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(Dix heures quatre minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît.
Ce mercredi 16 octobre, nous entreprenons les travaux de
l'Assemblée nationale à l'étape des affaires du jour.
Affaires inscrites par les députés de
l'Opposition
Motion proposant que le gouvernement
proroge la présente session et soumette
un plan de relance de l'économie
par un nouveau discours inaugural
À l'étape des affaires du jour, nous entreprenons lesdits
travaux aux affaires inscrites par les députés de l'Opposition,
à savoir la motion du leader de l'Opposition officielle qui se lit comme
suit: "Que le gouvernement fasse en sorte que la présente session soit
prorogée et qu'il soumette d'urgence à l'Assemblée un plan
de relance de l'économie du Québec par l'entremise d'un nouveau
discours inaugural."
Avant que le débat ne s'engage, je vous informe de la
répartition du temps de parole établie pour la discussion de
cette motion. Mise à part la réplique de 15 minutes
accordée à l'auteur de la motion, à savoir M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle, et les
15 minutes allouées à l'ensemble des députés
indépendants, les deux groupes parlementaires se partageront
également la période consacrée à ce débat.
Le temps non utilisé par l'un des groupes ou par les
députés indépendants ne sera pas redistribué. Dans
ce cadre, les interventions sont limitées à une durée de
60 minutes chacune. Enfin, la motion sera débattue à l'occasion
de deux séances du mercredi.
Je suis prêt à entendre le premier intervenant, à
savoir le parrain de la motion, M. le député de Joliette et
leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Nous avons
décidé, dans le cadre de notre première motion du
mercredi, de demander au gouvernement qu'il proroge la session et qu'il
procède rapidement à un nouveau message inaugural afin de nous
présenter un véritable plan de relance en matière
économique. Pourquoi faisons-nous cela? Nous nous sommes promenés
à travers le Québec, au cours des derniers mois, des
dernières semaines, et, partout, on nous pose les mêmes questions:
Qu'est-ce que le gouvernement Bouras-sa attend pour arrêter de nous
taxer? Qu'est-ce que le gouvernement Bourassa attend pour nous présenter
un plan de relance économique? Ça va mal dans tous les secteurs
de l'activité économique, a-t-il un plan et quand va-t-il nous le
présenter? A-t-il des idées, des idées neuves à
nous présenter? A-t-il des programmes à mettre sur pied pour
faire cesser la fermeture d'usines, etc.? Fondamentalement, voilà une
question à laquelle les gens de l'Opposition ne peuvent pas
répondre, et le gouvernement non plus, parce qu'il n'a pas d'intention
arrêtée, de volonté politique claire.
Une autre question: Est-ce que le gouvernement, fondamentalement, est
prêt à faire de quoi pour les fermetures d'usines? Et, enfin - et
ce n'est pas la moindre question - les gens nous demandent également:
Où va le gouvernement Bourassa en matière constitutionnelle?
A-t-il une orientation précise? Pourquoi laisser planer autant de doute,
autant d'incertitude? Sait-il où il va?
Donc, M. le Président, un discours inaugural, c'est
précisément le moment où un gouvernement fait part de ses
volontés politiques. C'est le moment où le gouvernement indique
ses pistes de réflexion et ses intentions fermes d'agir. Ça fait
un bon bout de temps, M. le Président, puisque le discours inaugural
remonte au mois de novembre 1989. Il serait grandement temps, M. le
Président, qu'on connaisse les volontés de ce gouvernement.
Qu'a-t-il concrètement, d'abord, pour relancer l'économie?
M. le Président, le taux de chômage au Québec est
monté à 12,1 % en septembre; il était à 12 % au
mois d'août. Le taux de chômage est à peu près stable
depuis le mois de mai ou juin à 12 %, alors que dans la province
voisine, province à laquelle se réfère continuellement ce
gouvernement, le chômage est baissé à 10,2 % et à
9,2 %, en Ontario. Pendant la même période, nous, on est stable ou
on monte. Qu'est-ce que le gouvernement fait, M. le Président? Qu'est-ce
que le gouvernement a l'intention de faire?
Les faillites d'affaires sont 42 % plus nombreuses au Québec
qu'en Ontario. De janvier à août 1991, il y a eu 3477 faillites
d'affaires au Québec, 27 % de plus que pour la même période
en 1990. En Ontario, 2453. La récession est dure là aussi, mais
c'est au-delà de 1000 faillites d'affaires de plus au Québec
qu'en Ontario. Il faut se poser la question: Pour quelle raison? Pour quel
motif? Et qu'entend faire le gouvernement face à cette anomalie, M. le
Président? Rien pour le moment, M. le Président.
Les mises en chantier sont en décroissance. De janvier à
septembre 1991, 25 618 mises en chantier, soit 19 % de moins qu'en 1990.
À ce rythme-là, ce sera un taux annuel d'environ 32 000 mises en
chantier. Qu'est-ce que le
gouvernement fait pour relancer l'économie? Qu'a-t-il l'intention
de faire? Vous ne le savez pas. Les gens nous questionnent, on ne peut leur
répondre. Il est temps que le gouvernement fasse connaître ses
intentions, ses orientations, M. le Président.
Les ventes au détail ont été de 7 % plus faibles
pour le premier semestre de 1991 par rapport à 1990, je pense que
ça doit inquiéter un gouvernement. Il doit se pencher
là-dessus et dire ce qu'il entend faire. On ne sait rien, on ne peut pas
répondre aux questions de nos concitoyens. Les livraisons
manufacturières ont aussi reculé de 7 % de janvier à
juillet 1991 par rapport à 1990, et c'est au Québec, M. le
Président, que l'inflation est nettement plus élevée
qu'ailleurs. Par exemple, en Ontario, c'est 5,1 % d'inflation; au
Québec, 7,5 % d'inflation. Qu'est-ce que le gouvernement fait? On ne le
sait pas. À Montréal, 7,6 %; dans la ville de Québec, 7,4
%; à Toronto, 4,6 %, un écart, M. le Président, de 3 %.
C'est extrêmement grave, cette situation, et on fait quoi? On ne le sait
pas. On a l'intention de faire quoi dans ce gouvernement? On ne le sait
pas.
C'est l'occasion qu'on lui donne ce matin, M. le Président, de le
dire, de faire ce qu'on lui suggère, comme on lui a
suggéré il y a quelques semaines de surseoir à son
idée de taxer les services à compter de janvier. Il devrait
suivre également la suggestion qu'on lui fait ce matin de proroger cette
session, de prononcer un discours inaugural et de faire en sorte d'indiquer
à la population, de répondre aux questions de nos concitoyens et
de nos concitoyennes, des questions qu'on nous pose régulièrement
et auxquelles seul le gouvernement, parce que c'est lui qui est élu,
peut répondre, M. le Président.
Et ça ne vous émeut pas, vous du pouvoir, de voir autant
de difficultés financières. Je regarde des ministres dire: Non,
ça ne nous émeut pas. La structure industrielle de
Montréal s'effondre littéralement, ça ne vous émeut
pas, vous n'êtes pas sensibles à ça. Les régions du
Québec se vident et agonisent. Qu'on aille en Abitibi
présentement, qu'on aille dans la Gaspésie, qu'on aille en
Mauricie, qu'on aille dans Laurentides-Lanaudière, c'est des 13 %, 14 %
de chômage, ça ne vous effraie pas, ça ne vous émeut
pas, ça ne vous dérange pas. Ça va bien! Ça va bien
alors que le chômage monte ici et descend ailleurs et ça ne vous
ébranle pas.
M. le Président, je posais une question hier, en cette Chambre;
le domaine minier, c'est catastrophique, 2 000 000 $ dans la prospection ou
dans l'exploration contre 525 000 000 $ en 1987, ça ne dérange
pas. Depuis 1988 que la ministre nous répond qu'elle étudie. De
temps en temps il faut cesser d'étudier et accoucher de résultats
concrets, M. le Président! On cherche des solutions depuis 1988 dans le
domaine de l'exploration minière. On n'a encore trouvé aucune
solution. L'Abitibi est passée d'un taux de 5 % de chômage
à plus de 14 %. Et les gens nous disent: C'est parce qu'il y a des gens
qui sont sortis du système parce que c'est peut-être 20 %, 25 % ou
30 % de chômeurs que nous avons réellement en Abitibi. Pas de
solution, M. le Président. La ministre est allée dire, cependant,
à Rouyn-Noranda: C'est la déconfiture totale. Une admission
d'impuissance alors que les gens nous élisent précisément
pour qu'on se sorte du pétrin. Les gens nous élisent
précisément parce qu'on leur a fait miroiter une capacité
de faire. Et ce gouvernement ne fait absolument, absolument rien!
L'industrie de la forêt est en crise. Aujourd'hui même vous
aurez devant le parlement une partie de la population de
Saint-Michel-des-Saints, du comté de Berthier, qui va venir ici dire au
gouvernement: Mais réveillez-vous! Si notre scierie n'ouvre pas nous
serons littéralement obligés de fermer le village. Une petite
solution assez facile à trouver à part ça. Les gens
collaborent, les élus municipaux, le syndicat des travailleurs, les
chambres de commerce de la place, tout le monde est prêt à y
mettre du sien pour trouver une solution mais le ministre des Forêts,
très lentement, se déplaçant d'un endroit à
l'autre, n'ose pas rencontrer même ces citoyens.
M. le Président, ça fait pitié, ça fait dur.
Ça fait dur, comme on dit en bon québécois. Le taux des
décrocheurs scolaires est si astronomique que l'on frise
littéralement la catastrophe si rien n'est fait. Non, M. le
Président, on s'amuse plutôt à changer l'âge
d'admission alors qu'il y a un urgent besoin de redressement dans ce
secteur-là, de redonner le goût aux jeunes, se repencher, modifier
nos structures s'il le faut, en éducation, offrir des programmes plus
adaptés. On ne fait rien, M. le Président.
Les usines ferment à tour de bras. Angus à
Montréal, Donohue, Matane, Port-Cartier, les Scieries Grand Remous dans
le comté de Gati-neau, 150 emplois perdus, 4 scieries dans le
comté ou dans la région de Gatineau, 4 scieries. Les gens vont
attendre quoi? Qu'est-ce que le gouvernement va faire? Y a-t-il un plan de
relance? Y a-t-il un plan de soutien à l'emploi? Rien, absolument rien,
M. le Président. On cherche où est le plan de relance, où
sont les idées neuves. Y en a-t-il, des idées, tout au moins dans
ce gouvernement, M. le Président? Sans se vanter, on peut toujours bien
dire que, nous, on a eu à faire face à une récession
économique en 1982 et le Québec a été la
première province du Canada à se sortir de la crise. Pourquoi?
Parce qu'on n'était pas assis confortablement sur nos lauriers à
ne rien faire. Qu'est-ce qu'on a fait en 1982? Ça a été
Corvée-habitation, corvée rénovation où on a
réussi à mettre, dans un programme, travailleurs, employeurs et
gouvernement. Ça a été un programme tellement efficace,
à l'époque, qu'il nous reste encore dans ce programme 12 500 000
$ non dépensés.
La fameuse cenne horaire que les travailleurs mettaient, l'employeur et
le gouvernement, il reste de l'argent. Ça avait contribué,
à l'époque, à créer de l'emploi.
M. le Président, il faut avoir des idées quand on est au
pouvoir. Il faut avoir une volonté politique aussi. Il n'y en a pas.
C'est l'absence totale, M. le Président. Qu'est-ce qu'on avait fait avec
les plans Biron? Les plans Biron assumaient le risque d'emprunt d'une PME.
Combien de PME ont réussi à garder les portes ouvertes de leur
usine, de leur entreprise par les plans Biron 1 et 2? Ce n'est pas surprenant
que le Québec, au sortir de la crise, ait été le premier
gouvernement du Québec, à l'époque, à se sortir de
la crise, avec fierté. Et on sait comment une crise fait mal. Mais
présentement, M. le Président, qu'est-ce qu'on a devant nous? On
a un gouvernement qui explique tout par la rationalisation. Un grand mot.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. le Président, a
fait un très beau discours, dernièrement. Il a découvert
le mot magique, le mot "concertation". Ah! Il a dit: II faut se concerter. Et
là, il a été vivement applaudi. On dirait que ce
bonhomme-là ne sait pas ce qui se passait au Québec avant qu'il
arrive en cette Chambre. Fondamentalement, c'est sa trouvaille, à lui,
la concertation. "C'est-u" beau! Il a oublié qu'avant même 1985 il
y avait un ministre de la concertation au Québec. Il a oublié
qu'il y avait une table de concertation pour l'emploi au Québec. Il a
oublié que c'est précisément son gouvernement qui a
défait tout cela par son arrivée au pouvoir en 1985. Il a lu les
pages 71 et 72 de notre programme et, là, il a dit: II faut que je parle
de ça. Il a été vivement applaudi.
On lui conseille, ce matin, M. le Président - le ministre de
l'Industrie et du Commerce - de lire les pages 73 et suivantes. Il va
découvrir qu'il y a tout un plan dans le programme qu'offre le Parti
québécois pour relancer l'économie au Québec, pour
structurer l'économie au Québec.
M. le Président, on peut bien sortir des limbes quatre ans, cinq
ans après avoir été au pouvoir puis découvrir que
ça va mal, mais il faudrait peut-être expliquer à ce
gouvernement ce qu'est la notion de gouverner. Gouverner, au cas où des
gens ne le sauraient pas après cinq ans, ça veut dire
prévoir. Ce n'est pas constater cinq ans après qu'on a
échoué. Gouverner veut dire prévoir. Mais qu'est-ce que
vous avez prévu comme gouvernement pour le plan de relance
économique? Absolument rien. À chaque question en Chambre de ma
collègue de Taillon ou de mon collègue de Labelle, les
réponses, c'était quoi? Eh bien, ceci constitue une
rationalisation pour les compagnies. On rationalise, M. le Président, en
pleine crise. Je ne nie pas que c'est un phénomène qui se
produit, mais ce que je n'accepte pas, c'est que le gouvernement n'ait pas
compris, n'ait pas senti l'urgence d'agir, n'ait pas fait preuve d'imagination
pour créer des programmes afin d'éviter l'accroissement du
chômage, afin d'éviter des fermetures sauvages d'usines, afin de
faire en sorte que nos Québécois aient un peu d'espoir même
s'ils traversent une crise économique passablement difficile. (10 h
20)
M. le Président, on peut découvrir le monde lorsqu'on est
au pouvoir mais, ordinairement, c'est précisément pour nos
capacités de prévoir que les citoyens du Québec nous
envoient en cette Chambre, c'est précisément parce qu'on sait
quoi faire dans les situations tendues et difficiles: on fait preuve
d'imagination, on crée des programmes innovateurs, on fait en sorte que
nos citoyens sentent qu'ils ont un gouvernement qui sait où il va, qui
les conduit correctement, qui essaie d'éviter le pire. Ce n'est pas en
installant une ligne téléphonique WATS, M. le Président,
1-800-461-AIDE. J'ai l'impression que c'est par cette ligne
téléphonique que le ministre de l'Industrie a découvert le
mot "concertation". J'ai l'impression qu'il y en a qui ont appelé et qui
ont dit: II serait peut-être bon que tu commences à parler de
concertation, ça avait réussi au Parti québécois
autour des années 1984 et 1983. Les gens s'assoyaient à une
même table, travaillaient, trouvaient des solutions, ont même fait
des mises en commun. Rappelez-vous, c'est le Fonds de solidarité de la
FTQ qui a vu le jour, c'est le programme Corvée-habitation qui a vu le
jour. Ça avait été fait précisément en
concertation.
Après qu'on a découvert un mot, M. le Président, il
faut en connaître toute la quintessence, il faut savoir ce que ça
veut dire. Et ça veut dire que ça presse de mettre des choses en
commun? Oui. Ça veut dire que ça presse pour ce gouvernement de
bâtir des programmes, de créer des programmes pour que cessent les
fermetures, pour que cesse l'accroissement au chômage, pour qu'on remette
les gens au travail, M. le Président. Et aussi pour que l'on cesse, bien
sûr, de faire grimper l'inflation comme on le fait en taxant d'une
façon tout à fait inconsidérée, M. le
Président.
M. le Président, les taxes, je voudrais en parler quelques
minutes parce qu'elles ont contribué à cet état de fait.
Ce n'est pas croyable. Je n'ai jamais vu en 15 ans de vie politique, moi, aucun
gouvernement du Québec arriver à taxer pour 3 500 000 000 $ dans
l'espace de même pas deux ans. 3 500 000 000 $. Et ça ne comprend
pas la taxe qui s'en vient, M. le Président, au 1er janvier, la taxe de
services que, j'espère, on va reporter; ça ne la comprend pas; 3
500 000 000 $!
Imaginez-vous quand le contribuable se présente à la pompe
d'essence, avec l'augmentation qu'il a eue, ça rapporte 248 000 000 $ au
Trésor public. Quand on reçoit nos comptes
d'électricité, on le sait comment c'a augmenté, 147 000
000 $. On se présente pour immatriculer son auto, M. le
Président, pour renouveler son
permis de conduire, 50 000 000 $. La réforme Ryan, la police, la
voirie tertiaire, 365 000 000 $. La TVQ qui s'ajoute à la TPS, 15,56 %
sur les produits, M. le Président, c'était supposé
descendre à 7 %, c'est resté gelé à 8 %; ça
rapportera 762 000 000 $ au Trésor public.
Les gens nous disent: Mais comment ça se fait, M. le
député, comment ça se fait que le gouvernement coupe dans
les programmes, qu'il taxe à mort et que le déficit augmente?
C'est une question légitime que se posent les citoyens. Ordinairement,
quand on n'a pas d'argent, qu'on coupe dans les programmes, on n'est pas
obligé de taxer quand on coupe dans les programmes. Mais ce
gouvernement-là, il coupe dans les programmes, il taxe de façon
additionnelle et, comme par hasard, son déficit monte tout près
de 1 000 000 000 $. Où est-ce que va l'argent? C'est ça que les
gens nous demandent. Et ils sont en droit de nous le demander à part
ça.
Où est-ce que va l'argent? Est-ce que l'état des finances
publiques est à ce point rendu, M. le Président, qu'on doive
frapper sur tous les fronts à la fois? La question a été
posée à maintes reprises. Mais jamais, jamais, M. le
Président, on n'a eu de réponse très précise. Et ce
n'est pas surprenant qu'on n'ait pas de réponse sur le plan
économique. On n'en a pas sur aucun des sujets, des réponses.
Bien malin serait celui dans cette Chambre qui pourrait se lever et me dire: Le
premier ministre du Québec sait où il va en matière
économique. Et le premier ministre du Québec sait où il va
sur le plan constitutionnel. Je le questionnerais pendant quelques minutes,
moi, M. le Président, s'il me disait ça parce qu'il est le seul
à le savoir. Une journée c'est blanc, le lendemain c'est noir, le
surlendemain c'est gris. Jamais de réponses claires, jamais
d'orientations précises. Nous faisons face à un gouvernement tout
à fait irresponsable sur le plan économique, mais je pourrais
dire tout autant irresponsable sur le plan constitutionnel.
M. le Président, je me permettrai, bien sûr, de vous en
donner quelques extraits sur le plan constitutionnel, rapidement. On nous a
présenté des offres pas de droit de veto dedans, une clause de
société distincte qui ne veut absolument rien dire, de l'aveu
même du gouvernement fédéral qui l'a écrit dans un
rapport, en voulant dire: On les a eus, les Québécois! On leur
fait miroiter qu'ils ont une clause de société distincte, mais
ça ne veut absolument rien dire, mais probablement que le gouvernement
Bourassa va acheter ça. Un Sénat renouvelé où le
Québec perdrait une représentativité. Une concentration
éhontée de pouvoirs économiques vers Ottawa et ça,
c'est majeur. Tous les agents de développement économique du
Québec nous disent: Ça n'a pas de bon sens qu'on n'ait pas tous
nos outils ici au Québec pour se développer sur le plan
économique. Vous avez vu, ça a pris deux, trois jours avant
qu'ils se dégèlent, pour dire que ça avait plus ou moins
d'allure. Ils ont commencé par dire que ce n'était pas si mal. Le
lendemain, ils ont été obligés de dire que ce
n'était pas bien bon. Et quand ils ont vu que la population, à 76
%, rejetait ces offres, là, ils ont dit: Bien, ce n'est pas bon. Au lieu
de guider la population, ils suivent, ils sont à la remorque de la
population, et ça, c'est inacceptable, pour un gouvernement.
Bref, sur le plan constitutionnel, on est rendu à une situation
pire que le lac Meech. Imaginez-vous si on est loin du rapport Allaire. Ces
gens-là n'ont pas d'idées. Le samedi, très nationalistes,
puis le dimanche, très fédéralistes, ça
dépend du courant qui se lève dans leurs rangs. Et pour
éviter le fruit, c'est-à-dire que la seule raison qui les guide
et qui les motive présentement, M. le Président, c'est qu'ils
doivent, pour sauver l'unité de leur parti, nager dans
l'ambiguïté. Parce qu'ils savent très bien, le jour
où ils vont prendre une orientation précise, que c'est un groupe
qui se détache; c'est ça, fondamentalement. Mais, de grâce!
oubliez le constitutionnel si vous n'êtes pas capables de vous brancher
et essayez de démontrer que ce que vous avez dit aux citoyens, que vous
étiez forts, que vous étiez bons, que vous étiez
intelligents sur le plan économique, prouvez-le! Prouvez-le! Ça
presse, ça urge, M. le Président, qu'on connaisse de ce
gouvernement les intentions fermes, les programmes définis, les
volontés politiques claires et précises.
On ne peut plus continuer à accepter une telle improvisation.
C'est la marque de commerce de ce gouvernement, M. le Président, et je
dois vous avouer que ça fait pitié à regarder. Un jour, la
TVQ sur les services, l'autre, pas de TVQ. Un jour, fédéraliste,
l'autre, "cryptosouverainiste"; ça dépend des jours. Un jour, des
études d'impact scindées sur Grande-Baleine, l'autre jour, non.
Un jour, l'affichage bilingue, le lendemain, l'affichage unilingue. Un jour, on
réduit l'âge d'admission à l'école primaire, l'autre
jour, on l'augmente. En fin de compte, une journée, pas de droit de
veto, l'autre journée, le droit de veto. On ne sait pas où vous
allez.
M. le Président, un gouvernement ne peut pas se comporter de la
sorte. Nous sommes devant un gouvernement désemparé,
dépassé par les événements, un gouvernement qui
oeuvre sur fond d'improvisation et dont les erreurs du passé et
l'indécision chronique qui l'affligent commencent à le rattraper,
un gouvernement qui n'a pas su profiter de l'été - normalement,
les intersessions servent pour ça - pour se prendre en main, un
gouvernement à qui nous disons: Retournez chez vous, faites vos devoirs,
revenez devant cette Assemblée avec un programme économique dans
lequel on aura contribué, je pense, d'une façon assez humble,
à vous faire réfléchir, à nous faire
présenter quelque chose de cohérent qui contribuera à
sortir le Québec, M. le Président, du marasme dans lequel il
est.
Vous regarderez le menu législatif. Il y a trois petites lois au
menu; ce n'est toujours pas le menu qui vous étouffe. Vous ne savez pas
quoi nous faire faire en Chambre. Vous souhaitez qu'on ait des motions non
annoncées à la tonne pour occuper la Chambre de
l'Assemblée nationale. Il me semble, M. le Président, que le
gouvernement pourra le faire assez rapidement. Il l'a déjà fait,
d'ailleurs, en 1988; if a prorogé la Chambre et, huit jours
après, il y avait un discours inaugural. C'est une façon
d'indiquer à nos concitoyens un peu la ligne de conduite qu'entend
suivre le gouvernement. C'est une perche que nous lui tendons, M. le
Président, à ce gouvernement. Nous souhaitons qu'il la prenne
parce qu'un discours inaugural, c'est un discours, me direz-vous, mais c'est
très symbolique et ça dénote... c'est dans ce discours que
l'on indique toutes les pistes de développement, toutes les pistes de
programme. (10 h 30)
Donc, M. le Président, j'incite le gouvernement à prendre
cette motion d'une façon constructive, à cesser d'improviser et
à nous donner les éléments de réponse pour qu'on
réponde à nos concitoyens qui nous demandent: Quand est-ce que
vous allez arrêter de taxer? Quand est-ce que vous allez avoir un
programme cohérent pour la relance économique? Quand est-ce que
vous allez faire quelque chose contre la fermeture d'usines, puis où
allez-vous sur le plan constitutionnel? Voilà, M. le Président,
l'occasion que je veux fournir au gouvernement, et j'espère que
l'Assemblée nationale du Québec saura donner ces réponses
à nos concitoyens. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je suis prêt
à reconnaître le prochain intervenant sur la motion du leader de
l'Opposition officielle, à savoir M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Je vous rappelle, M. le ministre, que vous
disposez d'une période maximale de 60 minutes. Je vous
écoute.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Alors, quel triste spectacle, M. le
Président! Une Opposition dépourvue, superficielle et, surtout,
un leader de l'Opposition agressif, négatif, non pertinent, à la
recherche, encore une fois, de tribunes médiatiques. Pourtant, je
croyais sincèrement, M. le Président, que la population serait
mieux servie, que la population serait mieux informée. Enfin un
débat économique! J'étais très heureux qu'on ait
une option économique. Le Parti québécois a même
dit: C'est une question de priorité. Il y a même une urgence.
On me parle de critique constructive. Une critique constructive, c'est
ce que j'ai bien entendu, tout à l'heure, du leader de l'Opposition.
Mais je commence à avoir des doutes sérieux, des doutes
sérieux et des réserves sur les véritables intentions de
l'Opposition. J'en avais un peu; là, j'en suis certain, je n'en ai plus
du tout, du tout. On n'a pas réagi à des situations. Au
contraire, on travaille au développement économique du
Québec depuis six ans et, même avant le ralentissement
économique de mars 1990, on avait déjà mis en place
certains mécanismes. Et voici qu'on a une motion de l'Opposition qui
veut qu'on arrête de tout faire. Arrêtons! L'Opposition vient de
décider: Nous allons critiquer constructivement ce que vous faites. Mais
pour être crédible, il faut toujours bien être objectif.
Le 18 octobre 1983, M. Lévesque, alors premier ministre du
Québec, se levait en Chambre pour dire ceci: "M. le Président,
cela ne surprendra personne ou, en tout cas, très peu de gens si je
commence en disant que je désire informer officiellement cette Chambre
qu'en vue de consacrer tous ses efforts au cours des prochaines semaines
à la lutte au chômage et à la création d'emplois le
gouvernement a l'intention de proposer, dès l'appel des affaires du
jour, l'ajournement de l'Assemblée au mardi 15 novembre prochain." Donc,
en 1983, ce que l'Opposition nous demande aujourd'hui, l'Opposition l'a fait.
L'Opposition l'a fait en disant, entre autres: On peut ajourner de nouvelles
lois parce que ça peut attendre. Par contre, celui qui se lève en
cette Chambre pour parler encore d'un report dit justement, s'il a bien
été cité, que l'Opposition soutient que le gouvernement
n'a annoncé aucun nouveau projet de loi.
Est-ce que c'est réellement dans des projets de loi qu'on trouve
une stratégie de développement économique du
Québec? Est-ce que c'est parce que notre gouvernement a
décidé de consacrer une grande partie de ses efforts à
promouvoir le développement économique du Québec qu'on
doit lui dire qu'il n'a pas assez de projets de loi? Alors, si je me
réfère à 1983, le premier ministre d'alors avait
décidé de dire que des projets de loi, c'est important, oui, mais
il y a des choses qui sont peut-être plus importantes. Et il disait - je
continue la citation - "La priorité, celle à laquelle tous nos
citoyens nous demandent de nous attaquer de toutes nos forces, c'est
d'accentuer encore nos efforts pour créer des milliers d'emplois dont
nos chômeurs et les jeunes en particulier ont un urgent besoin.
Déjà, le gouvernement a mis en oeuvre, à cet effet, un
plan d'action qui ne trouve son équivalent nulle part ailleurs au
Canada." En 1983! Je pense que je dois répéter ça parce
que c'est un peu ce que le leader de l'Opposition disait tout à l'heure.
Déjà le gouvernement, son gouvernement, en 1983, nous disait: On
a mis en place un plan d'action qui ne trouve son équivalent nulle part
au Canada. Ça, c'est la crédibilité des gens d'en face qui
osent nous reprocher que nous n'avons pas de plan d'action.
Le 10 août 1985, la députée de Taillon disait, et je
cite un journal de la presse cana-
dienne: La candidate à la présidence du Parti
québécois, Mme Pauline Marois, considère que la politique
économique mise de l'avant par le gouvernement du Québec ces
dernières années a été un échec. Avec un
indice de chômage de 12 %, comment pourrait-il en être autrement,
se demande la ministre d'alors, la ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ce que j'ai de la misère à
comprendre, c'est que le premier ministre du Québec, en 1983, s'est
levé dans cette Chambre, a suspendu tous les débats et a dit:
Nous avons le meilleur plan d'action, le meilleur en Amérique du Nord.
Un taux de chômage, deux ans plus tard, de 12 %, noté par la
députée de Taillon. Et, en plus, cette même
députée disait: Je n'ai pas l'impression qu'actuellement on est
équipé et qu'on va réellement changer notre façon
d'agir, notre attitude, notre comportement. Je n'ai pas l'impression qu'on va
briser le cercle vicieux dans lequel on se trouve. C'est ce qu'elle disait. Et
je dois dire à la députée de Taillon... Je voudrais tout
d'abord la remercier, parce qu'elle n'est plus la critique officielle en
matière d'industrie et de commerce.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas dans ce sens-là. Je
voudrais la remercier pour sa contribution - je dois le dire - alors qu'elle
était critique de l'industrie et du commerce et, surtout, d'avoir eu le
courage, à ce moment, de dire des choses assez...
Une voix: Vraies.
M. Tremblay (Outremont): Oui, des choses vraies, c'est vrai, et
de parler d'une certaine urgence. Et quand la députée de Taillon
a été appelée à écrire un article dans La
Presse sur notre économie en état d'urgence, je dois dire que
c'était bien objectif. Et c'était une critique constructive de
certains éléments. La conclusion était la suivante: II
faut, le plus rapidement possible, agir.
M. Parizeau, le nouveau chef du Parti québécois - il faut
en parler un peu - le 17 octobre 1990... C'est ça que l'Opposition fait.
La critique constructive qu'on entend du leader de l'Opposition. Il dit
aujourd'hui, comme il nous le disait la dernière fois: Je vous tends la
main. Je vais faire de la critique constructive. Mais tout ce qu'on entend, ce
sont des statistiques, des données pour nous démontrer que c'est
peut-être ça, c'est peut-être ci. Et même le chef de
l'Opposition, le 17 octobre 1990, qu'est-ce qu'il dit? Il dit: "Ça, ce
sont des pourcentages. Ce sont des abstractions. Ça ne veut rien dire
pour qui que ce soit, sauf, comment dire, ce que peuvent dire des
pourcentages." Si c'est vrai, ça, pourquoi tout ce qu'on entend de
l'Opposition, ce sont des pourcentages, ce sont des statistiques, ce sont des
critiques négatives et jamais rien de positif? Alors, pour une fois, je
suis d'accord avec le chef de l'Opposition. Je suis d'accord que c'est
négatif, ça n'apporte rien au débat, au débat
important auquel nous devons faire face. (10 h 40)
Et quand on parle de crédibilité, parlons de la gestion
des finances publiques. Quand on nous reproche, au gouvernement, de ne pas
avoir tout mis en place, il faut toujours bien être conscient de ce dont
on a hérité. Quand on regarde le déficit important au
niveau des finances publiques en 1985, on s'aperçoit que ce que le Parti
québécois a fait, il a géré de la richesse, il n'a
jamais géré le développement économique du
Québec. Et ça, c'est important. On a vécu au jour le jour
sous le gouvernement du Parti québécois. Il n'y a jamais eu une
planification du développement économique du Québec. Et
c'est ce qu'on ose nous reprocher aujourd'hui.
Et le chef de l'Opposition nous a parlé du plein emploi. Je
pensais qu'il commençait à comprendre quelque chose. Je pensais
qu'il commençait à comprendre que la création d'emplois
permanents de qualité, c'est important. Mais sa conclusion, après
avoir dit que le plein emploi, c'est important, dit: Nous sommes dans un
cul-de-sac. Pourtant, en 1981, il aurait dû savoir ce que sont des
emplois. Sous le Parti québécois, on en a perdu 250 000 emplois,
M. le Président. Quand on parle de 250 000 emplois, on devrait toujours
bien avoir une stratégie de développement industriel pour ne pas
que ça se reproduise.
En 1985, le taux de chômage était à 12 %, le
même taux de chômage que nous avons aujourd'hui. Mais je l'ai
trouvé, ce pourquoi ils n'ont pas fait de stratégie de
développement économique: parce qu'une stratégie de
développement économique, c'est un défi important et
ça implique un plan d'action et, quand on a un plan d'action, on est
redevable, parce qu'il y a un suivi, habituellement, et on responsabilise les
intervenants. C'est ça que le Parti québécois n'a jamais
réussi à faire, un plan d'action, un suivi, la responsabilisation
des intervenants. Là, on va me dire aujourd'hui, après avoir
été au pouvoir pendant 10 ans: On veut faire des critiques
constructives, on voudrait vous aider, alors qu'à toutes les fois qu'on
les entend, c'est pour avoir des choses qui sont réellement
négatives.
Pourquoi on est en politique, M. le Président? On est en
politique pour trouver des solutions concrètes à des
problèmes qui sont excessivement complexes. Il n'y en a pas de solution
simpliste. L'économie, c'est complexe, ce n'est pas simple, mais il faut
voir la situation dans son ensemble et on n'a pas souvent l'opportunité,
justement, d'avoir cette vision globale. Il faut écouter les gens, il
faut pouvoir les regarder dans les yeux et leur dire: Nous comprenons la
préoccupation importante du chômage aujourd'hui, nous avons un
objectif de création d'emplois. Si on ne remet pas le Québec au
travail,
comment on va développer une économie forte? Comment on va
améliorer la qualité de vie de la population? Comment on va
assurer le développement social et le développement culturel du
Québec?
Enfin, M. le Président, nous avons le Parti
québécois sur notre terrain, notre terrain parce que le
gouvernement, notre gouvernement, c'est un gouvernement qui connaît
ça, l'économie. En 1970 - ce n'est pas d'hier - il y en a eu des
objectifs de création d'emplois importants qui ont été
réalisés. Quand on a parlé d'énergie, les premiers
à se lever, c'est le Parti québécois, pour mettre en doute
la vision du premier ministre du Québec, M. Bourassa. Mais il faut
être conscient que, depuis 1985, il y a beaucoup de choses qui ont
été réalisées. On s'adresse enfin aux vrais
problèmes. Quand on a mis de l'avant, en 1985, des objectifs à
l'effet qu'on passerait, éventuellement, d'une économie de
production de masse à une économie de valeur ajoutée,
c'est-à-dire favoriser la transformation secondaire de nos produits au
Québec, il y avait des conséquences importantes. La
deuxième conséquence, qui était la conséquence
normale de la valeur ajoutée, c'était la formation de nos
ressources humaines. Relever le défi technologique était un
troisième objectif. Le quatrième, c'était de s'attaquer
à la conquête des marchés hors Québec et,
finalement, le cinquième objectif qu'on s'était fixé,
c'était de dire: Oui, il faut faire ces quatre objectifs, mais il faut
les réaliser dans le respect de l'environnement.
Aujourd'hui, à cause d'orientations qui ont été
mises sur la place publique, il y a beaucoup plus de cohésion, on doit
le reconnaître, et surtout les gens réalisent que le temps est
à l'action, pas à des retards, pas à des discussions
stériles et simplistes pour trouver des solutions concrètes
à des problèmes qui sont excessivement complexes. Alors, depuis
1986, démontrons ce qu'on a fait. Démontrons de façon
très précise ce qu'on a fait. C'est vrai qu'on est au pouvoir
depuis cinq ans, mais qu'est-ce qu'on a fait depuis cinq ans? On a mis en place
une base solide. On devait, dans un premier temps, s'adresser à la saine
gestion des finances publiques. Ça n'a pas été facile
quand on s'est fixé un objectif de revenus, un objectif de
réduction des dépenses, puis d'essayer, dans la mesure du
possible, de réduire le déficit de façon la plus
importante possible pour s'assurer qu'on ne transfère pas aux
générations futures nos dépenses actuelles. C'est une
décision importante, c'est une décision du gouvernement, une
saine gestion des finances publiques. C'est le début de la base. C'est
le début d'une base économique.
Deuxième chose. On s'est dit: On ne peut pas le faire seul comme
gouvernement, il faut le faire en partenariat. On a développé un
nouveau partenariat entre les entreprises, entre les travailleurs et entre le
gouvernement. C'est important. On le voit aujourd'hui ce que ça commence
à donner, ce partenariat, mais ça a pris du temps.
Troisième élément qu'on a mis en place, c'est la
capitalisation des entreprises. On s'est dit: La base d'un gouvernement, c'est
une saine gestion des finances publiques, c'est un partenariat, mais quand on
regarde les entreprises, la base d'une entreprise, c'est la capitalisation des
entreprises. C'est pour ça que je trouve un peu déplorable que le
chef de l'Opposition ait fait une conférence, récemment, qui dit
que le Québec utilise mal ses leviers économiques. Il est
nostalgique du passé, le chef de l'Opposition. Il voudrait qu'on
revienne au Biron 1 et au Biron 2. Mais le Biron 1 et le Biron 2, ce qu'on a
fait, on a endetté les entreprises. C'est ce qu'on a fait avec le Biron
1 et le Biron 2. Quand on a mis en place le plan de relance du gouvernement, le
chef de l'Opposition a dit: II n'y a pas de demande pour ce genre de
prêt. Je regrette, là on peut le dire, on peut en parier,
ça fait presque un an que le plan de relance est en place. On a
aidé aujourd'hui les dossiers autorisés: 246 entreprises, pour 96
000 000 $. Nous avons encore à l'étude 233 dossiers, pour 97 000
000 $. Il doit y avoir une certaine demande pour ces projets. Et ces projets
ont été faits en partenariat avec les entreprises. Ça veut
dire que si le gouvernement a prêté 97 000 000 $, sensiblement les
banquiers, les promoteurs, les sociétés de capital de risque ont
investi 200 000 000 $. On a réussi à capitaliser davantage nos
entreprises.
Le chef de l'Opposition parle de la Caisse de dépôt, mais
la Caisse de dépôt - c'est une nouvelle récente - a
annoncé hier qu'elle passait de la parole aux actes et a mis en place un
fonds de capitalisation de 100 000 000 $. Par la suite, saine gestion des
finances publiques, partenariat, capitalisation, on a identifié des
secteurs clés et on a identifié des créneaux d'excellence.
Et surtout, M. le Président, on a commencé à s'attaquer
à la culture québécoise dans plusieurs secteurs, la
recherche et le développement. Ce n'est pas parce qu'on a une politique
intégrée où on dit qu'on va rendre disponibles aux
entreprises 3 000 000 $ qu'on a réglé le problème. C'est
un peu notre faute si, aujourd'hui, au niveau de la recherche et du
développement, on n'a pas augmenté les investissements par
rapport à notre produit intérieur brut. C'est un peu notre faute,
c'est une responsabilité collective. On a toujours été
plus préoccupé à se battre contre le gouvernement
fédéral qu'à s'assurer qu'aujourd'hui on ait au
Québec, entre autres, les centres de recherche qui attirent des
investissements en recherche et développement. Et, bien plus, nos gens
d'affaires ne sentaient pas nécessairement le besoin de s'inscrire au
fichier central, d'aller à Ottawa ou ailleurs pour convaincre les
fonctionnaires que la recherche et le développement devaient se faire au
Québec.
J'en prends une part de responsabilité, c'est certain, mais cette
culture de la recherche et du développement aujourd'hui commence
à prendre forme. Quand ça a été le temps de
mobiliser le Québec derrière la protection des droits
intellectuels, on a réussi, et ça explique aujourd'hui pourquoi
l'industrie pharmaceutique est consolidée au Québec. Quand
ça a été le temps de relever le défi de l'Agence
spatiale, encore une fois, tous les intervenants économiques se sont
regroupés avec la conséquence qu'aujourd'hui, on a l'Agence
spatiale au Québec. L'Institut national d'optique, il est au
Québec. L'Institut des technologies du magnésium est rendu au
Québec. On vient d'apprendre par les journaux que Foratek
déménage de Vancouver et s'en vient au Québec pour le
secteur des pâtes et papiers. Et si tout va bien on devrait avoir un
institut de pharmacie industrielle au Québec dans un avenir
rapproché. (10 h 50)
Donc, des gestes excessivement positifs. On a dû travailler sur
une culture. On a dû s'assurer que tous les intervenants partagent cette
nouvelle importance de la recherche et du développement. Les ressources
humaines. On a travaillé collectivement depuis 30 ans. Expliquez-moi
comment il se fait que, d'un côté, on a une pénurie de
main-d'oeuvre qualifiée de 83 000 travailleurs et travailleuses et, de
l'autre côté, on a un taux de chômage de 12 %? Mais c'est
récent que le forum de l'emploi vienne faire une charte de la formation
professionnelle. C'a pris du temps, mais la nouvelle culture de la formation
professionnelle, la nouvelle culture des ressources humaines est maintenant en
place.
On parle beaucoup de la culture de l'environnement. L'Opposition parle
souvent de l'environnement. On a été les premiers en 1981
à ne pas mettre en application dans la loi l'article 2n qu'ils
voudraient qu'on mette en applicaton aujourd'hui. Ça, ça vient du
Parti québécois. Et tout à coup, pour des
événements médiatiques, pour avoir de la visibilité
dans les journaux, on critique, on parle de l'environnement. Mais jamais rien
de positif, pas de solutions concrètes à savoir comment on va
régler le problème de l'environnement. C'est encore notre
gouvernement qui a dit comment on va le régler. Comment on va s'assurer
qu'on maintienne notre compétitivité sur les marchés,
comment on va s'assurer qu'on maintienne la confidentialité dans les
dossiers, comment on va s'assurer que le coût soit raisonnable et comment
on va s'assurer qu'on mettra en place tous les mécanismes
nécessaires pour assurer le suivi des nouvelles normes
environnementales.
L'ouverture sur le monde qui est la conséquence, si on a des
ressources humaines qualifiées, si on a des équipements à
la fine pointe du développement technologique, si on fait de la
recherche et du développement, si on protège notre environnement,
on doit avoir accès à des marchés. Que le gouvernement ait
été à l'avant-garde pour le traité de
libre-échange avec les États-Unis, que le gouvernement veuille
être certain d'être assis à la table des négociations
pour le Mexique, c'est encore le présent gouvernement.
Finalement, le plus bel exemple, c'est la qualité totale. Ce
n'est pas d'hier, la qualité totale. Ça fait 30 ans qu'on en
parle. Avez-vous déjà entendu parler le Parti
québécois de la qualité totale? Est-ce qu'il y a quelque
chose de plus important dans notre société que de mobiliser tous
les intervenants pour bien faire du premier coup à tout coup partout? Ce
n'est pas d'hier qu'on entend: Tout ce qui mérite d'être fait doit
être bien fait. Le Parti québécois n'a jamais parlé
de la qualité totale. Le présent gouvernement en parle depuis
deux ans, avec la conséquence qu'aujourd'hui la culture de la
qualité totale est en place. Ça, c'est important.
Ça veut dire que le gouvernement maintenant peut assumer de
nouvelles responsabilités parce que la fondation est présente. La
fondation de la qualité totale, la fondation de l'ouverture sur le
monde, la fondation de l'environnement, la fondation de la recherche et du
développement, la fondation des ressources humaines. Et on a une
meilleure cohérence, une meilleure cohérence à l'interne.
Ça, c'est important. Les ministres, la deputation ministérielle,
on travaille mieux ensemble. Quand on planifie quelque chose, on consulte, on
écoute, on est présent dans toutes les régions du
Québec et on a une meilleure cohérence maintenant à
l'externe parce qu'on est plus crédible et, quand on parle à
l'externe maintenant, les gens écoutent davantage. Ça, c'est
important.
Mais ça nous a pris cinq ans à développer cette
nouvelle culture et à nous assurer que tous les intervenants
partageaient cette nouvelle vision globale du développement
économique du Québec. Et, en 1990, le ralentissement
économique est arrivé; 1er avril 1990. C'a été le
premier mois où il y a eu une décroissance. Habituellement on
l'apprend au mois de mai, au mois de juin, au mois de juillet, au mois
d'août. On attend. Le Parti québécois, c'est ce qu'ils ont
fait. Ralentissement économique, ils ont attendu presque un an avant de
mettre en place des... Et c'est pour ça qu'ils ont été
obligés de réagir à une situation et ils ont
endetté davantage nos entreprises.
Nous, on a commencé le 1er avril 1990. C'est de la planification.
On s'est dit: Après un cycle économique favorable de six à
sept ans, c'est un peu normal. Si on regarde les statistiques passées,
on s'aperçoit que les cycles, ça varie. Donc, il était
pour y avoir un ralentissement économique. On n'a pas attendu. Le 1er
avril 1990, on a mis en place des mécanismes. On en a mis à court
terme: 1 200 000 000 $ que le gouvernement a mis en place pour permettre
à la population, aux entreprises de passer à travers le
ralentissement économique. On a accéléré les
investissements publics pour 600 000 000 $. On a mis en place le programme Mon
taux, mon toit, le programme PRIL, le programme PARCQ. On a favorisé le
développement régional, que ce soit dans le secteur des
forêts, dans le secteur des mines, l'assainissement des eaux, les
ressources, les infrastructures qu'on a mises en place, c'est dans ce montant
de 1 200 000 000 $, et on a le plan de relance de la Société de
développement industriel du Québec. Donc, on a agi. On a agi
pouri 200 000 000 $.
Et plus que ça! On voulait faire plus. On avait des grands
projets. On avait le grand projet de Grande-Baleine, on avait le grand projet
de Soligaz et on avait le grand projet du TGV. C'était important. On
s'est dit: En plus des efforts du gouvernement de 1 200 000 000 $, il faut en
faire encore plus, il faut les mettre en place, ces projets-là. Non pas
que ces grands projets soient la réponse à tous les
problèmes du Québec, mais, à court terme, c'était
joliment important. C'était joliment important, quand on pense que
Grande-Baleine aurait pu créer 60 000 emplois. Alors, je me dis: La
politique est en place.
La rationalisation des entreprises, dans un contexte de mondialisation
des marchés, c'est inévitable. Tout ce qu'on entend de
l'Opposition, c'est ce qu'on a perdu. Oui, on en a perdu. Dans un contexte de
mondialisation, on ne peut pas tout gagner. Des entreprises américaines,
des entreprises européennes, des entreprises asiatiques peuvent prendre
une décision de s'implanter ailleurs plutôt qu'au Québec ou
de déménager leurs opérations. Mais on a gagné
beaucoup, dans des contextes de rationalisation. On en a eu, des projets
industriels importants. Entre autres, qui a eu le mandat de fabrication
mondiale de la Camaro et de la Firebird? Comment expliquer qu'on ait
fermé des usines aux États-Unis et qu'on les ait maintenues au
Québec? La spécificité de l'automobile.
Dans le secteur des alumineries, comment expliquer - on a
critiqué beaucoup les alumineries - qu'il y en ait qui aient
fermé aux États-Unis et qui soient venus au Québec? C'est
vrai que notre pouvoir énergétique est important. C'est vrai
qu'on nous dit qu'on n'a pas assez de développement, de transformation
secondaire de nos ressources au Québec. Mais avant de développer
nos ressources au Québec, il faudrait toujours bien avoir notre pouvoir
énergétique, dans un premier temps, et, deuxièmement,
avoir accès à la matière première. Alors, les
projets de transformation secondaire, ils s'en viennent. Il y en a
déjà au moins deux qui ont été annoncés;
entre autres, celui de Reynolds, de 41 000 000 $, dans le parc industriel de
Bécancour. Donc, les rationalisations: c'est vrai qu'on en a perdu, mais
on a eu beaucoup de gains.
Le secteur pharmaceutique, Rhône-Poulenc a
déménagé son siège social de l'Ontario au
Québec, Bristol-Myers-Squibb a déménagé son
siège social de l'Ontario au Québec, Marion Merrell Dow a
déménagé son siège social avec Nordic, lors du
dernier regroupement. On a dû faire quelque chose, comme gouvernement,
pour s'assurer que le secteur pharmaceutique, ça se passait au
Québec. On a dû en prendre, des bonnes décisions.
Le regroupement des entreprises. J'ai lu dans un quotidien,
récemment, que j'étais parti en vacances avec le programme du
Parti québécois, le programme de regroupement du Parti
québécois. Là, je me suis dit... Écoutez,
là, je peux regarder ce que M. Lévesque a dit en 1983, je peux
regarder ce que la députée de Taillon a dit en 1985, je peux
regarder le résultat de ce qu'ils nous ont laissé en 1985. Et je
me suis dit, s'il y avait un programme, moi, je ne le connaissais pas. Et quand
je suis parti en vacances, je n'avais pas le programme du Parti
québécois sous le bras. En plus de ça, quand on parle de
regroupement d'entreprises, je n'ai jamais entendu l'Opposition commencer
à me dire: Oui, c'est bon, des regroupements, ce serait une bonne
idée qu'on se regroupe, au Québec. Ils n'ont jamais fait
ça. Jamais. Au même titre que la qualité totale, ils n'ont
jamais dit que c'était bon, qu'il fallait en parler. Au même titre
que le regroupement des entreprises. Mais on en a fait. On en a fait.
Dans le meuble, secteur vulnérable: Artopex, Biltrite
Nightingale, et on travaille sur d'autres entreprises du secteur. Dans le
secteur des forêts: Harricana et Équipements Denis. Dans le
secteur de la construction: Zimmcor et Macyro. Lavalin SNC a fait un
regroupement. Au niveau des chantiers maritimes, on l'a réglé, le
problème des chantiers maritimes, on a signé un contrat social.
(11 heures)
Dans le secteur de l'acier, on en parle des regroupements, de plus en
plus. Qui aurait pensé qu'on aurait pu asseoir à la même
table Ivaco, Stelco, Sidbec-Dosco et Dofasco pour trouver des solutions
concrètes? Dans le secteur des pâtes et papiers, qui aurait
pensé - ça ne s'est jamais fait - qui aurait pensé que, ce
soir, nous aurions tous les présidents des grandes
sociétés nord-américaines dans le secteur des pâtes
et papiers et, en plus, demain, tous les mêmes présidents avec les
représentants syndicaux de la CSN et de la FTQ et tous les organismes,
pour tenter de trouver des solutions concrètes? Je l'ai dit, ça
fait longtemps que je le dis que, dans le secteur des pâtes et papiers,
if y a des regroupements à faire. Je n'ai jamais entendu l'Opposition
dire que c'était important. Dans le secteur du tapis, c'est
également très important qu'il y ait des regroupements, et dans
le secteur du textile, de la chaussure et du vêtement. Et dans le
vêtement, on a réussi. On a réussi avec Jean-Claude
Poitras, créateur québécois, Irving Samuel. Mais on l'a
fait avec qui? On l'a fait en partenariat.
On l'a fait en partenariat avec les travailleurs et les travailleuses
et, entre autres, dans la très grande majorité de ces dossiers,
avec le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec.
Des résultats. On peut nous critiquer, on peut dire qu'on n'en a
pas assez fait. Oui, ça, je suis prêt à l'accepter. On n'en
fera jamais assez. On n'en fera jamais assez pour trouver des solutions
concrètes et pour créer des emplois permanents de qualité.
Mais, récemment - il faut regarder les résultats - le journal
Les Affaires publiait un article qui disait que le Québec a mieux
résisté que l'Ontario à la dernière
récession. Je ne veux pas entrer dans les chiffres; je ne veux pas en
prendre un plus que l'autre, mais c'est, entre autres, à cause des
structures qu'on a mises en place et de la concertation patronale-syndicale qui
a été initiée par le présent gouvernement.
Mais on ne s'est pas arrêtés là. Ça, c'est du
court terme. On nous dit: On ne fait rien à court terme. Mais on s'est
dit: Le court terme, mais qu'est-ce qu'on fait à moyen et à long
terme? Ça, c'est d'autant plus important. Et là, je suis surpris.
Là, je suis très surpris que le leader de l'Opposition ose se
lever en Chambre pour nous demander de reporter la session pour connaître
notre plan de développement économique. Je pensais que ça
se parlait, moi, le Parti québécois. Je pensais que
c'étaient des gens qui avaient une communication, qui avaient une
certaine affinité ensemble et qui se parlaient. J'avais cette
impression-là, moi. Et, quand on a fait le Rendez-vous économique
1991, le vice-président du Parti québécois était
là, le représentant du cabinet du chef de l'Opposition
était là, et j'ai fait la présentation que j'ai eu
l'opportunité de faire au caucus hier soir. Donc, est-ce que c'est parce
que, là, le Parti québécois va vouloir dire: Je vous
l'avais dit; maintenant, vous l'avez fait parce qu'on vous a dit de le faire,
ce qu'on a essayé de dire au premier ministre du Québec hier: La
TVQ, c'est grâce à moi si la TVQ, vous avez pensé qu'il
fallait peut-être la reporter? Ça, c'est classique du Parti
québécois. Il essaie de trouver ce qu'on va faire puis là,
il fait des événements médiatiques, il les annonce avant
nous autres, puis là, il nous dit: Bravo! le gouvernement, vous avez
suivi notre idée. Eh bien, moi, je regrette. Je regrette, je n'ai pas
caché la politique de développement économique du
Québec. Je l'ai présentée à Bernard Landry. Je l'ai
présentée au représentant du leader de l'Opposition. Ils
la connaissent. Ils la connaissent ou, s'ils ne la connaissent pas, c'est parce
qu'ils ne se parlent pas. Donc, on va...
Des voix: Bravo!
M. Tremblay (Outremont): Et c'est là que, quand je dis
que, pour être crédibles, il faut être objectifs, je n'en
vois plus, d'objectivité.
Mais la question fondamentale: Comment se fait-il que nous en soyons
rendus au point où nous sommes rendus? Comment ça se fait que, de
cycle économique en cycle économique, le taux de chômage
est passé de 4 % à 8 % à 12 %? Je lisais, justement, dans
La Presse ce matin, ou dans les journaux, que le Canada, c'est le
premier pays le plus productif au monde.
Une voix: Bien oui!
M. Tremblay (Outremont): Je serais assez content si
c'était le cas. Je serais assez content qu'on soit le pays le plus
productif au monde. En tout cas, moi, l'information que j'ai et l'information
que le Conseil économique du Canada a, que l'OCDE a, c'est qu'on
était le deuxième pays le plus productif au monde et qu'on est
rendu le cinquième. Si on est le premier, tant mieux, je suis content.
Mais je vais l'analyser sérieusement, cette étude, et je vais la
regarder.
Une voix: En 1988.
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est ça, c'est exactement
ça. C'est en 1988. C'est des chiffres de 1988. Mais, en 1989, on s'est
dit quoi, en 1989? On est bons. Puis là, l'Opposition était
d'accord avec nous autres. On est capables de concurrencer sur la scène
internationale. On a ouvert nos barrières puis on s'est dit: Oui, on va
conquérir les marchés. Mais on a peut-être oublié
que pour conquérir les marchés, en ouvrant nos barrières,
la production de masse, le donneur d'ordres pour la production de masse va
aller où ça coûte le moins cher possible. Ce n'est pas
nécessairement mauvais quand on a une vision globale parce que si nous,
comme collectivité, on s'en va sur la valeur rajoutée et on
enrichit les pays en voie de développement qui ont une main-d'oeuvre
moins chère, ça veut dire que, dans un avenir rapproché,
ces mêmes pays vont acheter nos produits à valeur rajoutée.
Donc, on a le choix d'avoir une stratégie défensive et de se
dire: Non, non, non, les productions de masse, il faut que ça reste au
Québec, ou une stratégie offensive et de se dire: Nous sommes
capables de concurrencer sur la scène internationale et nous allons
vendre éventuellement nos produits à valeur rajoutée dans
les pays en voie de développement. C'est le choix. C'est le choix que le
Québec a fait collectivement. On est capable de concurrencer sur la
scène internationale, mais il y a certaines conditions qui deviennent
importantes. On doit de plus en plus travailler dans l'intérêt
commun, être moins individualiste. Au Québec, on a toujours
pensé qu'on pouvait s'en sortir seul et, quand il y avait un
problème, on demandait au gouvernement de nous aider. C'est un peu ce
qu'on fait dans notre vie privée. Vous avez un individu: Mon voisin, il
est important quand il peut m'aider à faire des choses, mais, vous
savez, ce n'est pas plus important que ça. Les entreprises face à
leurs concurrents: deux
entreprises, vous avez toujours des concurrents et, plus mon concurrent
ça va aller mal, plus ça va aller bien pour moi. Mais ce n'est
plus tout à fait ça dans un contexte de mondialisation des
marchés où on parle d'alliance stratégique, d'entraide, de
coopération. Syndicat-entreprise, la relation qu'on avait, en
confrontation. Ça nous a aidés dans un contexte, peut-être,
de production de masse, mais dans un contexte de valeur rajoutée, ce
n'est plus la même dynamique. Municipalité contre
municipalité, 1500 municipalités au Québec.
Le développement économique régional. Maintenant,
on parle de regroupement, la nouvelle culture, les municipalités
régionales de comté. Quel va être l'intervenant
crédible en région? Et le Québec contre le Canada?
Québec contre le Canada. Mais si c'est important de créer des
emplois, qu'est-ce qu'on fait? On parle du plein emploi, mais est-ce qu'on a
chiffré ce que ça voulait dire? Si on veut que, d'ici l'an 2000,
le taux de chômage soit, disons, à 8 %, c'est 515 000 emplois
qu'on doit créer. Si on veut que le taux de chômage soit à
7 %, on doit créer 550 000 emplois. Mais pour ce faire, on doit
identifier des secteurs où on a une chance de concurrencer sur la
scène internationale, identifier dans les régions les avantages
comparatifs pour permettre le développement économique
régional. On a de nouvelles dynamiques de plus en plus.
Quand on regarde ce qui se passe dans la région de
Beauharnois-Valleyfield-Soulanges, on s'aperçoit de plus en plus que les
gens se disent: On connaît les contraintes du gouvernement, on se prend
maintenant en main, mais quand on aura convenu ensemble, collectivement, notre
plan de développement, on ira voir le gouvernement pour de l'aide
financière sur une base d'affaires. La même chose en
Gaspésie. On le dit souvent, en Gaspésie, mais maintenant, la
deuxième transformation, la troisième transformation... Je m'en
rappelle. J'allais en Gaspésie en 1986, je le disais qu'il fallait faire
la deuxième transformation, la troisième transformation.
Ça a pris du temps, mais, aujourd'hui, tous les intervenants
reconnaissent qu'il faut faire des efforts dans ce secteur-là.
Mais de façon concrète, ça veut dire quoi? Comment
on réussit à mobiliser tous les intervenants: le gouvernement,
les entreprises, les syndicats, les travailleurs, les travailleuses? Comment on
réussit? On réussit par des grappes industrielles.
Il y en a qui prétendent que si on ne fait rien, le marché
va régler tous les problèmes. Il y en a d'autres qui
prétendent qu'il faut être très directrf, il faut dire
à tout le monde quoi faire. Moi, je prétends qu'en tant que
gouvernement, on a une responsabilité importante de tracer la voie,
d'identifier de façon très claire les secteurs, les
créneaux d'excellence où on a une chance de concurrencer sur la
scène internatio- nale. Et le jour où on fera ça, on va
s'apercevoir qu'on va mobiliser tous les intervenants, et c'est
déjà commencé. Mais c'est quoi, une grappe industrielle?
Une grappe industrielle, c'est un ensemble d'entreprises du même secteur
qui interagissent entre elles, qui se concurrencent, qui se
compétionnent pour améliorer leur compétitivité et
pour accélérer leur croissance. (11 h 10)
On parlait de culture, tout à l'heure. Ça fait deux ans,
au ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, qu'on
travaille, qu'on travaille pour identifier de façon très claire
les secteurs où on a une chance et, surtout, pour dire combien d'emplois
on peut créer. Je voudrais profiter de cette occasion pour
féliciter mon équipe au ministère de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Ça n'a pas été facile de
changer la culture d'un ministère, de dire à un ministère:
Si on veut créer des emplois permanents de qualité, si on veut
trouver des solutions concrètes aux problèmes du chômage
puis aux préoccupations importantes de la population, qu'est-ce qu'on
fait? De façon concrète, combien d'emplois on va créer
dans tel secteur?
Et c'est dans ce sens-là qu'on a identifié 15 secteurs
où on a une chance - je dis bien une chance - de concurrencer sur la
scène internationale et, dans chaque secteur, on a identifié des
sous-grappes. Mais il y a des ingrédients de base, des
ingrédients de base à toutes ces grappes industrielles qui sont,
entre autres, la recherche et le développpement, le développement
technologique, l'environnement, le capital de risque, nos institutions
financières, que ce soit la Caisse de dépôt ou le Fonds de
solidarité des travailleurs du Québec, la Société
de développement industriel ou la Société
générale de financement. Ce sont des ingrédients de base.
Et tous les ministres, l'équipe ministérielle est
mobilisée derrière une harmonisation, parce qu'on doit être
de plus en plus cohérent dans ce que nous allons faire. On doit donner
aux deputations la possibilité de retourner sur le terrain avec un
message très clair des orientations qui assureront éventuellement
le développement économique, social et culturel du
Québec.
Mais ce qu'il y a de plus important, c'est l'éducation et la
formation continue en coopération. L'éducation, la formation
continue en coopération, ça, c'est un changement de culture
important. Il faut s'assurer que nos jeunes aient accès à la
meilleure formation possible et qu'également ils puissent prendre de
l'expérience au niveau du milieu du travail. Il faut s'assurer que les
moins jeunes puissent continuer à travailler puis avoir accès
à des cours de formation continue. Il faut s'assurer qu'au niveau du
travail, on donne la vraie signification de l'assurance-chômage. Ma
perception de l'as-surance-chômage, c'était pour permettre
à une personne qui, à cause d'une conjoncture économique
défavorable, a perdu son emploi d'avoir
accès à des prestations. Pourquoi ne pas maintenant rendre
ces prestations conditionnelles à ce que la personne qui les
reçoit suive des cours de formation professionnelle? Parce que le
problème dont on s'aperçoit, c'est qu'une personne qui ne
travaille pas pendant un an ou pendant deux ans se ramasse
éventuellement sur le bien-être social, sans formation
professionnelle.
Alors, pourquoi ne pas prendre des initiatives? Au niveau du Code du
travail, on doit adapter notre Code du travail à une économie de
valeur ajoutée. C'est important. Puis c'est important qu'on le fasse le
plus rapidement possible puis, là, c'est important que tous les
politiciens, incluant les membres de l'Opposition, s'impliquent. Puis on va
devoir retourner à la base. On va devoir retourner dans les
écoles, retourner dans les collèges, retourner dans les
universités pour expliquer à nos jeunes, si nos jeunes veulent
avoir des emplois permanents de qualité: Voici les secteurs où
vous pouvez avoir ces emplois permanents de qualité.
Je n'ai pas le temps, dans une demi-heure, de parler de toute la
stratégie de développement économique du Québec,
mais je peux vous assurer qu'elle existe, cette stratégie de
développement économique, et nous la ferons connaître
très bientôt. Il y a des gens qui vont me dire: Pourquoi c'est
urgent? Pourquoi ce n'était pas urgent il y a six mois? Pourquoi ce
n'était pas urgent il y a un an? Pourquoi ce n'était pas urgent
il y a deux ans? Je vous l'ai donnée, la réponse. C'est qu'en
1989, on a ouvert nos barrières. On a décidé qu'on
était capable de concurrencer.
J'arrive, entre autres, d'un voyage à l'étranger. Je suis
allé en Chine. 1 200 000 000 de personnes. Ils travaillent, ils
travaillent six jours par semaine, M. le Président. Je suis allé
en Asie également et je suis allé en Europe. Les gens
travaillent. Si on ne remet pas le Québec au travail, on peut avoir la
plus belle stratégie, on peut avoir les plus belles politiques
gouvernementales, on ne réglera aucun problème, et c'est dans ce
sens-là que je suis préoccupé. Je le dis et je le
répète encore: Je suis très préoccupé. On
doit retourner à nos valeurs de base, reconnaître que le travail,
c'est valorisant, et une personne qui ne travaille pas ne peut pas
s'épanouir. C'est le rôle du gouvernement de trouver
l'environnement favorable pour leur permettre de s'épanouir.
Mais je suis optimiste, d'un optimisme réaliste. Il n'est pas
trop tard et il y a des signes encourageants. Le premier signe, c'est qu'on a
mobilisé les intervenants. Rendez-vous économique 1991, que j'ai
mentionné tout à l'heure: partie patronale, partie syndicale, les
gouvernements, tout le monde est d'accord. On a identifié des
problèmes, tout le monde est d'accord sur des solutions, on doit
maintenant agir. Il y en a une volonté d'agir également, mais ce
qu'il nous reste, c'est d'agir maintenant avec conviction, avec
détermination et surtout avec enthousiasme. Il ne faut pas avoir peur de
remettre en question notre système, c'est très important. Et
notre système, quand on le regarde, peut-être qu'il y a des choses
plus productives qu'on peut faire. Et le jour où on va se poser les
vraies questions et où on va travailler tous, collectivement, dans la
même direction, on va avancer beaucoup plus vite au Québec.
Je vous dis, M. le Président, que très bientôt,
toutes les provinces, sans exception, réaliseront qu'il est impossible
de faire face à la concurrence et de vaincre la crise économique
actuelle seules, d'où l'importance de l'union économique. C'est
la première fois qu'on a l'opportunité, depuis un certain nombre
d'années, de parler d'économie. C'est une opportunité
unique. Avant de demander aux Québécois et aux
Québécoises de prendre une décision sur leur avenir, nous
avons, en tant que représentants du peuple, la responsabilité de
bien informer la population des grands enjeux économiques. Nous avons
une opportunité incroyable aujourd'hui d'aller s'asseoir avec le
gouvernement fédéral, avec les autres provinces canadiennes, s'il
le faut, pour parler d'économie. Quel que soit le scénario
retenu, on va toujours en arriver à une question d'union
économique. Le gros avantage que nous avons comme
Québécois et comme Québécoises, M. le
Président, c'est que nous sommes des leaders incontestés, entre
autres, à cause de nos institutions financières; qu'on pense
à la Caisse de dépôt, à la SDI, à la SGF, au
Mouvement Desjardins, au Fonds de solidarité des travailleurs du
Québec, pour en nommer quelques-unes.
Nous avons une concertation importante, au Québec, que ce soit
avec la Fédération des travailleurs du Québec, la CSN, la
CEQ, la CSD. On a vu ce qui s'est passé au niveau du gouvernement
fédéral quand ça a été le temps de demander
au syndicat de partager ou de participer à l'effort public. Il y a eu la
grève, des grèves qui ont eu des conséquences importantes
sur l'économie québécoise. Les entreprises qui n'avaient
pas accès à des produits ont dû faire des mises à
pied temporaires. C'est ça que j'ai vécu, moi, parce qu'il n'y a
pas de concertation ailleurs, mais on l'a au Québec. On peut la
partager, cette concertation, avec d'autres intervenants. On peut être
les leaders avec nos institutions financières, avec la concertation.
Le contrat social, on en a parlé beaucoup, du contrat social. Qui
aurait pensé qu'on aurait des contrats sociaux au Québec. Une
hirondelle ne fait pas le printemps, disait-on. Aciers Atlas, contrat social;
chantiers maritimes, contrat social. Et on parle de contrats sociaux dans
beaucoup d'autres secteurs.
Le rapport Picard-Sexton. L'Opposition a été la
première... Ils ne sont pas capables de régler ça, la
commission Picard-Sexton. Le ministre du Travail s'est assis avec les
inter-
venants, FTQ, CSN. On a trouvé une solution concrète. On a
dit "oui, peut-être, le supplément du revenu", mais on va le
rattacher à la formation professionnelle. Si on veut avoir des
constructions de qualité, est-ce qu'il y a quelque chose de plus
important que d'implanter la qualité totale? (11 h 20)
M. le Président, l'Opposition ne ralentira pas notre
démarche, l'Opposition ne nous déstabilisera pas. C'est ce
qu'elle veut faire par sa motion. Elle voudrait qu'on perde encore un peu de
temps, nous critiquer davantage. Elle pense qu'on ne fait rien. Je pense avoir
démontré clairement qu'au Québec on avance depuis cinq ans
de façon très, très, très importante. Mais
ça ne veut pas dire qu'on ne sera pas vigilant quand on va discuter
d'union économique; on va être très vigilant, parce que ce
qu'on a bâti collectivement ensemble depuis 30 ans, ça a
été très important et on n'a pas l'intention de le laisser
aller, on n'a pas l'intention de se laisser ralentir par l'Opposition et on n'a
pas l'intention de se laisser ralentir par d'autres provinces. Nous sommes
confiants qu'on peut trouver des solutions concrètes et nous n'avons
plus, M. le Président, le luxe de philosopher comme l'Opposition
philosophe. On l'a vu hier à la période de questions. Je vais
vous le dire franchement, j'ai été déçu. Je suis
sorti de la période de questions et je me suis demandé: Qu'est-ce
qui se passe? Est-ce qu'on a un sentiment d'urgence au Québec? Est-ce
qu'on a un taux de chômage de 12 %? Est-ce qu'on a des problèmes
qui sont très importants? Si je me fie a la période de questions
d'hier, je me suis demandé un peu ce qui se passait.
Ce qu'on va devoir réaliser comme Québécois et
comme Québécoises, c'est que, souvent, on est en contradiction
avec nous-mêmes, en contradiction dans le sens que, quand on va à
l'étranger, les gens nous disent qu'on est chaleureux, qu'on est amical,
qu'on est franc et honnête, puis on nous dit qu'on est efficace. On a
tellement ces caractéristiques-là qu'on signe un traité de
libre-échange avec les États-Unis, avec le Mexique; on
négocie avec l'Asie; on s'en va aider les pays de l'Est. Mais quand
c'est le temps de faire quelque chose avec le Canada, non. Non, non! Ça,
le Canada, il ne faut pas toucher à ça. C'est comme la peste. On
veut négocier avec tout le monde, mais pas avec le Canada. Moi, j'ai des
problèmes. Jusqu'à preuve du contraire, M. le Président,
je pense qu'il y a quelque chose à faire, puis on a encore un certain
temps et on va tout faire ce qui est possible pour trouver des solutions
concrètes.
La souveraineté - on parle beaucoup de la souveraineté - a
toujours été d'actualité, je vais vous dire pourquoi,
parce qu'on était riche. On a géré notre richesse, je l'ai
dit au début de mon intervention. C'est drôle, hein? quand on se
trouve un peu moins riche, et c'est ce que l'Opposition commence à
trouver, on parle maintenant d'économie. On parle maintenant
d'économie, M. le Président. Le leader de l'Opposition a dit: Je
voudrais faire une critique constructive. Vous allez avoir l'opportunité
d'en faire une, parce que la politique industrielle du gouvernement du
Québec, on va la faire connaître, et tous les ministres vont
être impliqués de façon concrète et de façon
cohérente.
Je dois vous dire que des fois, certains jours, j'ai peur, j'ai peur
pour le Québec, puis je me dis: Si on ne peut pas trouver des
façons de remettre le Québec au travail, on va avoir des gros
problèmes. Puis, quand on commence à dire des choses comme
celle-là, automatiquement on se fait taxer de faire du terrorisme
économique par l'Opposition. Tout ce que j'ai dit, M. le
Président, dans le passé, j'ai dit haut et fort ce que nous
pensons tous individuellement et qu'on n'ose pas toujours dire. C'est tout ce
que j'ai fait. Puis ce que j'ai fait de plus, j'ai fait le choix du
Québec. Mon ambition, c'est de contribuer davantage au
développement économique, social et culturel du Québec. Il
n'y a rien que je veux de plus que le Québec se taille une place de
choix dans un nouveau marché mondial. Dans ce sens-là, je suis
prêt à faire abstraction de toute allégeance politique. Mon
premier choix, c'est la prospérité économique du
Québec.
En terminant, M. le Président, on a beaucoup confiance en soi
comme Québécois. Je souhaite qu'on commence à avoir un peu
plus confiance dans les autres et, le jour où on aura un peu plus
confiance dans les autres, on va peut-être avancer plus vite au
Québec. Deux langues, des fois je me demande si on ne devrait pas en
avoir une troisième, une quatrième langue. Je ne dis pas que ce
qu'on a reconnu comme langue officielle, je remets ça en question. Je ne
voudrais certainement pas donner un message à nos jeunes qu'on va
être capable de concurrencer sur la scène internationale si on ne
parle pas deux langues, ou également trois langues.
Tout ce que je veux refaire, en tant qu'élu du peuple, c'est de
redonner la dignité humaine, de redonner l'égalité des
chances, bâtir une économie d'avenir, et c'est la raison pour
laquelle je suis en politique. Et je me dis: Pourquoi pas? C'est Bernard Shaw
qui disait: Certaines personnes voient les choses comme elles sont; elles
disent: Pourquoi je rêve de choses qui ne furent jamais? Et je dis:
Pourquoi pas? Enfin, peut-être que si on se dit davantage "pourquoi pas",
il commencera à faire bon d'être un politicien ou une
politicienne, et surtout, M. le Président, enfin la population
recommencera à faire confiance à ses décideurs. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le ministre. je
vous rappelle que nous sommes à discuter d'une motion soumise par le
leader de l'opposition officielle qui se lit comme suit: "que
le gouvernement fasse en sorte que la présente session soit
prorogée et qu'il soumette d'urgence à l'Assemblée un plan
de relance de l'économie du Québec, par l'entremise d'un nouveau
discours inaugural." Je reconnais maintenant, sur ladite motion, M. le
député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir à l'objet de notre débat de ce matin, qui est une
discussion sur une motion qui a été déposée par le
leader de l'Opposition officielle, le député de Joliette, et qui
se lit comme suit: "Que le gouvernement fasse en sorte que la présente
session soit prorogée et qu'il soumette d'urgence à
l'Assemblée nationale un plan de relance de l'économie du
Québec, par l'entremise d'un nouveau discours inaugural." Cette motion
vise à ce que nous ayons un nouveau discours inaugural.
Pourquoi, M. le Président? Parce que, M. le Président,
après deux ans que ce gouvernement est au pouvoir, il est temps qu'il
nous fasse connaître ses intentions par rapport à la situation
actuelle. Deux ans, c'est à mi-chemin d'un mandat ordinaire,
traditionnel, de quatre ans, et il serait temps que l'on fasse le point et
qu'on voie un peu l'avenir, et même beaucoup l'avenir. M. le
Président, j'entendais le ministre de l'Industrie et du Commerce, il y a
quelques minutes, nous dire qu'il n'avait pas le temps d'exposer sa politique
industrielle, pas le temps d'élaborer davantage et, en même temps,
dire qu'il était content qu'enfin on discute d'économie.
M. le Président, c'est le moment de discuter de l'économie
parce qu'il y a des éléments importants, graves, de la situation
qui nous imposent justement d'en discuter. Et je voudrais dire une chose
d'emblée. C'est le rôle de l'Opposition de critiquer le
gouvernement. C'est le rôle de l'Opposition de montrer les
incohérences du gouvernement, de montrer l'absence de coordination qu'il
y a dans son action; c'est notre rôle. Nous avons été
élus minoritaires, et la tâche que nous avons à faire,
c'est justement de critiquer le gouvernement.
Et j'admets mal le mépris qu'a manifesté le ministre de
l'Industrie et du Commerce tout à l'heure à l'endroit de
l'Opposition. C'est notre rôle, justement. Et en ce qui concerne la
crédibilité de l'Opposition, on peut faire le procès de 10
ans, 15 ans en arrière, mais l'économie fut notre terrain et non
pas celui du gouvernement actuel exclusivement. L'économie fut notre
terrain. Et quand on dit que maintenant on veut gérer le
développement plutôt que la richesse, je voudrais simplement
rappeler en partant des éléments et le plan de relance de
développement économique que nous avions déposé
à l'époque. (11 h 30)
M. le Président, nous avons été les pre- miers,
justement, à ralentir la croissance des dépenses publiques. Nous
avons pris des décisions difficiles, en 1982, qui nous ont fait mal,
élec-toralement, mais le gouvernement actuel en a connu les
bénéfices. Ils ont tout simplement continué dans la voie
que nous avions tracée et, d'ailleurs, en ralentissant le pas, lorsqu'on
regarde bien les statistiques. C'est nous qui avons créé le
Régime d'épargne-actions, qui avons lancé les
accréditives, ici au Québec. C'est nous qui avons aussi
enclenché un vaste mouvement de concertation entre le secteur public et
le secteur privé. Nous l'avons fait. Nous n'avons pas tout fait, mais
nous l'avons fait.
M. le Président, lorsque j'entends les discours du ministre de
l'Industrie et du Commerce, actuellement, que j'ai lus aussi, je dois
simplement prendre acte du fait qu'il est ministre depuis deux ans dans ce
gouvernement, mais qu'il a été président de la
Société de développement industriel depuis 1986. Et, donc,
lorsqu'il fait un constat de faillite, d'urgence d'agir, c'est un constat qu'il
s'adresse à lui-même d'abord, puisqu'il a été un des
principaux acteurs de cette situation.
Le gouvernement fédéral a participé aux
négociations sur le libre-échange. Nous étions d'accord
avec le libre-échange; nous sommes toujours d'accord avec le
traité de libre-échange. Mais il y avait un élément
important qu'il fallait mettre en place après la signature du
traité de libre-échange, soit tous les moyens pour nous adapter
au libre-échange, moyens que ce gouvernement n'a pas mis en place. Et
aujourd'hui, on nous parle de solutions concrètes à des
problèmes complexes. C'est l'ingrédient tout trouvé pour
mettre de la fumée et ne rien faire.
M. le Président, un des principaux handicaps de ce gouvernement,
c'est justement sa philosophie d'économie politique qui est de laisser
faire et de ne rien faire. C'est ça, sa philosophie de base. Ils sont
arrivés, en 1985, justement en disant que le gouvernement du
Québec s'impliquait trop dans l'économie, alors qu'eux voulaient
laisser faire les choses, alors qu'eux ont démoli beaucoup des
instruments que nous avions mis en place, en particulier les sommets de
concertation. Ils n'ont rien fait. Ils ne peuvent rien faire,
philosophiquement. Aujourd'hui, ils récoltent ce qu'ils ont semé.
Ils lancent des discours moralisateurs, tendancieux, prétentieux, mais
c'est d'une naïveté qui me rend inquiet pour l'avenir du
Québec.
M. le Président, je pense que le ministre ne fait qu'une chose
toute simple, au fond, c'est qu'il emprunte le discours de l'Opposition pour
donner le change quant à la réalité actuelle. J'aborde
donc mon propos par quelques éléments qui touchent la
conjoncture, premièrement. D'abord, il faut dire que la récente,
la dernière récession économique a
révélé l'acuité des problèmes et des enjeux
qui confrontent les entreprises québécoises et les défis
qu'elles
doivent relever dépassent les seuls effets de la mauvaise
conjoncture économique des derniers mois. C'est un constat qu'il nous
faut faire.
Les problèmes de financement, de capitalisation, de
disponibilité de main-d'oeuvre qualifiée, de formation
professionnelle, de développement technologique, de recherche et de
développement, d'accès à de nouveaux marchés, de
restructuration d'importants secteurs d'activité économique et
d'atteinte d'objectifs gouvernementaux appellent le gouvernement du
Québec à poser des actions mieux planifiées dans des
secteurs et à des niveaux multiples.
Le constat que je viens de faire, c'est celui de l'Opposition, celui que
je fais. Mais je vais simplement l'illustrer par le comportement d'un secteur
de notre industrie qui est mal en point, celui de l'industrie des pâtes
et papiers. Cette industrie rend les Québécois inquiets d'un bout
à l'autre du Québec. Que ce soit à Montréal, que ce
soit en Abitibi-Témiscamingue ou en Gaspésie, ce qu'il faut
constater, c'est qu'il y a des usines qui ferment, et beaucoup d'usines qui
ferment. Nous avons assisté tout dernièrement à la
fermeture de Port-Cartier, à la fermeture de Donohue Matane. Nous
entendons parler de problèmes un peu partout, d'usines ou d'entreprises
qui étaient rentables et qui, maintenant, perdent des sommes très
importantes. Ce qui se dit, c'est que, dans l'industrie des pâtes et
papiers, cette année, il se perdra 1 000 000 000 $. Il y a de grandes
entreprises en danger. On entend dire aussi qu'elles seraient mises en vente,
qu'elles sont à vendre, qu'elles éprouvent des difficultés
financières. Ça, c'est la réalité et ce ne sont pas
les discours du ministre de l'Industrie et du Commerce qui vont corriger cette
réalité.
M. le Président, nous avions mis en place, à
l'époque, le programme de modernisation des pâtes et papiers.
C'est notre gouvernement qui a mis ça en place. Je l'ai personnellement
négocié avec le gouvernement fédéral alors que
j'étais responsable de la négociation de ces ententes
sectorielles avec le gouvernement fédéral. Nous l'avons mis en
place et, si nous n'avions pas mis en place ce programme de modernisation,
aujourd'hui l'industrie serait encore beaucoup plus mal en point et il n'en
resterait que quelques-unes en place. Que fait le gouvernement ou qu'a fait le
gouvernement? Il a laissé vendre la Consolidated Bathurst à Stone
Containers, il y a deux ou trois ans. Au lieu de regrouper, comme
c'était la solution avancée par le ministre tout à
l'heure, il a laissé diviser notre industrie, de sorte que chacune
affronte la concurrence internationale présentement en rangs
dispersés. Secteur drôlement vulnérable! M. le
Président, il y a beaucoup d'autres éléments qui sont de
cette nature et qui sont gravement affectés actuellement.
M. le Président, je voudrais donner quelques
éléments de cette conjoncture, par exemple, les suivants: le taux
de chômage au Québec a monté à 12,1 % en septembre,
de 0,1 %, de 12 % qu'il était au mois d'août, alors que, dans le
reste du Canada, il a baissé de 10,2 % à 9,2 %, en Ontario,
durant la même période. Élément très
important, majeur, nouveau aussi, c'est que le nombre d'emplois permanents est
en train de diminuer. Durant cette récession de 1990-1991, il s'est
perdu 159 000 emplois permanents contre 127 000 en 1982, récession que
l'on qualifie de plus grave en 1982 qu'en 1991. Cette réalité est
masquée parce que le nombre d'emplois à temps partiel a
augmenté de sorte que le taux de chômage se maintient, mais il y a
un mouvement majeur qui se fait dans la qualité des emplois qui sont sur
le marché. Le secteur manufacturier, je le répète, a perdu
159 000 emplois, alors qu'il en avait perdu 127 000 en 1982.
Autre élément. Les faillites d'affaires sont 42 % plus
nombreuses au Québec qu'en Ontario et, de janvier à août
1991, il y en a eu 3477 au Québec, soit 27 % de plus qu'en 1990, contre
2453 en Ontario. Les mises en chantier sont en décroissance: de janvier
à septembre 1991, 25 618 mises en chantier, 19 % de moins qu'en 1990.
C'est un taux annuel de seulement 32 000 mises en chantier, donc une diminution
importante: 19 % cette année. Les ventes au détail ont
été de 7 % plus faibles pour le premier semestre, de janvier
à juillet 1991, par rapport à 1990, soit une baisse de plus de 10
% compte tenu de l'inflation. De plus de 10 %. (11 h 40)
Les livraisons manufacturières ont aussi reculé de 7 %, de
janvier à juillet 1991, par rapport à 1990 et l'inflation
maintenant, M. le Président, est nettement plus élevée au
Québec qu'en Ontario et dans le reste du Canada. En août 1991,
l'inflation, au Québec, était de 7,5 %, 5,1 % en Ontario.
À Montréal, 7,6 %, à Toronto, 4,6 %, un écart de
3,1 %.
Alors, M. le Président, ces constats sont graves, très
graves et, surtout, ce qu'il y a derrière ces différentes
statistiques, c'est une réalité selon laquelle la qualité
même de l'économie et des emplois au Québec diminue. Le
nombre d'emplois permanents est en train de chuter, continue à chuter,
même si la reprise s'est manifestée dans quelques secteurs,
à tel point que ce que l'on peut dire présentement sur les
emplois à temps plein, la perte pour la présente récession
s'élevait à 105 000 emplois en janvier 1991, elle atteint
maintenant 135 000 emplois en septembre 1991. Au premier trimestre, on
enregistrait d'ailleurs une diminution de 88 000 emplois sur l'année
dernière, de 107 000 emplois au deuxième trimestre et de 123 000
au troisième. Statistiques, M. le Président, qui sont fulgurantes
par rapport au constat qu'a fait le ministre de l'Industrie et du Commerce tout
à l'heure.
M. le Président, je dirai aussi que, par rapport à la
situation présente qui appelle un débat par un nouveau discours
inaugural sur
l'économie, en particulier, il y a un deuxième
élément qui fait que nous devons nous y arrêter. Ce
deuxième élément, c'est la confusion dans laquelle baigne
le gouvernement, confusion qui est apparente aux yeux du public, que nous
pouvons relever dans différents secteurs, de différentes
façons. La première, c'est que nos concitoyens ont toujours
appris que le gouvernement était amené ou devait corriger la
conjoncture par des mesures qui amenaient la création d'emplois lorsque
l'économie était en récession ou en ralentissement. Or,
qu'est-ce que nous constatons, M. le Président? Le présent
gouvernement a baissé les taxes sur le revenu, l'impôt sur le
revenu, en période de prospérité économique, en
1988, mais il a augmenté les taxes en période de récession
économique. Il a eu ce qu'on appelle en économie une attitude,
une politique procyclique. Il est allé dans le sens du cycle
économique. Il a augmenté les taxes de façon substantielle
au printemps 1990, justement alors que la récession commençait,
au mois d'avril 1990. Le ministre a parié de ça, du 1er avril
1990, tout à l'heure. Bien, le budget du 29 avril 1990 augmentait les
taxes de 1 500 000 000 $ depuis la dernière élection. On en
était là, 1 500 000 000 $. on a ajouté, cette
année, 902 000 000 $. sur une base permanente, sur la base de deux
exercices financiers, on en est maintenant à 2 433 000 000 $
d'augmentation de taxes. c'est ça, la politique du gouvernement. en
pleine récession, il a augmenté ses taxes de 2 400 000 000 $.
Et maintenant, il y a un débat au sein du gouvernement. Au sein
de la deputation du caucus libéral, il y a un débat. Il y a des
gens qui disent qu'il faudrait reporter l'application de la TPS
québécoise. Le 28 août, je posais une question au ministre
des Finances à l'effet de reporter l'application de la TPS
québécoise sur les services. Il a dit non. Un non sec, sans
explication, un non à la limite de l'arrogance. Le 27 septembre,
paraît-il que la situation a été abordée au caucus
des députés libéraux. Cela a filtré. Le 3 octobre,
le ministre des Finances dit qu'il n'est pas question de reporter la TPS
québécoise. Le 9 octobre, le président du Conseil du
trésor va dans le même sens et, le 11 octobre, le premier ministre
du Québec entrouvre la porte. Grand bien lui fasse. Il a constaté
et il a maintenant enclenché un débat, à
l'intérieur du Conseil des ministres, je suppose, pour arriver à
reporter cette taxe qui aurait fait mal et particulièrement mal à
l'économie, à de grands secteurs économiques, en
particulier à l'industrie touristique qui aurait été
touchée après qu'on eut touché celle des pâtes et
papiers, les premières industries du Québec qui auraient
été affectées encore. Confusion, M. le Président,
qu'il est important de dissiper à ce stade-ci pour donner des signes
clairs à l'ensemble du Québec.
Confusion dans le projet Grande-Baleine. Après avoir tenu durant
deux ans l'idée qu'il fallait faire des consultations sur
l'environnement, faire des études d'impact par morceaux, on s'est
ravisé tout dernièrement pour dire qu'il fallait une étude
d'impact globale. On a reporté ce dossier. À cause des
problèmes d'incohérence gouvernementale, on va retarder,
finalement, ce dossier.
En éducation, même attitude, M. le Président. La
formation professionnelle; on fait des discours sur la formation
professionnelle, mais qu'est-ce qui est arrivé dans nos polyvalentes? On
a fermé, dans plusieurs polyvalentes, la formation professionnelle, on
l'a centralisée avec le résultat qu'aujourd'hui on est
passé de 100 000 inscriptions à 15 000 inscriptions.
Incohérence complète. Et, maintenant, il y a un nouveau ministre
de l'Éducation qui fait des discours en sens inverse du
précédent.
M. le Président, tout à l'heure, le ministre a
parié de l'union économique, du projet déposé par
le gouvernement fédéral. Il y a un veto qu'on défend un
jour, qu'on abandonne un jour et qu'on défend le lendemain. Il y a un
rapport Allaire qu'on adopte un jour et qu'on rejette le lendemain, sous la
pression du premier ministre, et qui allait, lui, dans le sens des
préoccupations qu'on avait. Il était urgent de régler la
question constitutionnelle. On a réussi puis on réussit encore
à retarder la décision des Québécois parce qu'on
veut les essouffler par rapport à cette question. Mais durant ce
temps-là, au gouvernement fédéral, on aura ajouté
35 000 000 000 $ de déficit dont le Québec devra payer sa part et
on aura retardé, encore une fois, d'un an les décisions de
réorientation de fond qui devraient être prises par le
gouvernement du Québec. On les aura retardées d'un an.
M. le Président, les dernières propositions
fédérales constituent une mise en tutelle du gouvernement du
Québec de son processus budgétaire, de son processus
décisionnel. Bien, maintenant, on en fait une base de discussions, une
base de négociations, comme si on acceptait le principe, qu'on n'osait
pas le dire et que, maintenant, on essaie de corriger quelques
éléments mineurs. Il ne faut pas oublier une chose, M. le
Président, c'est que le gouvernement fédéral a plus de 400
000 000 000 $ de déficit accumulé. Le gouvernement qui est en
faillite, c'est le gouvernement fédéral et c'est lui maintenant
qui voudrait qu'on lui accorde les pleins pouvoirs pour gérer
l'économie de tout le Canada, de toutes les provinces du Canada.
Si, en face, on était conséquent avec les discours sur les
déficits passés du gouvernement du Québec, on devrait
aussi admettre que, maintenant, il est insensé de donner plus de
pouvoirs au gouvernement fédéral et que la proposition qui a
été déposée sur la table est absolument
inacceptable, et en ses fondements mêmes, et qu'elle ne peut constituer
en aucune façon une base de négociations. (11 h 50)
M. le Président, nous avons eu droit, dans les derniers jours,
à un discours du ministre de l'Industrie et du Commerce. Comme il nous
l'a dit tout à l'heure, qu'il n'avait pas le temps de discuter
d'économie parce qu'il n'avait qu'une heure, c'est pour cela que nous
voulons un débat sur un nouveau discours inaugural. C'est pour cela
qu'il est important qu'il ait lieu parce qu'il y aurait, justement, un
débat de 25 heures. Et si cette Assemblée nationale doit discuter
d'économie, c'est l'occasion de le faire. Pourquoi ce gouvernement
refuse-t-il d'engager un débat sur l'économie? Pourquoi le
refuse-t-il? Je pense qu'il a peur. Je pense surtout qu'il veut continuer
à administrer au jour le jour, en cachette du public. Il veut bien
éviter tous les débats, essayer de réduire
l'Assemblée nationale à sa plus simple expression, à ce
qu'elle siège le moins de temps possible. C'est ça qu'il veut
faire. Il veut réduire l'Assemblée nationale simplement à
ne pas discuter des éléments de fond. Parce que si c'est vrai que
son discours est important, il devrait se retrouver, ou certains de ses
éléments, dans le discours inaugural du premier ministre. Donc,
nous aurons un vrai débat. Qu'on ne l'escamotte pas et que ce
gouvernement accepte la perche que nous lui tendons d'avoir un vrai
débat économique.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je rappelle aux
membres de cette Assemblée que nous étudions la motion
proposée par le leader de l'Opposition officielle qui se lit comme suit:
"Que le gouvernement fasse en sorte que la présente session soit
prorogée et qu'il soumette d'urgence à l'Assemblée un plan
de relance de l'économie du Québec par l'entremise d'un nouveau
discours inaugural."
Je reconnais immédiatement M. le député de
Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Je suis heureux
d'intervenir brièvement sur la motion du leader de l'Opposition, motion
qui, selon toute évidence, avait pour but de susciter en cette
Assemblée un débat sur l'économie du Québec. Ce
n'est pas malsain, bien loin de là, mais vous comprendrez, M. le
Président, pour que de tels débats se tiennent à
l'Assemblée nationale, qu'il n'y a pas lieu de tenir un nouveau discours
inaugural. Celui que nous avons tenu, il y a déjà deux ans, est
toujours d'actualité. Ainsi, nous pouvons continuer sur la lancée
législative des mesures que nous avions à ce moment-là
annoncées.
Ceci dit, M. le Président, en matière économique,
le député de Labelle et un certain nombre de ses collègues
prennent les Québécois pour des valises. En matière
économique, les explications qu'ils fournissent à
l'Assemblée nationale et à l'ensemble des Québécois
ne se basent sur aucun fondement économique et sont, bien souvent - et
on l'a entendu pendant une demi-heure - de la caricature, M. le
Président. C'est pour ça que vous me permettrez de reprendre
quelques-unes des affirmations un peu faciles du député de
Labelle en rappelant à la population du Québec ce qu'ils ont fait
pendant les neuf années qu'ils ont été au pouvoir.
C'était l'essentiel du discours du député de Labelle.
Il vient - le député de Labelle - de nous rappeler la
paternité du Régime d'épargne-actions qui n'est pas, en
soi, le plus mauvais des régimes, mais vous savez qu'il y a un bon
nombre de Québécois et sans doute un bon nombre de
collègues en cette Assemblée qui ont perdu beaucoup d'argent avec
le Régime d'épargne-actions.
Qu'en est-il des actions accréditives, M. le Président,
qui n'étaient pas non plus le plus mauvais des régimes? Mais on
reconnaît un arbre à ses fruits. Il y a un grand nombre de
Québécois, y compris celui qui vous parle, qui avaient
acheté des actions accréditives et qui se sont retrouvés,
du jour au lendemain, Gros-Jean comme devant, qui ont perdu leur chemise avec
ces actions accréditives. Par conséquent, c'est trop facile, pour
le Parti québécois, de se gargariser de certaines
parternités en oubliant les effets concrets sur le terrain que ces
programmes-là ont eus pour les citoyens et les citoyennes du
Québec, M. le Président.
Très facilement aussi, le député de Labelle nous a
dépeint la situation des pâtes et papiers. Très facilement,
il nous a vanté les mérites de l'administration du Parti
québécois à l'égard de cette industrie, une
industrie primordiale au Québec qu'est l'industrie des pâtes et
papiers. M. le Président, il faut quand même remettre les choses
dans le contexte. Alors que le Parti québécois était au
pouvoir, le dollar canadien se transigeait, aux États-Unis, à
0,70 $ alors que, maintenant, il se transige à 0,85 $ de sorte que les
entreprises québécoises de pâtes et papiers, à
l'époque, vendaient aux États-Unis en dollars américains,
en dessous de leur prix coûtant, M. le Président, et faisaient
leurs profits, leur marge bénéficiaire sur l'échange de
l'argent. Vous l'admettrez, j'en suis persuade, c'était un peu
artificiel, c'était conjoncturel et c'est heureux que les entreprises,
à ce moment-là, aient pu en bénéficier. Mais
ça aurait été illusoire de penser que jusqu'à la
fin des temps les entreprises de pâtes et papiers au Québec
auraient pu bénéficier d'un tel avantage concurrentiel sur les
Américains, les Suédois, les Finlandais et les Norvégiens,
avantage qui était en quelque sorte la différence de valeur entre
le dollar canadien et le dollar américain. Et maintenant qu'on est rendu
à 0,85 $, la partie est fort différente. Maintenant qu'on est
rendu à 0,85 $, M. le Président, et je ne dis pas que ce n'est
pas un peu trop haut, je ne dis pas que ça
ne devrait pas être à 0,80 $ ou à 0,82 $, mais
à 0,70 $ il y avait là un avantage conjoncturel qu'on ne pouvait
espérer permanent.
Ceci dit, c'est beaucoup trop facile pour le député de
Labelle de comparer la situation qui existait dans les pâtes et papiers
à l'époque où le PQ exerçait le pouvoir et la
situation actuelle, puisqu'on parle de 15 % de différence dans la valeur
de l'argent. Vous comprendrez que, sur des milliards de chiffres d'affaires de
compagnies papetières québécoises aux États-Unis,
comment ça peut représenter des millions de dollars, M. le
Président. On parle de centaines et de centaines de millions de dollars
qui étaient gagnés par les entreprises québécoises
et canadiennes par la seule différence entre les taux de change
américain et canadien.
Ceci dit, M. le Président, le député de Labelle
nous a aussi reproché d'avoir laissé la Consol se vendre à
Stone Consolidated. Vous savez, M. le Président, le gouvernement, en ces
matières, ne peut pas empêcher toutes les ventes à des
entreprises étrangères, auquel cas comment pourrions-nous
souhaiter, comment pourrions-nous nous réjouir qu'une compagnie comme
Cascades achète des compagnies françaises? Comment pourrions-nous
nous réjouir qu'une compagnie comme Québécor
possède des imprimeries aux États-Unis alors que nous dirions de
notre côté qu'il n'est pas question que des entreprises
américaines ou européennes viennent acheter des entreprises
canadiennes et québécoises?
M. le Président, encore faut-il être conséquent. Si
c'est permis pour des Québécois, pour des Canadiens d'aller
investir à l'étranger, ça devrait être
également permis à des entreprises étrangères
d'acquérir des entreprises québécoises. Ça ne veut
pas dire qu'il faut laisser à tous azimuts nos entreprises tomber dans
des mains étrangères et quand ça a été le
temps, quand ça a été justifié, le gouvernement du
Québec s'est occupé de ce genre de problème là.
Steinberg a failli pendant un moment passer à la compagnie Loblaws qui
est une compagnie de Toronto; Lavalin a failli tomber dans les mains d'une
compagnie américaine et, dans les deux cas, le gouvernement du
Québec s'est impliqué, le premier ministre du Québec s'est
impliqué pour faire en sorte que ces entreprises-là demeurent
dans des mains québécoises et c'est ce qui a été
fait.
M. le Président, l'économie québécoise
réagit et est tributaire d'un certain nombre de marchés
internationaux. Le PQ étant lui-même d'accord avec le
libre-échange, on admettra que dans une économie ouverte comme
celle où nous nous trouvons, dans une économie qui fluctue selon
l'offre et la demande, il y a des biens qui, une année, se vendent
très cher et l'année suivante se vendent beaucoup moins cher. Et
on a vu des cas. Par exemple, à la papeterie de Matane, toutes les
études de rentabilité de cette usine-là avaient
été faites pour des ventes de pâtes thermomécaniques
autour de 600 $ la tonne, alors qu'aujourd'hui la compagnie n'est même
pas capable d'avoir 400 $ la tonne. Comment voulez-vous accuser le gouvernement
d'une telle situation, M. le Président? Comment le Parti
québécois peut-il avoir l'affront de mettre sur le dos du
gouvernement du Québec, du Parti libéral, des problèmes de
cette nature, qui sont des problèmes reliés au type
d'économie dans laquelle nous vivons, qui est une économie
d'offre et de demande, une économie qui fait que des acheteurs et des
vendeurs se retrouvent quotidiennement en relation et le prix est fonction de
l'offre et de la demande, le prix est fonction de la rareté ou du grand
nombre de biens disponibles à un moment donné sur le
marché. (12 heures)
M. le Président, c'est la même chose pour l'aluminium. Il
n'y a pas si longtemps, ça se vendait 0,88 $ la livre, et ça se
vend maintenant 0,50 $ la livre. Ne vous demandez pas, M. le Président,
si les alumineries au Québec font de l'argent. Elles ne font pas une
cenne. Elles ne font pas une cenne. Alcan vient de commencer à refaire
un peu d'argent, ce trimestre-ci, alors qu'elle avait perdu de l'argent dans
les deux trimestres précédents.
Ils ne perdent pas seulement de l'argent au Québec. Ils perdent
de l'argent en Australie, ils perdent de l'argent au Royaume-Uni. M. le
Président, trop facile pour l'Opposition de ne pas tenir compte du
contexte économique dans lequel nous nous trouvons. Trop facile pour
l'Opposition d'oublier qu'un grand nombre de nos gros employeurs au
Québec, que ce soient les pâtes et papiers, que ce soient les
alumineries, sont tributaires de prix internationaux, sont tributaires de taux
de change. M. le Président, il faut expliquer les vraies choses aux
Québécois. Il faut dire aux Québécoises et aux
Québécois comment fonctionne notre économie et il faut
arrêter de leur faire accroire que c'est le gouvernement, avec les
pouvoirs qu'il a, qui peut régir les prix internationaux des biens.
Ça n'a pas de bon sens, M. le Président. Une autre
énormité que nous disait le député de Labelle, il
nous disait que nous avions fermé, dans certaines écoles, des
classes de formation professionnelle. M. le Président, s'il y a un
gouvernement qui est ouvert, qui est intéressé à investir
dans la formation professionnelle des Québécois, c'est bien le
Parti libéral. Mais en ces matières comme en d'autres, ça
prend un minimum de masse critique. Vous ne pouvez pas enseigner
l'électromécanique à une classe de deux étudiants.
Et vous avez besoin d'un certain nombre d'équipements
spécialisés. Quand vous faites de la mécanique diesel,
ça vous prend des moteurs. Vous ne pouvez pas avoir une classe de cinq
étudiants.
Si on veut donner un enseignement de qualité, avec des moteurs
récents, non pas des
moteurs d'il y a 25 ans, il est normal d'avoir un minimum
d'étudiants pour justifier les coûts qu'un tel enseignement
implique. Alors, M. le Président, parce qu'on a fermé une option
en enseignement professionnel quelque part au Québec, l'an passé,
trop facile de dire qu'on n'est pas intéressé par l'enseignement
professionnel au Québec.
M. le Président, vous me faites signe, je sens que mon temps
achève. Ce qu'il faut dire également, en matière
économique - et je vais terminer là-dessus - c'est que ce n'est
pas le gouvernement qui peut tout régler tout le temps et qu'il y a un
certain nombre de leviers économiques qui sont en possession de tous et
chacun d'entre nous, de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois. Parce que toutes les Québécoises et tous
les Québécois sont des consommateurs qui, chaque jour, prennent
des dizaines et des dizaines de décisions d'achats, qui prennent chaque
jour la décision d'acheter des biens de consommation, des biens
durables, de la nourriture, du vêtement. Et ces
Québécois-là ne doivent pas sous-estimer le pouvoir qu'ils
ont pour aider l'économie du Québec.
M. le Président, quand les gens de Montréal vont magasiner
à Plattsburg, c'est bien de valeur, ça n'aide pas beaucoup
l'économie du Québec. Quand les citoyens du Québec
achètent leurs cigarettes en contrebande, M. le Président, c'est
bien de valeur, ça n'aide pas beaucoup l'économie du
Québec. Ces gens-là qui font ça ne devraient pas se
retourner ensuite vers le gouvernement et nous pointer du doigt, nous demandant
ce qu'on fait pour l'économie. On sera en droit, à ce
moment-là, de leur demander, nous, ce qu'ils ont fait récemment
pour l'économie du Québec.
C'est vrai également pour les décideurs, dans les grandes
entreprises qui achètent des biens, c'est vrai pour les décideurs
publics, M. le Président, qui, dans le réseau de
l'éducation, qui, dans le réseau des affaires sociales
achètent année après année des millions et des
millions de dollars en biens de consommation. C'est vrai pour nos
sociétés d'État. Je l'ai déjà donné
comme exemple, ce cas-là, ici, où la SEPAQ, au mont Sainte-Anne,
M. le Président, dans la région de Québec, a acheté
un système de billetterie en Autriche sans même faire
soumissionner des Québécois. Maintenant, ils achètent les
billets de ce même système de billetterie en Autriche.
M. le Président, nos décideurs publics ont des
responsabilités à cet égard. Ils doivent faire tout ce
qu'ils peuvent pour encourager les entrepreneurs québécois
à fournir des biens au gouvernement, à ses écoles,
à ses hôpitaux, à ses sociétés d'État.
M. le Président, il est sain que nous parlions en cette Assemblée
d'économie. Et s'il est un mérite qu'on peut donner à
cette motion de l'Opposition, c'est celui-là. Il est bon que nous
tenions en cette Assemblée des débats sur l'économie du
Québec, pour faire en sorte que les Québécoises et les
Québécois soient vraiment bien au courant des tenants et des
aboutissants de la situation actuelle. Quand chacune et chacun des
Québécois du Québec sera conscient du pouvoir qu'il a
comme payeur de taxes et comme consommateur pour réorienter notre
économie, pour insuffler un nouveau souffle dans notre économie,
eh bien, ça ira un peu mieux au Québec. Si chacun fait sa part,
si le gouvernement fait sa part, si les décideurs des entreprises
privées et publiques font leur part, si les consommateurs font leur
part, ça va aller mieux au Québec. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Taschereau. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant Mme la députée de Johnson. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Si j'ai voulu
intervenir sur cette motion-là, c'est que, chez nous, en Estrie, la
situation est loin d'être rose. Vous savez, il y a des gens qui ont dit:
Mais qu'est-ce que c'est, ça? La première journée de la
session, l'Opposition fait une motion - mon collègue, le
député de Joliette - pour proroger la session et avoir un
discours inaugural. Qu'est-ce qu'ils font, là? Qu'est-ce que c'est,
cette affaire-là? C'est simple, M. le Président. Vous savez,
lorsqu'on a été en caucus, en Estrie, les 7 et 8 octobre
derniers, à Sherbrooke, le caucus du Parti québécois a
pris une décision: parler d'économie. Les gens nous ont dit: Bon
Dieu, allez-vous parler d'économie! Il y a beaucoup de gens sur le
chômage, il y a des fermetures d'usines, lâchez donc un peu la
Constitution et parlez donc un peu d'économie! Donc, le caucus a pris la
décision de parler d'économie. En amenant cette motion-là,
de proroger la session et de faire un discours inaugural - la motion ne nous
permet de discuter que 5 heures sur deux mercredis - on aurait 25 heures pour
discuter d'économie; 25 heures, c'est autrement que 5 heures. C'est
pourquoi nous souhaitons que le gouvernement accepte de proroger la session et
de faire un discours inaugural.
En ce sens, M. le Président, je me suis posé la question
suivante: Peut-on aider l'économie autrement qu'en taxant? Ce que,
malheureusement, le gouvernement du Parti libéral que nous avons devant
nous a fait depuis qu'il est là, il a taxé, taxé et
taxé. Le député de Taschereau qui a parié avant moi
se posait des questions sur le fait que les gens allaient faire de la
contrebande de cigarettes. Il disait: Ça n'aide pas l'économie.
Mais s'est-il arrêté pour comprendre pourquoi les gens allaient
chercher des cigarettes aux États-Unis? Bien, ce n'est pas dur à
comprendre: il y a trop de taxes au Québec. On paie
plus cher de taxes que le coût de la cigarette. C'est pour
ça que les gens qui pensent à leur portefeuille, ils traversent
de l'autre bord. C'est vrai que ça n'aide pas l'économie du
Québec. Mais, au départ, c'est parce qu'ils sont trop
taxés. Tu regardes toujours à ton portefeuille, c'est normal.
Surtaxe sur l'essence, 248 000 000 $; hausse des tarifs d'Hydro, 147 000
000 $; droits d'immatriculation, 50 000 000 $; réforme Ryan pour les
municipalités, 365 000 000 $; gel de la TVQ à 8 % au lieu de 7 %,
762 000 000 $. Et je pourrais en énumérer encore et encore. Je ne
crois pas du tout que c'est de cette façon-là qu'on va
réussir à relever l'économie du Québec et à
donner l'aide nécessaire à nos entreprises pour, sinon
créer d'autres emplois, au moins conserver ceux qu'on a. (12 h 10)
En préparant mon intervention, je suis allée chercher des
statistiques économiques sur la population active produites par le
Bureau de la statistique du Québec. Et je me suis rendu compte que, dans
notre région, en Estrie, sur les 209 000 de population de 15 ans et
plus, donc admissible au marché du travail, il n'y en a que 118 000 qui
ont de l'emploi. On a un taux de chômage, en Estrie, de 11,6 %.
Ça, c'est ce que le Bureau de la statistique du Québec dit. Mais,
en réalité, M. le Président, si vous enlevez toutes les
petites "jobines", les petits contrats de 26 semaines qu'à la fois
l'article 25 du fédéral et Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu réussissent à mettre sur le
marché du travail à l'intention de certaines personnes pour un
temps défini, si ce groupe de personnes était à
l'intérieur des statistiques, ce ne serait pas 11,6 % qu'on aurait en
Estrie, ça friserait, je pense, tout près de 20 %. Si j'ose
émettre ce chiffre-là, M. le Président, je ne l'ai pas
pris dans ma tête. Vous vous souvenez, au mois d'août dernier,
lorsque le Conseil du patronat préparait sa rencontre avec les
syndicats, sa rencontre sur l'économie, sur le travail, c'est Ghislain
Dufour... Oui, je dis bien le CPQ, le président du CPQ, il a sorti ce
chiffre-là de 20 % de personnes. Si on calculait le nombre de personnes
en chômage réel, on se rendrait jusqu'à 20 % de
chômeurs au Québec. Puis le président avait dit à
cette occasion: Les représentants d'une vingtaine d'organismes, tant
patronaux, syndicaux que du milieu des affaires et de l'enseignement, et une
cinquantaine de leaders de la société québécoise
discuteront de propositions qu'ils auront eux-mêmes soumises pour tenter
de créer des emplois productifs et permanents dont le Québec a un
urgent besoin. Ça, c'était au mois d'août dans les
préparations du début de septembre.
Ce chômage réel de 20 %, M. le Président, au
Québec, en Estrie, on s'en est ressenti, et de beaucoup. Vous savez, les
fermetures d'usines, en Estrie, ça pullule, M. le Président. J'ai
fait venir de chez nous les chiffres concernant les mises à pied, les
fermetures d'usines, les mises à pied temporaires, mais je vais vous
faire mention seulement des fermetures et des mises à pied permanentes.
Chez Domtar, à Windsor, qui, au moment où on se parle, a fait une
mise à pied de 30 personnes, mais, chez nous, on prétend qu'il y
a encore des mises à pied, entre 100 et 150 et peut-être 200
travailleurs seront mis à pied chez Domtar. Super Hebdo, dans
l'imprimerie, à Magog, une fermeture de l'entreprise, 7 personnes sur le
tapis. Produits métalliques: Atelier d'usinage Poitras, à Magog,
faillite de l'entreprise, 18 personnes. Équipement de transport:
Bombardier, à Valcourt, 70 mises à pied permanentes et 80
temporaires. Produits chimiques, Produits Martin, à Magog, 15
diminutions de la production. Ça, c'est pour le premier trimestre, M. le
Président. Transport Autocar Québec centre, à Florimont, 5
personnes sur le tapis; 5 personnes, faillite. Canadien National, Richmond,
fermeture de la gare, 5 personnes. CHLT Télé 7, 21 mises à
pied permanentes, Sherbrooke. Le magasin Elkis, fermeture, 4 personnes.
Chaussures Trans-Canada, Sherbrooke, 5 personnes. Boutique Coquelicot Mode,
Sherbrooke, fermeture, 5 personnes.
Deuxième trimestre. Ce n'est pas plus rose, M. le
Président, dans le deuxième trimestre. Textile Domtex, à
Magog, 60 mises à pied permanentes. Confection Sawyerville, fermeture,
28 mises à pied. Produits électriques Léviton, Sherbrooke,
fermeture, 76 mises à pied. Transport. GTL Transport, Sherbrooke,
faillite, 23 mises à pied. Sherbrooke Taxi Radio, nouvelle
réglementation, 20 mises à pied. Communications. CJRS Radio 1510,
fermeture, 20 mises à pied. Vidéotron Sherbrooke, 13 mises
à pied permanentes. Pascal, le gros magasin Pascal, 63 mises à
pied, faillite. Cinéma Belvédère, à Sherbrooke, 7
mises à pied, fermeture.
M. le Président, dernièrement encore, une entreprise qui
s'appelle Unitcast, qui avait reçu de la part du ministre de l'Industrie
et du Commerce une écoute attentive, il y a eu une annonce, le 4
septembre dernier, dans un communiqué conjoint de la SDI et de Unitcast,
qui annonçait une augmentation du fonds de roulement de l'entreprise de
l'ordre de 1 300 000 $. De ce montant, la SDI en assumait près du quart,
c'est-à-dire 350 000 $. Le 21 septembre, M. le Président,
même pas trois semaines après, 66 mises à pied à
Unitcast. Le député de Sherbrooke a dit: Chose certaine, il
existe des clauses qui protègent le gouvernement dans un cas comme
celui-là, jure le député Hamel. Il y a des clauses qui
protègent le gouvernement, je pense que c'est une chose importante parce
qu'une compagnie qui demande de l'aide gouvernementale doit au moins avoir
l'obligation de tenir ses portes ouvertes et de conserver les emplois. Mais qui
protège les 66 personnes qui ont été mises à pied?
Qui, M. le Président? Est-ce qu'il y a une clause dans le contrat qui
les a
protégées de ne plus avoir de travail du jour au
lendemain? Je pense que le député de Sherbrooke aurait
été mieux de s'inquiéter aussi pour les travailleurs qui
se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail. Ça, ce n'est
pas dans la liste que je vous ai donnée tout à l'heure.
PPD licencie 175 employés. La compagnie fermera son usine Rim
Spec, à Ascot Corner, avant la fin de l'année,
c'est-à-dire au mois de décembre. Le cadeau de Noël que les
175 employés de Rim Spec d'Ascot Corner, en Estrie, vont avoir: un
chèque, un bleu comme quoi ils n'ont plus besoin de retourner
après Noël. Qu'est-ce que vous pensez qu'ils vont faire? Ça
ne sera pas des fêtes très réjouissantes. Vous savez, quand
on parle d'économie, il ne faut pas avoir un bandeau sur les yeux. Il ne
faut pas non plus croire qu'avec des belles paroles, ce sera suffisant pour
remettre le train sur les rails. Ce n'est pas simple comme ça. Parce
que, il faut l'admettre, le ministre de l'Industrie et du Commerce, il a de
belles paroles, il parle bien et il a l'air sincère dans son affaire,
mais s'il y a juste lui dans son gouvernement qui parle et qui veut aider... De
l'autre côté, ses collègues ministres, est-ce qu'ils ont
l'écoute attentive, eux, pour ce que lui leur demande? S'il est seul
à en parler et qu'il pleure sur l'épaule des entreprises en
disant: Bon, je vous comprends donc, ça va donc mal au Québec.
Ça va mal, mais on va essayer de vous aider. On va essayer, mais ce
n'est pas simplement par un numéro.
Vous vous souvenez, M. le Président, avant la fin de la session,
au mois de décembre, quand ma collègue questionnait le ministre
de l'Industrie et du Commerce au sujet des faillites et des mises à
pied, il n'avait qu'un mot en tête: 1-800-461 -AIDE. Que ce seul
numéro de téléphone là. Vous savez, j'ai
essayé de téléphoner à ce numéro-là
et c'était assez cocasse: On va appeler votre entreprise, on va s'en
occuper, ne vous inquiétez pas. J'ai demandé aux entreprises qui
avaient communiqué avec eux autres de voir si ça avait finalement
débouché sur quelque chose. En tout cas, je ne sais pas si je
n'ai pas été chanceuse dans mon comté, mais je peux vous
dire qu'il n'y en a pas gros qui ont profité de 1-461-AIDE. Il n'y a pas
eu grand-chose après ça.
Pourquoi, quand un gouvernement change, M. le Président, les
choses qui ont bien marché dans une autre récession, on les met
de côté? Pourquoi? Vous vous souvenez, en 1982, le Parti
québécois était au pouvoir. Et nous avons subi une crise
économique mondiale importante; non pas "made in Canada" cette
fois-là, mais mondiale. Et, puis, c'a été grave, parce
qu'il y a eu des pertes d'emplois importantes et on trouvait, je pense, comme
les payeurs de taxes et comme les personnes qui avaient été mises
à pied et comme les propriétaires d'entreprises, les temps durs,
nous autres aussi, parce qu'on avait hâte que le train rembarque sur les
rails.
Donc, qu'est-ce qu'on a fait? On a fait Corvée-habitation, M. le
Président. Et, puis, de peuple de locataires qu'on était, on est
devenu un peuple de propriétaires beaucoup plus que de locataires. Donc,
Corvée-habitation, aux dires de tous et chacun et des gens qui
travaillent, bien sûr, dans la construction, c'a été un des
programmes les mieux organisés qui a aidé à la relance de
l'économie. Parce qu'on dit que quand le bâtiment va, tout va.
Quand les gens commencent à penser à se construire une maison,
l'ensemble des travailleurs peuvent regagner ce qu'ils ont perdu. (12 h 20)
On a aussi mis sur pied le plan Biron 1 et le plan Biron 2. Le plan
Biron 1, je vais vous donner un peu de statistiques. Je sais que le temps qui
m'était réservé achève, M. le Président,
mais je vais vous donner un petit peu de statistiques. Dès le 8 avril
1982, le ministre Biron, Rodrigue Biron, qui était alors ministre de
l'Industrie et du Commerce, a déjà annoncé un programme,
le plan Biron 1. Et le 18 novembre - ce n'est pas longtemps après,
ça - on avait déjà reçu 770 demandes.
Là-dessus, 662 demandes avaient été acceptées;
quelques jours à peine après, il y avait eu 662 demandes
d'acceptées. Avec ça, nous avons préservé 30 000
emplois qui étaient garantis au Québec.
Et, dans le plan Biron 2, qui a été annoncé le 30
novembre 1983, on a eu aussi des résultats tout à fait
extraordinaires. M. le Président, il faut se poser la question:
Lorsqu'il y a des programmes qui fonctionnent et qu'on doit vivre une seconde
crise économique, ne peut-on pas utiliser les programmes qui ont bien
marché et les mettre, encore une fois, à la portée des
gens qui en ont besoin? Vous allez dire: Ce matin, il y a eu une annonce de
faite par la Caisse de dépôt et placement du Québec qui
placera 100 000 000 $ dans les PME. Quand j'ai lu l'article, je me suis
inquiétée sur un point. Et j'aimerais bien ça qu'on
éclaire ma lanterne, puisqu'on dit ici: Les 100 000 000 $ seront
dévolus à des prises de participation sur les marchés
secondaires de Montréal et de Toronto où environ 450 entreprises
remplissent les critères de la Caisse, dont 71 au Québec. Est-ce
que ça veut dire que la Caisse de dépôt et de placement qui
est notre bas de laine, qui est notre caisse de retraite, qui est nos plans de
retraite, va aller investir dans les PME de l'Ontario? Je sais qu'elle investit
déjà dans des grandes entreprises, mais les grandes entreprises,
c'est peut-être moins risqué que les PME. Qu'on risque au
Québec pour nos PME, j'en suis tout à fait, M. le
Président, parce que nos plans de retraite doivent aider nos PME
à se sortir du trou quand elles en ont besoin, mais de là
à investir sur le marché ontarien qui est plus risqué et
peut-être moins rentable, alors, moi, en tout cas, je me pose
sérieusement la question: Est-ce que c'est en réponse à la
proposition du
fédéral qui dit qu'il veut avoir la mainmise sur nos
principaux leviers économiques? Je me pose sérieusement la
question, M. le Président, et je voudrais bien qu'on m'apporte des
réponses à ça. Qu'on investisse au Québec, qu'on
donne une seconde chance aux PME québécoises, j'en suis tout
à fait, mais qu'on ne s'éparpille pas à travers l'Ontario
et tout le Canada pour aider des PME quand les nôtres sont en souffrance.
Donc, M. le Président, je souhaite que le gouvernement accepte qu'on
puisse proroger la session et fasse un discours inaugural pour avoir plus de
temps pour parler d'économie en cette Chambre. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, Mme la
députée de Johnson. Je reconnais l'adjointe parlementaire du
ministre de l'Industrie et du Commerce et députée de
Kamouraska-Témiscouata. Mme la députée.
Mme France Dionne
Mme Oionne: Merci, M. le Président. Dans ces quelques
minutes, j'essaierai de vous démontrer la différence entre les
décisions du gouvernement du Parti québécois, dans le
temps, pour la relance économique du Québec et les
décisions qui ont été prises par mon gouvernement et qui
sont, d'après moi, les meilleures décisions pour relever
l'économie du Québec. Je vous démontrerai que l'action
dépasse de loin, effectivement, les décisions et aussi les
échecs répétés du gouvernement du Parti
québécois.
Le gouvernement libéral agit plutôt que tergiverser et
palabrer comme l'a fait, pendant les neuf années de son terme, le Parti
québécois et depuis les six dernières années qu'il
a passées dans l'Opposition. Il va sans dire, M. le Président,
que la motion qui est présentée par l'Opposition officielle,
aujourd'hui, sur l'économie du Québec n'a pas, à mon avis,
de raison d'être. Depuis que le gouvernement libéral a
accédé au pouvoir, les mesures annoncées et mises en place
ont eu pour effet de véritablement augmenter la
crédibilité du Québec sur le plan économique et
politique. Notre action a eu pour effet de rétablir la
compétitivité fiscale du Québec malgré une
réduction des transferts fédéraux avec les impacts
budgétaires qu'engendre une telle situation.
Rappelons-nous 1986, M. le Président. Le gouvernement
libéral a d'abord établi comme priorité le redressement
des finances publiques. On se souviendra en effet que le déficit
à ce moment-là atteignait un peu plus de 3 300 000 000 $ et que
la situation était à ce point intolérable que
l'État québécois était empêché d'agir
positivement pour relever l'économie des différentes
régions du Québec.
D'abord, parlons du régime du Parti québécois. On
se souvient, M. le Président, que c'est au quatrième trimestre de
1981, au mois de novembre, qu'un budget supplémentaire fut
proposé dans lequel on nous annonçait une ponction fiscale de
plus de 1 000 000 000 $. Croyez-vous vraiment, M. le Président, qu'une
telle mesure fiscale allait aider l'économie du Québec?
Par la suite, en mai 1982, l'historique coupure salariale de 500 000 000
$ des employés du secteur public allait évidemment agir de plein
fouet sur l'économie de plusieurs régions du Québec.
En juin 1982, un plan de relance de l'ordre de 171 000 000 $ fut
annoncé par le gouvernement du Parti québécois, et ce, au
terme de quatre trimestres en situation de récession. Trop tard, M. le
Président, la récession économique avait
déjà créé ses victimes, notamment au niveau des
investissements et des pertes d'emplois. Par la suite, le gouvernement
péquiste annonçait un autre plan de relance, dans le but
évident de réparer ses bévues. Mais là encore, trop
tard, M. le Président, car la mise en place de certains programmes fut
laborieuse et des projets carrément non réalisés et non
réalisables.
Et je reviens à l'intervention du député de Labelle
qui parlait du secteur des pâtes et papiers et du programme de
modernisation des machines à papier qui, on le sait, et c'est connu
à travers l'industrie, s'est avéré un véritable
fiasco, puisqu'il s'agissait d'une opération de "patchage", vraiment de
rapiéçage. Alors, pour être efficace et demeurer
compétitif, il aurait fallu à ce moment-là procéder
au renouvellement des machines, afin qu'elles soient à la fine pointe de
la technologie, ce qui aurait permis une meilleure production en
quantité, en qualité, avec une main-d'oeuvre moins grande, mais
avec des économies de plusieurs milliers de dollars. On se souviendra
d'ailleurs à cet égard des critiques acerbes de la
députée de Taillon sur son propre gouvernement quant à la
gestion en matière économique qu'elle qualifiait de faillite
monumentale, M. le Président.
Le gouvernement du Parti québécois a mal réagi
devant une situation économique qui s'est peu à peu
désintégrée au point où la population
québécoise a souffert, M. le Président, sur le plan
économique, bien sûr, mais également sur le plan social et
culturel, dans la mesure où aucun plan économique, même
celui mis en place en avril 1982, mieux connu sous le nom du plan Biron, n'est
venu à bout des effets néfastes de cette crise économique,
et ce, dans toutes les régions du Québec, incluant la mienne.
M. le Président, nous n'avons aucune leçon à
recevoir de l'Opposition officielle. Qui ne se souvient pas de la perte de 149
000 emplois en 1982, et de cette imprévoyance au niveau de la gestion
des finances publiques? À l'égard de la dernière crise
économique qui a secoué le Québec
et l'ensemble de l'Amérique du Nord, le gouvernement
libéral, M. le Président, a réagi de façon
différente par rapport au gouvernement du Parti québécois.
Notre devise se résume ainsi: Mieux vaut prévenir que
guérir, surtout en matière économique, ce qui a
nécessairement ses effets sur les plans, bien sûr, social,
politique et culturel.
Donc, M. le Président, le premier ministre du Québec a
annoncé un vaste plan de relance économique qui fut
constitué en partie de devancements de projets, d'investissements
publics dans les secteurs des affaires sociales, de l'éducation et des
transports. Le secteur culturel fut également favorisé, de
même que le devancement de travaux d'immobilisation
d'Hydro-Québec. On parle de 4 000 000 000 $ d'investissements, dont 1
600 000 000 $ dans les grands projets industriels, pour les alumineries, et une
série de mesures destinées à soutenir l'économie de
nos régions, notamment dans le secteur de la forêt, du tourisme et
autres activités inhérentes en région.
Malgré la récession économique, le Québec a
connu en 1990 des performances relativement bonnes en termes de création
d'emplois, d'investissements privés et publics et du produit
intérieur brut. Alors, M. le Président, il faut comprendre
l'essentiel des mesures annoncées par le gouvernement libéral.
Ces mesures ont été conçues de façon à ce
qu'elles soient mises en place sans délai et qu'elles produisent des
effets rapides sur le terrain. Elles ont été conçues de
façon à produire un maximum d'impact sur l'économie en
1991, et nous en verrons les effets et les résultats lors des bilans de
fin d'année.
Par conséquent, M. le Président, j'estime que le
gouvernement du Québec est sensible aux effets négatifs de la
conjoncture économique qui a prévalu jusqu'à maintenant,
et le plan d'action mis de l'avant constitue une réponse que les
Québécoises et les Québécois considèrent
comme efficace malgré les aléas de la politique monétaire
canadienne. Comme vous le constatez vous-même, M. le Président, la
stratégie de développement du gouvernement du Québec au
cours des dernières années a été résolument
orientée vers la croissance économique et la création
d'emplois dans toutes les régions du Québec. Les exemples que je
vous ai cités, du plan de relance, l'expriment bien et sont des exemples
éloquents. Le gouvernement a également à l'esprit la
compétitivité de nos régimes fiscaux, le travail
permanent, la recherche et le développement et la formation de nos
travailleurs.
M. le Président, je vois que vous me faites signe que mon temps
est terminé. J'aimerais, en terminant, vous dire que le gouvernement
libéral a une philosophie très claire en matière
économique, une économie qui repose sur la modernisation, afin
que le Québec puisse mieux se positionner par rapport à la
concurrence interna- tionale. C'est là le meilleur moyen d'assurer notre
avenir et c'est également le meilleur moyen de raffermir les secteurs
économiques de pointe. Par conséquent, M. le Président,
j'estime inopportune, inadéquate et presque impertinente la motion
présentée par l'Opposition officielle, en ce sens qu'elle
survient à un bien mauvais moment, alors que le gouvernement
libéral vient de présenter des mesures susceptibles
d'améliorer la qualité de vie des citoyens et des citoyennes dans
toutes les régions du Québec. Comme toujours, le Parti
québécois parle, le Parti libéral agit. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Compte tenu de la
répartition du temps et de la motion du leader de l'Opposition
officielle, la reprise du débat sur cette motion aura lieu mercredi
prochain, 23 octobre, de 10 heures à 12 h 30.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 14 h 11)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Pagé: Alors, M. le Président, je vous invite
à appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 165
Le Président: À l'article a du feuilleton, Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources présente le projet de loi
165, Loi modifiant la Loi sur le mode de paiement des services
d'électricité et de gaz dans certains immeubles. Mme la
ministre.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, ce projet de loi modifie la
Loi sur le mode de paiement des services d'électricité et de gaz
dans certains immeubles afin de la rendre applicable à l'ensemble des
locaux utilisés à des fins résidentielles lorsque le bail
stipule que le prix des services d'électricité et de gaz
fournis
est inclus dans le montant payable au locateur.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
M. Gendron: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article b du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 162
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre des Finances présente le projet de loi 162, Loi sur les frais
de garantie relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux. M. le
ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, ce projet de loi, qui donne
suite à une mesure annoncée, d'ailleurs, au budget du 2 mai
dernier, prévoit qu'un organisme gouvernemental dont la loi permet au
gouvernement de garantir les emprunts sur le Fonds consolidé du revenu
paie au ministre des Finances, pour chacun de ses exercices financiers, des
frais de garantie. Le projet contient également une mesure transitoire
à l'égard d'un tel organisme dont l'exercice financier aurait
commencé avant le 1 er janvier 1992.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, l'article...
Beaucoup de satisfaction du chef de l'Opposition. C'est formidable! L'article
c, M. le Président.
Projet de loi 160
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre de la Sécurité publique présente le projet de loi
160, Loi modifiant la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des
décès et la Loi sur la protection de la santé publique. M.
le ministre de la Sécurité publique.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi modifie la Loi sur la recherche des
causes et des circonstances des décès afin de supprimer
l'obligation de donner automatiquement avis au coroner pour tout
décès survenu dans un centre d'accueil de la classe de centre
d'hébergement et pour tous les cas de transport au Québec du
cadavre d'une personne décédée hors du Québec.
L'avis au coroner demeurera obligatoire dans ces cas si le décès
est survenu dans des circonstances obscures ou violentes, si l'identité
de la personne décédée est inconnue ou si les causes
probables du décès n'ont pu être établies.
Ce projet de loi apporte également des modifications de
concordance à la Loi sur la recherche des causes et des circonstances
des décès et à la Loi sur la protection de la santé
publique, notamment, afin d'y supprimer la notion de coroner auxiliaire.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: l'article d, m. le président, s'il vous
plaît.
Projet de loi 166
Le Président: À l'article d, M. le ministre des
Affaires municipales présente le projet de loi 166, Loi modifiant la Loi
sur la Société de transport de la ville de Laval. M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce projet de loi modifie la Loi sur la
Société de transport de la ville de Laval afin d'habiliter
expressément la Société à assumer les coûts
qui découlent du rachat d'années de service antérieures
exercé par les participants au régime de retraite établi
pour les cadres, chefs de service et autres employés de la
Société.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: L'article e, M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi 164
Le Président: À l'article e du feuilleton, M. le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle
présente le projet de loi 164, Loi modifiant la Loi sur les
allocations d'aide aux familles. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, ce projet de loi modifie la
Loi sur les allocations d'aide aux familles afin de donner suite à une
mesure annoncée lors du discours sur le budget du 2 mai 1991. Cette
mesure prolonge de quatre à cinq ans la période de paiement de
l'allocation à la naissance pour un enfant de troisième rang ou
de rang subséquent. De plus, ce projet de loi prévoit qu'une
demande de dépôt direct de l'allocation familiale versée
par le gouvernement fédéral peut être
considérée comme une demande de dépôt direct des
allocations d'aide aux familles versées par la Régie des rentes
du Québec.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article f et le ministre de la Justice.
Projet de loi 159
Le Président: À l'article f du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 159, Loi modifiant le
Code civil du Bas Canada en matière de tutelle et de curatelle. M. le
ministre de la Justice.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Ce projet de
loi a pour objet de permettre au tribunal de procéder à
l'ouverture ou à la révision du régime de protection d'un
majeur inapte demandée par le Curateur public sans que le conseil de
famille soit tenu, si le Curateur public démontre que des efforts
suffisants ont été faits pour réunir le conseil et qu'ils
ont été vains.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article g et le ministre du Tourisme.
Projet de loi 161
Le Président: À l'article g du feuilleton, M. le
ministre du Tourisme présente le projet de loi 161, Loi modifiant la Loi
sur les établissements touristiques. M. le ministre du Tourisme.
M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, ce projet de loi modifie la
Loi sur les établissements touristiques afin, notamment, de porter la
période de validité d'un permis de 12 à 24 mois et de
permettre que les droits conférés par un permis puissent
être transportés à une autre personne. Ce projet de loi
introduit également des modifications au pouvoir réglementaire du
gouvernement à l'égard de la tarification des permis et des frais
exigibles, des réservations dans les établissements touristiques
et des normes particulières applicables à certains
établissements, dont les bureaux d'information touristique. Enfin, ce
projet de loi ajuste le montant des amendes pour les infractions prévues
à la loi.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous invite à
appeler l'article h et le ministre délégué aux Transports,
s'il vous plaît.
Projet de loi 163
Le Président: L'article h. M. le ministre
délégué aux Transports présente le projet de loi
163, Loi modifiant la Loi sur la publicité le long des routes. M. le
ministre délégué aux Transports.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet de modifier la Loi sur la publicité le long des routes en ce qui a
trait aux distances prescrites. Il permet l'installation à une
intersection d'une route avec une autre route qui n'est pas entretenue par le
ministère d'une publicité qui annonce une entreprise
éloignée de l'intersection et qui est localisée en bordure
de cette route. Par ailleurs, le projet de loi permet au ministre d'autoriser
l'emplacement d'une publicité à une distance moindre lorsque la
topographie des lieux empêche le demandeur de se conformer aux exigences
de la loi. Enfin, ce projet de loi modifie les dis-
positions concernant la hauteur des publicités.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Dépôt de documents
Le Président: Adopté. Maintenant,
dépôt de documents. M. le ministre de la Sécurité
publique. Votre dépôt de documents, M. le ministre de la
Sécurité publique.
Rapport annuel de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles
M. Ryan: J'ai l'honneur, M. le Président, de
déposer le rapport de la Commission québécoise des
libérations conditionnelles pour l'année 1990-1991.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle.
Rapport annuel de la Commission des affaires sociales
et ententes d'échange de renseignements entre organismes
M. Bourbeau: M. le Président, je dépose le rapport
annuel 1990-1991 de la Commission des affaires sociales, de même que deux
ententes d'échange de renseignements relativement à la Loi sur la
sécurité du revenu entre le ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et la
Société de l'assurance automobile du Québec, de même
qu'une autre concernant les articles 229 à 231 de la Loi sur le
régime de rentes du Québec avec la Régie des rentes du
Québec, le tout conformément à l'article 70 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. (14 h 20)
Le Président: Ces documents sont donc
déposés. M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Rapport annuel de la Fondation de la faune
M. Blackburn: m. le président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la fondation de la faune du québec
pour l'année 1990-1991.
Le Président: alors, ce rapport est déposé.
maintenant, m. le ministre du revenu et responsable de l'application des lois
professionnelles.
Rapports annuels des corporations
professionnelles des notaires, des chimistes,
des dentistes, des infirmières et
infirmiers,
des ingénieurs, des médecins
vétérinaires,
des pharmaciens, des physiothérapeutes,
des
psychologues, des techniciens et techniciennes
dentaires, des techniciens en radiologie,
des technologues des sciences
appliquées,
des technologistes médicaux, des
podiatres
et de l'Office des professions
M. Savoie: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 des corporations professionnelles
suivantes: les notaires du Québec, les chimistes du Québec, les
dentistes du Québec, les infirmières et infirmiers du
Québec, les ingénieurs du Québec, les médecins
vétérinaires du Québec, les pharmaciens du Québec,
les physiothérapeutes du Québec, les psychologues du
Québec, les techniciens et techniciennes dentaires du Québec, les
techniciens en radiologie du Québec, les technologues des sciences
appliquées du Québec, les technologistes médicaux du
Québec, les podiatres du Québec pour l'année 1989-1990, de
même que celui de l'Office des professions pour 1990-1991.
Le Président: Alors, tous ces rapports sont donc
déposés. Maintenant, M. le ministre des Communications.
Rapport annuel de la Société de
radio-télévision du Québec
M. Cannon: merci, m. le président. j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la société de
radio-télévision du québec pour l'année
financière 1990-1991.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Dépôt de rapports de commissions
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission des institutions et député de
Marquette.
Vérification des engagements financiers
M. Dauphin: Oui, merci, M. le Président. J'ai donc
l'honneur de déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le 29 août 1991 afin de procéder à la
vérification des engagements financiers du ministère des Affaires
internationales contenus dans les listes des mois de janvier 1990 à mai
1991.
Le Président: Ce rapport est donc déposé.
Maintenant, M. le président de la commission de l'économie et du
travail et député de Laval-des-Rapides.
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer le rapport de la commission de l'économie et du
travail qui a siégé les 20 août et 1er octobre 1991 afin de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère des Forêts contenus dans les listes du mois de janvier
1991 à juin 1991 et ceux du ministère du Travail contenus dans
les listes des mois de décembre 1989 à juillet 1991.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
M. le président de la commission de la culture et député
de Louis-Hébert.
Une voix: Ah! C'est bien, ça.
M. Doyon: M. le Président, c'est avec plaisir que je
dépose le rapport de la commission de la culture qui a
siégé le 11 septembre 1991 afin de procéder à la
vérification des engagements financiers du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration contenus dans les listes des
mois de janvier 1990, je pense, à juin 1991.
Le Président: Alors, ce document est déposé.
Mme la présidente de la commission de l'éducation et
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Consultations particulières dans le cadre de
l'étude du projet de loi 141
Mme Harel: m. le président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé les 21 et 22 août 1991 afin de procéder
à des consultations particulières et de tenir des auditions
publiques dans le cadre de l'étude du projet de loi 141, loi sur
l'enseignement privé.
Le Président: Ce document est également
déposé. Maintenant, dépôt de pétitions. M. le
député de La Prairie.
Dépôt de pétitions
Revoir la décision de permettre
l'exploitation
d'un système de gestion des déchets
solides à
la carrière A. Stabile de La Prairie
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 213 pétitionnaires, citoyennes et citoyens de Candiac,
comté de La Prairie.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que le
ministère de l'Environnement du Québec a autorisé la
compagnie Carrière A. Stabile à exploiter un lieu de
dépôt de matérieux secs à même sa
carrière; "Considérant que les activités de cette
compagnie nuisent à la qualité de vie des résidents de la
municipalité de Candiac, notamment ceux des rues Aberdeen,
Adélaïde et de l'Abbaye, en raison des dynamitages fréquents
et des travaux qui s'ensuivent; "Considérant que la plupart des
résidents de ce secteur sont alimentés au gaz naturel avec tous
les dangers inhérents aux activités de dynamitage;
"Considérant que nous sommes régulièrement pollués
par le bruit des camions circulant près de nos résidences,
pollués par des amas de terre et de roches à des hauteurs donnant
un droit de regard sur nos propriétés et nos personnes,
pollués par la poussière que ces travaux occasionnent."
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignées et soussignés, prions l'Assemblée nationale
d'intervenir auprès du ministre de l'Environnement afin qu'il revoie sa
décision de permettre l'exploitation d'un système de gestion des
déchets solides et de ne pas renouveler cette autorisation
au-delà du 26 juillet 1992."
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'intervention portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel. Nous allons donc procéder
à la période de questions et réponses orales. Je vais
reconnaître, en première question principale, M. le chef de
l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Interpellation sur les propositions
fédérales
M. Parizeau: M. le Président, en attendant le
résultat des délibérations du Conseil des ministres ce
matin sur le report de la taxe de vente sur les services - nous en saurons
peut-être davantage demain et j'interviendrai à ce
moment-là - je reviens à la question constitutionnelle.
Fondamentalement, les offres fédérales déposées le
24 septembre dernier soulèvent, entre autres, trois grandes questions.
Premièrement, le contenu des offres fédérales est-il
inférieur à Meech et aux cinq conditions minimales qu'avait
fixées le premier ministre? Deuxième question, les offres
proposent-elles un quelconque transfert de pouvoirs au Québec et, si
oui, comment cela se compare-t-il avec le programme officiel du Parti
libéral du Québec et le rapport Allaire, dont le premier ministre
est l'un des signataires? Troisièmement et finalement, est-ce que le
projet de centralisation des pouvoirs économiques entre les mains du
fédéral est acceptable au Québec?
Le premier ministre a refusé hier de dire ce qu'il pense de la
clause de la société distincte. Il tergiverse sur le débat
que nous a offert le réseau Télémédia sur la
question constitutionnelle et, finalement, il n'a pas de commentaires sur le
document de stratégie du fédéral qui nous explique comment
le Québec est en train - si vous me passez l'expression - de se faire
avoir.
Si la prochaine interpellation, vendredi en huit, porte sur la question
constitutionnelle, pour
nous permettre lui et moi d'en discuter, est-il disposé à
accepter d'y participer, lui qui dit préférer les débats
en Chambre?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il est prévu, quoi
que ce ne soit pas encore confirmé - nous voulons compléter nos
discussions avec le ministère de l'Environnement - que je sois aux
Îles-de-la-Madeleine le jeudi ou le vendredi de la semaine prochaine. Je
verrai si je peux reporter le voyage, mais j'aimerais bien pouvoir me rendre
aux Îles-de-la-Madeleine avant le mois de novembre. Nous avons eu
l'occasion de discuter durant cinq heures lorsque nous avons analysé les
crédits du Conseil exécutif où nous avions examiné
sous tous les angles... Je ne crains pas du tout de discuter la question
d'union économique. Moi aussi, je suis anxieux de connaître la
position du chef de l'Opposition qui multiplie les rectificatifs dans les
interviews qu'il donne. C'était la Presse canadienne, là
c'est l'Actualité.
Il envoie des lettres constamment tous azimuts pour rectifier les propos
qu'il a tenus. Il est pour la souveraineté-association, là il est
contre. Il était pour l'union monétaire, mais là il est
pour l'union monétaire, contre le consentement du Canada. Tout ça
n'est pas très clair, n'est pas très limpide. Alors, je crois que
je serais très heureux de dialoguer avec lui pour voir exactement quelle
est la position du Parti québécois, quel genre d'union
économique il propose aux Québécois. Union tarifaire,
union douanière, monétaire? On attend encore quelque idée
claire que ce soit sur le fonctionnement de l'union économique. Nous, on
a toujours été très clairs. Cette union économique
suppose, M. le Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: M. le Président...
Le Président: Bon, un instant! S'il vous plaît. S'il
vous plaît. Alors, rapidement en conclusion, M. le premier ministre,
quelques secondes. S'il vous plaît!
M. Bourassa: M. le Président, ceux qui rient n'ont pas de
mémoire. Je pense bien que j'ai toujours soutenu depuis au moins 25 ans
que, si on veut une union économique fonctionnelle au Canada, il faut
une structure politique commune. Je n'ai pas changé d'idée depuis
1967, alors que, du côté de l'Opposition...
Des voix:...
M. Bourassa: Je termine, M. le Président. Alors que, de
mon côté, j'ai toujours eu le même point de vue, du
côté de l'Opposition on est passés de la
souveraineté-association à l'union monétaire avec le
Canada et maintenant à l'union monétaire contre le Canada.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition. (14 h 30)
M. Parizeau: J'accepterai - moi, je ne refuse jamais - volontiers
l'offre que me fait le premier ministre de discuter de ces questions
monétaires ou commerciales en cette Chambre, toujours, chaque fois qu'il
me le suggérera. Mais ma question n'était pas dans ce
sens-là, M. le Président. Ma question, c'était...
Des voix: Ah! Ah!
M. Parizeau: ...au sujet des offres fédérales.
Est-ce que si nous inscrivons une interpellation pour examiner en cette Chambre
les offres fédérales, en particulier sur les trois grandes
questions dont j'ai parlé... Est-ce que c'est inférieur à
Meech? Oui, c'est une question. Est-ce qu'il y a un transfert le moindrement
appréciable de pouvoirs au Québec par rapport au rapport Allaire?
Et: Est-ce que le projet de centralisation des pouvoirs économiques
entre les mains du fédéral est acceptable avec le Québec?
Est-ce que le premier ministre va accepter de venir discuter avec moi et
essayer de répondre avec moi à ces trois questions dans une
interpellation du vendredi, que je place vendredi à la première
occasion, c'est-à-dire vendredi dans huit jours, mais qui pourrait,
j'imagine, avec l'accord unanime de cette Chambre, avoir lieu à d'autres
moments de la semaine puisque le menu législatif est tellement
léger...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: ...que nous allons passer, dans les 48 heures qui
viennent, si peu de temps ensemble dans cette Chambre?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais d'abord
m'excuser auprès du chef de l'Opposition, confesser un oubli. Dans
l'énumération des différentes options du Parti
québécois, j'oubliais la période où le chef de
l'Opposition optait pour une monnaie québécoise. D'ailleurs, il
ne l'élimine pas maintenant. Il dit qu'il est pour une union
monétaire dans un avenir prévisible.
Pour ce qui a trait à ce débat, qui est fondamental et
pour lui et pour moi, je l'accepte en principe. Quant au moment, il me
permettra... Il ne m'a pas prévenu qu'il me ferait cette demande cet
après-midi, mais je lui ai dit que nous avions discuté durant au
moins une heure et demie en présence du député de
Lac-Saint-Jean qui était assez silencieux à ce
moment-là.
Je n'ai aucune objection à accepter, en principe, de reprendre le
débat sur ces questions-là. Je voudrais simplement rectifier une
affirmation du chef de l'Opposition. Il parlait d'offres du gouvernement
fédéral, il s'agit de propositions du gouvernement
fédéral.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre convient ou ne
conviendra pas que nous ne reprendrions pas le débat? Ce débat
sur les offres ou les propositions fédérales dont il parle n'a
jamais eu lieu. Le premier ministre ayant refusé de participer à
ce débat que le réseau Télémédia nous
offrait, je lui demande si nous pouvons trouver, dans un avenir rapide - on se
comprend, pas pour les trois prochains mois - la possibilité que lui et
moi, en cette Chambre, nous discutions des propositions
fédérales. Il est d'accord. Je le comprends bien?
M. Bourassa: J'ai mentionné qu'il s'agissait de reprendre
le débat parce que je suis convaincu que nous allons discuter d'union
économique et du fonctionnement de l'union économique. Alors, ce
ne seront pas des discussions nouvelles, étant donné qu'il faudra
discuter du fonctionnement de l'union économique. L'accord du lac Meech,
on en a discuté durant des mois et des mois. Du transfert des pouvoirs,
on en discute depuis 30 ans. Depuis 30 ans qu'on discute d'un nouveau partage
des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec, alors il n'y aura pas tellement de nouveautés. Mais c'est
un sujet d'une grande actualité. Ce n'est peut-être pas la
priorité des priorités du gouvernement qui est celle de
gérer l'économie, gérer les finances publiques. Je sais...
M. le Président, quand on a un dossier aussi accablant qu'a
l'Opposition, quand ils étaient au pouvoir, sur la gérance de
l'économie...
Des voix: Bravo!
M. Bourassa: ...le moins qu'on puisse faire, c'est de s'abstenir
de sourire sur ces questions-là.
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Vous devriez baisser la tête et longer les
murs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, sur un rappel au règlement...
Un instant, un instant. Alors, rappel au règlement.
M. Chevrette: Une question précise sur la tenue d'un
débat, M. le Président. Vous pouvez bien laisser errer le premier
ministre... Je dis "errer" pour être poli, à part ça. Ce
n'est pas le temps de lire le bottin téléphonique quand on pose
une question, M. le Président. Il me semble qu'un chef d'État
doit comprendre ça. Accepte-t-il ou non de relever le défi et de
répondre à des questions précises? S'il n'en est pas
capable et s'il a besoin de tergiverser et d'errer comme il le fait, le public
jugera.
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je pense que c'est une
tradition dans cette Chambre que le chef de l'Opposition et évidemment
le premier ministre, ça va de soi, aient une certaine latitude dans les
échanges pour faire profiter au mieux chacun des collègues de
cette Assemblée. Je ne comprends pas cet énervement subit de la
part de mon collègue et bon ami, le député de Joliette.
C'était bien parti. C'était bien parti.
Le Président: Très bien. S'il vous plaît!
Alors, pour une question principale, M. le député
d'Arthabaska.
Aide fédérale aux agriculteurs de
l'Ouest par rapport à celle accordée au Québec
M. Baril: Oui. Le gouvernement fédéral
annonçait la semaine dernière une aide directe de 800 000 000 $
qui sera versée principalement aux fermiers de l'Ouest. Ces 800 000 000
$ s'ajoutent aux 2 500 000 000 $ d'aide directe déjà
versée dans la même année par le gouvernement
fédéral aux producteurs de l'Ouest. Si on ajoute à ces
sommes-là les autres interventions du gouvernement fédéral
aux agriculteurs de l'Ouest, comme les subventions pour l'aide au transport des
grains, ça totalise, M. le Président, plus de 4 000 000 000 $
dans une seule année du gouvernement fédéral aux
producteurs de l'Ouest.
Dans le système actuel, les Québécois paient le
quart de ces sommes, soit près de 1 000 000 $ par année pour
compétitionner...
Une voix: 1 000 000 000 $.
M. Baril: ...1 000 000 000 $ par année pour
compétitionner. Comme compensation, les agriculteurs
québécois recevront, de ces 800 000 000 $, 40 000 000 $ par
année. Ma question au ministre de l'Agriculture: Est-ce que le ministre
reconnaît que les subventions versées aux agriculteurs de l'Ouest
sont injustes et inéquitables envers les agriculteurs
québécois qui, eux aussi, connaissent des difficultés,
mais qui ne reçoivent à peu près rien du gouvernement
fédéral comparativement aux fermiers de l'Ouest, et qu'entend
faire le ministre pour remédier à la situation?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, le moins que je puisse dire,
c'est que, si mon collègue, le député d'Arthabaska,
était un producteur de blé et résidait dans l'Ouest, il ne
tiendrait pas le même langage qu'il tient présentement, quand on
sait quel prix on paie le blé. Maintenant, la députée de
Chicoutimi va sûrement écouter parce qu'elle va apprendre des
choses, bien sûr, au lieu d'essayer de bavarder.
Des voix: Oh!
M. Picotte: M. le Président...
Des voix: Oh, oh, oh!
M. Picotte: Au cas où vous ne le sauriez pas, c'est
la...
Le Président: Oui. Un instant! S'il vous plaît!
Alors, sur un rappel au règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Si un ministre peut en appeler du règlement,
il en appelle, mais il n'est pas obligé d'exprimer un mépris en
Chambre.
Des voix: Oh! Ha, ha, ha! Une voix: Sexiste!
Le Président: Effectivement, M. le ministre, je vous
demande de revenir à la question. Mais il y a une autre chose aussi,
cependant, c'est que, quand un député fait des commentaires,
c'est évident qu'il s'attend à ce qu'on lui réponde. Et si
le ministre, dans le cadre de sa réponse, entend des commentaires, comme
parfois des gens peuvent susciter des commentaires de l'autre côté
dans le cadre d'une question, il y a des réactions qui arrivent dans ce
sens-là. Donc, je demande simplement aux députés de
respecter le silence, qu'on laisse répondre le ministre et qu'on laisse
poser les questions également. Alors, M. le ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Question de règlement.
Mme Blackburn: M. le Président, je n'ai pas fait de
commentaires, j'ai parlé à mon voisin. Et vos commentaires...
Des voix: Ah!
Mme Blackburn: M. le Président...
Des voix: Ah!
Le Président: S'il vous plaît! Un instant! Un
instant!
S'il vous plaît! Effectivement, vous avez mentionné que
vous n'aviez pas donné de commentaires. Je peux accepter votre remarque,
mais ce n'est pas une question de règlement en soi. J'invite le ministre
tout simplement à répondre à la question posée.
Allez-y. (14 h 40)
M. Picotte: M. le Président, bavardage mis à part,
je voudrais dire à mon collègue, le député
d'Arthabaska, que ce que nous cherchons à faire et ce que nous
réussissons à faire - mon prédécesseur, le
député de Portneuf en a fait la preuve élégante et
éloquente - c'est, bien sûr, d'aller chercher la règle
d'équité pour les producteurs du Québec. Cette
règle d'équité, elle sera appliquée dans le cas
présent comme dans n'importe quel autre cas qu'on a eu à traiter
avec le gouvernement fédéral.
Maintenant, mon collègue d'Arthabaska pourrait peut-être
ajouter ceci à ce qu'il a dit. Est-ce que toutes les fois que le
gouvernement fédéral donne 6 $ et quelques sous par hectolitre de
lait, alors que nous sommes des producteurs de lait pour 48 % de la
consommation canadienne, il fait le même raisonnement? Est-ce qu'il dit
qu'on nous en donne trop parce qu'on est des producteurs de lait, à ce
moment-là? Donc, il faut garder les justes proportions et, comme
producteur agricole, vous devriez savoir ça.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
M. Baril: M. le Président, le ministre ne convient-il pas
que l'aide ou les subsides laitiers, c'est un programme régulier
à l'ensemble du Canada tandis que l'aide aux
céréaliculteurs de l'Ouest, c'est une subvention
discrétionnaire de la part d'Ottawa? Avant que le ministre fasse la
leçon à tout le monde, ne convient-il pas que les producteurs
québécois auraient toujours payé moins cher leurs
céréales sur le marché international que de les payer par
la Commission canadienne du blé qui, elle, fixe le prix au
détriment des producteurs québécois?
Des voix: Bravo! Bravo! Le Président: M. le
ministre.
M. Picotte: M. le Président, c'est
incompréhensible, une question semblable à celle-là ou un
commentaire semblable à celui-là. Je comprends que vous
êtes un producteur de lait nature, vous, mais c'est la même chose
du côté du lait industriel. C'est la même chose du
côté du lait industriel au niveau des subsides. C'est la
même chose, M. le Président. Nos producteurs de
céréales en reçoivent une partie et on va en chercher une
autre partie dans les millions qu'ils
versent au niveau canadien. Qu'est-ce que ça veut dire que vous
ne comprenez pas ça? Enlevez votre chapeau de député et
mettez votre chapeau de producteur agricole.
Le Président: En question complémentaire toujours,
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, avant que le ministre de
l'Agriculture dise que je ne comprends rien, comment le ministre, lui, peut-il
essayer de comprendre d'abord lui-même et nous l'expliquer? Comment se
fait-il que, quand il parle d'équité, le gouvernement
fédéral retient plus de 21 000 000 $ aux producteurs
québécois dans le cadre de l'assurance-stabilisation, des
assurances agricoles, pendant qu'il donne des milliards à l'Ouest sans
poser de questions, sans aucune condition? Est-ce que le ministre est rendu
assez fédéraliste pour ne plus défendre
l'intérêt des agricultrices et des agriculteurs
québécois?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je défends la
règle de l'équité, il n'y a pas de miracle à
ça. Le député sait très bien que nous avons 4 % des
producteurs agricoles qui sont des céréaliers. On parle de 800
000 000 $; 4 fois 8, c'est 32, c'est 32 000 000 $. Il dit qu'on va en chercher
40 000 000 $. Qu'est-ce qu'il a à nous reprocher sur la règle de
l'équité? On va chercher 40 000 000 $ et on a 4 % des
producteurs, alors qu'à ce moment-là on va chercher 6 $ et
quelques sous l'hectolitre de lait et on produit 48 % du lait. Il ne se plaint
pas de ce côté-là. Pourquoi vous n'appliquez pas les deux
méthodes de la même façon? Pourquoi compter d'une
méthode quand il s'agit des céréales et d'une autre
méthode quand il s'agit du lait? Parce que vous ne comprenez pas
ça ou parce que vous voulez faire de la petite politique? C'est quoi au
juste votre problème?
Le Président: Pour une dernière question
additionnelle, M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, pour un ancien directeur
d'école... Il m'accuse d'être agriculteur, je vais l'accuser
d'être directeur d'école et ce n'est pas péjoratif.
Des voix: Oh! Oh!
M. Baril: Est-ce que le ministre est capable...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, allez-y avec votre question, M. le député.
M. Baril: Est-ce que le ministre est capable de nous faire la
division entre 40 000 000 $ sur 4 000 000 000 $? C'est quoi la justice? Le
Québec reçoit 40 000 000 $ sur des subventions de 4 000 000 000 $
à l'Ouest et il dit que c'est équitable. Voyons donc!
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: J'espère que ce n'est pas un défaut.
S'il prétend que je l'ai accusé d'être agriculteur, au
contraire, je serais content de me faire accuser de ça si j'en
étais un, moi, un agriculteur. Ce n'est pas péjoratif ça.
Qu'est-ce que c'est? Vous reniez ça maintenant que vous êtes rendu
à l'Assemblée nationale? Vous n'aimez plus ça? C'est quoi
votre problème au juste?
Le Président: Sur une question de privilège, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: m. le président, je n'ai jamais eu honte
d'être agriculteur. même si je suis ici, en cette assemblée,
je suis encore un agriculteur, je suis fier de l'être et je demande au
député de maskinongé de retirer ses paroles.
Des voix: Bravo!
Le Président: S'il vous plaît! La question, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Picotte: Je suis content que le député
d'Arthabaska ait rétabli les faits, puis je suis content qu'il soit
heureux d'être un agriculteur puis, moi aussi, je le félicite,
parce que je les aime, les agriculteurs, M. le Président. Quand on parle
de 40 000 000 000 $, c'est ça que j'ai tenté d'expliquer au
député d'Arthabaska.
Des voix: 1 000 000 $.
M. Picotte: Non, il a parlé des milliards qui sont
donnés dans l'Ouest. 4 000 000 000 $ puis 40 000 000 $. Quand on parle
des milliards et des millions, je vous dis tout simplement de faire la
règle suivante qu'il est bien important que vous fassiez. Additionnez
toutes les colonnes de chiffres du côté du lait, du
côté du blé, du côté des bovins de boucherie,
du côté des céréales, à tout point de vue et,
quand vous aurez fait le total des colonnes, vous viendrez me voir en
arrière du trône. On s'en parlera puis on se donnera la main.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Maintenant, en question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Projet de construction de la route du Nord
M. Brassard: M. le Président, aujourd'hui, if y a toute
une délégation régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean parmi
nous...
Des voix: Bravo!
M. Brassard: ...qui est dirigée par le président du
CRCD, M. Jean Vauthier, et qui compte des intervenants ou des personnes de tous
les milieux, du milieu municipal, des chambres de commerce, du CRCD et venant
de partout aussi, de Chibougamau, du Lac-Saint-Jean et du Saguenay et qui sont
de plus en plus exaspérés et préoccupés du sort que
le gouvernement réserve au projet qu'on appelle la route du Nord, qui
doit relier la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean au territoire de la
Baie James. Ce projet avait fait l'objet d'un engagement électoral du
premier ministre, en 1989, et aussi d'une entente
fédérale-provinciale de 50 000 000 $ signée en juin
1989.
La région ne peut pas se permettre de perdre ce projet-là.
Encore, on apprend aujourd'hui qu'il y a 200 mises à pied à
l'Alcan, dans la région. On ne peut pas se permettre de perdre ce
projet-là. Depuis, tous les problèmes techniques sont
réglés. Ce qui manque, c'est une volonté politique claire
d'aller de l'avant et d'amorcer les travaux. La question, elle est très
simple, M. le leader. Elle est très simple, vous allez voir. Puisque
l'entente vient à échéance à la fin d'octobre, le
premier ministre peut-il confirmer à cette Chambre et à cette
délégation de la région que le sujet, d'abord, est inscrit
à l'ordre du jour du Conseil des ministres et a-t-il l'intention de
tenir parole et de respecter l'engagement qu'il a pris solennellement devant
toute la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean et, en d'autres termes,
très simplement, entend-il être un homme de parole ou être
un homme sans parole?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je veux saluer les membres de la
délégation. Je me souviens d'en avoir parlé à
quelques reprises durant la campagne électorale. Je crois que le
député de Lac-Saint-Jean en avait également parlé,
comme candidat, ou aussi à l'occasion de la campagne de M. Lucien
Bouchard, quand il avait appuyé M. Lucien Bouchard comme candidat au
gouvernement fédéral, au Parlement fédéral.
Toutes ces questions-là - et c'est un dossier qui est très
important, je reconnais les implications économiques - sûrement
qu'on prendra une décision d'ici au 31 octobre, étant
donné que la subvention du gouvernement fédéral, à
ce qu'on m'a informé, se termine le 31 octobre. Mais le gouvernement
doit examiner... L'Opposition - et ça fait partie des règles du
jeu -demande constamment d'augmenter les dépenses, de réduire le
déficit, de réduire les impôts. Il s'agit de voir comment
on peut faire ces trois choses en même temps. Si on veut réduire
le déficit, réduire les impôts et augmenter les
dépenses, on voit un peu comment on aboutit à la quadrature du
cercle. Alors, on examine le dossier au mérite. On est tout à
fait conscients, comme je l'ai dit tantôt, des implications. Dans mon
cas, je ne suis pas sûr, même, de ne pas en avoir parlé
à une assemblée électorale à Aima même,
où se trouve le bureau du député. Quand il a dit
tantôt que j'ai pris un engagement vis-à-vis de toute la
population, je suis obligé de dire qu'à ce moment-là le
député était absent de son bureau où se trouvait
l'assemblée. Ça ne veut pas dire qu'il n'avait pas des espions.
Mais ce que je veux dire, c'est que nous sommes d'accord sur l'importance de
cette décision pour le développement économique du Nord,
mais comme tous les gouvernements en Amérique du Nord aujourd'hui - et
c'est une question dont on avait parlé également à
l'élection partielle de Rober-val... (14 h 50)
Le Président: Conclusion, M. le premier ministre.
M. Bourassa: ...et également à l'élection au
mois de septembre, il y a deux ans - on est obligés de tenir compte de
l'impact de nos décisions, dans une période de rareté, sur
les dépenses, sur les revenus et sur le déficit. Nous allons
examiner ça dans les prochains jours, comme une priorité.
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: II y a des limites à rire du monde, hein!
Des voix: Ah!
M. Brassard: Oui, il y a des limites à rire du monde.
Le Président: Alors, je vous convie, M. le
député de Lac-Saint-Jean, à poser une question, sans
commentaire, s'il vous plaît.
M. Brassard: Le premier ministre veut-il dire qu'il examine ce
projet au mérite à la veille d'une échéance, le 31
octobre, alors que, lui, en a pris l'engagement ferme? À ce
moment-là, quand il s'est engagé, l'examen au mérite
était fait alors que son ministre en a pris l'engagement ferme. C'est
grâce à ça qu'il s'est fait réélire en
septembre 1989. Il le sait, ça, que son ex-ministre des Transports a
signé une entente fédérale-provinciale...
Le Président: Un instant! Alors, sur un rappel... S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Alors, sur un rappel au
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lac-
Saint-Jean nous a toujours habitués à des questions
posées calmement, sereinement. Je ne sais pas si c'est la
présence de la galerie. Je présume que ce n'est pas ça,
aujourd'hui. Je l'inviterais, M. le Président, à poser une
question brève, sans préambule. Voyons donc!
Le Président: Un instant! Alors, j'inviterais, à ma
gauche, les collègues. Si vous avez des discussions à faire, je
vous invite à aller dans les salons à votre disposition,
immédiatement. Sinon, je vous prierais d'écouter les questions de
règlement qui sont posées. Je reconnais M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: ...M. le Président, ne donne pas de pouvoir
à un leader d'essayer d'insinuer quoi que ce soit. Qu'il prenne la
parole d'un individu et lui, comme leader, s'il y en a un qui appelle au calme
régulièrement et qui fait tout pour attiser, pour tisonner...
Une voix: Oui.
M. Chevrette: ...c'est bien lui. La petite arrogance du
député de Portneuf, on en a plein le dos, nous autres, M. le
Président. J'en ai plein le dos.
Des voix: Bravo!
Le Président: à l'ordre, s'il vous plaît!
alors, je vous demanderais de compléter votre question,
évidemment, sans argumentation, s'il vous plaît.
M. Brassard: M. le premier ministre, je vais être bien
calme. Ce que la région demande au premier ministre, ce que je lui
demande, c'est la question suivante: Est-ce que la décision que son
Conseil des ministres compte prendre d'ici au 21 octobre sera conforme a
l'engagement solennel qu'il a pris? C'est ça, la question. On sait bien
qu'il va prendre une décision...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Brassard: ...mais est-ce que la décision sera conforme
à l'engagement que lui a pris, que son ministre a pris, que son
ex-ministre des Transports a pris? C'est ça que la région veut
savoir. Allez-vous être un homme de parole? Allez-vous tenir parole?
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je suis quand même stupéfait par la
question du député. Il me reproche d'examiner la question au
mérite. Je réponds à sa première question: Nous
allons examiner au mérite. On devrait examiner comment? Sur quelle base?
Sans tenir compte du mérite? M. le Président, c'est un
élément important, le mérite du dossier. L'engagement qui
a été pris par le gouvernement, comme tous les engagements qui
ont été pris, et je suppose que ça vaut également
pour l'Opposition... Je ne pense pas qu'ils se soient engagés à
baisser les salaires de 20 % quand ils ont été
réélus en 1981. Mais le chef de l'Opposition, qui était
ministre des Finances à ce moment-là, invoquait la crise des
finances publiques. Je me souviens très bien, le ministre des Finances
disait: On n'a pas dit, le 13 avril 1981, qu'on était pour sauvagement
couper les salaires de 20 %, mais on ne savait pas, on n'a pas prévu la
crise des finances publiques, pas plus d'ailleurs qu'il n'avait prévu
que le déficit passerait de 5 000 000 000 $ à 30 000 000 000 $.
Ce que je dis, M. le Président...
Le Président: Rapidement, en conclusion, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: La question du député de
Lac-Saint-Jean est pertinente. D'ailleurs, j'attendais sa question parce que je
suis attendu à Montréal dans deux heures pour la réunion
des maires des grandes villes, mais je suis resté ici pour
répondre à sa question, parce que je savais qu'il me poserait la
question. Pour une fois, j'avais été prévenu. Alors, je
dis au député de Lac-Saint-Jean que c'est une priorité des
prochains jours. C'est facile de dire oui à tout, sans tenir compte du
contexte, mais on est obligé comme gouvernement de tenir compte de la
capacité de payer qui existe en 1991. Mais on va examiner ça, on
va examiner cet engagement très important pour le développement
économique avec la plus grande attention et avec la plus grande
ouverture.
Le Président: En question principale, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Position de la ministre des Affaires
culturelles sur le rapatriement des
pouvoirs fédéraux en matière de
culture
M. Boulerice: M. le Président, au moment de la
création du comité Arpin, le 24 janvier dernier, la ministre des
Affaires culturelles réclamait le rapatriement des pouvoirs
fédéraux sur la culture et je la cite: "C'est nécessaire.
Nous ne pouvons plus continuer comme cela. Souvent les objectifs d'Ottawa ne
sont pas les nôtres, nos échéanciers ne sont pas les
mêmes. Nous voulons être le maître d'oeuvre sur la culture.
C'est le minimum."
Le rapport Allaire, la commission Bélanger-Campeau et le rapport
Arpin, dans la foulée des revendications traditionnelles du
Québec sur la culture, ont aussi revendiqué cette maîtrise
d'oeuvre du Québec, tout comme le premier ministre d'ailleurs le 27
août dernier. Les propositions fédérales sont une fin de
non-
recevoir.
Or, vendredi dernier, sur les ondes de Radio-Canada, la ministre
annonçait son intention de renoncer au rapatriement des pouvoirs
fédéraux sur la culture. Ma question: Comment la ministre
explique-t-elle ce volte-face majeur? Alors qu'en janvier elle déclarait
que c'était le minimum pour renoncer à cette revendication
constitutionnelle du Québec, en janvier elle prétendait de
nouveau que rien n'était plus facile à vendre aux provinces que
cette revendication-là. Est-ce qu'on peut comprendre qu'elle s'est
convertie à la souveraineté partagée ou quelque chose
comme ça?
Le Président: Mme la ministre des Affaires
culturelles.
Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président. Vous
savez, il y a un vieil adage qui dit: Quand ça va bien, ça va
mal. Alors, mon collègue, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, que j'aime bien d'ailleurs - on s'adonne
très bien - a demandé aujourd'hui ma démission. Et je sais
qu'il s'ennuierait bien trop si j'y accédais, alors la réponse
c'est non, je vais rester.
Ceci dit, M. le Président, vous savez, nous sommes en commission
parlementaire et vous savez qu'une commission parlementaire constitue avant
tout un grand laboratoire de recherches, finalement, public d'où doivent
émerger des solutions à certaines problématiques et ces
problématiques, au moment où l'on se parle, sont des
problématiques qui sont culturelles.
Vendredi, je n'ai pas renoncé à tout ce que j'ai dit. La
seule chose que j'ai faite, c'est que j'ai cherché à exprimer ce
que nous entendons dans le cadre de cette commission. Et je tiens à
répéter qu'à cette commission, qui est une des plus
grandes commissions tenues à l'Assemblée, ou, enfin, dans ce
parlement, nous avons reçu 271 mémoires. Il faut spécifier
aussi que 62 organismes et individus se sont exprimés jusqu'ici. Et
c'est ce que j'ai essayé d'exprimer. C'est que sur ces 62 organismes, 11
organismes souhaitent le maintien des deux sources de revenus gouvernementales
dans le contexte politique actuel et 6 souhaitent un rapatriement des leviers
culturels dans l'actuel régime. Alors, c'est tout simplement
l'expression de ce que j'ai entendu et je dois vous dire aussi un peu ma
surprise face à ce que j'ai entendu.
Le Président: En question complémentaire. (15
heures)
M. Boulerice: Est-ce qu'effectivement la ministre a dit: II y a
certaines grandes institutions qui peuvent et doivent même rester?
Radio-Canada, 18 heures? Est-ce que la ministre peut réitérer en
cette Chambre qu'elle est d'accord avec le rapport Arpin sur le rapatriement de
tous les pouvoirs dans le domaine culturel? Est-ce que la ministre peut
confirmer en cette Chambre qu'elle est d'accord avec le rapport Allaire
à l'effet que la culture est de juridiction exclusive du Québec?
Et la ministre est-elle en accord avec elle-même, le 24 janvier dernier,
où elle dit: "Le temps est venu pour le Québec d'être le
seul maître d'oeuvre de sa politique culturelle", oui ou non?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, la ministre est
toujours en accord avec elle-même. Le 1er octobre dernier, j'ai fait part
publiquement des craintes que j'avais au niveau des propositions
fédérales. J'ai affirmé clairement que ces
propositions-là étaient inacceptables et j'ai demandé
à Ottawa de refaire ses devoirs. J'ai aussi dit clairement que nous
acceptions la collaboration, mais non la tutelle. Alors, je ne reviens pas sur
mes positions. Ce que j'ai exprimé vendredi, c'est tout simplement
l'expression des groupes qui viennent nous voir.
Et, M. le Président, je m'exprimerai aussi officiellement,
à la fin de cette commission parlementaire, parce qu'une commission
parlementaire, c'est un geste démocratique et nous sommes là pour
écouter, et non pas pour commander.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que... Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je l'aime bien, moi aussi, mais si elle
répondait mieux, je l'aimerais encore plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: M. le Président, au-delà du rapport
Arpin, qui est peut-être un objet de discussion, est-ce que la ministre
peut être claire, cesser d'être obscure et nous dire si, oui ou
non, elle continue d'adhérer au rapport Allaire qui dit que la culture
comme les communications, son ancien ministère, sont de juridiction
québécoise exclusivement? Oui ou non? Votre impression à
vous.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président... Le
Président: Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: ...notre objectif demeure,
c'est-à-dire d'élaborer, en collaboration avec nos partenaires,
une politique culturelle qui soit calquée sur notre
réalité québécoise. Je peux vous dire aussi que la
culture - et je le réaffirme publiquement - appartient aux
Québécois et c'est à nous d'en faire ce que l'on veut.
Alors, l'invitation n'est pas seulement ici, aux gens de
l'Assemblée nationale, mais aussi aux Québécois et
aux Québécoises. Je tiens, M. le Président, à en
profiter pour dire justement aux gens de la délégation du
Lac-Saint-Jean que vous avez de merveilleux représentants qui viennent
en commission parlementaire.
Le Président: En question principale, préalablement
à M. le député de Laviolette, je vais reconnaître M.
le député de Jacques-Cartier. En question principale.
Enchâssement du droit de propriété
dans la Constitution
M. Cameron: M. le Président, my question is for the
Minister of Intergovernmental Affairs. In his analysis of the recent federal
constitutional proposals, the Minister has rejected the idea of the
entrenchment of private property rights. Is this because the Minister wishes
the Québec Government, whether sovereign in the future or not, to retain
the freedom of action to possibly seize some private assets in
Québec?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Rémillard: M. le Président, ce n'est quand
même pas une question nouvelle que de discuter de mettre le droit de
propriété dans la Constitution. Ça fait des années
et des années que c'est discuté. Nos voisins américains
ont refusé de le faire et bien des pays européens ont
refusé de le faire aussi. Ce n'est pas parce que nous sommes moins
démocratiques. D'ailleurs, d'autres provinces, la très grande
majorité des provinces vont avoir la même réaction, j'en
suis convaincu. Il s'agit tout simplement de pouvoir protéger un concept
de société et qu'en enchâssant un tel droit de
propriété, c'est là une possibilité de causer des
problèmes inutiles pour l'organisation d'une société.
Or, M. le Président, il ne faudrait quand même pas
exagérer la portée de ce droit dans une constitution, parce que
ce droit est déjà garanti implicitement par d'autres droits qui
sont dans les chartes. Mais il faut bien comprendre que, pour le Québec,
le droit de propriété est un droit qui est confirmé par
nos chartes québécoises et au niveau fédéral, mais
l'exprimer expressément dans une charte causerait des problèmes
à l'ensemble de la société, et je ne pense pas que ce soit
ça qu'on recherche. D'ailleurs, on ne sera pas la seule province
à avoir une attitude semblable.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Cameron: I will accept the answer of the Minister if the
Minister's answer indeed holds. Does the Government have any other strategy to
deal with the problem of what would happen if a very large number of assets do
leave the Province?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il faut vraiment
comprendre. Peut-être que le député a une mauvaise
perception du droit de propriété. D'abord, je lui
répète que le droit de propriété existe
déjà de façon implicite dans les chartes. Il ne faut pas
penser que, parce que le droit de propriété ne sera pas
explicitement dans la Charte, ce droit de propriété n'existe pas.
Il existe. On a tous le droit d'être propriétaires, M. le
Président. Alors, il faut quand même faire attention; il ne faut
pas faire de démagogie là-dessus, comme sur d'autres points
constitutionnels non plus. Il faut être conscients que ces droits, nous
les avons. Reste que si nous l'exprimons clairement dans une constitution, par
conséquent, vous avez l'interprétation des tribunaux et vous avez
beaucoup plus d'embêtements que vous n'avez d'avantages. Nous ne sommes
pas les premiers à en arriver à une telle conclusion. Pensons
aussi qu'il y a une liberté de circulation des personnes, une
liberté de circulation des biens, une liberté de circulation qui
est un droit confirmé, aussi, dans les constitutions. Alors, M. le
Président, ce droit de propriété, c'est un droit qui
existe déjà implicitement et il n'y a aucun avantage, à
notre avis, à le mettre explicitement dans la Constitution, dans la
Charte.
Le Président: Une dernière question additionnelle,
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Cameron: I assure the Minister that I am delighted by his
answer and I expect many other people will be as well. The point I am making is
that if, indeed, these liberties and rights are well guaranteed in
Québec, how is he going to deal with the actual problems that will arise
if, for example, there is a large-scale disappearance of assets in capital,
when we have these rights?
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: J'aime mieux laisser le député
faire ses propres interrelations très hypothétiques, mais ce
n'est pas la question. Quand on parle du droit de propriété,
parlons des réalités telles qu'elles se produisent dans une
société et voyons ce droit de propriété dans sa
réelle dimension. On n'est quand même pas pour exagérer la
portée de ce droit. Alors, je demande simplement au député
de prendre conscience que ce droit de propriété dans une
constitution signifie des choses qui sont déjà dans la Cons-
titution d'une façon implicite.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Laviolette.
Dossier de la Scierie Saint-Michel
M. Jolivet: M. le Président, la scierie de
Saint-Michel-des-Saints, après avoir connu des difficultés
financières majeures et après avoir cessé ses
opérations, à ce moment-ci, a été achetée
par le groupe Forex. Suite à cet achat, les opérations de la
scierie auraient pu repartir. Cependant, comme les droits de coupe du bois en
longueur de la dernière année n'ont pas été
payés par Lanofor inc., le ministre refuse d'octroyer le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers. Le ministre et le
gouvernement, étant responsables comme créanciers pour un montant
de 1 900 000 $, exigent le paiement des arrérages à Forex, ce que
Forex conteste.
Pour permettre la réouverture de l'usine et obtenir de nouveaux
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, Forex aurait
proposé au ministre des Forêts de déposer une lettre de
garantie bancaire irrévocable au montant de 2 000 000 $ en attendant le
résultat d'une bataille qui pourrait être une bataille juridique.
Je poserai mes deux questions en même temps, M. le Président,
compte tenu du temps. La première: Le ministre peut-il nous confirmer
s'il a eu cette proposition de Forex? A-t-il l'intention de l'accepter? Et, si
oui, a-t-il l'intention, à ce moment-là, de faire comme
l'ensemble des créanciers du milieu qui sont prêts à faire
un effort collectif afin de favoriser la reprise des activités de
l'usine? Le ministre est-il prêt à accepter cette offre afin
d'éviter d'acculer les 250 travailleurs à l'aide sociale?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il est vrai que la Scierie Saint-Michel doit au gouvernement
environ 2 000 000 $ en redevances pour des droits de coupe non payés
l'an dernier, mais il s'agit de deux dossiers bien différents, Forex et
Scierie Saint-Michel. Vendredi dernier, mon sous-ministre est allé
rencontrer la population à Saint-Michel et, suite à cette
réunion, évidemment, il y a eu des accords de principe de pris
entre tout le monde. Cet après-midi, les gens de Saint-Michel devaient
venir sur la colline parlementaire, mais suite à la réunion de
vendredi dernier, ils ont décidé d'attendre. Il est faux de
prétendre que Lanofor devait payer les droits de coupe de la Scierie
Saint-Michel, c'est deux cas différents. Forex avait une créance
importante dans la Scierie Saint-Michel, M. le Président, et Forex s'est
porté acquéreur des autres créanciers garantis.
Évidemment, le gouvernement... ce qui est à l'étude
actuellement, c'est d'émettre un CAAF, c'est-à-dire un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement au profit de Scierie Saint-Michel
ou de Forex actuellement. C'est une question qui est à l'ordre du jour.
Je sais que, très prochainement, il y aura une assemblée des
créanciers concernant la Scierie Saint-Michel. Nous verrons par la suite
ce qui se produira. (15 h 10)
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions. Il n'y a pas de votes reportés. Maintenant, s'il y a
consentement, nous procéderions immédiatement aux avis touchant
les travaux des commissions. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais m'exprimer
là-dessus avec l'autorisation du leader. Il m'apparart que, dans
quelques minutes, il y aura seulement quatre motions non annoncées et
que l'Assemblée nationale, d'après ce que j'ai comme papier
devant moi, sera ajournée à demain matin. M. le Président,
j'hésite à donner un consentement à ce stade-ci. Au moment
où on donne l'impression qu'on travaille d'arrache-pied, au moment
où on donne l'impression qu'il y a un menu législatif ronflant,
il n'y a absolument rien sur la table de travail, M. le Président. On ne
profite pas de ces moments libres précisément pour faire ses
devoirs, préparer un plan de relance économique, pour se trouver
une position constitutionnelle qui a de l'allure, démontrer aux gens
qu'on est un gouvernement qui sait où il va. Donc, j'hésite
toujours à donner un consentement, moi, quand on veut camoufler la
réalité.
Le Président: Alors, je constate. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, en vertu de notre
règlement, il est très clair qu'une loi ne peut être
déposée aujourd'hui et qu'on ne peut en amorcer l'étude en
deuxième lecture la même journée. Or, M. le
Président, on a déposé huit projets de loi aujourd'hui: le
projet de loi de Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources, le
projet de loi de M. le ministre des Finances, le projet de loi de M. le
ministre de la Sécurité publique. Le ministre des Affaires
municipales a déposé un projet de loi sur la
Société de transport de la ville de Laval. Le ministre de la
Main-d'oeuvre a déposé son projet de loi sur les allocations
d'aide aux familles, un sujet important. Le ministre de la Justice a
déposé des modifications au Code civil du Bas Canada en
matière de tutelle et de curatelle, un sujet qui est important pour un
nombre significatif de citoyens. Le ministre du Tourisme a déposé
son projet de loi sur les établissements touristiques. On sait que c'est
au coeur même de l'économie de nombreuses régions au
Québec. Le ministre délégué aux Transports a
déposé un projet de loi sur la publicité, etc.
M. le Président, le règlement établit une
espèce de carcan pour le leader du gouvernement dans le sens que je ne
peux appeler des lois à ce moment-ci. Cependant, je vous rappellerai
notre intention d'étudier ou d'échanger ici sur le parquet de
l'Assemblée nationale sur des sujets quand même importants, qui ne
sont pas banaux, en ce qui nous concerne.
On a l'intention de discuter de la Journée mondiale de
l'alimentation et ça constitue le carrefour parlementaire
privilégié pour sensibiliser nos concitoyens et concitoyennes
à l'importance de l'alimentation saine, pour souligner le fait que
l'agriculture joue un rôle de premier niveau dans l'économie du
Québec. C'est un emploi sur sept au Québec, l'alimentation. Mme
la ministre de l'Enseignement supérieur ainsi que d'autres
collègues auront l'opportunité d'échanger sur la Quinzaine
des sciences. On sait que les motions non annoncées constituent un
carrefour intéressant pour l'Opposition en termes de demandes à
nous formuler, de sensibilisation à faire, de requêtes à
porter à l'intention du gouvernement. Même chose pour le Mois de
la qualité. Ensuite, une motion qui sera déposée par Mme
la députée de Johnson en référence à un
choix qui a été formulé par l'UNESCO.
Ceci étant dit, M. le Président, je crois que la
journée sera bien occupée, bien engagée. Je vais demander,
avec toute la conviction dont je peux être capable, sans aucune
arrogance, avec toute la délicatesse dont je suis capable... Je voudrais
prier instamment le leader de l'Opposition de me donner le consentement pour
donner les avis, afin que les travaux des commissions parlementaires puissent
commencer et qu'on poursuive par la suite.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: voilà une belle démonstration, m. le
président, du "parle parle, jase jase". écoutez une minute, il y
a quatre projets de loi sur huit, qui ont été
déposés, qui ont un article. imaginez-vous! on peut
peut-être influencer la population qui écoute ou le peu de gens
qui peuvent écouter ces travaux-là, mais ici, on ne bourrera
toujours pas les députés de cette chambre. imaginez-vous! on veut
s'interroger pendant quelques minutes sur la journée mondiale /6e la
faim! on laisse crever de faim à peu près tout le monde au
québec avec la fermeture d'usines présentement et la perte de
jobs. franchement là, franchement là! y a-t-il moyen d'arriver
avec des débats qui collent aux problèmes des gens, des
débats qui confrontent quotidiennement les citoyens et citoyennes du
québec, des débats qui prouveraient qu'ils ont de l'imagination
un petit peu, et qu'ils veulent la mettre au service de la population, mais pas
essayer de nous emplir comme ils le font là?
Je pense que, pour aujourd'hui, on va écouter "parle parle, jase
jase". Il n'y aura pas de consentement.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Je réitère ma demande de
consentement pour que les commissions parlementaires puissent aller
siéger.
Le Président: Un instant!
M. Pagé: II y a les commissions parlementaires qui doivent
étudier le Code civil du...
Le Président: Un instant!
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez...
Le Président: Oui.
M. Pagé: Comment le leader de l'Opposition peut-il
concilier son propos avec le fait qu'il refuse le consentement pour que les
parlementaires puissent aller travailler sur l'étude du Code civil, pour
aller étudier la proposition de la politique de la culture et des arts?
Ces gens-là devraient commencer dans les meilleurs délais. Ce
n'est pas du "parle, parle, jase, jase", auquel cas vous pourriez...
Le Président: M. le leader... Je vous écoute. Un
dernier commentaire. Allez-y.
M. Pagé: Peut-être devriez-vous profiter...
Peut-être que le leader parlementaire de l'Opposition devrait profiter de
ces motions sans préavis pour souligner le fait qu'au moment où
on se parle le ministre du Travail est en train de participer à
l'annonce de la création de 700 emplois à Canadair, dans la
région de Montréal. Je comprends que vous vouliez donner une
image négative de problèmes, de préoccupations. On a des
bons motifs pour avoir confiance dans l'avenir, nous. On sait où on va.
Là, on veut travailler et on veut envoyer les gens en commission
parlementaire... C'est ce qu'on demande, purement et simplement.
Le Président: Alors, la question est simple. Sans autre
débat, est-ce qu'il y a consentement... Il n'y a pas de consentement.
Très bien. À ce moment-ci, nous allons procéder aux
motions sans préavis et je vais reconnaître M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Motions sans préavis
Souligner la 10e Journée mondiale de
l'alimentation
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je suis
persuadé que mon collègue, le député
d'Arthabas-
ka, et quelques-uns de nos collègues, en Chambre, feront quelque
chose de plus utile avec cette motion que "parle, parle, jase, jase".
M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée pour présenter la motion suivante: Que
l'Assemblée nationale souligne la 10e Journée mondiale de
l'alimentation dont le thème est "La faim, ici comme ailleurs, c'est mon
affaire".
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre cette motion?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président: Consentement. M. le ministre, vous
pouvez procéder à votre motion.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas à vous
convaincre, bien sûr, vous-même et tous les collègues de
cette Chambre, de l'importance de l'économie agricole, de l'importance
de l'agriculture, de tout le secteur bioalimentaire, au niveau
économique, quand on dit qu'un travailleur sur sept, au Québec,
vit, travaille et gagne, justement, le pain quotidien de sa famille à
cause de ce développement bioalimentaire. C'est
précisément aujourd'hui, lorsque nous parlons de "la faim, ici
comme ailleurs, c'est mon affaire"... C'est une des façons, tout en
traitant le volet économique, d'inviter nos collègues de
l'Assemblée nationale à réfléchir sur la
problématique de la faim dans le monde, particulièrement en cette
année qui marque le 10e anniversaire de la Journée mondiale de
l'alimentation, dont le thème est: "La faim, ici comme ailleurs, c'est
mon affaire."
Organisée aux niveaux national et provincial, avec divers
organismes, cette journée doit nous rappeler que les
problématiques engendrées par la récession que nous venons
de vivre sont, pour les individus qui n'ont pas d'emploi ou qui ont de bas
salaires, des situations trop souvent fort pénibles à endurer. Au
Québec, le visage de la pauvreté diffère de celui du tiers
monde, mais le problème n'en constitue pas moins un
phénomène réel. Être pauvre, chez nous, c'est ne
pouvoir consommer trois repas par jour, devoir mendier de la nourriture
auprès des organismes communautaires ou ne pas manger du tout à
la fin du mois. Quand la faim tenaille des enfants ou des adultes qui n'ont pas
les moyens de se nourrir, je pense qu'il y a lieu de se questionner. Il y a
lieu d'agir et il y a lieu aussi de se demander non seulement au niveau
gouvernemental, mais au niveau individuel, ce qu'on peut faire comme quote-part
pour aider les plus démunis à être capables d'assurer leur
subsistance et manger trois fois par jour. Nous sommes donc conscients de cette
problématique et c'est pourquoi notre gouvernement, au niveau des jeunes
en milieu scolaire, en plus d'offrir le service du lait-école, a
annoncé la mise sur pied de programmes d'alimentation en milieu scolaire
défavorisé.
Je voudrais ouvrir une parenthèse, bien sûr, M. le
Président, pour remercier le député de Portneuf d'avoir
apporté une partie, du moins pour les milieux défavorisés
au niveau de l'école, un baume sur le fait que les gens ont besoin de
s'alimenter. Je pense que c'est le passé, un peu, du
député de Portneuf, comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, qui sans doute va faire grand bien dans
plusieurs milieux défavorisés de notre société. (15
h 20)
Nous sommes aussi conscients de cette problématique et c'est
pourquoi notre gouvernement, au milieu des jeunes, en milieu scolaire, en plus
d'offrir le service d'école, comme je le dis si bien, ajoute ce volet
particulier. Cependant, dans le dossier de la faim, ici comme ailleurs, il faut
se rappeler que l'État ne peut se substituer et ne se substituera pas,
non plus, à des actions que tous, en groupe ou individuellement, nous
pouvons mener.
Pourquoi ne pas tenter ensemble d'y trouver une solution? Il faut
maintenant penser en fonction de l'État-partenaire et non pas en
fonction de l'État-providence. D'ailleurs, l'État-providence nous
a amenés, M. le Président, on le sait, à un chaos
administratif épouvantable, nous a amenés à des
déficits, à des déficits, année après
année, qu'on ne suffit plus à payer. Et un des gros
problèmes d'État, je l'ai déjà mentionné,
c'est de payer, à tous les 1er avril au matin, 5 000 000 000 $ à
6 000 000 000 $, minimum, d'intérêt de la dette accumulée
du Québec. 5 000 000 000 $ ou 6 000 000 000 $ complètement
improductifs. 5 000 000 000 $ ou 6 000 000 000 $ qui profitent à ceux
qui nous ont prêté et qui ne profitent pas à la
collectivité québécoise, bien qu'on doive aller chercher
dans leurs poches ces 5 000 000 000 $ à 6 000 000 000 $.
Et de plus, encore pire, c'est que si ça nous permettait de
rabattre et de déduire sur la somme des emprunts, on verrait au moins le
bout du tunnel. Bien non, M. le Président, on paie des
intérêts sur la dette accumulée. C'est pour ça que
l'État-providence n'existe plus. C'est maintenant
l'État-partenaire.
À titre de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation responsable du développement régional, je ne
pouvais laisser passer sous silence cette journée car à l'heure
où, au niveau mondial, on vit des surplus alimentaires, des gens de chez
nous ont de la misère à se nourrir. Au ministère, pour un
dîner-conférence et des articles de sensibilisation, nous avons
voulu prendre le temps d'y réfléchir pour inviter des gens
à s'impliquer pour trouver des solutions concrètes. Les gens qui
ont participé ce midi à ce dîner-conférence sont
venus apporter
des exemples, des gestes tangibles qu'ils posent quotidiennement. Ces
gens dévoués agissent à leur façon dans des milieux
différents et contribuent à enrayer la faim et la pauvreté
ici comme ailleurs. Je crois qu'une partie de la solution réside dans
des interventions de ce genre.
J'espère donc, M. le Président, que ceux et celles qui
jouissent de notre société d'abondance profiteront de cette
journée pour réfléchir sur la façon dont ils
peuvent aider ceux et celles qui souffrent de la faim et également avoir
une bonne pensée envers ceux et celles qui réussissent et qui
réunissent tout le monde, toute cette collectivité, y compris,
bien sûr, les producteurs agricoles qui, soit dit en passant, sont ceux
qui nourrissent le Québec et qui sont ceux qui travaillent ardemment
à faire en sorte qu'on puisse s'autosuffire dans plusieurs domaines.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je reconnais M. le
député d'Ar-thabaska sur la même motion. M. le
député.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Il me fait grandement
plaisir de parler sur cette motion qui dit: la faim, la faim ici comme
ailleurs. Souvent, j'ai participé à plusieurs motions où
on parlait sur la Semaine de l'alimentation au niveau mondial et souvent on
parle de la misère que des gens - des hommes, des femmes, et des enfants
- ont à s'alimenter dans le monde, à travers le monde.
De nos jours, M. le Président, il faut arrêter... Il ne
faut pas oublier les autres, il ne faut pas oublier tous ceux et celles qui
crèvent de faim dans le monde, mais il faut aussi regarder chez nous, ce
qui se passe depuis un certain nombre d'années. C'est excessivement
grave, la situation est excessivement grave de s'apercevoir que dans une
société civilisée, soi-disant civilisée comme la
nôtre, il y a de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui, ici, chez
nous, au Québec, ne sont pas capables de se trouver à manger, de
se trouver quelque chose à se mettre sous la dent pour au moins subvenir
à leurs besoins minimums.
C'est évident que la responsabilité d'alimenter la
population en général relève des agriculteurs et des
agricultrices qui nourrissent le monde. Mais cette responsabilité ne
doit pas être supportée uniquement par les agriculteurs et les
agricultrices. Ces derniers ont fait et font encore des efforts énormes
pour être capables, d'abord, de subvenir à leurs propres besoins.
Ce n'est pas tout de produire, de produire et de produire; mais le producteur,
lui aussi, pour être capable de produire, doit commencer par subvenir...
Son métier doit l'alimenter, doit produire des revenus assez
réguliers pour qu'il soit capable de subvenir à ses besoins.
J'écoutais tout à l'heure le ministre de l'Agriculture qui
disait que la responsabilité du gouvernement... Avec les déficits
que nous avons présentement, le gouvernement n'est plus en mesure de
supporter ceux et celles qui nourrissent le monde. Il faut voir ce que a
amené, justement, ces déficits au niveau des gouvernements.
Il y a eu un débat, M. le Président, à la
période de questions, qui était peut-être plus fort, plus
virulent que cette fois-ci. Je vais essayer de garder mon calme, d'être
plus tempéré, pour essayer de démontrer le problème
que les gens vivent au Québec. C'est évident que ce n'est pas
uniquement un problème de gouvernement, mais un problème de
société. Vous savez, voilà un certain temps, il y a
à peu près un mois, durant le courant de l'été, il
y a une couple de mois, je regardais la télévision et je trouvais
ça épouvantable. Je trouvais épouvantable, M. le
Président, que la maison Dernier Recours, à Montréal, soit
fermée pour un conflit syndical. Je ne veux pas discuter de la teneur du
conflit, mais quand même, des hommes et des femmes à qui ça
donnait un abri pour se coucher et pour avoir au moins un repas normal par
jour... Tu voyais ça à la télévision, des gens qui
utilisaient une boîte de carton pour venir à bout de s'abrier, de
se couvrir contre la pluie ou contre les rayons du soleil; ou ils se couchaient
sur un vieux matelas qu'ils avaient récupéré dans les
vidanges, où pas mal de gens n'auraient même pas fait coucher leur
chien. On voyait ça à la télévision et
c'était chez nous, à Montréal.
Pour vous dire comment, M. le Président, on a une
société malade, durant cette même période-là,
un groupe de personnes faisant toute une conférence de presse, toute une
publicité épouvantable sur les pauvres chevaux qui traînent
les calèches sur l'asphalte, et ces mêmes
calèches-là sont sur des roulements à billes; un citoyen,
une personne peut tirer ça facilement. Et, pendant qu'on s'apitoyait sur
le sort de ces chevaux-là, qui étaient tout en sueur, tu avais du
monde dans la rue et tu as encore du monde dans la rue qui crève
littéralement de faim.
Et ça, je vous le dis, M. le Président, quand on regarde,
on analyse le contexte froidement, tel qu'il est, on a effectivement une
société malade. Les chiffres démontrent que plus du tiers
des enfants, de nos enfants qui vont à l'école, n'ont même
pas pris un repas avant de partir. Plus du tiers des enfants qui se rendent
à l'école! Quand toutes sortes de belles études, toutes
sortes de belles statistiques démontrent que quelqu'un qui a le ventre
vide n'est pas capable d'étudier ou s'épuise plus rapidement! Et
on amène toutes sortes... On forme des comités, des commissions,
on fait des tournées et on consulte. On les connaît, les
solutions. On le connaît, le problème. On connaît le
problème, mais on ne trouve pas les sommes d'argent, on
ne trouve pas les crédits nécessaires pour être
capables de fournir une alimentation convenable à ces
personnes-là.
Pourtant, quand c'est pour d'autres dépenses... Je vais vous
donner un exemple; je vais nommer le Canada, mais dans bien d'autres pays... Le
budget militaire du Canada est d'à peu près 10 000 000 000 $. Je
n'ai pas les chiffres exacts, mais aux alentours de 10 000 000 000 $ pour avoir
des équipements complètement désuets. Quand l'armée
a à se déplacer, tu vois ça le long de la 20, il y a tout
le temps un camion arrêté un peu partout parce qu'ils ne sont
même pas capables de se rendre. L'année passée, quand le
Canada est allé représenter... Oui, il faudrait que je dise
"représenter", à la guerre du Koweït, les gens ne savaient
même pas s'ils allaient être capables de se rendre avec leur
bateau. C'est ça, notre armée au Canada. 10 000 000 000 $, M. le
Président, gardés complètement inutilement.
Et, encore plus, j'ai appris dernièrement que, sur ces 10 000 000
000 $, environ 70 % de ce budget était dépensé,
alloué uniquement pour payer des cadres, les caporals et les capitaines;
je ne sais pas tous les cordons qu'il y a dans l'armée, mais
c'était pour payer ces gens-là. Même pas 30 %
étaient alloués à l'équipement, alors que dans les
autres pays c'est complètement l'inverse. Tu as à peu près
30 % pour payer l'administration et 70 % pour investir dans ton
équipement. (15 h 30)
Ceci dit, pendant que 10 000 000 000 $ sont payés pour fournir
une armée dont on n'a absolument pas besoin, selon moi, tu as du monde
dans la rue qui crève de faim, hein? Tu as des agriculteurs, des
agricultrices qui ne sont pas capables, ne sont pas en mesure de survivre parce
qu'on dit qu'il y a une surproduction, parce qu'il y a une surproduction. Le
gouvernement fédéral maintient, M. le Président, des
soldats en Allemagne. Ça va faire un demi-siècle que la guerre
est finie, ils maintiennent ça pareil. Encore là, un budget
d'au-delà de 1 000 000 000 $. Mais quand c'est pour aider les bouches,
quand c'est pour aider les gens à manger, là, on n'en trouve pas
d'argent.
Le problème de la surproduction, le problème des montagnes
de céréales qu'on dit... Actuellement, on est en train, M. le
Président, de mettre le bordel dans toute l'alimentation au niveau
mondial parce qu'on invoque la mondialisation des marchés,
l'internationalisation des marchés. Ce sont des gros mots, ça. Ce
sont des grands mots, c'est-à-dire, hein? Mais en prononçant ces
mots-là les gouvernements semblent vouloir se justifier de ne rien faire
et quand on regarde au niveau de l'ensemble du Canada, dans l'Ouest qui, avant,
était surnommé le grenier canadien... Pourquoi le grenier? Je
vais l'expliquer un petit peu parce que les gens, aujourd'hui, ils ne savent
plus comment c'était. C'est qu'anciennement, tes récoltes, les
céréales, tu les entreposais dans les greniers. C'est pour
ça qu'il a été nommé le grenier du Canada.
C'était l'Ouest. Imaginez-vous. Bon. C'est déjà une chose
dépassée.
Mais toute l'agriculture de l'Ouest a toujours été
orientée uniquement au niveau des céréales et les
producteurs et productrices ne voulaient pas modifier leur production parce
que, avant ça, un pays comme la Chine, comme l'Argentine, beaucoup de
pays d'Europe étaient des pays importateurs de céréales et
le gouvernement subventionnait les céréales pour s'en aller, pour
vendre ça sur le marché international. Maintenant, la Chine,
l'Argentine ne sont plus des pays importateurs, ce sont des pays exportateurs.
Le plus gros pays importateur actuellement, c'est la Russie. Avec le
chambardement qu'il y a eu l'an passé, d'ici cinq à huit ans
environ la Russie sera, elle aussi, un pays exportateur. Durant tout ce
temps-là, le gouvernement fédéral continue à
financer et à supporter les agriculteurs de l'Ouest parce qu'ils ne
veulent pas produire autre chose que des céréales.
C'est là, M. le Président, que ça devient
complètement de l'iniquité au niveau des producteurs
québécois qui, eux, depuis déjà plusieurs
années, se sont disciplinés. On s'est mis en place toutes sortes
de systèmes de contrôle de la production pour ne pas créer
des surplus. On s'est donné des plans conjoints justement pour
régulariser la production et la commercialisation. C'était
avantageux pour le consommateur aussi parce qu'on assurait au consommateur un
prix juste et équitable et un prix stable pour le produit qu'il voulait
acheter. C'était ça, la formule des plans conjoints. C'est
ça qu'on a implanté au Québec. Pendant que nous, on s'est
discipliné pour aider le consommateur à bien s'alimenter,
à cause qu'on a un bon système, l'ensemble des autres provinces
au Canada, avec le gouvernement fédéral en tête, veut
démolir ce système-là, veut enlever ce genre de protection
là qu'on s'est donnée avec les années. C'est pour
ça que les producteurs québécois sont souvent agressifs
face aux tentatives du gouvernement fédéral de tout
chambarder.
Je vais vous donner un exemple. Je prenais connaissance aussi,
dernièrement, au niveau des consommateurs, toutes les
céréales - une moyenne du prix des céréales que tu
consommes qui arrivent sur la table - depuis les 10 dernières
années ont augmenté pour le consommateur de 327 %. Le
consommateur a payé 327 % plus cher, en moyenne, pour les
céréales qui arrivent sur la table pendant que l'agriculteur
recevait une augmentation de revenus - ses revenus augmentaient pour les
mêmes céréales - de 30 % seulement.
Voyez-vous où elle est, la différence? Qui empoche la
différence? Il y a une différence de pratiquement 300 % que le
consommateur a payée en plus pour son alimentation qui n'est pas
allée
dans la poche de... qui ne s'est pas additionnée, ajoutée
aux revenus des agriculteurs. C'est pour ça, M. le Président,
qu'à des coûts semblables, c'est compréhensible que les
consommateurs aient, malgré que le panier de provisions soit le meilleur
marché au monde chez nous, les consommateurs, à cause des
salaires, à cause du taux de chômage, une énorme
difficulté à arriver.
Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec a une large responsabilité de la
situation actuelle. Le ministre a beau dire que ce n'est pas notre faute, il
faut payer les déficits, il faut payer les dettes et la plus grande
partie des budgets s'en va pour payer le déficit, mais il y a une
responsabilité aussi à avoir. Il y a une responsabilité
envers les agriculteurs, envers ceux et celles qui font vivre le monde, qui
nourrissent le monde, qui alimentent la population. Et, à titre
d'exemple, les agriculteurs, depuis un certain nombre d'années, ont
voulu encore répondre aux besoins du marché pour répondre
à la demande, avoir une alimentation encore plus saine, soit toute
l'alimentation biologique.
Le ministère de l'Agriculture avait annoncé, à
grand renfort de publicité, une aide financière à un
groupe qui verrait à analyser la qualité des aliments pour savoir
s'ils seraient considérés ou feraient partie d'un sceau
"Québec approuve". Le ministère de l'Agriculture s'était
engagé à verser 100 000 $ par année durant trois ans, pas
sur trois ans, mais durant trois ans, pour aider ce mouvement-là
à un contrôle de qualité. Les premiers 100 000 $ ont
été versés, l'an passé. On se retrouve à la
deuxième année, il y a 40 000 $ de versés actuellement par
le programme Inno-vactions II. Là, on me dit qu'il va y avoir une autre
somme de 10 000 $ qui doit être versée, mais les autres 50 000 $,
n'y pensez pas; ils ne viendront plus. Les 100 000 $ de l'an prochain, ils ne
viendront pas non plus.
Pourtant, le gouvernement s'était engagé à les
verser. Le gouvernement s'était engagé dans une multitude
d'autres programmes, dans une multitude d'autres aides à la production
et à la commercialisation, et le gouvernement se désengage de
plus en plus de son rôle de leader, de son rôle d'orienter
l'agriculture, d'orienter l'alimentation au Québec. Pendant que ce
gouvernement se targue de dire: Oui, l'agriculture, c'est un secteur
excessivement important, depuis que le gouvernement a été au
pouvoir, depuis les six dernières années, plus de 25 000 emplois
perdus directement dans le secteur agricole. 25 000 emplois, M. le
Président, c'est le coeur, c'est la vie économique de bien des
régions, 25 000 emplois dans l'agriculture. Sur lUe de Montréal,
il n'y en a pas gros d'agriculture.
De toute façon, on est en train, si vous me passez l'expression,
de "scraper" le reste des terres agricoles qui restent sur lUe de
Montréal. La Commission a encore approuvé le dézonage de
500 hectares. C'est affreux, c'est dramatique.
Pendant qu'on parle d'alimentation dans le monde, "la faim ici comme
ailleurs", si, de plus en plus, avec le fonctionnement de la commission de
protection des droits agricoles, sur des directives de ce gouvernement, M. le
Président, on enlève le premier intérêt, on
enlève l'outil de travail, on enlève le véhicule pour
nourrir le monde, qui est le sol, qui est une ressource inépuisable,
irremplaçable et on se soucie peu...
On fait des beaux discours sur l'alimentation, on fait des beaux
discours sur ce que le gouvernement fait pour avoir des produits de
qualité pendant que les hommes et les femmes qui cultivent le sol, qui
produisent ces produits-là s'arrachent les cheveux à se demander
ce qu'ils vont faire pour arriver demain matin.
En même temps, on s'aperçoit... Pas nécessaire
d'aller dans les grandes villes. Dans chacune des régions, il y a des
hommes et des femmes qui ont de plus en plus de difficultés à se
nourrir. Tu vois de plus en plus, depuis un certain nombre d'années, des
restaurants populaires s'ouvrir. Pourquoi? Parce que les gens n'ont rien
à manger. Sur le chèque de bien-être social, un coup le
loyer payé, le chauffage et l'électricité, il ne reste
plus rien pour manger. Ils s'en vont au restaurant populaire ou à la
soupe populaire et encore là, c'est un moyen qui ne reçoit aucune
aide de personne.
C'est tout du bénévolat. Tout dernièrement, chez
nous aussi, à Victoriaville, j'ai appris, M. le Président, qu'un
fameux inspecteur en bâtiment est allé au restaurant populaire de
Victoriaville et là, il menace de le fermer. Là, je vous le dis
tout de suite, M. le Président, il va frapper un noeud parce que le jour
où il va fermer le restaurant populaire de Victoriaville, ce
gars-là, il a beau s'attaquer à l'inspection des aliments et
à ce que tous les restaurants soient bien entretenus et tout ça,
mais quand tu touches à un restaurant populaire où ce sont tous
des bénévoles et que lui, il arrive avec son cahier des charges
et il dit: Maintenant, c'est de même que ça va se passer, je vous
le dis tout de suite, M. le Président, il va frapper un noeud.
Là, j'ai été informé de ça la semaine
dernière et je vais arriver dans le dossier. Il y a toujours une limite,
M. le Président, à écoeurer le monde, écoeurer le
monde... un gars qui doit gagner à peu près - je ne sais pas son
salaire - de 40 000 $ à 60 000 $ par année pour aller
écoeurer le monde, comprends-tu! Et aller écoeurer du monde qui
aide d'autre monde, ça n'a pas de bon sens. Lui, ce gars-là, il a
sa paie tous les quinze jours, beau temps, mauvais temps. Qu'est-ce que vous
voulez que ça lui sacre, ça, lui? (15 h 40)
Que du monde reste dans la rue, je suis certain qu'il ne les voit
même pas. C'est ça, M. le Président, aujourd'hui, notre
fonctionnement de l'État québécois. On est dans des
normes, on ? est dans des règles qui sont
interprétées par
n'importe qui, par n'importe quel bozo et, à un moment
donné, il y a un gars qui se décide, qui se réveille, et
il dit: Tiens, à matin, je vais aller au restaurant populaire voir
comment ça marche. Il arrive avec son cahier des charges, comprends-tu,
et il faudrait que le restaurant populaire ait des affaires encore mieux
faites, mieux tenues que n'importe quel gros restaurant qui va charger 15 $, 20
$, 50 $, 60 $ pour un repas tandis qu'eux, c'est complètement pour rien,
complètement gratuit.
C'est pour vous dire, M. le Président, comment notre
société est malade. Pour essayer, souvent, de remédier
à des problèmes tout à fait simples et dont tout le monde
connaît les solutions... Souvent, ces problèmes-là,
pourquoi on n'arrive pas à y répondre concrètement? C'est
parce que, souvent, ce sont des gens qui décident de régler le
problème des pauvres en prenant une bouteille de vin sur la
Grande-Allée, ici. C'est ça, le problème qui arrive
souvent. On ne veut pas décentraliser les pouvoirs dans les
régions. Les régions les ont, les solutions, mais elles n'ont
aucun pouvoir pour régler leurs problèmes. Elles n'ont aucun
pouvoir pour les régler. Ça, peut-être que c'est profitable
pour les restaurants de la Grande-Allée, ou tout le tour ici, de
maintenir des décideurs à Québec qui ne décident
rien. C'est peut-être profitable pour ça, mais c'est pour
ça que nos régions meurent, c'est pour ça que nos
régions crèvent.
Quand on voit que les investissements en agriculture ont diminué
de 37 % depuis les cinq dernières années, que les revenus
agricoles ont baissé de 14 % depuis les dernières
années... Les emplois - je l'ai dit tout à l'heure - plus de 25
000 emplois dans les régions, directement en agriculture. Après
ça, on dira et on continuera à inviter et à dire aux
producteurs: II faut que vous produisiez un aliment sain, un aliment de
qualité. Si les gens sont capables de le produire, il va falloir
commencer d'abord par reconnaître les besoins de vivre, d'exister aussi,
de ces mêmes agriculteurs-là.
Je vais finir là-dessus, M. le Président. Comme je l'ai
mentionné à la période de questions, quand je vois que le
gouvernement fédéral investit des milliards dans l'Ouest, sans
aucune norme, sans aucun programme, des milliards pour sauver - qu'on dit
sauver - une industrie dans l'Ouest qui, en passant... Dans une seule province,
le Manitoba, il y a plus de 10 000 hectares de terres, actuellement, qui
appartiennent à l'État parce que les agriculteurs ont fait
faillite et qu'ils ont remis leurs biens à l'État: 10 000
hectares de terres dans l'Ouest, dans une seule province, qui appartiennent
à l'État. On continue de supporter ça et on va dire que
l'agriculture va bien. On dit que l'agriculture québécoise est au
premier rang au niveau des revenus. Si elle est au premier rang au niveau des
revenus, c'est parce que les autres provinces ont tellement chuté que
ça nous a permis de nous maintenir au premier rang.
J'ai été déçu, énormément
déçu, M. le Président, tout à l'heure, de
m'apercevoir que le ministre de l'Agriculture actuel a essayé de
justifier cet apport massif, cet investissement massif, encore une fois dans
l'Ouest, qui se répète d'année en année, sous aucun
programme. C'est discrétionnaire. Il a essayé de justifier son
affaire en disant: Bien oui, mais les producteurs du Québec, ils
reçoivent le subside sur le lait. Le subside sur le lait, M. le
Président, c'est 125 000 000 $ aux producteurs québécois.
Ça fait longtemps que je l'entends, celle-là. Ça fait
longtemps que je l'entends, 125 000 000 $ qu'en envoie, qu'on distribue. Le
budget de la Commission canadienne du lait est d'environ 240 000 000 $, dont
125 000 000 $ viennent au Québec. Donc, on a à peu près
juste la moitié de ce qui va dans les autres provinces dans un seul
secteur.
Qu'on ne s'en vienne pas nous dire que c'est un bienfait que le
gouvernement fédéral a fait pour l'agriculture de l'Ouest au
détriment du Québec, et qu'on essaie de justifier ça. Je
suis bien content si les agriculteurs de l'Ouest l'ont fait. Mais le
gouvernement fédéral, s'il trouve de l'argent pour l'Ouest, qu'il
en trouve pour l'Est aussi. C'est ça qui est important et c'est
ça, ma position à moi. À chaque fois qu'il investit dans
l'Ouest, qu'il y ait des déficits ou pas, il trouve toujours le moyen de
le faire. Mais, dans l'Ouest, ils sont descendus 6000 dans la rue, il y a
à peu près 15 jours. Ça a fait frémir le premier
ministre du Canada. L'an passé, il y a une dizaine de milliers
d'agriculteurs qui se sont rendus à Ottawa pour essayer de faire
modifier un peu les demandes du gouvernement fédéral au niveau du
GATT, et il nous a dit qu'il les avait modifiées. Il n'a absolument rien
fait et il défend son affaire.
Les recettes du gouvernement fédéral provenant de
l'agriculture, au niveau du Québec, c'est 17 % et le gouvernement du
Québec reçoit 8,8 % de ces recettes qu'il envoie là-bas.
Le ministre va essayer de venir me faire accroire que c'est équitable,
que c'est juste, qu'on reçoit notre part. Jamais, M. le
Président. Son propre gouvernement, son collègue avant lui a fait
partie d'un mouvement appuyé par l'UPA, la Coopérative
fédérée et le ministère de l'Agriculture pour
justement dénoncer l'iniquité fédérale en
matière agricole. Là, à matin, il s'en vient justifier cet
investissement, ça en est révoltant, M. le Président. Mais
tant et aussi longtemps qu'on va considérer que l'agriculture est de
second rang, tant et aussi longtemps qu'on ne s'arrêtera pas pour essayer
de solutionner, d'aider concrètement, de payer les gens convenablement
pour produire, il va rester malheureusement des hommes et des femmes qui vont
manquer de quoi à manger, qui vont pâtir de faim et c'est
ça qui est triste, M. le Président. Ce n'est pas à cause
qu'on va avoir fait une
motion ici, en Chambre, sur la faim ici comme ailleurs qu'on va
régler les problèmes. Tant que le gouvernement n'aura pas la
volonté, la détermination de les régler, les
problèmes, et non pas de consulter - ça fait assez longtemps
qu'il les consulte - mais de répondre aux besoins des régions, de
leur donner des pouvoirs, on va continuer à tourner en rond et le
gouvernement va continuer à faire semblant de ne rien faire.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Est-ce que la motion présentée
par M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
qui se lit comme suit: "Que l'Assemblée nationale souligne la 10e
Journée mondiale de l'alimentation, dont le thème est "La faim,
ici comme ailleurs, c'est mon affaire", est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Nous
sommes toujours aux motions sans préavis. Je reconnais Mme la
députée de Johnson.
Félicitations à la
Fédération québécoise
de hockey sur glace pour l'obtention du Prix
du fair-play international de l'UNESCO
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais
faire une motion pour la Fédération québécoise de
hockey sur glace. Elle se lit comme suit: "Que cette Assemblée
félicite chaleureusement la Fédération
québécoise de hockey sur glace qui s'est mérité le
Prix du fair-play international 1991 de l'UNESCO pour ses programmes Hockey
2000 et Franc-Jeu."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement des membres de cette Assemblée pour débattre cette
motion?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Mme la
députée, si vous voulez procéder.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Oui. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Je pense qu'il fallait qu'on souligne, ne fut-ce que quelques
minutes, M. le Président, deux innovations de la
Fédération québécoise de hockey sur glace. C'est
important parce que c'est du neuf. C'est quelque chose qui vient d'être
mis sur pied il y a à peine quelques années. Ce n'est même
pas étendu encore à la grandeur du Québec et voilà
qu'on est reconnu au niveau international. Au niveau de l'UNESCO, on gagne un
prix, un prix d'excellence. Pourquoi? Parce que nos dirigeants de la
Fédération québécoise de hockey sur glace ont eu
cette intelligence, bien sûr avec les parents, bien sûr avec les
personnes qui s'occupent de hockey sur glace, et ils ont fait en sorte de
découvrir une meilleure façon pour que le jeune puisse pratiquer
son sport favori en toute sécurité et performer aussi même
si ce n'est pas une vedette.
C'en est une, dans le fond, une vedette, dans sa petite équipe,
sauf que tu ne peux pas avoir tout le temps des gens qui sont robustes, bien
bâtis et qui peuvent bousculer. Donc, c'est important, je pense, qu'on
trouve une façon, une façon différente pour que le
tout-petit puisse s'exprimer aussi dans sa force physique, dans son âme
et son intérieur qui n'est peut-être pas aussi combatif qu'un
autre.
Donc, pour vous expliquer un petit peu, très très
brièvement, M. le Président, la raison pour laquelle ils ont
mérité cette excellence-là, c'est pour le programme
Franc-Jeu. Qu'est-ce que c'est, le programme Franc-Jeu? La formule Franc-Jeu
est une nouvelle philosophie de pratique de hockey basée sur la
modification des comportements des jeunes hockeyeurs. Les jeunes qui
évoluent selon cette philosophie sont invités à refuser de
poser des gestes violents, ce que je vous expliquais tout à l'heure. De
plus, la formule Franc-Jeu permet aux équipes qui se démarquent
pour leur discipline et leur esprit sportif d'acquérir des points au
classement. Cette formule a été mise de l'avant lors d'un
projet-pilote en Beauce, en 1987-1988. L'année suivante, toute la
région de la Vieille Capitale adoptait ce programme.
L'autre raison pour laquelle iis se sont mérité ce prix
à l'UNESCO, c'est Hockey 2000. Qu'est-ce que c'est, Hockey 2000? Hockey
2000 a été introduit au début de la saison 1989-1990. Ce
programme met l'accent sur le plaisir que retire l'enfant à jouer au
hockey. Actuellement, 1800 jeunes jouent sur le programme Hockey 2000 et entre
15 000 et 20 000 évoluent dans des ligues qui ont épousé
le concept Franc-Jeu.
Donc, M. le Président, on ne peut faire autrement que
s'enorgueillir de nos gens qui sont en place et leur dire: Bravo et merci
d'avoir découvert, avec les gens du milieu, ces deux formules, je
dirais, quasi magiques qui empêchent un tout-petit de se faire faire mal
et où il peut, à la hauteur et à la capacité de ses
muscles et de son désir combatif, évoluer dans un jeu où
il se plaît et où il est heureux. Félicitations aux
nôtres, les gens de la Fédération québécoise
de hockey sur glace. Merci, M. le Président. (15 h 50)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je reconnais maintenant M. le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. M. le ministre, sur cette même
motion.
M. Gaston Blackburn M. Blackburn: Merci, M. le Président.
Je
dois vous avouer qu'il y a de ces jours où on est
particulièrement fiers d'être à cette Assemblée pour
participer à des débats comme ceux-là, qui sont
très intéressants en même temps que très positifs.
Et je dois vous dire que je suis particulièrement heureux aujourd'hui de
me joindre à la députée de Johnson pour participer
à cet échange.
M. le Président, permettez-moi d'abord de féliciter et de
rendre hommage à la Fédération québécoise de
hockey sur glace, mais aussi à M. Sylvain Cadieux, athlète
d'élite québécois et membre de la Fédération
de tir à l'arc du Québec, qui se sont mérité tous
deux le Prix du fair-play international 1990 de l'UNESCO.
Le 7 octobre dernier, à Paris, M. Mario DeGuise, président
de la Fédération québécoise de hockey sur glace et
M. Marc Blondin, coor-donnateur à la récréation et
concepteur des programmes Hockey 2000 et Franc-Jeu, ainsi que Sylvain Cadieux
de la Fédération de tir à l'arc devenaient
récipiendaires du diplôme d'honneur du comité international
du fair-play. M. le Président, le poste que j'occupe au sein du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche me permet
d'être un témoin privilégié des performances et du
travail des associations et des fédérations sportives du
Québec ainsi que de tous les bénévoles qui y participent.
Je suis aussi à même d'apprécier la prestance de nos
athlètes qui se distinguent, tant sur la scène nationale
qu'internationale.
À cette même occasion, j'aimerais annoncer que le
ministère que je dirige actuellement prépare avec - bien
sûr, en collaboration - la Régie de la sécurité dans
les sports du Québec une cérémonie spéciale pour
honorer nos récipiendaires québécois qui se sont
illustrés si brillamment sur la scène internationale.
J'aimerais rappeler aux membres de cette Chambre que depuis trois
années consécutives la Régie de la sécurité
dans les sports du Québec réalise la remise du prix Esprit
sportif pour rendre hommage à des personnes qui ont manifesté
durant l'année écoulée un comportement exemplaire en
matière d'esprit sportif ou qui ont contribué de façon
marquante à la cause de l'esprit sportif dans toutes les
activités dans lesquelles ils participent.
Les lauréats du prix Esprit sportif du Québec sont, par la
suite, présentés au niveau international. Pour la deuxième
année, le gouvernement du Québec est fier que nos
fédérations et nos athlètes soient reconnus au niveau
international pour leur calibre d'excellence et que, par le biais des
programmes mis de l'avant par la Régie de la sécurité dans
les sports du Québec, ceux-ci puissent s'illustrer à
l'échelle internationale.
Depuis mon arrivée au ministère, M. le Président,
j'ai toujours eu à coeur le développement de l'athlète. La
reconnaissance par l'UNESCO de la Fédération
québécoise de hockey sur glace et d'un jeune athlète me
réjouit au plus haut point. Ces mentions viennent reconnaître le
travail qui se fait au Québec dans le domaine du sport. Nous pourrions
nous asseoir sur nos lauriers, laisser passer le train sans tenter d'innover ou
d'apporter des améliorations à ce qui se fait déjà.
Mais nous avons plutôt choisi de bouger, de créer de ces
situations qui vont permettre à l'athlète de se développer
de façon particulière et cela, nous devons en être
très fiers.
À cet égard, M. le Président, depuis plusieurs
années, la Fédération québécoise de hockey
sur glace étudie, encourage, supporte et développe divers
programmes pour favoriser l'épanouissement de l'esprit sportif. La
Fédération a apporté une aide particulière aux
efforts déployés pour implanter les programmes Hockey 2000 et
Franc-Jeu. Et, à la lumière des résultats qu'elle
remporte, nous ne pouvons qu'être fiers de cette préoccupation de
la Fédération québécoise de hockey sur glace. Avec
la formule Hockey 2000, c'est le jeune, l'enfant, qui retire le plus grand
bénéfice, qui retrouve - et, ça, c'est l'objectif
fondamental - le goût de jouer. En fait, le programme privilégie
tout d'abord le bien-être de l'enfant et ce plaisir qu'il retire du jeu.
Tout est donc axé sur lui. Il s'éloigne en cela des perspectives
axées sur la victoire avant tout. Cela lui permet de voir l'importance
de la participation à un sport qu'il chérit.
Quant à la formule Franc-Jeu, elle remet à l'honneur
l'esprit sportif sans altérer le jeu et ses techniques. Qu'il me soit
permis de souligner l'apport du président, M. Mario DeGuise, qui,
grâce à son dynamisme et à son ouverture d'esprit, permet
le développement du hockey mineur au Québec. Cet honneur
rejaillit aussi sur tous les membres du conseil d'administration de la
Fédération québécoise de hockey sur glace et celles
et ceux qui oeuvrent à l'atteinte d'un objectif commun.
Comme je vous le mentionnais précédemment, Sylvain
Cadieux, adepte du tir à l'arc, a vécu des moments
fébriles puisqu'il a été lui aussi honoré par
l'UNESCO. il est important d'entendre ce qui va être dit par la suite. Un
diplôme d'honneur lui avait été remis en raison du geste
qu'il a posé lors d'une compétition. Après la
compétition Excellence Junior Open à laquelle il prenait part
à Ottawa les 16, 17 et 18 mars 1990, le jeune athlète s'est
aperçu que le pointage final qu'il recevait, qui lui avait
été attribué et qui le classait premier dépassait
la performance qu'il avait effectivement réalisée. Il
déposa alors un protêt afin que le comité organisateur
puisse statuer sur son propre cas. Après délibérations du
comité, Sylvain est passé du premier rang au deuxième rang
du classement. L'athlète savait déjà que ce geste pouvait
lui coûter la victoire, mais son souci de l'équité, son
intégrité, son honnêteté et son respect des
principes de l'esprit sportif ont joué, ont primé.
Jamais il n'y a eu aucun doute dans son esprit du geste qu'il devait
poser.
Je crois, M. le Président, qu'un geste comme celui qu'a
posé Sylvain Cadieux - et je suis convaincu que ma collègue de
Johnson se joint à moi - doit devenir un exemple pour nos
athlètes. Et ce geste est d'autant plus méritoire puisqu'il
survient à un niveau de compétition où la victoire prime.
Alors, merci, M. le Président, et encore une fois, nous sommes
très fiers de nos athlètes québécois au plan
international.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en vertu de votre
droit de réplique, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je n'ai pas de réplique, M. le
Président, mais vu que M. le ministre a annoncé qu'il ferait une
cérémonie spéciale, j'espère que l'Opposition va
être invitée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, madame, vous avez
fait votre choix. Est-ce que la motion présentée par Mme la
députée de Johnson qui se lit comme suit: "Que cette
Assemblée félicite chaleureusement la Fédération
québécoise de hockey sur glace qui s'est mérité le
Prix du fair-play international 1991 de l'UNESCO pour ses programmes Hockey
2000 et Franc-Jeu", est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté à
l'unanimité.
M. Chevrette: M. le Président, pourriez-vous
vérifier le quorum, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a une demande de
quorum? Qu'on appelle les députés. Qu'on appelle les
députés.
Une voix: C'est le fair-play. (Suspension de la séance
à 16 heures)
(Reprise à 16 h 4)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en sommes aux
motions sans préavis. Je suis prêt à reconnaître le
prochain intervenant.
Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Si vous le permettez, M. le Président.
Avec le consentement, si je ne me trompe, du leader de l'Opposition, j'aimerais
donner les avis touchant les travaux des commissions.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger au règlement pour qu'on puisse donner
les avis des travaux des commissions?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. M. le
leader adjoint du gouvernement, avis des commissions.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 15 h 30 à 17 h 30 et de 20 heures
à 22 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la
sous-commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Enfin, de 15 h 30 à 18 h 30... de maintenant à 18 h 30, de 20
heures à 22 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission
de la culture poursuivra sa consultation générale sur la
proposition de politique de la culture et des arts déposée
à l'Assemblée nationale le 14 juin 1991. Ladite commission
poursuivra ses travaux demain, le jeudi 17 octobre 1991, de 9 h 30 à 12
h 30.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vos avis sont
déposés. Est-ce qu'il y a consentement? Il y a consentement, les
avis sont déposés. Alors, je vous avise que demain, le 17 octobre
1991, de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle 1.38 de l'édifice
Pamphile-Lemay, la commission d'étude sur toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle se réunira en séance de
travail. Nous revenons aux motions sans préavis. Je suis prêt
à reconnaître Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur.
Des voix: Bravo!
Motions sans préavis
Félicitations aux lauréats des prix du
Québec dans le cadre de la Quinzaine des sciences
Mme Robillard: M. le Président, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la
motion sans préavis suivante: "Que l'Assemblée félicite
les lauréats des prix du Québec dans les domaines scientifique et
culturel et qu'elle souligne la tenue de la Quinzaine des sciences qui se
déroule cette année du 10 au 30 octobre."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion proposée par Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors, Mme
la ministre, si vous voulez procéder.
Mme Lucienne Robillard
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
aujourd'hui, de rendre hommage aux six lauréats des prix du
Québec, édition 1991. Ces six récipiendaires, deux dans le
domaine scientifique et quatre dans le domaine des arts, sont le Dr Mircea
Steriade de l'Université Laval pour le prix Marie-Victorin, le
professeur Bruce Trigger de l'Université McGill pour le prix
Léon-Gérin, l'écrivaine Nicole Brassard pour le prix
Athanase-David, le designer industriel Michel Dallaire pour le prix
Paul-Émile-Borduas, le compositeur Gilles Tremblay pour le prix
Denise-Pelletier et le cinéaste d'animation Frédéric Back
pour le prix Albert-Tessier.
Depuis maintenant 15 ans, le gouvernement du Québec remet chaque
année les prix du Québec à six personnes en reconnaissance
de leur contribution remarquable dans le domaine des arts et des sciences. Ces
prix se veulent un hommage aux femmes et aux hommes qui ont influencé de
manière significative l'évolution de notre société
grâce à leur esprit novateur et à l'excellence de leur
carrière.
Sachant que ma collègue, la ministre des Affaires culturelles,
secondera cette motion en prenant la parole dans quelques minutes, je voudrais,
à titre de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science,
souligner de façon particulière le talent et la
persévérance de MM. Steriade et Trigger en mettant en relief
l'excellence et le rayonnement de leurs travaux qui dépassent largement
les frontières du Québec. Tous deux ont activement
contribué à l'avancement des connaissances dans leurs disciplines
en plus de participer au développement de la société
québécoise grâce à leur engagement auprès de
leurs étudiantes et de leurs étudiants gradués et au sein
de leurs universités respectives.
Fondateur et directeur du laboratoire de neurophysiologie de la
Faculté de médecine de l'Université Laval, le Dr Steriade
en a fait l'un des centres de recherche les plus spécialisés au
monde dans le domaine de la physiologie cellulaire des états de
vigilance. Ce laboratoire, qui accueille chaque année des chercheurs des
quatre coins du monde, est l'un des premiers à avoir observé le
comportement des cellules qui assurent le contrôle cérébral
du cycle veille-sommeil. Né en 1924, à Bucarest, en Roumanie, le
Dr Steriade a fait ses études en médecine dans son milieu
d'origine. Grâce à sa rencontre avec un chercheur de
l'Université de Montréal, en 1968, sa carrière prend un
tournant décisif. Il décide alors de s'établir au
Québec et de poursuivre ses recherches à l'Université
Laval.
Au cours de sa carrière, M. Steriade a publié de nombreux
articles dans les meilleures revues de sa spécialité. Il est
également l'auteur de huit ouvrages, dont des monographies rendant
compte de ses recherches et de livres théoriques traitant de
l'évolution des connaissances sur le cerveau et des rapports entre le
cerveau et la conscience. Commentant de façon très
élogieuse en 1990 ses deux dernières monographies, la revue
Sciences parle d'apogée technique et d'ouvrages destinés
à faire époque.
En plus de ses nombreux travaux de recherche, le Dr Steriade apporte une
contribution active à l'enseignement de la médecine à
l'Université Laval. Comme spécialiste invité, il participe
à de nombreux colloques et à des conférences, tant au
Canada qu'à l'étranger où il représente
éminemment bien, non seulement les milieux de la recherche et de
l'enseignement, mais tout le Québec.
Le lauréat du prix Léon-Gérin 1991, M. Bruce
Trigger, est un spécialiste des civilisations anciennes non
industrialisées, mais évoluées. Il s'est avant tout
efforcé de comprendre comment se sont développées les
structures de nomination et de coercition dans ces sociétés. Dans
cette perspective, M. Trigger fait présentement l'analyse comparative
des différences et des similitudes de l'organisation de six
civilisations d'Afrique, d'Asie et d'Amérique.
Parallèlement aux travaux qu'il mène sur l'Afrique, il
s'intéresse aux sociétés amérindiennes qui vivent
au Canada. En mettant en évidence le rôle déterminant
qu'ont joué les premières nations dans la construction du pays,
M. Trigger ouvre la porte à une nouvelle interpretation de notre
histoire, la rendant plus sympathique aux moeurs et aux coutumes
amérindiennes.
L'originalité et l'ampleur de la réflexion de Bruce
Trigger de même que ses qualités personnelles sont
également très appréciées des Hurons qui lui ont
fait l'honneur de l'adopter en 1989 en le nommant membre honoraire du clan de
la Grande Tortue.
Ce chercheur de l'Université McGill aux multiples et vastes
connaissances qu'est Bruce Trigger a porté un regard neuf sur
l'archéologie. Bref, il est maintenant impossible d'enseigner cette
science sans se référer aux ouvrages du professeur et chercheur
Bruce Trigger.
MM. Steriade et Trigger s'inscrivent dans la lignée des
lauréats que le Québec a honorés au cours des 15
dernières années. Ils constituent des modèles dont nos
jeunes Québécois devraient s'inspirer lorsqu'ils songent à
leur avenir.
M. le Président, la remise des prix du Québec dans le
domaine scientifique s'inscrit dans le cadre de la Quinzaine des sciences qui
se déroule, jusqu'au 30 octobre prochain, sous le thème "Science,
technologie et communication". La Quinzaine des sciences constitue un moment
fort et privilégié de sensibilisation de la population à
l'importance de la science et de la technologie.
Cette année, la Quinzaine des sciences est
l'occasion pour un large public de se familiariser avec ce secteur
porteur d'avenir qu'est le domaine des communications grâce aux 300
activités qui y sont présentées dans toutes les
régions du Québec. Elle vise plus globalement à mieux
faire comprendre au grand public les enjeux du développement
scientifique et technique.
Réalisée par la Société pour la promotion de
la science et de la technologie, la Quinzaine des sciences est le
résultat de la collaboration de nombreux partenaires. J'ai le plaisir de
souligner la participation d'un grand nombre de nos entreprises et de nos
centres de recherche, de nos maisons d'enseignement universitaire et
collégial à la réalisation de cette Quinzaine et je les
remercie de leur engagement dans le domaine très large de la diffusion
de la culture scientifique et technique. Il est encourageant de constater que
de plus en plus d'entreprises et d'organismes intègrent la culture
scientifique et technique dans leurs activités.
Comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, je
suis heureuse d'être associée à un tel
événement qui éveille et sensibilise, qui fait partager
les acquis de la science et de la technique et suscite la réflexion sur
les conséquences sociales de l'actuelle révolution
technologique.
Je voudrais aussi souligner, M. le Président, la tenue du
Festival du film scientifique du Québec qui se tient dans le cadre de la
Quinzaine des sciences du 20 au 27 octobre au Musée de la civilisation
du Québec et au Jardin botanique de Montréal. Il s'agit d'un
événement unique au Québec et au Canada qui attire un
nombre important de productions de calibre international et jouit, tout comme
la Quinzaine des sciences, de l'appui significatif de firmes privées et
d'organismes publics. Je profite donc de l'occasion pour les en remercier.
Cette année, le Festival est sous la présidence d'honneur du
cinéaste bien connu, M. Rock Demers.
Je souhaite que cette période fasse prendre conscience des enjeux
de la science et de la technologie pour notre avenir collectif et qu'elle soit
l'occasion pour toutes et tous d'échanges sur ces questions. Je vous
invite donc à unir vos voix à la mienne pour remercier les
promoteurs de la Quinzaine des sciences et du Festival du film scientifique du
Québec.
Enfin, M. le Président, j'aimerais inviter tous mes
collègues à se joindre à moi et à ma
collègue des Affaires culturelles le 28 octobre prochain, à
l'occasion de la soirée de la remise des prix du Québec, pour
souligner d'une manière toute particulière les six
lauréats de cette année. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Je reconnais sur cette
même motion M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir de m'associer à cette motion pour féliciter les six
lauréats dont la ministre a fait lecture du curriculum vitae et de leurs
mérites tout à l'heure. Je pense qu'il s'agit là de six
personnes très distinguées parmi d'autres distinguées
aussi qui ont concouru dans le cadre de ces concours, qui ont été
distinguées par leurs collègues, par leur milieu, par leur
université, dont le travail a été apprécié
et qui ont contribué à l'avancement des sciences, des
communications, qui ont contribué au patrimoine des arts du
Québec et je pense, globalement parlant, qui ont amélioré
la culture scientifique, technique, et qui ont collaboré à la
révolution technologique.
C'est un milieu, M. le Président, que j'ai eu l'occasion de
côtoyer, il y a quelques années, alors que j'étais à
l'Université de Montréal, avec le vice-recteur à la
recherche qui est maintenant président, ici, du Conseil des sciences et
de la technologie. Je peux vous dire que je garde de ce milieu un souvenir
très ému parce que j'ai toujours eu conscience, en travaillant
dans ce milieu, que nous étions pour développer tout ce qui
contribuait au progrès de l'humanité. Je pense que si l'on fait
l'histoire des sciences depuis quelques centaines d'années on voit qu'au
fond, c'est là que sont survenus les véritables progrès de
l'humanité.
Ils ont été marqués au coin de la liberté de
la pensée, au coin aussi de la libération des contingences, de la
satisfaction des besoins primaires, pour essayer de faire un pas en avant
important dans la conquête du progrès.
Alors, je pense que ces personnes qui se sont distinguées
aujourd'hui méritent toutes nos félicitations et méritent
la considération de leur milieu. Je le crois d'autant plus qu'au moment
où nous nous parlons l'activité économique,
l'activité scientifique, technologique prend une grande importance,
compte tenu de l'état de notre économie. Et ça, je crois
que nous n'y accorderons jamais assez d'importance.
Je sais que c'est difficile d'attribuer des fonds toujours très
rares pour les donner à des gens ou les attribuer à des gens dont
on voit mal les perspectives de travail, mais il faut le faire. Au fond, il
s'agit là de perspectives à long terme qui rendent des
bénéfices majeurs à la collectivité. C'est la seule
façon d'avancer dans le progrès.
Alors, je voudrais simplement profiter de ces quelques minutes pour
faire le tour de l'activité scientifique au Québec au cours des
dernières années. Les sommes consacrées à la
recherche scientifique et au développement expérimental, donc,
qui touchent beaucoup les universités mais en particulier aussi les
entreprises, ce qu'on appelle recherche-développement, la R & D, se
sont élevées à 2 200 000 000 $ en
1989. C'est une somme importante.
Pour sa part, le produit intérieur brut qui est consacré
à la recherche scientifique et au développement
expérimental ou le ratio RD/PIB stagne actuellement en dessous de 1,5 %
depuis 1985, alors qu'il avait atteint, à l'époque, un sommet de
1,47 %, qui est un critère généralement utilisé
dans le monde moderne pour évaluer l'importance des efforts que l'on met
à la recherche scientifique et au développement. Cette stagnation
du ratio RD/PIB québécois est particulièrement frappante
en regard du plan d'action 1988-1992 qui a été
présenté par le gouvernement en juin 1988. De 1,5 % en 1987
prévu par ce plan, le ratio devait augmenter de 0,1 par année,
pour s'établir comme objectif à 2 % en 1992. (16 h 20)
Selon le scénario gouvernemental, il aurait donc dû se
situer à 1,7 % en 1989. Notons, en passant, qu'un écart 0,1 %
représente environ 150 000 000 $ en 1989, ce qui équivaut
actuellement à un sous-investissement en R & D de 400 000 000 $ en
1989, par rapport au plan d'action.
Les dépenses du gouvernement fédéral expliquent une
part importante du plafonnement de l'effort de recherche au Québec,
puisqu'elles ont tout simplement été gelées dans le
Québec entre 1987 et 1989, ce qui correspond, en fait, à un recul
en termes réels. La part du Québec dans ces dépenses a
chuté de 21 % à 19,1 % entre ces deux années. Une
augmentation de cette part à 26 %, soit le poids démographique du
Québec, correspondrait, en fait, à une injection de la part du
gouvernement fédéral de 175 000 000 $ et c'est ce qui
réduirait de près de la moitié notre sous-investissement
en R & D, par rapport au plan d'action gouvernemental.
Ce qu'il est étonnant de constater c'est que, sur la
période de 1980 à 1985, les dépenses
fédérales ont crû de 21,2 %, en moyenne, annuellement, au
Québec, contre 12,1 % en Ontario. Je dis bien entre 1980 et 1985. En
fait, la part du Québec, à l'époque, est passée de
14,9 % en 1979 à 20,2 % en 1985, dans l'ensemble fédéral.
La croissance des dépenses en R & D n'a été que de 2,5
% en moyenne par année au Québec, sur la période
1986-1989, contre 6,7 % en Ontario. Apparemment, le fédéralisme
coopératif n'est pas toujours rentable, surtout pas en recherche et
développement. Pour sa part, le gouvernement du Québec a
haussé sa contribution à la R & D de 13,1 % en 1989 par
rapport à 1988. on peut aussi contraster cette performance avec celle de
l'ontario, cette dernière ayant augmenté sa contribution de 28,8
% de 1988 à 1989. et entre 1986 et 1989, la hausse annuelle moyenne a
été de 19,2 % en ontario, 8,4 % au québec.
Cette tendance, pour venir plus près de la motion qui nous
touche, se répète aussi dans le secteur de l'enseignement
supérieur. De 1986 à 1989, la croissance annuelle moyenne du
financement de la R & D par ce secteur a été de 3,2 %
seulement au Québec, contre 10,3 % en Ontario. Le gouvernement du
Québec est en partie responsable de cette piètre performance,
puisqu'elle a vraisemblablement pour cause le sous-financement chronique des
universités québécoises.
Dans un article du journal Le Devoir du 26 mars 1991, on pouvait
lire que, selon M. Jean Gagné, sous-ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, la grande victime du présent capotage
technologique québécois, c'est l'université. En 10 ans, la
part des universités dans le financement de la recherche a
diminué de moitié. On ne peut interpréter ces coupures que
comme une volonté de l'État d'asservir la politique scientifique
à la politique économique. La seule politique clairement
discernable dans la mise au régime des universités, selon M.
Gagné, c'est la volonté de l'État lui-même
d'orienter, de concert avec l'industrie, la direction que doit prendre la
recherche.
Les responsables universitaires affirment que tous les organismes
subventionneurs plafonnent depuis les 10 dernières années et que
le manque d'argent n'est pas le résultat simple des temps difficiles que
nous traversons. La principale cause, c'est l'absence de politique globale de
la recherche. La dernière politique de la recherche, c'était le
livre blanc de M. Camille Laurin, qui remonte pratiquement au déluge.
Alors, la question que nous posons, c'est: À quand, une telle politique
sur la recherche?
En conclusion, M. le Président, malgré la croissance
appréciable du financement de la R & D par les entreprises, le
Québec plafonne depuis 1985 dans la part de sa production qu'il consacre
à la recherche et au développement. Le gouvernement
fédéral est le premier responsable de cette situation, mais le
sous-financement du réseau universitaire et la croissance modeste de ses
dépenses de R & D font porter aussi au gouvernement du Québec
une bonne partie de la responsabilité du retard considérable qui
s'est creusé par rapport aux objectifs qu'il s'était
lui-même fixé dans son plan d'action.
Alors, en même temps que je joins ma voix à celle de la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science pour souligner la
Quinzaine des sciences et l'importance de l'activité scientifique, non
seulement pour le développement de notre économie mais aussi pour
celui des individus, des citoyens, je dois aussi réclamer de celle-ci
que son gouvernement accorde à la science toute la place et les
ressources qu'elle mérite.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle, de votre intervention. Je reconnais maintenant
M. le député de Jacques-Cartier, sur la même motion. M. le
député.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. I am happy, as are my
colleagues, to support the resolution congratulating the Québec
laureates in science and culture and to mark the fortnight of the sciences. I
think it is interesting that, in a way, this resolution has a double aim. It
talks about laureates in culture as well as science, and that in itself raises
a profound point about the relationship between science and culture in modern
society generally, and the particularly important issue it has always raised in
Québec. To explain that issue, I think some of the points that have been
raised, at least on one level by my distinguished colleague from Labelle, have
to be looked at in a slightly different way.
To begin, consider exactly how science and technology did develop in
Québec over the last 100 years. That development was characterized at
first by a predominant position being taken by places like McGill University.
That was not because ability was lacking on the French-speaking side. On the
contrary, as everyone tends to forget now, 100 years ago, science, as a form of
undergraduate instruction, had very low prestige in all Western countries. It
was the case that Rutherford, who became world famous here in Montréal
for his work on atomic physics, actually took his undergraduate degree in arts;
that the man who proceeded him as the first MacDonald professor of physics at
McGill had never even taken any science courses but in fact took his degree in
classics.
And of course this situation was much more extreme on the
French-speaking side. There, the educational tradition of the "collèges
classiques" emphasized an education rooted in a study of Latin and Greek
literature and history. A very much better method, perhaps, of producing
statesmen, legalists, journalists, articulate politicians, but not so good from
the standpoint of producing those who could change the world through science
and engineering.
That was one of the main reasons for the dual character of English and
French-speaking Québec for a very long time. For example, the first
graduating class at the University of Montréal in engineering was in
1943 and it had eight students. By that time, McGill University had graduated
several thousands of students in engineering - quite a few of them francophones
- and they would, of course, continue to play a dominant role in the
engineering firms and in many other aspects of business in Québec for
some decades after that.
In consequence, the development of an educational system in
Québec, on both the French-speaking and the English-speaking side, that
emphasized science, emphasized technology, emphasized engineering was a
relatively recent development, and even now, there are still some effects of
the old system. Some of the effects of that old system are not bad, but bad or
good, they cannot be changed overnight. For example, when my colleague from
Labelle talks about things like the relative financial contributions made by
the Federal Government to Québec or to other provinces, or the growth in
expenditures on higher education in science, and so on, it is worthwhile
remembering that interesting as these figures are, they only have a loose
relationship to the development of science and technology at all.
One of the things that shapes the amount of grants and the amount of
expenditures is simply whether you have a student body which is more and more
worried about taking undergraduate instruction and getting a job, or whether
you have a large number of people taking the graduate programs whether they are
in science, or in social sciences, or whatever, and therefore, applying for the
necessary scholarships, fellowships, bursaries and so on, down the line. (16 h
30)
So, the financing of higher education changes spectacularly from year to
year on the basis of these student decisions, no matter what government policy
is.
It follows, therefore, that, in fact, you cannot simply improve science
or look forward to its development in any area in the world merely by throwing
more money at it. In many cases, what is most significant is whether you have a
city, a place, an environment, a university, even an individual man or woman
who attracts scholars and students of the highest level of ability, either from
the local area or from other places in the world. It has been the ability of
Montréal, of McGill University and, more recently, of the other
francophone universities to do just that, which has been the basis of
scientific achievement in Montreal, not the various amounts of money doled out
by either Ottawa or Québec City. It is possible that that kind of
achievement can continue and I hope it does. I also hope, however, that people
do not forget that the old kind of Québec éducation had its
virtues too.
The early introduction of scientific instruction in places like the
cégep system has, on both the anglophone and the francophone side, some
very serious negative effects, when you remember that there are a huge number
of people who wind up studying science who are not going to be scientists, and
who therefore simply wind up with an inadequate knowledge of both the French
and the English language, while not adding anything much in the way of
distinction to scientific achievement.
It is important, while treasuring the achievements of our best
scientists and our best technologists, and encouraging them and congratulating
them, to remember, at the same time, that in both the English and French
language, this province has to be particularly concerned
about the maintenance of standards of excellence in the study of fields
like literature and history, because if it does not maintain standards in those
fields, science and technology themselves have no local character. They simply
produce, after all, an extremely high standard of living but a more or less
neutral society that is undif-ferenciated the world over.
I would think that both my colleagues on the Government side and,
perhaps even more, my colleagues on this side of the House would not
particularly look forward to such a standardization and a disappearance of the
things that make this place, in so many ways, distinct. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Sur cette même motion, Mme la
députée de Mégantic-Compton et vice-présidente de
la commission de l'économie et du travail.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. J'aimerais
vous dire que c'est la vice-présidence de la commission de
l'aménagement et des équipements! Les prix du Québec sont
la plus haute distinction du gouvernement du Québec en matière de
culture et de science attribués à des hommes et des femmes dont
l'oeuvre et la carrière exceptionnelles ont marqué
l'évolution non seulement de leurs disciplines respectives mais de notre
société entière.
Je me joins à la ministre de l'Enseignement supérieur pour
souligner en cette Chambre cet événement qui, bien qu'annuel,
revêt à chaque fois une importance tout à fait
particulière puisqu'il s'agit d'honorer six personnalités
québécoises pour leur nomination à titre de
récipiendaires des prix du Québec. Pour une quinzième
année consécutive, nous rendons collectivement cet hommage
à des artistes et des scientifiques remarquables de chez nous. Ce
témoignage se veut d'abord un appel à l'innovation, au
dépassement et à l'excellence.
Ainsi, en littérature, le prix Athanase-David est
décerné à l'écrivaine Nicole Brossard dont l'oeuvre
considérable et audacieuse apporte une contribution exemplaire à
la littérature québécoise. Logeant à l'enseigne de
la modernité, de l'avant-garde et de l'exploration, Nicole Brossard
s'emploie à faire éclater les frontières entre les genres
littéraires et travaille à l'émergence d'une culture au
féminin. Elle a bâti, au fil des ans, une oeuvre forte, originale
et diversifiée, dont l'influence ne cesse de s'étendre.
C'est au designer industriel Michel Dallaire qu'est
décerné le prix Paul-Émile Borduas, la plus haute
distinction dans le domaine des arts visuels. L'oeuvre de cet architecte des
formes utiles se distingue par ses qualités esthétiques et
fonctionnelles. La production de Michel Dallaire, impressionnante et
diversifiée, est mise en valeur aussi bien dans les musées que
dans les magasins à rayons. Inscrivant son travail dans l'esprit du
Bauhaus, il est persuadé que les objets ne doivent jamais cacher leur
fonction derrière un design accrocheur, mais bien l'afficher.
Le prix Denise-Pelletier, plus haute distinction dans le domaine des
arts d'interprétation, est attribué au compositeur
émérite Gilles Tremblay, l'un des pionniers de la musique
contemporaine au Québec. Professeur au Conservatoire de musique du
Québec où il enseigne depuis 30 ans, il a contribué d'une
façon tout à fait remarquable à l'éclosion d'une
nouvelle génération de compositeurs dont le regretté
Claude Vivier, très actif dans son milieu. Il a notamment
été président et directeur musical de la
Société de musique contemporaine. En communion étroite
avec la nature et très près de ses éléments, M.
Tremblay y trouvera sûrement, une fois encore, l'inspiration qui le
mènera à l'écriture de l'oeuvre que lui a commandé
Radio-Canada pour commémorer le 350e anniversaire de
Montréal.
C'est au maître du cinéma d'animation, de réputation
internationale, Frédéric Back, qu'est octroyé le prix
Albert-Tessier, la plus haute distinction accordée dans le domaine du
cinéma. On dit de lui qu'il fait de la peinture en mouvement qui incite
à réfléchir. De manière poétique, son oeuvre
s'élève contre la violence faite à la nature, contre la
détérioration généralisée de l'univers,
contre la course aux armements. Principalement associé à la
télévision de Radio-Canada, c'est au début des
années soixante-dix qu'il y réalise son premier film d'animation
"Abracadabra". Rapidement, les films qu'il conçoit lui méritent
de multiples reconnaissances. 22 prix dont un Oscar pour le film "Crac" et 32
prix dont un Oscar pour "L'homme qui plantait des arbres" sont autant de
gratification pour cet homme de talent.
M. le Président, j'aimerais profiter de cette occasion pour
féliciter ces lauréats et cette lauréate qui ont
contribué et qui continueront à enrichir le monde dans lequel
nous vivons. Il est de notre responsabilité, en tant que gouvernement,
de reconnaître nos créateurs et nos chercheurs les plus
émérites. Les honorer constitue également un engagement de
notre part à soutenir et à protéger l'acte de
création et de recherche dans le plus grand respect de la liberté
de son auteur. L'État, en couronnant une oeuvre de maturité,
s'associe, et il est de son devoir de le faire, à cette démarche
d'ouverture d'esprit, de créativité et de questionnement d'une
société qui veut bâtir sur des fondements propices au plein
épanouissement de tous et chacun. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Mégantic-Compton et vice-présidente de
la commission de l'aménagement et
des équipements. Alors, en vertu de votre droit de
réplique, Mme la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
Mme Lucienne Robillard (réplique)
Mme Robillard: Oui, M. le Président. Je voudrais seulement
rappeler aux membres de cette Chambre l'importance que le gouvernement apporte
à soutenir la recherche et le développement et ce, dans tous les
domaines de nos activités scientifiques au Québec. Oui, M. le
Président, j'ai quand même apprécié le fait que le
député de Labelle ait mentionné que les dépenses en
recherche et développement provenaient de différentes sources.
À cet égard, quand on utilise des pourcentages par rapport au
PIB, il faut être très prudent pour que les gens comprennent bien
d'où viennent ces sources et sur quoi exactement elles sont
basées.
Alors, on sait qu'il y a des dépenses en recherche et
développement qui viennent du fédéral; d'autres viennent
du provincial; d'autres sont faites directement par les universités et
sont donc faites directement par le gouvernement du Québec. M. le
Président, quand on regarde l'effort qui est fait présentement
par le gouvernement en matière de financement de la recherche et du
développement, on peut constater, pour les statistiques officielles que
nous possédons présentement sur l'année 1988, que les
dépenses du gouvernement du Québec se comparent avantageusement
ou, à tout le moins, de façon très satisfaisante par
rapport à celles de l'Ontario, le Québec ayant fait des
dépenses de l'ordre de 183 000 000 $ comparativement à 163 000
000 $ pour l'Ontario. (16 h 40)
II en est de même pour le financement de la recherche
universitaire, M. le Président. Quand on la mesure au niveau du PIB,
pour le Québec, ça représente 0,30 %, alors que c'est pour
l'Ontario 0,32 %. Quand on regarde la richesse relative des deux provinces, je
pense qu'on peut constater que les efforts qui sont faits présentement,
bien qu'ils doivent être augmentés en recherche et
développement, sont bien représentatifs de cette volonté
de tous les intervenants de vouloir augmenter justement toute notre recherche
et développement au Québec. C'est la même chose quand on
regarde l'ensemble des dépenses en matière des activités
scientifiques et techniques. Au Québec, encore là, on se compare
avantageusement à ce qui se passe en Ontario.
Tout ceci étant dit, il est clair qu'on doit continuer
d'augmenter nos dépenses en recherche et en développement, non
seulement de la part gouvernementale, mais surtout - et je dirais d'abord et
avant tout - de la part de nos entreprises. Il est très clair que comme
orientation, nous, du gouvernement, nous privilégions le fait que ce
soit les initiatives des entreprises en matière de recherche et de
développement et nous venons en support et en
complémentarité.
Contrairement à ce que dit le député de Labelle, M.
le Président, notre cadre d'intervention en matière scientifique
est très clair au Québec. Il est très clair que nous nous
appuyons d'abord et avant tout sur la recherche universitaire qui est faite
dans nos instances universitaires partout dans toutes les régions du
Québec. Il est très clair aussi que nous avons multiplié
les mesures pour faire travailler ensemble les chercheurs des
universités et des entreprises. Et là, je pense à tous les
centres de liaison et de transfert que nous avons créés, M. le
Président.
Je pense aussi aux centres spécialisés des
collèges, des cégeps qui ont été
créés dans toutes les régions du Québec. Je pense
aux fonds subventionnaires spécifiques au Québec, unique je
dirais par rapport à d'autres provinces, que ce soit le fonds FCAR ou le
Fonds de la recherche en santé du Québec qui sont encore des
mesures très particulières mises en place par le gouvernement du
Québec. Je pense à toutes les mesures fiscales que nous avons
mises sur pied pour inciter davantage les entreprises à investir dans le
domaine de la recherche et du développement. Je pense aussi à
notre politique du faire-faire. Je pense au Fonds de développement
technologique: 300 000 000 $ sur cinq ans.
Enfin, M. le Président, il est très clair que le cadre
d'intervention est là, les lignes directrices sont là et le
gouvernement du Québec va continuer de soutenir la recherche et le
développement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre
de l'Enseignement supérieur. Est-ce que la motion
présentée par Mme la ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science qui se lit comme suit: "Que l'Assemblée félicite
les lauréats des prix du Québec dans les domaines scientifique et
culturel et qu'elle souligne la tenue de la Quinzaine des sciences, qui se
déroule cette année du 10 au 12 octobre", est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Nous en
sommes toujours aux motions sans préavis. Je reconnais Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata et adjointe
parlementaire au ministre de l'Industrie et du Commerce. Mme la
députée.
Souligner le travail des entreprises,
groupes et associations à l'avancement
de la qualité totale au Québec
Mme Dionne: M. le Président, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter la motion sans
préavis suivante: "Qu'à l'occasion du mois de la
qualité,
l'Assemblée nationale témoigne son appréciation et
son soutien aux entreprises, groupes ou associations qui travaillent sans
relâche depuis des années à l'avancement de la
qualité totale au Québec."
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Mme la
députée, vous pouvez poursuivre.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
présenter et d'intervenir dans le cadre de cette motion concernant la
qualité totale, puisque c'est un sujet qui me tient à coeur. De
plus, les premiers jours d'octobre ont donné le coup d'envoi au mois de
la qualité 1991. Je vous entretiendrai donc, M. le Président,
pendant quelques minutes, des bienfaits, mais surtout de la
nécessité de rendre le Québec encore plus
compétitif et prospère.
Ayant pour thème "La qualité sans frontière", le
mois de la qualité rappelle donc à la population que les
critères de qualité au Québec doivent répondre aux
normes les plus élevées de la planète. Mais l'atteinte de
cet objectif, à mon avis, passe inévitablement par la
sensibilisation des gens à cette philosophie qu'est la qualité
totale.
M. le Président, avant d'aller plus loin, j'aimerais citer une
phrase de mon collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, extraite du discours qu'il a présenté devant les
membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain le
printemps dernier. Je crois qu'elle résume assez bien ce que signifie le
concept de la qualité totale, et je le cite: La qualité totale,
c'est rien de moins que l'engagement de toute l'équipe, du premier
jusqu'au dernier, à bien faire son travail, même quand personne ne
le regarde, M. le Président. C'est clair et facile à comprendre.
Il s'agit donc d'éviter le gaspillage et d'assurer les productions de
biens et de services de qualité au meilleur coût possible.
C'est ça la qualité totale, mais pour l'atteindre il faut
parvenir à sensibiliser les gens à la nécessité
d'implanter ce principe. Et quoi de mieux pour y arriver, M. le
Président, que de donner des chiffres à l'appui. On le sait
déjà, la non-qualité coûte au Québec environ
24 000 000 000 $ par année, M. le Président, pensons-y. En
implantant le concept de la qualité totale, ces milliards pourraient
être utilisés à meilleur escient. Mais, M. le
Président, pour implanter la qualité totale, il faut - nous le
savons - que la main-d'oeuvre puisse bénéficier d'une formation
adéquate. Il s'agit là d'un défi, mais ensemble, nous
pouvons le relever.
Tout d'abord, il faut sensibiliser les entreprises aux avantages
qu'elles ont à encourager la qualité de leur main-d'oeuvre. C'est
essentiel. Si on regarde à l'étranger, on se rend compte
rapidement que plusieurs pays ont compris que pour réussir à
être compétitifs, il est nécessaire de pouvoir compter sur
une main-d'oeuvre qualifiée et compétente. À cet effet, le
ministre Tremblay a déjà révélé que les
entreprises américaines investissent 1,4 % de leur masse salariale
à la formation. Les Allemands et les Japonais en consacrent encore plus.
Pourtant, en comparaison, les entreprises québécoises ne
réservent seulement que 0,4 % de leur masse salariale à la
formation de leur main-d'oeuvre.
Comme on peut facilement le constater, M. le Président, il nous
reste encore beaucoup de chemin à parcourir et des défis à
relever. Mais heureusement, le vent a tourné. Lors du lancement du Mois
de la qualité 1991, notre premier ministre, M. Robert Bourassa, a
profité de l'occasion pour dévoiler la charte
québécoise de la qualité totale et prendre un engagement
ferme du gouvernement du Québec envers la qualité totale.
Je vous en trace, d'ailleurs, quelques lignes. La charte comprend un
engagement en deux volets. Tout d'abord, l'État québécois
promet d'harmoniser ses moyens d'intervention en formation et en
éducation. En ce qui a trait à ses programmes d'aide avec les
exigences du concept de la qualité totale, le gouvernement entend
étendre l'implantation de la qualité totale à la fonction
publique et inciter ses fournisseurs à souscrire à cette
démarche.
Enfin, le deuxième volet, M. le Président, s'adresse au
chef d'entreprise. Ce dernier est invité à adhérer aux
grands principes qui sous-tendent à la qualité totale. Il s'agit
principalement de l'écoute du client, de l'amélioration continue
des services et des produits, de la reconnaissance du personnel, de
l'information des ressources humaines et de la création d'outils de
mesures qui permettent d'évaluer si les produits ou les services
répondent adéquatement aux besoins des clients.
Voilà qui démontre une fois de plus, M. le
Président, la volonté du gouvernement libéral
d'améliorer l'économie du Québec et de faire en sorte que
nous produisions ici chez nous et que nos produits soient concurrentiels avec
ce qui se produit ailleurs au monde. Notre gouvernement a compris que la
concurrence internationale est de plus en plus importante. Et le moyen pour
soutenir cette concurrence, c'est d'intégrer le concept de la
qualité totale. Au cours des prochaines semaines, M. le
Président, des colloques et des forums régionaux auront lieu dans
différentes régions du Québec sous le thème de la
qualité. Ces activités regrouperont pas moins de 2000 dirigeants
d'entreprises.
Alors, M. le Président, j'invite tous les citoyens et citoyennes
du Québec à se sensibiliser à la qualité totale et
aux avantages indéniables qu'elle procure. Ensemble, donnons-nous les
moyens d'accroître la qualité des produits et des services que
nous offrons, et du même souffle d'en amoindrir les coûts, car en
plus de la satisfaction que l'on peut en retirer du travail bien fait, c'est
l'état de notre économie qui en bénéficiera. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet):
Merci, Mme la députée. Sur cette même motion, je
reconnais maintenant M. le député de Labelle. M. le
député.
(16 h 50)
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je vais
souligner, à mon tour, le Mois de la qualité totale et on doit
évidemment souhaiter que la qualité totale soit pratiquée
à longueur d'année. Mais dans l'intervalle, il est aussi utile
d'attirer l'attention sur l'importance d'améliorer les produits, les
services et leur processus de production autant dans le secteur public que dans
le secteur privé. Nos parents disaient: Tout ce qui mérite
d'être fait mérite d'être bien fait, et je partage cet
adage. Mais on peut aussi se laisser aller à rêver à ce que
serait un monde parfait où tout est bien fait à tout coup, du
premier coup, pour citer le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, et à ce que rapporterait l'élimination de la
non-qualité. Ces rêves nous mènent parfois loin parce que
le ministre répète à l'envie, à qui veut
l'entendre, que des économies de 24 000 000 000 $ sont possibles, dont
10 000 000 000 $ dans le secteur public - c'est ce qu'il dit - et cela signifie
4 500 000 000 $ si on regarde uniquement du côté du gouvernement
du Québec. Il s'agit là de sommes considérables et c'est
pour cela que je qualifie ses discours de rêves, à l'heure
actuelle.
Face à des montants aussi considérables, on doit se
demander s'il ne s'agit pas d'une chimère ou, sinon, qu'est-ce qu'on
attend? Qu'est-ce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, qu'est-ce que le président du Conseil du trésor,
qu'est-ce que le ministre des Finances ou le premier ministre attendent pour
présenter un plan précis et concret pour éliminer ce
gaspillage énorme et faire bénéficier les
Québécois de toutes ces économies plutôt que
d'augmenter les taxes à ne plus en finir et de couper sauvagement dans
les programmes?
Tout ça, M. le Président, manque de sérieux et,
au-delà de la rêverie béate, il faut bien comprendre que la
qualité exige du temps et des efforts, qu'elle a des coûts et
qu'il ne s'agit pas de faire des discours à la place de proposer des
solutions concrètes, qu'il ne devrait pas s'agir de pensées
magiques parce qu'il n'y a rien de magique dans ce qu'il faut faire.
Plutôt que des admonitions et des exhortations, des discours pour cacher
l'inaction, la léthargie, l'incurie, l'inertie, il faut donner aux
entreprises l'encadrement nécessaire pour avoir accès à la
main-d'oeuvre qualifiée et à la technologie de pointe. Il faut
leur donner les outils pour s'améliorer.
Et on revient, M. le Président, à la dure
réalité de l'éducation, de la formation professionnelle,
de la recherche scientifique et du développement expérimental.
Dure réalité parce que, au-delà des discours pompeux que
nous entendons actuellement, on ne retrouve pas de programmes nouveaux ni de
solutions efficaces et que le Québec piétine depuis maintenant
plusieurs années sans qu'on sente la moindre indication d'une
volonté de réaction vigoureuse du gouvernement qui pourrait
permettre un revirement. Leur philosophie, c'est de ne rien faire, de laisser
faire et ils ne peuvent même pas s'attribuer les progrès que nous
faisons comme société.
M. le Président, j'aimerais terminer en paraphrasant un adage
célèbre et suggérer au ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie que "qualité bien ordonnée commence
par soi-même" et que plutôt que d'apprendre par coeur les mots
clés des gourous de l'heure en management, plutôt que de lancer
des chiffres astronomiques à droite et à gauche, il devrait
plutôt se pencher sur les problèmes urgents de l'économie
québécoise, non pas pour les découvrir avec horreur et
consternation trois ou quatre années après tout le monde, alors
que lui-même était président de la Société de
développement industriel et qu'il est ministre responsable de cette
même société depuis deux ans, mais bien pour proposer un
plan d'action énergique comportant des mesures réelles, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. le député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Je suis heureux
d'intervenir sur cette motion concernant le Mois de la qualité.
L'occasion est belle, en cette Assemblée, de nous entretenir de la
qualité totale. Évidemment, je passerai quelques secondes
à faire mention des qualificatifs de l'intervenant qui m'a
précédé et qui, au lieu de parler de la motion que nous
discutons, a tenté de faire l'examen des politiques gouvernementales en
matière économique. Évidemment, ce n'est sûrement
pas le lieu ni le moment de le faire, d'autant plus que je trouve son jugement
très sévère, compte tenu que sa collègue, Mme
Marois, alors qu'elle n'était plus en cette Assemblée, a
publiquement dit que le constat
économique de l'administration du Parti québécois,
pendant neuf ans, était un constat d'échec. Par
conséquent, M. le Président, le député de Labelle
est fort malvenu de nous donner des leçons en ces matières.
M. le Président, la qualité totale, c'est une philosophie,
une philosophie de comportement, une philosophie de travail et même,
à la rigueur, une philosophie de vie. M. le Président, nous
sommes passés, depuis le début des années soixante-dix,
d'une production de masse où, bien plus que la qualité, la
quantité était ce qui était visé par les managers.
On cherchait à produire plus gros, plus vite, plus de produits avec le
moins de monde possible et on regardait en bout de ligne et on se rendait
compte, souvent, que les produits ou les services n'étaient pas de
très bonne qualité.
Mais pour toutes sortes de raisons, et c'est l'histoire qui le
justifiera, ce n'était pas, à ce moment-là, ce qui
était primordial dans nos économies, dans notre système
économique. Mais au fur et à mesure de l'évolution, au fur
et à mesure que les barrières tarifaires sont tombées, au
fur et à mesure que l'économie s'est mondialisée, on s'est
rendu compte combien c'était important de produire des produits de
qualité. D'autant plus, M. le Président - et ça, vous le
savez - que les consommateurs sont devenus, avec le temps, avec les moyens de
communication que nous avons, de plus en plus avertis, refusant de payer pour
des produits de piètre qualité.
Par conséquent, la réaction normale des entreprises, des
travailleurs, des managers a été de dire: Plus jamais nous ne
devons faire des produits de piètre qualité et il faut mettre
tous nos efforts, tous les efforts des gens qui travaillent dans une
entreprise, pour faire en sorte que les produits soient les meilleurs possible.
Mais ça veut dire également, la qualité totale, M. le
Président, s'ouvrir aux marchés extérieurs. Ça veut
dire sortir du Québec, sortir du Canada, exporter, aller vendre. Et
jusqu'à récemment, les Québécois, on
n'étaient pas réputés comme peuple de vendeurs. C'est le
député de Jacques-Cartier qui disait, tout à l'heure, que
nos universités ont pendant longtemps formé des juristes,
formé des gens en sciences sociales, des médecins, mais des
vendeurs, un peu moins, des gens de marketing, un peu moins.
Mais ces dernières années, il y a eu un rattrapage
énorme et la preuve est que c'est au Québec où on avait le
plus grand nombre d'étudiants en administration dans nos
universités. Par conséquent, il n'y a plus de frontières,
le monde entier est ouvert aux produits québécois, aux
manufacturiers québécois et il appartient aux
Québécoises et aux Québécois de parcourir le monde,
oui, pour faire connaître nos technologies, faire connaître nos
services, faire connaître nos produits, et exporter ainsi le savoir-faire
du Québec.
La qualité totale, M. le Président, c'est également
la recherche et le développement. Trop longtemps, on s'est
contentés de produire, au Canada, ce que des multinationales
américaines produisaient aux États-Unis. Trop longtemps, notre
base industrielle a été des filiales canadiennes d'entreprises
américaines ou européennes. On s'est contentés, pendant
toutes ces années-là, de reprendre quelques années plus
tard ce qui se fabriquait en Allemagne, ce qui se fabriquait en France ou ce
qui se fabriquait aux États-Unis. (17 heures)
C'est fini, ce temps-là, M. le Président, parce que
dorénavant il y a des Québcoises et il y a des
Québécois partout au Québec qui font de la recherche et du
développement, qui trouvent au Québec, avec le savoir-faire des
gens et des entreprises du Québec, des nouveaux produits, des nouvelles
applications. Et ça, des exemples, on en a tous les jours. On a tous les
jours des exemples de compagnies pharmaceutiques qui investissent dans la
recherche et le développement. On a tous les jours l'exemple de Pratt
& Whitney. Il y a Prévost Car qui a mis sur le marché un
nouvel autobus articulé qu'on voit souvent sur la 20. Ça a
été fait au Québec. Ça a été
pensé, ça a été développé au
Québec. M. le Président, les entreprises du Québec doivent
investir de plus en plus dans la recherche et le développement, et c'est
ainsi qu'on va pouvoir s'accaparer des nouveaux marchés. C'est ainsi
qu'on va pouvoir résister - résister, le terme n'est pas trop
fort - à l'envahissement de produits étrangers, de produits
allemands, de produits américains, M. le Président.
La qualité totale, c'est également des relations
harmonieuses, soutenues, entre les sous-traitants et le sous-traiteur. Toutes
les entreprises au Québec, ou à peu près, M. le
Président, ne peuvent intégrer, de haut en bas, tout le
procédé de fabrication de leurs produits. Tout le monde doit
travailler avec des sous-traitants, des gens qui font quelques composantes d'un
produit, des gens qui font quelques ingrédients d'un produit. Et, il ne
faut plus que les relations sous-traiteurs - sous-traités soient de
simples relations d'acheteurs. Il faut que ça devienne des relations
à long terme, où les deux entreprises investissent ensemble pour
faire en sorte que le produit final résultant de la mise en commun de
toutes ces composantes soit encore meilleur. Et la façon de faire
ça, c'est de faire en sorte que les produits du sous-traitant, en
collaboration avec le maître d'oeuvre, soient encore meilleurs. Donc, M.
le Président, il faut que la sous-traitance au Québec se
développe. Il faut que les grandes entreprises collaborent avec les plus
petites pour faire en sorte que les produits qui sont fabriqués dans nos
PME, sous les commandes des grandes entreprises, soient encore meilleurs.
La sous-traitance, M. le Président, c'est également une
meilleure capitalisation de nos entreprises. Si on veut fabriquer des bons
produits, il faut avoir des bons équipements. Il faut avoir des
équipements neufs. Il faut avoir des équipements
automatisés, robotisés. Et ça, ça veut dire qu'il
faut mettre de l'argent dans nos entreprises. Il faut que nos entreprises
soient bien capitalisées et qu'on soit toujours à la fine pointe
du développement, dans chacun de nos secteurs d'activité.
M. le Président, la qualité totale, c'est également
le concept du juste-à-temps. C'est amusant parce que, en fin de semaine,
je lisais un récent ouvrage de Alvin Toffler qui est un futurologue bien
connu qui a écrit La troisième vague, qui a écrit
Le choc du futur et qui vient d'écrire Les nouveaux pouvoirs.
Et c'est intéressant de remarquer que, déjà, des
entreprises américaines, justement à cause du concept du
juste-à-temps, ont commencé à rapatrier des emplois qui
étaient outre-mer, des emplois qui étaient en Asie, qui
étaient dans des pays où la main-d'oeuvre est bon marché,
parce que, justement, il n'est plus question, à cause de la vitesse de
l'économie, de pouvoir acheter en Asie en donnant des préavis de
commandes de trois mois, en attendant la livraison trois semaines. Les
compagnies, dans le contexte actuel, ont du mal à vivre avec ça.
Et, justement à cause de ce concept du juste-à-temps, il y a des
entreprises qui ont rapatrié des productions aux États-Unis pour
faire en sorte que, notamment dans le domaine de la mode où il y a des
changements souvent trois ou quatre fois par année, on puisse donc
placer des petites commandes très souvent dans des entreprises
fabriquant aux États-Unis, toujours dans le concept du
juste-à-temps où on fabrique, en l'espace de trois ou quatre
jours le produit, on le livre, il est sur les tablettes, il se vend. Donc, on
court-circuite tout le vieux circuit qui faisait que des marchandises à
bon marché nous arrivaient à coups de conteneurs d'Asie.
C'était stocké pendant trois mois et souvent, ça arrivait
que ce n'était déjà plus à la mode. Donc, M. le
Président, la qualité totale, c'est également le
juste-à-temps. Et les entreprises qui vont savoir d'adapter à la
vitesse du marché, en produisant de façon rapide les biens qui
sont commandés, ces entreprises-là vont être capables de
récupérer des produits qui sont actuellement fabriqués
à l'extérieur.
M. le Président, la qualité totale, c'est aussi la
formation professionnelle. Et il faut dire qu'on a du retard. On a du retard
sur l'Europe, on a du retard sur les Japonais. Lorsque j'étais dans
l'entreprise privée, je me rappelle avoir visité une entreprise
autrichienne de fabrication d'équipement qui avait un local plus grand
que cette Assemblée, dans un coin de son usine, et quand on leur
demandait ce que c'était, c'était une classe parce que, en
collaboration avec le système d'enseignement autrichien - parce que je
parle d'une entreprise autrichienne - ils tenaient des cours à
l'intention des jeunes de la ville où ils se trouvaient, des cours
pratiques en forma- tion professionnelle et, plus souvent qu'autrement, ces
cours-là débouchaient sur un emploi à temps plein dans
cette entreprise-là. Donc, M. le Président, on a encore, en
formation professionnelle, des croûtes à manger et je pense que,
de part et d'autre de la Chambre, on le conçoit et on l'admet.
M. le Président, la qualité totale, c'est également
bien faire du premier coup. C'est fini le temps où il y avait des
employés sur une chaîne de montage qui vissaient quelques boulons
et qui se disaient: Bah! si ce n'est pas bien fait, de toute façon, il y
a des inspecteurs à la fin de la ligne qui vont vérifier
ça. Non, non, non. Tout ça, c'est fini et maintenant, il faut que
chaque personne qui est impliquée dans un processus de production fasse
son travail très bien du premier coup, de sorte qu'on minimise les
erreurs et on minimise les coûts pour reprendre ces
erreurs-là.
M. le Président, la qualité totale développe la
fierté de son produit. C'est fini le temps où c'était bon
quand ça venait d'Europe. C'était bon quand ça venait
d'ailleurs, mais quand c'était de chez nous, ça devait être
bien ordinaire. C'est comme ça dans bien des domaines au Québec
où on n'a pas eu, jusqu'à récemment, la fierté de
son produit. Il ne faut pas se gêner pour dire que ce qu'on fait, c'est
bon, que ce qu'on fait a un bon rapport qualité-prix et que ce qu'on
fait, on ne doit pas être gêné de le vendre et de dire aux
consommateurs qu'on fait ce qu'il y a de mieux. On fait ce que les
Québécois désirent comme produits.
M. le Président, la qualité totale, c'est une question
d'attitude. C'est une question de bonne entente entre tous les acteurs dans un
processus de production, qu'ils soient les employés, les gens de
maintenance, les managers. Bref, tous ceux et toutes celles, dans une
entreprise, dans une organisation qui, au jour le jour, produisent soit des
services, soit des biens de consommation, doivent avoir une attitude gagnante,
une attitude de vouloir faire ce qu'il y a de mieux pour le
développement de leur entreprise, pour sauvegarder leur emploi et pour
le développement du Québec. M. le Président, je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Taschereau. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. le député de Joliette et leader de l'Opposition
officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je voudrais joindre
ma voix à celle de ceux qui m'ont précédé parce que
j'ai eu la chance, il y a environ un an et demi, deux ans, de participer
à un colloque précisément qui visait à
échanger sur le thème de la qualité totale et je pense
qu'avec la venue du libre-échange, avec tout ce qu'on vit dans
l'élargissement des espaces économiques, on
n'a pas le choix que de présenter un produit de qualité,
si on veut être compétitif sur les marchés
internationaux.
Ça, j'abonde carrément dans ce sens-là, mais je
dois vous avouer, M. le Président, que je trouve qu'on oublie toujours
une dimension importante quand on parle de qualité totale. Quand on
parle de qualité totale, il faut d'ores et déjà avoir la
participation incontestée des ouvriers, des salariés, des
employés dans une usine, dans une entreprise. On oublie souvent de dire
que c'est précisément grâce à cette main-d'oeuvre
qui accepte de relever ce défi, à qui revient un grand rôle
à jouer pour en arriver à une qualité totale. Je ne pense
pas que c'est en lançant des ballons, des analyses un peu farfelues de
chiffres en l'air, de rêves peut-être plutôt utopiques. Je
pense qu'il faut carrément se le dire. Aujourd'hui, il y a deux courants
sur le plan mondial. Les peuples de plus en plus recherchent leur
souveraineté, leur indépendance nationale à travers le
monde, mais, simultanément, il y a un autre courant qui semble
complètement et diamétralement opposé. C'est le courant de
l'élargissement des marchés, de l'élargissement des
espaces économiques et ce n'est pas contradictoire en soi.
Les peuples, au lieu de se chicaner sur leurs différences, ont
décidé de mettre en commun leurs convergences. Et c'est ça
qui est important à mon point de vue. Le libre-échange, c'est ce
qui a amené, par exemple, les peuples à dire: On va signer des
traités entre nous pour pouvoir échanger nos produits,
élargir nos marchés. Ça, c'est bien et je pense que tout
le monde l'accepte. (17 h 10)
Mais on a oublié, ici, au Québec et j'ai eu la chance de
parler avec des Européens qui ont un peu vécu cet
élargissement d'espace économique - pas un peu, je dirais
même beaucoup - qui ont l'expérience de l'élargissement des
espaces économiques. Ils sont tout à fait surpris, tout à
fait stupéfaits de constater qu'ici on a signé des traités
de libre-échange sans prévoir, dès le départ, des
programmes spécifiques de formation de main-d'oeuvre, des programmes
spécifiques de recyclage de main-d'oeuvre, des programmes
spécifiques pour faire face à cette concurrence qui
s'élargit de plus en plus, qui augmente de plus en plus.
M. le Président, il est évident que, dans un contexte de
libre-échange, il y a des produits ici qu'on fabrique à des
coûts élevés qui ne seront plus compétitifs dans un
marché quand on permet aux produits et services de rentrer à
l'intérieur sans aucune barrière. Il est évident qu'il
nous faut présenter des produits de qualité. Il est
évident que pour produire des produits de qualité, il nous faut
une main-d'oeuvre fort bien spécialisée, fort bien
formée.
Mais, malheureusement, au Québec - je dirais au Canada - il y a
très peu de program- mes, M. le Président. Quand on regarde ce
qui se passe et on se rend compte que les deux paliers de gouvernement, par
exemple, se pilent sur les pieds pour différents programmes de formation
professionnelle, qu'on n'a pas les outils pour avoir un programme
cohérent qui colle aux réalités, il est évident que
ça fait interroger le monde. Et ce n'est pas surprenant qu'au
Québec il y ait eu, je pense, le plus large front commun qui n'ait
jamais existé. Il y a eu un front commun extraordinaire. Le Mouvement
Desjardins, les centrales syndicales, l'UPA, beaucoup de groupes, de chambres
de commerce, le patronat, tout ce monde-là s'est réuni dans ce
qu'on a appelé le Forum de l'emploi. Et ils ont convenu, tout le monde
ensemble, qu'on avait besoin de l'entièreté de nos outils pour
précisément faire face à ces défis.
Donc, M. le Président, quand je parle de qualité totale,
quand j'entends parler de qualité totale, je me dis: Oui, bravo! On doit
y aller, on n'a pas le choix maintenant, à part ça, d'y aller,
parce qu'on pense déjà à signer d'autres traités de
libre-échange, par exemple, avec le Mexique. Plus on élargira
l'espace économique, plus notre industrie, dans quelque secteur que ce
soit, devra être capable de produire un produit de très grande
qualité, de très haute qualité au moindre coût,
c'est évident.
Les pertes, par exemple, dues au non-respect, à cette
non-volonté ou à ce manque de perspective d'avenir dans le
domaine des échanges commerciaux ont fait en sorte qu'on produisait. On
produisait à la chaîne. On produisait rapidement. On produisait
vite; ça pressait. On payait le monde à la pièce
exclusivement puis on se garrochait pour pouvoir livrer une commande de ceci ou
une commande de cela. Et les gens disaient: Oui, eh bien, ton produit n'est pas
comparable. À cause du prix, on n'a pas la qualité, etc.
Et, de plus en plus, ça s'est développé. Chez nous,
dans mon milieu, j'ai quelques entreprises qui travaillent là-dessus
depuis déjà trois ou quatre ans. Je prends Firestone-Bridges-tone
qui fêtait samedi dernier dans notre comté 25 ans de l'usine de
Joliette. Et on a vu des employés spontanément permettre une
journée porte ouverte. 14 000 personnes dans la région de
Joliette sont allées visiter l'usine Firestone-Bridgestone. Ils ont
visité, ils ont regardé comment on fabriquait les pneus. Les
employés leur expliquaient comment on a amélioré telle et
telle spécificité ou telle ou telle opération pour faire
en sorte qu'on ait un produit de qualité.
On a vu comment ses pneus étaient faits, qu'on n'acceptait pas
les défauts, même mineurs, qu'on faisait en sorte de mettre sur le
marché un produit qui fait la fierté, bien sûr, d'une
entreprise, mais qui fait aussi que les employés garderont leur emploi,
parce qu'ils produisent un produit compétitif, un produit qui peut
être vendu à la grandeur du monde. Et, pour ce faire,
je le rappelle, il va falloir qu'on cesse les chicanes
fédérales-provinciales en matière de formation. Il va
falloir qu'on rapatrie nos outils au complet pour pouvoir former une
main-d'oeuvre de qualité pour faire face à ce défi des
années 2000 et, je dirais même, des années 1992-1993. Il
faut y aller à fond de train.
Pour y aller à fond de train, ça ne sera pas avec des
questions de discours. Ça va être d'offrir des programmes
concrets, mettre les sommes d'argent nécessaires pour former notre
main-d'oeuvre. Dans les secteurs où on ne sera pas compétitifs,
il faudra qu'il y ait des programmes de substitut d'entreprise. Il y a des
secteurs pour lesquels, à cause du climat, à cause de la
conjoncture économique, à cause des contrats sociaux qu'on a, ce
sera difficile de garder des produits compétitifs. Il nous faudra axer,
donc, pour des produits de qualité dans certains secteurs et dans
d'autres secteurs, il faudra carrément se réorienter vers
d'autres types d'entreprises. Ça, c'est évident, au
Québec. On va le vivre, ça.
Il est dommage qu'après un an ou deux on assiste encore à
la remise en question du traité de libre-échange
Canada-États-Unis. Pourquoi? Vous êtes-vous demandé, 30
secondes, pourquoi les gens s'objectent? Ordinairement, quand tu es en
affaires, tu espères avoir le plus de monde possible pour acheter ton
produit. C'est tout à fait normal, ça. Moi, si je produis, je ne
sais pas, 10 000 pneus par jour, j'espère que je pourrai les liquider,
les vendre rapidement pour pouvoir continuer à oeuvrer sans
problème dans mon usine, pour pouvoir garder mon nombre
d'employés, pour garder ma production égale, stable.
Mais, M. le Président, pour ce faire, ça prend des
produits de qualité. C'est vrai. On va réussir, je pense bien,
à faire ça, mais pour ce faire aussi il faut permettre à
une population, en général, d'être rassurée. Je
considère que c'est tout à fait aberrant. Par exemple, prenez le
meuble québécois. Le meuble québécois
n'était plus compétitif avec tout ce qui est arrivé, avec
une autre taxe à part ça, une autre TPS, avec une autre TVQ. On a
fait en sorte que le meuble soit en danger au Québec. Pourtant, il se
fait du meuble de qualité, M. le Président, mais ces
gens-là ont besoin du support de l'État pour faire face à
la compétitivité. Ils ont besoin du support de l'État pour
former une main-d'oeuvre de qualité.
Il y a des secteurs qui devront abandonner purement et simplement parce
qu'on ne peut pas être compétitifs, par exemple, dans certains
produits tertiaires. Vous le savez très bien. Quand le monde travaille
à 1 $ ou 2 $ l'heure dans certains milieux alors qu'ici, le salaire
minimum peut être, quoi, de 5,65 $... 5,65 $, c'est le seuil de la
pauvreté. Vous le savez, M. le Président! Comment on pourrait
être compétitifs dans certains de ces secteurs-là? C'est
là que l'État se devait, dans un contexte de
libre-échange, d'arriver avec un programme de recyclage de la
main-d'oeuvre pour la réorienter dans d'autres secteurs, former une
main-d'oeuvre de qualité pour qu'on soit capables d'avoir des produits
compétitifs sur les marchés étrangers.
Ça, M. le Président, je pense qu'on ne le souligne jamais
assez. On ne souligne jamais assez que c'est des hommes et des femmes qui sont
à l'origine, que c'est la force de travail de ces personnes qui fait
qu'on peut réaliser ces grands défis là. C'est des hommes
et des femmes qui ont besoin de support, qui ont besoin de programmes, qui ont
besoin de formation. Moi, je suis très inquiet de ce temps-ci, M. le
Président. Quand je regarde, il y a quelques années - parce que
j'ai été dans l'enseignement - on avait, quoi, bon an mal an,
environ 130 000 ou 140 000 étudiants au niveau de la formation
professionnelle. On s'est rendu compte, même dans nos écoles,
qu'on ne leur enseignait pas avec la technologie moderne. Ils sortaient et se
retrouvaient avec une technologie beaucoup plus sophistiquée, beaucoup
plus avancée sur le marché du travail, si bien qu'on ne
répondait pas adéquatement aux besoins de main-d'oeuvre dans
l'entreprise.
Déjà, il y avait une lacune, là. Je ne sais pas si.
c'est ça, la raison. Je ne crois pas que ce soit l'unique raison. Mais
comment se fait-il que des quelque 100 000 personnes, étudiants qui
étaient au professionnel, il ne nous en reste à peine 12 000 ou
13 000 dans l'enseignement professionnel? Pourtant, c'était la
main-d'oeuvre qui allait en usine. C'est la main-d'oeuvre qui doit relever le
défi de la qualité totale, c'est la main-d'oeuvre qui doit
relever le défi de la compétitivité, M. le
Président. Ça, moi, je suis très inquiet. Il va falloir
qu'on prenne le taureau par les cornes dans ce secteur-là, qu'on y mette
l'argent nécessaire, qu'on change, s'il le faut, la programmation, qu'on
change les programmes, qu'ils soient plus adaptés, qu'on n'ait pas peur,
dans la préparation des programmes, d'inviter le monde patronal et le
monde syndical pour bâtir des programmes qui collent aux
réalités et aux besoins de notre entreprise, de notre industrie
québécoise. (17 h 20)
Ça, M. le Président, il va falloir qu'on fasse quelque
chose et rapidement, sinon, qu'est-ce qu'on fera? On se fiera exclusivement
à la main-d'oeuvre spécialisée qui viendra par
l'immigration. C'est inconcevable. C'est inacceptable. On se doit de cesser les
chicanes stériles là-dessus et que le gouvernement
fédéral comprenne que c'est au Québec... qu'on ne doit pas
avoir deux réseaux de formation qui forment toutes sortes de choses dans
différents secteurs. Ça n'a pas de bon sens. Il y a un large
consensus au Québec là-dessus, un très large. Jamais on
n'a vu un front commun aussi fort. Je le répète. Patronat,
chambres de commerce, Mouvement Desjar-
dins, UPA et toutes les centrales syndicales y ont participé. Ils
ont vécu des colloques régionaux, ils sont prêts, ils
attendent la main tendue que le gouvernement leur fasse signe de venir
s'asseoir et de bâtir avec eux des programmes. Il va falloir accepter d'y
mettre les énergies et l'argent nécessaires.
Vous savez, quand on rencontre des jeunes - et il y a beaucoup de
députés, sans doute ici dans cette Chambre, qui rencontrent
régulièrement des jeunes - on a des dossiers ça de haut
dans nos bureaux de comté du jeune qui a fait un secondaire V, qui a
fait un petit cours de professionnel et qui, malheureusement, n'a pas d'emploi.
Les employeurs disent: Actuellement, j'aime autant payer du temps
supplémentaire à la main-d'oeuvre que j'ai plutôt que
d'ouvrir des postes de travail. On fait travailler les gens en
supplémentaire dans bien des usines. On préfère faire
travailler des gens en supplémentaire plutôt que de
générer et de créer de l'emploi. Pourquoi? Parce qu'il n'y
a pas de programmes de formation adaptés, concrets.
Ça ne coûte pas cher à un État de bâtir
un programme pour former la main-d'oeuvre quand il y a des emplois permanents
qui se créent par la suite. Ça ne coûte pas cher. On fait
souvent en politique de trop mauvais calculs à court terme. On s'imagine
que parce qu'on met de l'argent à court terme, on vient
d'éliminer un déficit de quelques centaines de milliers de
dollars ou de quelques millions de dollars, mais, fondamentalement, si on
injectait les sommes, si on formait notre main-d'oeuvre et si on créait
et générait de l'emploi permanent, c'est des impôts que ces
gens-là paient, et ce qu'on a déboursé, c'est pour le
mieux-être de la collectivité parce que, après, ce seront
des gens qui paieront des redevances à l'État et qui seront
productifs dans notre société.
Fondamentalement, M. le Président, moi, je voudrais dire que,
quand on parle de qualité totale, on pense concrètement à
la main-d'oeuvre québécoise, aux hommes et aux femmes qui sont
les premiers, les clés de la réussite de cette qualité
totale là. Dans une usine, c'est beau de voir des patrons, c'est beau de
voir des jeunes professionnels, de voir comment ils sont soucieux de la
qualité de leurs produits. C'est beau de voir aussi ces jeunes
contremaîtres, ces jeunes directeurs d'entreprises reconnaître que
c'est grâce à la qualité de leur main-d'oeuvre, que c'est
grâce à l'implication des travailleurs et des travailleuses
à l'intérieur d'une usine qu'on peut en arriver à produire
un produit de qualité qui sera compétitif et qui fera en sorte
que nos produits pourront se vendre à la grandeur du globe
terrestre.
Donc, M. le Président, pour ce mois de sensibilisation qu'on veut
faire face à la qualité totale, je dis merci aux travailleurs et
aux travailleuses du Québec, merci à ceux du monde patronal qui
ont compris que c'est ensemble qu'ils vont bâtir une telle
mentalité, qu'ils vont développer une telle philosophie d'action
dans la production, et je suis sûr que c'est pour le mieux-être du
Québec demain.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Joliette. Est-ce que la motion présentée
par Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata qui se lit
comme suit: "Qu'à l'occasion du mois de la qualité,
l'Assemblée nationale témoigne son appréciation et son
soutien aux entreprises, groupes ou associations qui travaillent sans
relâche depuis des années à l'avancement de la
qualité totale au Québec", est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Alors, ceci termine la
période courante.
Nous sommes maintenant aux affaires du jour.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Motion d'ajournement
M. Bélisle: M. le Président, je fais motion pour
ajourner nos travaux à demain, le jeudi 17 octobre, 10 heures, s'il vous
plaît!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Les
travaux de cette Assemblée sont ajournés à demain... C'est
débattable, vous avez raison.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, vous aurez remarqué
que cet après-midi, lorsqu'on nous demandait des consentements pour
étudier en commission parlementaire certains types de mémoires,
en particulier sur la culture, je pense, et aussi une commission parlementaire
sur le Code civil, j'ai hésité et j'ai même refusé
dans un premier temps le consentement de notre formation politique, pour le
redonner par la suite, parce que c'étaient des groupes venant de
l'extérieur, sachant que Mme la ministre devait faire un exposé
en cette Chambre concernant les félicitations aux lauréats en
science et technologie.
Nous avions refusé dans un premier temps de donner notre
consentement. Pourquoi nous
l'avons refusé, M. le Président? C'est parce que depuis la
réouverture de cette mini-session - je l'appellerai mini-session - M. le
Président, c'est quasi inconcevable qu'on soit obligés d'ajourner
nos travaux. Face aux besoins immenses de notre population
québécoise, c'est inconcevable qu'on soit placés devant un
menu législatif aussi maigre, avec aussi peu de contenu. Un menu
législatif, M. le Président, qui nous présente une
série de législations d'un article ou deux articles. Un menu
législatif, M. le Président, qui ne colle pas du tout aux
réalités que vivent les Québécois, auxquelles ont
à faire face les Québécois. Un menu législatif qui
ne tient pas compte du tout des besoins des Québécois et des
Québécoises, M. le Président. Il me semble que lors d'une
reprise de session aussi importante, dans une conjoncture difficile sur le plan
économique, il me semble qu'on aurait pu, M. le Président,
présenter différents programmes. Programmes, d'abord, pour faire
face à la crise économique. Programmes, mon cher
Président, qui permettraient à la population d'avoir une lueur
d'espoir, d'avoir un brin d'encouragement, de sentir qu'ils ont élu une
équipe d'hommes et de femmes pour diriger le Québec, qui
constatent les problèmes et qui sont capables d'y apporter des
solutions.
C'est pour ça qu'on fait des élections aux quatre ans. On
demande au peuple de choisir une équipe d'hommes et de femmes qui ne
suivent pas derrière la foule, le peuple, qui est devant le peuple pour
lui tracer les voies, pour lui ouvrir les portes, pour essayer de contrer les
problèmes majeurs auxquels sont confrontés quotidiennement les
citoyens et les citoyennes du Québec. Fondamentalement, M. le
Président, voyez-vous, c'est en dehors de la Chambre qu'on apprend qu'on
retardera peut-être de six mois les taxes.
Il y aurait eu un excellent débat à faire sur la
perception de ce que c'est que les taxes. On peut être d'accord avec un
principe de taxe de vente ou de taxe de vente sur la valeur ajoutée, ou
n'importe quoi, mais on pourrait discuter, par exemple, s'il n'est pas
important... Et c'est pour ça que je suis contre l'ajournement, M. le
Président. C'est tout relatif aux motifs pour lesquels je suis contre
l'ajournement. Vous ne pourrez pas me déclarer hors d'ordre
malgré les signes de mon vis-à-vis. Les motifs fondamentaux pour
lesquels je m'objecte à l'ajournement, M. le Président, c'est
parce qu'il y a trop à faire vis-à-vis des besoins de nos
concitoyens.
On aurait pu, par exemple, faire un débat très important
et en arriver avec une motion, une décision par laquelle le gouvernement
décidait de ne plus taxer sur les biens essentiels. On aurait pu arriver
avec une motion pour dire: II y a une politique familiale, il y a des jeunes
couples qui étouffent sous le fardeau des taxes et taxer les bottines
d'enfants, et taxer les vêtements d'enfants, et taxer les
cuisinières, et taxer les "sets" de cuisine, tout le kit, là, eh
bien, ça n'encourage pas la famille. Ça n'en- courage pas
l'unité familiale. Ça détruit, au contraire, tous les
beaux discours qu'on voulait faire sur une politique familiale. Voilà un
sujet important dont on pourrait discuter en cette Chambre pour amener le
gouvernement à avoir plus de sensibilité vis-à-vis de la
classe moyenne, par exemple, au Québec. Ça, c'est un premier
point.
Mais aussi, M. le Président, ça ne serait pas le temps
d'examiner ensemble ce qu'on peut faire pour la PME qui manque de fonds de
roulement, qui manque du coup de pouce pour éviter de fermer les portes,
qui manque du coup de pouce pour produire, pour faire face à ses
obligations? C'est souvent un fonds de roulement que ça prend. Un
programme comme le plan Biron 1, ou Biron 2, la prise en charge, par exemple,
d'intérêts, ou encore une garantie d'emprunt dans une institution
bancaire, où c'est le gouvernement qui supporte la garantie d'emprunt.
Vous allez me dire: Oui, mais on traverse une période de
récession très difficile.
Savez-vous combien c'a coûté, M. le Président? C'est
un peu ça que je voudrais rappeler au gouvernement en m'objectant
à l'ajournement parce que j'ai des choses à dire. En m'objectant
à cet ajournement, je peux dire au gouvernement: Écoutez,
Corvée-habitation qu'on a mis sur pied pour lancer la construction,
savez-vous combien c'a coûté aux Québécois durant la
crise économique, M. le Président? Vous, vous le savez, parce que
vous lisez et vous êtes plus neutre que les autres. Vous savez que
ça n'a rien coûté au Québec. Vous savez qu'il reste
12 500 000 $ dans ce fonds-là. Il reste 12 500 000 $ dans le programme
Corvée-habitation. C'est la cenne du travailleur horaire avec la cenne
de l'employeur et la cenne du gouvernement. Il reste 12 500 000 $, et c'a
permis un essor extraordinaire dans le domaine de la construction.
Qu'est-ce que ça a coûté le plan Biron 1 et le plan
Biron 2? En tout, durant toute la crise là, tous ces
programmes-là, ça a coûté 27 000 000 $ au
gouvernement et ça a permis à un paquet de PME de rester
ouvertes. On n'a pas réduit les impôts de ce coût-là.
On a considéré le coût: 27 000 000 $. Pensez à tous
ces travailleurs qui n'ont pas perdu leur emploi et qui ont payé des
impôts. Ça n'a pas coûté cher à la province
ça, M. le Président, et ça a encouragé, ça a
soutenu l'entreprise. Ça a permis à la PME de passer à
travers la crise. 27 500 000 $ moins 12 500 000 $, M. le Président.
Ça a coûté 15 000 000 $ aux deniers publics, le temps de la
crise et on ne compte pas, je le répète, les impôts qui
sont entrés. Pourquoi on s'en est sorti de même? C'est parce qu'on
a fait preuve d'imagination. On n'a pas mis au service du public un
téléphone 1-800-461-AIDE, M. le Président. On a
véritablement conçu des programmes qui collaient aux
réalités et je pourrais continuer, M. le Président. Les
citoyens ont le
droit de savoir où loge M. Bourassa, le premier ministre du
Québec, sur le plan constitutionnel. Ils ont besoin de savoir si c'est
un gouvernement qui est prêt à tout laisser tomber ou qui veut
rapatrier précisément tous les pouvoirs sur le plan de la
formation professionnelle. Nous autres, on est clair. Les gens le savent. On
n'est pas fédéraliste le samedi et souverainiste le dimanche. Ce
n'est pas gris le jeudi, noir le vendredi et blanc le dimanche ou le samedi.
Non. Les gens savent où on va. En politique, je pense, on a ce devoir
fondamental d'être devant nos citoyens, de leur indiquer clairement nos
volontés politiques, de leur dire exactement où on va.
C'est inconcevable qu'on ait un gouvernement présentement qui ne
sait pas, M. le Président. C'est l'improvisation qui le guide,
l'improvisation. On jurerait que c'est un gouvernement en vacances, un
gouvernement qui a arrêté de penser au mois de juin et qui
recommence à penser au mois d'octobre. Quand je vois le ministre de
l'Industrie et du Commerce découvrir tout d'un coup que ce serait le
"fun" de se concerter entre employeurs, travailleurs, ne vous demandez pas
pourquoi il n'est pas ici aujourd'hui pour parler de la qualité totale.
Ça le dépasse, ça, là. Il a découvert le mot
"concertation". Bien oui, mais ça se faisait, il y avait un ministre de
la concertation en 1984, M. le Président. En 1985, il y avait une table
nationale de concertation. On est en train de mettre sur pied différents
programmes visant précisément à s'en tirer mieux.
M. le Président, ajourner à ce stade-ci de nos travaux, je
pense que c'est un aveu concret. Il donne raison carrément à
l'Opposition. Je vous le dis, on aimerait mieux avoir tort pour le
mieux-être de notre collectivité québécoise.
Ça donne raison, malheureusement, à l'Opposition du fait que ce
gouvernement-là n'a rien dans le ventre, n'a rien dans les tripes, n'a
rien en tête face aux véritables problèmes des
Québécois.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que la
motion d'ajournement est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. Alors, la motion d'ajournement étant adoptée sur
division, les travaux de cette Assemblée sont ajournés à
demain, le 17 octobre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 33)