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(Quatorze heures trente minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous remercie. Veuillez vous asseoir. L'Assemblée va entreprendre ses
travaux.
Aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais déposer l'extrait d'une
pétition.
Le Président: Un instant, M. le député de
Joliette, leader de l'Opposition. Évidemment, nous avons reçu, au
Secrétariat de l'Assemblée, une pétition que vous vouliez
déposer, mais une décision a été rendue
relativement au fait que votre pétition est non conforme à ce
moment-ci au règlement. Donc, si vous voulez en déposer,
évidemment, ça prendra le consentement unanime des membres de
l'Assemblée. M. le leader de l'Opposition.
Débat sur la procédure applicable au
dépôt de pétitions
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, avec toute la
déférence que j'ai pour la présidence, j'ai l'intention de
plaider pour la recevabilité et je vais expliquer, en vertu d'abord de
la Charte des droits et libertés du Québec, à l'article
21. Et je voudrais le lire aux Québécois, M. le
Président.
L'article 21 dit bien ceci. Toute personne a droit d'adresser des
pétitions à l'Assemblée nationale pour le redressement de
griefs." Fort de cet appui dans la Charte, M. le Président, je vous
référerai à l'article 62 de nos règlements qui dit
ceci. 'Toute personne ou association de personnes peut, par
l'intermédiaire d'un député, adresser une pétition
à l'Assemblée dans le but d'obtenir le redressement d'une
situation qu'elle considère comme injuste. Le député qui
la transmet, doit l'avoir remise au bureau du secrétaire
général au moins une heure avant la période des affaires
courantes."
L'article 63 de nos règlements. "La pétition doit
s'adresser à l'Assemblée et exposer les faits sur lesquels
celle-ci a le pouvoir d'intervenir. "Elle doit être un original, contenir
la signature de tous les pétitionnaires et, s'il y a lieu, leur
désignation en tant que groupe, ainsi qu'un exposé clair,
succinct, précis et en termes modérés des faits sur
lesquels ils demandent l'intervention de l'Assemblée."
M. le Président, à la lumière des articles de notre
règlement, la pétition a été adressée
à votre bureau au moins une heure avant, respectant ainsi en toutes
lettres le règlement. Elle présente succinctement et sobrement
les faits. Elle vise à corriger une situation qui est pour le moins
aberrante et inaccoutumée et qui risque de tourner l'Assemblée
nationale en ridicule. L'article 62 est respecté. L'article 63 est
respecté. La Charte des droits et libertés nous donne une assise
légale hors de tout doute. Le règlement nous donne une assise
légale hors de tout doute. Je ne comprendrais pas qu'un membre de
l'Assemblée nationale qui se conforme en tout point à la lettre
et à l'esprit du règlement, en plus de se prévaloir de la
Charte des droits du Québec, soit bâillonné et qu'il n'ait
pas le droit, à toutes fins pratiques, de s'exprimer conformément
à notre règlement, conformément aux droits les plus
fondamentaux d'une personne et dans l'esprit et la lettre du règlement
de l'Assemblée nationale.
M. le Président, si la présidence de l'Assemblée
nationale juge qu'à ce stade-ci je n'ai pas le droit de déposer
une pétition, c'est qu'elle s'instaure en juge sur le contenu, alors que
l'Assemblée nationale n'a pas le droit de se prononcer sur un contenu.
La preuve, c'est que, quotidiennement, il y a des députés en
cette Chambre qui lisent des pétitions avec lesquelles ils sont en
profond désaccord parce que leur gouvernement a agi, par exemple, sur le
logement. Ils sont d'accord avec les décisions du gouvernement, mais ils
se lèvent pour et au nom des citoyens pour manifester un
désaccord quelconque. Et la présidence n'est jamais intervenue,
la présidence ne s'est jamais imposée comme juge sur le contenu
des pétitions. À ce stade-ci, M. le Président, le groupe
qui veut déposer une pétition se voit refuser par la
présidence de l'Assemblée nationale qui n'a pas à juger du
fond des choses, qui n'a qu'à juger si la forme est conforme ou pas. Et
je mets au défi la présidence de l'Assemblée nationale de
nous prouver que la forme n'est pas là. Ça n'a pas d'allure.
Le Président: Alors, sur la question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Michel Pagé
M. Pagé: m. le président, très
brièvement. je peux vous indiquer que la question soulevée par le
député de joliette et leader parlementaire de l'opposition
revêt un certain intérêt puisque
c'est véritablement de facture nouvelle, puisqu'il s'en
réfère au texte même de l'article 62 de notre
règlement qui indique que "toute personne ou association de personnes
peut, par l'intermédiaire d'un député, adresser une
pétition à l'Assemblée nationale dans le but d'obtenir le
redressement d'une situation qu'elle considère comme injuste."
Ça, c'est le principe.
Pourquoi, M. le Président, notre règlement, nos
collègues, les députés, la tradition, la coutume a fart en
sorte, finalement, que le droit à présenter une pétition
soit accordé à des gens? C'est que c'est une façon pour
ces personnes, ces associations, ces groupes, ces entités qui sont
à l'extérieur du Parlement, qui veulent sensibiliser tantôt
le gouvernement, tantôt l'Assemblée nationale, de le faire par une
procédure qui s'appelle la procédure des pétitions.
D'ailleurs, ça se fait régulièrement et, somme toute, le
député, lorsqu'il se lève pour déposer une
pétition, le fait pour et au nom de personnes, de citoyens, j'en
conviens. Là où on distingue - notre opinion est probablement un
peu différente, le leader de l'Opposition et moi - c'est que le leader
soutient que le député lui-même, un groupe, une personne
députée ou encore une association de députés -
exemple concret, l'Opposition officielle - pourrait présenter une
pétition. Le leader de l'Opposition soutient qu'il peut, finalement, se
pétitionner lui-même.
Ceci étant dit, M. le Président, pour moi, le rôle
fondamental du parlementaire, c'est d'intervenir, donner son opinion, voter -
et c'est de voter surtout, c'est ça, le rôle du Parlement -parler,
discuter, amender, voter, modifier, sanctionner, etc. Je vous soumets que cette
question revêt une telle importance que si vous jugez opportun de la
prendre en délibéré, premièrement, et,
deuxièmement, si vous jugez opportun de la soumettre à l'examen
de la commission de l'Assemblée nationale - les parlementaires, on en a
convenu, avant la période des fêtes, de revoir certaines
dispositions de notre règlement - je serais heureux de m'associer
d'emblée à cette démarche de réflexion et
d'analyse. Mais, fondamentalement, pour moi, la pétition s'appuie sur
une volonté de notre système de faire en sorte que des gens de
l'extérieur puissent s'adresser à nous via des
députés.
Le Président: Alors, toujours sur la même question,
M. le leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Tout d'abord, nous, M. le Président, de ce
côté-ci de la Chambre, on pense que toute personne a droit
d'adresser une pétition à l'Assemblée nationale. On se
prend comme tous les citoyens ordinaires, on ne se prend pas pour d'autres; on
est des citoyens ordinaires...
Une voix: C'est ça. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...on a le droit de se comporter de même.
Des voix: Oui! Oui!
M. Chevrette: Et, M. le Président, je voudrais attirer
votre attention sur le fait suivant. Ce serait un précédent, M.
le Président, que nous ne pouvons pas accepter pour les motifs suivants:
la présidence de l'Assemblée nationale n'est qu'un instrument
dans la mécanique du dépôt. La présidence doit
s'assurer que la pétition est conforme, qu'elle s'adresse à
l'Assemblée nationale. Elle n'a à juger d'absolument rien. Ce
sont des pétitionnaires, des citoyens, des personnes qui décident
de poser un geste, d'adresser une demande à l'Assemblée
nationale. Le président de l'Assemblée nationale n'a qu'à
regarder la formule de la pétition et dire: Bon, cette pétition
c'est une demande à l'Assemblée nationale de corriger telle
situation. C'est tout ce que la présidence a à porter comme
jugement, M. le Président. Nous n'aurions pas laissé au
Secrétariat de l'Assemblée nationale le soin de définir le
bien-fondé, quant à son contenu, d'une pétition. Elle n'a
qu'un regard quant à la forme. (14 h 40)
Si la pétition s'adresse à un ministre, ce n'est pas
conforme. Mais, dès que la pétition s'adresse à
l'Assemblée nationale, je m'excuse, M. le Président, mais le
rôle de la présidence et du Secrétariat de
l'Assemblée nationale, il devient tout simplement automatique. Sinon, M.
le Président, vous devenez le juge d'un contenu, et ça ne regarde
en rien la présidence de l'Assemblée nationale. Au contraire, si
on vous avait donné le pouvoir de juger du bien-fondé, de
l'opportunité, bien, on vous aurait laissé tous les pouvoirs en
main. Ce n'est pas ce qu'on a fait quand on a rédigé le
règlement. Lorsqu'on a rédigé le règlement,
c'était pour que ça se fasse dans un certain ordre. On a dit:
Ça ne peut pas être une pétition adressée au
ministre des Transports, il faut que ce soit l'Assemblée nationale qui
demande au pouvoir exécutif. Et c'est exactement... À la lettre,
cette pétition est conforme sur tout.
Dès que vous faites porter votre jugement sur autre chose que sur
la conformité, M. le Président, je m'excuse, mais à ce
moment-là, carrément, on crée un préjudice
vis-à-vis des citoyens à qui on a permis d'adresser une
pétition en cette Chambre. On crée un préjudice. On
crée un bâillon. Ce n'est pas l'esprit de la loi, M. le
Président. Il aurait fallu, à mon point de vue, pour nous
empêcher de déposer cette pétition aujourd'hui, M. le
Président, que le
leader du gouvernement se lève et, sur une motion, je ne sais
trop quelle, dise: Je veux suspendre les effets des articles 62 et 63 pour la
journée d'aujourd'hui. Ça n'a pas été fait.
Dès que je me lève, que ma pétition est conforme,
qu'elle respecte à la lettre le règlement, M. le
Président, avec tout le respect que j'ai pour la présidence, je
m'excuse, mais on ne peut pas faire jouer un rôle à quelqu'un qui
n'a pas le droit de le jouer. Votre rôle ne se limite qu'à
regarder, dans le cas des pétitions, la légalité du
document. Et le document est tellement légal, il est tellement dans ses
formes... Nous avons pris la peine de regarder les articles 62 et 63; nous
avons pris la peine de regarder la Charte des droits du Québec, M. le
Président, et on est surpris - on est surpris en tout cas - que vous
vous soyez avisé, même, de nous transmettre avant la
présente Assemblée, une lettre qui se lit comme suit: "J'ai
examiné la pétition que vous avez transmise au secrétaire
général concernant le contrat signé avec la
société Norsk Hydro Canada inc.
M. Pagé: M. le Président.
M. Chevrette: "Je dois malheureusement vous informer que, dans
les circonstances présentes...
M. Pagé: M. le Président...
M. Chevrette: ...la lecture et le dépôt de l'extrait
- j'achève, M. le Président, je suis en train de lire votre
lettre...
Le Président: Oui, allez-y, allez-y.
M. Chevrette: Ça ne doit pas être scandaleux trop,
trop. "Je dois malheureusement vous informer que, dans les circonstances
présentes, la lecture et le dépôt de l'extrait de cette
pétition contreviendraient à l'article 35.3." L'article 35.3 du
règlement dit: "...parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou
un organisme quasi judiciaire, ou qui fait l'objet d'une enquête, si les
paroles prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce
soit;11.
Encore une fois, je voudrais parler de l'article 35.3. L'article 35.3,
M. le Président: Si quelqu'un était poursuivi au pénal ou
si quelqu'un était en procès avec Hydro-Québec et que
risquer de dévoiler des choses nuirait à Hydro-Québec...
En l'occurrence, c'est un contrat négocié, un contrat
publicisé dans d'autres parties du monde, M. le Président, un
contrat qui ne peut plus créer préjudice, il est signé, il
aurait fallu que vous nous en parliez avant. Si les préjudices existent,
ils existent pour ceux qui réclament de le voir parce qu'il n'y a pas de
préjudice pour ceux qui l'ont signé. C'est fait, M. le
Président, c'est signé. Il ne peut pas exister de
préjudice pour Hydro-Québec, ils l'ont signé. Et les
Québécois, eux, les personnes... En vertu de l'article 35,
d'ailleurs, votre prédécesseur, M. le Président, avait
bien dit que tout ce qui n'était pas pénal, on pouvait l'invoquer
dans ses grandes lignes, c'est ce qu'on fait. L'article 35, M. le
Président, est beaucoup plus en fonction du droit de parole d'un
individu qui questionne ou qui intervient, mais l'article 62, lui, n'est pas
touché par l'article 35. L'article 35, nous ne nous faisons que le
porte-parole pour déposer quelque chose pour des citoyens. Ça
m'apparaît, M. le Président, abusif, ça m'apparart
contraire au respect des droits des parlementaires, ça m'apparart
contraire à la Charte du Québec, ça m'apparaît
contraire à l'esprit du règlement et à la lettre du
règlement, articles 62 et 63, et ça m'apparaît
carrément de l'abus de pouvoir.
Le Président: Alors, sur la même question, M. le
député de Westmount.
M. Richard B. Holden
M. Holden: Merci, M. le Président. Quand on parle de toute
personne, je crois que j'en suis. Alors, avant de faire mes remarques, je veux
ajouter quatre noms à la pétition du leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
Des voix: Bravo!
M. Holden: Ça, c'est l'égalité! M. le
Président, l'article 35, comme a dit le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, parle de ce qui peut porter préjudice à
qui que ce soit. Le dépôt du document en question, non seulement
ça ne porte pas préjudice à qui que ce soit, ça
aide le public québécois à savoir ce qui se passe dans la
plus grande industrie de la couronne du Québec. Quand même! M. le
Président...
Le Président: Un instant! S'il vous plaît, un
instant! Sur une question de règlement.
M. Pagé: M. le Président, la question de
règlement qui est actuellement, là, débattue: Est-il
possible pour un député de déposer une pétition, en
vertu de l'article 62, non pas au nom de, bon, etc., mais en son nom ou au nom
d'un groupe de parlementaires? Et là le député
représentant du Parti Égalité, qui vient de s'associer
stratégiquement avec le Parti québécois, plaide sur le
fond et la pétition n'est pas même déposée. Puis,
d'ailleurs, une pétition ne doit même pas faire l'objet de
débat. Je vous invite, M. le Président, à rappeler le
député, qui, j'en conviens, est une personne.
Le Président: Un instant. Sur la question de
règlement.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Non. Sur cette question de règlement,
là, je vais reconnaître le pouvoir au député
d'intervenir et de continuer son argumentation sur la recevabilité. S'il
vous plaît! Je vais écouter le député de
Westmount.
M. Holden: M. le Président, si j'ai bien compris la lettre
que le leader de l'Opposition officielle a reçue, c'est qu'on se base
sur l'article 35 pour ne pas accepter la pétition. Alors, je veux
présenter quelques arguments à rencontre de l'application de
l'article 35. Je vous dis, M. le Président, que l'article 35
s'appliquerait si la Cour supérieure n'était pas au courant du
contrat. Le contrat a été produit à la Cour
supérieure. Ce n'est pas de l'ingérence dans le système de
la justice que de produire le document, qui est mondialement connu, devant
l'Assemblée nationale du Québec. C'est le bon sens même que
le peuple québécois a le droit de savoir ce qui est dans ce
contrat et je vous soumets, M. le Président, que l'article 35.3° ne
s'applique pas du tout.
Le Président: Toujours sur cette question, M. le leader de
l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, un dernier argument que je
voudrais vous faire valoir. L'article 35 du règlement, c'est lorsqu'un
député se lève, soit pour poser une question, soit pour
intervenir sur le fond d'une chose qu'en vertu de l'article 35, vous pourriez
empêcher quelqu'un. Je reconnais que vous pourriez empêcher
quelqu'un qui déborderait le cadre de l'extrait de la pétition et
qui ferait des commentaires personnels. Vous pourriez vous lever et lui
demander de respecter à la lettre l'extrait de la pétition qu'on
a bien voulu déposer.
Mais dans le cadre de l'article 35, quand on se lève au niveau
des pétitions, M. le Président, c'est purement et simplement pour
transmettre à l'Assemblée nationale ce qui a été
reçu sans commentaires, et vous le dites très souvent. Vous vous
servez de l'article 35 qui est un article pour encadrer un droit de parole d'un
individu quand il parle pour et en son nom, mais lorsqu'il dépose une
pétition à l'Assemblée nationale, c'est de l'automatisme
et invoquer l'article 35 à ce moment-là, ça
m'apparaît carrément considérer le dépôt d'une
pétition comme un discours. C'est considérer le
dépôt de la pétition comme un exposé qu'on fait. Ce
n'est pas ça. C'est un devoir qu'un député se fait de
transmettre à la Chambre un document qui lui est parvenu. (14 h 50)
À mon point de vue, invoquer l'article 35, en droit, c'est
complètement errer par rapport à nos règlements de
l'Assemblée nationale. C'est errer carrément en droit.
Je ne dirais pas la même chose sur l'article 35, M. le
Président, si c'était un procès, s'il y avait des enjeux,
s'il y avait des négociations en cours, s'il y avait une foule
d'événements. Mais ça m'apparaît... La
procédure utilisée par 62 est tout à fait conforme, je le
répète. Se servir de l'article 35, ça m'apparaît un
moyen dilatoire de bâillonner des citoyens, de bâillonner des
personnes et ça m'apparaît contraire à l'esprit d'abord du
règlement, à l'esprit de la Charte, et même, M. le
Président, si j'allais plus loin, ça va même à
rencontre, à mon point de vue, du droit fondamental que vous avez de
respecter les droits fondamentaux des parlementaires.
Décision du Président
Le Président: Alors, sur cette question, M. le leader de
l'Opposition, je dois vous dire qu'un des principes qu'on doit établir,
il appartient à l'Assemblée, c'est un de ses grands
privilèges, qui est édicté à l'article 9 de la Loi
sur l'Assemblée nationale, que l'Assemblée est compétente
pour établir ses procédures. C'est de la compétence de
l'Assemblée. Dans le cas de la pétition que vous avez soumise
à l'Assemblée, vous m'avez mentionné, évidemment,
que la pétition qui est déposée, la présidence doit
en dernier ressort décider de sa recevabilité, dans le sens:
est-ce qu'elle est conforme au règlement de l'Assemblée
nationale? Est-ce qu'elle est conforme aux pouvoirs qui appartiennent à
l'Assemblée nationale?
Je pense que c'est une question de fond et la présidence est apte
à se prononcer là-dessus tout comme sur les questions de forme.
Dans le cas qui nous occupe pour votre pétition, je n'ai
référé d'aucune façon au fait que votre
pétition ne serait pas conforme au règlement, en aucun temps. Ce
que j'ai spécifié - donc, votre pétition dans ce
sens-là serait recevable - dans le deuxième alinéa de la
lettre que je vous ai transmise: je dois malheureusement vous informer que dans
les circonstances présentes, la lecture et le dépôt de
l'extrait de cette pétition contreviendraient à l'article 35,
paragraphe 3 du règlement. En conséquence, ils ne peuvent
être effectués, du moins, pour l'instant.
Quelle est la question qui est soulevée par l'article 35,
paragraphe 3°? Vous avez fait allusion à la Charte des droits et
libertés pour déposer une pétition à
l'Assemblée, j'en conviens. J'ai fait allusion, hier, à l'article
23 de la même charte qui dit que "toute personne a droit, en pleine
égalité, à une audition publique et impartiale de sa cause
par un tribunal indépendant et qui ne soit pas préjugé,
qu'il s'agisse de la détermination de ses droits et obligations ou du
bien-fondé de toute accusation portée contre elle."
Alors, dans le cas qui nous occupe actuel-
lement, la pétition récite des faits qui sont dans un
contrat entre Hydro-Québec et Norsk Hydro. Ledit contrat, suivant les
dispositions que j'ai pu constater, est actuellement en discussion devant la
Commission d'accès à l'information quant à la
publicité de ce contrat-là, quant au fait de la
confidentialité dudit contrat. Le même contrat actuellement a fait
l'objet d'une décision de la Cour supérieure par jugement sur une
injonction interlocutoire. Donc, injonction temporaire, si on veut.
Le même litige est au fond, c'est-à-dire que pour une
injonction permanente, toujours devant la Cour supérieure, donc, en
instance. Ce que la présidence dit ici, ce que je constate et ce que je
rends comme décision, c'est que votre pétition n'est pas
recevable et contrevient à l'article 35.3°, que je cite à
nouveau. 35.3° qui dit: "Le député qui a la parole ne peut
parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou un organisme quasi
judiciaire, ou qui fait l'objet d'une enquête, si les paroles
prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce soit." Le
préjudice pourrait être en conséquence de faire en sorte
que le droit à un procès juste et équitable ne soit pas
accordé.
Je vais vous référer en matière civile. La
présente instance est une affaire civile. Je vais vous
référer à une décision du président Richard
Guay, du 20 mars 1984, qui s'expliquait ainsi sur une question posée par
l'Opposition à un ministre relativement à l'écoute
électronique sur une question d'écoute électronique dans
deux ministères. Et le président Guay disait et je le cite: "Je
vous rappelle immédiatement qu'il existe un litige devant les tribunaux
civils à cet effet et qu'on s'approche très dangereusement du
coeur même du litige. Il est absolument interdit en Chambre de parler du
coeur du litige." Et le président se référait à ce
moment-là exactement à l'article 35, paragraphe 3° du
règlement.
Je prends les mêmes dispositions du règlement de
l'Assemblée pour dire actuellement: Je ne me prononce nullement sur la
question du contrat d'Hydro-Québec. La seule chose qui occupe la
présidence actuellement, c'est que la Commission d'accès à
l'information est saisie d'une question sur la confidentialité d'un
contrat. Également, la Cour supérieure a rendu un litige faisant
en sorte d'interdire la publication du contrat en question. Me basant
là-dessus, sur 35.3°, je dis qu'on ne peut, à
l'Assemblée, à ce moment-là parler directement des clauses
du contrat, tel que l'injonction l'a spécifié, et qu'on ne peut
non plus dévoiler les clauses du contrat. Sans ça, on
contreviendrait également à la Charte des droits, l'article 23
que j'ai cité tantôt. Mais on a parlé d'indépendance
du pouvoir judiciaire, l'Assemblée nationale doit respecter le pouvoir
judiciaire. Ça a été cité à maints
égards.
Et l'Assemblée nationale également, M. le
député. L'Assemblée nationale est souveraine, suivant ses
règlements. Et dans son règlement, par l'article 35.3°, elle
s'est soumise à la convention qui, dans tous les Parlements
britanniques, y compris, à ce moment-ci, pour nous, est une disposition
écrite de notre règlement. En conséquence, pour moi, c'est
très clair là-dessus.
Finalement, un dernier point que je voudrais vous mentionner.
Très souvent, dans des discours à l'Assemblée nationale ou
dans une intervention, et même ça pourrait être dans une
pétition, il y a certaines paroles en vertu de 35, paragraphe 3°,
qu'on ne peut prononcer. Il y a certaines accusations qu'on ne peut
alléguer contre les députés de cette Chambre. Est-ce qu'on
pourrait faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement? La
réponse est non. Et à maintes occasions, la présidence l'a
décidé. Par exemple, un article de journal qui emploierait des
propos non parlementaires en Chambre, un député ne peut lire un
tel article, la présidence va l'arrêter en le
référant à l'article 35 du règlement.
Si une pétition contient des termes non conformes à notre
règlement, comme ceux convenus à l'article 35.3°, le
président dort, à ce moment-là, exactement de la
même façon faire en sorte qu'on ne puisse en discuter. C'est pour
ça que dans la décision finalement rendue sur votre
pétition, j'ai inscrit "du moins pour l'instant". Dépendant de la
décision du tribunal, nous verrons à ce moment-là, quand
le litige ne sera plus en instance, comment nous pourrons procéder.
Est-ce qu'il y d'autres pétitions à déposer? Il n'y
a pas d'autre pétition.
J'entends des remarques à ma gauche de gens à qui je n'ai
pas donné la parole. Si vous avez quelque prétention contre la
présidence, vous ne pouvez d'aucune façon attaquer la
présidence dans ce sens-là. Il y a des motions de prévues
à cette fin-là. Je vous prie d'exercer votre droit si vous pensez
qu'il y a un droit.
Interventions portant sur une violation de
privilège
Maintenant, nous allons procéder aux interventions portant sur
une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Avis du député de D'Arcy-McGee
J'ai reçu dans les délais requis un avis du
député de D'Arcy-McGee indiquant son intention de soulever une
question de privilège. Selon le député de D'Arcy-McGee, le
refus du gouvernement de produire le contrat signé entre
HydroQuébec et Norsk Hydro doit être considéré comme
un refus envers tous les députés de l'Opposition et ce geste
porterait atteinte à
l'article 43 de la Loi sur l'Assemblée nationale stipulant qu'un
député jouit d'une entière indépendance dans
l'exercice de ses fonctions. Toujours selon le député de
D'Arcy-McGee, les députés de l'Opposition ont le droit
d'interroger le gouvernement sur l'administration de la province. Si le pouvoir
peut à tout moment bloquer la production de documents essentiels
à l'interrogation d'un ministre par un député
indépendant, l'indépendance de ce dernier est inexistante et perd
tout son sens.
Après avoir pris en considération les points
soulevés par le député de D'Arcy-McGee, j'en arrive
à la conclusion que prima facie aucun privilège ne semble avoir
été violé. Je ne nie pas le fait qu'un
député jouit d'une entière indépendance dans
l'exercice de ses fonctions et que cette indépendance constitue un
privilège indispensable à l'exercice de la fonction de
député, mais l'article 43 de la Loi sur l'Assemblée
nationale ne peut être interprété de façon à
conclure que chaque fois qu'une règle de procédure établie
par l'Assemblée vient nuire aux objectifs poursuivis par le
député, il y a violation de ses privilèges.
En ce qui concerne le dépôt de document, le
règlement est clair. Si le dépôt intervient à
l'extérieur des paramètres fixés par les articles 58
à 65, un consentement est requis pour qu'il puisse se
concrétiser. Il n'existe aucune règle empêchant un membre
de cette Assemblée de refuser son consentement au dépôt
d'un document. (15 heures)
Hier, le leader du gouvernement a refusé son consentement pour
que le dépôt de document ait lieu et il en avait parfaitement le
droit en vertu de notre règlement et de nos traditions. La
présidence applique le règlement tel qu'il existe et il doit
tenir compte du refus de consentir une dérogation au règlement.
Le pouvoir de contrôle des actes du gouvernement qui s'exerce, entre
autres par le biais de la période de questions, n'engendre pas
nécessairement l'obligation pour le gouvernement de fournir toutes les
informations désirées. L'article 82 prévoit d'ailleurs
qu'un ministre peut refuser de répondre à une question en
certaines circonstances. Le refus de répondre à une question ou
encore le refus de déposer ou de permettre que soit déposé
un document pourrait engendrer des conséquences politiques, mais cela
n'a pas pour effet de violer les privilèges des parlementaires, qui
conservent toujours la possibilité de poser des questions
conformément au règlement.
En terminant, j'aimerais aviser le député de D'Arcy-McGee
et tous les parlementaires que les avis qu'ils me transmettent en vertu du
règlement doivent être signés par eux et non pas par une
autre personne agissant en leur nom et qui n'est pas député.
À l'avenir, je refuserai de prendre en considération tout avis
qui ne serait pas signé par le député.
M. Holden: M. le Président.
Le Président: Également... M. le
député de Westmount, oui.
M. Holden: Question de règlement. Le Président:
Oui.
M. Holden: D'après l'article 68, il y a une explication
que le député a le droit de faire à l'appui de sa question
de privilège; je ne vois pas qu'on en ait eu le droit. On a eu le
jugement avant qu'on ait même expliqué la question.
Le Président: Non. M. le député de
Westmount, l'article 68 dit que le député qui signale une
violation d'un droit ou d'un privilège doit se limiter à de
brèves explications qui ne font l'objet d'aucun débat. Encore
faut-il que la présidence accepte prima facie qu'il s'agit d'une
question de privilège. Par l'avis qui est transmis, de nombreux
précédents ont déjà été rendus. Par
l'avis qui a été transmis, le président doit d'abord
décider prima facie s'il s'agit d'une question de droit ou de
privilège et, si ce n'en est pas une, le député ne prend
pas la parole.
Le président a pu examiner la question et décider que,
prima facie, il ne s'agissait pas d'une question de privilège.
M. Holden: M. le Président.
Le Président: M. le député de Westmount.
M. Holden: M. le Président, c'est exactement pour
ça que les brèves interventions sont disponibles aux
députés. Peut-être que l'avis ne contient pas toute
l'argumentation. Alors, comment voule2-vous que la présidence
décide avant même d'entendre le député? On ne peut
pas décider avant d'entendre... Vous êtes au courant, M. le
Président, d'audi alteram partem? C'est le principe de base de la
justice canadienne et québécoise.
Le Président: M. le député de Westmount,
vous êtes présent en cette Assemblée depuis un peu plus
d'un an. À diverses occasions, cette question-là a
été soulevée. La présidence avait effectivement
déclaré qu'en vertu de 69, l'avis est transmis au
président. Le président pourrait, à la rigueur, demander
au parlementaire de s'exprimer. Je l'ai déjà fait à une
occasion. Je me souviens, c'était dans le cas d'un avis de
privilège que le leader de l'Opposition m'avait envoyé. J'avais,
à ce moment-là, transmis également à
l'Assemblée l'information à l'effet que la présidence peut
rendre la décision. On ne discute pas du privilège, à ce
moment-là; c'est prima facie. Est-ce qu'il y a un droit ou un
privilège? S'il n'y a pas de droit ou de privilège reconnu par la
présidence, le député ne peut s'expliquer.
Nous avons dit que toute cette question serait
référée à la sous-commission de la réforme
parlementaire pour en discuter, et la question est au menu d'une prochaine
rencontre de la sous-commission de la réforme parlementaire.
Avis du leader de l'Opposition
J'ai également reçu, dans les délais prescrits par
le règlement, un avis de question de privilège du leader de
l'Opposition, alléguant que le leader du gouvernement et la ministre de
l'Énergie et des Ressources ont commis un outrage aux droits de
l'Assemblée, le premier en refusant hier son consentement au
dépôt d'un document et en refusant de déposer
lui-même le document, et Mme la ministre en déclarant que le
document était confidentiel, même en se permettant de
réfuter les chiffres, mettant ainsi les parlementaires dans
l'impossibilité de savoir qui dit vrai. Ces attitudes seraient
outrageantes et injustifiées, couvrant l'Assemblée nationale de
mépris et de ridicule en y abaissant son autorité.
Cette question se réfère aux mêmes faits que ceux
évoqués dans la question de privilège du
député de D'Arcy-McGee. Les motifs de la décision que je
rendais tantôt sur la première question de privilège
m'apparaissent s'appliquer également dans le cas présent. Les
outrages sont des délits contre l'autorité ou la dignité
de l'Assemblée nationale. Le fait, pour les deux ministres en cause,
d'exercer des droits reconnus par le règlement et la tradition ne peut
certainement pas donner, prima facie, ouverture à un outrage à
l'Assemblée.
Alors, ceci étant dit, nous allons maintenant procéder
à la période de questions et réponses orales des
députés.
M. Chevrette: M. le Président, ma question au premier
ministre.
Le Président: Première question principale, M. le
leader de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Refus de rendre public un contrat signé par
Hydro-Québec
M. Chevrette: Qu'est-ce que le premier ministre et son
gouvernement veulent cacher? Qu'ont-ils à cacher pour ne pas rendre
public un contrat d'une société d'État dont les
actionnaires sont les Québécois? Pourquoi ne veulent-ils pas le
rendre public pour faire connaître aux actionnaires le fruit de ces
négociations, puisque ce contrat est signé? Qu'ont-ils à
cacher?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le débat
a été fait. Le gouvernement ne veut rien cacher, il veut
respecter les règlements de l'Assemblée nationale. Alors, j'ai
dit hier, en réponse au leader parlementaire, au chef de l'Opposition,
que dans ces contrats-là, si nous faisons l'évaluation sur la
période du contrat et non simplement sur les premières
années du contrat, on verrait très facilement les avantages pour
la communauté québécoise, pour l'ensemble des
Québécois, un avantage collectif très net: le
développement industriel, le développement régional.
Est-ce que vous êtes contre le développement dans Sept-îles,
sur la Côte-Nord ou dans le comté de Portneuf ou dans la
région de la Mauricie...
M. Pagé: Lac-Saint-Jean.
M. Bourassa: ...ou au Lac-Saint-Jean ou dans d'autres
comtés de Montréal où il y a eu de la transformation des
produits d'aluminium? Est-ce que le leader parlementaire est contre? Je suis
convaincu que s'il en avait une dans son comté, il s'abstiendrait de me
poser des questions, sûrement.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Labelle.
Rabais tarifaires accordés à 13
entreprises énergivores
M. Léonard: M. le Président, étant
donné que nous n'avons pu terminer hier cette question, nous allons y
revenir. Donc, je rappelle qu'avant-hier, la ministre de l'Énergie et
des Ressources, qui n'est pas, encore une fois, aujourd'hui en Chambre,
disait...
M. Pagé: Oh! M. le Président. M. le
Président...
Le Président: Alors, sur un rappel au règlement, M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: ...je veux seulement indiquer que la
qualité des relations entre le leader de l'Opposition et le leader du
gouvernement a toujours fait en sorte qu'on se communique les absences de part
et d'autre. Et, effectivement, ma collègue, Mme la ministre de
l'Énergie, participe actuellement à l'inauguration d'un actif de
SOQUEM à Val-d'Or, vers 16 heures cet après-midi. Alors, elle
n'est pas ici et le leader en avait été avisé.
Le Président: Alors, M. le député de
Labelle, pour votre question.
M. Léonard: C'est qu'on l'avait vue, au dessert, tout
récemment. Alors, M. le Président, je rappelle qu'elle disait,
avant-hier, qu'en ce qui concerne les contrats d'achat
d'électricité
intervenus entre Hydro-Québec et 13 grandes entreprises
énergivores, plusieurs chiffres circulent, mais ce ne sont pas les bons
chiffres. De plus, elle ajoutait, et je cite encore: "Nous n'avons pas
donné de subvention ni de rabais tarifaire comme ils l'ont fait - en
parlant de nous, le Parti québécois - lorsqu'ils étaient
au pouvoir." Est-ce que le premier ministre, encore une fois, sait que nous ne
sommes plus en situation de surplus? Dans ce contexte, comment peut-il
expliquer des rabais tarifaires qu'on retrouverait aux documents et qui
indiqueraient que ces rabais seraient considérables, qu'ils
atteindraient 60 % et, qu'en fait, le prix de l'électricité
serait de 40 % pour 1988, 1989 et 1990, etc.? Donc, la question que je pose au
premier ministre: Est-ce que vraiment il confirme ou infirme ce que disait sa
collègue, qu'il n'y avait pas de rabais?
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: ...le président d'Hydro-Québec a
confirmé ce que la ministre responsable, la ministre de l'Énergie
avait répondu, à la suite d'une conférence qu'il donnait
sur les questions d'énergie au Ritz Cariton, je crois, hier. Il a dit
que ces investissements supposaient une dizaine de milliards d'investissements
qui pouvaient avoir des retombées fiscales très très
importantes pour l'ensemble des Québécois. Je trouve
étonnant qu'on soit obligé de défendre des gestes
très concrets pour le développement économique du
Québec. Ce n'est pas nouveau, ça me rappelle les années
soixante-dix quand il fallait que je défende le développement
nordique avec le projet de la baie James. Pendant des années et des
années, l'Opposition était férocement contre le
développement de la baie James jusqu'à temps qu'ils prennent le
pouvoir et inaugurent, en 1978, ce développement avec grande
fierté. Alors, on est habitué de se battre pour le
développement économique du Québec et on va continuer de
le faire.
Le Président: Question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, je rappelle que l'article
79 existe. Quand on demande à quelqu'un "quelle heure il est" et qu'il
nous répond "il est moins 32", ça fait dur. La question est
claire. C'est les tarifs, M. le Président. Peut-il avoir un lien entre
les questions qu'on lui pose et les réponses qu'ils veulent nous donner?
J'espère qu'il comprend la question. Avez-vous donné des tarifs
à rabais, oui ou non? Sinon, on va vous référer à
la page 21 du document qui ne sort pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
(15 h 10)
Le Président: Alors, sur la question, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: M. le Président, si je comprends bien la
question du député de Labelle, il admet que, durant les
années quatre-vingt, des subventions considérables ont
été données à des entreprises qui voulaient
investir dans l'aluminium. Je crois que c'est ce qu'il dit. Je lui dis que dans
le contrat qui a été signé - j'ai répondu hier -
c'est la formule du partage de risques. Je ne veux pas aller dans le
détail puisque je veux respecter les articles 82 et 35 de
l'Assemblée nationale. Du règlement, non, je veux dire quand
même...
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le leader parlementaire est d'accord avec moi sur ce
que je disais tantôt, sur l'importance de la séparation des
pouvoirs. Je pense qu'il est d'accord avec ce principe que le philosophe
Montesquieu avait émis il y a deux siècles.
Le Président: M. le premier ministre, en conclusion.
M. Bourassa: Ce que je veux dire au député de
Labelle, c'est que la formule du partage de risques, ça va directement,
M. le Président, dans le sens de sa question et je veux être plus
concis parce que je veux avoir le temps de répondre aux questions du
député de Lac-Saint-Jean. Je suis attendu à
Montréal à 17 heures.
Le Président: M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourassa: Alors ce que je veux dire au député de
Labelle, c'est que la formule de partage de risques est une formule qui est
très avantageuse, comme l'a dit M. Drouin, qui va donner des
retombées économiques de plusieurs milliards de dollars et des
retombées fiscales également pour le gouvernement.
Le Président: M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourassa: Une phrase. L'aluminium est une industrie de
l'avenir. Personne ne peut contester cela. Donc, si l'aluminium est une
industrie de l'avenir, les profits pour les Québécois seront
très substantiels.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Léonard: M. le Président, compte tenu que,
maintenant, nous ne sommes plus en situation de surplus d'énergie,
est-ce que le premier
ministre va admettre que les gestes et les décisions qui ont
été posés par le gouvernement consistent à prendre
une gageure à 2 $ contre 1 $, 2 $ de perte contre 1 $ de revenu, sur une
période de 10 ans, et que dans ce contexte il prend un risque
disproportionné parce que nous ne sommes plus en période de
surplus d'énergie?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu tantôt. Je crois que,
encore là, juste deux mots d'histoire. La nationalisation de
l'électricité, ce n'est pas une opération qui a
été étrangère au Parti québécois.
Non, mais on a étatisé l'électricité pour s'en
servir comme levier économique, pour attirer les industries ou exporter
des surplus quand on en a, pour avoir des profits très importants.
Ça, vous l'avez combattu jusqu'à temps que la population vous ait
rejetés aux élections. Alors, ce que je dis au
député de Labelle, c'est qu'en 1984, on a décidé,
à Hydro-Québec, avec l'accord du gouvernement, d'utiliser la
formule du partage de risques. Cette formule-là s'applique dans un
secteur d'avenir, comme je viens de le dire: l'aluminium. Et, à ce
titre-là, nous prenons un risque calculé qui devrait rapporter
des dividendes considérables à la collectivité
québécoise, comme l'a fait le projet de la baie James que vous
avez combattu pendant une génération.
Le Président: En complémentaire, toujours.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que le premier
ministre peut nous confirmer que les pertes par rapport au tarif grande
puissance reliées a ce type de contrat qui s'élèveront
à 125 000 000 $ en 1991 vont forcer le gouvernement et ont
déjà forcé le gouvernement, pour maintenir ses
équilibres budgétaires en pleine récession
économique, à hausser les tarifs d'Hydro-Québec de 15 %,
ce à quoi il faut ajouter la TPS, et à hausser les taxes pour
contrebalancer les impacts des contrats sur les finances publiques, en fait
à pelleter ces hausses de taxes aux étudiants, aux
automobilistes, aux municipalités, aux commissions scolaires et aux
contribuables?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Encore une fois, M. le Président, le
huitième commandement me vient à l'esprit, et je veux
répéter, je veux dire au député de Labelle - je ne
l'accuse de rien, je vais simplement faire une citation - je veux dire au
député de Labelle que la formule qui a été
utilisée par Hydro-Québec est une formule qui avait
été implantée il y a plusieurs années et que cette
formule sur la durée des contrats va rapporter des dividendes
considérables, des revenus très, très importants sur le
plan économique, sur le plan financier et sur le plan fiscal à
l'ensemble de la collectivité. Alors, c'est la situation tout à
fait contraire à celle qu'il a décrite dans sa question.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. En présumant que
les chiffres que j'ai cités mardi sont corrects, and also in light of
the fact that the définition of what constitutes a subsidy is still the
object of negotiations under the US-Canada Free-Trade Agreement, will the
Premier confirm to this House that any spécial pricing agreements with
Aluminium Smelters, between Hydro-Québec and Aluminium Smelters, does
not constitute unfair subsidies and will not violate the spirit of either the
Canada-US Free-Trade Agreement or GATT?
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président: Vous demandez presque, à ce
moment-ci, une question d'opinion au premier ministre, je considère. En
tout cas, M. le premier ministre, allez-y, si vous voulez répondre
brièvement.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le
gouvernement, dans ces questions-là, que ce soit Hydro-Québec ou
le gouvernement comme tel, a agi de façon responsable.
Le Président: Pour une question principale, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, en préambule, disons
que, selon les dires mêmes d'Hydro-Québec, il n'y a jamais eu de
contrat de partage de risques signé avant 1986. D'autre part, j'aimerais
référer cette Assemblée au Journal des débats
du 10 juin 1983, en page 2191, où on retrouve toutes les
données tarifaires quant aux contrats signés avec Reynolds et
Pechiney par l'ex-gouvernement. C'était discuté en commission
parlementaire. On peut le déposer s'il n'y a pas d'objection.
Le Président: Un instant. On veut déposer le
document. C'est le Journal des débats. On me demande un
dépôt, est-ce qu'il y a consentement au dépôt?
M. Pagé: Ah oui, le député avec. Des
voix: Ha, ha, ha!
Le Président: II y a consentement? Alors, consentement au
dépôt. Le document est déposé. Alors, votre
question, M. le député d'Ungava.
Pertes possibles de 1 000 000 000 $ pour
Hydro-Québec au cours des dix prochaines années?
M. Claveau: Oui, M. le Président. Donc, en
conférence de presse, le 12 avril 1991, HydroQuébec, par la voix
de son président, déclarait que les contrats de partage de
risques et de bénéfices devraient produire des revenus du
même ordre que ceux qu'auraient engendrés l'application des tarifs
industriels réguliers. Du même souffle, Hydro-Québec
dépose un tableau qui, à l'analyse, est beaucoup moins
encourageant que ce que son président voudrait bien faire croire.
À partir du tableau déposé par HydroQuébec,
M. le Président, donc d'ordre public, est-ce que le premier ministre du
Québec peut nous confirmer que, selon ce tableau - donc
déposé en conférence de presse - les pertes potentielles
sur les 10 prochaines années par Hydro-Québec sont de l'ordre de
2 000 000 000 $ alors que, pour la même période, les revenus
anticipés ne sont que de 1 000 000 000 $, ce qui veut dire que, d'une
façon ou d'une autre, Hydro-Québec a deux fois plus de chances de
perdre de l'argent que d'en gagner dans ce genre de contrat?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Encore une fois, nous sommes en face d'affirmations
totalement et complètement sans fondement, sauf peut-être le fait
que...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Bourassa: ...les partages de risques, c'est possible que
ça ait commencé... C'est possible que la formule de partage de
risques ait débuté en 1986, parce que avant ça
c'étaient des rabais et des subventions. Alors, ça... Ce que je
dis, M. le Président, on n'est pas pour reprendre le débat comme
quoi le gouvernement respecte les tribunaux, respecte le pouvoir judiciaire.
Tout ce que je puis dire, c'est que le président d'Hydro-Québec,
dans une réponse à une question, et la semaine dernière
également, des représentants d'Hydro-Québec, en soumettant
des chiffres - là on vient de me donner des tableaux -
révélaient que des retombées fiscales énormes
pourraient être données ou reviendraient aux
Québécois dans l'application des contrats, en tenant compte que
l'aluminium est une industrie très dynamique. On peut manipuler les
chiffres comme on veut, quand on est dans l'Opposition, mais on devrait
avoir...
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! Un instant! Un
instant s'il vous plaît! Alors, sur une question de règlement.
(15 h 20)
M. Chevrette: oui, m. le président. m. le
président, je pense que le premier ministre vient de connaître un
écart de langage, "manipuler les chiffres, dans l'opposition" là!
s'ils ne veulent pas qu'on les manipule, qu'ils rendent donc public le fait
qu'ils ont signé des rabais trois années à 40 %, une
année à 50 %, une année à 65 % et une année
à 75 %.
Le Président: M. le leader, s'il vous plaît! M. le
leader. Alors, pour une question complémentaire, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, étant donné que
je n'ai pas eu de réponse à ma question, la période de 10
ans était peut-être trop longue pour le premier ministre. Est-ce
qu'il peut nous confirmer que, toujours selon les chiffres
d'Hydro-Québec, des tableaux déposés par
HydroQuébec et un tableau qui s'intitule: Contrat à partage de
risques et de bénéfices, bilan du gain et du manque à
gagner, potentiel annuel, que sur les cinq prochaines années, soit de
1991 à 1996, les pertes prévisibles sont de 1 200 000 000 $
contre des revenus probables d'environ 400 000 000 $, soit des pertes trois
fois supérieures aux bénéfices anticipés?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je pense qu'il faut... Par chance que le ridicule ne
tue pas. Ce que je veux dire au député d'Ungava...
Une voix: Vous seriez mort! Le Président: S'il vous
plaît!
M. Bourassa: M. le Président, le président
d'Hydro-Québec a affirmé très clairement, soit
lui-même, soit ses représentants, qu'il y aurait des
retombées fiscales de 1 600 000 000 $ pour le gouvernement du
Québec dans ses investissements. Il me semble que c'est clair et
ça devrait convaincre le député. 1 600 000 000 $ de
retombées fiscales, sans compter tous les autres avantages financiers
économiques pour la collectivité québécoise. Vous
avez la même attitude que vous aviez durant les années
soixante-dix contre le développement de la baie James et pour le
développement des centrales nucléaires.
Le Président: Une question complémentaire.
M. Claveau: Oui, M. le Président, les 125 000 000 $,
d'après le premier ministre du Québec, quelle catégorie de
clients d'Hydro-Québec vont avoir à payer les 125 000 000 $ de
pertes anticipées dans les contrats de partage de risques et de profits
qui sont actuellement signés par Hydro-Québec, les 125 000 000 $
qu'Hydro-Québec prévoit de pertes en 1991? Quelle
catégorie de clients, quel tarif d'Hydro-Québec va avoir
à payer pour ça?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le député a dit lui-même, dans
le début d'une de ses questions, que le président
d'Hydro-Québec avait dit que, finalement, c'est le tarif industriel qui
s'appliquait. C'est ce qu'il a dit. Bon, je pense bien qu'on ne doit pas mettre
en cause la parole du président d'Hydro-Québec, il est bien
placé pour parler, que c'était le tarif industriel, à
toutes fins pratiques, qui s'appliquait. Alors, si c'est le tarif industriel
qui s'applique et si ça résulte dans des milliards
d'investissements et des milliards de retombées fiscales, je ne vois pas
comment on peut prendre au sérieux les affirmations du
député d'Ungava.
Le Président: En question complémentaire.
M. Claveau: M. le Président, est-ce que le premier
ministre sera d'accord avec moi, lorsque je lis dans le communiqué
d'Hydro-Québec, que ce que le président a dit, c'est que les
contrats de partage de risques et de bénéfices devraient - vous
verrez le conditionnel - produire pour Hydro-Québec des revenus du
même ordre que ceux qu'aurait engendrés l'application d'un tarif
industriel régulier? Donc, c'est loin du tarif industriel
régulier. Est-ce que le premier ministre est capable de faire la
différence, M. le Président?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je pense qu'on pourrait débattre très
longtemps des avantages relatifs de cette politique d'attraction
d'investissements. 24 secteurs industriels qui en bénéficient,
c'est quand même important. 45 000 emplois qui vont dépendre de
ces investissements.
M. Garon:...
Le Président: M. le député de Lévis
s'il vous plaît, je vous rappelle à l'ordre une première
fois. Si vous avez une question complémentaire, le règlement
prévoit que vous pouvez vous lever et interroger le premier ministre.
Vous le ferez en temps et lieu. Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, 45 000 emplois,
particulièrement dans les régions. Souvent, vous soulevez
l'importance du développement régional. Dans la Mauricie, par
exemple, des milliers et des milliers d'emplois dans la Mauricie, 45 000
emplois, 1 300 000 000 $ en salaires. Et dans les déclarations - je
termine par ça, M. le Président - qui ont été
faites par les représentants d'Hydro-Québec, on dit, par exemple,
que lorsque le prix mondial sera revenu, sera stabilisé, que ça
pourra dégager des marges bénéficiaires jusqu'à
deux fois plus élevées que celles du tarif industriel grande
puissance.
Bien alors, je ne vois pas en quoi le député d'Ungava peut
soutenir le moindrement sérieusement que les décisions qui ont
été prises par le gouvernement ne profiteront pas d'une
façon très importante à l'ensemble de la
collectivité.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Référendum pancanadien et
assemblée constituante
M. Brassard: Oui, M. le Président. L'idée d'une
assemblée constituante et d'un référendum pancanadien sur
une nouvelle constitution ou des amendements constitutionnels
s'accrédite de plus en plus, fait de plus en plus de chemin au Canada.
Le premier ministre de l'Ontario, Bob Rae, et celui de Terre-Neuve, Clyde
Wells, ont réitéré hier encore leur appui à la mise
sur pied d'une assemblée constituante et les appuis se multiplient
partout au Canada.
Ce matin, lors de l'étude des crédits du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes dont il est
responsable, le ministre responsable du dossier constitutionnel a clairement
indiqué que le Québec rejette aussi bien l'assemblée
constituante que le référendum pancanadien sur la constitution et
qu'il n'est pas question, selon lui, que le Québec cautionne et
participe de quelque façon que ce soit à quelque forme de
constituante que ce soit, de même qu'à un
référendum. Il a même évoqué à ce
sujet-là le référendum de 1942 où, comme vous le
savez, les Québécois se sont fait clencher...
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Brassard: ...sur la question de la conscription.
Est-ce que le premier ministre peut nous confirmer que la
déclaration de son ministre représente la position officielle de
son gouvernement et que le Québec rejette à la fois le
référendum pancanadien et l'assemblée constituante et que
le Québec refusera de s'associer à une telle démarche?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le ministre a dit ce que le
gouvernement maintient depuis l'échec de l'accord du lac Meech, que ce
n'est pas une formule qui aboutirait à imposer au Québec une
solution comme la situation s'est présentée en novembre 1981
où l'ensemble du Canada, le gouvernement fédéral et les
autres provinces ont accepté le rapatriement de la Constitution
canadienne sans l'accord du Québec. Nous maintenons exactement cette
attitude. S'il y a un référendum, le député
référait au référen-
dum de 1942 où il y avait eu une majorité au Canada
anglais, une majorité dans l'autre sens au Québec, alors je ne
vois pas en quoi nous pourrions aujourd'hui accepter qu'une solution au
problème constitutionnel du Québec puisse être
imposée par nos partenaires canadiens sans l'accord du
Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Est-ce que je comprends bien le premier ministre
qu'il n'est pas question d'aucune façon que le Québec participe
ou accepte ou cautionne le moindrement la mise en place d'une assemblée
constituante visant soit à modifier la constitution actuelle, soit
à concocter ou à élaborer une nouvelle constitution? C'est
non. C'est ça que je comprends bien?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que nous avons
signé, nous avons endossé le rapport Bélanger-Campeau,
lequel rapport énonce, pour le Québec - il a été
signé unanimement, il y a eu un consensus - lequel rapport énonce
une stratégie qui est endossée par le gouvernement, laquelle
stratégie suppose le dépôt d'un projet de loi. Dans ce
projet de loi, il y aura la formation d'une commission parlementaire pour
étudier des offres qui pourraient venir de nos partenaires canadiens et
pour étudier les implications de la souveraineté, par exemple
toute la question monétaire, comme je le disais hier et avant-hier,
monnaie québécoise, monnaie américaine, monnaie
canadienne; je ne sais pas où se situe le député de
Lac-Saint-Jean à cet égard-là. Donc, nous allons avoir
l'occasion d'examiner ça. La position du gouvernement, c'est celle qui
sera présentée dans le projet de loi, lequel projet de loi va
refléter les recommandations de la Commission Bélanger-Campeau
qu'a signées le ministre responsable, moi-même, de même que
le député de Lac-Saint-Jean. (15 h 30)
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: C'est curieux. Pourquoi... Qu'il est donc difficile
d'avoir des réponses précises du premier ministre.
Le Président: S'il vous plaît!
M. Brassard: Mais pourquoi le premier ministre n'est-il pas aussi
clair que son ministre, ce matin, à l'étude des crédits -
et il a fait la même réponse également aux journalistes
après l'étude des crédits - et pourquoi ne rejette-t-il
pas d'emblée, sans équivoque possible, toute participation du
Québec à une assemblée constituante créée
par le gouvernement fédéral? Et ne reconnaît-il pas que
nous sommes en face peut-être d'une stratégie du fait accompli ou
de l'entonnoir venant d'Ottawa, une constituante qui concocterait un projet de
constitution qui serait approuvé par référendum
pancanadien et après, les premiers ministres seraient
convoqués...
Le Président: M. le député.
M. Brassard: ...à un bien-cuit où seul le
Québec..
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît. M. Brassard: ...serait embroché sur le gril? Des
voix: Ha, ha, ha! Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis très
très étonné des reproches du député de
Lac-Saint-Jean. Il me reproche de manquer de clarté, alors que je lui
dis que la politique du gouvernement, c'est un document qu'il a lui-même
signé. Le député de Lac-Saint-Jean a signé,
à ma connaissance, le rapport Bélanger-Campeau. Le rapport
Bélanger-Campeau va permettre le dépôt d'un projet de loi.
Alors là, il dit que je manque de clarté, alors que je lui ai dit
dans ma réponse que la position du gouvernement sur la stratégie,
c'était un rapport qu'il a endossé. Il est franchement à
court de reproches. Et je veux lui dire que la position du gouvernement est la
même que celle qui a été énoncée le 22 juin,
le 23 juin également, dans les deux discours, de même que dans les
discours qui ont été prononcés à la Commission
Bélanger-Campeau par les membres du Parti libéral, dont le
ministre responsable est le chef du parti. Je crois que ça devrait
être très très clair pour le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président: En question principale, M. le
député de LaFontaine.
Dérogation accordée en vertu de
l'entente sur les terres inondables
M. Gobé: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre de l'Environnement. Il a été fait
état ce matin, devant les médias montréalais, d'une
dérogation de son ministère qui aurait été
accordée à un terrain, en vertu de l'entente
fédérale-provinciale sur les terres inondables. Est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer quel a été le processus de cette
dérogation et quelles ont été les conclusions qui ont
amené les fonctionnaires de son ministère à recommander
une telle dérogation?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le
Président, je remercie le député de LaFontaine de
sa question éminemment d'intérêt public. Je profite de
l'occasion pour lui rappeler très brièvement, M. le
Président, l'évolution des faits au dossier. Comme vous le savez,
le premier intervenant dans le domaine de l'aménagement du territoire
est le monde municipal, tant et si bien que le 23 décembre 1983 est
entré en vigueur le règlement de contrôle
intérimaire, règlement de zonage de la Communauté urbaine
de Montréal qui interdisait à l'époque toute construction
sur l'île Rochon.
Le 31 décembre 1987, quatre ans plus tard, la Communauté
urbaine de Montréal a adopté son schéma
d'aménagement et ce schéma d'aménagement ne
prévoyait plus l'interdiction de constructions sur IHe Rochon. Au
contraire, le schéma d'aménagement adopté par la
Communauté urbaine de Montréal prévoyait que l'île
Rochon était affectée à l'habitation par une occupation
à haute densité. Par la suite, M. le Président, les
promoteurs et propriétaires se sont prévalus des dispositions
prévues à la convention fédérale-provinciale sur la
cartographie et ont demandé aux deux ministères concernés
de donner les autorisations prévues en vertu de la loi.
Les deux ministres fédéral et provincial ont
référé le dossier aux hauts fonctionnaires. Les hauts
fonctionnaires fédéraux-provinciaux ont donné leur avis le
25 avril 1990. Le ministre fédéral de l'Environnement a
signé les papiers...
Le Président: En conclusion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...au mois d'octobre. Et le
ministre provincial de l'Environnement a fait la même chose, M. le
Président, au mois de novembre 1990. Donc, si la Communauté
urbaine a des blâmes à s'adresser, elle ferait mieux de regarder
son schéma d'aménagement.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Est-ce que le
ministre pourrait nous indiquer si les recommandations du comité
technique indiquaient si l'île était ou non inondable?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, pour
être admissible à un certificat des ministères de
l'Environnement en vertu de la convention fédérale-provinciale de
1987, les critères sont prévus à l'annexe F de la
convention. Ils sont de l'ordre de cinq critères. Je pourrais les
énumérer, M. le Président, mais je sens que l'Opposition
et le député de LaFontaine sont déjà satisfaits des
éclaircissements que j'ai apportés. Je tiens à assurer
cette Chambre que les hauts fonctionnaires ont certifié, de même
que les ministres concernés...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que le tout était
conforme à cette convention.
Le Président: M. le député de La Prairie, en
question principale.
Travaux de remblayage engagés avant
autorisation à Rivière-des-Prairies
M. Lazure: Merci, M. le Président. Le ministre de
l'Environnement n'est pas à bout de ses contradictions. Ce matin, il
annonce de façon très ferme "Paradis impose sa loi à
Château-Richer". Le même jour, il fait une dérogation. Le
même jour, il donne le feu vert à un promoteur de
Rivière-des-Prairies, toujours au sujet des plaines inondables. M. le
Président, question bien simple: Est-ce que le ministre, sans faire de
discours, admet qu'il n'a pas consulté les autorités de la CUM
avant de donner sa dérogation, d'une part? Et, d'autre part, est-ce
qu'il est exact que les travaux de remblayage avaient déjà
commencé?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'avais eu
l'impression de constater la présence physique du député
de La Prairie au moment ou je viens d'accorder ou de donner une réponse
complète au député de LaFontaine. Je peux la reprendre.
J'indiquerai donc...
Une voix:...
Le Président: S'il vous plaît! M. le
député. S'il vous plaît! Si vous avez une question de
règlement, je vous prierais de vous lever, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, sinon posez une question additionnelle, sinon respectez
l'article 32 du règlement. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le bénéfice du
député de La Prairie, je répéterai donc que c'est
le schéma d'aménagement de la Communauté urbaine qui
prévaut en la matière; que, du 23 décembre 1983 au 31
décembre 1987, ce schéma d'aménagement interdisait toute
construction sur l'île Rochon; que la Communauté urbaine de
Montréal a adopté son schéma d'aménagement le 31
octobre 1987, et que, dans ce schéma d'aménagement, IHe Rochon a
été affectée par la Communauté urbaine de
Montréal à l'habitation pour une occupation à haute
densité. Dans les circonstances, une demande a été soumise
aux ministères provincial et fédéral de l'Environnement.
Compte tenu des dispositions d'une entente fédérale-provinciale,
les hauts fonctionnaires fédéraux et provinciaux n'avaient pas le
choix, si les critères étaient remplis. Ils
ont constaté que les cinq critères étaient remplis.
Le ministre fédéral de l'Environnement a apposé sa
signature et le ministre provincial de l'Environnement a fait de
même.
C'est la Communauté urbaine de Montréal, et je le
répète, M. le Président, et je comprends d'autant plus la
confusion de mon bon ami, le député de La Prairie que même
le président de la...
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...Communauté urbaine de
Montréal n'était pas tout à fait certain, hier au
soir.
Le Président: M. le ministre, M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a dit qu'il cherchera des
explications auprès du ministre de l'Environnement et je lui ai fourni
ces explications par le biais de mon bon ami le député de La
Prairie qui est invité à me poser une autre question sur le
sujet, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président. Est-ce que je peux me
permettre de dire que le ministre essaie de noyer le poisson? Est-ce que je
peux demander au ministre... lui faire remarquer qu'il n'a pas répondu
à ma question. Ma question: Est-ce que les travaux étaient
commencés lorsque l'avis de dérogation a été
accordé? Et, deuxièmement: Est-ce que la CUM a été
consultée, oui ou non?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, quant
à la date du début des travaux de remblayage, je vais prendre
avis et fournir une réponse directe au député de La
Prairie. Quant à la consultation avec la Communauté urbaine de
Montréal, je vais répéter pour la énième
fois, M. le Président, que c'est la Communauté urbaine de
Montréal qui, au mois de décembre 1987, a changé son
règlement de zonage, son schéma d'aménagement qui
interdisait des constructions pour permettre des constructions. Elle n'a pas
été consultée, elle a agi proprio motu dans le dossier et
elle est aujourd'hui la cause du problème, si problème il y
a.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Est-ce que le ministre peut nous confirmer que le
terrain en question appartient bien à la compagnie Junon,
elle-même propriété de Gerlendo Argento qui a
contribué pour 3000 $ récemment au Parti libéral, dont le
secrétaire, Alfonso Argento, de la même famille, a
contribué pour 9650 $? Et est-ce qu'il peut nous confirmer... (15 h
40)
Des voix:...
M. Lazure: ...qu'il a été soumis à des
pressions, à son cabinet, de cette famille Argento?
Le Président: M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vais
répondre au député de La Prairie ce que j'ai eu l'occasion
de répondre auparavant: le dossier a été traité par
le Comité fédéral-provincial de cartographie formé
de hauts fonctionnaires des gouvernements fédéral et provincial
qui doivent s'assurer que les cinq critères contenus à l'annexe f
de l'entente fédérale-provinciale sont respectés. Je ne
sais pas si ces cinq fonctionnaires ont reçu quelque chose, je pense que
non. Je pense qu'ils ont fait leur travail de façon consciencieuse, de
façon honnête. Je ne pense pas que le ministre
fédéral de l'Environnement, Robert René de Cotret... Je ne
sais pas s'il y a eu contribution au Parti conservateur. Tout ce que je peux
vous dire, c'est qu'en tant que ministre de l'Environnement du Québec,
les normes environnementales ont été respectées. Et s'il y
a eu changement dans la destination des lieux, c'est la Communauté
urbaine de Montréal qui, au mois de décembre 1987, a
enlevé l'interdiction de construction domiciliaire pour permettre la
construction domiciliaire et que, suite à cette décision de la
Communauté urbaine, le ministère de l'Environnement du
Québec et le ministère de l'Environnement du Canada ont
appliqué rigoureusement, suite aux recommandations des hauts
fonctionnaires des deux niveaux de gouvernement, la convention tel que
prescrite dans la loi.
Le Président: Alors, pour une question additionnelle, M.
le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le ministre,
est-il exact que les travaux ont commencé en 1983, sur l'autorisation du
ministre de l'Environnement Marcel Léger? Est-il exact que M. Gerlendo
Argento a donné 3500 $ à la caisse du Parti
québécois en 1985?
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
Des voix:...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: S'il vous plaît! Des
voix:...
Le Président: MM. les députés et Mmes les
députées, s'il vous plaît!
Des voix:...
Le Président: S'il vous plaît! M. le ministre,
rapidement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. De
façon à traiter de façon équitable tous les membres
de cette Assemblée nationale, je vais prendre avis...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de la question du
député de lafontaine, effectuer les vérifications et lui
fournir, en même temps que je fournirai les informations additionnelles
au député de la prairie, les éclaircissements sur sa
question et ses sous-questions. merci, m. le président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Laviolette.
Déclaration du député de
Saint-Maurice au sujet de la réforme Ryan
M. Jolivet: M. le Président, alors qu'il était
ministre des Affaires municipales, le député de Maskinongé
a toujours déclaré qu'il n'y aurait aucune fusion forcée
de municipalités. De son côté, le député de
Saint-Maurice, qui prône le démantèlement de la commission
scolaire régionale de la Mauricie en petites commissions scolaires, a
décidé de faire du chantage auprès des
municipalités du centre de la Mauricie qui, comme nous le savons tous,
ont réussi...
Le Président: Un instant, M. le député de
Laviolette. J'ai un appel au règlement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président, à tout le moins
en vertu de l'article 35, assez clairement, probablement 35.5°, 35.6°,
à la rigueur 35.8°.
Le Président: Alors, M. le député de
Laviolette, vous aurez compris évidemment qu'on vous demande de retirer
les propos que vous avez énoncés.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: Alors, vous retirez les propos?
M. Jolivet: Je les retire. Le Président:
Très bien.
M. Jolivet: Je dirai ceci: ...a décidé de faire du
tordage de bras auprès des municipalités du centre de la Mauricie
qui, comme nous le savons tous, ont réussi, pour les Jeux du
Québec, une concertation historique et sans précédent. En
effet, le député de Saint-Maurice a déclaré,
à son avis: Les municipalités sont peut-être aussi bien
d'accepter la réforme Ryan que de se voir éventuellement imposer
une fusion qui pourrait alors risquer de faire encore plus mal à
certaines d'entre elles.
Ma question: Est-ce que cette position du député de
Saint-Maurice indique un changement de cap du gouvernement? Et
reflète-t-elle la position du ministre des Affaires municipales?
Une voix: Très bien.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Je pense qu'il est parti, je vais pouvoir
l'interpréter asez libéralement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Dans la mesure où le député de
Laviolette aurait compris que le député de Saint-Maurice aura
voulu laisser entendre qu'il serait question de poursuivre quelque objectif
gouvernemental que ce soit par le recours au chantage, je suis convaincu que le
député de Laviolette aura mal compris ce qu'a sans doute dit ou
voulu dire le député de Saint-Maurice.
Le Président: En question complémentaire.
M. Jolivet: Je comprends donc que la position du ministre n'est
pas de faire des fusions forcées. Est-ce que le ministre... comme le
député de Saint-Maurice l'indique dans les discussions qu'il a
eues à la radio, à la TV et dans les journaux et que tout le
monde a entendues dans les régions, que les municipalités rurales
doivent accepter de payer plus pour régler les problèmes des
municipalités urbaines?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: J'ai pourtant communiqué au député
de Laviolette de nombreuses données statistiques sur la réforme
proposée le 14 décembre. S'il s'est donné la peine de les
étudier comme il faut - je comprends que c'était long - il verra
que le partage des responsabilités entre les municipalités
rurales et les municipalités urbaines est très équitable
et qu'il favorise même légèrement les municipalités
rurales,
compte tenu de leur part dans l'ensemble de la population du
Québec.
J'ajoute une précision. Hier, si le député de
Laviolette avait eu le bon propos d'accompagner son collègue de
Jonquière à la commission parlementaire de l'aménagement
et des équipements, où il a été malheureusement
laissé seul toute la journée pour discuter de la
réforme... seul.
M. Jolivet:...
M. Ryan: Vous êtes venu pour deux minutes pour un petit
problème local.
Le Président: À l'ordre! S'il vous plaît!
Alors, en conclusion, M. le ministre...
M. Pagé: Y en a-t-il d'autres qui sont allés? Le
Président: En conclusion, s'il vous plaît.
Une voix: Qui est-ce qui y est allé à part
ça?
M. Ryan: Alors, s'il était venu soutenir son
collègue, il aurait pu entendre un échange de vues très
constructif sur l'avenir des fusions et des regroupements municipaux au
Québec. Il aurait compris que le gouvernement est convaincu que certains
regroupements seraient très utiles, voire nécessaires, mais qu'il
n'a pas encore arrêté d'autre politique, une politique
d'incitation et de soutien.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...le ministre, j'en suis assuré, avec
l'expérience qu'il a, il sait très bien que comme parlementaire,
on a aussi d'autres obligations. Dans ce contexte-là, il devrait
regretter les paroles qu'il a dites envers moi dans ce sens-là.
Des voix: Ah, ah, ah!
M. Jolivet: Deuxièmement...
Une voix: C'est vrai.
Le Président: S'il vous plaît!
M. Jolivet: Deuxièmement...
Le Président: Effectivement, je vais mettre la question au
point immédiatement. Il est prévu, en vertu du règlement,
il est de coutume qu'on ne peut alléguer l'absence d'un
député en Assemblée ou en commission parlementaire parce
qu'on sait très bien - s'il vous plaît! - de toute façon
que les députés peuvent être à d'autres
affectations, soit en Chambre, soit en commission parlementaire. Alors, le
point est fait, M. le député de Laviolette, votre question, s'il
vous plaît.
M. Jolivet: ...pour Mme Bacon...
Le Président: Oui. Non, le point a été fait.
On l'a dit pour la ministre tantôt. M. le député de
Laviolette vient d'expliquer exactement son point, également, je l'ai
laissé expliquer. D'accord? Alors, pour votre question additionnelle, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Est-ce que le ministre, pour continuer dans la
même veine du député de Saint-Maurice, croit, en indiquant
dans le journal et partout où il l'a dit, que Bécancour est une
ville "chromée" parce qu'elle confie ses travaux à des firmes
externes plutôt que de les faire exécuter à l'interne?
Le Président: M. le ministre. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, je ne vois
aucune relation entre la dernière question additionnelle qui est
soulevée et la question principale qui a déjà
été formulée. Voyons donc!
Le Président: Reposez votre question, s'il vous
plaît.
M. Jolivet: M. le Président, je pose au ministre... Dans
le contexte de la fiscalité municipale - comme l'indique le
député de Saint-Maurice - il y a des villes au Québec qui
sont chromées. Il donne comme exemple Bécancour. Est-ce qu'il
croit que parce que Bécancour décide de donner ses contrats
à des firmes externes plutôt que de le faire à l'interne,
c'est une ville qui est "chromée" et qui mérite d'être
"blastée"?
Le Président: Alors, je permets la question. M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Je préviens le député de Laviolette
qu'il devra encourir les foudres de la députée de Chicoutimi pour
les anglicismes qu'il glisse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je m'aperçois que...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Je m'aperçois que le mal n'existe pas que dans
Argenteuil!
Des voix: Ha, ha!
M. Ryan: M. le Président, je voudrais corriger un
malentendu qui a pu se créer tantôt dans votre esprit, dont je
reconnais l'impartialité. Je n'ai pas voulu accuser le
député de Joliette d'avoir été absent hier, j'ai
simplement voulu souhaiter qu'il eût été présent.
(15 h 50)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais je comprends très bien les motifs qu'il
pouvait avoir de n'être pas là. Il y avait trois commissions hier
et, chez nous, il n'y en avait seulement un de votre côté, sauf
pour la brève période dont il a été question
tantôt.
Le Président: S'il vous plaît. D'accord. M. Ryan:
Pardon?
Le Président: Très bien, s'il vous plaît.
Bon. Alors, pour une question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, il y a à peine
quelques minutes vous avez fait une mise au point...
Une voix: Je comprends...
M. Chevrette: ...sur les présences et les absences. S'il y
en avait un de notre côté, M. le Président, alors qu'il y
avait 2 libéraux sur 11 et personne n'en parle, il y a des limites.
Deuxièmement, au moment même où on se parle en Chambre,
voulez-vous que je nomme tous ceux qui sont absents, moi? Vous allez rester
surpris.
Le Président: Sur la question de règlement.
M. Chevrette: Je veux dire que, si vous l'acceptez, demandez donc
au ministre des Affaires municipales de se conformer au règlement,
d'arrêter d'être méprisant envers tout le monde et d'essayer
de répondre aux questions.
Le Président: La question est claire, s'il vous
plaît. Tous les parlementaires le savent fort bien, il est d'usage, de
tradition, qu'on ne mentionne pas l'absence des députés en
commission. C'est clairement établi pour tout le monde. C'est clairement
établi pour tout le monde. Oui, M. le député. On ne peut
pas, évidemment, à chacun des cas, dire qu'un
député était absent d'une commission et lui demander de se
justifier. C'est inadmissible au sens du règlement et je vous demande
à tout le monde de vous conformer à cette décision et
à cette directive. En conclusion, rapidement, M. le ministre.
M. Ryan: La question du député portait sur le cas
de la municipalité de Bécancour. Alors, je veux l'informer que
j'ai rencontré le maire de Bécancour en compagnie du
député de Nicolet-
Yamaska. Nous avons examiné le dossier de Bécancour et
nous apporterons à ce dossier des réponses équitables et
réalistes qui ne tiendront pas compte des facteurs dont a voulu faire
mention le député de Laviolette.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions. Votes reportés. Motions sans préavis.
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
Motion proposant que l'Assemblée débatte
le contrat entre Hydro-Québec et Norsk Hydro
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Chambre pour présenter à l'Assemblée
nationale la motion suivante: Que l'Assemblée nationale analyse et
débatte des impacts reliés à la politique tarifaire
d'Hydro-Québec et plus particulièrement de l'article 9.2 du
contrat signé entre cette dernière et la société
Norsk Hydro inc. qui prévoit que...
Le Président: M. le député de Joliette, je
vous arrête immédiatement. Vous savez fort bien... J'ai rendu une
décision tantôt relativement à toute cette
question-là, sur le sub judice. Vous ne pouvez citer une partie -
même si c'est une motion, ça n'a aucune importance, c'est
l'article 35,3° qui s'applique - vous ne pouvez citer un extrait dudit
contrat qui est actuellement devant les tribunaux et qui est sub judice quant
à l'Assemblée nationale. Donc ma décision a
été claire dans ce sens-là et je vous demanderais de ne
pas citer d'article du contrat.
M. Chevrette: m. le président, y "a-tu" moyen de convoquer
une commission de l'assemblée nationale? parce que, moi, je n'accepterai
pas tellement longtemps, m. le président, qu'on soit incapable de
remplir notre devoir.
Le Président: M. le leader, cette remarque est
complètement inappropriée et l'Assemblée-Un instant, s'il
vous plaît! Un instant! La commission de l'Assemblée nationale
pourrait être convoquée pour la sous-commission de la
réforme parlementaire, je suis d'accord avec vous et j'ai tenté
de la convoquer depuis la fin de la dernière session, depuis même
l'été dernier. Il y a eu impossibilité pour diverses
raisons. Nous allons y venir, mais la sous-commission de la réforme ne
fait pas office d'appel pour les décisions de la présidence.
Quant à moi, j'applique le règlement que l'ensemble de
l'Assemblée a adopté suivant les procédures, suivant la
Loi sur l'Assemblée nationale, règlement qui a été
adopté
par l'ensemble des parlementaires. Il y a des précédents.
J'applique les mêmes situations qu'antérieurement. Je vous ai
même référé à une décision du
président Richard Guay à cet effet-là et j'applique les
mêmes choses et, également, les mêmes dispositions qui sont
courantes, qui sont de tradition, qui sont d'usage dans le droit parlementaire
britannique.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, M. le
Président, je ne sais pas ce que ça me vaudra ce que je vais
dire, mais, M. le Président, je m'excuse, tout en respectant les
règlements à la lettre, vous nous placez dans
l'impossibilité de jouer notre rôle de parlementaires. Avant
même qu'on ait exprimé une motion, vous la jugez. Avant même
qu'on ait commencé à la lire, vous la jugez.
Des voix: Oui, oui.
M. Chevrette: vous avez fait pareil avec l'article 62 de nos
règlements tantôt qui est une clause mécanique et je me
considère carrément traité injustement et de façon
contraire à l'esprit de la loi et des règlements de
l'assemblée nationale par votre attitude, m. le président.
Une voix: Oui, c'est vrai.
Le Président: M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je vous rappelle à l'ordre pour une première
fois et, au troisième avis, vous serez expulsé de
l'Assemblée.
Une voix: Bravo!
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je...
Une voix: Aie là! J'entends des choses...
Le Président: Oui. Écoutez, je n'ai rien compris,
je m'excuse infiniment. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'en appelle au calme des collègues. M. le
Président, je comprends que nous abordons une question très
délicate. Le leader de l'Opposition entend se prévaloir de la
procédure de la présentation des motions sans préavis pour
demander le consentement à cette Chambre de façon à
débattre une motion. M. le Président, sans me
référer à votre décision, je vous
réitère - ce que je vous ai déjà indiqué
précédemment au cours de cette séance - ma
disponibilité comme leader parlementaire du gouvernement, et au nom de
mes collègues, pour discuter de tout sujet comme celui auquel nous nous
référons actuellement, notamment à la commission de
l'Assemblée nationale. Je n'ai pas l'intention d'intervenir sur l'autre
volet qui est abordé.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, simplement, ce
que j'ai énoncé tantôt - j'ai rendu une décision,
j'ai expliqué hier et, aujourd'hui, nous y sommes revenus - c'est la
règle du sub judice. Le président n'a pas fait le
règlement. Le président applique le règlement que la
Chambre a elle-même accepté et, également, il doit suivre
les précédents, les usages parlementaires. Je vous ai cité
une décision de M. Richard Guay, président qui, en 1984, refusait
une question parce qu'on discutait du fond d'une question qui était sub
judice à ce moment-là. Dans le cas présent, ce qui est sub
judice, c'est le contrat, la confidentialité du contrat devant la
Commission d'accès à l'information et devant la Cour
supérieure.
Comme président de l'Assemblée, j'ai fait la mise en garde
nécessaire aux parlementaires en leur demandant de s'y conformer et, en
plus de ça, si vous faites une motion, je suis prêt à
l'entendre. Je n'ai pas... je ne connais pas le contenu du contrat, mais si
ledit contrat est confidentiel, il y a un motif de confidentialité qui a
été énoncé par la Cour supérieure dans
l'injonction interlocutoire. L'objet du litige, si on veut, au niveau de la
Commission d'accès à l'information et au niveau de la Cour
supérieure, c'est la confidentialité du contrat.
Tout ce que je vous dis, à ce moment-là, c'est que, dans
les circonstances, vous ne pouvez énoncer des clauses du contrat puisque
le contrat est considéré comme confidentiel jusqu'à la
décision de la Commission d'accès à l'information ou de la
Cour supérieure. Je suis obligé, moi, comme président, de
me conformer au règlement de l'Assemblée, aux
précédents et aux usages parlementaires. Donc, votre motion est
admissible. Je n'ai pas dit qu'elle n'était pas admissible; je vous dis
seulement que vous ne pouvez, dans votre motion, vous référer au
contrat qui est actuellement en discussion devant la Commission d'accès
à l'information et la Cour supérieure.
M. Chevrette: M. le Président, ma question, c'est non pas
sur le respect du règlement, mais sur l'attitude de la
présidence. Je vais aller jusque-là, M. le Président, et
je vais vous expliquer pourquoi. Votre rôle de président,
fondamentalement, vous, c'est de vous lever, M. le Président, quand on
est non conformes, qu'on est hors des règlements, etc. Vous n'avez
même pas laissé partir la motion et vous êtes debout pour
juger. Comment pouvez-vous juger sans avoir entendu ce que j'avais à
dire? Il y a toujours des limites!
Le Président: La seule chose... M. Chevrette:
...la...
Le Président: ...M. le leader, un instant! Un instant! Je
vais immédiatement répondre à l'interrogation.
M. Chevrette: Et je vais me relever!
Le Président: Oui, vous allez vous relever, je suis
d'accord avec vous. Il n'y a aucun problème là-dessus. Vous
voulez présenter une motion, je vous écoute. Dans cette motion,
si, à un moment donné, au niveau de la lecture de votre motion,
vous me dites, en vous référant à tel article du
contrat... Et c'est ce que j'ai compris; je vous dis qu'en vertu de la
décision rendue par la présidence, qui est fondée sur des
précédents, vous ne pouvez faire une telle chose. C'est ce que
d'autres présidents ont fait également à cette
Assemblée. Je vous demande purement et simplement: Allez-y,
énoncez votre motion sans référence à des
dispositions expresses citées du contrat qui, celui-ci, actuellement,
est sub judice.
M. Chevrette: M. le Président, je vais revenir sur la
question de règlement. Avec toute la déférence que j'ai
pour la présidence, j'ai remarqué une chose: À chaque fois
que vous avez fait supposément votre lit sur quelque chose, on ne peut
même pas commencer à s'exprimer. Et ça, ça
m'apparart brimer carrément les droits d'un parlementaire. Ce n'est pas
vous qui portez l'odieux de ce que j'aurais à dire ici, moi. Vous n'avez
pas à vous préoccuper de ce que, moi, j'aurai à
supporter.
Une voix: C'est ça.
M. Chevrette: Vous avez à garantir mon droit de parole,
vous. L'immunité parlementaire n'est pas pour vous, elle est pour moi.
J'ai donc le droit de dire ce que je veux et j'en porterai toute la
responsabilité. J'ai mes culottes longues, moi, je ne suis pas en
culottes courtes ici, M. le Président. Est-ce que c'est clair,
ça? Ça commence à me fatiguer de voir que, comme
parlementaire, je n'ai pas le droit d'aller à la défense de ce
qui m'apparaît être mes convictions personnelles, en plus. Et mon
rôle fondamental de député, de défendre toute
motion, tout droit pour nos individus, pour nos concitoyens, ce n'est pas
à la présidence d'assumer si j'ai le droit ou si je n'ai pas le
droit. La présidence est là purement et simplement pour respecter
mon droit de parole. Elle ne portera pas l'odieux de mes actes, de mes gestes
et de mes paroles. Elle est là pour donner le droit de parole, M. le
Président, et me mettre en garde, mais elle ne peut pas m'en
empêcher, fondamentalement. C'est ça que je trouve inadmissible
depuis hier dans ce qui se passe.
On est rendus qu'on bâillonne par les suspensions de
règles, qu'on bâillonne par des motions de clôture dans les
fins de session, qu'on nous bâillonne même sur le
dépôt mécanique d'une pétition et qu'on veut nous
bâillonner dans le fait d'exposer d'une façon, encore une fois...
Je le sais que je n'aurai pas de consentement pour débattre la motion,
mais, fondamentalement, j'ai le droit intrinsèque dans cette Chambre de
la présenter ma motion et personne ne peut m'empêcher de la
présenter. On peut juger qu'elle est irrecevable, on peut juger qu'on ne
donne pas de consentement, mais vous ne pouvez pas m'empêcher le droit de
la présenter. (16 heures)
Des voix: C'est ça. Bravo!
Le Président: Bien calmement, M. le leader de l'Opposition
et pour tous les parlementaires c'est la même règle qui
s'applique. Il y a une chose qui est évidente, qui est sur tout: le
premier privilège fondamental qui appartient au député,
c'est son droit de parole. On doit respecter le droit de parole d'un
député. Ça, je conviens de ça. Cependant,
l'Assemblée nationale doit faire en sorte, en vertu d'une disposition de
la Loi sur l'Assemblée nationale, de faire des règles de
pratique, des règles de procédure pour ses travaux. Il est faux
de prétendre et de dire, à ce moment-ci, c'est inexact de dire,
qu'un député peut dire ce qu'il veut à n'importe quel
moment à l'Assemblée nationale, c'est inexact. Le
député peut simplement s'exprimer à l'intérieur du
règlement que l'Assemblée a elle-même adopté. C'est
clair là-dessus.
Et comme président je ne veux nullement bâillonner un
député dans son droit de parole. Je dois simplement, comme
président de l'Assemblée, mettre en garde un député
parfois au niveau du "sub judice" avant qu'on n'arrive à des situations.
Mais également, comme président, vous comprendrez que, si, au
niveau d'un "sub judice", il est clairement établi, comme dans le cas
présent, que, dans une situation, on en arrive au coeur du litige, le
président doit dire que cette situation-là n'est pas acceptable,
qu'on contrevient aux dispositions de l'article 35, tel que le président
Richard Guay l'avait fait en 1984 et il y a sûrement d'autres
précédents où des présidents ont agi de ia
même façon à l'Assemblée nationale ou dans d'autres
Parlements du même type qui nous occupe.
Je n'ai nullement l'intention, ce n'est pas moi qui ai censuré
quoi que ce soit et qui porterai l'odieux de quelque propos qui pourrait
être dit. Je l'admets, ce n'est pas moi qui peux faire ça.
Simplement, ce que je vous demande, c'est de réciter votre motion et de
vous en tenir à la règle du sub judice également,
c'est-à-dire de ne pas citer ledit document, puisque l'obligation de la
présidence là-dessus est clairement établie, qu'elle doit
faire respecter le règlement. Je tente de le faire respecter du mieux
que je peux, purement et simplement. J'en appelle à votre collaboration,
comme leader de l'Opposition, pour ce faire.
M. Chevrette: M. le Président, je demande donc à
nouveau le consentement de cette Chambre pour présenter la motion
suivante: "Que l'Assemblée nationale puisse analyser et débattre
tous les impacts reliés à la politique tarifaire
d'Hydro-Québec et plus particulièrement les points sur lesquels
cette dernière, la société Hydro-Québec et les
autres compagnies signataires d'ententes, et notamment sur les points où
il y aurait des rabais de 40 % en 1988, 40 % en 1989, 40 % en 1990, 50 % en
1991, 65 % en 1992 et 75 % en 1993."
M. le Président, je voudrais que cette Assemblée
débatte également l'impact sur les tarifs qui seront
chargés aux contribuables québécois et l'impact
négatif que pourrait avoir, à long terme, la signature de tels
contrats. Je voudrais savoir également si on pourra étudier, je
le souhaite, tout le mode de calcul de tarification des 13 contrats qui ont
été signés par Hydro-Québec avec 13 compagnies
multinationales.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, très bien. C'est parfaitement
conforme au règlement, à mon sens, à ce moment-ci. Ce que
j'ai simplement dit, M. le leader de l'Opposition, c'est que vous vouliez citer
ledit contrat, ce qui est impossible au sens du règlement. Est-ce qu'il
y a consentement pour que nous débattions de cette motion?
M. Pagé: Pas de consentement.
Le Président: II n'y a pas de consentement. Alors,
toujours au niveau des motions sans préavis, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, on aura d'autres
opportunités d'en débattre mais pas aujourd'hui. Ça c'est
moins 32, comme disait le leader.
Le Président: Je demanderais aux députés de
ne pas faire de commentaires.
M. Pagé: Non, non mais...
Le Président: Oui, oui. Je demande de ne pas faire de
commentaires, purement et simplement, et d'en venir à une motion sans
préavis.
Motion de suspension de certaines règles
de
procédure en vue de permettre
l'adoption
du projet de loi 132
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, j'entends me
prévaloir des dispositions prévues aux articles 182 et 183 du
règlement de l'Assemblée nationale et je dépose la motion
de suspension de certaines règles de procédures.
En raison de l'urgence de la situation et en vue de permettre l'adoption
du projet de loi 132 qui sera distribué d'ici quelques minutes, Loi
concernant la construction et la mise en exploitation de postes de manoeuvre et
de transformation électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc
industriel Deschambault-Portneuf, je fais motion, M. le Président, pour
que le 1er alinéa de l'article 20, les articles 100 et 101, 105 à
107, 108, 111 à 114, 194, 205 à 208, 213, 230, 232, les mots
"À l'étape prévue des affaires courantes", à
l'article 233, les articles 236, 237, 240 et 241, le 2e alinéa de
l'article 244, les mots "et l'adoption du projet de loi est fixée
à une séance subséquente" à l'article 248 et les 2e
et 3e alinéas de l'article 256 soient suspendus jusqu'à
l'adoption du projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en
exploitation de postes de manoeuvre et de transformation électrique et
d'une usine d'aluminium dans le parc industriel Deschambault-Portneuf.
Qu'il soit permis, dès l'adoption de la présente motion,
de procéder à l'étude du projet de loi; que
l'Assemblée puisse siéger tous les jours jusqu'à ce
qu'elle décide de s'ajourner; que l'ajournement du débat puisse
être proposé à tout moment de la séance par un
ministre ou un leader adjoint du gouvernement; qu'une telle motion ne
requière pas de préavis et ne puisse être amendée ni
débattue; que l'ajournement de l'Assemblée puisse être
proposé à tout moment de la séance par un ministre ou un
leader adjoint du gouvernement; qu'une telle motion ne requière pas de
préavis et ne puisse être amendée ni débattue; qu'un
ministre ou un leader adjoint du gouvernement puisse proposer à tout
moment une motion pour que l'Assemblée se constitue en commission
plénière; qu'une telle motion ne requière pas de
préavis et ne puisse être débattue; que la durée de
l'étude détaillée dudit projet de loi en commission
plénière soit fixée à un maximum de 60 minutes
après le début de ses travaux et ce, malgré les
dispositions de l'article 245 du règlement de l'Assemblée
nationale; que le président de la commission plénière,
à l'expiration de ce délai, mette aux voix immédiatement,
sans débat et sans appel nominal, les articles et les amendements dont
la commission n'aurait pas disposé, y compris les amendements que le
ministre qui présente le projet de loi n'aurait pas pu proposer en cours
d'étude, et fasse rapport à l'Assemblée; que la
durée du débat sur l'adoption du projet de loi 132, Loi
concernant la construction et la mise en exploitation de postes de manoeuvre et
de transformation électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc
industriel de Deschambault-Portneuf, soit fixée à un maximum de
65 minutes réparties de la façon suivante: 25 minutes aux membres
du parti ministériel, 25 minutes aux membres du parti formant
l'Opposition officielle, 5 minutes aux députés
indépendants et 10 minutes de réplique - on parle toujours
évidemment de la
troisième lecture à ce moment-ci - au ministre qui
présente ledit projet de loi, auquel maximum pourrait s'ajouter, le cas
échéant, pour les fins de l'application du 2e alinéa de
l'article 257, une période maximale de 30 minutes réparties de la
façon suivante: 10 minutes aux membres du parti ministériel, 10
minutes aux membres du parti formant l'Opposition officielle, 5 minutes aux
députés indépendants et 5 minutes de réplique au
ministre qui présente ledit projet de loi, au terme de laquelle les
amendements seraient mis aux voix immédiatement et sans appel nominal;
que la règle ci-haut mentionnée puisse s'appliquer jusqu'à
l'adoption du projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en
exploitation de postes de manoeuvre et de transformation électrique et
d'une usine d'aluminium dans le parc industriel de Deschambault-Portneuf.
M. le Président, voilà le libellé de la motion.
J'en remets deux copies à M. Drolet et je vous indique
immédiatement, M. le Président, qu'il m'apparalt très
clair que cette motion est recevable, ça va de soi. J'entends,
immédiatement après la rencontre des leaders pour le partage du
temps à l'intérieur des deux heures - je pense que ça ne
devrait pas prendre plus que cinq minutes - et je vous demande, M. le
Président, que ça soit un ordre de la Chambre, ça va de
soi. J'entends intervenir pour démontrer très clairement à
mes collègues de l'Assemblée, à celles et ceux qui nous
écouteront, celles et ceux de la galerie de la presse qui suivent avec
beaucoup d'intérêt cet échange, le caractère urgent
et l'obligation que j'ai, comme leader parlementaire du gouvernement, au nom du
cabinet, de déposer cette motion.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Là, vous considérez que vous avez
quelle sorte de motion devant vous?
Le Président: C'est une motion de suspension de certaines
règles de procédure. Ladite motion doit faire l'objet d'un
débat restreint et, à ce moment-là, d'un maximum de deux
heures, et je dois convoquer les leaders pour faire le partage du temps avant
de commencer ledit débat. (16 h 10)
M. Chevrette: Avant que vous nous convoquiez...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...j'aimerais savoir si l'ordre de la Chambre...
Comment conciliez-vous cela avec l'ordre de la Chambre durant les
crédits, juste sur le plan du droit, là? Il n'y a aucun
problème, là? Vous nous avez dit: Vous êtes aux
crédits pour trois semaines, il n'y a plus de travaux de la Chambre. Si
je comprends bien, là, on met un terme à ça. Donc, on
détruit un ordre de la Chambre, parce que vous avez voulu me dire au
départ que c'était un ordre de la Chambre.
J'aimerais au moins que, sur le plan du droit, on m'explique dans quel
carcan on est.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président: Simplement, là-dessus, je vais
répondre rapidement. S'il y a quelque chose, vous pourrez revenir
après. Disons que nous sommes actuellement au point des affaires
courantes et les crédits sont étudiés au moment des
affaires du jour. Alors, les affaires courantes se déroulent tel que
prévu par le règlement, et si le leader apporte une motion de
suspension des règles à ce moment-ci, c'est recevable en vertu de
nos règlements. La période de l'étude des crédits
doit se faire après les avis qui sont donnés au jour le jour par
le leader, et on envoie les gens en commission à ce moment-là.
Les différentes commissions doivent siéger suivant l'avis que le
leader devrait donner.
À tous les jours, nous demandons d'ailleurs s'il y a consentement
pour déroger parfois à certaines règles. À ce
moment-ci, nous sommes toujours au niveau des affaires courantes, et tant que
les affaires courantes ne sont pas terminées, les dispositions de
l'étude des crédits ne s'appliquent pas. Alors, à ce
moment-ci, sur la motion, c'est une motion de suspension de certaines
règles de procédure, conformément aux articles 182 et 183
du règlement. Avant de procéder à la discussion de cette
motion qui prévoit un débat restreint, je vais suspendre les
travaux quelques minutes pour convoquer les leaders afin de fixer le partage du
temps. Donc, nous suspendons pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 18)
Débat sur la motion
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
L'Assemblée est saisie d'une motion de suspension de certaines
règles de procédure. Ladite motion donne lieu à un
débat restreint d'un maximum de deux heures. Après une rencontre
avec les leaders pour le partage du temps, il a été convenu que
sur ces deux heures, 40 minutes seraient réservées au parti
ministériel, 1 h 10 à l'Opposition officielle, 10 minutes pour
les députés indépendants. Il s'agit d'enveloppes et le
temps qui n'est pas utilisé pour ces trois enveloppes-là ne peut
accroître à un autre parti ou aux autres députés
indépendants. En conséquence, ce sont des enveloppes
fermées de 40 minutes pour le gouvernement, 1 h 10 pour l'Opposition et
10 minutes pour l'ensemble des députés
indépendants. L'enveloppe de temps du gouvernement comprend
également le droit de réplique. Et également, un autre
point à spécifier, c'est que le temps ne sera pas limité
à l'intérieur des enveloppes pour chacun des partis ou pour
chaque groupe, comme, par exemple, le groupe des députés
indépendants. Et sur ce, maintenant, nous pourrions procéder au
premier intervenant sur cette motion de suspension de certaines règles
de procédure, suivant les articles 182 et 183 du règlement de
l'Assemblée nationale, motion présentée par M. le leader
du gouvernement. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je veux bien, mais j'aimerais qu'on appelle le
quorum, au moins.
Le Président: Très bien. Je constate qu'il n'y a
pas quorum. Alors, qu'on appelle les députés, s'il vous
plaît! (16 h 20 - 16 h 26)
Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Nous avons maintenant
quorum. En conséquence, nous allons procéder au débat sur
la motion de suspension de certaines règles de procédure.
Débat restreint. Je vais reconnaître, comme premier
intervenant, M. le leader du gouvernement et ministre de
l'Éducation.
M. Pagé:...
Le Président: Pardon? Le partage du temps a
déjà été énoncé, M. le leader. Donc,
vous avez la parole.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je me vois dans
l'obligation, et ce n'est jamais avec très grande satisfaction que le
leader parlementaire du gouvernement, et ce, quel qu'il soit, se voit
convié finalement à procéder ou à se
prévaloir de dispositions de notre règlement qui sont non
seulement particulières, mais qui sont extraordinaires, pour
déposer un projet de loi qui a d'ailleurs été
distribué il y a quelques minutes au bénéfice des membres
de l'Assemblée. La procédure s'inscrit dans un contexte d'urgence
d'intervenir, d'obligation d'intervenir immédiatement, d'obligation
d'intervenir dans un cadre de débat très limité. C'est ce
pourquoi le législateur a prévu, aux articles 180 et suivants de
notre règlement, une disposition comme celle-là,
c'est-à-dire que le gouvernement puisse intervenir en situation
d'urgence.
Nous intervenons aujourd'hui pour nous assurer - et c'est ce que le
projet de loi vise - qu'une entreprise qui a choisi le Québec, qu'une
entreprise qui a décidé d'investir chez nous, qu'une entreprise
dont l'investissement a d'ailleurs fait l'objet d'une annonce en août
1989, puisse terminer ses investissements, en termes de construction,
d'aménagement, et procéder à la mise en exploitation dans
les délais prévus. Je ne peux pas, M. le Président - et je
vous invite à me suivre de près, comme je vous invite à
suivre de près chacun des collègues de cette Assemblée -
je ne peux pas, dans le cadre du droit que j'ai d'intervenir pour la motion de
suspension des règles, intervenir sur le fond de la question. Je suis
limité par le règlement à traiter du caractère
urgent, de l'urgence d'intervenir pour cette entreprise. J'aurai, et ce,
pendant deux heures à compter de maintenant, environ à compter de
18 h 30 ce soir, l'opportunité, pendant une heure, de démontrer
très clairement la légitimité, le bien-fondé, la
pertinence pour le gouvernement du Québec... Je vois le
député de Duplessis qui me regarde avec un oeil interrogateur.
Peut-être devra-t-il éventuellement - je ne le lui souhaite pas -
demander au leader parlementaire du gouvernement ou à un ministre du
gouvernement de procéder de la même façon. Tant mieux si
vous n'avez pas de problème chez vous.
Ceci étant dit, la compagnie Alumax à laquelle nous nous
référons est à construire l'aluminerie Lauralco inc. dans
la zone industrielle de Deschambault, Portneuf. Jusqu'à présent,
des travaux de l'ordre de 500 000 000 $ ont été effectués.
C'est donc un demi-milliard de dollars qui, depuis le début des travaux,
ont été effectués, dépensés dans les
aménagements et la construction, et ça, sans compter les
engagements qui sont pris par l'entreprise, évidemment, pour terminer la
phase de cet investissement massif pour le Québec et, plus
particulièrement, pour la région de Québec. C'est un
projet qui utilisera des technologies de production et de protection de
l'environnement ultramodernes.
J'aurai l'opportunité, dans le cadre du débat en
deuxième lecture, de démontrer très clairement tout ce qui
est fait à l'égard de chacun des points qui est susceptible de
soulever des questions, d'une application de mesures techniques,
mécaniques ou de sécurité qui garantira, hors de tout
doute, aux concitoyens de la région où cet investissement est
localisé, c'est-à-dire dans Portneuf, dans le beau et grand
comté de Portneuf, que cette entreprise, qu'on peut identifier
très clairement sans témérité, cette entreprise est
à mettre en place les équipements, comme je l'indiquais
précédemment, ce qu'il y a de plus à date pour
protéger l'environnement. J'aurai l'opportunité de le faire
à compter de 18 h 30. Je vais être en mesure de démontrer
qu'il en résultera que, pour chaque tonne d'aluminium produite, elle
consommera moins d'énergie électrique que les alumineries
existantes, soit dit en passant, et ça, grâce aux cuves AP-30 de
Pechiney. Je serai en mesure de démontrer et d'indiquer aussi que les
rejets de fluor dans l'atmosphère seront deux fois et demie
inférieurs aux normes fixées par le règlement
québécois sur la qualité de l'atmosphère pour les
nouvelles alumineries, 2,5 fois inférieurs à la norme. Non
seulement l'entreprise rencontre les normes édictées dans
les règlements applicables, les dispositions applicables pour les
nouvelles alumineries, mais cette entreprise, par son fonctionnement... C'est
démontré, c'est validé, c'est confirmé, c'est 2,5
fois inférieur.
Demain, pour les rejets d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, qui
seront si faibles qu'ils correspondent à ceux que produirait la
combustion - là, je demande à mes collègues de bien
m'écouter - ces émanations représentent
l'équivalent de ce que cinq cordes de bois vont produire. Je vais
être en mesure de démontrer aussi que, grâce à un
système de recyclage des eaux usées qui est unique au monde - il
n'y en a pas ailleurs - il n'y aura aucun rejet d'eaux industrielles
usées. En outre, l'eau de pluie qui tombera sur le site suffira pour
alimenter toutes les installations de production de l'usine. L'aqueduc ne sera
utilisé que pour fournir de l'eau potable aux consommateurs, aux
travailleurs. On sera en mesure de démontrer, de plus, que la production
de déchets solides sera réduite à la source et que les
déchets qui ne pourront être recyclés seront
entreposés sur le site de l'usine, dans des conditions offrant une
sécurité totale au public et à l'environnement.
M. le Président, je présente ce projet de loi au nom du
gouvernement, comme suite d'une décision du cabinet, comme suite d'une
décision du Conseil des ministres. Mon collègue, le ministre de
l'Environnement, aura l'opportunité d'intervenir. Mon collègue,
le ministre de l'Industrie et du Commerce aussi; d'autres collègues
ajouteront leur voix.
M. le Président, l'émission des certificats est
susceptible d'être retardée au point de mettre en péril cet
investissement. C'est simple, c'est pas compliqué, la situation en ce
qui concerne l'émission des certificats pour les dernières phases
et l'obligation qui est prévue à la loi, que des audiences
publiques soient conduites comme suite de requêtes dans ce
sens-là, qui durent, quoi? quatre mois, font en sorte que si le projet
de loi n'est pas adopté, il est impossible d'en arriver au respect de
l'échéancier prévu pour la mise en oeuvre des
opérations et l'opération de cette entreprise, en février
1992, tel que prévu aux devis techniques de réalisation.
Certains pourront soutenir - et je ne serais pas surpris que mon
collègue, le député de La Prairie, intervienne dans ce
sens-là - que quelques mois de retard, ça ne serait pas
catastrophique, mais je m'excuse. Pour chaque mois de retard, les
conséquences économiques sont les suivantes: chaque mois, un
manque à gagner de 30 000 000 $ au niveau des revenus de production pour
l'entreprise; un accroissement des charges financières de 9 000 000 $
pour l'entreprise, en ce qui regarde les intérêts sur l'emprunt
contracté pour la construction de l'usine. Ça va de soi qu'avec
une entreprise qui coûte 1 000 000 000 $, il y a des emprunts et des
emprunts qui doivent être remboursés en fonction,
évidemment, du début des travaux, d'une rentabilité, bon,
etc.
Donc, c'est 30 000 000 $ perdus par mois, plus 9 000 000 $ au niveau de
l'accroissement des charges financières pour l'entreprise, ce qui nous
amène donc à 39 000 000 $. Sans compter, quoique en disent mes
collègues de l'Opposition - et on aura l'occasion d'y revenir, à
l'Assemblée nationale, sur ces questions de tarification - qu'un retard
dans l'opération de l'entreprise implique des pertes de plusieurs
millions de dollars pour Hydro-Québec, une perte de revenu de travail et
d'avantages sociaux évaluée à environ 1 000 000 $ pour les
employés, évidemment, qui ne seraient pas à l'usine
à ce moment-là parce qu'ils seraient en chômage technique
compte tenu du retard de l'opération, et une charge additionnelle,
évidemment, et des charges additionnelles pour l'entreprise qui doit
payer, entre autres, des entrepreneurs, des contractants, des gens qui
profitent, somme toute, de cet investissement-là, mais qui attendent
l'autorisation de démarrer certains travaux en ce qui concerne plus
particulièrement la ligne de transport hydroélectrique et ce, ils
attendent de commencer les travaux depuis le 31 mars ou encore le 1er avril
dernier. Nous en sommes donc, aujourd'hui, au 18e jour de retard.
De plus, il faudrait défrayer le coût de solutions
temporaires, soit les coûts d'Hydro-Québec et les coûts de
Lauralco, parce que, avant de présenter un projet de loi dans le cadre
d'une motion de suspension des règles, je serai en mesure de
démontrer, lors de mon intervention en deuxième lecture, que
d'autres alternatives ont été étudiées,
analysées et validées, évidemment, par d'autres firmes,
parce qu'on a tout fait, tant au ministère de l'Environnement,
qu'à Hydro-Québec, qu'au ministère de l'Énergie et
des Ressources, pour voir s'il était possible d'aménager une
ligne hydroélectrique alternative, de se servir d'une ligne alternative
qui est déjà existante, de procéder aux audiences
publiques du BAPE et de déménager, par la suite, la ligne de
transport d'énergie sur la ligne à être construite
éventuellement. C'est impossible et l'ensemble des données
techniques nous l'ont démontré. Et j'aurai l'occasion, non
seulement en deuxième lecture, mais au moment de l'étude du
projet de loi en comité plénier, d'y revenir avec les experts et
les consultants à cet égard.
De plus, si Lauralco ne rencontrait pas la date prévue pour le
début de sa production, soit le début de février 1992, il
faut bien avoir à l'esprit ceci: quand une entreprise - et ça*
c'est généralement reconnu auprès de celles et ceux qui
transigent en semblable matière - procède et appose sa signature
sur des engagements aussi élevés, aussi appréciables,
c'est fait en fonction d'une date de début d'opération. C'est
fait en fonction aussi, évidemment, d'un coût de production.
C'est fait en fonction d'un produit qui est vendu à un prix
donné, etc. Si l'entreprise ne rencontre pas la date prévue, le
prêteur pourrait même remettre en question un prêt de 800 000
000 $ US, ce qui serait susceptible de placer le promoteur, vous en
conviendrez, dans une situation très difficile.
Les principaux choix technologiques qui ont une influence importante sur
les performances environnementales de l'usine de Lauralco ont été
faits avant mars 1990. Ils ont été décrits dans
l'étude des répercussions sur l'environnement qui a
été déposée officiellement au ministère de
l'Environnement par Lauralco à la fin de mars 1990. Pas fin de mars
1991, fin de mars 1990. (16 h 40)
De plus, au fur et à mesure que l'ingénierie de
détail de l'usine progressait, Lauralco a soumis au MENVIQ des demandes
de certificats d'autorisation appuyées par des plans et devis
détaillés. Sur neuf certificats d'autorisation prévus pour
la construction de l'ensemble de l'usine, sept ont été
émis jusqu'à maintenant. Et ça, il faut bien avoir
à l'esprit, il faut bien comprendre - c'est très technique, mais
quand même, c'est important de le souligner - il faut bien avoir à
l'esprit qu'un certificat d'autorisation pour une étape, pour un travail
donné ou une oeuvre donnée, somme toute, peut suivre
l'entreprise; ça peut être des travaux qui s'échelonnent du
début jusqu'à la fin, complètement. Ça peut
être aussi un certificat autorisant certains travaux pour une partie de
l'entreprise qui sera concernée par ce certificat-là uniquement
à la fin. Or, sur neuf certificats, sept ont été
émis jusqu'à maintenant; il en manque donc deux.
Les plans et devis détaillés nécessaires à
l'obtention du huitième certificat ont été
déposés dès qu'ils ont été prêts en
février 1991. Ils sont en cours d'étude. Les composantes de
l'usine pour lesquelles des plans et devis détaillés ont
été déposés au MENVIQ représentent plus de
95 % de toute l'usine. Elles comprennent notamment... C'est-à-dire que
ce qui a été déposé au ministère de
l'Environnement, ce qui a été validé, somme toute,
auprès du ministère, en fonction des règlements
applicables - les critères, l'analyse a été faite, tout
ça - ça représente actuellement, ce qui est soumis
là-bas, 95 % de toute l'usine. Et, pour toute l'usine, ça prend
neuf certificats. Il y en a sept d'émis, il en reste deux à
émettre et le huitième qui doit être émis, tout
était prêt, tout a été déposé en
février 1991.
Il en résulte, j'en conviens, que les autorisations requises pour
les éléments encore essentiels pour le fonctionnement de l'usine
n'auront pratiquement aucune influence sur l'environnement. En clair, ça
veut dire quoi? Ça veut dire que cette loi ne vient pas soustraire
l'entreprise à l'obligation de respecter les normes; elle ne vient pas
soustraire l'entreprise à l'obligation de respecter intégralement
les devis techniques, les règlements, les critères, les
directives, etc. Ce n'est pas ça. C'est pour nous assurer que lesdits
certificats puissent être émis. À la lumière du
progrès de l'évolution de ce dossier-là au
ministère de l'Environnement, on ne peut... Le cabinet n'a pu recevoir
aucune garantie claire, formelle, précise et définitive, que ces
certificats seraient émis régulièrement, normalement, dans
les délais prévus.
Et là, je n'ai pas l'intention, M. le Président, comme je
n'aurai pas plus l'intention dans le cadre de mon intervention en
deuxième lecture, d'entrer dans des questions internes, d'adresser des
blâmes, d'adresser des critiques, exemple concret, aux ingénieurs
du gouvernement du Québec. Non. Sauf que je dois quand même
prendre en compte des constats et, à partir du moment où le
ministre de l'Environnement ne peut garantir qu'à telle date, dans les
délais prévus, lesdits certificats pourront être
autorisés et émis, le cabinet se devait d'étudier cette
question et c'est ce que le cabinet a fait. Et la décision du cabinet,
l'ensemble du Conseil des ministres, ça a été que le
leader parlementaire du gouvernement intervienne.
Il en résulte donc que le fait de passer cette loi - et
ça, je veux le répéter parce que, souventefois, ce qu'on
passe ici, ce qu'on discute ici est l'objet d'interprétation -
l'entreprise devra, même si c'est une entreprise qui est crédible,
qui est performante, qui va mettre en place la technologie la plus
raffinée, la plus récente, la plus à date au niveau
mondial dans les alumineries, en termes de protection de l'environnement... Le
projet de loi ne vise pas à soustraire l'entreprise à
l'obligation de respecter ces lois. Le projet de loi prévoit uniquement
le droit, pour le gouvernement, d'émettre et d'autoriser - c'est ce
qu'on fait par la loi - la construction d'une ligne - et je vais y revenir -
après avoir étudié toutes les alternatives. Le leader de
l'Opposition pourra en prendre connaissance et échanger avec moi sur le
sujet au moment de la commission plénière.
Le huitième certificat d'autorisation de l'usine avait
été demandé pour - on en a sept sur neuf d'émis -
le 18 mars 1991, le 18 mars dernier, il y a un mois comme aujourd'hui, 30
jours. Il inclut certains travaux qui devaient être entrepris au cours de
la deuxième quinzaine de mars. Ce certificat n'est pas encore
émis en raison... et encore une fois je ne veux pas juger sur le fond,
je ne veux pas adresser une critique, je ne veux pas blâmer personne,
mais je suis obligé comme administrateur public, cependant, de tirer des
conclusions d'un constat. Des travaux devaient débuter dans la
deuxième quinzaine de mars, ce certificat n'est pas encore émis
en raison d'un ralentissement de travail des ingénieurs du
ministère de l'Environnement.
Or, si ces travaux ne sont pas entrepris dans les jours qui viennent, le
démarrage de
l'entreprise est d'autant retardé. J'indiquais tout à
l'heure, je quantifiais les pertes énormes, et non seulement pour
l'entreprise, pour les travailleurs, pour ceux et celles qui ont des contrats,
qui ont transigé, qui participent finalement à l'enrichissement
collectif dans la région de Québec et dans toute la province de
Québec de la venue d'un investissement aussi important de 1 000 000 000
$.
En effet, la construction de la fonderie, par exemple, exige
successivement l'excavation de fosses profondes, des opérations
complexes de coulée de béton, des travaux de montage
mécanique y compris l'installation de fours spéciaux,
l'installation de systèmes d'instrumentation et de contrôle puis,
évidemment, des essais d'équipement. Compte tenu des diverses
contraintes qui existent sur un grand chantier industriel, notamment au niveau
de l'espace disponible pour travailler - ça on le sait - de la
sécurité et du contrôle de la qualité, chacun des
jours qui restent jusqu'à la date prévue, du démarrage -
en février 1992 - chacune de ces journées est nécessaire
pour réaliser ces travaux dans le cadre de l'échéancier
qui a été prévu avec l'ensemble des intervenants et,
évidemment, avec celles et ceux qui ont accepté de financer ce
projet, un financement de 800 000 000 $. Ça, c'est pour le
huitième certificat.
Le neuvième certificat devra être tenu à la mi-mai,
ce qui veut dire que d'ici un mois, le dernier certificat doit être
émis pour éviter des risques de retard se répercutant,
encore une fois, jusqu'au démarrage de l'entreprise. Or, comment peut-on
penser - il faut appeler les choses par ce qu'elles sont, clairement, de
façon très lucide - qu'un nouveau certificat pourrait être
obtenu dans trois semaines alors que l'étude de la demande
précédente déposée il y a un mois et demi n'est pas
terminée?
Voilà, pour le volet des articles 3 et 4 du projet de loi qui a
été distribué, qui permettront au gouvernement, au
cabinet, après consultation avec le ministre de l'Environnement... On
est bien conscients du caractère très délicat, très
difficile de la responsabilité qu'il a à assumer en vertu de la
loi. Autant il est préoccupé, c'est normal, par son serment
d'office de la mission environnementale au Québec, de l'obligation qu'on
a de faire plus, qu'on a de faire mieux, collectivement, individuellement etc.,
en même temps il est bien conscient de l'importance du rôle non
seulement éminemment important - on doit utiliser un terme plus fort -
du rôle essentiel à l'économie, au développement
économique du Québec dans chacune des régions. Puis, on
aura l'opportunité d'y revenir. C'est à coup de milliards de
dollars, les investissements. Le premier ministre se référait
à 45 000 emplois, 24 secteurs de production qui sont directement
concernés par la présence et la construction de projets majeurs
et le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie va y
référer, c'est sa responsabilité, et il travaille
tellement fort dans ce domaine-là.
Voilà, M. le Président, pour tout le volet des articles 3
et 4. Le gouvernement pourra, après consultation de notre
collègue, le ministre de l'Environnement, qui va donner un avis au
cabinet, voir à ce que le cabinet puisse émettre les certificats
pour qu'ils puissent arriver dans les délais prévus. (16 h
50)
Revenons maintenant à l'élément de la requête
présentée pour des audiences, au Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, concernant les installations électriques. Une
entreprise comme celle-là, évidemment, doit être
approvisionnée en énergie d'une puissance importante. On a
rencontré et on rencontre actuellement, ça c'est le principal de
l'urgence d'agir immédiatement... On ne peut garantir le respect de
l'échéancier, ça va de soi et ça c'est
démontré hors de tout doute. C'est confirmé que si les
audiences publiques sont accordées suite à la requête de
trois entreprises et un individu, le délai de quatre mois, minimum, qui
est prévu met en péril l'ensemble du projet. C'est aussi simple
que ça. Et on ne le fait pas sous le coup d'une menace de fermeture ou
de cessation, on ne le fait pas sous le coup de la panique. On dit purement et
simplement que, s'il y a un délai de quatre mois additionnels qui est
fait... Et dans mon intervention en deuxième lecture, je pourrai
démontrer très clairement que ces gens-là, ceux qui ont
présenté des requêtes de bonne foi, qui se sont senti le
droit de les présenter, doivent se sentir sécurisés.
En raison de la complexité des installations électriques
à haute tension, leur construction doit être entreprise
immédiatement pour permettre à l'usine de démarrer
à la date prévue, en février 1992. Enfin, leur
construction aurait même dû commencer le 31 mars dernier, le 1er
avril, somme toute, parce que c'était un lundi, pour éviter des
risques de retard. Or, si le ministre de l'Environnement donnait un mandat au
BAPE dans les prochains jours, la construction ne pourrait être
entreprise, au mieux, que dans six mois. En effet, le règlement sur les
audiences publiques donne quatre mois au BAPE pour réaliser son mandat
et l'expérience montre qu'il ne va jamais plus vite, qu'il prend le
délai qui lui est accordé.
Par la suite, le ministre de l'Environnement, au lendemain de ces quatre
mois, doit analyser les recommandations du BAPE et celles de ses équipes
de spécialistes et élaborer un projet de décret.
Après les procédures de préparation habituelle, celui-ci
doit être adopté par le gouvernement. Finalement, Lauralco devrait
soumettre les plans et devis au MENVIQ et celui-ci devrait émettre un
certificat d'autorisation.
Une audience publique de la part du Bureau d'audiences publiques,
ça aurait comme impact un
impact, ce n'est pas compliqué, c'est de reporter l'ouverture de
l'entreprise de février 1992 à août 1992, avec les impacts
auxquels j'ai référé précédemment sur le
financement de l'entreprise qui pourrait être purement et simplement
revu, corrigé, sinon retiré, malgré qu'il y ait 500 000
000 $ d'engagés, une perte quantifiée à près de 30
000 000 $ pour l'entreprise, par mois. C'est des pertes, ça. On parle de
près d'un quart de milliard de dollars, de plus d'un quart de milliard
de dollars. On se réfère à des millions de dollars perdus
dans l'économie de la région de Québec parce que les gens
n'y travailleraient pas, dans l'usine comme telle, ça va de soi. Les
poursuites...
M. le Président, pour l'ensemble de ces motifs, il apparaît
urgent d'intervenir et j'aurai l'occasion, dans le cadre de l'intervention en
deuxième lecture, d'intervenir plus longuement et de démontrer,
sur le fond de la question, la pertinence du geste posé par le
gouvernement du Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. Sur cette motion de suspension des règles, je cède
la parole à M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, ça fait pitié pas mal d'entendre le leader du
gouvernement et je vais m'expliquer. C'est la seizième fois depuis
qu'ils sont au pouvoir, seizième fois, qu'ils trouvent le moyen ou
d'imposer un bâillon ou de suspendre les règles. Mais je n'ai
jamais vu un gouvernement de pareille broche-à-foin, gouvernement qui ne
sait absolument rien planifier, un gouvernement qui fait pitié. Dans le
cas de Lauralco, M. le Président, croyez-le ou non, c'est la
quatrième loi qu'ils déposent. Ils en ont déposé
deux le 20 décembre 1989, la loi 233 et la loi 204. Des problèmes
avec leurs municipalités. Ils ont déposé la loi 259, le 21
novembre 1990. Aujourd'hui, ils nous arrivent avec un quatrième projet
de loi sur le même projet. Ça fait quelque chose comme brillant.
Et je comprends, M. le Président, que les compagnies, face à un
gouvernement aussi broche-à-foin, qui sait si peu où il va, qui
est si peu capable de planifier ses travaux, doivent exiger, mettre le poing
sur la table et dire: Écoutez, vous allez nous prouver que vous marchez,
que vous êtes intelligents, que vous avez une planification quelconque,
on n'a plus aucune confiance en vous autres. C'est ça, fondamentalement,
qui se passe aujourd'hui.
Mais ce qui se passe aujourd'hui, c'est grave. Parce que, M. le
Président, le leader du gouvernement présente un projet de loi
spécial et qu'il dit invoquer l'urgence pour le présenter. Je
n'ai jamais vu ça. C'est même manquer d'imagination. Il aurait
très bien pu, à la période du dépôt de la
législation aujourd'hui, déposer un projet de loi, M. le
Président, avec une clause dedans disant que cette loi sera
rétroactive à la journée de son dépôt
lorsqu'elle sera sanctionnée.
On n'aurait pas eu à suspendre les règles. On n'aurait pas
eu à suspendre le droit de parole des individus. On aurait pu suivre
carrément le processus normal de législation. Et, M. le
Président, bien non, on arrête les crédits, on fait le gros
"show" sur la suspension des règles alors que la date de son
application, ça aurait très bien pu être la date du
dépôt. L'urgence. M. le Président, l'urgence, excusez, M.
le Président, mais ça n'a pas de bon sens, ça ne tient pas
debout, ça ne résiste même pas à l'analyse.
C'est peut-être urgent pour la compagnie d'avoir des assurances de
votre part, mais ce n'était pas l'urgence de suspendre les règles
ici. Pas vrai. On est rentrés le 14 mars, M. le Président.
Comment se fait-ii que, depuis le mois de mars, on n'ait pas
déposé une législation pour faire suivre le cours normal
d'une législation. Comment se fait-il? Et, plus que ça, comment
se fait-il que ce soit le leader du gouvernement qui soit obligé de
déposer un projet de loi? Lui, député de Portneuf,
résident de Portneuf et leader du gouvernement. Entre vous et moi, vous
faites pitié comme équipe. C'est un dossier qui relève de
l'environnement, ça. C'est l'étude d'impact du BAPE. Comment
ça se fait que le ministre de l'Environnement n'a pas le courage de
piloter ses propres législations? Qu'est-ce qu'il fait là, cet
enfant-là, M. le Président? Qu'est-ce qu'il fait là, ce
ministre-là?
Il n'a même pas le courage d'être en Chambre à ce
moment-ci - je sais qu'on ne doit pas le signaler - et ça devrait
être lui, le parrain de la loi et non pas le député de
Portneuf. Le député de Portneuf sera taxé, M. le
Président, peut-être malgré lui, bien involontairement,
mais il sera taxé de prendre des abus de pouvoir - parce qu'il est
à la fois député de Portneuf et leader du gouvernement -
pour suspendre les règles de la Chambre, pour faire adopter une loi d'un
collègue qui n'a pas le courage politique d'assumer ses
responsabilités de ministre. C'est le ministre de l'Environnement qui
est accrédité et qui a prêté son serment d'office
pour administrer la Loi sur la qualité de l'environnement et pour y
déroger au besoin, mais comme ministre de l'Environnement.
C'est le leader du gouvernement qui nous présente une loi
aujourd'hui. Moi, je trouve ça scandaleux. À la rigueur,
ça aurait pu être Mme la vice-première ministre parce qu'on
parlait de construction d'un poste d'électricité; à la
rigueur, ça aurait pu être la ministre de l'Énergie et des
Ressources. Mais, fondamentalement, c'est pour éviter les audiences du
BAPE. Je pense que le premier qui doit porter la responsabilité du
projet de loi, c'est le ministre, le courageux, le très brillant
ministre de l'Environnement, qui n'est pas capable de soutenir un dossier
devant
aucune instance, qui est en train de devenir la risée de tous les
groupements environnementaux parce qu'il n'est pas capable d'assumer ses
responsabilités.
Fondamentalement, M. le Président, écoutez, pensez-y 30
secondes, quand on a un projet de même devant une compagnie
sérieuse... Je vais m'adresser au ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. le Président. Ça ne doit pas être drôle
d'aller expliquer le cafouillis à une compagnie. Je comprends, devant
une pareille désinvolture vis-à-vis les responsabilités
ministérielles. Imaginez-vous! On fait construire un édifice de
700 000 000 $. Ça coûte environ 700 000 000 $ à 800 000 000
$, cette histoire-là, et on n'a pas rattaché les fils avant.
Imaginez-vous de quoi ça a l'air. Pensez-y 30 secondes. Quatre lois
avant d'en arriver à pouvoir dire que vous pourrez peut-être
respirer et qu'on va chercher des capitaux étrangers; et Lauralco est
dans les 13 compagnies, en passant, qui ont signé une tarification avec
Hydro-Québec - je regardais dans la liste - avec des rabais pour les
coûts de l'électricité des premières
années.
M. le Président, les Québécois ont contribué
beaucoup à ça. Mais, fondamentalement, où vous en
allez-vous en culottes courtes? Ça n'a pas de bon sens de vous voir
aller. Vous avez l'air de personnes qui ne savent pas ce que c'est
qu'administrer les deniers publics et qui ne savent pas ce que c'est de faire
affaire avec du monde de l'économique. Je suis convaincu que le ministre
de l'Industrie et du Commerce va être un peu gêné
d'expliquer ça parce que, ordinairement, un cabinet, ça a une
pensée unique et ça rattache les fils entre eux avant d'aller sur
la place publique avec un dossier de même. Imaginez-vous, on a
laissé dépenser 700 000 000 $, 800 000 000 $, et on vient de
s'apercevoir qu'il y aurait peut-être des audiences publiques. Comme si
ça ne se prévoyait pas au départ, ça. Comme si
ça ne se prévoyait pas au départ! (17 heures)
Comment ça se fait que depuis 1989 on n'a pas réussi
à faire faire une audience publique sur l'impact d'une ligne
électrique? Entre vous et moi, administrer c'est l'art de
prévoir. C'est ça, la définition exacte du mot
administration, M. le Président. Administrer, c'est l'art de
prévoir. On nous arrive aujourd'hui: il faut suspendre toutes les
règles, il faut suspendre toutes les procédures, il faut
suspendre vos droits de parole. Il faut les limiter parce qu'on vient de se
rendre compte que, peut-être, ça sera dangereux pour le 1er
février 1992. Je le répète, on aurait pu la mettre au
feuilleton, pas créer cet impact négatif encore contre le
Québec. On aurait pu mettre au feuilleton une loi disant que sa
portée sera rétroactive au jour de son dépôt.
Ça ne change rien et on aurait pu suivre le processus législatif
normal.
Ça prend un petit peu d'imagination pour penser à
ça, oui. Mais ça aurait évité - et le ministre doit
le savoir - tout ce genre de discours que nous sommes obligés de tenir
présentement, ce qui n'est pas à l'honneur du gouvernement du
Québec, qui n'est pas à la hauteur d'un gouvernement qui se dit
respectable et qui veut être respecté. Suspendre les règles
dans un Parlement, c'est gros ça. On ne suspend pas ça pour la
frime, M. le Président. Ça fait cinq fois depuis 1989 qu'on
suspend les règles pour des espèces de dossiers qui auraient pu
très bien suivre leur cours normal. On est en train de faire perdre
toute la dimension et le respect de cette règle parce que pour suspendre
les règles dans un Parlement, il faut que ce soit quelque chose
d'extraordinaire. Il ne faut pas qu'il y ait d'autre moyen d'y recourir. Je
comprends ça qu'on puisse suspendre les règles quand il y a 400
000, 500 000 personnes dans la rue, qu'il y a des services qui ne se donnent
pas et que ça prend une intervention de l'État.
Je comprends ça qu'on puisse suspendre les règles. Mais
suspendre les règles aujourd'hui, au moment où on est à
étudier les crédits, au moment où on va entrer dans la
législation normale le 1er mai prochain, au moment où on aurait
pu présenter un projet de loi avec une clause rétroactive
à son dépôt, il me semble, M. le Président, que
ça aurait été, d'abord politiquement - et je le dis comme
je le pense - pour ceux qui se targuent d'être des spécialistes
des relations économiques et de l'économie en
général, n'oublions pas que la dimension politique joue un
rôle important dans l'économie.
Quand une compagnie est obligée de percevoir que le p'tit gars et
la p'tite fille en petite culotte courte puis en petite jupe courte, courte,
courte, ne savent pas où ils s'en vont et qu'ils sont obligés de
suspendre les règles pour le savoir... Plus que ça, qu'on cherche
le ministre de l'Environnement dans tous ça. On ne sait pas où il
est, lui, il doit être quelque part entre une grande baleine et je ne
sais pas où, ou il est en chicane avec un pylône électrique
et je ne sais pas trop quoi à Montréal, à
Rivière-des-Prairies. C'est devenu une risée. Je comprends que
vous riiez. Je comprends que vous puissiez en rire, vous autres aussi, du
pouvoir parce que ça doit vous tanner de voir ces attitudes infantiles
qui se déroulent actuellement dans le domaine environnemental. Il
devrait être à son siège au moins pour venir dire à
cette Chambre: Je ne suis pas d'accord, ou je suis d'accord. Si je ne suis pas
d'accord, c'est pour tel motif.
Un homme est respecté quand il a le courage de ses convictions et
qu'il est capable de les assumer ses convictions et ses principes. Moi, qu'on
fasse déposer un projet de loi aujourd'hui par le député
de Portneuf qui n'est pas responsable du dossier de l'environnement, qui n'est
pas responsable du dossier de l'énergie, qui est leader du gouvernement,
ça constitue pour moi un abus de pouvoir dans le Parlement.
Pour moi, ça constitue un abus de pouvoir. Quand tu n'es pas
porteur d'un dossier et que tu te permets de passer une loi d'exception, de
parrainer une loi d'exception au moment où le même problème
se situe dans ton comté, ça m'apparaît être un abus
du Parlement, M. le Président, d'autant plus qu'on aurait pu
éviter cette loi spéciale. On aurait pu éviter de mettre
une motion de bâillon, à toute fins pratiques, à
l'Opposition et aux parlementaires en général. Ça
m'apparaît tout à fait inacceptable.
Si le gouvernement du Québec, au cours des années, a voulu
donner aux citoyens du Québec la possibilité de pouvoir obtenir
des audiences publiques, si le gouvernement du Québec et
l'Assemblée nationale du Québec ont voulu donner par
législation des recours aux citoyens quant à la qualité de
leur environnement. Si le gouvernement du Québec, au cours des
années, a voulu qu'il y ait des études d'impact au niveau
environnemental, ce n'était pas pour voir le pouvoir exécutif
continuellement bafouer ça, il faut bien s'entendre. Si on a voulu
donner aux concitoyens la possibilité de connaître les
études d'impact, on n'a pas laissé au pouvoir exécutif le
soin de passer par-dessus ça tous les jours.
Je vous avoue très honnêtement, M. le Président, que
ça peut sembler drôle, ce qui se passe. Bien sûr que M. le
député de Portneuf et leader du gouvernement va carrément
dire: Oui, mais c'est important; dans mon comté, c'est une grosse
entreprise. Comme si c'était important, en 1930 et en 1940, d'avoir des
grosses entreprises au Québec et de leur laisser installer des tuyaux
gros de même qui polluaient, dans le fleuve Saint-Laurent. Et
aujourd'hui, qui paie l'équivalent à peu près des
retombées économiques? Ce sont les mêmes citoyens du
Québec parce que les gouvernements n'ont pas, à l'époque,
pris leurs responsabilités en matière environnementale. On a
laissé polluer nos cours d'eau, polluer nos fleuves. Et aujourd'hui, qui
a fait le gros de l'argent? Ce sont les contribuables québécois
qui paient les dégâts. Ce n'est pas pour rien qu'on a une loi sur
la qualité de l'environnement qui nous demande, dès le
départ, présentement, d'aligner la qualité de vie, la
qualité de l'environnement au développement économique. Et
on leur dit, dès le départ, aux compagnies: Vous ne polluerez pas
et vous ne viendrez plus briser la qualité de vie, notre qualité
de l'environnement. Vous allez vous construire selon les normes
édictées.
On a voulu que le citoyen soit rassuré dans ces projets-là
en instituant des études d'impact et au moment où le BAPE aurait
pu avoir des audiences publiques. Comment se fait-il qu'il n'y en ait pas eu
depuis 1989? Vous êtes-vous posé la question? C'était
impossible de tenir ça il y a sept mois, huit mois? Écoutez une
minute! Ou bien vous ne savez pas où vous allez. Pourquoi avez-vous
voté une loi, le 20 décembre 1989, la loi concernant la
municipalité de la paroisse
Saint-Joseph-de-Deschambault? Vous saviez que la compagnie s'en venait,
sinon vous n'auriez jamais passé cette loi-là. Pourquoi avez-vous
passé une autre loi le même 20 décembre 1989, une loi
concernant les municipalités et les paroisses Saint-Joseph de
Deschambault et Notre-Dame-de-Portneuf? "C'était-u" parce que la
compagnie était en train de s'installer là, par hasard? Pourquoi
en avez-vous passé une autre, la loi 259, le 21 novembre 1990? "C'est-u"
parce qu'il n'y avait pas de problème entre les municipalités? Et
vous n'avez pas prévu que les citoyens, quels qu'ils soient, avaient
droit à ces études d'impact?
Et là, rendu au mois d'avril - ho! - il y a urgence. Il y a
urgence au mois d'avril. Est-ce qu'on a vu, au feuilleton, il y a cinq, six
mois, une loi empêchant des audiences publiques? Si vous les aviez
faites, il y a cinq, six mois, est-ce qu'il y aurait urgence aujourd'hui? Vous
êtes en train de plaider votre propre turpitude, votre propre inertie,
votre propre inaction, fondamentalement. Vous avez une loi pour empêcher
les citoyens d'avoir recours à une loi à laquelle ils avaient
droit parce que vous ne l'avez pas fait. Donc, vous plaidez votre propre
turpitude messieurs, dames du Parti libéral. C'est ça,
fondamentalement. Arrêtez-vous un peu, pour ceux qui se disent
intellectuels et rigoureux! J'en regarde certains qui se targuent souvent de
ça. Un intellectuel un peu rigoureux, qu'est-ce qu'il comprendrait
aujourd'hui avec ce projet de loi là? Parce que vous n'avez pas vu clair
dans les propres lois qui vous régissaient, parce que vous n'avez pas
fait respecter vos propres lois, parce que vous n'avez pas vu les pouvoirs qui
étaient dévolus à des citoyens, aujourd'hui, en plaidant
votre propre turpitude, vous allez attaquer des droits de citoyens. Vous
êtes obligés de suspendre ces droits parce que vous n'avez pas agi
dans les délais impartis par les lois.
Aujourd'hui, vous allez faire pleurer les citoyens en disant: Aie! loi
spéciale! Une compagnie qui s'en vient! La compagnie, elle doit vous
avoir forcés de faire ça. Devant votre western administratif, la
compagnie doit avoir dit: Ils ne savent pas où ils s'en vont. Je suis
aussi bien d'exiger ça parce que ce sont des matelots en goguette; ils
ne savent pas où ils vont du tout. Fondamentalement, vous êtes
obligés aujourd'hui de leur dire: Oui, vous aurez votre poste
hydroélectrique pour le 1er février 1992. C'est comme si vous
n'aviez pas prévu que ça prendrait un poste pour les fournir. (17
h 10)
Quand vous leur avez donné l'aval en 1988, en 1989, quand vous
avez désarticulé des municipalités, que vous avez
décidé du dézonage agricole, quand vous avez
décidé des partages de taxes, vous ne saviez pas que ça
leur prendrait de l'électricité, mais que les citoyens, par
ricochet aussi, aurait droit à des audiences publiques, au moins, pour
s'expliquer? Vous
n'avez pas pensé à ça? Administrer, c'est l'art de
prévoir. C'est l'art de prévoir, surtout quand on a les lois
écrites noir sur blanc. Ce n'est pas trop dur, là, c'est de lire,
puis dire: II faut que je fasse ça. Bien là, ou bien vous ne
savez pas lire, ou bien vous ne comprenez pas ce que vous lisez, ou bien vous
êtes complètement déphasés et
dépassés! Mais c'était noir sur blanc, tout ça!
Là, on vient invoquer, aujourd'hui, l'Urgence, M. le
Président. Aie! C'est urgent. Tout d'un coup qu'il n'ouvrirait pas le
1er février 1992. Imaginez-vous, c'est vrai que ce serait grave, je
comprends que ce serait grave! Je comprends tout ça, puis il n'y a pas
un citoyen au Québec qui peut se réjouir d'une perte de 30 000
000 $ par mois, je comprends tout ça. Puis je comprends que, pour un
ministre de l'Industrie et du Commerce, il a l'air fou en bebite. Si tu fais
une démarche pour aller chercher une compagnie, puis après
ça que tu t'arranges pour qu'elle connaisse six ou sept mois de
déficit à 30 000 000 $, je comprends que ça fait dur,
surtout dans un contexte où on a besoin d'un recrutement positif. Mais,
bonne mère du ciel, vous vivez dans quelle équipe?
Où est ce brillant écologiste qui a la
responsabilité de l'application des lois environnementales, M. le
Président? Celui qui se fait tasser à peu près par tout le
monde, celui qui ne semble pas appliquer rien, au ministère? Il le
savait. C'est lui qui a la responsabilité de dire au BAPE: Siège
tout de suite, parce qu'il y a une urgence. C'est lui qui doit nommer les
représentants pour siéger au BAPE, puis dire: La cause, à
Deschambault, ça presse, parce que la compagnie aura besoin
d'électricité, puis il faut voir les études d'impact de
ça. Qu'est-ce qu'il fait, lui? Où est-ce qu'il est, dans le
dossier? Comment se fait-il que ce ne soit pas lui qui parraine le projet de
loi aujourd'hui, puis qui vienne dire aux Québécois,
malgré le fait... Et c'est sa responsabilité, je ne lui dirai pas
quoi dire. Il va venir nous jouer une chanson monotone, recto tono, comme
d'habitude! Il va venir nous dire que ce n'est pas dangereux, que son
ministère a des études et qu'il y a sept décrets
d'éliminés, pa, pa, pa, pa... Vous le connaissez, le
chloroformant ministre de l'Environnement. C'est lui qui devrait parrainer la
loi, puis qui devrait venir nous dire, aujourd'hui, s'il y a des études
de faites au ministère, s'il y a des études préliminaires
de faites, si le gouvernement, posant ce geste, ne met pas en danger la
qualité de vie, la qualité de l'environnement.
Non, c'est parrainé par le leader du gouvernement, M. le
Président, à la fois député de Portneuf et
résident dans cette circonscription électorale. Moi, je trouve
ça un petit peu fort, merci. Ça me semble, c'est ce que j'appelle
de l'abus de pouvoir, quand on agit de même. Ça aurait pu
être la ministre de l'Énergie, je l'ai dit, à la rigueur.
Je l'aurais toléré, à la rigueur, au moins que ce soit
elle qui présente le projet de loi. Mais, dans les circonstances, M. le
Président, c'est à se demander si ce n'est pas un gouvernement en
déroute. Quand un ministre... Moi, j'ai toujours compris, en
politique... parce que j'ai fait partie d'un cabinet. Quand c'était un
dossier de mon ministère, je n'ai jamais accepté qu'un autre
prenne les responsabilités à ma place. Je n'ai jamais
accepté, moi, par exemple, puis ça pouvait aller jusqu'à
des prises de bec, mon collègue peut le dire...
Quand on est conscient, qu'on est convaincu que c'est un dossier de
notre responsabilité, on ne fait pas présenter ça par un
autre, M. le Président. C'est une démission, à toutes fins
utiles, que le ministre de l'Environnement devrait poser. Il devrait
démissionner, cet homme, s'il n'a pas le courage de prendre ses
responsabilités et de les assumer devant le public. Sa
crédibilité, elle va en prendre pour son rhume, mais plus que
ça, en plus de ne pas avoir la crédibilité, il n'a
nettement plus la compétence et la conviction en plus pour assumer ses
propres responsabilités, et il devrait démissionner. Il devrait
quitter le gouvernement puis aller faire du cheval, comme il aime ça,
faire de l'équitation. Fondamentalement, M. le Président, c'est
ça qu'il devrait faire, dans des sentiers écologiques. Il
apprendrait peut-être ce que c'est que l'environnement. Mais ça
n'a pas de bon sens, M. le Président, aujourd'hui, que te ministre de
l'Environnement n'assume pas ses responsabilités à
l'Assemblée nationale. Ça n'a pas de bon sens.
Et j'aimerais bien que vous me teniez un discours pour justifier que ce
soit le député de Portneuf, député du comté
et leader du gouvernement qui assume cette responsabilité aujourd'hui.
J'aimerais voir la logique, la cohérence et la rigueur intellectuelle de
celui qui va essayer de me prouver que ça va de soi. Fondamentalement,
c'est une suspension de droits réservés à des individus
à laquelle on assiste aujourd'hui, dans un secteur bien défini et
dans des juridictions ministérielles bien identifiées. À
chaque fois, M. le Président, le ministre se fait enlever deux pouvoirs
dans la loi. Et je reviendrai sur le fond.
Mais si vous avez reçu le projet de loi, j'aimrais que vous le
regardiez. Fondamentalement, le ministre de l'Environnement se fait enlever
carrément deux pouvoirs. Ils disent qu'ils vont le consulter, mais c'est
l'Exécutif, le pouvoir exécutif qui va décider. Donc, ce
n'est plus le ministre de l'Environnement et le ministère de
l'Environnement qui vont décider. Relisez bien la loi et vous allez voir
que c'est le pouvoir exécutif qui va décider à sa place.
Ils vont le consulter. Bien là, ça serait un petit peu insultant
s'il fallait qu'ils disent qu'ils ne le consul1 teront pas. Mais, de
toute évidence, il n'a pas été capable d'assumer sa
responsabilité ministérielle. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est
lui dire: Écoute, mon Pierre, là, après-midi, on passe tel
décret. Tu feras comme d'habitude, tu suivras
la parade. C'est ça, fondamentalement, son rôle,
imaginez-vous, du défenseur de la qualité de l'environnement.
Mais ce qu'il y a de plus grave - et ça, le public en
général ne le comprend pas toujours - pourquoi on se lève
en cette Chambre et on dit que ça n'a pas de bon sens d'invoquer les
urgences quand il n'y en a pas d'urgence? Un. Ça n'a pas de bon sens de
bâillonner le Parlement non plus avec la suspension de toutes les
règles. Parce que, M. le Président, ce gouvernement-là ne
sait à peu près pas où est-ce qu'il va. Suspendre les
règles, ça veut dire qu'on n'a plus les moyens qu'on avait pour
combattre un projet de loi. Normalement, c'est huit jours au feuilleton.
Là, on nous dépose le projet de loi et, dans huit heures, tout
sera accepté. Parce qu'on a limité les droits de parole, il n'y
aura plus de commission parlementaire, il n'y aura plus de débat
à la longueur du temps qu'on voudra en troisième lecture. On nous
limite à une demi-heure, maximum. Il y aura à peine une heure de
débat en commission parlementaire pour les amendements. et,
fondamentalement, tout ça, m. le président, on a invoqué
une fausse urgence pour camoufler l'incompétence gouvernementale. c'est
ça, fondamentalement. moi, j'aurais honte quand, dans un même
projet, croyez-le ou non, dans un même projet, pour le réaliser,
ça aura pris quatre projets de loi. quatre projets de loi. aie! ils sont
forts les rouges au pouvoir! quatre projets de loi pour essayer de faire
fonctionner le même projet de loi. vous êtes forts. c'est
épouvantable! vous n'auriez pas pu penser à votre affaire au
départ et en faire un seul global. vous auriez l'air moins fous? quatre
projets de loi pour venir à bout de faire marcher ce projet de lauralco.
"y sont-u" forts à mon goût! comme si, au départ, quand
vous avez été recrutés ou que ces gens-là sont
venus ici pour offrir la possibilité d'investir au québec, vous
ne saviez pas qu'il y avait des lois, qu'il y avait des règlements,
autant sur le plan énergétique que sur le plan environnemental,
qu'il y avait des possibilités de négociation. comment vous allez
m'expliquer ça?
Moi, j'aimerais ça que le ministre de l'Industrie et du Commerce,
tantôt, se lève et qu'il me dise, là: C'est tout à
fait normal un cheminement comme on a suivi. J'aimerais ça qu'il me dise
ça, lui. J'aimerais ça que le ministre de l'Industrie et du
Commerce vienne me dire, M. le Président, qu'il trouve ça
logique, qu'il trouve ça correct, qu'il trouve ça tout à
fait cohérent, qu'il trouve ça normal, qu'il trouve que c'est la
meilleure méthode pour attirer les investisseurs étrangers, qu'il
trouve que les dossiers ont connu un déroulement tout à fait
normal, logique, attirant pour les investisseurs étrangers. J'aimerais
ça qu'il me dise ça, moi. Remarquez bien que je n'aurais pas le
droit de le dire en Chambre, mais je lui dirais... S'il fallait qu'il me dise
ça, je lui dirais des mots qui ne seraient pas parlementaires. Je n'ose
pas espérer qu'il me dirait ça non plus. Ça n'a pas de bon
sens. C'est de l'improvisation et le ministre le sait. C'est de la pure
improvisation. Improvisation au départ, improvisation en cours de route
et improvisation à la fin. Et pour vous en sortir, vous, vous êtes
obligés d'aller tout à fait à rencontre de la
vérité. Pour vous en sortir, vous êtes obligés de
nous dire qu'il y a urgence alors que vous aviez un moyen très simple,
c'était de déposer un projet de loi. (17 h 20)
À l'ouverture même de la session, le 14 mars, vous auriez
pu déposer un projet de loi en disant: Au cours de la présente
session, nous allons adopter une loi qui sera rétroactive au
dépôt du projet mais qui ne fera que suspendre les audiences du
BAPE, point final. Ça aurait été si simple. Pourquoi
bafouer les droits des parlementaires en suspendant les règles? Pourquoi
bafouer les droits des citoyens si vous n'aviez pas le goût de le faire?
Vous auriez pu le faire au moins sans le passer à la vapeur comme vous
voulez le faire présentement. Fondamentalement, M. le Président,
je m'aperçois que l'usure du pouvoir a fait ses ravages. À peine
au début du deuxième mandat, il n'y a plus d'imagination, il n'y
a absolument plus aucune planification, on s'en va au jour le jour, on pose des
gestes tout à fait incohérents. Un ministre qui est dans son
secteur voit l'autre ministre décider à sa place. Il n'y a pas
une journée qui se passe sans qu'un ministre se chicane avec l'autre par
rapport à son champ d'action. Il me semble, M. le Président, que
le peuple québécois devrait se rendre compte que ça
commence à faire dur là. On se le fait dire de jour en jour,
d'ailleurs.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Ça commence à faire pitié un
petit peu là. C'est l'image que vous projetez en faisant ces
choses-là. Vous projetez quel type d'image aujourd'hui, M. le
Président? Le ministère de l'Environnement en prend pour son
rhume, M. le Président. La crédibilité du ministre de
l'Environnement en prend pour son rhume auprès de tous les groupes
environnementaux. Ça veut donc dire: Ne faites rien, ne remplissez pas
vos responsabilités comme gouvernement et vous vous en sortirez à
la fin par une loi spéciale. C'est ça, fondamentalement, que vous
venez de faire aujourd'hui. Je ne sais pas si vous êtes conscient de
ça. Le ministre de l'Environnement qui aurait pu décréter
des audiences publiques depuis deux ans, il ne l'a pas fait. Aujourd'hui, il
dépose un projet de loi pour ne plus permettre d'audiences publiques.
Où est le droit des citoyens dans ça? Où est le droit
fondamental des citoyens dans ça, M. le Président? Ça fait
dur!
M. le Président, j'ai relu tout ce dossier et
quand on m'a annoncé qu'il y aurait suspension des règles,
quand on m'a annoncé qu'on ferait fi de la Loi sur la qualité de
l'environnement, mon premier réflexe a été de dire: Oui,
mais qu'est-ce que le ministre en pense? Ma surprise devient encore plus grande
quand je m'aperçois que le projet de loi concernant la construction et
la mise en exploitation de postes de manoeuvre et de transformation
électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc industriel
Descham-bault-Portneuf... Présentation: Michel Pagé, Port-neuf,
député de Portneuf et leader du gouvernement, M. le
Président, ministre de l'Éducation. Le ministre de
l'Éducation du Québec et leader du gouvernement est en train
d'enlever à un groupe de citoyens la possibilité d'avoir des
audiences publiques parce que son collègue de l'Environnement n'a pas
fait sa job, n'a pas fait son emploi, n'a pas rempli ses
responsabilités, il y a quelques mois. C'est ça,
fondamentalement. C'était à vous autres de les faire les
audiences, il y a quelques mois, ne pas attendre à la dernière
minute pour invoquer l'urgence.
Aïe! Ça fait bas, ça fait petit, ça. Ça
fait très petit, ça, M. le Président. Être
obligé de se servir d'une loi d'exception pour enlever des droits et des
privilèges. Puis, plus que ça, le ministre, le brillant,
chloroformant ministre de l'Environnement, M. le Président, n'est
même pas là pour défendre la situation environnementale au
Québec. En d'autres mots, il se laisse tondre tous les jours par tous
les ministres, lui. Il n'a même pas l'impulsion de retirer son masque
chloroformant pour se débattre un peu en faveur de la qualité de
l'environnement. Je pense qu'il s'endort lui-même, ma foi! M. le
Président, ça n'a pas de bon sens.
Je termine, M. le Président, en disant que ça m'aurait
surpris... J'aurais toléré, à la rigueur, que ce soit Mme
la vice-première ministre parce que depuis un certain temps, Mme la
vice-première ministre, elle le tasse à peu près comme un
rideau de douche, le ministre de l'Environnement. Chaque fois qu'il a un
dossier, on voit Mme la ministre tasser le rideau de douche et on voit le
ministre de l'Environnement tomber dans le bain. Il ne se relève pas
vite en passant. Je pense qu'il est sonné chaque fois qu'elle le tasse
parce qu'on ne le voit pas rebondir très régulièrement
pour défendre les dossiers environnementaux. Je pense qu'il se sonne en
tombant dans son bain, M. le Président, parce que, normalement, ce
monsieur-là, qui a la responsabilité, qui a un serment d'office,
qui a juré de défendre la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui a juré de voir à l'application de lois du
Québec en matière environnementale, il faut croire qu'il dormait
sur la "switch", comme disent certains Québécois.
Je n'arrive pas à comprendre qu'aujourd'hui, là, vous nous
mettiez le bâillon, que vous nous disiez: Les règles du Parlement
sont enterrées pour une couple d'heures, on va vous faire gober un
projet de loi, on va vous faire passer un projet de loi à la vapeur
parce que je n'ai pas réussi à faire ma job avant! Moi, je n'en
reviens pas, M. le Président. Je ne l'accepte pas. Avec ce gouvernement,
on est en train de détruire complètement le règlement. Le
règlement dit: dans certains cas d'urgence, M. le Président.
Est-ce que, demain matin, la population du Québec est en danger si on ne
vote pas ce projet de loi-là? C'est ça une urgence dramatique
pour suspendre les règles du Parlement. Ce n'est pas de les suspendre
à sa guise quand ça nous tente. On suspend les règles d'un
Parlement quand il y a urgence en demeure pour le bien public.
Vous essayez de me démontrer qu'il y a une urgence, demain matin,
pour la vie des Québécois. Est-ce qu'il y a un danger pour la vie
des Québécois, M. le Président? Vous allez me
répondre: Bien sûr. Je vois le député de Portneuf
faire la gorge chaude en disant: II y va de l'intérêt
économique de mon comté, de ma région. Bien oui. Mais
pourquoi ne se sert-il pas de son poste de leader précisément?
Faire preuve d'imagination et déposer un projet de loi dans le cadre
normal, avec une rétroactivité au jour de son dépôt
pour qu'on puisse le discuter en toute sérénité et non pas
en toute vapeur comme vous voulez nous le faire passer tout de suite. Ce n'est
pas vrai qu'on va camoufler votre incompétence, votre inaction, votre
inertie. Ce n'est pas vrai. Il n'y a pas d'urgence.
Si la présidence de l'Assemblée nationale était
amenée à juger le bien-fondé des urgences, on
arrêterait probablement de voir autant de motions de suspension des
règles, ça n'a pas de "mosus" de bon sens. On est rendus qu'on
suspend pour tout et pour rien, alors qu'on n'est même pas capable de
faire preuve d'imagination. Et plus que ça, la motion de suspension des
règles est devenue l'outil principal pour camoufler
l'incompétence totale, l'inertie et l'inaction d'un gouvernement. Il me
semble que ce n'est pas pour ça le règlement de
l'Assemblée nationale. Le règlement de l'Assemblée
nationale a été pensé, pour la motion des suspensions des
règles, exclusivement pour les grandes urgences. Oui, il y a des
urgences quelquefois dans notre société. Oui, à ce
moment-là, on doit y répondre. On doit comprendre, comme
parlementaires, qu'on doit agir. Je pense, par exemple, dans le domaine de la
santé. Si une grève éclatait dans le domaine de la
santé et qu'il n'y avait plus de médecin, qu'il n'y avait plus
d'infirmière, je pourrais comprendre qu'on puisse invoquer l'urgence et
dire aux citoyens: II faut légiférer, on n'a pas le choix. Mais,
bonne mère du ciel, ce n'est pas le cas là. Il n'y a personne qui
va mourir demain matin là. Et ça nous donnerait le temps de poser
des questions.
Pensez-vous qu'en trois quarts d'heure je pourrai demander au ministre
de l'Environnement pourquoi il n'a pas agi? D'abord, il ne sera
probablement pas là. D'abord, il ne sera probablement pas
là et je le réaffirme, M. le Président. Il aura le courage
de venir s'asseoir ià. Dans trois quarts d'heure, que voulez-vous? On
aura de la difficulté à lui poser trois ou quatre questions dans
trois quarts d'heure ou une heure parce qu'il prendra probablement tout son
temps, comme d'habitude, pour niaiser à dire rien plutôt que de
répondre au fond des choses. On le connaît, on est
habitués. Ce n'est pas une occasion de cacher et de camoufler
l'incompétence ça là. Si on avait une commission
parlementaire où on peut conduire un interrogatoire précis et, si
ça prend cinq jours, ça prend cinq jours, mais qu'on aurait le
courage de se rendre au bout de son travail, parce que c'est ça,
fondamentalement, l'Opposition... On ne pourra jamais savoir. Les citoyens du
Québec ne pourront jamais savoir les dessous de cette urgence, mais,
fondamentalement, M. le Président, le gouvernement est
dépassé. Ils ne savent pas où ils vont, ils agissent
à la journée.
Je vous rappelle, en terminant, que c'est quatre projets de loi pour la
même usine: quatre. Une petite chicane là-dessus, une loi
spéciale. On ne s'entend pas sur le dézonage, une loi
spéciale. On ne s'entend pas sur les audiences, une loi spéciale.
Ah! On a oublié qu'il pouvait y avoir des audiences publiques du BAPE,
une autre petite loi spéciale. Ça "prendrait-u" une loi
spéciale? Je vais vous en permettre une loi spéciale, moi; mettez
vos sièges en jeu devant la population du Québec, je vais vous
passer la loi spéciale tout de suite. Vous allez voir ce qu'ils vont
penser de vous autres. Merci, M. le Président. (17 h 30)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. Je cède maintenant la parole à M. le
leader adjoint de l'Opposition officielle et député
d'Abitibi-Ouest, en vous rappelant, M. le député, que votre
formation dispose encore de 35 minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président. Une chose qui est
certaine, encore une fois, c'est avec beaucoup de... On va le faire calmement,
mais ce n'est pas parce qu'on n'aurait pas envie de le faire avec plus
d'agressivité. Mais une chose est certaine, M. le Président, ce
gouvernement et ce leader en particulier sont en train de ridiculiser
systématiquement le sens de notre règlement sur la notion de
suspension des règles.
Il est très clair dans l'esprit de notre règlement que,
normalement, lorsqu'on débat pendant un temps limité - puisque
c'est une motion où le temps est limité - on doit argumenter et
plaider sur la notion d'urgence, non seulement sur la notion urgence uniquement
théorique, mais sur la notion d'urgence immédiatement. De tout
temps, on a interprété que ce que nous entendions par notion
d'urgence, c'est: Est-ce que oui ou non la santé ou la
sécurité des citoyens et des citoyennes du Québec est mise
en cause si le gouvernement n'intervient pas dans certaines situations?
À cette question, M. le Président, il est très clair que
dans le présent dossier, vous en conviendrez, si vous vous êtes
donné la peine d'écouter les propos du leader du gouvernement,
que jamais il n'a pu nous donner quelque indication que ce soit puisque,
constamment, il disait: Vous verrez quand j'aurai l'occasion de parler du fond,
vous verrez les raisons pour lesquelles il y a urgence.
Mais ce n'est pas ça, le débat de deux heures. Le
débat de deux heures, c'était en mesure, rapidement, parce que,
comme mon collègue, leader de l'Opposition, l'a mentionné
tantôt, si vous aviez, M. le Président, à juger,
après avoir entendu les arguments, de la recevabilité, à
savoir si vous avez acquis la conviction qu'il y avait des motifs d'urgence, je
suis convaincu que dans le présent cas, votre décision serait on
ne peut plus simple à prendre, on ne peut plus claire. Vous conviendriez
que vous n'êtes pas capables de déceler les motifs d'urgence pour
dire au Parlement: On arrête, ça ne marche plus suivant les
règles établies, ça ne marche plus suivant la tradition,
ça ne marche pas suivant ce qui a été
décrété il y a deux semaines comme étant
prioritaire, c'est-à-dire l'étude des crédits. Tout le
monde le sait, le législateur, normalement, lors de l'étude des
crédits, sait ce qui devient la priorité du Parlement. On n'a pas
le droit de faire de législation, on n'a pas le droit de faire une
série de choses que, normalement - ça fait 15 ans, moi, que je
suis dans ce Parlement-là - on a le droit de faire.
Et là, il y a 15 jours, on avait arrêté tout
ça. On a dit: Là, il y a urgence. Pendant 225 heures, on fait
l'étude en commission des crédits budgétaires de ce
gouvernement-là. Aujourd'hui, le leader nous dit: Ce n'est plus
ça que nous faisons parce qu'il sait qu'il peut s'appuyer uniquement sur
sa majorité silencieuse, numériquement pas mal plus forte que la
nôtre. Numériquement, pas mal plus forte que la nôtre, mais
très silencieuse sur des motifs de fond et pas du tout en mesure
d'assumer ses responsabilités et de convenir avec nous, comme
parlementaires, que dans le présent cas ça n'a pas de bon sens.
On ne peut pas admettre ça, on ne peut pas endurer ça et on ne
peut pas laisser passer ça. La seule alternative qu'il nous reste, c'est
de le dire pendant deux heures, sachant très bien qu'après qu'on
l'aura dit pendant deux heures, il y aura vote. La majorité
ministérielle va écraser l'Opposition officielle sur le plan de
la logique de la non-urgence, ces gens-là vont procéder comme si
de rien n'était et demain, on aura vécu, comme Parlement, une
autre loi spéciale, une autre motion de suspension des règles, un
autre bâillon à l'Opposition, pour des motifs, il
faut l'avouer, sur le fond, aujourd'hui, des motifs sur le fond
aujourd'hui qui sont peut-être justifiés, M. le Président.
Mais, nous autres, notre responsabilité ce n'est pas de dire: Parce que
vous vous êtes traînés les pieds, parce que vous n'avez pas
pris vos responsabilités, parce qu'il y a des conflits internes entre
vous autres... C'est évident qu'il y a des conflits. Mon collègue
l'a très bien exposé. Je ne veux pas reprendre tous ses
arguments, mais en reprendre quelques-uns.
Comment se fait-il que le ministre de l'Environnement n'est même
pas en cette Chambre pour une loi aussi importante pour lui parce que,
fondamentalement, il y a eu plusieurs préoccupations environnementales
et on sait qu'en bout de ligne ça va finir qu'il y a un citoyen qui
pensait qu'il avait des droits et ce soir, vers 22 heures, il va apprendre
qu'il n'en a pas de droits avec ce gouvernement-là. C'est ce
gouvernement là qui mène et, à un moment donné, il
dit: Écoutez, nous là, c'est notre logique. Et si, comme c'a
été exposé, on l'avait fait la première fois...
parce que n'oubliez pas que nous en sommes à la quatrième
législation dans le dossier de Lauralco, quatrième
législation.
Le ministre de l'Éducation, leader du gouvernement, est
député du comté concerné. Je le comprends un peu
que le gouvernement lui ait dit: Écoute, tu vas aller au banc des
accusés et, pendant deux heures, même si on trouve que ça
aurait dû être mieux planifié, puisque le projet c'est quand
même 500 000 000 $ d'investissement, et qu'on s'est tellement
traîné les savates, qu'on n'a tellement pas pris de
décisions que c'est évident que 500 000 000 $ d'investissement en
pleine crise économique, dans une période où il n'y a pas
de journée, quelque bulletin de nouvelles que nous écoutions,
où on ne parle pas de fermeture d'usine, de faillite commerciale, de
déception dans les régions du Québec où les gens
trouvent qu'il n'y a pas de décision qui se prennent, qu'il y a
véritablement pas d'action gouvernementale pour sentir qu'à un
moment donné on va se sortir de cette situation difficile...
En 1982, oui il y a eu une crise, mais le Québec est sorti de la
crise plus rapidement que tous les autres parce qu'il y a eu des
décisions pour relancer l'économie, pour maintenir un minimum de
structures industrielles. Là, je ne suis pas sûr, en 1992, avec
quoi on va recommencer. Moi, je veux juste vous rappeler que, dans ma belle
grande région, en Abitibi-Témis-camingue, c'est le marasme total.
Mais une des raisons principales du marasme total, c'est ce cher gouvernement
là. Tout ce qui marchait, il l'a aboli. On avait un développement
de l'activité minière sans précédent avec les
accréditives. Ces gens-là ont détruit le régime
d'actions accréditives. Moi, j'ai vécu deux années
d'exploration, 500 000 000 $ d'exploration pendant deux ans. 500 000 000 $.
Cette année, on va fermer l'année, en 1991, peut-être avec
50 000 000 $. Pertinent, M. le Président, écoutez.
J'ai entendu les arguments du député de Portneuf et je
n'ai pas entendu un mot sur l'urgence. Je vais y revenir dans quelques minutes.
Ce que je veux illustrer, c'est que, quand on ne prend pas de décision,
on verse dans la panique et, quand on verse dans la panique, ça donne
lieu à des décisions comme aujourd'hui. On dit: Pour deux heures,
le Parlement c'est nous. On se déguise, on déguise
l'Assemblée nationale en Exécutif comme si te pouvoir
législatif n'existait pas. Nous, pour ceux qui ne le savent pas
là, on n'est pas membres de ce gouvernement-là. On est membres de
l'Assemblée nationale, comme parlementaires, mais on n'est pas membre de
ce gouvernement-là et on ne veut rien savoir de ce
gouvernement-là. Et on sait que le Québec ne veut rien savoir de
ce gouvernement-là. C'est important de savoir ça.
C'est important d'être conscients, comme parlementaires, que
l'Assemblée législative, l'Assemblée nationale du
Québec doit avoir un minimum de pouvoirs, un minimum de capacité
d'exercer notre rôle. Moi, j'ai été aussi élu que
n'importe qui d'entre vous. Et lorsque la population m'a dit: On veut que ce
soit toi qui aille nous représenter, ce n'est sûrement pas pour me
faire fermer la boite à chaque moment que le gouvernement, par manque de
planification, par imprévoyance, par manque de stratégie, par
conflit ministériel, parce que c'est de ça qu'il s'agit quand le
leader du gouvernement se lève en Chambre et dit: Mesdames, messieurs,
M. le Président, c'est fini. Ce n'est pas ce qui était
prévu qui va se passer. C'est ce que je décide qui va se passer.
(17 h 40)
Ça, c'est troquer les droits de l'Assemblée
législative, M. le Président, et, nous, on ne peut pas laisser
passer ça sans dire un mot. Revenons quelques minutes sur: Y a-t-il
urgence parce que ça va être une grosse affaire? Moi, je me
souviens, depuis 15 ans, est-ce qu'il s'est bâti, est-ce qu'il s'est
construit, au Québec, des grosses affaires? Est-ce qu'il y a eu des
investissements majeurs, M. le Président, au Québec, durant les
dernières années? Il y en a eu. J'en ai connu en 1978, en 1979,
en 1980, en 1982, en 1984, un peu moins depuis 1985. Et quand il y en a eu, il
y en a eu dans des conditions comme s'il fallait, dorénavant, pour qu'il
y ait un investissement majeur au Québec, il faut suspendre les lois, il
faut suspendre les règles. La Loi sur la qualité de
l'environnement, ça, ça ne s'applique pas comme pour les autres.
Parce que c'est dans le comté de Portneuf? Parce que ça s'appelle
Aluminerie Lauralco? Parce que c'est un projet d'un demi-milliard? Moi,
j'applaudis: projet d'un demi-milliard, mais je n'applaudis pas à la
façon dont, dorénavant, on va donner l'espèce d'image que
n'importe quel gros projet industriel est le bienvenu. Et si jamais il y avait
des problèmes
avec le fonctionnement des règles québécoises, si
jamais il y avait des problèmes avec nos lois législatives, des
lois que la population du Québec a voulues?
Ne pensez pas que c'est uniquement ma préoccupation, ça,
le respect de l'environnement. Le respect de l'environnement, M. le
Président, c'est une préoccupation du Québec moderne,
d'État moderne, de jeunes hommes, de jeunes femmes
québécoises. Tout le monde aujourd'hui, en 1991, parle de
développement durable, mais le développement durable, il ne faut
pas que ce soit uniquement en termes vertueux. De temps en temps, il faut
être capables de regarder si on applique concrètement les
règles pour en faire. Et là, dans le projet, actuellement, le
député de Portneuf nous a dit: C'est moderne; donc, il faut
suspendre les règles. Il nous a dit: Ça va être moins
consommateur d'énergie que n'importe quoi. Ça va consommer moins
d'énergie que les anciennes alumineries. J'espère. Avec la
technologie de fine pointe, j'espère qu'on va être plus capables,
sur le plan technologique, d'arriver avec des projets industriels qui ont ce
que j'appelle une meilleure configuration, pour éviter qu'on continue
à détériorer l'environnement comme on l'a fait pendant de
trop nombreuses années.
Il a ajouté: Toute la question des déchets solides, pour
ce qui est de l'Aluminerie Lauralco, à Deschambault, dans le
comté de Portneuf, il n'y en aura presque pas, il n'y aura pas
d'inconvénients majeurs sur l'environnement. Tant mieux. Très
heureux. J'applaudis. Bravo! Est-ce que c'est une raison, M. le
Président, pour suspendre les régies? Est-ce que c'est une raison
pour dire, parce que justement il y en aura moins, que la santé publique
des citoyens et des citoyennes du Québec est en danger? Vous savez bien
que la réponse, c'est non. Parce qu'il y aurait quelque chose de
contradictoire. Si c'est moins polluant, c'est de meilleure qualité et
c'est de la fine pointe, c'est de la haute technologie, bien, en quoi il y a
des inconvénients majeurs sur la santé et la
sécurité du public québécois, aujourd'hui?
Parce que je répète, une loi spéciale qui suspend
les règles, il faut être en mesure, à la face de tout le
monde, y compris les gens qui nous écoutent, y compris les gens qui
viennent voir nos travaux, il faudrait qu'ils voient ça dans deux
heures. Oui, ils ont raison parce qu'on a vu l'urgence. Je suis convaincu que
si j'avais la chance d'interroger des gens qui nous écoutent ou des gens
qui nous voient, il n'y en pas beaucoup qui seraient en mesure de me dire: On a
eu très clairement les 6, 7, 10 ou 15 raisons d'urgence ou si on
n'agissait pas aujourd'hui, immédiatement, la santé du public
québécois serait mise en cause. Allons voir! Pensez-vous que
c'est ça qui habite ces gens-là? Et là, on est en train de
faire, dans ce Parlement, d'une règle d'exception, on est en train d'en
faire une règle coutumière. On appelle ça une
banalisation.
Qu'est-ce que ça va vouloir dire dorénavant dans le
règlement, M. le Président? Chaque fois que je lirai les articles
180 et suivants, je vais être obligé de partir à rire. Je
vais être obligé de dire: Jadis, c'étaient des
règles d'exception. Mais avec ce gouvernement-là ce ne sont pas
des règles d'exception, c'est devenu la règle courante. C'est
devenu une règle habituelle, usuelle. On ne sait jamais à quel
moment le leader va se lever en Chambre et va dire: Ce n'est pas ce qui est
prévu qu'on fait. Voici ce que nous faisons. Et surtout, pour la
première fois. Moi, à ma connaissance, c'est la première
fois, M. le Président, qu'on suspend les règles en pleine
étude des crédits budgétaires du gouvernement. Dans ce
sens-là, nous ne pouvons pas, de ce côté-ci de la Chambre,
nous croiser les bras, faire comme ces parlementaires silencieux, dire:
Écoutez, on ne rajoutera pas de bisbille. Il y en a assez au Conseil des
ministres. Nous, on va se taire et on va juste aller voter la loi d'exception
du ministre, parce qu'il nous a dit qu'il fallait que ça se passe de
même; le Conseil des ministres en a décidé.
Moi, je ne peux pas fonctionner comme ça, M. le Président,
comme parlementaire. Et je tenais, succinctement, parce que, qu'est-ce que vous
voulez? on le sait que, après nos deux heures, quoi qu'il advienne,
quelle que soit la rationalité de nos propos, le bien-fondé de
nos propos, on ne s'occupe pas de ça. On ne s'occupe pas de ça de
l'autre côté de cette Chambre. On ne veut rien savoir de ce qui
pourrait être intelligent, intelligible, compréhensible et
conforme à une vérité logique, normale. On ne s'occupe pas
de ça. Après deux heures, le vote va être appelé et
la majorité va entrer. Là, vous allez les voir arriver.
Majoritairement, ils vont entrer, et là, on va voter, et c'est fini.
Après ça, on va discuter, encore là pendant quelques
heures, étant convaincus que, de toute façon, ce soir, il y aura
une loi qui aura été adoptée pour la quatrième
reprise sur le même dossier. Quatrième reprise sur le même
projet, pensez-vous que ça fait sérieux? Pensez-vous qu'on peut
cautionner ça du revers de la main et dire: Bien moi, mes
responsabilités, je m'en acquitte très bien, rentrer et aller
faire mon petit souper tranquille, comme s'il ne s'était rien
passé et que c'était une journée comme les autres?
Ce n'est plus une journée comme les autres quand on se fout
éperdument des règles de la démocratie, des règles
de convenance, des règles établies depuis des années. Pour
moi, ça ne sera jamais une journée comme les autres. Chaque fois
que j'ai eu à discourir sur une loi d'exception, je n'ai jamais
trouvé que c'était une de mes plus belles journées,
surtout pas quand... Si je reviens aux propos du député de
Portneuf, je l'entendais au début, il a dit ceci: Ce n'est pas de
qaieté de coeur que nous faisons ça, mais on va le faire pareil.
Ce n'est pas de gaieté de coeur, mais on
va le faire pareil. Comme si, parce que ce n'était pas de
gaieté de coeur, il n'y avait plus de problèmes, on venait
d'éliminer tous les problèmes. Ça leur donne le droit
d'arriver avec le bazooka, d'arriver avec ce qu'on appelle la motion de
bâillon, la force numérique du nombre, parce que c'est juste
numériquement qu'ils sont plus forts, on va le voir tantôt. Dans
ce sens-là, moi, je ne prétends pas que la force numérique
doit constamment écraser une minorité parlementaire dûment
mandatée par sa population pour surveiller l'application des
législations québécoises.
Ce sont les remarques que je voulais faire. Je veux laisser quelques
minutes à mon collègue de Lévis. Mais c'est clair que
nous, on ne peut pas cautionner, et on ne cautionnera sûrement pas,
encore une fois, une motion de suspension des règles parce que nous
avons la ferme conviction qu'il n'y a pas urgence et que n'importe quel
gouvernement qui assumerait ses responsabilités convenablement, qui
aurait le sens de la planification aurait incorporé les
difficultés à l'intérieur des lois qu'on a
déjà adoptées concernant ce projet-là. Je voudrais
bien qu'on me comprenne, M. le Président. Oui, je la veux, i'aluminerie
de Lauralco. Oui, l'aluminerie de Lauralco est un projet intéressant. Il
est bâti, de toute façon, il est en place. Bravo à
l'investissement d'un demi-milliard, mais dans les règles et à
l'intérieur des politiques qui nous régissent. Des projets
industriels, nous en voulons, mais nous en voulons qui respectent les droits
des citoyens, qui respectent les règles élémentaires que
nous avons établies pour le futur et qui permettent de faire du
développement durable parce que c'est la seule forme de
développement qui intéresse, en termes de devenir et de futur,
les Québécois et les Québécoises de demain. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. le député de Lévis. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'écoutais mes
collègues, le député de Joliette, le leader de
l'Opposition et le député d'Abitibi-Ouest. Ce qui m'a
frappé dans leurs propos, c'est la responsabilité du ministre de
l'Environnement qui, au fond, se fait bousiller et reste en fonction. Moi, je
me rappelle qu'il y a eu un ministre, il n'y a pas longtemps, il y a quelques
mois, qui a démissionné quand est arrivée une question
comme celle-là, c'est le ministre du Revenu du temps, Yves
Séguin, député de Montmorency. Il s'était fait
faire la passe par le ministre des Finances qui avait commandé des
études à son ministère pour justifier la TPS alors qu'il
ne voyait pas ça venir. Mais, il a eu l'honneur de dire: Je n'endurerai
pas ça. Il a quitté le ministère du Revenu parce qu'il ne
pouvait pas accepter qu'une taxe qui était contraire aux
intérêts de la population - on le voit actuellement, avec ce qui
se passe sur le plan économique - soit mise en place alors qu'on faisait
travailler ses fonctionnaires sur la commande du ministre des Finances sans que
lui-même le sache, alors qu'il n'était pas favorable à
cette taxe-là.
Actuellement, le ministre de l'Environnement s'est déguisé
en courant d'air. Le député de Portneuf présente son
projet de loi et c'est comme s'il n'y avait plus de ministre de l'Environnement
au Québec, à tel point qu'un peu partout au Québec... Je
regarde le ministre de l'Industrie et du Commerce qui est ici. Lui-même,
aussi, présente ses projets de loi, il ne s'occupe pas du ministre de
l'Environnement et, à cette heure, laisse la pression sur le ministre de
l'Environnement en disant: On verra si l'Environnement veut. J'aimerais
ça savoir si le gouvernement accepterait, dans une perspective de
libre-échange avec le Mexique, que le Mexique se comporte de cette
façon-là - parce que c'est un débat qui va être en
cours bientôt - si le gouvernement du Québec accepterait que les
règles de l'Environnement soient complètement bousillées
par le Mexique qui ferait une concurrence déloyale. (17 h 50)
Tantôt, c'est le débat qui va être en cours
concernant le libre-échange avec le Mexique, le respect des lois de
l'environnement et le respect des niveaux salariaux. Puis on va parler de
concurrence déloyale à cause de l'environnement qui n'est pas
respecté, et qu'est-ce que le gouvernement fart actuellement? Il fait
exactement la même chose. Pourquoi? Pour donner notre
électricité. Pour la donner, M. le Président, et c'est le
même député qui, en même temps, le même
gouvernement qui, en même temps, donnait l'électricité aux
Américains ou à des alumineries, enlevait le tarif
préférentiel qui avait été accordé aux
producteurs de serres, au printemps 1985, par l'ancien gouvernement, parce
qu'il ne voulait pas donner à des producteurs québécois,
à des producteurs en serre québécois des tarifs
préférentiels qui étaient quand même deux fois plus
élevés que les tarifs qu'on apprend qui sont donnés
actuellement aux compagnies d'aluminium.
M. le Président, c'est scandaleux. C'est un gouvernement
"duvalieriste" qu'on a en face de nous, un gouvernement à genoux, un
gouvernement à plat ventre, qui est prêt, au fond, à donner
nos ressources, mais qui n'est pas prêt à contribuer à
faire en sorte qu'on fasse du développement économique dans la
production en serre au Québec et qui a fait tomber le tarif
préférentiel qui avait été mis par le gouvernement,
au printemps 1985, pour les producteurs en serre du Québec, pour les
ramener au tarif
régulier. Pendant ce temps-là, il consentait des tarifs
deux fois plus bas à des compagnies d'aluminium. Je vais vous dire une
chose, M. le Président. Des subventions de 300 000 $
d'électricité par job de 40 000 $, alors qu'on sait que la
production en serre...
Si on réservait, si le gouvernement avait le moindrement un
objectif de plein emploi, seulement l'électricité qui est
nécessaire pour faire fonctionner une aluminerie avec 500 à 600
jobs, si elle était réservée pour la production en serre
au Québec, ce sont des milliers et des milliers d'emplois qui pourraient
être donnés à des gens qui n'ont pas nécessairement
de doctorat, mais qui pourraient gagner leur vie dans la production en serre au
Québec, un peu partout. Regardons ce qui se fart en Hollande, par
exemple, où il y a deux fois moins d'heures d'ensoleillement, mais on
fournit du gaz, puis, aujourd'hui, la Hollande est un des pays les plus riches
d'Europe, et une des principales raisons, c'est parce qu'on a
développé la production en serre parce qu'il y avait les
ressources pour le faire.
Le Québec, qui a deux fois plus d'heures d'ensoleillement... on
donne notre électricité aux étrangers. On donne notre
électricité aux étrangers, alors qu'on n'est pas capable
d'aider les producteurs québécois a bénéficier d'un
tarif normal. Un gouvernement vendu, M. le Président, qui est prêt
à se donner, un peu comme les gouvernements Duvalier étaient
prêts à laisser leurs Haïtiens donner leur sang, donner leur
sang. Puis on a vu ce que ça a donné aussi. M. le
Président, je trouve ça épouvantable. Moi, je trouve
ça épouvantable, en mettant de côté toutes les
règles normales, les règles normales dans un gouvernement
civilisé, un gouvernement en débandade qu'on a devant nous, puis
on a vu ça toute la journée, défiler ce gouvernement en
débandade qui ne finira sans doute pas son mandat. Oui. Oh! M. le
Président, je sais ce que c'est que la crédibilité. Je
sais ce que c'est que la crédibilité et que la crise
économique qui est amorcée actuellement, à laquelle le
principal contributeur est ce gouvernement.
Le gouvernement est le principal créateur de la crise
économique parce que, actuellement, la crise économique est due
en grande partie à l'augmentation des taxes, à l'augmentation des
tarifs qui se font actuellement au Québec. Et regardez un conseiller de
M. Bourassa, qu'il n'écoute pas comme d'habitude, M. Jaruzelski,
qu'est-ce qu'il dit actuellement? Il est rendu que le plus grand placeur de
fonds de pension au Canada, qui place 30 000 000 000 $ par année, est
rendu à conseiller aux gens d'acheter des dollars américains, de
placer leurs titres dans des titres américains, parce qu'il est
convaincu qu'avec la gestion pourrie qu'il y a tant à Ottawa qu'à
Québec, on s'en va vers un "effoi-rement" du dollar canadien.
Ce n'est pas n'importe qui qui dit ça. C'est celui qui place le
plus de fonds, actuellement, comme entreprise privée de placement de
fonds de retraite, qui conseille à ses gens puis à ses clients de
placer leur avoir en dollars américains pour ne pas se faire dilapider
leurs fonds parce qu'il y a une gestion épouvantable. Pourquoi? Parce
qu'il y a une gestion camouflée, une gestion cachée. Il n'y a
jamais de règles qui sont respectées, de la même
façon qu'on a vu dans le domaine des transports, où on a
augmenté les tarifs pour les automobilistes qui ne respectent pas les
lois, les camionneurs qui brisent les routes, par exemple, les camions qui
viennent des États-Unis, qui brisent nos routes, il ne faut pas
augmenter les pénalités. L'État de New York fait respecter
ses lois, nous autres non, sous prétexte de laisser la concurrence. Le
gouvernement, il a des problèmes dans les engrenages, un gouvernement
qui, après cinq ans, a besoin de mettre un peu d'huile dans les
engrenages, parce que les engrenages ne sont pas ajustés. Et dans une
période de situation économique comme on vit actuellement, le
principal contributeur à faire en sorte que cette crise s'accentue,
qu'elle soit de plus en plus difficile, c'est le gouvernement lui-même.
Avec le gouvernement fédéral, le gouvernement conservateur
à Ottawa et le gouvernement libéral, ils s'entendent comme
larrons en foire sur le dos des Québécois.
M. le Président, c'est pourquoi je me dis, en même temps,
si on est lieutenant-gouverneur, en limousine à 38 000 $ par
année, il n'y a pas de boubous macoutes pour aller vous voir. Quand
c'est du pauvre monde, on envoie les boubous macoutes. Quand c'est le
lieutenant-gouverneur, on dit: On n'est pas capable de l'empêcher. On
n'est pas capable quand c'est des gros. On le voit. Le gouvernement se met
à terre. Mais quand il s'agit des petits, par exemple, là, le
gouvernement est prêt à faire respecter les règles de
l'État. Mais quand il s'agit des puissants, des grandes entreprises,
là, c'est comme s'il n'y avait plus de droits. On devient dans une
société sans droit. Le droit, ça, ça existe
uniquement pour écraser les petits, pour être respecté par
les petits. Mais quand on est dans le domaine des gros, les lois, ça
n'existe plus. À tel point que les gens sont méfiants, ils ne
sont pas confiants et se méfient de ce gouvernement-là. Pourquoi?
Parce que des exemples comme ce qui se passe aujourd'hui, de briser les droits
du Parlement pour faire en sorte de faire des règles, mettre de
côté les droits, mettre de côté les règles
normales... Pourquoi? Pour violer les règles de la Loi sur la
qualité de l'environnement. C'est ça, M. le Président. Et
c'est pour ça que les citoyens sont inquiets.
J'ai des téléphones, par exemple, dans l'affaire de
Petresa; les gens m'appellent. Pourquoi? Parce qu'ils craignent le
gouvernement. Ils sentent que le gouvernement n'est pas leur ami, mais au
contraire, ils craignent ce gouvernement-là. Ils savent que le
gouvernement est prêt à les sacrifier. Ils savent à quel
point ce gouver-
nement-là, dans l'espace de quelques mois, a contribué
à une crise économique majeure. Ils savent à quel point
ils ne peuvent pas faire confiance à ce gouvernement-là. Allez
voir aujourd'hui, demandez à n'importe quelle personne dans les centres
d'achats de Québec combien il y a d'entreprises qui ne paient même
plus leur loyer à cause de la situation économique qui a
été amplifiée par un gouvernement qui leur a sacré
une taxe additionnelle sur le dos avec la TPS, avec un gouvernement qui, depuis
janvier 1990, a augmenté les tarifs d'Hydro de 24 % pendant qu'il
donnait l'électricité aux étrangers. Pendant qu'il la
donnait littéralement. Alors qu'on voit... Dans les questions qu'on
pose, on essaie d'avoir des réponses alors qu'on se rend compte qu'il y
aura des pertes à Hydro. Qui les compensera, les pertes d'Hydro?
Ça va être en taxant les Québécois. En augmentant
les tarifs des Québécois. C'est ça qui va se passer.
On regarde ces gens qui sont là, en face de nous, dans la
sécurité du Parlement. J'ai été en Gaspésie
en fin de semaine pour parler de développement régional dans
l'endroit où il y a le plus haut taux de chômage au Canada. Pas au
Québec, au Canada. Qu'est-ce que j'ai vu? Il a fallu que je cherche pour
trouver un restaurant tellement il y avait de restaurants fermés, avec
de la neige sur les marches. Les hôtels fermés, les entreprises
fermées, 60 % de taux d'inoccupation! Pendant ce temps-là,
qu'est-ce qui se passe? Regardez le Bas-Saint-Laurent, même chose.
Regardez dans les différentes régions, même chose. Et ce
matin, je faisais les crédits de l'OPDQ et on disait qu'il y avait 205
000 000 $ d'inaffectés sur 820 000 000 $. Pourquoi? L'incurie d'un
gouvernement. Et le ministre lui-même se plaignait, avec son
sous-ministre, que les ministères sectoriels se traînaient les
pieds. Se traînaient les pieds pour qui? Pour faire attendre des citoyens
qui, pendant tout ce traînage de pied, ont du chômage. Plus de 100
000 pertes d'emplois depuis le mois de juillet dernier au Québec. C'est
ça, le résultat. Plus de 100 000 pertes d'emplois. Qu'est-ce
qu'on a? Un gouvernement mou.
Quand je regarde dans le domaine des transports, on a coupé la
voirie régionale de 170 000 000 $ en 1989 à 105 000 000 $ en 1990
et à 63 000 000 $ en 1991 pour faire un prétendu plan dans la
région de Montréal, qui ne se réalisera même pas. On
sacrifie le reste du Québec à Montréal et on ne
réalise même pas le plan à Montréal; avec la
complicité, et je l'ai dit, de députés régionaux
qui ne font pas leur travail. Parce que, quand des députés
régionaux refusent que ça se fasse, comme les
députés... si les députés disaient: On ne veut pas
que vous passiez à côté des lois de l'Environnement, il n'y
a pas un premier ministre qui est capable de passer parce que, dans le
système parlementaire dans lequel on vit, ça prend la
majorité en Chambre; et quand des députés se tiennent
debout, il n'y a pas un gouvernement qui est. capable de passer à
côté des règles les plus normales d'un système
démocratique, de respect des citoyens et de respect de l'environnement.
(18 heures)
Mais la complicité est possible parce que les
députés permettent ces abus-là. Chaque
député libéral est responsable des règles de
l'environnement qu'on écarte. Chaque député libéral
est responsable des sommes qui ne sont pas dépensées dans le
développement régional parce qu'on n'a pas à coeur de les
mettre en place. Chaque député libéral est responsable que
les ministères sectoriels se traînent les pieds et on a des
ententes actuellement où, après trois ans sur cinq, il n'y a
quasiment pas d'argent mis en place ou d'investi alors qu'on est dans une crise
économique majeure. Qui est-ce qui va payer pour ça? Les
citoyens, leur femme, leurs enfants, des gens qui vont perdre les biens qu'ils
avaient parce qu'ils vont se retrouver sur le chômage, ils vont se
retrouver dans des situations désastreuses.
Je rencontrais hier des groupes d'agents d'immeubles qui me disaient: II
y a des gens qui n'achètent pas, pas parce qu'ils ont perdu leur job,
pas parce qu'ils anticipent de la perdre immédiatement, mais parce
qu'ils se rendent compte que, dans la situation actuelle, ils peuvent la perdre
éventuellement. Et, actuellement, ils font en sorte de ne pas investir,
de ne pas faire des achats qu'ils feraient autrement parce qu'ils ont perdu
confiance. Et la perte de confiance dans l'économie, c'est la plupart du
temps le résultat d'une perte de confiance dans le gouvernement.
Actuellement, ce n'est pas pour rien que vous voyez les sondages à 34 %
pour les libéraux; 34 % et ce n'est pas fini, on continue à
baisser. Vous allez voir que ça va continuer à baisser. Vous
allez être tantôt en concurrença avec M. Mulroney pour les
15 %.
On a dit que le gouvernement le plus impopulaire qu'on a eu au Canada,
c'est le gouvernement Mulroney, et c'est vrai, et il va partir les deux pieds
par en avant, ça ne sera pas long, vous allez voir. Il va partir.
Pourquoi? Parce que les gens n'ont pas défendu leurs citoyens. Pourquoi?
Parce que, parfois, ça prend un petit peu de courage, pour être
député. Quand ça va bien et que c'est sur le pilote
automatique, c'est facile, mais, parfois, il faut se tenir debout. Il faut
être capable parfois d'être seul à se tenir debout,
ça prend un petit peu de courage. On remarque que, devant ce projet de
loi là, plusieurs députés se sont déguisés
en courant d'air et que d'autres vont collaborer, vont participer à la
mise de côté des lois de l'Environnement, alors qu'il faut faire
par exprès dans ce cas-là, entre vous et moi, M. le
Président, pour mettre de côté des lois de l'Environnement,
mais, par habitude, le gouvernement, de plus en plus, joue au matamore en
disant: On va tasser le ministre de l'Environnement. C'est rendu le
souffre-
douleur du gouvernement.
Vous savez, des fois, j'ai vu des gens, quand ils viennent pour partir
leur char l'hiver et qu'ils sont fâchés, donner un coup de pied
sur l'automobile. J'en ai vu d'autres qui avaient des chiens. Ils donnaient un
coup de pied au chien. Dans le gouvernement, on donne un coup de pied sur le
ministre de l'Environnement. C'est lui le souffre-douleur du gouvernement.
À chaque fois que ça ne marche pas, on dit: C'est le ministre de
l'Environnement. Combien de fois j'ai vu ça dans des commissions
parlementaires, où on disait: Le projet ne marche pas, c'est le ministre
de l'Environnement. Les travaux ne marchent pas, c'est le ministre de
l'Environnement. Tel projet ne marche pas, c'est le ministre de
l'Environnement, et, dans certains cas, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, lui, ne prend plus la peine de le lui dire, il vote les projets et il
dit: Quand le ministre de l'Environnement dira oui, le projet avancera. Alors,
il adopte son projet, il ne s'occupe pas de son collègue et envoie donc,
la parade.
Ce qu'on retrouve actuellement, c'est ça. Quand un gouvernement
est en train de s'écraser, est en train de s'en aller, ça se fait
comme ça. Vous allez voir, dans les prochains mois, de plus en plus, la
solidarité qui n'existe plus, des gens pour qui la personne qu'ils
haïssent le plus, c'est leur voisin, leur collègue. Des gens qui ne
veulent plus... Et vous allez voir pourquoi, parce que, M. le Président,
et je termine là-dessus, vous allez vous rendre compte que les citoyens
s'aperçoivent que vous ne vous tenez pas debout et vous en donnez encore
un exemple aujourd'hui. Vous n'avez pas assez de force pour faire en sorte que
les lois de l'Environnement, de la protection de l'environnement soient
respectées. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Sur cette motion de suspension des
règles, je cède maintenant la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement en vous rappelant que votre formation dispose de 13
minutes.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. M. le
Président, sur le projet de loi 132 et la suspension des règles,
j'aurai quelques brefs commentaires, étant donné que je n'aurai
pas un temps de 20 minutes, mais un temps de 13 minutes. Il s'agit, en effet,
M. le Président, d'un projet de loi à caractère
particulier, d'une loi spéciale, d'une loi d'urgence. Toute la
procédure, y compris le contenu du projet de loi, constitue des mesures
d'exception. Le projet de loi 132 s'intitule: Loi concernant la construction et
la mise en exploitation de postes de manoeuvre et de transformation
électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc industriel Descham-
bault-Portneuf.
À cette étape de nos débats, je vais me limiter
à la motion de suspension des règles. Je n'ai pas l'intention de
traiter du fond du dossier, M. le Président. Je m'attaquerai, ce soir,
lors du débat sur le principe du projet de loi, à la question
environnementale comme telle et aux lacunes qui existent présentement
dans l'actuelle Loi sur la qualité de l'environnement, qui a
été modifiée en 1978, dois-je le rappeler, par le
gouvernement du Parti québécois d'alors, et surtout à
l'article 31 dont je traiterai abondamment ce soir.
Je me suis placé, M. le Président, dans la position de
quelqu'un qui écouterait à la cour une demande d'injonction.
Quelqu'un se présente devant le tribunal et dit au tribunal: "Je subis
un préjudice irréparable, un préjudice hors de l'ordinaire
et je vous demande d'intervenir pour m'éviter de subir ce
préjudice". Je pense que dans le présent cas, M. le
Président, le projet de loi 132, ce sont ces critères-là
qui doivent nous guider parce que ce qu'on dit, en fin de compte, c'est qu'on
veut permettre la construction et l'exploitation de postes de manoeuvre ou de
distribution ainsi qu'une ligne hydroélectrique sur une courte distance
de 95 mètres, plus 715 mètres, c'est-à-dire sur 3000 pieds
de long. Or, il y a des gens, et encore là, j'en parlerai ce soir, M. le
Président, on ne peut pas connaître l'identité de ces
personnes. Il y a quatre personnes selon le journal Le Soleil du 15
avril 1991, d'après le journaliste Michel Corbeil, quatre intervenants.
Non pas ce que l'Opposition nous a dit là, l'ensemble des groupes
environnementaux du Québec... Quatre intervenants dont on ne
connaît pas l'identité bloquent l'ensemble de la construction, la
finalisation d'une usine qui va donner de l'emploi à au-delà de
500, si ce n'est pas 750 personnes, sur le plan permanent et également
de l'emploi indirect à environ 1500 autres personnes.
M. le Président, je me suis posé la question suivante:
Quels sont les motifs en faveur de l'urgence? L'usine doit opérer pour
le printemps 1992. Le processus d'étude d'impact - même si le
Parti québécois ne veut pas le reconnaître - a
débuté en mars 1989 avec la demande de la compagnie Lauralco
indiquant très bien que l'usine serait alimentée, soit par une
source hydroélectrique de 230 kv ou de 315 kv. Ça a pris un bon
bout de temps avant que le ministère de l'Environnement dise à la
compagnie Lauralco - vous vous souviendrez, que c'est en mars 1989 - "II va
falloir que tu procèdes à une étude d'impact pour le poste
de distribution et pour la ligne hydroélectrique". Ça a pris
jusqu'au 30 mai 1990, M. le Président, une année complète
pour se faire dire ça. Or, je ne pense pas que c'est de la faute de la
compagnie Lauralco qui a bien fait ses devoirs. Je vois aussi dans
l'échéancier que, lorsque le ministère de l'Environnement
leur demandait des réactions suite à des direc-
tives préliminaires, entre autres le 24 juillet 1990, que, une
semaine plus tard, le 1er août 1990, la compagnie Lauralco
répondait immédiatement aux demandes du ministère.
Le processus a été trop long et trop long. Le processus
complet de l'article 31 de la Loi sur l'environnement est trop long. Si on part
de la demande de la compagnie en mars 1989 et qu'on s'en va, M. le
Président, jusqu'en... même pas 1991, 1992, ça signifie que
pour obtenir une autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement pour quelque chose qui n'est pas hors de l'ordinaire au
Québec... Il y a combien de stations, de postes de distribution et de
manoeuvre hydroélectriques sur le territoire du Québec?
Au-delà d'une centaine qui fonctionnent, qui opèrent. Combien y
a-t-il de milliers de kilomètres de lignes hydroélectriques au
Québec? On a quatre intervenants dont on ne connaît pas
l'identité - mais dont on peut se douter de l'identité - qui
arrivent devant le ministre de l'Environnement et qui lui disent: Aie, halte
là! Audiences publiques. Il faut aller en audiences publiques parce que
nous on est contre l'installation d'un poste de manoeuvre et de distribution ou
d'une ligne hydroélectrique sur une distance de 1000 pieds.
M. te Président, prima facie, à première vue, je
pense qu'on peut peut-être se douter que l'opposant le plus
sérieux au projet de loi 259, quand on a établi le projet de loi
qui permettait l'expropriation de la zone tampon autour du parc industriel et
de Lauralco, c'était l'UPA. Je ne connais pas l'identité, je ne
la connais pas, c'est confidentiel. Moi, je me doute, effectivement, M. le
Président, qu'il y a peut-être des motifs particuliers mais il n'y
a pas de cultivateur dans la zone. Est-ce que c'est sérieux? Est-ce que
ce n'est pas frivole que d'accorder un tantinet de sérieux à la
démarche de ces gens-là? (18 h 10)
Et savez-vous, M. le Président, en plus de ça, que les
trois intervenants, ça peut être n'importe qui au Québec?
Ça peut être quelqu'un situé à
Trois-Rivières, quelqu'un situé à Montréal, qui, en
vertu de la loi telle que présentée par le Parti
québécois en 1978, et qui a amendé l'article 31 de la loi
qui dit tout simplement: Moi, je m'objecte, je demande une audience publique et
même si la personne n'est pas affectée, le ministre de
l'Environnement va accepter qu'il y ait audiences publiques. Moi, j'appelle
ça de l'obstruction systématique, M. le Président,
entêtée, sans discernement.
M. le Président, les autres intervenants, face à
l'ensemble de la situation... Je disais tantôt qu'on ne pouvait
connaître leur identité. Je sais qu'il y a des écologistes
et des environ-nementalises très sérieux au Québec. Je
sais qu'il y a des pollueurs qui sont sans conscience. Je le sais. Mais il y a
également des écologistes qui n'ont pas de conscience et quand,
dans ces gens-là, pour... Et l'urgence, M. le Président, c'est la
survie d'une région, la survie de la région de
Deschambault-Portneuf, avec 12 % de taux de chômage, avec des gens qui
vont risquer de mettre en péril leur emploi, l'avenir de leur famille.
Je considère, M. le Président, que c'est très important
que l'on aille de l'avant avec cette loi.
Quand on se présente devant un tribunal pour invoquer urgence ou
préjudice irréparable, il y a une règle de base qu'on
applique à tous, M. le Président. On appelle ça la
règle du "clean hands rule". Je vais la traduire de façon
littérale: II faut se présenter devant le tribunal avec les mains
propres. Autrement dit, on dit à celui qui vient devant le tribunal:
Est-ce que tu as fait tout ce qui est en ton pouvoir pour éviter la
situation ou est-ce que tu es l'artisan de ton propre malheur? Et dans le
présent cas, M. le Président, lorsqu'on prend
l'échéancier, la diligence, la rapidité, la
célérité que la compagnie Lauralco a mise à
répondre aux demandes du ministère de l'Environnement, la
compagnie est au-dessus de tout reproche à cet égard. La
compagnie a tout fait pour satisfaire les exigences du ministère de
l'Environnement et la compagnie a les mains propres.
M. le Président, je rappellerai au leader de l'Opposition que son
parti, en cette Chambre, le 30 août 1990 - il a la mémoire courte,
le leader de l'Opposition - sur le projet de loi 82 - je Pai gardé, bien
entendu, dans ma petite réserve de documents très importants -
Loi concernant la construction d'un tronçon de l'autoroute 30 entre
Châteauguay et Sainte-Catherine... L'Opposition, qui gesticule, qui
déchire ses vêtements, ce soir, a voté à
l'unanimité avec le gouvernement pour faire la chose suivante à
l'article 16. Vous avez la mémoire courte, M. le leader de l'Opposition.
L'article 16 disait: "La Loi sur la qualité de l'environnement ne
s'applique pas aux travaux, ouvrages et constructions visés par la
présente loi." L'Opposition, qui tente de nous pointer du doigt,
était d'accord avec le gouvernement pour soustraire tous les travaux sur
l'autoroute 30, il y a à peine huit mois dans cette Chambre, pour dire:
Non, il n'y a pas de problème. Il n'y a pas de problème.
J'entends encore, M. le Président, le leader de l'Opposition
vociférer, mais dans le projet de loi que l'on dépose, que mon
leader a déposé et que le gouvernement dépose, il y a une
disposition, M. le Président, qui n'existait pas dans le projet de loi
82 sur l'autoroute 30, c'est que c'est après consultation avec le
ministre de l'Environnement. M. le Président, je ne vois pas pourquoi,
s'ils ont été d'accord le 30 août 1990, ils seraient en
désaccord maintenant, alors que c'est avec consultation du
ministère de l'Environnement.
M. le Président, je les vois s'agiter, c'est normal. Je les
connais. Ils n'ont pas changé. Quand le député de
Joliette, le leader de l'Opposition, nous dit que le ministre de l'Environ-
nement se cache, eh bien, j'ai des petites nouvelles pour lui. J'ai des
petites nouvelles pour lui. Le ministre de l'Environnement sera ici ce soir. Il
n'a jamais eu peur de personne et il vous donnera, effectivement, son
interprétation et son opinion sur le projet de loi.
Et quand le député de Joliette, celui qui se
considère comme un expert en droit parlementaire, un presque avocat,
nous dit: Voyons donc, il aurait fallu légiférer par
rétroactivité. On aurait dû présenter un projet de
loi, mettre une date, et là, peut-être dire que c'est
rétroactif. C'est un cours élémentaire de droit qu'aurait
dû suivre le leader de l'Opposition; c'est-à-dire qu'on
répugne à faire ça, effectivement, parce que ce n'est pas
la bonne façon de légiférer. Et quand on dit qu'on va
légiférer par promesse à des groupes
d'intérêt particuliers, que ce soit Lauralco ou d'autres groupes,
sous condition suspensive... Imaginez-vous ce qui ce serait passé? La
plus belle injonction possible le lendemain matin à la Cour.
Ça, c'est ce que le leader de l'Opposition, si jamais ils
accédaient au pouvoir, conseillerait à son gouvernement. M. le
Président, je veux tout simplement terminer en disant que mon premier
ministre, mon leader, le député de Portneuf, mes collègues
du Parti libéral du Québec et moi-même, nous n'abdiquerons
jamais notre responsabilité concernant l'intérêt profond et
véritable du Québec, et ne céderons jamais au chantage
fantasmagorique de quatre intervenants qui veulent "préjudicier"
l'avenir économique, personnel et social de 2000 personnes dans une
région au Québec. Et si jamais, M. le Président - je suis
sûr que ça n'arrivera pas - on a à subir le jugement de
l'électorat, j'aime autant le subir, le jugement de l'électorat,
en ayant fait des choses qu'en n'en ayant pas fait.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. Cette dernière intervention met fin au
débat sur la motion de suspension des règles que je mets
maintenant aux voix.
Une voix: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, qu'on appelle les
députés, s'il vous plaît. (18 h 17-18 h 22)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M mes et
MM. les députés, je vais maintenant procéder au
vote sur la motion de suspension de certaines règles de procédure
présentée par M. le leader du gouvernement. Que ceux et celles
qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), M.
Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Tremblay (Outremont), Mme
Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau
(Groulx), M. Maltais (Saguenay), Mme Tré-panier (Dorion), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon),
M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau),
M. Thérien (Rousseau), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette),
M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Va-nier), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), M. Charbon-neau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Gobé (LaFontaine), M. Joly
(Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie),
M. Audet (Beauce-Nord), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M.
Camden (Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix),
M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme
Loiselle (Saint-Henri), M. Lafre-nière (Gatineau), M. Lafrance
(Iberville), M. MacMiilan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette même motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Garon (Lévis), M. Baril (Arthabaska), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Vermette (Marie-Victorin), Mme Caron
(Terrebonne), Mme Dupuis (Verchères), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Abstentions? Pas
d'abstentions.
Le Secrétaire adjoint: pour: 48 contre: 10
Abstentions: 0
Présentation du projet de loi 132
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La motion
présentée par M. le leader du gouvernement est adoptée. En
conséquence, M. le leader du gouvernement et ministre de
l'Éducation présente le projet de loi 132, Loi concernant la
construction et la mise en exploitation de postes de manoeuvre et de
transformation électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc
industriel Des-chambault-Portneuf. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président...
M. Chevrette: Est-ce que c'est la présenta-
tion en première lecture?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): C'est la
présentation, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Oui. J'y vais. Je sens l'enthousiasme de
l'Opposition de vouloir l'étudier. Ce projet de loi a pour objet de
permettre la construction et fa mise en exploitation, dans les délais
prévus, de certains ouvrages dans le parc industriel
Deschambault-Portneuf. Ainsi, ce projet de loi soustrait de l'application de la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement la construction d'un poste de manoeuvre et celle d'un poste de
transformation électrique.
Ce projet de loi prévoit, de plus, que tout certificat
d'autorisation requis en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement pour la construction et la mise en exploitation de ces postes
et pour la construction et l'utilisation des équipements relatifs
à leur exploitation est délivré, après consultation
du ministre de l'Environnement, par le gouvernement, aux conditions qu'il
détermine.
Enfin, ce projet prévoit que tout certificat d'autorisation
requis en vertu de la même foi pour l'achèvement et la mise en
exploitation d'une usine d'aluminium est délivré,
également après consultation du ministre de l'Environnement, par
le gouvernement, aux conditions qu'il détermine.
Ce projet de loi contient cinq articles, et je le dépose.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le leader du
gouvernement. est-ce que l'assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi?
M. Chevrette: Vote enregistré. M. Pagé: Les
députés y sont.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous allons
procéder au vote sur la motion du leader du gouvernement. Alors, que
ceux et celles qui sont en faveur de cette motion... Alors, qu'on appelle les
députés. (18 h 28 - 18 h 30)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je mets maintenant aux
voix la présentation du projet de loi 132. Que ceux et celles qui sont
pour veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), M.
Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Tremblay (Outremont), Mme
Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac). M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau
(Groulx), M. Maltais (Saguenay), Mme Tré- panier (Dorion), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon (Louis-Hébert), M. St-Roch
(Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Tasche-reau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Williams
(Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M.
Lemieux (Vanier), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Gobé (LaFontaine),
M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouiilette
(Champlain), M. Bra-det (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine),
M. Forget (Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), M. Garon (Lévis), M. Baril (Arthabaska), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Claveau
(Ungava), Mme Caron (Terrebonne), Mme Dupuis (Verchères), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Pas d'abstentions? Oui?
Le Secrétaire adjoint: pour: 49 contre: 11
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La motion de
présentation du projet de loi 132 est adoptée et M. le ministre
de l'Éducation et leader du gouvernement propose maintenant l'adoption
du principe du même projet de loi 132. M. le ministre.
Adoption du principe M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
Président, M. le premier ministre du Québec, Robert Bourassa et
le président et chef de la direction d'Alumax, M. Paul Drack
annonçaient le 15 août 1989 la construction d'une usine de
première fusion près de Deschambault. L'usine d'aluminium est
située à Deschambault, comme on le sait, dans le beau
comté de Portneuf, dans la belle et grande région de
Québec. Personnellement, je me rappelle très bien, comme de
nombreux collègues ici, le haut degré de satis-
faction, le haut degré d'appréciation que cette annonce a
suscité dans les milieux d'affaires du Québec, au Québec,
mais aussi plus particulièrement dans la région de Québec,
une région qui, comme on le sait, est particulièrement
dépendante des emplois dans la fonction publique, des emplois dans le
secteur des services et dans le secteur commercial.
M. le Président, cet investissement de 1 000 000 000 $, vient
s'ajouter à de nombreuses entreprises manufacturières dans notre
région, de grandes entreprises même, plus particulièrement
dans le secteur des pâtes et papiers, dans le secteur du raffinage du
pétrole, ici, sur la rive sud, des chantiers matitimes, etc. Mais c'est
définitif que cette annonce a été perçue par
l'ensemble de mes concitoyens et concitoyennes de la région de
Québec, et notamment de Port-neuf, comme étant une injection de
souffle très importante dans le poumon économique de l'ensemble
de la région de Québec.
Cette annonce, elle était attendue puisqu'elle avait fait l'objet
de nombreux échanges entre les intervenants au niveau de la
région, entre celui qui vous parle, entre des collègues de la
région, des ministres et des députés de la région
et le ministère de l'Industrie et du Commerce qui a joué un
rôle très significatif, un rôle même
déterminant, finalement. Le ministère de l'Industrie et du
Commerce du Québec, le ministre et toute son équipe de hauts
fonctionnaires, et celles et ceux qui travaillent au ministère de
l'Industrie et du Commerce ont fait un travail formidable pour inciter cette
entreprise à venir au Québec, pour vendre le Québec, pour
faire valoir le Québec, en insistant particulièrement sur les
nombreux avantages comparatifs que le Québec peut avoir avec d"autres
pays. Comme on le sait, cette annonce, somme toute, ce choix de l'entreprise
faisait suite à une investigation de huit mois par la compagnie Alumax
sur la faisabilité d'une nouvelle usine d'aluminium de première
fusion au Québec, l'Ouest du Canada et le Venezuela étant
également dans les zones envisagées à ce
moment-là.
M. le Président, la décision a été prise sur
la foi d'indications qu'on a données, sur la foi de performances, sur la
foi de la façon de faire du Québec, mais dans une perspective
bien claire, bien précise, à savoir que l'annonce devait
être faite en août 1989. Selon les pro forma, c'est-à-dire
les études de faisabilité, de rentabilité, etc. de la
compagnie, l'entreprise devait être en production à un moment
donné dans le temps, ça va de soi.
La construction de l'usine coûtera environ 1 000 000 000 $ et doit
s'étendre sur une période approximative de 30 mois à
partir du moment du début des travaux. Les travaux commencés au
mois d'août 1989 doivent, non seulement selon les prévisions, mais
selon l'échéancier de réalisation et de mise en
opération - et ça, c'est bien important, compte tenu des enjeux
financiers inhérents à un tel projet - être
complétés au début de février 1992. La nouvelle
usine produira 215 000 tonnes métriques d'aluminium par année,
215 000 tonnes métriques qui sont attendues avec appréciation,
avec intérêt de la part de la population de la région de
Québec et, notamment de la population de Portneuf. Chez nous, c'est un
impact économique majeur, la venue de cette entreprise dans le secteur
ouest du comté dans le comté, mais particulièrement dans
le secteur où l'emploi manufacturier était le plus bas par
rapport au secteur est du comté. la venue de ce projet-là
amènera et garantira non seulement la survie, mais la vitalité du
secteur ouest et de l'ensemble du comté de portneuf. on sait que le
comté était largement dépendant, en termes
économiques, du secteur forestier et du secteur de l'agriculture, qui
vont chercher chacun, quoi, 24 % de l'économie de mon comté.
c'est définitif que la venue d'un mégaprojet comme
celui-là est appréciée dans notre population,
malgré certaines oppositions de certains individus. mais je peux dire
sans me tromper - et ça, j'en suis persuadé - que la très,
très, très grande majorité des citoyens et des citoyennes
de portneuf, dans un pourcentage probablement de 90 %, 95 % ou même 98
%.... parce que même le parti québécois m'a
témoigné de son appréciation, m'appuyait, dans la
dernière campagne électorale, parce que c'était en
août et septembre 1989. même le parti québécois m'a
signifié son appréciation à l'égard du travail que
j'avais fait dans ce dossier, dans ma région et dans mon comté.
c'était un projet qui était désiré, qui
était souhaité.
Cette entreprise va employer, 500 personnes lorsqu'elle sera en
opération, sans compter, évidemment, les emplois connexes. On n'a
qu'à se référer, par exemple, au transport, aux
livraisons, etc. Et on prévoit créer un minimum de 1000 emplois
indirects. Durant la construction, le projet aura nécessité
l'embauche de 2000 travailleurs, donc une activité économique
intense dans la très grande majorité des municipalités du
secteur ouest. Alumax, qui est un des quatre partenaires dans l'aluminerie de
Bécancour, opère trois grandes usines d'aluminium primaires aux
États-Unis. Toutes ces installations affichent d'excellents
antécédents en ce qui concerne la production, la qualité
de la production, la façon de faire, la sécurité à
l'intérieur de ces entreprises et une protection très rigoureuse,
très forte de l'environnement.
En plus de sa participation dans l'aluminerie de Bécancour inc,
Alumax est active à travers le Canada depuis 1953 par le biais de Connor
Cie of Canada, part entière de Amax Inc., dont le siège social
est situé à New York. Alumax possède 110 usines en
Amérique du Nord et dans l'Ouest de l'Europe. Elle emploie environ 14
000 personnes. La compagnie, cette entreprise, est actuellement à
construire, dans la zone industrielle de Des-
chambault, son aluminerie sous le nom de Lauralco inc. (18 h 40)
Jusqu'à présent, ce sont des travaux de l'ordre de 500 000
000 $ qui ont été... qui sont effectués, sans compter,
évidemment, les engagements pour le solde des investissements. Tous les
intervenants, toutes celles et ceux qui ont été associés
à l'étude de l'analyse, à la défense de ce dossier
dans la région, sont unanimes à constater et à dire - et
il faut le dire - que cette entreprise va utiliser des technologies de
production et de protection de l'environnement ultramodernes.
J'indiquais précédemment - et c'est bon de se le rappeler
- il en résultera que pour chaque tonne d'aluminium produite, elle
consommera moins d'énergie électrique que les alumineries
existantes. Combien de fois ai-je entendu, entre autres, celles et un certain
nombre de ceux qui s'y opposaient, notamment l'Union des producteurs agricoles,
aussi, qui a manifesté beaucoup de réserves, que ce type
d'entreprises était énergivore, que l'implantation de ce type
d'entreprises devait être questionnable. Alors, force est de constater
qu'Alumax, et ça il faut le dire, c'est l'entreprise, M. le
Président, qui va consommer le moins d'énergie électrique
que dans toutes les alumineries qui existent au Québec, et ce,
grâce à un type de cuves particulier.
Combien se sont préoccupés de façon légitime
- c'est un droit fondamental le droit de s'inquiéter et de critiquer,
tout au moins de poser des questions, etc., de soulever des problèmes -
des rejets de fluor. J'en ai entendu parler moi-même dans mon propre
comté et j'ai échangé avec ces gens. Les rejets de fluor
dans l'atmosphère seront deux fois et demie inférieurs aux normes
fixées par le règlement québécois sur la
qualité de l'atmosphère pour les nouvelles alumineries. Qu'est-ce
que ça veut dire concrètement? Ça veut dire qu'au
Québec, qui a un modèle de réglementation qui s'inscrit
parmi les plus rigoureux, les plus rigides, les plus sévères,
somme toute, au niveau du Canada, malgré que ces normes soient
très sévères, le rejet de fluor dans l'atmosphère,
dans la région chez nous, et là je m'adresse plus
particulièrement aux gens qui s'inquiétaient, aux familles qui
s'inquiétaient, les gens de Portneuf, situé à l'est de
Descham-bault, les gens de Cap-Santé, les parents qui m'appelaient pour
me dire: M. Pagé, pensez-vous que ceux qui critiquent ont raison
à l'effet bon... Ces gens-là peuvent se sentir
sécurisés, c'est 2,5 fois en deçà de la norme. Et
ça, il faut que ce soit dit, que ce soit véhiculé.
Les rejets des hydrocarbures aromatisés seront si faibles...
Quand on parle d'hydrocarbures aromatiques qui vont se disperser dans
l'atmosphère, là certains pensent que c'est terrible, qu'on va
virer vert, ou jaune, ou jaune orange, des hydrocarbures aromatiques. Bien je
m'excuse, l'impact de ça, là, dans une journée, c'est
l'équivalent de cinq cordes de bois de chauffage dans le poêle
pour une région. Il y a eu, je pense, des excès dans ce
dossier.
Grâce à un système de recyclage des eaux
usées unique au monde, parce que là aussi les gens de
Deschambault se sont inquiétés, je me rappelle bien, qu'est-ce
qui va arriver des eaux usées? Il n'y aura aucun rejet d'eaux
industrielles usées. C'est clair, c'est confirmé. Le
ministère de l'Environnement le sait. C'est dans les devis. Les
spécialistes, les ingénieurs, etc. en sont conscients. L'eau de
pluie qui va tomber sur le site, va suffire pour alimenter toutes les
installations de production de l'usine. L'aqueduc ne sera utilisé que
pour fournir de l'eau potable aux travailleurs et aussi, évidemment,
pour la sécurité. Il faut dire aussi que la production de
déchets solides sera réduite à la source et que les
déchets qui ne pourront être recyclés seront
entreposés, évidemment, dans des conditions qui offrent une
sécurité totale.
Ces investissements sont réalisés dans une région
où le taux de chômage est élevé, ici aussi,
malgré que la région de Québec ait la chance d'avoir le
siège social du gouvernement du Québec, avec un niveau d'emploi
et de rémunération avantageusement comparables à d'autres
métiers, d'autres professions, d'autres corps d'emploi, avec la
sécurité d'emploi, etc. Mais malgré ça,
malgré la présence aussi de grandes entreprises, il faut quand
même convenir que la région de Québec est confrontée
à un taux de chômage d'au-delà de 11,5 % ou 12 %. La
Commission de formation professionnelle du Québec, en collaboration avec
le gouvernement fédéral, a subventionné la tenue de cours
afin de favoriser la formation d'une main-d'oeuvre régionale qui avait
à parfaire sa formation dans différents domaines dont ceux de
l'entretien mécanique et électrique. Ces apprentis s'attendent
à avoir un emploi dès la réussite de leur cours. Ça
ne peut être possible que si l'usine finit par opérer. Ça
ne peut être possible, un emploi chez Lauralco, pour celles et ceux qui
se sont inscrits, celles et ceux qui ont été
sélectionnés, celles et ceux qui ont suivi des cours que si
l'entreprise opère et que si la viabilité même d'une
entreprise, ici, de cette entreprise-là, n'est pas en péril.
M. le Président, ce projet est un élément
stabilisateur pour l'ensemble de la région et viendra par surcroît
diminuer l'exode des jeunes de mon comté. J'en conviens et je n'ai pas
honte d'être le député de Portneuf et en même temps
leader parlementaire du gouvernement et, par la suite, mandaté par mes
collègues du Conseil des ministres pour présenter cette
législation, quoi qu'en dise le député de Joliette ou le
député d'Abitibi-Ouest. C'est avec beaucoup de fierté que
je le fais parce que ce projet de loi vise à assurer... Je comprends que
c'est une mesure exceptionnelle, mais ce projet de loi vise à assurer et
à garantir, premièrement, la fin des
travaux, la terminaison, selon les échéanciers
prévus et la mise en exploitation de l'entreprise.
Ces jeunes de mon comté et de la région de Québec
qui devaient aller dans d'autres régions du Québec ou encore dans
d'autres provinces canadiennes pour aller chercher de l'emploi, ces jeunes ont
la conviction, eux aussi, que ce dossier majeur de 1 000 000 000 $
d'investissement est un élément stabilisateur pour l'ensemble de
la région. Il viendra par surcroît diminuer leur exode vers les
grands centres tout en offrant, à ces bonnes gens qui seront
sélectionnés et qui y travailleront, des salaires moyens bien
supérieurs à ce qui se paie actuellement, chez nous, dans la
région. D'ailleurs, je pense que c'est reconnu que ce projet va faire de
la compagnie Lauralco, à Deschambauit, un des plus gros employeurs,
sinon le plus gros employeur de l'ensemble de la région de
Québec.
Il y a certainement des travailleurs qui comptent sur ce projet parce
que c'est l'impact, et ça, c'est l'impact positif d'une volonté
gouvernementale, du gouvernement de Robert Bourassa, d'amener des
investissements majeurs comme ceux-là chez nous - et ça, j'y
reviendrai en conclusion - quoi qu'en pensent le Parti québécois,
le chef de l'Opposition, le député de La Prairie et les
députés du Parti québécois, impact majeur dans la
vitalité économique du Québec. Ça, pour nous, c'est
notre priorité.
Comme le disait le premier ministre cet après-midi, vous avez
péroré, vous avez causé, vous avez chialé - je
pourrais utiliser plusieurs autres qualificatifs - sur le développement
de la Baie James. J'étais jeune député en 1973, assis sur
ces banquettes, de ce côté-ci de la Chambre. J'entendais
l'Opposition officielle qui était formée de six péquistes
à l'époque, ils "ont-u" causé sur la baie James. Eux,
favorisaient le nucléaire et aujourd'hui, encore aujourd'hui, pour se
donner une image très sociale-démocrate, inspirés par des
concepts bien ancrés sur l'écologie, bon, etc., la protection de
l'environnement, comme si c'était seulement eux, comme si
l'écologie et la protection de l'environnement étaient
nées avec le PQ. Voyons donc! Ces gens-là expriment des
réserves à l'égard d'un investissement majeur de milliards
et de milliards de dollars au Québec qui procure et qui permet à
celles et ceux qui nous écoutent, pour plusieurs, de vivre honorablement
et de gagner leur vie. D'ailleurs, ça doit être important, c'est
8000 candidatures qui ont été reçues jusqu'à
présent pour les 500 postes qu'aura à offrir l'aluminerie, en
dehors des cadres évidemment, et tout ça. 8000 candidatures!
Donc, un projet qui est désiré, qui est souhaité.
La population du Québec veut travailler et l'intérêt
qu'elle démontre face à ce projet est des plus significatifs. Il
est à noter qu'il n'existe actuellement que très peu
d'alternatives d'emplois dans la région. Par ailleurs, je dois vous
indiquer que le projet est rendu à une étape qui est cruciale, il
devrait être en chantier selon l'échancier initial de mise en
opération. (18 h 50)
Les plans et devis des principaux éléments de l'usine sont
déposés au ministère de l'Environnement, par groupe. Vous
savez, quand une entreprise comme celle-là investit 1 000 000 000 $,
elle n'arrive pas avec un petit véhicule et ses plans pour dire:
Écoutez, étudiez-nous tout ça, revenez nous voir et
envoyez-nous ça par la poste. Il y a évidemment de nombreux
échanges qui ont cours, qui s'établissent et se poursuivent entre
les représentants de l'entreprise, leurs groupes de professionnels,
leurs groupes de conseillers, d'aviseurs techniques, etc., et ces bonnes gens
établissent un contact avec les différentes autorités, les
différents gouvernements. Ça a été le cas,
évidemment, avec le ministère de l'Environnement, ça va de
soi.
Donc, ces plans sont déposés au fur et à mesure et
par groupes, dépendamment des différentes composantes. Exemples
concrets: la structure, tel aspect de l'électricité, tel aspect
de la sécurité incendie, bon, etc. Ces plans sont produits par
l'équipe d'ingénierie, ça va de soi. Ces plans servent de
base. C'est la référence sur laquelle les professionnels et les
spécialistes travaillent pour l'émission de certificats
d'autorisation prévus à l'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Jusqu'à maintenant, il y a sept
certificats sur neuf qui ont été émis par le
ministère de l'Environnement. Ils couvrent tous les travaux
réalisés jusqu'ici et les deux nouveaux certificats couvrent les
dernières composantes de l'usine, qui restent à construire. Et
enfin, après l'émission des neuf certificats, il faut un
certificat d'exploitation. Il en reste donc deux à émettre, plus
le certificat d'exploitation de l'entreprise.
C'est une entreprise, évidemment, qui a besoin d'énergie
électrique. Et cette énergie, bien, elle doit être
transportée. L'alimentation électrique de l'usine
nécessite, quant à elle, la construction par Hydro-Québec
d'un poste de manoeuvre de 315 kilovolts situé dans le voisinage de
l'usine et de deux tronçons de ligne biterne à 315 kilovolts,
lesquels se retrouvent à plus d'un kilomètre des zones
habitées. Ça, il faut bien l'avoir à l'esprit, là.
C'est bien important de prendre en compte le fait que ces lignes de transport,
pas de distribution, de transport d'électricité sont à un
kilomètre des zones habitées.
De plus, pour alimenter en énergie son usine de production
d'aluminium, Lauralco doit construire un poste de transformation. Ce poste de
transformation sera situé sur le site même de l'usine et servira
à la transformation de l'énergie à haute tension,
c'est-à-dire 315 kilovolts provenant du réseau
d'Hydro-Québec, pour transformer, donc, une énergie à
haute tension en basse tension. On va passer... On va donc transformer
l'électricité qui arrive à 315 kilovolts
en 69 kilovolts, ou encore en 25 kilovolts destinés à
alimenter les cuves électrolytiques qui ne peuvent utiliser directement
l'électricité, évidemment, à une telle puissance.
Donc, ça prend des transformateurs.
Donc, la ligne de transport et l'autre élément, ces deux
projets sont assujettis au règlement sur l'évaluation et l'examen
des impacts sur l'environnement édicté en vertu de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Toutefois, le bouclage de la ligne 315
kilovolts, Alain-Grandbois-Jacques-Cartier au futur poste de Deschambault et la
ligne d'alimentation entre le poste de transformation de Lauralco et le poste
de Deschambault est exempté car leur longueur est inférieure
à deux kilomètres. Elles mesurent respectivement 95
mètres, ce qui veut dire environ 350 pieds, 325 pieds pour le bouclage,
et 715 mètres pour la ligne d'alimentation.
Bien que le projet de Lauralco ait jusqu'ici progressé
conformément à l'échéancier prévu, il se
trouve maintenant menacé de retards importants; non seulement de retards
importants, mais aussi irrécupérables en raison de
difficultés au niveau du processus d'autorisation prévu à
la Loi sur la qualité de l'environnement, notamment en ce qui concerne
un délai qui est là, qui est prévu et qui doit
s'appliquer, notamment en ce qui concerne le délai imparti de quatre
mois prévu pour la tenue d'audiences publiques. En effet, il est
essentiel que i'aluminerie Lauralco puisse être mise en exploitation tel
que je l'indiquais précédemment, c'est-à-dire
mi-février 1992. Si son démarrage est retardé - et
ça, je comprends que ce n'est peut-être pas la
préoccupation de l'Opposition ou du député de Laprai-rie -
la compagnie, la société Alumax, subirait un préjudice
financier considérable. C'est définitif qu'un tel impact, qu'un
tel retard... Évidemment, ça ne demeure pas lettre morte,
ça. C'est définitif que pour cette entreprise, qui a choisi le
Québec en raison de ses qualités, en raison de sa capacité
de faire, la qualité de sa main-d'oeuvre, son énergie
hydroélectrique à un prix hautement compétitif - et
ça, on aura l'occasion d'y revenir incessamment - pour cette
entreprise-là qui nous a choisis, c'est définitif qu'un retard
dans l'échéancier aurait un impact majeur dans la
communauté internationale des affaires et serait susceptible de nuire
aussi, il faut en convenir, à la crédibilité du
Québec comme site favorable, comme site favorable à de grands
investissements industriels. On doit prendre en compte, donc, les pertes de
l'entreprise, je l'ai évoqué tout à l'heure, près
de 30 000 000 $ par mois; ensuite, il y a 9 000 000 $ additionnels aussi qui
seraient susceptibles d'être perdus; la main-d'oeuvre, les gens qui ne
pourraient pas travailler, les travailleurs devraient être mis à
pied avec les conséquences sociales et économiques d'une pareille
action dans notre région. Enfin, ça va de soi,
Hydro-Québec subirait un manque à gagner important, du fait
qu'elle ne pourrait vendre l'électricité prévue. Il
eût été d'autant plus regrettable que
l'échéancier du projet sort menacé par ces
difficultés que l'usine de Lauralco sera parmi les plus propres
existantes, grâce à l'emploi de techniques ultramodernes pour le
captage et le traitement des gaz, ainsi que pour le recyclage et le traitement
des eaux.
Je voudrais ici vous indiquer, M. le Président et mes chers
collègues, que l'ensemble de l'usine, qui a été
autorisée à plus de 90 % par le ministère de
l'Environnement du Québec, n'est pas assujetti aux audiences publiques.
Or, le principal, là, la bâtisse qui aura - quoi - près
d'un mille de long ou à peu près, un kilomètre de long
tout au moins, cette bâtisse-là n'est pas sujette aux audiences
publiques, elle n'est pas assujettie. Alors, pour les bonnes gens du
comté, là, qui passent dans le beau petit rang de Deschambault
pour aller voir le site, pour aller voir l'usine, c'est très beau, c'est
très grand, c'est très vaste, bien, la bâtisse, là,
elle n'est pas sujette aux audiences publiques. Il n'y a personne dans le coin
qui peut dire: Un instant, là! Je fais une demande, et là, il
s'écoule quatre mois. Il n'y a personne qui peut faire ça pour la
bâtisse. La bâtisse, ça, c'est le principal.
Mais pour l'accessoire, cependant, pour la ligne de transport
hydroélectrique, pour le poste de transformation, ça, ils peuvent
le faire. Et il faut évidemment comprendre que l'accessoire est aussi
très important, parce que, s'il n'y a pas d'électricité
qui rentre dans la bâtisse, ça ne marchera pas en février
1992. Ce n'est pas compliqué. Ça, les gens de Portneuf le
comprennent. Et quand je l'ai expliqué à certaines gens, il y a
quoi, peut-être une quinzaine de jours, qu'on était à
traverser une période charnière très délicate dans
ce dossier-là, que même le projet pouvait être mis en
cause... Et ça, ce n'était pas du chantage de la part de la
compagnie, je l'ai dit dans mon intervention pour supporter ma motion de
suspension des règles tantôt. Imaginez-vous, quand une entreprise
emprunte près de 800 000 000 $ sur le marché financier et qu'elle
indique très clairement: Voici là, les pro forma, là, pour
être rentable, il faut qu'on commence à telle date, il ne faut pas
que ça nous coûte plus cher que ça, il faut être
certain qu'on soit capable de produire à un prix compétitif qui
va se vendre à environ tel prix, on va faire tant de profit, on va vous
rembourser et ça va marcher! C'est comme ça que ça
fonctionne. Mais pour que ça marche, pour que tout ça fonctionne,
il faut qu'on soit en opération en février 1992.
Et là, on viendrait et on dirait à ces bonnes
gens-là: On s'excuse, on s'est trompés, que voulez-vous, chez
nous, là, il y a une audience publique, et ça a été
retardé un peu, l'audience publique, parce que le président du
BAPE a été remplacé et que ça a pris un certain
temps pour nommer l'autre. D'ailleurs, je pense que le PQ aurait
été le premier à critiquer le
ministre de l'Environnement ou le gouvernement si on avait nommé,
sous le coup de la précipitation, le président du Bureau
d'audiences publiques du Québec, compte tenu de l'importance de cette
fonction. Bon. Ça, imaginez-vous, si on allait dire à ces bonnes
gens, là, aux banquiers, aux financiers - et c'est normal, on ne parle
pas de 80 $, là, on parle de 800 000 000 $: On s'excuse, ça va
être retardé juste de huit ou neuf mois. On ne partira pas en
février, on va partir en septembre, octobre. Le marché n'est plus
le même, les clients potentiels et les engagements de livraison: Bien
ça, on s'excuse, on ne peut pas vous les livrer. Ça ne marche pas
comme ça. Il devient donc absolument nécessaire d'intervenir par
voie législative.
Le problème d'échéancier se réfère
à deux points particuliers: la construction, d'une part, des postes
électriques de Lauralco et d'Hydro-Québec et, d'autre part,
certaines composantes de l'usine elle-même.
Les postes: le poste de manoeuvre et le poste de transformation de
Lauralco, tous deux à 315 kilovolts, sont soumis à la
procédure d'évaluation et à l'examen des impacts sur
l'environnement. Les études d'impact faites par HydroQuébec et
Lauralco ont été jugées conformes aux directives du
ministre de l'Environnement. Donc, jusqu'à maintenant, l'impact du
passage de cette ligne de transport, l'impact de l'aménagement du centre
de transformation de l'énergie à haute tension, basse tension,
ça a été étudié, ça, par la
compagnie, parce que la compagnie, elle s'en soucie, ça va de soi. Elle
a des spécialistes. Ces gens-là ont soumis les impacts faits par
Hydro et par leur propre entreprise. Ça a été soumis au
ministère de l'Environnement, ça a été rendu
public. (19 heures)
À la suite de la période de consultation sur ces
études, quatre demandes d'audiences publiques ont été
formulées. Si la procédure se poursuit, tel que prévu par
la loi et les règlements, le ministre de l'Environnement devra
transmettre le mandat au Bureau d'audiences publiques, afin d'organiser des
audiences publiques pour les quatre requérants et toute personne
intéressée à y participer, etc. Le délai qui est
fixé par règlement pour de telles audiences, ce n'est pas: Faites
des consultations, faites des auditions, puis envoyez-nous un rapport. Non,
non. Le délai, c'est quatre mois. C'est un minimum de quatre mois, ce
qui fait qu'au terme de celles-ci, il doit y avoir un décret du
gouvernement, puis dépôt des plans et devis et du certificat
d'autorisation du ministre de l'Environnement. Donc, il faut prévoir, au
bas mot, au minimum, six mois au total avant que les travaux ne puissent
commencer. Or, ces travaux-là auraient dû commencer le 31 mars
dernier - puis, pour être plus précis, parce que le 31 mars, c'est
un dimanche, si ma mémoire est fidèle - ces travaux-là
auraient dû commencer le lundi 1er avril pour assurer le démarrage
de l'usine à la date prévue. Et actuellement, à chaque
jour de retard dans le début des travaux, ça repousse d'autant le
démarrage de l'usine, sans compter évidemment des coûts
déjà importants pour l'entreprise, puisque ça va de soi
qu'on devra prendre les bouchées doubles. L'entreprise devra payer du
temps supplémentaire, bon, etc.
Le gouvernement a quand même étudié la
possibilité d'aller en audiences publiques sur le poste de 315 kilovolts
et d'alimenter sur une base temporaire l'aluminerie. Et ça, je suis
persuadé que le député de La Prairie, qui est le
responsable, qui est le critique de mon honorable collègue, le ministre
de l'Environnement, doit être informé que dans le secteur, il y a
une ligne dite désaffectée, d'ailleurs, qu'Hydro-Québec
prévoyait démanteler incessamment. On a... D'ailleurs, c'est dans
ce sens-là qu'on a constaté que la zone industrielle est
traversée par deux lignes, la zone industrielle de Descham-bault... Ce
sont deux lignes d'énergie électrique à haute et moyenne
tension. Il y a une première ligne à deux circuits, 315
kilovolts, haute tension, qui pénètre dans la zone industrielle,
sur une distance d'environ 1,3 kilomètre. Une ligne simple circuit, 230
kilovolts, moyenne tension, qui passe à l'intérieur du parc
industriel à près de 2,5 kilomètres de l'usine. On a
étudié la possibilité de procéder à
l'alimentation par une ligne de 230 kilovolts, moyenne tension, mais ça
ne peut être recommandé, même si c'est techniquement
possible.
Ça, c'était il y a environ trois semaines, un mois, que
ça a été évoqué, je me rappelle, par mes
collègues au cabinet. Ils me disaient, à ce moment-là: Je
comprends qu'on s'en vient vers des retards - ça, c'était
début avril - on s'en vient vers des retards, sauf que peut-être
serait-il possible, plutôt que d'y aller par une loi spéciale,
d'aménager cette ligne-là pour recevoir la ligne de transport
haute tension. Cette solution ne permet pas de satisfaire les intervenants et,
entre autres, l'entreprise. Cette solution, qui a été
sérieusement étudiée, entraîne des coûts
additionnels, des délais additionnels et des impacts environnementaux
supplémentaires pour les raisons suivantes.
La capacité totale d'alimentation de la ligne à 230
kilovolts est au maximum de 250 mégavolt-ampères, de sorte
qu'elle ne suffira jamais à la demande de l'usine, qui se situe à
pleine charge à 405 MVA, et devient donc inacceptable pour l'entreprise,
premièrement. Deuxièmement, la ligne, cette ligne
alternative-là, a été mise en service au début des
années 40, et des modifications d'envergure seraient nécessaires,
ne serait-ce que pour l'alimentation temporaire. Troisièmement, des
transformations importantes - transformateurs, système de protection au
poste de Québec II - seraient requises pour consolider l'ensemble du
réseau dans la région
de Québec. Quatrièmement, la construction de deux lignes
de 2,5 kilomètres de longueur à 230 kilovolts serait
nécessaire pour relier le poste de transformation de Lauralco,
requérant un déboisement additionnel de même longueur. Et
enfin, cinquièmement, l'érection de deux lignes à 69
kilovolts de 15 kfiomètres de long serait aussi indispensable pour
alimenter les services auxiliaires de l'usine, qui requièrent une charge
additionnelle d'une puissance de 30 MV.
Enfin, Hydro-Québec estime sommairement - seulement
l'alternative, la possibilité de procéder par une ligne
susceptible d'être démantelée - le coût d'une telle
solution à quelque 5 000 000 $ et ne pouvait garantir que les travaux
seraient complétés pour le début de février
1992.
D'autre part, sur le plan juridique, la solution d'une ligne de 230
kilovolts rattachée à un poste de transformation, dans un second
temps, susceptible d'être rebranchée à une ligne de 315
kilovolts, n'offrait aucune garantie. Bon, on n'est pas plus avancés. On
ne pourrait prétendre que le projet de construction de la ligne et de
son poste de transformation seraient soustraits à l'application du
règlement et des procédures qui en découlent. Donc,
même cette solution ne pouvait pas être retenue.
Partant de là, il est devenu impérieux et urgent de
procéder à l'adoption d'une loi spéciale qui vise à
soustraire les postes à la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement et d'audiences publiques et permettre
ainsi l'émission des certificats d'autorisation pour éviter que
le projet ne prenne un retard catastrophique.
M. le Président, on doit retourner un peu en arrière pour
comprendre, pour voir pourquoi nous en sommes là, aujourd'hui. Le
ministère de l'Environnement, j'en suis persuadé, a
été, jusqu'à maintenant, de bonne foi dans cette
démarche. Les échanges ont eu cours, les gens ont
travaillé, les gens ont fait leur possible de part et d'autre. Je
réfère, entre autres, aux professionnels de la compagnie,
à leurs conseillers, etc. Je réfère aussi aux gens de
l'Environnement. Il faut quand même convenir que des retards importants
ont été pris, entre autres, par le ministère de
l'Environnement, dans la transmission de la directive officielle pour la
réalisation de l'étude d'impact du poste de Lauralco ainsi que du
temps écoulé depuis la fin de la période de consultation
publique sur les études, notamment, en raison de la vacance du poste de
président du BAPE, comme je l'indiquais. Il est essentiel que la loi
spéciale autorise explicitement les promoteurs à entreprendre les
travaux dans les plus brefs délais.
En effet, si elle se limitait à soustraire ces projets de la
procédure d'évaluation à l'examen des impacts sur
l'environnement et d'audiences publiques, en exemptant les postes de
l'application des sections 2.1 et 4.1 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, il resterait qu'il faudrait quand même un certificat
d'autorisation émis conformément à l'article 22 de cette
loi qui deviendrait et demeurerait nécessaire.
Or, compte tenu, M. le Président... Il ne faut pas se faire de
cachette, là. Je l'ai indiqué très clairement,
tantôt. Je pense que le député de La Prairie va bien
m'écouter et, connaissant l'intégrité intellectuelle qu'on
lui connaît, je suis persuadé qu'il va abonder dans le même
sens que moi. Il y a 7 certificats sur 9 qui sont émis, il en reste 2
à émettre et ils ont tous les papiers. En clair, c'est ça.
Il reste un certificat d'exploitation à émettre. Or, il faut
appeler les choses par ce qu'elles sont et, comme je le disais cet
après-midi, ce n'est pas un blâme que j'adresse aux
ingénieurs du gouvernement du Québec. Ces gens-là font des
représentations, ces gens-là sont en négociation, ces
gens-là utilisent des droits, utilisent des moyens. Mais il faut quand
même appeler les choses par ce qu'elles sont. Ces gens-là sont en
ralentissement de travail et ce n'est pas leur porter préjudice que de
leur dire, c'est d'être lucide.
Avec le ralentissement de travail des ingénieurs du gouvernement
du Québec, un tel certificat risquerait de ne pouvoir être
émis par le ministre de l'Environnement. Le ministre de l'Environnement,
lui, il ne prend pas ça, un certificat, dans le fond de... dans le
deuxième tiroir de son bureau pour signer ça. Il reçoit
des rapports de ses fonctionnaires et de ses ingénieurs qui viennent
valider les documents soumis par les entreprises. Donc, si le ministre de
l'Environnement ne se fait pas acheminer les documents pertinents pour qu'il
puisse agir en vertu de la loi, en vertu des pouvoirs qui lui sont
accordés, et signer les deux derniers certificats qu'il reste à
délivrer et, enfin, le certificat permettant l'exploitation de
l'entreprise, bien, ce n'est pas compliqué, l'entreprise, elle n'ouvrira
pas et les travaux vont être retardés. Tout ça doit se
faire dans des délais très brefs. Je vous ai indiqué, tout
à l'heure, que la ligne de transport aurait dû... Toute
journée passée le 31 mars impliquait des retards et des pertes
très appréciables. (19 h 10)
Peut-être que certains, ici, vont nous dire: "Oui, mais c'est
présumer, ça, c'est une présomption." Ou certains vont
nous dire: "Bien, c'est une crainte appréhendée de la part d'un
groupe de professionnels du gouvernement qui jouent un rôle pivot dans
l'administration de projets comme ceux-là." Je m'excuse, mais moi, j'ai
devant moi ici un document... Ça ne vient pas du... Je n'ai pas pris
ça dans une boîte de Corn Flakes. Je n'ai pas trouvé
ça sur la rue. Ça, c'est un "flash négo". de l'Association
professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec en
négociation, un communiqué de presse en date du 28 mars. Moyens
de pression: premièrement, le transfert technologique.
Deuxièmement, les ingé-
nieurs du gouvernement ne signeront plus ni ne scelleront les plans,
devis, avis de recommandation pour certificats d'autorisation avant que le
gouvernement ne veuille signer une convention négociée avec ses
ingénieurs. Nous continuerons à préparer nos projets, mais
ils seront utilisables uniquement lorsqu'ils seront signés. C'est
ça. Et si on a une loi spéciale aujourd'hui, ce n'est pas
compliqué. C'est parce que, un, le projet a retardé la
possibilité pour le ministère d'émettre les certificats
d'autorisation requis et, deuxièmement, avec un énoncé
aussi clairement formulé de la part de ceux qui travaillent sur ces
dossiers-là et qui disent: On va travailler, on va poursuivre nos
travaux, nos analyses, mais quand viendra le temps de signer, on ne signera pas
tant que nos propres problèmes ne seront pas réglés. C'est
un des motifs pour lesquels la loi doit être présentée
aujourd'hui.
M. le Président, je vais tenter d'accélérer
puisqu'il est déjà 19 h 10. Il faut tout d'abord rappeler que les
travaux de construction sont aujourd'hui avancés à plus de 50 %.
L'usine a fait l'objet d'une étude détaillée quant aux
répercussions sur l'environnement. Cette étude a
été déposée et analysée au MEIWIQ. Celle-ci
et les documents qui l'accompagnent contiennent d'ailleurs une description de
l'ensemble de l'usine et des technologies de traitement des rejets liquides et
gazeux, ainsi que de la gestion des déchets solides. Il précise
également les quantités maximales de contaminants. Des accords
sont intervenus entre les représentants de l'entreprise et les
spécialistes du ministère de l'Environnement en ce qui concerne
tous les principaux éléments des dispositifs de protection et de
contrôle de l'environnement. L'émission du huitième
certificat, qui avait été demandée pour le 18 mars, est
maintenant prévue, après trois reports successifs, pour la
mi-mai, et encore, s'agit-il d'une date hypothétique.
Dans le contexte du conflit de travail tel que je vous l'indiquais tout
à l'heure, il paraît impossible d'accélérer
l'émission du certificat d'autorisation en cours d'étude. Il sera
sans doute également impossible d'obtenir les certificats suivants dans
les délais requis. Il suffit, pour s'en convaincre, de rappeler qu'au
cours des derniers mois, Lauralco et les représentants ont eu à
déployer beaucoup d'efforts pour maintenir le lien et le contact avec le
ministère de l'Environnement. Dans cette situation et compte tenu du
fait que toutes les caractéristiques importantes de l'aluminerie sont
déjà déterminées, décrites dans les
documents déjà déposés au ministère, il est
nécessaire que la loi spéciale prévoie de délivrer
les certificats d'autorisation dans l'échéancier prévu.
Comme les deux tronçons de ligne d'Hydro-Québec qui doivent
relier le poste de manoeuvre à la ligne 315 KV existante, d'une part, et
à l'usine d'aluminium, d'autre part, doivent également faire
l'objet de certificats d'autorisation, conformément à l'ar- ticle
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, la loi spéciale
doit également autoriser la construction immédiate de ces lignes,
et c'est ce qu'on s'apprête à faire par l'adoption de cette
loi.
Il y a ici un aspect important dont je voudrais vous faire part. Il
s'agit des implications financières et économiques, comme je vous
l'indiquais tout à l'heure, dans un premier temps. C'est 30 000 000 $ au
niveau des revenus de production pour Lauralco, un accroissement des charges
fiscales financières additionnelles de 9 000 000 $, plusieurs millions
de dollars perdus par Hydro-Québec, 1 000 000 $ perdus au
bénéfice des travailleurs et une charge additionnelle,
évidemment, compte tenu des poursuites parce que les contrats ne seront
pas terminés dans les délais prévus et sont susceptibles
d'avoir des poursuites entre les entreprises et leurs sous-traitants. Il
faudrait de plus défrayer, c'était quoi? 5 000 000 $ et des
coûts additionnels pour Hydro-Québec.
M. le Président, le gouvernement ne présente pas un projet
de loi. Deuxième élément important - il faut que ce soit
bien compris - le gouvernement ne présente pas un projet de loi pour
permettre à un pollueur de polluer, là. Bien au contraire, je
l'ai mentionné dès le début de mon intervention, il s'agit
d'un projet qui répond aux standards environnementaux les plus
élevés en Amérique. On s'est assurés que les
différents impacts environnementaux soient analysés dans les
domaines suivants. Et là, le député d'Artha-baska, mon
ancien vis-à-vis quand j'étais ministre de l'Agriculture, devra
savoir, devra bien comprendre et bien apprécier que, pour le milieu
agricole, tous les équipements à construire sont localisés
dans la zone industrielle. Les terrains appartiennent soit à la
municipalité de Notre-Dame-de-Portneuf, soit à Lauralco. Pour la
ligne d'alimentation et le poste de transformation, il n'y a donc aucun impact
sur le secteur agricole, malgré ce que vous avez dit tout
l'été. Aucun impact sur le secteur agricole.
Bon, le député d'Arthabaska dénonce le fait qu'il y
a un terrain de stationnement, imaginez-vous donc! Il y a un terrain de
stationnement. Le problème, semble-t-il me dire, ce n'est pas
l'investissement de 1 000 000 000 $, le problème, c'est parce qu'il y a
un stationnement. Bien voyons donc, quel argument farfelu! Même chose
pour le milieu forestier. La construction du poste et des lignes
nécessite le déboisement de 10,45 hectares. L'impact est mineur
puisqu'il s'agit d'un espace forestier peu évolué, la majeure
partie du terrain ayant subi une coupe totale il y a environ 20 ou 18 ans.
Le milieu visuel. L'impact visuel est mineur puisque le boisé
sera conservé du côté de la ligne
Alain-Grandbois-Jacques-Cartier. On a parlé... Et ça, on en
parle, dans la demande d'audiences publiques, les motifs, les lettres qui ont
été transmises. Les risques de contamination.
Toutes les eaux de pluie de ruissellement de l'aire du poste de
transformation à 315 kilovolts seront drainées vers un
fossé périphérique qui sera relié au réseau
d'égout pluvial de l'alumi-nerie Lauralco qui achemine ces eaux du
bassin de sédimentation. L'eau y sera décantée puis
dirigée vers un système de traitement. Une partie de cette eau
traitée sera utilisée dans l'usine et évaporée, le
reste sera rejeté à faible débit dans le ruisseau
Lapinière. On a parlé, dans les documents soumis de
moi-même dans les audiences publiques, on a parlé des huiles des
transformateurs. Les huiles des transformateurs ne contiendront aucun BPC et
des bassins de récupération seront prévus advenant un
incident. Tout ça, c'est dans les plans, tout ça, c'est
confirmé.
L'ensemencement des côtés extérieurs des
fossés va permettre de prévenir les phénomènes
d'érosion. On a parlé enfin, et là encore une fois le
député d'Arthabaska va être intéressé, on a
parlé des risques sur la santé humaine ou la santé
animale, de l'exposition aux champs électriques. Le député
devra reconnaître qu'il n'y a aucun consensus dans la communauté
scientifique sur les effets des champs électromagnétiques des
lignes à haute tension sur la santé humaine. Pour répondre
aux inquiétudes soulevées, la condition 9 du décret 72984,
en date du 29 mars 1984, cette condition demandait à Hydro-Québec
de réaliser des études sur les effets des lignes à haute
tension sur la santé dans le cadre du projet Des
Cantons-Nouvelle-Angleterre.
Elle a été reprise à la condition 1 du
décret de 1987 dans le cadre du projet Radisson-Nicolet-Des Cantons et
en vertu de cette condition, le ministère de la Santé et des
Services sociaux doit assurer la coordination du comité de suivi des
études sur les effets des lignes à haute tension sur la
santé. Hydro-Québec réalise entre autres une étude
épidémiologique sur les effets des lignes à haute tension
sur la santé humaine, en collaboration avec deux autres compagnies
d'électricité, Ontario Hydro et Électricité de
France.
L'échantillon retenu est une population de travailleurs qui sont
les plus fortement exposés aux champs électromagnétiques.
De plus, les services de l'équipe Santé et environnement du
département de santé communautaire du Centre hospitalier de
l'Université Laval ont été requis à titre
d'expert-conseil pour cette étude. On ne peut donc présumer
d'aucun effet négatif avant que les résultats de cette
étude ne soient connus. Le cas échéant, les mesures
appropriées seront prises. Mais il faut bien comprendre que ce n'est pas
un réseau de distribution. Le député d'Arthabaska peut
être sujet à comparer une telle ligne de transport avec ce qui se
passe dans plusieurs de nos campagnes québécoises, dans le milieu
agricole, où souventefois, des tensions parasites se transportent dans
le sous-sol avec un impact majeur, évidemment, tant pour la production
laitière que pour la production porcine.
Mais là, on ne parle pas de distribution, on parle de lignes de
transport et ça, c'est totalement différent, l'ensemble des
experts sont là pour le confirmer. D'ailleurs, M. le Président,
aucune discussion publique ne serait susceptible de venir enrichir la
réflexion, le débat et l'analyse au niveau international. (19 h
20)
M. le Président, dans le cadre de la surveillance et du suivi
environnemental, les travaux de construction et de mise en place des
installations feront l'objet, de fa part de Lauralco et d'Hydro-Québec,
d'un suivi environnemental afin de s'assurer que les plans, devis et mesures
d'insertion proposées, ainsi que toutes les lois et règlements en
vigueur et tout code ou spécification applicable à ce genre de
travail seront respectés.
Vous me permettrez d'insister, M. le Président, sur le fait que
tout certificat d'autorisation requis en vertu de la Loi sur la qualité
de l'environnement pour entreprendre l'exploitation de l'entreprise,
visé à l'article 3 du projet de loi, qui n'a pas
été délivré à la date d'entrée en
vigueur de l'article 4 ne sera délivré qu'après
consultation du ministre de l'Environnement. Le ministre de l'Environnement est
associé à la démarche pour l'émission des
certificats. De plus, un programme de suivi environnemental sera mis en oeuvre
par Lauralco pour permettre de mesurer les impacts résiduels du projet
et l'efficacité des mesures d'insertion. Ce programme prévoira
notamment un suivi des niveaux sonores pendant la construction et un suivi de
la qualité de l'eau à la sortie du séparateur d'huile.
Toutes les mesures et données sont colligées par Lauralco dans un
rapport de surveillance et de suivi, qui va être évidemment
transmis au ministère de l'Environnement.
M. le Président, en conclusion... Bien oui, ça a pris un
certain temps, mais il faut expliquer, démontrer, préciser si on
veut que l'honorable député de La Prairie... Et je suis
persuadé que mon intervention ayant duré, quoi, 50 minutes
environ, sera susceptible de faire en sorte que celle du député
de La Prairie va être moins longue, parce que je suis convaincu qu'il a
eu beaucoup de réponses à des interrogations qu'il pouvait
soulever. M. le Président, je termine en disant que, lorsqu'on examine
la balance, finalement, entre l'intérêt économique, la
priorité au développement, au renforcement d'une région
comme la nôtre au point de vue économique, d'un côté,
conjugués avec une protection très rigoureuse de l'environnement,
on constate qu'avec la performance de cette entreprise, avec la technologie et
aussi l'application, le respect, le contrôle, la mise en oeuvre
d'infrastructures en fonction de règles et de critères qui sont
bien établis, dans un règlement qui est parmi les plus
sévères dans l'ensemble du Cana-
da, M. le Président, on se doit d'intervenir comme on le fait. On
ne peut mettre en péril un projet comme celui-là, parce qu'on a
pris un certain retard dans l'émission des certificats
nécessaires.
M. le Président, je propose à mes collègues
d'adopter cette législation. Je suis persuadé que le PQ va voter
contre. Que voulez-vous, l'Opposition est là pour s'opposer, mais je
suis persuadé que, s'ils occupaient le fauteuil que j'occupe, à
savoir comme leader parlementaire du gouvernement, mandaté par le
Conseil des ministres et l'ensemble du Conseil des ministres, quelles qu'en
aient été les critiques acerbes, vitrioliques,
exagérées et exorbitantes de mes collègues de l'Opposition
à l'égard de mon collègue de l'Environnement tout à
l'heure... M. le Président, ce projet de loi doit être
adopté, et ce, dans les meilleurs délais, pour que la loi puisse
être sanctionnée tard ce soir et que, dès lundi matin,
l'entreprise puisse commencer ses travaux. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
ministre de l'Éducation et leader du gouvernement. Je reconnais
maintenant sur cette même motion, M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je me réjouis de
cette attitude non partisane de la part de mes collègues de
l'Assemblée. J'aurais souhaité aussi que, parmi les
collègues qui m'applaudissent, on retrouve le ministre de
l'Environnement.
Une voix: II s'en vient.
M. Lazure: On nous répète depuis 16 heures cet
après-midi qu'il s'en vient.
Une voix: On peut l'attendre et suspendre.
M. Lazure: M. le Président, on vient d'entendre le
ministre de l'Éducation et leader du gouvernement nous faire un discours
qui aurait dû être fait par le ministre de l'Environnement.
D'ailleurs, c'est un discours qui a probablement été
préparé par les fonctionnaires du ministère de
l'Environnement et peut-être même par certains des fonctionnaires
sur lesquels le leader a laissé planer des doutes quant à leur
volonté de collaborer avec le ministre. Et je pense que, ça, il
faut le dénoncer tout de suite. Il faut dénoncer tout de suite
cette insinuation du leader du gouvernement qui dit: On a besoin des pleins
pouvoirs, de contourner, encore une fois, de tasser le ministre de
l'Environnement et ses fonctionnaires, parce que les ingénieurs,
étant en négociation, vont faire de l'obstruction. Je pense, M.
le Président, que c'est indigne de la pan" du leader d'attribuer de
telles intentions aux ingénieurs du ministère de
l'Environnement.
Le ministre de l'Éducation et leader, étant plus habile
parlementaire probablement que le ministre de l'Environnement, a
été choisi pour défendre ce projet de loi. Et le ministre
de l'Éducation et leader a tenté de démontrer, de
façon un peu trop simpliste, que ceux et celles qui s'opposeraient
à ce projet de loi, sont des gens qui ne sont pas d'accord avec le
développement économique. Ce sont des écologistes qui ne
pensent qu'à l'environnement, qui ne pensent pas au développement
économique.
M. le Président, il est temps que ce gouvernement comprenne ce
que la plupart des gouvernements occidentaux ont compris, à savoir qu'il
est possible d'allier, de marier l'action des ministères
économiques et du ministère de l'Environnement. Ce gouvernement a
été tellement imprévoyant. Il sait depuis longtemps que
des audiences publiques auraient dû être planifiées parce
que la loi et les règlements de la loi l'exigent. Ça fait au
moins deux ans que ce projet est à l'étude et ça fait un
an que les études environnementales ont été
terminées. En partant, ces études environnementales, on aurait
fort bien pu procéder en utilisant les quatre mois qui viennent de se
terminer, par exemple, pour permettre des audiences publiques.
Le ministre de l'Environnement a laissé entendre à qui
veut l'entendre - peut-être qu'il va venir nous le dire un peu plus tard,
le ministre fantôme - que, de toute façon, ce n'est pas une bonne
loi. C'est une loi qui est aberrante, dit-il. Une loi aberrante parce qu'elle
ne nous force pas à faire des audiences publiques pour les grands
projets industriels, par exemple, l'aluminerie de Deschambault, mais elle nous
force à faire des audiences publiques sur l'installation d'une extension
de courant électrique, à toutes fins pratiques, avec des
transformateurs. Partant de ça, le ministre de l'Environnement est en
train de tuer ce qu'il y a de bien pour préférer un mieux
hypothétique. Il dit, au fond: On devrait faire des audiences sur tout
l'ensemble du projet. Bien sûr que ça serait plus intelligent et,
nous, ça fait cinq ans qu'on le réclame. Ça fait cinq ans
et demi que vous êtes au pouvoir et vous ne l'avez pas mis en
application. Ça ne prend même pas une loi spéciale pour
mettre en application les paragraphes n, p et j de l'article 2, et ça,
ça prend simplement un décret, une décision du Conseil des
ministres. Ça ne prend pas une loi spéciale. Vous
préférez faire des lois spéciales pour éliminer le
bien, en disant: Mais lorsqu'on aura le mieux, à ce moment-là, on
fera des audiences publiques.
M. le Président, j'aurais beaucoup de questions à poser au
ministre de l'Environnement s'il était ici. J'espère au moins
qu'il nous écoute s'il est caché dans son bureau ou je ne sais
pas trop où, mais j'aurais à lui poser la première
question. Est-ce qu'il a demandé à son sous-ministre, M. Harvey
Mead, sous-ministre qu il a embauché lui-même il y a un an
à peu près et
qu'il a placé à la tête d'un nouveau service du
développement durable... Développement durable, ça, c'est
la fameuse alliance entre l'économie et l'environnement. Est-ce qu'il a
demandé à son sous-ministre, Mead, ce qu'il pense du projet de
loi spécial? Ce qu'il pense de l'idée d'abolir les audiences
publiques? Et j'aimerais ça, savoir ce que M. Mead a dit parce que le
même M. Mead, en août 1989, alors qu'il était
président de l'Union québécoise pour la conservation de la
nature, l'UQCN, réclamait des audiences, non seulement celles
prévues dans la loi pour la conduite électrique, mais sur
l'ensemble du projet, et je cite. C'est le Journal de Québec, le
jeudi 31 août. "Alumax inquiète les groupes écologistes.
À l'image des fédérations de l'UPA, les groupes
écologistes de la région de Québec exigent des audiences
publiques sur le projet Alumax. C'est ce qu'a fait savoir hier le
président de l'Union québécoise pour la conservation de la
nature, M. Harvey Mead, qui se faisait le porte-parole du nouveau Conseil de
l'environnement de la région de Québec, formé de 11
organismes environnementaux de l'UQCN. Les groupes s'inquiètent du
démarrage en catastrophe - de ce gouvernement qui est toujours en
catastrophe, on le voit aujourd'hui - des travaux d'aluminerie sans qu'aucune
étude n'ait été rendue publique et sans examen public
sérieux des retombées environnementales du projet, mentionne M.
Mead dans un communiqué remis hier." Le même M. Mead qui,
aujourd'hui, est le collaborateur du ministre de l'Environnement. (19 h 30)
Moi, je pense qu'autant pour M. Mead que pour le ministre de
l'Environnement, député de Brome-Missisquoi, pour ces deux
personnes, c'est une journée de honte, M. le Président. C'est une
journée de honte, c'est une journée de deuil pour les vrais
protagonistes, les vrais apôtres de l'environnement parce que le peu de
pouvoirs que ce ministre de l'Environnement pouvait encore utiliser, à
savoir l'audience pour la conduite électrique, le peu de pouvoirs qui
lui restaient, il ne s'en sert même pas et je soupçonne qu'il est
forcé de ne pas s'en servir par ses collègues du Conseil des
ministres. Ce ne sera pas la première fois que le ministre de
l'Environnement, depuis un an et demi, se fait tasser. C'est devenu
légendaire. Tout le monde en parle au Québec et en particulier
les groupes écologistes. Nous n'avons pas de ministre de l'Environnement
qui se comporte comme un apôtre de l'environnement. Nous avons un
ministre de l'Environnement qui se comporte comme un avocat qui aborde tous les
problèmes sans aucun leadership, qui les aborde tout simplement en
ouvrant son code, en ouvrant le texte de la Loi sur la qualité de
l'environnement et qui se fait ballotter par ses collègues du Conseil
des ministres.
Un jour c'est la vice-première ministre, la ministre de
l'Énergie, qui le tasse, on le sait, dans le projet Grande Baleine.
Parce que là aussi, le ministre de l'Environnement, il a changé
d'idée. Rappelez-vous, chers collègues de l'Assemblée
nationale, le ministre de l'Environnement nous a dit, il y a sept, huit mois:
Oui, je préconise une étude environnementale pour le projet
Grande Baleine qui va inclure à la fois la route et les barrages, une
étude unique combinant à la fois l'infrastructure et les
barrages. Mais, aujourd'hui, depuis quelques mois, on sait qu'il a dû
reculer. Il a dû reculer à cause des pressions de sa
collègue de l'Énergie.
Deuxième phénomène depuis plusieurs mois, il recule
constamment devant son collègue de l'Industrie et du Commerce. On l'a vu
lorsque le ministre de l'Industrie et du Commerce, avec le premier ministre du
Québec ont annoncé des projets, des grands projets, sans qu'il y
ait eu même de consultation avec le ministère de l'Environnement,
M. le Président.
Le ministre de l'Éducation et leader a tenté de faire
croire à la population ou à cette Assemblée nationale que
l'Opposition s'opposait à l'aluminerie, s'opposait aux 500, 600 emplois.
Foutaise! Foutaise! Ce à quoi nous nous opposons, M. le
Président, c'est à l'imprévoyance, c'est à la
négligence de ce gouvernement. Ça aura pris quatre projets de loi
spéciaux pour que cette usine soit mise en branle. Moi, je comprends les
entreprises, surtout les grandes entreprises multinationales, qui se
méfient du gouvernement et qui ont insisté, qui ont exigé
que ce gouvernement passe cette loi spéciale. Et quand on sait que ce
gouvernement plie devant les pressions de multinationales - on l'a vu dans le
genre de contrats que ce gouvernement a octroyés aux alumineries en
particulier - quand on sait jusqu'à quel point, devant un
investissement, ce gouvernement, parce que c'est la seule bible de ce premier
ministre qui est en face de nous, sa seule bible c'est l'investissement
économique, quand on sait tout ça, on se rend compte que, tout ce
qui leur reste, c'est d'essayer de dire: Eux - parlant de l'Opposition - sont
contre le développement économique; nous, on est pour. Et le
ministre de l'Industrie qui arrive, lui-même protestait, avec le ministre
de l'Environnement, il y a six, sept mois, en Chambre, de sa grande
volonté de collaborer avec le ministre de l'Environnement. Il a dit
ça. De belles paroles, aussi belles que celles du ministre de
l'Environnement. Mais on a vu que ça a été démenti
dans les faits à plusieurs reprises. Il n'y en a pas de collaboration.
Il n'y a pas de cohésion, de cohérence dans la planification de
ce gouvernement. On n'a pas tenté d'allier l'écologique et
l'économique. On n'a pas tenté de rapprocher, à la fois
les impératifs du développement économique et les
impératifs de la préservation de l'environnement. Et c'est
à ça, M. le Président, qu'on s'oppose, à cette
imprévoyance. Et on ne fait pas de reproches à Loralco d'exiger
de ce gouvernement qu'il livre
la marchandise par le biais d'un projet de loi. Mais on fait des
reproches à ce gouvernement de ne pas avoir prévu, de ne pas
avoir planifié cette audience publique qui devrait être faite.
Alors, non seulement on a passé en décembre dernier par un bill
privé, on a passé à côté de la Commission de
protection du territoire agricole. Aujourd'hui, on passe à
côté du Bureau d'audiences publiques, de la loi de
l'environnement.
On écrase au passage le ministre de l'Environnement. C'est
peut-être pour ça qu'il n'est pas ici. C'est peut-être qu'il
est blessé. Je ne sais pas où il est, là, mais on met le
ministre de l'Environnement dans une position impossible. Ou bien il a encore
un minimum de croyances, de convictions à défendre, comme
ministre de l'Environnement, et à ce moment-là il devrait
être ici, il aurait dû s'opposer à ce projet de loi. Il
aurait dû mieux planifier son action. Ou bien, il n'en a pas du tout et
il s'accroche à son poste par cynisme.
Mais, M. le Président, je pense que, justement, non seulement le
groupe de l'Union québécoise de la conservation de la nature a
demandé la démission de ce ministre de l'Environnement, il y a
déjà quelques mois, mais l'Opposition se voit obligée,
aujourd'hui, de réclamer aussi un geste de sa part. Parce que, M. le
Président, ce ministre de l'Environnement a perdu toute
crédibilité auprès des groupes environnementaux. Il l'a
perdue, il l'a perdue, c'est clair, à tel point qu'il va rarement,
très rarement, à des invitations des groupes environnementaux, si
vous remarquez. On le lui reproche d'ailleurs. Mais, M. le Président, je
pense que, dans cette journée de deuil pour l'environnement aujourd'hui,
cette triste journée, c'est un test en même temps pour le ministre
de l'Environnement. Je pense que, s'il a vraiment des convictions
écologistes, il devrait démissionner et que, s'il ne
démissionne pas, c'est qu'il se contente de vouloir pavoiser, comme
ministre, et je crois que, dorénavant, il serait extrêmement
difficile, et pour lui et pour le sous-ministre Mead, de rencontrer des groupes
environnementaux et de prétendre être les protecteurs de
l'environnement.
M. le Président, il dit, le ministre: La loi est ridicule. Et le
ministre de l'Éducation, le leader, a fait allusion à ça
aussi. Ça fait quand même un an et demi qu'il est ministre de
l'Environnement et ça fait cinq ans et demi que ce gouvernement
libéral est en place. Pourquoi ne l'ont-ils pas changée, la loi?
Je pense qu'il faut absolument que ce manque de planification, ce manque de
prévoyance, nous l'analysions dans le cadre d'un gouvernement qui a
actuellement une crise interne sérieuse. Malgré tous les beaux
discours, on se rend compte que les ministères ne collaborent pas. Le
ministre de l'Industrie et du Commerce va me dire le contraire tantôt,
mais on pourra toujours lui apporter des faits qui vont prouver ce que nous
avançons.
La vraie raison de cette loi spéciale, M. le Président,
est-ce que ce n'est pas parce que le gouvernement craint d'ouvrir une
possibilité au public, non seulement de dire ce qu'il a à dire ou
de poser les questions qu'il veut poser sur les installations
électriques, mais que ça déborde et qu'on pose aussi des
questions pertinentes sur le projet lui-même, sur l'aluminerie
elle-même, et même ça pourrait aller jusqu'aux taux
d'électricité? Et, M. le Président, est-ce qu'on n'est pas
devant une situation qui va devenir un précédent? Le ministre de
l'Environnement dit aujourd'hui aux journalistes: Vous savez, l'aluminerie,
elle est terminée de toute façon; elle est là et
prête à commencer dans quelques mois. Est-ce qu'on va retarder
encore la production à cause d'une petite ligne électrique? (19 h
40)
M. le Président, dans le projet Grande Baleine, lorsqu'on
sépare les deux projets, l'infrastructure et la route, 500 000 000 $
à 600 000 000 $ de dépenses, et le reste du projet, les barrages,
quelques milliards, est-ce qu'on n'aura pas, encore là, la tentation de
dire au public ou à cette Assemblée: La route est
terminée, vous pensez bien maintenant qu'il va falloir faire le barrage,
on n'a pas dépensé 500 000 000 $ ou 600 000 000 $ pour simplement
la route? Et c'est ce qu'on va récolter dans cette atmosphère
où on essaie de morceler constamment les problèmes, et on oublie
d'avoir une vue d'ensemble.
La vraie raison, M. le Président, de ce projet de loi, c'est
premièrement l'imprévoyance du gouvernement; deuxièmement,
le manque de courage du ministre de l'Environnement de laisser à la
population la chance de s'exprimer; et, troisièmement, d'établir
un précédent qui pourra ensuite être évoqué
dans d'autres projets.
M. le Président, je voudrais encore insister sur le traitement
tout à fait scandaleux qu'on réserve au ministre de
l'Environnement, et je pense que, s'il a encore un minimum de fierté, un
minimum de dignité, il devrait se dissocier de ce projet de loi. Dans
les articles 3 et 4, on enlève au ministre de l'Environnement, on
enlève au ministère de l'Environnement le pouvoir
d'émettre des certificats d'autorisation et on transfère ce
pouvoir-là au Conseil des ministres. Tantôt, le leader nous
disait: C'est parce qu'on veut être sûrs que nos ingénieurs,
qui sont en négociation, ne vont pas retarder l'étude des
propositions qui seront présentées. Et, à ce
moment-là, on dit: C'est le Conseil des ministres qui décidera
par décret. Très bien, mais sur quels avis le Conseil des
ministres va-t-i! se baser pour décider? On dit qu'on va consulter le
ministre de l'Environnement. Mais le ministre de l'Environnement, M. le
Président, que je sache, s'il veut présenter un avis pertinent au
Conseil des ministres lors de cette consultation-là, il devra aller
chercher une expertise quelque part, dans son ministère ou à
l'extérieur de son
ministère. Ce n'est pas parce que l'autorité de
décider revient maintenant au Conseil des ministres qu'on va avoir une
plus grande collaboration de la part des ingénieurs en
négociation. Si on poursuit l'hypothèse du leader,
hypothèse plutôt vicieuse et plutôt très peu
charitable à l'égard des ingénieurs-fonctionnaires, ces
mêmes ingénieurs-fonctionnaires ne vont pas collaborer plus s'il
s'agit d'une commande du Conseil des ministres, M. le Président. Et si
le Conseil des ministres veut aller à l'extérieur chercher des
avis privés, il peut très bien le faire, et le ministre de
l'Environnement pourrait très bien le faire.
Alors je pense, M. le Président, que ça, c'est vraiment la
goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les articles 3 et 4 du projet de
loi enlèvent, soutirent au ministre de l'Environnement le peu
d'autorité qui lui restait dans ce dossier-là, et disent:
Dorénavant, on va vous consulter, mais ce n'est pas vous qui allez
décider, M. le ministre de l'Environnement. Vous savez, ça fait
plusieurs mois que ce gouvernement tente de se soustraire à l'obligation
de tenir des audiences publiques, et le ministre de l'Industrie et du Commerce
le sait très bien. Pour ce faire, le gouvernement a eu recours à
toutes sortes de stratégies, de tactiques plus ou moins honorables, y
compris, et je cite au texte: "les transformateurs devant en faire l'objet - de
l'étude - sont d'une puissance supérieure à 315 kilovolts
- on l'a dit, c'est pour ça qu'ils sont soumis à la loi - Le
Conseil des ministres a donc formé un comité de fonctionnaires
devant trouver un moyen de contourner cette obligation. La tâche a par la
suite été confiée à des consultants du secteur
privé." J'aimerais bien savoir aussi combien ça a
coûté, cette consultation du secteur privé. Et là,
on a exploré la possibilité de remplacer, tenez-vous bien, chaque
transformateur par deux autres de plus faible puissance. Autrement dit, la
norme, dans les règlements découlant de la loi pour forcer
l'audience publique, dit: À partir de 315 kilovolts ou plus, vous
êtes soumis à l'audience. Alors, là, on a dit: On va
remplacer chaque gros transformateur par deux de plus faible puissance et,
là, il n'y aura pas obligation d'aller en audiences publiques. Il
s'agissait d'une solution temporaire qu'on aurait adoptée pendant la
période des audiences du BAPE avant de s'en remettre ensuite aux
transformateurs originaux. Cette idée a finalement été
abandonnée après qu'on se fut rendu compte qu'elle
entraînait davantage de conséquences pour l'environnement, ne
serait-ce que parce qu'il aurait fallu déboiser une plus grande
étendue.
M. le Président, le ministre de l'Environnement devrait avouer
candidement qu'il a perdu la bataille, qu'il a été obligé
de se plier aux pressions de ses collègues. Le ministre de
l'Environnement devrait avouer que le Conseil des ministres... Enfin, il
arrive, M. le Président, je pense qu'on doit le saluer. 19 h 45. On doit
le saluer et on a bien hâte d'entendre ses explications, pourquoi il a
été absent de tout ce débat depuis 16 heures cet
après-midi et pourquoi il n'a pas eu le courage de présenter
lui-même le projet de loi, de le piloter, pourquoi il a laissé son
collègue, le leader, lire un discours préparé par les
fonctionnaires de son ministère qu'il a plaisir à dénigrer
à tout bout de champ.
Alors, M. le Président, le ministre de l'Environnement sait
très bien qu'il n'a pas été capable de convaincre ses
collègues qu'il fallait respecter la loi et qu'il s'est
prêté à ce jeu de tenter de trouver une solution pour
contourner la loi. En désespoir de cause - parce que, là, il
aurait moins perdu la face peut-être - il est obligé d'être
solidaire et c'est pour ça qu'il est ici aujourd'hui: la
solidarité ministérielle, ça l'oblige à être
ici aujourd'hui. Il n'est pas ici de bon coeur parce que c'est une
journée de honte pour le ministre de l'Environnement aujourd'hui. Parce
qu'aujourd'hui les apôtres, tous ceux et toutes celles qui croient
travailler à préserver un environnement sain au Québec ne
sont pas fiers de leur ministre aujourd'hui et moi, comme député
de La Prairie, comme citoyen, je ne suis pas fier de mon ministre de
l'Environnement aujourd'hui. Et j'ai hâte d'avoir un ministre de
l'Environnement de qui je pourrais dire, au contraire, que je suis fier des
efforts qu'il fait. M. le Président, je le répète devant
lui, ce ministre de l'Environnement ne se conduit pas comme un leader dans la
cause de la protection de l'environnement. Ce ministre de l'Environnement se
conduit comme un avocat qui observe, qui obéit à la
solidarité ministérielle et qui veut conserver son poste à
tout prix.
M. le Président, il a tellement peu d'autorité, ce
ministre de l'Environnement, en matière d'audiences publiques, que c'est
honteux qu'il abandonne le peu d'autorité qu'il ait encore. Le
même ministre qui se dit désireux d'étendre les audiences
publiques aux grands projets industriels, il dit à qui veut l'entendre
que, lui-même, personnellement, il est d'accord, il n'arrive pas à
vendre son idée au Conseil des ministres, mais ce même ministre
qui dit ça, il est d'accord aujourd'hui pour enlever, pour soustraire un
projet, si modeste soit-il, à des audiences publiques.
Je pense que, au-delà de la valeur objective d'avoir des
audiences publiques sur les transformateurs et sur cette extension
électrique, au-delà de ça, il y a une valeur de symbole,
M. le Président, qui est en cause. Ce gouvernement n'a pas encore fait
la preuve auprès de la population qu'il était soucieux de
protéger l'environnement. Le geste qu'il pose aujourd'hui est de nature
à enlever tout espoir auprès de la population que ce gouvernement
va faire un virage et va devenir plus soucieux de préserver
l'environnement. (19 h 50)
M. le Président, j'aimerais aussi savoir si le
ministre de l'Environnement a consulté le Conseil consultatif de
l'environnement. Tantôt, j'ai posé la question avant que vous
arriviez, je me demandais si vous aviez consulté votre sous-ministre au
développement durable qui, il y a un an et demi, réclamait des
audiences publiques sur l'ensemble du projet de Lauralco. Où est-il
votre sous-ministre au développement durable, aujourd'hui? Vous aviez,
à l'occasion du projet Lauralco, une occasion de démontrer qu'il
est possible de stimuler le développement économique et de
créer des emplois tout en stimulant la cause de l'environnement. Vous
avez abandonné trop vite, vous avez cédé devant les
pressions de votre collègue de l'Industrie et du Commerce. Ça
devient une habitude, M. le Président, chez le ministre de
l'Environnement de céder aux pressions de ses collègues. Mon
collègue, notre leader de l'Opposition, a eu des mots durs pour lui cet
après-midi. Je les fais miens, ces mots-là, parce que le ministre
de l'Environnement n'est pas capable de conduire un combat efficace avec ses
collègues. Lorsqu'on ne peut pas conduire de combat efficace, on donne
sa place à un autre et on s'en va dans un autre secteur.
M. le Président, en conclusion, je voudrais rappeler que ce
gouvernement est coupable d'imprévoyance, ce gouvernement savait fort
bien depuis deux ans qu'il aurait, à un moment donné, à
conduire ces audiences publiques sur le trajet électrique et sur les
transformateurs. Au lieu de le faire en respectant la loi, il a tenté de
se soustraire à la loi et, aujourd'hui, il est victime, ce gouvernement,
de sa propre incompétence et ça ne me surprend pas que les
autorités de Lauralco aient mis le poing sur la table et disent au
gouvernement: Vous allez passer une loi spéciale, nous, on est
fatigués d'attendre, on est fatigués de votre confusion, parce
que c'est de ça qu'il s'agit. Il s'agit d'une confusion gouvernementale.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce annonce des projets, l'Environnement
n'est même pas dans le coup. La ministre de l'Énergie annonce des
projets, l'Environnement n'est pas dans le coup. Ça se
répète semaine après semaine, M. le Président.
Alors, dans ce cas particulier, à tout le moins en décembre
dernier, lorsque le bill privé a été discuté,
à tout le moins, le gouvernement aurait dû avoir le courage de
dire: Écoutez, nous, on commence déjà à songer que
ça va prendre une loi spéciale. On n'en a pas parlé du
tout. On nous arrive aujourd'hui avec ça, ce midi, en catastrophe. Comme
M. Mead le disait en 1989, tout le projet a été
développé en catastrophe. On nous arrive avec ça en
catastrophe sans aucun avertissement.
M. le Président, il n'y a personne qui va croire que l'Opposition
est contre le développement économique, que l'Opposition est
contre la création de 600 emplois, contre un investissement de 850 000
000 $. Il n'y a personne qui va croire ça. On a été assez
longtemps au gouvernement pour avoir acquis une certaine
crédibilité. Ce que nous disons cependant, c'est qu'il y a moyen
de combiner les deux, qu'il y a moyen de faire des gestes qui vont rassurer la
population sur les impacts environnementaux du projet tout en stimulant la
création de ces emplois-là et l'exploitation de ces usines.
Je voudrais terminer en répétant encore une fois qu'il
s'agit d'une journée où personne ne va sortir gagnant, personne,
sauf Lauralco. Moi, je les comprends. Ils veulent avoir une certitude une fois
pour toutes. Je les comprends, mais ce gouvernement ne sort pas gagnant. Ce
ministre de l'Environnement ne sort pas gagnant. Le ministre de l'Industrie et
du Commerce sort peut-être gagnant parce que ça va faire plaisir
à ses amis de Lauralco, mais le ministre de l'Environnement sort
perdant. La cause de l'environnement est perdante et ce ministre de
l'Environnement devrait se dissocier, devrait avoir le courage de se dissocier
de ce projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de La Prairie. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. le ministre de l'Environnement. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de saluer mon bon ami le critique de l'Opposition officielle, M. le
député de La Prairie qui, malheureusement, n'était pas
avec nous durant les deux premières heures du débat, entre 16
heures et 18 heures cet après-midi. Je le comprends. Moi aussi, j'ai
été appelé à d'autres occupations depuis ce
temps-là, mais je l'ai quand même suivi par le biais de la
télévision, M. le Président.
Ce n'est jamais facile pour un parlementaire de quelque formation
politique que ce soit de se retrouver dans le contexte de l'adoption d'une loi
spéciale à l'Assemblée nationale du Québec. Ce
n'est pas plus facile, ou c'est même très difficile pour un
ministre de l'Environnement, lorsque certaines dispositions de la loi
spéciale affectent l'environnement. Mais ça devient
pénible, M. le Président, lorsque l'Opposition officielle profite
de ces circonstances - et, là-dessus, je tiens à dissocier le
député de La Prairie des propos qui ont été tenus
par d'autres collègues avant son intervention - profite de cette
législation spéciale pour tenter d'induire la population en
erreur.
M. le Président, si on s'en remettait à tous les discours
avant le discours du député de La Prairie, on serait
portés à croire que l'actuelle loi vise à soustraire des
audiences publiques toute la construction d'une énorme aluminerie de 1
000 000 000 $ et que le ministère de l'Environnement est
complètement expulsé du dossier. M. le Président, ce ne
sont pas là les propos qu'a tenus le député de La Prairie,
mais ce sont
des propos qui ont été tenus par des parlementaires de
l'Opposition officielle en cette Chambre avant l'intervention du
député de La Prairie.
M. le Président, le député de La Prairie n'a pas
tenu ces propos parce qu'il sait qu'ils sont faux. Le député de
La Prairie, d'ailleurs, a indiqué dès la semaine dernière,
en cette Chambre, que l'ironie de la situation, et je cite le
député de La Prairie, M. le Président, que l'ironie de la
chose dans le dossier de Lauralco, c'est qu'il n'y a pas d'audiences publiques
sur le projet d'environ 1 000 000 000 $ pour l'alumine-rie Lauralco dans la
région de Québec. Et ça, c'est le député de
La Prairie qui le disait dans cette Assemblée nationale la semaine
dernière; il l'a répété aujourd'hui, j'aurais
souhaité qu'il le répète au caucus des
députés du Parti québécois, de façon
à ce qu'on ne tente pas d'induire la population en erreur.
M. le Président, la réalité dans le dossier
Lauralco, la vérité c'est que, jusqu'à ce jour, le
ministère de l'Environnement du Québec a appliqué avec
toute sa rigueur la Loi sur la qualité de l'environnement, étape
par étape. Chacune des composantes de l'aluminerie de l'usine Lauralco,
le projet de 1 000 000 000 $, a été évaluée par le
ministère de l'Environnement avant l'émission des divers
certificats d'autorisation qui ont été effectués
étape par étape. M. le Président, le ministère de
l'Environnement, après évaluation du dossier et de ses impacts, a
autorisé le début des travaux préliminaires le 31 juillet
1989. Le ministère de l'Environnement, après évaluation
des impacts, a autorisé ou a émis un certificat d'autorisation
pour les services enfouis et les fondations le 7 mai 1990. Le ministère
de l'Environnement, après évaluation des impacts, a émis
des certificats pour les composantes de cinq autres groupes entre le 14 juin
1990 et le 21 janvier 1991. Le ministère de l'Environnement n'a pas
abdiqué ses responsabilités dans le cas du dossier Lauralco, il
les a exercées, conformément à la Loi sur la
qualité de l'environnement, à chacune des étapes.
Il y a certaines dispositions du présent projet de loi qui vont
faire en sorte que c'est le gouvernement qui continuera, sur avis du ministre
de l'Environnement, à émettre les deux autres certificats de
construction qui sont requis, de même que le certificat de mise en
opération de l'usine. Je tiens à assurer chacun des membres de
l'Assemblée nationale du Québec que, suite à des
discussions, autant au niveau du caucus des députés que du
Conseil des ministres où, entre autres, le ministre de l'Industrie et du
Commerce a insisté, on a insisté pour que jamais ces certificats
ne soient émis sans que toutes les normes du ministère de
l'Environnement du Québec soient rigoureusement suivies,
observées et appliquées... (20 heures)
M. le Président, c'est l'état du dossier quant à la
construction d'une aluminerie de plus de 1 000 000 000 $. Comme vous le savez,
ces grands projets industriels ne sont en aucun temps et n'ont jamais
été au Québec soumis à la tenue d'audiences
publiques par le Bureau d'audiences publiques en matière
environnementale. L'usine de 1 000 000 000 $, sans loi spéciale,
conformément à la législation normale en matière
environnementale - et on peut le déplorer - n'a été
soumise à aucune audience publique. Nous sommes ici, aujourd'hui, face
à une usine qui est pratiquement terminée de construire. La
construction est pratiquement terminée et toutes les normes
environnementales ont été survies.
La réglementation actuelle prévoit - et c'est
peut-être là qu'on va se rejoindre, le député de La
Prairie et le ministre de l'Environnement - que l'usine n'est pas soumise aux
audiences publiques. Mais le fil électrique entre la ligne de
transmission d'Hydro-Québec et l'usine qui est déjà
construite, avec les deux transformateurs que cela requiert pour faire
fonctionner l'usine, en vertu de la réglementation actuelle
adoptée par le Parti québécois, en 1978, ce bout de fil
là sur trois quarts de kilomètre, lui, il est soumis à des
audiences publiques par le Bureau d'audiences publiques en matière
environnementale, parce qu'une gang de marchands d'illusions, en 1978, ont
voulu faire croire aux citoyens du Québec qu'ils avaient des droits en
matière d'audiences publiques au Québec. Et on se retrouve devant
cette situation ridicule où l'usine, comme telle, n'est pas soumise,
mais où le bout de fil sur trois quarts de kilomètre, lui, est
soumis. Quels sont les gains environnementaux possibles? L'usine est
déjà construite. La ligne de transmission d'Hydro-Québec
est déjà là. Quel est le meilleur tracé sur le plan
environnemental? Comment peut-on réduire les impacts environnementaux?
M. le Président, dans de telles circonstances, poser la question, c'est
pratiquement y répondre.
Le ministre de l'Environnement du Québec ne s'est pas
traîné les pieds dans le dossier, contrairement aux affirmations
démagogiques de membres de l'Opposition officielle. Dans le cas des
équipements électriques, la compagnie Lauralco a soumis au
ministère de l'Environnement son dossier, le 12 juillet 1990. Le 21
septembre, elle nous a soumis une étude d'impact finale. Le 23 octobre
1990, nous avons émis un avis de recevabilité suite à
cette étude et, entre le 26 novembre 1990 et le 24 janvier 1991, nous
sommes allés en période d'information. Nous avons expliqué
à l'ensemble de la population quels étaient les impacts
environnementaux prévisibles - non pas de l'implantation de l'usine,
c'est exclu - de l'installation du bout de fil électrique sur trois
quarts de kilomètre.
M. le Président, comme c'était leur droit en fonction de
la Loi sur la qualité de l'environnement, cinq citoyens se sont
prévalus d'un droit reconnu dans la loi et ont demandé au
Bureau
d'audiences publiques d'être entendus en public. Ces gens ont
posé une série de questions qui varient de la gestion des huiles
contenues dans les transformateurs en passant, comme l'a indiqué
tantôt le député de Portneuf, ministre de
l'Éducation et leader du gouvernement, par les tensions parasites,
allant jusqu'à un projet d'aménagement d'un sanctuaire d'oiseaux.
Ces gens, en fonction de la loi actuelle, ont droit à des
réponses en public. Ce que la loi déposée devant cette
Assemblée nationale vise à faire, M. le Président, c'est
enlever ce droit qui est législativement reconnu à ces personnes
d'avoir des réponses publiques quant à leurs interrogations.
M. le Président, c'est une loi d'exception. C'est une loi qui va
priver des citoyens et des citoyennes du droit d'être entendus en public.
Le ministère de l'Environnement peut offrir des moyens palliatifs
à ces personnes. Le ministère de l'Environnement du Québec
s'engage à donner toutes les réponses qu'il connaît aux
questions que ces gens ont posées et le ministère de
l'Environnement du Québec s'engage également, s'il y a des
questions additionnelles, à fournir l'information additionnelle. Le
droit de ces personnes va quand même, M. le Président, et je le
reconnais, être bafoué par la loi spéciale que nous
adoptons ce soir. Mais, s'il y a moyen de préserver le droit à
l'information de cette population qui peut se sentir menacée, le
ministère de l'Environnement va mettre à la disposition de ces
gens les effectifs nécessaires pour qu'ils obtiennent les informations
nécessaires.
M. le Président, pourquoi nous retrouvons-nous, ce soir,
forcés de proposer à l'Assemblée nationale du
Québec un projet de loi qui va brimer ces citoyens qui ont
demandé des audiences publiques, en vertu de la loi, sur les deux
transformateurs, la ligne de trois quarts de kilomètre, qui va les
brimer du droit d'avoir toutes ces informations en public? Le
député de La Prairie a accusé le ministère de
l'Environnement de lenteur et j'y reviens parce que ce sont des accusations qui
avaient été reprises par le leader de l'Opposition en Chambre,
des accusations qui avaient été reprises par le whip de
l'Opposition en Chambre. À peu près tous les parlementaires, de
l'autre côté, qui sont intervenus - et ils sont nombreux, M. le
Président - ont accusé le ministère de l'Environnement de
lenteur. J'ai eu l'occasion, M. le député, de vous décrire
le cheminement suivi. La période d'information, comme je l'ai
indiqué tantôt, s'est terminée le 24 janvier 1991. À
partir du 25 janvier 1991, le ministère de l'Environnement,
théoriquement, avait la possibilité de déclencher des
audiences publiques d'une durée de quatre mois et le ministère de
l'Environnement, normalement, toutes choses étant égales, aurait
dû procéder.
M. le Président, je ne prétendrai pas que le
ministère de l'Environnement du Québec n'a pas de
responsabilité. je ne prétendrai pas que le gouvernement du
québec n'a pas de responsabilité dans ce qui nous arrive ce soir,
mais je vais prétendre que le gouvernement n'est pas comme tel la cause
de ce qui nous arrive ce soir. m. le président, ce n'est pas à
tous les jours, ni même à tous les mois, ni même à
toutes les années, que le président du bureau d'audiences
publiques en matière environnementale décide d'accepter un emploi
à un autre niveau de gouvernement. sur le plan pratique, c'est ce qui
est arrivé à la mi-janvier 1991, ce qui nous a placés
devant un bureau d'audiences publiques sans président effectif qui ne
pouvait plus confier de nouveaux mandats.
M. le Président, le 13 mars, le gouvernement, après
consultation, a nommé un nouveau président au Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale. Du 25 janvier au 13 mars, je n'ai
pas entendu l'Opposition critiquer le gouvernement sur le choix qu'il a
effectué et je n'ai pas entendu non plus l'Opposition critiquer le
gouvernement sur le temps qu'il a pris pour bien choisir la bonne personne pour
faire le bon travail. Mais ce laps de temps a fait en sorte, à cause
d'un cas fortuit, que nous nous retrouvons, au ministère de
l'Environnement - et parce que l'échéancier de Lauralco
était très serré - devant l'impossibilité de tenir
les audiences publiques dans les délais prescrits.
M. le Président, le ministère de l'Environnement a
tenté, comme l'a souligné tantôt le député de
La Prairie, de trouver à peu près toutes les solutions
alternatives de façon à préserver aux
intéressés leur droit à des audiences publiques. Nous
avons tenté d'effectuer un raccordement temporaire à une autre
ligne électrique située à proximité de façon
à donner le temps aux audiences publiques de se dérouler
normalement quitte à se rebrancher plus tard à la ligne
principale. M. le Président, nous avons fait effectuer par Lauralco, par
Hydro-Québec, par le bureau d'ingénieurs privé le plus
spécialisé en matière de transport
d'électricité les études techniques et environnementales
nécessaires. M. le Président, c'est à la fois pour des
raisons techniques, et j'insiste beaucoup là-dessus, également
pour des raisons environnementales - il nous aurait fallu déboiser
beaucoup plus que prévu - que nous avons dû nous résigner
à abandonner cette solution alternative et à nous tourner vers la
pire des solutions, la présentation d'un projet de loi privé.
M. le Président, si nous nous retrouvons dans cette situation,
oui, le gouvernement, comme je l'ai dit tantôt, a sa part de
responsabilité. Mais que, de l'autre côté, on ne prenne
aucune responsabilité, qu'on se décharge de toute
responsabilité, c'est tromper la vérité, M. le
Président.
Le député de La Prairie, qui est aujourd'hui critique de
l'Opposition officielle en matière d'environnement, sait très
bien que, lorsque le
règlement sur les audiences publiques a été
adopté en 1978, son gouvernement péquiste a expressément
exclu les grands projets industriels des audiences publiques. Ce
député, tantôt, a osé nous dire: Ça fait cinq
ans et demi qu'on réclame, de notre côté, de l'action pour
soumettre les grands projets industriels aux audiences publiques. M. le
Président, de 1985 à 1990 - je n'en tiens pas rigueur
personnellement à mon bon ami, le député de La Prairie,
parce que lui n'était pas, à ce moment-là, critique de
l'Opposition officielle en matière d'environnement - il n'y a pas eu, de
la part des parlementaires d'en face, de mise en branle de mandat d'initiative
de la commission de l'aménagement et des équipements où
les parlementaires de toutes les formations politiques à
l'Assemblée nationale peuvent se regrouper pour formuler des
recommandations au gouvernement pour modifier des lois et des
règlements.
M. le Président, ce n'est que l'année dernière,
après cinq ans et demi à l'Opposition, que, finalement, le
député de La Prairie s'est réveillé et qu'il a
proposé à la commission de l'aménagement et des
équipements, de concert avec le député de Saguenay - parce
qu'il avait besoin des bons conseils du député de Saguenay dans
le dossier - un mandat d'initiative pour modifier la réglementation
actuelle.
M. le Président, le député de La Prairie a
peut-être posé la bonne question, il l'a fait de façon un
peu plus affirmative que les observateurs aujourd'hui. Est-ce qu'il s'agit
d'une journée qui va être retenue comme une journée noire
dans le monde environnemental? Si on s'en tient à la rhétorique
du député de La Prairie, M. le Président, la
réponse est affirmative. Si on profite de cette loi spéciale pour
sensibiliser tous et chacun des collègues parlementaires de toutes les
formations politiques, si on profite de cette loi spéciale pour
sensibiliser les collègues du Conseil des ministres à une
situation qui est totalement inacceptable et qui ne peut perdurer, si on
utilise la commission parlementaire de l'aménagement et des
équipements pour accélérer le rythme de travail qui est au
ralenti - M. le député de La Prairie, je vous le souligne,
accélérez votre rythme de travail; le député de
Saguenay est prêt à accélérer le sien, de
façon que j'obtienne votre avis le plus rapidement possible - si le
gouvernement NPD de l'Ontario bouge rapidement quant à sa
législation, de façon que le Québec puisse maintenir sa
position concurrentielle en matière environnementale, nous pourrons tous
ensemble unir nos efforts pour faire en sorte que la récession
économique que l'on vit présentement ne serve pas de
prétexte à l'affaiblissement de la Loi sur la qualité de
l'environnement, mais serve de moments de réflexion qui uniront les
parlementaires dans la bonification de la Loi sur la qualité de
l'environnement et, à cet effet, M. le Président, j'ai besoin du
support de tous les parlementaires de cette Assemblée. Des voix:
Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Environnement.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur cette motion, je
reconnais maintenant Mme la députée de Marie-Victorin. Mme la
députée.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui. M. le Président, que de
démagogie! Je comprends que le ministre de l'Environnement a besoin de
support, mais, en fait, pourquoi attendre toujours à la dernière
minute pour faire des cris d'alarme au niveau de la population, au niveau de
ses collègues et ses collègues ministres, alors qu'il aurait
été beaucoup plus préférable de le faire bien avant
aujourd'hui, M. le Président, et surtout en passant par une loi
spéciale où, en fait, on est en train, dans ce gouvernement, dans
ce Parlement, de banaliser toute règle d'exception, c'est-à-dire
que maintenant, pour les ministres qui sont en place, parce qu'ils n'ont pas
planifié convenablement la présentation des projets de loi, pour
leur imprévoyance, M. le Président, on est obligés de
passer des projets de loi d'urgence. À force de crier au loup, il n'y a
plus personne qui va croire à l'urgence de ce gouvernement dans des
mesures aussi importantes que les règles de procédure de notre
gouvernement. Il faut arrêter tout ça, M. le Président.
Ça n'a plus d'allure. Parce que ce n'est pas la première fois,
pour ce projet, en fait, qu'on revient devant l'Assemblée nationale pour
des choses de cet ordre. Quatre projets de loi, c'est le quatrième, en
fait, pour le même projet.
M. Chevrette: M. le Président, regardez donc le quorum,
s'il vous plaît. Il n'y a pas de commission.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député de Joliette. Qu'on appelle les
députés. (20 h 16-20 h 18)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Veuillez vous asseoir,
s'il vous plaît. Mme la députée de Marie-Victorin, si vous
voulez poursuivre votre intervention.
Mme Vermette: Donc, M. le Président, j'étais
à dire qu'en fait on est devant un très beau spectacle de la part
du ministre de l'Environnement, un très beau plaidoyer en sa faveur, en
demandant, en disant qu'il a besoin du support et de l'appui de l'ensemble des
députés
et même des ministres parce que, justement, il se sent maintenant
complètement sans aucun pouvoir et, compte tenu des résultats
pitoyables de la situation, bien sûr, il faut qu'il fasse ce cri d'alarme
avant de nous quitter.
Mais, M. le Président, je ne vois pas pourquoi, en fait, il
fallait avoir un projet d'urgence, une loi d'urgence, à ce moment-ci de
nos travaux de l'Assemblée nationale, alors que nous sommes en pleine
étude des crédits budgétaires pour la majorité des
commissions parlementaires. C'est une période importante et, encore une
fois, c'est l'imprévoyance de ce gouvernement qui fait en sorte que tout
est suspendu au niveau des règles parlementaires pour cette loi
d'urgence. Et encore, M. le Président, je ne vois pas comment il se fait
qu'on a tant de difficultés à établir le quorum dans cette
salle, alors que c'est vraiment le même gouvernement qui a demandé
cette loi d'urgence. Il me semble qu'il devrait être très attentif
puisqu'il y a urgence dans la demeure. Il devrait y apporter l'attention
nécessaire pour qu'en fait on démontre tout
l'intérêt de procéder dans ce projet de loi là, M.
le Président.
C'est dommage, M. le Président, mais ce gouvernement est
constamment en train de crier au loup, en fait, pour toute raison et,
justement, le sérieux que devrait avoir la population face à nos
institutions, de plus en plus tend à se diluer à cause de
procédures de cet ordre, de la façon dont ce gouvernement prend
ses responsabilités au niveau des travaux parlementaires. Ce n'est pas
tout à fait à l'avantage, justement, du monde parlementaire, de
l'Assemblée nationale. Nous sommes de plus en plus en voie de constater
à quel point il est difficile, pour nous, parlementaires, de faire
respecter nos droits comme tels.
Nous l'avons vu cet après-midi, au moment des travaux de
l'Assemblée nationale, que c'était de plus en plus difficile de
dire exactement ce qu'on pensait, de procéder par les règles qui
sont reconnues, ne serait-ce que par le dépôt d'une
pétition ou par une motion. On a des difficultés à
prononcer exactement le libellé de nos contenus au niveau d'une
pétition ou même d'une motion, de sorte qu'on se retrouve toujours
à remettre en cause nos droits de parlementaires et notre
possibilité d'exprimer clairement ce que nous voulons défendre.
L'intérêt majeur des citoyens et des citoyennes du Québec
nous commande de procéder, et nous avons de la difficulté
à faire valoir leurs droits. Aussi, évidemment, en bafouant les
droits des parlementaires, on bafouait, bien sûr, les droits de
l'ensemble de la collectivité québécoise.
C'est inacceptable, je pense, une telle situation, actuellement, au
Québec. C'est dangereux. Nous sommes sur un terrain glissant et il faut
mettre un terme à cette façon d'agir du gouvernement, à
l'heure actuelle, parce que ce que ça veut dire c'est que ce
gouvernement, dès qu'il aura été imprévoyant,
dès qu'il aura plus ou moins regardé tout l'impact d'un projet
parce que, pour différentes raisons, il aura glissé ou
échappé des règles de procédure importantes,
revient à l'Assemblée nationale et invoque les lois d'urgence.
C'est inacceptable, M. le Président, qu'on s'en aille dans cette
direction et, comme parlementaire, je ne puis accepter qu'on bafoue davantage
les règles de procédure et les droits, d'une part, des
parlementaires et, par le fait même, de nos concitoyens du
Québec.
Ce n'est pas la première fois, M. le Président, que le
gouvernement, et surtout pour ce projet de loi là, est
imprévoyant. Il faut se rappeler que, l'année dernière,
à la fin de la session d'été, au mois de mai 1990... Bien
sûr, vous savez comme moi que la fin des délais pour
présenter un projet de loi est le 15 mai. Et, en fait, pour le
même projet de loi, ce gouvernement avait encore oblige... Il est
très délinquant pour ce projet de loi, comme dans plein d'autres
cas, d'ailleurs, et la délinquance adulte est peut-être la plus
néfaste, M. le Président, parce qu'elle a des conséquences
beaucoup plus graves que la délinquance juvénile.
Pour ces gens qui sont en face, qui disent maîtriser la gestion
gouvernementale et qui sont supposés avoir les plus grands gestionnaires
que le Québec ait jamais connus, je m'explique mal pourquoi, alors qu'on
nous a vanté les mérites et l'importance du projet de loi au
niveau de la création d'emplois, on l'a pris si à la
légère dans un premier cas, au mois de mai 1990. Et cette
fois-ci, M. le Président, parce qu'on a oublié et
échappé des choses, ce qui est inévitable, l'extension
entre les pylônes et l'usine principale, parce qu'on a été
imprévoyants, on vient devant nous avec une loi spéciale.
Le fait est que, si le projet est si substantiel, si important pour la
région de Portneuf, si créateur, générateur
d'emplois et qu'il a des retombées si importantes pour l'ensemble de la
population, je pense que le premier devoir et le premier souci de ce
gouvernement et des ministres concernés, et plus particulièrement
du ministre de l'Environnement, aurait été de prendre tous les
moyens nécessaires pour qu'il n'y ait plus de délais dans ce
projet de loi. Nous n'y sommes pour rien, de ce côté de la
Chambre. Mais, bien plus, c'est l'imprévoyance et l'incurie de ce
gouvernement qui fait qu'encore une fois nous sommes obligés de venir
à l'Assemblée nationale, suspendre les règles de
procédure, laisser tomber l'étude des crédits
budgétaires pour une loi spéciale qui n'a pas
nécessairement sa raison d'être à l'heure actuelle, au
moment où on se parle, M. le Président.
Et je pense que le ministre de l'Environnement, qui, de toute
façon, semble avoir peu de poids politique dans ce gouvernement et on
est très loin de la coupe aux lèvres. Au niveau du discours,
soit, je n'ai jamais vu quelqu'un pouvoir si bien défendre son dossier,
mais ce n'est pas uniquement au niveau du discours qu'il
faudrait que le ministre de l'Environnement apporte de l'argumentation,
mais bien plus au Conseil des ministres pour faire valoir le point de vue et
l'intérêt de l'environnement, ce qu'il ne fait pas parce que ce
qu'on voit actuellement, c'est toujours des dérogations; on met de
côté, comme une vieille savate, tout ce qui touche
l'environnement.
Pourtant, ce gouvernement, je me souviens, en campagne électorale
de 1989, avait fait de l'environnement son cheval de bataille. Et
c'était le premier intérêt et le souci de ce gouvernement
de faire de l'environnement sa première priorité. Où en
sommes-nous avec cette première priorité, M. le Président?
C'est difficile de prendre au sérieux les propos du ministre de
l'Environnement...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président. J'aimerais que vous
constatiez s'il y a quorum.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, qu'on appelle les
députés. (20 h 26-20 h 27)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir. Mme la députée de Marie-Victorin, veuillez poursuivre
votre discours.
Mme Vermette: M. le Président, je constate une fois de
plus que les implorations du ministre de l'Environnement n'ont pas
été tellement entendues par ses collègues puisque, de
toute façon, on a de la difficulté à établir le
quorum dans cette Chambre. Alors, M. le Président, je...
Une voix: On est 17 en Chambre! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Mme la députée, s'il vous plaît! Si vous voulez
poursuivre.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
Mme la députée de Groulx, vous n'avez pas la parole. Si vous
voulez parler, vous le ferez tantôt. Mme la députée, si
vous voulez poursuivre.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Quand on est sur la
défensive, c'est qu'on a toujours quelque chose à se reprocher.
Alors, je voudrais ici rappeler que nous sommes devant, en fait, l'incurie d'un
gouvernement, d'un ministre qui a de la difficulté à
établir ses responsabilités au niveau du Conseil des ministres et
encore plus au niveau de ses collègues. Pour un projet de loi d'urgence,
on a de la difficulté à prendre ce projet-là au
sérieux, il me semble. Depuis tantôt, on nous vante les
mérites d'un projet et tout ce qu'on voit actuellement, c'est que les
gens ont l'air de dire: Écoutez, il faut qu'on passe ça au plus
vite, au plus sacrant, il faut régler tout ça parce que, nous
autres, on n'a pas été capables de regarder l'ensemble des
impacts de ce projet-là. Comme c'est un gouvernement habitué
à gérer à la pièce, bien sûr, c'est bien
évident qu'on a eu comme résultat quatre projets de loi pour en
faire un projet de loi.
On fonctionne toujours par du cas par cas et ça coûte
très cher pour l'ensemble des contribuables québécois
parce que, oui, effectivement, quand on fait du cas par cas, on a de la
difficulté à avoir une idée d'ensemble, un plan d'ensemble
et on oublie, en fin de compte, peut-être pas ce qui est le plus
majeur... Bien sûr, comme essaie de nous le faire dire le ministre de
l'Environnement, c'est simplement le lien collecteur entre l'entreprise et les
pylônes, mais, si on n'a pas été capable de le voir, je
pense que, quelque part, il y a des gens qui ont de la difficulté
à analyser des plans et devis ou à analyser, en fin de compte,
l'ensemble des opérations et l'ensemble du projet. Quand on est
obligé de revenir régulièrement en projet de loi et qu'on
est obligé de reprendre les analyses constamment, ça coûte
cher à l'ensemble des contribuables du Québec. C'est de cette
façon-là qu'on fait du gaspillage éhonté pour les
contribuables, comme si ça n'avait pas d'importance, toutes ces
affaires-là. Ce n'est pas plus grave que ça, on procède
comme on veut, un peu comme des "cow-boys", c'est-à-dire: Bon,
tassez-vous, nous arrivons, nous voilà. Il manque ci, il manque
ça, ça n'a pas plus d'implications qu'il faut.
Par contre, on arrive avec des grands cris d'alarme en nous disant:
Bien, voyez-vous, c'est un projet majeur, c'est un projet important, d'une
très grande importance. En fait, on ne prend aucune préparation
qui va avec l'importance du projet pour faire en sorte qu'il arrive à
terme, dans des délais raisonnables, et qu'il ne mette pas en cause la
crédibilité du Québec dans l'ensemble du monde
international, au niveau des grandes entreprises. C'est la réputation
même du Québec, en fait, qui est en cause à l'heure
actuelle, et ça, pour une chose: pour l'imprévoyance de ce
gouvernement, cette incapacité à gérer d'un bloc, à
regarder des choses dans leur ensemble, tout simplement parce qu'il prend les
choses à la pièce, une à une. Il regarde une chose et dit:
Bon, bien, c'est ça, on l'étudié, une autre, et on
l'étudié en séquences, mais jamais, finalement, tout d'un
trait. Ça, c'est vraiment dramatique. Je pense qu'on arrive toujours
à des solutions de bout de ligne, des solutions en catastrophe, en
croyant que tout est en train de prendre en feu dans la demeure, alors que,
tout simplement, on n'a pas été capable, au bon moment, de
regarder les conséquences de l'en-
semble du projet.
J'écoutais le député de Mille-Îles qui
disait, à un moment donné: Les audiences publiques, c'est bien
beau, mais, quand c'est juste pour quatre députés, pour quatre
citoyens, ça ne vaut pas la peine. Il faut tasser ça de
côté, les audiences publique. C'est inconcevable d'avoir si peu de
respect pour le citoyen. Je me serais attendue à beaucoup plus, en fin
de compte, de la part du député, à un plus grand respect
pour les citoyens. Quand il y a, M. le Président, un règlement ou
une loi où on donne des outils aux citoyens afin qu'ils se fassent
entendre, qu'il y en ait un ou plusieurs, c'est une question de principe. Peu
importe le nombre, M. le Président, il faut avoir du respect pour les
gens qui ont du courage et qui sont capables de se tenir debout pour
défendre leurs intérêts et défendre aussi les
principes pour lesquels ils sont vraiment convaincus. Je me serais attendue, en
tout cas, à autant de courage de la part du ministre de l'Environnement
pour démontrer son courage face à ses principes environnementaux,
M. le Président, démontrer à quel point, pour lui,
l'environnement, oui, c'est une préoccupation et une priorité, et
défendre d'une façon substantielle et convenable, en fait, tout
l'impact environnemental.
Ça, M. le Président, le ministre de l'Environnement a de
la difficulté. Il est presque absent. On le tourne comme une
crêpe, en fait, constamment, et on a de moins en moins, en tout cas, de
crédibilité face aux implications du ministre dans le domaine de
l'environnement. À l'heure actuelle, M. le Président, je remets
en cause aussi, bien plus, une bonne partie du gouvernement, pour qui
l'environnement n'est qu'un discours, mais n'est sûrement pas une
réalité, dans les faits.
Je pense, M. le Président, que le gouvernement devra vivre avec
ces décisions, bien sûr. Il devra aussi faire les frais de toute
cette démarche, à l'heure actuelle, et des pertes de temps
encourues. C'est vraiment le gouvernement qui se met dans des situations pour
freiner ses propres projets, qui nous arrive en catastrophe à
l'Assemblée nationale, en nous disant qu'il y a urgence, mais, en fait,
l'urgence n'existe pas, en réalité. Tout simplement, c'est le
résultat d'une mauvaise planification et d'une mauvaise étude de
l'ensemble d'un projet. C'est des attitudes que ce gouvernement a
développées depuis très, très longtemps. Vous irez
demander aux gens et aux contribuables qui doivent payer des taxes s'ils sont
très heureux d'avoir un gouvernement aussi imprévoyant. Vous
devriez le leur demander. Pourtant, c'est toujours le même qui vient
à payer, finalement, toute cette inaptitude du gouvernement à
faire en sorte que les choses se passent telles qu'elles sont supposées
être, sans être obligé de toujours faire des projets de loi
en catastrophe. Quatre projets de loi pour essayer d'arriver à quelque
chose d'important, je trouve que ça commence à démontrer,
en tout cas, l'incapacité du gouvernement à gérer ou
l'incapacité du gouvernement à faire des lois valables parce que
ça n'a plus d'allure. Je trouve que ça n'a vraiment plus
d'allure. Alors, qu'on n'arrête pas de nous décrier à quel
point le projet est important, quatre projets de loi pour arriver à un
projet qui était si important! Comment se fait-il qu'on se permette, en
tout cas, autant de perte de temps de la part du gouvernement? Moi, ça
me dépasse, M. le Président. Du moins, il y a quelque chose
quelque part qui ne tourne pas rond. Si c'est si important, on y met de
l'énergie, on y met du temps et on y met l'attention nécessaire
pour faire en sorte que le projet arrive dans des délais, qu'il n'y ait
pas de problème et qu'on respecte l'ensemble des règles à
chaque étape du projet. mais non, ils n'ont même pas pris la peine
de faire ça puisque, finalement, on arrive en catastrophe, on tasse le
monde de côté et on dit: oups! on enterre nos erreurs par une loi
spéciale. c'est ça, le gouvernement, actuellement, m. le
président et je trouve que, dans ce sens-là, c'est vrai que les
citoyens du québec ont bien raison de ne plus faire confiance à
ce gouvernement-là. et c'est bien raisonnable aussi quand on voit dans
les sondages qu'ils sont juste à 34 % et que, bientôt, j'en suis
convaincue, ça va encore descendre parce que, quand on a un gouvernement
incapable de prendre des décisions et d'arriver à si peu de
résultats, qu'on a un ministre de l'environnement qui a de la
difficulté, en fait, à défendre ses dossiers comme il le
fait à l'heure actuelle, on est très loin de la coupe aux
lèvres, et l'ensemble des contribuables du québec aussi. m. le
président, à ventre creux, tête révolutionnaire.
j'espère, en fait, que le ministre de l'environnement pourra être
à la plénière pour vraiment démontrer son
intérêt et toute l'attention qu'il apporte, au moment où on
étudiera le projet de loi article par article, m. le
président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. Alors, sur cette motion, M. le
ministre de l'industrie, du Commerce et de la Technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci, M. le Président. Le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a toujours
préconisé une vision du développement industriel dans le
respect de l'environnement. C'est donc à titre exceptionnel que
j'interviens sur le projet de loi concernant la construction et l'exploitation
de postes de manoeuvre et de transformation électrique, et
également d'une usine d'aluminium dans le parc industriel
Deschambault-Portneuf.
Aluminerie Lauralco inc. sera, selon les
promoteurs, plus propre que toutes les alumine-ries existantes,
grâce à l'emploi de techniques uitramodernes pour le captage et le
traitement des gaz, ainsi que pour le recyclage et le traitement des eaux.
L'utilisation des nouveaux procédés de production, tout en
augmentant considérablement la productivité, a réduit de
façon significative les rejets industriels dans l'air et dans l'eau.
Ainsi, au niveau de l'air, les normes environnementales
québécoises, qui étaient de 5 kilogrammes de fluor par
tonne d'aluminium il y a une dizaine d'années, sont maintenant de 1,45
kilogramme de fluor par tonne d'aluminium pour les nouvelles alumine-ries.
Ces normes sont parmi les plus sévères en Amérique
du Nord. Les technologies utilisées par les nouvelles alumineries
québécoises produisent des rejets qui sont du tiers à la
moitié des normes prévues. Au niveau des rejets des eaux
industrielles, certaines alumineries, dont Laural-co, visent un niveau
zéro de rejets. Le ministre de l'Environnement a déjà
émis sept certificats d'autorisation pour la construction de l'usine.
Deux autres certificats seront requis avant l'émission du certificat
d'autorisation pour entreprendre l'exploitation de l'usine. L'émission
du huitième certificat, qui avait été demandée pour
le 18 mars 1991, est maintenant prévue pour la première quinzaine
du mois de mai. Toutefois, il y a lieu de douter que ce délai serait
respecté, compte tenu du conflit de travail entre les ingénieurs
de la fonction publique et le gouvernement. (20 h 40)
Le récent "Flash Négo", publié par l'Association
professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, le 28
mars 1991, explicite clairement le moyen de pression suivant utilisé par
les fonctionnaires du ministre de l'Environnement et je cite: "Les
ingénieurs du gouvernement ne signeront plus ni ne scelleront les plans,
devis, avis de recommandation pour certificats d'autorisation avant que le
gouvernement ne veuille signer une convention négociée avec ses
ingénieurs. Nous continuerons à préparer nos projets, mais
ils seront utilisés lorsque signés. Le gouvernement nous a fait
patienter depuis 28 mois, alors il patientera pour ses projets aussi longtemps
qu'il veut nous faire languir sans convention acceptable. Tout sera
signé en même temps, projets et convention." Fin de la
citation.
Il y a donc lieu d'être très préoccupé par
l'émission desdits certificats d'autorisation dans les délais
requis. Aluminerie Lauralco inc. a l'intention de se conformer à toutes
normes et exigences connues du ministère de l'Environnement. C'est dans
cette optique que les articles 3 et 4 du projet de loi prévoient que les
certificats d'autorisation pourront être délivrés par le
gouvernement aux conditions qu'il détermine, et ceci, après
consultation avec le ministre de l'Environnement.
Le ou vers le mois de juin 1990, le MENVIQ confirme officiellement
à l'entreprise que la sous-station électrique est assujettie
à l'article 31.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement,
donc à des audiences publiques. Un échéancier pour
l'autorisation de la sous-station est mis au point et l'autorisation, s'il y a
des audiences publiques, sera donnée à Lauralco au plus tard le
1er mars 1991 afin de permettre le démarrage de l'usine le 1er
février 1992.
Lorsqu'il est devenu évident que cet échéancier ne
pouvait être respecté, des solutions alternatives ont
été évaluées pour permettre la tenue des audiences
publiques. Les conclusions d'un expert indépendant, datées du 17
avril 1991, confirment d'autres avis à l'effet que l'utilisation du
réseau à 315 kV est la seule solution qui rencontre les besoins
en alimentation électrique d'Aluminerie Lauralco inc, tant du point de
vue technique que du point de vue de l'échéancier de la
construction.
L'article 2 du projet de loi prévoit que tout certificat
d'autorisation requis en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement pour la réalisation et pour entreprendre l'exploitation
du poste de manoeuvre et du poste de transformation prévus à
l'article 1, ainsi que pour la construction et l'utilisation de toutes les
installations et tous les équipements relatifs à l'exploitation
de ces postes est délivré par le gouvernement, aux conditions
qu'il détermine, après consultation avec le ministre de
l'Environnement.
Le projet Aluminerie Lauralco inc. représente un investissement
de 1 000 000 000 $, la création de 500 emplois permanents de
qualité pendant l'exploitation de l'usine, 2000 emplois directs pendant
la construction et plus de 9000 emplois indirects. Les pertes
financières importantes engendrées par tout délai
additionnel pourraient avoir des conséquences catastrophiques pour
l'entreprise, Hydro-Québec, les travailleurs, la région de
Portneuf et l'image du Québec sur la scène internationale.
L'urgence d'adopter un projet de loi de cette importance est donc, à mon
avis, amplement justifiée.
Cela dit, le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie est prêt à s'associer avec le ministère de
l'Environnement pour clarifier les règles en matière de
procédure d'évaluation environnementale et d'autorisation
applicables aux projets industriels et, également, à proposer des
ajustements ou des correctifs qui permettraient de mieux harmoniser dans un
contexte nord-américain les préoccupations de l'environnement et
la réalité industrielle du Québec.
En somme, les promoteurs industriels, sans se soustraire aux obligations
environnementales qui les régissent, doivent pouvoir compter sur des
conditions environnementales à la fois équitables et claires,
équivalant à celles des économies avec lesquelles nous
sommes en concurrence pour l'obtention des projets de
même nature. Également, la réalisation de ces
projets doit être assujettie à un examen qui, reposant sur un
calendrier et une procédure réalistes, n'entachera pas
irrémédiablement la crédibilité du Québec
aux yeux d'éventuels investisseurs.
Il convient dès lors de mettre en place un système
d'autorisation pour les nouvelles entreprises afin que celles-ci puissent
à l'avance planifier leurs activités de production et leurs
programmes d'assainissement. C'est l'un des buts de la commission parlementaire
dont le mandat et les objectifs ont été initiés par les
députés libéraux de la commission de l'aménagement
et des équipements. L'équipe du ministère de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie entend y participer avec toute l'ouverture
d'esprit nécessaire pour trouver des solutions concrètes au
développement économique du Québec, et ceci, dans le
respect de l'environnement et surtout pour éviter que de telles
situations se reproduisent à nouveau.
À titre de ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, je réitère que c'est à titre exceptionnel que
j'interviens aujourd'hui avec l'assurance de la compagnie Lauralco inc, une
entreprise d'envergure mondiale, qu'elle a toujours eu et a toujours
l'intention de respecter les exigences environnementales du MENVIQ et
d'être ainsi reconnue sur la scène internationale comme une
entreprise qui contribue au développement économique durable.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (m. bissonnet): merci, m. le ministre de
l'industrie et du commerce. sur cette même motion, je reconnais
maintenant m. le député de jonquière. m. le
député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. Je dois
reconnaître d'abord, d'entrée de jeu, que le ministre de
l'Industrie et du Commerce nous a fait une bonne démonstration de ce
à quoi devait s'attendre l'industrie quand elle venait s'installer
quelque part. Et qu'on sache que l'aluminium, ça prend de
l'électricité, en tout cas, il a fait un effort, mais, pour moi,
ça ne m'a pas appris grand-chose. Son effort de vulgarisation ne me
semble pas méritoire trop, trop.
Je déplore ça quelque peu parce que, pour celui qui vous
parle, qui, pendant trois lois... Il y a eu trois lois déjà de
proposées concernant Lauralco, Portneuf. On est rendus à la
quatrième loi. Donc, quand on fait des lois par bill privé,
ça veut dire des lois spéciales. C'est la seule, par exemple,
où on suspend toutes les règles de procédure pour pouvoir
la faire adopter. Mais, il demeure qu'à chaque fois qu'on a
présenté des lois touchant Lauralco, à chaque fois,
dis-je, on a été obligés de prendre à peu
près tous les moyens pour essayer de convaincre l'Opposition que
c'était un bon projet. Voyons! 1 000 000 000 $ d'investissements, il n'y
a personne qui en conteste le bien-fondé. On dit: Si c'est vrai que
c'est important, le gouvernement devrait montrer, vis-à-vis des
investisseurs, un peu plus de sérieux. Il devrait leur dire de quelle
façon on reçoit des investisseurs. On ne se crée pas, du
jour au lendemain, promoteur industriel, à mon point de vue. On doit,
d'abord et avant tout, connaître ça quelque peu. Puis, les
industriels, par nature, aiment que les choses soient claires et que ça
marche. Puis, dans la question de Portneuf, si c'est ça qui est notre
image du Québec pour les investisseurs, surveillons-nous, on va
peut-être en avoir de moins en moins. Ce n'est pas de même qu'on
fait des affaires.
Puis, on ne dit pas qu'on ne doit pas faire des choses pour les
accueillir, mais on dit qu'un gouvernement devrait être plus responsable,
qu'un gouvernement devrait s'attendre, lorsqu'on a des investisseurs, à
prendre ses aplombs, comme on dit en bon canadien ou en bon
Québécois. On prend nos aplombs, on regarde ce qui se passe et on
essaie de les attirer, mais, quand on les a, on sait quoi faire avec.
Moi, je déplore d'une façon extraordinaire ce qui se
passe. Un gouvernement qui se prétend économiquement fort, qui se
prétend pour la création d'emplois et qui, à la
dernière minute, pris de panique, est obligé de suspendre toutes
les règles de procédure pour faire accepter un projet de loi qui
aurait pu se régler autrement, et ce n'est pas la première fois
malheureusement dans ce cas-là, dans le cas de Lauralco, que ça
arrive. Souvenons-nous qu'on a été obligé d'aller à
la Commission de protection du territoire agricole. On leur a fait donner des
avis par téléphone, à la demande d'un fonctionnaire et, le
lendemain, l'avis était par écrit. On n'a jamais vu autant de
"pressitude". Nous autres, on a le droit de se poser des questions et de
trouver qu'il y a des choses qui ne semblent pas trop, trop sérieuses.
Aïe! on parle de 1 000 000 000 $ d'investissements, puis c'est comme
ça qu'on traite ça? Il y a un laisser-aller, dans ce
gouvernement-là, qui est intolérable. Ne cherchons pas pourquoi
la situation économique se détériore. (20 h 50)
On dit: Ce n'est pas de notre faute, mais ça fait deux ans, trois
ans qu'on leur dit: Attendez-vous qu'il va se produire des
événements. Ce n'est pas vrai que ça va toujours en
montant. Vous allez avoir des coups durs. Mais non, on dormait. Ils regardaient
passer le train. Dans le cas de Lauralco, on a dû avoir un projet de loi
spécial pour faire une voie ferrée. Moi, j'ai appris ça
par le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est venu m'apprendre
ça ce soir. Une ligne électrique, du transport, un port de mer.
L'électricité, on connaît ça au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. On ne l'a pas inventée, mais
on n'est pas loin de ça, par exemple. On n'est pas loin des
débuts de l'industrie de l'aluminium. On sait exactement ce que
ça prend et Alcan fait des investissements comme les autres. On a eu un
projet de loi spécial, mais le projet de loi spécial, il
était planifié. Savez-vous qu'ils sont venus demander le projet
de loi un an et demi avant de faire leur voie ferrée? Ils n'ont pas
attendu à la dernière minute pour dire: On a besoin d'une voie
ferrée. L'Opposition a concouru à l'acceptation du projet de loi,
tout en demandant à Alcan de regarder pour voir s'ils ne pouvaient pas
faire mieux. Il n'y a pas eu d'expropriation par loi. Ça s'est
négocié.
Mais Lauralco, ce n'est pas de même que ça se passe. Si on
veut avoir du terrain, une zone tampon, il faut absolument qu'on passe une loi
parce que, là, on va passer à côté du territoire
agricole. La personne pourra cultiver et, si elle cultive, elle ne pourra pas
trop se plaindre et essayer de dire qu'il y a des impacts négatifs.
Parce qu'une aluminerie, ne nous faisons pas d'illusions, là, ce n'est
pas une production de pommes de terre. L'aluminerie, ça cause quelques
impacts à l'environnement et il faut que les gens soient
protégés. La meilleure façon de les protéger, c'est
de se soumettre des fois à des audiences. Si on ne veut pas le faire et
si on ne croit pas à ça, l'environnement, il faudra
peut-être qu'on amende la loi ou qu'on change de ministre. Il y a quelque
chose qu'il faut faire pour ça.
Ce n'est pas possible qu'on arrive tout le temps avec des lois
spéciales, pour essayer de faire accroire au monde, de faire passer
l'Opposition comme étant contre les projets industriels. Au contraire,
on est sûrement plus sérieux par rapport à des projets
semblables. Et c'est ça qu'on reproche au gouvernement. C'est son
laxisme par rapport à des décisions que, je pourrais dire, un
enfant d'école pourrait comprendre et savoir, même s'il ne
connaît pas ça. Parce que, quand on ne connaît pas
ça, savez-vous ce qu'on fait? On va à l'école? On ouvre
des livres et on regarde, on écoute et on questionne.
Ce n'est pas nouveau, des alumineries au Québec. Si on ne sait
pas où il y en a, on peut peut-être dire qu'il y en a à
Bécancour, il y en a dans la région du Saint-Maurice, il y en a
au Saguenay-Lac-Saint-Jean et il y en a à Baie-Comeau, ils sont en frais
d'en construire à Sept-îles. On ne vient pas de faire une
invention de toutes pièces, là. Ce n'est pas des industries qui
n'existent pas et elles ne sont pas différentes les unes des autres.
Chaque industrie a les mêmes caractéristiques. Elles ont besoin
d'électricité. Ça, c'est une matière de base. Elles
ont besoin de bauxite, une autre matière de base. Elles ont besoin de
l'acier pour faire des cuves. Elles ont besoin de courant électrique.
Elles ont besoin de chemins de fer. Elles ont besoin de ports de mer. Qu'on me
donne une industrie de l'aluminium primaire au Québec qui opère
différemment. Donc, on ne vient pas d'apprendre quelque chose,
là, parce que ça manque de sérieux. Ça manque de
sérieux parce qu'on aurait dû prévoir. On aurait dû
se préparer. Quand on invite quelqu'un, on se prépare pour le
recevoir. Quand on invite quelqu'un à s'installer chez nous, on regarde
de quelle façon on doit le recevoir.
Moi, ce que je déplore en premier lieu, c'est que, dans la
région de Portneuf - ils n'ont pas un caractère industriel, ces
gens-là - on vient chambarder tout un milieu de vie pour faire plaisir
probablement à un ministre qui serait supposé protéger
l'agriculture. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation s'est institué du jour au lendemain un prospecteur
industriel. Ne cherchons pas où est le problème. Il y a un
problème dans le problème, là. Ne cherchons pas où
est le trouble, là. On sait où il est. Il a voulu nous amener
ça bien, bien rapidement, mais il a chambardé tout un milieu de
vie. Ne nous surprenons pas qu'il y ait eu des tractations et des
contestations. Les gens ne voient pas... On ne peut pas changer du jour au
lendemain. À ce que je sache, ce coin-là, ce n'est pas une place
industrielle par nature. On vient de décider qu'on fait un parc
industriel dans un endroit où il n'y en avait pas. Là, on est
tout surpris des oppositions qui se lèvent un peu partout. On est tout
surpris de voir qu'on est obligés de faire des tractations, qu'on est
obligés de regarder et on se questionne. Le ministre de l'Agriculture,
qui est en même temps leader parlementaire, je le sais, les tours de
passe-passe qu'il a faits, et les sous à Moris-sette, là. Je ne
sais pas s'il retombait toujours sur ses pattes, mais, mon Dieu Seigneur que
ça a été ardu.
S'il fallait, M. le Président, que l'Assemblée nationale
travaille autant pour les autres parties du Québec qu'on a
travaillé pour Portneuf, on siégerait 13 mois sur 12. On ne
lâcherait pas. Ça n'aurait pas de fin. Quatre projets de loi pour
le même projet, il faut le faire! C'est ce gouvernement-là qui
prétendait, lorsqu'il a été élu, qu'on allait moins
légiférer et mieux légiférer. On en "a-tu" perdu
des illusions depuis six ans! Meilleurs administrateurs. On fait de meilleures
routes avec moins d'argent. On en "a-tu" passé! On va créer des
emplois. On va-t-y être bons! Et plus ça va, moins ça va.
C'est ça qu'on regarde. C'est ça, le problème. Le
gouvernement est irresponsable, à mon point de vue.
Ce n'est pas drôle de se faire dire, comme Opposition:
Lâchez-le, le projet de loi, ça n'a pas de bon sens. Nos
investisseurs, les gens qui investissent chez nous ne pourront plus avoir
d'argent. Québec va perdre son image. On va ternir notre image comme
promoteurs industriels, comme endroit où on doit amener l'industrie
à s'établir. C'est ça qu'on a fait. C'est ça qu'on
continue à faire ce soir. On dit à l'Opposition: II faut que vous
acceptiez notre projet de loi. On
est prêts, nous autres, à passer à deux pieds sur la
démocratie pour arriver à nos fins. Dieu sait si on en a entendu
des discours - pas juste depuis 1985-1986 - du parti qui est en face de nous,
celui qui était au pouvoir.
Je veux juste vous rappeler, M. le Président, ce qui se passait.
On a vu des projets de loi, 264 heures en commission parlementaire à
entendre les mêmes gens qui, actuellement, passent sur le dos de
l'Opposition à tort et à... à tort, parce qu'ils le font
très rapidement, des fois après 8 heures, après 6 heures.
On peut trouver des exemples, ça ne va jamais très très
loin. Ils n'ont pas beaucoup de patience. Comme je dis, si vous avez vu la
personne qui dit qu'il est fatigué à la télévision,
il est fatigué. Savez-vous que, pour un gouvernement, il est
fatigué pas mal. Quand il vient pour travailler, ça le force. Il
ne sait pas trop comment s'y prendre. Il ne sait pas comment faire pour arriver
à des bons résultats. On peut lui donner quoi faire.
Moi, j'espère que les gens vont finir par comprendre qu'un
gouvernement, ça prévoit. Ça gouverne, mais aussi
ça prévoit. Quels sont les signes de prévoyance qu'on a
faits pour contrôler les emplois? Se mettre à quatre pattes devant
les investisseurs. Voulez-vous, moi, je vais vous le dire ce qu'est
l'environnement? On a une autoroute en construction. Elle est
arrêtée et elle est commencée. Ça n'a ni queue ni
tête. Ça fait depuis six ans, on a réussi à faire un
petit bout, à peu près trois kilomètres, parce qu'on a
talonné le ministère presque jour et nuit. Il y a toute une
région qui veut avoir cette route-là. Il y a de l'argent du
fédéral qui est prêt à être investi dans
ça. On fait des demandes pour savoir, pour l'environnement, les impacts
environnementaux. Il y a un agriculteur - je présume que c'est un
agriculteur - en tout cas, il y a quelqu'un qui fait une demande d'audience.
Ça fait sept mois de ça. On n'a pas encore réussi à
régler le problème. Ça fait sept mois qu'on tient la
région en otage pour une personne. Quand c'est pour une compagnie, on
est prêt à se mettre à quatre pattes. Savez-vous qu'il y a
deux poids, deux mesures et ça commence à être harassant,
fatigant, d'entendre et de voir ce qui se passe. Pour l'industrie, O.K. on y va
et on est prêt à tout faire. Pour une région, eh bien, non,
on ne peut pas passer à côté. Il faut le faire. Il faut
étirer ça tant qu'on peut.
Mais il y a une raison fondamentale. Le gouvernement, il trouve le moyen
de ne pas investir. Ce n'est pas compliqué, les demandes d'audiences,
ça fait son affaire. Je me demande si ce n'est pas lui qui les suscite,
les demandes d'audiences, pour pouvoir attirer les cas. Imaginez-vous, dans
toute la région, une personne demande l'audience et, depuis ce
temps-là, le projet est paralysé. Quand c'est Lauralco, des
choses prévisibles... Et c'est ça qui est désastreux. Ce
sont des éléments prévisibles. Si c'était quelque
chose qui n'existait pas!
Je regarde le député de Mille-Îles; je suis certain,
même si ce n'est pas un industriel, qu'il sait que ça prend du
courant électrique pour alimenter une industrie d'aluminium. Pour quelle
raison les alumineries viendraient-elles s'installer au Québec, si ce
n'est pas pour le courant électrique? Et ils n'ont pas trouvé
d'autres méthodes que de passer ça dans les fils. Ce n'est pas
des micro-ondes, ça ne passe pas à travers les ondes,
l'électricité, ça passe dans des fils. J'espère que
les gens qui nous écoutent ne pensent pas que je veux leur apprendre
quelque chose, mais j'espère que je vais démontrer le ridicule
d'une situation qui est intenable. Et il y a des gens du gouvernement qui
viennent nous dire: Oui, l'Opposition ne peut pas parler là-dessus,
parce que nous autres, on est pour les entreprises; il faut que l'Opposition
nous dise oui. Et, au diable, il n'y a rien de trop beau. On est prêts
à faire n'importe quoi. (21 heures) mais non, ce n'est pas ça que
l'opposition veut vous dire. elle veut dire au gouvernement: lorsqu'on veut
établir des industries chez nous, on doit prendre les moyens pour bien
les accueillir, mais on doit aussi prendre les moyens pour ne pas "bulldozer"
ou pour ne pas passer sur le dos de tout le monde pour les établir,
changer les règles du jeu au fur et à mesure. chaque fois qu'il y
a une opposition dans ce projet-là: une loi spéciale. chaque
fois! quatre fois, on a détaché un territoire d'une paroisse pour
le redonner à l'autre. après, on a refait une autre loi pour dire
comment ça doit se payer: 100 000 $ par année pendant 10 ans. la
pollution, ce n'est pas grave. ça va vous coûter 100 000 $? on va
donner les 100 000 $. un autre projet de loi pour le réseau ferroviaire.
et là, un autre projet de loi pour la ligne électrique. je te dis
que je ne suis pas édifié.
Je suis convaincu que les gens de Lauralco ne sont pas plus heureux que
nous autres de cet état de fait. Si on avait un jugement à faire
par rapport à ce projet-là, si on avait un questionnement
à faire à ces gens-là: je suis convaincu qu'on ne les a
pas édifiés. Je ne sais si c'est le président ou le
vice-président de Lauralco qui est venu deux jours en commission
parlementaire. Il devait bien se demander ce qui se passait là. Il
devait bien se demander pourquoi l'Opposition questionne, pourquoi l'Opposition
s'oppose. Il devait dire: Ils ne m'aiment pas, c'est le cas de le dire, ils ne
nous aiment pas; regardez-les faire. Bien non, l'Opposition ne s'est jamais
engagée à passer pour être à quatre pattes devant
des choses qui sont élémentaires. Cette fois-là, ce
n'était pas compliqué, c'était la question qu'on voulait
agrandir la zone tampon.
Il y a des lois au Québec, et j'espère que le gouvernement
le sait. Il devrait être le premier à le savoir. Il y a des lois
qui parlent d'environnement et ces lois-là obligent de remettre des
projets en questionnement. Donc, il y a des
raisons de le faire. Si on ne veut pas se plier à ça,
changeons les lois. Dans le fond, c'est ça qu'on devrait faire. On ne
peut pas se permettre à tout bout de champ, quand ça ne fait pas
notre affaire, de passer par-dessus les lois ou passer à
côté. Ce n'est pas ça qu'on demande. Il ne faudrait pas que
ça se passe de même. Moi, je déplore ça. Vous savez
bien que, moi, je parle de même et que je dis des choses comme ça,
mais je n'y crois pas. Je ne voudrais pas que le gouvernement, demain matin,
change toutes les lois sur l'environnement, les fasse disparaître. Au
contraire, je voudrais que le gouvernement soit assez responsable pour
respecter ses lois, pour les renforcer s'il y a lieu et pour dire que,
lorsqu'on veut faire de la promotion industrielle et quand on attire des gens
chez nous, on prend les moyens pour bien les accueillir. Il y a un prix par
rapport à ça.
Et les gens d'affaires, il ne faut pas se le cacher... le cas de
Lauralco, pour moi, va nous enlever des perspectives d'investissement au
Québec. Ce n'est pas compliqué. C'est un cercle fermé, ces
grandes industries-là; elles se parlent entre elles. Qu'est-ce qu'elles
peuvent dire du Québec? Elles peuvent dire: Bien, c'est du bien bon
monde, ils veulent bien nous attirer, ils sont prêts à nous faire
beaucoup de concessions, mais ça prend du temps, ça prend des
lois et ils nous soumettent à toutes sortes de contraintes. C'est avant
qu'on doit faire ça; ce n'est pas durant. C'était
prévisible. Lauralco, ce n'est pas venu au monde hier. L'industrie de
l'aluminium, ça ne s'est pas décidé depuis deux jours. On
sait c'est quoi et on ne sait même pas quoi faire. Imaginez-vous si,
demain matin, on avait une industrie qu'on ne connaît pas ou qu'on
connaît peu, combien ça prendrait de lois pour pouvoir
l'accueillir! Est-ce qu'on pourrait faire des lois par morceaux? On ferait des
moins grosses lois, mais on en ferait plus.
Le projet de loi, encore ce soir, ce n'est pas la loi du siècle -
trois articles, quatre, cinq articles. C'est à peu près la
moyenne des lois qu'on a passées depuis les cinq denières
années. C'est à peu près ça, cinq, six articles, en
gros, quelques lois majeures, mais, la plupart du temps, c'est trois, quatre,
cinq, huit articles... amendées à peu près à tous
les articles, l'une après l'autre. Mais là, il est tellement
simple, comme projet de loi, qu'on va être capable de le passer sans
qu'il y ait tous ces changements-là.
Puisque vous me dites que mon temps achève, je voulais juste vous
dire que, oui, c'est vrai, on investit beaucoup pour attirer de l'industrie
primaire ou secondaire, qui s'appelle l'industrie de l'aluminium. Ça,
c'est pour des industries qui font de la fabrication. Mais il faudrait
peut-être aussi et surtout que Je gouvernement comprenne qu'on devrait
probablement investir beaucoup plus pour attirer des industries qui fabriquent
du produit fini. Et dans la question de l'aluminerie, il y aurait certainement
des avenues à explorer par rapport à l'industrie de
l'aluminium.
Il y avait, dans ma région, un institut de recherche sur
l'aluminium qui avait été promis par le premier ministre du
Québec, qui était supposé de s'établir à
Jonquière mais qui, avec le temps, s'est perdu dans la brume, comme bien
des promesses du Parti libéral. Actuellement, on donne plutôt
à l'UQAC, à l'Université du Québec à
Chicoutimi, un institut de transfert technologique. À ce
moment-là, c'est loin du compte; ça veut dire 3 000 000 $ par
année à peu près, mais ce n'est pas ce qu'on cherche. On
aurait peut-être à dire au ministre de l'Industrie et du Commerce
que, au lieu de nous dire que ça prend une ligne électrique pour
Lauralco, on serait peut-être mieux de travailler plus fort pour amener
des industries qui font des produits semi-finis ou finis. Ça, il me
semble que ce seraient des bons investissements. Quant à moi, Lauralco,
c'est un dossier qui est "floppé", qui a été mal
travaillé de a à z. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière. Sur cette même motion, je
reconnais maintenant M. le député de Mille-Iles et leader adjoint
du gouvernement. M. le député.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci. M. le Président, toujours sur le
projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en exploitation de
postes de manoeuvre et de transformation électrique et d'une usine
d'aluminium dans le parc industriel Deschambault-Portneuf, avant que mon
aimable collègue le député de Jonquière nous
quitte, M. le Président, je l'ai entendu tantôt faire un
commentaire qui, j'en suis sûr, a dépassé sa pensée,
parce que ce n'est certainement pas le Klondike intellectuel qui l'a
poussé à nous révéler que le député
de Portneuf, le leader du gouvernement, s'était transformé en
prospecteur industriel et que c'était une erreur de sa part d'avoir fait
des efforts pour amener dans son comté, à Deschambault-Portneuf,
une aluminerie qui créerait 750 emplois permanents puis 1500 emplois
indirects. Il n'y a pas un député dans cette salle, dans les 125,
à qui on pourrait adresser un seul reproche alors qu'en
réalité c'est notre devoir, comme hommes publics, de faciliter et
de susciter des investissements. Alors, je comprends très mal le
commentaire du député de Jonquière qui, je pense, a
dépassé sa pensée.
J'ai dit, M. le Président, cet après-midi, en intervenant
sur la partie de la suspension des règles de procédure en cette
Chambre, que ce soir je m'attaquerais surtout au contenu de l'article 31 de la
Loi sur la qualité de l'environnement parce que c'est là qu'il y
a problème. Ce qui est en cause, ce soir, ce n'est pas, M. le
Président, la crédibilité du ministre de l'Environ-
nement, ce qu'on a tenté de soulever ou d'insinuer de la part de
l'Opposition, mais c'est plutôt une remise en question fondamentale que
tous les parlementaires doivent faire relativement à la procédure
d'évaluation et l'étude d'impact dans le domaine
environnemental.
M. le Président, la Loi sur la qualité de l'environnement
a plus de 18 ans. L'article 31, qui préside en ce moment à
l'évaluation des impacts et aux impacts environnementaux, a
été édicté en 1978, sous un gouvernement du Parti
québécois. C'est cet article-là qui fait problème,
M. le Président. C'est la raison fondamentale pour laquelle, ce soir,
nous nous retrouvons à l'Assemblée nationale dans le cadre d'un
projet de loi d'urgence, d'un projet de loi spécial. Cet article 31, je
vous le soumets, M. le Président, a besoin d'un
dépoussiérage urgent, en profondeur, pour ajuster nos objectifs
environnementaux de la société à nos besoins de
développement économique. Ça n'a strictement rien à
voir avec la personne du ministre de l'Environnement du gouvernement du Parti
libéral du Québec, qui est le député de
Brome-Missisquoi, qui, lui, tente de faire du mieux qu'il peut le travail, la
surveillance, en fonction du serment qu'il a prêté pour faire
respecter la Loi sur la qualité de l'environnement, mais toujours en
fonction de la loi votée par le Parti québécois, en 1978,
de l'article 31, alors que Marcel Léger avait été le
parrain de ce projet de loi.
M. le Président, je voudrais attaquer directement l'article 31
pour bien faire comprendre les lacunes de cet article. J'aimerais, M. le
Président, qu'il y ait au moins un député de l'Opposition,
lorsqu'il se lèvera, qui tente d'adresser son esprit aux questions que
je vais soulever et qu'il tente à son tour, de suggérer des
modifications positives dans l'intérêt des
Québécois, et sur le plan écologique et sur le plan du
développement économique. (21 h 10)
Les lacunes de l'article 31, tél qu'édicté en 1978
par le Parti québécois, excluaient, M. le Président, les
grands projets industriels mais non pas les accessoires, comme l'a si bien dit
le ministre de l'Environnement, tantôt. Alors l'usine, l'aluminerie
Alumax, présentement, M. le Président, l'usine elle-même,
étude d'impact oui, mais pas d'audiences publiques. L'accessoire qu'est
la sous-station électrique, la ligne de transmission de 315 kV, distance
95 mètres pour faire la boucle jusqu'au poste de distribution et,
à partir du poste de distribution de Deschambault qu'on va construire,
715 mètres, au total 1000 pieds. Mais ça, c'est plus important
que l'usine qui a coûté 800 000 000 $. Mais ce n'est pas vrai, en
réalité, parce que c'a coûté beaucoup, beaucoup
moins. Mais ça, l'accessoire, en vertu de la règle
édictée par le Parti québécois de 1978, à
l'article 31 qu'ils ont modifié, où le député de La
Prairie était membre du Conseil des ministres, où le
député de Laviolette était membre du gouvernement, la loi
qu'ils ont votée à l'Assemblée nationale, c'est leur loi,
c'est leur article 31, c'a laissé un trou béant dans la loi, un
trou qui n'a absolument pas de sens. Ce n'est pas logique, M. le
Président. Il y a une modification majeure à faire à cet
égard, si on veut être conséquent avec soi-même.
deuxième lacune fondamentale, l'article 31 de la loi tel
qu'édicté par le parti québécois en 1978... et je
sais que le député de la prairie, m. le président, ne
m'écoute pas. c'est le critique officiel de l'opposition en
matière d'environnement mais j'aimerais qu'il s'adresse à ces
questions. il n'y a aucune obligation à l'article...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Laviolette, oui.
M. Jolivet: S'il veut poser des questions, M. le
Président, qu'il les pose, mais qu'il n'insulte pas mon collègue.
Il n'a pas le droit. Mon collègue est en discussion sur un sujet
justement qu'il nous a posé comme question. Il n'a pas droit d'imputer
des raisons à mon collègue de La Prairie, M. le Président,
pas plus que je ne le ferai à d'autres personnes qui, pour d'autres
raisons ne sont pas ici et qui ont aussi de grosses responsabilités,
incluant celui qui présente le projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député, si vous voulez poursuivre votre intervention sur...
M. Bélisle: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de La Prairie, vous avez toujours un droit de
réplique.
M. Bélisle: ...il n'y a aucune obligation inscrite
à l'article 31 du projet de loi du Parti québécois de 1978
présenté par Marcel Léger, d'avoir un délai de
réponse aux demandes faites par une corporation telle que Lauralco qui
se présente au ministère de l'Environnement et qui dit au
ministère de l'Environnement: Au mois de mars 1989, écoutez, j'ai
l'intention de construire une aluminerie. Je vais m'alimenter avec un poste de
distribution et une ligne de 315 kV. Vous voudrez bien me donner les avis
nécessaires pour que je fasse mes études d'impact. Est-ce qu'il y
a quelqu'un de plus pur que ça, avec les meilleures intentions du monde?
Dans l'article 31, tel qu'il est là, il n'y a pas de délai et
d'obligation de réponse de la part du ministère de
l'Environnement. Et ça entraîne, M. le Président, du
laxisme. Les gens, au ministère, pensent qu'ils ont
l'éternité. Et les projets économiques et de
développement industriel ne peuvent pas traîner
indéfiniment parce que ça coûte de l'argent, parce
que des énergies sont dépensées.
Quand on voit, M. le Président, qu'à partir de la
première demande au ministère de l'Environnement au mois de mars
1989, il s'est écoulé un an et un mois avant que Lauralco
obtienne un avis verbal et non écrit - j'ai bien dit "verbal et non
écrit" - à l'effet que peut-être, peut-être - on
n'était même pas sûr, un an et un mois plus tard, le
ministère de l'Environnement n'était pas sûr - ça
serait considéré, la sous-station, comme étant un poste et
peut-être sujette à une étude d'impact et à une
audience publique. Et, par la suite, M. le Président, c'a
été confirmé par écrit au mois de juin 1990.
Ça fait juste un an et trois mois après le premier avis
déposé par la compagnie au ministère de l'Environnement.
Moi, je dis, M. le Président, qu'il faut corriger l'article 31 de la
loi. Il faut édicter que le ministère de l'Environnement a
l'obligation de donner réponse à un demandeur, à quelqu'un
qui se présente de bonne foi au ministère de l'Environnement et
qui lui dit: Dis-moi ce que je dois faire comme études d'impact. Dis-moi
ce que je dois faire comme études environnementales. Et, à partir
de là, je pense que tout le monde va se plier, mais il va falloir aussi
que le ministère respecte les données, pas qu'on lui donne carte
blanche en lui disant: Assieds-toi sur le projet et quand ça fera ton
affaire, tu nous diras quelle sorte d'étude d'impact tu veux avoir.
Parce que c'est ça qui s'est passé dans le cas de Lauralco.
En vertu de l'article 31.2, M. le Président, du Parti
québécois de 1978 sous M. Marcel Léger, j'y reviens, "le
ministre indique alors à l'initiateur du projet - je cite l'article - la
nature, la portée et l'étendue de l'étude d'impact sur
l'environnement que celui-ci doit préparer." Ça ne peut pas
être plus clair que ça. Il faut au moins que les fonctionnaires du
ministère disent: C'est quoi la nature? Qu'est-ce qu'on doit
étudier, si telle partie du projet est exclue ou pas, mais avec une
limite dans le temps? J'aimerais ça qu'on me dise de la part du Parti
québécois s'il serait d'accord pour qu'il y ait une limite
raisonnable et une obligation d'imposer au ministère de l'Environnement,
pour répondre à quelqu'un qui le lui demande, un avis concernant
une étude d'impact, toujours selon le projet de loi 69 du Parti
québécois, de 1978, sous Marcel Léger, les
collègues du député de Laviolette et du
député de La Prairie...
Une voix: ...et d'Arthabaska.
M. Bélisle: ...et d'Arthabaska. Aucune limite de temps, M.
le Président, en vertu de l'article 31.3. Leur fameux article 31.3
disait: "Après avoir reçu l'étude d'impact sur
l'environnement, le ministre la rend publique et indique à l'initiateur
du projet d'entreprendre l'étape d'information et de consultations
publiques prévue par règlement du gouvernement." Dans le
règlement, on a dit que c'était 30 jours. Dans le cas
spécifique qui nous préoccupe, la beauté de toute
l'histoire, ça n'a pas été 30 jours, c'est qu'il y a
quelqu'un qui, par hasard, au ministère de l'Environnement, en vertu
d'un droit que j'ignore, a décidé que ça ne serait pas 30
jours, que ça serait 60 jours. Je dis tout simplement qu'il faudrait
fixer aussi des délais pour les consultations publiques, les mettre dans
la loi, clairement, pour qu'il y ait justice égale pour tous et
traitement égal pour tous, pour Lauralco ou pour les autres projets,
effectivement, à caractère industriel au Québec.
Toujours avec la loi du Parti québécois de 1978 à
l'article 31, il y a un vice majeur à l'article 31.3. On dit à
l'article 31.3 de Marcel Léger, du député de Laviolette,
du député de La Prairie et du député d'Arthabaska
qui étaient ses collègues qui ont voté pour, on dit dans
la loi: "Une personne, un groupe ou une municipalité peut, dans le
délai prescrit par règlement du gouvernement, demander au
ministre la tenue d'une audience publique relativement à ce projet."
N'importe qui, un individu, un groupe fictif ou réel, individu
relié ou non relié, attaché ou non attaché, ne
résidant pas à côté, de près ou de loin,
quelqu'un, comme dans le cas de Lauralco, qui peut demeurer à
Trois-Rivières, à Montréal, à Québec, une
association au niveau provincial, l'UPA, qui était manifestement contre
le projet d'expropriation conformément au projet 259 qui a
été déposé pour permettre une bande tampon
additionnelle de terrain autour de l'aluminerie, n'importe qui peut arriver et
dire: Je m'objecte...
Une voix: Même toi!
M. Bélisle: Je m'objecte, mais pour n'importe quelle
raison. Même l'UPA pourrait dire, M. le Président, même s'il
n'y a pas de cultivateurs à côté de l'usine, elle pourrait
même dire, M. le Président: Écoutez, le champ
magnétique à côté de la ligne hydroélectrique
qui va passer, ça va rendre nos vaches moins productives. Ça n'a
pas de sens. La Loi sur la qualité de l'environnement n'a pas
été conçue pour être manipulée par des gens
au détriment d'autres. Toute loi n'est pas conçue de telle
façon. On a mis, M. le Président, un écran de
confidentialité. Je sais, pour avoir lu le journal Le Soleil du
15 avril 1991, qu'il y a quatre intervenants qui ont envoyé des lettres
au ministre et, dans ce cas-là, qui ont dit: Aïe! Audiences
publiques. Le ministère, effectivement, a dit: Ha! Quatre intervenants,
on pèse sur le frein et on attend.
Moi, je ne connais pas l'identité des intervenants. Ça
peut être quelqu'un de n'importe où, ça peut être
quelqu'un qui a quelque raison que ce soit, ça peut être quelqu'un
qui a une vengeance personnelle qui n'a rien à voir et on va se
permettre de dépenser les fonds publics, de retarder un projet et de
mettre 2000 emplois en
jeu à cause de ça? Ça n'a pas de sens. Moi, je dis
que ce qu'il faut faire - adressez-vous donc cette question-là - c'est
se demander: Pourquoi maintenir le degré de confidentialité des
intervenants? Pourquoi ne pas permettre, tabula rasa, porte ouverte, à
un intervenant qu'il dépose au Bureau d'audiences publiques son
intervention et permettre, M. le Président, et ça, c'est un mot
à la mode de l'autre côté, la concertation? Ah oui! La
concertation. (21 h 20)
Je vais vous expliquer c'est quoi, la concertation. C'est quelqu'un qui
dit: Tu n'as pas d'affaire à faire ça parce que tu me causes tel
préjudice. Et toi, de l'autre côté, tu
l'écoutés, tu dis: Ça a peut-être du sens. Bien, je
ne suis pas d'accord avec ce que tu dis pour telle raison. Pourquoi on
n'identifierait pas les gens, pourquoi on ne permettrait pas aux gens de se
parler entre eux? C'est possible qu'il y aurait des pressions indues, mais les
gens pourraient discuter entre eux et peut-être arranger leurs
différends entre eux. Mais la loi du Parti québécois de
1978, à l'article 31, ne favorise pas la concertation. C'est
l'affrontement qu'elle favorise. Je dis qu'il faut corriger l'article 31.3.
Toujours l'article 31 du Parti québécois de 1978, toujours le
même article 31.
Article 31.5. On dit à l'article 31.5 - écoutez bien, M.
le Président: "Lorsque l'étude d'impact est jugée
satisfaisante par le ministre, elle est soumise, avec la demande
d'autorisation, au gouvernement." Ah! bien, là, c'est le chapeau royal
de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il n'y a aucun
délai, il n'y a aucune limite de temps pour permettre au
ministère de juger ce qui est satisfaisant ou non. Une erreur. Il faut
corriger ça dans la loi, ne pas permettre à quelques-uns de
s'asseoir sur un dossier au ministère, les fonctionnaires, pour le temps
qu'ils veulent.
Puis, avec la loi de 1978, c'est bien évident, M. le
Président, lorsqu'on dit "lorsque l'étude d'impact est
jugée satisfaisante", imaginez-vous le pouvoir que vous mettez dans les
mains du ministère de l'Environnement qui est devenu, à partir de
1978, avec la conception péquiste de l'environnement, la Cour d'appel,
le tribunal d'appel de tout le ministère, ce qu'il n'est pas, ce qu'il
n'a jamais été et ce qu'il ne devrait jamais être. Depuis
ce temps-là, M. le Président, l'initiateur du projet, il faut
qu'il précise la nature, la portée et l'étendue de
l'étude d'impact. Toute question, c'est fondamental, n'est pas
environnementale. Toute dimension du problème n'est pas
environnementale. Les gens qui pensent que tout est écologique se
trompent de monde. C'est un monde où ils imaginent des fantasmes, une
société utopique.
Je vais vous donner un exemple, M. le Président. Quand on dit
qu'on va juger de façon satisfaisante et que c'est nous qui imposons les
critères... Vous savez très bien mon attachement pour la voie de
ceinture du côté est, du côté nord et du
côté ouest autour de Montréal. Je me bats depuis
au-delà de cinq ans pour ça.
M. le Président, quand on demande dans une directive d'impact
à quelqu'un: Calcule-moi les conséquences sur l'effet de serre ou
les pluies acides, je me dis que c'est peut-être difficile à
calculer, mais c'est environnemental. J'en conviens, c'est environnemental,
mais c'est difficile, ce n'est pas facile. Mais quand on me demande, en vertu
de l'article 31.5, si l'étude d'impact est jugée satisfaisante
avec la nature de ce qui doit être précisé à 31.2,
la nature de l'étude qu'on doit faire, que le ministère des
Transports doit faire, quand on me dit: Regarde-moi donc et dis-moi donc si les
conséquences économiques du projet que tu vas faire, ta ceinture,
ça a de l'allure ou pas, aïe! je dis: Halte là! On n'est
plus dans l'environnement. On est en économie et en finance. Ce n'est
pas environnemental. Et quand on me dit: Parle-moi donc du transport en commun
que tu vas faire autour de... C'est une question de transport, ce n'est pas
environnemental. Ce n'est pas du tout environnemental. J'ai relu les
débats de 1973 et de 1978. Jamais ça n'a été
conçu pour être fait comme ça.
Quand on me dit, dans la même directive d'impact, M. le
Président: Les conséquences sur les fiscalités des
municipalités, touchées, bien, nom de Dieu! ça ne peut pas
être environnemental. C'est fiscal, c'est municipal. Puis, quand on me
parle d'étalement du territoire, on parle également d'une chose
qui n'est pas environnementale.
M. le Président, l'écologie, pour certains, est devenue au
Québec une sorte d'église où on rentre et où on
sort comme on veut. On peut l'utiliser à ses propres fins, comme une
sorte de religion. Mais ça n'existe pas, la religion écologique.
C'est une priorité entre d'autres priorités.
J'aimerais vous citer, M. le Président - c'est une valeur
importante - un sondage SORECOM de 1988, à l'automne, où la
jeunesse du Québec était interrogée sur ses
préoccupations. Premiers chefs de préoccupations,
remploi-carrière, 33 %; le chômage, 23 %. Additionnez les deux,
ça vous donne 56 %, c'est-à-dire leur avenir. La drogue, 10 %; la
langue, 5 %; les études, 4 %; les problèmes économiques, 3
% et l'environnement, 2 %, la famille: 1 %. Je ne dis pas, là, que ce
n'est pas important, mais je dis que dans l'ordre de priorité, ce n'est
pas la valeur suprême en fonction de laquelle on doit tout juger et le
seul critère en vertu duquel on doit tout accepter ou refuser, c'est
d'avoir une vision biaisée de la société.
M. le Président, je n'ai pas le temps de terminer tout ce que
j'aurais à dire sur ce sujet et sur l'article 31. Mais sur l'article
31.6, où il est mentionné l'aspect de l'intérêt
public, je vous dis, M. le Président, il va falloir qu'un jour, pour
éviter qu'on vienne à l'Assemblée nationale
déposer un projet de loi d'urgence, que quelqu'un prenne un
dossier et que le Conseil des ministres décide qu'il y a
intérêt public dans un cas spécifique et que, dans ce
cas-là, si quelqu'un veut contester à la cour par injonction, il
contestera. Il va falloir, au moins une fois, que la Cour supérieure du
Québec dise que quand le Conseil des ministres, s'il invoque l'article
31.6, c'est l'intérêt public, dans ce cas-là,
spécifiquement, qu'il n'y a pas de révision judiciaire, et quand
le Conseil des ministres invoque l'article 31.6, l'intérêt public,
c'est terminé, c'est fini; on doit accepter la décision. La seule
sanction, c'est la sanction politique.
Moi, ce que je dis, M. le Président, le projet de loi, il est
important, il est urgent et je pense que ce que j'ai tenté de soulever,
oui, pour les députés de l'Opposition, c'est important que l'on
mette notre tête à réfléchir sur comment nous devons
améliorer l'article 31, la procédure d'évaluation et la
procédure d'impacts environnementaux dans notre loi de l'environnement,
parce qu'en ce moment, il y a des choses fondamentales qui ne fonctionnent pas
à l'avantage du Québec.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Alors, nous poursuivons
l'étude de l'adoption du principe du projet de loi 132, et je reconnais
maintenant M. le député d'Arthabaska. M. le député
d'Arthabaska, la parole est à vous.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Je suis tout à fait
étonné. Une chance que j'étais bien assis dans mon
fauteuil parce que j'en serais tombé à terre. On vient d'entendre
un discours, M. le Président, des années 1950. C'est vrai,
là. C'est sérieux en "batêche". Écoutez un peu. Un
discours des années 1950 qui veut dire que si on veut créer de
l'emploi, peu importe de quelle façon on va polluer la planète,
il faut créer des emplois. C'est ça que le député
de Mille-Îles vient de nous dire, quitte même à abolir le
ministère de l'Environnement parce que c'est de trop. Il nous a
donné des statistiques, M. le Président, selon un sondage. Il
faudrait que le député de Mille-Îles concentre surtout son
attention sur le deuxième item du sondage que, là, je n'ai pas
devant moi, mais ce que les jeunes voulaient d'abord, c'était
créer de l'emploi.
Et tu peux créer de l'emploi très facilement sans polluer
la planète. Et c'est ça qui est important. C'est là qu'est
l'avenir. Le député a tout basé son argumentation sur
l'article 31 qui est mal fait; ça n'a pas de bon sens.
Une voix: Changez-le.
M. Baril: Ça fait que, M. le Président, en 1978, le
gouvernement du parti péquiste, comme il a dit à trois ou quatre
reprises parce qu'il a pesé beaucoup sur le terme péquiste...
hein! ça l'agace péquiste. Bon. En 1978, le Parti
québécois a eu le courage, imaginez-vous, de créer le
ministère de l'Environnement. Avant ça, tout l'environnement
était protégé, entre parenthèses, à partir
d'une vieille directive qui datait des années 1945, qui était
administrée par le ministre des Affaires municipales, qui était
à l'époque le Dr Goldbloom, et quand tu venais pour
vérifier ou appliquer cette directive-là, ça ne
s'appliquait pas à peu près nulle part, à l'exception des
agriculteurs, eux autres, et puis des petits.
Ah! là, eux autres, on leur tapait dessus et on les poignait pour
être certains parce qu'ils étaient seuls pour se défendre.
Une compagnie comme Lauralco, entre autres, parce que je la donne en exemple,
on dit qu'elle va créer 2000 emplois à 200 000 $ l'emploi par
année. Ça fait 400 000 000 $ que le gouvernement du
Québec, que les Québécois entre eux autres paient pour
créer 2000 emplois, M. le Président. Ah! ça, il faut faire
attention à ça. Ah! là, ce n'est pas des farces.
Même s'ils pouvaient peut-être polluer un petit peu, il faudrait
tenir ça mort. On crée des emplois. À quel prix
aujourd'hui et à quel prix pour l'environnement de demain, M. le
Président? (21 h 30)
Et j'en reviens au député de Mille-Îles. Je vous le
dis. C'est étonnant d'entendre un discours semblable, je le
répète, des années 1950, qui vient dire que peu importe ce
qu'on fait, en autant qu'on crée de l'emploi, ce n'est pas grave. Quand
il y a des principes fondamentaux, des environnementalistes - et ils ne sont
pas flaillés et ce n'est pas frivole - qui disent, qui
répètent: Si on est pour créer une usine, si on est pour
créer des emplois qui vont polluer, il vaut mieux ne pas la créer
parce que, pour l'avenir, elle va être plus bénéfique, elle
va coûter moins cher à l'ensemble des Québécois et
des Québécoises que de permettre l'établissement d'une
usine polluante. Et le député de Mille-Îles vient de nous
faire tout à fait la démonstration contraire à
ça.
Je vais, M. le Président, commencer mon 20 minutes en disant:
Pauvres investisseurs, pauvres compagnies, et je terminerai en disant: Pauvre
gouvernement. Et là, à cause du projet Lauralco, on essaie
d'insinuer de toutes sortes de façons... Et je vous dirai, M. le
Président, que j'ai eu l'occasion, à maintes reprises, de parler
sur au moins les deux autres projets de loi spéciale qui ont
été passés avant. Il y en a eu trois. Et je pensais que le
dernier projet de loi, la loi 259 qui permettait aux municipalités et
à Lauralco de créer une zone tampon, j'étais convaincu que
c'était la dernière fois que j'avais à parler sur un
projet de loi qui créait une bêtise semblable.
M. Chevrette: Voulez-vous vérifier le
quorum, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Joliette, pour une demande de vérification du
quorum. Qu'on appelle les députés.
Nous avons maintenant quorum. Je demanderais au député
d'Arthabaska de poursuivre son intervention.
M. Baril: M. le Président. Je disais, après mon
explication, ma position sur (e discours que le député de
Mille-Îles a tenu avant moi, que je commencerais mon intervention sur le
projet de loi en disant: Pauvres investisseurs, pauvres compagnies et je
terminerais par: Pauvre gouvernement. Je dirais "pauvres investisseurs" parce
que c'est évident que quand ces hommes ont été
incités à venir s'établir au Québec, je suis
convaincu d'une chose, que jamais de la vie ils ne pouvaient s'attendre
à autant de problèmes pour s'établir dans un endroit
où ils n'avaient absolument pas d'affaire là. Eux autres, ils
n'ont pas décidé d'aller s'établir dans la
municipalité de Deschambault. Ce n'est pas eux autres qui ont
décidé ça. C'est le gouvernement qui dit: Si vous voulez
qu'on vous aide, vous allez vous établir là. On va créer
de l'emploi dans ce milieu-là et peu importe ce que ça va briser
alentour de ce territoire-là, peu importent les modes de vie que
ça va changer, peu importent les coûts que ça occasionnera
au gouvernement, moi, en tant que député de Portneuf, en tant que
leader du gouvernement, en tant que ministre de l'Agriculture à
l'époque, je vais avoir créé x emplois dans mon
comté et peu importe le prix que ça coûtera. C'est
ça, M. le Président, le fond du problème. C'est
pareil-Dès voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
La parole est au député d'Arthabaska. M. le leader du
gouvernement, vous aurez un droit de réplique plus tard. M. le
député, si vous voulez poursuivre.
M. Baril: M. le Président, ça m'étonne un
peu que mon discours suscite autant de réactions des parlementaires,
parce qu'il me semble que mon discours est appuyé sur des choses
concrètes, des choses qui se sont passées, des choses
vécues, que ces investisseurs-là qui sont venus au Québec
ont dû affronter. L'établissement de la compagnie Lauralco
à Deschambault, c'est comme si un agriculteur avait
décidé, à un moment donné, de son propre chef,
d'aller construire une porcherie en plein milieu d'un terrain de golf. C'est
exactement la raison, c'est exactement la même situation que Lauralco...
Ce n'est pas elle qui a décidé, je le répète, c'est
le gouvernement qui a décidé: Vous allez vous établir
là. En plus, durant la commission parlementaire durant la loi 259, on
nous a démontré que le ministère de l'Environnement, pour
une première fois, avait émis des permis par étapes et on
a les conséquences aujourd'hui de ces étapes-là. Les
étapes ne sont pas finalisées et, avec ce projet de loi
spéciale, on veut mettre fin à toutes ces
étapes-là. C'est ça qui est extraordinaire.
Au début, on avait dit que, dans la municipalité de
Deschambault, ça prendrait 1624 acres pour établir cette
industrie-là dans le milieu. Personne - il ne faut pas accuser le monde
pour rien, faussement - ne s'était opposé à
l'établissement de cette usine-là dans un périmètre
de 1624 acres, malgré qu'il y avait des gens du milieu, entre autres
l'Union des producteurs agricoles, qui n'étaient pas tout à fait
satisfaits parce qu'on venait gruger encore une fois le territoire agricole.
Mais sachant l'intégrité du gouvernement face à la
protection du territoire agricole, on a dit: C'est vrai qu'on va créer
des emplois. Le problème est survenu parce que les études que la
compagnie avait faites n'étaient pas terminées et on s'est
aperçu qu'il fallait ajouter à ce territoire-là 1150 acres
de terre pour une zone tampon. Imaginez-vous!
Au début, c'était supposé être une usine
absolument pas polluante, une usine à haute technologie, il n'y aurait
aucun risque. En cours de route, à mesure que les études de
l'environnement on été réalisées, on a dit: Oh!
ça nous prend 1150 acres de plus, donc, pour un total de 2774 acres dans
le milieu. 2774 acres, ça commence à faire du territoire
agricole. Les gens du milieu, de plus en plus, avec les accroires qu'on leur
avait faits: supposément qu'il n'y aurait aucune pollution là,
que la zone tampon resterait dans la zone agricole, qu'il n'y aurait pas de
problème, qu'on ne dérangerait pas le milieu agricole...
Je me souviens, tout à l'heure, le député de
Portneuf, dans sa présentation de leader parlementaire, disait:
J'avertis tout de suite le député d'Arthabaska que ce n'est pas
nécessaire, ça ne touche pas le territoire agricole, ça.
Tout est réglé, toute la patente. On ne construit pas une ligne
nouvelle, c'est juste une petite connexion qu'on fait, qui a à peu
près 1000 pieds. Bien, imaginez-vous, M. le Président... Et je
lui ai parié au terrain de stationnement, connaissant son
habileté, il a vite dévié ma question. Mais je vais y
répondre. C'est à moi le droit de parole et je vais l'utiliser.
On avait dit que la zone tampon, ça resterait dans le territoire
agricole, et ça, c'était intouchable. 1624 acres, ça,
c'était dézoné et la compagnie pouvait faire ce qu'elle
voulait. Il y avait à peu près le tiers des travaux de
construction de faits et, déjà, la compagnie arrivait devant la
Commission de protection du territoire agricole pour demander la permission
d'établir un terrain de stationnement dans la zone agricole, dans la
zone tampon, d'environ 200 acres. Ce n'est pas des farces. C'était
supposé être intouchable et, encore là, on ne
touche pas le territoire agricole.
Les agriculteurs qui sont alentour ont dit: Ah! ce n'est pas grave, il
n'y en a pas d'agriculture alentour. Il y a des producteurs laitiers et des
producteurs de céréales alentour. Et avec les contrats qui sont
passés, on leur défend... Tout en disant: Ça ne pollue
pas, on dit: Vous allez utiliser votre terre pareil, mais on vous défend
de faire des fourrages - faire des fourrages, entre nous autres, c'est faire du
foin, en termes clairs, c'est ça que ça veut dire - vous n'aurez
pas le droit de faire du foin parce qu'il y a du fluor qui se dégage de
ces cheminées-là ou je ne sais pas trop quoi, et les animaux qui
vont manger ça, ce n'est pas bon pour leurs dents, ils vont perdre leurs
dents - imaginez-vous! entre autres - et tout ça, ce n'est pas
dommageable pour l'agriculture.
Ensuite, on dit: Vous n'avez pas le droit de cultiver des petits fruits,
de produire des fruits, des fraises entre autres, des framboises parce que,
encore là, c'est mauvais, mais on va laisser ça dans le
territoire agricole, il n'y a pas de problème, on ne touchera pas
à ça. Là, on vient aujourd'hui, on nous arrive avec un
projet de loi, on nous dit: Si on est obligé de présenter ce
projet de loi, c'est à cause de l'article 31 de la loi que les PQ ont
votée en 1978, qui n'est pas bonne. De 1978 à 1991, ça
fait 13 ans. Ça fait cinq ans que ces libéraux sont au pouvoir et
ils n'ont pas encore eu le courage de la changer, la loi, si l'article n'est
pas bon. Ce n'est pas nécessaire de faire des lois spéciales si
l'article n'est pas bon, qu'ils amènent l'amendement à l'article
de la loi et on en discutera. Ils sont habitués, de toute façon,
de nous présenter des petites lois qui ont un ou deux articles. Qu'ils
en amènent! C'est à peu près rien que ça qu'ils ont
à faire, légiférer. Et on vient nous accuser de ne pas
s'être occupé, d'avoir mal fait la loi de protection de
l'environnement, quand on a été le premier gouvernement qui a eu
le courage de créer le ministère de l'Environnement et de le
protéger, notre environnement. (21 h 40)
Donc, M. le Président, je comprends sans doute les
inquiétudes, l'agacement, j'en suis certain, des investisseurs, des
propriétaires de la compagnie Lauralco. Ils doivent être... pour
être respectueux de la Chambre, M. le Président, je vais dire: Ils
doivent être tannés de toutes ces choses-là,
comprenez-vous? Parce qu'ils se sont fait faire des promesses par ce
gouvernement-là, qu'il n'y aurait pas de problème s'ils
s'établissaient là et ils l'ont cru. Depuis qu'ils sont
là, ils en ont des problèmes. Chaque fois, on essaie de les
corriger par une loi spéciale. Ce n'est pas facile, M. le
Président, de leur faire comprendre, à ces gens-là, qu'au
Québec, vous pouvez venir investir, vous n'aurez pas de problème,
pendant qu'il y a des parcs industriels qui sont vides. Pourquoi ne les a-t-on
pas dirigés vers ces parcs industriels-là, qui ont des
infrastructures?
Là, il y a une autre demande qui s'en vient pour avoir une ligne
de chemin de fer, parce que ça va prendre une ligne de chemin de fer
pour amener l'alumine. On va passer où? On va encore passer dans le
territoire agricole, mais ce n'est pas grave, ça ne touche pas le
territoire agricole. Pour reprendre les mots du député de
Maskinongé et ministre de l'Agriculture: Les agriculteurs, c'est juste
des placoteux puis des gratteux de bobos. Même si on envahit votre
territoire, fermez votre boîte, ne parlez pas. Nous autres, on est
là pour le développement économique et on crée des
emplois à 200 000 $ par emploi, M. le Président. C'est ça
que ça coûte, l'aluminerie, 200 000 $ par emploi. De temps en
temps, il y en a qui parlent de 800, 1000 emplois à Lauralco. Tout
à l'heure, le député de Mille-Îles était
rendu à 2000 emplois. 2000 emplois à 200 000 $, ça fait
400 000 000 $ par année que ça coûte aux
Québécois et aux Québécoises pour créer des
emplois dans le comté de Portneuf.
Voyez-vous, pendant tout ce temps-là, les Québécois
et Québécoises, par le biais de leur gouvernement...
Écoutez ça, vous êtes au pouvoir. Ils ont mis tous les
oeufs dans le même panier pour avantager les alumineries à venir
exploiter notre matière première qui est l'énergie. Ils
prennent l'alumine, qu'ils font venir d'Asie, puis ils vont retourner la
matière première finie, pas transformée mais finie, pour
la transformer ailleurs... Pendant ce temps-là, M. le Président,
c'est votre gouvernement - et vous devriez avoir honte - c'est votre
gouvernement qui est arrivé l'automne dernier puis qui a
augmenté, qui a imposé des tarifs d'électricité aux
serriculteurs, augmenté de 113 %. Ça, c'est des producteurs
québécois qui créent plus d'emploi pour la même
consommation d'énergie, qui créent beaucoup plus d'emplois dans
la production agricole, dans la production en serre que dans l'aluminium. On a
augmenté les tarifs de 113 % pendant qu'on donnait notre
électricité aux multinationales étrangères pour les
inviter à venir chez nous, M. le Président. C'est ça, le
régime du Parti libéral. C'est ça, M. le Président,
ces personnes-là qui sont en face de nous.
Souvenez-vous qu'en 1985... Ah! moi, je m'en souviens, vous pouvez
être certain de ça. Moi, je m'en souviens aussi. En 1985, ce
gouvernement s'est fait élire comme un bon gouvernement, un gars qui
assainirait les finances du Québec, un gars qui anéantirait le
déficit du Québec. Il n'y aurait plus de déficit
budgétaire au Québec. On se retrouve après cinq ans. Le
ministre des Finances nous a annoncé que, dans son premier budget, c'est
possible que le déficit dépasse 3 000 000 000 $. En 1985, quand
ils l'ont pris, le déficit, il était à 3 400 000 000 $ ou
3 500 000 000 $. Je ne veux pas induire la Chambre en erreur, mais aux
alentours de ça. 3 400 000 000 $, M. le Président.
Après cinq années de pouvoir, cinq années de
croissance économique extraordinaire, ils ont
fait croire aux Québécois et aux Québécoises
qu'ils avaient diminué le déficit de moitié, pendant que
le Vérificateur général du Québec, pendant que
l'Opposition officielle a dit: Ce n'est pas vrai que vous avez baissé le
déficit, vous avez simplement changé les méthodes. Vous
avez changé les chiffres de place. Vous avez pris les revenus des
sociétés d'État et vous les avez rentrés dans les
revenus du gouvernement du Québec. C'est ça qui a fait en sorte
que le déficit a diminué. La preuve, vous avez juste à
vérifier l'effort, la partie que ça prend pour le service de la
dette au niveau du gouvernement du Québec, et vous allez voir que ces
gens-là, en face de nous, qui ont dit qu'ils avaient baissé le
déficit, c'est absolument faux. Le service de la dette a même
augmenté depuis que les libéraux sont au pouvoir, M. le
Président.
Ça, aujourd'hui, de plus en plus de gens croient et comprennent
ces chiffres-là. Ce n'est pas en prenant des revenus d'une
société et en les entrant dans les revenus du gouvernement que tu
effaces un déficit. On va dire que les revenus, ça a coupé
le déficit en deux. Je vais prendre leurs chiffres, leur thème.
Il était à 3 500 000 000 $. Admettons qu'il retombait à 1
500 000 000 $. ils ont supposément sauvé 2 000 000 000 $, ce qui
est faux. il est encore là, le 2 000 000 000 $. depuis 18 mois, ils ont
imposé aux québécois et aux québécoises pour
1 800 000 000 $ de taxes, que ça soit au niveau de l'augmentation des
frais universitaires, que ça soit de l'argent qu'ils ont pigé
dans le fonds de l'assurance automobile ou que ça soit les permis de
conduire. 1 800 000 000 $ avec les 500 000 000 $ qui retournent aux
municipalités, avec les 300 000 000 $ que le même ministre, l'an
passé, a retournés aux commissions scolaires. additionnez
ça, m. le président, au déficit qui devrait être, si
le gouvernement n'avait pas fait ça, le déficit du québec,
à l'heure où on se parle, il serait de 6 000 000 000 $ et plus,
m. le président, toujours en ayant des bons administrateurs, des bons
financiers en face de nous. et c'est sur ce thème-là que ces
personnes-là se sont fait élire! durant ce temps-là, m. le
président, la classe agricole crie. elle crie. ils ont beau dire que ce
sont des chiâleux, des placoteux de température, ça fait
six mois qu'il y a un nouveau ministre de l'agriculture et ça fait six
mois qu'il sème la pagaille en plus de ça dans le champ parce
qu'il dit n'importe quoi.
Une voix: C'est vrai.
M. Baril: II dit: Je vais réformer le financement
agricole. Je vais changer l'assurance-stabilisation, je vais changer
l'évaluation foncière, je vais changer ci, je vais changer
ça. Il annonce toutes sortes de choses. Il envoie toutes sortes de
pétards en l'air, M. le Président, et après ça, il
chiâle que les agriculteurs et l'UPA c'est des chiâleux et des
placoteux de tempéra- ture et depuis qu'ils sont au pouvoir, le revenu
des agriculteurs a baissé, a diminué de 18 %. Quand ils ont pris
le pouvoir en 1985, M. le Président, le revenu des agriculteurs
québécois, au niveau canadien, était au deuxième
rang. Quand nous, nous l'avons pris en 1976, if était au neuvième
rang. On l'a monté du neuvième au deuxième rang. C'est eux
qui se pètent les bretelles parce que c'est eux autres qui ont
remonté le revenu des agriculteurs au Québec.
En terminant, M. le Président, avec ce projet de loi, je doute,
je me méfie... qu'on ne nous ramènera pas encore, un jour, un
autre projet de loi privé, un autre projet de loi spécial
abolissant toutes les mesures d'exception ici en Chambre, entends-tu, pour nous
arriver encore, pour régler un autre problème de cette même
compagnie qui crée 2000 emplois à 200 000 $ l'emploi, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant, M. le député de Lavio-lette. M. le
député.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: merci, m. le président. je voudrais vous
rappeler, m. le président, une position que j'avais tenue ici lors d'un
projet de loi au mois d'août 1990 dans l'époque qui était
trouble du problème d'oka et de kahnawake. je disais, à cette
époque, m. le président, qu'il était difficile pour moi de
prendre une position dans un dossier sur une question de principe. je faisais
mention, à ce moment-là, m. le président - j'ai fait
sortir mon discours et je le regarde - en disant: "cependant vous me permettrez
par ma voix de peut-être bien faire sentir qu'il y a une partie des gens
qui sont, aussi bien de ma formation politique que de l'autre
côté, en désaccord sur le projet de loi comme tel."
ça, c'était sur le projet de loi qui permettait au gouvernement
de décréter que la route, ce qu'on appelle l'autoroute 30, serait
faite.
Aujourd'hui je peux vous dire, dans le même style, que ma
formation politique et tous les membres de ma formation politique ont la
même idée que moi, ils sont contre le projet de loi qui est devant
nous. Je pourrais même vous dire qu'il y a des gens de l'autre
côté aussi qui sont d'accord avec moi, sauf qu'ils ne parleront
pas dans ce sens-là. Il est évident qu'ils vont prendre leur
droit de parole pour appuyer le ministre et d'autres ne se feront pas entendre
du tout. Mais il y a une chose qui est certaine, ce qui est devant nous
actuellement, M. le Président, c'est une question de principe. Ou bien,
on accepte de faire fi de tout - les lois - ou bien on accepte de les suivre;
si on n'est pas content,
on les change. On est au gouvernement pour prévoir, pour
prévenir les coups mais on est aussi au gouvernement pour décider
de changer. Quand le député de Mille-Îles, tout à
l'heure, nous a fait un réquisitoire contre la loi de l'environnement
actuelle en disant que c'était nous qui l'avions faite, je dois vous
dire, M. le Président, que - et je n'étais pas le seul à
le penser. Même des gens de l'autre formation politique pensent comme moi
- ça n'avait pas grand bon sens ce qu'il était en train de dire.
Ça fait depuis 1985 qu'ils sont au pouvoir, ce n'est pas la
première fois. J'espère qu'ils s'aperçoivent qu'il y a des
trous pour eux, selon eux, dans la loi. S'il y a des trous, il me semble qu'ils
auraient dû les réparer depuis fort longtemps. (21 h 50)
II nous disait: Je vais vous poser des questions et je vais vous dire
à ce moment-là: Donnez-moi des réponses. Bien, moi je vous
le dis. La raison majeure de son argumentation, c'est de dire: Nous sommes au
gouvernement depuis 1985, ça fait maintenant six ans. Nous n'avons fait
aucun changement et on viendra vous demander, à vous autres, de nous
dire quels changements faire, en nous disant, en plus, que la loi n'avait pas
de bon sens.
Mon collègue d'Arthabaska avait raison de dire que c'est un
discours de 1950. Ça n'a pas de bon sens de penser de même. Puis
je faisais mention à mes collègues qui sont ici, à ma
gauche, en disant: II va avoir des maudits problèmes, lui, demain matin,
parce qu'il va avoir affaire à défendre son dossier pour le pont
qu'il traverse, comme il veut l'avoir avec la ligne de transmission
d'Hydro-Québec entre Montréal et Laval. S'il chiâle contre
les fonctionnaires comme il le fait, j'ai l'impression qu'il va avoir quelques
problèmes. S'il a quelques problèmes, il aura juste à se
faire un mea culpa à lui.
Mais d'un autre côté je dois vous dire, M. le
Président, que je ne serais pas surpris que, pour se sortir du
pétrin dans ce temps-là, il ne demande pas à
l'Assemblée nationale de se réunir d'urgence et, finalement,
d'adopter un projet de loi pour lui donner raison contre les fonctionnaires.
C'est ce que je sens venir, là. Je ne voudrais pas, M. le
Président, qu'on en arrive à cette conclusion-là.
Je dois vous dire que je disais dans le même dossier à
l'époque, concernant l'autoroute 30, ceci, à la page 4183, le 30
août dernier: "Puis, moi, M. le Président, je vais accepter de
cautionner que, par des moyens de pression, on puisse obtenir des choses? J'en
suis incapable, M. le Président, et je voulais le dire. Je sais qu'on va
voter la loi. Je sais que, de part et d'autre, des deux côtés de
la Chambre, il y a des gens qui, comme moi, disent qu'il y a des
précédents importants, dangereux, qu'on est en train de
créer." C'est ça que je veux dire.
M. Chevrette: Quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): On appelle le quorum.
Qu'on appelle les députés!
Il y a maintenant quorum. Si vous voulez continuer votre intervention,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Donc, j'étais
en train de dire qu'on est en train de créer des
précédents dangereux. Je le disais à l'époque et je
le dis encore. On ne peut pas être contre le fait qu'une industrie
s'implante. Je pense qu'il n'y a personne ici, sur le fond, M. le
Président, qui va être contre l'implantation d'une industrie. La
question n'est pas là. La question est de savoir quelles sont les
précautions que le gouvernement a prises pour faire en sorte que
l'industrie s'installe dans un milieu qui est le milieu tout à fait
normal.
Mon collègue d'Arthabaska le disait: il y a des parcs industriels
qui existent, ils sont à ce niveau-là nantis de tous les moyens
permettant de ne pas avoir de problème au niveau de la question du
territoire agricole et au niveau de l'environnement. Donc, il y a des lieux
pour ça. On a décidé, au gouvernement, de faire ça
autrement? Bien, on en paie aujourd'hui les conséquences, et c'est des
conséquences qui sont dangereuses.
Présenté par le ministre actuel du coin, de son propre
comté, leader en plus, je peux juste vous dire une chose, M. le
Président: S'il n'avait pas été leader, si ça avait
été un autre qui avait été leader, il aurait eu
quelques problèmes, quant à moi, pour faire passer un projet de
loi. Il profite de sa fonction pour le faire passer. Et les autres le
cautionnent, mais moi, je ne peux pas. Je suis incapable. Ce n'est pas juste
parce que je suis membre de l'Opposition, c'est parce que je le crois
profondément. Je suis incapable d'accepter ça. Quelles sont les
raisons que l'on donne pour ce faire? C'est les mêmes raisons qui
pourraient m'inciter, moi, comme député de l'Opposition, à
demander une loi spéciale demain matin, M. le Président.
Posez-vous la question. Je prépare avec les gens de la
législation, ici, comme député de l'Opposition, un projet
de loi d'ordre public. Le projet de loi d'ordre public, M. le Président,
est dans le but de faire en sorte qu'on règle le problème qu'on
n'est pas capable de régler encore chez nous. Je l'amène ici.
Croyez-vous honnêtement, M. le Président, que mon projet de loi a
des chances de passer à l'Assemblée nationale? Non, M. le
Président. Il n'en aura pas parce que le leader du gouvernement, c'est
lui qui décide quel projet de loi il va apporter ou pas.
Et je vous donne un exemple. Parce qu'on est dans l'environnement, je
vais vous le donner: Le 30 août 1990, toujours à la page 4183: M.
le Président, une route que vous connaissez très bien - celui qui
était là, c'était votre prédéces-
seur tout à l'heure parce qu'il vient de mon coin, à La
Tuque - la route 155 entre Matawin et Rivière-aux-Rats, section 160,
même affaire, même résultat, rien de fait. Et les
études d'impact ont toutes été déposées. Les
demandes au Bureau d'audiences publiques ont été
demandées. Le député de Mille-Îles dit que c'est
confidentiel, que ça devrait être changé. Moi, je dis non.
Je vais vous dire pourquoi. Parce que si on avait su, les gens qui ont fait des
demandes d'audiences publiques sur les études d'impact sur la route 155,
il y aurait eu du cassage de bras, M. le Président, il y aurait eu du
tordage de bras. Il y a des gens qui auraient dit à du monde: Ça
n'a pas de bon sens, ça fait longtemps qu'on attend la route. Non, M. le
Président, il faut protéger les personnes qui demandent.
Quand les audiences publiques sont accordées, là, les gens
sont connus. Mais le ministre a les pouvoirs. Si c'est une demande frivole, il
peut refuser. La loi le permet, M. le Président. Si, en plus, le
ministre peut, avec les gens du Bureau d'audiences publiques, rencontrer les
gens avant pour voir s'il y a des possibilités de ne pas aller en
audiences publiques, ça s'est fait, ça se fait et ça se
fera. Mais la décision finale appartient au ministre.
Au mois d'août 1990, j'ai demandé au ministre de nommer la
personne. Le ministre responsable de l'Environnement, la personne qui devait
s'occuper des audiences publiques de la route 155. Les études d'impact
sont déposées. Il ne reste qu'à nommer le
président, M. le Président. Le ministre ne l'a pas encore
nommé. Ce n'est pas la loi qui est responsable de ça. C'est le
ministre qui est responsable de ça. Ce ne sont pas les fonctionnaires.
Les fonctionnaires vont agir quand le ministre va leur donner la permission
d'agir. Or, au moment où je vous parle, M. le Président, du mois
d'août à aujourd'hui, vous avez des mois qui se sont
écoulés, les études d'impact sont déposées,
mais les audiences n'ont pas eu lieu encore parce que le président n'est
pas nommé. Je lui en faisais mention encore avant-hier. Je lui envoyais
un mémo lui demandant, de l'autre côté de la Chambre, quand
il nommerait la personne. Il m'a répondu ce qu'il me
répète depuis le mois d'août 1990: Dans les plus brefs
délais. Et, entre parenthèses, il a mis: à conserver.
Bien, M. le Président, ce n'est pas la loi qui fait
défaut, c'est le ministre. Et pourquoi, dans un contexte comme
celui-là, pour donner un bel exemple, M. le Président, on doit
passer par une loi spéciale? Pour tout simplement faire ceci: Vous avez
un poste où il y a de l'électricité. Appelons ça,
dans le mur, chez moi, le lieu de contact de l'électricité. Un
peu plus loin, vous avez l'appareil qui fonctionne. C'est l'usine. Puis, entre
les deux, il vous manque tout simplement le fil de raccordement.
On vient de nous demander, par une loi spéciale, M. le
Président, de mettre un fil de raccordement sans aucune
vérification. Puis, on ne peut pas nous dire qu'au moment où on
se parle on n'avait pas prévu ça il y a longtemps. Arrêtons
de mettre la faute sur les employés du gouvernement qui ont le droit de
faire les moyens de pression qu'ils veulent. On les a subis comme
députés et les citoyens, les moyens de pression qu'ils veulent.
Cependant, qu'il règle donc le problème des négociations
et il n'y en aura pas de moyens de pression. Ce n'est pas en faisant une loi
spéciale qu'on va les outrepasser.
Un autre exemple, M. le Président. Un exemple où on a
l'impression que le ministre de l'Environnement... Puis, sur ce
point-là, il a peut-être raison, mais moi, je ne mets pas la faute
sur les employés du ministère, je mets la faute sur le ministre.
Un exemple bien typique: II y a un monsieur qui a décidé un jour
d'acheter un appareil qui est utilisé en Ontario, aux États-Unis,
qui lui sauve de l'argent, qui est tout simplement ceci: il prend l'huile de
moteur de ses camions, puisqu'il a une flotte de camions, il la passe dans cet
appareil, c'est renettoyé, l'appareil avec un autre boyau la retourne
dans son réservoir à gaz, mélangée avec du diesel,
puis il fait fonctionner ses camions avec ce mélange.
Vérifié par Esso, vérifié par Exxon,
vérifié par d'autres compagnies, pas de problème au niveau
des émanations parce qu'ils sont utilisés aux États-Unis,
ils sont utilisés en Ontario, mais au Québec, il n'y a rien
à faire, le ministre ne veut pas, par les moyens qu'il dit, des dossiers
de produits dangereux à être manipulés. Ça ne sort
pas de son garage, ça rentre du moteur du camion, descend dans
l'appareil, retourne dans le réservoir puis fait fonctionner ses camions
avec ça. il sauve de l'argent. Puis, en plus, il ne permet pas aux
produits dangereux, des produits qui sont des résidus, de voyager. Puis,
tout ça est conforme aux normes environnementales demandées. Et
ça, c'est vérifié aussi bien aux États-Unis, en
Ontario qu'au Québec. Et, malgré tout, le pauvre monsieur,
aujourd'hui, est obligé de vendre son huile usée à une
compagnie qui vient la chercher parce que s'il ne fait pas ça il va
avoir des contraventions. (22 heures)
Vous trouvez normal que ce pauvre individu qui a une flotte de camions
au Québec, lui, soit traité différemment de Lauralco. Vous
trouvez normal que des citoyens entre Grand-Mère et La Tuque puissent se
tuer sur la route parce qu'eux autres ne s'appellent pas Lauralco. Moi, M. le
Président, je suis incapable, par principe, de l'accepter. Ou bien il y
a une formule qui est égale pour tout le monde, ou bien on n'a pas de
loi. Et là c'est tout simplement - excusez-moi, M. le ministre des
Affaires municipales - du "free for ail" parce que le monde comprend ça
de même. Hein?
Ça veut dire que, là, désormais, aussi bien ne pas
avoir de loi de l'environnement, dans ce
cas-là. Aussi bien ne pas avoir d'études d'impact. Aussi
bien ne pas avoir de résultats d'audiences publiques. Aussi bien dire,
M. le Président, agissons comme on agissait dans les années
cinquante. C'est ce que mon collègue d'Arthabas-ka voulait dire des
propos tenus par le député de Mille-Îles tout à
l'heure. Et moi, dans ce sens-là, M. le Président, c'est par
principe que je m'objecte à une décision comme
celle-là.
M. le Président, j'ai l'occasion de parler à mes
concitoyens dans mon coin. J'entends des gens jacasser à
l'arrière, ça ne me dérange pas du tout parce que moi, les
gens chez moi là, quand je leur parie, M. le Président, ils me
comprennent et je les comprends. Je prends le temps de les entendre et de les
écouter. Je dois vous dire, M. le Président, que je ne suis pas
dans le centre-ville de Montréal ni dans le centre-ville de
Québec. Les gens, on a la chance de les voir, de les rencontrer et de
discuter avec eux autres. Et allez leur demander si j'ai tort de parler comme
ça ce soir. Allez leur demander pourquoi moi, comme député
dans un comté, je n'ai pas l'occasion d'amener un projet de loi pour
dire au ministre: Comme tu n'agis pas, on va te forcer à agir. Je ne
peux pas faire ça. C'est impossible de faire ça.
Et pourtant, pendant ce temps-là, il y a des camionneurs, il y a
des citoyens, il y a des gens qui meurent sur la route de La Tuque. Ce n'est
pas des mensonges, demandez aux députés de ma région, ils
vont vous dire que c'est vrai. Pourquoi? Parce que la route est dangereuse. Et
pourquoi? Parce que le ministre de l'Environnement a trouvé un moyen -
je lui dis, et je lui redis - chez nous, comme ailleurs, il a trouvé un
moyen de permettre au ministre des Transports de ne pas dépenser
d'argent chez nous parce qu'aujourd'hui, dans ma région, il n'y a pas
une cent qui se dépense sur la route 155, le seul cordon reliant
Grand-Mère à La Tuque, jusqu'à Roberval. Il y a, M. le
Président, des choses qu'on ne peut pas accepter et tous les
députés qui, comme moi, ont des routes comme celles-là
savent de quoi je parle.
Quand je parle de la personne qui est un industriel, qui fournit de
l'ouvrage aussi bien à Mont-Laurier, au Lac-Saint-Jean que chez moi,
pour le transport routier, lui qui, depuis le mois d'août, avec moi
essaie d'avoir des réponses du ministère de l'Environnement sur
une question, lui, malheureusement, il doit patienter. Lui, malheureusement, il
doit payer de sa poche parce qu'il y a peut-être, semblerait-il, des
raisons de penser que la compagnie qui ramasse l'huile ne voudrait pas perdre
son monopole. Ça, M. le Président, c'est des citoyens qui paient
ça. Et ce n'est pas correct et ce n'est pas normal.
Je profite de la circonstance pour le dire parce que ce sont des
citoyens québécois qui ont des problèmes, parce que le
ministre ne se grouille pas. Et, dans ce sens-là, je vous dis, M. le
Président, par principe, je ne suis pas capable d'accepter que parce
qu'on est gros, qu'on vient de l'extérieur, qu'on fait de l'emploi,
comme le disait mon collègue - parce qu'on a fait de l'inflation au
niveau de 2000, au niveau de l'usine; ce n'est pas ça, mais en tout cas
on a parlé de 2000 à 200 000 emplois - pendant que mon pauvre
monsieur dans mon coin chez nous, lui, crée de l'emploi depuis nombre
d'années. Ça date de son père, le système de
transport qu'il a.
Alors, M. le Président, il fallait que je le dise. Il fallait que
je dise que le précédent qu'on est en train de créer,
c'est un précédent que personne de l'Opposition, et je dirais
même des membres du gouvernement actuel, au niveau des
députés ministériels, n'aura pas la capacité
d'utiliser parce qu'ils n'ont pas le poste et le pouvoir du ministre en place,
leader du gouvernement.
Et dans ce sens-là, M. le Président, je vous dis tout
simplement que, comme mes collègues, je voterai contre le projet de loi,
mais au moins j'aurai dit ce que les gens simples, les simples personnages de
notre région, comme partout à travers le Québec, qui sont
de petits citoyens, pensent de ce gouvernement-là, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le
député de laviolette. toujours à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi 132, je cède maintenant la
parole à m. le leader de l'opposition officielle et député
de joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, je me demandais si je devais répondre aux propos du
député de Mille-Îles. Lui connaissant une tendance à
l'inflation verbale, je me suis dit: Est-ce que ça en vaut la peine?
Mais j'ai compris une chose et je vais me permettre de dire quelques mots suite
à ses propos. Je comprends plus aujourd'hui pourquoi il est assis parmi
le groupe de ministériels, mais qu'il ne fait pas partie du Conseil des
ministres. Je pense que, s'il continue à agir de la sorte, ça va
prendre du temps avant qu'il y accède. Parce qu'un député
dont le gouvernement est au pouvoir qui se lève en cette Chambre et qui
dit que les lois de 1978, ce sont des lois dépassées, des lois
déphasées, des loi inapplicables, alors que ça fait six
ans que son gouvernement est au pouvoir et qu'il n'a pas encore daigné
suggérer un amendement, ça ne dénote pas un grand
jugement, entre vous et moi. Il ferait mieux de se taire, parce que, quand on
est au pouvoir, il faut assumer ses responsabilités. Si les lois ne
fonctionnent pas, c'est quand on est au pouvoir qu'on peut les changer. Mais se
lever, après six ans de pouvoir, et dénoncer des articles de loi,
et ne pas proposer un amendement, je vous avoue qu'on ne fait pas des enfants
forts avec , ce type de déclaration. Et ça dénote un
manque de jugement, à mon point de vue, assez mar-
quant.
Deuxièmement, quand on ne connaît pas quelque chose - c'est
un autre conseil que je voudrais lui donner - quand on ne connaît pas un
dossier, on se tait sur ce dossier. Il ridiculisait tantôt les champs
magnétiques sur les animaux en dessous des lignes électriques. Je
vais l'emmener dans mon comté, moi, et je vais lui montrer comment des
gens qui ont des troupeaux de vaches laitières ont des
répercussions sur leur production. Ils vont lui expliquer, les
cultivateurs. Ce n'est pas des fous, ça. Ce n'est pas des avocats avec
des gros diplômes, ça. Ce n'est pas des plaideurs et des
"paradeux". C'est du monde qui vit dans le champ. C'est du monde qui,
concrètement, chaque jour, peut observer des choses. Je
l'amènerai chez nous et il ne ridiculisera plus les cultivateurs qui ont
des troupeaux de vaches laitières qui sont placés sous des lignes
électriques. Il va comprendre que, quand on ne connaît pas quelque
chose, on fait mieux de se taire, parce qu'on a l'air joliment fou que
d'annoncer les choses qu'il a annoncées. M. le Président,
demandez-lui donc de se taire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
député de Joliette. Effectivement, M. le leader adjoint du
gouvernement, vous avez eu, je pense, l'opportunité tout à
l'heure de faire votre intervention sans qu'on vous dérange. Alors, M.
le leader de l'Opposition officielle a droit au même traitement.
M. Chevrette: C'est vrai que c'est fâchant, M. le
Président, je le reconnais, de se faire ramener à l'ordre et de
se faire dire qu'on ne connaît pas grand-chose, mais c'est le cas. Parce
que j'ai vécu ces problèmes-là comme député.
J'ai eu les cultivateurs dans mon propre bureau qui sont venus me raconter
exactement les effets pervers des champs magnétiques sur leurs
troupeaux, en dessous de lignes électriques à haute tension, des
baisses de production. En plus de ça, c'est la qualité
également, et ça, il faut le savoir, il faut le comprendre, il
faut connaître ça; pas se parader derrière un micro
à l'Assemblée nationale et essayer de ridiculiser celui qui se
plaindrait de telles choses. À mon point de vue, M. le Président,
il y en a qui manquent de belles chances de se taire quand ils ne connaissent
pas leur dossier.
Mais ce qui m'a le plus épaté jusqu'à date,
ça a été quasiment les sanglots du ministre de
l'Environnement. Et ça, ça m'a frappé, il est venu nous
supplier ici en Chambre. Il est venu supplier les députés
d'arrière-ban, il est venu dire à tout le monde, même
à l'Opposition: Mais, de grâce, aidez-moi à faire
comprendre le Conseil des ministres. C'est un peu ça le message du
ministre de l'Environnement. Aidez-moi, supportez-moi, je suis mal pris, je ne
suis pas capable de vendre mon affaire. Écoutez! Des aveux d'impuissance
de même quand on est un ministre dans un gouvernement, on tire sa
révérence quand on n'est pas capable de remplir ses fonctions. On
ne vient pas crier à l'aide à l'Opposition. Si vous n'êtes
pas capable... Ça me fait penser au député de
Mille-Îles. Il était rendu qu'il nous posait des questions. C'est
eux qui sont supposés avoir les réponses, quand ils sont au
gouvernement. Quand tu en es rendu à poser des questions à
l'Opposition parce que tu n'as plus d'imagination, eh bien! déclenchez
des élections, c'est de même que ça se règle.
Mais je reviens au ministre de l'Environnement, le ministre rideau de
douche qu'on tasse chaque fois qu'on a fini de prendre sa douche. M. le
Président, ce ministre est venu ce soir pratiquement verser des larmes.
Il s'essuyait le front, il s'épongeait après avoir dit: Je suis
impuissant, je suis incapable. Il est venu faire des petites
déclarations pour essayer de nous sensibiliser, mais les faits, moi, je
vais vous les donner. (22 h 10)
Quand il a engagé le président du BAPE, M. Dorais, M.
Dorais avait déclaré, bien avant d'être nommé - et
ça vous le vérifierez - M. Dorais avait dit que l'article 2n de
la Loi sur la qualité de l'environnement, il fallait qu'il soit
promulgué une fois pour toutes, et c'est l'article traitant de
l'évaluation des impacts sur l'environnement. Il a dit: Si je n'ai pas
ça, ça ne me donne rien de continuer. C'est ça,
fondamentalement, que le président du BAPE, M. Dorais, voulait. Et,
quand il a vu que le gouvernement ne l'appliquait pas, M. Dorais a eu une offre
pour un autre palier de gouvernement et il est parti. Et là, ça
s'est mis à tirailler entre le Conseil des ministres, le premier
ministre et le ministre de l'Environnement pour nommer le successeur de M.
Dorais. On essaie de dire qu'il ne s'est rien passé. Aïe! Voyons!
Le premier ministre en voulait un et M. le ministre de l'Environnement en
voulait un autre. C'est la raison qui explique pourquoi ça prenait du
temps à le nommer. La vérité a ses droits ici en cette
Chambre. N'essayons pas de faire croire qu'on cherchait quelqu'un de
fantastique. C'est qu'on ne s'entendait pas, justement, sur la nommination. Et
c'est ce qui a expliqué qu'il n'y avait pas de président au
BAPE.
Il y a un autre fait que je comprends mal. M. le ministre disait: J'ai
consulté pour la nomination du président. Nous autres, on a
vérifié auprès des associations environnementales. Elles
n'ont jamais entendu parler d'une consultation faite sur la présidence
du BAPE, jamais. Et, plus que ça, M. Harvey Mead, qui a
été nommé sous-ministre à l'Environnement,
dernièrement, qui vient justement de ces milieux environnementaux et qui
se battait comme un bon, dans le temps où il était dans les
associations environnementales, pour connaître l'évaluation des
études d'impact, il vient d'en engager un.
Ce soir, il s'en vient nous dire: La loi, là, elle n'est pas
correcte, il faudrait la changer.
Mais, bon Dieu! vous êtes au gouvernement. C'est à vous
autres à changer la loi, si elle ne fait pas votre affaire.
Arrêtez de faire les gens mal pris. Vous avez l'air des enfants
d'école qui ne savent pas qu'il y a une porte pour sortir. Dans toute
cour d'école, il y a une barrière que vous pouvez ouvrir pour
sortir, imaginez-vous. Si les lois ne font pas votre affaire, vous avez la
responsabilité de les amender, les lois. Mais arrêtez de critiquer
des lois qui ont été faites en 1978. Aïe! "C'est-u" pas
quétaine: La loi que vous avez passée, vous autres, les
péquistes, elle n'est pas correcte? Bien oui, mais ça fait six
ans que vous êtes au pouvoir, pour les amender, vous êtes forts,
vous légiférez vite et bien, vous êtes fantastiques. Vous
n'êtes pas capables d'amender une loi qui ne fonctionne pas depuis 1978?
Vous êtes après prouver quoi en faisant ça? Votre
incompétence, votre insignifiance même, quand vous dites
ça. Ce sont des propos de faibles, des propos de lâches, des
propos de gens qui ne sont pas capables d'assumer leurs responsaiblités.
De grâce! arrêtez-moi ce genre de discours d'ici la fin de
l'adoption de cette loi! Vous êtes en train de prouver je ne sais pas
quoi, que vous êtes des minus, des riens. Voyons! Vous êtes au
pouvoir. Si les lois ne correspondent plus à des réalités
en 1991, arrêtez de chiâler après les lois qui ont
été votées en 1978, amendez-les, proposez-en, des
amendements. Mais ne plaidez pas votre propre turpitude sur le plancher de
l'Assemblée nationale.
Je n'en reviens tout simplement pas. Moi, le prochain qui va se lever et
qui va dire: La loi du PQ... je vais dire: Amende-la, si tu as le courage
politique, et si tu ne l'as pas, si tu trouves qu'elle n'est plus
adaptée... C'est possible qu'il y ait des lois qui ne soient plus
adaptées. Mais, de grâce, Seigneur, modifiez-les, ou bien
donnez-nous votre place; on va les modifier. C'est aussi simple que ça.
Mais ne plaidez pas votre propre turpitude, votre propre insignifiance.
Ça n'a pas de bon sens.
Des propos comme ceux que j'ai entendus depuis tantôt, y compris
du ministre de l'Environnement, ce n'est pas des farces, ce n'est pas un
député d'arrière-ban, lui, c'est un gars qui a le pouvoir
de présenter des mémoires au Conseil des ministres pour modifier
des lois. Aïe! il nous supplie de l'appuyer dans un mandat d'initiative
pour qu'on puisse lui donner une force, pour qu'il puisse convaincre ses
ministres. Bonne mère! s'il est rejeté du Conseil des ministres,
qu'il déguerpisse. On en nommera peut-être un qui aura de
l'influence sur ses collègues. Mais venir faire des aveux de faiblesse
comme il a fait ce soir, moi, je serais gêné. Un gars qui a un
petit peu de fierté, un gars qui a un petit peu de colonne
vertébrale, quand il est ministre, il se bat au Conseil des ministres
avec toute l'énergie dont il est capable, il défend ses dossiers
avec la dernière de ses énergies et il cherche à vendre
ses propositions, pas venir faire comme il est venu faire tout à
l'heure, des larmes de crocodile. Il dit: Je suis pratiquement un impuissant,
aidez-moi. Bien, s'il est impuissant; qu'il demande une pension d'invalide,
qu'il se retire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...parce qu'il n'a pas d'affaire à
être au ministère de l'Environnement. Fondamentalement, surtout
dans le secteur de l'environnement, en 1991, vous le savez qu'on a besoin
d'hommes forts et de femmes fortes dans ce secteur-là. On a fait trop de
folies dans le passé. On a trop cédé par le passé
au chantage économique. On a besoin de quelqu'un qui voit clair pour les
années 2000, pas de quelqu'un qui s'est mis les menottes lui-même
puis qui dit: Je ne suis plus capable de me les enlever. Je vais me faire
violence. Il a peur de se déchirer les poignets à force de
forcer. Ça fait dur, ça.
Moi, je vous avoue que, ce soir, si j'appartenais à votre
gouvernement, MM. du gouvernement, j'aurais eu honte de mon ministre. J'aurais
eu honte, et je ie dis comme je le pense. Jamais un ministre ne peut avouer
candidement de même qu'il n'a plus aucune force de
représentativité, qu'il n'a plus aucune force de persuasion
auprès du Conseil. Qu'est-ce que ça fait, ça? Y avez-vous
pensé deux minutes? Avez-vous pensé, si les citoyens avaient
écouté, quelle confiance ils peuvent avoir en un gars de
même, M. le Président? Avez-vous réfléchi à
ça, 30 secondes? On va le voir pour dire: Ferais-tu une étude
d'impact? Écoutez, je ne suis pas capable. Faites un mandat d'initiative
d'une commission quelconque. Essayez de me bâtir un rapport de force.
Voyons! M. le Président, ça n'a pas de bon sens, ça. C'est
un aveu de faiblesse, un aveu d'incompétence. Je n'en reviens pas.
Ça ne me traverse même pas la tête. Je ne peux pas croire
qu'un homme dont la formation juridique, quand même, devrait lui
permettre de ne pas faire de tels aveux d'impuissance... À qui
voulez-vous que les citoyens, demain matin, s'en remettent quand un homme de
même, avec les responsabilités qu'il a, vient d'afficher
candidement qu'on le considère un peu comme un rideau de douche? Pauvre
lui! Je comprends que ce soit blessant pour lui. Je comprends que ce doit
être frustrant pour lui, s'il a un peu à coeur l'environnement, de
se voir tassé tous les matins puis tous les soirs, puis toujours un peu
par les mêmes, en plus. Ça fait dur.
Mais ceci dit, ce n'est pas avec des aveux d'impuissance de même
que vous allez bâtir le Québec de demain en matière
environnementale. Le ministre de l'Industrie et du Commerce s'est bien tenu de
répondre aux questions que je lui avais posées tantôt. H
s'est levé en disant que Lauralco sera une compagnie qui va se
développer d'une façon prospère et qui va respecter les
normes du MENVIQ. C'est à peu près tout le
résumé de son discours, quand vous regardez tout
ça, après avoir expliqué un petit peu ce qui se
passait.
Fondamentalement, un gouvernement, ça travaille en équipe.
Un gouvernement, ça met en commun les aspirations de
développement économique pour les conjuguer avec les aspirations
de qualité de vie et d'environnement. Il me semblait qu'en 1991 on
pouvait allier les deux: on pouvait espérer un développement
économique sain dans un environnement sain. Ne pas plier au chantage
économique. Allez-vous me dire: Lauralco a-t-elle fait du chantage
économique? Je ne pense même pas, moi, que Lauralco a eu la chance
de faire du chantage économique. Lauralco doit être
fatiguée de vous voir aller. C'est quatre projets de loi avant d'arriver
à peut-être faire fonctionner leur usine parce que ça leur
prend de l'électricité. Ils ont parti tout ce projet-là
sans penser que ça leur prendrait de l'électricité au
bout. Ce n'est pas des "mosus" de farces. Je conterais ça à mon
vieux père puis il rirait comme un fou. Il dirait: "C'est-u" possible un
gouvernement irréfléchi de même? C'est quasi impossible
mais, dans leur cas, c'est vrai. Quatre projets de loi pour en arriver à
faire fonctionner une usine. Bonne mère du ciel, M. le Président!
si ce n'est pas le comble de l'insignifiance et de l'incompétence, c'est
quoi? Il y a toujours des limites.
Je sais que, dans votre for intérieur, il y en plusieurs parmi
vous qui viendront me dire dans les corridors, dans quelques semaines, dans
quelques jours ou dans quelques heures pour certains: Tu avais donc raison. On
a manqué de vision globale. On n'a pas su, au départ, partir avec
une vision globale du projet, regarder toutes nos cartes puis, après
ça, fonctionner dans le projet. Vous dites à une compagnie: Pars,
investis, ah! on t'arrangera ça. Votre responsabilité, ce n'est
pas d'arranger ça en cours de route; votre responsabilité, c'est
de voir, au départ, comment vous allez concilier les droits des
individus, comment vous allez concilier les droits des particuliers
touchés, puis comment, vous vous allez concilier la réalisation
du projet devant ceux qui veulent investir. C'est ça, fondamentalement,
qui vous a manqué. Vous ne l'avez plus. L'usure du pouvoir vous rend des
gens qui fonctionnent à la pièce à chaque jour. Vous avez
l'air de je ne sais pas quoi, mais ça fait pitié. (22 h 20)
M. le Président, plus je regarde le dossier, plus je me dis: Ce
n'est pas croyable que du monde ait sollicité un mandat de
l'électorat, à qui l'électorat a fait confiance et qu'on
en arrive, du jour au lendemain, à avoir ce qui se passe
présentement. Ça n'a pas de bon sens. Et je suis sûr qu'il
y en a certains qui sont gênés, de l'autre côté. Je
suis sûr qu'il y en a qui sont gênés de voir déposer
un projet de loi comme celui-là ce soir. m. le président,
tantôt, je ne sais pas si c'est le député de
mille-îles - je m'excuse à l'avance si c'est lui ou si ce n'est
pas lui - mais on a pratiquement ridiculisé le fait qu'un agriculteur
avait demandé l'étude d'impact. un agriculteur de deschambault
soutient que l'étude d'impact est incomplète. il disait qu'il n'y
en avait pas eu. il a dit qu'il n'y avait pas de producteur de lait. en plein
dans les journaux, il y en avait un, producteur de lait. il a 45 vaches, le
producteur de deschambault qui demandait l'étude d'impact. vous disiez
qu'il n'y en avait pas. il y en a un.
Une voix: il y en a au moins un.
M. Chevrette: M. le Président, dans une conjoncture
économique aussi difficile que celle qu'on a présentement - et
écoutez-moi bien, ceux qui auraient le goût de s'endormir, parce
que vous allez veiller encore un peu plus tard que ça - dans cette
conjoncture économique, vous ne pensez pas que la vraie urgence - et
là je m'adresse surtout au ministre de l'Industrie et du Commerce qui a
été plus intéressé par le projet, d'ailleurs, que
le ministre de l'Environnement - entre vous et moi, l'urgence, c'est quoi
présentement? "C'est-u" de régler à tout prix, dans les
meilleurs délais et rapidement pour une production qui aura lieu en
février 1992, ou si la vraie urgence, ça ne serait pas de mettre
sur pied des programmes pour contrer la crise économique actuellement?
En avez-vous, des petites lois spéciales pour empêcher les pertes
d'emploi dans les industries? En avez-vous, des petites lois spéciales
et des programmes spéciaux pour contrer le chômage à 17,4 %
dans Lauren-tides-Lanaudière, à plus de 15 % à
Montréal, à plus de 17,5 % dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean? En
avez-vous, des petites lois spéciales, urgentes, celles-là, pour
sauver les emplois? Avez-vous des petites lois spéciales urgentes pour
contrer les 21 % de chômage chez les jeunes de 15 à 27 ans? En
avez-vous, des petites lois spéciales pour répondre aux besoins
de la population?
Non, vous n'en avez pas, de ça! Ça, il n'y a pas d'urgence
à ça. Il y en a pour réparer une gaffe du gouvernement
à cause de son manque de vision globale, M. le Président,
à cause de son attitude à régler à la pièce,
à gouverner le Québec à la journée, comme des
petits comptables de coin de table, au lieu d'avoir une vision globale de notre
société avec des politiques de développement
économique durable, avec des politiques de plein emploi, M. le
Président. Vous n'en avez pas, de loi spéciale là-dessus.
Tout ce que vous avez: des petites lois spéciales pour régler le
manque de vision, pour pallier à l'incompétence, à
l'inaction et à l'inertie, M. le Président. C'est ça,
fondamentalement, ce à quoi on fait face ce soir.
M. le Président, il y en a eu, des gouvernements, au
Québec au moins depuis 15 ans, il y
en a eu au moins un, deux, trois, quatre. C'est la première fois
que je vois un gouvernement aussi faible, comparable aux années
soixante-six, soixante-sept, M. le Président. Aussi faible, je n'en ai
pas vu, aussi peu imaginatif, aussi peu productif, aussi peu clairvoyant, aussi
peu inventif, mais aussi fort, par exemple, pour utiliser le Parlement pour
camoufler l'incompétence et l'ignorance, au lieu de se servir du
Parlement comme d'un outil qui crée la confiance chez les investisseurs,
qui crée une assurance chez les citoyens du Québec.
Fondamentalement, M. le Président, cette loi est la plus belle
démonstration du temps qui doit venir, et rapidement que le
Québec se dote d'hommes et de femmes politiques capables d'administrer.
Et administrer, c'est l'art de prévoir, M. le Président.
Malheureusement, le Parti libéral ne l'a pas. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le leader de
l'opposition officielle. sur ce même sujet, je cède maintenant la
parole à m. le député de louis-hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Après avoir
entendu trois intervenants de suite du côté de l'Opposition, je me
vois dans la stricte obligation de tenter de rétablir, d'une modeste
façon, je l'admets, la proportion des choses telles qu'elles sont. La
réalité a quand même encore un certain nombre de droits, et
c'est cette réalité-là que je voudrais exposer tout
simplement à cette Assemblée. Pas en faisant des grands
élans oratoires, pas en faisant des effets de rhétorique, pas en
faisant accroire aux gens que ce que cette Assemblée est en train de
faire, M. le Président, c'est de détruire le milieu agricole du
Québec, mais en expliquant tout simplement les choses telles qu'elles
sont, en faisant confiance à l'intelligence de la population pour porter
un jugement sur la justesse des actes que nous sommes en train de poser. Moi,
j'ai suffisamment confiance dans l'intelligence de la population, son bon sens,
son sens de la mesure, pour ne pas avoir besoin de déformer la
réalité, pour en arriver à des conclusions qui sont
déterminées d'avance.
Je n'ai pas d'argument démagogique à faire valoir, M. le
Président. Je veux expliquer simplement ce qu'est Lauralco et pourquoi
c'est important. Qu'est-ce que c'est Lauralco? Posons-nous la question pour
savoir pourquoi nous siégeons à cette heure-ci, alors que nous
devrions maintenant être rendus chacun chez nous. Lauralco, c'est un
projet qui crée 500 emplois permanents. Où ça? Ici
même dans la région de Québec. Est-ce qu'on en a besoin de
ces emplois-là dans la région de Québec? La réponse
m'apparart évidente, je ne la donne pas cette réponse-là.
C'est ça, Lauralco. C'est 2000 emplois directs pendant la construction.
C'est 9000 emplois indirects; c'est ça, Lauralco. Est-ce que ça
vaut la peine de s'en occuper? Je ne réponds pas. Je laisse la
réponse à la population. Ce n'est pas à moi à
donner la réponse. Je donne les faits tout simplement. C'est ça,
Lauralco.
C'est quoi, comme technologie, Lauralco? C'est la technologie la plus
avancée au monde au point de vue environnemental. Est-ce que c'est une
bonne technologie? Est-ce que c'est une technologie qui vaut la peine
d'être défendue? Je ne réponds pas. Je laisse la question
en suspens. Je laisse la population répondre. Qu'est-ce que c'est?
À quoi fait appel Lauralco? Elle fait appel à l'une de nos
ressources naturelles les plus importantes, à
l'électricité. On a des atouts au Québec; on en a un
certain nombre. Est-ce que c'est défendu de les utiliser? Est-ce que
c'est défendu de s'en servir? Je ne réponds pas. Je laisse la
population répondre encore, parce que je fais confiance à la
population.
Est-ce qu'on a des gens qui connaissent ça, Paluminerie? Est-ce
qu'on a des gens qui ont de l'expertise là-dedans? Je vous informe, M.
le Président, que la performance et la crédibilité des
grandes firmes de génie-conseil québécoises ont permis
d'exporter cette technologie-là à la grandeur du monde: au
Venezuela, en Australie, un peu partout. Est-ce que c'est bon, ça, pour
le Québec? Je ne réponds pas, la population répondra.
C'est ça qu'on fait actuellement.
M. le Président, je n'ai pas besoin de déformer les faits.
J'ai tout simplement à les exposer. J'ai tout simplement à dire
aux gens c'est quoi. Qu'est-ce qu'on demande actuellement? Les réponses
que les gens ont données aux quelques questions que je viens de poser
nous obligent, je pense, à poser un certain nombre de gestes. C'est quoi
qu'on veut faire, M. le Président? On veut - et je vais vous faire un
bref schéma des équipements nécessaires, des
aménagements électriques nécessaires - ce qu'on veut,
c'est faire une ligne entre le poste Deschambault de 315 kilovolts et un
bouclage de la ligne de 315 kilovolts Alain-Grandbois-Jacques-Cartier, pour une
distance de 95 mètres. S'ajoute à ça une autre
alimentation de l'aluminerie à partir du poste Deschambault
jusqu'à la ligne de 315 kilovolts pour 315 mètres, M. le
Président.
Qu'est-ce que ça veut dire, ça, comme répercussion
sur le milieu agricole? Qu'est-ce que ça veut dire? Je vais l'expliquer
très brièvement et très simplement, parce qu'on a fait des
épouvantails. On a gonflé ça hors de proportion. (22 h
30)
Sachez, M. le Président, que tous les équipements à
construire sont localisés en zone industrielle. Les terrains
appartiennent soit à la municipalité de Notre-Dame-de-Portneuf,
pour ce qui est du poste Deschambault, soit à Lauralco pour la ligne
d'alimentation et la sous-station. Il n'y a donc aucun impact sur le secteur
agricole. On est en zone industrielle. Vous m'expliquerez
après les déchirages de chemise auxquels on vient
d'assister. C'est ça, la réalité. Quel est l'impact sur le
milieu forestier, me direz-vous? C'est une question qui a du bon sens, M. le
Président, que la population a raison de se poser. Les faits sont quoi
à ce sujet-là? C'est que la construction du poste et des lignes
nécessite le déboisement de 10,45 hectares. Ce n'est pas
énorme, ça. L'impact donc est mineur, puisqu'il s'agit d'un
espace forestier peu développé et peu évolué, la
majeure partie du terrain ayant déjà subi une coupe totale il y a
environ 20 ans. En d'autres mots, c'est de la broussaille. En d'autres mots, ce
sont des arbustes. Puis seulement sur un espace de 10,45 hectares. C'est
ça, la réalité de l'impact sur le milieu forestier. Ce
n'est pas autre chose que ça.
On vient de regarder l'impact sur le milieu agricole, on vient de
regarder l'impact sur le milieu forestier, regardons maintenant si ça va
défigurer l'ensemble de la région? Est-ce que ça va
être une balafre effroyable qui va faire qu'on va se boucher les yeux
quand on va passer là? Est-ce que ça va rendre le paysage
tellement laid qu'il ne sera plus utilisable? Qu'est-ce que c'est? Sachez,
là-dessus, M. le Président, que l'impact visuel est absolument
mineur puisque le paysage où s'insèrent les lignes et les postes
est dominé, de toute façon, par l'aluminerie qui est
déjà là. C'est un pou sur un éléphant.
Ça ne défigure pas trop l'éléphant, ça ne
doit pas. C'est ça, l'impact visuel. On va faire tout ce qu'on pourra
pour atténuer ce qui a besoin d'être préservé en ce
qui concerne le côté de la ligne Alain-Grand-bois-Jacques-Cartier.
Mais le reste est un pou sur un éléphant.
On a fait grand état tantôt des risques de contamination.
Est-ce qu'il y a vraiment un danger là-dessus? Est-ce qu'on a vraiment
raison de s'inquiéter? La question se pose. Qu'en est-il là
aussi, M. le Président? Je n'ai pas besoin d'inventer rien. J'ai tout
simplement à prendre connaissance des avis d'experts, pas des gens comme
du côté de l'Opposition qui ont des élections à
gagner, pas des gens qui ont besoin de faire accroire que le gouvernement est
en train de leur en passer une petite vite, des gens qui sont tout simplement
à l'écoute de la réalité et qui en font une
analyse. Qu'est-ce que ça dit, ça, M. le Président? Je lis
le texte pour ne pas me tromper parce que je ne veux pas m'en aller à
peu près. On a assez entendu d'à-peu-près de l'autre
côté. Il n'y en aura pas de mon côté, des
à-peu-près, M. le Président. Je vais vous dire les choses
telles qu'elles sont, sans fardage, sans les changer. Qu'est-ce que ça
dit là-dessus? La création de bassins de sédimentation au
point bas du fossé de drainage périphérique du poste
préviendra tout transport de sédiments vers le
fossé, drainant le terrain de l'aluminerie. Des bacs de
récupération seront disposés sous les transformateurs
à la base ultime du projet afin de recueillir toute fuite d'huile, si
jamais il y en avait. La concentration en BPC des huiles des transformateurs
sera, à tout événement, toujours inférieure
à deux parties par million. Ces mesures, dont l'efficacité est
reconnue partout, sont de nature à prévenir tout risque de
contamination. C'est ça, la réalité. C'est ça, la
réalité du côté des risques de contamination. Ce
n'est pas autre chose que ça.
Qu'en est-il maintenant de la santé des humains et des animaux?
On fait grand état de ça. M. le Président, j'ai un long
texte ici que je vais résumer très brièvement. Ce qu'on me
dit dans ce texte-là, c'est qu'il n'y a aucune preuve qui a
été apportée qu'il y avait un danger quelconque. On peut
dire ce qu'on voudra, les experts ne se sont pas prononcés en aucune
façon. Hydro-Québec est engagée dans une étude
sérieuse en collaboration avec le ministère de la Santé et
des Services sociaux pour savoir ce qui en est. Ce n'est pas vrai que les
vaches vont perdre leurs cornes, ce n'est pas vrai que les humains vont
commencer à crochir. Il n'y a pas de réalité. De toute
façon, il n'y en a pas de vaches là. Il n'y en a pas, M. le
Président. Les vaches qu'il y a déjà eu là ont
été achetées, soit par Lauralco ou par la
municipalité, et le propriétaire a été payé
pour ça. Il les a vendues ses vaches. Alors, M. le Président,
c'est de faire peur au monde inutilement que de faire accroire ça. Le
gouvernement devrait-il s'abstenir d'intervenir, risquer la réputation
internationale du Québec, risquer que l'aluminerie ne démarre pas
au moment prévu, risquer que des gens soient mis en chômage parce
qu'on ne sera pas prêt à fonctionner, pire que ça, risquer
que le prêt qui est consenti aux investisseurs, où il y a eu une
garantie de démarrage de l'usine, que cette garantie-là ne soit
pas respectée avec comme effet le rappel du prêt, avec des effets
catastrophiques sur l'ensemble de la population?
M. le Président, c'est des milliers et des milliers d'emplois qui
sont en jeu. Il y a 7000 demandes qui sont parvenues à Lauralco pour
obtenir des emplois. Il y a seulement 500 postes de disponibles. C'est vous
dire, en peu de mots, le besoin qu'il y a d'emplois payants, d'emplois bien
rémunérés.
On me fait valoir la survie des érables. Les érables ne
sont pas en danger là. On me fait valoir que le foin ne pourra pas
être mangé par les vaches qui, disait le député
d'Arthabaska, vont y perdre leurs dents. M. le Président, c'est les
choses les plus ridicules que j'aie jamais entendues. Les experts sont venus,
j'étais en commission parlementaire, il y a six mois, ils nous faisaient
valoir que, pour qu'un humain puisse être affecté par un fourrage,
disons, de la salade qui pousserait avec des retombées de fluor, il
faudrait qu'il en mange 40 boisseaux par jour de salade pour avoir un risque de
dépasser la limite autorisée. 40 boisseaux de salade par jour
qu'il faudrait qu'il mange. Avez-vous déjà vu ça? Alors,
le danger, M. le Président, est
imaginaire. Le danger est imaginaire, mais ce qui n'est pas imaginaire,
c'est le tort que l'Opposition essaie de faire au gouvernement, quand le
gouvernement fait son devoir, son travail, en voulant tout simplement sauver
des milliers et des milliers d'emplois. 1 000 000 000 $ d'investissements.
Est-ce qu'on devrait s'en remettre à l'Opposition là-dessus? Pas
après ce que j'ai entendu tout à l'heure. Je regrette beaucoup,
je ne suis pas capable de m'en remettre à l'Opposition là-dessus.
Je dois faire confiance au gouvernement, je dois admettre que le leader du
gouvernement qui a présenté le projet de loi a pesé le
pour et le contre, a vérifié c'était quoi la meilleure
solution. Et il a fait pour le mieux parce que tous les aspects ont
été étudiés.
M. le Président, vous avez entendu comme moi trois discours de
suite tout à l'heure qui, les uns après les autres, ont fait
état que le gouvernement ne savait pas où il allait. Le
gouvernement n'était pas inventif. Le gouvernement n'était pas
imaginaire. Le gouvernement n'est pas imaginaire, le gouvernement n'est pas
inventif! Savez-vous ce que ça veut dire que d'aller chercher des
investisseurs étrangers et de les convaincre de s'installer à
Deschambault? Ce n'était pas évident. La compétition est
assez forte pour 1 000 000 000 $. Est-ce qu'il en a fallu de l'invention,
est-ce qu'il en a fallu de la conviction, est-ce qu'il en a fallu de
l'imagination, est-ce qu'il en a fallu du travail pour aller chercher des gens
qui avaient 1 000 000 000 $ à disposer, qui pouvaient le mettre à
peu près là où ils voulaient? Puis nous autres, on voulait
qu'ils le mettent à Deschambault. On voulait qu'ils donnent de l'ouvrage
à du monde qui en avait besoin. Et c'est eux qui vont nous reprocher de
ne pas être inventif? Les Anglais disent: 'The proof of the pudding is in
the eating."
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Doyon: Quand on est rendu avec un investissement de 1 000 000
000 $, à Deschambault, eh bien! merci beaucoup, ils auront beau dire
tout ce qu'ils voudront, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui a fait sa job
quelque part. Il y a quelqu'un qui a été suffisamment
convaincant, qui a amené des gens premièrement à examiner
le site, à regarder si ça avait du bon sens, et qui les a
amenés sur place, qui leur a fait valoir les avantages naturels du site,
qui leur a dit: Voici ce qu'on peut vous offrir. Voici la qualité de la
main-d'oeuvre qu'on a. Voici les besoins qu'on a. Voici les conditions que vous
devrez remplir. Et, après ça, ils ont dit oui, les "bulldozers"
sont arrivés sur le terrain et ils ont commencé la construction
de l'usine.
C'est comme ça que ça s'est passé. Et entendre les
gens de l'autre bord nous reprocher de manquer d'imagination, de manquer
d'invention, d'être à la remorque des événements, ce
n'est vraiment pas regarder les résultats. Ça me fait de la peine
d'entendre ces choses-là. (22 h 40)
Quand le leader de l'Opposition vient nous dire: II y a des gens qui
vont venir me dire dans le corridor, c'est ci et c'est ça et
peut-être tout à l'heure, et ça peut-être être
demain. Je vous dis, M. le Président, n'en croyez pas un seul mot, parce
que ce n'est pas vrai. Qu'il nous nomme qui va aller lui parler dans le
corridor et lui dire qu'il ferait bien de bloquer l'aluminerie. Qu'il nous les
nomme ces gens-là qui viendraient de notre côté. Je le mets
au défi de nous en nommer un seul. Il ne vous en nommera pas parce qu'il
n'y en pas. Facile à dire, ça. Je pourrais bien dire, moi, qu'il
y a des gens de l'Opposition qui sont venus me dire: J'espère que vous
allez le passer le projet de loi quand même, et que ces gens-là
vont me dire ça. M. le Président, c'est facile à dire ces
choses-là. Ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne.
Le député de Lévis qui déchirait sa chemise
sur la suspension des règles, un gars de Québec, de l'autre
côté de la rivière. Non, il n'a pas déchiré
sa chemise, me dit-on. S'il l'a fait c'en était une vieille. Mais
ça me scandalise, M. le Président. Il se fend en quatre pour
protéger les chantiers maritimes. C'est imporant les chantiers
maritimes, on ne le blâme pas de faire ça. Mais pourquoi quand
c'est d'un bord du fleuve, c'est bon? Et quand c'est de l'autre bord, ce n'est
plus bon? Pourquoi que, quand c'est dans le comté libéral, ce
n'est pas bon et que, quand c'est dans le comté péquiste, c'est
bon? C'est quoi la logique derrière ça? C'est quoi qui motive le
député de Lévis? Autrement que d'essayer de faire le plus
de tort possible au gouvernement, d'essayer de faire croire aux gens que le
gouvernement ne fait pas son travail, que le gouvernement ne s'occupe pas des
cultivateurs, que le gouvernement ne s'occupe pas des ouvriers, que le
gouvernement est à la remorque des grandes compagnies, que le
gouvernement est assoiffé de capital et qu'il est prêt à
toutes les compromissions.
C'est totalement faux, M. le Président. Et je pense vous l'avoir
prouvé en vous expliquant c'était quoi les impacts réels,
c'était quoi Lau-ralco, c'était quoi la technologie,
c'était quoi les raisons qui militaient en faveur de ce projet de loi et
quels étaient les effets de 315 mètres de lignes ajoutés
à 95 mètres de lignes, dans un secteur industriel, dans une zone
industrielle?
Maintenant, que la population tire les conclusions qu'elle voudra.
Qu'elle nous blâme en connaissant les choses, on est capables de vivre
avec ça. Mais qu'elle ne nous blâme pas seulement par exemple
après avoir écouté l'Opposition. Et c'était le seul
but de mon intervention, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Je reconnais maintenant, M. le
député d'Ungava. M.le député.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup
d'intérêt, et un sourire en coin à l'occasion, que j'ai
écouté les interventions de plusieurs de nos collègues du
parti ministériel qui se sont exprimés sur ce projet de loi. Vous
savez, la dernière intervention du député de
Louis-Hébert me fait penser au gars qui s'en va se chercher un "toaster"
au magasin et qu'en revenant chez lui, il se rend compte qu'il n'y a pas de fil
après son "toaster". À ce moment-là, au lieu de se trouver
un fil ou au lieu d'essayer de régler son problème, il remet en
cause toute l'industrie du "toaster" à travers le monde. Parce que c'est
la faute des "toasters", c'est la faute des fabricants s'il n'y a pas de fil
après son "toaster". Alors que si c'est la faute de quelqu'un,
probablement que c'est de sa faute à lui parce qu'il n'a pas
été assez intelligent pour prévoir qu'en achetant un
"toaster", il aurait besoin d'un fil après et qu'il aurait dû
s'assurer de s'acheter un fil en même temps qu'il s'achetait un
"toaster". C'est ça Je problème, M. le Président, de ce
projet de loi Ce gouvernement, dans sa grande sagesse, a autorisé la
construction d'une aluminerie et il a oublié que l'alumi-nerie devrait
être connecté quelque part pour avoir du courant pour l'alimenter.
Là, il n'a plus d'extension et il met la faute sur tout le monde, y
compris les projets de loi qui ont été faits en 1978 sur la
qualité de l'environnement parce qu'il a oublié de s'acheter une
extension en s'achetant une aluminerie. C'est ça, le problème. Ce
gouvernement est incapable d'imaginer qu'il aurait dû prévoir le
fil en même temps qu'il a prévu la cabane.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Ce n'était pas compliqué, M. le
Président. Je ne peux pas croire, moi, que des gestionnaires
éclairés, des visionnaires, des businessmen comme sont les gens
de ce gouvernement ne pouvaient pas imaginer qu'un jour ou l'autre, il faudrait
une "plug" quelque part pour alimenter cette usine-là. Normalement, en
gens éclairés, ils auraient dû voir dès le
départ par où on commençait à faire passer le fil
avant de décider de l'endroit où mettre la cabane. Bien non, ils
n'ont pas pensé au fil. Et là, tout est bâti, tout est
prêt à fonctionner...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...mais on n'est pas capable de se brancher sur le
réseau. Et là, c'est la faute du PQ, parce qu'en 1978, il n'avait
pas pensé son projet de loi en fonction de cette petite usine-là.
C'est la faute de tout le monde, excepté leur faute à eux, bien
évidemment, parce que c'est normal dans leur tête d'avoir
oublié le fil au moment d'acheter l'usine.
M. le Président, il faudrait bien comprendre un peu la situation,
le contexte dans lequel se situe ce projet-là. Au moment d'autoriser la
construction d'un projet semblable, eh bien, on fait attention pour voir
à quelle place on peut se brancher et on voit de quelle façon on
peut se brancher. Si la loi, à ce moment-là, au moment où
on décide, on prend la décision, si la loi a certains
impératifs ou exige certaines démarches, eh bien, on les
entreprend tout de suite. On va chercher l'extension tout de suite ou on
s'assure de commander une extension tout de suite avant d'avoir besoin de
l'équipement.
Or, on arrive à la toute fin de l'opération de
construction, de l'installation de l'aluminerie, et puis on nous dit: Bon, bien
là, on va se faire un petit projet de loi vite pour court-circuiter tout
le monde, pour empêcher le monde de parler, pour dire que les lois ne
sont pas bonnes, etc., parce qu'on a été trop imprévoyants
pour penser qu'on aurait dû, en même temps que l'usine, construire
ou acheter une extension, assurer une connection avec le réseau
hydroélectrique existant, dans les normes prévues par la loi.
C'est ça, le problème. Aujourd'hui, on est en train de faire un
projet de loi spécial pour combler les incompétences, les
imprévoyances de ce gouvernement qui avait oublié de se connecter
au moment de donner les autorisations pour construire le projet.
Je voudrais dire, M. le Président, en passant, que le projet
Lauralco est un de ces fameux 13 projets qui font l'objet d'un contrat secret
à partage de risques avec Hydro-Québec. Imaginez-vous le contexte
dans lequel on se trouve avec ce projet-là, le projet le plus mal
planifié de toute l'histoire du Québec, qui a
nécessité quatre lois spéciales en Chambre pour contourner
toutes sortes de lois, parce qu'on n'avait jamais rien pensé. Et on
se trouve, là, le nez collé sur la roche et on dit: Bon, bien on
va trouver un moyen de faire le tour rapidement en essayant de déranger
le moins possible. Quatre fois! En plus de ça, on est pris dans un
contrat secret où on ne sait pas comment ça va coûter pour
l'électricité de tout ça. Et puis, il faut faire attention
pour ne pas parler. Imaginez-vous les craintes des investisseurs! Moi, je
comprends que les gens d'Alumax à Atlanta en 1979 étaient
plutôt inquiets de là où s'en allait ce gouvernement avec
un projet pareil. Je comprends qu'ils aient hésité avant de
décider de débloquer les fonds pour permettre à Lauralco
d'entreprendre la construction. Comment voulez-vous que des investisseurs
internationaux sérieux puissent entreprendre ou puissent croire qu'ils
font des démarches sérieuses avec un gouvernement qui ne sait pas
où il s'en va puis qui est obligé de modifier ses lois toutes les
fois qu'il y a un petit problème qui se pose parce qu'on avait
été incapable de prévoir la réalisation du projet
dans le cadre des lois existantes? S'il fallait faire la même chose avec
tous les projets industriels au
Québec, M. le Président, on n'en aurait pas assez de 365
jours par année pour toutes les modifications qu'il peut y avoir sur
quelque projet que ce soit. On n'en aurait pas assez de 365 jours par
année pour voter des lois spéciales en cette Chambre, M. le
Président. C'est grand temps qu'on change ce gouvernement qui ne sait
pas où il s'en va, nulle part. Et la preuve en est faite encore
là avec ce projet de loi.
M. le député de Louis-Hébert nous disait: Ce
n'est donc pas drôle. On crée 500 emplois, des investissements de
1 000 000 000 $. Il faut vraiment s'assurer qu'on puisse collecter ça
quelque part. Comme on a été incapable de prévoir la
collection, faisons une petite loi spéciale pour se collecter au plus
sacrant. M. le Président, des investissements de 1 000 000 000 $ puis
des créations de 500 emplois et plus, il s'en est déjà
fait au Québec. On n'a pas à être obligés de
siéger de nuit puis de chambarder toutes les règles du Parlement
pour autoriser, puis pour réaliser ces projets-là? (22 h 50)
L'investissement de 1 200 000 000 $ de la Domtar à Windsor, il
n'y a pas si longtemps encore, peut-être quelques années, pour
construire l'usine de pâtes et papiers la plus moderne d'Amérique
du Nord, il est là. Il ne fait pas l'objet de 13 contrats secrets. On
connaît les conditions. Tout a été mis sur la place
publique. On n'a pas eu besoin de chambarder toute la réglementation
québécoise. On connaît. On sait où on en est avec
ça. Les gens vont dire: On entend des rumeurs. Au moins, on sait
à quoi s'en tenir, li n'y a pas de secret là-dedans. Il y en a
des investissements qui se font et qui ne demandent pas de tout chambarder,
parce que, lorqu'on est un gouvernement prévoyant, un gouvernement un
tant soit peu éclairé, qui sait où il s'en va, eh bien, on
s'organise pour le faire dans le cadre des lois existantes. Et si les lois ne
font pas l'affaire, comme le disait mon collègue de Joliette, eh bien,
on s'organise pour les changer, les adapter aux nouvelles
réalités, mais les adapter globalement, pas projet par projet,
pas situation par situation. On les modifie globalement pour faire l'affaire de
tout le monde.
M. le Président, ce gouvernement ne s'est pas gêné,
à l'occasion, quand ça faisait son affaire, de nous passer des
lois contestées. On n'a qu'à penser à la loi sur les
heures d'affaires, pas plus tard qu'il y a quelques mois, ici, en cette
Chambre, que personne ne voulait, à l'exception de quelque 200 à
250 gros distributeurs au Québec. Pourtant, le gouvernement a
réussi à manoeuvrer de telle sorte à la faire passer,
à la faire adopter en cette Chambre, envers et contre tous. Ça ne
l'a pas gêné de modifier la loi sur les heures d'affaires pour
l'adapter, disait-ii, à de nouvelles réalités. Pourquoi on
n'est pas capable de faire la même chose avec la loi sur l'environnement,
qu'on ne peut pas faire autrement que du pièce à
pièce?
Le gouvernement ne s'est pas gêné pour modifier la loi sur
les ambulances, disait-il, pour régler le problème ambulancier au
Québec.
Allons voir où on en est rendu aujourd'hui. On le savait que
ça allait aller là, nous autres, mais le gouvernement avait une
petite idée derrière la tête. Il avait du monde à
satisfaire. Il avait des gens à placer. Il avait des têtes
à sauver. Il a fait sa loi. Il a modifié fondamentalement
l'ensemble du système ambulancier au Québec. Ça ne l'a pas
gêné. Encore là, malgré de nombreuses contestations
émanant de tous les milieux, ça ne l'a pas gêné. Il
a été capable de le faire. Pourquoi il n'est pas capable de
modifier un article qui ne lui plaît pas dans la Loi sur la
qualité de l'environnement, mais pour l'appliquer à tout le
monde? Ça, il ne le peut pas. C'est la faute du PQ en 1978, disait le
député de Mille-Îles, le brillant député de
Mille-Îles. C'est la faute du PQ en 1978, si on est "pogné" avec
ça aujourd'hui. Imaginez! Son gouvernement est incapable de changer
cette loi-là. Pourtant, il en a fait des chambardements dans certaines
lois quand ça faisait son affaire. J'ai bien plus l'impression, M. le
Président, que ce gouvernement, quand il s'agit de qualité de
l'environnement, est bien plus préoccupé par le pièce
à pièce, par le "touchons pas trop", "faisons attention", "on
verra", "si on est capable d'en passer une petite vite au monde, on va le
faire, sinon, bien, on se fera une petite loi spéciale pour essayer de
contourner le problème". C'est le cas à peu près partout
dans le domaine de l'environnement, M. le Président.
Parlons-en de l'environnement, tandis qu'on y est. Et puis avant,
peut-être, j'aimerais encore dire un petit mot sur les fameux contrats
secrets qu'Hydro-Québec peut apporter à certaines usines comme
celle de Lauralco. Comment ça se fait que le gouvernement, encore
là, n'est pas capable de trouver des solutions, par exemple, pour aider
les serriculteurs, les producteurs de produits de serre au Québec, que
ce soit des fleurs, que ce soit des tomates, que ce soit n'importe quel produit
de la terre, comestible ou non? Comment ça se fait que ces
gens-là sont tous en train de crever au Québec? À cause
des augmentations d'électricité qui ont été
décrétées par ce gouvernement l'année
dernière, ils sont tous littéralement en train de crever. Mais
ça, ce n'est pas grave. Le brillant député de
Louis-Hébert a oublié de penser à ça. Il pense
à ses emplois industriels, à ses technologies exportables, et
à tout ce que vous voulez. Mais les milliers et les milliers d'emplois
au Québec qui dépendent de l'industrie de la serriculture,
ça, ça ne vaut rien, ça ne compte pas. Ce n'est pas
important. Ça n'a pas de calibre international. Ça n'a pas de
prestance, mais c'est des jobs chez nous, M. le Président. On n'est pas
capable de prévoir à Hydro-Québec un petit programme de
partage de risques de ce côté-là. Hein? Pensons-y donc un
peu sérieusement. Peut-être que ça serait plus
rentable de faire ça et de sauver des milliers d'emplois
là-dedans que de permettre des investissements de quelques milliards qui
vont créer 200, 300, 400 emplois. Pensons-y sérieusement.
Comment ça se fait, M. le Président, qu'une mine qui veut
se développer dans mon comté - et qui n'a pas besoin de 170
kilomètres de lignes d'Hydro-Québec pour se rendre chez elle -
est obligée de payer quelque chose entre 50 000 000 $ et 70 000 000 $
à Hydro-Québec pour avoir le droit de se faire alimenter en
électricité? Et si vous ne me croyez pas, je vous dirai que c'est
le projet du lac Frotet, M. le Président, de Minnova. On doit
débourser des dizaines et des dizaines de millions pour avoir le droit
d'avoir une ligne électrique pour créer des emplois stables et
pour longtemps, alors qu'à côté, on a des partages de
risques secrets, cachés, bien camouflés pour certaines usines
à haute technologie. Quelques centaines d'emplois créés
dans l'industrie minière dans un comté comme le comté
d'Ungava, avec un taux de chômage d'au-delà de 20 %, ça ne
compterait pas, ça, non, par hasard? Ça ne vaudrait pas la peine
qu'Hydro-Québec pense peut-être à partager quelques petits
risques avec l'industrie minière? Bien non, ça n'a pas de
prestige international. Ce n'est pas assez "chromé", dirait le
député de Louis-Hébert.
Environnement. Revenons à l'environnement. Ce gouvernement ne
sait pas quoi faire avec l'environnement, et c'est de plus en plus
évident. Il ne sait pas où il s'en va. Il fait du pièce
à pièce, il modifie sa loi au besoin, au plaisir de l'un et de
l'autre. Je vais vous en parler, moi, des projets sur l'environnement. J'ai un
problème encore chez nous. Il me fait plaisir d'en parler. Probablement
que le ministre de l'Environnement va nous déposer demain matin une
petite loi spéciale, disons mardi, j'en aurais besoin chez nous.
Un autre projet minier, le projet d'East-main, M. le Président,
dont l'accès par un chemin d'hiver - et on ne parle même pas d'une
route permanente, un simple chemin d'hiver - est bloqué par le
ministère de l'Environnement depuis quelques mois, parce qu'on ne sait
pas quoi faire avec ça, parce qu'on traîne. Une mine d'or, M. le
Président, qui, actuellement, a au-delà d'un million de tonnes de
réserves prouvées, qui pourrait faire vivre des dizaines sinon
des centaines de familles, dans un comté où il y a au-delà
de 20 % de chômage. Et le ministère de l'Environnement ne sait pas
quoi faire pour autoriser un chemin d'hiver. Est-ce qu'il va falloir passer par
une loi spéciale pour faire ça? Je veux bien croire que ce n'est
pas très "chromé", ce n'est pas prestigieux, des mines d'or. Bien
non! Ça ne vaut rien, de l'or, entre nous autres! Mais disons, entre
nous, qu'à côté des 70 $ la tonne, la livre que vaut
l'aluminium, ou quelque chose comme ça, c'est quand même
important, de l'or. On en a encore besoin.
Comment ça se fait que le ministère de l'Environnement ne
sait pas quoi faire et qu'il traîne le projet en longueur? Vous savez, M.
le Président, si, avant le 15 mai, le même ministère de
l'Environnement ne s'est pas ôté les doigts de dedans le nez, le
projet, on va passer à côté, parce qu'un chemin d'hiver, il
faut que ça se construise durant l'été, qu'on le veuille
ou non. Si on n'est pas capable de le construire cet été, eh
bien, il n'y en aura pas de mine parce qu'on n'aura pas de chemin d'hiver pour
l'année prochaine. Et le ministère de l'Environnement ne sait pas
quoi faire avec ça. On attend. Va-t-il nous falloir un loi
spéciale? Si oui, qu'on me le dise tout de suite, je vais en
déposer une la semaine prochaine.
Les projets de cogénération au Québec, bel exemple.
Projets de cogénération. Il y a six projets d'usines de
cogénération qui sont bloqués sur le bureau du ministre de
l'Environnement depuis des mois, parce qu'on ne sait pas quoi faire avec
ça. Est-ce qu'on va faire des études usine par usine, projet par
projet? Ou est-ce qu'on va faire des études globales sur l'ensemble des
projets, et après ça, on adoptera un cas particulier? Il y a un
potentiel de plusieurs centaines de mégawatts de production
d'électricité au Québec à travers des usines de
cogénération, qui pourraient nous permettre de régler
certains problèmes d'investissements majeurs dans des inondations de
territoires, ou qui pourraient nous permettre pour le moins de reculer les
échéanciers de certains projets. Le ministère de
l'Environnement ne sait pas quoi faire avec ça. Va-t-il nous falloir une
loi spéciale pour que le ministre de l'Environnement s'ôte les
doigts de dedans le nez? Si c'est ça, dites-le-moi, M. le
Président, on va en déposer une au plus sacrifice. Mais où
est-ce qu'on s'en va au ministère de l'Environnement? Ce n'est pas
important, ça, des usines de cogénération? On nous dit
qu'il y a un potentiel minimal d'une trentaine, peut-être même de
50 usines de cogénération au Québec qui pourraient
créer peut-être et probablement autant d'emplois que les belles
alumineries "chromées" aux milliards d'investissements et qui, en
même temps, nous permettraient de produire de l'électricité
à un taux qui serait très concurrentiel quand on regarde
l'électricité qui sera produite ou le coût de
l'électricité produite dans des projets comme Grande Baleine et
NBR.
Mais ça ne compte pas, ça? Ça ne vaut pas la peine,
ça, dans le contexte économique difficile dans lequel nous vivons
aujourd'hui, que le ministère de l'Environnement s'enlève les
doigts de dedans le nez pour aller de l'avant avec ces projets-là? Bien
non. Mais, par exemple, il se dépêche de nous faire passer une loi
spéciale en pleine nuit, parce qu'il a oublié qu'au moment
d'autoriser une usine quelque part dans un comté de la région de
Québec, disons, il y avait un fil qui devait aller avec, il y a une
connexion et qu'il a oublié que la connexion se
faisait selon certaines normes au ministère. Puis, pour cacher
son incompétence, par exemple, dans ce cas-là, ah! là, il
faut faire attention, là, il faut s'en venir en Chambre, là, il
faut discuter, là, il faut prendre au sérieux, il faut accepter,
il faut lui essuyer ses larmes de crocodile au ministre de l'Environnement pour
qu'on fasse consensus et qu'on accepte de dire: Oui, vous avez raison, il faut
passer ce projet-là, il faut contourner la loi. Vous avez raison de
contourner la loi, M. le ministre. C'est ça qu'il voudrait qu'on lui
dise. Et, durant ce temps-là, il laisse traîner des centaines et
des centaines de projets d'investissements à travers le Québec,
qui ne se réalisent pas à cause de son incompétence
à gérer la question environnementale au Québec. (23
heures)
Je parlais, il n'y a pas plus que quelques jours, avec le maire de
Saint-Ambroise, préfet de la MRC du Fjord, ancien candidat du Parti
libéral au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui me disait que, dans sa
municipalité, il y avait deux projets d'usine de transformation de
pommes de terre qui étaient bloqués par le ministère de
l'Environnement. Saint-Ambroise est une municipalité rurale qui vit,
sinon essentiellement, du moins pour une grande part, de la production de la
pomme de terre. Il y a deux implantations d'usine de transformation de pommes
de terre pour en faire un produit industriel qui sont prêtes à
s'installer dans cette municipalité-là qui a grand besoin
d'ouvrage, comme la plupart des municipalités rurales et urbaines du
Québec, et les deux projets sont bloqués au ministère de
l'Environnement, me dit un ex-candidat libéral dans une circonscription
du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Est-ce qu'il va falloir des lois spéciales
pour chacune de ces usines-là? Dites-moi-le, on va aller en chercher,
des lois, on va en déposer, des lois, si vous n'êtes pas capables
de le faire. Mais est-ce qu'il va falloir des lois spéciales pour que le
ministre comprenne que c'est grand temps qu'il s'occupe de ses affaires dans
les questions environnementales?
M. le Président, on voudrait nous faire brailler, ce soir, sur la
"switch" de l'usine de Lauralco. Vous ne me ferez pas brailler là
dessus. Je comprends le contexte un peu déplorable,
définitivement agaçant pour des investisseurs internationaux
sérieux qui ont l'habitude de faire affaire avec des gouvernements
sérieux. Mais, eux autres, ils ne le savaient pas, en s'en venant au
Québec, qu'ils avaient affaire à des pee-wees. Ils pensaient que
le gouvernement du Québec était capable de jouer dans les ligues
majeures. Ils ne savaient pas que c'était le festival du hockey-peewee
quand on venait travailler avec le gouvernement du Québec. C'est grand
temps que ça change.
On ne peut pas se permettre, M. le Président, d'être
gérés encore bien des années par un gouvernement qui lance
dans ses buts à toutes les fois qu'il se grouille, à toutes les
fois qu'il essaie de se virer de bord. on en a assez. les investisseurs
internationaux en ont assez, les travailleurs en ont assez, les chômeurs
en ont assez, les assistés sociaux en ont assez, tout le monde en a
assez. les dirigeants municipaux en ont assez, les dirigeants des commissions
scolaires en ont assez. tout le monde en a assez, de ce gouvernement qui ne
sait plus quoi faire pour régler les problèmes et qui pellette
les responsabilités dans la cour des autres ou qui essaie encore,
après six ans ou presque, d'exercer le pouvoir, de faire accroire que
l'on doit ce soir, entre autres, discuter d'une loi spéciale parce que,
en 1978, le gouvernement du parti québécois avait oublié
ou avait mal pensé un article de la loi sur la qualité de
l'environnement. il y a un bout, m. le président, de vouloir justifier
son incompétence en la mettant sur le dos des autres. j'espère
que, ce soir, ce sera le point final de cette incapacité gouvernementale
à gouverner. merci, m. le président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Ungava. Sur ce même sujet, je cède la
parole maintenant à M. le député de Mercier. M. le
député.
M. Gérakf Godin
M. Godin: M. le Président, vu mon grand âge
relativement à d'autres députés qui siégaient ce
soir, je vais évoquer un précédent que les gens de la
Côte-Nord vont sûrement se remémorer aussi avec une certaine
tristesse. Je veux parler du projet ITT sur la Côte-Nord, M. le
Président.
Je me souviens qu'à l'époque le même gouvernement
avait convaincu la compagnie ITT, International Téléphone and
Telegraph, qui était également une papetière d'une
importance moyenne aux États-Unis, d'avoir un territoire grand comme le
Tennessee. Je me souviens d'avoir rencontré à Montréal,
à l'époque, les présidents et les officiers de la
compagnie ITT qui m'avaient dit: "As big as the State of Tennessee!" Ils n'en
revenaient pas, que le Québec puisse être si grand qu'il puisse
contenir un État du Tennessee dans sa seule partie Nord et que le
gouvernement du Québec de l'époque lui cédait ce
territoire-là d'une telle dimension en échange d'une usine de
pâtes et papiers, M. le Président, qui n'a jamais coupé un
seul arbre dans le Tennessee québécois, qui n'a jamais produit
même une feuille de papier, M. le Président, grande comme
celle-ci, qu'on appelle format légal, qui est un anglicisme et je m'en
excuse, de format 8 1/2 par, je pense, 14. Même pas une seule feuille de
cette dimension-là n'a été produite dans l'usine d'ITT qui
était présentée, à l'époque, par le
gouvernement libéral comme étant le projet du siècle. En
voilà un
autre, M. le Président, qui n'a jamais vu le jour et que, faute
de prospective et de perspective, le gouvernement a financé largement.
Encore là, c'était un projet de 2 000 000 000 $, si je me
souviens bien. Tout le monde dans la région disait: Mon Dieu Seigneur!
en voilà des jobs pour des années à venir.
Aujourd'hui, quand on passe dans le coin, si on regarde l'usine d'ITT,
c'est plus triste que les ruines de Pompéi, M. le Président. Ce
n'est même pas de la pierre, c'est des poutrelles rouillées qui
donnent l'impression d'une autre planète, poutrelles dans lesquelles il
y a eu un projet américain, un jour. Encore là, un investissement
étranger, donc un investissement intéressant, parce que, nous, on
n'était pas assez intelligents, on était trop imbéciles
pour penser à ce projet-là. On n'y a pas pensé, M. le
Président, parce que les Québécois savaient, et entre eux,
les papetières du Québec les plus développées, les
meilleures et les plus riches savaient que le bois de la Côte-Nord
n'était pas un bois propice à la fabrication du papier. D'abord,
il était beaucoup trop petit comme format d'arbre, comme diamètre
d'arbre, contenant trop peu de fibres propices à la fabrication du
papier quel qu'il soit.
Le gouvernement, à l'époque, avait investi des centaines
de millions en infrastructures pour routes, égouts, approvisionnement en
eau potable, pour qu'enfin se mette en marche ce projet mirifique, merveilleux,
formidable qui pourrait sauver toute la Côte-Nord du Québec en
emplois et en production d'un papier québécois lui aussi, mais
avec la technologie la plus avancée au monde, celle d'ITT qui avait mis
à l'épreuve ses techniques au Chili en se débarrassant
d'un gouvernement, à l'époque, démocratique, le
gouvernement Allende, et en mettant à sa place un nommé Pinochet
qu'on a appelé aussi "piche-notte". Alors, c'est cette
compagnie-là, mon cher Président, profondément
démocratique, respectueuse des travailleurs et des syndicats qui a
été choisie par le gouvernement du Québec de
l'époque, le même que maintenant, pour développer la
Côte-Nord de notre beau Québec.
Encore là, il n'y a eu aucune question qui s'est posée,
sauf par quelques journaux maintenant morts de faim depuis longtemps - je vais
citer Québec Presse - et quelques questions en Chambre par
l'Opposition de l'époque, la même qu'aujourd'hui, M. le
Président. Il n'y a jamais, donc, un arbre qui a été
coupé dans le territoire en question. Donc, les craintes des
écologistes qu'on raserait le territoire n'étaient pas
fondées. On n'a pas coupé même une brindille sur ce
territoire-là, M. le Président, parce que c'était trop
loin de l'usine prévue, ce n'était pas assez gros pour faire du
papier. On ne s'est pas rendu compte avant des années plus tard que
c'était de la BC comme on dit à Montréal,
c'est-à-dire de la bouillie pour les chats. En anglais, on dit de la BS
ou également de la HM, ce qui veut dire "horse manure".
C'était ça, M. le Président, le grand projet
annoncé à coups de fanfare et de majorettes par le gouvernement
libéral de l'époque avec le même premier ministre que
maintenant, qui avait d'ailleurs à son service les mêmes sbires
que maintenant pour aller convaincre les Américains d'investir ici du
bel argent américain dans des projets qui ne tenaient pas debout.
Encore, il y a deux ans, la compagnie québécoise Papier Cascades
a décidé de tenter de sauver les poutrelles et le projet
merveilleux des libéraux de l'époque. Mais qu'est-ce qu'ils font?
Ils reviennent frapper à la porte du gouvernement libéral. Ils
disent: Nous passerais-tu une couple de millions pour remettre ça
d'aplomb et remettre ça en état de fonctionnement? (23 h 10)
Donc, encore là, on a voulu demander de l'aide,
c'est-à-dire des taxes aux Québécois et aux
Québécoises, pour repartir une usine de papier sur un territoire
qui n'était pas propice à une telle usine. Alors, M. le
Président, il a manqué, à l'époque, des
études précises et valables pour que la compagnie ITT se rende
compte le plus tôt possible avant d'investir 5 000 000 000 $ que ce
n'était pas la bonne place pour faire ça et qu'on aurait pu, par
conséquent, expédier les 2 000 000 000 $ peut-être ailleurs
dans le territoire québécois pour une vraie usine de pâtes
et papiers dans un environnement de bois propice à la production de
papier puisque le Québec est un des principaux producteurs de
pâtes et papiers en Amérique du Nord et qu'il approvisionne les
journaux de Boston, New York et Atlanta, "Georgia", comme ils disent en
anglais. encore là, m. le président, il manquait de la
réflexion, de la prospective et des études sérieuses. mais
les millions furent quand même donnés à itt à
l'époque, les territoires aussi, et les coûts d'infrastructure
étaient faramineux, m. le président. je crains, en
écoutant le député de louis-hébert tout à
l'heure avec son ton de - la fontaine dirait de raminagrobis - est-ce qu'il est
nécessaire de répondre à cette question? non, je laisse
les citoyens répondre à cette question. je demande aux gens de la
côte-nord: vous souvenez-vous de itt? sûrement, qu'ils se
souviennent tous de itt. alors, je leur dis amicalement, sur le même ton
que le député de louis-hébert tout à l'heure:
voulez-vous qu'on vous répète l'histoire de itt à
deschambault? voulez-vous encore voir vos millions de taxes si durement
arrachées à votre paye chaque semaine, chaque quinzaine,
données en cadeau à lauralco pour un projet dont nul ne sait
aujourd'hui, au moment où on se parle, s'il en sortira un seul lingot
d'aluminium, premièrement? deuxièmement, si cet aluminium sera
transformé au québec, là où est l'emploi dans la
chaîne de production?
Si l'aluminium est expédié vers d'autres parties du
continent nord américain et ne sert
nullement à être transformé au Québec par des
travailleurs québécois pour mille et un objets, pièces de
moteurs ou autres, que le monde consomme déjà présentement
et qui pourraient être fabriqués au Québec à partir
de l'aluminium qui vient des alumineries du Québec, M. le
Président... Par conséquent, si nous n'avons pas cette garantie
au moment où on se parle, je pense qu'il faut être contre le
projet Lauralco et voter contre cette loi d'urgence - une urgence qui n'en est
pas une - en ne perdant pas de vue, M. le Président - pour ceux qui ont
de la mémoire ici ou qui ont su lire à l'époque, il y a
14-15 ans - en se souvenant que ITT était un projet aussi beau,
soi-disant, d'après les ténors libéraux, et qui a
tourné en eau de vaisselle à telle enseigne que, encore
aujourd'hui, le projet n'a pas produit une seule feuille de papier après
18 ans. Encore aujourd'hui, des gens veulent le sauver, en espérant
qu'ils vont réussir le tour de magie de transformer vraiment, ne
serait-ce qu'un arbre de la région, en pâte, premièrement,
et deuxièmement, en papier. La seule entreprise qui a une
expérience réelle dans ce domaine-là, c'est Tembec de la
région de l'Outaouais. Tembec a d'ailleurs essayé de repartir
l'usine, mais, encore là, sans résultat palpable.
Avant de se lancer dans Lauralco et de voter oui à cette
loi-là, je demande aux mêmes Québécois auxquels
s'adressait, tout à l'heure, M. le député de
Louis-Hébert: Est-ce qu'on va se laisser encore embarquer dans un autre
ITT au Québec, 18 ans après le premier qui nous a
coûté si cher et qui n'a pas rapporté une tôle et
même pas un emploi à personne sur la Côte-Nord, à ma
connaissance? On a beau être en récession et se plaindre chaque
jour que le chômage augmente ici ou là, ce n'est pas une raison
pour jeter le fric par les fenêtres. Au contraire, en récession,
M. le Président, on doit garder l'argent qu'on a précieusement et
être sûr que le projet dans lequel on investit sera un projet qui
aura des suites, pas seulement des suites spectaculaires genre titre de
journaux puis photos dans certaines revues ministérielles, mais des
développements en emploi, des développements en investissement,
des développements fiscaux qui vont faire que le Québec va au
moins récolter ses investissements et ses placements dans ces projets
que je qualifierai de projets de fou, M. le Président. C'est comme les
châteaux en Espagne dont parle Vigneault dans ses chansons. Alors, le
château en Espagne d'ITT s'est retrouvé en poussière, et je
souhaite que le projet de château en Espagne du député de
Portneuf, le "Lauralco château", termine sa carrière un peu mieux
que la fausse usine d'ITT, pas au Chili mais sur la Côte-Nord.
Il faut, en tout cas, M. le Président, se rendre compte que ce
gouvernement-là est un gouvernement de farceurs, de clowns et de Ding et
Dong au cube. Il appartiendra aux citoyens du Québec, à une
occasion que j'espère prochaine, de se souvenir d'ITT, de ne pas oublier
Lauralco qui s'en vient, ITT-2, si on peut dire. Je vois le
député de Saguenay qui est là, qui a sûrement connu
ITT et le fla-fla autour d'ITT, à l'époque, comme je l'ai couvert
dans Québec Presse. Ça a été annoncé,
M. le député s'en souvient mieux que moi, sûrement,
étant un témoin vivant de cette époque-là. ITT,
c'était la fin du chômage sur la Côte-Nord. Qu'est-ce qui en
reste? Même pas des vieux bouts de tuyaux rouilles, M. le
Président. Alors, souhaitons que la population du Québec se
débarrasse des clowns de l'économie et des clowns de projets de
fou dont il ne reste aujourd'hui que quelques bouts de tuyaux rouilles, M. le
Président. Espérons que Lauralco, dans 20 ans, pour mon
anniversaire de 20 ans de vie politique, quand j'irai sur les chantiers de
Lauralco, je ne pourrai pas dire en cette Chambre: Tout comme dans le cas
d'ITT, Lauralco est maintenant un paquet de tuyaux rouilles.
M. le Président, c'est le voeu que je formule en cette presque
fin de session et je souhaite que nos dirigeants actuels, je dis bien "nos",
mais je ne m'inclus pas dans le "nos"... Espérons que les dirigeants
actuels vont veiller au grain et s'assurer que chaque cent
dépensé sur le chantier de Lauralco sera profitable aux
Québécois et Québécoises qui veulent travailler
dans des emplois payants, respectables et honorables, à
l'intérieur d'un syndicat qui les protège et qui leur donne des
conditions de vie plus acceptables que celles de simples démunis de la
société, ceux qu'on appelle les chômeurs. Sortons-en du
chômage, M. le Président, mais avec sérieux. Fini les ITT.
Fini les Lauralco. M. le Président, je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Mercier. Sur le même sujet, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que mes
premiers mots seront des mots de remerciement pour notre collègue de
Mercier qui a eu le courage, ce soir, de rester, malgré l'heure tardive,
avec nous pour défendre un principe parce que, cet après-midi, M.
le Président, on a de nouveau suspendu les règles de
procédure. Et la raison pour laquelle on a suspendu ces règles,
c'est que le gouvernement a décidé de se placer au-dessus de la
loi.
C'est un peu amusant puisque, hier même, celui qui nous a
présenté, qui nous a déposé ce projet de loi, le
leader du gouvernement, s'offusquait de certaines demandes d'information de
l'Opposition en disant que, par ces demandes, les députés de
l'Opposition voulaient se placer au-dessus de la loi. C'est ce qu'on fait
aujourd'hui. Le gouvernement lui-même vient se placer au-dessus de la loi
par son projet de loi 132. Se placer au-dessus de la loi, bien sûr,
puisqu'il se
soustrait de l'application de la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement et que, à partir de maintenant,
pour tout certificat d'autorisation, on va consulter le ministre de
l'Environnement. (23 h 20)
Je pense que c'est tout ce qu'on fait présentement, M. le
Président. Le ministre de l'Environnement, il est là pour
consultation. Il n'est pas là pour décision. C'est le
gouvernement qui décide. C'est le Conseil des ministres qui
décide pour le ministre de l'Environnement qu'est-ce qui va se passer au
sujet de l'environnement. Donc, on légalise cette coutume qui existe
depuis quelques mois maintenant. On va consulter le ministre de l'Environnement
et le gouvernement va déterminer les conditions pour donner les
certificats d'autorisation.
Comment peut-on justifier ce geste devant les citoyennes et les citoyens
du Québec qui, eux et elles, doivent se soumettre aux lois? Pour moi, M.
le Président, ce projet de loi démontre tout à fait
l'incompétence du gouvernement libéral. Ce gouvernement a
été négligent, imprévoyant. Il a mal
préparé son projet et je pense que tous mes collègues qui
m'ont précédée l'ont très bien
démontré. Ce projet-là n'était pas bien
préparé. On a dû régulièrement corriger,
ajuster le tir et comme présentement on ne pouvait plus le corriger, on
a décidé de passer une loi spéciale. Donc, on se donne
tous les droits, mais ce précédent, M. le Président, il
est très dangereux. Il est dangereux parce que plusieurs projets, et le
député d'Ungava l'a bien dit, sont en attente au ministère
de l'Environnement. Si nous faisions le tour de tous les comtés du
Québec, je suis certaine qu'on trouverait de nombreux projets, presque
dans chaque comté, M. le Président, des projets qui attendent au
ministère de l'Environnement parce que le ministère de
l'Environnement, il est reconnu pour sa lenteur administrative.
Je ne sais pas, M. le Président, si vous avez essayé de
téléphoner au ministère de l'Environnement pour avoir
certaines informations, mais, moi, ça m'arrive souvent et uniquement
pour avoir des retours d'appels, M. le Président, c'est quelque chose.
Ça peut prendre des semaines, M. le Président, pour des retours
d'appels. Alors, imaginez-vous pour préparer un plan d'action
précis et des projets de loi précis.
Donc, M. le Président, on a décidé d'abolir le
besoin d'audiences publiques pour satisfaire un projet. Mais qui a jugé
que ce projet était prioritaire par rapport aux autres? Le
député de Mille-Îles nous a parlé de
priorité. Qui a jugé que celui-là était prioritaire
par rapport aux autres? Et qui prendra la décision, à partir de
maintenant, pour les autres projets? Le ministre de l'Environnement, qui ne
décide plus rien? Comment pourra-t-il justifier son action d'aujourd'hui
par rapport aux autres projets industriels? Quel ministre réussira
à prendre la décision à sa place pour le prochain projet?
Et pour les projets routiers? Le député de Mille-Îles,
ça l'intéresse sûrement, les projets routiers. Il y en a
plusieurs, il y en a dans notre région même, qui attendent et qui
subissent exactement le même sort, M. le Président. Est-ce que le
député de Mille-Îles va réussir à faire
suffisamment de pression sur son collègue pour obtenir une loi
spéciale encore? Partout au Québec, M. le Président, il y
a des travaux routiers qui sont en attente depuis des années et des
années et ça sert très bien le gouvernement parce que
c'est très facile de faire des promesses alors qu'on sait très
bien qu'il y a une loi qui va nous empêcher de les réaliser. C'est
très pratique et c'est très commode.
Alors, malgré l'urgence des besoins, bien sûr, il faut se
conformer à l'application de la loi, mais, aujourd'hui, ce n'est pas
nécessaire. Pour le projet de loi qu'on a devant nous, ce n'est pas
nécessaire, à moins que par son geste d'aujourd'hui le
gouvernement ne nous annonce qu'à partir d'aujourd'hui il ne veut plus
mettre en application la Loi sur l'environnement. C'est possible. C'est
peut-être ça qu'il veut nous signifier comme geste aujourd'hui, M.
le Président. Personnellement, je trouve que c'est beaucoup trop
commode. Cette loi était dérangeante. Aucun problème, le
gouvernement vote une loi spéciale qui annule la loi dérangeante.
Dommage que les citoyennes et les citoyens du Québec ne possèdent
pas ce même droit, M. le Président, parce que vous pouvez
être certain qu'il y a plusieurs mois qu'ils auraient
décrété une élection générale pour
annuler la dernière élection. Ça, c'est
évident.
Vous savez, M. le Président, le ministre de l'Environnement s'est
caché derrière la loi en disant que son application était
tout à fait impraticable, que la loi était incohérente,
qu'il n'y avait que des aberrations dans la loi et, pourtant, il n'y touche
pas. Ah! Il n'y touche pas. Ce gouvernement-là a été
élu en 1985, ça fait déjà six ans, M. le
Président. On aurait eu le temps d'y toucher.
Une voix: Ça a été long.
Mme Caron: Qu'est-ce qu'on attend? On est un petit peu craintif.
C'est parce qu'on attend le contexte politique, que le contexte politique en
Ontario soit favorable. C'est ça qu'on attend, M. le Président.
Ça m'étonne. On attend nos voisins de l'Ontario parce que, agir
tout seul, ce serait dangereux. On est bien craintif d'agir tout seul dans ce
domaine-là. S'il fallait que le Québec soit d'avant-garde dans
ça, ce serait très dangereux, mais on n'est pas craintif, par
exemple, pour suspendre les règles de procédure. Ah! ça,
on le fait régulièrement à toutes les sessions, il n'y a
pas de problème.
Le député de Louis-Hébert, tantôt, nous
disait, pour vanter le projet et justifier une abolition des
règles, l'argument économique: 7000 demandes d'emploi pour 500
emplois, mais ça ne prouve pas qu'il faut faire cette loi-là.
Ça prouve uniquement que le gouvernement n'agit pas au niveau de
l'emploi. C'est tout simplement ce que ça prouve, M. le
Président, 7000 demandes d'emploi pour 500 postes.
On peut en parler d'économie. Je suis convaincue que tous les
députés en cette Chambre ont eu la visite des maires pour toutes
sortes de raisons de ce temps-ci. Vous avez sûrement eu la visite de vos
maires et ils vous ont peut-être parlé des autorisations qu'ils
attendent, eux aussi, au ministère de l'Environnement. Ils en attendent
eux aussi, parce qu'on attend ces autorisations-là pour émettre
des permis de construction. Ça aussi, ça fait partie de la
reprise économique les permis de construction. On dit toujours que,
quand le bâtiment va, tout va, bien, qu'est-ce qu'ils attendent pour
négocier? La seule réponse que nos maires obtiennent au
ministère de l'Environnement, c'est: Ah! Vous savez, il y a une
grève du zèle des ingénieurs. Mais qu'est-ce qu'on attend
pour négocier? Si ce gouvernement-là n'est même pas capable
de négocier avec ses professionnels pour qu'on puisse avoir une reprise
économique, M. le Président, c'est désespérant.
Notre formation politique ne s'oppose pas à la création
d'emplois, mais pas à n'importe quel prix; dans le respect des lois. Si
le ministre de l'Environnement considère que l'application actuelle
n'est pas réalisable, qu'il la modifie, la loi, le plus rapidement
possible, qu'il nous apporte un projet. Il y en a eu des temps de session
avant. Pourquoi il ne nous a pas apporté un projet? Qu'on
l'étudié en commission parlementaire et, ensuite, on pourra
l'appliquer à tous les projets qui sont en attente dans l'ensemble du
Québec.
Vous savez, M. le Président, ce projet de loi nous a clairement
démontré qu'il n'y avait pas eu de planification, absolument pas.
Mais ce que j'aimerais dire en terminant, c'est que, ce midi, nous avons eu la
chance, nous célébrions le bicentenaire du système
parlementaire et nous avons entendu de beaux discours sur l'importance de la
démocratie et du système parlementaire. Et en ce même jour,
on nous démontre que le système parlementaire, ce n'est pas
important; on peut le mettre de côté lorsque ça nous
dérange. Vous savez, j'ai toujours l'habitude de dire que, pour faire de
la bonne politique, il faut agir en conformité avec notre discours.
Bien, le gouvernement que nous avons en face de nous, ce midi, nous a
livré un beau discours de démocratie et de beaux systèmes
parlementaires et, quelques heures à peine après ces beaux
discours, il nous a carrément démontré le contraire, M. le
Président. (23 h 30)
M. Bourdon: Sur une question de règlement, est-ce que vous
pourriez vérifier le quorum, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député. Qu'on appelle les députés. 23.
Un instant! Un instant! Nous reprenons nos travaux. Nous avons
maintenant quorum. Je comprends, Mme la députée de Terrebonne,
que votre intervention était terminée. J'attends. Alors, Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière, en vous rappelant que
nous sommes toujours à l'étape du principe du projet de loi 132.
Mme la députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Le projet
de loi 132, M. le Président, est un projet de loi qui a pour objet de
permettre au gouvernement de passer outre à toute procédure - la
procédure connue, la procédure environnementale connue - en lui
donnant aussi la possibilité d'émettre les certificats
d'autorisation à des conditions qu'il pourra déterminer
lui-même. On est donc, une fois de plus, M. le Président, devant
une loi spéciale qui a nécessité, en plus, une suspension
des règles de l'Assemblée nationale.
Il faut se rappeler, et c'est important de le dire, que dans le projet
Lauralco, on en est à la quatrième loi spéciale, M. le
Président. Aujourd'hui, comme je le mentionnais
précédemment, le gouvernement veut s'exclure des normes
environnementales normales et, l'automne dernier - je ne peux pas
m'empêcher de parler de ce qui s'est passé l'automne dernier dans
le projet Lauralco - j'étais moi-même à la commission
parlementaire à ce moment-là où on a fait face, encore une
fois dans le projet Lauralco, à une loi spéciale. Cette
fois-là, c'était pour s'exclure des normes qui concernent la Loi
sur la protection du territoire agricole. Alors, on est devant deux lois
spéciales qui donnent la possibilité au gouvernement de passer
par dessus ses propres règles.
Bien sûr, M. le Président, on a entendu plusieurs personnes
nous dire ce soir... qui ont invoqué l'urgence, les raisons pour
lesquelles on est devant une loi spéciale. On a invoqué
l'urgence. On a dit: C'est très urgent. Il va y avoir des pertes
considérables, pour l'entreprise d'abord, si le démarrage n'a pas
lieu à temps, c'est-à-dire en février 1992. Alors on va se
ramasser avec des pertes considérables pour l'entreprise Lauralco. On a
parlé de pertes considérables aussi par rapport à
Hydro-Québec, quoique, M. le Président, avec certains
commentaires ou certains chiffres qu'on entend depuis quelques jours, disons
qu'il y a lieu de se demander à combien se chiffreront les pertes
d'Hydro-Québec, dépendant des tarifs auxquels ils sont
assujettis.
On a parlé aussi des pertes pour les
travailleurs parce que, évidemment, il y a une création
d'emplois dans ce dossier-là, le dossier lauralco. on nous a
parlé aussi des problèmes de négociations avec les
ingénieurs du gouvernement. il semble que ces
négociations-là, voyez-vous, m. le président, durent et
perdurent et, en fait, on devrait peut-être parler de l'absence, à
certains niveaux, de négociations. de toute façon, ces
problèmes de négociations avec les ingénieurs du
gouvernement viendraient en quelque sorte retarder le processus, parce qu'on
parle de moyens de pression des ingénieurs du gouvernement du
québec. bien sûr, en bout de ligne, on en est venus à nous
parler de l'image que le québec aurait sur la scène
internationale si on ne pouvait rencontrer nos obligations par rapport à
l'entreprise qui s'installe chez nous. ces raisons-là, quand on les
regarde juste comme ça, m. le président, nous semblent quand
même assez importantes. on pourrait dire: oui, c'est vrai, il pourrait y
avoir urgence, mais je pense que ce qu'il faut se poser comme question, c'est
pourquoi il y a urgence. pourquoi on en est rendus devant une situation comme
celle-là? ça fait quand même un bout que c'est
engagé ce dossier-là, lauralco. il faut clairement faire
comprendre à la population, s'il y en a encore qui nous écoutent
à ce moment-ci et à cette heure-là, m. le
président, que, s'il y a urgence, au moment où on se parle, c'est
que cette urgence découle directement de l'imprévoyance, je
dirais même, m. le président, de l'incompétence de ce
gouvernement en matière de gestion. il faut donc dénoncer cette
imprévoyance et cette incompétence. ce qu'il faut aussi
dénoncer c'est cette façon cavalière, je dirais même
dictatoriale de passer par-dessus les règles de l'assemblée, de
passer par-dessus les lois et de passer des lois spéciales pour en
arriver à ses fins.
M. le Président, je tenais aussi à m'expri-mer sur ce
projet parce que, comme je vous le disais, je trouve pour le moins
inquiétante cette façon de procéder du gouvernement
libéral, surtout quand on sait que, depuis 1985, il y a eu pour 13 000
000 000 $ de projets industriels qui ont été dispensés
comme ça, M. le Président, sans audiences publiques. C'est quand
même beaucoup de sous, beaucoup d'argent, des projets importants, et sans
audiences publiques, au point de vue environnement, c'est très
inquiétant.
Par ailleurs, M. le Président, je vois beaucoup de similitude
avec ce qui se passe dans mon comté sur un projet qui a commencé,
justement, à faire couler beaucoup d'encre. Je parle, bien sûr,
ici, du projet Labco, à Saint-Romuald. C'est un projet qui, en soi, au
point de vue économique, est fort intéressant. On parle d'un
projet de 110 000 000 $ qui viendra créer, en fait, 72 emplois. Ce
projet, ce genre d'investissement, M. le Président, aurait tout lieu de
réjouir la population du comté que je représente, du
comté des Chutes-de-la-Chaudière. C'est, je pense, effectivement,
l'endroit rêvé pour l'entreprise. Saint-Romuald, à cause de
sa situation, a été analysée, j'en suis sûre. Ce qui
arrive, par exemple, c'est que les analyses au point de vue environnement sont
peut-être un petit peu moins efficientes. Effectivement, nous pouvons
être inquiets, présentement, M. le Président, car on se
rend compte que le gouvernement a pris la décision d'investir, avancer,
en fait, les 7 000 000 $ nécessaires, sans même avoir
consulté le ministère de l'Environnement. Il est même
question, d'ailleurs, de commencer la construction de cette entreprise
dès le mois de juin qui s'en vient. Pourtant, au ministère de
l'Environnement, lundi dernier, on nous affirmait qu'on n'avait pas encore
reçu, qu'on n'avait pas encore en main les plans et les devis de
l'entreprise.
M. le Président, dans le dossier de Labco, tout comme dans le
dossier de Lauralco, c'est Lavalin Environnement qui a fait l'étude des
répercussions environnementales. Pour Lauralco, dans le dossier, on se
souviendra, M. le Président, qu'il y avait eu comme un oubli, à
un moment donné. Il y avait eu une erreur et c'est d'ailleurs pour ces
raisons qu'on a dû passer une loi spéciale, passer outre à
la Loi sur la protection du territoire agricole. Une erreur, en fait, un oubli
de 1110 acres, M. le Président. Alors, il a fallu passer la loi
spéciale pour s'exclure de la Loi sur la protection du territoire
agricole pour pouvoir faire cette zone tampon qui était
nécessaire à rétablissement de l'entreprise.
Chez nous, présentement, on se rend compte qu'il y a des
problèmes aussi. On a aussi, dans le dossier Labco, l'étude de
répercussion environnementale, l'étude d'impact environnemental
qui est faite aussi par la même firme, c'est-à-dire Lavalin
Environnement Dans le journal, encore ce matin, je voyais que certaines
données étaient manquantes. On n'avait pas complété
le dossier suffisamment, à un point tel, M. le Président, que le
ministère de l'Environnement a demandé à la firme Lavalin
de refaire ses devoirs dans le dossier Labco.
Ce qui est inquiétant aussi c'est que, la semaine
dernière, en cette Chambre, lorsqu'on a demandé - j'avais
moi-même posé la question au ministre - s'il y avait lieu d'avoir
des audiences publiques, je pense qu'à ce moment-là ça a
été très clair, le ministre nous a laissé
clairement entendre qu'il n'était pas du tout intéressé
à ce qu'il y ait des audiences publiques dans le dossier. M. le
Président, on a lieu de s'inquiéter de ce genre de
décision gouvernementale. Puisque la construction de Labco doit
commencer en juin, est-ce qu'on aura droit aussi à des lois
spéciales pour passer outre aux normes environnementales? J'entendais
justement le député de Mille-Îles, moi aussi, je l'ai
entendu le député de Mille-Îles qui nous a parlé
longuement. Il nous a fait un long exposé, M. le Président, sur
l'article 31 qui, comme il nous le disait, mérite un
dépoussiérage
urgent, un dépoussiérage en profondeur. Il nous expliquait
et de façon très claire, M. le Président, que le fait
qu'il n'y avait pas de délai de réponse, qu'il n'y avait pas
d'obligation dans le délai au niveau du ministère, ça
entraînait... (23 h 40)
II accusait, en fait, en quelque sorte, les fonctionnaires du
ministère d'un certain laxisme, et je prends ses propres mots. Il
accusait donc les fonctionnaires du ministère d'un certain laxisme.
C'est vrai que c'est long. Là-dessus, je peux comprendre, c'est vrai que
les délais sont quand même assez longs et que ça peut
prendre du temps dans certains cas.
Mais, M. le Président, ici à l'Assemblée nationale,
on en passe, des lois, de façon urgente. Ah oui! La preuve, nous sommes
là, ce soir, à passer une loi spéciale parce que,
justement, c'est urgent. C'est notre rôle, je pense, à
l'Assemblée nationale, de faire des mises au point, de corriger,
d'amender s'il y a lieu les lois. S'il y a urgence, à ce
moment-là, ce serait peut-être intéressant qu'on ait
commencé par corriger la loi avant de faire des lois pour passer
par-dessus.
Moi, je vous dirai que je ne comprends pas tellement bien la
façon que le député de Mille-Îles avait de nous
exprimer ses propos, tout à l'heure, parce que, en fait, le gouvernement
dont il fait partie est quand même au pouvoir depuis 1985. Bien sûr
que la loi a été votée en 1978, mais, comme je le disais
tantôt, on a le pouvoir et on peut - c'est d'ailleurs le rôle de
l'Assemblée - amender des lois, les corriger s'il y a lieu. Comme le
gouvernement est en place depuis 1985, je crois qu'il a eu vraiment tout le
loisir de corriger cette loi si, vraiment, elle est à ce point
déficiente. Alors, tout ce qu'on peut dire à ces propos, c'est
que le laxisme des fonctionnaires du ministère de l'Environnement ne
dégage que le laxisme du gouvernement libéral.
M. le Président, je suis de celles qui croient au
développement durable. Il semble qu'il y a des gens de l'autre
côté qui sont supposés y croire aussi. Et je ne peux pas
être d'accord avec les propos du député de
Mille-Îles. On ne peut plus se permettre de créer de l'emploi
n'importe comment et à tout prix, en faisant fi des lois
environnementales et des règles environnementales. Parce que voyez-vous,
c'est l'avenir du Québec, c'est l'avenir de la planète même
qui est en jeu. Dans ce sens-là, je ne peux pas être d'accord avec
le genre de projet de loi qu'on a devant nous ce soir. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci... Une voix:
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant. Merci, Mme la
députée des Chutes-de-la-
Chaudière. Avant que je reconnaisse le prochain intervenant, vous
avez une question de règlement, M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui, M. le Président. Est-ce que vous voudriez
vérifier le quorum, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, de toute
évidence, il n'y a pas quorum. Appelez les députés!
Nous avons maintenant quorum. Je cède la parole à M. le
député de Lévis. Nous sommes toujours à
l'étape de l'adoption du principe du projet de loi 132. Vous disposez
d'une période de 20 minutes. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Merci, M. le Président. Le projet de loi 132 est
un projet de loi, à mon avis, inutile, et le gouvernement devrait
respecter les lois qui sont en vigueur. Pourquoi? Parce que, encore une fois,
le gouvernement contribue, par sa façon d'opérer, à faire
en sorte que les gens se disent, quand il s'agit de citoyens qui sont moins
fortunés, qui sont moins riches, qui sont moins gros, qu'ils doivent
respecter les lois, mais quand il s'agit de grandes entreprises qui ont un
parrain, elles peuvent passer à côté des lois. Et on se
demande après ça pourquoi les gens sont cyniques devant le
gouvernement. C'est parce que le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour les
rendre cyniques à son endroit. Et le projet de loi 132 est un exemple
typique de cette façon de faire où les citoyens ordinaires, eux,
doivent respecter les lois, et les entreprises plus puissantes peuvent
écarter les lois.
Quand on pense que dans ce projet de loi, M. le Président, on est
à la quatrième loi spéciale faite en Chambre pour passer
à côté des lois! Ce n'est pas normal et ce n'est pas
correct. Je comprends qu'on peut entendre des discours de députés
du gouvernement qui pensaient bien être nommés ministres, mais que
le premier ministre, dans sa sagesse, a eu au moins, dans cet aspect-là,
la sagesse de laisser sur l'arrière-ban. Le député de
Louis-Hébert est un digne exemple. On a entendu un discours. Encore
là, manque de jugement. Qu'est-ce que vous voulez? Il y a des gens,
quand ils manquent de jugement, c'est des cure-dents; il y en a d'autres, c'est
toujours un madrier. Le député de Louis-Hébert, c'est un
madrier comme d'habitude...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...et je dois dire que le premier ministre a eu raison.
Le député de Louis-Hébert accomplit son dernier mandat et
il n'aura jamais été ministre. Pourquoi? Parce que le premier
ministre a compris que le député de Louis-Hébert n'a pas
un bon jugement et qu'il n'y a rien de
plus dangereux qu'un ministre qui manque de jugement. Alors, le
député de Louis-Hébert finira "backbencher" et ce sera
sans doute le député de Louis-Hébert qui aura
été le plus longtemps "backbencher" de toute l'histoire du
Parlement. Et, M. le Président...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
député de Lévis. M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, il y a une règle qui est
bien connue de tous les parlementaires, ici, dans cette Assemblée.
Ça s'appelle la pertinence. Je ne ferai pas un long discours aussi
insignifiant que celui que le député de Lévis est en train
de faire, mais je vais vous rappeler que cette règle-là
s'applique à lui comme à tout le monde. M. le Président,
voulez-vous lui rappeler, s'il vous plaît...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, sur la
question...
M. Doyon: Ça ne servira à rien, mais essayez quand
même.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur la question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, il fallait au moins en
parler pour qu'il apparaisse, parce qu'il était absent.
Des voix: Ah!
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): un instant, s'il
vous plaît. m. le leader de l'opposition officielle, sur la question de
règlement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non, un instant.
Alors, M. le député et M. le leader de l'Opposition officielle,
si vous voulez terminer votre question de règlement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Dites au duc de Mille-Îles, M. le
Président, de me laisser aller.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Pas de vinaigre ce soir, madame.
Une voix: On va appeler l'Indien.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse. Depuis le
début de la soirée, M. le Président, c'est la
première fois qu'on est interrompus. On n'a interrompu personne et
j'aimerais que mon collègue de Lévis puisse continuer, M. le
Président, conformément à l'article 32.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la question de
règlement qui a été soulevée par le
député de Louis-Hébert faisait référence
à la pertinence et, M. le député de Lévis, vous
pouvez, évidemment, faire allusion à l'intervention du
député de Louis-Hébert, mais en vous en tenant à
son intervention comme telle et non pas à la personne du
député. Alors, allez-y, continuez votre intervention en
respectant les prescriptions de l'article 211. S'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, vous comprendrez que
c'était difficile pour moi de passer à côté d'une
allusion concernant le semblant de discours qu'a fait le député
de Louis-Hébert concernant le projet de loi en question.
Essentiellement, les lois sont bonnes ou ne sont pas bonnes. Si les lois ne
sont pas bonnes, on les change, on les modifie, mais on ne laisse pas des lois
en place qu'on ne respecte pas. Dans le cas de Lauralco, c'est bien de valeur
mais ça fait quatre fois qu'on passe à côté de la
loi, qu'on considère que les lois ne sont pas correctes et qu'on passe
à côté des lois. Le député de
Brome-Missisquoi, qui est ministre de l'Environnement, qui s'est
déguisé en courant d'air, n'a pas été
présent une seule fois. Ils n'ont pas besoin de se demander pourquoi,
dans l'opinion publique, actuellement, de plus en plus, on entend des gens qui
se demandent pourquoi on a un ministre de l'Environnement, s'il ne sert jamais
à rien. (23 h 50)
Dans tous les domaines, actuellement, les gens se plaignent et disent:
C'est comme s'il n'y avait pas de ministre de l'Environnement. D'ailleurs, je
vois la ministre de l'Énergie qui est la première à
contester la qualité de son collègue. Qu'on le veuille ou non, M.
le Président, les gens considèrent que les questions de
l'environnement sont des questions importantes, qui doivent être
respectées. La procédure doit être suivie par tout le
monde, pas seulement par ceux qui sont petits, ceux qui sont moins
fortunés, mais également par les puissants. Un gouvernement,
normalement, n'est pas là pour respecter seulement ceux qui sont
faibles, mais aussi ceux qui sont forts. Et on remarque que dans le cas qui
nous concerne, l'entreprise Lauralco n'a pas respecté la loi. il y a un
gouvernement, genre gouvernement de république de bananes, qui est
là pour faire des lois spéciales constamment,
comme si on était dans la république duvaliériste.
Pourquoi? Parce que, oui, il y a deux genres de citoyens pour le gouvernement:
les forts et les petits. Quand c'est les petits: passe par là; quand
c'est les grosses compagnies, à ce moment-là, on fait le tapis
rouge, on convoque le Parlement, on écarte la procédure,
même en cette journée du 200e anniversaire du Parlement, de
l'Assemblée nationale. On était là pour fêter le
Parlement. Belle façon de le fêter, M. le Président, en
disant: On tasse la loi, on tasse les règlements, il n'y a plus rien qui
existe, c'est Lauralco qui passe!
Moi, je. ne serais pas fier, si j'étais député du
gouvernement, de faire en sorte qu'il n'y ait pas une loi qui soit la
même pour tout le monde, mais qu'il y ait une loi pour les petits et une
loi pour les puissants. C'est ça qui avait été
condamné exactement dans l'Évangile. Ceux qui lisent encore
l'Évangile se rappelleront qu'on dit qu'il faut, au contraire, pour un
gouvernement, être proche de ceux qui ont besoin d'un gouvernement. C'est
plus facile pour un gouvernement d'être du côté des forts
que d'être du côté des faibles. A ce moment-ci, les gens qui
ont besoin d'être protégés, c'est ceux qui, par rapport aux
règles de l'environnement, doivent être
protégés.
Je vais vous dire, M. le Président - on parle des lignes
d'électricité - on sait qu'aujourd'hui de plus en plus de gens se
posent des questions par rapport aux lignes d'électricité.
J'étais un de ceux qui avaient rencontré les Américains -
si ma mémoire est bonne, c'est en janvier 1987 qu'ils étaient
venus nous rencontrer à Montréal où il y avait eu des
réunions pendant deux jours - et je posais moi-même la question au
sénateur Levine de l'État de New York qui nous disait que de
moins en moins il serait facile de passer des lignes aux États-Unis
parce que les citoyens étaient craintifs devant ces lignes-là.
J'ai eu l'occasion aussi, pendant des années, au ministère de
l'Agriculture, de me rendre compte à quel point aussi les gens
étaient inquiets par rapport aux lignes électriques parce qu'ils
observaient toutes sortes de phénomènes. Oui, des animaux qui
prenaient le courant. Et à tel point qu'on avait demandé en 1984
- on a quitté le gouvernement par après - de faire une
étude concernant les lignes électriques par rapport à la
santé humaine et à la santé animale. On se rendait compte
à quel point il y avait des animaux qui avortaient, par exemple, quand
les lignes d'électricité passaient proche des granges des
cultivateurs. Alors, si les vaches avortent, peut-être qu'il y a beaucoup
de personnes qui, sur le plan humain, peuvent être affectées.
On a remarqué qu'aux États-Unis on a diminué
l'ampérage pour les appareils électriques pour qu'il entre moins
de courant dans les maisons. Je suis abonné à une lettre de
l'Université de Californie sur les recherches les plus récentes
dans le domaine médical, "Wellness Letter", qui nous dit même
qu'il faut faire attention aux champs magnétiques des lignes
électriques, des appareils électriques. Il y en a même qui
disent qu'on ne devrait pas avoir de réveille-matin électrique
à côté de la tête de son lit. Est-ce que c'est vrai
ou si ce n'est pas vrai? En tout cas, les savants, ceux qui se posent des
questions par rapport à ces questions-là, sont très
prudents par rapport aux effets des champs magnétiques des champs
électriques.
Aujourd'hui, qu'on veuille écarter tout simplement, qu'on veuille
tout simplement écarter la loi, même pas vouloir analyser la
situation et dire: On passe, que le diable emporte le monde, ça, M. le
Président, je trouve que ce n'est pas correct. Ce n'est pas correct
parce que les citoyens doivent s'attendre à un minimum de respect de la
part du gouvernement quand leur santé peut être en cause. Si on se
pose des questions concernant la santé animale par rapport aux lignes
électriques, on devrait au moins s'en poser autant par rapport à
la santé des humains. C'est un point d'interrogation très
important que celui des champs magnétiques des lignes
électriques. Moi, je ne trouve pas ça correct que le ministre de
l'Environnement, qui est écarté par ses collègues, ne soit
pas pas présent. Je l'ai dit cet après-midi et je le
répète. Quand c'est arrivé pour le ministre du Revenu, M.
Séguin, et que le gouvernement n'a pas voulu s'occuper de lui, il a
démissionné parce qu'il a considéré qu'il n'avait
plus la confiance du gouvernement. Le ministre de l'Environnement, qui se fait
traiter comme il se fait traiter depuis un certain nombre de mois, moi, je ne
comprends pas ce qu'il fait encore en fonction.
Il est clair pour tout le monde au Québec actuellement qu'il a
perdu la confiance du gouvernement. Est-ce que le gouvernement attend qu'il
démissionne de lui-même ou si les gens continuent les affronts au
ministre de l'Environnement? Est-ce qu'ils sont personnels ou si ce sont des
affronts à sa personne en tant que ministre de l'Environnement? On ne le
sait pas. Il est clair qu'actuellement le gouvernement n'a plus confiance dans
le ministre de l'Environnement et qu'il s'en préoccupe comme de sa
dernière chemise. Par respect pour les gens qui croient au minimum de
sécurité que doit avoir le gouvernement, que doit pratiquer le
gouvernement par rapport aux règles de l'environnement... Les
règles de l'environnement ne sont pas là pour le "fun". Les
règles de l'environnement sont là pour protéger les
citoyens. Il y a des étapes qui sont prévues dans la loi pour
qu'on puisse étudier les questions en profondeur, non pas pour le
plaisir de la chose, mais pour la protection des citoyens.
Les règles de l'environnement... on dit protéger
l'environnement; pourquoi protéger l'environnement? Non pas pour le
plaisir de la chose, mais parce qu'il peut y avoir des conséquences,
entre autres sur la santé des citoyens. Dans ce cas-là, si on
parle de lignes électriques,
il peut y avoir des conséquences sur la santé des
citoyens. Quand on parle d'aluminium, on se rend compte par exemple que ceux
qui ont une maladie d'Alzheimer ont plus d'aluminium dans le cerveau. On ne
sait pas si c'est la cause ou l'effet, mais on sait par les autopsies qui ont
été faites sur des citoyens qui sont décédés
avec la maladie d'Alzheimer qu'ils avaient plus d'aluminium dans le cerveau. On
ne sait pas si c'est la cause ou l'effet, mais on a constaté qu'il y
avait plus d'aluminium dans le cerveau de ces gens-là. Alors, on doit se
poser au moins un minimum de questions. Au lieu d'être
prétentieux, arrogant, de se foutre de tout et de se foutre de la
santé de nos concitoyens, on devrait au moins avoir le minimum de
respect et dire: On va prendre le temps qu'il faut et respecter les
délais parce qu'on est dans des matières dangereuses, dans des
matières où il faut faire les études appropriées.
Dans l'état actuel des connaissances où on dit, après
avoir analysé le dossier... Si on pense, dans l'état actuel des
connaissances, que tel projet est possible dans telle et telle condition pour
respecter la santé de nos citoyens, de nos concitoyens... les lois de
l'environnement sont faites pour ces raisons-là. ce n'est pas à
la gloire du gouvernement qu'aujourd'hui on présente ce projet de loi
132 qui passera à l'histoire. au contraire, on donnera de plus en plus
des exemples que le gouvernement panique aujourd'hui. m se rend compte que les
sondages sont défavorables; h se rend compte que l'opinion publique a
perdu confiance dans ce gouvernement-là qui, tantôt, sera en
compétition avec le gouvernement conservateur pour
l'impopularité. on verra; plus les mois vont passer, plus le
gouvernement va baisser dans l'opinion publique. on se rend compte qu'il a
déjà baissé beaucoup. on s'en rend compte facilement. ce
n'est pas très difficile de s'en rendre compte, que ce gouvernement est
en train de disparaître sur le plan de l'opinion publique. on va le voir
de plus en plus. vous savez, quand le gouvernement fait des campagnes de
financement, il est rendu qu'il ne ramasse pas une cent dans l'ungava et pas
une cent dans bertrand, et 10 % dans lévis. son objectif... il a
ramassé 2200 $ sur 22 000 $ d'objectif. dans
chutes-de-la-chaudière, il a ramassé la moitié de son
objectif. dans johnson, 10 $; 10 $ dans johnson! (minuit)
Un gouvernement qui s'en va tranquillement. Pourquoi? Parce que
l'opinion publique a perdu et perd de plus en plus confiance en ce gouvernement
qui ne mérite pas la confiance de la population parce qu'il ne respecte
pas la population. Une des façons de la respecter, ça aura
été de faire les procédures. On peut demander au
ministère de l'Environnement d'accélérer les
procédures. On peut demander au ministère de l'Environnement de
produire ces données. On peut avoir des exigences, mais les nominations
qui sont faites par le gouvernement... Vous savez, M. le Président, le
ministre est nommé par le premier ministre, les sous-ministres sont
nommés par le premier ministre. Il est supposé normalement avoir
nommé des gens en qui il a confiance. C'est normal qu'il nomme des gens
en qui il a confiance, mais ce sont ses créatures, ce sont ses gens
qu'il a nommés. Pourquoi il agit exactement comme s'il n'avait aucune
confiance dans ces gens-là? Il serait mieux de changer les responsables
du ministère s'il n'a pas confiance que de faire en sorte qu'on ne
respecte plus la loi et les règlements qui ont été
adoptés par l'Assemblée nationale.
Moi, j'ai toujours dit qu'on serait mieux d'écarter des lois ou
des règlements qui ne sont pas bons plutôt que de les contourner
et d'enseigner à la population que la loi n'est pas respectable de la
même façon par tous les citoyens.
Je vois des députés qui sont là et des fois qui ont
des velléités. Velléités, quand ils parlaient des
salaires des fonctionnaires. Ah! Velléités, mais ifs sont
rentrés dans le rang. Ils parlaient des velléités sur
l'environnement, de respect de l'environnement, mais quand arrivent des lois
qui écartent l'environnement, ils rentrent dans le rang. C'est plus
facile d'avoir des voeux pieux avant de rentrer dans les caucus qu'en en
ressortant. Remarquez qu'il y a des gens qui sont des matamores quand ils
rentrent dans les caucus. J'en vois en cette Chambre. Je n'en nommerai pas, M.
le Président, pour ne pas vous obliger à vous lever de votre
siège, mais j'en vois qui sont des matamores quand ils rentrent dans la
Chambre, dans leur caucus. Quand ils sortent, ils disent: J'ai passé
proche de le dire, vous savez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: J'ai passé proche. Aïe! mon sang
botriHàft, mon sang bouillonnait. S'ils avaient su ce que je pensais.
Mais non, ils se sont "à-plat-ventris" et la loi a passé, et le
caucus a passé, et ils ont passé dans le rouleau compresseur,
dans le moulin à viande, et ils vont voter tantôt pour faire en
sorte que les lois ne soient pas respectées. Puis, vous les remarquerez,
M. le Président, quand ils vont voter, la télévision va
enregistrer chacun de leur nom, et vous vous direz que, si ces gens-là
s'étaient tenus debout, cette loi-là n'aurait pas passé
ou, encore, que, s'ils s'étaient tenus debout au caucus, cette
loi-là n'aurait pas passé, parce que le premier ministre ne peut
jamais foncer lorsqu'il sait qu'il n'a pas l'appui de son caucus. N'importe
quel premier ministre n'est pas plus fort que la force de son caucus. Mais,
quand les députés choisissent de s'écraser, pas seulement
devant ces lois-là, mais également devant d'autres mesures...
Je donnais des exemples aujourd'hui où le ministre responsable du
développement régional,
pendant une demi-heure, a essayé de montrer que j'avais tort et a
été obligé de dire que j'avais raison, et s'est
choqué même contre ses fonctionnaires. Il disait: Comment
ça se fait que je n'ai pas eu les bons chiffres? Il s'est rendu compte
que c'était le député de Lévis qui avait
donné l'heure juste concernant le développement régional
pour montrer, encore là, que sur 820 000 000 $, après trois ans,
il n'y a quasiment pas d'argent de dépensé et qu'il y a
même 205 000 000 $ qui ne sont pas affectés. Alors qu'on est dans
une période de crise économique, on ne dépense même
pas les sommes qu'on a promises dans des grands fla-flas publicitaires. Pendant
ce temps-là, il y a des gens qui souffrent. Et un gouvernement est
là pour s'occuper des citoyens.
Je me rappelle, je vais vous conter une expérience, M. le
Président, et je vais terminer là-dessus. Quand j'étais
dans le Conseil des ministres, le premier ministre ou quelqu'un avait
laissé entendre qu'on devrait analyser une question plus longue plus
rapidement, une question concernant le salaire minimum, et le premier ministre
avait répondu: Je regrette, mais on prendra le temps qu'il faudra.
Pourquoi? Parce qu'il disait que le dernier recours des citoyens, c'est nous
autres ici; il faut prendre tout le temps qu'il faut parce qu'ils n'ont pas
d'autres défenseurs que nous autres. Je pense qu'aujourd'hui, quand on
regarde une loi comme celle-là, les citoyens n'ont pas d'autres
défenseurs dans la question de l'environnement que la loi et
l'application de la loi, que la loi doit être respectée et qu'il
est anormal que le gouvernement, que les députés, que
l'Assemblée nationale concourent à ce qu'on mette de
côté une loi dont le but principal, essentiel et même unique
est de protéger les citoyens en matière d'environnement, et qu'on
fasse les procédures nécessaires pour faire en sorte qu'on passe
devant la loi, que la loi ne soit pas respectée et qu'on ne
protège pas davantage les citoyens. Et aujourd'hui, je trouve que c'est
honteux, en ce 200e anniversaire du Parlement de Québec, qu'on soit ici,
en dehors de toutes les procédures, pour quoi? Pour écarter la
loi sur l'environnement, pour faire en sorte qu'un projet fonctionne comme s'il
n'y avait pas de loi sur l'environnement. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Sur le même sujet, je cède
la parole à M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Au cas où il
n'y aurait personne qui s'en serait rendu compte, on a changé de
journée. Nous sommes maintenant le 19 avril, minuit et cinq. Nous sommes
des parlementaires payés par les contribuables du Québec pour
discuter: d'un côté, oui, 2000 jobs, 500 permanentes, 2000 pendant
la construction, 1 000 000 000 $ d'investissement; de l'autre
côté, non. J'ai écouté attentivement le
député de Lévis et, M. le Président, je vais faire
amende honorable à l'égard du député de
Lévis. Il a parlé d'environnement et, souvent,
particulièrement le député de Saguenay est
sévère à son endroit. Mais ce soir, je pense qu'il a
raison lorsqu'il se donne une vocation écologique, M. le
Président. Il faut comprendre que le député de
Lévis a vraiment une vocation écologique.
La nature prend place chez lui. Sa vocation écologique: celle de
l'amant de la nature, pas de tondage de pelouse, pas de remplaçage de
portes, pas de remplaçage de fenêtres, comme le citait un article
d'un certain journal.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, avec beaucoup de
spontanéité tantôt, à une intervention du
député de Louis-Hébert, vous vous êtes levé
et vous avez fait des mises en garde en fonction de l'article 211 de nos
règlements. Je pense bien que, même s'il est minuit et deux,
là, ce n'est pas l'heure des bouffons. C'est à l'Assemblée
nationale, c'est correct.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, tout simplement, je
pense que c'est...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): C'est assez, un instant!
M. le leader adjoint du gouvernement, vous avez des représentations
à faire sur la question de règlement.
M. Bélisle: M. le Président, je pense que le
député de Saguenay a utilisé un langage très
parlementaire et n'a pas utilisé de langage bouffon comme le leader de
l'Opposition vient de l'utiliser, qui n'est pas parlementaire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur la question de
règlement, M. le député de Saguenay, je veux vous rappeler
que nous sommes à étudier le projet de loi 132, qui fait
référence à la construction et à la mise en
exploitation de postes de manoeuvre et de transformation électrique.
Alors, vous pouvez, tout comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
faire référence à l'intervention du député
précédent, mais vous devez quand même respecter les
prescriptions de 211. La pertinence, M. le député.
M. Maltais: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
je vais me soumettre à vos directives tout en vous rappelant que mon
éducation ne me permet pas de répondre au député de
Joliette, au leader parlementaire, puisqu'il parle de bouffon lorsqu'il se
parle à lui-même. M. le Président, j'aimerais tomber dans
la pertinence de 132.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Continuez... Continuez,
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, 132 aujourd'hui... Moi, M. le
Président, je n'ai pas interrompu personne depuis 14 heures cet
après-midi. Je pense que j'ai été un parlementaire docile.
J'ai enduré toutes les insultes de tous les gens de l'autre
côté et, s'il y en a un qui veut croiser le fer, qu'il se
lève debout. m. le président, voulez-vous parler au
député de pointe-aux-trembles, qu'il ne s'énerve pas
là. 132, m. le président, est un projet de loi... m. le
député de joliette, vous semblez très nerveux.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président...
M. Maltais: 132...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. (e leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, quand on veut se convertir
en policier, en homme de trafic, et en tout ce que vous voudrez là, on
peut bien le laisser aller là, mais s'il est pour passer des remarques
continuellement de même, moi, je vais vous poser une question de
privilège et je vous dirai pourquoi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Saguenay, si vous voulez continuer.
M. Maltais: M. le Président, 132, c'est un projet de loi
bien clair. Il s'agit de choisir entre 2000 emplois sur la construction, 500
emplois permanents, d'un côté. Et, de l'autre côté,
on a beau attribuer tous les malheurs au gouvernement actuel, vous savez,
gérer l'environnement, c'est gérer le passé, le
présent et l'avenir, et, M. le Président, gérer le
passé, c'est souvent difficile. À partir de 1978, la Loi sur la
qualité de l'environnement, on aura beau dire que le gouvernement
précédent n'a pas soumis les grandes entreprises, M. le
Président, à des audiences publiques. Le gouvernement actuel, de
1985 à 1990, ne l'a pas soumis non plus. (0 h 10)
Mais lorsqu'on regarde la situation actuelle, il s'agit d'un
kilomètre ou d'à peine un kilomètre de route
aérienne de transport d'électricité. M. le
Président, j'aimerais vous rappeler que dans mon comté, avec les
barrages de Manie 5, de Manie 3, de Manie 2, de Manie 1, d'Outardes 1,
d'Outardes 2, d'Outardes 3, d'Outardes 4, de Bersimis 1, de Bersimis 2 et de
Churchill, ça fait exactement 3500 kilomètres de 750 kV qui
passent au-dessus des gens de la Côte-Nord. Pourtant, on fournit de
l'électricité à 50 % de la province de Québec. On
en fournit à l'Assemblée nationale. Si j'avais
écouté uniquement les lumières de l'autre bord, demain
matin, en arrivant de chez nous, j'aurais envie de fermer la lumière
ici.
M. le Président, aujourd'hui, je sens, dans le comté de
Portneuf, pour en avoir discuté avec le député de
Portneuf, leader du gouvernement et ministre de l'Éducation... Je
m'adresse particulièrement à ces concitoyens et concitoyennes qui
sont présentement dans des cours de formation à 90 $, 110 $ par
semaine, qui attendent une job à 600 $, 700 $ net, le vendredi soir. Je
pense aux jeunes qui ont envie de s'acheter une voiture, de se fiancer, de se
marier, de s'acheter une maison. Je pense à celui pour qui ça
fait quatre ou cinq ans qu'il n'a pas d'emploi, qui a décidé de
se recycler pour avoir un emploi, avec les cours qui sont permis par le
gouvernement du Québec. Aujourd'hui, les gens d'en face disent à
ce jeune, à cette personne de 45 ans qui s'est recyclée pour
avoir un emploi: Non, tu n'en auras pas, on ne veut pas que tu en aies. M. le
Président, on ne peut pas accepter ça, de ce
côté-ci, parce que les milliers et les milliers d'emplois que
ça va créer pendant la construction...
M. le Président, en 1983 et 1987, la société
Reynolds a investi 1 200 000 000 $ d'agrandissement à Baie-Comeau, ce
qui fait que l'usine Reynolds, présentement, est la plus grande usine
productrice d'aluminium au Canada et a créé 2500 emplois. Je ne
suis pas sûr que les travailleurs de Reynolds, aujourd'hui, seraient
d'accord avec les propos évoqués par les gens de l'Opposition. Je
ne suis pas sûr non plus que les 2000, 2500 personnes dans le
comté de Portneuf qui vont trouver de l'emploi auprès de Lauralco
vont être contentes et satisfaites des propos de l'Opposition.
On cherche un coupable, ici. Le coupable, c'est l'ensemble de la
société québécoise. Ce serait trop facile de se
cacher derrière le ministre de l'Environnement, de l'accuser de tout
à tort et à travers, de tous les maux. Sans prendre la
défense de personne, il faut rendre justice aux personnes en place.
C'est l'ensemble de la société québécoise qui est
responsable du projet de loi qu'on a devant nous autres. Nous avons,
hélas, été trop permissifs. Au nom des 2500 travailleurs
qui vont se trouver de l'emploi auprès de Lauralco, je ne pense pas
qu'on ait le
droit, comme parlementaires payés par l'État, payés
par les payeurs de taxes, de leur refuser ces emplois. Ce serait
malhonnête de notre part, comme politiciens, et ce serait bien mal servir
nos concitoyens si, dans chacune de nos régions, on faisait la
même chose au nom de ces personnes.
Il n'y a pas beaucoup de monde qui a parlé des travailleurs de
Lauralco ici, ce soir. Il n'y a pas beaucoup de monde, de l'autre
côté, qui a pensé qu'il y avait des pères de
familles qui attendaient pour avoir ces emplois. Un beau chèque de 600
$, 700 $, par semaine, avec un fonds de pension, avec une certaine
sécurité d'emploi, c'est important.
M. le Président, lorsqu'on parle d'environnement, il faut
toujours penser au député de Saguenay. Je sais ce que c'est, de
la contestation, j'en ai eu chez moi. Les profiteurs, ceux qui ont pris les
barricades, ceux qui ont envahi les quais, la sagesse de la population les a
remis à leur place le 25 septembre 1989.
Des voix: Oui, oui! Bravo!
M. Maltais: Comme citoyen du Québec, je ne peux
tolérer en cette Chambre que 10 ou 12 personnes puissent empêcher
2000 à 2500 travailleurs d'avoir des chèques de paie de 600 $ ou
700 $ par fin de semaine. Pour moi, c'est inacceptable. Lorsque les droits des
minorités briment les droits de la majorité, c'est là que
la démocratie doit intervenir. L'Assemblée nationale, c'est le
lieu privilégié de la démocratie. C'est pour ça que
le travail honnête des parlementaires ici, ce soir, dans les conditions
aussi difficiles soient-elles, c'est de voter rapidement et unanimement. Ceux
qui voteront contre le projet de loi 132, je les invite à une
réunion avec le député de Portneuf dans l'usine de
Lauralco lorsqu'elle sera ouverte. Et s'ils veulent rencontrer des travailleurs
et s'ils ont le courage de redire, dans six mois ou un an, ce qu'ils ont dit ce
soir, je les invite tous à venir avec le député de
Portneuf. Et si le député de Portneuf a la gentillesse de
m'inviter, je serai présent avec lui. Je n'aurai pas peur des propos que
j'ai tenus ce soir dans 15 ou 18 mois. Mais je ne suis pas sûr, M. le
Président, que l'invitation du député de Portneuf qui sera
faite aux gens de l'Opposition, qui, ce soir, ne s'acharnent qu'à des
intérêts politiques et non aux intérêts des
travailleurs et des travailleuses du Québec...
Une voix: Oui.
M. Maltais: ...je ne suis pas sûr qu'ils pourront se
présenter à cet endroit. J'invite cordialement mon ami, le
député de Joliette, le député de
Pointe-aux-Trembles, le chevalier servant des travailleurs en vacances...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: ...je l'invite, M. le Président, je l'invite,
avec l'honorable député de Portneuf, à rencontrer les
travailleurs et les travailleuses qui auront trouvé cet emploi. Il sera
sans doute le premier sur la barricade, le jour de la syn-dicalisation, mais
aujourd'hui, lorsque c'est le temps de créer une entreprise, c'est le
dernier à intervenir. Je le laisse entre les mains de mon
collègue, le député de Portneuf, qui saura se ravir de
l'esprit mauvais qu'il veut créer envers ses collègues ici. Je
pardonne aux gens qui ont parlé sans connaissance de cause ce soir, de
l'autre côté, mais je sais qu'il y a des gens qui ont parlé
de mauvaise foi. C'est à eux la responsabilité devant les
travailleurs et les travailleuses de Portneuf et à qui il incombera de
répondre, le jour de l'invitation du député de Portneuf.
Merci. M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Saguenay. Sur le même sujet, je cède la
parole à M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que vous pourriez
amener un peu de silence dans la basse-cour libérale, s'il vous
plaît?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, tout comme on a
permis au député de Saguenay de s'exprimer, je vous demande de
respecter les mêmes règles pour le député de
Pointe-aux-Trembles.
Une voix: C'est intéressant.
M. Bourdon: M. le Président, je pense que le
règlement prévoit qu'un député dort être
assis à sa place. Est-ce que vous pourriez le rappeler au
député de Gatineau qui lance des
grossièretés...
Une voix: Ah, ah!
M. Bourdon: ...à partir d'un siège qui n'est pas le
sien.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, les articles 32 et
suivants prescrivent que chaque député doit occuper la banquette
qui lui est assignée.
M. Bourdon: C'est ça. Allez vous asseoir à vos
places.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, il y a certains
députés qui, effectivement, ne sont pas assis à leur
banquette. Je vous demanderais... Un instant, un instant!
M. Chevrette: Une question de règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant!
On va régler les questions de règlement une après l'autre,
M. le député de Joliette, si vous me permettez. Alors, les
banquettes doivent être occupées par le député
à qui on a assigné la banquette précise. Vous avez une
autre question de règlement, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Nous n'avons pas
l'intention de travailler dans des conditions comme c'est parti. On assiste
à un bâillon, aujourd'hui, à la levée des
règles. On fait notre travail d'Opposition. Je m'excuse. On ne se
lèvera pas aux deux minutes pour les questions de règlement. On a
été bâillonnés toute la journée, s'il vous
plaît. On va être traités correctement d'ici la fin et on se
fie sur vous pour respecter nos droits, sans qu'on soit obligés de se
lever à tout coup.
M. Bourdon: M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Je veux assurer mon collègue, le
député de Pointe-aux-Trembles, de l'intérêt que nous
avons de notre côté pour votre intervention, en souhaitant,
cependant, qu'il puisse aborder le projet de loi 132 dans les meilleurs
délais. Je voudrais indiquer, au nom de mes collègues et indiquer
plus particulièrement au député de Pointe-aux-Trembles,
que le député de Gatineau ne peut pas occuper son fauteuil parce
qu'il est absent.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le député de
Papineau n'est pas le député de Gatineau, j'en conviens
facilement. (0 h 20)
Des voix: Ah!
M. Bourdon: Cela dit, M. le Président, je voudrais dire
aux gens de l'autre bord qu'ils peuvent ne pas partager notre point de vue,
mais que j'ai été tout aussi élu que n'importe lequel
d'entre eux, et que j'ai le droit de parler dans cette Chambre. Et au dernier
sondage dans mon comté de Pointe-aux-Trembles, j'aurais, s'il y avait
une élection...
M. Chevrette: Un instant, s'il vous plaît, M. le
Président. Je vous ai demandé, M. le Président, de faire
respecter le règlement. Je ne me lèverai pas à toutes les
30 secondes. Si on ne veut pas qu'on s'exprime, on va purement et simplement
quitter la Chambre, vous vous débrouillerez avec votre loi. M. le
Président, ce n'est pas du chantage, vous avez le devoir, quand vous
entendez un cri et que vous l'identifiez, à part de ça, vous avez
le devoir, je pense - je vous le dis humblement - de faire respecter le
règlement. On a écouté déconner, nous autres, et on
a écouté. C'est la même chose, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): m. le leader de
l'opposition officielle, sur les questions de règlement, j'ai
effectivement l'obligation de faire respecter les règlements et la loi
sur l'assemblée nationale, mais vous conviendrez avec moi que je ne peux
quand même pas intervenir avant que le fait se produise. si, selon vous,
il y a lieu de demander à la présidence d'intervenir sur une
question précise, soulevez la question de règlement, et je le
ferai. quant aux interventions de députés, il y en a eu à
date qui venaient des deux côtés de la chambre sur
différentes interventions qui ont été faites des deux
côtés de la chambre. alors allez-y, m. le député de
pointe-aux-trembles.
M. Bourdon: m. le président, le député de
saguenay a lancé un défi à l'opposition d'assister
à l'ouverture de lauralco dans portneuf, et je ne doute pas que le
leader du gouvernement, qui sait vivre, invitera tous les députés
de l'assemblée nationale à l'ouverture de lauralco. c'est donc
dire que, dans la mesure où on nous transmettait une invitation, je
tiens à dire au député de saguenay que, oui, nous serons
présents si nous sommes invités. et, à mon tour, je vais
lui en transmettre une, de le rencontrer pour discuter de notre position sur le
projet de loi 132 devant les travailleurs de la reynolds à baie-comeau,
dans son comté. alors, il me fait une invitation, je lui en transmets
une, et on est prêts, devant les travailleurs, à défendre
la position qu'on prend depuis plusieurs heures, m. le président. c'est
un peu accablant d'entendre le député de saguenay faire le
chantage à la job pour dire qu'il faut se mettre à genoux devant
une multinationale et suspendre les règles de la chambre parce que,
lauralco, il y a telle ou telle loi qui ne lui convient pas. et, à cet
égard, m. le président, je trouve un peu spécial de nous
entendre reprocher de demander que l'environnement soit respecté et que
les lois s'appliquent à tout le monde. je trouve ça
spécial du député d'un gouvernement qui accable encore les
infirmières pour les gestes posés lors de la grève de
l'automne 1989. je trouve ça spécial de la part d'un gouvernement
qui ne fait rien pour corriger le fait que la simple travailleuse ou le simple
travailleur qui n'est pas d'accord avec une décision de la csst attende
le résultat d'un appel de trois à cinq ans en moyenne, m. le
Président. le député de lévis avait raison.
ce qui est en cause ce soir dans cette chambre, c'est l'égalité
de tous devant la loi. or, norsk hydro, lauralco et les gros ont un traitement
de faveur de la part de ce gouvernement-là. quand on regarde, m. le
président, le résultat de la dernière campagne de
financement libérale on voit bien qui crache dans la caisse de ce parti.
le ministre de l'industrie et du commerce a réalisé 523 % de son
objectif. c'est le ministre, m. le président, qui, de loin, distribue le
plus de subventions. on sait que les gens qui reçoivent des subventions
se font dire de fournir à la caisse, m. le président. je donnerai
quelques exemples...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement...
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de revenir à la pertinence du projet de loi 132,
s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous connaissez les
règles de la pertinence, M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Jusqu'à date, ça peut aller. Je vous demande
d'être prudent.
M. Bourdon: M. le Président, ma prétention est
simple. Ceux qui défendent les intérêts des gros, c'est
parce qu'ils sont financés par les grandes entreprises a un rythme
incroyable ce qui leur permet à l'occasion, M. le Président, de
dire: Vous autres, avec vos petits 2 000 000 $, nous autres, on a eu 5 000 000
$. Par quelle méthode? Par quel moyen? Dans mon comté de
Pointe-aux-Trembles, ils ont recueilli 3400 $, 12 % de leur objectif, dans
Hochelaga-Maison-neuve, M. le Président, ils ont recueilli un gros 280 $
et, dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, un gros 375 $. Deux gars dans une taverne
un soir qui ont dit: Je mets 200 $, tu mets 175 $. Tout ça pour dire, M.
le Président, que le projet de loi qui est devant nous dit en pratique
que si on est une grosse entreprise, on peut passer à côté
de la loi, mais si on est une simple infirmière d'hôpital on passe
par là. On s'acharne sur elle alors qu'elle revendiquait sans doute
d'être mieux traitée.
M. le Président, ce n'est pas un effet du hasard si, encore une
fois, il y a une loi spéciale, la quatrième pour Lauralco. Je
suis parfaitement d'accord que le député-ministre de Portneuf
développe les industries dans son comté. Mais, à quatre
lois par nouvelle entreprise, on admettra que ça commence à faire
gros pas mal et que ce qui est devant nous ce soir aurait pu être dans la
loi spéciale de décembre et dans les deux autres avant, et que le
gouvernement à cet égard n'a rien prévu.
M. le Président, je suis assez d'accord pour qu'on crée
500 emplois à Lauralco dans Portneuf, mais le gouvernement ne pourra pas
indéfiniment éviter le débat sur la finalité des
alumineries et ce que ça coûte aux gens qui paient des factures
d'électricité. et il y en a quelques-uns qui nous écoutent
ce soir, pas nombreux à cette heure-ci, mais il y en a. vous les avez
augmentés, m. le président, le gouvernement les a
augmentés de 15 % dans les 12 derniers mois et pour faire quoi? pour
dire: telle aluminerie, ça va être le taux grande puissance, qui
est le plus bas de tous les tarifs d'électricité, moins 40 %,
moins 50 %, moins 60 %, moins 75 %. c'est ça, l'attitude du
gouvernement. ah! bien sûr, comme d'habitude, ils essaient de trouver,
dans les activités du gouvernement antérieur, quelque chose qui
les justifieraient de faire ce qu'ils font aujourd'hui. on dit: en 1984, il y a
eu des rabais de consentis, m. le président. il faudrait peut-être
rappeler qu'en 1984, il y avait un surplus d'électricité. et,
à cet égard, je regrette que la ministre de l'énergie ne
soit plus présente pour en attester, quand hydro a un surplus,
plutôt que d'ouvrir les vannes et de laisser l'eau s'en aller, hydro
consent à des rabais, alors que, dans les cinq ou six dernières
années, m. le président, on a consenti des rabais faramineux
à des alumineries, à même de l'énergie qui
n'était pas en surplus. autrement dit, et là je fais appel aux
commerçants dans les banquettes ministérielles, c'est sûr
que s'il y a un surplus d'inventaire on peut faire une vente de liquidation,
mais vendre de l'électricité en bas du prix coûtant quand
on nous fait payer les barrages pour la produire, là ça pose de
sérieux problèmes. et l'ancien ministre de l'énergie dans
le gouvernement du parti québécois de 1976 à 1980 disait
qu'exporter de l'électricité à certaines conditions, si ce
n'est pas à un prix qui a de l'allure, c'est exporter des emplois. moi,
je veux croire que les contrats d'exportation qui vous justifient d'envoyer le
ministre de l'environnement chez le diable pour développer grande
baleine sont payants, admettons-le pour les besoins du débat de ce soir,
mais on y reviendra. (0 h 30)
Mais l'aluminium, M. le Président, dois-je rappeler aux
ministériels que ce sont des lingots qui s'en vont en bateau
créer des emplois ailleurs et que ce qui reste au Québec, c'est
la partie qui crée le moins d'emplois? Parce que les 500 emplois de
Lauralco dans Portneuf, à Pitts-burgh ou ailleurs, ça sera 5000,
6000, 7000 ou 10 000 emplois. Le Parti libéral à une
époque, celle de Maurice Duplessis, dénonçait le fait que
Maurice Duplessis vendait le minerai de fer du Nouveau-Québec une cenne
la tonne. Geor-ges-Émile Lapalme, le leader, d'ailleurs, disait: On vend
des ressources naturelles brutes alors qu'on devrait les transformer ici. Bien,
c'est la même chose dans le domaine de l'aluminium. On consent des rabais
pour faire un produit brut qui n'est pas un produit fini. Et à cet
égard, M. le Président, les ministériels devraient
plutôt
consacrer quelques efforts à convaincre des entreprises
d'automobiles, par exemple, de faire des pièces d'autos en aluminium au
Québec; ça, ça produit 5, 6, 7, 8, 10 fois plus d'emplois.
C'est donc dire que, que ce soit Lauralco, Norsk Hydro ou qui que ce soit
d'autre, mais dans le cas de Norsk Hydro le contrat est tellement consenti
à des conditions scandaleuses qu'on bâillonne l'Assemblée
nationale pour nous éviter d'en discuter. C'est un bon contrat mais on
le cache. C'est un contrat secret, sous sceau privé, et le chef de
l'Opposition le rappelait avec beaucoup d'à-propos hier, les rabais
consentis à Norsk Hydro se déduisent des profits
d'Hydro-Québec et donc des revenus du gouvernement.
M. le Président, nous avons un premier ministre qui a comme
stratégie industrielle deux sortes de projets: des barrages
hydroélectriques et des alumineries seulement. Dans l'est de
Montréal, par exemple, il serait important de développer la
pétrochimie. Dans ce sens, on a donné notre accord entier au
projet Soligaz, sauf qu'il y a eu des audiences du Bureau d'audiences publiques
en environnement. Les travaux d'études d'impact n'étaient pas
suffisants. On a retourné Soligaz et ses promoteurs à leurs
études pour s'assurer de l'impact. M. le Président, ce qu'on dit,
c'est que le développement industriel et la qualité de
l'environnement ne s'opposent pas, mais le comble c'est de ne donner au
ministre de l'Environnement que 15 000 000 $ des 50 000 000 $ promis par le
premier ministre pendant la campagne électorale; on le prive de 35 000
000 $ et, après ça, on dit: Le ministère est trop lent.
C'est assez fantastique, M. le Président. Hydro-Québec planifie
ses travaux une décennie à l'avance, mais là il est trop
tard pour l'étude d'impact sur Grande Baleine, on nous fait 6 000 000
d'annonces et on nous dit: Tout de suite, tout de suite, tout de suite, vous
chômez; on a 7000 applications pour Lauralco, il faut le faire!
Puisque le député de Saguenay a parlé de
chômage, je vais en dire quelques mots avant de terminer, M. le
Président. Sur l'île de Montréal si on additionne les
bénéficiaires de l'aide sociale aptes au travail - ça,
c'est déclaré par le ministère qui administre les gens
bénéficiaires de l'aide sociale et qui, au besoin, envoie ceux
qu'on a appelés, chez le monde ordinaire, les boubous macoutes - et si
on additionne à ça ceux qui sont bénéficiaires de
l'assurance-chômage, on a, sur l'Ile de Montréal, 188 000
sans-emploi. Avec leurs dépendants, conjoints, conjointes, fils, filles,
c'est près de 500 000 personnes sur 1 650 000. C'est grave au
point...
M. Chevrette: Pour permettre à plusieurs parlementaires de
pouvoir comprendre ces problèmes, j'aimerais qu'on demande le
quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés, s'il vous plaît.
Alors, nous avons maintenant quorum. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, si vous voulez continuer votre intervention.
M. Bourdon: Donc, M. le Président, sur l'île de
Montréal, il y a exactement 188 000 sans-emploi. Avec leurs
dépendants, conjoints, conjointes, fils, filles, on arrive à
près de 500 000 personnes. De telle sorte qu'à Montréal un
des problèmes qui confronte les gens c'est celui de la faim et, quand le
député-ministre de Portneuf, à titre de ministre de
l'Éducation, visite les écoles de Montréal, bien il dit
qu'il faut que l'État intervienne, et vite, pour nourrir les enfants qui
ne sont pas capables de suivre à l'école parce qu'ils n'ont pas
le minimum de nourriture que ça prend.
À cet égard, M. le Président, on n'est pas de ceux
qui pensent qu'il faut négliger des moyens pour créer des
emplois. Mais quand donc allez-vous introduire une loi pour dire que, quand on
ferme une usine au Québec, on devrait verser aux travailleurs victimes
de la fermeture une semaine de salaire par année de service,
jusqu'à un maximum de 26 semaines? En passant, M. le Président,
c'est ce qui existe dans la loi ontarienne qui a été votée
par le gouvernement Peterson, un gouvernement de la même couleur que la
couleur qui prévaut de l'autre côté de cette Chambre. Au
Québec, fermer une usine, ça ne coûte rien et il y a des
dirigeants de multinationales qui nous disent: Essayez de comprendre, on a une
usine dans l'est de Montréal et on en a une autre à Mississauga.
Si on ferme à Mississauga, en Ontario, ça nous coûte 4 000
000 $. Puis, au Québec, le gouvernement dit: Pour fermer, c'est gratuit.
Alors, on ferme au Québec parce que les comptables trouvent que c'est
mieux d'épargner 4 000 000 $ et de ne pas fermer celle en Ontario. Idem
à Valleyfield, M. le Président. Une entreprise où les
travailleurs sont les Métallurgistes Unis d'Amérique, la maison
mère est norvégienne. Ils ferment à Valleyfield parce que
ça ne coûte rien et qu'en Norvège, c'est cher.
En terminant, M. le Président, je dirai que quatre lois
spéciales pour une seule entreprise, c'est un peu fort. Un contrat
caché pour Norsk Hydro, c'est un peu fort. On ne peut pas baser une
stratégie industrielle sur les deux jeux de Nintendo du premier ministre
- des barrages hydroélectriques sur le dos des Cris et des alumineries
sur le dos de la population - en violant les lois et en donnant des
privilèges législatifs à des intérêts
particuliers puissants. À cet égard, M. le Président, on
devrait remercier l'Opposition de parier et on ne devrait pas se plaindre
d'être obligés d'être 18 de l'autre bord pour faire le
cadeau à Lauralco. Le cadeau, au moins, ayez le coeur de faire ce que le
règlement prévoit pour le faire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M.
le député de Pointe-aux-Trembles. M. le leader du
gouvernement, pour votre droit de réplique.
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec un certain intérêt les interventions des
collègues de l'Opposition et vous comprendrez qu'en ce disant je veux
signifier que j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt
les interventions de mes collègues de ce côté-ci. Ça
s'explique parce que j'ai été à même de constater
beaucoup d'exagérations de la part de l'Opposition officielle, beaucoup
de contradictions. Je pourrais très certainement occuper les 19 ou les
20 minutes qui me restent à mettre en contradiction ou à exprimer
comment m'interroger sur la façon d'interpréter les propos de
certains des collègues de l'Opposition officielle.
Pour un certain groupe de députés, dont le
député de Lévis, le député de
Pointe-aux-Trembles, le député de La Prairie... Ces
députés sont venus nous dire qu'on bafouait, somme toute, les
normes ou les règles de l'environnement, que c'était outrancier,
que c'était exagéré, que c'était questionnable et,
même pour eux, inacceptable que, par une législation
spéciale, on vienne garantir finalement l'exécution et la
terminaison, somme toute, de cet investissement majeur dans la région de
Québec. Or, d'autres collègues, le député de
Laviolette, le député d'Ungava, le député, si ma
mémoire est fidèle à certains égards, d'Arthabaska,
eux sont venus nous dire qu'ils regrettaient l'impossibilité dans
laquelle ils se trouvaient de présenter un projet de loi pour leur
comté. Le député d'Ungava nous a livré une
intervention contradictoire en tous points de l'intervention du leader
parlementaire de l'Opposition. Il disait très clairement: J'ai une mine,
dont j'ai oublié le nom, et il disait qu'il faudrait absolument qu'il
ait la même pièce législative. Je n'ai jamais vu un
député... Le député, ce soir, qui a exprimé
les critiques les plus sévères, les plus durement
formulées à l'égard du ministère de
l'Environnement, ça aura été le député
d'Ungava, du Parti québécois. Beaucoup de contradictions, donc.
(0 h 40)
M. le Président, je n'ai pas l'opportunité, ni le temps ni
même l'intérêt, somme toute, de relever chacun des points
qui ont été soulevés, compte tenu des exagérations
qu'on a entendues aujourd'hui. Je dois cependant vous dire que le projet de loi
qui est déposé, actuellement, a un objectif très simple,
les circonstances auront fait... Le cheminement de ce dossier nous donne comme
résultat qu'un investissement de 1 000 000 000 $ peut être mis en
péril en raison du retard pour l'émission de deux certificats,
deux autorisations, somme toute, sur neuf certificats. C'est ça, le
problème, purement et simplement. Les enjeux sont économiques,
dans un premier temps. L'enjeu économique, ça veut dire des
pertes de 30 000 000 $ par mois pour l'entreprise après février
1992. Ça veut dire aussi des coûts de financement additionnels de
g 000 000 $ par mois. Ça veut dire pour les travailleurs et les
travailleuses 1 000 000 $ par mois en salaires de perdus, et ce, sans compter
les milliers d'emplois, les quelques milliers d'emplois indirects
concernés par l'activité générée de cette
entreprise dans la région de Québec. Ça veut dire aussi,
ça peut vouloir dire un problème de révision des
engagements de prêts à l'égard de cette entreprise, parce
qu'on sait que c'est un investissement de 1 000 000 000 $.
M. le Président, ceci étant dit, ce projet constitue un
maillon important de renforcement de la chaîne économique de la
région de Québec. J'écoutais le député de
Lévis qui exprimait son opposition au projet. Il n'a pas le même
langage quand vient le temps de parler des chantiers maritimes, il n'a pas le
même langage quand il nous arrive avec un projet à peu près
tous les mois, un tunnel sous le fleuve, un pont à une autre place, une
université dans le centre-ville, bon, etc. M. le Président, quand
même, il faut retenir que c'est un projet qui est majeur et
déterminant pour la sécurité économique de la
région de Québec et notamment, je suis fier de le dire, de mon
comté et de ma région.
M. le Président, on a eu beaucoup de critiques à
l'égard de la volonté du gouvernement de développer
l'économie. M. Bourassa, cet après-midi, le premier ministre,
nous a indiqué, il nous a donné sa perception et elle
était combien pertinente. Autant le Parti québécois, au
début des années soixante-dix, s'est inscrit en faux contre le
projet de la Baie James... Ces gens-là favorisaient le nucléaire,
ces gens-là nous ont questionnés. Je me rappelle, comme jeune
député, moi, en 1973, assis ici, je me disais: Ça se
"peut-u" que ces six députés fassent tout ce qui est humainement
possible pour discréditer, pour questionner, pour s'opposer, pour
retarder la mise en oeuvre d'un projet essentiel au développement
économique du Québec!
Comme le disait le premier ministre, évidemment ils ont
été les premiers à aller célébrer
l'ouverture officielle en 1978 et à peser sur le bouton. Aujourd'hui
c'est le même phénomène. Fin des années
quatre-vingt, début des années quatre-vingt-dix, c'est le
même phénomène. Le gouvernement s'est engagé dans
une démarche de développement économique axée sur
plusieurs volets, mais dont un se réfère à l'industrie
manufacturière dans le domaine de l'aluminium. On a six projets
d'investissements, M. le Président, 4 900 000 000 $ d'investissements,
un projet additionnel qu'on prévoit d'ailleurs annoncer, quoi, en 1992.
C'est des milliards de dollars qui se dépensent, 24 secteurs de
l'industrie, de l'entreprise, qui sont concernés. Ça
génère des emplois dans 24 secteurs. Tout l'aspect de la
construction, on le
voit chez nous, c'est 2000 employés sur le chantier actuellement.
C'est 45 000 emplois au Québec. C'est 300 000 000 $ en salaires dans ces
entreprises-là.
Et là, le PQ vient pérorer, vient causer, vient
questionner, vient nous formuler ses questions régulièrement,
existentielles, planétaires et cosmiques, mais dans la vraie vie,
là, la qualité de vie des citoyens, ça passe entre autres
par la capacité d'une société d'élaborer des
programmes, de les bâtir, de maintenir un niveau de richesse et de
redistribuer cette richesse.
M. le Président, pourriez-vous demander au député
de Pointe-aux-Trembles, qui n'occupe pas son fauteuil, soit dit en passant,
autant de respect à mon endroit que j'en ai au sien, si c'est possible?
Je suis persuadé qu'il va me l'accorder et non seulement il va garder le
silence, mais surtout va m'écouter, parce qu'il aurait
intérêt à m'écouter, ça va de soi.
Ceci étant dit, les retombées fiscales estimées
pour le Québec: 1 600 000 000 $. L'activité économique
reliée au nouveau projet d'aluminerie: Le Québec sera, en 1993 -
les gens du Parti québécois qui s'inscrivent continuellement dans
cette démarche d'affirmation nationale du Québec, vous devriez en
être fiers, vous devriez nous dire merci - le deuxième producteur
d'aluminium au monde, chez nous. Le député de Pointe-aux-Trembles
et d'autres se sont référés au caractère primaire
de cette production. On a amorcé, et c'est notre gouvernement, c'est le
gouvernement de Robert Bourassa qui a amorcé la transformation de
l'aluminium au Québec avec le projet de Montupet, Durai... Recyclage
Aluminium Québec. Et je sais pertinemment que le ministre de l'Industrie
et du Commerce travaille actuellement sur deux autres projets qui
totaliseraient 200 000 000 $ d'investissements. Je le sais parce qu'un de ces
projets envisage de venir dans la région de Québec pour nous
donner encore davantage de vitalité, confrontés que nous sommes
à des problèmes majeurs de diversification économique.
Ça, c'est l'aspect économique, priorité pour nous.
L'autre aspect, c'est que, nous, on peut concilier développement
économique et protection de l'environnement. Ce projet de loi, le projet
de loi 132, ne vise pas à donner un blanc-seing à une entreprise
pour faire ce qu'elle veut, où elle voudra, quand elle le voudra. Mais
non, on se réfère à l'entreprise dans le domaine de
l'aluminium - c'est reconnu par tout le monde, par tous les spécialistes
- qui est la plus crédible en termes d'équipement, de
technologie, de façon de faire pour protéger l'environnement. Une
entreprise qui, dans la suite des démarches, avant le début des
travaux, devra se conformer aux directives, aux normes et aux règlements
de l'environnement. Une entreprise, cependant, qui, par le projet de loi 132,
se fait dire ce soir par le gouvernement et l'Assemblée nationale du
Québec: Respectez vos devis techniques, respec- tez ce qui est
prévu dans le règlement de l'environnement, que ce soit à
l'égard de la production, de la ligne de transformation, des
transformateurs, de la ligne de transport hydroélectrique, de
l'impact... Évidemment, si jamais il y avait un accident avec les
transformateurs, tout ça est bien encadré. Et ces gens-là
devront le respecter. Ce qu'on leur dit, cependant, c'est ceci. On leur dit:
Vos certificats seront émis pour que vous puissiez commencer les
opérations en février 1992, tel que prévu.
M. le Président, ce projet de loi, on se devait de l'adopter.
Depuis le 1er avril, les travaux se référant à la ligne
auraient dû être amorcés et commencés. Chaque
journée, depuis le 1er avril, c'est un retard, ce sont des retards
coûteux. Il en va aussi de l'image du Québec sur la scène
internationale, au niveau des investissements, parce que, comme le disait le
député tout à l'heure, pour nous, les investissements sont
importants. C'est comme ça qu'on génère des revenus et
c'est comme ça que moi, comme ministre de l'Éducation, via des
revenus - parce qu'il faut des revenus - je serai en mesure - exemple concret -
d'adresser des programmes, des interventions encore plus pertinentes, mieux
ciblées pour faire face au problème de la pauvreté dans
certains milieux scolaires. Il nous en faut, des entrées d'argent et il
faut que le monde soit au travail. Tout comme on sera aussi en mesure de mettre
en place des politiques et des programmes mieux ciblés pour
l'intégration des communautés culturelles,
particulièrement dans la région de Montréal.
On est conscients de tout ça, vous savez. Mais, pour
développer, pour améliorer, pour en faire plus, on se doit
d'avoir les revenus pour. Et les revenus pour, ça passe par un
développement économique. Nous aurons l'opportunité, je
présume, dans des délais qui peuvent être relativement
brefs - on verra, dépendamment, évidemment, des décisions
devant les tribunaux - de discuter aussi de la vente
d'électricité. Puis, vous serez à même de constater
que c'est payant pour le Québec. C'est payant pour le Québec.
M. le Président, je terminerai en remerciant mes
collègues, en souhaitant qu'on puisse passer dans les meilleurs
délais, d'ici quelques minutes, en comité plénier pour
l'étude du projet de loi article par article. Je dois vous dire merci
pour l'appui des membres de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas le
député de Portneuf qui présente la loi, c'est le leader
parlementaire du gouvernement, au nom de tous mes collègues, mes
collègues députés et mes collègues du Conseil des
ministres. Je pense que la présence de mes collègues, dont Mme la
ministre de l'Énergie, qui est avec moi ce soir, qui arrive de
l'extérieur, qui a pris la peine de venir ici, à Québec,
à l'Assemblée, pour venir voter, M. le député et
ministre de l'Environnement qui est venu intervenir, qui a fait part
évidemment de sa position et qui a voulu indiquer à la Chambre
pourquoi il
ne pouvait...
Une voix:...
M. Pagé: Pardon? Le ministre de l'Environnement est venu.
Il nous a bien adressé ça. Je suis persuadé qu'il a
même surpris le député de Joliette et leader parlementaire
de l'Opposition. C'est une équipe solidaire malgré le
caractère délicat de situations comme celles-là, et je
suis fier de mon gouvernement, M. le Président.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
ministre de l'Éducation et leader du gouvernement. Ceci met fin au
débat sur l'adoption du principe. Est-ce que la motion du leader du
gouvernement et ministre de l'Éducation proposant l'adoption du principe
du projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en exploitation
de postes de manoeuvre et de transformation électrique et d'une usine
d'aluminium dans le parc industriel Descham-bault-Portneuf, est
adoptée?
M. Chevrette: Vote enregistré.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vote enregistré.
Qu'on appelle les députés. (0 h 51 - 0 h 56)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je mets donc aux voix la motion du leader du gouvernement et ministre de
l'Éducation, proposant l'adoption du principe du projet de loi 132, Loi
concernant la construction et la mise en exploitation de postes de manoeuvre et
de transformation électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc
industriel Deschambault-Portneuf.
Que ceux et celles qui sont contre cette motion veuillent bien se lever!
Je vous demanderais le silence durant le vote.
M. Chevrette: Pas ceux qui sont contre, ceux qui sont pour.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceux qui sont pour.
M. Chevrette: Ah!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceux qui sont pour cette
motion, excusez-moi.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Bacon (Chomedey), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Middlemiss (Pontiac), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano (Viau), Mme Bleau (Groulx), M.
Maltais (Saguenay), M. Philibert (Trois-Rivières), M.
Chagnon (Saint-Louis), M. Doyon (Louis-Hébert), M. St-Roch
(Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Tas-chereau), M. Poulin (Chauveau), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin
(Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M.
Richard (Nicolet-Yamaska), M. Char-bonneau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Gobé (LaFontaine), M. Joly
(Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Borde-leau
(Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M.
Forget (Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Garon
(Lévis), Mme Caron (Terre-bonne), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ceux et celles qui
s'abstiennent. Aucune abstention.
Le Secrétaire: pour: 42 contre: 5 abstention: 0
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Cette motion de principe
est donc adoptée. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, évidemment, je
fais motion pour que l'Assemblée se transforme immédiatement en
comité plénier, s'il vous plaît. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. En
conséquence, l'Assemblée se constitue en commission
plénière pour l'étude détaillée du projet de
loi...
M. Chevrette: Est-ce que cette motion est débattable?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Ce n'est pas
débattable... 132, Loi concernant la construction et la mise en
exploitation de postes de manoeuvre et de transformation électrique et
d'une usine d'aluminium dans le parc industriel Deschambault-Portneuf. Alors,
l'Assemblée se constitue en commission plénière.
M. Pagé: Cette motion, qui a été
adoptée
dans un maximum d'une heure, je dis bien un maximum d'une heure... On va
reprendre en troisième lecture.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): D'accord. Alors, cette
Assemblée se constitue en commission plénière.
(Suspension de la séance à 1 heure)
(Reprise à 1 h 3)
Commission plénière Étude
détaillée
M. Lefebvre (président de la commission
plénière): Mme la ministre, s'il vous plaît. Alors,
conformément à la motion de suspension des règles
adoptée précédemment, nous sommes réunis en
commission plénière pour étudier en détail le
projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en exploitation de
postes de manoeuvre et de transformation électrique et d'une usine
d'aluminium dans le parc industriel de Deschambault-Portneuf. Je vous rappelle
également que la durée de l'étude détaillée
portant sur ce projet de loi est fixée à un maximum de 60
minutes. Nous allons donc entreprendre immédiatement nos travaux par les
remarques préliminaires. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous remercie.
Je suis accompagné, à ma droite, par...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Pagé: Je m'excuse.
M. Chevrette: Je ne sais pas si vous ne devriez pas fermer les
portes.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, que ceux et celles qui
désirent tenir des caucus le fassent à l'extérieur de
l'Assemblée, de sorte qu'on puisse procéder le plus rapidement
possible et dans la quiétude. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. La quiétude
est tout à fait indiquée. J'en étais à vous faire
part que je suis accompagné, pour répondre aux questions de
l'Opposition officielle, de spécialistes de différents
ministères ou organismes. À ma droite, M. François Gendron
du Secrétariat à la législation du Conseil
exécutif; à ma gauche, M. André Doit du ministère
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie qui a suivi le dossier de
Lauralco de très près depuis deux ans; M. André Mercier,
vice-président région de Québec pour Hydro-Québec;
Mme Nathalie Nicol d'Hydro-Québec de la région de
Québec; M. Raynald Ouellet du ministère de
l'Environnement; M. Pierre Landale, le président de Lavalin
Environnement et Michel Ouellet du Secrétariat à
l'aménagement, au développement régional et à
l'environnement au Conseil exécutif.
M. Chevrette: Et le monsieur là-bas?
M. Pagé: M. Pierre Landale, président de Lavalin
Environnement.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai une motion à
faire.
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
Motions en vue d'entendre le ministre de
l'Environnement
M. Chevrette: Je voudrais proposer que, pour les 15 prochaines
minutes, on puisse entendre le ministre de l'Environnement.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: ...il a été convenu dans la motion
que l'étude en comité plénier porte sur l'étude du
projet de loi, article par article, sur toutes les questions, et on se
réfère généralement aux questions techniques. C'est
un temps maximum de 60 minutes. J'aurais apprécié au plus haut
point que le ministre de l'Environnement ait pu se joindre à nous, et je
suis persuadé que si mon collègue, le député de
Joliette et leader parlementaire de l'Opposition, m'avait donné un avis
avant, en début de soirée... Le ministre de l'Environnement
était avec nous, il est intervenu, il a passé une bonne partie de
la soirée. Je ne vois pas comment - parce que ça devient un ordre
de la Chambre - à 1 h 57 ou 1 h 58, le comité plénier doit
se terminer. M. le Président, je ne vois pas comment je pourrais
répondre au voeu du député et qu'on passe les
premières 15 minutes. C'est un ordre de la Chambre. Les soixante
prochaines minutes doivent porter sur l'étude du projet de loi article
par article, et je ne peux accepter.
M. Chevrette: Vous n'avez pas suspendu dans la motion. Je
m'excuse. Le leader n'a pas suspendu les règles relatives aux
commissions. Et en commission, tout député a le droit de faire
les motions qui s'imposent. Étant donné que ce sont des pouvoirs
que perd le ministre de l'Environnement au profit de l'Exécutif, dans la
loi, c'est très formel. Vous lirez les articles 1, 2 et 3; ce sont des
pouvoirs qui sont dévolus au ministre et au ministère et qui
seront maintenant assumés par le pouvoir exécutif, par le
gouver-
nement comme tel, donc, le Conseil des ministres, et je pense que nous
sommes en droit d'interroger le ministre de l'Environnement sur les pouvoirs
qu'il cède à l'Exécutif et qu'il ne garde qu'un pouvoir de
consultation.
M. Pagé: M. le Président, sur cette
question-là, j'ai indiqué...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: ...précédemment que si l'Opposition
officielle m'en avait fait la demande, j'aurais pu de gré à
gré faire en sorte que le ministre de l'Environnement soit ici. Or, la
demande... Et ça, je dis bien de gré à gré,
c'est-à-dire dans le cadre d'un consentement. La demande de l'Opposition
officielle à l'article 240, deuxième alinéa,
réfère à une consultation particulière. Le leader
de l'Opposition a bien dit, tout à l'heure, au texte: M. le
Président, nous aimerions entendre le ministre de l'Environnement pour
les premières quinze minutes. Ceci étant dit, en vertu de la
motion de suspension des règles que j'ai déposée cet
après-midi, l'article 244, deuxième alinéa, est aussi
suspendu, c'est-à-dire qu'avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat. C'est ce que me
demande le député de Joliette, et ce n'est pas recevable en vertu
de la motion de suspension des règles qui a été
votée en majorité.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, ce n'est pas
une consultation particulière que je demande. En toute commission
parlementaire, on peut en tout temps faire une motion pour proposer d'entendre
quelqu'un. Je m'excuse. Ce n'est pas l'article 244. Si le leader veut s'en
tirer par ce biais-là parce qu'il a pensé qu'on ne pourrait pas
faire de motion pour entendre, je m'excuse. On pouvait nous bâillonner,
mais on ne nous bâillonnerait toujours pas sur notre droit de faire des
motions. Je propose, M. le Président, que la commission puisse entendre,
dans les délais, le ministre de l'Environnement qui perd des pouvoirs au
profit du pouvoir exécutif, et c'est pourtant lui qui, en vertu des lois
du Québec, a la responsabilité de l'application de la loi de
l'environnement au Québec, et il serait indispensable que le ministre
vienne ici. Il a pleurniché tantôt sur les pouvoirs qu'il perdait.
Il a supplié les députés de venir ici, de venir l'appuyer
par un mandat d'initiative. Il a dit: Donnez-moi du pouvoir pour convaincre le
Conseil des ministres. On veut justement lui en donner, nous autres. On veut
lui donner de T'exposure". Donc, on le propose en bonne et due forme, et je
pense que c'est tout à fait recevable. j'aimerais vous entendre sur la
recevabilité, m. le président, parce que j'en aurais une
deuxième à faire.
Le Président (M. Lefebvre): Spécifiquement, sur la
recevabilité de votre motion, on est, M. le leader de l'Opposition
officielle, réunis en commission plénière. Même si
un nombre considérable de règles ont été
suspendues, vous pouvez effectivement présenter des motions
préliminaires, sauf que, par analogie, j'assimile votre demande à
celle contenue au paragraphe 2 de l'article 244 qui traite
spécifiquement des consultations particulières en commission.
Alors, que ce soit en commission permanente ou en commission
plénière, je considère que votre demande cadre
effectivement avec le paragraphe 2 de l'article 244, lequel article 244,
paragraphe 2 a été suspendu par l'effet de la motion
présentée par le leader et qui a été
adoptée.
Dans les circonstances, à moins qu'il n'y ait consentement de la
part du leader du gouvernement...
M. Chevrette: Vous venez de décider, M. le
Président?
Le Président (M. Lefebvre): Oui, je viens de
décider...
M. Chevrette: Vous venez de décider que, par
analogie...
Le Président (M. Lefebvre): ...que votre motion n'est pas
recevable, et je base ma décision sur le paragraphe 2 de l'article 244
qui a été suspendu par l'effet de la motion de suspension des
règles. À moins qu'il n'y ait consentement de la part du leader,
je vais...
M. Chevrette: II n'y a pas consentement, monsieur, mais il y a
contestation.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, ça, vous pouvez
prétendre contester ma décision...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lefebvre): ...mais ça ne changera
rien. On procédera tel qu'il est spécifié dans la motion
de suspension des règles, M. le leader du gouvernement. Même si
vous n'êtes pas d'accord avec moi, vous devrez malheureusement vous plier
à ma décision.
M. Chevrette: C'est épouvantable! C'est rendu que, par
analogie, on va nous bâillonner.
Le Président (M. Lefebvre): À la motion de
suspension des règles, il est spécifié en plus, à
la page 2 de ladite motion, que la durée de l'étude
détaillée du projet de loi en commission
plénière sera fixée à un maximum de 60
minutes après le début de ces travaux, et ce, malgré les
dispositions de l'article 245. Alors, dans les circonstances, à moins
que vous n'ayez d'autres motions, M. le leader de l'Opposition officielle, je
vous...
M. Chevrette: Je suis à la veille de vous donner mon
siège, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Je demanderais à M. le
leader du gouvernement de bien vouloir procéder à ses remarques
préliminaires.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Je propose que la commission souhaite entendre le
ministre de l'Environnement.
Le Président (M. Lefebvre): Vous avez déjà
fait cette motion-là. Je me répète, je considère
qu'elle est de la même nature que les consultations particulières
dont on parle à l'article 244, paragraphe 2 de notre règlement,
lequel article 244, paragraphe 2, M. le leader de l'Opposition officielle, est
spécifiquement suspendu dans la motion de suspension du leader du
gouvernement.
M. Chevrette: Je demande une suspension des travaux pour deux
minutes, parce que vous allez avoir cours après.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a consentement,
M. le leader?
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, la
séance n'est pas levée.
Le Président (M. Lefebvre): Non.
M. Pagé: II faut un consentement. Je suis prêt
à une suspension de deux minutes mais que ça devienne un ordre,
dans deux minutes, on recommence.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, vous êtes
d'accord.
M. Pagé: Dans deux minutes à compter de
maintenant.
Le Président (M. Lefebvre): Je suspends les travaux de la
commission plénière pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 1 h 13) (Reprise à 1 h
17)
Le Président (M. Lefebvre): Nous reprenons les travaux de
la commission plénière relativement à l'adoption du projet
de loi 132. nous en étions à l'étape des remarques
préliminaires. oui, m. le leader de l'opposition officielle.
M. Chevrette: Je voudrais faire motion pour que cette commission
souhaite que le ministre de l'Environnement se joigne à ses travaux et
qu'une invitation en ce sens lui soit lancée afin qu'il puisse se
prévaloir des dispositions de l'article 163.
M. Pagé: M. le Président, sur cette question, je
dois...
M. Chevrette: Je veux savoir, d'abord, si elle est recevable, M.
le Président.
M. Pagé: Je vais plaider sur la recevabilité dans
le sens qu'elle ne l'est pas.
M. Chevrette: Moi, je vous...
M. Pagé: m. le président, fa motion est
irrecevable, définitivement, en vertu de 163 parce que 163
réfère à une demande: 'toute commission doit entendre un
ministre qui demande à s'exprimer dans le cadre de l'examen d'une
affaire." or, premièrement, aucun ministre n'a demandé... le
ministre de l'environnement n'a pas demandé à être entendu
dans le cadre de la commission plénière. si, maintenant, on
réfère... le leader de l'opposition aurait pu présenter et
là prétendre, en vertu non pas de 163 mais de 164... à
164, on y dit... bien, oui. donc, 163 n'est pas acceptable. "164. lorsqu'une
commission désire entendre un ministre, elle doit l'en aviser par
écrit au moins 15 jours à l'avance sauf renonciation de
l'intéressé à ce délai." or, m. le
président, on a un ordre de la chambre qui nous dit qu'à 1 h 56
ou 1 h 57 du matin ou de la nuit, en ce vendredi 19 avril, on devra cesser
d'échanger sur le projet et que le rapport devra être soumis
à l'assemblée pour la troisième lecture. m. le
président, c'est impossible. même si la motion pouvait être
recevable, il faut donner un délai de 15 jours au ministre, ou encore un
avis par écrit, ou encore il faut accepter que celui-ci renonce. or, il
est parti. il doit dormir d'un sommeil calme et paisible. le temps de
communiquer avec lui, de lui demander de renoncer à 164, il ne sera pas
revenu et ça va être fini.
Le Président (M. Lefebvre): Sur la recevabilité, M.
le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, la recevabilité est
claire. Il n'y a pas d'ordre, c'est une invitation qu'on veut donner. On est en
train, M. le Président, d'adopter un projet de loi qui suspend les
pouvoirs d'un ministre et d'un ministère. On offre l'opportunité
de l'inviter s'il veut venir, puis il a le droit de venir, puis il a
le droit de se prévaloir de 163, à ce moment-là,
qui n'est pas suspendu, mais il faut bien qu'il le sache. Si on ne l'invite
pas, si on ne lance pas l'invitation, il ne le saura jamais. "C'est-u" normal
que le leader du gouvernement, M. le Président, soit en train de plaider
une loi qui ne le regarde même pas, dans le fond, si ce n'est par
intérêt de comté? Fondamentalement, c'est une loi qui
suspend les droits de l'Environnement, les pouvoirs du ministre de
l'Environnement. On ne l'a pas mis parrain de la loi, ça, ce n'est pas
de ma faute, mais, nous, on est en droit de questionner d'une façon
intelligente le ministre de l'Environnement, pas un ministre qui a un
intérêt exclusivement par découpage électoral. On
veut véritablement poser des questions à celui qui a la
responsabilité en matière d'environnement. On suspend les
pouvoirs du ministre de l'Environnement ici. C'est ça, fondamentalement.
On dit de lui lancer l'invitation. On pense que la motion est très
recevable. Et, si vous la recevez, je voudrais parler dessus.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle, vous invoquez l'article 163 au soutien de votre motion.
M. Chevrette: Non, non, pas au soutien de ma motion. Je m'excuse,
M. le Président, mais il y a une incompréhension de la
présidence. Je veux qu'on prenne les dispositions pour appeler
immédiatement le ministre de l'Environnement pour qu'il puisse
venir...
Le Président (M. Lefebvre): Alors, vous...
M. Chevrette: ...et là, il pourra... C'est lui qui peut se
prévaloir de 163 et non pas moi.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, si 163 ne s'applique
pas, vous concluez donc que ce n'est pas le ministre qui a désiré
se faire entendre. Ce serait donc 164...
M. Chevrette: Non, non. Il peut, mais il faut qu'il le sache.
Le Président
(M. Lefebvre): oui mais, à ce
que je sache, le ministre de l'environnement n'a pas indiqué qu'il
désirait se faire entendre en commission plénière.
M. Chevrette: Bien oui, mais qu'est-ce qui nous empêche de
l'inviter?
Le Président (M. Lefebvre): Non. Si vous permettez, M. le
leader, je vais rendre ma décision...
M. Chevrette: Ah bien...
Le Président (M. Lefebvre): À ce que je sache, le
ministre de l'Environnement n'a pas demandé à être entendu
en commission plénière, donc 163 ne s'appliquerait pas.
M. Pagé: En tout cas, pas à moi. M. Chevrette:
Vous ne le savez pas! M. Pagé: Peut-être à
vous.
Le Président (M. Lefebvre): L'article 164 que vous
invoquez, M. le leader de l'Opposition officielle, se lit comme suit:
"Lorsqu'une commission - une commission comprend, évidemment, la
commission plénière - désire entendre un ministre, elle
doit l'en aviser par écrit au moins 15 jours à l'avance",
à moins que cette preuve ne soit déposée entre les mains
du président et que le ministre de l'Environnement ait été
informé de la demande à laquelle vous faites
référence - c'est 15 jours à l'avance - ce qui, dans les
circonstances actuelles d'aujourd'hui devient impossible, puisqu'on statue sur
une...
M. Chevrette: M. le Président, vous êtes...
Le Président (M. Lefebvre): ...motion de suspension de
procédure qui a donné suite à la loi spéciale, M.
le leader de l'Opposition officielle, alors ni 163 ni 164 - si vous permettez,
je conclus là-dessus - ne peuvent, selon moi, soutenir la demande que
vous avez faite tout à l'heure.
M. Chevrette: Cet après-midi, vous présidiez. Vous
m'avez demandé si je faisais fi de la lecture de toute la motion avant
que le vote se prenne.
Le Président (M. Lefebvre): C'est-à-dire que...
M. Chevrette: Je ne sais pas si vous vous en rappelez, mais je
vais continuer, là, c'est moi qui ai la parole. Vous m'avez dit: Si on
renonce à quelque chose, ce n'est pas grave. Qu'est-ce qui vous dit que
le ministre de l'Environnement, un coup invité, à cette heure-ci,
n'accepterait pas de se soustraire au délai et n'accepterait pas de
venir? Vous ne pouvez pas présumer, vous non plus, pas plus que moi.
À ce moment-là, 163, au contraire...
Il est venu dire qu'il était impliqué dans la loi. Il est
venu dire qu'il avait besoin du soutien de l'Assemblée nationale et des
députés. Il est venu nous dire qu'il avait besoin même d'un
mandat d'initiative pour se bâtir une crédibilité et un
rapport de force pour influencer le Conseil des ministres. Vous
présumez, autant que moi, qu'il n'accepterait pas? Je ne suis pas
sûr qu'il ne viendrait pas avec empressement, si on l'invite, en lui
disant qu'on est désireux au moins de lui lancer l'invitation.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle, je ne peux pas présumer de quoi que ce soit et je ne peux
rien prendre pour acquis, moi. Je dois m'en tenir à la règle. Si
le ministre de l'Environnement était, au moment où on se parle,
présent en commission plénière et s'il demandait, en vertu
de l'article 163, d'être entendu, je n'aurais pas d'autre choix que de
lui permettre de se faire entendre, mais ce n'est pas le cas. Le ministre de
l'Environnement, à ce que je sache, n'est pas ici, n'est pas
présent. Ni directement ni indirectement n'a-t-il demandé
à être entendu.
M. Chevrette: Pourquoi on ne pourrait pas l'inviter?
Le Président (M. Lefebvre): Alors, oui, vous pouvez
l'inviter. Vous pouvez, M. le leader de l'Opposition officielle...
M. Chevrette: Bien, c'est ce que je fais.
Le Président (M. Lefebvre): ...en partant des articles
243, 244...
M. Pagé: Non, mais il peut renoncer à ce
délai.
Le Président (M. Lefebvre): ...et 244.2
particulièrement.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez relire la motion, M. le
Président?
Le Président (M. Lefebvre): Oui. Votre motion se lit comme
suit: Que cette commission souhaite...
M. Chevrette: Ah!
Le Président (M. Lefebvre): ...que le ministre de
('Environnement... Alors, souhaiter la présence du ministre de
l'Environnement, M. le leader de l'Opposition officielle, c'est, par analogie,
l'article 244.2 qui s'applique.
M. Chevrette: Lisez-la toute.
Le Président (M. Lefebvre): "...souhaite que le ministre
de l'Environnement se joigne à ces travaux et qu'une invitation en ce
sens lui soit lancée afin qu'il puisse se prévaloir des
dispositions de l'article 163." Or, l'invitation c'est 164, 15 jours.
M. Chevrette: vous présumez qu'il ne voudrait pas
intervenir et qu'il ne voudrait pas ne pas laisser le temps s'écouler.
m. le président...
Le Président (M. Lefebvre): Non, je ne présume de
rien. Ce que je vous dis, M. le leader de l'Opposition officielle, c'est que je
n'ai pas devant moi de demande spécifique de la part du ministre de
l'Environnement à être entendu.
M. Chevrette: Bien, voyons! M. le Président, vous
êtes en train de plaider comme si vous étiez assis de l'autre bord
et je vais vous expliquer pourquoi. M. le Président, vous ne pouvez pas
présumer. On a le droit, en tout temps, de lancer le voeu d'une
invitation. S'il l'accepte, il prendra 163. S'il ne l'accepte pas, il ne
viendra pas. Mais comment vous pouvez deviner qu'il ne se soustraira pas au
délai? Je ne vous comprends pas. Ce n'est pas au ministre à...
C'est un ministre qui pourrait tenir cette argumentation-là, en sachant
qu'il ne peut pas venir ou en sachant qu'il n'acceptera pas et en sachant...
Mais vous ne pouvez pas, vous, comme président, présumer
ça.
M. Pagé: M. le Président, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle, je peux comprendre que vous ne soyez pas en accord avec ma
décision mais j'ai rendu une décision et je considère que
votre deuxième motion est également irrecevable.
M. Chevrette: Est-ce que je dois comprendre que je n'ai pas le
droit d'inviter le ministre?
M. Pagé: M. le Président... M. le Président,
deux choses.
Le Président (M. Lefebvre): C'est-à-dire qu'il y a
des règles à respecter.
M. Chevrette: J'ai posé une question, M. le
Président.
M. Pagé: Aie!
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je pense que votre
décision se fonde exactement dans le sens de l'interprétation, le
texte, le libellé du règlement. Deux choses que je voudrais
rappeler au leader parlementaire de l'Opposition qui indiquait tout à
l'heure... qui semblait vouloir laisser croire que j'intervenais dans le cadre
de ce projet de loi uniquement comme député. Je tiens à
lui dire et lui rappeler que j'interviens comme leader parlementaire du
gouvernement, au nom du cabinet, mandaté par le Conseil des ministres et
mandaté par le premier ministre pour présenter ce projet de loi
auquel sont venus s'associer trois ministres directement concernés, que
sont le ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre de l'Environnement
et Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources et
vice-première
ministre.
M. le Président, de plus, je me permets une question au leader
parlementaire de l'Opposition. C'est très clair en vertu du
règlement, même pour renoncer, il doit venir nous le formuler. Il
reste 37 minutes. Le ministre de l'Environnement est probablement parti dans
son comté ou à sa résidence secondaire à
Québec. Il est 1 h 30 du matin. Je présume qu'il est en train de
dormir calmement, paisiblement. Premièrement, c'est physiquement
impossible de l'inviter, de l'inviter à renoncer et de l'inviter
à venir nous voir. Le leader parlementaire de l'Opposition pourrait-il
m'indiquer s'il présume... Comment peut-il présumer qu'il
viendrait et qu'il renoncerait?
M. Chevrette: M. le Président, on l'a vu dans les
corridors, tantôt. Il se préoccupe de la loi. Et il est venu
pleurnicher en Chambre ici.
M. Pagé: M. le Président!
M. Chevrette: II est venu faire un discours sur la loi...
M. Pagé: Bien oui, puis?
M. Chevrette: ...et il a dit qu'il avait besoin du support de la
députation pour se bâtir un rapport de force parce qu'il
n'était pas capable de convaincre son Conseil des ministres.
M. Pagé: M. le Président, bien voyons donc!
M. Chevrette: On veut parler au ministre responsable de la loi,
nous autres, pas à un ministre qui est pris dans une situation
d'intérêts. On veut avoir le ministre de l'Environnement qui perd
les pouvoirs.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader, s'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Chevrette: Bien, il m'a posé une question, j'ai
répondu, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Oui, je comprends, mais
j'aimerais bien qu'on...
M. Pagé: II n'a pas répondu à ma question.
Il ne m'a pas dit comment il pouvait...
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader du gouvernement,
s'il vous plaît!
M. Pagé: ...présumer qu'il viendrait.
Le Président (M. Lefebvre): On va, si vous permettez - et
je m'adresse aux deux leaders - faire le point, où est-ce qu'on en est
rendu.
M. Pagé: À l'article 1.
Le Président (M. Lefebvre): J'ai rendu une décision
sur la deuxième motion du leader de l'Opposition, laquelle motion je
considère irrecevable, de sorte qu'on revient à la case
départ, aux remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Pagé: Je n'en ai pas,
M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle, est-ce que vous avez des remarques sur le projet de loi 132?
M. Chevrette: Oui. Comment est-ce qu'il reste de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lefebvre): Remarques
préliminaires. Combien de temps? 40 minutes, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Merci. Oui, j'aurais quelques rermarques. Dans un
premier temps, M. le Président, je voudrais dire que cette loi touche le
ministère de l'Environnement de plein front. À deux reprises,
dans cette législation, M. le Président, on soustrait
complètement les responsabilités normalement dévolues au
ministre et au ministère et on laisse ça, on remet ça au
pouvoir exécutif, M. le Président, et on dit: II dort
paisiblement.
Une voix: II dort.
M. Chevrette: Je veux bien croire qu'il dort sur la "switch"
depuis longtemps au ministère de l'Environnement, mais sa
responsabilité ce n'est pas de dormir sur la "switch" c'est de s'occuper
de l'application de la loi en matière d'environnement, M. le
Président.
Le Président (M. Lefebvre): Si vous permettez, M. le
leader du gouvernement, le leader de l'Opposition officielle en est à
ses remarques préliminaires et il est en droit de pouvoir s'exprimer
sans intervention de votre part. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, je disais donc que je suis
surpris qu'on puisse présumer que le ministre de l'Environnement n'est
pas intéressé par cette loi. Je pense que c'est inconcevable.
C'est inconcevable d'abord que ce ne soit pas lui qui pilote cette loi, parce
que, de plein fouet, on lui enlève deux pouvoirs fondamentaux. (1 h
30)
M. le Président, il est venu s'exprimer ici, le ministre de
l'Environnement, il est venu dire qu'il n'y avait pas suffisamment de
compréhension, à toutes fins pratiques, de la part de ses
collègues. Il est venu dire aux députés:
Réveillez-vous! Ne dormez pas, justement! Prenez un
mandat d'initiative; faites quelque chose; j'ai de la misère
à convaincre le Conseil des ministres. C'est ça qu'il est venu
dire, à toutes fins pratiques, ici. C'est ça. Il en pleurait
quasiment. C'est un appel de détresse qu'il lançait, parce que
lui - je l'ai dit dans mon discours en deuxième lecture - il est un peu
comme un rideau de douche, on le tasse assez facilement quand on a fini la
douche, vous savez. Ce n'est pas un problème. Quand ce n'est pas
l'énergie, c'est un autre ministère, c'est l'Industrie et le
Commerce. Quand ce n'est pas l'Industrie et le Commerce, c'est un autre
ministère, mais on tire le voile. Et il a lancé un cri de
détresse ce soir.
Ce n'est pas pour rien, M. le Président, que j'ai vraiment
cherché à parler au ministre de l'Environnement. Je comprends que
vous pouvez le noyer dans tout ça, vous autres, c'est votre droit de le
tasser comme gouvernement, le ministre de l'Environnement. Mais avec tout ce
que j'ai entendu en deuxième lecture, M. le Président, avec tout
ce que j'ai entendu en deuxième lecture, c'est comme si, pour le
député de Saguenay, le député de
Louis-Hébert, quand il y a un problème, la loi ne doit plus
exister, elle doit être suspendue, parce que ça ne touche plus
l'individu, alors qu'il y a des législations qui ne touchent qu'un seul
individu souvent et que c'est le droit le plus fondamental d'un Parlement de
respecter ça. On fait même des lois spécifiques ici, des
lois spéciales pour une succession d'un individu dans cette Chambre.
C'est rendu que, quand quelques individus ou un groupe d'individus veut voir
respecter les lois du gouvernement, le gouvernement tasse ça
littéralement, littéralement! ce qui m'apparaît le plus
aberrant à part ça, m. le président, c'est que cette
loi-là, c'est votre quatrième dans le cas de lauralco, votre
quatrième loi. je n'en reviens pas, m. le président, un
gouvernement clairvoyant, un gouvernement qui a une vision globale de son
développement, un gouvernement qui sait où il va, ça a
pris quatre lois pour en arriver à peut-être avoir un projet et je
ne suis pas sûr qu'en cours de route ils ne voudront pas en faire encore
une petite spéciale. ils sont rendus à quatre lois sur le
même projet. un petit problème de taxes municipales, une petite
loi; un petit problème de dézonage, une petite loi; un autre
petit problème pour organiser les chemins de fer, une petite loi.
là, on a un petit problème d'environnement, une petite loi. y
aurait-il un ministère qui aurait un petit problème et à
qui ça prendrait une petite loi? vous en avez assez de
représentés à soir, vous pourriez me le dire après.
il n'y a pas un ministère qui aurait un petit problème pour avoir
une autre loi spéciale demain?
Mais, à ce moment-là, quand vous avez un petit
problème et que ça vous prend une petite loi, envoyez-nous donc
le ministre qui est responsable de la loi, pour qu'on puisse lui parler, pour
qu'on puisse le questionner. Ce n'est pas à l'Industrie et Commerce que
je veux parler à soir, moi, pas une minute! J'ai beaucoup de respect
pour les gens de l'Industrie et du Commerce, mais qu'est-ce qu'ils font ici?
C'est de la suspension des pouvoirs de l'environnement que fait état la
loi. Qu'est-ce que peut faire Hydro-Québec ici? Hydro, son travail est
fait. Elle a tiré le rideau de douche et elle a dit: Environnement.
C'est clair; on le sait. Ça, ne vous faites pas de bile, je ne vois pas
pourquoi Hydro viendrait défendre son projet, c'est clair pour elle. Ses
études sont faites, les études pour Hydro sont faites et elle
veut avoir le projet, comme pour Grande Baleine. C'est l'Environnement qui est
pris. La loi, ce n'est pas pour tasser i'Hydro; la loi, ce n'est pas pour
tasser l'Industrie et le Commerce; la loi, ce n'est pas pour s'occuper du
promoteur ou de celui qui réalise le projet. La loi, c'est pour tasser
le ministère de l'Environnement et on n'a même pas le ministre de
l'Environnement ici, ce soir. Entre vous et moi...
Une voix: II est venu.
M. Chevrette: Oui, mais il est venu, il est venu faire un
discours pleurnichant alors que ce qu'on veut fondamentalement, quand on
étudie le fond d'une loi, c'est avoir le ministre ici. Je comprends que
vous l'ayez tassé et je comprends que sa crédibilité, il
ne lui en reste plus gros, je comprends qu'elle est fort entachée dans
tout ce qui se passe, parce qu'on le tasse par décrets, on le tasse par
lois, on le tasse un peu tout le temps. Mais, à un moment donné,
il va falloir qu'il réponde devant quelqu'un, il va falloir que vous
ayez quelqu'un à l'Environnement qui réponde devant quelqu'un.
Actuellement, on n'a même pas devant nous le ministre de
l'Environnement.
On voudrait lui demander si, par exemple... Je vais vous en donner, des
types de questions que j'aurais posées, M. le Président, au
ministre de l'Environnement. Est-ce que les critères du gouvernement
seront différents, d'après vous, des critères du
ministère? S'il me répond: Ils seront pareils, bien, pourquoi
tasser l'Environnement? Expliquez-moi donc ça, vous autres! À un
moment donné, il va falloir qu'on en pose, des questions. Si le
gouvernement a l'idée de changer les critères, c'est une autre
affaire. S'il a l'idée de garder les mêmes critères,
pourquoi il le tasse, M. le Président? C'est ça,
fondamentalement. C'est le ministre de l'Environnement qui peut
répondre. C'est lui qui connaît fondamentalement son
ministère, la Loi sur la qualité de l'environnement. On ne peut
pas tasser indéfiniment un ministre de même, qui n'a même
pas la chance... Parce qu'on ne peut même pas l'inviter, hein! C'est
dangereux, ça. Juste un coup de fil, au cas où il pourrait venir,
mais on n'a pas le droit. C'est un nouveau règlement, ça,
d'ailleurs. Moi, je vous avoue que je n'en reviens pas. Je pensais
que, d'un commun accord dans le Parlement, on pouvait au moins
s'inviter, mais là ça a l'air qu'on n'a plus le droit. On
présume pour lui qu'il n'acceptera pas les délais; ça va
lui prendre 15 jours avant de venir. Des fois, il est lent à
réagir, je le comprends, mais, bon Dieu! ça ne veut pas dire
qu'il n'accepterait pas 15 minutes au lieu de 15 jours pour une loi aussi
importante qui le tasse littéralement!
M. le Président, il y a une série de questions qu'on
aurait posées au ministre; au ministre qui a le pouvoir et la
responsabilité et qui a le serment d'office de répondre de sa loi
et de son application, pas à un fonctionnaire, avec toute la bonne
volonté qu'il voudra! Le fonctionnaire de l'Environnement, que je
respecte beaucoup, ne viendra toujours pas me dire ce que son ministre pense!
Il ne doit pas penser au nom du ministre! J'espère que le ministre est
encore un peu autonome et qu'il pense un peu! Même si vous le tassez
beaucoup, il peut lui rester quelques idées à nous dire.
Ça, je trouve ça dommage qu'on ne puisse pas avoir même
l'opportunité de le convoquer au moins sur une base de bonne foi.
Ça, c'est rendu grave! Notre règlement ne nous permet même
plus, sur une base de bonne foi, d'inviter. Je ne savais pas ça; il y a
une jurisprudence terrible qui se développe.
Ensuite de ça, M. le Président, j'aurais également
demandé au ministre s'il y a des précédents du genre pour
des choses semblables, et c'est au ministre de l'Environnement que j'aurais pu
m'adresser et c'est seulement lui qui aurait pu me décrire quel sera son
comportement pour des compagnies semblables, par exemple, sur la rive sud de
Québec, parce que, si on suit la même procédure, on est
à la veille d'avoir une autre petite loi spéciale. Ou bien on
abolit le ministère, ou bien on change de ministre, si on ne fait plus
confiance au ministre; c'est un des deux, là. Mais il faut qu'il reste
quelque chose dans ça. Parce que, là, vous êtes partis pour
tout tasser.
Moi, personnellement, M. le Président, c'est ce genre de
questions que j'aurais aimé poser au ministre. J'aurais aimé lui
poser des questions aussi à savoir, par exemple, quelle est la valeur,
aux yeux de son ministère, des études en environnement
d'Hydro-Québec. Parce que HydroQuébec a produit des
études, bien sûr. Ça aurait été
intéressant de voir ce que le ministre pensait de ça. Pour avoir
l'air déprimé comme il l'était ce soir, lorsqu'il est venu
crier son cri de détresse, lorsqu'il est venu en détresse crier
toute la peine qu'il avait de voir que son ministère n'avait pas plus
d'influence qu'il en avait, moi j'ai été touché. Je suis
même descendu de mon bureau parce que je l'écoutais à la
télé, M. le Président, et, quand j'ai vu qu'il
était au bord des larmes, je suis descendu pour voir si c'était
vraiment sincère, parce que lancer un cri de détresse à
des députés pour adopter un mandat d'initiative dans les plus
brefs délais, pour lui venir en aide pour essayer de sensibiliser le
Conseil des ministres et essayer de sensibiliser ses collègues ministres
au fait qu'il n'en pouvait plus, seul, moi j'ai pris ça comme un SOS,
à toutes fins pratiques, et je me suis dit: II a besoin d'aide. Puis, la
voix éteinte à la fin, je me suis dit que c'est vraiment
touchant; ce n'est plus seulement le rideau de douche, il a pris une culbute
dans le bain et il ne s'en relève pas. (1 h 40)
Une voix: II a glissé sur le savon.
M. Chevrette: Fondamentalement, oui, il avait glissé sur
le savon, comme dit un de mes collègues. Mais on voulait lui offrir
cette opportunité au moment d'un court débat comme celui qu'on a
à faire pour qu'il puisse à la fois répondre sur le fond,
répondre sur ses orientations, répondre également sur son
comportement vis-à-vis des compagnies semblables. Ça, ça
m'intéressait de savoir ça. Moi, sur le plan technique, vous
comprendrez qu'une loi qui dit à un ministre: Tasse-toi, c'est nous
autres qui agissons à ta place, je n'ai pas grand discussion technique
à faire. C'est une discussion politique qu'il y a à faire
à partir de ce projet de loi là et non pas une discussion
technique. Moi, que vous me disiez qu'il y a six ou sept rapports sur huit
certificats d'autorisation de faits...
M. Pagé: Sept sur neuf.
M. Chevrette: Sept sur neuf? Voyez-vous, vous dites sept sur
neuf. Le ministre a dit sept sur huit. C'est juste pour vous montrer que ce
serait important que j'aie le ministre. Vous ne répondez pas
correctement, justement. C'est pour ça que j'ai besoin du ministre de
l'Environnement parce qu'il a dit sept sur huit dans son discours.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle, si vous permettez, il reste environ 25 minutes. Vous avez...
M. Chevrette: J'ai droit à combien de minutes dans mon
exposé?
Le Président (M. Lefebvre): II n'y a pas de partage
spécifique. C'est la présidence qui décide à un
moment donné s'il n'y a pas lieu de passer la...
M. Chevrette: Mais le temps maximum de mon intervention est de
combien?
Le Président (M. Lefebvre): II n'y a pas de temps maximum,
M. le leader de l'Opposition officielle. Vous avez...
M. Chevrette: Ah! C'est un nouveau règlement, ça.
Il me semblait que c'était 20 minutes, moi.
Le Président (M. Lefebvre):non, non. vous avez fait une
intervention d'environ une quinzaine de minutes. vous avez soulevé
certaines questions qui méritent peut-être des réponses.
alors, si vous permettez, vous pouvez conclure et vous aurez l'occasion de
revenir tout à l'heure.
M. Chevrette: Oui, mais c'est une question de règlement
importante.
Le Président (M. Lefebvre): Je vais vous redonner la
parole, M. le leader de l'Opposition officielle. Si vous permettez...
M. Chevrette: Je voudrais savoir en vertu de quelle règle,
M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): C'est une question de partage
équitable...
M. Chevrette: Oui, mais en vertu de quel règlement?
Le Président (M. Lefebvre): II n'y a plus de règle,
M. le leader de l'Opposition officielle. Il y a une suspension des
règles.
M. Chevrette: On "pourrait-u" rester assis ici?
Le Président (M. Lefebvre): C'est quoi, la question que
vous me posez?
M. Chevrette: C'est correct. Si vous nous permettez de rester
assis, on va rester assis.
Le Président (M. Lefebvre): Non. C'est la
présidence qui arbitre d'une façon la plus intelligente possible.
Vous posez des questions. Je veux tout simplement permettre au ministre qui
défend le projet de loi... Et je vais revenir, je vais vous redonner la
parole avant la fin des travaux de la commission. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, évidemment, je me
sens avisé de faire un commentaire. Le ministre de l'Environnement fait
l'objet de propos qui me paraissent, le moins que je puisse dire, manquer de
délicatesse de la part du leader parlementaire de l'Opposition. Le
ministre de l'Environnement est membre du cabinet; le ministre, qui est
là depuis 1985, député de Brome-Missisquoi, a eu à
remplir de nombreuses responsabilités, tant aux Affaires municipales
qu'à la Main-d'oeuvre, Sécurité du revenu; un ministre qui
a été associé à des réformes majeures de
l'activité de notre gouvernement; un ministre qui est solidaire de notre
démarche; un ministre qui a participé à
l'élaboration de ce projet-là; un ministre qui a
été associé à chacun des échanges au Conseil
des ministres; un ministre qui est venu ici ce soir, comme d'autres
collègues. Pour le bénéfice de celles et ceux qui nous
écoutent, c'est définitif qu'une session spéciale un jeudi
soir, alors que ce n'était pas prévu dans le calendrier
régulier, ça va de soi qu'il y a un nombre important de membres
de l'Assemblée qui ne pouvaient être présents, comme un
nombre important de ministres. Certains étaient à
l'extérieur et ont dû revenir. Le ministre des Forêts vient
de se joindre à nous. Il revient de la région de l'Est du
Québec. Mme la vice-première ministre et ministre de
l'Énergie et des Ressources était avec nous ce matin, elle
était avec nous à l'activité parlementaire ce midi. Elle a
du quitter pour Val-d'Or. Elle est revenue. Elle est avec nous ce soir. Le
ministre de l'Environnement était ici, comme le ministre de l'Industrie
et du Commerce et les deux collègues sont intervenus.
Le ministre de l'Environnement a indiqué très clairement
que ce projet de loi visait à faire une chose - pas modifier les
critères; ce projet de loi ne modifie pas les critères; ce projet
de loi là n'apporte pas de modifications aux règles sur
lesquelles et en vertu desquelles les certificats d'autorisation doivent
être émis - ce projet de loi, purement et simplement, vient faire
en sorte que les audiences publiques portant sur des sujets qui, comme il l'a
dit lui-même, vont recevoir, vont susciter des réponses de la part
de son ministère au bénéfice de celles et ceux qui se sont
inquiétés. Ce projet de loi, lorsque les certificats seront
autorisés et émis par le gouvernement suite à une
consultation du ministre de l'Environnement, c'est définitif que ce sont
les règles du jeu applicables qui vont s'appliquer, elles ne sont pas
suspendues.
On aura beau, M. le Président, faire valoir que le ministre de
l'Environnement était affecté, le ministre de l'Environnement a
indiqué très clairement que ce n'était pas de
gaieté de coeur qu'il voyait une situation comme celle-là parce
que, somme toute, c'est une mesure exceptionnelle. Et si on adopte une mesure
exceptionnelle et si le cabinet unanimement, à l'unanimité de
tous les ministres, décide qu'on doit procéder comme ça,
ce n'est pas compliqué, c'est parce qu'on veut sauver le projet. On veut
être certain qu'un investissement de 1 000 000 000 $, dont 500 000 000 $
ont été dépensés et un certain nombre d'autres
millions ont été engagés, on veut être certain que
ce projet de développement ne soit pas purement et simplement
arrêté. C'est tout.
M. le Président, le leader de l'Opposition, au nom du Parti
québécois, nous dit: Moi, je voulais avoir le vrai ministre de
l'Environnement. Je lui répondrai ceci: je m'excuse, mais, que ça
lui plaise ou déplaise - ça, ce n'est pas mon problème,
c'est le sien - c'est moi qui suis mandaté par le cabinet, par mes
collègues ministres, par le premier ministre pour présenter ce
projet de loi. Si le député qui, soit dit en
passant... et là je n'adresse aucun reproche au leader
parlementaire de l'Opposition, ça aurait pu être le
député de La Prairie qui est le porte-parole en matière
d'environnement du côté de l'Opposition, qui me questionne ce
soir. Il n'est pas là. Il est venu, il a fait son intervention lui
aussi, comme le ministre de l'Environnement, mais le député de La
Prairie est parti et je présumais, moi, qu'il aurait participé
à la commission plénière pour me poser des questions. Le
leader parlementaire de l'Opposition n'est pas justifié de tenter de se
servir de dispositions réglementaires qui, finalement, n'existent pas,
pour souhaiter et formuler des voeux, bon, etc.
Moi, je vous dis ceci, on va répondre à vos questions.
Premièrement, vous avez dit: On pourrait lui demander si les
critères vont être changés. Les critères, les termes
de références, les éléments d'analyse par le
ministère de l'Environnement ne seront pas modifiés, ni les
règlements, ni ce qui est contenu dans les directives, les canevas, les
devis, appelez ça ce que vous voudrez, il n'y aura rien de changé
en termes de références une fois que cette loi-là sera
adoptée par le ministère de l'Environnement, et le
représentant du ministre de l'Environnement est prêt à
ajouter, si besoin en est, entre ce qui se fait actuellement et ce qui se fera
au lendemain de l'adoption de cette loi. On ne change pas les critères.
On change seulement les échéanciers. C'est ça qu'on
change.
Vous dites: On aurait aimé parler de la valeur des études
d'impact d'Hydro-Québec et que le ministre de l'Environnement nous donne
sa perception, sa réaction. Très simple. Mercredi prochain, 20
heures, étude des crédits du ministère de l'Environnement.
Vous pourrez lui poser toutes les questions à ce moment-là. Il y
sera. J'aimerais qu'il y soit. Il aurait probablement apprécié
qu'il fût invité avant qu'il quitte, mais il n'est pas ici et je
ne pense pas qu'à huit minutes il puisse y être.
Ceci étant dit, je vous invite ou j'invite l'Opposition
officielle à faire part au porte-parole officiel en matière
d'environnement, qui n'est pas ici, de poser les questions sur ce
sujet-là au ministre de l'Environnement, mercredi prochain, lors de
l'étude des crédits. De plus, M. le Président, il faut
bien avoir à l'esprit - et ça un certain nombre de
collègues y ont référé ce soir - l'obligation qu'on
avait, comme Assemblée, d'être saisis dans des délais
relativement brefs de modifications importantes à la Loi sur la
qualité de l'environnement. Je vais rappeler à mes
collègues que le ministre se prépare avec beaucoup d'insistance,
de façon très très méthodique, bien approfondie
à une démarche de consultation à l'automne, pour des
révisions à apporter à la loi, et je crois que
l'environnement est entre bonnes mains au Québec. Je pense que tout le
monde doit le constater, tout comme on doit aussi constater l'engagement plein
et entier de mon collègue à cet égard-là, membre
impor- tant d'une équipe qui est farouchement déterminée
à concilier deux éléments: développement
économique - c'est important - et protection de l'environnement; c'est
aussi non seulement très important, c'est essentiel à la
qualité de vie des Québécois. (1 h 50)
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais continuer le
raisonnement que j'avais commencé avant que vous partagiez le temps. Il
y a seulement le ministre de l'Environnement qui pourrait me confirmer ici que,
s'il n'y a pas eu de président du BAPE avant ces derniers jours, c'est
parce qu'il y a une divergence de vues entre lui et le bureau du premier
ministre pour la nomination du président du BAPE. Il n'y en a pas
d'autres. C'est seulement le ministre de l'Environnement qui pourrait faire
ça. Ça a filtré, et c'est très, très clair,
d'autant plus que M. Dorais, qui occupait le poste avant par intérim,
avait demandé précisément que l'article 2n du
règlement sur les évaluations des études d'impact soit mis
en vigueur. On ne l'a jamais mis en vigueur, de sorte qu'à la
première offre du gouvernement fédéral, il a levé
les pieds, il s'est en allé. C'est seulement le ministre de
l'Environnement qui peut me dire ça.
Moi, ce que je ne comprends pas, M. le Président, c'est que c'est
nouveau dans le gouvernement. C'est rendu que ce n'est pas le ministre qui a la
responsabilité qui vient parrainer ses lois. Ce n'est pas des farces.
C'est lui qui pourrait me dire pourquoi il a refusé ou pourquoi il a
accepté que ce soit le leader du gouvernement; c'est un ou l'autre.
J'aurais aimé qu'il nous dise ça. Comment ça se fait-il
qu'un ministre responsable d'un ministère n'accepte pas de parrainer un
projet de loi de son propre secteur? C'est quasi inadmissible. S'il avait
été malade, j'aurais compris qu'un ministre, à pied
levé, puisse remplacer un ministre pour venir traiter de son projet de
loi. S'il avait été occupé par une mission
extérieure, j'aurais compris que le ministre de l'Environnement avait
des raisons fondamentales et que le leader du gouvernement pouvait se
substituer. Mais tel n'est pas le cas.
La loi qu'on a devant nous a été présentée
par le leader du gouvernement, et le ministre de l'Environnement est venu
pleurnicher ici. Il est venu nous dire... Il faut l'avoir écouté.
C'est quasiment incompréhensible. C'est seulement le ministre qui aurait
pu nous répondre à ça. Il n'a même pas le droit de
lâcher un coup de fil pour voir si ça lui tente de venir. On n'a
pas à poser des questions à quelqu'un qui ne peut pas
répondre; il faut poser les questions à celui qui peut
répondre parce qu'il est le seul qui peut répondre. Je dois vous
avouer que, moi, si j'étais lui, je sais ce que je ferais. Un ministre
de
l'Environnement tassé de même, au point de ne même
pas être capable de piloter ses dossiers environnementaux dans la
Chambre, ce n'est plus seulement le rideau de douche, c'est de l'inviter
à la porte. Vous lui avez délicatement indiqué la porte.
Je ne sais pas s'il la prendra, mais s'il n'a pas compris, il y en a plusieurs
qui ont compris. Ça m'apparaît gros, ça. Moi, je ne connais
pas un ministre - et j'ai participé à des conseils des ministres
- qui accepterait qu'un autre traite de son dossier au moment où il est
en pleine santé, à moins qu'il n'ait quelque chose qu'on ignore.
Mais je n'ai jamais vu un ministre, en Chambre, se dérober de ses
responsaiblités, ne pas venir parler d'une loi, ne pas venir parrainer
une loi qui le touche directement. Je n'ai jamais vu ça. C'est de
l'inédit, ça.
Une voix: II a rien que la limousine.
M. Chevrette: Je ne sais pas ce qui se passe. Est-ce que le
ministre aurait remis par anticipation une démission qu'on ne
connaîtrait pas? Est-ce qu'il aurait dit: Étant donné que
je pars dans 15 jours, 3 semaines, un mois, je vais laisser la fonction
à un autre parce que je ne suis pas d'accord sur le fond de cette
loi-là qui empiète sur mes responsabilités? Ça,
ça pourrait s'expliquer. Mais une position aussi claire que celle qu'il
est venu nous dire tantôt, ça signifiait bien gros qu'il
n'acceptait pas de se départir de ses pouvoirs, qu'il était mal
pris, qu'il avait besoin de support. Il a fait appel aux députés
d'arrière-ban en leur demandant de le soutenir, de prendre des mandats
d'initiative, d'influencer le Conseil des ministres, parce que lui n'en pouvait
plus. À toutes fins pratiques, c'est un aveu d'impuissance qu'il a fait.
On aurait dit qu'il était sur le bord de craquer, comme on dit en bon
québécois. Ça ne marchait pas. Ça ne marchait plus
son affaire.
Je ne sais pas comment vous pouvez m'expliquer ça, mais moi,
personnellement, j'ai rarement vu... je n'ai pas vu ça. Dans 15 ans de
vie politique dans le Parlement, je n'ai jamais vu un ministre ne pas se
présenter comme parrain d'une loi. Je ne comprends pas ça. Je
vous avoue que c'est un gros point d'interrogation pour moi et c'est beaucoup
plus la crédibilité pour les mouvements environnementaux
maintenant. Avez-vous imaginé, là? D'ailleurs, mercredi prochain,
je ne sais pas si c'est le député de Portneuf qui va aller
régler les crédits de l'Environnement, mais...
M. Pagé: ...le même jour.
M. Chevrette: ...il m'apparaît, M. le Président, que
la plus grande erreur du gouvernement aujourd'hui c'est d'avoir enlevé
au ministre de l'Environnement toute la crédibilité face aux
groupes environnementaux. Ce bonhomme a la responsabilité aux yeux de
tous les groupes environnementaux de faire appliquer les lois et, là,
ils te l'ont envoyé, oui... Pour moi, il ne dort pas, il est allé
se faire cuire un oeuf, c'est le cas de le dire. Ça n'a pas de bon sens.
Quelle crédibilité reste-t-il à cet homme pour aller
parler à un groupe environnemental présentement? Quelle
crédibilité lui reste-t-il pour dire: Je suis le défenseur
des droits sur la qualité de vie et la qualité de
l'environnement? Quelle crédibilité lui reste-t-il pour dire: Tel
dossier qui s'en vient, je prends le dossier de la rive sud dont Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière a parlé
tantôt, dès qu'il y a une compagnie-Quel précédent
êtes-vous en train de créer par cette loi? Il faut y penser aussi.
Ça ne marche pas? Ce n'est pas grave. Un peu de chantage
économique, puis une petite loi spéciale. m. le président,
ça ne peut pas marcher. ces gens-là n'ont pas compris... vous
n'avez pas compris que quand on invite une compagnie à venir investir de
même, d'une façon assez faramineuse, c'est de l'argent je le
reconnais, vous n'avez pas pensé au départ, ça vous a pris
quatre lois pour venir à bout de vous ajuster. quatre lois. ce n'est pas
des farces. est-ce que ça vous en prend une cinquième pour
boucler? on va peut-être faire d'une pierre deux coups. on pourrait
peut-être l'adopter: un, deux, trois, bingo! à la place de quel
ministère aimeriez-vous parler ce soir pour qu'on puisse régler
ça une fois pour toutes et qu'on ne parle plus de cette loi-là?
ça fait quatre fois que vous nous convoquez en commission parlementaire
et à la chambre pour parler... si vous ne me croyez pas, mme la
ministre, je vais vous donner les titres des lois. la loi 259 du 6 juin 1990,
loi concernant la municipalité de deschambault et la municipalité
de la paroisse de notre-dame-de-portneuf; m. le président, la loi 233,
c'a été présenté par le brillant
député de louis-hébert. c'était une loi concernant
la municipalité de saint-joseph-de-deschambault toujours.
celle-là parlait surtout du coût non subventionné de la
construction de l'embranchement ferroviaire, 233. la loi 204, celle-là
traitait surtout du partage des compensations pour les "en-lieu" de taxes, le
parc industriel. quatre lois, m. le président! ils ont une vision
épouvantable-ment globale des choses quand ils ont un projet. ils
partent le projet les "guéguettes" en l'air. ça fait trois,
quatre conférences de presse, ça se pette les bretelles et,
après ça, il faut tout tasser les législations dans le
domaine municipal pour les taxations. ça prend un corridor ferroviaire?
pour le corridor ferroviaire, une petite loi spéciale, une petite loi
privée. qu'est-ce que ça vous prend? le zonage agricole? c'est
emmerdant ça? une petite loi spéciale du zonage agricole.
qu'est-ce qu'il vous manque encore? lauralco? eh bien, là il faudrait
bien que le bape saute. un petite loi spéciale. vous ne pouvez pas
administrer de même à la journée près. quand on part
un projet d'enver-
gure de même où on demande à des gens de venir
investir 700 000 000 $ à 800 000 000 $, puis agir en petit comptable de
coin de table à la journée, ça me fait penser à
quelqu'un que je connais qui fait des rapports d'impôt, une fois par
année, sur le coin de sa table. Lui, ça ne fui demande pas
d'étudier toutes les lois fiscales, il fait un petit rapport simple,
là. Si c'est trop compliqué pour vous autres d'avoir une vision
globale quand vous avez un dossier aussi important que ça, je pense que
vous ne méritez plus de gouverner. Un point, c'est tout. Vous allez me
dire: Oui, mais les lois. (2 heures) j'écoutais le député
de mille-îles, ce soir. il m'a bien faire rire le député de
mille-îles. il a dit: allez à l'article 31; l'article 31,
"c'est-y" effrayant? pauvre de lui! ça fait six ans qu'ils sont au
pouvoir et ils n'ont pas changé l'article. s'il est emmerdant,
l'article, pourquoi ne l'avez-vous pas modifié plutôt que de venir
pleurnicher en justifiant une loi spéciale parce qu'un amendement serait
requis à une loi? ça a été la même chose pour
je ne me souviens plus quel autre. ah oui! le député de saguenay
qui, lui, disait: écoutez, il faut faire le ménage, c'est
important de créer une job. on sait ça que c'est important de
créer une job. on aurait aimé vous voir, ce soir, déposer
une petite loi spéciale pour les 4676 faillites - vous auriez
peut-être pu en éviter quelques-unes - pour les 106 000 pertes
d'emploi, pour les 15 % et plus de chômeurs à montréal,
pour les 17,4 % dans laurentides-lanaudière, pour les 17,5 % dans le
saguenay-lac-saint-jean. il n'y a même pas une petite urgence
là-dessus. là, c'était urgent d'agir. vous avez fait quoi?
rien. 21 % de chômage chez les jeunes de 15 à 27 ans. ça
aurait été intéressant qu'il y ait une urgence
là-dessus. ça, vous auriez pu invoquer l'urgence en toute
connaissance de cause et en toute véracité, mais,
fondamentalement, il n'y avait pas d'urgence. c'est parce que vous n'avez pas
vu clair avant, et, pour camoufler cette inertie, cette inaction et cette
incompétence à agir, vous avez passé une loi
spéciale. c'est ça, fondamentalement.
Le Président (M. Lefebvre): Je vous demanderais de
conclure dans les deux prochaines minutes, de sorte qu'on puisse permettre au
ministre, à l'intérieur des cinq minutes qu'il restera, de donner
la position du gouvernement.
Une voix: II n'y a plus de ministre. M. Chevrette: Donc,
M. le Président...
Le Président (M. Lefebvre): Attendez! Allez-y, M. le
leader, allez-y.
M. Chevrette: Vous comprendrez, M. le Président, que je
n'ai pas voulu embarquer dans les bébelles techniques. Cette loi est
carrément une loi politique où on tasse
délibérément un ministre qui n'a plus les pouvoirs, qui
n'a plus la colonne vertébrale et qui n'a plus la
crédibilité, à mon point de vue, pour assumer les
responsabilités et pour faire respecter la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il a même refusé d'être parrain de cette
loi, alors que c'est carrément dans ses plates-bandes. Ça,
fondamentalement, M. le Président, moi, je conseille, à ce
moment-là, aux groupes environnementaux du Québec et à
ceux qui ont des problèmes en environnement, à souhaiter, au plus
vite, qu'on change de ministre.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Cinq minutes, M. le
ministre.
M. Pagé: Oui, merci. Je suis surpris de l'intervention de
mon collègue, mais je suis surtout déçu qu'on n'ait pas eu
l'opportunité, dans cette heure, et je suis persuadé que
ça aurait impliqué au moins une douzaine de minutes par article
du projet de loi, de discuter concrètement, techniquement. Pour nous,
ici, de notre côté, les aspects techniques, ce n'est pas des
"bébelles". Les aspects techniques sont des éléments
fondamentaux dans le respect de l'environnement. Quand on parle d'un type
d'équipement spécifique pour s'assurer que, si jamais il y avait
un accident dans l'un des transformateurs, l'huile serait immédiatement
récupérée, l'huile passerait par un bassin donné
pour ne pas aller contaminer le sol, pour ne pas aller contaminer des cours
d'eau avoisinants, pour nous, ce n'est pas des "bébelles techniques". Je
m'excuse. Je comprends que le leader de l'Opposition ait
préféré faire porter son message uniquement sur l'aspect
politique du projet de loi plutôt que sur l'aspect qui donne des
garanties claires, nettes, précises, parce que le ministère de
l'Environnement sera impliqué. Il maintient, évidemment, sa
responsabilité dans l'émission des certificats d'autorisation.
Alors, M. le Président, je suis très déçu que, pour
l'Opposition, toute la question des données techniques,
concrètes, spécifiques ne soit que "des bébelles". Je
m'excuse auprès de ces distingués invités qui ont
passé la soirée, qui représentent différents
ministères du gouvernement du Québec, qui représentent le
Conseil exécutif, qui représentent la société
Hydro-Québec, le ministère de l'Environnement. M. Raynald Ouellet
du ministère de l'Environnement était prêt à
m'assister comme leader parlementaire pour répondre à toutes les
questions. M. le secrétaire de l'aménagement au
développement régional et à l'environnement, au Conseil
exécutif, était prêt, lui aussi, à apporter sa
contribution. Et le président de Lavalin-Environnement était
là aussi, si l'entreprise comme telle avait été
interpellée. Alors, messieurs, mesdames, je m'excuse du manque de
discipline de l'Opposition qui n'a pas jugé opportun de faire
porter ses commentaires, ses questions, sur la sécurité qui devra
entourer, évidemment, la terminaison et le complément des
travaux.
Mais, M. le Président, j'ai un regret. À entendre le
député de Joliette, je regrette que le leader parlementaire de
l'Opposition ne m'ait pas signifié, quelque part autour de 21 heures, 22
heures, l'intérêt qu'il aurait eu d'entendre le ministre de
l'Environnement, parce que j'aurais dit, et je m'excuse, M. le
Président, j'aurais dit: Mon bon ami Pierre, tu t'amènes avec moi
et tu pourras répondre à toutes les questions. Si vous m'aviez
donné un avis vers 22 heures, je suis persuadé, connaissant le
ministre de l'Environnement, connaissant sa détermination farouche,
connaissant sa capacité de faire face, entre autres, à
l'Opposition officielle - il s'y plaît, d'ailleurs - qu'il vous aurait
répondu. Il aurait pu répondre à certaines de nos
questions.
J'aurais aimé, moi, exemple concret, que le ministre de
l'Environnement, que vous croyez être la personne la plus
habilitée pour répondre aux questions des parlementaires en cette
matière, aurait certainement pu nous donner quel aurait
été l'impact, aujourd'hui, de la volonté politique du PQ
de se diriger vers le nucléaire, . en termes de sécurité.
D'abord, au départ, dites-vous bien ceci: Si le PQ avait
été au pouvoir à ce moment-là, celles et ceux qui
nous écoutent ou qui nous liront demain vont s'en rappeler, ce n'est pas
une cassette, c'est vrai, c'était votre programme, c'était
votre...
M. le Président, demandez donc au leader parlementaire de
l'Opposition d'avoir autant de délicatesse à mon endroit que j'en
ai...
M. Chevrette: Oui, mais dites au moins ce qui est vrai.
M. Pagé: Ah! Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): M. le leader de l'Opposition
officielle!
M. Pagé: Au début...
Le Président (M. Lefebvre): II vous reste une minute, M.
le ministre.
M. Pagé: Je la prends, en terminant, en disant ceci. Au
début des années soixante-dix, quand le PQ s'est opposé
farouchement, avec agressivité contre le projet de la Baie James, il en
avait tellement, d'agressivité, que ça l'a marqué
profondément. Lorsqu'il a pris le pouvoir, on se rappelle le
règlement hors cour. M. le Président, on aurait eu le
nucléaire et, si on avait eu du nucléaire, on ne serait pas ici,
aujourd'hui, il n'y en aurait pas eu, d'aluminerie au Québec. Les 4 000
000 000 $ d'investissements, les 45 000 emplois, ils seraient où? Peut-
être que le ministre de l'Environnement aurait pu nous répondre
là-dessus, aurait pu nous donner l'état factuel, analytique, de
l'impact de tout ça.
On dit que c'est une question qui est seulement politique. Ce n'est pas
un projet de loi qui est politique. C'est un projet de loi qui vise à
maintenir l'action d'un gouvernement qui est pleinement et quotidiennement
engagé à l'égard de deux objectifs: celui d'un
développement économique qui est conciliable avec la
sécurité et la protection de l'environnement.
Enfin, c'est mal connaître le ministre de l'Environnement. Et je
suis persuadé que vous n'utiliserez pas les mêmes propos qui sont,
à certains égards, disgracieux à son endroit, ce soir,
lorsqu'il déposera les documents de consultation pour la commission
parlementaire qui s'en vient à l'automne.
Le Président (M. Lefebvre): M. le ministre, les 60 minutes
prévues pour l'étude détaillée du projet de loi 132
sont maintenant écoulées et, conformément à la
motion de suspension des règles adoptée
précédemment, je dois maintenant mettre aux voix les articles
dont la commission plénière n'a pas disposé. En fait,
aucun article.
Mise aux voix des articles
Alors, est-ce que l'article 1 du projet de loi 132 est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Chevrette: On est contre.
M. Pagé: Adopté sur division, M. le
Président, à ce que j'ai compris.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que l'article 2 du
projet de loi 132 est adopté?
M. Chevrette: Contre. M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que l'article 3 du
projet de loi 132 est adopté?
M. Chevrette: contre. M. Pagé: adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que l'article 4 du
projet de loi 132 est adopté?
M. Chevrette: Sur division. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Sur division. Est-ce que
l'article 5 du projet de loi 132 est adopté?
M. Chevrette: Je suis tout contre. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): Est-ce que le titre du projet
de loi 132 est adopté?
M. Chevrette: Amusez-vous avec. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lefebvre): En conséquence, la
commission plénière met fin à ses travaux, et je remercie
ceux et celles qui y ont participé. Pour permettre à
l'Assemblée de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes
qui doivent se retirer de bien vouloir le faire immédiatement.
(Suspension de la séance à 2 h 10)
(Reprise à 2 h 12)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le président
de la commission plénière.
M. Lefebvre (président de la commission
plénière): J'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a étudié en détail le projet de loi
132, Loi concernant la construction et la mise en exploitation de postes de
manoeuvre et de transformation électrique et d'une usine d'aluminium
dans le parc industriel Descham-bault-Portneuf, et qu'elle l'a
adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le projet de
loi est adopté?
Le Président (M. Lefebvre): Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. Merci, M. le président de la commission
plénière. Alors, l'Assemblée poursuit ses travaux
conformément à la motion.
Adoption
Nous sommes maintenant à la motion d'adoption du projet de loi
132 et le temps est réparti de la façon suivante: 25 minutes sont
dévolues aux membres du parti ministériel, 25 minutes aux membres
du parti formant l'Opposition officielle, 5 minutes aux députés
indépendants et 10 minutes de réplique au ministre qui
présente le projet de loi. Je suis prêt à reconnaître
le premier intervenant. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, essentiellement,
j'écoutais, lors du comité plénier, les paroles du
député de Joliette. Je pense qu'il a parfaitement raison: ce
à quoi on vient d'assister, au fond, c'est à l'assassinat
politique du ministre de l'Environnement. Je pense que, quand on voit la
ministre de l'Énergie ici présente, elle ne voulait pas manquer
ce dernier acte de la pièce de l'assassinat politique du ministre de
l'Environnement. Je pense que tous ceux qui comprennent le moindrement quelque
chose à la politique, puis je sais que la ministre de l'Énergie y
comprend quelque chose, savent que maintenant la crédibilité du
ministre de l'Environnement est entachée d'une façon
indélébile et qu'il ne pourra pas rester dans ses fonctions. Vous
savez qu'en politique, la crédibilité est fondamentale et qu'on
ne peut pas, quand on a un niveau de crédibilité aussi bas,
rester là. Il m'apparaît d'une évidence totale que, quand
on a perdu le respect de ses collègues du Conseil des ministres... A
tort ou à raison - je ne veux pas juger ça, je ne suis pas au
Conseil des ministres - le ministre de l'Environnement n'a plus la
crédibilité du Conseil des ministres. Il est venu demander
aujourd'hui le support de ses collègues députés, comme une
bouée de sauvetage. C'était triste à voir parce qu'il a
fait une dernière tentative au caucus sachant qu'il avait perdu sa
crédibilité auprès du Conseil des ministres.
Il a compris - mais il a fait une dernière tentative, et vous le
verrez dans les prochains jours parce que ça ne peut pas marcher comme
ça - ce qu'avait compris le ministre du Revenu lorsqu'il a eu une gifle
en pleine face concernant la TPS. Le ministre des Finances avait passé
des commandes à son ministère et il a réalisé que
son ministère travaillait contre ses opinions. Il était ministre
et c'était le ministre des Finances qui avait la confiance du
gouvernement, alors que lui était contre la TPS et que le ministre des
Finances avait passé des commandes à ses fonctionnaires. Il a
immédiatement eu le courage de ses opinions, puis il a remis sa
démission parce qu'il venait de réaliser qu'il avait perdu la
confiance du gouvernement, qu'entre lui et le ministre des Finances, c'est le
ministre des Finances que le gouvernement avait choisi, et qu'un ministre qui
n'a plus la confiance de ses collègues, qui n'a pas la confiance d'un
gouvernement, ne peut pas rester en fonction, parce qu'il ne peut plus assumer
les responsabilités qui vont avec sa fonction. Ça, en politique,
vous pouvez bien en faire fi, sauf que l'opinion publique, maintenant, sait
qu'il n'y a plus de ministre de l'Environnement. On ne peut pas jouer avec la
crédibilité d'un gouvernement. Vous savez que dans les rapports
humains avec lesquels on fonctionne au jour le jour, on sait le respect de la
parole donnée. Les gens demandent parfois comment ça fonctionne.
Parfois, quand un ministre vous demande un engagement, vous lui donnez un
engagement comme porte-parole de l'Opposition officielle; parfois, vous
demandez un renseignement et il vous donne sa parole. C'est un peu comme dans
le domaine du courtage
immobilier. Il y a tellement de choses qui se font sur la parole et sur
la crédibilité qu'on ne peut pas fonctionner sans la
crédibilité. quand un ministre a aussi souvent été
bafoué, à tort ou à raison, ce n'est pas à moi de
juger ça, je peux avoir mon opinion personnelle, mais au-delà des
opinions personnelles, on ne peut pas, comme dans l'affaire de grande baleine,
comme dans l'affaire de... constamment, des décisions sont prises contre
l'opinion du ministre de l'environnement qui, lui, est mis de côté
comme un être inutile, qui est là comme décoration. vous
savez, le ministre de l'environnement, ce n'est pas une boule de noël. il
ne sert pas uniquement à la décoration. c'est comme une
tête, pas simplement quelque chose qu'on décore comme une boule de
noël. ça sert aussi à autre chose. aujourd'hui, maintenant,
on a un pantin. on a quelqu'un qui occupe une fonction et qui ne fait plus la
job parce qu'il n'a pas la crédibilité.
Je constate aujourd'hui que, par rapport à ses collègues
ministres, c'est une chose claire, il n'a plus le respect de ses
collègues ministres. Il ne peut plus défendre les lois qu'il est
chargé d'appliquer. Aujourd'hui, dans un dernier recours, il a
demandé à ses collègues députés de le
défendre. On constate, aujourd'hui... Parce que le vote est possible
seulement si les députés le veulent; si les députés
ne voulaient pas que cette loi-là passe, cette loi-là ne pourrait
pas passer. Je pense que si aujourd'hui... Moi, il n'y a aucun doute dans mon
esprit qu'on assiste à la mise en terre du ministre de l'Environnement;
c'est l'assassinat politique, c'est terminé. Il pourra peut-être
durer quelques jours, mais vous verrez rapidement, dans l'opinion publique,
qu'il n'y a plus de ministre de l'Environnement et qu'il ne sera pas possible
pour le gouvernement d'avoir une position, quelle qu'elle soit, tant que le
ministre de l'Environnement n'aura pas résilié ses fonctions ou
que le premier ministre n'aura pas nommé quelqu'un d'autre. Quitte
à voir si un nouveau ministre de l'Environnement aura plus de
crédibilité devant un gouvernement qui a la preuve à faire
qu'il croit en quelque chose dans l'environnement.
La politique est ainsi faite. Je sais que dans les députés
qui sont en cette Chambre, plusieurs souhaitent prendre la relève. Il y
en a plusieurs qui aspirent à être ministre. J'en ai
mentionné tout à l'heure: le député de
Louis-Hébert en meurt d'envie. Il ne lui reste plus grand temps pour
l'être parce que c'est clair qu'aux prochaines élections, il
lève l'ancre. Alors, M. le Président... Il n'y a pas beaucoup de
gens et je vais vous dire, les gageurs... Vous ne trouverez pas beaucoup de
gageurs, pour ceux qui vont gager... Je sais qu'on n'a pas le droit, nous
autres, en vertu de la Loi électorale, mais vous ne trouverez pas
beaucoup de gageurs qui vont gager que le député de
Louis-Hébert va gagner aux prochaines élections. Alors, vous
compren- drez... Je comprends qu'il y a des gens pour qui, s'ils veulent
devenir ministre, il ne reste pas grand temps, un gouvernement en sursis, et
que, là, ça va faire un poste vacant. Mais il est clair que
demain, dans les journaux... Je n'irai pas plus loin, M. le Président.
Dans les jours qui vont venir maintenant, les gens vont demander, de plus en
plus, la nomination d'un nouveau ministre de l'Environnement; à tort ou
à raison, mais les gens vont le demander parce que maintenant, il est
clair que la crédibilité du ministre de l'Environnement est
inexistante; il ne peut plus occuper ses fonctions.
C'est ça, l'effet du projet de loi. Je suis persuadé aussi
que plusieurs collègues l'ont réalisé. C'est pourquoi ils
ont donné leur appui. Le député de Portneuf, il a agi
comme un député de comté. Aujourd'hui, on a un projet de
loi qui est présenté par un député de comté,
au fond. Lui, comme député de comté, qu'il défende
ce qu'il considère le plus important dans son comté, c'est son
droit. C'est son choix et les électeurs vont le juger là-dessus.
Et je pense que les gens vont dire: Comme député de comté,
il a fait établir des choix et il fait ses choix. Ça, c'est une
affaire. Mais on a rarement vu, en cette Chambre, par exemple, des lois qui
sont présentées par des députés de comté
quand ça concerne un ministre, une loi qui touche un ministre, où
il y a un porte-parole ministériel. Je n'ai jamais vu ça. Je vais
être franc avec vous, M. le Président. Ça fait quand
même quelque temps que je suis dans le Parlement et je n'ai jamais vu
ça. Il y a peut-être d'autres précédents, mais...
Alors si on a assisté à tout ça depuis aujourd'hui, c'est
parce que des collègues aussi du député de Portneuf sont
prêts, ont accepté de s'associer à cette démarche
pour consommer, d'une façon définitive, l'assassinat du ministre
de l'Environnement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je pense que ce que le
député de Lévis vient de dire est tout à fait vrai,
et je voudrais renchérir là-dessus. Non seulement le ministre de
l'Environnement n'a plus de crédibilité, mais le gouvernement
vient de créer un précédent extrêmement dangereux.
Et je vais expliquer pourquoi, M. le Président. Dès qu'il y aura
une compagnie dorénavant qui aura un petit problème, elle va se
tirer au gouvernement à bras raccourci pour avoir sa petite loi
spéciale. Ça sera pour des études d'impact, pour des
retombées, par exemple, polluantes, mais elle fera brandir le petit
"flag", le petit drapeau du chantage économique, et nous nous verrons
encore pris à siéger, suspension des règles, et dire:
Écoutez, ça nous prend une loi spéciale,
sinon on abandonne. Fondamentalement, M. le Président, c'est le
danger qui nous guette demain matin. Parce qu'entre eux autres, ces
compagnies-là, n'oublions pas une chose, elles savent tout ce qui se
passe, même chez les concurrents. Elles savent tout ça, et elles
ont vu que ça aura pris une fois avec un gouvernement qui n'a pas su
voir clair au départ, qui n'a pas su prévenir et qui a suspendu
des droits. Et ça, c'est un précédent extrêmement
malheureux.
Le gouvernement s'est mis sur le dos une pression épouvantable
pour des mois à venir, pour des années à venir, qui seront
insupportables. Et le ministre de l'Environnement qui remplacera le
présent ministre sera acculé exactement au pied du mur et il
recevra encore la pression du chantage économique, et, après
ça, on aura de beaux discours qu'ils veulent allier à la fois la
qualité de l'environnement et le développement économique.
Aïe! Il ne faut pas avoir vécu trop longtemps pour comprendre
ça. Ça ne prend pas une lumière 500 pour comprendre le
précédent qui s'est créé ce soir. Vous avez
sacrifié un ministre. Ça, c'est votre choix et c'est votre droit.
Mais vous avez aussi sacrifié fondamentalement le droit des individus
qui était reconnu dans une législation. Et, quand vous parlez du
nombre d'individus touchés en disant qu'il est minime, c'est une
façon bien petite, dans un Parlement, de percevoir les choses.
Parce que le Parlement pourrait légiférer, et il est
appelé à légiférer, bien souvent, pour un seul
individu. Et c'est ce qu'on fait souvent avec des bills privés dans les
fins de session. On légifère pour un individu qui a une injustice
dans une succession ou quoi que ce soit. Le Parlement dit: Nous sommes
là, même pour un individu s'il le faut. Mais là, les lois
traditionnelles qui protègent les groupes et les individus, on les met
de côté temporairement. C'est une drôle de façon de
concevoir le rôle d'un État et d'un gouvernement. C'est une bien
drôle de façon de concevoir le rôle de législateur.
Je vous avoue que ça fait pitié. Ça fait pitié,
dangereux.
Et moi, je prétends, M. le Président, que cette loi,
même si le leader du gouvernement a essayé de nous dire qu'il n'y
avait rien dedans, quand à deux reprises on suspend les pouvoirs d'un
ministre et qu'on le met, non plus en situation de décision mais en
situation exclusivement de consultation, qu'on ne vienne pas me dire qu'on ne
change pas les choses. Dorénavant, pour Lauralco, le ministre de
l'Environnement n'est qu'un consultant et c'est l'Exécutif qui
décide. C'est clair, ça. En toutes lettres. À l'article 2
et à l'article 3, M. le Président, et même à
l'article 4, c'est clair, clair, clair, clair; le ministre sera
consulté, mais la décision, c'est l'Exécutif. Qu'est-ce
que ça aura donné de créer le ministère de
l'Environnement dans les années soixante-dix-huit?
Précisément pour s'assurer que la qualité de
l'environnement soit assurée à l'intérieur d'un
ministère et qu'il soit enlevé de toutes les pressions du pouvoir
exécutif et de toutes les pressions du chantage économique.
Pourquoi on a créé un ministère de l'Environnement? C'est
parce qu'on avait compris que tant et aussi longtemps que la division de
l'environnement devait relever du pouvoir exécutif, on n'aurait jamais
une politique environnementale qui a de l'allure.
Ce sera soumis toujours au chantage, aux pressions et au lobby. C'est
ça, fondamentalement qu'on a fait. On a créé un
ministère de l'Environnement pour qu'il puisse avoir le souci exclusif
de la qualité de l'environnement. Il y en a dans cette Chambre qui ont
préconisé une charte de l'environnement, mais si on crée
une charte de l'environnement et qu'on ne donne pas les pouvoirs ou qu'on
suspend les pouvoirs à volonté, on a fait quoi? On a fait quoi,
fondamentalement?
La décision de présenter ce projet de loi là, M. le
Président, elle est très lourde de conséquences. On aura
sacrifié un ministre, mais on aura sacrifié aussi l'esprit
fondamental de la loi même du ministère de l'Environnement. On
laisse donc place au lobby. À compter de demain matin, c'est le lobby
qui va prévaloir. Plus tu seras pesant, plus tu pourras faire un lobby
efficace, plus tu auras des chances d'avoir ta petite loi pour suspendre les
effets ou les pouvoirs du ministre de l'Environnement. Ça, ça
m'apparart extrêmement grave aussi, extrêmement grave dans les
circonstances. Légiférer de la sorte, M. le Président, je
vous avoue que pour un gouvernement qui devait légiférer moins et
mieux, c'est toute une farce. Moins et mieux: quatre lois juste pour Lauralco.
Mieux, parce qu'ils ne sont pas capables de faire leur job et que ça
leur prend des lois spéciales pour boucher les trous. C'est ça,
fondamentalement.
Je me souviens du discours de Mme la vice-première ministre, le
16 décembre 1985: Nous légiférerons mieux, disait-elle,
avec beaucoup de tendresse, mieux et beaucoup moins souvent. Ça a pris
quatre lois, bonne mère du ciel! pour en arriver à bâcler
le projet de Lauralco, quatre lois! Vous légiférez moins souvent;
je ne suis pas sûr, avec vos petites lois, là. Mieux? Ça
n'a pas d'allure, c'est fou comme balai. Un bon ministre et un bon
gouvernement, avant d'agir à la pièce comme vous faites, aurait
consolidé toutes les données du problème et aurait
peut-être, au besoin, passé un législation. Mais si vous
aviez été si bon que ça comme administrateur public, vous
n'auriez probablement eu besoin d'aucune loi, à part ça.
M. le Président, on ne se retrouverait pas ce soir avec une loi
qui suspend les droits fondamentaux d'abord d'un ministère, qui suspend
les pouvoirs dévolus à un ministre, qui le tasse
littéralement. Que voudront dire leurs discours enflammés sur la
qualité de l'environnement, à ces gens-là? Quelle
confiance, par exemple, les citoyens de la rive sud, demain matin, sur la
rive
sud de Québec ici, vont-ils avoir au gouvernement, face à
l'implantation d'un projet, quand ils vont savoir que dès qu'il y a un
lobby le moindrement fort, on tasse tout ça. Auront-ils des
études d'impact? Ce n'est pas sûr.
M. le Président, c'est très grave, ce qui s'est
passé là. Je ne suis pas sûr que tout le monde comprenne
ça. Quand des citoyens vont aller dans vos bureaux de comté,
à vous autres qui votez pour la loi, et qu'ils vont dire: Ça nous
prendrait une étude d'impact, on voudrait que le BAPE vienne ici, vous
allez leur dire: Oui, il va y aller. Sauf que vous allez être
obligés de leur répondre. S'ils sont assez forts pour faire un
lobby, vous serez peut-être obligés de passer une loi, vous
comprendrez. Vous allez avoir l'air de quoi? (2 h 30)
Une voix: Des deux de pique.
M. Chevrette: Même pas des deux de pique, même pas.
C'est ça, le précédent que vous créez. Je ne sais
pas si vous vous en rendez compte. Après ça, ce sera dans tous
les secteurs. Ça sera dans le secteur de la forêt, ça sera
dans le secteur industriel, ça sera dans le secteur commercial.
Aïe, ça serait beau, un centre d'achats à telle place! Il
faudrait bien amender la loi. C'est ça fondamentalement, M. le
Président, qu'on a décidé ce soir. Moi, je vous avoue que
je ne comprends pas que le gouvernement n'ait pas compris ça. Vous vous
placez dans un état de vulnérabilité face à
l'application des lois de l'environnement comme ce n'est pas possible. Vous
prêtez flanc à tous les lobbies et, comme vous êtes
perméables, vous vous alourdissez vite, c'est évident! Depuis
quelques mois, on regarde aller le ministre de l'Environnement. Il est
obligé de s'expliquer quasiment à tous les jours sur un dossier
quelconque.
M. Garon: Un zombie!
M. Chevrette: II fart un "scrum" en disant qu'il va se battre
très fort. Il arrive en Chambre et il dit qu'il s'entend à
merveille avec la ministre de l'Énergie. Il faudrait au moins qu'il y
ait une cohérence. Je reconnais qu'il a couru après ses
problèmes; ça, je n'en disconviens pas. Devant les journalistes
il dit que ça va s'appliquer intégralement. Là, tu le
penses solide, le matamore de corridor. Il retombe en Chambre ici et, quand on
lui dit: Quelle est la divergence que vous avez avec Mme la ministre de
l'Énergie? ah, il n'y en a aucune. Nous travaillons la main dans la
main. C'est comme si on était tous des épais qui le regardent
aller et qui ne comprennent pas la "game", comme on dit en bon
québécois. Sauf que, lorsqu'ils se donnent la main, ils se
serrent assez qu'ils ont le goût de se casser les doigts, tous les deux.
Il y a toujours des limites pour faire croire ça au monde! Comment
peux-tu, dans un corridor, devant la presse, dire que tu vas te battre
énergiquement en faveur de la qualité de la vie et de la
qualité de l'environnement, revenir en chambre et dire que, là,
tu t'entends à merveille et, trois semaines après, tu te fais
tasser du dossier très poliment? un vénitien que tu tasses. ce
n'est pas des farces.
M. Garon: Un mort vivant!
M. Chevrette: C'est ça qui arrive. Puis, il va se relever
en Chambre, le ministre de l'Environnement, pour nous faire des discours sur
ses grandes capacités de défendre la qualité de vie et la
qualité de l'environnement. Aïe, mon oeil! Sa
crédibilité est rendue bien plus bas que ça, M. le
Président. Il n'en a pas, il n'en a pas, il n'en a plus. Ce
gars-là va venir soutenir des dossiers de l'environnement ici. Il n'a
même pas été capable de rester maître de sa propre
loi. On lui a enlevé l'autorité et ce bonhomme-là va aller
défendre des gros projets et il va dire: Écoutez, ça prend
des travaux de l'Environnement avant, il faut faire tous nos travaux et ce
n'est pas à Hydro-Québec de faire les travaux, c'est à
nous autres à l'Environnement. Puis, il se fait tasser.
M. Garon: II a l'air d'un adjoint parlementaire.
M. Chevrette: À compter de demain, on va l'appeler
l'adjoint des ministres qui s'occupent de l'Environnement. Il a le titre, mais
il n'a plus de pouvoirs. Il a le titre, mais il n'a plus le droit d'exercer ses
fonctions. Il a le titre, mais il n'a plus la crédibilité qui va
avec son titre. C'est fondamental en politique, M. le Président, quand
un ministre perd sa crédibilité dans son dossier, il est mieux de
rentrer chez lui. C'est même mieux pour son gouvernement parce qu'il n'y
a plus personne qui va le croire et à juste titre.
Son projet de loi est piloté par un député de
comté qui a beau être leader du gouvernement, ce n'est pas vrai
fondamentalement. On a placé le leader du gouvernement dans une
situation où il s'expose lui-même, où lui-même met sa
crédibilité en risque parce que, comme député, il a
un intérêt dans le projet qui est dans son comté et qu'on
lui fait piloter un projet de loi sur la qualité de l'environnement qui
enlève des pouvoirs à son collègue. Avez-vous pensé
à ça? Avez-vous pensé que tout le monde va prendre
ça comme de l'eau sur le dos d'un canard? Non, non.
Fondamentalement, c'est une erreur politique majeure; c'est une erreur
politique majeure que d'avoir réglé ça comme vous l'avez
fait, à part ça en suspendant les règles. Je ne sais plus
combien de fois on a suspendu les règles en cette Chambre. Une fois,
c'est le ministre de l'Éducation à l'époque, pour
l'institut Armand-Frappier, il faut passer ça dans une nuit. Il n'y
a aucune urgence, mais ce n'est pas grave. là, c'est lauralco.
demain, ça sera quoi? en fin de session, sur quoi allez-vous essayer de
nous écraser et de nous bâillonner?
M. Garon: Grande Baleine.
M. Chevrette: Écoutez une minute, fondamentalement vous
pouvez faire ça un certain temps, mais c'est ce qu'on appelle
l'arrogance du pouvoir quand on gouverne de même, M. le Président.
L'arrogance du pouvoir, ça tue en politique. Ça tue en politique,
M. le Président, parce que je peux vous dire que les groupes
environnementaux, on va s'organiser pour leur diffuser ce qui s'est
passé ce soir. Nous, c'est notre rôle d'Opposition de diffuser
auprès de tous les grands organismes qui s'occupent de l'environnement
ce qui s'est passé ce soir, les effets de ce qui s'est passé ce
soir aussi, les précédents que ça crée.
Et je suis persuadé qu'on ne peut pas, à moins de se
sentir finis... C'est peut-être le cas du gouvernement. Ils ont
peut-être décidé qu'il n'y avait plus rien à faire
et qu'il fallait en profiter au moins pour régler quelques dossiers qui
les gardent un peu dans le décor. Ça peut être aussi
l'occasion d'un règlement de comptes. Oui. Il y en a peut-être qui
ont dit: C'est le temps de régler nos comptes; on achève d'abord.
C'est possible. Mais, politiquement, ne venez pas me dire que c'est une
décision sage que d'agir de la façon dont on a agi dans ce projet
de loi. Ce n'est pas une décision sage. Ce n'est pas une façon de
légiférer. Ce n'est pas une façon... En tout cas, on a
beau dire que la politique, c'est ingrat, ordinairement, on laisse l'Opposition
faire le sale boulot vis-à-vis d'un ministre. Mais, dans notre cas, on
n'a même pas eu à le faire. C'est eux autres qui ont fait toute la
job, comme on dit en bon québécois, à leur ministre de
l'Environnement.
Nous autres, on ne le trouvait pas trop efficace parce qu'il n'agissait
pas vite, mais on a compris doublement aujourd'hui pourquoi il ne l'est pas. On
ne le laisse pas agir seulement une minute. On le tasse, ce n'est pas un
problème. Puis, même pas délicatement, M. le
Président. Même pas. Parce que, par le cri de détresse
qu'il est venu lancer ici, je pense qu'il a voulu démontrer qu'il avait
une certaine foi dans l'environnement. Il est venu crier qu'il avait besoin
d'aide. Et j'ose espérer, M. le Président, en tout cas, que le
prochain aura, au départ, au moins l'appui du Conseil des ministres
parce que, en matière environnementale, si on ne donne pas l'appui
à un ministre de l'Environnement au sein d'un cabinet, dites-vous bien
qu'on ne peut plus se permettre de faire des grands discours sur la
qualité de la vie et la qualité de l'environnement.
Si un ministre de l'Environnement n'a pas la crédibilité
et l'appui des membres de son cabinet et de sa députation, on sait
comment c'est difficile d'en arriver à des changements de
mentalité, à des changements d'attitude et à des
changements radicaux dans le domaine industriel, en particulier. S'il n'y a pas
une fermeté dans l'action gouvernementale, ne vous demandez pas pourquoi
les mentalités n'évoluent pas plus vite.
On se doit, M. le Président, d'avoir les coudées franches
dans le domaine environnemental, et c'est le défi des années
2000. Et, au moment où s'amorce le défi des années 2000,
le gouvernement s'inscrit exactement à rencontre de ce défi des
années 2000 par la complicité, par le louvoiement, par la
non-clarté de ses positions et par l'inconscience des besoins de
respecter ses lois fondamentales. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle. Le temps
est écoulé, oui? Alors, les 25 minutes de l'Opposition officielle
ont été écoulées. Maintenant, c'est au parti
ministériel. M. le ministre de l'Éducation et leader du
gouvernement.
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: M. le Président, en réplique, j'ai
droit à 10 minutes. Je ne les prendrai pas. Je vais me limiter,
cependant, à reprendre un des éléments qui est revenu
à quelques occasions dans le discours du leader parlementaire de
l'Opposition et celui du député de Lévis, entre autres,
qui pèchent souvent par excès dans ce sens-là. Je me
réfère à un excès d'autogratification basée
sur une autosatisfaction anticipée.
Le député de Lévis nous disait, tantôt, et le
député de Joliette aussi, que ces gens-là se voient au
pouvoir. Ces gens-là se voient au pouvoir. Ces gens-là sont en
train de négocier leur ministère et ces gens-là ont,
d'ailleurs, toute une série de nominations. C'est ce qu'on dit en bon
québécois aussi du "wishful thinking". Mais je vous rappellerai
ceci. Nous traversons une période délicate au point de vue
économique. Les sondages nous sont quand même très
favorables. Nous allons redresser la situation économique, et une chance
qu'on s'est associés et on s'est engagés pleinement dans une
démarche de renforcement de l'économie depuis cinq ans. On l'a
vu, d'ailleurs.
Ce dont on parle ce soir, 4 000 000 000 $ d'investissements, 45 000
emplois au Québec. Vous tentez de faire valoir, de laisser croire au
public qui nous écoute qu'il y a un manque de solidarité dans
notre équipe. On n'est pas inquiets. On sait où on va. On est
solidaires. On a un bon chef et le meilleur guide, là, et j'invite le
député de Lévis, avec qui j'ai eu beaucoup de
dualité, mais pour qui j'ai quand même un degré
relativement appréciable d'appréciation, de respect...
Le député de Lévis, quand il lit les sondages, il
fait ça et, après ça, il fait ça de même
et
là, il fait ça. C'est-à-dire qu'il prend en haut ce
qui est susceptible de le motiver, de lui donner un peu d'air dans les poumons.
Mais, quand il arrive en bas, là, il met son coude pour ne pas voir.
Ça, c'est la popularité de son chef, troisième au niveau
de la confiance des Québécois, après Lucien Bouchard et
bien loin en arrière du leader politique au Québec qui a
marqué la décennie soixante-dix, qui a dit non à votre
nucléaire, qui a développé la Baie James, celui qui est
revenu en 1983, qui a rétabli la santé dans les finances
publiques.
Vous parliez, tantôt et cet après-midi, et ce soir, il y
avait des députés qui pariaient de déficits de 3 000 000
000 $ dans le temps du PQ. Bien oui. C'est sur un budget de combien, ça?
C'était sur un budget de 18 000 000 000 $. Quelle incompétence,
incapacité d'administrer comme du monde! C'est arrivé ici
bardé de diplômes et pas d'expérience. Je me rappelle. On
voyait ça de l'autre côté. On était assis de votre
côté. Vous, là, avec vos rêves anticipés qui
vous permettent l'autogratification mutuelle visant les postes les plus
élevés et, pour ceux qui veulent prendre leur retraite parce que
leur pension est déjà bien garnie, qui se voient ambassadeur ou
consul je ne sais pas trop où, là, n'achetez pas vos habits bleu
marine tout de suite. Correct? C'est te meilleur conseil que je peux vous
donner, parée que, avec le pourcentage de satisfaction que votre chef a,
loin en arrière de Lucien^ puis Bernard surveille. Probablement que mon
ami, le député de Lévis, a la nostalgie d'une performance
qui n'a pas été à l'échelle de la perception qu'il
avait de lui-même, puis Mme la députée de Taillon, elle,
elle surveille à sa gauche. Jean, le chef... Ha, ha, ha! M. le
Président, le geste posé par le député de
Lévis confirme en tout point ce que je soulève.
Ceci étant dit, je termine, M. le Président. Pour la
réplique, je me limiterai à trois choses: le caractère
redondant des propos, la faiblesse de l'argumentation du Parti
québécois, mais c'est à ne pas faire de réplique,
purement et simplement. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion du
leader adjoint du gouvernement et du ministre de l'Éducation proposant
l'adoption du projet de loi 132, Loi concernant la construction et la mise en
exploitation de postes de manoeuvre et de transformation électrique et
d'une usine d'aluminium dans le parc industriel Deschambault-Portneuf, est
adoptée?
Une voix: Adopté sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Pagé: M. le Président, vote
enregistré.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vote enregistré,
qu'on appelle les députés. (2 h 44 - 2 h 47)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez vous
asseoir, s'il vous plaît.
Alors, je mets aux voix la motion...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je mets aux voix la motion de M. le leader du gouvernement et
ministre de l'Éducation proposant l'adoption du projet de loi 132, Loi
concernant la construction et la mise en exploitation de postes de manoeuvre et
de transformation électrique et d'une usine d'aluminium dans le parc
industriel Deschambault-Portneuf.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Bacon (Chomedey), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Cusano
(Viau), Mme Bleau (Groulx), M. Maltais (Saguenay), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Chagnon (Saint-Louis), M. St-Roch (Drummond), Mme
Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Taschereau), M.
Poulin (Chauveau), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Fradet
(Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau
(Saint-Jean), Mme Bégin (Belle-chasse), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet),
M. Gautrin (Verdun), M. Gobé (LaFontaine), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Borde-leau (Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M.
Forget (Prévost), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. MacMMan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Garon (Lévis), Mme Caron
(Terrebonne), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions?
Le Secrétaire adjoint: pour: 36
Contre: 3
Le Vice-Président (M. Bissonnet): La motion est
adoptée. En conséquence, le projet de loi 132, Loi concernant la
construction...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
L'Assemblée n'est pas terminée. ...et la mise en exploitation de
postes de
manoeuvre et de transformation électrique et d'une usine
d'aluminium dans le parc industriel Deschambault-Portneuf, est
adopté.
Ceci met fin aux motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée.
M. Pagé: M. le Président, je viens de signer les
avis qui seront acheminés à chacun des présidents de
commissions pour la tenue des commissions parlementaires, mardi matin, pour
l'étude des crédits, tel que c'était prévu selon le
calendrier. M. le Président, je peux vous les
réitérer.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je
préférerais que vous fassiez les avis.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Pagé: Oui, très certainement. Ça me fait
plaisir, d'ailleurs. M. le Président, j'avise cette Assemblée que
le mardi, 23 avril 1991, de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires sociales procédera
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle; de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission de la culture procédera
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires culturelles; de 9 h 30 à 12 h 30, à
la salle du Conseil législatif, la commission de l'économie et du
travail procédera à l'étude du programme 1,
éléments 1, 2 et 3 du programme 2, du programme 3,
éléments 2 et 3, ainsi que du programme 4 des crédits
budgétaires du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. De plus, de 10 h 30 à midi, à la salle 1. 38 de
l'édifice Pamphile-Le May, la commission de l'éducation
procédera à l'étude des crédits budgétaires
du ministre responsable de l'application des lois professionnelles, soit le
programme 8 du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos avis sont
déposés.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Alors, ceci met fin à la période des affaires
courantes.
Conformément à l'article 282 du règlement, je
lève la séance. Les travaux de l'Assemblée sont donc
ajournés à mardi prochain, le 23 avril 1991, à 14
heures.
(Fin de la séance à 2 h 52)