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(Dix heures six minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): alors, mmes et mm. les
députés, si vous voulez bien vous asseoir, s'il vous plaît.
en ce jeudi 7 novembre, nous entreprenons les travaux de l'assemblée
à l'étape des affaires du jour avec quel article du feuilleton,
m. le leader adjoint du gouvernement?
M. Bélisle: L'article 23, M. le Président, s'il
vous plaît.
Projet de loi 162
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 23 du
feuilleton, on propose à l'Assemblée de prendre en
considération le rapport de la commission du budget et de
l'administration sur le projet de loi 162, Loi sur les frais de garantie
relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux. Je suis prêt
à reconnaître le premier intervenant, M. le ministre des
Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Vous me
permettrez à ce moment-ci, M. le Président, de rappeler à
l'Assemblée que nous étudions présentement, à
l'étape de la prise en considération du rapport, le projet de loi
162 qui s'intitule: Loi sur les frais de garantie relatifs aux emprunts des
organismes gouvernementaux.
Il s'agit, M. le Président, d'une mesure qui est commune dans le
monde des affaires et, également, à travers le pays, autrement
dit dans la plupart des provinces canadiennes, incluant l'Ontario et plusieurs
autres. Il s'agit, autrement dit, de permettre au gouvernement de charger
certains frais de garantie, 0,5 % en l'occurrence, aux sociétés
d'État, à quelques sociétés d'État comme,
par exemple, Hydro-Québec, qui utilisent la garantie du gouvernement
pour leurs emprunts.
Il y a, normalement, des frais qui devraient être versés au
gouvernement pour cette garantie. En effet, lorsque le gouvernement du
Québec donne une garantie à une société
d'État, comme Hydro-Québec, le gouvernement, à ce
moment-là, et, par conséquent, les contribuables du Québec
doivent supporter des frais additionnels reliés à une
augmentation du coût des emprunts de la province. En effet, même si
le poids d'une garantie est sans doute moins lourd que le poids d'un emprunt
direct, il n'en reste pas moins qu'il y a là un coût pour
l'ensemble des contribuables du Québec. C'est pourquoi nous croyons que
dans une gestion saine des affaires de l'État, que nous chargions
à Hydro-Québec et à certaines autres
sociétés d'État, pas aux commissions scolaires, pas aux
universités, pas aux hôpitaux, mais à certaines
sociétés d'État commerciales comme Hydro-Québec,
Sidbec et autres qui vont sur les marchés avec la garantie de
l'État... Si elles vont sur les marchés et n'ont pas besoin de la
garantie de l'État, évidemment, il n'y a pas de frais de garantie
à ce moment-là. C'est une vérité de La Palice. Mais
il va sans dire, et ça a été confirmé d'ailleurs
par des agences de crédit comme Standard & Poor's, qu'il y a
là, dans le fait que le gouvernement accorde une garantie, des charges
additionnelles pour le gouvernement du Québec qui pourront maintenant
être compensées, comme cela se fait ailleurs, d'ailleurs, en
Ontario, à Terre-Neuve, dans les provinces de l'Ouest. Il y a là
une compensation qui est prévue par ce projet de loi.
Nous avons d'ailleurs eu l'occasion ici, à l'Assemblée
nationale, de procéder au dépôt du projet de loi, ce que
nous appelions la première lecture. Nous avons ensuite eu un
débat sur ce qu'on appelait autrefois la deuxième lecture,
l'adoption du principe, et la Chambre s'est prononcée très
majoritairement en faveur de ce projet de loi. Nous sommes ensuite allés
discuter le projet de loi article par article en commission parlementaire. Nous
avons eu des échanges, nous n'avons pas toujours vu les choses du
même oeil, mais, tout de même, nous avons eu l'occasion
d'étudier ce projet de loi d'une façon beaucoup plus
méticuleuse alors que nous avons eu ces discussions en commission
parlementaire. Et c'est justement le rapport de cette commission dont nous
prenons connaissance aujourd'hui et c'est ce que nous appelons l'étape
de la prise en considération du rapport.
À ce moment-ci, M. le Président, je réitère,
évidemment, les arguments qui me semblent très justifiés
dans le contexte d'une saine gestion des finances publiques. Alors, je soumets
respectueusement à cette Assemblée, M. le Président, et je
suggère fortement que nous puissions adopter ce rapport et que nous
puissions procéder, dans les meilleurs délais, à
l'adoption finale du projet de loi. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Finances. Sur la même motion, je cède la parole à M. le
député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Le projet de
loi 162 donne effet à une mesure qui a été annoncée
dans le discours sur le budget, le 2 mai dernier, et qui visait à
renflouer les coffres
du gouvernement de 147 000 000 $, au total, dont 143 000 000 $
proviennent d'Hydro-Québec. Ce projet de loi a été
critiqué par notre formation politique en deuxième lecture,
vertement, à juste titre, parce qu'il impose des charges à
Hydro-Québec qui vont miner sa santé financière.
M. le Président, le fait d'imposer à HydroQuébec
une somme annuelle de 0,5 % sur tous ses emprunts fait en sorte que son seuil
de rentabilité est élevé d'autant. À chaque
année, qu'Hydro-Québec fasse des profits ou n'en fasse pas,
qu'elle fasse des profits élevés ou des profits faibles, elle
devra payer cette somme au gouvernement du Québec. De sorte que, quel
que soit son niveau d'activité, quels que soient ses problèmes
financiers, ses besoins financiers, elle devra payer cette somme au
gouvernement. Donc, elle affaiblit en quelque sorte la santé
financière d'Hydro-Québec. C'est le point de vue que nous avons
défendu, que nous maintenons et dont les Québécois doivent
être conscients.
Au fond, il s'agit là d'une taxe déguisée qu'on
devra payer, année après année, évidemment, que les
Québécois devront assumer, parce que, indirectement, le
gouvernement passe par Hydro-Québec mais, au fond, cette charge annuelle
se retrouvera sur le compte de taxes: les contribuables devront assumer les
déficits du gouvernement. Et c'est encore là un exemple de ce que
le gouvernement fait depuis deux ans, le camouflage de ses taxes, de
l'augmentation considérable de ses taxes par toutes sortes d'organismes
interposés. Autre exemple que nous avons encore là
maintenant.
Allons plus précisément, M. le Président, comparer
les deux situations qu'il y avait entre la loi 16 et celle qui vient
maintenant, qui nous est imposée par la loi 162. La loi 16 de 1981
faisait en sorte que le gouvernement pouvait exiger un dividende
d'Hydro-Québec puisque, étant le seul actionnaire, il pouvait
prendre la décision annuellement qu'Hydro-Québec versait un
dividende au gouvernement et il faut voir les conditions aux termes desquelles
le gouvernement versait ces dividendes. La loi 16 faisait en sorte
qu'Hydro-Québec ne versait pas de dividende, ce qui faisait que sa
capitalisation, c'est-à-dire le capital fourni par Hydro-Québec
dans l'ensemble de ses actifs, dépassait ou était
inférieure à 25 %. Il faut que ce ratio, ce rapport de la
capitalisation d'Hydro-Québec à l'ensemble de ses actifs soit de
25 % au moins. Et Hydro-Québec ne pouvait pas et ne peut pas jusqu'ici
verser de dividende faisant en sorte que sa capitalisation tomberait en bas de
25 % ou si elle n'était pas de 25 %.
Qu'est-ce qui arrive maintenant? HydroQuébec devra verser, quelle
que soit sa situation financière, quels que soient ses besoins
financiers nets, un dividence camouflé sous forme d'une taxe, ce qu'ils
appellent les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes gouver-
nementaux; elle devra le verser année après année. Vous
voyez très bien que nous ne sommes pas du tout dans la même
situation, qu'Hydro-Québec n'a plus du tout la même
flexibilité et que même le gouvernement n'a pas la même
flexibilité. Pourquoi agit-il ainsi? C'est qu'il ne veut pas,
année après année, prendre une décision
d'opportunité, de verser un dividende selon la situation
d'Hydro-Québec. Il veut prendre une décision automatique dont il
ne parlera plus après l'adoption de la loi 162.
Encore une fois, camouflage généralisé puisque
cette décision ne paraîtra plus même au discours sur le
budget, elle sera automatique, Hydro-Québec versera. Tandis que dans le
cas d'un dividende, le ministre des Finances devait faire mention de
l'intention du gouvernement d'exiger ou non un dividende et dire publiquement
la somme de ce dividende, l'ampleur de ce dividende. Aujourd'hui, il s'en sort
parce que ce sera automatique, personne n'en parlera plus. Camouflage, encore
une fois!
Mais revenons au fond de la question parce que, quand même, il y a
eu un débat sur la loi 16, il y en a eu un débat. Le ministre des
Finances lui-même a pris part à ce débat. Il était
intéressant d'entendre ce qu'il disait, à l'époque, sur ce
qui en était. Qu'est-ce qu'il a dit, le ministre des Finances, au sujet
de la loi 16 qui laissait la flexibilité et au gouvernement et à
Hydro-Québec de s'entendre sur le montant d'un dividende à
verser? Qu'est-ce qu'il disait? Je vais citer, M. le Président, son
discours du 2 décembre 1981 à ce sujet, la loi 16: "Si ce
n'était pas, dit-il, M. le Président, de la condition de faillite
du gouvernement du Parti québécois, croyez-vous réellement
que nous aurions devant nous ce projet de loi?" Je parle toujours du projet de
loi 16. "Personne ne peut défendre ce projet de loi, même pas les
meilleurs orateurs et les meilleurs communicateurs du Parti
québécois. Maintenant, on s'en va où? À
Hydro-Québec, une institution nationale, une institution dont nous
sommes fiers qui devient maintenant simplement une machine à aller
chercher de l'argent pour essayer de renflouer un gouvernement en faillite.
C'est ça, la véritable signification de la loi 16. Nous allons
faire cette bataille au nom des citoyens du Québec. Et vous, vous ne
devriez jamais être fiers de ce projet de loi qui n'a rien à faire
avec la promotion des meilleurs intérêts d'Hydro-Québec et
de la société québécoise." (10 h 20)
C'est ce que disait le ministre des Finances à l'époque,
alors que le projet de loi 16 laissait toute la latitude, toute la
flexibilité nécessaire pour bien juger de l'opportunité de
verser un dividende. Maintenant, avec la loi 162, le ministre des Finances va
beaucoup plus loin. Et il concluait, en 1981, par ces mots, à la page
721, le 2 décembre 1981, des débats de l'Assemblée
nationale: "Est-ce que c'est assez bien camouflé, M. le
Président1? Gouvernement de camouflage, M. le
Président? Gouvernement indigne qui devrait
démissionner."
C'est ça, c'est ça qu'il a dit. Alors que ce qu'il vient
faire aujourd'hui, c'est une charge régulière, automatique du
gouvernement envers Hydro-Québec. Alors, ou bien il n'avait vraiment pas
compris en 1981 ou bien les paroles qu'il disait en 1981 s'appliquent beaucoup
plus aujourd'hui, à la situation actuelle. Je ne sais pas s'il a envie
d'en tirer la conclusion qu'il voulait imposer au gouvernement, mais je pense
que ce sont des paroles qu'il devrait au moins ravaler, et le
dédire.
M. le Président, je voudrais aussi aborder une autre question,
une autre facette de cette loi 162 que j'ai eu l'occasion de démontrer,
mais que je vais rappeler ici. C'est que, cette année, les revenus en
provenance d'Hydro-Québec inscrits dans les comptes du gouvernement
seront beaucoup plus élevés que par les années
passées. Et là encore, nous assistons à une
opération de camouflage extraordinaire. Le gouvernement, par la loi 162,
fait en sorte que, cette année, il inscrira dans ses équilibres
budgétaires, dans son budget, une somme de profits d'Hydro-Québec
de 733 000 000 $ pour l'année financière se terminant le 31
décembre 1991.
C'est la première partie de l'opération parce que
l'année financière d'Hydro-Québec court du 1er janvier au
31 décembre 1991. Le gouvernement inscrira ces 733 000 000 $
réalisés par Hydro-Québec durant toute l'année
1991, mais, pour le gouvernement, durant seulement neuf mois de son
année. Mais il inscrira quand même les 733 000 000 $ de toute
l'année d'Hydro-Québec dans ses équilibres financiers.
C'était la première partie de l'opération.
La deuxième maintenant. C'est qu'il va inscrire en plus une somme
de 143 000 000 $ en provenance d'Hydro-Québec qu'il ira chercher entre
le 1er janvier et le 31 mars parce que le projet de loi dit bien
qu'Hydro-Québec devra verser cette somme avant le 31 mars, donc, avant
la fin de l'année financière du gouvernement qui, elle, a cours
du 1er avril au 31 mars. Le résultat, c'est qu'il faut additionner ces
deux sommes pour savoir quelles sont les sommes inscrites aux équilibres
budgétaires du gouvernement pour l'année courante 1991-1992.
C'est 733 000 000 $ plus 143 000 000 $, soit 876 000 000 $. Et, M. le
Président, vous voyez très bien qu'encore une fois le ministre
des Finances n'a pas résisté à la tentation de camoufler
les véritables états financiers du gouvernement du
Québec.
Nous avons dit, à l'occasion d'autres débats, pour
d'autres circonstances, pour d'autres manoeuvres, que le gouvernement tripotait
les états financiers du gouvernement, qu'il faisait ce qu'on appelle,
dans le langage des spécialistes, du "window dressing". C'est exactement
ce qu'il fait. À l'occasion, il inscrivait des dépenses par
anticipation. Là, il va chercher plus de profits d'Hydro-Québec
qu'il n'y en a, parce que, en réalité, il faudrait que l'on
soustrait cette somme des profits d'Hydro-Québec dans une année
comme dans l'autre. Mais, cette année, il ira chercher 143 000 000 $ de
plus, opération strictement de livres comptables et de camouflage pur et
simple. On n'en sort pas, c'est absolument évident, tout cela pour
camoufler la véritable situation financière du gouvernement.
Et on se demande si la justification qu'il a évoquée,
finalement, n'en est pas une tout à fait de façade, ce que je
crois, mais laquelle a primé davantage dans sa décision? Celle de
présenter des états financiers plus positifs cette année
qu'ils ne l'étaient en réalité pour éviter de
dépasser son déficit de 3 480 000 000 $, c'est-à-dire
qu'il s'est donné comme priorité de ne pas atteindre les 3 500
000 000 $ pour éviter qu'on n'en fasse des titres. Il a tenu absolument
à le laisser en bas de 3 500 000 000 $ et ça a été
une de ses opérations, une opération de camouflage, alors qu'en
réalité il faut additionner ces 143 000 000 $ au déficit
réel du gouvernement pour son année financière.
Ces manipulations ont été dénoncées par le
Vérificateur général. Je sais qu'on pourrait toujours
tirer sur la ligne et dire que, oui, ce n'est pas strictement défendu,
que ce n'est pas illégal - c'est déjà un terme qu'il a
employé, à la façon de Chrétien qui a
rapatrié la constitution du Canada de façon, disait la Cour
suprême, légale, mais illégitime. C'est exactement ce qu'il
y a ici. C'est immoral. J'ai eu l'occasion de le dire en commission
parlementaire et je le répète, et c'est, encore là, le
ministre des Finances qui donne l'exemple à l'ensemble de notre
communauté d'affaires à l'effet que ces manipulations, c'est de
peu d'importance, c'est un langage de spécialistes. C'est faux, M. le
Président, parce que le chiffre de la fin qui est celui de son
déficit est affecté d'une somme équivalente à 143
000 000 $. Camouflage!
Dans tout cela, M. le Président, HydroQuébec écope.
C'est la santé financière d'Hydro-Québec qui est
affectée parce que son seuil de rentablité sera
élevé d'une somme de 143 000 000 $ cette année, de 20 000
000 $ ou 35 000 000 $ de plus l'an prochain. Nous avons les chiffres: 37 000
000 $ de plus en 1992-1993; 42 000 000 $ de plus en 1993-1994 où l'on
voit que le seuil de rentabilité sera finalement porté à
185 000 000 $ de plus que maintenant, ce qui fait que les coûts d'emprunt
d'Hydro-Québec vont augmenter. Si les profits nets d'Hydro-Québec
baissent d'une somme de 143 000 000 $ cette année, de 160 000 000 $ l'an
prochain, de 185 000 000 $ l'année suivante, au fond, la couverture des
intérêts par les profits diminue. Donc, dans l'analyse de la
situation financière que font les investisseurs lorsqu'ils prêtent
de l'argent, la santé financière d'Hydro-Québec
apparaît beaucoup moins saine que maintenant. Donc, ses taux
d'intérêt vont augmenter, ses
taux d'emprunt vont augmenter. C'est ce que fait le ministre des
Finances.
Quand, après cela, il vient dire que la garantie du gouvernement
vaut 0,5 %, au fond, il leurre tout le monde parce qu'il affaiblit la
santé financière d'Hydro-Québec, ce qui fait que ses taux
d'intérêt vont augmenter et que la seule façon de
réduire ses taux d'intérêt, après, c'est d'avoir la
garantie de l'État. En réalité, si l'on se place
aujourd'hui, c'est la situation financière du gouvernement du
Québec qui est la plus détériorée et c'est
Hydro-Québec qui la garantit davantage alors que le ministre des
Finances entend inverser les termes de l'équation. C'est ce qu'il
fait.
M. le Président, en réalité, c'est le gouvernement
qui n'arrive pas à équilibrer ses états financiers, qui
n'arrive pas à équilibrer son budget malgré tous les
discours ronflants qu'ils ont faits. Parce qu'à l'époque ils ont
pu tripoter les chiffres, aujourd'hui, la réalité les rattrape et
ils recourent, dans la mesure du possible, avec la mince marge de manoeuvre
qu'il leur reste, encore une fois, à des expédients
d'écritures comptables pour rééquilibrer leur budget et
essayer de faire paraître que leur déficit va être plus
faible que de 3 500 000 000 $ alors que déjà il est
dépassé, leur déficit. (10 h 30)
C'est triste à dire que ce gouvernement qui s'est
pété les bretelles sur sa bonne gestion, lorsque arrive une
récession, il se retrouve avec un déficit considérable, en
augmentant, encore une fois, la charge aux contribuables en pleine
période de récession. Ils n'ont pas prévu. Ils ont
pensé que la prospérité économique, sous un
gouvernement libéral, parce qu'ils s'en attribuaient le mérite,
durerait indéfiniment, ils n'ont pas prévu qu'il arriverait une
récession. Or, s'il est une chose qui se produit de façon
régulière dans l'économie, c'est qu'il y a des hauts et
des bas et qu'ils n'ont pas prévu le bas auquel ils font face. Ils ont
donc augmenté les taxes cette année de 2 433 000 000 $;
l'année prochaine, simplement avec les décisions de cette
année sur une pleine année, ils vont compter pour 3 400 000 000
$, disons pour plus de 3 000 000 000 $. Dans un moment où le
Québec est en récession, le Canada est en récession, mais
le Québec en particulier est en récession, où de grands
pans de notre économie sont en danger, ils accentuent le fardeau fiscal.
C'est exactement le contraire de ce qu'ils devraient faire. Exactement le
contraire.
Ils appellent ça de la bonne gestion? Non, ils se sont
laissé porter sur la vague et aujourd'hui ils récoltent les
fruits de leur philosophie qui est de ne rien faire. C'est ce qu'ils font
présentement; ils ne font rien et ce qu'ils font fait du tort à
l'économie. Ce qu'ils font ralentit l'économie. Nous leur avions
dit tout cela lors du discours sur le budget, que ce qu'ils faisaient, ce
qu'ils prenaient comme décision ferait beaucoup de mal à
l'économie, que ce que leur avait dit le Conseil économique du
Canada, c'était de ne pas augmenter les taxes en même temps qu'ils
introduisaient la TPS; ils l'ont fait quand même. Aujourd'hui, ils ont
pris, il y a quelques jours, il y a quelques semaines, une décision de
dernière minute qui a été de reporter la TPS. Merci bien,
mais ce n'est pas suffisant, loin de là. C'est trop tard et ce n'est pas
suffisant. L'insécurité économique, elle est là,
ils l'ont créée véritablement et, maintenant, toute la
psychologie des affaires, c'est que, finalement, on est très incertains
des lendemains, de leurs lendemains à eux dans le système
fédéral qu'ils défendent mais qui leur cause ce que nous
voyons aujourd'hui, un état de récession aggravé,
accentué par le fait des décisions du gouvernement.
M. le Président, quand je les entends dire qu'eux, ils ont bien
géré, ça me fait rire tristement, parce que c'est le
contraire que nous voyons. Ils n'ont pas géré, ils se sont
même départis de mécanismes dont nous avions besoin pour
agir en période de récession. Aujourd'hui, on les voit inertes,
inactifs, on voit très bien et les Québécois se rendent
très bien compte que ce gouvernement ne sait absolument pas où il
va. Il a l'air complètement désemparé dans la crise
financière que nous connaissons - complètement
désemparé. La seule chose qui leur tient de guide, c'est
d'essayer de réduire un déficit qu'ils ne peuvent pas
réduire, qu'ils n'arrivent pas à contrôler. Et nous avons
très bien vu que dans le dossier, par exemple, des crédits du
gouvernement, ils ont gelé les salaires, alors que c'étaient les
dépenses autres que les salaires qui augmentaient le plus. C'est
exactement ce qu'ils ont fait: le contraire de ce qu'ils devaient faire, le
contraire des questions qu'ils devaient se poser, des solutions à
côté, comme s'ils n'avaient pas fait la bonne analyse, ce qu'ils
n'ont pas fait, je pense. Ils n'ont pas fait la bonne analyse, puis aujourd'hui
on se retrouve dans certains secteurs avec des dépenses en explosion,
des gens qui, finalement, révèlent qu'ils ne connaissent rien
à l'administration des affaires publiques et tout simplement rien aux
affaires de l'économie.
M. le Président, je sais que le ministre des Finances est un
expert dans l'art de faire porter aux autres ses propres
responsabilités. Je sais qu'il dit très souvent: C'est à
cause du fédéral. Mais je leur rappellerai que, lors du
débat sur le référendum en 1982, c'est eux qui ont
défendu le fédéral et c'est eux, aujourd'hui, qui doivent
porter le poids de la mauvaise administration et de la mauvaise gestion des
affaires fédérales. C'est le gouvernement libéral. C'est
exactement cela qui s'est passé. C'est eux qui doivent en porter le
poids. Ils ont défendu ce système, qu'ils en prennent le poids de
sa mauvaise gestion.
M. le Président, je pense qu'effectivement tout se tient. Ils ont
défendu le système fédéral qui administre mal, qui
est trop faible politique-
ment pour prendre les bonne décisions, qui leur pellette son
déficit à la tonne, qui les entraîne aussi à
démolir tout ce que nous avions construit comme société
ici. C'est eux qui en sont responsables et pas nous, absolument pas nous.
M. le Président, nous avons ici, encore une fois, un projet de
loi qui implique que les Québécois devront payer plus cher leur
facture d'électricité, 143 000 000 $ de plus. Après
d'autres événements que nous avons connus, d'autres augmentations
que nous avons connues, il est sûr que cela se retrouvera dans la facture
du compte d'électricité du contribuable. C'est une augmentation
de taxes de 143 000 000 $, année après année, qui nous est
amenée sur la table ce matin. C'est le fruit de la mauvaise gestion du
gouvernement libéral, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre, vous avez droit, après
chaque intervention, à cinq minutes et je comprends que vous avez
l'intention de l'exercer. Alors, je vous écoute. Je vous cède la
parole, M. le ministre.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Je vous remercie, M. le Président. Je peux
difficilement laisser passer autant - soyons polis - d'inexactitudes et, je
dois même dire, de choses absolument non fondées, des
exagérations et des avancés qui ne peuvent même pas
être appuyés par quiconque qui a le moindre sens de
l'objectivité. On a le culot de dire: Vous êtes en train de
détruire ce qu'on a construit.
M. le Président, est-ce qu'on appelle ça de la
construction, le genre d'endettement que vous avez laissé au
gouvernement actuel? C'est là le problème majeur que nous avons
devant nous, avec lequel nous devons vivre aujourd'hui. Vous avez
emprunté des milliards de dollars à long terme pour payer des
dépenses courantes. C'est ça qui est au début de tous les
problèmes que nous connaissons aujourd'hui en matière de finances
publiques. Lorsque nous sommes arrivés en 1985, nous avons
immédiatement fait le tableau, l'urgence d'un redressement,
rappelez-vous. Et, depuis ce temps-là, nous avons travaillé
toujours dans le but d'assainir les finances publiques et de ne pas donner aux
générations futures un fardeau trop lourd et absolument
injuste.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de retourner avec le
rétroviseur dont parle souvent le député de Labelle, mais
il s'en sert du rétroviseur, mais il ne s'en sert pas à bon
escient. Lorsqu'il parle de 1981-1982, du projet de loi 16 que j'ai
critiqué, oui, je l'ai critiqué. Ce n'était pas du tout
dans le même sens des frais de garantie. Il s'agissait là d'un
dividende, d'aller puiser directement dans les profits, tandis que des frais de
garantie, c'est bien différent. Ce sont simplement des frais que l'on
retrouve dans tout le monde, que ce soit dans le monde du secteur public ou du
secteur privé. C'est simplement un coût de fonctionnement et que
l'on retrouve, par exemple, en Ontario, que l'on retrouve à Terre-Neuve,
que l'on retrouve dans les provinces de l'Ouest. Nous étions simplement
en retard. (10 h 40)
Pourquoi le député parle-t-il des contribuables? Les
contribuables sont protégés ici; ce sont les utilisateurs dans
les divers secteurs qui doivent payer les frais de garantie. Pourquoi? Pour que
les contribuables dans l'ensemble puissent être soulagés d'autant.
C'est ça la vérité. Lorsque l'on fait des sophismes du
genre de ceux qu'on a entendus aujourd'hui, je proteste vigoureusement contre
ce genre - je ne dirai pas de démagogie, probablement que je n'ai pas le
droit de dire ça, mais je n'en pense pas moins, M. le
Président... Une taxe déguisée, dit le
député de Labelle. Il n'en est pas question. Il n'y a rien de
plus clair que des frais de garantie. Et ceci va éviter justement des
taxes aux contribuables. C'est simplement de poser un geste de justice envers
les contribuables. Que ce soit automatique, M. le Président, c'est
normal que ce soit automatique, il s'agit de frais de fonctionnement, tout
simplement, des frais de garantie.
M. le Président, je sais que vous ne me donnez pas grand temps;
c'est le règlement qui ne me le donne pas, il me reste peut-être
une minute, mais je voudrais simplement attirer de nouveau l'attention de cette
Assemblée sur les dividendes dont parle le député de
Labelle, lorsqu'il parle de la loi 16. Immédiatement, ces gens-là
ont été puiser en 1981: 7 000 000 $; en 1982: 7 000 000 $; en
1983: 60 000 000 $; en 1984: 156 000 000 $ qu'ils sont allés puiser dans
les dividendes, dans les profits d'Hydro-Québec. Là, c'est
différent, ce ne sont pas des frais de garantie et vous l'avez fait.
Quant à nous, nous aurions pu en prendre plus en vertu de la loi 16,
nous avons laissé...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous voulez conclure,
M. le ministre.
M. Levesque: ...167 000 000 $ auxquels on avait droit; et on les
a laissés là justement pour aider Hydro-Québec.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre. Je
suis prêt à reconnaître le prochain intervenant, en
l'occurrence, M. le député de Mille-Îles et leader adjoint
du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous avez
droit à 10 minutes, M. le député.
M. Bélisle: Oui, je sais que c'est court, M. le
Président. Je tenterai dans cette courte intervention de résumer
un peu ma pensée, malgré que j'aurais
préféré, M. le Président, avoir quelques minutes
additionnelles. Mais quant au projet de loi 162 sur les frais de
garantie...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant.
Oui, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Je m'excuse auprès de l'orateur, le
député ministériel, mais je constate que nous n'avons pas
quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés!
Allez-y, M. le député de Mille-Îles.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Je disais donc, M. le Président, que je
voterai en faveur du projet de loi 162 sur les frais de garantie relatifs aux
emprunts des organismes gouvernementaux car il me semble que, oui, c'est exact
ce qu'a dit le ministre des Finances, il s'agit d'un coût
d'opération, d'un coût de fonctionnement que toute entreprise a
à rencontrer, non seulement les entreprises privées. Lorsqu'on a
une garantie, quelqu'un donne une garantie, il y a un coût à la
signature. C'est normal qu'il y ait un coût de garantie, un coût
d'opération, un coût de fonctionnement qui soit chargé aux
organismes gouvernementaux, tout simplement pour arrêter l'époque,
M. le Président, où les organismes gouvernementaux
fonctionnaient, opéraient sans budgéter ce coût, sans le
représenter à leurs états financiers et en opérant
sur la carte de crédit du gouvernement du Québec, qui
était le garant.
C'est normal, ça se fait dans toutes les entreprises
privées. Donc, qu'on ne vienne pas nous dire aujourd'hui que c'est une
façon détournée de taxer. Non, c'est une façon
évidente, directe, de dire aux utilisateurs des services, aux
consommateurs des services d'hydroélectricité: Écoutez, si
Hydro-Québec était une entreprise privée et qu'elle
n'appartenait pas à l'État, vous auriez aussi des frais de
garantie, si quelqu'un garantissait; si Hydro-Québec n'était pas
une entreprise publique, ça serait le même raisonnement. Alors, je
m'étonne de voir le député de Labelle, M. le
Président, aujourd'hui se scandaliser à l'effet qu'on veuille,
comme dans d'autres projets de loi - je pense au projet de loi 2 qu'on a
passé ou que le ministre des Finances a présenté à
l'Assemblée nationale - établir des principes qui sont
appliqués partout dans l'économie du Québec au niveau des
entreprises privées et qu'on tente de mettre les mêmes
critères d'opération, de budgétisation, de montrer les
véritables coûts aux citoyens du Québec.
M. le Président, j'avais prévu le coup. J'étais
sûr, ce matin, que quelqu'un de l'Opposition était pour parler du
projet de loi 16. Or, le projet de loi 16, c'était la loi qui modifiait
la Loi sur Hydro-Québec en 1981, alors que mes amis d'en face, le Parti
québécois, le député de Labelle qui était
membre du Conseil des ministres, le député de Joliette qui
était membre du Conseil des ministres, le chef de l'Opposition qui
était ministre des Finances, ont voté une loi qui modifiait tout
le régime d'Hydro-Québec.
Dans cette loi du 19 décembre 1981, ce qu'on faisait à
l'article 3.3, c'est qu'on disait: Maintenant que les actions
d'Hydro-Québec, qui devenait une Société, faisaient partie
du domaine public et toutes les actions d'Hydro-Québec, les 5 000 000
000 d'actions, parce qu'on n'y a pas été avec le dos de la
cuillère, hein? on a émis 5 000 000 000 d'actions... On a dit: Le
ministre des Finances est maintenant propriétaire, c'est le gouvernement
du Québec, ce n'est plus les citoyens du Québec qui sont
propriétaires d'Hydro-Québec. Non, c'est le gouvernement;
ça va être plus facile de piger dans la caisse.
Ce n'était pas du tout le but que M. Lesage avait lorsqu'il a
procédé à la nationalisation de
l'hydroélectricité dans les années soixante. Et, à
l'article 3.4, je vous le lis, je pense que c'est très important: "Le
total des réserves pour le renouvellement du réseau, pour
éventualités et pour stabilisation de taux de la
Société au 31 décembre 1980, au montant de 4 374 109 000
$, est imputé au paiement total de 43 741 090 actions de la
Société". Ça voulait dire qu'on venait de faire un
transfert d'une colonne des états financiers d'Hydro-Québec.
C'était très simple ce que le ministre des Finances faisait
à l'époque, le chef de l'Opposition, pour transférer
ça dans les colonnes du gouvernement. Le gouvernement devenait
propriétaire, tout d'un coup, d'un bel actif de 4 374 000 000 $, comme
par magie. En faisant disparaître une colonne dans un, on
transférait des actifs à l'autre, pour permettre de plus
emprunter, pour permettre de plus s'endetter, de plus endetter le gouvernement
du Québec, parce qu'on avait transféré des actifs. C'est
ça qu'on a fait à l'époque.
M. le Président, quand on parle du montant du projet de loi 162,
ce que ça va coûter aux organismes gouvernementaux en termes de
frais de garantie, le 0,5 %, ça représente pour l'année
qui vient 150 000 000 $, pour Hydro-Québec, 147 000 000 $. Revenons aux
dollars de l'époque, en 1981, quand le Parti québécois a
voté le projet de loi 16, quand ils ont changé de colonne les 4
374 000 000 $ pour les mettre dans les actifs du gouvernement, pour pouvoir
plus endetter la province. C'est ça qu'ils ont fait. Ça
représente quoi? Mais 150 000 000 $, ça valait la moitié
moins, ça valait 75 000 000 $, hein? C'est ça. si on revient aux
dollars de l'époque, si on
compare. Et ça veut dire qu'ils ont fait une passe d'actifs, en
transférant ça dans l'état financier de la province, de 58
fois plus élevé que 75 000 000 $. Ah! ça, c'était
bien administré, ça, c'était correct, c'était
parfait. Mais est-ce que vous vous souvenez, M. le Président, que
l'état financier qui a suivi, préparé par le ministre des
Finances du Parti québécois, l'honorable chef de l'Opposition,
endossé par les membres du Conseil des ministres, le
député de Labelle, le député de Joliette de
l'époque... Deux mois plus tard, le total des revenus de la province
à ce moment-là, c'était 17 000 000 000 $, puis eux autres,
ils ont trouvé le tour de faire un déficit de 3 000 000 000 $.
Ça représentait, M. le Président, 18 % de déficit.
Ils sont allés piger un petit peu dans la caisse d'Hydro. (10 h 50)
Si on compare aujourd'hui, là, parce que le député
de Labelle a dit tantôt: Ah! ils ont bien géré, le
gouvernement du Parti libéral. Les crédits budgétaires, le
budget actuel, en 1991, est de combien? 37 000 000 000 $. C'est quoi en temps
de récession comme cette année le déficit de
l'État? 3 500 000 000 $, gros chiffres, grosso modo. Ça
représente quoi? 3 500 000 000 $ divisés par 37 000 000 000 $,
9,7 %. Comment ça se fait que si vous, vous nous accusez de mal
gérer, vous êtes incapables de reconnaître que même en
période de crise et qui est peut-être plus pernicieuse que celle
de 1982, parce qu'il y a un changement de structure industrielle au
Québec qui s'opère au même moment, vous autres, à
l'époque, vous avez fait une passe en transférant des actifs qui
ne vous appartenaient pas, qui n'appartenaient pas au gouvernement du
Québec pas pour 75 000 000 $ ou 150 000 000 $, pour 4 300 000 000 $?
Pour 58 fois plus! Et vous avez quand même trouvé le tour de faire
un déficit; pas de 9 %, cette année-là, de faire un
déficit deux fois plus grand que ce que, nous, on fait
présentement. Et vous voulez nous faire croire, M. le
Président... Le député de Labelle, qui était membre
du Conseil des ministres, le député de Joliette et le chef de
l'Opposition veulent nous faire croire qu'ils ont bien administré en
période de crise. Bien, voyons donc! Ça ne tient pas. Et quand on
nous parle des impôts, le député de Labelle oublie de nous
dire qu'au budget de 1982 - le député de Labelle, M. le
Président, il devrait peut-être m'écouter, je vais lui
rafraîchir les idées - il y a eu une augmentation d'impôt de
1 000 000 000 $, en termes de l'époque. 1 000 000 000 $ en 1982,
ça représente 2 000 000 000 $ en termes de 1991. C'est deux fois
plus.
M. le Président, je ne comprends pas. Je ne comprends absolument
pas qu'on nous dise tout simplement qu'il y a eu du camouflage. Au contraire,
il n'y a pas de camouflage. On vient devant l'Assemblée nationale, le
ministre des Finances, le gouvernement du Parti libéral du Québec
vient devant l'Assemblée nationale, et pose le principe suivant: II y a
des coûts que n'importe quelle entreprise a à supporter au
Québec, que vous soyez une entreprise privée... et
Hydro-Québec et les entreprises d'État ne vivent pas dans un
paradis où ces coûts n'existent pas, et il faut le dire aux
citoyens du Québec. Il faut que l'utilisateur des services de ces
sociétés d'État sache que si elles n'étaient pas
publiques, si elles étaient privées, elles auraient à
assumer ce coût, elles auraient à payer ce coût. Vous
êtes une entreprise de construction, vous êtes une entreprise
industrielle, vous fabriquez des chaises, des armoires, vous avez une garantie
qui vous est donnée par quelqu'un, vous aurez à payer un
coût de garantie, Et c'est démontré en toute transparence.
C'est loin d'être... C'est le contraire du camouflage, le coût
exact de ce que représente un service public.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je vais voter pour
le projet de loi 162, parce que je pense que, quand on le regarde sans
par-tisanerie, de montrer aux Québécois le véritable
coût des services, c'est de faire de la gestion publique, de la gestion
des finances publiques transparente au Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Mille-Îles et leader adjoint du gouvernement. Sur
le même sujet, je cède la parole à M. le leader de
l'Opposition officielle et député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. À
écouter le ministre des Finances et le député de
Mille-Îles, ces gens-là regrettent d'avoir pris le pouvoir.
Ça fait six ans qu'ils sont là et tout ce qu'ils essaient de
faire, c'est le procès du passé, mais ils oublient les
déclarations qu'ils ont faites entre-temps. Je voudrais rappeler au
vétéran de Bonaventure, M. le Président, ses
déclarations en 1986-1987. Gonflé d'orgueil, il lisait son
discours du budget, il nous disait: Nous avons plus d'entrées fiscales
que nous n'en attendions, ça va bien, tout roule sur les roulettes. Tout
est parfait, c'est effrayant comme les revenus rentrent. L'économie est
saine, ça va bien. Il se lève ce matin et dit: Ça va bien
mal, c'est à cause de vous autres il y a six ans. Minute! Un peu de
sérieux, s'il vous plaît! Un peu de sérieux, s'il vous
plaît, M. le Président.
La loi 162, telle que déposée en Chambre, vise deux
objectifs, M. le Président. Le premier objectif, il est très
clair: Ils veulent présenter un déficit moins grand aux
Québécois et c'est pour ça qu'ils passent la loi, pour
aller piger ce qu'ils n'auraient pas le droit d'aller piger parce qu'il y a des
contraintes à Hydro-Québec pour verser des dividendes, et mon
collègue de Labelle l'a expliqué. Et pour les prochaines
années, Hydro-Québec ne prévoit pas pouvoir en verser.
Donc, le ministre des Finances se retourne de bord et dit: Moi,
plutôt que d'annoncer 3 500 000 000 $ de déficit, je veux annoncer
3 300 000 000 $. Ça, c'est son premier objectif dans sa loi, mais il ne
le dit pas.
Et c'est ça fondamentalement, M. le Président, quand
j'écoute des déclarations comme celle du député de
Mille-Îles. Ces gens-là ont tripoté les formules
comptables. Ils présentent un déficit à la population, M.
le Président, qui est irréel dans les faits. Ils ont puisé
dans la caisse de la Société de l'assurance automobile et puisent
dans Hydro-Québec. Ils pellettent des taxes dans la cour des commissions
scolaires, dans la cour des municipalités et ils disent aux
Québécois: Mais nous avons seulement 3 000 000 000 $ de
déficit. S'ils n'avaient pas fait ça, ça serait 5 000 000
000 $ ou 6 000 000 000 $, M. le Président. Les 300 000 000 $, 400 000
000 $ ici, dans le niveau scolaire, on le sait, on a reçu nos comptes de
taxes... Vous irez demander aux citoyens du Québec si les taxes
scolaires coûtent moins cher ou plus cher qu'avant. Ils ont coupé
quelque 300 000 000 $ aux commissions scolaires, et les commissions scolaires
se retournent de bord et elles taxent les citoyens. Le ministre des Finances se
bombe le torse, tire ses bretelles et dit: J'ai un déficit pas trop
haut. C'est du camouflage, M. le Président, carrément.
Le deuxième objectif de la loi 162, c'est quoi? M. le
Président, sans le vouloir peut-être, mais le résultat,
c'est ça, c'est d'augmenter la tarification hydroélectrique. M.
le Président, qu'est-ce qu'a dit Hydro-Québec, le lendemain du
discours sur le budget, quand le ministre des Finances a annoncé le 0,5
% de frais de garantie? Hydro-Québec a dit: On refilera la facture aux
clients. Ça veut dire quoi, ça, M. le Président? Ça
veut dire fondamentalement qu'à chaque 50 000 000 $ qu'ils vont chercher
à HydroQuébec, Hydro-Québec est obligée de se
retourner de bord et de mettre 1 % de plus pour la tarification
hydroélectrique. Ces 143 000 000 $ signifient 3 % d'augmentation
automatique. Et ça, c'est à part l'augmentation annuelle de 6 %
ou de 7 % qu'Hydro-Québec demandera. C'est un minimum de 9 % qu'on aura
d'augmentation sur notre tarification hydroélectrique, dans quelques
mois. C'est 9 % minimum, M. le Président.
Qu'avait dit le ministre des Finances, à l'époque? Qu'il
relève intégralement ce qu'il a dit. Il avait dit, M. le
Président: Oui, je vais demander à Hydro-Québec de
regarder si elle ne pourrait pas aller chercher ces 143 000 000 $ dans les
frais d'administration, dans les frais d'exploitation. Après six ou sept
mois ou huit mois, est-ce qu'il peut nous dire si Hydro-Québec va aller
chercher les 3 % dans les frais d'exploitation ou si elle ne les mettra pas
simplement sur la tarification? Les citoyens du Québec qui ont vu leur
compte d'électricité depuis quelques mois augmenter à un
rythme vertigineux, M. le Président. 7 %, 7,5 %, TVQ, TPS, ajoutez tout
ça, ça fait plus que 20 % d'augmentation de tarification, on leur
demandera encore 9 % de tarification additionnelle.
M. le Président, il me semble que c'est clair comme bonjour. Ce
que le député de Labelle a expliqué, c'est: Arrêtez,
au gouvernement, de vous péter les bretelles. Vous annoncez un
déficit de 3 400 000 000 $ et vous taxez pour 2 433 000 000 $, ce qui
aurait fait un déficit, au Québec, de 5 913 000 000 $. C'est le
double par rapport aux années avec lesquelles ils veulent se comparer.
Ils ont taxé à mort les citoyens. Vous avez étouffé
la classe moyenne. Vous ne faites plus respirer les gens, littéralement.
Et encore au mois d'avril, à la fin de mars, on va se ramasser avec une
tarification augmentée.
Si c'est ça, la transparence, dites-le donc. Arrêtez de
vous péter les bretelles sur le déficit parce que vous
étouffez littéralement nos concitoyens. Ils sont tannés de
payer des taxes. Ils trouvent que vous avez un appétit de Gargantua au
niveau de la taxation. Il n'y a rien qui n'a pas été taxé.
On a obtenu, bien sûr, un report de six mois alors que ça aurait
dû être au moins un report d'un an pour faire reprendre
l'économie, M. le Président. Au moins un minimum d'un an. Mais
ça, fondamentalement, qu'on laisse de côté les tentatives
de faire croire aux citoyens du Québec que tout va bien dans le meilleur
des mondes.
Ces gens-là s'en tirent, M. le Président, par une
législation. Ce que mon collègue de Labelle vous disait, c'est
qu'automatiquement, chaque année, ils vont aller chercher des centaines
de millions à Hydro-Québec. Hydro-Québec va se retourner
de bord et elle va dire: Paie-le par tarification. C'est le salarié
moyen qui est encore le plus pénalisé dans tout ça, M. le
Président, et on n'en tient pas compte. Vont-ils lâcher, nous
demande le monde, M. le Président? Va-t-il arrêter de nous taxer?
Vont-ils arrêter de nous étouffer, de nous égorger par les
taxes? Qu'on pense aux frais de scolarité, aux permis de conduire,
à l'immatriculation, aux taxes scolaires, aux taxes municipales. On taxe
sur tout. Tout ce qui bouge, au Québec, est taxé.
Hier, l'industrie du tourisme disait: On étouffe. Ça nous
prend un plan de relance de 50 000 000 $. Où est-ce qu'il est, le plan
de relance de 50 000 000 $? Où est-il? Les manufacturiers canadiens.
C'est effrayant, les emplois à temps plein qui se perdent au
Québec, à tour de bras. Taxes. On va attirer les
Américains en mettant 15,56 % de taxes sur une chambre d'hôtel.
Oui, on va les attirer. La gazoline. Le ministre dit: Oui, mais ça vient
de vous autres, la taxe ascenseur. Pour son information, pourrait-on expliquer
au ministre des Finances qu'un ascenseur, ça monte et ça descend?
Lui, depuis qu'il est là, il l'a gelée au plafond, la taxe
ascenseur. Même si ça a descendu fortement au cours des
dernières années, parce que le présent
ministre des Finances a gelé la taxe ascenseur
précisément au plafond, les bénéficiaires paient
des prix de fou.
Il aura beau faire des shows, des spectables et essayer de faire le
procès du passé, c'est la justification du présent et ce
gouvernement n'a pas d'imagination au service de l'administration publique.
C'est un gouvernement usé, M. le Président, un gouvernement
dépassé, un gouvernement qui a promis une foule de choses et qui
n'a pas respecté ses engagements fondamentaux. Un gouvernement qui est
en train de créer deux classes bien distinctes au Québec: les
riches et les pauvres.
M. le Président, personnellement, je pense qu'il est temps, et on
profite de l'occasion, avec le faible menu législatif que nous avons,
pour attirer l'attention du public sur le fait que ce gouvernement se conduit
comme un gouvernement au service d'un seul groupe de la société.
C'est ça, fondamentalement, qu'on lui dit. Cessez d'étouffer les
petits. Tâchez de diminuer votre appétit vorace. Indiquez-nous un
peu plus où va notre argent et on comprendra, M. le Président. On
peut faire des bouts de route de 500 000 $ qui ne mènent nulle part, M.
le Président, bien sûr. On peut commencer des projets à 4
000 000 $ et finir à 19 000 000 $. On peut commencer une route à
7 000 000 $ et finir à 13 000 000 $. On a perdu le sens complet, au
Québec, depuis quatre ou cinq ans, de ce que c'étaient, les
soumissions publiques et le respect des contrats de base. Il est temps que le
gouvernement se réveille, qu'il soit transparent. Un gouvernement de
transparence, ça doit afficher ses couleurs et non pas taxer
hypocritement, non pas taxer d'une façon qui manipule tout à fait
les chiffres et un gouvernement qui se targue, par la suite, M. le
Président, de présenter des états financiers valables.
Même le Vérificateur général et même les
chroniqueurs spécialisés l'ont dit. Si on n'avait pas
changé les formules comptables, au Québec, ce seraient des
déficits astronomiques que nous aurions. M. le Président, c'est
un gouvernement de maquillage, mais le maquillage a moins de résistance
qu'il n'en avait au fil des ans et on reconnaît le vrai visage de ce
gouvernement. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. M. le ministre, pour votre intervention de 5
minutes.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, on voit dans les derniers
propos du leader de l'Opposition qu'on n'a pas l'intention de parler du projet
de loi lui-même, mais qu'on va profiter de cette occasion-là pour
parler d'autres choses. C'est ça. On veut faire des discours sur la
fiscalité. On veut faire des discours sur les routes. On veut faire des
discours sur toutes sortes de choses qui n'ont rien à voir avec le
projet de loi. Allez-y, si vous aimez ça. Allez-y! Augmentez les frais
de cette session. Allez-y! Défoulez-vous!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: M. le Président, on peut dire n'importe quoi
parce qu'on est leader de l'Opposition? Parce qu'on est député de
Joliette, quoi, on a le droit de dire n'importe quoi? Dans les derniers propos
du leader de l'Opposition, il parle du Vérificateur
général et des conventions comptables. Le Vérificateur
général, pendant des années, justement, a exigé les
changements que nous avons opérés.
Une voix: Ils n'ont même pas voulu l'entendre.
M. Levesque: Vous n'avez jamais écouté le
Vérificateur général qui, année après
année, demandait justement dans son rapport de rétablir
l'équité et la transparence dans les comptes publics, et nous
l'avons fait.
Le député de Joliette - je prends seulement certains cas -
parle de l'hôtellerie, M. le Président, où cette taxe qu'il
appréhende va faire en sorte que les étrangers vont être
obligés de payer une taxe additionnelle à l'hôtel. C'est
faux, c'est remboursable, M. le Président. Il ne le sait pas, il n'a pas
regardé du tout le projet de loi, évidemment, ou il n'a pas
entendu les déclarations qui ont été faites, les
dépôts qui ont été faits en cette Chambre qui
indiquent qu'il va y avoir remboursement, justement pour protéger
l'hôtellerie, il n'a pas parlé de ça. Il dit des choses
absolument fausses.
Il a parlé de l'essence. Bien, justement, dans le domaine du
tourisme, le premier geste que nous avons posé à cause des
grandes distances au Québec, c'est que nous avons annulé la
surtaxe sur l'essence pour les régions périphériques, nous
l'avons diminuée dans des régions spécifiques, nous
l'avons diminuée dans les régions frontalières. Nous avons
fait en sorte justement d'apporter des mesures correctrices aux mesures
annoncées par l'ancien gouvernement, en 1981, alors qu'il doublait la
taxe sur l'essence, la portant de 20 % à 40 %. Il faut avoir du culot
pour venir nous dire ces choses-là, M. le Président!
Lorsqu'on parle de l'hôtellerie et de la restauration, justement,
M. le Président, nous avons pris cette taxe de 10 % qui existait alors
que nos amis d'en face étaient là et nous l'avons réduite,
cette taxe, à 8 %. On n'en parle pas. On dit qu'il y a augmentation; il
y a diminution, M. le Président. Qu'il y ait une TPS
fédérale qui s'ajoute, ce n'est pas de la responsabilité
du gouvernement du Québec. C'est vrai que le contribuable doit y faire
face, mais qu'on ne vienne pas porter d'accusation aussi mal fondée que
celle qu'on vient de porter, M. le Président...
Une voix: C'est vrai.
M. Levesque: ...lorsqu'il y a des diminutions. On sait qu'il y a
des problèmes au point de vue des finances publiques dans le sens de
l'ancienne dette que nous a laissée le gouvernement qui nous a
précédés, qui a emprunté des milliards de dollars.
On parle de taxes, M. le Président. Qui a augmenté la taxe de 8 %
à 9 %? C'est l'ancien gouvernement, en pleine récession.
Ça, là, on devrait tout oublier ça.
M. le Président, si nous avons des problèmes aujourd'hui
dans le domaine des finances publiques, c'est justement à cause des
sommes considérables qui ont été empruntées et qui
ne sont pas encore remboursées, que nous ne pouvons pas rembourser et
sur lesquelles nous payons des intérêts très
élevés. Qu'on ne l'oublie pas, ça.
M. le Président... Pardon?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure, M. le ministre.
M. Levesque: II faut déjà conclure? Bon. Je trouve
que cinq minutes, ça passe très rapidement ici, à
l'Assemblée, mais j'aurai sans doute l'occasion, parce que je voyais que
quelqu'un d'autre voulait intervenir, de continuer dans quelques instants.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Finances. Votre dernière intervention met fin au débat.
M. Gendron: On demande le vote.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'allais mettre aux voix
la motion.
M. Bélisle: M. le Président, on demande de reporter
le vote après la période de questions.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): vote enregistré
demandé et on demande de reporter le vote. alors, le vote sur la prise
en considération du rapport de la commission du budget et de
l'administration sur le projet de loi 162 se tiendra cet après-midi. m.
le leader adjoint du gouvernement, avec quel article du feuilleton
continuons-nous nos débats?
M. Bélisle: Je regarde l'heure, M. le Président.
Nous attendons incessamment le ministre des Forêts. Je vous demanderais
de suspendre quelques minutes. Il est sur le point d'arriver.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je suspends les travaux
de la l'Assemblée pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 51
(Reprise à 11 h 20)
Le Vice-Président
(M. Lefebvre): nous reprenons les
travaux de l'assemblée avec l'article 24 de notre feuilleton. m. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: C'est exact, M. le Président.
Projet de loi 168 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À cet article 24,
le ministre des Forêts propose l'adoption du projet de loi 168, Loi
modifiant la Loi sur les forêts, et je reconnais immédiatement M.
le ministre des Forêts.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci. M. le
Président. Lors de la présentation du projet de loi 168 portant
sur la modification de la Loi sur les forêts, je faisais part aux membres
de cette Assemblée de l'intention du gouvernement de clarifier deux
règles généralement admises à la pratique, mais qui
peuvent poser des problèmes sur le plan légal. La première
modification vise à confirmer le pouvoir du gouvernement de percevoir un
intérêt à l'égard de tout solde impayé
à compter du trentième jour suivant la date de la facturation sur
des droits exigibles en vertu de la Loi sur les forêts. Et c'est une
pratique courante, M. le Président, dans le commerce d'agir ainsi.
La seconde modification, M. le Président, concerne les
règles d'admissiblité pour l'obtention d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers en cas d'acquisition
d'une usine à l'égard de laquelle des droits exigibles n'auraient
pas été entièrement acquittés. Dans les deux cas,
il s'agit de clarifier des dispositions légales pour permettre au
gouvernement de percevoir des sommes d'argent qui lui sont redevables.
La pratique et le bon sens font en sorte que la majorité des
industriels qui peuvent être touchés par ces modifications
s'acquittaient déjà de leurs obligations sans aucune autre forme
d'incitatif. Toutefois, le gouvernement se doit d'être prévoyant
et apporter les modifications qui s'imposent dès qu'il détecte
une imprécision pouvant mener à des interprétations
contraires à l'esprit de la loi.
Le projet de loi 168 adopté en deuxième lecture s'inscrit,
M. le Président, dans ce contexte. Il ne fait que renforcer les
dispositions qui sont déjà en application. Ainsi, des personnes
pourraient croire que le gouvernement tente, par l'entrée en vigueur de
ces dispositions, d'imposer de nouvelles taxes à une industrie
déjà largement éprouvée par une conjoncture
économique très difficile. Il n'en est absolument rien, M. le
Président. D'ailleurs, il serait totalement irresponsable de
notre part d'imposer de nouvelles taxes à l'industrie forestière
au moment même où un comité de relance de l'industrie des
pâtes et papiers et du bois de sciage et des panneaux vient d'être
mis sur pied.
D'autre part, les modifications qui sont apportées par le projet
de loi ne viennent pas modifier les principes qui ont prévalu à
l'adoption du projet de loi 150 sur les forêts en 1986. Le premier
principe est basé sur l'utilisation de la forêt à rendement
soutenu, principe universellement reconnu dans le milieu forestier, ce qui
implique qu'il doit y avoir un équilibre entre les volumes de bois
prélevés par les industries et les volumes de bois produits par
le milieu forestier.
Le second principe soutient que l'utilisation de la forêt à
des fins industrielles doit se faire en assurant la protection de l'ensemble
des ressources du milieu. Certaines dispositions de la Loi sur les forêts
ainsi que le règlement sur les normes d'intervention en milieu forestier
font en sorte que l'ensemble des ressources du milieu forestier sont
protégées lors de l'aménagement de la forêt à
des fins industrielles.
Nous savons très bien que ces mesures représentent des
mesures minimales et qu'elles n'assurent pas la mise en valeur de la faune,
évidemment. Elles n'assurent pas davantage la mise en valeur de tout le
potentiel de la forêt touchant la récréation et le paysage.
Et, pour remédier à cette situation ou améliorer cette
situation, le ministère des Forêts s'est associé au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ainsi qu'au
ministère de l'Environnement pour tenter de développer une
méthodologie de gestion intégrée des ressources
renouvelables dont les objectifs sont les suivants: établir les
relations entre certains éléments d'un écosystème
et les traduire dans des modèles permettant la simulation de
scénarios d'intervention, ce qui veut dire, M. le Président, que,
si nous nous dirigeons vers la gestion intégrée des ressources
renouvelables, il nous faudra faire des choix entre les différentes
activités, soit touristiques, soit économiques, soit de
récréation.
Le deuxième objectif: remplacer les modèles que nous
connaissons aujourd'hui d'analyse socio-économique traditionnels par de
nouveaux modèles qui permettront de considérer à la fois
les aspects économiques, environnementaux et sociaux. Pour atteindre cet
objectif, M. le Président, le ministère et ses partenaires ont
démarré un projet-pilote qui permet au Québec d'entrer de
plain-pied dans l'ère du développement durable.
Le troisième principe rend l'industrie forestière
responsable de l'aménagement de la forêt pris au sens large. Ce
principe, qui avait été mis de côté depuis la
révocation des concessions, permet, entre autres, d'intégrer les
activités de récolte, de protection et de remise en production.
C'est, en quelque sorte, une intégration verticale des activités
d'aménagement forestier.
Enfin, le dernier principe fait de la forêt publique une source
résiduelle d'approvisionnement pour l'industrie forestière. Par
ce principe, nous avons voulu permettre aux autres producteurs de bois ronds et
de fibres d'écouler plus facilement que par le passé leur
production pour deux raisons principales, soit éviter le gaspillage de
la ressource forestière et ne pas permettre au bois de forêts
publiques d'entrer en concurrence avec des fibres ou des bois ronds produits
avec une certaine part du capital de risque.
Ce principe a été reconfirmé en 1989 par une
modification à la Loi sur les forêts qui permet maintenant au
ministre responsable de l'application de cette loi de prescrire que le volume
de bois que chaque bénéficiaire est autorisé à
récolter est limité au volume prévu à son plan
annuel d'intervention. Il peut également prescrire que le volume de bois
dont la récolte sera autorisée par le permis d'intervention ne
pourra dépasser les volumes attribués aux contrats réduits
d'un certain pourcentage qu'il fixe pour l'ensemble des
bénéficiaires concernés. Et c'est ce qui s'est produit
cette année, M. le Président, lors d'une réduction de 18 %
de tous les permis d'intervention en forêt publique pour faciliter
l'écoulement des bois en provenance de la forêt privée et
des copeaux produits par les industriels de sciage.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, le projet de loi
168 n'affecte pas ces principes. Il ne fait que confirmer ce qui était
compris par la grande majorité des bénéficiaires de
contrats en clarifiant deux dispositions légales. Les membres de la
commission permanente de l'économie et du travail ont déjà
accepté en deuxième lecture le projet de loi après
discussion. Je les remercie de la confiance qu'ils portent dans le processus
parlementaire par leur disponibilité et leurs critiques constructives.
J'ose espérer, M. le Président, qu'ils accepteront à
l'unanimité ce projet de loi en troisième lecture. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, j'écoutais le ministre
avec beaucoup d'attention d'autant plus que je me disais: Ça n'a pas de
maudit bon sens, faire un discours aussi long sur un sujet qu'il nous a dit si
court. Le ministre est obligé de répéter des principes que
tout le monde accepte depuis que nous avions, dans les années
quatre-vingt, commencé à parler, dans le domaine de la
forêt publique, de choses qui nous permettraient de donner du bois
à perpétuité.
À l'époque, comme responsable, ministre
délégué aux Forêts, j'avais inscrit des
principes dans un livre blanc qui avait été divulgué le 10
juin 1985, et qui a fait l'objet d'un projet de loi en 1986, dont le premier
pas légal était le 1er avril 1987, et qui s'est terminé
dans sa pleine légalité au 1er juillet 1991, même si dans
la loi, M. le Président, on avait tous cru que c'était au 1er
avril 1990 que ça se terminait. Ça s'est terminé au 1er
juillet 1990 parce que, dans la loi, le ministre avait fait une erreur qu'il
n'avait même pas vue et que les beaux "smattes", comme il les appelle,
les avocats, avaient eux-mêmes vue, puisqu'ils nous ont
interprété exactement l'article comme devant être trois
mois après la légalité prévue par le projet de loi,
soit le 1er avril 1990. Donc, ça a été le 1er juillet 1990
que la loi a pris sa pleine valeur légale dans l'ensemble. Tous les
contrats devaient être signés dans les trois mois qui suivaient le
moment où on avait donné à ces gens le contrat à
négocier.
Là, le ministre a donné des beaux principes. Je pense que
personne ne va mettre en péril ces principes, ne les mettra, comme le
dit mon collègue des Îles-de-la-Madeleine, en doute. Je pense que
c'est acquis. Mais je vous dirai cependant que dans la prise en
considération du rapport, hier, j'ai été tout surpris
d'entendre encore des députés libéraux dire des choses
qu'il faut absolument arrêter. Ça n'a pas de bon sens! Je vous en
donne un exemple. (11 h 30)
Le 11 juin 1985, au lendemain de la parution du livre blanc
déposé en cette Assemblée, le journaliste du journal La
Presse avait titré en gros sur le journal: "Tout arbre coupé
doit être remplacé". J'étais fier parce qu'il avait compris
- parce que c'est un spécialiste de la question - ce qu'on voulait dire.
Mais il y a encore des députés libéraux qui se
promènent dans le paysage en disant que "tout arbre coupé doit
être planté". M. le Président, ça n'a pas de bon
sens de parler de même. Il faut enlever ça dans la tête des
gens. Un jour ou l'autre, ce qu'on appelle les arrérages, cela devra
disparaître puisqu'on les aura effectivement plantés; que ce soit
des arrérages, comme on les appelle dans le langage des forestiers, du
"backlog", dans la forêt publique, comme le ministre s'y est
engagé en vertu de la loi, comme dans la forêt privée, ce
qu'on appelle à ce moment-là les terres en friche des
catégories 3 ou 4 prévues par la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Une fois qu'on a dit ça, M. le Président, qu'est-ce qu'il
faut changer dans la mentalité des gens? C'est ce que le ministre nous a
dit tout à l'heure. Des choses essentielles comme principes. Il faut que
les gens, aussi bien dans la forêt privée que dans la forêt
publique - de façon plus précise parce que le ministre a une
responsabilité dans la forêt publique - changent nos modes de
récolte, nos modes de coupe forestière. Donc, changer nos
méthodes de coupe, nos méthodes de récolte, faire les
travaux sylvicoles appropriés et, en dernier lieu, faire de la
plantation. Mais pas commencer par la plantation avant de faire le reste.
Tout le monde s'entend au Québec pour dire que la
régénération artificielle doit céder davantage la
place à la régénération naturelle. Mais, pour ce
faire, il faut changer nos méthodes. Il faut en arriver à faire
en sorte que, finalement, on plante moins, mais qu'on fasse en sorte que la
repousse naturelle vienne d'elle-même. Les exemples sont de plus en plus
nombreux, les recherches sont de plus en plus nombreuses dans ce sens:
plantation, dans certains cas, d'arbres plus compétitifs par rapport
à des herbes compétitives qui font qu'on n'aura plus besoin de
phytocides, comme le rapport du Bureau d'audiences publiques nous indiquait
hier dans le document qu'il a présenté, ou avant-hier,
de-vrais-je dire.
Alors, M. le Président, nous avons des principes dans un projet
de loi qu'il faut pousser davantage plus loin. Arriver à faire en sorte
que la récolte que nous allons faire du bois en forêt puisse se
faire dans des conditions différentes de celles qu'on connaît
actuellement. Examinez ce que les gens disent qui n'a pas de bon sens, les
coupes à blanc de grande envergure. On commence à dire de plus en
plus que même ce que le ministre a indiqué, 250 hectares de coupe
à blanc, est déjà dépassé dans
l'hypothèse de certaines personnes qui font de la recherche. Dans ce
contexte-là, quand bien même on dirait que c'est 250 hectares de
coupe à blanc qui sont permis par la loi et qu'on laisse une bande de
protection de 60 mètres et qu'on commence, à côté,
250 autres hectares, M. le Président, c'est le désert
installé dans nos forêts qu'on est en train de faire. Ce n'est pas
cela que la loi dit. Ce n'est pas vers cela qu'on doit se diriger.
Dans ce contexte, il faut mettre dans la tête des gens que, la
plantation étant le dernier exercice, le plus dispendieux à
faire, nous devrions l'éviter dans la mesure du possible. Ce que je
disais comme ministre délégué, à l'époque,
c'est: Plantation si nécessaire, mais pas nécessairement
plantation. Ça veut donc dire qu'il faut déjà avertir les
gens qui ont des pépinières gouvernementales, quant au ministre,
mais des pépinières privées pour la fabrication de ces
arbres. On va devoir leur dire qu'un jour la plantation de départ de 300
000 000 qui est rendue à quelque 230 000 000, pourra peut-être
être révisée et, en conséquence, faire en sorte que,
dans les pépinières, on produise autre chose que ce que l'on
produit actuellement. Il faut déjà le dire aux gens. Il ne faut
pas avoir peur de leur dire parce qu'on va les leurrer quand on va leur dire
que, ce jeu-là, ça va continuer, ça va continuer. Je pense
qu'il y a des étapes. C'est sûr et certain que, si le ministre
décidait de mettre plus d'argent dans la forêt privée, dans
ce qu'on appelle les arrérages de la forêt privée
qui sont les terres en friche, peut-être qu'on pourrait
extensionner davantage dans le temps les 250 000 000 ou les 300 000 000
d'arbres à planter, mais il faut le dire correctement.
La deuxième risée que j'ai entendue, M. le
Président, c'est quand quelqu'un disait: Vous savez... Parce que le
projet de loi n'en parle pas, mais on en a parlé quand même, il
faut donc que je réplique à cela. Ils ont dit: Dans les
pâtes et papiers, ça va mal. Le gouvernement a mis en marche un
comité qui va regarder tout cet ensemble. Soit! Mais quand on vient me
dire qu'au Québec il y a quelque 50 usines, c'est ne pas connaître
le secteur, M. le Président. Ce ne sont pas des usines, ce sont des
machines et ça arrive que, dans des usines, il y ait deux, trois ou
quatre machines. Donc, on ne doit pas parler qu'il doit y avoir des usines qui
doivent fermer. On doit parler que des machines doivent peut-être fermer,
être remplacées, et c'est là que le ministère,
à mon avis, ne joue pas le rôle qu'il doit jouer et ne fait pas le
travail qu'il doit faire. Dans la mesure où la recherche que l'on fait
actuellement est à savoir quelle sorte d'arbres, plus grands, plus
résistants, meilleure qualité à planter, en termes de
recherche, on n'en fait pas suffisamment à l'autre extrême qui est
celle de la transformation. Vous avez, avec le Canada, Forintek qui fait de la
recherche dans ce sens-là qui se trouve à Ottawa, qui parle
actuellement de s'en aller soit dans l'Outaouais, soit à Québec.
On va les laisser décider. Une chose qui est certaine, dans le contexte
d'une possibilité qu'ils reviennent dans le milieu, est-ce que ce serait
mieux à Hull qu'à Québec, puisque les gens du coin de Hull
disent: Laissons les gens avoir les mêmes conditions, que ce soit
à Québec ou que ce soit à Hull, puis, après
ça, ils décideront? Et fort probablement, d'après eux, ils
vont choisir Hull, parce que les gens vivent à Gati-neau ou à
Hull, plutôt que de venir à Québec. Mais ça, c'est
autre chose.
Les gens de Québec diront: Oui, mais l'Université Laval,
c'est là qu'il y a un seul secteur actuellement où on a une
faculté de foresterie et de géomatique. Autrefois, on disait
"géodésie". On parle de géomatique à cause de
l'informatique maintenant. Donc, cette faculté, avec un personnage qui
est le doyen de cette faculté, que M. le ministre connaît beaucoup
et que je connaissais aussi, M. Claude Godbout, qui était au
ministère à l'époque, fait du travail avec le groupe de M.
Lemieux, avec M. Lebouthillier, des choses intéressantes et qui
transposent dans la réalité des choses. Alors, à ce
moment-là, il est évident que Forintek pourrait être aussi
utile à Québec qu'il pourrait l'être à Hull.
Mais il y a une chose qui est certaine, c'est: Donnons les chances
égales à ces deux coins-là quant au transfert de ce centre
de recherche de la transformation pour éviter qu'il s'en aille ailleurs
au Canada. Dans ce contexte-là, je pense que le ministère a un
travail à faire, un rôle à jouer. Mais quand je parle donc
de la transformation, M. le Président, je parle de la possibilité
d'aller chercher en forêt ces arbres qu'on n'utilise pas actuellement et
qui pourraient faire le bonheur des gens de la vallée de la Gatineau
à cause du secteur mélangé de cette forêt, comme
ailleurs, soit le feuillu, dans la mesure où on doit aller dans les
usines alors qu'on va avoir des décisions à prendre, aller dans
une transformation du procédé de fabrication, M. le
Président.
Donc, des gens qui, aujourd'hui, diraient que ce qui a été
mis en place en 1978-1983, avec le fédéral, le Québec et
l'ensemble des industriels, qui était l'accélération des
machines, l'amélioration de la qualité du papier, s'assurer que
la fibre soit mieux utilisée et qu'elle serve à de meilleures
fins, ce n'est pas vers cela qu'on doit se diriger actuellement. On doit se
diriger vers des usines plus performantes, traduisant, dans les faits, la
possibilité de prendre une autre fibre que le résineux et de
mélanger nos fibres. Les surcalandrés dont on parle, M. le
Président, j'en ai une chez moi, il y en a une à
Trois-Rivières, il y en a une qui s'en vient dans le bout de Gatineau.
Il y en a d'autres qui vont peut-être venir au Québec. Mais, une
chose est certaine, c'est que le mélange de la pâte, pour ceux qui
ne le savent pas, qui ne sont pas familiers, j'aime leur dire qu'il y a une
partie qui est du résineux, il y a une partie qui est du feuillu et,
dans certains cas, il y a même de la glaise.
C'est ce qui fait le papier glacé des revues américaines
en particulier, dont les revues appelées Le Lundi et 7 Jours,
mais il y a une chose certaine, c'est que c'est un papier de meilleure
qualité, donc papier dit satiné. Ce qui aurait dû
normalement être le cas de l'usine de Matane, mais qui n'a pas
été le cas. Mais il y a une chose certaine, M. le
Président, c'est qu'on doit aller vers le transfert de la transformation
de ces recherches que l'on doit faire à ce niveau-là, pour
permettre qu'on utilise le bois à d'autres fins. (11 h 40)
Une autre qu'on pourrait faire, prendre le houppier, la souche, au lieu
de la laisser en forêt pourrir et produire à long terme du compost
pour l'ensemble de la forêt, peut-être que, dans des cas, on
pourrait les passer à des... ce qu'on appelle dans notre langage - le
mot français ne me revient pas - les "chippers" qui permettent de faire
des copeaux, la machine à copeaux qu'on appelle. Cette
machine-là, M. le Président, pourrait être utilisée
en forêt pour mélanger et faire un paillis qui permette aux arbres
de mieux repousser en termes de repousses naturelles. On pourrait la reprendre
pour les huiles essentielles, dans certains cas. On pourrait prendre ce
bois-là, comme on le fait dans d'autres pays au monde, et dire que ce
qui est le bouleau jaune ou l'érable qui sert à faire du bois de
chauffage,
alors qu'on en a beaucoup, peut-être qu'on devrait habituer les
gens à utiliser ce qu'on appelle les résidus de la forêt
comme moyens de combustion. Là, on parle du bouleau qui n'est pas
nécessaire et qui n'est pas utile. On peut parler de trembles, on peut
parler d'autres arbres, même de résineux, de mous, afin de faire
en sorte qu'on ait du bois qui soit - et peut-être que la loi devrait
être changée dans ce sens-là -obligatoirement dirigé
vers le bois de chauffage plutôt que, dans certains cas, de rester
à pourrir en forêt. alors, on a des changements majeurs à
faire dans la forêt. le ministre nous arrive avec une chose qui est
normale, d'une certaine façon, mais qui donne sa préoccupation.
c'est que le gouvernement ne perde pas d'argent. soit, je suis d'accord avec
lui. mais le ministre nous a dit, en commission parlementaire, qu'il n'a pas
perdu d'argent et c'est pour ça qu'il rend le projet de loi
rétroactif. il n'a pas perdu d'argent parce qu'il dit: les gens
étaient habitués à ça. ils l'ont fait. nous avions,
dans l'ancienne loi sur les \ terres et forêts, qui était
administrée par le ministère de l'Énergie et des
Ressources, la provision qui faisait que toute personne qui coupait du bois, au
Québec, devait payer des frais de droit de coupe, sauf que, quand on a
fait la loi, on a oublié de l'inscrire. Comme on a oublié de
l'inscrire, on a décidé d'utiliser la Loi sur les impôts,
du revenu, et le monde payait. Comme le monde était habitué de
payer... Sauf que le ministre a dit: II y a un beau "smatte", un avocat qui a
découvert, pour une compagnie... Il a dit: Écoutez, je ne suis
pas sûr que vous soyez obligés de payer ça. Dans ce
cas-là, comme je ne suis pas sûr, on va poser des questions au
ministère. Et quand les questions sont arrivées au
ministère, ils se sont aperçus de leur erreur et ils viennent la
corriger rétroactivement. C'est pour ça que j'ai dit, pour ce
beau "smatte" qui a fait son travail, qui a permis à la compagnie, moi,
je n'ai pas à décider, comme législateur, s'il doit payer
ou non. Moi, je pense que oui, en légalité, il devrait payer,
mais je n'ai pas à décider. Le ministre n'avait qu'une chose
à faire, c'était d'aller en procès, s'il le fallait, pour
se faire payer si l'individu ne voulait pas payer, parce qu'il n'est pas
sûr que l'individu ne veuille pas payer. Mais s'il y avait un trou dans
la loi, il avait le droit de l'utiliser et, à ce moment-là, le
ministre aurait pu le corriger à partir de ce moment-là et, quant
au passé, dire que la Loi sur les impôts s'appliquait. Ce n'est
pas le chemin qu'il a choisi.
Comme je ne veux pas que le ministre aille dans le paysage, comme on
dit, et dise: L'Opposition ne veut pas que le gouvernement
récupère les impôts auxquels il a droit ou les droits de
coupe, je vais voter pour le projet de loi. Je lui mets un bémol sur la
question de la rétroactivité en l'invitant à en parler
avec son collègue des Affaires municipales, qui n'aime jamais des
rétroactivités dans les projets de loi, mais je lui dis que je
vais voter pour. Nous avons fait notre travail d'Opposition afin de faire
comprendre au ministère et au ministre que, dans la loi, il y a d'autres
trous. Ils sont plus importants que celui-là parce qu'il ne perdait rien
a ce moment-ci et je ne pense pas que quelqu'un aurait décidé de
récupérer ces montants en disant: Je ne paie pas le futur. Je
pense que ce n'est pas vrai.
Dans ce contexte, quels sont les gestes que le ministre pose à ce
moment-ci alors que nous avons du temps pour étudier en Chambre, presque
pas de projets de loi, on aurait pu prendre le temps qu'il faut pour le faire,
regarder des projets de loi qui soient plus tangibles et qui répondent
aux besoins des gens? Il a beau me dire qu'il a donné priorité
à la forêt privée, c'est faux! Dans la tournée que
j'ai faite à travers le Québec, M. le Président, je l'ai
dit à beaucoup de monde et je le redis ici, ce n'est pas parce que le
ministre a décidé que dans son plan d'intervention annuel de
cette année en cours il y aurait pour tout le monde une diminution de 18
% qu'il se préoccupe pour autant de la forêt. Ce n'est pas
là que le ministre aurait dû agir. Ce n'est pas sur le fait de
simplement dire: Compte tenu de la circonstance où nous sommes en
difficulté à cause de la récession, je dis à tout
le monde: Vous coupez 18 % de moins. Ça ne change rien parce qu'ils vont
couper cette année la capacité dont ils ont besoin pour les
usines qui tournent en difficulté, qui ne tournent pas rond, comme on
dit. Donc, ils vont couper 100 % de leurs besoins annuels. Dans cinq ans, on va
se retrouver, ils vont probablement couper encore 100 % de leurs besoins
annuels. Mais ils resteront toujours, cependant, avec un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, lequel contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, lui, est trop haut dans
certains cas par rapport l'usine Unetelle, par rapport à une autre
usine.
Pour ça, par exemple, le ministre aurait été de bon
jugement, à mon avis, et de bon conseil de la part de ses conseillers au
niveau du sous-ministère ou de l'ensemble ministériel, si on
avait dit: Pour telle compagnie il y a trop de bois. Nous nous
préparons, dans le contrat qui va arriver à
échéance à telle date, à le faire ou, encore, il
aurait pu, par loi, décider que tout le monde avait le même
traitement. Il a décidé de ne pas y aller, mais pendant ce
temps-là les usines ferment. Elles ferment de façon temporaire,
parce que dans la loi, encore une fois, il y a un trou. Cette fermeture
temporaire dure depuis un an et demi, deux ans. À mon avis, ça
devient quasiment du permanent, mais là, le ministre ne
récupère pas ses bois. Comme il ne récupère pas ses
bois, on a les problèmes qu'on a à Mont-Laurier, à
Grand-Remous et dans l'Abi-tibi-Témiscamingue avec JE. Therrien et
autres. On se retrouve avec des problèmes où là il y a des
pressions immenses faites par les entreprises
qui possèdent ces contrats d'approvisionnement au
détriment d'autres qui pourraient les répartir, ce qui fait que
là, ça traîne, puis ça traîne, puis ça
traîne.
Le ministre a décidé d'agir autrement, mais je lui dis
qu'il y avait des possibilités légales d'agir qu'il n'a pas
prises. À ce niveau-là, le ministre nous arrive hier avec un
autre projet de loi qu'on aura l'occasion de discuter pour REXFOR. Et
là, j'en aurais beaucoup à dire, M. le Président, sur
REXFOR avec tou ce que j'ai rencontré à travers le Québec.
Le ministre et son gouvernement à l'époque critiquaient REXFOR
puis ils ont donné plus de pouvoirs que jamais à REXFOR, et je ne
suis pas sûr qu'ils soient capables de la contrôler comme ils le
devraient. Ça, je peux vous dire que, dans ce contexte-là, je
n'oserais pas dire qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond non plus
à REXFOR, M. le Président. Quand on regarde l'ensemble des frais
administratifs d'une bâtisse et que je pose juste comme question... Parce
que, au mois d'août dernier, le 26 je crois, un mardi, j'avais
questionné le ministre en commission parlementaire sur les engagements
financiers. Je n'ai pas encore reçu de réponse à une
question qui était bien simple. Peut-être que j'ai tort, mais si
j'avais la réponse, ça me donnerait peut-être le moyen de
me corriger. Mais, comme je n'ai pas de réponse, qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise?
Je donne le cas des phytocides. Le ministre avait rencontré
à ce moment-là les gens de Mont-Laurier qui s'objectaient
à la mise en terre sur les pousses ou les repousses que sont les herbes
concurrentes de phytocides. Le ministre leur a dit: Écoutez,
après la proposition que vous nous faites de le faire au même
prix, je suis prêt à vous le donner, sauf que les gens avaient dit
au ministre: C'est pour environ 560 $ que les gens sont près à le
faire, parce que la seule soumission qui est sortie, je pense, c'est 525 $
l'hectare, si je ne me trompe pas, l'épandage avec l'achat des
ingrédients phytocidiens. Le ministre a dit: Ce n'est pas ça,
parce que quand j'ai vu que c'était trop cher et qu'il y avait juste une
compagnie qui était la compagnie de sylviculture dans le coin qui
l'avait demandé, je décide de le faire faire en régie par
REXFOR et là, je le fais à 378 $ l'hectare. Dans un contexte
où je regarde et je me retrouve à regarder les chiffres du
ministère, c'était marqué: 365 $ l'hectare. Le ministre
dit: Je suis à peu près dans le "bracket" normal, je le donne
à REXFOR qui va le faire. Moi, j'ai appelé; le ministre m'a dit
que j'étais un peu impoli, mais ça, c'est le travail de
l'Opposition, puis il n'y a personne qui va m'empêcher de le faire, parce
que j'ai appelé directement REXFOR pour avoir des renseignements.
L'individu m'a dit: M. le député, je ne peux pas vous
répondre, mon boss, qui est le ministre actuel, m'a demandé la
même question, je vais lui répondre à lui. J'ai dit:
Parfait, répondez à votre boss, mais il faut que je le sache;
c'est public! Et là, j'ai su par le ministre, sur une feuille,
exactement les chiffres que j'aurais pu avoir par l'individu, puis j'aurais
évité peut-être de me faire traiter de gars qui
était impoli, mais en tout cas, il me semble que j'ai le droit comme
n'importe quel individu au Québec de questionner les personnes que je
veux. S'il ne veut pas me répondre, il me le dira.
Mais d'un autre côté, quand je suis arrivé aux
engagements financiers, j'avais demandé à l'individu une autre
question, il a dit: Ça, je ne peux pas répondre à
ça; je suis incapable de répondre à ça, c'est une
demande trop grande, c'est des trop grandes recherches. Parce que j'ai dit: Je
veux avoir trois choses: le prix du produit, par baril, le prix de
l'exécution; puis je lui ai demandé, juste pour m'amuser, le prix
de l'administration. Ah! là, il dit: Ça, l'administration, je ne
suis pas capable de vous le dire, parce que ça, c'est dans toutes les
colonnes, là, je ne suis pas capable de vous trouver ça. Alors,
moi, j'ai pris un document que le ministre nous avait donné pour les
crédits budgétaires et je lui ai dit: Voilà! L'an
passé, on avait fait 10 000 hectares, ça coûtait 3 000 000
$; cette année, on avait 7000 hectares et ça coûte 10 000
000 $. Là, j'ai dit: II y a quelque chose qui ne va pas, il y a un
chiffre de pas bon. Je n'ai jamais eu de réponse encore à
ça, M. le Président. Ça revenait à 1397 $
l'hectare, et ce n'est pas mes chiffres à moi, c'est les chiffres que le
ministre m'a donnés. Je n'ai pas eu de réponse encore. Bien
là, si ça avait été faux, j'aurais certainement eu
une réponse. Si je n'ai pas eu de réponse, il y a deux solutions:
ou bien j'avais raison, ou bien il y a négligence quelque part. Alors,
je prends pour acquis qu'il y a peut-être négligence, on a
oublié de me répondre. Mais il a quelque chose de certain, c'est
que je n'ai pas de réponse. Si ça avait été
sûr, le lendemain matin, j'aurais eu la réponse. Je suis rendu du
26 août presque au milieu de novembre, M. le Président, rien. Je
me pose encore des questions et je vous dis qu'il y a donc des choses
pressantes à faire que le ministre ne fait pas. (11 h 50)
Vous allez dire que je suis peut-être en dehors du sujet, de
l'objet dans lequel nous sommes, vous avez raison, M. le Président, mais
je sais que vous ne m'arrêterez pas parce que vous avez entendu les
discours des deux collègues, hier, qui parlaient d'autres choses que du
projet de loi. Mais je vous dis que c'est dans cette direction-là que le
ministre aurait pu aller. C'est dans cette direction que le ministre aurait pu
nous donner des réponses. Il a décidé d'agir autrement.
Alors, j'attendrai.
Je vous dirai que nous ne sommes pas contre le projet de loi dans son
ensemble parce que ça vient clarifier une petite erreur qui a
été commise, mais je vous dirai que nous sommes contre une partie
du projet de loi qui est celle
de la rétroactivité. Et je vous dirai enfin, M. le
Président, que nous sommes contre le fait que le ministre, dans
l'ensemble des dossiers qui concernent la forêt, continue, à mon
avis, à se traîner les pieds alors qu'il pourrait prendre de
belles décisions. L'économie de la forêt dans tout
l'ensemble des emplois directs et indirects, ne vous surprenez pas si je vous
dis que cette économie, elle est plus forte que l'agriculture. C'est la
première économie au Québec, 250 000 emplois en
dépendent. Vous vous imaginez la force que pourrait avoir un
gouvernement qui déciderait de faire en sorte que la forêt
privée, qui est la forêt habitée, reprenne la vigueur
qu'elle aurait dû avoir comme on a partout ailleurs maintenant et
qu'à ce moment-là, on pourrait mettre au travail
énormément de monde? Je vous donne juste un petit exemple.
Dans la forêt habitée, ce qu'on appelle la forêt de
banlieue, en termes d'hectares exploitables au niveau forestier,
intégrant le faunique, l'ensemble de toutes les possibilités,
chemins de villégiature, cueillette de fruits sauvages, simplement le
récréotouristique avec l'ensemble de la faune à
l'intérieur de tout ça, M. le Président, je vous donne...
Cette forêt-là représente une possibilité, si on la
remet en production, de 18 000 000 d'hectares. 18 000 000 d'hectares, M. le
Président, si j'en enlève 6 000 000 pour des possibilités
de choses que je n'exploite pas parce que c'est une réserve faunique,
une réserve forestière, une réserve écologique ou
c'est un parc, n'importe quoi, il en reste 12 000 000. Si je prends ces 12 000
000 et que je me donne un objectif de 2 mètres cubes par hectare, M. le
Président, et là, je me donne les moyens pour y arriver, 2
mètres cubes par hectare, ça donne 24 000 000 de mètres
cubes, 24 000 000 de mètres cubes de forêts
mélangées, j'en conviens, exploitées différemment
de la façon dont on l'exploite actuellement, faisant travailler du monde
qui revient coucher à la maison tous les soirs plutôt que
d'être dans des camps forestiers, donc éviter d'avoir des
problèmes de lieux nauséabonds, en termes de senteur ou
difficiles au niveau de la santé, sans douche, et des choses
semblables.
On en est là, M. le Président, à permettre à
ce moment-là, dans une forêt mélangée, d'obtenir
environ 26 000 000 de mètres cubes, ce que la forêt actuellement
produit pour l'ensemble des usines, peu importe l'utilisation feuillus,
déroulage, copeaux pour faire des panneaux gaufrés, des panneaux
agglomérés, ou les pâtes et papiers ou le sciage, environ
30 000 000 de mètres cubes annuellement. 30 000 000 de mètres
cubes annuellement, M. le Président, ça veut dire qu'on pourrait
utiliser la forêt lointaine, en haut d'un tel parallèle, par
rapport à la forêt proche et faire en sorte qu'on pourrait
même développer des choses, dans la mesure où on fait la
recherche et le développement de l'utilisation de ces morceaux de bois
qu'on dit actuellement des déchets. J'ai parlé d'huiles
essentielles, je peux parler aussi d'usines thermiques qui produisent de la
chaleur, de la vapeur et autres, cogénération dont on parle dans
certains cas, toutes sortes de formules qu'on n'envisage même pas
aujourd'hui parce que, la forêt ayant été toujours
considérée comme produisant ce dont on avait besoin, on ne s'en
est pas préoccupé comme société, mais de plus en
plus on veut s'en préoccuper.
Alors, M. le Président, il me semble qu'il y a beaucoup de
travail à faire dans ce sens-là. Le résultat de mes 12
rencontres à travers le Québec, 500 personnes, 50 mémoires
maintenant, parce que j'avais 35 mémoires qui étaient
rentrés à l'intérieur de mes rencontres, mais depuis ce
temps, je reçois. Même ce matin, je rencontrais quelqu'un qui est
venu me parler de travail forestier fait dans d'autres lieux, m'indiquant les
possibilités que la forêt avait. Alors, dans ce
contexte-là, M. le Président, il me semble que le travail du
ministre devrait s'orienter vers ça, mais on ne sent pas ce
désir, cette volonté politique de le faire. Parce que ce que les
gens disent du rapport de notre collègue de Beauce-Nord, dit le rapport
Audet, sur la forêt privée, c'est que c'est un catalogue de
beaucoup de choses. Si je suis un producteur privé, dans un regroupement
forestier appelé le RESAM ou un groupement forestier quelconque, je
trouve dedans ce que je veux. Si je suis un personnage du Syndicat des
producteurs de bois, je trouve ce que je veux. Je suis un coopérateur
dans la conférence des coopératives forestières, je trouve
ce que je veux. Quand je les mets cependant toutes ensemble et je dis:
Maintenant, est-ce qu'on est capables de faire tout ça? là, il y
a des contradictions qui apparaissent. Donc, il y a des orientations dedans qui
sont un peu floues, pas assez claires, et, d'un autre côté, ce qui
est évident, on n'a pas de volonté politique de l'appliquer et de
faire en sorte qu'on pourrait relancer l'économie régionale par
la forêt, qui est le premier plan possible au Québec pour
créer de l'emploi. Le premier secteur d'emploi important au
Québec, c'est la forêt et ses dépendances autour. La preuve
que vous avez: Matane est terminé. Le ministre m'a répondu qu'il
avait donné 300 000 $ pour faire des travaux sylvicoles et scier le bois
qui est là, mais une fois qu'il va être scié, parce que
c'est fini là, il m'a dit ça il y a une semaine, c'est
déjà fini dans bien des cas, toutes les usines satellites sont
fermées...
Dans ce contexte-là, ça veut dire que nous avons un
travail immense et important à faire. Je vais vous dire que, dans ce que
l'on prépare pour les usines de pâtes et papiers, on ne devra pas
oublier le producteur privé. Je vous mets en garde, je vous le dis
d'avance, ce n'est pas parce qu'il y a des représentants des syndicats
de travailleurs qu'on va oublier les travailleurs individuels qui sont les
producteurs privés. On va devoir tenir compte qu'actuellement l'usine
de
pâtes prend son profit au moment où le bois arrive et ce
profit, elle le distribue au moment où elfe vend sa tonne de papier,
sauf qu'il y a une partie de ce profit-là qui devait et devrait
appartenir à celui qui a préparé le bois. Si on
différenciait la partie exploitation forestière de la partie
transformation et qu'on donnait son crédit et sa possibilité
à la production, ce qu'on appelle l'exploitation forestière
d'avoir son propre profit, il est évident que nous aurions des gens
intéressés à défendre la forêt
québécoise.
Changements, donc, dans beaucoup de choses: Fonds forestier à
remettre en place, des moyens au niveau fiscal qui permettent aux gens d'avoir
le goût de le faire et de le faire réellement, et on se retrouvera
avec une forêt qui sera, à mon avis, M. le Président, en
meilleur état. Et, dans ce contexte-là, je vous dirai que si
j'avais eu l'occasion d'avoir des projets de loi comme ceux-là, j'en
aurais davantage parlé. Mais je me limite en vous disant que j'en aurai
l'occasion, je l'espère, parce que le ministre, s'il comprend notre
message, arrivera avec des projets beaucoup plus substantiels que celui qu'on a
devant nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Laviolette. Je rappelle aux membres de cette
Assemblée que nous en sommes à l'adoption du projet de loi 168,
Loi modifiant la Loi sur les forêts. Je reconnais M. l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Environnement et député de
Saguenay. M. le député.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir aujourd'hui que j'interviens en cette Chambre sur le projet de loi 168,
projet de loi qui, en soi, est très technique, mais qui sous-tend des
choses importantes à faire au Québec. Je pense, M. le
Président, que vous allez me permettre, dans un premier temps, puisque
c'est la première occasion que j'ai en cette Chambre de prendre la
parole sur un projet de loi du ministre des Forêts en 1991, depuis
l'ouverture de la session, de le remercier.
La Côte-Nord, comme tout le monde le sait, a vécu des
heures extrêmement difficiles au cours de l'été; 45 jours
sans pluie, les plus gros feux de forêts connus en Amérique du
Nord, 25 000 000 de mètres cubes de bois perdu, des populations
évacuées, des gens qui ont paniqué, d'autres qui ont pris
leurs responsabilités, toute la machine de protection, autant par le
ministre de la Sécurité publique, autant par le ministre des
Forêts au niveau de la Société de conservation, ils ont uni
leurs efforts pour sauvegarder, bien sûr, d'abord, les vies humaines et,
dans un deuxième temps, pour protéger notre héritage
national qui est la forêt, chez moi, sur la Côte-Nord.
M. le Président, dans un premier temps, j'aimerais remercier les
maires des municipalités, où l'incendie était aux portes,
de ne pas avoir paniqué, d'avoir été des maires
responsabilisés, des maires qui ont pris leurs responsabilités
pour leur population. J'aimerais aussi, bien sûr, remercier le ministre
de la Sécurité publique qui s'est particulièrement
attardé à protéger la population de mon comté. (12
heures)
J'aimerais aussi remercier le préfet de mon comté, M.
Georges-Henri Gagné, qui a coordonné une partie des
activités de sauvegarde de la population et qui l'a très bien
fait. Et, en dernier lieu, je voudrais remercier mon collègue, le
député fédéral et premier ministre du Canada qui,
lui aussi, a pris ses responsabilités avec le ministre des Forêts
et qui avait mis à la disposition de la population et du
ministère des Forêts tous les équipements
nécessaires qu'ils avaient en main, malgré le fait qu'ils fussent
un petit peu pauvres là-dessus, il faut le reconnaître.
M. le Président, lorsqu'une catastrophe comme ça s'est
produit chez moi arrive, on en voit de toutes les couleurs. Par exemple,
lorsqu'il fait noir à 13 heures pendant quatre ou cinq jours
consécutifs, ce n'est pas loin de la panique dans la population, et avec
raison parce qu'on n'est pas habitué de voir des choses comme ça.
Lorsqu'on voit des centaines de millions de dollars s'envoler en fumée,
ça fait mal au coeur. Dans une région comme la mienne, où
à peu près 80 % des emplois dépendent de la forêt,
ça fait mal au coeur. Ça fait mal au coeur aussi de voir des
propriétaires de pourvoirie, toute leur entreprise rasée par les
flammes. Ça fait mal au coeur de voir tout ce bel argent du
Québec partir en fumée; des emplois qui se sont envolés en
fumée. Mais qu'est-ce qu'on doit faire lorsque cela se produit? Je pense
que c'était la première fois, au Québec, que ça
arrivait d'une pareille ampleur. C'est là que, contrairement à ce
que le député de Laviolette vient affirmer en cette Chambre, nous
avons vu toute l'efficacité du ministre des Forêts, toute sa
disponibilité et toute sa compétence également. C'est bien
beau de parler de forêt, mais il faut d'abord dans la vie savoir de quoi
on parle. La population nord-côtière a été en mesure
de constater que le ministre des Forêts savait, lui, de quoi il parlait.
Il savait, lui, comment agir. Et ça, je pense que c'est tout à
l'honneur du gouvernement du Québec d'avoir un ministre qui a cette
connaissance.
Bien sûr, ces paroles ne feront pas repousser les arbres. Par
contre, j'ai entendu une énormité tantôt que, pour faire
pousser des arbres, il ne fallait pas nécessairement les planter.
Écoutez, j'ai 46 ans, M. le Président, je veux bien encore
apprendre, mais comment peut-on m'expliquer comment on le fait, si on ne fait
pas pousser des arbres? Il y a deux façons de faire pousser des arbres:
par la régénération naturelle et par le reboisement.
Alors, si ces
deux façons-là n'existent pas, j'aimerais bien que le
député de Laviolette vienne m'expliquer, lui, comment il va faire
pousser des arbres.
M. le Président, ça me rappelle un article que j'avais
hier, sur le Marie-Clarisse, où on disait que ça prendrait
l'intervention des astrologues pour créer des emplois au Québec.
J'imagine, M. le Président, que, dans le même cas, ça
prendrait l'intervention d'un astrologue pour faire planter des arbres. En tout
cas. De toute façon, je ne m'attarderai pas là-dessus, M. le
Président. Mais, lorsqu'on entend des choses comme ça à
l'Assemblée nationale...
Je vois le député de Jonquière qui fait ce que
certains collègues font en cette Chambre et qui sont obligés de
présenter des excuses. Je le dis avec le sourire parce que j'ai beaucoup
d'amitié pour mon collègue de Jonquière. Je sais qu'il
n'endosse d'aucune façon les propos, par exemple, que la
députée de Chicoutimi a tenus en cette Chambre, hier, parce
qu'elle, elle parlait à travers son chapeau et lui sait au moins de quoi
il parle. Je sais aussi qu'il n'endosse pas les propos tenus par le
député de Laviolette. C'est pour ça que je le
félicite d'être ici.
M. le Président, la forêt québécoise, c'est
avant tout l'héritage que nos ancêtres nous ont laissé.
Trop longtemps - et le député de Laviolette, là-dessus,
j'étais d'accord avec lui - les gouvernements ne s'en sont pas
occupés, particulièrement le sien, lorsqu'il était
ministre délégué aux Forêts. Et là, je suis
d'accord avec lui et j'accepte ses excuses qu'il a proposées tout
à l'heure au ministre des Forêts.
M. le Président, la forêt québécoise, on l'a
prise en bien mauvaise santé, en 1985. On l'a prise en très
mauvaise santé parce qu'on n'avait que des énoncés de
politique, mais des énoncés de politique sur le terrain,
ça fait quoi? Ça ne fait rien. Je suis d'une région, M. le
Président, où, particulièrement, le gouvernement du
Québec s'est impliqué dans un endroit, dans une région au
Québec, où on était la seule forêt
excédentaire au Québec, le seul endroit où on coupait
moins d'arbres qu'on n'en produisait. Aujourd'hui, bien sûr, avec la
catastrophe qui nous est arrivée, le bon Dieu s'est chargé
d'équilibrer certaines choses, n'en déplaise aux non-croyants,
mais moi, j'y crois. Mais il reste une chose, c'est qu'au cours des prochains
mois, des prochaines années...
Le ministre des Forêts va annoncer dans quelques semaines un plan
de redressement des forêts perdues. Comment activer son reboisement,
comment récupérer les bois qui ont été
brûlés, ceux qui sont encore récupérables? Comment
aussi - et j'espère qu'il l'annoncera prochainement - va-t-il venir en
aide aux entreprises forestières qui ont dû doubler et quadrupler
leurs chemins forestiers? Comment aussi faire la redistribution des nouveaux
contrats d'aménagement des approvisionnements? M. le Président,
lorsqu'on perd 25 000 mètres cubes de bois dans une région,
ça ne prend pas un spécialiste pour dire qu'il va manquer de bois
quelque part dans nos entreprises, que ce soit à la Scierie des
Outardes, que ce soit à la Q. et O., que ce soit à la Scierie
Beaulieu, que ce soit à Kruger, que ce soit à Daishowa, Scierie
Forestville, Boisaco. Le ministre a tout un travail sur la table de
redistribuer des bois à ces entreprises qui ont été
frappées durement par cet incendie.
M. le Président, l'incendie a coûté
énormément cher aux gens de la Côte-Nord et au
Québec, mais ce qui me fait le plus de peine, c'est qu'une mauvaise
presse, des mauvaises déclarations qui ont été faites ont
coûté encore plus cher à la Côte-Nord que l'incendie
forestier. Si les journalistes étaient imputables devant
l'Assemblée nationale, il y aurait une facture, quant à moi, qui
serait envoyée à Louis Lemieux de Radio-Canada. M. le
Président, lorsqu'une région est aussi durement frappée,
qu'on ait au moins la décence de respecter ses citoyens.
Il y a quelques semaines, une semaine à peine... M. le
Président, je sais que vous allez me permettre encore une minute parce
que c'est important pour les gens de la Côte-Nord et c'est important pour
les membres de l'Assemblée nationale. Quand je vois l'annonce de la
compagnie GM, de ses petits pick-up, dans l'incendie de la Côte-Nord,
ça me fait mal au coeur. Comment une compagnie aussi respectable
peut-elle autant s'abaisser devant le malheur des gens? C'est inacceptable, M.
le Président, et je me propose d'indiquer à cette même
compagnie que ses concepteurs de publicité ont voulu profiter du malheur
des gens de chez nous pour vendre des automobiles alors qu'on sait que, dans
les incendies qu'on a vécus, 1700 degrés de chaleur se
dégageaient, et, M. le Président, c'était loin
d'être heureux pour la population de chez nous et je vous garantis que
les petits pick-up de GM auraient fondu comme du papier. C'est de valeur qu'il
ne me reste plus de temps, M. le Président, parce que les gens de la
Côte-Nord, par moi-même ici, auraient beaucoup d'autres choses
à ajouter là-dessus, mais je reviendrai la semaine prochaine.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saguenay. Nous en sommes toujours à
l'étude de l'adoption du projet de loi 168, Loi modifiant la Loi sur les
forêts, et je cède la parole au député de
Saint-Maurice. M. le député.
M. Yvon Lemire
M. Lemire: Merci beaucoup, M. le Président. Comme on le
sait, l'industrie forestière, comme le disait mon collègue,
revêt une importance capitale pour notre économie, tout le monde
le sait, parce que plus de 100 municipalités du Québec, M. le
Président, dépendent essentiellement de cette industrie. Nos
usines de transfor-
mation de bois fournissent à elles seules des centaines de
milliers d'emplois directs et indirects. Alors, protéger nos ressources
et notre environnement, c'est protéger l'industrie forestière. Et
accorder une grande importance à l'industrie forestière, c'est
protéger notre économie. (12 h 10)
C'est conscient de cette réalité que le gouvernement
libéral du Québec a élaboré un projet de loi
concernant les forêts. Il s'agit, en effet, du projet de loi 168
modifiant la Loi sur les forêts. Globalement, cette nouvelle loi a pour
objet de modifier la loi actuelle sur les forêts afin de confirmer le
pouvoir du gouvernement de percevoir un intérêt à
l'égard de tout solde impayé sur les droits exigibles.
Également, M. le Président, ce projet de loi modifie les
règles d'admissibilité pour l'obtention d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers dans le cas de
l'acquisition d'une usine à l'égard de laquelle des droits
exigibles n'auraient pas été complètement payés.
Voilà qui résume assez bien l'essentiel du projet de loi
modifiant la Loi sur les forêts présenté par le ministre
Albert Côté, le ministre des Forêts.
J'aborderai donc, pendant les quelques minutes, qui me sont
allouées, le contenu du projet de loi dont il est question en ce moment,
pour ensuite dire quelques mots sur l'industrie forestière. À mon
avis, M. le Président, comme le disait le député de
Laviolette, c'est toujours important pour tous les citoyens du Québec
qu'on puisse parler de l'industrie forestière au Québec pour
mieux comprendre l'importance de cette industrie pour notre économie. La
forêt est une de nos richesses; c'est un bien qui est très connu
de tous nos citoyens, mais encore faut-il la préserver ou en prendre
soin pour qu'elle puisse encore exister pour les générations qui
nous succéderont. C'est donc en ayant à l'esprit cette vision des
choses, M. le Président, que notre gouvernement a établi les
mesures contenues dans le projet de loi 168, modifiant la Loi sur les
forêts, et voici d'ailleurs les détails de certaines de ces
mesures.
Tout d'abord, M. le Président, je crois qu'il serait à
propos de faire un bref historique et ainsi mentionner que c'est la Loi sur les
forêts, entrée en vigueur le 1er avril 1987, qui a permis la mise
en place d'un nouveau régime forestier s'appuyant, entre autres, sur
l'exécution de contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestiers par des entreprises, ceci afin de garantir le rendement soutenu de
la forêt, et principalement la forêt dans le domaine public. D'une
durée de 25 ans, ces contrats donnent à leurs
bénéficiaires le droit d'obtenir annuellement un permis
d'intervention. Ce permis, M. le Président, donne aux
bénéficiaires l'autorisation de récolter le volume de bois
nécessaire à l'approvisionnement de leurs usines de
transformation.
Par ailleurs, le bénéficiaire d'un contrat doit payer des
redevances au gouvernement en fonction du volume qu'il récolte. Aussi,
pour que les bénéficiaires respectent cette obligation de payer
des redevances, la loi prévoit l'émission de permis
d'intervention uniquement lorsque les droits ont tous été
acquittés. Par contre, la loi actuelle ne prévoit pas de mesures
garantissant le paiement des droits non acquittés et c'est une des
raisons pourquoi le ministre des Forêts a décidé, quand il
y a changement, par exemple, de personnes, d'exploitants d'une usine faisant
l'objet d'un contrat d'approvisionnement ou d'aménagement forestiers, il
faut changer la personne, donc il faut changer la façon de corriger pour
être capable d'aller chercher l'argent des redevances.
Habituellement, lorsqu'une situation semblable se produisait, le
ministre responsable du dossier informait l'acquéreur des sommes dues au
gouvernement. Et lorsque ces mêmes sommes ne sont pas totalement
acquittées avant l'émission du nouveau contrat, le vendeur et
l'acquéreur concluent normalement une entente. Cette dernière
prévoit donc, dans cette nouvelle entente, les modalités de
remboursement qui permettent au gouvernement de percevoir - je dis bien, M. le
Président - immédiatement son dû, sans pour autant mettre
en péril l'avenir de l'usine. Jusqu'à présent, les
entreprises ont toujours rempli ces exigences mais, il faut bien le mentionner,
les risques encourus par l'État, de perdre des revenus, sont tout de
même présents.
Bien entendu, M. le Président, lorsque le cas se présente,
le ministre a le pouvoir de retarder l'émission d'un nouveau permis
d'usine, ce qui constitue une condition indispensable à l'octroi d'un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, tant et aussi
longtemps que les sommes d'argent qui sont dues sont demeurées
impayées. Mais quoi qu'il en soit, lorsque tel geste est posé,
cela suppose des pertes d'argent qui, dans bien des cas, peuvent
dépasser les sommes qui sont dues. C'est techniquement difficile
à comprendre, mais cela risque donc de produire un impact négatif
sur l'économie et sur l'état des finances publiques.
Donc le seul recours qui demeure possible est le recours judiciaire, M.
le Président, qui relève des droits communs. Mais, il faut le
dire, M. le Président, ce recours implique dans bien des cas des
délais très importants. Alors, c'est en étudiant
attentivement les effets causés par une telle démarche et la
possibilité d'améliorer le système en place que le
gouvernement du Québec, en gestionnaire responsable avec son
ministère des Forêts, en est venu à la conclusion de
modifier l'article 37 de la Loi sur les forêts. Concrètement, cela
permet de confirmer la condition pour pouvoir adhérer à un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestiers. Cette
modification précise donc qu'une personne qui acquiert une usine faisant
ou ayant fait
l'objet d'un contrat d'approvisionnement ou d'aménagement
forestiers ne devient admissible que si les droits exigibles des
bénéficiaires de ce contrat ont entièrement
été payés. Ainsi, M. le Président, la modification
de l'article 37, que propose ce projet de loi, complète les
règles d'admissibilité à l'octroi d'un contrat
d'appro-vionnement et d'aménagement en forêt, de manière
à éviter que l'État ne subisse des pertes
financières et des poursuites judiciaires qui sont très longues
et très onéreuses.
J'aimerais également mentionner, M. le Président, surtout
pour le bénéfice des membres de l'Opposition, que cette mesure
légale contenue dans le projet de loi 168 n'implique aucune ressource
financière additionnelle pour le gouvernement du Québec. En
revanche, elle évitera des pertes potentielles de revenu. Comme nous le
savons, l'industrie forestière, sans ses ressources et son
environnement, sans la protection de toute la santé de l'industrie, sans
cela, la forêt québécoise... Sans que cela ait des
répercussions négatives sur l'avenir de nos enfants, on doit
s'orienter principalement, et comme on l'a dit depuis quelques mois et quelques
années, vers des développements durables de nos forêts et
voici les grandes lignes.
Je voudrais peut-être, M. le Président, vous en souligner
une. Notre gouvernement a établi durant son premier mandat un nouveau
régime forestier qui incluait des programmes de reboisement,
l'accroissement de tout le nombre de plants. Par exemple on a augmenté,
et mes collègues l'ont dit à quelques reprises, de 153 % le
nombre de plants de reboisement, c'est-à-dire à
l'intérieur de nos terres depuis 1989. Et je dois dire aussi que notre
gouvernement, par le ministre des Forêts, a décidé de viser
à la rationalisation de l'exploitation forestière pour assurer le
maintien de l'industrie et garantir son développement.
M. le Président, on le sait, le Québec
bénéficie de plusieurs ressources naturelles, dont la
forêt. Nous sommes privilégiés et nous sommes une
région privilégiée chez nous, au Centre-Mauricie, parce
que nous vivons, nous avons un grand nombre d'emplois dans le domaine
forestier. Nous avons été plusieurs années... On a
souligné la région de la Mauricie, par exemple,
Trois-Rivières, la capitale mondiale du papier, du papier journal.
Ainsi, dans nos objectifs de rationalisation, nos ressources
forestières et de protection de l'environnement, nous devions orienter
nos politiques vers le développement de nouvelles technologies, et c'est
ce que nous avons fait, M. le Président. (12 h 20)
Récemment, le ministre des Forêts et le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie ont annoncé la
création d'un comité. Vous le savez, M. le Président, et
je pense que les gens de l'Opposition, on vit présentement une
période difficile et critique dans le domaine des forêts, et c'est
une raison pourquoi il y a une table de concertation, une table de travail, qui
est composée de la FTQ, de la CSN, de notre ministre des Forêts,
du ministre de l'Industrie, qui sont en train d'essayer de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez
dépassé votre temps d'une minute. Est-ce qu'il y a consentement?
Il y a consentement pour une minute de plus? S'il y a consentement...
Consentement? Vous pouvez poursuivre, M. le député.
M. Lemire: Je voudrais vous dire, M. le Président, ma
préoccupation, la préoccupation de notre gouvernement et
l'inquiétude des gens de notre milieu par rapport à ce que vivent
présentement nos industries dans le domaine des pâtes et papiers.
C'est pour ça, M. le Président, que les quelques minutes que vous
m'accordez sont importantes pour les gens de notre région.
Aujourd'hui, ce que je veux souligner, c'est que notre gouvernement est
sensibilisé aux problèmes que nous vivons et je dois remercier le
ministre des Forêts qui, ici, aujourd'hui, nous permet de corriger
certaines clauses du projet de loi, c'est-à-dire le projet de loi 168.
Je dois souligner, en terminant, M. le Président, qu'au cours de la
semaine qui vient, mardi soir, le ministre des Forêts sera dans la
Mauricie pour venir nous expliquer, venir entendre les préoccupations
des gens de mon comté.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. Alors, nous sommes toujours sur
l'adoption du projet de loi 168, Loi modifiant la Loi sur les forêts, et
je cède la parole au député de Jonquière. M. le
député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. J'avais presque regret
d'avoir accordé mon consentement à la fin du petit exposé
du député de Saint-Maurice puisque... Moi, j'appelle ça
l'art de compliquer des choses simples. Je pense bien qu'on n'aura pas à
chercher midi à quatorze heures pour expliquer, à l'Opposition,
c'est quoi un projet de loi de quatre articles.
M. Bélisle: Tu viens de me dire que tu ne l'as pas lu!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le député de Mille-Îles, vous connaissez très
bien le règlement. Vous savez que la parole est au député
de Jonquière et je vous demanderais votre collaboration afin que je
puisse bien entendre le député de Jonquière.
M. Dufour: On va essayer d'expliquer en mots simples. Vous savez,
M. le Président, que
lorsque les gens coupent du bois en forêt ils ont des droits de
coupe à payer. C'est essentiellement pour permettre au ministère
d'aller chercher ces droits. Quelqu'un qui achète une usine, s'il y a
des droits qui sont impayés, il faut les faire payer. Ce n'est pas bien
compliqué, ça. C'est très très simple. Dans les
discours, j'entends: Lui, il connaît ça, en parlant du ministre
des Forêts. Et nous autres, on ne connaît pas ça. C'est une
vieille publicité qu'on a vue à la télévision
pendant quelques mois. Je pense bien que les auditeurs ou les gens qui
écoutent ce qui se dit ici ne sont pas intéressés à
savoir si lui connaît ça et si nous, on ne connaît pas
ça. Je pense que c'est une question qui est très simple, qui est
fondamentale. C'est important qu'on s'occupe de la forêt.
C'est une industrie qui donne beaucoup d'emplois, c'est l'industrie
numéro un au Québec. À ce moment-là, on ne peut pas
nous blâmer de nous en occuper. Mais, actuellement, ce problème de
droit de coupe ne donne pas un arbre de plus, au moment où on se parle.
Ça ne donne pas un emploi de plus. C'est pour l'avenir et en même
temps pour la santé financière du gouvernement qui n'en finit
plus de percevoir des taxes et des droits un peu partout, et c'est dans la
même continuité.
Ce qu'on essaie de vous faire comprendre ou de faire comprendre au
gouvernement, c'est que, si on doit s'occuper de la forêt, on doit
s'occuper aussi de l'avenir de nos travailleurs. Actuellement, c'est le
problème fondamental, et je pense qu'il faut en profiter, lors de
l'étude d'un projet de loi semblable, pour sensibiliser le ministre et
probablement plutôt le gouvernement vis-à-vis de ce qui se passe
sur le terrain.
Les compagnies de fabrication de pulpe et de papier, qu'on appelle
communément les papeteries, sont en difficulté. Même si le
député de Mille-Îles fait des gorges chaudes ou a envie de
sourire, je ne me préoccuperai pas de ça. Je peux vous dire qu'on
a, dans mon comté, une des plus vieilles papeteries au Québec,
l'Abitibi-Price. Ça a commencé par Price et c'est devenu
Abitibi-Price. Ces préoccupations sont, pour le député,
objet d'anxiété et d'inquiétude puisqu'on va perdre,
possiblement, 400 emplois. On parle d'un investissement possible de 500 000 000
$, de 564 000 000 $ plus précisément, pour conserver 500 emplois.
Ce qui veut dire que l'usine qui employait 1300 personnes ou 1300
employés va descendre à 500 employés, même avec un
investissement de 564 000 000 $. Donc, le problème, chez nous, ce n'est
pas un problème d'approvisionnement, ce n'est pas un problème de
coupe, c'est essentiellement un problème de survie d'usine et de
marché. C'est ça. J'espère que le ministre des
Forêts est conscient que, s'il n'y a pas de préoccupation ou s'il
n'y a pas d'intervention, il sera difficile pour les compagnies, actuellement,
de survivre.
C'est ça qui se passe. On a beau parler de
Matane, qu'on parle de Port-Cartier, qu'on parle de la Mauricie, qu'on
parle du Saguenay - Lac-Saint-Jean, toutes les usines, actuellement, de
pâtes et papiers sont en danger. Et ce n'est pas chez nous un
problème d'approvisionnement. Donc, moi, j'implore ou je supplie le
ministre des Forêts d'aller un peu plus loin dans sa recherche et dans sa
préoccupation. Quand on l'entend palier, des fois on ne sent pas cette
sensibilité nécessaire dans un temps de crise dans lequel on vit
actuellement et on ne sent pas de réponse à ce qui se passe sur
le terrain. Et ça, je pense que c'est inquiétant. C'est
inquiétant parce que la politique du laisser-faire, ça ne peut
pas marcher. Ça va finir. On lance n'importe quoi mais ça va
finir par s'arranger.
J'ai eu l'occasion justement la semaine dernière de parler avec
un ministre de ce gouvernement qui me disait: II n'y a pas de problème
à Jonquière; 170 emplois, il n'y a rien là. Ça va
s'arranger. Comment, il n'y a rien là? Les meilleurs emplois en usine,
40 000 $ à 50 000 $ par année et environ 15 000 $ à 20 000
$ de plus pour les bénéfices marginaux et autres. Des emplois de
70 000 $, il n'y a rien là? Un ministre vient me dire ça: II n'y
a rien là. 70 000 $ multipliés par 170 plus les emplois
indirects, c'est 1000 emplois à peu près qu'on a perdus dans 15
jours dans notre coin et il n'y a rien là. Et vous pensez que, comme
députés... Ce n'est pas parce qu'on est dans l'Opposition qu'on
n'a pas ces préoccupations-là et qu'on n'est pas inquiets.
Moi, je pense qu'il y a une question fondamentale là-dessus et le
ministre des Forêts doit s'en préoccuper, pas seulement à
savoir si on doit percevoir des droits mais aller un peu plus loin: conserver
la forêt, oui. S'occuper aussi de la forêt privée,
certainement. Mais lorsque quelqu'un de mon parti ou le porte-parole officiel
de l'Opposition, M. le député de Laviolette, parie de la
forêt privée, je pense qu'il sait de quoi il parle. Il a
passé deux mois à parcourir la province, à questionner et
à s'interroger auprès des intervenants, plus de 500 intervenants,
et il a sûrement mis le doigt sur le bobo. J'espère que cette
démarche permettra au ministre des Forêts d'aller un peu plus
loin, de présenter des projets de loi et, surtout, je veux lui faire
sentir qu'actuellement les industries de pâtes et papiers sont en danger.
Ce n'est pas une question d'approvisionnement dans bien des endroits, ça
doit faire l'objet de sa préoccupation et son devoir, c'est d'intervenir
au plus vite. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Bélisle: M. le Président, en vertu de l'article
213...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu
de l'article 213, M. le député.
M. Bélisle: ...une courte question à l'intention du
député de Jonquière, s'il me le permet.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que le
député de Jonquière permet au député de
Mille-Îles de lui poser une brève question et d'y apporter une
brève réponse en vertu de l'article 213? Consentement, M. le
député.
M. Bélisle: M. le Président, pour soutenir les
marchés, est-ce qu'un gouvernement du Parti québécois
subventionnerait le prix de la pâte en ce moment?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, par rapport à cette
question, il faut bien faire comprendre au député de
Mille-Îles que ça fait six ans qu'il gère le Québec,
qu'il gère l'administration du Québec et il aurait dû,
avant de poser une question, savoir si, lui, il a sa propre solution.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jonquière.
Alors, il est midi et demi. Est-ce que vous voulez faire une
réplique? Si vous voulez faire une réplique, je vais reporter...
Je vais suspendre les travaux compte tenu de l'heure jusqu'à 14 heures
cet après-midi, à moins qu'il n'y ait un consentement pour
permettre au ministre de faire une réplique. Vous voulez exercer votre
droit de réplique. Est-ce qu'il y a consentement? Il n'y pas de
consentement.
Alors, les travaux de cette Assemblée, compte tenu de l'heure,
sont suspendus jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants. Je vous
remercie. Veuillez vous asseoir.
Avant de débuter nos travaux cet après-midi, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce m'a demandé de lui
céder la parole pour une brève intervention. Je lui cède
donc la parole. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Excuses du député de
Notre-Dame-de-Grâce relativement à un incident survenu en
Chambre
M. Atkinson: Merci, M. le Président. Mr. Speaker, I take
this opportunity afforded to me to formally apologize to the Chair, to the
House and to the honourable Member for Westmount for my scatological gesture
yesterday, during the vote in this House. If I have, in any way, offended you,
Mr. Speaker, this House or the Member for Westmount, my sincere contrite
chastened abject apology. Thank you, Mr. Speaker.
Le Président: Alors, je vous remercie, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article a du feuilleton.
Projet de loi 173
Le Président: À l'article a du feuilleton, M. le
ministre du Tourisme présente le projet de loi 173, Loi modifiant la Loi
sur la Régie des installations olympiques. M. le ministre du
Tourisme.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Ce projet de loi
modifie la Loi sur la Régie des installations olympiques. La Loi sur la
Régie des installations olympiques est modifiée par l'insertion,
après l'article 23, du suivant: "23.1 Malgré le deuxième
alinéa de l'article 23, la Régie peut, selon les modalités
que peut déterminer le gouvernement, céder à la ville de
Montréal les installations mobilières et immobilières
situées sur les immeubles décrits à l'annexe A et
désignées sous le nom de Centre Paul-Sauvé et celles du
Biodôme, autrefois appelé le Vélodrome olympique,
situées dans le quadrilatère visé au premier alinéa
de l'article 13."
La présente loi entre en vigueur lorsque sanctionnée par
cette Assemblée.
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article b du feuilleton.
Projet de loi 170
Le Président: À l'article b du feuilleton, M. le
ministre du Revenu présente le projet de loi 170, Loi sur la taxe de
vente du Québec et modifiant diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal. M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie M. Savoie: Merci, M. le Président. Je
dépose
le projet de loi 170 qui concrétise la deuxième
étape de la réforme des taxes à la consommation du
Québec en assurant, principalement, l'harmonisation de la TVQ à
la TPS. Ce projet de loi donne suite aux déclarations du ministre des
Finances du 30 août et du 19 décembre 1990, ainsi que du 24
octobre 1991, au discours sur le budget du 2 mai 1991, ainsi qu'aux documents
techniques, communiqués et bulletins d'information publiés par le
ministère des Finances concernant la réforme de la taxe de vente
du Québec.
Dans son titre premier, le projet de loi impose la taxe de vente du
Québec. A cette fin, il prévoit les définitions et les
règles d'interprétation nécessaires à l'application
des dispositions prévues; il détermine les règles
relatives à l'imposition de la taxe; il précise quelles sont les
fournitures exonérées ou détaxées; il introduit
ensuite les dispositions relatives au remboursement de la taxe sur
l'intrant.
Dans ses titres deuxième et troisième, le projet de loi
reprend les dispositions relatives à la taxe spécifique sur les
boissons alcooliques et à la taxe sur les primes d'assurance.
Dans son titre quatrième, il incorpore les mesures relatives
à la taxation des paris mutuels et, par ailleurs, à son
cinquième titre, le projet de loi modifie neuf lois fiscales.
Finalement, dans ses autres titres, le projet de loi prévoit les
dispositions transitoires, le pouvoir d'édicter des règlements,
diverses dispositions complémentaires et certaines règles de
nature technique.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Maintenant, dépôt de documents. M. le leader adjoint du
gouvernement, au nom de M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
Dépôt de documents
Rapport annuel de la Régie des marchés
agricoles et alimentaires
M. Johnson: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1990-1991 de la Régie des
marchés agricoles et alimentaires du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
ministre de la Justice.
Rapport annuel du Fonds d'aide aux recours
collectifs
M. Rémillard: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur
de déposer le rapport annuel 1990-1991 du Fonds d'aide aux recours
collectifs.
Le Président: Ce rapport est également
déposé.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. Mme la
vice-présidente de la commission de l'aménagement et des
équipements et députée de Mégantic-Compton.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 163
Mme Bélanger: M. le Président, je dépose le
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements qui
a siégé le 6 novembre 1991 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 163, Loi modifiant la
Loi sur la publicité le long des routes. Le projet de loi a
été adopté.
Étude détaillée du projet de loi
167
Je dépose aussi le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a siégé le 5
novembre 1991 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 167, Loi modifiant la Loi sur le
camionnage et le Code de la sécurité routière. Le projet
de loi a été adopté.
Le Président: Ces deux rapports sont
déposés.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le
député d'Ungava.
Dépôt de pétitions
Assurer le respect des principes
gouvernementaux
devant servir au prochain plan de
réaménagement
des approvisionnements forestiers des régions
du
Nord du Québec et de
l'Abitibi-Témiscamingue
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 870 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du comté
d'Ungava.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant que le
gouvernement du Québec doit appliquer rigoureusement les cinq principes
fondamentaux émis par l'honorable ministre des Forêts, devant
servir au prochain réaménagement des approvisionnements
forestiers touchant la région Nord du Québec et
Abitibi-Témiscamingue, à savoir que chaque usine doit disposer
d'un volume suffisant à sa rentabilité; que l'approvisionnement
doit être le plus près possible des usines; qu'on doit
éviter des mouvements de bois qui peuvent choquer la population; que
l'aménagement des forêts nordiques doit être
simplifié; que les contrats modifiés devront respecter davantage
la possibilité forestière sur le terrain;"
Et l'intervention réclamée se résume ainsi: "Que le
réaménagement des approvisionnements de la région Nord du
Québec s'opère en conformité avec lesdits principes
gouvernementaux;
"Que l'on réserve les bois au nord de la ville de Matagami pour
leur usine et projets futurs, d'autant plus que ladite usine de sciage est
l'une des plus modernes au Québec et la mieux positionnée pour
faire une première transformation rentable de cette ressource; "Que l'on
propose un réaménagement par échange des
approvisionnements nordiques des scieries du sud contre les approvisionnements
du sud de J.E. Therrien, le nord de J.E. Therrien étant
réservé à Matagami; "Que l'on s'oppose à toute
subvention directe et indirecte aux usines du sud, compte tenu que les
expériences récentes démontrent hors de tout doute la
non-rentabilité à transporter et transformer le bois du nord
à plus de 200 km au sud; "Que la compagnie Domtar démontre une
ouverture sérieuse pour la négociation avec les intervenants
concernés d'un plan de relance de leur usine matagamienne, que celle-ci
soit à vendre ou non."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Je voudrais cependant vous aviser dès maintenant qu'après
la période de questions sera tenu un vote reporté sur le rapport
de la commission du budget et de l'administration qui a procédé
à l'étude détaillée du projet de loi 162, Loi sur
les frais de garantie relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux.
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales des députés. Je vais
reconnaître en première question principale Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Politique du gouvernement en matière de
main-d'oeuvre et de formation professionnelle
Mme Harel: M. le Président, hier, au Forum pour l'emploi,
le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle brillait par son absence. Il y a deux ans,
lors du lancement du forum, il avait été pas mal plus
éloquent. Il annonçait, dans les 12 mois, un sommet sur
l'investissement dans les ressources humaines, un livre vert sur l'adaptation
de la main-d'oeuvre québécoise plus un programme de promotion et
de sensibilisation à la formation professionnelle, plus la
révision du mandat des commissions de formation professionnelle, plus la
préparation d'un régime d'apprentissage, plus un processus de
reconnaissance des compétences professionnelles. Il avait même
pris soin de bien préciser que les mots "formation professionnelle"
venaient d'être ajoutés au nom de son ministère et d'aucun
autre.
Le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle reconnaît-il que, depuis deux ans,
absolument rien n'a bougé de ce qu'il avait annoncé, mais que
depuis deux ans, les programmes de formation professionnelle administrés
par Québec pour les adultes ont connu une baisse de 47 000 participants?
(14 h 20)
Des voix: Bravo! Très bien.
Le Président: M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. Bourbeau: Non, M. le Président, je ne reconnais pas
cela. Ce que je peux dire, c'est que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve en a oublié dans sa liste d'épicerie. J'ai
aussi dit, il y a un an et demi, lorsque le gouvernement a fait connaître
sa stratégie d'adaptation au libre-échange, qu'en plus de ce que
vient de dire la députée nous étions aussi pour regrouper
nos programmes et les simplifier. Au moment où on se parle, c'est en
train d'être fait. Plutôt que d'avoir des dizaines de programmes,
on en aura quatre à partir de l'année qui vient. C'est un
regroupement et une simplification assez remarquables, je dois le dire.
Pour ce qui est de mon absence au Forum pour l'emploi, la raison est
bien simple: Je n'ai pas été invité et je n'ai pas
l'habitude d'imposer ma présence. Mais c'est normal, c'est un forum qui
regroupe des intervenants autres que le gouvernement.
Je dois dire cependant, M. le Président, que nous avons
accepté, encore cette fois-ci, de subventionner d'une façon
importante le Forum pour l'emploi et j'ai cédé de nouveau
à la demande des dirigeants de venir en aide au forum parce que je crois
que c'est une initiative extrêmement importante pour l'avenir du
Québec.
D'autre part, M. le Président, le sommet dont on avait
parlé, je crois qu'il se tient d'une autre façon, puisque nous
avons réuni au sommet les dirigeants du monde patronal et du monde
syndical non pas une seule fois, mais dans la conférence permanente sur
la main-d'oeuvre qui se réunit à tous les mois. Le document
d'orientation "La politique québécoise" devrait être connu
d'ici à quelques semaines.
M. le Président, je peux continuer sur les autres points si la
députée m'en donne la chance.
Une voix: Bravo André!
Le Président: Alors, question complémentaire.
Mme Harel: M. le Président, avec le con-
sentement, puis-je déposer la liste des participants par
région pour chacun des programmes de formation et de qualification
professionnelles pour l'année 1990-1991, 1989-1990, ce qui,
malheureusement, nous permet de constater cette baisse de participation?
Une voix: Oui.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
Une voix: Oui.
Le Président: II y a consentement. Très bien.
Alors, le document est déposé. Votre question.
Mme Harel: Alors, M. le Président, est-ce que le ministre
peut s'engager en cette Chambre, cet après-midi, à déposer
dans les délais prévus, c'est-à-dire pour le 15 novembre,
l'énoncé de politique de main-d'oeuvre qu'il a partout promis et
le projet de société québécoise en matière
de main-d'oeuvre qu'il a également promis? Et, entend-il, demain, lors
de sa rencontre avec le ministre Valcourt, son homologue, protester
auprès du ministre Valcourt de la lettre qui lui a été
adressée par le directeur d'Emploi et Immigration pour le Canada et qui
l'invite à plus de discernement? Entend-il faire valoir que c'est
humiliant pour le Québec, une lettre semblable, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, quant à la lettre du
fonctionnaire fédéral qui m'a écrit sur le sujet, je lui
ai fait répondre par un de mes attachés politiques. Je pense que
ça répond à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
D'autre part, pour ce qui est de la politique du gouvernement
québécois en matière de main-d'oeuvre, vous conviendrez
avec moi qu'on ne met pas au point un document d'orientation semblable surtout
quand le Québec n'a jamais eu une telle politique depuis 20 ans. On ne
met pas ça au point en quelques jours ou en quelques semaines. Nous
travaillons là-dessus depuis de très nombreux mois et, tel que je
l'ai dit, j'ai l'intention, au cours des prochaines semaines, de déposer
le document. Je n'ai jamais dit que je le déposerais pour la date du 15
novembre. J'ai simplement dit dans le passé que j'avais l'intention de
déposer cette politique-là, de proposer au gouvernement un projet
de société québécoise de développement de la
main-d'oeuvre. Je n'ai jamais dit que je déposerais non plus le projet
de loi pour le 15 novembre. De toute façon, autant le document
d'orientation que le projet de société québécoise
font partie du document et les deux sujets devront faire l'objet d'une large
consultation. Cette consultation-là, bien sûr, ne pourra pas se
tenir avant noël. donc, elle devrait se tenir en début
d'année 1992, d'où l'impossibilité de faire adopter un
projet de loi pour noël.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre sait
que ses atermoiements, ses hésitations créent un climat
d'incertitude extrême en matière de formation professionnelle?
M. Jolivet: C'est ça.
Mme Harel: Est-ce qu'il n'en a pas assez de se lamenter de
l'indécente invasion, de l'aberrante ingérence d'Ottawa - je
reprends les mots du ministre... Est-ce qu'il n'en a pas assez, M. le
Président, de pousser les groupes qu'il sous-finance dans les bras
d'Ottawa qui distribue l'argent? Doit-on comprendre que le ministre n'entend
pas déposer pour le 15 novembre, ni l'énoncé de politique
qu'il avait promis il y a deux ans, ni le projet de loi créant ia
société québécoise?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous avait habitués à moins de
démagogie dans le passé là.
Des voix: C'est vrai.
M. Bourbeau: Je dirai, M. le Président, que, sur le front
fédéral, ma position est claire. Je l'ai exprimée en cette
Chambre, hier ou avant-hier, et je pense avoir le support de l'ensemble des
Québécois là-dessus.
Pour ce qui est de la réforme qu'on est en train de faire dans le
secteur de la main-d'oeuvre, là, c'est une réforme importante. Je
n'ai aucune hésitation, les idées sont très claires
là-dessus et on les a très claires de ce côté-ci.
Nous allons déposer un document d'orientation dans les prochaines
semaines. Il y aura un projet de loi qui sera déposé
également. Les deux vont faire l'objet d'une consultation en
début d'année. Donc, tout le monde pourra pérorer sur la
question.
Des voix: Pérorer, pérorer. M. Bourbeau:
Pérorer, oui. Des voix: Ah!
M. Bourbeau: Tout le monde pourra s'exprimer sur la question. Je
parlais pour les députés, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: En ce qui concerne ma rencontre avec le ministre
fédéral, M. Valcourt, dont parlait la députée tout
à l'heure, je dois le rencontrer demain matin et les indications que
j'ai, pour lui avoir parlé au téléphone, sont à
l'effet qu'il est tout à fait disposé à rechercher avec
moi une entente à l'amiable avec le gouvernement du Québec pour
tenter de mettre fin au problème que nous avons soulevé. Quant
à moi, j'ai confiance en la bonne foi du ministre fédéral
et j'espère que cette bonne foi là va se traduire dans des
actions concrètes.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Harel: M. le Président, comment le ministre peut-il
ignorer ce que tout le monde sait? C'est la propre politique
québécoise en matière de formation professionnelle qui est
obscure et, M. le Président, est-ce que j'ai à lui rapporter ce
que tout le forum de l'emploi disait: II y a du partenariat...
Le Président: Votre question, Mme la
députée.
Mme Harel: ...partout au Québec, sauf dans les
ministères. M. le Président, est-ce que le ministre
conçoit une politique de main-d'oeuvre à couteaux tirés,
comme c'est le cas présentement, avec son collègue de
l'Éducation et de l'Industrie et du Commerce?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai aucun
problème avec mes collègues. Je viens de sortir d'une
réunion très amicale avec le ministre de l'Éducation, il y
a à peine une heure.
Une voix: Au Cheap Bar.
M. Bourbeau: M. le Président, la politique du gouvernement
du Québec, elle ne sera pas obscure; on va la rendre publique dans
quelques semaines. Mais c'est bien évident que, quand on fait une
réforme, c'est pour corriger des choses. Je n'ai jamais nié qu'il
y avait des problèmes dans la formation professionnelle. C'est pour
ça, d'ailleurs, que le premier ministre m'a demandé de m'en
occuper pour tenter de régler ces problèmes-là. J'ai la
réputation de régler des problèmes. Mon passé, je
l'espère, est garant de l'avenir...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Oui, oui.
Des voix: Bravo!
M. Bourbeau: ...et s'il n'en tient qu'à moi, les
problèmes seront sur la place publique bien exposés, dans
quelques semaines, et les solutions seront avec, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Rencontre entre le premier ministre et les
coprésidents de la commission Castonguay-Dobbie
M. Brassard: M. le Président, Alain Dubuc, dans son
editorial d'aujourd'hui, commence ainsi. C'est son premier paragraphe: "Le
numéro de Ding et Dong de Robert Bourassa et de son ministre, Gil
Rémillard, ou encore la caravane folle de Claude Castonguay, qui
ressemble de plus en plus à une tournée de Rock et Belles
Oreilles, nous font craindre que si le Canada actuel disparaît comme
entité politique, ce sera parce que le ridicule l'aura tué." Fin
de la citation.
Ajoutant aux affres de la commission Castonguay-Dobbie, sa
présidente, Mme Dobbie, dénonçait la loi 178 comme - je
cite - "la chose la plus stupide, la plus idiote, la plus hypocrite que M.
Bourassa ait jamais faite." De son côté, Claude Castonguay
déclarait dans L'actualité que l'histoire des
négociations constitutionnelles prouve qu'on n'obtient jamais rien de
plus que ce qui est sur la table au début des négociations.
Ma question, obligatoirement fort simple au premier ministre: Est-ce
qu'il entend toujours, dans ces conditions, rencontrer encore, en cachette,
derrière des portes closes, avec son ministre, la commission
Castonguay-Dobbie? Entendez-vous toujours participer à ce que tout le
monde d'un océan à l'autre au Canada - c'est le seul consensus au
Canada - considère comme un cirque burlesque dans lequel votre ancien
ministre est en train de se discréditer?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai déjà répondu que j'avais
reçu une invitation de la part de M. Castonguay et de Mme Dobbie pour
les rencontrer lorsqu'ils visiteraient le Québec, et j'ai répondu
que j'accepterais de les rencontrer avec le ministre responsable des affaires
canadiennes et quelques collaborateurs de leur côté. Je crois que
le député de Lac-Saint-Jean, pour ce qui a trait aux abus de
langage auxquels il se réfère, est mal placé pour faire le
donneur de leçons. Je me réfère aux propos de la
coprésidente de la commission. Alors, je dis, M. le Président,
que je ne vois pas pourquoi je refuserais, lorsqu'ils vont venir au
Québec, de rencontrer certains membres de la commission qui a pour
mandat de préparer l'avenir constitutionnel du Québec et du
Canada. Je pense que, comme je l'ai dit à l'Assemblée nationale,
c'est la courtoisie la plus élémentaire.
Le Président: En question complémentaire. (14 h
30)
M. Brassard: Le premier ministre ne convient-il pas qu'il serait
opportun et décent, comme premier ministre du Québec, qu'il
refuse de s'humilier en devenant un acteur de cette grotesque thérapie
de groupe? Est-ce qu'il ne convient pas qu'il serait sage et convenable tout
simplement d'annuler cette rencontre?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je répondais hier ou
avant-hier au chef de l'Opposition. Quand le propre chef de l'Opposition... Il
a mentionné hier que son premier choix, c'était Lucien Bouchard.
C'est ce qu'on a compris dans ses propos pour la prochaine élection.
Mais quand son propre chef décide d'aller, de rendre visite et de
recevoir un accueil plus ou moins chaleureux... On se souvient de ce qui est
arrivé à Calgary et à Vancouver. Mais le chef de
l'Opposition, qui en a vu d'autres, a accepté stoïquement cet
accueil plus ou moins cordial qui lui a été accordé parce
qu'il considère qu'il est important de garder le contact avec des
partenaires.
Alors, on sait que, sur le plan économique et financier, les
intérêts de certaines provinces de l'Ouest, sur le plan
économique à tout le moins, sonft plutôt nord-sud
qu'est-ouest. On connaît !l'arcjpTeJjr du commerce, notamment de
l'Alberta et de la Colombie-Britannique, avec l'Asie et avec les
États-Unis. Mais le Parti québécois, dont fait partie le
député de Lac-Saint-Jean, a décidé de garder ou
d'essayer d'établir des contacts avec ces provinces et avec ses
dirigeants, même si certains ont refusé de le rencontrer. alors,
je dis au député de lac-saint-jean: ii est important que le
gouvernement du québec puisse au moins maintenir le dialogue. j'admets
que ce ne sera pas dans des conditions qui sont faciles, mais il est important,
si on est responsable, de maintenir le dialogue avec des gens qui travaillent
à préparer l'avenir constitutionnel du canada et du
québec.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, nous avons
été avisés que le ministre de l'Éducation et leader
du gouvernement serait ici à 14 h 20. Nous avons une question sur le
"family compact" de l'éducation à distance et nous aimerions
qu'il y soit, si c'est possible.
Le Président: Nous prenons bonne note de votre remarque.
En question principale, M. le député de Masson.
Création d'un fonds additionnel pour la
promotion touristique
M. Blais: Merci, M. le Président. Mardi dernier, les 27
membres de la Coalition de l'industrie touristique québécoise
dévoilaient les résultats d'une étude
réalisée par le groupe SECOR sur la situation touristique du
Québec en 1991. cette étude met notamment en lumière
l'aggravation du déficit touristique international du québec qui
devrait atteindre 1 200 000 000 $ cette année, soit une hausse de 159 %
comparativement à 1986. en d'autres mots, dans cette industrie, c'est le
marasme.
Parmi les facteurs responsables de cette mauvaise performance du
gouvernement actuel, le sous-financement chronique de la promotion
gouvernementale est, et de loin, le plus important des facteurs. À titre
d'exemple, les autres provinces, ou même des simples villes comme
Toronto, consacrent 3 $ par tête de pipe en promotion pour la simple
ville de Toronto, tandis qu'à Québec on investit moins de 2 $ par
personne. Le budget de promotion touristique est passé de 18 000 000 $
en 1985 à 12 000 000 $ aujourd'hui.
Ma question, M. le Président: Est-ce que le ministre entend
donner suite aux recommandations de cette Coalition, notamment celle d'investir
50 000 000 $, c'est-à-dire 25 000 000 $ en 1992, 25 000 000 $ en 1993
pour créer un fonds additionnel pour la promotion, fonds qui permettrait
la création - c'est important - de 20 000 emplois dans ce secteur et qui
rapporterait des retombées fiscales de 160 000 000 $ au
gouvernement?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Vallerand: Merci, M. le Président. J'aurais aimé
que le critique de l'Opposition me pose la question hier, puisque les membres
de la Coalition étaient ici. On aurait pu féliciter leur
initiative, M. le Président, mais ce qu'il importe de dire à ce
chapitre-là, c'est d'abord de nuancer les propos tenus dans la question
du député de Masson. La situation touristique au Québec
n'est pas aussi catastrophique qu'il veut bien la dépeindre. Par
exemple, M. le Président, cet été, période cruciale
pour l'activité touristique au Québec, nous avons connu, dans la
majorité des régions, sinon une augmentation, du moins le
maintien du niveau d'activité de l'an dernier. Ce n'est pas mince comme
performance, compte tenu de la situation, de la conjoncture économique
de l'été dernier.
Également, M. le Président, strictement pour resituer les
choses dans leur perspective, le nombre de touristes aux entrées du
Québec, au mois d'août 1991 comparativement au mois d'août
1990, a augmenté de 3,4 %, la plus haute augmentation de tout le Canada,
supérieure à l'Ontario et supérieure à la moyenne
des provin-
ces canadiennes. Donc, la situation n'est pas aussi catastrophique qu'on
veut bien la dépeindre.
En conclusion, M. le Président, je souligne positivement
l'initiative des membres de la Coalition en leur disant que je suis prêt
à m'associer avec eux, les entreprises privées qu'ils
représentent, pour prolonger notre action de promotion, mais il serait
irresponsable, dans les circonstances, de gager uniquement sur une injection de
fonds publics de 50 000 000 $ quand notre budget de promotion publicitaire se
compare avantageusement à celui de l'Ontario, puisque nous y consacrons
20 000 000 $, soit 3 $ par habitant au Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Blais: Comment le ministre peut-il dire, en cette Chambre,
qu'il veut s'associer à eux tandis qu'il disait hier, aux journaux,
qu'il ne mettrait aucun sou de promotion de plus et qu'il se fiait à
l'entreprise privée pour faire tout l'ouvrage à sa place?
Le Président: M. le ministre.
M. Vallerand: Je viens de le dire, M. le Président. Le
budget de promotion du gouvernement du Québec, actuellement, est de 20
000 000 $, un niveau jamais atteint historiquement, même du temps du
Parti québécois au pouvoir. L'augmentation... Les efforts
additionnels que je ne nie pas, qu'il nous faut faire, parce que le
Québec se retrouve à l'intérieur d'une concurrence,
notamment au titre de la notoriété des destinations qui est
internationale... Je pense qu'il faut davantage revoir notre stratégie
de positionnement de promotion. Il faut également peut-être
ajouter des moyens pour prolonger notre action, mais déjà, M. le
Président, nous sommes associés avec les représentants de
la Coalition dans les entreprises privées et nous avons des ententes
avec des compagnies qui nous permettent maintenant d'augmenter et de prolonger
l'action de promotion avec ces mêmes entreprises au titre du marketing.
Donc, je pense que c'est une avenue qu'il nous faudra davantage exploiter sans
pour autant, continuellement, compter sur une augmentation des enveloppes
budgétaires quand nous connaissons la situation des finances publiques
au Québec.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Blais: Merci, M. le Président. Comment le ministre
peut-il rappeler, ici, la paille dans l'oeil de notre déficit
touristique pendant que nous étions au pouvoir tandis que lui,
actuellement, le marasme, c'est une poutre qu'il reçoit dans les
bras.
Des voix: Ha. ha. ha!
Le Président: M. le ministre.
M. Vallerand: Au stade où nous en sommes, M. le
Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallerand: ...le déficit historique que souligne le
député de Masson - on le qualifie d'historique - existe depuis
plusieurs années. Il avoisine plutôt le 1 000 000 000 $ que 1 200
000 000 $, on peut s'entendre. C'est quand même un chiffre qui
dépasse le potentiel touristique du Québec. C'est peut-être
la meilleure mesure - et ça fait longtemps que je l'utilise - pour
démontrer qu'on devrait faire davantage au titre du résultat des
performances touristiques au Québec. C'est la mesure la plus
significative. Je partage les inquiétudes de la Coalition. Je partage
les inquiétudes du député de Masson, mais je pense qu'avec
les propositions que la Coalition nous fait, avec également, M. le
Président - et c'est important que le député de
l'Opposition, critique en matière touristique, le sache... Nous avons un
énoncé de politique qui sera fort probablement rendu public dans
les prochains jours, les prochaines semaines avec un plan d'action qui
répond en grande partie aux préoccupations de la Coalition. (14 h
40)
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Shefford.
Harmonisation des mesures d'aide à
l'habitation
M. Paré: Merci, M. le Président. Alors que tout le
monde, y compris la Société d'habitation, reconnaît que de
plus en plus de gens ont de la difficulté à se loger et qu'ils
doivent consacrer une part de plus en plus importante de leurs revenus à
leur logement, les personnes les plus touchées étant les
personnes âgées, les femmes chefs de famille monoparentale et les
travailleurs à bas salaire, alors que le Conseil de la famille et le
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration exigent de
nouvelles mesures pour se loger, on apprend que le gouvernement étudie
présentement un document ministériel qui propose d'abolir
beaucoup de programmes et d'en modifier plusieurs, pour remplacer ça par
un programme d'allocations-logement, mais un programme qui serait
financé à même les gens qu'on aide déjà.
Donc, prendre aux plus démunis pour donner à d'autres et, en
même temps, le gouvernement se propose de récupérer 50 000
000 $, entre autres, en faisant passer la part des revenus pour payer le loyer
d'un HLM de 25 % à 30 %, en plus d'abolir pour 160 000 personnes
âgées au Québec le remboursement d'impôt foncier.
Ma question au ministre des Affaires municipales et responsable de
l'habitation: Est-ce que le ministre peut confirmer que le document
qui s'intitule "L'harmonisation des mesures d'aide à l'habitation
dans la perspective d'une couverture plus équitable du besoin logement"
est présentement à l'étude au Conseil des ministres?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Ce document auquel se réfère le
député de Shefford existe depuis déjà plusieurs
mois. Le gouvernement a fait un inventaire, il y a à peu près un
an et demi, de toutes les sommes qu'il engage dans le secteur de l'habitation,
en particulier dans le secteur du soutien au loyer pour les personnes ou les
foyers qui sont dans une situation plus difficile. On a constaté que
l'ensemble des sommes engagées dans ce secteur, si l'on ajoute les
sommes en provenance du gouvernement fédéral, dépasse le
milliard de dollars par année. On s'est dit: Ce serait peut-être
une bonne chose d'examiner toutes les mesures de soutien qui existent pour voir
si elles sont bien intégrées et harmonisées les unes avec
les autres. On constate d'énormes disparités d'une mesure
à l'autre qui engendrent des situations de grande iniquité pour
les bénéficiaires.
Alors, on examine les moyens de mettre au point une meilleure
harmonisation, et ce travail s'accomplit d'une manière
particulière pour l'instant entre le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et le
ministre responsable de l'habitation. Mais c'est là qu'en sont les
travaux pour l'instant. Les deux ministres n'ont pas complété
leur travail de conjugaison qui se poursuit.
Le Président: En question complémentaire.
M. Paré: Étant donné l'ampleur des mesures
qui sont proposées dans cette réforme et le nombre de personnes
qui vont être touchées à la baisse et parmi les plus
démunies, ceux souvent qu'on doit payer pour nourrir dans les
écoles, est-ce que le ministre accepterait de tenir une commission
parlementaire pour qu'on puisse entendre tous les intervenants concernés
et intéressés par le domaine de l'habitation et du logement
social?
Une voix: Bravo! Commission.
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Nous n'en sommes pas là. Nous sommes à
compléter les travaux qui requièrent encore pas mal d'exercices
et quand nous aurons complété les travaux, nous ferons des
recommandations au Conseil des ministres. Après quoi, le Conseil
décidera s'il y a lieu de donner suite à la suggestion du
député de Shefford que je prends en note soigneusement.
Le Président: Toujours en additionnelle.
M. Paré: ...revenir à la charge, M. le
Président, mais étant donné l'ampleur des modifications
qui sont contenues là-dedans, étant donné qu'on ne doit
pas attendre que le Conseil des ministres se soit prononcé, est-ce que
le ministre, qui avait pris un engagement dans ce sens à l'étude
des crédits, ne pourrait pas confirmer aujourd'hui qu'il va entendre les
intervenants concernés et qu'il va tenir une commission
parlementaire?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Ainsi que je l'ai dit, nous n'en sommes point à
ce stade et je voudrais ajouter ceci, c'est que si des modifications sont
apportées à l'ensemble du dispositif de soutien au logement, il y
aura évidemment un très grand nombre de
bénéficiaires et peut-être que des foyers ou des personnes
qui ne reçoivent pas assez actuellement seront appelés à
toucher davantage, tandis que d'autres qui touchent des subventions d'aide sans
en avoir toujours véritablement besoin seront peut-être
appelés à apporter leur part de l'effort commun pour une
meilleure discipline budgétaire au Québec.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Enquête sur la situation à la Direction
de la formation à distance du ministère de
l'Éducation
M. Gendron: Oui, M. le Président. Hier, j'ai eu l'occasion
de questionner le ministre de l'Éducation sur ce qui se passe à
la Direction de la formation à distance dirigée par M. Ovila
Gaudreault, où les promotions, les mutations, les démissions, les
pratiques douteuses, où l'arbre généalogique parental
semble s'agrandir et où la méfiance est bien installée
dans la boite du boss, comme il signe lui-même lorsqu'il s'adresse
à ses clientèles. "Votre boss, Ovila." Il adressait ça au
personnel de la Direction de la formation à distance.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Ma question au ministre de l'Éducation: Le
ministre de l'Éducation a-t-il été informé ou
sait-il qu'en juin 1990, pas 1991, juin 1990, son sous-ministre actuel, M.
Michel Paquet, a reçu le dossier de la Direction de la formation
à distance dans lequel les inquiétudes
d'irrégularités, d'improvisation et de favoritisme lui
étaient clairement signifiées? Question: Êtes-vous au
courant de ça? Et qu'est-ce qu'il a fait avec ça?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, j'ai été
saisi de problèmes, dans un premier temps, de relations
interpersonnelles à ce service de mon ministère, il y a quelques
mois, quelques semaines seulement. Dès le moment où j'en ai
été saisi, j'ai, comme je vous en ai fait part hier, ici à
cette Chambre, demandé à mon sous-ministre une véritable
vérification, une enquête interne, somme toute, et de me produire
un rapport. Je suis bien au fait d'une situation délicate, tendue,
questionnée par de nombreux membres du service, qui commandera, j'en
suis persuadé, des décisions de la part de l'autorité
politique du ministère dont je suis. Comme je vous en ai fait part hier,
bien ouvertement, de bonne foi, j'attends la production de ce rapport pour
répondre à l'ensemble de vos questions, M. le
député. Je prévois être en mesure de le faire d'ici,
au maximum, une semaine.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: Oui. Est-ce que le ministre de l'Éducation se
rend compte que ce qu'il me dit, c'est qu'il a demandé à son
sous-ministre en titre aujourd'hui de lui faire un rapport sur ce qu'il a
déjà depuis un an et demi, presque, et qu'il connaissait comme
sous-ministre adjoint? Et je voudrais que le ministre réponde
très clairement à la question: Est-ce que vous êtes
également au courant que l'ex-collègue de l'Éducation
avait justement donné le mandat à M. Paquet de faire
enquête et de trouver les solutions aux problèmes de la Direction
de la formation à distance en juin 1990? Où est ce rapport
demandé par l'ex-ministre de l'Éducation?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: Je sais que le problème prend sa source
comme suite d'une sensibilisation ou d'une dénonciation, peu importe
comment on peut identifier ou qualifier la démarche, en 1990,
auprès de mon prédécesseur, le député
d'Argen-teuil. Immédiatement le député d'Argenteuil a
demandé à son équipe sous-ministérielle d'y voir et
d'y porter attention. Dans l'information que je pourrai vous donner, qui sera
à ce moment-là complète, mercredi de la semaine prochaine,
d'ici à la fin de la semaine prochaine, au plus tard, vous serez
à même de constater que le problème ou le questionnement
prend sa source comme suite de la dénonciation de 8 professionnels. Le
sous-ministre, à l'époque - et je pourrai vous le
démontrer la semaine prochaine - avait rencontré les 8
professionnels en question, avait même rencontré les 35
fonctionnaires permanents du service, sans compter les occasionnels du service.
Or, lorsque est venu le temps de scinder le service, comme je vous l'indiquais
hier, pour qu'une partie de l'équipe s'en aille au collégial, on
a fait exception et les 8 professionnels en question auraient quitté,
selon les informations que je possède, le service qui est sous ma
responsabilité pour s'en aller au niveau collégial.
M. le député, je comprends que vous avez, comme on dit
dans le jargon de l'Opposition, probablement un os qu'il est intéressant
pour vous, dans l'Opposition, de fouiller. J'arrive au ministère depuis
quoi? Un an. J'ai été saisi de ce problème-là il y
a quelques semaines. Immédiatement au moment où j'en ai
été saisi, j'ai demandé d'avoir l'heure juste sur la
situation qui y prévaut. Et, comme d'habitude, comme d'habitude depuis
que j'ai une responsabilité ministérielle et gouvernementale,
soyez persuadé que le boss va prendre ses responsabilités.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire. (14 h
50)
M. Gendron: Ne vous trompez pas de boss, là! M. le
Président, écoutez, je veux bien être gentil, amical avec
le ministre de l'Éducation, mais, là, il y a un problème
grave. Êtes-vous au courant, M. le ministre, que la lettre signée
par les 8 professionnels... que M. Paquet, sous-ministre en titre aujourd'hui,
qui était sous-ministre adjoint, parle des mêmes choses depuis un
an et idemi. Il n'est pas question du tout du fraction-mement; rça,
c'est de la diversion. Alors, est-ce que vous savez, M. le ministre, que votre
sousiministre -actuel, qui était adjoint avant, de qui vous attendez un
rapport - c'est ce que vous m'avez dit hier - qu'après avoir pris
connaissance .de ce que je voudrais déposer aujourd'hui, il a
lui-même reproduit ce document-là, et il l'a expédié
directement au boss de la boite? Là, je ne parle pas de vous, je parle
de M. Ovila Gaudreault. le président: un instant, je pense que le
député a fait allusion à un dépôt de
document. si vous voulez l'identifier, je vais demander le consentement.
M. Gendron: C'est une lettre signée par huit
professionnels qui, il y a un an et demi, ont dénoncé les
pratiques qui se passent à la Direction de la formation à
distance qui n'ont rien à voir avec la diversion du ministre, à
savoir: le fractionnement.
Le Président: M. le député. Est-ce qu'il y a
consentement au dépôt du document? Consentement. Le document est
déposé. M. le ministre, pour votre réponse.
M. Pagé: M. le Président, je me limiterai à
indiquer au député d'Abitibi-Ouest que j'entends répondre
à l'ensemble des questions et, surtout, donner réponse en
référence à la lecture de la problématique et les
solutions que j'entends y apporter, comme ministre responsable, d'ici à
la fin de la semaine prochaine, premièrement.
Deuxièmement, M. le Président, je voudrais indiquer au
député d'Abitibi-Ouest que mon sous-ministre en titre, M. Michel
Paquet, qui était à l'époque sous-ministre adjoint
à l'administration, a bien rempli ses responsabilités et que ce
n'est pas acceptable que le député d'Abitibi-Ouest veuille
discréditer, questionner ou porter ombrage, finalement, à la
qualification professionnelle ou à la qualité de la
démarche qu'il a conduite.
M. Gendron: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: Un instant, s'il vous plaît.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, je vais
terminer.
M. Gendron: Question de privilège.
Le Président: non, mais un instant, un instant, j'ai...
s'il vous plaît! s'il vous plaît! un instant s'il vous plaît!
sur une question de privilège, m. le député
d'abitibi-ouest.
M. Gendron: D'aucune façon, M. le Président, je ne
vais accepter que ce que je fais est inacceptable. Lorsqu'il m'a dit hier qu'il
attendait un rapport du sous-ministre en titre qui, lui-même, a le
dossier depuis un an et demi, je lui ai demandé...
Le Président: Un instant.
M. Gendron: ...qu'a-t-il fait du rapport...
Le Président: Un instant! Un instant! Vous devez
identifier la nature du privilège que vous soulevez.
M. Gendron: M. le Président, ce n'est pas du tout
inadmissible de faire ce que j'ai à faire. Il y a là un dossier
que, comme critique de l'éducation, je dois traiter. Je vais le traiter
comme bon me semble.
Le Président: Parfait. Alors, M. le ministre, pour la
réponse.
M. Pagé: M. le Président, je retiens, je comprends
et j'accepte que c'est le privilège du député de traiter
le dossier comme bon lui semble. Cependant, je suis légitimé,
comme ministre titulaire de l'Éducation, d'indiquer au
député que je ne trouve pas très très correct le
fait que vous questionniez le travail d'un sous-ministre qui est loyal envers
l'État québécois, qui est de bonne foi, qui est mon
sous-ministre, qui a toute ma confiance, pas plus que ça ne serait
acceptable, M. le député... Ce n'est pas plus acceptable pour
vous de questionner... M. le député, ce n'est pas plus acceptable
pour moi que vous questionniez...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Je vous
demanderais, pour éviter toute confrontation, toute
interprétation, de vous adresser à la présidence.
M. Pagé: M. le Président, je m'adresse à
vous. M. le Président, ce n'est pas plus acceptable pour moi que le
député remette en question mon sous-ministre dans ce dossier que
ce ne pourrait l'être pour lui si je soulevais et j'indiquais à
cette Chambre que M. Ovila auquel vous faites référence, le
"boss" auquel vous faites référence, a été
nommé quand vous étiez ministre, monsieur.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! S'il vous plaît! Pour une question
additionnelle... Non? Ah! excusez.
M. Gendron: ...1984, M. Gaudreault a été
nommé en 1982. Bye. jj Le Président: pour une question
principale, m. le député de d'arcy-mcgee.
M. Libman: Merci, M. le Président. M. le Président,
the Government established recently a task force to examine English education
in Québec. The task force has come under criticism for meeting behind
closed doors, for closing their meetings to the public and the press. They have
been criticized for this fact. It has been said that this destroys the
credibility of the task force and deprives the public from getting an in-depth
look at the many problems which face our educational institutions. Can the
Minister answer this afternoon as to why the Government has decided to follow
this policy of holding all these meetings behind closed doors and depriving the
public of a very important debate on the future of education for Quebec's
English-speaking community?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, j'ai annoncé, il y
a quelques mois de cela, la formation d'un comité, d'un groupe de
travail chargé d'étudier la qualité de l'enseignement de
l'anglais au Québec, et plus particulièrement à
l'égard de la communauté anglophone québécoise qui
m'a formulé des recommandations en référence aux
problèmes vécus par cette communauté, en ce qui concerne,
entre autres et plus particulièrement, une diminution très
substantielle de la clientèle anglophone scolaire au Québec. Vous
vous rappellerez très certainement que j'ai déploré comme
ministre, au nom des Québécois, le fait que c'est 5800 jeunes
anglophones québécois de moins de 18 ans
qui ont quitté le Québec en 1990. Ce mandat se
réfère aussi à ce qui pourrait être mis en oeuvre,
modifié et amélioré pour maintenir et garantir une
qualité de l'enseignement de l'anglais au Québec au sein de la
communauté anglophone. Le comité a amorcé son travail. Le
comité avait pleine responsabilité en regard de la
méthodologie, des gens qu'il allait consulter, du type de rencontres, du
type d'échanges et du canevas de travail. Je dois vous dire, M. le
député, que c'est avec beaucoup d'intérêt que
j'attends la production du rapport, au début du mois de janvier
prochain.
I think it was very important for us, in Québec, to create this
type of task force and I feel very confident about the recommendations to the
Government.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Libman: Would the Minister consider speaking to the task force
or intervening to ask them to conduct their activities before the public, so
that the public can have a greater participation in the important discussions
of this task force, instead of them continuing all their work behind closed
doors and refusing the memoirs or the participation of some very interested
groups who would also like to participate?
Le Président: M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais indiquer au
député que je n'ai formulé aucune recommandation se
référant à la méthodologie employée par le
comité dans sa cueillette d'informations et sa démarche de
consultation. C'est le "task force", c'est le comité lui-même,
présidé par Mme Chambers, qui a choisi de rencontrer en
privé ou rencontrer au niveau des régions localement les
collectivités locales, les représentantes et représentants
de ces collectivités locales, les commissions scolaires, les agents
économiques, les représentants du milieu. Ces gens-là ont
toute ma confiance, et je suis confiant... M. le député, "would
you please?" Bien oui. M. le Président, une question de
règlement. J'entends le leader de l'Opposition qui intervient.
Le Président: Un instant! Sur une question de
règlement, oui.
M. Pagé: m. le président, sur une question de
règlement. je présume qu'autant la réponse peut être
importante pour un député que la question.
Le Président: Bon!
M. Pagé: Et ça commande d'écouter quand on
répond.
Le Président: Très bien. Je le comprends fort bien,
mais vous donnez votre réponse. Si le député
n'écoute pas, finalement, c'est lui qui en subira le préjudice
purement et simplement. On ne peut pas argumenter non plus qu'un
député n'écoute pas parce qu'il regarde ailleurs. Sur la
question de règlement.
M. Chevrette: C'est fort simple. M. le Président, le
ministre de l'Éducation et leader du gouvernement s'adresse
continuellement directement aux députés. Ma question de
règlement ne porte pas sur le fait qu'un député
écoute ou n'écoute pas; qu'il passe, comme on le fait tous, par
le président de l'Assemblée nationale.
Des voix: C'est ça.
Le Président: Bon! S'il vous plaît! Une minute.
Alors, sur une question de règlement, M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Oui, une question de règlement, M. le
Président. Une réalité physiologique est le fait qu'on
écoute les réponses avec les oreilles et pas les yeux! Si j'ai
tourné ta tête, j'étais toujours en train d'écouter
sa réponse.
Le Président: Alors, toute explication étant
donnée, très bien, M. le ministre, je vous invite à
conclure, s'il vous plaît.
Ml. Pagé: M. le Président, je retiens que le
député de D'Arcy-McGee doit faire valoir lui-même ses
propres aptitudes. Cela étant dit, je voudrais indiquer au
député que c'est la méthodologie qui a été
retenue par le comité. Le comité fait un très bon travail.
Il a visité plusieurs régions jusqu'à maintenant. Il est
très, très sensible et très préoccupé par la
réalité vécue dans le quotidien par la communauté
anglophone au Québec. Cet état de situation qui me sera
livré par le dépôt du rapport, en janvier, sera très
certainement susceptible de faire en sorte que le gouvernement du Québec
pourra appliquer des mesures particulières spécifiques
adressées à cette communauté qui est une communauté
québécoise comme nous, des Québécois comme vous et
moi, au mois de janvier prochain. (15 heures)
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle.
M. Libman: Have there been any preliminary recommendations or
initiatives that have already been discussed between this Committee and the
government's Ministry? Has there been any exchange or discussion prior to their
publication of the report?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, je peux vous indiquer que
la démarche prévoit la présentation d'un rapport et je
n'ai pas été informé de leur intérêt, de leur
demande, de leur voeu ou de leur souhait, peu importe, de me présenter
un rapport intérimaire ou préliminaire.
Une voix: ...additionnelle.
Le Président: Non. Question principale, Mme la
députée de Terrebonne.
Pratiques abusives dans la vente itinérante des
préarrangements funéraires
Mme Caron: Malheureusement, nous pouvons constater que les
pratiques abusives dans la vente itinérante des préarrangements
funéraires se poursuivent auprès des personnes les plus
vulnérables de notre société. Une coalition des plus
crédibles dénonce ces abus depuis plus de quatre ans et elle est
appuyée massivement par les principaux organismes
québécois et par plus d'une centaine d'associations.
L'Ontario, la Colombie-Britannique, le Nou-veau-Brunswick et la
Saskatchewan ont déjà légiféré pour
interdire cette pratique. Le Québec, lui, se distingue. Il analyse
toujours le dossier. Ma question au ministre de la Justice, responsable de la
protection du consommateur: A-t-il l'intention d'agir enfin dans ce dossier et
de modifier, au cours de la présente session, la loi 162 pour interdire
cette pratique?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Oui, on sait
donc qu'il existe une Loi sur les arrangements préalables de services
funéraires depuis le mois de mars 1988. C'est une loi qui prévoit
des dispositions spéciales pour assurer une protection à une
clientèle qui, de fait, est très vulnérable. On sait aussi
que l'Office de la protection du consommateur a fait enquête à ce
sujet-là et qu'elle a démontré qu'il n'y avait pas de
plaintes de déposées. Cependant, M. le Président, ma
directrice de cabinet, Mme Suzanne Levesque, a reçu dernièrement
les représentants de la coalition.
D'autre part aussi, M. le Président, le caucus des
députés ministériels de l'Estrie a fait parvenir
dernièrement une lettre à ce sujet aussi, qui est très
explicite, et je dois dire que j'ai été particulièrement
sensible aux arguments qu'il a fait valoir. Manifestement, il y a des
problèmes. Nous avons aussi entamé des discussions et ma
directrice de cabinet rencontrera aussi les commerçants impliqués
à ce niveau-là. J'entends donc apporter des solutions à un
problème qui existe, qui est réel, dans un avenir prochain.
Le Président: Pour une question complémentaire.
Mme Caron: Au sujet des plaintes, M. le Président, est-ce
que le ministre est en train de me dire qu'il n'a pas pris connaissance de la
lettre que lui adressait le Protecteur du citoyen le 15 octobre et qui
spécifiait pourquoi il n'y avait pas de plaintes? Est-ce que le ministre
est en train de me dire qu'il n'a pas visionné la cassette
préparée par la coalition, où les témoignages
démontrent clairement pourquoi il n'y a pas de plaintes? Et est-ce que
le ministre se souvient que la loi a été votée en 1987 et
non en 1988?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, ce que je dis
à Mme la députée de Terrebonne, c'est que je connais
très bien ce dossier et qu'elle aurait dû me poser la question
avant.
Des voix: Oh!
M. Rémillard: C'est trop tard.
Des voix: Ah! Ah!
M. Rémillard: Et que, d'autre part, la loi est en vigueur
depuis le 1er mars 1988.
Le Président: Un instant! Un instant, M. le ministre! S'il
vous plaît! Un instant! Pour un rappel au règlement, M. le leader
de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ça fait plusieurs
fois depuis la reprise de la session que plusieurs ministres jugent les propos,
jugent du temps où on doit poser les questions. Je vous rappellerai, M.
le Président, que, dans cette Chambre...
Une voix:...
M. Chevrette: Non, non, c'est une question de règlement,
de fond. Dans cette Chambre, le même ministre, ça fait des mois et
des mois qu'il est interrogé, par exemple, sur le changement de la
participation à l'aide juridique. Il n'a jamais rien fait de sa vie.
Qu'il commence donc par agir avant de juger les autres!
Des voix: Ha, ha, ha! Bravo! Une voix: Wo! Wo!
Le Président: Alors, sur la question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, le leader parlementaire
de l'Opposition vient de donner, encore une fois, le mauvais exemple à
ses collègues.
Des voix:...
M. Pagé: Oui, oui. Il se lève...
Des voix:...
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on...
Le Président: Bon. Un instant, là! Un instant! Un
instant! Donc, allez-y.
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on peut, sous
le couvert d'une question de règlement, tenir des propos comme ceux
tenus par le leader parlementaire de l'Opposition à l'adresse de mon
collègue? La réponse, selon moi, c'est non.
Deuxièmement, la question de règlement soulevée par
le député, je n'ai aucune objection à ce que le leader
questionne certaines réactions du côté ministériel,
mais pourrait-il, de grâce, de son côté, discipliner ses
troupes et, notamment, le député de Laviolette qui passe son
temps à intervenir, à questionner?
Le Président: M. le leader.
M. Pagé: Est-ce possible, ça? C'est tout ce que
j'ai à vous demander.
Le Président: Alors, j'en appelle simplement aux
députés pour respecter le règlement et je vous dirai
qu'à tout le moins la dernière partie de votre question de
règlement n'en était pas une, vous le savez fort bien. M. le
ministre, est-ce que vous avez complété votre réponse?
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rémillard: Non, M. le Président, je n'ai pas
complété.
Le Président: Une question de règlement, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président, question de
règlement. Le ministre ne se rappelle même pas, M. le
Président, que j'ai posé...
Le Président: Non, écoutez... Non, non, non. Un
instant! Alors, M. le ministre. Donc, je cède la parole... S'il vous
plaît! Je cède la parole au ministre de la Justice pour
compléter sa réponse.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai donc dit que la
directrice de cabinet avait rencontré les gens de la coalition. J'ai dit
aussi que le député de Sherbrooke, au nom des
députés ministériels de l'Estrie, m'a fait parvenir une
lettre très explicite. J'ai dit que j'avais pris connaissance du dossier
et que manifestement il y a des problèmes, que nous allons rencontrer
aussi les gens impliqués au niveau commercial et que j'apporterai une
solution au problème.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Maintenant, nous allons procéder aux votes reportés.
Mmes et MM. les députés, si vous voulez regagner vos
places, s'il vous plaît.
Mmes, MM. les députés, à l'ordre, s'il vous
plaît! Mmes et MM. les députés, s'il vous plaît!
Mise aux voix du rapport de la commission
qui a procédé à l'étude
détaillée
du projet de loi 162
Je mets aux voix le rapport de la commission du budget et de
l'administration qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 162, Loi sur les frais de garantie
relatifs aux emprunts des organismes gouvernementaux.
Que les députés qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît! (15 h 10)
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Le-vesque (Bonaventure), M. Ryan
(Argenteuil), M. Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme
Robic (Bou-rassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme
Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), M. Houde (Ber-thier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie (Abitibi-Est), Mme Trépanier
(Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M.
Beaudin (Gaspé), M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nel-ligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Cha-pleau), M. Lemieux
(Vanier), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Bellechasse), M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M.
Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M. Gobé (LaFontaine), M.
Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M.
Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Loi-selle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Holden (Westmount).
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois
(Taillon), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril
(Arthabaska), M. Claveau (Ungava), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Léonard (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré
(Shef-ford), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Filion
(Montmorency), Mme Caron (Terre-bonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointeaux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme
Dupuis (Verchères), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 74 contre: 24 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est donc
adoptée.
Maintenant, nous allons procéder aux motions sans préavis.
Oui, M. le député de Mille-Îles et leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je
solliciterais le consentement de l'Opposition pour donner le premier avis
concernant la commission de la culture avant la motion sans préavis.
Le Président: Alors, il y a consentement à cet
effet.
M. Bélisle: Merci.
Le Président: Très bien. Alors, en requérant
l'attention de tous les collègues, s'il vous plaît. M. le leader
adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Merci, M. le Président. De 15 h 30
à 18 h 30, j'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, à la
salle du Conseil législatif, la commission de la culture poursuivra sa
consultation générale sur la proposition de politique de la
culture et des arts déposée à l'Assemblée nationale
le 14 juin 1991.
Le Président: Alors, merci, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Maintenant, aux motions sans préavis, M. le député
d'Iberville.
Motions sans préavis
Hommage à ceux qui ont donné leur vie
pour la paix, à l'occasion du jour du Souvenir
M. Lafrance: M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante: "Que
l'Assemblée nationale, à l'occasion du jour du Souvenir, exprime
sa profonde gratitude envers ceux et celles qui ont sacrifié leur vie
pour servir la cause noble entre toutes d'une paix fondée sur le respect
des droits humains et de la dignité inviolable des individus et des
peuples."
le
vice-président (M. Bissonnet): est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion? consentement. alors, m. le
député d'iberville.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. M. le
Président, nous en sommes donc, aujourd'hui, à notre
dernière séance de nos travaux avant le 11 novembre, jour du
Souvenir.
En effet, lundi, des centaines de milliers de personnes, je dis bien des
centaines de milliers de personnes, puisque ce jour du Souvenir est
célébré non seulement au Canada, mais dans la
majorité des pays... Donc, M. le Président, des centaines...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): MM. les
députés! MM. les députés, merci de votre
collaboration. M. le député, si vous voulez poursuivre.
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Donc, des centaines
de milliers de personnes se recueilleront afin de rendre hommage à ceux
et celles qui ont sacrifié leur vie pour sauvegarder nos
libertés.
M. le Président, nous, les députés
ministériels, croyons de mise, encore cette année, de
perpétuer, en cette Assemblée, la tradition rendant hommage
à ces disparus. Lundi, donc, dans des centaines de villes au
Québec et au Canada, on se recueillera afin de respecter une minute de
silence et prier au souvenir de ceux et de celles qui ont sacrifié leur
vie pour protéger les libertés que nous connaissons aujourd'hui
et assurer la continuité de nos démocraties.
M. le Président, c'est avec émotion que j'assume
aujourd'hui cette responsabilité au nom de tous mes collègues
ministériels. En tant qu'ex-militaire, je suis particulièrement
touché car j'ai souvent participé aux journées du
Souvenir, autant ici au Québec qu'au Canada et même à
l'étranger. Je sais que tous ceux et celles qui ont participé aux
guerres restent à
tout jamais marqués.
J'aimerais, en cette journée du Souvenir, saluer, au nom du
gouvernement libéral que j'ai l'honneur de représenter, tous ceux
et celles, tous les anciens combattants, et leur exprimer toute notre
reconnaissance et notre gratitude.
M. le Président, en ces moments commé-moratifs de tristes
pages de notre histoire de l'humanité, car il faut bien le dire,
où on commémore les stupidités humaines à vouloir
dominer, nous aimerions pouvoir garantir que ces moments difficiles de notre
histoire ne se répéteront jamais.
Malheureusement, même si on a un recul de 46 ans depuis le dernier
conflit mondial, force nous est de reconnaître que, partout dans le
monde, on est bien loin de cette paix tant convoitée.
M. le Président, en cette journée, rappelons-nous ces
tristes statistiques qui me furent fournies par la Légion royale
canadienne. Première Guerre mondiale 1914-1918: 652 437 Canadiens en
service, 61 322 morts au combat, 138 166 blessés au combat, 175 000
marins de la marine marchande morts au combat. Deuxième Guerre mondiale
1939-1945: 1 086 771 Canadiens en service, 49 545 Canadiennes en service, 44
893 morts au combat, 54 414 blessés au combat, 1146 marins de la marine
marchande canadienne morts au combat. La guerre de Corée: 25 583
Canadiens en service, 1557 blessés au combat, 516 morts au combat.
M. le Président, à ces tristes statistiques on pourrait
ajouter les noms de ceux et de celles, Canadiens et Canadiennes,
Québécois et Québécoises, morts au service dans le
cadre également de nos alliances internationales. Je pense ici à
l'ONU, à l'OTAN et aussi à NORAD.
M. le Président, ceux et celles qui suivent la situation mondiale
conviendront que nous sommes malheureusement loin, en dépit de nos
efforts, de cette paix mondiale convoitée. C'est particulièrement
vrai en ce mois de novembre 1991, alors que dans certains pays, principalement
des pays de l'Europe de l'Est, des guerres civiles font rage. (15 h 20)
M. le Président, l'an passé, lorsque j'ai adressé
la parole en cette occasion, j'évoquais les risques d'un conflit au
Moyen-Orient. Comme on le sait, mes appréhensions se sont
malheureusement confirmées et l'univers entier a tremblé durant
les 87 jours qu'a duré la libération du Koweït. Des noms se
sont donc ajoutés à la triste liste des morts des nombreux
conflits mondiaux et je pense qu'on se doit cette année d'avoir une
pensée particulière pour tous les soldats, aviateurs et marins
qui ont laissé leur vie au Moyen-Orient, à la cause de la
sauvegarde de nos valeurs.
S'il y a une leçon à tirer de cette guerre, c'est
sûrement qu'en dépit de la mondialisation de la cause de la paix
que nous devons pour- suivre, l'équilibre mondial reste très
fragile. Nous devons donc promouvoir et supporter de plus en plus les
organisations internationales vouées à une plus grande
compréhension et au respect mutuel des peuples, ce qui ne peut que
favoriser la paix mondiale.
M. le Président, en cette journée du Souvenir, je
considère qu'il est aussi opportun de souligner l'apport que continuent
d'apporter les soldats canadiens, dont, évidemment, plusieurs
Québécoises et Québécois, à la cause du
maintien de la paix dans le monde. Je pense principalement à ceux et
celles servant sous la bannière de l'Organisation des Nations Unies.
À ma demande, la base des Forces canadiennes de Valcartier me
faisait parvenir ce matin un fac-similé résumant les
opérations en cours dans le monde où participent des
Québécois et Québécoises de Valcartier. Et
permettez-moi de l'énumérer brièvement: "Opération
Python" au Sahara occidental, "Opération Record" au Koweït,
"Opération Snowgoose" à Chypre, "Opération Sultan" en
Amérique centrale, "Opération Bolster" en Yougoslavie,
"Opération Forum" en Irak, "Opération Spiral" à Chypre et
"Opération Preserve" en Ethiopie.
Voilà donc, M. le Président, une liste où, j'en
suis certain, près d'un millier de Québécois et
Québécoises servent présentement, à l'instant
où on se parle, sous la bannière de l'Organisation des Nations
Unies.
Une pensée spéciale également, M. le
Président, aux cinq victimes de l'écrasement, voilà
quelques jours, d'un avion de transport canadien en route vers la base de radar
d'Alert, dans le Grand-Nord, base qui fait partie du système d'alerte,
comme on le sait, du continent nord-américain. Ces militaires sont morts
dans l'accomplissement de leur devoir, soit celui de protéger notre
continent et ceci, même en temps de paix relative.
J'aimerais ici vous citer un article qui a paru dans Le Journal de
Québec de M. Jean-Victor Dufresne et, en particulier, un
paragraphe qui relate l'exploit héroïque du capitaine Couch, qui
était le capitaine de l'avion qui s'est écrasé. Et comme
on le sait, le capitaine est mort. Et je cite: "Pour sauver les siens, le
commandant de l'appareil, John Couch, se dépouille littéralement
de ses survêtements pour protéger du froid mortel ses camarades
blessés dans l'écrasement. Il n'y a pas laissé sa vie. Il
l'a donnée volontairement, lucidement. Ce sacrifice a laissé dans
nos âmes une trace indélébile. Il nous fait revivre 100 000
fois répété, celui qu'ont accompli les jeunes disparus de
1914 et 1939, de l'inutile guerre de Corée aussi, et dont il ne reste
plus guère aujourd'hui que le symbole, presque ridicule dans sa pudeur,
du rouge coquelicot." Voilà, M. le Président, des écrits
très touchants par un journaliste de la région que j'aimerais
féliciter.
Lundi, donc, M. le Président, au sommet de
notre bâtiment parlementaire, ici à l'Assemblée
nationale, à Québec, le drapeau fleurdelysé sera en berne
afin de souligner le sacrifice de ces disparus, sacrifice qui fut fait afin que
nous puissions continuer à vivre comme peuple libre dans une
société libre et démocratique, respectueuse des droits
humains.
M. le Président, les guerres sont toujours injustifiables et le
gouvernement exprime en ce jour du Souvenir 1991 le désir qu'encore
cette année on saura honorer avec intensité et émotion le
sacrifice de ceux et celles qui ont laissé leur vie au combat.
En terminant, M. le Président, je me permets d'emprunter la
devise du glorieux Royal 22e Régiment, régiment canadien
français qui a servi dans tous les conflits depuis 1914, cette
même devise, donc, qui est celle de notre province et qui est en hommage,
je pense, à ceux et celles qui, dans le passé, ont
contribué à façonner notre belle province et notre beau
pays et cette devise, c'est: Je me souviens. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Iberville. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, M. le Président, très
brièvement, je voudrais, au nom de ma formation politique, joindre ma
voix à celle du député d'Iberville et dire à cette
Chambre qu'évidemment nous sommes tout à fait favorables sans
aucune réserve à cette motion qu'il vient de présenter. Je
pense qu'il est tout à fait opportun, au moins une fois par
année, de se souvenir et de rendre hommage à ceux qui sont morts
au champ d'honneur, qui fut aussi un champ d'horreur, et qui sont morts,
dit-on, avec raison pour la défense de la liberté, des valeurs
démocratiques et des droits fondamentaux de l'être humain, de la
personne humaine.
Le combat pour la liberté est un combat permanent, c'est toujours
un combat inachevé. S'il est vrai qu'en 1945 nous avons vaincu un
régime répressif, un régime nazi qui foulait aux pieds les
droits les plus fondamentaux et qui a pratiqué un véritable
génocide et mis en place un univers totalitaire et concentrationnaire,
s'il est vrai que nous avons vaincu ce régime et fait naître
à la place, du moins dans une partie de l'Allemagne, un régime
démocratique, il est vrai que ce combat pour la liberté a
été incomplet d'une certaine façon, inachevé,
puisque, après la guerre, à partir de 1945, une partie de
l'Europe s'est retrouvée sous le joug de l'empire soviétique,
donc dans un univers totalitaire, l'univers du goulag où les droits les
plus fondamentaux étaient niés, ignorés et où la
liberté n'existait pas.
Ce n'est que récemment que cette grande partie du monde a
commencé à retrouver cette liberté si chère
à l'être humain, a commencé à pratiquer de nouveau
la démocratie tant bien que mal avec des difficultés de parcours,
ce qui veut dire finalement que, comme je le disais tantôt, le combat
pour la liberté est un combat continuel qu'il faut sans cesse reprendre.
C'est un combat permanent, c'est un combat jamais achevé. Il faut donc
être toujours vigilants, toujours attentifs à défendre les
droits fondamentaux de l'être humain, à défendre la
liberté et à défendre la démocratie. Mais je pense
que ces jours-ci, et particulièrement lundi, il convient de se rappeler,
de se souvenir de ceux qui sont morts pour la défense de ces valeurs.
C'est pour cette raison qu'au nom de l'Opposition officielle nous allons,
évidemment, appuyer sans réserve la motion du
député d'Iberville. (15 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Sur cette même motion, je
cède la parole au député de LaFon-taine. M. le
député.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir, à moi aussi, de me joindre à cette motion de notre
gouvernement présentée par le député d'Iberville
afin de souligner, en cette journée, la date du 11 novembre 1918. Car
nous parlons bien aujourd'hui de la date de l'armistice qui mit fin à
quatre ans d'une guerre dévastatrice. Les chiffres parlent par
eux-mêmes. Environ 16 000 000 de morts: 6 000 000 de Français, 7
000 000 d'Allemands, des millions de soldats anglais, des Italiens, des
centaines de milliers de soldats russes, de toutes les nations.
L'Europe était en guerre pendant quatre ans. Deux coalitions: les
Alliés et l'Axe. M. le Président, cette guerre, qui fut
certainement une des guerres modernes les plus dévastatrices, la plus
difficile... Tous les moyens furent employés pour semer la destruction.
C'est là que les gaz furent la première fois employés, ces
fameux gaz dont nous avons entendu parler lors de la guerre du Golfe, qui a eu
lieu il y a quelques mois seulement. C'est là que furent employés
les premiers chars d'assaut, les premières artilleries lourdes. Tout ce
que l'être humain, tout ce que le génie humain avait
été capable d'inventer pour détruire d'autres êtres
humains a été employé dans cette guerre, celle de
1914-1918, qu'on a appelée la Grande Guerre et que certains, par la
suite, appelèrent la dernière des dernières dans le jargon
de l'époque, la der des der. On a vu par la suite que ce ne fut pas le
cas.
On ne peut pas, un 11 novembre, penser à ces
années-là sans penser à Verdun. Si une cité porte
un nom héroïque pour la défense de son pays, c'est bien
Verdun; Douaumont, Vaux, Vimy, où 40 000 Canadiens sont inhumés.
Le cimetière
de Vimy en France, dans le Nord de la France, une région que je
connais bien pour y avoir vécu. Dans ce cimetière reposent 40 000
de nos compatriotes de toutes les régions du Canada. Il suffit de se
promener - et j'invite tout le monde qui y va à aller se recueillir sur
les tombes de nos soldats - à travers les allées où les
croix sont alignées et regarder les noms. Il y a des noms anglophones,
d'Alberta, d'Ontario, des francophones du Québec, des anglophones du
Québec, des gens de Terre-Neuve. Il y en a de partout, M. le
Président. C'est l'ensemble de la communauté canadienne qui est
allée en Europe pour défendre les libertés, du moins, une
idée que nous nous faisions ou que les gens se faisaient à
l'époque de ce que devait être la liberté et la
démocratie.
Ce qu'ils devaient faire dans cette guerre, dans cette boucherie, car
c'en fut une, c'était monter à l'assaut avec un fusil, trois
cartouches et essayer de prendre la tranchée adverse. Et 9 fois sur 10,
on n'en revenait pas. Lorsqu'un régiment montait en ligne, il
redescendait de la première ligne que lorsqu'il avait perdu les deux
tiers de ses effectifs. Lorsque Douaumont fut repris, le régiment
canadien et le régiment français qui montèrent, 17 soldats
sur un régiment complet redescendirent en l'espace de quelques heures.
Une fois ce fort pris, l'attaque suivante fut l'attaque des Allemands et ils
reprirent la position. Et la semaine d'après, on recommença. Et
les Français, les Alliés le reprirent. Et la semaine
d'après, ils le reperdirent. Ce fut comme ça dans cette guerre
des tranchées pendant presque deux ans. Lorsqu'on parle de 16 000 000 ou
17 000 000 de morts, ça ne s'est pas fait dans un territoire vaste comme
le Québec. Ça s'est fait dans un territoire qui irait de
Montréal à Drummondville à peu près. Imaginez
l'entre-choc qu'il pouvait y avoir, imaginez un peu cette horreur.
Aussi ces gens qui ont donné leur vie, qui n'ont pas
hésité, qui sont venus d'un peu partout méritent
aujourd'hui que nous fassions le bilan, que nous prenions le temps comme
politiciens, comme gouvernants de nous pencher un peu sur cette guerre, sur ces
événements.
Mon collègue, le député d'Iberville, le disait avec
raison. Qu'avons-nous fait pour que ce soit la dernière des
dernières? Qu'avons-nous fait pour que la paix soit durable, pour que
nous ne connaissions plus jamais, dans aucune partie du monde, ce genre de
situation?
Force est de constater que nous n'avons pas fait grand-chose. À
peine cette guerre-là était terminée qu'une autre
commençait. Nous avons connu par la suite les guerres au Moyen-Orient,
la dernière guerre, 1939-1945, celle qu'on a appelée aussi la
dernière, une autre dernière. Après ça est
arrivée la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie, M. le
Président, la guerre du Vietnam, la guerre en Afghanistan.
Dernièrement encore, nous avons eu la guerre des Balkans.
Nous avons eu, M. le Président, un nombre incalculable de guerres
locales, nationales ou internationales. Pourquoi? Pourquoi, alors, ces
gens-là, ces 17 000 000 sont-ils allés se battre en disant: C'est
la dernière, on y va, on protège les libertés? C'est parce
que, M. le Président, les politiciens, les gouvernants, sans cesse, par
leurs politiques, font en sorte que les groupes, les gens, les pays vont,
deviennent en confrontation. Car ce n'est pas les citoyens qui veulent faire la
guerre. Je ne connais pas beaucoup de citoyens, M. le Président, en
France, au Canada, aux États-Unis, en Russie ou dans n'importe quel pays
du monde qui appellent un premier ministre ou un président pour lui
dire: Je veux aller faire la guerre. Au contraire, les gens ne veulent pas y
aller. Les gens préfèrent rester chez eux, cultiver leur terre,
élever leurs enfants, s'occuper de leurs usines, faire une vie de paix,
une vie paisible.
Mais, M. le Président, les politiques de certains gouvernants,
certains partis politiques d'extrême droite ou extrémistes
attirent inexorablement les gens et les pays dans des guerres. On l'a vu en
Argentine, avec la guerre des Falklands. On l'a vu dernièrement encore
lorsqu'il y a eu la guerre avec l'Irak. Dernièrement encore, M. le
Président - qui aurait cru ça - un pays occidental, un pays comme
celui qu'on connaît actuellement, qui est la Yougoslavie, qui aurait cru
que ce pays-là serait en guerre et que les gens bombarderaient une ville
comme Dubrov-nik, un joyau historique?
Malheureusement, c'est ça. Les images que nous voyons à la
télévision ne sont pas des images de gens en Afghanistan qui font
la révolution ou qui se battent. Une guerre qui était
certainement légitime si on se met du côté de la
liberté. Ce sont des Occidentaux comme nous. Ce sont des gens qui ont
des voitures comme nous. Ce sont des gens qui ont des familles comme nous, qui
vont dans des écoles comme nous, et qui ont une culture comme la
nôtre. C'est à nos portes et ça doit être un
avertissement.
On ne sait pas, M. le Président, dans l'avenir, si nos
sociétés ne se retrouveront pas encore confrontées
à des conflits majeurs. Je crois que c'est là l'attention que les
gouvernants, de quelque parti politique qu'ils soient, de quelque pays qu'ils
soient, doivent mettre comme priorité. La recherche de la paix doit
être un des objectifs fondamentaux des prochaines décennies et
pour l'avoir, cette paix, M. le Président, il ne faut pas simplement la
décréter, encore faut-il prendre les mesures pour que les
conditions ne se créent pas. Une des conditions, M. le Président,
c'est d'abord la démocratie.
Les pays où il n'y a pas de démocratie sont les pays qui
sont, très souvent, les plus fragiles, les plus susceptibles d'entrer
dans ce genre de situation. Il y a aussi les pays en voie de
développement ou les pays sous-développés. On
se rend compte qu'il y a des pays, M. le Président, où les
gens n'ont pas le quotidien pour manger, où les gens n'ont pas le
confort, où les gens n'ont pas d'emploi. Ce sont, certainement aussi,
des pays où il y a le ferment du désordre, le ferment de la
guerre et le ferment d'une déstabilisation.
On voit les pays de l'Est, M. le Président. Certains pays de
l'Est de l'ancien empire russe qui s'est morcelé dernièrement ont
la tentation de vouloir conserver sur leur territoire les armes atomiques qui
appartenaient à l'ancienne armée fédérale. Sait-on
jamais si une de ces petites républiques, comme on le voit en
Yougoslavie, n'entrera pas en conflit avec son voisin, un jour, et ne sera pas
tentée de les utiliser, déclenchant une réaction en
chaîne à travers le monde. Car rappelons-nous que la guerre de
1914-1918 a été déclenchée par l'assassinat du roi
de Serbie, à Sarajevo. Déjà, la Serbie, dans ce
temps-là - c'est ça qui a été le déclencheur
de la guerre de 1914-1918. Qui aurait cru que cet assassinat à Sarajevo
du roi de Serbie aurait déclenché la guerre de 1914-1918, la
guerre la plus meurtrière de tout le monde? C'est un incident
régional qui, avec les confrontations politiques qui étaient dans
le monde européen à cette époque-là, a eu une
réaction en chaîne et a fait que, les alliances jouant, un est
allé défendre l'autre et l'autre... Tout le monde a
embarqué dans cette guerre qui est devenue une tuerie.
Aussi, M. le Président, je crois que nous, au Québec et au
Canada, sommes parmi peut-être les peuples qui ont une réputation
de tolérance, de démocratie et de respect des libertés.
C'est là la marque du Canada. C'est pour ça certainement que nos
soldats canadiens, de Vancouver jusqu'à Halifax, en passant par le
Québec, seront dans presque tous les pays du monde, dans toutes les
missions des Nations Unies pour faire en sorte que la démocratie et que
la paix soient maintenues et respectées.
Je crois, M. le Président, que c'est là une richesse que
notre pays a, qui fait notre réputation d'un pays démocratique,
mais aussi d'un pays qui n'a pas peur de prendre ses responsabilités
lorsque le temps est venu de le faire, et on l'a vu dans la guerre du Golfe.
Aussi, mon souhait aujourd'hui va non seulement vers ces 60 000 Canadiens qui
sont décédés, qui sont morts. Ils sont 40 000
enterrés à Vimy, d'autres à Notre-Dame-de-Lorette, un peu
dans le Nord de la France, partout. Il va non seulement à ces millions
de soldats de tout pays, de toute nationalité qui sont morts pour rien
parce que ce n'était pas la dernière des dernières. Ma
pensée, M. le Président, va vers tous nos dirigeants, en
espérant qu'aujourd'hui ils penseront que ce qui est arrivé peut
peut-être arriver à nouveau et que notre principale
responsabilité, leur responsabilité, c'est de prendre toutes les
mesures pour faire en sorte que ça n'arrive plus jamais. M. le
Président, ça me fait plaisir d'appuyer cette résolution.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle, sur une question de règlement et
d'information.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais prendre la
parole.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je ne voulais pas intervenir, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le chef de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: ...mais ce que je viens d'entendre, je pense, au
niveau de la motion m'incite, en tout cas comme homme politique, à
intervenir. Je m'associe aux propos de M. Lafrance, excusez-moi, du
député d'Iberville, M. le Président, qui a nettement
profité de cette motion en Chambre pour louer le mérite et saluer
les efforts de ces hommes qui se sont sacrifiés au profit de leur pays.
Cependant, M. le Président, profiter d'une motion du genre pour laisser
miroiter qu'en pays démocratique comme le nôtre, ici, on peut
avoir recours à des guerres civiles, ça m'apparait, M. le
Président, alimenter des propos de corridor, des rumeurs, des
stratégies politiques qui veulent fausser carrément le
débat politique dans lequel on vit, essentiellement démocratique
au Québec.
Les formations politiques n'ont jamais, M. le Président... Je
n'ai jamais vu une formation politique au Québec, quelle qu'elle soit,
préconiser et brandir l'épouvantail de la guerre. Et depuis
quelques jours, ça s'agite dans le décor politique. On lit des
entrefilets tous les jours. Des propos comme ceux qu'a tenus le
député de LaFontaine indiquent bien le type d'information qu'on
veut transmettre à la population, l'affoler, l'apeurer pour
empêcher de réfléchir correctement.
C'est des remarques insidieuses, M. le Président, et
personnellement, comme homme politique au Québec, moi, je n'accepte pas
ce genre de publicité, ce genre de rumeur, ce genre de peur qu'on laisse
flotter. Faisons donc appel à l'intelligence des gens et au sens profond
démocratique que nous avons toujours eu plutôt que de laisser
courir des rumeurs, des peurs pour empêcher les gens de
réfléchir collectivement.
M. le Président, il me semble qu'un homme responsable ou qu'une
femme responsable, élue démocratiquement dans cette
Assemblée nationale, doit se placer bien au-dessus de ces fameuses peurs
qu'on fait courir. Je déplore fortement qu'on puisse laisser planer ces
rumeurs pour
affoler, pour apeurer, pour miner même la capacité de
discuter sereinement, dans un contexte tout à fait calme, tout à
fait détendu, M. le Président. Moi, je reproche aux hommes et aux
femmes politiques qui utilisent ces tribunes à l'occasion de motions de
faire ce genre d'assertion. Je trouve ça personnellement
extrêmement pernicieux.
M. le Président, je trouve ça incorrect, je trouve
ça même indigne. Si on vivait avec un passé, M. le
Président, où la démocratie ne se serait pas
exercée librement dans ce coin de pays dans lequel nous sommes, je
pourrais tolérer de tels propos, mais au moment où on s'acharne
avec toute la vigueur, par les voies démocratiques, à tenir un
débat de haut standard, je n'accepte pas et je n'accepterai jamais que
des hommes et des femmes responsables agissent de la sorte et tiennent de tels
propos. Je trouve ça indigne, M. le Président, et je trouve que
c'est faire injure à l'intelligence collective des
Québécois, en plus. Les gens qui s'y prennent par ces moyens, M.
le Président, ce sont ceux, sans doute, qui n'hésiteraient pas
à utiliser ces moyens. Parce que, quand tu ne veux jamais utiliser ces
moyens, tu ne brandis jamais la crainte ou l'épouvantail de ces moyens.
Il me semble qu'ici, au Québec, ceux qui sont nés les deux pieds
dans cette terre de paix, dans cette terre d'accueil ont toujours
favorisé les moyens les plus démocratiques pour ce faire. Et s'il
y a des changements à apporter à notre destinée, c'est par
les voies démocratiques que nous le ferons, mais surtout pas en se
laissant intimider par des épouvantails pernicieux. J'espère que
c'est très clair, M. le Président.
Je veux bien m'associer à la motion de fond qui est de saluer le
courage d'hommes braves, mais pas m'associer à des propos qui
empêchent l'intelligence collective d'exercer ses choix.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader de
l'Opposition. M. le député de LaFon-taine, quelle est votre
question de privilège?
M. Gobé: M. le Président, j'ai l'impression que,
suite à mon intervention, le leader de l'Opposition a pris la parole
pour faire quelques remarques sur mon intervention. J'aimerais faire une mise
au point en ce qui concerne mon intervention car j'estime que ce n'est pas ce
que j'ai dit que le leader de l'Opposition...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, vous avez pu intervenir tantôt et je vous ai bien
écouté.
M. Gobé: S'il vous plaît, M. le Président. Je
pense que les paroles qui ont été dites par le leader sont assez
importantes pour me permettre de clarifier ma position et ce que je dis. Je
demande donc que vous m'accordiez la permission de parler.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 47)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors,
l'Assemblée reprend ses travaux. M. le député de
LaFontaine, en vertu de l'article 212, vous pouvez avoir de très
brèves explications suite à vos propos, immédiatement
après l'intervention qui les suscite. Alors, je pourrai vous entendre
très brièvement. Oui, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: M. le Président: "Tout député
estimant que ses propos ont été mal compris ou
déformés peut donner de très brèves explications
sur le discours qu'il a prononcé. "Il doit donner ces explications
immédiatement après l'intervention qui les suscite. Elles ne
doivent apporter aucun élément nouveau à la discussion ni
susciter de débat."
C'est l'article 212 du règlement. Mais, M. le Président,
il est de coutume, en cette Chambre, que n'importe quel discours qui est
prononcé, l'individu s'en fait bien l'interprétation qu'il veut
en faire. Il a eu la chance de s'exprimer. Si ses propos ont prêté
à interprétation, M. le Président, il n'est pas de
coutume, en cette Chambre, de faire corriger les tirs. Je n'ai jamais entendu
ça en cette Chambre.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, sur la question, M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Là, on est en train de faire un
débat, qui est un faux débat. Il me semble, de façon
évidente, que votre intervention, M. le leader de l'Opposition,
s'adressait à 90 % aux propos tenus par le député de
LaFontaine. Il pense qu'il a été mal compris. Il soulève
une question de privilège, M. le Président. Il veut
définir son privilège et corriger les faits. M. le
Président, je pense que, dans le contexte surtout de la motion qu'on a
aujourd'hui, il serait à tout le moins convenant et convenable de
laisser au député de LaFontaine une minute pour préciser
ses propos, il me semble.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en vertu de
l'article 212... Évidemment, ce n'est pas une question de
privilège, mais en vertu de l'article 212, le député de
LaFontaine, s'il pense que ses propos ont été mal compris, je
vais lui permettre quelques brèves et très brèves
explications.
M. Gobé: Merci, M. le Président. En effet, j'estime
avoir été non seulement mal compris, mais j'estime que
l'interprétation que le député de Joliette a faite de mon
discours ne correspond pas à la réalité et à ce que
j'ai dit.
Ce que j'ai dit, M. le Président, dans mon discours, est une
reconnaissance de certains problèmes qui existent à travers le
monde, depuis la dernière guerre, alors que j'ai déclaré,
auparavant, que la dernière guerre avait été faite comme
étant la dernière des dernières. J'ai pris une
série d'exemples, M. le Président, pour démontrer que ce
n'était pas la dernière et qu'il y en a eu beaucoup d'autres. Par
la suite, j'ai démontré que même dans nos pays occidentaux,
avec la grande démocratie que nous pouvons avoir, il peut y avoir
là aussi des accrochages et j'ai parlé de la Yougoslavie. Je n'ai
jamais fait allusion au Québec, je n'ai jamais fait allusion au
Canada.
M. le Président, vous allez me permettre de terminer, c'est
très important pour la population, pour mes électeurs, pour tout
le monde que je puisse clarifier cette chose-là. Je n'ai jamais - et je
ne sais pas pourquoi le député de Joliette fait cette
allusion-là - fait incitation ou comparé la situation canadienne
québécoise avec celle d'un autre pays. Il n'est pas de mon
intention de le faire et je n'entends pas qu'on me prête ce genre de
comparaison. J'estime, M. le Président, que c'est là certainement
un abus et une compréhension erronée de mes propos et de ma
pensée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député.
Sur cette même motion, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le député.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: M. le Président, I will speak to the motion
as one who has fought in two of the last wars of the 20th Century. At the
eleventh hour, of the eleventh day, of the eleventh month, each year since the
cessation of hostilities in the Great War of 1914-1918, most of the world has
paused for a few moments to pay homage to those men and women who paid the
supreme sacrifice in the defence of freedom.
Il s'est écoulé plus de 70 ans depuis la première
inauguration du jour du Souvenir. Il ne reste qu'une poignée de
survivants parmi les 700 000 hommes et femmes qui ont servi dans les Forces
armées. Durant la Première Guerre mondiale, plus de 60 000
combattants sont morts en défendant notre liberté et plus de 138
000 furent blessés.
Mr. Speaker, as I look around this Assembly, I am struck by the
profusion of poppies worn by the members. The poppy, "le coquelicot", is the
symbol of our war dead. While we, in Canada, do not seem to have any mutual
common celebration, it is striking to note that on Remembrance Day, partisan
politics are swept aside as we remember those who died for all men and women in
the pursuit of freedom.
Je souhaite qu'un jour nous puissions mettre de côté nos
différends et travailler ensemble pour construire un monde meilleur
qu'espéraient ceux qui sont morts pour cette cause. Je suis fier d'avoir
été au service de mon pays pendant la Deuxième Guerre
mondiale ainsi que la guerre de Corée. Je me souviens avec tristesse de
mes compagnons d'armes qui sont morts au combat. C'étaient des jeunes
hommes et des jeunes femmes provenant tout aussi bien de notre
communauté française qu'anglaise, reflétant ainsi le
caractère multicultural du Canada. Durant la Deuxième Guerre
mondiale, plus d'un million et demi d'hommes et de femmes de toutes les
provinces du Canada ont servi dans l'armée, l'aviation, la marine et la
marine marchande. C'est donc plus de 40 % de la population totale d'hommes
âgés entre 18 et 45 ans qui s'est mobilisée pour
défendre notre liberté.
In the Korean War, once again the men and women from all the provinces
reunited with their comrades - as over 30 000 participated - in all the
services from the Infantry to the Air Force, to the Navy, to the doctors and
nurses who served those wounded in the battlefields of Korea. Our Nation, our
Province, is a living testimony to the dedicated service that mankind will not
endure oppression, but will stand and defend the freedom of those living under
the iron heel of oppression. That, Mr. Speaker, is what this day is all
about.
Je ne parle pas des gloires de la guerre, mais au nom de la paix, de la
liberté et de l'espoir pour mettre fin au carnage insensé non
seulement de l'esprit, mais aussi du corps. La guerre n'est pas un spectacle et
en ayant moi-même déjà fait l'expérience, elfe
laisse aux participants des cicatrices et des souvenirs.
Pour le soldat de l'infanterie, il n'y a pas d'acceptation de la vue
d'un soldat mort. Il y a beaucoup trop de morts pour que le cerveau et les yeux
les enregistrent. La mort, pour un soldat, n'est pas quelque chose qu'il voit,
mais quelque chose qu'il sent. Vous sentez la mort, vous ne la voyez pas. Vous
n'entendez ni les bombes, ni le feu des mitrailleuses. Leurs sons
évoquent les bruits normaux de la guerre. Ce que vous entendez de
façon frappante, c'est le silence. La normalité de la guerre est
un bruit assourdissant. La réalité de la guerre est le silence
qui nous surprend comme un voleur dans la nuit.
The graves of Canada's dead are scattered across the landscape of France
and the low countries, tended with deep reverence by the generations of men and
women who gratefully acknowledged the tenacity and courage of the Canadian
Armed Forces throughout six long years of war that culminated in the Normandy
invasion
on the 6th of June 1944, and the final victory on the 5th of May 1945,
in Northwest Europe, and three months later, of the war in the Far East.
Il n'y a pas de gloire dans la guerre. Cependant, la guerre est
héroïque quand on défend la liberté. Et pour nous,
ça devient un acte de foi obligatoire. Greater love hath no man than
this, that a man lay down his life for his friends. At the going down of the
sun, and in the morning, we will remember them. Nous nous souviendrons d'eux.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le
député de notre-dame-de-grâce. alors, en vertu de votre
droit de réplique, m. le député d'iberville.
M. Yvon Lafrance (réplique)
M. Lafrance: Oui, merci, M. le Président. J'aimerais
exercer mon droit de réplique afin de remercier les
députés qui sont intervenus sur cette motion: le
député de Lac-Saint-Jean, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que nous venons d'entendre, le député
de Joliette et le député de LaFontaine.
Cette motion, M. le Président, se voulait avant tout une motion
de recueillement, de respect pour nos semblables. Je trouve également
inopportun, comme on l'a dit, voire même déplacé de faire
référence à toute position politique interne ou externe en
relation avec la motion que j'ai présentée.
Je déplore que cette motion ait pu susciter certaines
rivalités politiques et que des propos aient peut-être
amenés à une mauvaise interprétation. Je pense que
personne ici n'a souhaité que ce débat glisse vers une situation
particulière interne ou externe. Alors, encore une fois, j'aimerais
remercier les députés qui ont bien voulu intervenir sur cette
motion que je considère comme très importante annuellement.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Iberville. Alors, est-ce que la motion
présentée par M. le député d'Iberville, qui se lit
comme suit: "Que l'Assemblée nationale, à l'occasion du jour du
Souvenir, exprime sa profonde gratitude envers ceux et celles qui ont
sacrifié leur vie pour servir la cause noble entre toutes d'une paix
fondée sur le respect des droits humains et de la dignité
inviolable des individus et des peuples", est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté à
l'unanimité.
Il n'y a pas d'autre motion sans préavis. Avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Oui, M. le Président. J'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes,
jusqu'à 18 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission
de l'économie et du travail procédera à l'étude
détaillée du projet de loi 161, Loi modifiant la Loi sur les
établissements touristiques. (16 heures)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous avise
qu'aujourd'hui, le 7 novembre 1991, de maintenant jusqu'à 18 h 30,
à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la commission d'étude sur
toute offre d'un nouveau partenariat de nature constitutionnelle se
réunira en séance publique.
Je vous rappelle que l'interpellation de demain, le vendredi 8 novembre
1991, portera sur le sujet suivant: Les propositions d'offres
constitutionnelles du gouvernement fédéral. M. le chef de
l'Opposition officielle s'adressera alors à M. le premier ministre.
Je vous avise également que l'interpellation de la semaine
prochaine, qui se tiendra le vendredi 15 novembre 1991, portera sur le sujet
suivant: La Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Mme la députée de Chicouti-mi s'adressera alors à
M. le ministre du Travail.
Ceci met fin aux avis touchant les travaux des commissions.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader de
l'Opposition.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais demander au
leader adjoint du gouvernement quels sont les moyens d'obtenir les
séances de travail concernant les engagements financiers. Il y a des
ministères où ça fait deux ans et même trois ans -
je pense au domaine de la justice - qu'il n'y a pas eu d'étude
d'engagements financiers. Ça m'apparait drôlement important. Je
trouve ça inconcevable et je voudrais savoir si le leader adjoint du
gouvernement entend presser certains ministres de se présenter à
la table des commissions pour faire l'étude des engagements
financiers.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement, sur cette question.
M. Bélisle: M. le Président, je suis en entier
accord avec le leader de l'Opposition que c'est très important. Vous
m'avez entendu la semaine dernière lors du débat d'ajournement
des travaux vous parler du suivi des comptes publics et tout le reste. Pour
moi, c'est capital. C'est même plus important que le travail qui se fait
normalement dans des commissions sur d'autres sujets.
Alors, moi, ce à quoi je m'engage vis-à-vis du leader de
l'Opposition, c'est d'en parler au leader du gouvernement, de regarder les
demandes qui sont entrées et de tenter de raccourcir les délais
et de presser certains de nos collègues dans la mesure des
disponibilités qu'ils ont de rencontrer les critiques de chacun des
ministères en commission parlementaire et de faire l'étude des
engagements financiers. Mais, M. le Président, vous me permettrez en
terminant de dire simplement la chose suivante: Je n'ai pas la mémoire
courte, mais je me souviens qu'en 1985... M. le Président, si j'ai votre
attention.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous avez toujours mon
attention.
M. Bélisle: En 1985, lorsque nous avons été
élus le 2 décembre 1985, j'ai participé moi-même
à des études d'engagements financiers qui remontaient quand
même à belle lurette, qui étaient de trois ou quatre ans.
Je me souviens d'engagements financiers qui n'avaient pas été
faits. Il y a des raisons pour lesquelles les engagements financiers ne sont
pas faits. Il y a des ministres qui sont pris dans tel ou tel dossier.
Alors, M. le Président, tout simplement pour couper court, je
prends l'engagement vis-à-vis du leader de l'Opposition d'en parler
à mon leader, de vérifier ceux qui ne sont pas faits et de voir,
dans la mesure des disponibilités et des agendas des ministres, à
ce qu'il y ait une rencontre avec les critiques de l'Opposition pour qu'ils
puissent faire le travail sur les engagements financiers qui est un travail
très important. Vous avez raison là-dessus, M. le leader de
l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la
présidence a reçu également des demandes de débat
de fin de séance. Le premier débat de fin de séance est
à la demande de la députée de Hochelaga-Maisonneuve au
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle sur une question qui a été posée
aujourd'hui concernant le développement de la main-d'oeuvre.
La présidence a reçu également une demande du
député de Shefford demandant un débat de fin de
séance au ministre des Affaires municipales concernant une question qui
a été posée cet après-midi concernant les coupures
gouvernementales dans le logement social.
La présidence a également reçu une demande de Mme
la députée de Terrebonne demandant un débat de fin de
séance au ministre de la Justice concernant une question qui a
été posée cet après-midi concernant les
préarrangements funéraires.
Or, ces débats, conformément au règlement, auront
lieu à 18 h 30.
Alors, ça termine les affaires courantes. Nous sommes maintenant
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, quant aux avis de ces
débats, si vous le permettez, je ne sais pas si la présidence a
été avisée, mais quant au premier débat
mentionné entre la députée de Maisonneuve et le ministre
de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, il est reporté à mardi, à la fin de la
séance de mardi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour que ce débat de fin de séance demandé
par Mme la députée de Maisonneuve au ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle soit reporté à mardi?
M. Bélisle: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Alors, M.
le leader adjoint...
M. Bélisle: Oui, alors...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...aux affaires du
jour.
M. Bélisle: En effet, M. le Président, aux affaires
du jour, je vous demanderais d'appeler l'article 1 de notre feuilleton, s'il
vous plaît.
Consultations dans le cadre de l'examen du mandat, des
orientations, des activités et de la gestion du Protecteur du
citoyen
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 1,
l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 6 novembre 1991
par M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, sur la
prise en considération du rapport de la commission des institutions qui,
les 11 avril 1990, 24, 25, 28, 30, 31 janvier et 28 mai 1991, a tenu une
consultation générale, des consultations particulières et
des auditions publiques et, les 7 et 20 décembre 1989, 22 mars, 9
août, 8 novembre 1990, 5 mars, 9 avril, 7 mai, 10 et 12 juin, 8
août et 29 octobre 1991, s'est réunie en séances de travail
dans le cadre de l'examen du mandat, des orientations, des activités et
de la gestion du Protecteur du citoyen. Ce rapport, déposé le 5
novembre 1991, contient les observations, les conclusions et les
recommandations de la commission.
Je vous rappelle qu'il reste 25 minutes au Parti québécois
et 5 minutes à l'ensemble des députés indépendants.
Je reconnais et je cède la parole à M. le député de
Rouyn-Noranda-Témis-camingue et vice-président de la commission
des institutions.
Reprise du débat sur la prise en
considération du rapport de la
commission
qui en a fait l'étude
détaillée
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je ne reprendrai pas la
longue nomenclature que vous venez de faire pour rappeler simplement - vous
l'avez bien fait, M. le Président... La commission des institutions de
l'Assemblée nationale a passé à peu près deux ans
à étudier le travail, le mandat, les orientations, les
activités, puis la gestion du Protecteur du citoyen et tout cela
découlait d'un mandat d'initiative - pour que les gens nous comprennent
assez bien - d'une commission parlementaire composée de
députés de tous les côtés de la Chambre,
c'est-à-dire tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition et des députés
indépendants. C'est l'ensemble du groupe de ces députés
qui décide d'étudier une commission ou un organisme
créé par le gouvernement, en vue de faire des recommandations,
soit à un ministère, dans le cas échéant ici, quand
on parle du Protecteur du citoyen, en vue de faire des recommandations à
l'Assemblée nationale. L'institution, le Protecteur du citoyen, ne
dépend pas formellement d'un ministère; il est
indépendant. Il est indépendant du pouvoir exécutif pour
accomplir son travail, bien sûr, et, donc, des recommandations qui
s'adressent à l'Assemblée nationale.
Vous avez raison, donc, M. le Président. Il y a deux ans, un
groupe d'une vingtaine de députés ont pris le temps d'analyser
à fond le travail qui a été fait par le Protecteur du
citoyen ou qui est fait par le Protecteur du citoyen depuis 20 ans au
Québec.
Au départ, M. le Président, je voudrais remercier à
titre de vice-président de la commission des institutions d'abord le
président lui-même, le député de Marquette, qui a
présidé avec beaucoup de doigté cette longue commission
parlementaire et les travaux non moins longs, bien sûr, de la commission
des institutions. Je voudrais remercier également le personnel, parce
que, évidemment, lorsqu'on aborde tous ces aspects-là, il y a des
spécialistes qui nous accompagnent dans ces questions et qui font un
travail, qui ont fait, le cas échéant ici, un travail assez
remarquable.
Je veux d'abord souligner le travail de la secrétaire permanente
de cette commission, Me Lucie Giguère, qui s'est montrée
très disponible, et d'une compétence dont tout le monde peut
relever le haut niveau, et également remercier une personne
spécialiste dans le domaine, qui s'était adjointe à la
commission, Me Nicole Trudeau-Bérard, une autorité reconnue en
pareille matière au Québec et qui nous a apporté des
conseils et des avis extrêmement précieux pour rédiger ce
rapport sur les activités du Protecteur du citoyen, et, bien sûr,
Me Suzanne Langevin, du service de la bibliothèque de l'Assemblée
nationale qui, M. le Président, nous a également apporté
ses lumières pour rédiger ce rapport, ainsi que M. Jules Viviers,
qui a accompagné notre travail.
Ceci étant dit, M. le Président, ça fait 20 ans
à peu près, 1969, que l'on a créé cette institution
sous la responsabilité, au moment de sa création, du gouvernement
du premier ministre Bertrand, cette institution qui s'appelle le Protecteur du
citoyen. Ah! il semblait d'appoint, dans un premier temps, qu'au bout de 20
ans, en quelque sorte, on tire le bilan de ce qui se fait au Protecteur du
citoyen et surtout qu'on en profite, bien sûr, pour porter à
l'attention de l'Assemblée nationale un certain nombre de
recommandations pour faire en sorte que l'institution serve davantage
l'ensemble des citoyens du Québec. (16 h 10)
Ce n'est pas tout à fait par hasard que la commission des
institutions a accepté de se donner ce mandat d'examen des orientations
des activités et de la gestion du Protecteur du citoyen. Vous le savez
très bien, M. le Président, dans votre propre comté,
probablement - comme c'est le cas, j'en suis certain, dans les 124 autres
circonscriptions représentées ici à l'Assemblée
nationale - on se rend bien compte, sans faire une critique politique du
système actuel, du système judiciaire en particulier, que
l'accessibilité à la justice est souvent égalée par
la définition de "l'accès aux tribunaux". On pourrait discourir
longtemps là-dessus parce que l'accès à la justice, c'est
davantage que l'accès aux tribunaux mais, généralement
compris...
Il s'en vient, par exemple, l'hiver prochain, un sommet sur la justice
et, dans tous les documents qui ont été publiés à
cet égard-là ou les commentaires qui ont été faits
par différents groupes, il est un chiffre qui est
généralement admis au Québec actuellement: pour 80 % de la
population, la justice n'est plus accessible. On désespère un peu
de notre système judiciaire, de notre système d'arbitrage, en
quelque sorte, officiel. On désespère un peu parce qu'il y a, M.
le Président, d'abord des barrières économiques et, pour
80 % de la population, c'est important. Quand le système judiciaire...
quand on est obligé d'affirmer qu'il ne sert plus une très grande
portion de la population, il y a comme un malaise quelque part. D'autre part,
même pour les quelque 20 % qui réussiraient à obtenir
justice via les tribunaux, par exemple, ou d'autres mécanismes, c'est
encore très dispendieux, c'est encore un système qui n'est pas
véritablement accessible.
Ce que le gouvernement de l'Union Nationale avait proposé en 1969
c'est, finalement, d'instaurer une espèce de système de justice
douce au Québec. Au lieu de développer une immense batterie de
réglementation, de règles, de procédures -
forcément coûteuses pour les par-
ties en cause - devant les tribunaux de droit commun, il a
été institué au Québec, comme dans beaucoup
d'autres provinces, la plupart des autres provinces canadiennes, l'institution
qui s'appelle le Protecteur du citoyen.
Qu'est-ce que fait le Protecteur du citoyen? Tout simplement, quand un
citoyen se sent lésé par une décision d'une personne qui
travaille, qui intervient pour un ministère ou dans un organisme du
gouvernement du Québec - j'y reviendrai tantôt quand on parle d'un
organisme qui dépend du gouvernement du Québec - il est
chargé, en quelque sorte, de défendre les citoyens. Quand on dit
"défendre les citoyens", M. le Président, ça ne fait
aucune allusion au fait que notre fonction publique serait contre les citoyens,
mais pas du tout. C'est que nous avons un ensemble de lois et de
règlements qui sont appliqués par une fonction publique
extrêmement compétente qui a de lourdes responsabilités
aussi, qui a un spectre de travail qui est très large. Il peut arriver,
plus ou moins fréquemment, que des citoyens se sentent
lésés par l'application d'une loi, par l'application d'un
règlement, par une décision à l'intérieur d'un
ministère. Alors, ce qu'on s'est donné comme mécanisme,
c'est un mécanisme de justice douce dans le sens où les citoyens,
directement... Si vous vous sentez lésé par rapport à une
décision que vous a fait connaître le gouvernement par peu importe
lequel de ses ministères, vous pouvez signaler cette anomalie, ce tort
que vous pensez qu'on vous a causé. Vous pouvez même le signaler
uniquement par téléphone auprès du Protecteur du citoyen,
ce n'est pas nécessaire de le faire par écrit. Il y a 800 000
personnes au Québec, M. le Président, vous le savez, qui sont des
analphabètes fonctionnels et, pour tous ces gens-là, eh bien, le
Protecteur du citoyen, c'est une justice douce, pour reprendre l'expression qui
est maintenant assez consacrée au Québec en matière de
respect des droits des citoyens vis-à-vis de leur appareil
gouvernemental, leur appareil public.
Au moment où on a créé l'institution en 1969, on a
défini, bien sûr, un certain champ d'exercice et, à la
pratique, 20 ans plus tard, nous, on pense qu'il faut réviser cela. Dans
ce sens-là, la commission des institutions, qui a analysé tout le
travail du Protecteur du citoyen et son mandat, en arrive à faire 18
recommandations à l'Assemblée nationale, effectivement, en vue
d'en arriver à une modification de la loi qui permet au Protecteur du
citoyen d'intervenir dans différents domaines au Québec.
Quelles sont les recommandations les plus importantes parmi ces 18
recommandations? Sans l'ombre d'un doute, M. le Président, la
recommandation clé, c'est la recommandation 11. Ça, c'est
fondamental. Là, dans ce sens-là, le gouvernement actuellement au
pouvoir va devoir prendre en très sérieuse considération
qu'il ne s'agit pas ici, M. le Président, d'un quelconque rapport, d'un
quelconque groupe à quelque part au Québec. Il s'agit d'une
étude, d'une analyse d'une commission de l'Assemblée nationale
dans laquelle commission, je le rappelle, il y avait des députés
de tous les partis politiques, de tous les côtés de la Chambre.
Alors, ce sont des recommandations unanimes et le gouvernement devra en
disposer de façon sérieuse.
Quelle est la recommandation 11, M. le Président? C'est à
l'effet que le Protecteur du citoyen ait maintenant juridiction pour recevoir
les plaintes de tout citoyen qui se sentirait brimé par toute
décision prise par quelque organisme public ou parapublic dont le fonds
social appartient ou est doté par le gouvernement du Québec,
à l'exception des organismes qui feraient l'objet d'une décision
d'exclusion par le gouvernement. Expliquons ça très
brièvement, M. le Président.
Jusqu'à maintenant, le Protecteur du citoyen peut recevoir des
plaintes sur des gestes ou sur des omissions qui ont été faites
par des membres d'organismes dont le personnel est rattaché à la
fonction publique du Québec. Bon, c'est la définition. Quand le
personnel de cet organisme et de ce ministère, bien sûr, est
nommé par le gouvernement du Québec, le Protecteur peut recevoir
des plaintes. Le Protecteur ne peut pas actuellement recevoir de plaintes d'un
citoyen ou d'une citoyenne qui se sentent lésés par une
décision d'une commission scolaire parce que le personnel - on le sait
bien - des commissions scolaires ne relève pas directement de ce que
l'on appelle la fonction publique. Il dépend d'une commission scolaire.
Le Protecteur ne peut pas recevoir une plainte et la traiter, quand un citoyen
se sent lésé d'une décision prise par un
établissement hospitalier. Il ne peut pas recevoir une plainte d'une
décision prise par une université, d'une décision prise
par un collège d'enseignement général et
professionnel.
On l'a vu au cours des derniers mois - ma collègue de Terrebonne
l'a souligné à de nombreuses occasions - les clients
d'Hydro-Québec ne peuvent pas s'adresser au Protecteur du citoyen.
Pourquoi? Parce que - c'est généralement connu - le personnel
d'Hydro-Québec n'est pas nommé par un ministère. Le
personnel d'Hydro-Québec dépend d'une entreprise distincte du
gouvernement qui s'appelle la société HydroQuébec et, dans
ce sens-la, le Protecteur n'a pas juridiction.
Ce que la recommandation 11 dit, c'est: quand une entreprise, quand un
organisme, quand une société dépend... Le fonds social
dépend du gouvernement du Québec. Qu'est-ce que c'est que le
fonds social? C'est quand l'ensemble des fonds pour lui permettre d'agir vient
en majorité du gouvernement du Québec ou encore que les membres
du conseil d'administration ou les membres de l'organisme sont nommés
par le gouvernement.
Alors, quand on a ces conditions-là, on dit:
Le Protecteur du citoyen devrait, dorénavant, avoir la
possibilité de répondre aux personnes qui ont des plaintes
à porter en regard des actes ou des décisions de ces
organismes-là.
Nous rajoutons, à la fin de la recommandation, contrairement
à ce que c'est actuellement: Le Protecteur du citoyen aurait donc
juridiction sur tous les types d'organismes qui sont généralement
décrits comme étant des organismes publics et parapublics,
à l'exception de ceux que le gouvernement voudra exclure. Le
gouvernement a choisi, dans le contexte actuel, par exemple, d'exclure
justement Hydro-Québec du champ, du mandat du Protecteur du citoyen au
Québec. C'est une prérogative qui appartient au gouvernement.
Ce que la commission dit, c'est: Tournons, si vous voulez, les choses
à l'envers et que tout le monde, que tous les organismes publics et
parapublics soient dorénavant couverts par le Protecteur du citoyen.
Quand on dit tous les organismes, c'est tous les citoyens et citoyennes qui
font affaire avec ces organismes-là. Donc, renversons les choses. Le
gouvernement devra définir ça par exception et, bien sûr,
quand on dit cela, ça voudrait dire que le gouvernement, quel qu'il
soit, M. le Président, aura à justifier ces exclusions. (16 h
20)
Pourquoi faire cela? En vertu, M. le Président, de la
première constatation que je faisais: 80 % de la population n'a plus
accès facilement à son système de justice. Réponse:
Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on développe un hypersystème de
tribunaux de droit commun ou si, pour un certain nombre de conflits, par
exemple, avec les organismes publics et parapublics, on ne devrait pas confier
ça à une méthode beaucoup plus douce qui s'appelle le
Protecteur du citoyen?
Bien, c'est ça que les membres de la commission disent. C'est que
tous les organismes soient couverts par le mandat du Protecteur du citoyen et
que les exclusions, elles, soient en quelque sorte le fardeau de la preuve.
Pourquoi exclure un organisme, que ce soit le gouvernement qui en ait la
responsabilité?
Dans le mandat du Protecteur du citoyen, dans l'examen de ses
activités, on s'est rendu compte aussi qu'actuellement le Protecteur du
citoyen opère à partir de bureaux qui sont situés à
Montréal et à Québec. Je note au passage que, dans les
premières pages du rapport, tous les membres de la commission
déclarent que le Protecteur du citoyen, c'est une institution
remarquablement efficace. Il faut le souligner, ça. Il faut le
souligner. L'institution, actuellement, fonctionne quant aux mandats qu'elle a,
quant à ses mandats actuels, de façon remarquablement efficace
et, dans 99 % des cas... Écoutez bien ça, M. le Président.
Le Protecteur du citoyen, qui n'a pas de pouvoir décisionnel - il n'a
que des pouvoirs de recommandation - on suit, dans 99 % des cas, ses
recommandations lorsqu'il dit: Je pense que vous avez eu tort dans tel
ministère, dans tel organisme et que vous devriez, par exemple, reverser
une pension, ajuster un dédommagement à un citoyen, ajuster des
paiements qui doivent lui être faits, ajuster un remboursement
d'impôt. Eh bien, dans 99 % des cas, la recommandation du Protecteur du
citoyen est observée et suivie. C'est un résultat remarquable et
c'est dans ce sens-là qu'on veut le rendre plus accessible.
Mais comme le Protecteur du citoyen opère, jusqu'à
maintenant, dans des bureaux centralisés à Montréal et
à Québec, il y a comme une espèce de discrimination, entre
guillemets, M. le Président; il y a une espèce de discrimination
quant à l'accessibilité, en particulier pour les gens des
régions du Québec. Alors, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, qui vit dans une région
périphérique, une région éloignée des grands
centres urbains... Parce que, à la blague, les gens de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue vous diront, M. le Président, que
c'est les gens de Montréal qui sont éloignés de
Rouyn-Noranda, mais que ce n'est pas eux qui sont éloignés. La
réalité, malheureusement, fait en sorte que, dans notre beau
pays, dans la géographie de ce beau pays, des citoyens sont
géographiquement plus éloignés par rapport aux centres,
par rapport à Québec et à Montréal.
Alors, ça, c'est une autre barrière
d'accessibilité, parce que c'est bien démontré que la
proximité favorise l'accessibilité. Quand on est plus proche d'un
service, eh bien, on est plus porté à l'utiliser. Actuellement,
le Protecteur du citoyen a développé un certain nombre de moyens
qui s'appellent, dans le langage commun, les lignes WATS, c'est-à-dire
qu'on peut appeler à partir de Rouyn-Noranda, a partir de Ville-Marie,
à partir de Hull et à partir de Gaspé le Protecteur du
citoyen pour porter une plainte, gratuitement, faut-il le mentionner. Sauf
qu'on n'a pas le contact avec la personne. Et on sait comment ça
fonctionne; les députés, ici en particulier, jouent ce rôle
de protecteur du citoyen ou d'ombudsman à tous les lundis ou à
tous les vendredis lorsqu'ils sont en session parlementaire et lorsqu'ils
reçoivent des citoyens. Alors, quand le député
d'Arthabaska reçoit une personne dans son bureau, oui, il agit, le
député d'Arthabaska; il exerce une fonction de protection parce
qu'il reçoit les plaintes des citoyens, mais verriez-vous tous les
citoyens d'Arthabaska rejoindre leur député au
téléphone, à Québec? Mais non, parce qu'on sait que
le contact nous amène à mieux connaître la situation.
Ce que la commission des institutions recommande, M. le
Président, sans gonfler tout le secteur des dépenses
reliées au développement de la fonction du Protecteur du citoyen,
c'est que le Protecteur du citoyen ouvre des services d'accueil dans les
régions du Québec. Pourquoi employons-nous l'expression "ouvrir
des services
d'accueil dans les régions du Québec", M. le
Président? Nous ne voulions pas que l'on comprenne qu'il faille ouvrir
des bureaux de traitement des plaintes, directement dans les régions. Ce
que les citoyens et les citoyennes souhaitent, c'est d'être accueillis,
d'être écoutés et d'avoir du suivi sur les plaintes qu'ils
ont apportées, ces citoyens et ces citoyennes, sur l'appareil public et
parapublic au Québec. Service d'accueil, ça voudrait dire qu'on
pourrait faire des ententes avec d'autres organismes, avec
Communication-Québec, avec d'autres ministères qui sont
apparentés ou qui sont appelés à travailler avec les
différentes clientèles que nous recevons
généralement, qui sont plus portées, qui sont plus
lésées ou qui sont plus en situation de difficulté dans
notre société; il pourrait y avoir des ententes.
Si bien que la recommandation 4 au gouvernement, M. le Président,
c'est de modifier la loi et de demander au Protecteur du citoyen de
préparer un plan d'action, de le soumettre à la commission des
institutions pour approbation pour ouvrir des services d'accueil dans les
régions du Québec, que ce soit en Gaspésie, dans le
Bas-Saint-Laurent, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région de
l'Outaouais, ou que ce soit dans d'autres régions plus centrales mais,
quand même, comme la région de la Mauricie-Bois-Francs, la
région de Trois-Rivières, la région de la Mauri-cie, pour
que les gens puissent avoir un accès plus facile à ce
système de justice douce. C'est une autre recommandation très
importante, M. le Président.
Donc, parmi ces 18 recommandations, il en est qui sont majeures dans
l'élargissement du mandat du Protecteur du citoyen, recommandations
centrales - ma collègue de Terrebonne en a déjà
traité hier, ici, à l'Assemblée nationale -
recommandations fermes. Et ça, c'est une recommandation qu'on devait
absolument traiter: élargir le mandat du Protecteur du citoyen à
tout le système scolaire. Quand on dit système scolaire, ce sont
les niveaux primaire, secondaire, collégial et universitaire.
Donc, essentiellement, M. le Président, le gouvernement aura
loisir d'examiner cela. Nous faisons 18 recommandations qui, essentiellement,
visent à dire: Développons l'accessibilité et la
possibilité d'agir dans cette institution qui s'appelle le Protecteur du
citoyen et faisons en sorte qu'il ait les moyens d'exercer cette justice douce.
Le gouvernement qui est en place reçoit, ici, à travers
l'Assemblée nationale, ce rapport. Il aura à initier une
législation, une loi, modifiant la loi actuelle du Protecteur du
citoyen. Et, de ce côté-ci de la Chambre, M. le Président -
j'ai eu l'occasion de le répéter à l'extérieur de
la Chambre, mais je le répète officiellement, ici, à
l'Assemblée nationale - nous avions dit, au début des travaux de
cette commission, que pour un certain nombre d'objectifs parmi ceux que je
viens d'énumérer, qui sont main- tenant des recommandations, du
côté du Parti québécois, du côté de
l'Opposition, tout cela fera partie d'engagements. Ce ne sont pas des simples
recommandations apportées sur une tablette. Ce sont des engagements.
Si, un jour, la population nous confie la responsabilité
gouvernementale, nous élargirons le mandat du Protecteur du citoyen.
Nous ferons en sorte de le rendre plus accessible aux gens en région,
aux étudiants, aux gens qui sont actuellement mal
protégés, selon nous, dans le système de santé et
des services sociaux, dans les établissements hospitaliers et dans les
différents établissements de notre système de santé
et des services sociaux. Nous prenons solennellement l'engagement que, nous, du
côté gouvernemental, si un jour la population nous le confie, nous
mettrons en pratique... nous modifierons la loi du Protecteur du citoyen pour
faire en sorte, M. le Président, que les Québécois et les
Québécoises continuent non seulement d'être fiers de leur
fonction publique, fiers des personnes, des hommes et des femmes qui les
servent à la fonction publique, mais qu'il y ait également des
recours transparents, équitables et efficaces à travers le
mécanisme de Protecteur du citoyen. Voilà pourquoi ce rapport est
très important, M. le Président, et que je souhaite fermement
qu'on lui donne suite dans les meilleurs délais. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et
vice-président de la commission des institutions. Il reste trois
minutes. M. le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, il
reste trois minutes à votre formation politique. Il reste
également cinq minutes aux députés indépendants. Je
n'ai pas eu d'indication, jusqu'ici, qu'un député
indépendant interviendrait sur cette question. Est-ce qu'il y a
consentement pour que les trois minutes soient versées à la
formation ministérielle et les cinq minutes pour lesquelles je n'ai pas
d'indication, s'ils ne sont pas ici, qu'elles soient versées au
député de Nelligan pour la formation ministérielle?
M. Trudel: M. le Président, c'est à dessein que je
n'ai pas utilisé tout le temps qui était réservé
à notre formation politique, parce que, vous savez, je pense que le
député de Nelligan voudrait intervenir et l'organisation de
l'Assemblée nationale fait en sorte que le député de
Nelligan n'est plus maintenant membre de la commission des institutions, mais
il y a participé très activement. Alors, c'est avec plaisir et
grand coeur que nous donnons notre consentement pour que le
député de Nelligan puisse intervenir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a consentement, M.
le député de Nelligan. Vous avez les trois minutes qui restent
à la formation de l'Opposition officielle. Et si un
député
indépendant n'est pas ici après trois minutes, je vous
accorderai les cinq minutes, ce qui donnera un total de huit minutes. m. le
député de nelligan.
M. Russell Williams
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président, et merci
aussi au député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue. Je pense
que c'est une bonne démonstration de l'esprit de collaboration que nous
avons eu ensemble pendant les deux années sur cette commission qui a
étudié le Protecteur du citoyen. (16 h 30)
Avant de commencer, M. le Président, je voudrais, en mon nom et
au nom du président, le député de Marquette, aussi
remercier les personnes suivantes qui ont grandement aidé notre
commission, soit notre excellente consultante, Me Nicole Trudeau-Bérard,
qui nous a donné d'excellents conseils, notre recherchiste, Me Suzanne
Langevin, et aussi la secrétaire très efficace de notre
commission, Me Lucie Giguère, et tous les autres membres du personnel de
la commission. Je pense que nous avons travaillé dans un excellent
esprit d'équipe.
M. le Président, je suis fier d'intervenir dans le cadre du
débat portant sur le rapport final de l'examen du mandat, des
orientations, des activités et de la gestion du Protecteur du citoyen,
sur lequel j'ai travaillé durant tout le mandat. Il faut le souligner,
sur plus de 20 ans d'existence de cette institution qui fut créée
par une loi sanctionnée le 14 novembre 1968, il s'agit d'un premier
examen en profondeur du mandat, de l'orientation, des activités et de la
gestion du Protecteur du citoyen.
Cette institution, M. le Président, a été
créée pour assurer une nouvelle protection à l'individu de
plus en plus isolé et vulnérable devant l'accroissement
considérable des services de l'État. Ainsi, le Protecteur du
citoyen surveille les négligences et les abus qui peuvent être
commis par l'administration. Celui-ci possède le pouvoir de recevoir les
plaintes, d'enquêter et de faire rapport relativement aux abus de
l'administration publique qui touchent les citoyens. Notre rôle comme
députés est souvent environ la même chose. Avec ça,
nous, comme membres de la commission, les députés, notre
étude est toujours de "prioriser" le citoyen, qu'il soit la
priorité de nos discussions d'abord, avant toutes les autres. On est
d'avis que les citoyens ont le droit de savoir non seulement le pourquoi des
décisions qui les concernent, mais aussi le comment. La transparence
devient essentielle et aussi l'objectivité devient essentielle.
Permettez-moi, M. le Président, de m'attar-der à
quelques-unes des 18 recommandations du rapport qui retiennent
particulièrement mon attention et je pense que le rapport complet est
une bonne démonstration de la sagesse de la commission. Nous n'avons pas
proposé un élargissement complet du mandat, mais dans quelques
dossiers très spécifiques et je voudrais citer quelques
exemples.
Ainsi, la recommandation 1 m'apparaft très importante. En vue
d'assurer son indépendance financière, le budget du Protecteur
serait étudié et approuvé par l'Assemblée
nationale, de qui il relève d'ailleurs, comme le Directeur
général des élections et le Vérificateur
général, au lieu que ce soit fait par le Conseil du
trésor, comme c'est le cas depuis 20 ans. Il faut prendre bonne note que
des trois institutions identifiées comme relevant directement de
l'Assemblée nationale, seul le Protecteur du citoyen se voit dans
l'obligation de soumettre ses demandes de crédits et d'effectifs au
Conseil du trésor. Je pense que ce changement va certainement aider
à l'objectivité du Protecteur du citoyen.
Une autre recommandation d'importance est celle qui traite de
l'accès au Protecteur du citoyen. Ainsi, M. le Président, on
serait rendu que c'est la population susceptible d'avoir le plus besoin de
recourir aux services du Protecteur qui le méconnaît. Devant cette
situation, le Protecteur du citoyen doit intensifier les moyens de rejoindre la
population, notamment en recourant à des tournées
régionales et des décisions, de concert avec le ministère
des Communications du Québec et d'autres intervenants publics
auprès de leur clientèle.
C'est par l'ensemble des moyens d'information et de consultation et par
une présence dans les régions du Québec que les services
du Protecteur du citoyen seront mieux connus et utilisés. Cette
information devrait être disponible dans tous les comptoirs ou bureaux
où les citoyens et les citoyennes reçoivent des services
d'administration publics.
Le Protecteur du citoyen l'admet. Nous avons eu des difficultés
à rendre les services accessibles à toutes les minorités,
les autochtones, les minorités culturelles et la communauté
d'expression anglaise. Je pense que le programme d'avoir une meilleure
communication, ça va nous aider à faire le travail qu'on veut
faire pour le bien-être de tous les Québécois.
Mais aussi, le Protecteur du citoyen a un mandat assez large. C'est
pourquoi nous avons recommandé que nous puissions avoir des
vice-protecteurs du citoyen afin de mieux cibler notre travail et de mieux
protéger les citoyens.
M. le Président, adoptée en 1968, la Loi sur le Protecteur
du citoyen, par ses articles 14 et 15, limite la juridiction de ce dernier aux
ministères et organismes dont les employés font partie de la
fonction publique. Mais, au fil des années, la portée de ses
compétences a été quelque peu amoindrie avec la
création de nouveaux organismes administratifs dont le personnel ne fait
pas partie de la fonction publique. À nos yeux, ce critère
désuet prive un bon nombre de citoyens et de citoyennes de la
possibilité
d'un recours lorsque leurs droits sont brimés à la suite
d'actes posés par les personnes pourtant rémunérées
aux mêmes fonds publics.
C'est pourquoi le Protecteur du citoyen demande l'élargissement
de son mandat afin de couvrir, en plus des organismes dont le personnel est
nommé et rémunéré suivant la Loi sur la fonction
publique, tout organisme gouvernemental répondant à Tune ou
l'autre des conditions suivantes: le gouvernement ou le ministre nomme au moins
la majorité des membres et, deuxièmement, son fonds social fait
partie d'un domaine public. On ne peut qu'être d'accord également
que chaque établissement collégial et universitaire se dote d'un
système de traitement des plaintes qui présente les
caractéristiques fondamentales d'indépendance, de
neutralité et de transparence et que le Protecteur du citoyen ait
juridiction pour intervenir sur toute plainte concernant un étudiant ou
une étudiante d'un collège ou d'une université si les
plaintes ne peuvent être réglées dans les
établissements. Voilà, M. le Président, quelques
recommandations qui méritent réflexion.
It is particularly important, as we look at the recommendations of the
commission des institutions, that we unanimously move forward to suggest and
recommend the expansion of the role of the Ombudsman, the Protecteur du
citoyen, to better protect the citizens of Québec in the case when there
are difficulties around access to services. As the role of the State has been
increasing, there are many areas that have been left untouched and we recommend
further increase of that.
Our recommendations also go to a better communications plan in which the
minorities of Québec can be touched by the role of the Government and
the Protecteur du citoyen. There is, in fact, in our study, some difficulties
that we have had communicating with special groups, in particular, the cultural
communities, the English-speaking community and the Natives. So the
communications plan to deal with those kinds of groups as well as some other
particular groups such as handicapped communities must be taken into account if
we are going to have an effective Protecteur du citoyen.
Finally, I think one of the most important recommendations is that, in
fact, the Protecteur du citoyen can name, if these recommendations are
implemented, vice-protectors, so that we can have special attention given to
areas that up to now have not been addressed by the work. I think this
recommendation is an excellent one. I think it does a great deal and will serve
as a guide to us as we look towards the future of enlarging the mandate of the
Protecteur du citoyen. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Nelligan. Alors, ceci met fin au débat sur le
rapport de la commission des institutions dans le cadre de l'examen du mandat
des orientations, des activités et de la gestion du Protecteur du
citoyen. Ce débat n'entraîne aucune décision de
l'Assemblée et ce, conformément à l'article 95 de notre
règlement. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je vais vous demander, M. le Président,
d'appeler l'article 5 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 159 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
leader adjoint du gouvernement.
Alors, à l'article 5, M. le ministre de la Justice propose
l'adoption du principe du projet de loi 159, Loi modifiant le Code civil du Bas
Canada en matière de tutelle et de curatelle. M. le ministre de la
Justice. (16 h 40)
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président, merci, mon
collègue. M. le Président, en juin 1989, l'Assemblée
nationale adoptait la Loi sur le Curateur public et modifiant le Code civil et
d'autres dispositions législatives. Cette loi est venue réformer
la Loi sur la curatelle publique et les dispositions du Code civil du Bas
Canada portant sur les régimes de protection des personnes majeures
inaptes à prendre soin d'elles-mêmes et à administrer leurs
biens.
Cette loi vise principalement à assurer une meilleure protection
des personnes au moment où elles font l'objet de demandes visant
à limiter leur capacité juridique. À cette fin, elle
prévoit qu'une personne ne peut être déclarée inapte
sans le contrôle du tribunal. Elle établit de plus des
régimes de protection mieux adaptés à l'état
réel d'inaptitude de ces personnes et introduit une nouvelle
institution: le mandat donné par une personne en prévision de son
inaptitude.
À peine quelques mois depuis leur mise en vigueur, qui, comme
vous le savez, remonte au 15 avril 1990, les bénéfices de ces
mesures se manifestent déjà. En effet, M. le Président,
les témoignages des personnes oeuvrant dans ce domaine et les
statistiques nous révèlent, d'une part, que la nouvelle
institution du mandat est fréquemment utilisée et que, d'autre
part, la proportion du nombre de personnes représentées par un
curateur ou un tuteur privé, par rapport au régime dont le
curateur assume la charge, augmente progressivement. C'est ainsi qu'avant la
réforme, 80 % des majeurs sous régime de protection
étaient représentés par le Curateur public, alors que
depuis, la moitié des nouvelles demandes d'ouverture de régime
sont présentées par les proches de personnes inaptes.
L'application de cette réforme, M. le
Président, a révélé une tendance fort
encourageante, mais elle a mis en lumière toutefois une situation
à laquelle, je crois, il est urgent de remédier. En effet,
l'obligation de réunir le conseil de famille s'applique non seulement
aux proches qui demandent l'ouverture d'un régime pour une personne
inapte, mais également au Curateur public. Bien que la loi confirme le
rôle supplétif du Curateur public en cette matière, elle
lui impose, lorsqu'il reçoit un rapport d'inaptitude d'un
établissement de santé d'évaluer d'abord
l'opportunité de faire une demande d'ouverture de régime au
tribunal, puis de tenter de trouver et d'inciter un proche à assumer la
charge et, enfin, de faire lui-même la demande si ses démarches ne
réussissent pas.
Environ 1000 demandes d'ouverture de nouveaux régimes de
protection sont présentées annuellement. De ce nombre,
près de la moitié des personnes visées par ces demandes
sont sans famille ou sans lien avec celles-ci. Or, ce sont justement dans ces
cas que le Curateur public est appelé à jouer son rôle
supplétif et à se proposer au tribunal comme curateur, tuteur ou
conseiller.
Bien que le nombre de personnes requises pour constituer le conseil soit
passé de sept à cinq personnes, il est à toutes fins
pratiques impossible pour le Curateur public, dans la très grande
majorité des cas, de réunir cinq parents alliés ou amis de
la personne inapte. Fréquemment, le Curateur public n'arrive même
pas, malgré ses recherches et ses démarches, à trouver ou
à convaincre un seul proche de s'occuper de la personne, ne serait-ce
qu'à titre de membre du conseil de famille. Mais la situation est encore
plus significative en ce qui concerne la révision des régimes de
protection existant antérieurement à la réforme.
La loi mise en vigueur le 15 avril 1990 comportait des dispositions
transitoires attribuant aux personnes alors sous régime d'interdiction,
de curatelle ou de conseil judiciaire, l'un ou l'autre des nouveaux
régimes proposés et prévoyait de plus que tous ces
régimes devaient être révisés dans les trois ans
suivant l'entrée en vigueur de la loi. Le Curateur public assumait alors
la responsabilité de 16 000 des 21 000 régimes existants. Les
situations examinées jusqu'à maintenant révèlent
que près de 10 000 demandes de révision judiciaire devront
être présentées par le Curateur public parce que le
régime attribué est inadéquat, soit qu'une
mainlevée s'impose, soit qu'il faille transformer des tutelles en
curatelles vu le degré réel d'inaptitude de ces personnes. Or, il
arrive que la plupart de ces personnes inaptes sont, comme dans les cas
d'ouverture de nouveaux régimes dont le Curateur public doit assumer la
charge, sans famille ou sans lien avec celle-ci.
Les difficultés, M. le Président, voire
l'impossibilité de réunir le conseil de famille dans ces nombreux
cas d'ouverture et de révision occasionnent des délais
considérables qui affectent surtout les personnes qui requièrent
protection. Par ailleurs, la révision des milliers de régimes
antérieurs ne pourra, selon toutes probabilités, s'effectuer dans
le délai de trois ans prévu dans la réforme et ce, au
détriment des personnes inaptes concernées qui ne pourront
bénéficier dans un délai raisonnable d'un régime
adéquat. Afin de pallier cette difficulté d'application, les
membres de la sous-commission des institutions qui étudient actuellement
le projet de Code civil du Québec, le projet de loi 125, ont
adopté une résolution qui consiste à permettre au tribunal
de procéder sans que le conseil de famille soit tenu lorsque le Curateur
public démontre que des efforts suffisants pour le réunir ont
été faits et qu'ils ont été vains.
Cette solution satisfait les groupes principalement aux prises avec ce
problème d'application, mais cette mesure ne pourra être
appliquée avant l'entrée en vigueur du Code civil du
Québec. Or, c'est la raison du présent projet de loi. Il est
urgent, compte tenu du grand nombre de demandes d'ouverture de régimes
qui sont faites à chaque année et des milliers d'anciens
régimes à réviser, de procéder à
l'assouplissement proposé dès maintenant. Si la
nécessité et l'urgence du présent projet sont
évidentes, il n'est cependant pas inutile de rappeler que celui-ci
respecte les grandes orientations poursuivies par la réforme de la
Curatelle publique déjà mise en oeuvre.
En effet, M. le Président, malgré l'assouplissement
proposé, toutes les demandes d'ouverture et de révision des
régimes de protection continueront d'être soumises au tribunal.
Même la dispense de réunir le conseil de famille ne pourra
être accordée que par le tribunal, à la condition que le
Curateur public lui ait démontré qu'il a fait des efforts
suffisants pour le réunir et que ceux-ci ont été vains. De
plus, la volonté de favoriser l'implication des proches dans la prise en
charge des personnes inaptes sera respectée, dès le
départ. Le directeur général de rétablissement de
santé où réside la personne inapte demeurera tenu d'aviser
l'un des proches à la transmission d'un rapport d'inaptitude au Curateur
public, de manière à lui permettre de procéder
lui-même. En outre, sur réception du rapport, le Curateur public
conservera l'obligation de faire des démarches pour trouver un proche
qui soit apte et prêt à représenter le majeur inapte, et
celle de tenter de réunir un conseil de famille.
Comme on peut le constater, M. le Président, le présent
projet de loi n'a pas que pour but de pallier l'absence de proches
intéressés puisqu'il permet, dans les cas où il est
impossible de réunir un conseil de famille en faisant des
démarches raisonnables, de procéder à l'ouverture ou
à la révision d'un régime de protection dans un
délai raisonnable et ce, dans l'intérêt de la personne
inapte. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Justice. Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous sommes
à l'adoption du principe du projet de loi 159, Loi modifiant le Code
civil du Bas Canada en matière de tutelle et de curatelle, et je
cède la parole à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et présidente de la commission de
l'éducation. Mme la députée.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Nous allons souscrire
à l'adoption de ce projet de loi qui ne contient qu'un seul article et
nous avons l'intention, évidemment, lors de l'examen que nous ferons en
commission parlementaire de cet article, d'échanger avec Mme Fontaine,
je crois, l'actuelle Curatrice publique, d'échanger avec elle, et avec
les personnes qui l'accompagneront, sur ce nouveau régime mis en place
il y a maintenant quelques mois, puisque c'est en avril 1990 que la nouvelle
Loi sur le Curateur public était mise en vigueur.
Alors, M. le Président, il s'agit finalement d'un assouplissement
qui permettra dorénavant au Curateur public de demander l'ouverture ou
la révision d'un régime de protection. On sait que ces
régimes de protection ne sont plus indéfinis comme auparavant.
C'est à tous les cinq ans que les régimes de protection doivent
être révisés, et le Curateur public a donc eu des milliers
de dossiers - on me dit 15 000 - à examiner, plus, évidemment,
toutes ces nouvelles demandes qui lui sont acheminées à chaque
année. Et, parmi ces 15 000 dossiers à réviser, auxquels,
je disais donc, s'ajoutent des nouveaux dossiers chaque année, il arrive
que le Curateur public ait eu des difficultés à réunir un
conseil de famille dans le cas de personnes institutionnalisées depuis
plusieurs années et, à l'occasion, abandonnées par leurs
familles depuis plusieurs années. (16 h 50)
Alors, comme il va s'agir dorénavant d'une révision
périodique et, d'autre part, comme le Curateur doit procéder dans
les trois années qui suivent la mise en vigueur de la loi, le 1er avril
1990, donc pour au plus tard le 1er avril 1993, à la révision de
tous ses dossiers, il faut comprendre qu'un projet de loi comme celui qui est
devant nous va lui permettre de procéder sans le formalisme qui
était exigé jusqu'à maintenant, un formalisme qui,
semble-t-il en tout cas, nous permet de constater à quel point
nombreuses sont les personnes dans notre société qui vivent dans
un état de solitude, d'isolement puisque, dans certains cas que l'on dit
assez nombreux - et on aura l'occasion de les faire préciser lors de
l'examen en tommission parlementaire - il arrive que le Curateur ne puisse
identifier aucun parent, ami, allié qui puisse assister à une
assemblée permettant la constitution d'un conseil de famille et, par la
suite, que le curateur ne puisse non plus désigner une personne qui
démontre un intérêt particulier suffisant pour la personne
inapte pour être désignée de façon à s'en
occuper.
Alors, le projet de loi qui est devant nous va permettre au Curateur
d'ouvrir un régime de protection pour une personne qui est
déjà considérée comme inapte suite à un
certificat médical à cet effet. Alors, le Curateur va pouvoir
ouvrir un régime de protection et va surtout pouvoir procéder,
comme la loi le lui impose, à la révision des dizaines de
milliers - 15 000 dossiers, me dit-on - qui étaient déjà
sous sa responsabilité. Le Curateur va donc pouvoir procéder
à tout cela sans avoir à réunir le conseil de famille s'il
démontre que des efforts suffisants ont été faits. Nous
aurons l'occasion, évidemment, en commission parlementaire, de
vérifier qu'est-ce que cette expression "efforts suffisants" signifie?
Il va sans dire qu'il y aura certainement une réglementation pour
prévoir la publication d'avis dans les principaux journaux de
manière à faire connaître... Mais on y reviendra, M. le
Président, parce que, évidemment, à ce moment-ci, on ne
peut pas présumer de ce que cette réglementation contiendra. Vous
comprendrez que nous sommes en faveur du principe du projet de loi 159. Comme
toujours, nous nous réservons quant à l'adoption en
troisième lecture du même projet de loi, dépen-damment,
évidemment, des réponses que nous obtenons lors de l'étude
de la commission parlementaire.
M. le Président, nous aurons certainement l'occasion
également de faire le point sur toute cette révision des dossiers
des personnes qui étaient jusqu'à maintenant en besoin de
protection. On nous fait savoir qu'il y aurait des retards assez
considérables. Sont-ils dus justement à la difficulté
d'appliquer la loi qui, jusqu'à maintenant, faisait l'obligation d'un
conseil de famille? Sont-ils dus à d'autres facteurs comme,
possiblement, un manque de ressources humaines, de personnel? Nous aurons
certainement l'occasion d'échanger avec Mme la Curatrice publique sur
cette question en commission parlementaire ainsi que sur l'importante question
des coûts afférents à l'acceptation par un parent, un
allié, un ami, enfin par la personne qui a un intérêt
particulier à l'égard de la personne inapte qui est en besoin de
protection, des coûts afférents à être
désignés par le Curateur, qui ne sont pas remboursés.
Nous souhaitons pouvoir examiner de plus près cette question. De
nombreuses personnes ont porté à notre attention le fait que
ça n'était pas faute d'intérêt, ce n'était
pas faute d'affection pour la personne en besoin de protection qu'elles avaient
parfois refusé d'être désignées, mais que
c'était finalement beaucoup plus lié à leur état de
dénuement ou aux frais qu'elles auraient à encourir si elles
acceptaient, et qui ne sont pas remboursés.
Alors, nous aurons l'occasion certainement, M. le Président, de
discuter de toutes ces questions en commission parlementaire. Nous aurons,
à ce moment-là, en troisième lecture, l'occasion de venir
vous transmettre les réponses que nous aurons obtenues aux questions que
je vous signale aujourd'hui, et vous indiquer si ces réponses sont pour
nous satisfaisantes ou non. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Il n'y a pas d'autres
intervenants pour un droit de réplique? Est-ce que la motion
proposée par le ministre de la Justice concernant l'adoption du principe
du projet de loi 159, Loi modifiant le Code civil du Bas Canada en
matière de tutelle et de curatelle, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commissiondes institutions
M. Bélisle: Oui, M. le Président. je fais motion
pour que le projet de loi 159 soit déféré à la
commission des institutions pour étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je fais motion pour suspendre nos travaux pour
quelques instants, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à votre
demande, il y a suspension des travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
(Reprisée 17 h 10)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous continuons les travaux de l'Assemblée et je comprends qu'il
y a consentement de part et d'autre pour qu'on puisse procéder aux deux
débats de fin de séance. M. le leader du gouvernement...
M. Pagé: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...et M. le
député de Shefford.
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, il y a consentement pour
que nous procédions immédiatement aux deux débats de fin
de séance et, immédiatement après, je vous demanderais de
me céder la parole avant d'ajourner nos travaux.
Débats de fin de séance
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'accord. Alors, le
premier débat de fin de séance est celui requis par Mme la
députée de Terrebonne. On commence avec celui du
député de Shefford. Alors, le débat de fin de
séance qu'on vous soumet pour le moment est celui requis par le
député de Shefford et adressé à... Je m'excuse. Je
m'excuse. C'est comme je l'ai indiqué tout à l'heure, Mme la
députée de Terrebonne s'adresse à M. le ministre de la
Justice, débat de fin de séance relativement aux
préarrangements funéraires.
Alors, en vertu des règles que vous connaissez
déjà, Mme la députée de Terrebonne, vous avez droit
à une période maximale de cinq minutes. M. le ministre de la
Justice, vous aurez droit à la même période de cinq minutes
et, Mme la députée de Terrebonne, vous aurez droit,
subséquemment, à une réplique de deux minutes. Alors,
allez-y, Mme la députée de Terrebonne.
Préarrangements funéraires Mme Jocelyne
Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. M. le Président,
je déplore vraiment le manque de sérieux du ministre de la
Justice et responsable de la protection du consommateur dans le dossier des
ventes itinérantes de préarrangements funéraires. Lors de
ma question cet après-midi, le ministre a voulu détourner le
débat en m'accu-sant de n'avoir jamais posé de questions en
Chambre sur ce sujet. Eh bien, M. le Président, en plus de manquer de
sérieux, je pense que le ministre de la Justice et responsable de la
protection du consommateur n'a absolument pas de mémoire puisque
c'était ma troisième question en cette Chambre sur ce sujet et
qu'il y avait eu trois autres interventions sur le même sujet.
En effet, le 7 novembre 1989, très peu de temps après mon
élection, je faisais parvenir au ministre de la Justice et responsable
de la protection du consommateur un communiqué, une lettre lui demandant
d'interdir sans délai la vente itinérante de
préarrangements funéraires. Je cite un extrait de ce
communiqué, M. le Président: "L'entêtement du ministre, en
1987, a provoqué une sollicitation abusive et les personnes
âgées ne doivent plus faire les frais de cette erreur et,
dès ce moment, nous appuyons
sans réserve la Coalition pour l'abolition de la vente
itinérante des préarrangements funéraires". Il faut
rappeler qu'en 1987 l'Opposition officielle s'était opposée
à cette vente itinérante lors de l'étude du projet de loi
article par article.
Le 8 décembre 1989, M. le Président, je posais ma
première question en Chambre au ministre de la Justice et responsable de
la protection du consommateur sur ce qu'il entendait faire sur le dossier de la
vente itinérante des préarrangements funéraires et je lui
demandais de bannir cette forme de sollicitation tout à fait
inacceptable. Là-dessus, M. le Président, le ministre de la
Justice se voulait très rassurant: "Je veux rassurer la
députée et rassurer cette Chambre, toute cette question de
protection des personnes âgées, c'est une question qui nous
préoccupe énormément, à la Justice, non seulement
en ce qui regarde la personne âgée comme consommateur, mais toute
la violence aussi faite aux personnes âgées. Vous pouvez
être assurée que je ne négligerai absolument rien pour
faire le point sur cette question et prendre les moyens qui s'imposent à
la suite."
En mars 1990, M. le Président, n'ayant toujours pas de
réponse, je questionnais à nouveau, en cette Chambre, le ministre
- toujours le même ministre - et je recommençais. Le 8
décembre dernier, j'interrogeais le ministre et je lui demandais
à nouveau s'il entendait déposer son rapport et s'il entendait
interdire la vente itinérante des préarrangements
funéraires. La réponse du ministre était à l'effet
qu'il n'y avait pas de plaintes. Il y avait plainte qui avait été
déposée et on attendait un jugement, le jugement Blais qui est
sorti au mois de mai dernier.
Le 24 mai 1990, M. le Président, à l'étude des
crédits, toujours avec le même ministre, je questionnais
longuement sur la vente itinérante des préarrangements
funéraires et je demandais au ministre, s'il ne voulait pas
légiférer, au moins d'informer la population sur ce sujet. Le 1er
juin 1991, à nouveau étude des crédits et, à
nouveau, questions au ministre sur la vente itinérante des
préarrangements funéraires.
Dernièrement, M. le Président, la vente itinérante
a connu de nouveaux développements, effectivement. On s'est
aperçu qu'il y avait de nouveaux abus qui étaient
dénoncés et la Coalition a reçu l'appui massif
d'organismes publics, dont le Protecteur du citoyen, le Curateur public, les
associations de consommateurs, la Commission des droits de la personne, la
ligue des droits et libertés. M. le Président, c'était
vraiment une coalition très appuyée et c'est pourquoi, le 11
octobre 1991, j'écrivais à nouveau sur ce sujet au ministre de la
Justice, responsable de la protection du consommateur - lettre qui a
été transmise aux médias avec un communiqué - et je
lui demandais à nouveau, compte tenu des faits nouveaux, d'interdire
cette vente itinérante.
Aujourd'hui, 7 novembre, je questionnais le ministre toujours sur le
même sujet, M. le Président. Donc, je déplore le manque de
mémoire du ministre et le manque de sérieux dans ce dossier. Vous
savez, les préarrangements funéraires, lorsqu'on fait de la vente
itinérante, on touche la clientèle la plus vulnérable, que
ce soit les personnes âgées ou que ce soit les personnes atteintes
de maladies incurables. Nous avons de nombreux témoins qui ont
donné leur témoignage et le ministre en a eu connaissance.
La Coalition a présenté une cassette et a remis cette
cassette au ministre et, dans cette cassette, M. le Président, nous
avons toutes les preuves à savoir pourquoi les personnes
âgées ne font pas de plaintes. Le ministre refuse d'intervenir.
Depuis deux ans, le ministre nous dit qu'il analyse le dossier et tout ce qu'il
a trouvé à dire, cet après-midi, c'est qu'il continuait
cette analyse et qu'il n'avait jamais été questionné sur
le sujet, alors que c'était la septième question, M. le
Président. Alors, j'aimerais bien avoir une réponse.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Alors, M. le ministre de la Justice, je
vous rappelle que vous avez droit à une période de cinq
minutes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Ce sujet des
arrangements préalables de services funéraires et de
sépulture est pour moi un sujet de très grande
préoccupation et, s'il l'est aussi pour la députée de
Terrebonne, elle devrait l'aborder sur un autre ton pour qu'on puisse vraiment
trouver une solution au problème. Je ne suis pas habitué à
voir ce ton chez la députée de Terrebonne et je me demande
pourquoi elle aborde ce dossier sur ce ton-là.
Le problème, il est là, M. le Président. Depuis que
nous avons cette Loi sur les arrangements préalables des services
funéraires et de sépulture, en vigueur depuis le 1er mars 1988,
nous suivons attentivement l'application de cette loi. Nous avons eu
différentes représentations qui ont été faites et
j'ai demandé - on s'en souvient - à l'Office de la protection du
consommateur de faire enquête, pour qu'on puisse savoir quel était
l'état de la situation. C'est l'organisme qui est compétent pour
conseiller le ministre, conseiller le gouvernement. Ils ont fait enquête
et ils me disent: II n'y a pas beaucoup de plaintes, ou presque pas. Dans plus
de 95 % des cas les gens se disent satisfaits, mais il demeure qu'il peut y
avoir des problèmes. Et il y a eu cette décision judiciaire de
mai dernier et, M. le Président, la Coalition qui s'est formée et
qui nous a sensibilisés, qui a rencontré la directrice de mon
cabinet, Mme Suzanne Levesque, et qui, par un vidéo, par d'autres
témoignages, est venue démontrer que même s'il n'y a pas de
plaintes formelles, il y a manifestement des problèmes qui
sont réels et qui nécessitent une action.
Définitivement.
Quelle action? M. le Président, d'une part, il y a un service qui
est offert, d'autre part aussi, on doit considérer les
commerçants impliqués, mais, en premier lieu, on doit
considérer les personnes, les personnes âgées qui sont
souvent vulnérables. Je le sais comme ministre de la Justice parce que
ma grande préoccupation, M. le Président, c'est la violence faite
à ces personnes âgées. C'est quelque chose de
différent. Je ne dis pas que dans ce dossier il y a de la violence, mais
je dis que nos personnes âgées sont plus vulnérables.
Même si la loi prévoit des dispositions particulières
comme, par exemple, la possibilité de résilier le contrat dans
les 30 jours et que cette possibilité doit être inscrite en
caractères lisibles, en caractères gras dans les contrats,
même s'il y a différentes dispositions qui sont exorbitantes du
droit ordinaire pour protéger nos personnes âgées, il
demeure que manifestement, de par la démonstration qu'on nous a faite,
M. le Président, il y a problème. (17 h 20)
Mme la directrice de cabinet du ministre de la Justice dort rencontrer
aussi d'autres commerçants. Elle a déjà rencontré
des commerçants. Nous avons demandé à l'Office de la
protection du consommateur de regarder les différentes alternatives, de
même que j'ai demandé au ministère de la Justice de me
faire rapport sur les différentes possibilités que nous pourrions
avoir. Mais, M. le Président, il m'apparaît évident de par
les faits nouveaux qu'on m'a présentés - parce qu'il s'agit de
faits nouveaux qu'on m'a présentés - de par aussi les
représentations que j'ai eues de la pan! du député de
Sherbrooke au nom du caucus des députés ministériels de
l'Est rie, au nom du député de Hull, au nom du groupe du caucus
des députés ministériels de l'Outaouais qui sont venus me
rencontrer à plusieurs reprises, qui m'ont écrit et qui m'ont
fait valoir, eux aussi, qu'ils avaient des faits concrets et qu'ils appuyaient
ces demandes faites par la Coalition... Alors, M. le Président... Le
caucus de l'Estrie, le caucus de l'Outaouais, plusieurs autres collègues
m'en ont parlé. C'est vrai que la députée de Terrebonne a
soulevé des questions en Chambre à quelques reprises. Oui, M. le
Président, et je l'en félicite d'ailleurs.
Alors, dans ce contexte-là, M. le Président, en
conclusion, je dis: Oui, nous allons agir manifestement parce qu'il y a des
faits nouveaux. J'attends le rapport du ministère de la Justice et je
peux vous assurer, M. le Président, que ce dossier va être
réglé.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Justice. Mme la députée de Terrebonne, pour votre
réplique de deux minutes.
Mme Jocelyne Caron (réplique)
Mme Caron: Oui, M. le Président. Ça fait plus de
quatre ans que la Coalition explique au ministre que, parce qu'il y a peu de
plaintes, il y a des raisons pour ça et le Protecteur du citoyen, lui,
disait encore, le 15 octobre dernier - ça fait deux ans qu'on lui dit
ça; je suis contente de voir qu'il pense que peut-être il pourrait
comprendre - Le peu de plaintes adressées à l'Office de la
protection du consommateur de même que les enquêtes d'opinion sur
la satisfaction de la clientèle ne constituent pas, à mes yeux,
des indicateurs très significatifs. Quand on regarde les faits, toutes
les personnes qui désirent annuler un contrat de vente itinérante
de préarrangements funéraires reçoivent à nouveau
la visite d'un vendeur encore plus expri-menté et, dans 80 % des cas, on
oublie l'annulation. Ça, on tente de l'expliquer au ministre depuis deux
ans.
Je suis bien heureuse qu'il commence à écouter certains de
ses collègues. Il devrait écouter certains autres ministres qui
ont donné l'appui à la Coalition. Mais ce qu'on demande au
ministre, c'est, justement, de cesser d'étudier, d'analyser et de faire
des rapports parce que c'est ça qu'il fait depuis deux ans. Ce que tout
le monde lui demande maintenant, c'est d'agir, d'agir durant la session
actuelle, et de déposer les modifications nécessaires pour abolir
la vente itinérante des préarrangements funéraires avant
la fin de la session, M. le Président. C'est ça qu'on lui
demande, d'arrêter d'étudier, d'analyser, de se fermer les yeux et
de changer d'idée sur ce dossier-là. Il est temps d'agir.
Ça fait quatre ans qu'on vous le dit, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Alors, cette dernière intervention
met fin à notre premier débat de fin de séance. Nous
allons procéder au deuxième débat de fin de séance,
celui requis par M. le député de Shefford et adressé
à M. le ministre des Affaires municipales. M. le député de
Shefford, pour votre intervention de cinq minutes.
Coupures gouvernementales dans le logement
social
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Bien, je dois
dire que je ne pouvais pas faire autrement que d'insister pour qu'on ait la
chance d'échanger, encore aujourd'hui, avec le ministre responsable de
l'habitation par rapport à la réponse que j'ai eue ce midi.
Il serait bon de rappeler que tous les intervenants, depuis
décembre 1985, demandent à nouveau au gouvernement qu'il y ait un
ministre de l'habitation. Quand je parle de tous les
intervenants, c'est autant du domaine du logement social que de la
construction parce que c'est un secteur névralgique et prioritaire dans
l'économie et dans l'aide aux citoyens du Québec les plus
démunis.
Tous les intervenants ne cessent de réclamer d'une façon
continuelle une véritable politique de l'habitation au Québec.
Tout ce qu'on a de l'autre côté, c'est un refus. Par contre,
voilà qu'on apprend qu'il y a un document qui est déposé
et qui est à l'étude dans deux ministères: le
ministère des Affaires municipales, responsable de l'habitation, plus
précisément la Société d'habitation du
Québec et le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Donc, il y
a un document qui est à l'étude présentement et c'est pour
ça que c'est important d'intervenir maintenant pour savoir où est
rendu ce dossier et quelles sont les intentions gouvernementales par rapport
à ça.
Quand il y a un document aussi important qui est déposé,
qui prend presque l'allure d'une politique en matière de logement et
d'habitation, puisqu'il y a des chambardements majeurs par rapport au programme
existant, puisqu'il y a diminution par rapport au programme d'aide et qu'on
veut amener un nouveau programme qui s'appellerait Allocation-logement, mais
qui serait plus généralement répandu auprès des
bénéficiaires... Devant ce dépôt de documents aussi
importants, nous, on dit qu'il devrait y avoir consultation parce que
même la table d'habitation qui regroupe tous les intervenants n'a pas
été consultée par rapport à ça. Donc, on
refuse d'entendre tout le monde. Même les intervenants qui sont
déjà assis à la même table apprennent qu'il y a un
document de déposé et ils n'ont pas été
consultés, après vérification.
Mais il est tellement important, ce document. Que le ministre nous dise
qu'il faille rationaliser et simplifier les programmes et les formules, je dois
vous dire que je suis tout à fait d'accord. Mais là où on
ne peut pas être d'accord de ce côté-ci, c'est quand on dit
qu'on veut amener un nouveau programme, essayer d'aider plus de gens, mais en
prenant les fonds à même l'aide déjà octroyée
aux plus démunis de la société. Autrement dit, on dit aux
gens: On va vous aider dans un secteur tout à fait fondamental qu'est le
logement social. On va aider les plus pauvres. On va aider plus de gens
démunis, mais on va prendre l'argent dans les poches des gens qu'on aide
déjà, et qui sont les plus démunis. Donc, on va aider les
pauvres en coupant chez d'autres pauvres, et c'est ça qui n'est pas
acceptable. Ça n'a pas de bon sens. Donc, on veut aider des
démunis, mais en coupant chez des gens qu'on aide déjà.
Ça, ça n'a pas de bon sens. C'est la première des
choses.
Mais on va plus loin dans le document, et c'est ça qui est
inquiétant. C'est la philosophie même de ce document où on
dit non seulement qu'on va couper des pauvres pour aider d'autres pauvres, mais
qu'on va en profiter pour aller chercher entre 55 000 000 $ et 60 000 000 $
dans la poche des plus démunis de la société. ça
n'a pas de bon sens. je vais juste vous lire la dernière ligne de la
page 26, quand on parle d'un scénario possible: "ce scénario
entraînerait une économie annuelle récurrente de l'ordre de
60 000 000 $" et on retrouve ça presque à toutes les pages. on
dit: si on applique ce document, ça va nous permettre de faire des
économies sur le dos des pauvres. ça, c'est inquiétant
quand on a une philosophie semblable.
Et on donne des exemples pour montrer comment on pourrait
récupérer 55 000 000 $ à 60 000 000 $ chez les plus
démunis qui ont de la misère à joindre les deux bouts.
Premièrement, en abolissant les remboursements d'impôt foncier
chez les assistés sociaux et chez les personnes âgées.
Donc, l'annonce qu'on est en train de faire: 160 000 personnes
âgées au Québec se verraient couper le remboursement
d'impôt foncier. Donc, on s'en vient pénaliser les gens les plus
démunis de la société. Une autre façon, c'est en
faisant en sorte que les gens qui vivent dans les HLM, les coopératives
et les organismes sans but lucratif, au lieu de consacrer 25 % de leurs revenus
au logement, plus l'électricité, on dit: Ça va être
30 %, l'électricité incluse. Ça veut dire une augmentation
de loyer pour des dizaines de milliers de gens pauvres au Québec, parce
que pour demeurer dans les HLM, il faut être pauvre, c'est un
critère. Et ça, le ministre ne peut pas contester ça, il
l'a tellement dit: Les HLM, c'est pour les démunis de la
société. Mais on vient dire à ces gens-là qu'il va
y avoir augmentation et on vient augmenter le test logement,
c'est-à-dire le minimum que devront octroyer au logement les plus
démunis de la société. Et ça va contrairement
à ce qui a été demandé. C'est contraire aux
demandes du Conseil de la famille et du Conseil des communautés
culturelles.
Ma demande au ministre responsable de l'habitation: Est-ce que vous
n'accepteriez pas, comme c'est demandé, qu'il y ait une commission
parlementaire pour que les intervenants puissent s'exprimer sur un document
aussi important que celui qui est déposé?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre responsable des Affaires
municipales, vous avez droit à cinq minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord signaler à notre ami, le
député de Shefford, qu'il est courant, dans un gouvernement
où il existe une certaine vie des idées, que des collaborateurs
soient appelés à fournir des suggestions. Dans les
ministères dont je m'occupe, je demande toujours aux
fonctionnaires qui travaillent avec moi de préparer des schémas
ou des scénarios dans lesquels ils expriment leurs idées avec le
plus de liberté possible. Je leur dis toujours: Dans la mesure
même où vous agissez librement, vous devez vous attendre à
ce que le ministre réagisse de la même manière,
c'est-à-dire qu'il reste tout à fait libre des conclusions qu'il
tirera des travaux que vous lui aurez soumis ou des propositions que vous aurez
discutées avec lui. (17 h 30)
Or, ce dont le député de Shefford essaie de faire un plat,
c'est un document de travail à l'intention des ministres
concernés, qui a été rédigé par des
fonctionnaires comme base de discussion et d'étude, pas autre chose,
c'est un document qui fait une revue de tous les programmes qui engagent le
gouvernement dans le secteur de l'habitation. Et pour votre information, le
député disait tantôt qu'il attend une politique, mais
j'aime mieux qu'on mesure une politique par ses fruits que par les grandes
proclamations tonitruantes dont on essaie souvent de les entourer.
Or, la politique du gouvernement en matière du logement produit
des fruits abondants. Ça, c'est bien plus important que les
définitions de catéchisme ou les proclamations du concile de
Trente. Je vais vous donner des exemples. Au cours de l'année 1990, le
gouvernement a investi dans le secteur de l'habitation, en tout et partout, des
sommes que nous estimons à plus de 667 000 000 $. Seulement au titre du
remboursement de l'impôt foncier, il y en aura eu pour au moins 150 000
000 $. Les différentes mesures de soutien au logement, il y en a pour
134 000 000 $. La part des prestations d'aide sociale, qui est estimée
aller pour les fins du logement, ça va chercher en tout à peu
près 400 000 000 $.
Si vous additionnez les trois montants, vous êtes au-delà
de 667 000 000 $. Si on ajoute à part ça la contribution qui
vient du gouvernement fédéral que nous estimons pour la
présente année à quelque 575 000 000 $, ça fait i
243 000 000 $ qui vont dans l'habitation pour des fins sociales.
En plus de ça, il y a d'autres programmes qui ont
été institués. Prenez le programme Mon taux, mon toit. Il
n'est pas compté là-dedans. Seulement pour la présente
année, le programme Mon taux, mon toit a entraîné des
engagements - le chef de l'Opposition en a parlé à plusieurs
reprises - de 78 000 000 $. Nous avons bâti, grâce au programme Mon
taux, mon toit, plus de 15 000 unités d'habitation au cours de
l'année qui se termine. Et si ça n'avait pas été du
programme Mon taux, mon toit, la construction dans le logement, elle aurait
descendu de manière abrupte, comme dans le reste du Canada. ii y a eu un
certain déclin, entre 10 % et 15 %, mais nous l'avons tenue à un
niveau quand même contrôlé, étant donné des
circonstances extrêmement difficiles que connaissent nos amis d'en face
et dont semble convenir le député qui est juste en face de moi et
dont nous connaissons tous la compréhension. J'espère qu'il
restera favorable.
Une voix:...
M. Ryan: Non, c'est un programme qui a pour objet de stimuler
l'économie. Quand un ménage achète une unité
d'habitation neuve, il y en a une autre qui se libère, et une autre qui
se libère. C'est un mouvement d'ensemble. Les répercussions d'une
initiative comme celle-là sont énormes. C'est pour ça que
nous avons mis des ressources importantes dans ce secteur-là.
Alors, le document dont parle le député de Shefford invite
le gouvernement a réexaminer l'allocation des ressources dans le cas des
nombreux programmes de soutien au logement que finance le gouvernement. Le but
des auteurs est bien simple. Ils disent: À certains programmes, vous
donnez jusqu'à 500 $, 600 $ par mois. Il y en a d'autres où vous
donnez seulement 40 $. Si vous êtes une famille qui s'est trouvée
un logement sur le marché privé, vous aurez droit, seulement si
vous êtes sur l'aide sociale, à une allocation
supplémentaire d'environ 40 $, 45 $. Si vous avez le privilège
d'entrer dans une nouvelle HLM, qui vient d'être construite, là,
la subvention au départ de la période de 35 ans est plus longue,
ça va monter jusqu'à 575 $, 600 $. On se dit: Est-ce qu'il y
aurait moyen d'aménager des écarts de façon qu'ils soient
un petit peu plus raisonnable et de façon qu'on ne favorise pas de
manière aussi démesurée le secteur public, qu'on
répartisse les ressources de manière plus judicieuse?
Alors, les auteurs nous font des propositions de ce
côté-là que nous sommes en train d'étudier. Le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle et moi-même - parce que ces propositions
affectent des programmes qui relèvent soit de mon collègue, soit
de moi-même - dans un certain temps, nous aurons des suggestions à
faire au cabinet. J'affirme, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II faudrait conclure, M.
le ministre.
M. Ryan: ...qu'aucune décision n'a été prise
contrairement à ce qu'ont laissé entendre les propos alarmistes
du député de Shefford concernant en particulier la part du revenu
qui doit aller pour la contribution du locataire, dans les cas d'habitations
à caractère social. Ça reste à 25 % actuellement.
Il n'est pas question, dans mon esprit, d'un changement de ce
côté-là dans un avenir prévisible.
M. le Président, que le député de Shefford prenne
son temps. Ce n'est pas le moment des
proclamations, ni des commissions parlementaires. C'est le moment de
l'étude en profondeur. Je pense que l'Opposition peut le faire de son
côté et nous du nôtre. Si l'Opposition peut faire un petit
peu de travail de fond, ça nous sera plus utile que les débats
qui reposent sur une préparation très superficielle ou sur de
simples articles de journaux.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Votre réplique de deux minutes, M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré (réplique)
M. Paré: Merci, M. le Président. C'est exactement
ce qu'on demande au ministre, une commission parlementaire pour être
capables d'étudier ça avec lui, parce qu'il s'agit d'un document
ministériel. Et son discours m'inquiète d'autant plus que lui
aussi parle de réallocation des montants. Ça va exactement dans
ce sens. Il ne faut pas oublier que ce document est surtout discuté par
le ministère de la Main-d'oeuvre, Sécurité du revenu,
celui-là même qui a imposé la loi 37 qui est en train
d'appauvrir le Québec. Et ça, c'est inquiétant parce que
c'est exactement le sens du document.
Et je voudrais juste demander au ministre: Est-ce qu'il se rend compte
qu'en coupant dans les revenus des plus démunis, il continue à
rendre la vie insupportable à des dizaines de milliers de
Québécois et qu'il oblige son collègue de
l'Éducation à investir 10 000 000 $ dans les repas dans les
écoles parce qu'on a trop coupé chez les démunis de la
société et qu'on ne peut plus les nourrir? Et en même
temps, c'est des mesures comme ça qui viennent faire en sorte que la
crise économique empire au Québec au lieu de s'améliorer.
Pourquoi? Parce qu'on est en train d'appauvrir des centaines de milliers de
Québécois. On est en train de leur enlever les moyens de
dépenser, même dans le minimum vital. Lorsque le gens qui sont les
plus démunis dépensent, ils dépensent localement. Ils
dépensent dans des produits québécois, ifs
dépensent dans des utilités, dans des nécessités de
la vie, donc ils font tourner l'économie. Lorsqu'on est en train de
couper dans l'essentiel de centaines de milliers de ménages pauvres
québécois, on nuit à l'économie, on appauvrit des
gens, on rend la vie difficile à ces gens-là.
Le ministre dit: Faites-nous des recommandations ou des suggestions,
impliquez-vous. C'est ce que je suis en train de lui offrir, qu'il y ait une
commission parlementaire où tous les intervenants vont se
présenter. Je dois vous dire que, moi, je suis prêt à
offrir ma collaboration. C'est ce que je suis en train de faire. Je demande une
commission parlementaire où on va pouvoir étudier le document,
faire des suggestions, étudier la situation des démunis au
Québec et faire en sorte que ces gens-là puissent vivre d'une
façon un peu plus calme et qu'ils aient les moyens, à tout le
moins, de se nourrir et de nourrir leurs enfants. C'est ça qui est le
sujet dont on traite présentement et c'est pour ça, M. le
Président, que je demande une commission parlementaire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Shefford. M. le leader du gouvernement.
Entente entre les leaders concernant les
règles applicables à
l'interpellation
du vendredi 8 novembre 1991
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais faire part
à cette Chambre des règles particulières applicables
à l'interpellation du 8 novembre 1991 portant sur les propositions
d'offres constitutionnelles du gouvernement fédéral. Il a
été convenu que les dispositions de la loi et du règlement
de l'Assemblée nationale s'appliquent tout en tenant compte des
règles particulières que je vous énumère.
Au niveau des remarques préliminaires, il est convenu que le chef
de l'Opposition officielle intervienne le premier, suivi du premier ministre du
Québec, ayant chacun un temps de parole de 10 minutes. En ce qui
concerne le débat, il est convenu que la durée du débat
soit de 80 minutes réparties de la façon suivante: 41 minutes aux
ministériels, 30 minutes à l'Opposition officielle, 5 minutes au
député de Westmount et 4 minutes au député de
D'Arcy-McGee.
Il est convenu que le chef de l'Opposition officielle et le premier
ministre disposent d'un temps de parole de 5 minutes par intervention. Il est
convenu, de plus, qu'il y ait alternance entre les interventions de
l'Opposition et celles du premier ministre, étant entendu que la
première intervention soit accordée au chef de l'Opposition
officielle; après les 50 premières minutes, qu'une intervention
de 5 minutes soit accordée à M. le député de
Westmount, à titre de membre de la commission. Il est convenu, de plus,
que les 4 minutes accordées au député de D'Arcy-McGee
soient consacrées à un échange avec le premier
ministre.
Il est convenu, de plus, M. le Président, que le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
puisse remplacer un député ministériel membre de la
commission des institutions et qu'il puisse, à la demande du premier
ministre et à même l'enveloppe de temps dévolue à ce
dernier, compléter une réponse formulée par le chef de
l'Opposition officielle. Il est convenu, de plus, qu'à partir de la
cinquantième minute, mais avant les 10 dernières des 80 minutes,
6 minutes soient accordées aux députés ministériels
afin que ceux-ci puissent participer au débat en posant des questions au
premier ministre. Il est convenu, de plus, que les députés
ministériels ne puissent intervenir qu'à la suite
d'une intervention du premier ministre. Le temps du premier ministre
à une question d'un député ministériel sera
comptabilisé à même cette enveloppe de 6 minutes.
En ce qui regarde les remarques finales, il est convenu que 20 minutes
avant la fin de la séance le président de la commission
reconnaisse, dans un premier temps, le premier ministre pour une intervention
de 8 minutes, suivi d'une intervention de 10 minutes par le chef de
l'Opposition officielle, et accorde un droit de réplique de 2 minutes au
premier ministre. Et c'est ce qui mettra fin au débat à midi, le
débat étant appelé à compter de 10 heures pour se
terminer à midi, demain.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: étant donné que c'est une entente de
toute dernière minute et compte tenu que je n'ai pas le texte,
j'apprécierais 30 secondes de suspension des débats, juste pour
une remarque au leader au lieu de la faire sous les feux de la caméra,
parce que je pense qu'il y a une erreur technique.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je suspends les
débats pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 17 h 46)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle, allez-y.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, j'aurais une
question à poser au leader du gouvernement. Étant donné
que ça a été, comme je le disais tantôt,
négocié pour les fins du débat de demain qui sera
télévisé sur plusieurs chaînes de
télévision, nous dit-on, et pour ne pas qu'il y ait
d'interprétation sur des questions de règlement devant les
caméras, c'est pour ça que j'ai voulu être plus explicite.
C'est au niveau des quatre minutes, là, qu'on a consenties, avec
l'assentiment du député de - je ne me souviens pas du
comté, je m'excuse - D'Arcy-McGee. Les quatre minutes qui sont
spécifiques, elles comprennent bien à la fois la question du
député et la réponse du premier ministre? Est-ce que
j'interprète bien le paragraphe des échanges dans ce
sens-là?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Alors, M. le Président, j'aimerais
répondre à la question du leader parlementaire de l'Opposition et
le sécuriser en ce disant. Quand j'ai indiqué que la durée
du débat serait de 80 minutes réparties de la façon
suivante: a, b, c, dont quatre minutes au député de D'Arcy-McGee,
ça se réfère à quatre minutes qui sont
accordées dans le cadre d'une partie du débat de demain pour
l'échange entre le député de D'Arcy-McGee et le premier
ministre.
Alors, en clair, ce que ça veut dire: Si le député
de D'Arcy-McGee veut commenter pendant une minute, questionner pendant une
autre minute, le premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa aura
l'opportunité de répondre pendant deux minutes ou commenter
pendant deux minutes. C'est donc une enveloppe établie, globale, mais
limitée à quatre minutes.
Exemple concret, pour vraiment démontrer comment ça pourra
opérer demain: si le premier ministre demandait, à la fin de sa
première minute, en prenant pour acquis qu'il ait commenté et
posé des questions pendant deux minutes, si le premier ministre,
après une minute, demandait au ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes de prendre une minute pour compléter
la réponse, il pourrait le faire, mais le tout devrait se
compléter dans le cadre d'un échange qui peut durer avec le
député de D'Arcy-McGee au maximum quatre minutes, purement et
simplement. Ça veut donc dire aussi que si le député de
D'Arcy-McGee pose des questions pendant quatre minutes, le premier ministre ne
répondra purement et simplement pas, puisque les quatre minutes seront
complétées. Je pense que les règles sont bien
établies, elles sont claires. Je présume qu'elles ne devraient
pas supposer trop de questions de règlement.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Je remercie le leader du gouvernement des
explications. En clair, ça peut être du chinois pour ceux qui nous
écoutent. Il faut bien comprendre que c'est dans les règles de
l'interprétation et c'est un arrangement plus spécifique à
cause du débat des deux chefs. Mais en résumé, en d'autres
mots, si je comprends le tout, ces 50 premières minutes sont bel et bien
réservées à M. le premier ministre et au chef de
l'Opposition, et les 30 dernières minutes également sont
protégées pour le chef de l'Opposition et le premier ministre, et
à l'intérieur du laps de temps qui reste, là, il y aura
des interventions possibles, à la fois de ministériels, du
député de Westmount et du député de
D'Arcy-McGee.
M. Pagé: Ça va tel que je l'ai indiqué; 50
premières minutes. Je pense que c'était clair dans l'entente qui
a fait l'objet de nombreux échanges cet après-midi pour la
répartition non pas de secondes - on n'en était pas rendus
là - mais de minutes. Ça va bien aller, vous allez voir! On
va
respecter nos engagements et puis le débat va être
intéressant.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader ...
M. Pagé: Alors, M. le Président, là-dessus,
je propose l'ajournement de nos travaux.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader, je vous
demanderais au préalable de déposer... Alors, il y a eu
dépôt, M. le secrétaire. Je comprends que vous demandez
qu'on fasse un ordre de la Chambre du contenu de l'entente apparaissant au
document que vous avez déposé, étant donné qu'il y
a consentement pour qu'on déroge aux règles habituelles de
l'interpellation, ce qui d'ailleurs apparaît intégralement et vous
y avez fait référence tout à l'heure sur l'entente qui a
été déposée. Vous demandez qu'on en fasse un ordre
de la Chambre. Vous faites une motion dans ce sens-là.
M. Pagé: Exactement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté.
M. Pagé:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader.
M. Pagé: Ajournement à mardi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ceci évidemment
met fin aux travaux de l'Assemblée cette semaine. J'ajourne les travaux
de l'Assemblée au mardi 12 novembre à 14 heures.
(Fin de la séance à 17 h 51)