ici,
dans l'enceinte du Parlement de Québec ou de l'Assemblée
nationale du Québec, il faut,
bien sûr, s'être fait remarquer dans la discipline qu'on a
choisie. Et pour être remarqué, je pense que ça
représente des années et des années d'efforts et de
sacrifices pour se diriger totalement dans la voie ou dans le choix du sport
qu'on aime et qu'on pratique quotidiennement. Il faut faire, bien sûr,
des sacrifices, se priver de sorties, bien des fois, se priver d'une vie de
famille qu'on aimerait. Par contre, on choisit l'excellence. On choisit
l'excellence, c'est-à-dire de passer au-dessus de tout cela et de donner
aussi bénévolement de son temps et de son argent, bien sûr,
pour en arriver aux plus hauts échelons et faire en sorte que nous, ici,
membres de l'Assemblée nationale, nous soyons, tout comme leurs familles
et leurs proches, très fiers de leurs performances. C'est la raison pour
laquelle, aujourd'hui, nous nous associons aux propos du ministre du Loisir
pour les féliciter et leur dire: Bravo! Vous êtes notre
fierté et nous souhaitons que non seulement dans ce que vous avez fait
jusqu'à présent vous ne vous arrêtiez pas là, mais
que vous continuiez vers ce chemin de l'excellence. Le monde est à vous
et il s'agit que vous continuiez à travailler très fort.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. M. le conseiller de Notre-Dame-de-Grâce. M. le
conseiller, la parole est à vous.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: Merci, M. le Président. As a former sports
reporter and commentator, I take great pleasure in responding to this
motion.
Pendant près d'un demi-siècle, j'ai pris grand plaisir
dans les exploits sportifs des athlètes représentant toutes les
nations du monde. J'étais naturellement plus enthousiaste quand un
athlète québécois ou canadien se méritait une
distinction.
Je me souviens vivement des premiers Jeux d'hiver du Canada qui se sont
déroulés à Québec, en 1967, pour le Centenaire du
Canada. Pendant ces jeux, la température a été la plus
rigoureuse de l'hiver. Les patineurs de vitesse, les skieurs et tous les autres
engagés dans un sport extérieur se brûlaient les joues et
le nez; il y eut aussi plusieurs cas d'engelure aux oreilles. Ce fut,
cependant, une célébration d'excellence au point de vus
performance.
In many ways, those first Canada Winter Games launched Québec
athletes on the international stage, from which they have risen since to great
heights of achievement. Over the past three decades, Quebec's synchronized
swimmers, divers and speed swimmers have set a standard of excellence for the
nation and for the world. The snowskiors of Québec established their
preeminence in the off-beat sport that was originally called hotdog skiing, a
form of aerial acrobatics that astounded the world. So popular did these young
men and women athletes become, they were referred to as the Québec air
force, so dominant were they in this sports discipline.
Aujourd'hui, nous offrons nos félicitations à plusieurs
athlètes québécois pour leur excellence dans une
variété de disciplines: natation, biathlon, taekwondo, ainsi que
dans le domaine spécialisé de l'entraînement et de la
préparation des athlètes pour la compétition.
This world of sport has progressed at such a frantic pace from my first
adventures into sport that it is almost impossible to distinguish between the
exaggeration of accomplishment and the reality of superhuman excellence in
sport.
Nos chaleureuses félicitations à Nathalie Giguère,
médaillée d'or des récents Jeux du Commonwealth. Sa
carrière sportive l'a portée dans les plus grands centres du
monde: l'Australie, l'Italie et, bientôt, Barcelone, en Espagne, afin de
compétionner comme membre de l'équipe olympique canadienne de
natation. Sa victoire dans les 200 mètres brasse aux Jeux du
Commonwealth, à l'âge de 17 ans, a été une
véritable prouesse de vitesse et de dévouement.
Nous offrons également nos félicitations à Myriam
Bédard et Paul Germain pour les Memoris d'argent et de bronze qu'ils ont
gagnés pour le niveau d'excellence atteint respectivement au biathlon et
dans le sport exotique du taekwondo; à Benoît Lebrun, à
titre d'entraîneur de l'année; aux finalistes des autres
disciplines: Danny Bell, pour la balle-au-mur, Caroline Brunet, pour l'exigeant
sport de canoë-kayak, Bruno Fournier, pour le plongeon, Nathalie Gosselin
pour le judo et Philippe Laroche pour le saut en skis. Nos plus sincères
félicitations pour un travail bien fait
These are but the names of young Quebeckers who have excelled in their
sport from a long list of young Quebeckers who also participated. The founder
of the modern day Olympics, Pierre de Coubertin, said: To compete is the main
thing. " Quebeckers have been on the stage of international and Olympic
competitions for generations, each generation surpassing the accomplishments of
the generation it superceded. All, however, faced the challenge of competition,
and so, while we honour a few names, we must keep forefront in our mind the
countless thousands who have also competed, and who have brought great dignity
to Québec through their competing.
Atteindre les étoiles, se retrouver au panthéon de la
gloire, est un appel au clairon auquel des centaines de milliers de
Québécois ont répondu à travers les
générations. Puissent-ils toujours s'efforcer afin de
réaliser d'autres exploits et participer ainsi à tous les aspects
de la vie. Ils sont notre héritage qui transmettront, à leur
tour, aux futures générations. Mes félicitations les plus
humbles et tout mon respect à ces jeunes athlètes du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que la motion
proposée par le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
intitulée comme suit: "Que cette Assemblée félicite toutes
les personnes qui ont été honorées lors de la
soirée du Mérite sportif québécois tenue à
Montréal, le 30 novembre 1990, et du Gala de l'athlète de la
région de Québec, tenu à l'Université Laval, le 3
décembre 1990", est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce
qu'il y a d'autres motions sans préavis?
M. Boulerice: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je sollicite le
consentement unanime de cette Chambre pour la proposition suivante: "Que
l'Assemblée nationale signifie son appui au principe de justice et de
démocratie défendu par les organisations oeuvrant pour les droits
de la personne en Argentine, lesquelles ont organisé une marche de 24
heures débutant aujourd'hui dans les rues de Buenos Aires."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Est-ce qu'il y a d'autres motions sans préavis? S'il vous plaît,
M. le député, il n'y a pas de consentement. (15 h 30)
Avis touchant les travaux des commissions? Il n'y a pas d'avis. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes,
jusqu'à 18 h 30, de 20 heures à 24 heures ainsi que demain, le
jeudi 6 décembre 1990, de 10 heures à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission des affaires sociales poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 97, Loi modifiant la
Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions législatives.
Également, M. le Président, après les affaires courantes,
jusqu'à 18 h 30, de 20 heures à 24 heures, ainsi que demain, le
jeudi 6 décembre 1990, de 10 heures à 12 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission du budget et de l'administration
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre avis est
déposé, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
M. le député de Jonquière.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Dufour: M. le Président, j'aimerais demander au leader
adjoint du gouvernement ce qu'on fart des 93 questions qui sont inscrites
à l'ordre du jour depuis plus d'un an, pour quelques questions, et je
veux lui rappeler que ce n'est pas à quatre réponses par jour
qu'on va avoir nos réponses avant la fin de la session.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je comprends que chaque
collègue... Tous les mercredis, l'Opposition officielle choisit un
député pour faire un petit tour de piste parlementaire concernant
les questions qui sont posées au feuilleton. Je voudrais vous rappeler
que j'en ai effectivement... On en a déposé, mon collègue,
M. le député de Mille-Îles et moi. Nous avons
déposé cinq réponses aujourd'hui à autant de
questions qui ont été formulées. Depuis le 16 octobre,
c'est 18 réponses qui ont été déposées.
C'est avantageusement comparable à ce que le Parti
québécois déposait pendant la période analogue
lorsqu'il formait le gouvernement. Ceci étant dit, cinq aujourd'hui,
d'autres vont suivre la semaine prochaine et mon objectif, c'est qu'un nombre
encore accru par rapport ¥ ce qui a été déposé
jusqu'à maintenant puisse l'être d'ici l'ajournement de nos
travaux prévu pour le 24, le 25 décembre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. Ceci met fin à l'étape des affaires courantes.
Nous en arrivons maintenant aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement, vous voudrez bien m'indiquer avec quel article du feuilleton nous
commençons nos travaux à l'étape des affaires du jour.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 23 du feuilleton et à rappeler ce projet de loi qui
tient à coeur au député de Rivière-du-Loup, le
ministre des Forêts.
Projet de loi 111 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader.
À l'article 23 de notre feuilleton, l'Assemblée reprend le
débat sur l'adoption du principe du projet de loi 111, Loi sur le
ministère des Forêts. Je suis prêt à
reconnaître le
premier intervenant. Oui, Mme la députée de Johnson, Mme
la députée.
Mme Juneau: Je m'excuse, je suis un petit peu sur le tard, mais
j'ai... Le leader adjoint du gouvernement, tout à l'heure, a
annoncé que les commissions parlementaires, pour jeudi, étaient
de 10 heures à 12 h 30 et moi, j'ai de 9 h 30 à 12 h 30.
J'aimerais qu'on m'explique. Est-ce que c'est moi qui ai mal compris ou si
c'est de 10 heures à 12 h 30?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, si vous voulez préciser s'il vous plaît.
M. Pagé: C'est bien 10 heures que nous avons. C'est
peut-être une erreur de frappe, mais je constate que Mme la
députée a un document qui est non conforme, comme sa
pétition hier.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: je remercie l'amabilité du leader du
gouvernement sauf qu'il aurait été mieux d'accepter pour la
pétition d'hier, ça lui aurait fait moins mal.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Tel qu'indiqué
précédemment, je suis prêt à reconnaître le
premier intervenant relativement à l'adoption du principe du projet de
loi 111. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Oisons qu'à la
suite du dernier remaniement ministériel, j'ai remarqué avec
intérêt que l'on avait conservé le dossier du ministre
délégué aux Forêts alors que l'on avait
retiré le titre de ministre délégué aux Mines. Dans
un premier temps, j'étais un peu intrigué par ça en me
disant: Est-ce que ça veut dire que, finalement, on s'en va vers un
"scindage" du ministère de l'Énergie et des Ressources qui va
faire en sorte que Energie et Ressources va s'occuper des mines à plein
temps et qu'on va aller, éventuellement, vers un ministère des
Forêts? Sinon, on aurait pu, tout simplement, enlever les deux titres,
dans la mesure où l'industrie forestière et l'industrie
minière sont deux activités qui sont, en elles-mêmes,
reliées à Énergie et Ressources.
Et dans ce sens-là, eh bien, si on gardait un ministère
délégué aux Forêts, il semblait normal que l'on
garde aussi un ministère délégué aux Mines.
Effectivement, c'est ce que nous apprend le projet de loi 111; c'est qu'on s'en
va vers un ministère des Forêts. M. le Président, c'est
bien beau, un ministère des Forêts, j'en suis fort aise, je m'en
réjouis pour l'ensemble des intervenants forestiers, autant du
côté des compagnies que du côté des travailleurs
syndiqués, des propriétaires de machines, en souhaitant qu'il ne
s'agisse pas là uniquement d'un paravent, mais que le fait de
créer un véritable ministère des Forêts, avec un
ministre en titre qui ne sera plus uniquement le porte-parole d'un autre
ministre, ait des effets positifs sur le niveau de l'emploi en forêt et
sur le niveau, aussi, de récupération de la fibre, la
façon d'utiliser l'ensemble de notre potentiel forestier au
Québec. Alors, en me disant que le gouvernement avait sûrement de
bonnes intentions et qu'il avait prévu, dans son projet de loi, faire en
sorte que, dorénavant, l'industrie forestière soit
considérée dans son ensemble... Et quand on parie d'industrie
forestière et que l'on parie d'utilisation de la fibre au sens large,
ceci s'adresse tout aussi bien au piéton qui aime se promener en
forêt et regarder la matière ligneuse debout avec ses feuilles,
profiter du décor et de l'ombre que cela peut produire, ça
s'adresse aussi bien au chasseur, au pêcheur, au pourvoyeur, enfin
à tous les gens qui utilisent la forêt d'une façon ou d'une
autre.
Alors, je me suis dit: Sûrement que le ministre
délégué aux Forêts, en acceptant de devenir ministre
en titre des Forêts, va s'assurer d'abord d'avoir les budgets qui vont
avec, qui vont lui permettre de bien faire son travail. Je me suis mis à
feuilleter le projet de loi et j'en suis arrivé à la conclusion
que ce n'était pas aussi évident que ça. Je ne veux pas,
au niveau du principe, comme c'est le cas ou la coutume en cette Chambre,
discuter du contenu des articles du projet de loi un par un, mais il n'en reste
pas moins qu'il faut se référer au contenu de ces
articles-là pour bien se faire comprendre.
Je retrouve dans le projet de loi, au moment où on parie des
crédits qui vont être affectés au ministère des
Forêts, une citation à l'effet que l'on va prendre les
crédits actuellement disponibles ou prévus comme tels à
l'intérieur du ministère de l'Énergie et des Ressources,
que l'on va les transférer au ministère des Forêts.
Jusque-là, j'en conviens. Mais il y a un hic. On dit: "Dans la mesure
que détermine le gouvernement." Ah! Qu'est-ce que cela veut dire, M. le
Président? On va prendre les crédits actuellement disponibles au
ministère de l'Énergie et des Ressources dans ce
secteur-là - je vois le ministre qui cherche dans son projet de loi,
c'est au paragraphe 22. On dit: On va transférer cet argent-là au
nouveau ministère des Forêts, "dans la mesure que détermine
le gouvernement". Il me semble que, quand on vote des crédits en cette
Chambre pour des opérations, pour justifier le fonctionnement d'un
gouvernement ou d'un ministère, c'est au moment de voter ces
crédits-là que l'on détermine le montant qui va être
alloué au ministère; ce n'est pas après. Je veux bien
croire qu'on a un nouveau ministère, mais au chapitre des mesures
transitoires - parce que là, on ne parie pas des mesures
permanentes,
c'est au chapitre des mesures transitoires - on dit: Pour les fins de
l'exercice, cette année, on va transférer des fonds qui sont
déjà votés aux crédits, mais uniquement "dans la
mesure que détermine le gouvernement". J'aimerais bien, M. le
Président, que le ministre se lève en cette Chambre et qu'il nous
dise: Le député d'Ungava est complètement dans l'erreur,
c'est parce que je vais avoir besoin de plus de crédits que ce qu'il y
avait de prévu pour mettre en place mon ministère; alors, il
faudra que le gouvernement révise ses mesures pour m'en donner plus
parce que j'en ai besoin de plus. Si tel est le cas, M. le Président, je
m'en réjouirai, mais jusqu'à ce que le ministre nous l'ait
confirmé, je dois aller dans la ligne de pensée du
président du Conseil du trésor qui, on le sait très bien,
ne s'est pas gêné pour dire à qui voulait l'entendre au
Québec qu'il y aurait des coupures, qu'il fallait payer la crise
autochtone, qu'il fallait payer les dépassements du coût des
travaux sur l'autoroute Métropolitaine ou dans d'autres secteurs au
Québec, dans les travaux qui ont été
réalisés dans la voirie cet été, pour le peu qu'il
y a eu, enfin qu'il fallait payer un certain nombre de choses et que, pour ce
faire, il faudrait couper ailleurs. (15 h 40)
En plus d'avoir dépensé moins en proportion cette
année que ça n'avait coûté l'an dernier,
d'après ce que l'on peut voir dans le résumé des
crédits qui nous ont été donnés dernièrement
par le ministre des Finances, est-ce qu'on n'est pas encore là en train
d'utiliser une nouvelle passe- passe pour faire en sorte d'affecter moins de
crédits au ministère des Forêts, aux activités
prévues dans le domaine forestier d'ici la fin de l'année
financière, en prétextant que, comme on est en train d'organiser
un nouveau ministère, eh bien, on pourra déterminer, comme
gouvernement, que l'on va se contenter d'assurer la transition et
l'organisation du ministère d'ici la fin de l'exercice financier, et
qu'après ça, on réévaluera globalement? Est-ce
qu'il n'y a pas là, M. le Président - et je demande au ministre -
une possibilité d'une diminution des crédits alloués au
secteur forêts pour l'exercice financier 1990-1991, du moins comme le
libellé de l'article 22 le suggère?
M. le Président, déjà rendu à l'article 22,
aux mesures transitoires, je me suis dit: Oui, mais où sont les mesures
permanentes? Normalement, dans un projet de loi, on discute des mesures
transitoires après avoir fixé les éléments de
permanence du projet de loi, après avoir déterminé
l'ensemble des activités qui sont couvertes par le projet de loi en
question. Après qu'on a déterminé ça, on s'en va
aux mesures transitoires pour voir ce qu'on va faire entre-temps, le temps que
les choses soient toutes mises en place.
Alors, M. le Président, à mon grand étonnement, en
lisant le projet de loi, je me retrou- ve aux mesures transitoires et je ne
sais toujours pas quelles sont les lois que le ministre des Forêts va
avoir à gérer. On ne détermine absolument pas quelles sont
les lois qui sont actuellement administrées par d'autres
ministères et qui vont être dorénavant administrées
par le ministre des Forêts. Alors, je recommence la lecture de mon projet
de loi, M. le Président, en me disant que j'ai peut-être
oublié un paragraphe quelque part. Je devais être un peu distrait,
probablement par le député de Mille-Îles, et j'ai
oublié un paragraphe. Alors, j'ai repris la lecture du projet de loi, en
faisant bien attention de ne plus me laisser distraire par le
député de Mille-Iles. M. le Président, à mon grand
étonnement, tout ce que j'ai retrouvé qui détermine la
portée, le champ d'action, qui va être à partir de
maintenant sous la juridiction du ministère des Forêts, c'est la
petite phrase suivante: "...toutes les activités d'aménagement
forestier..." Article 13. Donc, on remet entre les mains du ministère
des Forêts, en créant une loi, on dit: "Sont sous
l'autorité du ministre, toutes les activités d'aménagement
forestier dans les forêts du domaine public." Je veux bien, M. le
Président, c'est extraordinaire, c'est très bien, sauf que
qu'est-ce que ça veut dire?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: II n'y a pas quorum. Je voudrais bien qu'on
écoute, il y a un bon discours.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, il faut quand même
convenir que nous avons plusieurs commissions parlementaires qui
siègent. Plusieurs de nos collègues sont dans la région de
Hull pour la Commission constitutionnelle. Je suis surpris que...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): 13 députés,
13.
M. Pagé: ...Mme la députée de Johnson se
lève pour indiquer que son collègue, le député
d'Ungava, suscite très peu d'intérêt par son
intervention.
Mme Juneau: M. le Président, je n'accepte pas les
dernières... du leader du gouvernement. Je pense que je suis dans mon
droit d'exiger que le quorum soit ici en Chambre et ce n'est pas à
l'Opposition de faire le quorum, c'est aux membres du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, Mme la
députée de Johnson. Vous avez effectivement raison, vous
êtes en droit d'exiger le quorum et,
même si des commissions siègent, ça réduit le
quorum. Je constate que depuis que vos avez appelé le quorum, Mme la
députée de Johnson, on y est arrivés, je pense.
Alors, M. le député d'Ungava, si vous voulez continuer
votre intervention.
M. Claveau: M. le Président, si j'étais à la
place du leader du gouvernement, je me questionnerais plutôt sur les
raisons qui font que si peu de ses collègues sont
intéressés par la création d'un nouveau ministère.
Le .ministre délégué aux Forêts semble de plus en
plus isolé dans ce gouvernement. On nous annonce la création d'un
nouveau ministère et il n'y a personne de ses collègues en
Chambre pour venir l'appuyer.
M. Pagé: M. le Président, m'est-il permis de
rappeler au député d'Ungava que le Conseil des ministres
siège actuellement? D'ailleurs, je vais devoir m'y rendre. Je serai
privé du plaisir de vous écouter; cependant, je me sentirai
peut-être un peu secure parce que, M. le Président, je tiens
à le soulever, le député d'Ungava parle très fort.
Je comprends qu'il veut exprimer une voix forte pour son comté, mais
vous devriez parler plus faiblement un peu; ça serait davantage
respectueux pour vos collègues.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, vous avez passé votre message. Je tiens à vous
rappeler qu'il n'y a pas de disposition dans nos règlements relativement
aux décibels à l'Assemblée nationale.
Alors, M. le député d'Ungava, si vous voulez
continuer.
M. Claveau: Enfin! Lorsqu'on manque d'idées, M. le
Président, on s'attaque aux autres. Le leader du gouvernement aurait
avantage à regarder chez lui.
Or, M. le Président, est-ce que le leader du gouvernement aurait
encore quelques suggestions à faire sur mon intervention? Non, je le
demande au président. M. le Président, est-ce que vous
considérez que le leader du gouvernement aurait encore quelques
suggestions à faire sur mon intervention? Et, si tel est le cas,
priez-le de se lever debout pour les faire officiellement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader, si vous
permettez. M. le député d'Ungava, si vous considérez que
soit le leader du gouvernement ou tout autre parlementaire est en
dérogation avec des prescriptions des règlements de
l'Assemblée, vous pouvez soulever une question de règlement et je
vous écouterai au moment où vous le ferez, M. le
député.
M. Pagé: M. le Président, on va questionner.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II n'y a pas eu de
questions, M. le leader. Si vous voulez continuer, M. le député
d'Ungava, à moins qu'il y ait une question de règlement.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: L'expérience que l'on connaît du leader
parlementaire du gouvernement qui sait très bien qu'après
l'intervention de mon collègue il aura tout le privilège pour
poser les questions qu'il veut et, lui, aura le privilège d'y
répondre. Donc, qu'il le laisse terminer!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, sur la question de
règlement très brièvement, d'ailleurs je dois me sauver
pour la réunion du Conseil des ministres. Le député
d'Ungava me dit et dit à cette Chambre: Si le leader du gouvernement a
une suggestion à faire sur mon intervention, qu'il la fasse. Donc, je
suis habilité à répondre. Et la meilleure recommandation
que je puisse vous faire et qui concerne votre intervention serait de conclure
au plus vite.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II est peut-être
à propos de rappeler aux parlementaires de cette Chambre les
dispositions de l'article 32 et, entre autres, quant au paragraphe 3 qui
prévoit que les parlementaires doivent s'abstenir de tout ce qui peut
nuire à l'expression d'autrui et au bon fonctionnement de
l'Assemblée. Et ça indique, je pense, de façon assez
claire, que M. le député d'Ungava est en droit de faire son
intervention en étant respecté par les autres parlementaires de
cette Chambre quant à son droit de parole.
M. le député d'Ungava, s'il vous plaît.
M. Claveau: M. le Président, j'en conclus que mon
intervention dérange le leader du gouvernement, et ça
m'amène à la continuer. Ça va peut-être le faire
changer d'idée ou, du moins, le rendre un peu plus sensible aux vraies
réalités.
On en était à parler du champ d'actions qui va être
couvert par le nouveau ministre. On dit que le passé est garant de
l'avenir, M. le Président. Je regarde de quelle façon le ministre
délégué aux Forêts qui a eu cinq ans pour pratiquer
finalement, presque jour pour jour, avant de devenir ministre en titre, comment
il a mené son dossier pendant cinq ans? Je me demande jusqu'à
quel point on a avantage à le laisser aller seul en le soustrayant
à la tutelle du ministre de l'Énergie et des Ressources. Si je
regarde comment ça fonctionne actuellement dans l'industrie
forestière, ce n'est pas évident que ça va mieux qu'avant,
loin de là! (15 h 30)
M. le Président, quand la nouvelle loi ou le nouveau
ministère que l'on s'apprête à créer
définit son champ d'action comme étant toutes les
activités d'aménagement forestier dans les forêts du
domaine public, moi, je veux bien, mais j'aimerais bien qu'on me dise, avant de
voter là-dessus, ce que ça veut dire, M. le Président.
Est-ce que ça veut dire, par exemple, que le ministre va avoir, à
lui seul, la responsabilité d'autoriser les compagnies
forestières à bûcher dans les réserves, dans les
parcs des réserves, comme ça se fait actuellement dans le parc du
Mont-Tremblant? Est-ce que ça veut dire, M. le Président, que le
ministre délégué aux Forêts va être le seul
à interpréter les dispositions des conventions avec les
autochtones, quant à l'application des droits de coupe sur les limites
de chasse et de trappe des autochtones du Québec? Est-ce que ça
veut dire, M. le Président, que le ministre des Forêts va avoir,
à lui seul, à donner les autorisations pour intervenir dans des
milieux écologiquement difficiles, dans des milieux
contrôlés ou dans des milieux qu'on devrait préserver pour
toutes sortes de raisons?
M. le Président, je me pose des questions quand ça veut
dire toute activité d'aménagement forestier dans les forêts
du domaine public. Quels vont être les liens qui vont obliger le ministre
à discuter avec ses autres collègues de l'Environnement, de
l'Énergie et des Ressources, des Mines, du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et des Affaires autochtones, dans l'application des
règlements concernant les aménagements forestiers? M. le
Président, l'expérience des cinq dernières années
est loin de nous prouver que le ministre est capable de voguer tout seul
là-dedans. Et moi, j'aimerais bien que l'on nous précise d'une
façon concrète, satisfaisante, quel va être son vrai champ
d'activité.
Quelles sont les lois précisément qui vont relever de ses
compétences, M. le Président? Il me semble qu'on aurait pu le
voir là-dedans. On nous a fait une liste exhaustive, de plusieurs
articles. Bon, je prends, pour le moins, l'article 24 à l'article 42.
C'est la moitié des articles du projet de loi qui sont des amendements
à d'autres lois qui vont être touchées, où on
enlève le mot "délégué" pour laisser le "ministre
des Forêts", où on modifie une donnée, un
élément, où on change une virgule de place. La
moitié du projet de loi, M. le Président, c'est pour nous
expliquer quels sont les articles, les paragraphes des lois qui vont être
affectés par la création du nouveau ministère, en nous
expliquant que, maintenant, ce n'est plus un ministre
délégué aux Forêts, mais que c'est un ministre des
Forêts. On a pris la moitié du projet de loi, M. le
Président, tout près d'une vingtaine d'articles, pour nous
expliquer ça dans le détail, et on n'a pas cru bon retenir ne
serait-ce qu'un seul article pour nous préciser quelles sont les lois
qui vont tomber sous la compétence du ministre. J'espère que la
loi 150 va être de la compétence du ministre, M. le
Président. C'est la moindre des choses. La Loi sur l'aménagement
forestier, j'en conviens.
Mais combien de lois, M. le Président, sont directement
affectées par les interventions en forêt. Est-ce que REXFOR va
répondre ou va dépendre dorénavant du ministre des
Forêts ou du ministère des Forêts? On ne nous le dit pas.
Est-ce que les sociétés de conservation vont relever, d'une
façon ou d'une autre, ou vont avoir des liens directs et
privilégiés avec le ministre des Forêts? On ne nous le dit
pas.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député, s'il vous plaît!
M. Claveau: C'est pourtant des choses importantes. Mon temps est
déjà fini, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui. Oui, M. le
député. Vos 20 minutes sont expirées.
M. Claveau: Je n'ai pas encore dit la moitié de ce que
j'avais à dire. Je...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: En tout cas, je devrai nécessairement revenir
et vous...
Mme Juneau: Est-ce que... pourrait continuer dans ce
cas-là, M. le Président? Est-ce qu'il y a consentement?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non. À moins d'un
consentement, le temps maximum est de 20 minutes pour l'intervention du
député d'Ungava et, au moment où on se parle, vos 20
minutes sont expirées. Je vous donnerai quelques secondes pour vous
permettre de conclure, M. le député d'Ungava.
M. Bélisle: Consentement de 30 secondes pour
compléter sa pensée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous avez un
consentement pour une trentaine de secondes, M. le député.
M. Claveau: Je dirai rapidement, M. le Président, qu'au
moment où, juste dans le domaine des panneaux de particules, des
panneaux gaufrés, on a 80 % de la capacité de production
installée au Québec qui, actuellement, est inopérante,
fermée, au moment où ça va mal partout dans l'industrie
forestière, il serait important de savoir quelles seront les marges de
manoeuvre et les budgets qu'aura le nouveau ministre des Forêts avant de
lui donner le feu vert pour qu'il puisse de lui-même, de son propre chef,
appliquer les lois qui concernent l'industrie forestière. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M.
le député d'Ungava. Alors, sur le même projet de loi
111, je reconnais maintenant M. le député de Beauce-Nord, en vous
rappelant que vous disposez de la même enveloppe que le
député d'Ungava, à savoir un maximum de 20 minutes, M. le
député.
M. Jean Audet
M. Audet: Merci, M. le Président. M. le Président,
comme l'a dit le ministre, ce matin, c'est un grand jour parce que nous sommes
réunis aujourd'hui pour débattre un projet de loi créant
le ministère des Forêts. J'ai écouté attentivement
le député d'Ungava qui a fait des gorges chaudes sur le nouveau
ministère des Forêts, mais je veux simplement lui rappeler que si
nous sommes ici, aujourd'hui, pour créer le ministère des
Forêts, c'est que sous l'ancienne administration, dans le temps du
gouvernement péquiste, c'est eux qui ont aboli le ministère des
Forêts pour le fusionner avec un autre ministère. Alors, je pense
qu'il faudrait regarder un peu dans le passé, ce qui s'est fait
avant.
Je répète qu'il me fait grand plaisir et je suis
particulièrement heureux d'associer ma voix à la création
de ce ministère, d'autant plus que, le 11 mars 1988, le ministre
délégué aux Forêts, M. Albert Côté,
procédait à la formation d'un groupe de travail sur la
forêt privée, comme vous le savez, dont la présidence
m'était confiée, M. le Président.
Je ne voulais pas revenir là-dessus, mais le député
de Laviolette en a fait mention ce matin dans son intervention, me rappelant ou
me soulignant plutôt que je devais gronder le ministre, le
réprimander sévèrement puisque le rapport est sur les
tablettes. Enfin, c'est ce qu'il a dit, mais c'est simplement une opinion, M.
le Président, puisque si on se rappelle...
M. Dufour: M. le Président, je voudrais soulever un point
d'ordre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Jonquière. Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Nord. Oui, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais rappeler à la présidence que
M. le député a un très bon discours et il serait
peut-être intéressant que le quorum soit là.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Veuillez appeler les
députés, s'il vous plaît!
Alors, on a maintenant quorum. M. le député de
Beauce-Nord, vous pouvez continuer votre intervention.
M. Audet: Merci, M. le Président. Ce que je disais, je
parlais du rapport du groupe de travail sur la forêt privée que
j'avais eu l'honneur de présider. Ça a fait exactement deux ans,
je crois, il y a une quinzaine de jours que le rapport a été
déposé. Des recommandations, des recommandations sont
présentement en application. Évidemment, sur la cinquantaine de
recommandations qui avaient été proposées, on n'a pas pu
toutes les mettre en application, pour toutes sortes de raisons.
Il y a une chose, par exemple, M. le Président, qui ne faisait
pas partie nécessairement de notre mandat, mais qui a eu un effet
bénéfique, je pense, sur le monde de la forêt
privée, c'est qu'on a réussi, grâce à une
recommandation qui était formulée dans le rapport, à
former des tables de concertation et à asseoir ces
intervenants-là ensemble, qui avaient des difficultés à
dialoguer dans le passé. Alors, à partir de ces tables de
concertation là que le ministre a formées, je pense que les gens,
aujourd'hui, sont capables de se parler pour fixer ensemble et peut-être
réfléchir sur l'avenir de la forêt privée. Alors, je
pense que l'avenir, M. le Président, nous réserve des surprises
intéressantes. (16 heures)
M. le Président, sur le plan mondial, le Québec
possède une réserve très importante de forêts.
L'activité économique qui découle de la forêt
québécoise en est la preuve la plus certaine. L'exploitation
forestière, l'industrie du bois, l'industrie du papier et les
activités connexes génèrent 250 000 emplois directs et
indirects.
La forêt du Québec demeure donc le plus grand pourvoyeur
d'emplois manufacturiers, de même que la source la plus importante de nos
exportations. Près de 115 municipalités ne vivent que des
activités découlant de la forêt. En fait, au moins trois
régions du Québec comptent sur la forêt pour vivre.
La forêt québécoise a aussi plusieurs autres
facettes. Prenons, par exemple, la forêt privée. Elle sert de
revenu d'appoint pour plusieurs agriculteurs. Elle génère des
emplois dans les périodes creuses de l'hiver. La forêt, en
général, crée un tissu social dans les régions
éloignées. Elle a généré une bonne partie de
notre culture et de notre folklore en plus d'abriter notre faune et notre
flore. La chasse et la pêche aussi en dépendent, tout comme la
majeure partie de notre potentiel touristique encore inexploité et
très prometteur.
Le Québec est caractérisé par trois facteurs
extrêmement avantageux. Premièrement, sa forêt est l'une des
meilleures pourvoyeuses au monde, de fibre de bois, étant en majeure
partie constituée de résineux. Deuxièmement, le
Québec conserve une place de choix pour l'exportation, étant
proche du grand bassin industriel américain et donnant sur l'Atlantique.
Troisièmement, la forêt québécoise n'est pas
exposée, du moins dans un avenir prévisible, à une
explosion démographique ou à des besoins agro-alimentaires
massifs. Les réserves du Québec sont stratégi-
quement parmi les plus sûres du monde.
M. le Président, le Québec se dotait, en décembre
1986, par l'adoption à l'unanimité par l'Assemblée
nationale d'une nouvelle loi sur les forêts, de ce qu'il est maintenant
convenu d'appeler le nouveau régime forestier. Cette loi est
entrée en vigueur le 1 er avril 1987.
Ce nouveau régime forestier est basé sur deux principes
fondamentaux qui traduisent très bien le souci du gouvernement d'assurer
une saine gestion des forêts. Ainsi, les exploitants du domaine public
sont maintenant obligés d'assurer la regénération des
parterres de coupe et, de plus, la forêt québécoise ne peut
être exploitée au delà de sa possibilité,
c'est-à-dire que les exploitants doivent respecter les
préoccupations des autres utilisateurs de la forêt
québécoise. On pense, entre autres, aux amateurs de plein air,
les chasseurs, les pêcheurs, etc. L'exploitation rationnelle des
forêts est vitale pour la société
québécoise.
Sous le gouvernement précédent, de 1982 à 1985, on
a planté 273 000 000 d'arbres. C'est bien, mais de 1986 à 1989,
sous notre gouvernement, on en a planté 802 000 000, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
M. Audet: Cette année, 248 000 000 d'arbres ont
été plantés et nous ajusterons ce rythme en fonction des
plans quinquennaux de l'industrie forestière, détentrice de CMF,
soit des contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier. Cet
engagement qui a été pris lors de la dernière campagne
électorale, soit de planter 1 000 000 000 d'arbres et d'y consacrer avec
l'industrie 1 000 000 000 $ au cours du mandat, témoigne de l'importance
que notre gouvernement accorde à l'industrie forestière dans
l'économie québécoise. Richesse collective, elle doit
être préservée, mise en valeur et utilisée pour le
bien-être de l'ensemble de la collectivité.
Selon le ministre des Forêts, pour la première fois en
1989, le gouvernement a atteint son objectif de reboisement de 180 000 000 de
plants en forêt publique, soit l'équivalent approximativement du
nombre d'arbres qui ont été récoltés durant cette
période. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça, M.
le Président. De plus, 70 000 000 de plants ont été mis en
terre en forêt privée.
Afin de voir au respect de la polyvalence du milieu forestier, un guide
des modalités d'intervention en milieu forestier a été
élaboré conjointement avec le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche et le ministère de l'Environnement. Ce guide
a été adopté par le gouvernement sous forme
réglementaire et se doit d'être respecté par les
exploitants forestiers.
De plus, la loi a été modifiée en 1988 pour que les
plans quinquennaux d'aménagement des forêts soient soumis pour
approbation et soient mis à la disposition du public pour
information.
C'est donc dire que le gouvernement s'est donné les moyens pour
assurer une saine gestion de notre forêt en s'orientant vers le
développement durable de la forêt québécoise. D'une
manière plus générale, la politique forestière du
gouvernement libéral se fonde sur des objectifs de conservation et de
renouvellement du patrimoine forestier. Les pratiques forestières
d'exploitation doivent favoriser la prospérité immédiate
de l'industrie, mais doivent également assurer la
pérennité de nos ressources.
M. le Président, en créant un ministère des
Forêts, le gouvernement complétera sans aucun doute cette
rénovation et confirmera le rôle important joué par le
secteur forestier dans le développement économique et social du
Québec. Notre gouvernement répond donc aux demandes des
intéressés qui réclament sa création depuis
déjà très longtemps. Malgré le ralentissement
économique que nous connaissons, l'industrie de la forêt est
appelée à une croissance soutenue du fait d'un écart
grandissant entre l'offre et la demande mondiale. Mais, pour
bénéficier de cet écart et de raréfaction de la
ressource forestière, le Québec doit répondre à
certaines conditions. Ainsi, il lui faut adapter son industrie aux nouveaux
besoins d'un marché mondial et s'assurer qu'il maintient en
quantité et en qualité ses réserves
forestières.
Ce projet de loi est donc le résultat d'une volonté
politique mûrement réfléchie et énoncée
à plusieurs reprises par notre gouvernement. M. le Président, le
milieu forestier est constitué d'un ensemble de ressources
interreliées. La forêt ne peut être considérée
simplement comme une source en matière première pour l'industrie.
En effet, elle contribue au maintien de l'équilibre naturel par le
rôle biologique qu'elle joue comme habitat faunique et aussi par son
action physique sur le sol, l'eau et l'air. C'est, enfin, un des
éléments prépondérants du cadre de vie des
Québécois et des Québécoises. tous les membres de
cette assemblée conviendront donc avec moi que les pouvoirs qui seront
accordés au ministre responsable du ministère des forêts
sont importants. ainsi, le ministre des forêts aura pour fonction,
premièrement, d'élaborer, de soumettre au gouvernement et de
mettre en oeuvre une politique forestière ayant notamment pour objectif
le maintien ou la reconstitution du couvert forestier, la protection de
l'ensemble des ressources du milieu forestier, l'utilisation optimale des
ressources forestières et le développement d'activités
économiques reliées à l'exploitation et à la
transformation de ces ressources; deuxièmement, de gérer les
ressources forestières du domaine public; troisièmement, de
favoriser le développement d'activités économiques dans le
secteur forestier, de contribuer à la recherche dans le domaine de la
foresterie et, enfin, d'appliquer les lois concernant les forêts.
Ces fonctions, M. le Président, permettront
sans aucun doute au ministre d'atteindre les objectifs d'ordre
environnemental et économique qui sous-tendent la gestion des
forêts. Il faut se le dire, la forêt est notre plus importante
ressource naturelle. De plus, étant abondante, nous l'avons longtemps
considérée comme inépuisable. Et si on écarte les
milieux directement concernés ou les spécialistes dans le
domaine, la majeure partie des Québécois ne se soucient
guère de la forêt, prenant pour acquis sa présence
séculaire. Mais, en plus des menaces concrètes faites à
l'équilibre écologique, c'est toute une partie de
l'économie du Québec, M. le Président, qui est
menacée et sans que personne ne s'en rende compte. La forêt n'est
pas la seule affaire des fonctionnaires et des grandes compagnies. C'est
l'affaire de tous les Québécois et Québécoises. Il
nous faut donc continuer à modifier le comportement et la perception que
les Québécois peuvent avoir de la forêt. Une information
élargie, une éducation populaire intensive sont les gages
essentiels d'une nouvelle stratégie forestière
québécoise.
Si les Québécois ne sont pas conscients des dangers qui
guettent leur forêt, s'ils ne constatent pas l'urgence d'agir, s'ils
traitent la forêt comme une simple ressource renouvelable et non une
valeur vivante, tout plan d'action, quel qu'il soit, sera voué à
l'échec. Si nous voulons sauver et perpétuer la forêt,
celle-ci doit être placée au-dessus des contraintes
bureaucratiques partisanes et des intérêts mesquins. Conscient de
cette réalité, le Parti libéral du Québec s'oriente
résolument vers le développement durable de la forêt
québécoise en créant un véritable ministère
des Forêts. D'ailleurs, je vois le député de Charlevoix qui
sourit, M. le Président, ainsi que le député de Masson.
Ils font des signes de tête positifs. Alors, ce n'en est que plus
réjouissant, M. le Président. Ils ne peuvent être contre le
progrès parce qu'ils sont également conscients que l'intervention
du nouveau ministère contribuera à garantir la
pérennité du patrimoine forestier pour nous tous et les
générations qui vont suivre.
Nous devons donc aujourd'hui faire preuve d'autant d'audace et de
lucidité dans les défis des années quatre-vingt-dix que
les générations qui nous ont précédés. Le
développement durable se dessine de plus en plus. Reculer devant cette
nécessité serait incompatible avec bien des efforts
déployés en vue d'assurer cette pérennité de la
forêt québécoise. L'évolution des besoins de notre
société, la survie et le développement d'un secteur
industriel essentiel à notre économie ainsi que la
nécessité de préserver l'une des plus importantes
richesses du Québec justifient une action vigoureuse comme en fart foi
ce projet de loi. je termine, m. le président, en rendant hommage au
ministre des forêts, en le félicitant, en lui souhaitant la
meilleure des chances et je suis persuadé que c'est un ministre des
forêts qui va s'inscrire dans la grande lignée de l'intendant Jean
Talon. Je lui souhaite la meilleure des chances. (16 h 10)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. Sur ce même sujet, je reconnais
maintenant M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Après la
séance d'autogratification dont on vient d'être témoin,
nous allons maintenant parler du projet de loi visant à créer un
ministère des Forêts au Québec et en précisant bien,
pour ceux et celles qui nous écoutent, que le député de
Beauce-Nord force la vérité, sinon qu'il ne dit pas la
vérité, lorsqu'il dit que le gouvernement du Parti
québécois a aboli le ministère des Forêts. Tout le
monde sait très bien que nous avons créé, à partir
du ministère des Terres et Forêts, le ministère de
l'Énergie et des Ressources pour s'occuper, de façon plus
efficace, de la mise en valeur des ressources minières,
forestières, énergétiques au Québec et que, dans ce
sens-là, il n'a pas le droit de dire que c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a aboli le ministère des Forêts en
soi.
Évidemment, et je ne veux pas le répéter trop
largement, oui, nous allons évidemment être d'accord avec la
création de ce ministère puisque, de ce côté-ci de
l'Assemblée nationale, nous réclamons depuis de très longs
moments que les intervenants forestiers et que la ressource forestière
au Québec puissent être administrés à partir d'une
responsabilité ministérielle, qu'on soit capable de dire, dans ce
Parlement, lorsqu'il y a des problèmes: II y a quelqu'un, au Conseil des
ministres, qui est attitré à cette responsabilité. Le
ministre délégué aux Forêts actuel a, pour sa part,
suffisamment réclamé la fin de sa tutelle sous le
ministère de l'Énergie et des Ressources pour comprendre que,
oui, compte tenu de l'importance de la ressource au Québec, compte tenu
des emplois qui sont concernés, compte tenu des investissements qui sont
aussi concernés par toute la question forestière au
Québec, eh bien, le ministre aura une vaste responsabilité.
Au même moment, parce que dans ce gouvernement il faut souvent se
poser des questions sur la logique et l'objectif vers lequel il se dirige,
après que nous eûmes tant réclamé ce
ministère, tant réclamé cette responsabilité
ministérielle pour les intervenants forestiers, pour la mise en valeur
de la ressource et également pour sa protection bien sûr, au
même moment, quasiment dans le même geste, au moment où le
premier ministre annonce que sera déposé devant nous un projet de
loi visant à créer le ministère des Forêts, au
même moment, on abolit, on fait disparaître le ministre
délégué,
la responsabilité ministérielle
déléguée aux mines. Ce qu'on fait d'un côté
ou ce qu'on veut faire d'un côté, sur le plan de la ressource
forestière au Québec, du côté minier, on abandonne
complètement cette responsabilité particulière.
Il est à souhaiter que... Évidemment, quand nous aurons
disposé de ce projet de loi sur la création du ministère
des Forêts et que le ministre sera désigné en titre, il
faut tout de suite avertir la population et il faut avertir nos amis de
l'Assemblée nationale, nos amis d'en face: Attendez-vous à ce que
nous reprenions le bâton du pèlerin pour la création d'un
véritable ministère des mines parce qu'il s'agit là aussi
d'un secteur d'activité économique extrêmement important au
Québec. On sait, dans les régions et ressources du Québec,
l'importance que peut prendre la mise en valeur des ressources
énergétiques, des ressources forestières, des ressources
agricoles et des ressources forestières. Un élan aujourd'hui, un
élan pour créer, après tant d'années de
réclamations, un ministère des Forêts, mais au même
moment, ou du même geste, on abolit la responsabilité du ministre
délégué aux Mines pour la réintégrer sous le
giron de la ministre ou du ministère de l'Énergie et des
Ressources.
Alors, quand on parle de contradiction, quand on parle d'absence de
politique globale, quand on dit qu'il n'y a pas de politique économique
de développement dans ce gouvernement-là, voilà des
illustrations que nous pouvons donner à la population et les gens des
régions le savent bien actuellement, avec l'évolution du taux de
chômage. Ce dont on entend le plus souvent parier,
particulièrement dans la région d'Abitibi-Témiscamingue,
évidemment, quand on rencontre les citoyens et citoyennes des nombreuses
municipalités qui composent cette région, en particulier dans le
comté de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, la question qui nous est
posée, c'est: M. le député, mais qu'est-ce qu'ils ont fait
avec la caisse?
Huit années de prospérité économique!
C'était quasiment sur le pilote automatique, pendant qu'ils se
bidonnaient - vous m'excuserez l'expression, M. le Président - que
ça allait bien au Québec et que c'étaient des bons
gestionnaires. Et ça marchait, ça roulait au Québec. On se
tenait toujours à 9 %, 9,5 %, tout près de 10 % de taux de
chômage, mais ça allait bien, cependant. La réponse
classique, c'est: Ne vous inquiétez pas des 10 %, il y en a 90 % qui
travaillent, il y en a 90 % qui sont sur le marché du travail. Nous, on
est chargés de défendre... Et ceux et celles dont il faut
s'occuper dans cette société, c'est précisément ces
10 % de laissés pour compte. Alors, quand ça allait bien, quand
ça fonctionnait, quand ça roulait bien, on était toujours
sous le seuil de 9 %, 9,5 %, 10 % de chômage. Qu'on soit pris,
aujourd'hui, dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, par
exemple, avec un taux de chômage qui frise les 15 % - et on n'a pas
hâte de voir arriver la fin du mois - et que le gouvernement du Canada
publie ses statistiques officielles du chômage...
Et à cet égard, ce serait encore beaucoup plus
désastreux si le gouvernement du Canada, si Statistique Canada publiait
non pas uniquement les taux de chômage, mais s'il publiait les taux
d'inoccupation: Combien de personnes de 15 ans et plus, dans une région
comme l'Abitibi-Témiscamingue, sont inoccupées? Là, on
aurait de très grosses surprises. Ou encore: Calculez la main-d'oeuvre
active ou la main-d'oeuvre qui travaille sur la totalité de la
main-d'oeuvre active. Il faudrait peut-être qu'on compte aussi combien de
personnes, dans les régions du Québec, par manque de travail,
quittent ces régions et vont grossir les rangs des personnes en
difficulté dans les centres urbains plus importants. Et on comprend, par
exemple, que, dans la région de Montréal, on soit souvent pris
avec des problèmes immenses parce que, rendu à bout de ressources
dans la région, les personnes sans travail, les personnes sans
possibilité de s'en trouver vont émigrer vers les régions
les plus urbaines.
Et au même moment, on nous annonce et on nous présente un
projet de loi pour créer un ministère des Forêts.
Evidemment, on ne change pas grand-chose à l'économie
générale du secteur des forêts, tel qu'il évolue
actuellement. Parce que ce n'est pas parce qu'on va créer un
ministère et, évidemment, un ministre en titre qui va s'en
occuper, qu'on va nécessairement modifier la situation des entreprises
ou du travail dans le domaine forestier actuellement. Et on le sait, c'est le
drame, c'est la grande difficulté. Et quand le projet de loi qui nous
est présenté fixe, au terme de ce projet de loi, les fonctions et
pouvoirs du ministre qui va occuper la responsabilité, et comme on sait
déjà que ce sera le député de
Rivière-du-Loup qui va occuper la responsabilité, non plus de
ministre délégué, mais de ministre en titre, eh bien, le
député de Rivière-du-Loup a tout un travail si, vraiment,
il veut prendre ses responsabilités et, il faut l'affirmer,
réaliser les objectifs qui sont fixés comme
responsabilités dans le projet de loi qui nous est
présenté.
Alors, j'aimerais bien revenir sur quelques dimensions, quelques devoirs
qui seront dorénavant impartis à un ministre responsable de la
Forêt au Québec. Et là, il faut bien prendre ça au
mot. Et le ministre qui va occuper la responsabilité, très
certainement, a pris connaissance, sinon a appris par c?ur, et je le
souhaite vivement, chacun des éléments du mandat qui lui est
confié. J'aimerais en rappeler quelques-uns. Parce que, encore une fois,
si nous sommes d'accord avec ce projet de loi là, c'est tellement
triste, la situation dans le domaine de la forêt au Québec, c'est
tellement triste, la situation de l'emploi, il faudrait dire du sous-emploi,
à partir du secteur de la mise en valeur des ressources
naturelles au Québec, qu'il faut rappeler au ministre quels
seront ses devoirs. Et en commission parlementaire, lorsqu'on aura à
étudier article par article ce projet de loi là, nous allons
tenter de faire encore mieux que ce qui nous est présenté et nous
allons déposer des amendements qui vont nous permettre de dire au
ministre: Voilà votre responsabilité, vous êtes
chargé de défendre, autour de la table du Conseil des ministres,
je dirais presque essentiellement les régions
périphériques du Québec, ces régions qui ont
été si oubliées depuis 1985. Et le ministre, en vertu de
ce qui est inscrit dans le texte premier de la loi, aura à modifier
quelques comportements, je le pense bien. (16 h 20)
D'abord, le projet de loi va lui enjoindre le devoir de favoriser la
mise en valeur des forêts privées. On sait les
réclamations, on sait les récriminations qui ont
été déposées au ministre depuis un bon nombre de
mois pour vraiment faire en sorte que la mise en valeur des boisés
privés constitue une priorité non seulement au niveau du projet
de loi, mais au niveau économique. Il doit, il devra faire en sorte que
les sommes nécessaires à l'aménagement, à la mise
en valeur et à la considération des boisés privés
au premier titre de sources d'approvisionnement pour notre industrie
forestière, ça se fasse à partir des boisés
privés, des forêts privées.
On le sait, un immense drame est en train de se dérouler sous nos
yeux au plan de l'agriculture dans les nombreuses régions
périphériques du Québec: mondialisation des
marchés, négociations du GATT où le Québec a
été obligé d'entrer par la porte arrière, nouvelle
définition, tentative au niveau du GATT de déstabiliser, de
renverser, de diminuer les nombreux programmes de stabilisation dans le domaine
agricole que nous nous sommes donnés au Québec. Ces
négociations ont affaibli et vont probablement avoir un effet encore
plus néfaste sur le comportement de notre agriculture en particulier,
bien sûr, dans les régions périphériques.
Alors, toutes ces gens, toutes ces personnes qui ont une expertise, qui
ont de l'expérience, pour employer le bon mot français, dans le
domaine de la culture, eh bien, souvent, ces gens-là sont de bons
candidats, sont de bonnes personnes qui pourraient continuer à vivre de
la mise en valeur de leur forêt privée ou de leur boisé
privé. Et, dans ce sens-là, le projet de loi oblige le ministre
non pas à s'occuper de la mise en valeur des forêts privées
- le texte de loi nous l'indique - mais à favoriser la mise en valeur.
Le ministre va avoir à expliquer comment, par quel moyen concret il
mettra ça sur pied pour favoriser...
Un autre devoir qui serait imparti au ministre responsable des
Forêts, c'est de constituer dans les forêts du domaine public des
unités d'aménagement forestier. Bon. C'est toute l'application
des dispositions de la loi 150 et la description de cette
responsabilité, se termine par les mots suivants... Il aura donc
à administrer des unités d'aménagement forestier et,
également, à allouer ces ressouces-là jusqu'à
concurrence de la possibilité annuelle de coupe à rendement
soutenu des volumes de bois ronds pour l'approvisionnement d'usines de
transformation dans la mesure où d'autres sources d'approvisionnement ne
sont pas disponibles. Dans la mesure où d'autres sources
d'approvisionnement ne sont pas disponibles, le ministre peut donner
l'autorisation d'aller piger dans les ressources qui appartiennent à
tous les députés, à toute la population, soit la
forêt publique.
Actuellement, nous nous posons des questions. Est-ce que,
véritablement, l'économie générale de
l'approvisionnement des usines de transformation forestière au
Québec se fait à partir des autres sources d'approvisionnement
disponibles d'abord, les boisés privés, ou si on ne pille pas
joyeusement dans certains coins la ressource publique? Et, dans la mesure
où nous avons des producteurs privés, dans la mesure où il
y a des personnes qui sont capables de s'occuper de ce développement des
boisés privés, il va falloir que le ministre responsable soit
capable de garantir qu'on peut vivre décemment d'un revenu
d'aménagement, de transformation et d'écoulement de la ressource,
à partir des boisés privés et que ça puisse
constituer un mode de vie, parce que le projet de loi, encore une fois, va
obliger le ministre formellement d'abord, à considérer comme
source d'approvisionnement les boisés privés et, dans la mesure
où ces ressources sont épuisées - il a à le prouver
- le ministre pourra allouer les contrats d'aménagement dans la
forêt publique. Le ministre aura également d'autres
responsabilités: élaborer et exécuter des plans et des
programmes pour la conservation, l'exploitation et la transformation au
Québec des ressources forestières. Le ministre n'a pas uniquement
la responsabilité de gérer le régime du rendement soutenu
au niveau de la forêt publique. Oui, c'en est une de ses
responsabilités nommément ici. Il a aussi la
responsabilité d'exécuter des plans et des programmes pour la
conservation et fa transformation.
Qu'est-ce que le ministre va réussir à faire avec cela
dans le concret, au niveau des petites scieries, pendant que au-delà de
750 municipalités de moins de 800 habitants au Québec, une grande
majorité de ces municipalités vivaient soit de ressources
agricoles de transformation, de l'exploitation des ressources agricoles ou
encore de la transformation forestière? Qu'est-ce que le ministre va
faire à partir des devoirs qui vont lui être imposés, en
quelque sorte, dans la loi, parce qu'il aura la responsabilité de
supporter?
Le ministre aura également la responsabilité et le devoir
de contribuer au développement, à l'adaptation et à la
modernisation des usines de transformation. Attention! Il n'a pas seulement la
responsabilité d'accorder des contrats d'approvi-
sionnement et d'aménagement sur la forêt publique. Le
ministre aura la responsabilité et il va devoir même s'expliquer
lorsqu'il aura à conclure sur l'adoption du principe de ce projet de
loi, mais qu'est-ce qu'il va faire pour contribuer au développement des
petites unités de transformation dans nos nombreuses localités
rurales qui sont littéralement vouées au chômage, qui sont
vouées au sous-développement et qui n'ont plus d'espoir?
Le ministre, je l'aborde à tous les trois ou quatre jours pour
lui signaler que je comprends sa responsabilité d'attribuer les
contrats, encore une fois, d'approvisionnement et d'aménagement
forestiers mais, quand la population d'une petite municipalité comme
Belleterre, dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, voit
détruite par le feu son usine de transformation, il faut dire à
cette population, et le ministre aura la responsabilité de dire:
Écoutez bien, pour les gens de Belle-terre, j'ai aussi la
responsabilité dans cette population qui a été si
longtemps mal prise, qui a été si longtemps en grandes
difficultés, de contribuer au développement. Ma
responsabilité, ce n'est pas seulement d'attendre sur le perron de
l'église, ce n'est pas d'attendre sur le parvis de l'Assemblée
nationale que quelqu'un se pointe et dise: Peut-être que je pourrais
décrocher un contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestiers pour fournir 50 emplois à la population de Belleterre qui...
Là, on approche du 16 décembre, l'usine a passé au feu;
les gens ont épuisé leurs prestations d'assurance-chômage
et ils devront, dans quelques jours, se présenter à leur centre
Travail-Québec pour réclamer leurs prestations d'aide sociale et
ça, le ministre, en vertu des devoirs et des responsabilités qui
lui seront confiés, devra également avoir l'intiative de
répondre à ses responsabilités et non pas seulement
d'attendre, mais de dire comment, maintenant qu'il aura l'instrument entre les
mains, il est capable de répondre aux préoccupations de
nombreuses municipalités, à l'exemple de Belleterre, au
Québec, et de dire: Oui, je vais faire tous les efforts, je vais mettre
tout ce que je suis capable de mettre en branle, y compris de l'aide
financière, y compris la révision de certains contrats
d'aménagement qui ont pu être accordés, parce que je
considère de ma responsabilité de contribuer au
développement des usines de transformation et, ça va de soi, des
collectivités locales. Plus que ça, beaucoup plus que cela. Et
là, le titulaire actuel va probablement être obligé de
modifier certaines attitudes quant à la façon de gérer la
forêt publique au Québec parce que le 11° dispositif de
l'article 14 de ce projet de loi l'enjoint, lui donne comme
responsabilité d'assurer l'apport du secteur forestier au
développement régional. (16 h 30)
Attention! Il ne s'agit plus, M. le Président, uniquement
d'accorder des ressources. Le ministre a la responsabilité au niveau
régional, de travailler avec les intervenants régionaux, et
ça, ça s'appelle, parce que c'est l'Assemblée nationale
qui l'a voté, les municipalités régionales de
comté, avec leurs représentants au niveau local, les maires. Le
ministre aura cette responsabilité de travailler avec les MRC au niveau
de la planification et de la mise en valeur des ressources forestières
au Québec.
Oui, on va être d'accord, M. le Président, sur le projet de
loi. Oui, on va appuyer ces mesures, mais pas pour rester assis et pas
uniquement parce qu'on veut qu'il y ait un nouveau titulaire à
l'Assemblée nationale. On va appuyer ce projet de loi parce que nous, on
a à coeur de vouloir sauver, pas de petites collectivités, de
nombreuses petites collectivités au Québec qui dépendent
de la mise en valeur des ressources forestières. Vous pouvez être
sûr, M. le Président, que, de ce côté-ci de la
Chambre, cet appui au principe du projet de loi, il va coûter cher au
ministre dans les termes suivants: nos petites collectivités sauront
maintenant qui nous devons suivre à la piste pour régler les
nombreux problèmes qui les affectent à partir de la forêt.
Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre des Forêts et député de
Rivière-du-Loup. M. le ministre, pour votre droit de réplique. M.
le ministre.
M. Albert Côté (réplique)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je voudrais dire aussi, M. le Président, que
l'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et
qu'il en recommande l'étude à l'Assemblée.
Ce matin, j'ai évidemment débuté le débat
sur l'adoption du principe du projet de loi sur la création du
ministère des Forêts avec beaucoup de fierté. J'ai
écouté également les intervenants, soit le
député de Laviolette, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et celui d'Ungava avec beaucoup d'attention.
J'ai, évidemment, pour ces collègues, de l'admiration, mais j'en
ai encore plus pour le député de Saguenay et celui de
Beauce-Nord.
Je voudrais dire, M. le Président, que j'ai relu le texte d'une
dernière question du député de Laviolette à mon
endroit et je tiens à m'excuser. J'avais mal compris toute sa question
et c'est évident que le député de Laviolette faisait
référence à toute l'industrie forestière lorsqu'il
parlait de 250 000 emplois. Je reconnais aussi le travail que le
député de Laviolette a fait dans le secteur forestier, soit comme
critique officiel ou lors de son séjour comme ministre
délégué aux Forêts. Je voudrais lui dire et dire
à
toute la population du Québec que si, aujourd'hui, nous sommes
rendus à cette étape, c'est suite à une évolution
de plusieurs années. De plusieurs années, mais ça ne fait
pas tellement longtemps qu'on écoute un peu les cris d'alarme qui nous
ont été lancés par des gens qui se préoccupaient de
l'environnement, de notre qualité de vie et qui se préoccupaient
aussi de l'avenir, de notre avenir. le député de
rouyn-noranda-témiscamingue a mentionné le drame que vivent
certaines petites municipalités. je lui dirai que c'est parce qu'on n'a
pas écouté avant ceux qui nous conseillaient d'exploiter la
forêt sur une base rationnelle, c'est-à-dire sur une base de
rendement soutenu, en respectant la possibilité de la forêt. on
n'a pas écouté ceux qui nous disaient aussi, dans ces
années-là: vous vous dirigez, dans certains cas, vers des
ruptures de stocks. tranquillement, avec les années, on s'est
aperçu que ces grands forestiers - j'ai fait mention ce matin de mon
collègue, marcel lortie, et je pourrais en nommer plusieurs au
québec; il y a d'aussi grands forestiers au québec qu'il y en a
dans d'autres pays - nous avertissaient des problèmes que nous allions
vivre. et c'est ainsi que nous sommes arrivés à présenter
la loi des forêts à cette assemblée, cette loi qui a
été acceptée.
Ce matin, le député de Laviolette pariait d'un changement
de mentalité chez nous, au Québec, face à cette ressource
naturelle, face à ce patrimoine. C'est un fait, M. le Président,
que, depuis seulement quelques années, nous avons changé notre
approche, notre façon de faire en forêt. Cet hiver, vers la
mi-janvier, nous proposerons à la population du Québec une
stratégie de protection des forêts et, dans cette
stratégie, M. le Président, on suggérera aux
Québécois, aux industriels forestiers et à tous ceux qui
fréquentent la forêt une façon de faire en forêt en
fonction des différents types forestiers et ce, M. le Président,
dans le but d'éliminer, si possible, l'utilisation des pesticides en
forêt et, de cette façon, d'améliorer notre
environnement.
Je regrette que le député de Laviolette ait autant
d'imagination et qu'il se fie aux rumeurs. Je comprends que de temps en temps
il y a des informations privilégiées, mais je lui dirai de les
garder pour lui parce que ça fait commérage un petit peu
lorsqu'il rapporte toutes sortes de choses en ce qui concerne mon statut et le
travail que j'ai effectué comme ministre délégué
aux Forêts. Je lui dirai que je l'ai fait avec beaucoup de liberté
et beaucoup de respect et que j'ai apprécié et j'apprécie
encore le travail que je fais actuellement.
J'ai longuement parié, ce matin, M. le Président, du
fédéral qui veut s'immiscer, évidemment pour avoir plus de
visibilité électorale, dans le domaine forestier et c'est la
raison pour laquelle, ce matin, j'en ai parlé longuement et je remercie
également le député de Laviolette de son appui dans ce
domaine-là. Mais je lui dirai que, selon nos informations, le ministre
fédéral Oberie n'a pas signé de projet d'entente pour la
forêt privée dans l'Est du Québec avant son départ
pour Bruxelles, comme le voulait la rumeur du député de
Laviolette, encore une fois. Encore une fois.
Mais c'est bien sûr que le partage des employés
affectés aux forêts à l'intérieur du
ministère de l'Énergie et des Ressources se fera d'une
façon équitable. Et les deux sous-ministres responsables de cette
question, M. le Président, le feront au cours des prochains mois et j'ai
toute confiance en mon sous-ministre associé, M. Bernard Harvey, pour le
faire correctement et le faire de façon équitable
vis-à-vis des employés, vis-à-vis, évidemment, des
équipements et aussi pour assurer que la clientèle, les citoyens
et citoyennes du Québec reçoivent également les
mêmes services qu'auparavant, sinon des meilleurs services, en ce qui
concerne toutes les questions qui relèvent actuellement du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
On parie souvent, on le regrette, de la priorité aux copeaux, de
la priorité au bois de forêt privée, et on voudrait, M. le
Président, que le ministre ajuste à tous les jours les volumes
qui ont été attribués lors de la discussion des contrats
avec les industriels pour s'assurer qu'il n'y ait pas une bûche, une
bille de bois de forêt privée en surplus ou une tonne de copeaux
quelque part. L'an passé, lorsque nous avons modifié la Loi sur
les forêts, avec la loi 84, nous avons prévu que le ministre des
Forêts pouvait annuellement, avant le 1er mars de chaque année,
ajuster les volumes devant être coupés en forêts publiques,
de façon à optimiser l'utilisation de cette ressource et de
façon à s'assurer que le bois de la forêt privée et
les copeaux ne soient pas en perdition. Cette année, encore une fois, la
table de concertation qui a été mise sur pied me fera des
recommandations au cours de janvier et je verrai de quelle façon on
pourra ajuster, s'il y a lieu, les volumes devant être coupés en
forêts publiques. (16 h 40)
Et je m'étonne à chaque fois, M. le Président, de
voir les députés de l'Opposition, les députés
d'Ungava, de Laviolette, de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, critiquer les
compagnies forestières, au point que, lorsqu'il y en a une qui est en
danger ou qui ferme pour des raisons quelconques, ce sont les premiers à
pleurer. Et moi, je voudrais qu'on apprenne à respecter ces compagnies
forestières qui ont fait de gros investissements chez nous et qui,
grâce à nos interventions, grâce également à
leur conscience sociale, font en sorte de procurer du travail à nos
Québécois et nos Québécoises. C'est évident
que ça ne va pas toujours comme on le souhaite et comme on le veut,
mais, par contre, faisons en sorte, nous, comme gouvernement et comme
Opposition, que ces compagnies se conduisent comme des bons citoyens
corporatifs et ce sera pour le meilleur des mondes, le meilleur des mondes pour
les ouvriers, les travailleurs et les travailleuses.
On accorde beaucoup d'importance en ce qui concerne la forêt
privée, d'accord, et le gouvernement actuel l'a démontré.
Il l'a démontré en augmentant les budgets de façon
importante depuis 1985, soit d'environ 158 %. C'est au-delà des budgets,
au-delà de l'augmentation du coût de la vie. Évidemment, je
pense qu'il faut s'y arrêter et discuter avec les propriétaires de
la forêt privée pour savoir quels sont les travaux qu'ils vont
privilégier et quels sont les travaux qui seraient adaptés
à chacune des régions.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, j'ai
instauré les tables de concertation régionale. Et je souhaite que
les régions nous fassent connaître leurs objectifs forestiers, pas
nécessairement des objectifs budgétaires, des objectifs
forestiers en raison de la spécificité des forêts dans
chacune de nos régions. Pour ce faire, je crois que, bientôt, nous
pourrons faire le résumé des recommandations de toutes les tables
de concertation régionale et essayer d'ajuster les travaux en fonction
des budgets qui nous seront disponibles et alloués. Malgré que le
député de Masson lève les bras en l'air, nous avons
quasiment doublé le budget de 1985 en ce qui concerne la forêt
privée. Nous investissons, en forêt privée, 69 000 000 $,
M. le député. Ce n'est pas assez? Il y aurait de la place pour en
mettre un peu plus, mais nous avons appris à fonctionner suivant nos
moyens, notre capacité, et je n'ai pas l'intention de recommander
d'endetter la province davantage. D'accord?
Donc, en ce qui concerne aussi les petits producteurs forestiers, dans
Rouyn-Noranda et l'Abitibi, il y a une quantité de lots, des lots
intramunicipaux, et on réclame que ces lots intramunicipaux soient
aménagés, ou gérés et reboisés par des gens
du milieu. J'en suis et c'est la raison pour laquelle nous avons confié
une étude pour savoir s'il n'y aurait pas lieu de faire quelque chose de
différent avec les lots intramunicipaux de cette belle région.
Nous verrons ce qu'il y aura à proposer à la population. Il est
possible qu'on fasse des expériences du côté des fermes
forestières, mais ce n'est pas garanti. On verra, à la suite du
rapport sur les lots intramunicipaux de cette région. Je ferai cela,
évidemment, en collaboration avec ma collègue, la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Une voix: Le moratoire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'y a pas de
moratoire sur la vente des lots épars, des lots
éparpillés. Quand on parle d'aménagement de forêts,
des lots intramunicipaux, on parle de blocs de lots importants pour faire en
sorte d'être capable de faire des travaux valables. Les lots
isolés ici et là, évidemment, c'est assez difficile et
c'est à la portée d'un individu et non d'un groupement. Et nous
attendons des suggestions parce que nous en avons demandé aux organismes
du milieu et à la MRC de cette région.
Évidemment, le secteur forestier est un secteur où on
investit beaucoup d'argent. Il y a des projets sur la table, il y a des projets
de désencrage qui sont en voie et il y en a d'autres qui sont à
l'étude. Et depuis 1985, M. le Président, dans le secteur de
l'industrie forestière au Québec, nous avons investi
au-delà de 1 000 250 000 $ en moyenne, par année. C'est important
pour chacune des régions parce que la forêt se situe en
région. Quand on m'inscrit comme responsabilité de participer au
développement régional, j'en suis, parce que c'est là que
ça se passe. C'est là que ça se passe.
M. le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue a
parlé longuement de Belleterre, la MRC de Témiscamingue. Je
comprends que le député soit séparatiste. Je comprends
qu'il soit indépendantiste. Il voudrait, évidemment, que la
ressource forestière de la MRC de Témiscamingue soit
transformée sur place. Mais ils acceptent allègrement que de la
ressource forestière en provenance de l'Abitibi alimente, de
façon substantielle, l'usine de Témiscamingue. Et je demanderais
aux députés de l'Opposition: Quels ont été les
faits marquants de leur stage au gouvernement dans les années 1976
à 1985? Et si le député de Témiscamingue peut
parler aujourd'hui de Témiscamingue, c'est grâce à
l'intervention qui a été faite, M. le Président, en 1973,
lorsque nous avons pris la relève, suite au départ de CIP. Et si
Tembec investit aujourd'hui près de 1 000 000 000 $ dans cette
région, c'a évidemment, M. le Président, changé la
qualité de vie de ce coin de pays que je connais très bien.
Une voix: C'est vrai.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est vrai. Quant
à Belleterre, M. le Président, il y a 75 000 mètres cubes
de bois résineux de disponibles depuis ce temps, sauf qu'on voudrait y
ajouter 25 000 mètres cubes de pin blanc en plus de l'approvisionnement
de bois franc pour Commonwealth Plywood et il n'y a pas de disponibilité
de pin blanc et de pin rouge pour l'usine de Belleterre. On donne ce qu'on a.
On ne peut pas donner ce qu'on n'a pas. Je souhaite également que les
petites municipalités de ce coin de pays, à qui j'ai offert des
petits volumes de bois proportionnés à leur capacité,
donnent une réponse ces jours-ci.
Là-dessus, M. le Président, c'est vrai que la situation au
Québec a changé et que les mentalités ont changé
comme l'a mentionné le député de Laviolette. Je voudrais
vous lire l'extrait d'un article qui est paru dans La Terre de chez
nous,
au mois de novembre dernier. M. Michel Yerjeau, avocat
spécialisé en politique environnementale, disait ceci: "En liant
l'exploitation forestière au rendement soutenu et à une
série d'obligations en matière de reboisement et de traitement
sylvicole, la nouvelle Loi sur les forêts pourrait devenir un réel
outil de sauvegarde de l'environnement et, dans un scénario optimiste,
la loi pourrait servir à la fois l'aménagement forestier et la
protection de la diversité écologique de la forêt."
Poussant plus loin sa réflexion, le conférencier voit, dans la
Loi sur les forêts et ses règlements, ce qui pourrait devenir la
plus belle incarnation dans notre législation québécoise
des principes du développement durable élaborés par la
commission Brundtland. Et il continue en disant: "Pour éviter des
désastres environnementaux, on devra donc laisser tomber certainement
certaines pratiques - c'est ce qu'on a commencé à faire - et
commencer également à ne pas privilégier exclusivement le
reboisement. Il faudra favoriser les techniques de sylviculture,
développer des méthodes qui favorisent la
régénération naturelle." Et c'est ce changement de
mentalité, M. le Président, qui s'est installé au
Québec et nous continuerons avec les responsabilités qui nous
seront dévolues dans la loi du ministère des Forêts
à oeuvrer dans le sens d'améliorer la qualité de vie de
nos concitoyens et concitoyennes. Merci.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Forêts. Ceci met fin... Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: En vertu de l'article 213, est-ce que le ministre
délégué aux Forêts accepterait de répondre
à une question, en vertu des dispositions de notre règlement?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre, est-ce
que vous acceptez de répondre à une question de M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue? Alors, allez-y, M.
le député.
M. Trudel: Très brièvement. Puisque le ministre y a
fait allusion dans sa conclusion, l'importance - et il a raison - de toute la
question des lots intramunicipaux dans la région
d'Abitibi-Témiscamingue, est-ce que le ministre pourrait nous dire
clairement si effectivement il y a un moratoire sur la vente de lots
intramunicipaux par encan, mis à part les 46 lots dits des lots
épars qui, eux, ont déjà été mis en vente,
et que le processus va se suivre? Est-ce qu'il peut dire à la population
d'Abitibi-Témiscamingue: Nous allons réaliser cette étude
sur la mise en valeur de ces lots, à travers des concepts, comme les
fermes agro-forestières ou des fermes forestières, et qu'il n'y
aura pas, jusqu'à ce qu'on ait les conclusions de cette
étude-là, jusqu'à ce qu'il ait entre les mains, lui, comme
ministre des Forêts dorénavant, les conclusions de cette
étude, de vente de lots intramunicipaux en Abitibi-Témiscamingue,
à part la question des lots épars, les 46 actuellement en
vente?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, ça me fait plaisir de répondre à la
question du député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Les
lots épars ont été mis en vente, à
l'enchère, au plus offrant et les blocs de lots font actuellement partie
d'une étude qui nous fera des suggestions quant à leur
disposition, quant à leur utilisation ou quant à leur
aménagement. Je peux assurer le député qu'avant de prendre
une décision concernant ces lots intramunicipaux nous lui en parlerons,
nous l'aviserons, nous en discuterons. Ce qui est un peu inquiétant sur
la disposition, l'aménagement ou la gestion des lots intramunicipaux, ce
sera probablement les budgets qui devront aller avec. J'espère bien que
les gens du milieu et les organismes du milieu pourront y contribuer si jamais
on décide de les confier à leur gestion. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous remercie, M. le
ministre. Ceci met fin au débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 111. Est-ce que le principe du projet de loi 111, Loi sur le
ministère des Forêts, est adopté? On me demande le vote
nominal, alors appelez les députés, s'il vous plaît. (16 h
53-16 h 59)
Mmes et MM. les députés, si vous voulez bien vous asseoir,
s'il vous plaît!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, s'il vous plaît!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
À l'ordre!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Masson, M. le député de Chauveau, s'il
vous plaît!
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je mets maintenant aux
voix la motion d'adoption du principe du projet de loi 111, Loi sur le
ministère des Forêts.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Bourbeau (La-porte)...
Des voix: Bravo! Bravo! Hé! Hé!
Le Secrétaire adjoint:... M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Tremblay (Outremont), M. Bélisle
(Mille-Iles), M. Cusano (Viau), Mme Bleau (Groulx), M. Maltais (Saguenay), M.
Savoie (Abi-tibi-Est), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Chagnon
(Saint-Louis), Mme Dionne...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! Un
instant! Un instant! M. le député de La Prairie, s'il vous
plaît, pendant la tenue du vote, si vous voulez bien regagner votre
banquette.
Allez-y, M. le secrétaire.
Le Secrétaire adjoint: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon (Louis-Hébert), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M.
Lemieux (Vanier), M. Richard (Ni-colet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Khelfa
(Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M.
Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet (Beauce-Nord), M.
Parent (Sauvé), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M.
Forget (Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrance
(Iberville).
Une voix: On est pour.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Blais
(Masson), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette)...
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Secrétaire adjoint:... Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Léonard (Labelle), Mme
Vermette (Ma-rie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Claveau (Ungava), M.
Morin (Dubuc), Mme Caron (Terre-bonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témis-camingue), Mme
Dupuis (Verchères), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce), M. Cameron
(Jacques-Cartier).
Le Secrétaire: pour: 57 contre: 0 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. La motion est
adoptée. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Bélisle: M. le président, je fais motion pour
que ledit projet de loi soit déféré à la commission
de l'économie et du travail pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Une voix: M. le Président, cette motion est
adoptée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La motion est
adoptée. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'avise cette Assemblée qu'à compter de
maintenant jusqu'à 18 h 30 et de 20 heures à minuit...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous
plaît!
M. Bélisle:... à la salle du Conseil
législatif, ainsi que demain, le jeudi 6 décembre 1990, de 10
heures à 12 h 30, à la salle 1. 38 de l'édifice
Pamphile-Le May, la commission de l'économie et du travail
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 111, Loi sur le ministère des Forêts.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. Pourriez-vous m'indiquer avec quel article de notre
feuilleton nous continuons les affaires du jour?
M. Bélisle: L'article 6, M. le Président.
Projet de loi 86 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 6 de
notre feuilleton, M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie propose l'adoption du principe du projet de loi 86, Loi abrogeant
la Loi sur l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche. Je suis prêt à entendre le premier intervenant.
M. Bélisle: M. le Président, est-ce qu'on peut
suspendre quelques moments pour permettre aux gens de quitter
l'Assemblée?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement. Je suspends les travaux de l'Assemblée pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 07)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous reprenons nos
travaux.
Si vous voulez vous asseoir, MM. les députés. Nous
reprenons nos travaux sur la motion proposant l'adoption du principe du projet
de loi 86. Je reconnais M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. M. le ministre.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président. Nous
procédons à l'adoption du principe du projet de loi 86 qui abroge
la Loi sur l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche.
Quel est l'objectif visé par le projet de loi? C'est de
contribuer à la naissance d'une grande équipe prête
à relever le défi technologique. Pourquoi, M. le
Président? C'est parce que si le Québec et nos entreprises
veulent concurrencer sur la scène internationale ou, si vous
préférez, si le Québec ou nos entreprises veulent se
tailler une place de choix dans un nouveau marché mondial, nous devons
être à la fine pointe du développement technologique. Nous
devons donc inculquer à tous les intervenants, les ministères et
organismes gouvernementaux, les milieux universitaire et de l'enseignement, les
dirigeants d'entreprise, nos leaders syndicaux, les travailleurs et les
travailleuses ainsi qu'à la population une nouvelle culture
technologique.
Mon exposé comportera trois parties: premièrement, la
politique intégrée du gouvernement du Québec;
deuxièmement, le client avant tout et, troisièmement, le projet
de loi, c'est-à-dire son objectif et ses avantages.
La première partie de l'exposé, c'est la politique
intégrée du gouvernement du Québec en matière de
recherche et développement depuis 1983. La contribution globale, 3 000
000 000 $. Six volets principaux. Le premier volet, des mesures fiscales
totalisant 910 000 000 $. Nous avons convenu avec les entreprises, à la
suite de consultations, que nous devions établir un véritable
partenariat avec les entreprises. Nous voulions que l'initiative de la
recherche et du développement soit la responsabilité
première, non pas unique, des entreprises. C'est la raison pour laquelle
nous avons choisi les mesures fiscales. Pourquoi? Parce que les mesures
fiscales respectent la confidentialité au niveau de la recherche et du
développement, assurent la rapidité d'exécution en
évitant les délais et, également, assurent un meilleur
retour sur l'investissement de deniers publics.
Est-ce que ça fonctionne cette formule de mesures fiscales?
Est-ce que c'est avantageux pour le Québec? Si on se fie à une
étude récente de Price Waterhouse, les mesures fiscales dans le
domaine de la recherche et du développement au niveau du gouvernement du
Québec sont les plus compétitives au monde après
l'Australie et Singapour.
La deuxième mesure de politique intégrée au niveau
de la recherche et du développement, c'est le Fonds de
développement technologique, totalisant 350 000 000 $. Quel était
l'objectif du Fonds de développement technologique? C'était de
favoriser la synergie entre l'industrie, les milieux scientifiques et le
gouvernement. Pourquoi? Pour l'avancement de la technologie au Québec.
Si on veut accélérer le développement technologique du
Québec on doit absolument changer la culture technologique au
Québec. On doit favoriser des rapprochements entre le milieu
universitaire, entre le milieu de l'enseignement, entre les entreprises et,
également, entre le gouvernement.
Est-ce que le Fonds de développement technologique réussit
bien son objectif? Aujourd'hui, nous avons une vingtaine de projets
mobilisateurs, et "mobilisateur", ça veut dire qu'on a réussi
à mobiliser des entreprises, à mobiliser des maisons
d'enseignement, à mobiliser des organismes gouvernementaux pour
participer à des projets essentiels au développement
technologique du Québec. Alors, nous étudions présentement
des projets totalisant des dépenses en recherche et développement
de 465 000 000 $, avec une contribution gouvernementale de 120 000 000 $, par
le biais d'une aide financière pour les dépenses en amont et en
aval et par des crédits fiscaux potentiels de 55 000 000 $. le
troisième volet, c'est la politique de faire-faire d'hydro-québec
totalisant 495 000 000 $. On a voulu s'assurer que le gouvernement du
Québec, par le biais d'une société d'État, puisse
favoriser le développement technologique au Québec en travaillant
davantage avec les entreprises québécoises, incluant les petites
et moyennes entreprises.
Le quatrième volet de la politique, les programmes de prêts
participatifs de l'AQVIR et de la Société de développement
industriel du Québec. Au niveau de l'AQVIR, à l'heure actuelle,
l'AQVIR et la Société de développement industriel
administrent, chacune de son côté, différentes mesures de
soutien aux entreprises, mettant de l'avant des projets de recherche et de
développement. Les interventions de la Société de
développement industriel et de l'AQVIR présentent de nombreuses
similitudes. Pour l'essentiel, il s'agit d'aide visant à assurer un
financement complémentaire pour des projets visant à la mise au
point de nouveaux procédés de fabrication ou le
développement de nouveaux produits. De plus, dans les deux cas, l'appui
financier se concrétise par l'octroi de prêts remboursables par
des redevances sur les ventes futures. En fait, les interventions des deux
organismes se distinguent essentiellement par la clientèle visée,
la Société de développement industriel oeuvrant
principalement auprès des
entreprises bien établies, alors que l'AQVIR privilégie
les entreprises en démarrage.
Cette approche différenciée comporte des
désavantages inhérents au fait qu'il existe deux structures
distinctes. Ainsi, au cours de son développement, une même
entreprise dort s'adresser à deux pourvoyeurs d'aide différents.
De plus, de par sa loi constitutive, l'AQVIR ne peut intervenir qu'à
l'occasion des étapes préalables à la commercialisation de
nouveaux produits ou de procédés, ce qui a pour effet de
restreindre la gamme des services rendus disponibles par l'Agence.
Par contre, j'aimerais reconnaître la contribution de
l'équipe de l'AQVIR, une équipe qui a contribué à
la mise en place de nombreux projets. Plus précisément, 150 aides
financières ont été autorisées depuis le
début des opérations de l'AQVIR en 1984 et, au 31 mars 1990, le
portefeuille d'aide financière, essentiellement constituée de
prêts et de redevances détenues par l'agence, atteignait 18 600
000 $. En sus de l'aide versée au 31 mars 1990, l'aide à verser
pour les projets autorisés totalise 16 400 000 $. Donc, une petite
agence qui a, oui, M. le Président, contribué au
développement technologique du Québec.
En parallèle aux efforts que je reconnais de l'équipe de
l'AQVIR, des efforts de la Société de développement
industriel du Québec, une autre équipe, M. le Président,
performante qui, elle, avait un mandat similaire avec une clientèle un
peu différente et avec des programmes très semblables.
Le cinquième volet de la politique intégrée du
gouvernement du Québec concerne les différents ministères
pour 1 125 000 000 $. Ça veut dire qu'au niveau du gouvernement du
Québec on a le ministère des Affaires internationales, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec, le ministère des Communications du Québec, le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
le ministère de l'Énergie et des Ressources, le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science, le ministère de
l'Éducation du Québec et le ministère du Travail du
Québec qui, tous ensemble, contribuent au développement
technologique du Québec pour 1 125 000 000 $. Et dans ces
ministères, un autre organisme, le Centre de recherche industrielle du
Québec, a remis récemment un plan quinquennal de
développement qui va contribuer, au cours des cinq prochaines
années, 155 000 000 $ au niveau des aides financières
additionnelles pour les entreprises.
Et, finalement, le sixième volet, M. le Président, c'est
la politique de partenariat économique mise en place par le
présent gouvernement. Je ne vous donne qu'un seul exemple. Le but de la
politique de partenariat économique, c'est d'établir un
équilibre favorable entre les dépenses d'une entreprise au
Québec et les revenus de cette entreprise surtout au niveau du pouvoir
d'achat du gouvernement du Québec. Nous avons réussi
récemment, dans le secteur du logiciel, à assurer la venue du
plus important producteur mondial de logiciels, la compagnie Oracle. Cette
compagnie, pour la première fois, a établi une filiale
entièrement autonome au Québec, s'est engagée à
investir 2 100 000 $ en recherche et développement, à travailler
avec le milieu universitaire, à traduire les logiciels en
français et à créer des emplois permanents de
qualité tout en favorisant la sous-traitance au Québec.
Donc, M. le Président, politique intégrée; le
gouvernement du Québec, 3 000 000 000 $ selon les volets que je vous ai
mentionnés. Deuxièmement, il a créé
également, pour le développement technologique du Québec,
les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise qui contribuent de façon importante, avec des
crédits d'impôt de 200 % au niveau de la recherche et du
développement, pour favoriser le développement technologique. Et,
finalement, l'autre décision importante, c'a été la venue
au Québec de l'Agence spatiale; si on regarde juste au niveau de la
maîtrise d'oeuvre industrielle, les dépenses à date, 1 214
000 000 $; pour le Québec, 471 000 000 $, donc, 38,8 %; et si on regarde
au niveau de la maîtrise d'oeuvre gouvernementale, des dépenses
totalisant 1 034 000 000 $; 276 000 000 $ au niveau du gouvernement du
Québec, donc, 26,6 % pour une contribution globale de retombées
positives au Québec de 33 %.
Les résultats. Si j'ai pris le temps, M. le Président, de
démontrer la politique intégrée du gouvernement du
Québec, c'est pour en évaluer les résultats au
Québec. Les entreprises manufacturières investissaient 500 000
000 $ en 1986 en recherche et développement; maintenant, c'est 950 000
000 $. Deuxièmement, la part d'investissements en recherche et
développement par rapport au Canada, en 1986 au Québec,
c'était 23,8 %; c'est maintenant rendu à 27,6 %. Et tout
récemment, on entendait M. Claude Lemay, vice-président de
l'Association canadienne des technologies de pointe, dire que la venue d'Oracle
était un atout pour le Québec et que la politique du gouvernement
du Québec était excessivement performante et que, dans le fond,
il accusait Ottawa de nuire à la recherche et au développement au
Québec, mais en reconnaissant que la politique intégrée au
niveau du gouvernement du Québec était excessivement
importante.
Mais la conclusion de tout ceci est que nous ne sommes pas, au
Québec, en concurrence avec l'Ontario, avec les autres provinces
canadiennes au niveau de la recherche et du développement. Nous sommes
en concurrence avec les États-Unis, nous sommes en concurrence avec les
pays européens et nous sommes en concurrence avec le Japon. Même
si nous avons une politique intégrée qui a
démontré, hors de tout doute, des
résultats positifs, le constat, c'est qu'après cinq ans
d'efforts le pourcentage d'investissements en recherche et développement
par rapport au produit intérieur brut est demeuré sensiblement le
même au Québec ou au Canada: 1,3 % ou 1,4 %, dépendamment
des statistiques qu'on prend. Mais le Japon est rendu à 3 %; l'Europe
est rendue à 2,5 % et les États-Unis à 2,5 %. Qu'est-ce
qu'on fait? On maintient les structures existantes.
J'ai consulté dans toutes les régions du Québec.
J'ai consulté. Les intervenants m'ont dit: Ce ne sont pas de nouveaux
programmes dont nous avons besoin, nous voulons avoir des aides efficaces, des
aides rapides qui répondent aux besoins réels des entreprises.
Donc, le constat fait, si la clientèle nous demande d'être plus
performants, il faut s'attaquer aux besoins réels de la
clientèle. Alors, la deuxième partie de mon exposé, c'est
le client avant tout.
Le client avant tout, ça veut dire que c'est vrai qu'on a un
rôle d'éducation économique à jouer, c'est vrai
qu'on dit à nos entreprises: Faites plus de recherche et de
développement. C'est vrai qu'il y a une urgence d'agir au niveau
technologique, mais qu'est-ce qu'on fait présentement?
Présentement, l'AQVIR offre une aide technique, l'AQVIR offre une aide
financière pour les très petites entreprises ou les entreprises
en démarrage, avec la conséquence que lorsqu'on a réussi
à éduquer une petite entreprise à faire de la recherche et
du développement, avec la conséquence que lorsqu'on a
apporté une aide financière, par la suite, qu'est-ce qu'elle fait
cette petite entreprise? Elle doit se présenter à la
Société de développement industriel du Québec et
dire: Je me suis rendue à un petit bout de chemin, maintenant vous allez
m'aider, soit en finançant les crédits d'impôt, soit en
finançant les dépenses de commercialisation ou soit en
finançant des projets de recherche et de développement
additionnels. Alors, le client...
M. Trudel: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: Est-ce que vous pourriez vérifier le
quorum?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Veuillez appeler le
quorum, s'il vous plaît. Appelez les députés.
Nous reprenons le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi 86. M. le ministre, je vous prierais de continuer votre intervention.
M. Tremblay (Outremont): Alors, le client, après avoir
rencontré les gens de l'AQVIR et avoir eu un coup de pouce pour
démarrer son projet, doit se présenter, par la suite, à
la
Société de développement industriel du
Québec qui, elle, analyse une autre fois son dossier, regarde s'il y a
une possibilité de financer des crédits d'impôt, regarde
s'il y a une possibilité de financer des dépenses de
commercialisation et regarde s'il y a une possibilité d'investir
davantage au niveau de la recherche et du développement.
Présentement, M. le Président, au niveau de l'AQVIR, le
client a accès à un bureau à Montréal. Mais
qu'est-ce qu'on fait pour le développement économique
régional? Est-ce que c'est important? Est-ce que c'est au client
à se déplacer, surtout que je viens de démontrer, au
début de mon exposé, qu'après tous les efforts du
Québec on est encore, en investissements en recherche et
développement, à 1,3 % du produit intérieur brut? Donc, au
niveau régional, on demande à quelqu'un à Rouyn-Noranda,
à quelqu'un qui est en Gaspésie, qui veut faire de la recherche
et du développement, une entreprise en démarrage, de venir
à Montréal pour visiter l'AQVIR. Alors, ce qu'on dit, c'est que
c'est anormal. C'est anormal, quand on a 16 bureaux régionaux qui
peuvent répondre à une demande au niveau de la recherche et du
développement.
Et la conséquence, la conséquence de ce qui existe
présentement, c'est des délais additionnels. Ça veut dire
que, quand on dit qu'il faut accélérer le développement
technologique du Québec, quand on dit qu'il faut faire des efforts
additionnels, on demande à la personne: Va voir l'AQVIR. Après
l'AQVIR, va voir la SDI. Dépla-ces-toi et viens-t'en à
Montréal parce que c'est là que ça se passe. Je pense que,
si on veut favoriser le développement économique dans toutes les
régions du Québec, on a certaines décisions à
prendre. Si c'est vrai que c'est le client qui a raison, si c'est vrai que
c'est le client qui fart du développement technologique, je pense que le
projet de loi répond justement aux besoins du client.
Premièrement, on protège les acquis des entreprises
clientes de l'AQVIR. Alors, l'entreprise qui fait déjà affaire
avec l'AQVIR est totalement protégée. Un contrat a
été signé avec l'AQVIR et ce contrat sera, dans la
réorganisation, dans le regroupement avec la Société de
développement industriel du Québec, respecté
intégralement.
Deuxièmement, le projet de loi reconnaît la performance de
l'équipe de l'AQVIR. Comment? C'est qu'au niveau de la
Société de développement industriel du Québec le
président de l'AQVIR devient vice-président du
développement technologique à la Société de
développement industriel du Québec, avec une autorité
directe sur son équipe. Son équipe intégrale part de
l'AQVIR et s'en vient à la Société de développement
industriel du Québec. Deuxièmement, cette même personne qui
devient vice-président du développement technologique a
maintenant une responsabilité fonctionnelle sur tous les autres
programmes de la SDI, c'est-à-dire les programmes de recherche,
l'aide à la recherche et à l'innovation, les programmes au niveau
des crédits d'impôt et les programmes au niveau de la
commercialisation. De plus, un comité aviseur composé des
mêmes personnes qui sont sur le conseil d'administration de l'AQVIR en ce
moment, va devenir un comité aviseur au niveau de la
vice-présidence du développement technologique.
Et, finalement, l'équipe. On se posait souvent des questions sur
l'équipe, à savoir: Qu'est-ce qu'on fait avec l'équipe?
Alors, je voudrais mentionner à l'Opposition qu'il y a un article dans
le projet de loi qui accorde à l'équipe de l'AQVIR la permanence
dans la fonction publique. Alors, on avait une équipe qui avait une
permanence à l'AQVIR, non pas une permanence au sens de la fonction
publique, mais qui devient maintenant partie prenante au niveau de la
Société de développement industriel du Québec, avec
la permanence d'emploi qui est importante. C'est reconnaître la
contribution de l'équipe de l'AQVIR, c'est reconnaître la
performance de l'AQVIR, c'est de faire confiance aux dirigeants de l'AQVIR qui,
maintenant, ont une responsabilité importante au niveau de la
Société de développement industriel du Québec, en
assumant la responsabilité de la vice-présidence du
développement technologique. (17 h 30)
Qu'est-ce qui arrive, M. le Président, avec les programmes
d'aide? C'est fondamental. Est-ce qu'il y a une différence entre une
petite entreprise qui est en démarrage, qui veut avoir de l'aide
financière, et une grande entreprise qui veut avoir de l'aide
financière également pour faire de la recherche et du
développement? Oui, il y a une différence. C'est la raison pour
laquelle les programmes de l'AQVIR sont transférés
intégralement sous la vice-présidence du développement
technologique qui est, encore une fois, la responsabilité du
président de l'AQVIR qui devient vice-président au
développement technologique.
Je pariais du client, tout à l'heure, c'est important que le
client ait la continuité des services, que le client ne soit pas
obligé de partir de la Gaspésie ou du Saguenay-Lac-Saint-Jean ou
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour venir à Montréal.
C'est important aussi qu'une fois qu'il a réussi son projet de
développement technologique ou d'innovation il puisse avoir accès
à du financement pour ses crédits d'impôt, la
commercialisation et, également, ce qui est très important, de
l'aide concrète pour l'assister dans les montages financiers au niveau
de sa structure de capital. Le fait que, maintenant, la même personne
devienne responsable et des programmes de l'AQVIR et des programmes qui
existent présentement à la SDI, ça favorise la synergie
essentielle pour répondre aux besoins du client.
La présence en région, M. le Président. Je le
mentionne depuis tout à l'heure, c'est important. Maintenant, le client
pourra s'adresser aux 16 points de service de la Société de
développement industriel et du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, ce qui constitue un avantage marqué pour
les PME, notamment les entreprises en démarrage. Et finalement, le
regroupement au sein de la Société de développement
industriel du Québec va permettre une meilleure complicité entre
tous les intervenants. Je l'ai personnellement vécu depuis trois ans.
J'ai rencontré des PME dans toutes les régions du Québec.
Lorsqu'on a deux organismes, deux structures, des programmes différents,
des personnes différentes, c'est toujours le client qui en souffre parce
que la continuité du service n'est pas là, le client qui en
souffre parce que les délais ne sont pas là, le client qui en
souffre parce que c'est la confusion et le client qui doit se déplacer
pour avoir accès à des besoins essentiels pour favoriser le
développement technologique.
M. le Président, en conclusion, je sais que la
députée de Chicoutimi, critique en matière de technologie,
et les membres de l'Opposition doivent jouer leur rôle, c'est vrai. Mais
ce n'est pas tout de critiquer, ce n'est pas tout de dire publiquement qu'on
n'est pas satisfaits des investissements en recherche et développement
au Québec. Je vous l'ai dit tout à l'heure: On est d'accord.
Ça fait cinq ans qu'on dit qu'il faut augmenter les investissements en
recherche et développement, et favoriser le développement
technologique du Québec. Ça fait cinq ans qu'on dit qu'on est
encore à 1,3 % d'investissements en recherche et développement
par rapport à notre produit intérieur brut. Qu'est-ce qu'on fait?
On maintient le statu quo? On protège l'AQVIR, petite agence
performante, ou on assiste à la naissance d'une équipe
prête à relever le défi technologique? Avec qui? Les
mêmes personnes. Les mêmes personnes qui, maintenant, vont
travailler davantage ensemble au service du client.
M. le Président, je demande à l'Opposition si c'est vrai
que c'est important, le développement technologique du Québec. Et
je suis convaincu que, d'un côté de la Chambre comme de l'autre,
nous l'avons à coeur. J'ai fait un choix, c'est bien plus facile de ne
rien faire et de laisser le statu quo et après ça, de
rationaliser des réponses qui démontrent qu'on fait des choses.
Le pari que je fais, c'est qu'au Québec les ressources humaines pour
favoriser le développement technologique sont limitées. Le pari
que je fais, c'est que, si on prend les mêmes personnes, les mêmes
programmes et qu'on les regroupe, on va travailler davantage ensemble, on va
répondre aux besoins du client et, ce qui est le plus important pour le
développement technologique, c'est le client qui doit, lui, avoir les
moyens financiers pour relever le défi de la performance.
J'espère que l'Opposition va con-
tribuer, avec le présent gouvernement, à la naissance
d'une grande équipe prête à relever le défi
technologique du Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce. Je reconnais maintenant M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. M. le député.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Oui. Merci, M. le Président. Évidemment,
nous avons un bon nombre de choses à dire au ministre de l'Industrie et
du Commerce au moment où nous abordons l'étude, pour adoption
éventuelle, du projet de loi 86. Il faut rappeler le titre de ce projet
de loi, M. le Président. Mon collègue, le député de
Masson, a fulminé pendant un bon nombre de minutes, mais, par politesse,
n'est pas intervenu dans la présentation du ministre parce qu'on ne
savait trop si c'était le ramassage de tout ce qui peut se faire dans un
gouvernement sur le plan du développement technologique, s'il ne
s'agissait pas de dresser un bilan en ramassant partout ce qui s'est fait, sans
une définition trop précise, mais en oubliant peut-être de
nous dire et de bien dire aux gens qui nous écoutent que c'est un projet
de loi qui vise à abroger la Loi sur l'Agence québécoise
de valorisation industrielle de la recherche, mieux connue sous le signe de
l'AQVIR, une petite agence créée en 1983 pour parer à un
certain nombre de difficultés que nous avions en matière de
développement technologique au Québec.
Ce que nous nous sommes dit en 1983, au moment d'aborder - et on sait la
vitesse à laquelle ça progresse, le développement
technologique au niveau mondial... Nous nous sommes dit: Au Québec, nous
allons nous donner un instrument qui va être préoccupé par
une chose: la valorisation industrielle de la recherche ou encore supporter de
petites entreprises, des chercheurs et, dans le cas de l'AQVIR, il serait plus
juste de dire supporter les trouveurs, ceux qui ont trouvé quelque chose
qui pourrait s'imposer sur le marché québécois, canadien,
nord-américain, mondial et qui ont besoin d'aide pour valoriser ce
produit-là.
Alors, le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui,
le projet de loi 86, il vise à abolir l'existence de cette Agence. Le
ministre nous dit qu'en l'abolissant il va l'intégrer à la SDI,
à la Société de développement industriel du
Québec, pour constituer - c'est l'objectif qu'il nous a dessiné
il y a quelques instants - parce que nous voulons constituer une grande
équipe dévouée aux objectifs du développement
technologique au Québec. Premier geste ou geste significatif pour en
arriver à constituer cette grande équipe: on va
débâtir une bonne petite agence - le ministre lui-même l'a
mentionné dans sa présentation - on va démolir une bonne
petite agence qui a comme préoccupation unique la valorisation des
produits industriels au Québec.
Et quand on dit, dans cette Chambre, M. le Président, que le
projet de loi aura pour effet d'abolir cette petite Agence qui n'est pas ou qui
ne s'apparente pas à un super-ministère, qui a été
créée en 1983, ii faut se rappeler pourquoi on avait mis cela sur
pied et il faut aussi regarder... Là-dessus, je ne serai pas très
long, M. le Président, parce que le ministre responsable de l'Agence a
bien décrit ce bout-là: du succès. Ce sont des gens qui
ont bien travaillé, une petite équipe de 12, 14 personnes,
physiquement située à Montréal, si mes informations sont
exactes, et qui fait un bon travail, le ministre l'a mentionné. Alors,
là-dessus, on sera plus court.
Mais il faut se rappeler les objectifs ou pourquoi on a
créé cette Agence-là. Parce que, en 1983, au moment
où ça s'accélérait - c'est un pléonasme de
le dire - rapidement au niveau du développement technologique, et
où on sentait qu'au Québec nous avions un certain retard et que
nous aurions de la difficulté à le rattraper, eh bien, le
gouvernement de l'époque a présenté une loi ici et a dit:
On va se donner, ensemble, au Québec, on va ajouter un instrument, on va
ajouter un outil au coffre à outils, on va ajouter un instrument qui va
s'appeler une agence qui va être spécifiquement chargée,
qui va être spécifiquement responsable de supporter les
entrepreneurs, les chercheurs, les trouveurs, pour être capable d'en
arriver à ce que, finalement, ces produits-là aboutissent sur le
marché avec une série d'instruments ou une série de
possibilités pour cette Agence de développement industriel. (17 h
40)
Entre autres motifs que le gouvernement avait invoqués à
l'époque pour en arriver à mettre sur pied cette agence, eh bien,
il y avait un constat extrêmement simple, ce n'est pas l'unique
réalité dans le monde de la valorisation de la recherche
industrielle, la mise au point de produits, mais une indication pour 100
brevets, en 1983, qui étaient déposés devant le Bureau
canadien des brevets. C'est simplement quand on trouve quelque chose de nouveau
dans la société, quand on découvre et on met au point un
instalment, une technologie, une technique, un logiciel, peu importe, eh bien,
on fait breveter ça parce que c'est une idée et une idée,
ça vaut de l'argent. Le produit vaut de l'argent, l'idée vaut de
l'argent. Alors sur 100 brevets, qui étaient donnés au
Québec, 7 % seulement, 7 sur 100, finissaient par être
utilisés de ces brevets-là, mais un seul se concrétisait
au niveau d'une commercialisation réussie parce qu'il peut arriver que
d'autres personnes, d'autres groupes, d'autres entreprises achètent
cette invention qui est brevetée au nom d'une personne et essaient de la
mettre en valeur, essaient de l'exploiter commercialement, au bout du compte,
sur une période de 5 ans ou 10 ans, et on peut regarder ce que
ça
a donné. Il y a seulement une de ces idées qui se rendait
au bout et qui, finalement, faisait un succès commercial qui permettait
de développer une entreprise ou un bon produit dans une entreprise. On
avait donc - inutile de le répéter trop longuement - des
problèmes immenses avec la valorisation de ces idées que nous
trouvions au Québec. il y avait aussi une autre dimension, c'est que la
mise au point commerciale de cette idée trouvée, il fallait
supporter les personnes, les petites entreprises qui osaient faire de la
recherche, mais qui, au bout du compte, avaient de la difficulté
à commercialiser ce produit-là et, comme le gouvernement
fédéral, dans ce secteur-là par rapport au québec,
accusait largement un grand nombre de déficiences au niveau du support
à ces personnes, à ces groupes, à ces entreprises, il
fallait que, comme dans d'autres domaines au québec - ce que nous avons
fait largement - nous nous disions: eh bien, nous allons nous créer un
outil. nous allons nous donner un instrument qui va nous permettre de supporter
ces gens-là et ça a été l'agence
québécoise de valorisation industrielle.
Je vous ferai remarquer, M. le Président, qu'à
l'époque, en 1983, l'argumentation qui a été
développée devant l'Assemblée nationale nous a permis
d'adopter ce projet de loi à l'unanimité. Tout le monde à
l'Assemblée nationale a été d'accord pour dire: Oui, c'est
important pour le Québec et ce n'était pas, encore une fois, de
créer un autre ministère. Ce n'était pas de faire en sorte
de créer une superstructure où nous allions payer un ensemble de
spécialistes qui allaient aider ces chercheurs ou ces trouveurs.
C'était une petite agence, c'étaient les prévisions qui
étaient faites et il n'allait pas y avoir plus de monde chez la
mariée qu'au mariage, c'était une équipe
légère, mais centrée sur une chose: le support, l'aide, et
faire en sorte qu'avec cette aide-là on arrive au bout, et on a
commercialisé un produit. Résultat: succès. Bien
préoccupé, bon succès, le ministre l'a dit. Bon.
Il y a quelque chose d'achalant dans le processus, il semble y avoir
quelque chose d'achalant dans le processus. Oui, les entreprises qui ont besoin
d'aide en matière de valorisation industrielle dans leurs produits
doivent aller voir une agence qui est spécialisée. Il y a
peut-être quelque chose aussi d'achalant sur le plan bureaucratique, et
c'est là qu'il faut creuser un petit peu pour peut-être expliquer
pourquoi aujourd'hui, au-delà des bonnes intentions, on veut saccager,
en quelque sorte - et je ne veux pas insister trop trop sur le terme - on veut
abolir cette Agence pour l'intégrer à quelque chose de plus
grand, ce que le ministre appelle sa grande équipe du
développement technologique au Québec. Mais il n'y aura pas que
du monde qui va faire du développement technologique. J'aurai l'occasion
d'y revenir, à cet égard-là.
Donc, on dit: Maintenant, à partir de 1983, quand vous allez
vouloir faire du développement, de la valorisation industrielle, vous
allez avoir cette équipe de spécialistes: Succès!
Cependant, lorsque vous aurez besoin de fric, que vous aurez besoin d'argent
pour mettre en branle votre projet, nous, non seulement, on pourra, au niveau
de l'AQVIR, mettre de l'argent, pas des gros montants, mais des petits montants
d'argent pour vous aider à préparer votre projet, pour vous aider
à supporter les frais de préparation de dossiers parce qu'on ne
s'en va pas à la Société de développement
industriel du Québec avec deux bouts de papier et en disant: Je viens
d'inventer un nouveau bec versoir pour l'antigel et vous allez me donner 600
000 000 $ pour cela. Il faut qu'il y ait un dossier qui soit bien
préparé et, généralement, on connaît ces
gens-là, pour peu qu'on ait oeuvré dans le secteur de la
recherche et du développement. On sait que parfois ces gens qui sont des
inventeurs, - j'aime aussi les appeler les trouveurs, - eh bien, ces
gens-là ont peut-être moins d'habilité, moins de
capacité au niveau de la préparation de leur dossier, au niveau
de leur dossier administratif et on pouvait accorder des petits montants
d'argent pour les aider à préparer leur projet.
Si bien qu'on allait à la SDI, à la Société
de développement industriel, et on disait généralement
à la SDI: Voulez-vous accorder un prêt? Voulez-vous prêter
de l'argent? Voulez-vous risquer? Voulez-vous prendre le risque parce qu'on
vous présente un dossier qui vous démontre que ça a de
l'allure? C'est un dossier qui pourrait non seulement permettre de
développer une bonne entreprise commerciale dans n'importe quel
comté, dans n'importe quelle région du Québec et qui
permettrait de franchir les frontières du Québec, mais
également ça va nous permettre de développer des emplois,
ça va nous permettre de développer des capacités.
Là, ce dossier, monté avec l'appui d'une équipe de
spécialistes, permettait à la SDI de prendre une décision.
Résultat: Bien, ce n'est pas minime, c'est important.
Au bilan de 1983, je fais une parenthèse parce que les gens qui
ont oeuvré dans le monde universitaire ou qui ont oeuvré dans le
domaine de la recherche industrielle savent qu'à partir du moment
où on a une idée, à partir du moment où on veut
commercialiser sous forme de produit cette idée-là, c'est
généralement très long. On parie ici de 1983, le bilan de
l'AQVIR, c'est 93 entreprises nouvelles qui ont été
développées au Québec - et attention - pour les membres
d'une collectivité, pour des Québécois et des
Québécoises dont on a dit souvent qu'ils n'avaient pas beaucoup
de capacité de création et qu'ils n'avaient pas beaucoup
d'initiatives. On se l'est fait dire beaucoup avant les années soixante,
on était nés pour un petit pain. Eh bien, en partant de 1983, au
cours des sept dernières années, 900 emplois ont
été créés au Québec à partir de ces
projets, supportés par l'Agence québécoise de
valorisation industrielle, et qui ont permis la création de ces
nouveaux emplois dans un domaine extrêmement important qui nous permet
d'affronter l'avenir avec sécurité, qui nous permet d'affronter
l'avenir avec les capacités que nous avons au-dessus des épaules
et moins à partir de ce que nous avons en bas des épaules. Alors,
c'est ça, le bilan de l'AQVIR.
Donc, l'idée, on reçoit le chercheur, on reçoit le
trouveur, on reçoit la petite équipe, on donne une petite
subvention pour monter le dossier. On s'en va à la Société
de développement industriel et on obtient l'aide ou on essaie d'obtenir
l'aide pour en arriver à développer son produit. Le ministre a
dit dans sa présentation: Tout ça, ça ne disparaîtra
pas parce qu'on va intégrer ça à une plus grande
équipe. Ça, c'est le rêve de celui qui, étant
chargé de dispenser le fric, de dispenser l'argent au niveau d'une autre
agence qui s'appelle la SDI, de dire: J'aimerais bien ça avoir tout mon
monde sous le même toit, j'aimerais bien tout contrôler ça
parce que, quelquefois, dans ces processus, c'est dérangeant de voir des
personnes qui sont payées et qui sont dévouées, uniquement
et entièrement, à la valorisation industrielle des produits -
pardon - quelquefois ça dérange, ça dérange parce
qu'on dit: Nous autres, à la SDI, on aimerait peut-être mieux
fonctionner comme cela et comme cela. Ce n'est pas tout à fait la nature
de dossiers que nous aimerions recevoir. (17 h 50)
Là, ce qu'on va faire, la grande équipe du ministre qui
découlerait de l'abolition de cette Agence et de son intégration
à une autre société, beaucoup plus grande, beaucoup plus
occupée, on le sait, particulièrement par les temps qui courent,
et compte tenu de la situation économique et de la difficulté
qu'ont nos entreprises parce qu'il n'y a pas beaucoup de programmes d'aide...
Pour le manufacturier, il y en a, mais, pour les autres types d'entreprises, il
n'existe quasi rien, alors, ces gens-là ont une multiplicité de
dossiers qui leur sont soumis. À ce moment-là, donc, on va les
intégrer dans une grande équipe, dans une plus grande
société qui a de multiples préoccupations, qui, bien
sûr... Bien sûr, le développement technologique, la
valorisation des idées trouvées par les Québécois
et les Québécoises, ce n'est pas seulement... ça ne peut
pas être réservé uniquement à une agence. On ne peut
pas déposer ça dans un seul et même endroit. Oui, il y a
d'autres personnes qui sont préoccupées par la valorisation
industrielle au Québec, par la recherche et par la valorisation, le
développement et la commercialisation des idées ou des produits
qui sont trouvés, et c'est bien évident qu'on ne retrouve pas
ça uniquement à l'AQVIR, mais c'est une toute autre chose de
dire: Eh bien, cette équipe spécialisée que nous avons
mise sur pied au Québec, maintenant nous allons la fondre dans un grand
ensemble.
Les raisons invoquées par le ministre, avec tout le respect que
nous avons pour le ministre de l'Industrie et du Commerce, les raisons, je
pense, ne tiennent pas. Les raisons ne résistent pas à l'analyse.
Le ministre, au nom de la présence régionale.... Et, s'il y a
quelqu'un qui devrait être d'accord avec cette idée-là,
avec cette motivation-là de la présence régionale, c'est
bien le député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue qui, moult
fois, a des difficultés à faire en sorte qu'on s'intéresse
à un dossier, dans un ministère ou dans une entreprise d'une
société d'État, parce que la distance est trop grande,
parce qu'on n'a pas la présence sur place. Mais il n'y a rien dans ce
projet de loi, ici, qui va me garantir que, moi, je vais avoir, effectivement,
quelqu'un dans la région de l'Abitibi-Témiscamin-gue.
Je suis obligé de dire aussi que, quand le ministre
décrivait sa motivation il y a quelques minutes en disant: Eh bien,
écoutez, il y a un client de Rouyn-Noranda qui a trouvé une bonne
idée et qui pourrait développer industriellement cette
idée-là. Eh bien! Il est obligé d'aller à
Montréal. Là, M. lé ministre, je suis obligé de
vous dire que les avions fonctionnent dans les deux sens et que ça part
de Rouyn-Noranda pour aller à Montréal et à Québec,
mais, grande nouvelle, les avions voyagent dans les deux sens, et qu'une bonne
équipe, une bonne équipe qui est chargée de supporter un
entrepreneur, qui est chargée de supporter quelqu'un qui a trouvé
une bonne idée, eh bien, écoutez, ce n'est pas le bout du monde
si tant est que cette idée est supportable, qu'on est capables de la
faire progresser dans la région de l'Abitibi-Témis-camingue et
qu'elle est préoccupée uniquement par cela, cette petite
équipe, eh bien, ça peut très bien se déplacer.
Ça, c'est la comparaison qu'on a vue depuis de très nombreuses
années.
J'ai oeuvré pendant 15 ans an niveau universitaire et il y avait
comme une espèce de principe qui s'appliquait tout le temps,
c'étaient les étudiants qui se rendaient à
l'université, c'était le banc qui se déplaçait vers
le piano et, un jour, dans la région de l'Abitibi-Témiscamin-gue,
on a décidé de créer une université et on a dit:
Cette université-là, entre autres, elle va avoir comme
caractéristique que c'est le piano qui va se déplacer. On va
déplacer le professeur pour aller vers les étudiants de Val-d'Or,
de Matagami, etc. Bien oui! On a brisé un modèle. On a
brisé un modèle et on est allés vers le client.
Alors, ce qu'on a l'impression de ce côté-ci, M. le
Président, et ce que nous voulons dire au ministre, c'est: Ce n'est pas
aussi simple que cela et ce n'est pas simplement par une mesure administrative
visant à uniformiser, au sein d'un même organisme, ou à
intégrer au sein d'un même organisme les personnes qui sont
préoccupées par un objet qui s'appelle la valorisation
industrielle qu'on en arrive a former une meil-
leure et une plus grande équipe. J'ai vu tellement de fois M. le
ministre, je l'ai vu tellement de fois avoir ces bonnes intentions de
rationalisation et de faire en sorte que nous allions constituer quelque chose
de plus grand, quelque chose qui pourrait donner de plus amples services.
Finalement, ce qu'on en arrive à faire très souvent, c'est que
l'important est perdu et c'est l'urgent qui devient important. Écoutez,
on a des représentants de la SDI, des représentants du
ministère de l'Industrie et du Commerce, et bravo! Dans toutes les
régions du Québec, c'est nécessaire. Ces gens-là
vont être intégrés, donc, au niveau de l'AQVÏR dans
l'équipe de la SDI, mais la SDI - et là ce n'est pas une critique
que je veux faire sur la SDI, mais c'est loin de mon idée - je dis
uniquement: Oui, c'est une grande Société; elle a beaucoup de
préoccupations. Comme disent les professionnels dans ce
secteur-là et dans d'autres secteurs de même nature, le "case
load" est plein. Ils en ont par-dessus les oreilles.
Quand tu en as par-dessus les oreilles de traiter les demandes au niveau
des entreprises qui ont besoin d'aide parce que la récession leur fait
mal, parce qu'elles crient à la porte de la SDI, que les gens en ont
comme ça, je les connais bien, par exemple, les fonctionnaires, les
responsables au nom du ministre dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, ils ne chôment pas. Le ministre peut se
vanter de ça; il y a des bons fonctionnaires, il y a des bonnes
équipes, du moins dans la région que je connais bien, dans la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. C'est vrai qu'ils en ont
par-dessus les oreilles. Est-ce que ça demande des ajustements des
ressources humaines? Ça, ce n'est pas la situation que nous discutons
ici. On peut y revenir dans un autre temps. Le ministre est
généralement sensible à cela.
Mais, si on fait en sorte qu'une agence, qu'une douzaine de personnes
spécifiquement préoccupées par la valorisation
industrielle, est intégrée dans une plus grande équipe, eh
bien, la résultante c'est souvent la perte de la préoccupation
parce qu'on se met à travailler sur d'autres objets, on se met à
travailler sur d'autres dossiers, et c'est l'urgent qui devient l'important. Et
l'important, le fondamental pour l'Agence québécoise de
valorisation industrielle, c'est le support aux clients, le support aux
personnes qui ont eu ces idées, ou ces produits qu'elles ont mis au
point.
Et le ministre nous dit: Après analyse de la situation,
après avoir écouté les personnes, eh bien, on se rend
compte que la meilleure façon de leur rendre service, c'est d'abolir
cette petite Agence qui fait un excellent travail et de l'intégrer
à une plus grande équipe. Là, je suis obligé de
regretter, M. le ministre. Si vous voulez, par ce projet de loi, vraiment vous
centrer sur la réponse aux clients, eh bien, vous l'avez dit
tantôt, l'Opposition doit jouer son rôle dans cette
Assemblée nationale, et quand les clients d'un secteur donné ne
sont pas satisfaits, eh bien, à défaut de pouvoir être
écoutés par la majorité ministérielle, souvent ils
vont écrire, ils vont envoyer leurs doléances au niveau de
l'Opposition et c'est ce qui s'est produit.
Alors, on va en parler des clients, M. le ministre. On va en parler des
clients qu'a eus l'Agence, qui se sont rendus également jusqu'à
la SDI, et qui ont eu, dans la plupart des cas, dans la très grande
majorité des cas, des réponses favorables et qui, aujourd'hui,
sentent le besoin - ces clients... Vous voulez répondre aux besoins des
clients? On va les écouter et on va les faire parler ces
clients-là. Ils ont eu des bonnes réponses et, aujourd'hui, ils
sentent le besoin de nous dire: Faites attention, faites attention parce que
vous êtes en train de détruire une bonne petite équipe
légère, qui ne bouffe pas d'énormes millions au
Québec et qui, dans notre cas, nous a donné vraiment le support
dont nous avions...
Et c'est tellement vrai, M. le Président, que nous recevions, un
peu avant le début de la session, une copie de lettre qui nous
était expédiée par une entreprise qui avait eu le support
de cette Agence québécoise de valorisation industrielle et de la
recherche, l'entreprise Profilem. Ce n'est pas une lettre, ce n'est pas un
texte qui est privé, puisqu'on nous l'a fait parvenir, on nous l'a fait
parvenir ici. Et le représentant de cette entreprise, en fait, le
président de cette jeune entreprise, eh bien, lui, il a vécue
l'expérience de ce que le ministre veut faire. M a mis au point son
idée, il s'est présenté à la grosse SDI et, encore
une fois, je ne critique pas la Société de développement
industriel. On le fera dans un autre cadre, à un autre moment s'il y a
lieu, si tant est que nous aurions des objets de le faire là-dessus. Eh
bien, la résultante, c'a été de dire à ce petit
entrepreneur, à cette petite entreprise: Non, merci, nous ne pouvons pas
vous supporter. "On n'a pas cru bon de nous soutenir et de procéder
à l'analyse de notre demande prétextant l'ampleur du projet face
à la dimension de notre entreprise fort modeste, 12 employés. (18
heures)
Alors, voyez-vous, c'est ça, le résultat. Par ailleurs,
puisqu'il nous écrit aujourd'hui, c'est qu'il a réussi à
développer, à valoriser le résultat de sa recherche: Suite
à ce premier refus, je me suis alors tourné vers l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche qui a eu
l'ouverture d'esprit de comprendre à fond notre projet et de ne pas s'en
tenir à des règles administratives préétablies.
Voilà le client qui parie, M. le ministre. Voilà le client qui
parle. Le ministre peut peut-être mettre en doute ce que je cite, ici. Je
cite la lettre du président d'une jeune entreprise.
Encore une fois, je n'accuse pas la SDI. Est-ce que cette entreprise
était admissible selon
les critères de la SDI? La résultante, c'est que le client
s'en est allé chez lui avec son petit bonheur et s'il n'y avait pas eu
une équipe spécialisée, qui s'appelle l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
aujourd'hui, il n'aurait pas créé ces 12 nouveaux emplois et on
n'aurait pas cette bonne petite entreprise. Mais pourquoi cela arrive-t-il?
C'est simple, le raisonnement. Pourquoi, dans une université, on va
créer un centre de recherche indépendant au niveau du
fonctionnement de l'université? On va lui accorder son budget et on va
le laisser aller au niveau de la poursuite de ses objectifs. C'est parce qu'on
veut mettre sur pied une équipe qui soit vraiment centrée sur
l'idée, sur le défi qu'on lui pose. C'est pour ça.
Pourquoi ça existe, l'Institut de cardiologie de Montréal?
Pourquoi n'a-t-on pas fait un hôpital comme tous les autres qui aurait pu
traiter les maladies du c?ur et tout ce qui l'entoure? C'est parce qu'on
veut que l'objet principal soit généralement un objet unique et
concentre sa mission uniquement là-dessus, qu'on fasse continuellement
du travail, qu'on fasse en sorte que, continuellement, on soit
préoccupés par le développement de tel ou tel objet de
recherche.
En conséquence, ici, ce qui nous préoccupe, c'est la
valorisation industrielle d'une idée ou d'un produit. Alors, c'est un
client, ça, M. le Président, qui nous a écrit qui nous dit
ça. Mais il n'est pas tout seul. Le ministre l'a dit dans sa
présentation. Il veut centrer la motivation de la réorganisation
de la valorisation industrielle de la recherche en abolissant cette agence et
en l'intégrant à la SDI. Il passe ça sur le client.
Instrumentation Biophysique inc., une autre petite entreprise dans ce
domaine-là qui fait partie du secteur que nous avons
développé au Québec. Qu'est-ce qu'on nous dit? Je suis
certain que beaucoup d'entrepreneurs, notamment ceux ayant des projets de
transfert technologique, dépendent du programme d'aide rapide et
flexible offert par l'AQVIR, qui est d'ailleurs unique au Canada, une
spécrfité québécoise. Le retard que nous avions
pris, c'est pour ça que nous avions mis sur pied cette bonne petite
équipe.
Je vous en cite d'autres, M. le Président, parce que ça
vaut la peine, le ministre ayant ouvert la porte tellement grande, en disant:
On va centrer ça sur le client. Presticom. Enfin, il écrivait au
ministre, c'est une copie conforme: À titre d'ex-président de la
SDI, vous êtes bien placé pour saisir la différence
fondamentale de culture de deux organismes. L'AQVIR possède le langage
et la flexibilité pour s'adresser surtout aux dirigeants de type
entrepreneur de la petite entreprise, alors que la SDI possède
l'infrastructure pour offrir plus adéquatement des services aux
dirigeants de type gestionnaire de la plus grande entreprise. Je crois que
l'autonomie de l'AQVIR et de la SDI, complémentée d'une certaine
complicité, est une recette gagnante. La spécialisation de
l'AQVIR dans les projets à caractère innovateur est
particulièrement utile au cours des premières années d'une
entreprise. Et ça continue.
Une autre entreprise, Plessisville, ce n'est pas dans la région
immédiate de Montréal. Un petit entrepreneur nous dit: Moi,
l'AQVIR, je lai rejointe. C'est un témoignage qui est saisissant.
L'AQVIR, là, j'ai eu mon premier contact avec cette agence le 24
décembre 1987, à 11 heures du matin. Une petite équipe
ouverte. Il décrit les services qu'il a reçus de l'AQVIR. Le
ministre me dira: Mais il va l'avoir encore. Ils auront encore ce
service-là au sein d'une plus grande équipe. Ce que nous disons
au ministre: Malheureusement, nous allons être contre l'abolition, contre
ce projet de loi parce que nous pensons que c'est un élément
tellement important de notre développement technologique au
Québec qu'il faille avoir dans le circuit une petite équipe
spécialisée. Et ce n'est pas parce qu'on l'intègre
à une plus grande entreprise, une plus grande agence, une plus grande
société, qu'on va faire . en sorte que ça va aller mieux
et que ça va aller plus rapidement. L'effet, c'est souvent le contraire.
Et le ministre l'a bien mentionné, ce n'est pas souci d'économie
des coûts de fonctionnement puisque, à toutes fins utiles, tout ce
monde-là qui est dans la petite agence va être
transféré à la SDI, sauf le président, et qu'on
créera un poste de vice-président du développement
technologique à la SDI. Même fonctionnement, même fric qui
se retouvera là. Alors, ce n'est pas l'économie, ce n'est pas
l'économie sur les salaires. Ce qu'on risque de perdre... Pour nous, le
risque est trop grand, parce que les clients nous disent qu'ils ont eu des
expériences avec les grandes boîtes, les grandes
sociétés et que tout ça va se terminer. Et ça,
c'est l'effet, généralement, de toutes les organisations. Au fur
et à mesure qu'elles deviennent de plus en plus grandes, elles ont
tendance à l'uniformité, tendance à établir des
critères qui généralisent les cas qui leur sont soumis,
les produits qu'elles fabriquent.
J'ouvrirai une parenthèse pour signaler au ministre ce danger
imminent qui guette la perte de la spécificité de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Encore
il y a une quinzaine, j'avais une rencontre avec un dirigeant d'entreprise et
on peut la nommer parce que c'est une très bonne entreprise que le
ministre connaît bien. C'est M. Frank Dottori, président-directeur
général de Tembec, qui me rappelait bien qu'une des
difficultés de Tembec, actuellement, c'est de garder sa
spécificité, sa culture participative au sein de l'entreprise
dans le contexte de la région de l'Abitibi-Témiscamin-gue. Voici
ce qu'il me disait: M. le député, à mesure qu'on grandit,
plus le volume augmente, au niveau de l'entreprise, c'est difficile que la
philosophie implantée dans cette entreprise-là puisse toujours se
rendre au niveau de chacun de nos employés et, parfois, il y a des
cadres,
parfois, il y a des employés, au niveau du plan de travail, qui
vont dévier de la culture de l'entreprise. Pourquoi? Parce que, '
forcément, on est devenu très gros. C'est une très bonne
entreprise de production qui respecte ses travailleurs, qui a une participation
sociale extraordinaire dans cette région-là. Et bien, le
président était inquiet du fait qu'étant devenu tellement
grand, cette entreprise-là s'étant tellement
développée, ils étaient en train de perdre un certain
nombre de qualités qui sont rattachées à cette
entreprise-là. (18 h 10)
C'est ça le risque que vous faites courir, M. le ministre. Et on
aura l'occasion de vous rappeler, en commission parlementaire, ces nombreux
témoignages qui nous disent: Au Québec, on a
décidé, en 1983, de constituer une petite équipe, une
force spéciale qui pense jour et nuit, une petite équipe qui est
uniquement dédiée à la valorisation industrielle. Et le
souci d'uniformité qui peut animer le ministre ou l'ex-président
de la SDI ne doit pas, à notre avis, aller trop loin et le ministre doit
respecter cela. Et encore, si le ministre nous affichait aujourd'hui un triste
bilan ou une mauvaise performance de la part de cette petite agence, à
la limite, nous pourrions comprendre. À la limite, nous pourrions
accepter ce fait-là parce que, pour nous, c'est important aussi. Nous
sommes d'accord, c'est une bonne agence. Nous sommes d'accord, c'est un
défi important pour le Québec. Là où on n'est pas
d'accord, c'est qu'on veut fondre cette petite équipe dans une
très grande équipe. Voilà pourquoi, M. le
Président, malheureusement, nous ne pourrons être d'accord avec ce
projet de loi et nous allons le faire savoir haut et fort parce que nous
pensons qu'il est important de protéger cette équipe de
spécialistes qui nous ont fait un si beau travail jusqu'à
maintenant au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le prochain intervenant, M. le
député de Masson. M. le député de Masson, la parole
est à vous.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Nous
étudions actuellement la loi 86 qui, en résumé, veut que
la SDI, la Société de développement industriel, s'empare
de l'AQVIR, l'Agence québécoise de valorisation industrielle de
la recherche. M. le Président, j'aurais tendance à appeler la
petite intervention que je vais faire, de lui mettre un chapeau, un titre, j'ai
le choix entre deux ou trois. Le premier, ce serait: "La fée des
étoiles donne à son protégé le joujou de ses
rêves ou de ses désirs". L'autre, ce serait: "Le rêveur
réalise son voeu" ou "L'accapareur engouffre sa proie". M. le
Président, on pourrait choisir l'un de ces trois titres et ça
siérait bien au nouveau ministre qui présente ce projet de loi
parce qu'il faut se rappeler que M. le ministre - c'est de bonne guerre, il a
droit à ça, on peut être contre, par exemple - était
président de la SDI. Lorsqu'il était président de la SDI,
il rêvait, M. le Président, comme l'une des grosses compagnies, un
gros poisson, qu'on appelle, dans le lac des finances, de s'accaparer du petit
poisson rouge qui était l'AQVIR. Et il avait demandé au ministre
de l'époque, M. MacDonald, de s'accaparer de l'AQVIR. Le ministre de
l'époque a étudié la chose et il a répondu tout
simplement: Non. Pourquoi non? M. MacDonald croyait à la vocation
particulière de la petite société. Cependant, l'ancien
président de la SDI, devenant le remplaçant de M. MacDonald dans
cette Chambre, ne peut pas faire autrement, surtout à l'époque
des fêtes, que s'auto-payer un petit cadeau. Il s'autopaie un petit
cadeau. On appelle ça du narcissisme financier.
M. le Président, je vais faire une analogie. Je suis
persuadé que le ministre qui présente ce projet de loi va
comprendre. J'ai bâti en 1964, à Montréal, une boîte
qui s'appelle Le Patriote. Juste à côté, à environ
2000 pieds plus loin, se bâtissait - et Le Patriote, on va l'appeler
l'AQVIR dans notre cas - la Place des Arts. On a ouvert à un mois de
différence, la grosse Place des Arts. Deux choses culturelles valables,
parce que le temps a prouvé que les deux ont été valables.
Quelle différence y avait-il entre la grande Place des Arts et le petit
Patriote? Oh, oh! Exactement la même différence qu'il y a
aujourd'hui entre la SDI, qui est la Place des Arts financière, et
l'AQVIR, qui est le petit Patriote.
M. le Président, le petit Patriote, par l'esprit d'initiative,
par l'encouragement de la recherche et de la création et par des chances
qu'il prenait, et c'était son rôle, a fabriqué la plupart
des grands noms du Québec qui passent à la Place des Arts
aujourd'hui: les Dubois, Louise Forestier, Charlebois, je peux vous en nommer
une trentaine. On a appelé Le Patriote la mère de la chanson
québécoise; et c'était vraiment La Mecque de la chanson et
de la culture. J'étais fier d'y être, comme ceux qui sont dans
l'AQVIR aujourd'hui sont fiers d'y être parce qu'ils ont
créé 95 nouvelles compagnies et ont donné 900 emplois.
Pourquoi? Parce que, eux, comme mission, ils avaient à encourager
l'initiative, l'innovation, l'esprit d'entrepreneurship et de
découverte. Si nous nous étions fusionnés à la
grande Place des Arts, le résultat aurait été nul.
Pourquoi? Parce qu'à l'intérieur de la Place des Arts on
présente quoi? On n'aurait pas présenté, comme au
Patriote, en T964 et 1965, un Charlebois inconnu, une Louise Forestier
inconnue, un Claude... Rivard que personne n'avait entendu, non. On
présentait, à l'époque, des grands noms déjà
connus et qui nous venaient presque tous de
l'étranger. Et une fois que Le Patriote a fait son oeuvre, la
plus grande initiatrice - Le Patriote -la plus grande boîte d'initiation
à la chanson et à une grosse partie du théâtre
même... Michel Tremblay et Brassard ont commencé chez nous. On en
avait jusqu'à sept, on nous appelait le Steinberg de la chanson. Bon!
Mais ce n'est pas de ça que je veux parler. Mais toutes des petites
AQVIR. Si on avait fusionné ça avec la Place des Arts pour faire
une grosse SDI, ça aurait été une "société
désolamment inutile". C'est ça que SDI aurait voulu dire,
"société désespérément inutile". Parce qu'on
n'aurait pu créer de jeunes vedettes et en faire des grands noms pour
venir, après, à la Place des Arts. Aujourd'hui, on voit tous ces
grands noms à la Place des Arts. Pourquoi? Parce que je n'avais pas cet
esprit d'"accaparateur" que je donne au ministre.
C'est une sorte de vengeance, votre élection. Vous êtes
arrivé ici: Ils m'ont refusé, je vais le prendre, le poste, et je
vais le faire, ce que j'avais à faire. On dirait que c'est une
vengeance. Écoutez, vous êtes presque partie prenante parce que
vous le demandiez avant d'occuper le poste que vous avez. Donc, j'appelle
ça l'accapareur qui engouffre sa proie. Et, quand on engouffre, on fait
disparaître. C'est la crainte, que nous avons de ce côté-ci,
et cette crainte est très justifiable. Ce n'est pas que je ne crois pas
aux qualités de l'être humain qui habite le poste du ministre qui
le tient. C'est un homme bon, gentil, doux, réceptif, aimable,
compétent. Ce n'est pas ça. Mais on ne peut pas braquer...
Je m'ouvre un petit "stand" à hot-dog, moi. Qui
m'achèterait bien? Et puis, McDonald me demande de m'en aller avec lui,
sur le bout du comptoir. Quand les gens vont arriver, vont-ils demander: Je
veux avoir le petit hot-dog à Yves ou bien donc je veux le gros hot-dog
à McDonald? Voyons donc! Ils vont prendre le hot-dog à McDonald.
Est-ce qu'ils en vendent des hot-dogs, McDonald?
Une voix:...
M. Blais: En tout cas, des hamburgers, disons, des hambourgeois.
C'est ces 12-là qui ont un budget d'à peine 1 000 000 $, qui ont
fait énormément pour l'ensemble de la recherche au Québec,
qui ont fait énormément comparativement au nombre qu'ils sont.
Pourquoi veut-on absolument les mettre avec la SDI? C'est que quand ils
recommandaient quelque chose et qu'ils l'envoyaient après, quand le
prototype était prêt, à la SDI, ils avaient moralement une
sorte d'obligation, à la SDI, de continuer et de faire valoir leur
prototype. Ça chicote un peu quelqu'un qui a le sens aigu de
l'"accaparation", c'est dangereux les accapareurs, il faut faire attention
à ça. Il faut laisser place à la liberté, à
l'initiative. Il y a des choses qui ont été créées,
il y a plusieurs lettres de compagnies, ici, on les a toutes, mon
confrère en a lu quelques-unes. M. le Président, je pourrais vous
tenir des... J'en ai un tas.
Des gens qui, sans l'AQVIR, n'auraient jamais existé, parce
qu'ils ne sont pas obligés d'avoir une certitude que le résultat
soit positif financièrement. Malgré tout ça, regardez le
résultat que ça a donné. Il faut qu'un État ait des
choses pour prendre des risques, si on veut qu'un développement arrive
un jour.
D'ailleurs, les électeurs dans chacun de nos comtés, quand
on est élus pour la première fois, ils sont comme l'AQVIR, ils
prennent un gros risque. Ils ne le savent pas. Ils prennent un gros risque,
mais les résultats font qu'on est réélus. J'ai
l'impression que ça donnerait une bonne note à votre dossier, si
vous ne faisiez pas cette fusion, pour votre deuxième
réélection. J'ai l'impression. Il est possible que je me
trompe-Mais les services rendus par une douzaine de personnes - pour faire une
comparaison du temps des fêtes, si vous voulez encore - ce sont les 12
apôtres de la création et de l'initiation, dans le domaine
financier et de la recherche. Et on veut les emmener dans la grande
église parmi tous les cardinaux. J'ai peur que derrière les
grandes robes rouges ils soient perdus dans leur petites culottes brunes.
Les gens n'étaient pas gênés de les approcher. Ils
étaient une petite compagnie au service de quelqu'un qui voulait prendre
de l'initiative. J'ai eu une certaine crainte, M. le Président. Si
j'étais le seul à avoir une crainte à ce
sujet-là... Il y a eu une concertation ici. On est 29. On s'est
concerté, je vous le dis, à deux reprises pendant une heure, pour
regarder si nous laissions passer ce projet de loi comme une lettre à la
poste. Ça arrive souvent. Mais ce n'est pas ça. Mme Blackburn et
d'autres intervenants ont écrit à différents organismes
pour leur demander leur avis et ils sont unanimes. J'en ai toute une
série, c'est unanime. Ils ont peur de cette fusion. Je ne sais pas si le
ministre a autant de lettres en faveur de cette fusion que nous en avons contre
cette fusion. C'est très difficile. Même les gens de l'AQVIR, le
président de l'AQVIR - je vais vous trouver sa lettre, M. le
Président, si vous me permettez de regarder un tantinet soit peu - m'a
lui-même écrit une lettre, je l'ai lue, je peux la résumer.
Il dit que le ministre a eu l'amabilité, la condescendance et la
gentillesse de lui en parler. Et c'est tout à votre honneur, c'est
normal que vous l'ayez fait et je vous en félicite. Que, lui, il
était contre; il était contre. Le ministre semble réagir.
Vous ne lui en avez pas parlé?
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le ministre aura un droit de réplique
tantôt. Alors, si vous voulez poursuivre, M. le député.
M. Blais: Je ne veux pas faire d'impair là, je ne veux pas
faire d'impair ni faire mouiller sur la tête de qui que ce soit, mais il
y a eu, entre la SDI et l'AQVIR, des communications simples. Voici la lettre,
je l'ai ici et je vais la lire. Ça va régler le problème,
je vais lire la lettre qui a été envoyée à Mme
Blackburn. "Mme la députée, "La présente fait suite
à la vôtre dans laquelle vous fartes allusion aux rumeurs
d'intégration d'AQVIR et SDI et me demandez de vous faire part de mes
réactions ainsi que de mon évaluation des avantages et
désavantages d'une telle éventualité. "Il est
évident que, lorsqu'on a consacré plusieurs années
d'efforts à mettre sur pied un moyen d'aide spécialisé
dont les bénéficiaires semblent reconnaître la pertinence
et la crédibilité, il est difficile d'applaudir à sa
disparition." C'est M. Claude Richard, de l'AQVIR qui parle. Écoutez
bien ça, je le répète pour ne pas qu'il y ait de
malentendus. J'espère que le ministre ne se froisse pas de ça,
c'est ce qui est écrit. Je ne veux pas le choquer. Je veux tout
simplement dire ce qui a été dit et je ne veux pas en ajouter, il
y en a déjà assez. "Par ailleurs, l'idée sous-jacente au
projet du ministre Tremblay de regrouper sous une même enseigne les
compétences, l'expertise et les programmes d'aide d'AQVIR et de la SDI
relatifs au développement technologique dans l'entreprise, afin
d'impartir à ce dernier une impulsion nouvelle, présente sans
aucun doute des avantages potentiels." Il a choisi son mot; il n'a pas dit des
avantages certains, mais potentiels. Il ne faut pas aller contre l'idée
du ministre. C'est difficile, surtout si on écrit à l'Opposition,
il faut choisir des mots délicats. Celui-là, comme
délicatesse, il prend tout son sens. "L'AQVIR a reconnu le
bien-fondé d'un tel regroupement - ça c'est déjà
plus précis - et d'un tel objectif, mais a fait savoir au ministre ses
réserves quant à la réalisation du regroupement sous la
SDI et sa préférence pour un véhicule mieux adopté
aux besoins d'un tel mandat. Le ministre a entendu tous nos arguments et a fait
connaître sa décision à l'effet de procéder au
regroupement de la SDI." Bien, c'est ce que j'ai dit un peu tantôt; j'ai
vu vos mains aller en l'air et vous sembliez découragé de ce que
j'avais dit. J'avais dit que le ministre avait consulté les gens de
l'AQVIR et qu'eux-mêmes ne semblaient pas entrer dans cette fusion de
façon vive et excessivement motivée.
Une voix: Ce n'est pas le délire.
M. Blais: Non, ce n'est pas le grand délire. Alors, c'est
ce que je voulais dire. Si j'ai dit autre chose, M. le Président, je
m'excuse. Si j'ai dit autre chose et qu'on a compris autre chose que ce que je
viens de lire, je l'efface, mais je suis persuadé que, dans d'autres
mots, c'est ce que j'avais dit. alors, en conclusion, m. le président,
je tiens à dire une chose. il y a parfois, et partout... c'est pour
ça d'ailleurs qu'il y a un cabinet dans un gouvernement, parce que
travailler tout le monde ensemble, même si tout le monde est très
bon, les initiatives viennent très souvent d'un petit groupe restreint
qui s'appelle un cabinet. même en politique, on fait ça. dans la
technologie, l'invention, la recherche et l'innovation, c'est, des fois, une ou
deux personnes qui trouvent plus facilement que l'institut pasteur des fois. et
il faut que ce soit encouragé. et quand ça tombe dans un grand
trou, m. le président, qu'est-ce qui arrive? c'est qu'on dit: l'heure
achève. dans un grand trou, on a des normes trop fixes. l'heure
achève, vous devez vous taire, même si votre argumentation est
bonne, et vous devez dire à m. le ministre: nous allons voter contre
cette loi parce que nous croyons que les petits, quand ils ont de grandes
qualités et qu'ils ont produit beaucoup pour l'avancement technologique
et surtout pour l'esprit d'initiative et de recherche au québec...
l'innovation mérite de garder sa place et l'aqvir mérite de
rester telle qu'elle était. c'est ce que nous pensons et je vous
remercie, m. le président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Masson.
Alors, compte tenu de l'heure et conformément à notre
règlement, je suspends les travaux de cette Assemblée
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mmes et MM. les députés, si vous voulez vous asseoir.
Les débats de l'Assemblée nationale se continuent avec
l'adoption du principe du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Je suis
prêt à reconnaître la première intervenante, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Ce soir, nous avons
devant nous le projet de loi 86, projet de loi qui abroge la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
communément appelée pour tout le monde l'AQVIR. Ce projet de loi
est, en fin de compte, M. le Président, une réforme qui vise
à confier à la SDI, la Société de
développement industriel, le mandat d'administrer des mesures
d'aide actuellement disponibles aux entreprises en démarrage par
l'AQVIR. Alors, cette réforme a trois objectifs: tout d'abord, le
maintien du programme tel qu'il existe présentement, un programme d'aide
aux entreprises en démarrage; la gestion de ce programme et les aides
qui sont déjà consenties sont confiées à la SDI;
et, d'autre part, nous augmentons les services rendus à ces jeunes
entreprises par l'accès aux services déjà offerts par la
Société de développement industriel.
Pour bien comprendre, M. le Président, ces changements, il faut
situer où sont les contraintes dans le moment. Alors, l'AQVIR et la SDI
administrent chacune de leur côté différentes mesures de
soutien aux entreprises en recherche et développement. Ces deux
organismes rencontrent des similitudes dans le financement
complémentaire qu'ils apportent aux entreprises au niveau des nouveaux
procédés ou des nouveaux produits qui sont
présentés par ces entreprises. D'ailleurs, au niveau aussi des
octrois des prêts remboursables par des redevances, ces deux organismes
offrent les mêmes services. Là où est la différence,
c'est que la SDI répond à des demandes d'entreprises qui sont
déjà existantes, qui sont déjà en marche, tandis
que l'AQVIR offre ses services aux entreprises qui sont en
démarrage.
Tout à l'heure, j'écoutais le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et je me disais: Mon Dieu qu'il veut donc
tromper la population en disant que les entreprises n'ont pas reçu de
services à la SDI comme elles devaient les recevoir. M. le
Président, j'aimerais apporter une précision afin que la
population soit bien informée. C'est que les entreprises qui sont en
démarrage vont à l'AQVIR comme les entreprises qui sont
déjà en marche vont à la SDI, suite à un protocole
d'entente signé entre les deux organismes afin de préciser le
mandat de chacun et de s'assurer que nos entreprises sachent bien où
aller. Alors, je pense que c'est une précision qui est importante. Et le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue aurait avantage
à lire les lois et les règlements avant de "mésinformer"
la population.
Au niveau de nos entreprises, il y avait quand même des
désavantages à avoir deux structures différentes. Bien
sûr, quand une entreprise se présente et veut avoir un soutien
gouvernemental, aller à deux endroits, aller frapper à la porte
de deux organismes d'aide, c'est mêlant. Et l'AQVIR répondait aux
étapes préalables à la commercialisation de nouveaux
produits. Alors, c'était clair dans son mandat. Toutefois, elle ne
répondait pas aux demandes de commercialisation de nouveaux produits.
Par contre, la SDI allait à d'autres étapes, pour les entreprises
qui étaient déjà en opération. Alors, il y avait
quand même un vacuum au niveau des programmes offerts. Alors, dans ce
sens-là, je pense que le regroupement des programmes en un seul
organisme va aider nos entreprises partout où elles sont à
travers le Québec.
La loi 86 qui est devant nous, M. le Président, à
l'article 2, dit également que la SDI "acquiert les droits et assume les
obligations de l'AQVIR". Et ça, je pense que c'est important, pour tous
les organismes ou toutes les entreprises qui font déjà affaire
avec l'AQVIR, de leur dire que rien n'est changé par le transfert du
programme de l'AQVIR à la SDI. Et ça, c'est important, en ce qui
touche le programme en tant que tel et les avances de fonds. Alors, les avances
de fonds qui sont à l'AQVIR depuis 1984 et le solde de ces avances sont
transférés au bilan de la SDI. Alors, à ce
niveau-là, pas de changement, les entreprises peuvent être
sécurisées. Et, d'ailleurs, les bases juridiques pour faire ce
transfert sont dans la loi et la SDI sera dans l'avenir le principal pourvoyeur
de fonds et d'aide aux entreprises en recherche et développement. Et, en
fait, la SDI offrait déjà certains services à nos
entreprises, un peu partout à travers le Québec, au niveau de la
recherche et du développement, qui sont, à mon avis, un des
facteurs très importants pour le développement économique
du Québec.
Par ailleurs, un programme d'aide spécifique à
l'innovation technologique pour les entreprises en démarrage sera
là, à la SDI, pour répondre aux demandes. Et, d'ailleurs,
ce programme d'aide est bonifié à plusieurs égards. Et
ça, c'est important parce que, quand on veut se lancer en recherche et
développement, pour une entreprise, on a besoin d'aide
supplémentaire, les risques sont plus grands. Alors, l'aide va couvrir
90 % des dépenses admissibles, ce que l'on ne retrouve dans aucun autre
programme de ce genre à la SDI et, je pense, dans la plupart des
programmes gouvernementaux. Alors, le seuil admissible est beaucoup plus
élevé que ce qui est normalement consenti, compte tenu du risque
pris par nos petites entreprises. Le prêt, dont j'ai parié tout
à l'heure, ne portera aucun intérêt pendant toute la
période où on fera vraiment de la recherche et du
développement. Par la suite, les coûts d'intérêt
seront de 50 % inférieurs à ceux du marché. Ce sont des
avantages intéressants et, s'ils sont là, ces avantages, c'est
qu'on a besoin que des entreprises investissent dans la recherche et le
développement et la SDI, aussi bien que l'AQVIR, sont prêtes
à assumer leur part de risque autant que le gouvernement, dans son
entier, est prêt à le faire.
Au niveau du support, le support - tout à l'heure, le
député de Terrebonne, de Masson pardon, en a parlé -
personnalisé que l'on retrouvait dans un petit organisme comme l'AQVIR,
on le retrouvera puisque l'article 3 du projet de loi qui est
déposé prévoit que tout le personnel de l'AQVIR sera
transféré à la SDI, sous une vice-présidence
développement technologique. Dans ce sens-là, pour nos
entreprises, c'est une garantie supplémentaire d'un support
qui était personnalisé et qui restera personnalisé
et aussi d'un support technique et financier dont nos entreprises ont
besoin.
M. le Président, ce projet de loi a des avantages certains. On
parle de maintenir le support qui était déjà offert aux
jeunes entreprises en technologie. On va améliorer la qualité et
l'accessibilité de nos mesures d'aide, tant par le transfert que par les
mesures déjà offertes par la SDI. On va retrouver ce dont on a
parlé en tant que parti en campagne électorale de 1985, nos
fameux guichets uniques. Alors, c'est important pour nos entreprises autant que
pour tout autre service que l'on offre au niveau gouvernemental. Et ce guichet
unique retrouvera l'aide financière à la recherche et
développement, !e financement de crédits d'impôt à
la recherche et développement, les conseils si importants au niveau
financier, au niveau de la structure du capital. Un élément
additionnel, c'est le support financier à la commercialisation de
nouveaux produits, qui n'était pas présent par le passé.
Une autre chose qui me tient bien à coeur, M. le Président, c'est
qu'enfin l'AQVIR sera accessible en région.
M. le Président, vous savez, quand on a un petit bureau, comme
celui de l'AQVIR, qui rendait de grands services ou qui essayait d'en rendre le
plus possible, situé à Montréal, comment nos entreprises,
prenons celles du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, même celles de
l'Abitibi-Témiscamingue, pouvaient-elles se servir de cet outil, de cet
organisme autant qu'elles en avaient besoin? Ce n'était pas
évident puisque nos promoteurs devaient faire des kilomètres et
des kilomètres pour se rendre au bureau de l'AQVIR à
Montréal. Alors, maintenant, le regroupement de l'AQVIR avec la SDI,
ça va permettre à nos entreprises de retrouver des services
à chaque point ou à chaque bureau régional du
ministère de l'Industrie et du Commerce ou de la SDI, la
Société de développement industriel. Et ça, c'est
important. Que l'on soit en Abitibi-Témlscamin-gue, que l'on soit au
Lac-Saint-Jean-Saguenay, ou au Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, je pense que
nos promoteurs, nos entreprises ont besoin de ces services et là,
maintenant, ils vont pouvoir en bénéficier en région.
Et sur ce point, M. le Président, j'aimerais me
référer au plan d'action en matière de
développement régional que le gouvernement publiait en 1988.
Ça s'appelait "Québec à l'heure de l'entreprise
régionale", c'était en novembre 1988 et on y consacrait un grand
chapitre sur l'innovation et le développement technologique en
région. Puisque c'est très important le développement
technologique en région et que nos entreprises en ont besoin, j'aimerais
vous citer un des objectifs de ce plan d'action et de cette partie sur
l'innovation. Un des objectifs était de fournir à toutes les
régions des conditions de base qui leur permettent de contribuer aux
progrès technologiques. Si vous ne pouvez pas vous servir des services
offerts parce qu'ils sont à Montréal, à 400, 500, 600
kilomètres au loin, comment pensez-vous que nous pouvons vraiment aider
nos entreprises en région qui doivent prendre le virage technologique?
Alors, je pense que le fait de regrouper l'AQVIR avec la SDI et d'offrir des
services dans chacune des régions, dans chacun des 16 bureaux
régionaux, va offrir ces services-là qui vont permettre aux
régions et aux entreprises en région de mieux se
développer et de mieux prendre le virage technologique.
Tout à l'heure, on parlait du côté de l'Opposition
qu'il y avait les petits, puis qu'il y avait les gros. Mais, moi, j'aimerais
dire, M. le Président, qu'il y a des petites entreprises qui sont
devenues des grandes entreprises. On en est bien fiers de ce
côté-ci et il faudrait continuer de les encourager puisqu'elles
ont franchi de grands pas. Par le fait même, si le groupe à
l'AQVIR vient se joindre au groupe de la SDI, je pense que c'est bon pour tous.
C'est bon parce que les gens et le personnel de la Société de
développement industriel ont besoin de connaître la
problématique de prédémarrage et de démarrage en
recherche et développement. Ce n'est pas juste pour le gouvernement en
oubliant la SDI. Il faut que tout le monde participe.
Et, dans ce sens-là, la venue de ces professionnels à la
SDI va contribuer à faire avancer la SDI dans cet appui qu'elle doit
donner aux entreprises du Québec. Et, d'ailleurs, il faut se le dire, la
SDI, depuis que le gouvernement est en place, a su s'adapter et adapter ses
programmes aux régions. Je pense aux SPEQ régionales qu'on a
annoncées lors de différents budgets, les minimums
d'investissement ont été réduits de 100 000 $ à 50
000 $ et les taux de déduction ont été augmentés
parce que les entreprises sont en région.
On parie de gros. Prenons la Caisse de dépôt et placement
du Québec qui est quand même une très grande entreprise au
Québec et qui investit dans différents genres d'entreprises.
Alors, la loi 102 que nous avons passée permet maintenant à la
Caisse de dépôt d'investir dans des entreprises qui ont moins de
cinq ans. Et, d'ailleurs, cette même Caisse de dépôt
investit maintenant avec des intervenants régionaux plus petits,
à travers des fonds régionaux d'investissement. Alors, je pense
que nos grandes entreprises ou nos grands organismes ont pris le virage
régional, et relier maintenant l'AQVIR à la SDI, c'est un des
atouts supplémentaires que l'on offre aux régions.
Ce soir, on va parier d'un autre projet de loi qui va aussi dans le
même sens, c'est celui du regroupement de la Société de
développement des coopératives à la Société
de développement industriel du Québec. Encore là, dans le
moment, il y a des régions du Québec qui ne sont pas desservies
par la Société de développement des coopératives et
ce, malgré tout le travail que la Société de
développement des coopératives a fait
par le passé pour aider à construire l'économie de
chacune des régions. Qu'on se rappelle les différentes
coopératives d'habitation, de travailleurs qui ont fait relever
l'économie de certaines régions qui auraient dû fermer
autrement. Alors, maintenant, le gouvernement du Québec, via la
Société de développement industriel, offrira un service
coopératif dans chacune des régions du Québec, à
travers ses bureaux régionaux. Alors, c'est important. Autant l'apport
de la Société de développement des coopératives a
été bénéfique dans le passé, autant la SDI
profitera de l'expertise des professionnels de cette Société
autant que de ceux de l'AQVIR et, par le fait même, pourra aider nos PME
en région.
M. le Président, en terminant, j'aimerais vous faire un rappel
qu'on oublie, des fois, de faire, mais qui, je pense, est bien important. Le
gouvernement du Québec, et surtout et de façon
particulière le gouvernement libéral, en matière de
développement économique, de décisions économiques,
a toujours vu juste. Et j'aimerais vous rappeler quelques décisions que
ce gouvernement a prises dans le passé: la création de la
Société générale de financement, en 1962; celle de
la Caisse de dépôt et placement, en 1965; la création de la
Société de développement industriel, la SDI, en 1971; la
création de SOQUIA, la société d'aide aux industries
agro-alimentaires, en 1974. (20 h 20)
C'est pour vous dire, M. le Président, que des décisions
importantes de création ou de regroupement d'organismes
économiques ont été prises par le gouvernement
libéral au fil des années et ce sont des décisions qui ont
porté fruit puisque, maintenant, ces organismes-là sont toujours
là, sont toujours présents dans la vie économique du
Québec; ils sont toujours en force et ont toujours appuyé depuis
ce temps les grands courants économiques du Québec et la
création d'emplois.
Alors, M. le Président, j'aimerais vous dire en terminant que je
vais appuyer ce projet de loi 86. Il est bon au niveau du regroupement des
organismes, il est bon pour les régions et il est bon pour le
développement technologique de chacune des régions et des PME en
région. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous remercie, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Toujours sur ce
même sujet, à savoir l'adoption du principe du projet de loi 86,
je reconnais maintenant M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. En
commençant, je dois dire que je suis heureux d'entendre le discours que
je viens d'entendre, pour une partie, c'est-à-dire la fin où on
met en valeur l'ensemble des sociétés d'État, leur
contribution au développement. Je dois vous dire qu'au cours des
dernières années on a entendu un discours pas mal à
l'opposé. Qu'on se rappelle les rapports Gobeil et Scowen par rapport
à la présence de l'État, c'était plutôt le
désengagement de l'État qui était à la mode.
Heureusement, on est revenu sur la terre. Peut-être que ça a pris
le ralentissement économique qu'on connaît actuellement pour
permettre à ces gens-là de s'éveiller à la
réalité de l'économie québécoise.
Je tiens absolument à intervenir ce soir pour plusieurs raisons.
La première, je vais vous la dire: Moi, j'ai participé à
un comité - et je suis bien content - au début des années
quatre-vingt, qui a élaboré une politique qui s'appelait le
virage technologique. Il était temps que le Québec devienne une
société moderne, d'avenir où il devait et il doit toujours
se faire de la recherche et du développement. On n'a pas le choix et on
a de moins en moins le choix avec l'ouverture des marchés et la
compétition non seulement sur les marchés étrangers, mais
sur notre propre marché.
Mais je me rappelle une chose. En 1983, lorsque, en cette Chambre, le
gouvernement du Parti québécois a voté une loi qui avait
pour but de créer l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche, AQVIR, j'étais heureux de participer aux
discussions à ce moment-là, j'étais heureux de la
naissance de cet outil de développement économique en
matière de recherche et de développement. Ce n'était pas
compliqué, l'AQVIR avait pour objet de promouvoir l'innovation
technologique et de contribuer à la mise en valeur des résultats
de la recherche dans des applications industrielles et commerciales
susceptibles d'avoir des retombées économiques pour le
Québec. Donc, c'est quelque chose de très concret, de la
recherche et du développement pour être capables ensuite de
commercialiser des produits. C'était essentiel et, si on a
décidé, à ce moment-là, de se donner une petite
structure, c'est qu'on avait jugé que c'est ce qu'il y avait de plus
efficace et de plus rapide.
En 1983, la loi a fait en sorte que l'AQVIR soit en force, donc, en
pleine activité dès le 1er janvier 1984. On s'en va vers le 1er
janvier 1991. Je ne pensais pas que, sept ans plus tard, je serais encore en
train de parler d'AQVIR en cette Chambre, de l'autre côté, pour
l'enterrer. Je tiens absolument à intervenir là-dessus parce que
n'oublions pas que ce qu'on est en train de faire ici ce soir, c'est faire
disparaître l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche. On la fait disparaître comme entité
pour donner ses responsabilités à la Société de
développement industriel. C'est ça, le projet de loi. C'est la
disparition d'une agence, d'un outil de développement économique
majeur puisque ça concerne de la recherche et du développement,
de l'innovation, donc, tournée vers le futur, vers la création
d'emplois.
II faut en parier au moment où on se parie de la création
d'emplois alors qu'aux derniers chiffres connus, il y a un mois, on
dépassait 11 % de chômeurs. On doit avoir augmenté encore
malheureusement depuis un mois, on va avoir les chiffres bientôt. Donc,
est-ce qu'on peut se permettre des gestes semblables? Moi, je pense que non et
c'est pour ça que je tiens à intervenir pour essayer de
convaincre le ministre qu'on est en train de faire une erreur et qu'il n'y a
pas de honte à reculer si on peut justifier la décision.
J'écoutais le ministre très attentivement lors de sa
présentation tantôt et déjà, au début, je
trouvais que c'était contradictoire, ses interventions.
Déjà, dans le préambule, où on nous faisait la
belle description de tout ce qui existe au Québec en matière
d'aide aux entreprises au niveau technologique et de l'aide en
général concernant le développement économique, on
aurait dit que c'était complet, qu'il y en avait et que ça ne
pouvait pas faire autrement que bien aller. Mais, tout de suite, on revenait en
disant: Ce n'est pas suffisant, ce n'est pas assez; la preuve, c'est qu'on est
en retard et qu'on est en récession, en période difficile, avec
un taux de chômage trop élevé. Finalement, on nous a
vanté les organismes existants et on nous arrive en nous disant: On va
en faire disparaître un.
Quand je regarde le projet de loi 86 qui veut abolir l'Agence pour
transférer, je me dis: Pour prendre une décision semblable, il
faut regarder c'est quoi le rôle de l'institution dont on est en train de
parier. Et le rôle, c'est de faire en sorte que, par une mini-agence, un
groupe de spécialistes, on puisse agir rapidement et de façon
efficace. C'est exactement ça, et c'est très concluant.
Donc, on peut dire - et c'est reconnu par tout le monde, même le
ministre l'a dit tantôt - que l'AQVIR est flexible, qu'elle est efficace,
souple et rapide, tout ce qu'on peut désirer, tout ce qu'on peut
souhaiter pour une société d'État. Alors qu'on se fait
tellement critiquer, qu'on dit toujours que l'appareil gouvernemental, c'est
trop lourd, c'est trop gros, c'est trop lent, on nous arrive avec un exemple
extraordinaire qui répond à l'inverse de tout ce que je viens
d'énumérer comme effets négatifs. L'Agence, elle est
flexible, efficace, rapide et souple. Qu'est-ce qu'on peut demander de mieux
comme instrument d'État pour aider nos entreprises? On ne peut pas
demander mieux.
Donc, son rôle, c'est d'accorder une aide financière ou un
prêt à redevance, mais, en même temps, de fournir, et c'est
là où c'est important, une aide technique, une aide de support
par des gens compétents, une équipe efficace. C'est exactement
ça qui était le rôle. C'est encore ça qui est le
rôle et on s'aperçoit, à la lecture de tous les
commentaires qu'on reçoit, la réalité et les chiffres,
qu'elle a rempli sa mission d'une façon extraordinaire. Tout ce qu'on
peut faire ici, c'est lui dire: Bravo! Continuez. Ça devrait être
ce qu'on lui dit. Mais, là, on dit: Bravo! C'est tellement beau qu'on va
vous faire disparaître. On va vous inclure exactement dans ce qu'on dit
de tous les appareils d'État: gros, lourds et
superstructurés.
Moi, je pense que, quand on veut aider l'économie un peu partout
sur le territoire québécois, il doit y avoir plusieurs
structures, plusieurs organismes, plusieurs agences pour aider le
développement économique. Ce n'est pas vrai que ça prend
juste une structure et, contrairement à ce que disait la
députée qui m'a précédé, mon
collègue, tantôt, n'a jamais dit quoi que ce soit de
négatif à propos de la Société de
développement industriel et moi aussi. Je le sais parce que je travaille
régulièrement... Et, encore aujourd'hui, j'ai contacté ces
gens-là. On travaille régulièrement, en région,
avec les gens du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie et régulièrement avec les gens de la ¦
Société de développement industriel du Québec qui
font un excellent travail et qui ont de l'ouvrage plus qu'ils sont capables
d'en faire présentement avec les problèmes que vivent nos
entreprises. Ils ont un rôle important à jouer, mais ce n'est pas
vrai qu'ils doivent avoir toute la place au Québec. Ce n'est pas vrai
qu'il doit y avoir un organisme unique pour le développement
économique au Québec. Et l'AQVIR a prouvé son importance
et sa place dans le développement.
Comment ça se fait qu'on veut la faire disparaître? Je dois
vous dire que j'ai de la difficulté à comprendre et c'est pour
ça aussi que je ne l'accepte pas. Non seulement ils ont rempli avec
brio... ils ont prouvé qu'ils n'avaient pas la lourdeur administrative
des autres intervenants qu'on voit trop souvent dans le milieu. Donc, qu'est-ce
qu'on peut demander de plus? Qu'est-ce qu'on peut demander de plus? Je dois
vous dire que je ne le sais pas. La performance est là et, là, on
s'en vient nous dire: Eh bien, écoutez, question d'économie,
question d'aide aux régions. Ah bien! Ça, j'en suis! Je dois vous
dire que j'ai été critique du développement
régional assez longtemps pour être d'accord avec le
développement régional et qu'on permette à chaque
région d'avoir le maximum de services. Ça, là-dessus, j'en
suis à 100 %, mais il ne faut surtout pas leurrer les gens. (20 h
30)
Quand on regarde le projet de loi et quand on écoute les
commentaires du ministre, on nous dit qu'on va prendre exactement le même
budget, qu'on va transférer les fonds. Et, en pariant de fonds, il ne
faudrait pas oublier de dire à quel point c'est une entreprise qui
était efficace puisqu'on se rend compte qu'elle a même fait, on ne
peut pas dire des profits, mais elle a réussi à garder des fonds,
à générer des fonds. Donc, c'est une entreprise qui est
rentable comme telle. Je ne vois pas pourquoi on voudrait la pénaliser
maintenant.
Mais le ministre nous parie, lui, du service en région. Mais si
on garde le même budget, si on garde le même personnel, en quoi on
a augmenté quelque chose? On nous dit: II y a 16 points de service
régionaux. Bien oui, il y a 16 points de service régionaux. Des
gens compétents, des gens sur place. Qu'est-ce qu'ils font
présentement? Il faut regarder ce qui se passe et ce qui va se passer.
Présentement, ces gens-là, s'ils reçoivent des demandes,
bien ils les aident ou ils les dirigent. C'est ça leur rôle. Donc,
s'ils ont une demande pour aider une petite entreprise qui veut partir, parce
que c'est ça le rôle de l'AQVÏR, aider des entreprises
innovatrices en démarrage, s'il y a des gens qui viennent pour partir
une petite entreprise dans le domaine de la recherche, de l'innovation et du
développement, c'est quoi le rôle des gens dans les bureaux
régionaux du ministère ou bien de la Société de
développement industriel? C'est de les diriger à l'AQVIR.
Ça va être quoi la différence maintenant? Je vous le dis;
les gens des régions, n'allez pas penser que, là, on va vous
envoyer toute une délégation de gens de l'AQVIR dans les bureaux
régionaux. C'est un groupe d'une dizaine de personnes très
compétentes, oui, installées à Montréal, mais qui
doivent répondre aux demandes sur l'ensemble du territoire du
Québec.
Mais là, ils vont être intégrés à la
Société de développement industriel à
Montréal, c'est évident, à moins qu'on décide de
les diviser et de les envoyer un dans chaque région. C'est impossible.
On ne peut pas défaire une équipe gagnante parce que c'est un
groupe de spécialistes qui doivent travailler ensemble. Donc, on ne les
divisera pas. On va les installer dans un autre local ou dans le même,
mais qui va être géré par la Société de
développement industriel du Québec.
Mais là, on dit que les gens en région du ministère
et de la Société vont pouvoir donner le service parce que c'est
sous la responsabilité de la Société de
développement industriel du Québec. Ça devient sous la
responsabilité, oui, mais ça n'amène pas des
fonctionnaires de plus dans les régions. Donc, les gens qui sont au MICT
et qui sont à la SDI en région, ils vont faire quoi? Ils vont
dire: Oui, on peut recevoir votre demande, et là, c'est l'AQVIR. Mais
ça ne sera plus l'AQVIR; ça va être maintenant ce qui va
devenir un service, un département, un bureau à
l'intérieur de la Société de développement
industriel qui va s'en occuper. Pourquoi faut-il enlever ça quand c'est
une formule qui est gagnante?
Je vais vous dire, je ne trouve pas ça correct. Je ne trouve pas
ça correct surtout qu'on n'économisera pas: même personnel
qui va avoir besoin du même équipement, et du même espace
parce que les gens ont besoin d'un bureau, la même affaire. On
n'économise pas. On ne rajoute rien dans les services. On est en train
de se donner une plus grosse structure au
Québec. Le ministre y croit, c'est son choix, il a le droit,
à la Société de développement industriel du
Québec. Moi aussi, j'y crois. Et quand on dit qu'il y a des services
complémentaires qui doivent être donnés, ils peuvent
être donnés par des institutions qui sont autonomes au niveau de
leur administration, au niveau des lois qui les constituent.
Ce n'est pas vrai qu'on est obligé de mettre tout le monde
ensemble dans la même boîte. Sinon, on vient confirmer ce que les
gens disent de l'appareil gouvernemental, que c'est gros, que c'est lourd.
Ça nous donne un guichet unique, vous pensez, ça, de plus? Le
guichet unique, dans la région, ce qu'on entend par un guichet unique,
pour chacune des capitales régionales, pour le maximum de
municipalités d'une certaine importance, c'est quoi, dans la tête
des gens, un guichet unique? C'est d'être capable d'avoir toute
l'information et l'aide à un seul endroit. Mais on est capable de
l'avoir, même si on nous réfère à une autre agence,
au lieu de nous référer à ce qui va devenir une section,
un secteur de la Société de développement industriel.
Moi, je crois sincèrement qu'on est entrain de faire une erreur
en se départissant de cette Agence qui a fait toutes ses preuves. Je
dois vous le dire, la performance, elle est reconnue. Comment se fait-il que,
maintenant, on veuille tout simplement les intégrer? Je trouve que
ça n'a pas de bon sens. Et on utilisera le discours qu'on voudra de
l'autre côté, par rapport au développement régional,
par rapport aux économies, je viens de vous prouver qu'il n'y aura pas
plus de fonctionnaires en région, qu'on est capable d'avoir un guichet
unique sans se référer juste à une instance très
grosse comme institution. Et il n'y aura pas plus de personnel. Et je ne suis
pas tout seul à le dire et c'est bon de le dire.
Il y a un point sur lequel l'autre côté a parié, et
avec raison - puis la loi qui a constitué l'AQVIR, en 1983, ne tenait
pas compte de ça non plus - c'est la commercialisation. Effectivement,
les gens, lorsqu'ils reçoivent d'autres personnes qui ont une
idée innovatrice, qui demandent de l'aide, du support, de l'aide
financière, ont à aider les gens a élaborer ce qui va
devenir un nouveau produit. Et lorsque vient le temps de la commercialisation,
qu'est-ce qui se passe présentement? Il se passe qu'à ce
moment-là, on les transfère tout simplement à la SDI.
Ça se produit déjà et on a des résultats
concluants, au moment où on se parie, avec cette façon de
procéder. Est-ce qu'il y aurait moyen d'améliorer? Oui, il y
aurait eu moyen d'améliorer. Si vous aviez lu tout simplement le rapport
annuel de l'AQVIR, pour l'année 1989-1990. Ce n'est pas vieux, ce que je
suis en train de vous lire là, c'est le dernier rapport disponible. Les
gens sont très conscients. Ce sont des gens très responsables,
à l'AQVIR.
Qu'est-ce qui est dit sur la situation des
entreprises en stage de commercialisation? écoutez bien
ça, je vais vous lire un demi-paragraphe: "au plan financier, 40 % des
entreprises jugent qu'elles sont en bonne situation financière. la
majorité cependant sont à la recherche de financement afin de
lancer la commercialisation de leur produit. ce qui ne surprend pas puisque la
plupart de ces entreprises sont en démarrage, sans ressources propres
particulières." c'est la réalité de ceux qui partent en
affaires, dans la majorité des cas. "un constat s'impose. il existe au
québec un vide dans le secteur du capital de risque pour l'entreprise
technologique en démarrage." c'est la société
elle-même qui le reconnaît et elle en conclut quoi? "presque toutes
les entreprises souhaitent la mise en place d'un programme d'aide à la
commercialisation géré par l'agence." ce n'est pas parce qu'il
lui manque un pouvoir qu'on abolit. ce que vous dit l'agence, m. le ministre,
c'est que, par un simple amendement à la loi constitutive, on pourrait
leur donner un pouvoir supplémentaire. ce serait aussi facile, elle
serait aussi compétente, aussi efficace, mais elle aurait plus de
pouvoirs, plus de responsabilités, plus de moyens pour aider les
mêmes gens, mais à une étape ultérieure dans l'aide
qui est déjà apportée. et mes collègues en ont
parlé avant moi et je pense que c'est bon de le rappeler. qu'est-ce que
le milieu pense? et très rapidement, quelques textes. ça vaut la
peine.
Instrumentation Biophysique inc., de Sherbrooke, donc, ce n'est pas
Montréal - quand on parie des régions - qu'est-ce qu'il dit: "Je
suis certain que beaucoup d'entrepreneurs, normalement ceux ayant des projets
de transfert technologique, dépendent du programme d'aide rapide et
flexible offert par l'AQVIR, qui est d'ailleurs unique au Canada." On a quelque
chose d'unique et les gens qui en ont profité reconnaissent que non
seulement il est unique, mais qu'il est efficace. Pourquoi? Parce qu'il est
rapide et flexible. Pourquoi défaire ce qui fonctionne? C'est ça
que je ne comprends pas et que je n'accepte pas. Pourquoi défaire ce qui
fonctionne? Et une lettre qui vous était adressée le 24
août, M. le ministre, à vous, par M. Poiré,
vice-président technologie de Presticom, et qui disait - et ça
vaut la peine, vous l'avez lue, j'en suis sûr: "À titre
d'ex-président de la SDI - en s'adressant à vous - vous
êtes bien placé pour saisir la différence fondamentale de
culture des deux organismes." Des cultures d'entreprises, le milieu industriel,
commercial, le milieu économique sait ce que ça veut dire.
"L'AQVIR possède le langage et la flexibilité pour s'adresser
surtout aux dirigeants du type entrepreneur de la petite entreprise, alors que
la SDI qui possède l'infrastructure pour ouvrir plus adéquatement
des services aux dirigeants du type gestionnaire de la plus grande entreprise."
Ça ne veut pas dire qu'une est meilleure que l'autre, ça ne veut
pas dire qu'en disant ça, on s'en prend à la SDI. Au contraire,
on reconnaît que c'est une institution majeure au Québec, c'est
même un fleuron pour les Québécois, la SDI. Mais son
rôle et sa culture, tel que le dit M. Poiré, c'est quoi? Ce sont
les grandes entreprises. Et à preuve, avec la nouvelle orientation qu'a
prise la SDI, on aide moins de gens et ça nous coûte plus cher
parce qu'on aide plus de grandes entreprises. Alors que l'AQVIR, c'est le
contraire. (20 h 40)
Je vous en ai donné deux, je vais vous en donner d'autres.
Ça vaut la peine pour vous prouver que ce qu'on s'en vient dire ici
à l'Assemblée nationale, ce n'est pas pour étirer le
temps, mais c'est parce qu'on est très représentatifs du milieu.
Profilem qui disait: "Malgré ces énoncés fort louables,
certains écueils restent sur le parcours des PME dynamiques comme la
nôtre. En effet, le projet que vous avez soumis et signé le 18
janvier dernier a bien failli ne pas voir le jour si ce n'était de notre
entêtement à continuer nos démarches, car, malgré un
potentiel de marché, qu'une étude de marché
indépendante confirmait, de près de 3 000 000 000 $ US en
Amérique du Nord seulement, la SDI n'a pas cru bon de nous soutenir et
de procéder à l'analyse de notre demande. Il a fallu
l'intervention de l'AQVIR."
Et c'est tout à fait normal, l'AQVIR, avec ses grandes
responsabilités par rapport aux grandes sociétés...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demanderais de
conclure, M. le député, s'il vous plaît.
M. Paré: Malheureusement, je dois conclure. M. le
Président, j'aurais voulu continuer. Tout ce que je peux dire, c'est que
si, moi, je n'ai pas réussi à convaincre le ministre,
j'espère qu'il prendra note de la correspondance qu'il a reçue et
qu'il tiendra compte des demandes du milieu parce que l'AQVIR a fait ses
preuves et mérite de vivre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Shefford. Sur le même sujet, à savoir
l'adoption du principe du projet de loi 86, je suis maintenant prêt
à reconnaître la prochaine intervenante, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Denise Carrier-Perreault
?
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Nous en
sommes donc, M. le Président, à l'adoption du projet de loi 86,
Loi abrogeant la Loi sur l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche. C'est un tout petit projet de loi, M. le
Président, sept articles, qui a pour objet d'attribuer à la
Société de développement Industriel tes
responsabilités exercées par l'Agence québécoise de
valorisation industrielle
de la recherche. À première vue, M. le Président,
ce projet de loi peut paraître inoffensif. Il s'agit en fait,
essentiellement, d'abroger la loi qui a créé cette Agence, d'une
part, et de transférer les droits et les responsabilités de
l'Agence, ainsi que le personnel et les budgets, évidemment, qui vont
avec, de l'Agence à la Société de développement
industriel, soit la SDI.
Quand on regarde cela comme ça, vite fait, on pourrait finalement
croire que rien ne se perd, rien ne se crée, et qu'il n'y a pas vraiment
de problème, M. le Président. Cependant, quand on s'y attarde,
quand on prend connaissance aussi des différentes objections qui sont
formulées par des clients de l'Agence, des entreprises qui ont eu
affaire à travailler avec l'Agence, surtout quand on prend la peine d'y
réfléchir un peu, on n'est pas long, M. le Président,
à se rendre compte que ce n'est pas si simple et qu'on ne peut
souscrire, en tant qu'Opposition officielle, à ce projet de loi.
Je vais donc tenter, à mon tour, dans mon intervention, de
convaincre le ministre et, pour cela, je vais essayer d'en faire la
démonstration, M. le Président. Tout d'abord, pour ceux qui nous
écoutent et qui ne savent pas trop de quoi on parte - parce que ce n'est
pas évident, à première vue, l'AQVIR, comme ça,
c'est une toute petite organisation - j'aimerais tout d'abord, vraiment pour
faire comprendre de quoi on parle, expliquer un peu ce qu'est l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche et en
faire aussi un petit peu l'historique en même temps. L'AQVIR est en soi
une corporation du gouvernement du Québec. C'est une petite corporation
qui vient en fait supporter la création de nouvelles entreprises
technologiques par l'aide à l'innovation. L'Agence est donc une petite
équipe qui vient fournir une aide financière et aussi une aide
professionnelle à tout chercheur - je devrais dire à tout
inventeur - qui a eu une bonne idée sur un nouveau produit. Ce faisant,
l'Agence vient donc l'aider à concrétiser son produit. C'est donc
un outil important pour la création de nouvelles entreprises, M. le
Président.
Pour être plus sûre d'être très claire,
j'aimerais aussi citer, tirés directement du rapport annuel de l'AQVIR,
quelques passages qui sont très explicites, M. le Président.
"L'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche
est une corporation du gouvernement du Québec. Son mandat est de
promouvoir l'innovation technologique, c'est-à-dire la mise en valeur
des résultats de la recherche dans des applications industrielles ou
commerciales susceptibles d'avoir des retombées économiques au
Québec. L'AQVIR se présente souvent comme le premier partenaire
financier d'une entreprise, celui qui accepte d'investir dans le potentiel
d'une idée, d'une équipe, d'une opportunité de
développement technologique et d'une occasion d'affaires avant
même que l'entre- prise n'existe. Donc, on se rend bien compte ici que ce
sont de toutes petites entreprises pour ne pas dire des noyaux d'entreprises.
En fait, l'AQVIR est un partenaire financier prêt à partager de
grands risques sur les plans technique et commercial lorsque le potentiel
technologique et économique du projet et de l'équité le
justifie. C'est un partenaire financier, aussi, désireux de travailler
en étroite collaboration avec l'entrepreneur de façon à
valoriser son projet et à réduire les risques en vue de
l'avancement technologique, industriel et économique du Québec et
d'une participation au succès commercial. L'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche existe
sur papier, en fait, M. le Président, depuis le mois de mai 1983 lorsque
la loi a été adoptée. Mais, dans les faits, elle existe de
façon opérationnelle depuis janvier 1984. C'est effectivement une
créature du gouvernement du Parti québécois qui a fait ses
preuves et dont nous pouvons être fiers, M. le Président, car,
comme je vous le disais, elle a fait ses preuves. Et j'aimerais vous citer
quelqu'un qui a écrit aussi là-dessus, il s'agit de Claude
Piché qui nous donnait un peu une idée du bilan de l'AQVIR. Je
tiens à citer ce journaliste-là parce que ce n'est sûrement
pas un membre de l'Opposition officielle. "Le bilan de l'AQVIR est mal connu
mais tout à fait impressionnant. Jusqu'à maintenant, l'agence a
contribué au démarrage de 95 entreprises et à la
création de 900 emplois de haut calibre. Certaines de ces nouvelles
entreprises sont de véritables réussites, telles Nertec Design,
fondée par deux jeunes Québécois, qui a travaillé
avec succès sur la télémesure de compteurs
électriques par couplage téléphonique et qui vient
d'être achetée par Oeriikon." Donc, c'est quand même quelque
chose qui est devenu intéressant. Si ces gens-là n'avaient pas eu
l'aide de l'AQVIR, je ne sais pas où le projet serait rendu.
M. Boisclair: Je m'excuse d'interrompre ma collègue des
Chutes-de-la-Chaudière. Je voudrais juste vous faire remarquer qu'il n'y
a pas quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Gouin. Effectivement, vous avez raison. Est-ce qu'on
peut appeler les députés, s'il vous plaît? Le quorum n'est
pas complété. Je m'excuse M. le leader adjoint du gouvernement.
Je m'excuse, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas quorum, l'Assemblée
ne peut pas siéger. Non. Alors, je suspends les travaux pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 49)
(Reprise à 20 h 50)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous avons
maintenant quorum et j'inviterais Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière à continuer son intervention.
M. Bélisle: M. le Président, question de
directive.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Bélisle: Je veux bien qu'on fasse respecter le
règlement en cette Chambre, mais je vous pose la question suivante.
Quand un député invoque l'article 32 relativement au nombre de
personnes qui doivent assurer la légitimité de cette
Assemblée, comment ce député, une fois que des
députés sont appelés, peut-il quitter son siège,
s'en aller derrière le trône et faire lui-même défaut
à ce que le nombre de députés en cette Chambre n'atteigne
pas le quorum? Je trouve ça pour le moins indécent comme attitude
parlementaire. Peut-être que ce n'est pas écrit dans le livre. Il
faudrait peut-être, M. le Président, l'expliquer au
député de Gouin du Parti québécois.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Gouin, sur la même question de
règlement.
M. Boisclair: Sur la même question de règlement. M.
le Président, vous conviendrez comme moi que la responsabilité de
tenir le quorum, en cette Chambre, est la responsabilité du parti
ministériel, d'une part. D'autre part, il n'y a personne qui est
attaché ici à son siège et nous avons pleine
liberté de mouvement. Nous ne sommes pas à un moment où un
vote est appelé et rien ne m'empêchait... J'ai dû quitter
pour aller répondre à un téléphone ou rencontrer
des gens derrière. Il n'y a rien qui m'oblige à rester ici, M. le
Président. J'ai tout simplement...
M. Bélisle: m. le président, je mets au défi
le député de gouin de nous dire qu'il est allé
répondre à un téléphone. de votre siège, m.
le député de gouin.
Une voix: Oui, monsieur. M. Bélisle: De votre
siège.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement, s'il vous plaît! Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement, s'il vous plaît! M. le député de Gouin. M. le
leader adjoint du gouvernement, vous savez très bien que le
règlement prévoit qu'il y a un quorum à maintenir à
l'Assemblée nationale. N'importe quel parlementaire peut requérir
le quorum. Et, à partir du moment où cette règle est
soulevée, la présidence n'a pas le choix. J'ai à
vérifier s'il y a quorum ou pas. Et si je constate qu'il n'y a pas
quorum, je n'ai de choix que de l'imposer. Et la conséquence,
évidemment, c'est d'appeler les députés pour qu'il y ait
quorum. Partant de là, moi, je n'ai pas à évaluer les
stratégies d'un parti ou de l'autre.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, s'il
vous plaît
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Alors, au
moment où on a été légèrement interrompu,
j'étais justement à expliquer que, si ces deux jeunes de Nertec
Design n'avaient pas eu l'aide de l'AQVIR à ce moment-là, il
n'auraient pas pu, effectivement, développer leurs produits de
façon aussi intéressante et prendre autant d'expansion. Donc, un
bilan: 95 entreprises, création de 900 emplois. Vous comprendrez, M. le
Président, que, quand on prend connaissance de ce genre de bilan, on
peut s'interroger sur le bien-fondé d'un tel projet de loi. Au fond, il
s'agit ici, tout simplement, de noyer, en quelque sorte, l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche dans une
grande société qui s'appelle la SDI. Et comme mon collègue
de Shefford le disait tout à l'heure, c'est en quelque sorte... Lui, il
parlait effectivement d'enterrement. Eh bien, moi, je dis qu'on va noyer
l'AQVIR; et, effectivement, après la noyade, c'est
généralement ('enterrement.
Nous avons reçu, comme le ministre - le ministre les a
reçues, on a reçu probablement le même genre de
correspondance - je le disais un petit peu plus haut tout à l'heure, on
a reçu de nombreuses lettres de différentes entreprises qui ont
fait affaire effectivement avec l'agence. Plusieurs d'entre elles ont aussi eu
à travailler par la suite avec la Société de
développement industriel. Ces gens-là qui ont eu
l'expérience des deux organisations ont vraiment fait ressortir, dans
leur correspondance, la différence de culture des deux organisations. On
parle d'infrastructure importante de la SDI par rapport à la petite
organisation que comprend l'agence. On parle du type d'entreprises à qui
on s'adresse ici, la SDI s'adressant à tout genre d'entreprises et,
surtout, des entreprises démarrées et de grosses entreprises,
alors que l'Agence s'adresse à des PME toutes petites, je disais
tantôt des noyaux d'entreprises.
Là-dessus, pour exprimer vraiment les propos exacts des gens qui
nous ont fait parvenir de la correspondance, je prends ici une lettre - c'est
public effectivement - d'une de ces entreprises-là, je prends l'exemple
de Presticom. Je sais que d'autres de mes collègues ont pris d'autres
exemples, moi, je prends cet exemple-là. Je trouvais que ça
résumait assez bien ce qu'on veut exprimer aussi. On dit: "Au premier
coup d'oeil, il peut sembler intéressant de regrouper sous un même
chapeau des services complémentaires. Toutefois, en regardant d'un peu
plus près, il n'est pas évident que la somme de deux
entités ou cultures très différentes donne un
tout conservant les qualités de chacun. À titre
d'ex-président de la SDI - on s'adressait à ce moment-là
au ministre - vous êtes bien placé pour saisir la
différence fondamentale de culture des deux organismes. L'AQVIR
possède le langage et la flexibilité pour s'adresser surtout aux
dirigeants de type entrepreneur de la petite entreprise, alors que la SDI
possède l'infrastructure pour offrir plus adéquatement des
services aux dirigeants de type gestionnaire de la plus grande entreprise."
M. le Président, je n'ai jamais été au niveau de la
SDI. Cependant, ces gens-là qui nous ont donné leurs commentaires
et qui ont pris la peine de les écrire et de les faire parvenir aussi au
ministre, je pense que ces gens-là sont de bonne foi. On peut aussi
d'ailleurs constater que c'a beaucoup de bon sens quand on parlait tout
à l'heure du bilan quand même impressionnant de l'AQVIR.
M. le Président, on peut s'interroger, on ne peut pas faire
autrement que s'interroger - qu'est-ce que je dis, on peut - c'est sûr,
c'est la seule chose qu'on peut faire, on peut se demander comment ça se
fait, mis à part... J'entendais mon collègue, le
député de Masson, qui expliquait au ministre qu'il a
déjà été président de la SDI et qu'il aurait
bien aimé à ce moment-là, lui aussi, mettre le grappin sur
l'AQVIR, comme, telle, ça lui avait été refusé par
le ministre à l'époque. Mais mises à part ces
considérations que je n'ose croire, M. le Président, je
m'interroge fortement sur les raisons pour lesquelles le ministre
s'entête dans cette décision.
Je l'écoutais cet après-midi quand il a fait son
allocution sur le projet de loi, le ministre nous disait: Éliminer la
double structure, ce qui permettrait de faire des économies qui
pourraient alors être réinvesties dans la recherche. En fait,
faire des économies en éliminant les doubles structures.
M. le Président, moi, je m'interroge doublement, parce que, quand
on regarde le projet de loi, je vous le disais tout à l'heure, il s'agit
de transferts tout le long du projet de loi: transfert du personnel, transfert
des budgets. Alors, je me demande comment on peut faire, si on transfère
le personnel, si on transfère les budgets. Il y a le président
dont le mandat se termine, mais, comme le ministre lui-même nous en
faisait part cet après-midi, il y aura probablement, à la SDI, la
création d'un poste de vice-président au niveau de la technologie
comme telle. À ce moment-là, j'imagine et j'ose espérer
pour le président en poste qu'il ira rejoindre, qu'il ira combler ce
nouveau poste de vice-président, mais je me demande où on va
réaliser des économies. J'ai de la difficulté, en fait,
à comprendre, où on va faire des économies à ce
niveau-là.
D'autre part, le ministre aussi nous expliquait, en fin
d'après-midi, qu'il voulait accroître la présence en
région. On sait qu'effectivement l'AQVIR a son siège, ses
bureaux, à Montréal. On sait aussi que la SDI a la grosse partie
de ses bureaux à Montréal. On sait aussi, comme le ministre l'a
fait valoir, que la SDI a aussi des sièges dans les régions, a
des bureaux dans les régions, des bureaux régionaux. Quand on
regarde la grosseur de l'équipe de l'AQVIR que le ministre veut
transférer pour, comme il dit, accroître sa présence dans
les régions, est-ce que ça sous-entend que le ministre veut
diviser cette équipe-là qui est très restreinte? Il n'y en
aura peut-être même pas suffisamment pour en mettre partout, M. le
Président. Est-ce que ça veut dire ça? J'espère que
ce n'est pas ça que ça veut dire parce que si on en arrivait
à éclater cette équipe qui est fonctionnelle et efficace
quand elle travaille ensemble je ne vois pas comment on pourra avoir ou arriver
à obtenir la même efficacité.
Donc, si le ministre est cohérent et vise réellement
l'efficacité, il devra installer les gens de l'AQVIR dans un bureau de
la SDI, tous ensemble. Ça veut dire, M. le Président, si on
regarde ça objectivement, que c'est du pareil au même. On va
retrouver les gens de l'AQVIR, le noyau, avec le vice-président à
la technologie - enfin, j'oublie le titre qui est écrit là - dans
un bureau quelque part à Montréal d'un haut siège
important de la SDI.
Enfin, disons que ces raisons-là, l'argumentation qui va avec les
raisons, quand on regarde le projet de loi, il y a beaucoup de questions qu'on
peut se poser et disons que les réponses ne m'apparaissent pas, à
ce moment-ci des discussions, très claires.
M. le ministre nous disait aussi cet après-midi que l'Opposition
officielle devrait être soucieuse, qu'on devrait être aussi
convaincus que le gouvernement de l'importance du développement
technologique au Québec. Oui, M. le Président, l'Opposition
officielle est autant convaincue que le ministre de l'importance du
développement technologique au Québec, mais pour cela,
l'Opposition officielle soutient qu'on n'est pas obligé de
réparer ce qui n'est pas brisé. Ça fonctionne l'AQVIR, M.
le Président, ça fonctionne, ça a fait ses preuves,
ça va bien. Pourquoi briser quelque chose qui fonctionne bien? Il y a
d'autres moyens pour soutenir le développement technologique, pour la
recherche et le développement au Québec. (21 heures)
Cet après-midi le ministre parlait des propos de ma
collègue, la députée de Chicoutimi. J'entends souvent ma
collègue parler de recherche et développement. Il semble qu'on a
de la difficulté et qu'il y a encore des écarts à combler
dans les sommes à aller chercher et à aller
récupérer au fédéral. Plutôt que de
défaire des choses qui fonctionnent bien, est-ce que ce ne serait pas
souhaitable que le ministre mette ses énergies à aller
défendre les 20 % du budget qu'on a pour la recherche et
développement au
québec? oui, merci, m. le président. finalement, on a un
manque à gagner puisqu'on représente 26 % de la population
canadienne. on a un manque à gagner de 6 %. il serait intéressant
d'aller chercher les 146 000 000 $ qui nous manquent pour avoir
évidemment un équilibre et une équité à ce
niveau-là. probablement que ces 146 000 000 $ seraient beaucoup plus
efficaces pour la recherche et le développement que de briser l'aqvir,
de noyer i'aqvir dans la sdi pour finalement s'interroger et se demander si
ça pourra continuer aussi efficacement que ça fonctionnait avant.
merci, m. le président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière. Sur ce même
sujet, à savoir l'adoption du principe du projet de loi 86, je reconnais
maintenant M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Faut-il dire, M. le
Président, d'entrée de jeu, que le projet de loi 86, Loi
abrogeant la Loi sur l'Agence québécoise de valorisation
industrielle de la recherche, communément appelée AQVIR, n'est
pas un projet de loi en soi qui, dans le fond, viendra changer le monde. Il
s'agit d'un tout petit projet de loi qui contient sept articles et qui a comme
principale fonction de regrouper les activités de I'AQVIR au sein de la
Société de développement industriel, la SDI.
M. le Président, peut-être, dans un premier temps, rappeler
que I'AQVIR est une toute petite agence - on me corrigera si je me trompe, mais
je crois qu'il s'agit là d'un budget d'environ 1 000 000 $ - qui emploie
une douzaine de personnes, qui a son siège social à
Montréal et qui est en opération depuis six ans. Cette agence a
fait l'objet d'un débat en Chambre et a aussi fait l'objet de
débats en commission parlementaire et c'est par voix unanime que
l'Assemblée nationale adoptait la Loi sur I'AQVIR, qu'elle adoptait en
troisième lecture au mois de décembre 1983. C'est, bien
sûr, comme je le dis, de façon unanime que c'avait
été adopté à cette époque.
Ce projet de loi donc, M. le Président, à première
vue, semble quelque peu innocent. Cependant, je crois qu'il est opportun que
l'Opposition officielle soulève un certain nombre de questions quant au
bien-fondé de ce projet de loi et, dans le fond, la préoccupation
est de voir ce qui adviendrait de l'expertise que cette agence a réussi
à développer au cours des ans. M. le Président, cette
agence, I'AQVIR, a contribué au cours de son mandat,
particulièrement ces dernières années, à la
création de 900 emplois en soutenant plus de 95 entreprises. On voit
là déjà l'importance, les résultats et les fruits
qui, finalement, ont été mis de l'avant grâce à
I'AQVIR. Ce sont surtout des emplois qui ont été
créés dans des domaines de haute technologie, d'où
l'importance de son travail et de son intervention dans le milieu. On pourrait
citer un certain nombre d'industries bien connues, Nertec Design, entre autres,
qui a fait l'objet de plusieurs discussions, on en a souvent parlé dans
les journaux, qui a été soutenue par I'AQVIR, l'Agence
québécoise de valorisation industrielle.
M. le Président, ce qu'il est important de comprendre, d'une
part, c'est que cette Agence s'adressait, d'abord et avant tout, à de
toutes petites entreprises, à des entreprises qui démarraient,
donc dans une situation, au départ, de relative fragilité.
J'écoutais tout à l'heure ma collègue des
Chutes-de-la-Chaudière qui rappelait, à juste titre, que, dans le
fond, ce qui était d'abord apprécié par les entrepreneurs
qui s'adressaient à I'AQVIR, c'était, d'abord et avant tout, la
souplesse et la capacité d'intervention que ces gens-là avaient
directement dans le milieu. Il ne s'agissait pas de s'adresser à une
grande structure bureaucratique. Il s'agit d'un tout petit bureau, 12 personnes
très efficaces, des gens qui connaissent le milieu et qui sont capables
de s'adapter aux différents besoins exprimés par les
entreprises.
M. le Président, j'écoutais tout à l'heure, de mon
bureau, la présentation du ministre de l'Industrie et du Commerce qui,
effectivement, présente un certain nombre d'arguments qui, je pense,
valent la peine d'être débattus et qui méritent qu'on s'y
attarde.
Le ministre, j'espère ne pas fausser sa pensée en
résumant peut-être en deux points essentiellement son
argumentation qui mène à l'abolition de I'AQVIR. Essentiellement,
le ministre dit qu'en éliminant la double structure on va permettre
à I'AQVIR ou à la SDI de faire un certain nombre
d'économies d'échelle qui pourraient, bien sûr, être
réinvesties dans la recherche et le développement, et aussi un
autre argument, qui est de taille aussi, qui est de fournir aux entreprises le
service intégré, dont la commercialisation, puisque l'aide de
cette dernière ne fait pas partie du mandat de I'AQVIR. Bien sûr,
M. le Président, ce sont des arguments qui sont de taille et qui sont
légitimes, quant à moi.
La question est de savoir maintenant, M. le Président, de quelle
façon cette nouvelle composition... On créera, si je me souviens
bien, à la SDI un poste d'agent de recherche et de développement
- j'oublie exactement le titre du nouveau poste qui sera créé -
un poste - je l'ai ici devant moi - de vice-président au
développement technologique de la SDI, un poste que, je crois, s'est
bien engagé à créer le ministre de l'Industrie et du
Commerce au sein même d'une vice-présidence, au sein de la
structure de la Société de développement industriel.
M. le Président, peut-être, effectivement, que cette
restructuration va permettre de donner
un second souffle à l'expertise qui a été
développée au cours des dernières années par
l'AQVIR. Cependant, nous voulons, ce soir, nous faire un peu le porte-parole de
plusieurs entrepreneurs qui ont manifesté un certain nombre de
réticences à l'égard de cette intégration des
services de l'AQVIR au sein de la SDI et peut-être amener le ministre
à réfléchir, dans le fond, sur l'efficacité du
service qui sera offert maintenant par la SDI.
Faut-il se rappeler, M. le Président, que ce n'est pas la
première fois que le ministre de l'Industrie et du Commerce tente de
mettre la main sur l'AQVIR. Lorsqu'il était à la
présidence de la Société de développement
industriel, avant d'occuper une fonction au sein de l'Assemblée
nationale, le ministre s'était adressé à l'ancien
ministre, l'ex-ministre de l'Industrie et du Commerce, M. MacDonald, pour
essayer de récupérer l'AQVIR dans son giron. M. MacDonald -
à l'époque, ce sont les journaux qui le relatent; ça ne
vient pas de l'Opposition officielle; je vois le ministre qui semble
plutôt perplexe... Je vais tout simplement, si vous me permettez, M. le
Président, citer M. Piché, dans La Presse, qui dit: "Les
amateurs de petite histoire savent que Gérald Tremblay, lors de son
passage à la présidence de la SDI, a tenté de mettre le
grappin sur l'AQVIR. Refus du ministre de l'époque, Pierre MacDonald,
qui croyait à la vocation particulière de la petite
Société. Devenu ministre, M. Tremblay revient à la
charge."
M. le Président, rien ne me laisse croire que M. Piché a
erré en faisant, pas une citation, mais, en tout cas, en citant à
tout le moins la petite histoire. Le ministre pourra peut-être apporter
un certain nombre de clarifications lorsqu'il exercera son droit de
réplique. Je me suis tout simplement permis de citer ce qui semblait
être de commune renommée, en rappelant un article de journal.
Donc, à tout le moins, nous semble-t-il que ce n'est pas la
première fois que le ministre tente de récupérer l'AQVIR
au sein de la SDI, la Société de développement industriel.
(21 h 10)
M. le Président, on peut aussi se questionner sur la façon
dont c'a été fait. J'avais l'occasion d'échanger
récemment avec ma collègue, la députée de
Chicoutimi et porte-parole de l'Opposition officielle en matière
d'industrie et commerce, qui me rappelait qu'au moment de l'étude des
crédits de 1990-1991 du ministère de l'Industrie et du Commerce
d'aucune façon il n'avait été fait mention de ce transfert
ou cette récupération par la Société de
développement industriel au sein de l'AQVIR. Et cette interrogation a
été confirmée. Et là, qu'est-ce que vous vouiez? Et
encore une fois, le ministre me regarde et il me dit: C'est faux. Je me permets
de citer encore une fois une autre source. "Ma surprise provient du fait que
vous n'avez aucunement fait mention de cette possibilité lors de
l'étude des crédits de l'AQVIR, à l'occasion de
l'étude des crédits de 1990-1991 du ministère de
l'Industrie et du Commerce." Alors, M. le Président, moi, je me fie, aux
recherches qui ont été faites et le ministre pourra apporter un
certain nombre de précisions tout à l'heure.
M. le Président, plusieurs entreprises se sont adressées
à la fois au ministre et à la porte-parole de l'Opposition
officielle. Permettez-moi, par exemple, de vous citer une lettre de M. Seufert
qui est président de Instrumentation Biophysique, qui a pu
bénéficier des services de l'AQVIR. Il dit: "Je vous prie de bien
vouloir vous désister du projet de fusion de la Société de
développement industriel du Québec et de l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. L'AQVIR
- dit-il - m'a aidé à démarrer mon entreprise, une
compagnie de recherche et de développement dans le domaine de la haute
technologie, en me fournissant, à part d'un prêt, des conseils et
des services valables adaptés à mes besoins directs et
immédiats. Puisque mes compétences sont plutôt en
technologie qu'en affaires, le contact avec les conseillers de l'AQVIR m'a
été très précieux. Je suis certain que beaucoup
d'entrepreneurs, notamment ayant des projets de transfert technologique,
dépendent du programme d'aide rapide et flexible offert par l'AQVIR, qui
est d'ailleurs unique au Canada."
M. le Président, nous sommes convaincus que, dans la nouvelle
organisation et dans la nouvelle tangente, dans le fond, que le ministre
donnera aux dirigeants de la SDI en créant un poste de
vice-président, nul doute l'expertise demeurera. Mais ce que bien des
entrepreneurs, comme M. Seufert, de Instrumentation Biophysique, rappellent,
peut-être que cette efficacité et cette souplesse ne seront pas
les mêmes.
M. le Président, c'est donc un certain nombre de remarques qu'il
me semble pertinent de rappeler à ce moment-ci. M. le Président,
aussi, nous avons peu d'indications sur la façon dont s'exercera le
transfert entre l'AQVIR et la Société de développement
industriel. Il se pourrait fort bien, que des ressources financières
soient amputées dans ce transfert. Nous n'avons, à l'heure
actuelle, aucune garantie. C'est ce qui est rappelé, dans les notes.
D'aucune façon, dans les communiqués de presse du ministre... Et
qu'il me le rappelle. J'ai son communiqué de presse, M. le
Président: l'AQVIR et la SDI. Un communiqué de presse émis
le 25 octobre 1990. D'aucune façon, on ne nous garantit que les
ressources présentement à la disponibilité de l'AQVIR...
C'est dans votre communiqué de presse, M. le ministre. Il me regarde,
tout surpris. Je reviendrai au projet de loi. Le projet de loi, on peut aussi y
revenir. Mais ce que je veux illustrer pour le moment, et sans me faire
déranger par le ministre, c'est que, à l'heure actuelle, nous
n'avons aucune garantie. Particulièrement, le poste de président
de l'AQVIR. Que va-t-il
arriver au président? Encore là, il a raison d'être
inquiet puisqu'il appert que le président de l'AQVIR risque de ne pas
être intégré à la Société de
développement industriel puisque son mandat prend fin à la date
d'entrée en vigueur du projet de loi.
M. le Président, comme je le disais tout à l'heure, la
justification apportée par le ministre Tremblay plutôt le ministre
de l'Industrie et du Commerce à l'intégration de l'AQVIR à
la SOI est l'élimination de la double structure pour investir les sommes
économisées dans la recherche, et la possibilité d'offrir
des services intégrés aux entreprises. À ce sujet, il faut
préciser que le mandat actuel de l'AQVIR ne lui permet d'accorder de
l'aide que pour les étapes préliminaires, soit la recherche et le
développement jusqu'au prototype précédant la
commercialisation. Lorsque le besoin d'une telle aide se fait sentir, l'AQVIR
réfère alors le dossier à la SDI. C'est là une
faiblesse que reconnaissait l'AQVIR et qu'elle envisageait de corriger en
augmentant ses ressources spécialisées en commercialisation suite
à un amendement à la loi constitutive.
En ce qui a trait aux économies pouvant résulter de
l'élimination de la double structure, notons que le personnel sera
entièrement transféré à la SDI, à
l'exception du président; le budget de communication ne devrait pas
diminuer si la SDI tient à maintenir la visibilité des services
rendus par l'AQVIR, tel que l'a affirmé le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Le personnel ainsi réaffecté aura autant besoin
d'équipement, matériel de bureau, matériel informatique,
papeterie, et ainsi de suite, qu'auparavant et on devra leur trouver de
l'espace. Il ne devrait donc pas y avoir d'économie substantielle, M. le
Président. L'argument de l'économie ne nous apparaît,
à l'heure actuelle, pas tellement clair. Il ne devrait pas y avoir
d'économie substantielle à réaliser à moins que la
SDI soit bien mal gérée et qu'elle dispose de locaux et
d'équipement inutilisés, ce qui, M. le Président, me
surprendrait.
On ne voit donc pas très bien la raison de l'intégration
de l'AQVIR à la SDI puisque l'AQVIR semble fonctionner à la
satisfaction de tous, en particulier des entrepreneurs - j'en donnais un cas,
tout à l'heure, M. le Président, et je pourrais en donner
d'autres - qui semblent apprécier les services de l'AQVIR. Le risque
encouru est celui d'une perte de flexibilité, une perte de la
sensibilité aussi du service rendu aux entreprises et qui a, bien
sûr, fait la renommée, M. le Président, de l'AQVIR.
M. le Président, l'AQVIR, ces dernières années,
prenons, par exemple, 1989-1990, a joué un rôle important. C'est
plus de 23 conventions qui ont été signées, plus de 21
programmes de financement qui ont été autorisés. Elle a
retenu plus de 34 demandes, elle en a reçu 135. C'est donc dire que le
rôle dans le milieu, que joue et que, nous l'espérons, joueront
toujours les gens qui continueront de travailler à la SDI était
fondamental dès le départ. En 1989-1990, c'est 8 389 000 $ qui
ont été autorisés en financement, entraînant des
déboursés, toujours pour cette même année,
1989-1990, de 3 295 000 $ et, bien sûr, un certain nombre de pertes, mais
il y a aussi eu un certain nombre de redevances qui font, finalement, que, de
façon générale, on peut se satisfaire et féliciter
les gens qui ont travaillé à la réalisation de la mission
de l'AQVIR.
M. le Président, d'autres entreprises sont aussi venues
témoigner. Nous avons plusieurs témoignages ici, dont Presticom,
qui demande aussi au ministre de s'assurer que cette même souplesse et
cette même flexibilité seront maintenues. Une entreprise de
Plessisville, M. le Président, Formatek, une entreprise d'archivage
optique qui dit, et permettez-moi de citer: "II est primordial pour
l'entreprise bénéficiaire d'un prêt gouvernemental
d'être assujettie à des règles souples et ajustables,
davantage basées sur la confiance mutuelle entre les partenaires que sur
des règlements corporatifs, ou pour utiliser le mot plus
approprié, sur du "red tape"." M. le Président, elle continue en
disant: "Nous constatons avec plaisir que votre organisme s'implique
au-delà de l'aide financière et, comme vous le savez, le
succès d'une entreprise dépend d'une multitude de facteurs, tous
aussi importants les uns que les autres. Nous croyons donc à la
pertinence de l'AQVIR dans sa forme actuelle, c'est-à-dire un organisme
indépendant, dont la taille est à la mesure des entreprises
débutantes." pour avoir moi-même, m. le président, eu
l'occasion, avant d'avoir l'honneur d'occuper un poste à
l'assemblée nationale, de travailler avec des jeunes entrepreneurs, des
gens qui débutent en affaires, s'il y a bien une clé du
succès, c'est bien dans cette confiance mutuelle, dans cette
compréhension qu'ont les différentes parties entre elles, que ce
soit une relation qu'un jeune entrepreneur ou une jeune entrepreneure a avec
son banquier ou avec ses conseillers financiers ou avec les différents
spécialistes qui conseillent dans le cas de production de biens et
services. m. le président, c'est un ensemble de remarques qui font
que... bien sûr, le projet de loi amène un certain nombre de
dispositions qui, nous le souhaitons, donnera un second souffle à
l'expertise de l'aqvir mais, à l'heure actuelle, nous nous questionnons
sur un certain nombre d'éléments.
M. le Président, M. Piché, que je citais tout à
l'heure, rappelait l'importance de cette souplesse et de la rapidité
d'exécution. "Justement - disait-il - sur papier, tout cela est
très bien; sur le terrain, c'est une tout autre paire de manches" comme
le confirment plusieurs dirigeants de PME qui ont eu à traiter avec
l'Agence. Il ne faut pas oublier que le rayon de l'AQVIR, ce sont de
très nouvelles et très
fragiles entreprises, souvent mises sur pied par des chercheurs, des
génies, M. Piché dit même des "cracks", qui en sont
à la fine pointe du progrès technologique. Mais, bien sûr,
Ils n'ont pas toujours toute l'expertise financière nécessaire
à la réalisation de leurs objectifs. La petite taille de l'Agence
est un atout. Son équipe de spécialistes peut évaluer
rapidement et efficacement les projets qui lui sont soumis. (21 h 20)
L'Agence, parmi les milieux d'affaires qui la connaissent, a la
réputation d'être beaucoup plus souple que les grosses machines.
Cette souplesse et cette rapidité d'intervention sont primordiales dans
le contexte de vulnérabilité où évoluent les
nouvelles entreprises, surtout dans un secteur aussi risqué que les
technologies de pointe. Comment l'AQVÏR sïntégrera-t-elle
à la SDI? C'est ça la question, M. le Président. Et M.
Piché continue encore. Lui aussi, M. Piché, a lu le projet de loi
du ministre, tout comme nous. Et il dit: "C'est un mystère." Donc, il
estime que lui non plus n'a pas eu les réponses satisfaisantes dans le
projet de loi du ministre. Le projet de loi demeure muet sur les
modalités et la direction de l'Agence est plutôt portée sur
la discrétion par les temps qui courent.
Nous ne sommes pas les seuls, M. le Président, à se
questionner. Dans l'entourage du ministre, on confirme que celui-ci aurait
jonglé pendant un certain temps avec l'idée de faire de l'AQVIR
une sorte de filiale de la SDI, ce qui lui aurait permis de conserver sa
souplesse. L'idée aurait finalement été mise de
côté.
M. le Président, en conclusion, ce que nous souhaitons de ce
côté-ci de cette Chambre, et comme je suis convaincu que le
ministre le souhaite lui aussi et partage ces mêmes
préoccupations, c'est de s'assurer qu'au sein de la SDI les gens qui
oeuvreront pourront garder cette même efficacité, cette même
souplesse. Elle est souhaitée par le milieu, elle est souhaitée
par les membres de l'Opposition et je suis convaincu que le ministre portera
toute l'attention nécessaire à cette réalité,
à ces demandes des gens du milieu des affaires qui ont
bénéficié des gens de l'AQVIR et peut-être, dans son
projet de loi, nous apportera au moment de l'étude article par article
un certain nombre d'informations supplémentaires qui nous permettront
tout simplement de nous rassurer à l'égard du contenu du projet
de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Gouin. Il n'y a pas d'autres interventions. Je
reconnais M. le ministre pour son droit de réplique. M. le ministre.
M. Gerald Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'ai
écouté attentivement les cinq députés de
l'Opposition. L'AQVIR a été créée en 1983. Donc,
c'est bon. C'est une petite agence. Donc, c'est bon. Surtout ne touchons rien.
On préfère le statu quo.
Je pense honnêtement que les députés de l'Opposition
sont encore en 1983. En 1984, les règles du jeu ont changé. On a
ouvert nos frontières dans un traité de libre-échange avec
les États-Unis. On doit maintenant concurrencer sur la scène
internationale. Dans la première partie de mon exposé, j'ai
mentionné que la réorganisation de l'AQVIR faisait partie d'une
vision globale du développement économique et technologique du
Québec. Pourquoi? Si le Japon dépense 280 000 000 000 $ pour la
seule année 1990 en innovation, recherche et développement, au
Canada, pour ne pas parier du Québec, au Canada on dépense 9 000
000 000 $. Comment va-t-on faire pour concurrencer? J'en suis arrivé
à la conclusion, après avoir évalué tous les
mécanismes et tous les moyens possibles, qu'on devait inculquer au
Québec une nouvelle culture technologique. C'est ça l'essentiel
du projet de loi que j'ai déposé. Pourquoi? C'est parce que
depuis 1980, le député de Shefford l'a mentionné, sous son
gouvernement, on a fait le virage technologique. On a mis en place des bons
mécanismes. On a continué en 1985. Mais les résultats, il
faut toujours bien faire un examen de conscience après 10 ans, et on
regarde les résultats. Notre pourcentage d'investissements en recherche
et développement par rapport au produit intérieur brut est encore
à 1,3 % ou 1.4 %, dépendamment des statistiques qu'on utilise. au
japon, c'est 3 %; en allemagne, c'est 2.5 % et, aux états-unis, c'est
2,5 %. avec la conclusion, quels sont les produits hautement technologiques qui
se vendent au québec? est-ce qu'on va assister passivement à des
importations massives des allemands, des états-unis et du japon? moi, je
me suis dit il faut faire quelque chose. c'est vrai que c'est plus facile de
dire: le statu quo! on va garder le statu quo, on ne change rien. mais, en tant
que ministre de l'industrie, du commerce et de la technologie, j'ai la
responsabilité de m'assurer qu'au niveau technologique le québec
est à la fine pointe du développement technologique.
On a parié beaucoup de la SDI: Le gros monstre, la SDI. La SDI,
elle a commencé petite. Elle était petite, la SDI, en 1970, une
petite SDI. Et la SDI a contribué à faire des Canam-Manac,
à faire des Cascades, à faire des Bombardier et, dans le secteur
de la technologie, à faire des DMR, des CGI, des LGS et des 1ST.
Qu'est-ce qu'on veut, au Québec? On veut faire ce que le Parti
québécois nous dit de faire? On reste petit? Il faut rester
petit, il ne faut surtout pas avoir de l'ambition? Ça fait deux fois
qu'on me dit ça. Quand on a parié de la loi sur les heures
d'affaires, on m'a dit: II ne faut pas avoir d'ambition, il faut
protéger les petits. Je suis d'accord pour aider les petits, mais je
veux leur permettre de devenir des gros, parce que c'est
ça qu'il faut faire. Si on regarde ce qui se passe - il ne faut
pas fermer les yeux - on le dit partout: II faut se regrouper pour
échanger des technologies, il faut se regrouper pour commercialiser les
produits. C'est en étant ensemble qu'on est plus fort.
Alors, qu'est-ce que j'ai fait, M. le Président? J'ai
consulté. Je les ai consultées, moi, les entreprises; mais pas
par des lettres, je les ai rencontrées. Et, depuis trois ans, je
travaille avec les entreprises. J'ai été le signataire du
protocole d'entente avec l'AQVIR. On me dit qu'un entrepreneur venait à
la SDI avec un petit projet. Le protocole d'entente signé avec l'AQVIR
disait: Quand c'est une petite entreprise, trois ans d'opérations
commerciales et moins, ça s'en va à l'AQVIR. C'est pour ça
que la SDI disait ça. Pourquoi? Pour éviter le
dédoublement des structures.
J'ai consulté aussi le conseil d'administration de l'AQVIR. Et
c'est donc drôle quand on prend en considération la lettre du
conseil d'administration: 10 personnes réputées dans le secteur
de la technologie, incluant le président, Claude Richard. Ils me disent,
essentiellement: C'est bon, votre projet; on ne questionne pas une abolition de
structure, on est d'accord si on maintient une entité, une équipe
pour favoriser l'aide aux petites entreprises. Et dans ce sens-là, j'ai
aimé la dernière phrase du discours du député de
Gouin. Il a dit: Si c'est la SDI qui peut l'avoir, assurons-nous qu'on
protège la petite entreprise pour faire du développement
technologique. Je suis entièrement d'accord avec ça. Alors, le
conseil d'administration m'a demandé, le 26 juillet, trois choses. Le 30
juillet, j'acquiesçais aux trois choses demandées par le conseil
d'administration. Et, depuis le 30 juillet, je n'en ai jamais entendu parler.
Depuis un an, sur la place publique, je dis ceci. Je suis très surpris
que le député de Gouin me dise que la députée de
Chicoutimi, critique du développement technologique, ne soit pas au
courant, parce que je me rappelle - pas la date - lui avoir dit personnellement
que je poserais ce geste.
Revenons maintenant sur le point qui semble... L'AQVIR, l'équipe.
On dit: II faut avoir une petite équipe spécialisée, il
faut avoir une petite équipe efficace. Je reconnais encore que l'AQVIR,
l'équipe de l'AQVIR a fait un excellent travail, je l'en
félicite; et c'est la raison pour laquelle je prends la même
équipe et je lui donne la responsabilité de bâtir une
grande équipe, à la SDI. A ma grande surprise... J'ai offert le
poste de vice-président, défi technologique, au président
de l'AQVIR et, à ma connaissance, il l'a accepté. Alors, le
président de l'AQVIR devient vice-président, développement
technologique, à la SDI. (21 h 30)
Deuxièmement, encore une fois à ma grande surprise, le
député de Gouin dit: Qu'est-ce qui va arriver avec les
employés? Est-ce qu'ils vont demeurer là? Une première, M.
le Président! Dans le projet de loi - on me dit que c'est un projet de
loi simple; c'est un petit projet de loi, je suis d'accord, il y a sept
articles - mais il y en a un fondamental qui accorde la sécurité
d'emploi aux 11 personnes de l'AQVIR. Pensez-vous que si j'avais l'intention de
mettre des personnes à pied ou de procéder à des
licenciements que j'aurais donné la sécurité d'emploi
à 11 personnes? Non. J'ai voulu créer l'esprit d'équipe
qui est essentiel pour que cette équipe de l'AQVIR vienne
démontrer hors de tout doute, dans un environnement, d'accord, un peu
plus gros qu'à l'AQVIR, qu'elle est capable de bâtir une
entreprise dans le secteur de la technologie.
M. le Président - et je vais terminer là-dessus - quand on
parle du défi constitutionnel et politique du Québec, le chef de
l'Opposition tend la main au gouvernement et dit: On doit travailler ensemble
pour réaliser le défi politique et constitutionnel du
Québec, quel qu'il soit. À la fin de mon allocution tout à
l'heure, j'ai tendu la main à l'Opposition et je leur ai dit:
Réalisez que, si on veut bâtir le Québec de demain, le
Québec capable de relever le défi technologique, on doit le faire
ensemble, et ce n'est pas en disant: II faut être petit, il ne faut pas
avoir d'ambition, tout à coup on n'aide plus les petites entreprises. Je
regrette, M. le Président. J'ai travaillé assez fort pour
bâtir la technologie au Québec que je vais continuer à
pousser ce projet de loi, parce que c'est fondamental si on veut s'assurer que
nos entreprises se taillent, dans le secteur technologique, un place de choix
au Québec.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le principe du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche, est
adopté?
Des voix: Adopté. M. Paré: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Bélisle: À ce moment-ci, M. le Président,
je fais motion pour que ledit projet de loi soit déféré
à la commission de l'économie et du travail pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Je vous demanderais, M. le Président,
d'appeler l'article 7 de notre feuilleton.
Projet de loi 87 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 7 de
notre feuilleton, M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie propose l'adoption du principe du projet de loi 87, Loi sur l'aide
au développement des coopératives.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président. Nous
procédons maintenant à l'adoption du principe du projet de loi
87, Loi sur l'aide au développement des coopératives. Quel est
l'objectif visé par ce projet de loi? C'est de reconnaître
l'importante contribution des coopératives au développement
économique de toutes les régions du Québec. Et,
deuxièmement, c'est de favoriser davantage la promotion, l'aide
technique, le démarrage, le financement et la croissance des
coopératives de service, des coopératives manufacturières
et des coopératives de travailleurs.
Mon exposé comportera trois parties. Premièrement, je vais
démontrer l'importance des coopératives au Québec,
deuxièmement, l'importance de bien desservir le client, et la
troisième partie concernera directement le projet de loi.
La contribution, M. le Président, des coopératives dans le
développement économique du Québec est remarquable. On
compte environ 2000 coopératives non financières réparties
à travers le Québec. Ces entreprises présentes dans une
centaine de secteurs économiques regroupent quelque 800 000 membres.
L'actif de ces entreprises atteint les 2 000 000 000 $ et leurs chiffres
d'affaires dépassent les 4 000 000 000 $. Leur présence est
particulièrement significative dans le secteur agroalimentaire où
elle joue un rôle de premier plan. Dans le domaine de la consommation,
l'impact économique est également important. Soulignons leur
présence dans des secteurs aussi variés que l'habitation, les
biens et les services en milieu scolaire, la câblodistri-bution, la
téléphonie, les services de garderie. Les dernières
années ont été marquées par l'émergence de
coopératives de travailleurs. Dans certains secteurs, leur apport est
déterminant. C'est le cas notamment des coopératives
forestières. Présentement, deux organismes se partagent au
Québec la responsabilité gouvernementale en matière de
coopératives: la Société de développement des
coopératives et la Direction générale des
coopératives. La SDC a pour objet de favoriser la création et le
développement d'entreprises coopératives. Elle compte ainsi
assurer une participation accrue de la population à l'activité
économique tout en permettant la création d'emplois et le
développement économique des régions. La
Société administre des programmes d'aide dont le principal
objectif est d'apporter aux entreprises coopératives un financement
complémentaire à celui de leurs membres et des institutions
financières. Elle peut également apporter aux coopératives
l'aide technique dont elles ont besoin pour démarrer leurs
activités ou assurer leur développement.
Depuis sa constitution en société d'État en 1984,
la Société de développement des coopératives a
autorisé 335 aides financières pour un montant total de 67 400
000 $. L'aide financière attribuée par la Société
de développement des coopératives se fait sous l'une ou l'autre
des formes suivantes: soit une garantie de prêt à la
capitalisation, une garantie de rachat de parts privilégiées,
prêt de financement et garantie sous forme de marge de crédit ou
de prise en charge d'intérêt.
J'aimerais profiter de ce moment pour reconnaître la performance
de l'équipe de la Société de développement des
coopératives et leur contribution essentielle au développement
des coopératives dans toutes les régions du Québec.
Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
par sa Direction générale des coopératives, assume aussi
une responsabilité en matière de coopératives. Il a pour
rôle d'aider au développement des coopératives. Pour ce
faire, la Direction générale des coopératives administre
la Loi sur les coopératives, gère des programmes d'aide et
fournit du soutien dans le but de contribuer au développement des
différents secteurs coopératifs. Ainsi, dans la
réalisation de leur mandat, la Société de
développement des coopératives et la Direction
générale des coopératives du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie ont pour objectif fondamental de
travailler au développement de l'entreprise coopérative. Si les
outils et les moyens diffèrent, la mission demeure sensiblement la
même. Une telle situation a été souvent
génératrice de confusion. Au niveau des compétences et des
responsabilités, la démarcation n'est pas toujours très
claire. Cette dualité amène inévitablement le morcellement
de l'expertise. Alors, comment aider davantage les coopératives?
C'est le deuxième point de mon exposé, M. le
Président. J'ai consulté les rapports présentés au
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie depuis les
cinq dernières années. J'ai rencontré le conseil
d'administration de la Société de développement des
coopératives. J'ai rencontré le conseil d'administration du
Conseil
de la coopération du Québec et j'ai également
rencontré le conseil d'administration et les travailleurs et les
travailleuses de la Confédération des coopératives
forestières du Québec. Au mois d'avril 1990, j'ai publié
l'orientation ministérielle dans le bulletin Info-coop distribué
à tout le milieu coopératif. J'ai également fait parvenir
une lettre au milieu forestier; les coopérateurs forestiers me disent
qu'il a été très agréable de nous rencontrer et
d'avoir eu l'opportunité de discuter. Je prends ces documents pour
être bien certain qu'on ne me dise pas qu'on en n'a pas entendu parler et
que le milieu n'a pas été consulté.
Quel est le résultat de ces consultations? Premièrement,
tous les intervenants sont unanimes à me dire qu'on ne peut pas
maintenir le statu quo. S'il n'y a pas de statu quo, quelles étaient les
possibilités? Une autre possibilité c'était de dire:
Est-ce qu'on peut tout regrouper sous la Société de
développement des coopératives? C'était une
possibilité. La réponse a été négative car
le ministère aurait été obligé de maintenir des
activités parce que le ministère doit administrer la Loi sur le
développement des coopératives, il doit administrer le
régime d'investissement coopératif et faire la promotion des
coopératives. Également, le ministère joue un rôle
de coordination au niveau des autres ministères. (21 h 40)
L'autre possibilité, c'était de dire: On va tout regrouper
au ministère. C'est contre les grandes orientations mises de l'avant par
le présent gouvernement au niveau d'essayer, dans la mesure du possible,
de concentrer l'expertise financière au même endroit, entre autres
à la Société de développement industriel du
Québec. Donc, il restait une possibilité, c'était de
reconnaître l'expertise au niveau du ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie qui, d'une façon ou d'une autre, assume
des responsabilités dans le secteur coopératif, et c'était
de dire: Le véhicule financier, c'est la Société de
développement industriel du Québec. Mais à quelle
condition? C'est ça qui est important. Ce n'est pas les structures. Il
faut arrêter de penser que, parce qu'il y a une structure, on ne peut
rien changer, indépendamment de qui peut avoir créé cette
structure.
Ce qui est important, et je dois féliciter les gens du milieu
coopératif, je les ai consultés, ils ne se sont jamais
acharnés sur une structure, ce qu'ils ont dit, c'est: Est-ce qu'on va
avoir les moyens de faire ce qu'on faisait dans le passé? Est-ce qu'on
va avoir les moyens de partir nos petites coopératives dans toutes les
régions du Québec? D'où, M. le Président, le projet
de loi.
Qu'est-ce qu'il fait, le projet de loi? Premièrement, il
protège les acquis des entreprises clientes de la Société
de développement des coopératives. Ça veut dire que toutes
les entreprises, toutes les coopératives ont main- tenant des ententes,
non pas avec une structure, mais avec une autre structure qui respecte
intégralement tous les contrats. Deuxièmement, on nous reprochait
au gouvernement, on a dit: Si c'est vrai que c'est important, les
coopératives, comment ça se fait qu'il n'y a pas un sous-ministre
responsable des coopératives? J'ai dit: Savez-vous? Vous avez raison. Si
c'est vrai que c'est important, on va en nommer un sous-ministre responsable
des coopératives. Alors, ce n'est pas marqué dans le projet de
loi, mais nous avons maintenant au ministère de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie, un sous-ministre responsable des coopératives. Et
qu'est-ce qu'il va faire, ce sous-ministre? Il va regrouper sous lui
l'équipe, une partie de l'équipe de la Société de
développement des coopératives qui va continuer à jouer un
rôle d'aide technique, de promotion des coopératives, à
administrer le régime d'investissement coopératif et,
également, à voir à l'interaction avec les
différents ministères. En plus, on m'a dit: Oui, ça,
ça nous satisfait au niveau du ministère, on a maintenant la
visibilité qu'on recherchait, on va être reconnu par le
gouvernement comme étant une entité au niveau des
coopératives.
Là, j'ai dit: On va créer, à la
Société de développement industriel, une
vice-présidence aux coopératives, et là, ils ont dit: Oui,
mais la culture de la SDI, ce n'est pas la même culture que les
coopératives. J'ai dit: Vous avez raison. Aujourd'hui, ce n'est pas
nécessairement la même culture, mais ne pensez-vous pas que vous
auriez intérêt à échanger vos forces pour former une
plus grande équipe? Alors, on a dit: On va nommer un
vice-président aux coopératives. Si on prend connaissance du
projet de loi, M. le Président, vous allez voir que l'article 15
reconnaît la vice-présidence au développement des
coopératives. En plus, on a dit: C'est bien beau avoir un
vice-président, mais qui va le choisir, le vice-président? J'ai
dit: On va le choisir ensemble, sur recommandation du milieu coopératif.
Alors, le milieu coopératif, vous allez nous faire des suggestions et on
va nommer le vice-président aux coopératives ensemble parce que
j'ai à coeur le développement des coopératives au
Québec.
Mais là, ils nous ont dit: Oui, mais un vice-président
tout seul ne peut rien faire. Vous avez raison. Je vais prendre
l'équipe, la même équipe qui était à la SDC,
et je vais la mettre avec le vice-président au développement
coopératif. Et parce qu'on voulait que je le confirme davantage, je leur
ai dit: Je vais leur donner la sécurité d'emploi. Alors, si vous
prenez le projet de loi, l'article 15, les personnes ont maintenant, à
la Société de développement industriel, la
sécurité d'emploi pour développer les coopératives.
Ensuite, on m'a dit: Oui, mais qu'est-ce qu'on fait avec mon conseil
d'administration de la SDC? Il va disparaître? J'ai dit: On va faire un
comité aviseur au vice-président des coopéra-
tives pour s'assurer que le milieu coopératif est bien
représenté.
Finalement, on a dit: Oui, mais comité aviseur,
vice-président au développement des coopératives, toute
l'équipe, qu'est-ce qu'on fait avec nos conseils d'administration? J'ai
dit: Vous avez raison. On va nommer dans la loi, je fais amender la loi de la
Société de développement industriel du Québec pour
reconnaître un membre du conseil d'administration au niveau de la
Société de développement industriel. Pourquoi? Parce qu'il
est temps qu'on travaille davantage ensemble. Il est temps que les valeurs
coopératives soient partagées autant par la Société
de développement industriel du Québec que par les
différents ministères.
Et là, on m'a dit: Oui, mais on va administrer quoi? J'ai dit:
Là, vous avez l'équipe, vous avez le comité aviseur, vous
avez le conseil d'administration, je vais prendre les mêmes programmes,
les mêmes mêmes programmes, et c'est ça que vous allez
administrer. Les programmes modulés en fonction des besoins des
coopératives. Si vous voulez les modifier, si vous voulez les bonifier
davantage, je suis prêt à le faire. Assoyons-nous ensemble,
formons un comité, faites-moi des recommandations, et je suis prêt
à regarder la modification des programmes. C'est dit ici dans le
Coopérateur forestier. Des petites entreprises dans toutes les
régions du Québec. Et là, je leur ai dit: Je vais vous en
donner plus. À la SDC, vous aviez des avantages. Je vais vous en donner
encore plus. Je vais vous aider au niveau de la commercialisation. Je vais vous
aider au niveau des montages financiers et il y a des personnes à la SDI
qui vont pouvoir travailler avec vous pour vous en donner davantage.
Les coopératives, il y en a cinq. Seulement cinq
sociétés de développement des coopératives au
Québec. J'ouvre les 16 bureaux régionaux du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. On me dit: Oui, mais est-ce
qu'on va avoir quelqu'un des coopératives dans tous les bureaux? On va
avoir des personnes qui connaissent la coopérative pour aider, initier,
développer, promouvoir et, quand ça va devenir technique, c'est
l'équipe des coopératives qui va le faire. Le pari que je fais,
c'est qu'on va développer une meilleure complicité entre tous les
intervenants. On va bâtir une équipe solide, capable de
répondre aux besoins des coopératives.
Alors, je dois vous dire, M. le Président, en terminant, que
j'attends beaucoup de cette réorganisation. J'ai rencontré - je
vous l'ai mentionné tout à l'heure - une majorité des
intervenants. Je suis convaincu de l'importance de la spécificité
des coopératives et surtout de l'aide financière qui est
essentielle au développement des coopératives. Tellement
conscient, c'est que le conseil de la coopérative, d'après les
travailleurs et les travailleuses du secteur forestier, représente
davantage les entreprises du service. Alors, j'ai accepté de rencontrer
les deux groupes différents parce que ce n'est pas la même chose,
les grandes entreprises de services, le mouvement Desjardins, et les petites
coopératives de travailleurs. Je reconnais la spécificité
et la spécificité est reconnue dans la réorganisation.
Alors, j'aimerais, en terminant, remercier encore une fois
l'équipe de la Société de développement des
coopératives, remercier le conseil d'administration de la
Société de développement des coopératives, la
Conférence des coopératives du Québec, la
Conférence des coopératives des travailleurs du Québec, de
leurs suggestions, de leur collaboration, et je suis convaincu que ce projet de
loi sera bénéfique aux coopératives dans toutes les
régions du Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Sur le même sujet, je reconnais maintenant. M. le député de
Shefford. M. le député.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais faire un
peu la même séquence que le ministre qui a parlé juste
avant moi pour parler, pour commencer, de l'importance du secteur
coopératif au Québec. Je pense qu'il n'y a personne qui peut
douter de l'importance majeure de ce secteur. Lorsqu'on parle des
coopératives, tout comme on parle d'autres sociétés,
j'espère qu'on ne viendra jamais parier de petites entreprises ou de
rapetisser le Québec parce que, s'il y a un secteur qui est florissant
au Québec, s'il y a un secteur qui est majeur, qui a contribué au
développement non seulement des régions, mais de beaucoup de
secteurs, c'est bien le système coopératif. (21 h 50)
Moi aussi, je vais en nommer quelques-uns des secteurs ou quelques-unes
des entreprises. Je pense que ça vaut la peine de s'arrêter pour
sensibiliser les Québécois et les Québécoises
à l'importance du secteur coopératif au Québec. Et
peut-être qu'il est tellement présent qu'il finit par être
omniprésent. On le côtoie, on y participe, on est peut-être
même sociétaires, sans s'en rendre compte, de plusieurs
coopératives. Et ça vaut la peine, je pense, de parier de ce
secteur et de prendre les moyens de le garder vivant, actif et en phase de
développement plutôt que de risquer le contraire.
Qu'on pense seulement au secteur financier. Là,
évidemment, je ne surprendrai personne en vous pariant des caisses
populaires Desjardins. Effectivement et heureusement pour nous, c'est une
institution québécoise qui appartient à ses
sociétaires, donc à des millions de citoyens, et qui, par son
chiffre d'affaires, c'est la première institution financière au
Québec. Et c'est une coopérative. Alors, c'est extraordinaire. Et
la
coopérative, non seulement ce sont les caisses qu'on
connaît, où on est capable d'emprunter et de déposer, mais
c'est tout le système Desjardins qui comprend des douzaines
d'institutions directement rattachées, reliées, d'une
façon majoritaire ou minoritaire. C'est extraordinaire et ça nous
a même permis - il ne faut jamais oublier l'importance du mouvement
coopératif - de sauver des entreprises qui, autrement, seraient
passées sous contrôle étranger et auraient même,
probablement, été déménagées.
Donc, au niveau financier, je pourrais continuer dans un système
connexe: les assurances. On a connu beaucoup de mutuelles, on en connaît
encore beaucoup, des sociétés parmi les plus importantes au
Québec. Donc, nos Québécois sont capables et nos
institutions coopératives ont prouvé qu'elles s'étaient
adaptées à notre mentalité, à notre milieu et
à notre façon de faire et de voir. Mais ce n'est pas tout. Les
coopératives dans le secteur agricole: s'il n'y avait pas eu les
coopératives pour développer le milieu agricole, je ne suis pas
certain qu'aujourd'hui, il y aurait autant de producteurs et de productrices
agricoles encore en action, et je suis loin d'être sûr qu'il se
ferait autant de développement chez nous. Dans les périodes les
plus difficiles, les plus creuses, au moment où des gens ne croyaient
pas à ce secteur, les sociétaires, c'est-à-dire les
agriculteurs et les agricultrices, ont décidé ensemble de se
donner des outils de développement économique: des
coopératives de transformation. Et c'est quoi, encore aujourd'hui, nos
plus grandes entreprises du secteur agricole? Ce sont encore et toujours les
coopératives. Et la Fédérée en est un bon exemple,
Agropur, un autre exemple, et je pourrais vous en nommer plusieurs comme
ça. Et ça, ça se retrouve dans tous les secteurs, tous les
milieux du Québec.
Les coopératives d'habitation - je pense qu'il ne faut pas
l'oublier - aujourd'hui, ce sont des dizaines de milliers de logements. Donc,
c'est un secteur très important et ça permet, encore une fois,
à un certain nombre de citoyens et de citoyennes de devenir
collectivement propriétaires de leurs logements, de leurs maisons, parce
que c'est un choix ou parce que c'est une obligation, les gens n'étant
pas en mesure de devenir propriétaires de leurs maisons de façon
individuelle. Donc, le système coopératif, ce n'est pas seulement
de la finance, ce n'est pas seulement de l'agriculture, c'est dans le
vécu quotidien d'un grand nombre de nos citoyens qui ont
décidé de vivre dans des coopératives d'habitation.
Des coopératives de services: on en connaît plusieurs. Il y
en a eu dans l'alimentation, il y en a aussi, encore, dans les services
funéraires et on peut en trouver de plus en plus à peu
près dans tous les secteurs. L'éventail est très
large.
Les coopératives de travailleurs: le ministre en a
mentionné quelques-unes en parlant du domaine forestier. Effectivement,
ce sont des régions qui se sont développées dans ce
secteur-là grâce à des coopératives, des
regroupements. Donc, les sociétaires ont décidé de se
prendre en main. Donc, la formule coopérative a fait ses preuves dans le
passé. Elle a contribué à faire le Québec moderne
qu'on connaît aujourd'hui, elle a eu une part majeure là-dedans.
Si elle a contribué dans le passé, si elle a bâti ce qu'on
connaît du Québec aujourd'hui, les coopératives sont encore
excessivement dynamiques et actives et, heureusement, dans les
coopératives de travailleurs spécialement, il y en a de plus en
plus. moi, je vais vous dire, j'y crois à 100 %. c'est un secteur
majeur, c'est une formule qui nous est adaptée. et même si on la
retrouve ailleurs au monde, je ne suis pas sûr qu'on la retrouve avec une
présence aussi active, aussi dynamique et en aussi grand nombre. et on
peut être fiers de ça. moi, pour un, je dois dire que j'ai des
raisons d'être très convaincu. premièrement, j'ai
travaillé 15 ans chez agropur. donc, le système coopératif
avec les sociétaires, j'en suis pour y avoir vécu et avoir fait
un stage en france sur le développement des coopératives
ouvrières de production. mais là où je trouve
spécialement que c'est un outil important, au moment où on se
parle, eh bien, je peux juste vous parler de quelques coopératives
ouvrières de production qui se sont formées dans mon comté
et d'autres qui sont en voie d'élaboration ou de mise en oeuvre, et
j'espère que ça va fonctionner. mais juste un exemple, c'est les
coopératives des champignons de waterloo. je dois vous dire, une
entreprise privée qui a failli - et là, je ne mettrai pas le tort
sur personne, la conjoncture économique, pendant la crise de 1981-1982 -
la plus grande entreprise qui a fait faillite, c'était les champignons
slack's. et les travailleurs, décidés, déterminés,
ont décidé qu'ils se prendraient en main et que
l'expérience, l'expertise qu'ils avaient acquise dans l'entreprise
privée, ce n'est pas vrai qu'ils la perdraient, mais, au contraire,
qu'ils étaient pour l'utiliser au profit, d'abord, des consommateurs,
mais aussi, pour eux, comme travailleurs. et cette entreprise, qui est repartie
avec une trentaine de personnes, des travailleurs qui ont décidé
de faire des emprunts personnels avec l'aide de la société de
développement des coopératives, s'est remise sur pied.
aujourd'hui, on a doublé le nombre de travailleurs et cette entreprise a
même acheté une entreprise dans le bout du
bas-saint-laurent-gaspésie qui produit des champignons. donc, il y a des
coopératives qui non seulement se développent, mais
acquièrent des entreprises compétitives. donc, c'est possible
quand les travailleurs veulent.
La philosophie coopérative comme telle, le mode
coopératif, la culture qu'on retrouve à l'intérieur d'une
entreprise semblable, c'est un style tout à fait particulier
d'organisation. Quand on lit beaucoup de documents sur l'entreprise du futur,
comment on va fonctionner dans nos
entreprises dans le futur, comment on va faire participer les gens, je
vais vous dire que, dans les coopératives, on a trouvé ça
il y a longtemps. C'est vraiment un mode de participation directe où on
retrouve l'implication et la responsabilisation de chacun. Pourquoi? Parce
qu'on doit participer d'abord aux décisions, ensuite au fonctionnement
et que ça nous permet ensuite de participer aux bénéfices.
Donc, c'est une très bonne formule qui a fait ses preuves.
L'économie du Québec repose effectivement sur le secteur
privé. Ça repose très largement aussi sur le secteur
public, l'État. Et quand on parte du secteur privé, on retrouve
en très grand nombre la présence des petites et moyennes
entreprises au Québec. On doit dire que c'est là l'assise
même de notre développement et de notre création d'emplois.
Mais il y a aussi le secteur coopératif, et ça, il ne faudra
jamais l'oublier.
Et maintenant, si on en revient au sujet qui nous intéresse ce
soir. Qu'est-ce qu'on fait avec la Société de
développement des coopératives? Parce que c'est ça, encore
une fois. Et je me retrouve exactement dans le même discours et dans le
même élan que je me trouvais à peu près deux ou
trois heures plus tôt, avec le projet de loi qui portait le numéro
86 au lieu de 87, qui était finalement la disparition d'une
société d'État pour la faire disparaître, mais
donner les responsabilités à une autre société. Le
ministre, dans son intervention tantôt, disait: II y en a qui ont l'air
de vouloir garder le Québec petit. Moi, je dois vous dire que ce n'est
pas en faisant disparaître des institutions qui ont fait leurs preuves,
que ce n'est pas en enlevant des sociétés en place, connues, qui
sont compétentes, qu'on va faire du développement, c'est le
contraire. On peut grossir des sociétés, on peut en faire de
grandes sociétés, mais, au Québec - je l'ai dit
tantôt et je le répète - il y a de la place pour plusieurs
sociétés d'aide différentes, spécialisées
dans leur secteur. Et ce n'est pas en les fusionnant et en se donnant seulement
une seule structure au Québec qu'on va réussir à
développer tous les secteurs et spécialement des secteurs comme
celui-ci. Et c'est pour ça que j'ai été un peu long dans
mon préambule pour montrer l'importance du secteur coopératif
comme quoi c'était un secteur majeur, que ce n'est pas de petites
entreprises seulement, mais aussi de très grandes entreprises et
même les plus grandes entreprises au Québec au moment où on
se parle, dans leur secteur, entre autres les caisses populaires Desjardins.
(22 heures)
Mais ça, ce soir, ce projet de loi 87, qui s'en vient faire en
sorte de prendre toutes les responsabilités du développement des
coopératives et de les donner à la Société de
développement industriel. C'est l'aboutissement, c'est la fin, c'est la
suite logique d'une démarche qui avait déjà
été entreprise.
Et, là, je recule encore une fois. Il faut savoir d'où
l'on vient si l'on veut savoir où on va. Je me rappelle des
débats qu'on avait tenus en 1986 par rapport au budget qui était
pour être en vigueur au 1er avril 1987. C'était quoi, à ce
moment-là? C'était la coupure du programme d'aide aux
coopératives de développement régional. Parce qu'il y a
déjà eu plus d'aide, ça a déjà
été plus présent sur tout le territoire. Il y avait 12 CDR
comme on les appelait, des coopératives de développement
régional, et je me le rappelle parce qu'à ce moment-là
j'étais critique en matière de petites et de moyennes
entreprises. Lorsque c'est arrivé, on a tenu quelques débats. Le
ministre du temps disait: Eh bien, effectivement... C'était le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui est présentement
président du Conseil du trésor, qui avait décidé de
faire une compression. Il justifiait la disparition des coopératives de
développement régional en voulant faire une économie de 1
000 000 $. Donc, il a décidé à ce moment-là qu'il
coupait huit des coopératives de développement régional
qui, chacune dans leur milieu, faisaient en sorte de stimuler, d'encourager le
développement de coopératives de travailleurs et de services.
On en gardait quatre. Les quatre qu'on a gardées, c'est
Montréal, Québec, l'Estrie et l'Outaouais. Je ne suis pas
sûr qu'on puisse appeler ça du développement
régional. Le reste, ça voulait dire qu'on abolissait les autres,
celles qui étaient existantes et qu'on retrouvait un peu partout sur le
territoire québécois. À ce moment-là, il y a des
gens qui étaient impliqués et le porte-parole du temps - je ne le
nommerai pas parce qu'il n'est peut-être même plus dans le giron
des coopératives ou, en tout cas, des coopératives de
développement régional - nous disait que ça venait menacer
2000 emplois dans les régions du Québec.
À ce moment-là, nous, on disait, ici: C'est un premier pas
- mais c'est un geste significatif - en vue d'enlever le programme d'aide au
développement des coopératives, surtout en région, en tout
cas, d'une façon aussi bien structurée, aussi proche des gens
dans les régions comme structure tout à fait autonome. Parce que
je vous ai dit tantôt que le mouvement coopératif, c'était
un secteur particulier à cause de la participation des travailleurs,
à cause de la volonté que ça prend pour partir en
affaires. Dans une coopérative, on ne se contente pas d'être un
travailleur, on est un sociétaire, on est propriétaire, on risque
des sous et on y met notre temps et nos énergies.
Eh bien, à ce moment-là, nous, on l'avait
dénoncé en disant: Vous allez voir, plus on va avancer,
étant donné que maintenant on donne l'orientation et que,
finalement, la décision anticipée de ce qu'on veut faire, c'est
de se retirer tranquillement de ce secteur-là... Et on y arrive. On est
rendu là ce soir! La Société de développement des
coopératives va, elle aussi, disparaître. Ce qu'on nous annonce ce
soir,
c'est la disparition de deux sociétés de
développement à caractère spécifique, avec un
rôle déjà bien établi et accepte sur tout le
territoire. là, maintenant, on nous tient un autre discours et on prend
des décisions. c'est quoi le rôle de la société de
développement des coopératives? si on prend des décisions
comme ça, il faut savoir c'est quoi, s'ils ont rendu un bon service ou
non et, si oui, eh bien, ça va être remplacé par quoi.
est-ce que c'est dans le bon sens ou si ce n'est pas plutôt une erreur?
c'est ça qu'il faut regarder. c'est quoi, finalement, la
société de développement des coopératives, son
rôle? son rôle, c'est de stimuler effectivement le
développement des coopératives par une aide technique, par une
aide à la gestion et par une aide financière. et ces
gens-là, un peu comme on disait tantôt avec les gens de l'autre
projet de loi qu'on a discuté, c'est-à-dire l'aqvir, c'est
à peu près la même chose, une équipe de
professionnels, des gens qui y croient, qui ont une expertise et qui ont
réussi, chacun dans leur milieu, à créer une espèce
de synergie avec le reste du milieu coopératif qui est très
large, qui est très important. je vous ai donné, au début
de mon intervention, toute une liste d'entreprises et de secteurs où on
retrouve le mouvement coopératif avec une présence majeure. donc,
la synergie est déjà là, l'expertise est connue,
l'équipe est en place. j'écoutais le ministre tantôt nous
dire qu'il comptait, en parlant de l'autre projet de loi qu'on a discuté
avant, maintenir l'équipe, parce qu'il reconnaît que c'est une
équipe gagnante. il ne faut pas la défaire, l'équipe.
donc, on va la transférer en bloc. ça demeure une entité,
pour être capable de garder l'efficacité. mais il nous arrive
quoi, ce coup-ci? est-ce qu'on est en train de dire que l'équipe de la
société de développement des coopératives est moins
compétente et moins bonne que l'autre était, puisque, ce coup-ci,
dans le projet de loi 87, on ne s'en vient pas préserver
l'équipe, on s'en vient la diviser? parce que n'oublions que, dans le
projet de loi 87, on va partager les responsabilités entre le
ministère de l'industrie, du commerce et de la technologie et la
société de développement industriel. je vais y revenir
tantôt.
Mais est-ce que la Société de développement des
coopératives a fait une bonne job? Habituellement, quand on est des bons
administrateurs, on regarde ce qu'on a. Et, quand on est des administrateurs de
plusieurs entreprises, qu'on est à la tête d'un consortium,
qu'est-ce qu'on fait? On regarde les entreprises qui sont efficaces, rentables
et on les stimule, on les fait grossir, on les aide davantage à produire
un peu plus, spécialement en période de ralentissement et
même de crise économique comme celle qu'on traverse. On prend les
outils qu'on a, qui sont efficaces, et on les aide davantage. On ne les fait
pas disparaître.
Est-ce que la Société de développement des
coopératives mérite de disparaître? C'est une question
qu'on a le droit de se poser et qu'on doit se poser, comme gens responsables.
Bien, à la Société de développement des
coopératives, si on regarde le rapport annuel 1989-1990, il y a eu 99
demandes reçues, 101 dossiers complétés, 41 aides
autorisées. Il y a 151 entreprises qui sont en suivi, 115 entreprises en
consultation et 410 en revue financière. Les sommes autorisées,
c'est 6 500 000 $, environ. C'est bon, je pense, de montrer les secteurs parce
qu'il faut regarder si on aide un secteur qu'on veut privilégier pour
nos entreprises de coopératives de travailleurs: 63 %, c'est
effectivement des coopératives de travailleurs; 30 %, des
coopératives de consommateurs et 7 %, des coopératives de
producteurs. Donc, on voit qu'encore une fois on va dans tous les secteurs.
Mais, contrairement à bien d'autres secteurs, ce n'est pas d'abord des
services; c'est d'abord des coopératives de travailleurs. L'exemple, je
vous le donnais chez nous, tantôt; je dois vous dire, regardez les
coopératives, c'est souvent ça: des mises à pied, des
fermetures, et les entreprises sont remises à flot, repartent. Repartent
comment? Repartent pourquoi? Parce que les travailleurs ont l'expérience
et ont surtout la volonté.
Je m'excuse, M. le Président, question de règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Vous me faites signe qu'il me reste une
minute.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui.
M. Paré: Je ne l'ai pas dit au début, mais je vais
vous le dire maintenant, je remplace la critique en matière d'industrie
et de commerce, étant donné qu'elle est à la commission
constitutionnelle. Donc, j'ai droit à une heure.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, effectivement, M.
le député, si vous agissez comme critique, vous avez droit
à 60 minutes plutôt que 20. Continuez, M. le
député.
M. Paré: Merci, M. le Président. Je suis heureux de
continuer parce que je me rends compte que vous écoutez très
attentivement les propos que je tiens. Et j'espère que je vais vous
convaincre, non seulement vous, mais le ministre, de l'importance... Oui, vous
écoutez très attentivement et ça me plaît parce que
j'espère que non seulement vous m'écoutez, mais que je vais
réussir à vous convaincre de ne pas faire disparaître cette
Société du décor des Québécois.
Donc, si je continue, est-ce que la Société de
développement des coopératives est rentable,
fait une bonne job, est reconnue par le milieu et aide effectivement?
Bien, juste en 1989-1990, l'aide autorisée par la SDI a permis aux
entreprises coopératives de réaliser des projets pour un total de
près de 14 000 000 $. C'est quand même quelque chose. C'est quand
même quelque chose de permettre au secteur de se développer et
voir des investissements de 14 000 000 $. Et comme c'est dans des petites et
moyennes entreprises, on sait que ça crée des emplois.
Quand on va dans des grands, grands secteurs, le secteur qui, lui,
normalement, est plus aidé par la Société de
développement industriel, bien, très souvent, avec 1 000 000 $, 5
000 000 $ ou 10 000 000 $, on y a créé un ou deux emplois. Je ne
suis pas contre, il le faut. Il faut aller dans des secteurs qui sont plus
coûteux, mais qui sont importants en termes d'exportation, de
retombées, de sous-traitance. C'est normal qu'il y ait des secteurs
comme ça. Mais, quand on parle de coopératives de travailleurs,
avec 14 000 000 $, je dois vous dire, on a certainement créé des
centaines d'emplois. Et là, ça vaut la peine et c'est
différent. (22 h 10)
Mais est-ce que la Société est limitée, elle,
à Montréal? Bien non, parce que, au moment où on se parle,
il y a des bureaux à Chicoutimi, à Montréal, à
Québec, à Rimouski, à Rouyn-Noran-da et à
Sherbrooke. Donc, ils sont partout. On les retrouve déjà dans les
régions. Et je dois vous dire, moi, pour être dans une
sous-région, je sais que je peux avoir un très bon service,
rapide, efficace, de gens qui viennent de Sherbrooke. Donc, on les a, les
services dans les régions même un peu périphériques
par rapport aux endroits physiques où on retrouve les bureaux
présentement. Mais la SDC, ce qu'il ne faut pas oublier, dans son
état des revenus et des dépenses pour l'exercice financier
1989-1990, donc le dernier exercice qu'on peut regarder, présente un
excédent à la fin de l'exercice de 1 538 570 $. Dcr.c, qu'est-ce
qu'on a à reprocher à la Société comme telle? Rien,
je dois le dire, de ce côté-là, et vous l'avez dit
aussi.
Mais, comme la Société est efficace et qu'on regarde
autant ses revenus, ses dépenses, son excédent, le nombre
d'entreprises aidées, sa présence dans les régions, je me
dis: Je ne comprends pas qu'on veuille... Vous allez me dire qu'on veut
l'intégrer parce qu'on veut des petites affaires. Non, on ne veut pas
des petites affaires; on veut garder et même voir grossir tes affaires
qui sont efficaces, les sociétés qui stimulent parce qu'elles
sont plus proches des autres et, surtout, dans le secteur des
coopératives. On ne rend pas un service à une coopérative
de la même façon que les autres entreprises. C'est un secteur
particulier, avec un comportement qui est différent. Et ça, il
faut le reconnaître. Les sociétaires sont des gens qui
s'impliquent, mais très souvent des gens qui ont besoin d'un suivi,
parce que ce n'est pas tout le monde et, effectivement, il n'y a pas de cours
sur les coopératives dans les écoles primaires, secondaires et
dans les cégeps. On n'arrive pas nécessairement
préparé là-dedans, sauf qu'on a une responsabilité
quand on est à l'intérieur, et c'est pour ça que, dans le
rôle de la Société de développement des
coopératives, il y a aussi une aide de gestion, de suivi. donc, moi, je
pense que personne ne peut douter présentement que les
coopératives, c'est un secteur très important. mais, vous savez,
je suis obligé de revenir là-dessus parce que ça semble
être le courant qu'on suit présentement et je vous dis: moi,
ça m'inquiète par rapport au développement, si on veut
qu'il continue. si on accepte, on n'a pas le choix de l'accepter, c'est la
réalité... et le ministre responsable de la pme, qui était
avant vous, il l'a tellement répété, mais avec justesse et
même, ça a été le premier - et bravo! - à
mettre sur pied la revue sur les pme d'une façon annuelle. au-dessus de
80 % des emplois créés au québec le sont par les pme. on a
des outils, on a des institutions qui sont en place justement pour aider la
création des petites et moyennes entreprises. moi, je pense qu'on n'a
pas le droit de les enlever et là, tantôt, c'était aqvir.
je vous ai écouté, on ne vous a pas convaincu, on va en parler en
commission et je respecte ça, m. le ministre. vous y croyez, je respecte
ça. je n'y crois pas et je vous le dis. mais on enlève une
institution qui est aqvir.
Je vais vous donner un exemple comme quoi ça a des effets et les
effets, on les voit souvent des années plus tard. Mais le mal est fait
et le rattrapage est souvent impossible. Je vous ai parlé tantôt,
au début de mon intervention, des secteurs où les
coopératives étaient très importantes. Je vous ai
parlé de l'habitation. C'est un peu la même affaire, l'habitation.
Oui, il y a des dizaines de milliers de logements coopératifs au
Québec, donc des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes qui
vivent dans des logements coopératifs. Il avait été mis
sur pied, je pense que c'est en 1979 ou 1980, dans ces années-là,
par le gouvernement précédent, les groupes de ressources
techniques qui sont un peu la même chose que les sociétés
de développement coopératif. Ils sont dans le milieu pour inciter
les gens à s'en aller dans des logements coopératifs, ensuite de
ça, faire un suivi, monter les projets et tout ça, à peu
près la même chose.
Si on y va dans le domaine industriel et des entreprises, on pourrait
dire en parallèle et d'une façon presque semblable qu'il y avait
et il y a encore les groupes de ressources techniques. Ce sont des
professionnels la même affaire et ils sont là pour
développer des coopératives chacun dans leur secteur. Donc, on a
un parallèle qu'on peut suivre. Mais, en 1986 et en 1987, le
gouvernement a décidé de diminuer les budgets des groupes de
ressources techniques et de diminuer le nombre de groupes aussi. Eh bien,
ça fait
quoi? Ça fait que maintenant il se construit chaque année
de moins en moins de coopératives d'habitation. C'est un choix qu'on
peut faire. Le gouvernement en veut moins, il ne croit pas à cette
formule qui, pourtant, est beaucoup plus économique que les HLM. Elle
responsabilise les gens qui sont à l'intérieur, parce qu'ils y
sont par choix et ont la responsabilité d'administrer, de surveiller et
d'entretenir. Je trouve que c'est une formule extraordinaire et les gens en
sont contents, parce qu'ils sont propriétaires collectivement. Mais,
parce que, un jour, ici, il y a une décision qui a été
prise de dire: On coupe dans les budgets pour financer les groupes de
ressources techniques, eh bien, il y a moins de gens pour suivre, il y a moins
de gens pour stimuler, il y a moins de gens pour aider à la mise en
chantier de coopératives d'habitation et il y a moins de
coopératives d'habitation! Si, avant, il y en avait entre 1700 et 2000
par année, on est rendu maintenant à 500, 600 ou 700 par
année. Ça a des conséquences, les choix qu'on fait ici
à l'Assemblée nationale.
Je ne voudrais pas qu'on se ramasse, au niveau de l'industrie, du
commerce de la petite et de la moyenne entreprise et du développement
économique, dans 3 ans, 4 ans, 5 ans, 10 ans avec moins de
création de coopératives de travailleurs et de services, parce
que les gens n'ont pas le service de la même façon. Les gens dans
le milieu qui y croient sincèrement, ils ne sont plus disponibles, ils
ne sont plus là ou ils sont là, mais d'une façon
différente. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on va retrouver
ce service comme un service à l'intérieur de la
Société de développement industriel du Québec.
Je vous écoutais dire ou laisser entendre qu'on a quelque chose
contre la Société de développement industriel du
Québec. Je l'ai dit tantôt et je le répète: J'ai
probablement une chose pour ou contre la Société de
développement industriel. Ce qui serait pour, ça s'appelle
beaucoup d'admiration. Ce n'est pas compliqué. On ne peut pas s'en
passer, c'est une société majeure pour le Québec. Je ne
reprendrai pas tout ce que vous avez dit. Vous avez raison, si on n'avait pas
eu la Société de développement industriel du Québec
comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, comme
société on ferait dur! On serait en crise économique
perpétuelle, ce serait terrible et lamentable comme situation. Donc, je
n'ai rien contre la Société de développement industriel du
Québec, au contraire; elle a sa place, elle a même une place
privilégiée et de choix, parce qu'elle est là pour
stimuler le développement des grandes entreprises, des moyennes
entreprises et pour stimuler partout sur le territoire l'aide qu'elle doit
apporter. Mais, ce n'est pas vrai qu'elle doit avoir toute la place et qu'elle
doit être seule, je ne pense pas, et surtout pas nécessairement
avaler d'autres sociétés comme celles que je suis en train de
nommer qui ont ont fait leurs preuves, la preuve de leur utilité parce
qu'elles aident à développer des secteurs de l'économie,
tout un style d'entreprise.
Comme je le disais dans les lettres que je lisais tantôt, si elles
ont réussi, c'est souvent à cause de leur approche
particulière qu'on ne retrouve pas nécessairement dans la
Société de développement industriel, non pas parce qu'elle
n'est pas bonne, non pas parce que les gens ne sont pas compétents. Dans
leur secteur, dans leur champ de responsabilité et de compétence,
les gens de la Société de développement industriel sont,
comme on le dit dans les annonces, numéro un; ils sont corrects, ils
font une job extraordinaire, mais les autres aussi. Si elles n'avaient pas
été efficaces, si elles n'avaient pas créé autant
d'emplois, je comprendrais que maintenant on veuille peut-être s'en
défaire, qu'on ait la volonté de vouloir les faire
disparaître en disant: Bon, on n'a plus les moyens, sauf qu'on conserve
tout, mais on n'en met pas plus, par exemple.
À ça aussi il faudrait faire attention. On peut bien dire
qu'on va développer davantage les régions et qu'on va avoir plus
d'aide pour les entreprises, on n'en aura pas plus. On va peut-être avoir
moins de spécialités ou de spécificités par rapport
à l'aide qu'on va apporter. Ça, par exemple, c'est un danger,
parce que c'est utile, je pense. La preuve, regardez ce qui se passe ailleurs.
Ne regardez même pas nécessairement ce qui se passe ailleurs,
à l'extérieur du Québec, regardez juste ce qui se passe
à l'intérieur du Québec, mais dans d'autres
ministères où on juge que c'est utile d'avoir des
spécialisations pour être capables de donner un meilleur service,
d'être plus efficaces, d'être plus rapides et, en bout de ligne,
souvent d'être plus économiques. (22 h 20)
Si on regardait - et vous allez me dire que c'est boiteux comme
comparaison, mais peut-être pas tant que ça - au niveau de la
santé et des services sociaux, on en fait des
spécificités; même au niveau des hôpitaux, il y a des
courtes durées et des longues durées. Dans ce qu'on va
déposer comme politique de la santé et des services sociaux, on
va décider qu'il y a une porte d'entrée dans le réseau,
mais qu'après il y a des spécificités par rapport aux
clientèles qu'on dessert. Pourquoi on ne le fait pas ici ou pourquoi on
ne veut plus le faire, spécialement dans la période qu'on
traverse, c'est ça qui m'inquiète? Donc, c'est dans l'AQVIR,
c'est dans les groupes de ressources techniques par rapport aux
coopératives d'habitation.
Je pourrais continuer: dans le groupe de soutien aux
initiatives-jeunesse; ces gens qui font un boulot extraordinaire, qui
répondent aussi à une clientèle particulière. Et je
suis obligé de le ramener pour vous prouver, M. le ministre, et pour
essayer de vous convaincre qu'il faut qu'il y ait des particularités et
qu'il faut que certaines clientèles se retrouvent avec un traitement qui
leur soit propre. Les jeunes qui veulent se partir en affaires et qui
s'adres-
sent aux groupes de soutien aux initiatives-jeunesse reçoivent
là un accueil tout à fait correct, un suivi, une aide technique
de soutien et financière. Et, là, c'est correct, à part
ça, que ce soit comme ça, parce que les jeunes arrivent avec une
idée et l'idée, il faut la développer, il faut la
travailler. Ils sont accueillis et les gens qui les reçoivent,
même si c'est seulement une idée, qu'il n'y a même pas une
feuille descriptive du projet, les accueillent correctement. Pourquoi? Leur
rôle, c'est d'aider les jeunes à mettre un projet sur papier et,
ensuite, d'essayer de le concrétiser en création d'emplois et en
entreprise. Mais si ce même jeune se présente chez le commissaire
industriel, au commissariat industriel, eh bien, je dois vous dire que le
commissariat industriel qui doit s'occuper du développement
économique, touristique et commercial de sa municipalité, qui
doit faire des voyages de perspectives en Europe, aux États-Unis et en
Asie, qui doit voir au maintien des emplois dans les entreprises
déjà existantes, eh bien, lui, le jeune qui va arriver avec une
idée, qu'il réussit à exprimer pas toujours de
façon très claire - parce que les plus grands génies, ce
ne sont pas toujours les meilleurs administrateurs, et ça, vous le
savez, si on enlève ça, parce qu'on veut faire une structure plus
simplifiée...
Sauf que la structure plus simplifiée que vous êtes en
train de mettre en place au Québec... Oui, la structure est plus simple,
effectivement. Si on essaie de l'imaginer très rapidement: le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, avec la
Société de développement industriel qui est le bras droit,
si on veut, dans les 16 régions du Québec, avec des points de
service, et, en dessous, les commissariats industriels auxquels on aura
intégré les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse. Et,
entretemps, au niveau régional, on aura intégré l'AQVIR
à la Société de développement industriel et la
Société de développement des coopératives, en
partie à la Société de développement industriel et
en partie au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. On
aura éliminé les autres. On aura une structure très simple
qui fait un tableau avec pas trop de carreaux. Ce n'est pas si pire.
Sauf que qu'est-ce qui est important quand on veut faire du
développement régional et du développement
économique? Est-ce que c'est une belle grosse structure facilement
identifiable ou si c'est la proximité et la diversité des
ressources? Parce que ressources et structures ne veulent pas
nécessairement dire la même chose, et le fait d'avoir plus de
ressources plus spécialisées ou plus présentes sur le
territoire ne vient pas compliquer la structure. Au contraire, il vient souvent
simplifier la structure, mais surtout, il permet un rapprochement des
structures des citoyens et des gens qui demandent de l'aide. Donc, il faut
faire attention.
Là, bien, maintenant, pourquoi on intervient et c'est quoi,
d'après nous le danger, présentement, du projet de loi 87? Le
ministre a dit que, effectivement, et je n'ai aucun doute, le ministre a
consulté, il est allé voir le milieu. Effectivement, quand le
milieu voit l'orientation du gouvernement, très souvent, il se
résigne. On n'a pas tellement le choix: un gouvernement très fort
et très majoritaire prend ses décisions et il les exécute.
Le milieu peut contester ou bien il peut se résigner. Là, quand
on voit que, de toute façon, la démarche n'est pas
arrêtable, on fait quoi? Finalement, on donne des conseils, on fait des
demandes pour voir comment ça pourrait s'appliquer, la volonté
qui est exprimée de la façon la moins contraignante ou la moins
négative possible.
Là, vous avez consulté et les gens vous ont dit: II
faudrait faire attention à telle, telle affaire, et vous avez
répondu positivement à plusieurs de ces demandes. Entre autres,
vous dites qu'à partir de maintenant, comme il n'y aura plus de
Société de développement des coopératives comme
entité facilement accessible avec un rôle spécifique et des
responsabilités connues et surtout un contact facile... Je peux vous le
dire parce que je travaille avec ces gens-là et tous ceux qui ont
monté des coopératives sont bien contents parce que
c'était simple. Les gens vont à la Société de
développement des coopératives et là les gens donnent la
totalité des services. Ils sont proches et ils ont, en même temps,
l'esprit et la culture de la coopérative.
Eh bien, là, maintenant, on ne s'en vient pas simplifier. On s'en
vient complexifier plutôt la démarche parce qu'à partir de
maintenant c'est un partage. On va partager en deux. Je vais vous en parler un
peu. Maintenant, on vient reconnaître, pour montrer que ça nous
intéresse les coopératives, qu'il va y avoir un sous-ministre au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Donc, il va y avoir un
sous-ministre, mais il n'y aura plus de Société de
développement des coopératives, et il va y avoir, à la
Société de développement des coopératives, un
vice-président au développement coopératif. On n'aura rien
sauvé dans les structures. On n'aura rien sauvé dans les
dépenses parce qu'on a le même nombre de postes, mais
intégrés, donc moins spécifiques, et le danger - et je
reviens à ce que je disais au début, les coopératives
c'est un secteur particulier - c'est qu'en faisant en sorte, maintenant, que le
développement des coopératives ça ne soit qu'un secteur de
la Société de développement industriel plutôt qu'une
entité de la Société de développement des
coopératives, eh bien, on risque que ce soit plus complexe, que ce soit
moins efficace et peut-être qu'il y ait moins de coopératives qui
soient mises sur pied.
C'est une crainte que j'ai d'une façon très sincère
et je ne peux pas faire autrement que la manifester parce qu'on vient briser la
synergie
qui existe déjà par rapport à la
Société avec les coopératives de leur milieu. Ils se sont
habitués à travailler avec les coopératives. Les gens qui
se présentaient dans des institutions financières
coopératives ou d'autres entreprises comme des représentants de
la Société de développement des coopératives,
c'était comme voir arriver de la parenté ou des amis parce qu'on
travaille pour le développement d'un secteur similaire.
A partir de maintenant, je ne suis pas sûr qu'on va voir ça
de la même façon, un fonctionnaire qui va se présenter
comme un fonctionnaire de la Société de développement
industriel, même si c'est dans le volet coopératives. Mais
là, on s'en vient, oui, renforcir la Société de
développement industriel, mais est-ce qu'on ne vient pas noyer les
dossiers de développement coopératif? Et ça, c'est un
danger et l'autre danger, c'est un va-et-vient entre le ministère de
l'Industrie et du Commerce et la Société de développement
industriel.
Ce que je veux dire par là... Si on regarde juste ce qui se passe
maintenant et ce qui va se passer avec le projet de loi 87, avec la loi
actuelle, avant de voter la loi 87, lorsqu'il s'agit de démarches ou
d'étapes dans le cheminement d'un dossier, c'est clair, c'est net. On
s'adresse uniquement et toujours à 100 % à la
Société de développement des coopératives. Quand on
regarde aussi la loi qui régit la Société de
développement industriel, c'est la même chose. La
Société de développement industriel peut et doit prendre
un dossier et le rendre à terme. (22 h 30)
Mais il va se passer quoi maintenant par rapport aux coopératives
dans la loi 87? Il va se passer que, quand il va s'agir de la forme de la
demande, bien, ça ça va être déterminé par le
ministre. Les documents et les renseignements requis, c'est par le ministre.
L'étude d'admissibilité au programme, c'est fait par le ministre;
l'opportunité d'accorder une aide, c'est déterminé par le
ministre. Mais, par contre, quand va venir le temps, maintenant, de
l'évaluation de l'entreprise quant à ses perspectives
financières, respect de ses engagements, compétence de la
direction, viabilité financière du projet, bien, là, on
s'en va à la Société de développement industriel.
Quand il s'agit de la détermination du montant et de la forme de l'aide,
c'est la Société de développement industriel;
recommandation au ministre, c'est la Société de
développement industriel qui va le faire. Puis, là, bien, la
décision va revenir au ministre.
Je ne pense pas qu'on vienne simplifier, alors qu'un des reproches qu'on
a tellement faits souvent au secteur public, aux ministères, au
gouvernement et aux sociétés d'État, c'est la
complexité, la grosseur. Puis, là, bien, on s'en vient faire en
sorte qu'on va exactement dans ce sens-là et je trouve ça
dommage; je ne voudrais pas que ce soit comme ça, surtout quand on sait
- il ne faut pas l'oublier - que les entre- prises coopératives ont un
taux de réussite et de survie qui dépasse largement celui qu'on
enregistre pour l'ensemble des entreprises. Donc, le secteur a fait ses preuves
grâce à l'aide de la Société de développement
des coopératives. Puis, là, on s'en vient modifier ça.
Est-ce que le fait de le modifier va, dans notre esprit, nous aider
à mettre plus de coopératives en marche? Est-ce que ça va
nous aider à donner un meilleur suivi aux coopératives? Et si,
comme je viens de le dire, les coopératives ont un taux de
réussite et de survie plus important que les autres entreprises, est-ce
qu'on pense qu'on va stimuler davantage ce genre d'entreprise en ayant
intégré ce qui se passe présentement, c'est-à-dire
la Société de développement des coopératives
à la Société de développement industriel, en
partie, et au ministère de l'Industrie et du Commerce, pour une autre
partie? Moi, je dois vous dire: Je ne pense pas. J'en doute et c'est pour
ça que je l'exprime.
Le ministre y croit, je respecte ça, je l'ai dit tantôt. Il
croit effectivement que la Société de développement
industriel, pour y avoir travaillé comme président, c'est
très important, mais ça va l'être drôlement. Je dois
dire, ce soir, c'est deux cadeaux drôlement importants que le ministre
est en train de faire à la Société de développement
industriel: et l'AQVIR, et la Société de développement des
coopératives. Joyeux Noël et bonne année en même
temps! On peut décider que c'est bon. C'est un choix que vous faites,
mais, en même temps, pour les régions, pour les secteurs, je vous
ai lu des lettres tantôt, je pourrais vous en lire d'autres comme quoi il
y a des gens qui sont inquiets et qui ne pensent pas que la vision que vous
êtes en train de suivre est la bonne. Moi aussi, je la mets en doute; moi
aussi, je la mets en doute, si c'est vrai qu'au Québec 80 % des emplois
sont créés par des PME et que les sociétés qu'on
est en train de faire disparaître ont prouvé leur
rentabilité, leur efficacité et, surtout, leur attachement, pas
nécessairement l'attachement d'eux autres par rapport à leur
milieu, mais l'attachement que le milieu ressent par rapport à ces
petites sociétés là. Est-ce qu'on va retrouver ça
encore, maintenant? Est-ce qu'on s'éloigne ou on se rapproche?
Vous avez beau dire, et vous avez raison, qu'il y a 16 points de service
à travers le Québec. Bien, j'en suis, sauf que ça ne veut
pas dire qu'on va ajouter du monde. Les gens vont avoir une
responsabilité de plus. Bien, je dois dire, la responsabilité,
c'est de diriger, comme je le disais tantôt, dans les régions. Les
guichets uniques, c'est important pour être capable d'aider les gens,
mais aussi de bien les guider et les diriger vers des sociétés,
des entreprises, des institutions qui ont prouvé leur compétence.
Moi, je pense qu'une société bien connue, elle peut jouer un
rôle meilleur que juste un secteur qu'on ajoute à une
société qui est déjà importante, qui
est déjà grosse, qui a déjà un rôle
fondamental, comme je l'ai dit, dans la société.
Moi, je ne veux pas qu'on rapetisse la Société de
développement industriel et, même, j'ai été de ceux
qui, au cours du passé, lors de l'étude des crédits
spécialement, ont dénoncé qu'on ait diminué les
budgets ou qu'on ne les ait pas augmentés suffisamment,
spécialement en période de ralentissement économique, pour
lui permettre de jouer un rôle encore plus important. La
Société de développement industriel peut jouer son
rôle fondamental, peut jouer un rôle encore plus important sans
nécessairement s'accaparer des responsabilités d'autres
sociétés qu'on est en train de faire disparaître.
Et moi, je conclus là-dessus, ce qui est important,
effectivement, ce n'est pas de subventionner et d'entretenir des structures
ça, je suis tout à fait d'accord avec ça. Décider
d'éliminer des structures qui sont inefficaces ou pas rentables,
ça, il faut le regarder, ça peut être possible sauf que,
même dans certains cas, on est mieux de les garder pas rentables si elles
ont un autre rôle, social, économique ou culturel, à jouer.
Mais là n'est pas la question. Je ne veux pas qu'on garde des structures
pour garder des structures. Mais, quand des sociétés ou des
agences ont prouvé leur efficacité dans une période de
ralentissement économique comme celle qu'on connaît, est-ce qu'on
ne risque pas de venir accentuer encore davantage le ralentissement? Parce
qu'on amène des changements au moment où, au lieu de jouer dans
des changements de structures, le gouvernement devrait être en train de
regarder de quelle façon il peut rentabiliser davantage, il peut aider
encore davantage les outils efficaces, rentables, performants qu'on
connaît au Québec.
Dans une période de crise économique comme celle qu'on
connaît, on doit utiliser tout ce qui existe, on doit l'utiliser au
maximum et on ne doit pas être en train de faire des changements de
structures, des changements de responsabilités. On devrait être en
train d'encourager et de stimuler au maximum ceux qui sont bons, ceux qui sont
efficaces, ceux qui sont en place, pour leur permettre d'être encore plus
efficaces pour créer plus d'emplois. Parce que, qu'on le veuille ou non,
ce n'est pas par plaisir, surtout pas... Je pense qu'il n'y a personne
d'heureux de ce qui est en train de se passer dans l'économie du
Québec. On le sait. On est obligés de le constater,
l'économie est malade, l'économie va mal. Et nous, ici, au lieu
de se donner des budgets supplémentaires, au lieu de se donner de
nouveaux programmes d'aide pour les entreprises en difficulté... Je
pense que c'est ça qui serait notre rôle ce soir. Dans une
période de crise économique, l'État a un rôle
majeur, fondamental à jouer.
J'aimerais ça, être ici ce soir en disant: Étant
donné que ça va tellement- mal, le ministre a
déposé un projet de loi pour nous dire qu'il y a des nouveaux
programmes d'aide à nos entreprises ou des budgets
supplémentaires pour les aider, ou bien, même une nouvelle
société, si c'était nécessaire, parce qu'on sait
très bien - et vous avez vu l'état de nos industries de
pâtes et papiers et tout ça... Mais non, on n'est pas en train de
regarder ce qu'on peut ajouter, en termes d'efficacité, on n'est pas en
train de regarder ce qu'on pourrait ajouter en termes de finances ou en termes
de programmes, on est en train de transférer des responsabilités
d'un organisme à l'autre. On est en train de faire des transferts qui,
à mon avis, auront bien plus des effets négatifs sur la
création d'emplois pour un certain temps puisque maintenant, les gens
qui sont en place, on est en train de les déplacer, et le milieu, qui
s'était habitué à travailler d'une certaine façon,
on s'en vient aussi modifier ses relations avec les sociétés.
Donc, c'est pour toutes ces raisons, M. le Président, que je
tenais à parler pour sensibiliser le ministre aux raisons qui nous
amènent à prendre une position qui va à rencontre du
projet de loi et surtout pas - je conclus là-dessus - surtout pas parce
qu'on veut garder le Québec petit, et surtout pas parce que, nous
autres, on veut des petites affaires, comme vous avez dit tantôt Au
contraire, on veut un Québec fort dans tous les secteurs, on veut des
entreprises qui se développent, on sait que l'emploi se crée par
les petites et moyennes entreprises et les sociétés qu'on est en
train de démantibuler, c'est des sociétés qui ont
aidé au cours des années, qui ont aidé, au cours des
années, à créer beaucoup de petites et moyennes
entreprises, donc des dizaines de milliers d'emplois. On ne voudrait pas que
ça diminue. Vous l'avez dit vous-même: La Société de
développement industriel a commencé petite, c'est maintenant un
géant dont on peut être fier et qu'on veut garder. Peut-être
que nos sociétés que l'on a présentement, si on les aidait
davantage, deviendraient peut-être aussi des géants, des
géants utiles pour faire du Québec un État prospère
et un État fort. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Shefford. Je suis prêt à reconnaître
un prochain intervenant. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et vice-président de la commission
des institutions. M. le député. (22 h 40)
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. À la suite des
bonnes paroles que vient de prononcer mon collègue, le
député de Shefford, j'aimerais aussi ajouter quelques
idées dans le débat qui, je l'espère, auront l'effet
recherché par le ministre dans le sens contraire, lorsque j'ai bien
écouté ses affirmations à l'appui du projet de loi 87 qui
vise ici, à toutes fins utiles, à abolir la
Société
de développement des coopératives du Québec. Je
voudrais ajouter que le secteur coopératif, quand on vient d'une
région comme l'Abitibi-Témiscamingue, est extrêmement
important. Les coopératives ont constitué dans ce coin du pays
une espèce d'élément vital de regroupement des
travailleurs, le regroupement des forces dans un certain nombre de secteurs
économiques, ce qui a fait en sorte qu'on a pu passer à travers
des moments difficiles. Les gens qui connaissent la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, savent bien que le Nord du Québec s'est
développé d'une façon telle qu'il a souvent fallu faire
appel à cette force du coopératisme pour passer à travers.
Moi, qui suis d'une génération, qui suis arrivé, bien
sûr, après les premiers pionniers de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est quasiment toujours un plaisir pour moi
d'entendre les pionniers de cette région me dire comment d'abord ils ont
dû se battre contre les éléments et, deuxièmement,
comment ils ont dû unir leurs forces.
C'est à cet égard que le projet de loi qui nous est
présenté, qui vise à intégrer la
Société de développement des coopératives, d'une
part, en rapport avec certains mécanismes au ministère de
l'Industrie et du Commerce et, d'autre part, à la Société
de développement industriel, nous inquiète au plus haut point,
parce que cette société, exclusivement, spécifiquement,
uniquement dédiée au développement du coopératisme
au Québec, afin de fournir les instruments d'aide, d'accompagnement pour
développer la formule coopérative au Québec, eh bien,
cette société va disparaître pour s'intégrer dans un
plus grand ensemble. Toutes les comparaisons clochent, lorsqu'on veut faire une
illustration, lorsqu'on veut démontrer, lorsqu'on essaie de convaincre
le ministre. Peut-être que tout cela ne prouverait pas qu'il est un
mauvais ministre, c'est tout à fait le contraire, nous essayons de le
convaincre de modifier et de garder cet instrument que nous avons mis sur pied
après 1984, cet instrument pour le développement du
coopératisme au Québec. Alors, quand on vient de l'Abitibi, quand
on regarde le projet de loi, quand on regarde ce à quoi ça va
s'intégrer, maintenant, ce qui appartient en propre à la
Société de développement des coopératives, on a
toujours envie de faire une comparaison. C'est comme de mettre un carreau de
sucre dans le café, c'est comme un petit morceau que l'on ajoute dans le
liquide et c'est curieux, M. le Président, à chaque fois qu'on
ajoute un carreau de sucre, le café ne devient pas plus sucre. Le sucre
finit toujours par fondre dans le café, il se confond avec lui, et
ça absorbe tout le temps. Cette petite Société de
développement des coopératives jamais ne va réussir
à transformer la culture de l'ensemble plus grand dans lequel elle va
s'insérer.
C'est ça que nous voulons signaler essentiellement par nos
remarques de ce soir au ministre de l'Industrie et du Commerce. Oui, le
mouvement coopératif, et mon collègue du comté de shefford
a bien illustré l'importance de ce mouvement comme de celui des caisses
populaires, des coopératives de crédit, qui sont une force
majeure au québec, une force qui s'exerce d'ailleurs dans les moments
critiques, qui a exercé ses fonctions dans les moments critiques des
petites collectivités... et maintenant la force du coopératisme
ou des coopératives de crédit, la force du mouvement desjardins
s'exerce même au niveau national, parce qu'il y a fort à parier,
au niveau de l'histoire et de l'évolution du québec, que l'on
citera certainement comme un moment marquant la prise de position du mouvement
desjardins dans le débat que nous sommes à tenir actuellement au
québec avec cet instrument que nous avons créé
collectivement à l'assemblée nationale, qui s'appelle la
commission bélanger-campeau. sans l'ombre d'un doute, la
déclaration, la prise de position faite par le mouvement desjardins, par
les membres, les représentants, les dirigeants de ces
coopératives de crédit, ça aura une influence
déterminante, comme ça a eu une influence déterminante
dans les petites collectivités au cours des cent dernières
années au québec. alors, au moment où on se donne un
instrument en 1984, c'est relativement récent, parce que, dans
l'évolution d'une société, six ans, sept ans ou huit ans,
c'est relativement bref, surtout pour développer une expertise
spécifique...
Dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, cette petite
Société de développement des coopératives, depuis
1984, a rendu des services extraordinaires. Le ministre va me dire: M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, je n'ai pas dit que
les services au coopératisme allaient disparaître. Ce que nous
répliquons, c'est: M. le ministre, quelle est cette envie de vouloir
absolument tout uniformiser et de prendre le risque que la culture de
l'entreprise disparaisse? La culture dont il s'agit ici, la culture à
l'intérieur de la Société de développement des
coopératives, c'est celle qui fait en sorte qu'on n'a pas tout à
fait le même esprit de travail, on n'a pas tout à fait les
mêmes méthodes, on n'a pas tout à fait les mêmes
approches lorsqu'on s'assoit avec un groupe de personnes et qu'on décide
de poursuivre la démarche de développement d'une entreprise avec
la formule du coopératisme. C'est cette culture qui est unique. Il me
semble et il nous semble, de ce côté-ci, qu'on n'a pas besoin de
tout fondre dans un grand ensemble, de tout mettre dans le même bain pour
dire: On va avoir l'ensemble des services à la disposition des
coopératives. Ces services-là qui existent déjà
pour supporter le développement, bien sûr qu'ils existent... Et
nous avons davantage peur que les organismes, les membres, les personnes qui
s'intéressent à la formule coopérative pour en faire une
possibilité de développement, une formule de possibilité
de développement, ce soit plutôt l'effet contraire, qu'ils se
retrouvent dans des dédales administratifs, dans un organisme
dont l'objet principal ou l'objet le plus préoccupant, ne serait-ce
qu'en termes de nombre, parce qu'on sait la proportion entre les entreprises
à but lucratif constituées en vertu de la Loi sur les compagnies
et les coopératives de développement ou les coopératives
qui conduisent des entreprises au Québec... Eh bien, ces gens-là
risquent de se retrouver dans un contexte qui n'est plus propre, qui cultive
lui-même la formule de la coopération pour assurer le
développement d'une collectivité.
Le ministre, actuellement, doit avoir sur son bureau, en termes
d'études, une demande d'approbation, en vertu des mécanismes
actuels, pour une petite coopérative de travailleurs. Le ministre a
raison, il a souligné cela dans son discours d'ouverture, à la
présentation de ce projet de loi. Il doit avoir sur la table une demande
d'une coopérative de travailleurs qui s'appelle la Coopérative
des travailleurs de Rollet. Et c'est peut-être le plus bel exemple qu'on
puisse donner au ministre de ce qu'est la culture de la SDC, de ce qu'est la
complémentarité qui s'exerce, eu égard aux autres
organismes, aux autres instruments qui existent dans le circuit pour les aider
à arriver à leur objectif. Je ne suis pas sûr, et j'oserais
presque affirmer - mais on ne peut pas être devin, je dirais presque...
Je suis à peu près sûr que cette petite entreprise
coopérative qui se serait retrouvée dans le contexte de faire
analyser son dossier par des gens, par du monde qui serait plutôt
dédié aux objectifs, ne serait-ce que quand on parle en termes de
quantité de dossiers qui est soumise, dans un contexte où on est
surtout dédié au travail, au support, au développement
d'entreprises de type privé, à but lucratif, en vertu de la Loi
sur les compagnies... Eh bien, la petite coopérative des travailleurs de
Rollet, un bon matin, après cinq années de fermeture de
l'entreprise, qu'il y avait, dans cette petite municipalité de
l'Abitibi-Témiscamingue... L'entreprise privée, qui fabriquait,
à l'aide de fibres de bois, un certain nombre de produits, a
décidé tout simplement de fermer parce que le marché
n'était pas suffisamment bon, prétendait-on. Enfin, de bonnes
raisons, des raisons qui appartiennent de toute façon à
l'entreprise, on n'a pas à juger cela pour l'instant. Eh bien, rendus au
bout, quand les gens de cette collectivité qui s'appelle Rollet ont
décidé un bon matin de prendre en main leur futur, de prendre en
main leur développement, ils se sont tournés vers la formule
coopérative. Je me souviens très bien, M. le ministre, d'avoir
rencontré ces gens, à l'époque où je dirigeais
l'Université du Québec. Ils étaient venus demander de
l'aide, en termes d'expertise, pour monter le dossier - c'est l'expression la
plus simple que l'on retrouve - M. le recteur, nous, on est une petite
collectivité d'à peu près 200 personnes, une quarantaine
de familles à peu près, et on ne veut pas que la
collectivité ferme; et c'est ça, on est acculés au pied du
mur, on va la fermer. Il y a une usine qui a fermé ses portes, il y a
cinq ans, et nous, on pense qu'on peut faire quelque chose avec ça.
Pourquoi pensaient-ils qu'ils pouvaient faire quelque chose avec ça?
Parce que ces gens étaient habitués à l'exploitation
forestière, ils connaissaient les méthodes, ils connaissent aussi
un peu les marchés. Je dis bien un peu, parce que ce n'était pas
des experts dans le secteur. Est-ce que l'Université du Québec,
au niveau de ses services à la collectivité, pourrait nous donner
un coup de main pour examiner le dossier et réaliser le dossier de
faisabilité? (22 h 50)
Moi, ce n'était pas mon secteur d'expertise, évidemment,
et, les ressources étant trop limitées à
l'intérieur de cette université, alors je les ai normalement
dirigées vers la Société de développement des
coopératives ou vers le ministère de l'Industrie et du Commerce
parce que ces gens-là n'avaient pas encore choisi la formule par
laquelle ils allaient passer pour développer cette petite entreprise.
C'était une idée bien ancrée. Les quelques entrepreneurs
qui étaient à la tête de l'idée, parce que
c'était seulement une idée à ce moment-là,
n'avaient pas choisi, n'avaient pas sélectionné encore la forme
par laquelle ils allaient passer. Eh bien, je me souviens de les avoir vu
revenir à mon bureau et me dire: Bien écoutez, du
côté du ministère de l'Industrie et du Commerce, il n'y a
pas beaucoup d'espoir de ce côté-là; du côté
de la SDI, ce n'est vraiment pas... Nous, on est à zéro, alors,
on ne peut vraiment pas espérer. Moi, je leur ai
répété, je leur ai dit: Écoutez, je vous ai
mentionné deux portes tantôt, vous pourriez aller aussi
également du côté de la Société de
développement des coopératives. Si bien que deux ans, deux ans et
demi plus tard, parce qu'ils ont été accueillis dans cette
boîte qui s'appelle la Société de développement des
coopératives en Abitibi-Témiscamingue... Et je sais, pour avoir
parlé à des personnes à travers le Québec, que
c'est la même chose à travers toutes les autres régions
où SDC, où la Société est présente. Il y a
un esprit d'accueil, il y a une culture propre à l'entreprise qui
s'appelle SDC, à cet organisme qui s'appelle SDC et qui, non seulement
assure le support aux gens qui veulent passer, qui veulent se servir de cette
formule qui s'appelle le coopératisme, mais en fait la promotion,
c'est-à-dire que l'attitude est extrêmement différente au
niveau de l'accueil et cet esprit-là, c'est quand même assez
ténu au Québec, c'est quand même dans toutes les
régions du Québec. Moi, je parle particulièrement de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. C'est ténu, parce qu'il
y a la mer alentour de tout ce qui existe sous d'autres formes. Il y a le
café par rapport au carré de sucre que représente, dans
cet univers, la Société de développement des
coopératives.
Les gens de Rollet se sont donc présentés à
la Société de développement des
coopératives, qui a un bureau à Rouyn-Noranda. D'abord, un,
l'accueil; deux, la promotion de l'esprit du coopéra-tisrne, du
développement par le coopératisme, la façon de monter un
dossier et aussi la petite étape qui précède, l'examen de
la formule, est-ce que les gens de Rollet voulaient vraiment passer à
travers cette formule-là pour réussir leur entreprise? Est-ce que
c'était, dans le contexte des conditions qui existaient dans cette
petite municipalité, la meilleure des formules? Eh bien, les gens de la
Société de développement des coopératives ont
réalisé un travail exceptionnel. Ils ont donc fait la promotion
en même temps du coopératisme. Ça ne vient pas au monde
comme ça, un bon matin, tu dis: Bon, ce matin, je suis venu au monde
coopérateur. Savez-vous, je me suis réveillé ce matin et
je pense que ça me ferait du bien, je vais devenir coopérateur ce
matin. Mais non. D'abord, ça fait partie de la culture
québécoise, bien sûr, mais c'est défense, promotion
et support au développement.
Alors, ces gens-là ont trouvé cet esprit et ont
trouvé l'appui que la SDC peut donner parce que la SDC n'a pas à
se déguiser à chaque matin. Les gens qui interviennent à
travers la Société de développement des
coopératives n'ont pas à se forcer, ils n'ont pas à
acquérir cette culture parce que c'est la culture propre de la
boîte, c'est la culture propre de l'organisme et j'imagine assez
facilement qu'on n'entre pas à la Société de
développement des coopératives sans d'abord avoir un
préjugé extrêmement favorable et des compétences en
matière de développement des coopératives, ce qui fait en
sorte que ça devient comme la nature même de la personne, des
intervenants, bien sûr, de faire la promotion du coopératisme. Ces
gens-là ont été accompagnés tout au long de leur
démarche et Dieu sait que, lorsqu'on emploie la formule des
coopératives, parfois ça exige, quant à certaines
étapes du processus pour réaliser l'entreprise elle-même,
pour réaliser le développement de l'entreprise qu'on veut
implanter dans le milieu, ça demande quelquefois des étapes un
petit peu plus longues parce que coopératisme, l'esprit de la
coopérative, coopérateurs, ça demande aussi qu'il y ait
là-dedans une forme d'éducation et ça ne vient pas
naturellement, ça. Prenez n'importe quel bouquin administratif au niveau
collégial et au niveau universitaire, regardez le nombre de pages qui
est consacré à la formule du coopératisme comme
possibilité de développement des entreprises. Regardez n'importe
quel volume de management d'administration au niveau universitaire, vous allez
toujours retrouver votre section ou votre petit chapitre sur la forme
coopérative et le développement des entreprises parce que la
dominante nord-américaine, ce n'est malheureusement pas le
coopératisme. Nous, au Québec, on a une tradition
particulière, on a une histoire qui est liée au
coopératisme, sauf que, malheureusement, on ne produit pas beaucoup de
volumes, on ne produit pas beaucoup de publications scientifiques au niveau des
formes de développement, mais des gens qui ont réussi à
vulgariser et qui ont réussi à mettre sur le marché des
idées, en quelque sorte, du Québec, la formule du
coopératisme, c'est en particulier la Société de
développement des coopératives.
Alors, ces gens-là à Rollet, ils sont rendus au bout du
processus et il me semble parler encore, il y a une quinzaine, au
président de la Coopérative des travailleurs qui se
réjouissait, mais qui était tout à fait content, satisfait
de voir que le conseil d'administration de la SDC, avec le bon dossier qui
avait été préparé grâce au concours des
travailleurs de la SDC dans la région, avait pu soumettre un dossier au
conseil d'administration, si bien qu'en vertu des mécanismes actuels
c'est maintenant le ministre qui va décider de la forme d'aide, du
montant et du niveau d'aide.
Ces gens-là ont été accompagnés tout le long
de leur processus et ils savent aussi, par l'esprit qui est
développé à l'intérieur de cette bo1te-là de
la Société de développement des coopératives, que
ça ne se terminera pas au moment où le ministre, probablement, va
accorder son aide pour sauver ce village qui s'appelle Rollet, et je le
souhaite vivement de tout coeur, pour sauver cette collectivité locale
à l'aide du coopératisme. Ces gens-là savent que ça
ne se terminera pas là, qu'ils vont pouvoir continuer à se fier
sur leur boîte, continuer à se fier, en termes de suivi, de
contrôle, de regard au moment où l'entreprise est en
démarrage et qu'on rencontre un certain nombre de difficultés, et
bien, ces gens-là vont pouvoir se fier sur l'appel qu'ils pourront
loger, sur la compréhension qu'ils pourront trouver à
l'intérieur d'une boîte qui a, comme unique mission, le
développement de la formule et des entreprises de type coopératif
au Québec.
Le ministre nous dit: Nous sommes à développer la grande
équipe de support au développement industriel du Québec.
La SDI, cet instrument formidable, va être en quelque sorte mise à
la disposition aussi des coopératives comme elle l'est pour les autres
types d'entreprises. Soit, M. le ministre. Mais, nous, nous pensons qu'il y a
un trop grand risque de dire que nous allons faire entrer la petite machine
dans la plus grande. Nous pensons que les travailleurs de Rémigny, les
coopératives de travailleurs forestiers de Rémigny, que les
travailleurs forestiers de Béarn, que les travailleurs forestiers de
Rollet... Nous pensons que la protection de la formule du coopératisme
au Québec, que la promotion de la coopération au Québec
n'a jamais été aussi bien servie que par une
Société qui a ça uniquement comme objectif. Elle n'en a
pas 12, objectifs, c'est cela. Un conseil d'administration qui est
spécifiquement dédié à la formule
coopérative. Enfin, tout un équipement, en quelque sorte, tout un
environ-
nement que nous nous étions dessiné au Québec pour
le développement des coopératives.
Eh bien, c'est cela qu'on risque de perdre, M. le Président. Je
sais que les employés ne sont pas insatisfaits du geste que va poser le
ministre; ils vont y gagner une permanence dans la fonction publique. Mais ce
n'est pas uniquement à cela qu'on doit penser.
Ce que nous demandons au ministre - et je termine là-dessus, M.
le Président - il n'y a pas le feu. Il n'y a pas péril en la
demeure. Si vous avez averti les regroupements de coopérateurs au
Québec, est-ce que les regroupements de coopérateurs ont
formellement indiqué que c'était une grande initiative et qu'il
fallait y aller? Ce que nous demandons au ministre, c'est, s'il n'y a pas
péril en la demeure, peut-on au moins plus largement consulter le monde
de la coopération au Québec pour faire en sorte qu'on conserve
cet instrument qu'on s'est donné en 1984 et qui est bon pour le
Québec, qui est bon, cet instrument, pour les régions du
Québec? Et nous y tenons, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. En vertu de votre droit de réplique, M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. M. le ministre.
M. Gérald Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président. D'abord,
je tiens à rassurer les députés de l'Opposition, le
député de Shefford et le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, que plusieurs petits points d'ordre
technique ont été soulevés. En commission parlementaire,
je serai en mesure de répondre à tous ces points pour au moins
vous rassurer. Ce que je retiens également de la dernière
remarque du député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, c'est
qu'il faut protéger la formule. La formule, elle fonctionne, et je peux
vous donner l'assurance que, si c'est ça qu'on veut, le projet de loi le
fait et, en commission parlementaire, je pourrai vous le démontrer
clairement.
Le député de Shefford, lors de sa présentation, a
dit: II faut garder le secteur vivant. Il faut le garder actif. Il faut le
garder présent. Je suis entièrement d'accord, mais, selon la
consultation que j'ai faite, il faut le faire par autre chose que le statu quo.
On a fait beaucoup l'éloge du Mouvement Desjardins, avec raison. Mais il
ne faut pas oublier que son président est également
président du Conseil de la coopération du Québec. Donc, il
a été consulté sur ce projet. Le député de
Rouyn-Noranda a dit: Les pionniers ont regroupé leurs forces. Le
député de Shefford a dit. Les coopératives sont
prospères parce qu'elles se sont regroupées. C'est exactement ce
que je fais. Je regroupe les forces. La seule différence, je pense,
c'est que j'attache beaucoup plus d'importance aux personnes et aux
équipes qu aux structures.
Laissez-moi vous donner deux exemples que vous m'avez
suggérés. Premièrement, vous parlez beaucoup du mouvement
coopératif. Parlons du Mouvement Desjardins. Le Mouvement Desjardins,
pour devenir plus prospère - c'est vrai que ça a commencé
une plus petite coopérative - pour devenir plus prospère,
qu'est-ce qu'il a fait? Il a capitalisé. Récemment, il a
émis des parts. On aurait pu dire, comme on l'a dit en 1981, quand c'a
été le temps de capitaliser les caisses d'entraide
économique, qu'on détruisait la formule coopérative. Mais
ils ont capitalisé. Ensuite de ça, ils ont fait la
Société d'investissement Desjardins. Après ça, ils
ont fait le Crédit industriel Desjardins; ils ont fait la
société SECUR et, maintenant, sur le conseil d'administration du
Mouvement Desjardins, il y a des coopérateurs, il y a des financiers, il
y a des dirigeants d'entreprise, une équipe regroupée,
polyvalente, multidisciplinaire, forte.
Le député de Shefford a dit: La SDC, c'est comme la
santé, c'est comme un hôpital, si on veut. Il a dit: Un
réseau. Comme un hôpital. Mais, à ma connaissance, quand je
vais à l'hôpital, j'ai accès à un spécialiste
pour les yeux, à quelqu'un pour le coeur, à quelqu'un pour la
radiologie. Alors, je ne suis pas obligé de sortir de l'immeuble et de
me promener dans cinq hôpitaux pour me faire soigner. Je m'en vais au
même hôpital.
C'est un peu ce qu'on est en train de faire. On va avoir un
hôpital en région qui va s'appeler la SDI et, quand les personnes
vont se présenter, elles vont avoir accès à une
variété de services. Ce sont vos exemples que je reprends. Sur le
conseil d'administration, au même titre que le Mouvement Desjardins, au
même titre que la SDI, il va y avoir des représentants de tous ces
secteurs qui vont faire valoir leur point de vue. Le pari que je fais, c'est
que, ensemble, on va développer des cultures réciproques et,
quand on dit que je fais un beau cadeau à la SDI... D'ailleurs, on a dit
que j'en faisais deux, il y en a un à qui j'ai fait le cadeau de
Noël et le cadeau du Jour de l'an. Je pense que c'est vrai, M. le
député de Shefford, mais je ne le fais pas à la SDI, le
cadeau, je le fais au Québec. C'est au Québec que je le fais. Au
Québec parce que je vais regrouper des équipes de personnes
compétentes et, encore une fois, je reconnais la performance de tous les
intervenants pour assurer et le développement technologique et le
développement des coopératives au Québec. Alors,
j'espère que l'Opposition va donner son appui au projet de loi 87.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Est-ce que la motion du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie proposant l'adoption du principe du projet de loi 87, Loi sur
l'aide au développement des coopératives, est adoptée?
M. Trudel: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'économie et
du travail
M. Bélisle: Oui, M. le Président, je fais motion
pour que le projet de loi 87 soit déféré à la
commission de l'économie et du travail pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Étant donné que notre agenda est
épuisé, M. le Président, je fais motion pour ajourner nos
travaux à demain, le jeudi 6 décembre, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, les
travaux de cette Assemblée sont ajournés à demain, le
jeudi 6 décembre 1990, à 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 6)