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(Quatorze heures dix minutes)
Le Président: Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence de l'ambassadeur de la
République islamique d'Iran
J'ai le très grand plaisir de souligner la présence dans
les tribunes de l'ambassadeur de la République islamique d'Iran, Son
Excellence M. Mohammad Hussein Lavassani.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclaration ministérielle.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article b du feuilleton de ce matin.
Projet de loi 126
Le Président: À l'article b du feuilleton... je
demanderais la collaboration des collègues s'il vous plaît. alors,
à l'article b du feuilleton, m. le ministre délégué
à l'administration et à la fonction publique, président du
conseil du trésor, présente le projet de loi 126, loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les régimes de
retraite des secteurs public et parapublic. m. le président du conseil
du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, ce projet de loi apporte
diverses modifications aux régimes de retraite des secteurs public et
parapublic afin de donner suite à certaines propositions
formulées par le Comité de retraite et afin d'en faciliter
l'administration.
C'est ainsi que le projet de loi modifie d'abord la Loi sur le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics afin de permettre aux employés du gouvernement
fédéral qui sont intégrés à une fonction
visée par ce régime d'opter de participer à ce
régime ou à un régime similaire à celui auquel ils
participaient. Il modifie également cette loi afin de permettre la
nomination d'un substitut à l'arbitre chargé de réexaminer
en appel certaines décisions du Comité de retraite. Le projet de
loi prévoit en outre que les décisions rendues par l'arbitre ou
son substitut devront être écrites et motivées.
Cette loi est également modifiée, en ce qui a trait
à la retraite anticipée, de façon à ne permettre
l'ajout d'années de service qu'aux catégories ou
sous-catégories de personnes déterminées par
règlement et que si leurs conditions de travail le permettent. Le projet
de loi modifie de plus cette loi à l'égard des employés de
niveau non syndicable afin, d'une part, de permettre au Comité de
retraite d'instituer un sous-comité chargé de réexaminer
certaines décisions de la Commission administrative des régimes
de retraite et d'assurances touchant ces employés et afin, d'autre part,
d'instituer un comité de placement des fonds découlant des
cotisations de ces employés lorsqu'ils participent au régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics. par
ailleurs, le projet de loi accorde, dans le cadre du régime de retraite
des employés du gouvernement et des organismes publics, du régime
de retraite des agents de la paix en services correctionnels, du régime
de retraite des enseignants et du régime de retraite des fonctionnaires,
le droit pour toute employée, qu'elle soit enseignante ou non, de faire
créditer, sans cotisation et jusqu'à concurrence de 120 jours
cotisables, les jours d'un congé de maternité qui était en
cours le 1er juillet 1976 ou qui a débuté après cette date
mais qui s'est terminé avant le 1er juillet 1983.
Enfin, le projet de loi modifie également le régime de
retraite de certains enseignants, le régime de retraite des agents de la
paix en services correctionnels, le régime de retraite des enseignants
et le régime de retraite des fonctionnaires afin d'y prévoir que
le montant de la réduction de la pension payable en vertu de chacun de
ces régimes ne peut excéder le montant de la rente versée
en vertu d'un régime équivalent à celui établi en
vertu de la Loi sur les régimes de rentes du Québec. Le projet de
loi comporte d'autres modifications, principalement de nature technique ou de
concordance.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant dépôt
de documents, M. le ministre des Finances.
Rapport annuel de la Caisse de
dépôt
et placement du Québec, états
financiers
et statistiques financières pour l'année
1990
M. Levesque: Alors, M. le Président, qu'il me soit permis
de déposer le rapport annuel 1990 de la Caisse de dépôt et
placement du Québec
ainsi que les états financiers et les statistiques
financières pour la même année.
Le Président: Alors, ces documents sont
déposés. M. le ministre des Approvisionnements et Services.
Rapport annuel du ministère des
Approvisionnements et Services
M. Dutil: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1989-1990 du ministère des
Approvisionnements et Services.
Décision du Bureau de
l'Assemblée
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
Je dépose moi-même maintenant la décision 427 du Bureau de
l'Assemblée nationale. Le document est déposé.
Dépôt de rapports de commission, M. le président de
la commission de l'aménagement et des équipements et
député de Lévis.
Vérification des engagements financiers
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé les 7 et 13 février 1991 afin de procéder
à la vérification des engagements financiers du ministère
des Affaires municipales pour les mois de juin 1990 à décembre
1990 et du secteur habitation pour l'année 1990.
Le Président: Donc, ce rapport est déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le député
d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Services de qualité pour le traitement du
cancer réclamés
M. Gendron: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
1234 pétitionnaires, citoyens et citoyennes
d'Abitibi-Témiscamingue.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant le
manque de ressources pour le traitement du cancer dans notre région,
nous, soussignés, prions l'Assemblée nationale d'intervenir
auprès du ministre de la Santé et des Services sociaux afin de
réclamer le droit pour la population de recevoir des services de
qualité pour le traitement du cancer et d'appuyer les démarches
entreprises pour le maintien et le développement des services rendus
actuellement au centre hospitalier Rouyn-Noranda."
Je certifie que l'extrait est conforme aux règlements et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, cette pétition est
déposée. Maintenant, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Demandes à l'Assemblée de constituer une
commission parlementaire sur le logement
Mme Vermette: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
37 pétitionnaires membres du Regroupement des comités de logement
et associations de locataires du Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant
l'appauvrissement général des populations des régions
éloignées et des grandes villes; "Considérant le nombre
grandissant des sans-logis; "Considérant la part de plus en plus
élevée de leur revenu que doivent consacrer les locataires au
logement; "Considérant les problèmes de logement de plus en plus
criants; "Considérant l'augmentation des besoins en logements sociaux;
"Considérant l'absence de contrôle réel des hausses de
loyer; "Considérant que plus de 14 000 personnes ont signé une
pétition demandant de limiter les hausses de loyer à un taux
maximum de 2 % par année pendant les cinq prochaines années et
que plus de 300 organismes appuient cette demande; "Considérant
l'augmentation grandissante des cas de harcèlement et d'intimidation
à l'endroit des locataires; "Considérant la fermeture de bureaux
de la Régie du logement; "Considérant la perte de
crédibilité de la Régie du logement chez les
locataires;
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignés, demandons que l'Assemblée exige du ministre des
Affaires municipales et responsable de l'Habitation la mise sur pied d'une
commission parlementaire sur le logement au Québec qui aura pour mandat
de faire état de la situation sur le logement au Québec et de
faire les recommandations nécessaires au gouvernement."
Le Président: Cette pétition est
déposée. Maintenant, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, à titre de
député d'une circonscription dont le stock de logements est l'un
des plus anciens à Montréal, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 71 pétitionnaires, membres du Regroupement des
comités de logement et associations de locataires du Québec.
Les faits invoqués sont les suivants, M. le Président, et
vous me permettrez de les rappeler: "Considérant l'appauvrissement
général des populations des régions
éloignées et des grandes villes dont Montréal;
"Considérant le nombre grandissant de sans-
logis, notamment dans le centre-ville de Montréal;
"Considérant la part de plus en plus élevée de leur revenu
que doivent consacrer les locataires au logement; "Considérant les
problèmes de logement de plus en plus criants; "Considérant
l'augmentation des besoins en logements sociaux; "Considérant l'absence
de contrôle réel des hausses de loyer; "Considérant que
plus de 14 000 personnes ont signé une pétition demandant de
limiter les hausses de loyer à un taux maximum de 2 % par année
pendant les cinq prochaines années et que plus de 300 organismes - M. le
Président - appuient cette démarche; "Considérant
également l'augmentation grandissante de cas de harcèlement et
d'intimidation à l'endroit des locataires; "Considérant la
fermeture de bureaux de la Régie du logement; "Considérant la
perte de crédibilité de la Régie du logement chez les
locataires;
L'intervention souhaitée, M. le Président, est la
suivante: "Nous, soussignés, demandons que l'Assemblée nationale
exige du ministre des Affaires municipales et responsable de l'habitation -
puisque ce ministère n'existe plus - la mise sur pied d'une commission
parlementaire sur le logement au Québec qui aura pour mandat de faire
état de la situation sur le logement au Québec et de faire les
recommandations nécessaires au gouvernement." Merci, M. le
Président.
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons donc procéder à la période de questions
et de réponses orales. Je vais reconnaître en première
question principale M. le député de Jonquière. (14 h
20)
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le fardeau fiscal additionnel imposé aux
municipalités
M. Dufour: Oui, M. le Président. Le ministre des Affaires
municipales doit se sentir soulagé aujourd'hui. En effet, 900
élus municipaux réunis en assemblée spéciale en fin
de semaine ne l'ont pas blâmé, lui, personnellement. C'est tout
son gouvernement qu'on a blâmé. L'opposition ne cesse de
s'amplifier contre le projet de pelletage du gouvernement libéral.
Même chez les députés ministériels, M. le
Président, le mécontentement gronde et on comprend d'ailleurs
très bien la colère de tout ce monde-là. Avec des hausses
de taxes aussi aberrantes que 3 600 000 $ pour fa ville de Charlesbourg, dans
le comté du même nom, ou encore 8 400 000 $ pour la ville de
Longueuil, et aussi, dans mon comté, la municipalité du
Lac-Kénogami, où chaque contribuable paiera 157 $ de plus
annuellement, on saisit mieux, dans ce contexte, l'opposition farouche des
élus municipaux. Le ministre me dira qu'il s'agit de cas particuliers.
Je lui répondrai qu'avec sa réforme, c'est 1500 cas particuliers
qu'il aura sur les bras.
Ma question. Le ministre peut-il nous indiquer concrètement, dans
les réaménagements qu'il évoquait la semaine
dernière, qu'est-ce qui fera baisser les hausses de taxes vertigineuses
des contribuables de Charlesbourg, de Longueuil, de la municipalité du
Lac-Kénogami et de toutes les autres municipalités du
Québec?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Tout d'abord, il me fait plaisir de communiquer à
cette Chambre que j'ai eu le plaisir de rencontrer ce matin le président
par intérim de l'Union des municipalités du Québec, M.
Ralph Mercier. Nous avons fait le point sur les discussions des
dernières semaines. M. Mercier m'a communiqué un certain nombre
de choses dont je discuterai plus tard aujourd'hui avec le premier ministre et
les autres collègues immédiatement concernés. Mais j'ai
cru comprendre, par l'entretien que j'ai eu avec M. Mercier, que
déjà le ton des échanges qu'il sera possible d'avoir
différera sensiblement du ton alarmiste que continue d'emprunter le
porte-parole de l'Opposition.
Il m'a été donné, en fin de semaine, de causer avec
plusieurs maires également, autant de la région de Québec,
que de la région de Montréal et du beau comté
d'Argenteuil, et encore là, j'ai constaté que. même si des
difficultés existent, on n'a pas du tout le même climat que celui
que j'ai pu voir dans certaines déclarations faites à la
télévision. J'ai entendu un maire particulièrement
démagogue. Il m'a été donné de rencontrer ses
voisins en fin de semaine et ils m'ont dit: II est toujours comme
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ceci étant dit, j'ai déclaré
à M. Mercier, ce matin, que le gouvernement maintient la volonté
de dialogue déjà exprimée à maintes reprises par le
premier ministre, par moi-même et par mes collègues
intéressés et soyez assurés qu'en tout ce qui touche
l'application des propositions du gouvernement, le gouvernement est
intéressé à des échanges avec les
municipalités qui permettront de dissiper certaines
aspérités et de doser la charge de responsabilités de
manière qu'elles soient le plus équitables possible partout
à travers le Québec.
Et j'ajoute que dans l'entretien que j'ai eu avec M. Mercier, j'ai
noté que celui-ci s'est
montré conscient également des problèmes
budgétaires auxquels fait face le gouvernement en raison des demandes
très fortes que fait peser sur lui la population de tout le
Québec et, par conséquent, la même population de toutes les
municipalités à laquelle veut faire appel le député
de Jonquière d'une manière qui m'apparaît quelque peu
démagogique.
Le Président: En conclusion, M. le ministre, s'il vous
plaît. En question complémentaire.
M. Dufour: J'espère que le ministre ne contestera pas le
droit aux citoyens de choisir leur maire, qu'ils aient un maire à leur
goût.
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Dufour: Comment le ministre pense-t-il que la
municipalité de Sutton, dans le comté du ministre de
l'Environnement, pourra absorber 219 000 $, au seul chapitre de la voirie
locale, ou encore celle de Grantham-Ouest, dans le comté de Drummond,
qui devra assumer une facture de 536 000 $ seulement pour la police? Comment
ces municipalités-là vont-elles s'en sortir?
M. Ryan: Les députés de Brome... Le
Président: M. le ministre.
M. Ryan: II s'agit encore une fois de cas particuliers et je
voudrais assurer le député de Jonquière que les
députés concernés, c'est-à-dire les
députés de Brome-Missisquoi, dans le cas de Sutton, et de
Drummond, dans l'autre cas, sont bien mieux placés, bien mieux
informés que lui pour discuter ces choses avec nous. Ils m'ont
déjà fait des représentations et tous ces cas particuliers
ont été l'objet de représentations nombreuses et souvent
beaucoup plus compétentes que les simples allusions démagogiques
qu'on entend ici et ce n'est pas l'endroit.
Le Président: En question principale. M. Jolivet: Non.
Le Président: Complémentaire? M. Jolivet:
Complémentaire.
Le Président: Complémentaire, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Devant le taux de
chômage de l'ordre de 12,4 % en Mauri-cie-Bois-Francs, est-ce que le
ministre, pour justement répondre à mon collègue le
député de Saint-Maurice, pourrait indiquer, devant ce qu'il nous
dit jusqu'à maintenant, comment il se fait que la municipalité de
Saint-Boniface-de-Shawi- nigan aura 161 $ de plus sur ses comptes de taxes,
qu'au pays des filles de Caleb, à Saint-Tite, on aura 141 $ de plus de
taxes? Et est-ce que le ministre n'accepterait pas, dans ces circonstances, de
vrais dialogues, et ces dialogues-là, dans des assises
Québec-municipalités?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Je suis content de voir que le député de
Laviolette s'intéresse au cas de ses municipalités, c'est la
première fois qu'il m'en parle depuis que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est la première fois que vous m'en parlez
depuis que les propositions du gouvernement ont été
déposées, le 14 décembre. Si vous vouliez que nous nous
réunissions, comme je l'ai fait avec de nombreux députés
ministériels, pour examiner toutes les implications du projet pour les
deux municipalités que vous avez mentionnées ou pour toute autre
municipalité de votre comté, je le ferai avec grand plaisir.
Quant à l'idée de tenir des assises
Québec-municipalités, elle avait déjà
été esquissée entre les deux unions et le gouvernement.
C'est une idée qui reste très bonne en soi, mais qu'il ne serait
pas opportun de réaliser dans l'immédiat.
Le Président: Une question additionnelle, M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Merci, M. le Président. Comment le nouveau
titulaire du ministère des Affaires municipales pense-t-il justifier
auprès des contribuables de la municipalité de Saint-Prime, qui
fait partie du comté de Roberval, dont le député est son
collègue le ministre de la Chasse et de la Pêche, l'augmentation
prévue de 114 $ de taxes annuellement et, de plus, comment le ministre
croit-il pouvoir faire accroire à la population de deux
municipalités de mon comté, soit Saint-Honoré et
Saint-Ambroise, que les augmentations annuelles de taxes de 146 $ et 186 $
respectivement ne seront en fait qu'un simple partage équitable des
ressources, et cela, dans un contexte où le taux de chômage
frôle les 18 %? Comment le ministre fera la démonstration qu'il
s'agit d'un simple partage équitable?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Ici encore, c'est la première fois que le
député me donne signe de vie à propos des propositions qui
remontent déjà à plus de trois mois. Je le félicite
de s'être réveillé.
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo!
M. Ryan: Dans au moins deux des cas... Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demande la collaboration de
tous les députés, s'il vous plaît. Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Alors, je crois comprendre que dans le dernier cas qu'il
a cité, il s'agit d'une municipalité qui n'a pas de service de
police actuellement et qui est invitée à prendre sa part
raisonnable et équitable, comme toutes les autres municipalités
du Québec. Si je me trompe, je serai volontiers ouvert à tout
échange d'information avec le député à ce sujet. Il
peut arriver...
Moi-même, en fin de semaine - je vais vous raconter un cas - j'ai
tenu une rencontre avec le conseil d'une municipalité de mon
comté. Ils sont allés au bureau régional de la Voirie. On
leur attribuait tel nombre de kilomètres qui serait à la charge
du ministère des Transports. Vérification faite, le bureau
régional a dû admettre que le chiffre était erroné
et que c'était la municipalité qui avait raison. Je leur ai dit:
C'est la vérité qui prévaudra et non pas les erreurs que
nous avons pu faire de notre côté. Voici un cas où on est
allé à la source. On corrige le problème
immédiatement et tout de suite les chiffres sont ramenés à
des proportions raisonnables. Dans ce cas-ci, je ne le sais pas. Je dis au
député: Qu'il me soumette les chiffres qu'il a reçus de
ces municipalités dont il a parlé. Nous les examinerons et il
aura une réponse claire en toute hypothèse.
Une voix:...
M. Ryan: Oui, mais ce sont des hypothèses.
Le Président: Alors, en question principale maintenant,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve. (14 h 30)
Impact de la nouvelle fiscalité municipale sur
la relance de l'économie de Montréal
Mme Harel: Alors, M. le Président, une question reste
incontournable à laquelle le ministre des Affaires municipales ne peut
échapper, c'est la question de la ville de Montréal. Le ministre
a beau répéter ces moyennes vertueuses pour cacher l'injustice
fiscale et les disparités de sa réforme, les Montréalais,
qui sont déjà les plus lourdement taxés avec un exode
continu vers la banlieue, avec un taux de chômage le plus
élevé des villes canadiennes - les Montréalais constituent
moins du sixième de la population du Québec - vont pourtant avoir
à payer presque le tiers de la facture, soit 138 000 000 $.
Le déséquilibre fiscal, M. le Président, est
aggravé par le désengagement de Québec à
l'égard du transport en commun. Montréal est acculée
à des choix douloureux, presque impraticables, une hausse de la carte du
métro à 65 $ par mois, une hausse de 100 %, ou une moyenne de 18
% d'augmentation du secteur commercial et industriel avec 1500 entreprises
commerciales et industrielles qui connaîtront une hausse de 100 %.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales croit ainsi relancer
l'économie de Montréal?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: d'abord, il y a un facteur que, dans sa question, la
députée de hochelaga-maisonneuve a soigneusement
évité de mentionner. si vous examinez l'impact des propositions
gouvernementales sur le taux de taxation résidentielle, vous constatez
que c'est l'un des plus bas de tout le québec. vous l'avez
remarqué?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: alors, si on applique les propositions gouvernementales
suivant les suggestions qui ont été faites, qui ne sont pas
impératives à tout point de vue... c'est un point qui est
important à mentionner. montréal, comme vous l'avez dit, c'est
quand même le sixième de la population de tout le québec.
ça vaut la peine de le mentionner. la ville de montréal pourra
faire des équations de toute sorte. elle pourra demander une certaine
contribution à l'usager qui, actuellement, paie à peu près
0,30 $ sur la piastre que coûte son passage dans le transport en commun.
elle pourra demander une contribution du côté du
résidentiel et arriver du côté du non-résidentiel
à une charge qui sera peut-être un petit peu plus
modérée que ce qui est envisagé. du côté du
non-résidentiel, je pense que ce qui est envisagé, c'est à
peu près 10 % à montréal, 9 %à10 %.
Maintenant, une chose qui m'étonne, je vais vous dire ça
en toute simplicité, du côté de l'Opposition...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...du côté de l'opposition, quand on a
parlé des frais de scolarité universels, il n'y a pas tellement
longtemps, vous n'avez cessé de répéter pendant des
semaines qu'il fallait cesser de frapper l'étudiant et aller du
côté des sociétés commerciales et industrielles que
vous reprochiez au gouvernement d'ignorer et de traiter de manière
favorisée. le maire de montréal a déjà
présenté des demandes au ministère des affaires
municipales, demandant que soit haussé le multiplicateur qui permet de
déterminer
le rendement de la taxe sur la valeur locative. Nous avons dû
refuser à ce moment-là parce que la requête n'apparaissait
pas justifiée au moment où elle fut faite. Pourquoi cette
requête à laquelle on croyait, il y a trois ans, serait-elle
devenue pernicieuse aujourd'hui et tellement mauvaise? Mes confrères qui
m'ont précédé au ministère des Affaires municipales
s'en souviennent. Alors, il faut mettre tous les facteurs dans le
débat...
Le Président: En conclusion, M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Ryan: ...et je suis heureux de compléter cette
réponse, M. le Président, en disant que, lors d'une rencontre que
j'ai eue avec lui, vendredi, le maire Jean Doré, de Montréal, m'a
paru de plus en plus disposé à agir de manière que nous
tenions compte ensemble de tous les facteurs, et je lui en sais gré.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
Mme Harel: Le ministre des Affaires municipales, qui l'est aussi
de l'Habitation, reconnaît-il que 75 % des Montréalais sont des
locataires, contrairement à la majorité des
Québécois? Et sait-il que 75 % aussi des usagers du métro
utilisent le métro pour aller travailler, dont 45 % qui n'ont pas
d'auto? Pourquoi ne frappe-t-il pas également, puisqu'il parle de
frapper les secteurs commercial et industriel... Pourquoi est-ce que c'est
d'abord et surtout les secteurs commercial et industriel de l'île de
Montréal et des banlieues avoisinantes qui vont avoir un
déséquilibre fiscal plus grand à supporter?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, à titre de Montréalais de
naissance et de résident de la ville de Montréal, je suis
parfaitement conscient du problème qui découle du grand nombre de
locataires dans la ville de Montréal et c'est pourquoi, vendredi
dernier, je me suis rendu à l'hôtel de ville en compagnie de M.
Doré pour rendre public un programme qui permet la participation du
gouvernement du Québec à un immense plan de rénovation des
immeubles locatifs sur le territoire de la ville de Montréal. Le
gouvernement a consacré à la ville de Montréal 35 % d'un
budget de 55 000 000 $ qui a été annoncé par le premier
ministre dans le cadre du programme de relance économique au
début de l'année.
La députée a peut-être oublié de noter
qu'à la même occasion, le gouvernement a décidé de
confier à la ville de Montréal l'entière gestion de ce
programme, ce qui est un précédent et qui va dans le sens des
revendications que nous présentons souvent au gouvernement
fédéral aussi. Nous avons un très bon protocole dont les
autorités montréalaises sont très heureuses et nous aussi.
Et, pour le reste, c'est vrai qu'il y a des points à examiner si on veut
parler de certaines municipalités qui sont peut-être...
Une voix:...
Le Président: En conclusion, s'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Ryan: Très bien.
Le Président: Très bien, une autre question
additionnelle.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre des
Affaires municipales n'est pas conscient qu'il va ainsi rechercher un effet qui
est celui de l'exode urbain, du secteur commercial et industriel en dehors des
territoires plus lourdement taxés et qu'il va contribuer ainsi au
déclin qu'il faudrait plutôt corriger de la situation de
Montréal? M. le Président, comment le ministre peut-il
prétendre que l'augmentation du secteur commercial et industriel n'aura
pas d'effet sur la situation manufacturière ou commerciale à
Montréal?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, on pourrait peut-être rappeler certains
chiffres. La charge fiscale totale du secteur commercial et industriel sur
l'île de Montréal est de 4 500 000 000 $ par année. La
charge additionnelle qui découlerait des propositions gouvernementales
pour l'île de Montréal, plan commercial et industriel, encore une
fois - si on suit les premières propositions du gouvernement - serait de
l'ordre d'à peu 153 000 000 $, ce qui veut dire à peu près
une augmentation de 3,4 % de l'ensemble de la charge fiscale. Alors,
ramenée à ces propositions réalistes et en se souvenant de
nombreux avantages dont ont bénéficié les entreprises au
cours des derniers mois au plan fiscal, je pense que ça demeure fort
raisonnable.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Restrictions budgétaires prévues dans le
secteur de l'enseignement
M. Gendron: Oui. Le monde de l'éducation est
également profondément inquiet. Là comme ailleurs, on
assiste à des messages pour le moins ambigus, pour ne pas dire
contradictoires, mais ça a l'air à être une vertu que
cultive bien ce gouvernement. Il y en a pour tout le monde,
pour toutes les tendances. Le 22 février, suite à la forte
opposition des groupes d'éducation populaire, le ministre de
l'Éducation répétait, haut et fort: Pas question de couper
le programme d'éducation populaire. Intouchable, disait-il. Six jours
plus tard, le 28 février, ce n'était plus pareil, c'était
inexact de prétendre que seule l'éducation populaire
écoperait. Il a dit: Tous les programmes vont écoper. Et le 2
mars dernier, le ministre de l'Éducation affirmait, toujours haut et
fort, comme il sait le faire, qu'il ne s'agissait pas de coupures à
l'éducation, mais bien de réaménagement de programmes
actuels. Quel fouillis! Question: Au moment où l'alarme est
sonnée partout à l'éducation et que la
Fédération des commissions scolaires s'apprête, elle aussi,
à livrer bataille et à prendre les grands moyens, dit-elle,
est-ce que le ministre de l'Éducation, aujourd'hui, a toujours le culot
d'affirmer qu'il s'agit de réaménagement plutôt que de
coupure de 100 000 000 $?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, lorsque les crédits des dépenses du
gouvernement du Québec seront déposés, incessamment, le
député d'Abrtibi et porte-parole de l'Éducation du
côté de l'Opposition, sera en mesure de constater que le budget du
ministère sera à la hausse, cependant, à un rythme de
croissance, évidemment, qui tient compte d'une situation
financière qui est précaire non seulement pour le gouvernement
mais pour l'ensemble des pays industrialisés, l'ensemble des provinces
canadiennes et l'ensemble des concitoyens, de celles et ceux qui nous
écoutent.
Je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions
soulevées par l'honorable député lors de l'étude
des crédits qui est prévue, si ma mémoire est
fidèle, pour les 23 et 24 avril prochain.
Deuxièmement, c'est le cas que des réaménagements
à l'intérieur des enveloppes budgétaires seront
effectués. On aura l'opportunité de discuter de la ventilation,
de la pertinence, etc.
Concernant le programme d'éducation populaire, comme vous le
savez, il comporte trois volets: le volet d'aide aux syndicats, le volet d'aide
aux organismes volontaires d'éducation populaire. J'ai indiqué
très clairement, et, M. le Président, le député
devrait me citer comme il faut, que pour les OVEP, c'était intouchable
et ce ne sera pas touché. Point.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Est-ce que le ministre de l'Éducation a
sensibilisé le premier ministre au fait que même s'il vient de
prétendre que, globalement, le budget de l'Éducation pourra
augmenter au livre des crédits, il n'en demeure pas moins qu'il s'agira
d'une coupure de 6 % aux clientèles recevant des services
éducatifs? Est-ce que le ministre de l'Éducation a
sensibilisé le premier ministre que ça serait une coupure
réelle de 6 % aux clientèles de l'éducation?
Une voix: Ah!
Le Président: M. le ministre de l'Éducation. (14 h
40)
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas l'intention,
comment dirais-je, de répondre au piège combien grand qui est
tendu par le député qui cite des pourcentages. Bien voyons donc!
On aura l'opportunité d'en discuter concrètement, programme par
programme, de comparer ce qu'on fart à ce que avez effectivement fait
quand vous étiez de ce côté-ci de la Chambre.
Deuxièmement, j'ai eu l'opportunité aussi
d'établir... Pourriez-vous demander, M. le Président, au
député de Jonquière d'être plus calme, de me laisser
répondre?
Le Président: S'il vous plaît, s'il vous
plaît! Alors, à la question, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Le processus de révision des affectations
budgétaires s'est fait, inspiré par une très grande
transparence avec nos partenaires, avec la Fédération des
commissions scolaires. J'ai eu l'opportunité d'échanger avec eux
dans le cadre de la commission de financement au moins à trois reprises.
De nombreux échanges ont eu cours. Actuellement, mes fonctionnaires
visitent chacune des régions pour valider, somme toute, la pertinence de
nos propositions. Je rencontrerai la Fédération des commissions
scolaires qui m'ont invité, en fin de semaine, à aller les
saluer. Je peux vous confirmer, M. le député, que le premier
ministre suit avec un très grand intérêt tout ce qui se
passe en éducation. On a eu l'occasion d'en échanger ensemble. Ne
soyez pas inquiet!
Des voix: Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: Si c'était exact, comment se fait-il que la
Fédération des commissions scolaires, ne voyant plus de
défenseur de l'éducation au Québec en votre personne,
réclame une rencontre au bureau du premier ministre pour justement lui
dire que la conséquence pour les clientèles, ça sera une
coupure de 6 % et non votre beau discours? Est-ce que vous avez expliqué
ça à la Fédération?
Le Président: M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, très clairement je
réponds deux choses: La première: la Fédération
des commissions scolaires indique très clairement sa confiance
dans le ministre de l'éducation actuel. deuxièmement, elle va
rencontrer le premier ministre avec moi demain soir. bye, bye!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: En additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre de l'Éducation peut confirmer les intentions de son
ministère, qu'il a laissé couler, la semaine dernière,
dans le milieu, à l'effet que son ministère veut abolir le plan
de soutien de la formation agricole? Et comment le ministre de
l'Éducation, qui est l'ancien ministre de l'Agriculture, peut-il
seulement songer à abolir ce programme pendant que son collège
à l'Agriculture, maintenant, exige la formation agricole pour
l'obtention d'aide à l'établissement de nos jeunes agriculteurs
et agricultrices?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: Je remercie le député d'Arthabaska
de susciter chez moi une très certaine nostalgie du beau et grand
ministère qu'est celui de l'Agriculture.
Ceci étant dit, la question que soulève le
député est tout à fait, je crois, pertinente en ce que
dans nos décisions on s'est appuyés sur un concept, un objectif
que toute décision budgétaire susceptible de faire en sorte qu'on
s'inscrive en moins à l'égard du support donné à
l'équipe du ministère de l'Agriculture pour la formation ne vise
pas et ne vienne pas limiter l'accès à la formation de la part de
nos jeunes producteurs et productrices, et on aura l'occasion d'en discuter au
budget. On vous attend.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lévis.
La politique fédérale de taxation des
services de la Garde côtière
M. Garon: M. le Président, en juillet dernier le
gouvernement . fédéral a annoncé une politique de taxation
des services de la Garde côtière canadienne. Le Québec est
le plus pénalisé par cette politique puisqu'il paiera 54 % des
revenus totaux générés par les charges du
fédéral alors que les coûts de la garde
côtière au Québec sont de l'ordre de 20 %. Les Maritimes ne
paieront que 2 % des revenus au fédéral, alors que leurs
coûts représentent 36 % des coûts de la garde
côtière. C'est neutre au Pacifique puisque c'est 19 % des
coûts et 21 % des revenus. Le ministre des Transports a été
très silencieux dans ce dossier. Ce n'est qu'une semaine avant la fin
des consultations du gouvernement fédéral qu'il a fait
connaître, par une lettre au ministre des Transports du
fédéral, qu'il avait pris connaissance de cette politique et
qu'il ne saurait y souscrire. On peut dire que dans ce dossier il s'est
comporté beaucoup plus comme un wagon de queue que comme une
locomotive.
Alors, ma question au ministre des Transports, c'est la suivante: Est-ce
que le ministre peut nous dire si son ministère a évalué
et chiffré les impacts de la politique fédérale sur les
ports du Saint-Laurent, sur les emplois et sur l'avenir de l'ensemble de
l'industrie maritime du Québec et notamment pour une compagnie comme
Cast, par exemple, qui songe peut-être à s'en aller sur la
côte de l'Atlantique plutôt que de rester dans les ports du
Saint-Laurent?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, vous me permettrez de remercier
le député de Lévis qui, pendant une commission
parlementaire, m'a demandé de me rendre à Ottawa avec les poings
sur la table et de faire le point sur le problème auquel on fait face.
Il est vrai que j'ai essayé de rejoindre mon homologue, M. Lewis,
à plusieurs occasions. Malheureusement, vous savez qu'on faisait face
à une espèce de crise dans le Golfe et que tout le monde
était assez occupé. J'ai rencontré ces gens, il y a deux
semaines, j'ai fait le point; M. Lewis reconnaît fort bien les
problèmes que le Québec subirait si on implantait un programme
semblable. M. Lewis a accepté qu'on fasse une recommandation au
gouvernement fédéral et, en plus, pour répondre aux
questions qui ont été posées, des études d'impact
vont être faites par le gouvernement fédéral
répondant à nos demandes.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, ce que j'ai demandé au
ministre, c'est très simple au fond. Est-ce qu'il a demandé et
reçu des études et des analyses à son ministère, de
son ministère - son ministère ne devait pas être bien bien
en guerre du Golfe - afin d'évaluer et de chiffrer les impacts de la
politique du gouvernement fédéral? Comment peut-il
défendre les dossiers du Québec à Ottawa si lui-même
n'a pas de chiffres et qu'il dit aux autres: Faites les chiffres, moi, je n'en
ai pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: en plus de ne pas en avoir, il avoue qu'il n'en a pas.
est-ce qu'il a demandé quelque chose au moins à son
ministère? il n'a pas dû tirer bien bien du canon pendant la
guerre du golfe.
Le Président: Alors, M. le ministre des
Transports.
M. Elkas: M. le Président, oui, on a fait des demandes au
ministère. On voit clairement que le coût pour le transport des
"containers", par exemple, coûte beaucoup plus aux gens qui habitent
Montréal ou même le secteur de Sept-îles qu'il
coûterait ailleurs aux gens de Halifax, Vancouver ou des autres ports.
Ça, ça a été assez clair, mais des études
d'impact comme telles ont été commandées. On va voir
exactement ce que le recouvrement des coûts pourrait faire, apporter
à la société québécoise et non seulement aux
gens qui utilisent la Voie maritime.
Le Président: En question complémentaire toujours,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que le ministre se rend compte que toute la
politique fédérale a pour but, au fond, d'avantager les
Maritimes, en plus de nous faire payer les coûts des Maritimes, alors que
les dépenses sont faites là. Est-ce qu'il a l'intention d'appuyer
l'industrie maritime québécoise qui dit au fédérai
de réduire les services chromés qui sont une forme, au fond,
d'assistance sociale déguisée dans les Maritimes, des services
chromés qu'après ça, on veut nous faire payer à
nous? Est-ce qu'il a l'intention de dire au fédéral que, s'il a
besoin d'argent, il coupe donc les services chromés dans les Maritimes?
On se rappelle quand les bateaux...
Le Président: M. le député.
M. Garon: ...avaient passé au feu il y a quelques
années à Rivière-du-Loup, il a fallu faire venir les
hélicoptères de Summerside à...
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Pour répondre au député de
Lévis, oui, on a demandé au ministre Lewis de regarder, par
exemple, la Garde côtière. Le Vérificateur
général a fait des recommandations au fédéral,
à savoir qu'il pourrait faire des épargnes à
l'intérieur avant de venir nous passer la facture. Oui, ça a
été fait.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Louis-Hébert.
Fermeture de quatre écoles primaires à
Sainte-Foy
M. Doyon: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Éducation, M. le Président. La commission scolaire
des Découvreurs nous annonce sans trop de cérémonies qu'on
est en train de fermer quatre écoles en même temps, des
écoles primaires. Cette nouvelle a consterné les populations qui
sont desservies par ces quatre écoles qui sont en bon état et
parfaitement bien équipées. Est-ce que le ministre de
l'Éducation pourrait nous indiquer ses intentions vis-à-vis de
ces fermetures massives - quatre écoles quand même, ce n'est pas
rien dans un seul comté, dans le même comté - et quelle
sorte d'intervention il peut faire pour minimiser les dégâts, les
effets négatifs de ces fermetures-là?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Louis-Hébert, je
voudrais indiquer que lorsque j'ai, au nom du gouvernement, fait part et
confirmé à la commission scolaire des Découvreurs des
investissements importants, il y a quelques semaines, concernant la
construction de deux écoles de premier cycle du secondaire et une
école élémentaire, cela s'inscrivait dans une
volonté, évidemment, de notre gouvernement de maintenir
l'école le plus près possible de la famille. Or, à ma
grande surprise, j'ai appris, comme tous les citoyens de la région hier,
l'intention, dans le cadre du dépôt d'un document de
développement triennal de la commission scolaire des Découvreurs,
l'intention de la commission scolaire de fermer 4 écoles sur 22 d'ici 2
ans ou 3 ans, ce qui suscite évidemment inquiétude de la part des
citoyens et, plus particulièrement, de la part des parents
concernés. (14 h 50)
Je me limiterai à vous dire, premièrement, qu'il
n'appartient pas au ministère de l'Éducation ni de localiser ni
de décider pour et au nom des commissions scolaires. Cependant,
ça m'apparart exorbitant, ça m'apparaît gros. L'autre
élément, j'entends donc les rencontrer, j'entends voir avec eux
ce qu'il est possible de faire pour maintenir nos écoles le plus
près possible des familles et il m'apparart aussi exorbitant, cependant,
la déclaration de la ville de Sainte-Foy par la voix de sa mairesse,
comme quoi ceux-ci allaient s'interposer pour bloquer d'autres projets.
Alors, un, nous sommes informés. Je rencontrerai la commission
scolaire et il me fera plaisir de rendre compte à la Chambre et à
M. le député qui est très préoccupé par
cette question.
Le Président: En question additionnelle, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre,
dans la même veine, pourrait nous donner la même réponse
pour la rencontre qui pourrait avoir lieu avec les parents, le comité de
parents, et la commission scolaire de Samuel-de-Champlain où, justement,
il y a quatre fermetures d'écoles présentées?
Le Président: ce n'est pas une question additionnelle qui
est reliée à la question principale. alors, en question
principale, m. le député de jacques-cartier.
M. Cameron:
L'attitude de la Caisse de dépôt et
placement au sujet de Noverco
Merci, M. le Président. Ma question est pour le ministre des
Finances. L'année passée, le premier mai, j'ai demandé au
ministre de clarifier la position du gouvernement sur le rôle de la
Caisse de dépôt et de Canam-Manac dans Noverco. J'ai dit la chose
suivante. Is it a settled policy of this Government and the Caisse to put at
risk the retirement funds they hold in trust to save tottering companies from
the possibility of being taken over by the menacing foreigners of Toronto,
Ontario?
Le ministre nous a assurés que la Caisse a toujours raison. M. le
Président, regardez la situation maintenant. Je cite le Montréal
Gazette de vendredi: "Canam Manac unloads Noverco's stake." "Nothing is
excluded", Caisse official Philippe Gabelier responded when asked whether
companies from outside Québec, the rest of Canada, the United States
and/or Europe will be invited to buy into the utility holding firm. "We hope
the shares can be parcelled out by the July 1st exercise day" Gabelier added.
"If not, the Caisse would be put..."
Le Président: m. le député. m. le
député, s'il vous plaît. m. le député. m. le
député. oui. je vous inviterais à y aller de votre
question immédiatement.
M. Cameron: Ma question est la suivante. Is the minister still
convinced that the Caisse always knows what it is doing?
M. Levesque: Yes, I do.
Le Président: En question complémentaire. S'il vous
plaît. Alors, en question complémentaire, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Cameron: will the government allow ownership in gaz
métropolitain to go to those investors who offer the best price, no
matter where they come from?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai eu l'occasion, il y a
quelques minutes, de déposer le rapport annuel de la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Je crois que, même si
les résultats sont modestes, ils se comparent avantageusement avec la
plupart des fonds de ce genre. Je dois donc conclure que l'administration est
saine et, jusqu'à preuve du contraire, je dois réitérer la
réponse que j'ai donnée en premier lieu.
Le Président: Question principale maintenant, M. le
député de La Prairie.
Critiques de députés à l'endroit
du ministre de l'Environnement
M. Lazure: Merci, M. le Président. Il n'y a personne dans
cette Chambre, je pense, qui va contester la sagesse du ministre de
l'Environnement lorsque, au lieu de démolir ses fonctionnaires, il
commence à faire du yoga et de la méditation avec eux. En tout
cas, comme psychiatre, je pense que c'est bon pour son stress et, en parlant de
stress, M. le Président, à chaque fois que le ministre de
l'Environnement veut jouer son rôle de protecteur de l'environnement, sa
collègue de l'Énergie intervient. Elle est intervenue dans le cas
de Grande-Baleine, elle a gagné. Elle est intervenue dans le cas de la
cogénération d'électricité, elle a
gagné.
Une voix: C'est Mme Gagné. Ha, ha, ha!
M. Lazure: Cette fois-ci, le ministre de l'Environnement va-t-il
plier l'échiné devant celle qui a une place de choix dans le
coeur du premier ministre? Si on se fie, M. le Président, aux
déclarations de ses collègues, les collègues du ministre
de l'Environnement, les gens du caucus de Laval, présidé par la
ministre de l'Énergie et des Ressources et je cite-Une voix: Le
député de Mille-Îles.
M. Lazure: Le député de Mille-Îles
était porte-parole, qu'on m'a dit, mais...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. Sur un
rappel au règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Je comprends que l'honorable député
de La Prairie est très intéressant aujourd'hui, tant dans ses
avis, ses opinions professionnelles, ses commentaires très gentils et
très délicats à l'égard de mes deux
collègues... Pourriez-vous en arriver à la question, s'il vous
plaît?
M. Lazure: Oui, alors j'arrivais à la question.
Le Président: Alors, à la question. La question
maintenant, M. le député.
M. Lazure: J'avais juste une ligne, la citation du
député de Mille-Îles, qui disait ce matin, et je le
cite...
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Lazure: ...que le ministre de l'Environnement n'a pas à
fourrer son nez là-dedans. Bon. Le ministre de l'Environnement peut-il
nous assurer que, malgré les fortes pressions qui viennent du caucus de
Laval, il va faire respecter la procédure normale d'évaluation
des impacts, y compris des audiences publiques?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de remercier le député de La Prairie, qui agit
bénévolement à titre de psychiatre en cette Chambre
auprès du ministre de l'Environnement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pour ses sages conseils. je
profite de l'occasion, étant donné que c'est sa première
question depuis l'intersession, pour le féliciter de s'être
présenté aux élections à l'exécutif du parti
québécois, féliciter également le
député de shefford, le député de joliette, et mme
la députée de chicou-timi, d'avoir remporté ses
élections.
Maintenant, pour en revenir à la question...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! Évidemment...
S'il vous plaît!. S'il vous plaît! Vous comprendrez... S'il vous
plaît! Vous comprendrez, M. le ministre, que vos derniers propos
n'ajoutaient rien au débat. Je vous prierais d'arriver à la
question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je me rends à votre sage
décision, M. le Président, ils étaient à peu
près du même niveau que les premiers propos du
député de La Prairie.
Le Président: Allez-y à la question, s'il vous
plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour en revenir plus
spécifiquement à la question posée par le
député de La Prairie, je lui indiquerai que le rôle du
ministre de l'Environnement est difficile. Il se doit de situer les dossiers en
équilibre et, lorsqu'à 15 jours d'intervalle, un groupe
environnemental réclame la démission du ministre de
l'Environnement parce qu'il ne fait pas le poids au cabinet et qu'à
l'intérieur de ces mêmes 15 jours, certains députés
le dénoncent parce qu'il fait trop le poids, peut-être qu'il a
atteint un poids équilibré. Merci.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que le ministre veut
que je le félicite pour sa course à la chefferie...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
M. Lazure: ...pour sa tentative infructueuse...
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît. M. le député.
Une voix:...
Le Président: Oui. Une minute, s'il vous plaît.
Alors, sur un rappel au règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, mais vous avez
laissé personnellement aller le ministre dans tous ses commentaires au
niveau de la réplique à un préambule qui n'avait
même pas fait allusion à rien, et je pense qu'en toute
équité dans cette Chambre, M. le Président, on doit donner
chance à riposte.
Le Président: J'ai rappelé à l'ordre, le
ministre, M. le leader de l'Opposition, justement pour ses propos, mais
effectivement, si, à ce moment-là, il y a une incartade d'un
côté, on en a une autre, on ne devrait pas avoir de commentaire
dans une question ou dans une réponse. Je le répète, et
j'espère que les deux côtés suivront le règlement
là-dessus. Alors, une question directement, M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Est-ce que le ministre de l'Environnement, au lieu de
demander des impacts sur le rapatriement des pouvoirs en environnement qu'il a
demandés de façon tout à fait futile à son
congrès, pourrait s'engager à ne pas utiliser l'article 31.6 de
la loi qui lui permettrait de passer outre aux évaluations
gouvernementales, comme lui demande le caucus de Laval? M. le Président,
le caucus de Laval lui demande de passer outre. Est-ce qu'il va passer outre,
oui ou non? Il n'a pas répondu encore.
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
très brièvement. Pour reprendre en partie le préambule du
député de La Prairie, des études d'impact ont
été commandées sur la possibilité d'un rapatriement
de pouvoirs en matière environnementale et une partie de ces
études a déjà été communiquée
à la Commission Bélanger-Campeau. Les autres seront disponibles
pour le Conseil des ministres et, par la suite, pour l'ensemble de la
députation et de la population, avant que des décisions se
prennent, comme il est sage de le faire dans ce domaine.
En ce qui concerne la question plus directe
du député de la prairie, il n'appartient pas au ministre
de l'environnement d'invoquer l'article 31.2 ou 31.3. cela relève de
l'autorité du conseil des ministres.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président: Toujours en question complémentaire.
(15 heures)
M. Lazure: ...est-ce qu'il va faire la recommandation, justement,
de ne pas utiliser cet article-là? Deuxièmement, qu'est-ce qu'il
pense, le ministre de l'Environnement, de la recommandation de ses
collègues de Laval...
M. Pagé: Une question d'opinion.
M. Lazure: ...qui disent aux promoteurs...
Le Président: M. le député de La Prairie,
j'ai un appel au règlement. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je pense que c'est un
exemple très, très, très flagrant, et je ne pense pas
abuser de ces questions de règlement, où le député
demande purement et simplement une question d'opinion: Qu'est-ce que t'en
penses? Ce n'est pas une question, M. le Président,
d'intérêt public.
Le Président: Sur la question, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: ii y avait une question beaucoup plus
précise avant: va-t-il recommander, oui ou non, l'utilisation de la
clause dérogatoire? oui ou non? c'est ça.
Le Président: Oui, d'accord.
M. Pagé: M. le Président, sur la question...
Le Président: Alors, la première... M. le leader,
oui. Sur la question, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je comprends que le
député de La Prairie a un certain mérite d'essayer de
poser des questions comme celles-là, mais il devrait profiter de
l'exemple du leader de l'Opposition. Ça, c'était une vraie
question. Si elle avait été posée comme ça, le
ministre y aurait répondu et il n'y aurait pas eu de question de
règlement.
Le Président: Très bien.
M. Pagé: Inspirez-vous du député de
Joliette. Il fait bien ça, lui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, il y avait deux volets. S'il vous
plaît! Il y avait deux volets à votre question
complémentaire. La première question est admissible, il va de
soi, mais si vous ne pouvez pas demander une question d'opinion, et vous le
savez fort bien, reformulez votre deuxième question, s'il vous
plaît.
M. Lazure: Qu'est-ce que le ministre de l'Environnement va faire
comme recommandation au Conseil des ministres? Deuxièmement, qu'est-ce
qu'il pense de la recommandation de ses collègues de Laval qui disent
aux promoteurs: Allez devant les tribunaux pour contester la directive du
ministre de l'Environnement? Qu'est-ce qu'il pense de ça? Est-ce qu'il
peut nous répondre clairement?
Le Président: M. le député, votre
première question est posée, mais une question d'opinion n'est
pas admissible. Vous avez à nouveau l'exemple d'une question d'opinion.
Alors, sur la première question, M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le , le ministre de
l'Environnement est sujet à des pressions multiples qui peuvent provenir
d'un côté comme de l'autre, soit du promoteur du dossier, soit des
groupes écologiques qui peuvent s'opposer à un certain dossier.
Le ministre de l'Environnement tente de demeurer en équilibre dans ce
débat.
Vous auriez pu me soulever la question: Qu'est-ce que le ministre de
l'Environnement pense de la déclaration du candidat du Parti
québécois dans Montmorency qui nous recommande...
Le Président: M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de suspendre les
procédures...
Le Président: M. le ministre. Alors, en question
additionnelle. Mme la députée de Terrebonne, en question
additionnelle.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, en additionnelle
au ministre des Transports. Comment le ministre des Transports compte-t-il
remplir ses promesses, les promesses de son gouvernement, et répondre
aux besoins réels de la population de la région de Laval et de la
région de la MRC des Moulins?
Le Président: M. le ministre des Transports.
Une voix: Entendez-vous, l'autre bord, là!
Le Président: S'il vous plaît!
M. Elkas: M. le Président, si on fait
allusion au plan de transport qui avait été
déposé par mon prédécesseur, M. Côté,
j'y tiens. Je tiens aussi au projet de la 25 parce que je crois fermement au
développement de l'est de la région de Montréal et je
crois fermement à une vision pour Montréal qui comprend plus que
la ville de Montréal et la Communauté urbaine de Montréal,
mais Laval, la Rive-Sud et les régions qui vont aussi loin que
Terrebonne, Saint-Jérôme et Granby aussi. Il faut préparer
la région et c'est avec des projets semblables qu'on va pouvoir
répondre aux besoins des gens.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question additionnelle, encore.
Mme Caron: Connaissant la loi sur l'environnement, comment son
gouvernement a-t-il pu s'engager à faire une telle promesse alors qu'il
savait qu'il ne pourrait pas la respecter?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, il n'y a aucune question
d'essayer de contourner la loi. On m'a envoyé une demande type qui
arrive du ministère de l'Environnement. Je l'ai transmise à mon
ministère et il est en train de répondre aux questions
environnementales.
Le Président: En question principale? Mme Harel:
Non, additionnelle.
Le Président: Aditionnelle, d'abord. Une question
additionnelle, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre
des Transports entend respecter le plan de transport et les priorités
qui y étaient contenues à l'effet de parachever le boulevard
Henri-Bourassa? Est-ce qu'il entend maintenir le calendrier...
Le Président: Mme la députée, s'il vous
plaît. Évidemment, vous élargissez la question principale
qui portait sur une question d'environnement sur un projet spécifique
entre Montréal et Laval et, à ce moment-ci, cette question
m'apparaît totalement inadmissible. ' sur ce, je dois vous informer que
la période de questions est maintenant terminée.
Alors, il n'y a pas de vote reporté.
Maintenant, au niveau des motions sans préavis...
Je demanderais la collaboration des membres de l'Assemblée, s'il
vous plaît. Alors, Mmes et MM. les députés. Mmes et MM. les
députés, nous allons poursuivre les travaux dès maintenant
aux motions sans préavis. MM. les députés, s'il vous
plaît, juste devant moi... M. le député de Taschereau, M.
le ministre des Transports, je vous invite à aller à
l'extérieur, s'il vous plaît.
Alors, aux motions sans préavis, je vais reconnaître M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le courage et le dévouement
des militaires canadiens impliqués
dans la crise du golfe Persique
M. Atkinson: M. le Président, je demande le consentement
de l'Assemblée nationale pour une motion sans préavis qui est la
suivante: "Que l'Assemblée nationale du Québec souligne le
courage et le dévouement de chacun des membres des Forces armées
canadiennes impliqués dans la crise du golfe Persique." Merci.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. Alors, je laisse la
parole en conséquence à M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce sur sa motion.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: Merci, M. le Président. Le Canada fut l'un
des premiers pays à contribuer, à transférer une force
militaire au golfe Persique afin d'appuyer la résolution des Nations
Unies, soit celle d'exiger le retrait immédiat et inconditionnel des
forces armées irakiennes du territoire koweïtien.
That does not come as any surprise to any Canadian as our nation has
been in the forefront of the fight for freedom and the preservation of that
freedom wherever and whenever an over-agressive nation invades another peaceful
sovereignty.
Les trois formations de notre ensemble militaire étaient
présentes tout au long de ce conflit. Un corps expéditionnaire
naval de deux destroyers et un navire d'approvisionnement étaient
déjà présents en septembre dernier au port de Bahrein.
Dès ce moment jusqu'au cessez-le-feu, l'ensemble du corps
expéditionnaire naval canadien a accompli 1877 interceptions et pris
l'abordage de 22 bâtiments ennemis. M. le Président, cela
représente 25 % de toutes les interceptions effectuées par la
force navale de la coalition.
Canada also provided one over-strength squadron of 26 CF-18 fighter
planes along with the Boeing 707 air-to-air refueling aircraft for the Desert
Storm operations. During the war in the Gulf, our pilots flow both sweep and
escort missions as well as close air support for the multinational forces
deployed.
Même si le Canada n'a pas pris part à
l'offensive terrestre, il est à souligner qu'il a
contribué un des services hospitaliers les plus sophistiqués. En
collaboration avec les Britanniques, nos médecins, infirmiers et
infirmières ont traité à la fois des blessés de la
coalition et ceux des troupes irakiennes. Voilà ce qu'est le
dévouement des Forces armées canadiennes. Nous avons toujours
été là quand le besoin se faisait sentir.
About 2500 men and women served with our Forces and that has been the
case over the past century. They have come from every province, city and
hamlet. We can take great pride in the service to the defeat of overt agression
by those who served voluntarily from our Québec. We once again stood
shoulder to shoulder with our comrades from some 30 other nations, ranging from
Argentina to France, to Italy, Greece, Norway, Spain, Britain and the United
States. It was a case of international solidarity unmatched, in military
history, since World War II. (15 h 10)
Je me dois aussi de souligner la présence du Royal 22e
Régiment. Ce régiment, qui s'est distingué à
maintes reprises dans le passé, avait pour mission d'assumer la
sécurité du Qatar. The spectrum of participation by our valued
men and women was boundless. I have mentioned our participation only in broad
strokes, for to list every single participation would take hours of detailed
analysis. So, if I should just say, we were on the front end of the AWACS
Squadron, flying special identification and reconnaissance patrols over enemy
territory. We had a medical-surgical team on board the United States hospital
ship, the U.S.N.S. Mercy. At the same time, Canadians served with other allied
military forces, providing thirteen military personnel to the British Forces;
another five to the American Forces. These Canadian officers were our contact
with the development and deployment of the forces of war launched against the
regime of Saddam Hussein.
I would, however, like to illustrate the kind of courage that has been
part of our military heritage for generations upon generations. Deux jeunes
pilotes canadiens, le major Dave Kendall et le capitaine Steve Hill, ont fait
preuve d'une audace et d'une intrépidité que chaque militaire
accepte comme inhérente à son devoir. While flying patrol with
the Desert Cat Squadron over the Northern Arabian Gulf, on the 30th of January,
two United States aircraft A-6 were forced to break off an attack on an Iraqi
vessel because they were running low on fuel. Major Kendall and Captain Hill,
hearing they were breaking off the attack, immediately responded by turning
their jet fighters and entered the fray. These two pilots strafed the Iraqi
warship, as well as launching one missile. The Iraqi ship had on board at least
four Exocet missiles ready to fire. Our pilots' missile launch hit the Iraqi
ship amidships. The Iraqi vessel, a captured
Kuwaiti TNC-45 missile attack craft capable of speeds up to 40 knots,
eventually sunk the following morning. Nos pilotes, le major Dave Kendall et le
capitaine Steve Hill ont été officiellement
crédités pour avoir contribué à couler ce
redoutable vaisseau.
Le courage et le dévouement des troupes canadiennes va bien
au-delà de l'appel au devoir. Bravo et félicitations aux hommes
et aux femmes des Forces armées canadiennes. Nous devons être
fiers de ce qu'ils ont accompli. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): On vous remercie, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Toujours sur cette
même motion, je reconnais maintenant M. le ministre des Affaires
internationales.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je tiens tout d'abord
à souligner l'appui du gouvernement du Québec à la motion
présentée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Lui-même vétéran de la
Deuxième Guerre, le député de Notre-Dame-de-Grâce
porte une attention particulière aux questions touchant les Forces
armées et c'est tout à son honneur. M. Atkinson,
député de Notre-Dame-de-Grâce, n'est d'ailleurs pas le seul
député en cette Chambre à s'intéresser à ces
questions puisque le député d'Iberville, M. Yvon Lafrance, a
lui-même participé à des opérations de maintien de
la paix de l'ONU à Chypre. Comme tous les Québécois et
tous les Canadiens, je suis très soulagé que les combats soient
terminés et que la victoire de la coallition soit acquise dans le golfe
Persique. Je tiens à souligner le courage des Québécois et
des Québécoises qui ont contribué à cette victoire.
Ils ont défendu, au risque de leur vie, les principes reconnus et promus
par l'Organisation des Nations unies auxquels nous sommes profondément
attachés. Heureusement, il n'y a pas eu de perte de vie parmi nos
militaires, et leur retour auprès de leurs parents et amis s'effectue
tel que prévu.
Tout au long de cette épreuve le gouvernement du Québec,
en association avec les Québécois et les
Québécoises, a voulu soutenir aussi l'action humanitaire
menée par des équipes médicales et infirmières
originant du Québec pour soulager les populations accablées par
les affrontements armés dans la région du golfe Persique.
À cette fin, une subvention de 100 000 $ fut versée à la
Société canadienne de la Croix-Rouge, division du
Québec.
Par ailleurs, lors du déclenchement des hostilités dans le
golfe Persique et suite à l'annonce par le gouvernement du Canada de la
participation des Forces armées canadiennes à la
libération du Koweït, le ministère des Affaires
internationales établissait une ligne téléphonique
gratuite afin de répondre aux questions de ceux et celles ayant des
parents et amis dans les pays de la région du Golfe et pour aider les
milieux d'affaires oeuvrant dans cette région du monde. Je veux
souligner ici la parfaite coordination qui s'est établie entre nos
services et les services du gouvernement fédéral des Forces
armées canadiennes et aussi la collaboration obtenue du réseau
des ambassades du Canada.
Le Koweït est maintenant libre et il peut reprendre sa
reconstruction. Quelques semaines avant la fin du conflit, le ministère
des Affaires internationales déléguait auprès des
décideurs koweïtiens réfugiés à Washington,
Londres et Genève des experts québécois
représentant des entreprises dont l'expertise est recherchée pour
son excellence et perçue par les autorités koweïtiennes
comme un gage de qualité pour les travaux de reconstruction de leur
pays.
Bien entendu, le gouvernement du Québec et le ministère
des Affaires internationales poursuivront leurs efforts afin d'appuyer les
entreprises québécoises qui sont susceptibles de contribuer par
leur expertise à restaurer des conditions de vie acceptables dans cette
région du monde. À cet effet, le ministère des Affaires
internationales collabore avec l'exécutif du Conseil de commerce
canado-arabe afin de déterminer la nature et l'étendue de
l'implication des entreprises québécoises dans le programme de
reconstruction du Koweït. À titre d'exemple, les secteurs
québécois du génie-conseil, des
télécommunications, des matériaux de construction, de
l'informatique et bureautique et de l'industrie médicale pourraient
présenter un intérêt pour (es intervenants koweïtiens.
De plus, le ministère des Affaires internationales compte mettre sur
pied une banque d'entreprises québécoises qui ont
manifesté leur intention de postuler sur des projets au Koweit.
En terminant, je veux redire ici toute ma foi et mon espoir dans
l'Organisation des Nations Unies et souligner particulièrement le
travail incessant, difficile et trop souvent ingrat de son secrétaire
général, M. Javier Pérez De Cuellar, que j'ai eu
l'occasion de rencontrer lors de sa visite à Montréal. La
communauté mondiale peut s'enorgueillir d'avoir à son service
pour la défense de ses valeurs fondamentales un homme aussi exceptionnel
dont l'option pour la paix est manifeste et irrévocable.
M. le Président, permettez que je me fasse le porte-parole des
Québécois et Québécoises pour souligner avec
enthousiasme l'excellente contribution des Forces armées canadiennes
dans le cadre de la coalition de plus de 30 pays qui, pour l'Organisation des
Nations Unies, s'est formée pour rétablir
l'intégrité du territoire koweïtien et rechercher le retour
à la paix dans cette région du monde. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Toujours sur cette motion du député de Notre-Dame-de-Grâce,
je cède maintenant la parole à M. le député de
Bertrand. M. le député.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir, au
nom de l'Opposition officielle, d'appuyer cette motion parce qu'elle s'adresse
avant tout à des individus qui n'ont pas choisi de faire la guerre, mais
qui, de par leur situation, ont été appelés à faire
leur devoir. Et à ce titre, ils méritent notre
compréhension et notre affection. Ils s'appelaient Tremblay, Morin,
Boisvert, Saint-Charles. Ils venaient d'un peu partout au Québec. Ils
savaient à peine dans quelle région ils se dirigeaient, mais ils
n'avaient qu'une idée en tête, revenir le plus rapidement
possible, sains et saufs. (15 h 20)
Si les félicitations qu'adresse l'Assemblée nationale
aujourd'hui sont dirigées aux membres des Forces canadiennes qui ont
participé aux opérations dans le golfe Persique, elles
s'adressent également aux familles de ces jeunes hommes et de ces jeunes
femmes qui ont vécu, à leur façon, les mêmes
angoisses en ne sachant pas quand les membres de leur famille reviendraient
chez eux, dans quelle condition, surtout lorsque les articles des journaux leur
racontaient qu'ils s'embarquaient sur des bateaux de qualité douteuse et
sur des avions dont le record d'accidents avait été
particulièrement élevé dans les années
précédentes. Nous nous félicitons que la guerre soit
terminée, mais nous nous félicitons avant tout que tous nos
jeunes Québécois et toutes nos jeunes Québécoises
soient revenus chez nous sains et saufs.
Mais, M. le Président, nous ne pouvons souligner le
dévouement de nos jeunes gens sans souhaiter pour bientôt un
règlement négocié qui amène, au Moyen-Orient, une
paix durable. Nous ne pouvons souligner le courage de nos jeunes sans
espérer que les marchands de canons qui vendent la mort à
crédit ne prennent leçon de l'hécatombe qu'ils ont failli
entraîner au Moyen-Orient pour que plus jamais, où que ce soit, la
vie de jeunes Québécois et de jeunes Québécoises ne
soit menacée dans des conflits qu'ils n'ont ni souhaités, ni
voulus, ni choisis. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Bertrand. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Est-ce que la motion du député de Notre-Dame-de-Grâce, qui
se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale du Québec souligne
le courage et le dévouement de chacun des membres des Forces
armées canadiennes impliqués dans la crise du golfe Persique" est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté.
Toujours aux affaires courantes, nous en arrivons aux avis touchant les
travaux des commissions, M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 16 heures à 18 h 30, ainsi que de 20
heures à 22 heures, ainsi que demain, le mercredi 20 mars 1991, de 9 h
30 à 12 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papi-neau, la commission
des affaires sociales procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 120, Loi sur les services de
santé et les services sociaux et modifiant diverses dispositions
législatives.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): c'est tout, m. le leader
du gouvernement? à l'étape des renseignements sur les travaux de
l'assemblée, m. le leader adjoint de l'opposition officielle, est-ce que
vous avez des questions?
M. Gendron: bien, c'est parce que là, je veux juste
vérifier. est-ce que le leader du gouvernement n'oublie pas deux autres
avis concernant d'autres commissions? l'information qu'on avait, il devait y
avoir la commission...
M. Pagé: C'est-à-dire que...
M. Gendron: Pardon?
M. Pagé: ...que nous aurons...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Le député anticipe, je reconnais
là son enthousiasme à voir deux projets de loi inscrits cet
après-midi être adoptés. C'est le cas et c'est mon
intention de faire en sorte que la Chambre adopte, cet après-midi, le
projet de loi 124, inscrit au nom du ministre des Relations internationales,
ainsi que le projet de loi 123, inscrit au nom de Mme la ministre des
Communautés culturelles. Une fois que ces deux projets de loi seront
adoptés, ils seront déférés en commission
parlementaire. J'avise les parlementaires que ces deux projets de loi sont
susceptibles d'être étudiés ce soir.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ça va, M. le
leader adjoint de l'Opposition officielle?
M. Gendron: Oui.
Avis de sanction de projets de loi
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, j'ai l'avis
suivant à donner. Je vous avise que, cet après-midi, il y aura
sanction de projets de loi au cabinet du lieutenant-gouverneur.
Nous en arrivons maintenant aux affaires du jour, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, en vertu des dispositions
prévues à l'article 263 du règlement, je vous inviterais
à reconnaître M. le ministre des Finances du gouvernement du
Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre des
Finances.
Message du lieutenant-gouverneur
M. Levesque: M. le Président, un message de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur du Québec, signé de sa main.
Dépôt du projet de loi 127
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous lever, s'il vous plaît.
"L'Honorable lieutenant-gouverneur de la province de Québec transmet
à l'Assemblée nationale le projet de loi 1 concernant les
crédits provisoires pour l'année financière se terminant
le 31 mars 1992, conformément aux dispositions de l'article 54 de la Loi
constitutionnelle de 1867, et recommande ces crédits à la
considération de l'Assemblée."
C'est signé: Martial Asselin, lieutenant-gouverneur du
Québec.
Alors, M. le ministre des Finances, je vous cède la parole.
M. Pagé: Avant, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Après qu'on se
sera assis, évidemment. Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez. Les
dispositions prévues à cet article permettent au ministre des
Finances de proposer, dans le cadre d'une motion à l'Assemblée,
un projet de loi qui, en vertu de la coutume, est généralement
adopté à ses trois lectures dans la même séance. Et
ce projet de loi, c'est très simple, il vise, comme il aura
l'opportunité de vous en faire part tout à l'heure, à
s'assurer qu'il y ait un douzième du prochain budget qui soit
adopté pour permettre purement et simplement au gouvernement
d'émettre les chèques pour celles et ceux qui sont
récipiendaires et qui reçoivent, c'est-à-dire, des
allocations, exemple concret, des allocations d'aide sociale, au 1er avril
prochain, sachant que notre budget se termine le 31 mars.
Ceci étant dit, M. le Président, si on regarde le
règlement, en 1985, un débat sur l'obligation de demander le
consentement de l'Opposition a été soulevé. En 1986 le
consentement a été donné. En 1987, selon les informa-
tions que je possède, un tel projet de loi a été
adopté sans que le leader n'eut à demander le consentement de
l'Opposition. M. le Président, pour être certain qu'on ne soit pas
obligé de suspendre nos travaux, ce qui pourrait retarder nos travaux
cet après-midi, pour être certain aussi de ne pas susciter la
colère de l'Opposition, en m'adressant à vous, je leur demande ie
consentement pour que nous puissions procéder, aujourd'hui même,
à l'adoption du projet de loi présenté par le ministre des
Finances, permettant d'aider celles et ceux qui, entre autres, sont dans une
situation de besoin dans chacun de nos comtés respectifs. Et ce projet
de loi vise uniquement à faire en sorte que les chèques d'aide
sociale puissent être émis pour le 1 er avril.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint de
l'Opposition officielle.
M. Gendron: M. le Président, très rapidement, je ne
veux pas faire l'historique de comment on a procédé les autres
années, mais il est exact - en tout cas selon notre perception des
choses - qu'il s'agissait d'une disposition qui requiert le consentement de
l'Opposition de cette Chambre et nous, nous l'accordons parce qu'il y a une
disposition spécifique cette année. Compte tenu que le 1er avril
est un jour férié, pour que les assistés sociaux puissent
bénéficier des chèques à temps, il fallait, je
pense, procéder aujourd'hui et l'Opposition est d'accord pour accorder
son consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je comprends qu'il y a
consentement, M. le leader du gouvernement et M. le leader adjoint de
l'Opposition pour que nous puissions procéder à la
présentation, à l'adoption du principe et à l'adoption du
projet de loi 127, Loi n° 1 sur les crédits 1991-1992. Alors, il y a
consentement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre des
Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet d'autoriser le gouvernement à payer, sur le fonds consolidé
du revenu, une somme de 236 881 875 $ représentant un douzième
des crédits du programme "Sécurité du revenu" du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, et un quart des crédits du programme
"Sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris" du
même ministère. Cette somme apparaîtra au budget des
dépenses du Québec pour l'année financière
1991-1992.
Alors, ayant procédé, M. le Président, à la
présentation, je propose maintenant que nous puissions procéder,
comme vous l'avez indiqué et que vous avez invité cette Chambre
à le faire, à l'adoption du principe, en premier lieu et, en
second lieu, à l'adoption du projet lui-même, projet de loi 127,
Loi n° 1 sur les crédits 1991-1992.
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Pas d'autres
interventions? Est-ce que le principe du projet de loi 127 est
adopté.
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que le projet de
loi 127, Loi n° 1 sur les crédits 1991-1992 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous m'indiquer avec quel article nous continuons nos
travaux s'il vous plaît?
M. Pagé: Dois-je comprendre... M. le Président, le
projet de loi sera sanctionné en soirée. Ça vous va?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. M. Pagé:
Tel que vous l'avez donné...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui. J'ai
donné avis dans ce sens-là.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, j'appelle,
à ce moment-ci, l'article 7 du feuilleton.
Projet de loi 124 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 7 de
notre feuilleton, m. le ministre des affaires internationales propose
l'adoption du principe du projet de loi 124, loi modifiant la loi sur le
ministère des affaires internationales concernant la constitution de
fonds spéciaux. m. le ministre des affaires internationales. (15 h
30)
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'aimerais profiter de
l'étude de ce projet de loi 124 modifiant la Loi sur le ministère
des Affaires internationales pour vous exposer brièvement
l'évolution des changements mondiaux depuis quelques années et
l'importance du travail du ministère des Affaires internationales.
Le monde dans lequel nous évoluons change
rapidement. Les changements politiques, économiques et
technologiques se multiplient à un rythme accéléré.
Au cours de la dernière année, j'ai eu l'occasion d'effectuer
plusieurs missions à l'étranger. J'ai pu voir, de première
main, avec les chefs d'entreprise qui m'accompagnaient, comment ce changement
se traduit de façon concrète partout dans le monde.
Premièrement, une évolution générale vers
l'économie de marché; deuxièmement,
l'interdépendance accrue des marchés par le biais d'une
croissance accélérée...
Consentement réclamé
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse. Je m'excuse,
M. le ministre. Je m'excuse, M. le ministre. J'ai besoin, M. le ministre, d'un
consentement pour que nous puissions procéder à l'adoption du
principe, étant donné qu'il ne s'est pas écoulé une
semaine depuis la présentation du projet. Est-ce que, M. le leader
adjoint de l'Opposition officielle, j'ai le consentement pour que nous
puissions procéder à l'adoption du principe du projet de loi 124?
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, si ma mémoire
m'est fidèle, il n'est pas requis de consentement puisque le projet de
loi a été déposé dans la première semaine
où l'Assemblée a repris ses travaux, auquel cas un projet de loi
- exemple concret - peut être déposé...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je pense qu'il a
été déposé.
M. Pagé: ...aurait pu être déposé le
mardi 12, qu'on amorce l'étude le jeudi 14. Ce projet de loi a
été effectivement déposé par le leader adjoint du
gouvernement au nom du ministre qui était à l'extérieur
pour défendre les intérêts du Québec, jeudi dernier,
le 14. Nous sommes tout à fait légitimés, en vertu des
dispositions de notre règlement, d'en amorcer l'étude sans le
consentement, quoique vous savez, M. le Président, vous connaissez ma
gentilhommerie proverbiale qui commence à prendre de plus en plus racine
ici. Je n'ai aucune hésitation à demander un consentement, si
ça peut faire plaisir à l'Opposition, mais on n'en a pas besoin.
237.
M. Gendron: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader.
M. Gendron: Je ne pense pas que les règles sont faites...
Les règles ici, en cette Chambre, ne sont pas faites pour faire plaisir
à l'Opposition ou pas, elles sont faites si, effectivement, le
règlement prévoit les dispositions. Dans le présent cas,
selon nous, il ne s'agit pas d'une gentillesse du leader du gouvernement. Moi,
je veux bien, quand il l'est, lui imputer les motifs. Mais, pour l'instant,
pour nous, c'est un projet de loi qui va être appelé par le leader
du gouvernement et il n'y avait pas nécessité, selon nous,
d'accorder notre consentement pour l'étude du principe de ce projet de
loi, à moins que vous nous appreniez, M. le Président, quelque
chose qui nous aurait échappé. Ça, c'est possible parce
que de ce côté-ci, on n'a pas la science infuse.
M. Pagé: Ah! Je n'ai pas la prétention qu'on a la
science infuse de notre côté. M. le Président, je vous
invite à lire avec moi l'article 237 de notre règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, je m'excuse...
M. Pagé: Le débat sur le principe d'un projet de
loi ne peut commencer moins d'une semaine après sa présentation.
Ça veut donc dire qu'en principe, ce qui est prévu au premier
paragraphe de l'article 237, on dépose un projet de loi; l'étude
en deuxième lecture est appelée une semaine après
normalement, sauf que cette disposition ne s'applique pas durant la semaine
suivant le deuxième mardi de mars - nous y sommes - et le
troisième mardi d'octobre ou lorsque sont tenues des séances
extraordinaires.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse. Le
deuxième mardi de mars, c'était mardi dernier. Alors, si...
M. Pagé: La semaine suivant le deuxième mardi de
mars.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): L'interprétation
du paragraphe 2 de l'article 237 m'indique qu'on a besoin d'un consentement en
prenant bonne note du contenu de l'ensemble de l'article 237 qui dit, au
premier paragraphe: "Le débat sur le principe d'un projet de loi ne peut
commencer moins d'une semaine après sa présentation." C'est le
principe. Exceptionnellement, cette disposition ne s'applique pas durant la
semaine suivant le deuxième mardi de mars, qui était mardi
dernier, et non pas aujourd'hui. Alors, l'interprétation de l'article
237, paragraphe 1 et paragraphe 2, m'oblige à requérir le
consentement de l'Opposition officielle.
M. Pagé: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Dans ce sens-là,
je demande à l'Opposition officielle...
M. Pagé: M'est-il permis...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui.
M. Pagé: ...avant de porter l'élément
suivant à votre attention?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Cette disposition ne s'applique pas durant la
semaine suivant le deuxième mardi de mars. Si, lorsque, moi, j'ai
participé, comme whip de l'Opposition à l'époque, à
la refonte du règlement de l'Assemblée nationale, si on avait
voulu faire en sorte que seulement la semaine de l'ouverture, le leader puisse
appeler des projets de loi, même s'ils ont été
déposés la veille, on aurait écrit purement et simplement:
Cette disposition ne s'applique pas durant la semaine du deuxième mardi
de mars. Purement et simplement. Or, ce n'est pas ça qu'on a
écrit. On a écrit: Cette disposition ne s'applique pas durant la
semaine suivant le deuxième mardi de mars. Mais, la semaine
passée, est-ce que c'était la semaine suivant le deuxième
mardi de mars? Pas du tout. C'était la semaine du deuxième mardi
de mars. Et la semaine suivant le deuxième mardi de mars, je m'excuse
à l'égard de quiconque en cette Chambre, mais, selon moi, c'est
cette semaine.
Le Président: M. le leader adjoint.
M. Gendron: M. le Président, moi, j'ai été
sensible à l'argumentation présentée par le leader du
gouvernement, j'ai été également sensible à la
vôtre. De ce côté-ci, M. le Président, ce que nous
allons exiger, c'est qu'il nous importe que la présidence statue d'une
façon définitive, par écrit, sur l'interprétation
qu'elle fait de l'article que vous venez d'évoquer, M. le
Président, qui, selon vous, nécessiterait, à ce moment-ci,
le consentement de l'Opposition officielle. Moi, tout ce que je vous dis, pour
ce qui est du projet de loi dont on discute, c'est que je n'ai pas d'objection
à vous donner mon consentement, mais je ne le fais pas, M. le
Président, sans avoir la garantie de votre part que vous allez nous
donner une interprétation précise, définitive et par
écrit, pour que nous sachions quelle est l'interprétation que la
présidence fait des nouvelles dispositions, eu égard à ce
dont on discute aujourd'hui. Dans ce sens-là, si on a cette garantie de
votre part, là, je suis en mesure de répondre à la
question que vous allez me poser.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le leader du
gouvernement et M. le leader adjoint de l'Opposition officielle, vous avez
raison de demander à la présidence - je m'adresse
particulièrement au leader adjoint de l'Opposition officielle - de
rendre une décision qui préciserait la portée des articles
237 et 237-2. Mais ce que je retiens de votre intervention, c'est qu'il y a
consentement pour qu'on puisse procéder à l'adoption du principe
du projet de loi 124. Je retiens votre consentement et je vous donne
l'assurance que je rendrai une décision dans les prochains jours, sinon
aujourd'hui, sur l'article 237, paragraphe 1 et sur l'article 237, paragraphe
2. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je réitère,
premièrement, la demande de consentement; je retiens que je l'ai. Je
réitère l'appel que je fais de l'article 7 du feuilleton pour que
M. le ministre des relations internationales puisse continuer. je terminerai en
vous invitant à une interprétation rigoureuse, stricte et au
texte, et en ne citant qu'un seul exemple. est-il possible - exemple concret -
que la semaine suivant la fête de la saint-sylvestre soit en
décembre? selon moi, non; selon moi, c'est en janvier.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement, si j'en arrive à la conclusion que votre
interprétation est la bonne, soyez assuré que je
n'hésiterai pas à vous donner raison.
M. le ministre des Affaires internationales.
M. John Ciaccia (suite)
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Les règles
internationales semblent être beaucoup moins difficiles à
interpréter que les règles de cette honorable Assemblée.
Je remercie l'Opposition officielle pour son consentement, de toute
façon.
Or, comme je le disais, au cours de la dernière année,
j'ai effectué plusieurs missions à l'étranger. J'ai pu
constater des changements partout dans le monde dans l'évolution de
l'économie, dans la croissance du commerce mondial, et enfin, un
mouvement de fond vers la démocratisation des régimes
politiques.
Il ne fait aucun doute que l'impulsion dominante actuellement sur la
scène internationale est économique. La communauté
économique internationale dont nous faisons partie évolue donc de
plus en plus rapidement et l'impact sur chacun des acteurs est
déterminant. L'émergence de blocs commerciaux régionaux en
Amérique du Nord, en Europe et en Asie, définira non seulement
une nouvelle façon de faire des affaires, mais aussi une nouvelle
façon de penser. Ainsi, les frontières entre les pays sont en
train de perdre leur signification traditionnelle, si on pense par exemple aux
échanges commerciaux, à la recherche ou aux industries
culturelles. À l'identité nationale se greffera désormais
une identité continentale. Notre marché domestique est devenu
maintenant le continent et, par extension, le monde. (15 h 40)
Sans entrer dans le détail de nos relations avec chaque partie du
monde, vous me permettrez de faire quelques commentaires au sujet de
l'émergence de ces blocs commerciaux, réalité
désormais incontournable des affaires interna-
tionales. On n'a qu'à songer à l'Europe des Douze qui ne
deviendra peut-être pas une forteresse commerciale, mais qui sera
sûrement une force redoutable sur le plan mondial avec son marché
de 350 000 000 de consommateurs, sa structure industrielle puissante, la libre
circulation des biens et des personnes et son éventuelle union
monétaire. Face à cette nouvelle réalité, nous ne
pouvons nous contenter d'être des spectateurs passifs.
C'est pourquoi nous encourageons activement la création de
nouveaux partenariats entre le Québec et l'Europe. En Europe de l'Est,
des économies entières doivent être rapidement
transformées. Ces pays ont besoin de nouvelles infrastructures et de
nouvelles technologies. Ils nous fournissent également l'occasion de
contribuer de façon significative à leur cheminement vers la
démocratie. Dans cette partie du monde, nous avons aussi mis beaucoup
d'efforts pour assurer une présence réelle et dynamique du
Québec, pendant cette période de transition cruciale en termes de
positionnement pour le Québec. L'esprit de collaboration qui
règne entre le Québec et ses partenaires d'Europe de l'Est me
laisse croire que nos efforts continueront de porter fruit dans un avenir
rapproché.
Toujours au sujet des blocs commerciaux, l'émergence de
puissances commerciales en Asie de l'Est ne peut nous laisser
indifférents. À l'image du Japon et, bien souvent, avec son
soutien, plusieurs pays de cette région sont désormais des
acteurs de premier plan sur la scène internationale. Bien sûr,
nous devons consolider nos relations avec le Japon, mais nous avons su
développer des liens étroits avec des partenaires d'avenir tels
la Corée du Sud.
Un peu à l'image de ce que nous tentons de faire en Europe de
l'Est, nous croyons qu'il faut profiter du vent de changement qui souffle sur
cette partie de la planète pour forger des liens durables avec des
partenaires qui ont un bon potentiel de développement, au cours des
prochaines années. C'est ainsi, par exemple, que nous examinons
attentivement les possibilités de coopération avec le
Vietnam.
Comme vous le voyez, M. le Président, nous tenons à
travailler sur des relations avec des partenaires étrangers qui nous
permettront d'atteindre des résultats à court terme, mais qui
nous permettent aussi de positionner avantageusement le Québec à
long terme sur des marchés moins traditionnels. On perçoit mieux,
par conséquent, tout l'intérêt de l'accord de
libre-échange qui permet au Québec de participer à la zone
de libre-échange la plus ouverte jamais établie depuis la
création du GATT. Non seulement cet accord nous permet-il un meilleur
accès à notre plus important marché d'exportation, mais il
permet aux entreprises québécoises de développer la
compétitivité nécessaire pour s'attaquer aux
marchés mondiaux. En autant que les conditions que nous posons soient
respectées, un nouvel accord, comprenant le Mexique, viendra encore une
fois élargir ce marché et multiplier ces opportunités.
Voilà donc notre défi: concilier cette tendance vers
l'interdépendance accrue avec nos propres intérêts au
Québec. Nous ne pourrons échapper à cette nouvelle
réalité. Les pays qui s'adaptent le plus rapidement aux
changements deviennent nos plus vigoureux concurrents. Cette concurrence
s'exerce non seulement lorsque nous voulons percer de nouveaux marchés,
mais aussi lorsqu'il s'agit de protéger ceux que nous avons
déjà.
Si on considère que la valeur des exportations du Québec
en 1990 était de 24 300 000 000 $, soit plus de 15 % du produit
intérieur brut, on saisit immédiatement l'importance de s'adapter
aux nouvelles réalités à ce monde en mutation car, ne nous
trompons pas, l'accélération du changement fait désormais
partie de la réalité de tous les jours, et notre plan d'action
doit en tenir compte. Ceux d'entre nous, individus, entreprises ou gouvernement
qui ne sommes pas ouverts à ces changements, qu'ils croient qu'ils ou
elles peuvent survivre sans s'adapter à cet environnement en
perpétuelle transformation, se préparent des surprises
désagréables. Ces changements ont donc un impact important sur le
Québec qui n'est pas un acteur majeur sur la scène
internationale, mais qui y joue un rôle certain.
Nous avons plusieurs atouts dans notre jeu. Ceux qui en doutent n'ont
qu'à constater par eux-mêmes le nombre de pays dans le monde qui
souhaitent créer ou développer des liens avec nous. Nous ne
pouvons offrir des produits et des services concurrentiels dans tous les
domaines; aucun pays ne peut atteindre ce but, même pas le Japon.
Cependant, si nous passons en revue nos entreprises et institutions les plus
performantes, nous sommes en mesure de comprendre que le Québec est
actif dans plusieurs secteurs. Les entreprises oeuvrant dans les secteurs des
pâtes et papiers, l'aéronautique, le génie-conseil,
l'énergie, les télécommunications, parmi d'autres, font
preuve du dynamisme nécessaire pour réussir sur la scène
internationale. C'est chez ces acteurs et chez d'autres que se trouve le noyau
de la capacité concurrentielle du Québec d'aujourd'hui et de
demain.
Limitées, dans un premier temps, par la dimension réduite
du marché québécois, elles ont pu atteindre leur taille
actuelle en s'ouvrant sur d'autres marchés, que ce soit en forgeant des
alliances stratégiques ou en réalisant des fusions ou des
copartenariats. Nous devons désormais imaginer de nouvelles formules
permettant une collaboration entre ces entreprises, les petites et moyennes
entreprises, et le gouvernement et ce, pour le plus grand
bénéfice de tout le Québec. Mais, selon l'expression bien
connue, l'homme ne vit pas seulement de pain; les relations institutionnelles
et les échanges culturels et univer-
sitaires sont autant de moyens de faire comprendre à nos
interlocuteurs du monde entier qui nous sommes, car, avant de faire des
affaires ensemble, il faut se connaître, se comprendre et bâtir sur
du solide.
Il y a aussi beaucoup de choses que nous pouvons faire seuls. C'est
pourquoi nous attachons beaucoup d'importance à notre participation
à la francophonie. Il est, en effet, évident que le rayonnement
et l'utilisation de la langue française sur la scène
internationale sont reliés à notre capacité de faire du
français une langue partagée par le plus grand nombre de
partenaires possible et ce, tant pour les échanges culturels que
commerciaux et scientifiques.
Joueur actif depuis la création de la francophonie, le
Québec a manifesté l'importance qu'il accorde à cette
institution par la nomination d'un ministre délégué
à la Francophonie. Au cours des prochains mois, j'ai l'intention
d'examiner ces questions et d'autres encore afin de dégager une
stratégie permettant à nos relations internationales de devenir
un instrument majeur pour le développement du Québec. Ce travail
est déjà commencé. En effet, dès mon arrivée
au ministère, j'ai demandé que l'on analyse les changements qui
se multiplient actuellement sur la scène internationale, d'en
dégager les tendances lourdes et d'identifier les moyens de créer
un climat propice au Québec afin que nous nous adaptions à ces
mutations. Et le fruit de ces réflexions devrait me permettre de
présenter des éléments d'une politique des affaires
internationales au cours des mois qui viennent.
Cette politique d'affaires internationales devrait permettre au
gouvernement du Québec d'avoir une vision cohérente de l'action
internationale des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux. C'est
à la lumière de cette toile de fond que j'ai maintenant...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint de
l'Opposition officielle.
M. Gendron: Oui, je m'excuse sincèrement auprès du
ministre des Affaires internationales. Je l'écoute assez attentivement,
on a deux porte-parole qui veulent intervenir sur le projet de loi et je vous
avoue bien franchement que j'invoque l'article sur la pertinence, mais pas par
dé-sobligeance. Je veux savoir est-ce qu'à un moment donné
vous allez nous entretenir quelques minutes sur la constitution des fonds
spéciaux, des deux fonds prévus au projet de loi? (15 h 50)
Là, j'essaie de comprendre parce qu'on est sur l'adoption du
principe du projet de loi et, dépendamment que le ministre nous donne
quelques indications quant à la façon éventuellement
d'apporter au moins une modification sur l'un des fonds, il y en a un qui ne
nous pose pas de problème, mais l'autre fonds... C'est parce qu'il y a
eu des discussions là-dessus et si le ministre ne nous en parle pas du
tout, je veux juste vous indiquer que ça nous pose un problème,
à nous autres, de conduite, de ce côté-ci de la Chambre,
quant à nos intentions d'adopter ou pas le principe du projet de
loi.
Et là je l'écoutais. C'est beau, c'est bien, ce qu'il nous
dit, sauf que je ne suis pas capable de voir en quoi ça se rapporte au
projet de loi 124 ou essentiellement si c'est un projet de loi pour constituer
deux fonds spéciaux. Ça ne me dérange pas. Je veux juste
savoir si le ministre va nous en parler quelques minutes quelque part dans son
intervention sur le principe du projet de loi. Autrement, je vais devoir faire
des consultations de ce côté-ci.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre des
Affaires internationales.
M. Ciaccia: ...le leader adjoint de l'Opposition a assez
d'expérience dans les règles de cette Chambre pour savoir que
dans un projet de loi où non seulement nous créons ce fonds, mais
nous amendons la loi du ministère des Affaires internationales, avant de
venir sur des détails du fonds qui sera créé, pour mieux
vous faire comprendre comment le fonds va opérer, l'importance du fonds,
toutes les modalités, il faut situer l'opération de ce fonds dans
un contexte plus élargi du rôle, de la situation,
brièvement - je crois que je l'ai fait assez brièvement - du
ministère des Affaires internationales et de la situation
internationale. Dans la question de commerce...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre.
M. Ciaccia: ...et tout le reste. Vous ayant donné ces
éléments justement, si vous aviez eu deux minutes de plus de
patience, j'arrive aux...
M. Gendron: Tu peux en parler.
M. Ciaccia: ...éléments du projet de loi 124, mais
en vous donnant les éléments - je sais que vous n'êtes pas
le porte-parole des affaires internationales...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre, je vous
rappelle que vous êtes sur la question de règlement. Vous
êtes sur la question de règlement.
M. Ciaccia: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je
comprends...
M. Ciaccia: Très bien.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...votre intervention sur
la question de règlement est terminée.
M. Ciaccia: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous rappelle
également que votre intervention peut durer une heure. Vous avez 20
minutes à peine. Alors, à l'article 239, M. le leader adjoint de
l'Opposition officielle, la pertinence à l'article 239: Lorsqu'on est
sur l'adoption du principe, la pertinence, c'est l'opportunité du projet
de loi, sa valeur intrinsèque ou tout autre moyen d'atteindre les
mêmes fins. Alors, M. le ministre des Affaires internationales, je vous
demanderais de continuer votre intervention principale, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: Alors, merci, M. le Président. Je suis
persuadé que les éléments que je viens d'énoncer et
cette information sur les Affaires internationales vont être très
utiles au porte-parole officiel de l'Opposition, pour l'étude du projet
de loi.
Alors, M. le Président, comme je le disais, c'est à la
lumière de cette toile de fond que j'ai maintenant l'honneur de
soumettre à cette Chambre le projet de loi 124 concernant la
constitution de fonds spéciaux. Et la pertinence pour le Québec,
parlons premièrement du fonds de la gestion des immeubles du
Québec à l'étranger, et la pertinence pour le
Québec de maintenir et de développer son réseau de
représentation à l'étranger n'est plus à
démontrer.
À cette époque de la globalisation des marchés
où nous devons chaque jour faire preuve de notre
compétitivité, nos délégations constituent un outil
indispensable à notre action internationale. Que ce soit pour la
promotion de nos produits et services, le développement des transferts
technologiques, la prospection des investissements étrangers ou
l'organisation de missions visant à percer de nouveaux marchés,
les délégations jouent un rôle essentiel sur le
terrain.
C'est donc pour fournir à nos délégations les
meilleures conditions possible de fonctionnement que nous avons envisagé
la création de ce fonds. Certains peuvent se poser la question: Pourquoi
un fonds spécial? Je peux vous dire que le ministère des Affaires
internationales a examiné sérieusement d'autres
hypothèses. Le ministère a d'abord envisagé de continuer
avec la situation actuelle. Après tout, cela fait quand même
plusieurs années que nous fonctionnons ainsi. Le problème avec
cette approche, c'est que le ministère des Affaires internationales ne
peut continuer plus longtemps à financer à même ses budgets
l'entretien de l'immeuble dont il est propriétaire.
Il ne peut pas, par exemple, aller à la banque emprunter sur
l'hypothèque pour financer des travaux de rénovation. Il doit
prendre les sommes requises à même son propre budget, ce qui est
parfois un exercice périlleux. Or, les rénovations, elles,
supportent mal d'être reportées année après
année faute de budget. Ce qui est remis à plus tard coûte
inévitablement plus cher à réaliser; et ici, je ne parle
même pas des acquisitions.
Louer, c'est bien commode, mais cela coûte de plus en plus cher.
On n'a qu'à songer à ce qu'il en coûte pour louer des
bureaux dans des villes comme New York et Tokyo, dont le coût de la vie
très élevé est légendaire. Sans compter que,
lorsqu'on est propriétaire, la hausse de la valeur de la
propriété à travers les années devient un acquis
extrêmement important. À titre d'exemple, les bureaux du 66 rue
Pergolèse, à Paris, ont été acquis en 1964 au
coût de 3 000 000 de francs français, soit 1 500 000 $ canadiens,
selon le taux de change en vigueur à l'époque. Ce même
édifice est aujourd'hui évalué à 40 000 000 $.
Bien sûr, il ne s'agit pas pour le Québec d'acheter des
immeubles partout où il souhaite être présent. Il faut
néanmoins prendre des décisions judicieuses quand les occasions
se présentent et surtout se donner les moyens de financer les
acquisitions. Et c'est justement pour assurer le financement des coûts
d'entretien et d'acquisition immobilière que le ministre des Affaires
internationales a étudié l'hypothèse de la création
d'une société d'État dont le mandat serait de gérer
le patrimoine immobilier du Québec à l'étranger. Cette
solution n'a pas été retenue parce qu'elle viendrait doubler le
travail de la Société immobilière du Québec, sans
apporter d'avantages importants. Cela aurait impliqué la création
d'un nouvel organisme, ce qui n'est pas nécessaire actuellement, et
aurait fait perdre des exemptions fiscales à certaines de nos
délégations générales, dont celle de Paris, pour
une somme de 2 000 000 $.
L'approche du fonds spécial comporte donc une souplesse de
gestion, une formule d'autofinancement à même le loyer
perçu du ministère des Affaires internationales et des autres
usagers, une capacité de financement à plus long terme, tout ceci
sans remettre en cause les privilèges fiscaux dont
bénéficie le gouvernement du Québec.
Alors, voici l'état de la situation. On se souviendra que la Loi
sur le ministère des Affaires internationales, sanctionnée par
l'Assemblée nationale le 10 novembre 1988, prévoit, notamment
à l'article 30, que, et je cite: "Le ministre fournit aux
délégués généraux, aux
délégués, aux personnes responsables de toute autre forme
d'organisation et aux personnes affectées à l'étranger,
les locaux, le personnel et les services requis pour l'exercice de leurs
fonctions." Cette responsabilité qui m'est dévolue implique des
interventions du ministère dans 30 villes situées dans 24 pays,
sur 4 continents.
Globalement, les représentations du Québec à
l'étranger occupent des espaces à bureaux totalisant plus de 12
000 mètres carrés, dont environ 2000 mètres carrés
dans l'immeuble de la Délégation générale de Paris,
seul immeuble à bureaux dont le gouvernement est propriétaire.
Quant aux résidences de délégués
généraux ou de délégués, le gouvernement est
propriétaire de résidences à Bruxelles, Londres et New
York, pour le réseau international.
Finalement, le gouvernement du Québec affecte en permanence
à l'étranger quelque 90 Québécois pour des
périodes de 2 à 4 ans. Pour ces fonctionnaires en poste à
l'extérieur, le ministère des Affaires internationales verse des
allocations de logement d'un montant annuel d'environ 4 000 000 $, visant
à compenser le différentiel de coût d'habitation entre le
Québec et les différentes capitales mondiales. Actuellement, 100
% de ces logements sont loués d'un tiers car le gouvernement ne
possède ni ne loue à long terme aucun de ces logements.
Ce réseau de représentations du Québec ne date pas
d'hier. À titre d'exemple, la Délégation
générale de New York a récemment fêté son
cinquantième anniversaire d'existence. Celle de Paris a
été inaugurée il y a 30 ans cette année. (16
heures)
Depuis que je suis responsable de ce ministère, mes efforts ont
porté autant sur la conservation des acquis des dernières
décennies que sur le développement progressif et
contrôlé de ce réseau essentiel au rayonnement
économique et culturel du Québec dans le monde. Notre
présence dans ces 30 villes étrangères implique cependant
une problématique particulière, notamment au plan de la gestion
immobilière des espaces occupés, qu'ils soient
possédés ou en location. Ces représentations, pour bien
assumer leur mandat, doivent être situées au coeur des diverses
capitales mondiales, là où les coûts de location sont
susceptibles de connaître les plus fortes hausses. Ceci est vrai tant
pour les espaces à bureau que pour les résidences des
employés affectés à l'étranger. Il importe donc de
développer des façons de faire qui permettront au Québec
de maintenir et même d'accroître sa présence à
l'étranger sans pour autant grever substantiellement les budgets de
l'État.
Personnellement, j'estime qu'il est temps de faire mieux avec ce que
l'on a. J'en arrive ainsi au but poursuivi par ce projet de loi: gérer
plus efficacement les immeubles du Québec à l'étranger en
basant celle-ci sur un mode de financement adéquat, en réduisant
les coûts liés à cette gestion.
Concernant le premier point, le fonds spécial permettra de
financer sur un plus long terme les prochains travaux et de
récupérer, aux fins de financement ultérieur,
l'équité acquise au fil des ans par le gouvernement sur ses
propriétés à l'étranger et qui totalise aujourd'hui
30 000 000 $. En ce qui concerne la réduction des coûts, je
rappelle que les déboursés budgétaires directement
reliés à la location des espaces commerciaux ou
résidentiels dans le réseau des représentations du
Québec à l'étranger totalisaient environ 8 300 000 $ en
1989-1990 et devraient, dans l'actuel mode de fonctionnement, atteindre 29 900
000 $ en 1999-2000 et plus de 119 000 000 $ en 2010 jusqu'en 2011.
L'acquisition d'une partie du parc immobilier situé à
l'étranger permettra, en vitesse de croisière,
d'économiser environ 30 % de ces coûts. Enfin, il est important de
souligner que cette mesure permettra de mettre progressivement sur pied un
réel patrimoine immobilier québécois dans les principaux
centres internationaux où le Québec intervient
majoritairement.
En résumé, ce véhicule de gestion et de financement
des activités de gestion immobilière à l'étranger
fournira au ministère l'occasion d'acquérir et de financer,
lorsque rentable, des espaces de logements ou de bureaux occupés
à l'étranger. Ce financement s'effectuerait essentiellement par
le biais de sources de financement du ministère des Finances du
Québec. Il permettra de faire une meilleure planification des
interventions en matière d'entretien, de rénovation et de
réparation de ce parc immobilier de 12 000 mètres carrés
d'espaces à bureau, de 5 résidences de
délégués généraux et de quelque 90 logements
de fonctionnaires. Finalement, il va permettre d'assurer un contrôle
serré sur l'accroissement des coûts annuels d'occupation des
espaces qui seraient grandement réduits compte tenu du fait que le
gouvernement serait soit propriétaire, soit locataire à long
terme de la majorité des espaces occupés.
Maintenant, parlons, deuxièmement, du Fonds de
développement international. Quant au second fonds prévu par le
projet de loi, il vise à fournir aux gestionnaires de projets de
développement international, financés par des organismes comme
l'Agence canadienne de développement international, un mécanisme
de gestion plus souple et mieux adapté à des projets
financés par des tiers. Depuis plusieurs années
déjà, le ministère des Affaires internationales et les
ministères qui l'ont précédé se sont
impliqués dans la réalisation de projets de développement
international financés par l'ACDI.
Cette implication prend deux formes: dans certains cas, le
ministère agit comme mandataire, c'est-à-dire qu'il prend la
responsabilité, par le biais d'une entente, de réaliser, au nom
de l'ACDI, un projet donné dans un pays en voie de développement,
et le financement est alors défrayé entièrement par
l'Agence. Dans d'autres projets, le ministère participe conjointement
avec le gouvernement fédéral et le pays
bénéficiaire. Ce genre de projet donne lieu à une entente
tripartite et chacun y contribue financièrement.
Dans un cas comme dans l'autre, les contributions de l'ACDI sont
versées au fonds consolidé du revenu, conformément
à l'article 29
de la Loi sur l'administration financière. Cette disposition de
la Loi sur l'administration financière oblige toutefois le
ministère à faire inscrire à son budget les crédits
nécessaires dans le cadre du processus normal de budgétisation.
Or, ce sont des activités qui n'ont pas à figurer comme telles au
budget du ministère, puisque celui-ci agit comme mandataire et que le
financement provient, en totalité ou majoritairement, d'un tiers. Ceci
contribue à augmenter de façon indue les revenus et les
dépenses du gouvernement. Il faut d'ailleurs se rappeler que
l'implication du Québec dans des projets de cette nature repose sur deux
motifs de recherche d'expertise particulière, dont le gouvernement
dispose dans des secteurs donnés, et le désir de certains pays de
transiger de gouvernement à gouvernement. Jusqu'à maintenant,
c'est lorsque l'une ou l'autre ou ces deux conditions était remplis
qu'une entente était conclue entre le ministère des Affaires
internationales et l'ACDI.
Pour mieux comprendre la nature de ces projets et l'importance qu'ils
revêtent pour le Québec, prenons l'exemple des six projets
présentement en cours de réalisation. Le projet Petites et
moyennes entreprises en Thaïlande est financé entièrement
par l'ACDI pour une valeur de 5 500 000 $. Le ministère des Affaires
internationales fournit deux experts chargés de mettre sur pied une
agence gouvernementale, chargée de fournir du financement aux PME
thaïlandaises. Deux projets au Zaïre permettent aux
spécialistes québécois de former les cadres zaïrois
dans le secteur agricole et de mettre au point un schéma
d'aménagement dans la région du Kivu. Au Rwanda, le Québec
est chargé de la formation dans le domaine de l'aménagement
forestier. En Tunisie et au Sénégal, c'est notre savoir-faire
dans le domaine agricole qui est mis à contribution.
Vous aurez constaté qu'il s'agit de secteurs (aide aux PME,
agriculture, aménagement du territoire, aménagement forestier)
où le Québec a fait ses preuves au cours des années. En
mettant cette compétence à la disposition des pays moins
avancés, il contribue au rayonnement du potentiel économique,
technologique et culturel québécois. Les six projets en cours
coûteront au total 16 100 000 $ et représentent, pour le prochain
exercice financier, un budget de près de 4 000 000 $.
La création d'un fonds spécial permettrait de retirer les
crédits votés, les sommes requises et de gérer dans un
même fonds les revenus et les dépenses reliés à ces
activités. En d'autres termes, les sommes payées par le
gouvernement fédéral ou tout autre bailleur de fonds, au lieu
d'être versées au fonds consolidé du revenu, serviraient
directement aux activités pour lesquelles elles sont versées. Le
fonds spécial permettrait également d'assouplir le processus de
financement lorsque de nouvelles ententes interviennent en cours d'exercice.
Actuellement, les crédits requis doivent être obtenus, soit par
recours au fonds de suppléance, soit par réduction des
compressions, ce qui entraîne un impact sur les équilibres
gouvernementaux.
Par ailleurs, rien n'indique que la participation du Québec
à des projets de cette nature puisse être moins importante dans
l'avenir. En effet, cette participation tient davantage à sa
capacité à dégager ses propres experts qu'à trouver
des bailleurs de fonds, d'autres organismes offrant aussi des fonds de
développement international. Par la création d'un fonds
spécial, nous visons donc à donner aux gestionnaires de ces
projets l'outil de gestion qui nous apparaît le plus approprié
dans les circonstances pour administrer des activités de nature
extrabudgétaire. (16 h 10)
En résumé, la création de ces deux fonds vise
à améliorer l'efficacité de notre action internationale,
tout en assurant que les mesures retenues respectent les règles de la
bonne gestion. Dans ce sens, je me permets de souligner que l'ensemble des
règles gouvernementales suivantes s'appliqueront à ces deux
fonds, comme c'est le cas pour les autres fonds spéciaux.
Premièrement, les engagements financiers des fonds spéciaux
seront approuvés par l'Assemblée nationale; les états
financiers de fonds spéciaux seront également
déposés à l'Assemblée nationale; la
vérification des livres sera effectuée par le Vérificateur
général du gouvernement; les fonds spéciaux seront tenus
de respecter les directives gouvernementales en matière d'octroi de
contrats; et, finalement, le personnel qui sera appelé à
gérer ces fonds spéciaux devra être nommé et
rémunéré selon les dispositions de la Loi sur la fonction
publique. Sur chacun de ces aspects et d'autres encore, l'action de ces fonds
spéciaux est effectivement soumise à la réglementation de
la Loi sur l'administration financière.
En conclusion, M. le Président, je suis convaincu que les mesures
prévues dans ce projet de loi auront pour résultat un plus grand
rayonnement du Québec à l'étranger ainsi qu'une
amélioration de notre capacité concurrentielle sur les
marchés mondiaux.
M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Affaires internationales. Toujours sur l'adoption du principe du projet de loi
124, je reconnais maintenant M. le député de Bertrand. M. le
député.
M. François Beaulne
M. Beaulne: merci, m. le président. pour le
bénéfice de nos auditeurs, j'aimerais rappeler un peu de quoi
nous discutons ici. il s'agit essentiellement de l'adoption du projet de loi
124, qui
a pour principal objet de créer deux fonds spéciaux au
ministère des Affaires internationales. Le premier fonds, le fonds de la
gestion des immeubles du Québec à l'étranger, pour la
gestion et le financement des biens meubles et immeubles fournis par le
ministère aux composantes du réseau de représentation du
Québec à l'étranger et, deuxièmement, le fonds de
développement international qui, de son côté, se rend
responsable de la gestion et du financement de projets financés en tout
ou partiellement par des organismes de développement international dans
le cadre d'ententes internationales ou intergouvernementales.
Le projet de loi 124, il faut le souligner, s'inscrit dans la
foulée des nouvelles dispositions de la Loi sur l'administration
financière, à la suite de l'adoption du projet de loi en
décembre dernier, qui proposait, entre autres, la mise sur pied du fonds
de financement au ministère des Finances, destiné à
financer les activités des organismes, et des fonds spéciaux
prévus à l'article 69.6 de la Loi sur l'administration
financière.
En créant le fonds de développement international pour le
financement des projets réalisés par des organismes de
développement international, il faut craindre désormais - et
c'est notre point de vue du côté de l'Opposition - que l'ensemble
des dépenses de transfert reliées au financement de projets
spécifiques de coopération internationale par le ministère
des Affaires internationales échappe au processus normal de
vérification des engagements financiers. Inutile de reprendre devant
cette Chambre les propos du Vérificateur général cette
année, lorsqu'il soulignait que les parlementaires possèdent
insuffisamment d'informations pour pouvoir passer des jugements adéquats
et s'assurer d'une reddition de comptes efficace au niveau des engagements
financiers du gouvernement du Québec.
Contrairement à la situation actuelle où chaque
participation financière du ministère fait l'objet d'un
engagement financier spécifique devant être soumis aux
parlementaires, le budget des fonds spéciaux est vérifié
de façon globale, sans préciser la liste des projets
subventionnés consentis à chacun des projets.
Ainsi, le projet de loi 124, par la création de ce Fonds de
développement international, privera les parlementaires de la
possibilité d'un examen détaillé des projets de
coopération internationale réalisés par des organismes non
gouvernementaux avec l'aide financière du ministère des Affaires
internationales.
Ce qui est à souligner ici, c'est que, contrairement à la
situation des autres fonds spéciaux affectés essentiellement au
financement de services entre ministères et organismes gouvernementaux,
par exemple, la téléphonie, l'informatique, les placements
médias, les services aériens, le Fonds de développement
international implique des dépenses de transferts dévolues
à des organismes tiers. C'est là que la différence est
importante.
La particularité du Fonds de développement international
justifie que les dépenses prévues dans le cadre de celui-ci
continuent d'être soumises à la procédure habituelle de
vérification des engagements financiers. C'est certainement un point sur
lequel, lors de l'étude en commission de ce projet de loi, nous
insisterons. Nous souhaitons donc que le ministre des Affaires internationales
accepte d'amender, en ce sens, son projet de loi en l'assurant, s'il le fart,
de notre entière collaboration.
J'aimerais profiter de cette occasion, M. le Président, pour
revenir sur certains engagements que le ministre avait pris concernant
l'élaboration d'une politique québécoise en matière
de relations internationales. Tout à l'heure, en préambule, le
ministre a fait un tour d'horizon, nous a, en quelque sorte, rendu compte de
ses voyages qu'il a effectués récemment dans différentes
parties du monde pour promouvoir le commerce québécois, entre
autres.
J'aimerais cependant souligner que, le 23 mai dernier, lors de
l'étude des crédits, le ministre s'était engagé
auprès de mon collègue, à ce moment-là porte-parole
en matière d'affaires internationales, le député de
Lac-Saint-Jean, à rendre publique, pour l'automne dernier, une
étude sur l'énoncé de politique générale du
Québec en matière d'affaires internationales. Nous attendons
toujours cet énoncé. Je profite de cette occasion pour demander
au ministre quand il a l'intention de déposer cette politique.
Je me permettrai également de lui poser la question, à
savoir s'il envisage une consultation publique sur ce sujet d'ici l'ajournement
de juin ou au cours de l'automne, conformément à son engagement
de tenir une telle consultation publique en commission parlementaire, comme je
l'indiquais tout à l'heure.
Le ministre nous annonçait également, en mai dernier, la
formation d'un comité consultatif en vue de préparer justement
cet énoncé de politique. J'aimerais, ici, souligner que,
malgré les questions en ce sens, de mon collègue à
l'époque, le fameux comité en question, qui se veut
représentatif et qui est composé de représentants du
milieu des affaires et du milieu universitaire, ne compte aucun
représentant des organismes non gouvernementaux, c'est-à-dire ce
qu'on appelle communément les ONG. Je pense qu'il est tout à fait
approprié de porter cette question à l'attention du ministre
puisque le projet 124 prévoit, entre autres, la mise sur pied et la
création d'un fonds, justement, qui impliquera les ONG. À ce
chapitre, j'aimerais également connaître du ministre s'il compte
modifier la composition de ce comité pour y ajouter une personne
représentative du milieu des ONG.
Permettez-moi également de saisir cette occasion pour informer et
sensibliser cette
Chambre à l'importance du rôle des ONG dans la
représentation internationale du Québec, travail qui est souvent
méconnu de nos parlementaires et du grand public en
général. Je profite de l'occasion pour le faire d'autant plus que
l'organisme qui, en quelque sorte, regroupe plusieurs de ces organismes non
gouvernementaux, l'AQOCI, l'Association québécoise des organismes
de coopération internationale, a déposé, auprès de
la Commission Bélanger-Campeau, un mémoire qu'elle n'a
malheureusement pas eu le privilège de défendre et de
présenter.
Depuis une trentaine d'années, en effet, la société
québécoise a connu une véritable explosion sur la
scène internationale. L'intérêt pour les pays d'outre-mer a
gagné les universités, le Mouvement Desjardins, les centrales
syndicales, les entreprises d'ingénierie, Hydro-Québec, d'autres
sociétés d'État, jusqu'au gouvernement du Québec
lui-même. C'est dans ce vaste mouvement que les ONG ont contribué
à élargir la participation et le rayonnement du Québec sur
la place internationale. Aujourd'hui, les associations
québécoises des organismes de coopération internationale
regroupent 47 organismes au total, représentant quelque 400
employés, des milliers de bénévoles et environ 600
coopérants à l'étranger, une présence dans 110
pays, des budgets dépassant 110 000 000 $ pour 1988-1989. (16 h 20)
Malgré une si grande présence dans les pays du tiers
monde, le gouvernement du Québec ne semble pas, malheureusement,
manifester une attention suffisante aux activités et aux
préoccupations des Québécois et de leurs organismes de
coopération. Jusqu'ici, la priorité des programmes internationaux
du ministère des Affaires internationales va avant tout à la
promotion commerciale, et les questions de nature humanitaire et les questions
de développement international, comme l'ont souligné les
représentants de l'AQOCI dans leur mémoire à la Commission
Bélanger-Campeau, semblent passer en second ordre dans les
préoccupations du gouvernement du Québec.
Or, pour toutes les sociétés contemporaires, grandes ou
petites, il devient chaque jour de plus en plus important d'être
présent globalement dans le monde actuel, sous peine d'être
dépassé par son évolution. Une politique d'envergure pour
le Québec international doit s'appuyer sur les fondements les plus
larges possible. Les communautés culturelles, par exemple,
représentent autant d'atouts pour favoriser et élargir les
échanges internationaux du Québec. D'autres forces sociales
devraient également être associées à la
définition et au développement d'une politique internationale du
Québec. J'ai mentionné tout à l'heure le Mouvement
Desjardins, les syndicats et même du côté des agriculteurs.
Enfin, l'expérience et l'expertise de qualité des organismes de
coopération internationale québécois qui rayonnent
déjà à travers le monde devraient être mises
davantage à contribution.
Le Québec, s'il doit exercer de plus grandes
responsabilités internationales, ne doit pas compromettre les acquis des
30 dernières années, de peur de se couper d'une source de
rayonnement importante. Devant une telle sensibilité aux affaires
internationales et une si grande présence déjà dans les
pays du tiers monde, on se serait attendu que le gouvernement du Québec,
surtout depuis qu'il revendique une place propre sur la scène
internationale, manifeste une attention spéciale aux activités et
aux préoccupations des Québécois et de leurs organismes,
particulièrement dans le secteur des organismes de coopération
internationale et les assure de son appui. Or, c'est plutôt le contraire
qui s'est produit.
Contrairement à ce qu'on peut constater dans des provinces comme
l'Alberta, l'appui du Québec à ses propres organismes de
coopération internationale se limite encore à une enveloppe
dérisoire de quelque 300 000 $ et à une forme d'ignorance,
à toutes fins pratiques, pour toute coopération qui n'est pas
d'abord d'ordre commercial. Les effets de cette politique réductrice
sont loin d'être négligeables. Le gouvernement canadien et
l'Agence de développement international, l'ACDI, ont occupé le
terrain et développé une expertise, même dans des domaines
de juridiction provinciale: l'éducation, la santé, les ressources
naturelles. En s'en tenant à une conception étroite des relations
internationales, le gouvernement du Québec non seulement appauvrit sa
politique, mais risque de condamner des entreprises d'ici à faire de
moins bonnes affaires à l'avenir. On ne peut en effet séparer le
commerce de la culture et des autres aspects de la vie des peuples. Encourager
des pratiques financières qui appauvrissent un pays, par exemple, c'est
perdre un client et un partenaire potentiel.
De 1981 à 1987, les exportateurs canadiens auraient perdu, selon
un ancien président de l'ACDI, M. Marcel Massé, plus de 24 000
000 000 $ de ventes dans 17 pays endettés et ce déclin aurait
coûté quelque 130 000 emplois au Canada. De même, M. le
Président, négliger la santé ou l'éducation dans le
tiers monde, c'est préparer des épidémies ou des conflits
qui vont tôt ou tard se répercuter jusque dans notre
société, et je crois qu'un exemple que nous avons tous
vécu dans le golfe Persique récemment en témoigne
éloquemment.
Au fond, ce que disent les organismes non gouvernementaux par la voix de
l'AQOCI, c'est que la coopération internationale élargie à
la mesure des défis du monde actuel fait partie intégrante de la
personnalité internationale du Québec et que, par
conséquent, elle doit être reflétée dans les
priorités du ministère des Affaires internationales. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Bertrand. Toujours à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi 124, je reconnais maintenant M.
le député de Berthier. M. le député.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. C'est avec très
grand plaisir que j'interviens aujourd'hui dans le débat sur l'adoption
du principe du projet de loi 124, Loi modifiant la Loi sur le ministère
des Affaires internationales. Chacun a eu l'occasion de constater
l'extraordinaire importance qu'ont pris, depuis quelques années, les
Affaires internationales.
On parle beaucoup, de nos jours, de globalisation des marchés et
de mondialisation de l'économie. Certains voient dans cette tendance une
mesure pour le Québec. Ce n'est pas mon point de vue et ce n'est pas
celui du gouvernement. Au contraire, l'internationalisation des échanges
économiques fournit au Québec l'occasion d'asseoir sa propre
économie sur des bases encore plus concurrentielles en misant sur ses
atouts. Ceux-ci ne sont pas négligeables: des positions solides dans
plusieurs secteurs de haute technologie, comme l'aéronautique,
l'aérospatiale, l'informatique et l'énergie
hydroélectrique, une main-d'oeuvre qualifiée et
compétente, une proximité du marché américain, des
ports dynamiques sur une voie maritime d'importance stratégique.
M. le Président, je pourrais continuer cette liste encore un bon
moment, simplement pour souligner que le Québec est bien placé
pour aller chercher sa part des marchés mondiaux. Dans ce sens, le fonds
monétaire international prévoit que la valeur du commerce mondial
s'accroîtra de 10 % en 1991, une hausse phénoménale.
Exprimée en termes de volume, cette augmentation sera de 5,8 %. Cette
mondialisation du commerce a des implications très importantes pour le
Québec. La notion même de marché domestique tend de plus en
plus à perdre sa signification. Des compétiteurs des entreprises
québécoises se retrouvent aujourd'hui aux quatre coins du globe.
Mais, de la même façon, les opportunités d'affaires pour
les entreprises du Québec ne se limitent plus au seul marché
québécois ou canadien.
Les entreprises d'ici doivent penser en termes globaux; elles doivent
rechercher des partenaires et des clients sur les cinq continents. Pour les
aider à conquérir de nouveaux marchés, les gens d'affaires
d'ici doivent pouvoir compter, lorsque cela est nécessaire, sur les
connaissances et l'expérience des spécialistes du gouvernement.
À cet égard, le réseau de représentation du
Québec à l'étranger constitue une source d'expertise
exceptionnelle. Les délégations et bureaux du Québec
à l'étranger travaillent à identifier des marchés,
des partenaires potentiels et des opportunités d'affaires.
Le développement économique du Québec qui, comme
vous le savez, demeure la priorité du gouvernement libéral,
dépend donc en partie de la qualité du travail de nos
représentants à l'étranger. Avec des enjeux et des
défis de cette nature, vous comprendrez donc pourquoi je n'hésite
pas à appuyer la création des deux fonds prévus dans le
projet de loi que nous avons devant nous aujourd'hui.
En ce qui concerne le Fonds spécial de la gestion des immeubles
du Québec à l'étranger, vous me permettrez de me
réjouir devant le fait qu'enfin nous allons faire un pas important dans
la formation d'un véritable patrimoine immobilier du Québec
à l'étranger. Cela aurait dû être fait bien avant,
non pas pour des raisons purement symboliques ou, encore, pour se donner un
faux sentiment d'importance sur la scène internationale, simplement
parce que cette initiative est fondée sur le bon sens, sur de solides
principes de gestion qui ont fait leurs preuves. En nous donnant une vision
globale de nos besoins immobiliers à l'étranger, nous nous
donnons également les moyens d'une action cohérente. (16 h
30)
Comme l'a mentionné mon collègue, le ministre des Affaires
internationales, le MAI a examiné sérieusement d'autres
hypothèses lorsqu'il a examiné la question de la création
d'un fonds spécial. Le ministre des Affaires internationales ne peut
continuer plus longtemps à financer, à même son budget,
l'entretien d'immeubles dont il est déjà propriétaire.
Pour ce qui est de la localisation, elle n'est pas toujours la formule
la plus avantageuse. Bien sûr, il ne s'agit pas pour le Québec
d'acheter des immeubles partout où il souhaite être
présent. Il faut néanmoins prendre des décisions
judicieuses quand les occasions se présentent et, surtout, se donner les
moyens de financer les acquisitions. L'approche du fonds spécial
comporte une souplesse de gestion, une formule d'autofinancement à
même les loyers perçus du ministère des Affaires
internationales et des autres usagers, une capacité de financement
à plus long terme, tout ceci sans remettre en cause les
privilèges fiscaux dont bénéficie le gouvernement du
Québec.
Je souhaite également aborder, M. le Président, la
question du fonds spécial pour la gestion des projets financiers par les
organismes de développement international. Dans ce cas, on peut vraiment
affirmer que le Québec est victime de son propre succès. En
effet, depuis quelques années, le ministère des Affaires
internationales assume la maîtrise d'oeuvre de projets financés
notamment par l'Agence canadienne de développement international,
l'ACDI. Les raisons en sont nombreuses. D'abord, le Québec
possède des compétences dans plusieurs domaines où la
demande est particulièrement forte dans les pays plus pauvres.
Qu'on songe, entre autres, à l'irrigation, l'exploitation
agricole, l'aménagement du territoire, l'enseignement primaire,
secondaire et
universitaire, les soins de santé, l'aide aux PME, la foresterie,
la formation, etc. Dans ses projets, le gouvernement du Québec s'engage
auprès de l'ACDI à gérer les fonds de façon
à atteindre les objectifs fixés et à mettre à la
disposition des pays hôtes, les experts québécois
nécessaires. Une telle coopération est exemplaire. Elle permet au
Québec de faire preuve de solidarité envers les pays moins
favorisés.
En agissant ainsi, le Québec ne fait que son devoir, car tous les
pays industrialisés viennent en aide aux autres pays par le biais de la
coopération. Le Québec accroît aussi son rayonnement
international et son image de marque, ce qui n'est pas négligeable. La
création d'un fonds spécial mettra un terme à un
problème qui perdure depuis déjà trop longtemps. Bien
sûr, ce problème est interne parce qu'il touche la façon de
comptabiliser les versements de l'ACDI dans le budget du ministère des
Affaires internationales.
Mais, il a également des retombées externes puisque, dans
la situation actuelle, les gestionnaires de projets sont soumis à une
procédure administrative très lourde lorsqu'il s'agit de toucher
les sommes réservées à leurs projets. Cette situation
entraîne des retards importants au niveau de l'échéancier,
ce qui se répercute dans les négociations entre l'ACDI et les
pays bénéficiaires. Encore une fois, le fonds spécial
apporte une solution souple, tout en respectant les règles de la bonne
gestion.
En terminant, M. le Président, j'aimerais souligner à
nouveau mon appui à ce projet de loi parce qu'il va dans le sens d'une
plus grande présence du Québec sur la scène
internationale, à une période de l'histoire où cette
présence est d'une importance cruciale. Les deux fonds spéciaux
permettent d'atteindre cet objectif en rendant notre action internationale plus
efficace et mieux gérée. Merci, M. le Président.
Avis de débat de fin de séance
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Berthier. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, avant de vous céder la parole, j'aimerais
aviser les parlementaires de cette Chambre que j'ai reçu, en temps
utile, un avis de débat de fin de séance requis par Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, demandant au ministre des
Affaires municipales de compléter les réponses qu'il a
données, tout à l'heure, relativement à la réforme
de la fiscalité municipale et de son impact sur la ville de
Montréal.
Projet de loi 124 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, sur le projet
de loi 124, adoption du principe. M. le député.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui. M. le Président, je ne vous cacherai
pas que j'étais très anxieux d'intervenir sur un projet de loi
relevant du ministère des Affaires internationales, sauf que j'ai bien
peur que s'il y a eu détournement de congrès, il y a
détournement de projet de loi également. Je ne suis pas intervenu
tantôt. Vous demandant de vérifier le quorum, je trouvais un peu
insultant à l'égard du ministre des Affaires internationales que
si peu de députés de la majorité viennent écouter
un discours capital de sa part. Il y a un député qui dit:
Ça n'a pas de bon sens. Moi, je trouve que ce que le ministre a dit,
ça a beaucoup de bon sens. Je diverge d'opinion avec lui. Je ne vois pas
du tout d'où lui vient cette agressivité envers son propre
collègue. J'espère qu'il pourra s'expliquer un peu plus tard en
Chambre.
M. le Président, on a changé l'appellation - tout le monde
s'en rappelle - celle du ministère des Relations internationales avec
celle du ministère des Affaires internationales. J'avais bien dit
à l'époque qu'il fallait bien se garder d'avoir une vision
"économissiste" des relations internationales. J'ai écouté
le ministre très attentivement, dans son long préambule qui
l'amenait à toucher les deux articles qu'on va traiter dans ce projet de
loi, qui consistent en la création de deux fonds comme tels. Et le
ministre, forcément, M. le Président, a dressé un portrait
"économissiste" des affaires internationales, insistant sur l'Europe de
1992 qui, j'en conviens avec lui, va représenter une force
économique importante avec laquelle l'Amérique du Nord devra
composer, si nous voulons faire face à la force économique qui se
développe dans le Sud-Est asiatique.
Je ne disconviens absolument pas du propos que tenait M. le ministre des
Affaires internationales, sauf que le discours était un discours, il
faut bien s'entendre, purement et simplement de commerce extérieur. Bon,
il s'est rattrapé au fur et à mesure de la progression de son
discours en y incluant le concept de notre distinction; et là, encore,
on ne peut pas, M. le Président, le vieil adage le dit, être
contre la vertu et la tarte aux pommes. Oui, on convient qu'effectivement, il
nous faille assumer cette distinction qui est nôtre, qu'on nous refuse
d'ailleurs, mais qui est quand même la nôtre.
Le ministre a fini par introduire des éléments d'ordre
culturel dans nos relations avec les autres pays. Là encore, M. le
Président, je ne pouvais pas m'inscrire en désaccord avec le
ministre, puisque nous aurons la chance tous deux de coprésider un
festival Dvorak organisé, d'une part avec le Québec, et avec la
République fédérative tchèque et slovaque. Voir que
le ministre apporte une certaine insistance au contenu culturel n'est quand
même pas pour me déplaire, mais encore là, c'était
bien mince
dans le discours. J'ai eu nettement l'impression, à un certain
moment donné, lorsque le ministre a fait des rappels, d'assister - vous
me permettrez l'expression américaine - à un "rerun" de certains
téléjournaux qu'on a écoutés.
Oui, il y a eu des bouleversements en Europe de l'Est. Oui, il y a des
bouleversements en Afrique. Oui, nous appartenons à la francophonie.
Oui, nous allons célébrer la francophonie demain, quoique
ça semble être un secret bien gardé, il n'y a pas eu
tellement de publicité. Et je me serais nettement attendu, quand je suis
arrivé hier soir à Québec, donc dans notre capitale, et
qu'on m'a informé qu'il y aura un projet de loi, que le ministre nous
parle de sa politique, parce qu'on est toujours en attente d'une politique de
relations internationales au Québec. (16 h 40)
Le mercredi 23 mai 1990, dans le Journal des débats, le
ministre nous l'annonçait pour très bientôt; il nous
l'annonçait... Alors, je lis: "Premièrement, en ce qui concerne
la politique elle-même, il y a déjà - je cite le ministre
grâce au rapport analytique qu'on a de la commission - des
éléments qu'on a commencés, qu'on a amorcés. J'y ai
référé dans mes remarques préliminaires. La
question de la programmation. Pour la première fois, nous avons
analysé toutes les activités internationales du gouvernement,
nous avons chiffré tous les montants - le ministre me permettra de lui
dire que ce n'est pas tellement français d'employer cette expression
"nous avons chiffré", mais enfin - qui sont dépensés
à tous les différents ministères et nous avons
établi... En analysant ces activités, nous avons pu constater
qu'il y a certains éléments qu'on pouvait accentuer, qu'on
pouvait porter plus d'attention à certains secteurs de nos
activités, etc."
Alors, le ministre disait carrément qu'il regardait, qu'il
pensait "chiffrer", pour employer son expression comme telle, mais le ministre
disait: "En ce qui concerne la consultation, j'espère qu'on va pouvoir
la faire à l'automne." Eh bien! l'automne 1990, malheureusement, est
passé. L'hiver 1990-1991, dans un certain sens, est passé. Dans
quelques heures, nous aborderons un printemps que nous souhaitons tous
magnifique. Là, le ministre nous dit: Ce sera à l'automne. J'ose
espérer, M. le Président, que le ministre, finalement, à
l'automne, nous apportera ce projet de politique que nous attendons tellement,
parce que vous allez convenir avec moi que des sujets de politique
internationale, malheureusement, en cette Chambre, nous en avons peu, nous n'en
avons guère, comme le dit une chanson célèbre. D'ailleurs,
le Québec est totalement absent des grands débats politiques
comme tels. Ça, il faut le regretter.
Dans le rapport qui est issu de son parti, le rapport Allaire, rapport
qui, à mon point de vue, permet au gouvernement de perdre du temps et
non pas d'en gagner, c'est tout à fait le con- traire. Une des demandes
du gouvernement est que les relations internationales, donc les affaires
étrangères, soient un pouvoir partagé. Mais encore
faut-il, M. le Président, que... Si nous le partageons, ce pouvoir, eh
bien, quelle sera notre opinion sur des grands sujets? Déjà, j'ai
pu constater avec beaucoup de tristesse, depuis mon arrivée en cette
Chambre il y a quand même quelques années, lorsque nous avons
introduit des motions qui touchaient véritablement la politique
étrangère, ce refus systématique du gouvernement de bien
vouloir consentir à en faire un débat. Il est extrêmement -
je cherche le mot le plus juste pour exprimer ma pensée -
décevant - je crois que je vais employer le mot décevant - de
voir qu'à un Québec qui dit: Oui, il faut affirmer notre
distinction, eh bien, cette distinction ne s'exprime pas aussi par une voix
forte, une voix claire, une voix intéressée, une voix
éclairée lorsqu'il s'agit de discuter de grands enjeux au niveau
international.
Donc, voilà, M. le Président, pour critiquer et je ne vois
aucune raison pour laquelle l'Opposition aurait souffert d'une timidité
excessive et se serait restreinte dans sa liberté d'expression et n'en
aurait parlé. Je pense que nous devions, compte tenu de nos
précédents, nous, en termes de gouvernement... et là, je
suggérerais au ministre, puisqu'il est à faire une
réflexion, une excellente lecture qui est celle d'un de ses
prédécesseurs, M. Morin, ancien député de
Louis-Hébert, où il traite justement des 20 ans d'efforts
diplomatiques du Québec et qui s'appelait Mission impossible.
Mission impossible, ce n'est pas compliqué, c'est parce que
c'était très difficile et que le gouvernement
fédéral a toujours mis les bâtons dans les roues au
Québec lorsqu'il s'agissait de s'ouvrir au monde, d'aller vers le monde,
de créer de nouveaux contacts, des liens extraordinaires. Donc, je lui
suggérerais, très modestement, cette lecture. Je pense que le
ministre y trouvera, à son profit, des éléments
drôlement intéressants pour l'établissement d'une politique
étrangère québécoise et, quant à y
être, également renforcer - je ne dis pas qu'elle est faible;
renforcer, dans le sens de bonifier - ce que nous sommes en train de nous
donner et qui est une diplomatie; je parle en termes de carrière
diplomatique. C'est quand même récent au Québec. Les grands
pays, qui ont de grandes traditions, eh bien, en ont. Et nous, malheureusement,
ce n'est que depuis 20 ans, 25 ans, peut-être 30 ans au maximum que nous
pratiquons cet exercice. Et là, je pourrais peut-être le renvoyer
à une autre lecture qui serait celle de Talleyrand. Je ne sais pas si
c'est le meilleur livre de chevet à suggérer à mon
collègue, député de Mont-Royal et ministre des Affaires
internationales.
Et si l'on revient, M. le Président, à l'objet très
précis du projet de loi comme tel, comme je vous le disais, il n'est pas
question pour nous d'être contre la vertu et la tarte aux pommes. Je
pense que je ne vais pas, M. le Président, m'insurger en disant:
Non, il ne faut pas créer un Fonds de gestion des immeubles du
Québec à l'étranger. J'ai été capable, comme
le ministre, de voir qu'effectivement les acquisitions que nous avons faites
dans certaines capitales se sont trouvées... sont devenues, dis-je
plutôt, compte tenu de l'évolution des marchés, compte tenu
de leur localisation, de l'originalité des édifices comme tels,
de véritables bonnes affaires, comme on dit. Au même titre qu'il y
a quelques années, on avait acheté une maison qu'on avait
payée 30 000 $, 40 000 $, on se retrouve aujourd'hui avec une magnifique
propriété, et elle en vaut 250 000 $, 300 000 $. Je pense que
c'est effectivement le cas pour la majorité des édifices que le
Québec possède à l'étranger.
Je regarde effectivement notre délégation
générale à Paris, notre première
délégation générale sur le continent
européen. Eh bien, je pense que cet édifice sur la rue
Pergolèse... Effectivement, le montant qu'avançait le ministre
est extrêmement pertinent quand on connaît le coût de
l'immeuble à Paris. Quand on sait où est située notre
délégation à Londres, Kensington, eh bien, ce n'est pas
n'importe quel quartier à Londres; et c'est un édifice,
d'ailleurs... malheureusement trop petit pour nous servir éventuellement
d'ambassade. C'est ce que nous disait notre délégué
général, M. le ministre. J'espère que vous en prenez note.
Notre délégué général, M. Scowen, nous
disait que les locaux à Londres seraient éventuellement beaucoup
trop petits pour nous servir d'ambassade du Québec. Il faudrait
peut-être les transformer en services consulaires et songer à
acquérir ailleurs pour y loger l'ambassade comme telle. Puisque, vous,
vous partagez l'opinion d'un pouvoir partagé au niveau des relations
internationales, quant à nous, notre position est très claire
depuis au-delà de 20 ans. Nous voulons tous les pouvoirs pour ce qui est
des affaires étrangères, donc des affaires internationales.
Alors oui, connaissant également ce que la SIQ fait, je suis
entièrement d'accord avec le ministre. On ne pouvait pas doubler les
structures et les actions de la SIQ. Donc, il faudrait faire un fonds de
gestion des immeubles du Québec à l'étranger et
protéger ce patrimoine, en quelque sorte, en y effectuant les
aménagements nécessaires, les réparations utiles et
urgentes. Je pense que voilà effectivement une décision sage.
J'écoutais attentivement le député de Berthier qui
disait: II n'est pas question de se lancer dans de grands achats. J'en conviens
bien avec lui. Je ne pense pas que le Québec désire acheter l'Arc
de triomphe, ni la tour de Pise, ni la tour Eiffel - quoique certains loustics
la mettent régulièrement en vente et attrapent des poissons pour
le faire - mais je pense que, quand on a décidé de se donner une
politique au niveau des relations internationales - que nous attendons et qui
viendront, j'en suis sûr - quand on a décidé de se donner
une représentation dans de grandes capitales, eh bien, je crois qu'il
n'est pas opportun de pratiquer le misérabilisme et d'agir comme tous
les pays au monde - et bien des pays n'ont pas nos ressources et se logent
mieux - d'avoir un immeuble bien situé, confortable, prestigieux puisque
le prestige d'un État à l'étranger, sa première
façade - c'est vraiment le cas de le dire - c'est l'ambassade, la
délégation générale, les services consulaires, etc.
(16 h 50)
Là où ça accroche, par contre, M. le
Président, non pas sur le fond comme tel - ça, je voudrais que le
ministre en soit conscient et le je répète - ce n'est pas sur le
fond comme tel, mais bien plutôt sur certaines modalités et j'ose
espérer qu'il va nous donner dans sa réplique, la réponse
que nous attendons, que nous souhaitons, c'est le Fonds de développement
international. Oui. Je pense qu'un ministère sérieux, un
ministère qui veut agir, un ministère qui veut soutenir certains
programmes, certaines activités, de lui-même, en partenariat, je
pense qu'effectivement, je le dis et je le répète, un
ministère sérieux a un fonds de développement
international. Que le ministre nous arrive avec un projet de loi, moi, je dis
oui, absolument, je pense qu'il faut le faire. Mais en créant le Fonds
de développement international pour le financement des projets
réalisés par des organismes de développement
international, moi, j'ai la crainte, M. le Président, désormais,
que l'ensemble des dépenses de transfert reliées au financement
de ces projets spécifiques de coopération internationale par le
ministère des Affaires internationales échappe au processus
normal de vérification des engagements financiers. Je suis
persuadé que tous les députés qui sont dans cette Chambre
et qui, fidèles à la tradition parlementaire, écoutent ce
qui se dit en cette Chambre, vont concourir.
Je pense que M. le député de Drummond, M. le
Président, est d'abord et avant tout un parlementaire avant d'être
un membre d'une formation politique. Au même titre, M. le
Président, son collègue, M. le député de
Prévost, est d'abord et avant tout un parlementaire et non pas un membre
d'une formation politique. Donc, je suis persuadé qu'ils sont
très intéressés, M. le Président, par mon propos
puisqu'ils sont d'abord et avant tout des parlementaires. Je les vois
d'ailleurs se faire signe que oui; donc, ils acquiescent à ce propos.
Donc, ils devraient avoir avec moi cettre crainte, M. le Président,
qu'il y ait malheureusement incapacité pour les parlementaires de
vérifier les engagements financiers du ministère. Je regarde, M.
le Président, les engagements financiers, eh bien nous aurons cet
exemple où on voit "ministère des Communications: liste des
engagements financiers, l'article 4: autres subventions. Subvention
financière du ministère des Communications à même
ses crédits de transfert prévus afin de pallier au déficit
estimé
des opérations de fonds et ainsi permettre d'atteindre son
équilibre budgétaire: 1 890 000 $." Bon, oui, d'accord. Mais moi,
j'aimerais bien connaître la ventilation de ça afin, M. le
Président - et je sais que vous me demandez de conclure - d'être
capable de voir la ventilation, quels ont été les objets, les
activités, etc., qui ont été subventionnés à
même ces montants-là. Je pense que c'est le droit le plus strict
d'un parlementaire de pouvoir exercer cette chose-là.
Là, je tiendrais, M. le Président - et ce sont les
dernières remarques que je ferai - à mettre en garde le ministre
de façon à éviter - donc en nous donnant les assurances -
que, malheureusement, il arrive ici, au Québec, ce qui a
été appelé en France l'affaire Nucci. J'étais
présent au Palais-Bourbon et je dois vous avouer que ça a
été passablement déchirant et passablement
discréditant aussi pour un ministère d'importance comme le
vôtre, M. le ministre. Donc, la question qu'on vous pose, c'est:
Avons-nous des garanties que nous pourrons voir chacun des engagements
financiers sous cette rubrique, de façon à éviter - comme
vous m'invitez à conclure, M. le Président - qu'on se retrouve
dans une situation que d'autres ont vécue et qui n'a pas
été à l'honneur du ministère et de
l'Assemblée dans laquelle les députés siégeaient.
Je vous remercie, M. le Président. Bonne attention! Je suis
persuadé que le ministre va prendre en considération mes
remarques.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je reconnais maintenant M.
le ministre, qui procédera à son droit de réplique sur son
propre projet de loi. M. le ministre.
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: M. le Président, les remarques du
député de Bertrand et du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, en ce qui concerne le contrôle par le
Parlement sur le fonds de développement... Avant de leur donner la
réponse, je voudrais juste répondre à certaines des
remarques qu'ils ont faites sur la politique du ministère des Affaires
internationales, les dates, le comité consultatif. Je les inviterais
à une certaine cohérence sur cela de la part de l'Opposition
officielle.
Quand on parle des lignes directrices de notre ministère, des
projets, des activités, de la façon dont nous voyons la situation
et des moyens que nous prenons, le leader adjoint de l'Opposition s'objecte
parce qu'on n'est pas sur le sujet du projet de loi. Cependant, les
députés de l'Opposition ont passé très peu de temps
sur le projet de loi et même le peu de temps qu'ils ont passé sur
le projet de loi, ils ont tous les deux posé des questions dont la
réponse est contenue, soit dans le projet de loi, soit dans les
remarques que j'ai faites. Alors, premièrement, je vais vous assurer,
oui, puis je vais même vous donner l'article. vous allez être
très à l'aise et vous allez être sécurisés en
ce qui concerne les fonds qui seront dépensés par
l'assemblée nationale ou par le ministère des affaires
internationales.
Premièrement, en ce qui concerne la politique, oui, nous avons un
comité consultatif. Nous avons fait des consultations. Nous voulons
arriver à une politique globale qui réponde à tous les
problèmes, aux attentes et aux besoins du Québec. Comme je l'ai
dit dans mes remarques préliminaires, dans les prochains mois à
venir, vous aurez l'occasion, quand ce sera rendu public, d'en prendre
connaissance. Je peux vous assurer d'une chose. Je ne vous donnerai pas de
date, mais cette politique va vraiment répondre aux besoins du
Québec en ce qui concerne les matières d'affaires internationales
pour son développement social, culturel, économique et son
rayonnement à travers le monde entier. Soyez assurés de cela.
En ce qui concerne les ONG, peut-être qu'on peut discuter en
commission parlementaire des montants que le gouvernement alloue aux ONG. Nous
attachons de l'importance à ces organismes; nous les appuyons. Nous
avons des budgets statutaires tous les ans que nous fournissons pour appuyer le
travail des ONG.
En ce qui concerne le contrôle par l'Assemblée nationale,
je voudrais vous référer à l'article 35,3 du projet de
loi. Premièrement, si ce sont des fonds pour développement
international qui viennent de l'ACDI, vous n'avez pas de contrôle
à exercer. Ce ne sont pas vos fonds, ce ne sont pas nos fonds, mais on
doit les gérer. Pour améliorer cette gestion, pour la rendre plus
efficace, nous créons le Fonds de développement international
pour ne pas que ça soit inclus dans nos budgets, pour ne pas que toutes
les règles difficiles et contraignantes puissent s'appliquer, pour que
ce soit plus facile de gérer les fonds que l'ACDI ou d'autres organismes
internationaux peuvent nous fournir. Si ce sont des fonds que
l'Assemblée nationale... Par exemple, s'il y a un projet...
Jusqu'à date, ce sont des fonds de l'ACDI, mais supposons que le
gouvernement fournit 10 %, 20 % ou un certain pourcentage du projet, je vous
réfère à l'article 35.3 qui dit: "les sommes
versées par le ministre des Affaires internationales et
prélevées sur les crédits alloués à cette
fin par le Parlement." Alors, à cette occasion, vous aurez toute
l'opportunité de poser des questions, d'examiner, de voir comment elles
sont dépensées. (17 heures)
Le Parlement, l'Assemblée nationale a le contrôle sur ces
fonds. Alors, le fonds qui est créé aujourd'hui ne change pas les
règles du jeu. Il rend plus efficace la façon dont ces fonds vont
être gérés, mais ça n'enlève pas la
responsabilité du Parlement. Et, si vous aviez porté un peu plus
d'attention à mes remarques préliminai-
res et à la façon dont j'ai expliqué comment le
fonds serait géré, je vous ai expliqué que l'ensemble des
règles gouvernementales s'appliqueront à ces deux fonds, comme
c'est le cas pour les autres fonds. Et, une de ces règles, c'est que les
engagements financiers des fonds spéciaux seront approuvés par
l'Assemblée nationale. Alors, j'espère que vous vous sentez plus
sécurisé sur la façon dont les fonds vont être
dépensés. Le but de ça, ce n'est pas d'enlever le
contrôle de l'Assemblée nationale, c'est seulement de le rendre
plus efficace.
Il me fera plaisir, M. le Président, durant l'étude
article par article, de répondre aux questions plus spécifiques
en ce qui concerne les ONG ou d'autres éléments plus particuliers
sur la gestion des fonds et sur la façon dont le fonds est
créé. En ce qui concerne tous les autres éléments,
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a été
déçu. Il a dit qu'il est arrivé hier et qu'il n'a pas vu
une politique, il n'a pas entendu une politique internationale dans mon
discours. Même si j'avais essayé, votre leader adjoint de
l'Opposition m'aurait empêché de le faire, de le dire. Alors,
entendez-vous entre vous. Cependant, ce n'était pas mon intention et le
projet de loi ne porte pas sur la politique.
Alors, M. le Président, j'espère que l'on va appuyer la
création de ce fonds et j'espère que nous aurons des discussions
fructueuses sur la façon dont le fonds sera géré, et les
règles du fonds, à l'étude article par article en
commission parlementaire ce soir. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Est-ce que le principe du projet de loi 124, Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Affaires internationales concernant la constitution de
fonds spéciaux, est adopté?
M. Gendron: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur division.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Pagé: Alors, M. le Président, je fais motion
pour que le projet de loi 124 soit déféré à la
commission des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Une voix: Adopté.
M. Pagé: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 20 heures à 22 heures, ainsi
que demain, le mercredi, 20 mars, de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle
du Conseil législatif, la commission des institutions procédera
à l'étude détaillée du projet de loi 124, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Affaires internationales
concernant la constitution de fonds spéciaux.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. Pourriez-vous m'indi-quer avec quel article nous continuons nos
travaux, M. le leader?
M. Pagé: J'appelle, M. le Président, l'article 6 du
feuilleton d'aujourd'hui, s'il vous plaît.
Projet de loi 123 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 6 de
notre feuilleton, Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration propose l'adoption du principe du projet de loi 123, loi
modifiant la loi sur le ministère des communautés culturelles et
de l'immigration.
Dans le but, M. le leader du gouvernement, d'éviter toute
confusion, je requiers le même consentement que celui que j'ai
demandé tout à l'heure relativement à l'adoption du projet
de loi 124. la décision que je rendrai disposera évidemment du
problème dans les deux cas. est-ce qu'on a le consentement, m. le leader
adjoint de l'opposition officielle?
M. Gendron: oui, m. le président, et je vous indiquerai
que je n'ai pas eu le droit de parole, alors, vous avez le consentement, mais,
comme vous l'avez mentionné...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui.
M. Gendron: ...il est important que nous ayons la même
exigence, à savoir que vous rendiez une décision concernant
l'interprétation de l'article que vous avez évoqué - parce
qu'il s'agit d'un projet de loi de même nature - et qu'elle nous soit
communiquée dans les meilleurs délais pour être certain
que... Mais il y a consentement pour commencer l'étude du principe du
projet de loi concernant l'immigration.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, comme je viens
tout juste de l'indiquer, m. le leader adjoint de l'opposition officielle, vous
aurez compris que la décision que je rendrai disposera des deux
questions dans les deux projets de loi. évidemment, c'est la même
question qui a été soulevée. mme la ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le
Prési-
dent, M. le Président, le Québec est la seule province
majoritairement francophone du Canada. Avec un taux de natalité qui
n'assure plus le remplacement des générations, un solde
migratoire négatif pour le plus clair de la dernière
décennie et une perte de poids démographique au sein de la
fédération, la province se préoccupe de son avenir
démographique, linguistique et culturel. Elle compte, entre autres, sur
l'immigration pour redresser la situation.
Étant donné l'importance que revêt l'immigration
pour le développement de la société
québécoise, le besoin d'élargir nos compétences et
nos marges de manoeuvre est vite apparu évident. L'Accord
Canada-Québec relatif à l'immigration et à l'admission
temporaire des aubains que j'ai signé le 5 février dernier avec
ma collègue fédérale de l'immigration, l'honorable Barbara
McDougall, répond à ce besoin et constitue un ajout significatif
aux responsabilités québécoises en matière
d'immigration et d'intégration.
La mise en oeuvre de cet accord représente dès lors un
défi considérable. Le Québec étant
dorénavant le seul maître d'oeuvre sur son territoire de
l'intégration des immigrants, il aura à assumer des
responsabilités additionnelles et ce, très rapidement puisque les
parties ont convenu que l'accord prendrait effet le 1er avril prochain.
Compte tenu des transferts d'activités que l'accord
prévoit et de la complexité administrative que cela suppose, il
s'agit là d'un délai extrêmement court. Certains des gestes
à poser pour la mise en oeuvre de l'accord ont trait au transfert de
ressources financières et humaines, à la dotation de ressources
informatiques ainsi qu'à des modifications réglementaires et,
même, législatives comme c'est ici le cas avec le présent
projet de loi.
En effet, M. le Président, pour que nous puissions pleinement
assumer toute l'étendue des nouveaux pouvoirs et des nouvelles
responsabilités que nous donne cet accord, il nous faut, dès
maintenant, modifier et ajouter certaines dispositions à la Loi sur le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. La
date d'entrée en vigueur de l'accord Canada-Québec étant
le 1er avril 1991, il va de soi que ces dispositions devront prendre effet au
même moment.
Le projet de loi dont nous entreprenons aujourd'hui le débat
quant à l'adoption de principe contient principalement des dispositions
qui intègrent dans la Loi sur le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration des mesures pour renforcer les pouvoirs de
sélection du Québec. Un tribunal administratif, appelé
"Bureau de révision en immigration", est aussi créé pour
réviser certaines décisions. Enfin, pour donner suite au
transfert des responsabilités en matière d'intégration, le
projet de loi prévoit des dispositions qui sont nécessaires pour
la gestion du programme d'intégration linguistique, de même que
pour les programmes d'intégration socio- économique. D'autres
dispositions y sont aussi prévues sur lesquelles je reviendrai un peu
plus loin.
Mais, avant de vous exposer plus en détail quelles sont les
modifications et nouveautés de ce projet de loi, j'aimerais prendre
quelques instants pour expliquer, pour la première fois devant cette
Assemblée, quelles sont les dispositions majeures de l'Accord
Canada-Québec relatif à l'immigration et à l'admission
temporaire des aubains. Nous serons ensuite mieux à même
d'apprécier les raisons qui sous-tendent les modifications requises
à la loi du ministère que je dirige.
M. le Président, l'accord Canada-Québec dont il est
question ici est le fruit de longues négociations entreprises avec le
gouvernement fédéral afin de fournir au Québec de
meilleurs moyens de préserver son poids démographique au sein du
Canada et d'assurer une intégration des immigrants, respectueuse du
caractère distinct de la société québécoise.
L'accord devrait plus particulièrement faciliter la réalisation
des objectifs d'intégration linguistique des immigrants,
présentés dans l'énoncé de politique gouvernemental
en décembre dernier. Il s'inscrit également dans la foulée
des trois accords précédents signés entre les deux paliers
de gouvernement depuis la création du ministère
québécois de l'Immigration en 1968. Il s'inscrit aussi dans la
même logique de la récupération, par le gouvernement du
Québec, des pouvoirs essentiels à son développement en
fonction de ses objectifs propres.
Ainsi, en 1971, deux ans seulement après la création du
ministère, était conclu un premier accord, connu sous le nom de
Cloutier-Lang, du nom des ministres signataires, lequel accordait aux agents
québécois à l'étranger un rôle d'informateur
auprès des candidats désireux de s'établir au
Québec. Le Québec pouvant ainsi informer les candidats à
l'immigration de la spécificité de la société
québécoise. (17 h 10)
Quatre années plus tard, cette entente administrative est
remplacée par l'accord Bien-venue-Andras qui reconnaît au
Québec un pouvoir de consultation sur les décisions relatives
à la sélection des candidats à l'immigration. Bien que ne
lui conférant pas de pouvoirs déterminants, cette entente, en
donnant au Québec l'occasion de se prononcer systématiquement sur
les candidatures, a permis l'élaboration des premiers
éléments d'une politique de sélection proprement
québécoise et l'articulation aussi d'un ensemble de
critères nécessaires à la formulation des avis
prévus dans l'entente. En ce sens, l'accord Bienvenue-Andras a
pavé la voie et rendu plus aisée la mise en application de
l'entente Couture-Cullen, signée en 1978 et entrée
progressivement en vigueur de décembre 1978 à avril 1979.
Cette troisième entente occupe une place fondamentale dans le
processus permettant au Québec de contrôler davantage son
immigration.
Elle nous accordait un rôle prépondérant en
matière de sélection, tout en permettant aux deux gouvernements
de convenir de leurs responsabilités respectives dans ce domaine.
L'entente Couture-Cullen prendra fin avec l'entrée en vigueur du nouvel
accord, le 1 er avril prochain.
Je voudrais, à ce moment, M. le Président, souligner le
travail de mes prédécesseurs qui ont permis au Québec de
progresser constamment afin d'obtenir de plus en plus de pouvoirs, afin de
répondre à ses objectifs démographiques,
économiques, sociaux et culturels. L'accord Canada-Québec,
relatif à l'immigration et à l'admission temporaire des aubains,
conclu en décembre 1990 et signé il y a un peu plus d'un mois,
pousse plus loin la responsabilité québécoise en
matière d'immigration et d'intégration des immigrants, tout en
reconnaissant la majeure partie des acquis hérités de l'entente
Couture-Cullen. Il nous permet aussi d'obtenir des pouvoirs additionnels.
L'accord Canada-Québec couvre principalement la planification des
niveaux d'immigration, la sélection des immigrants ainsi que leur
accueil et leur intégration au sein de la société
québécoise. Il y est stipulé qu'aucune des deux parties ne
pourra y mettre fin de façon unilatérale, ce qui n'était
pas prévu dans l'entente Couture-Cullen.
Examinons maintenant les modalités retenues pour chacun de ces
champs d'intervention. En tout premier lieu, l'accord prévoit
l'obligation du Canada de prendre avis du Québec avant d'établir
ses niveaux d'immigration pour l'ensemble du pays. Le Canada doit
également informer le Québec des options à l'étude.
Le Québec a le souci d'éviter que l'immigration n'en vienne
à représenter un facteur de minorisation de la population
québécoise au sein de l'ensemble canadien. Cette
préoccupation prend tout son sens au moment où le gouvernement
fédéral se propose d'accueillir, au cours des prochaines
années, des volumes d'immigration sans précédent dans
l'histoire récente du pays.
Pour répondre à cette préoccupation, l'accord
oblige le Canada à poursuivre une politique de niveaux qui permette au
Québec de recevoir une part de l'immigration canadienne correspondant
à son poids démographique. Il donne aussi au Québec la
possibilité de dépasser ce chiffre de 5 % du total canadien, s'il
le juge, bien sûr, à propos. Il s'agit là de dispositions
nouvelles non prévues à l'entente Couture-Cullen. Ces
dispositions sont importantes pour le Québec, puisqu'il pourra ainsi
planifier son immigration en fonction de ses objectifs démographiques et
de ses capacités d'accueil, en toute connaissance des objectifs
canadiens.
En matière de sélection, l'accord Canada-Québec
consacre l'exclusivité de l'intervention québécoise
à l'égard des immigrants de la catégorie des
indépendants. Ces personnes, principalement sélectionnées
en raison de leur capacité de contribuer immédiatement à
l'essor économique du Québec, représentent environ 60 % de
l'immigration québécoise. Ce bassin constitue le réservoir
privilégié permettant au Québec d'atteindre ses objectifs
tant économiques que culturels. Il faut également noter que ce
pouvoir exclusif de sélection est aussi valable sur le territoire du
Québec, c'est-à-dire pour les demandes que le gouvernement
fédéral accepte par dérogation de faire étudier sur
place. Cette extension des pouvoirs du Québec en matière de
sélection sur place, lui permet d'obtenir une possibilité
d'intervention capitale sur un nombre de candidatures qui, au cours des
années 1980, en est venue à représenter une proportion
importante de l'immigration totale.
Rappelons que l'entente Couture-Cullen ne comportait pas de pouvoir de
sélection pour le Québec à l'égard des candidatures
traitées au pays même. De plus, dans le cas de la
réunification familiale, le Québec pourra, s'il le souhaite,
rencontrer à l'étranger ou sur notre notre territoire toutes les
personnes désirant immigrer au Québec. Si le Québec a
désormais les moyens d'utiliser l'immigration comme un des
éléments de sa politique de développement
économique, les pouvoirs nouveaux obtenus dans cet accord
Canada-Québec lui procurent également la marge de manoeuvre
indispensable pour accroître la proportion d'immigrants francophones
admis annuellement. Ainsi, nous pourrons utiliser l'immigration afin
d'atteindre les objectifs précisés dans l'énoncé de
politique en matière d'immigration et d'intégration que le
gouvernement québécois a déposé en décembre
dernier et qui a été abondamment discuté en commission
parlementaire ces dernières semaines.
Par ailleurs, le nouvel accord convient d'une répartition des
rôles et responsabilités du Québec et du Canada qui
conservent les acquis de l'entente Cullen-Couture. Il est conforme à
l'article 95 de la loi constitutionnelle de 1867, qui prévoit que
l'immigration est une compétence partagée entre les provinces et
le fédéral. Ainsi, le Québec continuera de définir
et de recevoir les engagements pris dans le cadre du programme de
réunification familiale et de sélectionner à
l'étranger les réfugiés qu'il accueillera dans le cadre de
ses objectifs humanitaires. Concernant les séjours temporaires de
travailleurs, étudiants ou personnes en quête de soins
médicaux, le consentement préalable du Québec reste
nécessaire.
Le gouvernement fédéral, pour sa part, conserve la
responsabilité de déterminer les normes et objectifs nationaux
ainsi que celles de l'admission de tout immigrant ou aubain. Il demeure seul
responsable, par exemple, de refuser l'immigration à des personnes qui
sont indésirables pour des motifs de criminalité ou de
subversion. Le gouvernement fédéral continuera également
de fixer les conditions d'attribution de la citoyenneté et d'accorder le
statut de réfugié.
II reste un troisième champ couvert par l'accord
Canada-Québec, c'est celui de l'accueil des immigrants et de leur
intégration socio-économique et linguistique. J'estime que c'est
dans ce domaine que les gains du Québec ont été les plus
marquants et que se situe l'importance de l'entente actuelle par rapport
à l'entente Cullen-Couture de 1978, laquelle était muette
à ce sujet. En effet, en possédant la maîtrise d'oeuvre de
ses programmes d'intégration, le Québec pourra mener une action
spécifiquement québécoise auprès des nouveaux
immigrants, des nouveaux arrivants, et ce, dans le sens que requièrent
la sécurité linguistique et culturelle de notre
société ainsi que son développement. À compter du
1er avril 1991, le Québec sera l'unique responsable des services
d'accueil et d'intégration linguistique, culturelle et
économique, spécifiquement offerts aux résidents
permanents, c'est-à-dire aux immigrés en attente de leur
citoyenneté.
Pour sa part, le fédéral s'engage à se retirer avec
compensation financière desdits services, pourvu que le Québec
les remplace par des services qui correspondent globalement à ceux
offerts par le Canada dans le reste du pays. La compensation financière
que le gouvernement fédéral s'est engagé à verser
au Québec est de l'ordre de 72 000 000 $ en 1991-1992 et, pour les 3
années suivantes, de 82 000 000 $, de 85 000 000 $ et de 90 000 000 $;
cela représentera 332 000 000 $ d'ici l'année financière
1994-1995. Une formule d'indexation prévue à l'accord sera
ensuite appliquée. Le retrait fédéral avec juste
compensation financière permettra au Québec de mettre en place
une approche d'intégration cohérente qui respecte ses
orientations et son identité, tout en évitant une duplication et
une dispersion des efforts.
À titre d'exemple, mentionnons que, dans l'état actuel des
choses, environ 40 % de la clientèle prévue par le programme
fédéral est rejointe par les services de francisation. Avec le
retrait fédéral qui lui assurera la maîtrise d'oeuvre de la
formation linguistique des immigrants, et la compensation financière qui
l'accompagne, le Québec pourra augmenter l'accessibilité aux
cours de français, réduire les délais d'inscription pour
les cours à temps complet et augmenter l'offre de services. Ayant fait
reconnaître l'existence des besoins spécifiques du Québec
en matière de formation linguistique, nous pourrons mettre en oeuvre
l'un des objectifs importants de l'énoncé de politique
gouvernemental, soit celui concernant l'apprentissage du français par
les immigrants connaissant l'anglais. Le Québec aura également la
responsabilité de verser des allocations aux personnes qui suivent des
cours de formation et qui ont besoin d'une aide financière. (17 h
20)
L'accord récemment conclu en matière d'immigration
était nécessaire pour la mise en place cohérente et
diligente de plusieurs mesures essentielles au succès de la politique
d'immigration et d'intégration du Québec. En effet, il faut
comprendre, M. le Président, que la volonté persistante
manifestée par le gouvernement du Québec en vue de signer cet
accord ne reposait pas uniquement sur des principes, si fondamentaux
soient-ils, mais également sur des impératifs éminemment
concrets. En effet, c'est sans tarder qu'il faut redéfinir les
orientations et le fonctionnement du réseau chargé, à
l'étranger, de la sélection des immigrants qu'accueillera le
Québec au cours des prochaines années. C'est immédiatement
qu'il convient de mettre en place, en aéroport, des services d'accueil
québécois qui puissent orienter ces nouveaux arrivants vers les
différents services nécessaires à leur intégration.
C'est sans délai qu'il faut trouver une solution permettant à
ceux de ces immigrants qui en ont besoin d'apprendre le français sans
devoir attendre plusieurs mois.
Compte tenu du très court délai qui nous est imparti entre
le moment de la signature de l'accord et sa mise en vigueur, soit seulement
deux mois, nous avons dû prévoir des scénarios nous
permettant d'assumer nos responsabilités, tout en faisant en sorte que
les immigrants, à qui nous dispenserons de nouveaux services, n'aient
pas à souffrir de cette transition. Voilà pourquoi
l'entrée en vigueur de l'accord, le 1er avril, nécessite de
sous-traiter au gouvernement fédéral la fourniture de certains
services dont le Québec prend charge à cette date. L'accord
prévoit, en effet, que le Québec négocie des ententes pour
le transfert du personnel impliqué dans la gestion directe des
programmes transférés en vertu des conventions collectives et de
la jurisprudence. Des préavis de plusieurs mois doivent être
donnés. De plus, les systèmes du ministère ne peuvent pas
être prêts, notamment en ce qui a trait à l'informatique,
à prendre le relais à cette date.
Comme vous le voyez, M. le Président, il est donc
nécessaire de conclure une entente de sous-traitance avec le
gouvernement fédérai, visant à permettre que les
programmes auxquels sont attachés des allocations, des subventions aux
organismes partenaires ou au personnel destiné a être
transféré, continuent, pendant une période estimée
à un maximum d'un an, à être administrées selon les
normes québécoises par les employés
fédéraux.
L'autre étape de cette mise en place
accélérée des mesures nous permettant d'assumer à
plein toutes nos responsabilités, c'est la modification de la Loi sur le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Nous
avons procédé aux changements les plus pressants dans la loi
constitutive du ministère afin de rendre opérationnel l'accord
Canada-Québec. Une loi sur l'immigration aux impacts plus fondamentaux
ne pouvait être déposée à ce moment-ci, compte tenu
du court délai avant la
mise en oeuvre de l'accord. De plus, l'énoncé de
politique, que nous avons rendu public en décembre 1990 et dont nous
avons discuté ces dernières semaines devant la commission
parlementaire sur la culture, influencera sans aucun doute une loi sur
l'immigration que nous pourrions déposer plus tard.
M. le Président, des modifications sont donc requises à
l'actuelle Loi sur le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration pour exercer nos pouvoirs en matière de sélection,
d'intégration linguistique, d'aide à l'adaptation, pour la
création d'un véritable pouvoir d'enquête et d'infraction,
de même que pour la mise en place d'un organisme de révision.
Certains articles de la loi sont aussi nécessaires à titre de
mesures transitoires ou autres.
Je souhaite à ce moment-ci, M. le Président, vous indiquer
quels sont les principaux ajouts et modifications que je propose à la
loi du ministère et quelles sont les raisons qui motivent ces
changements. Le Québec obtient, dans le cadre du nouvel accord, des
pouvoirs exclusifs de sélection, d'accueil et d'intégration qui
accroissent ses responsabilités en ce domaine. L'exercice par le
Québec de ces nouvelles responsabilités passe par le renforcement
de ses pouvoirs lors de la sélection des immigrants ou lorsqu'une
personne au Québec souhaite s'engager à aider
l'établissement d'un ressortissant étranger.
Dans le domaine de la sélection des immigrants, les principales
modifications que nous apportons à la loi nous donneront le droit
d'annuler un certificat de sélection ou un certificat d'acceptation,
d'enquêter sur la véracité des documents fournis, de
créer des infractions spécifiques, de mettre sur pied un
mécanisme de révision des décisions et de donner certains
pouvoirs en matière d'aide à l'établissement. La loi
actuelle ne permet pas au Québec d'annuler un certificat de
sélection du Québec, un certificat d'acceptation ou un engagement
et ce, même si les renseignements fournis pour établir la demande
sont faux ou trompeurs, ou que les conditions qui ont prévalu lors de la
sélection ou de l'engagement n'existent plus.
Le certificat de sélection étant désormais le seul
document qui atteste de la sélection, les conséquences de toute
fraude deviennent plus importantes qu'auparavant. Il nous faut donc
remédier à cette situation, et c'est pour cette raison que le
projet de loi propose que nous puissions assumer pleinement nos
responsabilités en disposant du pouvoir d'annuler ces documents dans les
cas précités. L'unique alternative à ce pouvoir - et vous
comprendrez, M. le Président, que nous ne voulons pas l'envisager -
serait de demander aux autorités fédérales de ne pas
honorer nos décisions afin que le ressortissant étranger ne
puisse compléter le processus d'immigration.
Autre limite de la loi actuelle, les pouvoirs du ministre en
matière d'enquête ne permettent pas de vérifier les
informations et les documents fournis par une personne qui désire
obtenir un certificat ou souscrire un engagement. C'est une lacune d'autant
plus grande que les pouvoirs du Québec en matière de
sélection sont désormais exclusifs et, corollairement, les
conséquences plus graves.
Pour nous permettre d'exercer avec discernement nos pouvoirs de
sélection, la modification législative suggérée
nous permettra de faire enquête, aussi bien sur les demandes de CSQ et de
CAQ que sur la délivrance de ces documents, en vérifiant
l'exactitude des renseignements donnés par un candidat, tant
auprès de celui-ci que de tiers, par exemple, un employeur
éventuel, dans le cas des immigrants travailleurs
spécialisés.
Par ailleurs, la Loi sur le ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration ne prévoit pas d'infraction
spécifique à la suite de fausses déclarations ou de
l'utilisation de moyens frauduleux à l'occasion de l'obtention d'un CSQ,
d'un CAQ ou d'un engagement. Nous faisons face à de fausses
déclarations et à des faux documents produits pour les seules
fins de l'immigration. L'impunité relative à l'égard de
ces gestes est connue et est source de problèmes. Afin de dissuader les
fraudeurs, il nous est apparu nécessaire, M. le Président, de
créer des infractions spécifiques par rapport à la
délivrance d'un CSQ, d'un CAQ ou d'un engagement. Des infractions sont
aussi prévues relativement à l'obtention des services
d'intégration linguistique, d'allocations versées dans le cadre
de ces programmes, de même qu'à l'occasion de prêts qui
pourraient être versés en vertu de la loi.
Si le renforcement de notre pouvoir de sélection entraîne
la mise en place de dispositions lui permettant d'enquêter, de
prévoir des infractions et d'annuler un CSQ, un CAQ ou un engagement,
nous avons par ailleurs, en toute justice, l'obligation de mettre sur pied un
mécanisme de révision des décisions qui permettra aux
personnes s'estimant lésées d'en appeler. Mais, au-delà de
la recherche d'un tel équilibre, la recommandation de créer un
bureau de révision est la conséquence de l'exclusivité des
pouvoirs québécois. De plus, l'article 32 de l'annexe A de
l'accord prévoit que le Québec doit offrir un mécanisme de
révision de ses décisions. Actuellement, seul le refus
d'autoriser un garant à s'engager pour subvenir aux besoins d'un
immigrant est soumis à une procédure d'appel. Toutefois, c'est au
gouvernement canadien qu'il incombe d'entendre les représentations par
l'entremise de la section d'appel de la Commission de l'immigration et du
statut de réfugié. Le Québec se doit d'assumer la
responsabilité actuelle de ce tribunal fédéral.
Le Bureau de révision en immigration, dont la création est
proposée par le présent projet de loi, propose de
reconnaître un droit de révision dans deux cas. Il entendra les
garants dont la
demande aura été refusée ou dont l'engagement aura
été annulé ainsi que les personnes dont le certificat de
sélection et le certificat d'acceptation auront été
annulés. (17 h 30)
Compte tenu des principes de justice naturelle, il nous est apparu
nécessaire, M. le Président, d'accorder aux ressortissants
étrangers ou Québécois, selon le cas, le droit à
une audition par une autorité impartiale et autonome par rapport au
décideur. L'absence d'un tel recours forcerait les personnes à se
présenter devant une instance judiciaire, soit la Cour supérieure
du Québec, pour entendre leur cause. En outre, il n'existe pas de
tribunal administratif pouvant, à court terme, entendre les appels sur
un sujet aussi spécialisé. C'est la raison pour laquelle nous
proposons la création de ce tribunal autonome qui aura le pouvoir de
confirmer, d'infirmer ou de modifier une décision négative prise
par le ministère.
Tribunal administratif jouissant d'une grande autonomie, le Bureau de
révision en immigration sera dirigé par une personne
nommée par le gouvernement québécois. Ses décisions
seront finales et sans appel et les parties pourront prendre connaissance des
motifs ayant conduit le Bureau à sa décision et les appelants qui
seront au Québec pourront se présenter ou se faire
représenter par un avocat devant le Bureau. Celles qui sont à
l'extérieur pourront, outre bénéficier de l'assistance
professionnelle d'un avocat, désigner un parent ou un organisme à
but non lucratif pour les représenter, à condition que leur
mandat soit gratuit. Le Bureau de révision en immigration aura son
siège à Montréal, mais pourra se déplacer partout
au Québec pour entendre les causes qui lui seront soumises.
Finalement, en matière de sélection, le projet de loi
comprend certaines dispositions offrant la possibilité, pour une
personne ou un groupe de personnes, de présenter une demande d'aide afin
de favoriser l'établissement au Québec d'un proche parent ou
d'une personne en situation de détresse. Le projet de loi permettra
à un garant de souscrire un engagement écrit, de subvenir aux
besoins essentiels de ce ressortissant étranger pour permettre sa venue
en évitant qu'il devienne une charge publique.
La reconnaissance de cette possibilité n'est actuellement que
mentionnée dans le pouvoir réglementaire prévu à la
loi. Il s'agit pourtant d'un facteur essentiel dans l'immigration des proches
parents. La modification législative proposée lui donnera une
réelle existence. Le fait d'introduire l'engagement dans la loi
permettra aussi de l'assujettir aux dispositions en matière d'infraction
et d'annulation.
Comme on peut le constater, la volonté du législateur, en
introduisant ces modifications, est de rendre le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration capable d'exercer
complètement les nouvelles responsabilités en la matière
dont il hérite dans le cadre de l'accord Canada-Québec. Qui dit
responsabilités dit également devoirs et l'ensemble des
dispositions du projet de loi touchant la sélection s'inscrit dans ce
désir de rendre ce processus aussi efficace que possible, tout en
offrant des garanties de transparence et d'équité.
Les modifications à la loi que nous désirons apporter ne
se limitent pas aux seules dispositions entourant la sélection. Je vous
signalais plus tôt, M. le Président, que les gains majeurs de
l'accord Canada-Québec se situent principalement en matière
d'accueil et d'intégration. Des dispositions du projet de loi concernent
donc les programmes d'intégration linguistique, d'adaptation et d'autres
mesures nous permettant d'assumer pleinement l'étendue de tous nos
pouvoirs. L'un des acquis de l'accord est le retrait des autorités
fédérales de la formation linguistique pour les immigrants. Le
Québec aura maintenant la responsabilité du programme
d'intégration linguistique fédéral qui vise les nouveaux
arrivants se destinant au marché du travail et qui n'ont pas une
connaissance suffisante du français. Les personnes éligibles
reçoivent actuellement des allocations de subsistance comparables aux
prestations d'assurance-chômage.
Le Québec offre, depuis 1988, son propre programme de formation
en français, le programme québécois de formation des
immigrants qu'on appelle PQFI. Les dispositions habilitantes de ce programme
sont insuffisantes pour assurer nos nouvelles responsabilités à
l'égard du programme fédéral transféré. Il
nous faut donc modifier la loi du ministère, afin d'englober les
nouveaux programmes de formation linguistique et d'allocation que nous avons
obtenus du fédéral. Bien entendu, comme je le soulignais
précédemment, nous recevrons également, à compter
du 1er avril, les montants nécessaires pour assurer le maintien et le
développement de ces programmes. Il nous faut, en outre, inscrire
à la législation les infractions pénales prévues
pour les personnes qui obtiendraient frauduleusement des services ou des
allocations en vertu de ces nouveaux programmes.
Le projet de loi comprend donc des dispositions habilitant le
ministère à offrir des programmes d'intégration
linguistique ainsi qu'une assistance financière aux stagiaires. Par voie
de règlement, nous stipulerons les catégories de personnes
admissibles, les catégories de services offerts, la procédure
d'évaluation et la nature et les barèmes d'assistance
financière. De cette manière, nous pourrons atteindre l'un des
principaux objectifs de l'énoncé de politique, soit d'offrir
à tous ceux et celles qui en ont besoin des services de qualité
en matière d'apprentissage du français et d'initiation à
la vie québécoise. Nous pourrons aussi permettre l'accès,
pour la clientèle connaissant l'anglais, à un programme à
temps plein équivalant à celui dont bénéficient
les allophones se destinant au marché du travail. Enfin, nous
continuerons à travailler à améliorer notre offre de
service en français afin que les cours offerts soient de la plus haute
qualité et rejoignent le plus grand nombre de personnes possible.
L'intégration des immigrants à la société
québécoise est un des principaux objectifs contenus dans
l'énoncé de politique intitulé "Au Québec pour
bâtir ensemble". Il ne fait nul doute que cette intégration passe
par une connaissance adéquate de la langue française,
élément moteur d'une insertion complète à la vie
économique, sociale, culturelle et politique du Québec. Les
dispositions du projet de loi sont autant d'instruments qui nous permettront
d'atteindre cet objectif fondamental.
Parmi les programmes hérités dans le cadre de
Canada-Québec figure le Programme d'aide à l'adaptation qui
permet aux personnes en situation de détresse, notamment les
réfugiés, d'obtenir une aide financière pour leur
transport et leur établissement, leur permettant ainsi de faire leurs
premiers pas dans la société québécoise.
Le projet de loi donne suite à ce transfert de
responsabilités. Il accorde au ministère la possibilité
d'octroyer des prêts à cette clientèle, de même que
le pouvoir de remettre ses dettes s'il n'est pas possible de les recouvrer.
Ceci est conforme au programme fédéral qui est
transféré.
La loi sur le ministère est silencieuse sur la possibilité
d'échanger des informations qui sont pourtant nécessaires pour
rencontrer nos objectifs d'immigration. Certaines informations nominatives sur
la clientèle desservie dans le cadre des programmes
fédéraux en matière d'intégration linguistique et
d'adaptation qui nous sont transférés pourraient ne plus
être accessibles à compter du transfert de ces programmes au
Québec, à moins que des ententes à cet égard ne
puissent être conclues. L'accord prévoit cet échange de
renseignements.
Des dispositions contenues au présent projet de loi concernant
les échanges d'information permettront aux fonctionnaires
fédéraux qui, à compter du 1er avril, administreront des
programmes sous juridiction québécoise selon les normes
établies par le gouvernement du Québec, de continuer à
pouvoir obtenir des informations nominatives en provenance d'Ottawa afin de
gérer efficacement ces programmes. Par exemple, il est absolument
essentiel que les fonctionnaires fédéraux, durant la
période de transition, puissent obtenir des informations sur la
situation des personnes demandant des allocations de formation afin
d'établir leur admissibilité.
Il reste d'autres dispositions au projet de loi qui nous permettront
d'exercer pleinement nos responsabilités. Permettez-moi, M. le
Président, de m'y arrêter brièvement. Il y a d'abord les
articles touchant le pouvoir réglementaire du gouvernement. Des
modifications doivent être apportées à l'actuel pouvoir
réglementaire prévu à la loi pour donner au gouvernement
la possibilité d'édicter des règlements concernant
l'engagement des garants, l'intégration linguistique, l'adaptation ainsi
que les règles de preuve, de procédure et de pratique du Bureau
de révision en immigration. D'autres concernent les mesures transitoires
à compter du 1er avril 1992 et jusqu'au moment où les
employés permanents actuellement à l'emploi du gouvernement
fédéral qui sont touchés par les retraits de service
seront intégrés à la fonction publique provinciale.
La Loi sur la fonction publique ne prévoit pas un cas comme
celui-ci où nous intégrons entièrement un service du
gouvernement canadien, tel le Centre d'emploi Canada-conseil et placement des
immigrants. Les modalités du projet de loi prévoient donc la
période transitoire de même que le processus d'intégration
des employés qui désirent passer au service du gouvernement du
Québec. Le projet de loi propose, en les adaptant, des dispositions
similaires aux modalités de transfert des fonctionnaires
fédéraux pour l'administration unifiée des taxes à
la consommation fédérales et provinciales et la
possibilité d'entente en matière de transfert de leur
régime de retraite. (17 h 40)
Nous avons également prévu des pouvoirs de
délégation à ces fonctionnaires afin de les habiliter
à exercer les pouvoirs désormais exercés par le
Québec à compter du 1er avril puisque, comme vous le savez, M. le
Président, il ne sera pas possible, à cette date, de rendre tous
les services actuellement offerts par le gouvernement fédéral
sans recourir à la sous-traitance.
Finalement, le présent texte législatif prévoit une
dérogation à la Loi sur les règlements pour assurer
l'adoption de la réglementation nécessaire au 1er avril. Compte
tenu de l'urgence d'adopter ces mesures pour que le Québec puisse
assumer ses responsabilités nouvelles dès le moment où
l'accord s'appliquera, il est prévu que les premiers règlements
adoptés par le gouvernement, dans le cadre du présent projet de
loi, pourront être édictés sans avoir fait
préalablement l'objet d'une publication dans la Gazette officielle du
Québec. Cette dérogation nous assurera que les
règlements concernant la sélection, les programmes de formation
linguistique, les procédures de prêt pour l'aide à
rétablissement et les règles de pratique et de procédure
du Bureau de révision de l'immigration pourront entrer en vigueur en
temps utile.
M. le Président, je crois avoir fait le tour des principales
dispositions du projet de loi soumis à l'approbation de
l'Assemblée nationale. Celui-ci permet d'instrumenter le Québec
pour qu'il puisse assumer l'entière responsabilité des pouvoirs
qu'il hérite, avec l'entrée en vigueur de l'accord
Canada-Québec relatif à l'immigration et à la mission des
aubains. De plus, en apportant
les changements les plus pressants à la loi constitutive du
ministère en regard de l'accord, le projet de loi 123 prépare en
quelque sorte le terrain pour la présentation, dès l'automne,
d'une véritable loi sur l'immigration.
M. le Président, ce projet de loi n'est qu'un moyen pour le
gouvernement québécois de réaliser ses objectifs
économiques, démographiques, culturels et politiques
découlant des choix exprimés dans le cadre de son
énoncé de politique en matière d'immigration et
d'intégration et découlant des paramètres de l'accord
Canada-Québec, et ce sont véritablement cet accord et cet
énoncé de politique qui marquent de façon claire la vision
de ce gouvernement en ce qui concerne l'immigration et l'intégration des
nouveaux arrivants à la société
québécoise.
Au delà des nouveaux pouvoirs que nous avons pu obtenir
grâce à la signature de l'accord, je tiens à souligner que
les travaux de la commission parlementaire de la culture sur
l'énoncé de politique gouvernemental, "Au Québec pour
bâtir ensemble", mettent une réalité particulière en
évidence, celle que l'atteinte des objectifs poursuivis par la politique
québécoise demeure largement tributaire, en bout de piste, de la
collaboration, de la concertation de tous les acteurs sociaux. C'est donc
à cette tâche prioritaire que nous entendons consacrer l'essentiel
de nos efforts au cours de la prochaine année.
En terminant, M. le Président, je ne saurais taire le fait que
les dernières semaines ont été plus que fertiles en
développements pour le ministère que je dirige. Je
réitère donc mes remerciements aux hommes et aux femmes qui
oeuvrent à l'intérieur du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration et qui partagent avec enthousiasme nos
objectifs. Je sais que la somme de travail que nous avons exigée et que
nous continuerons à demander de chacun d'eux est élevée,
mais je suis persuadée qu'ils sont d'accord avec moi pour continuer
à offrir ce qu'ils ont de meilleur en eux et en elles afin de
répondre aux attentes de ceux et celles qui ont choisi le Québec,
de ceux et celles qui ont choisi le Québec pour vivre et
prospérer et qui comptent sur nous pour leur donner tous les moyens de
réussir à faire de leur nouvelle terre d'accueil un
véritable foyer. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la ministre.
Toujours à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi
123, je cède maintenant la parole à M. le député
d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition officiel le.
M. Gendron: Oui, M. le Président, mais uniquement pour
vous signaler...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui.
M. Gendron: ...au nom de la formation politique, comme leader
adjoint, que notre critique en cette matière est toujours le
député de Mercier et il sera le premier à exercer son
droit de parole, mais le droit de réplique, tel qu'il est prévu
selon notre règlement, pour ce qui est de l'adoption d'un projet de loi,
sera exercé sur ce projet de loi la par le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, tout en reconnaissant comme premier intervenant le
député de Mercier. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, tel
qu'indiqué par le leader adjoint de l'Opposition officielle, je
cède maintenant la parole à M. le député de
Mercier. M. le député.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président, merci de me donner la parole,
dans le cadre suggéré par le député d'Abitibi-Ouest
et leader adjoint de l'Opposition.
M. le Président, je constate avec plaisir que, petit à
petit, l'oiseau fait son nid. Je constate que fa ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration est une excellente
élève de mon ex-collègue Claude Morin, par rapport
à l'étapisme; c'est-à-dire qu'on a vu sa pensée se
développer au cours des derniers mois. On a même vu du
désarroi, un sentiment de colère à certaines
époques, qui confirmaient ma propre expérience dans le poste
qu'elle occupe aujourd'hui. Ce qui me fait dire aujourd'hui que
l'expérience du Québec en matière d'immigration est
l'expérience de l'impuissance. Combien de fois me suis-je rendu à
Ottawa rencontrer une ou un collègue de l'immigration
fédérale, exposer devant lui ou elle, après les propos
polis d'usage, évidemment - des félicitations sur la coiffure de
la ministre et autres bla-bla sans importance - combien de fois ai-je vu le
Québec présenter un dossier demandant que le
fédéral nous délègue des pouvoirs ou des budgets
pour que nous puissions avoir enfin une politique d'immigration digne et
à l'échelle de nos besoins et de nos aspirations? Et combien de
fois suis-je revenu les mains vides, M. le Président? D'autres diront,
aux innocents les mains pleines; ce qui veut peut-être dire que je
n'étais pas si innocent que ça parce que je ne suis jamais revenu
les mains pleines. je voudrais dire à la ministre que je suis tout
à fait heureux, comme ex-membre de l'équipe de l'immigration du
québec, de voir qu'elle a réussi un coup extraordinaire qui
concerne la construction d'un ministère de l'immigration au
québec, qui portera enfin son nom. si l'on compare le canada et le
québec à cet égard, on verra que le canada a une politique
d'immigration, qu'il exerce une sélection très fouillée en
matière de langue, par exemple, pour s'assurer que la majorité
anglaise du canada
n'est pas mise en danger par des afflux trop grands de personnes
d'autres langues. Donc, le Canada s'est bâti beaucoup, beaucoup,
grâce à l'immigration et grâce à une politique
d'immigration qui était sélective et qui était, certains
l'ont dit à l'époque, presque raciste dans la mesure où on
n'avantageait que les immigrants de pays anciennement anglophones ou
anciennement anglais, anciennes colonies anglaises, de façon à ce
que le Canada soit fort linguistique-ment et ne voie pas son équilibre
linguistique menacé chaque semaine qui passe.
Je me suis toujours dit qu'un État adulte et digne de ce nom doit
avoir des politiques d'immigration complètes et qui s'inscrivent dans la
foulée de ses besoins et de ses aspirations. Je constate, d'après
le discours de Mme la ministre de l'Immigration du Québec, que c'est
là qu'elle s'en va. Elle a beaucoup insisté sur les aspirations
du Québec et, également sur le respect de sa
réalité culturelle et linguistique. Je pense qu'elle trace la
voie de l'avenir comme, avant mon temps et son temps, l'avait fait M. Jacques
Couture qui était... D'ailleurs, Mme la ministre, en toute
générosité et intégrité intellectuelle, a
bien mentionné ce que ce ministère-là et ce que cette loi
actuelle là doivent à la loi ou à l'entente
Canada-Québec qu'on a appelée Cullen-Couture.
Or, j'ai connu les deux ministres, Couture et Cullen. Je peux vous
assurer que cette entente, à l'époque, fut signée surtout
pour aider les démunis de la terre. Nous étions en pleine
époque de "boat people" du Vietnam et d'ailleurs dans la région,
à la suite de la guerre du Vietnam, et M. le ministre
fédéral, M. Cullen, ayant vu comment le Québec se
comportait et comment M. Couture était un ministre respectable à
cet égard, a consenti, sans trop de discussions ou de "rechignage",
d'hésitations et de haussements d'épaule inutiles, a consenti
donc, à doter le Québec d'un début d'outil ou d'instrument
pour que le Québec puisse enfin développer sa propre politique
d'immigration. Le résultat s'est fait sentir. Le Québec a vu sa
composition, sa mosaïque sociale et ethnique se modifier
considérablement pour le bien du Québec et le bien des nouveaux
Québécois.
Et des études, qui furent faites à l'époque par le
ministère et par les démographes du ministère, ont
démontré que l'immense majorité des immigrants choisis par
le Québec et le Canada, parce qu'à l'époque les deux
choisissaient la main dans la main, si on peut dire... Est-ce qu'on pourrait
avoir, M. le Président, sans trop insister parce que c'est un vice
commun aux jeunes députés... (17 h 50)
Une voix: ...trente-et-un...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, oui, alors, M. le
député de Mercier, effectivement, vous avez droit à toute
la quiétude nécessaire pour votre intervention, et j'inviterais
les députés à être attentifs, sinon à ne pas
déranger le député de Mercier. M. le
député.
M. Godin: Merci beaucoup, M. le Président. Donc, on a
bâti petit à petit - l'oiseau fait son nid - un ministère
de l'Immigration au Québec qui est digne de ce que le Québec veut
devenir, et je pense que tout ce qui a été acquis - c'est
ça qui est merveilleux dans ce domaine-là - c'est comme une
pyramide. Chaque pierre de la pyramide servira tôt ou tard, peu importe
l'avenir du Québec, qu'il soit néo-fédéraliste,
souverainiste, indépendantiste ou les deux... Je pense qu'on aura en
main des instruments qui nous permettront de poursuivre dans la voie
tracée par MM. Cullen et Couture et, maintenant, par la ministre
actuelle, Mme Gagnon-Tremblay, si je peux la nommer sans me faire rappeler
à l'ordre par le président.
Au fond, nous marchons dans le même sens, dans le même
labour, si vous voulez, labourant toujours de plus en plus les pays où
il y a une aspiration de venir en Amérique et souvent en Amérique
française, quitte après - on pourrait faire des racines ici -
à tenter de les refaire ailleurs sur le continent nord-américain.
Donc, on ne peut que rendre hommage à la ministre. Je le fais sans
vergogne, avec aucune hésitation et sans partisanerie, comme elle a fait
d'ailleurs tout à l'heure le lien entre Couture-Cullen et maintenant
Gagnon-Tremblay et McDougall. Et je pense qu'il faut lui rendre hommage de ce
souci de la vérité historique parce que ça illustre un
être intègre et elle est actuellement très
honnête.
Maintenant, M. le Président, il y a un point sur lequel je me
permets de chanter faux, dans le concert de louanges qu'on adresse à Mme
la ministre; la question des réfugiés n'est pas résolue
à ma satisfaction, M. le Président. S'il y a un domaine où
le Québec a pu découvrir son impuissance, c'est bien par rapport
aux réfugiés. Récemment, on l'a vu encore, on a vu des
parents d'Amérique centrale menacer le gouvernement de faire des
grèves de la faim pour que leurs enfants puissent enfin les rejoindre
ici. Et quand on sait l'importance des enfants et de la famille pour ces
peuples-là, dont c'est le seul espoir de voir leur pays se
réincarner autre part dans le monde, également leur culture,
leurs racines, c'était un drame presque invivable pour eux. D'ailleurs,
certains d'entre eux ont menacé de se suicider en se jetant du haut du
pont Jacques-Cartier pour bien faire connaître au monde et, en
particulier, aux Québécois et aux Québécoises,
à quel point il était important pour eux que leurs enfants
viennent les rejoindre.
Et moi, j'ai souvent dit à la ministre qu'elle pourrait, en vertu
des pouvoirs de réunification des familles qu'elle avait
déjà à l'époque, agir avec audace et volonté
politique. Là, je me rends compte qu'elle agissait, mais d'une autre
manière,
sur la pointe des pieds, en marchant peut-être sur des oeufs parce
que l'entente Couture-Cullen faisait partie de l'accord du lac Meech qu'il
fallait institutionnaliser ou constitutionnaliser. Ça n'a pas abouti,
mais, dès qu'elle l'a vu, elle a pris un détour, comme on le fait
dans le bois, à North-Hatley, où elle fréquente et observe
les oiseaux, j'imagine, comme tous les gens de la région, et elle nous
arrive avec ce projet de loi qui est en tous points remarquable, dans la mesure
où il donne au Québec des pas en avant et dans la mesure
où il ne fait pas reculer le Québec. Moi, chaque fois qu'un
gouvernement passe une loi dans ce Parlement - ou avant que j'y sois comme
député - je me pose la question: Est-ce que ça fait
avancer le Québec ou reculer le Québec?
Je dois dire à la ministre, avant de terminer, que ce projet de
loi là fait avancer le Québec et fait avancer surtout l'avenir du
Québec. On a les garanties que le Québec a de bonnes chances de
rester fidèle à ses racines, à son passé, à
sa culture, ce qui, pour moi, est essentiel; c'est la seule raison pour
laquelle je suis ici. Des fois, on a des doutes quant aux autres d'en face,
mais je me rends compte qu'au fond nous avons tous compris, par la force des
choses, dans nos comtés, dans nos vies, que le Québec est beau
comme il est et qu'il ne peut le rester qu'en développant ces
beautés-là; et ça passe par une confirmation des racines
du Québec et un affermissement de sa francité. Je pense que Mme
la ministre se situe tout à fait dans la foulée des ministres,
ici, qui ont travaillé dans ce sens-là et je me dois de la
féliciter, au-delà de toute partisanerie, avec plaisir. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Mercier. Sur le même sujet, je cède
maintenant la parole à M. le député de Richelieu.
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir sur ce projet de loi, la loi 123, présentée par la
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration au nom du
gouvernement du Québec. Cette loi, ce projet de loi revêt un
caractère important pour le Québec de demain que nous voulons
bâtir ensemble. En effet, dans l'évolution et l'histoire des
conférences fédérales-provinciales, le gouvernement
québécois n'a cessé de revendiquer un pouvoir accru en
matière d'immigration parce qu'il était convaincu de cette
volonté de protéger la majorité francophone au sein du
Canada, une caractéristique qui le suit depuis le début de son
histoire.
Étant donné que le projet de loi 123 concerne la Loi sur
le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, il
est pertinent de rappeler que c'est en 1968 ici, à l'Assemblée
nationale, que le Québec a adopté la loi créant le
ministère de l'Immigration. On était alors conscients de
l'importance pour le Québec de légiférer dans un domaine
dont l'influence sur son identité culturelle et sur son
développement démographique et économique était
indiscutable. Un des premiers mandats confiés au ministère
consistait à informer, recruter et sélectionner les candidats
à l'immigration. De plus, le ministère devait faciliter leur
établissement au Québec et assurer leur intégration
harmonieuse au sein de la société québécoise et,
plus particulièrement, de la majorité francophone.
M. le Président, c'est en avril 1981 que le ministère de
l'Immigration du Québec devint le ministère des
Communautés culturelles et de l'immigration. Modifiée en juin
1981, sa loi constitutive précise que le ministre ou la ministre devient
également responsable de la planification, de la coordination et de la
mise en oeuvre des politiques gouvernementales relatives à
l'épanouissement des communautés culturelles et à leur
participation à la vie nationale. La ministre, comme on le sait, est
également responsable des programmes qui visent à maintenir et
à développer les cultures d'origine ainsi qu'à assurer les
échanges et le rapprochement avec les communautés francophones.
(18 heures)
Au cours des années soixante-dix, M. le Président, on sait
qu'une entente est signée entre les ministres Bienvenue et Andras, en
vertu de laquelle on prévoit une participation plus étroite du
Québec aux mécanismes de recrutement et de sélection des
candidats à l'immigration. En 1978, une importante entente est
signée entre les ministres fédéral et provincial de
l'Immigration, nommée entente Cullen-Couture, qui portait sur
l'évaluation en matière d'immigration et sur la sélection
des ressortissants étrangers qui souhaitaient s'établir au
Québec à titre permanent ou temporaire.
Des ententes ultérieures seront signées entre les deux
niveaux de gouvernement afin d'harmoniser la réglementation
québécoise et canadienne. Plus près de nous, M. le
Président, soit en décembre 1990, le gouvernement libéral
rend public un énoncé de politique en matière
d'immigration et d'intégration. Enfin, le 21 décembre 1990, un
important accord est conclu entre le Canada et le Québec, relatif
à l'immigration, en vertu duquel un certain nombre de pouvoirs sont
cédés au Québec en matière d'immigration et une
compensation financière lui sera versée en retour. L'accord - on
l'appelle l'accord Gagnon-Tremblay-McDougall - est signé le 6
février 1991. Ainsi, le projet de loi 123 est conséquent à
cet accord prévoyant le transfert au Québec de
responsabilités fédérales. Des modifications et des
ajustements doivent être apportés à la législation
québécoise actuelle et ce, avant le 1er avril 1991, ce qui nous
permettra de compléter l'implantation des services
informatiques avant de prendre totalement la relève. On doit
également tenir compte du fait qu'il faudra augmenter le nombre de
classes en COFI, ce qui implique de nouveaux locaux, l'embauche de professeurs
et la revue complète des programmes québécois.
À cet égard, le présent projet de loi consiste en
des modifications de l'actuelle Loi sur le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration ainsi que des dispositions
en matière de sélection, d'intégration linguistique,
d'assistance financière et de mesures transitoires. Sans passer en revue
chacune des modalités du projet de loi 123, il m'apparaft important d'en
souligner les points majeurs. Dans un premier temps, la sélection, qui
est un élément important dans le processus d'ensemble de ce
dossier, le projet de loi propose le renforcement des pouvoirs lors de la
sélection des immigrants lorsqu'une personne au Québec souhaite
s'engager à aider à l'établissement d'un ressortissant
étranger. Deuxièmement, c'est au niveau de l'intégration
linguistique et de l'aide à l'adaptation. Cette loi propose d'introduire
les dispositions nécessaires pour la gestion du programme
québécois de formation linguistique et de fournir une assistance
financière aux stagiaires.
Le projet de loi donne suite aux responsabilités
transférées au Québec en matière d'aide à
l'adaptation. Concernant l'intégration linguistique, une variable
passablement importante de la pleine participation des immigrants à ia
vie collective, J'entente prévoit le retrait du gouvernement
fédéral de tous les programmes d'intégration linguistique,
culturelle et des services d'intégration économique
spécifiquement offerts aux résidents permanents faisant du
Québec le maître d'oeuvre en ces matières. Cette
revendication ne date pas d'hier puisque chaque rencontre
fédérale-provinciale fut une occasion pertinente donnée au
Québec de revendiquer ce champ de juridiction. Le gouvernement canadien
s'engage, tel que conclu dans cet accord, à se retirer de cette
juridiction avec compensation desdits services, pourvu que le Québec les
remplace par des services correspondant dans leur ensemble, à ceux
offerts par le Canada dans le reste du pays.
Par ailleurs, en ce qui concerne la planification des niveaux
d'immigration - autre objet d'un contentieux important entre les deux niveaux
de gouvernement - aucune disposition législative n'est donc
nécessaire à cet égard. Comme on le voit, M. le
Président, les relations entre les gouvernements fédéral
et provincial peuvent tout de même se dérouler dans un climat de
cordialité, dans la mesure où les intérêts
supérieurs du Québec sont mis en cause. Dans ce dossier,
l'attitude, le comportement et les résultats obtenus par le gouvernement
libéral ne font pas de doute et s'inscrivent dans ce contexte des
intérêts supérieurs du Québec.
Un accord de cette envergure en matière d'immigration
répond, non seulement à la situation objective et historique du
Québec, mais est conforme à l'esprit et à la lettre des
revendications dites traditionnelles du Québec, dont la manifestation la
plus récente fut connue dans l'accord du lac Meech.
Enfin, on peut signaler sans se tromper qu'à la suite de l'accord
Gagnon-Trem-blay-McDougall signé entre les deux niveaux de gouvernement,
le Québec est pleinement en mesure d'assumer les responsabilités
qui lui sont confiées, ou mieux, transférées du
gouvernement canadien.
L'expertise en matière d'analyse, de sélection et de
planification de l'immigration a atteint un taux de maturité que
personne n'ose contester depuis plusieurs années. Je vois ici mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques; il est d'accord avec moi et
j'espère qu'il va voter avec nous. En effet, le Québec est l'une
des provinces qui offrent les services les plus complets à ceux et
à celles qui choisissent le Québec comme terre d'accueil et lieu
d'épanouissement et ce, dans le respect des collectivités autres
que québécoises, en harmonie avec les objectifs de protection et
de promotion du caractère francophone du Québec dans l'ensemble
canadien et de l'Amérique du Nord.
Par conséquent, nous espérons recevoir un accueil
favorable - j'en suis sûr - de la part de l'Opposition officielle
à l'égard du projet de loi 123, tout en souhaitant que les
différentes communautés culturelles déjà
implantées au Québec applaudiront à une telle initiative
qui fait suite à de nombreuses démarches et discussions avec le
gouvernement canadien. Pour ma part personnelle, je souhaite féliciter
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration pour sa
ténacité et pour avoir réussi à conclure cette
entente. Pour notre part, comme groupe, nous estimons que le projet de loi 123
correspond à cet objectif d'ensemble de mieux maîtriser notre
avenir et d'être libres de nos choix. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Richelieu. Sur le même sujet, je cède
maintenant la parole à M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, en vous rappelant, M. le député, que
vous agissez comme critique. Vous disposez donc, tel qu'indiqué tout
à l'heure par le leader adjoint de l'Opposition officielle, d'une heure
pour votre intervention. M. le député.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je commencerai
immédiatement par répondre à mon honorable
collègue, député de Richelieu, en lui disant que, oui,
l'Opposition a bien l'intention de concourir. Une de ses premières
manifestations a été, pour ma part, M. le député,
de ne pas
appeler le quorum puisqu'il n'y avait pas suffisamment de vos
collègues pour écouter vos propos si élevés, et je
le regrette. Quant à moi, je les ai bien appréciés.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais, avant de commencer cette
intervention, dire que c'est pour moi un immense honneur que d'intervenir
après mon collègue, voisin et ami, le député de
Mercier, ancien ministre des Communautés culturelles, dont tous ont
reconnu, au cours de la commission parlementaire où nous siégeons
actuellement - et vous en avez été témoin, M. le
député de Richelieu - où tous ont reconnu - même si
cela fait six ans qu'il n'exerce plus cette fonction ministérielle - et
continuent de reconnaître sa grande générosité, son
humanisme et son implication. Et j'aimerais, M. le Président, le
remercier de m'associer à ce débat en faisant de moi une
espèce d'adjoint parlementaire de lui-même, puisque nous avons
cette belle et bonne habitude tous deux de nous épauler mutuellement
dans la défense des dossiers que nous a confiés le chef de
l'Opposition. J'apprécie toujours l'aide précieuse de mon
collègue, le député de Mercier, lorsqu'il s'agit de la
défense des dossiers de la culture, et j'espère qu'il
appréciera ma modeste contribution dans le dossier qui le
préoccupe, qui est le dossier de l'immigration. (18 h 10)
Ceci dit, M. le Président, s'il est un endroit en ce pays
où la justice a ses droits, où la vérité a ses
droits, je crois que c'est bien dans cette enceinte, en notre Assemblée
nationale. C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je vais
apporter un bémol à ce que je vais qualifier d'euphorie
affichée au sujet de l'accord Canada-Québec sur l'immigration et
qui constitue - et j'emploie les mots qu'employaient le ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes - une preuve que le fédéralisme
canadien peut fonctionner. C'était là excès d'euphorie,
à mon point de vue. il faut rappeler, m. le président, que
l'accord cullen-couture, que l'accord, dis-je, qui est intervenu entre la
ministre et mme mcdougall, son homologue fédéral, actualise, pour
l'essentiel, les dispositions de l'entente cullen-couture de 1978 et que cet
accord que la ministre a signé est un accord administratif ne comportant
aucune garantie constitutionnelle. le québec ne possède donc
aucune assurance, m. le président, quant à la
pérennité des termes de l'accord administratif conclu entre
ottawa et québec.
Je pense qu'il ne faudra pas perdre en considération ces propos
d'introduction dans l'analyse de la loi. D'abord, il est bon de le rajouter, la
compétence partagée en matière d'immigration demeure
soumise à la règle de sept provinces, comptant 50 % de la
population, et peut être modifiée sans l'accord du Québec,
faute de garantie constitutionnelle, puisque je le répète, il
s'agit simplement d'un acte administratif. L'accord sur l'immigration n'est pas
à l'abri de contestations juridiques provenant d'autres provinces,
notamment à l'égard du pourcentage d'immigrants dévolu au
Québec.
Même si, M. le Président, à première vue,
l'entente peut sembler quasi permanente que l'on peut y mettre fin sans le
consentement des deux parties, il faut souligner cependant que la
légalité constitutionnelle d'un tel engagement
fédéral est douteux. En effet, il est généralement
admis, M. le Président - et je sais que les choses constitutionnelles
vous intéressent - que, juridiquement, un gouvernement ne peut s'engager
à ne pas exercer une compétence que lui confère la
Constitution, par rapport à l'enchâssement constitutionnel de
l'entente Cullen-Couture, inclus comme l'une des cinq conditions minimales du
Québec dans le défunt accord du lac Meech. L'accord administratif
qui a été conclu entre la ministre et son homologue, ne
s'avère être, à mon point de vue, qu'un prix de consolation
pour le Québec. En dépit de cet accord, M. le Président,
l'immigration continue de demeurer une compétence partagée entre
le gouvernement fédéral et le gouvernement national du
Québec, et j'insiste bien en disant "le gouvernement national du
Québec."
Or, je sais, M. le Président, que dans la position
constitutionnelle du parti ministériel, l'immigration continue
d'être un pouvoir partagé. On ne veut pas que ce soit un pouvoir
exclusif, ils ne le demandent pas! Mais moi, je me suis toujours
rattaché à cette phrase verte d'un personnage
célèbre de l'écriture d'Antonine Maillet, qui était
la Sagouine, et j'aurais bien aimé que la ministre s'en inspire - je ne
dis pas de la Sagouine, il va de soi; la ministre est, au contraire, d'une
élégance et d'une délicatesse, M. le Président, et
mon collègue le député de Mercier l'a souligné
à juste titre, mais que la ministre s'inspire de la littérature -
lorsque la Sagouine dit, "Je savions ce que je voulions, je voulions toute."
J'aurais aimé que la ministre et sa formation politique - je lui offrais
d'ailleurs des voeux à quelques heures de l'ouverture de son
congrès, qui s'est terminé samedi soir, me dit-on, une
journée avant - je lui souhaitais que l'on ait tout. "Je savions ce que
je voulions, je voulions toute", disait la Sagouine.
Moi, ma position, elle est connue; celle de mon collègue le
député de Mercier, elle est connue, M. le Président; celle
de ma formation politique, elle est connue. Je pourrais en citer, des exemples.
À la Centrale de l'enseignement du Québec, nous savions ce que
nous voulions. Nous voulions tout. Nous voulons la pleine, entière et
exclusive responsabilité de l'État québécois en
matière d'immigration. Ceci dit, ce n'est pas ce qu'on a obtenu. Ce
n'est pas ce qu'on a obtenu parce que ce n'est pas ce qu'on a demandé;
et ce n'est pas, malheureusement, ce qu'on continue de demander.
Le rapport Allaire, désavoué par le chef du Parti
libéral en disant qu'il était négociable, ne demande pas
l'exclusivité des pouvoirs. Donc, Ottawa va continuer de détenir
la responsabilité exclusive de déterminer les normes et les
objectifs nationaux en matière d'immigration. Ottawa va conserver aussi
les pleins pouvoirs à l'égard des réfugiés ainsi
que son droit de veto pour des raisons de santé, pour des raisons de
sécurité, alors que la sensibilité
québécoise est autre sur tout immigrant sélectionné
par le Québec. Ah! Une sanction sur une décision que nous aurions
aimé prendre en toute liberté.
Ottawa maintient aussi tous ses pouvoirs au chapitre des dossiers de
réunification familiale. Je pourrais vous en parler abondamment, M. le
Président. Est-ce que la définition du mot "famille" doit
être une définition puisée dans un dictionnaire
québécois ou un dictionnaire canadien? Il se pourrait... Il y a
sans aucun doute, M. le Président, une définition autre pour
famille, dans un dictionnaire québécois - on pourrait regarder le
Petit Robert - que dans un dictionnaire, M. le Président, qui est
à l'usage du gouvernement fédéral canadien. Et près
de 50 % des dossiers d'immigrants reçus au Québec continueront
donc d'être gérés par Ottawa.
Le principal gain réalisé par l'accord, à savoir la
prise en charge administrative par le Québec des programmes
d'intégration assortie d'une compensation financière
fédérale, peut sembler certes intéressant. Ça peut
sembler intéressant, mais c'est aléatoire, M. le
Président, dans la mesure où cette compensation est
conditionnelle au respect, par les programmes québécois, de
standards nationaux définis toujours par qui? Par le mon oncle d'Ottawa.
C'est notre mon oncle à Ottawa. On n'est pas assez grands garçons
et pas assez grandes filles, il faut que ce soit notre mon oncle d'Ottawa qui
décide. Si mon oncle à Ottawa dit que c'est bon, eh bien!
là, c'est parfait. Si mon oncle à Ottawa dit qu'on n'était
pas bons, là, ça ne va pas, M. le Président.
De plus, le gouvernement fédéral, le mon oncle
fédéral, invoquant - et, attention! attention! je serais
malheureux d'être dans la situation, je vous l'ai dit, madame - des
contraintes financières... parce que le mon oncle à Ottawa, eh
bien il n'a pas grand-chose dans ses poches. C'est un mon oncle cassé,
à Ottawa. Mon oncle à Ottawa, il n'a plus une cent, comme on dit
en bon québécois; il n'a plus une cent. Il pourrait invoquer des
contraintes financières relatives à la nécessité de
réduire son déficit qui prend des proportions gigantesques et
épouvantables. (18 h 20)
Le mon oncle d'Ottawa est en train de nous appauvrir nous, les neveux
québécois, d'une façon incroyable. Alors, il pourrait,
à cause de ces mesures financières, invoquant toutes les raisons
et tous les prétextes possibles, réduire l'aide en disant: C'est
parce qu'il faut que je réduise mon déficit, et mettre fin au
mécanisme de compensation financière, laissant aussi au
Québec la responsabilité entière d'assurer le financement
des programmes d'intégration des immigrants sur son territoire. Il
pourrait le faire. Il pourrait trouver toutes les voies
détournées pour le faire. Vous me faites signe que non, Mme la
ministre, et on en discutera plus à fond. Vous allez voir, le mon oncle
d'Ottawa, vous le savez d'expérience, il a toujours bien des trucs dans
son sac quand il s'agit de faire une belle passe au Québec.
Alors, l'accord - puisqu'il est convenu de l'appeler par son nom, M. le
Président - Ga-gnon-Tremblay-McDougall, intervenu en décembre
dernier fait que le gouvernement du Québec dépose - enfin, je dis
dépose - dispose plutôt maintenant, effectivement, de certains
pouvoirs en matière d'intégration et de sélection des
immigrants. Et l'accord doit entrer en vigueur le prochain 1er avril, donc
à quelques jours tout au plus. Les dispositions qui sont contenues, M.
le Président, dans le présent projet de loi permettent, et j'en
conviens, à la ministre d'exercer ses nouvelles responsabilités.
Il contient certaines dispositions quant au transfert de fonctionnaires du
gouvernement fédéral et il prévoit enfin la constitution
d'un bureau de révision des décisions relatives à
l'émission des certificats de sélection et des certificats
d'autorisation.
Si on aborde le sujet de la sélection des immigrantes et des
immigrants en vertu de l'entente Couture-Cullen, le Québec dispose
depuis 1978 de certains pouvoirs en matière de sélection de
certaines catégories d'immigrants. En gros, le Québec peut
sélectionner les immigrants indépendants, c'est-à-dire
ceux qui n'ont pas, au Québec, de parents ayant la citoyenneté
canadienne. Puisque nous sommes soumis et soumises à la
citoyenneté canadienne, nous n'avons pas encore de citoyenneté
québécoise, d'où un problème d'identification pour
les immigrants qui arrivent, ils arrivent au Québec, ils deviennent
citoyens canadiens et prêtent serment d'allégeance à la
reine d'Angleterre. Vous voyez que le décodage se passe bien. En plus
d'un mon oncle, là, on vient d'avoir une ma tante. Une ma tante anglaise
et un mon oncle canadien fédéral. Bon. Voilà.
Cette catégorie regroupe les immigrants gens d'affaires, qui est
un programme, je n'en disconviens pas, intéressant, mais qui a subi de
fortes pressions de la part des cousins du mon oncle fédéral. Les
cousins du mon oncle fédéral de notre programme pour les
immigrants investisseurs, les gens d'affaires ne l'aimaient pas trop trop. Et
ça, la ministre est obligée de convenir avec moi, les cousins
ontariens, les cousins "british columbian", les cousins manito-bains du mon
oncle fédéral, ça les agaçait. Ce programme
ingénieux qu'on avait au Québec des gens d'affaires, ça
les a fatigués. Enfin.
Alors, cette catégorie, comme je vous disais, regroupe les
immigrants gens d'affaires, les retraités et les autres
indépendants. Ils sont sélectionnés en fonction de leur
capacité à s'établir au Québec. Capacité, on
pourrait épiloguer longtemps. Au total, en excluant les revendicateurs
de statut de réfugié, cette catégorie représente
depuis 1985 - et il est bon de le citer - environ 50 % de l'immigration
québécoise. Avec la nouvelle entente, la double
évaluation, l'une fédérale et l'autre provinciale, puisque
nous sommes encore une province - aspirons à mieux que cela, j'ose
l'espérer - ne s'appliquera plus. Le Québec sélectionnera
à lui seul ses immigrants.
Ce gain du Québec ne modifie que très peu la pratique en
vertu de l'entente Cullen-Couture qui interdisait au fédéral de
donner une suite négative à la sélection du Québec,
même si celle-ci ne répondait pas à la norme canadienne. Le
changement le plus important par rapport à l'entente Cullen-Couture,
c'est que le Québec peut maintenant opérer cette sélection
sur son territoire.
C'est un gain. Je ne le nie pas. Mais "je savions ce que je voulions, je
voulions toute." Donc, ce n'est qu'un gain. Ce n'est qu'un gain. Petit gain. Et
le député de Richelieu disait: Ottawa nous a cédé.
Quelle bonté! Le mon oncle fédéral nous a
cédé des choses. Quelle bonté! Peuple à genoux,
remercions-le de sa générosité! Les autres
catégories d'immigration, que ce soit en vertu de l'entente
Cullen-Couture ou de l'entente que nous conviendrons maintenant d'appeler
Gagnon-Tremblay-McDougall, demeurent sous la responsabilité du
gouvernement fédéral. Je le dis et je le répète, le
mon oncle fédéral est encore là.
C'est toujours lui qui s'occupe des réfugiés, de la
réunification des familles ainsi que de la catégorie des parents
aidés. Et, je le répète, la sensibilité
québécoise est bien différente de la sensibilité
ontarienne, la sensibilité "nova-scotienne", si vous me permettez
l'expression, la sensibilité, enfin, des neuf autres provinces
canadiennes, de ses territoires et dépendances. C'est toujours lui qui
s'occupe des réfugiés, de la réunification des familles et
de la catégorie des parents aidés. Ces immigrants
représentent l'autre 50 %. Et c'est là qu'intervient la
mathématique; ça représente l'autre 50 % que le
Québec accueille annuellement depuis 1985.
En cette matière, malgré ses prétentions, la
ministre n'est pas allée plus loin que Jacques Couture qui
négociait en 1978, dans un contexte tout à fait différent.
"Je savions ce que je voulions, je voulions toute." Qu'avons-nous obtenu? Rien
de bien bien plus. Même contexte. Même contexte, M. le
Président. Et, Dieu seul sait que si la ministre, M. le
Président... C'est vrai que, pour que la ministre agisse, elle aurait eu
besoin de l'appui de son gouvernement, de son parti, mais le rapport Allaire ne
le dit pas. La ministre aurait eu l'appui inconditionnel de l'Opposition. Mon
collègue, le député de Mercier - je vois entrer ma
collègue, députée de Hochelaga-Maisonneuve - votre humble
serviteur auraient été ses plus loyaux alliés, de vrais
zélotes, M. le Président. Et elle aurait eu, en plus, l'appui de
puissants organismes au Québec: la centrale des enseignants du
Québec... Mais, les immigrants, ça passe par
l'école...
Une voix:...
M. Boulerice: Vous ne voulez pas de l'appui de la centrale des
enseignants du Québec, nous dit M. le député de Papineau.
Eh bien! je vous avoue, Mme la ministre, que je suis sidéré
d'entendre un tel propos. Sidéré, M. le Président! Vous
auriez eu l'appui de la FTQ, la puissante Fédération des
travailleurs du Québec, vous auriez eu celle de la CSN, vous auriez sans
doute eu celle des mouvements Desjardins, vous auriez eu... Et je vois que le
président m'impose de conclure à cause-Une voix: Le
bâillon.
M. Boulerice: Non, ce n'est pas un bâillon, ce n'est pas
dans l'habitude de notre président, mais je sens que... Enfin, de toute
façon, on va poursuivre demain. Mais si la ministre avait eu le
même dicton que ce personnage de la Sagouine: "Je savions ce que je
voulions, je voulions toute", eh bien, vous auriez obtenu tout parce qu'on
aurait tous été avec vous. Vous n'avez pas voulu le faire, Mme la
ministre, donc vous n'avez que le demi-pouvoir et on aura probablement -
j'espère que non - des demi-résultats. Mais, de toute
façon, on y reviendra demain, M. le Président, puisqu'il semble
que l'horaire nous impose d'en faire un roman-feuilleton. Alors, on reviendra
demain et on discutera plus à fond des impacts et de ce qui reste encore
à ce que j'appelle le mon oncle fédéral qui continue
à mettre ses doigts dans nos papiers de famille. Et l'immigration, c'est
une chose qui nous appartient à nous. Je vous remercie et à
demain matin, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je comprends que vous avez
l'intention de continuer votre intervention, puisque vous disposez encore de 35
minutes, de sorte que vous faites motion pour ajourner le débat.
M. Boulerice: Voilà! Motion d'ajournement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté. (18 h 30)
Débat de fin de séance
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ceci met fin
à nos travaux réguliers. Nous allons maintenant procéder,
tel qu'indiqué, au débat de fin de séance requis par Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve et adressé à M.
le ministre des Affaires municipales, débat de fin de séance qui
portera sur la réforme de la fiscalité municipale et son impact
sur la ville de Montréal. Alors, je vous indique, Mme la
députée, que vous disposez de cinq minutes. M. le ministre, vous
disposerez vous-même également d'une période de cinq
minutes et, Mme la députée, vous aurez droit à une
réplique de deux minutes. Alors, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, je vous cède la parole. Mme la
députée.
Impact de la réforme de la fiscalité
municipale sur la ville de Montréal
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. J'ai relu avec
attention l'échange que j'ai eu cet après-midi avec le ministre
des Affaires municipales durant la période de questions et je voudrais,
M. le Président, reprendre certains éléments qu'il
mentionnait, d'autant plus qu'ils peuvent prêter à confusion. Je
pense, entre autres, à cette référence, à la
contribution de l'usager du transport en commun à Montréal qui,
selon lui, s'évalue à près de trente-sous sur la piastre
que paie le passager, trente-sous étant donné que sur le dollar
qui est versé pour le financement du transport en commun... Mais je
voudrais vous rappeler qu'il n'en reste pas moins que le ticket de métro
vaut 1,25 $ aux jours d'aujourd'hui et que les éléments que le
ministre envisageait pour permettre, disait-il, à la ville de
Montréal d'aller chercher les sommes d'argent - on parle de 138 000 000
$, la facture que les Montréalais auront à payer de ce qu'il a
apporté comme proposition...
Alors, le ministre envisageait, finalement, à la fois une hausse
de tarif possible, à la fois une hausse de l'évaluation
résidentielle possible et, disait-il, une hausse du secteur commercial
et industriel, appelé le secteur non résidentiel, qu'il
évaluait autour de 9 % à 10 %. Alors, en réexaminant tout
ça, je me rends compte que le ministre n'a certainement pas reçu
les messages des dirigeants de la Commission métropolitaine de transport
et, en particulier, de ceux de la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, à l'effet que les tarifs
sont à un niveau au point où toute augmentation
supplémentaire ne pourrait avoir qu'un effet de diminution de
l'achalandage avec des coupures de service.
M. le Président, je vous rappelle que sur les 800 000 usagers du
métro chaque jour à montréal, il y en a 75 % qui
l'utilisent pour aller travailler et que 45 % de ces personnes n'ont pas
d'automobile. faut-il rappeler la situation, évidemment
particulière, de montréal? la population montréalaise,
c'est aujourd'hui la plus vieille, la plus pauvre de l'ensemble du
québec. c'est évidemment, également, la population qui
doit absorber actuellement le fardeau fiscal le plus élevé. les
données de statistique canada indiquent qu'à montréal,
l'incidence de pauvreté est deux fois plus élevée dans la
ville de montréal que dans tout le reste de la région
métropolitaine, qu'il y a davantage de pauvres à montréal
que d'habitants dans toute la population de la gaspésie et de la
côte-nord réunies, que le revenu moyen des ménages de la
ville de montréal est de 15 % plus bas que la moyenne du québec
et de 20 % plus bas que la moyenne métropolitaine. ce que cette
réalité cache, c'est une autre réalité sur
l'incidence de la pauvreté dans certains quartiers de montréal
qui atteint jusqu'à 40 %.
Là, on ne parle pas, évidemment, de cette
réalité qui est celle des grandes villes nord-américaines
avec des problèmes sociaux beaucoup plus graves, liés notamment
à des situations particulières comme celle des familles
monoparentales, des personnes âgées. Montréal a le double
de la moyenne des personnes âgées du Québec et, dans ce
contexte-là, M. le Président, ce que le ministre est venu nous
dire cet après-midi, c'est: Alors, allez du côté de la
hausse des taxes foncières pour le résidentiel. Ça veut
dire quoi, ça, M. le Président, à Montréal?
Ça veut dire ceci: II y a eu, oui, il y a eu un marché immobilier
hyperactif entre les années quatre-vingt-six et quatre-vingt-huit et
puis, ça a provoqué des fortes hausses de valeurs
mobilières, mais, M. le Président, ça, ce sont des
augmentations sur papier de la valeur de la propriété des
maisons. Ça n'indique pas que les gens ont les moyens de s'acquitter de
leurs hausses de taxes et, avec ce qu'on sait être les revenus à
la baisse des Montréalais en comparaison avec tous ceux du
Québec, là, on doit se rendre compte qu'il y a là, si ce
sont des hausses de la valeur résidentielle, ce sont les locataires qui
vont payer. 75 % des gens qui habitent à Montréal sont des
locataires, contrairement au reste du Québec qui connaît
maintenant une majorité de propriétaires.
Et c'est évidemment une difficulté qui va être
encore accrue d'accès à la propriété à
Montréal. L'écart fiscal est déjà très grand
et, M. le Président, j'ai vérifié un certain nombre de
chiffres. J'aurai l'occasion d'y revenir, évidemment, en conclusion de
cet échange, mais actuellement, l'effet pervers le plus
inquiétant, c'est de financer une sorte d'exode vers des secteurs
limitrophes...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demanderais de
conclure, Mme la députée.
Mme Harel: ...même aux couronnes qui entourent
Montréal, là où il n'y aura pas de hausse, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée. Je cède maintenant la parole à M. le
ministre des Affaires municipales. Vous avez droit à une intervention
maximum de cinq minutes, M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, M. le Président. Je voudrais tout d'abord
rappeler à la député de Maisonneuve que ce sujet doit
être situé dans la perspective plus large de l'ensemble des
finances publiques du Québec. De toutes les parties du Québec, on
signifie présentement au gouvernement qu'on est trop taxés. Le
gouvernement en est très conscient. Il a fait tout ce qui était
humainement possible pour éviter de hausser le fardeau fiscal des
contribuables et malgré ces efforts, nous en arrivons à la
situation où il faut imposer des compressions budgétaires dans
à peu près tous les secteurs.
Cet après-midi, l'Opposition a interrogé le ministre de
l'Éducation sur les compressions qui ont été requises dans
le secteur de l'éducation. C'est la même chose dans tous les
secteurs du gouvernement. Alors, il faut bien se rendre compte, à ce
moment-là, que les sources de revenus du gouvernement sont
présentement utilisées au maximum. Avant de concevoir un
accroissement du fardeau fiscal, il faut se demander où les exigences
découlant de cet accroissement tomberont.
Or, nous constatons une chose quand nous examinons le fardeau fiscal des
contribuables québécois, par comparaison avec celui des
contribuables et des entreprises en Ontario, nous constatons qu'en ce qui
touche les sources provinciales de revenus, le contribuable
québécois, individuel et corporatif, est taxé à un
niveau qui est 11,3 % supérieur à celui de l'Ontario, tandis que
si nous regardons les taxes municipales et scolaires, nous constatons que le
contribuable québécois est taxé à 17,3 % de moins
que le contribuable individuel et corporatif de l'Ontario.
Si, par conséquent, une certaine perception additionnelle doit
être envisagée, je pense qu'il est normal que le gouvernement
regarde de ce côté où il existe un espace fiscal plus grand
à l'heure actuelle. Et le gouvernement, quand il fait cette
considération, n'adresse pas du tout un blâme aux
municipalités. Bien au contraire, il reconnaît l'excellent travail
qu'elles ont fait, mais il leur rappelle que nous faisons tous partie de la
même famille fiscale, publique, la même famille appelée
à se donner des services publics de qualité convenable, à
un coût raisonnable, et moyennant des charges équitablement
réparties entre les différents secteurs de la population.
En ce qui touche le secteur de Montréal, si nous appliquons
intégralement la proposition gouvernementale du 14 décembre
dernier, la hausse du fardeau fiscal qui en résultera pour l'impôt
foncier général, comprenant à la fois le
résidentiel et le non résidentiel, est de 0,8 %. C'est un des
plus bas de tout le Québec. Pour l'ensemble de la communauté de
ITIe de Montréal, la Communauté urbaine de
Montréal, c'est 1,4 %. Si nous prenons maintenant uniquement le non
résidentiel, l'impôt supplémentaire qui serait
chargé au non résidentiel, nous arrivons à 13,9 %.
Comme je l'ai expliqué cet après-midi à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, si nous considérons
cette hausse dans la perspective de l'ensemble des charges fiscales que porte
à Montréal le secteur non résidentiel, il s'agit d'une
augmentation de l'ordre de 3,4 %. Or, je ne pense pas que ce soit
exagéré. Je ne pense pas que ce sera de nature à
éloigner, comme on le prétend, les citoyens de
Montréal.
En ma qualité de ministre des Affaires municipales, je veux que
la vie à Montréal soit de plus en plus appréciée et
qu'on puisse y faire sa vie convenablement dans des circonstances qui attirent
les gens à Montréal plutôt que de les éloigner vers
la périphérie. (18 h 40)
Maintenant, ce que je disais cet après-midi, c'est qu'il y a
trois sources possibles de financement pour compenser la disparition
éventuelle des subventions gouvernementales: il y a le
non-résidentiel dont nous avons parlé jusqu'à maintenant,
il y a le foncier général et il y a la contribution de l'usager
également. Je n'ai pas dit qu'il fallait augmenter la contribution de
l'usager. Je n'ai pas dit qu'il fallait augmenter l'impôt foncier
général. J'ai dit que ce sont des sources qu'on peut
considérer et qu'on pourrait arriver à un mélange qui
serait peut-être plus intéressant. Si, par exemple, au lieu de
tout envoyer du côté du non-résidentiel, on partageait
ça moitié-moitié, entre le général et le
non-résidentiel, on arriverait à une hausse de 6 % pour le
résidentiel et de 9,2 % pour le commercial et l'industriel. Et c'est une
moyenne qui se compare fort bien avec celle qu'on observe ailleurs. J'ajoute
une chose. Quand les investisseurs prennent la décision de situer leurs
investissements à tel ou tel endroit, ils considèrent d'abord le
fardeau fiscal au niveau provincial, pour le choix du pays au niveau
fédéral, évidemment, et pour le choix de la province au
niveau provincial et, pour le choix du lieu où ils iront, les
considérations relatives aux impôts locaux sont secondaires parce
que le volume de ces impôts est beaucoup moins élevé. Par
conséquent, je pense qu'il faut envisager une nouvelle
répartition des charges. Nous n'avons pas le choix, la seule autre
avenue, c'est l'augmentation du déficit et de la dette et
celle-là était tellement bien cultivée par le Parti
québé-
cois quand il était au pouvoir qu'il ne reste absolument plus
d'espace de ce côté. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve pour son droit de réplique de deux minutes.
Mme Harel: M. le Président, deux ou trois minutes?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Deux minutes, Mme la
députée.
Mme Louise Harel (réplique)
Mme Harel: Je ne comprends pas que le ministre puisse continuer
à parler encore d'équité quand il commente ses
propositions, quand on regarde l'impact, par exemple, sur un commerce
évalué à 500 000 $. Ce n'est pas énorme, M. le
Président, 500 000 $ pour l'évaluation d'un commerce. Il y en a
évidemment d'encore plus coûteux sur la rue Ontario ou sur
Saint-Hubert et on voit très bien des augmentations de l'ordre, par
exemple, à Montréal, de 3555 $, un pourcentage de 18 % qui va
faire passer le taux de taxe actuel de 19 511 $ par année à 23
066 $.
Moi, M. le Président, je ne comprends pas que le ministre n'ait
pas déjà pris connaissance des craintes exprimées par le
professeur Bus-sières, qui est professeur à l'Institut national
de la recherche scientifique. Et je ne comprends pas que juste
l'évidence... On n'a pas besoin de lire des thèses pour se rendre
compte que puisqu'à Repentigny, puisqu'à Terrebonne,
puisqu'à Saint-Bruno, il n'y aura aucune augmentation de taxe, ce n'est
pas difficile d'imaginer que, lorsqu'il y aura relocalisation... On est dans un
phénomène de modernisation des entreprises et c'est à ce
moment-ci, souvent, que des décisions de relocalisation se prennent. M.
le Président, ce n'est pas compliqué de conclure qu'un bon nombre
d'entreprises, autant commerciales qu'industrielles, peuvent vouloir aller
s'installer juste à la frontière de là où ça
ne coûte pas cher. Et ce n'est même plus la ceinture autour de
Montréal; ça va être juste un petit peu plus loin. Et
là, ça va entourer, évidemment, des coûts accrus
pour l'ensemble de la société. Et c'est ça qui n'est pas
évalué dans la réforme du ministre. C'est pourquoi l'UMQ
concluait, d'ailleurs, à son caractère improvisé. Il n'y a
pas eu, évidemment, l'évaluation de l'impact social d'une telle
réforme, M. le Président, et je suis surprise de ne pas entendre
les arguments habituels à l'effet qu'il y aurait encore matière
puisque les villes auraient fait des dépenses somptuaires. M. le
Président, j'ai vérifié: L'évolution des
dépenses de la ville de Montréal depuis 10 ans atteint 6,3 %,
huit dixièmes de moins que Québec...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mme la
députée.
Mme Harel: ...qui se pose pourtant en modèle. J'ai
vérifié un autre argument du ministre, celui de ne pas
gérer la Société de transport et de ne pas vouloir la
financer, étant donné qu'il ne la gère pas, et on me dit
qu'on peut accommoder le ministre et qu'on peut faire des modifications
à la composition du conseil d'administration de la STCUM...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demanderais de
conclure, Mme la députée.
Mme Harel: ...pour faire siéger Québec, si tant est
que ça résout la question pour le faire payer, M. le
Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée. Alors, cette dernière intervention met fin
à nos travaux pour aujourd'hui, travaux que j'ajourne à demain
matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 45)