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(Dix heures six minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés si vous voulez bien vous asseoir s'il vous plaît.
Nous entreprenons les travaux de l'Assemblée, en ce 20 décembre.
À l'étape des affaires du jour, M. le leader adjoint du
gouvernement, si vous voulez m'indiquer avec quel article nous
commençons nos travaux.
M. Johnson: Je vous demanderais d'appeler l'article 14 du
feuilleton, M. le Président.
Projetdeloi 113
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 14 de
notre feuilleton, M. le président du Conseil du trésor propose la
prise en considération du rapport de la commission du budget et de
l'administration sur le projet de loi 113, Loi modifiant certains
régimes de retraite des secteurs public et parapublic. M. le
Président du Conseil du trésor, pas d'intervention? Est-ce qu'il
y a des interventions du côté de l'Opposition officielle?
Oui, M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, merci, M. le Président. Je vois,
M. le Président, que nous avons plus de ministres devant nous que de
députés, du côté du parti ministériel. M. le
Président, le projet de loi 113 est un projet de loi que l'on retrouve
pratiquement à chaque session, de même nature, qui est
supposé donner suite à des ententes de conventions collectives
qui ont été négociées avec le gouvernement. Alors
c'est souvent le cas, en fin de session, que le président du Conseil du
trésor présente un projet de loi de cette nature. Le projet de
loi 113 vise, d'une part, à donner suite à la lettre d'intention
du gouvernement qui est annexée aux conventions collectives et, d'autre
part, à donner suite à certaines recommandations du comité
de retraite. J'y viendrai de façon plus précise tout à
l'heure.
C'est donc dire, M. le Président, qu'une bonne partie du projet
de loi 113 est le fruit des négociations entre le gouvernement et ses
employés. Les dispositions du projet de loi, quant à cette
portion, ont, par conséquent, été acceptées par les
deux parties et on demande maintenant à l'Assemblée nationale
d'autoriser le tout. J'y reviendrai.
Et, par ailleurs, une autre portion des dispositions a été
recommandée par le comité de retraite et, puisqu'on retrouve dans
un projet de loi ces dispositions, on peut aussi croire qu'elles ont aussi
été acceptées par toutes les parties et on demande encore
une fois à l'Assemblée nationale d'autoriser le tout. Comme je
l'ai dit au début, ce projet de loi, comme tous les projets de loi de
cette nature, a été déposé en toute fin de session,
bien après le 15 novembre, et on demande alors à l'Opposition de
donner son consentement, de concourir pour qu'il soit possible d'adopter le
projet de loi avant l'ajournement de nos travaux. Nous sommes à la toute
veille de l'ajournement des travaux, il s'ensuit donc que nous transgressons
nos règles de procédure. Je pense qu'on doit le déplorer
et dans ce cas-ci, malgré certains griefs que nous pouvons avoir, je
crois que nous ne pouvons reprocher, cependant, d'être bousculés,
malheureusement. Le gouvernement ou le Conseil du trésor doit respecter
certaines échéances très courtes et, par ailleurs, la
capacité qui est propre à la rédaction d'un projet de loi
l'empêche peut-être de respecter les délais prévus
par les règlements de l'Assemblée nationale. Je pense que si le
Trésor commençait quelques semaines avant, il pourrait nous
déposer ses projets de loi bien avant et il reste que je ne vois pas
pourquoi on est toujours aussi en retard vis-à-vis de ces projets de
loi. Ce ne sont pas les seuls dans ces cas-là, mais ici, c'est trop
régulier pour qu'on puisse le passer sous silence.
On doit respecter des échéances très courtes, nous
dit-on. Mais, par ailleurs, je comprends que la complexité qui est
propre à la rédaction d'un projet de loi de cette nature
l'empêche donc de venir. Si nous n'en faisons pas le reproche, nous ne
pouvons toutefois que déplorer que l'Assemblée nationale n'ait
qu'un rôle limité. Dans ce cas-ci, son rôle ne consiste
qu'à entériner le projet de loi, sans avoir véritablement
d'autre rôle à jouer. La démarche démocratique ne se
limite pas qu'à ce rôle.
Nous nous retrouvons en quelque sorte dans la situation du
lieutenant-gouverneur à qui on ne demande pas s'il est d'accord ou non,
mais simplement d'y apposer son sceau. Sans vouloir dénigrer la fonction
de lieutenant-gouverneur, le rôle de l'Assemblée ne peut
être réduit à cette simple expression. Ce que nous vivons
aujourd'hui doit être l'exception et nous tenons à le souligner.
C'est pourquoi aussi nous déplorons au plus haut point le recours de
plus en plus fréquent à ces motions dites de clôture qui
sont une atteinte directe à la liberté d'expression et à
la démocratie. Je pense qu'on devrait s'interroger sur la
nécessité d'adopter des lois à la vapeur. Il y a
sûrement d'autres possibilités, dans ces cas de réforme des
régimes de retraite, que d'avoir sans cesse recours à l'adoption
d'une loi.
M. le Président, en ce qui concerne le
contenu de cette loi, je voudrais simplement rappeler ce qu'il en est et
les articles que nous avons étudiés rapidement en commission
parlementaire. Le projet de loi a pour objet de donner suite à des
dispositions, donc, comme je te disais, formulées par le comité
de retraite et par des lettres d'intention annexées aux conventions
collectives. Concernant les propositions formulées par le comité
de retraite à l'égard du régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics, du régime de
retraite des enseignants ou du régime de retraite des fonctionnaires, le
projet permet d'ajuster le traitement admissible moyen en ne retenant que les
traitements cotisés ou exonérés qui ont été
reçus par l'employé au cours des années de service
postérieures à celles qui sont transférées à
ces régimes sur une base d'équivalence des valeurs actuarielles
des prestations. Il permet également d'ajuster le texte de ces
régimes, ainsi que celui du régime de retraite de certains
enseignants, afin de prévoir de nouvelles modalités concernant le
rachat d'années ou parties d'année de service. Ces modifications
sont également apportées au régime de retraite des agents
de la paix en institutions pénales.
De plus, ce projet de loi permet aux employés occupant
temporairement une fonction de gérance de participer à ce dernier
régime et il substitue le nom de l'Union des agents de la paix en
institutions pénales par celui de Syndicat des agents de la paix en
services correctionnels du Québec. Des dispositions que nous pouvons
accepter sans problème, jusqu'ici en tout cas; nous n'en avons pas vu au
cours de l'étude article par article et nous avons eu des explications
sur ces articles de la part des fonctionnaires de la CARRA, notamment, et du
Conseil du trésor. Nous n'avons pas vu d'objection, je pense, en ce que
c'étaient des modifications qui s'imposaient et, je le rappelle encore,
sur lesquelles tous s'étaient entendus, tant à la table des
négociations qu'à celle du comité de retraite.
Alors, le projet de loi modifie également le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, le
régime de retraite des enseignants et celui des fonctionnaires, comme
celui des agents de la paix en institutions pénales maintenant
appelé régime de retraite des agents de la paix en services
correctionnels du Québec, concernant l'assujettissement à ces
régimes des membres du personnel d'un ministre ou d'une personne
visée à l'article 124 de la Loi sur l'Assemblée nationale
qui ne sont pas assurés d'une réintégration dans une
fonction visée par ces régimes, lorsque leur emploi prend fin. Au
fait, il s'agit simplement d'ajouter un peu de souplesse à ce qui avait
été consenti à d'autres et de leur permettre de
réintégrer, en ayant les bénéfices de la retraite,
ou lorsqu'ils continuent de pouvoir cotiser, lorsqu'ils continuent dans leur
fonction de pouvoir cotiser...
Alors, on reconduit sous réserve de certains ajustements
l'application de la mesure temporaire qui est relative à la retraite
anticipée à l'égard des employés de niveau non
syndicale participant au régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
En ce qui a trait aux propositions contenues dans la lettre d'intention
du gouvernement, le projet de loi prévoit, à l'égard des
mêmes régimes de retraite, l'acquisition obligatoire d'une pension
différée à l'exclusion de tout autre
bénéfice pour l'employé ayant accumulé deux
années de service ou plus, c'est-à-dire que quelqu'un qui aurait
accumulé deux années de service pourrait être tenu de
cotiser, donc d'acquérir obligatoirement une pension
différée. On prévoit aussi que cette pension
différée est indexée jusqu'à sa mise en service
selon le taux de l'augmentation de l'indice des rentes qui est
déterminé selon l'article 119 de la Loi sur le régime de
rentes du Québec.
Le ministre sourit présentement. Il ne les avait pas lues, ces
notes-là. Je pense que, pour le bien de nos auditeurs, ce n'est pas
"inintéressant" qu'ils sachent de quoi il s'agit. Il avait essayé
de le résumer et il n'avait pas réussi; alors, je pense, autant
prendre les notes explicatives et, en passant, je dirai au ministre qu'il y a
une faute de français dans ses notes explicatives. Ha, ha, ha!
On spécifie aussi que dorénavant, dans ce régime,
le remboursement des cotisations sera effectué avec des
intérêts équivalents à 90 % du taux de ce
régime jusqu'au 31 décembre 1990 et à 100 % de ce taux
après cette date. À ce même régime, il apporte des
modifications aux bénéfices qui sont payables au conjoint ou aux
ayants droit, comme on dit, en cas de décès du participant tout
en y ajoutant un critère facultatif d'admissibilité à la
retraite avec réduction actuarielle pour l'employé
âgé d'au moins 55 ans. De plus, il prévoit, à
l'égard du même régime de retraite des fonctionnaires, que
la pension est réversible à 60 % en faveur du conjoint du
participant. L'employé qui participe au régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics se voit accorder la
possibilité de choisir une telle pension en faveur de son conjoint en
acceptant que sa propre pension soit réduite actuariellement. Donc, des
choses que nous avons pu constater dans l'étude article par article qui
avait été faite et on y a donné suite correctement
à ce qu'on peut voir.
Il y a aussi d'autres modifications qui sont de nature technique ou de
concordance et qui ont pour but de faciliter l'administration des
régimes de retraite.
M. le Président, comme on peut le voir, ce projet de loi comporte
des articles absolument techniques sur lesquels nous nous sommes
arrêtés. Nous avons pris quelques heures pour passer à
travers, avec l'aide des fonctionnaires et de tous ceux qui étaient
autour de la table. Je dois les remercier du travail qu'ils ont fait et
aussi de la collaboration que nous avons eue de leur part. J'ai pu le
souligner en commission parlementaire mais après, un peu plus tard, je
me reprends, M. le Président. Je pense qu'on peut voir ce que ça
donnait comme explication. Il y a plusieurs centaines de pages ici.
Le président du Conseil du trésor sourit. Il a le sourire
large ce matin. L'autre jour, je pense que nous avons pu avoir sa
collaboration. !l reste qu'à travers tout cela, nous touchons à
une valeur qui est très importante dans notre société,
celle des fonds de retraite des citoyens et, en particulier ici, des
fonctionnaires tant du gouvernement que des organismes parapublics ainsi que
des professeurs et de tous ceux qui travaillent dans des réseaux
parapublics. C'est un domaine très important. Ça touche quelque
11 %, 12 % de la masse salariale du gouvernement à chaque année.
Donc, on ne peut pas ne pas attacher d'importance à toutes ces
législations.
M. le Président, nous avons des réserves,
évidemment, sur la façon de procéder, sur la façon
d'étudier le projet de loi. Encore une fois, nous avons dû lever
toutes les règles de procédure pour y arriver. Nous avons, je
pense, comme Assemblée nationale, été réduit
à notre plus simple expression, si on peut dire, malheureusement, mais
nous allons assurer le président du Conseil du trésor, ainsi que
le gouvernement, de notre appui et nous pensons qu'il faut adopter ce projet de
loi, surtout étant donné qu'il y a eu ce consensus autour des
tables de négociation ainsi qu'à la table du comité de
retraite. Je vous remercie, M. le Président. (10 h 20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Plus brièvement que le député de
Labelle, M. le Président, pour indiquer, d'une part, qu'effectivement ce
volume de dispositions hautement techniques est amené presque
régulièrement en fin de session pour la bonne et simple raison,
je le répète, que, non pas à l'égard des
suggestions qui sont faites par le comité de retraite de la CARRA, mais
bien pour intégrer les changements les plus récents possible de
ce qui est négocié avec nos syndiqués, nous avons à
traduire les conventions collectives en projets de loi, à l'égard
des régimes de retraite, et que, si on veut en ramasser le plus
possible, être à la fine pointe, tout à fait à jour
dans cette matière, on a à décider, évidemment, de
ce côté-ci, si on prend le risque, risque il y a toujours,
d'amener ce projet de loi en fin de session plutôt qu'en tout
début de session.
Je ne crois pas - et c'est là que je diverge d'opinions avec le
député de Labelle, on en a déjà parlé - que
l'Assemblée en soit réduite à un rôle d'approbatrice
de dernière minute qui, les yeux fermés, donnerait son aval
à toutes ces dispositions. À la rigueur, si nous venions un peu
plus tôt, on pourrait peut-être vérifier le contenu de
certaines dispositions avec des experts. Or, les experts sont ceux qui sont
autour de la table avec nous, en commission parlementaire. Très
littéralement, ce sont des gens du Secrétariat du Conseil du
trésor et de la Commission administrative des régimes de retraite
et d'assurances du Québec. C'est dans ces organismes qu'on retrouve
l'expertise en matière de régimes de retraite des secteurs
publics et ce sont ces gens qui sont présents lorsque vient le moment de
fournir des explications en commission parlementaire. À partir de ce
moment-là, le travail hautement technique nous est facilité par
ces collaborateurs.
Il n'en reste pas moins que l'Assemblée nationale et les
parlementaires ont toujours le loisir de poser les questions qui ont trait
à la création ou l'extinction de droits sur la tête de nos
employés, des cotisants ou des participants aux régimes de
retraite. Qu'on ait à se demander quelle est l'ampleur de ces droits,
quels sont les échéanciers qui sont prévus, quels sont les
coûts relatifs à ces droits ou les économies
réalisées en les éteignant, ce sont toutes des questions
qu'on peut poser ici et ce sont toutes des matières où c'est
l'Assemblée nationale, véritablement, qui a à
décider et à se prononcer. Je ne crois pas qu'on fasse le tour
des compétences de l'Assemblée nationale, qu'on les contourne
dans ces matières.
Quant au fond, le député de Labelle a eu
l'amabilité de lire les notes explicatives. On a donc appris, ici
à l'Assemblée nationale, ce qui était en cause. Je ne fais
que rappeler au député de Labelle, qui s'en souvient fort bien,
M. le Président - il s'en souvient maintenant, il ne s'en souvenait
peut-être pas lorsqu'il l'a dit tout à l'heure - que, lorsque est
venu le moment de lire les notes explicatives lors du dépôt des
projets de loi, j'ai signifié que j'entendais simplement lire le
début et l'introduction, dans la mesure où il n'y a pas
d'exigence, dans notre règlement, que toute la lecture des notes
explicatives soit faite, dans la mesure où, encore une fois, on se
réfère à des choses extrêmement techniques qui, dans
le fond, échappent, je dirais, aux matières que, d'habitude, on
traite comme Assemblée nationale siégeant ici, par opposition
à ce qu'on traite en commission parlementaire avec nos collaborateurs et
experts. Alors, c'était fait exprès, à l'époque, de
ne pas lire les notes explicatives, par opposition à tenter de
contourner les pouvoirs, devoirs et attributions de l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je suggère donc, à ce moment-ci,
à cette fin de ma réplique, que nous passions à l'adoption
du rapport de la commission.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Cette dernière
intervention termine le débat sur l'adoption du rapport. Est-ce que le
rapport de la commission du budget et de l'administration sur le projet de loi
113, Loi modifiant certains régimes de retraite des secteurs public et
parapublic, est adopté?
Des vow: Adopté.
M. Johnson: M. lé Président?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Johnson: Suite à l'adoption du rapport et invoquant un
consentement qui avait été obtenu un peu plus tôt de la
part des membres de l'Assemblée nationale, je ferais maintenant motion
pour que ce projet de loi soit adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement, M. le leader adjoint de l'Opposition officielle, pour que nous
puissions déroger aux articles 22 et 230?
M. Gendron: Consentement. Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II y a consentement.
Alors, le président du Conseil du trésor propose l'adoption du
projet de loi 113, Loi modifiant certains régimes de retraite des
secteurs public et parapublic. M. le président du Conseil du
trésor, pas d'intervention? Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Gendron: II n'y a pas d'autres interventions de notre
côté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, est-ce que le
projet de loi 113, Loi modifiant certains régimes de retraite des
secteurs public et parapublic, est adopté?
M. Johnson: Adopté. M. Gendron: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 22 du feuilleton.
Projet de loi 103 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 22 de
notre feuilleton, M. le ministre des Approvisionnements et Services propose
l'adop- tion du projet de loi 103, Loi modifiant la Loi sur le ministère
des Approvisionnements et Services. Je suis prêt à
reconnaître le premier intervenant, M. le ministre des Approvisionnements
et Services.
M. Robert Dutil
M. Dutil: M. le Président, le projet de loi 103 met en
oeuvre deux recommandations du rapport Bernard, rapport sur l'octroi des
contrats au gouvernement. Ce sont les recommandations 30 et 44. La 44
étant une précision aux pouvoirs du ministère des
Approvisionnements et Services, elle nous permet d'ajouter à la
définition "et à la construction de biens ainsi qu'à la
location". Quant à la recommandation 30, elle demandait d'être
plus efficace et d'avoir des délais plus courts pour changer les
spécialités dans le fichier informatique. Ces deux
recommandations sont prévues dans le projet de loi 103 et nous avons
discuté, lors de l'adoption du principe et lors de l'adoption, non
seulement de ces recommandations 30 et 44, mais de l'ensemble des
recommandations du rapport Bernard. J'ai mentionné à ce
moment-là à l'Opposition que, d'ici au 15 janvier, nous aurons
certainement une mise au point, une mise à jour qui sera rendue publique
de nos intentions quant à l'ensemble des recommandations du rapport
Bernard. Mais, cela étant dit, aujourd'hui nous adoptons à tout
le moins un projet de loi qui met en oeuvre deux de ces
recommandations-là. Et je n'ai pas d'autres commentaires à
ajouter, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): m. le ministre des
approvisionnements et services. est-ce qu'il y a d'autres... oui, m. le
député de pointe-aux-trembles, sur le même sujet.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, nous allons évidemment
voter cette loi 103 sur les Approvi-sonnements et Services en regard du rapport
Bernard. On va voter pour, parce que c'est mieux que rien, mais pas beaucoup
mieux que rien, M. le Président, puisque le rapport Bernard faisait 45
recommandations et, là, on en met 2 en vigueur. Ça a
été quoi, le rapport Bernard, du nom de M. Louis Bernard, ancien
Secrétaire général du Conseil exécutif du
Québec sous M. René Lévesque? C'est un comité
d'hommes d'affaires prestigieux qui a revu les modes d'attribution des contrats
gouvernementaux en tenant compte, dans le fond, de deux facteurs principaux:
l'efficacité et, à cet égard, il y a plusieurs mesures qui
sont techniques pour que l'octroi des contrats se fasse mieux et plus dans
l'intérêt public, et la transparence.
En matière de transparence, M. le Président, le rapport
Bernard a fait une foule de recommandations qui font suite aux accusations
que nous avions portées quant au favoritisme qui est
utilisé par le gouvernement libéral actuel dans l'octroi des
contrats, entre autres, au ministère de la Santé et des Services
sociaux et au ministère des Transports, quant aux quelque 50 000 000 $
par année d'honoraires qui sont versés à des firmes
d'ingénieurs ou d'architectes. On sait, M. le Président, que si
Yvon Deschamps a dit: Mieux vaut être riche et en santé que pauvre
et malade, en matière de contrats d'ingénierie et d'architecture,
mieux vaut être un libéral bien vu qu'un libéral mal vu,
parce que quand on est mal vu on n'a pas de contrat et, quand on est bien vu,
on a beaucoup de contrats.
À cet égard, M. le Président, nous avons eu
l'occasion l'année dernière de démontrer par plusieurs cas
concrets que la mécanique des comités de sélection pour
les firmes d'ingénieurs et les firmes d'architectes faisait l'objet de
tripotages fréquents. On se rappelle, M. le Président, le
célèbre Vincent Rochette qui, à des comités de
sélection dans le domaine de la santé et des services sociaux,
faisait vraiment des "jobs de bras" pour son ami qui était à
l'époque ministre des Transports et qui est maintenant ministre de la
Santé et des Services sociaux. Son ami, d'ailleurs, remettait une liste
de tous les contrats donnés depuis bien des années, même
sous le Parti québécois, pour être bien sûr là
qu'on distribue la manne équitablement. (10 h 30)
M. le Président, c'est choquant ce qui se fait dans ce
domaine-là, pas juste sous l'angle que l'État, à bien des
occasions, n'est pas bien servi. C'est aussi, M. le Président, parce
qu'il y a un principe fondamental qui est en cause, c'est
l'égalité des citoyens vis-à-vis de la loi. Ce que
j'entends par là, M. le Président, c'est que, quand un
professionnel, qu'il soit ingénieur ou architecte, offre ses services
à l'État, son allégeance politique ne devrait pas entrer
en ligne de compte, ni ses amitiés personnelles pour tel ou tel
ministre, puisque c'est un milieu où l'allégeance libérale
est plus fréquente, infiniment plus fréquente que
l'allégeance péquiste. Mais, je l'ai dit déjà et je
le répète, il ne suffit pas d'être rouge, il faut
être un rouge du bon groupe, qui a les bonnes "plogues", pardonnez-moi
l'expression, aux bons endroits.
Par exemple, entre deux rouges, celui des deux rouges qui s'est
retrouvé sur un vert avec le ministre dans un tournoi de golf à
3000 $, bien ce rouge-là a bien plus de chances d'avoir un contrat qu'un
rouge qui s'est juste retrouvé à un souper à 500 $, M. le
Président. Ça, c'est sûr. Donc, il faut réformer
ça et, malheureusement, le projet de loi qu'on a devant nous ne
prévoit pas une telle réforme. Cependant, M. le Président,
je tiens à louer l'attitude du ministre qui, en commission
parlementaire, a pris de front les problèmes et nous a promis pour le 15
janvier un document qui ferait état du suivi qui a été
donné jusqu'ici au rapport Bernard et des suites qu'on continuera de
donner pour le mettre en vigueur. Et à cet égard, M. le
Président, je ne doute pas des intentions du ministre de
réformer. Je ne doute pas de son intégrité, d'aucune
manière. Maintenant, le problème, c'est que, vous savez ce que
disait Jean-Jacques Rousseau, l'homme naît bon et c'est la
société qui le corrompt. Je ne parle pas de corruption,
évidemment, pas dans le cas du ministre; mais ce que je veux dire, c'est
que ce ministre-là, comme mon ancien vis-à-vis au Travail, fait
partie d'un gouvernement et là, j'ai peur que sa volonté de
réforme ne se brise sur les récifs de la partisanerie la plus
basse et sur des pratiques acquises, parce que le Parti libéral, M. le
Président, a été au pouvoir au Québec depuis
très longtemps, trop longtemps, dirions-nous. C'est depuis la
Confédération que ce parti est un parti de pouvoir, et il a
contracté des mauvaises habitudes qu'on va l'aider à
extirper.
M. le Président, je pense qu'il y a aussi une évidence,
c'est que la question du favoritisme dans l'octroi des contrats a un lien
direct avec la loi de financement des partis politiques, la loi 2. Pourquoi la
loi 2, M. le Président? C'est que M. René Levesque avait
déposé en Chambre, comme deux premiers projets de loi, la loi 1
qui, pour une raison de "filibuster" libéral, est devenue la loi 101 et
la loi 2 sur le financement des partis politiques. Donc, en 1976, M. le
Président, on disait: II est urgent de protéger notre langue, et
la loi 2 disait: II est urgent de ramener un peu de moralité dans la
politique. Mais elle se contourne, cette loi-là, M. le Président.
Et, d'une certaine manière, alors que dans l'ancien système une
personne qui donnait 250 000 $ à un parti politique prenait une
importance énorme, la nouvelle loi qui limite ça à 3000 $
par personne, et les personnes physiques là, les personnes morales,
syndicats, compagnies n'ont pas le droit de souscrire, mais on sait que c'est
contourné souvent parce qu'on fait un chèque personnel puis la
compagnie rembourse après ça. Puis même à ça,
il y a eu des occasions où il a fallu remettre à l'Association
provinciale des constructeurs d'habitation un chèque de plusieurs
milliers de dollars au Parti libéral. Mais, alors que dans l'ancien
système, M. le Président, c'est le donateur qui prenait une
influence indue, avec la nouvelle loi, c'est le collecteur, c'est le "bagman"
qui prend une importance considérable. Parce que celui qui, dans son
sac, a 100 fois 3000 $, ce qui fait 300 000 $, bien il exerce autant
d'influence que celui qui, avant, donnait 300 000 $.
Donc, d'une certaine façon, M. le Président, on est
passé du règne des donateurs au règne des collecteurs.
D'ailleurs, comment expliquer autrement que cette Chambre ait passé une
loi rétroactive pour garantir la sécurité d'emploi, pas
des occasionnels dans le secteur public, ça ils n'ont rien devant eux
autres. Le président du Conseil du trésor se ferme les yeux, se
croise les
bras et se traîne les pieds quant aux occasionnels. Mais le bill
Savard, lui, a passé, Le bill Savard qui dit que M. Guy Savard va avoir
un statut privilégié à la Caisse de dépôt, et
c'est un "bagman", M. Savard, un collecteur de fonds, et les collecteurs ont
remplacé les donateurs.
M. le Président, je pense qu'éventuellement il faudra
faire le lien entre le favoritisme dans l'octroi de contrats et la loi de
financement des partis politiques. Et quant à moi, à titre
strictement personnel, je pense qu'on devrait augmenter ce que l'État
accorde aux partis politiques pour leur fonctionnement. C'est anachronique,
ça n'a pas changé depuis nombre d'années et, à cet
égard, M. le Président, je voudrais souligner au ministre, au cas
où il n'aurait pas écouté ça sur son appareil dans
son bureau qui nous permet de suivre les débats des commissions, sur son
perroquet, parce que pour les commissions on ne voit pas toujours les visages
agréables qui s'y côtoient... M. le Président, je voudrais
dire au ministre que la ville de Montréal, pour le financement des
partis, a obtenu par amendement de sa charte hier que ce soit 0,35 $ par
électeur par année, alors qu'ici, à Québec, on est
encore à 0,25 $. Donc, il faudrait augmenter le financement des partis
politiques, et je pense aussi que le maximum à verser à une
caisse, M. le Président, devrait être réduit radicalement.
Au lieu de 3000 $, je pense que si on mettait 200 $, et que si le remboursement
d'impôt passait à 75 % de 200 $, on aurait des chances de mieux
s'en tirer. C'est important, M. le Président, de faire le lien entre le
financement des partis politiques et le favoritisme dans l'octroi de contrats,
parce qu'on a vu à plusieurs reprises que les privilégiés
sont souvent ceux qui donnent le plus à la caisse d'un parti, et pas de
n'importe quel parti, dans le cas d'espèce, au Parti libéral du
Québec.
Donc, M. le Président, c'est une loi que nous allons voter, mais
c'est une loi que nous estimons décevante. J'ai mentionné les
contrats aux Transports et à la Santé et Services sociaux, M. le
Président. Je pense aussi qu'une des recommandations les plus
importantes du rapport Bernard, c'est de rendre Hydro-Québec imputable
de son mode d'octroi de contrats. Parce que, M. le Président, le
ministre qui possède bien son dossier a dit en cette Chambre que les
honoraires d'architectes et d'ingénieurs à la Santé et
Services sociaux, et aux Transports, ça représente 50 000 000 $
par année. Puis-je souligner, M. le Président,
qu'Hydro-Québec va donner dans les 10 prochaines années 62 000
000 000 $ de contrats, et que juste en ingénierie, M. le
Président, on risque d'arriver à un chiffre de contrats
d'ingénierie qui irait chercher jusqu'à 3 000 000 000 $ ou 4 000
000 000 $, M. le Président. Alors, Vincent, Rochette et les autres
"boys", c'était de la petite bière à comparer avec le
favoritisme qui peut se pratiquer à HydroQuébec, et il faut que
le Parlement soit capable de vérifier ça.
On se rappelle, M. le Président, l'octroi mystérieux, et
le député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, hier, a lu dans
le dictionnaire c'est quoi, mystérieux, c'est quelque chose qu'on veut
cacher, l'octroi très mystérieux d'un contrat par
Hydro-Québec pour le tunnel sous le fleuve à Grondines. On sait,
M. le Président, qu'à Gron-dines, à Hydro-Québec,
on a prolongé la période des appels d'offres, pour permettre
à une compagnie à numéro, originaire d'Italie, de se
donner un petit bureau à Montréal pour faire un peu
québécois et se conformer à l'appel d'offres. Et, M. le
Président, il s'agissait d'un contrat de 24 000 000 $, là, ce
n'est pas des pinottes. Et il faudrait savoir un peu plus de détails
là-dessus: Est-ce bien une compagnie à numéro? Qui est
propriétaire et pourquoi a-t-on changé la règle du jeu une
fois la partie engagée pour permettre à cette compagnie-là
de se rendre conforme? (10 h 40)
Ce n'est qu'un exemple, M. le Président, parce
qu'Hydro-Québec va donner 62 000 000 000 $ et si M. Rocheleau, le
député fédéral, se réveille la nuit pour en
vouloir à ceux de l'autre bord qui veulent nous maintenir dans la
Canada, moi, M. le Président, avec d'autres, je me réveille la
nuit pour m'inquiéter. Je suis parfois en sueur en me disant: 62 000 000
000 $ de contrats donnés par les rouges sans que le rapport Bernard ne
soit amendé pour être plus restrictif, M. le Président?
Vous savez, les libéraux n'ont pas inventé
l'appétit qui guette n'importe quel gouvernement. Quand on gère
un budget de l'ordre de 35 000 000 000 $, ça suscite des convoitises. Et
le président du Conseil du trésor est en face, il sait qu'un de
ses mandats, c'est de résister à toutes les convoitises. Parce
que 35 000 000 000 $, quand on ne veut pas que ça devienne 40 000 000
000 $, il faut comme lui savoir être ferme à l'occasion.
Maintenant, j'ai parfois des divergences sur avec qui il est ferme, mais
n'empêche que 35 000 000 000 $, ça suscite, M. le
Président, un appétit très considérable. Il faut
donc se donner des règles plus strictes et c'est pour ça que le
premier ministre lui-même a formé le comité Bernard, M. le
Président, pour le charger de revoir le mode d'attribution des contrats.
Quant à nous, M. le Président, ce que nous préconisons en
matière de contrats - et je pense que le ministre des Approvisionnements
et Services pourrait tomber d'accord avec nous - c'est que l'État, dans
ses relations d'affaires, doit agir en bon homme d'affaires et, au sens du Code
civil, en bon père de famille, c'est-à-dire: avoir le meilleur
service, le meilleur produit, le meilleur contrat au meilleur coût, mais
aussi en tenant compte de la qualité et de l'intérêt
public.
Et à cet égard, M. le Président, le régime
de la plus basse soumission donne parfois lieu à des distorsions. Je
tombe d'accord - je l'ai fait à la commission parlementaire - avec le
ministre
pour dire qu'il faut voir, surtout avec la récession actuelle que
toutes les taxes du gouvernement et des gouvernements ne manqueront pas
d'accentuer, qu'on peut craindre que parfois le plus bas soumissionnaire aille
en bas du prix coûtant. Et, à ce moment-là, M. le
Président, il y a des risques et des dangers, comme le ministre
délégué aux Transports le sait. Parce qu'à ce
moment-là on peut faire comme sur l'autoroute 20 et changer, quand on
s'appelle Beaver Asphalte et qu'on a comme président Tommy D'Errico, on
peut changer le matériau prévu pour faire l'autoroute et prendre
un matériau dix fois moins cher.
À ce moment-là, l'intérêt public n'est pas sn
cause, M. le Président. Et puisqu'on parle de voirie et de transport et
que le ministre est devant moi et qu'il écoute, ce qui est assez
exceptionnel, je voudrais lui souligner, M. le Président, qu'en
matière de transport il y a eu des dépassements de coûts
à Montréal qui n'étaient pas justes, comme moi quand je
rénove ma garde-robe à la maison, M. le Président. Des
dépassements de coûts avec, dans le cas de Beaver Asphalte de
Tommy D'Errico, un changement de matériau pour un matériau dix
fois moins cher. Ça, ça commence à être une caisse
qui commence à sentir comme une poubelle, M. le Président, et je
pense que le ministre devrait y mettre bon ordre.
Absolument. M. le Président, nous, on ne veut pas mettre le
couvercle sur la poubelle, on voudrait vider la poubelle pour que ça
sente meilleur. Parce que, en matière de voirie, le ministre
délégué aux Transports a dit des choses pieuses mais qui
cachent des choses moins pieuses. On nous dit, M. le Président, et c'est
vrai, que quand on fait la réfection de l'autoroute
Métropolitaine on a des surprises. Mais pourquoi payez-vous des
ingénieurs rouges, sinon pour faire des sondages et savoir l'état
exact du ciment? Ils sont payés pourquoi, s'ils vous laissent avec
autant de surprises? Et ne faudrait-il pas regarder le mode d'attribution du
contrat? Parce qu'il y a une chose, M. le Président, quand on donne un
contrat au plus bas soumissionnaire et qu'une entreprise à
côté s'est vue refusée parce qu'il y avait une
différence de 500 000 $, mettons, et qu'on voit des extras pour le
double du contrat, bien l'entreprise qui ne i'a pas eu est mécontente.
Elle reste rouge pareil, mais elle est mécontente, M. le
Président.
Et je pense qu'à cet égard il y a beaucoup à faire
et je serais rassuré de savoir qu'au lieu des Jacques Alepin par
exemple, fonctionnaire aux Transports, qui faisait la collecte des gens pour la
caisse du parti, les gens précisément à qui il
recommandait de donner des extra dans des contrats, bien ça
soulève des questions, et M. Bernard a eu raison de dire que son
comportement était contraire à l'éthique. Son
sous-ministre ne l'a pas sanctionné, son sous-ministre Jean-Marc Bard,
était lui-même dans le comité de finances du chef actuel du
Parti libéral en 1983. Il y en a d'autres qui étaient sur le
comité de finances du président du Conseil du trésor, qui
a été candidat à la chefferie dans le temps. Ils se
retrouveront peut-être sur son prochain, s'il arrête de retenir sa
patience et qu'il se met dans la course.
Donc, M. le Président, il faudrait moraliser ces
questions-là, et je pense qu'on devrait mettre en vigueur les
recommandations du rapport Bernard qui disent, et le ministre les connaît
bien, que sur les comités de sélection, là, les
fonctionnaires devraient être nommés en rotation, afin que la
phrase de la Bible ne s'applique pas là: "Ne nous induisez pas en
tentation". Alors il s'agit de ne pas induire des personnes en tentation.
Le rapport Bernard ajoutait qu'il faudrait qu'il y ait un code
d'éthique pour ces fonctionnaires-là, M. le Président,
qu'ils fonctionnent par rotation et qu'on ait un certain contrôle du
travail qu'ils font. M. le Président, il y a des réactions dans
la Chambre et c'est normal. Quand le médecin touche à la plaie,
le patient s'impatiente et frétille M. le Président. C'est
sûr que ça fait mal quand on touche à la plaie. Et cette
plaie-là est à la fois rouge et béante M. le
Président. Mais là, M. le Président, ça chahute
trop. À un moment donné, ma patience a des limites, la
vôtre a des limites. Alors, je vous demanderais peut-être de les
rappeler à l'ordre. Il y a à peine le quorum, M. le
Président, et ça crie comme s'ils étaient 150, le choeur
de l'Armée rouge a une vocalise phénoménale. Ils vont
faire moins de bruit quand ils vont être 24, comme les sondages nous
l'annoncent, M. le Président.
Mais en attendant, pourquoi ne pas appliquer les recommandations du
rapport Bernard d'une façon importante, pour rassurer la population? Et
je répète que parmi les recommandations, il y a,
évidemment, celles sur les comités de sélection, pour
éviter que Vincent Rochette et ses "boys" ne fassent plus de ravage. Il
y a l'idée d'assujettir à un contrôle parlementaire
l'octroi des contrats par Hydro-Québec. M. le Président, 62 000
000 000 $ de contrats dans les 10 prochaines, ça mériterait un
peu de contrôle. On devrait au moins passer autant de temps
là-dessus qu'on n'en a mis, les députés des deux partis,
sur les valises et les mallettes à la commission parlementaire du budget
et de l'administration, M. le Président. Il faut regarder ça de
près.
Il y a donc Hydro-Québec, les comités de sélection
et puis d'autres mesures aussi qui s'imposent en matière de
contrôle, parce que c'est devenu, à un moment donné,
quelque chose d'insupportable de voir les fonds publics être
dilapidés aussi allègrement M. le Président.
Je pense donc que la loi de financement des partis politiques est en
cause aussi, parce qu'elle est ainsi faite qu'elle comporte des trous, et
qu'il y a des gens qui s'insinuent par ces trous-là. Le ministre
disait, en cette Chambre, en présentant son projet de loi, M. le
Président, que lui, dans sa circonscription, a, comme activité
principale de financement, un souper-bénéfice à 50 $, avec
une limite d'achat de deux billets par personne. Et je pense que c'est louable,
M. le Président. Vous savez, il y a une chose dont on ne se
défait pas... Nous-mêmes, du Parti québécois, dans
la mesure où nous nous rapprochons rapidement du pouvoir, bien plus
rapidement qu'on ait pu le penser il y a seulement quelques mois, c'est certain
qu'on va commencer à être sollicités par des gens qui
veulent des faveurs. Puis en matière de financement des partis
politiques, M. le Président, si une personne qui a acheté deux
billets à 50 $ pour un souper-bénéfice dans le
comté du ministre des Approvisionnements et Services, vient faire valoir
un droit à un contrat, bien je pense que le ministre peut dire à
la personne: Bien, il y a, en partie, un repas que tu as eu pour ton argent,
puis la différence, je peux bien te la remettre, là. Parce que ce
n'est pas 100 $ qui nous engagent à grand-chose. Mais c'est autre chose
lorsque la personne est un rouge qui, sur le "green", s'est retrouvé
avec le ministre dans un tournoi de golf à 3000 $, M. le
Président. Là, les liens sont plus intimes et 3000 $, c'est une
somme appréciable. Alors, il faut s'attaquer à ça, M. le
Président, et mettre en vigueur le rapport Bernard. (10 h 50)
M. le Président, je suis sur la pertinence, la loi qui est devant
nous, c'est une loi qui applique 2 des 45 recommandations du rapport Bernard,
le comité Bernard formé par le premier ministre lui-même,
pour commencer à nettoyer certaines écuries. Alors, je parle des
recommandations du rapport Bernard que la loi ne met pas en vigueur. Bien
sûr, M. le Président, je le répète, le ministre a
dit en commission parlementaire que, le 15 janvier au plus tard, nous aurons un
état détaillé de tout le suivi qui a été
fait du rapport Bernard jusqu'ici et un échéancier, un calendrier
de ce qui reste à venir. Et, M. le Président, à cet
égard, le ministère des Approvisionnements et Services va se
concerter avec le Conseil du trésor, c'est une bonne chose. Le Conseil
du trésor a son mot à dire là-dedans parce que c'est lui
qui contrôle les dépenses de l'État. Et, en passant, M. le
Président, il y a un petit détail, c'est que dans les
communiqués qui ont suivi le rapport Bernard, on nous disait que le
Secrétaire général du Conseil exécutif, M.
Benoît Morin, ferait aussi un rapport sur le rapport au premier ministre
d'ici à la fin du mois de janvier. Je voudrais savoir d'une certaine
façon - et que le ministre, peut-être en réponse, donne
l'explication - qu'advient-il du Secrétaire général du
Conseil exécutif? Va-t-il, lui aussi, faire un rapport sur le rapport
Bernard? Est-ce qu'il est trop occupé à "désyndiquer" le
ministère du Conseil exécutif pour s'occuper de cette question
importante de l'octroi des contrats gouvernementaux? Je pense, M. le
Président, que ce sont là des questions essentielles que cette
loi ne règle pas.
Ça ne nous empêchera pas de voter pour, on a le sens du
relatif. Deux recommandations sur 45, c'est mieux que rien. Petit à
petit, le nid de l'intégrité dans l'octroi des contrats fera son
nid, M. le Président. Et, là-dessus, je l'ai déjà
dit au ministre et je le répète, et ça ne s'applique pas
à lui, mais à certains de ses collègues, ce qu'on veut ce
n'est pas la mort du pêcheur, c'est son repentir, sa contrition, son
ferme propos de ne plus recommencer, de ne plus confondre les affaires de
l'État avec les affaires du Parti libéral du Québec. Donc,
M. le Président, c'est mieux que rien ce qui est devant nous et nous
allons voter pour. Je fais confiance au ministre et j'espère que, dans
sa quête d'un meilleur mode d'attribution des contrats, il ne sera pas,
comme son prédécesseur au Travail et au Revenu, face à un
mur de la part de ses collègues et qu'il pourra faire les
réformes qu'il veut effectuer.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur le même sujet,
M. le président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président, il n'était pas
prévu, avant que le député de Pointe-aux-Trembles prenne
la parole, que moi-même, je m'exprime sur ce projet de loi là,
mais, comme leader adjoint, je pense que je n'ai pas le droit de laisser passer
en cette Chambre des propos comme ceux du député de
Pointe-aux-Trembles. Je veux bien qu'on se comprenne. Depuis une dizaine
d'années que je suis ici, à l'Assemblée nationale, M. le
Président, je n'ai jamais entendu des discours du niveau de celui du
député de Pointe-aux-Trembles. Jamais, lorsque j'ai
été dans l'Opposition, à quelque moment de la session que
ce soit, notamment en décembre et en juin, alors qu'on pouvait s'opposer
aux gestes gouvernementaux et tenter de retarder l'adoption de projets de loi,
jamais en 10 ans, ou en cinq ans dans l'Opposition, n'ai-je vu un de mes
collègues du Parti libéral du Québec sombrer aussi bas que
ce que je viens d'entendre. Jamais n'avions-nous, parmi nos troupes, des
fantassins, dirions-nous, des soldats là, dont c'était le
rôle d'utiliser le vocabulaire qui répugne à l'ensemble des
membres de l'Assemblée nationale. Jamais n'ai-je vu un de mes
collègues ici, à l'Assemblée, en sachant qu'il
bénéficie de l'immunité, accuser des gens qui sont dans le
domaine privé et qui, s'ils étaient l'objet des mêmes
invectives en dehors de la Chambre, pourraient au moins se défendre et
poursuivre quelqu'un pour diffamation et libelle Je n'ai jamais vu, M. le
Président, de ce côté-ci de la Chambre, dans cette
équipe...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le leader adjoint
du gouvernement, un instant. M. le député de Pointe-aux-Trembles,
votre question de règlement.
M. Bourdon: Ma question de règlement, M. le
Président. Le ministre vient de dira que j'ai tenu des propos
diffamatoires. Je pense que ce n'est pas parlementaire de dire ça, M. le
Président, et si le ministre désire que je répète
ce que j'ai dit en dehors de la Chambre, je n'ai pas de problème, et je
l'ai déjà dit à l'extérieur de la Chambre. Je pense
qu'on ne peut pas dire que je diffame et, M. le Président, je
souhaiterais que certains députés, certaines
députées libérales cessent de m'injurier quand je
soulève une question de règlement, comme j'en ai le droit.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, sur la question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Ah! bien, je croyais continuer mon intervention, M.
le Président, mais sur la question de règlement, je rappelle au
député que je n'ai pas prétendu que ses propos
étaient diffamatoires, mais que s'il répétait en dehors de
la Chambre les mêmes propos au moins les gens visés pourraient,
eux, poursuivre pour diffamation. Il resterait au tribunal à trancher
si, oui ou non, les propos étaient diffamatoires. Je n'ai pas
invoqué la qualité des propos du...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, sur la question de
règlement, je considère qu'à date les propos du leader
adjoint du gouvernement respectent l'esprit de notre règlement. Alors,
continuez, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: L'Assemblée est une institution passablement
précieuse, M. le Président, pour ne pas être l'objet, comme
elle l'a été depuis quelques minutes, d'attaques aussi
répétées sur l'intégrité de ses membres et
leurs motifs. Il m'apparaît important, lorsque le projet de loi qui est
appelé devant nous donne ouverture à des discours sur la
façon dont on peut assurer le plus haut niveau d'honnêteté
et d'intégrité dans la disposition des fonds publics, qu'on ne
prenne pas prétexte de cette volonté répétée
du gouvernement de faire progresser l'intégrité partout où
elle pourrait être mise en péril, qu'on n'utilise pas cette
occasion pour inventer des démons, créer des fantômes et
s'y attaquer avec le vocabulaire qui est propre au député de
Pointe-aux-Trembles.
Je prends encore une fois l'exemple de la façon dont la Loi
régissant le financement des partis politiques, loi adoptée par
le Parti québé-? cois lorsqu'il était au pouvoir,
à l'unanimité de l'Assemblée nationale d'ailleurs, comment
cette loi, dans les mains du député de Pointe-aux-Trembles,
devient un outil de suspicion. Je comprends que le député de
Pointe-aux-Trembles trouve que les dispositions de la loi permettraient des
influences indues de s'exercer auprès du gouvernement par certaines
personnes. J'en suis extrêmement surpris, parce que ce que René
Lévesque avait à l'esprit, ce que l'Assemblée nationale
unanimement avait adopté, c'est justement un cadre qui faisait en sorte
que les partis politiques pouvaient être, de façon permanente,
soustraits à toute pression d'argent. C'est précisément
ça, l'objectif de la Loi régissant le financement des partis
politiques. Et les sommes - je fais remarquer ça tout de suite - les
sommes en cause et les niveaux maximums de contributions politiques n'ont pas
changé depuis l'adoption de la loi. Et en raison de l'inflation, ce que
tout le monde comprend, c'est que la loi est essentiellement de plus en plus
sévère et met de plus en plus à l'abri des pressions
d'argent les partis politiques. (11 heures)
Alors, je n'ai jamais véritablement compris les objectifs de gens
comme le député de Pointe-aux-Trembles qui, pour des fins
partisanes et désirant simplement accrocher au passage des adversaires
politiques, trouvent que tous les outils sont bons, y compris de jeter le doute
sur la Loi régissant le financement des partis politiques. Lorsque
l'objectif que poursuit le députe de Pointe-aux-Trembles, dans son
esprit, le justifie, il n'y a rien qu'il ne ferait pas. On en a eu une autre
preuve tout à l'heure. Alors, si l'outil qui est à la
portée de sa main, c'est l'héritage de René
Lévesque, ce n'est pas grave, le député de
Pointe-aux-Trembles va cracher dessus, si ça sert ses fins. Si l'outil
est une autre disposition législative de quelque parti que ce soit,
quand que ce soit, voté à l'unanimité de
l'Assemblée nationale pour respecter des grands principes et rejoindre
des objectifs - c'est important - ce n'est pas grave, le député
de Pointe-aux-Trembles va cracher dessus quand même. Je n'ai jamais vu
ça, M. le Président, depuis 10 ans. Vous allez me dire que
ça ne fait pas 40 ans que je suis ici, mais, depuis 10 ans, je n'ai
jamais vu ça un député qui, systématiquement, dans
l'exécution évidente d'un mandat que son groupe parlementaire ou
que son chef lui donne, crache sur tout ce qui bouge, utilise n'importe quel
outil pour attaquer les institutions et attaquer les personnes.
Deuxième exemple de ce que le député de
Pointe-aux-Trembles a fait, c'est, encore une fois, par le biais de la loi sur
le financement des partis politiques, de remettre en cause les nominations de
gens, notamment à la Caisse de dépôt, dont le chef de
l'Opposition a dit qu'ils étaient des gens honorables à tous
égards. Je l'ai entendu, j'étais ici. Lorsqu'on parlait de M. Guy
Savard ici, à l'Assemblée nationale, le chef de l'Opposition a
dit: C'est un homme honorable à tous égards. Mais le
député de Pointe-aux-Trembles, ça ne le
dérange pas ce que son chef
dit ou pense ou alors il ne s'en occupe pas et il exécute
servilement - c'est regrettable, même pour un député - le
mandat qu'on lui a donné de s'exprimer ici, à l'Assemblée
nationale, au mépris de toutes les règles de respect humain, de
courtoisie, de présomption de bonne foi qu'on doit respecter à
l'endroit des autres membres de l'Assemblée ou des gens qui, à un
moment donné ou à un autre, ont pu être associés
à un parti politique auquel le député n'appartient pas. Il
m'apparaft évident, M. le Président, que les gestes que nous
avons posés, et le dernier en date est le projet de loi
déposé par mon collègue le ministre des Approvisionnements
et Services, vont tous dans le même sens. Qu'il s'agisse, à
l'endroit de ce qui pouvait apparaître reprehensible en matière
d'aménagement de territoire, de mettre sur pied un comité
spécial d'enquête, d'instituer un nouveau mode extrêmement
sévère de révision des zones agricoles, de donner suite,
après des assemblées publiques et des consultations de toute
nature, à des décisions de schémas d'aménagement
prises localement, nous avons posé là un geste qui va dans le
sens de renforcer les garanties d'intégrité de l'État.
Mon collègue, à l'égard d'une des suites à
donner au rapport Bernard que nous avons mis sur pied - comité que nous
avons mis sur pied - vient ici, au moment où on peut le faire dans le
cadre de nos travaux, compte tenu de tout ce qu'il y a à faire, accorder
une priorité à ces éléments
d'intégrité qu'on doit renforcer ou alors améliorer la
relation qui peut exister entre l'État et ses fournisseurs, pour
être plus juste à leur endroit, ce qui est le corollaire de se
mettre au-dessus de tout soupçon. Lorsqu'on est justes avec nos
fournisseurs, lorsqu'on leur permet de faire affaire ouvertement, avec des
règles claires, avec l'État, c'est ça
l'intégrité, c'est ça l'honnêteté, c'est
ça assurer à nos concitoyens que leur argent chèrement
gagné et les impôts passablement élevés qu'ils
doivent maintenant payer sont utilisés à meilleur escient
d'année en année. C'est ça qu'on tente de faire de ce
côté-ci, M. le Président. J'ai toujours été
ouvert, depuis une dizaine d'années, à la contradiction. J'ai
toujours été ouvert aux débats, j'ai toujours
été ouvert à la discussion, mais, M. le Président,
je n'ai jamais été ouvert à l'insulte, à la
présomption de mauvaise foi et, disons-le, aux propos de bas
étage de couleur asphalte que nous a servis le député de
Pointe-aux-Trembles.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. Je reconnais maintenant M. le ministre des
Approvisionnements et Services, pour l'exercice de son droit de
réplique. M. le ministre.
M. Robert Dutil (réplique)
M. Dutil: M. le Président, mon droit de réplique
sera un peu plus long que le discours que j'ai fait pour l'adoption, tout
à l'heure, pour des raisons qu'a déjà mentionnées
le président du Conseil du trésor et que je vais
répéter. La règle d'immunité en cette Chambre, qui
existe depuis nombre d'années, avait été établie,
c'est important de le rappeler, pour protéger les députés
contre toutes sortes de risques et était là pour protéger
leurs droits et leur liberté de parole. Je pense que, si les gens qui
avaient imaginé ce système d'immunité parlementaire
voyaient de quelle façon on s'en sert parfois, ils auraient mis
certainement une réserve à cette immunité-là.
Tout à l'heure, le président du Conseil du trésor -
je n'insisterai donc pas davantage là-dessus - a mentionné qu'il
invitait le député à répéter les propos de
la même façon qu'il les a dits ici en Chambre, de la même
façon et avec les mêmes mots qu'il l'a dit en Chambre. Je l'invite
également à ce faire pour au moins permettre au gens qui sont
accusés d'avoir la possibilité de se défendre de la
façon dont on le reconnaît dans notre société,
c'est-à-dire d'aller en justice, de défendre leur honneur et de
défendre leur honnêteté face, à tout le moins,
à la justice qui, elle, ne prendra pas des accusations en l'air pour
preuves, mais exigera de véritables preuves avant de condamner qui que
ce soit devant de pareilles accusations.
Je n'insiste pas davantage là-dessus. Je veux toutefois revenir
sur le rapport Bernard comme tel et sur quelques déclarations que le
député a faites, particulièrement sur le fait qu'il n'y a
que deux recommandations dans cette loi qui sont mises en oeuvre. J'ai
expliqué, et je tiens à le répéter pour qu'on soit
bien compris de la population, que les recommandations du rapport Bernard
n'exigent pas toutes des législations. Il y a possibilité de
mettre en oeuvre la plupart des recommandations qui concernent
particulièrement le ministère que je dirige, le ministère
des Approvisionnements et Services, par des règlements ou par des
directives. D'ailleurs, les seules recommandations qui exigeaient
législation étaient justement les recommandations 30 et 44 et la
loi porte justement sur les recommandations 30 et 44.
J'ai dit, dès la présentation du projet de loi, et je le
réaffirme, que nous mettrons en oeuvre la plupart des autres
recommandations, que notre travail à date sera rendu public d'ici le 15
janvier et qu'à ce moment-là l'Opposition pourra se rendre compte
de notre volonté de donner un suivi adéquat au rapport Bernard,
rapport qui avail été commandé par notre gouvernement et
rapport qui, il est important de le rappeler, dit ceci: Nous avons un
système d'octroi de contrats qui est valable. Il faut le rappeler!
L'impression qui se dégage du discours du député de
Pointe-aux-Trembles, c'est que le rapport Bernard exige un chambardement de
fond en comble de tout ce qui se fait comme processus d'octroi de contrats. Ce
n'est pas le cas, M. le Président.
Depuis des décennies, il s'est fait du travail de ce
côté-là, du travail énorme. Le député
de Pointe-aux-Trembles en a cité quelques-uns en parlant de la
réforme du financement des partis politiques. Il aurait pu parler
également de la réforme qui a amené la création de
ce que l'on a appelé le fichier des fournisseurs, le fichier
appelé maintenant Rosalie qui, pour des contrats de moindre envergure
où on ne peut aller en soumissions publiques, fait tirer au hasard
quelques fournisseurs et c'est un comité de sélection qui, parmi
ces quelques fournisseurs, choisit celui qui obtiendra le contrat.
Mais rappelions donc également qu'une des premières
mesures de grande importance qui avait été établie pour
régler ce problème de processus équitable d'octroi des
contrats a été établie... Et ça, ça a
réglé 95 % des problèmes, d'ailleurs, il faut le
répéter, 95 % des problèmes ont été
réglés dans les années soixante sous le gouvernement de
Jean Lesage par l'institution d'un régime de soumissions publiques qui
donne le contrat au plus bas soumissionnaire conforme. 95 % des contrats qui
sont donnés par le gouvernement sont encore sous cette
règle-là du plus bas soumissionnaire conforme. Le problème
qui demeure, le problème qui reste et auquel on s'attaque toujours
depuis trois décennies, depuis qu'on a réglé 95 %, le
dernier bout où on resserre constamment les règles de
façon à s'assurer de la plus grande intégrité,
représente, je le rappelle, 5 % de l'octroi des contrats du
gouvernement. C'est en général l'octroi des contrats de services
où malheureusement on ne peut obtenir de prix, on ne peut aller en
soumission avec prix et où on doit avoir des critères
différents, des critères de qualité pour le choix des
fournisseurs. (11 h 10)
Le rapport Bernard mentionnait également - et ça n'a rien
à voir avec la transparence, ça a surtout à voir avec
l'efficacité - qu'il y avait eu, au fil des années, diverses
réglementations, sans doute adéquates, d'ajoutées, mais
pas nécessairement uniformes sur l'ensemble de la réglementation
gouvernementale dans l'octroi des contrats, ce qui rendait le processus non pas
mauvais en soi, mais difficilement applicable, plus complexe d'application,
à tout le moins; et les fournisseurs pouvaient ne pas s'y retrouver
puisque, d'un ministère à l'autre, ça pouvait varier. Il
s'agit là d'un travail d'uniformisation, qui est actuellement fait par
le Conseil du trésor et qui devrait aboutir sur une uniformisation plus
grande qui permettra de régler ce genre de problèmes qui, je le
rappelle, n'ont rien à voir avec la transparence, mais avec
l'efficacité. Du rapport Bernard, probablement que la moitié des
recommandations ont à voir avec une certaine
déréglementation, une certaine uniformité, une
amélioration de l'efficacité et non pas de la transparence.
Le député de Pointe-aux-Trembles a égale- ment fait
un lien avec le financement des partis politiques, lien que je qualifie de
malheureux, M. le Président. Une loi a été adoptée,
il y a maintenant une douzaine d'années, par le gouvernement du Parti
québécois et on a réduit la possibilité de
contribuer à un parti politique à 3000 $. Ça avait
été considéré, à l'époque, comme un
événement et je pense que c'est toujours considéré
par les autres sociétés comme une politique de
démonstration d'intégrité tout à fait
considérable. On ne retrouve pas ce genre de loi dans beaucoup d'autres
sociétés à travers le monde, donc, une amélioration
fort importante. Mais là où je suis d'accord avec le
député de Pointe-aux-Trembles, c'est que cette formule est de
plus en plus discréditée. Quand on accepte de faire un lien entre
quelqu'un qui a donné à un parti politique à
l'intérieur du cadre de la loi et un contrat qui lui a été
accordé, sans regarder même de quelle façon le contrat lui
a été accordé, sans vérifier si toutes les
procédures ont été respectées, je pense qu'on agit
d'une façon qui discrédite un mode de financement des plus
démocratiques.
M. le Président, il y a des gens qui hésitent,
dorénavant, à donner à des partis politiques, non pas
parce qu'ils ne partagent pas le point de vue de ce parti politique, non pas
parce qu'ils ne croient pas qu'ils doivent participer financièrement
à un parti politique, mais parce qu'ils estiment qu'ils diminuent leur
chance d'obtenir des contrats parce qu'ils participent à un parti
politique ou qu'ils augmentent le risque d'être indûment salis sur
la place publique, alors qu'ils ont droit de soumissionner comme n'importe quel
fournisseur et n'importe quel citoyen sur des contrats que le gouvernement
octroie et de les obtenir, surtout si c'est un contrat avec prix et qu'ils sont
les plus bas soumissionnaires conformes.
C'est pour cette raison que, pour ma part, je me dis: Oui,
peut-être y a-t-il lieu d'envisager - et l'Opposition semble ouverte
à cette façon de procéder - une nouvelle réforme du
financement des partis politiques. On ne pourra pas éternellement
resserrer les critères de transparence dans le processus d'octroi de
contrats du gouvernement sans mettre en cause l'efficacité même de
ce processus. Je donnais un exemple en commission parlementaire, que je vais
répéter ici, qui m'apparaît bien illustrer le
phénomène qui se passe. Pour attraper le plus de poissons
possible quand on va à la pêche, eh bien, on resserre les mailles
du filet et, quand on resserre les mailles du filet, même les petits
poissons ne peuvent pas passer à travers. Donc, on fait une meilleure
récolte. On comprendra facilement que, si on resserre trop les mailles
du filet, on devra sortir non seulement les poissons, mais l'eau de la mer
également puisque l'eau ne pourra plus passer à travers le filet.
Nous n'aurons donc plus aucune efficacité; c'est le bateau qui
chavirera.
Dans la balance des inconvénients d'un processus d'octroi de
contrats, je pense qu'après l'application du rapport Bernard - et le
député de Pointe-aux-Trembles sera à même de voir,
d'ici au 15 janvier, notre bonne foi dans son application - il ne restera plus
d'autre solution s'il y a encore des critiques versus l'octroi des contrats du
gouvernement et le financement des partis politiques. Il ne restera plus
d'autre alternative, pour avoir un minimum d'efficacité, que de
reconsidérer la loi sur le financement des partis politiques. Ça
n'a plus de bon sens. Quelqu'un donne 1000 $, ce qui est trois fois moins que
ce que la loi permet, et, dès qu'il obtient un contrat, on l'accuse de
toutes les malversations possibles. Alors, ça n'a plus de bon sens, M.
le Président.
Pour ma part, j'ai mentionné au député que j'avais
l'intention de faire tout mon possible pour mettre en oeuvre les
recommandations du rapport Bernard, parce qu'elles m'apparaissent correctes,
elles m'apparaissent valables, elles m'apparaissent aller dans le bon sens,
mais elles m'apparaissent également être le maximum que l'on
puisse faire pour maintenir l'efficacité requise dans le processus
d'octroi de contrats. J'espère qu'on pourra en finir un jour avec cette
fameuse question d'octroi de contrats et de financement des partis politiques
avec une proposition commune qui pourrait être adoptée à
l'unanimité comme l'avait été la loi en 1977 sur le
financement des partis politiques, et qui réglera définitivement
ce problème de conflit perçu entre ceux qui favorisent un parti
politique et ceux qui reçoivent des contrats. Merci, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Approvisionnements et Services. Est-ce que la motion proposée par le
ministre des Approvisionnements et Services proposant l'adoption du projet de
loi 103, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 23 du feuilleton.
Projet de loi 105 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 23. M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose
l'adoption du projet de loi 105, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
Est-ce qu'il y a des intervenants? Est-ce que la motion du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, proposant l'adoption
du projet de loi 105, est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 19 du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 19, M. le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles propose,
l'adoption du projet de loi 99, Loi modifiant la Loi sur la pharmacie. Est-ce
qu'il y a des intervenants sur ce projet de loi 99? Est-ce qu'il y a des
intervenants? Pas d'intervenants.
Est-ce que la motion du ministre responsable de l'application des lois
professionnelles proposant l'adoption du projet de loi 99... Oui, M. le
député?
M. Gendron: Juste une seconde. On me dit que ça va
être court. Il y aura une courte intervention de notre
côté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une courte
intervention?
M. Gendron: Étant à la Commission sur l'avenir
politique et constitutionnel du Québec...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est ce qu'on peut
suspendre cette étude? Oui. On attend Mme la députée de
Chicoutimi qui est à la Commission et qui devrait... On va aller la
chercher. On pourrait peut-être suspendre.
M. Johnson: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Johnson: Une autre suggestion. Nous pourrions peut-être
revenir sur les articles de l'ordre du jour, pour appeler plutôt
l'article 15.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Pour être dans le
bon ordre, M. le leader adjoint du gouvernement, nous allons suspendre
l'étude de l'article 19 du feuilleton pour le moment. Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre?
M. Gendron: M. le Président, si vous permettez...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M le leader adjoint
de l'Opposition.
M. Gendron: À ce moment-ci il y aurait lieu
quand même de m'informer. je sais bien que c'est le leader du
gouvernement qui appelle les projets de loi, mais on n'a pas beaucoup
d'indications et, entre ce que vous venez d'annoncer et ce qui avait
été prévu, là il y a comme un problème.
alors, avant d'aller plus loin et d'en créer inutilement, je voudrais
poser la question au leader du gouvernement: pourquoi n'appelez-vous pas
l'article 97? là je ne parle pas d'un article du feuilleton, je parle
d'un projet de loi, puisque nous devions faire, après le projet de loi
105 et après approvisionnements et services, l'étude du projet de
loi 97, loi modifiant la loi sur les normes du travail et d'autres dispositions
législatives. alors, nous, on est préparés à faire
les normes du travail avec les gens qui ont été avisés et
là je n'ai pas d'indication que vous avez l'air d'apporter ça. il
faudrait que vous m'indiquiez un peu plus ce que vous voulez faire pour le
reste de la période si vous voulez que ça fonctionne, parce que
là on va être obligés, de suspendre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet: ) M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, des fois il y a des signaux
non verbaux qui se donnent ici à l'Assemblée. L'un de
ceux-là est la. présence et du ministre du Travail et du critique
de l'Opposition et porte-parole en matière de travail qui nous laissait
soupçonner tous, y compris le leader adjoint de l'Opposition, que le
projet de loi 81, c'est-à-dire celui qu'on retrouve en adoption à
l'article 15, pouvait être appelé à ce moment-ci. Ça
donnait amplement le temps à la députée de Chicoutimi de
venir nous rejoindre et après, effectivement, pendant les interventions,
on pourrait peut-être discuter de tout ça, de la suite des choses,
le leader adjoint de l'Opposition et moi-même.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ça va?
M. Gendron: Ça va. Si le leader du gouvernement nous
indique à ce moment-ci qu'il appelle le projet de loi 81, Loi modifiant
le Code du travail, on est d'accord pour procéder.
Projet de loi 81 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous avons
suspendu l'article 19 du feuilleton. Nous y reviendrons à une phase
ultérieure. Vous m'indiquez d'appeler l'article 15. Ça va,
ça va. À l'article 15, M. le ministre du Travail propose
l'adoption du projet de loi 81, Loi modifiant le Code du travail. Est-ce qu'il
y a des intervenants? M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: m. le président, je n'ai pas l'intention de
répéter ce que j'ai dit hier soir et en commission parlementaire.
comme le ministre le sait, nous allons voter contre le projet de loi pour la
principale raison qu'il ne modifie pas l'article 45 du code du travail qui
touche les cessions d'entreprises, ventes, fusions et qui devrait, selon nous,
être touché suite au très douloureux conflit du manoir
richelieu. nous sommes d'accord capendant avec le nouvel article 46 que le
ministre a déposé et nous trouvons louable que le ministre, en
cette matière ait consulté largement via le conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre qui lui a suggéré un texte que
le ministre a repris. par ailleurs, nous sommes en désaccord profond sur
la partie du projet de loi qui dit que les employés du ministère
du conseil exécutif ne pourront pas, sauf exception, mais à la
discrétion du gouvernement, être syndiqués.
évidemment c'est louable aussi que le ministre ait ajouté un
amendement qui fait que ce n'est pas meilleur mais moins pire.
Finalement, M. le Président, les dispositions qui traitent de la
sous-traitance à l'égard de la loi, des services essentiels et
des incinérateurs à déchets, aqueducs, éqouts et
usines d'épuration des eaux ont notre accord. Mais comme, quant à
nous, la partie sur |e ministère du, Conseil exécutif et
l'article 45 du Code qui reste intouché nous apparaissent des questions
fondamentales, nous allons, malgré certains aspects positifs et
certaines mesures positives adoptées par le ministre, voter contre |e
projet de loi qui est devant nous.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion du
ministre du Travail proposant l'adoption du projet de loi 81, Loi modifiant le
Code du travail, est adoptée?
M. Bourdon: Sur divjsion.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, le projet de loi
81 est adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement
M. Johnson: M. le Président, tel qu'entendu, je dirais, on
pourrait suspendre quelques instants, le temps que la députée de
Chicoutimi vienne nous rejoindre pour discuter des choses dont elle veut nous
entretenir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je suspends les
travaux pour quelques instants à la demande du leader adjoint du
gouvernement..
(Suspension de la séance à 11 h 23)
(Reprisée 11 h 24)
Projet de loi 99 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir. Merci. Nous reprenons l'article 19 du feuilleton. À l'article
19, M. le ministre responsable de l'application des lois professionnelles
propose l'adoption du projet de loi 99, Loi modifiant la Loi sur la pharmacie.
Je suis prêt à reconnaître Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: merci, m. le président. vous savez, m- le
président, lors de la prise en considération du rapport, hier, je
suis intervenue sur ce projet de loi 99 pour démontrer pourquoi
l'opposition avait refusé d'appuyer ce projet de loi. il y avait deux
points majeurs - et je vais être très brève ce matin, m. le
président - c'est-à-dire le fait que ce pouvoir de
réglementer, d'établir la liste des médicaments
était remis entre les mains de l'office des professions. je pense avoir
clairement démontré hier, m. le président, à la
lecture même des propos du ministre responsable, en commission, que...
lui aussi partageait nos inquiétudes à ce moment-là et on
n'a vraiment pas donné réponse à nos interrogations sur ce
sujet-là.
Le deuxième point, c'était évidemment toute la
notion de poison qui disparaissait du projet de loi et qu'on ne confiait
à personne, finalement. De notre côté,
l'intérêt public nous semblait quelque peu menacé et,
là aussi, le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles n'a trouvé qu'une seule réponse à nous
donner, que le Bureau des pharmaciens n'avait pas réussi à
établir cette liste-là, donc, on la retirait.
Or, M. le Président, pour toutes ces raisons, bien sûr,
l'Opposition officielle maintient son opposition à ce projet de loi et
nous voterons contre ce projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion du
ministre responsable de l'application des lois professionnelles proposant
l'adoption du projet de loi 99, Loi modifiant la Loi sur la pharmacie, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, dans le déroulement de
nos travaux, il aurait été opportun, selon nous, de
procéder à l'adoption de deux projets de loi qui sont inscrits au
nom du ministre des transports. il s'agirait d'abord de la loi 108 et de la loi
106 et j'appellerais, à ce moment-ci, l'article 25 du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 25,
M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi 108, Loi
-modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
disposi tions législatives. Juste une minute, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui. M. le Président, nous pourrions, encore
une fois à ce moment-ci, c'est coutumier en décembre, compte tenu
de tous les travaux qui se déroulent concurremment, demander une
suspension très courte pour permettre aux intervenants de se diriger
vers les lieux.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À votre demande,
je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 35)
Projet de loi 108 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Veuillez vous asseoir.
Merci. Nous en sommes à l'article 25 du feuilleton. C'est la motion du
ministre des Transports proposant l'adoption du projet de loi 108, Loi
modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions législatives. Je suis prêt à reconnaître
le premier intervenant, M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. Ce projet de loi touche
deux grands principes: la sécurité routière, où on
se retrouve avec un bilan désastreux, et le contrôle routier, qui
va servir à donner la protection à nos acquis. Du 11 au 18
décembre, la commission de l'aménagement et des
équipements a étudié, article par article, le projet de
loi 108, comportant des amendements au Code de la sécurité
routière, et certaines dispositions législatives. Pendant cette
étude, M. le Président, nous avons procédé à
certains amendements aux articles du projet de loi. Plusieurs amendements de
forme furent apportés au projet de loi, mais nous avons dû
également toucher au fond de certains articles, M. le Président.
Nous avons supprimé l'article 48 de notre projet de loi. Cet article
ordonnait de garder un taux d'alcoolémie égal à
zéro pour tout nouveau conducteur, lorsque celui-ci aurait à
circuler sur notre réseau routier. Cette déci-
sion, M. le Président, est la conclusion de mes consultations
auprès de mes confrères de l'Assemblée nationale et des
groupes d'intervenants. La volonté populaire, M. le Président,
semble vouloir des mesures strictes, mais envers l'ensemble des conducteurs de
la province et non seulement pour les nouveaux arrivés. J'ai
déjà donné, M. le Président, le mandat au
président de la Société de l'assurance automobile du
Québec de me présenter un projet afin d'apporter des mesures pour
amplifier la sécurité sur notre réseau routier, mesures
pour l'ensemble des conducteurs.
Dans un second temps, nous avons également amendé
l'article 159 du projet de loi 108. Cet article avait pour but d'obliger le
port de la ceinture de sécurité et cela, sans exception, afin
d'accroître la sécurité dans les véhicules. Mais,
pour certains cas, il nous a été impossible de faire respecter
cette obligation. Alors, M. le Président, de consentement unanime, la
commission a décidé, pour certaines raisons médicales
exceptionnelles, que la Société de l'assurance automobile du
Québec pourrait délivrer, après examen par un
médecin spécialiste, une exception du port de la ceinture de
sécurité.
Dans un troisième temps, M. le Président, il y a eu
l'amendement à l'article 206 du projet de loi. Cet amendement consiste
principalement en la remise, en tout temps, à la demande du ministre, de
toute information concernant le secteur du contrôle routier de la
Société de l'assurance automobile du Québec. De plus, il y
aura également un rapport annuel distinct joint au rapport annuel de la
Société de l'assurance automobile du Québec lors du
dépôt de ses comptes rendus à l'Assemblée nationale.
Vous comprendrez, M. le Président, que c'est dans un esprit de
transparence que s'inscrit cet amendement.
En conclusion, M. le Président, ce projet de loi rejoint mes
objectifs concernant la sécurité routière et le
contrôle routier. Plusieurs des mesures incluses dans ce projet
répondent à un besoin marqué tant au niveau de l'industrie
du camionnage que de celui des conducteurs. Je propose donc l'adoption, M. le
Président, du projet de loi 108. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Transports. Alors, sur ce projet de loi, je cède la parole à
M. le député de Dubuc. M. le député, la parole est
à vous.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: M. le Président, je voudrais, dans un premier
temps, vous faire part de mes sentiments et puis de l'expérience que
j'ai vécue au sein de la commission de l'aménagement et des
équipements qui avait, évidemment, pour mandat d'étudier
le projet de loi 108. Ça m'a permis de faire connaissance, plus ample
connais- sance, avec le ministre, parce que, les quelques fois ou les quelques
occasions où j'ai eu à discuter avec lui en commission, il
semblait peut-être un peu sur la défensive. Je ne sais pas si
c'est le temps des fêtes, mais le ministre a été d'une
ouverture... Je n'élaborerai pas tellement là-dessus, parce que
le porte-parole de l'Opposition, je pense, saura le faire lui-même. Il a
fait preuve d'ouverture, parce que, quand même, c'était un gros
mandat, une loi importante mais aussi fastidieuse à plusieurs
égards, parce que fort technique, et je pense que ça demandait
énormément d'attention, de travail et de perspicacité. Ce
projet de loi regroupe deux mandats vraiment majeurs, soit l'actualisation des
normes comme telles et le fameux transfert à la Société du
contrôle routier. Alors, je pense que c'était un projet majeur et,
lorsqu'en commission nous avons réussi à sensibiliser le
ministre, eh bien, il n'a pas hésité à apporter des
compromis dans le meilleur intérêt. Il en a mentionné
quelques-uns.
Pendant les quelques minutes qui me sont réservées,
évidemment, pour ne pas prendre quand même la place de notre
porte-parole qui a sans doute très, très hâte de venir en
cette Chambre pour intervenir, je voudrais faire mention de quelques articles
que le ministre a bien voulu retirer de son projet de loi. Bien sûr, ce
n'est pas sans difficulté, sans avoir longuement argumenter, ça a
été une sensibilisation un peu plus difficile du ministre, mais
c'est tout à fait normal. Il y a des choses auxquelles on est plus
sensible, d'autres un peu moins, parce qu'il y avait quand même un projet
au Québec d'une petite entreprise, un projet de motocyclette qui,
finalement, pouvait avoir un certain intérêt sur le plan du
développement régional, même si ce projet-là n'est
pas plus avancé qu'il ne le faut. Mais nous avons réussi à
sensibiliser le ministre que, tout en voulant harmoniser la loi provinciale
avec les normes ou la loi fédérale, ça risquait fortement
de compromettre le projet même s'il est encore à la phase de
l'étude. Alors, après plusieurs minutes, pour ne pas dire des
heures, je ne me souviens plus, parce que c'est un projet de loi qui comprend,
je pense, au-delà de 300 articles... On n'a pas lâché et je
pense que le ministre, en étant bien conseillé par les gens qui
l'entourent, a accepté de retirer deux ou trois articles qui avaient
pour but de s'harmoniser avec la loi fédérale, tout en
s'engageant après l'adoption de la loi, au courant de l'hiver, à
réviser ou à accepter d'étudier un peu plus à fond
tout l'aspect d'harmonisation de la loi provinciale avec celle du Canada et
aussi à tenir compte de certains projets, de l'impact que cela pouvait
avoir sur les projets dont le ministre d'ailleurs a été, bien
informé. Alors, c'était là l'essentiel de mes propos, M.
le Président, pour dire que ça été une
expérience enrichissante; peut-être pas autant que celle que j'ai
connue au niveau du projet de loi 97 sur les normes, parce que, là, on
touche une chose quand même plus
concrète, qui prête plus à des débats, qui
est peut-être un peu moins technique. Mais, ceci dit, ça a
été fort intéressant et, à partir du moment
où le ministre a voulu faire preuve d'une si grande ouverture, je pense
que ça donnera des résultats fort positifs pour l'ensemble de la
population, parce que l'objectif de tout ça, c'est de veiller à
la sécurité de notre monde, de la société, des
jeunes, des moins jeunes et des plus âgés.
Alors, je salue le ministre et vous aussi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Dubuc. Sur ce même sujet, M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. C'est sûr que ce
projet de loi m'a intéressé grandement. Malheureusement, je n'ai
pas pu assister à toutes les étapes de ce projet puisque,
d'abord, c'est un projet important et volumineux, de plusieurs articles...
Au-dessus de 300 articles ou environ. Je vais le donner exactement: 259
articles. Donc, c'est un projet de loi important qui touche le comportement,
mais qui crée aussi la police de la route, police de la route qui est
demandée depuis plusieurs années. Admettons que le gouvernement,
même s'il se dote d'une police de la route, a des règlements
suffisamment larges pour permettre à des gens de circuler sur le
réseau routier même s'ils dépassent les charges. Donc, la
police de la route n'aura pour effet que d'administrer les directives ou les
règlements du gouvernement. Ces règlements, à mon point de
vue, sont beaucoup plus permissifs que ce qui se passe dans d'autres provinces
canadiennes ou dans les États américains. Quand je parle des
États américains, je parle de New York, je parle aussi du
Vermont, qui sont près de nous, auxquels...
M. le Président je voudrais peut-être vous demander...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît.
Oui. Vous avez raison, M. le député. Les députés de
la formation ministérielle à ma gauche, s'il vous plaît,
j'apprécierais, si vous avez à discuter, d'aller discuter
à l'extérieur pour permettre au député de
Jonquière qui est à côté de vous de bien faire son
intervention.
M. le député, je suis prêt à vous
entendre.
M. Dufour: Merci, M. le Président, j'apprécie votre
doigté et la façon dont vous vous comportez, parce que ça
peut nous aider. Ils ont peut-être des choses plus intéressantes
que ce que j'ai à dire, mais par contre il faut bien penser que,
lorsqu'on fait une intervention, il faut au moins un peu se concentrer pour
être bien sûr qu'on puisse suivre les idées qu'on
émet.
Donc, je disais qu'un des grands morceaux de ce projet de loi, c'est de
mettre sur pied la police de la route. C'est effectivement une demande qui a
été réitérée à plusieurs reprises
pour mieux contrôler ce qui se passe sur le réseau routier. Et,
comme je le disais, c'est évident que la police de la route ou la
nouvelle police de la route ne pourra qu'appliquer les règlements qu'on
a mis en place et cette réglementation-là semble beaucoup plus
permissive que ce qui existe dans les autres provinces, dans l'État de
New York ou dans l'État du Vermont.
Donc, est-ce que ce sera de nature à améliorer le
réseau routier? Parce que c'est un peu le sens qu'on vise, ce n'est pas
juste de donner des sanctions. Parce que, si c'est juste pour aller chercher
des amendes, moi je trouverais que ce serait trop onéreux pour aller
jusque-là et je ne pense pas qu'on doive accepter des mesures
répressives tout le temps.
Donc, cette police de la route va être sous le contrôle de
la Société de l'assurance automobile du Québec. Pourquoi
on l'a mis sur la Société de l'assurance automobile? Ça,
ça me dérange quelque peu. Parce que vous savez qu'au
Québec on est à peu près les gens les plus
"policés" en Amérique du Nord. Je veux juste faire une
enumeration de nos différents corps policiers ou des différents
corps répressifs qui existent au Québec dans notre milieu. On va
parler de la Sûreté du Québec, on peut parler de la police
municipale, on peut ajouter la GRC, la Gendarmerie royale du Canada, on peut
parler de la police verte, celle qui applique les mesures de l'environnement,
on parle des boubous macou-tes, qui ne sont pas une police formelle mais qui
ont aussi des mesures de contrôle très fortes, on pourrait ajouter
les gens sur l'impôt qui ont aussi des mesures restrictives, il y a les
agents de la faune, les agents de la paix. Donc, il y a un certain nombre de
corps policiers ou de corps qui ont pour but d'appliquer la
réglementation. Quand je parle de policiers ou de police, il faut
peut-être se rattacher à des éléments excessivement
importants qui sont la Sûreté du Québec, la GRC, la police
municipale. La police de la route est à peu près dans la
même optique. Donc, il y a quatre polices et le danger qu'on voit
à travers cette création d'un nouveau corps, d'un nouvel
organisme, c'est qu'il sera redevable de ses actions à la Régie
de l'assurance automobile. Voilà un point qui me semble, en tout cas,
contestable, contestable dans le sens que, oui, la Société de
l'assurance automobile peut contrôler la sécurité sur les
routes, mais de là à aller mettre des contraventions et de
là à jouer un rôle parallèle à ce que nos
policiers ou la Sûreté du Québec ont l'habitude de faire,
ça pourrait causer certains problèmes. (11 h 50)
II y a peut-être une facette cachée de cette mise sur pied
de ce corps policier. C'est peut-être aussi la façon de percevoir
des amendes. C'est que ça a pour résultat de grossir les
coffres ou la caisse gouvernementale parce que, depuis quelques
années et, pour être plus précis, depuis les quatre
dernières années, le gouvernement a pigé
allègrement dans la caisse de la Société de l'assurance
automobile supposément ou sous le prétexte qu'on prend cet argent
pour améliorer le réseau routier. Mais il ne faut pas être
un grand analyste des questions routières pour constater que le
réseau routier, depuis les cinq dernières années,
malgré les prétentions du prédécesseur de celui
qu'on a en face de nous, du nouveau ministre des Transports, depuis la
dernière élection, n'est pas dans un état très
très acceptable. Je ne connais pas de gens ici, dans cette Chambre, qui
sont satisfaits du réseau routier, y compris le côté
ministériel, parce qu'on n'a pas de plan d'ensemble, qu'il n'y a pas de
planification. On aurait pu faire...
Bien oui, je regarde le ministre qui semble protester, mais il faut dire
que la planification est très faible. On essaie d'en faire une
planification. On a commencé l'année passée. Ça a
pris cinq ans, après avoir dénoncé... Si le gouvernement
n'avait jamais dit un mot contre le réseau routier, il aurait
été excusable, on aurait dit: Bien, ils ont pris le pouvoir, puis
là ils viennent de constater et de se rendre compte que le réseau
routier a besoin d'être réparé. Ce n'est pas ça qui
est arrivé. Ils l'ont dénoncé pendant des années,
peut-être qu'ils pensaient qu'ils ne prendraient jamais le pouvoir,
peut-être que c'est une surprise pour eux. Ils ne sont pas
préparés. Ils ont pris le pouvoir, puis là, ils sont pris
avec un réseau routier, puis c'a pris cinq ans avant qu'ils se virent de
bord pour dire: Ça nous prendrait une planification, peut-être
qu'on pourrait faire des choses. Puis on a aussi assisté à des
pèlerinages incessants entre les transporteurs, les routiers, les gens
qui font du transport pour dire: II y a des choses qui ne sont pas correctes
qui se passent dans le réseau. Chaque fois, lors de ces
pèlerinages, le ministre leur disait: On va arranger ça, on va
prendre des décisions qui vont être favorables. L'an passé,
on a eu une parade qui est devenue un "sit-in", je ne sais pas comment on dit
ça, un "sit-in" de camions. En tout cas, il y en avait un peu partout,
Dieu sait si on avait des difficultés à circuler. Ces
gens-là, ce qu'ils venaient réclamer: Plus d'ordre, mettre de
l'ordre dans la façon de circuler dans le réseau routier, dans le
transport.
Ce projet de loi répond quelque peu à ces
demandes-là. Encore là, entre la parole ou l'écrit et les
actes, ce n'est pas encore tout créé, peut-être que le
gouvernement, sentant son incapacité de régler les
problèmes, a dit: Je vais donner ça à la
Société de l'assurance automobile, ils vont être meilleurs.
Mais on peut encore s'interroger par rapport à ça.
Il y a d'autres notions, M. le Président, qui sont entrées
aussi dans le projet de loi: Le permis probatoire. Autrement dit, auparavant
c'était quelqu'un... Un apprenti conducteur pouvait avoir un permis et,
après un certain temps, pouvait passer ses examens. Le ministre a
décidé, par son projet de loi, de prendre les nouveaux
conducteurs et de les mettre sur probation pendant une couple d'années.
Et ce permis-là va permettre de regarder ce qui se passe, mais il y a
une pénalité rattachée à ça. C'est que le
nouveau conducteur va être beaucoup plus surveillé. Est-ce que ce
sera mieux pour la sécurité? Peut-être. Mais ce n'est pas
nécessairement de l'éducation, c'est de la répression, la
mesure. Parce qu'on va leur allouer 10 points plutôt que les 15 points
auxquels le conducteur habitué a droit. Et ces 10 points-là,
quand ils seront perdus, bien, c'est là peut-être qu'on va se
retrouver avec un certain nombre de problèmes, parce que ce sont des
jeunes pour la plupart qui vont être sur probation pendant deux ans, ils
n'auront pas grand-marge de manoeuvre parce que 10 points, avec l'augmentation
de surveillance qui peut se faire, il y a une gradation aussi dans les points
de démérite... Ce qui fait qu'un jeune qui aura son permis
probatoire pourra être exposé à le perdre. Il faudra
sûrement qu'on regarde les mesures ou qu'on regarde avec beaucoup de
mesure ce qui va se passer sur le territoire. Donc, c'est un empêchement,
jusqu'à un certain point, pour les jeunes d'avoir leur permis le plus
vite possible.
On a parlé beaucoup de sécurité routière
dans ce projet de loi, mais on parle aussi beaucoup d'amendes. Donc, c'est pour
ça que je parle, entre l'éducation puis le résultat...
Une voix:...
M. Dufour: Pas déjà? ...et entre l'amende puis le
résultat, bien, on va dire qu'il y a une façon. C'est vrai que je
perds mes moyens quand vous me dites qu'if me reste seulement un an,
c'est-à-dire un mois, une minute à parler. Donc, je ne pourrai
pas faire, bien sûr, tout le tour du dossier, mais je peux constater
qu'il y a un effort évident pour essayer d'améliorer la
sécurité routière. Mais je me souviens que, voilà
cinq ans, voilà quatre ans, on avait aussi adopté un Code de la
sécurité routière qui était beaucoup plus
volumineux, 750 articles. Est-ce que ça a eu pour effet
d'améliorer la sécurité routière? Oui,
peut-être dans la réglementation, mais il y a un
élément que je veux soulever et ce sera là-dessus que je
conclurai, il semble que ça vient du fédéral qui
contrôle ça, c'est la sécurité du véhicule
automobile lui-même. Tant qu'on permettra à des "minounes" de
circuler sur le réseau routier et à des automobiles faites par
des fabricants que je peux qualifier d'irresponsables parce qu'ils n'ont pas de
qualité, ils ne sont pas assez forts, on pourra passer les
règlements qu'on voudra, on arrivera toujours à la même
conclusion, qu'une automobile n'est sécuritaire qu'en fonction de sa
construction et de la qualité de la construction qu'on y met. Et
ça,
malheureusement, je ne sais pas jusqu'à quel point le ministre
pourra engager des pourparlers sérieux pour forcer les constructeurs
automobiles à bâtir des automobiles beaucoup plus
sécuritaires. merci, m. le président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière. Nous sommes à l'adoption du
projet de loi 108 et je suis prêt à reconnaître la prochaine
intervenante, Mme la députée de Terrebonne. Mme la
députée.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: M. le Président, je pense qu'avec le projet de
loi 108 on peut constater, lorsqu'un ministre est à l'écoute des
revendications du milieu, lorsqu'un ministre est à l'écoute des
demandes de l'Opposition, qu'il y a possibilité d'arriver à
améliorer sérieusement un projet de loi. Ce projet de loi, au
départ, avait soulevé plusieurs oppositions de notre
côté; on avait eu plusieurs recommandations dans nos milieux
respectifs. Et cette commission parlementaire a pris le temps d'étudier
le projet de loi article par article. Même s'il était très
long, on a choisi de prendre la voie normale de la démocratie,
c'est-à-dire d'étudier ses articles un après l'autre et de
tenter d'améliorer le projet de loi.
J'ai un regret, bien sûr, que ce ne se soit pas produit avec
d'autres projets qui étaient aussi importants, comme par exemple le
projet de loi 89, qui s'est vu imposer un bâillon à peine
après 23 heures de débat et, bien sûr, le projet de loi 109
où tous les débats ont été arrêtés
à peine après une heure et trente minutes de discussion en
commission, M. le Président.
Alors, on a ici, avec le projet de loi 108, un exemple de ce qui devrait
se faire plus souvent. Il y avait plusieurs revendications et je vais les
regarder l'une après l'autre, M. le Président, et vous allez voir
qu'il y a eu de sérieux amendements à ce projet de loi et nous en
sommes très heureux.
Parmi les nombreux amendements demandés, il y avait le
problème que posait la moto à trois roues, qui est
fabriquée par un citoyen du Québec, un citoyen d'Arthabaska, M.
Daniel Campagna. Cela risquait de nuire carrément à cette
compagnie québécoise, d'en empêcher la commercialisation et
c'était bien sûr quelque chose qui ne nous apparaissait pas
intéressant du tout, surtout au moment où nos entreprises
québécoises ont de plus en plus de difficulté en
période de récession. Donc, il nous apparaissait normal que le
ministre accepte de retirer deux articles et permet, bien sûr, à
une compagnie québécoise de continuer à opérer.
Cette demande a été acceptée, M. le
Président. Il y avait aussi l'article 48 qui posait problème,
c'est-à-dire concernant le permis probatoire. En supprimant l'article
48, en enlevant le taux d'alcoolémie inférieur à 0,08 pour
les nouveaux conducteurs... C'est que cet article-là faisait une
discrimination, finalement, entre les conducteurs plus jeunes et les autres. Et
c'est évident que, lorsque vous avez une mesure qui apparaît
discriminatoire, il faut tenter de réduire au maximum l'impact que
ça peut avoir sur la population. Donc maintenant, en retirant l'article
48 du projet de loi 108, on se retrouve avec uniquement une seule
différence qui existe entre le permis de conduire régulier et le
permis de conduire probatoire, c'est le nombre de points d'inaptitude, ce qui
nous apparaît beaucoup plus léger comme mesure discriminatoire,
bien sûr. (12 heures)
Alors, le permis de conduire régulier a 15 points, alors que le
permis probatoire en aura 10. C'est vraiment un avantage. C'est un avantage
parce que obliger les gens à respecter un certain délai pour
obtenir le permis régulier et surtout en discriminant en fonction de
l'âge, ça pose problème. Là, si on se limite
à une différence de points d'inaptitude, je pense que c'est
quelque chose qui est acceptable.
Il y avait aussi ? et ça, dans mon milieu, on m'en avait
parlé beaucoup et je pense que, du côté des
députés ministériels aussi, la question avait
sûrement été suscitée dans leurs bureaux de
comté - l'exemption du port de la ceinture pour des raisons
médicales. On sait que le ministre avait apporté cette mesure
parce qu'il y avait certains abus. Il jugeait qu'il y avait certains abus. Je
n'ai pas de statistiques à ce sujet-là, M. le Président,
mais c'est fort possible, bien sûr, que des personnes qui, pour toutes
sortes de raisons autres que médicales, ne souhaitaient pas porter la
ceinture de sécurité aient demandé à certains
médecins de signer des formulaires. De là à imposer une
mesure qui, automatiquement, obligeait tout le monde à porter la
ceinture de sécurité, c'était un petit peu drastique. Je
pense que c'était utiliser les gros canons pour, finalement, quelques
personnes qui ne respectaient pas la loi, malgré les mesures
pénalisantes, malgré les amendes.
Vous savez, il y a certaines personnes qui, pour des raisons
médicales et des raisons médi cales sérieuses, ne peuvent
porter la ceinture de sécurité. Donc, le ministre, là
aussi, a entendu la voix de l'Opposition et la voix du milieu, bien sûr,
et a préféré restreindre un petit peu, encadrer la
délivrance des permis. Je pense que c'est là attaquer le mai
à sa source parce que le problème, c'était bien plus ceux
qui délivraient des exemptions, alors qu'ils n'auraient pas eu le droit
de le faire. Alors, si on encadre davantage la délivrance d'un
certificat médical et si on surveille davantage à ce
niveau-là, je pense que les personnes qui, elles, se doivent de ne pas
porter la ceinture de sécurité vont pouvoir le faire sans
discrimination, alors que celles qui demandent une exemption sans raison
valable ne pourront pas le faire. C'est vraiment permettre
d'appliquer un règlement en toute logique, M. le
Président.
Il y avait également parmi les autres mesures, parce que ce
projet de loi en compte énormément, le problème de la
responsabilité de l'émission des permis spéciaux pour les
charges divisibles et là on touchait à l'article 167. Donc,
l'amendement qui a été accepté précise que la
Société de l'assurance automobile du Québec émettra
des permis spéciaux pour les véhicules hors normes par leur
fabrication ou pour les charges indivisibles. Si le requérant d'un
permis spécial ne satisfait pas à ces exigences, il devra obtenir
un permis du ministre. C'est sûr que c'est ouvrir la porte aux
dérogations et, comme j'ai eu l'occasion de le dire, cette nuit, dans
l'une de mes interventions, ce gouvernement semble, dans différents
ministères, utiliser régulièrement le pouvoir de
dérogation. Alors, on vient ouvrir ici à nouveau la porte
à ce pouvoir de dérogation et c'est bien évident que, du
côté de l'Opposition, nous aurons à surveiller le ministre
pour nous assurer qu'il n'y aura pas d'abus de ce côté-là,
que les droits des gens seront respectés et que l'utilisation de la
dérogation ne sera pas une coutume régulière.
Il y avait aussi le problème - et ça, mon collègue
de Jonquière en a parlé un peu tantôt - des
opérations de contrôle routier. L'Opposition était
extrêmement réticente à voir ce contrôle, ce nouveau
dispositif de police, un petit peu comme la police verte de l'environnement. On
ne savait pas trop quelle couleur lui donner à celle-là. C'est
inquiétant lorsque partout, à tous les ministères, on se
retrouve dans un État qui risque de s'approcher d'un État
policier, mais ce n'est pas encore le cas, évidemment. Donc, il
apparaissait fondamental que les opérations de nature policière
relèvent d'un ministre et non du conseil d'administration d'une
société d'État, parce que c'est extrêmement
différent.
Nous avons donc réussi, du côté de l'Opposition,
à faire accepter un amendement majeur qui oblige maintenant la
Société de l'assurance automobile du Québec à
fournir au ministre, suite à une demande de ce dernier, et
j'espère qu'il saura faire les demandes en temps voulu, M. le
Président, des rapports sur les opérations du contrôle
routier. Et ça, c'est extrêmement important que le ministre garde
ce contrôle-là, parce que ça peut amener certains abus.
M. le Président, vous m'avez signalé que mon temps de
parole s'achève. Il y avait bien d'autres articles sur lesquels j'aurais
pu vous donner certaines informations, mais, puisque mon temps s'achève,
je terminerai, M. le Président, en vous disant que je souhaite vivement
et sincèrement qu'à l'avenir davantage de ministres de ce
gouvernement prennent exemple sur le ministre des Transports et permettent
vraiment à l'Opposition de revendiquer et d'améliorer les projets
de loi plutôt que de mettre des bâillons,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Sur le même sujet, soit la
proposition d'adoption du projet de loi 108, je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant, M. le député de
Shefford. M. le député.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Moi aussi, je
tenais absolument, à ce stade-ci, à intervenir sur le projet de
loi 108 sur la sécurité routière parce que je suis
intervenu lors du débat en deuxième lecture. Le ministre se
rappellera qu'à ce moment-là on a dénoncé le projet
de loi assez vigoureusement, parce que, à notre avis, il y avait des
articles qui, de notre vision des choses, étaient inacceptables. On les
a dénoncés dans le but de convaincre le ministre qu'il devait
absolument nous apporter des amendements. Vous savez, c'est un gros projet de
loi. C'est au-dessus de 300 articles. Donc, ça touche beaucoup de gens.
Et la sécurité routière, c'est une préoccupation
qui doit intéresser toute la population. C'est incroyable le nombre
d'accidents qu'il y a au Québec quand on sait que c'est une des causes
majeures, finalement, de mortalité. Donc, oui, il faut absolument que le
gouvernement soit toujours au fait de ce qui se passe et qu'il prenne ses
responsabilités, sauf que, dans le projet de loi, et on l'a dit, il y
avait des points qui, pour nous, ne nous faisaient pas avancer ou, finalement,
étaient inacceptables parce que ça touchait des principes ou
ça amenait des modifications et l'on trouvait qu'elles n'allaient pas
dans la bonne direction.
Parmi les objections qu'on avait à ce moment-là, une qui
était majeure, en tout cas moi dans mon intervention, c'était le
rôle de policier qu'on voulait faire faire à la
Société de l'assurance automobile du Québec. On disait que
cette Société qui avait été mise sur pied par
l'ancien gouvernement du Parti québécois pour protéger les
automobilistes était bonne, tellement efficace, avait
généré tellement de profits, finalement, que le
gouvernement était rendu qu'il s'en servait comme vache à lait et
que, maintenant, on allait au-delà de ça, on voulait l'utiliser
comme son propre corps policier, avec ce que ça a comme danger
spécialement: ça fait payer par une société
d'assurances les coûts de la police qui, normalement, sont payés
par le gouvernement. Donc, ça vient augmenter nos primes d'assurance et
c'était sous le contrôle unique et total du conseil
d'administration d'une société d'État, ce qui n'est pas
normal. À notre avis, ce n'est pas acceptable que des gens qui peuvent
arrêter, perquisitionner et finalement même nous faire payer des
amendes, ce soit une police qui relève d'une société
d'État et non pas de l'État comme tel.
Donc, on l'a dénoncé parce que ça nous
inquiétait et je me rends compte aujourd'hui qu'on a bien fait de
prendre le temps nécessaire, ici en Chambre, au débat en
deuxième lecture, pour sensibiliser le ministre à nos craintes,
parce que ça nous a permis de convaincre le ministre à plus d'un
point de vue. À preuve, c'est que le ministre a déposé
plusieurs amendements. Donc, on peut être contents de ce
côté-là. Je pense que l'Opposition a fait un bon travail:
un bon travail ici à l'Assemblée nationale sur le principe, et un
bon travail en commission parlementaire même si ça n'a pas
duré tout le temps qu'on aurait désiré, mais un bon
travail à tout le moins, puisque le ministre a accepté plusieurs
amendements et spécialement en ce qui concerne le sujet dont je viens de
traiter, cette police de la sécurité routière. (12 h
10)
Même si, pour nous, c'était anormal, on va l'accepter
maintenant parce que c'est un peu plus acceptable avec les amendements.
Même si on a dit qu'on aurait préféré que ce soit
autrement, maintenant que le ministre a accepté des amendements qui vont
nous apporter plus de garantie, plus d'assurance, on va accepter ça. On
va l'accepter parce que les besoins sont tellement énormes en
matière de sécurité routière, spécialement
dans une période comme celle qu'on traverse, c'est-à-dire
où on est en train de vivre la déréglementation dans
l'industrie du camionnage. Donc, comme il y a déréglementation en
plus des problèmes qu'on connaît déjà, oui,
ça prend une surveillance beaucoup plus assidue. Donc, comme c'est le
moyen qui nous est proposé par le ministre et qu'il y a urgence a agir
et à aller de l'avant, on va donner notre consentement parce que le
ministre a accepté certaines modifications que je veux vous
énumérer.
Il y a d'abord une chose qu'il faut reconnaître. Ça, je
pense que, généralement, c'est reconnu par tous les
Québécois: la crédibilité de la
Société de l'assurance automobile du Québec. Ça,
là-dessus, la Société a fait ses preuves depuis des
années, à tous les points de vue, même si, oui, des fois,
il y a certains problèmes par rapport aux gens qui ont des accidents, la
rapidité de régler les dossiers. Mais, globalement,
généralement, la Société est bien cotée et
à juste titre. Donc, sa crédibilité est faite, on peut lui
faire confiance, spécialement maintenant que le ministre a
accepté d'imposer à la Société de faire un rapport
distinct sur les activités de contrôle routier. Donc, au moins, on
pourra, comme législateurs, comme porte-parole de la population et comme
représentants de cette même population, être capables de
visualiser et d'analyser un rapport distinct par rapport à cette
nouvelle tâche, cette nouvelle responsabilité qui est
confiée à la Société de l'assurance automobile du
Québec.
Comme ce rapport, suite aux amendements qui sont amenés au projet
de loi 108, sera déposé ici à l'Assemblée
nationale, c'est un document public qui permettra, d'abord aux parlementaires,
ensuite aux médias et à toute la population, de connaître
ce qui s'est passé. Là, c'est plus rassurant, c'est moins
inquiétant et ça nous permet de jouer notre rôle en
même temps de protecteurs, nous, de l'ensemble de la population et de
nous assurer que la justice, la police, c'est une responsabilité
d'État avant tout. Si, maintenant, on accepte, grâce à la
crédibilité de la Société de l'assurance
automobile, d'y aller par son intermédiaire, à tout le moins, il
y aura un rapport distinct et un rapport qui sera rendu public et
déposé ici à l'Assemblée nationale.
Le ministre a aussi accepté un autre amendement qui nous permet
de donner notre consentement à ce projet de loi, c'est, entre autres,
d'exiger des rapports circonstanciés sur des opérations de
contrôle routier effectuées par la Société.
Ça aussi, c'est important de pouvoir en tout temps, lorsque jugé
nécessaire, exiger un rapport par rapport à des situations tout
à fait particulières. Ça tombe bien. Le ministre des
Transports, responsable de la sécurité routière, qui a
aussi été ministre de la Sécurité, va comprendre
très facilement que l'État a une responsabilité totale par
rapport à la sécurité routière ou à la
sécurité en général. Tout ce qui concerne la
sécurité, a mon avis, c'est une responsabilité
d'État et le gouvernement, de par ses ministres, doit être capable
d'intervenir lorsqu'il le juge nécessaire. C'est la démocratie et
c'est la sécurité qui sont en jeu dans des gestes semblables.
Donc, c'est des amendements qui, maintenant, rendent la loi beaucoup
plus acceptable et nous sécurisent davantage même si, au
départ - et on l'a dit, on ne s'est pas gêné - on avait des
craintes qui étaient grandes et, par les amendements qui ont
été apportés, je dois dire, qui étaient
justifiées. Parce que, si on avait eu tort d'amener des arguments
semblables, si nos arguments n'étaient pas bons, le ministre ne nous
aurait certainement pas écoutés et n'aurait certainement pas
accepté de déposer les amendements qui, aujourd'hui, nous
permettent, tout comme lui, de voter en faveur de cette loi.
Il y avait d'autres choses. Mes collègues en ont parlé un
peu avant moi. Pour moi, c'était le point majeur, en ce qui concerne la
police. Il y en a d'autres points qu'on a dénoncés en
deuxième lecture et que je veux aussi traiter, il s'agit de la
surcharge. Vous savez, on connaît l'état des routes au
Québec. Tout le monde le reconnaît, les routes sont dans un
état lamentable. Il y a différents facteurs. Ça, je pense
que les Québécois en sont bien conscients. Il y a le climat, on a
un climat qui n'est pas facile, changements de température, quatre
saisons et, pour la sécurité des gens, bien, nous, l'hiver, il
faut étendre du sable, du calcium, du sel sur nos routes, ce qui n'aide
pas; passer les grattes, les charrues Donc, il y a le côté
climatique qui ne
nous aide pas. Il y a le fait qu'on investit, malheureusement et
contrairement au bon sens, de moins en moins d'argent alors qu'on devrait en
mettre de plus en plus pour l'entretien de nos routes, et pas seulement
l'entretien mais la construction de nos routes, parce qu'il y a encore beaucoup
de routes de gravelle ici au Québec. Donc, c'est un autre facteur, on ne
met pas suffisamment d'argent là-dedans. Mais il y a un autre facteur
qui est le facteur des surcharges.
Je me rappelle être intervenu en deuxième lecture
là-dessus aussi en disant au ministre qu'on devrait être plus
sévères là-dessus. Il faudrait être plus
sévères, parce qu'on est l'endroit en Amérique du Nord
où on est le moins sévères; c'est incroyable! Alors que la
température joue contre nous, alors qu'on met moins d'argent, on est
moins sévères aussi. On demandait au ministre d'être comme
les autres États américains ou canadiens, d'être aussi
sévère et de faire respecter ça. Bien, le ministre, de ce
côté-là, continue à émettre des permis
spéciaux et il va y avoir encore des surcharges. Eh bien, de ce
côté-là, je dois vous dire, nous, on va être
très attentifs et on va continuer à surveiller les choses.
Et je conclus, parce que vous me dites que mon temps est terminé,
malheureusement, M. le Président, en disant que je suis très
heureux que le ministre, suite à nos discours à
l'Assemblée nationale et aux échanges en commission
parlementaire, ait accepté plusieurs amendements qui viennent bonifier
le projet de loi 108 et qui font en sorte que, pour nous aussi, il est
acceptable. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Shefford. Je suis prêt à reconnaître
le prochain intervenant. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. M. le
Président, ça fait changement quand on parle d'un projet de loi
où il y a eu possibilité de pouvoir discuter avec les membres
ministériels, les ministériels, et les membres de l'Opposition.
Je pense qu'il faut considérer, M. le Président, que, tant qu'on
se parle, tant qu'on peut s'informer l'un l'autre, tant qu'il y a des
ouvertures possibles, il y a moyen de conclure des ententes. Nous sommes
aujourd'hui à discuter du projet de loi 108 sur la
sécurité routière et je me rends compte, M. le
Président, qu'en travaillant comme on doit travailler,
c'est-à-dire les ministériels et nous, on en arrive à des
consensus extrêmement valables et extrêmement importants, ce qui va
faire en sorte que la population va être la gagnante de tout ça.
Et, en ce sens, le Code de la sécurité routière, c'est une
loi extrêmement importante, parce qu'on sait ce que c'est: c'est les
conducteurs d'automobiles, c'est les conducteurs de camions, c'est les
conducteurs de toutes sortes de véhicules et, donc, on parle de la vie
des personnes humaines. Et, lorsqu'on traite d'une loi qui touche à la
vie des personnes humaines, je pense qu'il va de soi que, quel que soit le
parrain de la loi, il faut qu'il y ait les ouvertures d'esprit
nécessaires pour faire en sorte que, ensemble, tous les parlementaires
qui ont à faire un travail sur un projet de loi qui touche la vie des
personnes... Il me semble qu'il faut avoir l'ouverture nécessaire et
faire en sorte de travailler ensemble à bonifier un projet de loi qui va
être en application après ça et qui va faire en sorte qu'on
va possiblement sauver des vies avec ça, M. le Président. Et, en
ce sens, permettez-moi de dire à ceux et celles qui étaient
à la commission parlementaire et qui ont fait un excellent travail, je
pense, de les reconnaître avec reconnaissance, de voir avec quelle
ouverture ils ont travaillé pour bonifier le projet de loi. (12 h
20)
Et j'en viens, M. le Président, à certains amendements qui
sont survenus tout au long de l'étude de ce projet de loi. Je me
souviens que mon collègue, le député d'Arthabaska, m'avait
parlé d'un de ses électeurs. D'ailleurs, je pense que tous les
députés avaient reçu une lettre de M. Daniel Campagna qui
disait: Moi, j'ai inventé... Vous vous souvenez, hier, on parlait d'un
projet de loi qui s'appelait l'AQVÏR, qui était un projet de loi
qui aidait les inventeurs, les patenteux. Bien, dans le comté de mon
collègue d'Arthabaska, il y en avait un patenteux. Il avait
patenté une voiture à trois roues qui, semble-t-il, avait des
ouvertures énormes sur le marché, mais américain, sauf
qu'avec la loi qui nous était présentée il y avait un
article de la loi, qui était l'article 2, paragraphes 6° et 8°,
qui aurait empêché notre patenteux du comté d'Arthabaska de
pouvoir avoir le privilège ou le permis de travailler à sa
machine, sa patente, continuer à la vendre, bien sûr, et essayer
d'avoir un marché pour passer sa patente. Parce qu'on sait que ces
hommes et ces femmes-là qui ont des idées de création, de
créativité, il ne faut pas les stopper dans leurs idées de
créativité. Et, en ce sens, M. le Président, je pense que
le ministre a quand même reconnu une ouverture de ce
côté-là. Et bravo à l'intelligence et à la
créativité, et bravo à ceux qui ont travaillé sur
le projet de loi qui va permettre à ce bonhomme-là de
peut-être en inventer une deuxième et une troisième,
pourquoi pas, et à d'autres personnes comme lui d'en faire autant.
L'autre article, M. le Président, qui a été
supprimé, c'est l'article 48, le permis probatoire. On sait, M. le
Président, que, dans l'article 48, on disait que le taux
d'alcoolémie devait être inférieur à 0,08 pour les
nouveaux conducteurs. Le ministre, en supprimant cet article-là, a
supprimé, finalement, ce qui accrochait, parce
que pour quelqu'un qui avait un permis probatoire, le nombre de points
d'inaptitude était de 10 et, pour le permis ordinaire, c'est 15. Donc,
le permis probatoire, lui, est de 10 points. Le ministre a enlevé ce qui
blessait finalement, ce qui était inacceptable finalement parce qu'on
dit qu'on encourage nos jeunes de toutes les façons, les nouveaux
conducteurs, et on dit: Écoute, si toi, tu as en haut de 0,08 de taux
d'alcool, tu n'auras pas ton permis. Mais ça n'a pas de bon sens. Tu
sais ce que je veux dire. Je pense qu'on a enlevé cette partie-là
qui était agaçante et on a fait en sorte que le permis
probatoire, au lieu d'avoir 15 points avant de le perdre -- des points
d'inaptitude, je dis bien, là - c'est 10 points. Donc, je pense que
c'est acceptable et le ministre a été, encore là,
très compréhensif et c'est très bien ainsi.
L'autre article, M. le Président, c'est l'article 53, paragraphe
4°, qui empêchait l'émission d'un permis restreint pour le
titulaire d'un permis probatoire qui aurait perdu 10 points d'inaptitude. Mais,
M. le Président, les gens ayant des permis ordinaires, avec 15 points
d'inaptitude, eux avaient le droit, si par malchance, ils perdaient leurs 15
points d'aptitude - pardon, je suis fatiguée, je pense, M. le
Président - leurs 15 points d'inaptitude, pour raison de travail, pour
gagner leur vie, d'avoir un permis restreint, sauf que, dans la nouvelle loi,
avec l'article 53, ceux qui avaient des permis probatoires et qui perdaient
leurs 10 points n'avaient pas ce même privilège-là de
pouvoir avoir un permis restreint pour gagner leur vie.
Donc, encore là, mon collègue, le député de
Lévis, qui est responsable du dossier, avec le parrain de la loi, le
ministre du Travail, ont fait un excellent travail avec une ouverture d'esprit
qui, à mon point de vue, est le droit au travail. Ce n'est pas tout le
monde qui travaille à cinq minutes de marche de chez lui. Moi, je reste
à 135 milles de mon travail ici, à Québec. S'il fallait
que je n'aie pas la possibilité d'utiliser ma voiture, vous savez, M. le
Président, que partir du comté de Johnson pour monter à
Québec, ici, je n'ai ni autobus express qui passe ni train non plus,
parce que vous savez ce que le fédéral nous a fait au sujet des
trains; il nous a coupé ça. Ça fait que, du comté
de Johnson, pour aller à Québec, la seule possibilité de
me véhiculer, c'est ma voiture. Je n'ai pas autre chose.
Donc, s'il avait fallu que j'aie un permis probatoire, puis que, par
malchance, des fois, je pèse un petit peu fort sur le champignon - je ne
devrais pas dire ça, parce que la police va me surveiller quand je
sortirai du parlement - et je vais un petit peu trop vite, à ce
moment-là, M. le Président, s'il avait fallu que je perde tous
mes points, je ne sais pas de quelle façon je serais venue travailler au
parlement, je ne le sais pas. Parce que, franchement, j'ai besoin qu'une loi me
protège et me permette d'avoir un permis restreint pour venir
travailler, pour venir ici, à l'Assemblée nationale. Et je
reconnais qu'en ce sens-là aussi j'ai le droit au travail. Donc,
pourquoi les détenteurs de permis probatoires n'auraient-ils pas ce
droit au travail? Je me sentirais mal dans ma peau, M. le Président, si
ça faisait deux classes. On a aboli ça, donc, bravo! J'applaudis
à ça, M. le Président.
L'exemption du port de la ceinture pour des raisons médicales.
À ce compte-là, la loi disait qu'on enlèverait ça,
puis qu'il n'y aurait plus d'exemption, tout le monde serait sur le même
bateau. Mais, il faut comprendre, M. le Président, qu'il y a des gens
qui sont vraiment malades, qui ont un handicap. C'est des personnes
handicapées, elles ne peuvent pas, absolument pas porter cette
ceinture-là. Donc, il fallait trouver un mécanisme qui
encadrerait davantage la délivrance de ces permis-là, parce que,
on le sait, c'est toujours l'abus qui fait en sorte qu'à un moment
donné on est obligé de réagir et de passer une loi pour
empêcher que des abus se passent. Et, à ce compte-là aussi,
le ministre et mon collègue de Lévis ont trouvé une
façon, je pense, correcte de pouvoir faire en sorte que ceux qui ont
réellement besoin d'avoir une exemption pour ne pas avoir l'obligation
de porter la ceinture... Ils ont trouvé ensemble la façon d'y
parvenir.
J'aurais plusieurs autres items, M. le Président. Je pensais que
je n'aurais pas suffisamment d'articles de la loi pour finaliser mon
intervention; malheureusement, je n'ai été que jusqu'à la
moitié. Sauf que je voudrais simplement revenir sur ce que je vous ai
dit au tout début: Lorsqu'on parle, lorsqu'on s'assoit ensemble, on peut
toujours faire quelque chose qui améliore un projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): merci, mme la
députée. alors, je suis prêt à reconnaître le
prochain intervenant sur ce dossier, m. le député de
lévis.
M. Garon: M. le Président, il est presque midi et
demi...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, M. le
député, juste avant que vous commenciez votre intervention,
compte tenu de l'heure - évidemment, il reste deux minutes avant midi et
demi - s'il y a un consentement ou quoi que ce soit pour poursuivre, je ne suis
pas au courant. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Garon: Je voulais demander la suspension du débat, M.
le Président.
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'aimerais simplement
faire état...
M. Garon: Alors, j'ai demandé la suspension.
M. Johnson:... sur la foi... Vous me permettrez, au moins,
à ce moment-ci...
M. Garon: Non, non, j'étais debout.
M. Johnson:... vous l'avez soulevé, de faire état
d'une entente qui prévoyait que nous pouvions filer jusqu'à 13 h
30.
M. Garon: Non, non, non.
M. Johnson: C'est simplement ce que je veux évoquer
à ce moment-ci.
M. Garon: Non, non, non. M. le Président, j'ai
demandé la suspension du débat...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, Mme la
députée de Johnson, sur l'intervention de...
Mme Juneau: M. le Président, c'est que...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II faut que ce soit
unanime. Compte tenu des propos du député de Lévis, je
suspends les travaux de cette Assemblée jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprisée 14 h 4)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Alors, nous allons maintenant entreprendre les affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article b du feuilleton.
Projet de loi 114
Le Président: à l'article b du feuilleton, m. le
ministre du revenu présente le projet de loi 114, loi modifiant de
nouveau la loi sur les impôts et d'autres dispositions
législatives. m. le ministre du revenu.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, merci, M. le Président. Ce projet de loi
modifie diverses lois fiscales afin de donner suite principalement au discours
sur le budget du ministre des Finances du Québec du 26 avril 1990,
à sa déclaration ministérielle du 19 décembre 1989,
ainsi qu'à ses communiqués du 2 février 1990 et du 18
octobre 1989.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je vous demande
d'appeler l'article f du feuilleton.
Projet de loi 246
Le Président: À l'article f du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 246, Loi concernant la Régie d'assainissement des eaux du bassin de
La Prairie. Le directeur de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé. Je dépose ce rapport. Et en conséquence, M. le
député de La Prairie présente le projet de loi
d'intérêt privé 246, Loi concernant la Régie
d'assainissement des eaux du bassin de La Prairie. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Donc, M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je fais motion pour que
ce projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements et pour que le ministre des
Affaires municipales en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Maintenant, dépôt de documents. Mme la vice-première
ministre et ministre de l'Énergie et des Ressources.
Rapports annuels de la Société
de développement de la Baie James
et de la Régie du gaz naturel
Mme Bacon: Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer les rapports annuels 1988 et 1989 de la Société de
développement de la Baie James, de même que le rapport annuel
1989-1990 de la Régie du gaz naturel.
Le Président: Alors, ces rapports sont
déposés. M. le leader adjoint du gouvernement, au nom du
ministre de l'Éducation.
Rapports annuels du Conseil supérieur
de l'éducation et de la Commission
consultative de l'enseignement privé
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel des activités du Conseil
supérieur de l'éducation pour l'année 1989-1990,
accompagné du rapport annuel du Conseil supérieur de
l'éducation sur l'état et les besoins de l'éducation pour
l'année 1989-1990, de même que le rapport annuel de la Commission
consultative de l'enseignement privé pour l'année 1989-1990.
Le Président: Ces rapports sont déposés. M.
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
responsable du Développement régional.
Rapport annuel de l'Office de planification et de
développement
M. Picotte: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 de l'Office de planification et de
développement du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
conformément à notre règlement, je dépose le
rapport annuel 1989-1990 du Comité consultatif pour l'environnement de
la Baie James.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de la Justice.
Rapport annuel du Bureau du Commissaire
aux plaintes des clients des
distributeurs d'électricité
M. Rémillard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le premier rapport des activités du Bureau du Commissaire
aux plaintes des clients des distributeurs d'électricité pour
l'année 1989-1990.
Le Président: Ce document est déposé. M. le
leader adjoint du gouvernement, au nom de la ministre des Affaires
culturelles.
Rapports annuels du Musée de la
civilisation et de la Société
générale des industries culturelles
M. Johnson: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 du Musée de la civilisation,
de même que le rapport d'activités 1989-1990 de la
Société générale des industries culturelles du
Québec.
Le Président: Ces rapports sont déposés. Mme
la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Rapport de la firme de comptables Caron,
Bélanger, Ernst & Young relativement au mandat confié par
l'Université du Québec
Mme Robillard: Oui, M. le Président. Comme je m'y
étais engagée à la période de questions du 11
décembre dernier, je dépose le rapport de la firme de comptables
Caron, Bélanger, Ernst & Young relativement au mandat qui lui avait
été confié par l'Université du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre délégué à la Francophonie.
Rapport annuel de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse
M. Rivard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le leader adjoint du gouvernement.
Réponses à des questions inscrites au
feuilleton
M. Johnson: M. le Président, je dépose quelques
réponses aux questions inscrites au feuilleton: d'abord, la
réponse de la ministre de l'Énergie et des Ressources à la
question 6 du feuilleton du mercredi 19 décembre, inscrite par le
député de Jonquière; la réponse de la ministre de
l'Énergie et des Ressources à la question 43 du feuilleton du
mercredi 19 décembre, inscrite par le député de Dubuc. Je
dépose la réponse du ministre de l'Éducation à la
question 21 du feuilleton du mercredi 19 décembre, inscrite par le
député d'Abitibi-Ouest, de même que la réponse du
ministre de l'Éducation à la question 26 du feuilleton du
mercredi 19 décembre, inscrite. également par le
député d'Abitibi-Ouest. Je dépose maintenant la
réponse du ministre de l'Environnement à la question 76 du
feuilleton du mercredi 19 décembre, inscrite par le député
de La Prairie; la réponse du ministre de l'Environnement à la
question 77 du feuilleton du mercredi 19 décembre inscrite par le
député de La Prairie, de même que la réponse du
ministre de l'Environnement à la question 78 du même feuilleton du
mercredi 19 décembre, toujours inscrite par le député de
La Prairie, et la réponse du ministre de l'Environnement à la
question 79 du feuilleton du mercredi 19 décembre inscrite par le
député de la prairie, ce qui porte à 40, les
réponses déposées depuis le 16 octobre.
Une voix: C'est beaucoup...
Décision du Bureau de l'Assemblée
nationale
Le Président: Alors, ces documents sont
déposés. Maintenant je dépose la décision n° 46
du Bureau de l'Assemblée nationale.
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de
la commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 268
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé le 19 décembre 1990, afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
268, Loi modifiant la charte de la Ville de Montréal. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Dépôt de pétitions. M. le député de La
Prairie.
Donner suite aux propositions du Conseil
culturel de la Montérégie en ce qui
a
trait à la démolition du
collège
des Frères de Saint-Gabriel
M. Lazure: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
375 pétitionnaires, citoyennes et citoyens de la
Montérégie. "Considérant que le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche a ordonné la démolition du
collège des Frères de Saint-Gabriel, situé dans le parc du
Mont-Saint-Bruno et que la démolition a débuté le lundi le
12 novembre 1990, sans qu'aucun avis à cet effet n'ait été
donné; "Considérant que le comité Héritage des
Frères de Saint-Gabriel avait développé une formule
originale et intéressante d'utilisation du bâtiment, proposant sa
transformation en un centre écologique international;
"Considérant que la Société générale des
industries culturelles, la SOGIC, avait reçu le mandat de Mme Lucienne
Robillard, alors ministre des Affaires culturelles et députée du
comté impliqué, d'étudier la vocation du bâtiment,
allant même jusqu'à la prise en charge par la SOGIC
elle-même et que le rapport devait être déposé le 2
janvier 1991 ; "Considérant la qualité du bâtiment, son bon
état de conservation et la qualité exceptionnelle de son
implantation dans son environnement; "Considérant que l'actuelle Loi sur
les biens culturels permet des classements de biens culturels dans le cas
où ils présentent des qualités exceptionnelles au niveau
national et que l'importance régionale d'un bâtiment n'est pas
prise en considération;"
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale du Québec donne suite aux trois
propositions présentées par le Conseil culturel de la
Montérégie: premièrement, exiger que la région
reçoive une juste compensation pour les préjudices subis;
deuxièmement, modifier la Loi sur les biens culturels afin de
prévoir des mécanismes empêchant la démolition
d'immeubles présentant un intérêt patrimonial
régional, par exemple: l'obligation d'un avis public de
démolition de 30 jours; la planification d'un plan d'urgence permettant
à tout citoyen ou organisme ayant un doute raisonnable quant à la
qualité intrinsèque d'un bien culturel de suspendre une
démolition en cours pour permettre l'évaluation de la
nécessité de conserver le bien culturel; troisièmement,
demander, enfin, que la nouvelle politique du patrimoine permette le classement
régional."
Le Président: Donc, cette pétition est
déposée. Maintenant, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Surseoir à la décision
d'effectuer
des coupures dans les suppléments
versés aux familles d'accueil
M. Trudel: Oui, M. le Président. Je désire
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale par 178 pétionnaires, citoyens et
citoyennes du Témiscamingue.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant
l'importance de la famille d'accueil en tant que ressource du réseau de
la santé et des services sociaux; "Considérant l'implication de
cette ressource dans l'accueil et l'hébergement de personnes
handicapées, soit déficients intellectuels, handicapés
physiques, patients psychiatriques, et de personnes âgées en perte
d'autonomie. "Considérant que la région de
l'Abitibi-Témiscamingue possède peu de ressources
intermédiaires pour accueillir cette clientèle et que la famille
d'accueil se voit donc sollicitée pour répondre à un
éventail de plus en plus grand de besoins; "Et considérant que
les règles fixées par le décret entré en vigueur le
1er septembre 1990 prescrit des coupures dans les suppléments ou les
primes versés aux familles d'accueil."
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Que
l'Assemblée nationale intervienne auprès du ministère de
la Santé et des Services sociaux afin de surseoir à sa
décision d'effectuer des coupures dans les suppléments
versés à ces ressources."
Je certifie que la présente est conforme à l'original.
Le Président: alors, cette pétition est
déposée. il n'y a pas d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Nous arrivons donc à la période des questions et
réponses orales des députés. Je vais reconnaître en
première question principale, M. le chef de l'Opposition.
Programme d'aide aux PME
M. Parizeau: m. le président, nous savons maintenant que
la récession que nous traversons va être plus sérieuse
qu'il n'apparaissait il y deux ou trois mois. l'augmentation des faillites et
du chômage est très préoccupante. lundi, l'opposition a
présenté un programme de financement d'urgence massif des pme et,
en un certain sens, l'a suggéré ou offert au gouvernement. ce
matin, l'éditorialiste en chef de la presse, m. alain dubuc,
écrivait au sujet de ce programme: le programme tient debout, ne
coûte rien et, en plus, permet de faire quelque chose pour éviter
les mises à pied en masse et la disparition d'entreprises prometteuses,
ce qui compromettrait les efforts et les succès des deux
dernières décennies. ces enjeux sont énormes. et la balle
est maintenant dans le camp du gouvernement. je ne veux pas faire de religion
avec ça, m. ie président. je sais qu'il y a d'autres plans en
circulation, à l'heure actuelle, corvée pme, par exemple,
présenté par m. serge godin. le forum pour l'emploi a
élaboré une proposition comme celle-là, et je pense que le
ministre doit l'avoir sur sa table. mais une chose est commune dans la
réaction de tous les milieux des affaires, c'est qu'il faut faire
quelque chose vite et massivement. puisqu'il semble rejeter la proposition que
nous lui avons faite lundi, est-ce que le ministre de l'industrie et du
commerce accepterait de rencontrer, dans les jours qui viennent, des gens
d'affaires qu'il désignera lui-même, des financiers, de
façon à élaborer avec eux, mettons d'ici au 15 janvier, ce
programme d'urgence d'aide aux pme qu'à peu près tout le monde,
dans le milieu des affaires, semble réclamer à l'heure
actuelle?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): alors, c'est encore une fois un bel
exemple de l'opposition qui réagit à une situation. pour
l'information du chef de l'opposition, j'ai déjà rencontré
40 intervenants représentant les institutions financières
traditionnelles, les sociétés de capital de risque et ceux et
celles qui travaillent au redressement des entreprises. deuxièmement,
j'ai déjà rencontré m. serge godin, qui a mis dé
l'avant, lors de la semaine de la pme, l'idée d'une corvée pme.
j'ai rencontré serge saucier qui siège au forum pour l'emploi.
j'ai rencontré des représentants de la chambre de commerce de
montréal, des représentants de la chambre de commerce du
québec pour voir s'il n'y avait pas un moyen de faire plus que nous ne
faisons. mais jusqu'à preuve du contraire... le chef de l'opposition
dit: ii faut agir de façon urgente. on ne peut pas avoir agi de
façon plus urgente parce qu'on agit depuis le mois d'avril 1990. toutes
les pme québécoises manufacturières, du tertiaire moteur
et touristiques ont présentement accès à une brigade
économique qui fait de la prévention et du redressement, ont
accès à 60 000 000 $ et, surtout, ont accès à la
ligne 1-800-461-aide.
Des voix: 1-800-461-AIDE.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
Une voix: Le "forty-nine" des faillites.
M. Parizeau: Est-ce que le ministre conviendra que les 60 000 000
$ qu'il a offerts à travers la SDI, par le truchement de prêts
participatifs, ça peut ne coûter, finalement, que 60 000 000 $ sur
deux ans parce qu'au fond il y a relativement très peu de demandes pour
ce genre d'appui financier? Est-ce qu'il est exact, M. le Président,
qu'à venir jusqu'au mois dernier, après que ce programme eut
été annoncé dans le discours sur le budget; les demandes
ne dépassaient pas 40 000 000 $, alors qu'on sait qu'à l'heure
actuelle, c'est des centaines et des centaines de millions dont on a
besoin?
Le Président: M. le ministre. (14 h 20)
M. Tremblay (Outremont): Encore une fois, pour l'information du
chef de l'Opposition, on va faire un peu d'histoire, on va retourner quelques
années en arrière où le présent gouvernement a
décidé de donner suite à des recommandations du
privé pour favoriser la saine capitalisation des entreprises en
collaboration avec les institutions financières traditionnelles et les
sociétés de capital de risque. À ce moment-là, on a
mis en place, à la Société de développement
industriel, le prêt participatif. Le chef de l'Opposition a dit, à
de nombreuses reprises: "on ratatine..." il aurait dû dire: "on
rapetisse" la Société de développement industriel du
Québec. En 1985,
l'actif de !a Société de développement industriel
était de 146 000 000 $, et il est présentement de 926 000 000
$.
Des voix: Ha!
M. Tremblay (Outremont): Depuis 1987, M. le Président, 600
PME québécoises ont eu accès à 450 000 000 $ de
financement. Si le chef de l'Opposition me dit: Est-ce que 60 000 000 $, c'est
assez? Est-ce qu'on pourrait peut-être faire plus? Je
répète au chef de l'Opposition, premièrement, que je suis
prêt à rencontrer tous les intervenants qu'il voudra bien me
présenter pour discuter de modalités additionnelles, pour
améliorer ce que nous faisons. Deuxièmement, si 60 000 000 $, ce
n'est pas assez, je le répète et je l'ai toujours dit: Le
présent gouvernement, qui se veut un gouvernement à
l'écoute des petites et moyennes entreprises québécoises,
mettra les fonds à la disposition de ces entreprises pour leur permettre
de passer à travers une conjoncture économique moins
favorable.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, la demande de fonds
d'urgence d'aide aux entreprises, à l'heure actuelle, pour éviter
des faillites d'entreprises qui fonctionnent correctement - le ministre le sait
comme moi, puisqu'il a rencontré ces gens d'affaires - cela porte sur
des centaines de millions de dollars. Ne trouve-t-il pas bizarre de se fixer
à lui-même des objectifs aussi modestes de l'ordre de 60 000 000 $
sur deux ans et pourrait-il me répondre à la question que je
posais tout à l'heure? Est-ce qu'il est exact qu'en dépit d'un
battage publicitaire important depuis six mois, les demandes totales faites
à la SDI pour cette aide ne dépassent pas 40 000 000 $, à
l'heure actuelle?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Premièrement, à la
première question du chef de l'Opposition, je n'ai jamais dit que
c'était 60 000 000 $ sur deux ans. Je répète ce que j'ai
mentionné tout à l'heure. J'ai dit que présentement, il y
a 60 000 000 $ de capital disponible aux entreprises. Le chef de l'Opposition
dit: Ce n'est peut-être pas assez. C'est parce que le chef de
l'Opposition ne comprend pas la dynamique de la restructuration
financière d'une entreprise.
Des voix: C'est ça, c'est ça.
M. Perron: Ça, c'est de se prendre pour un autre.
Le Président: Alors, s'il vous plaît. Alors,
allez-y, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): À titre d'exemple - les exemples,
c'est concret - la compagnie Zimmcor, restructuration, 500 emplois, c'est
important. Qu'est-ce qu'on a fait? En passant, M. le chef de l'Opposition, on
l'a fait le dimanche, en fin de semaine, alors que, ciel! mon banquier, oui,
mais ciel! mon banquier, quand quelqu'un doit rencontrer une liste de paie il y
passe la nuit et il nous appelle le matin. 7 000 000 $...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, restructuration
financière de 7 000 000 $ avec qui? Avec les partenaires de la brigade
économique. Le Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec, 2 500 000 $; la compagnie Macyro de Québec, 2 000 000 $.
Les banquiers, nous ne protégeons pas les banquiers. Nous avons dit aux
banquiers: Vous allez convertir en actions privilégiées et en
actions ordinaires une partie importante de leurs prêts. Résultat,
3 000 000 $...
Des voix: Bravo!
Le Président: En conclusion, M. le ministre, s'il vous
plaît. En conclusion.
M. Tremblay (Outremont): Et M. le chef de l'Opposition,
prêt participatif de la Société de développement
industriel du Québec de 2 000 000 $. Donc, les 60 000 000 $ que nous
avons annoncés, si on se fie au même ratio que je viens de vous
mentionner, vont générer, avec les partenaires de la brigade
économique, 200 000 000 $ additionnels. Alors, si j'avais voulu faire un
événement...
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ...médiatique, j'aurais
annoncé non pas 60 000 000 $, mais 200 000 000 $. Ce que vous avez
annoncé...
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): ce que vous avez annoncé, c'est
500 000 000 $. mais où prend-on les 166 000 000 $? est-ce que vous avez
annoncé des partenaires privés...
Le Président: M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Tremblay (Outremont): ...qui vont mettre 160 000 000 $ et 350
000 000 $ garantis par le gouvernement pour bonifier les banques?
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, j'apprécierais que les
réponses soient un peu plus courtes, s'il vous plaît, M. le
ministre. En question complémentaire.
Des voix: Ah!
Le Président: S'il vous plaît! Écoutez, la
question est importante, je ne nie pas la chose, sauf que nous avons des
règles précises. Les questions et les réponses doivent
être les plus brèves possible. Donc, en question
complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le ministre est
conscient que, depuis le début de l'année, il y a eu 3200
faillites d'entreprises au Québec?
Une voix: C'est 1000 de plus qu'en Ontario.
M. Parizeau: Bon, très bien. Qu'il me donne un cas, deux
cas, trois cas, je ne parle pas de ça. On parle de milliers de cas.
Est-ce que le ministre ne se rend pas compte que, dans ces conditions, il ne
faut pas - comment dire - se vanter de quelques cas qu'on a réussi
à sauver, mais être capable de regarder l'ensemble des PME au
Québec et offrir quelque chose d'un peu important, d'un peu massif, d'un
peu général? Est-ce que le ministre...
En somme, ce que je lui demande, au ministre: Est-ce que le ministre a
l'intention de se sortir de cette vue étonnamment folklorique des choses
qu'il a pour être capable de regarder l'économie du Québec
telle qu'elle l'est à l'heure actuelle?
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): encore une fois, je voudrais rappeler au
chef de l'opposition que le biron 1... on va comparer. on va comparer le biron
1, annoncé en avril 1982, vitesse de croisière, le 1er septembre
1982, et le biron 2, annoncé par la suite, 1350 aides autorisées.
présentement, nous avons 300 demandes. pourquoi? entre autres, à
cause du 1-800-461...
Des voix: AIDE!
M. Tremblay (Outremont): AIDE. Toutes les PME
québécoises du Québec qui sont admissibles au programme
nous appellent. Nous sommes rendus maintenant à 315 demandes, donc 315
demandes après même pas une semaine, M. le Président.
Ça n'a pas pris six mois, ça n'a pas pris un an, ça n'a
pas pris deux ans. C'a pris une semaine!
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question addition- nelle, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que le ministre ne
conviendra pas que les plans Biron, puisqu'il veut absolument retourner en
arrière, ont porté l'aide accordée, l'aide qui s'est
appliquée, à presque 2000 entreprises, 1927 exactement? Est-ce
qu'il ne conviendra pas que le chiffre qu'il a donné, pour le moment, ne
s'applique qu'à des gens qui téléphonent et que nous
n'avons aucune espèce de garantie d'action basée sur ce principe
métaphysique qu'il invoque à tout bout de champ: "Gaston, il y a
le téléphon qui son!"
Des voix: Ha, ha, ha!
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, pour la réponse, M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, je ne jouerai
jamais... Je ne jouerai jamais au folklore avec des PME
québécoises.
Des voix: Bravo!
Une voix: Hein, Gaston?
Des voix: Ha, ha, ha!
(14 h 30)
M. Tremblay (Outremont): Une des raisons principales de ma venue
en politique, c'est de participer à aider nos entreprises
québécoises dans toutes les régions du Québec. Le
but de la ligne, c'était d'avoir accès dans toutes les
régions du Québec pour dire aux PME, celles qui se sentent seules
dans une conjoncture économique un peu plus difficile, de nous appeler.
M. le chef de l'Opposition, on a présentement à l'étude
au-delà...
Des voix:...
Le Président: un instant, m. le ministre, s'il vous
plaît. alors, je vais requérir la collaboration des
députés des deux côtés, s'il vous plaît, et
garder vos commentaires. si vous avez des commentaires, des discussions, je
vous prierais d'aller à l'extérieur et de régler vos
problèmes. rapidement, en conclusion.
M. Tremblay (Outremont): On a présentement à
l'étude, à la Société de développement
industriel du Québec, 350 demandes. Nous avons déjà
donné suite à une vingtaine de demandes totalisant plus de 12 000
000 $. Je le répète encore, si jamais vous avez des suggestions
constructives à nous faire, non pas des propositions incomplètes,
boiteuses et non réalistes, mais des propositions concrètes, il
me fera
plaisir de les entendre et de rencontrer tous les intervenants
économiques que vous voudriez bien que je rencontre pour essayer
ensemble - ensemble, comme vous dites si souvent; vous me tendez la main
aujourd'hui, ensemble - ensemble, d'aider nos PME
québécoises.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Shefford.
Impact sur l'habitation et sur l'accès
à la propriété transfert des
charges
fiscales municipalités
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Alors que la
construction résidentielle connaît un ralentissement très
important, alors que l'appauvrissement s'accroît, le gouvernement sabre
dans le logement social et transfère aux municipalités de
nouvelles charges fiscales qui risquent d'annuler complètement les
effets du programme d'aide à la mise de fonds. Pourtant, les
Québécois sont propriétaires dans une proportion de 55 %
comparativement à 62 % pour l'ensemble du Canada. Une étude
réalisée tout récemment par le groupe SECOR pour
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec et
l'Union des municipalités du Québec affirme que les transferts
fiscaux aux municipalités bloqueront l'accès à la
propriété pour 25 000 ménages. Est-ce que le ministre des
Affaires municipales et responsable de l'habitation a mesuré l'impact
qu'aura le transfert des charges fiscales aux municipalités sur
l'habitation et sur l'accès à la propriété?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'habitation.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Tout d'abord, j'ai pris
connaissance de l'étude de SECOR dont parle le député de
Shefford. C'est une étude intéressante, mais dont plusieurs
aspects sont discutables et demanderaient à être approfondis avant
qu'on se lance dans des généralisations trop faciles. C'est
évident que nous pesons toutes les implications des propositions qui ont
été soumises aux municipalités et nous veillerons
soigneusement à maintenir les avantages de certains programmes d'aide
à l'habitation qui sont très efficaces actuellement.
Le député de Shefford a parlé du programme AMI, le
programme d'aide à la mise de fonds. Ce programme est institué
depuis à peine deux ans et, déjà, nous avons émis
32 000 certificats de garantie de prêt. Rien n'indique que ce programme
est en voie de diminution ou de perte de rythme et le gouvernement
étudie même actuellement la possibilité de mesures qui
pourraient permettre de stimuler encore davantage l'industrie de la
construction au cours des mois à venir. Les mesures dont parle le
gouvernement i dans ses propositions aux municipalités sont des mesures
qui connaîtront leur application en 1992 et 1993. Nous aurons amplement
le temps, avec les municipalités qui le comprennent de plus en plus,
d'ailleurs, d'étudier toutes les implications de ces mesures et de voir,
au besoin, dans certains cas, à des ajustements qui pourraient
être justifiés.
Le Président: En question complémentaire.
M. Paré: Chose certaine, le ministre ne peut pas contester
les chiffres officiels qui montrent une baisse importante de la construction
présentement au Québec. Est-ce que le ministre est prêt
à prendre l'engagement de bonifier le programme d'aide à la mise
de fonds, dès maintenant, au moins pour compenser les taxes scolaires et
les taxes municipales que son gouvernement impose aux municipalités et
aux citoyens du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, en matière de taxes, le
député n'a peut-être pas remarqué qu'en même
temps que le gouvernement déposait son budget il y a quelques mois il a
institué des améliorations importantes au programme de
remboursement de l'impôt foncier à l'intention,
précisément, des foyers à faible revenu. Nous allons
continuer à agir dans ce sens, mais il n'est pas question - je pense
bien que le député a un peu de sérieux - de trancher un
problème ici, en Chambre, sans qu'on se soit mis à table, qu'on
ait aligné des chiffres sérieusement, qu'on soit passé par
les instances normales du gouvernement. Ma réponse à la question
du député, par conséquent - hic et nunc, comme on dit, ici
et maintenant - c'est non, mais nous travaillons là-dessus et, en temps
utile, nous ferons les annonces qui s'imposent.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Droit l'autodétermination peuple
québécois
M. Brassard: M. le Président, le premier ministre de
l'Ontario, dans une déclaration intempestive et pour le moins inamicale
visant à intimider sans doute les Québécois...
Des voix: Ah! Ah!
M. Brassard: ...il est 10 ans en retard à ce
sujet-là...
Des voix: Ah! Ah!
M. Brassard: ...a affirmé qu'il n'accepterait pas la
souveraineté du Québec, niant ainsi carrément le droit
à l'autodétermination du peuple québécois. Ce
faisant, M. Rae joint le rang des maîtres chanteurs et des loups-garous
qui veulent refaire le coup de 1980. Ce droit à
l'autodétermination a été exercé
concrètement lors du référendum de mai 1980. Faut-il le
rappeler à M. Rae? De plus, les juristes entendus dans le cadre des
travaux de la commission Bélanger-Campeau ont non seulement reconnu ce
droit, mais ils ont aussi affirmé que ce droit constitue, depuis mai
1980, une convention constitutionnelle. Ma question au ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes est: Pourrait-il expliquer et faire
comprendre à M. Rae que, s'il y a une chose qui n'est pas
négociable, qui ne peut être l'objet de marchandage ou de
maquignonnage, c'est le droit à l'autodétermination du peuple
québécois et qu'il est inconcevable et indigne que le premier
ministre de la plus importante province du Canada nie ce droit fondamental?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvemementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, après sept
semaines de travaux maintenant de la commission Bélanger-Campeau, vous
me permettrez, tout d'abord, de rendre hommage aux deux présidents, MM.
Bélanger et Campeau pour le travail qu'ils font, un travail tout
à fait exceptionnel- À M. Rousseau aussi, leur
secrétaire.
La Commission a démontré qu'elle fait un travail
particulièrement utile pour que les Québécois, en toute
connaissance de cause, puissent définir leur statut constitutionnel. Et,
dans la loi qui a créé cette Commission, qui a été
votée à l'unanimité par cette Assemblée ici, il est
bien inscrit, en tout premier lieu, que le Québec a droit à
l'autodétermination. Il n'y a pas de problème à ce
niveau-là, pas plus pour M. Rae que pour n'importe quel autre premier
ministre d'une province et il est évident que, lorsque le peuple
québécois décidera de son statut constitutionnel, il
pourra l'exercer, en fonction des règles internationales comme des
règles internes. Je ne vois pas de difficulté à ce
niveau-là.
Ce que je retiens des déclarations de M. Rae et qui
m'apparaît intéressant, par contre, c'est le fait qu'on se
sensibilise de plus en plus dans le reste du Canada à ce qui se passe,
ici, au Québec et on se rend compte que c'est très
sérieux. Le processus que nous avons enclenché est un processus
très démocratique, sans brûler les étapes. Rappelons
le message de Léon Dion et de Louis Bernard, il faut y aller
consciemment, en fonction de toutes les alternatives que nous avons, mais
conscients que nous aurons une décision à prendre et que cette
décision doit être en fonction des avantages que peut en tirer le
peuple québécois.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, le ministre
reconnaît-il que la volonté de l'Ontario d'enclencher une ronde de
négociations traitant non seulement des demandes du Québec, mais
de celles de toutes les provinces est une condamnation à mort de toute
tentative sérieuse de renouveler le fédéralisme dans le
sens des aspirations du Québec et qu'au fond le message de M. Rae
à tous les "renouveleurs" de fédéralisme, c'est: Plongeons
tous ensemble, encore une fois, dans la mélasse constitutionnelle? (14 h
40)
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Bien au contraire, M. le Président,
bien au contraire. La décision de M. Rae est très
intéressante si, justement, on se réfère à cette
sensibilisation qui existe maintenant, de plus en plus, du côté
tant d'Ottawa que des autres provinces. Après l'Ontario, l'Alberta nous
a annoncé qu'elle créerait aussi une commission. D'autres
provinces peuvent créer des commissions, le Nouveau-Brunswick aussi.
Nous, notre référence, c'est la commission
Bélanger-Campeau. Nous, notre référence, c'est ce
processus que nous avons enclenché par l'action de cette
Assemblée qui est l'action souveraine au Québec.
Par conséquent, c'est nous qui allons décider de notre
statut constitutionnel. Mais ces interventions des autres provinces et au
niveau du gouvernement fédéral, pour ma part, elles
démontrent une chose: C'est qu'on est sensible à ce qui passe et
qu'on veut y participer d'une certaine façon, ce qui ne nous
empêche pas, nous, de suivre notre propre processus et de décider,
nous, ce que nous voulons, en fonction de nos intérêts à
nous.
Le Président: En question principale, M. le
député de Masson.
Position gouvernement Québec
le dossier des coupures
de Radio-Canada région
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Les gens de la
Gaspésie, du Bas-du-Fleuve, de la Côte-Nord sont privés,
comme tout le monde le sait, à cause des coupures inacceptables de
Radio-Canada, de leur source locale de nouvelles
télévisées et de leurs productions locales.
Premièrement, il semblerait que Radio-Canada reste inflexible devant son
couperet que nous n'acceptons pas. Deuxièmement, le ministre des
Communications à Ottawa soutient Ottawa et Radio-Canada au
détriment du Québec, malgré le mandat que nous lui avons
confié. Et, troisième
ment, le temps presse car Radio-Canada s'apprête à
déménager tout l'équipement qu'il y a à Rimouski,
à Matane et à Sept-îles pour l'expatrier, disons-nous, en
Ontario. Devant ce fait, j'ai écrit une lettre à notre ministre
des Communications que j'aimerais déposer, M. ie Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour le
dépôt de la lettre que M. le député de Masson vient
d'alléguer? Le document est déposé. Votre question.
M. Blais: J'ai demandé à notre ministre
d'épouser la cause de cette région et d'acheter les
équipements qui, en soi, sont nôtres, pour la somme nominale de 1
$. Et ma question est la suivante: Comme le lui demande l'Opposition officielle
par cette lettre, le ministre a-t-il l'intention d'agir dans ce dossier vu
qu'Ottawa ne bouge pas et ne semble pas vouloir faire des efforts pour que ces
450 000 personnes deviennent ce qu'elles étaient avant, des citoyens
à part entière du Québec?
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de Masson de sa question puisque ça me permet de
faire le point sur ce dossier et de lui dire que j'ai rencontré, hier,
les gens de la Coalition pour le maintien des services français de
Radio-Canada. Et, à la suite de cette rencontre, je leur ai fait
signifier aujourd'hui que j'appuyais leur demande de moratoire afin de
permettre à ce groupe-là de rencontrer le ministre
fédéral et aussi les autorités de Radio-Canada. Alors, ce
que je veux dire au député, et je suis convaincu qu'il me
permettra de déposer la lettre en cette Chambre, lettre que j'ai fait
parvenir à Michel Parenteau qui est le coordonnateur de la Coalition
pour le maintien des services français de Radio-Canada... Est-ce que
j'ai le consentement pour...
Le Président: II y a consentement pour le
dépôt du document. Donc, votre document sera déposé.
Alors, en conclusion, M. le ministre.
M. Cannon: Oui. De plus, M. le Président, plutôt que
d'envoyer une lettre à ma personne ou au député de Masson,
dans un échange comme celui qu'il vient de nous présenter,
c'est-à-dire qu'il m'adresse de la correspondance, j'ai indiqué
aux membres de la Coalition non seulement que je les supportais mais aussi
qu'à nouveau je communiquais avec le ministre fédéral. De
sorte que je lui demande, au ministre fédéral, de me rencontrer
afin que nous puissions tirer au clair toute cette question. Alors, là
aussi, si vous me le permettez, M. le Président, en conclusion,
j'aimerais déposer la lettre que j'adressais aujourd'hui à m.
masse, le ministre fédéral dans ce dossier. est-ce que j'ai
consentement, m. le président?
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document? Alors, consentement. Le document est
déposé. Je vais reconnaître M. le député de
Masson en question complémentaire.
M. Blais: Le ministre ne convient-il pas que cet échange
épistolaire ne donne absolument rien et que demander un moratoire, c'est
une bonne chose, mais Radio-Canada est inflexible? Est-ce qu'il a l'intention
d'agir, d'épouser cette cause et de demander que les équipements
restent là en offrant de les acheter pour 1 $?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Cannon: M. le Président, je dirai au
député de Masson que si lui avait rencontré les gens de la
Coalition, si lui avait compris leur demande, en agissant de la sorte, en
acceptant d'appuyer le moratoire, ça signifiait l'ouverture et le
maintien des trois postes. Par conséquent, pour pouvoir faire rouler un
poste, ça prend des équipements.
Le Président: Alors, en question complémentaire
toujours, M. le député de Masson.
M. Blais: M. le Président, est-ce que le ministre ne sait
pas que je suis allé il y a 10 jours les rencontrer, donc, 10 jours
avant lui? Je suis au courant du dossier, et la meilleure décision que
nous avons à prendre pour protéger nos équipements...
Le Président: M. le député.
M. Blais: ...c'est que lui agisse et les achète?
Une voix: C'est ça.
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Cannon: Je comprends, M. le Président, que le
député de Masson s'est rendu à Rimouski. Mais pendant que
ie député de Masson était à Rimouski, nous, de ce
côté-ci, nous travaillions, nous travaillions à rencontrer
les gens de la Coalition, nous travaillions à faire des interventions
auprès du ministre fédéral de ce dossier. Et c'est de
cette façon-là que j'entends continuer le dossier.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: En question principale, M. le
député de Duplessis.
Intervention gouvernement la fermeture de l'usine
Alipêche Sept-îles
M. Perron: Merci, M. le Président. Vous comprendrez que la
population du comté de Duplessis n'est pas d'accord pour que l'usine
Alipêche de Sept-îles soit fermée et perde 200 emplois sur
une commande de Purdel qui a transféré les trois machines
à décortiquer la crevette sur la Côte-Sud, à
Rivière-au-Renard, et ce, en cachette. Il y a quelques jours, Purdel
refusait de remettre les clés de l'usine à un représentant
du comité ad hoc favorable au maintien des opérations de
transformation, pour que ce représentant fasse visiter l'usine à
des personnes intéressées. Le ministre peut-il me dire si le
gouvernement est toujours actionnaire dans l'usine Alipêche de
Sept-îles et quelles sont les interventions qu'il a faites face à
cette attitude de Purdel?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Agriculture, aux Pêcheries et à l'Alimentation et
responsable des Pêcheries.
M. Vallières: Merci, M. le Président. D'abord, je
veux indiquer au député de Duplessis que le dossier
d'Alipêche qu'il évoque présentement est un dossier qui a
été l'objet de nombreuses démarches de la part du milieu
qui, par le biais de son comité de survie, a été entendu
par celui qui vous parle, ce qui m'a permis de donner suite à une
demande des gens de Sept-îles afin que nous puissions exercer un
moratoire sur l'émission de nouveaux permis. J'indique
immédiatement que j'ai donné jusqu'au 7 janvier au promoteur de
la relance de cette entreprise, avec certaines conditions, avant d'attribuer un
nouveau permis à toute autre entreprise. J'ai également
été informé de certains gestes qui étaient
posés par l'entreprise Purdel. Évidemment, je veux mentionner au
député de Duplessis que nous continuons, par
l'intermédiaire de la Société québécoise des
pêches, d'être actionnaire, effectivement, dans cette entreprise,
avec Purdel. Plus précisément concernant la possibilité
d'avoir accès à l'entreprise, de visiter les lieux par le
comité de survie, je veux immédiatement indiquer au
député de Duplessis que, si Purdel ne permet pas qu'on le fasse,
celui qui vous parle, étant actionnaire à 50 % dans l'entreprise,
va tout mettre en oeuvre pour que les gens à qui j'ai consenti un
délai afin de préparer un dossier étoffé permettant
possiblement de relancer cette entreprise puissent non seulement visiter les
lieux, mais également obtenir la liste des équipements, du
matériel qui est à l'intérieur de l'entreprise. Parce que
celui qui vous parle, étant actionnaire à 50 % de cette
entreprise, pense qu'on peut permettre ce droit à des gens qui veulent
relancer l'entreprise à Sept-îles.
Le Président: En question complémentaire.
M. Perron: Le ministre peut-il m'informer s'il est exact que
Purdel aurait formé une compagnie à numéro qui, elle,
aurait offert d'acheter Alipêche de Sept-îles afin qu'il n'y ait
pas de transformation de crevettes sur la Côte Nord, donc à
Sept-îles?
Le Président: M. le ministre. (14 h 50)
M. Vallières: Oui, M. le Président. L'usine, comme
vous le savez, est à la disposition des gens, elle est mise en vente.
Alors, il y a des transactions qu'on ne peut contrôler. Il y a d'autres
gestes que le gouvernement peut contrôler comme celui que je vous disais
tantôt sur la question d'émission du permis. Il y a des choses
aussi dont on doit convenir, c'est que, s'il y avait relance de cette
entreprise à Sept-îles - je veux le mentionner de façon
publique ici, aujourd'hui, M. le Président - j'ai posé comme
condition, entre autres, que les approvisionnements qui seraient fournis par
les promoteurs ne devraient pas venir nuire aux autres usines en
opération et que le projet devrait être supporté par
lui-même, donc on n'a pas l'intention d'injecter de nouvelles sommes
d'argent dans cette entreprise. Ça permet de vous indiquer
également qu'Alipêche a quand même, au cours des trois
dernières années, présenté des pertes de plus de 1
000 000 $ annuellement et que nous ferons preuve de prudence à
l'intérieur de ce dossier. Mais, M. le Président, plus
précisément à la question du député de
Duplessis, nous surveillons actuellement les transactions qui peuvent avoir
lieu à l'intérieur d'un contexte qui n'est pas facile, mais il y
a des choses que celui qui vous parle ne peut pas empêcher et qu'on
retrouve à l'intérieur d'appels ou d'offres qui seront faites par
d'autres entreprises pour l'achat des équipements qui sont à
Sept-îles.
Une voix: Très bien.
Le Président: M. le député de Duplessis, en
complémentaire.
M. Perron: M. le Président, le ministre reconnaît-il
qu'il est inconcevable qu'aucune transformation de la crevette n'ait lieu sur
la Côte-Nord et, en particulier, à Sept-îles, alors que tous
les bancs de crevettes se trouvent dans le comté de Duplessis?
Le Président: M. le ministre.
M. Vallières: M. le Président, je comprends la
préoccupation du député de Duplessis qui voit la
possibilité d'une concentration du traitement de la crevette, au
Québec, sur la Côte-Sud plutôt que sur la Côte-Nord
et, évidemment, c'est une
préoccupation de celui qui vous parle également. Mais il y
a des règles à l'intérieur du marché qu'on ne peut
empêcher et je pense que le député de Duplessis devra
admettre que le ministère des Pêches a tout mis en oeuvre
actuellement pour venir donner toutes les chances possible aux gens du milieu
de relancer cette entreprise. Celui qui vous parle demeure ouvert, jusqu'au 7
janvier, à recevoir toute proposition visant à relancer
l'entreprise Alipê-che située à Sept-îles qui, au
cours de la dernière année, rappelons-le, M. le
député de Duplessis, embauchait quelque 95 personnes. Comme je
l'ai déjà indiqué en cette Chambre, les emplois dans le
secteur des pêches sont précieux et on va essayer de tout mettre
en oeuvre pour les conserver.
Des voix: Bravo! Une voix: Très bien.
Le Président: En question principale, M. le
député de Westmount.
Politique de la STCUM concernant la
publicité
M. Holden: Thank you, Mr. Speaker. Through you, I would like to
ask the Minister of Transport if he agrees with the insane decision by the
CTCUM to refuse 800 000 $ in advertising revenues because the Federal
Government chooses to advise the people of Montreal and the people of the
region that the armed services need recruits and that old age pensions are
available. Is the Minister in agreement with such a policy by the CTCUM?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Mr. Speaker, if it had been my decision, I would have
maintained the ads. Obviously when we are in times of compressions and needy of
a lot of money to operate whatever, 800 000 $ is not something that you just
throw away and refuse. As for the law, the STCUM, I hope that they understand
that they were misinformed, if you wish. I hope that they will reconsider their
decision.
Le Président: En question complémentaire.
M. Holden: Peut-être une question complémentaire, M.
le Président, pour le ministre responsable de la Charte de la langue. Si
les avis juridiques que j'ai déjà étudiés sont
vrais et que le fédérai a le droit d'afficher dans les deux
langues, est-ce qu'il y a un empêchement, d'après le ministre,
quant aux annonces que la CTCUM avaient déjà
acceptées?
Le Président: M. le député de Westmount, je
vous dirai que cette question, au sens du règle- ment, est inadmissible.
Vous demandez une question d'opinion au ministre, ce qui est prohibé par
notre gouvernement. Si vous avez une autre question, ça va, mais cette
question n'est pas admissible, c'est une question d'opinion et, en vertu de
l'article 77, c'est non admissible. Alors, si vous avez une autre question
complémentaire.
M. Holden: Oui, M. le Président. Puisque le ministre des
Transports a dit qu'il désapprouvait la décision, qu'est-ce qu'il
va faire pour corriger cette situation à Montréal?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, ce n'est pas à moi de
prendre la décision. C'est une décision qui a été
prise par la STCUM et la Société.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Financement des programmes d'éducation
populaire de formation syndicale
M. Gendron: Oui, M. le Président, les intervenants qui
oeuvrent au niveau de l'éducation populaire s'inquiètent du sort
que le gouvernement s'apprête à réserver pour
l'année 1991-1992 aux programmes d'éducation populaire dans les
commissions scolaires et dans les syndicats. On parle même d'abrogation
pure et simple de ces programmes pour l'année 1991-1992. Or, toutes ces
coupures à ce niveau seraient d'autant plus inopportunes en cette
période de récession que les activités de formation
syndicale et d'éducation populaire s'adressent aux travailleurs et
travailleuses, citoyens et citoyennes qui, bien sûr, sont
particulièrement affectés par les conséquences de la crise
économique qui s'annonce plus longue que prévu, comme le chef de
l'Opposition l'a témoigné ce matin.
Ma question au président du Conseil du trésor: Est-il
exact, M. le président du Conseil du trésor, est-ce que vous
pouvez donner l'assurance à cette Chambre que votre gouvernement
n'effectuera aucune coupure dans le financement du programme d'aide à la
formation syndicale de même qu'au financement du programme
d'éducation populaire dans les commissions scolaires et des services
d'accueil et de référence pour l'année 1991-1992?
Le Président: Alors, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, il ne m'appartient pas de
prendre des engagements sur le maintien, les modifications et l'abolition ou
l'enrichissement de quelque programme gouvernemental que ce soit. Les ministres
responsables,
en temps utile, lorsque les budgets pour 1991-1992 seront
confectionnés, procéderont aux annonces et aux engagements. Le
député sait fort bien que, le moins qu'on puisse dire, c'est que
sa question est prématurée, sinon sans objet.
Le Président: En complémentaire.
M. Gendron: Comment se fait-il alors, M. le Président, que
le Secrétariat du Conseil du trésor qui relève du
président du Conseil du trésor informait les gens du
ministère de l'Éducation qu'il n'était pas question qu'il
y ait de l'argent pour ces programmes-là, à un point tel que le
ministre de l'Éducation a été obligé de vous
écrire le 10 décembre pour vous dire: Ça n'a pas de bon
sens. Je voudrais déposer cette lettre de son collègue, le
ministre de l'Éducation, qui va tout à fait à rencontre de
ce qu'il vient de nous dire.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
Une voix: Consentement.
Le Président: Consentement, donc le document est
déposé. M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, je ne vois pas de
contradiction malgré... J'ai indiqué qu'en ce qui concerne le
budget 1991-1992, lorsque les enveloppes seront confectionnées, les
ministres responsables, suite aux décisions et des ministres et du
gouvernement, feront les annonces qui s'imposent. Je répète que
la question est prématurée. Si l'on veut évoquer de
l'autre côté des discussions autour de ces objets-là, c'est
une chose, mais j'indique que les crédits pour 1991-1992 n'existeront
que le jour où ils seront déposés ici, pas avant!
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Rapatriement des sommes versées par le
gouvernement fédéral congés de maternité
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Hier, le
ministre responsable de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu répondait à ma collègue, la députée
de Hochelaga-Maison-neuve, qu'il était extrêmement confiant de
pouvoir convenir avec le gouvernement fédéral d'arrangements ou
de rapatriement de certains pouvoirs, incluant l'assurance-chômage.
Il a officiellement demandé, le 13 décembre, le
rapatriement des sommes que le fédéral verse pour l'adaptation de
la main-d'oeuvre et de la formation professionnelle ainsi que les sommes
payées par la caisse d'assurance-chômage aux fins de la
main-d'oeuvre et de la formation professionnelle. Cependant, rien n'a
été précisé en ce qui concerne les sommes
normalement allouées pour les congés de maternité et,
pourtant, les femmes et les jeunes couples au Québec attendent
impatiemment que le gouvernement bouge dans ce dossier et mette sur pied son
propre régime de congés de maternité. Ma question à
la ministre déléguée à la Condition féminine
et responsable de la Famille: J'aimerais savoir si la ministre entend profiter
elle aussi de l'ouverture faite par le gouvernement fédéral en
ces matières et est-ce qu'elle va réclamer ces sommes du
fédéral, l'argent qui est versé pour les congés de
maternité?
Le Président: Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine et
responsable de la Famille.
Mme Trépanier: M. le Président, dans un premier
temps je voudrais dire à la députée de
Chutes-de-la-Chaudière qu'en ce qui concerne le rapatriement des sommes
dans une éventuelle caisse de congés de maternité, il
revient au ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle. Mais nous disons, ce que le gouvernement
dit et ce que le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle et moi-même disons depuis
plusieurs mois, c'est que nous sommes à adopter, probablement
aujourd'hui, la loi sur les normes minimales du travail et que la caisse de
congés de maternité, de congés
rémunérés est un autre dossier auquel nous tenons
toujours. C'est un engagement du gouvernement, un engagement du Parti
libéral, et nous travaillerons à ce dossier suite aux normes
minimales du travail. C'est ce que j'avais à dire. (15 heures)
Le Président: Ceci met fin à la période de
questions.
Il n'y a pas de vote reporté.
Motions sans préavis.
Avis touchant travaux des commissions
Avis touchant les travaux des commissions.
Je vous avise que le mardi 22 janvier 1991, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, de 14 heures à 18 heures, la commission de
l'éducation se réunira afin de procéder à la
vérification des engagements financiers du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science pour les mois de septembre
1989 à novembre 1990.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Il n'y a pas de
questions?
Ceci met fin à la période des affaires courantes.
Aux affaires du jour, M. le leader adjoint du gouvernement.
Je demanderais aux députés qui doivent tenir des caucus de
le faire à l'extérieur de
l'Assemblée, s'il vous plaît. Mmes et MM. les
députés!
Très bien. Donc, aux affaires du jour, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, j'appelle l'article 40 du
feuilleton de ce matin, s'il vous plaît.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Son document, je pense que c'est mon
collègue de Lévis qui avait demandé l'ajournement du
débat.
Une voix:...
M. Chevrette: Ah! Je m'excuse. C'est parce que je n'ai pas ma
feuille devant moi.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader.
M. Pagé: Pour le bénéfice des
collègues, je vous invite à appeler l'article 40 qui nous
réfère au projet de loi 268, Loi modifiant la charte de la ville
de Montréal.
Projet de 268 Adoption principe
Le Président: Très bien. Donc, à l'article
40, il s'agit du projet de loi 268, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal. À ce moment-ci, c'est pour l'adoption du principe du
projet de loi. C'est un projet de loi d'intérêt privé. Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 268 du
règlement? Il y a consentement.
En conséquence, M. le député de Saint-Louis propose
l'adoption du principe du projet de loi 268, Loi modifiant la charte de la
ville de Montréal. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a pas
d'interventions. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Président: Adopté. Nous allons maintenant
procéder à la motion d'adoption du projet de loi.
M. le député de Saint-Louis propose l'adoption du projet
de loi 268, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Est-ce
qu'il y a consentement pour déroger au règlement concernant le
moment de présenter cette motion. Il y a consentement? Consentement.
Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. En conséquence, le
projet de loi 268, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal, est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 21 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de 102 Adoption principe
Le Président: Très bien. À l'article 21 du
feuilleton, M. le ministre de l'Éducation propose la motion d'adoption
du projet de loi 102, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi
sur l'enseignement privé. Est-ce qu'il y a des interventions? Il n'y a
pas d'interventions? Oui?
Une voix:...
Le Président: alors, à l'article 21 concernant le
projet de loi 102, loi modifiant la loi sur l'instruction publique et la loi
sur l'enseignement privé, m. le ministre de l'éducation.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, le projet de loi a été étudié en
deuxième lecture. À la commission parlementaire qui a
été chargée d'étudier le projet de loi article par
article, je crois qu'on a bien fait nos travaux de part et d'autre, pour ne pas
dire nos devoirs. Nous avons eu l'opportunité, hier, de prendre en
considération le rapport qui a été déposé.
On a eu un échange très utile, le député
d'Abitibi-Ouest et moi, comme ministre de l'Éducation, en ce qui regarde
les amendements à être apportés éventuellement,
avant la fin de l'année scolaire 1990-1991, c'est-à-dire
prévus pour le début du mois de juin prochain.
Comme tout a été dit, M. le Président, et que je ne
veux pas m'inscrire dans une démarche de redondance, j'en propose
purement et simplement l'adoption en troisième lecture.
Le Président: Alors, sur la même motion, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, c'est pour dire que tout
ce qui vient d'être dit d'une façon très succincte est
exact, mais est exact dans le sens qu'on a eu à rappeler certaines
choses. Ce que le ministre semble oublier, c'est qu'il s'agit là de la
brèche la plus majeure à laquelle on n'a jamais assisté
dans une commis-
sion des droits et d'accès à l'information, qui a
été dénoncée à peu près par tous les
intervenants syndicaux, la Commission elle-même, la Ligue des droits de
la personne, ses propres collègues. J'ai eu l'occasion de le rappeler,
mais je pense que ça n'a pas eu l'air à suffire. Et c'est
important de vous le dire à vous, M. le Président - parce qu'on
doit s'adresser à vous - que, dans ce projet de loi, il y a à peu
près 20 articles pour faire la traduction, une traduction plus fine des
textes français à l'anglais. Ça, c'est vrai qu'on n'a pas
perdu de temps là-dessus et qu'on a discuté rondement. Moi,
ça ne m'intéressait pas tellement de faire de longues discussions
sur ces articles-là. J'avais laissé ça à notre
excellent collègue, M. Cameron, qui s'en est occupé.
Il y avait quand même d'autres dispositions majeures dans ce
projet de loi là. Il y en avait une, entre autres, M. le
Président, qui dit que la surveillance du midi dans les écoles du
Québec, le gouvernement du Québec n'est pas capable d'accorder
ça, il n'est pas capable d'assumer ça. Donc, il faut revenir aux
"popotes" roulantes, il faut revenir à des lunchs rapides, comme si on
était au moyen âge, alors qu'il ne s'agissait pas de sommes
extraordinaires, mais qu'il s'agirait tout simplement d'assumer une
responsabilité d'un Québec moderne, d'offrir à 34 000
jeunes au Québec, qui ne peuvent pas, de toute façon, dîner
ailleurs qu'à l'école... Au moins, que le gouvernement du
Québec paie les coûts de la surveillance durant les heures du
dîner. Il y a toujours un bout, M. le Président.
Quand un État n'est plus en mesure d'assumer les coûts de
la surveillance des élèves à midi, il ressemble à
un État du tiers monde. Et moi, je ne crois pas, même si la
récession est très grave et qu'il y a beaucoup plus de lignes
téléphoniques que de mesures concrètes, parce que je l'ai
encore vérifié ce matin, c'est bien beau appeler au
téléphone, mais ça ne donne pas ça un fonds de
roulement à l'entreprise, dans bien des cas. Oui, on vit une crise
économique importante, mais je ne crois pas que ça justifie le
gouvernement du Québec de ne pas convenir qu'au moins pour les jeunes
élèves au niveau primaire et secondaire on puisse leur offrir les
coûts de la surveillance, sans qu'on l'impute encore aux parents, sans
qu'on l'impute à des gens qui sont en situation difficile à cause
de l'éclatement des familles, à cause de la crise
économique et à cause de toutes sortes d'éléments
majeurs. Le ministre aurait pu nous en dire quelques mots. Pas un mot
là-dessus.
Il y a également un autre point qui, en ce qui nous concerne,
était majeur. À partir du moment où ces gens-là ont
décidé de ne plus assumer leurs responsabilités en
éducation et de pelleter leurs problèmes dans la cour du champ
fiscal municipal avec des sommes au-delà de 380 000 000 $ et quelques,
eh bien, c'était normal que les commissions scolaires disent: Est-ce
que, nous, on peut étaler? Est-ce qu'on pourrait avoir l'autorisation
que les paiements de la taxe scolaire soient étalés? Le ministre
nous a dit: Je regarderai ça plus tard; pour l'instant, j'aime mieux
collecter que de vous permettre d'étaler le paiement des taxes
municipales.
Je ne peux pas ne pas revenir sur le point majeur - et je terminerai
là-dessus - qui est toute la question de la loi d'accès à
l'information. C'est sans précédent. Tout le monde le lui a dit:
M. le ministre, ce que vous faites là, ça n'a pas de bon sens. Il
nous a fait un beau discours en disant qu'il voulait contrôler
l'enveloppe de son ministère. Il voulait contrôler l'enveloppe
budgétaire. Les gens qui connaissent le monde de l'éducation lui
ont dit: C'est loin d'être sûr que, même si votre objectif
est louable, vous allez arriver à vos fins, parce qu'il y a d'autres
moyens, il y a d'autres alternatives pour un ministre de l'Éducation de
contrôler ses enveloppes budgétaires. D'abord, il y a une loi
constitutive de son ministère qui lui permettrait d'exercer des pouvoirs
qu'il n'a pas voulu exercer jusqu'à date.
À force d'en discuter, on est venu à bout d'obtenir un
amendement qui dit: Là, parce que je n'ai pas fait mes devoirs dans le
passé, je vous promets que je vais les faire dans le futur; et je vous
promets tellement que je vais faire mes devoirs dans le futur que je m'engage
solennellement à demander pour la première fois, M. le
Président, un avis à la Commission d'accès pour qu'elle
puisse demeurer partie prenante dans le dossier, afin que ce ne soit pas
uniquement le ministre seul qui puisse assumer les décisions.
Et c'est important de prendre ces quelques phrases-là pour vous
le dire. C'est pourquoi, M. le Président, on a voté contre le
principe, on a voté contre l'adoption du rapport, et c'est clair qu'on
va voter contre la troisième lecture parce que son projet de loi n'a pas
plus l'air fin en troisième lecture qu'en deuxième et à
l'adoption de la commission, puisqu'il nous a déposé des
amendements, mais il les a retirés parce qu'il dit qu'il ne veut pas
faire ça sur le coin de la table, alors qu'il aurait eu des mois et des
mois pour le faire s'il s'occupait de la planification de ses travaux, mais
ça ne l'intéresse pas de s'occuper d'une planification
parlementaire qui a de l'allure. Alors, ça nous conduit dans des
situations aberrantes comme ça, où, presque sans aucun
avertissement, on nous dit: Bien, écoutez, il faut finaliser la loi 102.
Alors, on va la finaliser, mais en concluant et en vous disant qu'il y a quatre
éléments de cette loi-là qui nous disconviennent et, comme
par hasard, disconviennent à la Fédération des commissions
scolaires, à la Ligue des droits et libertés, à la
Commission d'accès, aux centrales syndicales, aux comités de
parents. Et un très grand nombre de Québécois, s'ils
avaient eu l'occasion d'en prendre connaissance, se rendraient compte que c'est
un projet
de loi qui ne corrige à peu près rien des maux principaux
qu'il voulait corriger. Et, d'ailleurs, lui-même, il me l'a dit. Je vous
mets au défi, M. le Président. On ne sera pas rendu en avril ou
en mars que la loi 102 va revenir pour recevoir des amendements et des
modifications parce que ces gens-là, pour faire accroire qu'ils font de
la législation, ramènent les mêmes lois et les modifient.
Ils ramènent les mêmes lois et ils essaient de les
améliorer. Alors, pour toutes ces raisons-là, M. le
Président, nous, on va continuer d'avoir la même position, une
position rationnelle, logique. Il ne s'agit pas d'un bon projet de loi, et, en
conséquence, on va voter contre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le leader
adjoint de l'opposition officielle. sur le même sujet, je cède la
parole à m. le député de jacques-cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Je remercie le
député d'Abitibi-Ouest pour ses gentilles remarques.
M. le Président, this Bill raises a number of serious
difficulties for the English-speaking community of Montréal. Granted it
is a difficulty that is always faced by any Québec Minister of
Education, which is that the design of any policy to deal with Montréal
school boards is something like a Rubik's cube problem, where, if you change
one element in the cube, everything else is changed and the entire thing
requires the wisdom of Solomon and the patience of Job. However, there are
several particulars in the Bill which have been drawn to our attention, not
only here in this Assembly and in the commission on education, but also from
outside representation from our electorate. They were particularly disturbed by
Sections 8 and 10 that had to do with powers given to the Minister of Education
and the Minister of Transport. The Minister of Education has listened with
attention, I think, to these complaints and has been wise enough to give them
another look, but there are other particulars of the Bill that, also, may be a
matter of long-term concern. In general, the Bill, in its entirety, represents
one more of the attempts to establish a new educational policy without waiting
on Supreme Court decisions affecting exactly what can be done in the way of
linguistic and confessional boards. The assumption of much of our community is
that, in fact, the court decision will not be the one that the Minister of
Education anticipates and, even if it is, the consequent legislation is not
necessarily the legislation we would like to see. We cannot, therefore, give
our endorsement to this Bill. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre de l'Éducation, votre droit de
réplique.
M. Pagé: M. le Président, tout a été
bien noté et je n'entends pas utiliser mon droit de réplique.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Est-ce que le
projet de loi 102, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et la Loi
sur l'enseignement privé, est adopté?
Une voix: Adopté sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur division. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je viens d'avoir un
échange très récent avec le leader de l'Opposition. Je
prévoyais appeler l'article 13 du feuilleton à ce moment-ci.
Est-ce qu'on peut suspendre deux minutes, M. le Président, pour
être certains, avec les collègues, qu'on parle bien des bonnes
choses, et, après ça, on va aborder le projet de loi 108?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je suspends les travaux
de l'Assemblée pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 15) (Reprise à 15 h
16)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous reprenons nos
travaux, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, effectivement, je vous
invite à appeler l'article 13 du feuilleton et à inviter le
ministre de l'Environnement.
Projet de 85
Prise considération rapport de la commission a
fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 13 de
notre feuilleton, M. le ministre de l'Environnement propose l'adoption du
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements sur
le projet de loi 85, Loi modifiant de nouveau la Loi sur la
Société québécoise d'assainissement des eaux, ainsi
que l'amendement transmis par M. le ministre de l'Environnement en vertu de
l'article 252 de notre règlement, amendement déclaré
recevable. M. le ministre de l'Environnement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, l'Assemblée nationale est
appelée à prendre en considération le rapport de la
commission de l'aménagement et des équipements concernant, tel
que vous l'avez mentionné, M. le Président, le projet de loi 85,
Loi modifiant de nouveau la Loi sur la Société
québécoise d'assainissement des eaux, et à débattre
un amendement touchant l'article 1 dudit projet de loi.
Cet amendement, M. le Président - je vous le rappelle - vise
essentiellement trois objectifs. Tout d'abord, il a pour but de confirmer
l'autorité de l'Assemblée nationale du Québec en ce qui
concerne la poursuite du mandat de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. En second lieu, cet
amendement à l'article 1, permettra à la Société
québécoise d'assainissement des eaux de disposer d'un
délai suffisant, en vue d'assurer sa sécurité
financière et de maintenir la confiance des investisseurs privés
qui contribuent au financement des travaux. Par le fait même, cette
mesure sera de nature à sécuriser les municipalités
inscrites au programme d'assainissement des eaux ainsi que le personnel
oeuvrant au sein de la Société.
Dans un troisième temps, M. le Président, j'aimerais
indiquer que cet amendement implique que le ministre de l'Environnement devra
se présenter de nouveau devant l'Assemblée nationale du
Québec, dans un délai raisonnable et suffisamment
rapproché, soit d'ici décembre 1993, afin de discuter d'une
prolongation des opérations de la Société et d'une
extension de ses mandats, si nécessaire.
Mentionnons que cet amendement fait suite à l'étude
détaillée du projet de loi lors de la séance du 3
décembre dernier de la commission de l'aménagement et des
équipements. Ledit projet de loi avait alors été
adopté avec certains amendements. Lors de la tenue de cette commission,
certaines constatations des parlementaires portaient sur les trois objectifs
qui nous motivent dans notre proposition d'amendement.
J'aimerais rappeler que la modification de l'article 48 de cette loi
permettra à la Société québécoise
d'assainissement des eaux d'entreprendre la construction, l'amélioration
ou l'agrandissement d'ouvrages d'assainissement des eaux ou l'exécution
de travaux de réfection des réseaux d'égout municipaux
après le 31 décembre 1990. Ainsi, la Société
québécoise d'assainissement des eaux sera en mesure de poursuivre
et de compléter son mandat d'assainissement des eaux au
Québec.
En terminant, M. le Président, je compte sur la collaboration des
membres réunis en cette Chambre pour l'adoption de l'amendement à
l'article 1 du projet de loi 85, tel qu'il a été
déposé. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
l'Environnement. Sur le même sujet, je cède la parole à M.
le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, M. le Président. Avant d'aborder l'aspect
de la considération du rapport comme tel, je me permettrai de rappeler
que l'objectif de ce projet de loi, le projet de loi 85, avait pour but, bien
sûr, de prolonger le mandat de la Société. En
deuxième lecture, l'Opposition avait exprimé des réserves,
non pas sur le prolongement comme tel mais sur la façon dont le ministre
voulait s'y prendre, en ce sens qu'il voulait conserver au Conseil des
ministres de pouvoir prolonger de nouveau uniquement par décret, puisque
le projet de loi ne prévoyait aucune date précise.
Pourquoi ces réserves, M. le Président? C'est parce que
nous croyions, après 10 ans d'expérience, que c'était une
belle opportunité finalement de profiter de ce prolongement de mandat et
de modifier le mandat comme tel de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Ces modifications, on les
voyait de deux ordres: d'abord, préciser le rôle comme tel,
puisque les 10 années d'expérience nous le permettaient, et
prévoir aussi des modifications dans le sens d'élargissement de
mandat.
Donc, pour ce qui est de préciser le mandat, nous croyons que
l'expertise qu'a acquise la Société depuis 10 ans, que ce soit au
niveau des concepts de système d'épuration relativement à
la grosseur d'une municipalité, que ce soit par rapport à tout le
domaine ou tout l'aspect budgétaire des projets d'épuration, tout
le volet de la réhabilitation des réseaux, est une expertise des
plus intéressantes qui nous permettait de songer à
préciser davantage son rôle pour qu'elle soit davantage efficace.
Il y a l'autre considération, c'est qu'au moment où on se parle,
il y a encore environ 40 % des municipalités qui n'ont pas
adhéré au programme d'assainissement des eaux. Donc, est-ce qu'il
y a lieu de prévoir que nous avons des travaux d'épuration des
eaux au niveau des municipalités pour encore peut-être quatre,
cinq, six ou sept ans?
Le deuxième aspect de cette modification du mandat que nous
croyions pertinent, c'est, bien sûr, l'aspect qui touche un
élargissement du mandat de la Société pour répondre
à de nouvelles réalités qui se sont
développées au cours de ces 10 dernières années.
Bien sûr, avec l'opération des usines d'épuration, on a
dû évidemment faire face à une nouvelle
réalité qui est celle de la disposition des boues, que ce soit
des usines, d'une part, mais aussi des fosses septiques. Alors, c'est un
problème qui est entier, et nous avions cru, à l'Opposition,
profiter de l'opportunité du prolongement du mandat pour confier ce
mandat à la Société.
Il y a aussi, bien sûr, tout le suivi du développement des
réseaux d'égout des municipalités, parce qu'il est bien
clair que les municipalités n'avaient pas, en termes de réseaux
d'égout, l'idéal pour répondre et rendre
véritablement
efficace un système d'épuration. Donc, il y a un suivi par
rapport au développement des réseaux d'égout des
municipalités qui aurait pu être octroyé en termes de
mandat à la Société.
Donc, ce sont là, M. le Président, les principaux motifs
qui avaient guidé l'Opposition de suggérer au ministre de
modifier son projet de loi. Alors, bien sûr que c'est en commission
parlementaire que nous avons fait part au ministre de ces
préoccupations. Et je dois avouer que, même après beaucoup
de réticences de sa part, il a finalement admis, il a reconnu le
bien-fondé de nos revendications. Toutefois, il semble qu'il a eu
quelques petits remords, parce que les amendements qui avaient
été acceptés en commission parlementaire n'ont pas
été retenus dans le rapport final de la commission à cette
Assemblée.
Toutefois, je pense que le ministre a déposé un amendement
qui répond quand même aux objectifs ou aux préoccupations
de l'Opposition, j'en suis convaincu, qui ont été contagieuses et
qui sont devenues aussi les préoccupations du ministre, dans le sens
qu'il a apporté un amendement afin d'introduire dans son projet de loi
une date, c'est-à-dire un prolongement de mandat à la
Société jusqu'au 31 décembre 1993, ce qui nous convient
très bien puisque, pendant les trois prochaines années, la
Société pourra gérer, peut-être, un très fort
pourcentage des projets d'épuration qui restent à venir, pour
faire en sorte que, d'ici trois ans, il restera très peu de projets
à réaliser, donc ce qui nous mettra peut-être en meilleure
position pour étudier et pour songer à un élargissement du
mandat de la Société d'assainissement des eaux. Alors, ça
démontre que les commissions peuvent avoir leur utilité. Et
lorsqu'un ministre veut se montrer ouvert, je pense que ça sert bien
l'intérêt de la société en général.
Dans ce cas-ci, ça servira l'intérêt des
municipalités. Et comme l'a dit le ministre lui-même, ça
confirme l'autorité de l'Assemblée nationale pour ce qui est du
mandat de la Société québécoise d'assainissement
des eaux.
Ceci dit, M. le Président, ça été une
expérience fort intéressante de discuter de ce projet de loi,
avec très peu d'articles, mais quand même fort important dans les
circonstances. Je termine ici. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Dubuc. Sur le même sujet, je reconnais maintenant
M. le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux
féliciter mon collègue de Dubuc pour l'à-propos de ses
remarques. Je pense qu'il a bien résumé la position du parti de
l'Opposition sur ce projet de loi qui n'avait qu'un article, mais qui a des
conséquences fort importantes sur l'environnement, de façon
générale et, je dirais, même sur la santé des
populations, dans la mesure où ce projet de loi permet de
compléter le réseau des usines d'épuration au
Québec.
On le sait, en 1978, sous le gouvernement du Parti
québécois, ce programme a débuté. Malheureusement,
déjà à ce moment-là, le gouvernement
fédéral, avec l'Ontario, avait épuisé la majeure
partie des fonds fédéraux-provinciaux. Les gouvernements
antérieurs, au Québec, n'avaient pas su participer à ce
programme fédéral-provincial d'épuration des eaux, si bien
qu'il a fallu, à partir de 1978, investir des sommes
considérables d'argent strictement québécois.
C'était urgent de le faire, parce qu'à ce moment-là, il y
avait seulement 2 % de la population qui étaient reliés à
un système d'égout, qui voyait ses eaux usées passer par
une usine d'épuration. Seulement 2 %.
Aujourd'hui, après plus de 10 ans, il y a quand même eu un
progrès considérable. Environ 40 % de la population ont
maintenant des eaux usées qui sont ensuite passées dans une usine
d'épuration grâce à ce programme. C'est un programme
considérable. Quand le réseau sera complété, quand
les autres 60 % de la population pourront bénéficier de ce
service, ça voudra dire environ 8 000 000 000 $ de
dépensés.
Nous avons eu des discussions intéressantes en commission
parlementaire. Je dois rendre hommage au ministre de l'Environnement qui a su
écouter. Parfois, il était un peu distrait parce qu'il avait une
pléiade d'experts juristes, comme d'habitude - c'est sa petite
déformation professionnelle. Mais en dérJit de certains retards,
délais, causés par des discussions juridiques, il a fini par
accepter le point de vue de l'Opposition. Je dois reconnaître qu'il a
été éclairé. Il a dit: Oui, vous avez raison.
Alors, il a modifié son projet de loi de manière que, maintenant,
c'est l'Assemblée nationale qui demeure maltresse de la destinée
de cet immense programme d'assainissement des eaux, et c'est normal que ce soit
ainsi. Parce que lui et son gouvernement voulaient que ce soit
décidé par décret au Conseil des ministres. Il a compris,
et nous devons louer sa compréhension.
Deuxièmement, nous avons fait valoir aussi que, comme le
recommande le rapport de la commission Charbonneau, il serait utile
d'élargir la vocation de la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Cette Société
a acquis à la fois une crédibilité et une
compétence, et elle pourrait fort bien se voir donner d'autres vocations
complémentaires, par exemple la disposition des boues usées qui
sont les résidus des usines d'épuration et qui doivent en ce
moment... On doit en disposer, les municipalités doivent en disposer
tant bien que mal, à grands frais. Il faut rappeler que la disposition
des boues usées, donc des résidus de ce qui sort
après avoir épuré les eaux d'égout, cette
disposition des boues usées coûte 40 % du budget de chaque usine
d'épuration, c'est beaucoup, et on nous dit que ça va augmenter
encore. Alors, il serait opportun d'avoir un maître d'oeuvre pour la
disposition de ces boues usées et la Société
québécoise d'assainissement des eaux est tout à fait
indiquée, c'est l'agent tout à fait indiqué pour le
faire.
Nous voulons aussi plaider, puisque c'est la dernière fois que
nous intervenons sur ce projet de loi, nous voulons plaider auprès du
ministre pour qu'il plaide encore plus qu'il ne l'a fait auprès de ses
collègues du Conseil des ministres pour accélérer tes
investissements. Nous avions, en 1983, au moment de la crise économique,
accéléré les investissements et je vois que le ministre
délégué à l'Agriculture maintenant, non, aux
Transports, hoche la tête et approuve mes remarques, l'ancien ministre
délégué à l'Agriculture qui est maintenant ministre
délégué aux Transports. Il faut que ce gouvernement-ci
prenne tous les moyens pour alléger la crise économique et l'un
des moyens, c'est par les investissements publics. Il ne faut pas avoir peur
parce qu'il y a encore, je le répète, M. le Président, il
y a encore plusieurs municipalités qui ont des projets en plan,
partiellement approuvés ou pas tout à fait approuvés, et
il y a lieu d'accélérer le financement. Aussi, ce qu'on appelait
la prime d'accélération, c'est-à-dire 95 % versés
aux municipalités au lieu de 90 %, cette prime expire en décembre
1990 et je compte bien que le ministre va nous dire, en deux mots tantôt,
s'il a réussi à obtenir un prolongement de cette prime de 95 %.
J'espère qu'il a réussi à l'obtenir.
Enfin, M. le Président, nous pensons que le Québec doit
redoubler d'efforts pour rattraper Je temps perdu au début des
années soixante-dix, à la fin des années soixante. Ce
programme d'assainissement des eaux aurait dû être commencé
beaucoup plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais. Et il faut que ce
gouvernement-ci n'ait pas peur d'investir massivement de sorte que ce programme
puisse être terminé non pas dans sept, huit ans, comme certains le
craignent, mais dans trois, quatre ou cinq ans au maximum et, finalement, qu'on
donne aussi à la Société d'assainissement des eaux une
vocation plus large, comme le veut le rapport de la commission Charbonneau.
M. le Président, voilà un exemple de travail constructif
fait en commission parlementaire et qui démontre bien que l'Opposition a
encore un rôle important à jouer; encore faut-il que le ministre
pilotant le projet de loi écoute l'Opposition, ce que le ministre a fait
cette fois-ci et je l'en félicite. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le ministre, suite à
l'intervention de M. le député de La Prairie, vous pouvez
répliquer pour une période de cinq minutes maximum.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement, M. le Président. Le ministre a pris note de tous les
propos de l'ensemble des parlementaires qui se sont exprimés sur cet
important projet de loi autant au sein de la commission parlementaire qu'au
moment de la modification que nous venons de soumettre à cette
Assemblée nationale du Québec. Je tiens à remercier tous
les parlementaires qui ont contribué, comme l'a souligné
l'Opposition officielle, positivement à la bonification de ce projet de
loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
L'amendement proposé par M. le ministre de l'Environnement est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le rapport, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre de
l'Environnement propose maintenant l'adoption du projet de loi 85, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur la Société
québécoise d'assainissement des eaux. Y a-t-il consentement pour
que nous dérogions à l'article 230 de notre règlement, M.
le leader de l'Opposition officielle?
M. Gendron: II y a consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
interventions? Est-ce que le projet de loi 85, Loi modifiant de nouveau la Loi
sur la Société québécoise d'assainissement des
eaux, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous demanderais de
suspendre les travaux pour 10 minutes, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous suspendons les
travaux de l'Assemblée pour une période de 10 minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 35)
(Reprise à 16 h 3)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir. Nous allons reprendre nos
travaux. Je demanderais à M. le leader du gouvernement de nous indiquer
quel article du feuilleton.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: m. le président, je vous invite à
appeler l'article 25 du feuilleton. avant, s'il vous plaît, m. le
président, je m'excuse...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader.
M. Pagé: ...on va appeler les articles 41 et 42 du
feuilleton.
Projet de 258 Adoption principe adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 41 de
notre feuilleton, M. le député de Westmount propose l'adoption du
principe du projet de loi 258, Loi sur la compagnie American Realty Investors
Corp. M. le député de Westmount propose l'adoption du projet de
loi 258, Loi sur la compagnie American Realty Investors Corp. Est-ce que ces
motions sont adoptées?
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'ai évidemment le
consentement pour que nous puissions déroger à l'article 22 de
notre règlement. Consentement, M le leader du gouvernement?
M. Pagé: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement, je vous écoute.
M. Pagé: Alors, je retiens donc que le projet de loi
privé 258 est adopté?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui.
M. Pagé: Je vous invite à appeler l'article 41 du
feuilleton.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous venons de disposer
de l'article 41, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article 42. C'est bien ça.
Projet de 272 Adoption principe adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 42 de
notre feuilleton, M. le député de Saint-Louis propose l'adoption
du principe du projet de loi 272, Loi concernant Compagnie de fiducie
Guardian.
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Saint-Louis propose également l'adoption du
projet de loi 272, Loi concernant la Compagnie de fiducie Guardian. Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 22 du règlement et
à l'article 35 des règles de fonctionnement des projets de loi
d'intérêt privé?
M. Pagé: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consentement. M. le
leader du gouvernement. Est-ce que les deux projets sont adoptés?
M. Pagé: Le projet de loi est adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le projet
c'est-à-dire, je m'excuse. Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article 41 du feuilleton étant
adopté et l'article 42 du feuilleton, je vous invite maintenant à
appeler l'article 25 du feuilleton.
Projet de 108 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 25 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de
loi 108, Loi modifiant le Code de la sécurité routière et
d'autres dispositions législatives. Je suis prêt à
reconnaître le premier intervenant. Alors, M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, à la suite de plusieurs
tentatives depuis le matin pour l'étude de ce projet de loi en
troisième lecture, je suis content finalement qu'on puisse
réussir à ce moment-ci puisqu'il semble que c'est bien difficile
de fonctionner suivant notre règlement.
M. le Président, le projet de loi a été
adopté en commission parlementaire. Nous avions voté contre en
deuxième lecture, non pas tellement que nous étions contre le
principe, mais pour indiquer au gouvernement que nous voulions
des changements importants dans ce projet de loi pour consentir à
son adoption. De fait, il y a eu des changements importants, si l'on additionne
tous tes amendements qui auront été adoptés concernant le
projet; un total de 86 amendements sur 260 articles, cela veut dire qu'il y a
eu des changements et des améliorations considérables dans ce
projet de loi, ce qui nous a permis, au fond, lors de l'adoption de l'ensemble
du projet de loi en commission parlementaire, de voter en faveur du projet de
loi.
Je dois dire que, contrairement à ce que, trop souvent, des
ministres font en commission parlementaire, où its s'arc-boutent pour
défendre des projets de loi qui, souvent, n'ont même pas
été faits par eux, mais par leurs fonctionnaires, le ministre des
Transports a accepté qu'il y ait une véritable discussion en
commission parlementaire où je vous dirais, pour une fois
également, que l'ensemble des députés de la commission
parlementaire ont participé à plusieurs reprises. Je dirais qu'au
lieu de fonctionner à l'anglaise, dans le parlementarisme britannique,
on a fonctionné à l'américaine, dans une commission
parlementaire où le ministre qui présentait son projet de toi a
agi comme promoteur de son projet de loi et où les députés
ont pu parler sur le projet de loi et en venir à différentes
modifications qui, je pense, vont rendre les gens beaucoup plus satisfaits.
D'ailleurs, il y a déjà eu des témoignages; je
pense, par exemple, à M. Campagna qui est venu concernant l'article qui
concernait une moto à trois roues et, si la définition avait
été adoptée telle que présentée par te
projet de loi, à l'article 2, paragraphe 6, et à l'article 98,
cela aurait été impossible selon la définition de
l'article. Nous n'avons pas voulu que ce soit interdit par la
définition, mais que la sécurité du véhicule soit
analysée à son mérite et que ce ne soit pas sur une
définition d'article que le projet sort interdit, de sorte que le
promoteur pourra continuer ses recherches et ses expériences et, si son
véhicule peut être mis en marché, possiblement qu'une
industrie nouvelle pourra démarrer. Mais, à ce moment-là,
l'analyse du produit sera faite en fonction de la sécurité qu'il
présente. Les dispositions qui auraient empêche ce citoyen
d'Arthabaska de poursuivre sa démarche de commercialisation d'une moto
à trois roues ont été enlevées; il s'agit des
articles que je viens de mentionner et, à la suite de ces demandes
répétées, auxquelles, finalement, se sont joints
particulièrement le député d'Arthabaska et
également d'autres députés, le ministre a finalement
accepté de retirer ces deux articles.
Deuxièmement, le permis probatoire a été, par
ailleurs, vidé de son contenu. Là, nous avons voté contre
ces dispositions parce que le permis probatoire comportait certaines
définitions qui en faisaient un permis différent. En supprimant
l'article 48 du projet de loi 108, concernant le taux d'alcoolémie
inférieur à 0, 08 pour les nouveaux conducteurs, te ministre a
Vidé de sa substance, à notre avis, le permis probatoire qui
entrera en vigueur avec la sanction du projet de loi 108. La seule
différence qui persiste entre le permis de conduire régulier et
le permis probatoire est le nombre de points d'inaptitude, le permis
régulier ayant 15 points, alors que le permis probatoire en aura 10. Il
ne nous semblait pas suffisant d'établir toute une mécanique d'un
permis probatoire pour cette différence de points d'inaptitude, nous
considérions que... Les études de ta Régie - d'ailleurs,
il faudra revenir là-dessus - qui ont été faites
concernant les rapports entre la boisson dans te corps, ou dans le sang, si on
veut, et les taux d'accidents sont très révélatrices et
ils affectent surtout les jeunes. (16 h 10) est-ce qu'on aime les jeunes assez
pour faire en sorte que ce soit plus difficile de conduire et qu'il y ait des
règles particulières qui s'appliquent à l'ensemble des
nouveaux conducteurs, mais tout le monde sachant que ce sont plutôt les
jeunes qui sont des nouveaux conducteurs? moi, je pense
qu'éventuellement on en arrivera, avant longtemps, les gens étant
plus conscients de ces questions aujourd'hui qu'avant, qu'on ne devrait pas
conduire avec un taux d'alcool dans le sang, quel qu'il soit... on voit de plus
en plus de pays européens qui adoptent ces mesures. en europe, dans tes
pays scandinaves, par exemple, qui ont l'habitude d'être en avance sur
leur temps, les législations sont adoptées pour faire en sorte
que, si on prend un verre, on ne conduit pas. pas du tout. ou bien, si on
conduit, on ne prend pas un verre.
Pourquoi? Parce que les réflexes sont touchés par la
boisson. Il ne s'agit pas de moraliser pour dire aux gens de ne pas prendre de
boisson. C'est un choix personnel. Mais, si on prend un verre, on ne conduit
pas l'automobile. Je pense qu'il faudrait en venir à une règle
d'interdiction totale de conduire quand on a pris de la boisson. Je pense que
les gens avec le respect de la vie qui caractérise davantage les
citoyens... Vous savez, aujourd'hui, M. le Président, on
s'inquiète de la vie des oiseaux, on s'inquiète de la vie des
poissons, on s'inquiète de la vie des animaux, on a même une
Société protectrice des animaux, mais on va laisser sur les
routes des gens qui ont pris un verre et qui peuvent frapper d'autres
être humains. Je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas
là.
De la même façon, je pense qu'on s'inquiète
aujourd'hui davantage de la violence, qui est combattue, parce que les gens
sont plus civilisés. La violence, on est beaucoup plus... On condamne
beaucoup plus les actes de violence qu'auparavant. Mais conduire en état
de boisson, c'est une forme d'acte de violence vis-à-vis d'autres
concitoyens. Et je pense qu'il va falloir en arriver à un moment
où on va être beaucoup plus sévère concernant cette
question-là. J'ai eu déjà
des gens qui sont venus dans mon bureau de comté qui ont perdu
des enfants qui ont été frappés parce qu'un conducteur
avait pris un verre. Je vais vous dire que vous êtes sans réponse
devant des gens qui sont indignés, qui sont scandalisés, qui sont
écoeurés d'avoir à subir une situation qu'ils n'ont pas
voulue, qu'ils n'ont pas souhaitée parce que quelqu'un avait pris un
verre, a pris son automobile, s'est endormi ou a eu un réflexe
différent de celui qu'il aurait eu s'il n'avait pas pris un verre.
Finalement, c'est un enfant qui avait le droit de vivre qui est mort et puis
les parents qui ont perdu un enfant qu'ils avaient rendu à l'âge
de 16, 17, 18 ans, sont peines et ne comprennent pas que la
société accepte cette situation.
M. le Président, c'est pourquoi nous avons voté contre ces
mesures de permis probatoire où il n'y a pas de différence, sauf
quelques points d'inaptitude, alors qu'on pense, contrairement à ce qui
a été véhiculé... Parce que j'ai entendu des
nouvelles des médias qui laissaient entendre que c'était
l'Opposition qui avait demandé que la question du taux
d'alcoolémie zéro pour les nouveaux conducteurs soit
enlevée. Au contraire, nous avons voté contre la suppression de
cette disposition. Et le ministre a hésité; finalement, je ne
sais pas d'où sont venues les pressions, mais je pense que le ministre
avait raison de mettre une telle disposition et ceux qui ont contribué,
dans son caucus, à la faire enlever, à mon avis, avaient tort.
S'il y a quelque chose, éventuellement, il faudra étendre cette
disposition à l'ensemble des conducteurs - ce sera peut-être plus
facile - pour faire en sorte qu'on ne puisse pas conduire une automobile
lorsqu'on a pris de la boisson. Et je le dis, M. le Président, non pas
de façon à faire la morale, mais dans une perspective de
protection de l'environnement, si on veut, ou de respect de la vie. Je pense
qu'on va commencer à respecter vraiment la vie quand on va adopter des
dispositions comme celles-là qui sont peut-être des règles
de base d'un comportement en société.
Troisièmement, le permis restreint pour les nouveaux conducteurs.
L'article 53, paragraphe 4, du projet de loi 108 empêchait
l'émission d'un permis restreint pour le titulaire d'un permis
probatoire qui aurait perdu plus de 10 points d'inaptitude. Le titulaire d'un
permis de conduire régulier, lui, qui a perdu plus de 15 points
d'inaptitude peut obtenir, en vertu de la loi actuelle, un permis restreint
lorsque cela est nécessaire pour son travail. Il nous apparaissait
discriminatoire, à l'Opposition, qu'un nouveau conducteur ne puisse
obtenir un permis restreint pour travailler alors qu'on le permet pour les
autres titulaires d'un permis de conduire.
L'Opposition a demandé, en y mettant le temps qu'il fallait, le
retrait de cette disposition afin de respecter le droit au travail d'un nouveau
conducteur et, finalement, c'a été accepté pour ne pas
faire de discrimination entre ceux qui ont un permis régulier et un
nouveau permis pour les fins, la nécessité de conduire de
façon restreinte, possiblement d'aller seulement à leur lieu de
travail et d'en revenir, pour ceux qui ont un permis régulier, mais
aussi le nouveau permis probatoire qu'introduit le ministre. Cet amendement,
à notre avis, profitera d'abord aux jeunes qui ont obtenu un emploi,
parce qu'on sait que ceux qui auront d'abord un permis probatoire seront
surtout des jeunes qui ont obtenu un emploi. Un jeune peut avoir besoin de cet
emploi, avoir des gens à sa charge et on ne voudrait pas que des gens
soient pénalisés d'une façon discriminatoire. Donc,
à l'endroit des détenteurs de permis probatoires, on voulait
adopter les mêmes règles uniformes dans ce cas-là.
Quatrièmement, l'exemption du port de la ceinture pour des
raisons médicales. L'article 158 du projet de loi 108 avait pour effet
d'éliminer les exemptions du port de la ceinture de
sécurité. Certaines personnes, pour diverses raisons
médicales, ne sont pas capables de porter la ceinture de
sécurité. La Société de l'assurance automobile du
Québec voulait éliminer ces exemptions en raison des abus. On
nous disait qu'on donne trop facilement des exemptions pour ne pas porter la
ceinture. Apparemment, selon ce qu'on nous a dit en commission parlementaire,
certains médecins signent trop facilement ces certificats
médicaux. Suite à des demandes des députés
ministériels et de l'Opposition, le projet de loi a été
amendé afin d'encadrer davantage la délivrance d'un certificat
médical dispensant du port de la ceinture de sécurité, et
on retrouve cet amendement à l'article 159 du projet de loi 108. Donc,
dans des conditions précises où un médecin
spécialiste aura demandé que quelqu'un soit exempté
à cause d'une condition médicale, d'une infirmité ou d'un
handicap faisant qu'il ne peut pas porter une ceinture de
sécurité, cette personne pourra faire, avec l'avis d'un
médecin spécialiste, une demande au comité médical
de la Société de l'assurance automobile du Québec et son
exemption pourra être accordée. Mais, à ce
moment-là, le cadre est beaucoup plus restreint, l'obligation de porter
la ceinture de sécurité étant la règle, mais, quand
même, laissant une possibilité, pour ceux qui sont absolument
incapables d'en porter une pour des raisons physiques, de santé,
médicales ou d'un handicap, de pouvoir conduire leur automobile dans ces
conditions. Je peux vous dire que j'ai déjà commencé
à recevoir des appels téléphoniques, M. le
Président, de personnes qui étaient très heureuses parce
qu'elles auraient perdu leur permis de conduire à cause d'un
handicap.
Cinquièmement, le ministre, par ailleurs, maintenant, en vertu
des amendements qui ont été adoptés - c'a
été une demande rigoureuse de l'Opposition, on a passé
beaucoup de temps là-dessus - devra porter la responsabilité de
rémission des permis spéciaux pour les charges
divisibles. On sait que, pour les pesanteurs, au Québec, on n'est
pas assez sévères sur les dépassements de pesanteur. J'ai
fait admettre aux officiers du ministère des Transports que, dans
l'État de New York, avec lequel on est en concurrence, les
pénalités pour des charges trop lourdes ou excédentaires,
dépassant les limites permises, peuvent occasionner, pour un voyage de
100 000 kilos, une pénalité de 13 000 $, alors qu'au
Québec c'est 4000 $, C'est-à-dire que les pénalités
sont plus de trois fois plus élevées dans l'État de New
York. Alors, quand les gens du ministère nous invoquent la concurrence,
bien... Là, on est en concurrence avec l'État de New York puisque
le principal de nos exportations s'en va dans l'État de New York. Il
faudrait, à ce moment-là, possiblement adopter des règles
différentes en fonction d'ententes qu'on fera avec les pays. Par
exemple, l'Ontario, s'il veut faire briser ses routes, ce n'est pas à
nous à faire briser les nôtres parce que l'Ontario a des
règles différentes. Je pense que, quand on regarde au sud des
États-Unis, qu'on voit l'État de New York, qui est la principale
voie de passage du camionnage québécois vers les
États-Unis, si, eux, n'acceptent pas de charges divisibles, ne donnent
pas de permis pour des charges divisibles, interdisent des charges divisibles
au-delà des chargements qui peuvent être divisés en
plusieurs chargements, n'acceptent pas de donner de permis pour dépasser
ces pesanteurs définies par la loi, nous n'avons pas à le faire
non plus. (16 h 20)
II est évident, quand il s'agit de charges indivisibles où
on ne peut pas diviser le voyage en plusieurs voyages parce qu'il s'agit
d'appareils... On ne pourrait pas démonter, par exemple, un bulldozer
pour le transporter et le remonter après le transport. Bien, là,
il y a des conditions qui peuvent être autorisées par la
Société de l'assurance automobile. On peut autoriser le voyage
à se faire, mais dans des conditions avec le nombre d'essieux pour faire
en sorte que nos routes ne seront pas pénalisées ou
brisées par un voyage qui dépasserait les pesanteurs.
C'est là une condition importante que nous avons fait mettre dans
le projet de loi. Maintenant, quand il s'agira de dépasser, en vertu des
dispositions que nous avons adoptées, des charges... comme le ministre
voulait absolument se garder une clause pour permettre des charges
excédentaires non divisibles, maintenant la Régie ne pourra plus
le faire d'aucune façon. Ce n'est pas la Régie qui pourra le
faire, c'est seulement le ministre qui en portera la responsabilité,
puisque maintenant la régie ne pourra pas permettre de charges
au-delà des pesanteurs, sauf pour des charges indivisibles ou, encore,
pour des appareils ou des équipements dont la configuration ne
permettrait pas le transport, s'il n'y avait pas d'autorisation.
Mais dans les autres cas, pour des raisons exceptionnelles, le ministre
devra porter la responsabilité d'émission de permis
spéciaux pour des charges divisibles. À ce moment là,
comme je le dirai tout à l'heure, immédiatement par après,
il y aura des conditions de posées et le ministre devra faire rapport et
son possible pour surveiller attentivement, parce qu'il y aura maintenant des
dispositions dans la loi que nous avons adoptées en commission
parlementaire.
M. le Président, les demandes répétées de
l'Opposition afin d'encadrer le plus possible l'émission de permis
spéciaux pour les véhicules hors normes ont forcé le
ministre à modifier le projet de loi 108. Notre amendement obligera
d'ailleurs le ministère à revoir son règlement sur les
permis spéciaux. L'article 167 a été amendé afin de
préciser le rôle de la Société de l'assurance
automobile du Québec et du ministre concernant l'émission des
permis spéciaux. L'amendement précise que la
Société de l'as-surance automobile émettra des permis
spéciaux pour les véhicules hors normes par leur fabrication ou
pour les charges indivisibles. Si le requérant avec un permis
spécial ne satisfait pas à ces exigences, il devra obtenir un
permis du ministre. Et nous allons surveiller le ministre de près pour
qu'il justifie chacun des permis spéciaux qu'il délivrera pour
des charges divisibles.
Pourquoi? Parce qu'il se donne trop de permis spéciaux au
Québec. Entre 1985 et 1989, le nombre total de permis spéciaux
émis est passé de 17 392 à 37 750, soit plus de deux fois
plus uniquement... vous avez bien compris? On est passé, entre 1985
à 1989, de 17 392 à 37 750 permis spéciaux pour
dépasser les charges permises par la loi. Uniquement pour les surcharges
de 57 500 kilos et plus, le nombre de permis spéciaux est passé
de 2160 en 1985 à 6876 en 1989, soit plus de trois fois plus. Il n'est
pas étonnant de constater que les ornières sur la chaussée
ont commencé a paraître en 1986 et en 1987.
Ce ne sont pas les motos ni les Volkswagen ni les Renault ou les petites
automobiles qui brisent nos routes. Ce sont des voyages pesants qui brisent nos
routes. Et l'augmentation de ces voyages, les autorisations données,
même les permis pour dépasser les charges ne rendent pas le voyage
plus léger. Le voyage reste toujours aussi pesant et ce qui arrive,
c'est que nos routes sont brisées. Et on ne peut pas dire que quelqu'un
qui a payé 300 $ ou 400 $ pour un permis spécial pour avoir une
charge plus pesante que nécessaire a payé le droit de briser des
routes qui vont coûter des millions de dollars, par la suite, aux
contribuables.
Les contribuables n'ont pas à payer pour des bris de routes qui
dépendent d'un ou deux voyages de camion qui ne respectent pas les
règlements. C'est pourquoi nous avons insisté et nous allons
continuer d'insister pour que les charges respectent les règlements,
pour qu'il n'y
ait éventuellement aucune charge divisible qui puisse
dépasser les normes réglementaires. Nous n'avons pas
réussi, encore cette fois. Le règlement est plus circonscrit. Ce
n'est pas suffisant et nous allons continuer le combat, M. le
Président.
Prenons, par exemple, un véhicule circulant avec une masse totale
en charge de 100 000 kilos. Au Québec, il est en surcharge de 38 500
kilos seulement. Le conducteur pris en défaut paiera une amende de 3950
$ et il perdra quelques points d'inaptitude. Par ailleurs, dans l'État
de New York, le camion est en surcharge de 61 500 kilos. Le conducteur paiera
une amende de 8400 $ et, en plus, son permis sera suspendu. C'est une grosse
différence puisqu'en plus de payer une amende beaucoup plus
élevée dans l'État de New York qu'au Québec son
permis sera suspendu. Et on comprend qu'à ce moment-là, quand on
va dans l'État de New York, on voit à quel point les routes sont
belles à comparer aux nôtres. Les routes ne sont pas
crevassées et elles ne sont pas pleines d'ornières, parce que les
charges sont respectées. Et, en plus, quel que soit le nombre de
véhicules qui doivent être pesés, même si ça
doit bloquer la circulation, les véhicules pesants doivent s'aligner,
les camions doivent se faire peser aux balances et ceux qui ne respectent pas
les charges sont mis de côté, parce que l'État de New York
fait respecter sa réglementation. Je pense que c'est ce que le
gouvernement du Québec devrait imiter, ce que le ministère des
Transports du Québec devrait imiter pour que, éventuellement, nos
routes soient en meilleur état.
Et ceux qui paient... Les conducteurs du Québec sont ceux qui
paient le plus cher en Amérique du Nord pour le droit de conduire. On
paie des assurances. On paie l'essence plus cher. Il y a plus de taxes sur la
gazoline que partout ailleurs en Amérique du Nord. On paie aussi des
taux plus élevés de permis d'immatriculation. Bien, au moins, il
faut avoir le résultat avec des routes qui sont de bonne qualité.
À ce moment-là, je pense que la seule façon, c'est de
faire en sorte que les charges permises soient respectées.
Sixièmement, la responsabilité du ministre sur les
opérations de contrôle routier de la Société de
l'assurance automobile du Québec, l'article 206, paragraphe 519.70.1.
Une des principales interrogations de l'Opposition lors du dépôt
du projet de loi 108 concernait l'absence de contrôle du ministre sur les
opérations de nature policière de la Société de
l'assurance automobile du Québec. Il nous apparaissait fondamental que
des opérations de nature policière relèvent d'un ministre
et non d'un conseil d'administration d'une société d'État.
Nous avons concouru à l'adoption de ce projet de loi, entre autres,
parce que le ministre a accepté un amendement majeur qui oblige la
Société de l'assurance automobile du Québec à
fournir au ministre, à la suite d'une demande de ce dernier, des
rapports circonstanciés sur des opérations de contrôle
routier effectuées par la Société de l'assurance
automobile du Québec. Ce qui veut dire, en bref, que le contrôle
routier sera administré selon des ententes des différents
ministères avec la Société de l'assurance automobile du
Québec, que la Société de l'assurance automobile du
Québec, parce qu'elle a un bon bilan, tout le monde a accepté que
ce soit confié à la Société de l'assurance
automobile du Québec, alors que, normalement, ça devrait
être une responsabilité du ministère ou de la
Sûreté du Québec.
Nous avons concouru mais nous avons voulu que le conseil
d'administration ne soit pas celui qui ait l'entière
responsabilité mais, au contraire, que le ministre, comme dans un
système démocratique, dans des opérations de cette nature,
soit responsable devant le Parlement. Ça veut dire qu'en tout temps nous
pourrons interroger le ministre sur les activités de contrôle
routier de la Société de l'assurance automobile du Québec,
que le ministre aura une poignée aussi. C'est bon pour l'Opposition,
pour le public de pouvoir poser des questions, mais c'est bon pour le ministre
aussi puisque, étant indiqué dans la loi qu'il doit
répondre aux questions à l'Assemblée nationale concernant
le contrôle routier, le ministre en même temps est en droit de
faire en sorte que la Société de l'assurance automobile respecte
son autorité, respecte ses obligations envers l'Assemblée
nationale. Et je pense qu'à ce moment-là les lignes
d'autorité sont bien établies. Et c'est le ministre qui a
l'autorité devant le Parlement. C'est important que ce soit le ministre
qui ait l'autorité devant le Parlement et non pas une
société qui a une autonomie assez grande pour des fins
d'administration d'un régime d'assurance. Essentiellement, la
Société de l'assurance automobile est une société
d'assurance. C'est bon qu'on n'intervienne pas à toute minute dans la
société d'assurance. Mais pour les fins de contrôle routier
qui est une activité quasi policière, de nature policière,
en tout cas, d'inspection sûrement, il est important que ces dispositions
soient là pour qu'on puisse intervenir et que le Parlement,
l'Assemblée nationale garde ses prérogatives par rapport à
une telle administration.
En plus, ça a été long, mais c'est arrivé:
un rapport distinct. La Société ne voulait pas. Pour le ministre,
ça aurait été plus facile, je pense... (16 h 30)
Une voix: Non, dis que non.
M. Garon: Le ministre ne voulait pas... Pardon! On sentait qu'il
y avait une pression. Finalement, ça va être mis dans la loi qu'un
rapport distinct des activités de contrôle routier
administré par la Société de l'assurance automobile du
Québec sera déposé à l'Assemblée nationale;
et non seulement déposé, mais on a même
fait changer la date - du 31 mai pour le 30 avril - où le rapport
devra être remis par la Société de l'assurance automobile
au ministre. Pourquoi? Pour ne pas que le rapport soit rendu public en fin de
session, à la fin de juin, alors que tout le monde est dans un brouhaha
indescriptible et dans des discussions qui portent sur 50 sujets. On voudrait
que le rapport soit déposé plutôt au début de mai,
lorsque le ministre l'aura reçu à la fin d'avril. Il pourra le
déposer avant si la Société le lui remet avant. Et on dit,
dans certains cas: "...le lui a remis avant les rapports qu'eite doit lui
remettre annuellement", ce qui veut dire, au fond, que c'était
possible.
À ce moment-là, il y aura un rapport annuel
différent, de la Société de l'assurance automobile, pour
des fins d'assurance-automobile et il y aura un autre rapport pour des fins de
contrôle routier. Et je pense que c'est bon pour le public parce que
ça donne beaucoup plus de visibilité au contrôle routier,
ce qui va permettre un meilleur contrôle par le Parlement, par les
parlementaires qui représentent des gens et, aussi, pour l'industrie,
pour tous les gens qui sont dans ce secteur-là du camionnage, les
camionneurs, les expéditeurs, les transporteurs, qui pourront avoir des
données officielles publiques, chaque année, sur l'état du
contrôle routier. Ce sera une administration plus démocratique
faite en face de tout le monde, où les gens pourront questionner le
gouvernement, le ministre responsable de la Société de
l'assurance automobile et du contrôle routier. À ce
moment-là, ceux qui auront des questions pourront soit les poser au
ministre, s'ils ne sont pas satisfaits, ou en parler à l'Opposition pour
qu'on pose des questions publiquement et, à ce moment-là, les
gens jugeront les réponses qui auront été obtenues.
M. le Président, l'Opposition considérait anormal que le
contrôle routier relève d'une société dont la
mission principale est d'administrer un régime d'assurances.
L'Opposition reconnaît cependant les besoins énormes en
matière de contrôle routier au Québec, son importance
encore plus grande en période de déréglementation de
l'industrie du camionnage, comme c'est le cas actuellement en Amérique
du Nord, et la grande crédibilité de la Société de
l'assurance automobile du Québec pour réaliser un contrôle
routier efficace. On l'a dit à la Société, je l'ai dit
personnellement, j'ai dit: On accepte l'essai avec vous, avec la
Société de l'assurance automobile. On sait que c'est
exceptionnel, mais, comme votre bilan d'administration, depuis 13 ans, est
excellent, que les gens sont prêts à vous faire confiance, que les
différentes lois d'inspection dans le domaine routier vont toutes, par
une entente ministérielle ou interministérielle, relever de
l'assurance automobile, on a l'occasion, dans ce projet, de faire en sorte
d'essayer de faire vraiment, au point de vue du contrôle routier, un
essai avec une organisation qui va faire l'en semble du contrôle routier
sous un même chapeau. Et je suis persuadé que si cet essai est
loyal, je pense, avec la Société de l'assurance automobile...
Le ministre a accepté de lui faire confiance, de remettre le
contrôle routier - on sait à quel point c'est délicat -
à la Société de l'assurance automobile. Nous avons
accepté à notre corps défendant, mais on a accepté
quand même, parce qu'on a dit: S'il y a une chance que ça
réussisse, c'est peut-être là qu'est la meilleure chance.
Et si l'essai qui est fait par rapport au contrôle routier - parce que,
en réalité, ça équivaut à un essai - un
succès, je suis persuadé que cette formule pourra être
imitée dans d'autres secteurs où, actuellement, des lois sont
administrées de façon un peu disparate dans différents
secteurs.
Lorsque j'étais au ministère de l'Agriculture, j'avais
rapaillé à peu près toutes les lois de l'inspection
alimentaire au ministère parce que je trouvais que c'était plus
efficace. Et je pense que c'était une bonne chose d'avoir
regroupé, sous le service alimentaire du ministère de
l'Agriculture, toutes les lois d'inspection alimentaire pour avoir une
inspection plus cohérente, qu'il s'agisse des produits laitiers, des
produits carnés, des poissons, quels que soient les aliments, au sein
d'un même organisme, d'un service d'inspection du ministère de
l'Agriculture. Mais je pense qu'au point de vue du contrôle routier,
c'est une bonne chose aussi de faire la même chose, de procéder de
cette façon-là en regroupant ce qui concerne le contrôle
routier. Je ne dis pas que ça va être facile. Je sais que les
ententes ne sont pas encore négociées, qu'il faudra qu'il y ait
des négociations de ministère à ministère ou
à société, avec la collaboration du ministère des
Transports et les différents ministères touchés et que,
dans certains cas, il y aura même des réticences. Mais ce qu'il
sera possible de mettre ensemble sur le plan du contrôle, ce que les gens
accepteront de mettre ensemble par des ententes, je suis persuadé que
ça pourra faire un système plus efficace, et je fais confiance.
On fait confiance, en ce sens qu'on doit faire un essai loyal. C'est en ce
sens-là que le ministre a accepté qu'il puisse y avoir un
contrôle de l'Assemblée nationale, qu'il soit responsable devant
l'Assemblée nationale.
C'était notre condition. On a dit: On est prêt à
faire l'essai loyal de la Société de l'assurance automobile et
nous avons souhaité bonne chance à la Société de
l'assurance automobile, parce qu'on pense que ça va être
bénéfique pour l'ensemble des Québécois qu'un
contrôle routier efficace puisse opérer au Québec, en
gardant la vérification au Parlement. Parce que le ministre a
accepté la demande de l'Opposition d'amender le projet de loi 108 afin
d'obliger la Société de l'assurance automobile à remettre
au ministre un rapport distinct sur les activités de contrôle
routier en plus de celles de l'assurance automobile, l'Opposition va
appuyer le projet de loi 108. L'amendement prévoit également que
le ministre devra déposer ce rapport à l'Assemblée
nationale en plus du rapport annuel de la Société de l'assurance
automobile.
M. le Président, je souhaite que la façon de travailler
qui s'est faite au sein de cette commission de l'aménagement et des
équipements... Depuis longtemps, les gens me disent souvent que je
bataille vigoureusement dans les commissions parlementaires, mais j'ai souvent
dit à ceux qui me disaient que je faisais de la politique, que la
meilleure façon d'en faire, c'est souvent de ne pas en faire.
Le ministre était méfiant. Je suppose qu'il avait entendu
les commentaires de ses collègues, mais comme il n'avait pas le choix
à cause de la fin de la session, je pense qu'il a accepté de
jouer le jeu. Je pense qu'aujourd'hui, le ministre va être sûrement
l'un des défenseurs d'une façon différente d'opérer
en commission parlementaire, où les députés auront un plus
grand rôle à jouer. Les députés représentent
une conscience quand ils font leur travail de député, au point de
vue des représentations qu'ils ont dans leur comté, une
conscience populaire. C'est leur rôle, d'ailleurs, d'être les
représentants du peuple et les députés représentent
l'ensemble de la population. Moi, je pense qu'il faut les laisser parler, il
faut être moins poigne par le parlementarisme britannique qui ne
correspond pas, à mon avis, du tout à notre façon de
faire.
En Angleterre, vous comprenez, ils ont des règles qui leur
viennent de la tradition tellement lointaine, dans des traditions qui sont des
coutumes, qui ont force de loi, avec lesquelles nous, d'esprit plus
français, on n'est pas habitués, avec lesquelles on fonctionne
mal, parce qu'on est habitués avec des encadrements différents et
que nous sommes des gens d'Amérique du Nord aussi. Je pense qu'un
Québécois... J'aime beaucoup la définition que M. Guy
Rocher avait donnée après une année sabbatique
passée en Californie. Le grand sociologue québécois avait
dit: Qu'est-ce qu'un Québécois? Dans son année sabbatique
en Californie - je pense que c'est à Berkeley - il était
arrivé en écrivant un article et il avait dit: Ma
définition d'un Québécois maintenant... Un
Québécois, pour moi, c'est un Nord-Américain de langue
française. Moi, j'ai adopté cette définition-là. Je
pense qu'un Québécois, c'est vraiment un Nord-Américain de
langue française. On est plus à l'aise dans des institutions qui,
aujourd'hui, ressemblent beaucoup plus...
J'aimerais que les commissions parlementaires ressemblent beaucoup plus
à ce qu'on trouve aux États-Unis sous un régime
présidentiel ou en France et à un mariage des deux où les
députés ont un rôle plus grand à jouer, ils peuvent
s'exprimer. Aux États-Unis, les députés ont un rôle
à jouer. On a des relations plus étendues, on a un comité
parlementaire qui vient d'être formé sur les relations avec les
Américains. Je suis content d'être le vice-président de ce
comité parlementaire en relation avec les Américains. Il y a un
président et un vice-président aussi du côté
ministériel. On a beaucoup à apprendre, je pense, du
parlementarisme américain qui est d'origine présidentielle, mais
qui donne une plus grande latitude aux représentants du peuple,
où les Sénateurs sont élus et où le peuple est
mieux représenté et où les gens ont un pouvoir
d'expression beaucoup plus grand. Ici, les députés sont poignes
dans un parlementarisme britannique où, si on ne vote pas toujours
à 100 % unanimement du côté ministériel, le
gouvernement va tomber. C'est fou raide, M. le Président! Un
système comme ça, ça ne peut pas marcher.
À mon avis, le gouvernement ne devrait pas tomber parce que des
députés, sur une motion, sur une mesure, ne votent pas de la
même façon que le gouvernement. Je pense qu'il devrait y avoir des
règles dans notre Constitution, comme il y en a aux États-Unis
où le gouvernement a le droit de gouverner, mais par ailleurs,
l'Assemblée, les représentants du peuple ont le droit de
s'objecter à une mesure du gouvernement même au-delà des
partis politiques. L'esprit du parlementarisme britannique établit un
rapport trop partisan dans les relations parlementaires et notre système
devrait évoluer vers un système moins partisan. (16 h 40)
Je suis content de voir que le ministre - il était pogné
un peu, il n'avait pas trop le choix, mais il a accepté; il aurait pu
dire non - ait accepté de jouer le jeu et je pense qu'aujourd'hui ceux
qui ont vécu l'expérience de l'étude de la loi 108 sur la
sécurité routière en commission parlementaire sont tous
plus heureux. On a été chanceux, les bureaux des leaders nous ont
laissé la paix. Les bureaux des leaders... Je pense que le leader du
gouvernement a dit au ministre: Tu arrives en fin de session, tu as 260
articles, 75 pages de législation, tu es pogné avec Garon, le
député de Lévis, bonne chance! On vous laisse,
organisez-vous! Mais, justement, on s'est organisés mieux que s'il s'en
était mêlé. Je pensé qu'aujourd'hui les
députés qui ont vécu l'expérience de part et
d'autre sont plus satisfaits. Vous demanderez au député de
Lotbinière, au député d'Arthabaska, au
député de Dubuc, au député de Saguenay, à
tous les députés qui ont participé à la commission
parlementaire, ils vont vous dire: On a eu la paix. Les problèmes qu'on
a eus c'est quand les bureaux des leaders s'en mêlaient. Là on
était pris. On se rencontrait et on disait: Qu'est-ce qui nous arrive?
On ne le sait plus, on va attendre que les bureaux des leaders se parlent,
alors que nous c'était facile parce qu'on voulait que le projet de loi
marche, on était conscients de l'importance de ce projet de loi et on
voulait qu'il fonctionne, mais on
voulait qu'il y ait des changements. Il y a des députés
ministériels qui voulaient des changements autant que nous. alors, je
pense que l'exemple... j'ai oublié de nommer le député de
saint-jean qui était là également, ici, qui a eu
l'occasion de prendre la parole en commission parlementaire. je suis
persuadé que lui aussi était heureux du travail qui était
fait sur le projet de loi 108. je le dis parée que je souhaiterais, moi
personnellement... j'étais d'accord avec la réforme
parlementaire, j'étais d'accord, lorsqu'elle a été faite
en 1984, pour que les députés jouent un plus grand rôle
parée qu'ils ont une conscience populaire. les députes ont des
problèmes, les gens les appellent, ils savent comment ça se passe
dans les comtés, comment une loi peut avoir des effets quand elle est
mal ou bien appliquée. et, souvent, les lois ne viennent pas du
ministre, qui ne peut pas avoir un doctorat global parce qu'il est nommé
ministre, mais des fonctionnaires. moi, je me rappelle tellement quand les
fonctionnaires me disaient: si, comme ministre, vous pouviez prendre telles
dispositions, vous auriez plus de pouvoirs. j'avais envie de rire. je disais:
oui, mais, si j'ai ces pouvoirs, qui va les appliquer? c'est vous autres, ce
n'est pas moi qui aurai plus de pouvoirs, ça va être vous autres.
je ne suis pas d'accord. j'aime autant qu'il y ait plus de pouvoirs à
l'assemblée, j'aime autant qu'il y ait plus de pouvoir dans les
différents organismes de contrôle justement pour ne pas que la
bureaucratie soit laissée libre de faire n'importe quoi. c'est notre
rôle et je pense qu'actuellement, quand on regarde la machine
gouvernementale, à québec ou à ottawa, dans les principaux
pays du monde, il ne faut pas laisser la machine gouvernementale aller
librement. au contraire, c'est le rôle des représentants du peuple
que sont les députés d'intervenir, de prendre le contrôle,
de faire en sorte que les lois reflètent le bon sens et non pas, des
fois, un plus grand confort de la bureaucratie ou de la fonction publique qui
n'aura pas à rendre de comptes. il faut qu'elle rende des comptes, et
c'est notre rôle et je pense que c'est ce que nous avons fait en
commission parlementaire.
M. le Président, la loi n'est pas parfaite. On aurait mieux
aimé qu'il y ait d'autres changements, mais je peux vous dire que, dans
l'ensemble, il y a beaucoup de choses qui ont été faites dans ce
projet de loi. Je souhaite que le contrôle routier, tel qu'il sera
appliqué par la Société de l'assurance automobile, ait un
plus grand bienfait.
Je voudrais remercier le ministre - je ne suis pas un gars qui remercie
souvent - de son attitude bienveillante. Je lui souhaite bonne chance. Je lui
dirai, qu'à l'avenir, il devrait continuer à accepter de dire
que, dans les commissions parlementaires, ce sont les présidents de
commission avec les ministres et les porte-parole de l'Opposition qui doivent,
avec le ministre, davantage définir les règles du jeu pour qu'un
projet de loi puisse être bonifié. J'ai remarqué, par
exemple, que le projet de loi sur la santé ne sera pas adopté
avant la fin de session, qu'il y aura des sessions en janvier, en
février et en mars. C'est une bonne affaire. Ça va permettre un
meilleur débat, sans pression. On a fait des bills privés au
cours de l'intersession pour la ville de Québec. Les gens qui
étaient opposés ont pu venir, ils ont pu dire ce qu'ils
pensaient. Finalement, les lois ont été faites mais, à la
fin, personne n'était frustré et on n'avait pas l'impression
d'être traités comme des enfants de choeur ou des nonos qu'on
brasse, à qui on dit: Attendez-là, promenez-vous là. On
avait le temps de venir s'exprimer, les gens qui étaient contre avaient
le temps de s'exprimer. Finalement, il y avait une décision qui
était prise, mais tout le monde avait le sentiment que les institutions
les avaient respectés. Si on veut que les institutions politiques soient
respectées, il faut que les gens aient le sentiment également
que, lorqu'ils viennent au Parlement, les parlementaires, les institutions les
respectent parce que les gens habituellement ne respectent pas les institutions
qui ne les respectent pas.
Alors, je vous remercie, M. le Président. Ça fait
longtemps que je voulais faire ce discours-là, je l'ai fait aujourd'hui.
Je crois profondément à ces valeurs-là qui sont la seule
base. La règle de droit, c'est la base d'une société
civilisée. La loi, c'est la base d'une société
civilisée. Dans les sociétés qui ne sont pas
civilisées, c'est le plus fort qui l'emporte, comme, dans le Far West,
celui qui tirait le "gun" le plus rapidement était le roi.
Mais quand on a une règle de droit dans une
société, c'est ça qui fait les relations civilisées
et, pour qu'il y ait une règle dé droit démocratique, il
faut que les gens puissent s'exprimer, que les représentants du peuple
puissent s'exprimer librement, et celui qui pense différemment n'est pas
un bandit parce qu'il pense différemment. Il y a des gens qui pensent
différemment et qu'on respecte, mais, comme on discute entre êtres
humains, pour arriver à la meilleure solution possible, il faut que le
débat soit ouvert, libre, et c'est ce que nous avons pu faire en
commission parlementaire avec ce projet de loi qui, je pense, est meilleur
qu'il ne l'était lorsqu'il a été présenté.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Il n'y a pas de réplique, M. le
ministre? Alors, je mets aux voix... Est-ce que le projet de loi 108, Loi
modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Oui, Mme
la ministre de l'Enseignement supé-
rieur.
Mme Robic: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 24, s'il vous plaît.
Projet de 106 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 24 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de
loi 106, Loi modifiant la Loi sur le transport par taxi. M. le ministre des
Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président. J'ai présenté ce
projet de loi en Chambre le 15 novembre et il a été adopté
en principe. Il a été étudié en commission
parlementaire et je dois vous avouer, M. le Président, que tout s'est
bien déroulé, tout a bien été et qu'il n'y a eu pas
d'objection ou... Alors, je propose l'adoption du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Transports. M. le député de Lévis, sur le même
projet de loi 106.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, les gens du taxi m'ont
téléphoné. Ils avaient peur que le projet ne soit pas
adopté et ils se demandaient de quelle façon ça arriverait
en fin de session. Finalement, j'ai parlé avec le ministre et j'ai dit
aux gens du taxi: Ça ne dépend pas de nous, ça
dépend si le gouvernement l'appelle. J'ai dit la même chose au
ministre.
Le projet de loi a été appelé. C'est un projet de
loi que tout le monde est d'accord pour adopter. Il est arrivé à
terme. L'industrie est d'accord sur le projet de loi et c'est pourquoi nous
avons fait le travail en commission parlementaire pour qu'il soit
adopté, et nous sommes d'accord pour son adoption en troisième
lecture.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, m. le
député de lévis. est-ce que le projet de loi 106, loi
modifiant la loi sur le transport par taxi, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui, mais...
M. Pagé: M. le Président, le projet de loi 106 est
adopté, le projet de loi 108 est adopté. Nous avions convenu
d'amorcer la prise en considération du rapport de la commission du
budget et de l'administration vers 17 heures. Vous voulez procéder tout
de suite? Vous préférez procéder tout de suite ou...
Une voix: S'il vous plaît.
M. Pagé: C'est l'article 1 du feuilleton, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: d'ailleurs, on s'est entendu. m. le
président, je veux que ce soit bien clair, on s'est entendu pour que le
débat ait cours pendant un maximum de temps de 1 h 30.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): 1 h 30?
M. Chevrette: M. le Président, 30 secondes. Je peux
peut-être...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: II y a entente pour laisser parler le
député de La Prairie et, après ça, vous passez
quelques législations et on appellera subséquemment...
Une voix: Dans une heure.
M. Chevrette: ...le rapport de la commission du budget.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que, et je
m'adresse aux deux leaders, il y a une entente relativement au temps à
être utilisé de part et d'autre ou si vous désirez laisser
ça en suspens?
M. Chevrette: C'est moitié moitié d'une heure et
demie, M. le Président. 90 minutes, donc 45 minutes.
Le Vice-Président (M. Lefevre): Alors, 1 h 30 pour
l'ensemble du débat, M. le leader de l'Opposition officielle, et vous
demandez, j'imagine, d'en faire un ordre de la Chambre?
M. Chevrette: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée, M. le leader du gouvernement? Alors, MM. les leaders, avant
de procéder à l'article 1, je voudrais vous indiquer, au cas
où il y aurait eu de la confusion tout à l'heure lorsque M. le
leader a appelé l'article 41 relativement au projet de loi 258, que je
me suis
assuré que les deux étapes du projet de loi avaient bel et
bien été franchies et que le projet de loi 258, M. le leader du
gouvernement, a été adopté, suite, évidemment, au
consentement qui m'avait été manifesté, je veux vous faire
les mêmes commentaires relativement au projet de loi 272, tout ça
dans le but qu'il n'y ait pas de confusion. (16 h 50)
Débats sur rapports des commissions
Prise considération rapport de la
commission a étudié
l'opportunité
de maintenir ou de modifier la
sur la fonction publique
Alors, à l'article 1 de notre feuilleton, l'Assemblée
prend en considération le rapport de la commission du budget et de
l'administration qui a étudié l'opportunité de maintenir
en vigueur ou de modifier, le cas échéant, la Loi sur la fonction
publique et qui a procédé, à cette fin, à une
consultation générale et tenu des audiences publiques, les 9, 10,
23, 24 et 25 octobre 1990, ainsi que des séances de travail et une
séance publique, les 13 mars, 29 mai, 16 août, 26 septembre et 11,
13 et 17 décembre 1990. Ce rapport, déposé le 17
décembre 1990, contient les observations, les conclusions et les
recommandations de la commission. Alors, tel qu'indiqué et
demandé, je reconnais maintenant M. le député de La
Prairie. M. le député.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, en
commençant, remercier les deux leaders, pour avoir fait preuve -
particulièrement le leader du gouvernement, oui - de souplesse dans
l'organisation du travail de cet après-midi, et remercier aussi le
président de notre commission qui a consenti à un léger
changement dans l'horaire, puisque je dois quitter un peu plus tôt que
tous les autres membres de la commission. M. le Président, en quelques
minutes, je voudrais faire part à cette Assemblée et à la
population de quelques remarques qui découlent de cette
expérience fructueuse que nous avons vécue à la commission
du budget et de l'administration depuis neuf mois.
La Loi sur la fonction publique avait prévu, dans un de ses
articles, qu'elle devait être étudiée par une commission
parlementaire, cinq ans après la mise en application de cette loi. C'est
pourquoi, sur un ordre de cette Assemblée, la commission du budget et de
l'administration s'est mise à l'oeuvre au mois de mars et je dois dire
aussi que c'est assez remarquable qu'une commission fasse rapport en respectant
l'échéancier qu'elle s'était tracé. Et, à
cet égard, on doit remercier les fonctionnaires, les chargés de
projets qui ont aidé les députés de cette com-
mission.
Le député de Lévis, tantôt, dans son
allocution, parlait du rôle accru des parlementaires, que la
réforme de 1984 avait prévu. Je crois que le travail
extrêmement constructif qui a été fait par cette
commission, depuis plusieurs mois, en étudiant la Loi sur la fonction
publique, démontre bien que les parlementaires, qu'ils soient d'un
côté ou de l'autre de la Chambre, peuvent concentrer leur
énergie, leur attention, leur intérêt à un projet
collectif, sans nécessairement prendre une attitude partisane. Alors,
nous avons abordé la loi. Nous avons reçu une cinquantaine de
groupes en commission parlementaire, des individus qui sont venus nous faire
part de leur expérience dans l'application de cette loi.
En résumé, il s'agit là d'une bonne loi, je dirais
même d'une loi qui était vue comme une loi d'avant-garde et qui
l'est encore, d'ailleurs. Malheureusement, son application n'a pas
été aussi heureuse, aussi fructueuse qu'on l'aurait
espéré. Et une des raisons, M. le Président, c'est qu'on a
confié... parce que le gouvernement avait une certaine latitude dans la
désignation du ministre ou des ministres responsables de la loi. Et avec
les années, surtout depuis deux ans, trois ans, le gouvernement a
confié à un seul ministre l'application de toute la Loi sur la
fonction publique.
Le président du Conseil du trésor, depuis quelques
années, a à appliquer l'ensemble de la loi. Et cette loi se
divise en deux: il y a toute la partie ressources financières de la
fonction publique, du Conseil du trésor, mais il y a la partie
ressources humaines aussi. Alors que le Conseil du trésor, de par sa
mission, de par sa vocation, est habilité, et le fait bien, à
être un bon surveillant des finances publiques, il n'est pas
habilité particulièrement et il n'a pas été
équipé non plus particulièrement pour jouer son rôle
de promotteur de la formation du personnel, des fonctionnaires, du
perfectionnement du personnel, du recrutement du personnel, si bien que le
volet ressources humaines a été, jusqu'à un certain point,
négligé. C'est pourquoi nous sommes arrivés à la
conclusion, l'ensemble des députés de cette commission
parlementaire, qu'il faut créer un nouveau poste. Il faut créer
un nouvel équilibre dans l'application de cette Loi sur la fonction
publique. Nous pensons qu'elle est bonne, cette loi, qu'elle doit être
maintenue à peu près intégralement, mais nous pensons
qu'il faut ajouter un nouveau ministre, un ministre
délégué à la Fonction publique et au Service aux
citoyens.
Une voix: Bravo!
M. Lazure: Pourquoi au Service aux citoyens? Parce que l'article
2 de cette loi - et c'est fondamental - dit: L'objet de cette loi, c'est le
service aux citoyens. Dans la création de
ce nouveau ministère, de ce nouveau personnage ministre
délégué à la Fonction publique et au Service aux
citoyens, nous voulons symboliser en même temps et garantir que la
fonction publique, les employés de l'État, les serviteurs de
l'État seront véritablement au service de la population. Nous
pensons qu'avec l'ajout de ce ministre délégué à la
Fonction publique et au Service aux citoyens, nous introduisons un
équilibre plus sain entre l'accent mis sur les finances et le manque
d'accent, si je peux dire, sur les ressources humaines. Ce ministre
délégué à la Fonction publique et au Service aux
citoyens sera en même temps, comme nous le suggérons,
vice-président du Conseil du trésor. Alors, voilà pour une
des recommandations importantes. Il y en a plusieurs. Il y a une quarantaine de
recommandations, M. le Président.
Je m'attarde à un autre aspect et c'est le dernier dont je veux
traiter: les comptes que doivent rendre les fonctionnaires à la
population par le biais des élus, par le biais des
députés. On appelle ça l'imputabilité ou on appelle
ça rendre des comptes. La loi, dans sa philosophie, à l'origine,
voulait, souhaitait que, graduellement, les fonctionnaires, avec non seulement
l'appui des ministres, des élus, du Conseil exécutif, mais, je
dirais même, avec l'encouragement du Conseil exécutif, que, de
plus en plus, les députés puissent rencontrer, en présence
du ministre ou sans le ministre, peu importe... Parce qu'il faut bien se
souvenir que le ministre garde toujours la responsabilité ultime des
faits et gestes de tout ce qui se passe dans son ministère. Ça,
c'est clair. Dans notre système parlementaire britannique, le ministre
est celui - ou celle si c'est la ministre - qui répond des faits et
gestes de tout son ministère devant la population ici, dans cette
Assemblée nationale. Cependant, il arrive tous les jours, dans
l'administration quotidienne d'un ministère, que les hauts
fonctionnaires prennent des décisions qui pourraient être
expliquées à des députés. Les députés
auraient avantage à mieux connaître, souvent, ce qui a
motivé telle ou telle décision de tel ou tel haut fonctionnaire.
Et ceci s'applique non seulement aux ministères, mais aux organismes
d'État, qu'il s'agisse d'organismes d'État genre
Société de l'assurance automobile du Québec, Régie
de l'assurance-maladie, peu importe, toutes nos grandes sociétés
d'État, nos organismes publics.
Nous pensons que de plus en plus, justement dans le cadre de la
réforme parlementaire qui avait été endossée par
l'ensemble de l'Assemblée, en 1984, les députés devraient
faire preuve de plus d'initiative. Les commissions parlementaires devraient
faire preuve de plus d'initiative. Elles devraient aussi être mieux
appuyées par le Conseil exécutif, mieux appuyées
financièrement aussi. Qu'on donne les moyens aux commissions
parlementaires de procéder à des mandats d'initiative et qu'on
leur donne, aux commissions parlementaires, les moyens aussi d'étudier
plus à fond, par exemple, les rapports annuels de tous les
ministères. Mais pour que ces études à fond de rapports
annuels soient fructueuses, il faut changer la formule des rapports annuels. Il
faut que les rapports annuels contiennent des renseignements plus instructifs
pour les députés et pour la population.
M. le Président, une dernière remarque, peut-être.
Nous pensons, des deux côtés de la Chambre, que non seulement la
fonction première de l'employé de l'État, c'est
d'être au service de la population, mais nous pensons aussi que la
qualité de la formation et la qualité du climat dans lequel
travaillent les employés de la fonction publique sont extrêmement
importantes puisque, dans la mesure où leur climat de travail sera
favorable, sera positif, dans la même mesure, les employés de
l'État seront dans des dispositions pour rendre des services de
qualité à la population.
Et c'est ainsi qu'il faut retenir que les employés de
première ligne, les fonctionnaires de première ligne, qu'ils
soient des professionnels, qu'ils soient des techniciens, peu importe leur
titre, mais les gens de la fonction publique qui sont au comptoir, qui
reçoivent le citoyen et la citoyenne, c'est sur eux et sur elles, ces
employés de première ligne, que repose la qualité du
service à la population. Et peut-être que cet ensemble très
nombreux de fonctionnaires de première ligne a été
négligé dans le passé par les gouvernements. Et ce
fonctionnaire de première ligne, il nous paraît clair que le
gouvernement doit valoriser son travail plus qu'il ne l'a fait jusqu'ici.
M. le Président, en terminant, je veux, au nom de l'Opposition,
exprimer toute la satisfaction que nous avons eue à travailler en
collaboration avec le président de la commission, le
député de Vanier, ses collègues et, évidemment, la
satisfaction que j'ai eue à travailler avec mes collègues aussi.
Et nous devons nous réjouir de ce qu'un rapport d'une commission qui a
étudié une loi aussi importante que la loi de la fonction
publique, que cette commission arrive à un rapport unanime, M. le
Président, et qu'il soit rempli de promesses pour que nous ayons une
meilleure fonction publique et, par conséquent, des services de
meilleure qualité aux citoyens. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de La Prairie. Je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant sur ce sujet, M. le
député de...
M. Lemieux: II y a une entente.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a une entente?
M. Lemieux:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Bon
Une voix: Je m'excuse, mais il y a une entente entre les
leaders.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je sais qu'il y a une
entente, mais...
Une voix:.
Le Vice-Président (M. Bissonnet):... nous allons suspendre
pour quelques instants.
Une voix: Oui. (Suspension de la séance à 17 h
3)
(Reprisée 17 h 4)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
L'Assemblée reprend ses travaux. Je fais remarquer aux membres de
cette Asssemblée que le député de Vanier a suspendu le
débat sur la prise en considération du rapport de la commission
du budget et de l'administration. Je suis prêt à reconnaître
maintenant Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Robillard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 18, s'il vous plaît.
Projet de 97 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 18,
M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle propose l'adoption du projet de loi 97, Loi
modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions
législatives. Alors, je suis prêt à reconnaître le
premier intervenant sur ce projet de loi, M. le ministre de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous franchissons
aujourd'hui l'étape ultime d'un long processus qui a conduit à la
révision de la Loi sur les normes du travail. Nous avons
procédé à un long débat en cette Chambre lors de
l'adoption de principe de ce projet de loi. Nous avons passé 41 heures
en commission parlementaire à examiner le projet de loi article par
article. Hier, nous avons également discouru longuement lors de la prise
en considération du rapport de la commission parlementaire et j'ai
personnellement eu l'occasion de discourir pendant au-delà de 30 minutes
sur le sujet. Il m'apparaît donc, M. le Président, qu'en ce qui me
concerne tout a à peu près été dit sur ce projet de
loi là et, quant à moi, je serais disposé à
procéder immédiatement à l'adoption de ce projet de loi.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je suis prêt à reconnaître le prochain intervenant sur ce
dossier, M. le député de Pointe-aux-Trembles. M. le
député, la parole est àvous.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais d'abord souligner
qu'il y avait plus d'une décennie que te législateur n'avait pas
retouché la loi relative aux normes minimales du travail et,
d'entrée de jeu, je dirai que le projet de loi que le ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle a piloté comporte des améliorations. Cependant,
nous estimons qu'il n'en comporte pas assez pour que notre parti y souscrive et
vote en faveur, tout en reconnaissant que certains efforts ont
été consentis.
Un des efforts faits dans cette loi, c'est d'instituer que le recours en
cas de congédiement puisse se faire après trois années de
service, alors que la loi actuelle ne prévoit ce recours qu'après
cinq années de service; ce sera après quatre années au 1er
janvier prochain, très bientôt, et après trois ans le 1er
janvier 1992. Même avec cette amélioration incontestable, il y
aura encore une forte proportion des gens au salaire minimum surtout qui ne
pourront pas s'en prévaloir, parce qu'un nombre très important de
ces personnes ne restent même pas trois ans pour le même employeur.
Et c'est dans cette optique que nous avions proposé de permettre
d'exercer ce recours après un an au lieu de trois ans. Mais ça ne
nous empêche pas de considérer qu'il y a un certain progrès
à ce que ce soit trois ans au lieu de cinq, sans compter que les
employés occasionnels de l'État, dorénavant, seront
assujettis aux normes minimales. Je tiens à dire, au nom de l'Opposition
officielle, que c'est une amélioration incontestable que le projet de
loi introduit, que l'État soit assujetti aux normes minimales. Pour les
gens qui nous regardent à la télévision, ça peut
paraître incroyable, mais les normes minimales s'appliquaient à
tous les employeurs du Québec, sauf le gouvernement du Québec.
Dorénavant, ça s'applique à l'État et ça
veut dire qu'à certaines conditions les employés occasionnels
dont on a fait grand cas au cours de la présente session pourront
l'invoquer s'ils sont congédiés sans motif fondé et
suffisant.
M. le Président, ma grande déception, quant à moi,
à l'égard de ce projet de loi, c'est quant aux licenciements
suite à des fermetures. Quand on pense que, sur l'île de
Montréal, on a connu
58 000 pertes d'emploi au cours d'un seul mois, récemment, c'est
dire qu'il y a des licenciements et que la récession frappe fort. Je
suis déçu qu'on se contente de prévoir un préavis
d'une à huit semaines avant le congédiement. Et le
préavis, il faut bien le noter, ce n'est pas une indemnité de
licenciement. Un préavis, on le donne en argent si on ne le donne pas en
temps. Mais, si on prévient deux mois d'avance, on peut faire à
peu près ce qu'on veut.
A cet égard, le Parti québécois, par la voix de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, a dit qu'il faudrait faire
mieux que l'Ontario au lieu de faire moins bien que l'Ontario. En Ontario, on a
un régime. C'est la province qui est notre principale concurrente au
plan économique, partenaire et concurrente en même temps. Donc, en
Ontario, les travailleurs victimes de fermeture se voient octroyer une semaine
de salaire par année de service, avec un maximum de 26 semaines;
ça laisse aux gens le temps de souffler. Quant à nous, on
proposait le rapport de Grand-pré, du nom du président de Bell,
qui n'est pas connu pour proposer des mesures extravagantes et qui, dans une
étude sur le libre-échange, disait: Occupons-nous des perdants,
parce qu'il y a des perdants quand les changements économiques se font,
et donnons une semaine d'indemnité lors d'une fermeture, jusqu'à
concurrence de 26 semaines; mais, pour les travailleurs âgés de 50
ans et plus, donnons une demi-semaine par année de plus, soit un maximum
de 39 semaines. Je pense que c'est une chose qui se serait imposée.
Le ministre nous a fait la promesse qu'éventuellement, dans la
loi sur la formation professionnelle qui contient déjà un
préavis de trois mois en cas de fermeture, il reviendrait
là-dessus. Mais nous sommes déçus de ne pas trouver
ça dans la loi actuelle; ça aurait pu être là, comme
ça l'est en Ontario. Sans compter que, quand une grande entreprise se
retrouve avec un excédent de capacité de production, dans la
situation actuelle, comme il n'y a pas l'indemnité de fermeture, eh
bien, ça devient plus payant de fermer au Québec que de fermer en
Ontario. Donc, si le ministre devait donner suite à sa promesse d'agir
plutôt dans la loi sur la qualification professionnelle, ce serait
toujours ça. Mais pour tout de suite, et c'est une des raisons pour
lesquelles nous allons voter contre le projet de loi, on tire de
l'arrière par rapport à l'Ontario.
M. le Président, 25 % des bénéficiaires de l'aide
sociale aptes au travail ont occupé un emploi 20 ans d'affilée.
Alors, c'est dire que ce ne sont pas des personnes qui sont dans une culture du
chômage. Ce sont des personnes très nombreuses, il y en a des
centaines de milliers, qui ont vécu des fermetures suite aux changements
dans l'économie. On n'est pas contre le changement économique,
mais il faut préconiser la formation professionnelle, l'adaptation de la
main-d'oeuvre et, avec une indemnité d'une semaine et demie par
année pour les 50 ans et plus, d'une semaine par année pour les
moins de 50 ans, ça pourrait aller de 26 à 39 semaines, pour que
les gens aient le temps de souffler.
On a également demandé au ministre s'il avait l'intention
d'instituer un fonds d'indemnisation des travailleurs victimes de faillite. On
a vu à la période des questions qu'il y a eu au moins 3000
faillites depuis le début de l'année au Québec. Le
ministre nous a répondu en gros que ça serait trop coûteux.
C'est trop coûteux parce qu'il y a beaucoup de faillites, mais c'est
extrêmement coûteux pour des personnes qui, suite à une
faillite, se retrouvent avec des salaires non payés. Je pense que c'est
une situation intolérable.
M. le Président, dans mon propre comté, il y a des
travailleurs qui étaient pour l'Agence de sécurité
Ville-Marie, pour la compagnie Shell, qui ont perdu des salaires suite à
une faillite et ils ne pourront jamais les récupérer. Le syndicat
qui regroupe des milliers d'agents de sécurité au Québec,
les Métallurgistes Unis d'Amérique, me disait, M. le
Président, qu'au total, juste pour les agents de sécurité,
il y a d'accumulés 1 000 000 $ de salaires pas payés suite
à des faillites. À cet égard, M. le Président,
c'est une grande déception que le ministre ne s'engage pas à
avoir un fonds d'indemnisation. On a, M. le Président,
l'assurance-récolte pour les agriculteurs, on pourrait bien trouver une
forme de fonds d'indemnisation qui compense les gens victimes d'une
faillite.
Mais, en attendant, je dis aux travailleurs qui ont perdu du salaire
à cause d'une faillite de ne pas désespérer. Le ministre
de l'Industrie et du Commerce a mis sur pied une brigade avec un numéro
de téléphone pour s'occuper de toutes les entreprises en
difficulté. Généreux comme je le connais, ça doit
s'appliquer aux travailleurs. Alors, les travailleurs victimes de faillites qui
m'écoutent, leurs proches ou leurs parents, dites-leur d'appeler
1-800-461-AIDE et, à cet endroit, une brigade, qu'on peut appeler une
brigade rouge, va s'occuper de leur perte de salaire suite à une
faillite. Je répète le numéro, ça se fait comme
ça, "just like that", comme dans le commercial: on appelle
1-800-461-AIDE et, là, 24 heures par jour, 7 jours par semaine,
même le dimanche, le ministre n'est pas toujours là, mais il y
aura quelqu'un pour les recevoir, pour trouver un moyen afin qu'ils
récupèrent du salaire qu'ils ont gagné et qui ne leur est
pas versé.
Évidemment, M. le Président, il y a d'autres
déceptions dans la loi, la Commission-Jeunesse du Parti libéral
parlait d'interdire les clauses orphelins dans les conventions collectives. Une
clause orphelin, c'est une clause qui dit: Les jeunes, les femmes, les
minorités culturelles qui entrent dans une entreprise, les nouvelles et
les nouveaux vont avoir un salaire plus bas que les anciens. Le ministre n'a
pas donné suite a cette recommandation de la Commission jeunesse du
Parti libérai. Souhaitons que, comme pour la taxe sur le livre,
la Commission-Jeunesse se trouve des alliés, des ministres femmes, en
grand nombre; qu'ils aillent au conseil général du Parti
libéral et peut-être qu'à un moment donné les
clauses orphelins seront interdites.
Il y a une autre chose qui ne nous convient pas, M. le Président,
c'est les temps partiels dont on dit qu'ils vont avoir un peu, pas beaucoup, de
moins en moins avec le dernier amendement, le même salaire que les temps
complets et, parmi les nombreuses restrictions qu'on met, on dit que ceux qui
gagnent le double du salaire minimum pourront être discriminés et
avoir un salaire inégal. La Commission des droits de la personne a dit
que la clause n'était pas légale. Donc, ça va aller devant
les tribunaux au lieu d'aller au fonds et de régler ça tout de
suite.
Il y a les travailleurs agricoles d'entreprises ayant jusqu'à
trois personnes à plein temps et un nombre de surnuméraires
inimité. Ça peut faire 603 personnes plus les 3 personnes
propriétaires de la ferme qui ne seront pas couvertes par les normes
minimales, sauf un petit peu par les congés parentaux, mais très
peu. Il y a la durée du travail qui n'est pas modifiée. C'est le
temps supplémentaire après 44 heures par semaine, M. le
Président, et ça peut prendre la forme de deux journées de
15 heures et une journée de 14 heures. Ça ne donne pas lieu
à une seule heure de temps supplémentaire. Il y a les vacances
où on fait un pas timide, mais un pas quand même pour que,
graduellement, la troisième semaine devienne acquise après 5 ans
au lieu de 10 ans. Mais 5 ans, c'est en 1995; c'est dans 5 ans que ce sera
réduit à 5 ans. C'est mieux que rien, mais c'est moins que les
besoins qui sont ressentis par la population.
Alors, M. le Président, je tiens à dire qu'il y a quelques
améliorations dans le projet de loi, mais que ce n'est pas suffisant et
qu'en termes de fermeture d'entreprises - on en a vécu dans le sud-ouest
et dans l'est de Montréal et on en vit maintenant dans le nord-est dans
le vêtement - je trouve déplorable que le Québec n'ait rien
qui puisse se comparer à l'Ontario. Je suis d'accord avec M. de
Grandpré, de Bell Canada, qui dit qu'en pratique il devrait y avoir des
indemnités, que ça devrait être considéré au
plan fiscal comme un gain de capital. M. de Grandpré a écrit un
texte très vrai en disant: Une femme dans le vêtement ou un homme
chez Vickers qui a donné 15, 20, 25 années de sa vie dans une
entreprise mérite plus qu'un préavis de 8 semaines pas
payées quand l'entreprise ferme.
J'espère donc qu'on pourra faire d'autres pas,
éventuellement, en termes de normes minimales.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Sur cette motion d'adoption du
projet de loi 97, Mme la présidente de la commission de
l'éducation et députée de Hochelaga-Maisonneuve. Mme la
députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup
d'intérêt que j'écoutais mon collègue, le
député de Pointe-aux-trembles, tourner en dérision,
finalement, l'absence de protection des travailleurs et travailleuses victimes
de faillite. vous aurez compris que le numéro de téléphone
qu'il a donné, c'est celui du service mis en place par le ministre de
l'industrie, du commerce et de la technologie pour les entreprises. mais il n'y
a pas de service autre que la commission des normes du travail pour les
employés; et les employés ne peuvent pas faire appel à la
commission des normes du travail en matière de faillite parce que la
disposition qui les concerne n'est pas mise en vigueur et que la loi est
terriblement vétusté. et, en plus, c'est une loi
fédérale, m. le président. vous vous rendez compte? il n'y
a pas seulement les chômeurs qui relèvent du fédéral
quand ils sont sur f'assurance-chômage, puis du provincial quand ils sont
sur l'aide sociale. il y a, en plus, les chômeurs qui, parce qu'ils sont
l'objet d'une faillite, ne peuvent même pas aller chercher le salaire qui
leur est dû parce que c'est une loi fédérale et qu'il se
traîne les pieds pour la changer.
J'ai peu de temps à ma disposition, M. le Président. Je
voudrais en profiter pour dire à quel point ce projet de loi est un
épisode, dans le début, si je me permets de le dire,
d'étapes encore à franchir en matière de modifications aux
normes du travail. J'ai eu l'occasion de le souligner, cela concerne des
millions de personnes dans notre société, c'est-à-dire
plus exactement tous les non-syndiqués; et les non-syndiqués dans
le secteur privé, ce n'est pas seulement la majorité, c'est 81 %
des travailleurs et des travailleuses. (17 h 20)
M. le Président, l'ouvrage est commencé. C'est ça,
le message qu'on veut vous laisser ce soir. Il y a une partie de l'ouvrage qui
est commencée, et je pense qu'il faut le reconnaître, mais
l'ouvrage n'est pas terminé, loin de là. Et c'est un peu
regrettable parce que le ministre aurait pu compter sur une Opposition qui ne
lui reproche pas d'en faire trop, mais qui lui reproche de ne pas en faire
assez. Ça, M. le Président, ce n'est pas si évident que
ça. Quand c'étaient nous qui étions de l'autre
côté, on ne nous reprochait pas de ne pas en faire assez, on nous
reprochait tout le temps d'en faire trop. On nous reprochait d'indexer le
salaire minimum trop souvent; on nous reprochait d'introduire des
législations sociales comme celle antiscab, par exemple, qui nous
distinguait de l'Amérique du Nord, et on nous le reprochait. On nous
repro-
chait d'avoir, en matière de législation sociale, une
générosité qui n'était pas la même que celle
de nos voisins du Sud ou d'à côté et on nous disait: Faites
attention! Vous allez faire fuir les capitaux, vous allez faire fuir les
entreprises. M. le Président, finalement, on a perdu ce leadership
social qu'on a eu il y a 10 ans maintenant.
Mais il faut bien comprendre qu'on l'a perdu au profit de l'Ontario; on
l'a perdu depuis au moins trois ans, depuis 1987, non pas sous un gouvernement
social-démocrate, comme c'est le cas maintenant, mais c'est sous un
gouvernement libéral, celui de M. Peterson, que des législations
sociales extrêmement généreuses ont été
adoptées en Ontario. Quelques exemples seulement: par exemple, la
législation sur l'équité salariale qui prévoit que
l'entreprise doit consacrer 1 % de l'ensemble des salaires payés
l'année précédente pour corriger l'écart qu'il peut
y avoir dans les salaires versés aux hommes et aux femmes quand
ça ne repose pas sur autre chose que de la discrimination. Par exemple,
il y a une législation qui assure à tout employé
licencié à cause de la fermeture pas simplement de son
entreprise, mais aussi de son poste... Ça peut être juste un
employé qui en bénéficie. Cette législation, en
Ontario, prévoit, lorsque l'entreprise a un chiffre d'affaires de plus
de 2 500 000 $ - c'est les petites PME, ça, M. le Président - une
indemnité de départ équivalant à une semaine par
année de service, jusqu'à concurrence de 26 semaines. Et,
là, l'actuel premier ministre de l'Ontario a proposé de bonifier
ça.
D'autres exemples, M. le Président, peut-être un des plus
importants, le droit de refuser de faire du temps supplémentaire
après 8 heures de travail dans sa journée et 48 heures dans sa
semaine. M. le Président, ça fait déjà 3 ans que ce
droit de refuser de faire du temps supplémentaire est inscrit dans la
législation ontarienne. C'était un peu décourageant, parce
qu'il y a eu quelques améliorations; mon collègue en a
parlé. Par exemple, lorsqu'il y avait un congédiement sans cause
juste et suffisante, auparavant, le recours pour porter plainte était
possible seulement si on avait fait 5 années de travail pour le
même employeur. Là, le ministre a amélioré; il a
diminué de 5 à 3, il faut que ça fasse 3 ans qu'on soit
à l'emploi de la même entreprise pour y avoir droit. M. le
Président, c'est peut-être une amélioration, mais il n'y a
pas plus que 50 % de la main-d'oeuvre au Québec qui travaille 3
années de file, c'est comme ça que le diraient les gens. Avant,
c'était deux tiers. Imaginez-vous, deux tiers qui ne pouvaient jamais
porter plainte parce que les deux tiers ne font jamais 5 ans. Mais, là,
c'est la moitié; il y a une personne sur deux qui travaille qui ne fait
pas 3 ans. Ça, il faut se rappeler qu'il y a même un tiers de la
main-d'oeuvre au Québec qui ne complète jamais une année
de service. Alors, vous vous rendez compte?
Nous, on proposait que ce soit réduit à un an,
qu'après un an on ait droit à de la protection et de porter
plainte devant la Commission des normes pour un congédiement sans cause
juste et suffisante et, encore là, on était conscients qu'en
réduisant à un an il y avait quand même le tiers de la
main-d'oeuvre qui ne pouvait pas encore avoir accès à cette
protection. Pensez, M. le Président, qu'en matière de vacances le
ministre a diminué à 5 ans le nombre d'années de service
pour avoir droit à 3 semaines de vacances. C'était 10 ans
là, dans la loi, mais il faut se rappeler que ça change vite, le
marché du travail. Les relations du travail, c'est en ebullition.
Il y a bien des choses qui changent dans notre société,
qui ont changé. Durant les années soixante, on l'a vu, notre taux
de natalité a diminué d'une façon absolument vertigineuse.
Dans les années soixante-dix, on a vu également des modifications
extrêmement importantes sur le plan des relations conjugales et
familiales. Mais dans les années quatre-vingt-dix, ce qui change, M. le
Président, c'est le milieu du travail. C'est là que les
bouleversements sont les plus importants. Ce n'était pas rare, avant, de
voir un travailleur qui pouvait aller chercher sa belle montre en or
après 25 années de service. Ça n'existe quasiment plus,
quand vous pensez que le tiers de la main-d'oeuvre ne fait plus un an, la
moitié fait moins de trois ans et les deux tiers ne font même pas
cinq ans. Alors, vous vous rendez compte que l'immense majorité n'aura
toujours pas ses trois semaines de vacances parce qu'il y a simplement un
employé sur trois qui fait plus de cinq ans. Alors, c'est
l'évidence que la majorité va continuer d'avoir deux semaines et
moins.
Vous savez, on peut bien se comparer, mais, à un moment
donné, il faut se rendre compte que ça va donner lieu à
des conflits de travail parce que, finalement, c'est ce qui va se passer. Des
lois du travail comme le projet de loi 97, ça sert à quoi?
Ça sert à civiliser les relations du travail dans un rapport qui
n'est pas facile là, qui est un rapport qu'on dit capital-travail.
Quelqu'un a l'argent et embauche quelqu'un d'autre. Et, dans ce
rapport-là, c'est pour ne pas qu'il y ait trop de
déséquilibre et que la personne qui est embauchée puisse
aussi avoir droit à certaines conditions qu'elle n'est pas en mesure de
négocier parce que, toute seule, elle est isolée et puis parce
qu'elle peut se faire répondre: Si tu n'es pas contente, va-t'en
ailleurs, je vais en trouver une autre, c'est pour ça que ces
dispositions, ces législations sociales sont introduites dans une
société et, au fil des années, à quoi
servent-elles? À civiliser les relations du travail pour qu'il ne soit
plus nécessaire de faire des grèves comme il y en avait avant
pour avoir droit à un congé de maternité et ne pas
être congédiée parce qu'on était enceinte, ou avoir
droit à un fonds de pension, à un régime de retraite ou
avoir droit à la santé et à la sécurité
au travail.
Avant, M. le Président, il y avait des grèves pour obtenir
des choses comme celles-là. Mais, là, il va y en avoir,
maintenant, pour obtenir un droit de refus de faire du temps
supplémentaire, pour obtenir la réduction de la semaine de
travail. Savez-vous qu'encore au moment où on se parle il n'y a rien
d'autre dans notre loi que l'obligation de payer du temps supplémentaire
après 44 heures? Un employeur peut faire travailler un employé 12
heures par jour, s'il le veut. Il n'y a aucun plafond. Seulement celui de payer
du temps supplémentaire. Pensez-vous que c'est normal, M. le
Président? Il n'y a rien d'autre dans notre loi qu'une demi-heure pas
payée, le midi, pour dîner, après cinq heures de travail en
ligne. Cinq heures continues.
Alors, M. le Président, je conclus parce que je sais que mes
collègues... Et je vais conclure justement sur l'appui, la
collaboration, la présence de mes collègues de Dubuc, de
Terrebonne, de Verchères, de Marie-Victorin, de Jonquière, de
Pointe-aux-Trembles, dans ce débat que nous avons fait, 76 heures en
commission parlementaire. Et je veux dire au ministre que nous avons mis sa
patience à rude épreuve, mais que, finalement, II s'en est
trouvé grandi à nos yeux parce qu'il a. passé à
travers sans exploser trop souvent. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Alors, sur l'adoption du projet
de loi 97, je suis prêt à reconnaître Mme la
députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. La nouvelle loi sur
les normes du travail, c'est certain, apporte des améliorations au
niveau de certaines conditions de travail. Je pense que cela a
été énuméré. Cela a été
reconnu par mes collègues aussi. Tantôt, ma collègue du
comté de Hochelaga-Maisonneuve a énuméré des
failles aussi au niveau de 50 % des gens qui ne sont pas syndiqués et
qui n'auront pas de recours. (17 h 30)
Mais où je voudrais m'attarder, et je ne suis pas certaine si le
ministre l'a prévu, c'est au niveau des normes qui vont suivre pour
l'application et des directives. M. le Président, les directives qu'ont
reçues les enquêteurs... Ceux qui vont sur le terrain pour
enquêter ont reçu des directives, dernièrement, et ont de
l'information à savoir que 90 % à 98 % des cas devront être
réglés par téléphone. Et c'est là que le
bât blesse.
Comment voulez-vous être capable de faire une enquête
valable uniquement par téléphone alors que l'employeur envoie un
fax et que les seules données qu'ils ont, ça se fait par
téléphone? Ils ont coupé de plus de la moitié les
intervenants sur le terrain et on les oblige à travailler en bureau au
téléphone. On le sait tous, les députés, si on ne
rencontrait jamais nos intervenants, quels résultats ça donnerait
au bout. Et là, oui, ils sont venus se plaindre. Ça crée
trois catégories d'enquêteurs: un enquêteur
spécialisé pour l'article 122, un pour l'article 124 et un autre
pour le monétaire. Ce qui veut dire, dans tes faits concrets, que le
même travailleur, congédié pour des raisons qu'il trouve
qui ne sont pas justes et raisonnables et surtout celui qui n'est pas
syndiqué, peut avoir affaire à trois enquêteurs
différents. Il va être obligé de raconter son histoire au
téléphone à trois enquêteurs différents. Les
plaintes, juste au niveau des plaintes monétaires, sont au-delà
de 500.
Comment voulez-vous qu'ils arrivent à donner satisfaction et
à donner justice à ces travailleurs qui ont perdu leur emploi et
qui se trouvent lésés dans un congédiement, avec des
normes et des directives pareilles? Mon chef disait tantôt qu'on
utilisait le téléphone, à la période de questions.
J'ai comme l'impression que c'est devenu une constante. Là, c'est
quasiment des farces, je vais le mettre entre guillemets, quand quatre
personnes prennent la peine de venir me voir dans mon bureau et prennent quatre
heures pour m'expliquer les conséquences que ça peut avoir au
niveau, eux aussi, de leur travail et au niveau des gens, du public. J'en ai
déjà reçu, dans mon comté, des plaintes, des gens
qui se plaignaient en disant: Ça prend 12 semaines avant que
l'enquêteur puisse commencer son enquête. Et ces
directives-là n'étaient pas encore en vigueur. Là,
ça m'inquiète, M. le Président. Je suis certaine que dans
l'application, dans cinq mois, dans six mois, même pas dans un an,
ça voudra dire d'une façon concrète que des travailleurs
congédiés n'auront pratiquement pas de capacité de
recours. Au niveau de la plainte, ça va. Il n'y a pas de
problème, la plainte est reçue en dedans de quelques minutes,
mais, après, c'est au niveau de l'enquête et de régler le
problème. Là, il y a une lacune grave et je tenais à
sensibiliser le ministre, puisque c'est sa loi et que je suis certaine qu'il
sera sûrement intéressé à ce que l'application
réponde au principe de sa loi. S'il n'est pas au courant, ça
serait peut-être bon qu'il révise les modalités
d'application, les normes et les directives pour ne pas que ça
mène vraiment à un cul-de-sac dans un laps de temps relativement
court.
Un autre point où je m'interroge, c'est à savoir
l'utilité d'enlever les arbitres et de mettre des commissaires, alors
qu'on sait très bien que pour le travailleur lésé, qui va
en recours, ce n'est pas l'arbitre qui coûte cher, c'est l'avocat qu'il
doit payer à 100 %. Parce que l'arbitre, c'est payé à 50 %
par l'employeur, à 50 % par le travailleur. Quelle est l'utilité
de former des gens, de les installer dans des bureaux, et là, ils n'ont
pas l'expertise, ils n'ont pas la compétence présentement pour
être en mesure d'en
lever les arbitres? On dit: Oui, mais, eux, ils n'auront pas à
les payer, les commissaires, c'est gratuit. Mais ils auraient pu utiliser la
même expérience qui est là et payer les arbitres au
même salaire que les commissaires, et je pense que le gouvernement aurait
pu faire une économie et qu'il aurait bénéficié de
l'expérience des arbitres. Là, je ne vois pas l'utilité et
pourquoi le gouvernement enlève les arbitres pour mettre des
commissaires.
Je vais m'attarder seulement à ces deux points-là. Les
autres ont sûrement été soulevés, surtout que, quand
on voit aussi... Peut-être une autre petite remarque. Il y a eu des
améliorations, bien sûr, mais il reste énormément -
énormément, non, c'est un peu trop fort - encore quelques lacunes
au niveau des recours. On sait qu'on peut être congédié.
Par exemple, au niveau de la famille, ça paraît bien, bien
sûr. Les bonnes intentions sont là qu'on peut donner des
congés. Quelqu'un peut s'absenter du travail pour des raisons
familiales. Mais ça va sûrement amener, là aussi
peut-être, des congédiements ou ça va sûrement amener
des cas d'arbitrage devant les commissaires, des cas d'enquêtes aussi
qui, là, comme je disais tantôt, vont être très
très longues à régler, puisque la formule utilisée
et les directives qui sont données aux inspecteurs ne correspondent pas
du tout à la réalité sur le terrain et ne correspondent
pas aux exigences, aux principes de la loi.
Quatre semaines ou moins, par exemple... Absenté d'un accident de
maladie. Il y a seulement quatre semaines. Ce n'est pas très long.
Après ça, probablement qu'il y aura des preuves à donner
et tout, mais là, on peut encore avoir des cas de griefs et des
enquêteurs devront y aller. Aussi, une autre lacune que je trouve, c'est
qu'il y a seulement 45 jours pour porter une plainte. Ce n'est pas trop long
quand on sait que les gens, dans l'ensemble, ne sont pas tous bien
informés, la plupart. Là, je parle aussi surtout des travailleurs
qui ne sont pas syndiqués. 45 jours pour - moi, j'appelle ça se
retourner de bord - être capable de réagir, si vous voulez.
Souvent, il leur reste peut-être une quinzaine de jours pour porter la
plainte. Ce n'est pas très long. Moi, je pense qu'une couple de mois,
ça n'aurait pas été un luxe pour les travailleurs.
J'avais un autre petit point où je voulais parler, un exemple
concret, quand je disais - j'avais oublié - tantôt le fait de
travailler par téléphone, M. le Président. Puis,
ça, c'a été vérifié sur le terrain.
Supposons qu'un travailleur se plaint. Il dit qu'il n'a pas ses 4 %. Il a
été congédié et l'employeur ne veut pas lui donner
ses 4 %. Comme ça se fait par téléphone et par fax,
l'employeur envoie le fax qui indique qu'il y a seulement 2000 $ qu'il lui
doit, 4 % sur 2000 $. Quand ils sont en contact avec le travailleur, le
travailleur dit: Ce ne sont pas 4 % sur 2000 $, il dit, ce sont 4 % sur 16 000
$. Et là, en n'allant pas travailler sur place, en les obligeant
à travailler par téléphone, c'a pour effet qu'ils n'ont
pas accès aux livres.
Alors, ils n'ont aucune possibilité de vérifier.
Ça, c'est un autre point très important. Donc, les
enquêteurs se trouvent un petit peu déjoués par le
système. Même s'ils veulent faire un excellent travail, ils se
trouvent un petit peu déjoués, là. Ils n'ont pas la
possibilité... Lorsqu'ils ont accès sur place ou qu'ils vont
vérifier sur place, ils peuvent, par exemple, dans un cas, s'apercevoir,
et en prévenir d'autres, qu'il y en a 10 ou 15 pareils. Là, ils
sont sensibilisés aux 15 et ils peuvent régler le problème
globalement. Mais en travaillant au téléphone, ça devient
du cas par cas. On retarde encore la machine.
Je ne veux pas, M. le Président, faire de procès
d'intention au ministre. Je pense qu'il n'est pas au courant de ces
directives-là et comment elles vont s'appliquer sur le terrain. Je suis
certaine que s'il l'était, il essayerait d'apporter des
améliorations. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Verchères. En vertu de votre droit de
réplique, M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. M. le
ministre. (17 h 40)
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Comme je le disais
précédemment, nous en arrivons maintenant à l'étape
finale, c'est-à-dire l'adoption de la loi revisant la Loi sur les normes
du travail. Si nous avons cheminé avec prudence, si nous avons
abondamment consulté avant de légiférer, si nous avons
soupesé chacun des articles de ce projet de loi, c'est qu'ils touchent
à certains équilibres fragiles qui s'établissent dans une
société développée. La Loi sur les normes du
travail prend position en faveur des personnes en emploi. C'est son leitmotiv.
C'est sa raison d'être. Mais la loi s'inscrit dans un contexte
économique et social donné, c'est-à-dire qu'elle est
forcément sujette à des contraintes. J'en reviens donc à
la notion d'équilibre, un équilibre entre les aspirations
légitimes des personnes en emploi à propos d'améliorations
des conditions de travail, et les impacts de ces modifications, ces
bonifications, sur la masse salariale de même que sur la
compétitivité des entreprises, un équilibre aussi entre la
reconnaissance de nouveaux droits que l'évolution de notre
société fait émerger, comme les congés parentaux et
les obligations additionnelles que ces préoccupations relativement
nouvelles créent aux employeurs, un équilibre, enfin, entre les
impératifs de la productivité et la nécessité de
préserver une certaine qualité de vie au travail.
Certes, il faut tenir compte de certains
impondérables que la réalité économique
impose, mais il faut aussi s'en tenir à des principes et refuser d'y
déroger. Par exemple, le Québec doit valoriser de façon
plus tangible le choix important que font les parents d'avoir des enfants ou
d'en adopter. Toute la société québécoise doit
contribuer à cette valorisation. Il importe donc que la Loi sur les
normes du travail traduise cette préoccupation et fasse obligation aux
employeurs d'accorder des congés parentaux, de garantir à son
retour au travail l'emploi de la travailleuse qui se prévaut d'un
congé de maternité et d'offrir au conjoint un congé
à l'occasion de la naissance d'un enfant.
Nous avons discuté de certaines modalités d'application de
ces droits dont quelques-uns constituent des innovations. Nous avons voulu
faire preuve de la plus grande souplesse afin de limiter les perturbations que
l'exercice de ces droits peut engendrer dans certaines entreprises. Toutefois,
nous maintenons fermement la décision de rendre accessible, et à
brève échéance, le droit à ces nouveaux
congés parentaux pour l'ensemble des personnes en emploi à qui il
s'adresse.
De même, nous avons reconnu le principe de l'équité
salariale à l'égard des personnes travaillant à temps
partiel. Nous estimons qu'en 1996, 15 ans après l'entrée en
vigueur de la Charte des droits et libertés de la personne dont
l'objectif premier est de lutter contre la discrimination, il est temps de
mettre fin aux inéquités salariales dont sont encore l'objet
plusieurs employés à temps partiel, en particulier ceux et celtes
qui ont de faibles revenus. L'entrée en vigueur de certaines
dispositions du projet de loi modifiant la Loi sur les normes du travail, en
particulier les clauses relatives à l'équité salariale,
peut causer des difficultés imprévues ou présenter des
particularités que nous devons examiner plus attentivement avant
d'arrêter une décision définitive. C'est l'une des raisons
pour laquelle nous avons introduit dans le projet de loi un pouvoir
réglementaire, afin d'apporter au besoin des assouplissements qui
rendront la Loi sur les normes du travail plus facile à appliquer et
à administrer.
J'insiste cependant pour réaffirmer qu'au-delà de ces
ajustements, il est essentiel par exemple que les conditions de
rémunération des personnes travaillant à temps partiel
deviennent assez rapidement les mêmes que celles des autres
employés de la même entreprise. Le principe est maintenu. Il en va
de même pour les congés parentaux qui s'inscrivent dans la
foulée de la politique familiale du gouvernement du Québec. Nous
devons les rendre accessibles peu de temps après la sanction de la
loi.
À travers le long processus de consultations que nous avons
choisi avant d'en arriver à cette version finale de la loi, toutes
sortes de suggestions nous ont été adressées. Plusieurs
recommandations ont permis de bonifier la Loi sur les normes du travail. Et je
tiens à remercier ici les personnes et les groupes qui sont venus nous
faire part de leurs expériences, de leurs attentes et de leurs
commentaires. Des groupes de travail au ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, de
même qu'au Secrétariat à la condition féminine et au
Secrétariat à la famille ont analysé les diverses
hypothèses qui nous ont été présentées et
ont tenté d'en mesurer te plus précisément possible les
impacts et les retombées. Je salue les efforts et la
disponibilité des membres de ces équipes de travail, de
même que des membres de mon cabinet ministériel, également
les efforts de ma collègue, la députée de Dorion et
ministre déléguée à la Condition féminine et
à la Famille.
Au cours des deux dernières semaines, en commission
parlementaire, les députés ministériels et les
députés de l'Opposition ont suggéré d'autres
amendements. J'ai accueilli favorablement et volontiers ceux qui,
manifestement, contribuaient à améliorer le projet de loi; je
leur sais gré de leur contribution. Mais un peu comme le meunier de la
fable qui, cheminant avec son fils et l'âne, ne pouvait retenir toutes
les suggestions qui lui étaient adressées ni recueillir
l'approbation de chacun, j'ai dû écarter certaines recommandations
et tracer la voie qui répondait aux impératifs d'équilibre
que j'évoquais précédemment.
La loi sur laquelle nous nous apprêtons à voter
résulte de ce travail d'équipe, de cette démarche
consciencieuse empreinte du respect envers les personnes en emploi,
particulièrement celles qui, pour diverses raisons, disposent d'un
faible pouvoir de négociation de leurs conditions de travail. Par cette
nouvelle Loi sur les normes du travail, la société
québécoise franchit un pas important vers la reconnaissance de
conditions de travail plus progressistes et plus complètes.
On ne peut pas véritablement assimiler la Loi sur les normes du
travail à la convention collective des salariés sans pouvoir
réel de négociation, parce qu'une convention collective
résulte justement de la négociation et du libre arbitre. Il n'en
demeure pas moins que le régime de droit résultant de cette
nouvelle loi est considérablement élargi par rapport à
celui qui prévaut actuellement. En ce sens, on peut beaucoup plus
facilement qu'auparavant établir un certain rapprochement entre
l'ensemble des normes et une convention collective de travail.
La loi couvrira en effet un plus grand nombre de congés et des
vacances annuelles graduellement augmentées. Elle assurera une
protection en cas de maladie. Elle garantira le droit à des
congés parentaux prolongés et à divers types de
congés parentaux ponctuels, notamment à l'occasion de la
naissance ou lors de l'adoption d'un enfant ou encore lors
d'événements familiaux comme le mariage ou le décès
d'un membre de la famille immédiate. Elle reconnaîtra aussi le
droit de s'absenter du
travail ou de refuser d'effectuer du travail en temps
supplémentaire pour s'acquitter de responsabilités familiales
dans des circonstances imprévisibles. La nouvelle loi initiera le
principe de l'équité salariale pour les personnes à temps
partiel. Elle raffermira l'exercice des recours et rendra ces recours nettement
plus accessibles.
Le gouvernement a voulu illustrer l'importance qu'il accorde à
l'universalité de la Loi sur les normes du travail en s'assujettissant
lui-même à la loi. Vous savez, M. le Président, que de
nombreuses lois ne s'appliquent pas au gouvernement et aux organismes publics.
Ce ne sera pas le cas de la Loi sur les normes du travail. Bien sûr, les
dispositions qui bonifient ainsi la Loi sur les normes du travail
reflètent l'évolution de la société
québécoise à bien des égards. La loi prend d'abord
acte de la présence accrue des femmes sur le marché du travail et
de la nécessité qui s'ensuit d'adapter l'exercice d'un emploi
à la réalité de la participation active des deux parents
au marché de l'emploi.
Dans la législation sur les normes du travail comme dans de
nombreuses conventions collectives, on semble tenir pour acquis qu'il y a
à la maison une personne qui voit en permanence au soin des enfants. Or,
il faut vivre avec son époque et réaliser qu'un parent peut
être tenu, à un moment donné, de prodiguer des soins
à un enfant et se voir contraint de s'absenter de son travail. Ce besoin
essentiel, indiscutable doit pouvoir s'exercer en toute
sérénité, sans menace de représailles, sans crainte
de perdre son emploi. Cela apparaît élémentaire, mais il
existe très peu de législations qui reconnaissent ce droit aux
personnes salariées. La Loi québécoise sur les normes du
travail figurera désormais parmi les heureuses exceptions à cette
règle.
On a beaucoup parlé des congés parentaux d'une
durée maximale de 34 semaines que les normes du travail rendent
dorénavant accessibles au père et à la mère dans
les 12 mois qui suivent la naissance ou l'adoption d'un enfant. (17 h 50)
D'aucuns ont voulu minimiser l'importance de ces dispositions de la loi,
de les banaliser en quelque sorte.
Il faut savoir, M. le Président, que pour la très grande
majorité des personnes en emploi, il est actuellement impossible de se
prévaloir d'un congé parental prolongé. Le fait d'obliger,
par une loi, tous les employeurs à accorder un tel congé à
la personne qui le demande, dans les conditions prescrites, représente
donc une intervention législative majeure. J'ajoute qu'en comparaison
des autres législations au Canada, l'Assemblée nationale du
Québec fait preuve ici d'une innovation d'importance. Il ne faut pas
sous-estimer l'acquisition de ce droit.
D'autres ont allégué que, puisque les congés
parentaux de longue durée ne sont pas rémunérés,
ils deviennent presque théoriques, c'est-à-dire pratiquement
inaccessibles. Ces critiques m'apparaissent largement exagérées.
Les personnes salariées qui se prévaudront d'un congé
parental pourront recevoir des prestations d'assurance-chômage pendant
une certaine période. Il ne s'agit pas du plein salaire, j'en conviens.
Il n'en demeure pas mois que plusieurs personnes peuvent trouver avantage
à consacrer, pendant une certaine période, l'essentiel de leur
temps au nouveau-né dans la famille et accepter de toucher des
prestations d'assurance-chômage plutôt que le plein revenu* de
travail. Il s'agit là d'un choix éclairé que les parents
pourront désormais faire.
D'ailleurs, le gouvernement actuel a déjà fait des efforts
considérables envers les familles québécoises, notamment
par l'augmentation des allocations de maternité, les bonifications
successives apportées aux allocations d'aide aux familles et aux
allocations à la naissance, l'accroissement des budgets dévolus
aux services de garde et la révision de la fiscalité en faveur
des familles.
Oui, M. le Président, la nouvelle Loi sur les normes du travail
répond aux attentes de longue date des familles en introduisant dans les
conditions de travail de l'ensemble des personnes salariées des droits
réels plus étendus qui vont indiscutablement contribuer à
mieux concilier le travail et l'exercice des responsabilités
parentales.
Les normes du travail n'assurent présentement aucune protection
aux personnes qui doivent s'absenter de leur travail pour cause de maladie ou
d'accident. La nouvelle loi corrige cette importante lacune en reconnaissant le
droit fondamental de s'absenter pour ces raisons à toute personne
salariée qui a à son actif au moins trois mois de service
continu.
Je crois sincèrement, M. le Président, qu'avec cette
nouvelle Loi sur les normes du travail, nous faisons en sorte que les
conditions minimales de travail soient plus respectueuses des besoins des
parents, des femmes et des personnes travaillant à temps partiel.
La loi sera également plus efficace, plus simple, plus
universelle et mieux adaptée à révolution des milieux de
travail et de la société québécoise.
Tel est le fruit de notre travail, M. le Président. En le
clôturant aujourd'hui, par ce débat de troisième lecture,
je confie aux travailleurs et aux travailleuses du Québec le loisir d'en
bénéficier, d'en tirer le meilleur profit, en leur garantissant
d'avance l'attention constante du gouvernement et de l'Assemblée
nationale en faveur de la sauvegarde des droits reconnus par la nouvelle Loi
sur les normes du travail. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Est-ce que la motion du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, proposant
l'adoption
du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et
d'autres dispositions législatives, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: m. le président, je vous invite à
appeler à nouveau l'article 1 du feuilleton pour que nous puissions
reprendre le débat sur le rapport déposé par la commission
du budget et de l'administration.
Reprise débat sur la prise
considération
rapport de la commission a
étudié
l'opportunité de maintenir ou de
modifier
la sur la fonction publique
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 1,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission du
budget et de l'administration qui a étudié l'opportunité
de maintenir en vigueur ou de modifier, le cas échéant, la Loi
sur la fonction publique, et qui a procédé à cette fin
à une consultation générale et tenu des auditions
publiques, les 9, 10, 23, 24 et 25 octobre 1980, ainsi que des séances
de travail et une séance publique (es 13 mars, 29 mai, 16 août, 26
septembre et 11, 13 et 17 décembre 1990. Ce rapport déposé
le 17 décembre 1990 contient des observations, des conclusions et des
recommandations de la commission. Je suis prêt à reconnaître
un intervenant sur ce rapport de cette commission. M. le député
de Vanier.
M. Jean-Guy Lemieux
M. Lemieux: merci, m. le président. en vertu de l'article
172 de la loi sur la fonction publique, le président de
l'assemblée nationale, le 13 mars 1990, demandait ou convoquait la
commission du budget et de l'administration afin qu'elle entreprenne
l'étude de l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la loi sur la fonction publique. à
cette fin, nous avons entendu des personnes et des organismes ont
été convoqués devant nous.
M. le Président, je ne ferai pas état de tout ce que
contient ce rapport, mais je m'en tiendrai plutôt à la philosophie
générale comme telle de ce rapport final qui a été
déposé le 17 décembre 1990.
Dans un premier temps, ce rapport vient nous dire que la Loi sur la
fonction publique ne doit pas être modifiée au plan de ses
orientations et de ses principes de base, car c'est une bonne loi. C'est une
loi d'avant-garde et elle véhicule une philosophie de gestion
susceptible d'améliorer l'efficacité et l'efficience de la
fonction publique et de fournir aux citoyens des services de
qualité.
Lors de l'étude de ce rapport, nous avons constaté
qu'effectivement, la population en demande beaucoup plus pour son argent,
qu'elle veut des résultats précis et concrets, qu'elle
considère qu'elle paie déjà suffisamment pour ces services
et qu'elle se trouve suffisamment taxée. On ne peut pas nier, par
contre, que les besoins de la population augmentent en raison du vieillissement
de la population, de l'instabilité des familles et de la mondialisation.
des marchés.
Nous croyons que nous n'avons plus le choix, il faut que les sommes
disponibles soient utilisées de la manière la plus efficace
possible. C'est pourquoi, aux yeux des membres de cette commission, il est
apparu qu'il était nécessaire dès maintenant de prendre
les moyens pour mobiliser la créativité des milliers de
fonctionnaires qui, à tous les échelons du secteur public sont,
à notre avis, en mesure de réaliser des gains de
productivité. Il faut modifier, à nos yeux, le régime
actuel qui n'incite guère les gestionnaires à améliorer la
qualité de leur gestion puisqu'ils se contentent de surveiller
l'observance des règles sans en évaluer les résultats,
sans qu'il y ait de sanction ni positive ni négative.
Considérant que les temps sont durs et que les ressources sont
rares, c'est pourquoi, à nos yeux, nous croyons qu'il est important de
faire preuve d'ouverture d'esprit et d'un sens de l'initiative, d'une
capacité d'autonomie et, obligatoirement, nous croyons qu'il est
important chez les gestionnaires de la fonction publique de développer
le sens de l'État. Quelle est l'essence et la philosophie de ce rapport?
C'est fort simple. Ce rapport établit dans l'ensemble de ses
recommandations qu'une des préoccupations premières des
gestionnaires de l'administration publique doit être les personnes sous
leur autorité ainsi que la qualité des services aux citoyens.
Vous n'êtes pas sans savoir que la qualité des services aux
citoyens dépend d'une bonne gestion des ressources et que l'une est
complémentaire par rapport à l'autre.
Vous savez, M. le Président, ce rapport a été
très bien accueilli. Il a été très bien accueilli
par le Vérificateur général du Québec, par le
Protecteur du citoyen, par le Contrôleur des finances, par la Commission
de la fonction publique, par le syndicat des fonctionnaires, par le syndicat
des professionnels, y compris l'Association des cadres du gouvernement du
Québec. Mais, au-delà de ces organisations, ce qui m'a le plus
frappé, c'est le témoignage de fonctionnaires rencontrés,
au hasard, dans les corridors de ce parlement, dehors, sur la rue, après
le dépôt de ce mémoire, qui fut pour moi des plus
éloquents. Certains m'ont dit: Oui, c'est un bon rapport, mais vous
savez ce qu'on va en faire? Probablement ce qu'on fait avec les rapports au
gouvernement, le "tabletter", le mettre de côté. Nous, me
disaient-ils, M. le Président, sommes considérés trop
souvent comme des effectifs,
comme des numéros. Vous savez, trop peu de personnes croient
qu'il est important de s'occuper du fonctionnaire et de le considérer
comme une personne capable d'initiative, de leadership, d'ouverture d'esprit et
de perméabilité. M. le Président, ce sont des choses comme
ça qui doivent changer dans notre administration publique et nous
espérons que le gouvernement nous entende et entende aussi les petits
fonctionnaires qui traitent avec la population, eux qui se considèrent
souvent, et ils sont venus nous le dire, comme les oubliés du
système. (18 heures)
D'autre part, et c'est peut-être plus rafraîchissant,
certains nous déclaraient qu'il était temps de faire état
des vrais problèmes, d'apporter des correctifs, d'identifier des
remèdes ayant des effets non seulement à long terme, mais aussi
à court terme. Certes, M. le Président, ce rapport nous conduit
à une nouvelle culture administrative, à une nouvelle
façon de voir les choses. Ce mémoire contient des
ingrédients qui ne coûtent rien à la population et les
objectifs sont simples, mais incontournables, soit changer les
mentalités pour en arriver à une participation plus active des
fonctionnaires de tous les niveaux, une participation axée sur
l'intérêt de celui qui paie les taxes, qui nous paie, nous, comme
parlementaires, soit le contribuable. Trop souvent dans les organisations
publiques, les habitudes sont de se conformer aux règles et
d'éviter les risques. Il est grand temps, M. le Président, qu'on
sorte des sentiers battus et qu'on reconnaisse au fonctionnaire le droit
à l'erreur.
Nous avons une loi qui commande, de tous les fonctionnaires, un
changement significatif, une très bonne loi, sur le plan à la
fois des attitudes, des comportements et des valeurs, car la
réglementation qui, autrefois, prévoyait tout ce qui devait
être fait et surtout tout ce qui ne devait pas être fait est
remplacée maintenant par des politiques générales de
gestion des ressources humaines. Ces changements exigent des façons de
faire nouvelles eu égard à ces pratiques de gestion. De
façon concrète, M. le Président, c'est que l'exemple doit
venir d'en haut, mais trop souvent, malheureusement, ceux d'en haut ne
regardent pas assez vers le bas. Je crois qu'il est temps maintenant de prendre
les vraies décisions; il faut être capables de casser des oeufs,
comme on l'a fait au niveau de la réforme de la santé, si cela
est nécessaire pour améliorer le bien-être de la
population. Ce mémoire contient les éléments pour changer
les mentalités, pour en arriver à une participation plus active
des différents intervenants dans l'administration publique.
Ce rapport, M. le Président, que j'ai devant moi - et j'invite la
population à le demander ici, au Secrétariat des commissions de
l'Assemblée nationale - c'est au système qu'il s'attaque, et il
veut principalement nous amener à réaliser que ce qui est
important, ce sont les personnes et la formation qu'on leur donne. Tous peuvent
acquérir la technologie, mais la mise en application de celle-ci, ne
l'oublions pas, relève davantage des individus. Même les 22 pays
de l'OCDE jugent que la gestion des ressources humaines est le facteur
clé de la construction d'un service public plus productif, plus efficace
et que la réalisation des objectifs organisationnels dépend de la
façon dont ils sont gérés. Les gouvernements des 22 pays
de l'OCDE, M. le Président, reconnaissent et admettent que
l'amélioration de la gestion publique fait partie des ajustements
structurels indispensables à l'amélioration des performances
économiques dans un environnement mondial en constante
évolution.
À cet effet, M. le Président, j'aimerais vous citer un
article dont le titre est "Des gestionnaires en liberté
surveillée", du 25 janvier 1990, écrit par M. Louis Bernard, dans
La Revue de l'Institut d'administration publique Canada, et qui nous dit
ceci: "II est difficile d'estimer les sommes qu'une amélioration de la
qualité de la gestion rapporterait. Il ne peut s'agir, de toute
façon, que de sommes importantes puisque, pour le seul gouvernement du
Québec, un gain de productivité de 1 % rapporterait quelque 350
000 000 $." Intéressant pour plusieurs ministres de notre
gouvernement.
Alors, M. le Président, vous comprendrez que ce qui est
important, et c'est la philosophie de base de ce rapport, c'est d'être
davantage attentif à nos citoyens, à la qualité des
services qu'il faut leur offrir. Nos gestionnaires doivent comprendre
dès maintenant que ceci doit se faire à un meilleur coût et
qu'ils sont au seul service des citoyens et de la population du Québec.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (m.
bissonnet): merci, m. le
député de vanier. alors, sur cette motion, je suis prêt
à reconnaître m. le député de
pointe-aux-trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je viens d'applaudir sans
aucune réserve l'intervention du député de Vanier et
j'aimerais, dès le départ, rendre hommage au travail très
important qu'il a réalisé au sein de la commission du budget et
de l'administration dont il est le président. Je pense, M. le
Président, que le député de Vanier a su élever le
débat au-dessus des lignes partisanes et au-dessus des choses qui nous
divisent des deux côtés de la Chambre. Ça n'est pas
anormal, M. le Président, que les deux partis politiques n'aient pas la
même façon de voir quelle politique au sens large l'État
devrait adopter. Mais la commission - et c'est le leadership du
député de Vanier qui a réussi ça en grande partie -
s'est attachée uniquement à voir quelle sorte de fonction
publique devrait être au
service de l'État et au service de la population,
indépendamment des politiques précises que ce Parlement vote et
que le pouvoir exécutif se charge de mettre en vigueur.
Je crois, M. le Président, que le député de Vanier
a bien mérité du Québec dans le travail qu'il a fait,
travail dans lequel il s'est concerté et a travaillé
étroitement avec le vice-président de la commission, le
député de La Prairie. Je pense, M. le Président, que
ça n'est pas être naïf que de constater que, dans cette
Chambre et en commission, on n'est pas obligé d'être constamment
à couteaux tirés. Il est des domaines où les partis n'ont
pas d'importance et où les clivages se situent plus, M. le
Président, entre le rôle de l'exécutif versus le rôle
du législatif, c'est-à-dire nous, parlementaires, qu'entre les
différents partis politiques.
M. le Président, on ne dira jamais assez comment cette
commission-là avait un mandat important à accomplir. M. le
Président, depuis un certain nombre de mois, on parte beaucoup des
revenus de l'État, et ça, c'est des questions qui sont
contentieuses entre les deux côtés de la Chambre. Mais on parle
peu des dépenses de l'État et, parmi les principales
dépenses de l'État, il y a les gens qui rendent des services
à la population, M. le Président. Si j'étais un citoyen
moyen qui regarde à la télévision ces débats, je
serais rassuré de voir que les partis ont une façon commune de
voir comment la fonction publique pourrait être mieux et davantage au
service des citoyens.
M. le Président, le député de Vanier mentionnait
que 1 % de gain de productivité dans la fonction publique, s'il faut le
chiffrer, d'après une autorité qu'est M. Louis Bernard, ça
veut dire une économie de 350 000 000 $. Ce sont donc des sommes
considérables qui, si on augmentait la productivité, M. le
Président, ne seraient peut-être pas disponibles
immédiatement en argent, encore qu'il y aurait un impact sur le budget,
mais seraient disponibles en ressources pour mettre au service de la
population. À cet égard, M. le Président, il faut un
changement de mentalité à l'intérieur de la fonction
publique. Je suis entièrement d'accord avec le député de
Vanier là-dessus et le rapport de la commission a raison d'insister sur
le rôle de ceux qu'on appelle les agents de première ligne, ceux
avec lesquels les citoyens sont en contact. Et ça, au niveau de nos
bureaux de comté, on est en mesure, tous, les députés que
nous sommes, de voir comment ça peut être difficile pour eux parce
qu'on ne leur donne pas assez de latitude, parce qu'on ne leur donne pas assez
de formation, parce que l'information est à sens unique et qu'on ne va
pas chercher celle qui vient d'eux. Dans le privé, M. le
Président, une entreprise s'occupe énormément des agents
de première ligne parce que c'est ceux qui sont en contact avec le
client, avec le bénéficiaire, avec les personnes qui paient pour
ce gros appareil qui doit être le plus efficace possible. (18 h 10)
M. le Président, si on veut des employés de
première ligne et une fonction publique plus au service des citoyens, je
pense qu'il faut la traiter avec justice et, à cet égard, on a
une hypothèque à lever comme partis politiques et comme
parlementaires. Je n'hésite pas à dire qu'il reste quelque chose
des coupures de 1982 et que le quelque chose qui reste n'est peut-être
pas financier, mais il y a des gens qui ont été atteints dans
leur dignité et qui n'ont pas pardonné à l'État ce
qu'ils ont subi. Oublions qui était aux commandés de
l'État et oublions les personnes. Je pense qu'elles ne sont pas
très importantes, les personnes, à cet égard-là.
Constatons que, si on pense que le Québec est un pays,
indépendamment de comment ce pays-là devrait aller dans son
développement politique... Je ne veux pas ouvrir ce
débat-là, M. le Président, ici. Nous devons constater que
nous sommes un peuple - là-dessus, cette Chambre est unanime - et que ce
peuple, s'il veut évoluer dans te monde moderne, doit avoir une fonction
publique efficace, dynamique, vraiment en prise avec la population.
Et, à cet égard, M. le Président, je suis
déçu, en cette fin de session, qu'on n'ait pas pu adopter une loi
de quelques paragraphes qui règle le cas des occasionnels, les
occasionnels dont les postes vont devenir permanents et qui risquent de se
retrouver chômeurs. Et les députés des deux partis à
la commission parlementaire ont fait le voeu que la loi soit amendée. M.
le Président, je réitère, même si l'occasion a
été un peu manquée, qu'ultérieurement, si une
législation est nécessaire, l'Opposition officielle sera
disposée à l'adopter vite parce que c'est une question de justice
pour des occasionnels qui sont parfois là depuis sept, huit, neuf ans et
qui sont surtout des jeunes et des femmes. Et si on les titularisait, comme la
commission le recommande, M. le Président, ça serait à
peine un tiers des quelque 4200 postes en jeu qui leur seraient
réservés et il y en aurait encore de disponibles par la voie
habituelle de l'affichage et des concours publics.
M. le Président, je crois que c'est important aussi d'avoir un
ministre délégué à la Fonction publique et aux
services aux citoyens. Oublions un peu les personnes. La question, je pense,
c'est que le Conseil du trésor a surtout été centré
sur le contrôle d'un budget immense de 35 000 000 000 $. Alors, ce n'est
pas lui faire reproche que de dire que la gestion des ressources humaines a
été négligée parce que ce n'est pas simple de tenir
fort le bateau des dépenses de l'État dans les temps difficiles
que nous avons vécus, que nous vivons et que nous vivrons, M. le
Président. À cet égard, on peut dire sans partisanerie que
l'État québécois a des finances infiniment plus saines que
celles de l'État fédéral et que c'est en partie parce
qu'il y a eu contrôle
des dépenses. On peut avoir des avis divergents sur les mesures
qui ont été adoptées, mais sur la nécessité
de bien contenir les dépenses, je pense que, là-dessus aussi,
nous sommes unanimes. Un ministre délégué à la
Fonction publique et aux services aux citoyens, M. le Président, c'est
une personne qui s'occuperait du capital humain de l'État, des
ressources humaines, ce que les entreprises font depuis de nombreuses
années.
Je vois, dans cette Chambre, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et je l'ai
entendu au forum de l'emploi dire: La ressource humaine est une ressource
essentielle aux entreprises. Mais il faut que, pour l'État aussi, ce
soit une ressource essentielle, parce qu'il y a 60 000 employés de
l'État que la loi touche directement et, si on ajoute les écoles
et surtout les hôpitaux, on arrive à 330 000, M. le
Président. Et je pense que, si on sait leur tendre la main, si on sait
les écouter pour comprendre ce qu'ils ont à dire, si on sait bien
les traiter, ils vont bien traiter la population et, à ce
moment-là, le Québec, comme pays, en sortira grandi. Et moi,
malgré que, des fois, je peux avoir des côtés un peu
moqueurs vis-à-vis des ministériels, je tiens à dire qu'il
y a de nombreux domaines où on peut s'entendre, y compris, si jamais
ça se faisait, pour faire passer le Québec du statut de province
à celui de pays. Je pense qu'on est capables de le faire et que la
commission est un exemple vivant que, quand des parlementaires décident
de faire la job, même sans changer la loi, même sans instaurer tout
de suite, peut-être, toute l'imputabilité qui serait
nécessaire, on est capables de bien mériter de la population
québécoise. Et c'est ce que le député de Vanier, le
député de La Prairie et tous les autres députés des
deux partis ont réalisé au sein de la commission
parlementaire.
Je pense que la population sait très bien que nos programmes
peuvent être divergents, mais quand on regarde les moyens de mieux
administrer les 35 000 000 000 $ qu'elle nous confie, elle s'attend à ce
qu'il y ait moins de partisanerie et qu'on regarde ensemble comment
améliorer la performance de l'État. Quand on croit, comme moi, au
rôle de l'État - je termine là-dessus - on pense que
l'État doit être démocratique et efficace et qu'il doit y
avoir au Québec, comme on l'entend parfois en France, une fierté
d'être du service public. Et je pense que la commission, avec son rapport
qui, je l'espère, ne restera pas lettre morte, aura fait franchir un pas
important pour qu'on atteigne ces objectifs. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Je suis prêt à
reconnaître le prochain intervenant sur ce sujet, M. le
député de Hull. M. le député de Hull, la parole est
à vous.
M. Robert LeSage
M. LeSage: M. le Président, vous me permettrez, en tout
premier lieu, de féliciter le président de la commission, soit le
député de Vanier, de même que tous les membres de la
commission pour l'excellent travail qu'ils ont accompli. Et, à cet
égard, il me fait plaisir d'intervenir sur cette étude
déposée par la commission du budget et de l'administration
concernant l'opportunité de maintenir ou, le cas échéant,
de modifier la Loi sur la fonction publique. Deux éléments, entre
autres, ont retenu mon attention, soit la reconnaissance du fait que les
occasionnels en poste depuis plusieurs années doivent être
titularisés et, deuxièmement, le fait que la qualité
totale des services au public n'est pas encore atteinte.
Lors des audiences publiques, la commission parlementaire chargée
de revoir la Loi sur la fonction publique a été touchée
par les conséquences fâcheuses qu'eniraîne la
précarité du statut des employés occasionnels du
gouvernement. Si elle reconnaît le caractère judicieux de la
décision récente du Conseil du trésor de transformer 3500
postes occasionnels en postes permanents, elle observe cependant beaucoup
d'insécurité chez ceux qui occupent actuellement ces postes. La
commission a été sensible au témoignage de plusieurs
personnes concernant la situation précaire qu'elles vivaient en tant
qu'occasionnelles. D'ailleurs, les représentants syndicaux ont
appuyé largement leurs revendications. La commission reconnaît que
le processus actuel d'embauché des occasionnels d'environ 80
ministères et organismes force les candidats potentiels à
multiplier les démarches, ce qui entraîne des pertes de temps et
des dépenses accrues pour des personnes dont les ressources
pécuniaires sont souvent limitées.
De plus, elle admet que la situation actuelle favorise le patronage
administratif et politique. Enfin, elle dénonce la valeur des
méthodes de sélection utilisées comme étant le plus
souvent sommaires, arbitraires et d'une valeur inégale d'un organisme
à l'autre. Une fois embauchés, les employés occasionnels
souffrent des conséquences fâcheuses de leur statut. En effet, au
plan socio-économique, il apparaît impossible de faire des plans
à moyen terme et des projets d'avenir comportant des investissements
financiers ou une planification familiale. Imaginez, M. le Président, un
employé de la fonction publique qui a un statut temporaire et qui se
présente à un gérant de banque pour faire un emprunt, un
prêt hypothécaire sur une propriété, de quelle
façon il peut être reçu.
De plus, la commission a constaté que les employés
occasionnels sont le plus souvent des jeunes et des femmes, pour certaines
chefs de famille monoparentale, pour d'autres de retour avec
appréhension sur le marché du travail après avoir
consacré quelques années à leur famille.
Les conventions collectives leur confèrent un statut
inférieur en ne leur garantissant que des droits minimaux, ce qui incite
les gestionnaires à se sentir plus à l'aise d'utiliser
l'arbitraire dans les décisions qui les concernent. M. le
Président, sur le plan humain, ces personnes se sentent souvent
dévalorisées face à leurs pairs qui détiennent des
emplois permanents. De plus, le stress physique et moral inhérent
à leur statut engendre une certaine incapacité de prendre des
décisions d'ordre personnel fondamentales à l'équilibre de
leur développement et à la progression de leur carrière.
(18 h 20)
Enfin, on retrouve souvent chez cette catégorie de personnes un
manque de sentiment d'appartenance à l'organisation et, par voie de
conséquence, un manque d'adhésion aux objectifs de celle-ci.
Voilà pourquoi, M. le Président, la commission a
recommandé dans son rapport de régulariser la situation des,
employés occasionnels. Premièrement, puisque les employés
occasionnels, embauchés pour occuper des emplois d'une certaine
durée, devraient se soumettre à un concours identique à
celui des employés permanents, il conviendra d'en tenir compte lorsque
des postes permanents deviendront disponibles. Deuxièmement, lorsque
cela surviendra, les personnes qui occupent de façon ininterrompue les
postes en cause depuis un certain nombre d'années devraient être
titularisées. Troisièmement, pour ce qui est des personnes
concernées par la décision du Conseil du trésor de
transformer 3500 postes occasionnels en poste permanents, il faudrait les
titulariser par une disposition transitoire comme cela a été fait
en 1983. Il est en effet possible d'amender en ce sens la Loi sur la fonction
publique par une disposition temporaire stipulant qu'au moment où la loi
est amendée les personnes qui occupent un poste occasionnel depuis un
certain nombre d'années deviendront permanentes après avoir fait
l'objet d'une déclaration d'aptitudes par l'Office des ressources
humaines.
Je vous ai mentionné, au début de mon allocution, que la
qualité totale des services publics n'est pas encore atteinte. Dans ce
sens, la commission parlementaire chargée de réviser la Loi sur
la fonction publique affirme dans son étude qu'après avoir
consulté 55 ministères ou organismes des initiatives
intéressantes et des efforts importants ont été
consacrés à l'amélioration des services aux citoyens.
Cependant, cette préoccupation n'a pas été partagée
de façon aussi évidente par chacun des ministères et
organismes consultés. En outre, les améliorations ont davantage
porté sur les plans matériel et organisationnel. Certes, elles
ont permis d'accroître la capacité de traitement des dossiers des
clients et les facilités d'accès à certains services, mais
pas nécessairement la qualité des services aux citoyens. De fait,
un sondage effectué à la demande de la commission auprès
de l'ensemble des citoyens et des attachés politiques des
députés a révété que, même si 9
citoyens sur 10 se disent satisfaits des services de la fonction publique,
l'objectif de la qualité totale est loin d'être atteint
Par ailleurs, les audience de la commission et l'analyse des
mémoires ont fait ressortir des carences importantes au niveau de la
formation des fonctionnaires de première ligne. Ce sont les
préposés à l'accueil et aux renseignements, les agents de
bureau, les techniciens qui sont les premiers garants de la qualité des
services et ce sont pourtant les derniers à recevoir la formation
appropriée pour donner les meilleurs services aux citoyens. Aussi, la
commission est d'avis qu'il faudra dorénavant consacrer plus de
ressources et de temps pour la formation et le développement des
fonctionnaires de première ligne. Et surtout, M. le Président, il
faudra valoriser le rôle important que les fonctionnaires sont
appelés à jouer auprès du public.
Voilà, somme toute, M. le Président, les remarques dont je
voulais vous faire part sur cette étude et je vous en remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Hull, sur ce sujet. Je suis prêt à
reconnaître un prochain intervenant sur le sujet, M. le
député de Verdun. M. le député de Verdun, la parole
est à vous.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. J'ai tenu à
intervenir sur ce rapport parce que, dans un certain sens, il nous interpelle
tous en tant que parlementaires sur un point très particulier, la
question de l'imputabilité. Je voudrais limiter mon intervention, si
vous me permettez, M. le Président, à cette question de
l'imputabilité. Le rapport analyse très clairement comment
fonctionne l'appareil gouvernemental et comment, à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental, les différents niveaux ou les
différents paliers doivent rendre compte de ce qu'ils ont fait. Il
distingue deux niveaux, deux manières de rendre compte:
l'imputabilité interne, c'est-à-dire interne à
l'intérieur du ministère concerné, interne à
l'intérieur de l'organisme parapublic concerné, jusqu'à
l'extrême limite, c'est-à-dire la personne responsable; dans le
cas du ministère, le ministre ou, dans le cas d'un organisme parapublic,
le responsable de l'organisme.
Le rapport établit très clairement comment on peut
améliorer l'imputabilité interne, mais il se pose la question
aussi: est-ce qu'il n'y a pas aussi une responsabilité de la part des
parlementaires pour vérifier l'imputabilité externe?
C'est-à-dire jusqu'à quel point la gestion de l'appareil
gouvernemental, la gestion de l'État doit-elle être
vérifiée, doit-elle être surveillée par les
parlementaires que nous sommes? Très claire-
ment, le rapport répond oui. Le rapport répond oui dans le
sens suivant, c'est-à-dire que chacun d'entre nous, chacun des 125
parlementaires de cette Chambre qui ont été dûment
élus dans les comtés du Québec, a la responsabilité
de s'assurer que l'appareil de l'État, le fonctionnement des
différents ministères satisfait bien ou répond bien aux
objectifs qu'ils se sont imposés.
La question qui est devant nous, c'est la suivante: est-ce qu'à
l'heure actuelle les mécanismes qui sont à notre service sont
utilisés correctement? Est-ce que nous, comme parlementaires, on remplit
réellement ou pleinement notre rôle de surveillants de l'appareil
gouvernemental? La critique est assez acerbe dans ce document et, je pense,
justifiée. Sans jeter le blâme à personne, les lignes de
parti parfois un peu rigides amènent que la fonction de
vérification qui serait impartie aux parlementaires est souvent
évacuée. Dans ce cadre-là, M. le Président, il est
bon de rappeler ici que nous avons les moyens d'assumer pleinement cette
tâche de vérificateurs, de surveillants de l'appareil
gouvernemental. Ce moyen, c'est les commissions parlementaires.
Le rapport propose une solution et, je pense, au moins une avec laquelle
nous devons probablement tous être d'accord. Chacun des ministères
est appelé à déposer régulièrement, chaque
année, un rapport annuel. Le rapport, actuellement - je pense que
ça ne demanderait pas une révolution majeure dans le
fonctionnement de notre parlementarisme - il suggère deux choses
majeures qui pourraient être facilement appliquées si on le
voulait et qui amélioreraient grandement, je crois, la surveillance et
l'im-putabilité externe de l'appareil gouvernemental.
Premièrement, que les rapports gouvernementaux de chacun des
ministères soient référés aux commissions
parlementaires responsables des ministères pour être
étudiés. Donc, cette première notion, où le rapport
de chacun des ministères, année après année, est
étudié par la commission parlementaire permettrait aux
parlementaires de jouer pleinement leur rôle de surveillants ou de
surveillantes de l'appareil gouvernemental. (18 h 30)
Je terminerai là-dessus, M. le Président; j'ai un temps
relativement limité.
Deuxième élément: que la forme des rapports, que
les renseignements qui sont à l'intérieur des rapports
gouvernementaux soient un peu plus élaborés pour permettre aux
parlementaires de vérifier réellement si les objectifs qui,
année après année, sont énoncés par les
responsables des différents ministères sont atteints. Deux choses
bien simples, M. le Président. Deux choses bien simples:
premièrement, référer les rapports aux commissions
parlementaires pour qu'ils y soient étudiés; deuxièmement,
que ces rapports soient un peu plus substantiels. Et par ces deux
légères modifications, déjà, on atteindrait une
meilleure surveillance de l'appareil gouvernemental, surveillance, et c'est
très clairement expliqué à l'intérieur du rapport,
qui fait partie de nos responsabilités de parlementaires.
Je terminerai en m'associant aux félicitations qui ont
été émises, tant par l'Opposition que par le parti
ministériel, sur la qualité du travail qui a été
fait par cette commission. Et je peux le faire en toute liberté parce
que je ne faisais pas partie de cette commission. Et je dois le dire, je
voudrais ici féliciter le député de Vanier pour
l'énorme travail qu'il a fait à l'intérieur de ce rapport.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(m. bissonnet): merci, m. le
député de verdun. sur ce même sujet, je reconnais
maintenant m. le député de prévost. m. le
député.
M. Paul-André Forget
M. Forget: M. le Président, il importe tout d'abord de
vous préciser que c'est en vertu de l'article 172 de la Loi sur la
fonction publique que la commission parlementaire visant à
étudier l'opportunité de maintenir en vigueur ou, le cas
échéant, de modifier la Loi sur la fonction publique a
été convoquée. C'est dans ce cadre que le gouvernement
libéral, toujours soucieux d'améliorer la qualité des
services rendus à la population et d'assurer une gestion juste et
efficace des ressources humaines, a choisi, par l'intermédiaire de ses
représentants, d'examiner l'atteinte des objectifs fondamentaux qui
étaient à la base de la Loi sur la fonction publique,
adoptée en 1983.
Les travaux de cette commission ont abouti à un volumineux
rapport dans lequel on a abordé à peu près tous les volets
de cette législation. J'insisterai sur un point en particulier qui a
attiré l'attention de l'ensemble de la population, incluant, bien
sûr, les membres de la commission, portant sur la qualité des
services offerts au public québécois. Il n'est que normal
d'entendre le public réclamer de meilleurs services d'un État
aussi moderne que le nôtre. En clair, cela signifie que les gens veulent
en avoir pour leur argent. Une fois cela dit, cependant, le reste demeure
difficile à réaliser, dans la mesure où l'appareil
d'État est d'une complexité qui n'a d'égal que son
budget.
Or, le budget que l'État québécois dépense
aujourd'hui est de 35 000 000 000 $. C'est vous dire toute l'ampleur du
défi à réaliser dans les années à venir.
Pour l'instant, les membres de la commission du budget et de l'administration
ont accompli l'immense tâche d'analyser près d'une cinquantaine de
mémoires qui leur ont été soumis, et ce, dans le but de
mesurer l'atteinte des objectifs fondamentaux édictés par la loi.
La problématique est, d'autre part, bien connue. Elle se situe au niveau
de la difficulté du citoyen à
atteindre le noyau de fonctionnaires qui puissent être en mesure
de répondre à ses attentes.
Imaginez, en effet, un citoyen situé dans une région
éloignée, qui tente d'avoir des informations sur les
modalités d'une subvention quelconque pour lui venir en aide. On
comprendra jusqu'à quel point l'accessibilité du citoyen à
un service de qualité peut constituer pour lui un mythe. Le temps me
manque ici pour brosser un tableau des 25 dernières années, de la
nature et de l'ampleur du développement de l'administration publique au
Québec. Cependant, je me contenterai de mentionner qu'une perception
politico-administrative s'est peu à peu ancrée dans l'esprit de
la population. C'est le gigantisme de la fonction publique
québécoise qui a généré une
intolérance de la population. Également, les années
soixante-dix ont constitué un véritable défi de
société. Nous avons, en effet, assisté à la
consolidation des outils de développement administratif et à la
naissance de plusieurs programmes gouvernementaux destinés à
quatre grandes missions: de l'État, soit la mission économique,
la mission culturelle, la mission sociale et la mission administrative. Par la
suite, les années 1976 à 1985 ont été
marquées par de nombreuses remises en question, des interrogations aussi
bien individuelles que collectives. C'était l'heure de la
rationalisation et de la gestion de la décroissance des secteurs public
et parapublic.
Les années quatre-vingt-dix constituent un véritable
tournant de l'administration publique québécoise en ce sens que
l'on mise sur la qualité des services à offrir à la
population. À cet égard, la commission a identifié
quelques problèmes chroniques de l'appareil gouvernemental. Ils sont de
six ordres et ils ont été clairement identifiés:
difficulté d'accès à la fonction publique par le
réseau téléphonique; trop d'intermédiaires
après avoir obtenu une ligne pour rejoindre la source spécifique
en mesure de répondre adéquatement aux demandes;
incapacité des fonctionnaires de justifier convenablement les
décisions qu'ils rendent; complexité relative des formulaires que
doit remplir le citoyen; information insuffisante fournie par les
fonctionnaires au citoyen quant à ses droits de recours pour en appeler
d'une décision; délais trop longs pour obtenir une réponse
lorsqu'il s'agit d'une réclamation complexe ou hors normes.
Donc, en vue de revaloriser le rôle de ceux et de celles qui
travaillent au sein de la fonction publique, les membres de la commission ont
formulé une série de recommandations que le gouvernement devra
examiner avec soin afin de voir dans quelle mesure leur application est
susceptible ou non d'améliorer la qualité des services
dispensés à la population.
Il faut d'abord viser la qualité des services. Quant à
l'aspect de quantité, il dépend, bien sûr, de l'ampleur de
la demande et, également, de la diversité de cette même
demande, compte tenu du fait qu'il existe plusieurs types de clientèles
à satisfaire dans une société moderne qui ne cesse de se
développer. De plus, nous devons examiner l'opportunité de
consulter les fonctionnaires sur la méthode de confection de leurs
outils de travail, spécialement ceux en contact direct avec la
clientèle. Les fonctionnaires dits de première ligne devront
être mieux équipés pour régler les problèmes
et justifier les décisions qu'ils prennent. Ensuite, des bureaux de
plaintes devraient être rattachés à la direction
supérieure de l'administration au niveau de tous les ministères
et organismes. Les ministères et organismes devront de plus informer
leurs clientèles des recours auxquels elles ont droit face aux
décisions rendues. (18 h 40)
Une autre recommandation concerne le système
téléphonique, qui devra être amélioré, et que
les préposés aux appels soient formés adéquatement
pour être en mesure de mieux informer les différentes
clientèles. Nul doute, M. le Président, que le public
québécois sera de plus en plus exigeant à l'égard
des services rendus par la fonction publique québécoise. Il
insistera sur la qualité de ces services, mais également sur la
disponibilité des fonctionnaires, spécialement ceux avec qui ils
sont en contact direct lorsque vient le temps de régler leurs dossiers.
Je suis convaincu que les fonctionnaires sauront relever ce défi
primordial au mieux-être de notre communauté, s'ils oeuvrent dans
un milieu qui leur permettra d'exécuter correctement toutes les
tâches qui leur incombent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Prévost. Je suis prêt à
reconnaître, sur ce même sujet, M. le député de
Limoilou. M. le député.
M. Michel Després
M. Després: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir d'intervenir, dans les quelques minutes qui restent à notre
formation politique, sur la prise en considération du rapport sur la loi
de la fonction publique, M. le Président, rapport auquel je suis fier
d'être associé parce que l'ensemble des membres de la commission
parlementaire... J'aimerais les nommer parce qu'on a travaillé pendant
plusieurs mois à cette commission parlementaire: le député
de Mille-Îles, M. Jean-Pierre Bélisle, le député de
Saint-Louis, M. Jacques Chagnon, le député des
Îles-de-la-Madeleine, M. Georges Farrah, le député de
Prévost, qui vient de parler, M. Paul-André Forget, le
député de Hull, M. Robert LeSage, qui a parlé tout
à l'heure. Du côté du Parti québécois: le
député de Bertrand, M. Beaulne, le député de Gouin,
M. Boisclair, le député de Pointe-aux-Trembles, M. Bourdon, et le
député de Labelle, M. Léonard.
Ça me fait plaisir, M. le Président, parce qu'il y a
beaucoup de travail dans ce rapport. C'est un rapport de plus de 150 pages,
plus de 47 recommandations, où l'ensemble des membres de la commission
parlementaire ont déposé un rapport de façon unanime et
toujours dans l'objectif, dans le but de donner un meilleur service aux
citoyens. Un rapport qui se répartit pendant quatre chapitres, M. le
Président, qui sont: les services aux citoyens, le leadership dans
l'implantation de la loi, l'implantation d'un système
d'imputabilité dans la fonction publique, et la dotation et le
développement des ressources humaines, M. le Président.
Un objectif toujours commun dans chacun de ces chapitres est celui, il
ne faut pas l'oublier, d'améliorer le service aux citoyens, M. le
Président. J'aimerais peut-être vitement, parce que j'ai seulement
quelques minutes, faire ressortir dans chacun des points les faits saillants de
ce rapport de plus de 150 pages et de 47 recommandations, un rapport qui
conclut tout d'abord qu'au terme de ses travaux la commission parlementaire qui
était chargée de revoir la Loi sur la fonction publique conclut
que la loi ne peut être modifiée, M. le Président, au plan
de ses orientations et de ses principes de base. Une loi qui est, quant
à nous, toujours d'avant-garde et un véhicule d'une philosophie
de gestion susceptible d'améliorer l'efficacité et l'efficience
de la fonction publique et, par le fait même, de fournir un service de
qualité aux citoyens, mais où il y a aussi possibilité
d'améliorer ces services aux citoyens, M. le Président.
Entre autres, lorsqu'on parle des services de première ligne,
c'est ce qui est le plus important, M. le Président, lorsque le citoyen,
de chez lui, essaie de rejoindre... d'avoir une information, de savoir comment
il peut avoir réponse dans son dossier. Ce qui est le plus important par
rapport aux services aux citoyens, M. le Président, c'est qu'on veut, au
niveau des gestionnaires, au niveau des fonctionnaires qui répondent,
avoir la formation pour être capable de donner un service adéquat
et, autant que possible, que chacun des organismes, chacun des
ministères ait éventuellement son propre service de plaintes.
C'est ce que j'ai retenu, M. le Président, qui pouvait être le
plus important à ce point de vue, dans ce chapitre de notre rapport.
Le leadership dans l'implantation de la loi. Vous avez vu qu'il y a une
nouvelle structure de proposée par rapport à séparer la
gestion financière et la gestion des ressources humaines. Quant à
moi, M. le Président, je pense, au fond, que le premier objectif,
lorsqu'on parle du leadership dans l'implantation de la loi, c'est tout
d'abord... Je pense que les membres de la commission ont voulu démontrer
l'importance qu'on voulait accorder à la gestion et au
développement des ressources humaines, M. le Président. Le
Conseil du trésor qui effectue présentement ces deux fonctions,
celle de la gestion financière et la gestion des ressources humaines,
quant à moi ce n'est pas nécessairement incompatible. Mais
là où on veut améliorer et accentuer, c'est la gestion, le
développement des ressources humaines. On veut qu'il y ait une meilleure
formation pour les gens dans la fonction publique et, par le fait même
aussi, une meilleure mobilité. Quant à moi, M. le
Président, on ne peut rendre productif quelqu'un qui, après des
années, occupe le même bureau, le même ministère, la
même chaise. Et si on peut établir des programmes pour
améliorer cette formation des fonctionnaires et, par le fait même,
améliorer cette mobilité, ça égalera, M. le
Président, quant à moi, une meilleure productivité. Donc,
une structure qui est proposée, un ministre à la Fonction
publique qui a la responsabilité de la gestion des ressources humaines.
Mais, quant à moi, c'est une proposition et toute autre proposition qui
accordera autant d'importance à la gestion des ressources humaines
pourra, quant à moi, être bienvenue, M. le Président.
L'implantation d'un système d'imputabilité dans la
fonction publique. Je pense qu'on a vu tout au long du débat et,
d'après les gens qu'on a pu entendre - merci, M. le Président, de
me faire signe - quant à moi certains y croient et certains n'y croient
pas. Moi, je fais partie de ceux qui y croient et je pense qu'un jour ou
l'autre on devra, dans la fonction publique, avoir un système
d'imputabilité interne et externe. Je pense qu'il faut être
prudent dans l'implantation de cette imputabilité-là en
définissant des critères, des paramètres qui nous
permettront de bien encadrer cette imputabilité.
Et le quatrième chapitre, M. le Président, celui de la
dotation et du développement des ressources humaines, j'en ai
parlé parce que je l'ai associé au leadership d'implantation de
la loi. On veut augmenter les programmes de formation dans la fonction publique
et par le fait même accentuer la mobilité justement pour avoir, ce
dont ont parlé certains collègues ce soir, une meilleure
productivité dans la fonction publique. Je sais que mon collègue
qui interviendra tout à l'heure accorde cette importance de la
productivité dans la fonction publique par un programme qu'il a
déjà annoncé dans le cadre d'une meilleure
productivité dans la fonction publique.
Tout simplement pour vous dire, M. le Président, que j'ai
été fier d'être associé à ce rapport qui a
été déposé et de vous dire que j'espère que
nous aurons, effectivement, un suivi dans les recommandations que la commission
du budget et de l'administration a faites au président du Conseil du
trésor.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant le dernier intervenant du
côté ministériel en lui indiquant qu'il lui reste cinq
minutes au temps alloué à cette formation, à votre
formation politique. M. le président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Président. J'insistais
quelque peu pour prendre la parole dans le cadre de ce débat dans la
mesure où j'ai été le premier à m'adresser à
cette commission du budget et de l'administration qui traitait de la
révision éventuelle de la Loi sur la fonction publique, où
j'ai été, à l'occasion des auditions, le dernier
également à manifester mon opinion à la suite de
nombreuses journées fort bien remplies des membres de la commission qui
se sont penchés sur la gestion des ressources humaines au gouvernement
du Québec. Je veux remercier immédiatement tous les membres de la
commission pour l'attention et le sérieux qu'ils ont apportés
à l'étude de ce dossier, car, effectivement, comme le disait il y
a quelques instants le député de Limoilou, il est central
à la qualité des services à nos concitoyens. La gestion
des ressources humaines, la façon dont, à l'intérieur du
cadre de la Loi sur la fonction publique, on peut motiver les employés
du secteur public, les rémunérer, leur accorder un cadre de
travail qui bonifie tout leur talent afin qu'ils le fassent porter sur la
qualité des services à nos concitoyens, c'est l'oeuvre la plus
utile sur laquelle on peut se pencher comme gestionnaires des fonds publics.
Ça m'amène néanmoins à faire remarquer que, comme
gestionnaires, on a également a se préoccuper du coût
financier de nos interventions.
Mes quelques remarques ne porteront que sur cet aspect qui m'apparart
central du rapport, c'est-à-dire cette recommandation qui viserait
à doter deux membres du Conseil exécutif de ce qui est
d'aujourd'hui exercé par le Secrétariat et le président du
Conseil du trésor. Il s'agit là d'une piste intéressante
dans la mesure où une solution de structure et une solution
hiérarchique pouvait amener la certitude que la gestion des ressources
humaines s'en trouverait améliorée. Ça reste à
démontrer, à mon sens, dans la mesure où, pendant de
nombreuses années, on a effectivement eu ce bicéphalisme à
l'égard de la gestion des ressources humaines, matérielles,
financières et que le législateur, suite à des
représentations, suite à un examen minutieux du fonctionnement de
l'appareil public, a plutôt décidé de marier à
l'intérieur d'un seul organisme ces impératifs, je dirais, de
gestion des ressources humaines, d'une part, financières et
matérielles, d'autre part; le tout formant la gestion budgétaire.
(18 h 50)
Est-ce que la solution de structure permettrait de mettre l'accent
davantage - c'est ça que la commission souhaite - sur la gestion des
ressources humaines, sur tous les éléments qui en sont une partie
intégrante: la formation, la motivation, l'encadrement, la mise à
jour des connaissances, les processus d'admissibilité et de concours
à l'intérieur de la fonction publique?
Autant d'éléments qui doivent être absolument pris
en compte lorsqu'on parle de gestion saine de l'ensemble de nos ressources.
Est-ce que c'est en dotant un organisme qui répond directement au
Conseil exécutif de toutes ces attributions, aujourd'hui
exercées, entre autres attributions, par le Trésor, qu'on trouve
la piste de solution? Ça reste à démontrer. Je l'indique,
M. le Président, mais il m'apparaît que la vraie solution, quelle
qu'elle soit au point de vue des structures, au point de vue des
restructurations de ce qui existe actuellement, au point de vue, je dirais, du
poids relatif qu'on peut accorder comme gouvernement ou comme Assemblée
nationale à ces différents éléments, la vraie
solution repose essentiellement sur une volonté de recentrer notre
attention, comme parlementaires et comme gestionnaires, sur l'importance
centrale des ressources humaines. Il m'apparaît que le système
actuel - si on peut penser qu'il peut être bonifié, que l'accent
doit porter davantage sur les ressources humaines - est assez adapté aux
moyens qu'on doit mettre en oeuvre pour répondre à l'objectif. Il
m'apparart, M. le Président, qu'on ne doit pas perdre de vue - et c'est
le risque qu'on courrait avec une solution structure - que les
impératifs financiers et les impératifs de gestion de ressources
humaines comme tels sont indissociables, que nos concitoyens auront des
services de qualité si nos ressources humaines sont bien
gérées et dans un cadre financier qu'on a les moyens de se payer
et de supporter. C'est ce que tente actuellement de faire la structure que nous
connaissons. Il est évident qu'on peut améliorer, mettre l'accent
davantage sur les ressources humaines. C'est ce que la commission a
exprimé, c'est ce à quoi, quant à moi, je vais m'employer
et c'est ce à quoi je me suis engagé devant la commission
à plus d'une reprise.
Je veux, en terminant, réitérer mes remerciements et mes
félicitations à l'endroit de nos collègues parlementaires
qui se sont penchés sur ce problème extrêmement important.
Je les assure que, dans mon cas, comme parlementaire, je participe à
leur oeuvre, mais comme membre du Conseil exécutif, j'aurai à me
pencher très attentivement sur l'ensemble du rapport afin d'en
dégager les pistes qui, de façon la plus positive et la plus
constructive possible, pourront permettre d'atteindre les objectifs
définis par la commission et par l'Assemblée nationale:
c'est-à-dire donner à nos concitoyens des services publics de
qualité, car c'est eux qui paient pour ces services. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Il n'y a pas d'autres intervenants. Suite à ce
débat restreint, l'Assemblée a pris en considération le
rapport de la commission du budget et de l'administration qui a
étudié l'opportunité de maintenir en vigueur ou
de modifier, le cas échéant, la Loi sur la fonction
publique et qui a procédé, à cette fin, à une
consultation générale et tenu des auditions publiques les 9, 10,
23, 24 et 25 octobre 1990 ainsi que des séances de travail et une
séance publique les 13 mars, 29 mai, 16 août, 26 septembre et 11,
13 et 17 décembre 1990. Ce rapport, déposé le 17
décembre 1990, contient les observations, les conclusions et les
recommandations de la commission et ce débat n'entraîne aucune
décision de l'Assemblée conformément aux articles 94 et 95
du règlement. M le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article 20 du feuilleton, s'il vous plait.
Projet de 101 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 20,
Mme la ministre déléguée aux Finances propose l'adoption
du projet de loi 101, Loi modifiant la Loi sur les valeurs mobilières.
Mme la ministre déléguée aux Finances.
Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. le Président,
nous savons combien le processus d'allocation des ressources, dans le secteur
financier québécois, et plus particulièrement sur les
marchés financiers, implique l'action de plusieurs intervenants,
à savoir le public investisseur, les entreprises émettrices de
valeurs mobilières, les opérateurs de marché et
intermédiaires et l'autorité de contrôle et de
surveillance. Chacun de ces intervenants constitue une composante fondamentale
du processus et mérite un traitement qui favorise dans une certaine
mesure la promotion de leurs intérêts propres.
Dans ce contexte, le devoir du gouvernement est d'assurer la
fiabilité du système, l'efficacité dans les
opérations qui s'y déroulent et la confiance du public à
son endroit.
M. le Président, le projet de loi 101 propose en ce sens une
série de mesures qui visent à favoriser une meilleure
efficacité et une plus grande stabilité institutionnelle de nos
marchés financiers québécois. Il contient un certain
nombre de mesures distinctes, mais convergentes, dont la somme produit les
résultats escomptés.
Ainsi, l'intérêt du public investisseur m'apparaît
bien servi par ce projet de loi. On y retrouve, en effet, bon nombre de
dispositions visant à lui rendre disponible une information claire,
exacte et complète.
M. le Président, l'aspect de l'efficacité des
marchés n'a pas été négligé non plus. Un
certain nombre de dispositions y sont prévues, lesquelles
témoignent du souci du gouvernement de favoriser une juste concurrence
et de diminuer le poids de la réglementation pour les émetteurs.
L'égalité des chances et la concurrence sont également des
principes que nous voulons continuer à promouvoir dans la
définition du cadre réglementaire régissant les valeurs
mobilières au Québec.
En conclusion, M. le Président, le projet de loi 101 vise
à améliorer la trame actuelle de la Loi sur les valeurs
mobilières, en fonction des meilleurs intérêts des
intéressés. Il vise également à assurer à
notre législation le caractère souvent innovateur qu'on lui
connaît.
J'ai cru constater, M. le Président, lors des travaux en
commission parlementaire, que mon collègue, le député de
Gouin, n'était d'ailleurs pas en désaccord avec moi sur ce
point.
Je propose donc, M. le Président, que l'Assemblée
nationale adopte le projet de loi 101, Loi modifiant la Loi sur les valeurs
mobilières.
Amendements déposés
M. le Président, si vous me permettez, à ce moment, de
déposer, avec l'assentiment de cette Chambre, des amendements à
la version anglaise de ce projet de loi. Ces amendements ont été
soumis hier aux députés de l'Opposition et ce n'est rien d'autre
que des erreurs de traduction et non des modifications sur le fond des
articles.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos amendements sont
déposés. Consentement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, il a été
convenu entre le leader de l'Opposition et moi que des amendements pourraient
être effectivement déposés à l'étape de la
troisième lecture, que nous pourrions procéder aux
écritures sans déférer en comité plénier et
que nous passerions immédiatement après à l'adoption du
projet de loi, après quelques commentaires de M. le
député.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Suite à votre
intervention, M. le leader, est-ce qu'il y a consentement pour procéder
aux écritures?
M. Boisclair: Consentement.
Commission plénière
Le Vice-Président
(m. bissonnet): est-ce que la
motion de mme la ministre déléguée aux finances, proposant
que l'assemblée se constitue à partir de maintenant en commission
plénière, est adoptée?
Une voix: Non, non, non.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. Ce n'est pas
ça là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, c'est
ça.
M. Pagé: O.K. Parfait, mais je ne veux pas y aller.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais
répéter. Est-ce que la motion de Mme la ministre
déléguée aux Finances, proposant que l'Assemblée se
constitue à partir de maintenant en commission plénière,
est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. En
commission plénière, Mme la ministre
déléguée aux Finances a transmis les amendements en
question. Est-ce que les amendements proposés par Mme la ministre
déléguée aux Finances sont adoptés?
M. Boisclair: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. De retour
à l'Assemblée, est-ce que le rapport de la commission
plénière est adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. En
conséquence, nous allons poursuivre le débat sur l'adoption du
projet de loi 101. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'adoption de ce
projet de loi? M. le député de Gouin.
Reprise débat sur l'adoption M. André
Boisclair
M. Boisclair: Quelques instants, M. le Président, pour
ajouter à ce que la ministre a dit. Effectivement, il me fait plaisir de
concourir à l'adoption du projet de loi 101 qui modifiera la Loi sur les
valeurs mobilières. Il s'agit d'un certain nombre de dispositions
très techniques qui viennent modifier cette loi fondamentale qui vient
décrire et diriger les pouvoirs de la Commission des valeurs
mobilières du Québec.
M. le Président, j'aimerais rappeler et profiter de l'occasion
pour remercier la collaboration de la ministre qui, sans hésitation, m'a
fait parvenir les textes et les notes explicatives concernant le projet de loi
101 puisqu'il s'agissait, effectivement, d'éléments très
techniques, et je crois que c'était la façon de procéder.
Là-dessus, je tiens d'entrée de jeu, M. le Président,
à remercier la ministre.
Peut-être quelques commentaires pour dire que c'est un projet de
loi qui a fait consensus non seulement entre les parlementaires de cette
Chambre, mais aussi dans le milieu. Je recevais aujourd'hui de la
correspondance des responsables de la Bourse de Montréal. Même la
Bétonnière du Québec, à qui j'avais écrit
pour lui demander son opinion sur le projet de loi 101, a jugé bon de
donner elle aussi un commentaire favorable quant aux différentes
dispositions contenues au projet de loi 101. L'Association canadienne des
courtiers en valeurs mobilières appuie les grandes lignes du projet de
loi 101. Donc, ce qui est intéressant de constater, c'est de voir que ce
projet de loi n'a pas fait seulement consensus entre les parlementaires de
cette Chambre, mais aussi entre les différents intervenants qui
s'étaient prononcés à l'occasion du rapport quinquennal de
M. Fortier. (19 heures)
M. le Président, plusieurs de ces modifications contenues au
projet de loi 101 étaient devenues nécessaires avec le temps. Il
faut rappeler que, si nous avons pu et si nous sommes capables de
débattre une loi qui modifie la Loi sur les valeurs mobilières,
c'est parce qu'il y a une disposition particulière contenue dans la Loi
sur les valeurs mobilières qui oblige une révision tous les cinq
ans. Il s'agit là, M. le Président, d'une disposition
relativement originale qui est la même qu'on retrouve dans la Loi
fédérale sur les banques, qu'on reprend aussi dans la Loi sur les
assurances, qui permet au législateur d'adapter sa législation
aux nouvelles réalités du marché. Les produits qui
existent maintenant sur le marché ne sont pas du tout les mêmes.
Il y a plusieurs nouveaux produits qui se sont ajoutés depuis 5 ou 10
ans, et c'est pour ça, M. le Président, que des révisions
de la loi tous les cinq ans apparaissent nécessaires. Et c'est
grâce à un dispositif quand même intéressant contenu
à l'intérieur de la Loi sur les valeurs mobilières que
nous pouvons intervenir et réviser cette loi de façon
régulière.
M. le Président, je dois dire aussi que l'Opposition officielle a
pris bonne note, tout comme la ministre d'ailleurs - comme elle nous en faisait
part à l'occasion de la commission parlementaire du budget et de
l'administration qui a étudié le projet de loi article par
article - des propos du Protecteur du citoyen. Le Protecteur du citoyen
soulevait un certain nombre de préoccupations intéressantes. Je
conçois très bien qu'elles ne pouvaient être
abordées dans le cadre de l'étude du projet de loi, mais elles
pourront peut-être nous inspirer lors de la prochaine révision de
la Loi sur les valeurs mobilières. Et le Protecteur du citoyen, M. le
Président, se questionnait particulièrement sur le montant et sur
le niveau des amendes. Le Protecteur disait qu'au moment où le
gouvernement propose d'augmenter substantiellement les amendes en
matière de sécurité routière, il aurait
souhaité et il aurait pu s'avérer souhaitable de
majorer l'amende minimum de 500 $ imposable en vertu de la loi dans
certains cas où l'infraction démontre une insouciance à
l'égard des intérêts des épargnants. En pareil cas,
les conséquences pénales de l'infraction sont peu dissuasives et
sans rapport avec les profits générés par l'infraction.
Donc, M. le Président, il y a aussi d'autres commentaires que le
Protecteur du citoyen a formulés. Je suis convaincu que la ministre en a
pris bonne note et qu'on pourra y revenir plus à fond à
l'occasion de la prochaine révision de la Loi sur les valeurs
mobilières.
Je veux soulever aussi, M. le Président, que l'ensemble des
dispositions contenues au projet de loi 101, qui sont adoptées et qui
seront adoptées bientôt, sont essentiellement là pour
faciliter le travail de la Commission des valeurs mobilières. La
Commission des valeurs mobilières n'a pas un travail simple, n'a pas un
mandat facile à réaliser. Il s'agit, M. le Président, d'un
organisme fondamental sans lequel on pourrait se questionner sur
l'efficacité des marchés. Parce que, bien sûr, M. le
Président, un épargnant qui a à son profit un certain
capital décide d'utiliser un moyen ou un autre pour faire fructifier ce
capital. Et si ce n'était pas de la confiance que les épargnants
et les investisseurs ont à l'égard du marché des valeurs
mobilières, à l'égard aussi de la Commission des valeurs
mobilières, on peut facilement comprendre que ces investisseurs
pourraient faire d'autres choix et canaliser leurs épargnes vers
d'autres moyens.
Alors, M. le Président, les modifications proposées
à la Loi sur les valeurs mobilières nous permettent justement
d'atteindre ce juste équilibre entre, bien sûr, les
intérêts économiques de l'ensemble des
Québécois et aussi ceux des épargnants. Alors, en ce
sens-là, M. le Président, je ne serai pas plus long que ça
si ce n'est peut-être qu'il aurait été intéressant
de revenir rapidement sur le rapport quinquennal qu'avait
présenté M. Fortier, qui a présenté un certain
nombre de dispositions que la ministre n'a pas retenues. Ça a fait
l'objet de discussions à l'occasion de l'étude article par
article. On en a aussi discuté hier soir au moment de la prise en
considération du rapport. Donc, je n'y reviendrai pas, mats je veux tout
simplement dire, M. le Président, que je crois sincèrement que
c'est dans le meilleur intérêt de l'ensemble des épargnants
québécois et québécoises que nous débattons
ce projet de loi et je crois qu'il y va de leur intérêt que,
rapidement, nous puissions adopter ce projet de loi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député, est-ce que la motion de la ministre
déléguée aux Finances proposant l'adoption du projet de
loi 101, Loi modifiant la Loi sur les valeurs mobilières, est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
leader...
M. Pagé: Alors, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Là, je
présume qu'il y a consentement pour qu'on poursuive nos travaux et ne
pas ajourner pour l'heure du souper. Je présume qu'il y a
consentement?
M. Pagé: M. le Président, la motion pour la
suspension de l'horloge a été adoptée. Ceci étant
dit...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, il y a
consentement pour qu'on poursuive les travaux...
M. Pagé: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...en continuité,
sans suspendre pour l'heure du souper. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article 26, M. le Président.
Projet de 112 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 26, Mme la
ministre déléguée aux Finances propose l'adoption du
projet de loi 112, Loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres
dispositions législatives. Est-ce qu'il y a des députés
qui sont intéressés à intervenir sur cette motion? M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Sur le projet de loi 112, M. le
Président?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, sur le projet de
loi 112.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Rapidement, M. le Président. Nous en sommes
à la dernière étape de l'adoption du projet de loi 112, la
loi qui modifie la Loi sur les assurances, qui, elle aussi, cette même
loi, avait fait l'objet d'un Rapport quinquennal qui a été
largement débattu, M. le Président, en commission parlementaire,
la commission du budget et de l'administration qui, pendant deux jours, a
entendu une dizaine de groupes venir se prononcer sur le contenu du Rapport
quinquennal. La ministre a donné suite à cette commission
parlementaire en déposant en cette Chambre un projet de loi qui venait
reprendre l'essentiel des dispositions contenues au Rapport quinquennal. Bien
sûr, je pourrais aller et revenir sur la façon dont les choses se
sont déroulées. Je suis
heureux, M. le Président, de voir que le leader du gouvernement
est revenu dans de bonnes grâces et qu'il manifeste aujourd'hui une
grande joie à la veille de ses vacances, puisque, hier, c'est en
catastrophe que nous avons dû étudier le projet de loi 112.
Mais je veux tout simplement dire, M. le Président, que
l'Opposition est convaincue de la justesse de son point de vue. L'Opposition -
malgré le fait, et ça, je le conçois, M. le
Président, que nous ayons donné notre consentement à une
grande majorité des articles contenus au projet de loi 112 - a fait
cependant, sur un certain nombre d'articles, très clairement savoir son
opposition. Je ferai référence, M. le Président, a la
question du pouvoir discrétionnaire de la ministre et aussi, non pas
tant au fait qu'elle ait un pouvoir discrétionnaire - ça, nous
concevons qu'il est important qu'elle l'ait - mais plutôt aux
critères qu'elle va utiliser pour accepter une demande de
dérogation. Nous aurions préféré que l'article 4,
qui modifie les articles 44, 45 et 46 de la loi, soit rédigé
d'une autre façon. Donc, nous nous sommes abstenus et nous avons
plutôt voté contre cette disposition.
L'autre disposition, M. le Président, qui était
plutôt litigieuse, est celle concernant les acquisitions en aval. Le
projet de loi contient un certain nombre de dispositions qui viendront limiter
la possibilité pour les compagnies d'assurances de se doter de bras
commercial, si ce n'est que pour des entreprises dites connexes dans le projet
de loi, qui seraient définies dans l'article 25 du projet de loi.
Donc, M. le Président, ce sont des oppositions de fond. Je
pourrais revenir aussi sur le processus de consultations, sur la façon
dont ça a été fait, mais je crois que nous avons amplement
discuté de cette question-là à l'occasion de la prise en
considération du rapport. Mais je veux rappeler cependant, et ça,
c'était quand même quelque chose qui nous a fait bien rire de ce
côte-ci de la Chambre, que la ministre, hier - je comprends qu'il
était un peu tard - nous disait: M. le Président, j'ai même
reçu des lettres de gens qui confirment mon point de vue, qui disent que
j'ai raison, que la loi 112 est une bonne loi. La ministre était
tellement enthousiaste, M. le Président. On lui demande le
dépôt de ces documents, et, oh! surprise! qu'est-ce qu'on apprend
en consultant ces documents, M. le Président? C'est que ce ne sont pas
des lettres que la ministre a reçues, ce sont des extraits de
mémoires qui ont été déposés à la
commission du budget et de l'administration. Alors, j'en conclus donc, M. le
Président, que la ministre n'a pas reçu de lettres de gens qui se
sont exprimés, si ce n'est qu'une bonne lettre d'une quinzaine de pages.
La ministre n'a donc pas reçu ces lettres qui témoignent de cet
appui quasi unanime des gens de l'industrie. Alors, si elle en a,
peut-être qu'elle pourra les déposer tout à l'heure.
Je veux dire aussi, M. le Président, que si nous adoptons ce
projet de loi aujourd'hui dans le cadre de cette session, c'est grâce
à l'Opposition officielle. La ministre sait très bien que
l'Opposition aurait pu, dans le cadre de la stratégie parlementaire,
retarder l'adoption du projet de loi à la prochaine session
débutant à la mi-mars. M. le Président, nous avons
effectivement négocié entre les partis, à la fois le
leader du gouvernement et le leader de l'Opposition, une entente, une entente
qui permettra, au début de mars, si je me souviens bien du texte, du
libellé de la proposition, d'entendre l'ensemble des compagnies
mutuelles d'assurances qui pourront venir témoigner des problèmes
qu'elles ont au niveau de la capitalisation de leur entreprise. (19 h 10)
Le rapport Garneau commandé par la ministre, M. le
Président, avait bien fait état des problèmes de
financement, des problèmes d'accès aux capitaux externes pour nos
compagnies mutuelles d'assurances, dans un contexte de mondialisation de nos
économies, dans un contexte aussi, M. le Président, où
leur marge bénéficiaire, ces dernières années, a
énormément diminué. Tout en respectant - disaient-ils dans
leur mémoire - l'importance de cette forme de propriété
qui est la mutuelle, une forme de propriété à laquelle nos
compagnies mutuelles d'assurances croient beaucoup... C'est donc pour ces
raisons qu'au début mars, nous pourrons tenir une consultation publique
pour discuter de cette question dont la ministre d'ailleurs a discuté
à quelques reprises. Donc, nous serons heureux de le faire au mois de
mars. Parce que s'il y avait une objection importante, M. le Président,
à l'égard de l'article 25 du projet de loi sur la Loi modifiant
la Loi sur les assurances, c'est essentiellement à cause de cette
problématique du financement de nos mutuelles d'assurances qui ne
peuvent pas avoir de liens en amont; qui peuvent seulement avoir des liens en
aval puisque ces compagnies mutuelles d'assurances sont détenues par des
mutualistes, de la même façon, qu'une coopérative est
détenue par les sociétaires. Alors, pour ces raisons, bien
sûr, nous sommes heureux de voir qu'on tiendra une consultation publique.
Et il faudra le rappeler, M. le Président, que c'est grâce
à l'Opposition si les compagnies mutuelles d'assurances pourront
s'exprimer dans un forum qui n'est pas négligeable, celui d'une
commission parlementaire, en souhaitant que ces délibérations que
nous aurons en commission au début du mois de mars, pourront finalement
donner naissance à un projet de loi qui pourrait utiliser cette
question-là, puisque la question de la "démutualisation", qui
avait pourtant été abordée dans le Rapport quinquennal,
n'est pas abordée dans le projet de loi, la ministre ayant plutôt
préféré mettre de côté, pour l'instant toute
disposition ayant trait au financement des mutuelles d'assurances et la
fameuse, qu'on appelle dans le jargon, "démutua-lisation".
Donc, nous sommes heureux de ce côté-ci de voir que, d'une
certaine façon, sans peut-être y répondre
immédiatement dans le contenu du projet de loi 112, nous pourrons nous
adresser sur le problème de fond qui est celui de la capitalisation de
nos mutuelles d'assurances et, de façon plus générale, du
financement de nos compagnies d'assurances.
Alors, nous sommes cependant obligés, dans le cadre du contexte
actuel, de maintenir notre position au projet de loi 112. Je le dis, M. le
Président, parce que, effectivement, nous aurions souhaité aller
plus loin au niveau de l'article 4, plus loin au niveau de l'article 25 du
projet de loi. Mais nous souhaitons et nous espérons que, rapidement, la
commission parlementaire nous permettra d'étudier plus à fond
cette question du financement. Et, par conséquent, les liens en aval
pour nos compagnies mutuelles d'assurances que nous pourrons peut-être,
dans un avenir rapproché, apporter des solutions concrètes pour
ces institutions financières qui constituent, bien sûr, un des
fleurons de notre économie québécoise. Et j'espère
que la ministre s'en réjouira. Dans le contexte actuel, nous sommes
obligés de maintenir notre position à cause des raisons que j'ai
évoquées à l'occasion de la prise en considération
du rapport que j'ai rappelé rapidement ce soir. Mais nous sommes heureux
parce qu'il y a un peu de lumière au bout du tunnel, parce que la
ministre a consenti, a accepté la demande de l'Opposition, de tenir une
consultation publique à ce sujet. Souhaitons tout simplement, M. le
Président, qu'on puisse y donner suite et qu'on le fera dans le meilleur
intérêt de nos institutions financières
québécoises. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Mme la ministre déléguée aux
Finances.
Mme Louise Robic
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. le Président,
le 14 juin dernier, j'avais l'honneur de déposer en cette Chambre le
premier Rapport quinquennal sur l'application de la Loi sur les assurances. Ce
Rapport, comme on le sait, formulait les énoncés de politique du
gouvernement sur les modifications devant être apportées à
la Loi sur les assurances. Ces propositions étaient le fruit d'un long
processus de consultations continues avec le milieu. Il a permis des
échanges entre ceux qui ont la responsabilité d'appliquer la loi
et les institutions dont les activités sont régies par cette loi.
Ce processus n'est d'ailleurs pas différent de celui qui nous
mène à chaque projet de loi. Mais je voudrais signaler combien il
est délicat de réglementer un domaine d'activités aussi
intrinsèquement lié à la confiance du public. Cet aspect
nous impose donc un rôle tout à fait particulier, rôle que
nous devons jouer dans une conjoncture changeante. Même s'il s'agit de
légiférer pour des institutions financières
québécoises, force nous est de constater qu'elles sont en
concurrence dans un marché qui déborde largement les
frontières du Québec et du Canada et qu'elles sont soumises aux
contraintes que cela peut entraîner. Nos institutions financières,
M. le Président, veulent aussi grandir, ce avec quoi je suis tout
à fait d'accord. Mais il convient de mesurer adéquatement les
risques que cela comporte. C'est ainsi, M. le Président, que se joue
notre double rôle de promouvoir le développement de nos assureurs
québécois et d'assurer, pour les consommateurs, une protection
à toute épreuve.
M. le Président, le projet de loi 112, qui est proposé
aujourd'hui à l'approbation des membres de cette Assemblée, a
été étudié article par article en commission
parlementaire. Certaines représentations formulées par
l'industrie ont en outre permis qu'un certain nombre d'amendements soient
apportés à ce projet, et ces amendements sont venus
préciser la portée de certains articles et assurent une meilleure
concordance entre les divers éléments de cette loi.
Certes, M. le Président, certaines dispositions de cette
législation ont impliqué des arbitrages qui nous ont
demandé de faire des choix. On ne peut en effet innover, créer de
nouvelles obligations et faire une saine prévention sans que cela
suscite des divergences de vues. L'Opposition officielle l'a d'ailleurs bien
réalisé, M. le Président, en adoptant certains articles
sur division. À cet égard, M. le Président, les
dispositions du projet de loi qui requièrent l'autorisation
écrite du ministre à l'occasion de l'attribution ou de
l'enregistrement de transferts d'actions avec droit de vote d'une compagnie
d'assurances ont soulevé un certain nombre de questions de la part de
l'Opposition, surtout en ce qui touche l'aspect discrétionnaire de
l'exercice d'un tel pouvoir par le ministre. Je me réfère ici, M.
le Président, aux articles 43 et 44 contenus à l'article 4 du
projet de loi, et sur lesquels le député de Gouin nous a
entretenus. Il m'apparaît cependant, M. le Président, que ces
pouvoirs sont très bien encadrés par les dispositions de
l'article 46 de la loi contenu à l'article 4 du projet de loi, surtout
si l'on tient compte, en ce qui concerne une éventuelle prise de
contrôle par des non-résidents, de l'amendement apporté
lors de l'étude article par article. Cet amendement prévoit en
effet que l'autorisation du ministre doit être ultimement basée
sur une preuve bien fondée que la transaction est nécessaire pour
assurer la bonne situation financière de la compagnie d'assurances.
M. le Président, l'ensemble des règles que nous avons
introduites à ce chapitre paraissent constituer une amélioration
sur la situation
actuelle, alors que de telles autorisations sont demandées sans
que la loi prévoie de critère pour baser la décision.
Un autre point, M. le Président, qui a retenu de façon
particulière l'attention de l'Opposition est la limitation aux
investissements en aval d'un assureur, investissements que nous avons
délimités par l'article 25 du projet de loi. Il importe de bien
rappeler, M. le Président, que le projet de loi continue de permettre
les liens commerciaux en amont d'un assureur en vue de favoriser une meilleure
capitalisation.
Il maintient également, M. le Président, le pouvoir d'un
assureur de détenir jusqu'à 30 % des actions votantes de toute
corporation et il préconise, en outre, la possibilité pour un
assureur d'acquérir au-delà de 30 % des actions votantes d'une
corporation lorsque celle-ci évolue dans un champ d'activité
où l'assureur est autorisé à détenir une
filiale.
Il s'agit là, M. le Président, de mesures qui
témoignent de la volonté du gouvernement libéral de
permettre à nos assureurs de continuer à participer activement
à l'essor économique du Québec. Mais l'expérience
acquise depuis 1984 nous indique qu'autant pour les compagnies à
capital-actions que pour les mutuelles, le capital est de plus en plus
exigé pour des activités propres aux assureurs et
nécessaire pour assurer leur solvabilité et leur permettre de
soutenir la concurrence. Cela nous commandait donc, M. le Président, un
certain resserrement basé sur des règles de prudence.
Nous avons voulu préciser dans la loi les possibilités
d'investissements en filiales acceptables pour un assureur, alors que ces
investissements dans les filiales commerciales ne se voient aucunement
délimités actuellement, quant à leur objet. Car, M. le
Président, la diversification par des liens commerciaux en aval ne
représenté pas la solution au problème de la
capitalisation des assureurs en vue de leur croissance et de leur
développement. Au contraire, M. le Président, il m'apparaît
que de tels liens en aval comportent de grands risques. (19 h 20)
Les nouvelles mesures nous apparaissent donc constituer des balises
compatibles avec la pratique des assureurs, à quelques exceptions
près, et dans ces cas, les droits acquis ont été
dûment protégés. Ces mesures assurent enfin une concordance
avec les filiales désignées à cette fin dans d'autres
juridictions. Il convient par ailleurs de souligner, M. le Président,
que le pourcentage maximum de 25 % pour les investissements dans les filiales
demeure beaucoup plus généreux au Québec qu'ailleurs.
M. le Président, les nouvelles règles sur l'éthique
et les conflits d'intérêts ont aussi retenu l'attention de
l'Opposition. À ce sujet, je désire indiquer aux membres de cette
Assemblée, comme je l'ai d'ailleurs répété aux
représentants de l'Opposition en commission parlementaire, que les
règles proposées sont empreintes de notre souci de sauvegarder
l'indépendance administrative de nos institutions et de notre politique
d'autoréglementation de l'industrie des services financiers. C'est dans
ce sens que l'application des règles de base régissant les
conflits d'intérêts sera d'abord la responsabilité des
administrateurs et des dirigeants des institutions d'assurances.
Le comité de déontologie y aura un rôle de
surveillance d'une importance inégalée jusqu'à maintenant.
Cette fonction bien particulière que la loi impose maintenant au conseil
d'administration devrait, j'en suis convaincue, assurer toute la discipline
nécessaire au meilleur intérêt de l'institution et de ses
assurés. Comme tous ont pu s'en rendre compte, M. le Président,
le dépôt de ce projet de loi, pourtant attendu, n'a pas
soulevé de vagues ni peut-être de grandes passions. On a par
ailleurs écrit que les orientations qu'il sous-tend vont plus loin que
le gouvernement fédéral sur les points chers à nos
institutions québécoises. C'est vrai.
Cela est vrai aussi en ce qui touche l'approche des conflits
d'intérêts et les transactions intéressées où
notre attitude sur ce dernier point en est une d'ouverture. Je désire
d'ailleurs vous indiquer que j'ai reçu de l'Association canadienne des
compagnies d'assurance de personnes un témoignage d'appui aux
orientations retenues pour l'élaboration du projet de loi. D'autres
remarques d'ordre technique m'ont aussi été adressées par
l'industrie, et elles recevront les explications appropriées. Dans
l'ensemble, ces sujets ont été largement discutés en
commission parlementaire.
M. le Président, cette législation nous permettra de
demeurer à l'avant-garde des lois canadiennes régissant les
institutions financières. En outre, nous nous penchons
déjà sur des problèmes pour lesquels d'autres mesures
législatives ou réglementaires sont susceptibles d'être
introduites pour tenir compte des changements en voie de se concrétiser
à travers le pays. Ces changements nous amèneront à
réviser, entre autres, les normes comptables et les normes de
solvabilité pour les assureurs de personnes. Des propositions devront
aussi être présentées, eu égard à la
capitalisation de nos compagnies mutuelles d'assurance de personnes, lesquelles
demandent un financement accru pour se développer et maintenir une place
dominante sur le marché. Et d'ailleurs, M. le Président,
j'accepte volontiers la suggestion de l'Opposition de tenir des consultations
particulières sur le sujet.
M. le Président, le projet de loi 112 se veut donc une
étape importante dans la mise à jour de notre législation
sur les institutions financières. Ce projet de loi assurera encore une
meilleure application des contrôles en matière d'assurance tout en
permettant aux compagnies
du Québec de continuer à se développer
harmonieusement et de profiter des avantages du décloisonnement et de
conserver la confiance des consommateurs.
M. le Président, c'est avec la satisfaction d'un travail bien
accompli que je propose que l'Assemblée nationale adopte, en
dernière lecture, le projet de loi 112, Loi modifiant la Loi sur les
assurances et d'autres dispositions législatives. Merci, M. le
Président.
Le Président: Alors, merci, Mme la ministre. Le
débat étant terminé, est-ce que cette motion de Mme la
ministre déléguée aux Finances proposant l'adoption du
projet de loi 112, Loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres
dispositions législatives, est adoptée?
M. Boisclair: Adopté sur division.
Le Président: Adopté sur division. Donc le projet
de loi 112 est adopté. M. le leader du gouvernement.
Consultations particulières
M. Pagé: M. le Président, comme suite de l'entente
qui est intervenue entre nos deux groupes parlementaires, je voudrais faire
motion pour que la commission du budget et de l'administration se
réunisse pour la durée d'une séance, c'est-à-dire
une possibilité de trois périodes de rencontre - matinée,
après-midi et soirée - donc, la durée d'une séance,
et qu'elle tienne des consultations particulières portant sur le
financement des compagnies mutuelles d'assurances du Québec, et ce,
d'ici la reprise des travaux prévus - tel que je l'indiquerai en fin de
journée - pour le 12 mars prochain. Évidemment, Mme la ministre
déléguée aux Finances sera membre de ladite commission
pour la durée du mandat, et, comme on le fait d'habitude en semblable
matière, l'Opposition et Mme la ministre auront à s'entendre sur
la liste des groupes, des entreprises qui seront invités pour une telle
démarche de consultation.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous invite
à appeler l'article 16 du feuilleton.
Projet de 86 Adoption
Le Président: À l'article 16 du feuilleton, M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie propose la motion
d'adoption du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. Est-ce
qu'il y a des interventions? Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, le projet de loi 86 est intitulé Loi abrogeant la Loi
sur l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la
recherche. On aura bien compris qu'une loi qui vient abroger une loi existante
met fin aux activités de cette entreprise, en l'occurrence de cette
Agence. M. le Président, je voudrais profiter des quelques minutes que
je vais prendre pour expliquer l'opposition qui est la nôtre à
l'endroit de ce projet de loi et pour tenter de la justifier peut-être
pour les fins de l'exercice pour qu'on puisse se rappeler d'abord les raisons
qui avaient été invoquées au moment de la création
de cet organisme, ce que l'Agence a pu réaliser par rapport aux
objectifs qu'on lui avait confiés alors, et pour exprimer en même
temps nos regrets que le ministre ait choisi, plutôt que de
décentraliser et de se doter de petites équipes performantes,
davantage les grands ensembles, en dépit, je dirais, des courants en
matière d'administration qui invitent davantage à la
décentralisation et à la mise en place de structures plus
légères.
M. le Président, l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche voulait aider les jeunes entreprises,
qui avaient de forts contenus technologiques, à prendre le
démarrage. Elle a été créée, cette Agence,
au moment où on constatait que nous avions un retard considérable
en matière de recherche industrielle parce que, au Québec, nous
sommes particulièrement pénalisés en matière de
recherche industrielle, recherche et développement, parce que la
structure de nos entreprises n'a pas permis jusqu'à ce jour, et ne
permet toujours pas, l'émergence de véritable recherche et
développement dans les entreprises.
La recherche et le développement au Canada, de façon
générale, se fait surtout dans les grandes entreprises et je
pense, en particulier, à l'Alcan, à Arvida chez nous. À
l'Alcan, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a un centre de recherche qui,
année après année, a un budget équivalent à
32 000 000 $, 34 000 000 $ et 35 000 000 $, M. le Président. Mais c'est
une grande entreprise. La seconde grande entreprise à investir en
matière de recherche et développement, c'est Pratt et Whitney.
Pratt et Whitney,
si ma mémoire est fidèle, c'est 250 000 000 $ par
année en recherche, M. le Président. C'est une partie importante
de toute la recherche qui se fait en entreprise au Québec. alors, nous
nous étions dits à l'époque, il faut trouver le moyen de
soutenir de petites entreprises à fort contenu technologique pour les
aider à démarrer. et nous avions réalisé que les
grandes bottes, les grands supports, telle la sdi, n'étaient pas
efficaces lorsqu'il s'agissait d'intervenir sur des entreprises qui n'en
étaient pas encore, des entreprises qui étaient sur le papier,
des entreprises qui étaient en projets, souvent, quasiment seulement
dans la tête de leur concepteur. et, à cet égard, les
grandes sociétés ne sont pas équipées pour faire
face et répondre efficacement à de telles demandes. alors, c'est
ce qui avait donné lieu à la création de l'aqvir. et
l'aqvir a vraiment répondu aux besoins pour lesquels elle avait
été créée, m. le président. elle est venue
en aide à une centaine de petites entreprises: 100 entreprises,
où on a eu un taux de succès assez remarquable et 50 où on
parle de réussite. mais dans ces 50 % de réussite, il y en a 20 %
où c'est vraiment un succès remarquable. et ces petites
entreprises commencent déjà à explorer les marchés
étrangers. et 30 % de viabilité, 20 % échec. donc, un taux
de réussite extrêmement intéressant, m. le
président, avec des coûts de soutien gouvernemental vraiment
très minime. (19 h 30)
Alors, l'Agence a vraiment réussi là où nous
n'avions pas réussi autrement, parce que nous n'étions pas
équipés pour répondre à ce type de besoin. M. le
Président, l'Agence, cependant, aurait dû pouvoir être plus
efficace, à la condition qu'on lui confie deux volets touchant le
développement des entreprises, c'est-à-dire l'aide à la
commercialisation et le programme PARIQ. Vous auriez ajouté à
l'Agence ces deux activités et l'Agence aurait pu efficacement et
utilement continuer de jouer un rôle que nous estimons indispensable pour
le soutien des entreprises en émergence, mais rappelons-le, non pas des
entreprises déjà avec un local, déjà avec des
équipements, déjà avec du personnel, ce sont des
entreprises de quelques employés à l'occasion, mais souvent ce
sont des idées sur papier. J'en ai vu. Probablement que, M. le
Président, des personnes sont allées chez vous pour vous
présenter ce type de projet. C'est vraiment une espèce
d'idée de génie. Mais comme ce sont des personnes qui n'ont soit
pas d'expérience, pas de contacts, qui ont peu de connaissances en
gestion, qui n'ont pas de budget, pas de ressources financières,
ça demandait une entreprise telle que l'Agence pour aider à
mettre au monde ces petites entreprises.
Les entreprises à haut contenu technologique, M. le
Président, sont extrêmement intéressantes parce qu'elles
génèrent plusieurs emplois. Elles ont comme principale
caractéristique de créer des emplois secondaires, et c'est ce qui
fait toute la valeur de telles entreprises. Le ministre aurait pu choisir, je
disais donc, d'enrichir le programme et les activités de l'AQVIR.
Ça aurait nécessité quelques personnes, cinq ou six; il y
en avait une douzaine à l'Agence. Ou encore, il aurait pu choisir, si
tant est qu'il tenait tant à la rationalisation, il aurait pu choisir de
faire de l'Agence une filiale de la SDI. Une filiale de la SDI, ça ne
coûte pas plus cher, ça permet d'assurer une certaine
rationalisation, et peut-être le ministre aurait-il atteint les objectifs
qu'il s'était donnés de peut-être mettre un peu plus
ensemble, en rapport, les groupes de travail qui travaillent sur les
entreprises établies et sur les entreprises en émergence. Parce
que autant l'AQVIR intervient sur les entreprises en émergence, les
entreprises de plus de trois ans travaillent avec la SDI.
M. le Président, je le dis pour le déplorer, le ministre a
choisi d'abroger la loi de l'AQVIR et de faire disparaître la raison
sociale. Vous savez tous comme moi ce que ça vaut, une raison sociale.
Les entreprises québécoises nous font souvent le reproche
d'être éparpillés, éparpillés en ce sens
qu'elles ont de la difficulté à identifier les portes
d'entrée. Le ministre va me dire: J'en ai une belle grande porte
d'entrée, 160 employés, la SDI. Mais en même que la SDI
gère plusieurs programmes, la SDI, avant que vous ayez trouvé la
bonne porte à la SDI, ce sera relativement compliqué.
L'AQVIR avait réussi ce tour de force, je dirais, d'être
reconnue dans le milieu des petites entreprises, et ceux qui soutiennent le
développement des petites entreprises ou des idées
géniales, que ce soient les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse,
les commissariats industriels. Toute équipe qui reçoit ce genre
de projet connaissait l'existence de l'AQVIR, savait ce que l'AQVIR pouvait
offrir comme service et pouvait orienter la demande. M. le Président, en
faisant disparaître une raison sociale, ce n'est pas mineur, parce que,
avant qu'on recrée l'habitude chez tous les intervenants qui viennent en
aide à ces entreprises-là, ça pourra demander trois,
quatre, cinq, six mois, un an, mais pendant ce temps, M. le Président,
c'est une perte d'énergie, une perte de temps, et on ne saura jamais
combien on aura découragé de personnes qui avaient de bonnes
idées.
Alors, voilà, M. le Président, les principales raisons
pour lesquelles nous nous sommes objectés à l'abolition de
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche.
Le ministre a justifié, je le rappelle, cette décision en disant:
Vous n'allez pas me reprocher d'agir, alors que la recherche et le
développement stagnent au Québec. Et là, ce n'est pas le
propos de l'Opposition, parce qu'on peut penser qu'une telle déclaration
ça vient généralement d'un critique de l'Opposition. M. le
Président, à trois reprises, au moment où on examinait ce
projet
de loi, on recevait ce projet de loi en première lecture, ici, en
Chambre, le ministre a déclaré, je te cite: "Nous nous... j'ai un
très beau projet en matière de recherche et développement,
mais je dois reconnaître qu'il n'est pas efficace puisque, depuis 5 ans,
nous stagnons. Nous avons toujours l'équivalent de 1,3 % du PIB en
recherche et développement au Québec, alors que nous nous
étions fixé, cette année, 1,8 %. Vous allez me dire que
ça donne seulement 0,5 % ou un demi pour cent mais un demi pour cent du
PIB, en matière de recherche et de développement, M. le
Président. C'est 800 000 000 $, M. le Président. C'est 800 000
000 $. Ce n'est pas mineur. Alors, imaginez-vous, vous, moi ici, nous qui
sommes dans cette Chambre, si on avait pu investir 800 000 000 $ de plus en
recherche et développement, probablement - et le ministre me donnera
sans doute raison là-dessus - que nous éprouverions
peut-être un peu moins de difficultés à traverser
l'actuelle crise économique. Je pense que, là-dessus, il va me
donner raison.
Alors, M. le Président, il nous dit: Ma politique est inefficace,
elle est belle, sur papier, il y a de bonnes intentions sauf que ça ne
se concrétise pas. Donc, j'ai pris deux décisions pour favoriser
la relance de la recherche et du développement. On pourrait
peut-être s'attendre à ce qu'il dise: On revoit les mesures
fiscales, on accorde un meilleur soutien. Mais non, il abolit l'Agence et en
même temps, il abolit les SDC, les sociétés de
développement coopératif, M. le Président. Ce sont les
deux actions qu'il nous propose, qu'il propose à l'Assemblée
nationale et à l'Opposition pour venir corriger les effets d'un
programme qui ne donne pas les résultats escomptés. Il stagne en
recherche et développement. On peut s'attendre à ce qu'il devrait
revoir l'ensemble; il abolit une des agences qui étaient parmi les plus
performantes, M. le Président.
Voilà donc, M. le Président, l'essentiel des raisons qui
motivaient l'Opposition face à ce projet qui prévoit l'abolition
de l'Agence québécoise de valorisation de la recherche
industrielle. Là-dessus, je voudrais souhaiter au ministre: bonne
chance! Et très sincèrement souhaiter qu'il atteigne les
résultats qu'il s'est fixés - parce que, sans doute, il s'en est
fixé - lui dire que, malgré tout, nous nous opposerons à
ce projet de loi, nous voterons contre, mais je lui souhaite malgré tout
un joyeux Noël et une bonne période des fêtes.
Le Président: merci, mme la députée de
chicoutimi. je vais maintenant reconnaître m. le ministre de l'industrie,
du commerce et de la technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
Tout au long de la discussion du projet de loi 86, l'Opposition m'a
prêté des intentions. On a dit: On va assister à la mort
d'une petite agence. On va faire disparaître une raison sociale. On va
faire disparaître une structure, une culture. Je pense que l'inspiration
de l'Opposition était fondamentalement un article qui a paru dans le
journal La Presse, intitulé "La mort d'une petite agence".
L'Opposition a cité ce document à plusieurs occasions, mais on a
toujours oublié de lire un paragraphe qui est excessivement important.
Alors, je vais donc prendre le temps de le lire.
Ça disait: "Attention. Gérald Tremblay n'a jamais eu
l'intention de mettre la clé dans la porte d'un tel joyau. S'il est au
cabinet un ministre conscient du retard québécois en
matière de recherche et de développement, c'est bien lui. Son
idée consiste - son idée, M. le Président, consiste -
à centraliser, sous le chapeau de la SDI, différents organismes
s'occupant du même dossier, l'objectif ultime étant bien sûr
de rendre tout le monde plus efficace. L'Agence cesserait d'exister mais tout
son personnel passerait à la SDI où il continuerait le même
travail que maintenant. Réforme bien dans la philosophie du ministre,
partisan du guichet unique tant réclamé par les gens
d'affaires."
On a même dit que c'était pour moi un grand rêve. M.
le Président, ce n'est pas un grand rêve, c'est plutôt une
ambition, une ambition importante, celle d'assurer que le Québec, le
plus rapidement possible, relève le défi technologique. Vous
savez, Shakespeare disait: "J'ai gaspillé le temps et maintenant, c'est
le temps qui me consume." Nous n'avons plus de temps. (19 h 40)
Alors, comment réaliser cette grande ambition? De deux
façons. L'Opposrtion a souvent dit pendant la discussion du projet de
loi: le ministre devrait s'attaquer à Ottawa. C'est à Ottawa
qu'il devrait s'attaquer et non pas à une petite agence. Alors, depuis
un an et demi, je m'attaque à Ottawa avec la conséquence que...
Encore dans le journal, on dit qu'il y a plus de chercheurs à
Montréal qui reçoivent des subventions stratégiques du
fédéral. Récemment, le vice-président de l'agence
canadienne de technologie de pointe, M. Claude Lemay, disait que les
entreprises de haute technologie vantent les efforts du Québec, mais
critiquent Ottawa. On dit même dans cet article que... Un exemple. La
décision récente de la multinationale Oracle de s'établir
au Québec est la suite d'une exigence du ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Donc, premier moyen. Oui! Je suis d'accord avec
l'Opposition. Il faut aller davantage à Ottawa pour chercher notre juste
part en retombées au niveau technologique.
Deuxième moyen: le présent projet de loi, M. le
Président. Alors, qu'est-ce qu'il fait le présent projet de loi?
Premièrement, il protège les droits acquis des entreprises de
l'AQVIR. Le
26 octobre 1990, la directrice de l'administration de l'AQVIR
écrivait à toute la clientèle ceci: "Je veux, par la
présente, vous assurer que dans le cadre de cette intégration,
toutes les obligations de l'AQVIR envers votre entreprise seront maintenues et,
le cas échéant, que tous les termes de notre convention d'aide
financière seront respectés." Alors, le personnel de l'AQVIR a
écrit à toute la clientèle pour les informer.
Deuxièmement, je la reconnais la contribution de l'AQVfR. Je suis
d'accord avec l'Opposition. L'équipe de l'AQVIR, elle est performante.
C'est la raison pour laquelle le président de l'AQVIR va devenir le plus
rapidement possible vice-président, développement technologique,
de la Société de développement industriel du
Québec, avec son équipe. L'équipe intégrale. Je
reconnais l'équipe et je leur ai même donné la permanence
dans la fonction publique. Le même conseil d'administration va devenir
comité avi-seur, un comité aviseur au vice-président,
développement technologique. Les programmes, M. le Président, les
mêmes programmes modulés en fonction du démarrage des
petites et moyennes entreprises. La continuité du service? Oui! La
même équipe et même dans la lettre de la directrice de
l'administration, elle le dit: "La même équipe demeurant à
votre service et les opérations se continuant." Plus de services
maintenant, non plus uniquement du capital pour démarrer, mais
maintenant le financement des crédits d'impôt, le financement
à la commercialisation et des montages financiers et, finalement, M. le
Président, une meilleure présence en région, pas
uniquement à Montréal, mais dans les 16 régions
administratives. Pas les 11 employés dans 16 bureaux, c'est impossible.
C'est impossible! Par contre, il y a des représentants régionaux
dans tous les bureaux du ministère qui vont pouvoir assurer la
connaissance, la promotion du développement technologique et lorsqu'une
expertise sera requise, il n'y a aucun doute que l'équipe de la SDI va
pouvoir y répondre.
Et je termine, M. le Président, sur quelque chose qui est
très chère, très chère à la
députée de Chicoutimi. Sa Bible. Sa Bible. Oui, je suis d'accord.
C'est le cadeau de Noël que je fais à la députée de
Chicoutimi pour sa collaboration et ses idées constructives dans le
présent projet de loi. Elle est en désaccord, j'en conviens, mais
au moins on sait pourquoi. C'est très clair dans ce sens-là. Sa
Bible, ce sont les rapports du Conseil de la science et de la technologie. 11
recommandations. C'est drôle, M. le Président, c'est comme si je
me lisais. Ça fait un an et demi que je dis ceci sur la place publique.
Je n'en retiens que deux. La première et la plus importante, je pense:
il faut développer une culture technologique au Québec. C'est
ça que je voulais dire. Après tous les efforts, on n'a pas
l'augmentation qu'on est en droit d'avoir parce que c'est un problème de
culture technologique. Et, deuxièmement, comment inculquer cette culture
tech- nologique? L'autre recommandation, un travail d'équipe et, pour
moi, une équipe, c'est l'équipe de l'AQVIR et l'équipe de
la Société de développement industriel regroupées.
C'est ça, le projet de loi 86. Et qu'est-ce qu'elle va faire, cette
équipe? Ce n'est pas, M. le Président, la mort d'une petite
agence ou d'une petite équipe qu'on vit ce soir. C'est bien plus la
naissance d'une grande équipe prête à relever le
défi technologique qui assurera l'émergence au Québec
d'une nouvelle culture technologique. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président: Le débat étant terminé.
Est-ce que la motion d'adoption du projet de loi 86, Loi abrogeant la Loi sur
l'Agence québécoise de valorisation industrielle de la recherche,
est adopté?
Une voix: Surdivision.
Le Président: Adopté sur division. En
conséquence, le projet de loi 86 est adopté. M. le leader du
gouvernement.
Projet de 49
Révocation de l'adoption principe retrait
feuilleton
M. Michel Pagé
M. Pagé: Certainement, M. le Président. Je voudrais
remercier mes collègues et, avant de passer aux motions d'usage, je
voudrais faire motion pour que soit révoquée l'adoption du
principe du projet de loi 49, Loi concernant la cession d'entreprises de taxi
dans l'agglomération de Montréal et modifiant la Loi sur le
transport par taxi, la présentation de ce projet de loi à
l'Assemblée nationale et pour que ledit projet de loi soit retiré
purement et simplement du feuilleton.
Le Président: alors, est-ce qu'il y a consentement pour
faire la présentation de cette motion? il y a consentement. est-ce que
cette motion est adoptée?
Une voix: Adopté. le président:
adopté. en conséquence, l'ordre de l'assemblée est
révoqué. à ce moment-ci, je vais reconnaître
à nouveau m. le leader du gouvernement.
Projet de 74
Révocation de l'adoption principe retrait
feuilleton
M. Michel Pagé M. Pagé: Merci, M. le
Président. M. le
Président, je fais de plus motion pour que soit
révoqué l'adoption du principe du projet de loi 74, Loi modifiant
le Code de la sécurité routière, pour commencer la
présentation de ce projet de loi à l'Assemblée et pour que
ledit projet de loi soit retiré du feuilleton.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
également adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Troisième et dernière motion, M. le
Président.
Une voix:...
Projet de 34
Révocation de l'adoption principe retrait
feuilleton
M. Pagé: Non, j'en aurai une autre, évidemment,
à la fin de nos travaux. Je fais motion pour que soit
révoquée l'adoption du principe du projet de loi 34.
Le Président: Je comprends qu'il s'agit de révoquer
l'ordre de l'Assemblée et d'envoyer le projet de loi 34 à la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation pour
étude détaillée, pour l'adoption du principe de ce projet
de loi ainsi que la présentation de ce projet de loi. Alors, est-ce
que...
Une voix:...
Le Président: Le projet de loi 34.
Une voix: Adopté.
Le Président: Cette motion est adoptée?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je veux être bien
certain qu'on n'oublie aucun acte de révocation. 34, 49, 74. C'est bien
ça, là, M. le secrétaire général?
Le Président: 39, 44 et 74. C'est bien ça. Bilan
voeux M. Michel Pagé
M. Pagé: Alors, M. le Président, ceci
complète l'agenda de nos travaux pour la présente session. Je
veux exprimer ma satisfaction de voir que la presque totalité, somme
toute, des projets de loi qui avaient été déposés
et qui étaient susceptibles d'être étudiés par
l'Assemblée nationale du Québec, la très très
grande majorité de ces lois ont été adoptées. Et je
dois vous dire, maintenant qu'on a complété cette partie de la
session d'automne, que le nombre de projets de loi étudiés et
adoptés, le résultat, somme toute, va au-delà de ce que je
croyais originalement, comme leader, pouvant être étudié et
adopté devant l'Assemblée nationale.
Je veux donc, dans un premier temps, remercier tous mes collègues
de l'Assemblée pour leur présence et leur disponibilité,
pour l'effort soutenu et constant qu'ils ont démontré dans la
mission qui doit nous occuper comme députés, soit de bien
représenter nos concitoyens et nos concitoyennes qui nous donnent, somme
toute, le privilège de siéger ici, à l'Assemblée
nationale, et l'honneur de les représenter dans nos comtés
respectifs. (19 h 50)
C'est la période des fêtes. C'est la période des
bons voeux et la période aussi des mots plus délicats, plus
gentiment formulés, notamment entre l'Opposition et le gouvernement. Je
voudrais, M. le Président, avant que nous ajournions, remercier
très sincèrement tout le personnel de l'Assemblée
nationale du Québec, vous remercier, vous, dans un premier temps. Vous
qui, avec beaucoup d'autorité inspiré par les intentions
très claires que le règlement soit continuellement
appliqué au bénéfice du droit de chacun des parlementaires
- et c'est ce pourquoi le règlement s'applique - remercier le
secrétaire général, M. Duchesne, pour qui, j'en suis
persuadé, tous nos parlementaires ont des bons mots. Je suis
persuadé que lui-même comprend que, parfois, le leader de
l'Opposition et le leader du gouvernement manifestent peut-être un oeil
un peu interrogateur parfois, mais n'ayez crainte, ça s'inscrit dans des
réactions tout à fait normales dans la vitalité
quotidienne de notre système parlementaire; remercier vos adjoints pour
votre présence, votre disponibilité et, finalement, votre
dévouement à faire en sorte que notre Parlement fonctionne
bien.
Je voudrais remercier tout le personnel de l'Assemblée, celles et
ceux qui, quotidiennement, sont engagés dans la démarche de faire
vivre cette noble institution. J'en réfère aux pages, j'en
réfère au doyen de l'Assemblée nationale, M. Drolet, qui
est le chef de la brigade des pages, que je salue, qui, je pense d'ailleurs,
est devenu grand-papa une autre fois en cours de session. Je voudrais remercier
le sergent d'armes, très discret mais toujours présent et qui,
évidemment, a à assumer une fonction symbolique mais fondamentale
dans notre système parlementaire, remercier celles et ceux qui nous
servent, ces dames et ces messieurs que sont les pages, remercier
l'équipe de la télédiffusion des débats et leur
exprimer mon regret, comme leader du gouvernement, de devoir les obliger
parfois à siéger à des heures qui leur apparaissent et
qui
m'apparaissent indues.
Dites-vous bien ceci, et je tiens à le dire à tous les
gens qui travaillent à l'Assemblée nationale: quand nous
siégeons la nuit, c'est de la faute de l'Opposition. Ça, tout le
monde est unanime à le constater.
Je voudrais remercier le personnel, donc, de la
télédiffusion des débats, toute l'équipe du
Journal des débats, toute l'équipe de la transcription
qui, somme toute, doit travailler dans un cadre très expéditif,
très immédiat en termes de résultats. Je voudrais
remercier l'équipe du Parlementaire qui est là aussi à des
heures, parfois des plages de temps très grandes d'une journée,
remercier toute l'équipe de la restauration aussi, le Mini-débat,
remercier l'équipe de la bibliothèque qui joue un rôle,
ça va de soi, de premier niveau dans les services à donner
à nos parlementaires, l'équipe de la sécurité,
l'équipe des services techniques, somme toute ce petit village, mais ce
beau village parce qu'on a toujours comme perception que les villages sont
beaux parce qu'ils ont une taille plus humaine, où les gens peuvent se
connaître. L'Assemblée nationale du Québec, c'est en
quelque sorte un petit village avec près 1800 personnes qui y
travaillent.
Alors, mes remerciements très sincères au nom de mes
collègues de la majorité, au nom du premier ministre, au nom de
Mme la vice-première ministre et des membres du Conseil des ministres,
à toutes celles et ceux qui travaillent ici à l'Assemblée
nationale du Québec.
Remerciements à vous, M. le Président, à vos deux
vice-présidents qui ont fait ça avec beaucoup de dignité.
Ils ont manifestement la confiance renouvelée de l'Assemblée et,
enfin, satisfaction pour le travail accompli.
Salutations à l'Opposition. Je veux leur exprimer mes bons voeux.
L'Opposition, évidemment, particulièrement le leader de
l'Opposition, a dû diviser un peu son temps entre la commission
Bélanger-Campeau qui a siégé en régions.
D'ailleurs, ça a paru dans les débats à certaines
occasions. Vous savez, quand le chef de l'Opposition n'est pas là, quand
le leader de l'Opposition n'est pas là, quand le whip en chef de
l'Opposition n'est pas là, je vous dis que, parfois, on s'ennuyait. Il
faut le dire, on s'ennuyait, à la fois peut-être d'eux
personnellement, mais on s'ennuyait surtout du caractère ferme de ces
dualités auxquelles on est confrontés quotidiennement. Mais,
malgré tout, ça aura permis à des jeunes, ça aura
permis aux ministres du gouvernement et à nos députés de
découvrir le potentiel qui semble germer chez plusieurs des jeunes
députés de l'Opposition officielle et je veux saluer le leader de
l'Opposition à cet égard-là.
M. le Président, je termine en souhaitant à chacune et
à chacun d'entre nous, à toute l'équipe de
l'Assemblée mes meilleurs voeux, au nom du premier ministre, au nom de
Mme la vice-première ministre, mes meilleurs voeux de paix, de
sérénité et que cette période des fêtes en
soit une qui constitue en quelque sorte un tremplin vers un accomplissement
personnel pour l'année 1991. Au leader de l'Opposition, joyeuses
fêtes. Revenez-nous en forme. Continuez à être
inspiré par ces principes de calme, de sérénité et
peut-être qu'encore cette année, à la fin de la messe de
minuit, peut-être que je ferai brûler encore un autre... Ah oui!
oui, je vais en faire brûler, un autre lampion, pour être certain
que la qualité de nos relations demeure sous l'égide de la
cordialité.
Le Président: M. le leader de l'Opposition. M. Guy
Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord, dans un premier temps, moi aussi, faire miens tous les remerciements
à toutes les catégories de personnel qu'on a
énumérées. Je ne voudrais pas les reprendre à cette
heure-ci. Je pense que, du plus humble au plus haut des fonctionnaires de
l'Assemblée nationale, je pense qu'on leur doit nos remerciements pour
l'ardeur au travail. On sait que plus ça change, plus c'est pareil.
Ça fait 14 ans que je suis dans cette boite et je n'ai jamais connu une
fin de session qui n'ait pas connu ses hauts et ses bas, qui n'ait pas connu
ses nuits blanches, qui n'ait pas connu ses longues soirées.
Mais je pense que, pour tout le personnel, ça ne transpire
même pas dans leur façon de travailler, de nous supporter dans nos
stratégies, bien sûr, qui sont propres à chacune des
formations politiques, et qui sont permises par les règlements de
l'Assemblée nationale. Je voudrais leur rendre hommage à toutes
les catégories, de la télévision, en passant par la
restauration, par ceux qui travaillent derrière l'électronique,
la transcription des débats, à ceux que l'on voit le plus
souvent, bien sûr, devant nous: M. Duchesne, M. Proulx, M.
Laliberté, au doyen des pages, tous ces pages que, de temps à
autre, on fait sourire mais sans doute par politesse à certaines
nuits.
Mais je voudrais souhaiter à la télévision des
débats aussi, mes meilleurs voeux et leur dire que même si,
souvent, on ne le dit pas, soyez assurés qu'on apprécie le
travail qui se fait ici. Deuxièmement, je voudrais, M. le
Président, moi aussi vous dire qu'on termine une session... Le leader du
gouvernement le reconnaît à juste titre: Je pense que cela a
été plutôt ardu pour une formation politique qui ne compte
que 29 personnes. Bien sûr, travailler à la fois sur la Commission
parlementaire et à l'Assemblée nationale, il n'y a pas de
cachette, si je vous disais que c'est facile physiquement, vous ne me croiriez
pas. Sans doute en me voyant en face, en plus, vous diriez que je suis menteur.
Ce n'est pas là un de mes défauts... Non, blague à
part, je pense qu'effectivement c'est assez ardu. Je pense que les
vacances sont d'autant plus méritées.
M. le Président, je voudrais, à vous et à vos deux
collègues, vous dire que je pense qu'on n'a pas traversé une
excellente session du côté des relations leaders et
présidence, en ce sens qu'on a fait du droit nouveau. Je pense qu'on a
aussi pu apprécier l'autorité morale que vous avez pu exercer,
vous et vos deux collègues, sur les formations politiques en cette
Chambre. Mais je pense qu'à toutes fins pratiques, votre
détermination a sans doute été inspirante au niveau du
décorum en cette Chambre, même si parfois, dans certaines
périodes de la nuit, on peut être porté à avoir un
décorum un peu plus, je dirais, un peu plus "peu recommandable".
Mais je vais m'arrêter là, M. le Président. Je
voudrais vous dire aussi, en terminant, que la session aura permis, M. le
Président, si je compte la mini-session d'août et la session
d'automne, je pense que les parlementaires que nous sommes, nous avons
l'occasion de vivre des moments quand même historiques dans ce Parlement.
Quand on regarde la commission Bélanger-Campeau, qui a été
une première votée à l'unanimité en cette Chambre.
C'est rare qu'on puisse voir un Parlement spontanément se tendre la main
de part et d'autre pour créer une structure qui vise à nous
définir, à nous déterminer, à nous projeter dans
l'avenir. Et moi, je pense que c'est une première qui portera sans doute
des fruits pour le Québec de demain. Et ça, je pense que c'est un
des fleurons qu'il faut se donner comme Assemblée nationale.
Quant à la législation, je ne pense pas que le menu
législatif ait été un des plus chargeants, si vous me
permettez l'expression, par rapport à d'autres sessions. Je pense que
beaucoup de projets de loi étaient d'ordre administratif. Il y en a
d'autres qui étaient minimes au niveau des législations. Peu de
réformes. Mais je dois souligner que le Code de la route était
une législation quand même assez importante. Et également,
il y a des législations pour lesquelles, bien sûr, vous ne me
demanderez sûrement pas d'y adhérer même ce soir,
malgré toutes les bonnes dispositions qu'on peut avoir dans une fin de
session.
Je souhaite bien gros que les contribuables québécois ne
soient pas affectés par la TVQ. Un autre projet de loi assez majeur, je
pense, qu'on a voté ici dans cette institution. Je souhaite que
l'année 1991, M. le Président, en soit une de bonheur pour nos
concitoyens, mais j'espère aussi que la crise économique, je
pense qu'il faut l'admettre, je souhaite que la crise économique soit le
moins difficile possible, le moins dure possible pour nos concitoyens, parce
qu'on regarde les statistiques, on regarde les bulletins de nouvelles, on
regarde les journaux, on n'annonce pas toujours des bonnes nouvelles. Mais je
pense que, comme élus du peuple qui représen- tons une
population, on doit tous souhaiter que cette année 1991, malgré
peut-être des pronostics plutôt sombres, je souhaite qu'elle soit
le moins difficile possible pour nos contribuables.
Enfin, M. le Président, si le leader du gouvernement a pu
déceler du talent en notre absence, c'est toujours de même que se
prépare une équipe qui présente une alternative au
gouvernement actuel et je voudrais lui dire que, s'il fait brûler un
lampion pour que je sois calme, j'en ferai brûler deux pour qu'il sort
humble. Ceci dit, M. le Président, je voudrais souhaiter à tous
mes collègues de l'Assemblée nationale mes meilleurs voeux de
bonheur, mes meilleurs voeux de santé, surtout et mes meilleurs voeux de
succès pour l'année 1991.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Je veux dire d'abord
que je suis très fier d'être ici, très heureux d'être
membre de cette Assemblée, et je souhaite mes meilleurs voeux pour
l'année 1991 et de bonnes fêtes.
I would also like to say just a few words in English both about this
Assembly and my experience here, over the last year. I would say that it is a
very fine Assembly that carries on parliamentary debate according to the best
traditions, that it demonstrates a level of intelligence and reason in argument
on both sides of the House, and I like to think, from our small quarter, that
it is in the interest of democracy and justice.
The performance on the part of the gentlemen of the Journal des
débats is particularly impressive. My ex-wife, a beautiful and
charming lady whom I look forward to seeing every Christmas, and who is now a
lawyer in Toronto, used to write Hansard for the Ontario Legislature, used to
explain to me the remarkable frustrations of turning what was actually said by
people in the House into a text that looked much wiser and more impressive than
what they had actually said. I find that this transformation is carried out
with great fidelity and great expertise, with my own language just as much as
with the French language and I think that is an impressive performance in its
own right.
I would also like to congratulate the Speaker for, I think, a
demonstration of impartiality and courtesy toward our own grouping and, I
think, toward all Members of all parties that could not be objected to by
anyone, and to thank also the head of the Government and the head of the
Opposition for the fair play and reasonableness with which they have invariably
treated our own interpositions in the political process.
Finally, I would say that I would agree
with the Chief of the Opposition, that this may be a historical House. I
am not sure that that is something so much to be looked forward to. As someone
who has taught history all my life, I can say that being in the middle of a
historically interesting experience is often something that should be avoided.
But at least we know, if we are in historical times, that we all intend to deal
with them with rationality, with courage, with honesty and with reasonable
argument. Merry Christmas and Happy New Year to all present.
Le Président M. Jean-Pierre Saintonge
Le Président: Vous me permettrez, à ce moment-ci,
également, suivant la tradition, de dire quelques mots, de remercier
d'abord les deux leaders et le député de Jacques-Cartier de dire
des bons mots à l'égard de la présidence. Je voudrais
moi-même rendre témoignage de l'excellent travail des deux
vice-présidents, M. le député de Jeanne-Mance et M. le
député de Frontenac, qui me donnent leur appui, en tant que
président, pour la gestion des travaux de l'Assemblée.
Je m'en voudrais également - sans vouloir allonger le temps,
quand même - de ne pas souligner l'excellent travail de ceux qui assurent
la permanence de nos travaux et l'efficacité du travail de la Chambre,
du secrétaire général de l'Assemblée, du directeur,
du conseiller en droit parlementaire ainsi que du directeur du
Secrétariat de l'Assemblée. Ces gens-là, comme je l'ai dit
tantôt, font un travail souvent effacé, mais essentiel au bon
fonctionnement de notre Assemplée. On a nommé plusieurs personnes
qui contribuent également à nos travaux. On en voit quelques-uns
présents ici. Il y a notre sergent d'armes, il y a les pages, il y a les
gens de l'accueil et de la sécurité qu'on oublie malheureusement
souvent, les gens de la télévision des débats - ceux qui
sont présents à l'Assemblée, on les voit de nos yeux
mêmes, alors c'est facile de se les rappeler - de l'enregistrement des
débats, de la transcription des débats, du restaurant Le
Parlementaire, aussi du restaurant en bas, le Mini-Débat, ces
gens-là qui s'assurent également, par leur présence et
leur travail efficace, que tout notre travail se déroule de la bonne
façon. Il y a beaucoup d'autres secteurs d'activité à
l'intérieur de l'Assemblée qui sont essentiels pour la bonne
marche de nos travaux et je veux remercier ces gens-là de leur bonne
collaboration.
Je remercie également les leaders, les whips des deux partis pour
leur aide à la bonne marche des travaux, leur compréhension, leur
implication également à ce niveau-là. Je remercie
également les gens du Parti Égalité, nos
députés indépendants qui doivent également
collaborer avec nous. Je dirai un bon mot aussi à des gens qu'on peut
souvent oublier, des gens des cabinets, des gens des cabinets des leaders, des
cabinets des whips, du cabinet du chef de l'Opposition, qui sont à
l'Assemblée, également des gens du cabinet de la
présidence qui nous supportent dans la préparation des travaux et
dans le déroulement de nos séances également. Alors,
à tous nos collègues qui sont ici et à ceux qui sont
absents, qui ont dû quitter, je voudrais transmettre mes remerciements,
tous nos collègues qui, souventefois, dans le cours des débats,
malgré la vivacité des échanges, quand même, ont
toujours un respect pour la présidence, moi-même et mes deux
collègues qui oeuvrons ici, et c'est apprécié
grandement.
Je voudrais aussi dire un petit mot d'un de nos collègues qui est
absent et qui a manqué une partie de nos travaux, le premier ministre.
Nous devons souhaiter, et je suis convaincu que c'est unanime de la part de
tous les membres de cette Assemblée, un prompt rétablissement au
premier ministre, qu'il revienne avec nous le plus tôt possible.
Finalement, à toute la population du Québec, je voudrais
transmettre, en mon nom et au nom de tous les collègues de
l'Assemblée, nos meilleurs voeux pour la période des fêtes,
un joyeux Noël et une bonne année. Vous me permettrez, à ce
moment-ci, d'avoir une pensée toute spéciale pour une partie de
la population, ce sont ceux qui sont nos fidèles auditeurs. Il y en a un
certain nombre qui écoutent, je dirais, religieusement les travaux de
l'Assemblée, à plusieurs moments. Ces gens-là, je voudrais
les saluer particulièrement à ce moment-ci et leur souhaiter nos
meilleurs voeux et bonnes vacances, comme à chacun de nous, d'ici
à ce que nous revenions pour la session du printemps.
Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, sur ces bonnes paroles,
je fais motion pour que nous ajournions nos travaux au mardi 12 mars 1991,
à 14 heures.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. En conséquence, les
travaux de l'Assemblée sont ajournés au mardi 12 mars prochain,
à 14 heures.
(Fin de la séance à 20 h 8)