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(Quatorze heures sept minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie, veuillez vous
asseoir.
Nous allons entreprendre nos travaux aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Décision 444 du Bureau de l'Assemblée
nationale
Dépôt de documents. Alors, je dépose la
décision 444 du Bureau de l'Assemblée nationale. Le document est
donc déposé.
Alors, en demandant, s'il vous plaît, l'attention de tous les
collègues.
Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la commission de la culture et député de Louis-Hébert.
Consultations particulières dans le cadre de
l'étude du projet de loi 117
M. Doyon: Merci, M. le Président. J'ai un rapport à
déposer, avec votre permission. Il s'agit du rapport de la commission de
la culture qui a siégé les 16, 21, 22 et 23 mai 1991 afin de
procéder à des consultations particulières dans le cadre
de l'étude du projet de loi 117, Loi modifiant la Loi sur le
cinéma.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le député
de Shefford.
Retirer la proposition de coupure dans les subventions
publiques au transport en commun
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 1430 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du
Québec.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que la
politique de coupure de subventions publiques du gouvernement à
l'égard du transport en commun constitue une véritable atteinte
à la survie même de ce service public auquel la population a
droit; "Considérant que les victimes d'une détérioration
du transport en commun seraient les personnes âgées, les jeunes,
les plus démunis et la population en général, sans compter
l'impact d'une telle mesure sur l'emploi, l'environnement et l'achalandage du
réseau routier."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignés, demandons à l'Assemblée nationale d'intervenir
auprès du ministre responsable et du gouvernement afin de retirer sa
proposition de coupure dans les subventions publiques accordées au
transport en commun."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, merci, M. le député.
Votre pétition est déposée.
Je vais demander, dès maintenant, la collaboration de tous les
collègues, s'il vous plaît.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Nous allons donc passer maintenant à la période de
questions et réponses orales des députés et je reconnais,
en première question principale, M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Définition de la souveraineté et
perception du premier ministre
M. Parizeau: M. le Président, la définition de la
souveraineté du Québec, la mienne, celle de mon parti, est
exprimée par notre programme, de la façon suivante: La
souveraineté du Québec signifie que tous les impôts
perçus au Québec le seront par l'État
québécois ou les administrations qui en dépendent. Toutes
les lois qui s'appliquent aux citoyennes et citoyens québécois et
sur le territoire québécois émaneront de
l'Assemblée nationale du Québec. Tous les traités,
conventions ou accords internationaux seront négociés par les
représentants de l'État québécois et
entérinés par l'Assemblée nationale.
La Commission Bélanger-Campeau a défini la
souveraineté peut-être en termes plus élégants que
ceux-là, mais ça revient exactement à la même chose,
et le gouvernement nous a présenté un projet de loi qui
définit la souveraineté de la façon suivante: "...la
capacité exclusive du Québec - et je cite ici l'article 3 du
projet de loi 150 - par ses institutions démocratiques, de faire ses
lois, de prélever ses impôts sur son territoire et d'agir sur la
scène internationale pour conclure toute forme d'accords ou de
traités avec d'autres États indépendants et participer
à diverses organisations internationales".
Donc, M. le Président, le premier ministre est parfaitement
d'accord avec ma définition de la souveraineté. Sa
définition de la souveraineté est la mienne. M'ayant
imité, dans cette définition de la souveraineté, et
très officiellement, pourquoi le premier ministre définit-il ma
définition de la souveraineté comme étant - comme il l'a
fait en fin de semaine - préhistorique et dogmatique? Puisqu'il m'a
imité à cet égard, est-ce que je dois comprendre qu'il se
définit lui-même comme paléolithique et doctri-
naire?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis très heureux
de retrouver le chef de l'Opposition à la suite de son voyage dans
l'Ouest du Canada. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il choisisse, comme
objectif de ses voyages, l'horizon est-ouest plutôt que nord-sud parce
qu'on s'aperçoit que la prime de l'incertitude est en train de
disparaître à New York sur les obligations du Québec.
Alors, je souhaiterais, pour quelque temps, qu'il s'en tienne à
l'horizon est-ouest.
Des voix: Ha, ha, ha! Des voix: Bravo!
M. Bourassa: m. le président, ce qui est en cause c'est
des centaines et des centaines de millions de dollars, comme on le sait, sur
les taux d'intérêt.
Une voix: ...à la question.
M. Bourassa: À la question plus précisément,
je crois que le chef de l'Opposition ne tient pas compte que, dans le
même projet de loi, il y a l'établissement de commissions
parlementaires qui ont pour objectif d'examiner le concept de la
souveraineté, ses implications financières, sociales, culturelles
et politiques, et on aura l'occasion d'en discuter quand aura lieu le
débat sur la loi 150.
J'ai mentionné également, en fin de semaine, le
problème du déficit démocratique que comporte la
thèse du Parti québécois. Je ne veux pas élaborer
davantage, mais on peut quand même dire que le chef de l'Opposition est
assez familier avec la notion de déficit. Il va très bien
comprendre que lorsque, d'un côté, il multiplie les pouvoirs en
commun, comme il l'a fait en Alberta, la mise en commun des pouvoirs, c'est la
monnaie, c'est les postes, c'est l'armée, c'est les transports, ce sont
les communications. La liste s'allonge constamment. Et, dans ce
contexte-là, se pose tout le problème de l'intégration
politique et de l'intégration économique, ce dont on va pouvoir
discuter à l'occasion de l'adoption de la loi 150. Alors,
j'espère que ma réponse va satisfaire le chef de
l'Opposition.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, est-ouest, nord-sud, est-ce
que le premier ministre va saisir un jour que tout est bon dans le poulet?
Tout!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: Pourquoi choisir?
M. le Président, puis-je aussi demander au premier ministre,
quant aux citations qu'il fait de moi dans l'Ouest, d'attendre un rectificatif
à cet égard de la Presse Canadienne qui devrait sortir
d'ici peu. Et, finalement, j'en arrive à la poursuite de ma question.
Puisque, M. le Président, le premier ministre et moi avons exactement la
même définition de ce qu'est la souveraineté, exactement la
même, moi dans le programme de mon parti, lui dans la loi qui a
été déposée en Chambre, puisque nous avons la
même définition, est-ce qu'il ne conviendra pas avec moi qu'il est
injuste, très injuste dans le public qu'on le définisse, sur le
plan de la définition de la souveraineté, comme impur et mou,
alors que je serais pur et dur?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je viens d'avoir l'occasion
de répondre au chef de l'Opposition en disant qu'il semble
s'écarter quelque peu de l'approche maximaliste qu'avait son parti
vis-à-vis de la souveraineté en énumérant toute une
série de pouvoirs communs. Il n'a pas besoin de demander un rectificatif
à La Presse Canadienne pour, encore une fois, dire qu'il a
été mal cité, quand il a lui-même, le 6 novembre
dernier, je crois, annoncé qu'il était prêt à mettre
en commun toute une série de pouvoirs.
Ce que je lui dis, c'est que, dans la loi 150 - il connaît bien le
programme du Parti libéral qui a été adopté les 9
et 10 mars derniers, lequel programme ne se compare pas à celui du Parti
québécois, il le sait fort bien, puisque nous parlons
d'institutions politiques communes - mais précisément, dans la
loi 150, nous avons la possibilité d'examiner toutes ces implications et
l'actualisation, si on peut dire, de la souveraineté. Je lui ai dit
très souvent que nous sommes à la fin du XXe siècle et non
au début du XXe siècle. Il faut donc en tenir compte dans
l'intégration économique qui est un objectif commun et
j'étais heureux, à moins qu'il ne renonce et qu'il ne se
démentisse, de constater que petit à petit il se trouvait
à accepter dans cette mise en commun d'un plus grand nombre de pouvoirs
une certaine logique néo-fédéraliste qui va favoriser
l'union entre les deux parties.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre convient que la
définition de la souveraineté, telle qu'elle apparaît dans
son projet de loi, exclut toute forme de fédéralisme, néo
ou paléo?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: Lorsqu'il parle de
néo-fédéralisme à partir de la définition
qu'il donne lui-
même dans son projet de loi, il est en contradiction avec le
projet de loi que lui-même a déposé en cette Chambre.
Est-ce que le premier ministre peut accepter de sortir de l'espèce de
brume dont il adore s'entourer et reconnaître que, si le Québec a
tous les pouvoirs sur ses impôts, tous les pouvoirs sur ses lois et tous
les pouvoirs sur ses traités qui l'unissent avec d'autres pays, ce dont
il parle dans sa propre définition dans son projet de loi, c'est de
l'indépendance du Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis obligé de
répéter au chef de l'Opposition ce que je lui ai dit
tantôt. C'est que nous avons déposé le projet de loi, qui
contient plusieurs articles, qui contient évidemment une
définition, mais qui est sujette à délibérations
par les membres de l'Assemblée nationale. D'ailleurs, je le
répète encore parce que c'est important, comme je le lui disais
tantôt, c'est des centaines de millions qui sont en cause. On
s'aperçoit que la prime que j'appelais tantôt, cette prime de
l'incertitude politique au Canada et au Québec, qui nous valait un
différentiel pour les emprunts d'Hydro-Qué-bec, notamment, qui se
chiffrent, comme on sait, à plusieurs centaines de millions, est en
train de disparaître. (14 h 20)
C'est peut-être qu'à l'extérieur, on fait confiance
à la volonté de stabilité politique et de
sécurité économique de la part du Québec et de la
part du Canada, qui serait ouvert à des représentations
légitimes du Québec. Et j'ajoute à cela que ceci a
été un peu confirmé par la perception du discours du chef
de l'Opposition, laquelle perception est basée non seulement sur son
discours à Calgary, mais également sur d'autres interventions
depuis quelques mois. Alors, on peut continuer a discuter entre nous sur la
signification du concept de la souveraineté, du
confédéralisme, du fédéralisme, de l'objectif
communautaire. On sait que ce débat se retrouve également dans
d'autres continents.
Mais ce qui est important, c'est que ce soit l'intérêt
supérieur du Québec qui soit servi. De notre côté,
c'est clair. Du côté de l'Opposition, c'est moins
évident.
Le Président: Question additionnelle.
M. Parizeau: Dernière additionnelle, M. le
Président. Puis-je demander au premier ministre si, alors qu'il
soulève tellement d'hypothèses dans toutes directions, depuis
quelques jours, il est toujours d'accord avec la définition de la
souveraineté qui apparaît dans la loi 150, s'il est toujours
d'accord sur le fait que la souveraineté du Québec tel qu'il l'a
si bien exprimée dans son projet de loi, c'est tous les impôts,
toutes les lois, tous les traités et qu'au point où il en est
à l'heure actuelle, c'est ça, sa perception de la
souveraineté?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, si j'ai employé au
cours de la fin de semaine le qualificatif "préhistorique", c'est que le
chef de l'Opposition, représentant probablement son parti, du moins dans
la conjoncture, parce que plusieurs de ses collègues, dont celui qui est
assis derrière lui, durant plusieurs années, optaient pour une
autre option, mais il semble y avoir un ralliement conjoncturel à la
thèse du chef de l'Opposition, c'est que le chef de l'Opposition s'en
tient toujours à des traités. Il ne peut pas concevoir qu'il
puisse y avoir une intégration politique comme son ami et
collègue, Lucien Bouchard, est en train lui-même de l'accepter
quand il parle de la Communauté économique européenne.
Alors, je dis au chef de l'Opposition qu'il doit situer cet article dans le
cadre de l'ensemble de la loi 150 et également du programme du Parti
libéral du Québec. Dans ce contexte-là, je crois qu'il
aura une compréhension plus réaliste de la situation.
Le Président: En question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
M. Brassard: M. le Président, puis-je rappeler au premier
ministre qu'il fut un temps où son collègue de la
Sécurité publique avait demandé aux
Québécois de voter pour le Parti québécois. Oui,
oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît!
M. Brassard: Mais non pas pour lui.
Le Président: À l'ordre! Je vous prierais d'en
venir à votre question, s'il vous plaît.
M. Brassard: C'était à l'époque où
Le Devoir était une véritable bible.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît! Votre
question, s'il vous plaît!
L'intention du premier ministre concernant le
référendum sur la souveraineté
M. Brassard: M. le Président, Raymond Giroux, aujourd'hui,
dans Le Soleil écrit ce qui suit: "M. Bourassa doit surmonter un
problème majeur, son absence de vision d'avenir." On s'en rend compte de
plus en plus. D'abord, le rapport Allaire, position de son parti, a pris le
chemin de la poubelle puisqu'il n'est jamais devenu la position de son
gouvernement. Ensuite, le rapport de la Commission Bélanger-Campeau est
allé rejoindre le rapport Allaire dans le même
récipient puisque le premier ministre n'a ni le goût, ni la
motivation, ni les convictions nécessaires pour tenir un
référendum sur la souveraineté en 1992. C'est le bunker
qui décide et qui cogite, et c'est le scénario suivant qui est
retenu, selon deux conseillers proches du premier ministre. Si les offres du
gouvernement fédéral sont acceptables, le gouvernement pourrait
les faire siennes, vivre avec et les soumettre aux élections
générales de 1993. Dans ces conditions, la loi 150,
évidemment, est nulle et sans valeur.
Ma question très simple au premier ministre: Peut-il nous dire
d'abord le nom des deux collaborateurs... Je dirais plutôt d'un
collaborateur. Un, c'est sans doute Jean-Claude, probablement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Mais, peut-il nous dire le nom des deux
collaborateurs et peut-il admettre qu'ils ont agi avec sa
bénédiction au mépris des militants de son propre parti
qui s'imaginent à tort que leur chef a endossé le rapport Allaire
et au mépris des commissaires de la Commission Bélanger-Campeau
qui savent maintenant que le premier ministre n'a pas du tout l'intention de
tenir un référendum sur la souveraineté?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je vais me
référer très très brièvement au début
du préambule du député de Lac-Saint-Jean en disant tout
simplement: À tout péché miséricorde.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Je veux dire au député de
Lac-Saint-Jean, M. le Président, que j'ai des dizaines et des dizaines
de collaborateurs. Les noms n'ont pas été mentionnés, je
n'ai pas eu le temps de faire la vérification. Certains de ces
collaborateurs ont un sens de l'humour assez développé et dont
l'interprétation comporte certains risques, et je dois dire au
député de Lac-Saint-Jean que la position du gouvernement, comme
je l'ai dit en fin de semaine, se retrouve dans la loi 150 qui sera
débattue et qui comporte, comme on le sait, et je le
répète pour la quatrième fois cet après-midi, des
commissions parlementaires qui auront à examiner différentes
hypothèses. Que l'Assemblée nationale soit souveraine, je pense
que tout le monde va être d'accord avec ça, c'est une
vérité de La Palice que reconnaît surtout le chef de
l'Opposition et député de L'Assomption, quand on connaît
son respect exemplaire pour les institutions parlementaires. Alors c'est ce que
reprend la loi 150. Sur le reste, du ouï-dire au deuxième
degré, comme je le disais, par des collaborateurs anonymes, c'est assez
difficile pour moi de pouvoir exprimer une réponse à la question
du député de lac-saint-jean. j'aime mieux le
référer à un projet de loi officiellement
déposé par le ministre délégué aux affaires
intergouvernementales canadiennes au nom du gouvernement et, à ce
moment-là, il aura la position du parti libéral du
québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: Est-ce que le premier ministre ne pourrait pas, pour
une fois, cesser de finasser...
Des voix: Ah!
M. Brassard: Oui, oui.
Le Président: M. le député, votre question,
s'il vous plaît!
M. Brassard: Est-ce qu'il ne pourrait pas reconnaître que
le scénario dévoilé par ses proches est également
le sien, c'est-à-dire qu'il est en train, actuellement, de traficoter
avec Ottawa un brouillon d'offres, soi-disant de renouvellement du
fédéralisme, qu'il va s'empresser d'accepter pour les soumettre
ensuite au peuple à l'occasion d'élections, ce qui va lui
éviter le fardeau de tenir un référendum sur la
souveraineté, ce qu'il ne veut pas faire, de toute façon,
manifestement?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, l'Opposition, à
défaut de questions, est en train de fouiller dans mon subconscient pour
voir s'il n'y aurait pas là des hypothèses qui pourraient
contredire leur opinion. Je lui dis que nous sommes dans un système
parlementaire. Je lui dis que la position du gouvernement s'exprime, dans notre
système politique, par les lois, par les décisions officielles,
pas par des propos qui peuvent être tenus en dehors de l'Assemblée
nationale et d'une façon non officielle. Il me semble que le
député de Lac-Saint-Jean a assez d'expérience pour ne pas
accorder une importance définitive et déterminante, avec tout le
sérieux des journalistes en cause, que je ne conteste pas, contrairement
au chef de l'Opposition qui demande des rectificatifs constamment. Ce n'est pas
notre attitude, nous. Nous avons un estomac moins fragile.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: je dis au député de lac-saint-jean de
se référer aux documents officiels du gouvernement qui seront
discutés dans quelques jours.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Taillon.
Prêts accordés par la SDI sous le volet
"aide touristique" et gardés secrets
Mme Marois: Merci, M. le Président. Comme on peut le
constater, les pièces du casse-tête s'accumulent, mais le tableau
reste encore incomplet. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie peut-il nous dire, parmi les 20 prêts accordés par la
SDI dans le cadre du plan de relance, sous le volet "aide touristique", combien
l'ont été en vertu de l'article 7 de la Loi sur la SDI et combien
ont été tenus secrets?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Alors, sur les 20 prêts: 16 sur la
nouvelle programmation des prêts participatifs de la SDI; aucun sur
l'article 7; aucun décret n'a été différé
pour publication. Sur la relance PME: quatre dossiers, incluant celui de M.
Malenfant; aucun sur l'article 7, à l'exception du dossier Malenfant;
aucun n'a été différé pour publication. (14 h
30)
Le Président: En complémentaire.
M. Tremblay (Outremont): Je ne sais pas si les gens ont compris
la réponse, mais enfin... Est-ce qu'une partie... Est-ce que...
Des voix:...
Le Président: Alors, je vais demander la collaboration de
tous les députés, s'il vous plaît. Évidemment, quand
vous ajoutez une remarque, madame, à votre question, ça suscite
des commentaires. C'est ce qu'il ne faut pas faire, en vertu du
règlement. Donc, posez maintenant votre question.
Mme Marois: Est-ce qu'une partie du prêt de 2 900 000 $ de
la SDI au Groupe Malenfant a été versée au Groupe
Malenfant?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je pensais honnêtement, M. le
Président, qu'après 120 minutes d'interpellation dans la Chambre,
près de 40 minutes à répondre aux questions de tous les
intervenants, entre autres celle-là... Je l'ai mentionné, c'est
un prêt conditionnel à un montage financier. Le montage financier
n'est pas encore complété; aucun montant d'argent n'a
été déboursé. Je peux continuer si vous voulez.
Levez-vous, posez-moi 22 000 fois les mêmes questions, mais vous allez
toujours avoir les mêmes réponses, parce que j'ai appris dans la
vie une chose: Quand on dit toujours la vérité, ça nous en
fait moins à se rappeler.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Alors, M. le Président, je voudrais savoir de
la part du ministre si le versement de l'ordre de 2 900 000 $ est toujours
conditionnel à l'obtention, de la part du groupe, d'un prêt
hypothécaire de l'ordre de 42 000 000 $ de la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): alors, encore une fois, je vais
répondre. je vais répondre, parce que ça fait quatre fois
que je réponds à cette question.
Une voix: Elle n'a pas compris.
M. Tremblay (Outremont): Lorsque nous avons analysé le
dossier Malenfant, au mois de février, il y avait un montage financier.
Le Groupe Malenfant était en possession d'une lettre d'intention de la
Caisse de dépôt pour un prêt de 42 000 000 $, à
certaines conditions.
Lorsque nous avons adopté le décret, nous avons, à
titre de référence, uniquement donné suite aux
représentations du Groupe Malenfant, dont un prêt de 42 000 000 $.
Le prêt de 42 000 000 $, il est conditionnel. J'ai mentionné que
ce n'est pas pour créer des pressions sur la Caisse de
dépôt et placement. La Caisse de dépôt et placement
va prendre une décision d'affaire pour contribuer à sauver 2800
emplois et le réseau touristique du Groupe Malenfant. Si ce n'est pas la
Caisse de dépôt et placement, ça pourrait être un
autre prêteur hypothécaire. Savez-vous, Mme la
députée de Taillon, je pense, des fois... Quand je vois les
personnes de l'Opposition, ça me fait penser à certaines
personnes qui se promènent avec des lanternes dans le dos pour
éclairer le passé.
Des voix: Bravo!
Mme Marois: ...grand-chose à dire, hein!
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! En question complémentaire,
s'il vous plaît. Si vous avez une question de règlement, M. le
député de Laviolette, je vous invite à vous lever et
à faire votre question de règlement.
M. Jolivet: M. le Président, pour être juste envers
le monde, est-ce que vous êtes capable de faire le même commentaire
sur le commentaire du ministre, comme vous l'avez fait pour notre
collègue?
Le Président: Alors, si vous avez une question de
règlement, effectivement, je peux me lever et faire le même
commentaire. Toute question et toute réponse ne doivent pas être
faites de façon à susciter un débat et un tel commentaire
peut susciter un débat. Alors, d'un côté comme de l'autre,
je vous demande de respecter le règlement. Alors, votre question, Mme la
députée.
Mme Marois: Est-ce que le ministre a enfin reçu les
états financiers consolidés du Groupe Malenfant?
Le Président: M. le ministre.
Mme Marois: Oui ou non, c'est simple.
M. Tremblay (Outremont): Encore une fois, M. le Président,
j'ai répondu à trois reprises à cette question. Nous
avons, d'après les demandes de la Société de
développement industriel du Québec, jusqu'au 30 juin 1991 pour
recevoir tous les états financiers du groupe.
Le Président: En question principale ou
complémentaire?
Une voix: En principale.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Verchères.
Possibilité d'implantation d'un casino au
Manoir Richelieu
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. À une question
qui a été adressée au ministre du Tourisme en Chambre,
à savoir s'il avait l'intention d'implanter des casinos dans Charlevoix,
et de façon plus précise, au Manoir de Malenfant, le ministre a
répondu, à ce moment-là, qu'il n'en était pas
là. Cependant, en fin de semaine, le conseil national du Parti
libéral a adopté une résolution...
Une voix: C'est général. Une voix: Puis
après? Une voix: Général.
Le Président: S'il vous plaît. S'il vous
plaît. Un instant, Mme la députée. Alors, allez-y avec
votre question, Mme la députée de Ver-chères.
Mme Dupuis: Cependant, en fin de semaine, le conseil
général du Parti libéral a adopté...
Des voix: Bravo!
Mme Dupuis: ...une résolution appuyant l'implantation d'un
casino, et pas n'importe où, dans Charlevoix.
Une voix: Pour Raymond Malenfant!
Mme Dupuis: De toute évidence, les membres du Parti
libéral ont dit tout haut ce que le gouvernement essaie de traficoter en
cachette, sauver M. Malenfant en implantant un casino au Manoir Richelieu, et
ce, sans audiences publiques, et ce, sans avoir établi auparavant des
critères de sélection. Est-ce que le ministre du Tourisme va
encore nier que son intention est d'implanter un casino au Manoir Richelieu,
propriété de M. Malenfant?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le Président, Mme la
députée de Verchères fait des interprétations. Je
pense qu'il est bien connu... La discussion, à mon avis, est largement
publique au sujet de l'éventuelle possibilité
d'établissement de casinos au Québec. J'ai dit et redit, devant
cette Chambre, M. le Président, qu'il restait à faire certaines
démonstrations d'opportunité sur les considérations de
sécurité, sur les considérations socio-économiques
plus larges, sur les considérations de rentabilité. J'en suis
encore à l'examen de la démonstration de ces opportunités
et dois-je retenir - parce que nous sommes une formation, nous, politique
très démocratique - et la volonté de la base, la
volonté des membres, telle que celle qui fut discutée au dernier
conseil général et adoptée à l'unanimité,
sera définitivement prise en considération... Mais j'aimerais
rappeler à Mme la députée de Verchères, M. le
Président, que non seulement cette résolution vise Charlevoix,
mais elle s'ouvre également à d'autres régions.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Dupuis: Est-ce que le ministre étudie d'autres sites
pour Charlevoix? Et est-ce qu'il est conscient qu'en voulant sauver à
tout prix M. Malenfant, en voulant l'aider à tout prix, il est en train
de développer un préjugé défavorable pour
Charlevoix qui, au moment venu, sera peut-être pénalisé
à cause de cette manière de faire du ministre? (14 h 40)
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: M. le Président, c'est déplorable, et
je tiens à le dire hautement devant cette Assemblée, c'est
déplorable ce genre de question qui vise à insinuer des choses
qui ne collent absolument pas à la réalité. S'il y a
quelqu'un aujourd'hui qui est à faire une démonstration au
désavantage de la région de Charlevoix, c'est bien Mme la
députée de Ver-
chères par ce type de question.
Le Président: Alors, pour une question de
règlement, M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: d'aucune façon, m. le président, on ne
peut accepter un tel jugement parce que, au contraire, si le ministre pouvait
comprendre la finale de sa question...
Des voix:...
M. Gendron: Si le ministre prenait l'habitude de répondre
à sa question...
Le Président: Votre question!
M. Gendron: Ma question de règlement, il n'a pas le droit
de prêter des intentions et c'est ce qu'il est en train de faire.
Une voix: C'est ça. C'est lui qui...
Le Président: Je demande au ministre de conclure.
Évidemment, la teneur de la réponse est dans le même sens
que la question et je ne peux rien faire là-dessus. Alors, finalisez
votre réponse, M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Vallerand: M. le Président, il y a une chose, il y a
une conclusion à laquelle j'arrive aujourd'hui, c'est que l'Opposition
est manifestement contre Charlevoix et son désir d'obtenir un
casino.
Des voix: Oui, oui! Bravo!
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: L'Opposition n'a rien contre Charlevoix. Elle a de
quoi contre le "magouillage" que vous êtes train de faire.
Des voix: Ah! Bravo!
Le Président: s'il vous plaît! ce n'était
manifestement pas une question de règlement. alors, une question
complémentaire, m. le député de westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Puisqu'on a
parlé d'un préjugé défavorable envers Charlevoix,
j'espère et je demande au ministre s'il a un préjugé
favorable envers la ville de Montréal où c'est vraiment important
de placer un casino pour l'industrie touristique.
Une voix: Non.
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: Je dois dire, et je veux le répéter
devant cette Chambre, que le ministre du Tourisme n'a qu'un seul
préjugé favorable, celui des intérêts touristiques
de tout le Québec.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question principale, M. le
député de Lévis.
Mesures pour relancer l'économie de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
M. Garon: M. le Président, en fin de semaine, plus de 5000
- certains ont dit 7000 ou 8000 - personnes de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine se sont réunies à Chandler pour
protester contre la situation lamentable de l'économie de leur
région où le taux de chômage dépasse 25 % et le taux
d'inoccupation dépasse 50 %, certains disent même 60 %. C'est la
région qui détient le record du chômage au Canada. Triste
record, mais c'est un record.
On sait qu'à deux ans et demi de la fin de l'entente
Canada-Québec, seulement 65 800 000 $ des 820 000 000 $ prévus
à l'entente ont été déboursés, soit
simplement 8 %, et le ministre a affirmé lors de l'étude des
crédits que 200 000 000 $ n'ont toujours pas été
affectés à quelque programme que ce soit. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire pourquoi et s'il a l'intention d'utiliser les sommes de
l'entente Canada-Québec, surtout ces 200 000 000 $, pour mettre en place
des mesures pour relancer l'économie de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine?
Le Président: M. le ministre responsable du
Développement régional.
M. Picotte: M. le Président, je pense que, s'il y a une
chose que le député de Lévis ne peut pas reprocher
à ce gouvernement, c'est de ne pas avoir établi des programmes
particuliers spéciaux pour la région de la Gaspésie.
Chaque année, depuis quelques années, différents
ministères, en collaboration avec le ministre des Finances, font un
programme spécial dans le but de venir en aide à la situation du
chômage en Gaspésie.
De plus, quand on parle de sommet économique... Oui, on pourrait
vous parler d'efficacité parce que je me rappelle de vos sommets
économiques à vous autres, où on allait chercher 1 000 000
$ ou 2 000 000 $ pour les régions, alors que la dernière
signature en collaboration avec les gens du milieu a été
d'au-delà de 100 000 000 $, une légère différence
de 90 000 000 $ avec les vôtres. Ça, c'est pas mal
différent et pas mal plus efficace.
Des voix: Bravo!
M. Picotte: L'autre point, M. le Président,
et le député de Lévis le sait très bien,
c'est que les ententes fédérales-provinciales qui existent sont
toujours tributaires de gens dans le milieu qui veulent investir. Ce n'est pas
l'OPDQ qui investit, ce ne sont pas les gouvernements qui investissent, mais ce
sont surtout les gens du milieu qui décident d'investir et de
présenter des projets. Or, à toutes les fois que nous avons
signé une entente, la première année, les deux
premières années même, dirais-je, ça prend un peu
plus de temps à démarrer, mais, bien souvent, avant la fin de
l'entente, on réussit à dépenser l'argent et j'ai
l'impression que, dans cette région-là comme ailleurs, on
réussira à dépenser l'entente
fédérale-provinciale.
Le Président: En question complémentaire.
M. Garon: Est-ce que le ministre peut reconnaître que les
secteurs où l'argent promis marche le moins vite, ce sont ceux où
le gouvernement est le seul promoteur, notamment le ministère des
Transports? Et est-ce que le ministre reconnaît la gravité de la
situation économique en Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine et ne croit-il pas que la gravité de la
situation appelle des interventions urgentes et ponctuelles de sa part?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: Je suis un peu surpris, M. le Président, que
le député de Lévis invoque la lenteur au niveau surtout
des transports quand lui-même, avec sa Loi sur la protection du
territoire agricole, la plupart du temps, dans nos municipalités, a
beaucoup extensionné les délais, ne serait-ce que pour satisfaire
aux exigences de la CPTAQ, ne serait-ce que pour satisfaires aux exigences de
l'environnement, et je trouve ça tout à fait normal. Mais faire
justement allusion au fait que ça prend plus de temps dans les
transports après avoir mis ces mécanismes-là, il faut le
faire, M. le Président. Il faut le faire, ne pas s'en souvenir
après un certain temps. Il faut le faire pour ne pas s'en souvenir.
La deuxième des choses, M. le Président, je pense que
celui qui vous parle a mis en place un comité qui devrait lui faire
rapport bientôt pour faire en sorte d'arriver avec une nouvelle formule
du développement régional. Partout au Québec, en
Gaspésie comme ailleurs, cette nouvelle formule devrait être
intéressante pour venir en aide au chômage dans chacune des
régions du Québec.
Le Président: Toujours en complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le ministre peut
reconnaître au moins qu'il n'y a à peu près aucune zone
agricole en Gaspésie? C'est l'endroit où il y en a le moins.
Alors, faire des routes, ce n'est pas compliqué. Et est-ce que le
ministre peut nous dire quelles mesures, comme ministre responsable du
Développement régional, ministre de l'Agriculture, ministre des
Pêcheries, donc le ministre à peu près le plus
impliqué en ce qui concerne le développement économique de
la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, il entend prendre -
question générale, on ne peut pas plus générale que
ça - entend mettre en oeuvre pour améliorer la situation
économique en Gaspésie ou est-ce qu'il peut nous dire, s'il ne le
sait pas, qu'il ne le sait pas?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, j'ai l'impression que le
député de Lévis a perdu la mémoire. Quand on a fait
le zonage agricole au Québec, c'est celui-là même qui me
pose la question qui a même zone les cimetières au Québec.
Il a même zone les cimetières au Québec. Partout.
C'était à la grandeur vert, M. le Président. Et, avec
toutes les misères du monde...
Le Président: Un instant. S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Picotte: Peut-être espérait-il, M. le
Président, que les morts reviennent voter pour lui à
l'élection de 1985. Évidemment, M. le Président, comme je
l'ai mentionné, je pense que la nouvelle formule qui sera
utilisée viendra faire en sorte d'aider les milieux
défavorisés comme celui-là et comme d'autres parce que
j'espère que le gouvernement adoptera une politique qui fera en sorte
d'aider davantage les plus démunis, d'y aller avec une aide beaucoup
plus accrue, de dépasser même de 75 % dans le cas où on est
vraiment plus démunis dans certaines régions, ce qui viendrait
drôlement améliorer la situation de chacune de ces
régions-là.
Le Président: Question complémentaire.
M. Garon: Même si les cimetières disposent de droits
acquis, est-ce que le ministre peut au moins admettre qu'il n'y a aucun projet
de route dans un cimetière en Gaspésie? Et est-ce qu'il peut nous
dire quelles mesures, concrètement, il entend prendre dans une
région qui a le record du chômage au Canada? Qu'est-ce qu'il
entend faire avec l'entente Canada-Québec où seulement 65 000 000
$ ont été déboursés sur 820 000 000 $, une entente
qui arrive à deux ans de son échéance? Qu'est-ce qu'il
entend faire? Est-ce qu'il peut nous dire quelque chose, n'importe quoi, mais
qu'est-ce qu'il entend faire?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: Je croyais que le député de
Lévis avait compris que, s'il avait eu le culot de zoner des
cimetières, à plus fortes raisons les
routes étaient doublement zonées. Je pensais qu'il avait
compris ça. Bien non, il n'a pas saisi ça. Et quand le
député de Lévis m'invite à faire n'importe quoi,
c'est justement là que je n'embarque pas avec lui, parce qu'eux autres
ont fait n'importe quoi, ils nous ont mis dans le marasme. On ne fera pas
n'importe quoi. On veut essayer de faire des choses intelligentes avec la
population. (14 h 50)
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de La Prairie.
Embauche de personnes handicapées dans la
fonction publique
M. Lazure: Merci, M. le Président. À l'occasion de
la Semaine d'intégration de la personne handicapée, qui a
débuté ce matin par un rassemblement au restaurant du parlement,
il est utile d'examiner la performance du gouvernement actuel en matière
d'embauché de la personne handicapée dans la fonction
publique.
L'Association de paralysie cérébrale disait tout
récemment que les chiffres présentés par le Conseil du
trésor sont trompeurs, et que le gouvernement tente d'embellir une
réalité troublante, à savoir que les personnes
handicapées, au vrai sens de la loi, ne représentent que 0,7 %
des effectifs de la fonction publique. En intégrant dans ses calculs les
employés ayant des handicaps non limitatifs, comme le Conseil le fait,
il biaise les résultats en montant à 2,9 % le pourcentage alors
que ceci est à l'encontre de l'esprit de la loi.
La réalité, M. le Président, c'est que la fonction
publique a moins de personnes handicapées maintenant qu'en 1987. 508 en
1987, 461 en 1988, 427 en 1989 et 391 en 1990. La question au président
du Conseil du trésor est la suivante: Est-ce qu'il reconnaît que
son gouvernement n'a pas accordé toute l'importance voulue à
l'embauche des personnes handicapées dans la fonction publique et
quelles mesures entend-il prendre pour effectuer un rattrapage et atteindre
l'objectif de 2 % qui avait été fixé en 1983?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: À la première question, la
réponse est non, M. le Président. À la deuxième, je
signale à l'attention du député deux facteurs. Le premier,
c'est que, justement, nous indiquons et divulguons de façon très
précise si les employés de la fonction publique ainsi
dénombrés le sont en spécifiant si leur handicap est ou
n'est pas limitatif. Ça permet au député,
évidemment, de faire des discours, mais ça permet
également de voir effectivement quelles sont les catégories, si
on veut, de personnes qui sont visées.
Deuxièmement, je serais plutôt d'avis que les chiffres que
nous publions sous-estiment - je l'ai déjà dit - le nombre de
personnes handicapées visées par ces catégories pour une
bonne raison, et ayant eu l'occasion d'en vérifier la teneur, je peux
ici le réaffirmer. Les gens qui sont des employés de la fonction
publique s'auto-identifient à titre de handicapés. Nous devons
donc nous fier à ce que les gens pensent d'eux-mêmes,
perçoivent d'eux-mêmes ou désirent indiquer en ce qui
concerne leur condition.
Alors, à mon sens, les chiffres que nous avons peuvent
démontrer ou bien que l'auto-ident'rfication a connu un certain
progrès ou alors, et ça m'apparaît positif, que les
personnes handicapées considèrent pour fins d'intégration
qu'elles ne sont pas handicapées, même si, médicalement, le
député le reconnaîtra, on pourrait peut-être en
conclure différemment.
Le Président: En question complémentaire.
M. Lazure: M. le Président, est-ce qu'il n'est pas exact
que les concours réservés, tenus en 1986, pour recruter les
personnes handicapées à titre d'agents et agentes de bureau ont
été abandonnés et qu'ils n'ont jamais été
appliqués à d'autres corps d'emploi? Comment va-t-il pouvoir
augmenter le nombre de personnes handicapées qui a diminué
malgré tous les tours de passe-passe qu'il essaie de faire? Il a
diminué le nombre de personnes handicapées dans la fonction
publique. Comment va-t-il augmenter ce nombre-là alors qu'il vient
d'imposer un gel de l'embauche dans la fonction publique?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, je vérifierai quant
à l'allégation sur les concours réservés de 1986.
Autrement, je réitère que les programmes d'embauché
à l'endroit des personnes handicapées, l'atteinte des objectifs
par ministère pour l'ensemble de la fonction publique font partie des
attentes qui sont signifiées aux sous-ministres de tous les
ministères et aux dirigeants de tous les organismes. C'est sur la foi de
l'atteinte de ces objectifs que ces gens, ce personnel de niveau
supérieur est jugé, et je n'ai, quant à moi, aucunement
l'intention d'abandonner quelque effort que nous devions faire afin d'augmenter
la place qui revient aux handicapés dans la fonction publique.
Le Président: Une dernière question
additionnelle.
M. Lazure: Oui, M. le Président. Est-ce que le
président du Conseil du trésor pourrait s'adjoindre l'aide de
l'Office des personnes
handicapées, de la COPHAN, la Confédération des
organismes provinciaux de personnes handicapées, des regroupements de
personnes handicapées en région pour que le président du
Conseil du trésor commence à examiner de plus près son
propre ministère à lui? Au Conseil du trésor, le
pourcentage de personnes handicapées, 0,2 %; le Conseil exécutif,
0,3 %; Énergie et Ressources, 0,2 %; Environnement, 0,2 %. Son propre
Conseil du trésor est un des moins performants dans toute la machine
gouvernementale, 0,7 %. Est-ce que le président du Conseil du
trésor veut bien s'adjoindre des gens du domaine des personnes
handicapées pour l'aider à faire son rattrapage?
Le Président: M. le ministre et président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, nous explorons tous les
moyens possibles et si, parmi la gamme des moyens que nous avons à
déployer, il s'avérait que nous devions maintenir des relations
plus étroites avec les organismes mentionnés par le
député, je n'ai aucune espèce de difficulté avec
ça. Ce que j'indique, c'est que la volonté est toujours
présente, que le risque que le député a à jouer
avec les chiffres est double, d'une part. Je le répète, il y a un
processus d'auto-identification. Est-ce qu'il va se rentrer ça dans la
tête une fois pour toutes au lieu de pointer du doigt? Il y a une
auto-identification et j'ai des exemples concrets à l'esprit, pour
être responsable du dossier. Des gens cessent de s'identifier comme
handicapés à l'occasion. Bon, ça existe, ces
choses-là, quoi qu'en dise le député de La Prairie.
Ça existe. Je comprends que sur sa planète, ça n'existe
pas; sur la nôtre, ça existe. La deuxième chose, c'est que
nous avons... Absolument!
Des voix: Ah!
Le Président: S'il vous plaît!
M. Johnson: La deuxième chose, c'est que nous entendons
poursuivre nos efforts sachant que les pourcentages peuvent varier grandement,
compte tenu du nombre, je l'admets, relativement restreint qui forme le
dénominateur de la fraction.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Maintenant, aux motions sans préavis. Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Johnson: Je solliciterais le consentement... Non, je
sollicitais, mais sans succès, le consentement du leader adjoint pour
donner les avis touchant les travaux des commissions, mais je vois que
ça ne fait pas l'affaire.
Le Président: M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Non, non, écoutez, il est 15 heures. C'est des
motions courtes. Je préférerais, aujourd'hui, qu'on fasse les
motions sans préavis avant les avis touchant les travaux des
commissions.
Le Président: Alors, très bien. Nous allons donc
procéder aux motions sans préavis et je vais reconnaître M.
le ministre du Tourisme.
Hommage à M. Gérard Delage et
condoléances aux membres de sa famille
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Je demanderais le
consentement de cette Assemblée pour faire une motion sans
préavis, eu égard au décès d'un grand personnage
gastronomique touristique du Québec, Me Gérard Delage.
Le Président: Donc, il y a consentement pour
débattre cette motion. Je vais donc céder la parole à M.
le ministre du Tourisme.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup
d'émotions que je tiens, aujourd'hui, à rendre un hommage
particulier à M. Gérard Delage.
Pour moi, c'est non seulement l'industrie touristique qui est en deuil
aujourd'hui, mais toute la société québécoise. M.
Delage a été un instigateur de premier plan dans les domaines
touristique et de la gastronomie. La société
québécoise perd en lui un grand homme. L'héritage qu'il
nous laisse, M. le Président, est inestimable.
Le secteur de l'hospitalité lui doit beaucoup pour avoir
réussi à obtenir des règlements plus civilisés lui
permettant d'exercer l'art de l'accueil dans les règles "du bien boire
et du bien manger", contrairement au régime puritain et
janséniste de la prohibition qui prévalait depuis toujours.
À ce niveau, il s'est opéré dans la
société canadienne non seulement une évolution, mais une
révolution. À titre de conseiller juridique de l'Association des
hôteliers du Québec, il fut amené à jouer un
rôle important avec les hôteliers du monde en devenant un des
directeurs de l'American Hotel Association et représentant officiel des
hôteliers du Canada au sein de l'Association internationale de
l'hôtellerie pendant 20 ans. (15 heures)
Ses 40 ans d'activité au service de l'hospitalité furent
soulignés dans un livre-souvenir publié lors d'une soirée
organisée en son honneur au Reine Elizabeth où 1300 de ses amis
lui rendaient un hommage mérité.
L'homme du tourisme et de la gastronomie est aussi important. De concert
avec son rôle de conseilfer juridique des hôteliers, il a
été un leader de la promotion touristique et un apôtre de
la gastronomie. Président du Conseil du tourisme de la province de
Québec pendant de nombreuses années, cet organisme chargé
de conseiller le ministre du Tourisme a beaucoup fait au niveau du service de
l'hôtellerie, des promotions régionales et de
l'amélioration des services d'hospitalité. Mais il fut avant tout
un ambassadeur tant au Québec qu'à l'étranger pour
proclamer que le Québec était la terre d'Amérique
où l'on mangeait le mieux et où la joie de vivre était
proverbiale. Il a diffusé ce thème dans de nombreuses causeries
et dans ses écrits, M. le Président. Comme gastronome, il a
fondé plusieurs clubs gastronomiques parmi les plus prestigieux et il
est reconnu comme un connaisseur avisé en vin.
L'Office national du film a produit un film sur la gastronomie où
il fut le principal commentateur avec le chef de La Sapinière, Marcel
Kretz. En 1965, il fut proclame Prince des gastronomes par toutes les
confréries vineuses et gastronomiques du Québec.
La création de l'Institut de tourisme et de l'hôtellerie du
Québec est l'une de ses plus belles réussites. Cet avocat, membre
du Barreau, en aura été non seulement le créateur, mais
aussi l'âme dirigeante durant plusieurs années. Grâce
à ce prince des gastronomes, ce M. Tourisme ou tout simplement le grand
Monsieur, l'Institut a donné naissance à une
génération complète de grands chefs cuisiniers. Ces
derniers, forts des compétences acquises à l'Institut, font
maintenant honneur au Québec dans différents concours d'envergure
internationale.
Son départ me chagrine beaucoup. Il était un homme
à l'esprit vif, un excellent communica-teur. D'ailleurs, il l'a
démontré une fois de plus lors du dernier gala des grands prix du
tourisme du Québec. À la remise de son prix, il a su faire rire
les gens présents dans la salle, tout en laissant un message sur
l'importance de l'excellence et de la formation dans le domaine du
tourisme.
Ses pairs et le milieu touristique n'auront pas attendu son
départ avant de lui rendre hommage, en créant la Fondation
Gérard Delage. Cette fondation, née il y a 10 ans, poursuivra les
idéaux qui ont marqué sa vie, soit encourager et soutenir
l'excellence et le perfectionnement en art culinaire et en gestion
hôtelière.
Je me souviendrai, M. le Président, de M. Delage comme d'un grand
homme avec une intelligence supérieure qui aura su marquer son
époque. Je tiens au nom du gouvernement et en mon nom personnel,
à offrir mes plus sincères condoléances à son
épouse, à ses trois fils, Pierre, Yves et Michel, ainsi
qu'à ses trois filles, Jocelyne, Niquette et Lison.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur cette même
motion, Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. D'abord, je dois aussi
remercier le ministre du Tourisme d'avoir bien voulu accepter de
présenter cette motion en Chambre, à l'Assemblée
nationale, afin de rendre un dernier hommage à M. Gérard Delage
pour son inestimable contribution dans le domaine touristique et
gastronomique.
C'est avec, moi aussi bien sûr, une certaine émotion et
beaucoup d'affection que je joins ma voix à celle du ministre du
Tourisme pour offrir au nom de l'Opposition officielle mes plus sincères
condoléances à la famille, à l'épouse et aux
enfants de M. Delage.
M. Delage, ce prince de la gastronomie, comme on le surnommait,
était en plus un homme profondément humain, respectueux des
autres et un homme capable de gestes gratuits. M. Delage était
l'incarnation du raffinement et je pense que c'est en tout premier lieu dans le
développement de sa personnalité qu'on peut voir et retrouver le
raffinement de cet homme, que moi je qualifie de créateur, d'artiste,
d'innovateur et d'animateur. Sur sa facette artistique, on dit que l'art est un
haut degré de raffinement. Comme je le disais tantôt, je pense
qu'il a su le développer dans sa manière d'être, dans sa
manière de faire et il a su reconnaître dans la gastronomie
qu'elle pouvait devenir un art, tout comme d'autres formes d'art qui, parfois,
sont plus reconnues.
C'était aussi un créateur, puisqu'il a innové. Il a
créé un nombre que j'oublie... L'Union des artistes - dans ce
sens-là, je dis que c'était un artiste - devient une association
professionnelle reconnue par la loi, sous Gérard Delage. Il a
créé l'Institut du tourisme et de l'hôtellerie du
Québec. Il a aussi créé l'association des hôteliers
du Québec, officiellement appelée l'association des
hôteliers de la province de Québec. Il a fondé des clubs
gastronomiques à Montréal. Toute cette action a donné
naissance aussi à d'autres performances comme la naissance, au
Québec, de grands chefs cuisiniers. De son vivant, il a eu le
témoignage des siens, je pense, puisqu'on a créé la
Fondation Gérard Delage. Cet être complet savait se faire plaisir
et faire plaisir à ceux qui l'entouraient.
En conclusion, je pense que le décès de M. Gérard
Delage est une perte pour le monde des arts. Le décès de
Gérard Delage est une perte pour le monde du tourisme. Le
décès de Gérard Delage est une perte pour le monde des
créateurs également. Le décès de Gérard
Delage est une perte pour le Québec qui ne peut demeurer insensible
à l'apport considérable de ce Québécois aussi
dévoué à la promotion de ce qui est le reflet même
de l'âme d'un peuple, les arts et la création. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Verchères. En vertu de son droit de
réplique, je reconnais maintenant le ministre du Tourisme.
M. André Vallerand (réplique)
M. Vallerand: En terminant, en conclusion, M. le
Président, j'aimerais lire devant cette Assemblée et
déposer, je pense, la dernière lettre manuscrite de Me Delage qui
m'a été acheminée la journée de son
décès et qui a été écrite le 21 mai. Avec
votre permission, je la lirais. Elle se lit de la façon suivante: "Mon
cher ministre, juste deux mots, le premier pour vous féliciter de
l'éclatant succès de votre Gala national des grands prix du
tourisme et le second, pour vous remercier de toutes vos gentillesses. Puis-je
ajouter qu'il est inutile de faire enquête pour savoir que, sous votre
égide, l'hôtellerie, la restauration et le tourisme sont aussi
bien protégés que dans des régions beaucoup plus riches
que la nôtre. De plus, selon plusieurs économistes, vous
défendez l'important dossier des casinos avec une diplomatie et une
fermeté qui sont tout à votre honneur. Comme disait un pauvre
électeur au général de Gaulle qui venait de lui serrer la
main: Je suis bien content de vous connaître."
Je dirais, M. le Président, aujourd'hui, à sa famille que
je pourrai, avec fierté, humilité, modestie et réserve, me
vanter en disant: II me connaissait.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Votre document est
déposé. Ce document est déposé. Est-ce que la
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Motion proposant de souligner la Semaine
Québec-Canada en forme et l'exploit de
M. Yves Laforest, premier
Québécois
à gravir l'Everest
M. Blackburn: Merci, M. le Président. J'aimerais que cette
Assemblée accepte de débattre la motion suivante: "Que cette
Assemblée souligne la tenue de la Semaine Québec-Canada en forme
qui a lieu du 24 mai au 2 juin et qu'elle souligne en même temps la
performance de M. Yves Laforest, ce premier Québécois à
gravir le mont Everest.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. M. le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: Merci, M. le Président. C'est avec un vif
plaisir que j'ai l'occasion, encore cette année, de souligner la Semaine
Québec-Canada en forme qui a pris son envol la semaine dernière
et qui se continue jusqu'au 2 juin. Avec comme thème "La joie de vivre",
la Semaine Québec-Canada en forme veut inciter les
Québécoises et les Québécois à prendre
conscience de l'importance de l'activité physique sur leur santé
en général. Mais aussi, nous voulons inviter la population
à passer de la bonne volonté à l'action.
Il y a une quinzaine d'années maintenant, à peine 5 % des
Québécoises et des Québécois disaient pratiquer une
activité trois fois par semaine. Selon les statistiques de
Kino-Québec, l'organisme chargé de la promotion de l'exercice au
Québec, il appert que près de 18 % de la population s'engagent
maintenant, de façon saine et régulière, dans une
activité physique. (15 h 10)
L'an dernier, l'objectif de 1 000 000 de participants avait
été dépassé, atteignant 1 200 000 personnes. Cette
année, je suis persuadé que plus de 1 500 000
Québécoises et Québécois enfourcheront leur
bicyclette, mettront leurs espadrilles et participeront aux centaines
d'activités offertes sur tout le territoire.
Cette année, Kino-Québec a priorisé quatre
activités qui sont: La Journée de l'espadrille, qui a eu lieu le
24 mai dernier, où la population était invitée à
faire la connaissance de ses voisins dans une atmosphère de fête.
"Vélos-y", avec Canadian Tire, qui vise, dans un premier temps, à
encourager les travailleurs à se rendre à leur lieu de travail
à bicyclette; dans un deuxième temps, les élèves
des écoles primaires et secondaires sont invités à
participer à des activités en vélo; enfin, le
troisième volet touche l'ensemble de la population et met l'accent sur
la sécurité et les randonnées à bicyclette en
famille. "Marche spatiale 2000", qui s'adresse aux personnes de 50 ans et
plus.
Finalement, "Chaque jour... pour la vie", un défi lancé
à toutes les écoles afin que ces dernières
intègrent des programmes d'activités physiques à
l'intérieur de leurs classes pendant une semaine, un an et pour la
vie.
Nul n'est besoin de préciser que d'autres activités ont
lieu durant cette semaine.
J'ai eu le plaisir, jeudi dernier, de procéder au lancement
officiel de la Semaine Québec-Canada en forme, à Montréal.
À cette occasion, 150 fonctionnaires provinciaux et
fédéraux se sont affrontés, dans un esprit de camaraderie,
évidemment, à l'occasion du défi souque à la
corde. Malheureusement, les porte-couleurs québécois ont
essuyé un deuxième revers en autant de tentative. Ce n'est que
partie remise. Toutefois, vous conviendrez avec moi que la participation est
encore plus importante, bien sûr, que les résultats.
M. le Président, lorsqu'on connaît tous les effets
bénéfiques de la pratique d'activités sportives,
d'activités physiques, on ne peut que soutenir une telle
démarche.
Il nous faut donc continuer d'investir en milieu de travail et
auprès des personnes âgées afin que la
sédentarité ne cesse de diminuer.
Je tiens à souligner la collaboration de Kino-Québec, du
ministère de la Santé et des Services sociaux et des 32
départements de santé communautaire qui proposent des centaines
d'activités physiques à la population.
Qu'il me soit permis de mentionner le travail exceptionnel du DSC
Saint-Jean-sur-le-Richelieu qui, via Kino-Québec, propose près de
300 activités à sa population.
Enfin, je profite de cette occasion pour souligner, de façon
toute spéciale, la performance de M. Yves Laforest, ce premier
Québécois à gravir le mont Everest. Nul doute que mon
collègue du beau comté d'Iberville va épiloguer sur ses
performances.
Je suis persuadé que l'exploit accompli par M. Laforest deviendra
un exemple à suivre, un exemple de courage qui mérite toute notre
appréciation et notre fierté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Sur cette même motion, Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je commencerai par une
citation de Martial qui dit: "Vivre, ce n'est pas être vivant, c'est se
bien porter".
Il faut, bien sûr, féliciter M. Laforest pour cet exploit
extraordinaire qu'est le fait de gravir le mont Everest parce que le mont
Everest est quelque chose que, souvent, on emploie comme figure: on dit: On ne
pourra jamais atteindre le mont Everest, parce qu'on trouve que la
difficulté qu'on rencontre est tellement grande que ça serait
difficile, mais lui, il l'a atteint; il a atteint vraiment le sommet du mont
Everest. Donc, il faut le féliciter.
Bien sûr, vous comprendrez, M. le Président, que je
porterai surtout mon intervention, aujourd'hui, pour la santé et le
bien-être des personnes du troisième âge, nos
aînés. Vous savez, on dit souvent...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Les députés, à ma droite, si vous vouiez discuter, vous
avez un salon approprié pour le faire. Mme la députée de
Johnson, si vous voulez poursuivre.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Les personnes
du troisième âge disent souvent: On n'a pas l'âge de nos os,
on a l'âge de notre coeur. On dit aussi: II faut avoir l'âge de sa
tête et il faut avoir l'âge de sa volonté.
L'activité physique chez les aînés, c'est
l'anti-âge, c'est l'anti-stress, c'est l'anti-ennui et c'est l'antidote
aussi, parce que vous savez très bien que lorsqu'on fait un peu
d'exercice physique, qu'on sort prendre une marche, qu'on fait du jardinage,
qu'on pratique un certain sport, ça fait, à la fois, deux choses.
Premièrement, ça nettoie notre organisme et, deuxièmement,
nous revenons à la maison beaucoup plus joyeux, beaucoup plus heureux
d'avoir participé a une activité physique et nous revenons plus
de bonne humeur. Donc, il faut, je pense, analyser l'ensemble de ce que peut
faire une petite activité physique et le bien-être que ça
peut apporter à nos gens du troisième âge.
Vous savez, depuis un certain temps, nous allions surtout sur le
curatif. Et quand on parle de curatif, on dit: On soigne des gens qui ne sont
pas en santé. On les hospitalise. On les prive d'une alimentation
régulière. On leur fait subir toutes sortes de traitements. C'est
ça le curatif. On sait qu'on en a besoin, bien sûr. Mais si on
allait surtout sur le préventif, sur l'activité physique, sur le
fait de rechercher une condition physique saine, un esprit sain dans un corps
sain, une condition essentielle pour être personnellement bien et
heureux.
Comment atteindre cet état de santé idéal? M. le
Président, je pense que la preuve de l'activité physique a
été faite. Elle ralentit le processus de
détérioration et comporte nombre de bienfaits dans une
réduction de risques de maladies coronariennes, la prévention ou
le ralentissement de la perte des capacités quotidiennes, une meilleure
mobilité, une plus grande autonomie ainsi qu'un bien-être physique
accru. Mais attention, il ne faut pas nécessairement attendre la mise en
place de structures établies dans votre quartier pour agir. Faites aller
votre imagination. Explorez les rues de votre quartier en compagnie d'une bonne
amie. Inscrivez-vous à des cours différents les uns des autres,
mais ceux qui vous font plaisir. Redécouvrez la flexibilité de
vos muscles par des exercices simples et efficaces. Ainsi, vous atteindrez ce
bonheur et ces joies que vous pouvez atteindre sans que ça ne vous
coûte rien, juste un petit effort physique. Donc, chaussez très
vite vos espadrilles et bonne marche pour cette semaine de l'activité
physique. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Johnson. Alors, sur cette même motion, je
reconnais M. le député d'Iberville. M. le
député.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
participer également à cette motion soulignant l'importance de
l'activité physique.
M. le Président, voilà quelques jours, soit le 15 mai
dernier, un résident de la municipalité d'Iberville, du
comté du même nom que j'ai l'honneur de représenter ici,
à l'Assemblée nationale, M. Yves Laforest, devenait le premier
Québécois à fouler le sommet de l'Everest. C'est
là, M. le Président, un exploit exceptionnel qui mérite,
je pense, d'être souligné en cette Chambre, surtout en cette
Semaine Québec-Canada en forme.
M. le Président, le mont Everest, comme on le sait, c'est la plus
haute montagne du monde, culminant à 8848 mètres la chaîne
de l'Himalaya. C'est donc, pour tout alpiniste sérieux et
déterminé, le défi le plus difficile. Il faut en effet
être sérieux et déterminé pour tout d'abord amasser
les sommes importantes d'argent et fournir ensuite les efforts organisationnels
nécessaires. Il en a pris cinq années à Yves Laforêt
pour concrétiser son rêve.
En effet, plusieurs milliers de dollars furent nécessaires sur le
plan organisationnel, ainsi que des centaines d'heures d'entraînement
très coûteux. À cet égard, d'ailleurs, plusieurs
efforts de financement sont toujours en marche. M. le Président,
l'ascension de l'Everest est un des plus grands défis qui se posent
à l'alpiniste, tous en conviendront. Réaliser cet objectif n'est
pas une mince affaire: II demande plusieurs années de préparation
pour constituer tout d'abord l'équipe, obtenir ensuite les permis
officiels d'ascension du gouvernement népalais, planifier l'organisation
matérielle et la stratégie d'ascension et surtout parfaire
l'entraînement physique des alpinistes. Puis il faut se rendre de l'autre
côté du globe, avec plusieurs centaines de kilos de marchandises:
tentes, vêtements, matériel d'escalade, nourriture, etc. (15 h
20)
Ensuite, il faut compléter les achats de vivres sur place, en
arrivant au Népal, et transporter le tout à dos d'homme jusqu'au
camp de base, à plus d'une semaine de marche. Monter le camp de base
à 5300 mètres d'altitude et tracer le meilleur chemin sur le
glacier pour franchir les crevasses nécessitent ensuite plus de deux
semaines. Après un mois, la phase proprement dite de l'ascension
débute par l'installation de trois ou quatre camps supérieurs.
Ces camps, comme des paliers de décompression, permettent
l'acclimatation à l'air rarifié des hautes altitudes. En quelques
semaines de montées et de descentes successives, le dernier camp
supérieur est installé à environ 8100 mètres.
M. le Président, les deux plus grands ennemis qui affectent de
façon constante et imperturbable tout alpiniste voulant vaincre
l'Everest sont le vent et le froid. En effet, en plus, s'il va de soi de
chercher et de faire son trajet à travers le roc et la glace,
l'alpiniste doit endurer et souffrir des basses températures oscillant
entre 0° C et -40° C et tenter de s'abriter et de se protéger de
vents pouvant atteindre plus de 150 kilomètres à l'heure. "Je ne
pensais pas que ce serait aussi difficile. À mi-chemin de
l'expédition, je n'aurais pas gagé fort sur une réussite",
a même avoué Yves Laforest.
M. le Président, depuis 1982, quelques Canadiens seulement ont
atteint le sommet de l'Everest. Il faut reconnaître que les grimpeurs de
l'Ouest canadien sont favorisés, car les montagnes Rocheuses peuvent
fournir l'expertise nécessaire à l'ascension des plus hautes
montagnes du monde. Par contre, l'expérience acquise par des
Québécois en escalade de parois de rocher ou de glace facilite
l'apprentissage de la très haute montagne. De plus, la
réalisation d'expéditions hors Québec, entre autres dans
la cordillère des Andes, est venue parfaire l'expérience d'Yves
Laforest. L'expédition dont il faisait partie était la
première québéco-américai-ne.
Il faut souligner, M. le Président, que dans le passé des
dizaines d'expéditions se sont lancées à l'assaut de
l'Everest et ont abandonné face à ce défi de la nature.
Pourquoi celle-ci, dont faisait partie Yves Laforest, a-t-elle atteint
l'objectif, même si elle fut forcée de surseoir à l'ultime
ascension à quelques reprises à cause de la mauvaise
température? Bien sûr, l'organisation est fondamentalement
importante tout comme l'expérience et l'entraînement des membres
de cordée. Mais, comme dans tout ce qu'on entreprend dans la vie, la
différence réside bien souvent dans la détermination
personnelle et le désir d'exceller. L'exploit qu'a accompli Yves
Laforest, M. le Président, est remarquable sur le plan sportif et on
peut facilement le comparer aux disciplines les plus difficiles et exigeantes
des Jeux olympiques par lesquelles des athlètes se méritent des
médailles d'or.
M. le Président, dans un désir de recherche et
d'excellence, Yves Laforest a risqué beaucoup et je pense que son
courage et sa détermination, qualités indissociables du
succès qu'il a connu, se reflètent sur nous tous et nous toutes,
Québécois et Québécoises. C'est pourquoi, M. le
Président, nous devons reconnaître l'exploit publiquement et
féliciter M. Yves Laforest, d'Iberville, d'avoir été le
premier Québécois à fouler le sommet du mont Everest. Par
son exploit, il contribue à mousser notre fierté nationale et
à donner confiance à nos athlètes dans leurs
qualités et capacités personnelles.
En cette Semaine Québec-Canada en forme, M. le Président,
c'est là un bel exemple d'organisation, de discipline, de courage et de
détermination, qualités fondamentales de l'excellence que tous
les Québécois et Québécoises se doivent de
rechercher.
M. le Président, en terminant, félicitations encore une
fois à Yves Laforest, d'Iberville, premier Québécois
à fouler le sommet de l'Everest, et à ses compagnons de
cordée! Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Iberville.
Est-ce que la motion proposée par le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche et qui se lit comme suit: "Que cette
Assemblée souligne la tenue de la Semaine Québec-Canada en forme
qui a lieu du 24 mai au 2 juin, et qu'elle souligne la performance de M. Yves
Laforest, premier Québécois à gravir le mont Everest", est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Est-ce
qu'il y a d'autres motions sans préavis? Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et présidente de la commission de
l'éducation.
Motion proposant que l'Assemblée souligne le
30e anniversaire d'Amnistie internationale
Mme Harel: Merci, M. le Président. Alors, qu'il me soit
permis de déposer la motion suivante: "Que cette Assemblée
souligne le 30e anniversaire aujourd'hui de la création d'Amnistie
internationale qui compte maintenant plus de 1 000 000 de membres
bénévoles dans 150 pays."
Le Vice-Président
(M. Bissonnet): est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion proposée par mme la
députée de hochelaga-maisonneuve?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Louise Harel
Mme Harel: m. le président, c'est aujourd'hui même,
il y a 30 ans, qu'amnistie internationale était créée.
après avoir lu un article d'un journal de londres faisant état de
l'emprisonnement de deux étudiants portugais qui avaient porté un
toast à la liberté en espagne, un juriste britannique du nom de
peter berenson publiait un appel dans les journaux en faveur des
étudiants portugais. en quelques jours, des milliers de lettres de
support et de contribution répondaient à cet appel, et les bases
d'amnistie internationale étaient lancées.
Il y a 30 ans maintenant, M. le Président, et cette année,
Amnistie internationale comptait 1 100 000 membres à travers tout
l'univers. Elle était implantée dans 150 pays, procédait
à l'envoi de 922 délégations dans des dizaines de pays et
prenait en charge le cas, durant ces 30 années, de 42 000 prisonniers
pour lesquels elle demandait soit un procès équitable, des
traitements décents, la liberté ou simplement des nouvelles.
Aujourd'hui même, dans une déclaration à l'occasion
de ce 30e anniversaire, Amnistie internationale nous rappelle que deux
personnes sur trois dans le monde sont sous la coupe d'un gouvernement qui
torture et qui tue ses citoyens et que des opposants politiques sont mis en
prison dans plus de la moitié des pays de la planète. Et Amnistie
internationale, à cet effet, nous rappelle également que les
gouvernements incriminés, le plus souvent, nient l'existence des
violations ou essaient de les justifier en déclarant que les victimes
ont eu ce qu'elles méritaient, que les problèmes
socio-économiques qui pèsent sur leur pays sont prioritaires par
rapport aux droits de la personne ou, encore, que la façon dont ils
traitent leurs citoyens est une affaire purement interne.
M. le Président, cet appel que je fais cet après-midi en
faveur d'Amnistie en soulignant son 30e anniversaire, c'est aussi une occasion
d'inviter les parlementaires membres de cette Assemblée à devenir
membres d'Amnistie internationale. Je le suis personnellement, M. le
Président, depuis de très nombreuses années. J'ai
l'occasion, comme certains de mes collègues, de participer à des
campagnes d'appui à l'égard de prisonniers d'opinion sur presque
tous les continents puisqu'à maintes occasions, Amnistie l'a
rappelé, il s'agit de lutter contre les violations des droits de la
personne et violations des droits à l'égard de personnes qui ne
sont coupables que de délits d'opinion. C'est pour avoir brandi un
drapeau, avoir chanté un hymne national, avoir fait connaître des
opinions en faveur de la démocratie ou de la paix que ces personnes
connaissent un sort douloureux; parfois, ce sort, évidemment, est aussi
douloureux pour leurs proches et leurs familles. (15 h 30)
M. le Président, je pense que cet anniversaire est une occasion
de sensibiliser la population, mais également l'Assemblée
nationale à ces réalités qu'on préfère
souvent garder sous silence et à l'urgence d'intervenir pour sauver des
milliers de vies humaines. C'est évidemment le bon moment de nous
rappeler notre responsabilité sur cette planète, qui se
rapetisse. M. le Président, il vaut la peine de rappeler que, lorsque la
liberté est bâillonnée, c'est tout l'univers qui respire
moins bien, M. le Président, y compris nous, de ce côté de
l'océan, qui jouissons assez largement de ces droits et
libertés.
Je veux rendre hommage à Amnistie internationale, la section
francophone, qui compte actuellement 33 000 membres. C'est assez exemplaire de
se rendre compte qu'avec le quart de la population canadienne, la section
francophone compte la moitié des membres des deux sections confondues.
Cela indique certainement une très grande sensibilité dans
l'opinion publique québé-
coise et canadienne-française, à l'égard de cette
question de la protection des droits et libertés. 33 000 membres actifs
d'Amnistie internationale, section francophone, participent à leurs
différents comités. Et, M. le Président, je veux rendre
hommage au travail qui se fait particulièrement dans le milieu scolaire.
Depuis deux ans et demi, les sections locales dans les milieux scolaires ont
connu une progression absolument vertigineuse; de 15 groupes qui existaient
dans les écoles, il y a deux ans et demi, on en compte maintenant 160.
C'est évidemment en grande partie grâce à l'implication et
à l'expertise des agents d'éducation, mais aussi, disons-le,
à (a collaboration d'organismes comme la Centrale de l'enseignement du
Québec, qui, de concert avec Amnistie internationale, a
rédigé un cahier pédagogique d'éducation aux droits
et à la paix adapté a la réalité
québécoise.
M. le Président, faut-il le rappeler, ce qui fonde et qui
garantit l'impartialité d'Amnistie internationale est certainement son
mode de subvention puisque l'indépendance de l'organisation est
totalement acquise du fait qu'elle n'accepte aucune subvention des
gouvernements. Mais ça nous donne autant de responsabilités de
financer des sections locales, M. le Président, qui sont les seules, par
leurs cotisations, à financer l'intervention d'Amnistie sur le plan
international.
J'invite donc - je le souligne à nouveau -
particulièrement toutes les personnes éprises de justice et de
liberté dans notre société à devenir membre en
contribuant à Amnistie internationale.
Je voudrais, à cette occasion, M. le Président,
déplorer le dépôt qui a été fait à la
Chambre des communes à Ottawa, la semaine dernière, d'un projet
de loi visant à favoriser l'exportation d'armes dans le monde, y compris
au Moyen-Orient. M. le Président, j'ai été
scandalisée, je vous le dis bien simplement, lorsque, la fin de semaine
dernière, je prenais connaissance, dans les journaux de Montréal,
de ce projet de loi qui est actuellement discuté à Ottawa, et je
me rappelais des déclarations pourtant récentes du premier
ministre du Canada, en pleine guerre du golfe, qui dénonçait
l'accumulation d'armes et qui annonçait l'intention du Canada de
convoquer une conférence internationale sur ce sujet de la
prolifération des armes.
Et je me rappelle les dures critiques qu'il avait formulées
à l'égard des cinq pays membres du Conseil de
sécurité de l'ONU, les rendant responsables de la grave menace
à la paix que constituait la prolifération d'armes dans des
régions de la planète, M. le Président, où l'on
sait pourtant que les conflits sont permanents. Eh bien! je dois constater que
ces déclarations vertueuses sont maintenant chose du passé,
puisqu'un projet de loi a été introduit, il y a à peine
une semaine maintenant, permettant à des entreprises ontariennes de
réaliser des ventes de près de 1 000 000 000 $ d'armes notamment
dans des régions, par exemple au Moyen-Orient, où l'on sait
pourtant qu'il faudrait beaucoup plus travailler, M. le Président,
à résoudre les conflits, qu'à les envenimer.
Et, je voudrais, M. le Président, souhaiter ce nouvel ordre
économique qu'on nous avait pourtant promis, qu'on ne voit point
poindre, n'est-ce pas, appeler à ce nouvel ordre politique
économique fondé sur le respect des droits de la personne, M. le
Président, et sur le respect de la justice entre les peuples. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Sur cette même motion, M.
le ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir, au nom du gouvernement, de m'as-socier à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour souligner le
trentième anniversaire de la création d'Amnistie internationale.
C'est le 28 mai 1961, grâce à l'acharnement d'un journaliste
britannique, Peter Berenson, qu'un grand quotidien de Londres, The Observer
faisait paraître PAppel pour l'amnistie 1961". Des milliers de
personnes répondirent alors à cet appel, tant et si bien que,
vers la fin de l'année, des groupes s'étaient formés dans
une douzaine de pays. Amnistie internationale était née.
Il faut se rappeler, M. le Président, que cet important organisme
de défense des droits de la personne, et plus particulièrement de
défense des prisonniers et prisonnières d'opinion, fut
créé dans un contexte politique extrêmement difficile. En
effet, 1961 fut l'année de la construction du mur de Berlin, de triste
mémoire. Le monde se trouvait alors dans la période la plus
sombre de la guerre froide. La guerre d'Algérie faisait toujours rage.
Alors que la décolonisation s'amorçait à peine en Afrique,
la création d'Amnistie internationale, à ce moment, ne manquait
certes pas de courage.
Le succès de cet organisme, M. le Président, qui compte
maintenant plus de 1 000 000 de membres bénévoles à
travers le monde et 30 000 pour la section francophone canadienne, dont le
secrétariat est situé à Montréal, ce succès,
dis-je, est éloquent. De plus, par leurs campagnes menées contre
la torture, l'emprisonnement arbitraire et les disparitions d'opposants
politiques, les membres d'Amnistie internationale ont non seulement pu
communiquer avec ces personnes dont les droits fondamentaux sont violés,
mais leur action soutenue a pu, dans certains cas, conduire à la
libération de prisonniers politiques. Pensons, par exemple, à M.
Nelson Mandela, un prisonnier d'opinion qui avait été
adopté par des groupes membres d'Amnistie internationale et qui fut
libéré. Pensons au poète cubain, Armando Velladares qui
fut aussi libéré
après avoir passé près de 30 ans dans les prisons
castristes.
Amnistie internationale jouit d'une réputation sans nulle autre
pareille parmi les organismes qui, dans le monde, oeuvrent quotidiennement pour
le respect des droits et libertés de la personne. Le prix Nobel de la
paix qui lui fut remis en 1977 représente une reconnaissance tangible de
son travail et de son importance.
Présente dans 151 pays, Amnistie internationale possède un
statut d'observateur à l'ONU, à l'UNESCO et est présente
au sein de divers organismes internationaux. Elle est donc, par sa nature
même, par sa vocation, en contact permanent avec nombre d'institutions
internationales.
Le rapport annuel qu'elle produit sur les violations diverses aux droits
et libertés fondamentales dans encore trop de pays, représente
une source de références précieuse pour des campagnes
éventuelles, en même temps qu'il démontre tout le travail
qu'il reste à accomplir.
Amnistie internationale apparaît en quelque sorte, M. le
Président, comme la conscience de l'opinion publique internationale. En
1934, au début de l'hitlérisme, et au pire moment du stalinisme,
le grand écrivain français André Gide disait, et je le
cite: "C'est grâce à ce droit de regard sur la juridiction du
voisin que l'idée d'une justice internationale commence à dominer
celle d'une justice d'intérêt local".
Or, M. le Président, ce droit de regard, ce regard, c'est celui
de l'opinion publique internationale. Car on ne peut rester insensible devant
le sort des Kurdes ou devant le massacre de près de la moitié de
la population cambodgienne sous Pol Pot. Et Amnistie internationale force les
gens non seulement à réagir, mais à agir par des lettres
personnelles envoyées aux prisonniers d'opinion, par ses campagnes de
sensibilisation et par ses publications.
En cela, le travail accompli par Amnistie internationale comporte un
message puissant, en même temps qu'il s'avère un avertissement
à l'humanité. Nul ne peut rester insensible quand l'un de ses
confrères ou consoeurs humains est injustement emprisonné,
torturé, exécuté. Ce qu'Amnistie internationale nous dit,
M. le Président, c'est qu'au-delà de nos différences
raciales, linguistiques ou religieuses, nous sommes semblables en ce que nous
aspirons tous à la liberté ainsi qu'au respect de nos droits et
de notre intégrité physique et morale. (15 h 40)
saint-exupéry, dans une oeuvre bouleversante d'humanité, "lettre
à un otage", a écrit et je le cite: "si je diffère de toi,
loin de te léser, je t'augmente". on pourrait ajouter à cela, m.
le président, que toute violation des droits d'un seul être humain
nous diminue en tant que membre de cette communauté humaine. par son
action, amnistie internationale nous interpelle quotidiennement, et comme elle,
nous souhaitons que l'action conjuguée et constante de la
communauté internationale, de la pression de ce droit de regard, tel que
l'appelait Gide, sera un jour si forte que plus aucun gouvernement, plus aucune
autorité, ne violera plus jamais les droits et libertés des
personnes. Cet espoir, c'est cet espoir qu'incarne Amnistie internationale et
que nous partagerons toujours. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice. Est-ce que cette motion, proposée par Mme la
députée de Hoche-laga-Maisonneuve, qui se lit comme suit: "Que
cette Assemblée souligne le 30e anniversaire aujourd'hui de la
création d'Amnistie internationale, qui compte maintenant plus de 1 000
000 de membres bénévoles dans 150 pays" est adoptée?
M. Bélisle: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Avis
touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: M. le Président, j'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes,
jusqu'à 18 h 30, de 20 heures à 22 heures, ainsi que demain,
mercredi le 29 mai 1991, de 9 h 30 à 12 h 30, en la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission des affaires sociales poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 120, Loi sur les
services de santé et les services sociaux et modifiant diverses
dispositions législatives.
Après les affaires courantes, jusqu'à 18 h 30, et de 20
heures à 22 heures, en la salle du Conseil législatif, la
commission du budget et de l'administration poursuivra l'étude
détaillée des projets de loi suivants et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué: projet de loi 134, Loi modifiant la Loi
concernant la taxe sur les carburants; projet de loi 135, Loi modifiant la Loi
concernant l'impôt sur le tabac.
Enfin, M. le Président, j'avise également cette
Assemblée que demain, mercredi le 29 mai 1991, de 9 h 30 à 12 h
30, à la salle du Conseil législatif, la commission du budget et
de l'administration poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 126, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
les régimes de retraite des secteurs public et parapublic.
De 9 h 30 à 12 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La
Fontaine, la commission des institutions procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 95, Loi abrogeant la
Loi sur les timbres et modifiant diverses dispositions législatives.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci. Vos avis
sont déposés. Je vous avise que
cet après-midi, de 15 h 30, de maintenant jusqu'à 18 h 30,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, la commission des institutions
poursuivra sa séance visant, d'une part, à entendre de nouveau le
Protecteur du citoyen, dans le cadre de l'examen du mandat, des orientations,
des activités et de la gestion du Protecteur du citoyen et, d'autre
part, à procéder à la vérification des engagements
financiers relevant de sa compétence, pour la période de
septembre 1989 à mars 1991.
Renseignements sur les travaux de cette Assemblée.
M. Gendron: II n'y en a pas, M. le Président.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors je vous avise que
demain matin, lors des affaires inscrites par le député de
l'Opposition, l'Assemblée débattra la motion inscrite par M. le
whip de l'Opposition officielle et député de Lac-Saint-Jean.
Cette motion se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale
condamne la volonté inacceptable du gouvernement fédéral
exprimée par le discours du trône, à l'effet de s'immiscer
davantage dans les secteurs de l'éducation et de la formation de la
main-d'oeuvre relevant de la compétence exclusive du Québec,
notamment par la désignation d'un ministre responsable de la fixation
d'objections pan-nationaux dans ces domaines et qu'elle demande au gouvernement
du Québec de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour
faire échec à cette ingérence."
Ceci termine les affaires courantes. Nous procédons maintenant
aux affaires du jour. M. Le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je vous demanderais d'appeler l'article 14 de
notre feuilleton, M. le Président.
Projet de loi 145 Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors l'article 14,
l'Assemblée reprend le débat sur l'adoption du principe du projet
de loi 145, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
les finances municipales. Et je suis prêt à reconnaître le
premier intervenant. M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait
plaisir aujourd'hui d'intervenir sur ce projet de loi afin de mettre les choses
au clair et faire le point sur les fausses impressions que l'Opposition
continue à tenir.
Un volet de cette réforme me concerne beaucoup, c'est le
transport en commun. Et j'aimerais tout d'abord faire le point sur le principe
et les motifs qui entourent cette réforme. Elle vise à
établir un partage plus équitable des responsabilités
entre le Québec et les municipalités. Avec cette réforme,
le gouvernement pose un geste audacieux, logique et responsable. Il tient
compte des intérêts du public en proposant des gestes qui visent
une saine gestion des dépenses publiques. Il répond
également à des revendications des gouvernements locaux qui
demandaient depuis longtemps des pouvoirs décisionnels accrus. Je sais
fort bien que c'est le cas puisque j'ai oeuvré longtemps dans ce milieu.
Il répond aussi à des demandes qui avaient été
faites par des municipalités, dans le temps, et où on avait
"appointé" le président, d'ailleurs le chef de l'Opposition, M.
Parizeau, à faire un rapport sur le sujet. L'Union des
municipalités du Québec a approuvé à
l'unanimité ce projet et l'a mis sur la tablette. Aujourd'hui, on se
retrouve avec ce projet, les municipalités semblent être
contre.
M. le Président, dans la pensée d'un gouvernement
responsable, les pouvoirs décisionnels vont de pair avec les
responsabilités financières. Les modifications à la
proposition originale présentée par mon collègue, le
ministre des Affaires municipales, permettront une réduction de 50 000
000 $ des charges financières transférées aux
municipalités pour le transport en commun. Un droit additionnel de 30 $
perçu sur l'immatriculation des véhicules des citoyens
résidant dans les territoires des neuf organismes publics de transport
sera distribué à ces mêmes organismes. Je pense que cette
perception de fonds auprès des automobilistes est tout à fait
légitime. Ce sont eux qui profitent indirectement du transport en commun
puisque l'achalandage sur les routes est réduit. De plus, les
automobilistes continuent à augmenter la pollution atmosphérique
et ils doivent donc assumer leur responsabilité sociale ainsi que les
coûts qui s'y rattachent.
Depuis quelques mois, l'Opposition se sert de la proposition de la
réforme des partages financiers entre le Québec et les
municipalités pour répandre des faussetés quant au
rôle du gouvernement dans le financement du transport en commun. Le
présent projet de loi ne propose une réduction de subvention que
dans un volet, celui de l'exploitation. Nous maintenons que le gouvernement du
Québec n'a pas à assumer des responsabilités
financières pour des décisions auxquelles il ne participe
pas.
M. le Président, je ne pense pas qu'il relève du
gouvernement du Québec et des contribuables d'éponger
éternellement les déficits accumulés par les
sociétés de transport. Si elles choisissent de vivre au-dessus de
leurs moyens, elles devraient en assumer les responsabilités. Dans le
cas où il y aura encore des doutes, j'annonce
aujourd'hui que l'éponge est remplie. Le temps exige maintenant
que les sociétés de transport prennent les décisions qui
s'imposent et qui leur permettront d'offrir un bon service efficace à
leur clientèle, que ce soit sur le plan de l'amélioration de la
productivité ou une révision en profondeur de chaque
dépense.
Ce n'est certainement pas en faisant des projections d'achalandage
basées sur l'optimisme, tel que qualifié par le président
de la STCUM la semaine passée, ce n'est pas ça qui va permettre
une saine gestion des dépenses publiques. Il ne faudrait pas que la
STCUM blâme sa baisse d'achalandage sur la réforme proposée
par le gouvernement du Québec. De façon systématique, la
STCUM surestime toujours son achalandage, alors que ce dernier est à la
baisse depuis quelques années. (15 h 50)
Quant à la déclaration de M. Perreault, la semaine
dernière, en ce qui a trait au déficit résiduel des trains
de banlieue, j'aimerais apporter les précisions suivantes. Le
gouvernement, par le passé, a démontré sa ferme
volonté d'encourager l'émergence des trains de banlieue au sein
du système de transport en commun. En effet, le MTQ, le ministère
des Transports du Québec, s'était engagé à assumer
le déficit résiduel des trains de banlieue et ce, jusqu'à
leur modernisation. Lorsque nous nous sommes engagés à assumer
les frais, les règles du jeu étaient connues, étaient
claires et elles n'ont pas changé. C'est donc à la STCUM de
prévoir, dans son budget, les sommes nécessaires pour
défrayer les coûts du déficit résiduel de la ligne
de Rigaud. d'autre part, les décisions concernant les tarifs
régionaux relèvent de la stcum et ont une implication directe sur
le déficit. nous n'avons pas à en assumer les
conséquences. de plus, la stcum songe à une régie
intermunicipale de transport qui gérerait tous les trains de banlieue de
la région métropolitaine. cependant, un comité du
ministère des transports du québec travaille, actuellement,
à l'élaboration de divers cadres de gestion pour les trains de
banlieue. son rapport sera soumis bientôt et j'opterai alors pour le
meilleur cadre dans l'intérêt de tous les usagers du transport en
commun dans la grande région de montréal.
De plus, je ne sais pas de quelle façon M. Perreault arrive aux
chiffres allégués la semaine dernière, de 277 000 000 $,
comme manque à gagner, suite aux coupures dans le transport en commun.
Selon nos calculs, l'impact de la réforme proposée ne sera que
d'environ 100 000 000 $ pour la STCUM.
Même si le gouvernement propose de se retirer d'un champ
d'activité, d'un champ d'activité de financement du transport en
commun, il continue à maintenir son aide aux immobilisations par
l'entremise de l'injection de capitaux importants et significatifs. Le
gouvernement prévoit investir des sommes importantes durant les cinq
prochaines années dans la région métropolitaine de
Montréal en guise d'appui aux dépenses d'investissements dans le
transport en commun. J'aimerais en mentionner une couple: pour la modernisation
des trains de banlieue, 227 000 000 $; pour la construction de l'estacade et du
terminus du centre-ville, 108 000 000 $; pour la rénovation des voitures
de métro MR-63, 63 000 000 $; pour le renouvellement du parc d'autobus -
200 par année, en passant - 58 000 000 $, et le CMTC, le Conseil
métropolitain de transport en commun, recevra 144 000 000 $ d'ici
1994.
De plus, le gouvernement du Québec continue à payer 100 %
des coûts du métro, 75 % des coûts de construction de
garages, terminus, abribus. Le ministère des Transports défraie
aussi 100 % des coûts du terminus du centre-ville et on ajoute à
ça 60 % des dépenses reliées à l'achat des
autobus.
Comme l'Opposition le sait, puisqu'elle a pris connaissance d'un
mémoire confidentiel, c'est-à-dire si elle a pris le temps
d'analyser le document et non seulement les sections soulignées par son
personnel, elle aura appris que ce que je propose à mes
collègues, c'est une politique de financement du volet immobilisations
du programme d'aide gouvernemental au transport en commun. La politique
implique une augmentation de notre contribution dans les investissements en
immobilisations du transport en commun au Québec. En proposant de
bonifier les investissements dans le transport en commun, le gouvernement
répond aux besoins les plus urgents manifestés par les
sociétés de transport et nous permet de "prioriser" nos
interventions en tenant compte de ces besoins.
Je propose donc au gouvernement une augmentation de la moyenne des
déboursés annuels de l'ordre de 30 000 000 $, passant de 193 000
000 $, pour les huit dernières années, à 221 000 000 $
pour la prochaine décennie. Le plan de transport prévoit des
investissements annuels atteignant 260 000 000 $ en 1991-1992 et 292 000 000 $
en 1992-1993 (Deux-Montagnes, Estacade, matériel roulant du métro
MR-63). Ce sont là des projets déjà décidés
et qui s'échelonnent sur plusieurs années.
D'autres projets, une fois validés par les études
préliminaires et les coûts-bénéfices, et
entérinés par le gouvernement, pourront s'ajouter à la
liste des investissements envisagés, selon la capacité de payer
du gouvernement.
En terminant, M. le Président, je me demande comment l'Opposition
peut continuer à maintenir que le gouvernement se retire du financement
du transport en commun puisque je viens de leur souligner les sommes
importantes que nous envisageons investir dans les années à
venir.
Ce projet de loi implique un effort de responsabiliser les organismes
pour les décisions qu'ils prennent afin d'arriver à une
meilleure
gestion des fonds publics. La loi permet aux sociétés une
pleine autonomie en ce qui concerne le règlement des conventions
collectives ainsi que la tarification. C'est donc tout à fait normal que
ces mêmes administrateurs soient responsables de leurs gestes
administratifs.
M. le Président, le transport en commun demeure en tête de
nos priorités. C'est encore la façon la plus efficace, la plus
économique et écologique de se déplacer dans les centres
urbains. C'est pourquoi le gouvernement maintient son partenariat important
dans les dépenses d'immobilisation. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Transports. Sur cette motion, l'adoption du principe du projet de loi 145,
je reconnais maintenant, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, nous allons longuement
discuter, en cette Chambre, et en commission, du projet de loi qui est devant
nous et j'ai pensé, parce que j'ai eu l'occasion de m'occuper de ces
choses pendant des années, plutôt que de signaler ou de critiquer
des mesures spécifiques que comporte le projet de loi gouvernemental -
on l'a appelé pelletage de factures dans le champ municipal - de
m'arrêter à l'évolution des rapports entre le gouvernement
du Québec et les municipalités du Québec depuis un certain
nombre d'années.
Vous savez, souvent, M. le Président, à la période
de questions, quand de notre côté, nous essayons de faire notre
travail et nous attaquons les choses qui ont été faites de
l'autre côté ou qui n'ont pas été faites, la
façon de se défendre, invariablement, c'est de dire:
Peut-être est-ce que nous du gouvernement, nous ne faisons rien, mais
c'est quand même mieux qu'à votre époque où vous
faisiez rôtir à la broche des petits enfants. Là, j'ai
l'occasion de revenir, oui, sur des choses que nous avons faites, sur
l'évolution de ces rapports entre le gouvernement et les
municipalités du Québec depuis un certain nombre
d'années.
Le sujet est important, M. le Président, parce qu'on a l'habitude
de dire - et tout à fait à juste titre - qu'il n'y a pas de
gouvernement plus proche des citoyens que le gouvernement municipal. La
qualité des services, une foule de services pour les citoyens va
dépendre du fonctionnement des municipalités. Même si, dans
les finances publiques, les sommes qui sont mises à la disposition des
municipalités, les sommes qui correspondent à ce qu'elles taxent,
ne représentent pas de très gros montants d'argent par rapport au
budget du gouvernement du Québec ou au budget du gouvernement
fédéral, il reste que c'est la caractéristique, c'est la
condition essentielle, ces sommes d'argent, de la qualité que les
municipalités vont être capables de rendre. (16 heures)
Pendant des années, les municipalités au Québec
demandaient au gouvernement de changer le système, de faire en sorte que
pour qu'elles soient véritablement responsables des services à
leurs citoyens, il y ait une sorte d'équivalence entre les ressources
fiscales qu'elles percevaient sur le territoire de leur municipalité et
les dépenses qu'elles faisaient. Au fond, ce qu'on disait au
gouvernement du Québec et ce qu'on dit depuis des années, c'est:
Voulez-vous nous permettre de ramasser en taxes, en revenus de toute
espèce, ce qu'il nous faut pour assurer nos responsabilités comme
municipalité, chez nous?
C'était tout un changement, un changement en ce sens que
ça voulait dire la fin de la plupart des subventions que les
gouvernements donnaient aux municipalités. Pendant des années,
pendant très longtemps, un bon maire, c'était qui? C'était
quelqu'un qui allait se présenter chez ses concitoyens en disant:
Écoutez, j'ai été téter à 12 portes de
ministres, puis j'ai réussi à en avoir 3.
Une voix: Ça, c'est un bon lobbyiste.
M. Parizeau: C'était ça, un bon maire. Là,
les maires demandaient: On ne veut plus de ça. Nous, être un bon
maire, ça dit aux concitoyens: Vous voulez un nouveau service? Vous
voulez un nouvel aréna? Vous voulez quelque chose comme ça? C'est
0,14 $ sur le compte de taxe. Tout le monde est d'accord? Ça va. On y
va. On le fait. C'est ce qu'on a appelé la responsabilisation des
conseils municipaux et des maires au Québec.
C'est ça qui a amené, en 1978, les premières
discussions à la table Québec-municipalités, entre le
gouvernement du Québec et les municipalités, pour essayer de
réaliser ça. Ça voulait dire des changements majeurs. Vous
vous souvenez qu'à ce moment-là, M. le Président, une
partie du produit de la taxe de vente au Québec était
réservée pour les municipalités; elles recevaient une
pluie de subventions dont beaucoup étaient discrétionnaires. Les
commissions scolaires occupaient une bonne partie du champ foncier et, donc,
les municipalités en avaient moins, du champ foncier, pour payer leurs
propres dépenses. On a tout rebrassé ça. On a
complètement réorganisé ça. C'a duré des
mois, M. le Président, mais ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce
qu'on a appelé, à juste titre, la grande réforme de la
fiscalité municipale au Québec, s'est terminé par une
entente générale. Les grandes unions étaient d'accord, le
gouvernement était d'accord; nous avons tous signé. On n'a pas
cherché, au gouvernement, à ce moment-là, à
pelleter des factures à l'occasion dune négociation comme
ça.
En fait, ça a coûté au gouvernement, ça. Il y
a eu un transfert de ressources du gouvernement vers les municipalités,
pas considérable, mais il y en a eu un. En somme, on n'a pas
essayé, municipalités et gouvernement, de se flouer les uns les
autres. Ça s'est fait dans un climat de confiance qui a
été assaini au Québec, par la suite, pour 10 ans. Et si,
jusqu'à récemment, entre les municipalités du
Québec et le gouvernement, un certain climat de confiance s'était
fait - qui est important quand il s'agit de fournir des services aux citoyens -
c'est largement grâce à cette réforme et à la
façon dont elle a été faite.
Elle a bien réussi, à bien des égards. Je vous
rappelle, M. le Président, qu'il y a encore deux ou trois ans, 97 % de
toutes les dépenses courantes des municipalités du Québec
étaient défrayées par les impôts et les taxes
perçues par les municipalités et levées par elles. On
venait d'un peu partout en Amérique du Nord voir le système
québécois parce que, effectivement, il était unique. Aucun
gouvernement, d'État ou de province n'avait été aussi loin
dans une réforme comme celle-là. On était
considéré comme une sorte de modèle, et on y était
arrivé ensemble. le gouvernement avait gardé deux grandes
priorités cependant, deux grands systèmes de subvention: ii y en
avait d'autres, mais il en avait deux grands. premièrement, la
construction des usines d'épuration d'eau. le grand programme d'usine
d'épuration restait la raponsabilité - pour ce qui a trait au
paiement des intérêts sur les dettes encourues pour financer
ça - restait largement la responsabilité du gouvernement, pour
des raisons qui se comprenaient fort bien et que nos amis d'en face ont fini
par comprendre après la boulette qu'ils ont faite, il y a quelques mois.
c'est qu'on ne peut pas épurer les eaux de cinq villes dans un bassin de
rivière et en laisser cinq autres pas épurées. on
épure un bassin de rivière ou on ne l'épure pas.
ça, ils ont "flagos-sé" un peu de l'autre côté
pendant deux ou trois mois, avant de se rendre compte de ce principe
élémentaire qu'on épure un bassin de rivière. pas
une municipalité sur deux. alors ça, forcément, ça
restait une responsabilité gouvernementale. la deuxième grande
priorité, c'était le transport en commun qui, par
définition même, recouvre le territoire d'un grand nombre de
municipalités et présente un intérêt normalement
pour toute la région. et ça peut être très grand, la
région. la région de montréal, qu'est-ce que vous voulez,
c'est pas loin de 45 % de la population du québec. à peu
près 45 % de la population du québec vit dans un rayon de 40
kilomètres de peel et sainte-catherine. si vous voulez organiser des
transports en commun, forcément, ce ne sera pas sur une base de chaque
municipalité. on a donc gardé, dans le cas du transport en
commun, une double responsabilité, celle de la construction et une
partie des dépenses courantes d'exploitation, le gouvernement
fournissant à peu près un tiers.
Il reste d'autres domaines de subventions. Comme, par exemple, il est
resté des subventions aux bibliothèques publiques ou des choses
comme ça, où on voulait insister. C'était ça, le
sens fondamental de la réforme. Et à travers tout cela, il a
été entendu que le gouvernement ne transférerait pas
d'autres dépenses aux municipalités sans fournir des ressources
du même ordre. Ça, ça a été une sorte de
pacte entre le gouvernement et les municipalités. Une fois qu'on avait
réorganisé nos choses, on s'est entendus pour ne pas
transférer de responsabilités aux municipalités sans
transférer des ressources additionnelles.
On a été très surveillés à cette
époque. Je me souviens encore que lorsque nous avions posé un
geste sans doute maladroit qui consistait à demander aux
municipalités d'assumer les dépenses pour le contrôle de la
qualité de l'eau, ce n'était pas une grosse dépense au
niveau des budgets municipaux, mais on était tellement surveillés
que les municipalités sont intervenues tout de suite en disant:
Attention, là! Vous violez le pacte que nous avons passé. Et
elles avaient raison. C'était tout petit, mais ça indique
à quel point tout le monde croyait dans le système qu'on avait
monté. Il n'était pas parfait, ce système-là. Il
est certain qu'au moment où j'ai dirigé cette commission
d'étude sur les municipalités, on ne pouvait pas faire autrement
que de constater que - qu'est-ce que vous voulez - il y avait encore du chemin
à faire. Du chemin à faire, oui. Bien sûr, par exemple, le
gouvernement n'était pas encore le parfait contribuable qu'il devrait
être. Si le gouvernement payait 100 % de ses taxes foncières sur
ses propres immeubles, il ne payait que 80 % de ses taxes sur les immeubles de
santé et encore, 40 %, montés à 50 %... on était
quand même montés à 50 % avant de... même si on
était en pleine récession en 1982, 50 % des taxes des immeubles
scolaires.
D'autre part, la réforme de 1979 n'avait pas réglé
ce qu'on a appelé vulgairement, mais c'est de façon très
imagée, la question des trous de beigne. Je rappelle, M. le
Président, au cas où vous auriez oublié le sens de cette
image, encore que je n'en sois pas certain, ce que c'est que le problème
des trous de beigne, des villes-centres qui sont tout équipées
sur le plan des services et donc, où les taxes foncières sont
relativement élevées, et des banlieues tout autour qui ne sont
pas dotées de ces services, voient leurs citoyens aller souvent chercher
les services dans la ville-centre et, parce qu'ils ne se dotent pas des
mêmes services, ont évidemment des taux de taxation beaucoup plus
faibles, ce qui fait qu'une foule de magasins, par exemple, ou de commerces se
déplacent dans les villes de banlieue plutôt que dans les
villes-centres parce que ça coûte beaucoup moins cher. Il y a un
bon nombre des membres de cette Assemblée nationale qui, dans leur
comté respectif, connaissent bien le phéno-
mène. Et il fallait corriger ça.
Une des façons des corriger la chose, c'était
évidemment de faire en sorte que le gouvernement n'accentue pas le
phénomène. On se rendait compte que, par exemple, le gouvernement
fournissait, par le ministère des Transports, dans les zones très
urbanisées de ces municipalités qui entouraient une ville-centre,
des services gratuits d'entretien qui n'existaient pas dans la ville-centre
elle-même. Il y avait des choses absolument paradoxales. La gratte de la
voirie, comme on disait, qui, dans un quartier urbanisé d'une
municipalité autre que la ville-centre, déblayait la neige,
levait la gratte en entrant dans la ville-centre, traversait la ville-centre,
reposait la gratte de l'autre côté et continuait le travail. (16 h
10)
II y avait manifestement à cet égard, à
l'égard de la police, de la Sûreté du Québec, une
accentuation du phénomène des trous de beigne par le gouvernement
lui-même. Il fallait corriger les choses. Le problème
n'était pas là et, au fond, on s'en est rendu compte à
travers tous les travaux de cette commission d'étude sur les
municipalités, commandée par les municipalités
elles-mêmes, d'ailleurs, qu'il y aurait un certain nombre de gestes
à poser et qu'au fond la réforme municipale n'était jamais
terminée.
Bon. Et là, tout à coup, éclate cette
décision du gouvernement actuel aux prises avec le choix d'avoir
à taxer lui-même et que ça se voit ou bien d'amener
d'autres à taxer à sa place et là ça se verrait
moins. Ce gouvernement a la terrible tentation de céder, de faire en
sorte que ce soit d'autres qui taxent à sa place. Il va se servir de
prétexte comme ça. Le gouvernement fédéral
pelleté des factures dans ma cour, dit-il, j'ai donc le droit de
pelleter des factures dans la cour des municipalités. Attention, M. le
Président, attention là! Dans ses projets originaux, le
gouvernement, en envoyant les édifices scolaires dans les commissions
scolaires et par sa réforme originale, qu'il appelait une réforme
mais qui est un pelletage de 500 000 000 $ dans les municipalités,
aurait provoqué 800 000 000 $ d'augmentation de taxes dans les
commissions scolaires et dans les municipalités. Ça, c'est 10 %
de leur budget, M. le Président.
Qu'est-ce que dirait le ministre des Finances ici si le gouvernement
fédéral pelletait, en une seule année, 10 % du budget du
Québec, c'est-à-dire 3 500 000 000 $ de factures? Mais il nous
fait tous pleurer quand il perd 200 000 000 $ avec un budget de 35 000 000 000
$. Pensez-vous qu'il pensait qu'il ne ferait pleurer personne avec un transfert
aux municipalités et aux commissions scolaires de 800 000 000 $,
c'est-à-dire à peu près 10 % de leur budget? Ce n'est pas
une raison. Ah non! On a dit: On peut faire ça parce que les taxes
foncières au Québec sont moins élevées qu'en
Ontario. Donc, oh peut y aller, n'est-ce pas? Les commissions scolaires, les
municipalités peuvent augmenter les taxes. Oui, je comprends.
C'était un choix.
Oui, effectivement, au Québec, les taxes foncières ont
été établies à un niveau qui est inférieur
à ce qu'il est ailleurs et on a choisi plutôt, choix absolument
confirmé par le gouvernement jusqu'à maintenant, que
l'impôt sur le revenu au Québec serait plus élevé
qu'ailleurs. Oui, je veux bien qu'un propriétaire de maison, qui gagne
35 000 $, il paie moins ou if payait, enfin, jusqu'à maintenant
là, moins de taxes foncières qu'en Ontario. Mais seulement, s'il
est taxé comme célibataire, cet homme-là ou cette
femme-là, il paie 1600 $ d'impôt sur le revenu de plus qu'en
Ontario. Ça, on ne le dit jamais.
Oui, il y a un choix qui a été fait au Québec. On
trouve que l'impôt sur le revenu c'est plus juste que la taxe
foncière. Alors, chez nous, il y a un peu moins de taxes
foncières et un peu plus d'impôt sur le revenu. Là, le
gouvernement vient nous dire: Ah bien! je ne vous dirai pas que l'impôt
sur le revenu au Québec est plus élevé. Ce que je vais
vous dire, c'est que les taxes foncières sont moins
élevées et que je peux les remonter. Toujours la même
idée: faire taxer à sa place.
Il y a plus grave que ça en ce sens que cette augmentation de la
taxation foncière dans les commissions scolaires, évidemment,
réduit l'espace où, dans le même champ, les
municipalités peuvent taxer. D'autre part, les augmentations de taxes
qu'on va avoir, à toutes fins pratiques, ces augmentations de taxes
n'ajoutent absolument rien comme services nouveaux dans les
municipalités ou ne permettent aucune amélioration de services.
On se comprend bien. C'est juste pour payer des factures du gouvernement.
Ne parlons pas de réforme, c'est ridicule. Ce n'est pas une
réforme ça cette affaire-là. Le gouvernement veut faire
payer ses factures par quelqu'un d'autre parce que, si quelqu'un d'autre paie
ses factures, alors, il donnera l'impression lui, le gouvernement, de moins
taxer. C'est du pur camouflage.
Ce qu'il y a de grave, M. le Président, dans la situation qui
s'est produite, c'est que le gouvernement vient de rompre le climat de
confiance qui est absolument nécessaire, dans une société
comme la nôtre, à faire régner entre ce qu'on appelle les
autorités locales et le gouvernement. Nous sommes tous des élus.
Nous, au gouvernement, eux, les maires et les conseillers municipaux, nous
sommes tous des élus. Nous avons tous des responsabilités
à l'égard des citoyens qui nous ont élus. Nous ne pouvons
pas fonctionner les uns avec les autres sans avoir au moins un certain sens de
la confiance, de la correction, de la façon de mener les choses entre
nous. Et, soit dit en passant, ça va devenir d'autant plus important
quand le Québec va devenir un pays souverain. Parce que, là, il
n'y
aura pas trois paliers de gouvernement, il va y en avoir deux, M. le
Président. Ça va devenir absolument fondamental qu'entre le
gouvernement des Québécois et les gouvernements locaux, dans
chacune des municipalités, on puisse se comprendre et avoir confiance
les uns dans les autres, parce que c'est comme ça que notre
société arrivera à fonctionner correctement.
J'en veux à ce gouvernement d'avoir fait éclater cette
confiance. J'en veux à ce gouvernement d'avoir fait sauter cette entente
qui fonctionnait bien entre les gouvernements locaux et le gouvernement du
Québec.
Il a commencé à reculer à l'égard des
municipalités. Oui, bien sûr. Le Conseil des ministres a
décidé de déplacer la taxation. Il y aura moins de
taxation rigoureusement locale et il y aura d'autres formes de taxation comme
l'enregistrement des véhicules, avec des transferts de fonds aux
municipalités.
J'incite fortement le ministre des Affaires municipales et le
président du Conseil du trésor à continuer dans la voie,
au moins partielle, dans laquelle ils se sont engagés,
c'est-à-dire d'annuler le pelletage de factures dans les
municipalités, complètement. Et quant aux taxes, aux impôts
dont ils croient qu'ils seraient nécessaires, est-ce qu'ils peuvent
avoir au moins le sens des responsabilités de les imposer
eux-mêmes et de dire à l'ensemble des citoyens du Québec:
Nous augmentons les impôts, et voici pourquoi. Voilà, M. le
Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le chef de
l'opposition officielle. je reconnais maintenant le prochain intervenant sur
l'adoption du principe du projet de loi 145, m. le député de
saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je pense que c'est
avec beaucoup de satisfaction, comme députés, que nous sommes
aujourd'hui dans le débat de la loi 145. Satisfaction, puisque c'est
l'occasion rêvée, je pense, pour un député, de
ramener certaines choses dans le contexte du 14 décembre 1990, de faire
finalement ressortir ce qui a été omis tout au long du
débat depuis décembre: la vérité; la
vérité toute simple, toute crue, toute simple.
M. le Président, le projet de loi 145 pourrait se résumer
en deux petites phrases. Le ministre des Affaires municipales, le gouvernement
du Québec, demandent à l'ensemble des élus municipaux de
vivre selon nos moyens. Tout simplement ça; c'est aussi simple que
ça, de vivre selon nos moyens. Et, M. le Président, ce n'est pas
une question de transférer des responsabilités, des taxes, des
ci, des ça, c'est que le Québec, l'ensemble des
Québécois, comme société, n'a plus les moyens de
vivre à crédit. Ce n'est pas compliqué. L'heure de passer
à la caisse est arrivée, pour tout le monde, pour tous les
paliers de gouvernement. Il n'y en a pas deux au Québec, des paliers de
gouvernement, à ma connaissance, il y en quatre, encore. Il y a le
gouvernement du Québec, les gouvernements municipaux, les gouvernements
scolaires. Il ne faut pas les oublier ceux-là non plus, parce que la loi
57, eux s'en rappellent aussi. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a un
autre gouvernement qui s'appelle le gouvernement fédéral.
Juridiquement, il a encore sa place au Québec. (16 h 20)
Donc, à l'heure actuelle, il y a quatre gouvernements qui ont des
responsabilités vis-à-vis l'ensemble des citoyens. Que ça
plaise ou non, c'est quatre gouvernements. Pour moi, une commission scolaire
c'est encore un gouvernement d'élus, ce sont des gouvernements locaux
qui ont la responsabilité, M. le Président, de s'assurer que
l'éducation au Québec est donnée d'une façon juste
et équitable. Comme les élus municipaux ont cette
responsabilité de s'assurer que l'ensemble de leurs citoyens, de leurs
concitoyens et de leurs concitoyennes ont des responsabilités, ont
besoin de services, on doit leur dispenser d'une façon juste et
équitable.
M. le Président, je ne pense pas qu'il y ait une personne ici
dans cette Assemblée qui oserait manquer de respect envers les
élus municipaux. Au contraire, nous sommes tous des élus, que ce
soit au niveau d'un maire, d'un échevin, d'un député, il
n'y a pas grand-monde qui a des passes gratuites. Il y a bien des gens, tout le
monde doit passer au cercle de la démocratie.
M. le Président, la réforme, fondamentalement, dit
à l'ensemble de nos concitoyens que le gouvernement du Québec
n'est plus la caisse, c'est l'ensemble des citoyens qui devront se doter des
services selon leurs moyens. Qu'un gouvernement, à n'importe quel
palier, taxe pour en desservir un autre, là tu parviens à un
déséquilibre. Donc, je pense que le sens de la loi viendra dire:
le gouvernement qui requiert des services à son niveau devra penser
aussi que ces services-là, ça se paie. C'est là
l'importance de la réforme.
On est tellement habitué au Québec... Dans le discours de
l'Opposition depuis le 14 décembre, on n'a pas voulu apporter de
correctifs, on a voulu tabler sur le sens électoraliste, là
où ça faisait plaisir aux gens. Vous savez, vivre selon ses
moyens, c'est endurer son vieux fauteuil, même s'il y a un petit ressort
de cassé dedans parce que ça coûte 1000 $ en acheter un
neuf, et que les 1000 $ on ne les a pas en poche. Eux prêcheraient
d'emprunter à crédit et de changer de fauteuil alors que nous, on
dit: Changeons le ressort. Ça va coûter peut-être 25 $ ou 50
$, mais on gardera notre vieux fauteuil parce que présentement, on n'a
pas les moyens d'en avoir un neuf.
M. le Président, il faut avoir un certain
courage, il faut avoir un certain courage et une honnêteté.
Je ne pense pas qu'il y ait personne au Québec, du moins en cette
Chambre, qui pourrait venir contester l'honnêteté du ministre des
Affaires municipales. S'il y en a un, qu'il se lève, tout simplement. Je
ne pense pas que parmi la population du Québec, il n'y ait personne qui
puisse venir contester l'honnêteté du ministre des Affaires
municipales.
M. le Président, je pense qu'à partir du moment où
c'est une question honnête qui est posée, il y a une
réponse honnête. Moi, je suis un député de
région, j'ai fait le tour à quatre reprises de mes deux MRC, j'ai
rencontré tous les maires à plusieurs reprises. Nous les avons
rencontrés, nous en avons discuté avec eux-autres. Ah, bien
sûr, ils nous disaient oui, oui, la forme dans laquelle M. Ryan nous l'a
présentée, on n'est pas de bonne humeur. Vous savez, on ne
changera peut-être pas le personnage, mais il n'y a personne qui a dit
que le ministre des Affaires municipales avait été
malhonnête, comme les gens de l'Opposition le prétendent. Au
contraire, avec la forme de sa présentation, on peut le contester, sur
le fond, il a totalement raison. D'ailleurs, les maires de mon comté ont
été les premiers à approuver la réforme du ministre
des Affaires municipales. Je pense que c'est parce qu'ils l'ont bien comprise.
Je pense qu'ils l'ont bien comprise.
Aux endroits où on doit avoir des pouvoirs, aux endroits
où on veut exiger des services - un comté comme le mien qui a une
trentaine de petites municipalités, dont quatre seulement ont de la
sûreté municipale... Au niveau de la Sûreté du
Québec, je pense bien que toutes les municipalités sont d'accord
que se payer un service de police, un policier c'est déjà trop
énorme pour une population de 2000. Donc, ils sont d'accord pour payer
une certaine partie. Il n'y a personne qui a jeté les hauts cris
là-dessus. Pourquoi? Ceux qui ont crié le plus fort, quels
étaient leurs intérêts?
Je m'adresserai peut-être en particulier aux permanents des
unions. Comme parlementaires, on a rencontré, je pense, dans tous nos
comtés, nos élus municipaux, un à un, en groupe. Il n'y a
pas eu de grandes démonstrations. Mais on avait intérêt,
quelque part, au Québec, à faire se regrouper les maires contre
le gouvernement. On avait des intérêts qui étaient
cachés, des vrais intérêts cachés, des
intérêts politiques. À preuve, on en a eu lorsque le
ministre a rencontré les unions. Le ministre, étant reconnu pour
son honnêteté, a déclaré en Chambre que les
résultats de la rencontre avaient été positifs; il en a
fait état. Le lendemain matin, on recevait un communiqué de
presse des unions qui était tout à fait contraire à ce que
le ministre nous avait dit. Moi, je prétends que les maires
étaient de bonne foi. Je prétends encore qu'il n'y a personne
dans cette Chambre qui va oser se lever pour dire que le ministre des Affaires
municipales était mal- honnête, d'où la conclusion;
tirez-la vous-mêmes.
Il y a des gens qui avaient intérêt à faire durer le
débat, à le faire perdurer d'une façon fausse, et ces
gens-là ne sont pas des élus. Ces gens-là sont des gens
qui ont d'autres intérêts que le bien des élus municipaux.
Ce sont des gens qui ont des intérêts cachés.
J'espère qu'un jour on aura l'occasion, comme parlementaires, de les
avoir en commission parlementaire et de leur poser la question: Quels sont vos
véritables intérêts? Fondamentalement, dans tout projet de
loi, on ne peut pas réfuter de a à z tout un projet de loi, c'est
impossible. Ça fait quand même quelques années que je
siège ici, M. le Président, j'ai été pour ou contre
des projets de loi, mais au moins il y avait des articles qui faisaient notre
affaire. Donc, quels étaient les véritables intérêts
de ces gens-là? Ces gens-là, je vous le rappelle, M. le
Président, n'étaient pas des élus municipaux.
Dans sa réforme, dans l'ensemble de la réforme et dans
l'énoncé de principe du ministre du 14 décembre 1990, il
avait aussi apporté un espoir que le précédent
gouvernement, dans sa réforme de la loi 57, n'avait jamais osé
mettre en force, et je parle de l'article 65.1. L'article 65.1 a une importance
capitale pour une ville comme Baie-Comeau. C'est 6 000 000 $, 7 000 000 $ de
taxes qui sont contestées, présentement. Je pense que c'est la
première fois au Québec qu'il y a une ouverture de la part d'un
ministre des Affaires municipales. Tout à l'heure, M. le chef de
l'Opposition nous disait que ça s'était fait dans l'harmonie. Je
ne suis pas sûr... Par exemple, des villes comme Arvida, des villes comme
Jonquière, comme La Baie, Baie-Comeau et d'autres villes, d'autres
grandes villes du Québec qui ont un problème de 6 000 000 $, 7
000 000 $ de taxes contestées présentement qui ne sera jamais
corrigé si on n'a pas...
Oui, Mme la députée de Chicoutimi, j'ai rencontré
le maire de Jonquière. J'ai rencontré le maire de la ville de La
Baie. J'ai rencontré le maire de Chicoutimi. On se rencontre aussi parce
que, de temps en temps, ils veulent avoir une autre version. Je pense que c'est
tout à fait normal, on est dans un pays démocratique. De temps en
temps, ils aiment ça avoir une autre version. Ces gens-là nous
ont demandé d'insister auprès du ministre des Affaires
municipales qui a dit, dans son énoncé, que, sans doute, à
l'automne, il reviendrait pour corriger ce manque de courage de la part de
l'ancien gouvernement d'exclure l'article 65.1. (16 h 30)
L'ancien ministre des Affaires municipales, le député de
Rimouski du temps, avait dit... Il a fait une... Il avait
décortiqué 65.1 pour ne jamais l'appliquer dans la loi, ce qui
représentait - 65.1 - des millions de dollars pour une ville comme
Baie-Comeau. Pour ceux qui veulent savoir, c'est tout simplement
l'évaluation des
machineries à l'intérieur des usines. Ça comprend
les papetières en particulier. Ça comprend les alumineries en
particulier. Ça comprend les grosses entreprises de sciage en
particulier. Dans les petites entreprises, dans les PME, où on
manufacture des produits, des PME qui ont 10 ou 12 employés, la
machinerie fixe est évaluée au sens du Code municipal, alors
qu'eux ne sont pas évalués parce que l'ancien gouvernement les
avait enlevés de la loi dans 65.1. C'était peut-être un
traitement de faveur ou encore une peur de la réalité. C'est dans
les intentions du ministre, dans son énoncé, de revenir à
l'automne. Je serai sans doute l'un des premiers à intervenir
là-dessus pour le remercier parce que c'est important qu'une loi ne
crée pas d'autres iniquités, et c'est là l'intention du
ministre.
Au cours des prochains mois, on vivra avec la loi 145. Je suis convaincu
d'une chose, que l'ensemble des députés ici, à
l'Assemblée nationale, qui ont été conscients de faire
leur travail d'une façon professionnelle avec leurs élus
municipaux... Là-dessus, je tiens peut-être à remercier le
ministre des Affaires municipales qui n'a jamais refusé de rencontrer
nos élus municipaux, que ce soit les préfets ou les maires, sans
leur demander au préalable s'ils étaient pour ou s'ils
étaient contre, pour discuter du problème fondamental. Je pense
qu'une discussion aussi importante dans chacune de nos régions, dans
lesquelles... On connaît les problèmes et les difficultés
que les municipalités doivent passer, mais aussi, en contrepartie, elles
doivent reconnaître que le gouvernement du Québec ne peut
continuellement être celui qui bâtit le système de
réseau d'aqueduc, celui qui paie pour l'assainissement des eaux, qui
construit des centres communautaires, des arenas, etc. Je pense que le sens
même de la première phrase de mon intervention se résumait
au fait que le ministre des Affaires municipales demandait à l'ensemble
des municipalités et des citoyens et citoyennes de vivre selon leurs
moyens.
Le transport en commun, peut-être que vous allez nous dire que
c'est une injustice tout à fait inéquitable, mais, si on calcule
vite, moi, les gens de mon comté, les gens qui demeurent à
Ragueneau, qui doivent aller travailler à l'usine de Reynolds, 45
kilomètres, soir et matin, il n'y a pas de transport en commun,
ça prend une automobile. Une automobile, ça coûte 6000 $
par année en essence, en assurance, en coût d'amortissement et il
n'y a pas de subvention pour ça. La personne est obligée de
prendre de l'argent net sur sa paie pour se payer une automobile. Si l'ensemble
des Québécois et des Québécoises, ça leur
coûte 3000 $ ou 4000 $ pour aller travailler, ils ne seront pas pires,
ils sont juste sur un pied d'égalité avec mes concitoyens de la
Côte-Nord. Je n'ai rien contre ça, moi, qu'on ait le coût
valable. Ceux et celles qui doivent utiliser le transport en commun, je ne vois
pas pourquoi ça leur coûterait le 1/10 ou le 1/20 du prix d'un
gars de la Côte-Nord qui doit aller travailler avec son auto.
M. le Président, vivre selon nos moyens, c'est responsabiliser
nos élus municipaux face aux demandes effarantes souvent de leurs
concitoyens et de leurs concitoyennes à qui, avant de les embarquer dans
des projets parfois trop onéreux, ils ont avantage et auront avantage,
dans l'avenir, à dire exactement les coûts et l'ensemble de la
population décidera si oui ou non, tel ou tel édifice, telle ou
telle amélioration, c'est nécessaire en période de crise
et si ça ne va pas à l'inverse de la philosophie la plus
intéressante qui est de vivre selon nos moyens. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saguenay.
Alors, sur l'adoption du principe du projet de loi 145, je reconnais
maintenant M. la présidente de la commission des affaires sociales et
députée de Taillon. Mme la députée.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président, de me
permettre d'intervenir, à ce moment-ci, sur le projet de loi 145. Je
pense que le chef de l'Opposition a fait, à l'égard de ce projet,
une mise en perspective qui m'apparaît particulièrement
pertinente. J'aimerais appuyer cette mise en perspective qui me semblait
nécessaire au moment où nous sommes à envisager des
modifications majeures en ce qui concerne la fiscalité municipale et
aussi en ce qui concerne, je dirais, les relations qui devraient être
harmonieuses avec l'un des principaux partenaires du gouvernement en ce qui
concerne, d'une part, l'aménagement du territoire, bien sûr, mais
la distribution de services à nos concitoyens et à nos
concitoyennes.
Le chef de l'Opposition faisait référence,
évidemment, au projet que nous véhiculons, que nous proposons et
qui, actuellement, va chercher l'appui, d'ailleurs, de la majorité de
nos concitoyens et de nos concitoyennes, qui est le projet tellement exaltant
pour un peuple que celui d'exercer sa souveraineté et que, dans ce
contexte, ces partenaires que sont les municipalités auront un
rôle de plus en plus important à jouer dans cette
perspective-là. Or, actuellement, la façon dont a
procédé ce gouvernement et, particulièrement, le ministre
responsable des Affaires municipales, n'augure pas particulièrement
positivement pour l'avenir.
Cela étant dit, avant d'aborder plus spécifiquement
l'aspect de l'impact sur l'entreprise, parce que c'est particulièrement
cela que je voudrais aborder, M. le Président, j'aimerais
m'arrêter un petit peu sur l'impact que cela aura pour la région
que je représente aussi. Je représente un comté, celui de
Taillon, mais je suis députée de la région de la
Montérégie et,
particulièrement, de la banlieue sud de Montréal,
évidemment, dont les municipalités se sont regroupées,
formant ainsi la Conférence des maires de la rive sud, dont le
président est d'ailleurs le maire de la ville de Longueuil, M.
Ferland.
Celui-ci, la semaine dernière, prononçait une
conférence faisant un peu le point sur ce qui lui apparaissait
inacceptable dans le projet qui est devant nous, identifiant un certain nombre
de problèmes auxquels les gens de la rive sud allaient être
confrontés et je le cite, M. le Président, il disait: "Au seul
chapitre du transport en commun, les sept villes membres de la
Société de transport de la Rive-Sud de Montréal devront
absorber près de 18 000 000 $", ce qui représente 16 % du budget
d'exploitation de la Société de transport de la Rive-Sud pour
l'an prochain, M. le Président.
Et on a vu, d'ailleurs, à cet égard, des interventions de
la part du président de la Société de transport, des
membres de la Société de transport se désoler devant les
mesures qu'ils pourraient être amenés à prendre. On a
même abordé une possible privatisation. On va bien comprendre, M.
le Président, que si on ne peut pas rendre actuellement le service sur
tout le territoire, qu'une entreprise privée ne pourrait pas
nécessairement le faire et sûrement pas le faire, non plus, M. le
Président. Alors, rapidement, on s'est entendu qu'il fallait maintenir
des services pour l'ensemble de la population de la rive sud. Mais il est
évident que la façon dont ça s'est fait, que l'impact sur
les budgets est assez catastrophique en ce qui concerne ces
municipalités.
Je lisais un document préparé par un groupe de CLSC de la
rive sud et qui identifiait les poches de pauvreté que l'on retrouve
aussi dans cette région-là parce qu'on ne les retrouve pas,
évidemment, qu'au centre de Montréal. Et, entre autres, M. le
Président, on constatait qu'il y a un taux très
élevé, par exemple, de bénéficiaires d'aide sociale
dans la ville de Longueuil, plus élevé que ce qu'on constate dans
les autres villes de la couronne sud, M. le Président. Et, encore
là, ce sont des hausses très importantes qui seront
imposées à des villes comme celle de Longueuil. Le maire Ferland,
d'ailleurs, évidemment, avant que les adoucissements ne soient
apportés, parlait, dans certains cas, d'une hausse pouvant atteindre 9,6
%, M. le Président.
Si on ajoute à ces hausses celles qu'ont déjà
subies nos concitoyens et nos concitoyennes, par l'imposition des taxes
à la consommation comme celle qu'a imposée le gouvernement du
Québec, la taxe de vente du Québec, d'ailleurs, qui sera
maintenue au taux de 8 % alors que le ministre des Finances s'était
engagé, M. le Président, à ce que cette taxe soit
diminuée, soit ramenée, pour le début de l'année
1992, à un taux de un point en deçà de ce qu'elle est...
(16 h 40)
Cela étant dit, M. le Président, la TPS et cette taxe sont
venues remplacer une taxe au manufacturier qui aurait pu améliorer la
situation économique générale, sauf qu'on a imposé
cette taxe dans des secteurs où il n'y en avait pas du tout, ni au
manufacturier, ni à la consommation. C'est entre autres les secteurs,
évidemment, du vêtement et du meuble. Donc, c'a eu un effet
absolument catastrophique, en pleine récession. Je comprends qu'il y ait
un bien-fondé au fait que l'on révise les anciennes taxes et,
dans ce sens-là, ça peut être intéressant
d'envisager certaines avenues, mais le moment, peut-on se le dire ensemble, M.
le Président, était particulièrement mal choisi.
Revenons maintenant à l'impact de ces nouvelles taxes sur les
entreprises québécoises, M. le Président, et
particulièrement dans une période de récession, je le
répète. D'ailleurs le ministre aura peut-être - et je le
souhaite - une oreille attentive à la demande qui lui a
été présentée par la Fédération
canadienne des entreprises indépendantes, section Québec, qui
représente 17 000... en fait, qui parle au nom de 17 000 entreprises
québécoises, petites et moyennes. On sait qu'au Québec,
les emplois sont particulièrement créés par la petite et
la moyenne entreprises; donc, la Fédération souhaiterait
être entendue, M. le Président, dans le cadre de l'étude du
projet de loi qui est devant nous, pour faire valoir un point de vue
différent qui est celui de l'impact de ce nouveau fardeau fiscal sur les
entreprises québécoises.
J'aimerais d'ailleurs revenir à l'accumulation que ce
gouvernement a fait subir aux entreprises, l'accumulation des nouvelles taxes,
depuis le début de l'année 1989 où il a, à
différentes reprises, soit par le discours sur le budget, par des
réformes comme celle que propose le ministre des Affaires municipales,
comment il a haussé, finalement, ce gouvernement, le fardeau de taxes
des entreprises depuis 1989 M. le Président, de l'ordre de 16,6 %.
Encore là, je vais convenir avec le gouvernement, qu'il y a sans doute
matière à ce que l'on puisse faire une ponction au niveau des
entreprises pour qu'elles contribuent à l'amélioration des
services collectifs, mais là, on conviendra - et le chef de l'Opposition
le rappelait tout à l'heure - qu'il n'y a aucune amélioration, M.
le Président, à l'ensemble des services collectifs auxquels nous
avons accès par la proposition qui est déposée par le
ministre des Affaires municipales. Et non seulement cela, M. le
Président, mais, quand on occupe, je dirais, le potentiel fiscal que
l'on peut aller chercher chez les entreprises et qu'on le fait servir
essentiellement aux fins de corriger les effets de la mauvaise gestion du
gouvernement, M. le Président, on occupe ainsi un champ qui pourrait
être utilisé à des fins beaucoup plus justifiées et
beaucoup plus pertinentes pour améliorer la situation que vivent nos
entreprises et que vivent nos travailleurs et nos travail-
leuses. Je m'arrête particulièrement à ces deux
volets qui sont continuellement mentionnés, et à juste titre, en
ce qui concerne l'investissement que nous devrions faire à ce
niveau-là, entre autres en matière de formation professionnelle
et en matière de recherche et développement, M. le
Président.
Il y a un troisième élément que j'aimerais aborder
ici. Plusieurs fois, j'ai posé la question au ministre de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie qui, en plus de me dire la
vérité, pourrait peut-être surtout répondre à
mes questions. Je tenais pour acquis, d'ailleurs, qu'il me disait la
vérité parce que ce serait quand même assez inacceptable
que ce soit le contraire, n'est-ce pas, M. le Président? Il n'a jamais
pu me dire quel était l'impact sur l'entreprise de chaque hausse d'un
point de pourcentage du niveau de taxation, qu'il s'agisse d'une taxe sur les
profits des entreprises, qu'il s'agisse de taxes sur la masse salariale - parce
qu'il y a eu hausse de taxe sur la masse salariale - qu'il s'agisse de la taxe
d'affaires, qu'il s'agisse, comme celle dont on parle, d'une taxe sur les
stationnements, par exemple, des entreprises commerciales. Jamais le ministre
ou un membre de son gouvernement - le ministre des Finances à qui j'ai
posé exactement la même question lors de l'étude du budget,
M. le Président, alors qu'il m'avait dit qu'il y avait, oui, des
modèles lui permettant d'évaluer l'impact d'une telle taxe - n'a
pu me donner les outils utilisés pour appliquer le modèle, d'une
pan", et, d'autre part, répondre à ma question sur la
façon dont on le faisait au ministère des Finances ou de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Comment se fait-il, M. le Président, que ces mêmes
ministres, régulièrement, se lèvent pour me dire combien
ils auront créé d'emplois par leurs mesures? Trop peu d'ailleurs,
beaucoup trop peu quand on constate le nombre d'entreprises qui ferment. on
peut me dire, lorsqu'on intervient dans un sens, c'est-à-dire qu'on
accélère des investissements, qu'on annonce un plan de relance,
fort limité d'ailleurs, m. le président, mais on ne peut pas me
dire, à l'inverse, lorsqu'on va ponctionner de l'argent chez les
entreprises, on ne peut pas me dire l'impact que cela aura sur l'emploi, sur la
capacité de l'entreprise de continuer à investir ou sur sa survie
même, parce qu'en période de récession on sait - on
débat actuellement le dossier, je pense qu'on ne va pas apprendre de
nouvelle à personne - que certaines entreprises sont continuellement sur
le bord du précipice, pas parce qu'elles ne sont pas des entreprises de
qualité, pas parce qu'elles n'ont pas une saine gestion, pas parce
qu'elles ne sont pas dans un bon créneau, mais parce que les
difficultés économiques font que la demande est moins
élevée, mais aussi, parce qu'on ponctionne des sources
d'investissements par l'intermédiaire d'une taxe, argent que l'on
pourrait investir ailleurs.
Je reviens à mon point principal à cet égard. Quel
est l'effet d'une taxe nouvelle que l'on impose aux entreprises? Le ministre
des Affaires municipales a évalué le potentiel maximum de chacun
des champs auxquels il s'adresse par le projet de loi qui est devant nous.
Qu'il s'agisse des taxes sur le stationnement, de la taxe d'affaires, qu'il
s'agisse de la taxe aux industries, qu'il s'agisse de la taxe des droits sur
les divertissements, sur les mutations immobilières, M. le
Président, hein? On a vu que non seulement il n'avait pas
atténué cette taxe-là, mais qu'il l'avait augmentée
dans une proportion assez significative pour les transactions qui
dépassent 250 000 $. Il a même fait passer cette taxe, si je ne
m'abuse, à près de 77 000 000 $ alors qu'elle était un peu
plus basse dans son projet initial.
Je trouve irresponsable de la part du gouvernement d'être
incapable de répondre à ces questions que je soulève
depuis déjà des semaines, depuis, d'ailleurs, que le ministre des
Finances a annoncé dans ses discours sur le budget respectifs qu'il
allait procéder à une hausse de taxes aux entreprises. Aucun des
ministres qui est devant nous n'a pu répondre à ma question.
Alors, je pense qu'à cet égard, c'est manquer effectivement de
responsabilité quand on ne sait pas la portée des gestes que l'on
pose. Si le ministre des Affaires municipales est capable d'évaluer le
potentiel, il est aussi capable, j'imagine, avec les modèles
économétriques qu'ils ont dans les différents
ministères concernés, il devrait être capable de
répondre à mes questions.
J'aimerais m'attarder à un article en particulier du projet de
loi, à ce moment-ci, M. le Président. C'est l'article 285 qui va
permettre aux entreprises qui ont procédé à de la location
à l'égard d'autres entreprises, qui va donc, je disais, leur
permettre d'ouvrir les baux, ce qui est assez inhabituel dans notre
façon de procéder en affaires. Alors, il va donc permettre, si je
ne m'abuse, c'est l'article 285, il va donc permettre, à cause de la
surtaxe qu'il impose, que l'on ouvre, que l'on impose, que l'on modifie les
conditions des baux commerciaux entre entreprises. C'est assez particulier, M.
le Président, et nous aurons l'occasion de questionner en profondeur le
ministre sur cet article de loi qui, à notre point de vue, sort un petit
peu de ce que l'on connaît habituellement. (16 h 50)
On a vu dernièrement que les entreprises commerciales fermaient
leurs portes les unes après les autres, le niveau de consommation ayant
baissé d'une façon assez substantielle avec l'imposition de la
TPS et de la TVQ. Je le disais au début de mon intervention. Alors,
imaginons que cela ne viendra pas faciliter la vie des entreprises qui oeuvrent
actuellement dans le commerce de détail. Comme on sait,
évidemment, que ça risque d'être ce type d'entreprise qui
soit
touché, pensons à la possibilité qu'auront les
municipalités de taxer les stationnements. Alors, imaginons que les
entreprises commerciales risquent d'être touchées assez
sérieusement et donc, que ce sont ces entreprises-là qui verront
leurs baux réouverts, et je ne suis pas certaine qu'un certain nombre
d'entre elles seront capables d'assumer les coûts qu'elles pourront
encourir, compte tenu de la situation économique que nous connaissons
maintenant.
Parce que c'est dans ce contexte-là que le ministre propose sa
réforme et, comme on constate, si on peut l'appeler réforme -
d'ailleurs, M. le Président, je trouve que le mot est peut-être un
peu surfait, que l'expression est peut-être un peu surfaite - imaginons
qu'un projet de révision comme celui qui est devant nous se soit fait
dans un contexte économique différent, et peut-être les
questions que nous soulevons ici seraient-elles aussi différentes. Mais
ce n'est pas le cas, M. le Président, et je considère donc que le
ministre fait fausse route, qu'il risque de saccager davantage
l'économie québécoise, sans pour autant ni lui ni ses
collègues être capables de répondre à nos questions,
M. le Président. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Taillon. Sur l'adoption du principe du projet de loi
145, je reconnais maintenant M. le député de Saint-Jean. M. le
député de Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Michel Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. C'est pour moi un
grand plaisir d'intervenir aujourd'hui dans le débat sur le projet de
loi 145 concernant les finances municipales. En effet, notre gouvernement, par
le biais de mon collègue, le ministre des Affaires municipales, a
annoncé une diminution des charges foncières
transférées aux municipalités. Concrètement, c'est
une somme de 178 000 000 $ qui sera retranchée des 414 000 000 $
qu'aurait impliqué la proposition du 14 décembre dernier. Le
montant des charges financières transférées aux
municipalités est donc ramenée de 236 000 000 $.
Comme on peut voir, M. le Président, notre gouvernement a
décidé d'apporter des assouplissements à sa proposition
initiale, mais nous persistons à croire que la responsabilité
première des décisions politiques dans des domaines comme la
voirie locale, le transport en commun et la protection policière doit
relever des autorités municipales, car, comme le disait le ministre des
Affaires municipales, dans sa déclaration ministérielle du 14 mai
dernier, là où le pouvoir de décision est surtout local,
les moyens à prendre pour financer les décisions prises doivent
relever surtout de l'autorité municipale.
J'aimerais, si vous me permettez, faire un petit retour en
arrière et rappeler les principaux points concernant le partage de
responsabilités que le gouvernement libéral avait proposé
le 14 décembre dernier aux municipalités. Comme on le sait, le
Québec assume depuis longtemps une large part des coûts
reliés au fonctionnement des municipalités. Par exemple,
jusqu'à maintenant, notre gouvernement finançait
entièrement les services de protection policière dans la plupart
des municipalités du Québec. Également, dans le cas de la
voirie locale, Québec assumait depuis de nombreuses années la
majeure partie du fardeau, mais il est évident que ces domaines
relèvent prioritairement des municipalités. Un de nos rôles
en tant que gouvernement est de favoriser et d'encourager cette autonomie
municipale que plusieurs d'ailleurs réclament.
M. le Président, si l'on est d'avis que la voirie locale, le
transport en commun et la protection policière doivent relever des
municipalités, on doit également prétendre à
l'autonomie financière des municipalités dans ces domaines. C'est
d'ailleurs cette logique qui est à la base des fondements du nouveau
partage des responsabilités entre le gouvernement et les
différentes municipalités du Québec.
Au départ, la proposition de partage établissait le
transfert à 477 000 000 $. Mais, il fallait soustraire de cette somme
des recettes additionnelles de 63 000 000 $. L'impact financier total se
chiffrait, comme je l'ai dit il y a quelques instants, à 414 000 000 $.
C'est donc à ce montant que seront apportés les ajustements de
178 000 000 $, dont fait mention, d'ailleurs, le présent projet de loi.
Et j'aimerais, M. le Président, vous en donner quelques
détails.
Tout d'abord, les assouplissements touchent le secteur de la voirie
locale. Les nouvelles sommes que les municipalités devront assumer
seront portées à 22 300 000 $, en remplacement des 43 000 000 $
initialement prévus. Il s'agit donc d'une diminution de 21 000 000 $. En
ce qui a trait aux modalités du transfert des responsabilités
dans ce secteur, elles seront l'objet de consultations avec les
municipalités. Cette partie de la réforme devrait entrer en
vigueur le 1er avril 1993.
Le gouvernement libéral du Québec a choisi
également de maintenir à leur niveau actuel les subventions
gouvernementales tenant lieu de taxes sur les immeubles de la santé et
des affaires sociales et de l'enseignement supérieur. Aussi, les
compensations tenant lieu de taxes payées par le gouvernement à
l'égard des écoles primaires et secondaires seront
calculées, à compter du 1er janvier 1992, en fonction de 25 % du
taux global de taxation de la municipalité. Présentement, ce taux
est de l'ordre de 50 %. Le projet initial prévoyait, vous vous en
souviendrez, la suppression de ce type de subvention sur deux ans.
Tout cela signifie, M. le Président, une réduction de 33
000 000 $ des charges financières transférées aux
municipalités. La proposi-
tion du 14 décembre prévoyait des charges de 80 000 000 $.
Elles seront désormais établies à 47 000 000 $.
Regardons maintenant, si vous le voulez bien, les ajustements concernant
la protection policière. Le projet de loi 145 stipule que toute
municipalité locale, peu importe sa taille, devra s'assurer que son
territoire et sa population soient desservis par un corps de police. Cette
disposition sera d'ailleurs mise en vigueur dès le 1er janvier
prochain.
En détail, cette mesure signifie, pour les municipalités,
que leur protection policière pourra être assurée, soit par
leur propre service policier, soit par celui qu'elles se procurent par le biais
d'une entente intermunicipale, ou soit par celui qu'offre la
Sûreté du Québec. Dans ce cas-ci, la municipalité
sera tarifée en conséquence pour compenser une partie des frais
relatifs aux services policiers de base, fournis par la Sûreté du
Québec. Également, cette tarification sera établie sur la
base de la richesse foncière uniformisée de chaque
municipalité et variera selon l'importance de sa population.
De plus, le ministre des Affaires municipales a annoncé, par le
biais de son projet de loi, que la structure de tarification comporte un
adoucissement pour les municipalités comptant plus de 3000 habitants. En
effet, cet adoucissement aura un impact de 9 000 000 $ à
l'échelle de la province. L'impact financier de cette mesure sera ainsi
ramené à près de 70 000 000 $.
M. le Président, comme tout le monde le sait, la loi actuelle
oblige les municipalités de plus de 5000 habitants à se doter
d'un corps policier. Pourtant, 34 municipalités n'en possèdent
toujours pas. Aussi la Sûreté du Québec dessert 1243
municipalités, sans que ces dernières ne versent en retour une
compensation. Pourtant, les résidents des 140 municipalités de
moins de 20 000 habitants disposant d'un corps policier doivent assumer un
coût moyen de 97 $ per capita à chaque année pour des
services policiers équivalents. Plusieurs municipalités ayant
prié le gouvernement de corriger cette lacune, nous avons
décidé d'agir en ce sens dès 1992. (17 heures)
L'évaluation du coût des services policiers de base
dispensés aux municipalités par la Sûreté du
Québec a été de l'ordre de 250 000 000 $ pour l'exercice
financier terminé le 31 mars dernier. Et de ces 250 000 000 $, 135 000
000 $, soit près de la moitié, sont imputables aux
municipalités ne disposant pas de service de police. C'est donc pour
solliciter la participation financière de ces municipalités, dans
une proportion de 52 % de ce montant, que le projet de loi a été
élaboré.
M. le Président, comme je l'ai mentionné plus tôt,
ce nouveau partage des responsabilités entre Québec et les
municipalités a également un impact sur le transport en commun.
Et cet impact se traduit, entre autres, par une réduc- tion de 50 000
000 $ des charges financières transférées aux
municipalités. Ainsi, l'impact financier sur les 72 municipalités
concernées par cette mesure est ramené de 266 000 000 $ à
216 000 000 $. C'est, entre autres, en reconnaissant la nécessité
des systèmes de transport en commun, pour des raisons
économiques, sociales et environnementales, que notre gouvernement a
décidé de faire participer de façon accrue les
bénéficiaires indirects que sont tous les automobilistes des six
grandes régions urbaines.
En termes clairs, cela se traduit par l'application d'un droit
additionnel de 30 $ par plaque d'immatriculation des véhicules de
promenade dans les 194 municipalités des 6 régions
métropolitaines de recensement où se retrouvent les 9 organismes
publics de transport. Il s'agit des régions métropolitaines de
Montréal, Québec, Hull, Sherbrooke, Chicoutimi et
Trois-Rivières.
M. le Président, la formule que nous avons choisie a pour but de
faire participer d'une façon concrète les automobilistes des
zones périphériques des agglomérations à l'effort
collectif. Les montants ainsi recueillis par la Société de
l'assurance automobile du Québec à compter du 1er janvier 1992
seraient consignés dans un fonds spécial. Gérés par
le ministère des Transports, ces montants seraient redistribués
directement aux organismes de transport concernés. Il s'agit donc d'une
source de financement qui vient s'ajouter aux deux autres contenues dans le
projet du 14 décembre dernier.
En effet, notre gouvernement proposait alors de mettre un terme,
dès janvier 1992, aux subventions à l'exploitation qu'il verse
aux neuf organismes publics de transport en commun. Par ailleurs, les 2 sources
de financement, soit une taxe sur le stationnement applicable à 72
municipalités, et une surtaxe spéciale sur les immeubles non
résidentiels, étaient mises à la disposition des
municipalités membres d'un organisme public de transport en commun.
Le projet de loi permettrait donc la coexistence de la nouvelle surtaxe
avec l'actuelle taxe d'affaires, au choix de chaque municipalité. Aussi,
le gouvernement conservera une participation importante dans les
dépenses d'immobilisation des neuf organismes publics de transport en
commun. L'investissement gouvernemental sera de l'ordre de 200 000 000 $ par
année au cours des prochaines années.
M. le Président, notre gouvernement reconnaît le
caractère démocratique et représentatif des institutions
municipales. Également, nous sommes conscients que ces institutions sont
le principal lieu d'intervention pour le citoyen. Les municipalités ont
à jouer un rôle très important dans un système comme
le nôtre. Elles ont a régler plusieurs problèmes
reliés à la vie quotidienne des citoyens et citoyennes; elles
interviennent dans des activités aussi diversifiées que les
loisirs, l'entretien des routes, la collecte des ordures, etc. En somme, les
municipalités
sont les témoins du développement de l'activité
collective au plan local et sont, en conséquence, des institutions
proches de la population. C'est en tenant compte de toutes ces
réalités que le ministre des Affaires municipales a
présenté sa réforme de la fiscalité des
municipalités.
M. le Président, en présentant un tel projet, le
gouvernement libéral du Québec a voulu sensibiliser les
différentes municipalités à la solidarité
collective. En ce moment, le Québec vit, nous l'espérons, les
derniers soubresauts de la récession, mais les efforts demeurent
nécessaires pour accélérer la reprise économique.
La situation financière actuelle n'est certes pas facile, mais c'est en
participant à l'effort de redressement que nous contribuerons à
l'améliorer. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saint-Jean. Sur cette même proposition d'adoption
du principe du projet de loi 145, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Quant au projet de
loi 145, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les
finances municipales, j'écoutais avec beaucoup d'attention les
présentations qui ont été faites tant par la partie
gouvernementale que par les députés de l'Opposition. Ce qui
m'étonne beaucoup dans les discours que j'ai entendus, c'est qu'on fait
appel à des sentiments nobles, et je m'en réjouis, cependant on
ne semble pas réaliser - et je suis convaincue qu'ils sont aussi bien
informés que je le suis - la lourdeur des taxes, impôt,
tarification qui pèsent de plus en plus sur les citoyens.
Tous les jours - je suis certaine que c'est la même chose pour les
députés du gouvernement - les citoyens viennent nous dire: On
n'en peut plus. Je ne suis pas certain de pouvoir garder ma maison. Je ne suis
pas certain de pouvoir continuer à nourrir correctement les enfants.
Avec les taxes qu'on a sur les vêtements d'enfants, sur les couches, sur
les bottines, je n'arrive plus à boucler mon budget. Les citoyens,
quotidiennement, viennent nous dire ces choses, alors que ce gouvernement et
les députés que j'ai entendus...
Le tout dernier disait: Le projet de loi fait appel à la
solidarité collective. On peut être d'accord avec ça en
autant qu'on soit consulté. Comment peut-on céder à un
sentiment qui serait tout à fait légitime et normal, lorsqu'on
informe des élus des difficultés qu'on éprouve et de la
nécessité, peut-être, de revoir le partage des
responsabilités? On peut parler de solidarité collective
lorsqu'il y a de la consultation. Le projet de loi qui est déposé
là et qui fait l'objet de cet examen a été imposé
de force par un gouvernement libéral aux élus municipaux et sans
consultation aucune. Ça ne se voit dans aucun gouvernement, qu'on ait
cette façon aussi cavalière d'agir.
M. le Président, à peu près à la même
époque l'an passé, on assistait au discours du ministre de
l'Éducation d'alors, qui est devenu le ministre des Affaires
municipales, qui défendait la réforme de la fiscalité en
matière scolaire. Il disait alors qu'il voulait accroître les
responsabilités et les pouvoirs des commissions scolaires. Cependant, au
moment où on examinait ce projet de loi, on devait constater, comme les
commissions scolaires d'ailleurs, qu'il ne s'agissait en aucune façon
d'un accroissement des pouvoirs des commissions scolaires. Ça ne donnait
pas davantage aux commissions scolaires le pouvoir de légiférer
ou de prendre des décisions en matière pédagogique,
absolument pas; en matière de programme, pas du tout; en matière
de gestion des ressources humaines, pas davantage. Il s'agissait simplement de
transférer aux commissions scolaires la responsabilité
d'administrer et de restaurer les édifices scolaires. Vous savez, pour
une commission scolaire, restaurer et administrer un parc immobilier, ça
n'a rien de très valorisant, au plan pédagogique, vous le
reconnaîtrez facilement avec moi.
Pour faire avaler la pilule aux municipalités, le ministre leur a
dit alors que, dans un premier temps, ça devrait coûter environ,
on irait chercher environ 75 000 000 $. La réalité est apparue
lorsque a été déposé le budget, et ce
n'était plus 75 000 000 $. D'ailleurs, une union municipale
s'était dit: Bon, on ne peut peut-être pas trop être en
désaccord avec ça. Mais en ouvrant la porte, c'était fait.
Ce n'était plus 75 000 000 $, c'était 320 000 000 $. Ça a
représenté, pour les propriétaires du Québec, une
augmentation moyenne de 140 $ par année. Mais dans certaines
municipalités, dans certaines commissions scolaires, ça a
été beaucoup plus élevé. Dans la commission
scolaire Valin, dans laquelle j'ai ma résidence, c'était 112 %
d'augmentation. Mais dans certaines commissions scolaires, ça a
été le double et même le triple. (17 h 10)
Encore une fois, le ministre de l'Éducation d'alors a
procédé sans aucune consultation des municipalités. Il
venait ici briser le pacte municipal. Et au moment où on discutait ce
projet de loi, ce ministre, député d'Argenteuil, nous disait:
Vous avez mal travaillé quand vous avez fait la réforme fiscale
des municipalités en 1979 parce que vous l'avez faite sans consulter les
commissions scolaires. Vous avez aboli le champ foncier des commissions
scolaires sans consultation, de force et d'autorité. Il nous accusait -
vous connaissez le ton qu'il est capable d'utiliser, je vous en fais
grâce. Avec toute la sincérité apparente qu'on lui
connaît, cependant, ce qu'il vient de faire, c'est un coup de force sans
précédent pour des élus municipaux qui, au même
titre que vous et moi, sont élus
par les citoyens et les contribuables.
Devant le tollé de protestations que la loi sur les commissions
scolaires - venant élargir le champ foncier des commissions scolaires -
avait provoqué dans les municipalités, le 29 juin, le
gouvernement du Québec dépose à la table
Québec-municipalités une proposition, et je cite: "Concernant une
démarche de concertation". Le gouvernement disait alors vouloir
s'engager dans une démarche de décentralisation avec les
instances locales de manière à accroître
l'efficacité et l'efficience dans la prestation des services publics par
un transfert de responsabilités accompagné de sources de
financement adéquates. Cette noble intention ne sera, on se le
rappellera, que du vent. La démarche retenue par le gouvernement est
à mille lieues de la concertation. D'aucune façon, cette promesse
n'a-t-elle été retenue et respectée. C'est sans consulter
que le ministre des Affaires municipales présentait la proposition du
gouvernement, le 14 décembre dernier, proposition curieusement
titrée: "Vers un nouvel équilibre". On pourrait davantage parler
de déséquilibre que d'équilibre. En fait, il s'agit d'un
véritable délestage financier.
En l'espace d'un peu plus d'une année, vous et moi, comme tous
les contribuables du Québec, aurons vu les impôts fonciers
scolaires et municipaux augmenter de plus de 700 000 000 $: 700 000 000 $ de
nouvelles taxes. Mais voyons d'un peu plus près ce que ça
représente pour une municipalité comme la ville de Chicoutimi. Il
n'y a rien de tel que de voir les impacts concrets réels sur une
municipalité pour mesurer l'impact et les effets d'une telle mesure.
À Chicoutimi, par exemple, pour un budget de 60 000 000 $, ça
représente un manque à gagner réel - le manque à
gagner par rapport au transfert - de 2 200 000 $, environ 4,6 %. Mais sur les
immeubles non résidentiels, ça va représenter une
augmentation des taxes foncières d'environ 10 %, avec la
possibilité qui est offerte là d'ouvrir les baux. Vous savez ce
que ça veut dire, ouvrir les baux. Je pense aux édifices qui sont
aux alentours du bureau que j'occupe. J'occupe un bureau de la caisse populaire
Desjardins; peut-être que j'y échapperai, je ne suis pas certaine.
Mais moi, dans le fond, votre bureau comme le mien, s'il y a une augmentation
de 10 % des coûts de location de mon bureau, le gouvernement, par le
biais d'une décision prise à l'Assemblée nationale, par le
Bureau de l'Assemblée nationale, va ajouter ça dans nos budgets.
Ce n'est pas trop fatigant, ça ne nous empêchera pas de dormir,
vous et moi.
Mais le propriétaire d'un petit bureau de consultants, le
propriétaire d'une petite boutique sur la rue principale, le
propriétaire de boutiques plus importantes, le propriétaire d'un
petit commerce, lui, 10 % d'augmentation, ça sera peut-être plus
parce que, peut-être, que le propriétaire en profitera pour
augmenter encore un peu plus que ce qui est prévu ou nécessaire
en vertu de la nouvelle taxe. Ça veut dire une augmentation qui pourra
excéder, chez nous, 10 %, peut-être 12 %, peut-être 15 %. Ce
petit locataire, qui a déjà de la difficulté à
joindre les bouts, c'est la faillite qui le menace. On ne semble pas être
sensible à cette situation. Dans la ville de Chicoutimi, le
chômage frise les 17 %; chez les jeunes, c'est 24 %. Est-ce qu'on
réalise la situation qui prévaut dans les régions? Est-ce
qu'on réalise le marasme économique dans lequel on est en train
de s'enfoncer? Comment se fait-il qu'on n'ait pas été plus
prudent lorsqu'il s'agit de proposer de telles dispositions qui viennent rendre
encore plus périlleuse la situation, plus particulièrement dans
le commerce.
Les "en lieu" de taxes à la ville de Chicoutimi, parce qu'on a
plusieurs établissements scolaires, au primaire et au secondaire,
ça représente un manque à gagner, en 1992-1993, qui va
approcher les 800 000 $. Vous allez me dire: 800 000 $, ce n'est
peut-être pas élevé, ce n'est pas peut-être pas
élevé, mais tout dépend du budget. Mais ces 800 000 $, il
va falloir aller les chercher quelque part. Mais saviez-vous - et j'imagine
qu'il y a beaucoup de gens ici qui l'ignorent dans cette salle - qu'avant
l'entrée au pouvoir de ce gouvernement, les immeubles
excédentaires étaient offerts gratuitement aux
municipalités? Et, en juillet 1986, un règlement du
ministère de l'Éducation - adopté curieusement par le
même ministre - décrétait que, dorénavant, les
établissements scolaires excédentaires ne seraient plus
donnés aux commissions scolaires, mais vendus au plus offrant. Une
école ne sera plus donnée ni aux commissions scolaires
avoisinantes, ni à la municipalité, mais vendue.
Donc, la municipalité, comme ça s'est passé dans la
municipalité de Chicoutimi, qui veut se porter acquéreur de
l'école Saint-François-Xavier, qui est classée dans les
biens culturels, M. le Président, n'a pas pu le faire parce que la
commission scolaire a été autorisée à la vendre au
plus offrant. Heureusement, l'immeuble était classé. Ils n'ont
pas pu le vendre pour qu'il soit démoli ou encore transformé,
mais la municipalité n'a pas pu se porter acquéreur de cet
immeuble.
À Chicoutimi, dans le secteur nord, même chose pour
l'école Sainte-Marie. Il y a une association de personnes
âgées qui veut ouvrir une espèce de centre de jour
là. Même problème. Si vous voulez avoir accès
à cette école, on vous la vend. On a fini par avoir une entente
avec le ministre, avec la municipalité, avec la commission scolaire.
L'immeuble était évalué à 125 000 $. On a recueilli
les sommes et on a pu le faire acheter par la municipalité.
M. le Président, c'est ça la situation dans nos
municipalités et c'est ça qui est inacceptable. Non, seulement
là, on dit les "en lieu" de taxes, on les diminue de 50 % à 25 %,
ce qui fait perdre à la ville de Chicoutimi quelque 800 000 $, mais en
même temps, s'il y a des
immeubles excédentaires, vous devrez les acheter. Il y a quelque
chose de tout à fait illogique, d'irrationnel, mais aussi de tout
à fait inacceptable parce que ces immeubles sont payés par les
contribuables du Québec.
En matière de transport en commun, il y a une communauté
du transport en commun qui réunit les trois principales villes du
Haut-Saguenay: Jonquière, Chicoutimi, La Baie. Pour la seule ville de
Chicoutimi, ça représente un manque à gagner de 1 200 000
$, M. le Président, 1 200 000 $ pour un service de transport en commun
qui est particulièrement déficient, disons-le, parce qu'en raison
de l'étendue du territoire, en raison de la faible densité de la
population, vous vous retrouvez avec des quartiers qui n'ont aucune desserte de
transport en commun. Il n'y a pas de transport en commun, M. le
Président, le dimanche à Chicoutimi. Saviez-vous ça? Le
dimanche à Chicoutimi, si vous n'avez pas de voiture, vous restez chez
vous. Évidemment, moi, ça ne m'affecte pas. Probablement que
ça ne vous affecte pas beaucoup non plus. Vous avez votre voiture et il
y en a peut-être même deux à la maison, des voitures. Mais
ce n'est pas le cas des personnes les plus démunies. Elles ne peuvent
même pas rendre visite à un parent à l'hôpital,
à moins de le faire en taxi.
Alors, c'est déjà un transport en commun qui n'est pas
très très efficient ou de qualité très accessible,
et là, on vient obliger la municipalité à investir encore
davantage dans un transport qui est déjà déficitaire.
Qu'est-ce qui va arriver, M. le Président? On va finir par refuser
d'organiser le transport en commun sur le territoire de cette
municipalité. Ça veut dire que ça affecte non seulement
les personnes démunies, mais toutes celles qui travaillent à
temps partiel, qui travaillent le soir, qui travaillent la nuit, celles qui
travaillent à petit salaire, particulièrement les femmes,
évidemment, parce qu'elles sont à temps partiel et qu'elles ont
besoin du transport en commun pour se déplacer de la résidence au
lieu de travail. M. le Président, cette situation est
particulièrement déplorable et regrettable.
En ce qui a trait aux routes rurales, Chicoutimi, on ne peut pas trop se
plaindre. Il n'y en a pas beaucoup dans la municipalité. Il n'y en a pas
beaucoup. Il reste quelques rangs, quelques agriculteurs, mais ça
représente quand même 400 000 $. Pas énorme, M. le
Président, par rapport à ce que ça représente dans
les comtés où il y a plusieurs municipalités rurales, mais
ça représente une somme extrêmement importante pour chacun
des contribuables. (17 h 20)
M. le Président, en plus, évidemment, il y a les 30 $ pour
les droits d'immatriculation des voitures. En une année,
l'immatriculation de nos voitures, les coûts d'immatriculation auront
crû de 118 %, M. le Président. 118 %, ça touche 70 % de la
population du Québec propriétaire de voitures. M. le
Président, le député de Saguenay suggérait tout
à l'heure que les citoyens devaient apprendre à mesurer le
coût des services qu'ils exigent de leur municipalité, ce avec
quoi je pourrais être d'accord. Cependant, les services qu'il
énumère ne peuvent pas être laissés à la
seule responsabilité d'une municipalité.
Il pariait d'assainissement des eaux, M. le Président. Ce n'est
pas vrai que l'assainissement des eaux, ça peut n'être
laissé qu'à une municipalité compte tenu de
l'étendue de leur territoire, et je sais que vous connaissez bien la
situation. M. le Président, il disait également la même
chose en ce qui a trait au transport en commun. Le transport en commun, compte
tenu de l'étendue de nos territoires et de la faible densité de
la population, on renonce complètement à l'organiser, ce qui
pénalise lourdement les étudiants, ce qui pénalise
lourdement les plus démunis et les personnes à petit revenu, M.
le Président. Je veux bien qu'on assume une partie des services dans
chacune de nos municipalités, lorsqu'il s'agit peut-être de
services de loisir qui nous apparaîtraient peut-être un peu
superflus, mais, lorsqu'il s'agit de choses aussi essentielles que
l'assainissement des eaux et le transport en commun, je pense qu'il y a
là une responsabilité collective, M. le Président. le
gouvernement du parti québécois estime, et nous estimons
toujours, que la façon la plus juste de répartir le coût
des services qui nous apparaissent essentiels, m. le président,
ça demeure l'impôt sur le revenu. c'est pourquoi, si l'impôt
sur le revenu des québécois est plus élevé, c'est
ce qui explique que nos impôts fonciers étaient un peu plus bas.
je rencontre souvent, comme vous, sans doute, et comme les membres de cette
assemblée, mes collègues tant du gouvernement que de
l'opposition, de jeunes familles qui me déclarent: dans la situation
actuelle, je ne pourrai jamais jamais être propriétaire de ma
maison. augmentation de taxes scolaires, augmentation de taxes municipales et
augmentation d'un peu plus de 27 % des tarifs d'hydro-québec, m. le
président; dans une année, deux augmentations, une de 7 %, une de
7,25 % plus la tps, ça représente, je pense, 26,7 %
d'augmentation. alors, ce que me disent les jeunes couples, les jeunes familles
qui ont un, deux ou trois enfants ou qui voudraient fonder une famille, c'est
qu'ils n'envisagent plus la possibilité d'avoir accès à la
propriété. on va à nouveau revenir à cette
situation d'un peuple de locataires, et nous le savons et vous le savez, le
québec s'appauvrit actuellement. l'écart entre les plus
démunis et les plus fortunés se creuse constamment et la classe
moyenne disparaît progressivement, m. le président. tout le monde
est en train de passer du côté des classes les plus
défavorisées.
M. le Président, c'est une réforme bâclée,
une réforme bâclée où le contribuable est
perdant. Le contribuable est perdant et tout cela se fait sans
consultation aucune, M. le Président, et, il faut le dire, au
mépris le plus total de personnes qui sont élues, au même
titre que nous, par des contribuables, et ces contribuables qu'ils
représentent se sentent lésés parce que la réforme
se fait sans consultation. Les élus municipaux, ils sont élus au
même titre que nous, pour gérer un gouvernement municipal, ils
méritent notre respect à ce titre et on aurait dû les
associer à cette réforme, M. le Président. C'est une
réforme bâclée et le contribuable en fait les frais. Il n'y
a, dans cette réforme, aucun principe, aucune vision. Si on avait pu
déceler, dans cette réforme, une espèce de projet, de
vision d'ensemble où, progressivement, on établit ce qui devient,
au cours des années, des responsabilités municipales, des
responsabilités collectives et des responsabilités plus
générales, on aurait pu comprendre la réforme.
Mais est-ce qu'il s'agit vraiment d'une réforme? À mon
avis, c'est lui donner beaucoup, lui faire beaucoup d'honneur que de parler
d'une réforme. Il s'agit strictement d'une loi qui permet un
délestage financier sur le dos des propriétaires du Québec
et qui évite au gouvernement la responsabilité de prévoir
lui-même ou d'imposer de nouvelles taxes. Il l'a fait par la commission
scolaire, il l'a fait par les municipalités, il l'a fait par
différentes formes de taxation. M. le Président, vous
étiez en Chambre alors que le gouvernement du Parti
québécois était au pouvoir. Vous vous rappelez la bataille
rangée et sans commune mesure avec ce qui se passe actuellement par
rapport à ses effets, alors que le gouvernement du Parti
québécois imposait une taxe sur les assurances. C'était
suffisant, à entendre dire l'Opposition, pour renverser un gouvernement.
Ils s'engageaient à l'abolir. Elle n'a jamais été abolie
et ses effets sont loin d'être aussi pernicieux. Cette taxe sur les
assurances, bien que ce ne soit pas souhaitable, c'est loin d'être aussi
pernicieux que cette nouvelle tarification et que cette réforme.
Voilà, M. le Président, pourquoi le gouvernement devrait
aller en consultation avant de bulldozer toutes les municipalités du
Québec. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Sur cette même adoption du principe
du projet de loi 145, je reconnais maintenant M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Réal Gauvin
M. Gauvin: Merci, M. le Président. Le projet de loi 145
dont on débat ici à l'Assemblée nationale depuis
déjà quelques heures sur la réforme de la fiscalité
municipale constitue sûrement le partage le plus équitable des
responsabilités entre le gouvernement du Québec et les
municipalités. Cette nouvelle distribution des pouvoirs est
l'aboutissement d'une réflexion rigoureuse sur la gestion du
développement des municipalités et l'utilisation de l'argent des
contribuables. Le développement de leurs régions aussi passe par
cette réforme.
Je ferai valoir l'ampleur des efforts du gouvernement pour en arriver
à un partage équitable des responsabilités entre les
municipalités et l'État. J'aimerais revenir quelques minutes,
quelques secondes sur ce qu'avançait la députée de
Chicoutimi en rapport avec le manque de consultation. J'aimerais vous rappeler,
M. le Président, que ça fait déjà plusieurs mois
que le gouvernement du Québec a sensibilisé les
municipalités à la venue de ce projet-là. Le ministre
actuel des Affaires municipales a tenté à plusieurs reprises,
d'avoir certaines rencontres avec les deux unions de municipalités et
nos représentants municipaux... Mais, après plusieurs
invitations, ces gens-là ne croyaient pas nécessaire de
rencontrer le ministre parce que leur stratégie était
plutôt de faire retirer le projet de loi. Dans leurs termes à eux
autres, c'était de faire reculer le ministre sur le projet de loi.
Mais ce qu'on devrait considérer plutôt, c'est l'effort que
le ministre des Affaires municipales a fait pour tenter, soit au niveau des
municipalités, soit au niveau des unions, de recevoir de ces
gens-là, de ces représentants municipaux, des propositions. Moi,
je peux dire, comme membre de l'Assemblée nationale, comme
collègue ici du ministre des Affaires municipales, l'effort qu'il
faisait auprès de ses collègues pour aller chercher de
l'information additionnelle sur la situation ou la perception que les
élus municipaux avaient de ce projet de loi. Je vais tenter de
démontrer aussi l'ouverture constante du ministre actuel dans mon
allocution.
Donc, ce que je dirais, M. le Président, considérons
d'abord les tendances en matière fiscale de notre époque pour
montrer comment, en quoi notre réforme de la fiscalité municipale
s'y inscrit et y participe pleinement.
Après avoir insisté pendant plusieurs décennies sur
la redistribution de la richesse et, surtout, pris pour acquis sa production,
nous avons découvert que sa production n'allait plus de soi. Nous avons
découvert que la redistribution des richesses se faisait de plus en plus
à crédit, hypothéquant l'avenir des jeunes
générations moins nombreuses de Québécois et de
Québécoises.
M. le Président, je veux démontrer en cette Chambre que le
projet de loi 145 est indispensable pour le Québec puisqu'il donne aux
municipalités plus de marge de manoeuvre au niveau de leur gestion et
aussi la capacité financière pour soutenir leur
développement. C'est aussi une réponse directe à la
demande des élus municipaux de toute la province qui désirent une
décentralisation de certains pouvoirs depuis déjà quelques
années. Le gouvernement du Québec leur donne
la solution par leur implication dans les choix collectifs car ils
connaissent bien les tenants et les aboutissants des décisions
d'entretien et de développement de leurs territoires et biens
municipaux. (17 h 30)
M. le Président, les municipalités pourront obtenir une
utilisation maximale de leurs biens à un coût minimal. Les
conséquences les plus évidentes de ce nouveau partage des
responsabilités sont: une décentralisation des pouvoirs, tel que
demandé par les élus municipaux, un meilleur rendement des
équipements municipaux à un coût moindre des choix
éclairés sur les priorités parce que identifiés par
les élus municipaux eux-mêmes.
Renel Bouchard écrivait, dans Le Canada français du
22 mai dernier, et je cite: "II est vrai que les finances publiques avaient
grandement besoin de se fonder sur un principe administratif sain, qu'elles
avaient besoin de changement." C'est le but de la réforme Ryan, ces
choix clairs qui répondent aux besoins des municipalités à
des coûts raisonnables. C'est le but de cette réforme que de
rendre aux municipalités des responsabilités qui par nature leur
reviennent.
Déjà, au début des années quatre-vingt, le
gouvernement de l'époque songeait à mettre en place ce genre de
partage entre Québec et les municipalités. La raison en est bien
simple. Il est indispensable et inévitable d'en arriver à un
nouveau partage des municipalités pour tenter de donner de bonnes
infrastructures routières et autres aux municipalités, à
un coût moindre.
M. le Président, il faut tenir compte du fait que cette
réforme s'inscrit également dans l'esprit de concertation mis en
place dans les régions du Québec au cours des sommets
économiques des dernières années. Dans cet esprit, les
élus municipaux ont vécu l'expérience d'implication dans
les choix déterminants pour leurs collectivités, un sentiment
d'éloignement du citoyen des lieux de décision ayant des impacts
directs dans sa vie quotidienne et le réel constat qu'un service offert
par l'État est souvent plus coûteux et beaucoup plus que s'il
était offert par d'autres paliers tels que les municipalités.
Cet effet constaté a trouvé un large écho
auprès du monde municipal. Les représentants des
municipalités ont transformé ces choix en revendications en
faveur d'une plus grande autonomie. Du moins, ils ont servi à fonder
davantage leurs revendications dites traditionnelles, des revendications en
faveur d'un transfert de responsabilités qui serait assorti de pouvoirs
de taxation pour les assumer.
Il est normal de devoir ajuster nos institutions et nos modes de gestion
aux nouvelles réalités auxquelles le Québec doit faire
face. Il est évident que la transition sera ardue, puisqu'il s'agit
d'une modification du comportement administratif traditionnel au Québec.
La décen- tralisation comme tendance est apparue en réaction
à la grande centralisation qu'a connue le Québec au cours des
décennies soixante et soixante-dix, en effet, qui fut une époque
où l'on croyait que l'État pouvait assumer toutes les
responsabilités, y compris, bien sûr, celles dévolues aux
autres paliers de gouvernement.
L'État pouvait tout faire et tout assumer suivant cette croyance.
C'était l'époque de l'État-providence. Un autre aspect
important de cette réforme, c'est qu'elle contribue à contrer
l'augmentation des dépenses publiques. Malgré les efforts
déployés pour empêcher l'augmentation des dépenses
de l'État, les résultats ne sont pas toujours ceux
espérés. Les dépenses de l'État ont connu des
augmentations de 8 % en 1990-1991, alors que le taux de l'inflation
était de 4,5 %. Le gouvernement du Québec n'a plus les moyens
d'assurer le même niveau de responsabilité et de faire face
à de nouveaux besoins.
Il faut également éviter de compromettre le
caractère concurrentiel de notre fiscalité, qui est essentiel
pour maintenir la santé économique et la capacité de
création d'emplois au Québec. Je dois insister sur la souplesse
et la compréhension, comme je le mentionnais un peu tantôt, dont a
fait preuve le ministre des Affaires municipales dans ses pourparlers avec les
représentants des municipalités du Québec. Je veux vous
rappeler que le ministre des Affaires municipales déposait, le 14
décembre, une proposition de transfert des responsabilités de
l'ordre de 414 000 000 $.
Cette proposition est assortie de pouvoirs de taxation accrus. Elle fut
l'objet de désaccords entre le ministre et les maires. Ils ont
soulevé bon nombre d'objections. Mais M. le ministre avait bien
déclaré en cette Chambre que cette réforme n'était
pas coulée dans le béton et qu'il était disposé
à rencontrer les maires pour discuter des points litigieux, afin d'en
arriver à un accommodement satisfaisant pour toutes les parties
impliquées. Par l'accommodement présenté le 14 mai
dernier, nous constatons que le ministre s'est montré sensible aux
représentations des élus municipaux. Ainsi, les charges
transférées aux municipalités sont réduites de 178
000 000 $. Elles passent de 414 000 000 $, comme je le mentionnais, à
236 000 000 $.
Rappelons que le gouvernement ne se désengage pas
vis-à-vis du monde municipal et qu'il continue de contribuer
substantiellement, en s'appuyant sur l'expérience des dernières
décennies. Le gouvernement en est venu à la conclusion qu'il sera
plus responsabilisant pour les municipalités d'assumer elles-mêmes
les services de transport en commun dont elles se sont dotées.
Le gouvernement a également prévu, dans le projet de loi
145, des dispositions en vertu desquelles les organismes de transport en commun
se verront attribuer chaque année des revenus d'appoint de 50 000 000
$.
La même philosophie s'applique à la voirie locale. Qui est
mieux placé que les localités pour administrer les routes
locales? Toutefois, le ministre des Affaires municipales a prévu une
classification des routes locales qui fera l'objet de consultations
auprès des autorités municipales. Un inventaire par état
des routes locales sera dressé par le ministère des Transports
avant le transfert envisagé pour le 1er avril 1993. Le ministre a
également annoncé que le coût d'entretien
évalué à 3000 $ du kilomètre fait l'objet d'un
nouvel examen et qu'il pourrait être augmenté.
M. le ministre des Affaires municipales nous a aussi informés, en
cette Chambre, le 22 mai dernier, qu'il examine la possibilité
d'instaurer une modulation des coûts qui permettrait de tenir compte des
variations considérables de coûts que l'on observe d'une
région à l'autre. Il envisage aussi, à la suite de
l'allégement de 21 000 000 $ annoncé dernièrement, de
réduire le niveau maximum de financement local que devront assurer les
municipalités, soit un niveau de 0,20 $ de taxation par 100 $
d'évaluation foncière uniformisée.
Voilà des mesures qui rassurent les représentants
municipaux, j'ose croire, face au défi d'adaptation que
représente la réforme de la fiscalité municipale.
En terminant, M. le Président, je pense que, quoi qu'on ait pu
entendre au cours des derniers mois, c'est le contribuable qui sort gagnant de
cette réforme. C'est pourquoi j'ai l'intention de voter pour ce projet
de loi qui tend vers un nouvel équilibre entre l'État et les
municipalités. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Sur cette même motion, je
reconnais maintenant M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le député qui
m'a précédé soulignait que, dans le dernier budget, les
dépenses se sont accrues de 8 %, alors que l'inflation au Québec
était de l'ordre, l'an dernier, de 4,5 %. Il y a là une
réalité, je pense, avec laquelle il faut composer. Et je pense
qu'à cet égard, comme notre parti peut être appelé
et espère être appelé à former le gouvernement un
jour, il faut s'astreindre, dans la discussion qui est devant nous, à un
exercice de responsabilité budgétaire et fiscale.
M. le Président, je voudrais d'abord souligner qu'on ne m'a pas
convaincu que l'État a éliminé toutes les sources de
gaspillage dans son fonctionnement, puisqu'on sait maintenant que ce ne sont
pas les salaires qui ont été un facteur d'inflation dans le
budget du gouvernement du Québec. Il y a eu une perte de revenus
attribua-ble à la récession, c'est évident, qui augmente
les paiements de transferts sociaux, entre autres l'aide sociale qui augmente.
Mais, malgré ça, il y a des dépenses qui ne sont pas
salariales. Il y a des dépenses du gouvernement qui ne sont pas, non
plus, des transferts vers les plus démunis et qui s'accroissent à
un rythme trop accéléré. M. le Président, je dis
d'entrée de jeu qu'à mon avis, il y a encore du gaspillage au
gouvernement du Québec et qu'il y aurait moyen de faire une lutte
systématique au gaspillage.
L'autre chose que j'ajoute, M. le Président, c'est qu'à
l'évidence, le train de mesures compris dans le projet de loi qui est
devant nous, n'est qu'un début. C'est la deuxième année
qu'on le fait et on va recommencer l'an prochain, parce que l'État a de
la misère à arriver, ce qui est une réalité
fondamentale. (17 h 40)
M. le Président, je pense que la raison principale de ça,
c'est qu'on s'est donné un filet social, un filet de couverture sociale
de 1950 à 1971. La dernière mesure majeure sous un gouvernement
libéral - ça ne me gêne pas du tout de le souligner -
ça été l'assurance-maladie en 1971.
Mais dans ces 20 années, M. le Président,
l'économie québécoise et canadienne connaissaient de facto
le plein emploi. Je pense qu'on n'arrivera à rien si on ne
reconnaît pas que le principal problème budgétaire que le
gouvernement rencontre, le principal problème fiscal que l'on
rencontre... M. le Président, je pense que ce problème fiscal,
moi qui suis du comté de Pointe-aux-Trembles qui est un comté
où habitent majoritairement des gens de la classe moyenne, il prend un
caractère de plus en plus virulent. Les gens en ont assez de payer des
taxes et de payer des impôts.
M. le Président, je souligne au ministre qui suit le
débat, qu'à cet égard, le principal problème c'est
qu'il y a près de 20 % de la population qui ne travaillent pas au
Québec. Le forum pour l'emploi, qui est présidé par le
président du Mouvement Desjardins, M. Claude Béland, a
évalué les transferts vers les chômeurs, que ce soit l'aide
sociale ou l'assurance-chômage, à près de 7 000 000 000 $
par année. D'autres économistes sérieux ont calculé
que si le Québec connaissait une situation de plein emploi, non
seulement on dépenserait 7 000 000 000 $ de moins de transferts vers les
chômeurs et les bénéficiaires de l'aide sociale, mais les
revenus de l'État seraient accrus de 10 000 000 000 $. Alors je pense
qu'il y a là, M. le Président, matière à
réflexion.
Ce qui m'inquiète dans le projet de loi qui est devant nous,
c'est que je pense qu'il va dans la même optique que d'autres moyens que
le gouvernement a trouvés d'accentuer toujours davantage les taxes
régressives, et de laisser intact l'impôt sur le revenu qui, lui,
est progressif. Ça, M. le Président, je pense que c'est injuste
envers les particuliers et c'est injuste
envers les entreprises. Envers les entreprises, M. le Président,
parce que l'impôt foncier impose aux entreprises un fardeau qui est
fonction du nombre d'employés. Or la rentabilité d'une
entreprise, le ministre le sait sûrement, n'est pas vraiment fonction de
son nombre d'employés. Il y a des secteurs déclinants, comme le
meuble, la chaussure, le vêtement, où il y a un grand nombre
d'employés par entreprise qui occupe une grande superficie de plancher
et qui paie des taxes foncières importantes.
M. le Président, je pense qu'au lieu d'augmenter l'impôt
foncier, la justice fiscale nous demanderait de l'abolir par étapes.
C'est un impôt qui est régressif, qui est injuste, et qui nuit au
développement des villes.
M. le Président, il y a à Tétreaultville, dans mon
comté, des retraités qui ont des pensions, qui ont des maisons
qu'ils ont achetées dans les années 1950, libres
d'hypothèque la plupart du temps, mais l'impôt foncier les
égorge littéralement parce que la valeur d'une
propriété ne donne pas la capacité de payer de la personne
qui l'habite.
Récemment, M. le Président, je parlais avec une jeune
femme qui s'est acheté un appartement en copropriété, dans
le centre-ville de Montréal. Si les ministériels veulent
écouter, je leur transmets ce message-là. Elle s'est
acheté cet appartement il y a une dizaine d'années, à un
coût très bas. Elle l'a rénové et l'appartement
constitue maintenant une belle valeur sauf qu'elle vient de tomber en
chômage. Puis le fait de se retrouver au chômage, M. le
Président, implique que son revenu baisse de 40 %, mais sa taxe
foncière, elle, va rester la même. Puis, elle se demande
même si elle ne sera pas éventuellement forcée de vendre
son appartement. La même chose pour les retraités.
M. le Président, les retraités de Ahuntsic par exemple,
les retraités de la ville de Laval, les retraités d'un peu
partout au Québec qui ont des pensions souvent insuffisantes, se
retrouvent avec une taxe foncière qui augmente. Je vais donner un
exemple simple, M. le Président, qui risque de convaincre le
député de Mille-Îles. Supposez un ménage qui a un
revenu de 70 000 $ puis une maison de 150 000 $. Sur IHe de Montréal,
ça va leur coûter 3500 $ d'impôt foncier. À
côté, il peut y avoir un célibataire qui occupe un condo
à 75 000 $, et qui, par hypothèse, gagnerait autant que le
ménage d'à côté, soit 70 000 $ par année. Il
va payer carrément la moitié moins d'impôt foncier. Le pays
d'Europe où la mentalité régressive qui est
derrière la réforme qui est devant nous s'est appliquée
avec le plus de rigueur, c'est la "poll tax", en Grande-Bretagne, avec une
idéologue de droite vraiment très formée, Mme Margaret
Thatcher. Pour les gens qui nous écoutent, M. le Président,
j'explique un peu ce que c'est, la "poll tax". Ça, c'est le bout du
bout. Ils ont dit: On prend le nombre de citoyens dans une municipalité;
on divise les dépenses par le nombre de citoyens et chacun paie.
Ça a fait des émeutes, en Grande-Bretagne. C'est quelque chose
qui n'a pas de bon sens.
Or, les entreprises, leur capacité de payer n'est pas fonction de
leur évaluation. Je répète que la Financière Power,
par exemple, occupe un étage d'un immeuble à Montréal. La
Caisse de dépôt et placement - on en parle à l'aise - a 300
employés et occupe un ou deux étages d'un immeuble à
Montréal. Pensez-vous qu'elles ont moins les moyens de payer pour la
municipalité de Montréal que, disons, dans le nord-est de la
ville, les entreprises de vêtements que la ministre
déléguée à la Condition féminine
côtoie dans son comté de l'île de Montréal? Ce n'est
pas partisan de le dire: l'impôt foncier est injuste, il est
inéquitable et le gouvernement a décidé de le rendre de
plus en plus onéreux, ce qui, pour les retraités, pour les gens
dont les revenus diminuent, pour les entreprises aussi, est injuste.
Le ministre dit souvent, et avec raison, que, théoriquement, les
200 000 000 $ de transfert en matière de transport en commun qui s'en
vont sur l'île de Montréal, les entreprises, à la rigueur,
ce n'est qu'une hausse, dit-il, de 3,5 % de leur impôt foncier. Mais
c'est en comparaison que c'est injuste. Une entreprise de Saint-Léonard
et de ville d'Anjou - pour aller dans le milieu que vous connaissez le mieux,
M. le Président - qui paie 25 000 $ d'impôt foncier, quand elle
envisage de déménager à Repentigny, à Saint-Bruno
ou à Terrebonne, en périphérie, elle se rend compte qu'au
lieu de 25 000 $ d'impôt foncier, elle en paierait un gros 8000 $.
Je ne parle même plus, à cet égard, de la
capacité de payer de l'entreprise. On vit en économie
libérale et, pour une entreprise qui pourrait payer 8000 $ de taxes
municipales au lieu de 25 000 $, c'est tentant d'accepter une offre à
ville de Laval, loin, parce que Laval se retrouve maintenant comme Longueuil,
comme Montréal, dans le même bateau. C'est pour ça qu'il y
en a même qui proposent de faire un pont pour faciliter l'exode des
entreprises.
Je voudrais ajouter que ce qui est clair dans le projet de loi qui est
devant nous, c'est que ça va contribuer également à
diminuer considérablement la qualité du transport en commun
partout au Québec, mais particulièrement à
Montréal, à Laval et sur la rive sud. La coupure brutale qui est
faite à la STCUM, entre autres, c'est une coupure de 185 000 000 $ qui
est faite pour délester le gouvernement du Québec, pas pour
responsabiliser davantage les élus municipaux. Ça, c'est tout
à fait inexact de se délester de responsabilités. C'est
rendre les élus locaux plus responsables.
D'ailleurs, que font-ils quand ils sont de la rive sud et d'ailleurs?
Ils disent: On va privatiser le transport en commun, peut-être qu'on va
fermer. Est-ce que ce serait ça, les responsabiliser? Est-ce que
ça donne des résultats, ce supposé processus de
responsabilisation, quand
on entend le président de la Société de transport
de la rive sud de Montréal dire: On va privatiser des secteurs du
transport en commun pour revenir au bon vieux temps de Chambly Transport qui
était une honte, des autobus qui tombaient en morceaux et qui
transportaient les gens à un coût qui n'avait pas d'allure?
Une voix: Ça marchait, dans ce temps-là...
M. Bourdon: M. le Président, ça ne marchait pas,
dans ce temps-là. C'était de la magouille et c'étaient des
affaires invraisemblables. J'en ai un peu ras le bol d'entendre des
députés de banlieue, qui représentent les contribuables,
qui sont des déserteurs fiscaux, qui quittent le centre-ville et partent
avec leur voiture en banlieue pour ne pas payer les taxes qu'ils causent. (17 h
50)
À cet égard, j'invite le député de
Mille-Îles à réfléchir sur les propos du ministre
des Affaires municipales à l'égard des 30 $ la plaque
d'immatriculation qui, d'après le ministre, est un moyen de faire payer
la banlieue pour le dégât qu'elle cause en ville. M. le
Président, je suis de ceux qui disent que, bien sûr, à la
surface du globe, la lutte des classes n'est plus un thème populaire et
que la réalité de la lutte des classes, ce n'est plus une
réalité qu'on vit. Mais ce qui est resté de la lutte des
classes, c'est les 400 000 voitures de la grande banlieue de Montréal
qui envahissent l'île de Montréal, où il y en a juste 150
000, et qui ne paient pas pour les rues qu'elles défont, les gens ne
paient pas pour l'eau qu'ils boivent et ils ne paient pas pour les services de
police qui sont là parce qu'ils existent. Ça, il y a
matière à réflexion à cet égard et il y a
matière à s'interroger sur la désertion fiscale que
certains pratiquent.
Il y a un autre problème grave de transport en commun. Donc, on
va affaiblir et appauvrir le transport en commun à Montréal, mais
on est aussi dans une société où les régions
périphériques ne se sentent pas concernées par la coupure
sauvage que le ministre des Affaires municipales pratique dans le transport en
commun à Montréal et ailleurs, de la même façon que
le président Reagan a fait aux États-Unis. Ce n'est pas vrai
qu'il n'y a pas de précédent à la politique qui est
poursuivie de l'autre bord de la Chambre; la politique qui est poursuivie,
c'est la politique "reaganienne". Le président Reagan avait coupé
entièrement toute subvention au transport en commun dans les villes
américaines, ce qui a eu des conséquences cauchemardesques et
catastrophiques. Pour que les électeurs du comté de
Mille-Îles puissent continuer à venir dans leur voiture
climatisée au centre-ville, il faut toujours bien que le métro
leur enlève un peu de voitures dans les rues. Ce serait dans leur
intérêt que le transport en commun ait de l'allure. Ça, je
le dis du député de Mille-Îles mais c'est vrai de tous les
députés de banlieue, quelle que soit leur allégeance
politique. À cet égard, ce qu'on peut voir au Québec,
c'est qu'il n'y a pas de politique de transport. Ce qu'on a au Québec
n'est pas une politique de transport.
M. le Président, brièvement, qu'est-ce qui reste des
trains au Québec et au Canada? Est-ce que vous faites partie, M. le
Président, de ces députés qui, à l'occasion,
essaient le train Montréal-Québec? J'ai déjà
essayé; je le fais encore de temps en temps. Quand on a beaucoup de
temps à perdre, quand on a envie de dormir à bord du train, on le
prend. Mais, M. le Président, vous êtes-vous déjà
interrogé sur le fait que le train qui nous conduit de Montréal
à Québec ou de Québec à Montréal est un
train fait pour voyager à 160 kilomètres à l'heure? Le
LRC, le léger rapide confortable de Bombardier qui nous transporte, il
est fait pour faire 160 kilomètres à l'heure. Je ne sais pas si
le député de Mille-Îles l'a déjà
essayé, mais dans le bout de Drummondville, il fait 30 kilomètres
à l'heure parce que la voie ferrée n'a jamais été
faite pour aller avec le train, mais on a trouvé 400 000 000 $ pour
faire l'autoroute de la rive nord, par exemple. Il y a des pays
européens où on voit à ce qu'un train rapide, un train
confortable, un train à l'heure se développe parallèlement
aux autoroutes, alors qu'ici, vous savez... Il y a eu la période
où on disait: Notre père qui êtes aux deux. Au
Québec, comme ailleurs, c'est souvent: Notre auto qui est dans notre
cour. L'auto prend une importance invraisemblable. Le gouvernement actuel n'est
pas responsable du fait que le train est en train de disparaître comme
moyen de transport en commun au Québec et au Canada, mais le
gouvernement actuel nous a privatisé l'avion; il nous a remis à
l'avion à hélices et ça coûte plus cher d'aller
à Baie-Comeau que d'aller à Paris ou à Miami, Floride.
On a déréglementé dans ce domaine-là et les
régions périphériques - j'insiste là-dessus, M. le
Président - ne se sentent pas solidaires des Montréalais, par
exemple, en matière de transport en commun parce que les citoyens des
régions n'ont eux-mêmes aucun moyen de transport convenable. Il
pourrait y avoir, entre Chicoutimi et Québec, un train qui a de
l'allure; il n'y en a pas. La route, l'hiver, est dangereuse et trop
étroite; les gens le disent avec raison. Le réseau routier n'est
pas dans un bon état et nécessiterait pas mal d'argent pour
être réparé et adapté convenablement. Quant à
l'avion, ceux de mes collègues qui sont de l'Abitibi coûtent
à l'État au-delà de 500 $ chaque semaine pour prendre
l'avion pour Québec, c'est-à-dire plus cher que pour Miami ou
pour Paris. Quel grand facteur de progrès social, c'a été
d'avoir un gouvernement qui a mis la hache dans Quebecair, qui a aboli
plusieurs centaines d'emplois. Il a dit: Le progrès pour les
régions, c'est l'avion à hélices. C'est ça qui nous
transporte, l'avion à hélices.
On n'a pas au Québec de politique intégrée de
transport en commun qui ferait que tous les citoyens, d'où qu'ils soient
sur le territoire, puissent être transportés à un
coût raisonnable, à une vitesse raisonnable et à un niveau
de confort raisonnable. Ça, M. le Président, je pense que c'est
grave parce que, quand on parle en région du transport en commun
à Montréal... Le maire de Val-d'Or disait à la radio, il y
a deux ans: Bien, l'avion est à l'Abitibi ce que le métro est
à Montréal. Et je ne peux pas lui répondre. Je pense qu'il
a raison. L'avion est à l'Abitibi ce que le métro est à
Montréal, un moyen de transport rapide, un moyen de transport qui a de
l'allure.
Or, à cet égard, M. le Président, je résume.
Le projet de loi qu'on a devant nous veut augmenter l'impôt foncier qui
est régressif, veut diminuer considérablement l'argent que le
gouvernement met en matière de transport en commun et, à cet
égard-là, est un pas en arrière pour les usagers du
transport en commun. Et, en terminant, M. le Président, je voudrais dire
au ministre qu'il reste encore ceci de vrai. C'est que l'est de Montréal
n'a même pas... L'est de ITle de Montréal, si on le compare
à l'ouest de l'île de Montréal... il y a un constat qui
reste: dans l'ouest, il y a deux trains de banlieue, l'autoroute 20,
l'autoroute 40, le boulevard Hymus, le boulevard des Sources, l'autoroute 13,
alouette! Il y a 50 kilomètres de ligne de métro. Et maintenant
que l'ouest est desservi, on lit dans The Gazette que pour les
francophones de l'est, le métro souterrain, c'est vraiment nettement
trop cher et il y a des députés libéraux qui partagent ce
point de vue-là.
Donc, M. le Président, le transport en commun va régresser
avec ce qu'on a devant nous et, en terminant, je voudrais souligner une chose.
Le transport en commun, c'est quelque chose de social, mais ça a aussi
une incidence économique. Et pendant que le gouvernement diminue de 1
000 000 000 $ sur cinq ans sa contribution au transport en commun à
Montréal et laisse tomber tout projet d'immobilisation... Parce que le
métro n'ira pas à Laval, il n'ira pas sur le boulevard Pie IX et
il n'ira pas à Rivière-des-Prairies, le métro ne va plus
nulle part. La seule chose qui reste peut-être, c'est un pont parce que
ça, un pont, ça veut dire des terrains et ça on est
sensible à ça.
Mais, M. le Président, je tiens à dire, en terminant, que
l'est de Montréal, au point de vue de transport routier, transport en
commun, transport par train de banlieue, est défavorisé par
rapport à l'ouest et qu'à cet égard-là la mesure
qui est devant nous est régressive. Ça accentue un mode de
fiscalité qui est régressif, ça abandonne le transport en
commun à Montréal, après avoir abandonné le
transport par avion en région et que le fédéral ait
abandonné le train. Et donc, quant à moi, M. le Président,
c'est un grand pas en arrière.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Sur cette même motion, je
reconnais M. l'adjoint parlementaire au ministre des Transports et
député de Rousseau.
M. Robert Thérien
M. Thérien: Merci, M. le Président. C'est
évidemment avec beaucoup de plaisir, surtout comme parlementaire, mais
aussi comme ex-maire, de prendre la parole sur ce projet de loi qui est, en
fait, beaucoup plus qu'un projet de loi, c'est une réforme de fond, M.
le Président.
J'écoutais - si je peux me permettre de prendre quelques minutes
- le député de l'Opposition et je suis convaincu, M. le
Président, que les arguments amenés ne feront pas bouger le
ministre parce que la faiblesse des arguments, depuis le début du
débat, fait en sorte que ça donne raison, justement, au ministre
de parler et d'avancer avec sa réforme au niveau de la
fiscalité.
M. le Président, comme je le disais tantôt, c'est plus
qu'une loi, c'est une réforme de fond dans le monde municipal qui a un
but, un objectif: une recherche d'équité, M. le Président.
Et ça, c'est fort important. Il n'y a aucune personne au Québec
qui est élue qui ne recherche pas l'équité pour ses
citoyens. C'est ce que recherche le gouvernement pour ses municipalités,
une équité dans toutes les régions du Québec, M. le
Président. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'on recherche cette
équité-là.
Quand on parle de la première réforme fiscale faite par
l'ancien gouvernement, on cherchait aussi l'équité. On avait,
dans cet objectif-là, un fascicule qui était le fascicule 5,
qu'on s'est empressé de mettre sur les tablettes parce qu'on avait peur
de parler de ce fascicule qui mettait de l'avant, justement, la voirie. M. le
Président, le député d'Abitibi, j'en suis convaincu, va
utiliser son droit de parole. Il l'utilisera tantôt, mais le fascicule 5,
M. le Président, justement, mettait de l'avant ce que le ministre des
Affaires municipales met de l'avant. Si on regarde la réforme qui a
été proposée, il y a un mot qu'il faut retenir: partage
des responsabilités, partage dans l'utilisation des services, dans
l'identification de ceux qui utilisent les services et de ceux qui doivent
payer justement les services utilisés. C'est ça, la
réforme qui est mise de l'avant. Identifier ceux qui utilisent les
services et faire payer ceux qui en bénéficient et non faire
payer ceux qui ne les utilisent pas. C'est ça, la loi qui est
présentée devant nous. (18 heures)
M. le Président, je laisserai mes autres collègues parler
du transport en commun, mais je veux quand même ouvrir une
parenthèse sur le transport en commun. Je pense qu'il n'y a pas une
personne au Québec qui soit contre le fait que cette loi-là
s'attaque aux déficits d'opéra-
tion. C'est ça que le gouvernement du Québec ne veut plus
financer. On sait tous que le ministère des Transports va continuer
à financer l'immobilisation, mais on dit non au déficit
d'opération. Est-ce que quelqu'un de l'Abitibi, est-ce que quelqu'un des
Laurentides, quelqu'un de Lanaudière va être contre le fait qu'on
impose aux Québécois un déficit que d'autres personnes
font en leur nom? M. le Président, c'est ça,
l'équité qu'on met de l'avant.
Mais je m'attaquerai surtout, M. le Président, à la voirie
locale. On a bien parlé de la voirie locale, qu'on était pour
appauvrir nos régions, appauvrir nos petites municipalités. Il
faut regarder les deux objectifs de cette réforme au niveau de la voirie
tertiaire. Cette réforme est basée, une fois de plus, sur
l'équité et elle est basée sur l'effort fiscal
déjà entrepris par les municipalités. Quand je parle
d'iniquité... justement, je le lui ai rappelé à quelques
reprises, au député d'Abitibi. Je vous donne un exemple, M. le
Président, la MRC d'Abitibi-Témiscamingue, 400 kilomètres
de route au niveau de la MRC, 40 kilomètres seulement aux frais des
municipalités, 360 kilomètres subventionnés par
l'État, 360 kilomètres, M. le Président, avec une
compensation pour les chemins d'hiver offerte depuis des années à
l'Abitibi.
Dans mon comté, M. le Président, une seule
municipalité, je vous la cite en exemple, Saint-Donat, 115
kilomètres de route, 85 kilomètres à la charge de la
municipalité. Pourquoi la municipalité de Saint-Donat a à
sa charge 85 kilomètres quand toute une MRC de l'Abitibi a seulement 40
kilomètres? C'est ça que le ministre veut replacer. C'est pour
ça que le gouvernement dit que c'est inéquitable.
Inéquitable, cette grandeur de routes que l'Abitibi avait, qu'elle avait
de compensation que, chez nous... Chez nous, je vous le dis, M. le
Président, dans mon comté, on ne pouvait pas en
bénéficier. Vous avez un exemple tangible, 400 kilomètres,
360 aux frais de l'État versus mon comté, une
municipalité, 115 kilomètres, 85 kilomètres aux frais de
la municipalité. Pourquoi ça? Y a-t-il un maire au Québec
qui va s'opposer à ce qu'on ramène l'équité? Est-ce
qu'il y en a un? Il n'y en a pas, M. le Président. Moi, dès le
début de la réforme, dès le début, comme ex-maire
et comme parlementaire, j'ai appuyé cette réforme. Bien entendu,
il y a eu des aménagements et je pense que c'est tout à fait
normal. Le ministre, le gouvernement était prêt à discuter.
Vous avez vu le contexte et je pense qu'on a pris nos responsabilités
là-dessus, on est allé de l'avant, et on s'aperçoit que le
climat redevient beaucoup plus favorable lorsqu'on comprend la loi.
Je vous cite un exemple, M. le Président, une petite histoire
tout à fait vécue au Québec, dans une municipalité.
Je reçois une lettre d'un des conseils de ville de mon territoire disant
qu'il est contre la réforme dite Ryan, qu'il appuie les unions
municipales. En regardant le tableau, je m'apercevais que la
municipalité baissait de taxe. Je lui ai répondu, M. le
Président, un accusé réception disant que j'accueillais sa
demande d'appui, mais est-ce qu'il refusait la baisse de taxes du ministre dans
sa propre loi parce qu'on ramenait l'équité parce que cette
municipalité avait été trop imposée dans le
passé. C'est ça qu'elle dit, la réforme, tout
simplement.
Ce n'est pas d'aujourd'hui cette recherche d'équité. Au
niveau de la voirie locale, on vient tout simplement concrétiser une
démarche que le gouvernement avait entreprise en 1986 avec la loi 112.
On avait voulu commencer à parler aux unions municipales pour rapatrier
la voirie tertiaire. Nos voisins de l'Ontario l'on fait depuis 20 ans, et quand
les gens nous citent que les routes sont plus belles en Ontario qu'au
Québec, c'en est une des raisons. Mais ce qu'on a souvent oublié
de dire dans le débat, M. le Président, c'est que deux budgets au
niveau de la voirie locale ont été augmentés: un budget de
compensation de 51 000 000 $, qui n'existait pas, pour ceux qui ont
déjà fait un effort, ceux qui ont déjà
participé à l'amélioration du réseau, et on double
la subvention sur le réseau municipal.
M. le Président, on a souvent évité de parler des
bons côtés de cette réforme-là. Et là, on
vient justement d'abaisser le coût de 43 000 000 $ à environ 20
000 000 $ pour identifier qu'on ne veut pas, justement, approfondir les
régions, les petites municipalités. On veut tout simplement
donner les dus aux municipalités qui ont déjà
contribué. Si c'est ça que l'Opposition conteste,
l'iniquité qui existait dans le réseau, bien, il va falloir
qu'ils l'expliquent avec des bons arguments. Ces arguments-là ne
convainquent personne. Absolument personne.
M. le Président, je voudrais vous parler aussi d'un
deuxième volet qui est, vous comprendrez bien, la contribution des
services de police. Là aussi, il y avait une iniquité. Je peux
vous dire une expérience passée. En 1980, il y a une loi qui a
été déposée, la Loi de police, la loi 48, qui
imposait un corps de police à toutes les municipalités
d'au-delà de 5000 de population. Je peux vous dire le résultat:
Aucune ville n'a suivi la loi imposée par le gouvernement à cette
époque-ià. Je peux rappeler au député de
Jonquière qui, à l'époque, était président
de l'UMQ, qu'il a signé, conjointement avec le président de
l'UMRCQ et conjointement avec le président du Comité des maires,
qui était moi en l'occurrence, M. le Président, à l'effet
d'enlever l'imposition de formation d'un corps de police pour payer la
Sûreté du Québec. C'est exactement ça que la
réforme dit. C'est exactement ça. Qu'on le rappelle, en 1981, le
député maintenant de Jonquière a signé un document
conjointement avec l'autre union et le représentant des maires qui
disait qu'il fallait que ce soit plus équitable; pas seulement les
municipalités qui ont en haut de 5000, c'est toutes celles qui ont des
services.
Je vous ramène au point de départ de mon
allocution qui disait: II faut bien identifier les services que les gens
utilisent et les faire payer aux utilisateurs. C'est bien entendu qu'il peut y
avoir beaucoup de discussions sur le tarif, sur les modalités.
Là-dessus, je pense que le ministre a très bien indiqué
qu'on est capables de s'asseoir et d'écouter les interventions.
Déjà, on en a écouté, des interventions, et en
particulier celles des députés ministériels qui, sans
cesse, ont été consultés par le ministre et qui ont pu
faire modifier la tarification; et ce n'est pas encore fini.
On va être en commission parlementaire et j'espère que
ça va être court. J'espère que les députés de
l'Opposition vont arriver avec des suggestions qui vont venir modifier,
bonifier cette recherche d'équité. C'est ça, M. le
Président. Il faut se rappeler des gestes qui ont été
posés dans le passé. Pourquoi taxer les municipalités d'en
haut de 5000 de population en disant que c'est eux? Vous savez que les services
de police, ce n'est pas nécessairement une question de population. C'est
une question de criminalité, une question d'utilisateurs. Et on a un
exemple tout à fait tangible. Il y a des municipalités qui sont
à 3500 de population et, l'été, ils sont à 45 000,
ils sont à 40 000. Ils utilisent quatre ou cinq fois plus la
Sûreté du Québec que d'autres municipalités qui sont
en haut de 5000. Heureusement que le Parti québécois, à
l'époque, n'avait pas décidé de mettre de l'avant le
projet de loi qui était tout à fait inconséquent. Et la
preuve que c'était inconséquent, c'est qu'on ne l'a pas
imposé et il n'y a pas une municipalité qui a suivi cette
démarche.
Le ministre dit que tout le monde au Québec va payer, tout le
monde va payer parce que tout le monde utilise la Sûreté du
Québec. Et ce n'est pas juste une question - j'écoutais le
député de Pointe-aux-Trembles - que le gouvernement du
Québec n'arrive pas dans ses finances publiques et va puiser ça.
Il y a bien des journalistes, M. le Président, qui disent que c'est une
réforme de fond, c'est une réforme nécessaire. Je le
rappelle, elle était amorcée aussi dans le fascicule 5 qui disait
qu'il faut absolument... On l'a vu par le rapport Parizeau aussi; quand on
parlait de la voirie, on parlait des utilisateurs, M. le Président.
Donc, nous dire que c'est une réforme bâclée, que
c'est une réforme sans consultation, je pense, M. le Président,
que c'est parler tout à fait à travers son chapeau. Une
discussion, ça se fait quand quelqu'un est prêt à envisager
les conséquences à ces discussions-là, à faire un
pas de part et d'autre. Mais moi, je ramène le débat au principe
de base, M. le Président. Il faut être équitable. Il faut
que le citoyen du Québec paie ce qu'il utilise, et ne paie pas ce qu'un
autre n'utilise pas. (18 h 10)
Bien entendu, il y a des services que tout le monde doit payer, que ce
soit au niveau scolaire ou que ce soit au niveau des régions
éloignées. Bien entendu, bravo! Mais je vous ramène aussi
à l'exemple que je donnais. Pourquoi une région
bénéficierait-elle de 360 kilomètres de compensation au
niveau de l'argent pour l'ouverture de ses chemins d'hiver quand, chez nous, on
ne l'aurait pas. Pourquoi ça? Il n'y a pas beaucoup de personnes qui
sont capables de me dire pourquoi de l'autre côté.
C'est empirique. C'est tout à fait empirique et même
historique, M. le Président. Moi, je vous dis: Plus la loi est connue,
plus elle est comprise, M. le Président, plus elle est satisfaisante.
Une réforme de base, on ne tombe pas en amour du jour au lendemain avec
ça, M. le Président, mais on s'aperçoit à quel
point c'est satisfaisant pour les petites municipalités. J'en ai trois
dans mon comte qui n'ont pas de corps de police. Leurs comptes de taxes vont
diminuer parce qu'elles payaient trop dans le passé. On est d'accord
avec ça. On est d'accord pour que tout le monde bénéficie
d'une même réglementation au Québec.
Donc, M. le Président, c'était une réforme
nécessaire. Je l'ai dit dès le départ, j'ai eu l'occasion
d'être au municipal. J'ai eu l'occasion, juste avant, de vivre ces
iniquités qu'on ne réglait pas au niveau du fond, qu'on
réglait de façon temporaire. Donc, M. le Président, j'ai
appuyé cette loi lorsqu'elle a été déposée.
Je vais continuer de l'appuyer. Je vais continuer de l'expliquer pour le bien
des municipalités au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rousseau. Mme la députée de
Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Compte tenu de
l'heure, je croyais qu'on pourrait ajourner le débat, mais je pense que
je vais profiter de la présence de M. le ministre en Chambre pour lui
faire quelques commentaires. Je n'ai pas assisté à son dernier
discours, mais j'ai fait sortir les galées, M. le Président, et
j'ai étudié attentivement les commentaires du ministre, son
discours et tout, et j'ai ressorti quelques points. Ressortir tous les
chiffres, il n'en est pas question. Ils ont été sortis et
ressortis et je pense que le Québec les connaît par coeur,
maintenant.
Bien sûr, il y a un adoucissement de sa réforme. Je dis
réforme, mais ça, permettez-moi de douter du mot si c'est une
véritable réforme, mais même si on utilise le mot, il y a
un adoucissement certain. Mais cependant, ce qui ressort de l'ensemble de cette
réforme, c'est la responsabilisation au niveau municipal. Ce qui ressort
aussi, c'est le contrôle des dépenses du gouvernement. Ce qui
ressort aussi, c'est de vouloir, dans différents champs, remettre -
comme je le
disais tantôt - des responsabilités aux
municipalités.
Au niveau de la responsabilisation, le ministre de l'Éducation,
l'ex-ministre de l'Éducation qui nous a toujours habitués
à une certaine rigueur, pour ne pas dire à une rigueur certaine
dans ses discours, dans sa manière de faire et tout, parle de
responsabilisation. Est-ce qu'on peut parler de responsabilisation en remettant
simplement une facture?
Reprenons un processus éducatif, puisque le ministre a
déjà été en éducation. Est-ce qu'on peut
responsabiliser quelqu'un ou un individu simplement en lui donnant la facture?
Je ne le crois pas. C'est peut-être en lui disant: Tu vas payer pour tes
choses, cependant, je vais te donner une capacité de payer aussi. Donc,
on remet une facture aux municipalités, mais on déduit d'autant
ce que les contribuables sont obligés de payer au gouvernement. Mais ce
n'est pas ça qui se passe. Il remet la facture, mais il garde le montant
de taxation qu'il recevait, lui, et les impôts n'ont pas baissé.
Donc, responsabiliser, pour le ministre, c'est simplement redonner une facture
à faire payer aux municipalités. Ça, c'est
contestable.
Ce qui ressort aussi de la réforme, c'est que le gouvernement,
bien sûr, veut contrôler les dépenses, M. le
Président. Mais il veut plus que contrôler les dépenses. Il
veut aussi baisser la dette. Mais, est-ce qu'il l'a baissée la dette? Il
le dit très bien. "Malgré les effets, les mesures de compression
très sévères - il le dit lui-même, je prends ses
propres paroles - arrêtées par le gouvernement, nous allons, en
1991-1992 vers un déficit de 3 500 000 000 $." Ça ne baisse pas.
Donc, on multiplie la taxation aux contribuables. On remet des factures
généralement assumées par le gouvernement, on les remet
aux municipalités et la dette ne baisse pas. En toute logique, je pense
qu'on est en droit, sans vouloir être critique pour être critique,
de s'interroger et de se dire: Mais qu'est-ce qu'il fait de notre argent, nom
de Dieu? Les impôts ne baissent pas. La taxation, mais c'est incroyable
la somme de taxes qu'on remet aux contribuables. Les taxes des
municipalités, ça ne baisse pas; on devient... C'est logique
d'arriver à la conclusion qu'on est mal administrés, M. le
Président.
Mais il y a surtout une chose, une citation du ministre, qui m'a
frappée et je pense que c'est la phrase qui m'a le plus frappée
dans son discours: "Nul ne peut donner ce qu'il n'a pas". Quelle justesse de la
part du ministre, je l'ai reconnu. Cependant, moi, je lui ferai la
démarche inverse. Le contribuable non plus ne peut pas donner ce qu'il
n'a pas. Le gouvernement dit: Je ne peux pas donner ce que je n'ai pas, donc je
vais vous donner des factures. Ça, j'en ai, je vais vous en donner. Mais
en bout de ligne, dans son processus, on dit: Le fédéral donne
ses factures au provincial, le provincial les envoie aux municipalités.
On dirait que le cheminement, le processus intellectuel, le raisonnement du
ministre, ça s'arrête là. Il y a oublié le dernier
bout, que la municipalité, elle, va donner la facture au contribuable et
que le contribuable, il est étouffé de toutes parts. C'est la
commission scolaire, ce sont les taxes sur... la TPS, la TVQ, le gaz qui
remonte, sur tout, tout. Parce qu'on est taxés sur les produits. Les
impôts n'ont pas baissé. Et là, les commissions scolaires
taxent encore plus et les municipalités taxent. Là, ils envoient
une facture... Le contribuable, il n'est plus capable de payer.
Alors j'ai envie de reprendre, et je reprends les mêmes phrases
que lui: Nul ne peut donner ce qu'il n'a pas, mais pas au niveau du
gouvernement, au niveau des contribuables. Et au moment ou le gouvernement veut
responsabiliser les municipalités, il ne pense pas que, peut-être,
les contribuables peuvent être portes à vouloir responsabiliser le
gouvernement? Ils ne peuvent pas le faire tout de suite, mais j'ai comme
l'impression que lorsque les élections vont arriver, les contribuables
vont dire c'est notre... le moment est venu de responsabiliser le gouvernement.
On va l'envoyer réfléchir chez lui un petit bout de temps.
Ça pourrait peut-être ressembler à ça.
Et il continue; une autre chose qui m'a frappée,
différentes petites choses... Il dit: Si le gouvernement doit mettre fin
à certaines subventions parce qu'il a absolument besoin des sommes ainsi
versées, il doit absolument les récupérer pour les
employer à des fins plus directement reliées à ses
responsabilités propres. Il continue; les revenus additionnels, et
là, je vais vous lire quelques passages, et vous allez voir l'esprit
avec lequel le ministre a fait sa réforme. Je dis bien, entre
guillemets, sa réforme. Tout d'abord des revenus. Il permet... tu sais,
il fait une faveur aux municipalités. Il dit: Je vous permets d'aller
chercher de l'argent. Tout d'abord, des revenus additionnels de 147 600 000 $,
147 000 000 $ oui, et demi, se retrouveront dans les caisses des
municipalités et des organismes publics de transport en commun sans que
ces organismes aient à lever le petit doigt pour y avoir accès,
et ce, dixit le ministre. (18 h 20)
Là, ça me dépasse, M. le Président. Vous
avez le droit d'aller chercher de l'argent, je vous autorise à aller
chercher de l'argent. Vous n'avez pas le petit doigt à lever. Mais ce
qu'il oublie, c'est que les maires, les conseillers, les conseils municipaux,
qui sont près de la population, M. le Président, qui les
rencontrent a tous les jours, qui sont sensibles aux besoins de ces
gens-là, qui sont sur le terrain avec eux pour recueillir les
commentaires, vont leur dire que ça vient de leurs poches. Ils vont leur
dire à leurs maires et puis a leurs conseillers, oui, on ne sera pas
capables quand les comptes de taxes vont arriver. Et pensez-vous que les
maires, lorsqu'ils ont contesté, et puis que l'Union des municipali-
tés a contesté... Une primeur au Québec, que des
élus se permettent de venir sur la colline parlementaire pour contester
d'autres élus d'un niveau supérieur. Ils le savent, les maires,
ce qui va leur arriver.
J'étais à une sortie de comté en fin de semaine, et
puis je rencontre un maire, en l'occurrence - j'ai 18 petites
municipalités - qui me dit: Ça n'a pas de bon sens. Je ne vous
dirai pas les mêmes paroles, ce n'est pas parlementaire. Ça veut
dire... oui simplement, je veux vous dire, M. le Président, il a dit que
ça n'avait pas de bon sens. Puis il dit que le pire, là, c'est
que ce sont les citoyens... Ça n'est pas tout le monde qui suit
ça, les débats politiques. Vous savez, les politiciens ont perdu
tellement de crédibilité que ça n'est pas tout le monde
qui suit ça. Il dit: C'est quand ils vont avoir la facture, dans deux
ans, dans trois ans à peu près, là, toute la masse va
arriver, puis, là, ils vont savoir exactement ce que... Il dit: Moi, je
viens en élection cette année-là. Je suis fini, il dit.
C'est de même qu'il m'a dit ça. Je suis fini, je suis
brûlé... Bien oui, mais je lui dis, dis-leur que ce n'est pas toi.
Dis-leur que c'est le gouvernement qui fait ça. Mais il dit, il faudrait
les informer. J'ai dit: Fais donc ça, informe-les donc tout de
suite.
C'est pour ça que je trouve ça complètement
irresponsable lorsqu'il dit qu'ils n'auront peut-être pas à lever
le petit doigt, lis n'auront peut-être pas à lever le petit doigt,
sauf qu'ils vont voir la réaction sur le terrain tout de suite, par
exemple. Ils vont la vivre, eux, cette réaction-là.
Tout ça m'amène à dire que je suis
déçue, mais énormément déçue, pas de
la réforme, mais du ministre qui nous avait habitués, on le
convient tous, à énormément de rigueur intellectuelle. On
disait qu'il faisait bien ses devoirs. C'est à ça qu'il nous
avait habitués. Là, il a oublié complètement une
étape de ses devoirs, il a oublié la réalité
vécue sur le terrain. Et contrairement à ce que dit son
collègue, le ministre de la santé, qui dit: Ma réforme de
la santé est pour le citoyen... Il faudrait que le ministre de la
santé, le ministre Côté dise ça à son
collègue, le ministre des Affaires municipales parce que le ministre des
Affaires municipales a complètement oublié le citoyen, en bout de
ligne, il a oublié que c'était lui, le payeur de taxes.
Je pense que j'ai le temps de vous faire une "similitude". Ça me
fait penser quand on arrive au niveau de la spécialisation en
éducation et qu'un étudiant peut avoir trois ou quatre
professeurs qui ont trois ou quatre matières différentes. On
retrouve ça au secondaire, au cégep, à
l'université. Je me souviens que les étudiants du secondaire,
parce qu'à l'époque j'enseignais au secondaire - j'ai
enseigné une couple d'années au secondaire, M. le
Président, je vous fais des confidences - ils reprochaient quoi aux
professeurs? Ils disaient: Ça n'a pas de bon sens, chacun nous donne des
devoirs pour remplir notre soirée. Vous savez, ce qu'on disait, des
devoirs. Ça me fait penser quand je disais que M. Ryan a mal fait ses
devoirs. L'autre professeur fait la même chose et l'autre professeur fait
la même chose et ils disent: Finalement, ça n'a pas de bon sens,
on est débordés. Jusqu'à temps que les étudiants
rassemblent leurs professeurs et leur disent: Écoutez, là, vous
ne pourriez pas vous concerter un peu? Vous ne pourriez pas coordonner
ça pour qu'en bout de ligne un sache les devoirs qu'il fait faire et la
masse de travaux que l'étudiant aura à faire?
Je n'ai pas pu ne pas faire une "similitude" avec ce qui se passe
là. La commission scolaire envoie son compte. Les municipalités
vont envoyer leur compte. La TPS arrive par-dessus, les frais de
scolarité. Mais en bout de ligne, c'est toujours le même
contribuable qui paie. La masse devient tellement grosse qu'il ne sera plus
capable de payer. On le sait très bien, M. le Président, la
classe moyenne est en train de basculer dans la classe pauvre, avec un taux de
chômage comme on a présentement. On le sait, il y aura de moins en
moins de gens capables de les payer. La capacité de payer des
contribuables est arrivée à son point de saturation. Si seulement
le gouvernement avait fait la démarche inverse, en prenant la
capacité de payer des contribuables, le niveau de taxation du
Québec par rapport à d'autres provinces, par rapport à
leur capacité de payer, peut-être qu'on serait arrivé
à un gouvernement qui aurait fait un examen de conscience et qui aurait
dit: Peut-être qu'on gaspille à certaines places ou
peut-être qu'on gère mal. Peut-être que là, il
remettrait en cause sa décision dans des projets comme
HydroQuébec, et j'en passe.
Je finirai, je conclurai, M. le Président, en disant: Nul -
j'invite le ministre à y réfléchir - ne peut donner ce
qu'il n'a pas. Nous sommes arrivés à un point où le
contribuable n'a plus la capacité de payer ce que le gouvernement et les
différents corps municipaux lui demanderont de payer. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Verchères.
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne les travaux de cette
Assemblée à demain, le mercredi 29 mai, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 27)